Agriculture]]> Économie rurale]]> Avertissement : la législation en matière de propriété intellectuelle n'autorise pas la diffusion sur Internet des revues dans leurs périodes de publication les plus récentes. Seules les années de 1945 à 1952 de l'Agriculteur provençal peuvent être aujourd'hui rendues publiques sur Odyssée.

- Les Alpes et la Provence, 1921 (Suite de)
- Les Bouches-du-Rhône agricoles (Fusionné avec)
- Les Bouches-du-Rhône agricoles, L'Agriculteur provençal (Devient)

Après l'arrêt de sa publication en juillet 1944, Les Alpes et la Provence renaît un an plus tard sous le titre L'Agriculteur provençal. Son premier éditorial déborde d'optimisme : "C'est sous le signe de la Victoire et du renouveau printanier que ce journal se présente. Ces auspices et ces promesses d'avenir postulent pour notre agriculture une ardente volonté de travail et un programme hardi de reconstruction". Après la Second guerre Mondiale, il y a de quoi faire puisque tout est à reconstruire : les cheptels, les vignes, les forêts, 250 000 exploitations détruites et 3 millions d'hectares à remettre en état. Sur fond des réparations de dommages de guerre, des questions de ravitaillement et de l'équipement rural, quelques grands dossiers agitent le monde agricole.

Après des années de privation, les français ont faim, il faut les nourrir donc produire plus : le recours massif aux engrais de synthèse n'est plus une option et la motorisation et la mécanisation de l'agriculture sont reconnues comme étant un "mal nécessaire" à partir de 1950. Le revers des pratiques de culture et d'élevage intensives est la propagation des maladies et des parasites : mildiou, peste aviaire, peste porcine, fièvre aphteuse, mouche de l'olivier, doryphore,... auxquels s'ajoutent les intempéries diverses (gel, grêle, sécheresse).

La peste aviaire, un fléau récurrent (1949)

Le combat contre les parasites par des moyens naturels s'est montrée inefficace et doit céder le pas à la lutte à l'aide de substances chimiques toxiques , comme le D.D.T., qui vient de montrer son efficacité dans des essais récents effectués sur une grande échelle aux Etats-Unis.

En présence du Ministre de l'agriculture (Pierre Pfimlin, sans masque), un sulfatage des vignes (1949)

Les nouveaux insecticides synthétiques sont la voie de l'avenir : les cultivateurs américains ont compris tout l'intérêt d'utiliser les grands moyens. Evidemment, l'utilisation d'engins coûteux, représentant de très lourds investissements, impliquent le recours aux crédits qui demandent une bonne rentabilité pour pouvoir les rembourser. Seules les grandes cultures permettent d'espérer des économies d'échelle : le remembrement massif des surfaces cultivées va bouleverser le paysage par le regroupement des parcelles et la suppression des haies. Mais la voracité de ce nouveau machinisme agricole n'est supportable qu'avec des carburants détaxés. En plus de ce soutien, l'Etat doit aider à monter une filière de production d'alcool-carburant (1946) qui aiderait de plus la France à préserver une certaine indépendance énergétique. En oubliant qu'une nouvelle dépendance s'ouvre sur le front des engrais qui sont massivement importés comme tous les apports en azote et en phosphate.

Poudrage des vignes par hélicoptère (Arles, 1950)

A partir des années 1950, l'agriculture française rentre dans une spirale sans fin de sollicitations (nourrir tout le monde), d'engagements de productivité en échange de subventions, d'aides à l'exportation, d'accords sur les barrières douanières, de modération de l'augmentation des prix des semences et des engrais, de mesures fiscales (baisse des impôts sur les bénéfices agricoles), d'allègement des droits de succession (dans son appel à sauver le patrimoine, le journal rappelle "qu'en cas de décès, les droits de succession nationalisent l'épargne des morts" (déc. 1950).

Peu à peu, un singulier rapport de force s'instaure entre les syndicats et l'administration (la question fiscale devient quasi obsessionnelle) d'une part et entre le monde paysan et les consommateurs d'autre part. Les organisations professionnelles réclament un soutien des cours des produits agricoles (prix planchers, quotas, barrières douanières), l'Etat demande un prix des denrées supportables pour les consommateurs alors que les prix de détails augmentent plus vite que les produits industriels et agricoles et que l'échelle mobile des salaires n'est pas encore instaurée.

Les exploitants agricoles, qui représentent encore un tiers de la population active et le monde rural où habite toujours la moitié de la population française, se sentent délaissés et incompris. Déprimés par un exode rural qui mine la vitalité des campagnes, et après le souhait d'une économie dirigée, les syndicats (le journal "informateur impartial"se fait plutôt l'écho du syndicat majoritaire) demandent la sécurité dans la liberté (oxymore ou subtilité paysanne ?) et les appels à la solidarité se multiplient : il faut sauver la viticulture, il faut sauver l'oléiculture, il faut sauver la forêt (notamment des incendies, merci les campeurs) ... qui répondent aux manchettes apocalyptiques : la crise viticole, la crise de l'oléiculture, la crise du blé, la crise de l'agriculture...

En dénonçant une "tendance antipaysanne", les exploitants se demandent s'ils sont "des producteurs ou des mendiants ?" Ils souhaitent juste être écoutés, quitte à hausser le ton : "Nous aussi, nous en avons assez" et quand cela ne suffit pas, ils appellent à la Grève des achats (1949).

Un arbitrage politique déconnecté des réalités du terrain (1948)


Ils évoquent alors la grande pitié de l'habitat rural, réclament un partage équitable des progrès et du confort qui arrivent dans les milieux urbains (électrification), demandent à bénéficier d'une Sécurité Sociale Agricole, des allocations familiales spécifiques aux familles d'exploitants, une allocation vieillesse agricole,... Dans son plan d'urgence d'équipement rural et d'infrastructure, l'Etat a prévu par département 30 km de câbles pour l'électrification et 1 km de canalisations pour l'adduction de l'eau...

La scolarité en zone rurale (1949)


Conscients du fossé qui se creuse entre le monde rural et une société urbaine en pleine mutation, les syndicats font la promotion de la formation professionnelle, encouragent de plus longues scolarités, sans toutefois s'étonner de l'alignement des calendriers des vacances scolaires sur ceux des moissons et des vendanges. Tout en s'en défendant, les organisations professionnelles se posent sérieusement la question : "Sommes-nous devenus des industriels ? ". Mais non, pensez-vous, quelle idée !

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1945-1972]]> fre]]> Provence. 19..]]>