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Text
LE “ CERCLE MÉDICAL” DE MARSEILLE
V.
;
( 1819-1 8 2 2 )
par le Docteur ALEZAIS
Le « Cercle médical de Marseille » a été fondé en 1819 et
non pas en 1800, comme l’indique une inscription d’aliure
officielle, puisqu’elle figure sur une plaque de marbre, dans
le vestibule d'honneur de la Faculté de Médecine.
A en croire cette inscription, le « Cercle médical » aurait
été un établissement officiel d’enseignement qui mériterait de
prendre place entre le Collège de Chirurgie (1775) et l’Ecole
secondaire de Médecine (1818).
Dans 1Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (1), Fleury dit
que des médecins de la ville, parmi lesquels plusieurs avaient
appartenu à l ’ancien Collège de Médecine, se seraient réunis,
le 18 messidor an YIII (7 juillet 1800), pour former « une
sorte de cercle », mais il ne donne pas la source de ce rensei
gnement du reste assez vague. 11 est certain que pendant cette
période confuse qui sépare l’ancien du nouveau Régime, avant
d ’en arriver à la réorganisation de l’enseignement officiel de
la Médecine, on vit se renouveler dans notre ville des essais de
cours privés. De son côté, F Administration de F Hôtel-Dieu
n ’avait pas cessé, même pendant la Révolution, de s’occuper
de l ’instruction professionnelle de ses élèves, qu’elle confiait
au Chirurgien-interne ou major et à son adjoint. Dès 1808,
elle avait de plus sollicité « une de ces nouvelles institutions
que le Gouvernement créait dans les principales cités pour
l’instruction de praticiens d ’un second ordre qu’il avait
créés pour satisfaire aux nécessités du peuple et des campa
gnes », et, par un décret du 7 mai 1808 (2), il fut décidé qu’il
serait établi dans l’Hospice de 1 Hôtel-Dieu de Marseille, des
(1) Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, T. VI,
p. 96. C’est le seul ouvrage, en dehors des documents précis dont
nous allons parler, où ce titre de « Cercle », à l’époque qui nous
occupe, soit employé.
(2) Moniteur universel, 1808, p. 5i2.
M arseille -médical, 69*
Année, n° 19, 5 juillet 1932.
�6
A/. H. ALEZAIS
Cours théoriques et pratiques de médecine, de chirurgie et de
pharmacie, spécialement destinés à l’instruction des Offi
ciers de Santé. Ce décret réglait en même temps le service
hospitalier dont les élèves devaient être pris parmi les jeunes
gens (pii suivaient les cours.
L’exécution de ce Décret traîna en longueur. Une école
d'accouchement devait être installée à la Charité pour les
Sages-femmes en exécution de la loi du 19 ventôse an \1
et les crédits manquaient.
Ce n’est (pie le 7 juillet 1812 (pie l'organisation des cours
fut définitivement arrêtée, mais les évènements qui suivirent
suspendirent l'effet de cette organisation qui ne fut reprise
qu’en 1818, avec la création de l'Ecole secondaire. Cepen
dant, dans l’intervalle qui s’était écoulé depuis le Décret de
1808 jusqu’à Couverture de l’Ecole, l’Hôtel-Dieu n ’avait pas
cessé, ainsi que cela s était toujours pratiqué, de fournir aux
jeunes gens qui se vouaient à l’art de guérir tous les moyens
possibles de s’instruire.
Dans une étude plus détaillée, il sera intéressant de re
prendre l’histoire de ces premiers essais d’enseignement mé
dical dans notre ville, après la tourmente révolutionnaire.
Malgré leur existence éphémère, leur manque de cohésion,
ce sont les premières étapes, encore bien incertaines, dé cette
longue odyssée qui a fini par nous donner, mais au prix de
quels efforts, poursuivis pendant un siècle, la Faculté de Mé
decine.
Nous ne retiendrons pour le moment qu'une constata
tion, c'est que l’appellation de « Cercle médical », sauf la va
gue allusion de Fleury, ne s’est rencontrée dans aucune des
pièces, qu elles proviennent de l’Hôtel-Dieu ou de I I niversilé, que nous avons eues entre les mains.
L existence du » Cercle médical de Marseille », fondé en
1819, est, au contraire, établie par des documents inédits que
mon excellent confrère et ami, le Docteur Rochu, a bien voulu
me communiquer.
Ce sont deux Régistres manuscrits qui contiennent, l ’un,
les procès-verbaux des séances, l’autre, le texte des mémoires
qui étaient présentés à la Société.
Le « Cercle médical », d’après ces documents, était une
réunion amicale et sans caractère officiel, d étudiants désireux
de se perfectionner dans la connaissance de la Médecine,
comme il en existait dans d’autres villes. Ces jeunes gens se
réunissaient pour discuter entre eux des faits et des notions
qu’ils rapportaient de l'Hôpital ou des cours et ils avaient
LE CERCLE MEDICAL DE MARSEILLE
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donné à leur groupement, peut-être sous l’influence de l’es
prit militaire qui avait animé le début du siècle, une organi
sation méthodique, disciplinée, qui ne reculait pas devant les
sanctions, même l’exclusion, en cas d ’irrégularité aux séan
ces ou d ’infraction aux Règlements.
Ces étudiants étaient des Officiers de santé ou des élèves
de l’Hôpital.
Les Officiers de santé avaient été créés par la Loi du if>
frimaire an III (/| décembre 179/1) en même temps que les
Ecoles de Santé de Paris, Montpellier et Strasbourg. Leur for
mation rapide devait pourvoir au grand besoin de personnel
médical qu’éprouvaient les Hôpitaux, surtout militaires et de
la marine. Peu à peu, les Officiers de Santé avaient perdu leur
caractère exclusivement militaire et formaient, comme nous
les avons encore connus, un corps de praticiens de second or
dre destinés à un exercice restreint de la médecine. Au point
de vue universitaire, ils relevaient de l’Ecole secondaire qui
venait d ’être inaugurée l’année précédente à l’Hôtel-Dieu.
C’est parmi ces officiers de santé que le Décret de 1808 avait
prévu le recrutement au concours des élèves de l’Hôpital et
ce recrutement, à la différence des cours, avait commencé
sans retard.
Les Externes, en nombre indéterminé, faisaient du ser
vice pendant un an. Après concours, six d ’entre eux deve
naient élèves couchants, mais non nourris, pendant un an.
Vprès un autre concours, six devenaient, pour deux ans, In
ternes avec logement et nourriture.
Au-dessus d ’eux, étaient le premier Chirurgien interne ou
major et son second, tous les deux nommés au concours.
Ces détails sur le personnel qui fréquentait l’Hôtel-Dieu
sont utiles à rappeler, puisque le Cercle médical se recrutait
parmi lui (1).
L’existence du Cercle fut éphémère et son action assez
restreinte.
Fondé en 1819, il paraît avoir cessé d’exister vers le dé
but de 18‘v> et groupa tout au plus une douzaine d'adhérents.
(1) Voir : Mémoire de la Commission administrative des Hôpi
taux et hospices de Marseille relativement aux Cours d'instruc
tion médicale établis à l’Hôtel-Dieu de cette ville. Registre des Dé
libérations, du 30 nov. 1829 au 11 oct. 1830, pp. 22 à 26 (séance du
28 déc. 1829).
�M. II. ALEZAlS
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Cette courte durée et ce petit nombre de sociétaires ne
diminuent pas l’intérêt qui s’attache au beau mouvement de
ces jeunes étudiants, désireux de s’instruire.
Les fondateurs étaient au nombre de cinq : Gillet, qui
était Président et peut-être le promoteur du groupement ; Anbave, Vice-président ; Pardigon aîné, Secrétaire général; Massol. Secrétaire adjoint ; Charles Natte, Trésorier.
Parmi les membres, il est possible que quelques-uns fus
sent encore en pleine scolarité, tandis que d ’autres venaient
de la terminer, car les uns signent ; Etudiants en médecine,
tandis que d’autres s’intitulent : Officiers de Santé.
Les réunions étaient fréquentes. En 1819, après le 21 oc
tobre, jour de la Séance inaugurale, il y en eut encore dixsept ; en 1820, cinquante-et-une ; en 1821, cinquante-quatre.
On ne trouve aucune mention du local où se tenaient ces
réunions, à moins (pie ce soit chez le Président, car une des
communications porte celte adresse : à M. Gillet, rue SaintFéréol, f\f\.
Les Fondateurs inscrivent en tête de leur Régistre le but
qu'ils se proposent et le définissent ainsi ;
Cercle médical de iVIarseille
Plusieurs officiers de santé et étudiants à l’Ecole secondaire
de Médecine de Marseille, voulant à l’imitation des cercles médi
caux de Paris et de Montpellier et autres villes de France, exciter
une noble émulation parmi eux, établir un centre de réunion qui
leur permette d’ouvrir des discussions fréquentes sur divers ob
jets de Médecine et de Chirurgie, faire des répétitions régulières
de toutes les leçons qui sont données dans l’école, s’éclairer réci
proquement dans des conférences où il sera spécialement traité de
tout ce qui pourra se présenter d’intéressant dans les consulta
tions gratuites établies dans la ville, contribuer ainsi par leurs
moyens au perfectionnement de leur éducation médicale et con
tracter des liaisons d’amitié et d'estime plus intimes, ont résolu
de se constituer en Cercle médical.
Suit le Règlement.
— Composition de la Société.
Article 1er. — La Société se compose des membres titulaires et
des correspondants. Les membres titulaires ont seuls voix déli
bérative pour tout ce qui concerne l’administration intérieure du
Cercle médical.
T itre premier .
LÉ CFIICTÆ MEDICAL DE MARSEILLE
9
Article 2°. — Le nombre des membres correspondants est illi
mité, la Classe des membres titulaires ne pourra excéder le nom
bre de 20.
T itre 2e. — Du bureau de la Société; de la nomination de ses
membres, leurs fonctions et leurs devoirs.
Article lor. — Le Bureau de la Société est composé d’un prési
dent, d’un vice-président, d’un secrétaire et d’un trésorier.
Article 2°. — Tous sont élus au scrutin secret et à la majorité
des suffrages.
Article 3°. — La durée des fonctions des membres du Bureau
est fixée à un an.
Article 4°. — Tous les membres du Bureau sont perpétuelle
ment rééligibles.
Article 5°. — Les élections ont lieu dans une assemblée géné
rale convoquée ad hoc, et qui sera à la première réunion du mois
de janvier.
Article (5°. — Le Président est le chef de la Société et en a seul
la police ; il est à la tète de toutes les députations et porte la pa
role ; il reçoit les étrangers introduits dans la salle et leur adresse
un discours au nom de la Société. Il convoque toutes les assem
blées, ouvre les séances et en fait la clôture lorsqu’il le juge à pro
pos. Il nomme les députations avec le vice-président et le secré
taire, les Commissions et les rapporteurs qu’il charge d’un travail
particulier. Il résume toutes les discussions avant d’émettre (sic)
aux voix. Il en proclame les résultats après avoir recueilli les suf
frages qui, pour la validité de toute délibération, doivent toujours
être en majorité. Le vice-président le supplée en cas d’absence ou
de maladie.
Article 7°. — Le Secrétaire rédige et porte sur un registre tou
tes les délibérations. Il recueille les faits et les observations qui
sont communiquées verbalement à la Société et fait, à la séance qui
précède celle des élections, un rapport sur les travaux de l’année.
J 1 est chargé d’y faire entrer l’éloge historique dos membres dé
cédés.
Article 8e. — Le secrétaire est commis à la garde des Archives
et de tous les objets scientifiques qui appartiennent à la Société.
Article 9°. — Le trésorier perçoit les contributions, paye, sur le
mandat du président et du secrétaire, toutes les dépenses qui ont
été délibérées par la Société et rend chaque année compte de sa
gestion ; ce compte est examiné et clôturé par trois auditeurs
nommés par le Président.
�U. H. ALEZAIS
iô
T itre 3e.
— De l'élection des membres de la Sociélé. Sceaux et
diplômes.
Article 1er. — Les membres résidents doivent être résidents à
Marseille et avoir au moins un an d’étude.
Article 2e. — Tout membre titulaire qui, quittant MarseiLe, irait
s'établir dans une autre ville du royaume, prendra son titre de
correspondant.
Article 3°. — Tout étudiant qui désirera, devenir membre ti
tulaire de la Société, en fera la demande par écrit ou se fera pro
poser par un membre titulaire. Il subira un examen fait par les
fondateurs de la Société, présentera un mémoire ou une observa
tion qui seront discutés. Le Président désignera une Commission
de trois membres pour faire un rapport dans la huitaine sur la
demande du candidat, s’il y a lieu il convoquera une assemblée
ad hoc, il sera procédé à son élection au scrutin secret et à la ma
jorité des suffrages. La présence des deux tiers des membres est de
rigueur pour légitimer l’élection.
Article 4P. — Les membres correspondants seront également
élus dans une séance tenue ad hoc, sans rapport préalable d’une
Commission, mais sur la demande expresse de trois membres
titulaires qui seront obligés de faire connaître l’autorisation dont
ils sont nantis pour proposer l’afiliation du candidat. Le nombre
des votants et des suffrages doit être le même que dans l’article
précédent.
Article 5*. — Le Cercle médical aura pour sceller tous les ac
tes qui émaneront de lui, un sceau avec une empreinte analogue
à son institution et à ses travaux. 11 adressera à tous ses membres
un diplôme signé par tous les officiers du bureau et dans la forme
qui sera très prochainement déterminée par le Cercle médical.
T itre
4e. — Des travaux du Cercle médical.
Article 1er. — Le Cercle médical établira dans son sein des
conférences instructives sur les diverses branches de l’art de gué
rir. Il s’occupera spécialement de la répétition des leçons qui se
feront dans les divers cours de l’Ecole.
T itre
5e. — Des séances particulières du Cercle médical.
Article lpr. — Le Cercle médical s’assemblera tous les jeudis.
11 pourra avoir des assemblées extraordinaires lorsque le président
le jugera convenable pour l’intérêt du Cercle médical.
— De la contribution académique et pécuniaire de
chaque membre.
T itre 6e.
LE CERCLE MEDICAL DE MARSEILLE
il
Article 1er. — Tout membre titulaire du Cercle médical est in
vité à remettre tous les trois mois sur le bureau un mémoire ou
une observation clinique recueillie à l’Hôtel-Dieu ou dans la pra
tique de la ville. Cette observation, de même que celles qui seront
données dans le courant de l’année, après avoir été lues ou discu
tées à l’assemblée générale, seront déposées aux Archives.
Article 2P. — Pour l’honneur de la Société, l’importance et
l’utilité de ses travaux, chaque membre titulaire doit, regarder
cette dette comme sacrée et éviter au président la peine et le regret
de lui rappeler son obligation à cet égard.
Article 3°. — Chaque année, le Cercle médical, après avoir en
tendu et approuvé le compte de son trésorier, fixe la cotisation
pécuniaire de ses membres à 50 centimes par mois, payée d’avance
sauf les dépenses extraordinaires.
T itre 7°. — De la conservation, abrogation et modification des
Staluts du Cercle médical.
Article lor. — Toutes les fois que le temps, l’expérience des
circonstances particulières pourront exiger l’abrogation ou la mo
dification d’un ou plusieurs articles organiques, les membres qui
formeront cette demande seront tenus de l’adresser au président
qui en donnera connaissance à la plus prochaine réunion.
Article 2e. — Si dans une assemblée convoquée ad hoc, les
deux tiers des membres votants délibèrent qu’il y a lieu à accueil
lir la demande présentée, il en sera fait une mention expresse dans
le procès-verbal de la séance et la discussion est ajournée à hui
taine.
Article 3°. — Ce terme expiré, le président convoque de nou
veau une assemblée générale. Si la proposition est de nouveau
adoptée à la majorité des deux tiers, les articles en litige sont
abrogés ou modifiés.
Article 4°. — Quand (sic) à la conservation des présents sta
tuts organiques, la Société les recommande au zèle et à la sagesse
de ses premiers fondateurs, ainsi qu’au sentiment d’estime et
d’amitié qui doivent unir à perpétuité tous ses membres.
Article 5°. — Les présents règlements ont été adoptés et signés
par les fondateurs de la Société.
G ili.kt, p ré sid e n t,
A ubaye, vice-président,
P ardigon aiu é, se c ré ta ire g é n é ra l,
M assol, se c ré ta ire a d jo in t,
N atte, tré so rie r.
Au-dessous des signatures, le sceau de la Société, seul
exemplaire que l ’on trouve dans les deux régistres.
�12
M. H. ALEZAIS
11 esl circulaire et mesure trente-trois millimètres de
diamètre. In cercle concentrique laisse un anneau de trois
millimètres dans lequel est inscrit : en liant, Cercle médical,
en lias, de Marseille.
Le centre est occupé par un serpent se mordant la queue,
faisant un cercle de deux centimètres de diamètre, au milieu
duquel est une tige allégorique assez mal venue, supportant
une tête humaine, encore plus confuse.
1. — FONCTIOiNNERlENT DE LA SOCIÉTÉ.
La séance d’ouverture eut lieu le 21 octobre 1819. Etaient
présents les cinq fondateurs. On ne dit pas où se tint celte
séance, non plus que les suivantes. On ne dit pas non plus si
elle se passait dans l'intimité du petit cercle de ces fondateurs
ou bien si on avait admis, au moins pour celte séance inaugu
rale, un public étranger au Cercle. L'ordre du jour compor
tait un programme d’envergure. Après la lecture et l’adop
tion des Statuts organiques du Cercle médical, le Président lut
un discours sur « les Progrès qu’ont fait la Médecine, l'Ana
tomie et la Physiologie en diverses époques » et le Vice-Pré
sident lut un second discours sur « le But des Sociétés médi
cales ».
Rien n’étant à délibérer, la séance fut levée.
Dès le lendemain, nouvelle séance pour la présentation
par le Président d’un candidat, M. Magail. Il subit son exa
men d une manière avantageuse et soutint le même jour son
mémoire intitulé : « De la fracture des deux os de la jambe ».
11 fut admis.
Le lendemain, nouveau candidat présenté encore par le
Président, M. Monges. Après que le Secrétaire lui eut donné
lecture des staluts du Cercle, il subit son examen et y répond
de la façon la plus avantageuse. 11 est admis à soutenir son
Mémoire « sur la luxation de la mâchoire inférieure » huit
jours après et il est reçu à Lunanimité après celte épreuve.
Il n ’en est pas de même de M. Rafin, présenté par le Se
crétaire général. Ses réponses à l 'examen avaient été médio
cres. On l’avait cependant admis à soutenir son mémoire
« sur le Rhumatisme ». Une commission composée de MM.
Gillet, Aubaye et Natte avait été nommée pour examiner et
discuter ce mémoire. M. Rafin avait demandé une première
fois le renvoi de sa soutenance. Le cinq novembre, il se pré
senta, mais ses réponses aux objections faites sur son Mémoire
ne furent pas satisfaisantes et il ne fut pas admis à faire partie
du Cercle.
LE CERCLE MEDICAL DE MARSEILLE
13
Le 9 décembre 1819, le Président Gillet présenta la can
didature de M. Villeneuve, qui était élève en chirurgie de
l’Hôtel-Dieu depuis trois ans. Villeneuve avait 19 ans, était
externe depuis 1816 et venait d ’être nommé externe logé ou
couchant. Il répondit d une façon très avantageuse aux ques
tions qui lui furent faites et d ’une voix unanime, on l’admit
à soutenir son Mémoire sur « la péripneumonie », une semaine
après. Nilleneuve fut admis.
L existence de ce jeune homme, qui était appelé à devenir
une des sommités du corps médical de notre Ville, avait été
jusqu alors particulièrement dure.
Né à Marseille, rue d ’Aubagne, le 12 floréal an VIII,
d ’un père qui était chirurgien, mais qui pour gagner sa vie
avait dû se retirer h Saint-Gannat, le jeune Etienne \ illeneuve avait fait ses études à Lambesc, puis au petit séminaire
d ’Aix et avait commencé avec son père les premiers éléments
de la médecine. Il avait été admis comme élève en chirurgie
à i l Intel-Dieu le t\ novembre 1816. Ce laborieux, que l ’on
n ’est pas surpris de trouver dans la peitte phalange du Cercle
médical, n ’avait-il pas failli être, en 1818, exclu de l’Hôpital
par Moulaud, pour avoir manqué deux fois l’appel. La disci
pline était sévère à l ’époque !
Le 6 janvier 1820, un étudiant de la Faculté de Montpel
lier, M. Costes, demanda à être reçu membre correspondant et
envoya un mémoire intitulé : « Description anatomique et
pathologique du pli de Faîne ». La lecture en fut faite et la
candidature admise à l’unanimité.
Pas de nouveaux membres jusqu’au 26 octobre. Est-ce
l'approche de la rentrée scolaire, deux candidats se présentent,
MM. Nel et Icard. Ils sont admis après des réponses très sa
tisfaisantes aux examens et la discussion de leurs mémoires,
le premier sur « l’Histoire de la fièvre », le second « sur les
corps étrangers formés dans 1 articulation du genou », qui
ont été argumentés par deux membres désignés par le Pré
sident.
Le 7 mai 1821, M. Asphar sollicite le titre de membre
correspondant qui lui fut accordé après soutenance d ’un mé
moire sur u les plaies artérielles », argumenté par une com
mission de trois membres.
Ce fut la dernière admission d ’un membre médical. Il y
eut encore une candidature pharmaceutique, en vertu d ’une
décision prise le 3 i juillet 1821. Le Cercle, désirant établir
dans son sein des conférences sur la Chimie et lu Pharmacie,
ajouta au Règlement l’admission des Pharmaciens jusqu’au
nombre de trois.
�ü
M. H. A LEZ Al S
En vertu de cette résolution, M. Nel présenta quelques
jours après, M. Ravaud, pharmacien, qui eut à répondre sur
des questions de chimie et de pharmacie. L’épreuve ayant été
satisfaisante, il fut admis à présenter son mémoire le a3 août.
Ce mémoire ne figure à aucune séance. Le nom de Ragaud ne
se retrouve plus dans les registres de la Société. 11 renonça
probablement à sa candidature. On le retrouve, mais quelques
années plus tard, établi comme pharmacien, Quai du Canal, i,
près du pont de pierre, où il eut un dépôt de secours pour
les noyés, de i 83/j à i 8/jo.
Les admissions compensaient à peine les vides que fai
saient dans les rangs des sociétaires le départ des étudiants
qui avaient terminé leurs éludes. Le 7 septembre 1820. M.
Natte part pour Toulon ; le 21 du même mois, M. Monges va
se fixer au Rove ; le avril 1821, M. Magail s’établit â Mons
dans le Var.
Les auditeurs u étaient jamais bien nombreux, cinq,
six, sept au maximum. La séance avait lieu pourvu qu’il y
eut deux argumenlateurs en présence, mais le 10 mai 1821,
le président \ubayc se trouva seul et ne put que lever la
séance.
Le Bureau avait été renouvelé le 17 février précédent et
comprenait M. Aubave, Président ; Nel, Vice-Président ; Pardigon, Secrétaire général ; Magail, Secrétaire adjoint ; Massol, Trésorier.
Deux jours avant, avait été tenue la séance annuelle,
dans laquelle le Président Oillel avait eu la satisfaction d ’an
noncer à ses confrères que « M. le Comte de Villeneuve avait
accueilli avec distinction la députation du Cercle » qui lui
avait été envoyée pour solliciter son autorisation et il lui
avait accordé une autorisation provisoire. La séance avait été
remplie par un u Aperçu sur la mort qui arrive par les pro
grès de l’âge » par le Président et par « LExposé des Travaux
du Cercle » par le Secrétaire général.
Les séances ordinaires étaient occupées soit par les forma
lités des réceptions, soit par la lecture des « Tributs acadé
miques ». On appelait ainsi le mémoire ou l’observation cli
nique que d’après l’article ior du Titre 6°, chaque membre
était tenu de déposer tous les trois mois sur le bureau de
l’assemblée, pour être ensuite lu et discuté.
Parfois un membre zélé n'attendait pas l'échéance obli
gatoire pour présenter une observation intéressante. Tel le
Président Cille! qui parle « d ’un abcès situé à la partie laté
ral»* et supérieure du thorax terminé par absorption, et son
LE CERCLE A1ED1CÀL l)E MARSEILLE
15
observation est suivie « de quelques discussions relativement
au danger qui pourroit résulter du transport du pus dans le
torrent de la circulation ». D’autres séances étaient remplies
par une conférence «à litre général, médecine clinique, accou
chements, ou portant sur un sujet déterminé, par exemple :
les contractilités, la vie organiquue en général, les effets des
diverses inflammations du tube digestif, la rétention d ’urine
et la constipation, la liè\ re bilieuse, la sueur, le mécanisme
du crâne dans les fractures par contre-coup faites à sa base.
Dans d ’autres séances, on annonce une discussion sur les
thèmes les plus variés : les fièvres ataxiques et adynamiques ;
l ’opération du trépan ; la gangrène, le croup, la plisie pulmo
naire, la perception de l’ouïe, de la vue. O11 abordait même
parfois des questions médico-philosophiques ou doctrinales,
comme cette dissertation « sur diverses opinions émises par
les auteurs des deux systèmes de médecine qui se disputent
le sceptre médical ».
Enfin, il y avait des séances de pure administration où le
Trésorier rendait scs comptes.
C’était l’époque où le Docteur Roux venait de créer à Mar
seille son journal : <( l’Observateur provençal ». Le Président
Gillet, dans la séance du 17 janvier 1821, proposa au Cercle
de lui céder son abonnement. La Société reçut ainsi réguliè
rement le Journal tant qu elle fonctionna.
Le Cercle médical n'avait pas un an d ’existence et l’obli
gation de mesures capables d ’entretenir le zèle des adhérents
parut nécessaire. Le 27 juillet 1820, il fut décidé : i° (pie lors
qu un membre ne donnerait pas, dans le courant du trimes
tre, son Tribut académique, il serait imposé à une amende de
deux francs ; >° que, s il laissait passer deux trimestres sans
donner son mémoire, il serait exclu du cercle ; 3° que, s’il
laissait passer trois jeudis sans se présenter aux séances, il
payerait une amende de un franc ; enfin, le 28 décembre
1820, on décida que ceux (pii, le fi jam ier suivant, n ’auraient
pas rendu au secrétaire les mémoires lus pendant l’année
écoulée, paieraient 3 francs d ’amende.
Ces mesures ne restèrent pas platoniques. Le premier
délinquant lut Villeneuve qui ne s’était pas conformé à la dé
libération du 28 décembre. Le 19 janvier, ses mémoires
n ’étaient pas encore déposés et, de plus, il a\ail manqué trois
séances (h* suite.
�lu
M. IL ALEZAIS
LE CE II CLE MEDI CAL DE M A R S E I L L E
Il fui condamné à /j francs d’amende qu’il devait acquit
ter avant le 9 février et. à la majorité des voix, le scrutin le
déclara suspendu jusqu'à cette date et ensuite, exclu, s'il
n'acquittait pas son amende.
Le 8 février, Villeneuve pavait son amende, mais en don
nant sa démission et en renvoyant son diplôme. Il revint ce
pendant quelques mois plus tard sur cette décision, quelque
peu entachée de mauvaise humeur et, le .‘1 août, il demandait
à rentrer dans la Société. Sa demande fut acceptée, mais en
retardant sa titularisation jusqu'au 27 septembre suivant.
Le cas de \ illeneuve eut. semble-t-il, mérité les circons
tances atténuantes. Il venait d’être reçu interne à l ’HôtelDieu le 19 mars et la préparation du concours aurait dû lui
éviter une sévérité (pii explique son dépit.
E11 novembre, le Bureau est plus juste. Il reconnaît que
la place d'interne — c’est peut-être le moment où il entrait
en fonction — l’empêche d’assister aux séances toutes les
fois qu'il le désirerait et fait pour lui une exception aux rè
glements.
Ceux-ci eurent d'autres applications et sans égard pour
les délinquants. Le 11 octobre, M. Massol, secrétaire adjoint
et trésorier, est condamné à l'amende prévue pour n ’avoir
pas remis son mémoire au jour lixé. Le >0 novembre, c’est M.
Ne! qui a 3 francs d’amende pour le meme délit.
Nous resterons sous une meilleure impression en nous re
portant à la séance du >6 juillet 1821, tout entière consacrée
à (( décider qu’un repas en commun aurait lieu mardi 21 du
courant à (Jlarenq) aux dépens de la caisse, les frais de trans
port compris ».
La dernière séance qui figure sur le Régistre est du 6 dé
cembre 1821. Cinq membres étaient présents, MM. Aubaye,
Gillet, Icard, Massol et Pardigon. Elle fut occupée par une
conférence sur la fièvre ataxique.
Quelques pages plus loin, on trouve le litre seul de la
séance du 7 février 1822. Présents : MM. Aubaye, Gillet, Mas
sol, Icard... C’est la dernière trace du Cercle médical, dont le
régistre qui n’en est encore qu'au tiers do ses feuillets, se
transforme en un Livre de Comptes se l'apportant à l’achat
de maisons.
Les premiers comptes sont de i 83 i et i 83 > : Achat de ma
maison ; réparations faites à ma maison. Il est question à
plusieurs reprises d'argent envoyé « à ma mère ». On parle
17
aussi d ’un notaire, M. Bayle, qui ne figure pas sur la liste des
notaires de notre ville. Il se pourrait donc (pie la maison en
question ne fut pas située à Marseille.
Plus loin, au contraire, dans d ’autres comptes de i 84o, il
est question d ’une autre maison, mais celle-ci est rue Sainte\ ictoire, /| 1. Le compte est intitulé : \ehat et sommes payées
pour la maison de la rue Slc-\ ictoire.
Le seul intérêt de cette digression, c’est que le change
ment si radical de la tenue du Régistre officiel du Cercle
pourrait signifier qu’il n ’existait plus.
En parcourant la liste des fournisseurs ou des destinatai
res de l’argent, on trouve un nommé Benoit Pardigon et la
manière dont ce nom est écrit se rapproche singulièrement de
la signature du Pardigon qui était membre du Cercle.
Si on se rappelle qu il était de plus Secrétaire général,
rien (pie de naturel à ce (pie le Régistre soit entre ses mains
et s’il s’en est servi pour un usage personnel, n ’est-il pas lé
gitime de conclure que la Société n ’existait plus.
Tout hypothétiques que soient ces déductions, nous ad
mettrons jusqu’à plus ample découverte que le Cercle médi
cal a pris fin au début de 1822.
II. — T rwaux . dk i,a Société.
Le rapide aperçu que nous avons donné des séances du
Cercle médical doit être complété par un coup d ’œil sur ses
travaux.
On ne saurait reproduire, sans s'exposer à des longueurs
inutiles et à des pages d ’un médiocre intérêt, la plupart de ces
mémoires qui, malgré leur litre de « Tributs académiques ».
ne sont que des devoirs d élèves auxquels nous ne pouvons
demander plus (pie ne leur donnaient les notions médicales
alors courantes.
On peut cependant de ci de là, glaner quelques faits cu
rieux, ou l’exposé de tel procédé opératoire, de tel mode de
traitement alors en usage et (pie des chirurgiens tels que Mou
lant! ou Cauvière avaient adoptés.
Outre ces détails, l’ensemble des travaux du Cercle me
dical, qui reflètent l'enseignement de l llotel-Dieu, laisse une
impression qui est à retenir. On retrouve, en les parcourant,
l'influence heureuse qu'avait exercée sur la restauration de
renseignement médical en France, après la Révolution, un
homme tel que ('.haussier. On sait que c’est à lui qu est dû,
�18
M. H. ALE Z AI S
en majeure partie, le rapport que la Convention avait de
mandé à Fourcroy et qui servit de base à la Loi du 14 Fri
maire, An III (4 décembre 179/1).
L’Enseignement médical, grâce à Chaussier, devint pra
tique et clinique et demanda à l’Anatomie et à la Physiologie
l'appui de leurs notions.
Cette heureuse tendance est manifeste dans les travaux
du Cercle. Le Régistre des Mémoires qui nous est parvenu ne
comprend que l'année 1820, mais le titre des communica
tions de 1821, qui nous est connu par les procès-verbaux des
séances, suffit pour nous indiquer leur objet.
On trouve bien une dissertation sur: « la Médecine est-elle
l’art de guérir ? » ou bien : « La lecture des ouvrages de mé
decine est-elle dangereuse pour celui qui en fait usage », ou
encore des sujets confinant à une psychologie sentimentale un
peu nébuleuse, tels que : « Notice sur le libertinage appliqué
à la médecine morale » ; — « Mémoire sur l’amour considéré
comme cause de mélancolie. »
La plupart des communications se rapportent à l’Anato
mie, à la Physiologie ou à la Clinique.
Voici quelques litres de communications ayant trait à
FAnatomie ou à la Physiologie :
« Mémoire renfermant un aperçu succint sur les tissus
érectiles ; une description anatomique de la verge ; une notice
physiologique sur le phénomène de l’érection ;
» Quelques recherches sur l'Histoire de I Anatomie ;
« Description anatomique et pathologique du pli de
l’aine ; — de l’estomac.
« Quelques propositions physiologiques sur le vomisse
ment considéré dans l étal maladif. »
Médecine : « Mémoire sur l'apoplexie, — sur le tétanos,
— sur une varicelle ; sur l érésipèle simple et l’érésipèle
phlegmoneux; — sur des cas de péripneumonie; — sur une
pleurésie, sur la fièvre muqueuse, sur le choléra morbus, sur
la variole ; — sur un asthme guéri par la fumée de daliira
stramonium ; — sur les fièvres intermittentes, sur un lom
bago ».
Chirurgie : « Mémoire sur la gangrène produite par l’in
flammation et par la congélation ; — sur les abcès du foie ;
sur une plaie par instrument piquant avec lésion présumée
d’un nerf ; — sur les ruptures et divisions du tendon d'Achil
le; — sur les polypes des fosses nasales; — sur les plaies de
LE CE n e LE MEDICAL DE MARSEILLE
10
poitrine en général ; — sur l’amaurose ; — le bec-de-lièvre ;
la luxation de la mâchoire inférieure ; — observation d ’une
douleur vésicale vénérienne simulant la présence d ’un cal
cul ; — mémoire sur les corps étrangers formés dans l’arti
culation du genou ; — sur l’anthrax malin ; — sur les plaies
artérielles ; — rapport sur la hernie crurale ; — observation
d ’un anévrisme de l’aorte. »
<( Mémoire sur la teigne amiantacée d ’Alibert ; — sur les
chancres vénériens primitifs ; — sur la suppression de la
suppuration ; — sur l’anthrax malin. »
On trouve encore : « Description du somnambulisme sui
vie de quelques observations. Mémoire sur le cauchemar, sur
l’onanisme ; Essai sur les moyens d ’introduire des substances
liquides dans l’estomac par les fosses nasales ; Quelques mots
sur les propriétés physiques et hygiéniques des eaux. »
Nous nous étendrons un peu plus longuement, à titre do
cumentaire, sur quelques communications.
de GILLET.
Description exacte d’un cas de rage survenu chez un enfant de
12 ans, quarante jours après la morsure. Mort après deux jours
de crises convulsives violentes, avec spasme œsophagien et ptya
lisme.
*%
Observation sur ia rage,
par le même.
On voit cpie les auteurs possédaient leur myologie, naturelle
ment avec la nomenclature de Chaussier. La mâchoire inférieure
est maintenue appliquée contre la supérieure par le temporo-maxillaire, le zygomato-maxillaire, les ptérygo-maxillaires. Elle s'abaisse
par l'action des mastoïdo-géniens, mylo, génio, sterne, scapulohyoïdiens, sterno-thyroïdien, thyro-hyoïdien, les libres inférieures
du génio-glosse.
La question qui divisait alors les physiologistes était de sa
voir si, dans ce mouvement d'ouverture de la bouche, la mâchoire
inférieure était seule en mouvement, ou bien si, tandis qu’elle
s’abaisse, la mâchoire supérieure ne se relève pas un peu. Boerhaave, Monro, Ferrein, Gavard, Bichat, étaient d’avis que la
mâchoire supérieure se relevait un peu, tandis que d’autres avec
Wiuslow, Ribes, pensaient qu’elle était immobile. M. le professeur
c h a u s s i e r , comme le nomme notre jeune auteur dont on sent toute
lu déférence, se rallia â l’opinion de Boerhaave, pour une raison
anatomique vraiment trop subtile. L’élévation de la mâchoire suMémoire sur la préhension des aliments,
�20
AJ. II. M.EZA1S
périeure, quand la bouche s’ouvre, dit M. Chaussier, est un effet
nécessaire de la disposition de l’articulation temporo-maxillaire.
Les deux os, en effet, s’y touchent, non comme on le dit générale
ment par un condyle reçu dans une cavité, mais par deux condyles, de sorte que le condyle inférieur ne peut se mouvoir en au
cun sens sans tendre à imprimer un mouvement de rotation en
sens inverse au condyle supérieur, ce qui produit l’élévation de
la mâchoire supérieure dans le temps de rabaissement de l'infé
rieure. Toutes ces discussions, comme le fait remarquer Longet (1),
peuvent paraître hors de propos, « quand il est si facile de cons
tater que, dans la mastication normale, la tête n’exécute pas le
moindre mouvement ».
Mémoire sur l’angine tonsillaire.
L’auteur décrit sous ce nom toutes les formes d’amygdalite,
aiguë, suppurée, jusqu’à l’hypertrophie. Les moyens employés
dans ce dernier cas sont la rescission et la ligature. La rescission
se pratique soit avec le bistouri, soit avec le Kîotome de Desault.
Le procédé de ligature, choisi comme étant le plus facile, est celui
de Desault. L’amygdale est prise dans l’anse de fil d’un serrenœud. qu’on laisse en place 4 ou 5 jours, en augmentant tous les
jours la striction. L’amygdale tombe généralement au bout de ce
temps-là. Si la gangrène se propageait à la paroi du pharynx, on
avait comme ressource les gargarisme antiseptiques et toniques au
quinquina et au serpentaire de Virginie, l’acétate d’ammoniaque
et le camphre, intus et extra.
Mémoire sur l’administration du poivre cubèbe dans la blen
norrhagie, par M. PARDIGON ainé.
Le poivre cubèbe venait d’être présenté par John Cravvford,
chirurgien de la Compagnie anglaise au Rengale, comme un spé
cifique assuré de la blennorrhagie. L’action irritante du cubèbe
sur le col de la vessie, sur l’intestin, avait provoqué des réserves
sur l’emploi de ce médicament et notre auteur se range à cet avis,
en attendant le résultat des expériences entreprises par MM. Del
pech et Lallemand.
*★ *
(1) L onget. Traité de Physiologie, 1873, T. 1., p. 109,
LÉ CERCLE MEDICAL DE MARSEILLE
21
Mémoire sur ( anthropophagie.
Rappel des récits de voyageurs chez les Iroquois, les Caraï
bes et des faits de dépravation criminelle parmi lesquels un des
plus remarquables est celui que rapportait le professeur Gruner,
d'Iéna, d’un certain Goldsmith, gardien de vaches des environs
de Weimar, qui, jusqu’à 55 ans. ne s'était fait remarquer que par
un caractère assez violent, une certaine rudesse de mœurs, une
extrême grossièreté. A la suite d’une altercation avec un voya
geur, à l'entrée d’un bois, il le tue et pour le faire disparaître, il
le coupe en morceaux et les porte dans un sac, chaque fois qu’il
revient chez lui. C’est dans un de ces voyages que l’idée lui vient
de manger de la chair humaine. 11 fait rôtir et bouillir des mor
ceaux du cadavre dont il se régale, ainsi que sa femme à laquelle
il a fait croire que c’est de la viande de mouton. L'année sui
vante, il tue un enfant qu’il mange en partie. Ce crime est décou
vert et ces détails ne sont connus que par ses aveux. Hector Boetius cite, dans son Histoire d’Ecosse, un brigand écossais qui fut
condamné à mort, ainsi que sa femme et ses enfants, pour avoir
tué plusieurs personnes dont ils s’étaient nourris. L’extrême jeu
nesse de la dernière fille l’avait préservée du supplice. Mais dès
qu’elle eut atteint sa douzième année, elle se rendit coupable du
même crime et fut exécutée.
•*«
Mémoire sur la fracture des deux os de la jambre,
par M. MA-
GAIL.
Nous ne retiendrons que la description du traitement alors
en usage dans ce cas. L’appareil à pansement est ainsi préparé.
Un oreiller couvert d’une serviette pliée en deux ou trois doubles,
quatre liens d’un ruban assez fort, un drap fanon qui s’étende du
genou à la plante du pied, un bandage à bandelettes, des com
presses carrées de longueur et de largeur inégale, trois remplis
sages faits avec des linges usés ou des sacs remplis de paille
d’avoine, larges de quatre travers de doigt et aussi longs que la
jambe, deux attelles larges de deux ou trois pouces et d'une lon
gueur égale à celle du drap fanon.
Le malade étant couché, le chirurgien placé au côté externe
du membre pour ajuster les extrémités des fragments lorsque les
tractions exercées en sens contraire les ont ramenées au même ni
veau, on soulève doucement le membre sous lequel on fait glisser
l’oreiller avec l’appareil sur le milieu duquel la jambe doit repo
ser el qu'on arrose d’eau végéto-minérale. Ensuite, le chirurgien
fait faire l’extension sur le pied qui est soutenu ou abaissé, porté
�LE CEl(CLE MEDICAL DE MABSEILLE
en dehors ou en dedans, jusqu’à ce que sa direction ne laisse rien
à désirer pour la conformaiton, le gros orteil devant être sur la
même ligne que le condvle interne du fémur. Tout étant dans cette
régularité, on applique sur la partie antérieure deux compresses
longues, étendues du genou sur le cou-de-pied et qui entourent
les deux tiers antérieurs de la circonférence de la jambe, puis on
place latéralement les remplissages repliés vers les malléoles pour
éviter la compression qu'elles auraient pu souffrir. On enveloppe
les attelles de chaque côté avec un drap fanon dans lequel on les
roule jusqu’aux remplissages contre lesquels ils doivent s’appli
quer exactement et après avoir placé le troisième remplissage à la
partie antérieure de la jambe, le tout est maintenu par quatre liens
noués sur l’attelle externe et suffisamment serrés pour assurer
l’immobilité des fragments. On enveloppe le pied d’une compresse
imbibée d’eau végéto-minérale avec laquelle on a humecté toutes
les pièces de l’appareil. 11 est maintenu par une bande dont le
plein porte sous la plante et les chefs, après s’être croisés sur le
dos, sont lixés latéralement sur chaque attelle.
La jambe doit être solidement fixée par cet appareil, placée au
moyen d'un coussin dans une légère flexion et garantie par un
cerceau de la pression des couvertures. On prescrit des boissons
délayantes et acidulées, des saignées plus ou moins répétées sui
vant le tempérament de l’individu.
Dans le cas de fracture du péroné seul, on prépare deux com
presses graduées, quelques gâteaux de charpie, une longue bande
roulée à un seul globe et trois attelles. Un premier aide soutient la
jambe à sa partie supérieure, un second la soulève en tenant le
pied dans l’adduction. Des compresses graduées et imbibées d'eau
végéto-minérale sont placées, l’une depuis la partie antérieure de
la malléole externe jusqu’à la petite tête du péroné, entre cet os et
le tibia, l’autre, plus courte, est mise entre le tendon d’Achille et
le péroné. On remplit ensuite de charpie ou d’autres compresses
les vides qui se trouvent entre le tendon d’Achille et le tibia. Un
aide maintient tout en position. Le chirurgien prend sa longue
bande et fait quelques circulaires au-dessus des malléoles, enve
loppe exactement le talon, le col et le dos du pied jusqu’à la base
des orteils, revient aux malléoles, remonte par doloires et renver
sés jusqu’au jarret, ayant soin a chaque tour de bande de presser
avec les doigts sur les compresses graduées afin de refouler les
muscles dans l’espace interosseux et d'écarter du tibia les bouts des
fragments du péroné. Arrivé en haut de la jambe, le chirurgien
donne sa bande à tenir à un aide, met sur chaque compresse gra
duée une attelle de même longueur, reprend ensuite la bande, des
cend par doloires et continue jusqu’à total emploi. Les appareils
ne doivent pas être appliqués lorsque l’inflammation existe.
23
Telle était vraisemblablement la pratique de Moulaud ou de
Cauvière qui nous est conservée par son élève.
Mémoire sur les plaies de la langue.
A noter la bourse de toile fine dans laquelle on avait proposé
d’enfermer la langue, dans le cas de plaie à lambeau. Boyer
préfère un ou deux points de suture entrecoupée, si la situation de
la plaie le permet.
*♦*
Mémoire sur l’opération de l’empyème.
Dans l’énumération des signes physiques, on relève ceux-ci :
la percussion qu’on ne peut produire avec succès sans que le ma
lade soit sur son séans, ne présente que des sons très obscurs ;
lorsqu’on cylindre le malade avec le cylindre de M. Laennec, on
sent que le malade ne respire pas dans le point où le liquide est
accumulé et que le mouvement d’ondulation se propage jusqu’à
l’oreille ; du côté de l’épanchement, les espaces intercostaux se
trouvent écartés, tandis qu’ils paraissent rentrés du côté opposé ;
la courbure et l’élèvement des côtes se trouvent augmentés ; en
appliquant la main entre les espaces intercostaux, on sent une es
pèce d’ondulation résultant de la présence du fluide ; quelquefois,
quand l’épanchement est à gauche, le coeur ne fait plus sentir les
battements que du côté droit.
L’incision doit être faite entre la 8e et (Je côte à gauche, la 7e
et 8’’ à droite, à la partie moyenne de l’espace intercostal, en ra
sant le bord supérieur de la côte inférieure, afin d’éviter l'artère
intercostale.
Après la section de la peau et des muscles extérieurs, on in
troduit dans la plaie le doigt indicateur de la main restée libre,
et quand on sent qu’on est arrivé sur les muscles intercostaux, on
plonge prudemment la pointe du bistouri. .On place de suite l’indi
cateur derrière cette pointe pour éviter de léser le poumon et on
coupe de dedans en dehors.
A
Observation d’une fissure avec constriction
sphincter de l’anus.
spasmodique du
L’opération, seul remède efficace, consistait alors en une sec
avec un bistouri boutonné, soit du côté droit, soit du gauche,
et dos deux côtés, en cas de constriction extrême, des membranes
t ion
�Ai. II. A L E Z A IS
2i
LE CERCLE MEDICAL DE MARSEILLE
intestinales,
la fesse. La
la guérison
sans retour.
du sphincter, du tissu cellulaire et des téguments de
cicatrisation demandait de vingt jours à trois mois et
des douleurs et de la eonstriction était radicale et
On ne parle {tas du sphincter.
Mémoire sur le Scherlievo,
La maladie connue sous ce nom était à cette époque une nou
veauté. Elle avait fait en 1800 son apparition en Üalmatie, dans le
village de ce nom, et fut considérée comme une variété de la sy
philis. M. Massol n’apporte naturellement aucun fait nouveau,
mais se borne à rapporter textuellement les conclusions des Com
missaires envoyés par la Société de Médecine pour étudier le Scher
lievo qui, en quelques mois, avait fait des ravages énormes.
C’est une variété de la syphilis qui n’est pas épidémique, mais
endémique et contagieuse par toutes sortes de contact. Elle a de
grandes analogies avec la maladie vénérienne des premiers temps,
c’est-à-dire du xv° siècle. Elle est justiciable d’une sage et pru
dente combinaison de préparations mercurielles et notamment du
muriate suroxygéné de mercure avec les sudorifiques et les amers.
Les bains de mer sont indiqués comme traitement et prophylaxie.
Tous les moyens prophylactiques seront de nul effet si on n’établit»
pas des lazarets et si on n’obtient pas des habitants plus de pro
preté.
Observation sur une lésion de lartère poplitée, par M. VILLENEUVE.
Je n’hésite pas, malgré sa longueur, à transcrire cette obser
vation qui est prise avec la netteté que Ton retrouve dans les nom
breuses observations qu’avait recueillies le Professeur Villeneuve,
dans son service de la Maternité. C’est en même temps un spéci
men, que je crois unique, de la chirurgie au temps de Moulaud.
« Le nommé Pierre Escande, âgé de 23 ans, fusiller dans la lé
gion du Tarn, d’un tempérament lymphatique, m’a assuré n’avoir
jamais été atteint d’aucun virus ni d’aucune éruption cutanée. 11
est entré le 1er décembre 1819, ayant une tumeur à la partie supé
rieure, antérieure et interne de la cuisse gauche, qui a disparu
deux mois environ après son entrée, par l’usage des cataplasmes
émolliens et des emplâtres de diabotanum.
<( A cette époque, il se manifesta une douleur à la partie infé
rieure et postérieure de la cuisse qui fut bientôt accompagnée de
gonflement, tension et rougeur phlegmoneuse de la partie, acci
25
dents auxquels on obvia par l’usage des cataplasmes, des fomen
tations émollientes et par une diète appropriée. L’intensité des
symptômes inflammatoires fut suivie d’une collection purulente à
laquelle on donna issue le 20 février 1*20, au moyen d’une ouver
ture que l’on pratiqua aux trois quarts inférieurs et internes à peu
près de la cuisse entre le demi-membraneux (ischio-poplité-tibial),
le 3° adducteur (ischio-fémoral) et que Ton prolongea jusque der
rière le vaste interne. Un pus assez louable coula de la plaie qui
fut d’abord remplie de charpie, laquelle ne tomba que deux jours
après.
Des topiques émolliens et de la charpie furent pendant quel
que temps le pansement de la partie affectée ; on ajouta ensuite
un plumasseau de cérat pour empêcher l’adhésion des brins de
charpie aux bords de la plaie. Le pus était toujours abondant et
grisâtre.
Un nouvel amas de matière purulente favorisée par la position
du membre donna au tact du chirurgien en chef un sentiment de
fluctuation à la partie externe et inférieure de la cuisse entre la
portion péronière du biceps crural (ischio-fémoro-péronier) et la
portion externe du biceps crural (trifémoro-rôtulien); ce qui le dé
cida à faire pratiquer en cet endroit une contre-ouverture, un
mois après la première incision. 11 en sortit un pus épais et grisâ
tre; on la remplit de charpie dont une nouvelle quantité de pus
détermina l’expulsion, le jour d’après. Dès la première ouverture,
le malade fut mis à la soupe matin et soir. On lui a fait observer
ce régime jusqu’au 26 février, jour auquel on lui permit le quart
le matin. Le pus coulait toujours abondamment ; des stries de
sang étaient mêlées avec lui, le malade s'affaiblissait, perdait l'ap
pétit. 11 fut mis à l’usage des bouillons amers le 28 mars. Une pe
tite tumeur se forma au-dessus la première plaie et derrière elle.
On l’ouvrit ; un pus épais en découla.
Cependant l’aspect livide et même noirâtre de la plaie primi
tive, la présence île quelques petits caillots de sang mêlés au pus ou
parsemés çà et là sur la surface de la plaie, engagent le Chirur
gien en chef à examiner cette plaie. Il porte le doigt dans le fond
de celle-ci, sent les pulsations de l’artère poplitée, en reconnaît
l’isolement, invite le Chirurgien-chef interne en second de faire
l’exploration de la partie ; celui-ci se convainc du même désordre.
On procède au pansement ; la plaie est nettoyée avec de la
charpie. Un morceau double d’agaric embrassé dans une anse de
lil noué est appliqué immédiatement à la partie antérieure de
l’artère. Des bourdonnets de charpie, lâchement noués, sont mol
lement placés entre l’agaric et la partie postérieure et inférieure
du fémur. Un tampon de charpie arrosé d’eau alumineuse et un
�26
M. II. ALE7AIS
bandage approprié, terminent le pansement et ce pansement est
fait tous les jours par M. Moulaud, Chirurgien en Chef, qui or
donne une légère compression de la crurale, quatre doigts envi
ron au-dessus de la plaie. Le 4 avril, on lui prescrit l’usage des
crèmes de riz de l heures en 4 heures et la continuation des
bouillons amers auxquels on ajoute le 5 un gros et demi de quin
quina.
Le 12, qui fut U* jour de l'exploration de la plaie, prescription
d’une tisane acidulée avec l’eau de Rahel, des crèmes «h1 riz de
3 en 3 heures, avec 0 gouttes d’acide sulfurique et des bouillons
amers avec un gros et demi de quinquina. Le pansement est con
tinué dans les mêmes formes par M. Moulaud et exécuté avec
cette dextérité et cette délicatesse particulières à ce praticien. Le
6° jour, à peu près, il a déjà lieu de se féliciter de son mode de
traitement ; il sent moins de laxité sur la tunique artérielle et
l’effet astringent de l’eau alumineuse lui a procuré cette satis
faction. Mais l’état physique du malade l’inquiète et c’est avec
raison. Escande est faible, sa voix altérée ; il n’a aucune vigueur.
Une fièvre lente le ruine, il y a sécheresse il.* la langue, rougeur
de la pommette gauche.
Le 10 au soir, il est dans un état à faire désespérer do lui ; il
parait oppressé et fait craindre au chirurgien en chef une métas
tase dans la poitrine. Prescription d’une potion antispasmodique.
La plaie suppure toujours beaucoup. Le pansement est un peu
modifié ; on ne met plus qu’un morceau simple d’agaric sur l’ar
tère.
Après avoir lavé l’extérieur de la plaie, on en nettoie l’inté
rieur avec la décoction vulnéraire au moyen d’une seringue au
svphon de laquelle est ingénieusement lié un morceau de linge
fin, qui, placé devant le jeu du liquide, a pour but de le faire ver
ser en nappe sur la surface de la plaie et de garantir les bourgeons
charnus de la meurtrissure que leur eut occasionné sans contre
dit le jet de la seringue à nu.
Depuis le 22, on a éloigné l’agaric du pansement Après avoir
fait la lotion ci-dessus mentionnée dans le fond de la plaie, on y
introduit de la charpie qui s’en imbibe et qui est ensuite reje
tée. On achève le pansement par l’introduction de quelques bourdonnets de charpie mollette et par l’irrigation d’un peu d’eau alu
mineuse par dessus. La compression a été enlevée le 2t. La plaie
offre un bel aspect jusqu’au 27 ; sa surface est rouge. Elle semble
présenter la naissance de plusieurs bourgeons charnus, mais, le
28, son aspect est livide. Il en sort du pus brunâtre. Le jour sui
vant, la lividité augmente, le pus est plus abondant, il est mêlé de
LE CETiCLE MEDICAL DE MARSEILLE
27
quelques stries de sang noirâtre ; même pansement, mêmes re
mèdes. Le lendemain, même état de la plaie ; le malade n’a aucune
vigueur, il est pâle, comme bouffi. Violentes coliques le lpr mai.
Mort le lundi 8 mai à 4 heures du soir.
Autopsie cadavérique, le 0 à 8 heures du matin.
La cavité pectorale ne présente rien de particulier, si ce n’est
une légère transudation puriforme, effet presque constant du ma
rasme. Les poumons sont d’ailleurs très sains, le gauche seule
ment parait être comme œdématié, mais c’est à la partie posté
rieure principalement. Rien de particulier dans la cavité abdomi
nale. M. Ducros ouvre en long toute l’aorte descendante, suit le
trajet de l’iliaque primitive, externe gauche, de la crurale, poplitée
et au-delà sans qu’il puisse y apercevoir aucun phénomène patho
logique. La portion d’artère qui était en contact avec l’agaric et
les tampons imprégnés d’eau alumineuse, était seulement plus
résistante. Voilà l’observation ; je me permettrai à présent de faire
quelques réflexions. »
A
Je laisserai de coté cette discussion qui a moins d’intérêt et se
borne à établir une relation entre la lésion de la poplitée et le pus
qui la baignait, mais nous remarquerons à propos d’une autre ob
servation présentée par Villeneuve, que c’est encore Ducros qui
allait faire avec lui l’autopsie, si la famille n’avait pas réclamé
le corps.
On peut se demander si, à cette époque, ce n’était pas le mé
decin de l’Hôtel-Dieu qui était chargé des autopsies. Il s’agissait
fi’un sujet de 65 ans, qui, à la suite de deux applications de la
poudre du frère Côme sur une plaie carcinomateuse de la verge,
avait été pris de malaise, douleur à la nuque, paralysie des mem
bres supérieurs, fourmillements aux aines, aux lombes et était
mort au bout de quatre jours. La poudre du frère Côme contient
un huitième de son poids d’acide arsénieux et Villeneuve conclut
à un empoisonnement et non pas à une métastase comme la sup
pression de la sanie purulente portait à le faire croire.
*♦+
Du petit groupe d'étudiants qui composaient le Cercle
médical, Etienne Nilleneuve est le seul dont la carrière mé
dicale ait laissé une trace brillante et longue, puisqu’elle ne
s’acheva qu’en 1882.
�M. IL A LE ZAIS
28
Nous devons savoir gré au Cercle médical de nous avoir
conservé quelques souvenirs de la jeunesse de ce Maître émi
nent et je terminerai la courte notice consacrée au Cercle en
évoquant la belle figure de celui qui en a été la gloire.
i
_
★*★
Villeneuve était depuis le 19 mars 1821, interne à 1’Il<'>tel-Dieu. Travailleur infatigable, il se présente au Chef-inter
nat d’Aix, puis de Marseille, mais n ’obtient à ees deux con
cours que la seconde place. (I a une typhoïde grave et à peine
remis, il concourt pour le poste de Chef interne de la Charité
(18s»3). Il est nommé et c’est dans cet hôpital, où s’était en
fin ouverte l ’Ecole d ’Accouchement s, qu’il trouve sa voie.
Pendant trois ans, il s’adonne à l’obstétrique et acquiert une
telle maîtrise qu’une fois nommé Chef interne de F Hôtel Dieu (1828), il obtient l’autorisai ion d’y faire un cours d ’ac
couchements et, en 183 r, à la retraite de Cauvière, on lui
donne la place de Chirurgien en Chef de la Maternité. Il ve
nait de passer sa thèse de doctorat en médecine le 9 juillet
i 83o, à Montpellier.
Villeneuve épousa Mademoiselle Joly, seconde maîtresse
Sage-femme, fille et sœur de médecins distingués de ChâteauThierry. Il resta à la tète de la Maternité jusqu ’en 187/1, la sui
vant dans ses déplacements, de l’ancienne Faculté des Scien
ces, où elle se trouva quelque temps, à la Conception.
Il appartint successivement à l’Ecole secondaire, à l'Ecole
préparatoire, puis à l’Ecole de plein exercice, où, après avoir
quitté la Clinique, il enseigna, comme professeur de gyné
cologie, jusqu’à sa mort, en 1882.
C’était, dit M. Seux, dans l’Eloge (1) qu’il prononça sur
sa tombe, un excellent praticien, un Maître aux idées justes
qu’il défendait avec autorité. La polémique qu'il eut avec
Depaul en faveur de l’opération césarienne qu’il opposait à la
céphalothripsie, eut un grand retentissement.
Villeneuve fut toujours un laborieux. Tel nous l'avons vu
à l’Hôtel-Dieu, tel il est resté pendant sa longue carrière pro
fessorale. Tous les faits qu’il observait étaient recueillis, tou
tes les observations prises dans son service étaient revues par
lui et souvent annotées de sa main. C’était une véritable
bibliothèque que ces innombrables cartons où ('Iles étaient
(1) Ma rsei lie-médical, 1883, p. tio: Eloge du professeur Villeneuve père, prononcé à Aix, le 6 décembre 188:?, par M. Seux, Di
recteur de l’Ecole de plein exercice de Médecine et de Pharmacie.
LE CERCLE MEDICAL DE MARSEILLE
20
méthodiquement classées. Son fils, le professeur Louis Villeneuve, en fit don à l’Ecole et de nombreuses thèses mirent à
profit cette mine de précieux documents. Les premières observations remontaient à 1827. En me limitant à la période
de 1833 à 187b, j ’avais relevé fi.080 accouchements (1), qui
formaient une base imposante pour des statistiques obstétri
cales.
Bien rares sont encore parmi nous ceux qui ont connu le
Professeur Etienne Nilleneuve. Ils se plaisent à retrouver ses
traits si caractéristiques et son expression si vivante dans la
belle toile de Stanislas Torrents que possède la Salle du Con
seil de la Faculté de Médecine.
On ne peut pas mieux compléter ce portrait et l’animer
qu’en relisant l’Eloge de M. le Directeur Seux :
(( Les nombreuses préoccupations de sa jeunesse, temps
<Iui fut pour lui une époque d ’épreuves et de rudes labeurs,
avaient laissé sur son front ces traces ineffaçables que l’âge
seul imprime au visage ; ses cheveux avaient blanchi avant le
temps. Sa riche chevelure d’argent imprimait toutefois à sa
physionomie un caractère tout particulier de douce sévérité
tempérée par un sourire toujours bienveillant et souvent plein
de vivacité. M. Villeneuve, d ’une taille élancée, portait en
effet dans sa démarche habituellement rapide et dans toute
sa personne les caractères d ’un homme laborieux ; vers la
fin de ses jours seulement, l’âge avait très légèrement courbé
son dos. Ces formes extérieures donnaient une très exacte idée
de l’homme intérieur ; excellente santé, amour constant du
travail, foi religieuse des plus vives, tel fut, en effet, durant
sa longue vie, tel était notre vénérable Collègue quelques jours
avant sa mort. »
\ illeneuve fut emporté après (revis jours de maladie, le
19 avril 1882. Quelques mois après, le fi novembre, M. le Di
recteur Seux succombait à son tour.
(I) Au:/vis. De ta rupture prématurée spontanée des membra
nes de l'œuf. Thèse, Montpellier, 1882.
�
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
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Title
A name given to the resource
Cercle médical (Le) de Marseille (1819-1822)
Subject
The topic of the resource
Médecine
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Alezais, Henri (18..-19.. ; Dr)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote TP40024
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Marseille médical (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1932
Rights
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domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/227411080
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/TP-40029_Marseille-medical_1932_T2-Alezais_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
25 p.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/315
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Description
An account of the resource
Histoire de la première réunion amicale d'étudiants voulant se perfectionner en médecine et en chirurgie et du fonctionnement de ce cercle informel
Abstract
A summary of the resource.
Cet historique précis de la première réunion d'officiers voulant se perfectionner en abordant les questions importantes de médecine et de chirurgie, insiste sur l'aspect informel de ces rencontres, infirmant certains écrits de Georges Fleury, bibliothécaire et spécialiste de l'histoire des facultés d'Aix et de Marseille
A découvrir conjointement à un autre document diffusé également sur Odyssée : "Cercle médical de Marseille : statuts et comptes rendus des assemblées de la Société"
L'article d'Henri Alezais, directeur de École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille de 1916 à1926, a été publié dans la revue "Marseille médical", 1932, Tome 2, N° 19, 5 juillet 1932, pp. 5-29
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Cercle médical (Le) de Marseille (1819-1822) (Titre original)
Médecine -- France -- Histoire -- 19e siècle
Médecins -- Associations -- Marseille
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/348/Scapel_Usages-particuliers-port-Mrs.pdf
3133e3184a1dd3511ee7f6fcc29aec4d
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Text
DOCUMENT
MA ITIMES & COMMERCIAUX
01 l E.CTIOl\i i'
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Les usages particuliers
commerciaux et maritimes
du port de Marseille
par
PAUL
SCAPEL
Avocat .:iu Barreau de Marseille
Secr.:.1aire général du " Droit Maritime Français"
"LES ÉDITIONS DE LA MARINE MARCHANDE"
190, Boulevard Haussmann. PARIS (8°)
1924
5 fr. net
�DOCUMENTS MARITIMES & COMMERCIAUX
'cOLLECTION PUBLIEE SOUS LA DIRECTIO:-.J DE
RENE
MOREUX
DIRECTEUR du "JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE"'
DANS LA MÊME COLLECTION
Les Usages particuliers, commerciaux et maritimes de
Dunkerque, par Gaston DEGAND, avocat au Barreau
de Dunkerque, Docteur en Droit..
5 fr. net.
Les usages particuliers
commerciaux et ntaritimes
du port de Marseille
EN PRÉPARATION:
par
Les Usages particuliers, commerciaux et maritimes de
la Rochelle, par P. J. RAVAlL, ancien bâtonnier de l'ordre
des avocats de la Rochelle, Docteur en droit.
PAUL SCAPEL
Avocat au Barreau de Marseille
Secrétaire-général du "Droit Maritime Français"
5 fr. net.
Les origines, l'exploitation et la liquidation de la flotte d'État française ( 1914-1921 ), avec de nombreux
plans et photographies, par M . ROUBION, chef de bureau
au Sous-S ·crétariat de la Marine Marchande, Docteur
en droit .
20 fr. net.
"LES É.DITIONS DE LA MARINE MARCHANDE"
190, Boulevard Haussmann, PARI,S (Se)
1924
5 fr. net
�Avis au lecteur
Cette étude a paru, pour la première fois, dans le numéro spécial
que le Journal de la Marine Marchande a consacré à Marseille. Des
encouragements flatteurs nous onl poussé à l'éditer sous la forme
d'une petite brochure qui, nous l'espérons, pourra être consultée utilement et par l'homme d'affaires; el même par l'homme de loi.
Deux éditions n'ont pas épuisé le succès rencontré par le remarquable ouvrage de MM. Nicolas Estier et Vidal Naquet, qui traite
des usages locaux ayant force de loi dans les Bouches-du-Rhône, et
qui a volontairement négligé l'objet de notre travail. Puisse ce précédent être un heureux présage.
Que nos lecteurs comprennenf. les difficultés de notre tâche et
nous accordent, en conséquence, Ioule l'indulgence que nous semblons mériter. Si celle étude rencontre, sous cette nouvelle forme, le
même accueil flatteur, nous nous réservons de traiter plus complètement ce même sujet, ou plutôt de lui donner l'extension qu'il mérite,
en ne nous bornant plus aux usages particuliers de Marseille, mais
en f aisanl un traité aussi complet que possible des usages commerciaux el maritimes.
PAUL SCAPEL.
�TABLE DES MATIÈRES
A VANT-PROPOS
Paires
5
AVAN T-,PROPOS
PRB MIEHE PARTIE
Ventes commerciales
De 1la vente comm er ci al e en gén ér al . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vente à livrer .. . . . ..................... . ..... ... ....... · · . . . .
Vente pqr !fili èr e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vente en disponible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vente sur échantihlon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vente caf ... . . ... . .. ..... ..... ...... . . ... .'. . . .. .• . . . . . . . . .
Vente sur embarquement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vente par navire désigné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vente fob . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Courtiers de marchandises ..... . . ... .. . . . ... .. . ..............
li
9
11
1'3
15
16
17
19
2'1
?1
DEUXIE?\1E PARTIE
Opérations se rattachant au transport maritime
Chargement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Déba1'Cjuement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
DéliVTance de la marchandise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Responsabilité des opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
A6surancC6 maritimes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2~
2'6
!8
30
11
Les rédacteurs de notre Code
de Commerce ont voulu que leur
œuvre législative ait une influence
universelle ; dans ce but, ils
ont limité étroitement leur tâche,
et n'ont réglementé qu'un fort
petit nombre de matières commerciales et maritime>.
En l'absence de législation, les
usages font loi. Aussi vouloir
étudier, d'une façon complète, les
usages commerciaux et maritimes
de la place de Marseille, seuit
faire un véritable traité de droit commercial français, ce qui n'est pas
le but de cette étude. Nous n' avons même pas l'ambition de traiter
tous les usages particuliers de notre place, ce serait la matière d'un
gros volume ; nous voulons, simplement, donner une idée très élémentaire de quelques usages, qui sont spéciaux à Marseille, et susceptibles d'intéresser le monde commercial et maritime.
Pratiquement, !'essence même du commerce est l'achat et la vente,
et l'on peut considérer le droit maritime' pur comme un accessoire du
droit commercial. Nous parlerons donc tout d'abord des usages particuliers qui régissent les principales ventes commerciales sur la place
de Marseille, et nous terminerons par l'examen de quelques usages
maritimes particuliers.
Il est une considérati.on qui doit dominer notre sujet : par définition, les usages ne sont pas codifiés, exception de ceux qui ont été
insérés dans la loi du 1 3 juin 1866, que nous laisserons, bien entendu,
de côté.
Notre expérience professionnelle nous a amené à partager une opinion, d'ailleurs généra1lement admise, à savoir qu'il faut être très prudent en matière d'usage ; il arrive, bien souvent, que les plus hautes
autorités com.,"llerciales ne sont pas d'accord sur l'existence de tel ou
tel usage, e'i: les attestations contradictoires font, en cette matière, le
désesJ)oir des magistrats. Nous nous contenterons donc de parler uniquement d'usages , dont l'existence nous paraît indiscutable, et dans ila
matière des ventes en particulier, nous négligerons volontairement les
usages, qui ne concernent que certaines denrées.
�6
LES USAGES PARTICULIERS
PREMIÈRE
PARTIE
V entes commerciales
COMMER<CIAUX
ET
MARlTIMES IDE
MARSEILLE
7
chandise ; durant les hostilités; cet usage a cessé d'être applicable.
Depuis l' armisti<:e le tribunal a été appelé, p'lusieurs fois, à trancher la
question de savoir s'il était encore en vigueur ; il a rendu des déci&ions
contradictoires. Nous sommes obligés de mentionner cet usag'!, étant
donné son importance considérable, mais nous tenons à préciser qu'en
l'état de la jurisprudence du Tribunal, son existence peut être contestée.
Délai de olnq Jours pour l'enlèvement
De la vente commerciale en général
Absence de Bourse. de commerce
Il est un fait à noter. que ceux qui ne connaissent pas notre place
{>Cuvent ignorer, il n'existe pas à Marseille de Bourse de commerce, ou
plus exactement, de Bourse de marchandises. Dans le local, connu sous
le nom de Palais de la Bourse, où se tient la Bourse des valeurs, les
négociants marseillais, à de certaines heures, fixées par des arrêtés
municipaux, se réunissent pour traiter des affaires commerciales ; mais
il n'y a pas de marché réglementé, tel que le prévoit l'article 71 du
Code de Commerce.
Cartes de courtiers
La plupart des transactions se font, soit en Bourse, soit à domicile,
par lentremise de courtiers qui remettent à chacune des parties contractantes une carte ; souvent ces cartes sont signées par le vendeur et
lacheteur, le contrat à ce moment là est donc indiscutable. En l' absence de signatu.re, le Tribunal de Commerce de Marseille, suivi dans
cette voie par la Cour d'Appel d'Aix, a toujours jugé que la remise
d'une carte de courtier, non signée, ne liait pas les parties, s'il n'y a
pas d'autres éléments de preuve. Cependant, certaines décisions ont
admis que le fait, par un négociant, de garder une carte de courtie-r,
et de ne protester que longtemps après, sur !'envoi de la facture, constitue une acceptation tacite du marché.
Clause « environ ,
Beaucoup de contrats de vente, quelle que soit leur forme, contiennent la clause « environ », qui s'applique à la quantité de marchandises à livrer ; un usage séculaire interprète cette clause en ce sens,
que le vendeur peuJ: livrer 5 0 / 0 en plus ou en moins.
Paiement comptant
Beaucoup de négociants stipulent dans les accords « paiement
comptant », sans faire suivre cette clause de Ia mention, par exemple,
« contre documents », « au moment de la livraison », « argent sur
balles. » Avant la guerre, l'usage était d'accorder à l'acheteur, en
l'état de cette stipulation pure et simple, un délai de dix jours pour se
lib~rer ; en d'autres termes, avec une telile stipulation, le vendeur ne
pouvait exiger le paiement que dix jours après l'enlèvement de la mar-
Si au point de vue du paiement comptant il y a discussion, il n'en
est pas de même sur le délai relatif à lenlèvement de la marchandise.
Le vendeur doit mettre immédiatement l'acheteur en possession de
l'objet vendu, s'il n'y a aucun délai pour la livraison, mais l'acheteur
a la faculté de ne prendre livraison que dans les cinq jours qui suivent la mise à sa dispositipn ; c'est là une facit!ité très intéressante, pour
l'acheteur. En vertu de cet usage, si la marchandise est entreposée
dans un magasin public, les frais de magasinage ne sont à la cli.arge de
lacheteur que quini:e jours après la remise du bon de livrai~on.
Mise en demeure
L'exécution du marché ne se fait pas toujours normalement, soit par
le fait du vendeur, soit par le fait de !'acheteur. Si il' une des deux
parties n'exécute pas ses obligations, !'autre a le droit et le devoir de
la mettre en demeure ; l'usage n'oblige pas cette mise en demeure à
revêtir une forme sacramentelle ; elle peut être faite, soit sous ia
forme d'une lettre recommandée, ou non, ou par acte extra-judiciaire ; une lettre simple peut être dangereuse, car le destinataire peut
dénier l'avoir reçue.
Pour éviter toute discussion sur la réception d'une lettr~ mettant
en demeure, beaucoup de négociants, négligeant le progrès qu'a constitué l'enveloppe, plient et cachettent la lettre elle-même, et envoient
cette missive, rappelant la fopme de !'ancien temps, recommandée.
Une letre ainsi envoyée présente évidemment plus de sécurité, et a, de
par le caehet de '1a poste, une date indiscutable. Il a toujours été jugé
qu'une citation, devant le Tribunal de Commerce de Marseille, soit
en résiliation, soit en exécution forcée, valait mise en demeure. Pour
qu'il y ait mise en demeure, cependant, susceptible de produire effet,
il faut que la lettre, ou l'exploit d'huissier, fasse connaître, nettement,
l'intention d'exiger l'exécution du contrat, sous menace de sanction.
Sanction en cas d'inexécution du contrat
Si l'une des parties se refuse à exécuter ses obligations, malgré une
mise en demeure régulièrement donnée à 1' échéance du terme, la partie non défaillante peut, en vertu des textes du droit civil applicables,
d'après" la jurisprudence en cette ma·tière, demander, soit la résiliation, avec dommages-intérêts, soit 1l'exécution forcée. Si fa loi prévoit
�8
LES USAGES PARTICULIERS
ces sanctions, elle ne les réglemente pas, il faut s'en référer aux usages
pour apprécier ces deux sanctions.
Résiliation avec dommages-Intérêts
Lorsque le Tribunal de Commerce de Marseille déclare résilié un
marché, aux torts et griefs de la partie défaillante, il condamne cette
dernière à payer la différence entre le prix convenu au contrat, et le
cours au jour de la résiliation, tel que ce cours sera fixé par le syndicat des courtiers inscrits. La Cour d'Aix, et même la Cour de Cassation, ont consacré ce mode de calcul des dommages-intérêts. Cependant, s'il s'agit d'une marchandise tout à fait spéciale, il'arement traitée,, et peut-on dire non cotée, le Tribunal de Commerce de Marseille nomme dans ce cas un arbitre chargé d'établir les dommagesintérêts, qui doivent consister ·cependant encore dans la différence des
cours.
Exécution forcée, remplacement, ventes aux enchères
La partie poursuivante peut ne pas vouloir la résiliation, ayant intérêt à obtenir !'exécution forcée du marché ; elle peut évidemment, si
c'est l'acheteur qui est défaillant, demander la condamnation de ce
dernier au paiement de la facture, et si c'est le contraire, faire condamner le vendeur à lui livrer la marchandise. Ce sont là des moyens
d'exécution forcée, peu employés sur notre place ; en règle générale,
si le vendeur ne peut obtenir, de son acheteur, la prise de iivraison de
la marchandise, il demande au Tribunal d'ordonner la vente .aux
enchères publiques de la marchandise. Cette vente a lieu par un courtier inscrit, désigné par les magistrats consulaires. Lorsqu'elle s'est
effectuée, il existe, dans la plupart des cas, une différence, entre son
produit et le prix convenu, Îe vendeur demande au Tribunal de condamner son acheteur au paiement de cette différence.
Dans ile cas où le vendeur est défaillant, !'acheteur demande au
Tribunal d'ordonner le remplacement qui est réalisé encore par un
courtier inscrit, nommé par le Tribunal ; le vendeur en faute doit
payer les frais de remplacement, et la différence entre le prix convenu
au contrat et le prix du remplacement.
Vente aux enchères et remplacement, pour compte de qui Il appartiendra
Le vendeur ou 11' acheteur, en apparence défaillants, veulent souvent
plaider, avant d'être condamnés à payer les conséquences de cette
exécution forcée. Les nécessités pratiques (nature périssable de la marchandise, frais de stationnement) ont amené le Tribunal de Marseille
à instituer une procédure préparatoire d'exécution forcée. Pour être
plus précis, afin d'arriver rapidement, dans l'intérêt commun, s01t au
remplacement, soit à la vente aux enchères publiques, le Tribunal
ordonne ce remplacement, ou cette vente aux enchères pour le compte
de qui il appartiendra ; l'exécution se fait donc, dans ce cas, sous ré-
CO:\L\IEHCIAUX
ET
MAHlTIMES DE
:\IARSEILLE
9
serve de tous les droits des parties, et le procès n'est qu'ensuite plaidé,
devant le Tribunal, qui décide alors aux frais et risques de qui cette
vente, ou ce remplacement, ont eu lieu. Vendeur et acheteur ne peuvent se refuser à cette exécution forcée, pour compte de qui il appartiendra , qui est, en général. ordonnée le lendemain même du jour où
!'affaire est enrôlée. Le jugement rendu en cette matière, est déclaré
exécutoire sur minute, avant enregistrement, nonobstant opposition et
appel.
Cependant, il est des cas où la vente aux enchères de la marchandise peut présenter, pour l'acheteur, un réel danger, s'i1l veut en contester la qualité ; dans une telle hypothèse, !'acheteur peut faire ordonner.
par le Tribunal, que le courtier chargé de la vente, pour compte, prélèvera des échantillons, et même procédera à une expertise préalable.
Modification des fins prises devant le tribunal par le vendeur ou
l'acheteur
Jusqu'au moment où l'exécution forcée a eu lieu, le vendeur ou
!'acheteur peut exécuter ses obligations : !'acheteur défailL:rnt peut
prendre livraison de la marchandise, à lui offerte, jusqu'au moment
où le marteau du courtier inscrit a rendu définitive l'adjudication. En
d'autres termes, jusqu'au moment où la marchandise a été réellement
vendue, la réception ~ .. la marchandise par !'acheteur est encore nossible. L'on comprend donc fort bien que l'une des parties, qui a d'abord demandé !'exécution forcée, ait intérêt padois à demander la
résil1ation, par suite de la fluctuation des coms ; la jurisprudence de
notre Tribunal lui reconnaît ce droit. Par contre, si l'un des co-contractants a demandé la résiliation, il ne peut, ensuite, demander au
Tribunal d'ordonner !'exécution forcée du marché.
Tels sont, brièvement rappelés, les usages particuliers, qui s' appliquent à toutes les ventes commerciales ; nous allons examiner les prinpales ventes, et les usages particuliers qui les régissent.
V ente à livrer
Ce serait faire de l'histoire du droit que de parler de la validité
des ventes à livrer, ou marchés à terme de marchandises. L'exception
de jeu en cette matière n'est plus qu'un souvenir historique ; la jurisprudence a définitivement sanctionné les usages relatifs aux ventes à
livrer, qui sont d'ailleurs fort employées sur notre place. II est, en
effet, très pratique pour un commerçant de faire ses achats suffisamment à l'avance, bien que la livraison soit différée.
Marchandise livrable courant tel mols
Beaucoup de contrats de cette nature prévoient que la marchandise
est livrable courant tel mois. L'usage interprète une telle stipulation
en ce sens que le vendeur a jusqu'au dernier jour du mois convenu,
�1-0
LES
U~GES
PARTICULIERS
pour 'livrer, et son acheteur ne peut valablement le mettre en demeure
qu'à ce moment-là.
Prorogation tacite des ventes à llvrer
Il existe à Marseille un usage séculaire qui domine cette matière
des ventes à livrer ; la Cour d'Aix et le Tribunal de Commerce de
Marseille ont toujours admis que les termes convenus d'exécution sont
tacitement prorogés, jusqu'au jour où l'une des parties met l'autre en
demeure de livrer, ou de recevoir. Une telle règle, ainsi consacrée, est
une violation flagrante de !'article 165 7 du Code civil, ainsi conçu :
En matière de vente de denroos et effets mobiliers, la résolution
de la vente aura lieu de plein droit et sans sommation, au profit du
vendeur, après l'expiration du terme convenu pour le retirement.
1
Ce texte législatif n'ayant pas le caractère d'une demande d'ordre
public, il peut y être dérogé, soit formellement par la convention, soit
tacitement sous l'empire d'un usage indiscutable ; la Cour de Cassa·
tion appelée à statuer, n'a pu que consacrer la jurisprudence .de lr
Cour d'Aix.
COMMERCIAUX
ET
MARITIMES
DE
MARSEILLE
11
naux.à f.ixer la date de résiliation, Jorsque d'affaire était portée devant
eux, à la mise en demeure constituée en général par la citation en justice ; en id' autres termes, bien que le contrat ait prévu une date pour
son exécution, la résiliation n'était pas prononcée à cette date, et la
partie défaillante était condamnée à payer l'a différence entre 1ie prix
convenu et •le cours à la date du jour de la citation en résiliation.
Une telle jurisprudence aboutissait à des conséquences peu morales,
un vendeur, ou un ac:heteur, peu scrupuleux, en profitaient pour réaliser parfois, grâce aux fluctuations des cours, un .bénéf~ce souvent
scandaleux ; aussi, depuis 191 8, la jurisprudence a évolué, la Cour
d'Appel d'Aix, comme le Tribunal de Commerce de Marseible, fixent
la date de résiliation au jour où l'une des parties a su que l'autre n' exécutait pas ses obligations. Lorsqu'une des parties manifeste, d'une
façon quelconque, son refus d'exécuter, il n'est pas douteux qu'à ce
moment-là, les droits de son co-contractant sont cristallisés ; ce dernier
ne peut assigner que bien postérieurement, mais iil ne )peut demander
qu'une résiliation avec effet rétl'oactif à cette date ; nous ne pouvons
qu'approuver ce nouvel usage.
'
Dérogation conventlonnelle à l'usage de la prorogation tacite
V ente par filière
D'ailleurs, cet usage ne peut lui-même avoir le carac.l:ère d'une dis·
position d'ordre public, les parties peuvent y déroger et stipuler qu'elles
entendent contracter sous J'empire de l'art. 165 7 du Code civil, que
le vendeur se réserve le droit d'invoquer. Beaucoup de contrats,
imprimés, contiennent une telle stipulat.ion ; en particulier, nombre . de
fabricants d'huiles imposent à leurs acheteurs une clause, aux termei1
de laquelle les quantités mensuelles sont automatiquement résiliées de
plein droit, sans mise en demeure, si !'autre partie contractante D"
prend pas livraison dans les délais convenus.
Les marchandises achet~s à livrer sont, ·très sou.vent, revendues .par
!'acheteur avant lépoque fixée, pour la prise de livraison. Lorsque
cette date arrive et que la marchandise a fait l'objet de plusieurs
reventes, vendeur et acheteur se transmettent les documents translatifs de propriété, et c'est le dernier qui prend seul effectivement .Jivraison. Ces 'Ventes et reventes successives constituent une filière.
Limitation de cette prorogation tacite
par filière
L'usage que nous avons défini avait pour conséquence de lier indéfiniment deux négociants, lorsqu'aucun des deux ne mettait 1' autre en
demeure d'exécuter ses obligations. Le Tribunal de Commerce de
Marseille, suivi dans cette voie pé\r la Cour d'Aix, i: cru de son
devoir de limiter Ia portée de cet usage ; une jurisprudence qui ne
date que de quelques années, décide que le Tribunal peut conclure que
le silence anormal, gardé par les parties, constitue une renonciation
tacite à se prévaloir du contrat. Les juges consulaires sont très prudents dans l'application de cette dérogation ; ils exigent qu'un temps
très long se soit écoulé depuis le terme d'exécution, et pour qu'ils déclarent qu'il n'y a pas prorogation tacite, il faut que les parties n'aient
manifesté, d'aucune manière, leur intention de maintenir le marché.
Des filières sont très nombreuses à Marseille, surto\lt pour certains
articles, comme l'huile par exemple. La juridiction consulaire de notre
ville refuse cependant de .reconnaître une vie juridique propre à ce
mode de transaction. EJ.le a toujours jugé que les ventes et reventes
successives, même faites par filière, d'une même marchandise, constituaient autant de contrats distincts, et .lorsqu'elle est appelée à statuer sur des ventes par filières, elle rend autant de décisions qu'il y a
eu de contrats successifs.
Différence de cours, fixation de la date de réslllatlon
L'usage de la prorogation tacite intégrale avait amené les Tribu-
Refus par le Tribunal de Commerce de Marseille d'admettre la vente
Conséquences de cette jurisprudence
Le fisc bénéficie évidemment d'une telle jurisprudence : autant
de jugements, autant de droits d'enregistrement. De plus, la question
fisca 1le mise à part, le vendeur ou 'l'acheteur dont le co-contractant
défaille, ne reçoit jamais la réparation intégrale du préjudice qu'il
subit, puisqu'aucun appel en garantie n'est admis.
�1i
LES USAGES PARTICULIERS
Un exemple fera comprendre les conséquences pécuniaires fâcheuses de cette jurisprudence.
A achète à B une certaine quantité d'huile pour le prix de 100.000
francs, et revend à C cette même marchandise pour 105.000 francs.
B ne livrant pas, A ne peut livrer à C, qui le met en demeure à une
date que nous fixerons au 25 avril. A met à son tour B en demeure,
mais avec un petit retard, qui s'explique par les nécessités pratiques,
le 2 7 avril, par exemple. Les deux affaires sont plaidées en même
temps devant le Tribunal. A la suite de l'assignation lancée par C,
le Tribunal refuse d'admettre l'appel en garantie formulée par A
contre B et rend deux jugements distincts. C obtient que la résiliation soit fixée au 25 avril, et reçoit une différence de 5.000 francs. A
obtient également la différence de cours, mais à la date du 2 7 avril.
La marchandise a, entre temps, légèrement baissé, le montant de cette
différence s'élève à 9.000 francs ; il doit payer à C 5.000 francs.
plus les frais d'enregistrement que nous estimerons à 3.000 francs ;
il n'encaisse donc, en réalité, que 1.000 francs ; il n'obtient donc nullement la réparation intégrale du préjudice qu'il a subi, du fait de la
non-exécution du contrat, passé avec B. Si le Tribunal avait admis
!'appel en garantie, la date de résiliation aurait été '1a même ; il y
aurait eu dans l'exemple, 3.000 fr. de frais d'enregistrement d'économisés.
Refusant de reconnaître la vente par filière, le Tribunal juge ev1demment que !'état des filières ne peut être imposé à un acheteur OI'
à un vendeur ; il doit être accepté formeblement ou tacitement.
Effets juridiques reconnus cependant à la vente par flllère
Malgré cette jurisprudence très ferme, nos magistrats consulaires
ont, cependant, reconnu certains effets juridiques à cette vente par
filière. Le livreur (tête de filière) a une action directe contre le dernier acheteur, celui qui prend livraison ; c'est une action en paiement
du prix vendu. Cette action est prescrite dans un délai de 10 jours,
qui correspond au délai dont nous avons déjà parlé, que l'usage accordait pour '1e paiement comptant. Les magistrats interprètent, avec un
esprit très large, cette prescription. Il suffit au livreur qui veut exercer cette action en paiement de manifester son intehtion d'user de ses
droits, dans les dix jours.
La conséquence de cet usage, ainsi reconnu par 'la jurisprudence,
est que le dernier acheteur sera imprudent s'il paye entre les mains
de son propre vendeur, sans avoir la preuve que celui qui lui livre a
été désintéressé. Pratiquement, pour ne pas s'exposer à payer deux
fois, le dernier acheteur n'a qu'à exiger de son vendeur une facture
contenant le visa et d'autorisation de payer, signée du livreur.
Il a même été jugé, par le Tribunal de notre ville que, passé ce
délai de dix jours, le livreur gardait encore une actiQn contre le dernier réceptionnaire, si ce dernier n'avait pas' payé, et ce, malgré la faillite du vendeur intermédiaire.
COMMERCIAUX
ET
MARITIMES IDE .MARSEWLE
13
Critique et Justification de la jurisprudence de Marsellle
Nous avons relevé les conséquences fâcheuses qu'entraînait le refus,
par le Tribunal de Commerce de Marseille, d'admettre les ventes en
filières, ou, tout au moins de n'accorder à ce mode de transaction
que des effets juridiques restreints.
Cette jurisprudence s'explique cependant par l'absence à Marseille
des Bourses de Commerce. Les règlements qui existent à Paris, au
Havre, et dans toutes Jes villes où il y a des marchés réglementés,
sont inapplicables à Marseille. Cette matière des ventes par filière est
très délicate, et en !'absence d'une réglementation sévère, il est difficile de considérer comme usages, ayant force de ~oi, ·de simples pratiques commerciales.
V ente en disponible
La vente par filière, ·qui n'est qu'une modalité de la vente à livrer,
a pour objet, par définition, des marchandises qui ne sont pas immédiatement disponibles. On peut, cependant, vendre et acheter des mar·
chandises à livrer avec la mention « livraison disponible l> ; c'est une
simple modalité, relative au délai de livraison de la vente à livrer ;
nous ne nous y arrêterons donc pas. Par contre, nous étudierons : les
usages qui régissent une forme spéciale dénommée « vente en disponible », qui a pour objet des marchandises Œivrables immédiatement.
Cette vente, à quelque différence près, correspond au contrat, connu
à Bordeaux sous le nom de <c vente gré dessus », à la vente dénommée à Paris <c avec vue dessus >>. Un contrat portant également le
nom de « vente en disponible >> et obéissant à des règles presque identiques, est éga'1ement en usage à Nantes.
Objet d'une telle vente
Si, par définition, une telle vente ne peut avoir pour objet que des
marchandises .livrables immédiatement, il a été cependant admis que
pouvaient faire l'objet d'une telle transaction, des denrées en cours
de débarquement. Par contre, des marchandises flottantes ne peuvent
être ainsi vendues.
Rédaction du contrat de vente
Les négociants qui veulent faire une vente de ce genre mentionnent
dans le contrat la quantité vendue, peuvent indiquer le poids et !' origine de .Ja marchandise ; mais il leur est interdit de fournir aucune
indication sur la qualité. Si une mention quelconque à ce sujet figurait dans 'le contrat, ce dernier deviendrait une vente à livrer de marchandises disponibles. La simple clause de style : « marchandise saine,
loyale et marchande et de recette 11 a été jugée incompatible avec le
�COMMERCIAUX
LES USAGES PARTICUILIERS
ET
MARITIMES
-DE
MARSEIULE
15
Comme condusion de cette brève étude, sur ~a vente en di.sponible,
nous appelons toute !'attention des négociants sur 'les règles très strictes qui la régissent. L'acheteur qui veut bénéficier du privilège exorbitant du droit commun, que lui accorde un tel contrat, doit être très
prudent 'sur la rédaction des accords ; la jurisprudence est très sévère,
et nous ne pouvons que !'approuver.
principe de ce contrat. Une solution identique a été donnée concernant la clause de conformité, même morale, à un échantillon.
Analyse Juridique de cette vente. Délai de trois Joura
Le contrat de vente en disponible est, au point de vue juridique, une
vente sous condition sus,pensive ; il constitue, en réalité, une offre
ferme, qui engage seul le vendeur. Pendant le délai de trois jours,
à compter de Qa signature du contrat de vente en disponible, !'acheteur peut être considéré comme un acheteur éventuel. Il a le droit de
refuser la 'ITlarchandise et de résilier le marché, sans fournir aucune
explication, même si ce refus ne s'explique que par une baisse des
cours.
Ce délai court de la condusion des accords. Il n'est pas franc,
c'est-à-dire, il comprend le jour de cette conclusion ; en d'autres termes, la réponse de l'acheteur doit parv.enir avant !'expiration du troisième jour ; l'usage est formel sur cette règle. Il a été jugé, par exemple, qu'un acheteur qui avait mis à la poste une lettre, le troisième
jour, avait manifesté trop tardivement sa volonté, bien que cette lettre
eût dû parvenir normalement avant la fin de ce troisième jour.
Cependant, cette règle sévère troùve son atténuation et le délai
peut être prolongé lorsque ~e lieu du contrat et le lieu de l' agréage
sont différents et éloignés fun de !'autre.
Le Tribunal de Commerce de Marseille a tenté même d'être plus
libéral ; 11 a jugé que ce délai pouvait 'être prolongé ou, plus exactement doublé, si le vendeur donnait un nouveau bon de visite, à l'expiration du délai de trois jours. La Cour d'Aix a refusé de suivre
le Tribunal dans cette voie et a réformé la décision qu'il avait ainsi
innovée.
V ente sur échantillon
Si la vente en disponible est, au point de vue juridique, une vente
sous condition suspensive, 'la vente sur échantillon, dont nous a'!lons
étudier les règles qui la régissent à Marseille, est un contrat sous
condition résolutoire. En d'autres termes, la vente sur échantillon est
ferme, dès la conclusion des accords ; mais elle peut être résolue, si
f agréage de la marchandise prouve sa non-conformité avec 1' échantillon qui a déterminé l'accord des volontés.
Caractéristique de l'échantillon
Pour qu'il y ait vente sur échantillon, il faut nécessairement qu'il y
ait échantillon, uous allons donc déterminer ce qui constitue un échantillon. Sur ce point, les usages de Marseille n'ont pas adopté la théorie, fort juridique, mais très dangereuse, dans la pratique, de MM.
Delamarre et Lepoitevin. Ces éminents jurisconsultes enseignent qu'un
échantillon. est valable, et fait foi, alors qu'd est confié, sans être
cacheté et scellé, à la probité de il' acheteur. Cette doctrine a bien été
consacrée par deux décisions, déjà anciennes, de la Cour de Cassation, et de la Cour de Caen ; elle est nettement contraire aux usages
de Marseille. Il n'est pas de règle non plus dans notre ville, comme
cela est admis à Bordeaux, qu'un échantillon fasse foi, s'il a été remis
à la garde du courtier, qui en atteste !'authenticité.
Il n'y a vente sur échantillon, d'après les usages de notre place, que
si les bouteilles, ou les sachets, contenant la marchandise formant
échantillon, ont été soigneusement cachetés. n est de pratique presque
générale que !'on établit trois échantillons, qui sont cachetés avec les
cachets du vendeur, de !'acheteur et du courtier, chacune de ces trois
personnes gardant un des échantillons. Lorsqu'un sachet ou une bouteille n'est pas cacheté, i\ n'y a ipas vente sur échantiL!on ; le prétendu
échantillon n'est qu'un échantillon-montre, et les usages qui régissent la vente que nous étudions, sont inapplicahles. La jurisprudence,
sur ce point, du Tribunal de Commerce de Marseille et de la Cour
d'Aix, est absolument éonstante.
1
Droits de l'acheteur et du vendeur à l'expiration du délai
Ce délai est donc un délai fat~ « il est la base même du contrat )).
Si, pendant ces trois jours, !'acheteur a déclaré accepter la marchandise, la vente est parfaite et définitive ; •s'il a fait connaître qu'il
refusait la marchandise, le marché est résilié purement et/ simplement.
Si !'acheteur a gardé le silence, il est à la meroi de son vendeur,
dans ce cas la situation est exactement le icontraire de ce qu'elle était
pendant le délai de troi-s jours ; en d'autres termes, les rôles sont renversés. Le vendeur peut, à son gré, inter-prêter le silence de son acheteur, soit comme une acceptation tacite de la marchandise, soit comme
un refus. Cette vente en disponible, qui est un contrat sous condition
suspensive, pendant le délai de trois jours, peut avant l'expiration de
ce temps, devenir ferme et définitive, les Tribunaux peuveI\t interpréter tel acte de !'acheteur comme constituant une acceptation tacite
de la marchandise ; par exemple, il a été jugé, par le Tribunal de
Commerce de Marseil'le, que le paiement d'un acompte sur le prix ide
vente, et !'acceptation du vendeur du bof! de livraison, au lieu du bon
de visite, enlève toute possibilité à l'acheteur de résilier le contrat.
Droit de l'acheteur d'exiger la conformité absolue avec l'échantillon
- Hulle
Lorsqu'il y a vraiment vente sur échantillon, '!'acheteur a le droit
d'exiger la conformité absolue entre la marchandise offerte et l'é-
•
�16
CO~IMERCIAUX
LES USAGES PARTICutLIEHS
ET
MARITI.MES
DE
MARSEILLE
17
français en général, mais ont subi, en même temps. l'influence des
usages des autres grandes places commerciales françaises, comme Le
Havre.
Nous estimons qu'en matière de vente caf, il n'est pas possible de
parler d'usages particuliers à la place de Marseille ; nous laisserons
donc de côté cette question, malgré tout l'intérêt que nous lui portons.
Cependant, nous ~entionnerons un usage relatif au moyen de trans·
port car, à notre connaissance, aucune juridiction autre que le Tribunal de Commerce de Marseille, et Ja Cour d'Appel d'Aix, n'a sanctionné cette obligation spéciale relative au transport. Nous voulons
parler du cas où le contrat contient le mot « navire », et ne précise
pas si !'embarquement doit s'effectuer par un vapeur ; le Tribunal
de Commerce de Marseille, par deux décisions, du 1 4 mai 1919 et
du 3 mars 1920, a décidé que, si les contractants n'avaient employé
que le mot w navire ll, le vendeur n'avait cependant pas le droit d' e1n·
barquer sur voilier, même à moteur ; la Cour d'Appel d'Aix a consacré cette thèse dans un arrêt du 20 décembre 1920.
chantillon qui a déterminé son consentement, mais si cette conformité
existe, il a !'obligation de prendre livraison. Cependant, il a été fait une
entorse à cette règle par le Tribunal de Marseille et la Cour d'Aix.
Pour la marchandise comme les huiles, il n'est pas d'usage, en effet,
d'analyser le contenu des bouteilles remises à titre d'échantillon, aussi
le Tribunal et la Cour ont-ils décidé que !'acheteur avait le droit de
refuser une marchandise, même conforme à il' échantillon, si l'huile
offerte n'était pas pure, en dépit de son apparence.
Cette exception mise à part, et sauf transaction amiable, le Tribunal ne peut imposer une bonification à l'acheteur, même si la différence entre la marchandise offerte et !'échantillon est très légère.
Marchandise moralement conforme à un échantillon
Cette règle sévère a fait apparaître, dans la rédaction des contrats, la formule « moralement conforme à un échantillon Jl ; les
parties ont entendu ainsi rendre possible une bonification, en cas de
différence légère. Nous estimons personnellement, qu'en l'état d'une
telle clause, il n'y a pas véritablement vente sur échantillon, et nous
n'appliquerions pas à un contrat, contenant une telle clause, les usages qui régissent la vente sur échantillon.
Vente sur embarquement
Agréage
Dans la vente sur échantillon qui mérite ce nom, il est d'usage
d'agréer dans les magasins du vendeur, il a été cependant admis que
l'agréage pouvait se faire dans les entrepôts de l'acheteur, mais pour
que cet agréage soit valable, il faut que !'acheteur ait fait diligence,
et qu'aucun doute ne subsiste sur !'identité de la marchandise. La
sécurité des transactions commerciales justifie une telle règle, un acheteur négligent doit subir les conséquences de sa propre négligence.
Nous avons ainsi brièvement exposé les usages essentiels qui régissent les principales ventes commerciales, que nous appellerions « ventes terrestres. >J Nous allons examiner maintenant les ventes commerciales, appelées couramment ventes maritimes, soit, pour préciser, la
vente caf, la vente sur embarquement, la vente sur navire désigné, et
la vente fob.
Toujours pour la même raison, pour être fidèle à notre plan, nous
ne ferons rpas une hhéorie générale de la "t>nte sur embarquement, qui
est universellement employée. Il est admis, sur rouces les places commerciales, que l'obligation essentielle de celui qui vend sur embarquement, .est d'embarquer la marchandise dans le délai convenu. Est
en faute le vendeur qui effectue le chargement de la marchandise
après et même avant la période qui a été prévue dans les accords.
Prompt embarquement. -
Nous étudierions volontiers, d'une façon complète, cette vente, sur
laquelle nous avons écrit 1JJ.ornbre d'articles dans le Sémaphore de Marseille, mais nous estimons, cependant, que ce serait dépas·ser le cadre
de cette étude. En effet, la vente caf, ou cif, est le grand instrument
d'ima:mrtation qui est utilisé très fréquemment sur notre [place. Le Tri·
buna1 de Commerce de Marseille rend, dans cette matière, plus de
décisions que tous les Tribunaux de France réunis ; aussi les usages
de la place de Marseille se sont, pour ainsi dire, imposés au commerce
Marchandises
à embarquer Incessamment
}
J
Vente caf
Embarquement Immédiat. -
Les contrats de vente sur embarquement portent souvent la clause
« prompt embarquement l>. Pour l'interprétation d'une tdle stipulation, les usages locaux interviennent. A Gênes, le prompt embarquement donne au vendeur un délai de vingt jours pour emba11quer. Ce
délai est, à Marseille, de vi.ngt et un jours, et il ne comprend pas le
jour de la conclusion des accords. La clause « embarquement immédiat » ne laisse au vendeur, soumis aux usages particuliers de Mar·
seille, qu'un délai de huit jours pour charger la marchandise. S'il a
été convenu que la marchandise devait être embarquée incessamment,
le vendeur doit faire diligence pour exécuter son obligation à la première occasion, c'est-à-dire en fait dès qu'il y a un d6part, sous réserve du temps matériel pour le chargement, et sous réserve également
de i!a place à bord du premier navire partant. En d'autres termes, le
vendeur, en l'état de cette stipulation, doit justifier qu'il a profité du
premier départ utile.
�18
COMMERCIAUX
LES USAGES PARTICULIERS
Embarquement courant tel mols. l'acheteur
Force majeure. -
Siience de
Nous avons, à l'occasion de la vente à livrer, parlé du délai accordé
au vendeur, lorsque le contrat stipule « livraison courant tel mois. »
La règle tirée de l'usage, que nous avons formulée, s'applique également en matière de vente sur embarquement. Par exemple si le contrat stipule « embarquement avril ll, le vendeur a jusqu'au 30 avril
à minuit pour charger la marohandise. Il est en faute s'il n'exécute
pas cette obligation dans ce délai.
Cependant, quelles que soient les da uses relatives à l'embarquement, le vendeur ne doit pas nécessairement succomber devant le Tribunal, s'il ne charge pas dans les délais couvenus ; il peut être dégagé
de cette obligation par un cas de force majeure. D'autre part, si l'acheteur a connaissance de l'embarquement tardif, ou anticipé, et s'il
ne proteste pas de œ chef dans un délai normal, il est irrecevable
ensuite à se prévaloir de cette irrégularité. La négligence de 1' acheteur trouve, en cette matière, la même sanction que dans tous les contrats de vente.
Preuve du chargement. -
Connaissement
L'usage est d'admettre comme preuve du chargemèht la date portée sur le connaissement ; cepend,ant. il est loisible au chargeur de
prouver, par tous docul:nents, l'inexactitude de la date portée sur le
connaissement. L'usage, consacré par la jurisprudence, laisse une
grande latitude à lacheteur. pour faire la preuve contraire, et permet
à cet acheteur d'exercer, en cas d' antida~e des connaissements, un
recours contre le capitaine et !'armateur.
Certains ont même prétendu que le vendeur lui-même pouvait faire
la preuve de l'inexactitude de la date du connaissement, et prouver
qu'il avait rempli son obligation , relative à il' embarquement, en produisant d'autres documents que le connaissement, un certificat de
douanes, par exemple. Ils se sont basés sur un jugement rendu par le
Tribunal de Commerce de Marseille le 20 février 1902, et confirmé
par la Cour d' Appel d'Aix ~e 7 janvier 1903, et ils ont prétendu
que ces décisions consacraient un véritable usage commercial particulier. Nous ne sommes nullement de cet avis ; nous estimons, avec
MM. Abram et Gaubert, que cet arrêt et ce jugement sont des décisions d'espèce. Il n'y a pas, sur cette question, d'usage spécial à
Marseille. Le vendeur est lié par la date du connaissement, conformément aux articles 283 du Code de Commerce et 1322 du Code
civil.
Inexécution des obligations du vendeur. -
Réslllatlon. -
Dlfférenoe
des cours
Le vendeur n'exécute pas ses obliga.tions en offrant une mardhandise de mauvaise qualité ; nous ne nous arrêterons pas à ce cas, mais
ET
MARITIMES
IDE
MARSEil(LE
19
nous parlerons des usages particuliers de Marseille, relatifs à la sanction, en cas d'inexécution des obligations du vendeur. L'acheteur peut
évidemment demander .J' exécution forcée, ce sont les principes généraux qui s'appliquent ; mais s'il réclame la résiliation avec dommagesintérêts, il jouit, en cette matière de la vente sur embarquement, d'un
droit spécial. En effet, il peut, à son choix, demander que la différence des cours soit fixée à l'une des trois dates suivantes : 1 ° Dernier jour du délai convenu pour !'embarquement ; 2 ° Date de la mise
en demeure en justice ou, en vertu de la jurisprudence récente, <la
date où r acheteur a su que le vendeur n'exécutait pas ses obligations ;
3° Date probable de larrivée de la marchandise, si elle avait été
chargée en temps voulu. Pour fixer cette dernière date, il faut s'en
tenir à la durée normale moyenne ,des traversées entre les deux ports
extrêmes du contrat.
I
Vente par navire désigné
Cette vente maritime est, comme la vente sur embarquement, une
vente au débarquement ; c'est au port d'arrivée qu'a lieu la transmission de la propriété et des risques. Cependant, .Je vendeur qui a
désigné le navire n'encourt aucune responsabilité si la chose vendue
vient à périr ; dans ce cas la vente est annulée. è' est une vente conditionnelle, qui ne devient définitive qu'à l'arrivée du navire. Ce
contrat est moins usité, en létat des clauses actuelles des connaisse,
ments, 'qui permettent aux Compagnies de navigation de charger. sur
le navire prévu au connaissement, ou sur l'un des deux suivants. Le
vendeur qui ne peut opposer, à son acheteur, les clauses de ses connaissements risque d'encourir lâ résiliation et des dommages-intérêts,
si la marchandise est mise à bord d'un autre navire que celui qu'il
a désigné.
Les usages qui régissent cette vente sont les mêmes sur toutes les
places, à quelques exceptions près, que nous aHons examiner.
Désignation du navire
L'obligation essentielle du vendeur est la désignation du navire,
porteur de la marchandise ; cette désignation se fait parfois dans le
contrat, mais dans 'l'll plupart des cas elle est effectuée postérieurement dans une période qui est souvent prévue dans les accords ; une
fois qu' e1le est faite, elle est irrévocable. La jurisprudence du Tribunal de Commerce de Marseille est d'accord, sur ce point, aV'ec celle
des autres Tribunaux.
Cependant, pour un c'as spécial qui peut se produire assez fréquemment, vu la rapidité des transactions commerciales, il nous paraît qu'il
y a un usage particulier à Marseille, relatif à ~a rdésignation du navire. Nous voulons parler de !'!hypothèse suivante : Le vendeur désigne le navire par 1lettre mise à la poste la veille du jbur où commence
le délai prévu pour la désignation ; cette Iettre parvient quelques heu-
�2()
LES USAGES PARTICULIERS
res après l'arrivée du navire dans le port. Une telle désignation est
nulle, et Ja question se pose de savoir si le vendeur a épuisé son droit.
Le T ribuna~ de Commerce de Marseille, ·à la différence de celui du
Havre, décide que, dans une telle hypothèse, l'acheteur n'est pas
autorisé à résilier, et que le vendeur peut faire, dans la période prévue, une nouvelle désignation.
Quantité à livrer
Il arrive souvent que le vendeur n'a vendu qu'une partie du lot,
embarqué par lui. Il est un usage particulier à Marse~lle, qui permet
au vendeur d'offrir toute la partie du chargement, ton forme aux
accords, jusqu'à concurrence de la partie vendue.
Nous avons vu, en étudiant la vente commerciale en général, que
la clause (( environ )) s'interprète en ce sens que le vendeur peut livrer
5 0/0 en plus ou en moins. Cependant, pour la vente par navire désigné, le vendeur n'a pas le droit de profiter d'une hausse des cours
pour livrer 5 0/ 0 en moins, si le rendement de la cargaison n'est pas
inférieur à la quantité vendue ou chargée. Il doit livrer toute la quantité vendue, si elle existe à bord du navire désigné.
Clause « Vente jusqu'à concurrence de telle quantité »
Nombre de contrats contiennent une telle clause, qui est interprétée différemment par le Tribunal de Commerce de MarseiJ.le et celui
du Havre. En l'état d'une telle stipulation, il est permis, sur notre
place, de ne livrer que la quantité de marchandise \ arrivée sur le
navire désigné, à condition que cette quantité ne soit pas ridiculement
petite.
La Cour de Rouen et le Tribunal du Havre jugent qu'une telle
clause est une simple limitation, qui empêche le vendeur de dépasser
ce maximum, mais ne lui permet pas de livrer une quantité inférieure.
Nous ne pouvons nous empêcl1er de dire que l'usage de Marseille est
plus conforme au texte de cette clause, et nous ne pouvons qu' approuver l'interprétation qu'il en donne.
Inexécution des accords. -
Fixation de la date de réslllatlon
L'acheteur par navire désigné a .les mêmes droits que !'acheteur
sur embarquement ; il peut demander la fixation de la différence des
cours., à trois dates : jour où il a su que le vendeur· ne s' ex,écuterait
pas, jour où le navire devait normalement arriver, jour où le chargement aurait dû être effectué, si une date avait ,été prévue aux accords.
COM~IERCIAUX
ET
MAHITIMES
IDE
~IARSEILLE
21
Vente fob
Si la vehte sur embarquement et la vente sur navire désigné sont
en réalité des ventes au débarquement, tel n'est pas le cas de la vente
fob, qui est comme .la vente caf, une vente à l'embarquement. C'est
au port de charge, en effet, qu'a lieu la transmission de la propriété
des risques. Ce contrat est surtout employé dans le Nord de l'Europe. Les usages à Marseille sont ceux qui sont en vigueur dans les
autres places. Il n'y a pas, à notre connaissance, d'usage particulier.
Courtiers de marchandises
Les ventes que nous avons examinées se font habituellement par
l'intermédiaire de courtiers.
Courtiers Inscrits
Il existe à Marseille, un Syndicat des Courtiers Inscrits, dont le
nombre n'est pas limité, conformément à la loi du 18 juillet 186q.
Tout courtier qui demande à être inscrit sur la liste dressée par le
Tribunal, doit justifier de certaines conditions, et c'est ce Tribuna•l
qui prononce sori admission. Ces courtiers inscrits continuent à exercer la même fonction que les courtiers libres ; mais, en même temps
ils reçoivent, très fréquemment, du Tribunal des mandats de justice.
c· est parmi eux, que les magistrats choisissent, le plus volontîers, les
experts ; ce sont les courtiers inscrits, comme nous l'avons dit précédemment, qui sont chargés des ventes aux enchères publiques des marchandises, et des remplacements.
Courtiers libres. -
Courtage
Nous n'avons rien de spécial à dire des courtiers qui ne sont pas
inscrits, mais nous parlerons de la question du courtage, qui les intéresse au même titre que les courtiers inscrits. Le courtage de ces derniers, pour les ventes aux enchères publiques, est de 2 0/0 sur le produit des ventes aux enchères. Pour les courtiers libres, le courtage est.
selon les denrées, de 1/2 0/0 à la charge de chacune des parties,
ou de 1/3 0/0. Une jurisprudence, confirmant un usage séculaire,
décide que le courtage est dû, dès que la convention est définitivement
intervenue : affaire conclue, courtage dû.
Le paiement des courtages se fait d'habitude semestriellement.
�22
LES USAGES PARTICULIERS
DEUXIÈME
PARTIE
Opérations
se rattachant au transport maritime
Les ventes que nous avons étudiées ont pour conséquence morale,
oi.; pour origine, à de rares exceptions près, l'embarquement ou le
débarquement de la marchandise, venant par mer, car Marseille est
essentiellement une place maritime. Nous étudierons donc maintenant
les usages particuliers, concernant les opérations se rattachant au
transport maritime ; nous emprunterons, à quelque chose près, pour
analyser ces opérations, le plan suivi, dans la dernière édition du
Traité de Droit Maritime, de M. Georges Ripert, l'éminent Professeur
de la Faculté de Droit de Paris. Nous examinerons donc d'abord le
chargement, puis le déchargement de la marchandise, et enfin sa délivrance. Dans un quatrième paragraphe, nous étudierons la responsabilité du navire, ou plus exactement les usages particuliers qui ont
trait à cette responsabilité, et aux mesures conservatoires.
COMMERCIAUX
ET
MAIUTIMES
Sous ce titre, nous étudierons les principaux usages particuliers,
qui concernent la série des opérations aboutissant à la mise à bord
de la marchandise.
Billets de bord, passavant
Les départs des navires sont annoncés par les journaux, et en particulier par le Sémaphore de Marseille. Le chargeur qui veut utiliser
un des navires, ainsi annoncés pour expédier sa marchandise, se rend
aux Bureaux de la Cie de Navigation, et s'il y a de fa place à bord,
il lui est délivré un billet de bord ; ce document est inconnu de notre
Code de Commerce, qui ne parle que du connaissement ; il aura,
cependant, une existence légale le jour où les règles de La Haye de
1921 seront rendues applicables en France. C'est une création de
(1) Les usages particuliers relatifs à toutes ces opérations, ayant
un caractère souvent technique, nous avons cru devoir nous renseigner auprès des hommes de l'art, noms avons trouvé partout l'accueil
le plus empressé, et nous sommes heureux, en particulier, de remercier 1'.'f· Jules Fournié, capitaine au long-cours, spécialiste dans les\
questions d'acconage.
1MARISEILLE
23
l'usage, et c'est par l'usage qu'il est réglementé. C'est un imprimé,
qui se compose de quatre souches ; certaines compagnies, cependant,
n'ont que trois souches, ayant un registre spécial formant la quatrième souche. Tous les billets de bord contiennent des clauses à peu
près identiques, il y à la place nécessaire pour indiquer le nombre
et la nature des colis, leur poids, leurs marques ; en bas se trouvent
des clauses imprimées qui renvoient aux clauses et conditions du connaissement de Ja Compagnie. Une clause imprimée, également, prévoit que la marchandise à quai demeure aux risques du chargeur. Ces
imprimés sont remplis, soit par if: chargeur, soit par l'employé de la
Compagnie ; il y a là une question d'ordre intérieur. Les quatre parties de cet imprimé sont identiques, à quelques exceptions près ; certaines compagnies précisant que telle souche est pour le chargeur,
telle autre pour !'armateur, telle autre pour le bord, telle autre pour
!' acconier.
S'il y a de la place à bord, trois de ces souches sont délivrées
par l'agent de la Compagnie, qui garde la quatrième, et qui appose
sur ces souches la mention « bon à embarquer », et l'indication du
quai où doit être transportée la marchandise, aux fins de sa mise
à bord.
Le chargeur, plus exactement, son commis en douane, muni des
trois souches du billet de bord, se rend à la douane, remplit un imprimé de passavant, ou de permis de sortie par mer, paye les taxes
qui peuvent être dues et, sur les trois souches du billet de bord la
'
douane appose le numéro du passavant.
Mise à quai de fa marchandise. -
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IDE
Acconler ( 1 )
Le chargeur, nanti du passavant et du billet de bord, peut faire
transporter ses marchandises au quai d'embarquement. Pratiquement,
il remet ces pièces à son camionneur ; les marchandises, accompagnées de tous ces documents, sont donc transportées sur le lieu de
charge ; c'est alors qu'intervient l'acconier. Il arrive parfois, mais
de plus en plus rarement, que le chargeur a stipulé, avec Ja Cie de
Navigation, qu'il livrerait la marchandise sous palan ; c'est là l'exception qui ne se rencontre que dans certaines chartes parties. L'usage
est, sauf stipulation contraire relative à la livraison le long du bord,
que la mise à bord incombe à l'armateur.
Ce n'est cependant pas à J'employé de l'armateur que la marchandise est remise, à de rares exceptions près, les compagnies de N avigation ne font pas elles.-mêmes leur acconage. Si e1les procèdent
elles-m"êmes à l'opération de la mise à bord, elles pnt toujours un
service d'acconage indépendant. Vis à vis du chargeur, cependant,
l'acconier, qu'il soit indépendant ou qu'il soit un rouage de la Çie
de Navigation, est le préposé de l'armateur ; c'est avec lui que le
(1) Sur l'origine ùu mot acconier, voir l'article de M. Raphaël
1Moynier, publié dans le Journal Commercial et Maritime de Marseille
du 6 aot\t 1969.
�24-
LES USAGES PARTICULIERS
--~~
préposé du chargeur fait la reconnaissance contradictoire de la marchandise ; l'employé, chargé de cette reconnaissance, s'appelle le
pointeur. Si le fret doit être calculé au cubage, la marchandise est
cubée à ce moment là. La reconnaissance de la marchandise aboutit
souvent, trop souvent même, à la prise de réserves, de la part de
!' acconier. Ces réserves sur l'état de la marchandise, comme cc cais. ses déclouées, faibles d'emballage », sont portées sur les trois souches du billet de bord, deux de ces souches sont remises au pointeur, le chargeur garde la troisième.
Délivrance du connaissement. -
Lettre de garantie pour les réserves
Le chargeur, muni de cette troisième souche, se rend alors à la
Cie de Navigation. Pratiquement, il établit lui-même ses connaissements, cest-à-dire, plus exactement il remplit les quatre exemplaires
du connaissement, prévus par la loi, il les remet à l'employé de la
Cie de Navigation, qui taxe alors les connaissements, et qui, suivant
les accords, fait payer ou non le fret, contre remise des connaissements signés, revenant au chargeur ; il n'est pas d'usage que le capitaine signe ces connaissements, l'employé de la Cie de Navigation
signe pour lui.
Si le billet de bord porte des réserves, qui doivent normalement figurer sur le connaissement, il arrive fréquemment que le chargeur a
intérêt à avoir un connaissement vierge de réserves, :::'est alors qu'intervient !'application d'un usage, que nous ne pouvons que déplorer.
Le thargeur qui veut négocier son connaissement, et qui craint des
difficultés, s'il porte des réserves, ou bien le chargeur qui veut pouvoir éviter toutes discussions avec ses assureurs, demande à la compagnie de Navigation de ne pas faire figurer sur le connaissement,
les réserves inscrites sur le billet de bord ; toutes les compagnies de
. Navigation acceptent de faire cette suppression, moyennant la remise, par le chargeur, d'une lettre, dite de garantie, lettre dans laquelle le chargeur déclare qu'il accepte les réserves prises sur le billet de bord, réserves qu'il demande à l'armateur de ne pas faire figurer sur le connaissement.
Cette pratique est évidemment regrettable, elle enlève une grande
partie de la force probante du connaissement, mais elle constitue un
usage que nous sommes obligés de mentionner.
COMMERCIAUX
ET
MARITI.MES
tDE
MARiSEIULE
25
il doit, en d'autres termes, procéder à un véritable .arrimage, pour
préserver cette marchandise ; il doit également en assurer sa garde.
Il ne nous appartient pas d'examiner la question de responsabilité
de l'acconier qui, juridiquement, n'a un lien de droit qu'avec la
Compagnie de transport ; !'étude de cette responsabilité sortirait du
cadre de notre étude .
Mise à bord de la marchandise
Lorsque le navire est prêt à charger, !'embarquement peut se faire,
soit par les moyens du bord, soit en utilisant les appareils fixes de
la Chambre de Commerce. Si les treuils du navire sont employés,
d'après un usage constant, le capitaine est tenu de fournir l'homme du
treuil, ou de payer le salaire du préposé de !' acconier, qui fait cette
manœuvre dans le cas où le capitaine n'a pas de matelot disponible. L'acconier a, à sa charge, l'homme de palan, et l'homme de chaine ; si les appareils de la Chambre de Commerce ne sont pas employés et si !'embarquement a lieu par les mâts de charge, l'homme
de palan est supprimé, et remplacé par un homme de treuil. Dans
cette éventualité, le capitaine ne doit cependant qu'un seul cc treuilliste », mais il est responsable de ce préposé, même si ce dernier est
fourni par l 'acconier ; si les grues de la Chambre de Commerce sont
utilisées, leur manœuvre incombe entièrement à !' acconier.
L'acconier emploie autant de cc mains » qu'il y a de panneaux,
la main est une équipe d'hommes, dirigée par un contre-maître, dont
le nombre varie selon les circonstances.
Pour les marchandises diverses l'usage est d'embarquer 400 tonnes par jour et par navire ayant quatre panneaux.
Dans le cas où le navire n'est pas le long du quai, l'embarquement se fait au moyen d' allèges ou chalands, qui sont connus, à Marseille, sous le nom de « mahonnes » ; il y a souvent, dans ce cas,
deux acconiers, l'un qui livre sous palan, et l'autre qui prend ensuite
la marchandise, pour la mettre à bord définitivement. L'acconier, que
nous appellerons cc mahonnier », doit fournir le personnel nécessaire
à. !' élinguage, et à la reconnaissance de la marchandise, c'est-à-dire
un pointeur et deux ou quatre hommes. Si le mahonnier ne fournit
que deux hommes, l'acconier, qui embarque, doit fournir les deux
autres.
Conservation à quai de la marchandise
Reconnaissance de la marchandise par le bord
Le chargeur, qui a remis sa marchandise, en même temps que les
deux souches du billet de bord à l'acconier, n'a plus à s'occuper de
sa marchandise, elle est sous la garde de !'entreprise d' acconage. Si
le bateau n'est pas dans le port, ou n'est pas prêt à recevoir la marchandise, celle-ci est installée sur quai découvert, ou sous hangar ;
il appartient à !' acconier de prendre les mesures nécessaires à sa
conservation, il doit l'isoler du sol par des bois, dénommés cc paillol », selon les circonstances, la recouvrir de bâches goudronnées ;
Au fur et à mesure de l'embarquement de la marchandise, a lieu
sa reconnaissance par le bord. Pratiquement le premier officier est
préposé à cette reconnaissance. Après avoir examiné la marchandise,
ayant en mains une ~s souches du billet de bord, le premier officier estime parfois insuffisantes les réserves prises par !' acconier ;
il arrive d'ailleurs que des avaries ou manquants, se sont produits
depuis la mise à quai. Le premier officier fait alors de nouvelles réserves, qu'il inscrit sur les deux souches du billet de bord, il garde
�26
COMMERCIAUX
LES USAGES PARTICULIERS
une de ces deux souches, et laisse l'autre à l'acconier ; de toutes façons, il donne, sur l'exemplaire laissé à l'acconier une décharge de
la marchandise, avec ou sans réserves.
Le chargeur est en dehors de cette discussion, il ne peut se voir
opposer que les réserves prises par l'accomer, c'est à la Compagnie
de Navigation de profiter de ces nouvelles réserves, pour engager la
responsabilité de son entreprise d'acconage.
Depuis le décret de 189 3 sur l'arrimage, les usages locaux n'ont
plus force de loi en cette matière ; cet arrimage doit être fait conformément aux prescriptions de ce décret sauf dérogation conventionnelle
intervenue entre l'armateur et le chargeur. En pratique, cette opération se fait par les hommes de !' acconier, sous la surveillance du capitaine, ou des officiers du bord. Lorsque nous parlerons du débarquement, nous traiterons la question des constatations d'arrimage. Le
chargeur a le droit de faire constater cet arrimage, en provoquant la
nomination d'un expert ; à Marseille lorsque le chargeur veut faire
faire cette constatation, l'usage est de s'adresser au Lloyd Maritime,
dont nous parlerons, à propos des opérations du débarquement.
Notre étude se bornant aux usages locaux, abandonnera donc le
navire une fois arrimé, et prêt à partir.
Débarquement
Nous étudierons, sous cette rubrique, !'opération inverse de celle
que nous venons d'examiner, c'est-à-dire le désarrimage de la marchandise, et son débarquement proprement dit.
Désarrimage, déchargement d'office
Constatation d'arrimage. -
Lloyd maritime
L'armateur n'est pas tenu de faire constater, avant le débarquement, le bon arrimage de la marchandise ; mais tout réceptionnaire
MARITIMES
IDE
:\IARSEIULE
27
- - --
peut provoquer la nomination d'un expert judiciaire, chargé de venfier cet arrimage. L'usage s'est établi à Marseille de faire vérifier la
régularité de l'arrimage, par un capitaine expert du Lloyd Maritime,
et la plupart des connaissements (pour ne pas dire tous) des lignes qui
desservent 'le port de Marseille, contiennent une clause à peu près
conçue en ces termes : « Le chargeur déclare s'en rapporter, pour
la constatation de l'arrimage, aux vérifications qui seront faites par
les soins du Directeur du Lloyd Maritime ».
Les grandes compagnies de navigation ont un abonnement avec le
Lloyd Maritime, pour faire faire cette constatation. Tous les navires, sauf les navires charbonniers, et quelques voiliers, payent une
redevance dans le même but.
Le Lloyd Maritime est une administration privée, qui depuis 1843
fonctionne, pour la plus grande satisfaction des armateurs, des assureurs, et des réceptionnaires. A sa tête sont deux Directeurs qui, avec
huit experts, capitaines au long-cours, composent le personnel technique. Ces capitaines experts se rendent à bord des navires, dès leur
arrivée dans le port, constatent si les panneaux des cales sont fermés réglementairement, assistent ensuite à l'ouverture des panneaux,
vérifient !'arrimage de la marchandise, suivent le débarquement, et
dressent un rapport dans lequel ils mentionnent toutes leurs constatations, spécialement les avaries à la marchandise, et la cause de ces
avaries. Ces rapports sont envoyés deux fois par jour à la Direction,
qui dresse un rapport définitif, dont une expédition est délivrée, sur
demande, à toute personne intéressée. La probité de ces constatations
est tdle qu'elle a supprimé à Marseille la nomination d'experts judiciaires, pour constater l'arrimage de la marchandise. Les rapports
du Lloyd Maritime, bien qu'émanant d'une Administration privée,
sont arrivés à acquérir une véritable force probante, et sont souvent
retenus par le Tribunal, comme moyen de preuve.
Arrimage
Sauf stipulation contraire, l'armateur a la charge du désarrimage,
et de la prise en cale de la marchandise, il doit livrer sous palan,
soit le long du bord. Les usages sont d'ailleurs confirmés par les conventions écrites qui figurent dans les connaissements. La plupart des
connaissements, pour ne pas dire tous, contiennent, en même temps
qu'une clause de livraison sous palan, une stipulation relative au déchargement d' office1 qui peut se résumer ainsi : « si le réceptionnaire
ne se présente pas immédiatement, la marchandise est déchargée
d'office à ses frais, risques et périls ». Pratiquement, le réceptionnaire laisse la Cie de Navigation opérer le déchargement d'office, I' acconier intervient à nouveau.
ET
Débarquement proprement dit
r
Comme nous !'avons indiqué, ce débarquement est fait pratiquement, et dans la plupart 'des cas, par l'acconier de la Cie de Navigation, et ce sous la surveillance du Lloyd Maritime. H s'effectue
dans les mêmes conditions que l'embarquement, mais d'une façon
inverse. L' acconier procède à une reconnaissance contradictoire de
la marchandise, au fur et à mesure de sa mise à quai. A la fin du
déchargement, un état différentiel est dressé par l'entreprise d' acconage, contradictoirement avec l'officier du bord, préposé au débarquement.
Les chartes parties prévoient, en ~énéral, en même temps que les
jours de planche, les quantités à débarquer par jour ; en l'absence
de convention, l'usage est de débarquer les marchandises diverses,
400 tonnes par jour, par navire de quatre panneaux, et 600 tonnes
lorsqu;il s'agit de charbons. Pour être plus précis, l'usage est de débarquer par papneau de navire, soit 1OO tonnes de marchandises
�LES USAGES PARTICULIERS
28
diverses, soit 150 tonnes de charbons. Un jugement du Tribunal de
notre ville, du 24 décembre 1906 a déclaré que l'usage était de débarquer 75 standards de bois par jour et par navire. D'après les
renseignements que nous avons pu recueillir, l'usage actuel prévoit
un débarquement un peu plus rapide, c'est-à-dire, 20 standards par
panneau et par jour, soit 80 standards par navire de quatre panneaux.
C'est l'usage général qui s'applique à tous les bassins du port,
celui du Vieux Port excepté. L'usage, à notre connaissance, n'a pas
réglementé le débarquement des minerais, qui sont tantôt assimilés au
charbon, tantôt aux marchandises diverses. La question n'a que fort
peu d'intérêt pratique, la plupart des chartes parties ou des connaissements, concernant un chargement de minerai, prévoyant la quantité à débarquer par jour.
,Pour le Vieux Port, qui est de plus en plus abandonné pour les
déchargements importants, l'usage est de débarquer des marchandises, comme les arachides, à raison de 68 à 78 tonnes par jour, lorsque le navire a la pointe à quai. Nous ouvrons, à ce propos, une parenthèse pour rendre compte d'une décision du Tribunal de Commerce de Marseille du 1 7 octobre 1919, qui a statué ~ur la question de
savoir ce que le mot « accosté à quai » signifiait ; s'agissant du
Vieux Port, le Tribunal a déclaré que l'usage pour le Vieux Port
était d'amarrer les navires la pointe à quai.
Les usages locaux, en cette matière, ont une importance capitale,
car ils sont applicables, malgré un arrêt préfectoral, fixant la durée
des opérations de chargement et de débarquement. (Voir Cassation,
requête, arrêt du 24 février 1914).
Délivrance de la marchandise
Nous allons examiner les opérations concernant la prise de livraison de la marchandise, c'est-à-dire sa reconnaissance, la questiçm du
stationnement de la marcnandise, les mesures prises en cas de retard
du réceptionnaire, et enfin la question du rendement et des déchets
de route.
Bon à délivrer et reçu la marchandise sur le connaissement
Le réceptionnaire qui veut prendre livraison de la marchandise doit
obtenir, pour cela, que la Compagnie de Navigation mette sur son
connaissement le « bon à délivrer ». Nombre d'armateurs exigent
en outre, du réceptionnaire, qu'avant la prise de livraison, il inscrive
sur le connaissement la mention « reçu la marchandise ». L'existence
de cet usage a bien été souvent constaté, par le Tribunal de Commrrce de Marseille, il a même fait l'objet d. un arrêt de la Cour
d'Appel d'Aix du 26 juin 1911, e~ d'un arrét de la Cour de Cassation du 9 décembre 191 3. Si le reçu ainsi dbnné constituait une décharge pour l'armateur, cet usage aurait pour résultat d'empêcher le
•
COMMERCIAUX
ET
MARITIMES [)E
MARSEIULE
29
réceptionnaire de réclamer ; aussi la Cour de Cassation, la Cour
d'Appel d'Aix, et le Tribunal de Commer,re de Marseille, décident
que ce reçu n'est qu'une décharge de pure forme, qui ne libère nullement le capitaine, et qui n'empêche nullement la vérification ultérieure de la marchandise. La réception, ainsi constatée par ce reçu,
n'étant que symbolique, ne fait pas courir les délais de 24 heures,
et d'un mois prévus par l'article 435 du Code de Commerce.
Reconnaissance de la marchandise, pesage, peseurs et mesureurs jurés
En dépit de ce reçu, le réceptionnaire peut vérifier l'état de la
marchandise ; il fait cette reconnaissance contradictoirement avec l' acconier. Le pesage est effectué par des peseurs-Jurés, et le cubage par
des mesureurs-jaugeurs jurés ; peseurs et mesureurs juré~ sont constitués
en bureaux, officiellement reconnus. Les documents qu'ils délivrent
ont une force probante incontestable, mais cependant, il ne faut pas
en exagérer la pdrtée, car un pesage ou un mesurage, fait par eux,
n'a de la valeur qu'autant que cette opération est contradictoire.
En ce qui concerne le pesage, il existe un très ancien usage, qui
concerne le calcul de la tonne anglaise, laquelle est comptée au poids
de 1.015 kilos. Le Tribunal de Commerce de Marseille, dans un
jugement du 10 novembre 1919, a bien constaté la réalité dr. cet
usage, mais a refusé de lui donner une valeur légale ; il a estimé
que cette pratique ne pouvait détruire le rapport mathématique, existant entre la tonne et la livre anglaise d'une part, li\ livre anglaise
et le système métrique français d'autre part. En l'état d'une décision aussi nette, qui n'a pas été frappée d'appel, il nous paraît, qu'en
matière de pesage, même à Marseille, il ne faut pas tenir compte
de cet usage ancien, et en conséquence, il faut calculer la tonne anglaise sur les bases de 1. 016 kilos en chiffres ronds.
Stationnement
Le réceptionnaire a un délai de cinq jours, d'après l'usage, pour
procéder à !'enlèvement de sa marchandise ; pendant cette période,
il n'est soumis à aucun frais de stationnement. Ce délai expiré, il
doit une redevance pour le gardiennage, le bâchage, etc ... En d'autres termes, il doit des frais de stationnement. Si au bout d'un certain temps, il ne se présente pas, !'Administration du Service de Port,
après l'avoir informé directement, procède, elle-même, à l'enlèvement
de la marchandise, et à sa mise au dépôt d'office.
Tiers consignataire, avis dans le « Sémaphore »
Il nous parait que r armateur doit éviter cette mise au dépôt d' office, et surtout dans le cas où le connaissement est à ordre, il doit
procéder à la nomination d'un tiers-consignataire. 1'l existe à Marseille,
un usage particulier qui oblige l'agent maritime à une formalité
préalable, avant cette nomination ; il doit faire paraître, trois avis
•
�30
LES USAGES PARTICULIERS
successifs dans le Sémaphore de Marseille pour annoncer la
souffrance de la marchandise ; l'usage est tellement bien établi que le
Président du Tribunal dé' Commerce, n'accorde la nomination d'un
tiers-consignataire, que sur la justification que ces trois avis ont bien
paru.
Responsabilité des opérations se rattachant
au contrat de transport maritime
Nous n'avons pas l'ambition d'étudier, sous ce titre, la responsabilité du capitaine, de l'armateur. de l' acconier, de tous ceux qui
effectuent les opérations que nous venons de décrire, nous allons simplement parler de quelques usages particuliers qui se rattachent au
principe de cette responsabi'lité.
Rendement, déchets de route
Le réceptionnaire diligent a le droit d'exiger un certain rendement
qui est fixé, par l'usage ; le « pood » pour les blés est fixé à 16
kilos 25. Si ce réceptionnaire constate un manquant, il doit cependant tenir compte du déchet de route normal, que l'usage fixe à
2 0/0. De plus, il ne peut se plaindre d'un défaut de rendement,
s'il n'a pas fait, en temps utile, une demande de règlement par prorata, s'il s'agit d'un chargement en grenier ; cette demande doit être
faite évidemment avant la fin du débarquement.
Non responsablllté du conslgnatalNl du navire ( 1)
Si cependant le réceptionnaire peut valablement se plaindre de
manquants et d'avaries, il ne peut s'adresser qu'au capitaine et à l'armateur. Le consignataire du navire n'est juridiquement qu'un simple
mandataire de !'armateur, il ne saurait être responsable que s'il commettait une faute personneHe, préjudiciahle au propriétaire des marchandises débarquées. Sur ce point, la jurisprudence de la Cour d'Appel d'Aix, et du Tribunal de Commerce de Marseille -se différencie,
nettement, de celle du Havre. Nous estimons que la théorie admise
par les Magistrats d'Aix, et de Marseille, est conforme aux principes.
Opposition à la sortie du navire ( 2)
Le réceptionnaire, comme tout créancier de l'armateur, peut prendre des mesures conservatoires contre Je navire, qui est son gage. Il
existe à Marseille une procédure spéciale, qui constitue un véritable
(1) Sur la responsabilité du consignataire du navire, voir article
de l'auteur, publié dans Je Sémaphore de Marseille du 18 aotît 1920 ;
voir également Droit Maritime Français, n° 36, du 6 septembre 19:23,
arrêt de la Cour de Cassation, Chambre civile, 2 juillet 1923.
(2) Voir articles de l'auteur publiés dans le S&n.aphore de Marseille, du 9 avril 1919 et du 26 octobre 1921.
GOM.MEH.CIAUX
ET
M.AHlTlMES
DE
MARSEILJLE
31
usage maritime particulier, c'est l'opposition à la sortie du na vire. Au
lieu de requérir à la saisie conservatoire, le créancier de l 'al!'mateur
peut demander, au Président du Tribunal de Commerce de Marseille, l'autorisation de faire défense au commandant des Ports, et
au Receveur des Douanes, de délivrer les billets nécessaires à la sortie du navire. L'intérêt de cette procédure est indiscutable ; le navire muni de ces billets de sortie est insaisissable « puisque prêt à faire
voile ». l'opposition à la sortie empêche cette insaisissabilité, et aboutit
à ce que les jurisconsultes belges appellent « la mise à la chaîne du
navire )). Cette procédure est fort ancienne, nous avons retrouvé un
arrêt de la Cour d'Appel d'Aix du 20 août 1819, qui en fait état.
Les Cours et Tribunaux n'ont rendu, en cette matière, que des décisions excessivement rares. Le Tribunal de Commerce de Marseille, le
7 décembre 1920 a validé cette procédure en la qualifiant de
« pratique de longue date sur la place de Marseille ». C'est, en réalité un usage, comme nous le disions ci-dessus, et nous avons eu la
bonne fortune de nous procurer copie authentique d'une lettre du Ministre de !'Agriculture, du Commerce et des Travaux Publics, Direction Générale des Ponts-et-Chaussées, division de la mvigation, adressée le 7 novembre 1861 au Préfet des Bouches-du-Rhône,
ainsi qu'une lettre du commandant des Ports de Marseille du 2 novembre 1893, adressée au Président du Tribunal de Commerce de
l'époque. Le Préfet de l'Empire, sous l'inspiration évidemment des
auteurs de Droit Maritime, qui ont toujours critiqué cette procédure,
avait écrit au Ministre compétent, afin d'obtenir une circulaire, destinée à faire cesser cette irrégularité. Le Ministre chargé du département de la Marine, avait demandé l'avis du Garde des Sceaux, et
la lettre du 7 novembre 1861, qui a été écrite à la suite de la consultation juridique du Ministre de la Justice, conclut à la légalité de
cette procédure, qui est qualifiée d'usage.
A notre avis, cette procédure est bonne, donne des résultats pratiques excellents, elle est parfaitement valable, puisqu'elle constitue
un usage.
Assurances Maritim es
Le propriétaire des marchandises n'a pas seulement un recours,
dans la plupart des cas, contre le capitaine et l'armateur du navire,
il peul aussi s'adresser à ses assureurs. Nous aurons peu à dire, sur
cette matière, car les usages qui peuvent la régir. en même temps que
la Loi, sont les mêmes pour toute la France.
Courtiers d'assurances maritimes, Comité des assureurs de Marseille
Cependant, nous croyons devoir mentionner qu'il est d'usage à
Marseille de s'assurer, par l'intermédiaire de Courtiers d'assurances.
h n'y a pilus cependant dans notre vilie de courtiers jurés d'assuran-
�32 LF..S
USAGIES
PARTICUILIERS
DU PORT
-- - - - - --=--=-..:::e-~-=""--=======-;,..:;-====i
DE
MARSEILLE
ces maritimes, les dernières charges ayant été rachetées par l'Etat, depuis longtemps déjà. Le courtage est libre, les négociants s'adressent
donc à des courtiers qui s'occupent de faire counir le risque à assurer. Ces courtiers n'étant pas des courtiers-jurés, ne peuvent signer les
polices cl' assurances ; ils se contentent de les dresser, et ils les font
signer par un notaire ; c' ~st dans les minutes de notaires que sont
déposés les originaux des Polices d'Assurances.
Il existe à Marseille un comité des assureurs maritimes, il est calqué sur le comité des assureurs de Paris, ses statuts sont les mêmes,
ainsi que son rôle. Il est chargé du Contentieux des assureurs maritimes de la Place.
A côté de ce comité existe un syndicat des assureurs maritimes de
Marseille.
Clauses additionnelles à la police du 15 novembre 1919
Il existe un certain nombre de clauses qui sont ajoutées à l'imprimé du 15 novembre 1919, pour les polices souscrites à Marseille.
Nous n'entrerons pas dans le commentaire de ces clauses, car ce se~
rait dépasser le but que nous avons eu ; nous ne les signalons que pour
mémoire.
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Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Usages (Les) particuliers commerciaux et maritimes du port de Marseille
Subject
The topic of the resource
Droit maritime
Droit commercial
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Scapel, Paul. Auteur
Degand, Gaston. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Centre de Droit Maritime et des Transports (Aix-en-Provence), cote CDMT-Scapel
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Editions de la Marine marchande (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1924
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/234497165
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/Scapel_Usages-particuliers-port-Mrs_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol
32 p.
In-8°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/348
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Particularités des ventes commerciales propres au port de Marseille, pratiques non codifiées dans le droit commercial et dans le droit maritime français
Documents maritimes et commerciaux, collection publiée sous la direction de René Moreux (directeur du Journal de la marine française)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Centre de Droit Maritime et des Transports (CDMT Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Exposé de quelques usages de ventes commerciales particuliers au port de Marseille, ces pratiques restant hors du droit commercial et du droit maritime français
Droit maritime
Exploitation portuaire
Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Port
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/355/BUT-TP40137_Observateur-medical_1821-Tome-01.pdf
40d978bc07c7aead6a6eec861b6fad46
PDF Text
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D escends du haut des cicu x , auguste vérité ;
Répands sur m es écrits ta force et ta cla rté.
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�Nota. Les Rédacteurs du Journal sont MM*
D aulioulle , F orcade , G uiaud , P o u tet , R oux
S igaud et S ue.
Les productions de chaque Rédacteur seront
suivies de sa signature ou de la lettre initiale de
son nom.
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"'< / \O i)
j j ’il fallait juger des progrès de nos connais
sances par la multiplicité des livres qu’on a pro
duit, tous les sujets de médecine seraient depuis
long-temps épuisés. Mais par une sorte de fa
talité qui émane sans doute du tourbillon des
systèmes et des opinions contradictoires, plus le
monde médical fourmille de volumes et les au
teurs réunissent leurs efforts pour toucher com
plètement au but qu’ils se proposent, moins le
savoir est, toutes choses égales d’ailleurs, éclairci
et rapproché de sa perfection.
Il n’y a que les vrais partisans de la doctrine
hippocratique qui soient à même, par leurs écrits,
de guider de mieux en mieux les pas chancelans
du médecin dans l’exercice de sa profession. O r,
prenant cette saine doctrine pour notre étoile po
laire , nous avons droit d’estimer que notre en
treprise , loin d’être superflue , est en quelque
sorte indispensable relativement aux insignes avan
tages qui doivent en résulter.
Nous nous attacherons spécialement à publier
les matériaux distingués par les charmes de la
nouveauté ; et ces matériaux se présentetont in
failliblement , c a r, outre que les grands hommes
qui recueillirent une ample moisson de gloire
dans le vaste champ des sciences médicales pour
les avoir cultivées soigneusement et avec succès,
laissent à glaner après eu x, on est actuellement
�( 6 )
à l’affût de mille découvertes, et nous ne perdons
point espoir de voir se dissiper une foule d’erreurs.
Envain, des indolens, pour ne pas dire des
êtres nuis ici Las, dédaignant de rechercher la
vérité, voudraient nous persuader quelle est
inaccessible à l’esprit humain. Antagonistes du
pyrrhonisme , qui la représente comme cachée
dans un puits dont il est impossible de sonder la
profondeur, nous aimons à la faire descendre du
haut des cieux.
D e cette manière de voir dépend évidemment
le bonheur de la société. IJ suffit, en effet, que
l’homme reconnaisse l’aptitude de ses facultés in
tellectuelles à découvrir la réalité d’une grande
série d ’objets, pour qu’il se livre à de pénibles
travaux et les fasse tourner au profit de son sembla
ble. Qui doute même qu’en cherchant à pénétrer
dans la sphère des choses que le souverain Maî
tre de l ’univers a voulu soustraire à notre saga
cité , nous soyons réduit à des probabilités qui,
bien que simples, produisent une utilité réelle
en nous rapprochant du vrai.
Ces courtes considérations, auxquelles nous pour
rions donner beaucoup d’extension, s il était urgent
de mieux faire sentir ici de quelle importance
sont pour la culture des sciences abstraites les rè
gles que suggère la première partie de la philoso
phie; ces considérations, disons-nous, ne prouvent
pas que, par le raisonnement seul, on parvienne à
dévoiler les secrets de la nature. L e raisonnement
n’est que l’auxiliaire d’un moyen plus puissant et
son unique ressource ne peut qu’induire en erreur,
Heequet prétendit que la médecine s’était perdue
depuis qu elle était devenue causeuse.
Ainsi qu’un architecte ne saurait construire un
�(7 )
édifice, sans avoir amassé les premiers matéri
aux , de même nous ne pouvons énoncer rien de
positif sur tel ou tel objet, sans avoir mis au préa
lable nos sens à contribution pour l’envisager dans
toutes ses faces, apprécier ses différens phéno
mènes , l’approfondir en un mot si bien, qu’il soit
possible de faire le tableau le plus fidèle de ses
caractères distinctifs. O r, c’est précisément ce
qu’on appelle observer. L ’observation est donc
la base de toute théorie médicale ; elle enrichit
donc, la première, nos connaissances en nous
éclairant comme le principal flambeau de la vé
rité. Ce sont toujours les faits, dit Cabanis, qui
doivent nous servir de guides ; les idées générales
théoriques en doivent être une expression abré
gée, et les vues du traitement une conséquence
directe et nécessaire dans un bon ordre de déduc
tion. Qui ne serait pas frappé de la justesse de
ces propositions ? les médecins qui n’usurpèrent
point ce nom les adoptent sans restriction; ils s’é
crient d’une voix unanime que l’observation est
la mère de leur art et qu’Hippocrate en est le père
comme le premier et le plus illustre observateur.
Ou sait de quelle manière ce grand homme
dissipa les épaisses ténèbres dont la médecine
était enveloppée dans son origine. E t, où en sel'ions-nous sans sa lumineuse doctrine, sans les
précieux travaux de ses sectateurs dont l ’élite se
compose de Baillou, Sydenham, Stoll, Baglivi,
Haller, Boèrhaave, Sthal, de Haen, Zimmermann,
Hoffmann, etc, e tc, et d’une foule d’autres obser
vateurs non moins célébrés auxquels, comme
aux pi’écédens, nous devons un très-grand nom
bre de découvertes qui sont comme autant d’ai’mes propres à bouleverser l’empire des fausses
opinions et des préjugés.
�(8)
Malheureusement on ne suivit que peu la ligne,
tracée parle (liviii Vieillard , la seule capable de
faire monter le thermomètre des sciences médi
cales au plus haut degré. Trop souvent les fic
tions de i esprit firent place à l’observation des
faits et à la dialectique basée sur les phénomè
nes de la nature. En effet, négligeant de tra
vailler à la recherche de la vérité, la plupart
des gens de l’art ne résistèrent point à la manie
de faire des hypothèses , ou se couvrirent du voile
de l ’observation apocryphe, pour mieux accrédi
ter des doctrines erronées dont le lustre éclatant
flattait leur égoïsme, alors même quelles frois
saient les premiers intérêts de l’humanité.
Parmi ceux-là même dont la communication
des lumières fût une preuve irréfragable de leur
probité, il en est qui, privés de sens assez fidè
le s, assez exercés pour bien lire dans la nature
et l’interroger avec fruit, contribuèrent par le
résultat peu naturel de leurs opérations à for
mer le cahos inextricable de difficultés qui ralen
tît. la marche de nos connaissances.
L a science fût ençore entravée par des esprits
qui ne connaissaient que peu ou point la Voie qu’il
faut suivre pour bien observer et rédiger avec
méthode les observations les plus simples, comme
les plus importantes.
On sent assez d’après cela combien Je médecin
doit se nourrir des préceptes qui font l'habile
scrutateur de la nature. A ussi, malgré tout ce
qu’en ont dit des écrivains célébrés , nous croi
rions-nous dans l’obligation d’exposer clairement
ici sur ce point quelques yues essentielles, com
me pour servir de boussole aux novices, si Ly
crainte de franchir les bornes que nous nous.
�(9)
sommes imposées, ne nous avait décidé à faire
de ce sujet un article spécial qui sera traité
par l’un de nos Collaborateurs. Nous dirons seu
lement que nous tenons à n’insérer dans notre
recueil, entait d’observations, que celles mar
quées au coin de la vérité j que l’histoire des
faits, aussi claire, aussi succinte qu’il se p e u t,
dégagée de toute réflexion, ou n’offrant ( si des
réflexions sont nécessaires) que celles qui sont
courtes, modestes et nullement étrangères au
sujet dont il s’agit.
Il est à regretter que l’on n’ait point encore
exprimé de beaucoup de faits intéressans la par
tie scientifique à laquelle ils se rapportent. Il
est sûr que sans cette espèce de travail analyti
que , l’accumulation progressive des observations
obscurcirait inévitablement les sciences médicales,
et qu’alors, il conviendrait de proscrire les jour
naux de médecine par cela seul qu’ils ne ten
draient à rien moins qu’à jeter dans de grands
embarras.
Heureusement, quelque considérable que de
vienne la masse du résultat de nos expériences,
il sera toujours possible, à l imitation de nos
premiers maîtres, d’en rendre un compte exact
par le langage aphoristique. Il est vrai que ce
grand œuvre est assez difficile et que les êtres
seuls peuvent l’entreprendre, qui font briller le
flambeau du savoir dans leurs rares apparitions.
M ais, que ne doit-on pas se promettre de l ’A ca
démie royale de médecine, chirurgie et phar
macie créée le 20 décembre 1820? Sans doute,
elle est à même de débrouiller le cahos de nos
productions littéraires, et ce la , autant parce que
les membi'es qui la composent sont de vrais sa-
�C10 )
vans, qu’à cause de ses immenses relations qui
doivent lui attirer de toutes parts les trésors ca
pables d’enrichir ses travaux.
Il est à craindre, toutefois, que ses impor
tantes fonctions soient ralenties par une trop vaste
correspondance; et il paraît que malgré la vigilance,
malgré le zèle de ses membres, elle ne par
viendrait jamais à rassembler entièrement les
matières scientifiques que chaque pays voit éclo
re , si elle n’était point secondée. Nous avons
avancé dans notre prospectus qu’il serait à sou
haiter que chaque département eu t, comme
celui de l’Eure , son Recueil périodique de mé
decine , chirurgie et pharmacie. C ’est alors que
l’Académie, ce rendez-vous général des lumières,
exclusivement chargée de rattacher à des dog
mes les conséquences des observations faites
dans les différentes contrées de la France, de
viendrait comme le creuset où s’épureraient tou
tes les parties de notre art.
Cet avantage n’est pas le seul que présente
l ’Académie royale de médecine, chirurgie et
pharmacie : cette belle institution que nous ne
saurions trop célébrer dans nos fastes, en of
frant l’exemple de l’union la plus intime qui
doit régner parmi les branches de l’art médi
cal, s’oppose en quelque sorte à son démembre
ment qui, de tous ses désastres, est, à notre
avis, le plus sensible. On sait que ce démembre
ment fut d’abord opéré au temps d’Erasistrate
et d’Hérophile, où, suivant le rapport'de Celse,
la médecine , qui jusque là avait été exercée par
une seule personne, fut partagée en trois parties
dont chacune fit par la suite l’occupation d’une
personne différente; on sait aussi que ce par-
�£age ne fut pas le même dans tous les temps ,
.qu’il reçût des modifications, etc. Mais une
chose qu’il faut aimer à retracer, c’est que la
médecine ne fit que peu ou point de progrès,
tant quelle fut divisée. Fière de sa préémi
nence, la médecine proprement dite, ne fut
ue trop plongée dans un abyme d’erreurs , penant qu elle était isolée, ayant négligé les moyens
les plus propices à son avancement. A insi, par
exemple, si elle n’avait pas dédaigné de fouiller
dans les entrailles des morts, parce quelle con
sidérait ce travail manuel comme incompatible
avec sa dignité , une foule de Morgagni, n’en
doutons pas, aurait répandu depuis bien des
siècles les plus vives lumières sur le siège et
les causes des maladies. Et si la chirurgie, son
ex-prétendue rivale, n avait pas été si long-temps
dans une sujétion qui ne pouvait que ternir son
éclat, n’aurait-clie pas pris l'essor plus souvent?....
Mais , ces deux principales branches mar
chèrent à pas de géant vers leur perfection ,
lorsque funion fut rétablie entr’elles. N ’en ju
geons que par ce qu elles ont été à l ’époque
de la révolution française : tandis que les ca
lamités publiques semblaient anéantir tous les
esprits , l’on a vu s’élever une multitude de savans qui ont reculé les limites des sciences médi
cales plus qu’on ne le fit jamais en si peu de
temps , parce qu’alors , réunie à la médecine ,
la chirurgie a été honorée par des grands hommes
qui se sont glorifiés de la cultiver; alors , aussi,
la chimie, la pharmacie ont rivalisé avec la chi
rurgie; et de ce bon état de choses , résultat de
l ’harmonie médicale, (qu’on nous passe cetle ex
pression ) sont nées rapidement les précieuses
S
�( !2 )
découvertes que nous possédons depuis. II est
donc évident que la médecine, la chirurgie et la
pharmacie gagnent beaucoup à ne former qu’un
seul art. Hippocrate , Galien , Celse , Paracelse ,
etc. , s’en occupèrent indistinctement. E t
d’ailleurs, ne voit-on pas souvent le même hom
me les exercer à la fois et avec succès ? à
la vérité , le secret d’être supérieur dans une
partie, a dit l'ingénieux Bichat , c’est d’être
médiocre dans les autres. Mais sommes-nous
pour cela dispensés d’étudier avec soin toutes
les parties de notre art? Non, sans doute. A u
tant vaudrait soutenir que les Egyptiens eurent
raison de le diviser, ainsi que le rapporte
Hérodote, au point que chaque médecin avait
sa maladie.
Nous ne pousserons pas plus loin des re
marques qui , au reste , suffisent pour faire
pressentir l’heureuse influence que ne peut
manquer davoir sur les progrès futurs de la
science la célébré Académie destinée à entre
tenir dans son sein la parfaite harmonie mé
dicale. E t , si nous n’avions pas à redouter la
fastidieuse prolixité , que ne dirions-nous pas
sur une autre espèce d'harmonie , sur l’intimité
dans laquelle doivent vivre les vrais médecins ,
les bons chirurgiens , les pharmaciens instruits !
Nous nous contentons d’observer que chaque
journal de médecine présente cela d’utile sur
toutes choses, qu’il est comme un théâtre sur
lequel figurent tour-à-tour les esprits les plus
opposés. Aucune passion n’y interrompt la com
munication des lum ières; car il faut énoncer,
à la louange des gens de l’a r t, qu’ils se ral
lient tous avec empressement vers le noble hu^
�0 5 )
de conserver et de rétablir la santé, bien que
plusieurs d’entr’eux aient le cœur ulcéré par ce
«Ju’on appelle invidia medica.
Les journaux de médecine sont effectivement
un centre commun où aboutissent les lumières
de tous ceux qui, exerçant légalement l ’art mé
dical , désirent, pour sa perfection, établir entr’eux des relations aussi faciles qu’infaillibles*
Les médecins qui n’appartiennent à aucune so
ciété , les officiers de santé surtout, trouvent
dans cette ressource la faculté de répandre le
résultat de leurs travaux, d’où s’ensuit que bien
des faits ne sont point ensevelis dans l ’oubli.
On nous saura donc quelque gré d’avoir en
trepris un nouveau Recueil périodique des sci
ences médicales, lors surtout qu’on s’apercevra
qu’à des avantages ordinaires il en réunit de
particuliers, sans doute bien dignes de fixer
l ’attention générale : et d’abord, ce recueil est
imprimé dans une ville q u i, par ses nombreuses
relations commerciales avec le midi de l’Europe,
l’Afrique et l’Amérique , nous met à meme de
concentrer en peu de temps , à l’aide d’une
grande correspondance, les travaux des méde
cins qui s’appliquent à épier la nature dans
presque toutes les régions du monde connu.
Loin •de nous, toutefois, la prétention de don
ner à notre entreprise un certain caractère d’u
niversalité. Seulement, voulons-nous faire remar
quer que, vu la position de Marseille, les matériaux
se presseront en foule de toutes parts, pour
alimenter notre journal, bien qu’il soit préfé
rablement consacré à la publication de ceux
que nous puiserons dans trois ou quatre départemens méridionaux de la France , et de
�\
(i4)
Ceux qui résulteront de l'examen analytique
annoncé clans notre prospectus ; de trois prin
cipaux journaux, tels que le journal universel
des sciences médicales, le journal complémen
taire du dictionnaire des mêmes sciences et
celui de pharmacie.
En promettant cet examen analytique, nous
nous sommes proposés ( car nous en avons senti
le besoin ) de tenir au courant de la science
les praticiens de la Provence, et principalement
les officiers de santé qui exercent dans les
campagnes. Ainsi cherchons-nous à ouvrir une
branche importante de commerce scientifique, en
faisant connaître aux savans de Paris les découver
tes médicales de quelques provinces, et en pro
pageant au milieu de celles-ci les nouvelles
productions des médecins, chirurgiens et phar
maciens qui sont imprimées dans la Capitale.
Analyser des ouvrages qui ne renferment
ordinairement que des analyses, telle est la
lâche pénible dont nous avons à nous acquitter
en rendant compte des journaux en question.
Mais de quelle utilité ne sera pas ce travail ,
s i, par notre zèle, nous parvenons à surmonter
les difficultés dont il est rempli !
L a publication , par ' extrait , des morceaux
les plus intéressans du journal de pharmacie
et même des annales de chimie qui se rattache
ront à la médecine , aura un avantage d’autant plus
certain que l’on y trouvera l’exposé des nom
breuses analyses de la plupart des végétaux
et des notions plus exactes sur les minéraux
et sur les produits animaux encore usités de
nos jours. C est de l’examen de ces substances
et de 1 isolement de leurs principes constituans
�( îô)
qu’on peut déduire des conséquences plus jus
tes et plus approfondies sur leurs propriétés
médicinales. De son côté le médecin observateur
se conduit, suivant les anomalies de telles ou
telles affections morbides , de manière à faire
un choix plus direct des substances médica
menteuses dont les chimistes se sont plus par
ticulièrement occupés. Ainsi, par une sage conbinaison des observations des médecins , vrai
ment dignes de ce nom , et des opérations
des pharmaciens distingués, la thérapeutique
agrandit son domaine enrichi par les succès
de l’analyse : cette heureuse influence des con
naissances modernes sur la médecine en assure
à jamais le triomphe.
Néanmoins, le triste tableau des ravages exer
cés , à l’aide du charlatanisme, nous fait dé
sirer que l’Académie l'oyale de médecine, etc. ,
autant appelée au perfectionnement de la sci
ence qu’à corriger les abus et à prévenir des
maux semblables à ceux, que nous déplorons
encore, concoure à la proposition et au com
plément des lois qui manquent pour affermir le
temple d’Esculape.
En attendant cette époque qui ne nous paraît
pas éloignée , nous consacrerons une partie de
nos travaux à signaler tout ce qui, dans Mar
seille et les départemens de la Provence, se
ressentira des pernicieux effets du charlatanisme ;
les composés susceptibles d’analyse chim ique,
que l’ignorance cupide répand avec tant de
profusion, deviendront l’objet de nos recherches.
Nous présenterons à nos lecteurs des considé
rations sur les remèdes secrets dont l’annonce
et les prétendues propriétés sont aujourd’hui
�<i6)
étalées dans des lieux où les dépositaires , aVec
de plus mûres réflexions , devraient en pros
crire le débit ; car il suffit qu’un médicament
ou ses principes soient inconnus , pour qu on ne
doive ni ne puisse en conseiller l’usage.
Certains écrits éphémères qui, souvent dans
leur course rapide , ne laissent, pas que de faire
des impressions favorables à là propagation des
erreurs, sëront soumis à un examen très attentif
et à la critique la plus sévère inspirée par
l’amour de la vérité. Des lettres particulières
seront affectées à Ce genre de rédaction.
Un article mélanges servira aussi presque toujours à combattre avec l’arme du ridicule les
prétentions extravagantes des hommes à imaM ais, accoutumés à honorer les grands maî
tres , au lieu de les flétrir, nous signalerons
leurs œuvres et meme leurs propositions dont
il serait permis de douter , avec toute la vé
nération quils méritent.
Nous nous empresserons d insérer dans notre R e
cueil les notices nécrologiques des médecins, chi
rurgiens et pharmaciens de la Provence qui auront
été recommandables par leurs talens et leurs
vertus, parce que nous sommes pénétrés que
payer à leur mémoire cet hommage légitime j
c’est rendre service à la postérité.
Nous promettons beaucoup. Cependant , nous
espérons que le temps ne justifiera pas seulement que nous aurons été fidèles à nos pro
messes , mais encore que notre journal aurait
été digne de cette épigraphe bien connue : vires
acquirit eundo. En effet, les relations très-inti
mes qui vont s’établir entre les rédacteurs de
�O ?)
presque tous les recueils périodiques des sciences
médicales.et nous, ne serviront pas peu à éclai
rer de plus en plus l 'O bservateur P rovençal .
Déjà la société de médecine, chirurgie et phar
macie du département de l’Eure nous a de
mandé un exemplaire de ce journal, en échange
de son excellent bulletin sj généralement ré
pandu. . * . .
Nous terminerons par représenter que les
officiers de santé en général , les praticiens qui
n’ont pas les moyens de s’abonner à plusieurs
journaux., posséderont, à peu de frais, dans
le nôtre, une série considérable de sujets différcns, suivant l’état actuel de la science, et que les
médecins qui, accablés sous le poids d’une im
mense pratique, n’ont pas toujours le temps de
lire les principaux recueils de médecine, en
rencontrant dans cette grande série, l’analyse de
ceux-ci, auront un moyen sûr de ne point fati
guer leur mémoire, surtout à un âge où l’imagina
tion, chargée du souvenir de longs Lravaux, se
repose plutôt sur des sujets analytiques que sur
d’autres dont l’étendue devient toujours plus dif
ficile à parcourir.
Ainsi donc, cette double utilité qu’on ne man
quera pas d’apprécier, doit nécessairement faire
envisager de bon oeil notre entreprise. Oui, le
jeune comme le vieux praticien ne regarderont,
point indifféremment nos elforts. Nous aurions
peine à croire que parmi ceux qui ont vieilli
sous la bannière d’Hippocrate, il en fut qui pré
tendissent n avoir plus besoin de lire dans un
âge avancé. N ’a-t-on pas dit des livres: ado/escentiam aluni, senectutem oblectant. D ’ailleurs,
il n’est aucune époque de la carrière physioloI.
2.
�=
(i8)
gique qui dispense le médecin de se tenir au
courant des découvertes. Disons plus: tout mé
decin' doit j à l’exemple de Boërhaave, se faire
une loi inviolable de partager son temps entre
l’étude et la pratique. « Ces praticiens ( mémoi
res de l’Acad. roy. de ch. préfac.) que leurs oc
cupations continuelles éloignent de 1 étude, et
dont l'ignorance réduit l’art de guérir à des res
sources connues même du vulgaire; ces prati
ciens qui se parent d’une simplicité séduisante,
regardent avec dédain ceux qui partagent leur
application entre l’étude et la pratique"; ils ins
pirent du mépris pour la théorie, et en impo
sent au public qui n’en saurait connaître futi
lité. C ’est ainsi que l’ignorance la plus grossière
trouve dans la crédulité un moyen toujours trop
sûr pour flétrir le savoir qui peut seul assurer
nos pas. »
Ce serait ici le lieu de parler des praticiens
de la Provence, et de faire entrevoir le degré
d’enthousiasme de chacun d’eux pour la théorie.
Mais il faudrait pour cela des notions qui nous
manquent, et si nous avons présentement à ren
dre justice à des praticiens, c’est aux Marseil
lais. Les plus distingués ont manifesté une joie
bien flatteuse pour nous , en ayant connaissance
de notre projet , et se sont fait un vrai plaisir
de nous encourager. On en jugera par le tableau
de Messieurs les souscripteurs de l ’O bservateur
P rovençal des S ciences M édicales , qui seraimprimé à la fin uu second volume.
P. M. Roux.
�L ’O BSER V A T E U R P R O V E N Ç•>A L
B£S
SCIEN CES
"—
M ÉD ICALES.
■-----
D e l'I n flu e n c e d e q u e lq u e s s c ie n c e s n a tu r e lle s s u r la
P h y s io lo g ie ,
par
M.
Gui AUD
J ils ,
D o c te u r e n
M é d e cin e de la F a c u lt é de P a r i s , S e cré ta ire g é n é
r a l de la S o c ié té R o y a le d e M é d e c in e de M a r s e ille .
3 ? l u s i e u r s Ecrivains , dans des ouvrages juste
ment célèbres , ont su présenter et établir avec une
grande supériorité de talent les rapports qui lient
quelques sciences naturelles avec celle qui a pour objet
l’étude de l’homme vivant. L’étendue de ces rapports,
leur importance plus ou moins grande, les secours
qu’ils prêtent à l’explication de plusieurs phénomènes
physiologiques, rien n’a été négligé par eux, et sous ce
point de vue, celui qui tenterait de féconder de nouveau
le champ qu’ils ont cultivé, n’aurait à recueillir qu’une
moisson bien stérile. Mais tout n’a pas été également
épuisé par ces ouvriers infatigables: dans ce champ
défriché avec tant de gloire , il est quelques recoins
ôù l’on peut glaner encore. Ainsi, dans le tableau
que ces écrivains ont présenté des rapports de plu
sieurs sciences naturelles avec la physiologie, ils
n’ont point assez fait connaître l’influence qu’ont eu
ces rapports sur les théories qui tour-à-tour ont servi
de base à cette dernière. Les résultats de cette in
fluence elle-même n’ont pas été également bien si
gnalés. J ’ai cherché à réunir sur cet objet quelques
�( 20 )
idées susceptibles d’appeler l’attention et d’exciter
l’intérêt. Parmi les nombreux tableaux qu’elles ont
offert à ma pensée, j’ai choisi ceux qui m’ont parti
peindre avec rapidité et concision l’influence tourà-tour exercée par quelques-unes des sciences natu
relles sur celle qui a pour objet l’étlide des phéno
mènes vitaux. Dans l’état actuel de nos connaissan
ces , au milieu d’un siècle où tout est soumis à la
marche et aux progrès d’une saine philosophie , le
regard de l’observateur ne dédaignera pas, peut-être,
de se reposer un instant sur l’objet de mon travail.
Egalement éloigné d’un scepticisme outré et de
l’esprit de système , j ’ai cherché la vérité entre ces
deux écueils; puisse son flambeau répandre quelques
clartés sur les lignes que ma plume va essayer de
tracer !
i .° Il fut un temps où l’homme entièrement livré
à la contemplation des corps planétaires, à l’étude
de leurs mouvemens et de leurs révolutions pério
diques, Crut voir et ;ie tarda pas à établir une
influence puissante exercée par ces différons corps ,
sur les nombreux phénomènes qui constituent spécia
lement la vie de l’homme. L ’attraction planétaire pré
sidait alors aux différens actes de l’économie animale,
et la crédulité avait soumis les fonctions vitales à l’em
pire de tel ou tel orbe lumineux qui, frappant les yeux
d’une clarté plus vive, obtint ainsi dans l’esprit de
l’homme une puissance plus étendue. Les progrès des
connaissances humaines semblaient avoir détruit toutes
les rêveries astrologiques, lorsque le génie bizarre
de Paracelse se plut à les reproduire. Dès son début
dans la carrière , ce fougueux novateur se pro
clame le chef suprême de la science médicale ; blas
phémateur audacieux du célèbre médecin de Pcrgame, il ne rougit pas de livrer aux flamme* du
�( 21 )
bûcher ses écrits révérés, dépôts immortels des trésor*
dit. génie. Dédaignant la marche de la nalnre dans
l’étude des phénomènes vitaux, il ne voit dans
l’organisation humaine qu’une vaste machine astro
nomique, en calcule les mouvemens comme ceux
de la sphère, place de nouveau toutes nos fonctions
sous l’influence des corps planétaires, compose un
élixir de longue vie, se promet l’immortalité, et
meurt à quarante ans flétri par les débauches.
Ecrivain inégal et fastidieux , ses ouvrages n’étincèlent que du feu d’ une imagination déréglée :
monument frappant d’obscurité et d’un mystérieux
néologisme, ils seront toujours rebutés des lecteurs
les plus intrépides , et signaleront éternellement la
grossièreté du siècle qui ne balança pas à leur
imprimer le sceau de la célébrité.
On conçoit quel dut être l’état de la physiologie
sous un homme infecté de tant d’erreurs, et qui
cependant eut encore assez d’adresse pour fixer les
regards de ses contemporains , et réunir autour de
lui, par sa fougueuse éloquence , des hommes ardens
à propager ses systèmes trompeurs. Long-temps on
les vit fleurir parmi les doctrines médicales ; long
temps encore on chercha dans les astres le méca
nisme de nos fonctions, et le sage Observateur de
la nature déplorant l’ascendant de ces erreurs fu
nestes, long-temps a pu dire que tout passait pour
vrai dans les sciences physiologiques, excepté le
vrai lui-mème. Cependant le champ des connais
sances humaines s’aggrandit; des hommes plus sages
étudièrent mieux la nature ; ils apprécièrent mieux
les lois de la vie, et leurs travaux ne tardèrent
pas à dissiper tous les prestiges dont une imagi
nation égarée avait environné la physiologie. Alors
'tous ce* globes lumineux, brillans satellites du soleil
�( 2? )
virent s’éclipser cette puissance sans borne , çpiç
l’ignorance leur avait prêté sur l’exercice de nos
fonctions ; alors l’astrologie paracelsienne fut livrée
au fouet vengeur de la satyre, et tous les sages
esprits se plurent à reconnaître ojie si les corps
planétaires ont quelque influence sur l’économie de
l’homme , ils sont loin d’être les régulateurs su
prêmes de l’harmonie de ses fonctions et des actions
infiniment variées qu’elles exécutent.
2 .0 Si les rapports que l’homme avait admis entre
la science fies astres et la physiologie étaient en
grande partie le produit de son imagination, il
n’en est pas de même de ceux qu’il établit entre
la physiologie et la physique. Le doute ne peut
combattre leur existence ; quoique revêtus de la
force vitale , le corps de l’homme et de l’animal,
en effet, possède plusieurs attributs des objets dont
s’occupe la physique. Ainsi la forme, l’étendue,
l ’impénétrabilité, la divisibilité sont autant de pro
priétés qu’il partage avec les différons corps de la
nature. A ces propriétés purement passives, il en joint
d’autres non moins remarquables, telles que la gra
vitation et la force de cohésion de ses différentes
parties. L ’homme aurait du se borner à recon
naître l’existence de ces attributs dans l’économie
animale, et ne pas, chercher à expliquer par les
lois des corps inorganiques les mêmes phéno
mènes vitaux qu’ il s’était efforcé de soumettre à
l’influence des lois astronomiques. S’il eut toujours
suivi cette marche sévère de l’observation , l’his
toire des connaissances humaines ne présenterait
pas à nos regards des erreurs si multipliées à côté
de vérités si peu nombreuses. Pourquoi ces erreurs
sont-elles trop souvent le partage des hommes pri
vilégiés que la nature a marqué du sceau révéré
�( *3 )
rln génie ? Présentées par eux avee plus d’éclat,
reçues avec plus d’enthousiasme , parce qu’elles ap
partiennent à des esprits supérieurs , elles sont
accueillies comme des vérités , placées au même
rang , et portent une influence funeste au perfec
tionnement des sciences. C’est ainsi que dès le
moment où les connaissances dans la physique eurent
acquis une certaine étendue, dès le moment où
des hommes célèbres entrevirent que quelques-unes
des propriétés des corps dont elle s’occupe , exis
taient aussi dans celui de l’homme, la physiologie
devint, si l’on peut s’exprimer aiusi, entièrement
physique. Alors Bellini, Pitcairn, Borclly soumi
rent au calcul tous les actes et tous les phénomènes
des corps vivans. Bo'érhaave parut ensuite : doué
d’une imagination vive, d’un esprit aussi brillant
que profond et d’une érudition immense, il accré
dite les doctrines physico-mécaniques appliquées à
la physiologie , embellit ces erreurs de tous les
charmes de la vérité, et les pare de tous les pres
tiges de l’éloquence. De nombreux disciples recueil
lent avec enthousiasme, propagent avec rapidité,
défendent avec ardeur ces fictions attrayantes , et
bientôt toutes les fonctions de la vie ne trouvent
plus leur mécanisme que dans les forces qui régis
sent la matière inerte ; le sang ne coule plus dans
ses canaux que sous l’influence de la pésanteur ;
l’organisation de l’homme n’est plus qu’un vaste
assemblage de leviers, de poulies que meuvent à
leur gré l’attraction, la force de gravitation, et les
lois de la statique et de l’hydraulique étendent leur
empire sur l’ensemble des phénomènes qui récla
ment envain celles des corps vivans ; professées dans
un grand nombre d’écoles, entourées de la véné
ration que semblait commander le nom de leur
�( 24 )
auteur, long-temps les théories physico - vitales de
Bo'ërhaave jouirent de cette célébrité attachée aux
systèmes séduisans qui parlent à l’imagination. Il
ne fallait rien moins que les efforts soutenus et
souvent répétés de plusieurs hommes illustres, pour
renverser l’édifice élevé par la main puissante du
médecin de Leyde. Van-Swieten sbn disciple, quoique,
paraissant se complaire à commenter plusieurs erreurs
du maître , porta les premiers coups à sa doctrine
par des théories plus exactes, un jugement plus
sévère et un esprit plus méthodique. Le grand Haller,
qui en étudiant sous Bôërhaave n’avait recueilli que
les germes féconds des richesses de son génie, se
conda les efforts de Van-Swieten , et ses belles re
cherches sur l’irritabilité prouvèrent combien il tenait
compte des lois vitales dans les phénomènes du corps
de l’homme. Le même siècle qui enfanta Bôërhaave
avait vu naître dans l’Allemagne un homme extra
ordinaire , dont la doctrine, comparée à celle de
l’école de Levde, présente le contraste le plus frap
pant; cet homme est le célèbre S thaï. Rejettant toute
idée de physique et de mécanique, le principe vital
forme la hase de sa théorie; l’ame constitue ce prin
cipe ; cette ame est investie par lui d’un pouvoir
autocratique; dominatrice suprême, nos organes sont,
ses ministres, nos fonctions ses sujets. Moteur uni
versel des corps vivans, elle augmente et diminue,
accélère et ralentit, excite et affaiblit tou r-à-tou r
les mouvemens infiniment variés qu’il exécute, pé
nètre toutes les parties de cette force qui les soustrait
aux altérations ordinaires de la matière, et fait res
sentir sa puissance jusque dans les actions les plus
cachées de l’organisation humaine. Consignée dans
de nombreux écrits, proclamée, éteudue et déve
loppée par unç foule de disciples, celte doctrine
�( 25 )
plus pure se répandit dans l’Allerrià'guo; mais doué
d’un esprit profond plutôt que d’une brillante ima
gination , l’auteur ne' connut point l’art, de parer
ses théories de ces riantes couleurs , de cet éclat
séduisant dont étincellent les systèmes de Boërhaavc;
sa plume forte , mais peu flexible ne sait tracer que
des lignes énergiques, et pour découvrir toutes les
beautés qu’elle peint à la pensée, il faut se résoudre
à supporter l’âpreté et toute la rudesse d’une dic
tion véritablement germanique.
Rendue aux lois de la vitalité par l’homme célèbre
dont nous venons de parler, débarrassée des théories
dont la physique s’était plue à l’obscurcir, la phy
siologie semblait marcher dans la route que lui
traçait le flambeau de la vérité , lorsqu’un novateur
hardi , élevé dans le sein de l’Allemagne , paraît
tout-à-coup en France , et vient , pour quelque
temps , replonger la science de l’homme vivant dans
les profonds abîmes des plus confuses hypothèses. Nou
veau Promélhèe , M esm er a ravi le rayon céleste. Il
possède , dans le fluide magnétique , ce lien invisible
qui unit.le «ici, la terre et tous les êtres organisés.
Doué d’une prodigieuse subtilité, ce fluide est l’ame
de la nature ; il donne le sentiment à la matière ;
introduit dans les corps, vivans , il en dirige tou
tes les actions , en règle tous les mouvemens , et
ses particules , infiniment déliées , répandues dans
la texture des nerfs , y produisent les phénomènes
les plus étonnans. Quoique caché dans son essence,
il 11’en est pas moins extraordinaire dans ses effets
sur le corps humain: la médecine trouve en lui la
précieuse Panacée. Auteurs naguères fameux , qui
avez consacré tant de veilles pour signaler à l’homme
les substances propres à combattre les maux qui l’af
fligent , vos efforts sont vaincus , vos travaux éclipsés;
�( 26 )
rayonnant de gloire , Mesmer nous apporte le magné
tisme. Etres souffrans cpii , en foule nombreuse -,
implorez vainement auprès du dieu d’Epidaure une
santé' qu’il ne peut vous rendre , accourez auprès
de la nouvelle divinité ; ralliez-vous aux pieds de
ses autels ; et vous surtout, jeunes femmes , vous dont
la figure pâle, les traits languissans, l’extrême irritabilité et la vive imagination décèlent la prodigieuse
sensibilité qui anime vos nerfs , hâtez-vous , quittez
ces lectures sentimentales où vous cherchez en vain
l’oubli de vos maux ; abandonnez ces jeunes conso
lateurs dont vous vous plaisez à peupler la solitude
de vos boudoirs ; pénétrez dans le mystérieux sanc
tuaire du mesmérisme ; là , tout est fait pour rassurer
vos esprits timides et ranimer votre âme abattue. Un
demi jour séduisant ne porte dans vos yeux qu’une
lumière adoucie , et ne reflète sur vos traits qu’un
éclat fait pour en relever les charmes ; des glaces ,
mille fois répétées , semblent se complaire à multi
plier les objets les plus rians ; des bouquets de fleurs ,
diversement colorées , laissent échapper de leur sein
les parfums les plus doux ; un silence mystérieux règne
au loin , dans cet asyle interdit aux profanes. Toutà-coup un léger murmure se fait entendre ; la divi
nité paraît: rassurez-vous, cœurs timides, elle n’a
rien de redoutable ; sa figure est embellie par l’expres
sion du sourire ; sa voix est flexible et douce ; elle
parle, et ses accens maîtrisent l’attention ; elle appelle,
sur vous le fluide miraculeux ; docile à ses ordres,
il s’élance avec rapidité , pénètre toutes les parties de
votre organisation et vient ranimer vos nerfs- engourdis.
Des signes mystérieux , variés avec adresse , vien
nent frapper vos regards fatigués d’en suivre l’assem
blage confus et l'inextricable labyrinthe. Alors vos
paupières se baisent ; le sommeil vous vers# scs
�pavots, et des songes rians viennent .bercer votre
imagination; alors aussi la sphère de votre intelligence
est agrandie, vous pénétrez les sombres voiles de
l’avenir ; vous chassez pour toujours de vos corps
la noire escorte des maux : frappé à l’en vî d’anathème ,
le dieu d’Epidaure est délaissé , et l’encens ne fume
plus que sur les autels du magnétisme.
Il nefallait rien moins qu’une importante découverte
pour détruire , en partie , le système prestigieux que
M esm er avait élevé. Le g a lv a n is m e vient manifester
ses étonnans phénomènes à l’Europe savante , et mar
quer du sceau de la célébrité l’illustre professeur
de Bologne , qui lui attache son nom. A peine G a lv a n i
a-t-il publié ses premières recherches sur cet agent
extraordinaire , que les regards des physiologistes se
tournent vers lui ; le fluide qu’il a découvert est
soumis par eux à de nouvelles expériences ; le corps
humain semble en être la source et le réservoir ; il
paraît agir à la manière du fluide nerveux ; des
tremhlemens , des secousses sont déterminés par lui ,
sur le cadavre d’un grand nombre d’animaux ; le
corps de l’homme qui a vécu , répond même à des
excitations nouvelles ; touchés par ce fluide , les
muscles de la face se raniment ; les yeux naguères
éteints roulent étincelans dans les orbites ; les dents
s’entre-choquent avec bruit ; les membres s’agitent
sous des mouvemens multipliés , et le physiologiste
charmé , semble ainsi ressaisir la vie sur des corps
que le trépas a marqué de sa faulx. Des effets aussi
extraordinaires ne durent point rester sans influence
sur les doctrines physiologiques. On crut avoir surpris ,
dans le galvanisme, le secret des phénomènes de la
vie ; les fonctions nerveuses , la nature des mouvemens
musculaires parurent alors ne plus offrir des problèmes
aux regards des physiologistes; on comptait sur les
�plus brillans résultats : mais l'illusion n’a pas tardé
à s’évanouir, les espérances ont été déçues, et le
galvanisme a vu détruire les avantages si préconisés,
que ses étonnans phénomènes semblaient promettre*
la science de l’homme vivant. Les fonctions ner
veuses qu’on s’était flatté d’expliquer par ce nouvel
agent , n’en ont pas moins resté couvertes de leur
voile mystérieux ; la vie artificielle qu’il semble
communiquer aux parties inanimées de l’homme et
de l’animal , n’a jette aucune lueur sur l’action des
nerfs et des muscles , dans la. production des mouvemens ; celte action intime n’en est pas moins un
des plus difficiles problèmes pour nous ; et si l’on
excepte la chimie à laquelle le galvanisme offre un
agent énergique pour l’analyse de plusieurs corps ,
l'influence qu’il paraissait devoir étendre sur la con
naissance de la vie s’est graduellement effacée.
Ebranlée au milieu d’une foule de systèmes qui
naissaient et se détruisaient à l’envi , la physiologie
ne reposait donc que sur un appui chancelant: mais
une révolution brillante s’organisait dans le sein des
écoles pour l’asseoir sur ses véritables bases. Des
médecins illustres de Montpellier l’avaient préparée
en attaquant avec force les erreurs accréditées.
L ’Ecole de Paris ne peut rester inactive à la vue de
leurs courageux efforts. Tout-à-coup s’élève au milieu
d’elle un de ces hommes que la nature se plaît à
nous montrer comme des phares lumineux qui éclai
rent la carrière des sciences ; Bichnt paraît , et , dès
ses premiers pas dans le sentier de la physiologie ,
son génie est signalé ; il porte les derniers coups aux
fondemens déjà ébranlés des fausses doctrines, les
renverse, et sur leurs débris élève l’imposant appareil
de la physiologie moderne. Profondément empreints
du talent le plus rare, tous les ouvrages de cet
�( 29 )homme ne laissent plus rien à la louange; depuis
long-temps ils l’ont épuisée. Des mains impures ont
essayé de flétrir sa couronne; mais victorieux de leurs
attaques, Bicliat a marché sans rival; les rayons de la
gloire ont éclairé sa carrière: pourquoi la destinée cru
elle l’a-t-elle si rapidement abrégée? Jalouse d’un aussi
beau génie, la mort le moissonne à 3o ans; veuve d’un
grand homme, la science en pleurs vient arroser sa
cendre ; vainement les clameurs des zoïles retentissent
encore sur sa tombe; la voix de la renommée ne leur
répond qu’en proclamant son nom dans le temple
de l’immortalité.
L a s u ite a u
S X T in P A T lO N
ju g u la ir e
R ey ,
n u m éro p r o c h a in .
d ’ u n e tu m e u r v o lu m in e u s e à la région
e t su r le tr a je t de la c a r o tid e , p a r
P. F.
D o c te u r e n m é d e cin e de la F a c u lt é de P a r i s ,
M é d e c in de l ’o c t r o i, e t C o n s u lta n t des D is p e n sa ir e s de
M a rse ille .
Madame F. R. , âgée de 3a ans , d’un tempérament
sanguin et d’une bonne constitution, née et habitant
C a d a q u ié s , petit port de la Catalogne, à quelques
lieux de Port-Vendre, portait au col, depuis environ
dix ans , une tumeur qui s’était accrue progressive
ment au point de lui être insupportable.
Cette tumeur occupait la région jugulaire du côté
gauche; elle s’étendait de l’oreille jusqu’à un pouce
de la clavicule , et d’avant en arrière de la mâchoire
qu’elle recouvrait en partie, au muscle sterno-mastoïdien qu’elle avait refoulé fortement en arrière.
A l’inspection delà tumeur, je reconnus une loupe
qui, d’après sa forme et sa consistance, me parut
appartenir à la variété des stéàtô m es. Elle était dure,
présentant des bosselures inégales sur différens points
�( 32 )
La tumeur enlevée, il resta une vaste plaie qui
laissait voir la presque totalité ries organes du col
mis à découvert ; une portion de la parotide , pres
que toute la sous-maxillaire , le côté du larynx ,
toute la partie latérale du pharynx, une portion de
l’œsophage, les mouvemens du massetter et des ptérygoïdiens , les battemens de la carotide mise à nu
dans un espace de trois pouces , les pulsations des ar
tères liées formaient un tableau (i) difficile à peindre,
surtout quand les organes de la déglutition furent
mis en jeu par un verre de liquide: on pouvait
en effet suivre de l’œil chaque gorgée de boisson
jusques dans l’œsophage.
L’opération dura dix ou douze minutes. J ’attendis
néanmoins.encore quelques instaus avant de procéder
au pansement : je craignais que le spasme en s’oppo
sant à l’écoulement du sang ne me permît pas de
voir si toutes les artères coupées avaient été bien
liées. Cette idée qui me poursuivait me suggéra un
moyen cpii jne permit de faire une compression
directe.
Le fond de la plaie, dans sa partie supérieure
( i)
C e
.p lu s
ta b le a u
h ard i ,
tu m e u r
ta n d is
ne
en
fe s a it
q u ’il
a
p r o fo n d é m e n t
co n servé
lé r it é ,
don
Si
une
rare
c a p a b le
ne
l ’e x tir p e r
une
gran d
v a ste
que
en
et
d ’e s p r it
d é c o n c e rte r
gu êres
d ’u n
to ta lité
é ten d u e.
s a n g - fr o id
p résen ce
de
p o u v a it
tie r s
,
qui
à
la
e st,
le
c h iiu r g ie n
a tte n d re ,
e n v iro n
de
p r o m e n e r le
C ependan t
jo in t
,
s ’y
le
son
un
et
â
le
q u e la
v o lu m e ,
b is to u r i
D o c te u r
d e x té r it é
pour
vu
très-
R cy
la
o p é ra te u r,
a
cé
u«
t r è s - p r é c ie u x .
co m p te
B o y er,
le s
D e lp e c h ,
c h iru r g ie n s
et
qu’on
e x té rie u r e m e n t
pour
dans
p lu s
le s
le n a c ,
s a illie
le
P a r is
e ffr a y a n t
fa llu ,
et
to u jo u rs
est
c o n sid é ra n t
le s
le s
D u p u y tre n ,
K ic h e ra n d ,
le s
F ag es,
d is tin g u é s :
le s
le s
le s
R o u x ,
le s
L a lle n ia n t,
R ey ,
le s
D u b o is ,
e tc.
,
le s
e tc .;
e t c .,
C a u v ié r e ,
e tc .,
le s
P ercy ,
si
M a r s e ille
a
L a rrey,
po ssèd e
a u s s i d ei
G ir a u d - S t .- R o m e ,
le s M a r tin , e t c . s o u t i e n n e n t , d a n s c e tt e v ille , l’ h o n n e u r d e
Kttte
le s
M o n tp e llie r
la
les
c h îr u r g ia .
du R éd a cteu r Général.
�compresses ; je plaçai de l’autre côté du col, dans
l’endroit diamétralement opposé à la plaie , une ser
viette pliée de telle maniéré qu’elle présentait une
largeur de 4 doigts, sur une épaisseur ati moins
égale; par cé moyen, j’augmentai considérablement
le diamètre transversé, et je pus comprimer autant
que je voulus avec des tours de bandes, sans que
les parties antérieures du col eussent à souffrir de
cette compression. La malade q u i, pour la facilité
de l’opération avait été placée sur une chaise un
peu élevée, fut déshabillée et mise dans son lit. Le
reste de la journée fut tranquille ainsi que la nuit ;
point de sommeil, pouls et chaleur naturels, face
colorée, in fu s io n de t i ll e u l , b o u illo n s . Le i 3 matin, je
Crus, avec raison, que la rougeur de la face tenait
à la compression ; je diminuai celle-ci, etla face revint
à-peu-près à son état naturel. Journée bonne ; e a u de
c h ie n d e n t, b o u illo n s. Lé soir, difficulté d’avaler; lo o ch
a v e c sirop de d ia co d e , d e m i-o n c e .
Le 14 matin, la malade a dormi cinq heures: même
difficulté d’avaler, pour les premières gorgées seule
ment, expectoration glaireuse difficile, pouls accéléré,
( 96 puis. ) , chaleur naturelle, même looch que la
veille, six heures de sommeil pendant la nuit.
Le i 5 , déglutition presque naturelle, pouls 90 pul
sations ; la charpie est enlevée jusqu’aux bandelettes :
journée tranquille, besoin de prendre des alimens
plus solides, b o u illo n s avec addition d ’ u n p eu de
s e m o u lle , même b o is s o n , point de j u l e p 7 de 8 heures
1.
3
Il
�( 34 )
à minuit, sensation douloureuse à la plaie ; à minuit,
sommeil jusqu’au matin.
Le 16, mal-aise , anxiétés, cardialgie, vomissement
dépendans de l’état de grossesse parvenu au troisième
mois. La malade avait soigneusement caché jusques
là cette circonstance (i) de peur qu’elle ne fut un
obstacle à l’opération ; alimens.
Au sixième jour, la totalité de la charpie se détache;
suppuration abondante qui nécessite un second pan
semetrt le soir ; les bords de la plaie sont cons
tamment maintenus rapprochés par des bandelettes
agglutinatives ; du io.me au i 5 .n,e jour, chute des'
ligatures. A la fin de décembre la plaie était cica
trisée , et la cicatrice uniforme n’offrait qu’un demipouce de largeur sur quatre pouces de longueur;
les mouvement de la tète et du col étaient parfaite
ment libres ; et la malade entièrement rétablie et
parvenue au cinquième mois de la grossesse la plus
heureuse, partit vers la fin de -février dans un état
de santé la plus florissante.
E x a m e n a n a to m iq u e de la tu m eu r. Soumise à un
examen méthodique, la tumeur offrit les résultats
suivans : sa forme était» pbronde ; elle présentait
à-peu-près quatre pouces de diamètre dans tous
les sens ; elle pesait vingt onces , en y comprenant
toutefois une petite portion de la parotide et quel
ques fibres du sterno-mastoïdien , qui y étaient adhé
rentes ; elle était formée intérieurement de deux
substances bien distinctes , quoique très-probable
ment elles fussent identiques dans les premiers temps
( i)
M adam e
F .
R .
q u e d e s c in q g r o s s e s s e s
d an v
le s
s iè m e ,
a u tre s
ta n tô t
au
é ta it
a lo rs
à
sa
p ré cé d e n te s, u n e
M adam e
F .
q u a triè m e ,
R .
a v a it
ta n tô t
s ix iè m e
gro ssesse;
s e u le é ta it
a r r iv é e à
co n sta m m e n t
vers
le
s e p tiè m e
il
a v o rté ,
m o is
est
son
r e m a r q u a b le
te rm e
ta n tô t
de
12
n a t u r e l,
au
tr o i
g e s ta tio n .
�( 35 )
de son développement. De ces deux substances ,
l’une était parfaitement conforme à la nature du
lipome ou tumeur graisseuse, c’est-à-dire , qu’elle
était jaune , élastique , formée de cellules de diverses
grandeurs, remplies d’un liquide consistant, . tel
que la graisse ; elle formait à ellè seule la moitié
la plus profonde de la totalité de la tumeur. L’autre
moitié ( la plus externe ) d’une consistance beaucoup
plus ferme et d’une apparence lardacée , pré
sentait des bosselures , et participait sensiblement
de la nature du stéatôme ; enfin dans la partie
centrale , elle offrait des traces évidentes d’une dé
sorganisation semblable à celle qui précède et for.
me peut-être elle seule le cancer. Il me parut alors:
j.° que cette tumeur était dans les premiers temps,
et jusques à l’application réitérée et intempestive
du caustique, un véritable lipome formé d’une subs
tance homogène ; 2.0 que le caustique seul avait
déterminé les changemens qui s’étaient opérés dans
la portion de la tumeur qui en avait été atteinte,
et lui avait fait prendre d’abord le caractère stéalomateux , puis celui de cancer imminent; 3 .°
enfin que quelques auteurs et un assez grand nom
bre de praticiens étaient fondés dans leur opinion,
lorsqu’ils annonçaient que les espèces du genre «Ouptf
peuvent sous certaines influences se couvert® les
Unes avec les autres.
�,
'•
(
36 )
N o t ic e su r là F iè v r e j a u n e , la
P e s te et le T yphus
co n sid érés co m m e n o n c o n ta g ie u x , e tc. p a r M .
D . M . , S é cré ta ire
SÉDILLOT.
g é n é r a l de la. S o c ié té d e M éde
c in e de P a r is , R é d a c te u r du J o u r n a l g é n é r a l de M éde
c in e , M em bre de p lu sie u rs S o c ié té s s a v a n te s , e t c , etc.
Cette notice contient: x.°
u n e lettre d e M .
Sédillot à
M.
A u d o u a r d , p o u r s e r v ir de réponse à des co n sid ér a tio n s sur
la c o n ta g io n d e s jiè v r e s en g é n é r a l, e t s u r c e lle de la fiè v r e
j a u n e e n p a r tic u lie r ;
2.°
f i è v r e j a u n e proposées
des e x p é r ie n c e s p u b liq u e s su r la
au
u n e co p ie te x tu e lle d e M .
g o u v e rn e m en t ;
Hyde de Neuville
3 .°
e n fin ,
à ce sujet.
Un médecin qui déclame contre les non-contagionistes., et qui , deux arts auparavant, prépara les
matériaux qui devaient confondre actuellement sa
doctrine, tel nous est signalé M. Audouard, par
M. Sédillot. En effet, après avoir fait sentir ( p a g . 2)
combien il importe de savoir s’entendre en méde
cine , et par conséquent de donner un sens précis
aux mots v i r u s , m i a s m e , c o n t a g i o n , i n f e c t i o n , M. Scdillot nous apprend ( p a g . 3 ) que l’homme qu’il
combat, lui fournit, dans ses recherches publiées
en 1818 sur la contagion des fièvres intermittentes,
de très bonnes définitions des mots que je viens de
nommer. Or , il résulte de l’explication du mot
v i r u s , dans laquelle ils s’accordent l’un et l’autre,
que, pour qu’une maladie soit contagieuse, il faut
q u e lle
a it u n
v ir u s
v ir u s , u n e f o is
s p é c ifiq u e
tr a n s m is ,
t r a n s m is s ib le , e t q u e
p r o d u is e
une
m a la d ie
ce
se m
b l a b l e . Cela posé, M. Sédillot observe que si, comme
le prétend son antagoniste, la peste, la fièvre jaune,
la fièvre intermittente et le typhus sont la consé
quence des exhalaisons putrides des végétaux et des
animaux dont l’action délétère est augmentée par la
�( 37 )
chaleur, si elles émanent des pays marécageux, elles
ne tirent donc point leur origine de la transmission
d’un virus spécifique d’un animal à un autre. Il
fait ainsi reconnaître à M. Audouard la distinction
entre les maladies par infection et celles par con
tagion ; e t, après avoir consacré cinq pages
lui faire voir combien il est, sur ce point, en
contradiction avec lui-même, et à lui reprocher
l’identité des miasmes procréateurs des maladies
et l’identité des maladies qu’ils produisent, il ter
mine la page n par cette proposition générale:
toutes les J 'o is q u ’i l n ’e x is te r a p a s d a n s u n e m a la d ie
un germ e s p é c ifiq u e ,
o rig in a ire ou d é v e lo p p é , tra n s
m issib le p a r u n e v o ie q u e lc o n q u e d ’ u n in d iv id u m a la d e
à u n in d iv id u s a i n , i l n ’y a u ra p a s
co n ta g io n .
En conséquence, la fièvre jaune et le typhus
ne sont point contagieux; car on ne connaît pas
d’exemples qui justifient la communication de ces
affections morbides , par le contact médiat ou immé
diat d’un individu malade à un individu en santé,
à telle ou telle époque de sa durée. M. Sédillot va
même jusqu’à représenter que la peste n’est point
contagieuse. Nous ne partageons pas cette opinion.
Que le typhus , que la fièvre jaune ne soient point
contagieux, cela devient de jour en jour plus sou
tenable, au point qu’on finira, nous osons le pré
dire, par n’avoir plus qu’une même pensée à ce
sujet ; mais que la peste ne soit point contagieuse,
c’est une chose qu’on ne conçoit pas aisément, et
qu’on ne regardera jamais, ce semble, comme un
fait généralement incontestable. Hé quoi! seuait-il
vrai que nulle part, comme l’avance M. Sédillot,
les pestiférés isolés ou placés loin des lieux infects,
n’eussent communiqué la maladie à ceux qui les
avaient secourus, et que partout la prétendue viru-
�( 38 )
ïence pestilentielle se fut montrée inerte , dès que
les causes locales qui l’avaient produite avaient cessé
d’agir ?
Quand on parcourt l’histoire des principales pestes
connues , on est comme naturellement entraîné par
l’idée de l’existence , dans ce fléau , d’un principe con
tagieux. Envain M. Sédillot voudrait nous per
suader que la peste est uniquement une maladie par
infection, il nous serait possible de le contrarier sur
ce point, par bien des recherches ; nous dirons
seulement que cette terrible maladie est susceptible
d’ètre importée des ports étrangers. La peste qui
affligea Marseille en 5 8 8 , fut apportée par un na
vire qui arrivait d’Espagne , et le théâtre de la dé
solation elcs Marseillais, en 1720, fut ouvert par
un vaisseau venu d’un pays qui était ravagé par
la peste, etc. On objectera que, dans des cas sem
blables , un navire recèle un foyer particulier d’in
fection qui bientôt devient générale, dans une cité
où se rencontre le concours des choses nécessaires
à l’augmentation et à la propagation de l’infection.
Que cette théorie est au premier abord séduisante!
On ne peut en effet s’empêcher de l’adopter, si l’on
11e jette qu’un coup-d’œil superficiel sur la matière.
Mais on change d’avis, si l’on se pénètre bien que
ce concours de choses, l’air impur, les eaux crou
pissantes, les substances végétales et animales en état
de décomposition, ne font qu’entretenir, alimenter,
augmenter le virus pestilentiel , sans lui donner
naissance, ainsi que le pense M. Audouard. Et ou
change d’avis, pour peu qu’on réfléchisse sur la
singularité de la peste qui infecta la ville de Lyon
et une partie de la Provence et du Languedoc en
1628. Les maisons pleines d’immondices étaient,
pour ainsi dire, des lieux de sûreté; les rues étroites,
�( 39 )
les logemens resserrés, les quartiers étouffés, les lieux
qui semblent si propres à recevoir les impressions
de la peste, n’étaient pas les asyles les plus suspects;
c’étaient les collines, les lieux les plus aérés qui
étaient les plus exposés aux ravages de la maladie;
nulle maison n’y était exempte de peste, excepté
celles qui étaient vuides d’habitans, etc. (Jauffret,
pièces histor. sur la peste de J720. )
M. Sédillot croit donner une certaine consistance
à son raisonnement anti - contagieux, en ajoutant
(pag. 12) que le baron Desgenettes s’inocula de
la matière d’un bubon pestilentiel sans prendre la
peste ; que le baron Larrey plongea ses mains dans
les cadavres des pestiférés sans y rencontrer le pré
tendu virus mortifère. M. Larrey a pu braver la peste,
en mettant ses mains en contact avec les entrailles
de ceux qui en avaient été victimes, si, ce qui
paraît vraissemblable, le virus recélé dans un corps
privé des propriétés vitales n’a plus pour être trans
missible les conditions nécessaires qu’il possède dans
un corps qui jouit des lois de la physiologie. Et
nous ne voyons pas qu’il faille révoquer en doute l’exis
tence du virus pestilentiel, parce que M. le baron
Desgenettes ne l’a pas absorbé. Ne sait-on pas qu’il
est des individus chez qui le système absorbant jouit
de plus d’activité que chez d’autres ? Quel est le
médecin qui ignore que la syphilis, bien caractérisée
sans doute par un virus , peut n’attaquer que deux
ou trois individus parmi un plus grand nombre
soumis au même contact virulent? A ces motifs nous
ajouterons qu’en 1811, nous eûmes occasion, à Rakovitza, sur les frontières de la Turquie, de lire
dans un journal, que trois médecins venaient de
■s’inoculer la peste à Constantinople, et nous apprîmes
quelque temps après qu’ils avaient ( si la mémoire
�L
( 4° )
ne nous trahit pas ) été victimes tous les trois de
leur acte de courage et de dévouement.
Mais, sans nous creuser la pulpe cérébrale pour
donner une idée de l’invalidité des preuves sur les-r
quelles M. Sédillot fait reposer sa doctrine de la
non-contagion de la peste, il suffit de citer un pas
sage de M. Nacquart, dont il fait les plus grands
éloges, et avec juste raison, pour avoir bien traité
l’artiole Contagion du dictionaire des sciences médi‘
cales. « Il est vraisemblable, dit M. Nacquart, que
ce ne serait pas par insertion, ainsi que l’a essayé
M. le baron Desgenettes, que l’on parviendrait
à transmettre le virus de la peste, puisque les sur
faces ulcérées et en suppuration, loin d’ouvrir une
voie plus facile à son absorption, ont paru préserver
de la contagion. Cette observation faite autrefois par
Galien, renouvellée par Fabrice de Hilden, Paré,
etc. , a été de nouveau- confirmée par M. Larrey,
Il suffirait alors de mettre une pièce de linge ou
de vêtement quelconque, imprégnée de virus, en
contact avec la peau, pour pratiquer l’inocula
tion......... »
L ’auteur de l’intéressante lettre dont il s’agit, en
abordant enfin la réfutation des considérations de
M. Audouard, sur la contagion des fièvres en gé
néral , consacre les six dernières pages à différons
détails auxquels il serait superflu de nous' arrêter,
dès qu’ils tendent uniquement à établir le contraire
d’une théorie qui , tout bien considéré, ne saurait
faire des prosélites.
Dans la seconde partie delà notice qui nous occupe,
nous voyons M. Deveze qui fit une étude appro
fondie de la fièvre jaune aux Etats-Unis , soutenir que
si elle n’est point contagieuse, on doit changer ou
modifier les lois sanitaires contre ce fléau. En con-
�( 41 )
séquence, il propose au gouvernement des expéri
ences, pour qu’on parvienne à décider, d’une ma
nière positive, si la fièvre est ou n’est pas contagi
euse , et il établit en principe q u 'e lle n e l ’est p o in t ;
q u ’e lle n 'e s t p o in t im po rtée ; q u ’e lle se d év elo p p e co m m e
to utes les épidém ies p a r des ca u s e s
lo c a le s ;
q u e le s
m esures sa n ita ires q u 'o n p r é te n d l u i o p p o ser, n e s o n t
propres q u ’à la f a i r e n a îtr e e t à
la ré p a n d r e , e t d o i
v e n t être chan gées.
Sans nous permettre de juger de la nature de
ce redoutable fléau , nous insistons fortement sur
tout ce qui peut nous mettre à l’abri de son in
vasion , bien que nous regardions comme très pal
pables les raisons que l’on a alléguées en faveur
de la non-contagion.
Quelque singulière que paraisse d’abord cette ma
nière de voir , elle n’est pas moins justement con
ciliatrice , ne compromettant ni les intérêts de la
science, ni ceux si précieux de l’humanité, et elle
est bien fondée, si la fièvre jaune, considérée comme
une maladie par infection, est susceptible de se dé
velopper dans nos contrées maritimes, à l’occasion de
l’arrivée d’un navire dont l’équipage en serait at
teint , alors qu’elles réuniraient les conditions fa
vorables à la multiplication progressive de l’exotique
foyer d’infection.
La dernière partie de la notice concerne M.
Hyde de Neuville, ministre du Roi aux Etats-Unis ,
qui, sans être médecin , s’est livré par goût, et peutêtre pour l’intérêt de sa santé , à l’étude des sciences
médicales, pendant plusieurs années , ce qui l’a mis
dans le cas d’observer, en homme instruit, la
fièvre jaune dans diverses contrées ou elle règne ,
et de se convaincre, d’une manière presque péremp
toire, qu’elle n’est point contagieuse. Aussi , a-t-il
�lU lICiU CU l
p 1
.1y
JU
UIVIIIUIIU
ijlll
1C3
UA|JC11CIU.C9
proposées par M. Deveze à son Excellence le Mi
nistre de l’intérieur.
P. M. Roux.
Op z
N
i o N d e M. le P r o fe s s e u r B A U M KS
s u r la fi è v r e j a u n e .
Nous fûmes chargé de faire à la Société Royale
de Médecine de Marseille sur la notice qui précède,
un rapport dont nous n’avons donné ici qu’un extrait,
et qui, dans la séance tenue par cette Compagnie,
le 3 janvier dernier, excita une discussion des plus
instructives sur la contagion ou non - contagion de
la fièvre jaune. Les Membres de la Société ont eu
l ’avantage d’entendre , dans cette séance , un des
plus illustres Professeurs d’une Ecole depuis long
temps célèbre. Sans doute, nous ne saurions être
l’interprète fidelle de son éloquence ; m ais, nous
aurons rempli noire but, si (au moment où la fievfe dont il est question fixe généralement l’attention
des observateurs ) nous retraçons comme il faut les
propositions que M. Baumes a avancées -sur cette
maladie. Simple narrateur dans cette occurrence, nous
sentons qu’il ne nous appartient pas plus de cen
surer le savant professeur de Montpellier, que de
faire son apologie.
La fièvre jaune est, suivant M. Baumes, entière
ment exotique et ne prend jamais naissance sous le
ciel de la France. Ce professeur soutient que ceux
qui pensent le contraire l’auront confondue avec la
fièvre bilieuse des climats chauds.
Il regarde la fièvre jaune comme éminemment
/
�( 43 )
contagieuse, mais non pas toujours au même degré
d’intensité. La contagion est plus ou moins forte,
plus ou moins marquée, suivant la période de la
maladie , suivant le degré de la décomposition qu’é
prouve la masse des humeurs. Plus cette décompo
sition est prompte, plus la maladie devient redou
table ; la contagion porte avec elle un caractère
d’autant moins virulent, sa marche est d’autant plus
lente que la fièvre est plus légère.
Ce n’est pas dans le premier temps de la fièvre
jaune qu’on observe ordinairement la contagion ,
mais bien dans la troisième période, alors que le
sang est profondément altéré et que les autres flui
des subissent cette dégénérescence qui change leur
action en dénaturant leurs propriétés.
Il en est, ajoute M. Baumes, de cette affection
comme de la phthisie pulmonaire qui , nullement
susceptible , dans les deux premières périodes , de
se transmettre d’un individu à un autre, devient
contagieuse à la troisième période , alors que le tissu
des poumons se désorganise et que les fluides qui
le traversent, comme ceux qui le pénètrent passent
à l’état de décomposition et acquièrent cette acreté ,
cette alkalescence qui les rendent propres au déve
loppement de la contagion.
C’est aussi à la dégénérescence humorale et no
tamment à celle du sang qu’il faut attribuer la
coloration de la peau dans la fièvre jaune. La bile
ne joue qu’un rôle très accessoire dans la produc
tion de cette couleur. Celle-ci ne dépend que de la
sérosité du sang , plus ou moins altérée comme ce
fluide, suivant l’intensité de la maladie.
Les lésions du foie que l’on observe chez les indivi
dus qui ont succombé à la fièvre jaune, ne prouvent pas
que la bile colore la peau, dans cette affection,
�( 44
)
puisque l’analyse chimique n’a pu encore constater
la présence de ce fluide dans le tissu cutané.
Ces liuüUff?', comme celles de plusieurs autres or
ganes dans differentes maladies, doivent donc être
regardées comme consécutives et étrangères à la
nature de l’affection principale.
P. M. Roux.
Op i n i o n
de
M a r tin iq u e
M. L e f o k t , M é d e c in
, sur
du R o i
à
la
la n o n -c o n ta g io n e t n o n -im p o rta tio n
de
la J iè v r e j a u n e ,
M.
Jean Sédillot,
p u b lié e
a vec
des
n o tes par
M . C o n s u lta n t de la m a is o n R o y a le
de S t. D e n is , M em b re d 'u n très g r a n d n o m b re d e S o
c ié té s m é d ic a le s e t litt é r a ir e s , f r a n ç a i s e s et étrangères .
C
e t t e
Lefort,
brochure intitulée:
C o rresp o n d a n ce d e M.
m é d e c in d u R o i à la M a r t in iq u e , s u r la ,fiè v r e
présente d’abord une lettre à M. Sédillot,
dans laquelle M. Lefort exprime qu’en peu de temps,
il a pu s’appercevoir qu’il eut tort jadis d’être contagioniste , et déclare ouvertement qu’il espère, avec
quelques années de pratique et d’observation de plus,
être à même de faire a m e n d e h o n o ra b le .
Vient ensuite un mémoire où se trouve motivée
l’opinion de M. Lefort sur la non-contagion de la
fièvre jaune.
Voici un extrait des argumens sur lesquels repose
cette opinion :
i .° 667 hommes traités, dans un an, de la fièvre
jaune , au Fort-R oyal, ne la communiquèrent à
personne.
2.0
Nombre de bàtimens arrivés de France au
Fort-Royal, en 18x1, ont eu plusieurs hommes atteints
ja u n e ,
�( 4^ )
delà maladie, sans avoir eu de relation avec d’autres
batimens, ni communique avec Ja terre.1
3 .° Des soldats et des marins en ont été affligés ; il*
n’avaient fréquenté personne qui en fut attaqué, et
ne l’ont point propagée.
Des détails très intéressans accompagnent ces faits;
et M. Lefort prétend, à l’égard des médecins français,
tels que MM. Gilbert, Cailliot, Bailly, etc., qui,
ayant vu la fièvre jaune, lui reconnaissent un prin
cipe contagieux, qu’ils ne l’ont vue qu’à la dérobée,
etc. Il leur oppose MM. Deveze, Dalmas et Valentin
qui ne l’ont pas observée seulement pendant une
ou deux campagnes, mais bien pendant i 5 ou 20
ans, et se plait à citer les médecins Peyre et Gauberl
qui n’ont rien publié sur cette maladie, mais qui,
depuis longues années, ayant occasion d’en faire
une étude approfondie, sont loin d’admettre la con
tagion. Il allègue aussi M. Luzeau, chirurgien en
chef de Saint-Pierre, qui n’a pas d’autre sentiment. '
L ’auteur s’attache ensuite à ce fait relatif au brick
le Palinure et au brick anglais l’Incarnation , que
M. Moreau de Jonnés présente comme favorable à
l ’idée de la contagion. Il établit qu’un tel fait n’est
rien moins que concluant, et qu’interprété dans le
vrai sens , il devient une preuve de plus en faveur
de la non-contagion. M. Sédillot corrobore ces asser
tions par une note remarquable, sous le rapport de
plusieurs réflexions très judicieuses.
Il faut le dire, M. Sédillot est louable de réunir
ses efforts pour faire des prosélytes, dans une opi
nion qu’il croit plus naturelle que celle, peut-être,
trop encore généralement reçue ; il est louable d’en
tasser matériaux sur matériaux, pour atteindre ce but.
Mais, en terminant sa brochure par une note de
laquelle il conste que la fièvre jaune a attaqué plua
»
•
•
r
-j
^
�( 46 )
sieurs individus à Marseille, en 1811; qu’il y eut
onze victimes , et que trois ou quatre malades gué
rirent , n’avons-nous pas lieu d’être surpris? Nous
ne sachons pas qu’aucun des Membres de la Société
Royale de médecine de Marseille , y ait vu régner
alors la fièvre jaune. Il est vrai que MM. les docteurs
Seux et Segaud assistèrent à la consultation qu’on
fit à cette époque pour le Chambellan signalé dans
la lettre rapportée par M. Sédillot ; mais ils n’ob
servèrent aucun caractère de fièvre jaune. Nous
sommes loin de vouloir par celte remarque, affaiblir
la véracité de l’auteur de cette lettre ( t ) , toutefois, il
nous semble que les faits qu’il annonce aujourd’hui
méritaient plutôt une très grande publicité par l’in
térêt qu’ils inspirent, lors surtout qu’on ne cesse
de s’occuper de la fièvre jaune et de rechercher
scrupuleusement, depuis quelques années, ce qui
peut en faire découvrir la nature........
Quoiqu’il en soit, désirons que des nouveaux faits
nous éclairent au point d’avoir une entière convic
tion de la non-contagion, ce qui nous parait devoir
se réaliser un jour. Mais, pour cela, écoutons de
préférence les médecins q u i, exerçant sur les lieux
où règne habituellement la fièvre jaune, sont dans
•le cas de bien observer, d’observer long-tems, et s’em
pressent de communiquer avec candeur le résultat
de leurs travaux.
P. M. Roux.
( i)
D ’ ap rès d e
avan cer
la
\
m é d e c in e ,
fa its
so rte
n o m b r e u x r e n s e ig n e m e n s q u e n o u s
h a rd im e n t
ra p p o rtés
par
le
que
la
M a r s e ille ,
dans
p assage
c e tte
p lu p a r t
en
1 8 1 1 ,
le ttr e .
s u iv a n t
des
qu’on
p erson n es
n ’o n t
S e u le m e n t,
lit ,
eu
avons
qui
p r is ,
n u lle m e n t
s o n t- ils
p a g , 03 et
nous
e x e r c e a ie n t
6 4
pouvons
lé g a le m e n t
c o n n a is s a n c e
ju s tifié s
du
en
rap p o rt
des
q u e lq u e
su r
1s®
�( 47
Ma n
)
de tra ite r le s m a la d ie s s y p h ilitiq u e s a n c i
iè r e
e n n es ou dégénérées ; tirée d ’u n e d isse rta tio n de
M.
Jean-Victoire-IIonoré
M.
G
,
a n d y
D.
M . et
C.
m em bre des sociétés m é d ic a le s de L y o n , M a r s e ille ,
M o n tp e llie r
e tc , etc.
C e mode de trailement qu’on nomme a r a b iq u e
parce qu’un arabe l’a communiqué à l’Hôtel-Dieu
de Marseille , a été si efficace dans plusieurs affec
tions syphilitiques anciennes , ou dégénérées, que
M. Gandy a cru devoir en faire Je sujet d’une dis
trav a u x
de
an nées
18 15
„
„
la
N o tre
jo u r n a l
S o c ié té
et
c o llè g u e
„
en
„
ja m a is
eu
a ffe c tio n
de
B érau d
d ’u n
ch ez un
a ig u ë ,
C e tte
l ’ im p r e s s io n
d ’un
„
n is s e
hoquet
„
le
„
o b serve
»,
est
à
qui
en
ont
qui
fu t
e x tr a o r d in a ire m e n t
„
p a r a ît
que
sa
c e tte
é té
fu r e n t
que
„
de
„
et
„
fiè v r e s
„
deux
„
la
„
l ’ E s p a g n e . . . . .........»
et
V o tre
où
se
dès
ja u n e s ,
n’a
p lu s
dès
a
lu i
pendant
le s r
de
de
dans
et
ju in ,
a
et
cau se
é ta n t
jo u r ,
ca ra c tè re
m êm e
la
m o rt
par
s ix
de
un
s o le il
ja u -
eut
lie u
M . B érau d
et
a u tre s
l ’é t é
pendant
que
L a
c o n ta g ie u x ,
chez
cou ran t
e t,
n ’a y a n t
p r e m iè r e
é c h a u ffé .
et
le
observé,
m é la n c o liq u e .
sy m p tô m e s n e r v e u x .
le
sec,
d é ta ils ,
q u ’ il
c o m p le x io n ,
d ’a u tre
aucun
é té
gran d s
in q u ie t
corp s
d iv e r s
eu
p lu s
ja u n e ,
fo r te
tr o is iè m e
de
n’a
en
d’une
son
le
le s
fiè v r e
c a ra c tè re
chez
a tte in ts
gén éral
qui
ont
qui en
de
e x a c te s,
p e rm e ttra
en
d é ta ils
de
vous
é té
a
c o m m u n iq u é
m o r te lle s
p a r e ille m e n t
de
de
q u ’i l
m a la d e s
1 8 11 ;
le q u e l,
le s
p resq u e
au ssi
fiè v r e s
d o u te r
18 11.
f
que
é c la ir e n t
la
p r in c ip e
ne
y
a u tre
su r
v é r it a b le
son t
a jo u te r
ce
au
é té
m o is s o n s
ard en t
en
r 8 11,
par
fo i.
le s
en
se
chez
tr o u b le s
jo u r ,
deux
le s
que
de
c ir c o n s ta n c ié e *
N ous
et
C es
p r é d is p o s a n te
n u lle m e n t
ja u u e
o b s e rv a tio n s
d o u z iè m e
c o n ta g ie n x .
cau se
p o in t,
fiè v r e
deux
et
jo u r ,
o c c a s io n n é s
ja u n e s
d o iv e
au ssi
h u itiè m e
m êm e
sans
c h a g rin s ,
q u ’o n
nous
le
v ic tim e s ,
v io le n s
pour
au
aucun
s p o r a d iq u e m e n t
o n t é té
o b s e r v a tio n ?
a m p le s
M a r s e ille ,
an s,
fr o id ,
chaud
m o is
m a n ife s tè r e n t
c o n c e n tr a tio n
ces
le
rem arq u é
in d iv id u s
assez
M a r s e ille ,
tr o p iq u e .
S e c r é ta ir e
l’o n
pas
nous
le
fiè v r e s
M a is
de
i
b r û lé e s
sou s
eu
ja u n e
q u ’il
é g a le m e n t
„
de
avec
ou
d ’un
l’ a p p a ritio n
fiè v r e
lu ,
38
et
s u r v in r e n t
c o n n a is s a n c e
,,
„
h u m id e
ap rès
a
m a is
n ’a v o ir
a ir
v in g t- u n iè m e ,
M é d e c in e
ic te r o ïd e ,
hom m e âgé de
m a la d ie
„
le
vous
ty p h u s
„
et
de
:
M .
h is to r iq u e
18 11,
A c a d é m iq u e
18 14
d é s ir o n s
a tte n d a n t
s o it
que
on
d é v e lo p p é e
�t 48 )
sériation inaugurale de 16 pages in 4.0 (août 1817.)
Le raisonnement de ce médecin est persuasif, et
les faits qu’il produit très-concluans ; il annonce
que la plupart de ses confrères, à Marseille, ont
employé le traitement arabique avec succès , et le
regardent même comme infaillible dans certains cas.
Sans trop préconiser une méthode que des mains
inhabiles ne doivent point diriger , nous croyons
qu’il est important d e là retracer, n’étant presque
pas connue , surtout dans le nord de la France où
nous ne sachons pas qu’on l’ait utilisée , si ce n’est
à Lyon, depuis peu.
« Ce traitement , dit M. Gandy, consiste dans le
régime et les remèdes.
Le régime exige de soumettre rigoureusement les
malades, pendant 20, 3 o , 40 jours, et rarement
davantage , à se nourrir uniquement de gallettes
et de fruits secs et torréfiés , tels que noix , noi
settes , amandes , etc. ; à ne boire ni eau, ni vin,
ni aucun autre liquide que la décoction de salse
pareille.
( La sévérité de ce régime n’ayant pas pu coiv
venir à tous les individus , on a autorisé quelque
fois une côtelette grillée , ce qui est encore fort rare,
vu les exemples nombreux de personnes délicates
qui l’ont supporté jusqu’au terme le plus long. )
Les remèdes se composent de pilules , d’une opl
ate et d’une tisane.
Pilules A rabiques. P r e n e z : r a c in e d e pirêtre,
s é n é , a g a ric p u lv é r is é s ,
de c h a q u e , u n e
o n c e ; mer
c u r e , rn uriate su r-o .rig é n é d e m e r c u r e , d e c h a q u e , de
m i-o n c e ; m i e l , q u a n tité su ffisa n te.
F a ite s
q u a tre
e t soir.
selo n l ’a r t ,
u n e m a sse p o u r des p ilu le s dt
e t de s i x g r a i n s , d o n t o n d o n n era u n e matin
�OPIATE Arabique.
ces ; s q u i n e , trois
P r e n e z : s a ls e p a r e ille , s i x o n
o n ces ; écorces de n o isettes
torré
fié e s , un e o n c e ; g ir o f le s , d e u x gros ; m i e l , q u a n tité
su ffisa n te.
F a ite s selo n l 'a r t , a r e c le s su b s ta n ce s ci-d e ssu s ré
d u ites en poudre ,
u n e o p ia te d o n t la dose e st de s i x
g r o s , m a tin et soir.
T
is a n e
.
P r e n e z : s a ls e p a r e ille , d e u x
trois p in te s ; f a i t e s
tie r s ,
b o u illir j u s q u ’à
on ces,
eau,
r é d u ctio n
d ’un
et c o u le z .
L’administration du traitement se dé'termine de
la manière suivante :
Le malade devra prendre une pilule matin et
soir, de quatre ou de six grains , selon les circon
stances , et boira , par-dessus la pilule, un verre
de tisane: une heure après la pilule, on lui don
nera six gros de l’opiate , et immédiatement un se
cond verre de tisane. Il suivra strictement le ré
gime prescrit et n’aura d’autre boisson que la tisane.
Ce mode de traitement peut varier suivant l’âge,
le tempérament des malades , l’intensité et l’anci
enneté de la maladie. Le médecin doit juger , dans
sa sagesse, les circonstances qui exigent de diminuer
la dose des pilules ou d’en suspendre l’usage pour
les reprendre ensuite. En un mot c’est à lui à mo
difier le traitement en se rapprochant, le plus qu’il
est possible des règles générales indiquées ci-dessus.
Il est une remarque essentielle à faire relative
ment aux pilules. Comme il est constant que la cause,
qui force à en diminuer la dose , ou à en suspendre
l’usage, est ordinairement la salivation, l’expérience
de l’IIôtel-Dieu et celle des praticiens ont démontré
que cet accident dépend le plus souvent de ce que
les pilules sont récemment préparées; ce qui n’arrive
pas, ou bien rarement, avec des pilules confeci.
4
�( 5o )
données depuis deux ou trois mois. Ceci dépend,
sans doute, de ce que le muriatç sur-oxigéné de
mercure, par ce laps de temps, continuant d’ètre
en rapport avec le mercure cru, ou avec les autres
substances qui entrent dans leur composition, y perd
de plus en plus son principe corrosif et prend un
caractère de muriate de mercure doux. »
N
otice
s u r l ’e m p lo i d u p o iv re cu b è b e d a n s la blen
n o r r h a g ie , p a r le D o c te u r M a r t i n ,
P r o fe s s e u r de
l ’E c o le S e c o n d a ir e de M é d e c in e d e M a rse ille .
L'E xpérience a depuis long-tems démontré que,
quelque soit la cause des écoulemens gonorrhéiques,
l’affection locale est presque toujours la même ; que
le plus souvent celle-ci résiste aux remèdes spéci
fiques employés directement contre la cause déter
minante , et que , dans beaucoup de cas , la mu
queuse de l’urètre acquiert un tel degré de re
lâchement, qu’il en résulte des écoulemens passifs
ou atoniques, déterminés , sans doute, par l’usage et
l’abus même des boissons rafraîchissantes ; ce qui a
fait dire, avec juste raison, que le traitement com
plet de la gonorrhée devait être considéré sous
deux points de vue: i.° la cure de l’affection lo
cale; 2.0 la destruction delà cause ou du virus qui
à donné lieu à la maladie. D’après ce principe, il
est évident que toute médication qui aura pour ré
sultat certain la guérison de l’affection locale, devra
nécessairement entrer en première ligne dans la thé
rapeutique d’une maladie q u i, pendant très lorigtems , semble avoir résisté à tous les moyens les plus
lie'roïques. C’est aussi dans cette intention qu’on *
�( Si
)
tour-à-tour proposé pour le traitement de la gonor
rhée, mais seulement dans la seconde période de
l’inflammation , l’emploi des cantharides à l’intérieur,
la ciguë, l’opium, la colophane, le quinquina et
autres remèdes toniques plus ou moins énergiques.
Découragés par une méthode si souvent employée
sans succès, les praticiens , et notamment les méde
cins anglais, ont eu recours aux injections de toute
espèce, et dans toutes les périodes de la maladie;
mais une semblable méthode ne pouvait long-temps
prévaloir et , quoiqu’en dise le docteur Mérat
de l'efficacité des injections vineuses pour la guérison
de la gonorrhée, il est facile de voir combien est
chanceuse cette méthode que d’ailleurs les nombreuses
coarctations du canal de l’urètre, qui eh ont été la
suite, ont fait presque entièrement abandonner.
Il n’en est pas de même du baume de copalm
dont Pison a le premier fait usage pour la guérison
de la gonorrhée. Ce remède qui parait agir spéci
fiquement sur la membrane muqueuse de l’urètre,
est d’autant plus efficace que l’irritation de la mem
brane est plus forte et que d’ailleurs on l’emploie
dans la première période de la maladie. A cette
époque surtout , il dissipe d’une manière très
prompte les symptômes les plus alarmans et calme
presque instantanément les douleurs insupportables
qu’éprouvent ceux chez lesquels l'inflammation est
très vive, et auxquels l’opium même ne procure
aucun ' soulagement. Les succès obtenus jour
nellement de l’emploi de ce baume l’ont fait,
adopter par presque tous les praticiens ; les uns
plus timides en ont fait usage à très petite dose et
seulement après avoir soumis leurs malades , pendant
plusieurs mois , à un régime des plus relàchans ; les
autres , moins nombreux peut-être, mais pénétrés de
�( 52 )
cette vérité pratique qu’il convient d’arrèler les prn.
grès d’une affection locale dont on pourra plus
tard attaquer la véritable cause déterminante, n’ont
pas craint de le prescrire dans le début de la ma
ladie , et de le porter à la dose de trois à quatre
gros par jour, jusqu’à parfaite guérison. Parmi ces
derniers, on doit citer le restaurateur de la chi
rurgie du m idi, le professeur Delpech , comme un
des plus zélés propagateurs de celte méthode qu’il
a presque exclusivement employée et toujours avec
un succè‘S qui ne s’est jamais démenti, soit à l’hos
pice des vénériens, soit dans sa brillante pratique
civile.
Quelqu’eflicace que soit cependant le baume de
Copahu dans le traitement de la gonorrhée, il est
pourtant bien certain que les malades le prennent
avec la plus grande répugnance, à cause de l’odeur
insupportable qu’il laisse après lui , et du dégoût
qu’il provoque, sous quelque forme et de quelque
manière qu’on l’administre. Ces inconvéniens eussent
été sans doute insuffisans pour en proscrire l’usage,
ou du moins pour en diminuer les partisans, si le
piper cubeba dont l’action est peut-être plus prompte,
l’odeur bien moins- désagréable et l’emploi beaucoup
plus aisé ne l’eut remplace^avantageusement.
Le poivre cubèbe, fruit du piper cubeba , fleurit
dans l’ile de Cuba ; on l’emploit comme anti-gonorrhéique, parce qu’on lui a trouvé une certaine ana
logie avec le baume de • copahu. Au rapport de
•Tean Grawfurd, chirurgien de la Compagnie des
Indes au Bengale ( i) , il parait que depuis quelques
( I )
V .
de
A n n a le s
la
c lin iq u e s
n e u v iè m e
s é r ie ,
de
la
Cah.
S o c ié té
de
ju ille t
de
et
m é d e c in e
août
de
1 8 1 9 .
M o n tp e llie r ,
T,
�( 53 )
années les Médecins Européens qui pratiquent
à l'ile de Java , font usage, avec le plus grand succès,
du poivre cubèbe pour guérir la gonorrhée, ainsi
que tous les écoulemens muqueux plus ou moins
intenses qui en sont la suite. Un officier de l’armée
des Indes ayant employé inutilement tous les remèdes
possibles pour une blénorrbagie qu’il avait contractée
en remontant le Gange, fut guéri en peu de jours
en prenant du poivre cubèbe, d’après le conseil d’un
Indien qu’il avait pour domestique. De retour à Java,
ce militaire en fit part au chirurgien de son régi
ment, et dans peu de terns, ce remède fut utilisé,
non seulement par tous les Médecins Anglais et
Hollandais qui habitaient l’ile, mais encore par
tous ceux de l’escadre qui, en 1816, vint en pren
dre possession.
On trouve dans un nouveau recueil périodique (i)
l’analyse chimique du cubèbe, par M. le professeur
Vauquelin, de laquelle il résulte que les graines
de cubèbe contiennent:
i .° Une huile volatile presque concrète ;
2.0 Une résine semblable à celle du baume de
copahu ;
3 .° Une petite quantité d’une autre résine colorée;
4.0 Une matière gommeuse colorée;
5.
° Un principe extractif analogue à celui qui se
trouve dans les plantes légumineuses.
6. ° Quelques substances salines.
Une analogie aussi parfaite entre les propriétés
de cette substance et celles du copahu, la certitude
acquise que les Indiens l’emploient depuis quelque
temps pour la guérison de la gonorrhée, devait
(1)
R evue
m é d ic a le
h iito r iq u e
et
p h ilo s o fiq ite ,
I .r e
a n n é e , 4 .m e
liv r a is o * .
�nécessairement porter les médecins à faire des essais,
afin de s’assurer des véritables effets de ce poivre'
dans les maladies que l’on .combat avantageusement
avec le copahu. A cet effet, des expériences ont été
faites publiquement dans l’hôpital Saint - Elol de
Montpellier, par M. Delpech, et le résultat a cons
tamment répondu à l’idée qu’on avait eu des pro
priétés anti - gonorrhéiques de cette substance qui
non seulement remplace , d’une manière efficace , le
baume de copahu , mais n’a aucun des inconvénient
de c elu i-ci, outre qu’il est moins cher et qu’on
peut s’en procurer avec plus de facilité.
Le poivre cubèbe mis en poudre très fine et
déjayé dans un peu d’eau se donne cinq à sis
fois par jour, à la dose d’un gros, un gros et demi,
et même deux gros. J ’en ai prescrit plusieurs fois
trois drachmes, et jusques à quatre , que le malade
prenait cinq à six fois dans la journée. Il convient
«le se priver, pendant l’usage de ce remède ,■ de
liqueurs alcooliques et de toute espèce d’allmcns
échauffans. Bientôt l’écoulement diminue, les douleurs
se calment et disparaissent, le fluide muqueux de
l’urètre n’est plus aussi épais, devient limpide et
finit par cesser. A cette époque, il ne faut point
discontinuer le iraitement, car il est hou d’ob
server que , si l’on suspend l’usage «lu cubèbe , à
la première apparence de guérison, l’écoulement
renaît, malgré «que la maladie parût entièrement
guérie. 11 est «loue nécessaire alors «le l’employer
encore sept à huit jours , en ayant le soin,
toutefois , d’en diminuer insensiblement la dose,
jusqu’à ce cju’enfin on n’ait plus à craindre de ré
cidive.
Il survient quelquefois dans le courant du trai
tement , quelques tranchées, des yomissemens, h
�( 55 )
diarrhée ou même un peu de fièvre. Il faut aussitôt
suspendre l’emploi du remède et prescrire une tisane
adoucissante, telle que celle d’orge, de chiendent,
de graines de lin ou autres de même nature , quel
ques lavemens émolliens et un régime analogue.
Bientôt le calme se rétablit et l’on reprend le
traitement, ainsi qu’il vient d’ètre prescrit. S’il sur
venait une simple fluxion à l’un des testicules, qui
donnât lieu à un engorgement qu’on nomme assez
improprement gonorrhéocèle , il ne faudrait pas pour
cela discontinuer le traitement: cette inflammation
n’est point produite par l’effet du poivre, mais bien
par l’imprudence du malade qui aura négligé de
porter un suspensoir indispensable dans une pa
reille circonstance.
On conçoit ( x) qu’après avoir guéri l’affection
locale ou la blénorrhagie proprement dite, il faut
nécessairement attaquer la cause ou le virus qui a
pu la déterminer. C’est ainsi que , dans les écoulemens syphilitiques, par exemple, il est prudent de
soumettre le maiade à un traitement anti-vénérien ,
soit par les frictions mercurielles, soit par la li
queur de Van-Swieten, ou même par le sublimé
sous forme pilulaire, etc. En suivant de tels préceptes,
on n’a point à craindre l’apparition dç ces symp
tômes consécutifs de vérole, qui pourraient bien se
( i)
C e tte
r e m a r q u e q u i fa it s e n tir t o u t le m a l q u e
le s ,p e r s o n n e s é tr a n g è r e s à l ’a r t
m é d i c a l o c c a s i o n e r a i e n t i n f a i llib le m e n t , e n a d m in is t r a n t le p o iv r e c u b é b e ,
d o c te u r
M a r tin
par
p u b lic a t io n
la
rep roch e
que ,
a
l’ab ri
dans
de
du
sa
une
rep roch e
n o tic e ,
p a r e ille
qu’on
m is
p o u r r a it
une
épée
o c c a s io n ,
M .
lu i
e n tre
A stru c
ad resser,
le s
fît
m a in s
au
m e t le
d’a v o ir ,
de
gran d
fo u
*
B o ë-
rh aave.
Rote du Rédacteur Général.
�(
56 )
déclarer plus tard, si l’on n’avait le soin d’attaquer
la maladie jusque dans sa racine.
D’après ce principe, il est évident que le poivre
cubèbe peut être employé dans tous les écoulemens passifs du canal de l’iirètre. On le donne aussi
avec avantage chez les femmes qui sont atteintes de
gonorrhée, malgré que le siège de la maladie ne
soit point dans le conduit .urinaire ; seulement les
effets du cubèbe sont peut-être moins prompts dans
ce cas, mais il n’agit pas moins bien si l’on a le
soin d’en prescrire l’usage le temps nécessaire.
Tout ce que je viens de dire dans cette courte
notice, est fondé sur les expériences les pliis exactes
et les mieux avérées, la réputation du Professeur
distingué qui a lui-m ême exclusivement adopté
cette méthode de traitement dont il est un des
premiers propagateurs, doit engager tous les pra
ticiens à l’employer pour la guérison d’une
maladie qui trop souvent résiste atout autre mo
yen.
Je pourrais citer en faveur de ce! nouveau pro
cédé, un certain nombre d’observations que j’ai eu
l’occasion défaire, depuis quatre ou cinq mois que
j ’ài adopté à Marseille le poivre cubèbe ; je pourrais
dire que j ’en ai retiré des effets qui ont constam
ment surpassé mon attente; je pourrais ajouter aussi
que si quelquefois les écoulemens n’ont point cédé
dans les premiers jours de l’emploi de ce remède,
c’est que les malades ne le poussaient point à
une assez forte dose, et que même par négligence
ils oubliaient de le prendre régulièrement, ainsi que
je l’avais prescrit ; mais les bornes d’une notice me
forcent de renvoyer à une autre époque la publi
cation des faits que j’ai pu recueillir. D’ailleurs il
est probable que le professeur Delpech qui prépare
�( 5y )
en ce moment un ouvrage sur la chirurgie, ne man
quera pas de faire connaître le résultat de ses re
cherches sur cette matière importante.
O b s e r v a t io n s
de
M. P
Pelletier,
r e la tif à
d e s d în e r s
n itr a te s
o u t e t
, su r
l ’a n a l y s e
de
le
rap port d e
des h u ile s ,
au
M.
m oyen
M ercu re,
C ’ e s t en me félicitant de ce que M. Pelletier ,
mon honorable collègue de la société de phar
macie de Paris , a daigné s’occuper de l’examen
de mou procédé pour reconnaître la falsification
de l’huile d’olive ( i ) , et de l’analyse chimique
du réactif employé à cette opération , que je me
permettrai d’ajouter quelques observations à son
intéressant travail. Les résultats qu’il en a ob
tenus sont si précis, que je dois être le premier
à les apprécier , quoique j’aie déjà fourni à ce
chimiste distingué les détails analogues à ceux qui
vont être l’objet de cette notice: si toutefois M. Pel
letier ne les a pas publiés, c’est qu’il a bien voulu
condescendre au désir que je lui ai manifesté , de
ne leur donner de la publicité qu’après de nouvelles
expériences. Des occupations m’ayant privé de les
lui adresser en définitive , j ’ai cru devoir les insérer
ic i, persuadé qu’ils pourront être utile à la localité.
( i)
de
C e
p ro céd é
d ix m in u te s
avec
96
en
gram m es
r e p o s . S i l’ h u ile
e lle e s t
p lu s
de
on
q u 'o n
à
a g ite r
m in u te s ,
d ’ h u ile
est
fa ls ifié e ,
flu id e
c o n sis te
d ix
dans
8
d ’o liv e q u ’o n
p u re ,
e lle
se
a
a jo u té
de
fio le ,
c o n g è le
l ’ h u ile
au
à la
pendant
n itra te
veut essa yer,
a p p e r ç o it le le n d e m a in
y
une
gram m es d e
a c id e
et de
bout
su rfa c e
d’ œ ille t .
de
deux
de
h eu res,
m ercu re
la is s e r c e m é la n g e
6
à
sep t
h eu res.
d e s m é la n g e s ,
,
en
Si
d ’a u ta n t
�( 58 )
On verra que nous ne différons avec M. Pelletier
que sur quelques points de fait et que son ana
lyse publiée dans le journal de pharmacie, fe'vrier
1820, m’a conduit à des résultats que je n’aurais
point obtenus , sans les précieux détails du rapport
qu’il a présenté à la société de pharmacie , et dans
lequel ce chimiste avoue qu’il a parfaitement réussi
à l’analyse des huiles, au moyen de ma nouvelle
instruction.
J ’entre en matière: j ’ai donné à mon réactif la
dénomination de per-nitrate acide de mercure. Les
membres du comité consultatif des arts et manufac
tures , auxquels je l’avais désigné sous ce nom , l’ont
nommé nitrate acide. On a pu se convaincre qu’à
la rédaction du tableau proportionnel , j’ai adopté
cette dernière dénomination.
En résumant les observations de M. Pelletier
sur la composition de mon réactif , ce chimiste
annonce qu’il contient du deuto-nitrate ( ou pernitrate de mercure ) et du proto-nitrate de ce métal
avec excès d’acide. Le deuto-nitrate ne lui a pas
concrété l’huile d’olive ; de l’acide ajouté en excès
à ce dernier réactif ne l’a pas rendu plus efficace :
il a reconnu que le proto-nitrate seul produisait l’effet
désiré. M. Pelletier conclut que la concrétion de
l’huile d’olive s’opère, dans ce dernier cas, avec moins
d’énergie qu’avec mon réactif qu’il considère essen
tiellement comme un proto-nitrate acide de mercure,
quoique mêlé de per-nitrate, et dans lequel le proto
nitrate est toujours dominant. M. Pelletier conseille
aussi défaire dissoudre à froid, dans l’acide nitrique,
des cristaux de proto-nitrate mercuriel et reconnaît,
avec franchise , que son réactif doit être employé
dans les proportions de 10 centièmes, au lieu de 8
centièmes , sur l’huile qu’on veut analyser.
�( h )
Si la préférence que M. Pelletier accorde au protonitrate pur est seulement basée sur ce que mon
réactif, selon lui , cristallise jusqu’à 1/4 de son vo
lume , il existe entre nous une différence de faits
trop notables , pour que je n’aie pas tâché d’en con
naître la cause. Ce chimiste a même observé que la
quantité de cristaux fournis est en raison des masses
en dissolution. Mais M. Pelletier ne dit pas si, en
petite masse , il n’y a que peu ou point de cristaux,
et si , en plus grande quantité que celle résultant de
l’emploi de 7 onces et demie d’acide nitrique et de
6 onces de mercure, il obtient , dans ce dernier cas,
le quart des cristaux dont il s’agit. Quoiqu’il en soit,
M. Pelletier assure que la liqueur surnageante opère
toujours l’effet désiré pour l’analyse des huiles. Il
ne s’agit donc ici, dans l’intérêt de la science, que
de développer les causes de celle cristallisation nulle
ou partielle.
Yoici le résultat de mes expériences : la tempéra
ture étant à 12 degrés Réaumur sept onces et demie
d’acide nitrique à 3 8 degrés , agissant à froid sur
six onces de mercure , avec production de calorique
durant la dissolution (la fiole étant pleine aux deux
tiers) , ont fourni une liqueur d’épreuve, qui , après
son refroidissement, a produit 8 grammes ( 2 gros)
de cristaux 5 agissant à des températures plus basses,
et d’après ces proportions, j’ai obtenu jusqu’à 16
grammes de nitrate cristallisé. En été, il est rare que
quelque cristallisation se manifeste dans les dissolu
tions , avec les doses ci-dessus prescrites de mercure
et d’acide nitrique.
Opérant aussi à la température de 12 degrés ,
dans la même journée et avec le même acide, au
cun dépôt de cristaux n’a eu lieu , en fesant agir
2 onces de mercure avec 2 onces et demie d’acide
�(
)
nitrique. Pendant l’effervescence, il s’est moins pro
duit du calorique que dans les essais précédons, et
par conséquent il s’est peu dégagé du deutoxide
d’azote.
D’où vient donc la formation d’un quart de cris
taux que M. Pelletier a obtenu ? Cela tiendrait-il à
ce que ce chimiste aurait opéré sur une plus grande
masse que celle de i 3 onces et demie de substances
eu dissolution ? Dans ce cas, le calorique se serait
dégagé avec plus d’intensité ; le deutoxide d’azote au
rait été plus abondamment mis à nu ; de là une plus
grande quantité de cristaux produits.
Mais de ce que le principe de la fluidité de mon
réactif est fondé sur l’excès d’acide, puisqu’un nitrate
de mercure, à parties égales d’acide et de métal,
se concrète en masse après le refroidissement , il est
très-facile de l’avoir tout-à-fait fluide , même pendant
l’hiver, en augmentant de 16 grammes (demi-once)
la dose d’acide nitrique, et en employant 8 onces
de ce dernier sur 6 onces de mercure. Mais on verra,
d’après les observations suivantes , qu’il n’est pas
convenable d’augmenter la dose de l’acide , pour le
succès de l’analyse des huiles.
Voulant reconnaître les effets du proto - nitrato
acide de mercure , j’ai fait bouillir , suivant M.
Thénard , du mercure en excès sur de l’acide nitrique
étendu. J ’ai donc pesé 3 parties d’acide nitrique à
3 8 .°, et 4 parties de mercure; j’ai étendu l’acide de
2 à 3 parties d’eau distillée ; je l’ai combiné avec
le métal et le tout a été soumis à l’ébullition. La
dissolution concentrée rougissait le tournesol, quoi
qu’un globule de mercure eut échappé à l’action
du dissolvant. Les cristaux obtenus après le refroidis
sement étant isolés du liquide, qui surnageait , j ’en
ai fait dissoudre dans deux fois leur volume d’acide
�( fit )
nitrique à 3 8 .° : cette dernière* dissolution à la dose
d’un dixième , m’a parfaitement concrète l’huile d’oli\ e ; celle-ci essayée concurremment avec la même
huile traitée par mon réactif, a été bien plutôt con
gelée. Dans cet état, je trouve le proto-nitrate de M.
Pelletier plus énergique que mon réactif. S’il n’en
eut pas été ainsi , la théorie de M. Pelletier se se
rait trouvée en contradiction, car si c’est le protonitrate qui agit, nul doute que mon réactif, qui
est un composé des deux nitrates au minimum et au
maximum d’oxidation du mercure , soit moins éner
gique que le proto-nitrate seul. Ces différences d’ac
tions du proto-nitrate de M. Pelletier et de celui que
j ’ai préparé, ne peuvent provenir que de ce que j’ai
dû ajouter plus d’acide que dans les essais de ce
chimiste qui n’en prescrit pas les proportions $ on en
jugera par le fait suivant, aussi curieux qu’impor
tant sous le rapport de la science et de la bonne
préparation du réactif pour l’examen des huiles.
Si l’on mêle mou nitrate de mercure avec un égal
poids d’acide nitrique, le mélange acquiert tout-àcoup une légère couleur verdâtre; il se produit un
dégagement de deutoxide d’azote. Ce sur-nitrate a
une telle action pour la concrétion de l’huile d’olive,
qu’elle est congélée dans i heure 3/4, au lieu de
6 à 7 heures qui sont nécessaires pour opérer cette
congélation avec le réactif ordinaire ; mais si dans
un essai isolé , on combine le même réactif avec
10 centièmes d’huile d’œillet et 86 centièmes d’huile
d’olive , on n’ohtient qu’une congélation plus tardive
et une concrétion moins forte , sans un phénomène
bien distinctif de la présence de l’huile de graines.
Ainsi. un nitrate plus actif que celui dont je sais
satisfait , 11e conviendra pas , puisqu’il concrète les
mélanges d’huile de graines, et qu’un proto-nitrate
�(62)
peu acidulé qui serait, selon M. Pelletier , moins.éner
gique que mon nitrate acide, 11e concréterait peutêtre pas les huiles de Tjfrnàs et autres huiles d’olive,
qui pourraient être désignées comme contenant de
l’huile de graines , lors même qu’elles seraient pures.
Il faut donc qu’un hon réactif fasse arriver jus
tement à la congélation des huiles d’olive connues.
Le deuto-nitrate ou per-nitrate préparé d’après
Thomson , en fesant bouillir un excès d’acide ni
trique faible sur du mercure jusqu’à ce que j’en
aie obtenu une masse cristallisée jaunâtre , ne con
crète aucunement les huiles d’olive , quand même
on combinerait ce réactif avec le double de son poids
d’acide nitrique j ’ai observé seulement, comme M.
Pelletier, un précipité rouge au fond des fioles. La
dissolution de 3 parties de deutoxide de mercure et
de 4 parties d’acide nitrique, opérée à froid , 11e
concrète pas non plus l’huile d’olive : il se produit
aussi au fond des vases un précipité rouge qui paraît
n’être que du deutoxide de mercure. Un bien plus
grand excès d’acide ajouté à ce per-nilrate ne la
congèle pas davantage.
Telles sont les expériences qui constatent, comme
l’a observé judicieusement M. Pelletier, que le proto
nitrate de mercure seul concrète l’huile d’olive ,
lorsqu’il est avec excès d’acide , et que le deutonitrate, dans quelque état qu’il soit, n’a d’autre ac
tion que de précipiter en rouge dans l’huile d’olive
qui reste fluide et transparente ; qu’enftn mon réactif
est un composé de ces deux nitrates, et si j’ai dit
qu’il contient un nitrite , c’est parce qu’il tâche la
peau en rouge; que, suivant Thénard, le protonitrate ne la tache pas ; que , d’après ce chimiste ,
l’acide sulfurique concentré occasione un dégage
ment prompt de gaz nitreux, là où il y a un nitrite,
�(
63 )
propriété qu’a mon réactif; et que ce dégagement
n’a pas lieu en fesant agir l’acide sulfurique sur le
nitrate de mercure parfaitement neutre de Zaboada.
Comment se fait-il que, dans ce dernier cas , cet
acide n’opère pas l’expansion du gaz nitreux ?
D’après tout ce qui précède , et notamment sur
la trop grande énergie qu’a le prolo - nitrate acide
de mercure , lorsqu’il est dissous dans un grand ex
cès d’acide nitrique , et en considérant que ce sont
les justes proportions de cet acide qui régularisent
les effets du réactif, je crois devoir m’en teuir à
mon nitrate mixte décrit dans cette notice et dans
mon instruction. Jusqu’à ce que M. Pelletier veuille
bien éprouver l’action de son proto-nitrate sur les
huiles de graines et sur les combinaisons de ces huiles
avec celle d’olive, il faut qu’avec un réactif qu’on
croira préférable à celui que j ’ai proposé et dont
la préparation est très-simple, on observe tous les
phénomènes décrits dans mon tableau proportionnel,
avec les quantités d’huile d’olive ajoutées à celles de
graines.
J ’ajouterai à ces observations que le mélange de
mon réactif avec parties égales d’acide nitrique , a
la propriété, à la dose de 1/12 sur les huiles employées,
défaire connaître la quantité d’huile d’olive, lors
que celle d’œillet s’élève jusqu’à la dose de So
centièmes. Le mélange se congèle à la moitié de
son volume, tandis qu’avec le réactif ordinaire il
reste totalement fluide. Si l’on mêle seulement i 5 cen
tièmes d’huile d’olive avec 8 5 centièmes de celle
d’œillette et qu’on traite ce mélange par ce sur-nitrate,
la stéarine de l’huile d’olive se précipite le lende
main en grumeaux aux parois de la fiole, au-dessus
du dépôt régulier de la substance concrète de l’huile
d’œillet , moyen qui pourrait faire reconnaître la
�présence d’une petite, quantité d’huile d’olive dans
celle de pavot , si toutefois cette dernière de
venait un jour plus précieuse et alors susceptible
de falsification , époque qui me paraît encore éloignée
par rapport aux effets du cruel hiver de 1820.
L’analyse de M. Pelletier est on ne peut plus in
génieuse : elle fera époque dans la théorie trop ha
sardée de l’oxigène q u i, dans ce cas , n’est pas, à mon
avis , le seul principe solidifiant des huiles, puisque
l’acide nitrique qu’on fait agir à chaud sur l’huile
d’olive , la concrète après le refroidissement , sans
qu’il y ait, durant le chauffage, dégagement de
deutoxide d’azoLe.
Nul doute que ce soit alors les principes constituans de l’acide nitrique ( l’azote et l’oxigène ) qui
concretent la pommade oxigénée et anti-herpetique
d’Alion. L’épaississement spontané des huiles recen
ses qui semblent se rapprocher des propriétés du
suif, ne serait-il pas également dù aux principes
constituans de l’air atmosphérique dans lequel l’azote
est excessivement dominant ? Je soumets ces réflexions
aux chimistes , en me promettant de consacrer quel
ques instans à la solution de cette question qui me
parait de la plus haute importance pour la chimie
moderne.
Enfin , M. Pelletier termine par établir cette pro
position : « de faire connaître ce qui se passe dans
l’action du proto-nitrate de mercure sur l’huile d’o
live. Cela tiendrait-il, dit ce chimiste , à la différence
des proportions de stéarine et d’élaïnè dans les huiles
diverses. »
Ma réponse à ces deux questions est facile. Le
proto-nitrate de mercure concrète l’huile d’olive,
parce que celle-ci contient infiniment plus de stéa
rine que l’huile d’œillet qui paraît, à la précipita-
�( 65 )
don par le réactif , n’en receler qu’un sixième de
ce que peut contenir celle d’olive, laquelle recèle
très peu d’oxigène ; d’où il suit qu’il ne passe qu’une
faible portion de proto-nitrate de mercure à l’état
de deuto-nitrate, et qu’il reste toujours assez de ni
trate au m in im u m pour opérer la concrétion de cette
huile; ensuite que l’huile d’œillet étant très oxigénée
et bien plus chargée d’élaïne que celle d’olive, con
vertit tout-à-coup une forte portion de nitrate au
m in im u m à l’état de deuto-nitrate , changement qui
s’explique par la fluidité des mélanges et par la pro
duction des précipités rouges qu’on aperçoit quel
ques jours après au fond des vases qui contiennent les
huiles de graines traitées par le réactif.
Poutet .
WVVWWVVVVVVWWWVVWWV/VV'VVVWW X
/X
/X
/X
/
ANALYSE
DU
JO U R N A L
DES
C O M PL É M E N T A IR E
SCIENCES
DU
D IC TIO N A IR E
MÉDICALES.
( C a h ie r d e j a n v i e r
182t.
J
R ien sans doute n’est plus fastidieux que l’analyse
d’un journal quelconque ; mais l’homme qui veut
être utile surmonte facilement l’ennui qui naît d’un
pareil travail, et la pensée que pour atteindre ce
but, il était difficile de mieux choisir que le journal
co m p lém en ta ire
d u d ic tio n a ir e des s c ie n c e s m é d ic a le s
que le talent bien reconnu de ses collaborateurs a placé
parmi les journaux de médecine les plus estimés
�( 66 )
delà capitale, est seule suffisante pour le dédommager
de ses peines.
Nous devons nous borner dans un travail de cette
nature à extraire les idées mères de chaque article
sans nous permettre la moindre réflexion ; si nom
parvenons à le faire avec clarté et concision , nom
croirons avoir rempli la tâche que nous nous som
mes imposée.
R
e l a t io n
abrégée d ’u n voyage f a i t e n A n d a lo u sie ,
1819,
p e n d a n t l ’é p id é m ie de
par
A. Ma z e t ,
D . M.
C’ est conjointement avec M. le D. Pariset, que
l’auteur de cette relation fut chargé par le gouver
nement d’aller observer la maladie qui ravageaii
l’Andalousie en 1819. x.° C o n sta te r la n a tu r e de h
m a la d ie
ven u e ;
rég n a n te ; 2 °
3.°
s ’ in fo r m e r c o m m e n t e lle état
d é te r m in e r
pou r em pêch er q u e lle
ce
ne
q u ’i l
y
v in t c h e z
a u r a it
nous
à fain
; tel étail
l’objet de cette mission importante.
Le terme du voyage de ces deux médecins recom
mandables devait être Cadix: ils n’attendirent pas
d’y être arrivés pour être convaincus que c’était 11
lièvre jaune qui y régnait. A peine entrés dans Sé
ville où , d’après le résultat de leurs informations,
celte maladie avait été apportée par une femme ar
rivée de l’ile de Léon, cela fut tout-à-fait hors dt
doute pour eux. Mais ce ne fut qu’à Cadix qu’ils
l’observèrent pour la première fois , et qu’ils purcri
vérifier ce que les auteurs ont écrit sur les symp
tômes et les altérations pathologiques de cette cru
elle maladie. Leurs observations sont à cet égaré
conformes à ce cpte nous connaissons de plus po
sitif , et la seule particularité qu’ils aient remarqué,
c’est l’état où se trouvaient les poumons. « Ces orga-
�( (>7 )
nés, dit M. Mazet, avaient un aspect analogue à
celui qui s’observe clans le cas d’apoplexie; ils élaient
volumineux, crépitans , d’unë couleur noire violacée
et gorgés d’iin sang noir et épais. »
Après avoir indiqué sommairement lés sytnptômes
et les altérations• pathologiques qui furent observées
dans cettë épidémie, M. Mazet nous apprend que
les médecins espagnols ri’bnt pu encore découvrir
une méthode Curative dont l’efficacité soit constante
et qu’ils firent la médecine des symptômes. Quant
au traitement préservatif, ils sè bornèrent aux fumi
gations d’acide nitrique et d’acide muriatique oxigéné, persuadés qu’ils étaient, que le seul moyen
dè se préserver de la fièvre jaune, c’est de fuir
promptement les lieux ôù elle régné.
Fixés sur la nature de la maladie, MM. Pariset
èt Mazet s’occupèrent de savoir comment la Jlèvre
jaune était venue en Andalousie. Les détails dans
lesquels M. Mazet entre à cet égard , prouvent qu’elle
a été apportée en 1819, à l’île de Léon , par le
vaisseau du roi le St. Julien ; que de là elle s’étendit
à Cadix, Xérès , Séville et envahit toute l’Andalou
sie , etc.
Ce récit est interrompu par une digression sur
l'organisation des juntes de santé en Espagne, aux
vices desquelles M. Mazet attribue la fréquence de
l’invasion de la fièvre jaune dans èe beau pàys.
L ’auteur rappelle ensuite la doctrine particulière
de quelques médecins d’un grand mérite de Cadix,
laquelle établit que le germe de la fièvre jaune n’est,
pour ainsi dire, qu 'endormi pendant la saison froide,
et n’attend que des circonstances peu comVuéif dont
la plus active, selon eux, est une température éle
vée, pour produire de nouveau la maladie. C’est ici
lë lieu de parler de deux notes, dans l’une desquelles
�y
( 68 )
l’auteur dit, que la fièvre jaune n’est pas toujours
semblable à elle-même, et dans l’autre q u e l l e est
ou
n ’ e st p a s
c o n ta g ie u se ,
s u iv a n t
le
pays
où
elle
principe auquel il est conduit par
les faits que les partisans de ces deux opinions con
traires, citent chacun à l’appui de leur manière de
voir, qui ne devrait pas être exclusive, parce que
aucun d’eux n’a observé la fièvre jaune , et eu
Amérique où il paraît qu’elle n’est pas contagieuse,
et en Andalousie où le contraire a lieu.
Convaincu par des faits aussi nombreux que bien
observés de l’importation et conséquemment de la
contagion de la fièvre jaune, M. Mazet conseille,
pour empêcher qu’e//e n e v ie n n e c h e z n o u s ., de
prendre les mêmes mesures que celles mises en pra
tique dans nos ports contre l’invasion de la peste
dont il ne conçoit pas qu’on ait pu nier la con
tagion. Vainement quelques médecins regardent
ces mesures comme funestes ou pour le moins inu
tiles; M. Mazet répond avec force: « oui, la fièvre
jaune peut nous être apportée; oui, elle peut l’être
par un ou plusieurs individus, quand même ces
individus ne seraient pas actuellement atteints de la
fièvre jaune-, » et pense que le seul moyen de nous
en préserver, c’est d’établir des lazarets, seuls lieux
convenables pour faire faire des quarantaines aux
individus, et soumettre tous les objets de cargaison
qui peuvent receler le germe de la maladie, à tous
les moyens connus de purification. Il est fâcheux,
sans doute, qu’on ne puisse avoir recours qu’à des
moyens qui gênent le commerce; mais M. Mazet répond
à cela : , s a lu s p o p u li su p rem a le x .
se d é v e lo p p e ,
�( 69 ')
N o t ic e sur B ag n ères de B igarre e t ses é ta b lissem e n s
d o cte u r L iquiÈre , m é d e c in à
( Troisième et dernier article. )
D a n s les deux premiers articles , l’auteur a parlé
des causes générales qui ont porté préjudice aux
établissemens thermaux de Bagnères ; le but de celuici est de les rétablir dans leurs anciens droits , et
pour y parvenir , M. Liquière y rappelle les faits
transmis par Bordeu , et ceux de‘ sa propre expé
rience , qui prouvent l’efficacité de ces eaux. Mais
comme ces faits sont peu susceptibles d’ètre analysés ,
nous nous contenterons de rapporter les conclusions
que l’auteur tire de chacun d’eux.
I. Des six premiers , dont quatre lui appartiennent ,
et deux à Bordeu il résulte pour lui que les eaux de
Bagnères sont un remède héroïque contre les rhu
matismes qui ont éludé les secours de l ’art les mieux
combinés. Ces eaux, selon l’auteur, é lim in e n t l ’élé
m e n t rh u m a tis m a l par les selles , les urines et les
sueurs.
II. La 7e. observation, suivie de deux observations
de Bordeu , qui prouvent que les eaux de Barèges
sont plutôt nuisibles qu’utiles dans les affections du
cerveau contre lesquelles on pourrait avoir recours
aux eaux de Bagnères , offre un exemple de l’effi
cacité de ces dernières dans une céphalalgie des
plus violentes, avec dégoût de la vie, projet de
suicide, vue obscurcie, insomnie, inappétence ,
langue légèrement chargée , etc. , M. Liquière pense
que dans ce cas : ta n d is q u e les b a in s d é tr u is a ie n t
th e r m a u x , p a r le
A u tu n .
l ’é lém e n t n e r v e u x , la
b oisson des e a u x , e n s u s c ita n t
d 'a b o n d a n te s u rin es e t la lib e r té c o n tin u e lle du v e n tr e ,
a ffa ib lis s a it la f l u x i o n
tio n sa n g u in e.
e t d im in u a it p a r - là la conges
�( 7° )
JII. L’observation 9e. est rapportée par M. Liqnière
pour prouver que des maladies qui , à Bagnères ,
sont aggravées par l’usage de l’eau minérale d’une
source , peuvent guérir ou être soulagées , dans la
même ville , par celui de l’eau d’une autre source.
Il s’agit dans cette observation d’une douleur violente
fixée depuis long-temps à la région hypogastrique,
maladie résultante , d’après lui , de l'élément dour
loureux et de l’élément gastrique , sous la forme
chronique , que les eaux de Bellevue ne firent qu’ag
graver et qui fut considérablement diminuée par
l’usage des eaux de Salut. Il ajoute plus bas que si
dans les exemples que rapporte Bord eu ( pag. 202 et
2 3 3 ) les eaux des fontaines Salut et du Pré ont été
.préjudiciables, celles de la Reine de la Bassière ,
eussent pu emmener un résultat favorable, à moins
que l’affection idiopathique des poumons ne fut ar
rivé à ce degré où tout remède devient inutile.
IV- Les quatre observations qui font le sujet de ce
chapitre, ont pour but de détruire la croyance oit
l’on est généralement que les eaux de Bagnères ne
peuvent rien contre les plaies , les blessures et tout
ee qui y a rapport.
V. Dans ce chapitre , M. Liqnière s’attache à
prouver, toujours par des observations dont la plu
part sont tirées de la pratique de Bordeu, que les
eaux de Bagnères sont un remède efficace contre
les maladies essentiellement atouiques , dans celles
dépendantes de la présence des matières saburrales , contre l’irritation sous la forme chronique,
l’ictère qu’il nomme primitif ou élémentaire, les
maux de nerfs, vapeurs , histérieie , etc. à l’état
chronique, dans les fluxions élémentaires chroniques
soit de la tête , de la poitrine , etc. Le rhumathisme
dont Vêlement facilement attaquable par les eaux de
�( 71 )
Bagnèrés , doit êlre soigneusement distingué de 1-'é l é
m e n t goutteux contre lequel toutes les eaux minérales
connues seront toujours nuisibles.
D e
la m é d e c in e
e x p e c ta n te
a p p liq u é e
a u x m a l a d i e s a i g u ë s d e la p o i t r i n e
M. C
a s t e l
au
ca ta rrh e
et
en général ; p a r
.
L’intention de l’auteur de ce mémoire est de dé
montrer les avantages de la médecine expectante dans
le catarrhe et les maladies aiguës de la poitrine. Pour
y parvenir, il commence par noter les inconvéniens
cjvi doivent résulter dans le traitement de ces affec
tions , de l’emploi tics recettes empiriques et du
préjugé vulgaire qui porte à regarder le punch ,
et autres boissons stimulantes comme le meiJleur
moyen de guérir le catarrhe. Il indique ensuite la
plupart des théories dont le temps a fait justice, et
entre dans quelques considérations pour prouver le
peu de fondement de la doctrine des écoles modernes,
qui consiste à ne voir dans l’inflammation qu’un dé
veloppement de la vie. C’est cet excès prétendu de
la vie , qu’on confond dans ces derniers temps avec
l’irritation , qui indique aux partisans de cette hy
pothèse, la nécessité d’agir dans les phlegmasies, et
le précepte général de la saignée de laquelle on
serait plus avare, d’après M. Castel, si l’on lésait at
tention que dans un grand nombre de ces maladies,
l’inflammation n’est que le résultat d’une utile réac
tion , et dans d’autres , un épiphénomène ou un
symptôme accessoire.
La théorie de Boërhaave sur l’inflammation lui
paraît moins obscure et plus conforme aux lois de
la physiologie. M. Castel paraît préférer à toutes
les autres cette théorie à laquelle il fait subir
�ilM':
ü.f
quelques modifications ; et fesant ensuite l’applica
tion de ses données sur l’inflammation à l'étiologie
des maladies aiguës de la poitrine , il lui reste dé
montré que ce n’est point l’irritation qui attire plus
de sang dans la membrane muqueuse interne , dans
les poumons , la plèvre , etc.; que l’irritation ne com
mence dans cés parties que lorsque le sang et les
autres liquides y sont amassés , et que la disposition
à l’inflammation n’est pas seulement relative aux
proportions de la sensibilité et de l’irritabilité.
Il passe ensuite en revue les remèdes qu’il com
prend sous la dénomination d’évacuans, et d’après
leur manière d’agir et son expérience, il affirme tpie
les purgatifs sont tout-à-fait contre indiqués, que
les émétiques, quoique moins dangereux et même
quelquefois utiles , n’en doivent pas moins être bannis
du traitement des maladies aiguës de la poitrine ainsi
que le kermès qui n’a aucun des avantages des émé
tiques avec tous les inconvéniens des purgatifs.
Les vésicatoires et les .ventouses lui paraissent tenir
le milieu entre une médecine très active et la mé
thode de l’expectation.
M. Castel termine son mémoire par l’exposé des
succès qu’il a obtenus de cette méthode dans le trai
tement du catarrhe et des maladies aiguës de la
poitrine pendant plusieurs années de pratique dans
un des hôpitaux militaires de la capitale , méthode
utile à laquelle il ne fut conduit d’abord que par
sa timidité et son irrésolution.
�( 73 )
des noies dont le traducteur français a enrichi l’ou
vrage du docteur Hufeland. Il y expose en consé
quence qu’après quelques réflexions sur les théories
en général, M. Bousquet passe à la discussion des
opinions les plus récentes sur les scrofules, qui con
sistent l’une, à regarder cette affection comme le
résultat de l’atonie du système lymphatique, et l’autre
comme le produit de l’irritation de ce même système.
La conclusion que M. Bousquet tire de cet examen,
que les scrofules doivent être classées parmi les ma
ladies spécifiques , ne lui paraît vrai que sous un
point de vue. Il entre à cet égard dans quelques
considérations qui le portent à croire que par la
diathèse ( ce mot étant pris dans son acception pri
mitive) qui les caractérise, les scrofules doivent
être rapportées à la classe des maladies spécifiques;
tandis que par les affections locales qu’elles font naître,
elles se rattachent aux affections par irritation.
Les principes en tout conformes aux idées de M.
Corvisart sur les crises des maladies , que M. Bous
quet oppose à la théorie des anciens , reproduite par
M. Hufeland, sur la force médicatrice de la nature,
lui paraissent du plus haut intérêt pour la pratique,
et M. Bousquet a rempli une lacune qui déparait
l’ouvrage du docteur allemand , par l’exposé des tra
vaux de MM. Bayle, Delpech et Laënnec, dont il
ne partage pas l’opinion sur l’origine des tubercules.
Ces derniers ne sont, d’après lu i, que des dégénérations des parties qui en sont le siège.
M. Bousquet pense avec MM. Baumes, Portai ,
Tuilier, que le goitre peut dépendre de la diathèse
scrofuleuse, mais qu’il ne reconnaît pas toujours
cette cause , et contre l’opinion de Bordeu , qu’il
peut être produit par la qualité des eaux et celle
de l’air.
�( 74
)
O s citations et la manière dont M. Bousquet a
traite tout ce qui se rapporte à la thérapeutique
des scrofules, ont paru suffisantes à M. Descrimes,
pour faire ressortir tout le mérite des réflexions du
traducteur q u i, paj.' la publication d’un mémoire
dont M. Larrey est l’auteur, où l’on voit de quel
secours peut être la chirurgie daus quelques cas
graves de maladies scrofuleuses, a ajouté un nou
veau degré d’intérêt à un ouvrage recommandable
sous tant de rapports.
J. B.
M o r g a g n i , P . P . P . P . , de sedibus et causis
morborum, per anatomen indagatis, libri quinqua
etc ., etc ., etc ., curantibus F. ('haussier, P . M. P .,
et N. P. Adélon, D . M. P . D e u x volumes in 8.°,
de 629 et 619 pages.
L e rédactelir, à la suite du titre de cet important
ouvrage, fait quelques réflexions pour prouver les
avantages de l’anatomie pathologique et annonce,
comme préférable sous tous les rapports à l’édition
de Tissot, la plus estimée de toutes les éditions de
Morgagni, celle qui est publiée sous les auspices
de M. le professeur C.haussier.
L e magnétisme éclairé, ou Introduction a u x archives
du magnétisme a n im a l, par le baron HÉ N I N de
Cuvillers, M arëchal-de-cam p, etc. P aris, 18205 in8.° de 2S2 pages.
L’ A u t e u r de cet article remarquable par des réfle
xions piquantes sur l’importance du magnétisme animal,
paraît distinguer de tous les ouvrages périodiques qui
ont paru en France sur cette matière depuis 1814, celui
que M. de Cuvillers vient de publier sous le titre
�(
)
Mais quoiqu’il pense que
ce savant général s’est rapproché le plus de la vérité,
en ne voyant dans le magnétisme q u e l ’a c tio n ré
ciproqu e entre clés êtres v i v o n s , et qu’il mérite les
plus grands éloges, par la franchise avec laquelle
il repousse tout le merveilleux de cette prétendue
science, il attend , pour croire, ce qu’il peut y avoir
de vrai, qu’on le lui ait démontré , c la ir co m m e
0?A r c h iv e s
75
du M a g n étism e.
le jo u r .
T r a i t é d ’a n a to m ie v é té r in a ir e , o u H isto ire abrégée de
l ’a n a to m ie et de la p h y sio lo g ie des p r in c ip a u x a n i
m a u x d o m e stiq u e s ; p a r J .
G
i r a r d
,
D ir e c te u r de
l ’E c o le R o y a le d ’ é co n o m ie ru ra le e t v é té r in a ir e d ’ A l J o r t , e tc.
m es
Ç 2.e é d itio n J . P a r i s , 1819. D e u x v o lu
de
xlviij-4 8 3 - 3 6
et
623-34
pages.
A p r e s de courtes considérations sur l’imperfection
de l’anatomie vétérinaire, on indique dans cet article
la marche qu’à suivie M. Girard dans son traité. Cet
auteur commence par une "histoire rapide de l’ana
tomie comparée en général, et trace celle de l’ana
tomie qui se rapporte aux animaux domestiques en
particulier, depuis la deuxième époque qu’il place
en 1698 , jusqu’à nos jours. On lui reproche de
n’avoir cité qu’une fois l’auteur de la nouvelle m é
c a n iq u e des m ou vem en s de l ’ h o m m e e t des a n i m a u x ,
qui méritait un autre tribut d’éloges.
On le loue d’avoir su fondre avec habileté en
une seule science l’anatomie descriptive et la phy
siologie, travail dans lequel M. Girard se montre
bien pénétré des principes de M. Chaussier, et des
écrits de l’illustre Bichat.
Si les descriptions des organes sont en général
claires et rapides, on les trouve presque toutes su-
�il»
( 76 )
perficielles, et on aurait voulu que dans l’exposé
des organes de la digestion de la plupart des ani
maux domestiques, M. Girard n’eût point omis de
parler de la langue du chat, dont la structure sin
gulière méritait d’être mentionnée.
On ne voit pas pourquoi M. Girard n’a pas fait
entrer dans le corps de son ouvrage deux mémoires
intéressons, l’un sur la rumination qui termine le
premier volume, l’autre sur le vomissement, placé
à la fin du second volume de son traité qui, quoique
bon, n’est pas sans présenter quelques lacunes im
portantes , et qui est écrit d’ailleurs dans un style
fort négligé.
B
iographie
m édicale, fe s a n t suite au dictinnain
i.er, seconde partit,
1820; i're-8.° de 820 pages.
des sciences médicales. Tome
P a r is,
M. L. J. Bégin, après quelques réflexions sur l’u
tilité des études bibliographiques dans le siècle où
nous vivons, avance que de tous les écrits connus,
la biographie médicale est le plus propre à remplir
cet objet. Il cite quelques articles pris sans choit
dans la seconde partie qui vient de paraître, pour
qu’on puisse apprécier l’importance de cet intéressant
ouvrage qu’il recommande à tous les lecteurs, comme
digne de trouver place dans.leurs bibliothèques.
N
otice
sur un, enfant q u i a donné des signes de
puberté à l ’âge de d ix -h u it mois.
L e sujet de cette observation a été présenté à la
faculté de médecine de Paris, par MM. Duroseaux
et Maury. Il est né à Montmorillon, le 20 octobre
1817, de parens d’une stature et d’une constitution
I l
i
fl
�( 77
)
ordinaires. A sa naissance, Jacques-Aimé Savin n’offrit
de remarquable que l’absence des fontanelles et une
grosseur frappante des os des membres. Mais à dixhuit mois , époque jusqu’à laquelle on n’avait ob
servé chez lui qu’un appétit et une faculté digestive
extraordinaire, se montrèrent tous les signes de la
puberté, et l’enfant fut atteint d’un parapbimosis
qui ne put être réduit qu’après l’emploi des cmolliens. Tous les autres systèmes partagèrent le déve
loppement précoce des organes de la génération au
point, qu’à trente-sept mois, le jeune Savin présenta
un développement en hauteur, en corpulence et en
force, égal à celui d’un enfant de 7 à 8 ans, et
l’état des organes de la génération en tout semblable
à celui du jeune homme pubère. Ses testicules ne
sont point développés à proportion du pénis; ils
ont la grosseur d’un petit œuf de perdrix et parais
sent ne remplir qu’imparfaitement leurs fonctions :
cependant l’éjaculation a été constatée une fois d’une
manière certaine.
Savin a une intelligence fort au-dessus de celle
d’un enfant de son âge, et ne connaît pas la fu
neste habitude de la masturbation.
M. Preste Duplessis fait précéder cette observation
curieuse dont il est l’auteur, de l’histoire rapide
des observations de ce genre les plus remarquables
et les plus authentiques, et regrette que les bornes
d’un journal ne lui permettent pas de se livrer à
des remarques importantes sur le rapport qui existe,
d’après le D. Gall, entre le cervelet et les organes
générateurs, rapport que cet enfant, dit-il, confirme
pleinement.
�( 78 )
Ob s e r v a t i o n s u r u n e i n f l a m m a t i o n d e t o u t l e canal
d ig e s tif,, o c c a s io n é e
par
C.
V
e r n h e s
l ’h ô p ita l c iv il
,
par
D.
le
rem ède
M . M .,
e t m ilita ir e
de
de
M.
Leroy;
C h i r u r g i e n - m a j o r dt
N io r t.
M. Lepelletier, âgé de 5 2 ans, d’un tempérament
bilioso-sanguin, d’une constitution nerveuse, était
à-peu-près débarrassé d’une maladie chronique du
foie, pour laquelle il avait suivi pendant 3 mois
un traitement méthodique tracé par M. le D. bouvier
fils, lorsqu’à la sollicitation d’une personne étran
gère à l’art de guérir, il se décida à faire usage
du vomi-purgatif de M. Leroy. Le deuxième vomi
tif de ce remède détermina des vomissemens qui
durèrent toute la journée, et des selles sans nombre:
M. Vernhes fut alors appelé ( le 6 Octobre 1820 ). Il
trouva le malade avec tous les signes d’une inflam
mation violente depuis la bouche jusqu’au rectum.
Les moyens anti-plilogistiques employés emmenèrent
un calme trompeur qui dura pendant quelques jours;
mais le i 5 , les symptômes inflammatoires reparurent
avec violence, et malgré la continuation des moy ens
employés d’abord avec un succès apparent, auxquels
on ajouta les anti-spasmodiques les plus actifs, M.
Lepelletier périt le 24 octobre , victime du remède
empirique de M. Leroy.
O b s e r v a t i o n s u r u n e p a r a l y s ie g é n é r a le g u é rie par
l'e m p lo i du m o x a ,- p a r J. M. D ei.SUPEPHE, Chi
ru rgien à U a lh e m , d a n s l a ’ p ro v in c e de L iè g e .
J e a n i n e D u p o n t , âgée de 3 o ans, à la suite d’une
chute, la tête chargée d’un lourd fardeau, qui lui
tomba sur la nuque, éprouva des douleurs très vives
le long de la colonne épinière. Les mouvemens des
extrémités d’abord gênés, furent impossibles dein
�( 79 )
mois après, et bientôt la paralysie devint générale.
M. Delsupephe consulté 18 mois après, persuadé que
ces accidens étaient occasionés par la compression
de la moelle épinière , eut recours au feu pour les
faire cesser. Eu conséquence, six moxas furent ap
pliqués à des intervalles d’un mois à - p e u - p r è s ,
deux sur les côtés de la septième vertèbre cervicale,
deux autres sur les vertèbres dorsales , et les deux
derniers sur le sacrum. L’application de ces moxas
fut successivement suivie de la possibilité d’exercer
les membres supérieurs et inférieurs , et six mois
après la dernière ustion les mouvemcns de la tête
furent tout-à-fait libres et la guérison complète.
G. A. T.
S
u e
.
ANALYSE
DU JO U R N A L
U N IV E R S E L
,
DES
SCIENCES M ED ICALES ,
( Janvier 1821. )
L
es
articles de ce jo u r n a l
so n t ré d ig é s a v e c tant
d e c l a r t é et p r é s e n t e n t d ’a i l l e u r s u n s i g r a n d i n t é r ê t ,
q u e n o u s s e r i o n s t e n t é s d e n ’o m e t t r e a u c u n e d e s e x
p r e s s i o n s q u ’ ils r e n f e r m e n t , s a n s l ’ o b l i g a t i o n d e n o u s
re stre in d re d a n s les b o rn e s d ’u n e c o u rte a n a ly se .
R e c h e r c h e s et Ob s e r f h t i o n s su r le s m a la d ie s des
in te s tin s , p a r
Jean A b e r c r o m b i e ,
m em bre du co llè g e
royal des ch iru rg ie n s d ’E d im b o u r g , tr a d u it de l ’a n
g la is
Q
, p a r M. Marchand , d o cte u r m é d e c in , etc.
uel
v aste su je t e m b ra sse la p a th o lo g ie d u c a n a l
in testin al ! Q u e d e r e c h e r c h e s in té re ssa n te s
p résen te
�( 8o )
un champ aussi étendu ! Quand on considère la dé
licatesse de structure de ce conduit , les fonctions im
portantes qu’il remplît, on doit en conclure que ses
maladies doivent être nombreuses , graves , souvent
obscures. Extérieurement , c’est une membrane de
la nature des séreuses , et, comme telle , sujette aux af
fections de ce système ; intérieurement, c’est une autre
membrane exposée aux maladies propres au système
muqueux. Entre l’une et l’autre , existe une couche
musculaire, de l’intégrité de laquelle dépend cons
tamment l’excrétion du résidu des fonctions digestives.
Le canal a six fois la longueur du corps; il est de
plus pourvu d’organes délicats qui ont rapport à la
digestion et à l’absorption et qui sont susceptibles
de maladies particulières.
Les maladies aiguës du canal intestinal sont, d’a
près l’auteur , rangées sous deux chefs: i .° maladies
qui l'affectent comme organe musculaire , ou déran
gement de son mouvement péristaltique; 2.° maladies
inflammatoires. La première section traite de Viléus.
La seconde embrasse une classe de maladies qui, bien
qu'elles se rapportent aux caractères généraux de
l’inflammation , varient d’une manière remarquable,
selon la structure particulière du tissu qu’elles af
fectent, c’est-à-dire, selon qu’elles résident dans les
membranes séreuses , muqueuses ou musculaires.
Les lésions organiques, et plusieurs maladies chro
niques des intestins sonttcllement liées à ces premières
classes , que leur étude ne peut en être séparée.
Première partie. Des dérangeinens du mouvement pé
ristaltique du can al intestinal. — L’auteur étudie scru
puleusement le mouvement péristaltique des intestins;
il le fait consister en des séries de contractions et
de dilatations alternatives , auxquelles rien d’analogue
n ’existe dans aucune autre partie. Ce mouvement est
�( 8i )
considéré selon que le canal est vuide ou plein, et
selon le mode de contractions employées pour le dé
barrasser des matières qu’il contient.
Les causes qui peuvent interrompre l’action péris
taltique sont rapportées à deux chefs principaux :
tantôt la force musculaire d’une partie est détruite ,
de manière à ne pouvoir plus agir en harmonie avec
les’ autres ; tantôt une partie est , d’après une cause
quelconque, incapable du degré de dilatation néces
saire pour pouvoir propager l’action intestinale.
L’auteur développe ces deux genres de causes; ce
qui le conduit à établir sa théorie de l’iléus. Il se
perd.quelquefois dans des raisonnemens obscurs et
métaphysiques. C’est d’après une profonde médita
tion de ses idées , que nous avons pu découvrir qu’il
considérait cette cruelle maladie comme un déran
gement de relation dans l’action musculaire, entre
une partie du canal intestinal et une autre qui lui
est immédiatement continue , avec laquelle elle au
rait dû agir de concert. Il repousse avec force la
théorie du spasme comme cause du mécanisme de
l’affection iliaque.
Par la manière dont se fait le dérangement de
relation musculaire , cette maladie se présente sous
trois modifications : i.° iléus simple sans aucune af
fection organique ; 2.° iléus provenant d’une affec
tion organique, mais d’une nature telle qu’elle agit
en dérangeant l’action musculaire , sans obstruction
mécanique ; 3 .° iléus avec obstruction mécanique.
L’iléus simple doit être considéré comme une af
fection de l’organe musculaire , provenant d’un dé
rangement de l’action propre aux muscles. Ces cas
offrent une partie du canal intestinal vuide et con
tractée, et l’autre distendue à un haut degré , suivant
les variétés ci-après :
i
0
�( 82 )
i .° La maladie peut être funeste dans cet état de.
distension extrême, sans qu’il y ait phlogose , ce que
l’auteur confirme par une observation. 2.0 La maladie
peut être funeste avec inflammation , sans gangrène
et aucune autre terminaison. Trois autopsies cadavé
riques viennent à l’appui de ce fait.
Les causes de l’iléus simple ne sont pas bien cons
tatées, et leur action est enveloppée de beaucoup d’obs
curité. L’auteur pense qu’on peut les rapporter à deux
chefs: i .° la présence de substances qui opposent
quelque résistance au mouvement péristaltique des
intestins ; 2.0 tout ce qui diminue la puissance mus
culaire du canal. Dans le premier cas , ce sera la pré
sence d’un calcul biliaire ou autres concrétions dans
l ’intestin , des masses de matières endurcies , ainsi que
des substances indigestes. Les causes de la seconde es
pèce sont, d’après l’auteur, obscures et conjecturales.
Ainsi l’action musculaire intestinale sera affaiblie ,
abolie ou excitée , soit par une accumulation de gaz
circulant à travers les intestins, l’action du froid,
l’inflammation rhümatique , une excitation suite d’un
choiera ou d’une diarrhée. Deux observations sont
citées'a l’appui; elles prouvent en outre qu’au début
de la maladie, les évacuations sont toujours aqueu
ses , etqu’après plusieurs jours, malgré la dicte la
plus sévère, les malades rendent une quantité in
croyable de matières endurcies. Ces phénomènes ne
peuvent s’expliquer qu’en supposant qu’une' portion
du canal a été distendue et incapable d’action. Là
ont séjourné les matières endurcies , tandis que les
matières fluides ont été forcées de traverser le canal
par l’action des parties supérieures saines , tandis que
les excrémens solides n’ont pu être évacués que tout
autant que la portion distendue à recouvré sa puis
sance musculaire.
�(
ïlé u s a v ec a jfe ctio n
83
)
o rg a n iq u e o ù l ’a c tio n
m u scu
la ir e du c a n a l a é té in terro m p u e s a n s o b stru ctio n m é
— Ce genre de maladie est constaté par
quatre observations ; l’autopsie cadavérique a fait
reconnaître soit des portions considérables d’intestins
très distendues, d’autres contournées avec inflam
mation , épanchement de lymphe coagulable , dans
une autre circonstance, l’s du solon a été trouvée telle
ment distendue qu’elle s’élevait vers la région de l’es
tomac , et remplissait la moitié de l'abdomen , le
tout sans présence d’aucune matière;
Si toutes les idées de l’auteur ne sont pas admis
sibles sans restriction , il en est plusieurs, dit M.
Régnault , qui méritent d’être généralement connues.
ca n iq u e .
M o n o graph ie
h is to r iq u e e t
m é d ic a le
de
j a u n e des A n t i lle s , et rech erch es s u r le s
v elo p p em en t e t de la p rop a g a tion
de
la J ièv ra
lo is
du d é
ce tte m a la d ie ,
par M. Moreau de Jonnès , chef d’escadron au corps
royal d’état-rhajor ; analysée par M. Sédillot.
Cet ouvrage est celui d’un homme d’esprit qui
sait manier le sabré et la plume. Comme l’au
teur n’est pas médecin et qu’il a écrit pour occu
per ses loisirs seulement, nous lie tracerons point
l’analyse de son travail ; c’est l’ouvrage d’un ama
teur plutôt propre à faire rétrograder la science qu’à
favoriser ses progrès. Nous observerons seulement
que M. Moreau de Jonnès est contagioniste , et que
M. Sédillot le combat, en lui opposant M. Lefort
dont on Connaît l’opinion.
C o m m en ta tio s em e io lo g ica de v a r iis s o m n i v ig ilia r u m
qu e c o n d itio n ib u s
m orbosis ,
e a ru m q u e
in
m orborum
et d ia g n o si e t p rog n osi d ig n it a t e . ............ Autor
C. F.
Heusinger. Dissertation analysée par Coutanceau. Elle
est assez bien écrite , a été soutenue à l’académie de
�Gottingue, mais ne présente pas un très grand in
térêt. La partie physiologique du sommeil et de la
•veille n’offre rien de saillant. La partie pathologi
que empruntée aux excellens traités de semeïotique
de MM. Double et Landré Bauvais, ouvrages que
l’on consultera avec fruit, et où les inductions que
l’on peut tirer du sommeil et de la veille, dans les
maladies, éclaireront toujours le véritable observateur.
Traité ou observations pratiques et pathologiques sur
le traitement des maladies de l'a glande prostate, par
Ho M F , traduit de l ’anglais par Marchand , et analysé
par Bégin.
Les maladies des voies urinaires étaient peu con
nues des anciens. C’est aux travaux de H un ier, Choppa rt , Desault que l’on doit des notions exactes sur
cette branche de la chirurgie. Cependant quoique
ces grands praticiens aient beaucoup fait, on ne peut
se dissimuler qu’dis ont laissé à leurs successeurs
beaucoup de doutes à éclaircir.
Les anatomistes.avaient jusqu’ici considéré la pros
tate comme formée d’une seule pièce , et les prati
ciens ne connaissaient que l’ engorgement de ses
parties latérales et, postérieures. Quand la maladie
occupait la ligne médiane, ils l’attribuaient à l’ex
tension de l’un ou de l’autre lobe dans ce sens. M.
Home a découvert, en 1800, qu’il existe en arrière,
entre les deux parties latérales de l’organe, une por
tion plus petite , qu’il appelle lobe moyen de la pros
tate, et qui est, suivant lu i, le siège le plus ordinaire
des tumeurs saillantes dans la vessie, qui s’opposent
à l’excrétion de l’urine.
L’auteur examine les divers effets que produit
l'engorgement de ce lobe moyen sur la sécrétion de
�( 85 )
la prostate, sur les membranes de la messie, sur la
formation des calculs, et enfin sur la secrétion même
de l’urine. Lorsque cette partie est engorgée, elle
se port.e dans la cavité de la vessie, eu distend la
membrane interne, lui communique l’inflammation
qui l’a développée, et qui s’accroît par la pression.
Cette phlogose détermine une douleur plus ou moins
vive, qui devient très intense, lorsqu’on expulse les
dernières gouttes de l’urine, et qui reproduit l’envie
d’uriner, après qu’elle est satisfaite, et alors que la
vessie ne contient plus de liquide. Ces accidens font
des progrès à mesure que la tumeur se développe 5
le réservoir de l’urine ne se vuide plus complettement ; il en reste une quantité plus considérable
après chaque effort du malade, et l’on a quelquefois
évacué plusieurs pintes de liquide, à l’instant où le
besoin de le rendre paraissait être satisfait.
Le traitement des engorgemens du lobe moyen de
la prostate consiste dans l’introduction de la sonde,
afin de vuider complettement la vessie. L’auteur pré
fère la réintroduire aussi souvent que le malade
conserve l’urine, plutôt que de la laissera demeure;
il administre les laxatifs , notamment l’infusion de
séné, les opiacés, les ventouses scarifiées aux lom
bes ou à la région sacrée.
L’étude des phénomènes que déterminent les retrécissemens de l’urètre, les inflammations du verum o n ta n u m , les gonflemens, abcès , ulcérations des
lobes latéraux de la prostate, termine le i.er livre.
Dans la seconde partie, l’auteur donne de nou
veaux développemens aux symptômes provenans des
engorgemens du lobe moyen de la prostate , et
spécialement des hémorragies qui sont produites par
la rupture des vaisseaux de cet organe. 11 démontre,
par des observations, les effets défavorables des in
jections émollientes ou autres.
�( 86 )
L ’ouvrage de M. Home a pour objet un fait pu
rement anatomique. C’est la découverte d’une por
tion de prostate, jusqu’alors inconnue sous le rapport
delà pratique; il faudrait que les signes de la lésion
de cette troisième portion fussent déterminés. Nous
pensons qu’üne maladie de vessie, dn v e 'r u m n n t a num
peut être confondue avec celte lésion , vu l’i
dentité des symptômes.
N o u v e a u t r a ité d e la
recherches
m a la d ie , p a r T
Lyon,
ra g e , o b s e r v a tio n s c lin iq u e s ,
d 'a n a t o m ie p a t h o l o g i q u e , e t d o c t r in e d e c e tte
r o l l i e t
a n a ly s é p a r
,
m é d e c in
Boisseau :
de
l'h ô t e l - D ie u
de
p r e m ie r a r t ic le .
Ce traité de la rage est d’un intérêt majeur, sous
le rapport des recherches anatomiques et patholo
giques de l’auteur ; nous renvoyons l’analyse de cet
article à un autre n .°, attendu que celui que nous
avons sous les yeux n’offre que des notions préli
minaires, et que, dans un prochain article, il s’agira
des causes, symptômes, diagnostic, traitement, de cette
maladie; alors notre travail n’en sera que mieux
goûté, parce qu’il sera complet.
Ob s e r v a t i o n s d e t u m e u r e t u l c é r a t i o n c a n c é r e u s e s
tr a ité e s a v e c s u c c è s
, parM. Pons,
,
m é d e c in à A g e n .
Il est question de deux observations très curieuses:
une femme portait, depuis plusieurs années, une tu
meur de nature cancéreuse à l’un desseins ; une autre
dame avait à la lèvre un n o / i m e t a n g e r e avec écou
lement de matière ichoreuse. Des applications réitérées
de sangsues sur le siège du mal, une diete sévère ont
amené, sous peu de jours, une guérison vraiment
surprenante. M. Pons promet de publier de nouvelles
�( S7 ) _
observations avec des considérations importantes. Nous
fesons les vœux les plus sincères pour qu’il soit fidèle
à sa promesse.
Observation d’un accouchement laborieux , terminé
heureusement, au moyen d’incisions j'aites à l'orifice
de l’utérus, parle docteurBoNGiOVANi,, professeur d’ac
couchement à l’université de Pavie.
Cette observation prouve victorieusement combien ,
dans plus d’une circonstance , l’art a tout à faire, les
secours de la nature n’étant d’aucune ressource.
Une femme âgée de 21 ans s’est présentée à la clinique
du professeur d’accouchement de la faculté de Pavie,
où , pour l’instruction des élèves , on a soin de mesurer
le diamètre du bassin , dans la vue de juger de sa
conformation, chez toutes les femmes enceintes. On
reconnut en explorant celle qui fait le sujet de
la présente observation , que le vagin était parsemé
de nombreuses excroissances; son canal, par suite de
maladie, était rétréci de moitié ; le col d,e l’utérus
était tuméfié , dur , proéminent ; la dureté se mani
festait davantage à mesure qu’on se rapprochait de
l’orifice externe qui semblait être formé par un bord
relevé très dur et, pour ainsi dire, cartilagineux ; l’o
rifice de l’utérus était rond et égal ; le doigt y entrait
facilement et parcourait jusqu’à l’orifice interne, toute
la cavité du col qui avait la forme d’un entonnoir
dont la base était à l’extérieur et le sommet à l’in
térieur. Cet état contre nature fit prévoir que l’açcouchement serait difficile.
Trois mois après l’entrée de çette femme à la cli
nique, les douleurs de l’enfantement se firent sentir.
Explorée de temps en temps pendant les douleurs,
011 reconnaissait facilement que le col de l’utérus
�( 88 )
était moins dur près du hord de l’orifice , qu’il allait
en cédant et était presqu’entièrement applani ; mais le
bord dur dont nous avons parlé était dans le même
état, et l’orifice ne s’était point dilaté ultérieurement puisque, comme auparavant, il était à peine pos
sible d’y introduire l ’extrémité de l’index avec lequel
on sentait distinctement la tête de l’enfant. Le rétré
cissement de l’orifice utérin , quoique déterminé par
un cercle dur, exigeait d’attendre ce que les ressources
de la nature pouvaient offrir pour la délivrance. On
fit'beaucoup d’injections de mauve, d’buile , etc. ; tout
fut insuffisant pour ouvrir une voie au passage de
la tète.
Enfin , les membranes étaient rompues depuis long
temps , à peine cependant l’orifice de l’utérus était
dilaté de la largeur d’un écu de trois francs ; on ne
pouvait plus espérer qu’il se dilatât davantage , puis
que , malgré les contractions , bien loin de céder , il
se resserrait et devenait plus dur. Les douleurs étaient
affaiblies et presqu’éteinles ; tout bien considéré , le
docteur Bongiovanni démontra qu’il était impossible
que l'accouchement eut lieu, si l’on ne pratiquait des
incisions sur le bord de l ’orifice utérin , afin de dé
truire la cause première de l’obstacle.
On procéda de la manière suivante : le chirurgien
placé entre les cuisses de la malade , prit de la main
droite un bistouri à lame étroite et courbe , boutonné
à sa pointe et fixé dans son manche au moyen d’une
bande. L ’instrument guidé à plat sur la face palmaire
de l’index delà main gauche, fut porté jusques sous
le bord de la lèvre antérieure de l’utérus , de manière
à ce que les parties externes du vagin ne fussent point
offensées, et plusieurs incisions furent faites sur la
portion gauche de cette lèvre: en les fesant, on en
tendait une crépitation comme si l’on eut coupé un
�( 39 )
cartilage , tant était grande la dureté de ce bord. Après
ces incisions on attendit un moment pour donner lien
à une extension lente et graduée des parties incisées,
on l’obtint ; mais pas assez pour que la tète put passer
et s’abaissér. On lit de nouvelles incisions sur le bord
qui offrait le plus de résistance , par ce moyen l’ori
fice de l’utérus se dilata amplement, la tête du fœtus
descendit dans le petit bassin, la femme fut délivrée
et s’est parfaitement rétablie.
Ob s e r v a t i o n d 'u n e n é v ra lg ie ( i ) d u n e r j' s c ia t iq u e ,
gu érie p a r l’a d m in is t r a t io n in té rie u re du q u i n q u i n a , p a r
M. Levillain , ch iru rg ie n d u i,':r ré gim en t d es c u ir a s s ie r s
de l a g a r d e ro y a le .
Un officier souffrait cruellement d’une sciatique du
côté gauche ; malgré les linimens de toute espèce , et
même malgré 40 sa n g s u e s appliquées sur le trajet du
nerf, à sa sortie de l’échancrure sciatique, les dou
leurs furent plus fortes ; le chirurgien se détermine
à administrer le quitta en bols, mêlé ensuite à l’o
pium : son malade guérit parfaitement.
Ob s e r v a t i o n d ’ une p la i e d u re in d ro it q u i a déter
m in é l a m o rt a p r è s
46
jo u r s .
Cette observation prouve le peu de ressources de
la chirurgie dans les plaies des reins, vu l’impossi
bilité où l’on est de remédier à l’hémorrhagie qui
en est la suite , quelque légère qu’elle soit.
F
(1) N é v r a l g ie
du nerf
est
o r c a d e
.
un pléonasme que nous relevons parce qu’il
nous paraît familier à plus d’un auteur.
N ote d a R éd acteu r Général .
�( 9°
)
/ V / V ' X / % / A / V ' * < r* / V ' V V ' X / V ' ‘' V ' V / % / X / ^ / % / V ' X / % / ,V ,\ / V ^ / V \ , V \ / V ^ / V \ / V \ V ' V
ANALYSE
PO J O U R N A L DE P H A R M A C I E
ET
DES
SCIENCES
ACCESSOIRES,
M o is
de ja n v ie r
1821.
L a composition chimique des dents de l’homme et
des animaux était connue depuis long-temps par les
travaux de MM. Fourcroy , Vauquelin , Berzelius et
Pepys ; mais l’examen comparatif de ces substances
osseuses à différens âges de la vie , n’ayant pas encore
été entrepris, M. Lassaigne, préparateur de chimie
à l’école vétérinaire d’Alfort, a cru , dans l’intérêt
delà science, devoir se livrer à cet important travail.
Voici le procédé dont M. Lassaigne s’est servi pour
ce genre d’analyse ; il calcine au rouge blanc la ma
tière osseuse dans un creuset de platine ; il la pèse
avant et après l’opération pour apprécier la perte
produite par la substance animale qui a été brûlée;
il dissout le résidu de la calcination dans l’acide ni
trique faible et précipite de cette dissolution le phos
phate de chaux par l’ammoniaque, le sous-carbonate
de soucie est ensuite employé pour isoler le carbonate
de chaux que recèle encore la liqueur surnageante.
Il résulte de ce travail que les dents soumises il
l’analyse varient toutes dans les proportions de matière
animale gélatineuse , de phosphate de chaux et de
carbonate calcaire ; cpie la première de ces substances
est d’autant plus abondante dans la composition des
dents, que le sujet est jeune. Le phosphate de chaux
se trouve à-peu-près également dans la substance des
dents d’un vieillard de 81 ans, que dans celle d’un
�( V )
enfant rie deux , première dentition : celle» d’un en
fant de 6 ans recèlent aussi les mêmes quantités de
matière animale que les dents d’un adulte. Mais ce
qui parait singulièrement rapprocher, dans ce cas ,
l’organisation de l’enfance avec celle de la vieillesse ,
c’est que des dents d’un vieillard , comparées avec
celles d’un enfant d’un jour , contiennent les mêmes
proportions de gélatine , un peu plus de phosphate
de chaux, tandis que celles de l’enfant recèlent i 3
centièmes de plus de carbonate calcaire.il paraît que
l’acide phosphorique et la chaux augmentent d’autant
plus dans la composition des dents , que le sujet voit
avancer son âge. Aussi le cartilage gongival d’un en
fant d’un jour , contient-il 8 6 , 7 , parties de matière
animale, 1 1 , 3 , de phosphate de chaux et 2 de carbo
nate calcaire.
L’émail des dents de l’homme a été aussi l’objet des
recherches de M. Lassaigne. D’après les petites pro
portions de matière animale et de très grandes de
phosphate de chaux qu’il y a rencontrées , on peut
être convaincu que c’est surtout à cette dernière subs
tance que les dents doivent leur forte organisation.
On remarque , dans son travail , que les dents des mo
mies d’Egypte lui ont peu fourni également de matière
animale que le temps détruit insensiblement, dans
toutes les substances osseuses , au fur et à mesure
qu’elles sont exposées à l’action de l’air ou à celle
des corps terreux.
A cet article succède celui des f a i t s pour servir à
l’histoire de l ’or, par M. Pelletier. L ’auteur passe d’a
bord à l’action des acides minéraux sur les chlorures
d’o r, puis à celle des acides sur l’oxide de ce métalDans le premier cas , il observe que la dissolution
du perchlorure d’or n’est pas précipitée par l’acide
^ulfurique , à moins que la dissolution soit très con-.
�( 92 )
centrée ; dans le second , il annonce que si l’on excepte
l’acide nitrique et l’acide sulfurique concentrés , aucun
acide dont l’oxigène est le principe acidifiant , ne
peut dissoudre l’or ou s’y combiner.
En traitant de l’action des sels sur le chlorure d’or,
M. Pelletier cherche à démontrer que l’addition des
sulfates , nitrates , hydroclorates dans une dissolution
d’or, ne détermine aucun changement et ne donne
lieu qu’à des mélanges du sel ajouté au perchlorure
d’or. Ce chimiste admet néanmoins une exception
relative à l’addition d’un nitrate ou d’un sulfate d’ar
gent qui produisent un phénomène particulier en
laissant la liqueur décolorée et tout l’or et l’argent
précipites, si l’on est arrivé à de justes proportions
de liqueur.
Arrivant à l’action des hases salifiahles sur les chlo
rures d’or , M. Pelletier établit en principe que ces
hases et particulièrement la potasse et la soude, agis
sent sur le chlorure d’or en passant à l’état métallique
formant un chlorure alcalin et portent leur oxigène
sur l’or, qui produit avec cet excès d’alcali une com
binaison dans laquelle l’oxide d’or fait fonction d’acide.
M. Pelletier ne croit pas ensuite à l’existence des
sels triples d’or. Dans ce chapitre, il pense que les
prétendus sels triples de ce métal sont des mélanges
de perchlorure d’or et des sels qu’on ajoute ou qu’oit
forme dans les combinaisons aurifères. 11 considère
également que l’or dissous par l’eau régale , est à
l’état de chlorure , et que l’addition d’un chlorure
étranger, tel que celui de sodium ou de potassium,
ne doit donc donner lieu qu’à des chlorures doublés.
L ’iode n’a pas une action très sensible sur l’or.
Cette substance altère à peine l’éclat de sa surface;
l’acide hydriodique n’en a aucune , mais l’acide hydriodique ioduré attaque et même dissout l’or.
�( 93 )
M. Pelletier traite aussi de Faction que quelques
substances végétales et spécialement les acides végé
taux , exercent sur le chlorure d’or , en précipitant
ce dernier à l’état métallique. En considérant For
comme non oxidé et à l’état de chlorüre dans sa so
lution par l’eau régale , on explique sa précipitation .
par l’hydrogénation du chlore , au moyen de l’hy
drogène contenu dans les matières organiques.
Mais si l’acide oxalique estde tous les acidesvégétaux
le seul qui précipite For à l’état métallique de son
perchlorure et si les autres acides végétaux , dans
leur pureté , ne peuvent opérer cet effet, M. Pelletier
a néanmoins observé que les mêmes acides unis à une
hase déterminent promptement la décomposition du
chlorure et la précipitation de l’or à l’état métallique.
Dans tous les cas , une portion de l’acide végétal est
décomposée. 11 paraît qu’une partie de l’hydrogène
est employée à réduire la hase du sel végétal, s’il se
fait tin chlorure alcalin, ou à élever le chlore à l’état
d’acide hydrochlorique s’il se forme un hydrochlorate
Ces décompositions ont lieu sans dégagement de gaz,
excepté avec l’acide oxalique et les oxalates alcalins
qui décomposent le perchlorure d’or avec expansion
d’acide carbonique.
Enfin les acides oxalique , citrique , tarlrique et acé
tique, les seuls avec lesquels M. Pelletier ait opéré ,
réduisent tous l’oxide d’or. L ’acide acétique concentré
réduit For moins facilement que les trois autres ; dans
cet état l’acide acétique dissout même un peu d’or ;
mais si l’acide contient de l’eau , il n’y a nulle dis
solution.
M. Pelletier n’a pas fait d’expériences avec le chlo
rure et l’oxide d’or et les autres acides végétaux. Il
est cependant plus que probable que ces acides agis
sent à la manière des acides citrique , tartrique et
�( 94 )
acétique. Que doit-on penser maintenant des citrates,
tarirates , camphorates, benzoates d’or décrits par
plusieurs chimistes et particuliérement par Tromsdorff ?
Ce beau travail, inséré en entier dans les annales de
chimie de septembre et octobre , est le résultat d’ob
servations qui honorent infiniment son auteur. Quand
on est pénétré, comme M. Pelletier, de l’amour de
la science, que ne ferait-on pas pour aggrandir son
domaine !
— Passant aux divers articles extraits des armais
qfphilosophy , je rapporterai seulement le plus es
sentiel pour la généralité des gens de l’art qui s’oc
cupent de la physique appliquée à la médecine. Le
docteur Hare , professeur àl’université de Pensylvanie,
donne une théorie du galvanisme qui diffère consi
dérablement de toutes celles qui ont paru jusqu’ici: .
Selon lui , le fluide galvanique est un composé de
calorique et d’électricité. Celle-ci est augmentée par
le nombre de plaques et lorsque le nombre est très
grand, comme dans la colonne de Deluc , les effets
du calorique deviennent fugitifs. Le calorique est
développé par l’étendue de la, surface des plaques,
et il a démontré qu’avec une simple paire de ces der
nières , le calorique devient très intense.il adonné
la description d’une batterie galvanique construite
d’après ce principe , qui produit une ignition très
forte sans manifester aucun phénomène électrique.
— Le docteur Chisholm a lu un mémoire à la
société de physique et d’histoire naturelle de Genève,
( E xtra it de la Bibliothèque britannique )relatifà quel
ques poisons des îles occidentales de l’Amérique et
à la production de certains remèdes végétaux exis
tant dans la même contrée ; l’auteur cite les exemples
nombreuxde compensations qui se multiplient de lotîtes
�( 95 )
paris suivant les dispositions du Créateur du Monde,
quia eu le soin de faire produire les remèdes naturels,
là où les maladies sont fréquentes. Il rappelle que
dans les diverses localités du globe , on trouve des
régions fertiles et stériles, des montagnes et des plaines,
où l’on trouve tour-à-tour ce qui est utile comme ce
qui est nuisible à la vie humaine, et que partout où
il y a un mal nécessaire, on voit naître un bien pro
portionné. Nouvel Azaïs en médecine, M. Cbisholm
puise des vérités incontestables dans son système des
compensations.
— Il donne le tableau des environs de Demerary
en Guiane , et parle d’une vigne grimpante d’un
vert très vif et dont les grappes s’étendent à une grande
distance, la racine de cette plante, dont on extrait
le suc, possède des propriétés extraordinaires dans
les casd’ophtalmie, lors mèmequele maladene pourrait
supporterles plus faibles rayons de lumière. On prive la
racine de la pulpe et de l’épiderme noire, puis ou
l’exprime sur du coton pour l’en saturer, et en fesant
ensuite d’une feuille une espèce d’entonnoir , on en
introduit le bec entre les paupières , et on serre le
coton de manière à ce qu’une seule goutte du liquide
tombe dans l’œil. L ’opération ayant été faite aux deux
yeux, par uii Indien , sur un bûcheron affecté d’une
cruelle ophtalmie, le malade éprouva à la langue et
au palais , une sensation forte mêlée de doux et d’amer
et se sentit de suite fort soulagé. Ce même remède ap
pliqué pendant 3 à 4 jours consécutifs, dissipa tota
lement l’inflammation.
L’Indien apprit également au bûcheron que cette
ophtalmie provenait du grand éclat du sable blanc
qu’on observe dans le pays , comme aussi des par
ticules de ce sable qui s’introduisent dans les yeux.
Cette plante anti-ophtalmique se nomme Akouserounia
�(
96
)
et JVaranie ; les Mânes lui donnent aussi le nom de
(racine d’œil). Le docteur Chisholm qui a
propagé , à l’aide de M. Edmonston, la culture de
plusieurs de ces plantes , en les adressant à divers de
ses amis, eut occasion, en 1790, d’employer dans
l’isle de Grenade, les principes extractifs de la racine
sèche , en la fesant infuser, et on en a obtenu un très
grand succès dans trois cas d’ophtalmie.
L ’Akouserounie est une espèce de bignonia que M.
Chisholm est convenu avec M. Anderson d’appeler
ophtalmica. Cette plante, dont il ne peut retracer les
caractères botaniques , a très bien réussi au jardin
des plantes d’Edimbourg , après avoir éprouvé de la
difficulté à l’y naturaliser.
L’auteur cite encore pour exemple les effets dange
reux de certaines pommes du manchinêal ( mance
nillier du Mexique) les gouttes de pluie qui ont passé
sur les feuilles de cet arbre produisent des vessies sur .
la peau humaine qui en éprouve l’action. A côté de
cet arbre, dont l’atmosphère ambiante est très nar
cotique, s’én trouve un autre à fleurs blanches, en
forme de trompettes ( espèce de bignonia ) appelle par
les habitans cèdre blanc , qui entremêle ses feuilles
avec celles de. l’arbre dont il est l’antidote. Le suc
des feuilles surtout, prisa l’intérieur, lorsqu’on a eu
l’imprudence de manger le fruit du mancenillier,
est un antidote prompt et sur.
L’eau de mer sur les bords de laquelle croit le
mancenillier est également un autre antidote. 11 suffit
de s’y plonger et d’en avaler une certaine quantité,
pour neutraliser les effets du poison.
Néanmoins le suc du mancenillier possède quelques
vertus médicinales ; il dissipe les excroissances fou
gueuses , opiniâtres , qu’on appelle rabs ou tubboes.
Je ne suivrai pas l’auteur dans les autres exemples
B y e-ro o t
�( 97 )
qu’il a tirés de son admirable système, je dirai seu
lement que si le malitte au bec jaune , poisson des
Indes occidentales, dans certaines saisons de l’année
(février et juillet) donne la mort dans dix minutes,
avant d’atteindre l’estomac, il ne tue cependant pas
dans d’autres saisons de l’année. Il fait l’énumération
des autres espèces qui sont dans le même cas , et trouve
son antidote dans le suc de la canne à sucre qui
mûrit en même temps que ces poissons sont vénéneux.
Le suc de la canne réussit pourvu qu’on le prenne à
tems, et avant que le poison ait pu produire son effet
sur tout les systèmes nerveux et vasculaire, hormis
le cas où le poison vénimeux serait le c l u p e a t h r y s s a ,
dont l’effet est presque instantané.
Je crois en mon particulier que la médecine et la
chimie n’ont pas encore tiré tout le parti pos
sible du sucre dans les cas d’empoisonnemens, et
que la combinaison de cette substance avec tous les
oxides métalliques, comme avec les poisons végé
taux devrait être plus particulièrement étudiée. Le
docteur Chisliolm mentionne aussi des guérisons opé
rées par le suc de la canne à sucre sur des chiens
empoisonnés par l’arsenic.
Ce médecin
termine ses observations
en annonçant
c
f
que le poison B a r r a c u d a , mangé à la même table
et à la même heure, n’incommoda qu’une seule
personne sur trois, jusqu’au point d’éprouver tous
les symptômes d’empoisonnement.
—Ensuite le journal contient, u n e n o t e q u i t e n d à
prcnw er q u ’ i l n ’y a p o i n t d ’ e x c e p t i o n
a b s o lu e a u x p r o
p r iété s m é d i c i n a l e s d e s f a m i l l e s n a t u r e l l e s d e s v é g é t a u x .
Si l’on admet que les végétaux analogues ont aussi
quelque rapport entr’eux relativement à leurs pro
priétés phisiques ou médicinales, il s’ensuit qu’il en
existe qui s’éloignent par quelques variétés de leurs
1
7 •
�produits, de la forme d’une tribut végétale, et qui
n’ont plus la même énergie de propriétés. C’est
ainsi qu’un fruit de petite taille sera , par exemple,
amer et purgatif d’une telle espèce , et qu’il rte sera
plus sensiblement empreint de ces qualités dans l’es
pèce voisine où il devient plus volumineux et où
les principes actifs sont délayés et étendus dans une
plus grande masse de suc et de parenchyme, tandis
que la coloquinte recèle un principe amer et émi
nemment drastique dans ce fruit médiocre; nous
voyons ce principe disséminé et mélangé dans les
potirons, dans les concombres, les melons très su
crés qui acquièrent un degré peu supportable d’a
mertume lorsqu’ils passent à la fermentation putride.
Aussi observe-t’on ([Lie dans l’état naturel, les con
combres et les melons sont laxatifs, lorsqu’on en
mange avec peu de modération.
En prenant un exemple plus frappant, on voit
que la pomme de terre ( solarium luberosum ) est
du genre narcotique et stupéfiant; et néanmoins,
cette racine tant vantée avec raison par l’estimable
feu M. Parmentier, est une nourriture très saine,
lorsqu’elle est bien mûre et bien cuite. Sa fécule
est bien nutritive, en même teins que son suc
propre ne l’est certainement pas. On a observé que
des personnes qui avaient employé plusieurs fois la
même eau pour diverses .codions de pommes de
terre, avaient été incommodées en se servant de
cette eau dans la préparation de leurs alimens, au
point d’éprouver les mêmes symptômes que par le
solarium nigru/n.
L ’auteur en rappellant que quelques fruits des
solanées sont évidemment des poisons, et que les
acides végétaux sont les antidotes des principes nar
cotiques des plantes, passe ensuite aux bons effets
�( 99 )
dés tomates qu’il confond avec le solarium melongêna; il ne fait aucunement mention du solarium
licopèrsicum ( pomme d’amour ) qui est la véritable
tomate, tandis que le solanum melongena est l’au
bergine , fruit oblong du poids d’un hectogr.à un kilo.,
dont la surface est violacée et non rouge comme
l’annonce l’auteur de la note. Il a sans doute voulu
parler dù solanum licopèrsicum dont le fruit est
d’un rouge éclatant et d’une odeur un peu vireuse. En Provence Cette plante est cultivée avec
soin. Nous nous en nourrissons avec assez peu de
ménagement, soit qu’on l’emploie entière, soit que
son suc et son parenchyme après la coction, ser
vent d’assaisonnement à la viande bouillie. Il n’est
pas rare de voir nos cultivateurs avaler tout à la
fois, une pomme d’amour fraîche ( i ) , sans qu’ils
en soient incommodés. 11 parait que ce fruit redouté
dans le principe de sa propagation, n’a pas des
qualités aussi vireuses dans les contrées méridionales.
Quoique cette digression nous ait un peu isolé du
travail de l’auteur , elle nous amène à ce qu’il ob
serve sur les diverses variétés des champignons dont
les uns sont très nourrissons , tandis que d’autres
occasionent des accidens graves ou la mort. C’est
aussi par suite de ces différences d’actions que le
jalap contient tout à la fois une résine purgative
(i)
de
Je
faire
to utes
d ’a m o u r
absorber
co n se rv er
ici
m ute
pomme
à
la
au
et
suc
cave
l'u tilis e
trois
dans
l’o c c a s i o n
de
et e n n u y e u s e
de
au m o y e n
caloriqu e
du
les an n é e s,
fo is
des
co m m u n iq u e r
la
co n ve rsio n
et
de
au
m oyen
l’h iv e r ,
son
b o u te ille s
bien
procédé
du
suc
de
gaz
acide
s u lfu re u x
assaison n em en t.
v o lu m e
ce
son
du
com m e
de
ce
gaz
bouchées.
qui
pare
pom m es
à
J ’a i
acid e,
J ’ai cru
la
et
ju s
de
de
le
d e v o ir saisir
m éthode
d ’a m o u r ,
le
soin
en
lon gu e
conserve
éva p ora tio n .
N ote du rédacteur.
,
�( 10° )
et une fe'cule nutritive, d’après les inte’ressautes ob
servations de M. Planche.
L’ivraie qui occupe un rang’ parmi les céréales,
présente un principe narcotique, et les produits de
la même famille n’en nourrissent pas moins tout le
genre humain.
En considérant que les lichens possèdent tous
plus ou moins un principe amer et purgatif avec
de la fécule, on ne peut que se louer des moyens
qu’on a aujourd’h u i, d’après les intéressans travaux
de Berzelius, de dépouiller le lichen d’islande de
tout son principe amer, et d’approprier les décoc
tions gommeuses à la préparation d’un très bon sirop.
Les différences qu’offre le faux et le vrai angustura:, occupent également l’auteur de la note. 11
assure que le faux angustura , qu’il croit provenir
.d’un strychnos, est un vrai poison. Il cite des lobelies •
dont le suc laiteus est caustique, et cependant on
emploie la lobelie syphilitique ou cardinale bleue.
— Parmi les nouvelles des sciences, le journal
fait mention de la poussière atmosphérique, con
sidérée par Monsieur Rafinesque comme principa
lement composée d’alumine. C’est celle qui tombe
en égale quantité dans nos maisons les mieux fer
mées, en rase campagne, et dont la chute progres
sive permet de concevoir comment les anciens édi
fices de la Grèee et de Rome ont été presque entiè-'
rement ensevelis.
— Un nouveau poison animal dont les toxicologistes n’ont point encore fait mention , est celui qui
peut se former dans les substances alimentaires na
turellement salubres. Les journaux politiques ont an
noncé en résumé ce phénomène singulier découvert
par le docteur Kerner dans les saucissons fumés qui
causent des empoisonnemens mortels. Ces saucissons
�( 101 )
et particulièrement ceux de foie sont les plus dan
gereux. Le nombre des personnes mortes s’élève à
37 sur 76 tombées malades pour en avoir mangé.
Le cerveau et la moelle épinière ne sont point atta
qués par ce poison qui ébranle tout le système limphalique. Quelquefois le malade 11e sent plus son
cœur battre pendant plusieurs mois, quoique le bat
tement des artères reste invariable.
Messieurs les rédacteurs du journal de pharmacie
ajoutent aux remarques du docteur Kerner, qu’ils ont
été appelles dans l'espace de i 5 ans, pendant 5 à
6 fois par l’autorité pour des cas semblables et pour
procéder à l’analyse chimique de mets des charcu
tiers de Paris. Rien n’a été reconnu à l’analyse, pas
un atome de substance minérale qu’on y recherchait;
les vases de ces charcutiers étaient aussi en très bon
état. Ces accidens qui se reproduisent à Paris sontils dus à de l’acide prassique ou à une matière
nouvelle qui se forme dans ces saucissons? Telle
est la question qu’établissent MM. les rédacteurs, en
invitant les médecins et les chimistes à porter leurs
recherches sur ces substances qui sont vénéneuses
sans qu’elles donnent des signes de putréfaction. Les
saucissons des porcs ladres ne seraient-ils pas plutôt
disposés à posséder ces qualités malfaisantes?
— Des extraits analytiques de bibliographie ter
minent le journal de pharmacie. Quoique ces arti
cles soient du plus grand intérêt je me contenterai
de les rappeller aux gens de l’art; tels sont le ma
nuel de chimie, par Thomas Brande, traduit de
l’anglais, par M. Planche, pharmacien, à Paris; a
vol. in-8.° , chez L. Colax , libraire, rue Dauphine,
n.° 32 ; le formulaire pharmaceutipue à l’usage des
hôpitaux de la France, rédigé par le Conseil de
santé des armées, et approuvé par S. E. le Ministre
�( 102 )
de la guerre; l'histoire abrégée des drogues simples
par M. Guibourt, pharmacien à Paris, et le nou
veau code pharmaceutique , traduit de l’ouvrage
rédigé en latin, sous le titre d e C o d e x m e d i c a m e n t a r i u s avec 2 tables, par M. Jourdan, un gros vol,
jn-8.° de xxiv-622 pages, chez Guillaume et Comp,
rue Haute-feuille, n.° 14.
C’est en regrettant de ne pouvoir entrer dans des
détails particuliers sur le mérite et Futilité de ces
ouvrages, que je souhaite en mon particulier, que
les vues qui ont dirigé MM. les rédacteurs du C o d e x ,
auquel les pharmaciens du royaume sont soumis par
une ordonnance royale, amènent le gouvernement aux
mêmes principes d’équité qui le caractérisent ; que
les remèdes secrets dont le C o d e x ne fait certaine
ment pas mention, et dont l’annonce décore l’exté
rieur des boutiques, comme de quelques officines,
deviennent l’objet de l’examen le plus scrupuleux;
que les lois ou décrets sur celle matière soient ro ,
visés , pour que le gouvernement statue dans sa
sagesse , si le public peut se servir sans inconvéniens des préparations dont les principes constituans
ne sont pas à la connaissance des gens de l’art. Il
est tems que les lois qui régissent le domaine de
la médecine et de la pharmacie, soient analogues
aux lumières du siècle,
PoUTET.
�( io 3 )
Un
m o t s u r le d is c o u r s d e
M.
J. P.
D. M.
BEU LLA C,
P ., Membre de plusieurs Sociétés savantes, prononcé
le 3 novembre 1820, à l’occasion de l'ouverture
d'un cours élémentaire d’études médicales, d’après
l'enseignement mutuel. In - 8.° de 2.3 pages, Paris.
D
a n s
ce
d is c o u r s
e n t h o u s ia s m e
de
jo u r
en
p o u rta n t,
p o u r
jo u r,
q u ’ e lle s
où
le s
M.
il
d o rm e
p ro g rè s
B e u lla c ,
la is s e n t
à la
p o s t é r it é
par
le s
g ra n d s
m e r ie , b ie n f a it s
que
s e u le n o u s
c o n n a ît r e .
fa ir e
ne
l ’ é d u c a t io n
fo n t
f ils
e n co re
q u e le s m a t é r i a u x s c i e n t i f i q u e s
une
que
à
id c e
de
son
le s
s c ie n c e s
a in e ,
o b se rv e
d é s ir e r ,
m a is
s a u r a ie n t é c h a p p e r
b ie n f a it s
de
p e r f e c t io n n e
l ’im p r i
et p e u t
Il rend ensuite aux professeurs de la faculté de
Paris le tribut de vénération qu’ils méritent, loue
leur éloquence, parle de leurs subtiles et lumineuses
réflexions, et soutient que l ’élève lancé du fo n d d’un
collège dans la fa c u lté , quittant les bans philosophiques
pour venir s’asseoir devant une chaire d’anatomie gé
nérale ou de physiologie, ne peut d’abord tirer quelque
avantage des leçons de son illustre professeur, atteindre
à la hauteur de ses idées et le suivre dans sa marche
rapide. Delà, M. Beullac est comme naturellement
porté à développer les avantages des cours élémen
taires, et il prouve aisément que celui qu’il fait
d’après l’enseignement mutuel, est d’une liante im
portance.
Nous applaudissons au zèle qui l ’anime dans des
occupations qui, en fesant sa gloire, honoreraient
Marseille, sa patrie, et nous l’invitons à persévérer
dans le dessein qu’il a de publier incessamment un
ouvrage très détaillé sur l’enseignement mutuel ap
pliqué à l’étude des principes élémentaires de la
médecine.
P. M. Roux.
�(
I04
)
V A R I É T É S .
— Un docteur de Paris qui consigne ses observations dans le journal des modes, a calculé que dans
le cours de l’année 1820, on a consommé dans la
capitale cinq cent mille sangsues , dont 200,000 dans
les hôpitaux , 3 oo,ooo dans la pratique particulière:
il est reçu, dit-il, à Paris de se poser des sangsues
au sortir du bal ou du spectacle, comme de prendre
un verre d’eau sucrée ou une tasse de tilleul. En
province l’usage n’en est pas encore introduit, et l’on
passe pour arriéré sur ce point, comme sur tant d’au
tres. Pourtant il s’est débité au comptoir d’un de
nos pharmaciens, dans le cours de 1820 , le nombre
de trente deux mille sangsues. Espérons que le récensement annuel des sangsues appliquées à Marseille et
dans la banlieue pourra figurer par la suite avanta
geusement auprès de celui de Paris, et que si jamais
on parvient à établir le budget des sangsues em
ployées dans tout le royaume, il grossira d’année en
année.........
— M. Cbirol a présenté à la société royale de
médecine de Marseille, dans la séance du 3 mars, un
Dragonneau conservé vivant et recueilli dans l’un des
canaux qui charient les eaux de la ville. L’histoire
naturelle de ce ver libre désigné aussi par le nom de
Draconcule ( Gordius. L. ) est peu avancée: M. Porr vmond de Lorgnes , il y a quelques années , en adressa
un semblable à la société : nous invitons M. Chirolà
continuer les recherches de ses devanciers et à diriger
sur ce sujet l’esprit d’investigation qu’il possède pour
les sciences naturelles ! ........
�( i°5 )
— Le professeur Giijson opère la cataracieeu pas
sant un séton; cette nouvelle méthode est décrite dans
J’exlrait d'une lettre du docteur Revere , insérée dans
le 8.e vol.e du S. New England , ( Boston 1819. ) L’iris
ayant été préliminairement élargie par la bella donna,
il prit une aiguille ordinaire à coudre un peu re
courbée et munie d’un fil de soie simple , la plongea
dans la sclérotique à deux lignes environ du lymbe
de la cornée , à l’endroit où l’on introduit ordinai
rement l’aiguille pour la dépression ; il traversa le
cristallin et sortit par la cornée transparente, visà-vis du lieu où elle fut introduite, puis il tira
le fil, en coupa les deux bouts et en laissa un brin
dans l’œil pour agir sur le cristallin à la manière d’un
séton. Dans deux cas il ne survint aucun accident,
le cristallin fut entièrement résorbé au bout de dix
jours ; on voyait distinctement à sa place , le fil de
soie placé au travers de l’ouverture pupillaire : le fil
ayant alors été retiré, la vue fut rétablie au bout de
quelques jours. Dans un troisième cas , l’opération
manqua, parce que l’iris fut lésé. H survint une in
flammation si violente, qu’il fallut bientôt retirer le
séton : cet accident fut attribué au non-emploi de la
bella donna avant l’opération.
— Don Salvador Gosalbes vient d’obtenir de Sa
Majesté le Roi d’Espagne un privilège exclusif pour
la vente publique des pastilles fumigatoires. Dans un
mémoire (r) publié récemment à Madrid,se trouv.entles
innombrables attestations des premiers médecins de
la capitale et des principales villes du royaume , entr’autres le certificat du professeur de l’école royale
( i)
dante
M a n ifesto
del
cuerpo
que
di
hace
c iru rg ia
el
doctor
m ih tar,
don
Salvad o r
retirad o
en
esta
G o salb e s,
c ô n e ;
prim er
M adrid
ayu1820.
�( ro6 )
de clinique, qui dit avoir employé ces fumigations
toujours avèé succès : les emblèmes qui sont placés à
la tète de ce mémoire ne préviennent guère en faveur
de l’auteur : son buste placé sous le soleil, entre une
montagne d’où s’exilaient des vapeurs anti-syphiliti
que , et une forteresse où sont claquemurés les patiens
qui en attendent les heureux effets , forme un coupd’œil nouveau pour nous , habitués à ne voir à la
tête des ouvrages ou opuscules de médecine , que
le titre pur et simple des auteurs , ou l’énumération
de leurs places et décorations : le docteur Gosalbes
propose ses fumigations comme un remède infaillible
et universel contre tous les maux vénériens , parti
culièrement les ulcères des narines, du palais, du
gosier, etc. Il avoue pourtant que la base de ses pas
tilles fumigatoires est le mercure ; les autres ingrédiens font le secret de l’auteur ; l’instruction qu’il
donne pour en faire usage est simple , on jette
un paquet de ces pastilles sur un charbon allumé, on
reçoit la vapeur dans un drap dont on s’enveloppe.
Ce jirocédé n’a rien d’avantageux et ne peut entrer
en parallèle avec les appareils fumigatoires adoptés
en France, dont les auteurs n’ont point fait un secret
et pour lesquels ils n’ont point obtenu de brevet d’in
vention , ni de privilège exclusif.
— M. Bouland vient de publier une notice sur son
établissement (i) des bains et des douches de vapeurs.
Ce qu’il y a de plus clair dans cet opuscule, c’est le
prix des bains , et de plus obscur le grade de l’au
teur. Que signifie ce titre pompeux de nouveau sys
tème de médication , ou la médecine par vapeurs , à la
tête d’une quinzaine de pages qui ne prouvent rien ,
(i) A Marseille, rue de la Palud n.° é j .
�1 i°7 )
sinon que l’auteur, descendu rapidement de ses fonc
tions de médecin du Prince de Wurtemberg , à la
modeste profession cl’étuviste, possède, quelque con
naissances sur les chaudières , et sait établir avec art
la distinction entre l’eau froide et l’eau bouillante.
Les circonlocutions bataves qui dérobent la profon
deur de son raisonnement sur l’absorption cutanée,
empêcheront les lecteurs de comprendi’e la partie
scientifique de cet opuscule. Nous respecterions peutêtre davantage dans un homme qui a été rayé du
tableau des membres de la société académique de méde
cine , oùM. Lautard , D. M ., l’avait introduit, le grade
de docteur en médecine qui décore son ouvrage, si nous
n’étions convaincus que M. Bouland ne possède point
ce grade, et qu’il a été simplement reçu au mois de
janvier dernier, officier de santé, par les membres du
jury médical MM. Baumes, DasLros , Lautard.......
— Il y u quelques années que les amateurs se ren
daient chez M. Bousselle, rue Neuve-des-Petits-Champs
à Paris, pour essayer les seringues mécaniques dont
cet estimable potier d’étain est l’inventeur. Â l’aide
de ces instrumens commodes, un lavement devenait
une partie de plaisir : aujourd’hui les jeunes docteurs
de la capitale courent avec le même empressement
chez Sir Henry acheter la sangsue mécanique du
docteur Sarlandière qui supplée parfaitement au ver
aquatique sur lecptel cet instrument est modelé : l’exem
ple a gagné déjà quelques docteurs de la province
et deux praticiens de notre ville se proposent d’en
faire usage au grand désespoir de nos apothicaires.
— M. Aronsohn , de Strasbourg , nous a commu
niqué un cas dans lequel il a enlevé, au moyen de
la boutonnière , deux pierres de la grosseur du doigt,
et d’un pouce de long qu i, depuis trois ans, étaient
�( 108 )
fixées dans le canal de l’urètre , et ne permettaient
au malade d’uriner qu’avec difficulté.
— En France comme eu Angleterre les médecins
sont pouisuivis par le fantôme phlegmasique et se
montrent également avides de sang : rien ne peut as
souvir la rage sanguinaire des praticiens de la GrandeBretagne. On lit dans le A7.0 64 d u L o n d o n m é d i c a l
r e p o s i t o r y , l’observation du docteur Wonsborough ;
un jeune homme robuste atteint d’une péripneumonie
violente fut saigné plusieurs fois pendant les cinq
premiers jours de la maladie , la quantité de sang
qu’on lui retira fut de 84 onces.
Dans le n.° 65 ( mai ) du même journal, le docteur
Tusnivolt rapporte un cas de pneumonie, dans lequel
il fut fait, pendant l’espace de six jours , sept saignées,
la quantité de sang évacué fut de cent huit onces.
Nous lisons un fait plus remarquable dans le n.°7<>
du même journal, recueilli par G. Birnie : un ma
telot eut d’abord une pneumonie qui fut combattue
parles remèdes ordinaires, mais au bout de quelques
jours il survint une inflammation abdominale très
forte. On fit deux saignées de 54 onces chacune ; 011
administra à l’intérieur de l’huile de ricin , un lave
ment , on fit des affusions d’eau froide. A peine le
malade fut-il remis, qu’il s’attira une rechute en s’e
nivrant. L’abdomen devint alors si douloureux, que
le poids delà couverture était insupportable; il y avait
forte chaleur à la peau , le pouls était petit et accéléré : après une saignée de 60 onces, le pouls se dé
veloppa et la peau devint humide. On appliqua sur
l’abdomen un large vésicatoire : de l’huile de ricin
prise à l’intérieur fut aussitôt vomie. Le soir on fit
une nouvelle saignée de 20 onces. Le lendemain en
core une saignée de 34 onces. Lavement irritant et
affusions froides, après quoi les doulçurs cessèrent et
�(
io9 )
il s’établit de la moiteur à la peau. Le troisième jour
il survint des vomissemens , la langue était noire, le
pouls dur , plein et fréquent ; on fit une saignée de
40 onces qui amena une sincope. La constipation
opiniâtre fut combattue par des lavemens irritans.
Le quatrième jour on donna 10 gr. de calomel. Au
cinquième jour de la poudre de Jalap. Les vomisscmens cessèrent au sixième jour, à dater du
quel le malade entra en convalescence. Total des
onces de sang provenant des, diverses saignées faites
dans l’espace de six jours, 262 onces.
— Don Michel d’Aléa , savant espagnol, ancien di
recteur de l’institution des sourds-muets de Madrid ,
actuellement fixé à Marseille , va livrer à l’impres
sion la traduction de son ouvrage sur les signes mé
thodiques et la manière d’enseigner de l'Abbé de
l’Épée. Ce mémoire présente beaucoup d’apperçus
nouveaux et des raisonnemens profonds sur rensei
gnement qu’on doit adopter pour instruire les sourdsmuets. L’auteur l’a mis en pratique pendant une lon
gue série d’années , et en a recueilli de grands succès.
— Un docteur de cette ville va publier un traité
sur l’ennui , pour faire suite à ses autres ouvrages.
— On pourrait fonder sa réputation sur des bases
plus solides que sur un cataplasme ; pourtant c’tsssurun emplâtre que M. Pradier, (actuellement à Marseil
le ) a établi la sienne : son remède tant vanté contre la
goutte guérit celte maladie à-peu-près aussi vite et
aussi sûrement que la pulpe de carottes combat le
cancer , et l’écorce de saule et les queues d’artichauts
détruisent les fièvres intermittentes.
— L’esprit de réforme qui se glisse partout, non
sans nécessité vient enfin de descendre des hauteurs
du domaine politique pour s’attacher à nos usten
siles domestiques. 11 est vrai que jusqu’à ce jour
�entraînés par le génie des découvertes nous avions
placée dans une sphère plus élevée. Notre siècle fécond
en merveilles, nous offrait à soit berêeau tous les
prodiges que l’esprit humain peut enfanter. Ce n’était
pas assez d’avoir ravi la foudre aux régions célestes
pour fa mettre en bouteille , ce n’était pas assez d’avoir
ressuscité ces automates parlans de Vaucanson, pour
l’instruction de nos académies. 11 manquait encore à
notre gloire, l’invention des soupes économiques et
des bâteaux à vapeurs. Impatient de secouer le joug
d’une fatiguante oisiveté, le Français passionné pour
les découvertes gravait sur la pierre jusqu’alors mu
ette les scènes sanglantes de nos conquêtes, et don
nait ainsi à son pays, la litographie pour la valeur
modeste de quelques centimes par épreuve. Les fosses
mobiles inodores rassuraient déjà les amateurs des
cosmétiques, et grâces aux célérifères, les voyageurs
ne s’arrêtaient plus aux invitations polies des voleurs
de grand chemin.
Tant de 'découvertes utiles doivent-elles être éffacées un moment par l’invention des marmittes auto
claves? à peine avaient-elles reçu une place dans
les officines , que le malheureux Naldi tombe frap
pé d’un coup mortel , en fermant la soupape. Cet
accident funeste a jetté la terreur parmi nos cui
sinières. Nos chimistes que l’amour de la science exalte
au point d’aspirer des gaz délétères ont seuls sur
monté la crainte et le danger : déjà dans plusieurs
laboratoires la marmitte autoclave sert aux décoc
hons qui se font avec plus de promptitude, et
se chargent en même teins de beaucoup de prin
cipes solubles. C’est ainsi que nous avons déjà vu
préparer la gelée de lichen dans l’espace de trentecinq minutes , au lieu de quatre heures nécessaires
à la confection par d’autres appareils.
�( 111 )
©serons-nous en recommander l’usage à nos éco
nomistes , à nos pharmaciens ! la peur et l’ignorance
ne s’effacent pas si tut.............
J. X. F.
S
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M o n s ie u r y
Jl a r m i to u s les é c a r ts d e l ’im a g in a tio n a u c u n n e s a u r a it p o r te r
plus d’a tte in te à la g lo ir e d e n o tr e a r t e t à l ’ in té r ê t de l ’h u m a
nité so u ffran te q u ’ u n e m é th o d e e x c lu s iv e d e t r a it e m e n t . Q u e le
jeune m é d e c in , à p e in e s o r ti d e l’ é c o l e , d é b u te p a r n e t r a it e r
ses m alades q u ’à l ’a id e d ’ un s y s tè m e d o n t il est lo in d e p r é v o ir
les con séqu en ces ( s y s tè m e q u i ten d à é b r a n le r Jes p r in c ip e s d e
la saine m é d e c in e ) , o n v o it là u n e s p r it a r d e n t q u 'u n e e x p é
rience co n so m m é e p o u r r a fa ir e r e v e n ir d ’u n e s i fâ c h e u s e e r r e u r .
Mais que le m é d e c in d ’ un â g e m û r , q u i c o m p t e 20 a n n é e s d e
pratique ou e n v i r o n , fasse l’ a p o lo g ie d e c e q u i est m a u v a i s , e n
abjurant ce q u i est b o n , c ’ est u n e c h o s e d o n t i l f a u t g é m i r ,
un attentat de lèse m édecine q u e l’a r m e d u r id ic u le d o it fo u d r o y e r .
Je viens a u f a i t :
L a n atu re d es fiè v re s in te r m itte n t e s a san s cesse e m b a r ra s s é le
nosologiste et le p r a t ic ie n . P o u r les c o m b a t t r e , o n a t o u r - à tour précon isé l e f e r , l ’ o x id e d e c u i v r e , l’a r s é n ia te d e s o u d e , les
affusions d 'ea u f r o i d e , le q u in a s u r to u t e t ses s u c c é d a n é s , ju s q u e s
aux q u e u ti d ’a r tic h a u ts . I l f a lla it c e p e n d a n t u n m o y e n p in s p u is
sant e n co re : M . F a b r e , D . M . , à F r é ju s , le s ig n a le d an s u n e
dissertation ( s o u te n u e à la f a c u lt é d e m é d e c in e d e M o n t p e llie r ,
le 24 m ars 1820 ) s u r des observations de fiè v res interm ittentes
guéries par des évacuations sanguines. E t c e q u i est n o ta b le c ’ e st
un article d u jo u r n a l d e M a r s e ille , e n d a te d u 2 3 s e p te m b re d e r
n ier, où l’on v o it u n m édecin ja d is grand partisan du quinquina y
faire au jou rd ’h u i l ’é lo g e des sangsues et c o n s é q u e m m e n t c e lu i d e
M. F a b r e , p e u t- ê tr e en re c o n n a is sa n c e d e c e q u e c e je u n e d o c
teur lu i d éd ia son o p u s c u le e t le d é s ig n a p a r d e p o m p e u se s
périphrases. O n r e n c o n tr e q u e lq u e f o i s , en e f f e t , d es g e n s fid èle s
à la ta ctiq u e q u ’ ils se s o n t fa ite s d e lo u e r t o u t c e q u i p e u t le u r
être u t i l e , à q u e lq u e é p o q u e q u e c e s o it. Q u i p e u t so n d e r la
profondeur d es fa ib le s s e s h u m a in e s !
R evenons a u d o c t e u r F a b r e . D ’a b o r d , i l s o u tie n t q u e le d o c t e u r
K e lie , m é d e cin a n g l a i s , g u é r is s a it les fiè v re s in te r m itte n t e s p a r
l’application des to u r n iq u e ts serrés a u x b r a s , a u x c u is s e s , à l ’ e ffe t
d’arrêter la c ir c u la t io n d u s a n g j q u e le d o c t e u r D . . . , c h ir u r g ie n
interne de l ’H ô le l- D ie u y a v a it r e n o u v e llé c e t t e e x p é r ie n c e a v e c
suceès. R e m a r q u e z , M o n s ie u r , q u e V e x -p a r tisa n du quina a e u
�( II*
)
s o i n , c o m m e s’ i l é ta it g a r a n t d e la v é r it é d e ce s f a i t s , d’assu
r e r , d an s l ’a r tic le p r é c i t é , q u e ce s d e u x d o c te u rs é ta ie n t parfai
te m e n t d ’ a c c o rd s u r c e p o in t . T o u t e f o i s , d es r e c h e rc h e s scrupu
le u se s m ’ o n t f a i t d é c o u v r ir q u e M . D ... , d 'a ille u r s p le in de
ta le n t e t p a s s io n n é p o u r son a r t , a v a it e u u n im p r u d e n t e t mal
a d r o it p a n é g y r is te , p u is q u e le m a la d e q u i a v a it s u b i la rude
é p r e u v e d u to u r n iq u e t é t a it s o r ti d e l ’H ô te l - D ie u n o n g jié r i,
f a i t q u e p o u r r a ie n t a tte s te r le s d e u x e s tim a b le s m é d e c in s de cet
é ta b liss e m e n t.
I l c o n v ie n t d o n c d e p r o s c r ir e u n r e m è d e q u i e s t u n e vraie
to r t u r e . S i le d o c t e u r F a b r e , a b ie n v o u lu e n f a ir e g râ c e aux
h a b ita n s d e F r é j u s , i l n e le s a p as te n u s q u it t e p o u r cela. 11
p r é te n d q u ’ il n ’y a d e s a lu t à e s p é re r d an s le s m a la d ie s e t no
ta m m e n t d an s les fiè v re s in te r m itte n t e s q u e p a r le s sangsues,
l’ eau fr o id e e t la d iè te . M a is t s i le s u je t e st f a i b l e , c a co c h y m e ,
é p u is é ? N ’im p o r t e , des s a n g s u e s . S i c ’ e st u n e n f a n t , u n vieil
l a r d ? N ’i m p o r t e , des s a n g su e s. E t d an s le ca s o ù les premiers
m o y e n s n ’ a u r a ie n t p o in t r e m p li le b u t d é s ir é , q u e f a u t- il faire?
L e d o c t e u r r é p o n d , a in s i q u e M . A r g a u t d u m a la d e im a g in a ire ,
e n c o re d es s a n g s u e s , des b o isso n s fr o id e s , etc . O illu s tr e docteur
San grad o , to i q u i fis , a v e c tes s a ig n é e s , c o u le r p lu s d e san g que
la g u e r r e la p lu s c r u e lle ; to i q u i a v e c to n e a u c h a u d e ta ris plus
d e s o u rc e s q u e n e le fe r a it la p lu s a r d e n te c a n i c u l e , rjue tes
m â n e s tr e ss a ille n t d ’ a lé g r e s s e , i l é t a it é c r it q u e t u r e v iv r a is dans
le 19 .e s iè c le .
L e r é s u lta t d ’u n p a r e il m o d e d e tr a it e m e n t e st f a c ile h prévoir,
il est fo r t in u t ile d ’ é tu d ie r la m a tiè r e m é d ic a le , e t le s pharma
c ie n s d o iv e n t se b â te r d e fe r m e r le u r s o fficin e s . M a is je ne ré
p o n d s p a s d e le u r ju s te c o u r r o u x , e t s i le m é d e c in d e Fréjus,
nouveau P o u rce au g n ac , p a r v ie n t à le u r é c h a p p e r , i l n e saurait
é v it e r le s o rt d e C risp in , m é d e c in , q u i en to u t e t p a rto u t or
d o n n a n t d es p ilu le s v i t sa m a is o n assié g é e p a r les m a la d e s qui
v e n a ie n t se p l a i n d r e , m a is tr o p t a r d , d u m a u v a is e ffe t de ses
o rd o n n a n ce s.
11 m e s e m b le d é jà v o ir la m aisoD d e n o tr e d o c t e u r assa illie par
n u e fo u le d e m a l h e u r e u x , le s u n s m a ig r e s , e x té n u é s e t diaph an es se
p la in d r e d ’a v o ir e u le co rp s c o u v e r t d e san gsu e s q u i le u r ont
to u t s u c é e x c e p té le m a l; les a u tre s o b s tr u é s , h y d r o p iq u e s , infil
trés d e la t è t e a u x p ie d s , g é m is s a n t d e n’ a v o ir p lu s <jue de l’eau
d an s le u r s v e in e s . T r o p h e u r e u x p o u r le d o c t e u r , si la maligne
p o s té rité n e p la c e s u r sa to m b e les v e r s sttiva n s d e B o ile a u , au
s u je t d u m é d e c in d e F lo r e n c e !
D a n s F lo r e n c e j a d i s , v i v a i t u n m é d e c in
L u i s e u l y fit lo u g - te m s la p u b liq u e m is è r e
L ’ u n m e u r t v u id e de s a n g , e tc .
F.
�( ii3 )
De
( in flu e n c e
de
q u e lq u e s
s c ie n c e s
n a tu r e lle s s u r
ta
physiologie.
(
T)dixième et dernier article.
)
I l existe des rapports entre la physiologie et Une
science qui, depuis environ vingt ans, a l'ait des
progrès tellement multipliés, qu’ils offrent une tâ
che fatigante pour celui qui veut se tenir au cou-*
rant d’une marche aussi rapide ; cette science est
la chimie. Long-tems ensevelie dans les mystérieux
creusets des ai'chimistes, les belles recherches et les
importantes découvertes de S thaï, de Boërhaave,
de Macquer et surtout du laborieux Schéele, firent
briller sur elle les premiers rayons de ce vaste
foyer de connaissances dont elle se compose. Mais
le génie qui devait l’environner du plus grand éclat
était encore attendu; il parait enfin, et l’Europe
entière l’a reconnu dans Lavoisier. Embrassant aus
sitôt d’un coup-d’œil toute l’étendue de la chimie,
ce grand homme lui communique une impulsion
nouvelle, aggrandit ses domaines , organise ses lois ,
et lui assigne une place distinguée parmi celles des
autres sciences physiques. Accrue depuis par les
travaux honorables de plusieurs savans que nous
nous félicitons de posséder encore, on voit bientôt
la chimie exercer une influence puissante dans les
sciences physiologiques. Mais ici, comme nous l’a
vons déjà vu ailleurs, l’exagération a de nouveau
dirigé les esprits dans l’appréciation de cette in
fluence. Dès le moment., en effet , où les chimistes
ont possédé le moyeu précieux de l’analyse, cet
agent placé entre leurs mains a semblé devenir pour
eux un talisman , devant lequel la nature impuis
sante déchirait tous ses voiles. Les découvertes faites
�CTI4 )
sur les differens changemens qu’éprouve le sang'
dans l’acte respiratoire, les expériences tentées sur
le développement de la chaleur dans le corps vi
vant, enfin l’analyse des liqueurs animales promet
taient des résultats importuns à la médecine théorique
et pratique. Aussi les esprits avides de nouveautés
accueillirent-ils avec transport la chimie moderne,
et la nommèrent par acclamation la science régéné
ratrice. Dès lors le mécanisme de nos fonctions parut
entièrement expliqué • et nos organes, dans ces bril
lantes explications, éprouvèrent les plus singulières
métamorphoses. L’estomac devint un récipient chi
mique dans lequel les matières alimentaires éprou
vaient le contact d’un fluide dont rien n’égalait la
force dissolvante; le poumon ne présenta plus qu’un
vaste foyer, siège perpétuel d’une combustion active.
La chimie ne borne point là le cours de ses pro
diges ; le champ de la thérapeutique va s’aggrandir
par elle, et sous le regard du médecin chimiste la
nombreuse série des infirmités humaines ne se pre
ssente plus escortée de phénomènes redoutables. la
meurtrière phthisie ne porte plus l’effroi dans les
âmes ; simple résultat de l’accumulation d’une trop
grande quantité d'oxygène dans l’organe pulmonaire,
l ’homme de l’art lui oppose le gaz a zote, moyen
énergique , dit-on , pour neutraliser l’irritation dé
terminée par cet oxygène trop abondant. L’espérance
au front gai vient aussi ranimer le calculeux: loin
de lui l’idée d’une opération cruelle pour terminer
ses douleurs: la chimie lui a découvert la compo
sition des calculs vésicaux, et l’injection des liquides
fondans va rapidement dissoudre les matériaux de
ces corps dangereux. Le tremblant hypocondriaque,
le scrophuleux languissant voient un terme à leurs
maux : la soustraction d’une certaine quantité d'azote
�( *i5 )
et ({'hydrogène chez l’u n , l’addition du phosphate
calcaire chez l’autre, vont dissiper cette foule d’in
firmités qui empoisonne leur existence.
Qui n’eut pensé, d’après tant de belles données,
que l’empire de la physiologie et de la médecine
allait éprouver une de ces révolutions heureuses qui
changent la face des sciences, et qu’un traitement
plus consolateur venait ravir au trépas de nom
breuses victimes 1 Pourquoi l’expérience a-t-elle si
promptement dissipé ces attrayantes illusions? Pour
quoi, malgré tant d’assurances fastueuses, la phthi
sie marche-t-elle toujours accompagnée d’une des
truction si rapidement mortelle? Pourquoi le fer de
l’opérateur est-il et sera probablement long-tems
encore le seul agent thérapeutique des calculs vési
caux? Pourquoi tant de médicamens vantés ne don
nent-ils pas le phosphate calcaire qui manque aux
os du rachitique, et n’enlèvent pas ces gaz surabon
dait, germes de tant d’affections morbides, d’après
le langage des médecins chimistes? Quelle fonction
a éclairé l’analyse des liqueurs animales, et pourquoi
les chimistes qui se sont occupés de cette analyse
n’ont-ils pas voulu voir qu’ils n’opéraient que sur
les cadavres de ces fluides, et qu’ils ne pouvaient
par conséquent en tirer aucune induction physio
logique? Vainement nous a-t-on fait connaître la
composition de la bile et de l’urine : il n’est pas
davantage en notre pouvoir d’arrêter la formationi
des calculs vésicaux et biliaires. Que conclure de
ces faits? rien autre chose sinon que les applica
tions de la chimie à la physiologie et à la médecine
présentent beaucoup d’erreurs; que les prétentions
de celte science ont été trop étendues, et qu’il ne
lui est pas davantage permis qu’à la physiqne de
nous donner des explications satisfaisantes sur le*
�( i!<> )
phénomènes vitaux. Loin de nous toutefois l’idée
de vouloir rabaisser une science qui mérite à tous
égards la célébrité dont elle jouit: la clarté de ses
théories, la beauté de ses découvertes, les amélio
rations nombreuses, dans les produits de notre in
dustrie, dues aux progrès des connaissances dont
elle se compose, les travaux justement admirés des
Vciuquelin, des Thénard, des Gay-Lussac, en France;
des Davy, en Angleterre; des Proust, des Berzelius,
dans la Suède, sont des titres assez brillans pour
elle, sans qu’elle ambitionne la gloire d’expliquer
des phénomènes qui, par cela même qu’ils sont du
ressort de la vie, se dérobent à toutes nos conjec
tures et à tous les efforts que nous employons pour
découvrir leur nature.
Dep uis long-tems on a signalé la liaison intime
qui unit la physiologie à l’anatomie; les mêmes
progrès les ont illustrées l’une et l’autre, et les
mêmes obstacles, à différentes époques, ont entravé
leur marche lente et pénible à travers les siècles.
Pendant une longue suite d’années, l’anatomie a
reposé dans le berceau de l’ignorance ; pendant
long-tems, des idées superstitieuses inspirèrent pour
la dépouille mortelle de l’espèce humaine une vé
nération fanatique, et le sceau de la réprobation
frappait l’homme assez hardi pour oser porter sur
elle une main profane. Le père de la médecine ne
connut d’autre anatomie que celle des formes ex
térieures dont il apprit les élémens dans les gym
nases où s’exercaient les athlètes. Aristote ne possédait
guère mieux la science de l’organisation humaine,
et, dans plus d’un endroit de ses ouvrages, il té
moigne toute son horreur pour la dissection des
cadavres. C’est à l’esprit cultivé, c’est aux lumières
«les princes sous lesquels ils vivaient, qu’Hérophile
�( IX 7 )
et E r a s i s t r n t e durent les connaissances anatomique*
qui ont transmis leur nom d’âge en âge. G a l i e n ,
quoique exerçant dans Rome alors capitale du monde,
ne pouvant vaincre les préjugés de son siècle, se
borna à disséquer un grand nombre d’animaux, fit
un voyage à Alexandrie pour y voir un squelette
humain, profita des travaux de ses devanciers, et
consigna le fruit de ses recherches dans ses a d m i- r
n is t r a t io n s a n a t o m i q u e s et son fameux traité de Y u s a g e
dus p a i't ie s . Pendant long-tems ses ouvrages furent
les seules sources où l’on puisa les notions anato
miques et physiologiques. Neuf siècles de barbarie
pesèrent ensuite sur le monde, et vinrent étouffer
les germes' déjà féconds des sciences humaines. Des
bordes sauvages sorties des flancs glacés du nord
se répandirent, en nombre immense, dans l’Europe
civilisée: alors les autels élevés à Esculape furent
renversés ; l’encens ne fuma plus que pour la déesse
des funérailles; le globe ne retentit plus que du
choc effrayant des armes, et le voile du deuil fut
étendu sur le champ dévasté de la science. Le sei
zième siècle enfin apparaît : un horizon plus pur
vient alors luire sur le monde ; les lettres renais
sent, l’art précieux de la médecine reprend tout
son éclat, des foyers d’instruction se multiplient
avec rapidité, la dépouille des morts a perdu toute
son horreur sous le scalpel de l’anatomiste, la vie
est interrogée dans le flanc des animaux, la nature
scrutée par le regard pénétrant du génie lui dévoile
plusieurs de ses secrets, et rouvre ainsi la source
depuis long-tems épuisée des connaissances médicales.
Compagne inséparable de l’anatomie , la physio
logie a traversé avec elle cette longue chaine de
révolutions déplorables. Les mêmes impulsions com
muniquées à l’une ont aussi été ressenties par l’autre j
�( nB )
mais de l'intimité même de leurs rapports est née
une influence qui n’a pas toujours contribué, d’une
manière heureuse, au perfectionnement de la science
de la vie. Des recherches anatomiques profondes et
délicates font connaître à R u d b e c k et B a r t h o l i n l’exislence des vaisseaux lymphatiques dans l’homme et
les animaux ; d’un autre p art, l’immortel H a rv é c
dévoile le mystérieux phénomène de la circulation;
les admirables injections de R u i s c h viennent étonner
l’imagination. De la prodigieuse quantité de vais
seaux et de fluides que recèle le corps humainf
c’en est assez pour les créateurs d’hypothèses, et
tous ces fluides roulants en nombre immense dans
leurs tubes organisés, ne tardent pas à être décorés
des propriétés les plus éminentes : ils modèrent et
excitent tour - à -tour l’ensemble des solides vivans,
qui ne sentent et n’agissent plus ainsi que par eux;
ils deviennent bientôt un entrepôt où nos organes
vont puiser à longs traits le principe de leur alté
ration morbide. Alors la science de l’homme n’offre
plus qu’un amas confus de théories toutes dégoû
tantes du langage de l’humorisme, et la physiologie
est réduite à lutter dans ce nouvel océan que lui
a créé l’imagination de quelques hommes célèbres,
Le tableau change : l’anatomie s’enrichit de con
naissances plus étendues sur le système nerveux;
on étudie mieux la disposition , la structure des
parties qui le composent, et bientôt les nerfs ont
à remplir un rôle extrêmement varié dans la scène
des phénomènes vitaux. Bientôt ils sont constitués
les dépositaires du principe qui nous anime, les
organes conservateurs d’un agent dont la subtile
existence échappe sans cesse au regard pénétrant
qui cherche à la saisir; d’autres fois, ils sont soumis
aux lois de l’harmonie musicale ; cordes vibrantes
�(
IT9 )
interrogées par les différentes sensations qui nous
agitent, ils manifestent lour-à-tour des mouvemens
doux, languissans, rapides, impétueux, suivant le
degré d’énergie de l’impression qui les frappe.
Il nous serait facile d’étendre ce tableau, et d’ap
profondir davantage l’examen de l’influence qu’ont
exercé plusieurs sciences accessoires sur la physio
logie; mais nous croyons devoir borner ici notre
travail. Qu’on ne nous accuse pas d’exagération dans
la peinture que nous venons de tracer : l’histoire
fidelle de notre art est là pour appuyer toutes nos
réflexions et confirmer tous les faits que nous avons
présentés. Nous ne saurions le nier ; le champ de
la physiologie n’offre qu’un luxe stérile ; une sève
étrangère circule dans les branches de cette science;
les connaissances accessoires se sont trop propagées
dans son étude, et trop souvent la physiologie ca
che sa nudité en se couvrant de leurs dépouilles.
C’est en effet, comme nous l’avons v u , des sciences
accessoires qu’elle a emprunté les théories, les hy
pothèses et ce langage qui tant de fois l’a déparée.
Trop souvent encore les lois de la physique et de
la chimie sont appliquées aux actes de notre éco
nomie : étrange aveuglement de l’esprit de système
qui ne sait pas s’arrêter là où la nature a posé
des limites! Déplorons ces erreurs; contentons-nous
d’en avoir signalé quelques-unes ; et laissons à des
mains plus habiles la tâche de les détruire et de
répandre ainsi un nouvel éclat sur la science at
trayante qui a pour objet l’étude de l’homme vivant.
J. E. M. G uiaud fils,
D. M. P .
�( Ï*Q )
O B s B r v A T i o n s u r l a g u é r i s o n d 'u n e h y d r o p i q u e , par.
l e s u l f a t e m a g n é s i e n ; p a r M . P . M . R O U X , D o c t e u r en
m é d e c i n e , m e m b r e d e p l u s i e u r s s o c i é t é s s a p a n t e s , etcP o u r peu qu’on fasse attention à la marche de
Part médical, depuis Hippocrate jusqu’à nos jours,
il est facile de s’appercevoir que les ressources les
plus importantes de la thérapeutique sont presque
toutes le fruit de l’observation. Les théories les plus
subtiles, les systèmes les mieux combinés dans l’in
tention de préconiser tels ou tels moyens médica
menteux, n’ont-ils pas été la plupart du tems con
trariés et victorieusement combattus par les .faits ?
D’ailleurs, suivant l’opinion générale, ceux-ci cons
tituent la base de la vraie médecine, tandis quels
nature se joue à son gré des efforts captieux de
notre imagination. Mais, si par cela seul qu’elles
tendent au même but, toutes les observations mé
dicales méritent d’être rapportées, il est vrai d’é
noncer qu’elles ne présentent pas toutes le même
intérêt. Cet intérêt est d’autant plus grand , que les
cas sur lesquels elles roulent sont extraordinaires ou
caractérisés par des phénomènes particuliers.
Tel nous paraît être le fait que nous allons com
muniquer: il s’agit d’une hydropisie ascite et gé
nérale , guérie par quatorze livres de sulfate ma
gnésien , dans le cours de trois mois.
La veuve Vial, âgée de cinquante-neuf ans ou
environ, d’une constitution robuste, passionnée pour
les alimens forts, les oignons surtout, résidant au
village de Bouc, où elle fut continuellement occu
pée aux travaux de la campagne dès sa plus tendre
jeunesse, demeurait depuis près d’un mois à Mar
seille, rue Radeau, n.° 2 5 , quand le 29 juin 1819,
elle réclama nos soins, étant tourmentée par des
�( 121 )
douleurs générales, avec anorexie, insomnie, œdé
matié (les jambes et des pieds, suffocation. Nous ap
prenons que, dans l’espace de quinze années, elle a
été affligée de trois hydropisies ascites qui ne furent
point traitées, et qui durèrent, la première une
quinzaine de jours, à-peu-près le même tems la
seconde, et presque deux mois la troisième; que les
symptômes de ces hydropisies s’évanouirent comme
par enchantement, et ceux de la dernière à la suite
d’une grande évacuation d’urine ; évacuation qui
fut, ce semble, le travail de la nature, aucun re
mède n’ayant été employé alors pour remplir cette
indication.
Tous ces détails , comme les signes que nous obser
vions nous fesant craindre la formation d’une nouvelle
ascite, nous nous mîmes en devoir de la prévenir, s’il
était possible, et à cet effet nous prescrivîmes une tisane
composée avec les racines de fraisier, de chiendent et
les baies de genièvre. Six jours après, prescription
de 3 o grains de jalap en poudre: quatre selles en
sont le résultat : continuation de la tisane. Néanmoins
l’œdème des membres inférieurs et la difficulté de
respirer vont en augmentant, seulement les douleurs
sont tolérables. Outre les moyens déjà mis en avant,
nous fesons faire des fomentations puissamment aro
matiques sur les parties œdémateuses. Tout cela n’empêcbe pas les progrès de la maladie : l’urine sort
en petite quantité, et l’abdomen s’enfle insensible
ment; les jambes et les pieds grossissent également ;
on reconnaît bientôt, à la fluctuation, le liquide épan
ché dans la cavité abdominale. Nous insistons sur le
jalap, à la même dose, de quatre en quatre jours: ses
effets ne varient pas: application de deux larges vési
catoires aux jambes: ils coulent passablement. Toute
fois rien n’a pu et ne peut, ce semble, arrêter le
�torrent. Dans quelques jours, l’ infiltration devient
presque générale, et le vingt-huitième jour après no
tre première visite , la leucophlegmatie est complète,
Des mamelles, qui étaient flasques dans l’état naturel,
sont extraordinairement dures et. engorgées ; la face
est bouffie ; il y a même œdème des paupières,
dypsnée extrême, cruelle agrypnie, abattement mo
ral, crainte de la mort. Bref, la malade est à l’ex
trémité, ne peut même, dans l’état actuel, recevoir
les sacremcns. Quelle conduite devions-nous tenir
alors ? Nous avouons que nous fûmes fort embar
rassé , et nous pensons que plus d’un médecin le
serait pareillement dans une telle occurrence. Fallaitil abandonner la malade aux seules forces de la
nature, nature qui fut, en apparence, si puissante
dans les trois autres liydropisies ? non , sans doute.
Sachant qu’on peut, sans crainte d’être blâmé,
tenter des moyens douteux, lorsqu’il y a motif de
désespérer d’une guérison, nous ordonnâmes jour
nellement, comme évacuant, une once de sulfate
magnésien dissout dans quatre verres de la tisane
sus-mentionnée. Cette boisson ne fait faire qu’une
selle; mais, ce qui est notable, c’est que les vési
catoires rendent une abondante sérosité. Les effets
du remède devenant presque nuis vers le cinquième
jour, nous l’augmentons de demi once par jour: il
produit une selle comme antécédemment ; les urines
sont assez copieuses ; les vésicatoires qui paraissaient
tarir offrent encore beaucoup de sérosité. Huit jours
après cette augmentation du sel d’Epsom, nous nous
voyons obligé de le porter à la dose journalière
de deux onces, puis à celle de deux onces et demi,
et enfin à la dose de trois onces pour chaque jour,
dans les proportions indiquées du même véhicule,
Il est bon d’observer que ce fut le 2S.Cjour après U
�( ^3 )
première dose d’une once, que commença la première
prise de trois onces , prise qui dès lors fut réitérée
journellement pendant deux mois et cinq jours. Voici
en peu de mots ce qui se passa pendant l’adminis
tration de cet agent thérapeutique: chaque jour ou
tous les deux jours, la malade allait une fois à la
selle, urinait assez bien, et les vésicatoires coulaient
extrêmement, surtout peu de tems après l’usage du
sulfate de magnésie. Dans peu le calme se rétablit ;
l’appétit revient: nous permettons à la malade de man
ger les alimens qu’elle désire, les analeptiques surtout.
Long-tems l’insomnie la tourmente ; elle est même obli
gée, durant un mois et demi, de passer les nuits sur une
chaise; mais, à mesure que tous les symptômes de la
maladie principale s’effacent insensiblement, les jambes
sont très douloureuses et dans un état érysipélateux, le
lieu où les vésicatoires ont été appliqués est livide,
et la gangrène est à redouter. Nous nous empressons
à utiliser des lotions avec un liquide ainsi composé :
prenez sulfate d’alumine privé de son eau de cris
tallisation ^ j., sulfate de zinc § s., acétate de plomb
liquide 5 j., caude fontaine Ifc ij., et nous croyons devoir
nous en tenir au sel d’Epsom, pour prévenir les
funestes suites d’une répercussion trop brusque de la
sérosité des vésicatoires. Néanmoins, ce sel, suivant
sa coutume, ne provoque presque pas de selles, et
les jambes ne cessent de couler, quoique moins
rouges , moins douloureuses , et qu’elles aient un
meilleur aspect. Aussitôt que la malade se sentit de
marcher dans la chambre , nous lui recommandâmes
de le faire fréquemment: alors les jambes allaient de
mieux en mieux : elle fut dans le cas, vers le com
mencement d’octobre 1819, de promener en ville,
et, depuis cette époque, elle se livre à des exercices
fort prolongés. L’intégrité des fonctions organiques
�f I2 4 )
«
l i s
.
h? H
:|a
est le résultat que nous avons fort heureusement
obtenu: c’est-à-d ire, que la veuve V ial, dont par
parenthèse le domicile est aujourd’hui, place des
Augustins , n.° i , au coin de la rue Reynarde, jouit
d’une santé aussi solide qu’on puisse désirer.
R é f l e x i o n s . S’il nous fallait rechercher ce qui donna
lieu à la guérison des trois hydropisies précédentes,
ne pourrait-on pas attribuer en partie celle des
deux hydropisies primitives, nonobstant le travail
de la nature, aux oignons que mangeait souvent la
veuve Vial, surtout dans ses maladies? O11 voit dans
l’ancien journal de médecine, mois de décembre
1754, l’observation d’une hydropique guérie par
des cataplasmes d’oignons grossièrement pilés et in
fusés dans l’eau-de-vie pendant 24 heures : ces cata
plasmes appliqués à la plante des pieds et sur l’ab
domen, rétablirent le cours des urines , d’où dépendit
tout l’effet salutaire. Déjà, dans le journal de Tré
voux , 1718, p. i 5y , il fut question d’un hydropique qui fut guéri en mangeant des oignons blancs
cuits, et en en buvant en forme de tisane.
Quant à la cure de l’hydropisie que nous avons
traitée, qui pourrait douter que le sel d’Epsom y
ait fortement contribué, si tout seul il ne l’a pas opé
rée? Mais, comment expliquer son action cliea une
femme déjà d’un certain âge, vouée à une mort
presque certaine, tandis qu’il fut donné à des doses
si fortes, si rapprochées et si long-tems continuées?
On aurait trop à dire, quand même on le pourrait,
s’il fallait tout expliquer. Observons cependant que
le sel d’Epsom a visiblement concouru à augmenter
l’écoulement des vésicatoires. 11 est donc permis de
présumer qu’il a agi comme excitant-stimulant du
système lymphatique ; et cette opinion n’est pas si
invraisemblable, si l’on fait attention que souvent
�( * 25 )
uti rémccie he produit pas les effets pour lesquels il a ctë
administré, et que la nature s’en sert pour exciter uni
émonctoire plus disposé à s’ouvrir. « C’est ainsi, dit
l’auteur dü mot h y d r n p i s i e du diciionaire des sciences
médicales, que l’opium administré comme sudorifique
provoque quelquefois l’action du système urinaire. »
Nous avons Vu que Ife jalap n’arrètait pas les
progrès du mal: et qui doute même qu’il ne l’ait
pas aggravé? Il agissait comme purgatif, tandis que
le sel d’Ëpsom , donné dans cette vue, dès le prin
cipe, bien que poussé à des fortes doses, ne pro->
curait presque pas d’évacuations alvines. Donc, ce
sel est devenu salutaire par son action stimulante
des 'vaisseaux lactés. Mais, en supposant que cette
action fut chimérique, peut-on ne compter pour
rien l’irritation de la membrane muqueuse des voies
digestives; irritation quij due à la présence du sul
fate magnésien, aura été cause d’une nouvelle irri
tation sympathique del à peau, à l’endroit des vé
sicatoires, ce qui les aura si bien fuit couler? On
n’ignore pas la sympathie qui règne entre la peau
ou l’enveloppe extérieure du corps, et les mem
branes muqueuses qui en sont la continuation.
Ainsi, la physiologie vient à notre secours pour
expliquer l’action d’un moyen thérapeutique, dans
un cas de pathologie peu commun. Tant il est vrai
de dire que toutes les branches de l’art médical
sont inséparables.
Nous ne pousserons pas plus loin nos réflexions
sur une observation dont on ne peut rien inférer'
de positif, parce qu’elle est unique, qui ne laisse
pas cependant d’intéresser sous différens rapports,
et qui Surtout est de nature à engager le praticien
à faire des expériences sur les propriétés du sulfate
magnésien.
�( x*6 )
— Un fait non moins remarquable est celui que
nous devons à M. Albanelly, chirurgien à Mar
seille et accoucheur d’un mérite distingué :
Une femme âgée de 5 o ans, atteinte depuis deux
ans et demi d’ une leueophlegmatie ou hydropisie
générale, avait été soumise à plus d’un traitement
rationnel: les purgatifs, les remèdes dits apéritifs,
diurétiques, deux larges vésicatoires aux jambes,
tout était sans succès, et la maladie paraissait audessus des ressources thérapeutiques , quand M. Alhanelly, étant consulté, estime que l’on ne peut
se promettre de soulager la malade que par le
dégorgement du fluide extravasé dans le tissu cel
lulaire , et présume même que fies scarifications ne
rempliraient qu’imparfaitement ce but. M. Albanelly
compte plutôt sur l’efficacité de plusieurs exutoires,
et s’imagine qu’il faut pour cela recourir à l’ap
plication de petits emplâtres vésicatoires de la gran
deur d’une pièce de vingt sous. En conséquence,
il en fait promener successivement sur tout le
corps, et leur nombre, de vingt-cinq à trente par
jour, pendant onze jours , s’élevant au total à
trois cents ou environ, suffit bientôt pour imprimer
au tissu cutané une excitation salutaire, en opé
rant le dégorgement désiré. Il est bon d’observer
qu’un moyen aussi ingénieux aurait pu ne pas gué
rir la malade, si M. Albanelly n’avait eu la sage
précaution d’administrer intérieurement des puissant
toniques, tels que le quiria, le vin amer, etc., et
surtout d’insister sur un régime nourrissant.
P. M. Roux.
�I2 7
(
Ob s e r v a t i o n
(
x
su r
)
)
d eu x fr a c tu r e s
u ne c a c h e x i e s c o r b u tiq u e ; p a r M . A
en m é d e c i n e , a n c i e n
c o n s u lt a n t
des
de p lu s ie u r s
D,
d o cte u r
c h ir u r g ie n d es a r m é e s , m é d e c in
d is p e n s a ir e s
s o c ié té s
ca u sées p a r
y n a ü
de
M a r s e ille ,
m em bre
sa v a n te s.
toutes les maladies qui affligent I’pspèce hu
maine , le scorbut est une de celles qui sont les plus
généralement répandues; il naît dans tous les cli
mats , et s’il affecte de préférence les peuples du
nord, ceux qui habitent sous les tropiques, n’en
sont point exempts. C’est dans les .flottes et aux
armées qu’il exerce ses plus funestes ravages, il se
présenté alors sous le cortège cl’un grand nombre
de symptômes qui ne peuvent le faire méconnaître.
Toutefois, cette affection, que plusieurs médecins
ont regardé comme la source cachée de la plupart
des autres maladies, ne suit pas toujours une mar
che franche et régulière ; elle prend quelquefois
le masque des scrofules, de la siphilis du can
cer, donnant à peine quelques faibles signes de sa
présence, tandis qu’elle agit sourdement, qu’elle
soustrait insensiblement toutes les forces à la nature,
de sorte que si l’œil du praticien ne la découvre
dans sa marche tortueuse, elle fait traîner une lon
gue et malheureuse existence à celui qu’elle a at
teint, et détermine la mort d’autant plus vite que
des remèdes inutiles ont été employés.
D
e
( i ) M . le d o c t e u r A y n a u d ,
p r a t ic ie n
a lu ce tte o b s e r v a tio n à la S o c ié té
M arseille, d an s sa s é a n c e d u
peine fa it m e n tio n
d an s
le
1 8 sep tem b re
ra p p o rt
com pagnie, p e n d a n t les a n n é e s
devait pas a u m o in s r e n d r e
tr è s i n s t r u it e t m o d e s t e ,
A c a d é m iq u e
i 8 i 3
sur
de
m é d e c in e
i 8 r 3 , et il
le s
tra v a u x
de
e n est à
de
c e tte
e t 1 8 1 4 , c o m m e s i l’o n n e
c o m p t e d e la
q u in te s s e n c e d es fa it»
qui p résen ten t b e a u c o u p d 'in t é r ê t .
Note du rédacteur général.
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M É jfp )#
M i Ifflr <M;
:Siïfïï? 1! ■
i l
:]U
,.V Âl,
t
( i>8 )
,îe pense que l’observation suivante servira à rap
peler l’attention des gens de l’art sur la marche
et le caractère du scorbut:
Le nommé Coton, demeurant à Marseille, rué
des Marquises ; âgé d’environ 45 ans, d’un tempé
rament bilieux, travaillait depuis plusieurs années
dans les fabriqués de savon, en qualité d’ouvrier;
il avait toujours joui d’une bonne santé jusqu’à l’au
tomne dé l’an 181Î. À celte époque, il éprouva 1111
mal-aise , unë grande faiblesse et une sorte d'in
quiétude, sans savoir à quoi l’attribuer; l’appétit
diminuait insensiblement; il eut bientôt une toux
fatigante, surtout pendant la nuit ; il maigrissait;
son teint était jaunë, les lèvres et les gencives étaient
pâles, et tous ces symptômes se manifestèrent suc
cessivement dans l’espace de plusieurs mois.
Tel était son état, lorsque le 14 mars 181a,
voulant fendre des vieilles planchès de bois, il en
tenait une de la main gauche, par son extrémité;
et frappant avec une petite hache de la main droite,
il sentit comme un coup violent donné au bras
gauche : la douleur le fit presque évanouir. Appelé
de suite auprès du malade, je trouvai l’humérus
gauche fracturé en travers, à sa partie moyenne; les
extrémités de l’os fracturé formaient une tumeur de
la grosseur d’un œuf de poule, et céttë tumeur
disparut, avec un sentiment de crépitation, à la plus
légère pression : je mis de suite un appareil con
venable et la douleur cessa.
Cependant il ne parut pas de symptôme d’inflam
mation, et il ne survint aucun mouvement fébrile.
Surpris qu’une cause aussi légère eut pu produire
un accident de cette nature; je questionnai le ma
lade sur toutes les maladies qu’il avait essuyées de
puis son enfance; convaincu qu’il 11’existait chet
�t *29 )
lui aücuh vice syphilitique, ni cancéreux, ef hë
doutant point que le ramollissement des os, leur1
flexibilité, ou leur dessiccation peuvent être deS
effets du scorbut, je crus que tous les symptômes
que j’ai exposés ci-dessus tenaient à une cachexie
scorbutique, causée peut-être par les matières alkalines, à l’action desquelles celui qui fait le sujet
de cettfe Observation avait été exposé pendant plu
sieurs années. D’après ce diagnostic, je mis le ma
lade à l’usage du petit-lait avec les sucs de cresson,
de fumeterre et dé cochléaria ; les soupes étaient
faites avec la Viande dë boucherie ët les plantes et
racines àhti-scctrhutiques, telles que l’oseille , le Cer
feuil, le céleri, la chicorée amère, l’oignon et la
carotte ; la tisane était une décoction de racitfes dé
patience, de CresSon et de réglisse. Ces moyens em
ployés pendant dix-huit jours étaient fructueux : là
toux était moins forte , l’appétit ët le sommeil meil
leurs, l’esprit plus tranquille ; mais Coton se trouvant
mieux, se dégoûta des remèdes, les abandonna malgré
tries instances, ne pouvant sè persuader qU’ils étaient
nécessaires à la guérison dé sa fracture.
Le 10 avril, c’est-à-dire vingt-six jours après ma
première visite , Coton venant de diner, voulut cou
per urt morceau de pain qui était resté sur la table
avec un couteau qu’il tenait de la main droite ; au
premier effort il se fracture l'humérus droit vers la
partie inférieure et postérieure. Là fracture était eh.
bec de flûte, longue d’ehviron quatre doigts, sè
prolongeant jusque» dans l’articulation ; la douleur
qu’il éprouva fut très faible, il crut, d’après le
bruit qu’il entendit, avoir cassé son Couteau , et il.
ne s’apperçut de l’accident qu’à l’impossibilité dé
remuer le bras et à la douleur qu’il ressentit quand,
en le lui toucha,
I
9
�( i 3o )
Je ju geai, d’après cette seconde fracture , qu’il fal
lait employer des anti-scorbutiques plus actifs, puis
que la maladie était encore dans toute sa vigueur.
Le malade instruit par une triste expérience, était
comme privé de l’usage de ses bras, par la crainte
de faire le moindre mouvement; aussi devint-il
plus docile et plus raisonnable. Après avoir remédié
« la fracture, je le mis .au régime qui suit:
11 prenait, tous les jours, six onces de yin antiscorbutique de Dumorete, mangeait trois oranges et
trois soupes grasses composées avec les plantes dé
signées ci-dessus ; j’ajoutai au bout de douze jours
deux côtelettes rôties, assaisonnées avec le jus de
citron, et une salade, mâtin et soir, faite avec le
cresson, le cerfeuil, la roquette, l’oseille et la chicorée.
Ce régime changea tout-à-fait l’état du malade;
son teint pâle disparut, la toux se termina par une
expectoration abondante, les forces se rétablirent,
tous les symptômes de la cachexie se dissipèrent, et
au bout de deux mois, les fractures furent com
plètement consolidées. Le malade a continué le même
régime jusqu’à la fin de. juin , qu’il jouissait d’une
santé parfaite.
Je terminerai cette observation par une réflexion
qui sc présente naturellement: si les fractures dont
je viens de parler, avaient été produites par une
cause externe ( un coup violent, une chûle ) , il est
hors de doute qu’en ne voyant qu’une maladie locale,
j ’aurais attendu envain la formation et la consoli
dation du cal. Ainsi donc, si le scorbut complique
souvent les maladies internes, il peut quelquefois
jouer un grand rôle dans celles qui paraissent ex
clusivement attachées au domaine de la chirurgie.
�( i3i )
OpBTKAZliiE produite p a r la présence d ’un Pét- sur là
conjonctive ; par M.
R
ic a r d
j
D . M. M ., à Marseille:
Mademoiselle B..., d’uri tempérament lymphaticosanguin, avait une vive inflammation à l’œil gau
che , que les émolliens employés pendant quelque
iems, lie diminuèrent nullement, èt; même la dou
leur, qui en était la conséquence , l'uL de. plus eu
plus violente, au point d’obliger la malade à con
sulter un médecin. Elle annonça que depuis plu
sieurs jours, elle avait éprouvé une douleur sem
blable à celle que produirait une piqûre; que l’ophthalmie s’était manifestée immédiatement après, et
que dès-lors il lui semblait avoir du sable dans
l’œil. En examinant celui-ci, je reconnus une oplithalmie purement inflammatoire: la Conjonctive était
engorgée , il y avait larmoyemerit, e t, outre la dou
leur intense, impossibilité de soutenir l’impression
de la lumière. Mon examen devenant plus attentif*
j’apperçus un petit corps étranger , de forme ronde ,
d’une demi ligne de longueur , vers la partie interné
de l’œ il, mais q u i, au moindre mouvement d.es
paupières, passait rapidement de cette partie verà
l’externe et pice persà.
Je me servis , pour extraire fcè corps, d’ub petit
morceau de papier roulé en pointe , ë t, l’extraction
faite, la malade fut aussitôt soulagée. Des collyi s
résolutifs procurèrent dans peu la guérison;
Les mouvëmens rapides de ce corps me portè
rent à croire que c’était un petit ver, et mes soup
çons se tournèrent en Certitude, lorsqu’en l’examinant
au grand jour sur un morceau de papier, je pus enbore distinguer(i) ses mouvemens pendant Une tninute;
(i)
N o u e a u r io n s v o u lu
q u e M . R i c a r d e u t c o n s id é r é c e c o r p i j
�( i 3â )
A quoi pourrait-on attribuer la présence de ce
•ver sur la conjonctive ? Admettre qu’il y a pris nais
sance, ce serait Une hypothèse insoutenable. La ma
lade dit avoir senti comme si quelque chose la
piquait: ne devons-nous pas penser plutôt qu’une
mouche aura déposé là le germe de ce ver et qu’il
s’y sera développé? Si j’étais obligé de résoudre
cette question, je me déciderais pour l’affirmative;
car outre qu’on Voit tous les jours, dans les grandes
chaleurs des mouches déposer des vers sur la viande,
j ’ai eu l’occasion d’ohserver chez deux de mes frè
res, une douzaine dé vers sur les conjonctives de
l ’un et une vingtaine sur celles de l’autre, ce qui
leur fesait ressentir des douleurs atroces. Dans ces
deux eus les vers étaient encore plus gros que celui
dont il est ici question 5 ils étaient comme lui d’une
forme ronde.
O b s £ R V A T î ON
le
rectum ,
su r
une
e x c r o is s a n c e
g u é r ie
par
l ’a p p lic a t i o n
cha rnu e
d ’u n e
dans
poudre
c a u s t iq u e ; p a r M . A L L E M A N D , d o c te u r e n c h ir u r g ie s
c h ir u r g ie n titu la ir e d e s D is p e n s a ir e s d e M a r s e ille , e tc.
M. Jaume Gavaro, capitaine majorcain , âgé de
So ans, d’un tempérament sanguin, vint me con
sulter, il y a trois ans, pour une excroissance charnue
dont, il était atteint depuis plus de dix années, et
q u i, située dans le rectum, avait insensiblement
à l’ a id e d u
ver,
m ic r o s c o p e ,
d ont on
a u s s i m o b ile
ne
e t p o u r m ie u x
c o n ç o it p as
q u e c e lu i d e
le
c o n s ta te r l ’e x is te n c e
d é v e lo p p e m e n t
la v i s i o n ,
et
c o n fig u r a tio n d e c e t a n i m a l c u l e , a in s i q u e
su r
p o u r b ie n
d é to u s
un
ju g e r
d ’u n
o rgan e
de
la
ses c a ra c tè re s
p e r c e p tib le s .
JXote du rédacteur général.
�( i 33 )
acquis le volume d’une grenade ordinaire, présent
lait diverses végétations de forme variée , était rouge,
consistante, très douloureuse, surtout à sa sortie
hors de l’anus, toutes les fois que le malade venait
à la selle, et lorsqu’il voulait la faire rentrer.
Visité tour-à-tour par des chirurgiens anglais,
portugais, espagnols, il avait appris de ces docteurg
que son affection était incurable, ce qui le déses
pérait et lui fesait préférer la mort aux tourmens
qu’il endurait. Aussi, eut-il confiance dans le trai
tement que je lui proposai, et que j’étais décidé
d’entreprendre, parce qu’il m’avait réussi quelque
tems auparavant chez une femme qui avait une
tumeur à-peu-près semblable. En conséquence, je
préparai le malade par des moyens généraux , tels
que la saignée, les bains , une tisane mucilagineuse ,
et je lui recommandai de ne pas faire rentrer la
tumeur, la première fois qu’elle sortirait. Alors,
l’ayant fait coucher sur le ventre et deux aides te
nant les fesses écartées, la tumeur offrait tout son
volume; après l’avoir entourée de charpie je la sau
poudrai vers toute sa surface avec une poudre com
posée de parties égales de Sabine , d’alun calciné
et de muriate sur-oxigéné de mercure mêlés exac
tement; puis je la couvris d’un morceau de linge
arrondi, sur lequel j’avais étendu une couche d’on
guent basilicum , et le tout fut soutenu par un ban
dage en T -; des douleurs atroces se firent bientôt
ressentir, mais le malade les supporta avec courage.
Quatre heures après, je lui enlevai l’appareil et je
le trouvai inondé d’une matière sanieuse et noirâtre ;
je lavai soigneusement la partie avec une décoction
émolliente et tiède, et j’appliquai un nouveau linge
enduit de basilicum. Ce pansement soulagea un peu }
sommeil de deux heures pendant la nuit. Au pan-
�( i 34 )
gement du lendemain matin, quantité prodigieuse
d’une matière putride infecte; le soir, la suppura
tion est plus abondante encore ; toutefois, diminu
tion de la tumeur de plus de la moitié. Le surlen
demain , diarrhée colliquative très alarmante ; le
malade vient à la selle près d’une soixantaine de
fois; alors l’appareil devient inutile, ce qui n’empèche pas la fonte de la tumeur de s’opérer : la
diarrhée était suivie d’une grande fièvre et de tran
chées qui se propageaient jusqu’à la région épi
gastrique ; et il survint une salivation abondante
que j!attribuai à l’absorption d’une partie de muriate sur-oxigéné de mercure. Je prescris la tisane
de veau , des potions huileuses édulcorées ou avec
le sirop de nymphœa, ou avec celui de diacode,
des fomentations émollientes sur le bas ventre, et,
pour toute nourriture, une lasse de bouillon de
deux en deux heures.
Au cinquième jour, la diarrhée ayant presque cessé,
les pansemens sont repris et continués jusqu’au hui
tième jo u r, que je proposai une seconde application
du caustique. Le malade en fnt effrayé au point
de demander les secours religieux, et ne se sou
mit, qu’après les avoir reçus, à la nouvelle ap
plication de la poudre. Cette fois-ci, les douleurs
furent supportables. L’appareil enlevé, deux heures
après, je vis une abondante matière putride, et la
tumeur réduite à la sixième partie de son premier
volume: même pansement deux fois par jour, jus
qu’au douzième, que je mêlai un peu de la poudre
au basilicum, pour détruire entièrement la tumeur,
ce qui eut lieu le quinzième jour, d’une manière
complette: pansement avec la charpie sèche seulentent. Le dix-huitième jour, le malade peut sortir.
�( i 35 )
Le vingt-troisième jour, la guérison (i) est parfaite.
Depuis', le capitaine Jaunie Gavaro est venu plu
sieurs fois à Marseille, toujours bien portant, sans
avoir éprouvé le moindre ressentiment de sa maladie.
Qu e lq u e s
c o n s id é r a tio n s
dans
le
s u r l ’ e m p lo i d e s
tr a ite m e n t d e
in je c t io n s
(2) l’urétrite.
L a plupart des médecins ne rejètent les injections
du traitement de l’urétrite, que parce qu’ils les con
sidèrent comme la cause déterminante des rétrécissemens de l’urètre. Il convient donc, pour savoir
à quoi s’en tenir à cet égard, de rechercher quelle
est la véritable cause d’un accident qu’on ne voit
que trop souvent survenir à la suite de cette ma
ladie désagréable. En médecine, comme dans toutes
les. sciences abstraites, il n’est pas rare de voir les
vérités les plus simples et les plus faciles à saisir,
échapper aux esprits les plus judicieux. Il suffît bien
souvent qu’une explication paraisse probable pour
qu’on la regarde comme vraie, et qu’on 11e cherche
point alors à détruire une erreur qui a toujours
(1)
C e tt e o b s e r v a tio n e s t u n e p r e u v e
m a n ife s t e d e
la n é c e s s ité
de jo in d re q u e lq u e fo is la h a rd ie ss e a u s a v o ir - f a ir e , p o u r c o m b a t t r e
v ic to r ie u s e m e n t c e r ta in e s a lF ectio n s c h ir u r g ic a le s .
Note du rédacteur général.
(2) C e tt e d é n o m in a tio n q u e M . le
th è se , s o u te n u e à la f a c u lt é
18 18 , a y a n t p o u r
D . C h ero n
d e m é d e c in e d e
p ro p o s e
d a n s sa
P a r i s , l e i 3 j a n v ie r
t it r e : P roposition s su r le catarrhe u ré tral,
nous
p a ra it p r é fé r a b le à to u te s c e lle s e m p lo y é e s ju s q u ’i c i , p a r c e q u ’ e lle
in d iq u e ,
co m m e
l ’o b s e rv e
p ath o lo giq u e e t le s iè g e d e
ju d ic ie u s e m e n t c e
m é d e c in ,
e t l’ é ta t
la m a la d ie .
Note de l’auteur.
�( *3 6 )
des suites fâcheuses en éloignant du véritable trair
tement des maladies. Un homme est atteint de blen
norrhagie ; il la néglige pendant long-tems, et las
enfin d’un écoulement dégoûtant, il a recours au?
injections pour le faire cesser: il réussit, mais à
une époque indéterminée survient de la difficulté
d’uriner par le rétrécissement de quelque point de
l’urètre. Telle a été sans doute la première obser
vation qui a fait accuser les injections d’un accident
pénible et toujours long à détruire , conséquence
qui semble incontestable, si l’on examine le fait lé
gèrement, mais dont on ne tarde pas â reconnaître
la fausseté, si dans son examen on a recours à
l’anatomie pathologique, guide rarement trompeur.
Cette branche importante de l’art de guérir dont on
a trop long-tems méconnu l’utilité, nous apprend
en effet que le propre de l’inflammation des mem
branes muqueuses , sous le mode chronique sur
tout, est de déterminer l’épaississement de la partie
qui l'éprouve: or, plus on laissera prolonger l’irri
tation dans l’urétrite, plus on aura à craindre l’épais
sissement de la membrane qui en est le siège et con
séquemment la diminution du diamètre du canal
urétral. Cette explication nous paraît si simple , si
naturelle, que nous sommes encore à nous demander
comment on a pu attribuer aux injections les resserremens de l’urètre. M. Cullerier, dont l’opinion doit
être d’un grand poids en pareille matière, après eu
avoir été long-tems l’antagoniste , a fini par recon
naître leur innocuité. Il convient même , d’après
une longue expérience, que c’est souvent faute d’in
jections que les rétentions d’urine ont ljeu. M. le
D. Mérat professe la même opinion : il a vu des
rétrécissemens de l’urètre non seulement chez des
gens oui n’avaient jamais fait usage des injections ^
�(
l3 7 )
jnais il a pu se convaincre qu’ils surviennent en
général chez les individus qui ont eu de longs éeouleraens ou des blennorrhagies très inflammatoires.
L’expérience est donc ici d’accord avec le raison-*
nement, et la prévention seule pourrait dorénavant
regarder comme capable de produire les rétréçissemens de l’urètre, un des plus puissans moyens que
l’art possède pour prévenir cet accident. Mais faut»
jl, comme le veut M. M é r a t , qui ne fait en cela
que reproduire la pratique des H u n t e r , des C l o r e y
des B e l l , des Krukshank, etc., avoir recours auS
injections à toutes les périodes de l’urétrite, et quelle
que soif la violenee de l’inflammation ? Nous ne
sommes pas de cet avis: on conçoit bien qu’un pa
reil moyen peut être utile avant le développement
de l’inflammation en la fesant, comme on dit, avor-.
ter; mais lorsque celle-ci existe et surtout quand
file est violente, le contact d’un fluide, tel que le
vin, et à plus forte raison celui d’un liquide plus
excitant, sur une partie déjà vivement irritée, ne
peut qu’accroître l'inflammation et faire craindre
le résultat qu’elles doivent prévenir, ou en dépla
çant l’irritation, donner lieu à quelque accident plus
grave que la gonorrhée, qui oblige de la rappeler ;
rarement d’ailleurs trou ve-t-on des malades asse^
dociles pour vouloir se soumettre à l’emploi d’un
moyen qui produit alors les plus vives douleurs.
Nous avons plusieurs fois proposé les injections vi-.
neuses du D. M é r a t ; jamais il nous a été possible
d’arriver à la deuxième ; les malades s’y sont tou
jours refusés à cause de la douleur déchirante, di
saient-ils, que la première leur avait causée, et
dans tous ces cas, nous avons été forcé d’attendre
que l’irritation fut calmée, pour revenir à ce puis»
faut moyen. Nous flevons ajouter, que souvent ce*
�( *3 8 )
injections ont été insuffisantes pour tarir l'écouta
ment, et que pour y parvenir nous avons dû faire
usage d’injections plus actives avec le quinquina,
une dissolution de sulfate de zinc , d’acétate de plomb
liquide, etc. Une pratique qui nous a toujours aidé
à obtenir ce résultat, consiste à faire plonger matin
et soir pendant un quart d’heure à -peu - près, le
pénis et le scrotum dans un vase rempli d’eau froide.
D’après ce qui précède, on doit être porté à croire
qu’il y a peut-être de la témérité à user des injec
tions dans toutes les périodes de la blennorrhagie,
surtout lorsque l’inflammation est vive : mais les
proscrire absolument du traitement de cette maladie,
parce qu’elles peuvent déterminer des rétrécissemens
de l’urètre, n’est-ce pas une crainte tout-à-fait chi
mérique ? « Comment croire en effet, dit M. Culleriet
qu’il faut toujours citer, qu’il en résultera un res
serrement, quand on injecte en l’absence de la dou
leur et de l’inflammation , quand il y a atonie,
quand on fait usage d’une injection qui n’est pas
caustique ! » Si les injections qu’on nomme assez
improprement astringentes jouissaient réellement de
la faculté de resserrer, ne verrait-on pas le rétré
cissement survenir constamment aux parties que tra
verse l’injection ? résultat que dément l’expérience
de chaque jo u r, puisqu’il n’est pas rare de le ren
contrer là où le liquide injecté n’a pu arriver; ce
qui tient sans doute à ce que la partie qui l’éprouve
est moins large et moins dilatable , ou bien a été
frappée d’une inflammation plus vive que les autres
points de l’urètre. Nous ajouterions, si l’on avait
besoin de nouvelles preuves pour infirmer l’action
astringente des injections généralement employées,'
que voulant nous assurer de cette prétendue vertu,
nous n’avons pas craint d’en faire sur nous-mêmes
�( xS9 )
à plusieurs reprises avec l’eau végéto-minérale, une
dissolution de sulfate de zinc, et de les continuer
chaque fois pendant quelques jours, et pourtant nos
urines ne coulent pas moins librement qu'au para va,nt. La conséquence de cette expérience, faite sur
un canal exempt de toute maladie, où ces injections
ont dû manifester leur véritable propriété, est pé
remptoire et facile à être tirée pour tout esprit non
prévenu.
Ces courtes considérations nous paraissent démon
trer suffisamment que, dans la blennorrhagie, lesrépécissemens de l’urètre sont dus à la violence, et
surtout à la durée trop prolongée de l’irritation,
et que loin de donner lieu à cet accident, les injec
tions doivent le prévenir,si l’on n’y a recours que
lorsque la période inflammatoire et douloureuse est
dissipée. C’est la pratique que nous suivons depuis
plusieurs années, et nous n’ayons que des succès
à citer en sa faveur.
Comme tant d’autres médecins, M. le D. M a r t i n ,
fesant aux injections le reproche d’occasioner des
coarctations, propose dans une notice insérée dans
le i.“ numéro de ce journal, de traiter l’urétrite
par le poivre cubèbe qu’il administre dès le début
de,, la maladie jusqu’à sa disparition , conseillant
d’ailleurs de soumettre les malades à un traitement
imti-syphilitique , pour prévenir, dit-il, tout symp
tôme consécutif de la vérole. Nous devons à la vé-,
rite d’avouer que depuis quatre mois à-peu-près que
nous avons connaissance des propriétés qu’on attri-,
bue à cette substance, nous avons eu occasion de
l’employer trois fois. Mais moins hardi que notre
collègue, dont nous apprécions les talens, nous ne
l’avons administré qu’après la période inflammatoire,
ft ^ la dose de deux g£.os malin et soir. Chez deuj^
�( I4° )
Sujets il nous a parfaitement réussi ; mais le troi
sième , après en avoir pris deux onces , a rendu
ses urines avec difficulté et mêlées de sang, en
éprouvant à leur passage dans le canal une dou
leur vive qui n’existait pas avant l’administration
de ce médicament ; ce qui lions a déterminé à en
suspendre l’usage pour reprendre les délayans jus
qu’à la disparition de cet accident. Nous sommes
loin par-là de vouloir discréditer un remède d’un
emploi facile, qui n’a ni la saveur, ni l’odeur re
poussante du baume de copahu qu’il paraît devoir
remplacer avantageusement : mais pour le préférer
aux injections que nous n’avons jamais vu suivies
du moindre inconvénient , nous attendrons qu’une
plus longue expérience ait assigné au poivre cubèbe
le rang qu’il doit occuper dans un traité de théra
peutique. Nous pensons, au reste, que si les pro
priétés que lui attribue le D. M a r t i n sont telles que
nous avons droit de l’espérer d’après l’expérience du
célèbre professeur Delpech , un traitement anti-sypiiilitique devient pour le moins inutile dans la blen
norrhagie, cette maladie, suivant nous, n’étant jamais
vénérienne. On serait peut-être fondé à croire le con
traire lorsqu’elle coexiste avec d’autres symptômes re
connus syphilitiques; mais dans ce cas il devient assez
inutile de connaître quelle est en effet sa nature, puisque
ce n’est qu’après un traitement mercuriel qu’on doit
chercher à tarir l’écoulement. Mais, lorsque ce dernier
existe seul, nous le répétons (i), il n’est jamais vénérien,
( i ) Q u e n e p o u v o n s - n o u s , d a n s c e t t e o c c a s io n , p a rta g e r le sen
t i m e n t d e n o tre tr è s e s tim a b le c o l l è g u e , r e la t iv e m e n t k la nature
d e la b le n n o r r h a g ie !
C e rte s,
l ’ é tu d e
q u ’a f a i t
M . S u e dans 1er
s a lle s d es v é n é r ie n s d e l ’h ô p it a l d e la m a is o n d u R o i , le s autorités
q u ’ i l a llè g u e , r e n d e n t so n o p in io n d ig u e d e la p lu s g ra n d e attention'
�( *4* )
«t l’on doit toujours le combattre par les délayait*
«t les injections, sans avoir recours au mercure. Celte
opinion, qui est celle d’une foule de médecins illus-<
très, ne peut manquer d’être adoptée par tous ceux
qui cherchent la vérité dans des faits bien observés
et dans une expérience éclairée. C’est cette dernière
qui prouve que l’inoculation de la matière gonnorrhoïque n’a jamais produit aucun des symptômes
par lesquels la vérole manifeste ordinairement son
existence, tandis que si l’on inocule avec la matière
prise d’un chancre, des symptômes syphilitiques ne
tardent pas à paraître; c’est elle encore qui montre,
lorsqu’on prend dans les essais que l’on fait toutes
les précautions nécessaires pour éviter l’erreur, que
l’infection par la matière de l’écoulement urétral
détermine constamment l’urétrite et jamais la vérole.
Pareille chose arriverait-elle si la blennorrhagie et
la syphilis reconnaissaient une cause identique ? Si
d’ailleurs l’urétrite tenait à un principe de mêmer
nature que celui de la vérole, l’écoulement existerait
Mais, quelque tr a n s c e n d a n t e q u e s o it u n e th é o r ie , q u e lq u e s f r a p pans que so ien t les f a i t s , c o n c e r n a n s
l ’ iirétrite
c o n s id é r é e
com m e
n’étant jam ais d é p e n d a n te d e l’ a lfe c t io n s y p h i l i t i q u e , n o u s n e s a u
rions être de c e t a v i s , sa n s c r a in d r e d e
n o u s é lo ig n e r d e la
vé
rité.
Nous regretto n s q u e le s b o r n e s
d ’u n e n o te n e n ou s p e rm e tte n t
pas d’entam er le d é v e lo p p e m e n t d e s m o t ifs s u r le s q u e ls n o u s b a
sons notre m a n iè re
de
démontrer u n jo u r q u e
v o ir .
T o u te fo is ,
la b le n n o r r h a g ie
la syphilis, e t q u ’ à la v é r it é s o u v e n t
nous
peut
a lo r s
n o u s ré s e rv o n s d e
ê tr e
on la
p r o d u it e p a r
g u é r it
san s la
secours d’ un tr a it e m e n t a n t i - s y p h i l i t i q u e , m a is q u e , m a lg r é c e l a ,
ce traitem ent
est
in d is p e n s a b le
pour
o b v ie r
aux
p ro g rè s
d ’u n e
infection to u jo u rs r e d o u ta b le p a r les r a v a g e s q u ’ e lle e s t s u s c e p tib le
d’occasioner tô t o u t a r d .
N ote dn rédacteur générai.
�( x4 2 )
Rarement seul ; le transport clans l’organisme d’un
fluide vénérien développerait le plus souvent quel
ques-uns des symptômes les plus ordinaires de la
syphilis, et l’écoulement ne devrait disparaître qu’après qu’on aurait combattu la cause qui l’aurait
produit, c’est-à-dire , après ün traitement mercuriel,
résultat qui est loin d’être Confirmé par l’observa
tion qui démontre tous les jours lé contraire. Pen
dant cinq ans qué nous avons fait le service à l’hô
pital de la maison du Boi $ où les salles destinées
aux vénériens étaient souvent remplies, nous avons
toujours vu l’urétrite guérir sans le secours du mer
cure ; nous avons même fait l’observation que chez
les sujets qui subissaient un traitement anti-véné
rien , parce qu’ils étaient atteints et de syphilis el
d’un écoulement, ce dernier devenait intarissable,
Il nous serait facile d’approfondir ce point de doc
trine , mais un tel èxamcn nous mènerait trop loin;
et comme nous ne pourrions d’ailleurs que faire
perdre aux idées de 1VL Hernandez, qui a envisagé
cette question sous toutes ses faces, et l’a discutée
avec une sagacité peu commune, nous préférons
renvoyer à l’essai analytique de ce médecin distingué,
Sur la non-identité des virus gonorrhoïque et syphiliti
que , ouvrage couronné par la Société de médecine
de Besançon , où l’on trouve tous détails les plus
concluons en faveur de l’opinion que nous avons
émise, et une série de faits bien propres à dissi
per tous les doutes, à moins de vouloir se soustraire
à l’évidence.
G. A. T. St*
�( H3 )
RÉVIEXIONS su r le s rem èdes secrets , p a r M .
POUTET.
S’ il fallait présenter un tableau comparatif des
charlatans qui autrefois se répandaient sur les tré
teaux ou sur les places publiques, et de ceux, qui
infectent encore aujourd’hui nos villes et nos cam
pagnes, assurément le nombre décès parasités , qu’on
rencontre maintenant éri tous lieux, serait bien plus
considérable. Je veux d’abofil parler de ceux q u i,
avec leurs drogues ou leurs pancartes, abusent de
la crédulité publique, et compromettent chaque joué'
la santé des gens qui s’en rapportent à leurs pro
messes fallacieuses.
Marseille renferme, comme les autres villes * seS
charlatans: ils y débitent des élixirs, des pommades,
des sirops et des préparations de tous les genres :
ils offrent leurs compositions à la multitude toujours
prête à s’en emparer. I c i, c’est une huile anti-laileuse, destinée à être prise intérieurement et à une
seule dose de six onces , qu’on vend à 6 fr. la dose;
là. un sirop anti-herpétique est vendu chez le prépa*
rateur, pour la modique sommé de vingt-quatre fr. la
bouteille. 11 est bon de remarquer que les succès de
ce sirop sont si éclatans , que les malades, à la
dixième pinte, n’en ont pas encore éprouvés des
effets sensibles: Plus loin , c’est un sirop de rhubarbe
dont les propriétés efficaces ne cèdent pas à la ma
ladie la plus grave. Les emplâtres de la M is s io n
de France e t
des ré fo rm é s sont débités par des
savetiers, comme par un très petit nombre dé
pharmaciens. Enfin le charlatanisme se reproduit
sous mille formes diverses. Tantôt c’est un in
dividu qui vend des .pilules d’or de sequins, et
qui a l’excellente précaution de ne préparer ces
pilules, que lorsque les malades ont déposé entre
�( *44 )
Ses maihs les sequîns qu’il réserve à un autre usage.
Tantôt encore ce sont des p ô m r r ia d ë s (i) m e rv eilleu ses
p o u r l e s c h a u d u r e s e t b r û l u r e s , et d’autres ditès de
bonnes
v e r tu s p o u r f a i r e
le s f u m i g a t i o n s
d è s grandes
Que le leCtéur S’ arrê te
un moment à cette dernière expression, et i l sera
convaincu de la brillante élocution du préparateur
de ces pommades. La première n’est qu’un c o m p o s é
d’huile et dé Cire blanche coloriée en rose par une
substance végétale* La secdnde, qui doit rendre l ’ ouie
à ceux qui l’ont perdue, se trouve un simple mé
lange de miel et de cire jaune. Qui aurait jamais cru
que les produits de l’élaboration des insectes qui sont
les modèles des êtres les plus industrieux, portas
sent le germe de tant de merveilles?
Je suis loin de vouloir épuiser la série des pré
parations qu’on voit journellement débiter. Celles
qui échappent pour le moment à notre examen;
deviendront le sujet de nouvelles remarqués , et leurs
compositeurs s’attendent bien à ce que nous ne man-'
querons pas de les honorer de nos citations.
Mais, dira-t-on, les préparateurs dont vous par
lez ont-ils des permissions spéciales ? Quelle est la
garantie qu’ils présentent au public qui se trouve
leur dupe ?
Non , certainement, ils né possèdent point des
autorisations locales ou ministérielles, ils sont enhardis
par l’exemple et par la tolérance.
On poursuit chaque jour une foule d’individus
réprouvés, les uns parce qu’ils auront diminué les
d o u le u r s e t s u r d ité s
d ’ o r e ille s .
( I ) C e s p o m m a d e s m e s o n t p a r v e n u e s a in s i é tiq u e té e s pour les
s o u m e ttr e à l ’ a n a ty se c h im iq u e . D e s b a u d e s d e p a p ie r blanc dis
p o s é e s e n c r o ix
e t s c e llé e s a v e c d e la
c o m p o s itio n s m ir a c u le u s e s .
c ir e n o i r e ,
recouvrent ces
�( H5 )
produits du fisc, les autres pour s’ètré emparés dô
la bourse d’autrui, et on ne rechercherait pas les
charlatans qui compromettent journellement la santé
des hommes !
On attaque celui qui, par pure ostentation, s’avise
de porter des décorations cpii ne lui ont pas été
décernées, et néanmoins on passe sotis silence les
causes qui peuvent faire appliquer la peine à celui
qui se pare du titre de docteur qu’il ne possède pas;
Bien [ilus , les courtiers royaux sont tellement
protégés par le fait de leurs cautionnemens , que
des malheüreùx marrons ont été condamnés en 1820,
à de fortes amendes. Quelle différence ne doit - on
pas établir entre celui qui lèse seulement les inté
rêts de quelques courtiers titrés , et les vampires
qui exposent la vie des citoyens, soit paé leur igno
rance, soit par leur cupidité?
Mais je m’arrête sur ces vues philantropiques :
elles ont été dévancées par notre auguste Monarque,
qui, en formant un faisCeau des savans attachés aux
diverses branches de l’art médical, veut faire ré
primer les abus qui entourent Cet a r t, dont S. M.
se propose d’augmenter le lustre.
En atténdant, examinons les décrets qui autori
sent la vente des remèdes secrets. Je vois d’abord
( art. 8 du titre 3 du décret de 1810 ) « que nulle
« permission ne peut être accordée désormais aux
« auteurs d’aucun remède simple ou composé dont
« ils voudraient tenir la composition secrète, sauf
« à procéder comme il est dit auk titres 1 et 2
b du même décret. »
En conséquence , ces articles veulent que ces re
mèdes soient examinés par une commission composée
de cinq membres, nommée par le Ministre de l’in-'
léridut*, dispositiotis qui détruisent celles du décret
1
ta
�. ( *46 )
du 2S prairial an i 3 , lequel ne tolérait que lï
vente des remèdes secrets qui avaient été approuvé»
par des écoles ou des sociétés de médecine, ou par
-des médecins commis à cet effet.
La loi est donc précise. On ne peut vendre ou
débiter aucun rcmcdc secret, non approuvé avant
1810, sî les inventeurs n’ont obtenu une autorisa
tion émanée du Ministre de l’intérieur, auquel ils
en auront adressé la recette.
En ce cas, avouons que le nombre des délinqüans
est considérable, et qu’il s’accroît d’autant plus (pie
les moyens répressifs ne sont pas déployés avec
assez d’énergie.
C’est ici qu’il convient de fixer l’opinion de»
personnes qui discutent sur le, point de savoir si
les contrevenans doivent être désignés par les écoles
spéciales et les jurys de médecine, ou par le mi
nistère public.
Premièrement, pour poursuivre un Cas de délit,
il Faut le connaître, et ce n’est point à l’autorité
supérieure ou à ceux qui exercent des fonctions
dépendantes de l’art médical, à signaler ees sortes
d’abus. La police et la généralité des citoyens peu
vent en instruire le Procureur du R oi, qui est chargé
d ’exécuter les poursuites. Puis, les tribunaux appli
quent la peine en police correctionnelle.
S’il en était ainsi, nouS' ne verrions pas se mul
tiplier les Causes de l’envahissement du domaine de
la médecine. Les hommes qui professent cet art
tout-à-la-fois si noble et si utile, ne trouveraient pas
leurs intentions et leurs efforts intervertis, au mé
pris des lois, par les charlatans dont il serait dif
ficile d’évaluer le nombre.
Partant du principe que , sous le siècle où bous
�( x47
)
Vivons, et où la vérité doit occuper la placé du
mensonge, il fdut que tovit médicament simple oU
composé soit à la connaissance du docteur qui le
prescrit , les doses des substances qui eh font par
tie, doivent aussi lui être connues. La preuve de
ce que j’avance, c’est que les pilules mercurielles
de Plenck, comble les pastilles du même auteur,
bccasioneiit souvent le ptyalisrhe , et que, pour évi
ter cet inconvénient, prévenu aussi par l’usage des
bains, le médecin exige du pharmacien la déclahtion de la quantité du mercure divisé et contenu
dans chacun dé Ces composés. N’est-il pas étonnant
que l’on attache une haute importance à l’admi
nistration de certaines pilules, malgré qu’on ait re
connu qu’elles rte sont composées que de mercure
divisé, et si le fait est vrai, pourquoi ne pas pré
férer les préparations gommeüses ou sucrées nierturiellës qui sortent de nos officines ?
Ceux qui font de ces bortes de Concessions n’ertvisagent certainement pas le mal qu’ils occasionent.
& fou intervertit les principes, la dignité de l’art
sc trouve compromise, et, par suite, le public est la
dupe des préparateurs des remèdes secrets, encou
rages par l’onbli de tous les devoirs. Ne sait-on
pas d’ailleurs que l’on finira par attribuer cette
licence à l’exiguité des lumières de ceux qlii dé
bitent ou prescrivent de pareils médicamens. Les
ressources du vrai médecin sont d’ailleurs assez vas
tes, pour qu’il fasse justice de tout composé inconntn
Parmi certains médicamens, il en est, tels que
des sirops pectoraux, qu’on fait venir à grands frais
de là capitale. Sans blesser ici l’amour propre et 1«
mérite que peuvent avoir leurs auteurs, je le de
mande, les pharmaciens qui débitent ces sortes d*
�( ^8 )
préparations, oublient-ils qu’ils nuisent véritablement
à leurs intérêts? Ignorent-ils d’ailleurs, que l’art. 3s
de la loi du 21 germinal an 11, enjoint aux phar
maciens de ne vendre aucun remède secret. Bien
plus , le but du médecin n’est souvent pas rempli.
Telle affection pulmonaire n’exigera pas toujours
l ’emploi des mucilagineux, et quelquefois les inci
sifs devront être la base des médicamens propres à
combattre Ces genres d’affections. Ainsi la médecine
des symptômes ne peut être faite avec ces sortes de
remèdes. A quoi servent donc le code et les pré
ceptes de la pharmacie ? Faudra-t-il que nous in
diquions comment se prépare un sirop pectoral, et
ne devrons-nous pas donner la formule de celui
décrit dans les élémens de thérapeutique deM. Alibert?
Le sirop de lichen , bien dépouillé de tout principe
am er, et tel qu’on le prépare aujourd’hui à Mar
seille , n’est-il pas préférable à certains sirops pec
toraux ?
Enfin, reconnaissant le principe légal et incon
testable , que tout remède secret doit être approuvé
par les commissions nommées en vertu du décret
de 1810, à l’exception de ceux qui, antérieurement,
avaient été aussi approuvés par des sociétés de mé
decine, comment se fait - il que des préparations,
telles que l’eau de mélisse composée ( eau dite des
carmes ) , se vendent soüs l’emblème du secret, et
enveloppées dans des paperasses imprimées, pour
en imposer à la multitude ignorante. Si les distri
buteurs de cet alcoolat de nrelisse considèrent le leur
comme tout-à-fait inconnu, ils sont en contraven
tion par le fait des dispositions du décret précité,
Si , au contraire , comme on 11e peut en douter,
d’après la formule donnée par MM. les rédacteurs
du C odex, où l’on voit que l’eau des carme* doit
�( *49 )
éprouver plusieurs distillations successives, il est recon
nu que la recette du Codex est véritable , il serait con
venable que les distributeurs de celle dont nous
parlons, fussent tenus, par l’autorité supérieure,
d’effacer de leurs imprimés le mot de secret, qui y
est tout-à-fait déplacé. Ils seront alors les maîtres
d’y laisser figurer un fatras d’expressions ridicules
et impropres à l’esprit médical du siècle. Les phar
maciens qui se.respectent un peu, reconnaîtront qu’une
rédaction plus soignée du mode de se servir de
cette préparation , est infiniment nécessaire. Ils con
viendront que la plupart de ces expressions n’ont
été enfantées que par l’esprit mercantile, remplacé
aujourd’hui par l’amour de la science et par le désir
de se rendre vraiment utile à l ’humanité.
Si les pharmaciens du royaume sont soumis à la
stricte exécution du Codex, c’est pour que leurs
préparations soient uniformes dans toutes les offi
cines, et que le médecin puisse formuler avec toute
la garantie que lui offre cette saine mesure. Le pu
blic est d’ailleurs dans le cas de faire un usage per
nicieux des remèdes secrets, lorsqu’à l’aide de cer
taines instructions, il les administre lui-même. Ce
principe est aussi applicable aux remèdes héroïques
qu’à ceux dont les propriétés sont illusoires, en ce
que le tems est précieux en médecine , et que l’état
des malades peut aussi bien empirer par l’adminis
tration d’un médicament nuisible, comme de celui
qui ne l’est pas. Telle est la hase de la doctrine quo
j’émets franchement. L’homme éclairé et impartial
pourrait-il ne pas la reconnaître ?
Pou
T E T ..
�( i 5° )
Jt o t z ç b
M. R
b io g r a p h iq u e
e y n a u d
- L
su r le
a c r o z e
,
d o c t e u r E m p e r e u r , pat
B o ctçu r
en
m é d e c in e , 4
S t. S a tu r n in .
I l est juste, sans doute, de rendre hommage atq
hommes illustres q u i, par la force de leur génie
et une heureuse application des connaissances qu’ils
avaient acquises, ont agrandi le domaine de la
science. Mais devons-nous garder pour eux seuls nos
éloges ; et ce médecin habile q u i, dans une longue
et laborieuse pratique, a rendu de nombreux ser
vices à l’humanité, n’a-t-il pas aussi des droits im
prescriptibles à notre reconnaissance? Ne craignons
pas de l’avouer: la renommée est souvent fort in
grate à son égard, et il mérite bien mieux cepen
dant de passer à la postérité , que les Asclépiade,
les Thémison et les Brown, dont les systèmes en
fantés par la soif de la célébrité ont fait autant
de victimes parmi les hommes, que les plus san
glantes révolutions. Telles sont, en abrégé, les ré
flexions qui nous ont déterminé à publier la notice
biographique suivante :
Gabriel-Silvestre Empereur, naquit à St.-Saturnin
d’Apt ( Vaucluse ) , le 3 i décembre 1744. Après
avoir fait avec distinction ses humanités au Collège
de Carpentras, son père qui était chirurgien l’en
voya à Montpellier pour y étudier la médecine,
Naturellement avide de connaissances, et désireu*
de mettre à profit les libéralités d’un oncle bien
faisant, le jeune étudiant se signala bientôt parmi
ses condisciples par son application constante à
l’étude. Sauvages, Laroure et Vénel qui fesaient alofs
l’ornement de çette école célèbre , remarquèrent plu
sieurs fpis snn assiduité , et lui en témoignèrent
�( i5i )
publiquement leur satisfaction , dans les examens
qu’il fut obligé de soutenir chaque année.
Empereur ayant toujours partagé son tems entre
la fréquentation^ des cours et la lecture des meil
leurs livres de médecine , demanda, au bout de quatre
ans, qu’on lui conférât le titre de docteur. II. se
présenta dans la lice , avec cette noble assurance
qui n’abandonne presque jamais l’homme de talent
qui possède une solide instruction : aussi, après avoir
soutenu une thèse dans laquelle il fit preuve de
connaissances fort étendues, il obtint le grade qui
fesait l’objet de ses vœux les plus ardens.
Des cours de clinique n’ayant point encore été
établis dans les facultés de médecine , Empereur
Sentit, en sortant de l’école de Montpellier, que son
éducation médicale n’était point achevée , et que
pour se livrer avec fruit à la pratique de la mé
decine, il avait besoin d’étudier les maladies, pen
dant quelque tems encore , dans un de ces asiles
que la pitié a consacrés au soulagement de l’hu
manité. Plein de cette résolution et imp>alient de
l’exécuter, il choisit l’hôpital de Marseille pour être
le théâtre de ses nouveaux travaux. C’est là où il
commença surtout à développer cette admirable
sagacité , dont il a donné de si nombreuses preuves
durant le cours de sa vaste pratique: qualité rare et
précieuse, que l’étude peut bien perfectionner, mais
qu’elle ne procure jamais.
Revenu dans ses foyers, le docteur Empereur eut
à essuyer plusieurs tracasseries qui lui furent sus
citées par des ja lo u x. Leur animosité encore cachée
se déclara ouvertement , à l’oceasion d’une pétition
qu’il adressa à l’administration de l’hôpital de Sl.Saturnin, pour obtenir la place de médecin alors
vacante dans cet établissement de charité. Mais quitta-
�( i 5* )
portent à l’homme instruit les traits aiguisés de la
satyre ? que dis-je ! il doit s’en réjouir au lieu de
s’eu attrister: ils sont une preuve évidente de sa
supériorité, car l’envie, ne s’attache point aux esprits
rétrécis, qui sont nés pour ramper dans une pro
fonde obscurité. Qui peut se promettre hélas, de
n’ètre point en butte aux noirceurs de la calomnie!
l’homme de bien lui-même, ne se voit-il pas souvent
réduit à calculer les progrès qu’il a faits dans le
sentier de la vertu, par le degré de haine qu’il a
inspirée aux méchans? Ne vous découragez donc,
point, vous qui êtes poursuivis par. l’injustice des
hommes. Homère, cet admirable génie de l’anti
quité, n’a-t-il pas eu son Zoïle ! Et s’il était permis,
de nous citer après un si grand nom, nous pour
rions repéter ces paroles, que Virgile a mises dans,
la bouche d’Enée t
Ç u œ q u œ . m i s e r r i m a v i d i , e t q u o r u m p a r s m a g n a f u i.
Mais arrêtons notre plume ; jetions un voile sur
ce hideux tableau, et laissons le vice et le men
songe se traîner dans la fange: un théâtre plus élevé
convient à de plus nobles sentimens.
Lors de l’institution de la Société Royale de me'deçine de Paris, Empereur, qui prenait un vif intérêt
à tout ce qui pouvait contribuer au perfectionne
ment de la science qu’il cultivait, adressa un mé
moire sur la topographie médicale de St.-Saturnin
aux savans médecins qui composaient cette célébré
réunion. Sa dissertation, remarquable par plusieurs
observations intéressantes , obtint une mention hono
rable au procès-verbal, et lui mérita un diplôme
de membre correspondant, qui lui fut expédié par
l’illustre Vicq-d’Azir. Depuis cette époque il ne cessa
jamais de correspondre avec ce savant, çt lui fit
parvenir régulièrement toutes les années un tableau
�( 153 )
des observations météorologiques qu’il avait faites...
Ces divers tableaux sont insére's parmi ceux qui ont
e'té publiés sur ce sujet dans les mémoires et obser
vations de la Société royale de médecine. On trouve
aussi dans le même ouvrage trois observations sur la
rage, qu’il avait communiquées au docteur Bouteille,
ainsi que quelques autres articles moins importans.
En 1789, une épidémie de fièvres adynamico-ataxiques se manifesta à Saint-Saturnin. Empereur, dont
le zèle n’était point effrayé par les dangers, loin
d’imiter la lâche conduite de Galien et de Syden
ham, se dévoua tout entier au salut de ses conci
toyens. Multipliant ses soins en raison des besoins
que chacun avait de lu i, il les prodigua avec la
même libéralité au riche comme à l’indigent. Gloire,
gloire immortelle soit rendue aux médecins philantropes qui, bravant les fléaux dont ils sont menacés,
méprisant les richesses que le pauvre ne peut point
leur apporter en tribut, 11’écoutent que la voix de
l’humanité. Ce sont eux, n’en doutons p a s, que le
vieillard de Cos a voulu désigner, lorsqu’il a dit
que le médecin philosophe était semblable à la
divinité !
Parvenu à l’âge de soixante ans, le docteur Em
pereur renonça à l’exercice de sa profession , parrapport à ses infirmités, que les progrès de l’âge
avaient considérablement augmentées. Peut-être le
goût qu’il avait toujours eu pour l’étude, contri
bua-t-il plus que tout autre motif à lui faire opérer
ce changement dans sa manière de vivre : en effet,
il ne lui avait jamais guères été possible de le cul
tiver, à cause des courses quelquefois très longues
qu’il fesait presque journellement en campagne, pour
remplir les devoirs de son état. Il continua cepen
dant encore à donner, dans son cabinet, des cou-
�( iS 4 )
sulfations à ceux qui vinrent réclamer ses soins,
Comme il était fort renommé dans l’art de traiter
les maladies chroniques, presque tous les maludes,
dont la guérison avait échappé aux tentatives de
ses confrères les plus voisins , venaient se recom
mander à lui.
Le docteur Empereur a joui d’une grande répu
tation, dans toutes les parties de l’arrondissement
cl’Apt, jusqu’à la fin de ses jours. Cette réputation,
il ne la devait ni à la bassesse, ni à l’intrigue,
moyens qu’il faut abandonner à l’ignorance , mais
il se l’était acquise par son savoir et par des succès
aussi brillans que nombreux. Cet estimable praticien
est mort à Saint-Saturnin-Lez-Apt, lieu de sa ré
sidence , le i i novembre 1820, des suites d’une
maladie dont nous n’entreprendrons pas ici de faire
la description, afin de ne pas nous écarter du pré
cepte si souvent négligé : n e q u id n im is .
ANALYSE
D U
J O U R N A L
D
E S
C O M P L É M E N T A I R E
S C
I E
N
C
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( C a h ie r d e f é v r i e r
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D U
I C
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D I C T I O N A I R E
L
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S
.
1821.^
G é o g ra p h ie p h y s ic o -m é d ic a le d u B a s s ig n y ( dép.1
J .- J . Virey ( i.or a rticle
Il est profitable de lire en entier cet intéressant
mémoire qui , tout bien considéré , n’est que
peu ou point susceptible de l’examen analytique, et
ne mérite, ce semble, d’ètre connu d’une manière
bien spéciale, que par les médecins qui exercent
dans le Bassigny,
d e la H a u t e - M a r n é J ; p a r
�( ISS )
Il snftil de savoir que ce travail sort de la plume
du docteur Virey, pour s’en faire une haute idée et
le regarder comme pouvant servir de modèle. Cet auteur
si recommandable témoigne d’abord combien il est
étrange qu’avec la multitude des médecins répandus
dans toutes les parties de la France , nous possédions
si peu de topographies médicales de ses divers lieux ;
puis, il s’occupe de la situation du Bassigny, et il
expose successivement: i .° l’aspect général de cette
contrée et la constitution minéralogique de son ter
ritoire; 2.0 ses eaux et leurs qualités, son air, sa
température , ses révolutions météoriques ; 4.0 ses
productions naturelles, son règne végétal; 5 .9 en
fin , les espèces d’animaux dans le Bassigny.
— Mémoire sur les palpitations et sur l'anévrisme
du cœur; par F. - E. Fodéré ( 1.” article ). Si les
anciens s’occupèrent peu de l’anévrisme , on a vu ,
depuis la découverte de la circulation du sang, des
grands hommes écrire sur cette importante matière ,
au point de ne laisser presque rien à désirer. Aussi ,
M. Fodéré se propose seulement de présenter ici
quelques faits propres à guider, dans une roule
toujours difficile, ceux qui commencent à exerce®
poire profession.
Des considérations générales sur les palpitations
et les anévrismes du cœur, font sentir i .° que, pourbien discerner ces affections, il ne faut point ou
blier que le cœur est susceptible, comme principal
organe de la vie , de souffrir et de ses propres
maladies et de celles des autres organes ; 2.0 qu’on ne
saurait trop se pénétrer de la connexion intime qui
existe entre la circulation et la respiration, puisque
le passage du sang parles poumons, chez l’adulte,
est une condition nécessaire, pour que la circula(ion et l’hématose s’opèrent, et pour que les cavités
�( iS 6 )
droites du cœur conservent leur intégrité ; 3 .® enfin,
qu’on ne saurait méconnaître que la circulation ne
s’exerce librement et sans conscience de la part de
l’individu, que lorsqu’il y a de justes proportions
entre ses organes et ceux de la respiration , entre
le cœur et les vaisseaux.
Au milieu d’une multitude de causes, et outre la
suppression d’une hémorragie habituelle , des erreurs
de régime et des accidens extérieurs, etc., on doit
admettre une disposition native héréditaire à l’ané
vrisme.
Les causes de récidive de l’anévrisme spontané
sont la faiblesse ou l’écartement des mailles de la
tunique moyenne des artères et des faisceaux mus
culaires du cœ ur, la tendance de la matière osseuse
à se dévier, la répétition des fièvres inflammatoires
des artères , l’extrême faiblesse radicale ou la demi
paralysie de quelqu’une des portions du système
circulatoire.
La cause des maladies du cœur est quelquefois
aussi placée loin de cet organe, mais alors, elles
disparaissent avec elles. Enfin , la disparition du
rhumatisme des articulations, ou d’une éruption cu
tanée , occasione aussi de violentes palpitations qui
cessent lorsque ces maladies reprennent leur siège
primitif.
Le pronostic des affections du cœur est toujours
grave. Très rarement parvient-on à guérir com
plètement l’anévrisme interne, s’il existe réellement.
Les hommes jeunes et robustes y succombent plus
vite que ceux avancés en âge, ceux qui sont fai
bles et que les femmes. Toutefois, la maladie n’est
pas sans ressource pourvu qu’elle ne soit point
héréditaire.
L ’auteur parle du traitement de ces affections,
�( i 57 )
en exposant une série d’observations intéressantes.
Celles que contient ce premier article sont au nombre
de dix et relatives à de maladies du cœur fchez de
jeunes sujets dans l’âge d'accroissement
Obserp. i. Erb..., âgé dé ï6 ans, fort sujet aux
hémorragies nasales-, offrait du reste des symptômes
d’une grande pléthore ; le battement des artères
temporales, carotides et sous clavières était sensible
à la vue, et les palpitations du cœur étaient si forteS
et avec un bruissement tel qUe les vêtemens en
étaient soulevés et qu’on les entendait. La croissance
et le défaut d’harmonie entre l’action du cœur et
les systèmes respiratoire et encéphalique paraissant
la cause de cette maladie, M. Fodéré prescrit une
large saignée au bras, des pédiluVes , le repos ab
solu, de la limonade, un régime végétal, bientôt
4 g.r de digitale pourprée par jour, qu’il remplace
( des mouvèmens nerveux étant survenus ) par des bols
camphrés et nilrés , et ie malade est rétabli. Rechute 3
mois après; mêmes moyens, plus l’application de douze
Sangsues à la poitrine. Un an après, nouvelle re
chute qui cède à l’usage seul dés pédiluvcs et dé
la digitale. Mais environ trois mois et demi après,
rechute des plus alarmantes. Elle est combattue avec
succès par d’abondantes saignées aux bras et des
sangsues. Dans tous les cas, le vin fut proscrit dix
régime d’ailleurs sévère.
Observ. 2. II..., âgé de xy ans, d’un tetnpéramèrit
sanguin, ayant des douleurs aux oreilles qui étaient
très rouges ; est guéri par les délayans , les pédiluves. Mais, 2 mois et demi après, douleur occi
pitale énorme, hémorragie par les oreilles, palpi
tations du cœur larges et précipitées , avec bruis
sement; pouls dur, plein, fréquent. Prescriptions:
large saignée du bras répétée le lendemain, diète
�( i$8 )
absolue, pédiluves pendant 2 heures chaque jour,
limonade cuite pour boisson, petit-lait et 4 pilules
de digitale par jour. Le calme renaît. Toutefois,
deux rechutes ont lieu à des distances de deux mois
et demi à six mois, la dernièi'e avec complication
d’une angine inflammatoire: même traitement; et c’est
Surtout aux émissions sanguines que l’on doit la
guérison.
Obs. 3 . Lès frères T..., âgés de 17 et dé i 3 ans;
issus de parens très irritables et sujets au rhum'a*
tisme, éprouvent des palpitations, mais d’une naturé
différente. L ’aîné a de violentes coliques que ni les
délaÿàns, ni les évacuans, ni les narcotiques ne
peuvent appaisër. M. Fodéré pensé ( vu la consti
tution des parens ) , que la colique est rhumatismale;
et la fait disparaître par l’application d’un vésica
toire au béas. Puis, lë malade a de violentes pal
pitations qui , regardées encore comme étant d’originë
rhumatismale, sont victorieusement Combattues par des
pédiluves et un vésicatoire au bras.
Observ. 4. Le cadet se plaint de douleur de tète
et de palpitations très fortes. Il a lé visage rouge;
les yeux brillans, le pouls très vite quoique faible
et peu rempli, et il est disposé aux affections ner
veuses. Prescriptions: diète sévère, repos absolu,
petit-lait, limonade, pédiluves et pilules de digitale:
Dans peii , fièvre gastrique qui cède à l’usage d’un
Vomitif en lavage et des délayans. Les palpitations
persistent malgré l’application d’un vésicatoire ail
bras. Mais elles disparaissent; une éruption très con
fluente de grés boutoùs durs ét rouges se manifes
tant au front et à la poitrine. M. Fodéré favorisé
cette éruption avec une décoction de fumeterre, de
racines de chicorée et de patience, puis avec une
simple décoction de quina, à la dose de deux lasse*
�(
)
par Jour. Cette éruption a duré pendant plus de
mois, et a été remplacée par la palpitation qui céda
un peu à l’emploi de la digitale et d’un vésicatoire
au bras. L ’élève était encore malade à l’époque où
cette observation a été rédigée.
O bserv. 5 . B . . . , âgé de n ans, se plaint d’une
gène dans la respiration et de palpitations de cœur
très incommodes. 11 a les lèvres grosses, décolorées,
les gencives saignantes, et souvent üh goût de sang
à la bouché. Bientôt il se manifeste des signes du
'premier degré de scorbut : un traitement approprié
à cette maladie fait disparaître ces signés $ et même
la dyspnée et la palpitation. Toutefois, le malade
se plaint encore pendant plusieurs fois de palpi
tations qui n’existaient pas. Son imagination est
Soulagée par une infusion de camomille qu’il pre
nait volontiers.
Observ. 6. B ..., âgé de .14 ans , avait la poitrine
étroite, portait un engorgement des glandes du cou
et des membranes muqueuses des fosses nasales , de
l’arrière bouche, et probablement de la trachée et
des bronches. Sa respiration était süspirieüse, et il
se plaignait d’une palpitation très sensible. Son pouls
était petit et lent, et il rendait des urines pâles.
Présumant ici un défaut de forces vitales et une
gêne dans la circulation pulmonaire , M. Fodéré fait
donner du bon vin rouge, pour nourriture, de la
viande rôtie, et recommande beaucoup d’exercice.
Prescription: purgatif avec lé jalap et le mercure
doux; puis, deux onces par jour d’un mélange de
sirop anti - scorbutique et de sirop de quitta. Tous
les symptômes disparaissent. Il ne reste qu’un peu
de difficulté de respirer: on la combat heureusement
avec 16 g.r par jour de tablettes de fleurs de soufre
�t ifio )
ht dé gomme ammoniaque. Ce traitement a duré
environ 3 mois.
Obs. 7. G..., âgé de 14 ans, que M. Fodéré avait
guéri de la danse de St. Guy, se plaint de palpi
tations et d’un* grande difficulté de respirer $ ce
nouveau mal paraissant au judicieux observateur
être de la parenté de la première maladie, il utilise
comme il l’avait fait dans celle - c i, la poudre de
Valériane à la dose de 3 o g.r par jour, et une forte
décoction de quina. Quelque teins après G .. . eut
une affection catharrale, avec gène de la respira
tion; les tablettes indiquées plus haut ( que M. Fo
déré a trouvées efficaces dans le catbarre sans fièvre),
sont employées avec succès;
O bs. 8. A...., âgé de 14' ans , avait une maladie
organique du cœur contre laquelle un fameux mé
decin avait dirigé plus de 80 sangsues ; le visage
était décoloré, hormis les pommettes, les yeux étaient
ternes, des douleurs se fesaient ressentir à diverses
parties du corps. M. Fodéré présume que le jeune
À.... s’est livré à l’onanisme , et le lui fait avouer.
Dès-lors les palpitations sont reconnues nerveuses.
P r e s c r ip tio n : mesures de précaution, petit-lait coupé
avec cle l’eau de goudron, de tems à autre caloinelas ; puis pilules de digitale et quelques anti-pasmodiques, enfin la cure est terminée par la clécoctioii
de quina.
O bserp. 9. E .. . se plaint d’une maladie au cœur
et d’une grande gêne à respirer. Il n’a point de
fièvre, le pouls est lent. L ’affection parait catbarrale; en conséquence, un vésicatoire est appliqué
au liras, et il suffit, avec une tisane de fumeierre
et des tablettes de soufré, pour rétablir le malade.
O bs. 10. Une demoiselle âgée de 18 ans, fille d’un
père goutteux et sœur d’une, jeune personne mort*
�( *6i j
......*
d’une phthisie scrofuleuse, avait le pouls qui an
nonçait la langueur des forces vitales. D’ailleurs ?
toutes lé# fonctions se lésaient bien. Toutefois elle
iessenlait depuis deux àns vers le sternum unç dou
leur qui correspondait au dos , quand M. Fodéré
trouve là poitrine comprimée par un corps baleiné
èt un plastron. La inalade étant délacée ,• ce mé
decin reconnaît avec horreur un battement large ,
ondulé, depuis la clavicule jusqu’aux fàusses-côles
de la partie gauche et antérieure du thçrax: aussi,
porta-t-il un pronostic fâcheux ; et ce ne fut pas sans
répugnance qu’il entreprit de soigner cette demoi
selle; il essaya de la ranimer par le petit-lait cla
rifié, mélangé du suc des plantes anti-scorbutiques,
ce qui lui réussit d’abord, et l’encouragea au bout
de i 5 jours, à substituer au sue le sirop, et suc
cessivement à marier celui-ci avec le sirop de quinata malade était très bien. Quelque tems après, elle
eut une fièvre gastrique bilieuse qui fut traitée avec
iin grain d’émétique eü lavage ; enfin, elle était
convalescente lorsque , peu de jours après i, elle
mourut subitement. A l’ouverture du corps, on trouva
le ventricule droit aminci, déchiré, du sang noir
remplissant le péricarde, l'artère pulmonaire très
dilatée et les poumons en partie désorganisés.
Cette observation qui manifeste assez le caractèreinsidieuxde l’anévéismè passif, termine cè premier article'
de l’excellent mémoire du professeur de Strasbourg
que Marseille eut jadis le bonheur de compter au
rang de ses médecins lès plus recommandables’,
— Affection scorbutique aigue, précédée de jaunisst
et terminée par la mort; par M. le docteur Isnard
Cevoulé. — Un hommè qui avait une diathèse scor
butique, en vit disparaître les symptômes par de»
hà&sdas et dès gargarismes éôüvèùàbïés. Un an ét6
i
ii
�( 162 )
dem i, ou environ, s’écoule dans un bon état de
santé, et il se développe à cette époque un cortège
de signes caractéristiques de l’ ictère. Malgré les
moyens les mieux indiqués, la maladie augmente
d’intensité ; un mois et demi après , il est néces
saire de débarrasser les premières voies. On y pro
cède ; alors on reconnaît des taches violettes , surtout
aux extrémités et au dos; on observe aussi, entre
autres symptômes du scorbut, une débilité générale
qui va toujours en croissant, et le malade meurt
douze jours après l’apparition des taches.
M. Isnard trouve de l’analogie entre cè fait cl
celui de M. Perrolle , inséré dans le 4.° tom e , page
188 , de la Médecine éclairée par les sciences physi
ques , par M. Fourcroy , et fait sentir le besoin de
se demander s’il existe quelque rapport entre ce
scorbut , qu’il appelle aigu et la jaunisse qui l’a pré
cédé et suivi jusqu’à la mort.
— Découverte d ’un nouveau remède contre le goitre;
par M. le docteur CojNDET; com muniquée à la Société
helvétique des sciences naturelles. Genève, 1820. In-8.°.
M. Falret, qui a analysé ce mémoire, s’attache à
en donner des extraits que , comme lu i, nous croyons
devoir, vu l ’importance du sujet , rapporter ici
littéralement :
« Il y a une année que , cherchant une formule dans
l’ouvrage de M. Cadet de Gassicourt, j’ai trouvé que
Russel conseillait contre le goitre le varec (fucus vesiculosus J , sous le nom d’éthiops végétal. Ignorant
alors quel rapport il pouvait exister entre cette plante
et l’éponge, je soupçonnai par analogie que l’iode
devait être le principal actif commun dans ces deux
productions marines ; je l’essayai, et les succès étonnans que j ’en obtins m’encouragèrent à poursuivre
des recherches d’autant plus utiles, qu’elles avaient
�( i 63 )
pour hut de découvrir tout ce que■ l’oii pouvait.attendre d’un médicament encore inconnu dans uné
maladie si difficile à guérit, lorsqu’elle arrive dans
l’âge mûr, ou que les tumeurs qui la constituent ont.
acquis un cerlairi volume et une certaine dureté. »
« L’iode est en quantité si petite dans l’épo'oge ,
qu’il est impossible d’en déterminer la proportion
relative sur une quantité donnée. Je me suis servi
de celui qu’on obtient des eaux-mères du varec. Une
propriété dé cette substance, encore si peu fconnüe,
èst de former un acide lorsqu’on la combine soit
dvec l’oxigèhe, soit avec, l’hydrogène. Lés sels qui
résultent de sa combinaison avec l’oxigène étant
peu solubles dans l’eau, je n’ai pas essayé d’en, faire
usage ; j’ai préféré ceux qui s’obtiennent par l’hy
drogène , avec lequel l’iode a une affinité telle, qu’il
Ven emjiare partout où il le trouvé: il en résulte
un acide connu sous le nom xYacide hydriodique.
Il sature toutes les bases, et forme des sels beu très,
parmi lesquels j ’ai choisi pour médicament l’hydriodate de potasse. Je me suis Servi avec un égal
succès de celui de soude. L ’hydriodate de potasse
tst un sel déliquescent, dont 48 grains ou deux de
nos scrupules dans une once d’eau distillée repré
sentent approximativement 3 6 grains d’iode. Cetf#
jtréparation à cette dosé est une de celles que j ’em
ploie le plus fréquemment. Là solution de ce sel dans
une suffisante quantité d’eau peut dissôudre encorè
de l’iOcle, et former ainsi un hydriodate de potasse
induré, propriété dont je me suis servi pour aug
menter la force de ce remède, dans le cas où un
goitre plus dur, plus volumineux ou plus ancien
paraissait résister à l’action de la solution saline sim
ple, et par ce moyen j’ai souvent obtènu les cures
l«s plus remarquables; »
�( lé4 )
« L’iodé Sé dissout en certaine proportion datd
l’éther et dans l’esprit de vin. M. Gay-Lussac a trouvé'
que l’eau n’en dissolvait que
en poids.
c< Une once d’esprit de vin à 3 5 deg. dissout, J
tt5 deg; ( therm. Réaumur ) , et sous la pression or
dinaire, 6ô grains d’iode, soit environ 1/9 de son
poids ; à 40 deg. de concentration, et sous les mêmes
conditions, il en dissout 84 grains, soit environ 1/6;
d’où il résulte que l’esprit de vin en dissout plus
©u moins, selon le degré de rectification.
«- Pour éviter toute erreur de dose dans cette pré
paration, dont je me suis servi sous le nom de teinture
d'iode , j’ai prescrit 48 grains d’iode pour uné once
d’esprit de vin à 3 5 deg. J ’ai employé cette prépa
ration plus que les précédentes ( peut-être avec un j
succès supérieur ) , parce qu’étant facile à préparer
dans les plus petites cités où il ne se trouve pas
toujours des pharmaciens assez exercés pour obtenir
les bydriodates salins purs, j ’ai dû en faire l’objet
principal de mes recherches, pour m’assurer de l’effet
d’un remède qui doit devenir d’un usage général.
On ne doit pas préparer cette teinture trop à l’a
vance, parce qu’elle ne peut se conserver long-teins
sans déposer des cristaux d’iode. D’ailleurs, la grande
quantité d’hydrogène que l’alcool contient, et l’ex
trême affinité de cette première substance avec l’iode
sont cause que la teinture est bientôt convertie en
acide lvydriodique ioduré, remède sans doute très
actif; mais comme il y a, dans certains cas, quelque
raison de choisir de préférence une des trois pré
parations que j’ai indiquées, chacune d’elles doit
être telle que le médecin la désire , pour qu’il puisse
diriger plus sûrement son traitement et en tirer des
conséquences plus justes.
« Je prescris aux adultes dix gouttes de l’une dï
�( *6$ )
«fs trois préparations dans un demi-verre de sirop
de capillaire et d’eau, pris de grand matin à jeun,
•une deuxième dose à dix heures, et une troisième
dans la soirée, en se couchant. Sur la fin de la pre
mière semaine, j’en prescris quinze gouttes au lieu,
de dix, trois fois par jour ; quelques jours plus tard,
lorsque l’iode a un effet très sensible sur les tumeurs,
j’augmente encore cette dose, que je porte à vingt
gouttes, trois fois par jour, pour en soutenir l’ac
tion: vingt gouttes contiennent environ un grain
d’iode. J ’ai rarement dépassé cette dose ; elle m’a
suffi pour dissiper les goitres les plus volumineux,
lorsqu'ils n’étaient qu’un développement excessif du
corps thyroïde, sans autre lésion organique. Souvent
le goitre se dissipe incomplètement, mais assez
pour n’ètre plus ni incommode, ni difforme. »
» Dans un grand nombre de cas, il se dissout,
se détruit , se dissipe dans l’espace de six à dix
semaines, de manière à ne laisser aucune trace de
son existence. L ’iode est un stimulant ; il donne du
ton à l’estomac , excite l’appétit ; il n’agit ni sur
les selles, ni sur les urines ; il ne provoque pas
les sueurs, mais il porte son action directement
sur le système reproducteur , et surtout sur l’utérus.
Si on le donne à une certaine dose, continuée pen
dant quelque tems , c’est un des éménagogues les
plus actifs que je connaisse : c’est peut-être par
cette action sympathique qu’il guérit le goitre dans
un grand nombre de cas. Je l’ai employé avec, ut*
succès complet dans un de ces cas de chlorose où
j’eusse prescrit la myrrhe , les préparations de fer,
etc., si je ne lui eusse soupçonné cette action par
ticulière. »
M. Falret rend son article très remarquable, en
signalant en partie les recherches sur l’iode, par
�I
ï ;.
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4
( 166 )
MM. Lerayer, pharmaeien de Genève et J.-A. Dumas,
son élève.
« De tous les procédés applicables à l’obteminn
de l’acide hydriodique liquide, nous avons constam
ment préféré celui qui consiste à mettre en contact
l’hydrogène sulfuré et l’iode. Il se dépose du soufre,
et l’acide hydriodique reste en dissolution dans le
véhicule. M ais, comme l’iode est fort peu soluble
dans l’eau , et qu’il s’unit au contraire très facile,
ment au soufre , on en perdrait beaucoup , si l’on
mettait tout-i-la-fois dans l’eau la quantité d’iode
qu’on yeut traiter; il y aurait abondante formation
d’un sulfure d’iode qui résisterait à tous les agens,
, et qu’il serait difficile de mettre en contact avec un
excès d’hydrogène sulfuré, car il se prend en une
ruasse cohésive et élastique qui gagne le fond du
vase, en raison de sa densité. Pour éviter ce grave
inconvénient, nous prenons notre iode , et nous le
mettons dans l’eau nécessaire. Lorsque celle-ci en
Cst saturée , on la décante , et on la fait traverser
par quelques bulles d’hydrogène sulfuré, de ma
nière à acidifier tout l’iode qu’elle renferme. Alors
on filtre et on verse cette eau acidulé sur le résidu
d’iode. Elle en dissout plus que la première fois,
en raison de l’acide bydriodique qu’elle contient,
et dès qu’elle en est saturée, on la décante, pouf
répéter le dégagement d’hydrogène sulfuré. Cette
méthode est continuée , jusqu’à ce qu’on soit parvenu
à dissoudre tout l’iode et le transformer entièrement
en acide bydriodique. On chasse alors par l’ébul
lition l’hydrogène sulfuré excédant, et on concentre
doucement le liquide en vase clos. »
« Ce moyeu nous a toujours réussi d’une manière
très satisfaisante, et l’acide hydriodique provenant
de top gramtttesi d’iç^cie traité par ce procédé, a
�( I C7 )
par l a p o t a s s e e t é v a
poré à u n e d o u c e c h a l e u r , i 3 2 , oo d ’i o d u r e d e p o
tassium. »
«Une fois obtenu , l’acide hydriodique doit être ré
servé pour servir à obtenir les hydriodates par le
procédé que nous allons décrire. Celui-ci est fondé
sur la propriété que possèdent les iodures alcalins
de résister à l’action du gaz oxigène, même à une
température rouge , température à laquelle se dé
composent les iodates. On prend une partie d’hydrate
(le potasse , dsux parties d’iode et cinq ou .six d’eau
distillée. A peine le mélange est-il fait, que sa dé
coloration est complette. L’iodate se dépose et l’hydriodate reste en dissolution. Sans les séparer on
évapore le tout , et on obtient une masse saline qui
consiste en iodate de potasse , iodure de potassium
et potasse libre. On introduit ce mélange dans une
cornue de verre adaptée à une cuve pneumatique,
et on pousse le feu jusqu’à ce qu’elle commence
à rougir. Le sel entre en fusion , et dégage en abon
dance, mais pendant un instant assez court, du gaz
oxigène très pur. Dès que ce dégagement a cessé,
l’opération est terminée , et tout l’iodate est devenu
iodure. On laisse refroidir la cornue , et on dissout
le sel qu’elle contient au moyen d’une petite quan
tité d’eau distillée. Il suffit alors de saturer la potasse ex
cédante avec de l’acide hydriodique , pour avoir
unhydriodate extrêmement pur. Au lieu d’employer
une cornue de verre, on peut opérer la décomposition
de l’iodate dans un creuset de porcelaine ; mais ,
dans ce cas , il faut être attentif au degré de cha
leur qu’on lui fait éprouver. Lorsque la masse entre
en fusion tranquille , on doit chercher à placer le
creuset dans une portion du fourneau moins chauf
fée} car alors la décomposition a été totale, et ou
fourni, a p r è s a v o i r été s a t u r é
�(
^
approche beaucoup du degré auquel se volatilise
î’iod ure.
« ioo parties d’iode préalablement purifié par une
distillation sur la cbaux vive (r), ont été mélces
avec l’hydrate de potasse qu’on venait de fondre aii
moment où on l’a pesé, 200 et d’eau distillée. Ces
quantités nous ont fourni 3
d’iodure , abstrac
tion faite de l’excès de potasse employée. Nous don
nerons ailleurs les détails de cette expérience.
« L’action réciproque de l’iode et du zinc offre un
pioyen très facile pour obtenir l’hydriodate de soude.
Gette opération a été décrite par M. Gay-Lussac avec
une extrême exactitude, et nous n’avons presque
rien à ajouter à ce qu’il en a dit. Suivant lu i, ioo
d’iode dissolvent 26,2 de zinc, et nous avons trouvé
26,0, seulcment, ee qui nous détermine à répéter
cette expérience avec plus de soin encore, afin de
savoir si le poids de l’atome d’iode qu’on en a dé
duit ne doit point être corrigé. On fait bouillir en
semble du zinc en excès , de l’iode et de l’eau ; ce
mélange devient incolore , et l’hydriodate reste en dis
solution. S’il arrive que, après une ébullition de
quelques minutes , le liquide conserve une couleur,
fauve , cette couleur est due à une petite quantité
de peroxide de fer, provenant de la proportion de
ce métal que le zinc contient presque toujours ,
s’il n’a pas été purifié. On le sépare par le filtre,
et on obtient un bydriodate très p u r, qu’on dé
i
fi)
On
ne
s a u r a it
l ’io d e . L e p lu s
pur
m e ttre
c o n t ie n t
o
tr o p
de
,
i
d e so in
l’e a u
à
la
p u r ific a tio n de
e t d es sels
d i v e r s , ou du
c fia r b o n ; m a is n o u s en a v o n s r e ç u s o u v e n t, d es q u a n tit é s considé
ra b le s
le
qui
c o n t e n a ie n t
d e b a rra s s e r d e ce s
d e s io d u r e s m é ta lliq u e s .
im p u r e té s ,
m a is c h a c u n e
t r a it e m e n t d iffé r e n t : le p h a r m a c ie n
la
s u b s ta n c e
q y 'i l c o n v ie n t
q u i a ltè r e
so n
d ’e m p lo je r .
io d e
11 e st fa c ile
d ’ elles
de
e x ig e ira
assez in s tr u it p o u r recon n aître
saura
f o r t b ie n
quel
e s t oeluf
�(
)
compost; pf*r le ^pus-carbonate de sonde. Il serait
imprudent d’opérer cette décomposition par la po
tasse, à cause de l’extrême facilité avec laquelle
cet alcali dissout l’oxide de aine; on obtiendrait un hydriodate qui en seraitfortement souillé, et quipourrait?
à faible dose, occasioner des yomissemens et un
empoisonnement réel, tandis que, aypç un sel bieq
prépayé, ces accidens ne sont nullement à crain
dre. Ce procédé doit donc être borné à l’obtentioq
de l’hydriodate de soude. »
—Vient epspjte le traité de JL Home, d°nt on
trouve l’analyse à la page 84 de notre premier N.°.
— G é n é r a l in d ic a tio n s w ic h r e la te to th e la w s
0/ the o rg a n ic l i f e ; c’est-à-dire : N o tio n s g é n é r a le s
sur les lo is de la v ie o rg a n iq u e ; par D aniel P ring ,
Membre du
Ç o llég e ro y a l des ch iru rg ie n s d e L o n d r e s ,
Londres, 1819.19-8.° de x v i - 3 5 2 pag. —M. Jourdan
signale fort bien l’esprit de pet puvrage qui est com
posé de deux parties, en analysant la 1." et en
s’attachant dans la 2." à exposer les principales idées
de M. Pring. La i.re ne repferme que des considé
rations de logique et de métaphysique générales ;
l'autre intéresse particulièrement le médecin et se
compose de deux livres, çlont le premier, sous le
titre d'o r ig in e d e la v ie o rg a n iq u e d e l'h o m m e , traite
de la fécondation et des cbangemens qui la suivent
jusqu’à la naissance, tandis que le 2.* a pour objet
tous les phénomènes de la vie extra - utérine, la
maladie et la mort. L’auteur réfute plusieurs opi
nions, dont la plupart sont aujourd’hui générale
ment rejetées, et ne craint pas d’attaquer hardiment
la doctrine de l’irritabilité.
Nous ne suivrons pas M. Jourdan dans tous les
détails qu’il devait donner pour ne pas altérer le
vrai senp de l’auteur; mais nous pouvons sans doute
�( i 7° )
borner ici notre examen analytique, lorsqu’il s’qgit
d’un travail qui paraît ne devoir être goûté que jusques
à un certain point. Si M. Pring mérite des éloges
à différens égards, il n’est pas à l’abri de quel
ques reproches, et M. Jourdan lui en adresse un
assez bien fondé: celui de n’avoir pas fait mention
des observations pathologiques , surtout de celles
relatives à certaines maladies chroniques, et des ou
vertures multipliées des cadavres à la suite de ces
affections.
— Recherches anatom ico-pathologiques sur l’encéphale et ses dépendances ; par F. L a l l e m a n d . Deu
xième lettre. ( 1821 ). In-8.° de 222 pages. — Ces re
cherches étant continuées pourraient bien faire sur
nommer M. Lallemand, le Morgngni moderne. Sa
i .re lettre, dont on a rendu compte dans le cahier
de décembre 1820 , fera avec celle-ci le sujet d’un
article spécial pour l’un de nos prochains numéros.
— Histoire naturelle des lépidoptères, ou papillons
des environs de P a ris , décrits par M. G o d a r d , ancien
Proviseur, etc.; peints par M. C. V a ü T H I E R . ( Cinq
nouvelles livraisons ). —Ce travail honore autant le
naturaliste qui a tracé l’histoire des papillons, que
le peintre qui en a représenté les couleurs.
— Traité élémentaire de matière médicale ; par J.B.-G. B a r b I E R , médecin ordinaire de l'H ôtel-D ieu
d ’A m ien s, etc. Paris, 1819. 3 volumes in-8.° de xi6 3 6 , 6 5 o et 5 5 3 pages. ( 2.° et dernier extrait ). - M.
Bégin, dont on connaît l’excellent esprit analytique,
entre dans les détails les plus propres à donner une
idée nette de ce traité. Tout en le considérant comme
une composition du premier ordre dans les parties rela
tives aux diverses médications, et à la nature des
accidens qui en réclament l’usage, il le trouve su
perficiel et négligé dans les détails physiques, chi-
mm
�( I7I )
miques , botaniques, pharmaceutiques, et dans l’ex
pose1des règles spéciales qui ont rapport à la manière
d’administrer les médicamens.
-An Account o/etc. c’est-à-dire: Description d’une mem
brane nouvellement découverte dans l’œil de l’homme, à la
suite de laquelle on a ajouté quelques objections relatives
à la manière ordinaire d'opérer lafistule lacrymale, et pro
posé un nouveau mode de traitement de cette maladie ;
par S. S a w r e y , chirurgien. Brochure in-4.p de 20
pages, avec une figure. Londres , 1807. —Cette memliraue, d’après l’auteur, revêt la face concave de la
cornée, est dense, compacte et transparente. Dans
l’état frais , elle adhère assez fortement à la surface
interne de cette partie , et, quand on la détache en
petits fragmens , elle se roule sur elle-même comme
du parchemin, se rompt facilement, et a peu d’élas
ticité. Elle est beaucoup plus apparente dans certains
animaux que dans d’autres. Dans l’homme, elle est
mince , quoique ferme et brillante à l’état frais, mais
elle est bientôt privée de cette dernière propriété
par la putréfaction. Elle s’étend jusqu’au bord de
l’iris, auquel elle est adhérente, ainsi qu’à celui de
la cornée, et semble être un moyen d’union entre
ces deux parties de l’œil.
Les docteurs Marshall, Cluttcrhuck et Baillié, ainsi
que MM. Keate , Cooper, W are, Carpue, etc., l’ont
regardée comme une nouvelle découverte. Mais, avant
M. Sawrey, son compatriote Duddel paraît en avoir
eu quelque idée en 1792 , et Zinn est le premier qui
l’ait réellement vue en i y 55 , découverteque Descemet
a voulu s’attribuer en iq 58 et en 1780; que P. Demours.
a revendiquée en 1767 et 1770, et qui lui appartient
sous le rapport de la description assez bonne qu’il
a donnée, quoiqu’elle ne soit pas parfaite. Tout
récemment M. Rihes a décrit la membrane d’une
manière qui ne laisse rien à désirer.
�( x7 2 )
M. Bidault de Villiers , dont l’érudition justifie que
^VL Sawrey s’est fait illusion au point de s’attribuer
la découverte de la membrane qui nous occupe,
pbserve que les objections de ce chirurgien contre
ja manière ordinaire d’opérer la fistule lacrymale,
prouvent que dans cette maladie l’on doit tout uti-r
Mser pour rétablir aux larmes leur voie naturelle,
avant d’essayer de leur frayer une route artificielle,
— O b serv a tion s u r u n e n f a n t q u i est v en u a u m onde
p r iv é d 'œ s o p h a g e ,
et
q u i a vécu
h u it jo u r s ; p a r le
— Cet enfant
auquel on donna d’abord de l’eau sucrée qu’il vo
mit , et qui ne put jamais avaler d’alimens, mourut
de faim huit jours après la naissance. À l’ouverture
du corps, on trouva le foie très volumineux, cou
vrant tous les viscères du bas-Ventre jusqu’à l’om
bilic , la vésicule du fiel remplie de bile ; le cardia
manquait, et en cet endroit l’estomac adhérait au
diaphragme par du tissu cellulaire.......L ’œsophage
manquait tout-à-fait et le pharynx se terminait en
eul-de-sac.
— Observation sur une dysphagie causée par la cons-
d o cte u r
S
o n d e r l a n d
,
m é d e c in à B a rm e n .
friction de l’œsophage, et guérie par l’abstinence com
plétée des a/imens solides; par le docteur H f . Y M A N N ,
m é d e c in à M eu rs. — J. B __, âgé de 46 ans, adonné
aux boissons alcooliques, eut en 1809 des nausées,
puis des vomissemens de matières aigres, avec dou
leurs violentes à l’estomac, constipation, perte de
l ’appétit. Les secours de la médecine furent infruc
tueux. En 1812, il s’apperçut que les seuls alimens
qu'il pouvait manger, les bouillies, le riz et les
pommes de terre , n’arrivaient plus dans l’estomac ,
et qu’il lui fallait faire de grands efforts pour les
vomir. Dès lors, il ne mangea plus de substance
solide, n’avalait meme pas sans difficulté les liquides,
�( I73 )
éi fiésta mèmè une fois Cinq jours sans prendre éè'
nourriture. Alors il découvre que la seule décoction/
de carottes jaunes le soulage, en prend pendant dix
semaines , puis avale un pèu de bière ou de lait
mêlé avec sa tisane, et un peu plus tard il ajoute
de la farine, du beurré et un œuf frais à cette der
nière. Ce régime le répara tout-à-fait, mais il ne peut
encore aujourd’hui, quoique jouissant de la santé , a va-'
lerdes alimens solides sans éprouver de l’anxiété, ete.
— R é s u m é dés e x p é r ie n c e s f a i t e s p o u r c o n s ta tâ t l ’e f
fic a c it é du p o iv re e n tie r ( p ip e r n ig ru m ) ,
rentes esp èces de fi è v r e s in te rm itte n te s
Louis F rank ,
d a n s d iffé
; par le docteur’
C o n s e ille r p r iv é e t p re m ie r m é d e cin de
S.M . M a r ie -L o u is e , D u c h e s s e de P a r m e ,e t c . —M.
Franck
eut à traiter, durant l’été de 1816, un domestique
atteint d’une fièvre tierce simple, elles moyens in
diqués èn pareil cas furent sans sueèès. Enfin, après'
trois mois , une personne conseille au malade de pren
dre, deux fois par jour, six grains de poivre entier,
Sans égard à l’accès , et d’aller même jusqu’à neuf* ce’
qu’il fit, et bientôt la fièvre disparut.
Cette observation décida M / Frank a s’adresser'
d’abord à M. le docteur Ghigini , médecin de la cour,
pour l’engager à employer le poivre entier contre
les fièvres intermittentes. M. Frank eut dans peu’
l’occasion de s’assurer de l’elficacité de ce fébrifuge.
Il fit prendre de suite à ses malades ( qui n’offraient
aucun indice de gastricité, ni de plrl'ogose ), depuis
six jusqu’à dix grains deux- fois par jour, et- même
quelquefois quatre , sans avoir égard à l’accès. 11 a
traité du i .'r mai au 3 o juin 1819, 70 malades, dont
52 atteints de fièvres tierces, 10 de fièvres quoti
diennes , et huit de fièvres quartés. Pour la' guérison
de eelles-ci, qui avaient toutes duré plusieurs mois , il
» pour l’ordinaire consommé 3 à 400 grains de poivra
�( *74
)
En juillet, août et septembre, M. Frank a encore
guéri par le même remède plus de 60 personnes;
fet M. Ghigini a produit un rapport qui constate
que la totalité des individus traités de cette manière
s’élève à 46.
M. Frank fixe ensuite l’attëntioti du lecteur sur la
modicité de la dépense que nécessite ce traitement,
et avance quelques propositions sur le quina com
paré au poivre pour ce qui est de leur propriété
fébrifuge.
I l
t e r m in e
s o u rce
de
v é r it é
il
h a sa rd
des
re p ré s e n te r
a jo u te ,
et
r ie n
d ’u n
f a it
g a ir e
n ’a u r a it
m a is
donné
com m e
de
ju s te s s e ,
la
A la
q u e le
f a i t , s ’i l n ’ e û t p a s r e n c o n tré
c a p a b le s
conséquences
is o lé ,
h a sa rd
t h é r a p e u t iq u e s .
a v e c in f in im e n t
o b s e rv a te u rs
le s
le
C o n n a is s a n c e s
n ’a u r a it s e u l
e s p r it s
v é r it é s
p a r
nos
q u i
s in g u lie r ,
q u ’u n e
d e s a is ir
peuvent
to u te s
se
auqu el un
a t t e n t io n
les
d é d u ir e
œ il
lé g è r e
v u l
et m o
m e n ta n é e .
—
par
O b serv a tio n
A.-P. D
d ’un fœ tu s
u c h a t e a ü
,
m o n stru e u x ,
recueillie
C h ir u r g ie n d e l'h ô p ita l m ilitaire
d 'A r r a s , e tc . —Nousne pouvons que rapporter lé texte dé
l’auteur pour ce qui est de l’historique des altérations
que cet enfant présentait: on en trouvait dans les
"trois cavités splanchniques. « i .° L a tête. Lé cerveau
n’avait pas ses enveloppes osseuses complettes ; car
les pariétaux, la portion verticale du coronal, et
la partie supérieure de l’occipital, n’étaient pas ossi
fiés; le cuir chevelu était intact, excepté dans sa
partie supérieure et latérale gauche, où l’on voyait
une espèce de cicatrice, e t, près de la région de
l’oreille, partait une membrane large d’environ un
pouce et longue d’un pouce et demi, qui allait s’at
tacher au centre du p la c e n ta , non loin de l’insertion
du cordon ombilical : il y avait à la face uïi bec de
�( *7S )
lièvfe doublé. s.° T h o r a x . Le coeur était situé hors
delà poitrine vers sa partie supérieure et antérieure;
sa pointe était dirigée en haut du côté gauche: il
était dépourvu de péricarde , et on l’a vu palpiter
pendant trois quarts d’heure: à la même hauteur,
et du coté droit, il y avait une lnasse, grosse comme
une noix, d’un tissu qui paraissait être pulmonaire*
3 .° A b d o m e n . Eh-dessous , et sur la ligne médiane ,
était une tumeur pyramidale, attachée par son côté
interne, au moyen d’un pédicule très court et d’urt
pouce d’épaisseur, à la partie inférieure de la poi
trine ; la pointe de cette tumeur descendait jusqu’au
pubis: la membrane qui la recouvrait était séreuse;
on pouvait distinguer au travers de son épaisseur,
le foie situé à la partie supérieure; les intestins endessous, et les reins confondus à la partie inférieure ;
eu soulevant cette tumeur, on trouvait les parois de
l’abdomen intactes ; on pouvait sentir la saillie de
la colonne vertébrale, car il ne se trouvait aucun
viscère dans sa capacité ; le cordon ombilical était
de huit pouces:, à son insertion au nombril, il se
bifurquait ; une des branches entrait dans le basventre par un iv jfu n d ib u lu m , et l’autre tenait à laf
tumeur, en se dirigeant vers le foie. »
P. M. Roux.
( Cahier de mars 1821. )
G é o g r a p h i e p h y s ic o -m é d ic a le d u B a ssig n y ( d ép .x de
la H a u te-M a rn e J
a rticleJ .-C E
q u a b le
ra re ,
que
dont
est c o n s a c r é
; p a r
J.-.T. V
lR E Y . f
d e u x iè m e e t d e rn ie r
s e c o n d a r t ic le q u i n ’ e n e st p a s m o in s r e m a r
le
p r e m ie r
p a r
l ’a u te u r a d o n n é
en
e n t ie r
à
l ’ e x a c t it u d e
et
ce
t a le n t
d e s p r e u v e s m u lt ip lié e s ,
l ’e xa m e n
des
m a is o n s ,
des
�( 176 )
vètemens , do la nourriture , des mœurs et des
maladies des habitans du Bassigny; contrée qui pré
sente dans bien des endroit» des ruines d’amphithéâtres et d’autres monumetïs qui décèlent le séjour
des Rdmains dahs te pays.
Les habitan's ont assez bien conservé les traits ori
ginaires des peuples dont ils sont isstfs. Cette parti
cularité qui yient, selcrn M. Yirey, dé ce qu’ils sè
sont conservés purs et sans mélange avec d’autres
nations, ne pourrait-elle pas tenir un peu au cli
mat, dont l’influencé puissante' et soutenue lutté tou
jours avec plus ou moins davantage contre les autres
éauses d’altération? Une autre observation non moins
remarquable, c’est que dans quelques endroits bas
èt humides on voit des individus lymphatiques, lourds
ét presque dépourvus de barbe, qui n’èn ont pas
moins un grand nombre d’enfàns bièrf constitués.
La population du Bassigny â’est accrue rapidement
dans ces derniers tems, malgré les ravages de la
guerre, du typhus et de la disette de ï8i6 ét 1817;
parce qu’un pays où les mœurs sont pures et sim
ples, les habitudes uniformes, doit présenter de nom
breux exemples d’une fécondité remarquable. Aussi
les familles de 10 et même i 5 én’fans n’y sont ptls
tares. Lâ‘ vie'y est également plus assurée qu’à Paris,
et, par conséquent, les vieillards plus nombreux.'
fj’après un tableau comparatif des décès dans l’un
ét l’autre endroit, la proportion est d’un mort sur
34 à 35 personnes à Paris, et d’un sur 48 à 5 o dans
lë Bassigny. Les maladies qui y régnent peuvent être
divisées, ainsi que la contrée elle-même, en maladies
des lieux bas Ct humides, ét maladies des hauteurs.
Les maladies inflammatoires , les péripneumonie»,
l’hémoptysie, les hémorragies actives, les ophtalniiîs
dominent dans ces dernières ; tandis que les fièvres'
�( *77 )
muqueuse^, intermittentes, le scorbut, le rachitis,
etc. sont l’apanage des vallons, lieux où la pustule
maligne , quoique endémique dans tout le Bassigny>
exerce aussi plus particulièrement ses t’aVâges.
— Réflexions physiologiques et hygiéniques sur les
gymnases modernes; par M. -Loude. Lés rapports qui
lient lé physique et lé moral de l’homhae né sont
méconnus par personne. En séparer l’éducation, s’oc
cuper éxcliisiveinent de l’un et négliger l’autre, c’est
évidemnlent contrarier lé voeu de la iiature, et dé
truire, dit M. Loudé, l’harmonie primitive qu’elle à
établié entre toutes lés parties dé l’individu. S’il est
donc nécessaire de s’occuper dé bonne heure dé dé
velopper lés facultés intellectuelles de l’enfant, il né
l’est pas moins de donner de la vigueur,.de la sou
plesse à dés parties dont l’organisation a si souvent
besoin pour se garantir des dangers qui la menacent.
Après avoir démontré la nécessité d’exciter l’énergie
physiqué, sans Cependant vouloir faire un sauvage de
l’homme civilisé, Fauteur examine jusqu’à quel point
ou peut réunir dans lé même individu la perfection
physique du premier et l’intelligence cultivée du
second, quels sont les avantages, les secours que
cette dernière peut emprunter à l’autre. Vient en
suite l’histoire des premiers établissemens de gym
nastique , dont là France, malheureusement trop
long-tems agitée par des divisions intérieures et des
guerres étrangères , ignorait les bienfaits ét parais
sait méconnaître l’importàncé. Nous devons les pre
miers éssais én ce genre au conseiller Àmaros qui,
après avoir dirigé avec succès en Espagne un ins
titut fondé sur les principes dé Pertalozzi , devenu
citoyen français, par suite des événements politiques.
S’est empressé d’offrir à sa nouvelle patrie les fruits
île soit expérience; enfin grâces à la protection éclairée
�du gouvernement et aux soins de quelques hommes
généreux, nous jouissons dans ce moment d’un gym
nase , dont M. Loude a été à poi’tée d’apprécier
les heureux résultats et dont il décrit les exercices.
Je me bornerai à relater les heureux effets que
l ’hygiène peut s’en promettre. Ils servent : i .° à l’en
tretien de la santé et au développement progressif
et régulier de toutes nos facultés physiques ; 2.0 à
corriger certains vices de conformation; 3 .° à rétablir
l ’équilibre entre certaines parties du corps, en ren
dant à des systèmes d’organes, l’énergie et l’ac
croissement dont les avait privé la^ prédominance
congéuiale ou acquise de quelques autres. Jusqu’au
jourd’hui on n’avait employé la gymnastique que
pour agir sur les parties matérielles de l’enfant; dans
ces derniers tems, M. Amoros a voulu lui donner
un motif d’intérêt non moins puissant et un but
bien plus noble, en la fesant concourir à la culture
des qualités morales, en arrivant par elle au cœur
de ses élèves et leur inspirant le goût de la vertu,
des seutimens généreux. Quels que soient ses succès
dans celte partie, et nous ne doutons point qu’il
n’en obtienne de grands, on ne lui doit pas moins
de reconnaissance pour avoir le premier frayé la
route et consacré ses veilles au perfectionnement da
cette partie importante de l’éducation.
— S u r le m é c a n is m e de la p a r t u r it io n ; par le docteur
Ncegèle, p ro fe sse u r à H eid elb erg . - Ce docteur pense
que l’art des accoucliemens est resté fort en arrière
des autres branches de l’art de guérir, et n’a pas
fait les progrès que l’on était en droit d’attendre
des hommes à talent qui l’ont cultivé. Il croit en
trouver la raison en ce que ces praticiens, croyant
connaître p a r fa ite m e n t le g r a n d m ystère de la nature,
ne profitaient point des occasions qui se présentaient
�C 179 )
à eux pour le dévoiler. Quels que soient, dit-il,' leâ
services, rendus par Ould, Smellie, Mathieu Saxlorph,
Solayres, Baudelocque, Boër, le problème le plus
difficile, le plus important, celui qui consiste à dé
velopper la manière dont la nature vient à bout
d’expulser le fœtus à l’époque de la naissance, est
encore à résoudre.
Le professeur d’Heidelberg; , plus heureux où
plus habile que ses prédécesseurs, a-t-il dévoilé le
grand mystère de la nature? Je regrette sincèrement
de ne pouvoir, faute de teins et d’espace, examiner
les détails dont se compose ce mémoire avec toute
l’attention dont il serait digne : je chercherai à m’endédommager, jusqu’à un certain point, en m’attacliant surtout à présenter les opinions propres à
l’auteur, à les mettre en présence de celles des écri
vains qui l’ont devancé dans la carrière, afin que le
lecteur puisse les comparer et juger lui-m ême la
question.
La région du vertex peut se présenter de diverses
Manières au détroit abdominal ou supérieur, ce qui
constitue des espèces ou positions différentes.
M. Nœgèle en admet quatre qu’il désigne par la
direction des fontanelles. I.re position: la petite fon
tanelle est tournée vers la cavité cotyloïde gauche;
2. ' position : elle regarde la cavité cotyloïde droite;
3. ' position: la grande fontanelle est dirigée vers la
Cavité cotyloïde gauche; 4.' position: elle se montre
vers la cavité cotyloïde droite.
Les changemens qui surviennent dans ces posi
tions, aux divers tems de l’accouchement, sont dé
crits avec toute l’exactitude désirable.
L’opinion de M. Nœgèle , sür la fréquence de ces
positions, est opposée à celle des plus célèbres accbucheurs. Baudelocque a fixé la proportion relative
�( i8o )
de la i.M et de la a.e position :: 1 : 4 f ; celle de la
3 .' et de la 4.' à-peu-près :: 1: 346. D’après JeàuFrédèric Lobstein, le nombre des cas de la 2.' po
sition est à celui des cas de la i.1*:: 1 : 3 ff, et celui
des cas de la 3 .“:: 1: 17
tandis que la 3 .' position
est, après la i.re, celle qui s’est présentée le plus
souvent dans la pratique de M. Nœgèle ; de sorte
qu’elle est à celle-ci dans le rapport de 1: 2 \ ; il
n’a vu la 4.* que deux fois, et , sur plus de 1200
accouchemeus, la 2° position du vertex ne s’est pas
offerte à lui une seule fois ; d’où il est autorisé à
tirer ries conclusions fort opposées à celles admises
aujourd’hui.
Cette diversité d’opinions sur un point qui ne sort
pas du domaine de 1’observation, et sur lequel il
serait, par conséquent, si facile de s’accorder, pourvu
qu’on ne fut pas disposé à fermer les yeux sur la
vérité, peut s’expliquer facilement par un aveu que
fait M. Nœgèle dans la suite de son mémoire. Le
voici: « Quand on prétend que les accouchemeus,
k dans ce qu’on est convenu d’appeler la seconde
k position , sont quelquefois plus fréquens que dans
« la première , je ne doute point que la tète n’ait
« été trouvée réellement dans cette situation; mai»
« je suis convaincu que d’abord elle était dans la
k troisième position , et qu’on a exploré trop tard,
« ou qu’on n’a reconnu avec certitude la situation
« de la tète que quand elle avait déjà éprouvé
a un mouvement de torsion , c’est-à-dire/lorsqu’elle
« avait été reportée à la seconde position. »
Quelques écrivains et des accoucheurs modernes
ont cru devoir signaler avec force le danger qui
accompagne l’accouchement, lorsque dans les 3 .* et
4 . 'situations du vertex, la face se présente en devant
ou en haut de la vulve ; positions qu’ils regardent
�(
)
eorame anormales , et dans lesquelles ils prescrivent
l’application des moyens de l’art. Le professeur de
Heidelberg réfute cette assertion ; et, fort de son ob
servation et de sa pratique, il pose en principe que
ce qu’on croit être une aberration de la nature est
la règle qu’elle suit le plus souvent, et que la dis
position qu’on regarde comme normale constitue
réellement une exception.
— D e la f o l i e ; co n s id é r a tio n s s u r ce tte m a la d ie , son
siège e t ses sy m p tô m e s , la n a tu re e t le m ode d’ a c tio n
de ses ca u s e s , sa m a rch e et ses te r m in a is o n s , les d if
féren ces q u i la d is tin g u e n t du d é lir e a i g u , le s m oyen s
de tra ite m en t q u i lu i c o n v ie n n e n t , s u iv ie s de recher
G eorget. P a r i s , 1820.
Falrct. ( i.Cr e x t r a it ). - Comme
il sera nécessaire de revenir sur cet ouvrage lorsque
le second extrait sera donné, je ne m’occuperai
dans cet article que de l’introduction ; elle renferme
quelques idées remarquables par leur nouveauté, et
qui méritent, par conséquent, d’être connues.
« Je n’admets, dit M. Georget, comme maladies
« nerveuses, que celles qui se manifestent dans une
« portion libre de ce système ; de même qu’on donne
« le nom de maladies du système sanguin à
« celles seulement qui ont pour siège le cœur, les
* artères ou les veines. Hors de l à , je ne vois que
« des lésions d’organes qui peuvent se présenter sous
* différentes formes. »
Une fois ce principe établi, il n’est pas difficile
de prévoir la réponse que va faire M. Georget à la
question suivante: doit-on reconnaître des maladies
spéciales des nerfs , une fois qu’ils sont combinés
avec les autres élémens de nos organes? « En phy« siologie, repond-il, on ne sait point dans la pro« duction des fonctions, la part que prennent les
ches c a d a v é r iq u e s ; p a r M .
In -$ .° ; a n a ly s é p a r M .
�( 182 )
« divers élémens qui entrent dans la composition dqs
k organes qui en sont chargés, e t, si vous demari« diez au physiologiste , si ce sont les vaisseaux
« sanguins ou lymphatiques , les nerfs ou les folli« cules, le péritoine ou les fihres musculaires qui ont
<t converti les alimens successivement en chyme , en
« chyle, et en feces , ils vous répondront tout sim« plement, que ces effets appartiennent au canal
« digestif. »
Fidèle à sa manière de voir, M. Georget place
ailleurs que dans l’utérus et le canal digestif, le
siège de l’hystérie et de l’hypocondrie : c’est, selon
lu i, le cerveau qui est primitivement affecté dans
l’un et l’autre cas (r).
— N o u v e a u tr a ité de la rage ; o b serv a tio n s clin iqu es,
re ch e rch e s d ’a n a to m ie p a th o lo g iq u e e t d o c tr in e de cette
L. S. T rolliet , p ro fe sse u r d e médecine
- D ie u d e L y o n ; a n a ly s é par M.
Bégin C ï-'r a r tic le J. — Une louve devenue enragée,
sans qu’on ait pu soupçonner les causes qui avaient
déterminé le développement de la rage chez cet ani
mal , parcourt dans une matinée plusieurs lieux du
dép.1 de l’Isère, mord, renverse tout ce qu’elle ren
contre, porte le ravage et l’effroi dans tous les lieux
qu’elle traverse. Déjà, vingt-tro.is personnes et un
grand nombre d’animaux sont les victimes de sa
fureur, lorsqu’elle est attaquée avec intrépidité par
le jeune D avid, qui enfonce sa main dans la gueule
m a la d ie ; p a r
c lin iq u e , à
l ’H ô te l
( i ) C e tt e o p in io n n e m e p a r a it q u ’ u n e c o n s é q u e n c e fo rc é e Je la
p ré c é d e n te . D è s q u ’o n
ç ia le s d es n e r fs ,
n e v e u t p lu s r e c o n n a îtr e d es m alad ie s spi>
q u a n d ils so n t r é u n is a u x a u tr e s é lé m e n s de nos
o r g a n e s , i l f a u t t i e n tr o u v e r u n a u t r e s iè g e à d e s a ffe c tio n s essen
tie lle m e n t n e rv e u se s e t , d an s c e c a s , le c e n t r e d e l ’a p p a r e il nerveux
se présente naturellement pour être désigné.
Note du Redaotiur-
�( 1* 3 )
béante du redoutable animal , le renverse, donné
ainsi le temps à son père de venir le tuer entre ses
bras, et meurt lui-même, quelques mois après r vic
time de son dévouement.
Cet événement déplorable, arrivé en 1817, a fourni
à M. Trolliet l’occasion de faire des recherches ca
davériques sur le siège de la rage , dont les résultats
tendent à détruire complètement les idées généra
lement reçues. Parmi les 2 3 personnes mordues , 9
blessées plus ou moins légèrement guérirent, 14
succombèrent; et c’est sur 6 cadavres de ces derniers
qui furent conduits à Lyon et soignés par M. Trol
liet, que ce professeur a recueilli les observations
dont il fait part au public. « La membrane muqueuse
« de la bouche et du pharynx a été trouvée pâle ,
« grisâtre, et sans aucune trace de phlegmasie; les
« glandes salivaires ne présentaient aucune altération
k dans leur volume , leur aspect et leur organisa« tien ; leur secrétion paraissait n’avoir présenté au« cime espèce de changement ; la membrane des
« voies aériennes a constamment été trouvée rouge,
« surtout à la partie inférieure des bronches ; la
« phlogose s’étendait, chez‘certains sujets, jusqu’au
« larynx, quoiqu’elle y fut moins vive, ce qui fait
ù supposer que ses progrès avaient eu lieu de bas
« en haut ; le poumon était enflammé et sa surface
« était parsemée de phlyctènes remplies d’air. »
« Le désordre ne se bornait pas à ces parties. Le
« ventricule gauche et l’aorte contenaient chez quel« ques sujets un sang noir , huileux et presque
« entièrement fluide, une assez grande quantité d’air
« qui se dégagea quand on ouvrit ces organes. Quelle
« est la cause de ce phénomène ? M. Trolliet avoue
« qu’il 11’en peut fournir l’explication. »
« Après les lésions qu’on vient de signaler, les
�“ ïPïtm M #5
21
||P
I
1
( i -84 )
« plus constantes sont celles de l'encéphale et des
« méninges. Les sinus cérébraux sont gorgés d’un
« sang noir et liquide, les vaisseaux de la pie-mcre
« injectés, les membranes chorotdiennes brunes rem
et plies de sang ; une petite quantité de sérosité se
« trouve dans les ventricules latéraux, e t, quand
« on coupe le cerveau par tranches, une multitude
« de points rouges indique l’injection de sa subs<t tance et l’engorgement de ses vaisseaux. » Signes
évidens de la phlegmasie cérébrale, dont M. Trolliet
prouve encore la réalité par l’analogie qui existe
entre la rage . la céphalite et la frénésie.
Les traces de l’inflammation des organes de la di
gestion sont rpres , et aucun des malades de M. Trol
liet n’a présenté de pharyngite.
Quoique les recherches de M. Trolliet ne modi
fient en rien le traitement de la maladie, elles mé
ritent cependant d’être connues, parce qu’elles dé
truisent des erreurs accréditées et y substituent des
vérités méconnues. La première, sans doute, et la
plus importante sera de diriger vers le poumon
l’attention du médecin, qui se portait ayant sur les
glandes salivaires qui ne présentent aucune altéra
tion. Leur secrétion perdrait a.ussi ( si toutefois on
peut se servir de cette expression dans ce cas ) la
propriété de propager le virus rabique, puisqu’elle
n’est point augmentée; et elle la céderait à la
mucosité abondante des voies aeriennes phlogosées
qui seule fournit les crachats écumeux que rendent
les malades.
— D iv is io n n a tu r e lle des te m p é r a m e n s , tirée de la
j c n c t i o n o m i e ; p a r F. T homas de Troisyèvre, interne
de i.r# c la s s e des h ô p ita u x d e P a r is . — Le dévelop
pement relatif d’un organe donne assez bien la me*
?ure de son énergie, de son aptitude à remplir les
�( i* 5 )
fonctions qui lui sont confiées. Cette vérité physio
logique généralement reconnue a servi de base à
M.r de Troisvèvre pour établir la divisiou qu’il
propose. La fonçtionomie, ou connaissance des fonc
tions constitue cette nouvelle science des tempéramens, que l’on ne désignera plus, d’après M. Trois
vèvre, sous les noms de sanguin, bilieux, etc., mais
sous celui de crânien , thoracique, cranio-thoracique,
cranio-abdominal, thoraco-abdominal, et enfin , mixte,
lorsqu’il y a une juste proportion entre toutes les
cavités splanchniques,
— D isco u rs su r la p r é é m in e n c e d u systèm e n c r u e u x
dans l'é c o n o m ie a n im a le , e t l'im p o r ta n c e d ’u n e étu d e ap
profondie d e c e s y s tè m e , p r o n o n c é à la s é a n c e p u b liq u e
de la f a c u l t é de S tr a s b o u r g ;
L
o b s t e i n
,
par
J
e a n
-
F R É D É R IC
p ro fe sse u r d ’a n a to m ie p a th o lo g iq u e , e tc .
Dans ce discours, M. Lobstein, après avoir prouvé
l’insuffisance de l’empirisme, et la nécessité des thé
ories médicales déduites des faits , ramène l’attention
de ses auditeurs sur l’importance de l’étude du sys
tème nerveux, rappelle en peu de mots les travaux
de quelques écrivains sur ce sujet, et se prononce
en faveur de l’opinion de Reil sur l’atmosphère ner
veuse , * dont la sphère d’activité n’est point bornée ,
selon lu i, là où finissent les rameaux ; mais pénètre
dans tous les points de l’être organisé, fait rentrer
dans le domaine de la vie des parties qui semblent
s’en écarter, et leur départ, dès qu’une irritation quel
conque y rappelle son courant des propriétés qu’elles
ne possèdent point dans l’état ordinaire. » Dès lors,
on n’est plus embarrassé pour expliquer la vie dont
jouissent des parties dépourvues de nerfs, telles que
les poils et les ongles, et la sensibilité vive dont ils,
donnent des preuves dans certains états maladifs.
. l ’exprime ici le regret d’être forcé de nie res-
�( i86 )
treîndre à ces généralités qui sont devenues, sous
la plume de M. Lobstein, une mine abondante de
considérations intéressantes.
— N o tic e su r V a ig u illo n des a b e ille s ; p a r le docteur
KüNZMANN, m é d e cin de la c o u r A B e r lin . —Cetla
notice ne renferme que la description de l’aiguillon
des abeilles ; et la manière dont l’abeille s’y prend
lorsqu’elle veut piquer ne me paraît pas susceptible
d’une analyse.
— Le docteur Wolff donne l’histoire d’une plaie
considérable faite aux parties génitales d’un homme
par la corne d’un bœuf, cicatrisée complètement
au bout de trois semaines, sans que les fonctions
de l ’organe qui avait été si maltraité aient souffert
ïa moindre altération.
— Dans sa notice sur ses établissemens thermaux
de BagnèreS, M. Liquière a signalé la négligence
des inspecteurs actuels parmi les causes qui ont nui
à la réputation de Bagnères. Par une lettre adressée
au rédacteur, M. Delpit repousse cette imputation
faussé; et rendant justice au zèle et au talent de
M. Ganderax, inspecteur actuel, il énumère quel
ques-unes des améliorations qu’il a provoquées.
— D isco u rs p r o n o n c é p a r M . le p ro fe sse u r
31AND, à la s é a n c e p u b liq u e de la f e c u l t é de M édecine
d e P a r i s , le y n o v em b re 1820. — Nommer M. Riche-1
rand , c’est désigner un des célèbres professeur»
de la faculté de Paris dont elle s’honore le plus.
Après avoir enrichi d’excellens ouvrages l’art qu’il
cultive et dans les fastes duquel il figure d’une ma
nière aussi distinguée, il a voulu en exposer l’état
actuel parmi nous, et faire connaître à de nombreux
élèves accourus pour l’entendre l’esprit que l’on
doit apporter dans son étude et dans sa pratique. Il
fait d’abord sentir avec force la nécessité de ne point
R
i c h e
-
�{ 187 )
séparer l’étude de la médecine de celle de la chi-«
rurgie, qu’il regarde comme le complément néces-^
saire de la thérapeutique.
Il expose ensuite les avantages de cette dernière,
dont les succès, plus à la portée du vulgaire, sont
aussi mieux appréciés, et dont les, guérisons ont plus
d’éclat, parce qu’elles sont de nature à frapper tous
les esprits.
Eu s’occupant, des progrès récens de la partie
chirurgicale , il signale la hardiesse et la simplicité
qui, la caractérisent particulièrement, et dont les
chirurgiens français et anglais ont donné dans ces
derniers tems plus d’un exemple.
Parmi les qualités morales dont le chirurgien doit
être doué, M. Richerand met au premier rang la
probité. Cette vertu qui est destinée à faire l’orne
ment de toutes les professions, doit être d’une obli
gation plus rigoureuse pour l’individu qui est investi
du pouvoir le plus redoutable , celui de disposer
souverainement de la vie de ses semblables.
La multitude des médecins et les abus qui en naissent
arrêtent un instant sa pensée, et les passages qui leur
sont consacrés ne sont pas les parties les moins
remarquables de son discours, où l’on trouve par
tout l’empreinte d’un talent que, depuis long-tems,,
l’on a appris à admirer.
D,
/^ /sr ssx n ss
A N A L Y S E
DU JO U R N A L U N I V E R S E L DES SCIENCES MEDICALES-.
( Février 1821. )
R e c h e r c h e s et o b se rp a tio n s s u r le s m a la d ie s
in testin s; p a r
J.
Aeercro m
b ie
,
des
D . M. e t c . , tra d u ite s
�{ i 88 )
ia l'anglais, par M. Marchand, D. M. etc. ( î .' ar
ticle ). - Iléus apec obstruction mécanique. - L’auteur,
dans cette section, cite huit observations qui se rap
portent i.° à la contraction du canal intestinal, 2.0 à
l ’intus-susception, 3 .° à la hernie intestinale. Les
deux i.** démontrent que la contraction d’une por
tion du canal intestinal, cause de l’accumulation des
matières fécales, ont occasioné la mort, puisqu’à la
i . ,e autopsie on a trouvé les intestins distendus uni
formément jusqu’à la seconde courbure de l’ S du
colon. Les membranes du rectum étaient très épais
sies, et son diamètre tellement diminué qu’il pouvait
à peine admettre le bout du petit doigt. Beaucoup
de matières fécales étaient accumulées au-dessus. A
la 2.c autopsie, on a trouvé tout le trajet du canal
intestinal prodigieusement distendu ; mais, à quatre
pouces de l’anus, le rectum était tellement contracté
que le bout du petit doigt ne pouvait y pénétrer.
Deux autres ouvertures de cadavre fournissent l’exem
ple de deux intus - susoeptions remarquables. A la
a .“ on a vu plus de 18 pouces de l’ileum dans la
cavité de la tète du colon , les parties invaginées
étant même gangrenées ; à la 2.' on a trouvé une
intus-susception qui commençait au milieu de l’arc
du colon , les parties invaginées avaient 3 8 pouces
d’étendue consistant dans le reste du colon, et une
portion correspondante de l’ileum. Les quatre autres
observations concernent des hernies intestinales, et
n’offrent pas d’intérêt.
Traitement de l’iléus. — Cette maladie n’est point
selon l’auteur une accumulation de matières, ni une
obstruction qu’on puisse détruire par la force, mais
bien un organe musculaire qu’il faut rétablir dans
son état naturel. Dans le traitement, on doit porter
son attention sur des objets distincts : i .° sur lapai-
�C 189 )
tic distendue au-delà de son pouvoir de contraction}
2.0 sur la partie saine au-dessus; 3 .° sur la partie
saine au-dessous. Ce sont des vues qui sont propo-»
sées comme n’étant point encore solidement établies,
mais comme pouvant être l’usage de recherches ul
térieures. Les purgatifs doivent être administrés avec
d’autant plus de réserve, que les tranchées qui exis
tent dans l’ileus donnent lieu de croire que les in
testins supérieurs à ceux où la maladie existe, sont
dans un état d’action violente ressemblant à celle
que produirait un purgatif. Les remèdes utiles contre
l’ileus sont ceux qui tempèrent l’action musculaire.
Ondoitcompter surlessaigrtées,les applications froides
et surtout les lavemens de tabac, vu le narcotisme
que ce remède produit, d’où s’ensuit un relâche
ment musculaire toujours efficace. Le tabac doit être
donné avec précaution; i 5 ou 20 grains infusés dans
6 onces d’eau pour un adulte suffisent pour un la
vement, qu’on répète quelques heures après, selon
le degré d’action qu’il procure. Si les symptômes
indiquent l’inflammation, la saignée doit être em
ployée d’une manière décidée. Dans l’état de collapsus
produit par une forte saignée, l’auteur a vu la ma
ladie céder si subitement, que le malade a quitté le
lit à l’instant.
— N o u v elle m é th o d e d e tra ite r te sa r c o c è le sa n s a v o ir
recours à l ’e x tir p a tio n du t e s t ic u le ; p a r M .
Maü NOIR,
Bégin.
M. Maunôir prétend que l’extirpation du testicule
dans le cas de sarcocèle doit être bannie de la pra
tique chirurgicale, et que cette opération ne remplit
point le but qu’on se propose, qu’elle est presque tou
jours suivie d’accidens funestes et de la mort. Nous
passons sous silence le tableau sombre et beaucoup
trop chargé des douleurs , souffrances , accidens
graves qu’il dit accompagner la castration.
docteur e t p ro fe sse u r à G e n è v e ; a n a ly s é e p a r M .
�( *9° )
H pense que l’état qui constitue le sarcocèle re
connaît une exhalation trop abondante de lymphe
coagulable qui s’interpose dans le parenchyme cel
luleux du testicule où elle se durcit, l’altère , com
prime les filets nerveux qui pénètrent l’organe et
déterminent les accidens caractéristiques de la ma
ladie. L ’action des vaisseaux est alors insuffisante pour
absorber le üuide exhalé, en quantité toujours crois
sante, par les artères spermatiques. M. Mauiioir ajoute
que le seul moyen de rétablir l’équilibre en rendant
l’exhalation moins active, serait de lier les princi
pales artères qui se distribuent à l ’organe affecté,
Son procédé consiste à faire, au-dessous de l’anneau
et dans la direction du cordon, une incision d’un
pouce et demi, à découvrir les artères spermatiques,
à passer sous elles, avec une aiguille mousse et
courbée, deux ligatures entre lesquelles oii les coupe.
Cette opération étant finie, on place les fils dans
l’angle inférieur de la plaie, dont on rapproche les
bords. Deux pansemens simples ont suffi pour obtenir'
la guérison chez deux malades, dont M. Maunoir
rapporte l’histoire. Chez l’un le testicule s’atrophia
complètement, chez l’autre il fut réduit à son vo-1
lume naturel.
M. Bégin ne Se fesant point illusion sur les inconvéniens que cette opération peut présenter, en
démontre néanmoins les avantages, et désire des lu
mières plus positives sur une ressource nouvelle
dont la chirurgie peut tirer profit.
— Le journal expose ici le nouveau traité sur k
rage; par M. Trolliet. Voyez la page 182 de ce n.°;
— R e c h e r c h e s a n a to m iq u e s s u r le sièg e e t les causes
des m a la d ie s , p a r Morgagni , tra d u ite s du l a t i n , jiar
MM. Desormaux et Destouet, tome i.*r. — A une
époque où l’anatomie pathologique occupe beau-
�( Ï9 1 )
«oup je médecin , il était naturel de faire revivre
Morgagni. La langue dans laquelle ces recherches
sont écrites étant peu familière à beaucoup de mon
de, on doit savoir quelque gré à MM. Desormaux
et Destouet de s'être attaches à lès traduire.
— T r a ité p r a tiq u e de V œ il a r tific ie l ; p a r Hasard Mirault. i/z-8.° de x m - e . 5o p ages a r e c 7 p la n c h e s .
-Cetouvrage est celui d'un homme qui, plein de goût
pour les beaux arts , a porté à la perfection celui
de modeler l’émail et est parvenu à imiter non seu
lement les yeux humains avec une perfection in
connue jusqu’à lu i, mais encore à représenter Ceux
des animaux, ce qu’on n’avait point encore fuit.
— M ém oire s u r le s a v a n ta g e s q u e l'u n p e u t retirer
de l’ouverture de l ’artère tem p o ra le d a n s p lu sie u r s m a
M. Desruelles, D. M. P .— La saignée de
l’artère temporale est trop négligée, quoique ses avan
tages soient incalculables. Cette artère est placée de
manière à ce qu’on puisse l’ouvrir sans aucun danger.
Cette opération est plus facile que la saignée
ordinaire; comme pour elle, une lancette suffit (le
bistouri est inutile, effraie le malade, et rend l’o
pération plus longue ) , il faut seulement prendre
deux précautions: t.° assujétir l’artère dé manière
à la couper d’un seul coup , en dirigeant la pointe
de la lancette au-dessous d’elle ; 2.0 faire l’incision
à angle droit avec le vaisseau., pour couper en tra
vers les filets nombreux du nerf facial, cpii se dis
tribuent à la tempe.
Deux raisons sont cause de l’indifférence des mé
decins pour ce moyen héroïque: i.° l’opération ellemême; 2.0 le bandage nécessaire pour arrêter l’hé
morrhagie. La crainte de ne pouvoir arrêter l’hé
morrhagie empêche souvent de pratiquer l’artério
tomie; cette crainte est puérile. Pour arrêter le sang,
ladies ; p a r
�( X92 )
est-il besoin d’employer le bandage dit nœud d’em
balleur? Faut-il d’ailleurs s’assujétir à suivre rigou
reusement, dans l’applicatioii de cé bandage, les
règles minutieuses qui jadis ont été établies ? Une
bande circulairement appliquée suffit le plus ordi
nairement, et même un simple emplâtre gommé,
lorsque le malade est surveillé par un élève instruit;
L ’auteur désigne les maladies qui nécessitent cette
opération: l'a p o p le x ie , l ’a r a c h n o ïd ite , la céphalée,
l'h é m ic r a n ie , et il cite des observations concluantes
à l’appui. Ensuite il manifeste beaucoup d’en
thousiasme pour la doctrine de M. Broussais, et
il observe que « les élèves de ce médecin qui
« n’ont connu qtt’une partie de sa doctrine en ont
« abusé et en abusent encore, à tel point qu’ils ont
« attiré sur leur habile maître des critiques amères
« qu’on devait reserver pour ses imprudens disciples. »
— O b serv a tion s e t r é fle x io n s s u r l'e m p lo i d e Vopium
donné
à h a u te dose
dans
tes d o u leu rs abdom inales ;
p a r M. Olinet, m é d e c in à M o n ter e a u - F a ut-Yonne,
—L’opium vient d’être employé par M. Olinet, à
des doses très fortes et avec le plus grand succès*
dans des douleurs rhumatismales. De 5 observations
rapportées successivement, il résulte: i .° qu’uné
dame atteinte de douleurs à l’épigastre, qui aug
mentaient et devenaient déchirantes, tandis qüe l'esto
mac semblait se rouler sur lui-même et être tiraillé
fortement, avec langue muqueuse , bouche sèche ,
agitation , impatience extrême , ne fut point soula
gée par la liqueur d’hoffmann, ni par les bains tièdes,
l ’application des sangsues à l’épigastre, les boissons
gommeuses , et fut guérie par le sirop de diacodé
et la teinture d’opium ; 2.0 qu’un ouvrier fâyancief
qui éprouvait dé vives coliques durant près d’ùné
heure , à des intervalles rapprochés , jetant des
�( 193 )
liants (iris, fut mis envain à l’usage des tisanes gômhieuses , dé la liqueur d’Hoffmann , des lavemens , et
obtint une guérison parfaite au moyen d’une po
tion avec 3 gros de l’audanum, donnée à cuillerée j
3.° enfin , que trois individus tourmentés par d^s
douleurs abdominales très aiguës , se répétant fré
quemment et ayant résisté à toutes sortes de moyens,
ont été guéris comme par enchantement, au moyen
du laudanum donné à doses élevées.
O b serv a tion
pai•’ la p o s itio n
d ’ u n a c c o u c h e m e n t ren d u la b o r ie u x
du
cordon
o m b ilic a l ; p à r le thèm e.
—Chez une femme en travail depuis 5 jours, dont
les contractions utérines étaient milles , quoique la
tète fut dans lé petit bassin , on appliqua le forceps,
dès que les épaules parurent, oh reconnut que le
cordon ombilical était très court, qu’il descendait
Sur le devant et à gauche du thorax , passait sur
l’épaule du même côté et sè dirigeait derrière le
tronc. Nul doute que , vu son peu d’étendue , 'si les
contractions eussent continué, le placenta étant adhé
rent, Un renversement de matrice aurait eu infail
liblement lieu. M. Olinet pensé que dans un pareil
cas, l’art doit venir dé suite au secours de la nature,
et que s’il en eut été ainsi, l’enfant n’aurait pas péri.
— O bservation s s u r le s sym p tô m es q u i a n n o n cen t,
la présence d ’ u n os g a r n i d ’ a sp é rité s d a n s l ’e sto m a c ;
M. Sweeny, D. M. — Si les deux observations que
cite M. Sweeny, ne sont point extraordinaires par
leur nature , elles le sont par les Conclusions qu’il
en tire. Chez un jeune homme qui avait avalé un
fragment d’os , l’aCide muriatique étendu d’eau a
fait disparaître tous les symptômes alarmans. Chez
un autre malade qui offrait les mêmes symptômes ,
sans qu'il put se rappeller d’avoir rien avalé, M
Sweeny n’hésita point à administrer l’acide muriapar
x
i3
�(
r94 )
liquc à petites doses , qui furent ensuite rappro*
«liées, et les douleurs qui duraient depuis i 3 jours,
disparurent bientôt.
Ces observations ( suivant M. Régnault ) , feront
voir jusqu’où peut conduire l’esprit de système. Estil présumable que l’acide muriatique, s’il est as*z
fort pour attaquer le phosphate calcaire, n’attaquera
point les parois de l’estomac? au contraire ; si] est
assez faible pour ne point agir sur la membrane
de l’estomac, aura-il assez de force pour décompo
ser un fragment osseux ?
— O b serv a tio n s u r u n e H e r n ie in g u in a le étranglée
ré d u ite s p o n ta n é m e n t ; p a r M. le D. Careau , correspon
d a n t d e la s o c ié té de m é d e c in e d u d é p .* de l'Eure,
— Chez un jeune enfant atteint d’une hernie in
guinale qu'il ne put faire rentrer , un chirurgien pra
tiqua incosnidérémcnt le taxis et le malade se présenta
à l’Hôtel-Dieu de Rouen, avec tous les symptômes
de l’étranglement, tels que nausées , hoquet , vomissemens de matières fécales, etc. Les cataplasmes,
les bains , furent inutiles ; et le chirurgien en chef
( M. FlaubertJ désespérant de sauver le malade, ne
voulut point l’opérer. Mais le quatrième jour de la
durée des accidens , celui-ci ayant mangé des ce
rises, et avalé les noyaux, un bain, en causant
une indigestion , devint salutaire, vu que des vomissemens répétés opérèrent la rentrée en partie de
la masse intestinale ; un taxis bien exercé fit le reste.
— O b se rv a tio n s u r u n e C é p h a lite ; p a r le docteur
Kerclcboffs , m é d e c in de l'h ô p ita l m ilita ir e d ’Amurs.
— Un soldat, après un excès de boisson, se plaignit
d’une douleur, de tête sourde que suivit bientôt un
délire violent ( on ne reconnut ni plaie ni con
tusion ). Dans peu , prostration des forces, stupeur,
état apoplectique , roideur des extrémités , pupille di
�.
( i 95 )
late'e, pouls petit, irrégulier, peau sèfché ; on pres
crit des purgatifs , infusion d’arnica , l’étlier , le lau
danum , le carbonate d’ammoniaque , le camphre
à haute dose , vésicatoires , frictions sur la têtè
avec la teinture de cantharides unie à l’onguent mer
curiel. Le malade mourut dans un état convulsif.
À l’ouverture du cadavre , on trouva un abcès au
lobe droit du cerveau , un épanchement de sérosité
dans le sinus gauche et du sang coagulé dans le
droit ; le duodénum , la portion transverse du colon
et la face concave du foie légèrement enflammée;
M. Régnault, en fesant sentir le danger des excïtans dans les affections cérébrales , estime que si
dans cette maladie , on avait tenu compte de la
Céphalalgie sourde qui en fut le signe précurseur;
si les saignées et les dérivatifs eussent été employés
on eut pu sauver le malade.
— O b se rv a tio n s e t r é fle x io n s s u r u n e é p id é m ie de
petite v éro le
qui
Valery-sur-Som rxe
a
ré g n é d a n s
d e p u is
le m o is
le
de
ca n to n
de S i. -
m a i, ju s q u en
octobre 1820 ; p a r M. le D. Ravin. — Nous ne par
lerons pas de ces observations ; nous dirons seule
ment qu’il est douloureux d’avoir à prononcer
le mot de variole, quand on jouit du bienfait de
la vaccine. A quels reproches ne s’exposent pas
ceux qui par nonchalance ou incrédulité ne veu
lent pas recourir à cet héroïque préservatif?
— O b se rv a tio n d ’ u n e p la ie à la région lo m b a ir e
avec lé sio n d u r e in g a u c h e ; p a r M. Boisseau , D. M„
— Un homme reçoit Un coup de couteau à la
région lombaire gauche un peu au-dessous de la
fausse-côte ; on reconnaît une plaie longitudinale
de 8 lignes d’étendue ; une sonde portée avec pré.
caution, quoique ne pénétrant qu’à 2 pouces de
profondeur n’en fait pas moins craindre la lésion
�( 196 )
du rein ; néanmoins rien ne pai’ait l’annoncer. Un
appareil convenable est appliqué ; saignée , potion
avec le laudanum, tisane nilrée, etc. Le lende
main une douleur se fait sentir de la région lom
baire à l’hypogastrique dans la direction de l’ure
tère , correspondant à la blessure ; du sang est rendu
en urinant, l’appareil est imbibé d’urine, on ne
doute plus alors de la lésion du rein ; une mè
che est mise dans la plaie; les urines sont suppri
mées pendant 4 jours que les sueurs sont copieuses
et répandent une odeur urineuse ; après ce temps,
le fond de la plaie se cicatrise, les douleurs di
minuent graduellement, le cours régulier de l’urine
se rétablit, et i 5 jours suffisent pour la guérison.
— O serp a tion s e t r é fle x io n s s u r la n é v ra lg ie faci
a le , c o n n u e sou s le n o m de t ic d o u lo u r e u x ; par M.
Lasserre, m é d e c in à D o m m e . — Cinq observations
de tic douloureux rapportées par M. Lasserre , tout
en décelant un médecin instruit, un judicieux ob
servateur , démontrent évidemment que les efforts
d’un système exclusif en médecine échoueront tou
jours, quand il faudra se rendre raison de la na
ture des névralgies. Deux, personnes , atteintes du
tic douloureux , ont été guéries radicalement par le
kina; chez l’une, ce remède a été précédé par une
saignée, 12 sangsues à la tempe , pe'diluves sinapisés.
M. Lasserre prescrivit le kina de cette manière:
kina pulv. § j , nitrate de potasse 25 s. , eau de
menthe poivrée ^ viij , sirop de diacode § ij ; mêlez,
à prendre dans l’intervalle des douleurs.
Une femme atteinte du tic douloureux, dont les
accès étaient irréguliers, a été guérie par les pilules de
M. Mégliu , qui sont composées d’extrait dejusquiame
noire, d’oxide de zinc et de racines de valériane
mêlés à parties égales et réduits en pilules d’un
n
m i•
m
t
�( T9 7 )
grain. Ce remède a aussi guéri une fille de 24'
ans , chez laquelle le tic douloureux se déclarait
à l’époque des menstrues, les symptômes duraient
5 à 6 jours, avec des légers intervalles.
— N o tic e s u r u n e n o u p e lle j a m b e a r tific ie lle m é
canique ; p a r le D . de Tuhl, m é d e cin à S t .- P é t e r s baurg , p u b lié e e n fin a n ç a is p a r M. Coze , m é d e c in
attaché à la lé g a tio n de R u s s ie . — Le lecteur ne
pouvant se faire une idée de cet excellent travail
sans avoir sous les y-eux la planche qui le suit ,
nous renvoyons au n.° que nous venons d’analyser.
F
o r c a d e
.
ANALYSE
DU
JOURNAL
TE
PHARMACIE,
etc.
( C a h ie r d e F é v r ie r e t M ars. J
P a r m i les procédés de l’analyse qui excitent l’in
térêt des chimistes et des médecins, on doit placer
au premier rang les nombreuses recherches sur le
quinquina, par MM. Pelletier et Caventou. Ces savans, guidés par de nouvelles lumières, ont aug
menté la série des travaux sur cette substance, déjà
entrepris par Bucquet, Seguin , Laubert et Fourcroi.
MM. Pelletier et Caventou , en produisant le ré
sultat de leurs expériences , mentionnent l’examen
de diverses variétés de quinquina par M. Vauquelin.
Tout en citant les observations de M. Reuss, ils
fixent principalement leur attention sur les travaux
de M. Gomès de Lisbonne, à qui on doit la décou
verte d’un principe particulier dans le quinquina ,
principe que les auteurs de ce mémoire ont reconnu
être une base organique.
�(' * 9 8 )•
En déduisant les motifs qui ont engagé les ho
norables auteurs à travailler sur les quinquinas,
après tant de chimistes recommandables , ils rap
pellent la découverte des alcalis végétaux dont la
chimie moderne s’est enrichie. Ces chimistes ont
pensé qu’il fallait rechercher si le c in c h o n in de M.
Gomès possède seul la propriété fébrifuge, bien que
ce savant assure qu’il n’est ni acide ni alcalin. L’exa
men de plusieurs espèces de quinquina leur a prouvé
que les propriétés du cinchonin se lient essentielle
ment à celles des différentes substances qu’ils ont
isolées de chacune de ces écorces.
D u q u in q u in a g ris ( c in c h o n a c o n d a m in e a J . Le
premier but de MM. Pelletier et Caventou s’étant
porté sur l’obtention de la matière cristallisable du
quinquina gris , nommée cinchonin par M. Gomés,
ils ont cherché à se la procurer et ont suivi le
procédé suivant de M. Gomés, tel qu’il est rapporté
par M. Laubert.
. « Ce procédé consiste à laver successivement avec
« de l’eau distillée l’extrait alcoolique de quinquina,
« et à séparer , par ce lavage , la substance rouge
« insoluble, qu’il considère comme le principe ex« tractif. Il réunit et évapore à siccité les liqueurs
« aqueuses ; il lave ensuite le second extrait avec
« de l’eau saturée de potasse, qui entraîne selon lui,
« le reste de l’extractif et laisse le cinchonin sur le
« papier employé à filtrer les liqueurs. Enfin il pu« rifie le cinchonin en le fesant dissoudre dans de
« l’alcool et en le précipitant de sa dissolution par
« l’eau distillée ; il se réunit en petits cristaux et
« il est parfaitement pur.
MM. Pelletier et Caventou observent, à l’égard de
ce procédé , que la substance obtenue n’est pas pure,
et qu’elle contient une matière grasse. Ils reconnais-
�C199 )
sent aussi qu’elle jouit de propriétés alcalines. Ces
chimistes distingués reportent néanmoins l’origine de
cette dernière observation à M. Houton de Labillardière neveu, qui, en préparant du cinchonin pour
une leçon de M. Thénard, fut frappé de l’analogie
que le cinchonin avait avec 1% alcalis végétaux déjà
connus, ce qui était conforme à leurs expériences.
Procédé pour obtenir le cinchonin ( ou cinchonine)
(i). Je ne relaterai pas ici les détails du pre
mier procédé employé par les auteurs du mé
moire qui ont été conduits par leur analyse , à
donner la préférence à un moyen que je décrirai
plus bas. Par le premier procédé que je crois
devoir passer sous silence, puisqu’il n’est pas celui
qu’ils ont adopté, ils emploient les teintures alcoo
liques de quinquina , au lieu de l’extrait alcoolique
désigné par M. Gomés, à l’emploi duquel ils ont
jugé convenable de revenir.
Ce procédé avantageux consiste à prendre de l’ex
trait alcoolique de quinquina gris, et à le traiter à
chaud par de l’eau aiguisée d’acide hydroclorique.
L’acide dissout la cinchonine et la sépare du rouge
cinchonique et de la matière grasse. On traite la
liqueur par de la magnésie en excès : cette base
s’empare de l’acide hydroclorique, et retient le rouge
cinchonique qui aurait pu être dissous à l’aide d’un
excès d’acide hydroclorique. On lave alors le pré
cipité magnésien; on le fait sécher au bain-marie
et on le traite par l’alcool qui dissout la cinchonine.
On peut alors obtenir la cinchonine en cristaux par
l’évaporation de l’alcool.
( i ) P o u r c o n s e r v e r l ’h a r m o n ie d e la n o m e n c la t u r e r e la t i v e a u x
alcalis v é g é ta u x o r g a n iq u e s , o a a
à celu i d e c in c h o n in .
s u b s t i t u é le m o t d e c in c h o n in e
�(
200
)
Si l’acide hydroclorique n’a pas été assez étendu
d’eau, la cinclioriine retient un peu de matière grasse.
Pour l’en dépouiller, on emploie l’éther ou mieux
encore en la dissolvant dans l’acide hydroclorique
faible, et en le reprenant par la magnésie et l’alcool.
D e la c in c h o n in e . Les propriétés physico-chimiques
de la cinchonine sont d’abord de se présenter en
aiguilles prismatiques ou en plaques blanches trans
lucides si l’évaporation de la solution a été plus,
rapide. Elle est peu soluble dans l’eau bouillante et
encore moins dans l’eau froide. Sa saveur est amère.
En considérant la cinchonine sous le point de vue
de son alcalinité, elle ramène au bleu le papier de
tournesol rougi par un acide!; elle s’unit à tous les
acides, et peut former des combinaisons neutres et
sans aucune action sur le tournesol, avec les acides
minéraux les plus énergiques,
Les phénomènes que présente la cinchonine avec
l’iode par l’intermède de l’eau, ne laissent aucun
doute sur son alcalinité. Tant que les liqueurs sont
chaudes , elles restent transparentes , mais par le
refroidissement il se précipite une poudre blanche
qui est un mélangé d’iodate et d’hydriodate de cin
chonine , puisqu’en versant dessus de l’acide sulfu
rique , il se fait sur-le-champ un dégagement d’iode
très marqué.
S u lf a t e d e c in c h o n in e . L ’acide sulfurique forme
avec la cinchonine un sel neutre très soluble et cristallisable. La saveur de ses cristaux est amère. Ce
sel est peu soluble dans l’alcool et ne se dissout pas
dans l’éther. Exposé à l’action de la chaleur, il se
fond comme de la cire, à une température peu su
périeure à celle de l’eau bouillante. Soumis aux mêmes
épreuves que les auteurs ont exposée dans leur
mémoire sur la strichnine, il a donné les résultats
Êuivans:
�( 201 )
€in.chonine ■............
Acide sulfurique . . .
IOO
13 ,0210
L ’acide hydrocio-'
rique forme avec la cinclionine un sel neutre très
solublej cristallisable en aiguilles, soluble dans l’al
cool: l’éther sulfurique n’en dissout que des traces;
il se fond à une température au - dessous de celle
(le l’eau bouillante. L’hydroclorate de cinclionine est
composé de
Cinclionine . . . . . . 100
Acide hydroclorique .
9,o35
D u n itr a te de c in c h o n in e . Il faut préparer le ni
trate de cinchonine avec de l’acide nitrique très
étendu, pour éviter la réaction de l’acide nitrique
sur les élémens de la cinclionine. On peut obtenir
un nitrate de cinchonine neutre lorsque la disso
lution est assez concentrée, soit à chaud soit à froid.
Une portion du nitrate se sépare en gouttelettes d’ap
parence oléagineuse, et q u i, à une basse tempéra
ture , ressemblent à de la cire.
Quoique l’analyse directe de ce nitrate n’ait pas
été faite, on l’établit sur les résultats suivans, par
le calcul.
Cinchonine............... 100,000
Acide nitrique . . . . 17,594
MM. Pelletier et Caventou ont aussi confectionné
le phosphate, l’acétate et Parsema te de cinchonine.
U’oxalate, le tartrate et le gallale de la même hase
ont également occupé ces honorables chimistes. A
l’égard de l’acide gallique , ils observent q u e c ’ e st
D e l ’h y d ro clo ra te de c in c lio n in e .
à cet a cid e q u e la te in tu re de n o i x de g a lle d o it la
Dans
ce cas, l’acide gallique s’unit à la cinchonine et
fprme un gallate insoluble.
Les auteurs du mémoire ont du rechercher à quel
propriété de p r é c ip ite r les d é c o c tio n s de q u in q u in a .
�(
202
)
acide la cinchonine est unie dans le quinquina, et
les diverses causes qui déterminent la précipiiation
(fe celte écorce par la noix de galle , ainsi que les
çhangemens qu’elle éprouve par l’émétique et la
gélatine; ils ont été par là conduits à une nouvelle
analyse du quinquina gris.
A n a ly s e du q u in q u in a g ris. MM. Pelletier et Caventou ont soumis à l’action de l’alcool fort et bouil
lant une quantité donnée de quinquina gris réduit
en poudre. Les premières teintures amères et très
colorées, réunies à celles qu’on a obtenues ulté
rieurement , ont été distillées au bain-marie avec un
sixième d’eau distilléé. L’alcool séparé, ils ont trouvé
à la surface de la liqueur aqueuse refroidie, une
couche de matière grasse verte, qu’ils ont mise à
part pour la purifier et l’examiner. La liqueur que
surnageait la matière était louche et très amère ;
elle recouvrait un précipité abondamment formé par
la matière connue sous le nom de résine de quin
quina. Cette liqueur soumise à la filtration, jouissait
de la propriété de précipiter abondamment la colle,
l ’émétique et la teinture de noix de galle.
La matière résineuse traitée par l’eau bouillante
s’y dissolvait' en partie par le refroidissement ; il se
formait un précipité de matière résinoïde et la li
queur filtrée ressemblait, quoique moins amère, à
celle dont je viens de faire mention.
L ’eau bouillante agissant à plusieurs reprises sur
la matière résineuse, en Sépare une substance rouge
briquettée, sans saveur et sans astringence , dont la
solution aqueuse n’avait plus la propriété de pré
cipiter par la noix de galle ni par la gélatine ; mais
elle trouble sensiblement l’émétique.
En évaporant les liqueurs chargées des principes
solubles de la matière résinoïde, elles ont laissé pré-
�cipiter une substance rougeâtre qui était encore de
la matière colorante rouge: isolées de cette matière,
ks liqueurs rapprochées donnent un bel extrait de
quinquina, qui , redissous dans l’eau froide , aban
donne encore la matière rouge. En rappellant que
ces liqueurs précipitent par la colle animale, l’émé
tique et la noix de galle , et qu’elles sont légèrement
acides et très amères, les auteurs du mémoire ont,
à cette époque de l’analyse, traité les liqueurs par
de la magnésie pure et en grand excès, à l’aide de
l’ébullition pendant quinze minutes ; ils ont ajouté
de cette substance jusqu’à ce que la liqueur, au lieu
d’ètre rouge, n’eut plus qu’une teinte orangée et les
ont filtrées après leur refroidissement.
Si on essaie la liqueur filtrée par les trois réactifs
précités, on trouve qu’elle ne précipite plus par la
gélatine et l’émétique, et qu’elle se trouble très peu
par la noix de galle, d’où l’on conclut que les prin
cipes qui opèrent cette précipitation , sont restés fixes
dans la magnésie en totalité, à l’exception d’utie
portion de l’agent qui précipite par la noix de galle.Ea évaporant cette liqueur en consistance de sirop
clair, et en l’abandonnant à elle-même, on obtient
aasel presque blanc et sans amertume, encore chargé
de cinchonine qu’on eulève au moyen de l’alcool
et de l’éther.
Ce sel blanc, dont les auteurs du mémoire décri
vent les propriétés chimiques, purifié par l’alcool,
a été reconnu pour du kinate de magnésie, dont la
base avait pris la place de la cinchonine unie à
l'acide kinique dans le quinquina.
On a séparé la magnésie de ce sel au moyen de
la chaux qui a donné lieu à la formation du kinate
calcaire. Ce dernier a été décomposé par l’acidc oxa
lique mis en juste proportion, et par évaporations
�( 2° 4
on a obtenu
u n a c id e
)
qui avait tous les caractères
de l ’a c id e k in iq u e .
Revenant au précipité magnésien abandonné pour
s’occuper de la liqueur qui en avait été séparée,
ce précipité lavé et desséché au bain-marie , a été
traité par de l’alcool fort. Les solutions alcooliques
évaporées, ont donné une matière cristalline de cou
leur verdâtre , qui , lavée avec un peu d’éther, a
offert tous les caractères de la cinchoniue. Dis
soute , elle précipitait abondamment par la tein
ture de noix de galles, mais n’avait aucune actiou
sur la colle et l’émétique. Les substances qui ont de
l’action sur ces deux réactifs sont encore restées dans
la magnésie.
Ou a ensuite traité par l’acide acétique étendu,
le précipité magnésien qui ne fournissait plus rien
par l’eau ni par l’alcool. La liqueur acide s’est colorée
en rouge brun; il reste une matière rouge ternesurla
quelle l’acide étendu finit par ne plus avoir d’action.
Les liqueurs acides colorées ne sont que de l’acé
tate de magnésie, chargé d’une matière colorante
soluble. C ’ e st ce tte m a tière q u i p ré cip ite sensiblem ent
V é m é tiq u e e t a b o n d a m m e n t la c o lle a n i m a l e , en ob
servant toutefois que cette matière ne précipite la
gélatine que sous l’influence d’un acide libre.
La matière colorante soluble peut néanmoins être
isolée du sel magnésien par l’acétate de plomb ; le
précipité serait traité par l’hydrogène sulfuré, et en
évaporant la liqueur filtrée, on aurait la matière
colorante rouge un peu souillée d’acide acétique. Il
est important de remarquer que c’est à cette matière
que
le q u in q u in a
d o it sa p ro p rié té d e p ré cip iter la
lorsque l’acide, que le quinquina contient
en excès, n’a pas été saturé par une base salifiable.
En traitant ensuite par l’acide acétique concentré,.
g é la t i n e ,
�( 2o5 )
îa portion du précipité magnésien -échappé à V&C-*
tion de l’acide acétique faible, on la dissout totaJ
lement. En ajoutant de l’eau dans la liqueur, il s’est
précipité abondamment de la matière colorante in
soluble qui a été bien lavée. C ette su b s ta n c e a la
propriété de p r é c ip ite r l'é m é tiq u e , m a is ne p ré cip ite p a s
la colle.
La matière resinoïde du quinquina gris, c’est-àdire l’ensemble de toutes lès parties solubles dans
l’alcool, est composée des principes suivans:
D’une matière grasse verte , de cinchonine, d’a
cide kihique, de gomme en petite quantité , de
matière colorante rouge soluble, d’une matière co
lorante rouge insoluble et d’une matière colorante
jaune.
L’examen de la partie insoluble du quinquina ,
qui avait éprouvé l’action de l’alcool, ayant été suivi
au moyen de l’eau froide, a donné lieu à l’obten
tion d’un extrait qui a été traité par'l’alcool. Les li
queurs alcooliques ont produit, par leur évapora
tion , la matière colorante soluble , désignée sous
le nom de ta n n in par plusieurs chimistes. La matière
insoluble dans l’alcool contient encore du kinate de
chaux et de la gomme.
Après l’action de l’eau froide sur le quinquina
on a employé l’eau bouillante. Celle-ci a fourni des
décoctions peu colorées, transparentes à chaud, et
qui sont devenues bleues par l’iode, puis brunes
par le même réactif. Le sulfate de fer les précipi
tait en beau vert , c e q u i in d iq u e la p ré se n ce de l ’a
midon et d u ta n n in d a n s le q u in q u in a .
Le résidu, ainsi épuisé, a été traité par l’acide
nitrique étendu. Le résultat de cette combinaison a
fourni des flocons qui, traités par l’iode, ont été
reconnus pour de l’amidon déjà signalé dans le quin
quina par M. Laubert.
�( 20 )
L'odeur de mélasse qu’avaient les eaux-mères du
kinate de, chaux , ont fait soupçonner aux auteurs
du mémoire lu présence du sucre incrisiallisuble,
Néanmoins ils n'ont osé se prononcer à cet égard.
Le résidu de quinquina incinéré, n’a plus donné
que des traces de carbonate de chaux, seule subs
tance que le quinquina, non élaboré et aussi inci
néré, ait produit sans qu’on reconnut dans ses cen
dres plus volumineuses , la présence de sulfates ct
d’hydroehlorntes alcalins.
Des observations qui précèdent, le quinquina gris
est compose de cinchonine unie à l’aeide kinique, de
matière grasse verte , de matière Colorante rouge
très peu soluble, de matière colorante rouge solu
ble (tannin), de matière colorante jaune , de kinate
de chaux, de gomme, d’amidon et de ligneux.
MM. Pelletier et Caventou S’occupent ensuite de
l’examen chimique de la plupart des substances cidessus, à l’exception de l’amidon, de la gomme ct
du ligneux du quinquina qui ne leur offrent rien
d’intéressant. En parlant de l’acide kinique soumis
à l’action du feu dans des Vaisseaux distillatoircs,
il lelir a produit l’acide pyrokinique susceptible de
cristalliser.
Ct
E.ramen chimique du quinquina jaune ( cinchonà
cordifalia ) . L’extrait alcoolique de quinquina jaune,
traité pur la potasse, a laissé une substance jaunâtre
qui s’est dissoute en grande partie dans l’acide bydrochlorique étendu d’eau , en abandonnant une
matière grasse qui né différait de celle du quin
quina gris que par la couleur jaune. Saturée en
excès par la magnésie, cette liqueur s’est partielle-1
ment décolorée; le précipité magnésien a été lavé,
desséché au bain-marie et traité par l’alcool.
Les liqueurs alcooliques, exposées à une évapo-
�( 207 )
ration lente, au lieu de produire comme, dans 1«
quinquina gris, une belle cristallisation de cinchonine , n’ont donné, à la grande, surprise des auteurs,
qu’une substance jaunâtre , transparente et nullement
cristalline, susceptible néanmoins de former des sels
avec les acides. Tous les moyens chimiques employé»
ultérieurement n’ont pu faire obtenir d’autre ré
sultat , ce qui a déterminé les auteurs à distinguer
l’alcali du quinquina jaune de celui du quinquina
gris et à lui donner le nom de quinine.
Quoique la quinine soit incristallisable, l’acide
sulfurique avec lequel on dissout cette substance ,
forme avec clic uu sel neutre qui cristallise très fa r cilement en aiguilles et eu lames très étroites.
Les acides bydrocblorique, nitrique, pbospborique , arsenique , acétique, oxalique, tartrique et
gallique forment: aussi avec la quinine des sels neutres
rl quelques-uns avec excès d’acide.
Après l’examen de la quinine, vient l’analyse du
quinquina jaune avec les procédés ù-peu-près em
ployés dans l’analyse du quinquina gris. Ces chi
mistes n’ayant pas cru devoir les rapporter, je me
bornerai à décrire les résultats qu’ils en ont obte
nus: kinate acide de quinine, rouge cincboniquc,
matière colorante rouge soluble ( tannin ), matière
grasse, kinate de chaux, amidon , ligneux et ma
tière colorante jaune.
Examen chimique du quinquina rouge ( cinchona
oblongifolia J. Le quinquina rouge soumis à l’ana
lyse chimique était en écorces roulées de moyenne
grosseur et recouvert de lichen. Son infusion pré
cipitait abondamment par la noix de galle, l’émé
tique et la gélatine (i).
( i) T e l est
le c a r a c tè r e
très r é c e m m e n t ,
du
d es
q u in q u in a
b o n s q u in q u in a s .
ja u n e
ro yal
On
p o u r jle
m ’a
re m is
s o u m e ttr e
�( 2ô8 )
Il est ëssentiel de rapporter ici que ces chimistes,
en suivant en tout les précédés indiqués précédem
ment pour obtenir la cinclionine du quinquina rouge,
eni ont obtenu non seulement de parfaitement cris
tallisée, et eu tout semblable à celle du quinquina
g ris, mais encore elle était en quantité trois fois plus
forte pour un poids donné de ces deux écorces.
Une chose qui a frappé les auteurs du mémoire
et qu’ils ont ensuite expliquée, c’est que l’alcool qui
avait servi à traiter le précipité magnésien pour
extraire la cinchonine, ne donnait des cristaux que
dans le cas où l’on conduisait l’évaporation à uû
certain terme et non à siccité ; car alors , on ri’avait
qu’une masse grenue et colorée. Ils avaient d’abord
pensé que la cinchonine était seulement engagée dans
Une matière colorante; mais ils n’ont pas tardé ùrecon-1
naître que la matière qui s’opposait à la cristallisation
de la cinchonine dans les liqueurs trop rapprochées,
n’était qu’une variété de quinine plus fusible que
celle dit quinquina jaune. Ils ont pu isoler ces deux
bases en employant l’éther et l’acide acétique.
D’après leur analyse, le quinquina rouge est com-1
posé de kiuate acide de cinchonine, kinate acide
de quinine, kinate de chaux, rouge cinchonique,
matière colorante rouge soluble ( tannin ), matière
grasse , matière colorante jaune , ligneux et amidon.
Comparant ensuite les résultats de l’analyse des
quinquinas gris , jaune et rouge , les auteurs du
mémoire examinent les proportions de cinchonine
obtenue dans ces différons quinquinas; ils remarquent
S l ’a n a ly s e . C e t t e
p la te e t
de saveu r
espèce
de
q u in q u in a e s t e n
a m è r e ; so n
in fu s io n
la n o ix d e g a lle , l'é m é tiq u e e t la g é la tin e . L e
p r o d u it
p r é c ip it é g r is v io la c é .
un
g é n é r a l d e forme
p r é c ip it e e n
s u lf a te
b la n c par
de fer y
Note du rédacteur■
�(
209
)
que cette hase salifiable existe moins dans le quin
quina gris que dans le quinquina jaune , et que le
rouge la recèle en quantité bien supérieure, puis
qu’un kilogramme de quinquina rouge a fourni 8
grammes de cinchonirte criStallisable, quantité quadru
ple de celle fournie par le quinquina gris , et dixsept grammes de base salifiable ineristallisable (qui
nine ) , c’ëst-à-dirè presque le double de celle du
quinquina jaune.
D’après ces considérations, si l’on parvient à éta
blir que dans les quinquinas, le principe actif réside
dans la base salifiàble, on expliquera comment il ar
rive que le quinquina gris et le quinquina jaune
présentent des nuances dans leurs propriétés médi
cales. Quant au quinquina rouge ( variété roulée),
il serait le quinquina par excellence , puisqu’il réu
nirait les deux principes et les contiendrait en
grandes proportions.
Le rouge cinchoniquè parait identique dans les 8
espèces de quinquina; le quinquina rouge en contient
le plus et le gris en recèle le moins.
La- matière tannante est plus abondante dans les
quinquinas rouge et gris que dans le quinquina jaune.
La gomme n’existe que dans le quinquina gris ;
le kinate de chaux et les autres principes menti
onnés sont identiques dans les 3 espèces de quinquina.
Quoique les auteurs du mémoire émettent d’a
bord que ce ne serait point à eux à fixer l’opi
nion sur le principe , q u i, dans le quinquina , sé
trouve éminemment fébrifuge , ils n’hésitent pas
à assurer que c’est à la cinchonine , à qui on
doit attribuer cette propriété, et dont la saveur amère est un des caractères essentiels de la bonté
des quinquinas doués aussi d’un principe stiptique;
ils fondent également cette opinion sur celle de
i
14
�{ 210 )
M. Vauquelin qui a généralement reconnu Fébri
fuges les quinquinas qui précipitaient par la noix
de galle ; o r , d a n s lé q u i n q u i n a , le s e u l p rin cip e
p r é c ip ita b le p a r la
n o ix
de
g a lle
e st la
c in c h o n in e .
Reconnaissant ensuite l’inertie de la gomme et
de l’amidon , ils ne pensent pas que le tannin
puisse contribuer à la vertu fébrifuge du quinquina,
puisque des substances tannantes sont connues par
les médecins pour n’avoir aucune vertu anti-inter-*
mittenle. Le kinate de chaux , par rapport à la saveur
ni amère , ni stiptique , et à son insolubilité dans
l’alcool , ne leur paraît pas non plus l’agent ef
ficace ; ils rappellent à cet égard la même opinion
déjà émise par M. Vauquelin , que ce chimiste avaif
appuyée d’autres expériences ; ils discutent égale
ment les causes qui rendent peu fébrifuge- le sel
essentiel de quinquina qui, obtenu par l’eau froide,
recèle beaucoup plus de kinate de chaux que du
kinate de cinchonine, et finissent par baser leur
sentiment sur les travaux de Reuss, de Laubert
et du docteur Gomès.
Raisonnant enfin par analogie , ils remarquent
que toutes les bases salifiables organiques ont des
propriétés spéciales très énergiques. La morphine
représente l’action calmante de l’opium; la striclinine qui produit un horrible tétanos , celle de la
noix vomique ; la picrotoxine, les propriétés de la
coque du levant, agissant sur le cerveau; la vératrine qui possède le principe sternutatoire , celles
de l’hellebore blanc et de la cévadille. C’est à la
suite de ces citations que MM. Pelletier et Caventou
auraient lieu de s’étonner si on refusait au nouvel
alcali végétal du quinquina, une action spéciale.
Cependant les honorables chimistes sont loin de
soutenir qu’il ne faille plus employer le quinquina
�f 2IÎ )
én nature, lors même que la cin'choninè serait le
principe actif de cette écorce. Ils ne nient pas que
les autres principes du quinquina ne soient dans le
cas de modifier son action ; mais ils semblent
douter que toutes les substances réunies dans les
quinquinas , soient nécessaires à la vertu de ce
médicament. Ils penserlt que les alcalis- organiques
doivent être utiles dans beaucoup de cas où le
malade ne peut avaler une once de poudre ou
un verre de liquidé, et terminent la partie de ce
mémoire par annoncer en nbtë que de nombreuses
observations sur les propriétés médicales des alcalis
du quinquina Ont été faites , et qu’elles ont con
firmé le résultat de leurs assertions, (i)
Dans le journal de pharmacie du mois de
mars, on trouvé l’analyse chimique du quinquina
carthagène ( portlandria exhandra J , genre voisin
du cinchoba et dont la saveur, moins amère que
les variétés précédentes, le fait considérer aussi pour
être moins' fébrifuge;
Opérant dé la même manière «que par les proeédés indiqués pour les vraies ësipèces de quinquina,
les auteurs du mémoire ont reconnu que cette va
riété de quinquina fournit très peu de chose à
l’eau, mais qu’en prolongeant l’action de ce liquide
et au moyen d’un digesteur à soupape , on obtient
des teintures très chargées. L ’action de l’alcool sur
ce quinquina, prouve qu’il contient beaucoup de
rouge cinchonique, peu soluble dans l’eau.
( i ) V i e n t e n s u ite
sines,
en
ré p o n s e
les c ite r q u ’ e n
d an s
aux
le
m é in e
o b s e r v a tio n s
n o te p o u r n e
n .° , un
a r t ic le
su r
les r é
d e M . d ’ ÎIo rté s ; je n e p u is
p a s in te r r o m p r e le b e a u t r a v a il d e
MM . P e lle t ie r e t C a v e n t o u . U n e a u t r e ré p o n s e d e M . d ’ H o r té s q u e
j ’analyse d a n s
le
n -Q de
Sur le
de
la
s u je t
m ars ,
d is c u s s io n
j ’au rai s o in d e r e la te r .
m e ttra
qui
est
au
c o u r a n t n o s le c te u r s
le m êm e
que
c e lu i q ù è
�( 213 )
Des différens résultats de l’analyse de ce quin
quina , il s’en suit qu’aux proportions près, il existe
une analogie de composition entre le quinquina
carthagèné et le quinquina rouge.
L e K i n a n o v a occupe ensuite les honorables chi
mistes ; ils considèrent cette espèce comme n’ap
partenant pas au genre cinchona et du nombre des
substances que la fraude a introduites comme succédannées du quinquina. Aussi, les pharmaciens qui
se respectent , la laissent-elle réléguée dans les ma
gasins des droguistes. Le travail des auteurs , en
démontrant qu’elle ne contient ni cinchonine, ni
quinine, doit contribuer à la faire bannir de l'em
ploi médical ; mais en perdant intérêt pour le
pharmacologiste , elle en acquerra un pour le chi
miste par l’acide qu’on y a trouvé , analogue aux
acides gras de nature fixe, découverts dans le rè
gne animal. Les infusions aqueuses de kina nova,
obtenues à l’aide de l’eau bouillante , précipitent
seulement par la gélatine et aucunement par l’é
métique et l’infusion de noix de galle; elles, don
nent un précipité brunâtre par le sulfate de fer;
observations qui démontrent le peu de rapport de
cette écorce avec les vrais quinquinas. Le Kina
nova soumis à l’action de l’alcool , fournit beau
coup de matière résinoïde , d’un rouge brunâtre.
Il contient une matière grasse, un acide particu
lier ( acide kinovique) une matière résinoïde rouge,
une matière tannante, de la gomme , de l’amidon,
de la matière colorante jaune, de matière alcalesceute en petite quantité et du ligneux.
— L e . q u in q u in a de S .t e - L u c i e (kin a p iton ),
e.ro siem m a J lo r ib u n d a devient aussi l’objet des tra
vaux des auteurs du mémoire. Cette espèce qui
croît particulièrement aux Antilles, où elle passe
�( *r3 )
pour fébrifuge et vomitive , méritait d’autant plus
leur attention, que MM. Humbold et Bompland, en
raison de son caractère botanique particulier, ve
naient de la rayer du genre c in c h o n a .
Cette écorce est plus amère que toutes les es
pèces connues de quinquina. Ses décoctions préci
pitent l’émétique et la gélatine; mais elles ne trou
blent que légèrement l’infusion de noix de galle ;
le sulfate de fer y produit un précipité vert.
La matière résinoïde de ce quinquina , traitée par
l’alcool et par les procédés dont il a été question
pour se procurer la cinchonine , n’a donné qu’une
substance d’ujn rouge brunâtre , d’une excessive
amertume et qui n’avait aucun rapport avec la
cinchonine , ni avec la quinine, résultat qui s’ac
corde parfaitement avec la propriété que les infu
sions de cette écorce ont de se troubler fort peu
par l’infusion de noix de. galle.
La substance amère qui a pu être saturée par
une très petite quantité d’acide sulfurique, a donné
au lieu de cristaux, une masse gélatineuse. L’a
cide acétique qu’on combine à cette substance,
ne fournit aussi que des plaques non cristallines.
L’absence de la cinchonine et de la quinine dans
le quinquina piton, donnent lieu aux auteurs dix
mémoire de faire des réflexions très .justes sur la
séparation que les botanistes ont cru devoir faire de
cette variété d’avec les véritables quinquiuas.
— L ’ e x a m e n r a is o n n é des p r in c ip a le s p ré p a r a tio n s
p h a r m a ce u tiq u e s , ayant le quinquina pour base, a
ensuite pour objet de faire connaître que, dans ces
préparations, on doit concentrer le principe actif
du quinquina et le dégager des matières qui l’en
veloppent. Ces chimistes sont de l’avis qne la pre
mière poudre du quinquina , doit être rejetée, en
�( 2 Ï4 )
Ce que la seconde est la plus résineuse et la plus
saturée de cinchonine.
Les décoctions de quinquina , en se refroidissant,
laissent précipiter, avec d’autres substances, une por
tion de la cinchonine ; on peut parer à cet incon
vénient en augmentant la masse du dissolvant, en
filtrant la décoction froide et en la rapprochant
ensuite par l’évaporation.
Quant à l’extrait mou de quinquina, les auteurs
proposent de l’étendre de beaucoup d’eau , de filtrer
la solution et de la faire évaporer de nouveau en
consistance réquise; par ce moyen, on aura beaucoup
plus de Sel cinchonique et plus d’efficacité.
Le sel de la garaye paraît à ces chimistes recéler
très peu de sel cinchonique , et par conséquent ils
le croient peu fébrifuge.
Les teintures alcooliques de quinquina sont char
gées de tout le principe actif, c’est-à -d ire , delà
base salifiable organique qu’elles contiennent, com
binée à un acide ; elles recèlent aussi des matières
colorantes, et sont par conséquent très énergiques.
L ’alcool très fort, doit être préféré pour les teintures
de quinquina.
MM. Pelletier et Caventou regardent comme un
inconvénient d’associer aux décoctions aqueuses de
quinquina , de l’alcali minéral qui précipite le prin
cipe fébrifuge, tandis que les alcalis n’opèrent point
cet effet sur les teintures alcooliques de cette écorce;
Ils indiquent les acides comme préférables, en com
binaison avec les décoctions aqueuses.
De ce que la magnésie rend la cinchonine inso
luble , les auteurs pensent qu’on doit bannir de la
pharmacie ■ le sirop de quinquina magnésien. C’est
en conseillant l’emploi du vin généreux pour les
préparations des vins de quinquina, qu’ils çlûmie»f
�( «5 )
la préférence au sirop de quinquina préparé au vin,'
sur celui qui provient des décoctions aqueuses. A
cette observation, je m’en permettrai une seule, c’est
que le sirop de quinquina à l’eau, pour qu’il soit
bien fait, ne doit jamais être clarifié par l’albuminé
ni par tout autre agent. Il doit être le résultat d’une
forte décoction coulée au blancliet et de sucre en
pain qu’on y fait dissoudre. Les substances précipi
tables dans une décoction de quitta qu’on laisserait
refroidir , ne le sont plus lorsqu’elles sont combinées
avec le sucre.
Enfin nos auteurs expliquent pourquoi l’émétique
associé au quinquina produit un médicament qui
n’est plus vomitif; le ta n n in d u q u in q u in a s 'u n it à
l ’o-ride d ’a n tim o in e d e V é m é tiq u e e t m o d ifie son a c tio n
sur V é co n o m ie a n i m a l e , ta n d is q u e le s e l de c in c h o n in e
Un phénomène ana
logue doit se passer dans la préparation de la gé
latine au quinquina, de la préparation de M. Gautier,
pharmacien de Paris.
Le vœu de voir employer en médecine le sulfate
et l’acétate de cinchonine , est exprimé par les ho
norables auteurs, qui ont préparé un sirop cinchonique dans lequel ils ont réuni la cinchonine du
quinquina gris et la quinine du quinquina jaune.
Fidèles, disent-ils, à leurs principes de n’avoir aucun
remède secret ( i ) , ils ont fait part à leurs confrères
des procédés pour la préparatibn des sels cinchoniques
et pour l’extraction de leurs bases.
MM. Pelletier et Caventou se sont aussi occupés
reste lib re a v e c to utes ses p ro p riétés.
( i)
M ............, p h a r m a c ie n , m ’ a é c r it d e r n iè r e m e n t p o u r m e p r o
poser d e
t e n ir
un
d é p ô t d e so n
s ir o p
a n t i - c a th a r r a l. J e
rép on d u q u e , d e p u is lo n g - te m s , i l est d an s m es p r in c ip e s
lu i
ai
de n e
te n ir a u c u n r e m è d e s e c r e t e t e n c o r e m o in s les p r é p a r a t io n s d ’a u t r u i.
�( 2 l6 )
des succédannés du quinquina. Les écorces de saule,
de marronnier d’inde , soumises à l’analyse, ont off ert
des résultats comparatifs.
La matière colorante rouge acide, unie à un acide
et formant une sorte de tannin, est dans les écorces
de saule et de marronnier d’inde, la substance qui
paraît jouer le plus grand rôle. Ces matières tan
nantes précipitent la gélatine , mais n’ont pas d’action
sur l’émétique, en quoi elles diffèrent du tannin de
la noix de galle et du quinquina ; mais elles se rap
prochent de la matière astringente de ces deux écorces
par leur action sur le sulfate de fer.
Les acides de ces deux écorces paraissent n’être
pas identiques. Les bases salifiables des quinquinas
ne s’y trouvent dans aucune proportion ; seulement
<nn principe amer a été isolé de la magnésie.
En conséquence, on doit préférer la plus modique
espèce de quinquina aux écorces de saule et de mar
ronnier d’inde, sous le rapport de leurs propriétés,
médicinales.
— Citant ensuite les observations médicales, ana
lysées par M. Rouzet, sur l’emploi des bases salifi
ables des quinquinas, plusieurs praticiens célèbres
ont mis en usage la quinine et la cinchonine, non
seulement dans les fièvres intermittentes , mais encore
dans beaucoup d’autres cas. MM. Double, Fouquier,
Çhomel, Coutanceau, Magendie, etc. ont enrichi la
science de leurs observations. En les résumant, le
sulfate de quinine, à la dose de 9 grains par jour,
représentant la valeur d’une once de quinquina, a
été employé sur une femme de chambre de M. D...,
atteinte d’une fièvre intermittente tierce, en 3 prises
de 3 grains chaque, dans les intervalles d’un accès
à l’autre. L ’accès n’eut pas lieu. Le lendemain, dose
de 4 grains de quinine ma tint et. soir, A la suite fie
�( 2T7 )
ce traitement continué pendant six jours, ïa fièvr*
u’a point reparu.
A la dose d’un grain de sulfate de quinine, matin
èt soir, M. Double a guéri une fièvre intermittente,
dont une jeune demoiselle de 9 ans se trouvait atta
quée. La guérison eut lieu, au bout de plusieurs
jours, en ayant soin d’en diminuer sensiblement
la dose.
Plusieurs autres observations de M. Double con
firment le résultat de ses expériences sur les sucqès
du sulfate de quinine, qui a également réussi chez
les adultes, dans les convalescences longues et pé
nibles des fièvres muqueuses. Aux remarques de M,
Double succède une observation de M. Villermé, qui
a obtenu des résultats aussi heureux par l’emploi du
sulfate de quinine. A l’hôpital de la charité , le D.
Chomel a obtenu les mêmes succès par l’adminis
tration des sulfates de quinine et de cinclionine, à
la dose de 6 à 8 grains.
Cette dose a été doublée lorsqu’elle a été jugée
insuffisante. La boisson du malade a été celle du
sirop tartareux, ou l’infusion de chicorée sauvage;
le régime a été réglé d’après l’état des organes digestifs.
Sur i 3 malades atteints de fièvres intermittentes,
le docteur Cliomel en a guéri 10 par le sulfate de
quinine; 2 autres n’ont éprouvé qu’une faible di
minution de l’accès ; chez un autre ce remède n’a
produit aucun effet sensible, en observant toutefois
que dans ces trois derniers cas, le quinquina a été
aussi impuissant que le sulfate de quinine. Ce médecin
a aussi remarqué que les matières résineuses et li
gneuses , dépouillées de la quinine, et employées à
la dose de deux onces , n’ont pas interrompu les.
accès que le sulfate de quinine seul a ensuite sus
pendu immédiatement.
�(
)
Quelques malades à la suite immédiate de l’emploi
du sulfate de quinine, ont éprouvé des douleurs
passagères à la tête et à l’estomac. Les jours suivans,
ils n’ont plus été incommodés par le même remède
pris à des doses plus fortes.
— M. Magendie a essayé aussi l’emploi de la qui
nine et de la cinchonine sur des «biens, à des doses
très fortes de ces substances ; ils n’ont éprouvé ni
nausées, ni vomissemens , ni aucun genre d’évacu
ation. Les dissolutions de sulfate et d’acétate de qui
nine et de cinchonine, injectées dans les veines de
plusieurs chiens, depuis 2 jusqu’à 10 grains, n’ont
produit aucun résultat particulier sur ces animaux.
D’après ces premiers essais pratiqués dès l’origine
de la découverte des nouveaux alcalis du quinquina,
M. Magendie avait conclu qu’on pouvait, en toute
assurance, employer ces alcalis comme médicamens.
Regrettant de ne pas avoir employé alors les
alcalis du quinquina dans les fièvres intermittentes,
M. Magendie l’a essayé dans les affections scrofu
leuses et les dispepsies. Il n’a eu qu’à se louer
de ses essais par l ’emploi du sirop de quinine à
la dose d’une cuillerée. Les sueurs nocturnes d’un
phthisique ont été aussi arrêtées par le sulfate de
quinine , utilisé dans ce cas à la dose de 4 grains.
Les forces du malade se sont beaucoup accrues.
- M. d’Hortés répond ensuite aux auteurs de l’article
résine du dietionaire des sciences médicales. Des discus
sions sont établies entre les auteurset M. d’Hortés,sur la
résine alouchi, provenant de l’arbre de la canelle blan
che et qui n’est pas le fimpi, selon M. d’Hortés;. il re
pousse l’objection que le baume rackasira naisse dans
des courges, et qu’un arbuste deSybérie,lerofo'/îm caragana , fournisse la gomme caragne qui nous vient
du Mexique. Il s’étonne que les auteurs du dictio-
�( 219 )
aaire aient pu dire que la lacque qui croit sur
le G roton l a c c if e r u m , est le produit des fourmis
volantes , qui se nomment c o c c u s l a c c a , et trouve
alors qu’il est risible de dire en histoire naturelle,
q u ’i l y
a des f o u r m i s v o la n te s
q u i se n o m m e n t des
La comparaison qu’ils font des lions marins
qui sont des phoques, paraît non moins curieuse à
M. d’Hortés ; mais il ne semble pas pardonner
l’erreur d’avoir confondu une fourmi volante avec
un gallinsecte fixé à demeure pour la formation de
la lacque. Des remarques sur la sandaraque que
les auteurs du codex semblent attribuer plutôt au
tuya a r tic u la ta qu’au geuevrier commun , terminent
eet article.
— M. Yirey d o n n e u n e n o tic e s u r la n o u v e lle
coccus.
espèce
de
c a m p h r ie r
d e S u m a tr a
qui
p rocu re
cam phre p lu s s u a v e e t p lu s p é n é tr a n t q u e le
un
la u r ie r
— C’est dans la substance médullaire de
pet arbre qu’on trouve le camphre cristallisé; en
taillant les branches , il en découle une huile très
camphrée. On obtient aussi ce camphre par la
distillation du bois. D’après le* observations de
M. Correa de Serra, M. Virey l’avait rapporté à
l’espèce sh o rea ro hu sta R. , dans son histoire des
médicamens. S’en rapportant maintenant à celles
de M. Roxburg et de M. Colebrocke de Calcuta,
le camphre de Sumatra provient de l’arbre p té ry gium teres de Corre'a, qui appartient à la famille
des laurinées, sans être cependant un laurier.
M. Virey fait aussi des remarques sur les semences
des plantes qui fournissent la gomme ammoniaque
Pt l’assafœtida. Ræmpfer attribue , avec raison , cette
dernière substance à une f e r u l a qui croît en Perse.
M. Virey ne doute pas que les semences cjue con
tient par fois l’assafœtida, ne ressemblent à celles
cam phrier.
�(
220
)
du ferula. Il possède de ces semences apportées dé
Perse par M. Olivier, encore adhérentes à l’assafœtida le plus pur. 11 ne croit pas que les graines de
l ’heracleum gummiferum, genre des berces, décrit par
Wildenow, soient celles de la gomme ammoniaque.
Les échantillons de cette gomme résine, apportés de
Perse par M. Olivier, présentent plusieurs graines
différentes de celles des berces et évidemment ana
logues à celles des ferules. Ainsi, d’après l’avis de
M. Olivier qui a pris des informations lui-même en
Perse, la gomme ammoniaque découle de la ferula
persica.
Le n.° de mars finit par un article de bibliogra
phie sur les élémens de pharmacie , fondés sur les
principes de la chimie moderne, par don F. Carbonnel, traduit de l’espagnol par M. Cloquet, D.
M. P ., i vol. in-12 de 372 pages, chez Crochard, li
braire, cloître Sl.-Benoit, n.° 16, à Paris. Le rapport
avantageux qu’en fait M.r C. L. C. ne laisse aucun
doute sur l’utilité de cet ouvrage pour les examens
d e s élèves e n pharmacie.
P o u t e t .
VARIÉTÉS.
— M. Dzendi, professeur à l’université de Halle
p, dans ces derniers tems, adopté l’emploi de l’eau
froide dans le traitement des brûlures ( 1 ). James
Earle, en Angleterre en avait déjà vanté les effets;
jl lésait usage de la glace fondante , et soit au moyeu
(1) l eber Verbrennungen and das einrige si cbere Mittel, sîg
ïn Jedem Grade Schnell und sehmcrzlos m heilen, vom D. K.
Al. Dzondi. Hall: x8ié.
�( 221 )
de l’immersion, soit à l’aide des fomentations sautent
renouvellées et continuées jusqu’à l’entière dispari
tion de la douleur, il traitait avec succès toute espèce
de brûlure. Le professeur D^ondi met les partie»
bridées en contact avec de l’eau à la température
de 12 à 14 d. Réaumnr, jusqu’à ce que la douleur
soit entièrement dissipée. Si la suppuration l ’établit,
ce qui arrive rarement, on la traite avec des topi
ques dessicatifs : le traitement interne est celui usité
dans les phlegmasies ordinaires» Cependant, M. Dzondi
insiste dans ces cas sur l’usage de l’opium: à l’appui
de sa méthode, il cite une foule d’expériences et
d’observations qui constatent l’heureux emploi de la
glace dans les brûlures. James Earle a pourtant ob
servé que si les fomentations froides sont employées,
lin certain tems après l’accident, la brûlure ne cède
pas à ce moyen et peut même avoir une issue fu
neste. Une pauvre femme tomba dans le feu , pen
dant un accès d’épilepsie et se brûla le Cou, le dos
et la poitrine ; on traita les plaies avec des appli
cations d’essence de térébenthine. James Earle survint
plusieurs heures après l’accident; il lui fit des ap
plications de glace pilée , et la couvrit ensuite de
linges trempés dans de l’eau glacée : la malade
éprouva d’abord du soulagement; mais la douleur
ne disparut pas entièrement, la suppuration s’éta
blit, elle fut si abondante qu’elle entraîna la perte
des forces et la mort.
— Dans les vallées d’Haïti , près de la cabane
du nègre libre, s’élève un tombeau qui frappe
les regards du voyageur ; là sont les restes de l’hom
me de bien, du martyr de la philantropie: on lit
sur la pierre tumulaire ces mots : « le Président
de la République d’Haïti , au médecin de Montêgre ; » c’est ainsi que le chef des états Haïtiens,
�(
222
)
Irohore la mémoire d’un homtnè qui a consacré
ses lumières au service de la patrie, à l’amélio
ration de l’espèce humaine , à l’avancement de là
civilisation.
— La belle saison qui ramène l’usage des bains
de mer a commencé : les étrangers s’apprêtent ail
voyage de courte durée qui les transporte du sein
des quartiers superbes de notre cité aux bords d’une
plage bien abritée, d’où s’élèvent divers pavillons
décorés avec goût , offrant toutes sortes de com
modités aux malades.
L ’établissement des bains de nier de M. Vailheil
à Marseille, présente dans un petit espacé tout ce
qu’il est imaginable de rassemblée et tout ce qui
peut contribuer à rendre la santé; on peut sans
crainte le mettre en parallèlle, non avec ceux deS
G re cs e t des R o m a i n s , comme l’a fait uù savant
rapporteur de la société académique, mais aveë
l ’établissement fondé à Boulogne-sur-mcr par M.
Clery de Bécourt, et mis en activité le i 5 juillet
dernier par M. Quettier , négociant: dans l’un com.
me 'dans l’autre on s’est efforcé de multiplier toutes
les ressources cjue l’art peut retirer de l’eati de mer.
— La littérature médicale va bientôt s’enrichir
d’un traité esc p rqfesso sur la flexibilité dorsale, à
l ’usage des jeunes médecins qui veulent parvenir }
cet ouvrage est le fruit d’une longue expérience,
et contient des apperçus nouveaux sur la souplesse
naturelle et accidentelle de la colonne vertébrale.
— Il y a quelques années que plusieurs méde
cins de la capitale se proposaient de publier un
recueil intitulé Benz/es M é d ic a le s : l’envoi d’un trop
grand nombre de matériaux en arrêta la publica
tion : dès qu’ils seront distribués avec ordre , le
premier.volume tant désiré paraîtra, les autres dont
�( azS )
le nombre est illimité éprouveront plus ou moins
de retard, à cause de la confusion et du grand
nombre des mémoires , observations, adressées à
M. le D. T * * * * , Rédacteur Général , connu dans
le monde médical par son traité pratique sur le
bâillement.
— M. Terme de Lyon , docteur en médecine,
vient d’adresser à la société Royale de médecine
de Marseille , en sa qualité de membre correspon
dant , le modèle en plâtré de la tête de Lelièvre
dit Chevalier, condamné à la peine capitale par
la cour d’assises de Lyon: le crâne de Ce nouveau
vampire a, dit-on, été expédié par les malles-posles
au docteur G all, pour connaître au plutôt son opi
nion sur les bosses et la protubérance criminelle
de son occiput. Les principales sociétés de méde
cine du royaume , ont reçu les modèles en plâtres*
tirés au nombre de 24 seulement. M. le sécrétaire
de la société de médecine de Lyon , dont le zèle
pour les sciences ne se dément dans attende oc
casion , aura sans doute fait hommage d’un mo
dèle de la tète de Lelièvre, à la société phrénologique d’Edimhourg, fondée depuis un an dans
cette ville pour l’examen et la propagation de la
doctrine qui fait connaître les rapports entre le
physique et le moral de l’homme et dont les re
cherches anatomiques , physiologiques et pathologi
ques de MM. Gall et Spursheim font la base.
— Un naturaliste Romain, i l sig.T V a r ia n t i a retiré
des dernières fouilles du Tibre un amas de pierres
parmi lesquelles il cru reconnaître des pâtes d’oie
pétrifiées, l’érudit gfologue a d’abord pensé qu’elles
appartenaient à cette intéressante famille d’oies qui
défendirent le Capitole.
M. Gobbo , autre sayant romain, a prétendu au
�( 224 )
contraire que c’étaient les coccix des ’ gaulois qui
en fuyant tournaient le dos au Capitole qu’ils vou
laient surprendre. La Controverse s’est animée au
point qu’on a mandé sur le champ, à Naples, M.
Zoppicando , courrier extraordinaire, pour présenter
les substances pétrifiées à la réunion des savait»
q u i, depuis tant d’années, s’occupent des fouilles
d’Hereulanum et de Pompëia , où l’on trouve tout
ce qu’on veut. L ’aréopagè touché à la vue de ces
pierres, de la déférence que les naturalistes ro
mains conservent pour ses arrêts a discuté longtems sur la véritable nature de ces pétrifications.
Plusieurs membres , charmés de la ressemblance, ont
prononcé en faveur des pâtes d’oie pétrifiées ; mais
la majorité que les coccix intéressaient vivement,
même en état de pétrification, a décidé que l’opi
nion de M. Gobbo, était la seule véritable , qu’elt
conséquence on devait voter une médaille d’en
couragement au savant qui avait su à l’aide des
coccix, reveiller de si nobles souvenirs.
— On vient de publier en Espagne un supplé
ment des docteurs Cavallefo et Hurtado , au dictionaire de médecine d’Antonio Ballano , qui n’est
qu’une analyse de celui de M. Panckoucke.
J . X . F. SlGAXJD.
N o t a . M.le Chevalier Strafforello, Député du dépar
tement des Bouches-du-Rhône vient d’annoncer au
Rédacteur général, par une lettre en date dù i 3 avril,
que, le 12 de ce mois, il a fait hommage à la cham
bre des Députés, par l’entremise de son Président,
M. Ravez, du i.cr n.° de l’Observateur provençal
des Sciences médicales......
�( 22S )
Œsswi snr la m anié; par M. G uïAUD Fils, docteur
en médecine de la fa c u lté de P a r is ,
Secrétaire-
général de lu Société royale de médecine de Marseille-.
Pa
celte foule dé maladies, affligeant apanage
légué à l’espèce humaine pour lui rappeler sans
cesse la fragilité de shn existence, il eh est une qui
se plait à porter un désordre funeste dans l’ensemble
de cés nobles fonctions de l’intelligence départies à
l’homme comme sa plus brillante prérogative sur
tous les Êtres organisés ; la manie constitue cette
déplorable et terrible affection. Observée dans tous
les siècles et chez tous les peuples, signalée par un
grand nombre de médecins ; qui, à différentes épo
ques, Ont illustré la carrière de notre art, longtems Cependant le voile des ténèbres fut répandu
sur elle; long-tems la nature singulière des phéno
mènes qui la caractérisent, l’appareil étonnant des
symptômes qui l’accompagnent, la terreur involon
taire dont elle frappe les témoins des Scènes ef
frayantes qu’elle produit, la firent regarder comme
Une affection émanant d’une puissance céleste et par
conséquent placée au-delà des limites de nos con
naissances.
Ne soyons donc plus étonnés que le flambeau de
la thérapeutique ait pâli devant elle; la médecine
impuissante, en effet, au milieu du formidable ap
pareil des symptômes de la manié, n’a offert pen
dant plusieurs siècles à l’infortuné en proie à ses
tourmenS, qu’un' traitement dicté par le plus gros
sier empirisme, la réclusion dans des cachots obs
curs, l’emploi du fouet et de ces marques flétris
santes qu’une justice rigoureuse n’a réservées que
pour les vils coupables.
i
15
R M I
�w
( 226 )
H appartenait à cette sage philosophie qui de nos
jours a répandu une si vive clarté sur l’ensemble
des sciences , de soulever , d’une main ferme et
hardie, ce voile épais sous lequel l’ignorance s’était
plue à nous cacher la connaissance approfondie des
aliénations mentales. Déjà , dans le siècle qui vient
de s’écouler , plusieurs médecins s’étaient efforce's
d’apprécier le caractère de la manie, d’étudier sa
marche , de remonter aux causes nombreuses qui
peuvent la-produire , de suivre attentivement le dé
veloppement de ses symptômes et de poser les bases
du traitement qu’ils croyaient devoir lui assigner;
déjà, de nombreuses observations répandues dans
différens recueils attestaient ces louables efforts et
présentaient des résultats aussi précieux pour la sci
ence médicale qne consolans pour l’humanité. Mais
tous ces matériaux étaient épars et confus ; l’édifice
restait à construire; il réclamait une main exercée.
Un homme est apparu de nos jours, qui, joignant
habilement aux travaux de ses dévanciers les fruits
de ses réflexions profondes et d’une longue pratique,
a su élever, dans son traité sur l’aliénation mentale,
un monument qui sera l’éternel honneur de la mé
decine et de la philantropie. A la voix de cet élo
quent ami de l’humanité, on a vu tomber ces en
traves , ces fers sous lesquels gémissaient accablés
les malheureux frappés dit délire maniaque ; les
cachots ont élargi ces tristes victimes, et le fouet
menaçant arraché à des mains sans pitié, n’imprime
plus sur leurs corps ses traces douloureuses. Dès lors
la manie étudiée comme les autres maladies atta
chées à l’espèce humaine, a possédé, comme elles,
un traitement méthodique; l’aveugle empirisme a
disparu devant une thérapeutique basée sur une
saine expérience, un raisonnement lumineux, et l’on
�( ^7 )
a t u rendre à la socie'té une foule d’infortunés qu i,
jusque là jouets et victimes de l’ignorance, parais
saient devoir abandonner la vie sans recouvrer ce
précieux rayon de l’intelligence dont l’Etre Suprême
se plut a orner le plus beau de ses ouvrages.
Un des plus heureux résultats dé cette impulsion
donnée à l’étude dé la manié par le célèbre écri
vain dont nous venons de parler est, sans cloute,
la fondation des établissernens particuliers destinés
à recevoir les individus frappés de cetté cruelle
maladie. C’est dans cès endroits où lès aliénés pla
cés continuellement sous les regards du médecin
sont soumis à un traifcmènt éclairé et reçoivent tous
les soins qu’inspirent leur touchante situation , c’est
là, dis-je, où l’on peut se convaincre, par une
expérience journalière, cpie la manié est une affec
tion bien .plus souvent susceptible des ressources de
notre art qu’on ne l'a pensé pendant long - tems ;
que semblable dans plusieurs circonstances aux ma
ladies aiguës, elle a , comme elles, ses différentes
périodes d’invasion, d’accroissement, de déclinaison
et de crise ; que c’est par l’observation bien éclairée
de ces différentes périodes, par l’attention de suivre
avec prudence , et d’aider à propos la marche de
la nature dans chacune d’elles, que le médecin peut
parvenir à des résultats satisfaisàns pour la guéri
son. C’est aussi dans ces établissernens que l’on peut
recueillir des matériaux précieux pour éclairer de
plus en plus l’histoire de la manie.
Placé dans les circonstances les plus favorables
pour ce genre de recherches, pouvant journellement
étudier les formes multipliées de l'aliénation men
tale , sur un assez grand nombre d’insensés que
renferme un établissement dirigé dans cette ville,
flepuis quinze ans avec succès , par mon père , je
�( 228 )
me Croirais coupable envers la science r si je n’avais
recueilli quelques-unes des nombreuses observations
offertes à mon étude.
Je ne viens point ic i, novateur hardi, présenter
des idées nouvelles , Créer un système et pour ex
pliquer le caractère de la manie, sonder les pro
fondeurs d’une métaphysique Subtile. Les différentes
aliénations mentales, telles que la mélancolie, la
manie avec délire m’ont fourni des tableaux ; j’ai
essayé de les esquisser ; ce sont quelques matériaux
épars que j’apporte dans le champ de la science ;
lin jour, peut-être, un âge plus m ûr, une plus
longue expérience me donneront quelques droits à
les réunir, à les coordonner et à payer ainsi un
tribut à ce professeur célèbre au nom duquel la
science médicale rattachera toujours sa gloire, et
l’humanité sa reconnaissance.
Obserpcttion de mélancolie. L ’homme de l’art qui
•ne veut voir dans la mélancolie que des humeurs
épaissies accumulées dans les vaisseaux du foie et
de la rate, peut se dispenser de lire cette obser
vation ; je n’ai pas même indiqué le traitement
que j’ai cru devoir suivre ; j’avais prévu qu’il
serait sans succès ; j’ai malheureusement prévu jus
te. Le tableau que je vais tracer n’est fait que pour
le médecin moraliste ; c’est à lui seul qu’il appar
tient de le juger.
Célesline B ..., âgée de vingt-quatre ans, manifesta
dès son enfance les signes qui annoncent une cons
titution éminemment nerveuse. Une physionomie vi
v e, animée, une extrême mobilité dans Us idées,
une étonnante facilité à percevoir les impressions
les plus légères, tout décelait en elle la sensibilité
la plus exaltée ; parvenue à cet âge où la multitude
des impressions nous communique, pour ainsi dire,
�(
229
)
une existence nouvelle, les sombres compositions de
Lord Byron, les productions romantiques des au
teurs de Corine et d’Atala, devinrent les lectures
favorites de Célestine ; elle trouvait dans ces ouvrages
tous les charmes d’un monde idéal ; Dès-^Sfers aussi
la revêrie fut son premier goût et la solitude son
premier besoin. Elevée dans le Béarn, lieu de sa
naissance, on la voyait souvent, se dérobant à ses
occupations ordinaires , franchir rapidement les sen
tiers escarpés des Pyrénées, pénétrer dans la pro
fondeur des bois qui les recouvrent, s’asseoir sous
leurs voûtes sombres, et là , dans un profond re
cueillement, sa tète penchée sur une de ses mains,
écouter le frémissement des vents à travers le feuil
lage, le murmure monotone des cascades et le fracas
impétueux des torrens roulans dans d’immenses abymes. Arrachée par des circonstances impérieuses à
un séjour si rempli d’attraits pour elle, Célestine
porta dans le sein de la ville ce caractère où la
nature agreste des Pyrénées avait profondément im
primé ses traits. Toujours silencieuse, retirée, sa
pensée se reportait toujours vers les lieux témoins
de son enfance et sur ces tableaux romantiques dé
lices d’une imagination vive. Mais tout-à-coup son
cœur qui paraissait ne devoir jamais battre qu’au
souvenir des montagnes natales, s’étonna d’éprouver
un sentiment nouveau; un jeune peintre parvint à
inspirer à Célestine la passion la plus forte. Un
rapprochement de goût et de caractère, un accord
parfait dans les idées , les lia rapidement l’un à
l’autre. Impatiens d’unir leur existence, ils pres
saient l’instant où l’hymen allait serrer des nœuds
ardemment désirés , lorsqu’une maladie rapidement
mortelle vint arracher l’amant désespéré aux caresses
de l’inconsolable Célestine. Peindre la situation de
�( z3o )
cette infortunée, après un coup si terrible , est une
tâche au - dessus de mes forces. Accablée sous le
poids de la plus sombre tristesse, froissée dans ses
plus vives 'affections, isolée sur la vaste scène du
monde , Célestine se livra avec une nouvelle force
à tous les écarts de son caractère mélancolique. Con
sumée par une passion désormais sans espoir, son
ame ardente s’efforça d’en changer l’objet. L’exemple
de ces jeunes filles qui dans le silence des cloîtres
élèvent une éternelle barrière entr’elles et un monde
corrompu, vient s’offrir à sa pensée. Couvrant alors
son front du bandeau virginal, et rejetant loin d’elle
les gages d’un amour qu’elle veut étouffer , elle
cherche dans un couvent un asile contre les ennuis
qui l’assiègent. Là soumise à toutes les austérités
religieuses , prières , jeûnes , mortifications, rien n’est
épargné pour effaeer le souvenir d’une image trop
chère. Vains efforts! la grâce divine refuse de pé
nétrer dans ce cœur où l’amour profane semble
avoir épuisé tous ses traits. Accablée sous une lutte
aussi cruelle , la raison de Célestine commence à
s’égarer ; le sommeil a fui ses paupières et si l’inforiunc'e parvient à l’arrêter quelques instans, des
songes effhryans portent la terreur dans son ame,
Ces violentes agitations fruits d’un sommeil pénible
viennent-elles à se dissiper, les affections de Céles
tine se replient alors sur le souvenir de ses lectures
et d’un amant toujours chéri, Elle se retrace ce
dernier paré de mille charmes, et se plaît à se le
représenter sous les plus gracieuses métamorphoses.
Sylphe léger, tantôt elle le voit se balancer dans
le calice d’une fleur. Messager du ciel, tantôt il
descend de la plaine azurée et vient poser une cou
ronne de roses sur son front chargé d’ennuis. D’au
tres fois elle semble prêter une oreille attentive :
�( 23 i )
dit-elle, aux personnes qui l’entou
rent, entendez-vous le bruit du feuillage agité et
le murmure de la fontaine? C’est la voix de mon
ami qui m’appelle; j’y cou rs... attendez. . .Le vent
frémit ; le saule pleureur vient de laisser tomber
ses feuilles sur cette pierre couverte de mousse; ce
sont des larmes qu’il verse sur le cercueil de mon
ami; je vais les recueillir et y mêler les miennes...
Pourquoi me retenir? Laissez-moi aller dormir avec
lui sous la pierre. Le sommeil est si doux auprès
de ce qu’on aim e........je suis bien souffrante ! vous
tous qui m’entourez, dites-moi donc quelques-unes,
de ces paroles qui savent charmer la douleur » ainsi
parlait Célestine ; trois mois s’écoulent dans cette
déplorable situation ; la médecine impuissante voit
échouer toutes ses ressources ; l’organisation phy
sique ne tarde pas à partager l’altération de l’in
telligence; la figure de Célestine jusque là si mo
bile, si vive perd tout-à-coup son expression; ses
yeux naguères si animés ne jelent plus qu’une pâle
lueur; cette sensibilité qui pénétrait toute son orga
nisation, ces mouvemens si prompts, si rapides ont
disparu ; une froide immobilité les remplace. Cons
tamment assise , le cou tendu , la tête élevée , les
paupières demi-closes, les bras croisés sur la poi
trine , Célestine semble ne plus offrir alors que
l’image de ces fakirs, objets d’une vénération fana
tique chez les peuples de l’Inde. Insensiblement tous
les organes des sens deviennent étrangers aux im
pressions ; l’œil ne perçoit.plus la lumière, les sons
viennent envain frapper l’oreille; le visage se déco
lore , les tempes s’affaissent , la tète chancelante
tombe sur la poitrine comme la fleur desséchée sur
sa tige; le froid glacé avant-coureur du moment
fatal vient pénétrer les membres de la jeune fille ;
k entendez-vous,
�( * 3* )
la mort est là ; mais à son approche, rien ne ma-,
nifeste chez l’infortunée çe|le réaction , cette luX(,é
effrayante dernier signe de la force que déploie la
créature pour disputer à la destruction un reste
d’existence; la faulx du trépas ne porte ici que des
coups lents et sourds , et le principe de vie depuis
long-tems affaibli par de violentes secousses s’exhale
du sein de la vierge expirante comme la mourante
lueur de ces flambeaux qu’on voit pâlir et s’éteindre
au loin dans les sombres profondeurs d’une voûte
sépulcrale.
O b s e r v a t i o n sur une amaurose de Vieil droit; par.
Çr. A. T. S u e , JD. M. P ., Membre de la Société
royale de médecine de M arseille, etc.
M. T .... , teneur de livres, âgé de 2.5 aqs, d’un
tempérament sanguin , d’une constitution robuste
était sujet depuis son enfance à la migraine et à des
épistaxis plus ou moins rapprochés. Depuis trois ans,
suppression de l’hémorrhagie nasale, augmentation
d’intensité dans les douleurs de tète qui occupaient
plus particulièrement l’hémisphère droit du cerveau.
An commencement du mois de mai 1819 il s’est
présenté chez moi se plaignant d’une pesanteur ex
traordinaire à tout le côté droit de la tète, pulsa
tion dans l’intérieur de l’orbite, tintement de l’oreille
du même côté, confusion de la vue de l’œil droit,
laquelle, me dit-il, lui était survenue subitement. J ’exa
minai l’œil malade avec soin et je trouvai la pupille
très dilatée, immobile, d’un gris nébuleux et d’un
contour irrégulier. Un phénomène particulier et
assez difficile à expliquer, c’est que, malgré que
ja pupille restât immobile, l’œil étpnt exposé à une
yive lumière, le malade en supportait avec peine
1 »
�( 233 )
l’impression qui rendait sa vue plus confuse et lui
montrait tous les objets comme couverts d’un épais
nuage. Je conseillai avec avantage contre cet incon
vénient l’usage des lunettes à verre vert et la ces
sation de tout travail, surtout à la lumière.
M. T .... me déclara qne résidant à Trieste, il fut,
atteint en 1814 d’une vérole dont il fut traité peu
méthodiquement. En 1817, il essuya une nouvelle
infection à Marseille dont il se soigna lui-même par
la méthode des frictions, ne prenant d’autre règle
de conduite que son caprice dans l’administration
d’un médicament qu’on ne saurait employer avec
trop de précaution. En abusant ainsi du mercure
il espérait être guéri plus vite et se debarrasser de
la première infection. Les symptômes disparurent en
effet, mais des boutons d’une nature suspecte n’ont
jamais cessé depuis cette époque de couvrir le front
du malade.
Avant de commencer un traitement suivi, les pa
ïens désirèrent avoir l’avis du médecin, qui avait
leur confiance depuis nombre d’années. En consé
quence , M. le D. Dugas fut appelle le 19 m ai, et
dans une consultation faite avec ce praticien, il fut
convenu de soumettre le malade à un traitement
anti-phlogistique. Il fesait usage depuis quelque tems
des boissons acidulés.
Le 20, continuation des mêmes boissons, saignée
du pied, nulle amélioration dans la vue, gène de
la respiration.
Le 21, l’oppression continue; application de dix
sangsues à l’anus, dégagement de la poitrine , même
état de la vue , céphalée toujours vive, poids dans
l’orbite, tintement de l’oreille droite , bouffées de
chaleur au visage.
Le j ? , nouvelle saignée du pied suivie comme la
�( 23 4 )
première d'oppression heureusement combattue par
l ’application des sangsues à l’anus.
Le 24 , application d’un vésicatoire à la nuque,
Diminution de la céphalée , pupille dilatée, vue
toujours confuse et sentiment pénible à l’impression
de la lumière du jour.
Le 27, application d’un second vésicatoire au bras,
La plaie de ce dernier, quoique pansée avec du
oe'rat ordinaire, s’ulcéra, et la cicatrisation n’en fut
complette que le 18 juin.
Avec ces moyens je combinai le régime, l’emploi
du tartrate antimonié de potasse que j’administrai
à des doses fractionnées, répétées de tems en tems
pour ne produire que des nausées ; j’eus recours aux
pe'diluves tièdes, irritans, aux lavemens émolliens
répétés malin et soir, aux boissons acidulés rendues
laxatives de tems à autre par l’addition d’un sel neutre,
Dès le commencement du traitement, je tâchai de
rétablir l’hémorrhagie nasale supprimée par l’emploi
des poudres sternutatoires, et surtout par celle pré
conisée contre l’amaurose par W are, habile chirur
gien anglais, dans le 4.' vol. des Mémoires de la
Soc. Méd. de Londres, dont voici la formule : Sulfate
de mercure g.r v , poudre'd’asarum g.r xxv, poudre
de réglisse, d’iris ou même sucre cristallisé g.r xxv,
mélangez exactement.
Tous ces moyens énergiques continués pendant
plus d’un mois n’amenèrent que peu de change
ment dans la vue. Les douleurs de la tête étaient
à la vérité moins vives, le tintement de l’oreille et
le poids de l’orbite ne se lésaient sentir qu’à des
époques éloignées, les bouffées de chaleur avaient
disparu , mais la pupille était toujours très dilatée,
et il fallut la plus scrupuleuse attention pour dis
tinguer quelque léger mouvement de l’iris.
�( 235 )
L’étal pléthorique auquel paraissait due la goutte
sereine me.semblant assez combattu par les moyens
précités, et les objets que le malade regardait con
tinuant de se peindre à son œjl comme couverts d’un
épais nuage, je pensai qu’un principe vénérien pou^
yait avoir quelque part à cette maladie, et je me dé-*
cidai à recourir aux sudorifiques. Quinze jours après
ce nouveau traitement, les contractions de l’iris pu
rent être facilement apperçues, la vue devint plus
flaire de jour en jour, et le malade commença à
être moins fatigué de la lumière solaire. J ’ai conti^
nué les mêmes remèdes jusqu’à la fin de juillet 1821,
et depuis M. T .... a repris ses occupations habituelles
et n’éprouve d’autre incommodité qu’une migraine
qui l’affecte de lems à autre, à laquelle, comme je
j l’ai déjà dit au commencement de cette observation,
il est sujet depuis sa plus tendre enfance.
Est-ce aux sudorifiques qu’il faut attribuer dans
ce cas le rétablissement de la vue? ou bien le pre
mier traitement aj'ant détruit la pléthore des vais
seaux du cerveau, le tems seul e û t-il suffi pour
amener cet heureux résultat? Je laisse au lecteur
à prononcer là-dessus, quoique la circonstance de
deux affections syphilitiques mal guéries et l’effet
prompt des sudorifiques , doivent porter à croire
qu’un principe vénérien a évidemment contribué à
Cette amaurose.
Ob s e r v â t i o n sur une plaie par instrument piquant
arec lésion présumée d'un nerf; par M. Jean-Bapl.°
AüBAYE , Chirurgien.
ÀD mois de juin 1819, une personne de dix-huit
ans se blessa par mégarde à la partie interne et
�( 236 )
inferieure de la cuisse avec une paire de ciseau très
aigu.
L ’instrument avait pénétré perpendiculairement la
profondeur de quelques lignes ; il n’avait pas occa
sions une douleur bien vive; il fut imme'diatement
retiré, et la petite plaie fournit à peine quelques
gouttes de sang.
La douleur étant à-p e u -p rè s nulle, la malade
continua de vaquer à ses occupations ordinaires, et
sans boiter.
Le 3 .me jo u r, sentiment léger de cratnpe dans la
cuisse blessée, s’étendant du genou à l’aine, accrois
sement progressif de la douleur pendant les jours
suivans , à tel point que le 9.' jour de l’accident
îa malade crut devoir consulter M. le D. Roubaud.
La cuisse examinée avec toute l’attention requise
ne présentait aucun gonflement ; la peau n’avait
subi aucune altération de couleur , seulement on
remarquait à sa partie interne ét à quatre travers
de doigt au-dessus du genpu, une petite cicatrice
indiquant le lieu blessé par l’instrument; la pression
n’augmentait point la douleur qui s’étendait alors
dans toute la cuisse, se fesait sentir spécialement à
l’aine et au genou, semblait s’augmenter dans l’état
de repos, et ne diminuait que par le mouvement
du membre ; la malade boitait d’une manière notable.
Dans l’incertitude où il était sur le vrai caractère
de cette maladie , M. le D. Roubaud employa suc
cessivement les émolliens, les caïmans et les narco
tiques sous des formes diverses, mais toujours sans
succès. Cette dernière circonstance lui fit présumer
que l’ instrument avait rencontré dans son trajet
quelque filet nerveux qu’il n’avait pas entièrement
divisé.
Préoccupé de celte idée M. le D. Roubaud <yn.it
�( a37 )
reconnaître, i .° dans la nature meme de la douleur
qui était vive, déchirante avec un sentiment de for
mication , et telle que la malade nous disait que sa
cuisse semblait remplie de cordons douloureux s’étendans du genou à l’aine ; 2.0 dans là circonstance
rapportée plus haut que le mouvement seul calmait
les souffrances ; 3 .° enfin dans le typé paroxistique
que la maladie affectait de plus en plus, des signes
suffisans pour considérer cette affection comme une
névralgie traumatique à laquelle il résolut d’op
poser le caustique appliqué dans l’endroit blessé.
Cependant le mal allait croissant, la jambe de
venait douloureuse et la malade privée du sommeil
passait les nuits entières à se promener. Tant de
Souffrances lui firent enfin surmonter la répugnance
qu’elle avait pour l’application du caustique.
Le 3 8 .' jour de la maladie, j’appliquais la pierre
à cautère immédiatement sous la petite cicatrice j
l’escarre formée, la douleur avait cessé comme par
enchantement, la suppuration ne tarda pas à se
montrer et l’escarre tomba le 10.' jour; elle avait
à-peu-près deux à trois lignes d’épaisseur; 18 jours
après sa chute, la plaie s’avançait vers la cicatrisa
tion , lorsqu’une douleur semblable à la primitive
se fit ressentir. D’abord, assez légère, elle augmenta
dans la suite , surtout après l’entière guéi'ison de la
plaie, et ce fut en vain que nous employâmes un
grand nombre de remèdes topiques plus ou moins
rationnels pour la dissiper.
Trois mois à - p e u - p r è s , à dater du jour de la
blessure , elle était devenue tout aussi insupportable
qu’auparavant ; elle s’étendait jusqu’à l’hypogastre ,
et donna lieu plus d’une fois à des retentions d’u
rine qui cédèrent tantôt aux émolliens et tantôt
exigèrent l’emploi de la sonde.
�( 238 )
M. le î). Roubaud conseilla de nouveau l’appli
cation du caustique ; il craignait de n’avoir pas
Cautérisé assez profondément, et de n’avoir pas com
pris dans l’esCarre le rameau nerveux blessé. Tou
tefois, il né pouvait se rendre raison d’une manière
satisfaisante, comment dans cette dernière hypothèse
la formation d’une escarre peu profonde avait pu
Calmer entièrement la névralgie pendant plus dé
quinze jours.
. Néanmoins j’appliquai de nouveau la pierre it
Cautère dans lè même endroit ; l’escarre nous parut
plus profonde, elle ne tomba que le i 3 .e jour et ne
fit point Cette fois disparaître la douleur ; je portai
du beurre d’antimoine ( muriate d’antimoine subli
mé ) dans la plaie à plusieurs reprises, et je la rendis
de plus en plus profonde, jusqu’à ce que la dou
leur qui semblait diminuer par degré eut entière
ment cessé : la suppuration l’ut maintenue pendant
plusieurs semaines, et la névralgie parut entièrement
guérie.
Six mois s*étaient écoulés depuis l’instant de la
blessure lorsqu’on se décida à laisser cicatriser la
plaie produite et entretenue par des cautérisations
successives. La malade ne souffrait plus depuis une
quarantaine de jours; elle se croyait tout-à-fait
guérie , et son médecin qui partageait son erreur
Crut devoir épargner à une jeune personne l’assujétissement et l’incommodité d’un cautère; il le lit
fermer, et la guérison parut eomplette pendant deux
mois.
Vers le 8.' mois de l’accident, les douleurs se mon
trèrent pour la 3.c fois avec les mêmes caractères
qu’au para vant, elles acquirent la même vigueur et
offrirent bientôt les mêmes résultats.
Ce ne fut pas sans peine qu’on décida la malade
�_ ( 23 9 )
a tmc troisième application du caustique, M. le D j
Roubaud se proposait d’entretenir indéfiniment là
suppuration, puisque c’était lé seul moyen de vaincre
la névralgie,
Après des applications réitérées du muriate d’an
timoine sublimé qui donnèrent à la plaie une profondeur difficile à préciser, la douleur ayant enfin
cédé, on mit quatre pois dans la plaie qui fut ainsi
transformée en un cautère habituel que la malade
résignée porta pendant cinq mois.
A cette époque M, le D. Roubaud (i) fut prié de
permettre qu’on le fermât de nouveau: il n’y con
sentit qu’avec beaucoup de peine ; mais enfin il
souscrivit au désir prononcé de la malade et de ses
parons: l’ulcère fut promptement cicatrisé, et celte
fois la guérison a été parfaite.
Ob s e r v a t i o n sur une pierre, retirée de l a région d u
périnée, à la suite d’un dépôt urineux; par M. F e s t e ,
Docteur en chirurgie, Membre de la Société royale
de médecine de M arseille, etc.
J
acques
M
a sso n
, âgé
co n stitu tio n , était affecté
(1 ) M . le
D o c te u r
de
24
R o u b a u d q u e d e p u is
p la c é , a v e c ju s te r a i s o n ,
ans,
d e p u is son
d ’u n e f a i b l e
e n fa n c e d ’u n e
lo n g - t e m s
M a r s e ille a
a u r a n g d e ses m é d e c in s les p lu s d is tin
gue^ , d o it e n r ic h ir n o tr e jo u r n a l
e n c o m m u n iq u a n t
u n e s é r ie d e
faits très in té r e s sa n s q u ’i l a r e c u e illis .
C e lu i
dont
il
s’a g it p r é s e n te m e n t est u n e p r e u v e
d e p lu s e n
faveur d es e x u to ir e s d an s les n é v r a lg ie s . O n s a it q u ’ ils o n t é té p ré c o n is é s
d’abord p a r
grand
A n d ré,
n om bre
D elpech q u i ,
c h ir u r g ie n
d ’o p é ra te u rs
en 1 8 1 7 ,
d e V e r s a i lle s ,
c é lè b r e s ,
c a u té r is a a v e c
ju s q u ’a u
s u cc è s
p u is ,
par un
savan t
le s
assez
p ro fe s s e u r
n e rfs fr o n t a l e t
so u s-o rb itaire d u c ô t é d r o it d e la f a c e , a in s i q u e n o u s en a v o n s d o n n é
les d é ta ils d a n s n o tre essai m é d ic o - c h ir u r g ic a l s u r la n é v r o p ro s o p a lg ie .
N ote du rédacteur générai.
�( *4° )
incontinence d’urine, sans douleurs. Au i 5 novembre
1826, il éproitva vers le déclin d’une fièvre gastri
que , Une grande difficulté d’uriner ; il survint alors
au périnée une tumeur dont les caractères extérieurs
et le développement signalaient un dépôt uHneüx. Il
sé forma sur celui-ci une escarre qui, divisée à
l’aide d’un instrufnfent tranchant, se détacha bientôt
par fieffet de la suppuration ; l’urine coulait en
abondance par la plaie, une petite quantité pas
sait par l’urètre. La plaie laissait à découvert les
muscles bulbo et ischio - caverneux. La suppura
tion était louable et présageait une guérison pro
chaine. Toutefois, je crus devoir sonder lè malade,
et à peine eus-je introduit les trois-quarts de la
Sonde dans le canal, que j’éprouvai de la résistance
et je ne pus pénétrer plus avant dans la vessie; à
l’aide de quelques légers mouvemeus de traction, je
parviens à dégager l’instrument et à le retirer du
canal, non sans difficulté. Introduisant alors l’index
dans la plaie, je reconnais que l’obstacle provenait
d’un calcul et je procède à son extraction avec les
pincettes. La pierre offrait une surface lisse ei
paraissait Être jumelle. Je m’en assurai par 1b
toucher. La portion que je venais d’extraire était
moins volumineuse que celle qui restait; j’essayai
de retirer cclle-ci, m ais, craignant de déchirer les
parties à cause de son volume , je la brisai avec les
tenettes et je la retirai ainsi par morceaux.
Le traitement consécutif de la taille applicable
dans ce cas, fut mis en pratique; pendant quinze
jours le malade fut tourmenté de la fièvre, la diar
rhée consumait ses forces, mais l’une et l’autre fu
rent arrêtées dans leurs progrès. La plaie se cica
trisa , les urines reprirent leur cours naturel et le
malade se trouva parfaitement guéri au terme de
�( 24 i )
quaranté jours. D e p u is , il a acquis beaucoup tVem
bonpoint et sa constitution s’est singulièrem ent amé
liorée.
F orm e, poids et volum e de la pierre. 11 est im pos
sible de préciser la form e de cette p ie rr e , dès q u ’il
a fallu la briser en partie. Le s fragm ens et la p o r
tion entière pesaient sept onces; cette p o rtio n ( la
seule que je co nse rve , le "Teste ayant été soumis à
l’analysé chim iqu e ) de form e se n ti- ovoïd e , et ir
régulièrement p yra m id a le , offre à sa base une fa
cette lisse, polie et légèrem ent c o n c a ve , u n angle
aigu à son s o m m e t, et des inégalités ainsi q u ’ une
gouttière sur les autres points de sa surface. Cette
concrétion a e n viro n deux pouces de lo n g u e u r, u n
pouce et dem i d ’épaisseur, et plus de trois pouces
de circonférence. J ’ai p u m ’ assurer p a r le tact que
l’autre p o rtio n a va it à beaucoup près la form e cle
cellfe-vi;
R éflexion s. I l est à observer que plusieurs p ra ti
ciens aux soins desquels le m alade s’ était successi
vement c o n fié , p o u r se d é livre r de son incontinence
(l’u rin e , ne pensèrent p o in t à le s o n d e r, et c e la ,
ce sem ble, parce q u ’ il ne se p la ig n it jam ais d’ au
cune d o u le u r, q u ’ il ne ressentit p a s , p e u t-ê tre , p a r
la manière d ont la pierre était située. Je pense q u ’ elle
était ( i ) ebatonnée au col de la vessie.
E x a m e n ch im ique du c a lc u l ; p a r M. P b ü T E f .
Ce calcul était divisé eh fragm ens de 7 à 8 d é cigrammes. P a rm i ces fra g m e n s , se tro u va it u n calcul
____________ ü________...
____ ______________ .
(1) Peut-être existait-il une poche indépendante de la vèssie, où les
Jeux portions de la pierre se sont formées et insensiblement accrues.
Quoiqu’il en soit, admirons, dans l’intéressante observation de M.
Péste, praticien qu’on ne saurait trop estimer, admirons, disons^
I
26
�( 24 2 )
entier dix poids de 5 décagram m es, lisse dans une
p o rtio n de son é te n d u e , d ’ une form e semi o v o ïd e ,
term inée en capuciioti p a r le s o m m e t, et dont la
base a ya n t u n cercle p a rfa it est applalie ; sa partie
superficielle était souillée , com m e les fragm ens,
du sang q u i s’était infiltré dans ces derniers. Les
m oyens que j ’ ai em ployés p o u r isoler les principes
constituans du c a lc u l, n ’ ont été d’ abord exercés que
sur les fragm ens de cette concrétion. L e u r couleur
extérieure est rougeâtre ; la masse interne est d’un
blanc rosacé ; le u r configuration est cristalline et
p o re u s e ; elle form e des grains incoliérens ; leur
b rilla n t cristallin n ’est bien apparent que lorsqu’on
les exposé au x rayons s o la ire s, ou q u ’on les examine
à la lo u p e . Ils se brisent p a r le u r forte pression
^n tre les doigts.
V o u la n t soum ettre ce calcul à l ’analyse chim ique,
j ’en ai pulvérisé une p o r tio n , et je l ’ai mise en contact
avec l ’eau distillée ; le m élange a été filtré et com
biné avec le sirop vio lâ t dont la couleur a passé au vert
bien pro no ncé . L a teinture et le p a p ie r de tournesol,
rougis p a r u n a c id e , sont ramenés au b leu p a r cette
solution d ont la nature est alcaline.
E x p o s a n t ce calcul pulvérisé dans u n matras
avec de l ’alcool à une chaleur m o d é ré e , d'après la
m éthode de B ra nde , p o u r y rechercher la présence
de l ’u r é e , ce. m é la n g e , après quelques m in u te s , a
acquis une légère cou leu r roug e vinacée. L a liqueur
nous, les forces de la nature dont on _ne peut certainement pas
méconnaître ici la prévoyance , puisque pour se délivrer d’une
concrétion volumineuse, elle a évidemment suscité un dépôt au
lieu où Part pratique ordinairement l’opération de la lithotomie.
N oie du rédacteur général
�{ 243 )
Filtrée et isolée d u résidu te rre u x , a été évaporée
dans une capsule de ve rre ; elle a donné p o u r ré
sultat une m atière colorante rose produ ite p a r le
sang infiltré dans le calcul et des traceS d’ une subs
tance saline confusém ent cristallisée q u i n ’a va it n u l
lement la coiifiguration , n i les propriétés chim iques
de l ’ urée.
E n versant de la solution de potassé pitre sur le
Calcul en p o u d re , et agitant cette com binaison avec
tin tube de verre , il se dégage une odeur v iv e
d'am m oniaque.
Ce calcul est peii soluble dans les alcalis purs et
dans l ’acide su lfu riq u ë avec lequel il fait efferves
cence; néanm oins cet acide étendu à ib degrés en
dissout beaucoup plus que dans un plus h a u t degré
de concentration. Le s acides h yd ro c lo riq u e et nitriq u e
en dissolvent la substance terreuse avec dégagem ent
d’acide c a rb o n iq u e , et ne laissent à l ’ état d ’insolu
b ilité , q u ’une p o rtio n de m atière d ’ un b ru n jaunâ
t r e , nageant dans le liq u id e . Ce calcul e s t, p a r
Conséquent, exem pt dé silice.
L e précipité q u i échappe â l ’ action de la potasse
en dissolution à 20 degrés de l ’aréom ètre des se ls,
lavé et desséché, fait encore effervescence avec les
acides ; il a été reco nnu p o u r d u carbonate de chaux
et du phosphate calcaire et m agnésien. E n e ffe t, le
précipité p ro ve n a n t de l ’insolu bilité partielle du cal
cul dans l ’acide s u lfu riq u e , foém éde sulfate de c h a u x ,
h’a plus été attaqué p a r l ’acide n itriq u e .
L a solution alcaline d ’ une p o rtio n des principes
çonstituans de ce c a lc u l, traitée isolém ent p a r 1er.
acides h y d ro c b lo riq u e et a c é tiq u e , ne donne lieu à
aucun p r é c ip ité , divisé Ou flo c o n e u x , q u i puisse y
démontrer l ’existence de l ’acide u riq u e .
P o u r constater la présence de la m atière anim ale .
�( 244 )
q u i constitue le cim ent des concrétions urinaires ,
j’ ai exposé uiï m orceau entier d u calcul dans l ’acide
n itriq u e â ffô ib li, A u b o u t de quelques h eu res, cette
concrétion qui occupait le fond d u ve rfè à expérienbe , à changé de pesanteur spécifique p a r la
dissolution des matières salines q u ’ il re c e la it, et a
occupé la surface de la liq u e u r , sous form e d ’ une
substance g é latin o -m em b ra n eu se, de couleur jaune
b ru n â tre .
C u rie u x d ’exposer cette substance à l’action de la
potasse c a u s tiq u e , elle s’y est presque dissoute. La
solution filtrée était roussàtre : traitée p a r l ’acide
h y d r o -c h lo r iq u e , elle s’est sensiblement lo u c h ie , ce
q u i p o u rra it faire soupçonner des traces d’acide
u riq u e dans le calcul.
Cependant la dissolution du calcul dans l’acide
nitrique, évaporée jusqu’à siccité, a passé seulement
au jaune brunâtre (i) vers les bords de la substan
ce saline qui a reçu l’action la plus vive du feu.
Le centre de la capsule est occupé par une forte
portion de matière d’un jaune pâle citron, l’un des
U-
—£ l) J ’ai eu occasion d’examiner, en m ém e-tenls, deux calculs
d’acide urique, dont un isolé d’un beau morceau poli à son exté
rieur et brun couleur de bois dans toutes ses parties, l’autre en
petits -calculs d’un demi décigramine, spontanément excrété par
l’urètre. L ’un et l’autre entièrement dissous dans la solution de
potasse caustique, puis traités par l’acide hydro-chlorique, laissent
précipiter abondamment d’acide urique. L ’un de ces calculs dissous
dans l’acide nitrique tache la peau ën rouge ; si on fait évaporer
sa dissolution nitrique, elle fournit d’abord une masse d’un beau
jaune citron, qui se convertit, par une plus forte chaleur, en rouge
cramoisi magnifique, et non pourpre, comme l’annonce le docteur
Marcet, dans son histoire chimique des calculs, relativement aul
calculs d’acide urique. Cependant celui qui fait le sujet de cette
dernière observation est presque tout composé d’acide urique; sa
dissolution aqueuse fait passer au rouge grenade, la teinture d*
tournesol.
�( 24S )
caractères de l’ oxide za n th iq u e découvert p a r le D .
Yoltaston.
Mais com m e u n m élange de g é la tin e , de car
bonate de chaux et d ’acide n itr iq u e , évaporé presque
à siccité, dans une capsule de v e r r e , p ro d u it les
couleurs sus-énoncées, on ne peut attribuer cet effet
qu’ à l ’action de l ’acide nitriq u e sur la m atière gé
latino-m em braneuse du c a lc u l, et n o n à l’ oxide za n thique dont la présence ne se tro u ve plus constatée
par les autres propriétés chim iques q u i caractérisent
cet oxide. L e résidu nitraté d u c a lc u l, dissous dans
l ’e a u , et au qu el on ajoute u n a c id e , est précipité
en blanc sale ; ce m élange é v a p o ré , reste b la n c h â tre ,
et ne p ro d u it pas le rou g e cram oisi annoncé p a r le
D . Yoltaston.
Ce calcul a yant la propriété de ne se dissoudre
que partiellem ent dans l ’acide su lfu riqu e , et sa dis
solution n itriq u e c h a u ffé e , ne laissant pas u n résidu
b la n c , ne contient pas de l’ oxide cvstique. D ’ailleurs
l’alcool ne form e aucun précipité dans sa dissolution
n itriq u e , com m e ce d ernier oxide.
A v a n t d ’ exam iner les substances terreuses q u i font
partie de ce c a lc u l, je l ’ai exposé à u n feu m odéré
dans un matras néolijrem m ent bouché : il s’ est s u blimé a u x parois d u v a s e , une légère couche de
carbonate d ’ am m oniaq u e , verdissant fortem ent le
sirop v io lâ t ; saturé p a r l ’acide a c é tiq u e , cette com
binaison ne précipite n u llem ent p a r le nitrate d ’argent.
C o m b in a n t alors 8 gram m es de ce calcul p u lv é
risé avec une petite p o rtio n d ’acide h y d ro -c h lo riq u e ,
pour en fo rm e r une pâte peu h u m e c té e , et soum et
tant ce m élange dans un m alras , à l’ action d ’ une
assez forte c h a le u r , il s’ est sublim é 4 décigram tnes
de sel am m oniac en couches b rilla n te s , u n peu sali
par de l ’ h u ile a n im a le , pré cip itan t en flocons p a r
�( U6 )
le nitrate d ’a rg e n t, et laissant dégager de l ’am m o
niaque avec la potasse caustique et le sous-carbo
nate de potasse. ,
J ’ai pris ensuite u n peu de ce calcul ; je l’ai
fortem ent chauffe dans u n creuset de platine ; dans
cet é ta t, il n ’a é prouvé aucun genre de vitrification.
A lo r s , j ’en ai exposé un nouveau m orceau de 16
g ram m e s, à une chaleur c o n ve n a b le , dans le même
creuset m u n i de son couvercle et sans être lùté. Il
s’ est ré p a ndu une od eur am m oniacale fétide ; le ré
sidu carbonisé a été mêlé ayec la m oitié de son
poids d ’ acide su lfu rique concentré ; le m élange étendu
avec u n p e u d’ eau distillée a été filtré ; la liqueur
claire acidulé a été évaporée dans le creuset de pla
tine et s’ est convertie en une masse saline blanche
légèrem ent translucide. Cette substance se redissout
dans l’acide su lfu rique à to degrés, et se précipite
p a r le seul chauffage de la liq u e u r. L ’ acide sulfu
riq u e u n peu co n cen tré, versé sur ce s e l, n ’en dis
sout q u ’ une foible pa rtie. Le s acides h yd ro -c h lo riq u e
et n itriq u e le dissolvent totalem ent sans efferves
cence. Sa dissolution n itr iq u e , précipitée p a r l ’am
m o n ia q u e , en isole d u phosphate de cha ux ( i ) et
de m agnésie.
M e proposant d ’isoler cette dernière substance
(l) Systèm e des conn aissances ch im iq u es de Fourcroy, tom. lo,
pages 226 et 227. Ce savant dit aussi en parlant du phosphate de
chaux calculeux. <t Ce phosphate suspendu dans les acides muria
tique ou nitrique, de manière à pouvoir être b u s, laisse des
flocons transparens et celluleux de la matière animale, à mesure
que le sel terreux se dissout. Tel est le résultat déjà énoncé que
j ’ai obtenu de ce calcul. J ’ajouterai ici que le phosphate de chaux,
retiré d’un mélange de muriate de chaux et de phosphate de soude,
se dissout promptement dans l’acide sulfurique à 10 degrés, connue
le phosphate de chaux magnésien provenant du calcul soumis à
mon examen.
�( 247 )
d’avec la chaux d u c a lc u l, j’ ai traité la dissolution
h yd ro -c h lo riq u e de cette concrétion p a r l ’oxalate
d’a m m o n ia q u e , ju sq u ’à entière précipitation de l ’oxa
late de ch a u x. L a liq u e u r filtré e , combinée ensuite
avec quelques gouttes d’ a m m o n ia q u e , a laissé p ré
cipiter de la magnésie , très soluble dans l ’acide
sulfurique concentré. Cette dernière dissolution éva
porée ne s’ est plus troublée et a fo u rn i des cristaux
de sulfate de magnésie.
Je n ’ai pas v o u l u , c e p e n d a n t, term iner cet exa
men a n a ly tiq u e , sans scier le calcul e n tie r, tro u vé
avec les fragm ens chez le m êm e in d iv id u . I l ré
p a n d a it, d u ra n t l’action de la scie , une odeur d ’am
m oniaque bien p ro n o n c é e , q u ’ il conserve encore.
La surface interne était form ée de couches concen
triques , do nt le plus petit n o ya u a n a lysé , q u i a va it
l’aspect de toute la m asse, n ’ a donné aucune trace
d’acide u riq u e . L ’ ensemble de ce calcul était blan
châtre; le sang ne paraissait pas s’y être infiltré.
Sa cristallisation est bien m oins poreuse que les
fragmens analysés ; il se com porte avec les alcalis
et les acides de la m êm e m anière que les fragm e ns:
les prem iers en dégagent aussi de l ’a m m o n ia q u e ; le
suc de citron le dissout to ta le m e n t, ce q u i semble
faire espérer que l ’ usage pro lo n g é de la lim onade ,
pourrait em pêcher la fo rm a tio n de pareils calculs.
D ’après tout ce q u i pré cè de , ce c a lc u l, ainsi que
les fragm ens isolés, sont com posés:
De carbonate d ’ am m oniaque ,
D e carbonate de c h a u x ,
De phosphates de cha u x et de magnésie ,
D ’ une m atière anim ale ge la tin o -m c m b ra n e u s e ,
D ’ une m atière colorante rose, contenue dans les fra g
mens du c a lc u l, p ro ve n a n t d u sang q u i s’y est infiltré.
L ’analyse de ce calcul m e p a raît a v o ir cela de
�( 248 )
p a rtic u lie r, q u ’il est un de ceux bien rares ( i ) , qui
ne contiennent pas d ’acide uriq u e , et que surtout
il recèle du carbonate de chaux (2 ) bien reconnu
p a r sa v iv e effervescence avec les acid es, substance
qu i n ’est po in t désignée p a r le D . M a re e t, auteur
de l ’ histoire des calculs.
L e carbonate d ’am m oniaque a été seulement ex
trait p a r F o u r c r o y , en chauffant u n calcul soumis
à l ’exam en de ce célèbre chim iste.
Ob se r v a t io n
d ro cé p h a le ,
s u r u n a c c o u c h e m e n t d 'u n f œ t u s hy
a c c o m p a g n é d 'h ém o rra g ie u té r in e et de
l ’issu e p rém a tu rée du co rd o n o m b ilic a l ; p a r
M
O S E T
,
J . R e i-
C h ir u r g ie n , à M a rs e ille .
M .me L . . . , âgée de 37 a n s , d ’ un tempérament
s a n g u in , d ’ une constitution ro b u s te , parvenue au
9 .* mois de sa 4 .* grossesse, é p r o u v a , le 28 avril
1 8 2 1 , les douleurs de l ’ e n fa n te m e n t, q u i se pro
lo ng èrent jusques au 3 o au s o ir , époque où je fus
(1 ) Brande a analysé i 5 o calculs; il a trouvé l’acide urique
dans presque tous. Donc, il en est qui peuvent ne pas en contenir.
Vauquelin et Fourcroy , reconnurent aussi la présence de l’acide
urique dans le plus grand nombre des 600 calculs que ces savans,
ont examinés.
(2) M. Howship, dans ses observations pratiques sur les maladies,
des voies urinaires, et fait l’exposé suivant, d’un calcul rénal très
<1 volumineux dont la structure était compacte et terreuse , la
<r consistance semblable à de la g lu , et la couleur d’un jaune pâle
<t grisâtre. Par l’analyse M. Brande trouva çette matière composée
tr de Carbonate de chaux, mêlée d’une matière animale très tenace.
« 11 obserya que c’était le premier cas venu à sa connaissance où
e le rein avait secrété du carbonate de chaux. Scudamore, traili
« de la goutte et du rh u m atism e . iom. 2 , p a g . 2 3 3 . a Notre cas
serait-il le second? Thomsom fait seulement mention de ce car
bonate trouvé dans les calculs des animaux inférieurs.
�( 249
)
appelé. On observait: pâleur extrême de la face,
lèvres décolorées , yeux entr’cuverts , respiration
presque insensible, pouls imperceptible, extrémités
refroidies ; la malade ne répondait à mes questions
que par des g'émissemens.
M. Moncet, chirurgien qui était auprès d’elle ,
sentant le danger qui la menaçait, m’apprend qu’une
hémorragie utérine, ayant duré plusieurs heures, a
précédé cet état d’accablement, et que le sang n’a
cessé de couler au dehors qu’au moment uù la tète
remplit exactement l’excavation du bassin. Présumant
une hémorragie interne , je pratiquai le toucher ;
les grandes lèvres considérablement tuméfiées rétré
cissaient l’ouverture du vagin , au point de per
mettre à peine l’introduction de quelques doigts.
Cependant je la dilatai par degrés, et je reconnus
la position de la tète de l’enfant, dont l’oeciput
répondait à l’arcade du pubis, et la face à la con
cavité du sacrum. Au dehors et vers le coté gauche,
on voyait une anse de cordon de douze pouces de
longueur environ. J'annonçai la mort du fœtus, me
fondant sur l’interception du sang de la mère à
l’enfant, occasioné p arla compression qui avait lieu
depuis 48 heures, et sur la couleur du cordon om
bilical lui-même, qui était livide, refroidi et sans
pulsation. Je prévins les parens du danger immi
nent qui menaçait la mère, et de la nécessité de
l'accoucher de force. D’ailleurs, des syncopes fré
quentes, qui duraient un tems assez long, leur Pe
saient partager mes craintes sur une mort prochaine.
D’abord , je relevai les forces , par quelques cueillerées de hou vin et quelques tasses de bouillon
(ces liquides séjournaient dans l’arrière-bouche,
ce qui me parut dépendre d’un spasme du pharynx
et être de très mauvais augure ) $ p u is, tout étant
�( aSo )
prévu, je procédai à l’application du forceps. J ’eus
quelque difficulté à introduire les branches, mais
j ’en éprouvai bien plus pour les croiser. Y étant
parvenu , je fus étonné de l’écartement considérable
qu’il y avait de l’une à l’autre, et je soupçonnai
une tète hydrocéphale. Les fortes tractions que je
fis pour l ’amener me confirmèrent dans cette idée ;
je parvins enfin à l’extraire, et je la trouvai telle
que je l’avais supposée ; j ’achevai de retirer l’en
fant qui avait un tour de cordon au cou. La sortie
de plusieurs caillots de sang me donna la convic
tion qu’il y avait eu hémorragie interne $ et le sang
continuant de couler en abondance, je crus devoir
dégreffer le placenta qui était à moitié décollé, et
je fis contracter la matrice en titillant son col et en
frictionnant à sec l’hypogastre. La malade reprit un
peu de scs forces par l’usage de quelques lasses de
bouillon. Après cela, je conseillai la diète la plus
rigoureuse , les délayans , les fomentations et les
îavemens émolliens. La nuit se passa tranquillement.
Le lendemain, le bas-ventre était un peu tendu et
douloureux, des tiraillemens se fesaient sentir aux
lombes et aux cuisses, l’urine coulait difficilement,
Toutefois, les mêmes moyens furent continués, et en
peu de jours M.e L... a joui d’une santé parfaite.
Forme et dimensions de la tête du fœ tus. Diamètre
occipito-frontal de 6 pouces et j à 7 pouces. Dia
mètre bi-pariétal de 4 pouces et à 5 pouces. Dia
mètre temporal différant peu de l’état ordinaire. La
têt», de forme irrégulière et aplatie supérieurement,
ne présentait d’ailleurs ( ainsi que le reste du corps )
rien de particulier. Le liquide contenu a été évalue
à 2 livres à-peu-près.
Réflexions. Est-il probable que cette femme fut
accouchée par les seules forces de la nature ? Les
�(
)
Contractions utérines ont été suffisantes, il est vrai,
pour faire franchir le détroit supérieur à la tête, dont
le diamètre antero-postérieur excédait de près de 3
pouces le diamètre transverse du bassin ; mais je
pense que l’existence de la mère était d’autant plus
compromise, en temporisant, qu’il eut été impossible
tir terminer l’accouchement sans l’application du
forceps ( 1 ) , quoiqu’ep aient dit des accoucheurs
distingués sur l’inutilité de cet instrument.
D e l'état de l a vaccine en Angleterre et en France.
Le Secrétaire de la Société Jennériene de Londres
dans un rapport fait aux directeurs de cette insti
tution sur l’étal de la vaccine en Angleterre pen
dant l’année 1820, observe que les tables de mor
talité relatives à la petite vérole, au lieu de diminuer
par la propagation cle la vaccine, augmentaient au
contraire depuis un an d’une manière sensible. Lon
dres durant 1819 n’avait perdu de la petite vérole
que 421 individus, et le nombre des victimes s’était
élevé en 1820 à 712. Devait-on attribuer à la né
gligence des gens de l’art un tel surcroît de mor
talité? Le zèle des Directeurs de l’établissement s’é
tait-il rallenti ? Au contraire, les administrqteurs, à
l’exemple des médecins, excitaient les individus de
(1 ) Sans cloute, l’application du forceps était indispensable dans
cette occasion, vu la grande disproportion entre la tète du fœtus
et la voie qu’elle devait franchir, comme aussi, vu l’hémorragie
interne, les syncopes, dont on avait à redouter les conséquences.
Mais, qu’il nous soit permis de le dire ic i, on n’abuse que trop
souvent du forceps dont l’utilité u'çst alors rien moins qu'effective,
s’il ne nuit pas.
Ac:* 4lu rédacteur ainéral.
�( a$* )
toutes les classes à porter leurs enfans à l’institu-*
tion , et plus de 4000 d’entr’eux, par les soins de
l’inoculateur en chef furent arrachés au tombeau
et préservés de la contagion imminente de la petite
vérole qui ravageait déjà un quartier de Londres.
Depuis l’origine de l’établissement élevé (en 1806) à
la gloire de Jenner, le D. Walker a vacciné à lui seul
37,784 individus, et dans la seule année de 1819
4,079. Les médecins et chirurgiens de Londres et
des environs 100,495 depuis le principe, et durant
1819, 2 i , i 38 . Les inoculateurs appointés dans toutes
les parties de l’Angleterre ont vaccine 37,314 enfans
dans la seule année de 1819, et 386,204 autres dans
l’espace de 14 années à dater de l’époque de réta
blissement. Enfin le D. Walker avait fourni les colonies anglaises de 299,873 verres de vaccin durant
le cours de ces mêmes années.
Telle est l’énumération des individus vaccinés en
Angleterre que le D. Johnstonc présente dans son
rapport. Une correspondance entre les principaux
médecins et directeurs de l’établissement vient à la
suite de oe tableau. Chaque correspondant signale
au directeur de l’établissement les heureux effets qu’il
a obtenu de la vaccine.
Au lieu de donner la liste nominale des directeurs
et des souscripteurs qui figurent à la suite de ce rap
port , je me permettrai quelques réflexions sur la
propagation de la vaccine à l’époque actuelle. Placés
dans une cité populeuse, les médecins de la ville de
Marseille ont, jusqu’à ce jour, par leurs lumières,
lutté contre l’ignorance des dernières classes de là
société; ils ont propagé avec zèle, la vaccine, et les
heureux effets qu’ils en ont obtenu doivent être leur
plus douce récompense. Mais leur exemple a - t- il
encouragé les médecins et chirurgiens des villes cir-
�( 2S 3 )
Convoisines ? À une époque récente encore, on a
adressé «les réclamations à divers praticiens de notre
ville pour obtenir de là vaccine, et ces mêmes praticiens se sont vus forcés d’en réclamer à leur tour
aux médecins de la ville d’Aix.
L’année dernière l’hôpital de la Charité «1e Lyon
était dépourvu de vaccin , et cependant le chirurgien
major de cet hospice reçoit annuellement 600 f. pour
en conserver soigneusement le dépôt.
Plus de douze cents enfanS renfermés dans cèt
établissement étaient-ils à l’abri de la contagion de
la petite vérole, qui s’était manifestée dans quelques
quartiers de la ville?
« A peine les froids rigotirenx de 1826 ont-ils
disparu que des milliers d’individus de tout âg é,
de tout rang furent atteints à Paris du poison vafitdique. Que de victimes y succombèrent! «pie de
larmes lurent versées par de sensibles parons ! que
de regrets, pour iie pas dire de remords , leur a fait
éprouver l’obstination qu’ils avaient mise à repousser
la main bienfaisante qüi s’était offerte à préserver
les objets de leur tendresse des traits de l’horrible
maladie à laquelle ils les avaient vus succomber! » (1)
Ainsi la petite vérole a menacé de reprendre son
empire premier dans les deux principales villes du
royaume. Il importe donc à l’époque actuelle de 11e
point délaisser par négligence l’unique moyen de
salut que noirs possédions pour la combattre, et de
saisir toutes les occasions qui nous sont offertes pour
propager la vaccine. La Société de Londres nous a
adressé des verres chargés de virus-vaccin extrait
de la vache. Les essais qué nous en avons fait n’ont
f
(1) Manuel-Pratique de la vaccine; par le D. Berger on. Parie 182t.
�(
)
pas encore répondu à l’attente du Secrétaire de ïd
Société qui nous en a fait hommage.
M. le D. Bergeron vient dé réveiller de nouveaii
l’attentioii des praticiens et des pères de famille,
en fesant paraître un manuel-pratiqüe de vaccine;
La précision et la clarté qui régnent dans ce mé
moire, l’exposition détaillée du développement et
de la marche de la vaccine , le tableau des consé
quences de la petite vérole, tels sont les points les
plus remarquables de cet opuscule. Deux portraits
lithographiés figurent à la tète de cet ouvrage; l’un
représente une jeune personne dont la figure est
outragée par la petite vérole, l’autre retrace l’em
blème d’une jeune femme parée de toutes les grâces
de la beauté, et que par l’effet préservateur de là
vaccine le virus contagieux n’a pu flétrir.
Si l’Angleterre sé glorifie de' la Société Jennériene,
la France renferme dans son sein un grand nombre
de Comités où sont rassemblés lés zélés propagateurs
de la vacciné ; la plupart des médecins qui les com
posent ont rivalisé de zèle et de soins pour en
étendre les bienfaits, aussi peuvent-ils eii apprécier
aujourd’hui les nombreux avantages : la génération
actuelle ne présente point en général les dégradati
ons physiques, triste résultat du virus variolique, et
par un heureux concours de circonstances, elle est
appelée à jouir et des avantages physiques que
la belle découverte de Jenner lui assure et des
avantages moraux que de nouvelles institutions sem
blent lui promettre. Les médecins de l’Angleterre et
de l’Ecosse ont rendu leurs écrits populaires et la
classe ouvrière de la société a vu figurer dans ses
ateliers l’avis de porter ses enfans à la société de
Jenner. En Franée lés médecins ont surpassé ce noble
exemple, nos Facultés comme au temps de Eordeu
�(
,55
)
ne se sont point montrées jalouses d’une découverte
qui ne leur appartenait pas, elles ont proclamé ses
bienfaits avec enthousiasme. La littérature médicale
s’est enrichie d’un grand nombre d’opuscules sur
la vaccine, et l’Institut de France a couronné en
1815 le jeune favori des muses qui chanta celle
utile découverte en vers harmonieux et sublimes.
Rien n’est plus hideux que l’aspect d’une ligure
outragée par la petite vérole: la physionomie, ou
pour mieux dire, le masque variolique de Mirabeau
fesait autant d’impression sur l’assemblée que sa mâle
éloquence ; aussi caractérisait-il lui-même sa laideur
par une expression énergique : on raconte qu’une
Dame qui ne le connaissait pas lui dit un jour à
l’assemblée: Monsieur, montrez-moi donc M. le Comte
de Mirabeau , on le dit prodigieusement laid ? Fi
gurez-vous, Madame, un tigre qui a eu la petite
vérole, èt vous pouvez vous convaincre delà vérité
du portrait, puisque c’est moi qui en suis l’original.
J. X. F.
S
i g a u d
.
P e I Z A s tr u ttu fa , dette f u n z i o n i , e d ette m a la ttie d é lia
m id otta s p i n a l e , opéra d i
Vincenzo
R
a c h
e t t i
,
P r q fe sso re d i p a to lo g ia , e d i m e d ic in a le g a le , n e lla
P . C.
U n ir e r s ità
di
P a r ia :
c’e st-à -d ire ,
d e la
s tr u c tu r e , des f o n c t i o n s e t des m a la d ie s d e la m o e lle
é p in iè r e ; p a r
Vincent
R
a c h e t t i
p a th o lo g ie e t d e m é d e c in e lé g a le ,
P a r ie . O u rra g e de
446
( I f
L ’H
is t o ir e
c e rta in e s
de
,
P r o fe s s e u r d e
à V Un ir e r s itè de
p a g . i n - 8. ° .
Milan 1816.
A r t i c le . J
d e l a m é d e c i n e o f f r e s o u v e n t le s p r e u v e s
ces
v é rité s ,
que
le s
d o c trin e s
q u i
êta-
�( *.96 )
blissént le mieux les règles de l’état de santé' sont
fondées sur l’observation de l’homme malade, et que
la versatilité des opinions, en physiologie, reconnaît
pour cause l’abus des expériences sur les animaux.
Persuadé que l’observation des maladies est le meil
leur moyen d’investigation, dans la recherché des
vérités physiologiques, le professeur Rachetti , à
l’exemple des anciens, s’est étayé de son secoués,
pour répandre quelque lumière sur les véritables
fonctions de la moelle épinière. 11 expose d’abord,
dans un tableau analytique, les progrès des con
naissances anatomiques sur la structure de cet or
gane. Les anatomistes les plus célèbres des teros
modernes, et de ce nombre, Vésale, Laurent, Picolomitti, Bérenger et surtout Blasius se livrèrent
Spécialement à l’étude de l’organisation de la moelle
épinière. A l’aide des dissections les plus minutieuses
et de la macération, ils parvinrent à connaître la
plus petite particularité de structure. Néanmoins les
opinions d’Hippocrate et de Galien sur les fonctions
de cet organe, et ses rapports avec le cerveau,fondées en grande partie sur l’observation des cas
pathologiques, prévalaient encore, et n’éprouvaient
aucune modification par l’effet des découvertes ana
tomiques. C’est ainsi que Huber, à qui la science est
redevable de la plupart de ces dernières, ne propo
sa rien sur les fonctions de la moelle épiuière, et
adopta, sans les modifier , les idées du père dé la
médecine. Mais lorsque pluS tard, d’autres hommes
célèbres, portèrent a un haut degré de perfection,
les recherchés anatomiques sur les nerfs, que les
expériences sur les animaux vivans se multiplièrent
à l’infini, le domaine de la physiologie s’accrut d’un
grand nombre de suppositions ingénieuses sur les
fondions du cerveau et de la moelle épinière. Deux
�( 257 )
Opinions entièrement opposées prévalurent: Ma3re rs
illustre anatomiste allemand , Arnemann renommé
par ses expériences sur les reproductions animales,
Frochter, auteur d’une description nouvelle de la
moelle épinière attribuèrent à cet organe les pro
priétés des nerfs, et le regardèrent comme le plus
grand de tout le corps humain. Soëmmering soutint
une opinion contraire: à l’exemple des anciens, il
affirma que la moëlle épinière n’était qu’un prolon
gement du cerveau et conforme en tout à cet or
gane. D’autres anatomistes célèbres prirent de nouveau,
part à cette lutte d’opinions , tels furent Vicq d’Azir,
Prockaska, Scarpa, Bichat, Wallher de Berlin, et
naguères en France, Chaussier, G all, Legallois; F.
Mekel, Carus, Doellinger, Ticdmann , en Allemagne;
Everard Home, Brodie, Wilson Philip, en An
gleterre.
En publiant uh Ouvrage ex-professo sur un sujet
aussi important, le professeur Bachetti, a eu pour
but de réviser les travaux de tant d’auteurs célèbres,
de montrer les lacunes que présente Fhistoire des
maladies de la moëlle épinière, et les moyens pro
pres à compléter cette partie intéressante et pourtant
négligée de la pathologie. Pour distribuer avec mé
thode un si grand nombre de matériaux scientifiques,
l’auteur a jugé convenable, d’examiner d’abord les
observations des anciens stir les usages et lés mala
dies de la moëlle, 2.0 d’exposer la structure de cet
organe, 3 .° de déterminer ses fonctions , 4.0 de tracer
fidèlement l’histoire de ses maladies*
Dans le premier chapitre de la première section
se trouvent rassemblés les divers passages du second
livre des prédictions et du traité des articulations
d’Hippocrate, relatifs aux fonctions et aux maladies
de la moëlle épinière* Le père de la médecine nous
1
17
/
�( a 58 )
avertit que ces dernières sont en général mortelles,
mais qu elles peuvent, lorsqu’elles ont leursiègeà la
région dorsale ou lombaire, entraîner des accidens
compatibles avec l’état de vie.
Soëmmcring ( n eb ér V e r r e n k u n g } u n d b ru ch des
R ü c k g r a d s . B e r lin 1793 ) rapporte un cas intéressant
qui confirme en partie la sentence d’Hippocrate. Une
femme à la suite d’une fracture avec luxation d’une
des vertèbres dorsales, vécut encore l’espace de cinq
mois, tourmentée de douleurs atroces, et fut entraî
née insensiblement au tombeau, par une gangrène
qui s’établit lentement sur les extrémités inférieures.
Les faits consignés dans les ouvrages des chirurgiens
français , et dans les monographies de P. Frank
( nratio a c a d e m ic a de v er te b ra lis co lu m n ce in rnorbis
d ig n ita te . DelecX. op u scu lo r. t. r 1 ) et de Thomas Copeland ( o b se rv a tio n s on th e sym p to m s a n d treatment
o f tlie d is e a s e d S p in e e tc. L o n d o n i 8 i 5 ) , appuyent
les observations d’Hippocrate.
Dans le second chapitre de la même section, le
professeur Raclietti expose les théories des anciens
sur la structure, et les fonctions de la moelle épinière,
déduites de l’observation des maladies. Aretée de
Cappadoce expliqua le premier les phénomènes de
la paralysie, par l’entrecroisement des nerfs du
cerveau ; mais il n’admet point une direction sem
blable de fibres dans la moelle épinière. Cassius
Jatrosophiste qui vivait à la même époque prétendit
que tous les nerfs se croisent à volonté et se rendent
de leur point d’origine à la partie opposée. Les
doctrines de Galien sur la moelle épinière, dignes
d’admiration pour les tems reculés où elles furent
imaginées, furent déduites en grande partie de l’ob
servation des maladies , et des recherches anatomiques
tentées sur les mammifères et les singes en particu-
�( 2 ->9 )
'
lier. En exposant les travaux de Galien sur les nerfs j
le cerveau et la moelle épinière, le Professeur Raclietti ehtre dans une foule de détails qui rendent
sou commentaire plus prolixe que profond. Des ré
pétitions fréquentes n’ajoutent souvent rien à la clarté
d’un sujet. L’auteur, nourri de la lecture des é'crits
d’Hippocrate et de Galien , montre entièrement sà
déférence pour tout ce qu’ils nous ont transmis, et
se complaît à citer des passages où l’on chercherait
envain des traces de description relative aux mala
dies de la moelle épinière. Aussi l’on peut le com
prendre sans hésiter, au nombre des érudits qui
trouvent toutes les maladies connues, dans les œuvres
du père de la médecine. Les successeurs de Galien,
iels que Cœlius Aurelianus j Aëtius prêtèrent peu
d’attention à la Moelle épinière dans le traitement
de la paralysie. En voulant s’écarter des doctrines
du médecin de Pergame , Alexandre de Tralles tomba
dans de graves erreurs. Le Professeur Rachétti dé
montre , par les faits consignés dans Poùvrage de
Frank , et ceux qu’il a recueilli dans sa pratique
privée , les fausses interprétations qu’Alexandre de
Tralles fit des écrits de Galien. Les anciens , au Moyen
des dissections et dé l’observation des maladies, par
vinrent à découvrir ces vérités importantes: i .° 'qrié
la moelle épinière est absolument nécessaire au main
tien de la vie, qu’en général toute lésion gravé de
cet organe, test suivie de la Mort: 2.0 que la Moelle
épinière, de concours avec le cerveau , préside au
sentiment et ait mouvement: 3 .° que suivant le lieu
de la moelle qui se trouvait lésé, la paralysie frap
pait telle partie et Correspondait aux extrémités su
périeures ou inférieures : 4.0 que la mort arrive
subitement dans les cas de division , ou de froissetoent de l’organe médullaire, que dans certains cas,
�( 260 )
ces désordres graves se manifestent dans une ou plu
sieurs fonctions , telles que la respiration , la voix,
la nutrition d’une partie, l’évacuation de l’urine ou
l’expulsion des matières fécales, etc.
J. X. F.
D is s e r t a t io n
s u r la
règne à
la
F lory ,
D o cte u r en
1820
j
m a la d ie
G u a d e lo u p e ;
in - ^ .°
de
q.3
SlGAUD.
d ite J iè u r e j a u n e
qui
J. E. A. AviENYM o n t p e l l i e r 16 août
par M .
m é d e c in e .
p a g ., a v e c c e tte
é p ig r a p h e :
Q u æ q u e ip s e m is e r r im a x id i.
Æneid. lib. 2.
U ne dissertation inaugurale, dernier acte proba
toire pour parvenir au doctorat, n’est le plus souvent
qu’une compilation dont le mérite consiste tout en
tier dans la disposition des matières , comme dans la
manière claire et précise de traiter le sujet. Il est, tou
tefois, des jeunes adeptes qui ne produisent pas
seulement le résultat de quelques années d’étude ;
ils font éclore aussi le fruit d’une pratique qui, bien
que resserrée, ne laisse pas d’être d’une grande
utilité. M. Flory a pleinement justifié cette assertion,
en prenant pour sujet de sa thèse une maladie
qu’il a eu l’occasion d’étudier avec soin dans une
contrée où elle règne.
Son ouvrage est divisé en trois paragraphes où il
expose successivement: i .° l’apperçu topographique
de la Guadeloupe; 2.0 l'histoire de la fièvre jaune,
ses causes, ses symptômes, ses crises, son traitement,
sa contagion et sa nature , d’après l’observation prise
au lit du malade et l’autopsie cadavérique ; 3 .° enfin,
quelques moyens prophylactiques , pour les personnes
qui passent aux Colonies.
�C 261 )
Un petit fleuve divise la Guadeloupe en deux
parties: la C a b es-terre , la plus considérable, présente
une infinité de sources et n’a point de marécages ;
aussi, l’air y est-il pur ; d’ailleurs, il est raffraichi
par les vents alizés qui varient de l’est à l’est-nord
et sud , et qui soufflent du large depuis 9 heures
du matin jusqu’à 4 heures du soir. Cette partie de
la Colonie a une ville appelée B a s s e -T e r r e qui est
fort bien située. L ’autre partie, la G ra n d e-T e rre , où
l’on remarque une ville, mal située , nommée P o in t e è - p i t r e , est moins fertile, privée d’eau, les vents
alizés n’y sont point sensibles, de sorte que la cha
leur y est très forte.
On ne compte que deux saisons à la Guadeloupe:
l’été, qui dure depuis l’équinoxe d’automne jusqu’au
solstice d’été, est la saison moins chaude, moins
humide et conséquemment plus favorable aux étran
gers, l’autre saison , l 'h iv e rn a g e , est remarquable par
une grande chaleur et des pluies continuelles ; elle
est l’époque de la mortalité parmi les Européens ,
ce qui les oblige quelquefois à se réfugier daus la
Cabes-terre,
Ce court exposé suffit pour faire apprécier les
causes procréatrices de la fièvre jaune dans une
partie de la colonie, tandis que dans l’autre elle
se montre rarement.
Passant à l’histoire de ce fléau, l’auteur rappèle
qu’on l’a nommé m a l d e s i a m , v o m ito p r ie t o , ty p h u s
icterodes, J iè v r e j a u n e , e tc . Il soutient ensuite qu’il
n’existe pas d’analogie entre cette maladie et les
épidémies observées par Hippocrate , ni entre la
peste qui ravagea l’Attique durant la guerre du
Péloponèse, et il se borne à remonter aux décou
vertes de Cristophe-Colomh, pour reconnaître l’exis
tence de la fièvre jaune j ayant soin de faire mention,
�( z6 2 )
suivant l’ordre chronologique , d’une multitude d’épor
ques notables auxquelles cette fièvre s’est reproduite
successivement.
Tels pays où elle se montrait jadis avec fureur
en présentent à peine quelques traces, depuis 1$
précaution qu’on a eue de les assainir, eu comblant
des marais, etc. Il est de fait qu’elle se développe
aux Antilles par des causes purement locales, et
qu’elle n’y est point apportée.
Les causes prédisposantes, ainsi que les occasion
nelles, dont l’auteur s'occupe séparément pour fa
ciliter la classification, sont tracées avec méthode,
et il annonce, avec MM. Valentin et Ball-y, qu’il
n!en est pas de plus apte à produire la maladie que
la suppression brusque de la transpiration.
Les symptômes sont détaillés dans la description
des trois périodes de la fièvre jaune ; ils sont con
formes à ceux qui ont été publiés par les estimables
observateurs de cette terrible maladie.
Les crises fixent aussi un instant l’attention de
M. Flory. Il les considère ici comme des changemens subits qui apportent du mieux dans l’état
du malade. Les vomissemens noirs, la suppression
des urines n’ont jamais été regardés comme cri
tiques ; mais une abondante sécrétion d’urine est
favorable, ainsi que des nombreuses selles bilieuses,
et une abondante sécrétion des mucosités des glandes
du gosier. Enfin , plusieurs hémorragies nasales,
survenues vers le 7." jour, sont critiques, suivant
l’auteur, qui n*a du lui-m êm e son salut qu’à des
évacuations de cette nature.
Parmi le grand nombre de méthodes de traiter
la fièvre jaune, on peut distinguer comme princi
pales , la méthode tonique et excitante, et la mé
thode débilitante. Celle-ci, par ses avantages majeurs.
�(
263
)
devrait être préférée, s’il n’était pas anti-philoso
phique de se prononcer en faveur d’un système
exclusif. D’ailleurs, la maladie parcourt des périodes
qui réclament indistinctement l’une et l’autre méthode.
De tous les moyens préconisés contre cette ma
ladie, il n’en est pas de plus convenables, que les
évacuations sanguines, les fomentations émollientes
à l’épigastre , un bain émollient , une tisane faite
en versant plusieurs pintes d’eau bouillante dans
un vase contenant de la chicorée douce et quelques
tranches d’orange surre, que l’on édulcore conve
nablement avec le gros sirop. On doit proscrire les
vomitifs et les drastiques, mais les minoratifs peu
vent être utilisés. Quelques cuillerées de décoction
de quinquina sont très avantageuses dans la seconde
période , alors qu’il n’existe plus d’irritation; et celleci est combattue avec fruit, au moyen des boissons
mucilagineuses, si elle est o.ccasipnée par l’écorce
du Pérou.
L’auteur ne croit pas devoir s’arrêter à d’autres
moyens curatifs, non plus à l’opiniou du professeur
Mitchill qui, dans l’idée que la fièvre jaune doit
«on origine à un gaz acide septique, regarde les
alcalis comme les antidotes. 11 est à observer que
ce P.r est en contradiction avec le D. Giannini qui
attribue au principe acidifiant la propriété de dé
composer le cnntagium de la fièvre jaune.
M. Flory partage l’opinion généralement reçue
dans les Colonies, que la fièvre jaune n’y est point
contagieuse. « Elle est simplement, dit-il, une ma
ladie endémique dans certaines îles des Antilles oit
l’on observe une grande chaleur jointe au défaut de
ventilation, et épidémique dans quelques autres où
ces causes ne sont point constantes. La Guadeloupe,
par exemple, nous en offre l’image parfaite ; en
�( *64 )
effet, de deux villes qui la composent, l’une , Pointe*
à - p it r e , où se remarquent constamment les causes
ci-dessus examinées , offre continuellement la pré
sence de la fièvre jaune; l’autre, au contraire,
B a s s e -te r r e -, où les causes n’existent point, est très
saine, bien qu’elle commerce avec la première, et
la fièvre jaune ne s’y établit que par la présence
d’upe chaleur excessive et le défaut de ventilation. »
Sans la crainte de pousser trop loin notre ana
lyse , nous rapporterions quatre observations inté
ressantes, dont deux sont suivies de détails relatifs
à l’autopsie cadavérique. Nous dirons seulement que
ces détails viennent à l’appui des belles recherches
pathologiques sur la fièvre jaune, publiées en 1812,
par le professeur Thomasini, et dont il couste que
cette affection est dépendante d’une inflammation
ayant son siège sur la membrane muqueuse du con
duit digestif, sur le foie et sur les reins. Telle a été
aussi l’opinion de M. Dubreuil, professeur d’ana
tomie à Toulon, qui se trouvant à la Martinique,
en 1817, publia un mémoire dans le sens du pro
fesseur de Parme, dont il ne connaissait pas l’ouvrage.
L’auteur trace un plan de conduite hygiénique
en faveur des personnes qui doivent passer aux Co
lonies, et il les examine: i.° avant leur départ: z .° pen
dant la traversée ; 3 .° à leur arrivée sur le pays. De
sages préceptes , que dicte la prophylactique , sont
exposés avec clarté et la section qu’ils constituent
n’est pas la moins importante.
Nous ne finirons pas sans représenter que M. Flnry
aurait dû soigner davantage son style; mais que sa
dissertation est écrite avec méthode et précision. On
voit, d’ailleurs, avec plaisir qu’il a essayé de la
calquer sur les œuvres du père de la médecine et
�( 265 )
qu’il a suffisamment exécuté son dessein, pour méfiler les suffrages de la Faculté.
P. M. Roux,
L
e t t r e
sur
A udoUABD,
la c o n ta g io n de la J iè v r e j a u n e ; p a r M .
D . M . M . M é d e c in des h ô p ita u x m i li
ta ire s de P a r i s , C h e v a lie r de l ’ Ordre R o y a l de la
L é g io n
d ’H o n n e u r ,
a n c ie n
M é d e c in
des
h ô p ita u x
m ilita ir e s de V é n is e et de R o m e , des arm ées d 'E s
p a g n e , d 'A lle m a g n e e t de R u s s ie , a n c ie n
m é d e c in
p r in c ip a l d u o n z iè m e corps de la g ra n d e a rm ée e n
ï 8T3 ,
M em bre des S o c ié té s de M é d e c in e de P a r is ,
en réponse à celle (i) de
M. le D. Jn. SÉDILLOT, 7/2-8.° d e 2a p ag. P a r is .
de M o n tp e llie r , e t c ., e t c .,
O n a vu M. Sédillot combattre pour les mots
v ir u s,
et in fe c tio n ; nous verrons bientôt
M. Audouard uniquement occupé à défendre des prin
cipes. Puisse la rapide analyse que nous allons donner
de sa réponse, suffire pour mettre le lecteur à même
de juger deux médecins recommandables, également
attachés à la recherche de la vérité!
Après s’être énoncé, dans un court préambule, avec
toute la déférence qu’exige la confraternité, M.
Audouard demande à M. Sédillot ce qu’il entend par
fièvre jaune, s’il s’agit d’une maladie nouvellement
introduite dans le cadre nosologique.
Les climats ne font ni des êtres nouveaux ni des
maladies nouvelles, mais seulement il les modifient,
On sait que Lind, Pringle, Jean Hunier, BenjaminRush et Millers ; que les médecins français Poisson
nier-Desperrières , Gilbert, Leblond, Berthe, Chem ia sm e s, c o n ta g io n
(i)
Voy. la page
36
et suiv. de notre premier
a.°
�( 266 )
valïer, Savaresy, Cailliot et Bally ont regardé la
fièvre d’Amérique comme n’étant qu’une variété des
fièvres bilieuses malignes, des intermittentes perni
cieuses et des typhus d’Europe, portée à son plus
haut dégré d’intensité par l’influence du climat.
M. Audouard retrace ensuite ce qu’il a démontré
dans ses rech erch es su r les J iè v r e s in te r m itte n te s , que
la peste, la fièvre jaune, le typhus et la fièvre in
termittente pernicieuse qui se partagent le globe,
constituent une seule maladie, et il fait voir, d’une
part, que la fièvre jaune se trouve associée à des
maladies contagieuses, et de l’autre, qu’elle n’est
qu’une variété de la fièvre bilieuse des pays chauds.
M. Sédillot ne saurait nier cette association et cette
conformité de nature des quatre grandes maladies,
dès qu’elles sont produites, suivant lu i, par des mi
asmes. Il est vrai que, d’après sa manière de voir,
i l n ’y a p o in t id e n tité d a n s le s m ia sm e s procréateurs
des m a la d ie s , n i d a n s le s m a la d ie s
qu' i l s produisen t.
Mais M. Audouard oppose à cette assertion des dé
tails aussi justes que lumineux, et s’étonne de ce
que son adversaire rejette- l’identité de nature des
miasmes, tandis qu’il admet la théorie de M. Devèze
sur l’infection, de M. Devèze qui a reconnu que
les miasmes sont de même nature, quoiqu’ils pro
viennent de lu décomposition putride des végétaux
et des animaux, d’une grande réunion d’hommes, etc.
Puis l’auteur soutient encore avec M. Devèze, et
il avait soutenu avant lui, que les maladies qui pro^
viennent des miasmes sont de même nature, quoi
qu’elles aient des formes différentes. «, Les miasmes?
en effet, produisent, dit - i l , les quatre fléaux qui
ravagent la terre , ou quatre variétés d’une seule
maladie qui n’a pas encore reçu un nom particulier,
dont les terribles fièvres de Guinée, des îles de la
�( 267 )
Sonde, de Bornéo, de Siam, et même les typhus
d’Écosse et d’Irlande, ne sont que dessous-variétés;
et q u i, vu qu’elle s’étend aux quatre parties du
globe, pourrait être surnommée universelle ou iétrcigéogénique, comme je l’ai déjà fait figurativement. »
Cette opinion est d’awitant plus spécieuse, ce sem
ble, qu’elle est basée sur des exemples de médecins
célèbres qui ont observé que la fièvre jaune, la peste,
les fièvres intermittentes, le typhus prennent réci
proquement des caractères spéciaux , sinon toutes
les formes de chacune de ces affections.
L ’auteur engage M. Sédillot à ne plus repéter,
d’après cent échos infidelles, que l’intrépide Desgenettes s’est inoculé la peste, et qu’il ne l’a pas eue.
M. DeSgenettes avoue lui-même Ç hist. méd. de l'ar
mée d’Orient, p. 88 J: « Ce fut pour rassurer les
imaginations et le courage ébranlé de l’armée, qu’au
milieu de l’hôpital je trempai une lancette dans le
pus d’un bubon appartenant à un convalescent de
la maladie au
et que je me fis une
légère piqûre dans l’aine, etc. et pag. 89, il ajoute:
« Cette expérience incomplète et sur laquelle je me
suis vu obligé de donner quelques détails à causé
du bruit qu’elle a fait, prouve peu de chose pour
l’art. Elle n’infirme point la contagion démontrée
par mille exemples, etc. » Déjà, à la page 78 et 87,
M. Desgenettes a considéré le
de la
peste comme l’état le plus simple et le plus exempt
de contagion. M. Audouard rapporte encore plusieurs,
passages qui ne tendent pas peu à justifier que les
citations de son Antagoniste portent évidemment à
faux, et il lui oppose à son tour M. Desgenettes.
qui divise la peste en trois degrés, et la regarde
comme nullement contagieuse au premier degré seu
lement, ce qui porte à inférer que cette maladie,
p
r
e
m
i e
r
d
e
g
r
,
é
p
r
e
m
i e
r
d
e
g
r
é
�( 268 )
l ’une des quatre variétés de la tétragéogénique , ne sé
communique point lorsqu’elle est simple ou bénigne,
et qu’elle n’est contagieuse qu’autant qu’elle est par
venue à un très haut degré d’intensité.
Ces considérations sont applicables aux trois autres
variétés de la maladie universelle, et c’est pourquoi
l ’auteur a écrit qu’aucune d’elles n’est contagieuse
essentiellement, et que toutes peuvent l’être acci
dentellement. Étayé de ces principes, il convient
que ces maladies peuvent se montrer spontanément,
car les miasmes activés par la chaleur les suscitent
également. Mais il soutient qu’elles peuvent se ré
pandre ensuite par contagion, tandis que M. Sédillot
prétend que c’est par infection, et que cela a lieu sur
tout dans la fièvre jaune, soit qu’elle reconnaisse pour
cause les miasmes qui s’exhalent des marais, ou qu’elle
provienne de l’air respiré dans le voisinage d’un
homme qui en serait gravement atteint.
Après quelques remarques pour démontrer com
bien cette opinion est erronée, M. Audouard cite
à propos l’art, contagion du diction, des sciences
médicales, où M. Nacquart avance q u ’ u n e sorte de
p o lle n
c o n ta g ie u x p e u t v o ltig e r à q u e lq u e s p o u c e s du
et il fait observer, avec infiniment de jus
tesse , qu’un malade qui vicie l’air qui l’entoure et
qui devient un centre de fluxion dans lequel on
contracte la fièvre jaune, peut, à plus forte raison,
transmettre sa maladie, si l’on se met en contact
avec lui.
M. Audouard reproche ensuite à M. Sédillot: i.°
d’avoir publié que MM. Nacquart etDevèze ont intro
duit en médecine l’expression de m a la d ie s m ia s m a
t i q u e s , puisque Sauvages a réuni sous le nom de
m o rb i m ia s m a tic i (classe vi de sa nosologie ) toutes les
lièvres pestilentielles, épidémiques, contagieuses etc. j
m a la d e ,
�( ^9 )
a .0 «l’avoir annoncé que M. Devèze à établi le pre
mier la belle distinction entre les maladies qui se
reproduisent p arla contagion, et celles qui naissent
de l’infection , attendu que cette même distinction n
été faite et publiée, en 1743, par Quesnay, dans
les m ém oires de V a c a d é m ie ro y a le de c h i r ., tom e 1.
L ’auteur finit par une conclusion que nous goû
tons et que les médecins qui savent garder un juste
milieu goûteront comme nous, vu qu’elle est sage et
qu’elle donne l’idée la plus naturelle qu’on doive se
faire de la manière dont la fièvre jaune se reproduit.
Voici le texte de celte conclusion: « Ainsi je vous
accorde que la fièvre jaune qui survient spontané
ment est du domaine de l’infection, parce qu’elle
reconnaît pour cause un air infecté par les miasmes
qui sont produits par la décomposition putride des
végétaux et des animaux; mais je vous prie de re
connaître que les miasmes ou molécules miasmatiques
qui s’élèvent du corps de l’homme qui souffre de
eette maladie, ont quelque chose de spécifique; qu’ils
sont analogues aux virus ; que portés sur un homme
sain , ils lui transmettent une maladie de la nature
de celle qui les a produits; que ce transport médiat
ou immédiat se fait par le contact des molécules
miasmatiques, et que ce mode de transmission est
une véritable contagion. »
La réponse de M. Audouard est, comme la lettre
de M. Sédillot, composée sans aigreur, et unique
ment dans des vues de philanthropie ; elle est in
téressante sous hien de rapports, et notamment sous
celui de l’érudition qui hrille à chaque page ; elle
est telle, en un mot, qu’ils doivent nécessairement
la consulter, ceux qui traiteront désormais la grande
question de la contagion ou non - contagion de la
�( 27 & )
fSèVre jaune. Toutefois, il est à désirer que lés riiédecins cessent de s’épuiser en longues discussions
qui ne sont que des logomachies.
P. M. Roux.
N o t ic e su r V extraction d'un nouveau sel neutre contenu
d an s le poivre ; p a r M. P o u î Ë T .
O n lit dans le journal complémentaire du diction
naire des sciences médicales ( février 1821 ), que le
docteur Louis Franck , médecin à Parme , a obtenu
la guérison de fièvres intermittentes, au moyen
d’un certain nombre de grains de poivre entier ( pi
per nigrum ).
Cette annonce m’a suggéré l’idée de continuer
l’examen chimique du poivre et d’y rechercher la
substance la plus activé. M. le Professeur (Erstaed
(2) assure avoir découvert dans le poivre un nouvel
alcali végétal auquel il a donné le nom de pipéririe.
M. Œfstaed ne dit dans aucun endroit de son ob
servation , si Cet alcali est ou non cristallisàble, et
ne relate point les expériences au moyen desquelles
il a pu constater sou alcalinité; il se Contente seu
lement d’observer qu’il a préparé, avec la pipériné
et les acides sulfurique et acétique, des sels presque
insolubles, et finit par communiquer le procédé au
moyen duquel il obtient le nouvel alcali végétal.
« Ce procédé consisté à extraire par de l’alcool la
« résine contenue dans le poivre ; la solution qui en
» résulte contient la pipériné. On ajoute de l’acide
« muriatique et de l’eau ; la résine est précipitée par
( t ) Journal de physique, février
àoût de la même année-
18 20
,
et
journal
de pharmacie,
�( 271 )
IVau ; le mimate île pipérine resie en dissolution ;
on fait évaporer l'alcool; le liquide filtré contient
le muriale de pipérine qu’on peut décomposer par
la potasse pure qui précipite la pipérine. »
Depuis ce court exposé de M; Œrstaed, ce Pro
fesseur'n’ayant plus rien publié sur la même ma
tière, j ’ai été conduit à m’occuper de l’examen du
poivre par le procédé que MM. Pelletier ët Caventou
ont employé pour l’extraction des nouveaux alcalis
du quinquina (i),
A cet effet j’ài préparé une infusion alcoolique
d’une livre de poivre rond pulvérisé, connu dans
le commerce, sous le nom de poivre dur de Batavia.
Je l’ai filtrée et l’ai faite évaporer lentement au bainmarie. Sur la fin de l’évaporation, il s’est isolé, avec
très peu de liquide aqueux, environ deux onces de
matière résineuse, semi fluide , de couleur verdâtre,
et d’une saveur de poivre insupportable.
Cette résine a été traitée à chaud par de l’eau
légèrement acidulée avec l’acide hydro - chloriquè.
La résine ne paraissait pas changer de nature. On
n’observait pas , comme dans le traitement de l’extrait
«
«
«
«
( i ) D a n s la p r é p a r a tio n
d es ba ses s a lifia b le s d es q u in q u i n a s , j’ a i
pu m ’ a s s u re r d ’a b o r d q u e le q u in q u in a ja u n e n e p r o d u is a it q u e de
la q u in in e , in c r i s t a l l i s a b l e ,
m a is q u e sa c o m b in a is o n
avec
l ’a c id e
su lfu riq u e à i o d e g r é s , d o n n a it lie u à la fo r m a tio n d ’ u n b e a u g r o u p e
de s u lfa te d e q u in in e , b l a n c , s o y e u x c o m m e d e l’a m i a n t e , e t b ie n
plus a m e r q u e
la q u in in e
e lle - m ê m e . J e
p a s s e ra i sous s ile n c e le s
faits q u i a c c o m p a g n e n t l’ e x t r a c t io n d e la c in c h o n in e e t d e la q u i
nine re c e lé e s d a n s le q u in a r o u g e r o u lé . J ’o b s e r v e r a i s e u le m e n t q u e
le p rocéd é d e M M . P e l le t ie r
e t C a v e n to u p o u r l ’ o b te n t io n
b a se s, m ’a p a r fa it e m e n t r é u s s i , e t
d e ce s
q u e , s u r to u t le g ra n d ex cè s de
m a g n é s ie , p o u r s a t u r e r l ’h y d r o - c b lo r a t e d e q u in in e
i iin ê , est a b s o lu m e n t n é c e s s a ire p o u r b ie n
o u d e c in c h o -
d é c o lo r e r le s e a u x d u
la v a g e , e t e n tr a în e r les b a ses s a lifia b le s d e q u in q u in a a v e c la la e que m a g n é s ie n n e .
�( 27 2 )
1-ésinoïde des quinquinas, sa réduction à l’état pul
vérulent. Au contraire, son état résiniforme et gluant
ne cessait de se maintenir, et l’eau acidulée n’était
nullement chargée de ce principe âcrë qui distingue
éminemment la matière résineuse.
Doutant, par-là, du succès de cette expérience, je
portai même le mélange à l’ébullition, après avoir
augmenté la dose de l’acide bydro-chlorique, sans
observer des résultats bien satisfaisans. Je me déci
dai pourtant à filtrer l’eau acidulée et à l’isoler de
la résine pour la soumettre à' d’aUtres opérations.
La magnésie pure fut ensuite employée en grand
excès pour saturer l’eau acidulée. Ce mélange étant
filtré de nouveau , la lacqué magnésienne , d’un blanc
jaunâtre, resta sur le filtre; la liqueur qu’on en iso
lait n’avait aucune saveur de poivre. Après plusieurs
lotions à l’eau distillée, la lacque était légèrement
âcre ; exposée à l’action du bain-marie pour la des
sécher complettement, elle fut divisée dans un mor
tier de verre et traitée par l’alcool à 40 degrés.
Cette combinaison fut encore jetée sur un filtre.
L ’alcool paraissait peu saturé, à la dégustation, de
la substance âcre que j ’y recherchais. Evaporé len
tement, il a produit une très petite quantité de subs
tance saline, d’une saveur de poivre, ni acide, ni
alcaline.
La matière résineuse qui avait échappé à Faction
de l’acide liydro-cblorique, au lieu d’être traitée
par le procédé dont le D. Gomés s’est servi pour
l’obtention de son cinclw nin, c’est-à-dire, avec de
l’eau légèrement alcalisée avec la potasse, fut d’abord
combinée avec une solution de potasse caustique à
20 degrés. Le mélange à l’état savonule, prit d’abord
un peu plus de consistance ; sa couleur de verte
qu’elle était, fut bien moins intense. Dans cet état,
�( 27 3 )
’étendis le mélange d’eau pure, et je pus observer
a division de la matière résinoïde sous forme presque
pulvérulente. Le tout fut soumis à la filtration, et
la matière résinoïde fut encore lavée avec de l’eau
faiblement alcalisée ; réduite à des molécules plus
divisées, cette matière fut bien lavée à l’eau dis
tillée froide. Le lendemain et sans attendre sa par
faite dessication, je la séparai du fdtre, et la fis
dissoudre dans l’alcool à 40 d. La filtration de ce
mélange étaiit opérée, je fis évaporer lentement, dans
une capsule, la liqueur alcoolique ; parvenue à un
fcerlain degré de concentration, au moyen de la
quelle on pouvait appercevoir une légère pellicule
à la surface de la liqueur, je retirai la capsule du
feu pour laisser cristalliser la substance qui fesait
l’objet de mes recherches. J ’obtins dans l’espace de
deux heures une réunion de cristaux d’un blanc
verdâtre. Au-dessous de 8 à 10 grammes de ces
ëristaux, se trouvait environ 6 grammes d’une huile
verte résinoïde extrêmement âcre.
Cette substance saline redissoute dans l’alcool pour
la purifier, produisit, par le refroidissement, un
groupe de cristaux brillans et cassans , presque aùssi
verdâtres qu’avant leur purification.
Ce sel possède éminemment l’odeur et la saveur
du poivre ; sa saveur âcre augmente lorsqu’on le
combine avec l’alcool ; il est peu soluble dans l’eau
et se dissout parfaitement dans l’alcool. Sa solution
alcoolique est sans action sur le sirop violât et sur
la teinture de tournesol. Ce dernier réactif, rougi
par un acide, n’est pas ramené au bleu par la so
lution saline. Ce sel jouit par conséquent des pro
priétés d’un sel parfaitement neutre.
Maintenant, quelle dénomination consacrer à cette
substance saline? Est - ce un pipérate de pipérine
I
18
i
�( 274 )
Pour établir un jugement sain sur la nature de sa
composition , ne faudrait - il pas isoler de ce sel
l ’acide pipérique et la pipérine, si toutefois ils y
existent. Quoiqu’il en soit, je pense qu’il est plus
convenable de lui donner le nom de pipérin, à
l ’exemple de MM. Henri etCaventou , qui ont trouvé
une substance saline neutre dans la gentiane, et
qu’ils ont dénommée gentianin. 11 est bon de re
marquer que la plus petite quantité d’un acide quel
conque , ajoutée à la solution alcoolique du pipérin, fait passer au rouge permanent la teinture de
tournesol.
Mais pour m’assurer si ce sel ne participait pas
de l’acide hydro-chlorique ou de la potasse employés,
je l’ai fait dissoudre dans l’alcool ; le nitrate d’ar
gent n’y a opéré aucun précipité ; l’acide tartrique
en excès, également dissous dans l’alcool et combiné
avec la solution alcoolique du pipérin, n’y a occasioné aucun changement.
La matière résineuse, avant ou après l’action de
l ’acide hydro-chlorique et de la potasse , exerce une
action brûlante sur l’organe du goût et sur les
parties délicates du système dermoïde.
Ici s’arrête la rédaction de ma notice jusqu’au 6
juin, époque à laquelle les annales de chimie d’avril
•sont arrivées à Marseille. Après avoir parcouru l’ar
ticle pipérin (i) de M. Pelletier, j ’ai reconnu à ma
( i)
L e s fla c o n s
q u i c o n t e n a ie n t c e tto s u b s ta n c e s a l i n e , éta ie n t
.é t iq u e t te s p ip é r in , u n m o is a v a n t l ’a r r iv é e d e s a n n a le s d e
ch im ie
e t d e p h y s iq u e d ’a v r il 1 8 2 1 , d a n s le s q u e lle s M . P e l le t ie r , e u donn an t
u n e a n a ly s e d u p o iv r e n o i r , a é g a le m e n t t r o u v é le p ip é r in d o n t il
a d é te r m in é la fo r m e c r is ta llin e , e n p r is m e s q u a d r ila tè r e s . E n re
l a t a n t les
o r ité
f a i t s , je n e p ré te n d s p as n é a n m o in s a v o ir p a r t à la p ri
s u r l ’e x tr a c t io n
d e c e t t e n o u v e lle s u b s ta n c e . J ’a c c o r d e fra n
c h e m e n t c e tte p r io r ité à M . P e l le t ie r q u i a le p r e m ie r p u b lié son
�( * 7* )
Substance saline lés mêmes propriétés décrites par
ce chimiste , en là mettant en contact avec les acides
minéraux concentrés: elle rougit fortement par l’a
cide sulfurique; m ais, si à une solution alcoolique
du pipérin , on ajoute l’acide sulfurique concentré ou
affaibli, le mélange reste verdâtre. En ajoutant de
l’eau piire à ce mélange, il blanchit tout-à-coup à
la manière des solutions alcooliques des huiles vo
latiles , également combinées à ce fluide.
Cependant, comme M. Pelletier , dans son analysé
du poivre, d’ailleurs pleine d’intérêt et de savantes
recherches , n’a pas procédé à l’examen de Cette
substance par la distillation à la cornue , j’ai entre
pris d’abord Cette opération, sous ce point de vue;
ensuite, parce que Lémery dit dans son cours d'his
toire naturelle dès drogues, que les diverses espèces
de poivre noir, blanc et lon g, contiennent toutes
un sel volatil et de l’huile, sans qu’il fasse men
tion dans son cours de chimie , du poivre ou des
produits qu’il y suppose.
trav ail. M o n b u t , e n é o m m u n iq u a n t n ie s e x p é r ie n c e s , e s t d e fa ir e c o n
n aître q u e les r é s u lta ts q u e j ’a i o b te n u s s u r le p i p é r i n , s o n t p a r
fa ite m e n t a n a lo g u e s à c e u x d e M . P e lle t ie r . L e p r o c é d é p o u r l’o b
ten tio n d e
c e tte
s u b s ta n c e s a lin e *
d o n t i l p a r a it q u e je n ie su is
occupé p r e s q u e e n m ê m e te m s q u e c e t h a b ile
c h i m i s t e , v a r ie e n
ceci d ’a v e c
p u re
le m ie n ,
que
j ’e m p lo ie la p o ta sse
à 20 d e g r é s ,
après l’a c t io n d e l ’a c id e I r y d r o - e h lo r iq u e trè s é te n d u s u r la m a t iè r e
ré silie u se , e t q u e l’ a c t io n d e la p o t a s s e , e n d iv is a n t c e lt e m a t i è r e ,
p ara it c o n t r ib u e r à la p r o m p te o b t e n t io n d u p ip é r in , d a n s le jo u r
de l’ o p é r a t io n , a u
lie u
que
M . P e l le t i e r
n e l’ a v u
se c r is ta llis e r
que dan s tr o is jo u rs . J ’a v a is m o n tr é le p ip é r in à p lu s ie u r s m é d e c in s
d istin gu és
d» n o tr e
v ille
e t à m o n c o llè g u e
M . B esso n
f il s ,
qui
Æ’a v a it c o m m u n iq u é a p rè s m o n t r a v a il s u r le p o i v r e , la le t t r e d e
■ M. Œ r s t a e d t , in s é r é e d a n s le jo u r n a l d e p h a r m a c ie d u m o is d ’a o û t
1820, c ir c o n s ta n c e p r in c ip a le q u i m ’a d ’a u t a n t p lu s a r r e té d an s la
p u b lic a tio n d e m e s r é s u lt a t s ,
q u e j ’a v a is à e x a m in e r s c r u p u le u s e
ment c e u x d a M . Œ r s ta e d t s u r l ’e x is te n c e d e la p ip é rin e *
�( 27 6 )
Pour lever tout doute à cet égard, j’ai introduit
dans une cornue de verre, une livre du même poi
vre rond concassé, de Batavia, qui m’avait produit
le pipérin. J ’y ai adapté une alonge et un ballon
tubulé auquel j’ai placé un tube de sûreté. De ce
ballon partait un autre tube qui plongeait dans
un flacon d’eau distillée , colorée avec la teinture
de tournesol ; à ce dernier flacon , correspondait aussi
un tube qui communiquait avec un vase contenant
de l’eau pure et de la teinture de tournesol rougis
par un acide. Eufln le dernier flacon de cet appareil
recelait de l’eau de chaux.
Dès l’instant que le feu a porté son action sur
le poivre , il a distillé deux liquides incolores, dont
l’un verdissait le sirop violât et ramenait au bleu
Ja teinture de tournesol rougie par un acide. L ’autre
qui surnageait le liquide alcalin, était une huile
volatile limpide, vaporisable et parfaitement com
bustible. Je la nommerai etheroleum piperis.
L ’appareil ayant été débité pour isoler les premiers
produits, je l’ai promptement luté de nouveau. Un
coup de feu plus violent, ayant été appliqué sous
la cornue , il a passé abondamment des vapeurs
blanches et beaucoup de gaz acide carbonique. L’eau
de chaux a totalement précipité en blanc, et la tein
ture de tournesol du i.cr flacon a passé au rouge
grenade. Les vapeurs condensées donnaient toujours
une huile brune et un liquide plus pesant au fond
du matras. Une portion d'huile volatile s’était même
portée jusque dans le second récipient. Enfin, un
dernier coup de feu prolongé pendant 2 à 3 heures,
a fait distiller une huile brune, demi concrète, qui
s’est arrêtée dans l’alonge ; il passait encore de
l ’huile long-tems après l’entière expansion de l’acide
carbonique. On apercevait même après le demi
�( z 77 )
refroidissement de l’appareil , des cristaux blanos
dans la partie supérieure de l’alonge, qui, après
avoir été examinés, tant par l’odorat que par les ré
actifs, ont été reconnus pour du carbonate d’ammo
niaque. C’est sans doute le sel volatil que Lémery
avait obtenu de la distillation du poivre.
L’huile volatile brune et demi concrète, après sa
dissolution dans l’alcool et la volatilisation d’une
portion de ce mélange, n’a douné aucun signe de
cristallisation. Celte huile est très acre; son odeur
a la plus grande analogie avec celle de l’huile ani
male de Dippel. L’huile volatile blanche extraite du
i.er produit de la distillation, a une légère odeur
d’empyreume et une saveur de poivre très marquée ,
néanmoins inférieure à celle du pipérin. Cette sa
veur est bien plus forte, lorsqu’on dissout l’huile
volatile dans l’alcool. Ce dernier mélange blanchit
également avec l’eau comme le pipérin. Le liquide
qui, dans le matras était surnagé par l’huile vola
tile incolore, a été reconnu pour du sous-carbonate
d’ammoniaque. Le charbon qui restait dans la cor
nue, après avoir été complètement calciné à vase
clos , dans un creuset de platine, ne s’est pas com
porté avec le vinaigre, comme le charbon animal
et ne l’a décoloré qu’imparfailernent.
Evaporant, dans une capsule, le liquide aqueux
obtenu dans le ballon de la distillation du poivre,
il s’est répandu une odeur urineuse. La liqueur ré
duite en consistance de sirop, était gluante, plus
consistante que les mélasses de canne, d’une couleur
noire et d’une saveur très amère. Cette substance
est peu soluble dans l’eau ; elle se dissout complè
tement dans l’alcool et dans l’éther. La solution
aqueuse de cette substance , n’altère en aucune ma
nière les couleurs bleues végétales.
�(
)
La potasse avec laquelle on traite la liqueur qui
contenait un acide rougissant la teinture de tour
nesol du ,i.'r flacon, ramène la couleur bleue à ce
mélange, qui, évaporé jusqu’à siccité, a laissé dé
gager de l’acide acétique par sa décomposition au
moyen de l’acide sulfurique concentré.
L ’obtention du carbonate d’ammoniaque en dis
tillant le poivre à feu n u , s’accorde bien avec ce
que j’avais déjà observé, en traitant immédiatement
à froid dans un essai particulier et sans l’action pré
alable de l’acide bydro-clilorique , la résine du poi
v re, par la solution de potasse caustique concentrée.
Au moyen de ce mélange, il se dégage tout-à-coup
de l’ammoniaque.
Voulant terminer mes expériences par l’examen
du procédé de M. Œrstaedt, je n’ai obtenu, comme
M . Pelletier, aucun résultat satisfaisant. Malgré la
saveur de poivre qu’avait le prétendu muriate de
pipérine, cette saveur disparaît si on chauffe le mé
lange, d’après l’auteur, pour en faire évaporer l’al
cool , et la potasse ne précipite rien de cette com
binaison purement acide.
Il est donc constant que M. le Professeur Œrstaedt
s’est évidemment mépris sur l’existence de la pipé
rine dans le poivre.
Dès l’instant que j ’eus obtenu le pipérin , je m’ar
rêtai particulièrement à la propriété qu’a sa solution
alcoolique de blanchir avec l’eau. Je conçus alors
l’espérance , au moyen de quelques agens chi
miques , non comme l’a essayé M. Pelletier , de
faire cristalliser les résines , mais d’amener les
huiles volatiles à l’état salin. Je me proposais de
faire quelques expériences qui m’éclairassent plus
parfaitement sur la nature du pipérin. Le tems çÇ
�( *79 )
l'observation ne laisseront, je l’espère, aucun doute
sur ses principes constituans.
Il résulte de mes observations, que le poivre , traité
par l’alcool et les autrçs agens chimiques, m’a donné
sur 400 grammes de cette substance :
i.° 64 grammes de matière résineuse , laquelle
a produit:
10 grammes d’une substance cristalline, d’un
vert jaunâtre ( pipérin ).
6 grammes d’huile verte, résinoïde, extrê
mement âcre ;
2.0 Un résidu amilacé.
Et par la distillation à la cornue , opérant égale
ment sur 400 grammes de poivre :
i.° 20 grammes d’huile volatile diaphane et sans
couleur.
2.0 64 grammes d’huile volatile brune et demi
concrette.
3 .°
2 grammes de carbonate d’ammoniaque con
cret et quelques grammes à l’état fluide.
4.0 Un peu d’acide acétique.
5 .° Du gaz acide carbonique.
6 ° 6 grammes de matière amère, en consistance
de mélasse.
7.0 140 grammes de charbon végéto - animal.
Cette analyse augmentera, par conséquent, la série
des produits végétaux, qui, à l’analyse chimique,
fournissent des résultats analogues à ceux des subs
tances animales.
Je terminerai mon travail par cette réflexion.,
qu’il est étonnant que la plupart des chimistes mo
dernes négligent quelquefois la distillation des corps
naturels à la cornue. Il n’en est pas moins v ra i,
que sans ce genre de distillation , pratiqué avec tant
de succès par les anciens , la fabrication du sel
�( 280 )
ammoniac et celle de la soude doivent leur origine
à ce mode d’analyse. Tous les chimistes savent que
Baume n’aurait pas pensé à fonder en France, la
première de ces fabrications, si Lémery et ceux
qui l’ont précédé, n’avaient extrait le sel volatil des
cornes de cerf et de tant d’autres substances ani
males , et si Leblanc ne s’était rappellé, pour l’ex
traction de la soude, de la belle découverte de Glauber
qui décomposa le sel marin au moyen de l’acide
sulfurique.
A N A L Y S E
DU J O U R N A L U N I V E R S E L DES SCIEN CES MEDICALES.
( Mars 1821. )
R e c h e r c h e s et O b se rv a tio n s s u r le s m a la d ie s d es in
te stin s ; p a r J
e a n
l ’a n g la i s p a r M.
A
b e r c r o m b i e
Marchand ,
D , M. etc.
, tra d u ite s de
( 3 .e article. )
L ’ a u t e u r , dans ce 3 .' article, décrit les affections
inflammatoires du tube intestinal. Il parcourt succes
sivement l’inflammation des membranes péritonéale,
musculaire et muqueuse ; de nombreuses observations
de ces différens modes de plilegmasies viennent ap
puyer les descriptions qu’il en donne. Le mémoire
de M. Abercrombie est terminé par l’exposition de
la méthode thérapeutique. La saignée et les purgatifs
forment la base de cette méthode. En résumé le
travail de M. Abercrombie , comme l’observe très
judicieusement M. le D. Marchand, ne présente au
cune idée neuve ; l’auteur ne sait pas établir de
liaison entre les diverses parties de son travail ; il
paraît peu connaître cet art très difficile et si bien
�( 28 i )
cultivé en France , de saisir la correspondance des
symptômes avec les lésions organiques. On trouve
dans ce mémoire beaucoup d’observations; mais elles
sont ou superficielles ou incomplètes, et l'auteur ne
peut jamais s’élever à des principes raisonnés basés
sur des faits présentés avec soin.
D e z i, a
g u ir la ;
e so fa g o to m ia e d i u n n uovo jnetodo d i e sc -
c’est-à-d ire,
de V œ sophagotom ie e t d ’u n e
n o u v elle m éth od e de l ’e x é c u t e r ; p a r À N D R É V a c c a
B
e r l in g h ie r i
, p ro fe sse u r de c lin iq u e c h ir u r g ic a le ,
à V u n iv e rsité de P is e .
On sait que l’œsophagotomie est une des opéra
tions les plus importantes et les plus délicates de la
chirurgie. Des grands dangers accompagnent son
exécution. Ecarter une partie de ces dangers en met
tant les vaisseaux et les nerfs qui occupent les parties
latérales du cou à l’abri des instrumens ; rendre cette
opération assez facile pour que le chirurgien le moins
habile puisse la pratiquer avec succès, tel est le but
que s’est proposé M. Vacca - Berlinghieri ; il paraît
l’avoir atteint. Un instrument qu’il a inventé et au
quel il a donné le nom d' ectrop cesop h àge , lui a semblé
réunir toutes les conditions attachées à la réussite
de l’opération. Au moyen de cet instrument composé
d’une canule et d’une tige élastique, terminée par
deux branches tendans sans-cesse à s’écarter, l’œso
phage est porté au-dehors et peut être incisé sans
craindre de léser l’artère carotide, la veine jugu
laire, les nerfs pneumogastrique, tri-splanchnique et
récurrent. Si l’expérience confirme les avantages de
Vectropæsophage, M. Vacca - Berlinghieri anra bien
mérité de l’art opératoire.
�( 282 )
P r i n c i p e s g é n é r a u x de p h y sio lo g ie p a th o lo g iq u e co
o rd on n és d 'a p r è s l a d o ctrin e de M.
L. J.
Broussais ;
p ar
B e g i n , ch iru rg ie n a id e - m a jo r à l ’h ô p ita l m i
lit a ir e d 'in stru c tio n de M etz.
M. Begin s’est proposé de rassembler les principes
généraux de la doctrine physiologico-pathologique,
de présenter des considérations générales sur le mé
canisme des fonctions, sur les causes et le dévelop
pement des lésions des organes et sur les effets de
ces lésions. Il offre aussi des prolégomènes de pa
thologie. Après avoir traité des propriétés générales
des corps vivans, il examine les modifications que
les variétés les plus importantes de l’organisation
impriment aux mouvemens vitaux soit pendaut la
santé, soit pendant la maladie. Cette marche lui
permet d’insister sur les fonctions de chacun des
systèmes organiques à la prédominance desquels ces
variétés sont dues. Il expose ensuite les fonctions
des membranes muqueuses , puis il traite successi
vement des maladies en général, des phénomènes
locaux et sympathiques des irritations ; il termine
par l’exposition des principes généraux du traitement
de ces affections. Telle est la marche suivie par
M. Begin dans l’ouvrage remarquable qu’il offre au
public, et dont un examen détaillé dépasserait les
bornes fixées à notre travail.
Gb s e r v a t i o n
d ’u n c a s d e d é g é n é ra tio n sq u irre u se de
l ’a o r t e , a v e c h y p ertro ph ie d u v e n tric u le g a u c h e du
c œ u r e t a tro p h ie d u v e n tric u le d ro it ; p a r le docteur
Pi ORRY.
Cette observation a pour sujet un homme de 36
ans, corroyeur, d’une forte constitution, qui ayant
�( 283 )
habituellement joui d’une bonne santé, éprouva, il
v a quatre ans, une douleur vive dans la poitrine, ca
ractérisée par des élancemens qui lui arrachaient
des cris perçans. Bientôt, des palpitations, une resW
piration difficile , l’oppression, surtout en montant
un escalier, vinrent accroître les symptômes. 11 y
avait cependant des intervalles de relâche. C’est dans
un de ces momens de tranquillité que le malade
pris tout-à-coup, dans la nuit du 19 au 20 octobre,
d’une difficulté de respirer extrême, de palpitations
très fortes, succomba à 9 heures du matin. L ’au
topsie cadavérique fit voir le cœur ayant plus d’une
fois et demi le volume du poing- du sujet, les pa
rois de l’oreillète droite très amincies, le ventricule
du même côté également aminci et d’une ampleur
énorme, les parois de l’oreillète gauche manifeste
ment épaissies , le ventricule gauche épais dans
certains endroits jusqu’à un pouce et demi ; l'aorte,
.depuis le point où elle est continue aux parois ven
triculaires jusquà celui où elle donne naissance aux
artères carotide et sousclavière, présenta un volume
double de celui de l’état naturel. Sa surface extérieure
était inégale et déprimée à sa sortie du ventricule,
elle offrait un étranglement circulaire correspondant
à un rétrécissement extérieur tellement considérable
que le petit doigt pouvait à peine y être introduit.
Incisée à cet endroit, l’aorte a présenté une substance
grisâtre , squirreu.se et lardacée. Celte dégénérescence
occupait aussi différens points de l’étendue de l’aorte.
Ob
s e r v a t io n
accom pagnée
d ’u n
cas
d ’i r r i t a t i o n
d e s y m p tô m e s
a la r m a n s
tr a ité e a v e c
su ccès p a r l ’u sag e
par
R.
J
a m e s
M
a n l e y
,
de
Vesto m a c ,
de
d é b ilit é
in te r n e d e
la
et
g la c e ;
D. M.
Up jeune homme de 22 ans, bien constitué, à
�(284)
peine convalescent d’un typhus, prend une nour
riture indigeste qui détermine un hoquet habituel;
les potions anodines , les fomentations chaudes et
spiritueuses sur l’épigastre, les pilules de camphre,
le musc restent sans effet, le hoquet devient plus
fatiguant. Le malade vomit avec de fortes douleurs:
les symptômes s’aggravent ; le pouls est petit et
fréquent; les extrémités se refroidissent. La méthode
du traitement est alors changée ; des vésicatoires
sont appliqués aux bras et aux jambes, des synapismes aux pieds, une pinte de punch glacé est
prescrite à prendre dans l’espace de 4 heures et 3 o
gouttes d’ether sulfurique toutes les heures dans une
boisson. froide. Il y a une excitation, mais elle est
momentanée; la maladie s’aggrave de nouveau; la
glace coupée en assez gros morceaux, est alors ad
ministrée à la dose d’une demi once à la fois. Après
3 cuillerées, soulagement marqué. Diminution pro
gressive des symptômes alarmans ; continuation de
la glace et enfin guérison parfaite au bout de quel
ques jours. Quoiqu’il soit bien difficile de se rendre
un compte satisfaisant des moyens thérapeutiques
employés par M. Manley, il paraît cependant que
l’usage de la glace a produit des bons effets dans le
cas que nous venons de citer. Mais dans quelle in
tention M. Manley a - t - i l fait jouer la redoutable
artillerie des stimulans les plus actifs ?
O b s e r v a t i o n
le
d 'u n e
d o cte u r R
e n té r o c y s to c è le é t r a n g lé ; p a r
a n i e r i
- M E N IC I.
Cette observation a pour but de faire connaître
que l’absence des signes pathognomoniques qui in
diquent la nature d’une hernie, peut entraîner l’opéralour dans les erreurs les plus graves et produire
�( 285 )
les plus funestes conséquences. Le chirurgien, dans
le cas cité par le D. Ranieri, prit une portion dégé
nérée de la vessie étranglée avec l’intestin pour une
partie du sac herniaire, l’incisa, détermina ainsi une
hémorragie des artères vésicales et eut la douleur de
perdre son malade. L’autopsie cadavérique fit voir
la vessie dont le fond avait été entièrement emporté j
le sang des artères ouvertes s’était épanché dans le
petit bassin.
Dans un cas d’entérocèle étranglée, le même D.
Ranieri - Menici, se voit obligé, après avoir détruit
l’étranglement, d’ouvrir la portion d’intestin qu’il
avait réduite, et s’étant ensuite assuré par l’intro
duction du doigt , que la partie supérieure était
obstruée, il coupa transversalement l’intestin à l’en
droit où l’oblitération semblait cesser, établit un anus
contre nature en fixant au bord externe de l’anneau
les extrémités supérieures et inférieures de la portion
intestinale, et obtint au bout de 3 mois la guérison
de la fistule stercorale qui s’était formée.
A n a lyse
J. E. S.
c h im iq u e d es e a u x m in é r a le s d e M o lit x ; p a r
J
u l i
A ,
p h a r m a c e u tiq u e ,
a n c ie n
à
p r o fe sse u r a d jt.
de
c h im ie
P a r is .
Cette analyse est faite avec soin. On y reconnaît
le talent distingué du chimiste de Narbonne. D’après
l’examen qu’il a fait des eaux de Molitx , il paraît
que c’est à la présence du gaz hydrogène sulfuré
qu’elles doivent leurs vertus et leurs propriétés thé
rapeutiques.
A n alyse
Z’asarum curopæurn
/’aristolochia serpenfaria.
c h im iq u e d es r a c in e s d e
et de
MM. Lassaigne et Feneulle viennent de publier le
tableau des recherches qu’ils ont faites sur la racine
�'( 286 )
de V a saru fn . Il résulte de leur travail que l’asâruiïï,
outre une lniile grasse, liquide, une huile volatile
concrète analogue au camphre , contient une ma
tière jaune , brunâtre , amère , mousseuse, vomitive,
très soluble dans l’eau , analogue à la cytisine et dans
laquelle paraissent résider les propriétés dé l’asarum.
L ’analyse de la sèrpentaire dé Virginie faite par
M. A. Chevalier a donné une huile volatile qui a
la même odeur que la plante , de l’amidon , ‘une
matière résineuse, une matière gommeuse, de l’al
bumine , une matière jaune , amère , causant de
l’irritation à la gorgé, soluble dans l’eau et l’alcool;
des acides malique et phosphorique Combinés à la
potasse ; une petite quantité de phosphate et de mas
late de chaux, du fer et de la silice.
S é a n c e de là S o c ié t é d e m é d e c in e d e L y o n ,
du
12
sep tem bre
1820.
La société de médecine de Lyon compte parmi
ses membres des hommes d’un mérite distingué qui
savent mettre à profit l’instruction puisée dans la
pratique des grands hôpitaux. Le compte rendu des
travaux de cette société par M. De Laprade est re
marquable par une saine érudition , par l’ordre et
l’enchaînement dans les idées et un raisonnement
qui prouve un médecin à la fois éclairé et prudent.
Les différentes observations semées dans ce travail,
sont exposées avec une clarté et une précision re
marquables. Les réflexions judicieuses que M. De
Laprade émet à la suite seront lues toujours avec
plaisir par les praticiens qui, à l’exemple de l’élo
quent secrétaire, n’accordent d’importance à la thé
orie que relativement à la pratique de l’art de guérir.
J. E. M. G uiaud fils,
D . M. P
�( 287 )
ANALYSE
B U
J O U R N A L
C O M P L É M E N T A I R E
D E S
S C I E N C E S
D U
D I C t l O N A I R E
M E D I C A L E S .
( Mois d’avril 1821. )
Mém
o i r e s u r le s p a lp it a t i o n s e t s u r V a n é v r i s m é d u c œ u r ;
par
M.
F
o d e r
É.
(
D e u x iè m e e t d e r n ie r a r t ic le .
)
C o m m e Lancisi, Dehaen , Yalsalva et Morgagni,
qui ont eu de fréquentes occasions d’observer des
anévrismes spontanés et qui eii ont rapporté de
nombreux exemples, M.r Fodéré admet des ané
vrismes constitutionnels et héréditaires, ainsi qu’une
diathèse anévrismatique ; il ajoute qu’elle n’est pas
rare à Strasbourg, s’il faut en juger par les pièces
d’anatomie pathologique que possède la faculté, et
l’a rencontré aussi très souvent aux environs des
Martigues, où il a exercé pendant quelques tems la
médecine.
Parmi les trois Cas remarquables qu’il cite , j ’ai
choisi de préférence le suivant, qui présente eu
même tems un exemple de l’hérédité de celle diathèse :
Il s’agit d’un paysan de dix-huit ans, dont le père
et un parent éloigné étaient morts subitement par
la rupture d’un anévrisme; il était sujet à des hé
morragies de la bouche et du nez avec des palpi
tations considérables. Les temporales, les carotides,
les sous-clavières , le cœur et le tronc cæliaque bat
taient avec force chez ce jeune homme. Le pouls
était fréquent et irrégulier, sans avoir pourtant une
grande force. La peau était sèche avec une chaleur
�( 280 )
Acre, et de tems en tems, les pieds et les mairré
étaient froids comme dans les efforts hémorragiques.
Ce malade se rétablit par le traitement que lui pres
crivit M. Fodéré, et trois ans après il continuait à
jouir d’une lionne santé.
Avant de terminer son mémoire, M. Fodéré posé
quelques questions dont il donne en même tems la
solution avec cette supériorité de jugement qui n’ap
partient qu’à l’homme qui parle de ce que lui ont
appris l’expérience et son propre génie. i .° Peut-on
se flatter de guérir complètement l’anévrisme en l’at
taquant dès son origine? La» réponse est négative;
malgré les brillantes promesses de quelques médecins
nous ne possédons pas de spécifique contre cette
maladie , et les ventouses et le moxa si fort vantés
par eux, n’ont eu de succès durables, que contre
des palpitations simplement nerveuses. 2.° Peut-on
espérer de prolonger long-tems la vie d’un individu
chez lequel l’anévrisme du cœur est déjà formé?
Selon M. Fodéré , le terme est de quatre à cinq ans,
en supposant que le malade ne commette pas d’imprudcuce et ne s’écarte pas du traitement prescrit.
3 .° L’anévrisme du cœur doit-il toujours être con
sidéré comme passif de la part de ce viscère, et
comme actif de la part du sang, ainsi que le veulent
quelques auteurs ; ou bien, y a-t-il des anévrismes
actifs et des anévrismes passifs, ces derniers distin
gués par la foiblesse et la mollesse du pouls, et dans
l’autopsie , par l’amincissement des parois du cœur?
M. Fodéré admet cette distinction très essentielle
dans la pratique pour se préserver de toute erreur
dans le choix du traitement. Parmi les remèdes aux
quels M. Fodéré accorde la préférence, il place au
premier rang les évacuations sanguines dont l’effi
cacité n’a jamais été contestée, et la digitale pourprée
�( 289 )
«ont les propriétés sédatives sont à présent géné
ralement reconnues. Le nitrate de potasse est re
poussé du traitement, parce qu’il est plus stimulant
que rafraîchissant. Le petit lait est préférable aux
acides végétaux, à moins que ceux-ci ne soient cuits;
et le lait, le moins stimulant des alimens, est aussi
le mieux approprié au cas dont il s’agit.
D e l ’h é p a tis a tio n p u lm o n a ir e ; p a r M .
B
r
I C H E T I
ï
A U .
On désigne sous le nom d’hépatisation cette al
tération organique par laquelle le poumon est changé
en une substance compacte, pesante, assez analogue
à celle du foie. Après avoir motivé la préférence
qu’il accorde à celte dénomination sur quelques au
tres expressions proposées par divers médecins, M.
Bricheteau développe des considérations peu connues
sur la théorie, de l’hépatisation.
La couleur du poumon hépatisé varie depuis le
rouge livide jusqu’au jaune pâle; il acquiert aussi
une augmentation de volume , quoiqu’elle ne soit
pas réellement aussi considérable qu’elle le paraît
au premier aspect, vu que le poumon, privé d’air,
ne peut s’affaisser sur lui-même. M. Bricheteau insiste
sur cette opinion que tous les médecins ne partagent
pas, combat celle de M. Laennec qui lui est con
traire, prétend avoir v u , à l’ouverture des cadavres,
l’impression des côtes sur le poumon distendu , im
pression niée par M. Laennec; il s’appuye de l’au
torité de Biehat qui lui est favorable , et avoue
néanmoins que ce point d’anatomie pathologique mé
riterait d’être éclairci par des expériences ultérieures.
Les ehangemens survenus dans la pésanteur et la
densité de l’organe ; les modification* que présente
l’intérieur de ce viscère ; les nouvelles productions
1
�( *9° )
organiques que développe l’hétatisation , sont signa
lées avec une exactitude et une vérité qui nous
font vivement regretter de ne pouvoir suivre l’au
teur dans les intéressans détails où il entre à ce
sujet. Nous signalerons cependant l’aspect grenu des
parties incisées, parce que cette sorte de granulation
est regardée par MM. Laennec et Bricheteau comme
un caractère anatomique particulier à l’hépatisation.
Nous n’oublierons pas non plus de dire que cette
altération organique se développe le plus ordinai
rement à la partie inférieure du poumon , ce qui
constitue une différence décisive entr’elle et les tu
bercules qui envahissent constamment la partie su
périeure. Une autre considération non moins im
portante, c’est que l’inflammation dont l’hépatisation
est la suite, a d’abord son siège dans le système
capillaire du poumon , d’où elle gagne les cellules.
Les grands vaisseaux y paraissent tout-à-fait étran
gers, et se laissent facilement pénétrer par les in
jections ainsi que des expériences le prouvent.
Sun
N
le m é c a n is m e de la p a r tu r ifio n ; p a r le D octeur
œ g
È
le
,
p ro fe sse u r à H e id e lb e rg ,
(
D e u x iè m e et
d e r n ie r a r tic le . )
Dans le premier article, nous nous sommes prin
cipalement attachés à rapporter l’opinion du Profes
seur de Heidelberg sur la fréquence de la troisième
position du vertex dans l’accouchement, et sur la
facilité que présente l’expulsion du fœtus dans cette
position. Comme cette opinion, par cela même qu’elle
est nouvelle et opposée à celle généralement admise
par les plus célèbres accoucheurs anciens et moder
nes , trouvera nécessairement des incrédules et des
contradicteurs, M. Nœgèle a senti la nécessité, pour
�(
2ÇJI
)
convaincre les uns et réfuter, pour ainsi dire d’a-*
vancé les autres, de s’appuyer de toutes les preuves
rpie ces cas occasionent et que sa pratique a pu lui
fournir.
Cette dernière partie h’est donc que le dévelop
pement des diverses propositions e'mises dans la pre
mière. Nous ne reviendrons pas dans cet article sur
des détails et des faits, dont il a déjà été question,
et nous conseillons la lecture du mémoire de M.
Nœgèle aux accoucheurs qui désireront avoir une
connaissance plus approfondie de son travail.
B
rève
d e scrip sio n de la %
fie b r e a m a r illa p a d e c id a e n
C a d iz y p u e b lo s C o m e rca n o s e n
S id o n ia e n
1801, e n
M a la g a en
1800,
e n M e d in a -
1 803 , y e n esta m ism a
p la z a y v a r ia s otras d e l regno e n
1804; c’est-à-dire:
C o u rte d e scrip tio n de la J îè v r e j a u n e q u i régna d a n s
div erses v ille s de V A n d a lo u s ie , e n
1804; p a r J
1806. U n v ol.
et
e a n
1800, 1801, i 8 o3
- M a n u e l d e A r e j u l a . M a d r id
i n - 8.° ( P r e m ie r e x tr a it. )
Dans l’état de divers genre d’opinions où sont les
médecins sur la contagion de la lièvre jaune, on
accueillira, sans doute avec empressement, l’ouvrage
du docteur Arejula qui, par rare concours de cir
constances favorables, a acquis des connaissances pro
fondes et positives sur une maladie qui excite dans
ce moment la sollicitude des médecins des deux
hémisphères. M. Arejula se prononce en faveur de
la contagion ; il soutient son opinion et combat celle
de ses adversaires avec une bonne foi et une modé
ration qui, quelle que soit l’issue du procès, lui
assureront l’estime de ses confrères et ce tribut d’éloges
justement acquis à l’observateur courageux qui ne
craint pas de s’exposer aux dangers de l’épidémie
pour en étudier la nature.
�( 29 2 )
Avant d’aborder la question principale, l’auteur
émet des considérations préliminaires qu’on peut re
garder comme l’abrégé de sa doctrine, et dans les
quelles il définit les mots épidémie , contagion et
fieste.
« D e f é p i d é m i e . L ’épidémie est une maladie qui,
naissant d’une cause commune et extraordinaire à un
pays , attaque beaucoup d’individus dans un même
tems. »
« D e l a c o n t a g i o n . La contagion est la propaga
tion d’une maladie par l’impression que les exha
laisons d’un corps malade ou mort font sur un corps
sain. En d’autres termes, c’est un mal quelconque
dont la communication s’effectue d’un sujet malade
à un sujet sain , sans que le premier perde rien de
sa maladie , quoiqu’il la communique. »
« L e s g e r m e s c o n t a g i e u s e sont des excrétions subtiles
et invisibles, émanant d’un homme attaqué d’une
maladie particulière , lesquelles peuvent produire la
même maladie dans ceux qui s’exposent à leur action. »
« L e s m i a s m e s sont des particules invisibles qui s’é
lèvent des marais et autres lieux humides et qtfi
peuvent engendrer des fièvres intermittentes ou ré
mittentes non contagieuses. »
« D e l a p e s t e . La peste est une fièvre très aiguë,
toujours contagieuse et très meurtrière ; elle affecte
beaucoup de personnes réunies dans un même en
droit , et s’accompagne de faiblesse, de bubons et
d’anthrax, etc. »
Après avoir consumé deux chapitres à des obser
vations météorologiques , et à la recherche de la
place que la fièvre jaune doit occuper dans un
cadre nosologique, l’auteur fait l’histoire de celle qui
a régné en Andalousie. Nous ne le suivrons pas dans
la description qu’il donne de la maladie, le pro-
�( 29 3 )
noslic qu’il en porte et la méthode curative qu’il
recommande. Ces objets , quoiqu’intéressans par euxmêmes , ne sont pas ceux sur lesquels se porte de
préférence l’attention des médecins, parce qu’ils ont
été suffisamment éclaircis par les nombreux écrits
publiés sur cette matière. Les points sur lesquels il
est plus particulièrement essentiel d’avoir des notions
précises sont: i.° la connaissance des causes qui
favorisent le développement de la maladie ; 2.0 la
question de la contagion; celle-ci qui intéresse si
fortement la conservation des peuples , est traitée à
part dans la suite de l’ouvrage et ne sera examinée
que dans un second article.
N o u v e a u tr a ité d e la rage , O b se rv a tio n s c l i n i q u e s ,
R echerches
d 'a n a to m ie p a th o lo g iq u e e t D o c tr in e d e
c e tte m a l a d i e ; p a r
L. F. T ro lliet ,
p rocesseu r de
m é d e c in e c lin i q u e à l ’h ô t e l- D ie u de L y o n . A
et P a r is ,
1820.
In
- 8.°
de
e t d e r n ie r e x t r a i t ; p a r M .
.879
p ages.
Bégin.
Lyon
( D e u x iè m e
J
II est consacré à la description de la rage et à
l’exposition du traitement qu’il convient de lui opposer.
Des détails descriptifs trop étendus, outre qu’ils
nous forceraient à sortir du mode dans lequel nous
devons nous restreindre, auraient aussi peu de prix
aux yeux de nos lecteurs, qui tons ont, sans doute,
présent à l’esprit le tableau effrayant de cette ma
ladie. Il nous suffira seulement de ne pas omettre
qu’aucun des individus observés par M. Trolliet,
n’a manifesté cette envie de mordre, cette fureur
de détruire, dont les auteurs ont parlé.
La partie thérapeutique est, selon M. Bégin, dont
nous analysons l’extrait, celle qui est la moins sa
tisfaisante. C’est un assemblage incohérent de remèdes
�( 294 )
conseillés par un empirisme aveugle et adoptés avec
une confiance ridicule et que l’expérience réduit tôt
ou tard à leur juste valeur.
M. Bégin blâme aussi M. Trolliet de ne conseiller
que fort tard l’emploi des caustiques, c’est-à-dire,
au moment où les premiers symptômes de la rage
se manifestent et lorsque la cicatrice des morsures
est à-peu-pres achevée. Il est presque inutile d’ob
server, parce que personne ne l’ignore, que tout
espoir est perdu dès que les accidens de la rage se
sont montrés, et que les caustiques ne sont vraiment
efficaces qu’en dénaturant la plaie à l’instant même
de sa formation, et en prévenant de cette manière
le développement de la .maladie.
Une remarque que nous ne passerons pas sous
silence, c’est que les narcotiques les plus puissans
n’ont aucune action sur l’homme et sur les animaux
enragés. L ’extrait gommeux d’opium et l’acide prussique, dont les effets sont si promptement mortels
dans les cas ordinaires, ont été injectés dans les
veines de plusieurs chiens enragés, sans déterminer
le moindre relâchement dans les progrès de la ma
ladie , tandis qu’une expérience de M. Magendie',
tentée sur tin chien qui éprouvait tous les symptômes
de la rage, prouve que 60 onces d’eau à 40 degrés
centig. ont produit un calme soudain qui n’a été
troublé qu’à la mort de l’animal arrivée 5 heures
après par la rupture des vaisseaux pulmonaires,
accident prévu d’avance et occasioné par l’injec
tion d’une trop grande quantité de liquide.
R
evue
d e p lu s ie u r s o u v r a g e s n o u v e a u x d e m é d e c in e ,
p u b lié s
en
I ta lie ; pa r M .
V lR E Y .
Ues auteurs du journal de la nouvelle doctrine
�( 29S )
médicale italienne revendiquent la doctrine de l’ir
ritation, comme une branche égarée du contro-sti
mulus de Rasori. Ils s’élèvent contre le docteur Four
nier qui , dans un article où il rend compte de
l’ouvrage de Tonnnasini, a avancé que les principes
de l’école italienne sont originaires de France.
Le cahier suivant renferme l’histoire et la guérison
d’un tétanos ( emprostotonos ) par l’application des
sangsues à la poitrine, à l’abdomen et le long
de la colonne vertébrale. La digitale pourprée et
l’eau distillée de laurier cérise furent aussi employées.
Le docteur Tommasini a constaté par un grand
nombre d’autopsies cadavériques , que des individus
morts des fièvres malignes, adynamiques présentaient
des marques non équivoques d’inflammation.
Le docteur Pallazzini a inséré dans le quatrième
cahier un cas d’hydropisie guérie par un remède
eontro-sîimulant. Le sujet est un infirmier de l’hô
pital devenu hydropique par l’abus du vin. Une
abondante évacuation de sérosité lymphatique avec
des sueurs gluantes déterminée par l’emploi d’extrait
d’aconit à hautes doses, lui rendit la santé. Les
contro-stimulistes proclament la saignée comme un
excellent moyen pour vivre longuement. Pour pro
longer notre carrière, nous n’avons, selon eux, rien
de mieux à faire, que d’imiter ces moines qui avaient
la coutume de s'affaiblir souvent par des saignées
salutaires pouss'ées usque ad animi dsliquium ! !
Nicolas Andria a publié un ouvrage sur la théo
rie delà vie, et Nicolas Pilla un autre sur la théorie
de la génération; l’un et l’autre sont remarquables
en ee qu’ils cherchent à en rattacher les phénomè
nes à l’électricité et au galvanisme. On jugera quelles
sont les analogies que la formation du fœtus pré
sente avec les opérations de la pile voltaïque par le
�( a9 6 )
passage suivant , dont nous empruntons les idées
au docteur Pilla. « Les atomes dont nos corps sont
formés ont, comme toutes les molécules de la ma
tière leur centre d’action, leur polarité, leurs at
tractions et répulsions. Le sang veineux est attiré
au pôle positif et l’artériel au négatif. Chacun de
nos viscères à sa polarité. Les célibataires ont grand
excès de galvanisme, ce qui cause la lasciveté; mais
les polygames ne sont pas forts sur le pôle positif.
Les dames qui sont très négatives sont les plus sen
suelles et les plus fécondes ; lorsque le galvanisme
établit son équilibre entre des organes sexuels, dont
l’électricité est si différente ; alors , l’homme et la
femme dégalvanisés , il en résulte un germe (i).
Le docteur Louis Angeli, d’Imola , a publié divers
écrits dans l’un desquels il donne des préceptes fort
sages aux jeunes médecins.
Dans un autre il signale les dangers des rizières,
dont les émanations perfides causent des lièvres in
termittentes souvent pernicieuses. On lit une obser
vation fort curieuse donnée par le même auteur. U
s’agit d’un homme de soixante-six ans, très maigre
et goutteux, qui rendit du sel marin soit par la
bouche, soit par un ulcère au pied , pendant l’es
pace de quatre mois.
Nous annoncerons dans le même article un petit
traité sur la fièvre jaune, par le docteur Charles
Gemmellaro ; plusieurs écrits sur la peste, parmi
f i ) V o ilà le m y s tè r e a c c o m p li e t e x p liq u é , v o ilà a u s s i c o m m e n t ,
q u an d on
ne
s a it pas m a ît r is e r so n
im a g i n a t i o n ,
on
e n fa n te des
h y p o th è s e s p e u d u r a b le s e t l’o n m e t a u jo u r d es liv r e s f o r t o b scu rs
sur la matière la
p lu s in té r e s s a n te e t
la
p lu s f é c o n d e .
Hôte du rédacteur.
�( 297 )
lesquels nous signalerous le travail de Rom ani,
comme présentant une compilation bien faite des
meilleurs traités sur ce sujet.
Les observations microscopiques sur le cerveau et
ses dépendances, par Antoine Barbu, ne méritent
pas d’être passées sous silence , parce qu’elles sont
d’un observateur distingué.
L ’examen des nouveaux élémens de la physique
du corps humain d’Etienne Gallini , professeur d’a
natomie et de physiologie à l’université de Padoue,
termine cette revue. Nous rapporterons la définition
qu’il donne de la vitalité, et nous pensons qu’on
nous saura gré, peut-être, de ne pas pousser plus
loin nos citations. « La vitalité, dit-il, à mon avis,
consiste en une certaine balance active de l’alfinité
mutuelle qui tend à réunir les principes indécom
posés des molécules animales et des molécules inertes,
balance dans laquelle celles-ci et celles-là, restant
très mobiles entr’elles et très transformables, en con
séquence de leur position réciproque, dans quelque
proportion, doivent se remettre promptement dans
la position et la proportion premières. »
R
a p p o r t
p u b lié a u n o m de la S o c ié t é M é d ic a le d e
la N o u v e lle - O r lé a n s , s u r la J iè v r e j a u n e
g n é é p id é m iq u e m e n t d u r a n t l'é t é e t
1819,
1820.
lu e t a p p r o u v é d a n s sa
N o u v e lle - O r lé a n s ,
1820.
q u i a ré
l'a u to m n e
séa n ce du
I n - 8.° d e
de
20 m a i
60 p a g .
La fièvre jaune est-elle contagieuse? Ne l’est-elle
qu’accidentellement ou dans l’état avancé de la ma
ladie ? Enfin , ne l’est-elle jamais ? Cette question a
été tant de fois débattue et souvent d’une manière
si contradictoire, qu’on éprouverait quelque embarras
à la reproduire, si par son importance elle ne me-
�( 298 )
ritait d’éveiller l’attention des observateurs, puisque
c’est sur sa solution que doivent reposer les mesures
à prendre pour prévenir et arrêter un des plus cruels
fléaux qui désolent l’humanité. La Société repousse
toute idée de contagion de la fièvre jaune. Cepen
dant. par cela même qu’elle reconnaît que des cir
constances particulières sont susceptibles d’en favo
riser le développement et la propagation, elle prescrit
des mesures hygiéniques et sanitaires fort sages pour
en préserver le retour.
Ma n u el
m é d ic o -c h ir u r g ic a l,
e t d e c h ir u r g ie p r a tiq u e s ;
C
2,me
1821.
P a r is ,
é d itio n ) .
o u É lé m e n s d e m é d e c in e
par
S. P. AuTHENAC
v o l . i n - 8.°
D eux
L ’ouvrage que nous annonçons est présenté parle
rédacteur comme un extrait fort bien fait de ceux de
Richerand, de Pinel, de Boyer. Sous ce rapport, ce
peut être un utile mémorial pour les candidats qui
se préparent aux examens : obligés de passer en revue
les objets sur lesquels ils peuvent être interrogés ,
ils ont besoin, surtout, de trouver m u l t a p a u c i s .
Croup
a ig u
p a r le
o bservé c h e z
d o cte u r
m é d e c in
des
P
a l l o t
u n h o m m e d e v in g t- s ix a n s ;
,
m é d e c in
à
N a m u r, a n c ie n
h ô p ita u x m ilita ir e s .
Weber, soldat suisse, rétabli à peine d’une gastro
entérite qui le retenait depuis un mois et demi à
l ’hôpital, se plaignit, le 17 janvier, d’un peu de
mal à la gorge. L’entonnoir du pharynx et la luette
étaient faiblement, injectes, la déglutition un peu
gênée; un gargarisme émollient dissipa la rougeur
et rendit la déglutition facile. Le 24 janvier, en
entrant dans la salle, M. Fallut lut frappé des sons
aigus que rendait la respiration de Weber, dont en
outre, la figure était injectée, les yeux rouges et
�( 2 99
)
saillans, le pouls dur et petit. Vingt-quatre sangsues
appliquées en deux reprises au coup ne diminuèrent
pas l’oppression. Des sinapismes furent posés sur
différentes parties du corps, et le calomélas prescrit
intérieurement; on joignit encore à ces moyens des
pe'diluvcs sinapisés , un julep avec l’éther et l’opium,
des frictions sur le larynx avec un liniment ammo
niacal mêlé d’un tiers d’onguent mercuriel et d’un
huitième d’opium. La nuit du 24 au z 5 fut mau
vaise , le danger de suffoquer imminent. Le mercure
fut supprimé, les frictions d’éther et d’ammoniaque
continuées; des cataplasmes dejusquiame, de cigüe
et de camphre appliqués sur la poitrine. Huit pa
quets de deux grains d’extrait de jusquiame, d’un
quart de grain d’opium et de poudre d’ipécacuanlia
furent prescrits, mais sans aucun succès; car le ma
lade mourut subitement sans agonie, en entrant dans
son lit qu’il avait quitté pour pousser une selle.
Autopsie. Le larynx présentait dans toutes ses parties
les marques de l’inflammation violente dont il avait
été le siège, le passage de la glotte admettait à peine
un tuyau de plume. La membrane muqueuse de la
trachée artère et des bronches était vivement en
flammée. Des adhérences multipliées se voyaient
dans les deux cavités de la poitrine. Entre les plè
vres costale et pulmonaire; le cœur, quoique sain,
était d’un grand tiers plus gris qu’à l’ordinaire.
La membrane muqueuse de l’estomac et des in
testins grêles était légèrement phlogosée. Celle du
cæcum était parsemée de plusieurs milliers de pe
tits aphtes. Les vaisseaux encéphaliques étaient rem
plis de sang veineux (*).
D.
(* )
C e c a h ie r
e s t e n r ic h i d e
l’intéressante observation insérée
�( Cahier de mai i8 ai. )
N o t ic e
su t
le s p l a i e s d e l a f a c e ,
s u iv ie
de q u e l q u e s
o b s e r v a tio n s c u r ie u s e s .
L e s bandages unissans, les bandelettes aglutinatives ont tour-à-tour été préconisés dans les plaies
de la face. M. le Baron Larrey pense que ces moyens
sont insuffisans dans les plaies de cette région qui
comprennent l’épaisseur de ses parties saillantes ou
celle des parois des cavités qu’on y remarque, et qu’on
ne peut en opérer la réunion que par la suture,
laquelle, en thèse générale , sera entrecoupée dans
les plaies produites par un instrument tranchant qui
n’offrent qu’une simple division récente, tandis que
la suture enchevillée ou entortillée devient indis
pensable dans les plaies d’armes à feu ou daus celles
dont les bords ont contracté des adhérences avec les
parties subjacentes. Une observation des plus inté
ressantes, dont G o u r i e u x , sergent dans la légion de
l’Aude est le sujet, fait sentir l’importance de ce
précepte. Ce malheureux, dans un accès de mélan
colie, cherche à attenter à ses jours: à cet elfet, il
place le canon de son fusil sous la voûte palatine,
et lâche la détente avec son pied nu; mais heureu
sement l’arme s’incline au moment du coup , la
halle monte verticalement, emporte toute la portion
d a n s n o tr e n u m é r o d e ja n v ie r - f é v r ie r , p a g . 29 e t s u iv a n t e s , e t l’on
n ’ a p as c r u d e v o ir c i t e r n o tr e jo u r n a l , c o m m e s’ i l y a v a it d e co n
venan ce
à p a sser so u s
s ile n c e
u n e s o u r c e o ù l ’ o n a p u is é .
R é d a c t e u r g é n é ra l J o u r d a n ig n o r e r a it - il les é g a rd s q u e
les
M . le
a u te u rs
e t s u r to u t d es c o n fr è r e s se d o iv e n t r é c ip r o q u e m e n t ?
N ote du réd acteur general.
�( 3 oi )
palatine des os maxillaires , comprise entre les deux
dents canines supérieures, détruit les portions laby
rinthiques du nez, ses os propres et les cartilages
de cette éminence. Les deux ailes du nez sont retroversées en dehors et en arrière, la sous-cloison
fait partie de la narine gauche; et c’est dans cet état
d ’écartement et de renversement que la cicatrice s’o
père. Dix-huit mois après, cet infortuné sous-officier
est adressé à M. Larrey. Ce célèbre chirurgien, placé
depuis long-tems au rang de nos premiers opérateurs,
entreprend une opération qui ne réclame pas moins
de courage que d’habileté , et dix jours suffisent
pour amener une cicatrisation exacte, uniforme ,
linéaire dont un dessein montre toute la perfection.
Nous regrettons que les bornes dans lesquelles nous
devons nous restreindre nous empêchent de donner
les détails de cette opération difficile, aussi bien con
çue qu’habilement exécutée, et nous renvoyons, avec
M. Larrey, pour quelques observations analogues
dans lesquelles la suture n’a pas été moins avanta
geuse , au iv vol. de ses campagnes, pag. 20 et 241.
M é m o i r e sur cette question : quels sont les vices d e
l ’organisation actuelle des hôpitaux de Lyon ? Quels
sont les moyens d’y remédier ; p a r J. E. F. L a d e V E Z E , Docteur en m édecine, à St.-G alm ier ( L o ire J.
( Prem ier article. J
Quels que soient les inconvéniens que des hommes
dont l’autorité est imposante aient attribué à l’éta
blissement des hôpitaux, M. Ladeveze entre dans des
considérations préliminaires pour prouver que les
avantages qu’ils offrent sont nombreux et réels, et que
dans l’état actuel de la Société, ces asiles de toutes
les misères sont indispensables et ne peuvent être
�(
3o2
)
remplacés par les secours à domicile. Toutefois, il
ne se dissimule pas qu’un hôpital général qui réunit
toutes les infirmités humaines n’entraîne des inconvéniens dont les conséquences sont souvent funestes ;
mais puisque d’importantes raisons ne permettent pas
de faire pour les villes de province ce qui existe à
Paris, c’est-à-dire, de créer des hôpitaux spéciaux,
c’est à améliorer leur organisation qu’on doit s’atta
cher. Ami zélé d’une réforme utile, et s’élevant audessus de la crainte de voir donner à ses intentions
une fausse interprétation, M. Ladeveze aborde la
question proposée par la Société de médecine,de
Lyon, en regrettant que l’autorité écarte avec opi
niâtreté de l’administration des étahlissemens de bien
faisance des hommes que leurs lumières semblent ap
peler à y siéger au premier rang. « Qui mieux qu’un
en effet, dirons-nous avec cet auteur, peut
apprécier les besoins des malades, l’utilité des ré
formes, la nécessité des améliorations dans les dif
férentes divisions du service des hôpitaux? Qui saura
mieux que lui découvrir les abu s, déterminer les
dépenses et gouverner avec économie et intelligence
la fortune des pauvres ?... » Après ces justes plaintes
et d’autres réflexions non moins fondées, toutes dans
l’intérêt des malades, il jete un coup d’œil rapide
sur l’administration des hôpitaux de Lyon, dont une
des preuves capitales, dit-il, que leur organisation
réclame une grande réforme, c’est le peu de pro
portion qui existe entre le bien-être des malades et
les frais qu’ils occasionent. L’état des bàtimens,
celui du mobilier, les mesures usitées pour nétover
et assainir les salles, le service des chaises percées,
les procédés employés pour la désinfection de l’air
et le mode d’admission des malades dans les hôpi
taux de cette ville, tels sont les sujets que l’auteur
m
i
é
d
e
c
i n
�( 3 o3 )
examine dans ce i.er article, et qui lui offrent l’oc
casion de signaler les vices nombreux qui existent,
et d’indiquer les moyens capables d’y reme'dier. Nous
n’entreprendons de faire connaître ni les uns ni les
autres , parce que ces objets n’ont qu’un intérêt lo
cal et que d’ailleurs leur énumération nous mènerait
trop loin.
C o n s id é r a t io n s
s u r le s
in te lle c tu e lle s ; p a r le D . D
à S a in t - P r o je t .
a b e r r a tio n s des f a c u l t é s
a u d ib e r t iÈres
, m é d e cin
Après avoir passé en revue l’opinion des auteurs
les plus recommandables qui ont écrit sur l’aliéna
tion mentale, depuis Hippocrate jusqu’à M. Georget, M. Daudibertières arrive à la doctrine de Platon,
qui place 1’a m e d iv in e dans le cerveau et V a m e
m a té r ie lle au-dessous de la tète, doctrine que l'il
lustre Cabanis a si bien développée , et de la cor
respondance d’action du système des ganglions avec
le système de la vie animale ou de rélation dont
cet auteur trouve une nouvelle preuve dans plu
sieurs états généraux de folie qu’il rapporte , il déduit
que le cerveau n’est pas le centre unique des aber
rations intellectuelles, et que toutes les parties de
l’organisme peuvent le devenir. L’observation parle
en faveur de cette opinion , si M. Daudibertières
entend , par cette manière de s’exprimer, que les dé
sordres des organes soumis à l’influence ganglionaire
peuvent troubler l’intelligence; mais s’il est v rai,
ce dont on ne peut douter, que le cerveau soit
le centre unique des opérations intellectuelles ; si
lui seul reçoit les impressions, les combine, forme
les idées; si cet organe seul, en un mot, raisonne,
seul il peut déraisonner, et toute l’erreur de M.
�( 3 o4 }
Georget, que l’auteur se plait à combattre, consiste
selon nous, à avoir avancé que le cerveau est le
siège prim itif de l’aliénation mentale, au lieu de dire
qu’il en est le siège unique, quoique diverses causes
qu’on rencontre principalement dans les lésions des
organes épigastriques, abdominaux et reproducteur*
soient capables de la déterminer.
Si nous retranchons de l’article de M. Daudibertières, écrit dans un style souvent empoulé et par
fois obscur, celte opinion qui appartient toute entière
à M. Scipion Pinel et qu’il ne fait qu’appuyer par
quelques observations qui font l’éloge de sa sagacité,
nous n’y trouvons rien qui mérite d’être connu. C ar,
quoiqu’il soit vrai de dire que chaque homme a un
grain de folie , nous ne lui ferons pas l’outrage de pen
ser que c’est dans le calme de la raison qu’il a fait de la
société un tableau où l’envieux , l’orgueilleux , l’am
bitieux , l’intriguant, la prude, la coquette , le poëte ,
l’académicien, tous ses membres en un mot, figurent
comme frappés de vraies aberrations morales. Un
pareil morceau, écrit dans un style d ' inspiré, ne peut
être que le résultat d’un accès d’une aigreur injuste.
Et n’est-ce pas seulement pour étaler un vain luxe
d’érudition , déplacé dans un article de médecine
philosophique , qu’il ose nous représenter dans un
état plus ou moins grand d’aliénation, les sauvages
connus sous le nom d’Ffl/mos et A’Omagnas, les
Sewards , les hahitans de la province de Connaught
et de l’intérieur de l’Irlande, ceux de la Sybérie,
certains peuples d’Afrique, les Talapoins du roy
aume de Siam , les Bramines , les Fakirs , etc. etc.
Si nous n’aimions à nous persuader que le senti
ment pénible de voir la plus grande partie de
l’espèce humaine ne jouir des facultés intellec
tuelles qu’à un faible degré, a seul dicté ces lignes
�3 5
eut^ées à M. Daudibertières, nous Craindrions pour1
lui le sort de ce Gallus Vibius, dont parle Sénèque
le rbéieur, qui perdit la raison en tâchant de com
prendre l’essence de la folie.
(
o
)
D i c t i o n a i r e d é m é d e cin e p r a tiq u e e t de c h ir u r g ie ,
m is à l a p o rtée d es g e n s du m o n d e , a u t a n t q u e
V a rt de g u é r ir en e s t su sc e p tib le , ou m o y e n s le s p lu s
s im p le s , le s p lu s m o d ern es
et
le s m ie u x
de t r a ite r tou tes le s in firm ité s h u m a in e s ( i . '
p a r M. J.-F . - A
i n - 8 . ° d e 1 7 7 4 p a g e s.
l
e
x
a
n
d
r
e
P
o t j g
e n
s
.
ép rou vés
édition
)}
Q u a tre v o lu m e s
Ün jugement sain , un grand fond de connaissances
et le talent d’écrire avec précision, telles sont, dit avec
ïaison M. C a s t e l , les conditions indispensables pour
faire un bon dictionaire. Quoiqu’un ouvrage de cette
nature soit peu susceptible d’être analysé, les dé
tails dans lesquels entre le critique prouvent que M.
Pougens réunit ce genre de mérite, et que son
livre renferme en général une doctrine saine ,
exposée avec clarté, méthode et discernement. Ls*
partie des indications curatives a été surtout traitée
avec beaucoup de soin ; l’auteur s’est appuyé d’un
grand nombre d’observations puisées dans sa pra
tique. Malgré les défauts qu’on rencontre dans ce
recueil, le rédacteur pense qu’il sera consulté avec
avantage par les praticiens et qu’il sera utile aux
gens du monde, si toutefois un ouvrage de méde
cine , quel qu’il soit, peut remplir ce dernier but.
M. Castel se livre dans l’exposé de ce travail à des
réflexions dont la plupart offrent un véritable inté
rêt ; mais nous ne pouvons admettre avec lui que
la fièvre n’a point de siège circonscrit ou déterminé^
et que les phlegmasies sont dues tantôt à une cause
X
ae
�( 3 o6 )
excitante , tantôt à une cause débilitante. Une pa
reille doctrine 'porterait à adopter un traitement
opposé pour une classe de maladies qui, de l’aveu
même de M. Castel, présentent des phénomènes en
tout semblables , et pour nous convaincre , nous l’engag'eons à développer lui-même ces idées pour ne
pas s’en voir s p o lié , comme il se plaint de l’avoir
été de tant d’autres.
A b r é g é p r a tiq u e d es m a la d ie s de l a
. d ’a p r è s le sy stè m e n o so lo g iq u e
T
homas
B
atem an
p e a u , c la ssé e s
Willan ; p a r
par Guillaume
d u D.
, tr a d . de l ’a n g l a i s
Bertrand. ( Paris, i8so. In - 8 .° J.
Choisir pour épigraphe cette sentence de M. Alibert, «que de jeunes médecins eussent mieux servi
leur art, en s’occupant à traduire, au lieu de ris
quer leur gloire par des réflexions irréfléchies et
prématurées » , pour s’autoriser à entreprendre la
traduction d’un ouvrage qui ne renferme que des
erreurs, ce n’est pas faire preuve d’un jugement
très sain. La critique que M. Jourdan fait de l’Ahrégé pratique du D. Bateman, montre en effet que
cet ouvrage pèche par le fonds et par la forme,
que la classification en est absurde et la thérapeu
tique dangereuse. Il est à croire que ce nouveau
moyen de passer à la postérité n’aura pas beaucoup
d’imitateurs, et que M. Bertrand lui-même n’y au
rait pas eu recours , s’il s’était nourri de la lecture
de l’ouvrage sur les maladies de la peau du Lorry
français, et surtout s’il avait suivi les leçons clini
ques de ce médecin, à l’hôpital qu’il dirige avec
autant dé üèle que de véritable talent.
�( 3d7 )
R é f u t a t i o n des objections fa ite s à la nouvelle doc
trine des fiè v r e s, ou de la non-existence des fe r r e s
essentielles : Mémoire en réponse à celu i de M. Chomel, ayant pour titre : De l’existence des fièvres
essentielles, e tc ., et au rapport cle M. Fouquier sur
ce mémoire; par L o u i s - C h a r l e s R o c h e , D . M. P .
P a ris , 1821. I n - 8.° de 168 pages.
Sectateur non moins ardent qtl’éclairé de la nou
velle doctrine des fièvres , M. J. Bégin donne de
l'ouvrage du D. Roche une analyse qui est toute
en faveur de l’auteur. Il trouve rassemblés dans cet
ouvrage, écrit dans un style v if, rapide, entraînant,
tous les faits, tous les arguïnens fournis par les mé
decins qui défendent depuis long - lems cette partie
du système de M. Broussais, et cette réunion forme,
d’après lui , une réfutation forte et complète des
objections faites par MM. Chomel et Fouquier contre la
théorie nouvelle qui consiste, comme on le sait, à ne
point admettre l’existence des fièvres essentielles et à
placer leur foyer dans le canal digestif. Quel que sé
duisante que soit cette doctrine , quoiqu’elle ne ren
ferme rien d’abstrait, de métaphysique , et que l’es
prit saisisse sans peine les explications qu’elle donne,
l’aveu que l’observation force M. Roche de faire,
« que les bons effets de l’émétique ( nuisible dans
les maladies par irritation ) sont d’autant plus cer
tains que la gastro-entérite est plus légère », montrç
le danger d’ètre exclusif et le besoin d’attendre de
nouveaux éclaircissemens du tems et de l’expérience.
Ma n u e l pratique de vaccine à l’ usages des jeu n es
m édecins, des chirurgiens , des officiers de santé et
de toutes autres personnes chargées de cette opéra
tion ; par P. J. BERGERON , D . M. P . etc. P a r is ,
�(
3 o8
)
i 82 ï . 7/2-8.'’ d e 5 p a g e s , a v e c 8 p ld tiè h e s lith o g ra
p h ié e s. (Voyez pour l’analyse île cet opuscule p. 2 5 3 ).
E
ssa i
R.
p h y sio lo g iq u e s u r
Athanase.
P a ris,
l ’in te llig e n c e h u m a in e ; p a t
1819.
I n - 8 .’ d e
43
p ag e s.
Le nom de L i b e r a u r e u s , dit le rédacteur de cet
article , convient parfaitement à l’opuscule de M.
Athanase qui caractérise parfaitement le siècle dans le
quel nous vivons. La vie , dit cet auteur, est le mo<le
d’existence des corps organisés , et la s e n s ib ilité est
le dernier terme auquel on arrive dans l’étude de
ses phénomènes. La manière dont ces deux pro
positions sont développées et le sommaire que le
critique donne des idées que renferme cet opus
cule, notes engagent d’y renvoyer le lecteur pour
y puiser les principes austères de la philosophie
empirique.
— Quatre observations terminent le 3 5 ." cahier: la
première est fournie par M. Bricheteau , et a pour
sujet un enfant de cinq ans, qui, ayant offert les
signes d’une angine subitement supprimée, fut at
teint d’un état inflammatoire qui occupa successi
vement la tète, l’abdomen et la poitrine, et se ter
mina heureusement le 21.™' jour par une double
crise : la surdité et le dépôt sédimenteux des urines.
C.ette observation donna à son auteur occasion de
rendre hommage au génie observateur d’Hippocrate
et de fixer l’attention sur la doctrine des crises
dans les maladies aigues, trop négligée de nos jours.
Les trois autres ont pour auteurs MM. Barbieux D.
M. et C. à Carcassonne. L ’une d’elles a pour sujet
un homme de 6 5 an s, père de 8 enfans , qui, né
avec un phimosis naturel, ne demanda les secours
de la médecine que lorsque l’ouverture de son pré
puce fut resserrée au point de ne permettre le
�C3 o 9 )
passage des urines qu’avec douleur et difficulté , et
à l’aide d’un mandrin du diamètre d’une petite
aiguille à tricoter. La seule particularité qu’à offerte
l ’opération nécessitée par ce pliimosis dans lequel
le prépuce était comme cartilagineux , et avait le
pourtour de sa membrane interne adhérent à celui
de l’orifice de l’urètre, a consisté à perforer avec
une sonde à panaris, introduite avec beaucoup de
difficulté , la membrane interne à un des points
de son adhérence au gland. Au moment de l’in
cision le malade a uriné à plein jet, ce que, dit-il,
i l n'avait jam ais f a i t de sa vie. — Marguerite
Danjard , âgée de Sa ans, est le sujet de la deu
xième. Se voyant au moment de périr dans les flam
mes qui consument la maison qu’elle habite ,
cette infortunée se précipite d’une fenêtre de 3 o
pieds de hauteur. Les suites de cette chute violente
sont une fracture du péroné à deux travers de
doigts au-dessus de son extrémité inférieure, avec
sortie de l’astragale par une plaie dans la région
de la malléole externe, MM. Barhieux débrident
largement la plaie , tentent, mais inutilement , la
réduction de l’astragale. Le lendemain ayant réitéré
la même tentative, avec aussi peu de succès, ils
se décident à faire l’extraction de cet os et appli
quent un bandage approprié. Un abcès se forme aux
environs de la malléole interne , l’ouverture en est
faite et cinq mois après l’accident , la guérison est
complète et Danjard marohe avec facilité à l’aide
d’un bâton. Il s’agit dans la dernière de ces obser
vations d’une hernie ombilicale épiploïque que M.lle
.... , âgée de 60 ans, portait depuis vingt années
et qui acquit une tumeur si volumineuse qu’elle
entraîna le nombril au niveau du genou. Le suspensoir de Fabrice de Hilden est le seul moyen v
�( 3 io )
a été conseillé pour prévenir l’augmentation et l’ctranglement de la tumeur.
Voyez l’article V a r ié té s pour ce qui concerne la
découverte anatomique de M. Schreger', dont il est
fait mention après l’observation de M. le Docteur
Bricheteau.
•
G. A. T. S u e , D. M. P.
k,-v/% /v "% /x/v -x/^/x/%
A N A L Y S E
DU J O U R N A L
DE
P HAR MAC I E .
C Cahiers d’A vril et Mai. )
M. Robert, pharmacien en chef de l’hôtel - Dieu
de P aris, produit le résultat de ses expériences sur
•plusieurs concrétions provenant des intestins et de la
vessie. Ce chimiste examine d’abord un calcul pesant
deux gros dix grains, rendu par l’anus ; ce calcul
de forme sphériqne, a une couleur jaune foncée ;
on y remarque des points cristallins et brillans. Sou
mis à l’analyse chimique, au moyen de l’eau pure,
de l’eau alcalisée, des acides et de l’alcool, il le
trouve composé :
De cholesterine ( adipocire ) r
De matière jaune.
Ce chimiste reconnaît la cholesterine , en fesant
bouillir le calcul dans l’alcool qui abandonne, après
son refroidissement, des cristaux en paillettes bril
lantes. Un autre calcul extrait des intestins d’un
individu mort, lui offre des résultats à -p e u -p rè s
semblables. Procédant à l’examen d’une matière sous
la forme de petits mamelons rendus par les selles,
M. Robert les trouve composés de mucus animal.
�( Sri )
Quelques concrétions de la vessie sont aussi ana
lysées par le même chimiste. Dans les uns il y dé
cèle l’acide urique que Vollaston a également trouvé
dans les excrémens des oiseaux ; la partie blanche
des excrémens d’un serin, traitée par l’acide ni
trique, lui offre tous les caractères de l’acide urique.
Dans d’autres concrétions urinaires , sous forme de
petits grains , l’auteur y distingue l’oxide cystique.
— A ce travail succède celui de MM. Henri et
Caventou qui s’étaient occupés isolément des mêmes
travaux sur le principe qui cause l’amertume dans
la racine de gentiane ( gentiana lutea ). Ces chi
mistes ont cru devoir se réunir ensuite pour publier
le résultat de leurs expériences, desquelles il s’en
suit, que l’éther mis en contact à froid sur de la
gentiane en poudre, se colore en jaune verdâtre.
Cette teinture filtrée, versée dans un vase ouvert
et exposée à une douce chaleur s’évapore lentement
et laisse déposer, sous forme de zones, une grande
quantité de très petites aiguilles jaunes, qui quel
quefois , lorsque l’évaporation est spontanée, se grou
pent entr’elles en imitant des étoiles. Si la liqueur
est très concentrée, elle se prend en masse jaune
cristalline de laquelle on isole, au moyen de l’al
cool , une substance poisseuse analogue à la glu.
Les lavages alcooliques réunis et évaporés, laissent
reparaître la substance cristalline jaune, d’une amer
tume très forte: reprise par l’alcool faible, on en
sépare une matière huileuse fixe , inodore, insipide
et de couleur verdâtre. L’alcool faible, en dissolvant
la matière jaune amère, s’est emparé aussi d’une subs
tance acide et de la matière odorante de la gentiane.
En fesant évaporer celte dissolution alcoolique
jusqu’à siccité , délayant la matière dans l’eau, ajou
tant un peu de magnésie calcinée et lavée , fesant
�( 312 )
Îîouillir et évaporer de nouveau à siccité, au bain
m arie, l’on chasse la plus grande partie de la ma
tière odorante de la gentiane; l’acidité disparait par
la magnésie. Lavant ensuite la lacque magnésienne
jaune , avec l’éther , on enlève la majeure partie
du principe amer de la gentiane qu’on obtient pur
et isolé par l’évaporation de l’éther.
Ainsi, pour me résumer sur les résultats déjà obtenus,
on extrait d elà gentiane, pu moyen de l’éther, cinq
substances différentes: r.° une matière identique avec
la glu ; z.° un principe jaune amer cristallin, par
faitement neutre ( gentianin ); 3 .° une matière grasse
fixe; 4.° une substance acide ; 5 .° un principe odorant'
MM. Henri et Caventou ont encore séparé de la
gentiane déjà traitée par l’éther, et en employant
successivement l’alcool, l ’eau froide et l’eau bouil
lante: x.° du sucre incristallisable ; 2 .°d ela gomme;
3 .° une matière colorante fauve ; 4.0 du ligneux.
— M. Cadet produit unenote sur la pommade
de Désault, en réponse à une lettre anonyme de
l ’un de ses confrères, qui prétend que la formule
de M. Cadet, insérée dans le formulaire magistral
de ce pharmacien, est inexécutable. Pour dissiper
cette erreur, M. Cadet a cru devoir communiquer
la formule suivante et textuelle du célèbre chirurgien ;
y
Prœcipitati rubri 1
Oxidi plumbi
f
Tuthice
l û 7 ia dragmamunam,
Aluminis usti
J
Muriatis hyperoxidati mercurii, grana duodecim.
Supra porpbyritem lævigata probe immisceantur
unguento rosato, vel cerato non loto.
Huic compositioni rubedo, si arridet, conciliatur
addendo cinnabaris unciam unam.
M. Cadet déclare en dernière qnalyse que la pro-
�( 3i3 )
portion du cinabre est de demi gros sur une once
d’ouguent ou de cérat.
— Le fruit de l’arbre de Ste. - Lucie ( pruna
mahaleb Linn. ) peut être utilisé avec succès,, d’après
M. Cadet de Vaux, pour la confection du marasquin
français, en fesant infuser cette petite cerise pendant
quelque tems dans l’eau-de-vie ; on en oblient-qaar
la distillation au bain marie, un esprit d’un arôme
très agréable, et qu i, sucré convenablement, forine une liqueur comparable au meilleur marasquin
d ’Italie.
— Le nid fougueux de la fourmi biepineuse de
Cayenne est recommandé par MM. les rédacteurs
pour les grandes opérations de chirurgie. Cette subs
tance qui ne serait ni très chère ni très rare, sur
passe eu qualité l’amadouvicr ordinaire.
— M. Virey fait la description d’une plante cé
lèbre, dite Baume des îles de France et dp Bourbon.
Cette plante est de la famille des eorymbifères. Elle
devient forte comme un arbrisseau. Ses tiges demi
ligneuses, sont cannelées, brunâtres au dehors,
jaunâtres à l’intérieur, d’une saveur un peu amère,
comme les autres parties de la plante. L ’on fait un
grand emploi de cette plante contre les catharres
pulmonaires chroniques dans l’Inde orientale; elle
procure l’expectoration ; mais il ne faut la donner
qu’après la période inflammatoire. On l’emploie en
teinture alcoolique et en sirop ; ses feuilles servent
encore en qualité de lion vulnéraire.
— Avant de parler du moussil des Persans , M.
Virey fait des remarques sur l’emploi des assaisonnemens, dont on fait d’autant plus usage qu’on des
cend des climats froids vers les contrées de la Zone
torride où l’on cherche davantage les plus odorans
et les plus excitans. C’est aiusi qu’en Angleterre et
�( 3i 4 )
en Allemagne les légumes sont simplement apprêtés
avec le beurre et le laitage, et que les Provençaux
et les Languedociens font usage de mets fortement
assaisonne's d’ail et de piment.
Le moussil est une racine bulbeuse, apportée de
Perse par M. OJlivier; son odeur est évidemment
alliacée ou voisine de celle de l’assafœtida. On vend
^beaucoup de cette bulbe dans les bazars d’Ispahan,
pour assaisonner le yougxmrg, espèce de mets dont
les Persans s’accommodent et qui est fait avec du
lait caillé et aigri. La plante qui produit la bulbe
du moussil appartient à la famille des liliaoées.
— Le même auteur donne aussi la description du
grand salebié des Persans, racine bulbeuse, employée
comme le salep. M. Ollivier qui l’a rapportée de
Bagdad, annonce qu’elle provient d’une espèce de
colchique d’Orient, comme l’hermodacte.
— M. Y irey, dans une 4.™' note , fesant. des re
marques sur les effets de la transpiration ou la sueur
sur le corail, observant que cette humeur est acide
et que c’est à ce principe qu’on doit attribuer le
blanchiment du corail rouge , porté en Bijous, a
fait des essais comparatifs en jetant des acides faibles
sur du corail qui se trouve blanchi par ces agens.
Il conclut pour parer aux inconvéniens de la sueur,
de prévenir l’altération du corail en le fesant digérer
dans de l’huile chaude ou de la cire fondue, pour
n’être plus aussi attaquable par les acides de l’hu
meur transpiratoire. C’est aux fabricant de coraux
à juger de la proposition de M. Yirey.
—M. Berges ; pharmacien à Bordeaux, communique
un procédé pour la préparation de l’oxide d’anti
moine sulfuré rouge ( kermès minéral ) ; il conseille
d’ajouter du soufré au résidu du sulfure d’antimoine,
du moment de l’ébullition avec la liqueur filtrée,
�( 3i5 )
après que cette dernière a abandonné le premier
produit du kermès. Il obtient du kermès aussi beau
qu’àuparavant, et. précipite l’oxide d’antimoine sul
furé orangé, par l’acide sulfurique, à la manière
ordinaire.
— Nouvelles des sciences. M. Dœbereiner a extrait
de l’eau-de-vie, par la fermentation de la garance
moulue et délayée daus l’eau tiède avec un peu de
levure de bière.
— M. De Girnbernat a découvert dans les eaux
thermales de Baden en Allemagne, et dans celles
d’iscliia , île du royaume de Naples , une substance
animale qui ressemble à de la chair humaine re
couverte de sa peau qu’il appelle zoogène: soumise
à l’analyse chimique, elle donne tous les produits
des matières animales.
— M. Haenle vient d’utiliser l’huile animale qui
croupissait dans les fabriques de sel ammoniac, en
l’employant à la confection du bleu de Prusse et
du prussiale de potasse; il fait rougir le charbon
d’huile animale avec la potasse, et obtient ainsi son
prussiate, aussi riche en matière colorante que s’il
était fait avec les cornes et le sang de bœuf.
— M. Dœbereiner a obtenu du carbone cristallisé,
auquel il donne le nom de métal de carbone. M.
Jonh a réussi à obtenir le même métal. Le premier
de ces chimistes a trouvé depuis peu du phosphate
de chaux dans les plantes.
— M. Brugnatelly fils a découvert un nouvel
alcali, auquel il donne le nom d ’apyre. Cet alcali
provient de ses longs travaux sur l’acide urique,
avec lequel les autres acides et notamment l’acide
sulfurique produisent par leur action sur l’acide uri
que, une nouvelle base salifiable.
M. Kastner, en traitant de l’étain avec du chlore,
\
�( 3 x6 )
a produit une substance gazeuse à laquelle il donne
le nom de gaz hydrogène stannuré. Introduit dans
une solution d’or, ce gaz le précipite en pourpre
de cassius. C’est le réactif le plus puissant pour re
connaître de très petites quantités de ce métal.
— M. Frigerio, pharmacien à Nantes, obtient des
cristaux de camphre, eu fesant dissoudre au bainmarie chauffé à 5 o degrés, 8 onces de camphre rafîne dans une livre et demie d'alcool à 20 degrés ;
au bout de 8 jours le camphre se cristallise et pré
sente des cristaux réguliers assez longs.
— Des observations très judicieuses ont été faites
par M. Bouillon Lagrange sur les trois espèces d’a
cide benzoïque répandues dans le commerce. L ’un
est obtenu par sublimation , l’autre est extrait par
précipitation et à l’aide du procédé de Schèele, et
le troisième est retiré des urines des herbivores.
Il résulte en général des expériences de M. Bouil
lon Lagrange, que ces trois acides sont évidemment
le même, c’est-à-dire qu’ils consistent pour la plus
grande partie de leur masse en acide benzoïque
chimiquement identique, mais dont les propriétés
physiques et médicales diffèrent par la nature des
substances odorantes qui l’accompagnent. Ainsi il est
uni à une petite quantité d’huile volatile dans l’a
cide sublimé, à de la résine odorante dans l’acide
par précipitation. Enfin, l’acide retiré des herbivo
res , contient une ou plusieurs matières, dont l’odeur
est repoussante et dont la saveur est âcre , chaude
et très irritante.
En dernière analyse, M. Bouillon Lagrange an
nonce qu’il lui paraît nécessaire, jusqu’à ce que
des expériences aient constaté que l’on puisse retirer
en médecine un même avantage d’un acide benzoïque
Fi
è
�( 3i7 )
p u r, c'est-à-dire privé autant qu’il est possible <le
l’huile volatile qu’il contient, d’inviter les pharma
ciens à suivre l’ancien procédé, pour tout ce qui a
rapport à l’emploi de cette substance comme mé
dicament.
— M. Blondeau, pharmacien à Paris a fait l’exa
men chimique des feu illes de pauôts ( papaver somniferum L. ) , à l’effet de savoir si ces feuilles pou
vaient être utilisées pour la nourriture des bestiaux,
qui, au dire des bergers,avaient éprouvé des tranchées
et des vertiges, après en avoir mangé. Ce chimiste
ayant soumis les feuilles à l’action de l’alcool et de
l ’eau, n’y a trouvé ni acide méconique, ni mor
phine. Les capsules ( i ) ne lui ont pas plus réussi
ponr y trouver cette dernière substance. Il y a seu
lement décélé une huile verte, jouissant de la pro-
( i ) J ’ai à ma campagne un espace de trente à quarante mètres
ensemencés de ce pavot dit vulgairement œillete , dont on extrait
l’huile des graines què' les capsules renferment. J ’ai observé que
les capsules à l’état de verdeur, ont une odeur vireuse qui a quelque
analogie avec celle de l’opium ; qu’en incisant ces capsules et les
laissant sur leur tiges, il en découlait un suc laiteux am er, qui
desséché à l’air devient brunâtre comme l’opium ; cependant si ou
prive bien les capsules fraîches de la graine et des loges et qu’on
pile les capsules, on en obtient un suc douceâtre qui reste v e rt,
lors même qu’on le desséche aux rayons solaires. J ’ai mis à digé
rer dans l’alcool des capsules incisées. Je désire que mes occupa
tions me permettent d’y rechercher la morphine que M. Vauquelin
a déjà trouvée dans les capsules de pavots préalablement incisées.
La plante de l’œillete est la même que celle qui produit l’opium
en Orient. Nul doute que cette plante ne fructifie très bien eu
Provence; je pense néanmoins que quoique j’aie dans un terrain
non arrosable, des tiges d’un mètre à un mètre et demi avec 3 à
4 capsules à chacune , un terrain arrosé produirait des capsules
plus belles que celles que j’ai obtenues. La quantité de graines que
les capsules renferment est on ne peut plus considérable.
Kotc de M . Poulet.
�( 3i8 ) '
priété de la chlorophille, de la gomme , de l’a ci de
inalique prohahlement à l’état de malate acide de
chaux, du muriate de soude, du nilrate de potasse*
du sulfate de chaux, de l’alumine, du phosphate
de cliaux, du carbonate de chaux, de l’oxide de fer.
Malgré ces résultats, M. Blondeau pense que , si
non les feuilles, mais au moins les capsules de parût y
contiennent de la morphine en quantité à la vérité trop
petite pour être démontrée par l’analyse , mais assez
grande pour agir à la longue sur les bestiaux. Il a
donc conseillé à un agriculteur d’essayer dé nouveau
à nourrir des moutons avec les feuilles sèches, bien
privées des capsules, et si son conseil es,t suivi de
la réussite , M. Blondeau aura rendu un vrai service
à l’agriculture.
— M. Boutron Charlard annonce la falsification
du lapioka , il jiense que le tapioka factice, qu’il dit
être plus transparent que le vérîtable, n’est autre
chose que de la fécule dont on forme une pâte au
moyen d’un mucilage et qu’on granule le plus ir
régulièrement possible. Il assure, au reste, que ce
nouveau produit de la fraude est loin de remplacer
le tapioka des colonies.
— MM. les rédacteurs du journal de pharmacie
ayant invité les rédacteurs des journaux de médecine,
à faire connaître un arrêt rendu contre le sieur Rou
vière et la doctrine que le ministère public a adoptée
dans l’affaire dudit sieur Bouvière, nous croyons de
voir obtempérera l’invitation de MM. les rédacteurs,
en insérant en entier l’article suivant qui nous paraît
du plus haut intérêt pour les trois branches de l’art
médical.
P
o
l
i c
e
p
h
a
r
m
a
c
o
-
l
é
g
a
l
e
.
Remèdes secrets.
« Nous nous sommes plaint souvent de l’extrême in-
�( 3i9 )
diligence avec laquelle les autorités et les tribunaux
traitaient les charlatans. Nos plaintes ont été enten
dues, et depuis quelques tems plusieurs guérisseurs
sans titre ont été punis. Les sieurs Laurenti, Meu
nier, Lepelletier, Chevalier et autres, ont subi des
amendes ou la prison. L’un d’eux mèmè, le sieur
Meunier, a été banni comme forçat libéré. Mais l’af
faire la plus remarquable dont se soit occupée la
justice est celle du sieur Audin-Roupière, distributeur
des grains de santé dits de Franck, et d’une essence
éthérée balsamique.
Le 2 3 janvier dernier, le tribunal de police cor
rectionnelle avait condamné le sieur Rouvière à cent
francs d’amende et aux frais du procès. Ce jugement
ordonnait en outre la suppression des annonces et
dépôts de ses remèdes, et lui fesait défense de s’im
miscer à l’avenir dans l’exercice de la pharmacie.
M. le procureur du roi a fait des réserves contre
les dépositaires des grains de santé et de l’essence
éihére'e balsamique.
Le sieur Rouvière a fait appel de ce jugement:
la cause a été portée à la cour royale , q u i, adop
tant les motifs des premiers juges, et sans avoir
égard à la demande d’une nouvelle analyse, a con
damné l’appelant à l’amende et aux dépens.
La législation sur l’exercice de la médecine et de
la pharmacie présentait plusieurs points obscurs. Des
empiriques adroits, à l’aide de fausses interpréta
tions, pouvaient échapper à l’application pénale qu’ils
avaient encourue ; mais la jurisprudence du tribunal
a été fort éclairée dans la discussion de l’affaire du
sieur Rouvière, et la doctrine émise par M. le pro
cureur du roi a résolu les principales difficultés qui
s’étaient élevées jusqu’ici.
�( 326 J
On n’avait point encore bien défini ce qu’oit de
vait entendre par remède secret; le ministère public
l’a expliqué ainsi; Doit être considéré comme remède
secret toute préparation médicinale simple ou com
posée, dont le nom véritable si elle est simple, dont
les noms et les doses si elle est composée, ne sont
point connus, dont la formule ne fait point partie
du Codex medicamentarius rédigé par la faculté , oit
qui, n’étant imprimée dans aucun formulaire, dis
pensaire , traité ou journal de 'médecine , reste la
propriété de son inventeur, n’est point à la dispo
sition des autres médecins ou chirurgiens, et ne
peut être exécutée par tous les pharmaciens indis
tinctement.
Or il a été prouvé au procès que les grains de'
santé, dits de Fran ck, quoique analogues à beau
coup de préparations connues, avaient tous les ca
ractères d’un remède secret.
On ne peut débiter aucun remède secret sans avoir
obtenu une autorisation spéciale, et avoir rempli les
formalités exigées par le décret du 18 août
Le sieur Rouvière n’a jamais eu d’autorisation, et
toutes les fois que la faculté de médecine a été ap
pelée à prononcer sur les grains de santé, elle at
refusé son approbation.
Quand un officier de santé, chirurgien ou méde
cin , veut tirer parti d’nn remède secret, il ne manque
point de dire qu’ayant obtenu un diplôme , il a le
droit de prescrire aux malades, sa 7is publier ses or
donnances; et que, maître de choisir le pharmacien
qu’il croit digne de sa confiance, il peut déposer
chez lu i, ou son remède confectionné , ou la formule
de ce remède.
Ce système ne peut plus tromper les juges.
Un médecin a le droit de formuler, mais non de
i
8
i o
«
�( 321 )
ftîéparer les médicamens, de les vendre et débiter
lui-mème. Les articles XXV et XXXVI de la loi du
s i germinal an XI réservent aux pharmaciens lé
galement reçus la confection de tous les remèdes. Il
n’y a d’exception pour les médecins ou officiers de
santé, que lorsqu’ils habitent des communes où nul
pharmacien n’a d’officine ouvertè.
Les ordonnances des médecins sont de deux sor
tes: elles prescrivent des préparations officinales ou
magistrales.
Les ordonnances, que par élision on peut appeler
o f f i c i n a l e s , désignent ( par leurs noms seuls ) une ou
plusieurs préparations , soit du C o d e x , soit des dis
pensaires en usage, sans en donner les formules.
Les ordonnances m a g i s t r a l e s sont spéciales : elles doi
vent être formulées, c’est-à-d ire contenir la dési
gnation des substances qui composent la préparation
prescrite , la proportion de ces substances, et le mode
d’exécution , ou au moins d’administration.
Ainsi quand un médecin écrit: O » prendra deux
gros de thériaque, il fait une ordonnance officinale.
Quand il dit: Vous ferez une potion avec une once
de sirop de fleurs d’orange, 4 onces d’eau de tilleul
et 20 gouttes d’éther, il fait une ordonnance ma
gistrale. Enfin quand il dit: Vous irez chez tel di- ,
recteur de poste ou chez tel pharmacien acheter d e s
g r a i n s d e s a n t é d u D . F r a n c k ou de V é l i x i r d e F i l
l e t t e , il donne une adresse , il indique uq dépôt, il
ne fait point une ordonnance.
Ces principes une fois admis, il ne reste plus à
examiner que la question de savoir si un pharmacien
a le droit de recevoir, à titre de dépôt, un remède
secret ; s’il peut le préparer et le débiter à tout
Venant.
C’est principalement pour éviter cet abus, quii
ai
�( 322 )
entretenait la plus dangereuse confusion , que le gou
vernement à chargé la faculté de médecine de ré
diger un Codex. Dans- l’ordonnance du roi qui est
imprimée en tète de ce Codex, S. M. rappelle les
' dispositions de l’arrêt du parlement du 2 3 juillet
1748; et cet arrêt interdit formellement aux phar
maciens le droit de préparer, vendre ou débiter
d’autres préparations que celles qui sont approuvées
par la faculté, ou qui font partie des dispensaires.
Aussi le ministère public, dans l’affaire du sieur
Rouvière, s’est-il réservé lé droit de poursuivre les
pharmaciens préparateurs ou dépositaires des remèdes
secrèts de l’accusé. En effet l’interdiction prononcée
contre un charlatan ne donnerait aucune garantie
au public, si les dépôts qu’il a formés n’étaient pas
supprimés ; si les annonces, affiches, prospectus qu’il
répand avec profusion, n’étaient pas spécialement
défendus.
Il est donc reconnu- maintenant: i .° que tout re
mède dont la formule n’est pas publiée, et à la
disposition de tous les médecins et pharmaciens, est
un remède secret, qui doit être prohibé, à moins
que le propriétaire de ce remède ne justifie d’une
approbation de la faculté ou d’une commission lé
gale qui aurait examiné ledit remède.
2.0
Qu’un médecin, chirurgien ou officier de santé,
n’a aucun droit de préparer, vendre ou déposer un
remède secret.
3 .0, Que les dépositaires d’un remède secret; fus
sent-ils pharmaciens reçus légalement, sont en con
travention , et doivent être poursuivis ; à plus forte
raison les directeurs de poste, merciers, épiciers et
autres marchands qui reçoivent de pareils dépôts.
Le décret du 26 décembre r8io est le seul qui
offre aux charlatans un moyen d’échapper à la pro-
�{ 323 )
Kibîtîon prononcée par celui du i8 août précédent;
Ce décret dispense les propriétaires de remèdes se
crets qui ont obtenu une autorisation a n t é r i e u r e au
18 août 1810, de soumettre leur recette a un nouvel
ëxameh, à un nouveau jugement; mais cette dispo
sition ne s’applique pas l\ toutes les permissions ou
brevets antérieurs ; elle -iî’exceptè que les recettes
qui ont été examinées p a r u n e c o m m i s s i o n , aux ter
mes du paragraphe i.er de l’art. 3 du décret du 18
août t8 io , et lorsque cètte commission a reconnu
et déclaré formellement que cette recette ne contient
rien de nuisible ou de dangereux*. Ainsi les brevets
d’invention, les brevets et permissions accordés par
le ministre de la maison du ro i, les décisions mi
nistérielles et lès tolérances de policé, ne sont point
compris dans l’exception.
D’après la jurisprudence qui vient d’être consa
crée , nous avons tout lieu de croire que le minis
tère public ne restera pas èn si beau chemin ; et
que son regard investigateur se portera sur les char
latans qui jouissent encore de l’impunité, lis peuvent
éviter le châtiment èn se Conformant aux lois et cri
remplissant les formalités voulues par lès règïetnens :
ainsi les sieurs L e R o i , M e t t e n i b è r g , C a r r é , et autres
épie nous pourrions citer, doivent prendre cettè ob
servation eommé un avertissement charitable èt uü
véritable service.
En attèndant, les pharmaciens qui honorent leur
profession , doivent espérer que MM. lés directeurs
èt professeurs de l’école dé pharmacie, donneront
Connaissance de la condamnation du sieur Rouvière
* aux 23 pharmaciens qué cet' officier de santé désigne
dans ses prospectus, comme dépositaires de ses pilules.
Ils doivent espérer aussi qué M. le directeur gé
néral dés postes recevra une notification officielle de
�( 3*4 J
ï’arvet de la coite ro y a le , en date du 9 mars der
nier ; et que cet administrateur zélé s’empressera de
réformer les dépôts de grains de santé établis dans
les bureaux de poste des déparlemens.
Enfin comme la police pharmaco-légaïe intéresse
la santé pnblique et l’honneur des médecins , nous
invitons Messieurs les rédacteurs des journaux de
médecine à faire connaître dans ces- journaux l'arrêt
dont il est question, et la doctrine que le ministère
public a adoptée dans l’affaire du sieur Rouvière. »
Les rédacteurs réunis du journal de pharmacie*
Le défaut d’espace ne nous permettant pas de
communiquer encore quelques articles du cahier de
m ai, la suite est renvoyée au prochain n.°
PoUTET.
VARIÉTÉS.
— L’étude si utile et si attrayante de l’organisme-,
est surtout de la dernière importance, alors que les
chimistes s’attachent à décomposer les substances
médicamenteuses. Ën effet, par la physiologie expé
rimentale , On parvient à démontrer l’action de ces
substances sur l’animal vivant et à donner ainsi des no
tions claires et précises sur leurs propriétés. Aussi,
M. le Docteur Magendie , cet habile et infatigable
physiologiste, doit-il compter autant d’abonnés à son
intéressant journal, qu’il y a de vrais médecins, et
croyons nous devoir communiquer souvent des extraits
de ce précieux recueil périodique, soit pour le re
commander à ceux qui ne le connaîtront point encore,
soit pour enrichir notre observateur provençal.
�( 3î 5 )
— La revue médicale, rédigée par des médecins
•distingués, voit journellement s’accroître ses succès.
Remarquable par une rare impartialité, elle s’atta
che à combattre avec force les erreurs et ne néglige
rien pour le triomphe de la vérité. Aussi, ne mé
nage-t-elle point les charlatans qui ne sont pas moins
vivement attaqués par les bulletins qu’elle publie.
Notre estimable am i, M. le Docteur Rouzet, qui la
dirige avec autant de sollicitude que de talens , a
donné, dans le cahier d’avril, une observation s u r
l e s p e r n i c i e u x e f f e t s d u v o m i - p u r g a t i f du S.r Leroy,
dans un cas de catharre pulmonaire chronique. Le
malade fut pendant 20 jours en proie à un véri
table c h o l é r a - m o r b u s , après avoir fait usage de ce
prétendu remède , et il n’a pu se rétablir entièrement
malgré les bons soins et les sages conseils de M. le
D. Rouzet qui fort heureusement fut appellé pour
conjurer l’orage. 11 éprouve toujours de la toux et
rend habituellement des crachats jaunâtres, etc. Au
début de cette observation , M. Rouzel s’indigne avec
raison de voir que le charlatanisme médical fait en
tous genres des progrès effrayans. N’est-ce pas assez ,
d it-il, que des hommes étrangers à l’art de guérir
spéculent frauduleusement et en toute sécurité sur
les infirmités humaines, fallait-il s’attendre epcore
à rencontrer sur la même route des hommes décorés
du titre de m é d e c i n s ......
— M. le Docteur de la Prade, dans le dernier
compte rendu des travaux de la Société de méde
cine de Lyon dont il est le digne interprète , parle
aussi des funestes effets du r e m è d e d e L e r o y ; il nous
apprend que dans un mois environ un ecclésiastique
a vu périr cinq personnes par cette nouvelle pa
nacée, et fait sentir la nécessité, pour le bien pu
blic, de poursuivre tous les charfcitans. « Il semble ?
�■
*
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* * * * * f p - ■■
( 3 a6 )
dit-il, à entendre quelques hommes q u i, par leurs
lumières et leur position sociale, devraient être aiir
dessus des préjugés popnlaires, il semble que lors
que les médecins dénoncent de pareilles horreurs ,
ils soient mus par un intérêt personnel et qu’ils
agissent dans leur propre cause : oui sans doute,
Messieurs, la cause de l’humanité est notre propre
cause, et nous saurons, pour la défendre, non seu
lement affronter tous les périls, mais braver encore
l’ingratitude et l’injustice des hommes! »
— Le bulletin de février 1821 , publié par la
célèbre Société médicale d’émulation, présente entr’autres mémoires importans, des considérations bien
pensées sur les établissemens de charité et sur l’exer
cice de la médecine, etc. M. Villermé , qui en est
l’auteur, dit un mpt touchant les divers genres de
charlatans et raconte qu’une sœur traitait une enté
rite par des purgatifs et autres moyens non moins
incendiaires, et qu’elle assurait que cette maladie
ne pouvait avoir une mauvaise issue. On lit aussi
dans une note qui annonce ce fait: « Il y a à Paris
« une de ces sœurs nommée U., g ..., qui a une
« réputation pour le traitement des cancers, et qui
ce ne craint pas d’armer quelquefois sa main du
c< glaive de la chirurgie; mais, depuis qu’elle se
ce croit épiée par un célèbre chirurgien de la capice taie, elle traîne à sa suite un élève de l’hùtelce Dieu, etc., etc. »
— Marseille a aussi des charlatans, ou pour mieujç
dire, Marseille semble devenir insensiblement le re
paire de ces ennemis de l’humanité. On a observé
que ceux qui n’ont pu tromper long-tems le public
dans diverses contrées de la France et de.l’Europe ,
arrivent dans cette cité avec la ferme résolution de
s’y fixer, comme si le peuple, selon eux, y était
�( 327 1
plus susceptible d’ètre dupé que partout ailleurs. La
série des drogues soit disant secrètes qu’on y débite
est immense, et il en résulte des abus qui font fré
mir. Tel qui est autorisé, à vendre un remède pour
le traitement d’une seule affection ( ce qui est plai
sant dans l’état actuel de nos connaissances ) ne craint
pas de le prôner pour la guérison d’une infinité de
maladies différentes. Ainsi, par exemple, le sieur
Pradier, qui n’a eu la permission de débiter son
cataplasme que pour le traitement de la goutte, an
nonce aux Marseillais ( par des placards qui choquent
le sens commun, pour ne pas dire plus), qu?il guérit
radicalement les maladies cutanées, les dartres, etc.;
il ose même avancer verbalement qu’il possède la véri
table panacée et propose de donner des conseils, lui
qui ne doit que vendre et débiter son cataplasme,
concurremment avec un pharmacien , et qui ne peut
l ’appliquer s’il n’est assisté d’un médecin ou chirur
gien légalement reçus. Croit-on, parce que Marseille
est une ville de commerce, que l’on puisse impu
nément y soumettre au trafic la santé des humains?
Naguères un médicastre annonçait dans la pharmacie
de M. Roustan, et en présence de plusieurs doc
teurs, qu’il possédait un remède propre à guérir deux
ou trois cents maladies différentes, indépendamment
de celles connues.. Mais l’autorité compétante a déjà,
rencontré l’occasion de châtier cet impudent, et
il faut espérer qu’elle prendra les mesures conve
nables pour arrêter to u t-à - fa it le charlatanisme
médical, ce torrent si destructeur de la Société.
— La Société de médecine, chirurgie et phar
macie du département de l’Eure avait mis au con
cours la question sur Vhydropisie du thorax, et du
péricarde. Le 25 septembre 1820, elle a adjugé la
médaille d’or à M. Priou, D. M. à Nantes, Pa admis.
�( 3 28 )
au nombre de ses correspondans et vient d’imprimer
en enlier son mémoire dans le 62.' numéro du buL
ïetin qu’elle publie. Ce mémoire de iâç pag. in-8.°?
abonde en citations qui ne sont point un vain éta
lage d’érudition, mais une somme de faits qui ten^
dent à rendre incontestables les propositions pour
résoudre la question. Aussi, le travail de M. Priou
honore autant son auteur que la savante compagnie
qui l’a couronné. M. Chauffard, D. M. à Avignon
a obtenu la médaille d’argent et son mémoire sera
imprimé par extrait.
— La communication des lumières parmi les
médecins de toutes les nations ne pouvant que con
tribuer à reculer les limites de la science, on aurait
mauvaise grâce à ne considérer comme utiles que
les travaux des médecins français. MM. Brewer et
Huet ( Desprès ) en continuant la bibliothèque ger
manique , c’est-à-dire, l’extrait des meilleurs ou
vrages de médecine et chirurgie, publiés en Alle
magne , ont entrepris une tâche qui doit évidem
ment tourner à notre profit et leur faire avoir con
séquemment un grand nombre d’abonnés. Parmi les
faits curieux que renferme ce recueil, il en est un
surtout très remarquable : une femme a vomi, à plu
sieurs reprises, dans l’espace d’environ trois ans, une
soixantaine de lézards qui se trouvaient dans l’estomac
et dont plusieurs étaient vivans. C’est à l’aide de
l’ipécacuanba , du tartre stibié, mais surtout d’une
teinture aloétique qu’on provoqua les vomisscmens.
Les antispasmodiques etc. furent utilisés. Toutefois, au
r.er avril 1818, la malade invoquait la mort comme
le seul terme de s.es souffrances. MM. les rédacteurs
promettent de donner la suite de cette observation
et signalent en même tems le fait consigné dans les
mélanges de médecine dn .célèbre W.eikqrd f 3.' f>oU
�( 329 )
229 <: il s’agit d’un homme q u i, après avoir bu
de l’eau d’une m a r e , fut pris de vives douleurs
qu’il endura pendant sept ans. Weikard l’ayant fait
vomir avec une infusion de nicotiane , on trouva
dans les matières rejetées des lézards vivans et d’autres
qui étaient morts.
— Le Professeur Dzondi annonce que M. Scbreger
professeur à Erlangue , yient de découvrir une nou
velle espèce de b o u r s e s m u q u e u s e s qu’il appelle s o u s
c u t a n é e s , et dont il promet la description dans un
ouvrage particulier, enrichi de figures en taille douce.
Ces bourses se trouvent immédiatement sous la peau,
et y sont formées par les lamelles memhranacées
profondes du tissu adipeux.
— On lit dans les annales cliniques de la Société
de médecine pratique de Montpellier ( mois de sep
tembre et octobre 1820) une observation qui a quelque
analogie avec celle que nous avons rapportée du
D. Feste: il s’agit c C u n e p i e r r e d u p o i d s d e d e u x o n c e s
pag.
et
c in q
p é r in é e
gros,
s o r tie p a r
une
esca rre
ga n g rén eu se a u
; mais le malade n’a cessé de s.oulfrir depuis
28 ans environ. Les annales cliniques rendues si rexnarquables par le savant et célèbre Professeur Bau
m es, pendant quatorze années, sont, depuis trois
a n s, publiées, par M. le D. Bonnet , d’après le
même plan que par le passé, et avec le plus grand
succès, c’est-à-dire qu’elles sont toujours très dis
tinguées et que M. Baumes ne pouvait avoir un plus
digne successeur que le rédacteur général actuel dont
les lalens, le bon goût, l’excellent esprit de critique
sont assez connus.
— Des praticiens recommandables auraient voulu
voir figurer M. Moulaud à côté des opérateurs dé
signés dans notre annotation, p. 3 2 du i.*r numéro,
des esprits inquiets, nous allions dire, médians.
�( 33o )
ont saisi cette occasion pour nous taxer de partia
lité. Notre réponse est facile: nous nous sommes
réservé à parler amplement du chirurgien en chef
de l’hôtel-Dieu de Marseille, dans un article que
nous donnerons incessamment relatif au service de
santé de cet hospice et à l’école secondaire de mé
decine qui y est établie. D’ailleurs M. Moulaud n’est
pas le seul chirurgien distingué que nous pouvions
citer encore. On s’en appercevra, lorsque nous au
rons signalé tous les docteurs qui, dans Marseille,
jouissent d’une haute réputation justement acquise,
c’est-à-dire, qui ne la doivent qu’au mérite et non
à l’intrigue, etc.
P. M. Roux,
G a lerie
—
m é d i c a l e
.
ü n o u v r a g e t u r c n e p e u t m a n q u e r d ’é x c it e r l ’in t é r ê t d es p e r
so n n es a t te n t iv e s à s u iv r e d a n s le s te in s o ù n o u s v i v o n s , les p ro g rè s
d e l ’e s p r it h u m a in .
C hani Zadeh,
m e m b r e d e l’ o rd re r e lig ie u x e t
ju d ic ia ir e d e l ’ O u lé m a , v ie n t d e m e tt r e a u
jo u r à C o n s t a n t in o p le
le p r e m ie r o u v r a g e d e m é d e c in e p u b lié e n T u r q u ie . L e m iroir des
corps ou anatom ie de l’homme te l est le ti t r e d ’u n r e c u e il é c r it e n
t u r c , e t tir é en p a r t ie d es o u v r a g e s f r a n ç a is , a n g la is e t a lle m a n d s .
D ans
u n v o lu m e in-f.® d e 3 oo p a g e s q u e d é c o r e n t
c in q u a n t e - s ix
p la n c h e s d ’a n a to m ie assez m a l g r a v é e s , o n l i t d e s d e s c r ip tio n s t r a
d u it e s
en
p a r t ie d e B e r t i n
l ’a r t d e g u é r ir s o n t tr a ité e s
et
d e P a lfin ; le s a u tre s b r a n c h e s d e
s é p a ré m e n t a v e c u n e p r é c is io n e t u n e
c la r t é re m a r q u a b le s . L ’ o u v r a g e se te r m in e p a r u n tr a it é s u r la th é
r a p e u t iq u e o ù se t r o u v e n t ra s s e m b lé s 3 i g r e c e tte s a p p lic a b le s à to u te s
les m a la d ie s . U n a p p e r ç u s u r la v a c c in e c o p ié d u D . D e C a r r o d e
V ie n n e fo r m e u n e s o rte d ’a p p e n d ix à to u te s le s a u t r e s b r a n c h e s d e
l ’a r t r é u n ie s d a n s c è t in - fo lio . I l est é to n n a n t q u e d a n s u n p a j s o ù
la lo i s’o p p o se fo r m e lle m e n t à l ’o u v e r t u r e d es c a d a v re s lors même
que le inort au rait av a lé la perle l a p lu s précieuse et qui ne lu i
appartiendrait p a s , o n p u b lie p a r o rd re d u G r a n d - S e ig n e u r u n tr a it é
d ’a n a to m ie
o ù to u te s le s p a r t ie s
p ré s e n té e s . C e tt e
d e l ’h o m m e s o n t e x a c t e m e n t re
a n a to m ie tn r q u e a é té b ie n t ô t s u iv ie d ’ u n a u tr e
o u v r a g e d e m é d e c in e é c r it d an s la m êm e la n g u e ; M . A u b a n , m é -
�(
id ecin f r a n ç a i s , r é s id a n t à
331
)
C o n s t a n t in o p le a f a i t r é c e m m e n t h o m
m a g e à ia S o c ié té r o y a le d e m é d e c in e d e M a r s e ille , d e la tr a d u c
t io n
e n tu r c d es
p r in c ip e s d e c h ir u r g ie d e L a f a y e , e t d e la m é
d e c in e p r a t iq u e d e S t o r c k .
—
D e p u is le v o lu m in e u x r a p p o r t d e M . le D o c te u r R o b e r t s u r
le s t r a v a u x d e la
S o c ié té a c a d é m iq u e d e
p e n d a n t les an n é e s
p ie n p u b lié s i c e
1817
et
18 1b,
m é d e c in e d e M a r s e ille ,
c e tte s o c ié té s a v a n t e n ’a p lu s
n ’est le ta b le a u d e ses m e m b r e s ,
d o n t e lle sera
fo r c é e d e d o n n e r u n e n o u v e lle é d itio n v u la r e t r a it e d e p lu s ie u r s '
tit u la ir e s .
•—
L a S o c ié té r o y a le d e m é d e c in e d e M a rs e ille p u b lie e n c e m o
m e n t le c o m p te r e n d u
d e ses t r a v a u x
p e n d a n t l ’a n n é e 1 8 2 0 , o n
p e u t p la c e r c e r e c u e il in té r e s s a n t a u p rè s d e c e lu i de la S o c ié té d e
L y o n . L ’ u n e t l’a u tr e s o n t é g a le m e n t r ic h e s d ’ o b s e rv a tio n s p ra tiq u e s
r é d ig é e s p a r d es m é d e c in s in s tr u its .
—
U n e c h a ir e d ’h y g iè n e n a v a le e s t-e lle in d is p e n s a b le d an s l ’é c o le
s e c o n d a ir e d e m é d e c in e d e M a r s e ille p o u r l’e n s e ig n e m e n t d es je u n e s
c h ir u r g ie n s q u i se d e s tin e n t à n a v ig u e r s u r le s v a is s e a u x d u c o m
m e r c e ? L a d iffic u lt é d e c h o is ir u n b o n p ro fe s s e u r e t d e tr o u v e r u n
a u d ito ir e o n t r e ta r d é sa c r é a tio n ju s q u è s à c e j o u r ; la c o m m is s io n
d e l’in s t r u c t io n p u b liq u e en fe s a n t c h o ix d ’ u n m é d e c in d e la m a r i n e ,
con n u
dans ce tte
v ille p a r scs é c r its e t
ses v o y a g e s
r e m p lir a
le
p r e m ie r b u t , m a is c o m m e n t p o u r r a - t- e lle c r é e r u n a u d i t o ir e ? U n e
o rd on n a n ce
m in is té r ie lle in t e r d it
a u x é q u ip a g e s d es n a v ir e s m a r
c h a n d s q u i n e se co m p o s e n t pas d e v in g t - u n i n d iv id u s , d e p r e n d r e
u n c h ir u r g ie n à b o rd .
O r , d e p u is c e tte o r d o n n a n c e les c a p ita in e s
d,e v a is s e a u x q u i s o rte n t d u p o r t M a r s e ille n e p r e n n e n t p o in t a v e c
eux
d ’é lè v e s en c h ir u r g ie v u le p e t it n o m b r e d ’h o m m e s d ’ é q u ip a g e
q u ’ils o n t. L e s
d ’e m p lo is
ni
é tu d ia u s
d a n s les
en
m é d e c in e
ne
ra n g s m i l i t a i r e s ,
tro u v a n t
n i dans
p re s q u e p lu s
la m a r i n e , o n t
d ir ig é le u r a m b itio n v e rs la c a r r iè r e c i v il e ; ils c h e r c h e n t d o n c a u x
c lin iq u e s d e c h ir u r g ie e t d e m é d e c in e d e l ’h ô te l- D ie u
tio n
qui
s o u v e n t le u r
échappe :
les in v i t e r
à
u n e in s tr u c
s u iv r e
un
co u rs
d ’h y g iè n e n a v a l e , c ’ e s t v o u lo ir les g r a tifie r d u s u p e r flu , a v a n t d e l e u r
a v o ir f a i t d o n d u n é c e s s a ir e ; m a is a c tu e lle m e n t q u e c e r ta in s h o m m e s
p r ê c h e n t l ’i g n o r a n c e ,
e n s’ é ta y a n t d e
le u r p ro p re e x e m p l e , i l e st
p e r m is d e fa u ss e r la d ir e c tio n d es é tu d e s t a n t lit té r a ir e s q u e m é
d ic a le s ,
et
d ’ a b o lir
l ’ u sage
d es c o n c o u r s
m êm e
p o u r le s c h a ire s
d ’ u n e é c o le s e c o n d a ir e . L e c h o ix d ’u n p ro fe s s e u r e s t a u lib r e a r b it r e
de
la C o m m is s io n
v o ir
nom m er
d e l'in s t r u c t io n
p ro fe s s e u r d ’h y g iè n e
p u b liq u e , au ssi e sp é ro n s-n o u s
n a v a le , u n m é d e c in i n s t r u i t ,
d o n t la v ie a é té c o n s a c r é e e n p a r tie à d es v o y a g e s m a r i t i m e s , e t
q u i p eu t par
je u n e s
l u i - m ê m e d o n n e r d es c o n s e ils u tile s
e t é c la ir é s aux:
é lè v e s q u i a m b itio n n e n t e x e r c e r l ’a r t d e g u é r ir d a n s l ’ I n d e ,
l ’A m é r i q u e , o u a u tr e s r é g io n s d u
g lo b e .
�('
3 3s
)
*— L e s n o u v e a u x B u lle tin s d e la S o c ié t é d e m é d e c in e d e C o p e n
hague
r e n fe r m e n t
S a r to p h
p lu s ie u r s
a r e c u e illi le c j s
f e m m e gro sse p o u r
la
o b s e r v a tio n s c u r ie u s e s . L e D .
d’ u n e
g ro ssesse
p r e m iè r e f o i s ,
J.
S.
t u b a ir e : « U n e je u n e
e n tr a
à l ’h ô p it a l a v e c
des
d o u le u rs p e n d a n t le s q u e lle s les e a u x s’é c o u lè r e n t: le s d o u le u r s p u ls iv e s d e l ’e n fa n t e m e n t ce ss è re n t b i e n t ô t , m a is c e lle s q u i a ff e c ta ie n t
to u t
l’a b d o m e n p e r s is t è r e n t , u u e
fiè v r e v io le n t e
accom pagn ée
5 .c
v o m is s e m e n s e t d e c o n s tip a tio n fit p é r ir la m a la d e a u
de
jo u r ;
à
l ’o u v e rtu re , d u c a d a v r e o n tr o u v a d u s a n g é p a n c h é en q u a n tit é d an s
le
b a s -v e n tre , et un
co n te n a n t
le
un
p la c e n ta :
r if ic e
sa c
m em b ran eu x
é p a is
fœ tu s m o r t b ie n d é v e lo p p é
de
q u e lq u e s
c e s a c a v a it r e je té la m a t r ic e d u c ô té
de c e t o rg a n e c o r r e s p o n d a it a u m ilie u
b ie n n e . L a tr o m p e
lig n e s
a v e c ses m e m b r a n e s e t
d r o i t , e t l ’o
d e la s y m p h is e p u
et
l ’o v a ir e d r o its é t a ie n t d an s l ’ é ta t n a t u r e l ,
m a is la tr o m p e g a u c h e
d ila té e c o n s id é r a b le m e n t, c o n s t it u a it le sa c
q u i c o n t e n a it le fœ tu s . » L e D .
S a r to p h a r e c u e illi
un
l ’a u to p s ie o n o b s e rv a
un
d e grossesse e x t r à - u t é r i n e ;
à
s ix
sac m e m b r a n e u x a d h é re n t
m o is re n fe r m é d a n s u n
au tre cas
fœ tu s d e
d ’u n e p a r t
à la p a r t ie p o s t é r ie u r e d e l ’ u t é r u s , e t d e l ’a u t r e a u r e c t u m .
—
L e D o c t e u r S k ie ld e r u p d e C o p e n h a g u e
a p ro p o s é
d a n s l ’h y -
d r o p is ie d u p é r ic a r d e l’ o u v e r t u r e d e c e t t e m e m b r a n e , p ré c é d é e d e
l a t r é p a n a tio n d u s t e r n u m : l’ a u t e u r n ’a ja m a is e u l’ o c c a s io n d ’ e x é
cu te r
ce
p ro c é d é o p é r a t o ir e , M . P e r c y e n a o b te n u
su ccès. L e cœ u r
p e u t d o n c ê tr e m is à d é c o u v e r t ?
d e v é r ita b le s
Un
p h ilo so p h e
d e l ’a n t iq u it é d is a it q u e si le c œ u r p o u v a it ê tr e o b s e rv é d é c o u v e r t
• c o m m e le v is a g e , i l d e v ie n d r a it a u s s i tr o m p e u r e t a u s s i h y p o c r ite
q u e lu i ( R a p p o r t d e M . P e r c y ) . O n r a c o n te q u e le c é lè b r e H a r v é e
fit v o i r u n jo u r à C h a r le s II u n h o m m e q u i , p a r le s r a v a g e s d ’ u n e
c a r ie a u s te r n u m
su r
e t a u x c ô t e s , a v a it u n e fe n ê t r e d e v a n t le
la q u e lle i l p o r t a it e n fo r m e
g e n t.
« V o ilà
O u i,
e s t-il
cœ u r
u n e la r g e p la q u e d ’a r
d o n c , s’ é c r ia le m o n a r q u e a n g l a is ,
h o m m e v i v a n t ! L e m ie n
H arvee?
de v o l e t ,
fa it com m e
le
cœ u r
d’un
c e l a , d e m a n d a - t- il à
r é p o n d it l ’illu s tr e a n a t o m is t e ;
et
c e lu i
du
fé ro c e
O l i v i e r r e s s e m b le - t- il à c e l u i - l à ? A s s u r é m e n t , d i t H a r v é e . C e lu i d u
lâ c h e
D ryd en , q u i
l’ a ta n t fla tté
T o u t d e m ê m e , c o n t in u a le
et q u i
m ’ e n ce n s e m a in t e n a n t ?
s a v a n t. T a n t
p is
a jo u t a
tr is te m e n t
C h a r l e s , e t t ir a n t sa b o u r s e : T e n e z , d it - i l à l’in f o r t u n é , c ’e st p o u r
la le ç o h q u e v o u s a v e z p r o c u r é e à v o t r e
—
M.
D u c o r p s , b a n d a g is t e ,
d o n t l ’ u t i lit é
ne
s a u r a it
r o i. a
a in v e n té r é c e m m e n t u n e c u lo tte
ê tr e c o n te s té e ; o n l ’a p p liq u e a u x je u n e s
e n fa n s q u i o n t c o n t r a c t é l ’h a b it u d e d e s e m a s tu r b e r : a u m o y e n d e
c e v ê t e m e n t , l ’ e n fa n t n e p e u t p lu s p r o v o q u e r d es jo u is s a n c e s p ré
m a tu r é e s q u i s o u v e n t
am ènent
m a in t ie n t su r le s h a n c h e s
la
m o r t. » U n e c e in t u r e é la s tiq u e
la c u lo t t e d o n t le tissu v a r ie s u iv a n t la
s a is o n , la p a r t ie d u v ê t e m e n t q u i c o rr e s p o n d a u x o rg a n e s g é n it a u x
est o ccu p ée
par
u n r é s e r v o i r m é t a lliq u e d ’o ù
les u r in e s s’ é c o u le n t
�(
Sans j
333
)
s é jo u rn e r: u n e é c h a n c r u r e se tr o u v e à la p a r t ie p o ïté rîe u re r
d e la c u lo t t e , e t la isse l’ e n fa n t l ib r e d e s a tis fa ir e à ses b e s o in s .
—
L ’e n tré e a c c id e n t e lle
de
l ’a ir d a n s les
r e in e s ca u s e p re s q u e
im m é d ia t e m e n t la m o r t. M . M a g e n d ie q u i r é d ig e a r e c u n ta le n t
d is tin g u é le jo u r n a l d e p h y s io lo g ie e x p é r im e n t a le , a r e c u e illi p lu s ie u rs
o b s e r v a tio n s c u r ie u s e s s u r c e t a c c id e n t . U n s e r r u r ie r f u t o p éré d ’ u n e
t u m e u r r o lu m in e u s e su r l ’ é p a u le 'e t la c la v ic u le d r o ite s : le c h ir u r
g ie n f u t o b lig é d e c o u p e r e t d ’ e x tr a ir e la p a r t ie m o y e n n e d e la
c l a v i c u l e , le s a n g é c o u lé é t a it e n p e t it e q u a n t it é , le p o u ls é t a i t 'b o n ,
la re s p ira tio n f a c ile lo rs q u e le m a la d e s’é c r ia , mon sa n g tom lc dans
■ mon co rp s , j e s u is Ÿnùrt, é t q u e lq u e s in s ta n s a p rè s il m o u r u t: l ’o
p é r a t e u r c r u t a v o ir o u v e r t la p lè v r e , à en ju g e r p a r le b r u i t é tr a n g e
e t assez f o r t q u ’ a u
m o m e n t d e l’a c c id e n t i l e n te n d it d a n s la p o i
t r in e : à l ’o u v e r t u r e d u c o r p s , fa p lè v r e f u t t r o u v é e
p o u m o n p a r fa it e m e n t s a in :
on o b s e rv a u n e
in ta c t e e t le
o u ve rtu re d ’un d em i
p o u c e d ’ é te n d u e h la v e in e ju g u la ir e e x t e r n e , a u m o m e n t o ù c e t t e
v e in e s’o u v r e d a n s
s a n g , ses c a v ité s
la s o u c la v i è r e , le c œ u r n e c o n t e n a it p o in t d e
é t a ie n t s p a c ie u s e s , d es b u lle s d ’a i r é ta ie n t d an s
le s v a is s e a u x d u c e r v e a u . M . M a g e n d ie p r é s u m a d ès lo rs q u ’ on p o u r
r a i t p r o d u ir e à v o lo n t é c e p h é n o m è n e s u r les a n i m a u x ; les e x p é
r ie n c e s q u ’i l c i t e v ie n n e n t à l’a p p u i d e ses id é e s . P o u r é v it e r d a n s
u n e o p é ra tio n l ’ e n tr é e a c c id e n t e lle d e l’ a i r d a n s les v e in e s , i l c o n
s e ille d e l ie r a u s s itô t le b o u t d e la v e in e l e s é e , o u b ie n d e la f a ir e
c o m p r im e r p a r u n a id e ju s q u ’ a u p a n s e m e n t d é fin it if.
—
L e d ic tio n a ir e d es S cien ces m é d ic a le s r e s s e m b le a u to n n e a u
d e s D a n a ïd e s , c in q u a n t e c o lla b o r a te u r s so n t c o n d a m n é s à y v e r s e r
le u r s a r tic le s ; D a n a ü s
P a n c k o u c k e d ésesp éré d e v o ir son to n n e a u
e n c y c lo p é d iq u e san s f o n d , s’e ffo r c e d ’a r r ê te r les m a in s in fa tig a b le s
d e n o s - é r u d it s ; e n v a in le u r f a i t - i l e n tr e v o ir q u e l’X s t f r i le s’ ap p ro
c h e , e t q u ’ ils s e ro n t b ie n t ô t r é d u its a u s ile n c e a p rè s les p a u v re s
le t t r e s , l ’Y e t le Z , le s c o lla b o r a te u r s c o n t in u e r a ie n t p lu tô t l ’a lp h a
b e t , que
d e f in ir le d i c t i o n a i r e ,
e t so u rd s à la v o ix d e l ’é d ite u r
ils p r é p a r e n t d é jà u n e ta b le a n a ly t iq u e e t ra is o n n é e d e to u s le s
a r t ic le s : m o d e s te m e n t r e n fe r m é e d a n s q u e lq u e s v o lu m e s , c e tte ta b le
ren d ra
le s p ré c é d e n s p lu s in t e l lig i b le s ,
p a s asse z c la ir e o n la is s e ra a u
e t s i à son t o u r e lle n ’e st
jo u r n a l c o m p lé m e n t a ir e
le s o in d e
l ’ é c l a i r c i r ; e n fin le s p o r t r a its d es c o lla b o r a te u r s e t la lis te d es so u s
c r ip t e u r s n a t io n a u x e t é tr a n g e r s e o m p le t te r o n t c e lt e v a s te e n c y c lo
p é d ie m é d ic a le .
— L a d o c t r in e d es fiè v r e s est p o u r lès m é d e c in s c e q u ’ est la th é
o r ie d es c o n s titu tio n s p o litiq u e s p o u r les p u b l i c i s t e s , d e u x s o u rce s
in ta r is s a b le s d e ra is o n n e m e n s c o n t r a d ic t o ir e s , d e u x s u je ts h é ris s é s
d e d iffic u lté s d an s la p r a t iq u e e t l ’ o n p e u t a jo u t e r q u ’à l ’ é p o q u e a c
t u e lle i l a c o û t é a u t a n * d e s a n g p o u r c o m b a ttr e le s u n es q u e p o u r
s o u te n ir les a v a re s - ‘
�—
C la y to n a y a n t in je c t é d u
m e r c u r e c o u la n t d an s la v e in é j u
g u la ir e d ’ u n c h ie n , le r e tro u v a q u a tr e m o is a p rè s d a n s u n a b c è s o u
u lc è r e q u ’i l a v a it c a u s é a u x p o u m o n s ,
le D o c t e u r G a s p a r d d e S t .
E t ie n n e a é t a b li d ’a p rè s d es e x p é r ie n c e s c o n fo rm e s à c e lle s d u m é
d e c in a n g la is q u e
le
m e r c u r e c o u l a n t , so u s u n
c e r ta in
v o lu m e .,
n e p e u t p a s c i r c u l e r d an s l ’ é c o n o m ie a n im a le p e n d a n t la v i e , p a r c e
q u ’i l e s t a r r ê té m é c a n iq u e m e n t d a n s le s y s tè m e c a p illa ir e d e s p o u
m o n s , o ù i l g ê n e la c i r c u l a t io n , ca u s e l’i n f la m m a t i o n , la s u p p u
r a tio n ,
e t m ê m e la m o r t.
M a is en
e s t - i l d e m ê m e q u a n d il e st
r é d u it e n m o lé c u le s tr è s f in e s , c o m m e d a n s l ’o n g u e n t m e r c u r ie l ?
G ’e s t c e q u e M . G a s p a r d n ’a p as e n c o r e p u
n o u s a p p r e n d r e m a l
g r é ses re c h e rc h e s .
----- O n fo n d e u n h ô p it a l à B o r d e a u x , o n a g g r a n d it Ï’ h ô te l- D ie u
d e L y o n , q u e fe ra -t-o n
p o u f c e lu i d e
M a r s e ille ?
J . X . F . SlGAUD.'
# W < \ / W \ < V W / W V V V ^ / V V \ A 'V \ / W \ / W \ n A A « A '\ / W \ ( » 'W W > / \ V \ / V V \ m V \ A ^
L ettr e au R édacteur G én éral.
Monsieur,
V
otre
e s tim a b le
jo u r n a l n ’é ta n t p a s s e u le m e n t c o n s a c r é
* re
c u e illi r le s o b s e r v a tio n s m é d ic a le s q u i p e u v e n t in té r e s s e r la s c i e n c e ,
m a is à s ig n a le r
le s p e r n ic ie u x
e ffe ts d u
c h a r la ta n is m e q u i ,
sou s
q u e lq u e fo r m e q u ’i l se p r é s e n t e , n ’ en c o m p r o m e t p a s m o in s la v is '
d e s h o m m e s , j ’a i l’h o n n e u r d e v o u s p r ie r d e v o u lo ir b ie n y in s é r e r
l e s r é fle x io n s s u iv a n te s .
P u is s e n t - e l le s r e m p lir
le b u t q u e
je m e
p r o p o s e , e t m e s fa ib le s e ffo rts s e r o n t ré c o m p e n s é s a u - d e là d e m e s
espéran ces !
D e p u is lo n g - le m s d es p la in t e s s’ é lè v e n t d e to u te s p a r ts c o n t r e le s
a b u s san s n o m b r e q u i a n n u lle n t la p o lic e m é d i c a le , e t fo n t d e l ’a r t
d e g u é r ir u n a r t tr o p s o u v e n t n u is ib le .
Les
a c c id e n s m a l h e u r e u x
q u i se r e p r o d u is e n t à c h a q n e in s ta n t n e p r o u v e n t q u e
tr o p
l ’e x is
t e n c e d it m a l , e t le b e s o in d e l ’a r r ê te r . A M a r s e ill e , p lu s q u e p a r
t o u t a i l l e u r s , Vanarchie m édicale e s t à so n c o m b le , e t i l e s t te in s
e n fin d e fo r c e r c h a q u e m e m b r e d ’ u n a r t
e s s e n tie lle m e n t c o n s e rv a
t e u r , à se r e n fe r m e r d a n s le c e r c le d e s e s a t t r ib u t io n s . O n n e s a it
e n " e ffe t c e q u i d o it a ffe c te r le p lu s d o u lo u r e u s e m e n t ,
d ie s s e a v e c la q u e lle c e r ta in s
p h a r m a c ie n s
ou
la
h ar
o r d o n n e n t d es r e m è d e s
p o u r d e s m a la d ie s q u ’ ils n e p e u v e n t c o n n a î t r e , o u l ’im p u d e u r d e
c e s m é d e c in s assez p e u d é lic a t s p o u r c o lp o r te r d e* d ro g u e s ch e z
le u r s m a la d e s ; m a is i l n ’est p as m o in s c o n t r a ir e à la m o r a le e t à
la s û re té p u b liq u e d e v o ir c e u x - c i n e p a s r o u g i r d e te n ir c h e z e u s
�(
m ie p h a r m a c ie m o n t é e ,
que
a u x p e rso n n e s assez s im p le s ,
)
335
les p r e m ie r s
d is tr ib u e r d es re m è d e s
e t m a lh e u r e u s e m e n t très n o m b re u se »
q u i v o n t le u r d e m a n d e r d es c o n s e ils . C o m m e n t e s t-il p o s s ib le q u ’ a u
m ilie u d 'u n e te lle c o u fu s io n , la m é d e c in e n e s o it pas n u is ib le à la
c la s s e la p lu s n o m b r e u s e d e la s o c ié t é , s i f a c ile à tr o m p e r ! E t q u o i
q u ’il n e s o it p a s ra re d e v o ir
p a r l’ im p r u d e n c e c o u p a b le
le d e u il r é p a n d u
dans
les
d e q u e lq u e s p h a r m a c ie n s ,
p a s ê tr e é to n n é q u e d es é v é n e m e n s d é p lo r a b le s
p a s p lu s s o u v e n t. M a is c o m b ie n d e m a lh e u r s ,
l ’a n n é e tf^ r e s te n t- ils le n s e v e lis d an s l ’ o u b l i ,
n e se r e n o u v e lle n t
d an s le c o u r a n t
de
p a r c e q u ’ ils n e fr a p p e n t
q u e d e s m é m b r e s o b s c u rs d e la s o c ié t é ! E t p a r
g n o r a n c e e t la c r é d u lit é s o n t le
f a m ille s
ne d o it-o n
la
ra is o n q u e l ’i
p lu s ex p o sées à ê tr e v ic t im e s d ’ u n
S o rd id e i n t é r ê t , c e u x q u i s o n t c h a rg é s d e v e ille r a u
b ie n
p u b lic ,
n e d e v r a i e n t - i l s p a s r e m p lir to u s le u r s d e v o ir s a v e c s é v é r it é ?
En
s é v is s a n t c o n t r e les g e n s d e l’a r t q u i m é c o n n a is s e n t v o lo n t a ir e m e n t
le u r s d r o its c r o ir a it - o n n e p as r é u s s ir à p r é s e r v e r la v ie d es h o m m e s
d e s d a n g e r s q u i le s m e n a c e n t à c h a q u e in s t a n t ? A v o ir a v e c q u ’ e lle
lic e n c e les p e rs o n n e s les p lu s é tr a n g è re s à la m é d e c in e e x e r c e n t
c e t a r t d iffic ile , o n d ir a it q u e n o u s n ’a v o n s p o in t d e p o lic e m é d i
c a le . C e p e n d a n t c e n e so n t p as les lo is s u r c e tte m a t iè r e q u i m a n
q u e n t , i l s e r a it d iffic ile d ’ e n fa ir e d e p lu s p a r fa ite s . O n
le s m e tt r e à e x é c u t io n e t to u s le s a b u s
e t le s m é d e c in s , le s p h a r m a c ie n s ,
le u r s in té r ê ts . Q iie
n ’a ü r a is - je
l a s o c ié té e n tiè r e y
p r e m ie r ja n v ie r ju s q u ’a u
d é c e m b r e , e n c o m b r e n t n o s p la c e s p u b liq u e s , o u ,
c u le m e n t la l o i ,
tr o u v e r o n t
p a s à d i r e , s i je v o u la is p a r le r d e
c e t t e fo u le d e c h a r la ta n s q u i , d e p u is le
3l
n ’a q u ’à
d is p a r a îtr o n t san s p e i n é ,
c o lp o r t e n t le u r s
é lu d a n t r id i
e m p lâ tr e s d an s les r u e s ;
d e ce s
v é r ita b le s m arrons e n m é d e c in e q u i c e ss e ro n t d e n u ir e lo rs q u e le»
p h a r m a c ie n s r e m p lir o n t le u r s d e v o ir s e n n e d é liv r a n t d es re m è d e »
l ’ o rd o n n a n c e d ’ u n m é d e c in ,
d e c e s d r o g u is te s q u i c r o ie n t
p o ssé d er les ta le n s d es p h a r m a c ie n s ,
q u e su r
e n u s u r p a n t q u e lq u e s -u n s d e
le u r s d r o its ..- J e b o r n e là ce s r é f l e x io n s , p e rs u a d é q u ’o n les tr o u
v e r a s u ffis a n te s p o u r fa ir e s e n tir la n é c e s s ité d ’ u n e p o lic e m é d ic a le
q u i,
ja lo u s e
d e fa ir e
le
b ie n
e n r é p r im a n t le s
abu s,
se d é c id e
e n fin à m e tt r e e n v i g u e u r le s lo is q u i e x is te n t.
G.
A. T.
S
u e
,
D. M. P.
A V I S .
 l’avenir nous aurons soin de donner sous cetitre : R e v u e d e s j o u r n a u x , les articles les plus intéressans extraits de tous les journaux de médecine
nationaux et étrangers, au lieu de ne présenter ,
�( 336 )
Comme nous nous y étions engagés , qùé FanàïySé'
du journal universel des sciences médicales , du'
journal complémentaire du dictionaire des même*'
sciences et du journal de pharmacie.
Si l’on considère que ces recueils , tout princi
paux qu’ils sont , n’ofïrent pas constamment des
articles bien saillans, ori conviendra que nous né
saurions nous astreindre à les analyser tous sans
devenir fastidieux, et l’on approuvera conséquem
ment la mutation que nous annonçons. Toutefois,
le journal de pharmacie sera analysé avec une bieti
grande exactitude, pour ne laisser rien ignorer, en
fait de découvertes chimiques et pharmaceutiques ,
à MM. les pharmaciens qui désirent se tenir au
courant de ces découvertes.
— Nous jugeons convenable de placer la table
des matières du tome premier à la fin du second
qui terminera la première année, et nous promet
tons pour tous les cinq ans une table analytique
des matières contenues dans l’es dix tomes précédons.
Cette table qui ne peut qu’être considérable, sera’
néanmoins délivrée gratis à nos abonnés.
Fautes essentielles à corriger.
Pag. ï 6 , lig. 7 , pas que de , lisez : pas de
P. 29, lig. 20, et habitant, lisez: et résidant à
P. 3 5 , dernière lig., unes avec les, lisez: unes dans lès*
P. 91 , lig. i 3 , gongival, lisez: gencival
P. 97, lig. i 3 , poison , lisez: poisson
P. 97, lig. 2 5 , poison, lisez: poisson
P. n o , lig. 2 , placée, lisez-, plané
P. 118, lig. 10, l’imagination, de la , lisez: l’ima
gination de la
P. 141, lig. 28, réservons de, lisez: réservons à
P. 142, lig. 26, tous détails, lisez: tous les détailsF in du tome prem ier.
�T A B L E
D e s A c t e u r s e t d e s M a t iè r e s c o n t e n u e s d a n s l e t o m e
PREMIER.
1,0 AUTEURS.
, J. , pages 187. 280. Albanelly , 126.
Allemand, i 3 ?.. Arejula , J. M . d e, 291. Arousohu ,
107. Athanase , B , 3 o8 . Aubaye, J. - B.ie , 2 3 5 .
Audouard , 26 5 . Authenac , A. P. , 298. AvienyFlory , J. E. A . , 260. Aynaud , 127.
A bercro m bie
Barbier, B. G. J.,pag. 170. Barbieux , 3 o8 . Bateman , T.,
3 o6 . Baumes , 4 2- Bégin , 76. 84. 182. 189. 282. 2g3.
Bergeron , P . J. , 307 , Bergès , 3 14 - Berlinglneri ,
A . Fi, 281. Bertrand. G. , 3 o6 . Beullac, io 3 .
Bidault-de-Villiers , 171. Birnie , G. , 108. Blondeau ,
317. Boisseau, 8 6 . 195. Bougiovani , 87. BouillonLagrange, 3 i 6 . Boulaud , 106. Bousquet, 72. BoutronCharlard, 3 18. Brewer et Huet, Desprès, 328. Briclieteau , 289. 3 o8 . Brugnatelli, 3 i 5 .
Cadet , pag. 3i2. Careau, 194. Castel , 71. Caventou,
J97. 211. 3 u . Cliapizzadeh , 3 3 o , Cbaussier , 7 4 Chevalier, A . , 286. Chisholm , g4 - Chomel , 216.
Coindet, 162. Coutanceau , 8 3 . 216. Coze , 197.
Daudibertiéres , pag. 3 o3 - Daulioulle, iy5 . 287. Delpit,
186. Delsupeplie , J. M. , 78 Desormeaux , Des
ruelles . 191. Destouet. 190. d’Hortés, 218. d’flEbereiner , 3 i 5 . Double. 216. Duchateau , A . P . , 174*
Dzon di , 220. 329.
�Fallot,pag. 9.98. Falret, 162. 181- Feneulle , 286. Feste,
aSg.’ Foderè , 155,287. Forcade , 79. m . 187.
Fouquier. 216. l'riperio , 016.
Gandv , J. V- H. , pag. 4 7 - Gaspard , de St.-Etienne ,
3 3 4 . Georget, r8i. Gibson , io5 . Gimbernat ( de)
3,5. Girard, J. , 75. Godard, 170. Guiaud, 17. ri 3 .
2 2 5 . 2S0.
Haenle, pag. 3 i 5 . Hare , 94. Henin de Cuvillers , 74.
Henry, 3 11. Heusinger , C. F. , 8 3 . Heyinarm , 172.
Home. 84. Hufeland, 72.
Jourdan , pag. 1G9. Isnard Cevoule , 161. Julia, J. E. S. ,
285.
Kastner, pag. 3 i 5 . Kercklioffs , 194* Kerner, I0°.
Kunsmann , 186.
.,
Ladevèze, J. E. F pag. 3ot. Lallemand, F . , 170.
Laprade ( de ) 286. 3 2 5 . Larrey ( le Baron ) , 3 ou.
Lassaigne, 90. 285. Lasserre , 196. Lelort, 4 4 " ^e
Villain , 89. Liquière , 6g. Lobslein , J. F
r8 5 .
Londe,177.
.,
Magendie, p. 216. 218. 824, 3 3 3 . Manley (JamesR .), 283.
Marchand , 79. 84. 280. Martin , 5 o. Maunoir , 189.
Mazet, 66, Michel d’Aléa , 109. Mirault ( Hazarcl ) ,
191, Moreau de Jonnés, 8 3 . Morgagni, J . B ., 74. 190Ncegele, pag. 178. 290.
Olinet, pag. 192. 193. Ollivier ,
3 14-
Pelletier, pag. 91. 197. 211. 270. Piorry , 282. Pons ,
8 6 . Pougens ,A . J. F . , 3 o5 . Poutet, 57. 90. 143. 197*
241. 3 10. Presle-Duplessis , 76. Pring-Daniel, 169.
�Rachetti, V . , pag. 2 5 5 . Rafinesque, 100. RanieriMenici , 284. Ravin, iqS. Régnault, 79. 84. 194- 'ÜP180. Reimonet, 248. Rey, P. 5 . , 29. ReynaudLacroze , i 5 o. Ricard , i 3 i. Riclierand , 186. Robert,
3 10, Roche, L. C. , 307. Roux , P. M. , 3 4 , 35 ,
3 6 . 42. 4 4 - 4 7 - I03 . 120‘ l5 4 - 2^°- 2^5 . ^24. Rouzct,
216. 3 2 5 .
Salvador Gosalbes , pag- io 5 . Sartoph, J. S ., 3 12.
Sawrey , 171. Sédiilot, 3 6 . 4 4 - 3 5 . Sigaud , 104 ,
220. a5 i. 3 3 o. Skielderup , 3 3 2 . Sonderland, 172,
Sue , 6 5 . i 3 5 . 2 3 a. 3 oo. 3 3 4 - Swemy , 193.
Troisvevre ( de ) , pag. 184. Trolliet, L . S . , 86. 182.
Tulil ( d e ) , 197. Turnivolt, 108.
Weikard , pag. 328. Vernhes , C , 78. Villermé , 326.
Virey, J. J., 154- 1"5. 219. 294. 3 i 3 . 3 14. Wolf, 186.
Wonsborough , 108.
2.0 M ATIÈRES.
Abrégé pratique des maladies de la peau , etc., page 3 o6 .
Acide benzoïque ( Expériences sur les trois espèces ci’ )
3 16.
Affection scorbutique aiguë , précédée de jaunisse , etc.,
161.
Analyse du journal complémentaire du dictionaire des
sciences médicales ; n.° de janvier, 6 5 . — de Février,
i 5 4 - — de Mars , 175. — d’Avril, 287. — de Mai, 3 oo.
Analyse du journal universel des sciences médicales ; n.°
de Janvier, 79. — de Février , 187. — de Mars. 280.
Analyse du journal de pharmacie ; n.° de Janvier, 90.
de Février, 197. — de Mars , 211. — d’Avril, 3 10.
— de Mai, 3 16.
Analyse chimique des eaux minérales de Molitz, 285.
— des racines de l'asarum europœum, 285.
de
�, 28G. — du quinquina gris,
202. — du quinquina jaune , 206. — du quinquina
rouge, 207. — du quinquina Carthagène, 211. —
du k in a nova , 212. — du quinquina de Ste.-Lucie,
212. — des succédanés du quinquina , 2x5. — de la
serpentaire de Virginie , 286.
V aristotochia se rp en taria
A n g u s t x jr a (d e s différences d u f a u x et d u vrai. ) —- 100.
A n n a ls
of
p h il o s o p h y
( e x tr a it des ) 9 4 .
Annales cliniques de la Société de médecine-pratique de
Montpellier , 329.
Assaisonnemens ( rem arques su r Vem ploi des ) 3 i 3 .
Autoclave , 109.
Avis , 3 3 5 . Sur une annotation, 329. —■ Sur les tra
vaux de la Société académique et sur ceux de la Société
royale de médecine de Marseille, 3 3 1.
Bains de mer , p a g e 222.
Bandage ( nouveau ) 3 3 2 .
B arracu d a (p o isso n venim eux ) 97.
Baume des îles de France et de Bourbon ,
Bibliothèque germaxiique ( l a ) 3 2 8 .
Bibliographie ( article d e ) 10 x. 220.
Biographie médicale, 76.
Bourses muqueuses ou cutanées , 3 29,
p la n t e , 3 x3 .
Chaire d’hygiène navale ( créatio n d ’une )
Charlatanisme , 3 a5 - 3 a6 . 327, 3 3 4 - 3 3 5 .
p a g e 3 3 1,
C lxjpea
th r y ss a
( p o isso n venim eux. ) 9 7,
C o d e x m é d ic a m e n t a r iu s , 10?..
C o m m e n t a t io se m e io e û g ic a d e
v a r iis
so m n i
v i g i l i A-
, etc., 8 3 .
Composition chimique des dents , go.
Considérations sur les aberrations des facultés intellec
tuelles , 3 o3 .
Courte description de la fièvre jaune qui régna en Anda
lousie en 1800 , etc. ,291.
r u m q ü e c o n d it io n ib ü s m o rbo sis
�Croup aigu observé chez on homme de 26 ans, 298.
Cristaux, de camphre, 3 16.
Découverte d’un nouveau remède contre le goitre, page
t6>.. — D’une membrane dans l'œil de l’homme, 171.
Dédicace , 3 .
Dictionaire de médecine-pratique et de chirurgie , 3 o5 .
Dictionaire des sciences médicales , 3 3 3 .
Discours prononcé à la séance publique de là faculté
de médecine de Paris , 1 8 S . — A l'occasion d’un
cours élémentaire, io 3 . — Sur la prééminence du
système nerveux dans l’économie animale" , i 8 5 .
Dissertation sur la maladie dite fièvre jaune , etc., 260.
Doctrine des fièvres, 3 3 3 .
Division naturelle des tempëramens , etc., i 3 4 Dragonneau , Draconcule , 104.
Emploi de la quinine et de la cinchouine sur des chiens,
page 218. — De l'eau froide dans les brûlures. — 221.
Emplâtre du sieur Pradier , 109.
Essai physiologique sur l’intelligence hnmaine , 3 oS. —*
Sur la manie , 2 2 5 .
État de la vaccine en Angleterre et en France ( de 1’ .),
■2 5 t.
Examen chimique de plusieurs calculs, 3.^1. '3 f.o..,'r“
Des feuilles de pavots , 317. -— De la racifie , de
■ gentianej 3 i i .
Examen raisonné des principales préparations .pbarw^'"
ceutiques , 2i3.
. , : 1.
Extirpation d’une tumeur volumineuse à la région
jugulaire et sur le trajet de la carotide , 29.
Faits-pour servir à l'histoire de l’or , page gr.
Folie ( de la ); considérations sur cette maladie , etc.,,
�Galvanisme ( Théorie du ) , page f)f.
Garance , ( on en extrait de l’eau-de-vie ) , 3 i 5 Gaz hydrogène stannuré , 3 i 6 .
Géographie physico-médicale du Bassigny , i 5 4 - ' 7 J ‘
Hépatisation pulmonaire ( De 1’ ) page 289.
Histoire naturelle des lépidoptères , etc., 170,
Huile animale des fabriques de sel ammoniac t 3 i 5 .
Infl uence de quelques sciences naturelles sur la physio
logie ( Del’ ) page ig. n 3 .
Introduction , p. 5 .
Lettre au rédacteur-général, n i .
3 3 ;{.
Magnétisme éclairé ( le ) 74*
Manière de traiter les maladies syphilitiques , etc. , 4 7 *
— d’opérer la cataracte , io5 .
Manuel médico-chirurgical, 3 9 8 . — Pratique de vaccine,
etc, 307.
Mécanisme de la parturilion (Sur le) 178. 290.
Médecine expectante appliquée an catharre, ( De la) 71.
Mémoire sur quelques poisons, 94. — Sur les palpita
tions et sur l’anévrisme du cœur, i 5 5 . 287. — Sur
les avantages que l’on peut retirer de l’ouverture de
l’artère temporale dans plusieurs maladies , 191.
Mémoire sur cette question : quels sont les vices de
l’organisation actuelle des hôpitaux de Lyon, etc. , 3 oi»‘
Mercure coulant ( Expériences sur le ) 3 3 4 *
Métal de carbone ', 3 i 5 .
Miroir des corps ( Le ) , etc., 3 3 o:
Moëlle épinière (D e la structure , des fonctions et des
maladies de la ), 2.5 5 .
Monographie historique et médicale de la fièvre jaune ,
etcj , 8 3 .
Moussil ( racine bulbeuse) 3 14 -
�Nid fongueux delà fourmi biepineuse , 3 t3 .
Notes, 97. 224. 3 ?.. 46. 5 5 . 89. 127. i 3 i. i 3 5 . 140. 207.
23 g- 241- 244- 246-248.251. 271. 296. 299Notice bigiograpliique sur le D- Empereur, i 5 o.
Notice sur Bagnères de Bigorre , etc- , 69- — Sur la fièvre
jaune, etc. 36 . — Sur l’emploi du poivre cubébe . etc.)
5 o — Sur un enfant qui a donné des signes de pu
berté à l’âge de 18 mois , 76- -— Sur l’aiguillon de*
abeilles , 186- — Sur une nouvelle jambe artificielle .
etc-, 197. — Sur la nouvelle espèce de camphrier de
Sumatra, etc-. 219. Sur l’extraction d’un nouveau
sel neutre dans le poivre. 270- — Sur les plaies de
la face , 3 00.
Notions générales sur les lois de la vie organique ? 169.
Nouveau traité de la rage, etc- , 86. 182. 293. — Sys
tème de médication etc-, 106Nouvelle méthode de traiter le sarcocèle, etc-, 189.
Observation de tumeur et ulcération cancéreuses, 86- —
D’un accouchement laborieux, 87- 193* — D’une né
vralgie sciatique, 89- — D’une plaie du rein droit,
89. — D'un fœtus monstrueux > 174* — D’une plaie
à la région lombaire < ig 5 - — D’un cas de dégénéra
tion squirreuse de l’aorte, etc. 282. — D’un cas
d’irritation de l’estomac . etc., 283- — D’un cntérocystocéle étranglé , 284Observations sur l’analyse des huiles , 57Observations sur les effets du remède de M- Leroy, 783 ?.5 Observation sur une paralysie générale guérie par l’em
ploi du moxa , 78-— Sur une péripneumonie , 108—- Sur un cas de pneumonie > 108- — Sur la gué
rison d’un hydropique, par le sulfate magnésien , 120.
— Sur une leucophlegmatie, 126- — Sur deux frac
tures causées par une cachexie scorbutique, 127.—
Sur une tumeur dans le rectum, guérie par un
�caustique, i 3 a. Sur aine’ plaie considérable » ï 86-—
Sur un enfont venu au monde, privé d’œsophage .etc,,
174. — Sur une dysphagie, etc.,772. — Sur l’emploi
de l’opium .donné à haute dose dans ies douleurs ab
dominales 5 792- — Sur les symptômes qui annoncent
la présence d’un os garni d’aspérités dans l’estomac ,
Sg 3 . Sur une hernie inguinale étranglée , icvj, — Sia’
une céphalite , ig 4 » — Sur une épidémie de petite
vérole» irp» Sur la névralgie faciale» 19(1. — Sur
l’emploi des bases sali fiables des quinquinas, 216. —
Sur une amaurose» ao »- — Sur une plaie par instru
ment piquant, etc. , ?,3 5 . — Sur une pierre retirée
de la région du périnée, etc., 2 3 g. — Sur un accou
chement d’un foetus hydrocéphale. — Sur des lézards
vivâns contenus dans l'estomac d’une femme , 3 28. —»
Sur une grossesse tubaire, 3 3 a. -— Sur l’entrée accidciiteile de l’air dans les veines , 3 3 3 . — Sur l’extrac
tion de deux pierres, J07. Sur une angine subite
ment supprimée , etc. , 3 o8 . — Sur un phimosis
naturel, 3 o8 . — Sur une fracture du péroné, 3 og.
Sur une hernie ombilicale épiploïque, 3 og.
Œsophagotomie ( de /’ ) ,281.
Opinion sur la fièvre jaune , fyi.
Ophthalmie produite par la présence d’un ver sur la
conjonctive, 13 1»
Ouverture du péricarde , dans l’hydropisie de cette
membrane } 3 3 2 .
Pastilles fumigatoires , io 5 . Pétrifications , p a g e 223 .
Police pharmacodégale , remèdes secrets, 3 18.
Pommade de Desault ( .Note sur la) 3 12.
Poussière atmosphérique ( L>e la) 100.
Prix décernés , dey.
Principes généraux de physiologie pathologique , 282.
Procédé» pour la préparation du kermès minéral , 3 14.
�Pruna Mahalcb (fruit cleVarbre de Ste.-Lucie. ) 3 i 3 „
Quelques considérations sur l’emploi des injections , dans
le traitement de l’urétrite > i^ 5 .
Rapport sur la fièvre jaune , page 397.
Recherches anatomiques sur le siège et les causes des
maladies. 190. 74.
Recherches et observations sur les maladies des intestins,
79. 187. 280.
Recherches anatomico pathologiques sur l’encéphale, 170.
Réflexions sur les remèdes secrets , izJS.
Réflexions physiologiques et hygiéniques sur les gym
nases modernes, 177.
Réfutation des objections faites à la nouvelle doctrine
des fièvres , 307.
i
Rélation abrégée d’un voyage en Andalousie , pendant
l’épidémie de 1819, 66.
Remarques sur les semences des plantes qui fournissent
la gomme ammoniaque? etc., 21g.
Réponse de M. d’Hortès aux auteurs de l’art- résine du
Dict- des scien. méd- ? 211. 218Résumé des expériences faites pour constater l’efficacité
du poivre entier, 173.
Revue de plusieurs ouvrages nouveaux de médecine,
publics en Italie, 294.
Salebié (Grand) racine bulbeuse, 3 14.
Sangsues, 104. 107.
Saucissons fumés, causent, des empoisonneinens , 100.
Séance de la Société de médecine de Lyon., 286Tapioka ( Falsification du) page 3 i 8 Théorie du galvanisme ( Nouvelle) 94.
Tombeau du médecin de Montègre , 221.
Traité de la maladie scrophuleuse , 72. — D’anatomie
vétérinaire, 76- — Sur le traitement des maladies de
�la glande prostate > 8^- — Sur l’ennui, iog. Sur les
signes méthodiques et la manière d'enseigner de l’abbé
de l’Épée, 109. — Élémentaire de matière médicale ,
170. — Pratique de l’œil artificiel, 191. — Sur la
flexibilité dorsale 1 222.
Transpiration , scs effets sur le corail > 3 i£Zoogène > 3 i5 .
*
-
)
F i s DE LA
table du tome pbem ieb .
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/355/BUT-TP40137_Observateur-medical_1821-Tome-02.pdf
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PDF Text
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j C<9Sôefcocot&ivo
‘c o o e u
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I. .
a m câ j ^ypcJeatci
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; v r ;.
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S^ C i
DÉDIÉ A HIPPOCRATE.
& a r& Jé.
iR ;
O licc
-
ÛJo-&cùiateur
D escends du haut des cicux , auguste vérité ;
Répands sur m es écrits ta force et ta clarté.
V o l t . Henr.
Tome 2
T ome Second.
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DÉDIÉ A HIPPOCRATE.
& a r& Jé.
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D escends du haut des cicux , auguste vérité ;
Répands sur m es écrits ta force et ta clarté.
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T ome Second.
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DES
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su r l'a lié n a tio n m e n t a le ; p a r M . G u i AUD F i l s ,
d o cte u r e n m é d e c in e de la f a c u l t é de P a r is , S e c r é
ta ire g é n é r a l de la S o c ié t é ro y a le de m é d e c in e de
M a r s e ille .
ssai
DÉ
LA
MELANCOLIE.
D e toutes les nombreuses variétés de l'aliénation
m entale, une des plus remarqua Ides , celle qui doit
spécialement fixer l ’attention du médecin moraliste ,
est sans doute la m élancolie. O n a long-temps con
fondu et quelques auteurs confondent encore de nos
jours sous ce no m , un délire partiel, ch ro n iq u e, ca rac
térisé tantôt p a r une passion g a i e , d ’autrefois p ar
u ne passion triste. D ’après l ’acception du mot m élan
colie , nous ne donnerons ce nom q u ’à ce genre de
m anie doTrrit* p r in c ip a l caractère e^t u n délire p a r
t i e l , sur un objet ex clu sif constamment rapporté à
une passion triste , opp ressive. L e délire p a r t i e l , exclu
sif, caractérisé p ar une passion gaie , ne peut sans
ch o q u er le lan ga g e recev oir la dénomination de mé
lancolie. Nous tracerons son histoire à part sous le
nom de monomdnie que lui a ingénieusem ent donné
tin des plus savans médecins qui écrivent de nos
jours sur l ’aliénation mentale.
L a m é la n c o lie , sujet de notre m é m o i r e , est donc
tin délire partiel , c h r o n iq u e , exclusivem ent fixé sur
un objet et constamment rapp orté à une passion
triste. Dans cette lésion de l ’im a g in a tio n , en effe t,
le jugem ent , la pensée sont habituellement portés
sur un seul, o b j e t } tout ce qui se rapporte à cet
Tome 2
i
/
�(O
objet est saisi avec avidité p a r le malade qui ne s«
plait q u ’à appliquer ses idées sur ce point de son
délire. Du reste , à part cètte altération de l ’intel
l i g e n c e , la m ém o ire, le ju g e m e n t, la pensée con-'
servent toute leu r intégrité ; le cerveau du m élanco
liq u e est com parable à tin instrument dont toutes
les cordes résonnent bien à l ’exception d’ une seule ;
que le doigt interroge cet instrument ; tant q u ’il
parcourra les cordes' en h a rm o n ie , il obtiendra des
sons justes et mesurés ; mais q u ’ il fasse résonner celle
qui n’est point en rapport avec elles , alors plus de
justesse, plus de m é lo d ie ; l ’oreille n ’est frappée qu!e
de sons vagues et confus ; le charm e a disparu ,
l ’harm onie est détruite.
En nous disposant à tracer l ’histoire m édicale de
la m é la n c o lie , nous ne venons p o i n t , hérisse d ’une
érudition pédantesque , disserter a vec subtilité sur
la nature de cette affection nerveuse. Nous aban
donnons aux savans illustres de nos jours p ar des
citations , le soin de sonder les profondeurs des p o u
dreux in-folio , p o u r nous d évelo pper dans une fas
tidieuse n o m e n c la tu r e , les—idées des anciens sur la
nature de la m élancolie. Q u e G alien se com plaise à
l ’expliquer par l ’atrabile passée dans les vaisseaux
d u foie et de la rate ; que Rhazés la d éco u v re dans
la hile noiFe refluant avec force de la rate vers l ’es
tomac ; que Senner planant dans les cham ps éthérés
de la sc ie n c e , la surprenne au milieu de la dispo
sition occulte et ténébreuse des esprits anim aux ,
q u ’importe au médecin o b s e r v a t e u r , q u ’importe à
la science elle-même cette réunion bizarre d ’ h y p o
thèses et de systèmes erronés ? Déplorons ce penchant
irrésistible à v o u lo ir d éco uvrir sans cesse ce que la
nature tend sans cesse à nous ca ch er ; traçons-nous
une m arche plus régulière ; parcourons le sentier de
�3
C
)
l ’observation , et écartant avec soin tout esprit desystême , réunissons les traits qui doivent nous servir à pré*
senteravec justesse et clarté le tableau d e là mélancolie.
Le m élancolique à le teint p â le , les joues creuses,
les y e u x ordinairement enfoncés ; l ’habitude du corps
est g r ê l e , la peau s è c h e , le pouls lent et fa i b l e ;
on dirait que le calibre des artères s’est rétréci.
L a m émoire du m élan colique est lionne ; mais son
cœ u r est ingrat. Ne ch erch ez pas dans ce cœ ur des
«entimens affectueux ; il ne bat plus au souvenir
d ’une é p o u s e , d’un fils ou d ’un am i ; la crainte ,
le so u p ç o n , la m é fia n ce , voilà les sensations qui
l ’a g it e n t ; l ’injure s’ y gra ve en traits ind élébiles, le
jbrienfait en est prom ptem ent effacé; vainem ent ch e r
ch erez-vous à répandre sur ses blessures le baume
consolateur de l ’a m it ié , il repousse votre main offi
cieuse. M iro ir fidèle de son âme , la figure du m élan
colique en réfléchit toutes les agitations ; constam
ment elle peint l ’inquiétude et la t e r r e u r ; le reg a rd
sombre est fixé vers la terre ; parfois cependant
quelques- -émrcelles d ’une joie rapide viennent ani
m er scs traits décolores ; mais cette joie est toujours
l ’expression d’ un présage sinistre. Q u a n d , en e ff e t ,
le ciel se ch a rg e de n u a g e s , quand le vent fait
cntendreson sifflem entlointain,aum ilieu du fracas de la
f o u d r e , à la pâle lu e u r des éclairs , vous p o u rrez alors
surprendre un sourire sur les lèvres du mélancolique.
Point de sommeil p o u r l ’hom m e frappé du délire
de la m élancolie ; la crainte , la terreur l ’éloignent
de ses y e u x : vien t-il p ar instant fermer sa pau pière
a p p es a n tie, des rêves a ffr e u x , une agitation violente
ne tardent pas à en détruire tous les bienfaits ; des
tre m b lem en s, des cris perçans annoncent que cet
agent réparateur est à jamais p erd u p o u r le mélan
colique. Les organes des sens se refusent aux plus
douces im pressio n s, l ’œil fixé vers la t e r r e , le mé-
�îan coliqu e ne sourit jamais au charm e de la v e r d u r e ,
à l’éclat varié des fleurs ; les plus suaves ém anations,
les parfums les plus d o u x , viennent envahi fra p p er
son o d o rat, les mets les plus exquis n ’ont plus d ’at
traits po u r son p a la i s , la crainte du poison vien t
détruire tous les charmes attachés au sens du goût,
et l ’on a vu plus d ’ un m élancolique m ou rir exténué
à côté d ’ une tahle splendidement servie. L ’intelli
gence ne partage pas entièrement cette altération
des organes des sens , elle est encore riche d ’idées et de
co n ce p tio n s; l ’imagination est v iv e et brilla n te, elle
peint en traits de f e u , tout ce q u ’elle c r é e ; le rai
sonnement est captieux , une lo g iq u e subtile est l ’arme
favorite du m é la n c o liq u e ; on le vo it souvent par
force de ses argurïtens, colorer ses écarts et produire
une sorte d ’illusion sur celui qui l ’écoute. Q u e l est
l ’ hom m e que n ’a pas séduit l ’éloquence entraînante
du m alh eu reu x citoyen de G en ève ! Q u e l poète n ’a
pas retenu les vers q u ’a soupiré l ’infortuné G i l b e r t,
et dans quelle âm e sensible n ’ont pas retenti les
accens échappés à la muse m élancolique d u chantre
h a rm o nieu x d ’Armided- -—-----'
Les caractères généraux de la m é la n c o lie , que
nous venons d ’esquisser se rapportent donc tous
Comme on le voit à une affection triste, oppres
s i v e ; c’est celte idée perm an en te, e x c l u s i v e , sans
Cesse portée sur cette affection , qui tourmente sans
relâche le m é la n co liq u e ; ainsi J. J. Rousseau m au
dit sa célébrité et croit que tout le m onde est co n ju ré
contre elle ; le Tasse ne cesse de déplorer la perte
de la princesse Eléonore , objet sacré du plus tou
chant a m o u r ; Gilbert s’im agine être po u rsu iv i paé
les philosophes qui n ’ont pas accueilli ses premiers
essais; le célèbre Pascal voit continuellement un
précipice o uvert à ses côtés. Un libertin convert?
craint sans cesse les^ fe u x de l ’enfer , il p r ie c o u -
�5
(
)
tînuellernenf , refuse toute nourriture et meurt les
mains jointes sur la poitrine et la face contre terre.
Pausanias de Lacédém one vo it autour de lu i l'o m
bre d ’une esclave q u ’il a immolée ; T h é o d o r ic fait
trancher la tète à S ym m ach u s et la tète de S y m m aehus est présente à ses y e u x dans celle d ’un
poisson q u ’on lu i sert à table ; une femme tremble
à l ’idée du jugem ent dernier et n ’ose ploy er son
p o u c e , de crainte (pie le monde ne s’ écroule. Un
m alheureux à la suite d ’ un ch a grin violent , s’ima
gine que son corps a perdu toute sa consistance et
q u ’il n’offre plus q u ’ une masse de beurre ; la v u e
du f e u , la plus légère impression de c h a l e u r , lu i
fait pousser des cris p e r ç a ns ; un autre infortuné
s ’im agine être transformé en verre et frissonne à
Ja plus légère secousse im prim ée à son corps.
Il
nous serait facile de grossir les pages de cet
essai , en m ultipliant les exemples de l ’affection
m élancolique ; tous nous p rou v era ien t q u ’une passion
triste eu forme constamment le caractère le plus
m arqué et que dans""!* délire -du TTÏt’IâlîColique tout
se rapporte à cette passion. Les citations que nous
venons de faire doivent suffire pou r nous co n v ain cre
sur ce point. Nous ne les étendrons pas d ’avantage ,
de crainte de fa tiguer l ’attention de nos lecteurs ;
mais nous ne terminerons pas le tableau des sy m p
tômes qui appartiennent à la m élancolie , sans p arler
d ’ une autre genre d'affection nerveuse que l ’on con
fond assez fréquem m ent a vec e l l e , et q u i cependant
en diffère sous plus d’ un r a p p o r t , nous voulons
parler du spleen. C om m e lu m élancolie , le spléen
est véritablement caractérisé p ar une affection triste
«t sombre , mais il s’acco m p ag n e constamment d ’ un
penchant au s u ic id e ; ce penchant ne s’observe pas
dans la m élan co lie; q u elq u efo is, il est v r a i , l'homme.
�6
( )
q u ’ elle frappe se suicide ; mais il n’a nullement
l ’id ée de se donner la m o r t , c ’est presque toujours
la crainte d’un danger fantastique qui le porte à
cet acte entièrement involontaire. C ’est ainsi q u ’on
a vu des m élancoliques se précipiter d’une cro isée,
p o u r échapper aux poursuites d ’un ennemi im a g i
naire. L ’homm e affecté du spléen, au contraire, m eurt
p a rce q u ’il veut m ou rir ; il calcule froidement l ’ins
tant q u ’il a fixé po u r son tré p as, parce que la vie
n ’est plus rien p o u r l u i : q u ’en peut-il faire elpcore?
Son cœ u r com me son âme est fermé à toute i m
pression ; am o u r , amitié , haine , ambition , tous ces
aig u illo ns de l ’existence sont depuis lon g-tem p s
émoussés p o u r lu i ; il traverse la vie , mais il ne l ’a
sent plus. L e passé n ’est q u ’un songe , le présent
q u ’ un fardeau p é n i b l e , l ’avenir q u ’une illusion sans
enchantement. F atigué d ’une existence monotone que
■ la sensibilité n ’anime p l u s , las d ’interroger un cœ u r
q u i ne répond plus aux im pressio ns, une âme q u i
ne perçoit plus le sentiment, l ’infortuné, moralement
p a r la n t , a cessé de v i é r e . et J a m ort q u ’il se donne
n ’est p o u r ainsi dire que le com plém ent d ’une des
truction depuis lon g-tem p s commencée.
I l existe quelques traits de ressemblance entre la
m élan co lie et une autre m aladie nerveuse , connue
sous le nom d 'hypocondrie. L ’une et l ’autre de ces
affections sont caractérisées p ar la tristesse ; mais
c h e z l ’h y p o c o n d riaq u e cette tristesse se rapp roch e de
la terreur , son délire a toujours p o u r objet la crainte
de la m o r t ; celui du m élancolique ne roule que sur
une affection pénible et douloureuse ; rarement il
s’a cco m p ag n e de la crainte d ’une fin proch aine , on
a v u m ême des mélancoliques affronter le danger
a vec intrépidité sans autre idée que celle de m ontrer
d u c o u r a g e ; l ’h yp ocon d riaq u e au co ntraire, frissonne
�(7)
à l ’aspect du plus lége r péril qui peut m enacer ses
jo u r s ; toutes ses idées, toutes ses actions se r a p p o r
tent à la conservation de son individu. Ces deux
maladies diffèrent encore pa r leurs causes : celles
de la m élancolie sont le plus souvent m ora le s,
co m m e nous le verrons dans le cours de ce m ém oire ;
l ’a m o u r , l ’am b ition, l ’o r g u e i l, l ’exaltation religieuse
déterminent fréquem m ent le délire m é la n c o liq u e ;
l ’hypocon drie se d éveloppe sous l ’influence de causes
plu s o rg a n iq u e s, s’il m ’est permis de m ’exprimer
a iu s i: l ’altération des fonctions digestives, le déran
gem ent des sécrétions, la suppression de quelque
évacuation h a b i tu e lle , des veilles p r o lo n g é e s , des
travau x opiniâtres, des études forcées sont autant de
circonstances qui produisent le plus ordinairement
les affections h y p o c o n d riaq u es ; tandis q u ’elles sont
presque sans influence dans le développem ent de la
m élancolie.
P our completter le tahleau des affections qui se
rapp roch en t pa r quelques traits de la m é la n c o lie ,
il nous reste a signaler les ca ra ctères d ’une autre
m aladie nerveuse , q u ’on regarde avec raison comme
nue de ses variétés ; c ’est la nostalgie. Ainsi que la
m élan co lie, elle a p o u r objet une affection triste et
douloureuse , elle est caractérisée par un désir irré
sistible , un besoin im périeu x de revo ir sa patrie.
C'est l ’homme arraché par les circonstances au sol
qui l ’a v u n aître, que la nostalgie se plaît à frapper.
A ces traits que co u vre une p â le u r m ortelle, à ccs
y e u x mornes , à ces palpitations irrégulières , à cette
dém arche lente et pénible , vous reconnaîtrez faci
lement l ’infortuné q u ’elle accable. Une sombre tris
tesse l ’accom pagne partout, partout il appelle la patrie
absente. Les israélites captifs dans B a b y lo n e , tour
nent sans cesse vers la terre fertile de C a n a a n , leurs
�( 8 )
y e u x baignés de pleurs ; vainem ent un vainqueursuperbe leur demande les «-.liants sacrés dont ils
lésaient jadis retentir le temple de Jéhovah ; leu r voix
expirante ne frappe plus les airs et leur l y r e muette
suspendue aux branches des sau les, ne mêle plus
au bruit des eaux des sons mélodieux. T o u t , en effe t,
est mort dans la nature p o u r l ’infortuné nostalgiqu e,
tout excepté le souvenir de la patrie ; les demeures
les plus brilla n tes, les sites les plus en ch an teu rs,
rien ne peut rem placer dans son cœ ur l ’im age du
toit paternel. Plante exilée du sol qui l ’a p r o d u i t e ,
elle ne peu t se ranim er q u ’aux rayons du soleil qui
éclaira sa naissance ; pron on cez, en effet , devant le
postalgique le nom de sa patrie , faites briller à ses
y e u x l ’espoir «l’ un p ro c h ain retour 'vers les champs
qu i l ’ont n o u rri et ont v u croître son enfance 5 toutà - c o u p alors son cœ u r palpite avec f o r c e , une
d o u ce émotion colore ses tra its, la joie brille dans
ses y e u x naguères éteints, toute son existence se ra
n im e et se porte avec ivresse vers cette patrie dont
le touchant so u ven ir est g ray é dans le cœ u r de
l ’hom m e que p o u rsu iv en t l ’infortune et l ’exil.
Dans le p ro c h ain num éro , nous nous occuperons
des causes , des variétés et du traitement de la m é
lancolie.
O B s e r V A T z o N d 'u n e ty m p cin ite in te s tin a le , p a r M.
S ig au d , d. m ., m em bre d e l à S o c ié té ro y a le d e m é
d e c in e de M a rs e ille .
M ic h el G u i l m i n , âgé de 40 ans , officier de m arine ,
n atif de St. Malo , entra à l ’hôtel D ieu de Marseille ,
le 6 d écem b re 1816.
Le malade était d ’un tempérament sanguin , d ’ une
constitution robuste , d ’ une mille au-dessus de la
m oyenne , d ’un caractère brusque et d ’h u m e u r CO-
�(9
lérique. D u ran t'la traversée du banc de T erre-N eu ve,
au port de Marseille , il abrégeait les lon gueurs du
v o y a g e par des excès de boissons alcooliques, q u ’ il
commettait deux ou trois lois pa r semaine. Il m an
geait quelquefois bea u co u p , d ’autrefois peu , bu vait
force eau-de-vie. Bientôt il se p laig n it d ’une tension ex
trême au b a s - v e n t r e , a vec dégagem ent par l ’anus
de gaz intestinaux. Le ch iru rg ie n du bord dissipa
ces symptômes par une simple infusion de cam om ille
q u i opéra un prom p t soulagement. A son arrivée
au lieu de la destination, M. G u ilm in se liv r a de
nou veau avec excès aux boissons; de là, état d ’ivresse
fr é q u e n t, tension de l ’a b d o m e n , sortie de gaz in
testinaux. Un violent accès de colère activa la m arch e
de ces sym ptôm es. U n flux h é m o r r o ï d a l , a u q u e l il
était soumis fut supprim é. L a tension s’a c c r u t , les
douleurs com mencèrent, le ventre était ballonné, d u r ,
rendant à la percussion le son d ’un tambotlr ; a n
xiété g é n é r a le , gène dans les m ouvem ens du t r o n c ,
sentiment d ’o p p ression incom m ode dans la position
h o r iz o n ta le , a n o r e x ie , in s o m n ie , telle était la série
des symptômes dont se composait en partie le d iag
nostic.
I l fallait déterminer quel était le genre d ’affection
de cet in d ivid u : aux symptômes énoncés on en r é u
nit encore de n o u veau x , tels que les borborigm es ,
la sortie des vents plus fréquens que de c o n lu m e p ar le h a u t et p ar le bas , un lége r sen
timent de colique vers le n o m b r i l , dans la régio n
lom baire, la constipation, et quelquefois une difficulté
de faire sortir les vents. L e genre connu, quelle en était
l ’e s p è ce ? Dans cette énum ération de s y m p tô m e s ,
p o u v a it-o n trouver des traits distinctifs de la tym panite abdom inale ou de la tym panite intestinale ?
O n se b o r n a , le soir de son entrée, à lu i donner un
�( ro )
julep anodin et à le mettre à l ’ usage de l ’eau vineuse.
y d écem bre. Insom nie, intensité des sy m p tôm es,
ïe malade ne peut garder le l i t , un sentiment d’an
xiété générale le force à ch erch er dans la prom e
nade et la position assise quelque soulagement ;
efforts inutiles. P r e s c r ip tio n s : c^'stère carminalil', infu
sion de mélisse p o u r boisson, potion antispasm odique,
bo l fait avec un grain d’opium gom m eu x , deux
grains de camphre.
8 id e m . Insomnie , pouls fréq u en t, lan gu e blan
châtre, constipation, tension de l ’abdomen au même
degré. Les intestins semblent se dessiner à travers
les parois abdom inales, l ’on apperçoit des lignes
tracées par les circonvolutions intestinales. Les p a r
ties génitales ne sont point infiltrées. ( Poudre h y d r a g o g n e , d y s tè re carm inatif avec demi gros de
cam phre. ) Le soir une selle , léger amendement
dans les symptômes , un peu de souplesse du basventre ; ( julep anodin.)
9 id. Pouls lent , dégagem ent de g az intestinaux.
{ Une prise de m ercure doux gr. vj , clystère p u r
g a t i f ).
1 0 id . Somnolence par in terva lles, sans s o m m e il,
respiration un peu gênée. Le malade refuse de
prendre les remèdes , on lui prescrit de n o u vea u
d ix grains de m ercure d o u x , un lavement p u r g a tif;
le soir impossibilité de garder la position h o rizo n
tale. Il ne preud q u ’imparfaitement une potion faite
a vec 3 onces d ’huile de riccin , in grains de m ercu re
et
grains de gom m e gutte.
11 id . In so m n ie, pouls p e t i t , fr é q u e n t , la tension
'abdomen croit de plus en p l u s , co n stip a tion ,
ration le n te , face in je c t é e , traits altères. Le
malade rejette les remèdes q u ’il regarde comme n u i
sibles, In quiétude m orale, m al-aise g é n é r a l , im pos-
3
�( 11 )
sibilité d ’affecter aucune position. Il passe la nuit
sur sa cliaise , ou à faire quelques pas a vec beau
coup de peine. ( Lim onad e avec l ’éther sulfurique ,
clystère p u r g a t i f , un grain d ’o pium avec deux de
cam phre toutes les trois heures. )
Le soir : intensité des symptômes. O n prescrit une
potion tonique m ineure, des applications de glace
sur le bas ventre. Le malade ne les supporte p o i n t ,
il les rejette après un court intervalle. O n lui ad
ministre un lavem ent p u rga tif sans succès. O n in
troduit une sonde de gom m e élastique dans le rectum
j u s q u ’à l ’S du colon , dans l ’étendue d ’en viro n deux
p i e d s , où elle semble rencontrer un coude. E n la
retirant on trouve son extrémité applatie.
La m arche des symptômes , leu r g r a v i t é , le p eu
de succès des remèdes dus à la fois au défaut d ’ad
ministration q u ’on ne peut q u ’im puter à l ’im patience
colérique du m alade , com m e à la nature de là
m a l a d i e , déterminèrent le m édecin à consulter ses
co n frè r e s , suE.ua cas aussi allarmant. Les consultaus
furent assemblés su r -le - c h a m p au n o m b re de douze.
Les ressources de la médecine paru rent inefficaces à
q u elqu es-u n s d ’entr’eux ; on cru t d evo ir tenter un
m oy en emprunté à la ch irurgie. O n proposa la p o n c
tion avec le trocart, et l ’emploi de la pom pe aspirante.
L a majorité se laissa entraîner par l ’ opinion du ch iru r
gien en chef; on se basait sur l ’ urgence du cas qui r é
clamait u n secours prom pt ; une opération seule
était l ’ancre de s a lu t, elle consistait à pratiqu er une
sim ple incision sur les parois abdominales. O n lais
sait au choix du ch iru rg ie n , l ’endroit où il fallait la
faire. En second lieu, on saisirait une anse d ’intestin au
q u e l on pratiquerait une p iq û re p o u r donner issue à l ’air.
L e malade étendu dans son l i t , les extrémités
croisées l ’une sur l ’autre , le genou d ’ un aide placé
�( 12 )
vers la région lom baire p o u r point de résistance ,
le reste du corps m a i n t e n u , l ’opérateur fil à la
région ombilicale un pli transversal , comme p o u r
l ’opération de la hernie in g u in a le , une extrémité
fut assujétie par un aide , l ’autre pa r la main du
ch iru rg ie n , ensuite l ’opérateur , la m ain droite armée
d ’un bistouri d r o it, d écriv it au milieu du p l i , une
lig n e droite de deux pouces. Les tégumens furent
d ’abord d i v i s é s ; p u i s , il fit une piq û re à l ’apon é
vrose du grand oblique , introduisit sa sonde ca n
nelée , et suivan t sa direction a vec le b i s t o u r i , le
tranchant tourné en h a u t , il incisa cette aponévrose
de dedans en dehors. Les fibres aponévrotiques du
petit oblique , transverse a b d o m i n a l, les m usculaires
d u grand droit furent disséquées a v e c soin. P a rve n u
au péritoine, même m ode d ’incision que po u r l ’aponé
vro se du grand oblique. La cavité abdom inale ouverte,
i l ne s’en échappa aucun g a z , ce qui démontra que la
tym panite n’était point abdominale. L ’opérateur p r o
mena ensuite l ’index et le m édius dans la p l a i e ,
tâcha de saisir une a nse d ’intestin qui lui éch appa ,
amena l ’épiploon q u ’il laissa flotter dans la cavité
abdominale. L ’opérateur saisit ensuite le colon , as-sujétit l ’anse a vec la m ain droite , la reco u v rit d ’ un
lin g e pou r m ieux la m aintenir hors la plaie , puis
essuya sa s u r fa c e , introduisit à sa partie m oyen ne
une a ig u ille faite à peu près comme celle à séton,
offrant une cannelure vers son tiers supérieur , ter
m inée en pointe. L ’air s’éch appa aussitôt par la
p iq û re , avec bruissement et répandit une o deur de
g a z hydrogèn e sulfuré. L e m a la d e , que l ’opération
tourmentait beaucoup , épro uva un lége r soulagem ent
dès que l ’anse d ’intestin fut vidée , et q u ’ une no u
velle quantité d ’air fut poussée vers l ’o uvertu re par
l e m ouvem ent péristaltique des intestins. E n m ême
�3
( i j
lents il s’effectua tine selle abondante de matières
solides. On exerça des com pressions, en divers sens,
sur l ’abdomen pou r faciliter l ’issue des g az qui s’é
chappèrent en assez grande quantité dans l ’espace de
quelques minutes. Après un court intervalle de r e p o s ,
on lit rentrer l ’anse d ’intestin a v ec soin p ar l ’ o pé
ration du taxis. Le ch irurgien prom ena de n o u veau
Ses doigts dans le b a s- v e n tre , amena après quelques
efforts de traction 1res douloureuse l ’ intestin grêle ;
nouvelle piq û re pratiquée dans le même sens que
la p récéd en te, compression exercée sur l ’abdomen ,
affaissement peu sensible de ses parois , dégagem ent
de gaz intestin au x, lége r soulagement. R e p o s , ad
ministration d ’un bouillon avec du vin. O n poursuit
l ’opération; une no u velle introduction des doigts dansla plaie détermine de v iv e s douleurs ; le c h ir u r g ie n
tâche de faire sortir le colon qui glisse dans l a
cavité abdominale. L e malade sé débat, lutte a vec v i o
lence contreles efforts q u ’ on fait p o u r le retenir. Il s’é
ch appe tput- à - ç otÿp pa r la p laie un gros viscère ,
p a r l’ effet d ’ un m ou vem ent brusqm- der bassin d ’ar
rière en avant de droite à g a u c h e , au m om ent oit
l ’on com prim e la régio n épigastrique ; on éponge sa
surface couverte de sang , on reconnaît l ’ estomac ;
les d ouleurs sont a tr o ce s, m enace de syncope. O n
le fait rentrer avec peine et soin , un aide l ’assujetit
vers sa grande courbure. O n procède de n o u veau
après une courte pause , à la sortie d ’une anse d ’in
testin ; le cæ cu m est a m e n é , l ’air s’é c h a p p e en
quantité dans un court intervalle par une n o u velle
piqûre. Affaissement peu sensible, souplesse des parois
abdominales , soulagement plus m arqu é , mais fa tig u e
ex trêm e, effet de l ’opération p r o lo n g é e au-delà d ’ un
quart d’heure. O n fait rentrer de n o u vea u l ’intestin $
on se contente de cet amendement. Les bords de la
�( r4 )
plaie sont réunis au m oyen des bandelettes a g g l u tin a tiv es, de la charp ie , l'em plâtre collant et un
bandage contentif composent les pièces d ’appareil.
L e malade est placé dans un lit convenable. L ’ab
domen est moins t e n d u , les douleurs sont dissipées;
il se manifeste une amélioration sensible dans toute
l ’habitude du c o r p s , la position horizontale n’est
plus d o u lo u reu se, le besoin de repos se fait v i v e
m ent se n tir; on pratique au malade su r -le - c h a m p
une saignée de 8 onces au bras , ensuite il prend un
bo uillon a vec du vin , et u n clystère purgatif. L e
m oral est dans un état de calme parfait. L ’opéré
dort l ’espace de 4 heures après l ’opération.
L e so ir: m ou vem ent fé b r i l e , so if v i v e , lan g u e
s è c h e , lace a n i m é e , souplesse du b a s - v e n t r e , une
selle abondante ; on lu i prescrit une lim onade et
un julep anodin.
12
idem. L e le n d e m a in : nuit t r a n q u ille , so m
m eil p a r i n te r v a lle , dégagem ent de g az p a r l ’a n u s ;
le m alade se plaint seulement de la constrictioil
exercée p a r le bandage q u ’on relâche un peu. D e u x
selles, pouls fréquent-, “p e ü c l é v e l o p p é , so if viv e.
A pplication de quatre sangsues au fondem ent p o u r
rap p ele r le flux h ém orroïdal s u p p r im é , deux p o
tions à prendre a lterna tivem ent, ch aqu e h e u r e , p a r
cuillerées :
~)f. H uile d’amandes douces................................... J ij.
E a u de fleurs d ’o ra n g ................................... J j s.
Infus. de c a m o m i l l e ................................... § iij,
'
I p é c a c u a n h a .....................................................g .r 6.
Sirop de n y m p h é a ......................................... § j.
melez.
Eau de menthe , c a n e l l e , anis. de
Sirop de girofles.
Ether sulfurique
melez.
�(
)
Le soir: respiration fr é q u e n te , bas-ventre moin3
so u p le, ten d u , une selle abondante , l iq u i d e , pouls
ir r é g u lie r , fréqu en t, ch aleur de la p e a u , lan g u e
sèche : mêmes remèdes.
i
id em . S o m n o le n ce, respiration g ê n é e , expec
toration d ifficile , tension croissante de l ’abdomen
sans d o u le u r , borborigmes sans dégagem ent de g az ,
selles fréquentes, pouls p etit, irrég u lier, n u l trou
ble dans les idées , face altérée , nul sentiment de
sa situation: ( mêmes remèdes ).
Le soir: intensité, m arch e rapide des sy m ptô
m e s , d ia r r h é e , o rth o p n é e , respiration sterloreuse ,
traits de la face d é p r im é e , absence du s o u v e n i r ,
po u ls verm icu laire ; râle plus tard, mort à heures d u
matin du 14 décembre.
A u to p s ie c a d a v é r iq u e . Les parois de l ’abdomen ouverts
ne renfermaient point de g a z ; on trouva une dégéné
rescence cancéreuse du colon descendant. Les intestins
étaient distendus outre mesure pa r une quantité con
sidérable de gaz.__
3
3
O b s e r v a t i o n su r V e x tr a c tio n d 'u n n o y a u d 'o liv e q u i ,
p e n d a n t lo n g -te m p s , s éjo u rn a d a n s / e s jn s s r s n a s a le s
d 'u n e j e u n e d a m e ; p a r M . A l b a n e l l y , c h ir u r g ie n ,
à M a r s e ille .
5
Madame * * * , Agée de z
a n s , ép ro u v a dès
la première enfance, une céphalée qui fut tou
jours plus intense , au point q u e , depuis d eu x
a n s , la malade fut souvent obligée de garder le lit.
Bientôt un écoulement puriform e se manifesta à la
narine g a u c h e , et il devint extrêmement abondant
m algré quelques m oyens em ployés p o u r le tarir.
T rès inquiète sur son état, m adam e * * ayant re
cours aux lumières réunies de plusieurs ch ir u r g ie n s,
ou décide q u ’il existe une affection s y p h i l it i q u e , et
�(^ )
en conséquence on administre les frictions m e r t u rielles (p ii, loin de dim inu er le m a l , l'a gg rav èren t
singulièrement. Alors , une nouvelle consultation
préconise le rob de L a ffe c te u r, ainsi que des i n
jections dans les fosses nasales avec une d é c o c
tion d é te r s iv e , n o u velles ressources q u i , comme
les précéden tes, tendaient évidem m ent à accroître
la maladie. T o u t e f o i s , Madame' * * crut d evo ir r é
cla m er mes soins ( ce fut en 1802 ) , et je m'atta
chai avant tout à explorer attentivement la cavité
d ’où le pus découlait.
Au prem ier a b o r d , je soupçonnai utie carié des
os qui concourent à la formation de cette cavité.
Après a vo ir détergé c e l l e - c i a vec des injections ,
j ’y introduisis les p in c e s , et je pus m ’assurer qu ’ il
y avait un corps étranger ; je procédai à son ex
traction , mais j ’ en retirai à peine quelques fr a g mens. In troduisant de n o u vea u les pincettes , je
p r atiq u ai facilem ent l ’exérése cette fo i s , ajrant bien
saisi le corps étranger qu i, examiné dans toutes ses
faces et n o ta m m e n t à l ’endroit où des portions avaient
été e n le v é e s, offriT ttnlsMés caractères d ’un n o y a u
d’ olive incrusté d ’une co u ch e calcaire.
L e traitement ne consista que dans l ’ usage de quelques
injections émollientes et d éte rsives, et je vis avec
plaisir la matière pu riform e dim inu er de jo u r en
jo u r. Enfin , il s’écoula p eu de temps entre l ’o p é
ration et l ’époque à laquelle la m alade fut p a rla is
tement rétablie ( 1).
(i) Cette observation, si remarquable à diffère ns égards, n’est
pas la seule qui constate l’usage inconsidéré que l’on a fait du
mercure. La plupart des gens de l’art ne voient la cause d’un
très grand nombre de maladies que dans la syphilis, et il en résulte
que le mercure est fréquemment utilisé. A la vérité, l’existence
du virus vénérien parmi une foule immense d’individus, ne saurait
�(
r7
)
O n S E lir  T I o it s u r l'e x tr a c tio n d 'u n e c e r ta in e q u a n tité
d e p o i ls , situ és d a n s u n e tu m e u r à l'o m b il i c , c h e z
u n ho m m e â g é d e 28 a n s ; p a r M . C. M. G. T RAB U C , d o cte u r en m é d e c ifie ,
ro y a le d e m é d e cin e de
m em bre de la
S o c ié té
M a rse ille .
Ï l y avait à peine trois j o u r s , que M. G .., âgé
de 28 ans ou e n v i r o n , venait do subir un trai
tement a n t i - s y p h i l i t i q ü é auq uel jé l ’avais s o u m is ,
lorsque ( l e
juillet 1819 ) il m e fit appeler de
nouveau. Je le trouvai c o u c h é ; sa face était un peu
décomposée , la peau chaude et s è c iie , le pouls con
centré et f r é q u e n t , la lan gu e a r i d e , les régions
om bilicale et h ypog a striqu e d o u lo u r e u se s, surtout
au toucher , les déjections abondantes , p eu liées et
de couleur briquetée. L ’application pendant deux fois
de six sangsues au fo n d e m e n t, la tisane d ’orge lé
gèrem ent acidulée a vec le jus de c i t r o n , quelques
potions h u ileu s es, des fomentations et des lavem ens
ém olliens furent les remèdes que j ’opposai à cefc
symptômes d ’entérite. L e 17 j u i l l e t , quinzièm e jo u r
de la m a l a d i e , je perm is quelque alim ent l é g e r ,
ét le 28 , M. G., com m ença à reprendre ses repas
ordinaires ; il é p ro u v ait cependant encore une d ou
leu r fix e , p erm an en te, mais très s u p p o r ta b le , dans
la partie la plu s p rofon de de la paroi a b d o m in a le ,
correspondante au n o m b r il , dou leu r p o u r la q u e lle ,
d ’après les conseils de b o n n es f e m m e s , il m it t o u fà - t o u r à contribution divers emplâtres composés
3
être révoquée en cloute, mais heureusement ne circule-t-il point
dans les veines de tous lés mortels ; et supposé que ecla fut , fàudrait-il pour le combattre ( nous le demandons en passant ) recourir
constamment à un métal qui, administré sous certaines formes,
asisouvent produit des effets plus nuisibles qu’utiles, bien qu’il ait
été dirigé par des habiles mains?
Ko te du rédacteur généra}.
Z
*
�( >8 )_
avec la térébenthine , la po ix de B o u r g o g n e , W
thériaque , e t c . , sans obtenir le m oindre soulagement.
Cet e'taL durait depuis environ deux mois , lorsque
je soupçonnai q u ’un corps étranger p o u v a i t , avant
été a v a lé , a vo ir traversé le tube digestif et s’être
engagé dans l ’épaisseur de la paroi abdominale.
L e 17 o c t o b r e , jour de D im a n c h e , je lus appelé
à cinq heures et demie du soir. Il n ’y avait pas plus
de deux heures que M. C. . était sorti de table
où , s’étant trouvé avec plusieurs de ses a m i s , i l
a vait mangé et bu plus q u ’à l ’ordinaire. L ’estomac
était encore dans vin étal de réplétion ; la douleur
était pulsative , plus extérieure que p a r le passé ;
elle avait t o u t - à - f a i t son siège dans le fond dit
n o m b r il qui était très-enflammé.
Diète r ig o u r e u s e , tisane de m ou de V e a u , fo
mentations émollientes et anodines sur la partie
douloureuse.
L e lendem ain au matin , je trouvai la compresse^
im prég n ée d ’une matière pu riform e résultant d ’une
sécrétion q u i s’était formée dans la cavité du n o m
bril. Celui - ci , beaucoup plus enflammé que là
ve ille , présentait dans le fond un bouton assez
considérable. L ’inflammation s’étendait en forme de
cercle à deux pouces a u - d ’e là. (M êm es rem èdes.)
L e 19 , à m i d i , M. C. . m ’annonça q u ’ un lé g e r
p r u rit avait succédé à- la plus viv e douleur. Je ne
vis dans- le fond du no m bril q u ’ un m élange de pus
et de s a n g ; je détergeai la p a r t i e ; le bouton mis
à n u , était o u v e r t , un peu aplati et donnait pas
sage à u n e ‘ matière grisâtre , dirigée en pointe.
J ’eus recours à des pinces p o u r la r e t ir e r , et je la
tro u vai , à ma grande surprise , composée d ’ une
certaine quantité de poils réunis parallèlem ent les
uns aux autres ; elle répandait Une odeur assez
�*9
(
)
forte de matière fécale. La cicatrisation de la petite
plaie suivit de près l ’extraction de ces poils' dont
la couleur était d ’un brun c l a i r , et la fiùesse très
grande. Frappe de leu r ressemblance avec ceux dont!
l ’ind ivid u se trouvait couvert aux extrémités infé
r ie u r e s , je le lui fis remarquer. Après un moment
de r éflex io n , il së ressouvint que pendant son trai
tement anti-vénérien ; il avait essuyé siir une ser
viette le rasoir dont il s’était servi pou r raser la
partie interne des cu isses, où il devait faire des
frictio n s; que peu de jours a p r è s , com m e il était
retenu au lit par un bubon très vo lum in eux , la
d om estiqu e, en lu i servant une s o u p e , lu i présenta;
la même serviette , et q u ’en la dépliant , il avait
disséminé les poils ça et là ; que l ’obsCurité qui
régnait dans I’alcove ne lui avait pas permis de
reconnaître s’il en était tombé dans la soupe. Ne
pourrait-on pas prendre ces mêmes poils p o u r ceux
qui ont été retirés de la plaie ?
O b s e r v a t i o n s u r u n c a n c e r de l 'œ i l , r e c u e illiè à la
c lin iq u e de l ’h ô p ita l S t . - E l o y , de M o n tp e llie r ; p a r
M . R o u x , de N a r b o n n e , é lè v e d e M . le p r o fe ss e u r
Lallemand.
Joseph M a r t in , de P ey ra n , département de l ’Ar
dèche , âgé de 6 a n s , d’ un tempérament s c ro p h u l e u x , fit une chute sur l ’os de la pommette g a u ch e
cinq mois avant son entrée à l ’hôpital S t.-E lo y . Il
en résulta une légère contusion qui guérit en 8 à
9 jours. Un mois après , H. se manifesta un peu de
rou g eu r à la pau pière inférieure ; c e lle -c i se tum é
fia , la r o u g e u r et le gonflement se prop agèrent au
globe de l ’œ il et à la p a u pière supérieure. L e y o -
�(
20
)
lume de ces parties devint si considérable, que
son père , laboureur , prit le parti de le conduire
dans cet hôpital où i l entra le 22 i’év rier 1821, et
quatre mois après l ’apparition de la maladie.
Examinée le
, la tum eur présentait les carac
tères su iva n s: elle avait le volum e d ’un œ u f d ’o i e ,
lésait saillie au-devant de l ’orbite où elle était adhé
rente pa r un pédicule de la gra n d eu r de l ’o u v e r
ture de cette Cavité ; elle était à peine m obile ,
oblongue. Son diamètre vertical avait trois pouces
i / 2 , ainsi que l ’horizontal. L ’antero - postérieur en
avait deux ; on peut se faire une idée de: cette tu
m e u r , en se représentant deux cônes adossés p a r
leurs bases qui forment la partie m o y e n n e , et la
plus volum ineuse de la tum eur ; le cône supérieur
est reco uvert p ar la p a u pière supérieure énorm é
ment distendue’, d ’ un ron ge é r y s ip é la te u x , t e n d u e ,
dont l ’épiderme se détachait facilement sons form e
d ’écailles.
L e second cône, q u i avait son som m et en bas et
sa base adossée à celle du s u p é r ie u r , présentait sur
sa face a n t é r ie u r e , et de h a u t en lias , une la r g e
ulcération, qui s’ étendait sur cette face ; il paraît
q u ’à l ’adossement de ces deux bases répo nd ait l ’ou
verture des p a u p iè res ; l ’in férieu re a va it m oins d ’é
tendue que la supérieure ; quelques poils de cils se
v o y a ie n t au r eb o rd de celle-c i ; l ’ ulcère était noi
râtre dans certains points , ro u g e et grisâtre dans
d ’autres ; sur la face antérieure de ce cône , on voyaitun enfoncem ent qu i représentait assez bien la co r
née ; elle était terne enfoncée , a p p l a t i e , coriace ,
a y a n t un p o u ce transversalement , et la 1/2 d ’un
de v e r t ic a l; elle était soulevée vers la partie externe
p a r un corps ressemblant au cristallin. L e sommet
de eeüe saillie était co u vert d ’une croûte brunâtre.
23
�( â'I )
Âu-dessous de la cornée , l ’ ulcère était d ’ un aspect
brun n o irâtre, et laissait couler goutte à gouttte
un liquide d ’un aspect sanguinolent. L e sommet
inférieur de la tum eur tombait plus bas que le nineau des narrines.
L e jeur/e malade paraissait y souffrir b e a u c o u p ,
nar à peine y t o u c h a i t - o n , q u ’il poussait des cris
horribles. D ’ailleu rs, au rapport de son p è r e , il a
beau coup m aigri depuis que cette tum eur existe, et
a p erd u l ’appétit. Depuis l ’apparition de la tum eur,
il ne vit plus que de lait et de châtaignes , il dort
peu , mais il est toujours assoupi et se lient cons
tamment couché.
O p éré le 2,3, p a r M. le professeur Lallemand,
V o ici q u el fut le procédé opératoire : le malade ayant
été couché sur le bord du l i t , et maintenu p ar des
aides , M. Lallem and fit une incisiou transversale à
la pau pière supérieure , et disséqua celle-ci jusques
au rebord de l ’orbite ; arrivé dans cet endroit, com m e
la tum eur dépassait beaucoup cette cavité , et q u ’il
était impossible d’y rien introduire , il donna q u el
ques coups de ciseaux à cette t u m e u r , afin de p o u v o ir
la v id e r et la com prim er autant que possible. Enfin
a yant p u introduire le d oig t et les ciseaux entre
la tum eur et l ’orbite , il s ’en servit p o u r détruire les
adhérences qui l ’unissaient a u x parois osseuses. I l
introduisit ensuite les ciseaux courbes sur leu r plat
du côté e x t e r n e , et coupa le n e r f optique : poussant
la tum eur au dehors à l ’aide du m êm e instrument.,
elle sortit et tomba sur la joue en exécutant un m o u
vem ent de basse cule , et n ’ayant d ’autres adhérences
que la peau de la pau pière inférieure qui fut incisée,
L a cavité de l ’orbite était plus g rande que . dans
l ’état naturel ; u a e portion de l ’a n g le externe, du c.or ô n a l , d e l ’a p o p h y se m alaire et l ’apop h y se montante
�étaient à nu. M. Lallemand racla les attaches des
m u scles, avec un scalpel dont la lame était recourbée
et tranchante des deux côtés. Le malade criait beau
coup , l ’hém orragie était co nsidérable, l ’opérateur
promena son doigt dans l ’orbite , et avec des ciseaux
courbes il retrancha quelques portions du tissu cel
lulaire qui étaient restées au fond de la cavité. Il
essuya la plaie avec des éponges et rem plit l ’orbite
de bourdonnets de charpie , il appliqua deux com
presses p ar dessus , et soutint le tout p ar le bandage
m onocule.
Ayant ensuite coupé la tum eur en d e u x , p a r une
incision longitudinale : on vo y ait q u ’elle était formée
p a r une substance blanchâtre , lardacée , sa ig n a n te,
a yant beaucoup de consistance. Les bords de l ’incision
étaient couverts d’une très grande quantité d ’orilices
d e petits v a iss ea u x , laissant suinter d u sang.
L ’incision ayant passé à côté du n e rf o p t i q u e , fit
v o i r q u ’ il était plus grêle que dans l ’état naturel ;
mais aussi q u ’il était plus l o n g : il conservait sa co u
le u r naturelle etparaissait n ’ètre point altéré. Le globe
de l ’œ il q u i avait été poussé hors de l ’orbite p ar les
prog rès de la maladie , était plat d ’avant en a r r i è r e ,
et en velop pé p ar cette masse lardacée. Mais il ne
participait pas à cette maladie. O n distinguait assez
bien la sclérotique qui était très dure et coriace.
La conoïde se v o y a it aussi très distinctement ; cet
organe avait moins de vo lu m e que dans l ’état naturel.
L e tissu p r im itif des muscles du globe de l ’œil n ’exis
tait plus , ils avaient le m ême aspect que le tissu
q u i formait l ’organe parasite.
Le malade ayant été porté au l i t , on l u i ordonna
« n e potion composée de § ij sirop diacode et un
grain d ’o p i u m , à prendre p ar cuillerées. A u n e heure
d u soir il s’e n d o r m i t , et à cette époque le pouls
com mença à être fréquent,
�*3
(
)
2&.
Gonflement de la joue gauche assez considérable;
lo r s q u ’on y porte le d o ig t, le malade pousse des cris;
la fièvre assez intense , point de sommeil ; l ’ap
pareil était humecté d ’une sérosité sanguinolente.
26. Le gonflement de la joue plus considérable ,
le malade ressentait de la chaleur à la tête , ce qui
obligea M. Lallem and à lu i oter le bonnet, la fièvre
durait e n c o r e , mais n’était pas aussi forte que la
veille. D iè t e , tisane de réglisse.
27.
Peu de fièvre ; le gonflement de la joue
dim inué considérablement, on enlève la bande , mais
voyan t que la suppuration n’avait pas encore détaché
la charpie , on n ’y toucha pas. Même tisane , con
fitures et raisins.
28.
La fièvre continue encore ; le malade a de
F a p p é t it , il dort bien ; l ’a ppa reil exhale une odeur
extrêmement fetide. D eux s o u p e s , raisins et même
tisane.
1.
" mars. O n changea po u r la prem ière fois l ’ap
pareil , ainsi que la charpie qui était dans l ’orbite ,
excepté celle du fond , qui n’était pas encore détaehée.
L a suppuration s’était bien établie ; le pus était vis
qu eu x , épais , grisâtre, ainsi qne la surface des parois
de l ’orbite ; très peu de fièvre.
2. Point de fièvre ; la charpie était toute im p rég n ée
de p u s , exhalant une odeur insupportable; en p r o
menant le doigt dans la cavité de l ’orbite , on ne
sentait plus les os q u i avaient été mis à nu a vec le
bistouri , si ce 11’est à la partie externe du rebord
de cette cavité. La plaie com mençait à prendre de
la rou geu r dans quelques points de son étendue. Même
régime.
. Cet état se prolongea jusqu ’au 10 ; il sortit ce
3
jo u r là de l ’h ô p i t a l , et courut toute la journée.
11. Fièvre pendant toute la n u i t , point de so m m eil,
�( 24 )
peau l â c h e , b r id a n te , pouls accéléré', m êm e état de
la plaie.
12. La fièvre venait encore , douleur au clos et aux
membres , apparition de quelejues petits houtonq
rouges sur la peau des bras. D iè t e , b a in s , limonade.
1 . Le m alade ne v o u lu t point se mettre clans le
bain ; la nuit fut mauvaise , pouls fort et fréqu en t,
langue rou g e et sèche , suppuration de la plaie beau
coup diminuée. De n o u veau x boutons de la grosseur
d ’une lentille se manifestèrent. Mêm e prescription.
14. L e malade resta h ier au s o ir , une d em i-h eu re
dans le b a i n , nuit plus tranquille , une éruption de
boutons plus gros que les précédens s’est emparé
de tout le c o r p s , surtout de la face ; pouls moins
fort et moins fréquent, lan gu e moins r o u g e , su p p u
ration de la plaie peu abondante 5 mais le pus n ’a
pas changé de nature.
16. L e sommet de beaucoup d é b o u to n s est applati
et blanchâtre , la pau pière de l ’œil droit tuméfiée, lq
lan gu e a repris la co u leu r n a t u r e lle , peu de fièvre,
D e u x bouillons.
. 1 7 . Même éiat, si ce n ’est que les boutons sont
devenus plus blancs. La suppuration de la plaie q
dim inué , au point que la charp ie y est toute ad-1
h é r e n t e , et q u ’on n’a pu y toucher. Ulcération au
«onde droit.
20. La figure est extrêmement bouffie , presque tous
les boutons de la figure com mencent d ’avo ir à leur
/sommet un point blanchâtre : on recom m ande au père
de les percer avec une aiguille. Après cela la disquaœ ation se lésait bien , surtout à la figure qui était
recouverte d ’une large croûte b r u n â t r e , lorsque le
■ 37 les boutons d u c o u , des membres , du tronc ,
qui étaient encore en suppuration s’affaissèrent. L a
rou g eu r et la tum éfaction de la peau ., q u i jusqnes
3
�t * 5 ')
avaient été asseia considérables, d im inuèrent toutà -c o u p et firent voir que le malaile avait beaucoup
m aig ri. Son pouls était fréquent dans l ’après m i d i ,
i l commença à se plaindre de l ’abdomen. Cette partie
était tum éfiée, d ou lo u r e u se , sensible à la p r e ss io n ,
résonnant comme un tam bour lorsq u ’on frappait des
sus. La respiration difficile , la poitrine s’o uv re , quoi
q u ’on ne put l ’examiner que superficiellement , à
cause des cris que jetait le malade. Vésicatoire, sur
J» poitrine qui ne prit pas. Mort à huit heures du
soir.
A u to p s ie c a d a v é r iq u e J a i t e d o u z e heu res a p rès.
H a b itu d e e x té rieu re : Amaigrissement assez consid é r a h l e , ulcération gangreneuse à la partie interne
flu coude d r o i t , de la g rand eu r d ’un écu de trois
fr a n c s , autre ulcération au scrotum qui com prenait
le tissu cellulaire sous-jacent. Épanch em ent de s é r o '
site dans la tunique vaginale droite , abcès contenant
clé la sérosité purulente à la partie supérieure in
terne de la cuisse gauche. L ’abdomen était d istendu,
le péritoine sain , les intestins rem plis de g az , tant
à l ’intérieur q u ’à l ’extérieur ils étaient b l a n c s , ex
cepté à la fin de l ’intestin grêle où ils étaient un
peu injectés dans différentes portions. O n trouva huit
ou n e u f vers très gros. L ’intérieur de la vessie n ’offrait
rien de rem arquable.
P o itr in e : Epanchfement dans la cavité droite de
la plèvre , ainsi que dans le péricarde.
C r â n e : Les vaisseaux d e l à d u re-m ère fort injectés ,
eerveau très v o lu m in e u x , les ventricules distendus
p a r de la sérosité. Le n e rf optique g au ch e , depuis
l ’en tr e-cr o ise m e n t ju s q u ’à l ’o r b i t e , était plus gros
q u e celui d u côté o p p o sé : passé l ’en tr e-cr o ise m e n t,
f était le contraire. L a cavité de l ’orbite g au ch e avait
�( *6 )
considérablem ent d im in u é, elle était toute recouverte
p a r des bourgeons charnus qui avaient 2 ou lignes
d ’épaisseur ; ils étaient rou ges , nu lle p ortion d ’os
était à n u , si ce n ’est un peu du côté externe qui
était noirâtre. V ers le fond de l ’orbite il y avait une
portion de g ra iss e , q u i en tourait le n e rf op tiqu e ré
tréci. Ce tissu graisseux était b la n c , consistan t; sa
face antérieure qui form ait le fond de la cavité de
l ’o r b ite , était recouverte de bourgeons charnus.
3
S
ij '! llljl
P u 3 r. i Q ü E et E xposé des travaux de la
Société royale de médecine de M arseille, pendant
Vannée 1820. jn -8 .° de 82 pages.
é a n c e
D e toutes les branches des connaissances h um aines ,
la m édecine est celle q u i exige d ’ètre cu ltiv ée aven
p lu s de constance et plus de soins. Les succès m u l
tipliés q u ’elle a obtenu et ne cessera d ’obtenir de p lus
cm plus sont dus en très grande partie à la réu nion
des m édecins en-tr’e u x , à la création de ces com
p agn ies savantes q u i, sous le titre de sociétés de
m éd ecine, assurent à jam ais à l ’art de g u é rir une
illustration et une stabilité incontestables. De ces
réunions résulte nécessairem ent les controverses sa
vantes et anim ées , ees raisonnem ens pleins de pré
cision , ces théories aussi ingénieuses que so lid e s ,
et delà une infinité de points de doctrine éclaircis
et la p ratiqu e a p p u yée sur des bases fixes et im
m uables.
L a société ro y a le de m édecine de M arseille m érite
d ’ètre citée honorablem ent p arm i celles du royaum e
p a r les services q u ’elle rend à la science et à ses
concitoyen s. Cette com pagnie com posée de l'élite des
praticiens de la v ille et d’ une fou le de jeunes m é-
•r
�27
(
)
jlecins dont le zèle uni à de grands talëns lu i assu
rent une g lo ire durable , vien t dç p u b lier l ’exposé
des travaux dont elle s’est occupée pendant L’année
académ iqu e de 1820. D epuis sa fondation vingi-ur»e
çéances pu bliques ont p ro u v é com bien elle était p é
nétrée des sentimens de sa d ign ité et des devoirs
q u ’elle avait à rem p lir soit envers les m agistrats q u i
la p ro tè g e n t, et q u ’elle seconde dans leu rs vues p h i
lan tropiques , soit envers ses concitoyen s en veillan t
scru pu leu sem en t à leu r co n serv a tio n , soit envers ses
nom breux et savons associés dont l ’active co rres
pondan ce ne contribue pas peu à sa juste célébrité.
Les com ptes rendus des travau x que la société
ro y a le de m édecine de M arseille a p u blié depuis
1806 avec une exactitude rigo u reu se form ent une
collection rich e et p récieu se p o u r la science. C ’est
u n e analyse exacte d ’une correspondan ce aussi étendue
que savante , le précis des observations et m ém oires
recu eillis dans son sein et le résultat des conférences
clin iqu es poup lesquelles cette co m p agn ie consacre
u ne partie de ses séances. Nous devons de justes
tributs d ’éloges aux secrétaires gén éraux q u i se sont
succédés. Pénétrés de l ’ im portance des d evoirs de
Leurs charges , ils ont mis le plus g ran d zèle à la
p u b licatio n des travau x de la société. L eu rs écrits
sont m arqués au coin de la justice et de l ’im p a r
tialité. L à le bien de la science et sa plus grand e
g lo ire ont étouffé cet esprit de coterie et de partia
lité que l ’on rencontre qu elqu efois dans des o u v ra
ges de cette nature.
La juste répartition des éloges est la seule re
com pense q u ’am bitionnent les hom m es q u i travaillen t
coU cctivenient à la g lo ire de l ’art q u ’ils professent ;
p a rce mo3'en l'a m o u r p ro p re est toujours p iq u é , et
Lien loin de ré tro g ra d e r, on s’e n g a g e , on se presse
p faire m ieux.
�( ^8 )
L ’exposé des travau x de la société ro y a le de m é
decine pendant 1820 , d oit fig u rer h onorablem ent à
côté de c e u x .q u i l ’ont précédé. Cette broch u re c o m
m ence p a r une courte an alyse du discours p ron on cé
p a r le docteur S e u x à l ’ou vertu re de la séance p u
b liq u e , su r les rapports de la médecine avec la civi~
lisa lio n , sujet vaste est étendu q u i, qu oiqu e renferm é
dans les bornes étroites d ’ un discours, n’en a pas m oins
été traité p a r l ’au teu r de la m anière la plus distinguée.
V ien t ensuite l ’exposé des tra va u x de la société
p a r le d octeu r G ilia u d , secrétaire général. Ce genre
de travail n ’offre sou ven t que d égoû t et m onotonie
p o u r celu i qu i s’ en o c c u p e ; ces pénibles sentimèns
se com m u n iqu eraient facilem ent ch ez le lecteu r sans
le bon esprit et le talent du rédacteur. Q u a n t au
m oyen d ’ un style cou lan t et fleu ri , à l ’aide d ’une
m éthode exacte et d ’une analyse rigo u reu se , on p ré
sente une grand e série de faits si disparates entr’e u x ,
quand on les lie et les rap p ro ch e ou point d’en re n
dre la lecture intéressante , p a r des transitions ju s
tem ent m én a g ées, on ne saurait trop com bler d ’éloges
celu i q u i s’en occu p e. L e talent de notre co lla b o
r a t e u r , M. G u ia u d , est depuis lon g-tem s justem ent
a p p récié et nos lou anges ne sauraient augm enter son
m érite.
La m anière dont le com pte rendu est d iv isé p ro u v e
com bien les travau x de la société sont m u ltip liés et
variés en m êm e tems. Q u atre sections le com posent.
La p rem ière consacrée à la p a th o lo g ie interne re n
ferm e une série de faits aussi p iqu an s q u ’intéressans.
N ous choisiron s le s u iv a n t: il s’a g it d ’un tarentisme
d ’une n o u velle espèce q u i confirm e ce q u i a été écrit
en fa v e u r de ce genre d ’affection , m algré les doutes
q u ’on ait v o u lu y opposer. M. le docteu r F ro m e n t,
m édecin à A u bagn e , a adressé à la société un m é-
�9
( 2 )
thoirè s ü f un n o u veau tarentisme , causé p a r la ficp'iré
«l’ uue espèce d ’araign ée. L ’auteu r donne des details
cu rieu x sur Cet anim al ; il ajoute que c'est à l ’a p
p roch e du d an ger que celte araign ée o u v re ses serres
form id ab les que la nature a p lacé en fo rm e de. te
nailles sur les côtés de sa m âch oire , d ’où elle lance
un ven in dont l ’absorption d évelo p p e les sym ptôm es
n e rv eu x les p lu s effrayans.
L a th ériaqu e , l ’alcali v o la til , préconisés com m e
an tid o tes, ont été m is en usage. L a m usique a été
em p loyée p a r M. F ro m e n t, et c ’est au son d ’ une
douce harm onie q u ’il a v u cesser les désordres terri
bles occasionés p a r la p iq û re de l ’insecte.
L a seconde section est consacrée à la ch iru rg ie ;
Une notice du d octeu r M a n g in , sur- qu elqu es p r é
cau tions à p ren d re tou chant la m anière d'abaisser
le cristallin daqs l ’opération de la cataracte , et un
m ém oire de M. C an o lle , d octeu r en c h ir u r g ie à la
lloquebrussane,. sur la réd u ctio n des fra ctu res a v ec
un n o u vel a p p a reil à extension p erm an en te, sont les
artieles les p lu s saillans de cette section. N ou s avo n s
v u avec pein e que la partie des aceouchem ens n ’a
p o in t figuré dans ce com pte rendu. Les précéd en s
fo u rm illen t de tant de faits et offrent tant de m a
tériaux p ré c ie u x , en un m ot la p ratiq u e des a cco u èhem ens est trop red evab le a u x travau x de M.M.
Giraud'St. Rome, Boyer, Cauvière, Girard, G andv, Teste,
Dunés ,M a g a il, etc. , p o u r ne pas les en g a g e r à l ’a v e n ir
à continuer à nous fa ire jo u ir du fru it de le u rs
observations.
L ’Anatom ie p a th o lo g iq u e est le su jet de la tr o i
sième section. Nous citerons a vec p laisir un fait du
D . N iel Fils : k un hom m e âgé de So ans , m é la n « coliqu e , condam né à la réclusion p e rp é tu e lle , n e
« frap p ait l ’attention qu e p a r une p ro p en sio n e o n ti-
�«M
Mil
il
j
ij*t(]ii I
Hlll
À
-
HH
!
Bp
« m iellé ausom m eil. Ses facultés in tellectuelles étaient
« libres ; m ais une som bre tristesse vo ilait sa phy-*
« sionom ie ; seulem ent quelques éclairs d’ une jo ie
k rapid e venaient l ’anim er quand le doux so u ven ir
« du toit patern el se retraçait à son esprit. T o u t« à -co u p sans cause c o n n u e , une fièvre ataxique se
k d é c l a r e e t m algré tons les secours d ’une m éde«t cin e a c t iv e , frap p e de m ort l ’in fo r tu n é , sans al« térer pendant sa durée les facultés sensbriàles. L e
« cad avre est o u v e r t; le cerveau mis à nu d offre au
« regard étonné l ’objet su iv a n t: un corps à peu près
« de la gro sseu r du p o in g o ccu p e la partie su p é ri« eu re et m oyen ne tics bosses orbitaires. P artagé en
« deuxsegm èuS ég au x , les lobes antérieurs du cerveau ,
k am in cis et creusés lu i servent de vo û te ; les nerfs
k olfactifs passent au-dessous de lu i p our se rendre
« su r la lam e crib lée ; un p éd o n cu le partant de la
u partie postérieure et m oyen n e de ch acu n de ces
« segments , ya se réu n ir au tissu céréb ra l sous la
« partie m oyen ne de la selle turciqu e. L a substance
k de cette sin gu lière p rod u ctio n est p lu s d ure que
y celle du cerveau ; com m e celle de cet organe elle
k est d o u b le, Formée de deux couches. L ’interne est
« plus blanche et plus; m olle qu'e celle de l ’en céphale;
k l ’extérieure est parsem ée superficiellem ent de qu el
le ques 'va isseau x sanguins. L ’inspection des d eu x
« autres cavités splaneniques n ’offre rien de r e k m arq u a b le ..» -C ette observation présente un fait cu
rie u x et n ou veau q u i doit exercer la sagacité despliysiologistes.
L a quatrièm e et d ern ière section , sous le titre de
m élanges, traite des conférences clin iqu es q u i ont
eu lie u dans la so c ié té , sur les différentes branches
de l ’art de g u é rir et les faits les p lu s cu rie u x que
chaqu e m em bre a rencontré dans sa. p ratiq u e. Nous
�3
( i )
Citerons le suivant com m e étant de la plus haute?
im portance : la société, dans nue de ses séances, eut
l ’avantage de posséder le professeur D elp ech , nom
m é avec juste raison le R estaurateur de la c h iru rg ie
dans le m idi de la Fran ce. M. Beullac père , en
présentant à l ’exam en de la société une pièce d’os
nécrosée dans une grande éte n d u e , a fourn i au cé
lébré professeur l ’occasion de présenter les rem ar
ques les plus intéressantes sur les reproductions os
seuses après la nécrose. M. Delpech ne m et aucun,
doute sur la possibilité de cé m ode de rep rod u ctio n
m algré que Scarpa ait soutenu le contraire. D epuis
long-tem ps Troja, ch iru rg ie n n a p o lita in , a ex p éri
m enté que toutes les fois que le périoste s’enflam m e,
le p rem ier effet est de séparer du corps de l ’o s , la
p o rtio n de cette m em brane q u ’elle affecte. U ne sé
crétion s’établit alors entre l ’os et le périoste ; l'a l
bu m ine , p rod u it de cette s é c ré tio n , contracte des
adhérences a vec le d e r n ie r , prend de là consistance;
de l ’épaisseur et m ontre une tendance p ro ch ain e à
l ’organisation. L ’os sou s-jacent jo u it-il encore de la
v i e , il paraît s’u n ir avec le périoste en flam m é;
l ’endroit de l ’union est circon scrit par une lig n e ;
m ais cette adhérence n ’est q u ’apparente ; si l ’on ex
pose qu elqu e temps la p ièce au contact de l ’a i r , on
vo it la lig n e osseuse se c r is p e r , se r o u le r , la lam e
form ée p a r le périoste et la m atière album ineuse se
détacher et l ’os p rim itif a p p araît dans toute son
intégrité. Si l ’os so u s-jacen t est fra p p é de m o r t,
l ’adhérence du périoste enflam m é et de la m atière
album ineuse n ’a lie u q u ’avec les parties m olles ; m ais
l ’organisation de cette m atière ne s’en opère pas
m o in s; elle se co n crè te , d u r c it , e t , u nie a vec le
périoste , c’est elle qui rem p lace la portion osseuse
que la nécrose doit expulser. Des expériences- irré-
�3
( 2 )
fragables ont dém ontré le m écanism e de cette re
prod u ction . O n a surpris p o u r ainsi d ire la nature
su r le f a i t , p u isq u ’on a découvert ju sq u ’aux nom
breu x orifices dans lesquels se form e le flu id e a l
b u m in e u x , p rin cip e du tissu osseux secondaire. O u
v o it d’après cela que l ’existence de la reproduction;
est liée à celle du périoste ; que p ar-tou t où il eu
aura de conservé après la nécrosé , il y aura repro
d u ctio n , et que l ’ctendue de celle-ci sera tou jou rs
subordonn ée à l ’étendue de la p ortion de périoste
q u i aura été conservée. T elles sont les jud icieu ses
réflexions présentées p a r le savant professeur de
M on tp ellier.
M. le D. G u ia u d term ine l ’exposé des travau x de
la co m p agn ie en annonçant p o u r elle une n o u velle
sou rce de p rospérité p a r la récep tion des docteurs
R o u x , A y n a u d et S ig a u d . Com m e lu i nons pensons
que le talent et le zèle de ces m édecins fo u rn iro n t a
la société q u i a su a p p récier le u r m é r ite , une p lu s
am p le moisson' de g lo ire.
MM. les D D . S a r m e t et S u e ont term iné la séance
p u b liq u e p a r deux lectures extrêm em ent piquantes":
l ’E x a m e n p h y s io lo g iq u e de l ’A m o u r a été traité p a r
le p rem iër d ’une m anière à d éceler une solide ins
tru ction join te à une im agin ation v iv e . Une a u
tre" lectu re sur le P l a i s i r e t son in flu e n c e d a n s les
m a la d ie s a p ro u v é que r a ille u r , M. S u e , en traitant
du p la is ir , a va it su l ’in sp irer p a r l'attention avec
laq u elle il a été écouté..
T ro is m édailles d ’en cou ragem en t ont été distri
buées p a r le Président à MM. J u lia , m édecin à N arbonne,- M artin et From ent, m édecins à A ubagn e.
P r i x p rop o sé p o u r l ’ a n n é e
1822.
L a Société R o y a le de M édecine de M arseille prop osé
�(
33
)
pou r sujt*t d ’un p rix consistant en une m édaille
d ’or qui sera décernée à la séance pu bliqu e de 1822,
la question su iva n te:
1.
D é te r m in e r la
°
stru ctu re e t le s f o n c t i o n s d e la
m o e lle é p in iè re ;
2.
° E x p o s e r la
n a tu re -, les C a u se s , tes
sy m p tô m es
e t le tra ite m e n t de ses m a la d ie s .
L a société désire que les concurrens prennent pou r
base de leu r tra va il les observations clin iq u es et
l ’anatom ie pathologiqu e.
Les m ém oires écrits lisiblem ent en français ou en
latin seront adressés f r a n c d e p o rt à M . G u ia u d fils ,
Sécrétaire général d e là S o c ié té , rue du T a p is - v e r t ,
n .°
. Ils devron t être rem is avan t le prem ier
ju ille t. Ce ternie est de rig u eu r.
F o r c a d e , D. M .,
35
M em bre
de
la s o c ié té a c a d é m iq u e
de
?nédeci/ie
de
M a r s e ille .
S
o c ié t é
ro y a le de m é d e c in e d e M a r s e ille .
Dans un m om ent où les discussions sur la question
si souvent débattue de la contagion ou la non con
tagion de la fièvre jaun e paraissent se ren o u v eller
a vec force , la Société ro y a le de m édecine de M ar
seille a ju g é nécessaire de faire connaître p a r la
vo ie des jou rnau x un article à ce s u je t, q u ’elle a
inséré dans le co m p te rend u de ses tr a v a u x p e n d a n t
V a n n é e 1 8 2 0 , p age
«
«
«
«
«
25 .
« M algré le nom bre et le m érite des m édecins q u i
se sont o ccu p é et qui s’o ccu p en t encore de la gran d e
question concern an t la contagion ou la non contagion de la fièvre ja u n e , ce point de discussion est
loin encore d ’a v o ir été résolu. L a Société ro y a le
de m édecine de M arseille a ccu eillera toujours a vec
a
3
�3
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
e
S
( 4 )
fa ve u r tous les o uvrages écrits stir cet o b je t ,
qu elle que soit la différence d ’op inion professée
p a r les au teu rs; m ais ju sq u ’à ce qu e le tems et
une plus lo n gu e expérience aient éclairé la question , elle ne peu t donner n i approbation , ni
im probation à l ’o p in ion touchant la non co n ia gion de la fièvre jaune ; et lors-m èm e que cette
opinion peut paraître sanctionnée p a r la v é r it é ,
le gou vern em ent ne doit pas m oins con tin u er de
prendre les plus sévères précau tions p o u r écarter
du sein de nos villes m aritim es un fléau aussi
destructeur qu e ce lu i de la fièvre jau n e. »
éance
p u b liq u e d e ta
S o c ié té ro y a le d e M é d e c in e (
C h ir u rg ie e t P h a r m a c ie de
m a i 1821.
in-8.° de
56
T o u lo u s e , te n u e le 24
pages.
N ous ne saurions m ieu x satisfaire nos lecteu rs,
q u ’en donnant une idée de la dernière séance p u
b liq u e de l ’une des grandes sociétés q u i , dans le
m id i de la F ran ce , se distin guen t p ar leu rs utiles et
n o m b reu x travaux.
L e discours d ’ou vertu re p ro n o n cé p a r M . D u f J o u r d , P ré s id e n t, est de la plus haute im p ortan
ce ; ce docteur a retracé le b u t h o n o ra b le de
l ’in s titu tio n d e la s o c ié t é ,
l'é te n d u e
de
ses ré la tio n s
e x té r ie u r e s e t les ser v ice s q u e l l e re n d to u s le s jo u r s à
T h u m a n ité . « E lle .a p r o u v é , a -t-il d it, q u ’elle p o u
v a it se suffire à elle m êm e. . . . . . . . et q u ’ell'e n ’a
v a it pas besoin de secours étrangers p o u r rem plir
le but de son institution. » Propositions auxquelles
nous sommes loin de v o u lo ir donner toute l ’inter
prétation dont elles sont susceptibles , ca r nous a i
m ons à croire que l ’orateur reconn aît très-bien eetie
«
�35
(
)
v é r ité , q u ’il n’est aucun e société savante qui puisse
se passer des lum ières qui ne sont point com m un i
quées dans son sein.
Les travaux de la com pagnie depuis le 27 ju illet
18 2 0 , ju sq u ’au 24 m ai 1 8 2 1 , ont été exposés par
le secrétaire général d ’ une m anière très d istin g u é e ,
q u i , se u le , suffirait po u r justifier la bonnerepwtafatxn
dont M. D u c a s s e fils jo u it d a n s é e m onde m éd ical,
si l ’on n’avait point encore jugé, sa cap acité p ar p lu
sieurs bons écrits. Son style concis , c la ir e t très élégant
a dû lu i faire en lever les suffrages de tout l ’au
d ito ire ; et le lecteu r q u i , en ayan t sous les y e u x
l ’o u vrage im prim é , peu t le com m enter à son aise,
le trouvera sans doute d ign e des éloges les plus flat
teurs. M ais l ’art de bien dire , de répandre du b r il
lan t dans un discours n’est pas ce q u i doit exciter
le plus notre adm iration. Un excellent esprit d ’o b
serv atio n , celu i si capable d’é cla ircir la v é rité , rend
sur-tout recom m andable le m édecin q u i en est doué.
C et e s p r it, M . D u c a s s e le possède , à en ju g e r p a r
son exposé où , après s’être élevé contre les vain es
subtilités du p a ra d o x e , contre certaines théories er
ronées , il p roclam e les heu reu x résultats de la
m éd ecine d ’observation.
« H ip p o cr a ie , B a i l l o u ,
S y d e n h a m , s’ é c r ie -t-il, nous éclairent de le u r g én ie,
et leurs sages le ç o n s , répétées de siècle en siècle,
seront toujours la plus utile com m e la p lu s belle
étude que l ’on puisse o ffrir aux hom m es. »
L e digne interprète de la Société M édicale de
T o u lo u se s’attache ensuite à p a rler des grands
avantages que présente au praticien observateur
l ’anatom ie p a th o lo g iq u e , et sans enthousiasm e, m ais
en écrivain m odéré et vraim en t p h ilo s o p h e , il
cherche à persuader q u ’ il im porte infinim ent de
cu ltiver cette science dont une étude app rofo n d ie
�36
(
)
ne peu t que nous préserver de tom ber dans de' gra
ves erreurs.
M. D u c a s s e divise son exposé en deux gran d es
sections consacrées à la p a th o logie in tern e et à l'e x
terne. L ’ une et l ’autre sont extrêm em ent rem arq u a
bles p ar les richesses q u ’elles contiennent.
Dans un cas A 'hém o rra g ie u té rin e s p a sm o d iq u e su r
ven u e à la suite de co u c h e s, ch ez une fem m e très
n e rv e u s e , M . Phoques d 'O r b c a s te l, pénétré des bons
p rin cip es d ’ A le x a n d r e de H a l l e s , il’ H o f f m a n n , d e
L o r d a t et de D u m a s , a adm inistré a vec suecès l ’ex
trait d’opium gom m eux à la dose de six g r a in s ,
dans l ’espace de deux h e u r e s , après q u e les a p
plicatio n s froides et astringentes eurent été m ises
en avan t sans arrêter n i m em e m odérer la perte
de sang q u i était énorm e.
M . O rm ières a com m u n iqu é deux observations'
d ’h y d ro cép h a le interne q u ’i l a g u é ri p a r des vésicans c u ta n é s , et la salivatio n p ro c u ré e p a r les
p rép aration s et les friction s m ercu rielles, m oyen s
que les A nglais et su r-tou t A r m s tr o n g , C l a r k , ü n derw ood ont préconisés en p a re il cas.
« M. O r n iè r e s a encore com m u n iqu é d eu x o b
servations p ratiqu es : la p r e m iè r e , est une p érito
n it e , su rven u e à la suite des c o u c h e s , et q u ’un
v io len t accès de colère paraît a v o ir déterm inée. L es
in dications cu ratives fournies p ar l ’élat de la m a
lad ie , furent rem plies à m esure q u ’elles se présen
taient. U n v o m itif com battit a v ec succès une com
p licatio n gastriqu e q u i s’était d é v e lo p p é e , et cette
affection terrible se term ina heureusem ent le v in g tu nièm e j o u r , p a r des évacuations alvin es bilieuses
très ab o n d an tes, et la form ation d ’un dépôt p u r u
len t dans l ’ épaisseur des parois abdom inales. L a se
conde observation est une grossesse méconnue dès
�3
( 7 )
son p r in c ip e , traitée dans son cours com m e une
h yd ro p isie ou un amas de sang dans la m a tric e ’,
et p arvenu e cependant à son term e ordinaire , m al
gré les m oyens le plus fortem ent contraires à la
conservation de l ’enfant. Les suites de l ’a cco u ch e
m e n t, troublées p ar de violentes affections m orales
et de m auvais lraitem ens p h y siq u e s, offrirent q u el
ques dangers q u i se dissipèrent à l ’aide d ’ une m é
dication appropriée , et ne firent qu e retarder une
convalescence qui d evin t bientôt plein e et entière. «
M. G a y a c , ch iru rg ie n à L a v i t , a présenté quatre
observations clin iqu es dont la prem ière est relative
à une a ffe ctio n p le u r é t iq u e , a vec d o u leu r latérale
fixe q u i a été heureusem ent com battue p a r l ’em
p lo i sim ultanée de la saignée du bras et de l ’a p
p lication locale d ’ un vésicatoire. . . . . .
M. L a p é y r i e , D o cteu r en m édecine à Cazéres a
adressé une observation sur une J iè v r e b ilie u s e a r
d e n te à laq u elle il cru t d ev o ir opposer l ’écorce
du p é r o u , m ais q u i ayant été notablem ent exas
p érée p a r ce m oyen m édicam enteux , il soum it le
m alade à une thérapeutique m ie u i raisonnée , et
p a rv in t ainsi à le sauver.
« M. Tourtion a com m un iqué une note sur Yalism a plantago aquatica ( plantain aqu atiqu e ) recon n u
p a r le conseiller L estp sh in , russe très s a v a n t, com
m e -antidote de la rage canine. U ue exp érien ce q u i
a été faite dans le départem ent de la L o ire in fé ri
e u r e , par M . de S a i n t — D o , e u fé de la C h e y r a liè re , paraît confirm er la vertu p réservative de cette
plante. Il est à désirer que ces essais soient de n ou
veau tentésj et q u ’à l ’exem ple de quelques p h a r
m aciens de cette v ille , on puisse tro u ver Yalism a
plantago dans toutes les officines au m om ent où sort
em ploi d evien d rait nécessaire. »
�38
(
)
M. L a t o u r a donné les détails d’ une c é p h a la lg ie
v io le n te qu i avait résisté aux p u r g a tifs , aux a n tisp asm o d iqu es, aux r é v u ls ifs , aux caïm an s, et qui
m êm e m algré l ’em ploi du k in a reven ait p ériod iq u e
m ent chaque nu it avec son én ergie o rd in a ire , lors
qu e la soupçonnant dépendante d ’ un p rin cip e sy
p h ilitiq u e , sur le rap p ort que fit le m ari de la m a
lade , q u i, trente-quatre ans au p aravan t avait p ré
v u une blen n o rrh agie , M . L a t o u r adm inistre le
su b lim é co rro sif en p illu les et la tisane de salse
p a re ille p o u r boisson. Dès le second jo u r la cép h a
la lg ie (i) avait p erd u de son intensité , et au n eu
vièm e g r a in , elle avait disparu to u t-à -fa it,
U n exem ple cu rie u x d 'e x p e c to r a tio n de m a tière
c r a y e u s e s’est offert à la p ratiq u e de M. L a f o n t G o u z y : une dem oiselle âgée d ’en viron vingt-dei«c
«ns , fra îch e et bien co n stitu ée, v iv a n t de pain , de
f r u it s , de fr o m a g e , de viand es sa lé e s, fut p rise
d ’une sorte de rh u m e et ne fit au cu n changem ent
dans son régim e n i dans sa toilette. Bientôt , fièvre
c o n tin u e , perte de l ’a p p é tit, toux fo r te , sèche et
fréquente ; expectoration d ouloureuse de crachats
épais , san guinolens , so u ven t com posés d ’ une su b
stance blanchâtre , de la consistance du m iel le
p lu s épais , q u i desséchée et écrasée p a ra it être de
nature c a lc a ir e , et dont la quantité s’élevait cer
tains jou rs à p lu s d ’une once. L a m alade est réta1
( i) Cette céphalée ( car ce nom doit , selon nous, remplacer ,
dans ce cas-ci, celui de céphalalgie ) pouvait bien pe pas êtrp
l’effet d’un reliquat vénérien , et pourtant céder à l’emploi du
sublimé corrosif, ainsi que nous nous proposons de le démontrer
plus tard en communiquant une observation qui nous appartient
et qui q beaucoup d’analogie avec celle du Docteur L a t o u r .
Note du Rédacteur générale
�3
( 9 )
M ie depuis lo n g-tem p s, sans a vo ir passé p a r les
degrés de celte phthysie que l ’on appelle c a lc u le u s e .
Si cette prem ière section, dont à notre grand re
g ret nous n’avons pu m entionner tous les détails,
atteste que les bons prin cipes de m édecine abondent
enj la Société de T o u lo u s e , la deuxièm e se c tio n ,
non m oins rich e d ’observations c u r ie u s e s , justifie
assez les profondes connaissances ch iru rg ica les qui
caractérisent cette co m p agn ie :
M. L a r re y ( Auguste ) a présenté une observation
sur une ré te n tio n d ’ u rin e co m p liq u é e de J is tu le s qu i
s’éta b liren t, chez un hom m e de o a n s , vers tout
le côté gau che du scrotum depuis la racin e de la
Verge ju sq u ’au bas du p é r in é , et c e l a , à la ch u te
d ’une escarre gan grén euse que M. L a r r e y pense
a v o ir été oecasionée par l ’acreté
et le séjou r
de l ’ urine. C e lle -c i continuant de sortir pan les fis
tules , m algré que les sondes du plus gros calib re
fussent librem en t introduites dans l ’u r ê th r e , une
com pression m éthodique est exercée, au m oyen d ’un
bandage en 8 de chiffres et de com presses grad uées, sur
les ouvertures dont on p a rv ieu t ainsi à o p érer la
cicatrisation com plette.
Dans un cas de ré te n tio n in c o m p le tte d ’ u rin e qu e
l ’on traitait p o u r une tum eur squirreuse abdom in ale,
M. C o n té , q u i reco n n u t le v ra i caractère de la m a
lad ie, donna issue à une très grande quantité d ’u rin e ,
et les sym ptôm es lo ca u x de cette g ra v e affection
s’évan ou irent com m e par enchantem ent. M . C o n té
exam ine ensuite les procédés que l ’on doit su ivre
en pareil cas. Il pense q u ’il faut n’év a cu er l ’u rin e
qu’en partie et q u ’il vau d rait m ieu x in trod u ire ch a
que fois la sonde que de la laisser à dem eure dans
la vessie.
5
« M. Bailly m donné lectu re d ’une observation de
�(
4°
)
J is tu le s a liv a ir e à la joue, g u é rie par la com pression.
Cette fistule p roven ait d’ un dépôt sc ro p h u le u x , et était,
indépendante de la lésion des conduits qui servent
fie com m unication entre les glandes salivaires et la
b o u c h e , et qu i ch arrien t la salive dans cette cavité,
ï-lle com prenait toute l ’épaisseur de la paroi b u c
cale , et pén étrait dans l ’intérieu r de la b o u ch e par
ne assez la rg e ou vertu re. La résection d ’ un la m
beau cutané entièrem ent d é co llé , et la cautérisation
des chairs sous-jacentes au m oyen de la p ierre infer
n ale n ’ayan t pas suffi p o u r arrêter le cours du flu
id e , M. B a i lly em p loya un bandage co m p re ssif,
p la c é à la fois sur l ’o u vertu re fistuleuse et la portion
d u can al de s te n o n ( ce sont ses expressions ) , située
entre cette dern ière et la gland e p aro tid e: le
.™'
jo u r la consolidation était p arfaite et le m alade
entièrem ent g u é ri. »
M. D a m b a x , ch iru rg ie n à L a b a rth e d e Nestès ( H au
tes-P yrén ées ) proposa l ’opération de la trachéotom ie
p o u r extraire un n o yau de p ru n e q u i a va it pénétré
dans la trachée artère d ’un jeu ne enfant m âle , au
m om ent de .la d églu tition ; m ais lès m édecins qui
consu ltèrent a vec M. D a m b a x rejetèrent sa p ro p o
sition , et le m alade que tourm entait la suffocation ,
su ccom ba six m ois après à la fièvre lente et au
m arasm e. A l ’ou vertu re du cad avre , on trou va le
corps étran ger lo g é à la b ifu rcatio n de la trachée
a rtè r e , et b o u ch an t presque tout l ’orifice de la bran
che gau ch e ; le p o u m o n d ro it était rédu it en p u t r ila g e , adhérent dans toute son étendue aux o rg a
nes en virounans. I c i , co m m e d a n s p lu sie u rs f a i t s
c o n s ig n é s d a n s le s a n n a le s d e la s c ie n c e , observe
JVI. D u ca sse , F a r t e u t à dép lorer le s tristes le n te u rs
25
d 'u n e irré so lu tio n f u n e s t e , et n u l d o u te q u e le s u ccè s
n 'e u t é té
le ré s u lta t de
l'o p é r a t io n } s i ses
co llè g u e s
�( 4T )
Nous p o u r
rions v e n ir à l ’appui de cette assertion , en r a p
pelant une observation de bronchotom ie pratiqu ée
a v e c le plus grand s u c c è s , il y a en viro n q u in ze
a n s , sur une d e m o ise lle , âgée de d ix a n s , ch ez
laqu elle le n o yau d’ une prune q u ’elle m an geait se
glissa dans la trachée-artère. Cette jeu n e p e rso n n e ,
q u i existe encore , est la sœ ur de m on intim e con
discip le et a m i, feu le docteu r B o d in , m édecin d ’ un
rare m érite , que les M arseillais , ses com patriotes,
regretteront toujours,
M. l a r r è y ( A u gu ste) a détaillé l ’état p a th o lo g iq u e
vraim en t déplorable du genou g au ch e d ’un jeu n e
hom m e âgé de 20 a n s, q u i , après a v o ir subi di
vers trailein en s, était vo u é à une m ort c e r ta in e ,
lorsq ue M. L a r r e y , étant co n su lté, p ratiq u e su r-le cham p l ’am putation. U n mois et dem i après son
opéré entièrem ent r é ta b li, jouissait d ’ un em bonpoint
bien rem arquable.
U ne observation de fractu re des os co ro n al et
p ariétal d r o it , rapp ortée p a r M . Alexis L a r r e y , frère
cru p récédent, n’est pas m oins intéressante. Cette fra c
ture , résultat d ’une chiite où la tète porta la p re
m iè re , fut très m éthodiquem ent s o ig n é e , et pou rtant
le m alade m ou ru t le 39.e jo u r de son accident. L e
co ro n al était plus fractu ré q u ’on ne l ’ava it pensé ,
il y avait au-dedans du crâne un épanchem ent con
sidérable d ’ un liq u id e .rougeâtre ich o reu x et d ’une
odeur fétide. L e lobe droit du cerveau et le cervelet
étaient dans le u r état naturel.
M. Ig ou n et, élève interne à l ’h ô p ital de la G ra v e
a com m un iqué une observation de p la ie f a i t e « la
p a u p iè re s u p é r ie u r e , au m oyen d ’une baguette de
fu sil de m u n itio n , récem m ent aigu isée en pointe.
L e m alade, m o u r u t , cin q jo u rs a p r è s , q u o iq u e la
e u sse n t a d o p té tes a v is de M . D a m b a x .
�4
( 3 )
blessure fut légère en a p p a re n c e , et Von d éco u vrit
alors une fractu re à la partie interne et postérieure
de la voû te o r b ita ir e , offrant trois petites esquilles
relevées vers la d u re-m ère.
« M. F o u r c a d e , em p loyé dans le m êm e h o s p ic e ,
en q u alité d ’élève interne , a égalem ent co m m u n i
qu é une observation de frénésie , su rven u e à la suite
de la d isparition d ’ un érysip èle p h legm o n eu x. L ’au
topsie du cad avre laissa v o ir sous le tissu cellu laire
so u s-cu lan é d e l à lè v re q u i était le siège de l ’é ry si
p è l e , ainsi que dans la fosse c a n in e , quelques petits
fo yers p u ru len s , et des traces m anifestes d’inflam
m ation dans toute l ’étendue de l ’arach n oïd e et de
la pie-m ère. «
U n hom m e violem m en t entraîné p a r le poids
d ’une m ach in e q u ’il s’était ch arg é de reten ir au
mo\ren d ’une c o r d e , eut un de ses a v a n t - b r a s si
fortem en t serré contre la m u r a ille , que toutes les
parties m olles fu rent en partie déchirées et arrach ées ,
les os m o u lu s, et m êm e se d é c l a r a - t - i l des sy m p
tômes du tétanos. M . B o 'è , ch iru rg ie n de l ’hôpital
de Castel-Sarrasin , p ratiq u e l ’am p utation du m em
b re , et bien que pendant quatre jours des accidens
co n vu lsifs eussent lie u , la su ppu ration s’établit comme
il f a u t , et le m alade obtient upe guérison parfaite
dans un m ois seulem ent.
M. B o ë a aussi donné connaissance d’ un h y d r o c è le ,
g u é ri p a r l ’excision d ’une p ortion de la tunique
v a g in a le épaissie. A yan t incisé les tégum ens , cet
opérateu r eut des raisons de cro ire que le testicule
était m a la d e , m ais il re c o n n u t, après a v o ir plongé
le bisto u ri dans la tum eur , que ce n ’était que la
tun iqu e v a g in a le , rem plie d ’ un liq u id e q u i s’échappa
aussitôt p a r l ’o u vertu re. A l ’aide d 'u n traitement
c o n v e n a b le , le m alade fu t bientôt rétabli.
�43
(
)
E n fu i, « secrétaire gén éral a fait lectu re de
son intéressant m ém oire sur l'in fla m m a tio n e t la
1
sup pu ration de la g la n d e p ro sta te . ( V o y e z le s m ém oires
e t observ a tion s
de
m é d e c in e
et
c h ir u r g ie ;
par M.
D u ca sse fils. C h ez V ie u s s e u x , lib ra ire , à T o u lo u se. )
Après le com pte rendu des travau x de la C o m
pagnie , M. R u m è b e a lu un discours su r cette ques
tion : l'é tu d e e t la p r a tiq u e de la m é d e c in e p e u v e n telles s ’a sso cie r à la c u ltu r e des b e lle s-lettre s ? L ’auteu r
répond affirm ativem ent. Ses prop res expressions qu e
nous désirerions rep rod u ire i c i , p ro u v en t q u ’il est
à-la-fois excellent m édecin et grand littérateur. C ’est
dire qu’il a supérieurem ent traité son sujet éminem-r
ment m éd ico-p h ilo so p h iq u e.
P r i x proposés.
Les deux m édailles d ’ém ulation que la Société
ro y a le de m édecine de T o u lo u se d istribue tous les
a n s , ont é-té a cco rd ées, l ’ une à M. D esg ra n g es % D .
M . , correspondant à L y o n , l ’a u tr e , à M. B o ë , D .
C . , correspondant à C astel-S arrasin.
L a Société ava it proposé p o u r sujet de p rix c h i
ru r g ic a l la question suivante :
«
Q u e ls s o n t les
a v a n ta g e s q u e
le c h ir u r g ie n p e u t
retirer de la p r a tiq u e de q u e lq u e s o p éra tio n s in s o lite s ,
q u e l ’on trouve d é crite s d ep u is q u e lq u e s a n n é e s d a n s
les j o u r n a u x de d ifféren tes n a t io n s ? J u s q u ’ à q u e l p o in t
le u r p u b lic a tio n p e u t-e lle être u tile à l ’h u m a n it é ? »
Aucun des m ém oires q u i lu i sont parven u s , ne
rem plissant le bu t q u ’elle s’était p r o p o s é , la m êm e
question est rem ise au concours.
L a seconde question , sur un p o in t de p h a rm a c ie ,
était conçue en ces termes :
i . ° D é te r m in e r p a r
des e x p é r ie n c e s d ire cte s l'a c t io n
�(
44
)
d e l ’éth e r s u lfu r iq u e r e c tifié , s u r le su cre ;
2.
° E x p liq u e r la ca u s e de
p e n d a n t des a n n é e s
e n tiè re s
et
la f i x i t é
à
d e c e t éth
p a is s e a u
o u v e r t,
d a n s le sirop d it d 'é t h e r , e t d a n s les p o tio n s éthérées
e t su crées ;
3 .°
R e n d r e ra iso n d e la
v is c o s ité é g a le
b la n c d ’œ u f , q u e p re n d s o u v e n t e n
à c e lle du
q u e lq u e s heures,
à la tem pératu re de la ch a m b r e des m a la d e s , u n j u lep
co m p o sé d ’e n v ir o n
r e c t ifié ,
40
de d e m i o n c e de
d e te in tu re
d ’o p iu m
g o u ttes
d ’é th e r sulfuriqu e
s u c r e , de
l
5
à
3o
o u de ca sto réu m , e t de
gouttes
5
ou
(5
o n ce s d 'u n e e a u d is tillé e q u e lc o n q u e , s a n s perdre pour
c e la n i le g o û t , n i l'o d e u r de l ’ éther.
P arm i les m ém oires q u ’elle a reçus , la Société
eu a distingué un seul ; et considérant néanmoins
qu e le p rob lèm e prop osé reste e n co re à résoudre,
elle a rem is au concours le m êm e sujet.
L es m ém oires concern an t les deux grands prix,
de la v a le u r de trois cents francs c h a c u n , devroni
être rem is avan t le i . ' r m ars 1822 ; il est nécessaire
q u ’ils soient écrits lisib lem en t en français ou en la
tin , et m unis d ’ une ép ig ra p h e ou devise q u i sera
répétée dans un b ille t , où doit se tro u ver le nom
de l ’auteur.
Les o uvrages q u i co n co u rro n t p o u r les médailles,
d evron t être rem is a va n t le T . er a vril 1822 ; let
auteurs feront conn aître leu rs noms. On n'admet!ni
point au concours ceu x q u i auront déjà été com
m uniqués à d ’autres Sociétés.
P. M . Roux.
Mém
o ir e
s u r le s a lté r a tio n s e t l ’in flu e n c e d u f o i e dans
p lu sie u r s m a la d ie s e t s u r le s m o y e n s c u r a t ifs q u ’elles
r é c la m e n t ; p a r
M. R
é g n a u l t
,
m é d e c in
e n chej
�de Ici ga rd e r o y a le , des P a g e s de la c h a p e lle , etc.
broch. i n - 8 ° . de 4 1
p ages. P a r is ,
1820.
Il u’est aucun m édecin q u i ne seule tous les avan
tages de la connaissance du siège des m aladies , et
il était digne du savant réd acteu r du j o u r n a l u n i
versel des s c ie n c e s m é d ic a le s de -s’o ccu p er des altéra-'
lions fréquentes du foie su r lesquelles , m algré l ’im
mense quantité des m atériaux que l ’art possède , il
existe encore beau coup d’obscurité, R ien en effet
n’est moins connu que l ’histoire de ces m aladies ,
et ce n’est que d epuis les tra va u x des M o r g a g n i,
B ertra p d i, H a l l e r , D e s a u lt et surtout de M. P o r t a i ,
qu’une lu eu r de clarté a été répan d ue su r ce su je t
difficile. Le titre de l ’o u v ra g e de M. R é g n a u lt prom et
beaucoup ; m ais vain em en t y chercbe-t-on une clas
sification m éthodique et lum ineuse des m aladies de
l ’organe sécréteur de la bile , et le tableau com plet
de ses altérations. U ne p a re ille tâche né p o u v a it
être rem plie dans u n sim ple m ém oire , et l’ auteu r ,
en retraçant les nom breuses m aladies dans lesqu elles
ce viscère lui p a ra ît être lésé , n ’a sem blé v o u lo ir
que diriger l ’attention des praticien s vers une o rg a n e
qui joue un râle très im p ortan t dans l ’économ ie.
Cependant n’a -t-il pas exagéré, l ’im portan ce du fo ie
dans les m ala d ies, ou p o u r m ieu x d ire , n ’a -t-il p a s
trop m ultiplié le nom bre de ces d ernières ? C ’est
un penchant assez o rd in aire aux auteurs q u i o n t
profondément m édité su r un o b je t , de p erd re tous
les autres de v u e , p o u r ra p p o rter à cet objet de
prédilection des phénom ènes au xqu els il ne p ren d
souvent qu’une p art très-indirecte. S u ivo n s M. R egn n ult et nous verron s qu e les m aladies clans lesq u elles
le foie lui paraît être affecté sont aussi nom breuses
que variées.
Il le v o it m a la d e dans la fièvre b ilieu se des anciens
�q u ’il propose de nom m er h é p a t iq u e , attachant sans
doute fort peu d ’im portan ce à cette n o u velle déno
m ination , susceptible , com m e toutes les autres , d ’être
victorieu sem ent com battue.
11 le croit égalem ent a ffe c té dans l ’em barras gas
triqu e et intestinal b ilie u x , dans quelques cas de
fièvre m uqueuse , dans les fièvres dites putrides et
dans quelques fièvres m a lig n e s ainsi qu e dans le
typhus.
Il tro u ve lés sym ptôm es q u i caractérisent l'alté
ration du fo ie , au plus h au t d egré d ’in ten sité, dans
la fièvre jau n e q u ’il regard e com m e un g ro u p e de
m aladies différentes q u i n ’ont de com m un q u ’une
affection concom itante et très-prononcée du foie:
il soum et au reste a v ec réserve aux h abiles médecins
qui ont v u la fièvre jau n e cette op inion q u i nous
p a ra ît plus ingénieuse que vra ie.
L e foie , selon M. R é g n a u lt , n ’est pas sans influ
en ce dans les fièvres interm ittentes bilieuses et quel
ques fièvres pernicieuses. I l pense a v ec T o r t i , Reita u r a n d e t A l i b e r t , q u ’il n ’y a pas à douter de k
lésion redou table de l ’a p p a reil b ilia ire dans les fièvre
interm ittentes hép atiq u e et ictériq u e.
C et organe lu i p a ra ît sou ven t lé s é dans les fièvre1
h ectiqu es continues et interm ittentes.
L ’affection du foie p araît com m un e à l ’auteu r datla v a r io le , l ’érysip èle , le z o n a , la m ilia ire , la teigne
les d a rtre s , la gale c h r o n iq u e , les éphélides hépa
tiques , l ’o p b th alm ie , la g a strite , l ’entérite , la diar
rh ée, la dyssenterie , la toux , le catarrh e pulmonaire
la p le u ré sie , la p é rip n e u m o n ie , la le u c o r r h é e , 1
périton ite et m êm e l ’en cép h alite.
I l croit que certaines h ém optysies , l ’hématémèse
le m œ len a , le flu x h ém o rro ïd a l ont qu elqu efois leœ
sou rce dans l ’a p p a re il b ilia ire . Il s’a p p u y e de l’au-
�(
47
)
ÎOrité de F a b r ic iu s , C h o m e l, J e n s iu s , M o rg a g n i p o u f
a v a n c e r q u e l ’ é p ile p sie r e c o n n a î t q u e l q u e f o i s p o u f
Cause l ’a lté r a tio n d u foie.
La lé sio n de ce viscère, selon lu i, est m anifeste dans
l ’h y p o c o n d r ie , la m anie et les autres vésanies. Les
convulsions en dépendent qu elqu efois ainsi que
l ’anoréxie et la d ysp ep sie.
Les c o l i q u e s bilieu ses d o n t S y d e n h a m et S t o ll
ont p a r lé r e c o n n a is se n t la m ê m e Cause.
Dans le s c o r b u t, le foie est évidem m ent a l t é r é ;
et dans la p h th isie p u lm o n aire a vec laq u elle dans
certains cas , d i t - i l , l ’inflam m ation ch ro n iq u e du foie
peut être confondue , ce v is c è ïe n ’est pas toujours
intact.
Il pense que dans le carreau l ’a lté r a tio n du fo ie
concourt à p ro v o q u e r le m arasm e et la m ort.
Les m aladies du Coeur sont sou ven t accom pagnées
d’altération dans le fo ie , m ais, ja lo u x d’a cco rd er l ’in i
tiative à son organ e affectionn é , M. R é g n a u lt sem ble
c r o ir e , contre l ’o p in ion du célèbre C o r a is a r t , qu e
le trouble dans la circu la tio n du fo ie , lo in d ’être
effet, est souven t cause de la dilatation d u v e n tri
cule droit.
Les a ffe ctio n s du foie lu i paraissent fréquen tes
dans l ’ascite et l ’h y d ro p isie enkiste'e dé l ’abdom en ,
et constantes dans l ’ictère ! ! !
T elles sont les nom breuses m aladies dans lesqu elles
M. R é g n a u lt pense qu e le foie est affecté. M ais, q u elle
est la nature de son altération dans ch a cu n e de ces
m aladies? L ’au teu r sans doute nous la fera co n n aître
dans l ’o u v ra g e plus étendu q u ’il se propose d ’écrire
sur cet intéressant s u je t , et dont ce m ém oire ne d oit
être considéré que com m e l ’a v a n t - c o u r e u r . Cette
raison nous dispense de nous arrêter su r les exp res
sions vagues d ’ a lté r a tio n s , lé s i o n s , a ffe c tio n s d u foie
�dont lin critiqu e aussi ju d icie u x que M. R ég n a u lt,
a senti sans doute toute l ’insuffisance.
T o u tefois , s’il est v r a i de dire que le foie jo u e
u n rôle im portan t dans la p lu p a rt des m aladies
que nous venons d’énum érer , il faut co n v en ir q u ’il
en est beau co u p où son affection doit être tout a u
plus secondaire. C ’est peut-être à t o r t , lo rsq u ’on
étudie les lésions d ’ un o r g a n e , q u ’on s’em pare de
tous les cas où cet organe peu t être lésé , p o u r les
présenter p êle-m ê le dans un m êm e ta b le a u , et il
serait sans doute plus utile de d istin gu er les affections
p rim itives de celles q u i ne sont que sim ultanées ou
consécu tives. S i le savant p raticien dont nous adm i
rons la vaste éru dition , ava it s u iv i cette m arch e ,
la seu le ca p a b le d ’écla irer l ’h istoire de toutes les
m a la d ie s, il n ’a u rait pas réu n i dans u n m êm e cadre
les disparates affections qu e nous venons d ’y v o ir
figu rer. D o it- o n , en effet , ren con trer beau coup de
v a r io le , de p le u ré sie , de le u c o rrh é e , d ’e n c é p h a lite ,
de co n vu lsio n s , d ’ ép ilep sie , etc. dépendantes de l ’al
tération du foie ? E t lorsq u e cette d ern ière existe
dans ces cas , ne d o it-e lle pas être considérée p lu tôt
Comme sim ultanée ou con sécu tive , qu e com m e o ccasionelle ? E t alors , ainsi que dans l ’h ém o p tysie, l ’hém atém èse, le c a r r e a u , la p h th isie e t c ., est-ce vers
le foie que doit se p orter toute l ’attention des p ra
t i c i e n s ? . . . C ’est a vec la réserve que com m ande le
nom du m éd ecin d istin gu é dont le talent et les p ro
fondes connaissances sont gén éralem en t a p p r é c ié s ,
que nous osons faire ces o bservation s sur son o u v ra g e ,
et nous nous flattons que M. R ég n a u lt, p o u r lequ el
nous avons la plus haute estim e , nous saura gré
de le ju g e r a v ec l ’im p artialité d ’un critiq u e q u i n ’a
eu v u e qu e l ’avancem en t de la science.
Après a v o ir in d iq u é les nom breuses m aladies dans
�(
49
)
lesquelles l ’influence du foie lu i paraît m anifeste ,
l ’auteur passe à l ’exam en des signes p rin cip a u x q u i
caractérisent la lésion de ce viscère, et nous ne serons
que vrai en disant qUe la v a le u r de chacu n de ces
signes est app réciée de m anière à ne rien laisser à
désirer. Mais s’il nous est agréable de rendre celte justice
à M. R ég n a u lt, nous devons ajou ter q u ’il U passé
bien rapidem ent su r les diverses term inaisons de
l ’état p ath o logiq u e du foie. Il ne fa it, p o u r ainsi
d ir e , q u ’énum érer la r é s o lu tio n , la s u p p u r a tio n ,
l ’induration et la gan g'rèn e, term inaisons possibles
de toute inflam m ation ; et com m e si toutes lés m ala
dies du viscère sécréteur de la b ile ne p o u vaien t être
q u ’in flam m atoires, il ne recom m ande dans le trai
tement d e ses m aladies d iv e r s e s , que l ’usage des
bains tièdes et l ’a p p licatio n des sangsues à l ’anus
dont une p ratiq u e trè s-é te n d u e , d it - il , lu i a fait
reconnaître les avantages
O sans nom bre.
A une époque où tout est irritation , et où , p a r
une contradiction assez o rd in a ire à l ’esprit h u m a in
et contre l ’o bservation , on refu se à la b ile la fa cu lté
de p o u vo ir irriter l ’estom ac , on d oit être peu étonné
de vo ir l ’auteur s’éleve r a vec ch a le u r contre l ’ usage
banal des vom itifs. M ais si M. Régnault a raison
de condam ner l ’abus des vo m itifs dans les m aladies
dites gastriques , s’ il trace a v ec vé rité les funestes
suites de la p ratiqu e ro u tin ière q u i consiste à don ner
l ’émétique aussitôt qu e la la n g u e est jau n âtre et la
bouche am ère , p e u t-ê tre se m o n tre-t-il trop e x c lu sif
en les rejetant dans tous les cas. Il n ’ est en effet
aucun p raticien q u i n ’a it obtenu les résultats les p lu s
avan tageu x et les p lu s prom pts de l ’em p lo i d ’ un
v o m itif dans q u elq u es m aladies bilieuses , et M.
Régnault lu i-m ê m e en co n v ien t lo rsq u ’il ex p liq u e
l ’altération d u foie p a r les succès des vom itifs dans
a
4
�5
( ° )
l ’em barras gastrique. I l d evien t donc nécessaire de
d istin gu er les cas dans lesquels les vom itifs co n v ien
nent de ceux plus l’réquens où le u r usage est p er
n icieu x , et ce n ’est que d’un p raticien instruit que
nous pouvons attendre ces éclaircissem ens néces
saires aux progrès d ’ une science que quelques esprits
hrités des difficultés , s’efforcent vainem ent de ré
d u ire à une sim p licité rid icu le .
H u it observations , rédigées a vec beau co u p de
clarté et de précision , term inent le m ém oire de
M . R é g n a u lt et vien n en t à l ’a p p u i des règles q u ’il
trace p o u r le traitem ent. D ans toutes le succès a
co u ro n n é la conduite du savant p raticien dont le
m érite est u n iversellem en t connu. M ais ces observa
tions, suffisantes p o u r donner la m esure d u talent ob
servateu r de M. R é g n a u lt , ne nous paraissent ni assez
nom breuses, ni de nature à écla irer le siège des m a
ladies. L ’étude clés sym ptôm es , en e ffe t, p o u r a rriver
à cette connaissance p r é c ie u s e , ne p eu t être u tile ,
à notre a v i s , q u ’autant que l ’o u v ertu re fréquente
des cadavres aura m is le m édecin à m êm e d ’a p
p ré cie r le rap p o rt des sym ptôm es a v ec les m aladies
q u ’ils ind iqu en t. C ’est don c à l ’anatom ie p a th o lo g i
qu e q u ’il faut dem an der la conn aissance d u siège
des m aladies , et dans l ’ état a ctu e l des sciences
m édicales , tou t o u v ra g e où l ’on aura n é g lig é de
fa ire conn aître les résultats des a u to p sies, offrira
toujours une gran d e lacu n e que p o u rra facilem en t rem
p lir d ’ailleu rs u n m édecin q u ia une p ratiqu e très éten
d u e , et qui se trou ve p lacé à la tète d ’un des h ô p itau x
p rin cip a u x de la capitale.
En résum é , le m ém oire que nous venons d ’a n a
lyser , écrit dans un style c l a ir , p récis et c o rr e c t,
ren ferm e qu elqu es vues gén érales utiles dont personne
m ieu x que son auteu r ne p o u rra tirer tout le parti
�5
( i )
que la science et l ’hum an ité sont en d roit d ’en attendre.
G . A. T . S u e , D. M. P.
D e l,LA stru ttu ra , d ette f u n z i o n i , e dette m a la ttie d é lia
m id o lla
s p in a le ,
opéra
di
V in cen zo R a c h jë T T I
,
P r o fesso re d i p a to lo g ia , è d i m e d ic in a le g a le , n e lla
R.
C.
W n iversità
d i P a r i a : c ’e st-à -d ire ,
de
la
structu re , des f o n c t i o n s e t des m a la d ie s d e la m o e lle
é p in iè r e ;
par
V in cen t
R
achetti ,
p a th o lo g ie e t de m é d e c in e lé g a le , à
p ro fe sse u r
de
l'U n iv e r s ité de
P a v ie . O uv ra g e de 446 p a g . i n - 8.° M ilan , 1816.
( I I .‘
S econde
A r t i c le . )
SECTION. D e la m o e lle c o n s id é r é e
s u r le
ca d a v re. H uit chapitres com posent cette seconde p ar
tie de P oudrage. L es rech erch es anatom iques des
anciens sont renferm ées dans le p rem ier. L ’auteu r s’é^
lève contre l ’o p in ion de G a ll q u i ve u t que la dé
nom ination de m oelle ne soit p o in t ap p liq u ée au
système n erveu x , p a rce qu e les fonctions des nerfs
different entièrem ent de celles de la m oelle. G a ll
a prétendu qu e les ancien s reconnaissaient dans la
m oelle ép in ière, la m êm e nature que dans la m oelle des
os. Le Professeur de P av ie prétend au con traire q u ’ une
telle assertion ne se rencon tre p o in t dans leu rs o u v ra
ges, et que c’ est en interprétant m a lle texte des auteurs
an cien s, qu e les m odernes professent des erreurs
co n d a m n ab les; à cet e ffe t, il expose fort au lo n g
les fausses interprétation s d ’ un passage de G a lie n ,
faites p ar les anatom istes q u i p récéd èren t V ic u s s e u s
et M orgagni , et q u i pensèrent que la m oelle é p in i
ère acq u érait une p lu s gran d e so lid ité à m esure
�q u ’elle s'élo ign ait de la tête. Les connaissances des
anciens sur la stru ctu re de la m oelle e'pinière se
réduisent aux prop ositions su iva n tes: i . ° cpie c’est
u ne organ e de nature sem blable au c e r v e a u , dont
elle est la continu ation le lo n g du canal vertébral;
2.° q u ’on observe un ordre de vaisseaux qui dis
tribu en t le sang à la m oelle ép in ière ;
.° q u ’elle
est d ivisée en deux p a rtie s , et que les nerfs qui
tiren t leu r o rig in e de ch acu n e d’elles ne s’entre
croisent point. Dans l ’étendue de ce ch ap itre , l ’au
teu r ajoute aux tra va u x de G a lien , les observations
de R e il su r le n é v r ilè m e , et affirm e a v o ir observé
des cas sem blables à celu i de P r o c h a s k a q u i rencon
tra su r une fem m e m orte lo n g -lem s après avoir
su b i l ’am putation du b r a s , au lie u de l ’incision
toutes les extrém ités des nerfs coupés , gonflés et
fo rm an t de gros nœ uds ( du structur nervor. sect 2.
3
C . 2. p . S i . J
P o u r ce q u i regard e la disposition gén érale de la
m o elle ép in ière et les form es q u ’elle présente à sa
su rfa ce e x té r ie u r e , le m eilleu r m oyen de les bien
v o ir , dit le Professeur R a clietti, dans le second cha
p itre , c’ est de m ettre en p ratiqu e le p rocéd é du D.
G a ll. A l ’exposé de la p rép aration anatom iqu e de la
m o e lle , su ccède la d escrip tion de sa conform ation
e x té r ie u r e ; l ’a u teu r, sans o u b lier le m oin dre détail,
réca p itu le les considérations anatom iques renferm ées
dans les o u vra g es de Fûl/ope , Vesale , W in slow ,
H ulier, M a y e r , Prochaska , G a l l , Chaussier, et se
p e rd dans de n o u veau x co m m e n taires, rem arq u a
bles p a r la lo n g u e u r des citations.
L e ch a p itre troisièm e traite de la stru ctu re de la
m oelle é p in iè r e , des lèssures et des sillons q u i s’y
rencontrent. L ’existence de la fessure an térieure est
en gén éral reconn ue ; les anatom istes élèven t des
�53
(
)
doutes sur celle de la fessure p o stérieu re: quelquesuns l ’ad m etten t, tels que Monro et G a ll, d’ autres
la n ien t, et de ce nom bre H u b e r , quelques autres
en fin , et surtout H a lle r se renferm ent dans le doute.
L ’auteur assure a v o ir observé la fessure postérieure
à J’aide d ’une observation m inutieuse et d’un p ro
cédé p a rticu lier. La raison q u i fait que la fessure
antérieure frap p e notre vu e et que la postérieure
lui échappe , est que la p ie-m è re s’insinue réelle
ment dans la p rem ière , form ant au - dessus . et à
l ’extérieur un espèce de lig a m e n t, et pénétrant en
dedans presque ju sq u ’au tiers du cordon de la m o
e lle , ce qui établit une d ivisio n éviden te entre les
portions droite et g au ch e de ce c o r d o n , tandis que
au contraire la p ie-m è re ne pénètre po in t v isib le
ment dans la fessure postérieure , elle l ’ a reco u v re
et se trou ve plan e et étendue su r e lle , ce n ’est que
p a r une dissection adroite et p a rticu liè re q u ’ on p a r
vien t à la m ettre à découvert.
Dans un n o u vel exposé a n a to m iq u e, l ’auteu r re
proche à G a ll d ’ a vo ir pu isé plusieurs idées dans
Elasius, et d ’a v o ir répu té fausse la prem ière obser
vation de cet anatom iste rela tive à l ’existence d ’ une
petite cavité placée au som m et de la fessure anté
rieure. Les anatom istes posèrent en question s’il
existait d ’autres fessures que celles situées sur la
lig n e m éd ia n e? Higmore v o u lu t que la m oelle fu t
partagée en quatre petits co rd o n s: Monro et Soè'mmering l ’affirm èrent ; Chaussier et G a ll établiren t au
co n tra ire , que la m oelle n ’était divisée q u ’ en deux
parties ; m ais ces divisions se rap p orten t - elles aux
deux sillons que la m oelle préseute dans sa lo n g u e u r,
ou bien aux quatre cordons de substance b lan ch âtre
entre lesquels s’interpose la substance cendrée , s i
tués dans le sens transversal de l ’organ e ? A près a vo ir
�54
(
)
dém ontré que les sillons latérau x n ’existent point
dans la m oelle é p in iè re , l ’auteur disserte sur l ’exis
tence de deux lign es légèrem en t em preintes sur les
côtés de la fesSure postérieure. L e professeur Chetussier dit q u ’elles sont situées non sur les cô té s, mais
su r les faces de l ’o r g a n e , à qu elqu e distance du
sillon m oyen q u ’elles su iven t dans presque tout son
trajet. G n ll affirme les a v o ir rech erch é exactem ent
su r les enfans et les adultes : il lu i a réussi de les
tro u ver su r la face postérieure de la m oelle , à la
régio n c e r v ic a le , d ’où elles se p rolo n geaien t ju sq u ’à
la prem ière vertèbre d orsale, et m êm e un peu audelà. Il dit a v o ir observé m êm e quelques vestiges
à la régio n lom baire. Il les représente visiblem en t
dans un dessein de la face p ostérieure de la m oelle
é p in iè r e , où se vo ie n t deux lign es q u i s’étendent
latéralem en t à la fessure m oyen n e et p o sté rie u re ,
et distantes de c e lle - c i, au som m et de la m o e lle ,
d ’en viron u ne lig n e et dem i. L e professeu r R achetti
affirm e à son to u r , q u ’au vo isin ag e de la fessure
m o y en n e et p o sté rie u re , on observe de ch aqu e côté
qu elqu es lig n es parallèles au nom bre de tr o is , qui
ne pénètrent po in t dans l ’organ e , m ais sont seule
m ent em preintes su r sa surface.
D ans le ch a p itre s u iv a n t, l ’auteu r en fesant p reu ve
d ’ une vaste éru dition et d ’ une saine c r itiq u e , dé
m on tre en résum ant les observations de V icusseus,
M orgagni, Huber, Frochter, Soëmmering et G a ll, que
la m oelle épin ière offre des traces visib les de tex
ture fib re u se , dans divers en d ro its, m ais q u ’il n ’est
pas raisonnable de co n clu re, d ’après cette apparen ce
de structure en certains points, q u ’elle se rencon tre
en d’autres , où rien de sem blable n ’a p u être
a p e rçu .
Chapitre
5.* Les
deux parties de la m oelle é p i-
�( SS )
nière s o n t-e lle s unies p a r u ne co u ch e m éd ullaire
interposée com m e le soutient G a ll, ou bien existet-il des fibres nerveuses qui p a r leu r en trecroise
ment servent de m oyen d’u n io n , ou bien enfin ces
deux grandes colonnes m éd ullaires ne co m m u n iqu en telles que par la substance cendrée placée au m i
lieu , com m e l ’a observé le professeur R a chetti ?
Les anciens anatom istes adm irent l ’existence d ’un
file t, véritab le ligam en t form é p a r la p ie - m è r e , et
si bien d écrit p a r Huber, com m e m oyen d ’union
de ces deux parties. M algré les rech erch es de P e tit,
Soemm ering, C u vier, on ne peu t certifier que la
com m unication entre la partie droite et g a u ch e de
la m oelle ép in ière s’effectue au m oyen d ’une c o u - s
che m éd ullaire. G a ll rapp orte à ce su jet des o b
servations qui sem blent tenir du m erv eilleu x ; il
assure a v o ir d éco u vert deux appareils fib rillaires au
fond des fessu res, et jam ais les anatom istes les plu s
célèbres de nos jo u r s , tels que W cilther de B e r lin ,
Scarpa, Chaussier n’ ont pu ren co n trer la m oindre
ap p aren ce de ces prétendues fibres. E x iste -t-il une
cavité située à la partie su p érieu re et interne de
la m oelle é p in iè re ? Margagni et Sanct.orini, en dis
séquant le cad avre d ’ un p éch e u r v é n itie n , ren co n
trèrent au m ilieu de la m oelle é p in iè r e , une cavité
dans laq u elle on p o u v a it p lacer le p etit doigt. « En
exam inant la m oelle épin ière sur le cad avre d ’un
en fa n t, après a v o ir fait une section tran versale au
lieu où la m oelle allo n gée se term ine , je v i s , dit
le professeur de P a v ie , dans cet e n d r o it , un petit
tro u ; j ’introduisis une petite so n d e , m ousse à son
ex tré m ité, en la d irigean t en bas d o u ce m e n t, et
a vec p récau tion , je parcou ru s le trajet d ’en viro n
un p o u ce , le lo n g du g ra n d cord on m éd u llaire ,
sans ép ro u ver au cu n e résistance et sans im p rim er
�56
(
)
a l ’instrum ent le m oindre m ouvem ent susceptible
d ’o u v rir une fausse r o u te ; en d ivisan t la substance
m éd u llaire de la partie postérieure , à la surlace
extérieu re , je vis à l ’intérieur de la m oëlle , le
trajet p a rco u ru p a r la sonde , et je reconnus dans
l ’endroit désigné p a r M n r g a g n i , une petite o u v e r
ture cjui , sur cet enfant , offrait la m êm e profondeur
et étendue qu e ce célèbre anatom iste avait trouvé
su r un sujet adulte. » L ’auteur cite ensuite des pas
sages de G a lie n et de G a l l , et ch erch e à faire voir
qu e le p rem ier a connu l ’existence de cette cavité ,
et qu e le second n ’a rien dit de p a rticu lie r sur
ce sujet.
En exam inant les dispositions m utuelles de la subs
tan ce blan che et de la substance cendrée à l ’intérieur
de la m oelle é p in iè r e , l ’auteur o bserve que les re
ch erch es de B la s iu s serviren t de base aux doctrines
d e M. G a ll , q u i a gard é le silen ce sur les travaux
d e cet anatom iste ; néanm oins ce d ern ier m érite
b ea u co u p d ’éloges p o u r ses observations ingénieuses;
les controverses des anatom istes su r la disposition
m u tu elle des deux substances , sont analysées avec
s o in , e l l ’auteu r expose au lo n g ses rech erch es sur
ce sujet. « P o u r conn aître autant que possible le
m ode précis de d istribu tion de la p o rtio n cendrée
dans la m oelle é p in iè re , je tentais envain , d it - il,
le p rocéd é de G a l l , cortsistant dans une section
transversale de l ’organe. L a m oëlle p roém in ait tou
jo u rs en dehors de la p i e - m è r e , de façon que la
lig u re de la portion cendrée était defforrnée et se
confon dait a vec l ’autre su bstan ce: p o u r m ieu x aper
c e v o ir le u r disposition m u tu e lle , je tentais l ’ usage
de l ’acide nitriq ue étendu d ’e a u ; j ’y fis m acérer la
m oëlle ép in iè re d ’ un enfant ; au term e de quelques
jours je la retirais , elle était alors sensiblem ent rac-
�5
( ? )
e o u rcie , elle avait acquis de la dureté et une cer
taine élasticité. L a p ie-m ère était d ia p h a n e , elle avait
perdu sa co u leu r rou ge et son opacité , au p o in t
q u ’elle laissait ap ercevo ir au-dessous d ’elle quelques
traces visibles de lib re s , p rin cip alem en t a u x côtés
des fessures antérieure et postérieure. S u r la p re
m ière de celle-ci on v o y a it le lig a m en t form é par
la p ie-m è re, q u ’on détachait aisém ent au m oyen des
c is e a u x , de la m oelle située a u - d e s s o u s , ce que
jam ais au p aravan t je n ’avais pu e x é cu te r; de sorte
q u ’en la sou levant avec précau tion de l ’alentour
de tout le cordon m é d u lla ir e , je pus m ettre entiè
rem ent à d écouvert et exam iner lib rem en t l ’in térieu r
et le trajet des fessures. L a postérieure ressem blait
à une lig n e de la grosseur d ’ un c h e v e u x , p a rco u
rant de haut en bas l ’organe m éd u llaire , trois
petits cordons ou lign es parallèles se tro u va ien t si
tuées sur ch acu n de ses côtés. L a fessure antérieure
n ’offrait p o in t des bords aussi serrés , elle était
b eau co u p p lu s visib le que la précéd en te. S u r c h a
cu n de ses côtés s’ap ercevaien t aussi des lig n es ser
rées , et disposées dans un tel ordre q u ’ elles re co u
v ra ien t toute la surface con vexe de l ’organe , et
rencon traient les trois lign es placées aux côtés de
la fessure postérieure. Après un exam en atten tif de
l ’in térieu r de la m o e lle , le professeur R a c h e t t i a jo u
te , « que le corps de cet organ e n ’est p o in t d ivisé
à l ’in térieu r p a r la substance cendrée interposée à
la substance m é d u lla ir e , en form e de cro ix com m e
l ’a décrit M onro, m ais en quatre colonnes. En écar
tant les bords de la fessure a n té r ie u r e , à l ’aide du
m auche d ’un s c a lp e l, on sépare la substance grise
q u i les réu nit ; a rriv é à un tiers de p ro fo n d e u r du
grand cordon m éd u llaire , l ’instrum ent ren co n tre
une grande p o rtio n de substance c e n d r é e , et p é -
�58
(
)_
nétrant toujours clans la direction d ’avant en arrière,
s’arrête à deux angles de substance m édullaire q u i,
com prenant dans leu r m ilieu la fessure postérieure,
placée aux deux tiers du diamètre transversal de
l ’o r g a n e , se trouvent garnis de ch aqu e côté d ’ une
n o u velle portion de substance cendrée.
.Si l ’on divise d ’avant en arrière les deux portions
droite et g au ch e de la m oelle é p i n iè r e , on observe
sur c h a c u n e , que la substance blanche est interrom
p u e du sommet à la base par la substance cendrée
q u i se trouve logée en elle com me dans un c a n a l,
leq u e l n ’est point au m ilieu , mais plus ra p p ro ch é
d u rebord antérieur de l ’organe. De la substance
cendrée parlent grand nom bre de rayons de même,
co u leu r droits et parallèles qui se répandent ça et
là et s’interposent com m e de légers sillons sur la
surface de la substance blanche et m édullaire. « Je
conserve dans l ’e s p r i t - d e - v i n , dit le professeur R a c h e t t i , plusieurs exemples d ’ une telle d isp o sitio n ,
et je ne pense pas que q u e lq u ’un avant m oi l ’ait
découvert dans l ’intérieur de la m oelle épinière. »
« Si l ’o n opère d ’un seul c o u p , d i l - i l , la section
transversale de toute la m oelle , on vo it la plus
grande partie de la substance cendrée placée à un
liers de p r o f o n d e u r , en procédant de la partie an
térieure à la postérieure. Des deux côtés de celle
portion cendrée se p rolo n g en t deux lignes de m êm e
c o u le u r , figurées en demi lunes ren v ersées, c’est-àd ire, dont la partie convexe est adossée à la portion
de substance c e n d r é e , et dont les prolongem ens sont
dirigés vers la circonférence du cordon m édullaire.
L a lig n e cendrée q u i se d irige à la partie posté
rie u re de l ’organe , se termine à la surface externe
postérieure: la lig n e de m êm e co u leu r qui se d i
r ig e vers la partie antérieure du cordon m éd u lla ir e ,
�59
(
)
n’arrive point ju sq u ’à la surface externe, maig abou
tit à un petit cercle de couleur grise placé , dans
le sujet que j’ai o b se r v é , à une lig n e de distance
de la superficie antérieure, »
CHAPITRE SEPTIÈME. — De l’origine et des caractères
génériques des nerfs spinaux.
Les recherches de R e il et de Keuffel ( R e i l , archiv. § 20 ) , n ’ont jeté a u c u n jo u r sur l ’o rigine
et la structure des nerfs spinaux. C o m m e n t G a ll
peut-il affirmer que ces nerfs tirent le u r o rigin e de
la substance cendrée distribuée dans la m oelle ?
S ’il a v u et pénétré plus avant que les autres
anatomistes , p o u rq u o i n ’en a - t - il pas don né une description e x a c t e , au lieu de se bo rn er
à affirmer son existence? Soèmmering q u i a si bien
exposé l ’origine des nerfs du c e r v e a u , n ’a - t - i l pas
décrit et spécifié a vec la plus grande précision les
lieux où se trouvent les prem iers vestiges de ces
mêmes nerfs ? En anatomie il ne suffit point d ’af
firmer l ’existence de telle p a r t ie , il faut encore en
présenter une description exacte , qui puisse faire
j u g e r si notre découverte est r é e l le , ou si c ’est p u
rement le fruit de l ’im agination. Les nerfs spinaux
naissent de chaque côté de la m oelle épinière p ar
un double ordre de filets , antérieurs et postérieurs.
Les racines, ou les filets antérieurs sont plus fib reu x ,
plus déliés et plus resserrés entr’eux , que les pos
térieurs. Ces derniers présentent au contraire des
racines plus arrondies , plus grosses et plus dis
tinctes entr’elles. Ces filets d ’o r i g in e , sont plus nom
breux d ’après ce q u ’a observé l ’a u t e u r , à la partie
antérieure q u ’à la postérieure. Blasius et W illis en com p
tèrent dix et m êm e d ouze p o u r chaque paire. T u l-
�( 6° )
plus observa le prem ier q u ’ils constituaient dèux
nerfs de. ch aqu e côté de la m oelle épinière. ( L . r
observ. 27 ). Le lo n g du c o l , ces nerfs présentent
leurs faisceaux contigus les 1111s aux autres. A leu r
trajet au dos et aux lombes ils s’écartent les uns
des autres. La distance est peu sensible ch ez les
e n f a n s , mais elle croit et devient plus apparente
ch ez les adultes à m esure que la m oelle épinière
g ag n e en lon gu eu r. G all rapporte les avis contrai
res des anatomistes sur la grosseur relative des fi
lets antérieurs et postérieurs. I l cite à ce sujet les
opinions de MM. P ortai, Sa batier, Boyer, Cuvier , qui
prétendirent que les racines postérieures étaient dans
ch a qu e paire de nerfs , plus petites que les anté
rieures. En com parant toutes les paires de n e rfs,
i l a rem arqu é que toutes celles de la face posté
r i e u r e , depuis le co l ju s q u ’à l ’extrémité (1) inférieure
de la moelle épinière étaient évidem m ent plus gros
ses. Huber et Soemmering (2) ont lo n g -le m s avant
fait la m êm e r em a rq u e: Prochaska démontre dans
sa prem ière et troisième p l a n c h e , la grosseur plus
rem arquable des filets postérieurs. ( ) G a ll s’efforce
trop souvent dans son o u v ra g e à faire ressortir les
contradictions et les observations incom plètes des
anatomistes q u i l ’ont précédé ; il serait à désirer
q u ’ il eut mis plus de sincérité et de bonne f o i , en
reconnaissant les découvertes de ses prédécesseurs;
l ’érudition sert autant dans les s c ie n c e s , à corriger
les erreurs d ’a u t r u i , q u ’à confirmer p a r un grand
3
(t) Huber. Origines anticœ filamenloscc ubi plûtes surculi tenues
bina filamenla nervea pro quovis nervo consliiuunt ( explical. Jeon
ITT. C. C.
'
5 25
(2) Soemmering. (de corp. humant' fabricâ 2 \ 4. l , . Iî.° V. )
( ) Prochaska. De structura nerrorum.
3
�( 6i )
nombre de, tém o ig n a g es, la vérité d’ une d o c t r in e ,
ou d’une découverte. Mes observations m ’ont dé
m o n t r é , dit le professeur R a ch e tti, les fdets anté
rieurs plus petits et plus nom breux que les posté
rieurs. J ’ai vu , a j o u t e - t - i l , ces derniers évidem m ent
plus g r o s , sur d eux sujets adultes ; ils étaient aussi
plus arrondis , et m ême en plus g ra n d nombre dans
le trajet correspondant au plexus b r a c h ia l, et dans
le trajet des lombes , mais ils se trouvaient plus
rares et plus petits dans la région dorsale. D ’après
Jluber, les filets antérieurs droits et gauches co m
mencent plus haut vers le m ilieu de la m oelle épi
nière que les filets p o stérieurs; c e u x - c i dans leu r
trajet le lon g du c o l , sont plus écartés: G a ll a bien
retracé cette disposition dans les tables de son o u
vrage ( plajich. 1 1 . Jig. x et u e t —
o 22 ) . Soëmmering semble énoncer le c o n t r a i r e , lorsq u ’il d it:
Pt/stei'ioris ordinis. J ilia proprius mediœ parti spince
medultœ oriuntur. De corp. hum. Jabriçâ 2 , 4 , §
, num. u. « P o u r connaître d ’où p ro v en a it le
peu d’accord de ces anatomistes sur ce point de
pure o b se r v a tio n , j ’ai com paré les filets antérieurs
et postérieurs sur d eux cadavres , dont l ’ un d ’un
enfant d’ un a n , l ’autre de d eu x ans. S u r ch a cu n
d’e u x , dit le professeur Rachetti , j ’ai observé les
filets postérieurs droits et gauches très écartés au
sommet d e l à m oelle épinière. L ’espace q u ’ils laissent
entr’eux en cet endroit est b ea u co up plus visible
qu’à toute autre p a r t ; ils se rap p ro ch en t davantage
près de la prem ière paire dorsale ; ils s’écartent de
nouveau à la région l o m b a i r e , et vers la fin de la
moelle ils se r ap p ro ch en t encore. L ’espace com pris
entre les nerfs du côté droit et du côté g au ch e est
relatif à la grosseur de la m oelle épinière. Q u a n t
aux filets a ntérieurs, l ’espace qui se tro u ve entre
3
125
�( 6. )
ceux du côté droit et g a u c h e , est moins grand
q u ’à la face postérieure. S u r le cadavre de l ’enfant
d ’un a n , les filets des paires cervicales antérieures
étaient des d eux c ô t é s , presque en contact a vec la
fessure m o y e n n e , et j ’observais la m êm e disposition
à la régio n lom baire. A l ’espace qui se rem arqu e
entr’eux à la régio n d o r s a le , ils s’écartaient d av an
tage de la lig n e m é d ia n e , mais d ’une façon ir r é
gulière.' S u r le ca davre de l ’enfant de d eux ans, je
trouvais une égale prop ortion dans les distances des
nerfs de ch aqu e côté de la m oelle é p in iè r e , excepté
q u e celle-c i étant plus d évelo p p ée au c o l , et à la
région du d o s , les nerfs d e l à face antérieure étaient
un peu éloignés de la fessure m o y e n n e , mais à la
région lom baire , ils s’en rap p ro ch a ie n t tellement
q u ’ils lu i semblaient contigus. »
Les filets antérieurs sont séparés des postérieurs
p a r u n lig am ent interposé et qui o c c u p e les côtés
d e l à moelle. Huber affirme que ce lig a m e n t nom m é
dentelé , descend ju sq u ’à l ’extrémité inférieure de
la m oelle , et q u ’il s’u nit au p o in t d ’origin e des
nerfs de la qu eu e de ch ev al. W risberg p r o d u it en
fa v e u r du c o n t r a i r e , plusieurs observations. L e p ro
fesseur R a chetti partage les doutes de ce d e rn ie r ,
à l ’exem ple de So'émmering. Plus les nerfs spinaux
avoisinent le sommet de la m oelle é p i n iè r e , moins
ils décrivent de trajet dans le sac form é p a r la
d u r e - m è r e ; c e l u i - c i à son tour est plu s l o n g , à
m esure que les nerfs p ro v ien n en t de la partie in
férieure de l ’organe. C h e z les enfans , les cinq pre
mières paires cervicales sortent de la m oelle presque
à angle d r o i t , les autres paires d écrivent à leur
sortie des angles plus aigus , et les. n erfs dorsaux
et lombaires se dirigent successivement en bas. Chez
les a d u l t e s , la m oelle o ccu p a n t un p lu s g ra n d es-
�( 63
)
pace , la prem ière et seconde paire cervicales sortent
seules à angle d ro it; les autres décrivent aussitôt
à leu r so rtie, un angle a i g u , lequ el devient moins
grand et plus r esserré, Soit à la face antérieure ,
soit à la face p o s té r ie u r e , à mesure que les paires
des nerfs sont près de l ’extrémité inférieure de la
moelle épinière, R elativem ent à la com m u n ication
de ces nerfs au point de leu r o r i g in e , G a ll a pré
tendu q u ’ à la face postérieure de la m o e l l e , les
paires c e r v ic a le s , s u r to u t, ensuite les paires sacrées
et lombaires s’envoient m utuellem ent un ram eau
nerveux de l ’une à l ’autre. Huber avait déjà o b
servé que les paires cervicales co m m u n iqu aient
entr’elles, et que la p rem iè re de celles-ci e n vo ya it
un filet nerv eu x à la s e c o n d e , et su cc ess iv em en t,
chacune des paires de nerfs de celte régio n c o r
respondait de cette m anière. A sch ( tabul.. \ w .J ig .
i. a. b.
i l . a. b: J a dessiné ces filets qu i font
com muniquer les nerfs sp in au x entr’eux , et Soè'mrnering dit au sujet des observations de ces d e u x
auteurs: Nonnunquam posterior ordo proxim i se quenti nervorum pari Jîliüm addit.
Au rapport de H a ller, les anatomistes Huber et
Mistichel/i cruren t que les racines antérieure et
postérieure des nerfs sp in au x sortaient ensem ble
de la d u r e - m è r e p a r une seule o uv ertu re. Blasius
et Diemerbroek furent du no m bre de ceu x qui pen
sèrent que les deux racines sortaient p a r deux trous
distincts. H aller dit à ce s u je t : N ervi spinales anteriores su a s, et posteriores radices in unum fora m en
durx membranes conjungunt , a ut duo proxim a. ( Elem .
physiol. iomJ 4. p. 289. ) C e célèbre p h ysiologiste
pensait que l ’o uvertu re du sac de la dure - mère
11’était pas la m ême sur tous les sujets , q u ’elle
pouvait être u n i q u e , p o u r plu sieu rs nerfs s p in a u x ,
,fig.
�( 64 )
et double p o u r d ’autres. G a ll a donc prétendu faus
sement que H aller cro y a it que les racines postéri
eure et antérieure sortaient pa r la m êm e o u v e r
ture. Des anatomistes du siècle actuel ont recu eilli
des observations précises sur cet objet , et sur cette
particularité anatomique. Scarpa ( Anatom ie. A n n otat. I. i . c. T. § . p. 10 J a p r o u v é p ar des re
cherches très exactes, que la d u r e - m è r e q u i ren
ferm e la m oelle é p i n i è r e , ne contient pas dans une
en velop p e com m une les deux racines antérieure et
postérieure des nerfs spinaux , mais les entoure dis
tinctement l ’un de l ’a u t r e , en interposant entr’eux
une cloison m em braneuse , et forme ainsi deux
gaines q u i , réunies intimement par le tissu cellulaire,
semblent constituer au prem ie r reg a rd une seule
en velo p p e. L e conduit postérieur se continue hors
de la cavité de l ’épine et po u rsuit à envelopper
tout autour le g an glion spinal formé seulement par
le tronc postérieur. L e tronc a n té r ie u r , renfermé
aussi dans un cond u it p a r t i c u l ie r , passe dessus le
g au g lio n . Monro a trouvé cette description e x a c t e ,
d ’après ce q u ’il en rapporte dans son o u v ra g e sur
l e système nerveu x. ( Observ. on the structur. and
fu n c tio n . o f the System, ncruous. sert. 9 . )
Ganglions spinaux. — Les anatomistes, avant Scarpa,
crurent que le tronc antérieur des nerfs spinaux , s’u
nissait au tronc postérieur p o u r form er les gan
glions de l ’épine. Mais le célèbre anatomiste ita
lie n , que W alther lou e d ’a v o ir si bieri démontré
la structure intime des g a n g l i o n s , observe que ceux
de l ’épine sont formés seulem ent p a r la racin e pos
térieure. Les deux racines sortent du sac de la du
re-m ère p ar deux canau x d istin cts, la postérieure,
à l ’endroit du g a n g l i o n , s’ épanouit en un grand
nom bre de b l e t s , s’agg ra n d it et forme le corps
3
�(
65
)
de celui-ci. T and is que la racin e antérieure p o u r
suivant son t r a j e t , sans ch anger de fo r m e , passe
au-dessus du ganglion dans toute sa l o n g u e u r , jus
qu’à sa partie in férieu re, où les deux racines s’ u
nissent alors p ar une véritable com munication ou
entrelacement de leurs filets. Monro et Prochaska
ont aussi éclairé la véritable structure des ganglions,
et noté la formation de ceu x de l ’épine au m oyen
de la racine postérieure.
Le dernier chapitre de la section qui traite de
la structure de la moelle épinière , com prend les
disctlssions de G a ll, Chaussier et So'émmering sur
l ’unité d’organisation des n e rfs, et les limites de la
moelle allongée et ceux de la moelle épinière. L ’au
teur, dans un com mentaire étendu , ne prod u it rien,
de r em arqu ab le; il est inutile de retracer les pas
sages des auteurs cités; ils 11e reçoivent a ucun éclair
cissement de ce n o u v e a u commentaire.
J. X . F. SlGAÜDt
Ob s e r v a t i o n s
sur les divers procédés pour la pré
paration du sulfate de q u in in e ; par M. P o t l T E T .
D e p u i s que les chimistes dirigent leurs savantes
recherches vers l ’analyse v é g é t a l e , il n ’est pas
de découverte plu s intéressante sous le rapp ort de
la th éra peu tiqu e, et de plus belle sous celui de la
science, que celle de MM. P elletier et Caventou sur
l ’extraction des hases salifiahles du qu in q u in a . L e u r
mémoire renferme des faits m ultipliés d’autant plu s
précieux , q u ’ils ont servi de base à ceu x de nos
confrères qui ont apporté des modifications aux
procédés que ces savans ont in d iqu é a vec tant d e
a
h
�(
66
)
générosité. Je m e plais à le répéter , ainsi qtie je
l ’ai dit dans le précédent n .° de ce j o u r n a l, je n ’âi
eu q u ’à me lo u e r de l ’exécution de leurs méthodes
et des résultats que j ’en ai obtenu ; mais je l'a vo u e,
j ’ai saisi a vec empressement l ’occasion d ’em ployer
les n o u vea u x procédés connus cl notamment celui
de M. R obert, pharm acien en chef’ de l'Hotel-DieU
de Rouen. Avant d ’entrer dans les détails des diverses
méthodes proposées , je com m encerai p ar préciser
les observations qui ont trait au p rem ie r mode
d ’opérer ind iqu é
p a r MM. P elletier cl Caventou
p o u r l ’ obtention de la qu inine et de la cincbonine.
Après a vo ir obtenu les infusions alcoholiques du
q u in q u in a jaune , sur lequ el j ’opérai d ’abord , je
les distillais au b ain-m arie p o u r recu eillir les trois
quarts de l ’alcoh o l em p loy é. L a matière restante
dans le c y l i n d r e , était versée dans une capsule de
porcelaine et évaporée au b a in -m a rie, p o u r en ob
tenir l ’extrait résinoïde. C e l u i - c i était traité à chaud
p a r de l ’eau aiguisée a vec i o gram m es d ’acide hyd ro - ch loriq u c sur ch a qu e k ilo g r a m m e d ’eau em
p loy ée. L a filtration f a i t e , et la matière résinoïde,
sous forme p u lvéru len te , étant isolée , je saturais
F h yd roch lo ra te acide de q u in in e , p ar la magnésie
p u r e en grand excès. L a îaeque r o u g e obtenue était
légèrem ent lavée et desséchée ensuite au b a in - m a
r i e , puis traitée par l ’alcohol. L e résultat de ce
m élan ge était filtré et év ap o ré au bain de sahle
dans une capsule p o u r en obtenir la q u i n i n e ; mais
à peine la liq u e u r était-elle sur le point de laisser
isoler les dernières portions d ’alc o h o l , que j ’ap’ p ercevais quelques flocons d’ une substance blanche
cristalline qué je reconnus p o u r de la cincbonine
à ses caractères p h y s i q u e s , et qui m e p aru t d’ail
leurs exister dans le qu ina jau n e en trop petit»
�( V)
tjuaritité pont- l ’ isoler d ’avec la qu inine que j ’allais
extraire. Celle dernière substance s’offrit à mes y e u x
sous l ’aspect jaunâtre; elle était g lu a n t e , d ’ une consis
tance analogue à de la térébenthine peu cuite. Sa
saveur était a m è r e , com m e sa solution alcoholique.
Curieux de la s a tu rer, je la traitai à froid par
l ’acide sulfurique à i o d eg rés , en ajoutant p ar in
tervalles un peu d ’eau distillée; j’agitai le m élange
avec un tube de v e r r e , et j’observai le gonflement
et le blanchim ent de ce m élan ge dont la porosité
augmentait dans le prem ier période de l ’action de
l ’acide sur ce n o u v e l alcali végétal. J ’eus soins d ’a
jouter de l ’acide j u s q u ’à l ’entière dissolution de la
quinine. Dans cet éta t, la liq u e u r rougissait à peine
les couleurs bleues végétales. L a solution fut filtrée
et évaporée lentement dans une capsule. Je poussai
l ’évaporation a u -d elà de la p ellicu le saline et jus
qu’à ce. que j ’apperçusse une co u ch e g luante à la
surface de la liq u e u r alors roussàtre. Q u elq u es
heures après , ou le lend em ain le plus tard ,, le
sulfate était cristallisé en m asse; p o u r le dépo uiller
de l ’eau - mère colorée , j ’e m p loy a i l ’eau distillée
avec laquelle je lavais les cristaux peu à peu , et
j ’obtenais un sel assez blanc , après l ’a v o ir rnis à
sécher entre d eux papiers sans colle. L a cristalli
sation de ce sel est en belles aiguilles , brillantes ,
soyeuses com m e de l ’amiante et d ’une saveu r très
amère. I l se distingue p a r sa solubilité dans l ’eau
froide com m e p a r l ’eau bouillante. Cependant sa
solution r o u g it légèrem ent la teinture de tournesol.
Les eaux mères filtrées et évaporées me fournissent
encore de sulfate de 2.“ ' cristallisation et ju sq u ’à
3
une .me
L e m êm e procédé fut em p lo y é sur le quina r o u g e
r o u l é , q u i d eva it m e fo u rn ir de la cinch on in e en
�8
.
I
( *8 )
suffisante quantité avec de la quinine. Avant lent*
obtention , j ’observai que l ’alcohol qui provenait (ïe
la distillation de la teinture de ce quinquina , pas
sait amer. Les dernières portions d ’alcobol m 'offri
rent particulièrem ent ce re'sultat qui vient à l ’appui
de ce que MM. P elletier et Caventou ont également
rem arqu é que la cinchouiue était volatile k une
haute température.
Passant au traitement de l ’extrait résinoïde par
l ’acide h y d r o ch lo r iq u e et l ’eau , et à celui de la
lacq u e m agnésienne par I’alcohol , cette dernière
fo u rn it une solution amère q u i, évaporée à un cer
tain p o i n t , com mença à laisser déposer une partie
de cinchonine isolée pa r le filtre sur deux de q u i
nine obtenue , eu continuant l ’évaporation de la
solution alcoholique. La prem ière était b l a n c h e , en
lames cri-tallines o p a q u e s ; la seconde était eu tout
semblable k celle extraite du quina jaune.
Ces d eux produits du quina r o u g e m ’ont seule
ment appris que le sulfate acide de quinine était
cristal]isahle, tandis que çelui de cinch on in e éga
lem ent acide ne l ’était p a s ; puis, que ces sulfates en
solution mêlés en sem b le, ne donnaient pas plus de
signes de cristallisation q u ’un m élange de sucre de
raisin et de celui de cannes , k q u elqu e degré de
concentration que j ’eusse porté cette solution mixte.
D ès-lors je fus co nvain cu de ce que MM. Pelletier
et Capentou ont annoncé que la qu in in e était une
substance de nature différente de la cinchonine. Ce
pendant M. Pnhiquet semble douter a u jo u rd ’ hui de
cette apparence de vérité. Je reviendrai plus tard sur
le m émoire de ce chimiste.
Il me reste k présent k m ’assurer si un mélange
de sulfate n e u t r e , ou de sous-sulfate de quinine et
de c i n c h o n in e , donneront ensemble des signes de
�( 69 )
cristallisation. D u quinqu ina rou ge est déjà p u lv é
risé pour vider ce point de question.
Redoutant pa r cel: exem ple frappant de dissem
blance de la quinine et de la cinclionine , l'im p u
reté de la prem ière de ces substances, j’ai toujours
soin d ’ isoler par le filtre , à un certain terme de
l’évaporation , la cinch on in e q u i se sépare la p re
mière du quina jaune , ou au m oyen de l ’é t h e r ,
si la quinine ne me paraît pas pure.
Au s u r p lu s , j ’ai rem arqué que pou r accélérer la
cristallisation du sulfate de qu inine a vec lcge r excès
d ’acide, il convenait d ’introduire dans la solution
saline refroidie deux à trois m orceaux de sulfate
déjà cristallisé. Cette addition favorise dans moins
d ’une heure la cristallisation de ce sulfate qui se
manifeste particulièrem ent aux alentours des cris
taux ajoutés, en continuant ju s q u ’au x parois de la
capsule.
Nous en étions à M arseille avec les proce'dés des
inventeurs des sels de qu in in e et de c in c h o n in e ; les
docteurs Cauvièrc, Guiaud et M agail avaient déjà em
ployé avec suceès mon sulfate de qu in in e et celui de
mes confrères;les uns contre des fièvres intermittentes
qui avaient prom ptem ent cédé à l'usage de ce p ré
cieux médicament , les autres dans des cas où
le quinquina est également i n d i q u é , lorsque le n.°
de juin du bulletin de la Société m édicale d ’ém u
lation s’offrit à ma lecture et me fit ap p récier l ’in
génieux procédé de M. Robert. Ce procédé que j’e
xécutai im m éd ia tem en t, consiste à faire bo u illir les
diverses espèces de quinquina , p a r exem ple, un k i
logramme de cette substance avec 16 k ilo g ra m m es
d ’eau aiguisée au m oyen de aoogram m es d ’acide hydrochlorique à 18 degrés, et à continuer cette décoction
jusqu’à réduction de 6 k ilo g ra m m es de liquide. Je
�7
( ° )
laissai refroidir la décoction exercée sur un kilo^ g ra m m e de quina j a u n e , et je la filtrai. Je fis en
core bou illir le résidu une seconde fois , et même
une troisièm e; les liqueurs amères et très r o u g e s ,
étaient réunies ensem ble: après les a v o ir filtrées,
je les traitai p ar un lait de ch au x em ployé en excès
q u i décomposa parfaitement l ’h y d ro -ch lo ra te de qui
nine et détermina la précipitation d ’ une lacque rou
g e sale. C elle-c i fut isolée p a r la filtration, lavée
lé g è r e m e n t, désséchée , pulvérisée et traitée pa r l ’alco h o l bouillant dans un matras que je p laç ai au bainmarie.
La solution aleoh oliqu e de qu in in e étant filtrée,
le résidu resté sur le filtre fut la v é a vec du nou
v e l alcoliol. Les solutions amères et jaunâtres furent
réunies et évaporées dans une corn u e p o u r en ob
tenir l ’alcohol em ployé. L e poids de la quinine ob
tenue f u t , com m e au m o y e n du procédé de MM.
P elletier et Capentou, de 40 gram m es su r chaque
k ilo g r a m m e de quina jaune.
V oulant dans un autre essai em p lo y e r la magnésie
a u lieu de la c h a u x conseillée p a r M. R obert, j ’ob
tins u n résultat aussi satisfaisant.
L a qu inine obtenue dans l ’un et l ’autre cas , fut
•traitée isolément et à froid com m e aup ara va n t par
l ’acide sulfurique très affaibli. Il est à remarquer
q u ’en opérant la saturation de cette m a n i è r e , s’il
reste des molécules de qu inine au bord de la cap
su le , on a beau diviser
ces molécules avec
u n tube , 011 ne p a rv ie n t jamais à les dissou d r e , à moins q u ’on verse encore 2 à
gouttes
d ’acide à i o . ° ; c ’est au m o y en de ce genre de sa
turation que j ’ai obtenu a v ec la qu inine extraite
p a r le procédé de M. R obert, un sulfate bien criss a lis é , b r i ll a n t , très a m e r , très soluble et. utilisé
3
i
�\
(
7l
)
avec succès dans les divers cas de son em ploi. O n
l'obtient d ’autant plus b l a n c , q u ’ on le lav e s o i
gneusement à l’eau distillée 'froide q u ’on fait ins
tiller sur les cristaux fournis à l ’égoutage ; puis on
le met au séchoir entre d eu x papiers sur lesquels on
applique une pièce de inarbre ou tout autre corps
susceptible d ’exercer une légère pression.
Com binant ensuite a vec une très petite quantité de
charbon a n i m a l , les eaux mères et les lavages des
papiers qui avaient servi à la pression du p rem ie r
sulfate o b t e n u , je fis b o u illir un instant a vec ce
charbon , ce m élange a u p aravant acidu lé a vec un
peu d’acide sulfurique. Néanmoins 8 gram m es de
charbon furent suffisans p o u r s’em parer de 1 acide
en excès et p o u r am ener 4 gram mes de sulfate
dissous, à l ’état de sulfate neutre qui cristallisa im
médiatement après la filtration dans six onces de
liquide. Cette différence d ’insolubilité de ce sel
d ’avec la solubilité du sulfate bien crista llisé, ne
p r o v ie n t, com m e on l é s a i t d é j à , que parce que
l ’un est neutre et quelquefois à l ’état de sous sulfa»
te et que l ’autre retient un léger excès d ’acide.
Enfin dans un autre essai , traitant p ar l ’é b u lli
tion d ’après la méthode de M. H e n r i, l ’acide s u l
furique éteudn a vec de la qu inine en e x c è s , j ’ai
obtenu un sulfate blanc , égalem ent peu soluble.
Il est à rem arqu er cependant que le sulfate neutre
ou le sous-sulfate sonL en cristaux si divisés et si
opaques , q u ’il faut une loupe pour en appercevoir
le b r i ll a n t , et que leu r saveu r est peu amère en
raison de leu r peu de solubilité , tandis que le sul
fate a vec lége r excès d ’a c i d e , se trouve en cris
taux très légers , translucides et très amers. 8 g ram
mes de ce dernier sulfate ne cristallisent , à caws*
de sa grande s o lu b ilit é , que du ns une once de li
quide.
�7
( 2 )
Je viens de parler de M. Henri et je passe à sa
m éthode publiée dans le n.° de juillet du journal
de pharmacie. Je dirai seulement que ce chimiste
em ploie l ’acide s u lfu r iq u e , au lieu de l ’acide h y d ro eh loriqu e conseillé par MM. Pelletier et Cciventou,
et que M. Robert qui a également exécuté t e pro
c é d é , n ’est pas d ’avis de l ’e m p lo y e r , parce q u ’il
se forme beaucoup de sulfate de chaux de cette
com binaison qui augm ente la masse de la lacque
et exige une plus grand e quantité d ’a l c o h o l , au
lie u que l ’acide h y d r o ch lo r iq u e a vec leq u el ou
com m ence à faire un sel soluble , n o y é dans les
eaux du la vage,a l ’avantage de fo u rn ir moins de lacque
p o u r laquelle il faut aussi moins d ’a lc o h o l afin d’ en
isoler la quinine. D ’ailleurs qu elle nécessité y a t - i l de ch a n g er les procédés qui ont le plus de
rapp ort avec ceux des inventeurs ? O n a g uéri avec
le sulfate de qu inine dont la base a été obtenue
des quinquinas au m oyen de l ’acide h y d r o c h lo r iq u e ,
et par cette seule r a is o n , je persiste à l ’em ploi ex
c lu s if de cet acide.
J ’arr iv e maintenant au m ém oire de M. Robi~
quet , inséré dans le n.° de juillet d u bulletin
de la Société médicale d ’émulation. Les observations
de ce chimiste me paraissent du plus h a u t intérêt ,
et ne m anqueront pas de fixer l ’attention de MM.
Pelletier et Caventou : elles consistent d ’abord en
ce q u ’ il a obtenu , com m e n o u s , un sulfate acide
très soluble ; il le com pare au sulfate neutre de
M. P elletier, qu ’ il croit être un sous-sulfate , d ’après
l ’analyse q u ’il en décrit ; il trouve dans 100 parties
de sulfate acide 1 9 , i d ’acide et
,
de quinine.
Dans le s o u s - s u lfa te , il reconnaît n ,
d ’acide et
79 de quinine , et le restant d’eau. Il a opéré la
63 5
décomposition de
3
ces d eu x sels au m o y e n de la
�(
73
)
potasse caustique et réduit la quinine à l ’étal h u i
leux , puis en masse blanche et p o re u s e , pa r l ’é
bullition de ce m élange a vec une certaine quantité
d ’eau ; il distingue les proportions de l ’acide sulfu
rique sur la liq ueur restante , à l ’aide du nitrate
de baryte.
De ces résultats, M. Robiquet en déduit des con
séquences qui , tout en m ultipliant à l ’a v e n i r , les
travaux déjà entrepris sur les bases salifiables du
quinquina , le conduisent à douter de l ’alcalinité
peu tranchée de la qu inine et de la cinchonine.
Cetle d e r n iè r e , en raison de sa plus g rande capacité
de saturation p o u r l ’acide su lfu riq u e , l u i parait
plus alcaline. Il pousse m em e ses observations jusqu’à
considérer ces deux substances com m e id e n tiq u e s;
il pense que la qu inine n ’est que de la cinch on in e
unie à un p r in cip e am er a u q u e l il attribue la p ro
priété fébrifuge plu tô t q u ’à la qu in in e e l l e - m ê m e .
De ce que M. P elletier a fini p a r obtenir l ’émétine
blanche et cristallisable , tandis q u ’elle ne jouissait
d ’aucune de ces propriétés p h y s i q u e s , il espère
qu’il pourra en être de m êm e de la quinine. Il
fonde particulièrem ent son o p in ion su r ces faits^ que
le sulfate acide de qu inine a la m êm e forme q u e
le sulfate neutre de cinch on in e. Cepend an t M. R c biquet finit p ar a vo u er que de toutes ses rem arques,
il n’y a pas certainement des motifs assez plausibles
pour croire à l ’identité de ces deux alcalis.
Assurément il me serait difficile de donner en
ce moment une opinion q u i militât en fa ve u r de
celle de M. Robiquet. Il fa u t, com me le dit ce ch i
miste , dés expériences médicales sur l ’em ploi des
sels de quinine et de cinchonine. L e tems seul et
l ’observation p o u rr o n t nous éclairer p lu s parfaite
ment. E n attendant je ferai connaître ce que j ’ai
�(
74
)
observé sur les propriétés ph ysiqu es des bases salifiables du quinquina.
J ’ai rem arqué prem ièrem ent q u ’ en dissolvant à
froid de la qu inine a vec l ’acide sulfu riq ue con
c e n t r é , et jetiant ce m élange dans un bassin d ’eau
p u r e , il se prod u it tout-à-coup à la surface et à
la p rofon deur d ’ un po u ce de l ’eau , une couleur
aussi belle que celle occasionnée pa r une légère
solution d ’i n d i g o , mais assez bleue p o u r être bien
a perçu e. J’avais d ’abord observé cette co u leu r à la
su rface du sirop de qu inine bo uillant et préparé
dans un matras au ba in -m a rie. Voilà un des carac
tères de la qu in in e q u i n ’a pas encore été signalé;
la cinch on in e jou it-elle des mêmes prop riétés? ("est
ce que j ’aurai occasion de vérifier incessamment.
Si on p récipite un m élan ge de sulfate de qui
nine et de cin ch on in e p a r une solution filtrée de
sons-carbonate de potasse , ou obtient u n précipité
blanc grisâtre qui , jeté sur un filtre , a une telle
co h érence , q u ’on p ren d rait ces sous-carbonates
de qu inine et de cinch on in e p o u r une seule et
m êm e su b s ta n ce , qui acqu iert la forme co n iqu e du
filtre. Mais si on dissout ce sel mixte dans l ’alcoh o l , on a p o u r résultat de l ’év apo ration du liquide
de la cinch on in e b l a n c h e , puis de ht qu inine jaune
à l ’état h u ile u x et gluant. Ces d eux substances se
reprod u isen t d on c encore a vec les caractères qu i les
distinguent. J ’avais fait ces expériences p o u r isoler
de n o u v e a u la qu in in e et la cin ch on in e des deux
sulfates de ces bases , qui réunis , n ’avaient p u se
cristalliser a v e c excès d ’acide.
Maintenant qu e j ’ai lu le m ém oire de M. R o b iq u e t, j ’ai précipité du sulfate de qu in in e seul avec
du sous - carbonate de potasse. L e précipité blanc
cr is t a llin ,ré u n i su r un filtre, préalablem ent bien lavé.
�7
( $ )
a été soumis û l ’ébullition pendant deux heures dans
l ’eau distillée, sans q u ’il ait pu ch a n g er de son état saliniforme ; il était toujours c o n c r e t , b l a n c , d iv isi
b l e , et ne poissait aucunem ent au toucher. La so
lution partielle de cette su bstan ce, évaporée à pel
licule , laissait isoler , par les surfaces et p a r le re
froidissem ent, un sel nacré: c ’était com m e le sel q u i
avait échappé à la dissolution du so u s-ca rb o n a te de
quinine. La p reu v e que ce n’était pas-dit carbonate
neutre, c ’est que sa solution ram enait au bleu la
teinture de tournesol ro u g ie p a r un acide.
Il reste à d év elo p p er un point de question : le
sulfate de qu inine a vec un lége r excès d ’acide et
bien cristallisé, p ar cela seul q u ’il est plu s amer
que le sulfate neutre et le sous-sulfate de q u i n i n e ,
d o i t - i l être p r é f é r é , d ’après M. R o b iq u e t, p o u r
l ’usage m édical ? Il est cla ir que si la solubilité du
sulfate de qu inine était de r i g u e u r , p o u r les dilférens u sa ge s, on devrait l u i don ner la préféren ce ,
sur-tout si p o u r rendre le sous-sulfate s o l u b l e , on
était obligé d ’ajouter à sa solution des quantités
indéterminées d ’acide sulfurique. Mais il faut croire
que puisque le sulfate de qu in in e de M. P elletier,
soit qu ’on le considère neutre ( i ) , ou à l ’état de
sous - s u lfa t e , a g u é ri dans divers c a s , l ’excès de
(i) Je possède du sulfate de quinine véritablement neutre et
que j’ai préparé moi-même avec des justes proportions de quinine
et d’acide sulfurique. La solution acqueuse de ce sel ne rougit
aucunement la teinture de tournesol et ne ramène pas au bleu
eette teinture auparavant rougie par nu atome d’acide acétique
àadegrés: elle ne verdit pas non plus le sirop de violette instantané
ment; car j’ai reconnu qu’on pourrait facilement errer, en croyant
reconnaître la présence d’ un alcali par ce sirop qui a la propri
été de verdir, quelques minutes après sa combinaison, avec l’eau
distillée ou avec l’eau de fontaine.
�( ?6 )
base q u ’il contient, tro u ve assez d ’acide dans l ’es
tomac pour en opérer la dissolution complette et
p o u r le rendre aussi a ctif que le sulfate acide. Quant
au m oindre degré d ’amertume de sous - sulfate , on
observe aussi q u ’ il en acquiert avec autant d ’inten
sité que la m êm e quantité de sur - sulfate , si à
une solution de s o u s - s u l fa t e on ajoute un léger
excès d ’acide. O r , sa saveur plus ou moins a m ère,
n ’est relative q u ’à ses différens degrés de solubilité
et à la capacité de saturation que ch a cu n de ces
sels a p o u r l ’acide sulfurique.
A u r e ste , je ne tire aucun e induction des plus
ou moins hautes propriétés du su r -s u lfa t e ou du
sous - sulfate de quinine. J’ai à la disposition des
m édecins l ’ un et l ’autre de ces sels. C ’est à leur
sagacité que le p h arm acien d evra s’en rapporter.
L o r s q u ’ils v o u d r o n t a v o ir une solution aqueuse de
sulfate de qu in in e sous un petit v o l u m e , alors ils
p r é fé r e r o n t , je le p e n s e , le sur - sulfate ( sulfate
a cid e ) à cause de sa solubilité. O n trouve ce der
n ie r sel dans le sirop de sulfate de qu inine qui
d e v r a être presque incolore et transparent ; et il
sera p eu t-être indifférent , puisque ces d eux sels
guérissent é g a le m e n t, de prescrire le sulfate neutre
o u le sur-sulfate lo r sq u ’on ' l ’ordonnera en paquets
ou en bols. Tou tefois les pharm aciens d evron t se
co nform er a u x formules médicales.
Je termine ces o b se r v a tio n s, p a r a v o u e r que je
n ’ai jamais plu s obtenu de 24 gram mes de sulfate
de qu inine p ar k ilo g r a m m e de q u in q u in a jau n e de
bo n n e qualité , q u o iq u e la quantité de quinine ,
sans doute encore im p u r e , fut de 40 grammes. Il
fau t croire également q u ’en opérant sur des petites
m asses, il y a déperdition d ’une partie du sulfate
q u ’on se prop ose d ’obtenir.
�(
77
)
REVUE DES JOURNAUX.
Noire intention n ’est pas seulement de com prend ré
dans cet a r t i c l e , des extraits de tous les jo u rn a u x
Scientifiques , celui de ph a rm a cie excepté ( devant
être analysé séparément ) , mais d ’y joindre aussi des
extraits de plusieurs recueils périodiques de quelques
sociétés sav an te s, tels que le bulletin de la société
médicale d ’émulation de P a r i s , le bulletin des sci
ences m édicales de la société d ’ Evreux , le précis
de la constitution m édicale observée dans le dép'd’Indre et L oire , etc.
Nous donnerons l ’analyse de ces différens extraits,
ou nous les com m u n iqu erons littéralement; dans ce
cas-ci, nous les distinguerons pa r des g u ille m e ts , et
toujours nous
aurons puisé.
m entionnerons
la
source où
nous
B r è v e descrlpcion de la Jîebre am arilla padecida en
Cadiz y pueblos comercanos en 1800 , en médina
Sidonia en 1801 , en Malaga en i o , y en esta
misma plaza y varias otras del regno en 1804,c'cst-à-dire : courte description de la Jièvre ja u n e
qui régna dans diverses villes de VAndalousie en
1800, 1801 , i o et 180 4; par Jean M an u el de
Àrejula. M a d r id , 1806 u n vol. in - 8 .° ( 2.c et der
nier article J.
83
83
Afin d’éviter la prolixité dans son excellente analyse de l ’ou v ra g e de M. A r e ju la , le D. M a ze t,
sans négliger les points de doctrine , a plus pa r
ticulièrement insisté sur ce qui est d-’observation
positive. D ’abord , il soutient a vec M. A reju la que
la fièvre ja u n e ne récidive ja m a is , et il s’étaie de
�sa prop re expérience , a y a n t eu l ’ocçasiott , pen
dant que de concert avec M. P a r ise t, il observait
la fièvre jau n e en A n d a lo u s ie , de r e c e v o ir sur cette
particularité de la n o n - r é c i d i v e , les témoignages
unanimes de tout le m onde : c ’était , d it-il , une
vérité p o p u la ir e , a n c ie n n e , basée sur une m u lti
tude de laits , et confirmée par l ’observation de
c h a q u e jour.
Dans un autre chapitre , M. A reju la réfute avec
avantage les écrivains qui ont ava n cé que l'im a
gination est susceptible de faire naître une épidé
m ie et conséquem m ent la fièvre jaune. Il établit
ensuite que la maladie q u i régna épidémiquement
à C adix pendant, l ’été-de 182o , f u t contagieuse. Cette
m aladie qui était la fièvre j a u n e , se p r o p a g e a de
C adix à plusieurs autres villes de l ’Andalousie.
« Certaines conditions furent nécessaires à la pro
pa ga tion de cette épidém ie. Il fallu t: i.° que la pré
disposition , 2.0 la cause occasionelle , et .° la concause se trouvassent réunies. Si l ’ une de ces trois
conditions eût m an q u é , la m aladie épidémique
n ’aurait pas eu lieu ; mais , avant que de dévelop
p e r ces trois points , nous allons rap p o rter quelques
faits q u i sont des corollaires de ce qui fut observé,
soit pen dant l ’ épid ém ie de C a d i x , soit pendant celles
de plusieurs villes environnantes.
v.° C eu x q u i , n ’ ayant pas habité pendant longtems les Antilles ou l ’A m ériq ue m érid ion ale , se
trou vèren t à C a d ix pendant l ’été de 1800 , furent at
teints de l ’épidémie.
2.0 C e u x qui avaient habité l o n g - t e m s les Antilles,
ou ne furent pas atteints, q u o iq u ’ils communicasscnt
a vec les m a l a d e s , ou , s’ ils le f u r e n t , ce fut tou
jours sans d a n g e r , et si lé g è r e m e n t, q u e même ils
ne se m iren t pas au lit.
3
�(
3.
79
)
° Ceux qui habitèrent C adix pen dant les sept
premiers mois de 180 0, et qu i en Sortirent à tems
pour se retirer à la ca m p a g n e où ils restèrent iso
lés , furent préservés.
4.
° Ceu x qui furent absens de C adix jusqu ’à l ’é
poque de l ’é p i d é m ie , et qui y revinren t pendant
la durée de c e lle - c i, furent atteints com m e les au
tres h a b ita n s, toutes choses étant d’ailleurs égales.
5.
° Ceux qui s’absentèrent pendant l ’ ép id ém ie , et
qui ne revinren t q u ’a p r è s l e s prem iers fr o id s , n e
furent pas atteints.
D’après ces corollaires , notre auteur se fait u ne
théorie, au m o y en de laquelle il p r o u v e , non seu
lement que la m aladie ép id ém iq u e se p r o p a g e a p a r
voie de contagion , mais encore que le concou rs
simultané de la cause interne ou prédisposition, de
la cause externe ou cause occasion elle, et de la concause, fut nécessaire p o u r que cette p rop ag atio n
s’effectuât.
Il admet d ’abord q u ’il existe dans c h a q u e in
dividu une matière susceptible de s’altérer , dès
qu’elle est en contact a vec le germ e qu e la fièvre
jaune p r o d u i t , et q u ’elle est secondée p a r u n e tem
pérature convenable. Cette matière constitue la pré
disposition; le germ e q u i la met en j e u , constitue
la cause occasionelle ; et une tem pérature au moins
égale an i .' degré
o de R . , q u i est nécessaire
à l ’action de la cause occasionelle sur la préd ispo
sition, constitue la concause. U ne de ces trois c o n
ditions v e n a n tà m an qu er, la m aladie m a n q u e aussi. »
Sans doute cette théorie de M. A réju la est sujette
à contestation; mais elle a cela de co m m u n a v ec
beaucoup d ’a u t r e s , p o u r ne pas dire a v e c tou tes,
et au m o i n s , com m e le rem arqu e M. M a ze t, outre
qu’avec elle on peut s’ e x p liq u e r p o u r q u o i la fièvre
3
�C 80 )
j a u n e , apparaissant qu elqu e part d ’ une manière
sporadique et com m e spontanée, ne se p rop ag e pas
à d’autres individus , elle a encore l ’inappréciable
avantage d’ètre basée sur la plus exacte observation,
et de renferm er un g rand nom bre de faits sous un
seul point de v u e : d ’a ille u r s , elle est simple , in
génieuse et infiniment vraisem blable.
L ’auteur expose enfin les histoires particulières
des différentes épidémies de fièvre jaune qui ont
régn é dans plusieurs villes d’Andalousie. Elles ten
dent toutes, ces histoires , à co rro b o rer son opinion,
et nous devrions conséquem ment les retracer i c i ,
s’ il ne nous fallait pas entrer dans des détails q u e ne
com porte point l ’analyse d ’ une a n a ly se, mais quel
q u e circonscrit que soit l ’espace , nous ne pouvons
nous dispenser de dire un mot de la m an ière dont,
après a v o ir donné l ’ historique de l ’épidém ie de Ca
d i x , M. A reju la résout les questions su ivan tes: la
fièvre épidémique de 1800 v in t- e lle de dehors ? qui
l'a introduite ? et comment se propagea-t-elle ?
E l d ’a b o r d , l ’auteur pense que l ’on ne p e u t rai
sonner que d ’après des p r o b a b i l i t é s , dans la pre
m ière question , et que toutes portent à croire que
la m aladie a d û être apportée du dehors.
11 n’ est pas m oin s difficile de résoudre la seconde
question , q u i a p o u r objet de savoir q u i introduisit la
maladie? T o u tefo is, l ’auteu r passant en revu e plusieurs
époques où des navires partis de divers p a ys arri
vèrent à C a d ix en 18 0 0 , a yant p erd u dans leurs
v o y a g e s plusieurs h o m m e s , fait v o i r que si l’on
ne peut désigner précisém ent le n a v ire qui apporta
l ’épidém ie , il est au moins bien cla ir q u ’elle vint
de dehors.
M. A reju la ne balance pas de d i r e , quant à la
.' q u e s tio n , que la m aladie se p r o p a g e a p a r voie
3
�,
.
( 8r J .
. .
de co n ta g io n ; ce qui a r r i v a i Port-Sainte - Marie
l ’ile de L é o n , X é r è s , P orto-R éa l, etc., qui reçurent
la contagion en donnant asyle aux fuyards de C a
d ix , tandis q u ’il n ’en fut pas de même dans les
villes qui ne reçurent pas ces fuyards. ( Journal
compl. du dict. des sci. m éd., ju in 1 8 2 1 .
Ob s e r v a t i o n sur F emploi de la solution dépotasse contre
les Scrofules ; par le docteur A L P H O N S E M
esn ard
.
« Le docteur F u it , dans un o u v ra g e dont l’ analyse
paraîtra dans un des prochains cahiers de ce Journal
a conseillé la solution de potasse contre les scrofules.
Aux faits qu ’il a r e c u e illis , ' sous un clim at différent
du nôtre, je joins l'observation s u i v a n t e , qui m ’est
p r o p re , et que je donne sans aucune réflex ion , par
des motifs q u ’il sera facile d ’apprécier. C ’est aux h o m
mes dépourvus de p r é j u g é s , aux médecins chargés
des hôpitaux où sont placés un grand nombre d ’e n fans, que je recom m ande l ’em ploi (l’ une méthode que
l ’expérience semble a p prou ver. O n ne saurait trop
dire que la solution de potasse , m em e à une dosé
très-forte (. et ce n ’est q u ’aiusi q u ’on, peu t en espérer
du succès ) , n ’a point de propriété corrosive , p o u rv u
qu’on ait le soin d ’en a ugm enter graduellem ent la
quantité. Dans ce m o m e n t , je l ’administre à la dose
de deux gros pa r jo u r , ch e z un enfant de sept ans
et demi , d ’ une constitution délicate: aüCun sym ptôm e
résultant de l ’action délétère de ce m édicam ent 11e
s’est encore manifesté depuis plus de d eux mois que
dure le traitement.
Philibert M*** , né de parens s a i n s , mais n o u rri
d’un lait déjà vieu x , fut atteint, à l ’âge de sept an s,
d ’un gonflement œ dém ateux au pied droit ; la tum eur
a
6
�32
(
)
s’accrut r a p id e m e n t , et fut bientôt rem arquable p ar
cinq ouvertures fistuleuses qui se placèrent succes
sivement autour de l ’articulation du pied avec la
jam be ; il fut soumis à des traitemens , vu lgairem ent
nommés a n ti-s cro fu le u x , pa r deux médecins célèbres
de la capitale , mais sans aucune sorte d’amendement.
L o r sq u ’il m e fut p rése n té, vers le com mencem ent du
mois de mars de cette année , il était m aig re et ch étif ;
. s o n pouls était habituellement dans un état fébrile,
la face était p â l e , les y e u x , grands et n o i r s , étaient
remarquables par une dilatation extrême de l a p u
p i l le ..... D u r este, il avait bon appétit et dormait
b ie n ; il portait au c o u , du côté d r o i t , une tumeur
inégale et volum ineuse qui s’ étendait ju sq u ’au m i
lie u de la j o u e ; cette tum eur était rem arqu ab le pa r
uue fluctuation manifeste. Le petit m alade était su
jet à une claudication pénible et douloureuse.
Nous lu i prescrivîm es un régim e diététique co n
venable , et dès le i m ars, il fut soumis à l ’ usa
g e de cinq gouttes (m a tin et so ir ) de solution de
p o ta s s e , selon la p h a rm a co pée d ’E d im b o u rg. Nous
com binâmes ce m oyen a vec des frictions m e r c u ri
elles à petite d o se, et continuées tous les soirs al
ternativement au bras droit et à la cuisse droite.
I l convient de dire ici que nous nous a p erçû m e s,
vers le m ilieu de ce mois , d ’une tum eu r énorme
qui s’était d éveloppée dans l ’aîne droite , et gênait
b ea u co u p le petit m alade dans les m ou v em en s que
cette partie est susceptible d ’exécuter. Sous l ’influ
ence du traitement i n d i q u é , cette tum eur disparut
p eu à p e u , et ne laissa bientôt plus aucun e trace;
nous eûmes soin de la tenir constamment reco u
verte d ’un emplâtre de savon de temps en temps
renouvelé. Nous ne fûmes pas aussi h eu reu x pour
la tuméfaction qui o ccu p a it la joue droite , et nous
3
�(
83
)
ne pûmes pas em pêcher que le p u s , déjà forme
quand nous vîmes le malade pour la première fois,
ne se fit jou r au d e h o r s; nous facilitâmes m ême
son expulsion au m oyen de la potasse caustique ;
la compression fut o p é r é e , selon la méthode de
'Henning , et a u jo u rd 'h u i la cicatrice est i m p e r
ceptible.
En ayant le soin d’augm enter la quantité de la
solution de potasse, d ’ une goutte soir et m a t in ,
nous sommes p a r v e n u s , dès le 28 m a i , à la dose
de 160 gr. pa r j o u r , et les résultats les plus satisfaisans semblent couronner nos efforts ; la constitutution de l ’in d ivid u est améliorée , la claudication
n’existe plus , l ’engorgem ent œdémateux du pied
s’est dissipé, l a form e et la grosseur sont revenus
à l’état n a t u r e l , l ’articulation n ’est plus le siège
d’aucune d o u l e u r , les ouvertures fistuleuses sont
presque toutes cicatrisées, une seule rend encore de
temps en temps une très petite quantité de matière
iehoreuse, nous espérons que dans peu elle sera
complètement formée.
Maintenant , nous dim inuons grad uellem ent la
quantité des gouttes, nous avons su p p rim é les fric
tions mercurielles ; nous dem eurons persuadés , en
un mot , que bientôt nous pourrons annoncer la
guérison complète de P h il i b e r t , et donner plus en
détail l ’histoire de cette m a l a d i e , q u i a présenté
dans son cours quelques particularités remarquables. »
( Journal comp. du dict. des sci. m éd .ju in 1821. J
D
L A f o l i e . Considérations sur cette m a la d ie, son
siège et ses syjnptôjnes, la nature et le mode d'ac
tion de ses causes, sa marche et scs terminaisons,
e
�les différences qui la distinguent du délire crigti y
les moyens de traitement qui lu i conviennent ; su im
pies de recherches cadavériques ; par M. G E O R G E T ,
P a r i s , 1820. In-8.° ( .me et dernier extrait. )
3
D a n s cet article, 011 voit que l ’auteur cherche
à p r o u v e r que les premiers désordres de la
folie existent dans l ’encéphale , et que les fonc
tions exercées par les autres organes ne sont
troublées que consécutivement. M. Falret pense que
M . Georget a raison d ’insister sur la période d ’in
c u b a tio n , et que l ’appréciation de l ’état m orbide de
l ’encéphale doit être l ’objet des recherches du mé
decin.
I l prétend ensuite que dans la période d ’excita
tion , les sym ptôm es cérébraux sont p a rvenu s au
summum d ’intensité ; et après quelques remarques
et des reproches , il passe de suite au chapitre dans
le q u e l l ’auteur s’attache à établir une lig n e de dé
m arcation entre le délire a igu et la folie ; il' en
présente même le s o m m a ir e , et s’étend assez sur le
reste de l ’o u v r a g e , sans entrer toutefois dans les
détails des considérations auxquelles M. Georget s’est
liv r é et dont il résu lte, « i . ° q u ’il faut distinguer le
siège d ’une lésion de la nature de l ’altération qui
constitue sa cause proch ain e ; le p rem ier est suffi
samment ind iqu é pa r les troubles de l ’action orga
niqu e , sans q u ’il soit d ’une indispensable nécessité
d ’en a vo ir la p reu v e matérielle ; le second n ’est
pas toujours facile à a p p r é c i e r , nos sens n ’étant
p o in t assez pénétrans p o u r saisir tous les changemens que peut offrir l ’organisation. Cette difficulté
se rencontre sur-tout dans l e système n e rv eu x : d’où
on doit naturellement conclure q u ’il est des modi
fications o r g a n iq u e s , des m ala d ies, dont l'existence
�85
(
)
jne nous est révélée que p ar leurs effets, p a r leurs
symptômes.
2.
“ Jusqu’i c i , on n ’a pas p u d éco uvrir la cause
prochaine de la folie , qui a nécessairement son
siège dans le cerveau , organe des fonctions essen
tiellement lésées.
.
° Toutes les altérations observées p ar M. Georget
sur les aliénés de la Salpêtrière sont consécutives
au développement de la folie , excepté celles des
cerveaux d’ idiotes , q u i sont primitives et liées à
l ’état intellectuel.
4.
' Les altérations du crâne et du c e r v e a u , beau
coup plus fréquentes dans cette maladie que dans
toute a u tr e , et dont plusieurs sont liées à la p r o
duction des affections secondaires , telles que la
paralysie , l ’irritation cérébrale c h r o n i q u e , e l c . ,
sont très vraisemblablement des suites plus ou moins
immédiates de la cause proch aine des désordres cé
rébraux primitifs.
.
° Les altérations des organes thoraciques et a b
dominaux ne dépendent que des circonstances dans
lesquelles se trouvent les malades , circonstances
produites par l ’état mental , le genre de v i e , les
dispositions des établissem ens, elc. »
M. Falret examine après ces conclusions la thé
rapeutique p h y s i q u e , et celle intellectuelle et m o
rale que propose M. Georget. Il énonce que cette
dernière est faiblement traitée en com paraison de
ce qu’ en ont dit MM. P in e l et Êsquirol.
Tous les cas q u i , suivant M. Georget, demandent
des soins particuliers , peuvent être rapportés à
plusieurs modes d ’affections q u ’il désigne p a r d ifférens noms. M. F alret, ne s’arrête q u ’à la con
gestion cérébrale active et à l’état inflammatoire
du cerveau qui sont deux de ces modifications o r-
3
5
✓
�( 86 )
paniques , et q u ’il regarde com m e étant les plus
fréquentes. ( Journal compl. du dict. des sci. méd.
ju ille t 1 8 2 1 . )
M é m o i r e auquel la Société de médecine de Lyon a
décerné une médaille d’or, sur cette question : Ouels
sont les vices de l ’organisation actuelle des h ô
p itau x de L y o n ? Quels sont les m oyens d ’y re
m édier ; par J. E . F. L a d e v Èz e , D . M ., à SaintGalm ier ( L oire ). ( Deuxièm e et dernier article. J
G l o i r e à la Société de m édecine de L y o n , qui
excite l ’émulation des savans p o u r obtenir des moyens
sûrs d ’adoucir de toutes les manières le sort des
p a u vres m a la d e s , dans l ’asyle qui leu r est consa
cré ! H onneur à M. Ladeoèze qui , sous l ’égide de
l a v é r i t é , dévoile avec fermeté les vices de l ’orga
nisation actuelle des hôpitau x de L y o n ! Q u e l bon
h e u r p o u r l ’hum anité , si l ’on signalait les abus
q u i p eu ve n t régn er dans tous les h ô pita u x ! Que
n ’aurait-on pas à dire à ce sujet!.........
L ’auteur com m ence dans cet article p a r les soins
hygiéniques donnés a u x malades dans les hôpitaux
de Lyon ; il fait sentir tous les avantages des bains,
et voit a vec peine que dans l ’hôpital général aucune
salle ne soit affectée à ce service. Il annonce pour
tant .que l ’administration se propose enfin d ’en faire
construire une qui ne laissera rien à désirer. M.
L ad evèze vo u drait aussi q u e , com m e plusieurs grands
h ô p ita u x de l ’E u ro p e , ceu x de L y o n eussent des
salles p o u r les convalescens , ou une succursale des
tinée à les r e c e v o i r ; il parle ensuite de la distri
bution des alim ens et des m édicam ens, et démontre
que ce 11’est pas le point le moins d ig n e d ’une
�( 87 )
sérieuse attention. Les sœurs-maîtresses sont les d i
recteurs suprêmes du régim e dans leurs salles , d ’où
résulte des abus sans n o m b r e , que l ’auteur signale
avec une bonne foi qui inspire la confiance. Il
annonce que toutes les sœurs sont, bien loin d ’être
l ’espoir et la consolation du pauvre. Chez la p l u
part d’cntr’elles ; l ’o r g u e i l , la dureté , l ’insolence
remplace trop souvent la c h a rité , le z è le , la r e ligio\i. N é an m o in s, il ne prétend pas que l ’on doive
supprimer les sœurs ; elles sont à son avis , plus
que personne à m êm e d ’inspirer aux malades les
sentimensde piété , et nulle part , d it - il, la religion
chrétienne n ’est plus belle que dans les h ôpitaux ;
mais il vo u drait que par des mesures q u ’il trace
avec sagesse, l ’on fit reven ir les sœurs à l ’observa
tion des véritables devoirs q u ’impose leu r institution.
La mortalité dans les hôpitaux o ccu p e tin instaut
M. Ladevèze. Certains vices actuels ne permettent
guère de la préciser.
Passant au service médical , et tournant d ’abord
ses vues du côté de la pharm acie, l ’auteur trouve
bien sin g u lie r , après a v o ir énoncé en prop res ter
mes que l ’organisation actuelle de la p h arm acie est
détestable, que les frères et les sœurs soient chargés
de cette im portante partie des secours que réclam e
la souffrante humanité.
La section consacrée à la chirurgie offre p r em iè
rement ce qui concerne les élèves internes. Ils sont
reçus au concours ; chacun des -concurrens tire au
sort une question d ’anatomie ou de c h i r u r g i e , dif
férente p o u r tous , et la traite de v i v e v o ix sans
aucune préparation , tandis q u ’à Paris on donne
une question q u i est la même p o u r tou s, et plus
d’un q u a rt-d ’h eure p o u r se recueillir. L e chirurgien
en c h e f est aussi nommé au c o n c o u r s , mais ce cou-
�( 88 J
£Ours présente le même inconvénient que celui des
élèves internes ; les questions traitées pa r les can
didats ne sont pas les mêmes p o u r tous.
Le ch irurgien en c h e f a une prépondérance sur
les m édecins, contre laquelle on a sans doute raison
de s’ élever. Les médecins sont e u x -m ê m e s nommés
à un concours dont le mode est très vicieux. Une
note q u i accom pagne le mémoire de .M. Ladeaèze
tend à justifier q u ’i l est des êtres couverts de la
plu s crasse ignorance qui ne craignent pas de se
présenter a u x concours p o u r d evenir médecins dans
les hôpitaux , et qui ont beaucoup de chances de
(succès, p o u r peu q u ’ils soient protégés. Observons
en passant que dans les hospices de M a r se ille , les
concours ont été sagement a b o lis, alors q u ’il a été
question de confier la santé des malades aux soins
de quelques privilégiés.
M. Ladepèze fait p re u v e de jugem ent en déve
lop p an t les vices dont Venseignement médical actuel
est rem pli. Enfin , il avance des propositions qui
bien q u ’elles concernent spécialement les hôpitaux
de L y o n , ne nous paraissent pas moins applicables
à d’autres h ô pita u x: « le fléau de l ’adu latio n , diti l , p rive les pauvres de ce que leu r promettent la
sagesse et la philan tropie de l ’administration ; elle
ve u t le bien , mais la flatterie ne lu i permet pas
d e distinguer c e q u i est m a l ; elle est étrangère
dans les hôpitaux et hospices q u ’elle dirige. Trompée
p a r d ’infidelles r a p p o r t s , elle croit connaître par
faitement l ’organisation de ces étahlissemens, et elle
en ignore les vices les plus manifestes. O n lu i ca
che jes abus de p o u v o ir de ses a g e n s , la nécessité
des réformes et les besoins des malades ; elles nç
Voient jamais les ,c hoses telles q u ’elles so n t, et tout
lu i pargit être iel q u ’elle le s o u h a it e , c’ est-à-dire ^
�( 89 )
le mieux possible. Ses excellentes intentions m éri
tent l ’hommage d’ une mâle fra n ch ise ; elle entendrai
enfin aujourd’h ui le lan gage de la vérité. »
S ur Tutilité de la fu m é e des fe u ille s et des tiges du
datura stramonium ( pomme épineuse ) , dans les
affections spasmodiques de la poitrin e, par
K rimer, à Halle.
le D.
« L ’ u S'Z g e de la fumée du datura stram onium ,
connu en Angleterre et en F rance , et recomm andé
par Hegewisch et H v fe la n d , ne paraît pas aussi
généralement adopté que ce m édicam ent le mérite.
.Comme il m ’a réussi dans plusieurs c a s , je crois
utile d’en rapporter ici quelques-uns.
Premier cas. — F. Z . , faiseur de b a s , âgé de 42
ans, robuste et b ie n -p o r ta n t j u s q u e - l à , so u ffra it,
depuis huit semaines , d ’une oppression et d ’ un
serrement de poitrine a vec im m inence de suffoca
tion ; ces souffrances avaient lieu principalem ent
Je soir, après son dîner. L ’examen le plus attentif
ne put faire soupçonner l ’existence d ’ une lésion
organique dans la poitrine. L e m alade p o u v a it exé
cu te r, sans d o u l e u r , une forte in s p ir a t io n , l ’e x
pectoration était m uqueuse et peu abondante , la
poitrine était exempte de toute d o u le u r, les battemens du cœ u r étaient irréguliers , et les fonctions
en général étaient dans leu r intégrité. O n crut donc
que le m al consistait en une affection purem ent
nerveuse qui résidait dans les divisions capillaires
des bronches. O n ordonna au m alade de f u m e r ,
toutes les deux h e u res, une demi p ip e de feuilles
et de tiges de stram onium , coupées menues. A peine
«ut-il cessé de f u m e r , que l ’étouffement et la toux
diminuèrent considérablement. E n fum ant la pre-
�m ière p ip e , le m alade se sentit com m e étourdi ;
m ais cet accident ne se rep rod u isit pas. 11 continua
de fum er ain si quatre p ipes par jo u r ju sq u ’au dou
zièm e. L e seizièm e jo u r , il cessa ce traitem ent,
com plètem ent débarrassé de ses souffrances. Depuis
d ix -h u it m o is , le m alade n ’est point revenu à l ’Ins
titut ; ce q u i m ’a fait croire q u ’il était to u t-à -fa it
g u é ri. »
T ro is autres observations constatent aussi les bons
effets de la fum ée du d a tu ra s tr a m o n iu m , dans
l ’asthm e sp asm o d iq u e, et la dypsnée a vec une constriction et un serrem ent de p o itrin e , etc. M ais l ’auteur
pense a v ec r a is o n , que ce m oyen médicamenteux
ne doit pas être utilisé dans la périod e inflam m a
toire , ou s’il existe q u elq u e vice o rg a n iq u e dans
les viscères p e c to ra u x , et il le recom m ande contre la
co q u elu ch e des enfans , quand il n ’existe p lu s de
sym ptôm es inflam m atoires ; il nous sem ble que dans
ce cas il se présentera souven t la gran d e difficulté
d e tro u ver des enfans qui soient fu m e u r s , ou qui
puissent se d écid er à l ’ usage de la fu m ée de la
pom m e épineuse. ( N o u v e ll e b ib lio t. germ an. , m édicoc h ir . to m .
O
i . cr n .° 3. J
b s e r v a t i o n
s
s u r la m orsure d e l a v ip è r e ; par
M . B. G
aspard
, D. M.
« O b serv a tio n p rem ière. L e 24 septem bre 18 18 , une
fem m e r o b u s te , affectée depuis quelques semaines
d ’une fièvre tierce très ré g u liè re , abandonnée à ellem êm e , fu t m o rd u e , en sortant de d în e r , dans un
bois ta illis , par une v ip è re aux en viron s de la mal
léole interne peu de tems avan t l ’ heure ordinaire
d e son accès fébrile. E lle eut la p résence d ’esprit
�(
91
)
de se lier forlem ent la jam be avec des brins de
gen êt, et reprit prom ptem ent le chem in de sa ch au
mière. Le p ied et la partie de la jam be intérieu re
à la ligatu re se tum éfièrent beaucoup , e t , en m oins
d’un quart d ’heure , celle fem m e fut prise en route
de lassitude extrêm e dans tous les m em b res, et o b li
gée de s’arrêter ; elle vo m it alors à trois re p r is e s,
d’abord ses a lim e n s, pu is une quantité copieuse de
bile : ensuite de v iv e s douleurs intestinales p récé
dèrent cinq ou six déjections bilieuses très abon
dantes. L o rsq u ’enfin elle fu t rend u e à sa m a is o n ,
le frisson de la fièvre ne m anqua pas d ’a rriv e r à
l ’heure o rd in a ire , sans a u g m en ta tio n , d im in u tio n ,
anticipation , retard , ni m odification q u elco n q u e de
l ’accès. T o u t le m em bre in férieu r d evin t d o u lo u
reu x , incapable de su pporter le poids d u c o r p s ,
et se tuméfia très fort , m ais sans e m p h y sè m e , et
seulement à la m an ière d ’un œ dèm e cellu la ire u n
peu p h leg m o n eu x , a vec une légère ecchym ose dans
le lieu de la m orsure. J ’adm inistrai l ’am m oniaque
sans effets n o ta b le s ; et ce p e n d a n t, dès le lende-r
m ain , l ’enflure d im in u a , pu is cessa peu à peu les
jours suivans ; il 11e rep a ru t plu s d e sym ptôm es
gén érau x, et le rétablissem ent fut com plet. M ais ce
qui fut en outre bien re m a rq u a b le , c ’est que la
fièvre tierce fut aussi guérie d è s -lo r s rad icalem en t
et sans retour. »
Il s’a g it , dans la deuxièm e o b se rv a tio n , d ’un
homme q u i , après a v o ir été m ordu p a r une v ip è re ,
aux environs de la m alléole in te r n e , était dans un
état a la rm a n t, dans une v ra ie ad\rn a m ie , quatre
heures après , etc. et fu t rétabli le len d em ain , ayan t
pris l ’am m oniaque à l ’in térieu r et bu surtout du
vin et de l ’e a u -d e -v ie . Ç Journal de physiologie e x
périmentale ; .' n .° , ju ille t 1821. J ■
3
�/Gu é r i s o n d u
s c r o fu le
o b ten u p a r le s e u l em p lo i dit
m û r i a té de B a r y té ; p a r M . M o T T E T , A s s o c ié
de
la S o c ié té de m éd. c h i. e t p h a r. du dépt. de l ’E u re .
« L a fem m e S t . - P i e r r e , de la com m une de SaintP ie r r e - d e - L ir o u x , près E lb e u f, était atteinte de
q u atre tum eurs scrofuleuses suppurantes et d’une
én orm e grosseur , q u i occu p aien t les parties laté
rales du col.
S u r la fin de 1 8 1 4 , la m alade q u i m 'a va it déjà
consulté plu sieu rs fo is , se décida à se soum ettre à
u n traitem ent lo n g et in certain , que je lu i avais
proposé.
V o u lan t m ’assurer si le m uriate de b aryte pou
v a it seul g u é rir cette m a la d ie , regardée ju sq u ’alors
co m m e in c u r a b le , j ’ordonnai de dissoudre 40 grains
de cette substance dans deux livres d ’eau ; la ma
lad e ava la it tous les m atins une cu illerée de cette
dissolution m êlée dans 6 onces d ’eau. Au bout de
deux m o is, je fis prend re cette m êm e dose matin
■ et s o ir , pen dant h-uit m ois; j ’augm entai progressi
v e m e n t, ju sq u ’à h u it cu illerées p a r jou r.
L a m alade continua ce traitem ent jusqu ’ au mois
de fév rier 1 8 1 7 , époque de sa parfaite guérison.
Il est bon d ’observer q u e , pen dant tout ce teins,
je fesais a p p liq u e r su r les tum eurs plu sieu rs com
presses trem pées dans une forte dissolution de ce
rem ède , ( 2 gros dans une liv r e d ’eau ). Plus de
trois ans se sont é co u lé s, et les sym ptôm es qui ne
cessaient jam ais n ’ont p o in t rep aru .
E n fesant part de cette guérison , je n ’ai pas l ’am
b ition d ’ann on cer une d écouverte ; je sais que plu
sieurs de mes confrères ont souvent em ployé ce
rem ède a v ec succès , m on but est d ’en gager ceux
�qui en feront usage à ne po in t se fa tigu er d é sort
emploi,, quoique sans succès pendant plusieurs moisi
Je dois rendre cette justice à la constance de m<*
m alade, qui a usé de ce m édicam ent pendant toute
la prem ière année de son traitem ent , sans’ au cu n
signe d’am élioration.
C’est encore à cette p e rsé v é ra n c e , que je dois
deux autres guérisons de sc ro fu le s, p ar le m êm e
m oyen, m ais trop récen tes, p o u r assurer que les
symptômes ne d oivent plus reparaître. »
C B u ll, des s c i. m éd . de la S o c .
de
m éd . d u dépt.
de l ’Eure. J u i lle t 1 8 1 1 . )
— L a Société m édicale de T o u rs , rend un service
vraiment distingué à la science qui intéresse le plus
l ’humanité , en p u b lian t p a r trim estre ses travau x.
On peut dire de ses constitutions m édicales q u ’elles
méritent de serv ir de m od èle > leu rs auteurs se basant
eux-mêmes sur les p rin cip es de la saine m édecine*
Le précis du i . ' r trim estre 1821 renferm e des obser
vations dont nous nous ferions un grand p laisir de don
ner connaissance , s’il nous était possible de tout r a p
porter. Nous dirons cependant que ces observations
sont faites en grand e partie p a r M M . H a im e , H e r p in
et T on n elle. M . H a im e conseille l ’a p p lication des
sangsues à la con jo n ctive p a lp éb rale , dans les o p h
talmies, m éthode qui a été préconisée p a rM . D e m o u r ,
médecin oculiste du l l o i , et q u i , su ivan t les propres
expressions de M. H a im e , est du petit nom bre de
celles que l ’on peu t em p lo y er a vec confiance.
Ce savant p raticien et d ign e secrétaire-g én éral
de la Société , pense que l'a b s y n th e m a r itim e est un
excellent v e rm ifu g e , bien préférable aux autres m oyens
qu’on oppose aux vers intestinaux.
* F ra ctu re du c o l d u J 'ém u r. E n tom bant d’ un arbre
�94
(
)
élevé de
à 40 p ie d s , un la b o u r e u r, âgé de ô
ans , se fractura le co l du fém ur. Dans sa chute , il
rencon tra le tronçon d ’ une bran ch e m orte , qui lui
d éch ira les tégum ens de la partie m oyen ne et posté
rieu re de la cuisse du m êm e c ô té , dans l ’étendue
d ’en viro n pouces. L e gonflem ent énorm e qui survint,
déterm ina l ’auteur à ne p o in t tenter de suite la ré
duction , à se contenter de saign er la rg e m e n t, de
panser la p laie a vec le cérat sim ple et d ’appliquer
su r la partie fractu rée un cataplasm e ém ollient trèsépais. T ro is jours a p rè s, le gonflem ent et la douleur
étaient d im in u és: il v o u lu t r é d u ir e ; m ais la plaie
s’opposant au procédé d ’extension con tin u elle , il crut
d evo ir en em p lo y er un p lus récent , et m ieu x adapté
au cas q u ’il avait sous les yeu x. P o u r l ’exécuter , voici
com m e il s’y p r it : après a v o ir entouré la cuisse ma
lad e de com presses résolutives , après a v o ir comprimé
le pied et la jam be a vec une bande r o u lé e , et pansé
la p laie a vec du c é r a t , il passa dans l ’aine u n lac
bien d o u b le , tel q u ’on l ’em p loie dans l ’extension
con tin u elle. P o u r m ain tenir l ’extrém ité supérieure de
l ’attelle externe il r a m e n a , sans grands effo rts, le
p ied à sa lo n g u e u r et à sa rectitude naturelles , fil
fléch ir la jam be su r la c u iss e , ce lle -c i sur le bassin,
et fit soutenir le m em bre dans cette position pour
p la cer dessous un fort coussin de balle d ’avoine. Cela
f a i t , il a p p liq u a en dehors u ne attelle de la même
form e que celle de D e sa u lt, de 6 pouces p lu s large
que la cu isse , et .termina l ’a p p a reil com m e dans l ’ex
tension continu elle , a vec cette seule différence , qu’au
lieu de pren d re son p o in t d ’a p p u i sur le p ie d , il le
p rit au-dessus du genou ; de m anière (pie la cuisse,
q u o iq u e fléchie sur le bassin , fu t cependant dans
u ne espèce d ’extension p erm a n en te, ren d it presque
n u l l ’effort contractile des m uscles , et facilitât les
36
3
3
�95
{
)
ponsemens sans occasioner au m em bre des m ouvem ens
nuisibles. L a plaie a été guérie le 26.®, et la fractu re
consolidée le
.* jo u r après l ’accident. L a roid eu r
articulaire , q u i a duré six semaines après , s’est
dissipée au m oyen de friction s et de fum igations
aromatiques ; le m em bre a conservé sa lo n gu eu r
naturelle , et tout fesait espérer à notre confrère
qu’il aura bientôt rep ris l ’ usage de ses fonctions. »
La Société m édicale de T o u rs recom m ande l ’essai
de ce p ro c é d é , encore peu c o n n u , et paie un juste
tribut d’éloges à M. le D. F a u l c o n , m é d e c in , asso
cié-co rresp o n d a n t, à P reu illes ( In dre et L o i r e ) ,
à qui elle doit cette observation et deux autres non
moins intéressantes , ainsi que l ’historiqu e su r les
maladies observées pendant le
.e trim estre 1820*
63
3
( P récis de la co n s tit. m éd . observée d a n s le d ép a rte m ent d 'In d re e t L o i r e , e t c ., i . er trim estre 1 8 2 1 . J
P. M . R o u x .
A N A L Y S E
DU
J O U R N A L
( S u ite d u
m o is
DE
de
P HA R MA C I E.
m ai et ju in . )
M. L . , p h arm acien recom m an d able de V e r d u n ,
a été condam né à trois m ille francs d ’a m e n d e , p o u r
avoir vendu de l ’acide fu lfu riq u e à une fem m e q u i
s’en est servie p o u r se su icid er. Ce pharm acien q u i
avait été acquitté p a r d eu x trib u n a u x , a su ccom bé
aux instances du m inistère p u b l i c , d evan t le tri
bunal de N an cy. Q u elles tristes réflexions ne d oiton pas faire lorsq u ’on vo it un h onnête hom m e
ainsi frappé p ar un ju gem en t co rr e c tio n n e l, et que
la vente des poisons est p u b liq u em en t tolérée chez'
�9
,
( * J
les épiciers ; lorsque l ’in scrip lio n des substances1
vénéneuses , sur le registre p arap h é p a r le
eom missaité de p o lic e , ne suffit pas p o u r ga
ran tir d ’ un événem ent funesté ; et c ’est un de
nos confrères , qui , lé p rem ier , en cou rt toute la
rig u e u r de l ’a p p lication des lois ! C ar il y a une
extrêm e d ifférence entre la n égligen ce d ’un phar
m acien q u i ven d à un in co n n u du sublim é corro
s if sans ordonnance d ’ un m édecin , et celle d’un
p h arm acien q u i ven d à un artisan de l ’acide sulfu
riq u e p o u r faire du c ira g e ;' fa u d r a -t-il q u ’on aille
ch ez un" m édecin lu i d ire : j ’ai besoin de deux sous
d ’acide su lfu riq u e pou r cirer mes b ottés, v o ic i cinq
fr a n c s p o u r votre avis , v e u ille z m e donner une
o rd o n n an ce? L e m édecin rép o n d ra it: je ne donne
des ordonnances que p o u r des m aladies;- adressezvo u s ailleurs.
— M.' V iv e y donne une note sur le c h ir a y ta , planle
fé b rifu g e très usitée dans l ’Indostan et en France,
Cette plante
( g e n tia n a c h ir a y ta J est imprégnée
d ’ un suc jau n âtre très am er:
— L e jo u rn a l de p h arm acie renferm e en entier le
l'ap p o rt de Facadém ie des sciences , p a r MM.
P i n e l , T h é n a r d et H a l l e , su r un m ém oire de M.
C h o m e l , in titu lé: O b serv a tio n s s u r l'e m p lo i des sul
f a t e s ■ de
q u in in e
et
de
c in c h o n in e
dans
les Jièrm
in te r m itte n te s . L ’ un des précédons n.° de l ’ Observateur
contenant d e s . détails su r l ’em ploi elles
bons effets de ces sulfates ,nous cro y o n s' d evo ir nous
dispenser de les rep ro d u ire à nos lecteurs.
— M. R o b iq u e t donne un n ou veau p rocédé pour la
p rép aration de l ’extrait d ’op ium , p a r lequ el il en
sépare com m e v icie u x la narcotin e de D esrone. Ce
p rocéd é consiste à faire m acérer dans de l ’eau froide
de l ’o p iu m d ivisé' p a r petits m o r c e a u x , com m e pour
p rovençal
�( 97 )
obtenir l ’extrait a q u e u x ; on filtr e , on évapore en
consistance de sirop é p a is, et on traite l ’extrait p ar
l ’éther en la v a g e , ju sq u ’à ce que l ’on n ’ohtienne
plus des cristaux de narcotine. L ’extrait est ensuite
évaporé po u r s’en serv ir à l ’usage. L ’ éther qui a
servi à celte o p é r a tio n , est redistillé et consacré à
la même préparation.
— Le jou rnal de ph arm acie de m ai se term ine p ar
trois articles : l ’ un sur le m oyen d’obtenir blanch e
la matière active des graines du i'aux éhénicr ( cytisine J , l ’autre sur un alam bic à haute pression ,
et le d e rn ie r, une réponse à l ’au teu r anonym e des
observations sur le systèm e floral.
- -L e N.° de juin contient d ’abord un m ém oire sur
la maturation des fr u its , par M. Couvercliel, p h a r
macien de P a r is , en réponse à la question proposée
par l’Académ ie ro y a le des scie n ces, et dont le p r ix
a été décerné à M. B érard, de M on tp ellier.
s’a
gissait par des expériences précises et p ar des o b
servations m u ltip lié e s, « de déterm iner les cb a n g e» mens q u i s’opèrent dans les fruits pendant leu r
» m aturation et au-delà de ce terme. » Je ne su ivrai
pas l ’auteur dans tous les développetnens q u ’il donne
au sujet de son m ém oire. Sennebier, M irb el, L a mark , D ecan d olle, D a vi et Berthnlet lu i fou rn is
sent m atière à de nom breuses citations. Ses expé
riences roulent tant su r les a b r ic o ts, que sur le suc
de raisin et les poires m ouilles blanches et beurrées.
Dans le suc du p rem ier de ces fr u its , il croit recon
naître la présence de l ’acide ta r triq u e , en y a jo u
tant du tartrate de potassium ; m ais com m e M. Converchel assure que tous les acides prod u isen t le
même effet, en en levant une p o rtio n de l ’alcali d u
tartrate em ployé , il ne p eu t fixer son o p in io n sur
la nature de l ’acide de ce fru it.
11
3
7
�9
( 8 )
Passant aux efiàngem eus que l ’abricot éprouvé
pen dant la m aturation , M . Couverchel observe que
le suc d ’abricot acq u iert beaucoup de viscosité au
fu r et à m esure que le p rin cip e su cré augm ente
dans ses p ro p o rtio n s, et que celles de l ’acide dim i
nuent. I l est à regretter que l ’auteur ait néglige'
l ’analyse de ce fr u it , à cette époque im portante du
tra v a il de la nature. G’est alors que ce chim iste
a u ra it pu red o u b ler de zèle p o u r exam in er les causes
ch im iq u es de ce changem ent. N u l doute que l ’Aca
dém ie qu i n ’a p u lu i d écerner le p rix , ait com
m e nous fait cette observation , à laq u elle son
co n cu rren t ne p a ra ît pas a v o ir donné lie u par
des opérations analytiques et pleines d ’intérêt. N éan
m oins M. Couverchel se born ant à une o p in ion ait"
lie u d’ un plus gran d nom bre de faits su r la ques
tion prop osée , pense que le sucre dans les fruits
se form e par le concou rs et aux dépens du m u c i
la g e et de l ’acide. D éjà les chim istes m odernes les
p lu s éclairés a va ien t a van cé q u ’à m esure que les
fruits m û rissa ien t, l ’oxigèn e d im in u ait dans ses pro
portions , tandis que celles du carbon e et de l ’h y
d rogène deven aien t plus grandes. O r , les expériences
de M. Couverchel ne m e paraissent pas p a rv e n ir au
b u t q u i tendait à p ro u v e r la perte d ’ un g a z ou d ’un
p r in c ip e , p o u r o bserver l ’augm entation de l ’autre.
O n observe cependant des détails de cette nature
su r la po ire mouille blanche. Ce chim iste m e paraît
s’ être trop o ccu p é des prop ortions des acides et non
de le u r action sur la m atière féculen te et m u cilagineuse dans le d éveloppem ent du f r u i t , et ne les a
pas observées a vec assez d ’attention à l ’époque de sa
m aturité. Q u o iq u ’il en so it, cette p artie du m ém oire de
M . Couverchel est rem plie d ’une suite de recherches
q u i fixent l ’attention du lecteu r et q u i donnent lieu
à de nou velles observations.
�99
(
)
M. Càuvcrchel tourne ensuite ses vu es su r le sue
de raisin ; il en cu eille le fru it au ie r . sep tem b re,
encore vert , en isole les grains , les écrase et en
extrait le s u c ; il le filtr e , le soum et à l ’action de
quelques réactifs , et déterm ine la quantité de liq u e u r
d’é p re u v e , com posée d ’am m oniaque p u re et d ’eau
distillée , q u ’ il a fa llu p o u r la saturation de ce suc.
Prenant dans tin autre essai , 100 gram m es de
te m em e suc de r a is in , duquel il n ’ava it fait aucune,
a d d itio n , il l ’expose à l ’évap o ration dans le v id e ;
il V rem arque la précip itation du tartre ju squ ’à u n
certain term e de l ’év a p o ra tio n ; le suc s’était p ris en
une pâte solide et s’était réd u it à
g r .,
, c’està - d ir e , à la presque vitigtièm é partie de sa q u a n
tité prim itive. Il traite ce résidu par de l ’a lco h o l à
40 d ., q u i d issout une p o rtio n de ce su c épaissi ;
il filtre la solution a lco h o liq u e , l ’étend d ’eau et
salure par de la c r a ie , l ’acide lib re q u i ti’ v trou ve.
Cette saturation opérée , la liq u e u r 11e lu i p arait
plus contenir aucun p rin cip e. D u m o in s , d it-il , le
résidu fourn i p ar son évaporation lu i p a ra ît à pein e
sensible. En ce c a s , avouon s que le suc des raisins
éueillis au ie r . septem bre à P a r is , était f o u t - - fa it
privé de m atière sucrante. C ep e n d an t, en analysan t
le résidu q u i m êlé de ta rtre , avait éch ap p é à l ’a c
tion de l ’a lco h o l , il y tro u ve quelques traces de.
tnatière m uqueuse.
Ici se présente une observation toute p a rticu liè re
dans l ’intérêt de la science et à l ’avan tage de M.
Couverchel. Ce chim iste ne tro u ve pas de sucre
dans un suc de raisin encore v e r t ; m ais rem arquons
qu’il en opère l ’évap o ration dans le vid e , et qu e
s’il avait traité dans d ’autres expériences le m êm e
moût p ar la c h a le u r , c e lle -c i a u rait fait ép ro u ver
le mèmè changem ent q u ’on observe en cuisant a it
5
25
5
�( IÛO )
fo u r la po ire des m ontagnes naturellem ent acerbe
et q u i se tro u ve alors très - sucrée. C ’est ainsi que
p a r la seule coction dans l ’eau , les poires d ’h iv e r,
âpres et acides eu été , deviennent très agréables.
J en est de m êm e du suc de raisin que M. A stier ,
p harm acien m ilitaire en 1 8 1 2 , avait traité p a r la
gelée et qu i ne fournissait jam ais un . sirop qu i eut
la p ro p riété sucrante de celu i q u i aurait été fait à
gran d feu.
P ou rsu ivan t son analyse du suc de raisin , M.
Courerchel v trouve de l ’acide tartrique lib r e , du
sur-tartrate de potassium et de l’acide so rb iq u e , au
lie u des acides citriq u e et m a liq u e , que M. Proust
a signalés en 18 0 6 , com m e existans dans le suc
de verju s. C ’est ic i le, cas de rap p orter une citation
de ce célèbre chim iste. « L a ch a le u r a v a n c e -t-e lle ,
» l ’acide disparaît insensiblem ent au p o in t même
» que l ’on a pein e à en retro u ver des traces dans
» le raisin m ur ; et les produits q u i le rem placent
» consistent alors dans les deux sucres m êlés d’ un
» p eu de gom m e. L ’élab oration végétale consiste
» donc à transform er cet a cid e en produits gom » m eux et sucrés , à m esure que le fru it approch e
» de sa m aturité. »
A insi , M. Proust a le p rem ier traité l ’un des
points de question analogues à celu i de l ’Académ ie.
Ce chim iste a p erceva it déjà la réaction des acides
du verju s su r la m atière féculente. O n va le voir
p a r le p arag rap h e du m ém oire du m êm e chim iste:
« les élém ens de cet acide ( citriqu e ) ( 1 ) ne diffè-
1
(t] M. P r o u s t avoue cependant que T h é o d o r e d e S a u s s u r e lui
avait assuré que l’acide du raisin n’était que de l’acide tartrique,
et parait partager l’opinion de M. S a u s s u r e .
�( I°ï )
» vont point do ceux du sucre et de la gom m e ,
» comme on l ’a d é c o u v e r t; mais puisque l ’analyse
y> a tro u vé aussi q u ’il contient de l ’oxigène ou le
» p rin cipe acidifiant p lu s abondam m ent que les
» produits nourrissans qui vien nen t le re m p la ce r;
» cet acide ne ferait-il donc en m û rissa n t, que se
» débarrasser d ’ une portion de son oxigène p o u r se
» rap p roch er de le u r nature ? O u bien s’ éléverait» il au m êm e d e g r é , en s’assim ilant seulem ent une
» plus forte dose de charbon ? Cette m étam orphose
» adm irable se passe chaque jo u r sous nos y eu x ,
» mais la nature se p lait à s’ en velo p p er d’un voile
» im pénétrable à tous nos efforts. »
M. Couverchel n ’est pas fixé sur le rôle que joue
la m atière in solu ble du m oût de raisin dans la
m aturation de ce fr u it; il doute m êm e de sa dis
parition p artielle , et pense que le su cre a p u a u g
menter sa solu bilité ; il fonde son opinion sur le
dépôt de cette m atière pendant la ferm entation du
moût. Il a tenté sans succès de co n v ertir en m a
tière su c ré e , soit de l ’acide ta rtriq u e , soit de l ’a
cide sorbique à l ’aide de cette m atière délayée dans
l ’eau , après a v o ir été séparée du raisin et so ign eu
sement lavée. M ais -l’auteu r n ’a pas fait rem arq u er
que la nature se jou e des m éditations hum aines
dans la m aturation des fr u its , dont M. Proust et
ensuite M. Bérard sem blent a v o ir reconn u la ca u se ;
le prem ier à l ’aide du systèm e q u ’il a émis en 18 0 6 ,
le second au m oyen de ses expériences.
Les essais de M. Couverchel se porten t ensuite
sur les poires et su r les fécules. Je regrette que les
bornes de notre jo u rn a l 11e perm ettent pas de don
ner mon o piuion su r les 'faits q u i accom p agn en t ses
observations intéressantes. T o u tefois l ’auteur se trou ve
�( I°2 )
p a r h azard d ’accord avec M. Berard ( i ) , que p en
dant les divers changem ens qu e les fruits ép ro u ven t
lors de leu r sa cch a rifica tio n , il se p ro d u it constant:
m ent de l ’acide carbon iqu e.
— L ’an alyse des eaux m inérales et therm ales de St.
N ectaire succède au m ém oire de M . Covverchel. L ’eau
de St.-N ectaire sort d ’une masse g ran itiq u e dans lu
partie orien tale de la masse vo lca n iq u e du M o n ld ’O r , à quatre lieues du v illa g e de ce n o m , dont
les eaux m inérales plus anciennem ent co n n u es, ont
acq u is u ne grand e répu tation .
L ’eau de St.-N ectaire n ’est pas d ’ une transparence
p a r fa ite ; elle a u ne co u leu r o p alin e b le u â tre ; son
o d e u r un p eu désagréable décèle la p résence d ’ uno
m atière o r g a n iq u e , a z o té e , q u i aurait ép ro u v é un
Com m encem ent de décom position ; elle a une saveu r
a lc a lin e très p ro n o n c é e , dans la q u elle on distin gue
pelle du m u riate de soude.
Sa pésanteur sp écifiq u e est de i , o
,
35
(c) fL.e prineipe sur lequel M, B e r a r d s e fonde dans son mémoire
inséré dans les annales de chimie et de physique de février et mars,
1821 , est celui-ci : l’oxigène de l’air qui environne le fru it, s’em
pare d’une portion du carbone de la substance végétale fibreuse
et donne lieu h la production de l’acide carbonique.. « Celte die minution de carbone dans la partie ligneuse du fru it. doit con<r tribuer à le rapprocher du sucre qui ne diffère du ligneux que
<t par une moindre proportion de carbone. » Serait - ce de cette
manière que l’acide sulfurique, dans l’opération pour obtenir le su
cre de bois de M. B r a c o i n w ! , agirait en isolant une portion
de carbone du ligneux ? aussi je suis porté à penser que l’o
xigène de l’air ambiant peut bien déterminer la perte du car
bone dont M. B e r a r d s’est apperçu dans la maturation des fruits,
mais que l’acide existant dans la pulpe végétale , concourt à
opérer cette roétaïqorpkose de la même manière que par l’action
simultanée de l’acide sulfurique, de l’eau et de la chaleur prolongée
sur la sciure de bois, le linge et l ’amidon, substances q u i, pat
la même procédé, fournissent du sucre.
�*°3
(
)
î . e P ar l ’action des réactifs , M. Boullay tro u ve
que celte eau m inérale verd it le sirop vio lât d’une
manière très prononcée.
2.0 E lle agit à peine sur le p a p ier de to u rn eso l,
qu’elle fait légèrem ent v ire r au rou ge.
.° L ’eau de chaux trouble sa transparence.
4.0 L ’acide su lfu riq u e faible y excite une sorte
d ’effervescence.
.
° L ’am m oniaque y form e un p récip ité blan c ,
léger et abondant.
6.
° L ’oxalate d ’am m oniaque donne lie u à un d é
pôt facile à reconn aître p o lir de l ’oxalate de chaux.
7.0 L e nitrate d ’argen t occasione un dépôt b la n c ,
abondant, soluble en partie dans l ’acide n itriq ue.
8.° L e nitrate de barite y p ro d u it un p récip ité
soluble en p a rtie dans un excès d’acide nitrique.
9.0 L e prussiate de ch a u x n ’a pas su r cette eau
une action sensible.
10.0 Une lam e d ’argen t p lo n gée dans l ’eau n ’a
pas subi de coloration.
n .° L e tannin a form é dans l ’eau de S t.-N ectaire
un précipité flocon n eu x insolu ble. C ’était un v é r i
table tanate résultant de l ’action de ce ré a c tif a vec
Une m atière o rgan iqu e analo gu e à la gélatine.
De l’action des réactifs em ployés et des opérations
analytiques q u ’il a p r a tiq u é e s , M. Boullay a tiré
les conséquences que l'eau m inérale de S t.-N ectaire
contient :
3
5
Acide ca rb on iq u e le qu art du vo lu m e.
Carbonate de soude sec . . . .
H yd ro -ch lo rate de soude . . . .
Sulfate de s o u d e ...........................................
Carbonate de ch a u x ..................................... 6
Carbonate de m agnésie . . . .
6
33
3
36grains.
�S i l i c e ......................................................4
M atière a zo té e, tracés de fe r , e tc..
4
92 grains.
L ’eau de St.-N ectaire est em p loyée contre les affec
tions chron iques de l ’estomac et des intestins ; les
engorgem ens a b d o m in a u x , particu lièrem en t ceux du
fo ie ; les leu corrhées rebelles et les affections scro
fuleuses. O n la considère égalem ent p ro p re à la
gu ériso n des dartres invétérées.
— MM. Chevalier et Lassaigne produisen t l ’ana
ly se des excrém ens d u d au p h in ( Dauphinus Globiceps ). P ar une suite d ’expériences a n a ly tiq u e s, ces
chim istes reconnaissent ces excrém ens com posés d ’al
ca li v o la t il, d ’ une m atière n a c r é e , ayant quelque
a n a lo g ie a vec l ’am breiqe , de l ’h u ile sem blable à
celle de p o isso n , de l ’o sm azon e, de la g é la tin e , des
m uriates de soude et de m agnésie , des traces de
sulfate ; des carbonate et phosphate de chaux.
----MM. Boissel et Lassaigne donnent l ’analyse
ch im iq u e d ’ un bois de C alcutta ( B en gale ) , connu
sous le nom de Chiretta, dont les naturels du pays
se servent p o u r com battre certaines fièvres et comme
stom achique. Ce bois a été d ’abord traité p a r l ’alco h o l p o u r en obten ir l ’extrait am er. O n a com
b in é cet extrait a vec l ’acide h y d ro - ch lo riq u e qui
n ’a point dissous le p rin cip e q u ’on recherchait.
L ’éther et l ’a lco iio l en dissolvent une p ortion . La
dissolution dans ce d ern ier flu id e est précipitable
p a r l ’eau , ce q u i fait d istin gu er dans cette solu
tion la présence d ’ une résine. L a p artie de cet ex
tr a it, solu ble dans l ’e a u , contient le p rin cip e amer.
J)e ces opérations et de qu elqu es autres q u i leur
�( i°5 )
succèdent, il résulte que le bois de C alcutta con
tient: une ré sin e , une m atière a m è r e , jaun e fo n ce'e, une m atière colorante jaun e b r u n â tr e , de la
gomme, de l ’acide m aliqu e , du m alate de p o tasse,
du chlorure de potassium , du sulfate de potasse
et du phosphate de chau x.
— P arm i les n o u velles des sciences , on rem ar
que l ’observation de M. G irard, m édecin à L y o n ,
qui em ploie a v ec succès p o u r la guérison de l ’i
vresse, l ’am m oniaque liq u i d e , anti - spasm odique
très pénétrant. 7 à 8 gouttes de cet a lc a li , étendues
dans un dem i verre d ’e a u , suffisent p o u r faire cesser
cet état m orbide.
— M. Tordcux a tro u vé des cristau x de nitre dans
des extraits récents et anciens de co ch léaria. C ’est
sans doute à la présence de ce sel qn ’011 p o u rrait
attribuer les prop riétés diurétiques de cette plan te.
— M. Caventou adresse u ne lettre à M. P elletier
sur le tapioka factice , dont M Brontron Charlard
avait signalé la falsification dans un des derniers
rt.° du jou rn al de p h arm acie ; M. Caventou y an
nonce un tra v a il encore in éd it sur les fécules , et
dans lequel il sera question du tapio ka. Cette sub
stance, dit ce ch im iste , est so lu ble dans l ’eau fro id e;
elle diffère de l ’am idon o rd in aire q u i est com plettement insoluble dans ce flu id e , à cette tem péra
ture. A ces propriétés on distin gue le tap io k a , dont
la solution aqueuse faite à fro id et filtr é e , devien t
d’un beau bleu p a r l ’iode.
— Un extrait d ’un m ém oire de M. A n d ra l fils ,
par M. Magendie , r e la tif à l ’action q u ’exerce la
vératrine sur l ’économ ie anim ale , dém ontre que
�(
)
.celte substance à laq u elle MM. Pelletier et Car en tou
a v a ien t reconn u des prop riétés stern u tato ires, vo
m itives et d ra stiq u e s, p rod u it les effets annoncés
p a r ces chim istes , p u isqu e M. Magendie a déjà
em p lo y é cotte substance sur plusieurs m alades chez
lesquels elle p ro d u it des effets p u r g a tifs , à la dose
d ’un qu art de grain. La vératrine lu i p arait con
v e n ir p o u r exciter des prom ptes évacu ations alvines
ch ez certains v ie illa r d s , où il existe uxie accum u
lation énorm e de m atières fécales très dures dans
ie gros intestin.
PoUTF.T.
/''* /V * /X /> L /X /'V /V -X /V X /V .-V ~ ‘o'^
V A R I É T É
S.
— L e M uséum (i) anatom ique de la facu lté de mé
d ecin e de S trasb o u rg re n fe rm e , entr’autres objets
rem arqu ab les , le squelette d ’ un hom m e adulte
offrant une profon de carie vénérienn e su r tous les
o s , excepté su r ceu x du tronc. -— S u r u ne tête
crib lée d ’ouvertu res p a r l ’effet d ’ une carie égale
m ent v é n é rie n n e , qu o iq u e ie m alade eut été traité
p a r le spécifique, on rem arque encore a u jo u rd ’hui,
com m e en 1 7 5 8 , où cette p ièce excitait déjà l ’at
tention des cu rie u x , des glo b u les m ercu riels dans
les petits sinus et ulcères existaps à la surface in
terne du crâne. « Ces sortes d ’o b serv a tio n s, dit
M. îo b s te in , déjà faites p a r Fa/lope et d ’a u tres, et
q u i p ro u v en t que le m ercu re in trod u it dans le
corp s se re v iv ifie a va ien t été niées dans les lems
m o d ern es, ju sq u ’à ce que des expériences instituées
à T u h in g u e , en 18 0 8 , en eussent constaté la
réalité. »
(1) Compte rendu à la faculté de médecine de Strasbourg sur l’état
actuel dé son Muséuiii arialomicpie etc.; par J. F > L o b s te in , 1820.
�( io7 )
— On lit dans le m êm e o u v r a g e , au su jet de
l’ossification des a rtè re s, qu e dans quelques pièces
les endroits ossifiés le sont p ar plaques ; d ’autrelois
le cylindre m em braneux du vaisseau est entièrem ent
converti en cy lin d re o sse u x , fait nié à tort p ar
Bichat. « Une autre assertion de cet illu stre p h y sio
logiste , ajoute M. L o b stein , est égalem ent con tre
dite par nos o b serv atio n s, c’ est la facu lté q u ’ont
les veines de s’ossifier à l ’instar des artères. Un
exemple dont on ne conn aît en core q u ’un seul anat
logue, rapporté p a r R u is c h , nous offre u ne ossi
fication bien distincte du sinus de la ve in e porte. »
— M. le D . Clôt, second interne à l ’H ôtel - D ie u
.de Marseille vien t d ’in ven ter le spéculum utéri du
professeur Recamier. A près un tel effort de g é n ie ,
on doit s’attendre incessam m ent à la d éco u verte
de la sangsue m écan iqu e du D . Sarlandière.
— Deux ch aires vacantes à l ’école secondaire de
médecine de L y o n sont mises au concours : c ’est
le moyen d’a v o ir des professeurs in s tru its, et d ’ôter à l ’adroite m éd iocrité la possibilité de l ’em
porter sur le m érite. A l ’é.cole secondaire de M ar
seille, une ch a ire in u tile vien t d ’être cré é e : celle
d’hygiène navale. N ous nous étions flattés, p u isq u e
les concours sont interdits dans notre v i l l e , que
la commission d ’instruction p u b liq u e ferait ch o ix pour
l'occuper, d’un m édecin recom m and able p a r ses se rv i
ces maritimes. Q u e lle erreu r était la nôtre ! c ’est M.
le D. Robert, auteu r célibataire de la m ég a la n thropogénésie , ou l ’art de p ro crée r de grands
hommes , cpti a été nom m é p o u r la rem p lir. L e
titre de professeur d evait être am bitionné par un
fomme qui n’est qu e m éd ecin du L a z a r e t , m éd e-
�( i° 8 ]
cin des dispensaires , m édecin du C o llège royal eic,
etc. etc. ; tant il est v ra i de dire qu e l ’appétit rient
en mangeant.... Les fonctions du professeur d’hy
giène navale se ro n t, sans d o u te , de d iriger la
barque.
— A quoi sert le ju r y m é d ic a l? N ous laissons.
à de plus habiles que nous , le soin de résoudre
cette question. Nous ferons o bserver seulem ent que
le seul acte qui p ro u v e l ’existence de ce corps
institué p o u r être u tile , c ’est la récep tion annuelle
d ’une fou rn ée d ’officiers de s a n té , q u el que soit
le u r d egré d ’instruction.
— V ainem en t îe m inistère p u b lic , dans la cause
d u sieu r R o u v ière, a éclairci tous les points obscurs
de la législatio n sur l ’exercice de la m édecine el
de la p h a rm a cie ; vainem en t les articles x x v et xxxvj
de la loi du 21 g erm in al an x i réservent aux phar
m aciens légalem en t reçus la confection de tous les
rem èdes. L e charlatan ism e , à M arseille , continue
paisiblem ent à faire des dupes et des victim es, el
bientôt il n ’y aura pas une boutique q u i ne serre
d ’entrepôt à qu elqu e remède secret et m êm e connu.
I c i , ce sont les p ilu les écossaisses du D. Anderson,
l ’é lix ir stom achiqu e de Stoughton, m édicam ens actifs q u ’ une affich e, écrite dans un style h a ta v e , pré
conisé contre toutes sortes de m aux : là , c ’est un
p rése rv a tif contre les m aladies contagieuses , uni
eau p o u r g u é rir toutes les m aladies des y eu x ; cliw
M . se trou ve le dépôt des grain s de santé du D
F ra n k ; ch ez un m archand de b a s, la pou dre d’/nw
ou p u r g a tif rafraîchissan t ; ch ez M. . . . l 'huile philo
sophique p o u r la guérison de toutes les blessures.
P a u v re h u m a n ité , que fait p o u r toi la police me
dicale ! . . .
�(
I09
)
— On nous écrit (le Paris q u ’oit v o it a v ec p ein e
que le nom bre des médecins d im inue à m esure que
celui des docteurs augm ente. 11 est fa cile de faire la
même observation en p rovin ce.
— G loire à I’ i m m o r t e l B r o u s s a i s ! L a m édecine
avant lui n’était q u ’ un tissu d ’erreurs g ro ssière s,
dont les radoteurs H ippocrate, A ré té e , Sydenham ,
Stoll, H aller, etc. , etc. ont J a r ci la tête de leurs
descendons. Ce m édecin m ilitaire p a ra ît escorté de
nombreuses légions de sangsues , renverse tout ce
qui a été fait , et la vé ritab le d octrine m édicale
voit le jour. G râ ce à cette n o u v e lle doctrine il n ’j
a plus ni m aladies co n ta gieu ses, n i m aladies in cu
rables. T ou t est irritation , et il n ’appartient q u ’a u *
satellites de M. Broussais de p o u v o ir la com battre
avec succès. L e cancer l u i - m ê m e doit céder à ces
hêtes inappréciables aussi facilem ent qu e toutes les
autres m aladies. P arm i les cures m erveilleu ses o b
tenues à M arseille par les prosélytes du systèm e d u
jour, nous sommes assez heu reu x po u r p o u v o ir rapp or
ter celle du cap itain e E y rié s, dem eurant rue G a lin iè re ,
n.° 4. Ce m alh eu reu x était affecté d ’un u lcère ca r
cinomateux à la lè v re in férieu re , contre leq u el u n
pharmacien ava it p rescrit le mercure : le m al co n
tinuait à faire des ravages ; des adm irateu rs de
Broussais sont a p p e lé s , a p p liq u e n t, à plu sieu rs re
prises , quelques centaines de sangsues, et au m om ent
où ils proclam ent la guériso n du capitaine E y r ié s ,
le patient m eurt entre nos m ains dans un état de
maigreur extrêm e , h u it jours après notre p rem ière
visite.L’u lc è re , quand nous fûm es a p p e lé , était borné
vers la com m issure gau ch e des l è v r e s , m ais fesait
des progrès vers la droite ; le tissu cellu la ire et les
ganglions environnans étaient tu b e rcu le u x , une p laie
gangréneuse à la partie antérieure d u c o l, perm et-
�(
j
fait de vôîr à d éco u vert les m uscles de cetle ré
g io n , et la d églu tition était presque im possible..,. U
Cst sans doute perm is de croire que les cas de gué
rison de can cer à l ’utérüs p a r l ’ap p lication des
sangsues se rap p ro ch en t de celu i que nous venons
de m en tio n n er, et dont M. M énard, c h ir u r g ie n , qui
a s u iv i le m alade ju sq u ’à ses derniers momens,
p e u t g aran tir l ’authenticité.
— « Q u elle h o n te! disait d ernièrem ent un Doc
teur, dans u ne p h a rm a c ie , quelques m édecins cher
chent à se faire conn aître en écriva n t des articles
de jo u rn a u x. I l est des ressorts p lu s cachés et plus
d é lic a ts , q u ’il n ’ap p artien t pas à toutés les mains
de m a n ie r, et que je saurai toujours faire a g ir avec
succès.... ceux de l ’in trig u e. L ’in tr ig u e , la cabale et
au besoin un peu de c a lo m n ie , v o ilà les m oyens que
d oit em p lo y er un m édecin q u i se re s p e c te , et les
seuls capables de le fa ire p a rv en ir. »
— L ’école secon d aire de m éd ecin e de Marseille
se d istin gu e p a r la nature de ses travau x. Ne pou
van t être u tile aux élèves q u i m ontrent très peu
d ’em pressem ent à su ivre ses c o u r s , elle a pensé,
dit - on , q u ’il co n ven ait à l ’intérêt p u b lic de de
m an d e r: i . ° la suppression du ju r y m éd ical qu'elle
Oroit p o u v o ir avantageu sem ent rem p la cer ; 2.° k
Création d ’un C om ité de salu brité p u b liq u e , dont
les avantages d oiven t être in c a lc u la b le s ... Espérons
q u ’ à cetle d ém arche , s’il est v ra i q u ’elle ait été
faite , l ’autorité reco n n aîtra l ’avid ité de certains
hom m es qui , non contens d ’o ccu p er toutes les pla
ces lu c r a tiv e s , au m épris d ’ une ord onnan ce royale,
qu i défend la -cum u la tion , vo u d ra ien t en faire créer
de n o u velles lo u t - à - fa it inutiles. E s t - ü besoin , en
�( l 'î l ]
effet, d’ uni Comité de salubrité p u b liq u e dans utié’
ville où il existe deux sociétés de m édecine , dont’
chaque m em bre est une sentinelle v ig ila n te de la
santé de ses concitoyen s ; dans une v ille où les
médecins des d isp en sa ires, réunis en com ité m édi
cal, sont plus que p erso n n e , à m êm e d ’être ins
truits des m aladies r é g n a n te s, et o bligés d ’inform er
les autorités à la m oin dre ap p aren ce de d an ger ?....
L’ambition co n d u it sou ven t à des dém arches irré
fléchies et ne ca lcu le pas tou jou rs très bien ses
intérêts.
Malgré les sarcasm es sp irituels de Guy P a tin contre
fém étique, l ’ utilité de cette p réparation antim oniale
est aujourd’h u i généralem en t recon n ue ; elle a jo u i
au comrhencement du siècle actu el de la m êm e fa
veur thérapeutique q u ’on acco rd e a u jo u rd ’ h u i a u x
sangsues : s’il est v r a i que les substances m éd ica
menteuses s o n t , dès l ’instant île le u r d é c o u v e r te ,
prônées avec en th o u siasm e, ou rejetées sans exam en ,
les médecins d oiven t alors attendre les résultats d’ une'
expérience lo n g u e et réfléch ie p o u r p ro n o n cer sur
leurs vertus.
Sans reco u rir aux traités gén éraux de ch im ie ou
de pharm acie , les gens de l ’a rt p o u rro n t tro u ver
dans le form u laire qu e M. Magendie vien t de p u b lie r,
des résumés intéressait* sur la p rép aration , les propriétésphysiologiques, l ’action et le m ode d ’em p loi de q u el
ques remèdes n o u v e a u x , q u i so n t: la n o ix v o m iq u ey
la m orphine, l ’acide p r u s s iq u e , la s tr y c h n in e , la
yératrine, les alcalis, des q u in q u in a s, l ’io d e , etc.
�N ous croyons d evo ir ann on cer , . qüe p o u r faire!
suite au m ém oire de M. Poutet et au p rem ier pa
rag rap h e de la p age 75 de ce jo u r n a l, ce chimiste
a repris le soüs-carbonate dé qu in in e p a r l ’alcobol
q u i ava it conservé la form e cristalline p a r son long
contact avec l ’eau bouillante. E va p o ran t la solution
alco h o liq u e de ce s e l , il a obtenu dans la Capsule
de la qu iu in e p u re sous u n aspect ja u n â tr e , pois
sant parfaitem ent au tou ch er et différant essentiel
lem ent de la cin chon in e. I l p a ra it que l ’alcobol
entraîne dans son évap oration l ’acide carbon iqu e du
so u s-carb on ate de qu in in e a v e c le q u el ce fluide a
b eau co u p d ’affinité. O n ne p eu t ex p liq u e r ce chan
gem ent d ’ une autre m a n iè re , pu isqu e l ’eau seule
n ’ava it p u en fa ire v a rie r le caractère saliniform e,
d’où il s u i t , p a r cette exp érien ce et p a r celles qui
sont consignées dans le m ém oire de M . P o u te t, que
la q u in in e est une substance q u i jo u it des propriétés
p h y sico -c h im iq u e s opposées à celle de la cinchonine
q u i se présente toujours sous form e cristalline.
— A u m om ent où la dern ière feu ille de ce nu
m éro doit être im p r im é e , on nous annonce que
M. A zém a est l ’étudiant en m éd ecine q u i a recueilli
Y observation sur un cancer de l ’œ il ( v o y e z la pag,
19 ) , et que M. R o u x , de N a r b o n n e , qui n’est
p a s , com m e on l ’a d it , l ’élève de M . le Professeur
L a llem a n d , n ’a fait que dessiner la tu m eu r cancé
reuse. C ’est à la sévérité a vec laq u elle nous exami
nons les faits dont on nous fait p a r t , que nous
devons les rcnseignem ens positifs q u i nous mettent
à m êm e de rép arer assez tôt une erreu r à laquelle
des renseignem ens infidèles a va ien t donné lie u .
�COUP-D’O E IL
SUR LA FIÈVRE JAUNE
SUR DIVERSES MESURES SANITAIRES AUXQUELLES ELLE
A DONNÉ LIEU , A MARSEILLE , PENDANT LES MOIS DE
SEPTEMBRE E T OCTOBRE 1821
SUI VI
DE Q U E L Q U E S R É F L E X I O N S
SUR LA SALUBRITÉ PUBLIQUE.
P
ar
P .-M . P i o u x ,
'ADMINISTRATEUR DE LA SOCIETE DE BIENFAISANCE, MEDECIN-INSPECTEUR
DES ÉCOLES D’INDUSTRIE , SECRÉTAIRE DU BUREAU DES NOYES ET
AUTRES ASPHYXIÉS , MEDECIN DE L’ ŒUVRE DE LA PROVIDENCE DE
MARSEILLE \ ANCIEN CHIRURGIEN AIDE-MAJOR DES ARMÉES , EX
CHIRURGIEN-MAJOR DES CROATES * TITULAIRE ET ASSOCIÉ D E PLU
SIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES FRANÇAISES , CORRESPONDANT DE LA
So c ié t é d e m é d e c in d e St o c k h o l m , é d it e u r e t r é d a c t e u r -g é n é r a d
DE L ’ O BSERVATEU R PRO VEN ÇAL DES SCIENCES MÉDICALES , ETC»
Descends du haut des deux, auguste vérité »
Répands sur mes écrits ta force et ta clarté.
V o l t . Henr.
�AVIS.
Nous pensions qu’en ne touchant point ce qui est re la tif et
la politique , en ne disant rien contre la morale ni contre
la religion , nous avions le droit de publier dans Z’Observateur provençal des sciences médicales, tous les articles
qui intéressent et le peuple et les médecins. Q uelle erreur
était la notre ! l’impitoyable censure a retranché de ce
recueil périodique l'article que nous donnons aujourd’hui
au public , et cela , parce que nous avons censuré nous
même un instant les Membres du Comité de salubrité
publique de Marseille ; ces Messieurs seraient-ils à l ’abri
de la critique ? L e public , ainsi que nos confrères,
jugeront notre conduite dans celte circonstance.
I.ædere iioliiimns , admonere voluimus.
Chaque exemplaire sera revêtu de la signature de l’auteur.
�COUP-D’ ŒIL
S U R LA F I È V R E J A U N E
E t sur diverses
mesures sanitaires , a u xq u elles elle a
donne lie u , à M a rseille , pendant les m ois d e septem bre
et octobre 1821 ; p a r P.-M. R ou x, docteur en m édecine,
membre de p lu sieurs sociétés savantes , rédai teur-géne'ral
de l'Observateur provençal des Sciences médicales.
L ’homme , dès sa naissance , clierclie à se mettre en
rapport avec ce qui l ’entoure. 11 est vrai qu’alors il a
cela de commun avec les autres êtres animés, que l’instinct
seul préside à ses mouvetnens ; mais , à mesure que
ses facultés intellectuelles commencent à se développer,
il est à même de diriger ses actions pur le moyen du
don précieux auquel il doit le noble rang qu’il occupe
ici bas : la raison , en effet, l’éclaire bientôt de ses
lumières , et suivant que celles-ci sont plus ou moins
brillantes, il acquiert plus ou moins promptement les
connaissances philosophiques, ou , en d’autres termes ,
il parvient plus ou moins facilement à la découverte de la
vérité. Aussi s’aperçoit-on , que les meilleures théories,
les préceptes les plus sages, sont tracés par les écri
vains que le souverain maître de l’Univers a gratifiés
d’une plus grande somme de raison ; aussi 11’est-il pas
moins évident que les auteurs , qui ne sont que peu ou
point raisonnables , entraînent , par leurs ouvrages ,
dans un gouffre d’erreurs, quand surtout ils ne craiguent
pas de donner des instructions , bien qu’ils possèdent
seulement le vernis de la science , qu’ils 11e connaissent
que la superficie de l ’art qu’ils veulent enseigner.
C’est surtout le médecin qui doit faire usage d’une
grande raison, L a différence qu’il y a entre les mé
decins ; a dit un professeur de l’université d’Edimbourg,
consiste en ce que les uns raisonnent mieux que les
y
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autres. D ’ailleurs, n’est-il pas assez généralement re
connu que si la médecine est fondée sur l’expérience
et l'observation , elle a aussi pour base le raisonnement?
Cependant , les professeurs de l ’école secondaire de méde
cine , qui composent le comité de salubrité publique de
Marseille , viennent de publier une instruction qui tend
à prouver qu’ils n’ont pas tout l’usage de lu raison dont
les professeurs d’une école secondaire de médecine doi
vent être capables.
11 nous suffira de la rapporter littéralement , cette
laineuse instruction , pour que les gens de l'art l’appré
cient bientôt à sa juste valeur. Néanmoins, nous nous
permettrons quelques • unes des nombreuses réflexions
qu’elle nous a fait naître , ne fut-ce que pour éclairer les
personnes q u i, à peine initiées aux sciences médicales ,
pourraient bien ne pas s’apercevoir des défauts dont
elle fourmille.
Avant to u t, disons un mot des circonstances à l’occa
sion desquelles /’instruction a paru : le
septembre ,
un m atelot, d’un navire danois, atteint de lafièvre jaune,
mourut au lazaret de Marseille , et trois bâtimens en qua
rantaine, à l’île de Pomègue , eurent peu après quelques
malades qui offrirent des symptômes de cette terrible
affection ; sept d’entr’eux succombèrent. Depuis le 16
septembre jusqu’au a i , il n’y eut plus de nouveaux
malades. Il en arriva ensuite encore quelques-uns au
Lizaret, provenant des mômes bâtimens et trois mou
rurent de la fièvre jaune. Cependant , les Marseillais ,
qui connaissent l’excellente administration du lazaret,
étaient tranquilles sur le maintien de la santé publique,
lorsque tout-à-coup le bruit se répand que la fièvre
jaune vient de se déclarer dans l’un des quartiers de
Marseille. Aussitôt la crainte s’empare d’un assez grand
nombre d’habitans. Les uns parlent précipitamment
pou-r la campagne ; d’autres, pourtant , ne se disposent
�5
( )
à fuir qu’après s’être convaincu que îe fle'au a vrai-1
ment attaqué la ville.
Le fait est que le 2/j septembre, le nommé Dominique
Lampray , demeurant rue des Trois Soleils , quartier de
St.-Jean , malade depuis quatre jours, fut transporté
au lazaret, où l’on lit couduire aussi toutes les per
sonnes de la maison qu’il habitait, ainsi que sa femme
et même une voisine qui , disait-on , était venue lui
septembre au soir , l’au
offrir ses services. D éjà, le
torité , de concert avec les intendans de la santé, avait
signifié à M. le docteur S u e , médecin des dispensaires ,
qui dans la matinée du même jour , était venu visiter
pour la première fois le malade, de vouloir bien garder
son domicile jusqu'à nouvel avis. Le lendemain pai’eiile
signitieatiou fut faite à M. M en a n l, chirurgien , qui
avait appliqué des sang-sues à Dominique. Lampray.
Ainsi, des mesures très-rigoureuses ont été prises pour
mettre Marseille à l’abri d’une prétendue contagion ;
nous disons prétendue , parce que rien ne justifie que
le malade fut atteint de la fièvre jaune , et qu’il est
permis , d’ailleurs, de douter de la coutagiou de cette
maladie.
M, le docteur Sue trouva Lampray couché sur le dos,
la face rouge , la langue blanche et humide, la bouche
aigre , le pouls plein , fo r t, accéléré et régulier , la
respiration naturelle ; le malade se plaignait d’une dou
leur à la tête et à la région épigastrique , éprouvait des
envies de vomir et avait eu plusieurs selles verdâtres
dans la nuit. L ’intellect était parfaitement libre. Sontce là les symptômes de la lièvre jaune? N’est - il pas
surprenant qu’on ait séquestré le malade, les personnes
qui avaient des relations avec lui , le médecin et le
chirurgien , sans avoir , au préalable, consulté les
gens de l'art , capables de bien caractériser jle genre
de la maladie ? 11 faut pourtant convenir que les me-
23
�( 6)
sures qui ont été’ prises , ne doivent pas moins , de
quelle manière qu’on les envisage, recevoir l’assen
timent de tout le m onde, et parce qu’elles sont une
nouvelle preuve du zèle qui anime l'autorité pour ce
qui se rattache à l’hygiène et à la salubrité publique ,
et parce que dans l’incertitude toù l’on sera de l’exis
tence d’une maladie contagieuse , on fera toujours bien
de se conduire tout comme si la contagion régnait effec
tivement. L ’histoire nous apprend que souvent alors
les médecins sont tellement réservés dans leur décla
ration , de crainte d’alarmer le peuple , qu’ils ne se
prononcent qu’en trem blant, ou gardent un profond
silence. L ’autorité est donc louable de ne point hésiter ,
au moindre signal de contagion , à user de toutes les
précautions qu’elle croit nécessaires. L ’autorité est
louable surtout, lorsque , après avoir rempli les pre
miers devoirs , elle n’a recours qu’à des médecins vrai
ment dignes de ce nom , pour procéder à des mesures
ultérieures.
Nous 11e retracerons point la conduite qu’ont tenue,
au sujet du malade de la rue des Trois Soleils, les mé
decins et chirurgiens attachés au lazaret ; nous dirons
seulement qu’il faut bien qu’ils l’aient cru atteint d’une
maladie contagieuse , puisqu’ils ont applaudi à sa séques
tration , comme à celle de son médecin , etc. , lorsqu’ils
ont assisté de leurs conseils l’administration sanitaire.
En supposant qu’il eût été question d’une maladie
vraiment contagieuse , fallait-il consigner M. le docteur
Sue i1 O u i, sans doute , s’il était ou tassez dépourvu de
connaissances ou assez imprudent pour ne pas recon
naître une contagion et chercher à s’en garantir. Eh L
qui oserait faire un tel reproche à notre estimable
collègue ! N’est-il pas suffisamment justifié par la sur
prise que sa séquestration a excitée parmi les médecins
(cinq ou six exceptés ) i Com m ent, se disaient - ils ,
�7
(
)
traiterons-nous les malades , si la fièvre faune fait de»
progrès à Marseille ? Nous consignera-t-on à la première
visite ? Ne serait-ce pas le moyen de nous forcer
imiter la lâche conduite de Galien et de Sydenham ?
Tandis que , dans les réunions médicales , ces ques
tions occupaient les esprits , et que l’on se demandait
surtout , comment l’autorité consignait un médecin ,
sans a v o ir, préalablement , reçu de lui un rapport
sur l’état d’un malade , M. le marquis de Montgrand ,
maire de Marseille, voulant s’assurer s’il ne régnait
aucune maladie de mauvais caractère , consulta la
société royale de médecine de cette ville , et même ,
dit-on , la société académique de médecine , bien que
celle-ci marche à pas de géant (i) vers sa décadence et
que, depuis plusieurs années , elle réunisse envain ses
efforts pour accoucher de ses travaux.
M. le Maire reçut bientôt l’intéressante nouvelle que
Marseille n'ofFrait que quelques fièvres automnales’, etc. ,
et aucune affection particulière , digne d’être signalée.
Depuis quelques temps , en effet, MM. les pharmaciens
ne voyent point les prescriptions médicales se multi
plier comme par le passé , et tous les médecins et chi
rurgiens s’accordent à dire qu’ils n’ont presque point
de malades. On en compte aussi très-peu dans les dis
pensaires et à l’IIôtel-Dieu ; enfin , l’expression triviale
épidémie de santé , dont on a coutume de se servir i c i ,
à
(i) La société académique de médecine de Marseille a reçu,
sous la présidence du chevalier R o b e r t et la vice - présidence
du chevalier L a ï U a n t , la démission de ses plus fermes soutiens,
et, comme des néophites , un grand nombre de ses membres
ont été accueillis par acclamation au sein de la société royale
de médecine , compagnie si respectable, par sa priorité d’origine
et ses importans travaux.
�C8 )
pour faire connaître le bon état de la santé publique,
ne pouvait , ce semble , jamais être mieux employée
que dans les mois de septembre et octobre , bien qu'alors
une prétendue contagion, n'ait pas laissé d'exciter une ru
meur générale. Tout le monde est aujourd’hui rassuré,
et si l'on pouvait croire encore qu’il s’est développé une
terrible contagion dans notre cité , pendant le mois de
septembre, nous ajouterions que la mortalité a été moin
dre à cette époque que dans les deux mois précédens.
En effet , d’après le relevé des registres de l’état-civil ,
il y a eu en juillet trois cent vingt-deux morts , en août
trois cent vin gt, et en septembre trois cent dix - sept
seulement, malgré que les médicastres et les charlatans
déboutés qui pullulent à Marseille , soient susceptibles
d’y augmenter la mortalité tout aussi bien qu’une véri
table peste d’Orient.
Il est vrai que si la fièvre jaune n’a point exercé ses
ravages parmi nous , elle est du moins venue nous
menacer , à en croire ceux qui ont publié dans le journal
de Marseille les derniers bulletins sanitaires du lazaret :
on assure qu’elle s’est montrée sur vingt-deux individus
dont douze ont succombé et dix sont guéris, et on n’a
pas manqué de comprendre Dominique Lampray au
nombre de ces individus , quoique rien ne prouve qu’il
fût atteint de la fièvre jaune. I c i, il se présente une
réflexion à laquelle il convient de nous arrêter : com
ment les médecins du lazaret ne s’empressent - ils
po in t. s’ils en ont l’idée , de donner au public l’histo
rique raisonné et très-détaillé de ce qu’ils ont pu obser
ver dans cette circonstance ? Le bien de l’humanité leur
impose ce devoir, à moins que le redoutable tribunal
de la conscience leur prescrive de passer sous silence
des faits qu’ils ne puissent avérer , vu que c’est à une
très-grande distance, à travers plusieurs grilles qu’ils
font leur visite, et que d’ailleurs des élèves sont ordinai-
�(g)
renient seuls chargés de soigner les malades du lazaret.
C ’est à tort qu’il a été avancé dans le journal de Marseille,
en date du trois octobre , qu’un jeune médecin nommé
Barrai a voulu, dès les premiers signes de la maladie,
s’enfermer au lazaret. M. Barrai est seulement un jeune
officier de santé, élève de M. G irard, docteur en chirur
gie ; et quand on annonce qn’il a voulu s'enfermer
au lazaret, il est naturel de se demander pourquoi
l’administration sanitaire l’a préféré à un docteur en
médecine , M. Sarmet , qui s’offrit à elle (i) , dans la
même intention ayant pour but de parler de visu de
la maladie soi-disant cootaiiieu.se
: il est naturel eiv
O
eore de se demander pourquoi M. Sue , autre médecin
recommandable , dont on aurait , sans doute , reçu des
détails positifs sur la prétendue lièvre jaune du lazaret,
au lieu d’être séquestré dans cet établissement , à la
place de M. B a rra i, l'a été .pendant seize jours dans
son domicile d’où la contagion, s’il l’avait effectivement
recelée , pouvait si évidemment se. répandre et coutar
miner les habitans les plus voisins , etc. La mesure
prise envers M. Sue ne pourrait-elle pas être regardée
comme une mesure purement illusoire ? Ce que nous
disons de M. Barrai n’est nullement dans la vue d’af
faiblir les éloges qu’on lui a si bénévolement accordés.
IVous voulons seulement, en représentant que les ma
lades du lazaret sont confiés à un élève ou à ùn ollicicr
de santé (2), fournir à nos lecteurs occasion de penser
(1) C’est en particulier à M. le president Semainier que cc
médecin eut occasion de parler , lorsqu’il venait s’adresser à
l'administration elle-même.
(i) Nous sommes loin de vouloir, par cette remarque , taxer
d’incapacité, tous les élèves. Nous savons qu’il en est de trèsinstruits , et nous avons vu , avec p ein e, que l'on ait osé
�( IO )
sur les grands inconvéniens qui doivent e'maner d’un
tel service sanitaire.
Le journal de Marseille , auquel il nous a fallu re
courir pour savoir ce qui s’est passé concernant la
fameuse contagion , a annoncé dans son N,° 80 , qu’elle
s’était manifestée sur trois nouveaux individus ; toutefois
une assertion que l’on ne conçoit pas aisément, se trouve
dans le 82.e N'.° du même journal : après nous avoir
appris que le 10 octobre , le lazaret avait reçu encore
un malade venant de l’un des navires primitivement
infectés à Pomègue , on s’exprime ain si: « mais l’état
» de cet boulins ne présente rien d’inquiétant, et si
» l’on observe que sur les trois malades qui avaient été
« amenés , eu dernier lieu , de ces navires , deux étaient
» également atteints d ’une manière légère , et sont
» maintenant guéris , on est forcé à penser que le
» caractère pernicieux de la contagion s'y atténue , et
» que nous touchons au moment où il sera toul-à-fait
» étein t. ».
Qu’est-ce que signifient ces termes être atteints d ’une
manière légère. La fièvre jaune n’a-t-elle pas des pé
riodes à parcourir toujours assez redoutables , pour ne
jamais permettre de considérer comme légère la marche
qu’elle suit ? Quant à cette proposition , on est fo n d é à
penser que le caractère pernicieux de la contagion
qualifier de monstres amphibies, ceux qui, par circonstance ou
par modestie , se sont uniquement atSaches au titre d'officier
de santé. Néanmoins, on conviendra que les docteurs en méde
cine et en chirurgie , doivent être reconnus seuls, capables
de bien faire le service de santé d'un grand établissement ,
parce que les actes probatoires pour parvenir au doctorat, exigent
plus de connaissances , que ceux auxquels on soumet les aspirans au gracie d’officier de santé.
�( II )
s'atténue : elle nous paraît un certain jargon scientifique
inintelligible , il est v r a i, mais qui du moins sert à
fasciner les yeux de la multitude ignorante.
<
N’est-il pas à regretter que les médecins du lazaret
n’aient point étudié de près les phénomènes de la maladie
qui a tant fait de bruit? Peut - être alors eussent - ils
publié quelque rapport digne d’une entière confiance.
Nous nous sommes adressés à M. le marquis de
Montgrand, maire de Marseille et président de l’admi
nistration de la santé publique , pour obtenir les documens les plus irréfragables sur la maladie dont il s’agit ;
ce sage magistrat nous a témoigné qu’il s’empresserait
de répondre favorablement à notre réclamation , s’il ne
pensait point que les détails dont elle devenait l’objet ,
étaient la propriété de MM. les médecins du lazaret.
Après cette déclaration de M. le maire , sachant
d'ailleurs que les détails que ces MM. pourraient nous
donner, ne sauraient être revêtus de certains caractères
de vérité pour avoir une certitude inébranlable , il nous
est permis , ce semble , d’élever des doutes sur l ’exis
tence de la fièvre jaune dans le lazaret de Marseille ,
et voilà pourquoi nous l’accompagnons de l ’épithète de
prétendue , dans le cours de notre narration. Il serait à
désirer que l’on nous prouvât le contraire , nous aurions
de nouvelles raisons de croire que la fièvre jaune n’est
point contagieuse..
Au moment où ils devaient s’y attendre le moins ,
bientôt après avoir fourni des renseignemens à l'autorité
sur les maladies régnantes , les Nestor comme les jeunes
adeptes de la médecine Marseillaise , ont reçu certains
avis sur la manière d’exercer leur profession. Ges avis ,
le premier acte du comité de salubrité publique, dont
nous annonçâmes la future création dans le 4-e N.° de
YOLserv. Provenç. des Scienc. médic. ( p. u o ), ces avis,
disons-nous , ont été accueillis comme ils le méritaient^
�( 12)
Dabord flétris par l’arme du ridicule ( t) , ils ont ensuite
reçu l’honneur d’ une réfutation scientifique (a) , et si
nous en parlons à nos lecteurs , c’est qu’il est de l’intérêt
général de dévoiler de mille manières , les écrits qui , par
leur frivolité, ne sont propres qu'à compromettre les
annales de la science. JNous commencerons par exposer
le texte du premier clieh-d’oeuvre de notre suprême
réunion médicale :
sur la conduite que doivent tenir MM. les
Médecins , lorsqu'ils visiteront pour la première fois
des malades qui ne leur seraient pas personnellement
connus , et qu’ils pourraient soupçonner être atteints de
quelque maladie épidémique ou contagieuse.
I n str u c t io n
« L e premier devoir à remplir par un médecin appelé auprès cl’un malade qui lui serait inconnu ,
sera de s’informer de son état et de sa profession :
les marins et les pêcheurs exigent surtout le plus
sévère examen et la surveillance la plus éclairée ,
ainsi que les étrangers qui viendraient des côtes ou
tles frontières d’Espagne. Le médecin , en les interrogeant , se tiendra à la distance de quelques pieds ,
et ne les touchera point avant de s’être assuré que leur
maladie n’a rien de suspect. Dans le cas contraire,
il consignerait les personnes de la maison , et il en
donnerait de suite avis à l’autorité.
« Il faut que le médecin soit aussi prudent que réservé
» dans scs interrogats et ses questions , afin de ne pas
» semer une épouvante inutile ou déplacée. L'habitude
»
»
»
»
»
»
»
»
»
i>
»
(1) Seconde lettre à Sophie , par M.M...y.
(2) Lettre de M. P . , docteur en chirurgie , en date du i 3
octobre 1821 , adressée au public.
�C 13 )
» de l'art indique assez ce que l’on doit faire en pareil
» cas , pour parvenir à la connaissance de la vérité.
» Les premiers symptômes qu’ont offerts les malades
» du lazaret atteints de la fièvre jaune , sont : douleur
» à la tête et aux reins , frissons , vertiges , envies de
» vomir ,. faiblesse dans les jambes ; les nausées se
» changent bientôt en voinissemcns de matières jaunes
» verdâtres, avec anxiété et douleur plus ou moins vive
« à l’épigastre. La faiblesse des jambes augm ente, se
« change au bout de quelques jours en prostration de
» forces , et la douleur de tête et des reins persiste :
» quelques malades ont eu au début deux ou trois accès
n complets de fièvre intermittente quotidienne , et la
» maladie s’est développée ensuite avec tous ses symp« tomes caractéristiques ou avec les plus marquons.
» Les lèvres et les gencives violettes, gonflées et sai« gnantes , ont fréquemment été observées durant le
» cours de cette maladie et en ont fourni , pour ainsi
» dire , le caractère spécifique.
« Il est inutile, sans doute , de faire observer à MM.
» les médecins que l’on rencontre dans beaucoup de
ii maladies aiguës ordinaires les mêmes symptômes que
i) nous venons de signaler, et qui appartiennent à la
» fièvre jaune des Antilles comme à celle d'Europe ,
» lorsqu’elle est à son invasion. Conséquemment ce
» serait à tort qu’ils pourraient alarmer leurs malades
» avant de s’être assurés , par un examen préalable et
h bien réfléchi , qu’ils présentent à leurs yeux quelque
» sigue de maladie épidémique ou contagieuse.
» Délibéré en séance, par les professeurs de l ’Ecole
» secondaire de Médecine de Marseille , composant la
ii commission de salubrité publique de la ville , à Mar« seille , eu l’H ôtel-de-Ville, le i . ‘ r octobre 1821.
» Signés: D ugas, R obert, D ucros, M artin , L atxard. »
�0 4 )
Si les places de professeurs de l’école secondaire de
médecine de Marseille avaient été mises au concours ,
il serait permis de s’étonner que des membres de cette
école eussent, dans l’idée de publier une savante instruc
tion , mis au jour de belles erreurs , pour ne pas’ dire
des absurdités. Mais supposé que le comité de salubrité
publique de notre cité fût assez docte pour ne rien
avancer de contraire au sens commun , lui apparte
nait-il de donner des conseils à tous les médecins,
comme s’ils n’étaient pas suffisamment instruits de leurs
devoirs ? Et en se plaçant sous l’égide de l’autorité,
a-t-il pu croire de bonne foi , ce comité , parvenir à
forcer les esprits, tandis qu’il est toujours si facile de
les gagner par des insinuations. Malheureusement ,
quelque vénération que. l’on doive avoir pour nos dignes
magistrats, il ne sera jamais possible aux médecins de
se conformer ponctuellement à tout ce que leur pres
crivent MM. les membres du comité de salubrité pu
blique , parce que de telles ordonnances sont contraires
aux lois de la médecine , champ vaste auquel il n’est
pas permis d’assigner des limites ; et conséquemment
il serait plaisant de vouloir assujettir le monde médical
à suivre des avis qui tendent à restreindre son impor
tant ministère.
Avant de jeter un rapide coup-d’ceil sur les avis
que renferme la singulière instruction , nous ferons
remarquer que les membres du comité de salubrité pu
blique , tout membres qu’ils sont d’une société acadé
mique, sont loin d’avoir donné des preuves satisfaisantes
de capacité comme académiciens, leur instruction n’é
tant ni grammaticale ni élégante. Un errata, pour peu
qu’il fût exact , viendrait à l ’appui de cette vérité. On
verrait ( ligne i ) qu’au lieu de : que doivent tenir, il
faudrait lire , que devront tenir ; qu’au lieu de (lig. 8),
de son état et de sa profession, il faudrait, pour éviter
�(
)
nn pléonasme, supprimer le mot profession, le mot
état, lui étant synonyme dans cette occasion. On ver
rait aussi i.° que ( lig. 8 ) le mot réservé est superflu
après celui de pru den t, parce que l’homme prudent
est naturellement réservé. 2.0 Que de ces deux mots
(lig. 19 ) ses interrogats et ses questions , l’un ou l'autre
devrait être supprimé pour éviter un nouveau pléo
nasme ; d’ailleurs , le mot interrogat est ici fort mal
appliqué. .° Q u’il conviendrait de reconstruire cette
phrase ( lig. 20 ) de semer une épouvante inutile ou
déplacée, l’épouvante n’étant jamais utile , à moins que
ce fût comme moyen c u ra tif, et ne comportant d’ail
leurs guères mieux , ici , l’épithète de déplacée. 4-°
Que l’on ne dit pas l'habitude de l’a r t, mais plutôt
l’habitude de l’artiste, ainsi que l’a déjà représenté un
docteur italien à nos académiciens , etc., e tc ., etc.
Mais ne poussons pas plus loin une censure peut-être
trop sévère , car tant de fautes de la part des auteurs
le la singulière instruction , peuvent bien venir de la
précipitation avec laquelle ils l’auront composée. D ’ail
leurs , ils pourraient nous objecter que s’ils ne parlent
pas français , ils sont du moins animés d’un très-grand
zèle pour le bien public..... Malheureusement, malgré
cette bonne intention , leur travail , quant à ce qui
regarde la science médicale , paraîtra très-défectueux à
tous ceux qui se donneront la peine de l’éplucher.
Nous allons nous attacher seulement à l’examen de
quelques propositions principales. Et d’abord , le mé
decin en interrogeant ses malades se tiendra à la dis
tance de quelques pieds. Il semble que cette prescrip
tion a été faite d’une manière vague, afin que l’on ne
sache pas précisément à quoi s’en tenir. Il y a dans les
vieux quartiers de Marseille un grand nombre de mai
sons très-étroites , dont les appartenons contiennent à
peine un l i t , et il n’est pas rare de trouver celui-ci placé
3
�( i6 )
à côté de la porte d’en trée, de sorte que le médecin ,
obligé de se tenir à l’escalier pour conserver la dis
tance de quelques pieds , doit faire ses questions aa
malade , sans le voir ni même l’entendre. O Molière!
quel parti n'aurais-tu pas tiré d ’un semblable tableau !
I l f a u t , ajoutent les membres du comité , ne point
toucher Iss malades avant, de s’être assure que leur ma
ladie n’a rien de suspect. Que ce langage est curieux !
Hé quoi ! le toucher , qui rectifie les erreurs des autres
sens , est donc inutile pour faire discerner le genre de
telle ou telle affection. Et comment parviendra-l-on à
acquérir la certitude qu’une maladie n'a rien de sus
pect , si l’on 11e voit point l’individu qui en est atteint,
si l’on ne lit point dans ses yeux , dans tous les traits
de sa physionomie , si l’on n’examine point ses mouvernens , s i , enfin , on 11e tâte point le pouls et di
verses régions du tissu cutané, pour juger de l’état de
la chaleur du corp s, de l’excitation ou de la débilité
de l’organisme général, etc. , etc, ?
Dans l’ hypothèse que le toucher ne fût pas iudispensablcmeut nécessaire pour reconnaître les maladies ,
il est évident que les malades 11e seraient pas peu ef
frayés , si les médecins n’osaient s’approcher d’eux,
et l’on donnerait ainsi aux charlatans une grande oc
casion de triompher. Los charlatans , en e ffe t, au
raient grand soin de bien toucher les malades, ne fut-ce
que pour paraître courageux , et mieux faire ressortir
la lâcheté des gens de i’art. Nous laissons à penser à tous
les maux que l’humanité souffrirait alors.
D ’un autre côté , le médecin qui suivrait religieuse
ment les avis du comité de salubrité publique , serait
très-souvent, pour ne pas Ldire toujours, embarrassé,
quand il voudrait caractériser les maladies, et s’il lui
arrivait de voir une contagion imaginaire, que ferail-ili'
O n l’a dit : il consignerait les personnes de la maison,
�T7
(
)
et il en donnerait de suite avis à l'autorité. Ainsi donc ,
on induirait en erreur l’autorité et on Inspirerait une
terreur panique }qui, si elle devenait générale , serait
seule susceptible de faire naître beaucoup de maladies.
Après de semblables réflexions qui font v o ir , ce
nous semble , assez clairement que /’instruction dont
il s’agit tend à effrayer le peuple , ne devons-nous pas
considérer comme très-ironique l’avis suivant : I l fa u t
que le médecin soit aussi prudent que réservé etc. , rf i n
de ne pas semer une épouvante inutile ou déplacée.
Est - ce bien l'habitude de l ’art ( on a voulu d ire,
peut-être, l'exercice plus ou moins réitéré des fonctions
attachées à l’art médical ) , qui indique assez ce que l’on
doit faire ( dans le cas précité ) pour parvenir à la
connaissance de la vérité ’f Un médecin qui aura vieilli
comme praticien , qui aura vu une infinité de malades ,
n'en sera pas moins incapable de saisir ce qui conduit à
la connaissance de la vérité , dans quelque cas que ce
soit, s’il n’a pas reçu en partage une dose de raison
suffisante pour se conduire selon l’ordre le plus naturel.
Au reste on sait, car on l’a déjà dit , que les vrais mé
decins croiraient se dégrader eux-mêmes s’ils se com
portaient comme des aitisans qui n’ont besoin que des
sens et de l ’habitude pour se perfectionner dans leurs
métiers.
Quesnay a développé dans son Essai physique sur
l’économie animale , de belles idées sur l’expérience et
la théorie en médecine. La théorie doit être selon lu i,
formée des connaissances que l’expérience nous procure,
et par expérience il entend celle qui est un exercice
éclairé par la science. Si par l’expression l'habitude
de l'art, on a voulu parler de cette expérience , nous
pourrons croire qu’elle tende beaucoup , si elle ne suffit
pas, à nous mettre à même de connaître la vérité. Mais
alors, il nous reste à reprocher à MM. les meinbics du
�08
)
Comité de salubrité publique de Marseille de n'avoir
pas su bien expliquer ce qu’ils voulaient dire.
La série des symptômes qu’ils ont signalés avec tant
d’emphase était tout au moins superflue, puisqu’ils
conviennent eux-mêmes qu’t/ est inutile , sans doute , de
fa ir e observer à MM. les médecins que l'on rencontre,
dans beaucoup de maladies aiguës ordinaires les memes
symptômes.
Il est à remarquer que de tous les membres du co
mité , M. Robert est le seul qui , comme médecin du
lazaret , a pu faire connaître ces symptômes. O r , nous
avons déjà fait entrevoir qu’il n’était permis que jusques
à un certain p o in t, d’ajouter foi aux bulletins sani
taires , communiqués par les médecins du lazaret, vu
que les ayant reçus d’un élève ou d’un officier de santé ,
ces docteurs n’ont agi que d’une manière pour ainsi
dire secondaire,
Peut-être les collègues de M. Robert ont adopté de
prime abord , par la confiance qu’ils avaient en lui , les
symptômes qu’il leur a donnés pour certains , car ,
nous pensons que s’ils ne se fussent pas trop empres
sés (i) à publier leur travail , ils n’auraient pas
étalé des symptômes qui , n’ayant point encore été
désignés par aucun auteur comme spécifiques de la
fièvre jaune , devaient par là rendre très-circonspect,
pour caractériser ainsi la maladie qui a régné au lazaret.
En effet, depuis quand la fièvre jaune a-t-elle débuté
par des accès complets de fièvre intermittente ? Depuis
quand s’est-on avisé de donner le nom de caractère spé
cifique de cette terrible affection aux lèvres et aux
(i) M. M a r t i n , surtout, qu’il nous est pénible de voir figurer
ici, lui qui a déjà donné des preuves de beaucoup de mérite,
et comme chirurgien et comme médecin.
�(
T9
)
gencives violettes , gonflées et saignantes ? Voilà com
ment avec certains rapports on embrouille la science j
voilà comment on liait par'.s'embrouiller soi-m êm e,
lorsqu'on veut démontrer ce que l’on n’a pas vu. Que di
sons nous ? Les membres du comité ne nous ont-ils pas
appris qu’il ne fallait voir les malades que de loin , même
ne pas les v o ir , 11e point les toucher , et pourtant re
connaître leur maladie ? Ainsi donc , tant pis pour le
médecin ( d’autres diraient pour le malade ) qui 11’aura
pas assez de sagacité pour voir clair dans les ténèbres. Il
faut que nous rendions cette justice à MM. les membres
du com ité, que s’ils possèdent une telle sagacité , ils
méritent l'admiration de chacun , sinon la dénomination
de phénix de la médecine.
Mais on ne tarde pas à se convaincre , par la lecture
des dilférens ouvrages , que l’on a écrits sur la fièvre
jaune , que les symptômes de cette ter. T _e maladie
réclament de la part du médecin une attention toute
particulière et que la fameuse distance de quelques pieds
est condamnable sous mille rapports.
Eu parlant des maladies épidémiques ou contagieuses,
11e devait-on pas établir la distinction irréfragable qui
existe entre les maladies simplement épidémiques', les
maladies qui sont épidémiques , sans être contagieu
ses , celles qui sont contagieuses et nullement épi
démiques , celles , en fin , à la fois épidémiques et con
tagieuses? C’était un moyen de rendre plus clair le sujet et
de paraître moins inintelligible. Que l’instruction eût été
moins laconique , ceia se conçoit ; mais dôit-011 craindre
de fatiguer par beaucoup de détails , quand il est in
dispensable de les donner ? non , sans doute. Voltaire,
en écrivant une longue lettre à un a m i, s’en excusa
en lin observant qu’il n’avait pas eu le temps d’être
court. "Les membres du com ité, qui ont publié une
trop courte instruction , diront , au contraire, qu’ils
2
.
�C 20 )
n’ont pas eu le temps d’être longs , s’ils ne veulent
point laisser à penser qu’ils n’ont écrit précisément
que ce qu’ils savaient. Ils pourront dire encore, pour
mieux se disculper, qu’ils n’ont mal travaillé que par
défaut d’application , ce dont ils donneront un témoi
gnage authentique , en mettant au jour une nouvelle
édition ( corrigée et considérablement augmentée ) de
leur instruction. En attendant, comme celle-ci renferme
des balourdises , ils feront bien d’en rire avec, nous ,
tout en reconnaissant qu’ils sont , eux seuls, tombés
dans le ridicule.
S 'il a rriv a it, néanmoins, qu’ils ne voulussent point
convenir de leurs erreurs , nous leur adresserions ce
discours : déjà , plusieurs écrivains vous ont entraînés
dans l’arène ; forts de vous - même et fiers de votre
chef-d’œ uvre, vous allez relever le gant que l’on vous
a jeté. Que votre attitude soit imposante ! Que l’on
puisse dire de vos productions qu’elles méritent que la
déesse aux cent bouches déploie ses ailes pour les porter
à la postérité ! \ ous réussirez sans doute si vous profitez
de la leçon que renferment les vers suivans de Boileau
Avant donc que d’écrire apprenez à penser.
Tout doit tendre au bon sens : m ais, pour y parvenir,
Le chemin est glissant et pénible à tenir ;
Pour peu qu’on s’en écarte , aussitôt on se noyé ;
La raison , peur marcher , n’a souvent qu'une voie.
Aimez donc la raison ; que toujours vos écrits
Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix.
En ne h reh au t que les points les plus essentiels de
l’instruction qui vient de nous occuper, nous ne les avons
pas même envisagés sous toutes leurs faces ( nous au
rions «u trop à dire ) , et il eu est un principal sui
�(a i )
lequel nous avons passé rapidem ent, alors que les idées
se présentaient en foule pour annihiler jusqu’à la moin
dre proposition : nous avons vu combien il serait in
conséquent et nuisible que le médecin , en cas de
contagion ! im aginaire, consignât les personnes qu’il
aurait visitées. Cette mesure ne pourrait qu’être surtout
contraire à l’hygiène publique , s’il s’agissait effective
ment de la peste ou d’un semblable fléau : le peuple ,
qui s’effraie si facilem ent, prendrait la fuite sans contre
dit pour se soustraire à une telle mesure , et l’on con
çoit aisément que la santé publique ue serait pas peu
compromise. Au reste, de quel droit un médecin consi
gnerait - il un malade et d ’autres personnes, quand
même il aurait la certitude d’être écouté ’ La prudence
ne prescrit-elle pas plutôt de dissimuler, en cas de conta
gion , et d’aviser en secret l’autorité à laquelle seule
est alors réservé le soin d’applanir toutes les difficultés ?
Oui , sans doute , oui ; mais cette précaution deviendrait
très-superflue, ce semble , s’ il était possible que la
fièvre jaune exerçât ses ravages à Marseille.
Depuis long-temps des médecins philautropes s’éver
tuent pour faire supprimer ou modifier les lois sanitaires,
concernant cette maladie , au cas où elle ne serait point
contagieuse et de nos jours , deux partis également
puissans en moyens de défense , exercent leur piume
sur ce point. Les uns mettent en avant l’observation
et la théorie en faveur de la contagion , les autres
s’étayent aussi de la théorie et de l’observation, en
soutenant l’opinion contraire. On dirait d’abord que la
multiplicité des écrits sur une même m atière, devrait
tendre à l’éclaircir, car on s’accorde assez généralement à
regarder le choc des opinions comme très-propre à faire
éclore la vérité. Cependant, ou nous nous y trompons fort,
ou l’obscurité augmente à proportion des lumières qui
se réunissent pour terminer la grande discussion. Quel-
1
i
�( 2a )
que paradoxale que paraisse cette proposition , elle ne
répugne point au sens commun , si l’on considère qu’en
médecine les tliéories sont captieuses , lorsqu’elles ne
tournent point sur le pivot de la véritable observation ,
de cette observation qui , pour èlre digne de toute notre
confiance , doit être le très-fidèle tableau des phéno
mènes de la nature ; or , ces phénomènes ne sauraient
varier. C e u x - là seuls qui les étudient ne les voyent
pas constamment tels qu’ils sont. Il est donc permis
d’énoncer que la confusion doit émaner d’ nne multi
tude d’observations dissemblables sur un même sujet.
C ’est aux savans m édecins, doués d’une grande péné
tration et de beaucoup de discernement, qu’est réservé
le soin de rechercher dans la masse des observations ,
les caractères entièrement conformes aux opérations de
la nature ; et c’est de ce seul travail analytique que l’on
est en droit d’attendre la théorie la plus rationelle sur les
maladies. Cette idée loin d’exclure la communication
de tous les mémoires et autres écrits relatifs à la fièvre
jaune , semble en commander impérieusement la plus
exacte publication ; mais , encore une fois , il faut en
suite un travail sans lequel tout ne serait évidemment
que confusion.
Celui qui oserait aujourd’hui entreprendre ce travail,
ne réussirait que jusqu’à un certain p o in t, par les grandes
difficultés qui émanent du conflit des opinions , alors
que les apologistes de l’erreur sont encore , ce semble ,
trop nombreux. Ce n’est qu’insensiblement qu’on verra
tout le monde en général se décider pour la nion-contagion de la lièvre jaune , et il est permis sans doute à cha
que médecin non-contagioniste d’exercer sa plume sur
cette matière jusqu'à ce enfui quelle soit tout-à-fait
éclaircie.
Forcé en quelque sorte de manifester ce que nous
peusons de la fièvre jaune , après avoir fait le récit des
�(
23)
mesures sanitaires auxquelles elle a donné lie u , à Mar
seille , pendant les mois de septembre et octobre 18 2 1,
nous représenterons d’abord que si notre opinion pa
raissait à quelques détracteurs ne devoir être d’aucun
poids , par cela seul que notre pratique est loin d'être
consommée, nous répondrions qu'il nous est possible
de l’exposer sans crainte d’être taxé de témérité, et même
nous osons le prétendre avec la certitude d’être écouté ,
vu que la médecine , pour nous servir des expressions de
Sarçone <Ji) , est une république, dans laquelle chaque
médecin qui en est citoyen , a le droit d’exposer fran
chement ses opinions , et pour les intérêts de laquelle
il convient d’écouter même la voix, de ses plus petits,
en fans.
Afin de procéder avec ordre , nous nous proposons
de résoudre , suivant notre manière de voir , les ques
tions suivantes : la fièvre jaune est - elle contagieuse ?
Peut-elle être importée ? Y a-t-il des raisons de croire
que Marseille soit un jour victime de ce flé a u i’ doit-on
ajouter f o i à ceux qui prophétisent que la fièvre jaune
fera insensiblement le tour du globe ?
L a fièvre jaune est-elle contagieuse? Si tous les savons
médecins qui se décidèrent pour l’affirmative existaient
aujourd’h u i, on les verrait, pour peu qu’ils fussent de
bonne foi, abjurer tôt ou tard leur opinion ; ainsi L in d ,
Cullen, Berthe et beaucoup d’autres finiraient sans
doule par imiter la noble conduite de Bush qui , un peu
avant sa mort , témoigna publiquement son regret d’a
voir induit en erreur les médecins européens , en sou
tenant très-long-temps la contagion de la fièvre jaune.
C’est dans la seconde édition de scs observations et in
vestigations médicales imprimées à Philadelphie que le
docteur Bush, alors qu’il fut plus sûr de son lait, annonça
(1) Hisloire raisonnée des maladies observées à Naples, etc
tam. II, pag. 7.
�4
(^ )
que la fièvre jaune n’était nullement contagieuse et uni
quement produite par l’action de causes locales.
U n autre docteur n’a pas moins de droit à notre
estime par la franchise avec laquelle il s’est exprimé :
en peu de tem ps, M. L e fo r t, médecin du Roi à la
Martinique , a pu s’apercevoir qu'il eut tort jadis d'être
conlagioniste et bientôt il s’est fait un plaisir de nous
apprendre que sou expérience le mettait à même de
revenir tous les jours davantage de son erreur.
Nous pourrions multiplier les citations pour prouver
que le parti des non - contagionistes est actuellement
très-puissant, mais comme le parti contraire est encore
assez considérable , nous nous contenterons de faire une
remarque qui nous pafaîtm ériler une attention favorable :
il est évident que la plupart des contagionistes n’ont
observé que peu ou point la maladie , et qu’en général
les non-contagionistes ont eu des occasions fréquentes
de la bien étudier. O r , l’observateur ne méritc-t-il pas
plus de confiance que celui qui se fonde uniquement
sur la théorie ? D’ailleurs , peut-on résister aux démons
trations si spécieuses des docteurs Hutchinson , Moultrie , Valentin , Dalmas , Smith , Savarcsy , Baily et
notammeut de M. De.vèze , qui réunit si bien ses efforts
pour faire briller la vérité Q u’on lise encore le Réper
toire de médecine , imprimé à Philadelphie et dont M.
le docteur F é lix Pascàlis , notre honoré compatriote,
est propriétaire et rédacteur , on trouvera des arguniens conciuans en faveur de la non-contagion ; et si
l’on consulte les travaux de la société médicale de la
Nouvelle-Orléans et diverses dissertations sur la fièvre
jaune par des médecins qui en ont fait une étude assez
approfondie , on sera loin de regarder cette maladie
comme contagieuse, à moins de vouloir, par une folle
prévention , sc soustraire à l’évidence.
Vcut-on des nouvelles preuves? qu’on parcoure l'ou-
�( a
5)
vrage (i) qu’a écrit M. Salva , en langue castillane , et
dont notre honoré collègue M. Segaud a fait hommage à
la société royale de médecine , il y a environ un mois.
M. Salva nous apprend que les professeurs de médecine,
en Espagne , ont été assez opprimés dans leur manière
de voir , à l’époque du despotisme , c’est-à-dire , pen
dant le règne de l ’inquisition , pour que la -plupart
d’entr’eux n ’aient point osé mettre en avant les argumens invincibles qu’iis avaient à cœur de signaler en
faveur de la non-contagion ; puis , M. Salva l’ait pres
sentir que nombre d’écrits espagnols se succédèrent pour
corroborer cette opinion , vu que les médecins de la
Péninsule peuvent aujourd’hui manifester librement par
écrit leur façon de penser.
Si la fièvre jaune est une maladie endémique aux
\ntilles , là où règne une chaleur excessive jointe à l’hu
midité , et à la fermentation des substances, végétales et
animales qui subissent les lois de la décomposition , car
tel est le sentiment des meilleurs observateurs , elle est
évidemment produite par des causes locales. IN’allons
pas toutefois perdre de vue les causes inhérentes à
'individu sans lesquelles la maladie ne saurait se deveopper. Ainsi , le tempéramment robuste , la constitution
pléthorique , l’habitant du JNord, plutôt que celui du
d id i, l’ivrogne , le libertin , le marin , l’étranger , celui
pii a enduré certaines privations , celui en un mot dont
.'e corps est dans un tel éLut que les conditions néces
saires à une entière prédisposition nu vomilo pietro
peuvent avoir lieu , etc. , e t c ., sont ordinairement at
taqués de la maladie , pour peu qu’ils soient soumis à
l’influence des causes locales. Mais les causes inhérentes
(i) Coleccion de trozos inédites relativos principalmente à
la supueslra importacion de la liebre amarilta de Cadiz del
aiio 1800 con sembla extrada recogidos por et Dé D. Francisco
salva medico honorario de Cainara de S. M. etc., etc. (Ba cei. ;
aûo 1820. )
» /
�I
( aS )
à l'indiviclu ne sont point de nature à faire croire que
la fièvre jaune soit contagieuse ; il faudrait pour cela que
les émanations provenant de l’individu qui en serait affecte'?
eussent la propriété , en pénétrant dans le corps d'un in
dividu en santé , de produire la même maladie. O r , cela
n’a point encore été démontré d’une manière satisfaisante.
Il est vrai que des prêtres , des médecins , des gardesmalades ont pris la maladie en exerçant leur ministère
auprès des personnes qui en étaient atteintes. Mais sontce Lien ces personnes qui leur ont communiqué la
maladie ? n’est-il pas plus pLilosophique d’admettre
qu’en pareil cas l ’on est attaqué du fléau par cela seul
qulon est soumis aux mêmes influences qui l’ont déter
miné chez les personnes que l’on visite ?
C ’est parce que l ’on oublie ou que l ’on ignore la
belle distinction qui existe entre les maladies par in
jection et celles par contagion, qu’on les confond assez
communément. Au milieu d’une foule de faits qui
viennent à l’appui de cette vérité , nous nous conten
terons de rapporter le suivant puisé dans l’ouvrage du
célèbre professeur B erlhe, sur la maladie de l’Anda
lousie : il y est annoncé ( page
et
) qu’ un chanoine
de l’église cathédrale, don Ciiristpvcil Sanclics, qui logeait
dans un quartier bien éloigné de celui de Ste. -Marie ,
fut obligé de se rendre dans ce dernier quartier, que
la fièvre jaune infectait, et y ayant été fi appé , en en
trant dans la chambre d'un malade, d'une odeur trèsdésagréable , revint bientôt chez lui atteint de la ma
ladie dont il mourut trois jours après.
« J ’ai déjà dit , ce sont les expressions de M. Berthe ,
» que le quartier habité par le chanoine Sanchés, était
» très - éloigné de celui dans lequel la maladie était
» encore concentrée au moment dont je parle : je dois
» ajouter qu’il a été un des derniers ravagés par elle ;
« il paraît donc que c’est la circonstance particulière de
55 55
�C 27 )
11 sa visite au Barrio Sta.-Maria qui détermina en lui
» l’infection : l'on peut également conclure de là que la
« maladie était éminemment contagieuse dès son origine.»
Une chose remarquable, c’est que le chanoine Sanchés
n’a dû prendre la maladie que parce qu’il a été un ins
tant., à Sté.-M arie, en butte au foyer d’une infection
générale , et non d’une infection émanée uniquement
du malade qu’il était venu voir. Dans ce cas ci , la
contagion serait incontestable , mais il faudrait admettre
alors l’existence d’un virus qui , communicable par sa
nature, aurait dû se propager dans le quartier habité
par Sancht's. O r , on nous assure que ce quartier n'a
été infecté que le dernier , qn’alors que l ’infection s’est
plus généralement étendue. IN’est-il donc pas évident que
la maladie de Sanckès ne fut nullement contagieuse i’
Il en est de ce fait comme de plusieurs autres à-peuprès semblables : ils ont servi à démontrer la prétendue
contagion . tandis qu'interprétés dans le vrai sens ,
ils favorisent singulièrement l’opinion contraire. Au
surplus, qu’est-ce que cette terrible affection si impro
prement nommée fièvre jaune , si elle n’est pas miè
lièvre bilieuse portée à un très-haut degré d'intensité ?
O r , qui oserait soutenir que la fièvre bilieuse est conta
gieuse ? Les cadavres des personnes qui ont succombé
au typhus icterodcs , ont constamment présenté, à leur
ouverture , des traces plus ou moins manifestes de phlogose sur la muqueuse intestinale. Assurément cette
plilogose n'est point l ’effet d’un virus ou de miasmes
venus d’un individu infecté de la fièvre j*une ; elle ne
reconnaît sans contredit pour causes que celles déjà
énoncées , c’est-à-dire , le concours de celles qui sont
locales avec celles inhérentes aux individus.
Que'ques auteurs , tels que Clark , G ilbert, Humboldt,
se sont attachés , dans la vue de mettre tous les méde
cins d’accord , à démontrer que la fièvre jaune n’est
�( 28 )
pas essentiellement contagieuse , mais qu’elle peut le
devenir accidentellement. Nous n’ajouterons rien à ce
que M. Devèze a .avancé (dans son Traité de la fièvre
jaune, publié l’an passé ) pour combattre victorieuse
ment cette nouvelle opinion.
ü 'autres auteurs pensent que la fièvre -jaune n ’est
contagieuse qu'à sa troisième période, alors que les
fluides subissent une sorte de dégénérescence. Nous ne
vovons pas comment cet état des humeurs peut donner
naissance au contagium. Des médecins se sont inoculés ,
ont même avalé de la matière noirâtre, rendue par le
vomissement à la .e période, comme on sait, et pour
tant ils n’ont pu se communiquer la maladie. Qu’à l’épo
que de la dégénérescence humorale , les malades exha
le^ t des odeurs qui augmentent le foyer d infection , c’est
incontestable ; mais que ces odeurs soient éminemment
contagieuses , c’est-à-dire , qu’elles aient seules l’aptitude
à occasioner la fièvre jaun e, c’est une chose qu’on ne
conçoit pas. Il est si vrai qu’il faut le concours de plu
sieurs causes , et surtout de celles qui sont locales ,
qu’à la Guadeloupe , ainsi que l’a fort bien observé
notre estimable collègue, M. le docteur Flory , on voit
que la Pointe-à-Pitre, où régnent les causes locales,
offre continuellement la présence de la fièvre jauue,
tandis que la Basse-Terre , où les mêmes causes n’exis
tent point, est très-saine , bien qu’elle commerce avec
la première. La même observation a été faite dans d’au
tres contrées des Antilles , etc. , etc.
Les contagionistes s’épuisent en remontrances pour
infirmer l’opinion de là non-contagion et ne se trompent
p a s moins , ce nous sem ble, p o u r cela. En voici une
p le u v e:
dans le Traité de la fièvre jau n e, couronné
par la société de médecine de Bruxelles , et adopté par
le ministre de la marine , pour les colonies françaises,
ou voit l’auteur, M. le docteur CaiUiot, résoudre siu-
3
�( 2Q )
gulièrenient la question suivante : N ’a-t-elle pas ( la
fièvre jaune ) quant à son développement , sa marche ,
sa propagation , son danger , tous les caractères con
tagieux ? « Si l’on en doute, dit-il , qu’on porte ses
regards sur les x'egistres mortuaires. dans tous les lieux
où elle a régné. » 11 expose ensuite le tableau effrayant
de la mortalité dans plusieurs villes de l’Espagne. Mais,
de bonne foi , est-il possible de juger, par la mortalité,
de la contagion d’ une maladie î* La syphilis, la gale sont,
à coup sûr , bien contagieuses ; moissonnent - elles
rapidement et en grand nombre les individus qui en
sont atteints, tout comme une épidémie de lièvre jaune?
Nous ne finirions pas , s'il nous fallait argumenter
contre une infinité de propositions faites par les contagionistes, et nous sentons , 'pour plus d’un m otif, la
nécessité d'abréger autant que le comporte l’exposé de
uotre opinion à la suite d’une simple relation critique.
Nous devons, cependant, avant de passer à la seconde
question , témoigner en particulier à M, le docteur
Valentin notre satisfaction pour avoir adressé, il y a
quelques jours, à la société royale de médecine de
Marseille une lettre dans laquelle il élève une voix cou
rageuse , en disant que s’il s’était trouvé dans cette cité,
à l’époque de la dernière (t) invasion de la lièvre jaune,
il n’aurait pas craint de se mettre la chemise du pre
mier malade, tant il est persuadé que cette terrible af
fection n’est nullement contagieuse.
Cette, fièvre peut-elle être importée ? Quand une fois
il est bien reconnu qu'il n’y a d’autres causes procréa
trices de celle maladie, abstraction laites des causes
(1) M. Valentin est sans doute dans la croyance que les
individus du lazaret dont nous avons déjà parlé , étaient
afîeclés de la fièvre jaune, ce qui n’a point encore été constaté
et ne le sera, sans doute, que très-difficilement par plusieurs
raisons que nous avons énoncées.
�(
3o )
inhérentes à l’individu , que l ’humidité combinée avec
la chaleur atmosphérique et des circonstances locales »
il est incontestable qu’elle n’est point susceptible d’être
importée dans un sens, mais qu’elle l’est dans un autre,
sans qu’ elle puisse se propager.
Et d’abord , les exhalaisons qui sont le résultat des
conditions atmosphériques et locales nécessaires à son
développement , ne sauraient résister à un voyage de
long cours , en supposant qu’elles fussent recélées dans
telles ou telles marchandises. Elles perdraient évidem
ment toutes leurs propriétés, ou n’en conserveraient
pas assez pour être communicables, et cette propo
sition dictée par la raison est confirmée par l’expérience :
on sait qu’à l’époque du système continental , il se fesait
le. long des côtes maritimes qui appartenaient à la
F ran ce, un grand commerce interlope, et on conçoit
que les marchandises qui nous arrivaient de cette ma
nière auraient dû nous infecter , si elles eussent été
imprégnées de gaz délétèies.
Sans doute , la contrebande nous exposerait à la fièvre
jaune , si celle-ci pouvait être importée et devenir trans
missible. M ais, il est une infinité de motifs tendant à
justifier que cette importation n’est rien moins que
possible. M. T'alenlin, médecin si recommandable, a
rappelé à la société royale de médecine de Marseille des
circonstances dignes de remarques : « pendant sa rési
dence en Amérique (i) , lorsque la fièvre jaune régnait
cruellement aux Antilles et sur le Continent, nombre
de vaisseaux qui en étaient partis , sont arrivés dans
presque tous les ports de France sans avoir subi la
quarantaine. A cette époque de désordre et de délire
politique , des hardes et divers effets , ayant servi à des
(i) Exposé des travaux de la Soc. roy. de méd. de Mar?
seille , pendant l’année 1819.
�}
(
3i
)
malades atteints d elà fièvre jaune , et qu’on avait serre's
dans des coffres, des articles de com m erce, y ont été
admis librem ent, et n’ont jamais apporté cette maladie
aux Français «. Nous ne nous dissimulons pas que des bar
des , des effets imprégnés des exhalaisons provenant des
individus atteints de la lièvre jaune, que l’on renfermerait
hermétiquement dans un coffre, pourraient bien conserver
un foyer d’infection qui serait d’autant plus considérable,
qu’ils auraient été plus long-temps renfermés ; et nous
adopterons, si l’on veu t, que les personnes qui ouvri
raient ce co ffre, seraient subitement affectées de la
fièvre jaune, pour peu qu’elles y fussent prédisposées.
Mais, ces personnes ne communiqueraient point la ma
ladie, et le foyer d’infection importé serait bientôt an
nihilé , dans un pays qui n’aurait point les conditions
favorables à sa propagation.
Comme M. Valentin , un très-grand nombre d’ob
servateurs , de m édecins, français et anglais , les mem
bres de la société médicale de la Nouvelle-Orléans , etc.,
etc., sont autant convaincus de la non-contagion que de
la non-importation de la lièvre jaune. Il est cependant
une importante remarque à faire au sujet de la nonimportation , c’est qu’on ne doit point l’admettre d’une
manière exclusive , c’est-à-dire, que si la fièvre jaune
ne saurait être importée , par le moyen des effets , des
articles de/commerce , etc. , elle est du moins suscep
tible d’être importée dans ce sens , que les personnes
peuvent en apporter les germes du foyer d’infection et
en éprouver le développement dans un lieu éloigné de
celui où elle règne habituellement , pour peu qu’elles
soient alors exposées à une cause occasionelle. N’allons
pas croire , toutefois, que ces personnes soient dans le cas
de propager la fièvre jaune , dans un pays à l’abri des
conditions nécessaires au développement de cette maladie.
Cela est si v r a i, qu’en 1802 , le vaisseau américain
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(30
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M i M f t f *;
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Columbia o f providence , arrivé depuis peu , à Marseille,
y perdit six hommes atteints de la fièvre jaune , sans
que celie-ci se répandit parmi les habitans , bien que
des précautions n'eussent point été prises d’abord pour
s’en garantir. Chargés par M. le Préfet de visiter les
maisons que l’équipage avait fréquentées et où deux
officiers de la Columbia étaient morts , MM. Segaud et
Delacourt ont fait régulièrement tous les jours leurs
visites pendant un mois et demi , sans rencontrer un
seul malade.
Un autre fa it, non moins digue d’être cité , est celui
relatif au capitaine Tidcomb , de Boston , mort de la
fièvre jaune à M arseille, où il fut soigné par MM.
Cauvière et Delacourt , immédiatement après sa sortie
de la quarantaine. La fièvre ne se communiqua point,
et ,M. M aga il, qui fit l’autopsie cadavérique , ne ren
contra que des traces d’inflammation dans l’estomac
et les intestins grêles.
De tels faits, en faveur de la non-contagion , sont,
selon nous , assez péremptoires pour faire penser que
les personnes qui récèlent les germes de la m aladie, ne
la transmettent point , lorsqu’elles les voyent éclore
dans un pays où ils so n t, pour ainsi d ir e , exotiques.
Néanmoins , en réfléchissant bien sur la manière dont
le corps humain doit conserver des germes aussi des
tructeurs , on se voit comme entraînés dans des détails
physiologico-pathologiques, et nous y entrerions d’au
tant plus volontiers, qu’ils serviraient à mieux éclaircir,
peut-être , notre façon de penser. Nous regrettons de
n’avoir pas assez de temps pour cela. Nous ferons seule
ment remarquer qu’en Europe , là où la fièvre jaune
n’a point été épidémique , il est possible que les prati
ciens rencontrent quelques individus qui , suivant Irur
constitution , leur régime , certaines circonstances lo
cales , e tc ., soyeut dans une teile position , qu’une
�(
33)
fièvre bilieuse portée à son maximum , se développe chez
eux avec toutes les nuances de la fièvre jaune. Mais qu’on
fasse bien attention que ces individus sont seuls victi
mes d’une pareille maladie, celle-ci n’étant assurément
point transmissible. Ainsi, un Suisse a eu la fièvre jaune
dans son pays. A in si, une personne eu a été traitée à
Paris , par M. le docteur P orta i, premier médecin du
Roi. Ainsi, il en a été observé un très - grand nombre
d’exemples à Marseille ; e tc ., etc.
Y a-t-il clés raisons de. croire que Marseille soit un
jour victime de la fièvre jaune? Il ne faut pas s’épuiser
en réflexions pour s’apercevoir que l’excellente situation
topographique de cette cité , où le vent du Nord , connu
sous le nom de m istral, soufflé assez fréquemment ,
s’oppose a la combinaison des causes productrices du
terrible fléau. Il est vrai que dans la saison de l’été ,
à l’époque de la canicule , et lorsque Pair est vicié
par des gaz méphitiques et des miasmes putrides , les
Marseillais ont a redouter des maladies épidémiques.
Toutefois , la viciation de l’air, dans les grandes chaleurs,
n’étant qu’une cause de la fièvre jaune, tandis qu’il faut
le concours de plusieurs agens pour la produire , la so
lution de la question que nous venons de poser récla
merait , pour être bien exacte , une analyse raisonnée
de toutes les causes procréatrices de la maladie , ce qui
nous entraînerait loin. Nous devons avouer au moins
que tout porte à faire répondre à la question d’une ma
nière négative , à l'exception , peut-être , du cas où
un foyer d’infection parti d’Am érique, bien conservé
dans un coffre , comme nous l’avons dit plus haut ,
serait répandu ù Marseille dans le temps des fortes cha
leurs, et pendant qu’une sorte d’infection locale régnerait
dans cette ville. Mais cette hypothèse est sujette à con
testation , parce qu’il faudrait encore supposer à l’infec
tion locale les qualités requises pour sc combiner avec
�34
(
)
l ’infection exotique: problème qu’il n’appartient - qu'à
l ’expérience de résoudre. En tout cas , il suffira tou
jours de désinfecter les vaisseaux suspects , immédia
tement après leur arrivée dans notre p o rt, pour enrayer
la propagation des germes qu'ils auraient importés , ca
pables de donner naissance à la fièvre jaune , ou à tout
autre typhus.
Doit-on ajouter f o i à ceux qui prophétisent que la
fièvre jaune fe r a insensiblement Le tour du globe P Q u’ils
sont heureux les médecins qui fort satisfaits de se re
paître de chim ères, ne font point attention aux étroites
limites dans lesquelles leur esprit se trouve renfermé »
tandis qu’ils se figurent savoir tout et même prédire
jusques à l ’impossible ! Q u’ils sont à plaindre les ma
lades qu'enchante le babil de ces prophètes ! O n ne con
çoit pas les motifs qui portent certains docteurs à an
noncer avec, assurance que la fièvre jaune ravagera peuà-peu tous les points de la terre. Déclamer contre d’aussi
fameux oracles, n’est-ce pas rendre un service signalé
à la science qui honore le plus l ’humanité ? Certes , à
moins d’être mû par certaines vues spéculatives, blâma
bles sous mille rapports , On ne peut annoncer ce que la
raison réprouve souverainement. En effet, vous n’aurez
jamais la fièvre jaune dans le temps des frimats , nidaus
les pays qui y sont sujets, puisque c’est sous le ciel
brûlant de ta zone torride qu’elle règne habituellement.
S ’il était possible que par une révolution de l’ Univers,
les climats des Antilles fussent remplacés par ceux du
nord de l’Europe , et vice-versà , alors seulement alors ,
le règne futur de la fièvre jaune en Allemagne , comme
en Russie , et sur tous les points du globe , si l’on veut,
serait concevable. Mais il ne nous est pas permis de
lire dans l’avenir. • Simples m ortels, contentons-nous
d’admirer ce qui se passe autour de nous, et d’épier la
nature autant que possible , sans rien préjuger, car elle
�(
35)
cache trop bien ses secrets , quoiqu’elle ne cesse d’agir.
Si la fièvre jaune n’est point contagieuse , si elle n’est
susceptible d’être importée que jusques à un certain
point, c’est-à-dire, de manière que son importation ne
soit point redoutable; s’il est vrai que Marseille soit à
l’abri de son invasion , que penser de certaines mesures
sanitaires que l’on prend pour s’en garantir ? Que penser
de la fameuse distance de quelques pieds F On ne sau
rait en douter ; les lieux q u i, comme les lazarets sont
consacrés à recevoir plus ou moins de malades atteints
delà fièvre jaune, sont par là dans le cas de concentrer
une infection plus ou moins considérable et très-aptes à
vicier insensiblement la masse de l ’atmosphère ambiante
des villes et villages circonvoisins, etc. , etc.
Eli ! que n’aurions-nous pas à dire sur le tort immense
que font au commerce les quarantaines auxquelles on
assujettit les navires qui arrivent des pays infectés de la
fièvre jaune ! Sans doute , la santé publique est préfé
rable à tous les biens de la terre. Cependant si dans la
croyance de la favoriser , cette santé , vous faites pré
cisément ce qui tend à-la-fois à la troubler et à nuire
au commerce , vous portez à l’humanité un coup, pour
ainsi dire , doublement meurtrier.
Il est facile de pressentir, partout ce qui vient d’être
exposé , combien le comité de salubrité publique de
Marseille s’exposerait à être frappé d’anathème , s’il
s’avisait désormais à faire des instructions aussi ridicules
que celle qu’il a adressée à tous les médecins , pour les
mettre en garde contre une contagion qui n’est rien
moins qu'effective.
Membres du comité ! fixez de préférence votre atten
tion sur une infinité d’objets qui se rattachent à vos
importantes fonctions , et dont nous ne retracerons
ici que les suivans : voyez le nombre considérable de
fabriques que Marseille présente. Les négocians vous
diront qu’il les faut pour la prospérité du commerce
�(
36)
marseillais ; clés chimistes vous observeront que les gaz
qui émanent do la plupart d’entr’elles servent à purifier
l'atmosphère. Des praticiens vous apprendront que la
phtisie, assez fréquente à Marseille , ne^reconnaît pas
de cause plus grande que ces mêmes gaz. C ’est à vous
à concilier tous les esprits.
Il vous appartient encore de diriger vos regards in
vestigateurs du côté des cloaques et des cimetières,
sujets si dignes de vos méditations. Vous ne devez pas
ignorer que ces lieux sont des foyers de putréfaction
d ’où s’exhalent des gaz d'autant plus délétères , que la
chaleur est excessive. Faites ensorte que le curage du
port n’ait point lieu en été. En un m o t, faites éloigner
de la cité tout ce qui peut donner naissance, ou du moins
contribuer à une infection générale ; quel contraste frap
pant que ce rapprochement de la boucherie , du lazaret
et du grand cloaque du boulevard (i) des Dames ! etc.
Vous avez la confiance de l’autorité, sachez y répondre,
et voulez vous être dignes de l’estime publique , si Mar
seille était menacée d’ une épidémie m eurtrière, préparez
en silence de sa&es mesures nE pr éser vatio n . Souvenezvous qu’il ne faut jamais alarmer le peuple par des
bruits de contagion , lors surtout que vous seriez bien
en peine de la démontrer ; souvenez-vous encore que
le défaut de courage est une principale cause de la fièvre
jaune et du désordre qui se met parmi les habitons d’une
ville ravagée par tout autre fléau.
(i) Hé quoi! on nomme boulevard des Daines celui qui
occupe la place ries remparts sur lesquels des amazones mar
seillaises défendirent vaillamment leur patrie: on inspire, par
cette dénomination, à cet endroit mémorable, la t vénération
qu'il mérite, et au lieu d’y élever un monument à Vénus, pour
perpétuer sa noble conduite au champ de la gloire, on élève
des tas de fumier; au lieu d’y brûler l’encens, la myrrhe, les
parfums, on y pratique des égouts qui favorisent le dévelop
pement des exhalaisons putrides, etc., etc. , etc-
�( n
3)
SUR L A FIÈVRE JAUNE.
,/*v.
Et diverses mesures sanitaires , auxquelles elle a donne
lieu , à Marseille , pendant, les mois de septembre
et octobre 1821 ; par P. M. Roux , docteur en
médecine , membre de plusieurs sociétés sAvantes ,
rédactenr - général.
II
��( n 5 )
APERÇU SUR LA FIÈVRE JAU N E ,
Lu à la séance du 19 octobre 1821 de la Société R oyale
de Médecine de Marseille , par M. T ex to r is ,
médecin , chargé du service de santé de la Marine t
chevalier de la Légion d ’honneur , etc.
M essieurs ,
L a fièvre jaune qui désole quelques contrées de l ’Es
pagne , après avoir répandu la terreur et l’épouvante
sur la partie de nos frontières qui nous en sépare, avait
menacé cette ville. La vigilance des magistrats nous
en a préservés , en la confinant au-delà des barrières
sanitaires. Cette circonstance, justement alarmante ,
agrandit le cercle des devoirs que la Société Royale
de Médecine ne cesse de s’imposer depuis vingt années ,
et qu’elle accomplit avec un zèle constamment dirigé
vers le glorieux but de la conservation de la santé pu
blique. Vos séanees , où le noble enthousiasme apporte
à l’envi son tribut de lumières et de dévouement,
attestent l’importance de votre institution par les se
cours précieux qu’elle peut fournir à l’autorité. Mû
par un si louable exemple , je viens vous présenter
quelques réflexions sur les questions qui , dans cette
occurrence , doivent occuper la pensée du médecin
comme celle des magistrats. Je les soumets à votre
discussion , avec l’assurance de votre empressement à
rectifier mes erreurs et signaler mes omissions.
Parmi les points essentiels de doctrine qui appellent
aujourd’hui notre attention , la question principale et
en même-temps la plus importante , est de pouvoir
décider si la maladie qui cause l’alarme publique est
une affection provenant des conditions constitution
�nelles de l’atmosphère , particulières aux contrées où
elle se développe , ou si elle est le résultat d’une éma
nation contagieuse ; d’un principe animal capable de se
communiquer et de produire de funestes effets. L ’étude
assidue des faits , en nous conduisant à des notions
exactes et conformes à la nature de ses causes , nous
dévoilera la vérité, qui seule peut maîtriser les erreurs
et les illusions.
Il est certain que la fièvre jaune a dû nécessairement
être d'abord produite sans contagion. En effet, pour que
la contagion existe , il faut que la maladie l’ait précédée.
Il est donc impossible de nier qu’elle n’ait primordialement existé avant toute contagion. jC e qui est arrivé
une fois a pu avoir lieu dans d’autres circonstances
semblables.
La recherche raisonnée des causes qui concourent le
plus éminemment à la production de la fièvre jaune ,
démontre d’une manière évidente que cette terrible af
fection se déclare toujours avec les mêmes disposi
tions organiques , toujours sous les mêmes influences
atmosphériques, toujours dans la même saison de l’année,
Si nous contemplons un moment le spectacle qu’olfre
la nature ; quand après avoir rempli les espérances
du printemps , elle nous donne les fruits de l’été, nous
la voyons fatiguée des efforts que lui ont coûté ses pro
ductions ; elle s’affaiblit et paraît languissante et infirme.
Les plantes s’étiolent, les arbres se dépouillent de leurs
feuilles , les oiseaux et les brutes perdent leurs plumes
et leurs laines. L ’homme seid par hasard serait-il exempt
de cette loi universelle ? Ce contraste est si sensible,
que les nations de la haute antiquité , dont l’imagination
avait été frappée de cette mort universelle , l’ont con
sacrée dans leur cu lte; ils en ont conservé l’emblème
dans leur panthéon , en le fixant au ciel par le signe
symbolique du serpent céleste. C ’était pour eux un
�(
ll7
)
mémorial traditionnel qui rappelait les affligeantes
époques où des épidémies populaires avaient désolé
l’iiumanité ( i ).
On voit dans les épidémiques d’Hippocrate que l’au
tomne est la saison de l’année où les maladies sont le
plus généralement répandues, où elles présentent un
plus haut dégré d’intensité et où elles sont suivies d’une
plus grande mortalité. Il regardait les affections fébriles
automnales comme le produit des autres constitutions
de l’année. Les anciens peuples de la Thessalie qui
habitaient les plaines marécageuses qu’inonde le fleuve
Pénée avaient consacré le serpent à Esculape qui les
avait délivrés d'une épidémie meurtrière sous ce signe.
La maladie cruelle (a) qui désola Tlièbes et la liéotie sous
l’influence maligne de la Sphinx ( ). Celle qu’Agamemnon
0 fut accusé par Calcas d’avoir introduit dans le camp
des Grecs à Troye. La cruelle épidémie de Lacédé
mone , guérie par Thaïes , sept siècles avant notre ère,
celle des Phaîériens, dont, au rapport de Plutarque , l’ora
cle d’Apollon avait promis de délivrer les peuples , pourvu
que l’on immolât, tous les ans, une jeune fille, n’ont-elles
pus exercé leurs ravages dans les mois d’août et de sep
tembre ? L ’influence de la Sphinx a Thèbcs ; la jeune
fille demandée en sacrifice par Apollon aux peuples de
3
(1) Les observations de l’abbé T e s s i c r s démontrent que les
épizooties se déclarent généralement vers la fin de l ’été et
dans l’automne. Les épizooties de poissons , observées en 1722,
au lac de Constance, celles des lacs qui sont aux environs de
Naples et de Pouzoles", remarquées par l ’abbé R i c h a r d , celles
de 17S0 , observées dans la Dive en Normandie , se sont toutes
déclarées à la fin de l ’été.
(2) i 3 siècles avant notre ère.
(3 ) Euripide a nommé la Sphinx,
(2) L’an 1209 avant notre ère.
v ir g o s a p ie n s *
�(
m
8 )
a G rèce, n’auraient-elles pas des rapports avec le signe
de la vierge , constellation du mois d’août ? Ce fut
trois siècles plus laid et sous le signe des mêmes cons
tellations , que la fièvre jaune maligne , qu’on appela la
peste d’Athènes , ravagea l’Atlique : c’est dans l'automne
que illustre Pétioles mourut victime de ce fléau. Pour
quoi repousserions - nous cctie analogie d’antique tra
dition ! examinons plutôt quelle est la nature des condi
tions constitutionnelles atmosphériques qui se présen
tent sous ces constellations, et si par un rapprochement
de faits , elles ne pourraient pas nous fournir quelques
inductions favorables.
Parmi les conditions constitutionnelles de l’atmosphère
aptes à produire la fièvre jaune ', la chaleur extrême
occupe le premier rang. Cette affection ne se présente
que dans les climats chauds, entre les tropiques et dans
les pays maritimes et marécageux où l’excessive humi
dité de l’air s’associe à une chaleur extrême. Les vapeurs,
les brouillards provenant des eaux bourbeuses et sta
gnantes , des m arais, des houes et des entassemens de
malpropretés humides , restant long-temps dans les
couches inférieures de l ’atmosphère , entourées et in
vesties d’une chaleur brûlante , rendent les rayons du
soleil pernicieux et morbifères. C ’est dans ces lieux pré
cisément et dans leur voisinage ; c’est dans ces conditions
atmosphériques que se manifestent des épidémies cons
titutionnelles de fièvre jaune.
L ’action d’une chaleur très-forte combinée avec la
grande humidité engendre les particules délétères que
recèlent les vapeurs aériennes. Ces exhalaisons, résultats
des décompositions putrides végéto - animales détermi
nées par une température élevée et par les rayons lu
mineux,attaquent le système gastro-hépathique, altèrent
fortement les secrétions de la bile , les sucs digestifs et
produisent des fièvres bilieuses. Si la température est à
1
�C”
9)
un haut degré , le trouble des fonctions augmente et la
fièvre jaune se déclare. La production de cette maladie
est si fortement liée à l’influence des causes constitution
nelles que toutes les relations des pays où elle a régné
soit eu Amérique , soit en Europe font coïncider son
développement et sa propagation avec les hauts degrés
de chaleurs , joints à une très-grande humidité de l’air.
Les rapports de ces conditions atmosphériques avec
l’apparition de cette maladie sont si exacts et si frappans,
qu’après un séjour de dix ans en Amérique , l’observa
teur Dalmas était parvenu à pouvoir prédire par la seule
inspection du baromètre , le retour ou la cessation de
la maladie. Galien dit que l’air chaud et humide est le
principe pestilentiel. L in d a remarqué que les marins
européens qui arrivaient sur les côtes de Guinée tom
baient malades s’ils passaient quelques nuits à terre ;
mais s’ils retournaient à leur bord sans s’ètre long
temps exposés aux vapeurs terrestres , ni éprouver de
fortes chaleurs , ils étaient exempts de la maladie. Pringle a observé que la chaleur de la fin de l’été et du
commencement de l’automne, d'autant plus suffocante
qu’elle est unie à l'humidité de l’air , est la cause pro
ductrice des fièvres bilieuses des camps. Il pense qu’elle
est la source commune de la fièvre bilieuse de tous les
pays et de tr ; les climats , comme celle de la fièvrejaune
d’Amérique jui n’est que le maximum de la fièvre b i
lieuse. Rush rapporte que dans les épidémies de 1763 et
de 1793, ce fut dans les mois d’aoû t, septembre et octobre
où les chaleurs sont excessives à Philadelphie, que la fiè
vre jaune se manifesta et fut plus intense. Vers la fin de
l’anjtrente du 17 ,e siècle, Cadix souffrit d’une pareille af
fection qui fut très-meurtrière ; celle qui s’y est déclarée
en août ! 800 par une température de 27 à 28 degrés de
Réaumur fut précédée de jours de vent d’Est très-fort
etaccompagnée d’ une constitution de l ’atmosphère chaude
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et humide à un haut degré , avec des transitions et
des altérations considérables. A la même époque, cette
affection régna à Séville elle y sévit violemment. Cette
ville , assise sur un bas niveau , réunit les conditions
les plus propres au développement naturel de la ma
ladie. Sa situation l’expose aux fortes chaleurs, un trèsgrand fleuve l’entoure , inonde ses environs et y dépose
un limon infect ; une population immense enfermée
dans des rues étroites et tortueuses, où l’air peut à peine
circuler, se trouve plongée dans un ambiant prédisposé
à acquérir les qualités morhifères requises. Le profes
seur espagnol , don Jean Salamanca , décrivant l’épi
démie de Malaga, en août i8oj. , s’exprime ainsi : « nous
he nous étonnerons pas que la maladie ait été plus
cruelle en cette ville qu’à Cadix et à Médina Sidouia ,
si nous lésons attention aux continuelles inondations du
fleuve qui l’entoure. Ce qu’il y a de plus certain , c’est
que sa chaleur et l’humidité que nous observons fré
quemment dans cette ville , prédispose à la maladie ;
cette cruelle épidémie s’est d’abord manifestée dans les
quartiers appelés les puits doux, terrains extrêmement
bas , qui , communiquant avec le fleuve , sont souvent
in >nd,és. » Le célèbre Haller décrit une épidémie quiatteignit le canton de !ferrie en 176a , dont les principaux
symptômes étaient des vomissemens et des diarrhées
bi!i< uses , des douleurs à la tête et à l ’épigastre joints
à la léthargie. Dans les bailliages d’Aigle et de Gesenai,
il mourut la cinquième partie des habitans. Cette épidémie
se manifesta à la fin de l’an née par une automne sans
n eig e, phénomène extraordinaire dans ce pays. Haller
sans prétendre former une théorie , attribue cette maladie
et ses effets aux maisons extrêmement basses et hu
mides , entretenues dans une chaleur énorme par de
très-grands feux. Il sera toujours difficile , dit H a ller,
d’expliquer comment et pourquoi cette maladie a ravagé
�( 121
)
quatre grandes paroisses seulement , tandis que les voi
sines en ont été exemptes, ou n’en ont eu que quelques
atteintes qui 11e méritent pas attention. 11 paraîtrait
y avoir là contagion , au moins quand le mal atteignait
une maison , il ne pardonnait quasi à personne.
Jackson et Hunier ont présenté des faits nombreux
qui prouvent que l’évaporation éthérée des marécages
desséchés qui a lie u , lorsque l’action d’ un soleil ardent
se combine avec une grande humidité , est un des agens
les plus propres à déterminer des maladies populaires.
Ils pensent avec L i i u l, Moseley , Moultrie et Devèze
que l’époque de l’année où les pluies alternent et sont
suivies d’une température de 90 à 96 degrés de Farenheit,
est celle où la fièvre jaune fait le plus grand ravage dans
l’Archipel des Antilles , aux Jsles sous le vent et dans
toutes les Indes occidentales. Les colonies où les vapeurs
aeriennes sont formées par une réunion de gaz délétères ,
et qui n’y sont pas chassées par le vent , sont les plus
exposées à cette affection. Dans la Jamaïque , qui n’est
pas entièrement défrichée , où les montagnes -s’opposent
aux courans d’air et à la libre communication des vents ,
les maladies sont généralement , plus fréquentes et plus
dangereuses. Si , dans ces contrées , nous considérons
les points qui sont le plutôt atteints de la maladie , nous
verrons que ce sont les plaines , les bords de m e r ,
les sucreries et les cafèteries. Dans les plaines , on
éprouve une forte humidité , ainsi que sur les bords de
mer ; les sucreries sont continuellement arrosées comme
les rizières ; dès-lors les mêmes phénomènes atmosphé
riques sont suivis des mêmes résultats morbides. Ainsi
àKinston, qui est la capitale de la Jam aïque, et qui
est entourée de marais , il y a une très-grande morta
lité ; la garnison y est toujours malade , et on est obligé
de la faire changer tous les trois mois avec des pertes
considérables. L a Pointe-de-Paix, au contraire', est
�( 122 )
un endroit de l’isle oii on jouit d’une bonne santé.
Dans les terres , les maladies y diminuent en nombre
et en intensité. Enfin , elles se dissipent entièrement
sur les montagnes. Le Bengale présente le même tableau;
la maladie règne dans la terre basse , qui est constam
ment humide et peu aérée , tandis que la terre haute
en est exempte.
Dans les Colonies , deux saisons principales séparent
l’année ; l ’une est la pluvieuse , qui se divise en deux .
la première où les pluies sont modérées et peu fré
quentes ; la seconde offre des averses qui inondent toutà-coup. Dans la saison sèche , il y a très-peu de ma
ladies , elle est généralement saine. La saison des pluies
donne des résultats contraires; 1er, maladies sont d’abord
peu nombreuses ; mais lorsque les plaines sont inon
dées par des pluies excessives , elles deviennent géné
rales et meurtrières. A cette époque de l’année , la vé
gétation est. arrêtée ; les plantes m eurent, fermentent
et la putréfaction s’établit. Des exhalaisons morbifères
s’élèvent de toute p a rt, produites par une température
extrême , et développent la maladie.
Ciirrie et Finke ont obéef.é que la constitution bi
lieuse commence toujours dans le s mois d’août et de
septembre. Ils assurent qu’à ces époques, le grand nombre
de tiphus ictérodes dérivent des constitutions de l’atmos
phère , lorsqu’ un soleil ardent succède à des matinées
nébuleuses. Au Sénégal, où l’air est extrêmement brû
lant , la fièvre jaune ne se déclare qu’en septembre et
octobre après l’inondation du fleuve. Notre savant col
lègue M. Valentin rapporte qu’à Norfolk en 1690, la
fièvre jaune , qui ne s’était pas montrée en juillet et
août , se développa , et devint populaire et générale,
lorsque vers le milieu de septembre , des pluies trèsabondantes succédèrent à une chaleur brûlante. L ’épi
démie de Livourne eut lieu vers la fin d’août , lorsqu’à-
�(
123 )
près des chaleurs excessives , il survint des pluies et
des tempêtes.
Les auteurs qui ont écrit sur la fièvre jaune , tels
que L ind , Bush , Moseley , Clark , Jackson , Moitltrie, Devèze , Gilbert , affirment que cette maladie
règne épidémiquement toutes les fois que d’abondantes
vapeurs, se combinent avec une chaleur extrême ; enfin
toutes les observations tendent unanimement à prouver
què la fievre jaune ne se déclare que dans la saison la plus
chaude de l’année en ju illet, août et septembre, lors
que le complément des conditions atmosphérique existe
pour concourir à sa production.
Conduits par l’observation , nous avons reconnu que
l’influence constitutionnelle d’une chaleur ardente , unie
à l’humidité , produit la fièvre jaune ; que cette fièvre
règne épidémiquement, lorsque cette influence est portée
à un haut degré. L ’expérience de tous les grands prati
ciens a démontré que dans les contrées où cette affection
s’établit , elle s'y développe et sévit avec force dans
les mois d’été (i) et qu’elle s’arrête et se dissipe dans
les autres saisons. Ces considérations qui nous prouvent
évidemment que la fièvre jaune est le produit de l’in
fluence constitutionnelle des conditions atmosphériques ,
tendraient à nous faire conclure qu’elle n’est pas con
tagieuse. Examinons si une réunion de faits plausibles
et authentiques peut appuyer cette conséquence.
En 1793 , une émigration nombreuse se fit de la
Martinique à la Dominique. Bientôt les émigrans fu
rent atteints de la fièvre jaune bien caractérisée et trèsmeurtrière. L e docteur Clark assure qu’elle n’était pas
( 1 ) C ’ e s t v e r s l a f i n d e l ’é t é e t d a n s l ’ a u t o m n e q n e l e s
m a l a d i e s p o p u l a i r e s d e P e r p i g n a n , e n 1774, e t d e l ' i l e J o u r d a i n
p r è s d ’A u e h . e n 1 7 7 7 5 s ' y s o n t d é c l a r é e s , e t y o n t é t é t r è s m eu rtrières.
�(
124
)
contagieuse, puisque les personnes qui entouraient les
malades , qui les soignaient et étaient souvent en
contact avec eu x, n’en furent pas atteints. En 1794, les
Anglais prirent une partie de l’isle de St.-Domingue ,
qui leur fut livrée par les habita ns , la fièvre jaune
leur causa une perte d’hommes très-considérable. Jackson
et Mécleam , qui ont laissé des rapports sur cette maladie,
s’accordent, ainsi que tous les médecins qui habitaient
la colonie à assurer qu’elle n’était pas contagieuse puis
que même les personnes qui soignaient les malades en
furent exemptes. David liant say rapporte que des ma
lades atteints de la fièvre jaune qui , de Charleston , où
elle était, se fesaient transporter à la campagne, n'y
communiquaient pas la maladie. Park décrivant la
fièvre jauue qui ailée ta les équipages du vaisseau le
Warren dit que la maladie devint meurtrière sous les
tropiques , qu’elle diminua un peu à la Vera-G rux ,
qu’elle reprit un plus fort degré d’intensité à son re
tour aux États-Unis, et qu’elle cessa entièrement quand
le vaisseau aborda à un des ports du Connecticut; elle
ne donna pas un seul malade dans le p o r t , ni dans la
ville Lorsque les réfugiés de St-Domingue arrivèrent
en foule à Philadelphie pendant la désolante épidémie
de 1793 , l’illustre Devèze fut forcé de placer ceux qui
étaient malades, ainsi que les blessés , dans les mêmes
salles , de les faire servir avec les mêmes linges et des
mêmes fournitures que les malades atteints de la fièvre
jaune , sans qu’aucun des réfugiés n’en ait été atteint.
La frégate le Green ayant fait de l ’eau pendant une
violente tempête qu’elle avait essuyée au milieu de la plus
forte chaleur, la fièvre jaune se déclara, le nombre des
malades et des morts y fut très-considérable. Aussitôt
qu’elle fut mouillée à N ew -York , on transporta à terre
cent malades ; on ne prit aucune précaution soit pour
les hommes , soit pour leurs hardes. Malgré cette né-
�(
125
)
gligence , la maladie ne se communiqua pas à l’hôpital
et aucun habitant de la ville n’en fut atteint.
Monsieur W eling, consul des Pays-Bas , à Alicante ,
actuellement à Marseille , se trouvait à Baltimore lors de
-la lièvre jaune de 1801 , qui régna en cette ville depuis
la fin d’août jusqu’en novembre. 11 m’a assuré qu’étant
logé à une campagne située à une lieue de Baltimore
avec trente personnes de sa connaissance , il venait tous
les jours à la ville avec six. de ses amis pour vaqu er,
ainsi qu’eux à ses affaires. Ils y visitèrent journellement
leurs amis malades de la fièvre jaune , ils les touchaient,
ils les soignaient, les tenaient dans leurs bras pendant
qu’on les changeait de linge. M. Weling avait prêté sa
capote à un des malades pour qu’il s’en revêtit pendant
qu’il se levait. Ce malade mourut de la maladie et M.
Weling se servit de nouveau de sa capote sans éprouver
la moindre atteinte de fièvre jaune. Ses six compagnons
et lui retournaient tous les soii’s à la campagne avec
leurs habits imprégnés des miasmes qu’ils avaient humés
auprès des malades , sans que jamais une seule des trente
personnes avec qui il habitait, n’ait eu le moindre symp
tôme de la maladie.
Les académies de Baltimore et de Philadelphie ont
décidé , d'après une mûre expérience et sur des faits
nombreux , que la fièvre jaune est une affection locale
dépendante, des conditions atmosphériques et non une
maladie importée. Ainsi de grandes autorités compé
tentes et irrécusables déclarent hautement que la fièvre
jaune n’est pas contagieuse. Itcndons-nous à l’évidence
des faits et pensons avec elle que cette effroyable maladie
peut être le produit des constitutions atmosphèiiques.
Ces affections d’essence constitutionnelle éludent par
leurs principes toute mesure de préservation , et portent
généralement leurs ravages dans la contrée qui en est
le berceau. Mais en compensation, si ces maladies po-
�( I2Ô )
pulaires constitutionnelles sont inévitables dans les cli
mats où elles régn en t, comme provenant des circons
tances particulières, inhérentes aux pays où elles se dé
veloppent , elles ont l’avantage ( lorsqu’elles conservent
ce caractère constitutionnel ) de n’être funestes , ni dan
gereuses aux contrées qui communiquent avec celle ou
règne la maladie. De telles constitutions m orbides, en
tant qu'elles sont liées à un complément de qualités at
mosphériques et terrestres ne passent pas d’un point
infecté à une distance qui en est éloignée. Différente
des affections contagieuses telles que la variole , la rou
geole , les tiphus , la peste, qui s ecommuniquent et se
répandent rapidement dans toutes les saisons , dans
toutes les températures , la lièvre jaune constitution
nelle se dissipe aussitôt que les conditions atmosphériques
qui l'ont produite cessent. Cette affection seule a son
premier développement dans les pays chauds et humides.
Elle ne règne avec violence que dans les villes et les
contrées maritimes où l’exposition , la température et
diverses circonstances de localité, rendent plus forte la
combinaison de l’humidité et d’ une chaleur extrême.
Les conditions atmosphériques déterminées sont si
évidemment et si exclusivement les agens producteurs
de la fièvre jaune , qu’on voit leurs effets s’affaiblir et
disparaître, lorsque les individus passent des lieux bas ,
humides et resserrés, aux endroits secs , montueux et
aérés. La lièvre jaune est très-fréquemment à l ’isle de
C u b a , qui est un pays bas et humide , tandis que la
Barbade et la Guadeloupe, qui sont des îles entière
ment défrichées et cultivées , sont beaucoup plus saines.
L e séjour de la Jamaïque si dangereux dans la partie
basse a des montagnes qui offrent un asile assuré contre
la maladie, aux troupes qu’on y fait séjourner pour les
acclimater. Les mornes de la Martinique présentent les
mêmes avantages aux militaires et aux Européens qui y
�*7
( i
)
arrivent. Trotter rapporte que l’escadre anglaise qui
était aux parages de St.-Domingue, parvenait à arrêter
les progrès de la fièvre jaune en fusant mettre en pleine
mer les vaisseaux sur lesquels cette maladie régnait. Il
assure que le capitaine d’ un des vaisseaux de cette escadre,
ne voulant pas mettre à la voile , y fut forcé par les
menaces de l’am iral, et quelque temps après , ce vais
seau retourna sans aucun malade. Sur une frégate , tous
les malades furent guéris , lorsqu’elle fut parvenue par
les a degrés. Rush assure que des individus qui arri
vaient à Philadelphie pendant l ’épidémie, ressentaient
différons symptômes de la maladie , lesquels disparais
sent à leur retour chez eux. Au rapport de la société
médicale de la Nouvelle-Orléans publié par M. Jour
dan, le développement de la fièvre jaune qui a régné dans
cette contrée en 1819 , a été attribué à la chaleur brûlante
des mois de juillet , août et septembre , rendue plus in
supportable par les vapeurs que les pluies fréquentes occasionaient. A la mi-octobre , un froid rigoureux pour
la saison s’étant fait sentir pendant l’espace de quelques
jours , plusieurs médecins annoncèrent que les ravages
de l’épidémie allaient diminuer ; ce qui arriva en effet.
Peu de temps après, les pluies ayant recommencé et ayant
été suivies de fortes chaleurs , les mêmes médecins an
noncèrent le retour prochain de l’ingravescence de la
maladie, qui reparut en effet dans toute son intensité et
se prolongea jusqu’en novembre et décembre , lorsque le
froid fut devenu très-vif et permanent.
S i , munis de ces doemnens , nous dirigeons main
tenant nos regards vers Barcelonne , dont l’épidémie
fixe l’attention publique, nous verrons que cette cité,
comme presque toutes les grandes villes d’Espagne ,
renferme dans son sein les germes des altérations atmos
phériques qui y produisent la fièvre jaune. Cette ville
est située au milieu de montagnes qui la î-esserrent â
3
�(
138)
«ne lieue de distance entre la mer et un fleuve qui ir
rigue ses environs. Son port est bourbeux et rempli
d’une quantité d’immondices qu’y charrient le caudal
et autres cloaques souterrains. Ses édifices et ses maisons
sont très-élevés et contiennent une population de près
de cent mille aines dans des rues très-étroites , tortueuses
et où l’air ne circule que difficilement. Tous les matins,
au lever du soleil, cette ville se trouve couverte d’épais
brouillards , résultats journaliers des exhalaisons impures
qui chargent et vicient l’air qu’on y respire. Le docteur
Snponts , praticien distingué de fîaredonne , avait déjà
remarqué que l'insalubrité de cette ville l’exposait a
beaucoup de maladies , et notamment aux fièvres pu
trides , pétéchiales, et aux rémittentes bilieuses qui s’y
observent fréquemment à la fin de l’été et surtout dans
l’automne. Malgré ces considérations d’insalubrité locale,
la maladie qui afflige ïîarceloune a été attribuée à de
miasmes transportés du dehors par des équipages arrivés
de la Havane. La junte supérieure de santé de Catalogne
a été portée à en conclure qu’elle était exotique ; mais
ce comité pense , d’après des faits bien vérifiés , qu’elle
n’ est pas contagieuse. L ’exploration analytique des symp
tômes de la maladie actuelle, offre généralement dans la
réunion de ses phénomènes diagnostiques l’ensemble des
désordres qu’entraînent les fièvres bilieuses rémittentes
portées à leur maximum ; elle présente dès l’invasion
une forte douleur à la tête et aux lombes , une grande
prostration du phisique et du moral, dégoût pour les ali—
meus , VEILLE CONTINUE ET ANXIÉTÉS PRÉCORDIALES, VIVE
s e n s i b i l i t é A l ’ é p ig a s t r e ; altération sensible dans tous
les traits ; r e g ar d p a r t ic u l ie r , d é c e l a n t u n grand
t r o u b l e , oppression , douleurs vagues dans différen
tes parties du corps ; pouls plein et fréquent. Ensuite le
corps devient jaune ; il y a engorgement des vaisseaux
de la conjonctive ; la langue est sèche et rouge ; les vo-
�C I29 )
mlssemens sont de couleur de ca fé , les selles bilieuses
chez les uiis et sanguinolentes chez les autres. Plusieurs
ont eu des hémorragies p a rle nez, pur la bouche, et
par l’utérus chez le sexe; l’urine est variable. L ’anxiété
précordiale et surtout la cardialgre forment le symp
tôme le [plus constant ; chez quelques individus , le
moindre contact sur l'épigastre et l’hypocondre droit est
si douloureux, qu’il ne permet pas d’explorer ces régions.
Cette maladie règne épidémiquement à Barcelonne ;
elie s’y est d’abord déclarée au faubourg de Barcelonette,
qui est plus rapproché et plus exposé aux exhalaisons
du p o rt, dans les premiers jours d’aout et par un temps
très-chaud. Cette disposition du tem ps, jointe aux forts
brouillards qui couvraient la ville a successivement aug
menté d’intensité jusqu’au a5.c degré du thermomètre ,
vers le milieu de septembre. Elle y fomente et y en
tretient le foyer de l’épidémie, qui se dissipera avec les
froids de l’hiver.
Tous les faits bien constatés démontrent que les
épidémies de fièvre jaune constitutionnelle sont produites
par des effluves qui s’exhalent en nuages épais , et recè
lent dans leurs mixtions des germes morbifères. Ces
exhalaisons, dont le caractère micidial est dû aux prin
cipes délétères qu’elles renferm ent, sont principalement
actives le soir et le matin , lorsque la fraîcheur des
nuits Condense et concentre les gaz que la chaleur du
jour à mis en expansion. Ces affections se circonscri
vent elles-mêmes dans leurs conditions atmosphériques
et ne dépassent pas les rayons d’expansion nécessaires à
leur existence.
C’est le onze octobre que quelques accidens isolés de
fièvre jaune constitutionnelle se sont fait apercevoir dans
la quarantaine de Marseille , .parmi des individus des
trois équipages dés navires venant d’Espagne, qui ont
été le plus et le plus long-temps exposés aux influences
T.
11.
io
�C i3o )
constitutionnelles tle ces ports fl’où ils sont partis. Un
mois s’est à peine écoulé et ils n’existent déjà plus.
Tous les équipages des trois navires sont en bonne santé
et aucune personne de celles qui ont soigné les malades
et qui ont été en contact a\ec eux n’a pris la maladie,
ni en a éprouvé aucun symptôme.
Tels sont , Messieurs , les aperçus consolants que
cette première partie de nos recherches nous met à
même d’adresser à la sollicitude publique. Ils offrent
dans leur application locale, des garanties rassurantes à
la population de Marseille. La situation élevée de cette
ville, où Pair est sec , v if , le plus souvent froid ; ses
rues la plupart larges et spacieuses, ouvertes aux vents
de sud-ouest et de nord-ouest , fréquents et impétueux ;
l ’état pierreux et sablonneux de sou sol j ses environs
secs et montueux qui manquent d’ailleurs d’une quan
tité d’eau suffisante aux arrosages , s’opposent à la réu
nion et à l ’établissement des conditions atmosphériques
nécessaires au développement et à la propagation de la
fièvre jaune.
Nous avons jusqu’ ici présenté une réunion de faits
qui tendent à prouver que la fièvre jaune n’est pas
contagieuse dans les climats et dans les contrées où
l ’ensemble des altérations constitutionnelles existe pouf
sa production. Dans toutes les épidémies de cette na
ture , où l’on a voulu de bonne foi remonter aux causes
accidentelles , on a observé qu’elles existaient réellement.
Dans ce cas , ü n’y a pas de contagion , puisque les
mêmes causes agissent sur tous les individus placés sous
les mêmes influences. Ces raisons sont très-fortes et
méritent beaucoup d’attention : elles rendront cette
seconde partie de mon travail plus pénible, plus dif
ficile dans l’exposé des , opinions qui paraissent modi
fier celte première assertion et dans le choix des preuves,
propres à l’infirmer , en établissant une conclusion
différente.
�C i3 i )
Au milieu de tous les faits qui militent contre le ca
ractère contagieux, de la fièvre jaune , nous recherche
rons ceux qui pourraient dans quelques circonstances
nous faire reconnaître en elle nue nature analogue k
ces funestes maladies qui proviennent d’une émanation
d’un principe animal contagieux. Nous devons aussi
signaler ceux où des exhalaisons primitivement consti
tutionnelles fortement concentrées et détériorées, ont
acquis uu caractère délétère contagieux , sui generis ,
propre k transmettre la fièvre jaune à des corps sains.
Consultons d’abord Rush , il a écrit sans prévention
( en 1794 ) avant les discordances que la question qui
nous occupe a fait naître et k une époque où Ion
commençait k peine k bien marquer les caractères dis
tinctifs de la fièvre jaune. Cet auteur dit , page i (1)
« La découverte de la malignité , de l’étendue et de
» l’origine d’une fièvre que je savais être éminemment
» contagieuse , aussi bien que mortelle , me donna
h beaucoup de peine. Je n’hésitai pas k lu nommer
» fièvre jaune bilieuse et rémittente, t.n 176?., la'même
» fièvre était épidémique k Philadelphie ; ses symptômes
» sont au nombre des premières impressions que les
» maladies ont faites sur mon esprit. Je me l'appelle
» quelques-uns de ces symptômes , j’ai conservé pareil« lument une idée de sa mortalité1 Je vais tracer ici un
« faible tableau de cette maladie, d’après le journal que
» je tenais.
» Dans les mois d’aoû t, septembre, octobre / novembre
» et décembre de 1762 , la fièvre jaune bilieuse se dé« clara k Philadelphie , après un été fort chaud et se
» répandit comme uDe peste , enlevant chaque jo u r,
3
( 1 ) An acconut acurent of tlie bilious remitling yellow fever
in llieyear i7ÿ3.
�V
(
132)
« pendant quelque temps , plus de vingt personnes par
» jour. Les malades étaient généralement saisis de fris» sons auxquels succédait bientôt une lièvre violente ,
» accompagnée de maux de tète et de douleurs de dos ;
» le pouls était plein et quelquefois irrég u lier, les
» vaisseaux de la conjonctive engorgés ; les yeux étaient
» enflammés et avaient une couleur jaunâtre ; beaucoup
» de malades se plaignaient des douleurs d’estomac et
» des vomissemens s’ensuivaient presque toujours. Les
» .° , .®, et 7.® jours étaient très-critiques et la ma» ladie se terminait , un de ces jours , par la mort ou
» un prompt rétablissement. Une éruption sur tout le
» corps, le .® ou le 7.® jour, était d’un favorable au» gure. Une chaleur excessive et presque brûlante vers
n. la régiou du foie avec les extrémités froides pré» sageaient la mort. «
Selon les docteurs Rush et Hutchinson , l ’épidémie
de 1793 s’était déclarée à Philadelphie en août ; elle
a été occasionnée par un grand entassement de café ava
rié , qui s’était putréfié sur un quai voisin d’Arcb-stréet.
La maladie resta confinée pendant quelque temps dans
les quartiers voisins, où elle avait produit des ravages
m arquants, et s’était ensuite communiquée successi
vement dans toute la ville. Cette maladie prenait toutes
les formes depuis la rémittente jusqu’au tiplius gravior.
Elle avait un caractère très-malin et généralement ré
pandu ; mais les médecins de la ville n’ont jamais décidé
si elle s’éfait développée par exhalaison originelle, ou si
elle avait été reçue par importation. Rush qui affirme
qu’elle est due au concours des circonstances atmosphé
riques et notamment aux exhalaisons du café avarié,
pense qu’elle était contagieuse. L in d , qui attribue la
fièvre jaune à l’exhalaison des marais et des ma
tières putrides, dit qu’elle se communique par con
tagion. Clark relate un grand nombre de cas où la fièvre
3
5
3
v
�3
( iî )
jaune s’est propagée par contagion. U n vaisseau négrier
qui avait la fièvre jaune à b o rd , arrive à la Grenade;
les nègres débarqués , la maladie se propagea dans la
pays et y fit des ravages. Blah assure que dans les épi
démies de la Barbade , la fièvre jaune était contagieuse.
Le docteur A rcju la , que j’ai particulièrement connu à
Cadix , dit que la principale cause de la maladie qui
régna en cette ville eu 1800 , tient à sa propriété conta
gieuse ; mais en adoptant cette cause, il admet deux
grandes restrictions pour qu’cHe agisse sur l’organisme.
i.° Il faut le concoui’s de la température, qui doit tou
jours être au moins celle de l’été , attendu qu’à l’ap
proche des froids , la fièvre jaune cesse constamment,
s.° Q u’il faut 11’avoir jamais eu la maladie. La pre
mière de ces restrictions confond l’activité du principe
contagieux avec celle des élémens atmosphériques cons
titutionnels ; la seconde lui est commune avec les fièvres
simplement bilieuses et les pernicieuses (1). Un bâtiment
venant d’Am érique, dont le capitaine était malade , dé-
(1) Il a été généralement reconnu que les individus, qui
ont été une première fois atteints de la fièvre jaune, ne sont
pins aptes à la contracter. De très-nombreux témoignages, re
cueillis dans les relations des marins qui ont été fréquemment
dans les pays où cette maladie est endémique, prouvent que
de premières atteintes de fièvre jaune, ne mettent pas tou
jours à l'abri des nouvelles attaques. Comme toutes les phlegmasies , cette phlogose des organes gastro - hépatiques ,
quoiqu’indirecte , est susceptible de récidives. L ’assertion
contraire inspire une sécurité dangereuse qui a souvent été
suivie de résultats funestes. Si ce point de doctrine , relatif
à la susceptibilité et à la non susceptibilité de nouvelles atteintes
de cette afiection , pouvait s’établir a p riori, elle formerait
un des' caractères distinctifs et tranchants, entre la fièvre
jaune constitutionnelle, et celle qui devient contagieuse sous
l’influence de certaines circonstances particulières.
�034
)
posa ses marchandises à Malaga, dans un magasin. Les
personnes de la maison furent atteintes de la lièvre jaune,
ainsi que celles chez qui était descendu le capitaine ; la
maladie se communiqua dans les lieux, circouvoisins et
de la dans toute la ville. En 1804 , pendant le mois de
septembre, la fièvre jaune fut importée à Alicante. Des
marchandises , venues par m er, avaient été introduites
en contrebande et déposées dans un magasin de la grande
rue. A l’ouverture des ballots et des caisses qui renfer
maient ces marchandises , la maladie se déclara aux en
virons du lieu où elles avaient été déposées , se commu
niqua de proche en proche dans les quartiers voisins et
se répandit dans toute la ville. Cette épidémie fut extrê
mement meurtrière et évidemment contagieuse : on
compta jusqu’à trois cent victimes par jour. Les effets
de l’importation de la maladie à Livourne par le navire
YAnna Maria , en 1804, bien décrits par M. Thiébaut,
sont directs et très-coïncidents. Mais parmi les relations
q u i, depuis 1690 , rapportent des faits d’importations
de la fièvre jaune , le plus frappant , le plus dépouillé
de toutes circonstances équivoques, est celui de la ren
contre des corvettes le Palinure et la Carnation, recueilli par M. jMoreau de Joncs et consigné dans l'article lièvre jaune du Dictionnaire des sciences médicales.
D'un côté le départ du Palinure du fort royal qui est
un des foyers principaux de la fièvre jaune, ayant la
maladie à bord. De l’autre , celui de la Carnation , parti
d’Europe avec un équipage sain et n’ayant relâché nulle
part. Les deux corvettes se rencontrent, se com battent,
le brick français aborde l’anglais , s’cn rend maître et
lui communique la maladie. Ici , la certitude de la
cause , celle des circonstances , se réunissent et donnent
la preuve la plus complette, la plus inattaquable de la
contagion. La fièvre jaune que L in d a quelquefois vue
�C 135)
épidémique en Angleterre , y a toujours été apportée
par des vaisseaux, venant d’Amérique.
Tous les médecins de l’antiquité , Grecs et Ar.ibes,
paraissent s’accorder sur l’origine des maladies conta
gieuses. Ils regardent l’Afrique comme le berceau de ces
fléaux répandus sur les autres parties du globe. On sait
que les nègres , habitans les bords du grand fleuve
Niger , dans une étendue de près de six cents lieues , se
répandent au loin dans les terres qui , surtout dans
leurs mains inhabiles , récèlent à un très-haut degré
tous les germes de la fièvre jaune. Ne serait-ce pasdens
les vaisseaux négriers , où on entasse les hommes comme
une vile marchandise, que les ellluves de la fièvre jaune
acquièrent leur propriété contagieuse P N’est-ce pas dans
ces réceptacles d’émanations animales concentrées et dé
tériorées que l’incubation des miasmes contagieux s’o
père Les nègres n’ont-ils pas élaboré dans leur orga
nisme le venin mîcidial qu’ils nous ont souvent commu
niqué en échange et comme- un retour affreux de la
barbarie dont on les rend la victime P
Presque tous les faits qui indiquent la nature conta
gieuse de la fièvre jaune sont puisés dans l ’histoire de
la navigation , ils sont tous rapportés aux . événemens
d’une importation par des navires. Ces circonstances où
une nombreuse réunion d’individus a pu opérer l’accu
mulation et la concentration d’émanations animales et où
les produits de l ’état morbide du système animal n’ont
pu être annihilés par leur dilatation et leur dispersion
dans l'atmosphère, doivent être prises en grande con
sidération et peuvent éclairer nos recherchés.
Ainsi , comme l’on a généralement attribué les épi
démies constitutionnelles aux exhalaisons qui vicient
l'atmosphère.dans des conditions déterminées , . on peut
aussi rapporter les causes des maladies contagieuses, à
�( i
36
)
l’effet de la détérioration de la transpiration accumulée
et concentrée et aux émanations morbides de l ’organisme
vivant.
Nous ajouterons aux faits que nous venons de relater,
l ’expérience du célèbre Moscati. Ce savant illustre vou
lant remonter à la source des maladies qui régnent épidéruiquement dans la Toscane , fit suspendre des sphères
creuses remplies de glaces dans une salle d’hôpital, audessus des malades. Leurs émanations vinrent se con
denser sur ses sphères sous la forme de givre. 11 recueillit
cette matière dans des flacons où elle se fondit : elle
présenta d’abord un liquide clair ; bientôt elle se
remplit de petits flocons qui, réunis et analysés, offrirent
tous les caractères de la matière animale : le liquide ,
au bout de quelque temps, se putréfia. Cette expérience
intéressante pour la science sous plusieurs rapports,
nous en offre ici un bien important ; elle nous démontre
l ’existence d’une émanation animale q u i, lorsqu’elle est
concentrée, peut devenir le principe commun des ma
ladies contagieuses fébriles et être le véhicule des miasmes
spécifiques et identiques à la maladie dont ils proviennent.
Examinons maintenant comment un produit des dé
compositions organiques, particulier à la diathèse bi
lieuse peut se développer et devenir contagieux sous les
procédés morbides de la fièvre jaune. L ’organisme , du
rant les atteintes de cette maladie , peut être soumis à
des altérations fortes qui produisent la dégénération
vicieuse des fluides. C ’est dans cet acte chimique animal,
c’est pendant cet excitement morbide particulier que
s’engendre le principe délétère de la contagion. La fièvre
jaune, d’abord produite par des causes occasionnelles,
change de nature sous les violons effets de l’excitation
organique. Ses principes acquièrent sous l’empreinte
morbide de l’élaboration animale , un degré de concen
tration qui les rend contagieux. Mais , soit que ce prin-
�3
( i 7 )
cipe contagieux résulte de lu transpiration détériorée et.
concentrée des individus qui en sont atteints, soit que
nous le regardions comme le résultat des procédés des
dégénérations morbides, il faut toujours admettre que la
fièvre iautie a dû d'abord exister par l’influence des
causes générales.
Ainsi , comme dans toutes les autres maladies fébriles,
le caractère contagieux spécifique de la fièvre jaune
provient de la concentration de ses molécules morbides
qui, dans ce cas , deviennent susceptibles de communi
quer la maladie , liors du rayon constitutionnel, pri
mitivement nécessaire à sa production. Le principe
contagieux qui se secrète pendant un tiplms causé par
la m isère, par un chagrin violent, par une tristesse
profonde , provient des dégénérations d’où résultent des
émanations dont la transmission par contact médiat peut
propager l’infection et produire des épidémies de même
nature. De même la fièvre jaune constitutionnelle , sous
l’influence des procédés inflammatoires , portés à un
liant degré , peut devenir contagieuse. i>es plilegmasies
intenses des divers organes abdominaux , mais surtout
des systèmes gastro-hépathiques altèrent et détruisent
des portions de tissus organisés. Les produits de ccs
décompositions vivantes et des altérations des fluides
qui en sont l’inévitable suite , s’exhalent de l'organisme
en vapeurs condensées. Ces fluides micidiaux ont une
propriété réproductrice, et sont des gerinés réels d’in
fections m orbides, surtout lorsqu’ils sont concentrés
dans des lieux resserrés , tels que les navires et les pri
sons , etc. Les émanations qui s’élèvent des corps at
teints de la lièvre jaune , forment l ’essence contagieuse
tipboïde ictérode, imminemment transmissible aux corps
sains qu’elle infecte soudainement , et elles deviennent
ainsi aptes à développer des épidémies de nature sem
blable. L e célèbre How ard et Rush se sont assurés
�( i38)
que cette matière contagieuse provient de l’intérieur du
corps et qu’elle a une odeur et un caractère particulier ,
dépendant de l’empreinte morbide des organes. C'est
ainsi que Pugnet a observé à Ste.-'Lucie que la fièvre
jaune portée à un haut degré devenait contagieuse. Les
marchandises et les bardes , chargées d’émanations qui
sont le produit des altérations morbides du système
animaL, sont aussi le véhicule des germes contagieux.
A l’ouverture des lieux qui les renferment, leur pro
priété stimulante se déploie avec une violente explosion.
Dans cet état de concentration , la matière contagieuse
affecte les individus qu'elle atteint comme un coup d’élec
tricité et produit tous les phénomènes fâcheux particu
liers à cette maladie.
Le lazaret de Marseille ['vient de nous fournir depuis
peu un exemple de cette distinction caractéristique de
la fièvre jaune. Le brick danois le Nisoliuo partant de
Malaga , est venu mouiller à la quarantaine de Pomègue.
Par une circonstance pénible à concevoir, on avait
abandonné à lui-même , dans la cale de ce navire, un
homme atteint de la fièvre jaune. Par suite de cet aban
don , les phénomènes de la maladie se sont exaspérés,
des dégénérations morbides ont altéré les produits or
ganiques , leur concentration dans la cale renfermée du
navire , les, a rendus délétères. Le malade est mort à
bord du navire , après dix jours de maladie, et quoique
dans la journqe même , le corps ait été je té à la mer ;
le laps de temps, pendant lequel ses exhalaisons morbides
et celles de ses déjections ont été renfermées dans la
cale , a suffi pour opérer l'état de mixtion concentrée
qui les rend délétères et contagieuses. Le brick autri
chien , de Goës , commandé par le capitaine J.-J. Chiozzote, venant de C h yp re, et dont l’équipage était dans
un état de bonne santé, se trouvait malheureusement à
l ’ancre sous le vent et à peu de distance du Nisolino,
�( i39 )
les effluves meurtriers qui s'élevèrent de ce .navire ,
lorsqu’on en ouvrât la ca le, furent portés par le vent
et encore dans leur état d’agrégation sur le brick autri
chien qui était à portée de les recevoir. L ’équipage de
ce brick en éprouva d’abord, sensiblement l’impression
funeste dont les effets ne tardèrent pas à se prononcer,
le capitaine autrichien, ainsi que deux, hommes de son
équipage et un garde de santé furent transportés au
lazar.et le même jour. Le capitaine y mourut le même
soir et son corps présenta bientôt les phénomènes ex
térieurs d'une mort foudroyante , indiquée par la cou
leur noire de la peau. Le lendemain , le second garde
de santé mourut à bord après quelques heures de ma
ladie. Quatre marins tombés malades le même jour
furent conduits au lazaret; un d’eux y mourut le len
demain.
Ce malheureux événement est accompagué de cir
constances qui auraient pu être le résultat de toute
autre maladie que la fièvre jaune. Dans celle-ci, il sert
à corroborer les preuves de la transmutation du carac
tère originel de la fièvre jaune constitutionnelle. Dans
ce cas les produits primitifs et accidentels altérés par
l’empreinte des désorganisations animales qu'ils par
courent , ont acquis un caractère tiphode spécial dont
la propriélé était contagieuse.
Cette modification contagieuse q u i, dans des cas
particuliers, change l ’essence primordiale et naturelle
de la fièvre jaune , est donc un produit dégénéré , un
produit annualisé sous les procédés morbides de cette
affection qui devient susceptible de propagation. Dans
.ce cas , chaque individu atteint de la contagion est un
foyer d’émanations morbifères qui , s’élevant de son
corps dans un état de concentration et dans toute
l'énergie de leurs propriétés , forment autour de lui une
atmosphère pernicieuse. Alors le mucus animal qui
I
�4
( * ° )
s'exhale , recèle des principes délétères qui ont la
propriété d'atteindre indistinctement et sans prédispo
sition les individus qui sont exposés à leur action,
Lorsque ces miasmes sont introduits dans l’organisme
vivant, s’ils n’opèrent de suite une secousse foudroyante
dans le système nerveux qui anéantisse les forces vitales;
ils produisent très-rapidement de proche en proche
une phlcgmasie générale des vaisseaux qui varie d’in
tensité , à raison des modifications attachées à la cons
titution des sujets qu’elle frappe. Quand les conditions
nécessaires , pour que ces miasmes déterminent des plilogoses organiques m anquent, ils sont assez actifs et dif
fusibles pour répandre leurs rayons au loin dans tout le
système vasculaire identique , continu , et occasionner
par là une affection pyrétique universelle. Dès-lors , la
maladie a un cours qui rie peut plus être abrégé ; elle
parcourt tous les périodes nécessaires pour que la sus
ceptibilité spécifique de la fibre pour le miasme s’épuise,
et pour que celui-ci cesse d’agir. C ’est ainsi que des
individus qui en ont été atteints , deviennent inaptes à
en éprouver les récidives, ou du moins sont très-faible
ment susceptibles d’autres attaques. Dans ces circons
tances , la transmission des molécules délétères est trèsactive , elle développe des épidémies meurtrières dont
on ne peut se préserver qu’eu s’éloignant et s'isolant
des foyers d’infection qu’il est toujours urgent de diviser
autant que possible. L ’excentration , dans ce cas , est
d’autant plus imminente , qu’elle est le seul moyen de
modifier les ravages de ce fléau et de l’anéantir. Nous
n’avons pas de données bien certaines sur les limites où
l’ambiant morbifère cesse de manifester ses effets pro
pagateurs. La distance d’où peut parvenir le virus conta
gieux varie suivant les maladies prises dans le genre
des tiplius. Ainsi la peste , qui est une maladie si grave,
si dangereuse , si souveut mortelle , paraît avoir une
�4
( i r )
matière très-tenace , très-peu diffusible dans l’air. Il
suffit de rester renfermé et d’éviter tout conctact avec
d’autres individus et les substances susceptibles de se
charger du virus contagieux pour s’en garantir.
Le tiplius proprement dit , se présente avec un ef
fluve contagieux dont les molécules ne se portent qu’à
une distance peu éloignée. Dans les épidémies de cette
nature , ce n’est guère que les personnes qui communi
quent avec les malades , qui sont en contact avec eux
ou qui touchent leurs hardes , qui en éprouvent de lâ
cheuses influences. Mais si le tiphus est grave et qu’il
y ait beaucoup d’individus rassemblés qui eu soient at
teints , la contagion se communique de proche en proche
et ses progrès se répandent par des communications
directes.
Dans la fièvre jaune, les molécules morbides con
servent plus long-temps leur force d’agrégation dans
l’ambiant atmosphérique qui les porte à des distances
plus éloignées. Rush cite un grand nombre d’exemples
qui constatent cette transmission à des points assez, dis
tants, Le docteur F é lix Pascalis , praticien distingué
des États-Unis , m’a assuré qu’à la distance de cent ,
cent-cinquante et même deux cents pas , on en ressen
tait encore des effets assez marqués , et lorsqu’on n’en
est pas m alade, on éprouve des mal-aises , des ardeurs
d’estomac , et des constipations. Les individus qui ar
rivaient dans les villes où régnait la contagion étaient
assaillis de ces phénomènes pathologiques en se présen
tant seulement dans les rues où il y avait beaucoup de
malades dans les maisons, et quoiqu'ils n’y rencontrassent
personne au-dehors. Un peut conclure de ces obsex-vations qu’il existe une vraie chaîne de graduation rela
tivement aux pr incipes contagieux des maladies tiphode:»
Ainsi celui de la peste se communique dans un ambiant
très-rapproché ; celui des tiphus et ensuite de la fièvre
jaune à ries distances plus éloignées.
�4
( ^ * )
La matière de la contagion de la lièvre jaune est for
tement combinée ; elle se suspend dans l’air et se con
serve ainsi dans ce fluide un temps assez lon g, pour se
propager à des distances éloignées. Cependant cette
affinité n’est pas toujours considérable au point de
produire des effets à des lieux distans de celui de l’in
fection. En Amérique , où cette affection a fait de
grands ravages , les villages qui étaient à quelque dis
tance en .furent exempts ; la contagion bien marquée
dans les villes , n’existait presque pas dans les cam
pagnes.
L ’ensemble de ces recherches nous porte à recon
naître l’existence de deux fièvres jaunes. i.° La fièvre
jaune constitutionnelle essentielle qui affecte les popu
lations placées sous les memes influences atmosphériques,
qui p e u t, lorsque ces influences sont portées à un haut
degré , augmenter en nombre et en intensité. t>..° Une
fièvre jaune tiphode contagieuse , qui se communique et
se propage épidémiquement dans un pays ou elle est
étrangère et où elle a été apportée d’une région qui eu
est le foyer accidentel.
L ’existence possible d’une fièvre jaune d'origine étran
gère et contagieuse signalée , porte naturellement à des
idées de préservation. Une cérémonie auguste , une fête
religieuse , anniversaire solennel de la cessation du fléau
qui , en 1720, ravagea Marseille et une partie de la
Provence, a été célébrée depuis peu en actions de grâces,
au milieu de la population de cette ville. Ce mémorial
séculaire de la délivrance de nos malheurs passés , con
sacrait encore l'expérience de l’avenir , lorsque la certi
tude des calamités qui affligent plusieurs villes d’Es
pagne a réveillé de nouvelles appréhensions. Elles ont
été calmées par la sage et prudente sollicitude de vos
magistrats , dignes représentans d’un gouvernement
paternel. Dans cette importante circonstance, votre
�43
( i
)
compagnie, honorée des preuves précieuses de la confiance
du Monarque et des autorités , a dû ajouter aux témoi
gnages tirés de l’histoire de la fièvre jaune , les faits
de son expérience. Vos séances ont été spécialement
dirigées vers les questions délicates , relatives à la con
servation de la santé publique et à l’observation des
mesures raisonnées de préservations à indiquer. Le recueil
de vos travaux et l’amour de l’humanité qui vous anime
sont un sûr garant du zèle éclairé que vous apportez
dans leur solution.
Mais , Messieurs , en vous réunissant par acclamation
en faveur des plus fortes , des plus sévères mesures sa
nitaires et des divers modes de préservation , vous re
pousserez , toujours avec circonspection , les suppo
sitions gratuites de l’existence d’une maladie contagieuse
dans cette cité populeuse. L ’hygiène publique commande
impérieusement d’éviter les angoisses d’ une pareille
crainte et de dissiper promptement les illusions qu’elle
fait naître. Le terrible peut-être est souvent suivi de
conséquences les plus fâcheuses et les plus funestes à
la santé publique , comme à l’intérêt général , par
la facilité avec laquelle la multitude se laisse entraîner
aux plus fausses inductions. Préservons-là aussi de la
contagion m orale, de cette contagion qui se propage
avec tant de rapidité ; de ce virus actif et diffusible
qui, aujourd'hui dans la ville , fait en peu de jours
sentir sa commotion aux extrémités du royaum e, et
peut imminemment nuire à la prospérité du commerce
national.
�( i
44
)
D issertation sur la Fièvre jaune tVAm érique, par
MM. les Docteurs Piguiüetu frères , R evert, Lopéz ,
Riera et Cano ; traduite de L’espagnol , avec drs
notes , par J. S. E J uî.ia , ex - processeur - adjoint
de chimie - pharmaceutique à Paris ; membre de la
commission d'examen de. la marine , pour le service
de santé, etc. ; membre correspondant de la Société
royale de Médecine de Marseille et d ’un très-grand
nombre d ’autres sociétés savantes, M ontpellier, m-8.°
de 92 pages.
Q u o iq u ’ i l soit vrai d’énoncer que , vu les puissatis
motifs qui favorisent l’opinion de la non-contagion de
la fièvre jaune , la question sur la contagion de cette
maladie semble devenir oiseuse , néanmoins , il convient,
puisque toutes les facultés et les sociétés médicales n’ont
point encore • prononcé sur ce su jet, de signaler les
dillërens écrits auxquels il donne journellement lieu.
A u ssi, nous r.e connu uniq ■ terous pas seulement, dans
ce N.° , le Mémoire de M. Textoris, qui pense que la
fièvre jaune n’est point contagieuse d’abord, mais qu’elle
acquiert cette propriété par certaines circonstances ;
nous allons donner aussi l’analyse d’une dissertation
dont les auteurs sont des contagionistes outrés, et à
cette analyse succédera celle d’un Mémoire de M.
Devèzc. , qui y démontre que la fièvre jaune 11’est nul
lement contagieuse.
M. Ju lia , ce correspondant si zélé de la Société
royale de Médecine de Marseille , qu’il honore par son
mérite et qu’il enrichit de ses travaux , débute par
avertir que l’ouvrage , dont il publie la traduction , a
pour auteurs cinq médecins q u i, en t o , observèrent
la fièvre jaune dans le port de Barcelonne. On voit; en
effet, que la description de cette cruelle maladie est due
au docteur llcvcrt ; l’examen de sa propriété contagieuse,
83
�145
(
)
au docteur F . Piguillem : son analyse, au docteur Cano ■>
son traitement, au docteur Hiera ; enfin , la partie de
l’hygiène publique , au docteur J. Piguillem. Il est à re
marquer que le docteur L o p e z , figure comme l’un de»
auteurs h la tète de cette dissertation , bien qu’il paraisse
n’y avoir point coopéré.
Dans la première partie , M. Revert , après avoir
retracé les différentes dénominations de la fièvre jaune,
la décrit avec assez de précision , s’attachant à la con
sidérer sous trois états : celui de l’invasion , celui d’irri
tation et celui du scepticisme ; dans ee dernier éta t, que
la mort termine très-souvent, les humeurs s'altèrent ,
se dissolvent , se décomposent. M. Revert signale en
suite les signes qui annoncent la guérison ou la m ort;
il produit aussi un léger aperçu de l’altération des in
testins et des humeurs , que quelques auteurs ont ob
servée dans la dissection des sujets qui ont succombé
à la fièvre jaune ; enfin , il trace en peu de mots le
diagnostic de cette fièvre , et il ajoute une courte des-*
cription ( qu’il a empruntée de la nosographie du célè
bre professeur P in el) de la fièvre putride et de la peste
d’orient , afin de la distinguer de ces maladies avec les
quelles il prétend qu’elle a beaucoqp d’analogie.
La description que donne M. Revert des trois pério
des de la fièvre jaune mérite d’être connue ; elle offre
à la vérité des détails susceptibles d'être discutés, tels
que ceux relatifs au rôle , peut-être trop considérable t
qu’il fait jouer aux humeurs , niais elle est faite avec
méthode, et renferme , entr’autres assertions , plus ou
moins palpables , un passage important auquel nous
nous sommes spécialement arrêté , et que , par cela
même , nous allons citer textuellement : « En exami
nant , dit M. Revert , avec la plus grande attention
toutes les altérations qu'on découvre dans les malades
atteints de la fièvre jaune , on voit que tout I© sysT . II.
n
�146
(
)
terne nerveux est celui qui s’en ressent le premier
que sa lésion croît graduellement et qu’elle se fixe aus
sitôt sur les viscères contenus dans l ’épigastre , et en
suite sur ceux de la cavité abdominale ; qu’elle affecte
leur organisation , et que , par là , elle favorise la
corruption des tum eurs qu’ils engendrent de cette manière , il répand son impression morbifique , surtout
le reste de l'économie animale , d’où provient la disso
lution presque générale de toutes les humeurs et la
grande prostration des forces. » etc.
L a fièvre -jaune peut elle être engendrée en Espagne
par les causes qui produisent les autres fièvres épidé
m iques, ou bien nous vient-elle d’Amérique de la même
manière que la peste du Levant ? telle est la question
qui commence la deuxième partie, et que M. F. Piguilleni résout , en entrant dans les développemens qu>
le portent à conclure que la fièvre jaune , maladie en
démique aux Antilles , ne saurait se manifester eH
Espagne par les causes procréatrices des autres épidé
mies r, et qu’assurément elle se contracte par conta
gion. 11 soutient même que celle-ci n ’est point trans
portée par l’air d’un lieu dans un autre , qu’elle y perd
au contraire une partie de ses forces et de son activité
en se disséminant dans l’atmosphère. En un mot , la
propagation de la matière contagieuse , suivant l’auteur,
n’a lieu uniquement que par la communication immé
diate avec les malades , ou au moyen des conducteurs
qui recèlent la fatale matière , tels que le coton , les
cuirs , les codages , les bois, etc. Nous aurions pré
féré que l ’auteur se fût rangé un instant du côté de
ceux qui regardent la fièvre jaune comme pouvant
être engendrée , avec jle concours de circonstances
nécessaires , par des causes purement locales , il aurait
pu faire goûter son opinion par quelques - uns t en
représentant q u e, si la fièvre jaune est de nature à se
�( 147 )
développer par le contact médiat , le contact immé
diat semble devoir lui donner naissance.
Nous passons à la troisième partie où il est question
de l'analyse de la fièvre jaune et de l'examen de ses
causes prochaines, par le docteur Ccino. Adoptant ce
qui vient d'être avancé , que la fièvre jaune ne peut se
produire que par la contagion, l’auteur conclut que ses
causes procathartiques , en Espagne , sont les vapeurs
ou miasmes humains émanés des corps attaqués de cette
fièvre. L ’analyse qu’il fait de ce fléau est extrêmement
remarquable par la singularité du raisonnement , sou
vent très - énergique , il est vrai , mais parfois méta
phorique , et presque partout offrant de vues purement
hypothétiques. La chimie , en effet, vient au secours
de M, Cono pour expliquer l’action délétère des rniasques procréateurs de la fièvre jaune. 1! démontre l’intro
duction de l’hydro-carhone-azoté dans le corps humain ,
et de quelle manière il exerce ses ravages ; il parle des
affinités chimiques auxquelles les parties se trouvent aban
données , et comme au gaz hydrogène-carboné, il fait
jouer au fluide électrique , au stimulus du calorique , etc,
un rôle très-essentiel.
Le traitement de la fièvre jaune, par le docteur Riera,
fait le sujet de la quatrième partie. On apprend avec
peine que l’on est encore à trouver des ressources thé
rapeutiques sur lesquelles on puisse compter. Cependant,
l’auteur , exposant la grande série des remèdes qu’on a
préconisés tour-à-tour , fait l’application de ceux qu’il
croit préférables suivant les trois périodes de la maladie ,
et cela , en se conduisant d’après ce qui a été avancé
de faction dans l’économie animale , de l’hydro-carhoueazoté ou oxide d’azote, comme si Fou pouvait raisonna
blement., en admettant un défaut d’oxigénafion, régler, en
conséquence, le mode de traitement. M. Riara exclut de
ce mode les saignées, les émétiques et les purgatifs, sans
�048
)
se dissimuler que les premières sont à utiliser dans certains
cas, mais il s’élève ouvertement contre les émétiques et
les purgatifs, dont on a fait un si fréquent usage. Nous
avons remarqué que l’écorce péruvienne, à petites doses t
seule ou avec d ’autres substances, donnée comme toni
que et comme fébrifuge devait tenir le premier rang.
L ’auteur nous paraît ici conséquent ; puisque le système
nerveux est le premier essentiellement lésé , ainsi qu’il
a été énoncé , le quina comme anti-périodique , ou anti
spasmodique , indépendamment de ses autres propriétés*
ne peut qu’être très-salutaire.
Immédiatement après la quatrième partie , M. Julia
voulant donner pins d’intérêt à l’ouvrage , retrace le
tableau chronologique et historique des principales irrup
tions de la fièvre jaune, dressée par M. Moreau de Jointes.
O n voit d’après ce tableau que dans l ’espace de 7.5 an*
il y a eu au moins 192 irruptions , dont 101 sous le
ciel brûlant de la zone torride ; 9 0 'dans les contrée*
de la Zone tempérée , et une à Carcelonne. Nous tou
chons enfin à la partie la plus utile de la dissertation
qui nous occupe ; nous touchons à l’hygiène publique t
q u i, traitée par M. J. Piguillem , a été , de son aveu ,
étudiée, de nos jours, avec le plus grand soin et de manière
à laisser peu à desirer. llien convaincu que la fièvre
jaune n’est point endémique en Espagne , mais qu’elle y
fut toujours importée , lorsque la Péninsule en fut af
fligée , M. J. Piguillem insiste fortement sur les mesures
les plus aptes à préserver de ce fléau. Il pense que la
m alice, l’ignorance , la compassion sont les trois enne
mis qui lui livrent passage. Nous ne concevons pas
comment la malice intervient dans cette occurrence. Si
l’auteur a voulu parler du commerce interlope , il a
d’autant plus de raison , que d’après les propositions
précitées sur les causes productrices de la fièvre jaune,
diverses marchandises ont été signalées comme de puis-
3
�C *49)
sam conducteurs du vénin dévastateur, Nous ne suivrons
point M. Pigiullem dans les détails qu’il fait des ressoures hygiéniques , autant pour éviter la fastidieuse
prolixité , que parce qu’ils sont tous assez connus. Nou*
ne pouvons cependant que louer ses conseils de médecine
morale ; il ne veut pas qu’on craigne le virus conta
gieux, tout en cherchant à en éviter les atteintes, vu que
la terreur dispose fortement à la contagion.Ce passage, nous
rappelle l ’inconséquence , pour ne pas dire la barbarie
de ceux qui , naguères, répandaient à Marseille des
bruits de contagion. La peste, la fièvre jaune, disait o n , est
au lazaret, et même dans la ville; en fallait-il davantage
pour alarmer les habitans, pour les décourager? non,
sans doute, car on ne leur persuade pas facilement ,
une fois bien pénétrés de l’existence du m onstre, qu’il
soit très-facile de l’assommer à grands coups de massue.
L ’auteur prouve qu’il est plus avantageux , lorsque
la fièvre jaune règne dans une v ille, de soigner les
malades à domicile, que de les réunir dans un lazaret,
ou autres lieux dans lesquels la multiplicité des person
nes multiplient le foyer d'infection. Mais rien ne doit
être négligé, pour empêcher le contact immédiat des
malades, et de leurs effets. On s’empressera, surtout,
dit M. J. Piguillem , de tuer les chien s, les chats et
même les souris , pareequ’il est, selon lui , reconnu
que ces animanx transportent facilement le virus conta
gieux. Les non-contagionistes, reprocheront sans doute,
à ce médecin, d’en venir à des moyens si rigoureux pour
les chiens et les chats, quant aux souris , on fait mainbasse sur elles dans tous les tem ps, comme sur les
puces et autres insectes qu’il est surprenant de ne pas
voir compris dans le redoutable arrêt.
Nous ne terminerons pas sans représenter que la
dissertation dont il s’a g it, est susceptible de beaucoup
de reproches, bien qu’elle soif le fruit de plusieurs
�5
( i o )
" "
■ .» *•
médecins instruits. Toutefois , d'excellentes vues prati
ques sont le résultat de cette réunion de lumières ,# et
d’ailleurs, quelque soit l’avantage que l’on retirera d’un
tel ouvrage » nous ne devons pas moins témoigner
à notre estimable confrère M. Julia , notre vive satis
faction pour la traduction qu'il en a donnée, en l’accom
pagnant de notes très-instructives sous différens rapports.
P . M. R ou x.
M émoire nu R oi -en >son conseil des Ministres et a u x
Chambres , ou protestation contre le travail de la
commission sanitaire centrale du royaume , instituée
à l'effet d ’examiner les dispositions législatives et
administratives qu’il serait utile d ’adopter, pour
organiser le service sanitaire des côtes et frontières de
la France : par M. Jean Devèze , D. M P . , médecin
dr; R o i, pour le château des Tuileries , etc. etc. etc.,
Paris , 1820.
D e p u is plus d’un quart de'siècle, rien n’a été négligé
pour arriver à la solution de l’important problème sur
la contagion ou la non - contagion de la fièvre jaune.
Des faits nombreux ont été recueillis sous diverses
latitudes par des observateurs exacts et judicieux, des
expériences multipliées ont été tentées, tant sur l’hom
me que sur les anim aux, et ces faits irrécusables, et
ces expériences variées à l’infini tendent toutes à ap
puyer la doctrine, si bien développée dans l’ouvrage
que publia l’an dernier M. le Docteur Devèze, qui établit
que : la fièvre jaune n'est jamais contagieuse , et qu'elle
naît toujours de causes locales. Mais comme cette vé
rité trouve encore des détracteurs , l’auteur de ce mé
moire a supplié Sa Majesté d’ordonner des expériences
�5
( i i )
publiques qui vinssent confirmer on infirmer celles
déjà tentées en grand nombre , pour juger définitive
ment un procès auquel se rattachent tant d'intérêts
majeurs. Le Ministre de l’intérieur, à qui cette demande
fut renvoyée dans le temps, nomma, à cet effet, une
commission composée de trois conseillers-d’é ta t, d’un
maître des requêtes, d’un jurisconsulte, de deux banquiers,
de deux administrateurs de lazarets, d’un officier supé
rieur , d’un chef de bureau du ministère et de sis
médecins dont cinq professent ouvertement l ’opinion
de la contagion, et un seul, qui est M. D evèze, défend
l'opinion contraire. Lorsque les faits se pressent en
foule pour prouver que la fièvre jaune n’est pas
contagieuse ; lorsque le savant médecin qui le premier
professa cette doctrine , demande des expériences pu
bliques pour éclaircir une question aussi majeure ,
ne doit-on pas être étonné que la commission, nommée
à cet effet, « ait suivi une direction contraire à la
marche qui lui était tracée par la volonté exprimée
du ministre, » et ne doit-on pas de la reconnaissance
h l’homme assez courageux , pour protester contre un
travail qui tend à faire adopter un système sanitaire,
basé sur une opinion dont tout concourt à démontrer
le peu de fondement? Un faux orgueil porte souvent
les hommes de mérite à soutenir une opinion qu’ils
ont d’abord proclamée avec candeur ; l’intérêt de l’hu
manité , joint à une entière conviction, semblent seuls
avoir donné lieu au mémoire que M. le docteur Devèze
vient d’adresser aux chambres, et que nous nous sommes
chargés d’analyser avec d’autant moins de crainte d’être
soupçonnés de partialité , que nous ne connaissons que
de réputation le médecin que nous venons de nommer.
Aux faits nombreux et irrécusables qui sont consignés
dans son traité de la fièvre jaune à l’appui de la noncontagion , l’auteur en ajoute de nouveaux dans cet
�5
( l a )
é c r it, et s'attache principalement à combattre MM.
Bailly et Pari set dont les opinions lui paraissent avoir
exercé la plus grande influence sur le projet de loi
objet de sa censure. On ne pouvait donner une meilleure
preuve de l’erreur que défendent ces deux savans mé
decins, qu’en montrant les contradictions dans lesquelles
ils se laissent involontairement entraîner , et l’on sera
surpris avec M. Devèze, que M. Pariset se déclare
contagioniste, après avoir semblé croire que le principe
générateur de la fièvre jaune est purement lo c a l, qu’il
se forme et se développe par l’action soutenue de la
chaleur, laquelle déterm ine, ou dans l’organisation
anim ale, ou dans les vapeurs qui s’échappent de la
terre, des combinaisons inconnues jusqu’ici. «O ù s e r a it
Alo rs , ajoute M. Pariset , l a n é c e s s it é d e r e co u rir
À des m ia sm e s é t r a n g e r s ? sorte de ressource qui ne
peut satisfaire que des esprits peu difficiles : car, je
le répète , ces miasmes , étrangers eux-mêmes, ayant
leur origine, s’en prendre à e u x , c’est reculer le
problème et non le résoudre: » Quant aux médecins
qui prétendent que la maladie qui n’est pas contagieuse
aux Antilles, peut le devenir , en étant transportée
dans d’autres climats, nous leur demanderons, avec
l'auteur, comment elle pourra être importée dans
d’autres climats , si elle n’est pas contagieuse dans celui
où elle a pris naissance. Transporterait-on le virus vac
cinal , ou le variolique , si la vaccine et la variole
11’étaient pas contagieuses chez les sujets où on les puise?
on répondra sans doute difficilement quelque chose
de raisonnable à une pareille question. Mais , pour
donner une idée plus complète du style et de la logi
que de M. Devèze, nous rapporterons ici un alinéa
pris au hazard dans son mémoire.
» Supposons pour un instant , dit cet écrivain judi
cieux aux contagionistes, qu’un ou plusieurs individus,
�( i5 3 )
contagiés par un ballot de marchandises , aie n t, en dépit
des mesures sanitaires, communiqué le virus dont ils sont
atteints à des milliers d’autres individus , avec une rapi
dité dont la propagation d’aucun virus connu ne présente
d’exemple ; cette contagion pourrait-elle atteindre et les
oiseaux et les poissons? Existe-t-il entr’eux et les hommes
quelques points de contact qui rende cette communi
cation possible ? en existe-t-il entr’eux et les ballots
contagiés? et p u is, si la fièvre jaune était réellement
contagieuse, ainsi que vous le prétendez , comme il
n’y a ni cordons , ni lazarets pour les oiseaux et pour
les poissons , n’arriverait-il pas , inévitablement, que
cette pestilence serait transmise par eux de proche en
proche à tout le globe, et cela , avec d’autant plus
de facilité q u e , d’après votre systèm e, la propriété
contagieuse peut résider plusieurs mois , et même plus
d’une année dans les individus? car c’est par ce sub
terfuge que vous prétendez rendre raison du dévelop
pement de certaines épidémies de fièvre jaune , dans
les lieux où il est prouvé par d’exactes recherches,
que le virus n’a pu être importé récemment. Vous
devriez cependant vous apercevoir que cette explication
aventureuse, fait le procès aux quarantaines , que vous
voulez néanmoins mainteuir avec tant de rigueur. »
Si à ces raîsonnemens nous joignons les autorités
aussi nombreuses qu’imposantes que M. Devèze cite à
l’appui de son opinion , et que nous les comparions
aux témoignages fournis par ses adversaires, le lecteur
sans prévention n’aura pas de peine ù reconnaître de
quel côté doit pencher la balance. D ’une part, en effet»
nous verrons des médecins d’ un grand savoir , il est
vrai, mais- dont la plupart n’ont jamais vu la fièvre
jaune , se déclarer pour la contagion ; de l’autre au
contraire, une foule de médecins de mérite , qui tous
ont étudié la maladie, pendant plusieurs ann ées, dans
�( 154 )
les lieux où elle règne liabituelleinent, proclamer la
non-contagion. Nous citerons parmi ces dern iers, avec
M. Devèze , MM, Valentin, D alm as, Savanesy , Peyre i
Défont, Lavallée , Cassait, Daniste aîné , Daniste jeune ,
Gaubert, L uzeau, Peyre , etc. etc. , médecins français,
qui ont exercé ou qui exercent avec distinction leur
art dans les régions équatoriales : tous ceux qui sont
établis à la N ouvelle-O rléans , et sur l ’avis unanime
desquels , le lazaret de cette ville vient d’être fermé j
nous citerons encore, parmi les médecins anglais, ou
anglo-américains établis dans le nouveau-monde , les
Samuel M ittchil , les Edw ard M iller , les Smith , les
Benfamen Rusch , les F é lix Pascalis , les Potter du
M ariland, les Fsirth , qui ont publié leur doctrine,
soit dans des ouvrages p articuliers, soit dans un jour
nal très-estimé, connu sous le nom de M edical Repositony. A côté de ces noms justement recommandables»
M. Devèze aurait-il placé celui de M. Robert, l’un des
médecins du lazaret de M arseille, s’il avait pu savoir
q u e , partisan de la non-contagion , (i) dans la lettre
Robert
Devèze
([) M.
a écrit à M.
, à la date du 18 octobre
1820, » qu’au mois de juin i8lt, la chaleur ayant été excessive
dans tout le midi, les blés furent brûlés avant leur maturité »
et la fièvre jaune se déclara à Marseille sans importation; que
cette maladie fut fatale au chambellan et à un des aumôniers
du roi d’Espagne, Charles I V , ainsi qu’à onze autres habitans
de .Marseille; que les symptômes étaient ceux de la fièvre jaune
des Antilles. Il ajoute qu’il est bien démontré pour lui que
cette maladie était sporadique, et nullement contagieuse. »
Comment se fait-il que M.
, qui se flatte d'avoir traité
en 1811, tant de fièvres jaunes
à l’insçu de ses col'
lègues, ne se soit pas séquestré volontairement , lui qui a
trouvé juste, qu’on ait consigné chez lui un médecin qui n’a
fait que voir, un instant, un malade soupçonné d’étre atteint
de cette maladie.
Robert
véritables,
�( i55)
qu’il en re çu t, en 1820, ce médecin soutiendrait une
opinion contraire, dans le conseil de santé, en 18 2 1,
et laisserait séquestrer pendant seize jours , un de ses
collègues ( l’auteur de cet article ) pour avoir visité , un
instant, un malade prévenu de fièvre jaune (2) qui n’offrait
alors aucun symptôme de cette maladie... Heureusement
pour la doctrine de la non-contagion , qu’elle repose
sur des faits plus avérés, que ceux fournis par M .
'Robert, et que les témoignages , cités plus haut , sont
aussi prépondérans que l ’autorité d’ un médecin , qui
guérit les cancers aussi sûrement qu’il procrée des
hommes de g én ie, est peu importante.
Quelque imposante que soit en faveur de la non-*
contagion la masse des faits consignés dans ce m ém oire,
et dont quelques exemples sont puisés dans les ouvrages
même ! de MM. Bailly et 'Pariset, M. Devèze a cru devoir
y joindre encore l ’autorité des expériences fournies par
des médecins qui n’ont pas craint d’essayer publiquement,
sur eux-mêmes, toutes les voies de contagion possibles
sans que la maladie se soit communiquée une seule
fois. Tant de travaux, tant d’épreuves devraient suffire
sans doute à tout médecin sans passion, et doué d’un
jugement sain, pour lui faire regarder, dès-à-présent,
déclarée
Est-ce que la fièvre jaune
en 1811 , était moin*
redoutable pour la santé publique, que la fièvre jaune
de 1821? ou bien la fièvre jaune serait-elle contagieuse, ou
non, suivant le bon plaisir de M. le docteur
c’est un
talent que nous ne connaissions pas encore à Fauteur de la
.
(2) L’administration de la santé a fait imprimer une circulaire
dans laquelle il est dit que » tout porte à croire que la ma
ladie de Lampray , était d'une nature ordinaire; » ce qui nous
justifie pleinement de n’avoir fait aucun rapport à l’autorité,
iar lVtat de ce malade.
présumée
Robert.?
mègalantrop ogcriésic
�( i56)
la question dont il s’agit, comme éclaircie. Mais jaloux
de détruire jusqu’à l’ombre du doute, M. Devèie per
siste à demander au gouvernement des expériences pu
bliques que la commission sanitaire centrale du royaume
a rejetées, sous le prétexte, x.° qu'il serait inhumain
de pratiquer ces expériences. 2.0 qu'elles n'amèneraient
aucune démonstration.
Après avoir donné une copie textuelle de la note
de M. Ilyde de Neuville , ministre du Roi aux EtatsUn is , dans laquelle il est dit que la fièvre jaune , n’est
pas contagieuse, que cette opinion est généralement
suivie dans les Etats de l’ U nion, et que déjà beaucoup
de médecins ont eu la bonne foi de confesser leur
m éprise, il n’a pas été difficile à M. Devèze de démon
trer les avantages du moyen qu’il propose , et la futilité
des raisons que ses adversaires font valoir pour ré
pousser des expériences qui renverseraient, selon lui,
le vain échafaudage de leur système.
L ’auteur termine son m ém oire, que les personnes
éclairées, quoiqu’élrangères à l’art de g u é rir, pourront
consulter avec fruit pour connaître la nature de la
fièvre jaune , par des corollaires que nous croyons
devoir transcrire textuellement:
« La fièvre jaune provient toujours de causes locales ;
Elle ne contient en elle-même aucun germe conta
gieux , aucun moyen de reproduction ;
Elle ne p e u t, par conséquent, ni être transmise , ni
être importée ; elle est identique dans les divers climats'
où elle se montre , soit sporadiquement , soit endéiniquement , soit épidémiquement ;
Elle ne peut acquérir le caractère contagieux dans
aucune circonstance ;
Les seules mesures sanitaires à lui opposer consistent
dans l ’assainissement des lieux ;
U n système sanitaire qui à pour but de s’opposer à
�57
( i
)
la transmission d’ un virus qui n’existe pas , doit être
abandonné comme inutile, souvent dangereux , et éloig.
nant toujours l’administration publique de la route
qu’elle doit suivre.
Enfin l’état actuel des connaissances, sur ce point
impose aux gouvernemens l’obligation d’ordonner des
expériences publiques, pour la solution définitive d’un
problème sur laquelle repose la législation sanitaire
des états. »
G. A. T . S u e , D . M. P.
V A R I É T É S .
— S. A d a m s, ministre secrétaire-d’Ëtat, a adressé aux;
consuls des États-Unis d’Amérique , une circulaire datée
de Washington,
août 1820, dans laquelle il leur donne
connaissance de l’arrêté de la société m édico-chirurgicale
du Maryland qui porte que le Mémoire du docteur
Potter , sur la non-contagion de la fièvre jaune , sera
envoyé à tous les consuls des États-Unis , pour leur
instruction , et pour les convaincre du véritable carac
tère non-contagieux qu’011 s’obstine à révoquer en doute
en Europe. (1)
— M. F é lix P a sca lis, docteur-médecin , résidant à
23
(1) Resolved, by the Medical and Surgical society of Mariland, that the Corresponding secretary be requester te forWard tho the secretary of State of the United States, fifty copies
of D.r Potter’s memoir ; witb the respect fut request, that he
wilh furnish american cousuls , residing abroard, with copies
of said memoir, in such manner as, in his opinion, may pro
duce a favourable change in the quaranline laws , and in the
intercourse of forcing powers with the United States. »
�(
158 )
N ew -Y o rck, a fait hommage à la société royale de mé
decine de Marseille des cinq volumes du ( Médical Repository) dont il est l’éditeur principal ; cet excellent re
cueil renferme un grand nombre de mémoires sur la
fièvre jaune, dont nous présenterons l’analyse dans un
prochain Numéro. Notre estimable correspondant a com
pris dans cet envoi plusieurs brochures publiées aux
Etats-U nis, sur diverses maladies qui ont régné à Phi
ladelphie et à New-Yorck , et les deux premières livrai
sons des Transactions de la société médicale de l’Etat de
N ew -Yorck , pour l'année 1821 , par M. Jones Stearns,
docteur-médecin, président de la société. Ce nouveau
journal contient les lois de l’Etat de New-Yorck relatives
à l’exercice de la médecine. Ce ful>en 1760 cjue la pra
tique de la médecine fut soumise à quelques réglemens
de police ; les médecins qui pratiquaient alors aux EtatsUnis avaient la plupart étudié à Edimbourg. Deux années
d’étude suffisaient pour obtenir la licence , le premier
juge du Comté la donnait d’après de simples certificats.
En 1806, le corps législatif de l’Etat de N ew -Yorck,
établit par un acte spécial , une société médicale pour
chacun de ses quatre Com tés, et fonda, au cen tre, une
société générale. Cette société centrale s’occupait des
réglemens et des formalités nécessaires pour l’examen
et la licence. Chargée des intérêts généraux de la faculté,
elle avait le droit d’exiger une .rétribution des étudiaus
et des médecins de chaque Comté , jusqu’à la concur
rence de mille dollars , et de lever un impôt de 5,000
dollars pour l’entretien de la faculté de médecine de tout
l ’Etat. D ’après cet acte spécial, le diplôme de docteur
peut être accordé à un élève qui , après l’âge de seize
ans , a passé quatre ans chez un praticien légalement
licencié ; un étudiant qu’on a refusé de recevoir daus la
société du Comté , a le droit de porter plainte devant
la société centrale , qui l’examine de nouveau et fait droit
�/
139
(
)
à sa demande , si elle le juge à propos. Les sociétés sont
en droit de faire punir ceux qui exercent sans diplôme ;
en F ran ce, ce droit n’appartient point aux sociétés de
médecine , il est réservé au jury médical de chaque
département.
— Un ex-barbier , devenu chirurgien , prétendait
avoir un arccine contre la pustule maligne ; des affiches
placardées sur les murs de Montpellier, attestaient au
public ses cures miraculeuses. Appelé chez un riche
paysan de Celleneuve , atteint de cette maladie , il ap
plique son topique sur l’escarre gangréneuse ; le remède
ne fit aucun effet. Le lendemain un célèbre professeur
de la faculté de Montpellier est appelé ; il enlève l’ap
pareil du chirurgien en sa présence , revenu d’un pre
mier moment de surprise , il ne proféra que ces m ots,
en s’adressant à l’ex-barbier : « où avez-vous étudié ,
» vous avez tué cet homme ? » Le malade mourut quel
ques heures après. Le fâcheux accident du maire de
Vau vert , mort durant la réduction d’ un bras lu x é ,
prouva au célèbre professeur qu’il y avait aussi un
lendemain pour lui.
— Un professeur d’une école secondaire de méde
cine disait à un élève qui lui demandait un sujet de
thèse : « faites-la sur les acéphales , vous me citerez
* pour exemple !..... »
— Plusieurs médecins recommandables de Lyon , se
proposent de publier incessamment un recueil intitulé
Annales de médecine Lyonnaise.
— Une discussion médicale s’est élevée entre les mé
decins de St.-Etienne, relativement aux diverses métho
des curatives qui sont employées dans cette ville pour
la fièvre muqueuse. Parmi les brochures et les lettres
que cette .polémique a fait éclore , on distingue celle
d’un invalide, et les réflexions d’un amateur qui s’efforce
de concilier les partis. Ce dernier expose trois modes
�( iGo )
de traîtemens ; celui de M Leroi , ( Médecine cura
tive , page 126 ) celui de Brown (Éléuiensde médecine,
p. 44° ) et enfin celui que l’auteur a lui-même imaginé
et que , comme de raison , il trouve le m eilleur. ( ex
perto crede Roberto ).
— Le sculpteur Stsphano Ricci vient d’élever , aux
frais du chancelier Gnilio del Tàja , un superbe mau
solée au célèbre anatomiste Paolo Mascagni. Le monu
ment est placé dans le dôme de Sienne. Une figure , qui
représente l ’anatomie, est assise sur sa tombe. Elle tient
un papyrus où l’on voit le titre de l’ouvrage intitulé :
Rarorutn lymphaticoruin historia et ichnographia ; elle
semble p leu re r, en regardant les instrumens de l’art
que Mascagni a employés pour faire ses découvertes.
J .-X .-F . S igaud.
—
Un mot sut' l'état actuel de la vaccine à Marseille.
Tous les médecins marseillais sont partisans de l’heu
reuse découverte de l’immortel Jenner , et la plupart
d’entr’eux , animés du zèle ardent que l’on doit avoir
pour le bien public , s’empressent à l’envi de propager
la vaccine. M. le docteur A y n a u d , vient de rallumer
le feu sacré qui depuis quelque temps était éteint , bien
que sa conservation soit confiée aux soins d’ un membre
du comité de vaccine , établi à l’Hôtel-Dieu. M. Ducros,
secrétaire de ce comité , a eu. recours à notre estimable
collègue pour avoir du vaccin , et nous avons été témoin
du grand nombre d’enfans ( environ o ) que M. Aynaucl
a vaccin é, en un seul jour , dans son domicile.
. Vaccinateur infatigable et modeste , M, Aynaud tra
vaille dans l’intérêt de ses concitoyens sans envier les
récompenses, justement ou injustement acquises. —■ On
sait que MM. Dugas et Robert ont eu des médailles pour
avo ir, dit-on , répandu la vaccine , ( ce qu’on n’assure
pas ). Cette année-ci, M. M oulaud, vaccinateur en chef
de l ’Hôtel-Dieu , en a reçu une au moment où le précieux
préservatif manquait dans cet hospice , et il en a été
décerné deux ( qui ont été bien méritées ) : une h M.
Segaud et l’autre à M. Giraud-St.-Rome.
P.-M. Roux.
5
�( 161 )
1
M ém oire sur les signes qui indiquent ou contr indiquent
la 'saignée , soit dans les fièvres intermittentes , soit
dans Les fièvres continues , désignées sous les noms dû
putrides ou adynainiqües, de nialignes ou ataxiques ;
par Jeu M . Joyeuse , chevalier de la légion-d'hon
neur, ancien médecin supérieur des troupes de terre et
de mer de sa majesté le Roi de Fi ance ; publié par
J.-J. N i e l , père , docteur en médecine , (1) etc.
Fcrant vives opportet vence sectionem ,
]\ec , ni si syniptomatum ri , ad eam adigi
debeiuus.
L ès différeiités opinions des médecins sur les vertus
des remèdes , ne proviennent souvent que des effets qu'ils
leur ont vu produire dans leurs premières observations ,
c'est-à-dire, à une époque où ils étaient incapables de
bien observer. De-là naissent tant de fausses idées , tant
de préjugés absolument contraires , parmi des médecins
très-estiinubles d ’ailleurs.
Joyeuse
• ([) En prononçant l’éloge historique de feu M.
, j’anlionçai à la société de médecine de Marseille là publication dé
ce mémoire. Diverses circonstances m’avaient jusqu’à présent
empêché Je tenir ma parole et de faire jouir le public d’un écrit
entièrement fondé sur l’observation des.phénomènes de la nature#
On me reprochera^ peut-être, d^j avoir laissé exister quelques
négligences de style; n’importe , j’ai voulu que l ’écrivain octo
génaire, concourant à un prix académique, restât tel qu’il parut
ait corps s i vaut qui l ’a si honorablement mentionné. Ajoutons
que je ne puis mieux payer à l
, le lribut
d'estime qu’il mérite , qu’en insérant dans un de ses Numéros
l’opuscule de l’un des médecins que la Provence a le plus estimé
de nos jours.
. Niel.^
i
'Observateur provençal
( JSute de M. le D
T . Iï#
12.
�(
)
En parcourant l’iiistoire de l’a r t , il est aise' de se
convaincre qu’aucun remède n’a causé plus de dissen
sions que la saignée. D ’upe part , c’est un enthousiasme
sans bornes, et de l’autre, une proscription absolue ; mais
quelqu’intéressant que pût être ce pai’allèle , il m’éloi
gnerait trop du sujet proposé par la société académique
de médecine de Paris , qui demande quels sont les signes
qui indiquent ou contr’indiquent lu saignée , soit dans
les lièvres intermittentes, soit dans les fièvres continues ,
désignées sous les noms.de putrides ou adynamiques, de
malignes ou ataxiques.
P
remière
P
artie
.
Dca indications et des contr'indications de la saignée
dans les Jièvres intermittentes.
En faisant d’abord abstraction de tout ce que les auteurs
ont pu avancer sur les bons ou sur les mauvais effets de la
saignée dans les fièvres intermittentes, et quoique leurs
préceptes ayent influé, dans le commencement de ma
pratique, sur ma conduite, éclairée d'ailleurs par l’exemple
et les conseils de mon p è re , j’offrirai à mes juges les
résultats d’ un exercice de l’art aussi long que fréquent.
Dans toutes les fièvres, la plénitude et la fréquence du
pouls, sa force en un mot , est le premier symptôme
qui indique la saignée ; mais elle est bien autrement ur
gente s i , à ce premier signe, se joint uûe vive douleur
dans l’une des trois cavités , qui menace des viscères
d’un tissu délicat, d’ une inflammation ou d’une-hémor
rhagie.
Deux fois , dans ma jeunesse , j’ai ressenti, dans des
fièvres intermittentes les effets aussi salutaires que prompts
d’ une forte saignée.
J ’éprouvais, dans un accès de fièvre tierce , un si
violent mal de tête , que je priai avec instance qu’on
�(i63)
m’amenât le premier chirurgien qui se présenterait, je
m’en souviens encore avec satisfaction ; mon mal de tête
diminuait à proportion que le sang coulait de la veine.
Il avait cessé avant que la saignée, dont l’état de mon
pouls indiquait la continuation , fût finie.
Comme j’habitais alors un pays marécageux., où j’eus
d’ailleurs quelques courses forcées à faire , j ’essuyai
encore , deux ans après , des accès de fièvre tierce ,
qui se compliquèrent, pendant la chaleur , d’une coli
que extrêmement vive. J’éprouvai le même effet que
dans la première occasion, d’une . saignée, copieuse et
faite à la hâte. Mes accès diminuèrent ensuite et furent
aisés à guérir , quoique nous fussions en automne.
D ’après ces observations et un très-grand nombre
d’autres , faites dans diverses maladies , où uue douleur,
vive dans l’ une des trois caviLés , réunie à un pouls
plein et fréquent , était appaisée par la saignée, je n’ai
pas craint dans les suites d’annoncer toujours à mes
malades, qui se trouvaient dans nu semblable cas ,
que leur douleur diminuerait à mesure que le saug cou
lerait de la veine ; et .l’évènement n’a jamais trompé
mon attente.
Excepté dans, des cas analogues à ceux que je viens
d’exposer, et qui sont très-rares , les fièvres intermit
tentes, soit par leur cause , soit par leurs suites contr’indiquent la saignée.
Dans le printemps , ces fièvres ne sont pour l’or
dinaire ni violentes ni rebelles, et en automne, où
elles ont souvent ce dernier caractère , il est rare qu’elles
présentent un tel excès de force dans le pouls , ni des
douleurs intérieures assez vives , pour en faire craindre
les suites, En considérant d’ailleurs l’époque de leur
apparition , leurs symptômes ordinaires , et les maladies,
qui, lorsque ces fièvres sont négligées, leur succèdent
communément, il est aisé de voir qu’en général tout
�( 164 )
se réunit dans les fièvres intermittentes d’automne , pour
dissuader de la saignée.
En effet, c’est après l’été , saison très-affaiblissante ,
et dans laquelle le relâchement des viscères abdominaux
donne souvent lieu à la bile et aux autres humeurs qu’ils
secrétent si abondamment, de croupir , de s’altérer ,
et de causer ainsi le renouvellement annuel des diar
rhées et des dyssenteries ; lorsqu’un reste d’irritabilité
dans les premières voies et un excès d’dcreté dans les
humeurs qu’elles renferment en détermine l’évacuation.
Mais dans des circonstances ordinairement moins favo
rables , ces humeurs sont absorbées , elles s’infiltrent
dans les solides dont elles dérangent les fonctions. De là
le dégoût, les lassitudes spontanées, les enflures , la
dypsnée au moindre mouvement et la somnolence :
symptômes avant-coureurs des maladies asthnéiques les
plus funestes. Lorsque heureusement il reste assez de
ressort dans les solides pour jeter ces humeurs dans
le torrent de la circulation , il en résulte des fièvres
rémittentes où plus fréquemment des fièvres intermit
tentes. La continuité des premières annonce plus d’âcreté
dans les humeurs et plus d’énergie dans les solides. C'est
au contraire au défaut de cette énergie , et à la moindre
irritabilité des viscères abdominaux , où réside ordinai
rement l’humeur de la fièvre , ainsi qu’à la moindre
quantité de cette hum eur, qu’on doit attribuer l’inter
mittence des autres. Cette débilité, dans les organes
vitaux et dans ceux de l’abdomen , n’est que trop prouvée
par les symptômes avant-coureurs de la plupart des
maladies d’automne dont j’ai fait l’énumération , et qui,
dans cette saison , se compliquent presque toujours
avec les fièvres intermittentes. Quant à la moindre quan
tité de matière fébrile dans ces sortes de fièvres , elle
n’a pas besoin de preuves, qu’on trouverait d’ailleurs
aisément dans l’heureux changement qui s’opère, toutes
�\
(i65)
les fois que les fièvres continues de cette saison de
viennent intermittentes.
De tous les auteurs qui ont traité le sujet qui m ’oc
cupe , aucun , à mon avis , ne l’a mieux développé
que M. Senac dans son Traité de la nature cachée des
fièvres intermittentes : ouvrage qui me paraît avoir réuni
les suffrages des praticiens. Quoique dans le chapitre
qu’il consacre k cet o b jet, tout soit précieux, je n’en
citerai , pour éviter les .longueurs , que les principaux
résultats. Noxium imprimis esset, d it-il, page i
, venus
sectioneni prœternïittere, si f urgent sanguis , si intensior
sit febrilis motus , si calore urenti , aut acutissimo
capitis dolore vexentur crgri. 11 retrace ensuite en peu
de mots les conditions qui autorisent à pratiquer la
saignée. 1Feront vires opportet vente sectionem , nec nisi
symptomaluni vi , nd eam adigi débattus. ( page 146 ).
Borsieri, dont le Traité des fièvres est si justement
estimé ; n’est pas moins affirmatif sur l’ utilité de cette
opération. Après l’avoir déduite de la saison , de l'kge
du malade , de son tempérament et de la nature de sa
maladie , il s’écrie : Qaid si Paulà acutior sit morbas
et pulsus vehenientior , pleniorque ? nonne in tantd vasorum plenitudine sanguinisque concitatiori motu , inJlammaliones viscerum , congcstiones , canaliumque rupiiones liceat per sanguiids missionem præcavere, atque
avcrtere? ( pag. 12g. Tom . i . er éd. de Venise. )
W erlof est encore très-précis sur les circonstances
qui exigent la saignée dans les accès des fièvres inter
mittentes. Vente sectione , dit-il , pro plethora , orgasmo
et viritim modula , plenitudinem minuere , stases , inflanimationes et raptus ad cerebruin prœpedere , et orgasmo
sanguines , natureeque nutui obsequi in pluribt s necessaviunifuit. (Page 78. Observ. defebribus. Ed. de Venise.)
Il cite en note une belle observation de Baillou , qui me
paraît si concluante , que je crois devoir la rapporter.
44
�( l6 6 )
JSfobilio vir , dit ce grand médecin , febre lertiand laborabat. Medicus qui illi medebatur , uti crut aimophobos,
uarto paroxismo
ruptis veluti venis , et fa cto impetu quodam in partibus
internis, tanta fora s excretio sanguinis est consecuta ,
ut eo ipso die illi obeiindiim fuerit.
Ou trouve encore dans Bâillon une distinction trèsimportante pour la pratique , sur le siège de l’humeur
fébrile dans les fièvres continues , mais qu’on peut appli
quer aux fièvres d’accès. 11 les distingue en gastriques et
en veineuses, selon que le foyer de cette humeur est
dans les premières voies ou dans les vaisseaux sanguins.
Celles-ci guérissent, dit-il, par les saignées , tandis que
les autres exigent des purgatifs.
De tous les symptômes qui désignent que l ’humeur
qui cause la fièvre réside dans les vaisseaux sanguins,
aucun 11e l’indique plus sûrement que la dureté du pouls;
aucun aussi n’indique plus fortement la saignée. On
en trouve une preuve frappante dans une constitution
de fièvres doubles tierces , dont un grand nombre re
vêtait l’apparence de fièvres continues , observée par
M. Séiiac. Les malades ne s’apercevaient d’aucun sou
lagement qu’après trois ou quatre saignées ; et dans
beaucoup de sujets , le pouls était si dur et le mal de
tête si aigu , que les médecins étaient obligés de répéter
la saignée cinq ou six fois. Il relève ensuite les avan
tages de cette méthode , après avoir retracé les inconvéuiens d’une conduite plus timide. ( Pag. i/[ . )
La dureté du pouls prouve en effet très-clairement
que le siège de l’irritation , et par conséquent celui de
l’humeur qui la cause , réside dans les membranes des
vaisseaux sanguins ou dans les filets nerveux qui en
embrassent les parois , ou qui les parcourent, et rien
ne peut les détendre plus efficacement que la saignée.
Mais 011 rencontre quelquefois ce symptôme compliqué
5
m
:i |
■ v . è;S ij •• : <j
�( 167 )
de beaucoup de faiblesse ou avec un commencement de
cachexie. Dans des cas aussi difficiles où les indications
et les contr’indications se présentent ensemble et se
heurtent pour ainsi dire , l’expérience et la prudence
du médecin peuvent seules le guider. J ’ai vu plusieurs
fois, dans des consultations un vieux praticien, célèbre
dans une grande ville par ses succès dans les maladies
aiguës , et par sa grande expérience , acquise pendant
près de cinquante ans à l’Hôtel-L'icu, conseiller en pareil
cas une saignée , dont les effets salutaires justifiaient
l’à-propos. J’a i, m o i-m ê m e , dans un érysipèle à la
jambe qui depuis long-temps résistait aux remèdes soit
évacuans, soit résolutifs, qui m’avaient paru le mieux
indiqués , et que la saignée avait précédés , j'ai , dis-je,
sur la seule dureté du pouls qui survint , prescrit ,
malgré une grande faiblesse, une petite saignée qui
décida la guérison. Les médecins n’ignorent pas de
combien de maladies rebelles , les inflammations lentes
sont l’unique cause, ni combien les petites saignées
contribuent alors à leur guérison.
L ’expérience et la raison sc réunissant pour désigner
l ’état du pouls et les symptômes d’irritation qui indiquent
la saignée dans les paroxismes des fièvres intermittentes,
il me paraît superflu d’étayer, par de nouvelles autorités,
une vérité si bien établie ; cependant comme la saignée
ne remédie qu’à la violence des symptômes qui accom
pagnent quelquefois ces sortes de fièvres , et qu’elle n’at
teint que très-imparfaitement , même dans ces cas ,
leur cause matérielle , un médecin prudent doit toujours
avoir présent à l’esprit les mauvais effets de cette opé
ration faite mal-à-propos , observés par Sydenham et
Tord , quoique Sydenham les ait peut-être exagérés,
lorsqu’il assure avoir trop fréquemment observé que
dans les fièvres d’automne, à moins que la lancette qui
perce la veine , n’éteigne la fièvre du même coup ,
�( i6 8 ')
cette fièvre ne peut guérir dans les sujets les plus robustes
que dans un temps très-long, et qu’elle devenait mor
telle dans les sujets âgés.
S econde
P artie.
Des indications et des contr’indications de la saignée
dans les Jièvres désignées sous les noms de putrides
ou adynamiques , et de malignes ou ataxiques.
La cause des fièvres putrides et des fièvres malignes
consistant dans des miasmes délétères qui tendent à
produire une faiblesse extrême dans les systèmes vascu
laire et nerveux, c’est-à-dire , dans toutes nos fonctions,
il semble au premier coup-d’œil que la saignée devrait
toujours être proscrite de leur traitement , et en effet il
est évident qu’elle ne peut en atteindre la cause et qu’à
quelques exceptions près , elle doit tn aggraver les
symptômes : c’est donc seulement à tracer ces excep
tions et à les désigner avec exactitude que je dois
m ’appliquer.
L ’observation et l’expérience étant les seuls guides
qui puissent en médecine conduire à la vérité , je dois
me borner encore à ce qu’elles m’ont appris relativement
à la saignée dans les fièvres putrides et dans les fièvres
malignes. J’ai traité, dans divers hôpitaux,'seize épidémies
de. fièvres malignes contagieuses , qui presque toutes
étaient éminemment putrides. De sorte qu’en fixant les
cas où la saignée y a été salutaire , j’aurai déterminé ,
peut-être, ceux où elle convient dans ces deux espèces
de fièvres , et pour ne pas perdre de vue les avantages
que je puis retirer de cette source d'instruction , je
renvoie à un appendice , à la fin de mon mém oire, mon
opinion sur la cause , le foyer et la nature de la fièvre
putride ; espèce de fièvre sur laquelle, jusqu’à ces der
niers temps on a eu des idées aussi extraordinaires
�36
(
g)
qu’absurdes , qu’on trouvera très-bien exposées dans
Borsieri.
Quoique la lièvre maligne contagieuse se présente le
plus souvent sous ses vrais caractères, c’est-à-dire, avec
une grande prostration de forces et un pouls faible ,
fréquent , petit et mou , cependant dans ce cas même ,
s’il se joint à cette faiblesse une douleur très-aiguë à la
tête , qui ne paraîtrait pas devoir compliquer un état
si propre à éteindre toute sensibilité, mais qui n’en prouve
que mieux à quel point la tôle doit être affectée , ou peut
comme nous le verrons plus bas , placer avantageuse
ment la saignée, ou du moins une ventouse scarifiée
à la nuque,
Mais le début de cette fièvre est quelquefois très-varié.
Tantôt elle commence pur un simple dégoût et des las
situdes spontanées, d’autres fois , par du mal-aise et
une fièvre légère , qui redouble tous les soirs , où enfin
elle débute par des symptômes inflammatoires.
Dans ce dernier cas , une des grandes cavités souffre
toujours. Le plus grand nombre des malades ressent un
violent mal de tête, et quelques-uns ont du délire,
d'autres éprouvent tous les symptômes dç. lu péripneu
monie , souvent sans douleur à la poitrine. Dans plu
sieurs enfin , le bas-ventre est tendu , dur , douloureux
et très-sensible au tact , surtout à l’by poeliondre d ro it,
et dans ce cas la constipation et la difficulté d’uriner
sont très-fortes. J’en ai vu qui ont essuyé successive
ment tous ces symptômes et dans lesquels la douleur de
la tête se portait à la poitrine et de la poitrine au basventre ,ou de l’ une de ces deux dernières cavités à lutête;
mais dans le plus grand nom bre, plusieurs caviiés souf
flaient en même-temps. J’ai observé cependant que géné
ralement c’était la tête qui était le plus souvent affectée.
Le pouls est dans tous ces cas, plein , dur et élevé ,
mais dans peu de jours, ordinairement le me. ou le
3
�7
( i °)
/fme. depuis l’entrée.des malades à l'hôpital, il devient
faible , p e tit, très-fréquent et dans quelques sujets trèsmou. 11 s’affaiblit de même dans ceux qui jusques-là
n’ont éprouvé que de légères incommodités, et dès ce
m om ent, soit par la prostration des forces , soit par
d’autres symptômes qui surviennent, ils sont tous dans
un égal danger. Le plus redoutable de ces symptômes,
est l’assoupissement , il meurt environ le tiers des ma
lades qui en sont gravement affectés.
J’ai vu une épidémie terrible soit par ce symptôme,
soit par des vibices gangréneuses très-étendues, soit
même par des bubons, laquelle se communiquait aux
gardes-meubles quoiqu’ils n’eussent aucune autre com
munication avec les malades. Mais ce qui m’étonna beau
coup et étonnera sans doute mes juges , c’est que le
délire fut constamment favorable , soit qu’il se soutiut
pendant toute la maladie , soit qu’il succédât à l'assou
pissement , aux mouvemens convulsifs ou qu’il survint
dans la plus grande faiblesse: dans tous les cas enfin ,
dés jjqu’un malade d élirait, c’était un signe assuré de
guérison , et il n’y en eut aucun qui ne se rétablit ,
parmi ceux même q u i, refusant les remèdes , ne prirent
que du nitre qu’on mettait dans l’eau à leur iusçu.
j ’observai aussi que le délire se prolongeait quelquefois
dans la convalescence sans aucun inconvénient , mais
j ’ai eu souvent occasion de faire la même remarque
dans des fièvres malignes sporadiques. Il est vrai aussi
que ce délire est quelquefois l’avant - coureur d’une
rechute ou une preuve que le malade n’est pas encore
bien guéri.
Aux symptômes inflammatoires qui , comme je l’ai
d it, se présentent quelquefois au commencement des
fièvres malignes contagieuses, et qui , ordinairement
étaient très-putrides, j’ai toujours opposé avec succès
d'abord la saignée , et ensuite dans les cas d'assoupis-
�7
( * * )
sement ou de douleur violente à. la tête , les ventouses
scarifiées à la nuque. De plus de cinquante malades
auxquels j’en fis appliquer pour le mal de tête , dans
l’épidémie dont je parle et dont j’ai conservé le jou rn al,
il n’y en eut qu’un qui eut besoin qu’on lui en mît une
seconde. Elles dissipèrent toujours le mal de tête et sou
lagèrent quelquefois dans l’assoupissement. Je ne les
employai guères qu’après une ou deux saignées , mais
j’en ordonnai à des malades que je n’aurais pas osé
faire saigner ; le mal de tête guérissait sans que la fai
blesse augmentât. Elles dissipèrent aussi dans plusieurs
cas un léger assoupissement qui revenait dans la con
valescence et que j’avais vu avoir quelquefois des suites
funestes. Enfin je les employai aussi avec succès dans
des douleurs vives à la poitrine , compliquées d’op
pression (i).
Enfin , lorsqu’au commencement de la maladie le mal
de tête était extrêmement violent , je crus devoir ,
malgré la prostration des forces et la faiblesse du pouls,
recourir à la saignée. J’y fus déterminé non-seulement
par l’état d’inflammation gangreneuse où je trouvai la
plupart des viscères dans presque tous les morts , mais
surtout par les épanchemens dans la cavité du crâne ,
que m’offrirent constamment ceux que je fis ouvrir.
Sur quinze à l’autopsie desquels je fus obligé de me
borner , parce que de deux chirurgiens que j’employais
à ccs ouvertures et qui prirent la maladie , il en mourut
un , sur ces quinze , dis-je, j’observai que l'arachnoïde
et la pie-mère étaient très-enflammées , surtout vers le
sommet de la tête, les prolongemens de la pie-mère na
geaient dans un épanchement de sérosité sanguinolente
(i) C’est au moyen d’une seringue adaptée à la ventouse qu’on
abrégeait son application 5 et qu’on tirait du sang à volonté.
�v
;
qui occupait l'intervalle des circonvolutions du cerveau,
elle eu était imbibée. Les ventricules latéraux en étaient
pins ou moins remplis ; cette sérosité sanguinolente
s’était amassée , dans plusieurs sujets , sur la base du
crâne et dans le canal de la moelle épinière ; en soule
vant le dos des cadavres , il en sortait près d'une cuil
lerée : les vaisseaux, du cerveau étaient très-injectés,
mais dans deux de ces sujets , la sérosité était limpide
et sans couleur.
Une autre considération m’engagea à pratiquer la
saignée. Je pensai qu’au commencement de la maladie
les forces devaient plutôt être opprimées qu’épuisées ;
mais de crainte qu’elle ne fût nuisible , j’eus la précaution
d’examiner attentivement l’état du pouls pendant qu’on
la faisait, et avant observé que le pouls se relevait toujours
et que le mal de tête en était constamment soulagé ,
après plusieurs épreuves semblables , je fis part aux chi
rurgiens de leur résultat , en leur recommandant dans
ces sortes de cas, dont j’avais soin de les prévenir,
d’user de la même précaution. Ils observèrent, comme
moi , les bous effets de la saignée.
Il ne sera pas inutile de remarquer qu’il convient vers
le milieu de la saignée, et avant la fin , de tâter quelque
fois les deux pouls. J’ai vu , rarement à la vérité , que
quoique l’un des deux pouls continuât à se développer,
l'autre devenait très-petit, et je me liâtai alors de faire
fermer la veine.
Vers la fin de l’épidém ie, je contractai la fièvre
maligne. J’en ressentais depuis finit jours des symptômes
avant-coureurs , tels que le dégoût , une faiblesse spon
tanée et surtout un mal de tête intense qui revenait
deux ou trois fois par jour , mais qui augmentait de
violence dans la soirée , cependant je 11e discontinuai
pas mon service, pour ne pas exposer mon père à la
contagion. Ma fièvre débuta par une syncope qui dura
�(
)
plus (l'une heure. Quelque temps après que j’en fus
revenu , j’eus beaucoup de lièvre et un mal de tète trèsviolent. Je me hâtai de me faire saigner du bras et je
fus soulagé. Le lendemain , sur la seule indication du
mal de tète , qui était encore très-aigu , car le pouls ,
quoique fréquent, n ’était ni plein ni élevé , je fus saigné
du pied et je sentis encore du soulagement ; mais dans
la soirée, quoique j’eusse moins de lièvre que la veille,
et que le pouls , toujours fréquent , fût plutôt faible que
fort, le mal de tête étant encore intense, je me lis ap
pliquer une ventouse scarifiée à la nuque , qui le dis
sipa sans retour. J’aurai occasion de parler des différens
remèdes que j’em ployai, aidé des conseils de mon père ,
mais qui maintenant ne sont pas de mon sujet.
Ce n’est donc que dans deux occasions que j’ai- trouvé
la saignée indiquée dans la lièvre maligne ; ou lorsqu’elle
se présente avec un pouls fort et d’autres symptômes
inflammatoires , ou lorsque , malgré la prostration des
forces et la faiblesse du pouls, une douleur violente
dans une des trois cavités donne lieu de craindre qu’il
ne s’y fasse des épanehemens, ou qu’il ne s'y forme des
inflammations, qui, dans cette sorte de maladie , dégé
nèrent si souvent en gangrène. Je crois que dans ce
cas , il faut au moins pratiquer une saignée locale , soit
avec les ventouses , soit avec les sangsues. Mais , je le
répète , ce ne sont là que des exceptions au traitement
ordinaire, qui doit rouler sur les anti-septiqnes , les
cordiaux et les légers évacuaus. Je ne m’arrêterai pas
aux préceptes de quelques grands médecins q u i, comme
Diemerbroek., Sydenham et Chirac ont regardé les saignées
copieuses et promptement réitérées comme le principal
remède des lièvres malignes ; ils prenaient leurs indica
tions sur l’inspection trompeuse du sang , sur sa den
sité et sa couleur , phénomènes dont le célèbre de Hahen
a si bien prouvé la futilité. L ’accablement si souvent
�C I?4-)
funeste dans lequel la fièvre maligne ne tarde guère*
à jeter les malades , eût dû,les rendre plus réservés.
Junker a depuis long-temps censuré , eu termes trèsénergiques , une méthode si nuisible , la coutume qu’il
attribue aux Français de multiplier les saignées. Nota quidem est spes Sydenhami de vente - sbctione galenicd, qiue
ad lipotliymiam usqua exlendilur , in Jebribus pcslilentibus , sed opinioiii suie mugis quant expcrientiœ in
hoc passu itululget. Il ajoute : Quid vero in malignis hœc
mel/iodus possit , bona conscientia expcriri non licet. (1)
O n trouve encore une critique détaillée et judicieuse
de cette méthode de Sydenham et de son opinion sur la
nature de la fièvre maligne ; dans le Traité de M. Chantbon de Montaux sur cette maladie (n o te s, pag. 5 et
suivantes). Enfin, H uxam , tout en rendant justice à
Sydenham q u i, le prem ier, avait proscrit du traitement
des fièvres inflammatoires le régime échauffant, le blâme
avec raison d'avoir traité comme telles toutes les fièvres
et la peste même. ( Essai sur les lièvres,chap. 8 , p. 128).
Il ne inc reste qu’à justifier ma conduite par les ob
servations et l’autorité de plusieurs auteqrs célèbres par
leurs lumières et leur habileté.
Relativement à l’indication prise de l’état vigoureux
du pouls , Vacca Berlinguieri , dans une épidémie de
fièvre qu’on regardait comme putride , et qui se répandit
dans toute la Toscane, employa des saignées réitérées,
et il n'en guérit pas moins ses malades. Ayant pris luimême la m aladie, il en guérit aussi, quoiqu’il, se fut
fait saigner trois fo is, et il conclut que tant que le
pouls continue à être fo r t , on peut et l’on doit saigner,
sans aucun égard à la chimérique putréfaction des hu-
(1) Conspectus chirurgiæ . tabula L X YII, §. 16.
�7
( T 5 )
meurs ( qui circulent ) ni à la couleur et à la fluidité
du sang ( i) .
De Huen n’est pas moins décisifà cet égard. Hos autem
( malignos quos vocant morbos ) sic brevi curavimus , ut
si magnum pulsmn valida febris concomitabatur , venu
tunderetur (T om . i . £r , page 99. )
Lancisi ayant observé dans une épidémie de fièvre
maligne , où le pouls était fo r t, et le mal de tète trèsaigu , qu’une hémorragie nazale copieuse était très-utile
à beaucoup de malades, fit appliquer avec succès aux.
niemhi’es inférieurs ou aux épaules des ventouses scari
fiées , qu’il appliquait de préférence à la nuque , dans
les cas d’assoupissement ou de délire. Elles contribuèrent
beaucoup, ainsi que les saignées à la jugulaire et à la
veine du front, à la guérison des malades. L ’ouverture
de ceux qui étaient morts dans l’assoupissement lui
avait offert beaucoup de varices dans le cerveau et des
épanchemens de sérosité sanguinolente dans ses sillons.
(Tom. i . ' r, cap. V-I. §. V . Pag. rq . Edit. Veneta in-fol. )
Hazernohl , dans une fièvre maligne pétéchiale , dé
butait toujours par la saignéé, ainsi que les autres mé
decins , ils la réitéraient, s’ils le jugeaient nécessaire ,
et dans les sujets robustes et pléthoriques , il fallait la
répéter jusqu’à trois fois pour atteindre le but (pag. 21).
" Freincl terminé son second commentaire sur le i .cr
et le .e livre des épidémies d’Hippocrate; dans lequel il
traite des avantages de la saignée à la jugulaire, par la
description d’une fièvre maligne dont furent attaquées
en Espagne , en 1700 , tant la flotte Anglaise que Tannée
deterre , et pour donner une idée du traitement qui
3
3
(1) Consiilèj-azioin interrio alla malattia detta volgarmente
putrida. ( Page 91. )
�( r?G )
loi convenait, il ajoute l’observation de la maladie du
sous-commandant du vaisseau le Basfleur.
Le premier jour le pouls étant fréquent et fort , la tète
cliaude et pesante et les membres douloureux , on fit une
saignée de deux onces. Le pouls ayant varié jusqu’au
cinq , où il devint fort, vite et un peu dur , et les vési
catoires n'ayant produit aucun effet , on pratiqua une
saignée à la jugulaire qui dégagea la tète et ramena la
raison. Cependant la maladie ayant encore em piré, les
quatre jours suivans , malgré l ’application de trois nou
veaux vésicatoires , dont un couvrait toute la tête , et le
pouls étant encore assez fo r t , on fit à la jugulaire une
saignée de douze onces qui dissipa presque sur-le-champ
le délire. Les autres symptômes s ’étant peu-à-peu amé
liorés. , le malade se rétablit parfaitement.
régna à Plymouth , en 17fia , une épidémie de
fièvre très-putride et très-maligne. Ses symptômes , qui
au début avaient été inflammatoires , annonçaient bientôt
la plus grande débilité. Une sueur gluante et fétide, ou
une diarrhée plus fétide encore et livide précipitaient
les malades. V ers le 6.e jour il parut des pétéchies de
couleur et de grandeur diverses , dont les moins noires
n’étaient pas moins mortelles que celles qui l’étaient
tout-à-fait. Il sui'venait alors tin assoupissement conti
nuel ou un délire si violent, que des gardes robustes
avaient peine à retenir les m alades, et Ce délire fut
vin des plus funestes symptômes. Il mourait beaucoup
de malades , malgré les remèdes les mieux appropriés.
Enfin Hiucam eu sauva un grand nombre par nue mé
thode qu’il trace en détail et qui consistait d’abord à
prescrire une saignée au commencement de la maladi» ;
mais rarement ensuite. Elle devint même très-nuisible
si on la réitérait témérairement. Cependant si après la
saignée, le mal de tête et le Vertige Continuaient, il
trouva très-utile de diminuer le volume dn sang par
11
�*77
<
)
des ventouses scarifiées , appliquées aux épaules ou au
cou. ( Tom . i . er , page 168 ).
La faiblesse étant un des principaux caractères de la
fièvre maligne , la saignée, selon de très-grands mé
decins , y est en général contr’iudiquée, ainsi Vacca
Berliiiguieri, qui regarde comme maligne toute fièvre à
laquelle se joint une grande faiblesse , la proscrit-il ab
solument. Cependant E lle r , qui donne également pour
signes pathognomoniques de cette fièvi'e la faiblesse, la
lassitude , le mal-aise et Paffaissement de l’âme , s’il est
appellé au commencement de la maladie, et que le malade
soit jeune , robuste et assez pléthorique , Eller , dis-je ,
juge la saignée nécessaire , quoique le pouls soit faible et
petit , parce qu’il a observé quelquefois qu’immédiatement après la saignée , le pouls devenait plus plein et
plus fort.
De Haert est bien autrement affirmatif, après avoir
distingué avec les plus grands médecins la vraie faiblesse
de la faiblesse apparente , il s’autorise de leur exemple
pour l’employer dans celle-ci et il la condamne dans l’autre.
lia n e nos legern secuti, d it- il, omnibus noslris cegris
maligne habentibus venant tudimus , cum debilitatis émendatione , si ejuidem ilia aut plethoram aut rarej'actionem
pro origine haberet. (T o m . i . er , pag. 263).
Quoique Hoffman ne regarde la saignée dans la
fièvre maligne pétéchiale , que comme un préservatif
dans les sujets pléthoriques ou dans ceux qui ont l'ha
bitude de se faire saigner, qui sont sédentaires , adonnés
à la bonne obère et au vin , et qu’il la proscrive dans
le traitement , il rapporte néanmoins une observation
très - singulière d’un ecclésiastique de qui le pèi’e , la
mère et la sœur prirent la fièvre maligne et en mouru
rent , parce que leurs m édecins, croyant leur maladie
catharrale , omirent la saignée. Le bruit d’une si grande
malignité s’éLaiit répandu, un médecin qui fut appelé
T . II.
i
3
�( 178.)
auprès de sept malades (pal l’avaient contractée, les
ayant fait saigner du pied au commencement delà maladie,'
à cause du mal de tête, les guérit tous ( T u m .a , page
92. Observ. 6 ).
Selon Pringle, la fièvre maligne est dans les comnienccmcns difficile à distinguer d’une fièvre ordinaire Ce
n’est , dit-il , que lorsque te pouls s’abat ( ce qui arrive
plutôt ou plus tard ) qu’011, a un indice certain de la
malignité de la maladie. Fesant ainsi de la faiblesse
du pouls le caractère distinctif de la fièvre maligne ,
Pringle est très-reservé sur la saignée, quoiqu’il assure
qu’au commencement de celle fièvre le pouls est trèsv if , il recommande de 11e faire qu’une saignée modérée,
afin qu’elle n’abatte pas le p o u ls, ce qu’elle ne manque
jamais de faire , si elle est am ple, et surtout si on la
réitère , à moins que les poumons ne soient enflammés
( Tom. 2 , pag. 82. i.r“ Édit.).
Quoique Lieutaud pense que la saignée est le plus
souvent utile lorsque les forces la perm etteut, ce 11’est,
ajoute-t-il , qu'avec lu plus grande précaution qu’on
doit la réitérer, malgré que des douleurs très-aiguës ,
l’inflammation , le délire et la difficulté de respirer pa
raissent l’indiquer , parce qu’il a observé plusieurs fois
que les saignées répétées avaient aggravé la maladie et
même bâté la mort ( Pag. 9,5 ).
Les obsex’vations ont démontré , dit Piquer , que s’il
survient une hémorragie du nez ou de l’anus , elle sou
lage beaucoup le malade.... parce que de toutes les éva
cuations d’humeurs , qui se iont dans les fièvres aiguës ,
celle du sang est la meilleure , car toutes les autres qui
surviennent dans le commencement sont toujours symp
tomatiques , peu avantageuses et souvent nuisibles. Il
en conclut que les saignées que l’ou fait au commence
ment de semblables maladies , favorisent et secondent
la n atu re, et il s’appuie de l’autorité des médecins de
Breslaw , lesquels , dans la fièvre maligne qui régna eu
�179
(
)
i 702 , ayant observé les malades avec toute l’attention
et le soin possibles , avaient connu que c’était vaine
ment que la médecine espérait de chasser du corps la
cause de la maladie par le moyen de ses remèdes ; mais
qu’aprôs y avoir mûrement pensé, il fallait seconder la
nature par des saignées, au commencement des fièvres
malignes ( Pages i et 3(7 ).
Quarin, en s’appuyant de l’autorité d’H uxam , dit
qu’on rencontre des fièvres malignes qui participent du
caractère inflammatoire , et que telle fut certainement
celle qui régna en 1770. Il observe ensuite qu’il fallait
tirer peu de sang à-la-fois dans *'ette épidémie , sauf à
réitérer, car les petites saignées sont plus salutaires en
ce cas que celles par lesquelles on tire beaucoup de sang
tout-à-coup ( Tome i.cr , pages 110 et i n ).
E nfin, je trouve dans le rapport de M. Valentin, à
l’académie de Marseille , snr le Traité de la fièvre ma
ligne par M. Lajhnt-Gouzi , imprimé à la suite de ce
Traité , que le docteur Stuart, de ia Virginie , emploie
plus ou moins la saignée dans les lièvres malignes , qu’il
traite , comme M. de L a jo n t-G ou zi, avec le mercure
doux.
Comme c’est principalement aux différens caractères
des diverses fièvres malignes qu’on doit attribuer la
contrariété d’opinions que je viens d’exposer, dans les
auteurs même qui ont employé la saignée , il en résulte
cette grande vérité si bien établie par Sydenham , rela
tivement aux différentes constitutions, c'est qu’à l ’ap
parition d’ une épidémie de fièvre maligne , le médecin i
même le plus instruit , doit procéder avec la plus grande
prudence a la prescription des remèdes actifs, en exa
miner les effets avec une extrême attention , pour régler
sa conduite en conséquence.
Il est trop facile d'appliquer à la fièvre putride ou
«dynamique tout ce que j’ai avancé sur la saignée i xela
3
�4
( i8 o )
tivement à la fièvre m aligne, qui d’ailleurs dans toutes
les épidémies que j’ai traitées , était toujours éminem
ment putride , pour que je doive me justifier de n’avoir
pas fait une mention particulière de cette espèce de
fièvre; voici cependant les raisons qui m’y ont déterminé :
Prem ièrem ent, je n’ai rencontré dans ma pratique
aucune fièvre avec une prostration considérable des
forces et une grande faiblesse du pouls, à laquelle il ne
»e joignît plutôt ou plus tard quelques symptômes ner
veux. ou ataxiques plus ou moins intenses, et qui , par
conséquent ne f û t , même à cet égard , une fièvre vrai
ment maligne : la différente intensité des symptômes
nerveux ne saurait constituer deux différentes espèces
de fièvre, la putride ou adynamique , et la maligne ou
ataxique. Sou ven t, dans divers hôpitaux , j’ai eu à
traiter indistinctement avec d’autres lièvres , des fièvres
malignes sporadiques provenantes , à mon inscu , de la
même cause que la fièvre maligne contagieuse, c’est-àdire , de l’air vicié des prisons ; mais lorsqu’elles se
présentaient avee la prostration des forces et la faiblesse
du pouls, j ’en reconnaissais facilement la nature , e t ,
je le répète, les symptômes nerveux ne manquaient pasensuite de se manifester.
D ’ailleurs -, la prostration des forces et la faiblesse du
pouls ne prouvent-elles p a s, elles-mêmes , que le sys
tème nerveux est gravement affecté ? J ’ai vu des vieillards
qui s’affaiblissant tout-k-coup , étaient hors d’état de
se lever ; ils prenaient encore sans répugnance les ali—
mens légers qu’on leur présentait ; mais trois ou qua
tre jours après, le pouls devenait faible et irrégulier ;
sans autre symptôme morbifique surtout , sans le moin
dre signe de putridité. Ils succombaient dans deux jours
ou trois. N’est-ce pas là une fièvx’e vraiment maligne ,
dépendant uniquement de la faiblesse générale et que,
suivant la nouvelle nomenclature d’un très-savant pro-
\
�( i 8i )
fesseur , on eût mal-à-propos appele'e adynamique ou
putride ?
Enfin , des auteurs aussi recommandables que Pringle,
Eller et Vacca-Berlinguieri n’ont-ils pas eu raison de
regarder la faiblesse générale dans les fièvres comme le
vrai signe de leur malignité ? Stoll aussi , en parlant
de la fièvre bilieuse, dit que la faiblesse des solides en
constitue la malignité , soit que cette fièvre attaque de
nouveau un sujet affaibli par la même fièvre dans l’été
précédent, soit que cette fièvre se réunisse au relâche
ment et à la faiblesse des solides , causée par les vices
de la bile (T o m e ? ., page
)•
Vacca-Berlinguieri étend celte idée à toutes les sortes
de fièvres ; de quelqu’espèce quelles soient , d it - il, ou
aiguës simples, ou inflammatoires, ou rémittentes simples
ou exanthématiques, ou avec des tâches à la peau, ou
intermittentes , toutes s’appellent malignes , si au lieu
de la marche ordinaire des fièvres et de leur intensité
elles portent avec elles un grand abattement de toutes
lesforces et une faiblesse de toutes les fonctions du cœur
et des nerfs. Enfin il y a , ajou te-t-il, des fièvres inter
mittentes malignes qui diffèrent des pernicieuses , en ce
que celles-ci sont le plus souvent violentes, et avec aug
mentation de la force du cœur , tandis qu’on rencontre
quelques fois des fièvres pernicieuses qui sont eucore
malignes ( Saggio intorno aile principali è pin frequenti
malattie. Pag. 141 , 2.c édit. ).
Je trouve dans Pringle un second passage qui confirme
celui que j’ai déjà cité. Il y établit que toute fièvre qui
se prolonge, dégénère en fièvre maligne. Quelle que
soit la cau se, d it- il, qui produit une fièvre, si elle
dure long-temps , elle corrompt les humeurs , affecte le
cerveau et les nerfs , à-peu-près de la même manière
que celles qui tirent leur origine de l’infection ( Tom . 2,
pag. 70 ).
Je pourrais encore m’étayer de l’autorité de Lieutaud,
34
�( i®2 )
quoiqu’il reconnaisse avec raison que les fièvres mali
gnes commencent quelquefois par des symptômes violens,
un pouls fort et une chaleur intense , il n’eu regarde
pas moins la faiblesse comme le signe ordinaire des
fièvres malignes , et il rappelle à ce sujet l’opinion des
anciens médecins. Juxta.... Antiquorum mentent, d it-il,
has duntaxat Jebres , ( malignas ) vocilare licet , in qui
tus naluvcc vires obriiuntur adeo ut liée pulsds velocitas ,
nec symtpomatum vehentenlia uiorbi perniciei coiisoncnl ;
quasi clancularias vilæ strueret insidias : cur minime
mirurri, cliinco omni nielu experte, ad fatum properent
( Pag. 20. F,dit. tn-4.0 ).
Secondement, si comme l'ont prouvé Vacca-Berlinguieri et M ilm an, et comme 011 le pense assez généra
lement aujourd’hui , le mouvement des humeurs qui
circulent, s’oppose absolument à leur putréfaction, je
ne vois gnères que les premières voies, qui soient le
siège ordinaire de la putridité, et dès-lors la fièvre pu
tride qui en résulte , n’est qu’une fièvre gastrique,
tantôt bilieuse , tantôt muqueuse , etc. ; mais qui doit
toujours être accompagnée d’une fétidité très-sensible
dans les excrétions : laquelle peut seule lui assurer le
caractère et le nom de fièvre putride , sur lesquels
toute autre dénomination n’est propre qu’à égarer ,
d’autant plus que d’autres causes que la putridité peu
vent affaiblir les malades.
Lorsque la putridité s’empare des humeurs qui crou
pissent dans d’autres cavités que les premières voies
( ce qui est rare ) , ou sur les surfaces intérieures ou
extérieures du corps ( ce qui l’est encore p lu s), les
parties sur lesquelles reposent ces humeurs., sont les
premières affectées et donnent lieu d’abord à des ma
ladies très-différentes de la fièvre putride.
J’ai dit que d’autres causes que la putridité pouvaient
affaiblir les malades : en voici un exemple : j’ai traité
depuis peu une dame qui se sentit to u t-à -c o u p très-
�C
183
)
affnisséexet que le moindre mouvement oppressait. Son
pouls était peu fréquent, mais singulièrement irrégulier,
soit pour la distance, soit pour la force des pulsations.
Cet état du pouls et ale la respiration dénotant une
très-grande faiblesse dans les organes vitaux , je déclarai,
dès ma première visite , que sa fièvre était maligne. En
effet, le pouls continuant à varier , et la faiblesse ainsi
que l’oppression augmentant toujours , elle succomba au
raie qui survint le 12 , sans qu’il eût jamais paru la
moindre signe de putridité : ce qui n’eût point empêché
les partisans de la nouvelle nomenclature de caractériser
de putride ou d’ady nautique, une fièvre si évidemment
m aligne; car tous les symptômes se réduisaient à la
faiblesse générale réunie à celle du pouls et des poumons:
le cerveau et les facultés intellectuelles furent libres jus
qu’au dernier* soupir.
Sans m’arrêter d avantage à prouver que les humeurs
putrides , contenues dans les premières voies , sont la
cause ordiuaire des fièvres putrides, ainsi que l’ont
très-bien pensé Fize.s , B:>rsieri, Roupe , Colombier, etc.,
etc., je ne puis m’empêcher de rapporter une observa
tion singulière qui prouve évidemment que les exha
laisons de ces humeurs se jettent quelquefois sur des
organes éloignés et peuvent par conséquent infecter
toutes nos humeurs.
Cette observation est analogue à celle de Tissot, con
cernant deux épileptiques dont l’écume qui sortait de
leur bouche , avait , dit-il , une odeur cadavéreuse
(T ra ité de l’épilepsie , pag. 6 ).
Une dame ôgée de /[o an s, d’un tempérament phlegmatique , après de violens maux de tête qui duraient
depuis huit jours , essuya, en ma présence, une trèsforte attaque de convulsions générales , laquelle pré
céda une fièvre léthargique très-grave. Pendant ses
convulsions, elle rendit par le n e z, car il ne sortait
�184
(
)
aucune humeur à travers ses lèvres, qui étaient trèsserrées , une odeur très-fétide, ressemblant tellement à
Celle des matières fécales , que sa sœur croyant qu’elle
s’était salie, porta la main sous, scs jupes , pour s’en
assurer ; mais me rappelant l’observation de Tissot, je
la désabusai. O r , cette dame, qui pendant toute sa
maladie , soit avant, soit après ses convuisious , a tou
jours eu l'haleine douce , me semble n’avoir pu exhaler
une odeur si infecte et si ressemblante à celle des
matières fécales , que par l'effet des convulsions des in
testins ou des secousses des muscles abdominaux , qui
sassant et ressassant ces matières , ont donné lieu à
d’abondantes exhalaisons , lesquelles par le tissu cellu
laire ou par toute autre voie , se sont fait jour par le nez ,
d’autant plus que le traitement, qui , après deux sai
gnées, l’ une du bras et l'autre du pied, et l’application des
sangsues sur l’endroit le plus douloureux de la tête , ne
consista guères qu’en purgatifs , produisit des évacuations
excessives.
. Il ne sera peut-être pas inutile d’observer, au sujet
des fièvres malignes compliquées de putridité , que ,
quoique la plupart des miasmes contagieux soient im
perceptibles à l’odorat , ces fièvres malignes sout trèscontagieuses , tandis que les mêmes fièvres , exemptes
de cette complication , ne le sont point en général ; car
je n’en ai vu aucun exemple.
• Troisièmement. Dans les épidémies do fièvres m ali
gnes , la maladie commence ,dans le plus grand nombre
des sujets, par la prostration des forces et la faiblesse
du pouls , et ce n’est quelquefois que long-temps après
qn’il survient des symptômes nerveux ou ataxiques,
qui, selon le même professeur, peuvent seuls caracté
riser la fièvre maligne. Lancisi nous en offre un exemple
dans l’épidémie de Iîeggio ( page 212 ). Dès le début de
la maladie, le pouls était petit et faible , et les forces
étaient toujours languissantes, La fièvre augmentait vers
�X 185 )
\
le q.c jour, pendant lequel , après avoir vomi et rendu
par le b a s, des vers vivans ou morts , les malades es
suyaient des anxiétés et des défaillances, suivies d’une
éruption de boutons rougeâtres ou livides. Il survenait
alors du mal de tête , un délire obscur , le coma et
des soubresauts de tendons auxquels les malades succombaieut le 9 , le 11 ou le 1/jUn médecin qui n’eût admis la faiblesse générale que
comme un symptôme de la fièvre putride, et qui eût
exigé , comme un caractère essentiel de la fièvre maligne,
des symptômes désordonnés , irréguliers ou ataxiques ,
en un mot , nerveux , 11’eût pu découvrir la nature
d’une fièvre si éminemment maligne , qu’après la trèsgrande moitié de son cou rs, tandis que celui pour qui
la faiblesse générale eût été un signe de malignité ,
eût, dès le premier moment, saisi son vrai caractère.
Il y a encore des fièvres malignes selon Lieutaud
( pag.ai ) qui ne se développent qu’après divers paroxismes de fièvre intermittente , ou de fièvre rémittente ,
dont le type est irrégulier et la durée est prolongée^ On
en trouve un exemple dans l’épidémie de fièvre maligne
dePesaure , rapportée par Lancisi (p a g e 229. Tom. i er,
édit, de Venise, i/i-folio. ). Tamen , y est-il d it , aliquid
notutu dignwn et singularius exhibet , quod quamvis
sub sitnplicis tertiance laiva , et ipsa lu d at, tamen paToxismwn quemque cul triginta horas et ultra extendit ,
et sua peculiaria incrementa et declinationis temporel
nimiu.ni protrahit.
Si une fièvre maligne sporadique débutait ainsi , de
même qu’au commencement d’une semblable épidémie ,
comment soupçonner qu’ une telle fièvre , intermittente
ou rémittente est le début d ’une fièvre maligne ? P res
que toujours , malgré la longueur soit des accès , soit
des paroxismes , les fièvres intermittentes et les fièvres
rémittentes conservent invariablement leur caractère ,
et j'ai traité plusieurs fois des fièvres tierces très-per ni _
�( i8S)
36
cîeuses, dont les accès étaient de
heures , mais qu’a ne
once de quiua rouge donnée dans l’intermittence gué
rissait sans retour.
J’ai aussi traité beaucoup de fièvres qui sans aucun
symptôme soit de putridité soit d’ataxie , et n’annoncai/t
par conséquent aucun danger , n’en étaient pas moins
très-souvent mortelles , surtout chez les vieillards. Le
seul symptôme remarquable était que les redoublemens
revenaient tous les deux jours. Au commencement de
ma pratique, je fus consterné par une issue aussi fu
neste qu’imprévue ; mais le retour de cette catastrophe
m’ayant ouvert les yeux sur le danger de la fièvre tierce
continue , je ne craignis pas depuis d’en annoncer la
malignité , d’autant plus que je l’avais vue souvent pour
suivre son cours funeste , malgré la plus scigneuse ad
ministration du quina. J ’ai trouvé ensuite qu'Hippocrate
en avait connu toute la malignité. Febres , tertiana naturam refererites , cuni anxietudinc , malignœ ( Coacæ
preeriotiones. Edit, de Vanderlinden, pag. 208, col. i.re).
Il répété à-peu-près la même assertion, dans l’Aphor.
de la 4.° section. Qucecumque febres , non intermittentes,
tertio quoque die vehementiores f ia n t , periculosiorcs. 11
y revient encore dans la section 2.c du premier livre des
épidémies, auquel je renvoie, j o u r éviter des longueurs.
Ce passage commence par ces mots : at continua: qitidein in toturn , etc. ( page oo , 2.e colon. , lig. i< )Wan-Swieten, en parlant de cette fièvre,dont il faitla
.e espèce des hémitritées, dit qu’elle est la pire de toutes.
\ oilà pourtant une fièvre souvent funeste , qui n’an
nonce sa malignité par aucun symptôme de fièvre pu
tride ni de fièvre maligne.
ün voici une maintenant évidemment maligne , soit
à cause de son origin e, dénuée de tout sy mptôme ataxi
que et compliquée seulement de défaillance et d’un grand
mal de tète. C ’est de la fièvre maligne que j’essuyai moi-
43
3
3
4
�( J8/ )
même, que je veux parler (voyez pag. 167). Le sur-len
demain du jour où une ventouse scarifiée avait dissipé
mon mal de tôle , sur des symptômes urgens de putri
dité daus les premières voies , mou père m’ordonna
trois onces de inanne. Les évacuations , auxquelles un si
léger purgatif donna lieu , mais auxquelles il fallait aussi
que je fusse très-disposé , furent tellement excessives ,
qu’à la lin de la nuit suivante j'eus une défaillance qui
dura
heures , et dont je ne revins qu’à la faveur
d’une potion cordiale , composée des eaux et de sirops
de canelle , de liliuin, de camphre et de liqueur d'Hoff
man. La décoction de quina , qu’on m’administra les jours
suivans , décida ma guérison le 11 ,c jour de ma maladie.
Ces exemples et tant d’autres, qu’il serait aisé de mul
tiplier, prouvent assez qu’il n’est pas aussi facile que l’a
pensé le savant professeur que j’ai cité , d’établir , en
nosologie , pour les genres et les espèces de maladies ,
la même clarté dans leurs caractères que dans les autres
sciences naturelles, dans la botanique, par exemple; car
il n’est point de médecin qui en se demandant, au début
d’une fièvre sporadique, de quelle espèce est cette fièvre,
ne soit assez souvent très-embarassé , et qui ne recon
naisse , quand ses vrais symptômes viennent à se déve
lopper , combien dans l’origine il lui était dillicile d’en
démêler le caractère.
Voici comment s’exprime Piquer sur la nature insi
dieuse des lièvres malignes ( pages 2^2 et 243. ). Que le
corps humain soit affecté de quelques maladies qui pa
raissent bénignes , et qui , dans la réalité, sont trèsdangereuses, c’est un fait très-certain... On ne peut pas
douter de l’existence de la m alignité, c’est-à-dire, de l’exis
tence des maladies qui paraissent bénignes, et qui vérita
blement sont graves.
C’est à cause de ce caractère insidieux que la fièvre
maligne a été si souvent ainsi dénommée. Voici ce qu’en
36
�(iS 8 )
dit le célèbre Fizes : cum insuper malignæ febres c/uam
plurimæ in initiis clandestince ac veluti furtim et subdolé incedant , nimirum sine morbi gravis apparent ia ,
turn deinceps veluti subito mutentur, et morbi exitialis
specie/u induant ; unde cum larvatæ sint sub specie morbi
non adeo metuendi no/nine ducti a moralibus, maligna:
propterea dictœ sunt... Seu mali moris ( Pages cp e tg ).
Il serait inutile de multiplier les citations sur une vé
rité q u i, je crois, est généralement reconnue ; mais on
peut en conclure que c’est une prétention exagérée d’a
vancer qu’il est aussi aisé de connaître une maladie à
l ’aide de ses symptômes , qu’un objet d'histoire naturelle
au moyen de ses caractères ; mais je puis encore m’étayer
ici de l’observation.
J’ai vu beaucoup de personnes avancées en âge ,
dont le pouls était naturel et qui n ’avaient pour
tout symptôme morbifique que la langue sèche, Ils
prenaient pendant deux ou trois jours la boisson qu’on
leur présentait ; mais ensuite malgré cette sécheresse
de la langue , qui eût dû leur causer beaucoup de
soif, ils avaient la plus grande répugnance pour toute
sorte de boisson. La réunion de deux symptômes aussi
opposés m ’éclairait alors sur le caractère insidieux et
le danger de la maladie , que le coma et la mort du
malade ne tardaient guère à justifier. Mais avant leur
répugnance pour la boisson , ils paraissaient à peine
incommodés.
Selle a clairement énoncé le danger de ces deux
symptômes réunis. C ’est , dit-il , un signe dangereux
que le défaut de rapport entre les différens symptômes ;
tel est, par exemple, le défaut de soif avec une langue
sèche ( Médecine-clinique, tom. i . er, page8). Hippo
crate avait signalé cette contrariété de symptômes (Aphor.
V I , sect. III). Quicumque aliqudcorporis parte dolentes,
plerumque dolores non sentiunt , lus mens œgrotat , et
3
�C 189 )
Wan-Swieten ajoute : sic et idem de sili venait e st,
( <5 637 , page 194 ) , et il cite en preuve le .c livre des
épidémies où il est dit du second malade , Hennocrate,
lingua arida, non sitiebat. Mais la maladie d’Hermocrata fut très - irrégulière et compliquée d’ un grand
nombre de symptômes ; ce ne fut d’ailleurs que le 20.e
jour qu’il eut la langue sèclie , sans soif, tandis que dans
les malades dont je p a rle, la sécheresse de la langue et
la répugnance pour la boisson étaient les seuls symp
tômes qui constituassent d’abord la maladie, il s’y joi
gnait , dans peu de jours , le coma qui bientôt devenait
mortel.
Comparez maintenant l’embarras du médecin pour
reconnaître une maladie dont les symptômes pathogno
moniques tardent souvent à se manifester, et je ne dis
rien de ces maladies obscures auxquelles les désorgani
sations plus obscures encore donnent lieu et qui seront
éternellement l’écueil de la science médicale, comparez,
dis-je , cet embarras avec la sûreté et la promptitude du
coup-d’œil d’un botaniste exercé auquel on présente une
plante. J’ai vu , en 1764 , le savant Lieutaud très-em
barrassé sur la nature d’un mal qu’il avait à la jambe. Il
me voilait singulièrement son em barras, en me disant
que tous lesi médecins de Paris n’y entendraient rien.
Dans le même temps , j’ai vu le grand naturaliste
Bernard de Jussieu nommer , sans hésiter, les plantes
dont on 11e lui présentait que les graines.
Mais veut-on une preuve sans l’éplique de l’incertitude
du diagnostic en médecine ? Qui est-ce qui ignore les
dissentions auxquelles la plus terrible de toutes les mala
dies, la peste , a presque toujours donné lieu entre les
médecins , dans les villes où elle commençait à s’in
troduire ? Parmi les nombreux exemples qu’en cite le
savant de Haen , dans sa Compilation sur cette maladie ,
3
�9
( r ° )
je me bornerai à l’affligeante histoire de Capivaccius et
de Mercuriales , tous deux célèbres professeurs de Pavie,
distingués par leurs écrits.
Le sénat de Venise embarrassé des disputes des m é
decins de la ville , qu’il avait chargés d'examiner atten
tivement une maladie grave et suspecte qui y régnait ,
et de décider expressément si c’était la peste ou toute
autre maladie, appela ces deux fameux professeurs,
pour qu’après1 le plus sérieux examen , ils terminassent
un si cruel différent. Ils assurèrent le sénat que ce n’é
tait point la peste. Ce l’éta it, cependant, et ses ravages
dissipèrent bientôt tons les doutes ; ensorte qu’ils furent
vus de mauvais œil par tout le monde. Le souvenir
d’une si triste erreur a arraché a Mcrcurialis l’aveu de
la vive douleur qu’il en ressentait encore long-temps
après. En parlant de cette peste, dans sa pré-leçon sur ia
première histoire du i .cr livre des épidémies, il ajoute:
ut quant non absque lacrymis recensera queo. ( Page 6 ,
édit, de Francfort , 1611.)
Observez cependant pour la justification de nos deux
professeurs ( mais cela même n’en prouve que mieux
l ’incertitude du diagnostic de la peste ) observez , dis-je,
que cinq ou six auteurs , au rapport du même de Haen ,
attestent que la peste a souvent heu sans aucun de ses
symptômes pathognomoniques.
Je n’en citerai que le passage suivant de Jerome
Montons: Nos pestilenliam grassari vidimus Lugduni et
Viennœ, anno i i . Febris parva videbatur etJ'ebre se liberos œgrotantes opinabanlar ; pulsus erant moderatis
sinnles et urina: colores, consistentid et contentis non illaudabiles. Qui tamen omnes occubuere.
Ainsi un professeur qui compare ses descriptions de
maladies , quelques savantes qu’elles soient, aux pitto
resques et admirables descriptions d’un Urine , s'abuse
à coup-sûr. On peut le louer de son zèle peur les progrès
55
�( I9I )
de l’art, et ses vastes connaissances peuvent , dans la
pratique , le garantir des écueils où le conduiraient ses
préceptes ; mais n’est-il pas à craindre que ses disciples ,
auxquels il pi’étend frayer une voie si facile, à la plus dif
ficile de toutes les sciences , n’oublient entièrement dès
leur entrée dans la carrière, le résultat des profondes
méditations &'Hippocrate. : ars longrt, juclicium difficile ,
et que dédaignant la modestie à laquelle l'exercice de
l’art ramène sans cesse, ils ne prennent le ton tranchant
et décisif, q u i, lorsqu’il n’est pas justifié par l’événement,
est une source intarissable d’humiliations.
Enfin , tous les jours, dans les consultations , quel est
le médei in de bonne foi qui n’est pas étonné de la diver
gence des opinions, je ne dis pas sur l’espèce de la
maladie que le médecin du malade détermine ordinai
rement très-bien , mais sur l’état actuel du malade , sur
celui des organes abdominaux , dont on croit pouvoir
s’assurer par le tact et principalement sur l’état du pouls,
qu’uu explore presqu’en même tem ps, et qui, pur con
séquent semblerait ne devoir offrir aucune différence.
Heureusement on a, en pareil cas , la ressource de s'en
rapporter sur l’état et sur le pouls du malade ( qui sont
si sujets à varier) , à l’avis du médecin ordinaire qui
doit les mieux connaître que les autres consultaus.
Au reste, comme cet appendice (i) est étranger au sujet
de mon mémoire , j’ai été tenté de le supprimer ; mais
j’ai cru qu’en priant mes juges de le supprimer euxmèuies, s’il leur paraissait trop hors d’œ uvre, ou taché
de quelqu’autre d éfau t, mon mémoire n’en aurait pas
moins embrassé les importantes questions qu’ils ont
proposées , et n’en devrait pus moins être admis au
concours.
(i) Cet appendice commence par le dernier paragraphe d«
la page 173.
�R éflexions critiques ( i ) sur une Observation qui a
paru dans le journal général de médecine, le mois
d ’avril de la présente aimée (1821) ,• par M. D ’A stros,
D. M. M . , médecin de VHôtel-Dieu de la ville d ’A ix
( Bouches-du-Rhône ) , membre du ju ry médical du
même département , etc. , etc.
D'application des sangsues , peut-elle, dans tous les
cas d ’inflammation aiguë , soit générale , soit locale ,
remplacer suffisamment la saignée ?
La solution de cette question , pour la négative, est le
fruit des réflexions que m’a donné lieu de faire l’obser
vation consignée dans le journal général de médecine du
mois d’avril d ern ier, et que je remets ici sous les yeux
du public.
Si je viens combattre un auteur que je ne connais
pas , et q u i, dans le cas qui s’est offert à sa pratique ,
a sans doute cru bien faire en agissant comme il l’a lait,
ainsi qu’en publiant son observation; à Dieu 11e plaise
que j’y sois poussé par le plaisir de critiquer. La seule
intention d’être utile , l’amour seul de l'humanité m’ont
fait prendre la plume. J ’ai voulu , en ce point de thé
rapeutique, montrer le vice d’une doctrine qui a déjà
fait bien des victim es, et q u i, comme tous les systèmes
(1) Ces réflexions, qui nous ont été adressées depuis plusieurs
mois, devaient êtreinsérées dans noire 4.elivraison; maisnous avons
été forcés , vu l’abondance des aiticles que nous avions reçus pré
cédemment, d’en retarder la publication. Nos lecteurs verront
du moins , avec satisfaction , qu’avant la fin de l’année 1821,
nous leur fassions part de quelques réflexions très-piquantes de
M. D’Astros ,observateur judicieux et profond, qui joint à beau
coup de modestie, des connaissances que tout membre d’un
jury médical devrait posséder.
Note du Rédacteur-général.
�auxquels , à différentes époques , on s’est exclusivement
livré, en fera un nombre incalculable , jusqu’à ce que
quelqu'autre (p e u t-ê tre , bêlas] plus m eurtrière ! )
vienne la remplacer.
O n ne lit les journaux qui but trait aux sciences,
que pour acquérir de l’instruction. Quel est celui qui
craindrait d’avouer qu'il en a besoin , quand le père de
la médecine , lui-même , a reconnu que la vieyile l'homme
compte trop peu de jours pour pouvoir arriver jusqu’aux
limites de l’art; vita brevis , ars longa (i). Et si sur cette
voie de l’instruction on trouve une route qui petit égarer,
pourquoi 11e la signalerait-on pas , surtout aux jeunes
gens qui pourraient aveuglément la suivre, n’imaginànt
pas que l’ou puisse, dans ces sortes d’ouvrages , consi
gner autre chose que le résultat assuré d’une expérience
éclairée? Et si le contraire arrive , devons - nous , lec
teurs par trop bénévoles , recevoir sans examen tout ce
qu’on nous débite e t , par un silence officieux , accréditer
les plus graves erreurs ? Non. L ’auteur lui-même de
l’observation , s’il est de bonne fo i, comme je n’ën doute
pas , et si l'amour-propre le cède en lui à (Intérêt de
�194
(
)
» T etour, Mathurin , âgé de 24 ans , d ’un tempéra
ment sanguin , soldat au 26.e régiment de ligne , éprou
vait , depuis quelques jours , un jnal-aise et une lassitude
dans les jambes , qui l’empêchaient de faire son service ;
un goût d ’amertume l'éloignait des alimens. Il attendit
encore six jours , pendant lesquels ces symptômes ne
firent qu'augmenter. Enfin, il entra à l'hôpital militaire...
le 4 février dernier.
» Lors de son entrée, il offrait une céphalalgie violente ,
les yeux abattus, un peu injectés, la facefortem ent colorée,
la langue très-rouge sur les bords et la pointe. » ( Pour
quoi l’auteur ne parle-t-il que des bords et de la pointe
de la langue , et ne dit - il rien du reste de sa surface ?
Avec la lassitude dans les jambes , la céphalalgie violente
et le goût d ’amertume qui éloignait le malade des ali
mens , il n’y aurait rien d ’étonnaut qu’elle eût été re
couverte d’ un enduit épais et jaunâtre ; l’auteur , en
omettant ce signe , qui a pu contrarier son diagnostic ,
aurait-il voulu éviter au lecteur un embarras , dans le
quel il se serait trouvé lui-même ? ) » so if vive , douleur
à l’épigastre , pouls excessivement petit , très-fréqnent,
peau sèche , très-chaude , douleurs sympathiques des
jatnbes et des lombes , constipation. »
D ’après l’énoncé des symptômes , et prenant en consi
dération l’âge du ^malade et son tempérament sanguin ,
qui ne verra ici avec nous un état inflammatoire vio
lent , renforcé par une pléthore excessive et accom
pagnée d’embarras gastrique bilieux. Ecoutez cependant
l ’auteur :
« Diagnostic. — Les symptômes de la gastro-entérite
étaient trop évidens pour qu'on pût les méconnaître. »
J ’en demande pardon à M. S c.........; mais c’est là une
évidence qui- ne peut frapper que des yeux prévenus. Je
relis le paragraphe , et je ne vois que la douleur à
l ’épigastre qui ait pu servir de fondement à un pareil
�( 19S )
diagnostic. Mais cette douleur a - 1 - elle les caractères
d’ une douleur idiopathique ? N’est-elle pas visiblement
symptomatique de l’affection bilieuse , qui était ici con
comitante de l’état inflammatoire général ? Quel est le
médecin qui , dans le cours de sa pratique , n’a vu
mille fois cette douleur de l’épigastre accompagner les
fièvres muqueuses et bilieuses, et disparaître après
l ’administration quelquefois d’un seul vomitif ? Si l’on
ouvre les livres des meilleurs nosologistes , on trouvera
dans tous qu’entre autres symptômes d’une inflammation
aiguë de l’estomac figurent une ardeur extrême dans
la région précordiale avec un sentiment de tension dans
cette partie et une douleur vive qui augmente pai les
boissons même les plus douces , etc. , et quand l’inflam
mation se propage aux intestins , des sensations pai’eilles
l ’annoncent. Alors seulement on a raison de dire que
les symptômes de la gastro-entérite sont trop évidens pour
las méconnaître. Mais il n’en est rien dans ie cas de
M. Sc...........
Accordons pour un moment que cette douleur à
l’épigastre , toute simple qu’elle est , soit une inflamma
tion réelle de ce viscère ; l’auteur , dans l ’énumération
des symptômes , eu a-t-il mentionné quelqu’un qu i, ayant
existé le premier , le second ou le troisième jour de
l ’entrée des malades à l ’hôpital, ait pu faire soupçonner
que l ’inflammation de l’estomac était aussi commune aux
intestins ? Si cela n’est point, pourquoi appelle-t-il cette
affection une gastro-entérite au lieu d’une gastrite ?
Cette réflexion , que le rapport de l’auteur fait naître
naturellement, donnerait lieu de croire qu’il n’a pu
Caractériser et dénommer la maladie qu'il avait à traiter,
qu’après la mort du sujet : lorsque l’autopsie cadavérique
lui eut montré plusieurs altérations dans quelques points
du tube intestinal, et que , dans le principe , la douleur
à l’épigastre l’inclinant à croire que c’était une gastrite.
�9
( T 6 )
il avait, après l'ouverture du corps , allongé le nom de
la maladie , en modifiant d’abord le premier ; et iqu’ainsi
d ’une gastrite il avait fait une gastro-entérite. 11 faut avouer
que nous sommes heureux d’avoir une nomenclature aussi
accommodante. Mais n’e'piloguons pas sur les mots , quand
nous avons tant à dire sur les choses !
« En conséquence , on appliqua de suite trente sang
sues sur l’épigastre. On prescrivit la diète la plus sévère
et la limonade pour boisson. »
Il n’y a rien à dire sur la diète et la limonade : mais ,
dans le cas actuel , la préférence donnée aux sangsues
sur la saignée !... et l’omission d’autres moyens curatifs !...
Mais attendons : le résultat du traitement répondra d’a
bord et d’une manière bien plus convaincante que nous
ne saurions le faire.
« Le deuxième jour , les symptômes n’ayant presque
point diminué d'intensité , on fit une nouvelle application
de trente sangsues sur l ’épigastre.
» Le troisième jou r, le pouls conservant sa fréquence
et sa petitesse ; la so if étant toujours très-vive , on or
donna de nouveau vingt sangsues sur la même région.
» Le quatrième jour , la langue est beaucoup moins
rouge , la douleur de l’épigastre n’existe plus.; mais la.
diarrhée est survenue. Pour la faire cesser, on pres
crivit d ix sangsues à Fanus. »
Si après ayoir_’saignë convenablement le malade, au
lieu d’appliquer les sangsues , qui ne font que dégorger
lés dernières ramifications des veines cutanées , et n’opè
rent pas cette déplétion si nécessaire dans une inflam
mation aiguë! (M ais nous reviendrons la dessus.), le
sieur S c .......... eût évacué , par un vo m itif, la bile qui
engouait et irritait l’estomac du malade , vraisemblable
ment la diarrhée ne serait pas survenue. Sydenham ,
dans la fièvre continue des années 1661, 62 ,
, qu’il
disait occasionée par un mouvement désordonné du
63
�)
C *97 )
sang, avait observé que si après les saignées on ne fesait
pas vomir quand il y avait indication de le faire , la
diarrhée survenait et mettait le malade en grand danger.
« Sanè vomitorium prop inart: , uhi istiusmodi prœgressa
est vomendi proclivitas , adèo est necessarium , dit-il, ut
nisi Jiumor ille expellatur , in sentinam complurium
malorum difficilium sit abiturus , quœ crucem figent
niedico toto durante mcdicationis tempore , ccgrumque in
haud leve periculum conjicient. E x horum præcipuis, et
maxime solitis et diarrhœa ; quœ ut plurimutn in defervescentiâ febris consequitur , quoliesclinique emetica ,
quando ea suadebat indieatio , omissa j'uere. In febris
quippé progressa , uhi malignum in ventriculo huniorem
non nihil subegerit natura , et ad intestina amandaverit,
ilia ab acris humorë e x lioc in stomacho fon te perpetini
scaturiente usqiiè adèo corroduntur , ut non possit insequi diarrhœa. » (t)
« Le cinquième jour la diarrhée parut avoir cédé.
Mais il se manifesta une congestion cérébrale marquée
par le délire , pendaut la n u it, auquel succéda , lé matin,
un assoupissement profond.
» Prescription. — Diète , limonade ; seize sangsues sur
le trajet des veines jugulaires , cataplasmes synapisés aux
pieds. »
C ’est bien là foire ce qu’on appelle la guerre aux
symptômes ! Et comment est-elle faite !
« Le sixième jour le délire a reparu la n u it, il con
tinuait encore à la visite du matin ,1a langue était peu
rouge , nullement fuligineuse ; la s o if très-vive , le pouls,
très-fréquent , petit et serré ; on lit renouveller les cata
plasmes synapisés aux jambes , ainsi que les sangsues ,
huit sous chaque apophyse mastdide.
(i) Sydenh. Gencv. 1763. I n - 4.0 Tom. 1, pag. 3 i.
�(*98 )
« Le septième jour la nuit fut calm e, le malade com
prenait très-bien les questions qui lui étaient faites..... »
Si nous condamnons le sieur S c..... d’avoir né
saignée, nous ne nous récrierons pas contre les seize sang
sues appliquées aux apophyses mastoïdes, puisque cette
fois leur application a été faite à propos et au lieu con
venable, et que , quoiqu’insuffisautes, comme l’autopsie
le prouvera , elles o n t , en diminuant la congestion céré
brale, procuré une nuit calme et momentanément rendu
au malade la liberté de ses sens. Ce léger soulagement
qu’elles ont procuré , en fesant encore mieux sentir quel
avantage on aurait retiré de l’ouverture des gros vais
seaux , montre de quelle ressource elles auraient été ,
si l’on en avait usé à titre de moyens secondaires. Mais
pourquoi les synapismes aux jambes employés deux fois
dans une phlegmasie portée au p/us haut degré et accom
pagnée d'une diathèse inflammatoire remarquable P (i)
Où en était l’indication P Etait-ce la s o if vive ? Le pouls
très - fréquent , petit et serré P Etait - ce par des excitans que le sieur Sc, . . . . espérait obtenir la détente
générale que la nature opprimée p'ar un excès de sang
et de ton réclamait ici de l’art P Nous le voyous, c’est le
délire et Vassoupissement profond du .c jour qui l’ont
déterminé. Mais , si dans ce moment , il avait fait atten
tion à leur cause et aux autres symptômes , il n’anrait
pas pensé à ce remède' dont le moindre inconvénient
serait d’avoir inutilement ajouté aux souffrances du
malade. Aussi l ’auteur, en poursuivant l ’histoire de la
m aladie, irons dit-il que : « les autres symptômes furent
à-peu-près les mêmes, en conservant toujours leur inten
sité jusqu'au 10S jour il survint alors de la to u x , le
délire reparut, la prostration était très - prononcée.
Soubresauts des tendons, gémissemèns continuels, pouls
5
(i) Voy. plus bas les réflex. de l’auteur de l’Observ.
�T99
C
)
presque insensible. Les jours suivans la toux augmenta ;
la peau était très-cbaude , légèrement hum ide, la langue
conservait sa sécheresse, la diarrhée revint , déjections
liquides involontaires plusieurs fois répétées.
« Le quatorzième jour , vers deux heures après m idi,
il y eut une exacerbation ; les pommètes , surtout la droite,
étaient coloriées d ’un rouge intense presque violet ; respi
ration d ifficile, entrecoupée.
» L e sthétoscope fit reconnaître que l’air pénétrait
bien dans la partie supérieure du poumon droit ; audessus du mammelon on entendait, par intervalle, une
crépitation très-marquée ; on n'entenclait rien à la partie
inférieure , le son y étail mat.
» O n se contenta de prescrire, vu la faiblesse et la
multiplicité des points enflammés , un cataplasme émol
lient sur la poitrine , l’eau gommeuse et une potion
pectorale. »
S'il n’y a là de quoi tirer le malade d’affaire , il y a
au moins de quoi contenter ceux qui le soignent, qui ,
en attendant de lui fermer les yeux , auront toujours
quelque chose à fa ire , et ne pourront pas dire qu’on
ait laissé arriver la mort sans secours..........
« L e quinzième jour , les symptômes étaient à-peuprès les mêmes que la veille. Ils restèrent ainsi jusqu’au
dix-neuvième jour. Alors la face devint grippée , les
yeux secs , fixes , la langue très-sèche , la toux peu
forte , difficulté extrême de respirer , soulèvement si
multané de toutes les côtes droites ; déglutition difficile,
pouls presque insensible ; soubresauts des tendons, odeur
fétide de tout le corps. Ces symptômes allèrent toujours
croissant jusques vers deux heures du m atin, époque à
laquelle le malade succomba.
» Ouverture du cadavre trente deux heures après la
mort.
» Habitude du corps. — Cadavre d’environ cinq pieds
trois pouces, muscles très-prononcés.
�( 200 )
» Crdne. —* La dure-mère ne présentait aucune alté
ration ; la pie-mère ei Varachnoïde étaient fortement in
jectées , une fausse membrane très-mince , blanchâtre,
couvrait Varachnoïde dans plusieurs points L e cerveau
offrait une dureté remarquable. Il existait une petite
Quantité de sérosité dans les ventricules latéraux.
» Poitrine. — La trachée et les bronches étaient rou
ges , le larynx présentait deux petites ulcérations , l’une
d'elles pénétrait au moins de trois lignes de profondeur.
»> Les poumons étaient gorgés de sang ; le droit était
g o n flé, appliqué et adhérent à la pierre costale ; la
partie postérieure fortement durcie , présentait, parfai
tement dessinée, Vempreinte des six cotes. Cette empreinte
çommencait à deux pouces et demi au-dessous du som
met du poumon ; la partie appliquée contre les côtes
était blanche , un peu déprimée ; la plèvre en cet en*
droit était plus épaisse, les intervalles étaient bombés ,
rouges , fortement injectés.
» Le poumon gauche était moins adhérent à la partie
moyenne de la poitrine ; il était uni à la plèvre costale
par une exsudation gélatiniforme , rougeâtre ; on n’a
percevait nullement sur sa surface l’empreinte des côtes.
j) Cœur très-petit; le péricarde lui adhérait dans toute
son étendue , ainsi qu'à l’origine des gros vaisseaux ,
par un tissu cellulaire très-bien formé ; le feuillet exté
rieur du péricarde n’avait ni plus d’épaisseur ni plus
de densité que dans l’état naturel ; mais le feuillet car
diaque était épais d’une ligne , jaunâtre, cartilagineux ,
surtout le ventricule droit. Ce ventricule était plus petit
que le gauclie ; l’intérieur de ces deux cavités n’offrait
point d’altération.
)> Abdomen. — Le péritoine était sain. Y u extérieure
m ent, l’estomac était pâle ; les intestins présentaient
quelques lâches rouges et môme brunes;
» A l’intérieur , l’estomac était blanc dans la plus
�C 201 )
grande partie de sa surface ; vers le bas fond on obser
vait une tache brune de deux pouces environ d’étendue.
» Les intestins contenaient beaucoup de mucosités
jaunâtres ferm ées par une grande quantité de bile. . . . .
JLe duodénum était sain ; le jéjunum offrait des ulcéra
tions peu étendues, quelques-unes étaient cicatrisées,
d'autres ne l’étaient qu’à demi ; l ’ileum contenait un
grand nombre d’ulcérations à surface inégale , dont les
bords étaient coupés perpendiculairement, quelquesunes , vers la valvule iléo-cæcaie, étaient d’une étendue
de plusieurs pouces.
» Le cæcum offrait aussi plusieurs ulcérations , prin
cipalement vers la valvule ; le colon ascendant en pré
sentait de même un certain nombre. Le reste des gros
inl .. ‘ ius paraissait sain.
» Les ganglions mésentériques étaient développés,
rouges , quelques-uns même étaient bruns ; ils corres
pondaient manifestement aux portions enflammées de
l’intestin ; leur intérieur était rouge et contenait plu
sieurs points de suppuration.
» La vessie , le foie et les autres organes de l’abdomen
ne paraissaient point altérés. »
En voyant, soit dans le rapport de la m aladie, soit
dans celui de l’autopsie , le trop fâcbeux résultat du
traitement suivi par le sieur Sc....., on pourra se dire :
il est donc vrai que les sangsues , quelque utiles et salu
taires qu’elles soient dans bien des cas , employées par
des mains habiles , sont insuffisantes quand l’état in
flammatoire est porté au plus haut degré , et que la
pléthore est te lle , que le sang , comprimé dans ses ca
naux , n’annonce son cours laborieux que par un pouls
petit et serré ! Il n’y a d’autre ressource alors que d’ou
vrir largement la veine. Il faudrait être trop novice dans
la profession pour être arrêté par la petitesse du pouls ,
lorsqu’elle s’accompagne des autres symptômes d’iuflam-
�( 202 )
mation, pour que je pense que M. S c..... l’ait été dans
cette occasion , par l'effet d’ une pareille méprise, si
cela était qu’il écoute un grand maître.
» 11 arrive fréquemment, dit H uxam , que le pouls,
même dès le commencement, semble obscur et oppressé,
irrégulier , paresseux et quelquefois intermittent ; le ma
lade se plaignant en même-temps d’une grande faiblesse et
d’une oppression considérable, ce qui semblerait être une
contr’indication à la saignée..... Cela embarrasse souvent
les jeunes praticiens, mais ils doivent considérer que
cette privation soudaine de force , d’esprit et de pouls,
ne vient pas d’un manque de sang , puisque le peu de
temps qu’il y a que la maladie a commencé..... ne peut
être supposé avoir épuisé le liquide vital à un degré si
considérable. La vérité est que ce n’est pas le mangue,
mais la trop grande quantité de sang qui , dans ce
cas , est la cause réelle de ces symptômes , car les vais
seaux du sang étant surchargés par les humeurs et
tendues au-delà du ton convenable , ne peuvent agir avec
une vigueur suffisante ; l ’équilibre entre les solides et les
fluides ne se maintenant pas comme il faut , les vaisseaux
ne peuvent pas pousser avec la force convenable. Delà,
en effet , suit bientôt la défaillance des esprits par le
défaut de la circulation et de la sécrétion qui doit s’en
faire dans le sang, ét de là la disposition prochaine à la
stagnation , à la concrétion et une grande suite de cruels
symptômes et la mort même , à moins qu’on ne les
prévienne à temps en saignant suffisamment. Ainsi ,
dans ces cas , bien loin que la saignée affaiblisse , elle
ranime le pouvoir de la nature, comme il parait tou
jours , en tirant du sang aux personnes pléthoriques
qui ont le pouls oppressé, comme on l’appelle propre
m ent, et qui se relève constamment par la saignée, (i) »
(i)
H u xa m .
Essai sur les fièvres. Trad. Paris 1732, p. i 3a etsuiv.
�(
203
)
Ce passage à’Huxam dit tout et répond à tout bien
mieux, que je n’aurais su le faire. Eu effet, lorsqu’il
existe des indications aussi'pressantes de saigner, n’est-ce
pas compromettre la vie des malades que de s’en tenir
uniquement aux sangsues ? Et n’y aurait-il p a s, je le
demande , de la présomption à croire que , dans ce cas ,
elles peuvent suppléer à la saignée, quand nous savons
que nos maîtres dans l ’art de guérir , qui ne voyaient
pourtant pas des inflammations partout, ne cessent de
nous recommander dans leurs écrits, fondés sur une
heureuse expérience, non-seulement de la pratiquer
et à plusieurs reprises , mais encore de choisir le lieu
le plus propice , afin d’opérer une déplétion directe , et
de faire une large ouverture, pour que cette déplétion
soit plus prompte ? On a sauvé la vie à quelques apo
plectiques et à un nombre infini de gens affectés de
péripneumonies très - aiguës par une pratique aussi
hardie qu’elle est savante , et qui a fait de cette ma
nière le triomphe de l’art.
Aretée dit que si le sang produit la maladie on l ’emjiorte par la saignés, et il conseille meme, quand le cas
l’exige , de saigner des deux bras tout-à-la-fois. ( i)
Hiucarn pense comme, lui. On me permettra de citer
encore un passage de cet auteur. On ne saurait trop
puiser à une aussi bonne source. D'ailleurs, ce passage
vient d’autant plus à propos , qu’il explique à M. S c......
pourquoi à l’ouverture du corps de Latour Mathurin,
il a trouvé les poumons gorgés de sang ; le droit gonflé,
appliqué et adhérent à la plèvre costale ; la partie pos
térieure fortement durcie..... Ecoutons : » les dissections
ont fait voir les poumons entièrement étouffés par un
sang concret rouge, d u r , comme charnu..... S ’il y a
(i) De curât. Mort. Acut.
�204
(
)
quelque chose à faire pour prévenir un résultat aussi
déplorable , c’est de saigner vite et immédiatement.....
J ’ai vu quelques effets admirables en saignant des deux
bras à-la-fois, lorsque cela était fait à propos. » (i)
» Il faut tirer subitement du sang en assez grande
quantité par un large orifice, avait-il dit quelques pages
plus lia n t, plus le malade est fort et pléthorique , plus
la quantité en doit être grande , même jusqu’à ce qu'il
paraisse tomber en défaillance par une sueur froide au
front et. au visage , des baillemens, etc. , ce que l ’on peut
prévenir en grande partie en saignant la personne
couchée. (?.)
Van-S wieten ne tient pas un autre langage , il veut
que L’on tire copieusement du sang par une large ouver
ture et pour que le malade soit moins exposé à tomber
en syncope , il recommande de le saiguer dans son lit:
prœstat ut decurnbenti œgro in lec.to mittatur sanguis,
sic enim minus periculum est , ne in syncopen delabatur,
largd quideni satis copia et e x amplo vulnere. ( )
M’objectera-t-on que dans les passages que j’ai cités,
il était question de péripneumonie..... Mais, n’y a-t-il pas
eu aussi inflammation du -poumon chez le malade de M.
Sc . . . . ; ' D’ailleurs , cette pratique est la même , toutes
les fois qu’il y a une phlogose très-grande.
Et si l’on veut d’un auteur , qui 11e peut paraître sus
pect , parce qu’il était grand partisan des sangsues , je
citerai le malheureux Alphonse le Boy. Que dit-il?
« Les sangsues, sans tirer beaucoup de sang, opèrent
un effet déterminatif ; elles appellent les mouvemens
vitaux et les dirigent vers les parties opérées. «(Mais
y avait-il seulement ici un spasme à détourner :’ à ré-
3
(1) H u xa m , Ouvr. eit., pag. 2.36.
(2) H u xa m . Ouvr. cité , pag. 223.
(3) V a n -S w ie t. Comment. B o crrh . Aphor. 864*
�(
205
)
soutire ? Non , mais une déplétion à opérer ; or , pour
suit notre auteur , j ’ai vu souvent ce moyen insuffisant
tjuand la flu x io n était très-aiguë.........
» L ’effet déterminatif n’est pas aussi rapide que celui
qu’on opère par l'ouverture des gros vaisseaux. Cette
saignée par quelques sangsues est déterminative sans
être evacuative , à moins qu’on n’emploie un grand
nombre de sangsues très-grosses , et encore , en ce cas ,
ou lia pas complètement le même effet qu’on obtiendrait
en ouvrant la veine. » (i)
Tel est aussi l’opinion commune. La doctrine des
anciens sur les sangsues , en ce sens qu’elles n’ont sur
l’économie animale qu’une action locale , ne diffère pas
de celle des modernes. Voyez le chef des méthodistes ,
Thëmison qui passe pour en avoir introduit l ’usage dans
la médecine, parce qu’il est le premier des auteurs qui
en ont parlé ; il pensait , avec ceux de sa secte , que
l’ouverLure des gros vaisseaux causait un relâchement
général, tandis que les sangsues ne procuraient qu’un
relâchement particulier de la partie sur laquelle elles
étaient appliquées, (2)
Alphonse le h o y , déjà cité, dit dans le même ouvrage :
«On a conseillé l’application des sangsues sur la poi
trine , dans les points de côté , dans les fluxions in
flammatoires , e t c ., c’est encore ici qu'il faut une grande
sagacité , sans quoi on fait beaucoup de mal au lieu de
soulager. » ( )
Eh! oui', on fait beaucoup de mal ! car , lorsque
l’inflammation et la pléthore sont telles , qu’on a lieu
de craindre des stases sanguines dans les viscères et les
3
(1) Alphonse le R o y . Manuel de la saignée.
(2) D a n iel le CVerc.Hist. de la méd.32.epartie?liv. IV5sect. i.re?
chap.i, pag. 145, éd. 1702.
(3) Alphonse Le R o y . Üuvr.cit.
�( âo6 )
désordres qui en sont la suite et que montre l ’auptosie...,,
la pie-mère et Varachnoïde fortement i n j e c t é e s d e s
membranes inflammatoiresformées...., une dureté remar
quable du cerveau...,, les ulcérations du larynx...., les
poumons gorgés de sang...., leur endurcissement...., etc.,
etc., on fait beaucoup de mal de ne pas saigner de la ma
nière que l’entendaient et le pratiquaient les grands
médecins que j’ai cités.
Pourrait-ou , de bonne f o i, opposer à des évacuations
de sang aussi promptes, celles qu’occasionent les sang
sues l évacuations tellement lentes , que le sang perdu
est presque aussitôt réparé. Et encore , tout le mal n’est
pas là , compte-t-on pour rien , dans une maladie où il
existe une inflammation aussi v iv e , d’ajouter encore à
I’érétisme général par l’irritation occasionée nécessai
rement par la morsure simultanée de tant de sangsues!
Cette irritation n’est pas compensée par le sang répandu.
J’admettrai, si l’on v e u t, que l ’on puisse par le nombre
des sangsues suppléer à la lenteur avec laquelle le sang
est évacué , tiré par ces animaux; c a r , absolument, le
nombre n’en peut être borné , mathématiquement par
la n t, que par celui des points de la surface du corps
qu’occuperait chaque sangsue. On pourrait donc produire
ainsi une évacuation de sang prodigieuse, cela se conçoit.
Mais comme je pense que tout doit se faire avec dis
cernement , et que l'irritation dont j’ai déjà parlé et
qui accompagne l ’application des sangsues doit être
prise en quelque considération ; je demanderai quel
nombre il en aurait donc fallu dans la maladie de
Mathurin pour le guérir , puisqu’en cinq jours son mé
decin en employa cent vingt-deux fort inutilement ?
S i l’on évalue la quantité de sang qu’ont tiré ces cent
vingt-deux sangsues, à ne mettre que demi-once de sang par
sangsues, l’une dans l’autre, ce q u i, certes, n’est pas beau
coup, puisque nous ne comptons pas le sang qui s’écoule
/
�207
(
)
«le la blessure quelquefois assez de temps après que cet
animal a lâché prise , on aura cinq livres médicinales ,
c’est-à-dire , cinq livres de douze onces de sang évacuées,
ce qui équivaut à cinq ou six fortes saignées. On con
viendra sans peine , qu’au mode d’évacuation doit donc
être attribuée l’inéfficacité de tant de sangsues et que ,
si une pareille, quantité de sang avait été tirée par la
lancette en temps opportun et par les vaisseaux les plus
convenables , on aurait pu sauver le malade. 11 est vrai
semblable même qu’on n’eût pas eu besoin d’en tirer
autant.
Envain le sieur Sc..... .. pour justifier son diagnostic
et le traitement qu’il a suivi , présèntera-t-il par l’au
topsie les altérations qu’il a trouvées dans l’estomac et
sur quelques points du tube intestinal. Je veux même
qu’il soit parvenu à me prouver ( ce qui lui serait bien
difficile ) que les altérations ne sont ni dues à une bile
âcre ou devenue telle par un trop long séjour dans les
viscères , ni consécutives à la maladie elle-même. D ’après
son propre rapport, les altérations sont-elles si graves
que, comparées à celles du cerveau et de la poitrine,
il n’y ait pas lieu de douter qu’une autre affection que
celle de l’estomac et des intestins était l’affectign prin
cipale ? J’en appelle à tout médecin de bonne foi. Les
conséquences ensuite sont aisées à tirer.........
Les réflexions par lesquelles l’auteur a terminé son
observation ne sont pas moins étonnantes que sa thé
rapeutique. Je les livre à la méditation des lecteurs.
Réflexions. — Cette observation nous montre une
gastro-entérite au plus haut degré accompagnée d'une
diathèse inflammatoire remarquable. O n v o it , en effet,
les symptômes annoncer unefo rte inflammation de l ’es
tomac: ( nous croyons avoir prouvé que cette prétendue
inflammation n’était rien moins qu’annoncée par les
symptômes ); le traitement anti - pidogistique appliqué
�( 2oP> )
5
avec vigueur ( je plains le sieur c.]. . . . et ses malades ,
s’il ne connaît pas de traitement anti-phlogisticjue plus
efficace ) diminue les symptômes gastriques. Mais l’in
flammation persiste dans les intestins grêles ( l’auteur
ne nous avait point-dit que cette inflammation existât ;
pour qu'une chose persiste, il faut qu’elle soit d'abord, )
Bientôt elle dépasse la valvule iléo-cæcale , gagne 1e
sros intestin et la diarrhée se manifeste (nous avons fait
connaître sa cause.) Une application de sangsues à l’ anus
arrête presque aussitôt cette nouvelle phlegmasie. A
peine a-t-elle disparu, que des symptômes d’inflamma
tion se manifestent au cerveau; le délire, suivi de l'as
soupissement , vieut nous annoncer ce siège nouveau
de l’irritation. Combattue presque au moment de sa
■ naissance , cette inflammation disparait après deux ap
plications de sangsues sur les parties latérales du cou.
( L ’autopsie a montré si elle avait disparu.) Plusieurs
jours se passent ainsi dans un état douteux. ( Douteux !...)
mais peu après le poumon se prend à son tour ; cette
phlegmasie augmente , rappelle l'irritation dans les lieux
où elle avait déjà existé ; la diarrhée revient , la con
gestion cérébrale ne tarde point à reparaître , et tous les
organes , après avoir éprouvé successivement et enfin
simultanément les phénomènes de Vinflammation, cessent
leurs fbnelious et détruisent la vie, etc. , e tc., etc.... »
Après avoir vu M, S c........ armé de sangsues , pour
suivre l’inflammation qu’il croyait voir voyager sur le
corps du patient, d’une région à l’autre , l’attaquer avec
vigueur , ne pas lui laisser de répit et la déloger avec
succès de partout , le lecteur demandera comment se
fait-il qu’on la vbye reparaître encore partout P C’est
qu’apparemment quelque vigueur qu’il ait mise dans
son attaque, il ne l’a pas prise du bon côté , et n’a fait
que l’irriter, bien loin de la détruire. En considérant
la marche qu’il a suivie, il me semble voir un général
�C 209 )
inexpérimenté en présence d’un ennemi audacieux , mai»
qui lui est inférieur en forces, s’amuser à faire des
escarmouches sur différents points, alternativement, au
lieu de faire jouer le canon sur les flancs, et perdre ainsi
avec le temps une victoire assurée.
Depuis que le système de la localisation des maladies
a pris faveur dans l'esprit de quelques médecins , sur
celui des fièvres essentielles , ses partisans ne recon
naissant plus d’affections générales , mais assignant à
chaque maladie un organe particulier pour son siège
( l ’essentiel est de rencontrer juste) et ne voyant par
tout qu’inflammations locales , conséquents à leurs prin
cipes ou plutôt asservis à la lettre, ils ont proscrit les
saignées générales, et ne font plus que des saignées
locales. Les sangsues l’ont emporté sur la lancette. Il n’est
maintenant question que de sangsues , aussi fait-on de
très-forts volumes sur la sangsue , et l’on nous promet,
sur cet animal , un ouvrage qui surpassera encore ee
que l’on a déjà vu. Quelque maladie que l’on a it , on
11’cmploie plus que les sangsues , on ne guérit plus que
par les sangsues , et l’on ne meurt plus , pour mourir
méthodiquement , sans les sangsues. Si cela dure, je
ne renvoie pas à bien loin d’ici que l’on ne soit en peine,
en certains lieu x, de trouver , dans le besoin , un chi
rurgien qui sache saigner !
Comment va Madame * * * ? dit en la rencontrant
Madame * * à son amie. — Eh ! . . . toujours de même.
Sa femme-de-chambre est venue ce matin me donner
de ses nouvelles , et m’a dit que quoiqu’on lui ait appli
qué hier , pour la seconde fois , vingt sangsues sur le
ventre, sa fièvre persiste et qu’elle est toujours sans
force. (1) — Comment? Mais est - ce qu’on ne lui en
(1) Elle était au 12.e jour d’une fièvre adyaami<£ue.
T . IL
5
i .
�(
510
)
appliquera pas autant aujourd’hui ? Mais........ c’est une
horreur.........! Vous verrez qu’on laissera ainsi mourir
ceite pauvre femme ! Mon médecin assure que M. * * * ,
qui la traite , n'y entend rien , qu’il suit uue pratique
surannée ; qu’il ne voulait pas absolument entendre
parler des sangsues, et que c’est aux instances de ses
confrères que l’on a fait cette application , mais que la
malade est perdue, si l’on n’insiste pas sur ce moyen.....
Ce n’est point , au reste , esprit de jalousie qui a fait
parler ainsi mon médecin , car il rend à M. * * *
toute la justice qu’il mérite.- C'est un très-brave homme,
m ’a-t-il ajouté, que j ’estime f o r t ; mais il a le malheur
de voir mourir tous ses malades..... et je crains , m oi,
que notre pauvre amie ne meure aussi. Qu’on lui applique
encore les sangsues Ah ! rien de tel que les sangsues!....
T en ez, mon mari , avant-hier , eut un accès de goutte
épouvantable ! horrible !... ses chevilles étaient affreuses !...
— lié bien ! — lié b ie n , mon docteur lui appliqua vingt
sangsues tout autour..... il souffrit toute la nuit et le
matin encore; l’enflure même augmenta...... mais n’im
porte, tant qu’il souffrira des jambes , je serai tranquille
pour la poitrine.
Je ferai grâce au lecteur de mille autres discours tout
aussi impertinens que l’on fait daus le Monde sur le$
sangsues. Le médecin charlatan , abusant de la crédu
lité générale , et voulant se conserver dans l’estime du
public , flatte son goût pour la nouveauté. A force de
b a b il, il fait croire à un savoir qu’il n’a pas ; la vogua
des sangsues suppléant à la pauvreté de ses moyens , il
les emploie à tôrt et ix travers ; c’est au nombre de o,
zjo, o îx-la-fois. Une pleurodynie qu’il a guérie par
ce moyen chez une personne du premier rang , l’absout
de vingt homicides qu’il a commis dans la classe in
férieure de la société , en s’obstinant à ne pas saigner
des gens affectés d’inflammation aiguë au poumon. Que
faire à cela ? G'est une fureur.
1
5
3
�( 2 11 )
Pourquoi faut-il que Part de conserver et de rendre la
santé , l’art si digne des méditations du sage et du
philosophe , l’art , que le nom vénéré et toujours pré
sent d'Hippocrate devrait mettre à l'abri des caprices de
la m ode, y soit cependant soum is; e t , devenu son.
esclave , marche ainsi l’égal de Part de se parer , et
fasse, par un avilissement étrange , partager au mé
decin le mépris qu’inspirent le petit - maître et la
coquette ?
N ouveau tr io m ph e de l a v a c c in e , par M. F rom en t ,
docteur en médecine à Aubagne , correspondant de la.
société royale de médecine de Marseille.
E t (juoru/n pars magna J u u
\ me»} Iinéid. r lib. II,
L a victoire complette que la vaccine a remportée
sur la petite vérole , pendant tout le temps qu’elle a
régné à Aubagne , sous forme épidém ique, savoir :
pendant l ’automne de 1Hï 8 , et durant l’hiver suivant ,
est une nouvelle preuve bien convaincante de sa faculté
préservative.
Déjà , depuis plusieurs années , la petite vérole sem
blait s’être éloignée des murs de cette ville, et vouloir
épargner la génération présente; la decouverte de Jenner,
à qui l’humanité est redevable d’un si grand bien fait,
paraissait avoir seule inllué sur son éloignement , mais
le virus variolique si insinuant de sa nature , si facile à
être transporté,est venu, comme un reptile, s’introduire
dans Aubagne , y causer la terreur , et par son long
séjour , les habitans ont été avertis que tant qu’ils seront
aussi peu vigilans sur ie sort de leurs enfans, et qu’ils
accueilleront avec indifférence le préservatif connu, ils
�(212)
auront toujours à redouter les rigueurs de la variole, et
les différentes calamités qu’elle traîne après elle.
Grâces k la douce température'de l’automne et à la
faible rigueur de l’ ii ver subséquent, la petite vérole ,
qui s’était d’abord présentée avec un caractère mena
çant , ayant rencontré dans cet heureux climat un
soleil sans nuage et des jours tempérés , a perdu promp
tement une partie de sa malignité , son venin s’est af
faibli , et malgré les difformités bien apparentes qu’elle
a causées aux personnes qui en ont été atteintes , elle
a fait peu de victimes! Les élémens ont donc contribué
cette fois à rendre ce fléau moins destructeur et moins
redoutable P
C ’est ici que les babitans ont été à portée de con
naître , d’une manière indubitable , combien est grande
la vertu préservative de la vaccine, puisque les inoculésvaccins ont demeuré intacts pendant cet orage vario
lique,.que la crainte, ni l’approche d’un si cruel en
nemi , n’ont pu changer ni altérer leurs humeurs ,
jusqu’h les rendre ses tributaires.
C ’est aux détracteurs de cette méthode bien faisan te, d’ou
vrir les yeux devant ce tableau de la vérité. Quelle con
tre-épreuve plus signalée et plus manifeste que celle qui
a eu lieu naturellement dans nos m u rs, pendant tout
le temps que la variole s’y est donnée eu spectacle aux
habitans. On l’a vue infecter la grande majorité des
maisons de cette ville , s’y établir rapidement , s’y
maintenir d’une manière révoltante , y exercer un em
pire despotique , défigurer les deux sexes , les tour
menter par les différens ressorts de son génie malin ,
sans pouvoir causer la plus légère atteinte aux individus
qui avaient essuyé la vraie vaccine depuis plus ou
moins de temps.
J ’ai vu , dans des maisons remplies d’enfans, la
petite vérole attaquer promptement tous ceux qui.
�(
213
)
n’avaient pas été soumis à la vaccination , et respecter
d’une manière surprenante le grand nombre des per
sonnes qui avaient été vaccinées à des époques plus ou
moins éloignées , quoiqu’il soit incontestable que des in
dividus sains ont couché et mangé avec ceux qui étaient
atteints de cette m aladie, même pendant tout le temps
que celle-ci a continué à se manifester.
Cet insigne triomphe de la vaccine est assez grand,
assez marquant , pour convaincre la partie du peuple
la moins éclairée, lui apprendre que sans le secours de
cette pratique bienfaisante , la petite vérole, ce fléau
destructeur de l’espèce humaine , reparaîtra toujours,
plus ou moins souvent, pour exercer ses fureurs et sa
rage envers les nouveaux nés , comme envers les adultes.
Je fus autrefois témoin oculaire de faits parfaitement
semblables, qui eurent lieu à lî ri gnôles ( \ a r ) pendant
l ’année 1801 , et que je consignai dans un ouvrage in
titulé : Avis au Peuple sur les avantages de, l'inocula
tion de la vaccine. ( de l’imprimerie de Dufort cadet
an i o . ) Plusieurs de mes vaccinés appartenant à une
même fam ille, qui furent à cette époque tranquilles
spectateurs des ravages que causait la petite vérole , se
sont trouvés , pour une seconde fo is, témoins de l’o
rage variolique qui s’est manifesté dernièrement dans
cette commune où ils demeurent actuellement , il est
à remarquer qu’ils en ont tous été parfaitement exempts.
Des exemples aussi frappans et aussi vrais 11e sont-ils
pas suilisans pour confirmer la bonté de la vaccine et
contribuer à sa propagation P Depuis longues années
ces exemples se renouvellent ; mais d’une p a r t , l ’envie
et l’opiniâtreté de ses ennemis , de l’autre , l’insouciance
des liabitans nourris de préjugés absurdes , sont causes
que la vaccination ralentit tous les jours ses progrès, et
ne marche plus qu’au pas de la tortue. Si le peuple était
plus religieux , par conséquent plus soigneux de l’exis-
83
�2 i4
(
)
tence de ses propres enfaus , et plus éclairé sur les
moyens cpii les intéressent , déjà nous n’entend rions
plus parler' de cette peste européenne , et ce cruel fléau,
chassé bien loin par les prodiges de la vaccine , depuis
long-temps n’existerait plus parmi nous.
Quand est-ce que les amis de l’humanité , les vrais
pbilantropes formeront une ligue invincible pour démas
quer les ennemis du bien public et propager de toutes
leurs forces la grande découverte de Jenner Y
Mais ce qui retarde indubitablement la marche de la
vaccination , c’est l’opinion où est le vulgaire « que ,
» puisqu’il arrive quelquefois que des individus vacciné^
» contractent la variole, il ne croit pas avantageux
•» d ’employer , pour ses enfaus, un procédé qui peut
« leur devenir inutile. »
Les vaccinateurs instruits savent très-bien qu’il existe
des fausses vaccines qui ont des causes différentes, mais
qu’ils distinguent facilement des signes de la vraie vaccine,
dont la marche est toujours uniforme. Ses détracteurs
exagèrent ce langage , malheureusement trop commun ,
pour décrier le procédé salutaire de la vaccination.
■ Voilà des armes avec lesquelles ils enrayent ses progrès,
en insinuant dans l’esprit des personnes timides que la
vaccine ne garantit pas toujours de.la petite vérole.
Ï1 n’est pas douteux que sur la foi de certains vac
cinateurs peu vigilans , ou peu éclairés , des
ont été trompés sur la qualité du vaccin inoculé à
leurs en fans , ce qui a fait blâmer ce préservatif ; mais
ces exemples sont rares et ne font pas loi. L ’arrivée
d’une seule hirondelle ne fait pas le printemps.
Peu de temps après que la variole eut commencé à sc
manifester dans cette commune , j’appris que de faux
vaccinés en avaient été atteints avec la même célérité
que ceux qui n’avaient pas encore été soumis à la vac
cination , alors le peuple déclama hautement contre
pareils
�(
2 1 5
)
le préservatif connu , et l’accabla d’ignominies. Je m’em
pressai de connaître la demeure de ces malades, je pris
des renseiguemens certains , et je sus que ces individus ,
au nombre de b u it, étaient presque tous étrangers , et
que leurs pareus avaient toujours douté de la bonté de
leur vaccine.
Le peuple ne tarda pas à revenir de son erre u r,
lorsqu’il vit bien clairement que la grande majorité des
vaccinés était à l’abri de l’épidémie régnante , quoique
les personnes saines fussent, dans beaucoup de maisons,
pêle-mêle avec les varioleux.
J’ai traité de cette cruelle maladie dans le mois de
novembre 1818 , au fort même de l’épidémie régnante,
une demoiselle de 17 an s, qui avait été vaccinée lors
qu’elle n’avait encore qu’un an , que ses parens croyaient
parfaitement à l ’abri de la contagion sur la foi de l'inoculateur ; cependant cette jeune' personne fut atteinte
d’une petite vérole confluente , elle 11’a échappé qu’après avoir couru le plus grand danger.
Une autre demoiselle, parente à celle-ci , qui se
croyai t aussi parfaitement en sûreté , fut atteinte de la
variole, quatre ans après avoir essuyé la vaccine.
• Que doit conclure un médecin judicieux, de toutes
ces vaccines qui deviennent nulles pendant le règne
d’une épidémie varioleuse , car la sécurité parfaite dans
laquelle vivent les individus qui ont été soumis à la vac
cination , est changée quelquefois en un état bien alar
mant , pour quelques-uns d’entr’eux ; quel jugement
doit-il porter sur ces faits isolés ?
i.° Que le petit nombre d’inoculés-vaccins qui, à des
intervalles , plus ou moins éloignés , est atteint de la va
riole , n’a obtenu dans son temps qu’une fausse vaccine ;
a.ü que des vaccinateurs inattentifs, n’ayant mis aucune
distinction entre les différentes espèces de-vaccines,
soit par le défaut de lumières suffisantes , soit par une
�( 2 l6 )
coupable apathie , ont laissé ignorer aux païens cette
espèce de fraude qui devait un jour alarmer des fa
milles entières et devenir indubitablement une pierre
d'achoppement aux progrès de la vaccination.
L ’art ne consiste pas seulement à savoir pratiquer
quelques légères incisions sur les bras de l’individu au
quel on veut inoculer le vaccin , il faut encore avoir
une connaissance exacte des différentes espèces de vac
cines , afin de pouvoir juger de la bonté comme de
l’inutilité de celles qui se présentent dans la pratique.
Ce n’est point aux femmes connues sous le nom de
sybiles , ni aux empiriques de nos départemens que l’on
doit demander des notions certaines sur la véritable
méthode de vacciner , aussi ne doit-on pas être surpris
des raisonnemens ridicules du vulgaire sur cette matière,
puisque ce sont ces faux Esculapes qui l’instruisent et
le dirigent. Quand est-ce que la saine médecine verra
disparaître du sol heureux de notre patrie cette tourbe
ignorante et maligne , q u i, semblable à l’ivraie, dévore
la substance de la plante la plus utile ?
. . . . . Interque nitenlia cuita
In felix lolium et stériles dominantur avenœ.
G eorg. lib. I.
Mais s’il était vrai et parfaitement reconnu qu’un
enfant qui a eu la petite vérole peut en être atteint
une seconde fois ; si ces cas, quoique très-rares, se pré
sentaient de notre temps aux personnes de l’art , dans
le courant d’ une longue pratique , ainsi qu’ils se sont
offerts autrefois à DLénierbroek qui rapporte l ’exemple
singulier d’une famille composée de quatre enfans , qui
eurent tous une petite vérole abondante, et la reprirent
quinze jours après leur guérison ( Tissot , de VInocula
tion justifiée , pag. 12. ) ou, comme l’assure le célèbre
Wan-Swieten , dont le témoignage est d’ un grand poids,
ou pourrait , peut-être, penser que ce préservatif n’a
�([) Nous pensons comme M . F rom en t', nous avons même l’idée
que la——- vérole a dû être souvent communiquée, alors qu’on a
utilisé le prophylactique de la petite vérole. Hé quoi ! on ferait
peu d’attention aux conséquences d’une vaccination impure ,
c’est-à-dire, aux suites de l’inoculation d’un vaccin pris sur un
individu atteint de la syphilis , ou de toute autre maladie con
tagieuse, et on redouterait la. chimérique contagion de la fièvre
jaune ! Pauvre humanité ! à quoi ne t’exposent pas les opinions
erronées !
JVofe du Rédacteur-général.
..
217
(
)
pas toujours la puissance d’empêcher quelques vaccinés
de contracter la petite vérole , après un certain laps
de temps, si ceux-ci réunissaient encore, par leur idyosincrasie, assez de susceptibilité pour en favoriser le dé
veloppement, ou , comme l’on dit , si le germe vario
leux n’avait pas été antérieurement parfaitement épuisé.
Cependant, dans ce dernier cas , comme dans le pre
mier , on ne pourrait en rien conclure de défavorable
contre l’immortelle découverte jennérienne.
Cette observation , qui exigerait un plus long détail ,
me conduit naturellement à une autre plus intéressante
encore pour l’humanité , dont la pratique peut retirer
quelque avantage.
PI usieurs célèbres vaccinateurs nous assurent que le
vaccin , pris chez des en fans atteints de quelque vice
bien prononcé , et inoculé à d’autres individus exempts
de maladies , produit une vaccine très-régulière , dont
les suites ne présentent aucun signe, tenant de la nature
de ce ferment , ils citen t, par exemple , des affections
cutanées bien manifestes, qui n’ont pas été communi
quées par la transmission du virus-vaccin à ceux qui
étaient exempts de ces maladies tégumentaires.
Dans la pratique , les médecins voyent souvent des
choses parfaitement semblables , et quelquefois bien
disparates , j’ajouterai même , que chacun a sa manière
de vo ir, comme celle de sentir (i). Je me suis toujours
il!
�( 218 )
fait un scrupule d’inoculer à un individu exempt de ma
ladie , un vaccin qui avait été pris chez un autre at
teint d’un mal cutané, ou de quelque maladie interne;
et lorsque j’ai été dans le cas de le faire , j ’avoue , avec
franchise, que j’avais été trompé par le rapport favo
rable que l’on m’avait fait du vaccin qui m ’était par
venu du dehors ; ce que j’ai vu me tiendra toujours en
garde sur ce que je ferai dans la suite.
Première observation. Plusieurs enfans jouissant d’une
bonne santé , appartenant à des pareils très-sains ,
auxquels j’avais inoculé un vaccin qui m’avait été trans
mis d'une ville vbisine , produisit en effet des vaccines
régulières , mais les tumeurs vaccinales furent accom
pagnées d’ une violente inflammation avec edème et d’une
suppuration abondante , long-temps prolongée , dont la
matière qui en découlait était ichoreuse et corrosive :
l ’un de ces individus eut , quelque temps après , les
deux bras, jusqu’à l’extrémité des doigts, couverts de
pustules qui produisirent l’ ulcération de la peau , et
formèrent des plaies pliagédéuiques , dont la violente
acrimonie tourmenta le malade pendant cinq à six mois
consécutifs , et qui ne céda qu’à un traitement dé
puratif long-temps continué, et à des purgatifs réitérés.
Deuxième observation. Un enfant de l’àge de six
mois , sain et robuste , nourri par une mère également
très-saine , auquel j’inoculai, dans le mois de juin , un
vaccin frais , pris de bras à bras sur un individu àpeu-près du même âge qui était aussi nourri par sa
propie m ère, eut une vaccine très-régulière pendant
laquelle il ne se présenta aucune éruption anomale ;
mais sur la fin de celle-ci, et vers la chute des croûtes ,
ce jeune enfant fut atteint du Z o ster, qui se mani
festa par un grand m al-aise, et par des mouveinens
convulsifs ; insensiblement les parties inférieures , de
puis la ceinture , furent couvertes , an peu de jours ,
�Csig )
d’une rougeur érysipélateuse , la fièvre était marquante;
bientôt l’érysipèle , malgré tous les moyens appropriés ,
passa aux supérieures , de manière qu’aucune partie du
corps , depuis la plante des pieds jusqu’à la tête , ne fut
exempte de cette affection morbide ; enfin la mort vint
délivrer ce malheureux enfant de toutes ses souffrances ,
le onzième jour de sa maladie.
Le vaccin dont je m’étais servi pour inoculer ce jeune
individu avait été pris chez uu autre du même âge , at
teint d’un vice dartreux , dont la mère qui le nourris
sait , était sujette depuis quelque temps , à une blénnhorragie. Hélas ! combien j'ai déploré la fatalité qui me
conduisit à me servir d’ un tel vaccin dont le genre
d'infection m’était absolument inconnu.
Si ces exemples 11e suffisent pas pour prouver d’ une
manière convaincante contre l’opinion de ces vaccina
teurs qui pensent qu’un vaccin qui a été pris sur une
personne atteinte d’une affection interne , ou de quelque
maladie externe bien prononcée, ne peut la communi
quer à celui à qui on l’inocule, ils pourront du moins
servir à rendre prudens ceux qui , sans aucune expé
rience , voudront tenter d’exécuter l’art si utile de la
vaccination.
Voilà le tableau exact de ce qui s’est passé à Aubagne,
durant le règne de la petite véro le, qui s’y est montrée
sous forme épidémique en automne de 1818 , et pendant
l’hiver suivan t, auquel j’ ai joint quelques remarques,
tirées de ma pratique sur la vaccination. Il est à désirer
que ces observations , -qui sont basées uniquement sur
l’expérience , puissent contribuer à la propagation de la
vaccine , et exciter les personnes du peuple à la regarder
comme un bienfait de la divinité qui place, sans cesse,
les remèdes à côté des maux qui affligent l'humanité.
�( 220 )
HûMM.iGE rendu à la mémoire du docteur Mazet , au
nom de la Société royale de médecine de Marseille ,
par M. G uiaud , fils , secrétaire- général.
U n cri de terreur s’est élevé des bords de la Péninsule,
et a profondément retenti dans tous les cœurs français,
le voile du deuil a couvert Barcelonne, le fléau meur
trier de la fièvre jaune dévore ses habitans; ministres
chéris du dieu d’Epidaure , Pariset , François , B ally,
Audouard , ont brigué le dangereux honneur de porter
aux Espagnols les secours d’un art bienfaisant. Au milieu
d’eux , on distingue le jeune Mazet ; déjà célèbre dans
la carrière m édicale, la science repose sur lui de bril
lantes espérances. Généreux , intrépide, le dévouement
de ses nobles amis est aussi le sien ; vainement s’efforcet-on de lui retracer le danger qu’il court afFronter ;
vainement veut-on lui dépeindre le fléau redoutable
sévissant dans toute sa fureur et moissonnant des milliers,
de victimes ; vainement l ’image de sa mère désolée se
présente-t-elle à son esprit; le cri de la nature se fait
entendre dans son âm e, mais celui de l’humanité y
retentit plus fortement encore. Inébranlable dans sa
résolution , il court se réunir aux nobles compagnons
de son dévouemeut. P artou t, en traversant la F ran ce,
l’image du bonheur et de la tranquilité se présente à ses
regards ; partout une population active , robuste , labo
rieuse , féconde un sol favorisé de la n atu re, et lui offre
le tableau de cette douce gaité, précieux apanage de la
nation française ; mais déjà il a franchi la frontière de
cette belle patrie qu’il ne doit plus revoir ; déjà il a tou
ché le sol de Barcelonne; quel contraste effrayant ! Ici
plus rien qui rappelle l'activité , le mouvement et l’opu
lence d’une ville populeuse ; les rues, les places publiques,
tout est desert, à peine quelques infortunés s’y traînent,
en chancelant, et paraissent comme des ombres errantes
�( 221 )
dans la solitude, le silence de la mort plane sur cette
cité des larmes ; seulement de loin en loin se font enten
dre (les tintemens de la cloche funéraire et les ge'missemens des mourans qui prient sur la tombe des morts.
L ’intrépide Mazel pénètre dans ces tristes asiles, ouverts
par la pitié à la misère ; leur enceinte spacieuse ne peut
contenir la foule des malheureux frappés de la maladie
funeste ; la faulx du trépas y amoncelle ses victimes ,
les gémissemens de la souffrance , les cris de la dou
le u r, rsonnent seules sous ses voûtes lugubres. Ici, à
côté du corps glacé du vieillard , l’adolescent exhale le
reste d’une vie dont à peine il a goûté les prémices.
Plus loin , l ’enfant sur le sein de sa mère expirante, presse
en pleurant une mamelle flétrie, et sa bouche avide ex
prime les dernières gouttes d’ un liquide dont la source
est tarie , des miasmes délétères souillent l’air qu’on
respire et portent des vapeurs empoisonnées dans les
poumons enflammés. Quel tableau pour une âme pusil
lanime ! Celle de Mazct est au-dessus de la crainte , le
danger même vient accroître les forces de cet intrépide
ami de l'humanité. Cet air empoisonné , il le bravera ,
les gémissemens douloureux , il les adoucira , les cris
de la souffrance , il les appaisera par les bienfaits d’ un
art consolateur. Déjà , à l’exemple de ses généreux
compagnons , il approche les infortunés frappés du fléau
destructeur, il les touche sans hésiter, respire sans
crainte leur haleine fétide, e t , par ses soins' empressés,
il cherche à écarter loin d’eux les traits déchirans du
trépas : infortuné ! tout entier au zèle ardent qui le
dévore, il n’apperçoit pas le doigt hideux de la mort
déjà imprimé sur son front f déjà les miasmes qui l’entourent, rapidement absorbés, ont empoisonné les canaux
de la vie ; des douleurs violentes appesantissent sa tête ;
ses forces l’abandonnent : celte couleur funeste , attribut
effrayant d’une fièvre meurtrière se répand au loin sur
�( 222 )
ses traits ; un liquide noir , rejette de l’estomac, annonce
le feu dévorant qui consume ses entrailles. C’en est
fait, trop malheureux jeune homme! le dernier jour
a lui pour t o i, l ’amitié entoure ton lit de douleur ;
mais expirant sur un sol étran ger, tu es ravi aux soins
consolateurs d’une mère; ta main défaillante ne presse
pas la sienne , tes yeux , en s’éteignant, ne rencontrent
pas pour la dernière fois ses traits chéris , tu meurs
sans recevoir son dernier baiser ; mais que ton ombre
sc console ! l’iimnanlté te prépare une belle apothéose;
vainement les siècles passeront sur ta cendre, ton sou
venir triomphera du temps , ta tombe solitaire est placée
sous un ciel étranger, le soleil de la patrie ne l’éclai
rera pas ; mais déjà brille sur elfe le rayon de l’im
mortalité ; lu voix des Espagnols y porte tes louanges,
et la France entière y dépose le tribut de son admira
tion. Tant que le cœur de l’homme palpitera au sou
venir de la pitié généreuse , ta mémoire sera sacr ée ;
les générations prononceront tou nom avec respect, les
âmes sensibles le béniront, et la postérité reconnaissante
le gravera en traits ineffaçables parmi ceux des héros
de l’humanité.
— Le même jo u r, 8 décem bre, où cette lecture a
été laite, la Société loyale de médecine de Marseille ,
a délibéré que quatre diplômes de membres correspondans et quatre médailles d'argent seraient décernés à
MM. Audoiuird, Bally , Français et Pariset , en ré
compense du dévouement généreux dont ils ont fait
preu ve, pendant la maladie désastreuse qui a ravagé
Barcelonne.
�(
223
)
VOYAGE AUX ALPES MARITIMES , ou Histoire naturelle,
agraire , civile et médicale du comté de Nice et pays
limitrophes ; enrichi de notes de comparaison avec d ’au
tres contrées. Par Fr. Em, F oderé , professeur de
médecine légale et des épidémies à la Faculté de mé
decine de Strasbourg , médecin du college royal de
cette ville ; associé de l ’académie royale de médecine
de France , de celle de Madrid , etc. , etc. ; ancien
professeur , membre du jury d’instruction publique ,
de la commission de santé et de celle d ’agriculture à
Nice. 2 vol. in-8.°, de I76 426. pag. — Paris , 1821 ,
. avec cette épigraphe :
Historié populorum , regumque
mugislra.
D éjà , depuis six mois , nous avons annoncé le Voyage
aux Alpes maritimes e t c ., et des circonstances particu
lières 11e nous ayant pas permis d’en présenter plutôt
l’analyse , une lecture approfondie nous a mis à même
de nous convaincre que la bonne opinion que nous
eûmes de cet ouvrage , au premier abord, était justement
fondée ; nous regrettons que le défaut d’espace nous
force à restreindre l’examen analy tique que nous en
avons promis. 11 est vrai que le premier tome étant
uniquement consacré à des considérations historiques,
géographiques , topographiques , etc. , nous devons , ce
semble , nous dispenser d’en parler ; non qu’elles soient
très-propres à fixer l’attention de nos lecteurs , ni que
nous les régardions comme étrangères à la science mé
dicale ( nous sommes pénétrés que celle-ci a des con
nexions plus ou moins intimes avec toutes les autres ,
ou pour mieux d ire , qu’elle embrasse l’universalité des
connaissances. ) Mais spécialement consacré à faire men-
�2^4
(
)
tion des productions médicales , proprement dites, notre
joui’nal ne peut otlrir , qu’en passant, des détails sur
les sciences accessoires, e t , par conséquent , nous ne
saurions guère nous appesantir que sur le tome second ,
où l’homme est envisagé sous le point de Vue médical ,
au physique comme au moral , etc. , etc.
Avant tout, cependant, et pour donner une idée pré
cise du plan que l’auteur a adopté , nous exposerons,
mot à m o t, celui qu’il a lui-même signalé au début de
son ouvrage :
«Je commence, dit-il, pardonner uue esquisse histo
rique des temps anciens et du moyen âge des Alpes
maritimes ; je considère ensuite le sol , les eaux, le cli
mat et les animaux , abstraction faite des hommes et
des travaux de l’agriculture. Le peuple des montagnes
étant , en majeure partie , b erger, j’ai dû m'occuper
d ’abord des pâturages , des bestiaux et de leurs pro
duits. L ’agriculture , art plus compliqué , vient après ;
puis la population , d’abord considérée physiquem ent,
ensuite dans son état de civilisation , avec les arts , les
sciences et le commerce. Cette marche a produit une
division eu cinq sections , et de chaque section en cha
pitres et articles , accompagnés de notes explicatives
et de comparaison avec les hommes et les choses dest
autres contrées.
L a première section commence par l’esquisse his
torique désignée ci-dessus : elle traite ensuite de la
position géographique , de la topographie et de la na
ture du sol du comté de Nice , de ses montagnes , de
ses eaux , de ses chemins, de ses forêts, de son cli
m at, de ses plantes indigènes et exotiques ; des insectes
et des vers ; des poissons , des quadrupèdes , des oi
seaux , liabitans ou voyageurs , avec l’indication des
lieux où l’on trouve ces divers objets de l’histoire na
turelle.
�(
225
)
Dans la seconde , je parle de la nature des pâturages,
et je décris les mœurs des bergers qui les habitent ;
je traite ensuite du bétail , des laiteries , des laines et
de leur emploi ; et je la termine par indiquer des
moyens d’amélioration dont ce genre d'industrie serait
susceptible.
La troisième section comprend la division des terres
cultivées ; les travaux agricoles qu’on exécute ; la des
cription des instrumens d’agriculture ; des détails sur
les engrais; l’indicatiort du temps des semailles , de la
floraison , et de la maturité des récoltes ; l’histoire de
la culture de l’olivier , de l’oranger , du figuier, de la
vigne , e t c ., avec des observations sur les habitudes et
les maladies de ces végétaux,
La qdatrième traite de la population , de la nourri
ture du peuple, et des moyens qu’il a de se la pro
curer : des migrations annuelles ; des naissances , ma
riages , décès ; des époques de la puberté et du mariage ;
de la durée moyenne de la vie ; de la constitution
physique du peuple ; du temps où il commence et où
il cesse de travailler , suivant la région qu’il habite ;
des maladies endémiques et épidémiques ; de la méde
cine de ces contrées ; des m œ urs, des habitudes , du lan
gage et de l’intelligence des habitans des régions diverses;
Enfin , la cinquième et dernière section donne des
détails particuliers sur INice et sur quelques autres villes
des Alpes maritimes , traite des établissemeus d'instruc
tion publique et de bienfaisance , de l’état de la religion,
de l’ordre judiciaire , de l’industrie des habitans de la
plaine e t de ceux de la montagne ; des foires et m archés,
et de cc qui appartient au commerce intérieur et exté
rieur , d’importation et d’exportation. »
En dédiant à sou épouse l’ouvrage dont il s’agit, l’auteur
finit par s’exprimer ainsi : « reçois ta part de ce regard
de bienveillance que peut-être la postérité ne refusera pas
à ton époux. »
T. 11.
i6
�( 326 )
Ce peut-être placé par la modestie dans cette occur
rence , n’est-il pas superflu ? Qui doute, que la pos
térité juge favorablement celui qui a su consacrer
la (i) majeure partie de sa carrière physiologique aux
pénibles travaux du cabinet, ou qui , pour suivre les
sages préceptes de l’hygiène , ne menant pas une vie
tro p sédentaire , s:est livré quelquefois à des exercices
prolongés , mais toujours dans l ’intérêt de la science.
L ’ homme qui ne voyage que pour dire j'a i ru, sans être
capable d’apprécier ce qu’il a v u , loin de satisfaire sa
curiosité, éprouve davantage le besoin de connaître ,
parce que l’ignorance dans laquelle il se trouve plongé
l ’oblige d’étudier , en lui lésant regarder , comme inex
tricable , la série des nombreux objets qui excitent son
admiration. Considérez , au contraire , le profond ob
servateur , s’avançant dans des plaines plus ou moins
fertiles , rencontrant des paradis terrestres , puis passant
presque brusquement d’une saison à l’autre par la situa
tion topographique des lieux, soumis ainsi dans quelques heures de marche à des alternatives de froid et de
chau d , s’enfonçant dans des vallées ou abondantes ,
riantes , ou qui n’offrent rien qui invite à leur séjour,
gagnant ensuite le haut des montagnes, comme pour
taire planer son génie scrutateur sur les lieux qu’il exa
mine ; considérez-le , ce voyageur, et vous vou&apervrez facilement de la multiplicité des sensations qu’il
éprouve , du profit qu’il en retire , en coordonnant les
idées qu’elles lui font naître, tn soumettant, en un mot,
au creuset de son esprit les phénomènes de la n atu re,
(i).On nous a assuré que M.
FoHeré
passait des nuits entières
a rédiger le fruit de ses recherches, voilà pourquoi nous nous
la majeure partie , etc.
servons de cette expression :
On sait
que ce savant a aussi consacré une majeure partie de son exis
tence à prodiguer ses soins aux malheureux souffrans.
�( 227)
qui viennent le frapper , le nom d'un tel voyageur qui
écrit le résultat de ses méditations , parviendra, n’en
doutons nullem ent, à la postérité la plus reculée.
Après avoir donné l’état qui lui a paru le plus fidèle
de la population des Alpes maritimes, laquelle est de i o i ,
759 âm es, M. Foderé étudie cette population dans ses
form es, ses couleurs, son tempérament, ses habitudes,
son instinct et ses qualités morales , et il observe que si
les végétaux et les animaux portent l'empreinte du cli
mat , enfant de la terre , comme les autres êtres, l’homme
ne dément pas cette influence maternelle.
Dans l’article qui traite de la nourriture et des moyens
de se la procurer , on apprend que la nourriture de tou
tes les classes des naturels des Alpes maritimes est , en
général , dirigée vers le régime végétal , surtout dans
les parties méridionales. JX'ous citerons le passage sui
vant , pris au hasard , pour donner une idée de l’ex
cellent esprit d’observation de M. le professeur Foderé.
« J’ai , d it- il, vu manger les paysans alsaciens ; et certes
un de leur repas sullirait pour trois jours au cultivateur
de Marseille , et à celui de la région montueuse des
Alpes maritimes. Des soldats des troupes alliées man
geaient deux fois plus que les paysans alsaciens ; et je
ne conseillerais pas aux Allemands et aux Russes de
faire un long séjour dans la Basse-Provence et dans
les Alpes maritimes , à moins d’y manger leurs souliers
et leurs ceinturons , comme il arriva aux premiers en
1799. Cette moindre quantité de vivres nécessaires aux
liabitans des pays chauds est doue déjà une ressource
contre l’infertilité du sol. »
11 résulte des observations faites par l’auteur sur les
époques de la force , de la puberté , etc. , que la cha
leur modérée , réunie à une nourriture suffisante est un
principe puissant pour développer et entretenir long
temps dans leur intégrité les forces de la vie; tandis
�( as8 )
que le froid , les fatigues excessives, la mauvaise nour
riture et la privation du vin sont des puissances affai
blissantes qui retardent, diminuent et abrègent les di
verses fonctions delà vitalité. M. Foderé pense , toutefois,
que le système d’éducation contribue aussi puissamment
au développement des cnfans , soit pour le parler , soit
pour la marche.
L’amour est une passion qui ne tounuente guère les
babitans des Alpes maritimes , excepté pourtant ceux,
des villes de N ice, Menton et Monaco. L ’auteur trace
le tableau de la différence relative à cette passion ,
entre les Alpes maritimes et l’Alsace ; et après avoir
établi que dans les pay s chauds il y a plus de mœurs
que dans les pays froids , ce qui au reste est encoi’e
subordonné aux usages et aux institutions , M. Foderé
fait cette remarque que les besoins physiques de l ’amour,
étant en raison de la quantité de nourriture que l’on
prend et de la facilité de se la procurer , ils doivent être
plus actifs et se répéter plus souvent là où cette nourri
ture est extrêmement abondante. Cette réflexion nous
paraît très-juste ; mais nous pensons aussi que la cha
leur est une des causes primordiales des besoins physi
ques de l ’amour , etc.
L ’auteur ne pense pas que le froid soit., relativement
aux degrés de longévité , plus favorable que le chaud,
etc. , etc.
Nous touchons au chapitre le plus intéressant pour le
médecin ; celui qui traite des maladies et de la médecine
des Alpes maritimes , contient d’abord le dénombrement
des vices organiques ou de conformation , et des détails
extrêmement lumineux à ce sujet. En parlant du goitre
dont M. Foderé fut atteint dans son enfance , et qui lui
est revenu depuis qu’il est à Strasbourg , il cite le re
mède ( l ’iode ) de M. Coiiulet , mais il observe qu’en at
tendant que l’expérience en ait constaté l’efficacité , il
\
�C 229)
continuera à se servir des vieilles tablettes contre cette
maladie.
Les maladies endémiques, aux Alpes maritimes, sont
les hernies , les maladies de peau, les écrouelles, l’épi
lepsie et l’hystérie , les lièvres d’accès, les obstructions
des viscères, l ’bydropisie ; l’asthme sec et humide ; la
phthisie pulmonaire.
Les maladies rares sont la folie , le calcu l, le rhuma
tisme et la goutte , la chlorose et la stérilité.
A Nice , les plaies de tête guérissent facilement ; celles
des jambes , au contraire , sont extrêmement opiniâtres.
Tous les ulcères en général y sont rebelles , et la gan
grène les prend facilement.
Les écrouelles des Piéinontais guérissent quelquefois ;
mais celles des habitaüs du pays ne guérissent jamais ,
ou que très-rarement.
La maladie vénérienne y est très-bénigne, et se guérit
avec la plus grande facilité , à moins qu’elle ne soit
très-invétérée.
Passant à l’exposé des principales maladies acciden
telles , M. Foclerè signale les fièvres contagieuses , épidé
miques , la petite vérole , les fièvres putrides , gastriques
et vermineuses ; les alfeclions inflammatoires ; les fièvres
catharraîes exanthématiques ; les fièvres chaudes bilieuses
( causas des anciens ) ; les flux intestinaux. Il s’attache
ensuite dans une note extrêmement piquante, à faire
connaître les motifs qui l’ont engagé à se servir de ces
ternies plutôt que de ceux adoptés par les modernes.
11 fait entrevoir que la fièvre jaun e, les fièvres des
camps , des prisons , e tc ., réclament des mesures pu
bliques , et il a raison sans contredit , mais ce judicieux
observateur ne paraît convenir que jusques à un cer
tain point, qu’il existe des maladies par infection.
D’après la rélation de M. Fodcre , les médecins et chi
rurgiens des Alpes maritimes 11e doivent pas être beau-
�( 23o )
coup occupés , 'puisque dans certains lieux , L’on se
traite généralement isoi-même par des remèdes tirés du
règne végétal, La gratiole et le concombre sauvage pour
se purger ; la véronique , la carline , le génépi , l’an
gélique et autres plantes chaudes pour se l'aire suer ;
la solidago , le plantain et autres , pour mettre sur les
plaies , telle est , à-peu-près , toute la médecine des
habitans de ce pays. Les gens de l’art se bornent à
p u rger, saigner, et prescrire une diète absolue. La
saignée est surtout très-souvent mise en pratique , et
l ’auteur développe, avec sa sagacité ordinaire, tout le
bien et tout le mal qu’elle fait; à l’époque où il se trou
vait à Nice , il a vu les gens de l’art ne savoir plus
quelle ressource il fallait mettre en a va n t, après avoir
saigné , purgé , utilisé les thériaques , mitbridates , con
fection d’hyacinthe et autres , ainsi que les vésicatoires
dont ils ne fesaient pas constamment une application
convenable.
Si l’inoculation n’avait pas l ’assentiment général dans
ce pays, la vaccine y a été universellement adoptée ,
sur toute la côte maritime et dans plusieurs lieux de la
montagne. Notre estimable historien prit des renseignemens pour savoir si l’on s’était aperçu que les va
ches eussent le cow pox , et ce ne fut que dans la vallée
de la Visubie qu’un chirurgien, nommé M. Oddo , lui
dit avoir observé plusieurs fois , au pis de ses vaches ,
des boutons analogues, mais qui n’étaient jamais venus
à suppuration...........
Nous avons beaucoup d it , et cependant nous n ’avons
fait qu’effleurer quelques détails essentiels pris sur une
foule d’autres, non moins dignes de fixer l’attention
publique, par l’intérêt qu’ils inspirent. L e v o y a g e a x
a x p e s m a r it im e s est plein de considérations philoso
phiques , exprimées en peu de mots , de sorte que
pour en donner une idée suffisante , nous devrions
�3
( » i )
pousser bien loin notre analyse , et peut-être encore
ne remplirions - nous qu’imparfaitement notre but.
Puissions-nous (lu moins , par tout ce que nous venons
d’énoncer, n’avoir point diminué la bonne idée que
l ’on se forme naturellement à la première annonce
d ’un ouvrage dont l ’auteur jouit d’une brillante ré
putation littéraire en Fi’ance comme dans l ’Etranger ,
réputation acquise par des travaux aussi utiles que
multipliés !
M. Fuderé nous pardonnera de saisir l ’occasion pré
sente pour témoigner publiquement que son mérite n’a
pas peu contribué à la gloire de la Société royale de
médecine de M arseille, dont il a été l’ un des fonda
teurs , et qu’il a si souvent illustrée par les écrits qu’il lui
a communiqués , c’est dire au professeur de Strasbourg,
que nous serons toujours jaloux de répandre , autant
que nos moyens le perm ettront, les fruits de sou ob
servation et de ses veilles.
P.-M. Roux.
D e la M élancolie , par M. G uiaud , fils , D. M. P . ,
secrétaire-general de la société royale de médecine
de Marseille ( 2.e et dernier article. ).
L ’ i m a g i n a t i o n , si bien dénommée la fo lle du logis ,
exerce la plus grande influence sur les formes que revêt
l ’affection mélancolique ; comme cette faculté intellec
tuelle s’exerce snr un grand nombre d’objets , on con
çoit aussi combien doivent être nombreuses les variétés
de la mélancolie.
Il est des hommes qui apportent en naissant un
caractère chagrin , inquiet , et des passions tristes.
A mesure que l’âge développe leur raison, bien loin
de supporter les liens qui nous unissent à la société ,
ils cherchent à les rompre i;; le monde n’est pour
eux qu’un vaste théâtre où chacun joue un rôle qui
�(
23 a )
leur paraît odieux ; dedans, soupçonneux , ils écartent
l ’amitié qui veut les consoler, la sensibilité qui cherche
à les émouvoir ; le commerce des hommes les importune ;
le tumulte des villes les effraie; ils ne soupirent qu’après
le calme de la solitude et ils y portent toute l’agitation ,
toutes les inquiétudes d’une âme profondément tour
mentée. Cet état moral , qne la société nomme misantropie, né peut offrir aux regards du médecin qu'une
des formes de la mélancolie.
Examinons ce malheureux au teint pâle , aux joues
creuses, au front chargé de rides. Ses yeux immobiles
semblent fixer un objet avec attention. Tant qu’il le re
garde , sa figure s’épanouit , le rayon de la sérénité
semble briller sur lui ; il se croit heureux , son ima
gination lui a créé une femme ; elle l’a douée de tout ce
qui constitue la beauté idéale ; douceur des traits , sua
vité des formes , majesté de la taille , elle possède tout ;
nouveau Pygm alion, le mélancolique est épris de sou
propre ouvrage ; nouveau Prométliée , il anime cette
femme adorée du feu sacré de la vitalité ; celte physio
nomie si belle lui sourit , cette taille majestueuse se
développe avec grâce à ses regards fascinés ; voyez-lc,
les bras tendus , les yeux étincelans , il croit embrasser
sa divinité ; laissez à cet infortuné son illusion ; si vous
cherchez à la détruire , vous apercevrez bientôt son
regard perdre son éclat , ses traits leur vivacité et sa
physionomie s’envelopper du voile de la mélancolie.
J’ai vu dans la maison de santé établie par mon père,
pour le traitement des aliénés , un exemple bien frap
pant de cette variété du délire mélancolique , caractérisé
par un amour imaginaire ; c’est celui d’une jeune fille
âgée de 17 ans, appartenant à une famille qui l’avait
élevée dans les principes d’une religion éclairée. Elle
parvint à l ’âge de quinze ans à se procurer quelques
romans ; les nuits s’écoulaient sans sommeil au milieu
�3
( a :* >
de ces lectures séduisantes. Les parais s’en aperçurent;
les reproches ne furent pas épargnés ; la jeune fille ne
tarda pas à tonifier dans un état de manie avec fureur
qui , eu bout de finit jours, fit place à un délire plus
calme ; amenée dans notre maison de santé , on la
voyait presque constamment à genoux , les yeux fixes,
les mains croisées sur la poitrine ; un léger mouvement
agitait ses lèvres ; elle les entr’ouvrait pour laisser échap
per les mots les plus doux , les paroles les plus affec
tueuses ; si on lui demandait à qui elle adressait des
discours aussi tendres .• à mon amant , répondait-elle ;
en même-temps elle effeuillait quelques roses dans l’ap
partement comme autant de pensées , disait-elle , cju'elle.
lui envoyait. Cette touchante victime d’un amour ima
ginaire guérit cependant au bout de six mois par un
traitement que la médecine morale peut , à juste titre ,
revendiquer.
Ces lésions intellectuelles, si bien décrites par M.
Esquirol, sous le nom à’hallucinations , ne nous parais
sent autre chose que des variétés de la mélancolie; comme
elle en effet, elles nous offrent un délire exclusif sur un
objet. Cet homme qui converse habituellement avec un
esprit , ces malheureux qui se croyent poursuivis par
des spectres, ceux dont les oreilles sont continuelle
ment frappées de cris sinistres , de bruits elfrayans ;
ceux encore dont la main cherche à repousser un
poignard qu’ils croyent voir sans cesse dirigé sur eux ,
qu'offrent-ils sinon une sorte de délire mélancolique ?
V e u t-o n un exemple frappant de cette variété du
délire dont nous parlons. Une femme de o ans ,
placée dans notre maison de santé , se cro it, depuis
vingt ans, victime de la persécution d’un mauvais génie,
qu’elle dépeint sous les formes les plus bizarres ; ce
mauvais génie , s’il faut en croire sa victime , s’applique
à la tourmenter sans relâche ; c’est lui qui dérange sou
5
�(
234)
appétit qui est habituellement bon , son sommeil qui
est assez ordinairement tranquille ; la plus légère dou
leur de tête ou du ventre qu’elle e’prouve , est encore
un tour du malin génie ; cette malheureuse ne marche
qu’en tremblant sur la pointe seule du pied, de crainte,
dit-elle , qu’en appuyant le talon , le génie ne la cloue
immobile sur le sol ; quand elle s’assied, on la voit fré
quemment détourner sa tête vers le mur ou la fenêtre ,
et là , à demi-voix-, elle adresse à son lutin les plus
sanglons reproches, unissant, dans ces colloques bisarres,
lés prières de l’exorcisme aux plus impurs blasphèmes.
Nous bornons ici ce que nous avions à dire concer
nant les principales variétés de la mélancolie; les causes
de cette aliénation mentale vont maintenant fixer notre
attention.
Ces causes sont nombreuses , et c’est pour éviter la
confusion dans le tableau que nous allons en tracer »
qu’il nous a paru convenable de les grouper sous trois
ordres : i . 9 Causes physiques ; 2.0 Causes organiques ; .°
Causes morales. Nous savons que la nature se joue de
toutes les divisions que le médecin cherche à établir
dans l’étude des causes et des phénomènes des maladies ;
aussi le lecteur ne doit v o ir, dans celle que nous lui
présentons , qu’un moyen nécessaire pour nous, afin de
pouvoir offrir avec précision l’exposé des causes de la
mélancolie.
i.° Parmi les causes physiques, les plus favorables
au développement de la mélancolie , nous devons placer
les climats , les saisons et les professions.
On sait , par rapport aux climats , que les habitans
des pays chauds ont en général l’imagination vive ;
leur langage est souvent figuré , hardi , rempli d’ex
pressions heureuses , pittoresques ; leurs mouvemens
sont prompts , agiles et s’accordent avec l’extrême mo
bilité de la physionomie ; aussi la plus légère impression
3
�( a
35
)
morale suffit-elle pour déterminer dans ces régions le
délire mélancolique ; ainsi on ne doit pas être étonné
de la rencontrer fréquemment dans l’Asie mineure , la
Ilaule-Égypte et les côtes d’Afrique , régions arides ,
placées sous un ciel brûlant. La nature de certains vents
a anssi une influence particulière sur la production de
la mélancolie ; personne n’ignore les effets du sirocco ,
du plumbeus cluster sur les Italiens , et du solano sur
les jEspagnols ; un abattement extrêm e, un serrement
spasmodique de la poitrine , une humeur triste , sombre ,
tels sont les phénomènes qui décèlent l’influence de ces
vents sur les habitans des pays où ils régnent.
Les saisons ne sont pas sans action sur le développe
ment de la mélancolie ; le savant et modeste M. Escjuirol
a eu occasion de vérifier , à la Salpétrière , les remar
ques A'Hippocrate et de Cabanis, touchant l’influence
de l’automne dans la production de ce genre de manie ;
il a vu que c’est pendant le cours de cette saison que la
mélancolie est plus fréquente ; cependant M. Esc/uirol
pense que dans les climats tempérés , le printemps et
l’été produisent un plus grand nombre de mélanco
liques que les autres saisons. C ’est du moins ce qui ré
sulte des observations qu'il a eu occasion de faire pen
dant le cours d’ une longue pratique.
Parmi les professions qu’embrasse l’homme , celles qui
exigent l’action spéciale des facultés intellectuelles peu
vent devenir une des causes de la mélancolie ; on sait
que le cerveau , fatigué par des excès d’études , peut
perdre ce degré d’activité nécessaire à ses fonctions,
et devenir le siège du délire mélancolique ; Pascal ;
Zimmerman , Rousseau , étaient mélancoliques; les mu
siciens , les auteui’s , les poètes ont le système nerveux
habituellement irritable et présentent souvent des accès
de mélancolie , contre lesquels ils ne luttent pas toujours
avec avantage.
�( a
36 )
a.0 Ëu nous occupant des causes organiques favo
rables au développement de la mélancolie, nous devons
signaler en premier lieu le tempérainment. Celui mar
qué par la prédominance des systèmes biliaire et ner
veux nous présente une disposition à la maladie que
nous étudions. Une figure brune , m aigre, les cheveux
noirs, les yeux enfoncés , quelquefois ternes, d’autres
fois pleins de feu , une physionomie rembrunie , des
mouvemeus tantôt concentrés , tantôt brusques , une
sensibilité exquise , facile à émouvoir , une intelligence
développée, un langage précis , énergique , tels sont les
caractères de ce tempérament ; on trouve la constitution
nerveuse très-développée chez la femme , aussi, malgré
la mobilité de ses sensations et de ses désirs, malgré sa
légèreté apparente , la voit-on assez fréquemment affectée
du délire mélancolique. JVest-il pas d’ailleurs chez elle
d’autres causes organiques déterminantes de cette ma
ladie , et l ’expérience ne nous signale-t-elle pas des
femmes devenues mélancoliques à la suite de la gros
sesse , de l’allaitement, à l’époque critique et après la
suppression chronique des menstrues P II est d’autres
causes organiques communes aux deux sexes , qui peu
vent également déterminer la mélancolie ; telle est la
suppression de la transpiration et du flux hémorrhoïdal ;
on sait aussi combien sont habituellement chagrines les
personnes constipées , et j’ai lu quelque p a rt, qu’avant
de demander une grâce à un gran d , il faut s’informer
si , chez lui , les fonctions excrétoires du tube digestif
s’opèrent avec facilité.
La cessation brusque d’une maladie doit aussi être
comptée parmi les causes organiques de la mélancolie;
on a vu plusieurs fois la gale , les dartres répercutés
donner lieu à sou développement ; on voit encore la
mélancolie remplacer l’h ystérie, l’hypochondrie, la
manie sans délire, et plus souvent encore la manie
�(
23 7 )
avec délire. J’ai vu plusieurs fois , dans nia maison de
santé, des individus en proie au délire maniaque le plus
furieux., tomber , après quelques jours, dans un état
d’affaissement, résultat presqu’inévitable du haut degré
d’excitation du système nerveux ; je les ai vus, dans cet
éta t, refuser toute nourriture , gémir, pleurer et offrir
les signes d’une mélancolie profonde , bien souvent dif
ficile à combattre.
.° Nous arrivons à l ’exposition des causes qui pro
duisent le plus fréquemment la mélancolie ; nous vou
lons parler des causes morales. On connaît l'effet puis
sant des passions sur notre âme ; on sait les impres
sions profondes qu’elles déterminent sur l’organisation
en général , et plus particulièrement sur le cerveau ,
supposons qu’elles viennent agir avec fcrce sur des
individus q u i, par leur tempérament, leur excessive
sensibilité , offrent déjà une prédisposition aux affections
nerveuses , on ne sera plus surpris alors qu’elles puissent
concourir à la production de la mélancolie. La femme
dont le cœur brûle d’une passion qu’elle s’efforce d’é
touffer , le crim inel, chez lequel un reste de vertu a
su produire le rem ords, l’homme ambitieux qui n’a
plus devant lui que la désespérante perspective d’une
existence obscure , l’opulent qui se voit forcé de re
vêtir lus baillons de la misère, sont souvent des vic
times du délire mélancolique.
Combien de fois aussi n’a-t-on pas vu la crainte ,
la frayeu r, produire la tristesse et par suite la mélan
colie ! Une demoiselle âgée de 20 ans s’occupe à lire les
productions lugubres des romanciers anglais ; sans cesse
le bruit des chaînes , le sifflement des vents dans les
voûtes souterraines , frappe scs oreilles , les tours du
nord , les ombres éclairées d’une clarté sombre se pei
gnent à ses regards ; la frayeur la poursuit partout ; le
plus léger bruit la fait tressaillir j l’appetit se perd , le
3
�( a
38 )
sommeil s’enfuit et le délire mélancolique s’empare de
l ’infortunée.
Un jeune homme iigé de t6 a n s, d’un caractère ex
trêmement timide , tremblait à l’aspect île son père ,
homme naturellement emporté; un jour il casse, par
mégarde , une tasse de prix ; le père se lève en fureur
pour le battre ; un tremblement spasmodique saisit le
m alheureux, une frayeur continuelle le poursuit et il
tombe dans un état de stupeur mélancolique.
Kous bornons ici l’exposition des causes de la mé
lancolie ; il nous serait facile d’en étendre le tableau;
mais d’après la nature de notre travail , il nous a suffi
d’indiquer celles qui déterminent le plus fréquemment
la maladie , objet de ce mémoire.
La mélancolie , comme les autres espèces d’aliénations
mentales , peut offrir des crises ; ces mouvcmens or
ganiques s’opèrent tantôt par la peau et c’est alors qu’on
voit survenir des boutons, des furoncles on îles sueurs
plus ou moins copieuses; d’autres fois, les crises se
manifestent par le rétablissement d’une hémorragie ha
bituelle qui avait été supprimée , comme les menstrues,
le flux hémorrboïdal , par le vomissement et les déjec
tions alvines ; j’ai vu deux fois la mélancolie terminée
à la suite d’une fièvre gastrique intense; de vives secousses
morales , comme la joie, une frayeur subite sont encore
des crises que nous offre }a mélancolie ; dans tous les
cas que nous venons de citer , cette maladie se ter
mine par le rétablissement de la raison ; il est des cas
fâcheux où ia mélancolie peut se transformer en une
autre affection plus grave ; c'est ainsi qu’on la voit se
terminer par la manie avec délire furieux et par la
démence. Ces deux terminaisons sont également fu
nestes ; le passage trop rapide de la mélancolie au dé
lire maniaque furieux , peut produire une mort prompte;
dégénérée en démence, elle ne laisse plus d’espoir de
v-
�C
)
guérison. La mélancolie peut encore se terminer par la
mort : les maladies qui précèdent cette issue funeste
cliez les mélancoliques, portent presque toutes le carac
tère chronique, et presque toutes aussi sont marquées
par des lésions organiques que l’on trouve le plus fré
quemment dans la cavité du bas ventre.
INous ne nous occuperons point ici du siège de la mé
lancolie ; d’après l’état actuel de nos connaissances sur
les aliénations mentales , nous ne pouvons rien établir
de positif à ce sujet. Successivement placé dans le
cerveau , altéré par une humeur corrosive , dans la vési
cule du fiel remplie de concrétions, dans la rate distendue
par l’ attrabile, ce siège reste encore à déterminer. 11 est
cependant important de signaler une disposition ana
tomique , découverte par le respectable et savant M.
Esquirol sur le cadavre do plusieurs mélancoliques ;
elle consiste dans le déplacement du colon transverse ;
M. Esquirol a trouvé un assez grand nombre de fois
cette portion d’intestin changée dans sa direction, qui
était tantôt oblique , tantôt perpendiculaire. Cette dis
position anatomique mérite d’autant plus de fixer Pat•tention que , comme le dit M. Esquirol , elle peut ex
pliquer la douleur épigastrique , les liraillemens et la
constipation , qui tourmentent fréquemment le mélanco
lique.
Nous arrivons au traitement de la mélancolie. Pour
quoi , malgré tous les progrès qu’a fait de nos jours
l’étude des aliénations mentales , ne pouvons - nous
tracer un tableau consolant des moyens qu’oppose notre
art à cette désespérante maladie P Essayons cependant
de signaler ce que l’expérience et l’observation nous
ont fait connaître de plus intéressant sur cette partie
de l’étude de la mélancolie.
Deux objets doivent diriger le médecin dans le trai
tement de cette maladie ; agir sur l’intelligence , c’est
�4
( * ° )
ce qui constitue le traitement moral ; exciter les divers
systèmes organiques par l'action des médicamens ; c’est
l’attribut du traitement pharmaceutique.
i.° De tous les tem ps, on a reconnu l’importance
que l’on doit attacher au traitement moral , dans
les aliénations mentales , et particulièrement dans la
mélancolie ; dans cette dernière , en effet, le délire
n’étant que partiel, l’intelligence toute entière n’a point
reçu d’altération ; il y a encore une certaine somme de
facultés intellectuelles sur lesquelles on peut agir pour
chercher à rappeler la raison. 11 est vrai de dire ,
cependant, que le délire mélancolique étant susceptible
de revêtir un grand nombre de formes , on conçoit
combien il est difficile de rectifier le raisonnement du
m alade, et de dissiper ses illusions. On ne doit ce
pendant. rien négliger pour y parvenir. Bien connaître
le caractère et les goûts du m élancolique, captiver sa
confiance, c’est déjà avoir fait un grand pas vers la
guérison ; c'est alors que le médecin peut réussir à ra
mener cette raison si faible , si facile à nous aban
donner ; c’est alors que ses discours consolateurs por
teront un baume salutaire dans l’âme agitée du mé
lancolique ; qu’on étudie bien surtout le Caractère du
délire de ces infortunés ; si vous prodiguez vos soins à
une femme trahie , faites luire à ses yeux l’espoir du
retour de l’infidèle ; promettez à l’ambitieux une nou
velle carrière ; au riche devenu pauvre, une nouvelle
aisance ; si ces moyens n’ont pas assez d’action , dé
terminez des secousses plus fortes sur le moral ; faites
naître le sujet d’uni joie soudaine ; sachez inspirer
une frayeur prompte ; l’expérience vient ici vous encou
rager ; elle vous signale des mélancoliques guéris à la
suite d’une frayeur soudaine , d’ une joie inespérée. Vous
trouverez encore .des ressources dans l’action si puis
sante de la musique ; la bible nous apprend que les
�24
<
l )
sombres agitations de l’ infortuné Saiil étaient soudaine
ment appaisées par les accords que faisait entendre la
liarpe du Roi-prophète ; au rapport du célèbre médecin
de Pergame , les chants mélodieux dont retentissaient
les voûtes sacrées du temple d’Esculape , portaient dans
l ’âme des mélancoliques ce calme précurseur d’une
guérison prochaine.
Il est en outre des moyens que l’instinct ingénieux de
l ’homme de l'art peut seul inspirer pour combattre la
mélancolie. U n infortuné dans le délire de cette ma
ladie se persuade avoir été condammé à mort ; son mé
decin réunit dans une salle plusieurs individus qu’il érige
en membres du tribunal , et fait juger le malade ; le
tribunal prononce son acquittement, le malade guérit.
Un autre mélancolique s’imagine avoir les entrailles
déchirées par des v ip è re sl'h o m m e de l’art aux soins
duquel il est confié lui administre un vom itif, et glisse
adroitement des vipères dans le vase qui contient le
liquide chassé de l’estomac ; le mélancolique, persuadé
qu’il a vomi ees reptiles , ne tarde pas de recouvrer la
santé j un autre malheureux se plaint sans cesse qu’on
lui a tranché la tète ; un casque de plomb qu’on
place sur elle le retire pour toujours de son erreur. O n
voit par ces difi'érens exemples combien le médecin ,
dans le traitement de la mélancolie , peut trouver des
ressources dans des moyens qui n’ont aucun rapport
avec les substances médicamenteuses.
Le traitement pharmaceutique ne doit cependant pas
être négligé ; la constipation , les tirajllemens d’entrailles
sont des symptômes qui tourmentent fréquemment les
mélancoliques ; entretenir dans le tube digestif un
point d’excitation suffisant pour provoquer des* selles ,
telle est l'indication à remplir ; les boissons rafraîchis
santes et laxatives sont spécialement indiquées ; j’ai vu
le petit-lait rendu laxatif tous les
ou
jours par
3
T. H.
4
i7
�4
( 2 2 )
l'addition d’un grain et demi à deux grains de tartre
stibié prescrit et administré ainsi par mou père dans la
manie mélancolique, produire les plus heureux effets ;
le mélancolique présente-t-il les caractères d’une cons
titution sèche , irritable ; d ’ usage des bains tièdes ne
peut que devenir utile ; les évacuations sanguines ar
tificielles provoquées vers les grandes lèvres ou le fon
dement , produiront d’heureux résultats dans les cas /
de pléthore , de suppression des menstrues ou du flux
bémorrhoïdal. Le vésicatoire placé sur le lieu qu’occu
pait un ulcère habituel ou un examthème cutané , en
rappelant l’irritation première , peut aussi combattre
efficacement la mélancolie.
A ces moyens , empruntés à l’art pharmaceutique ,
on doit constamment associer les préceptes de l’hygiène ;
que lé mélancolique soit toujours chaudement vêtu ,
pendant la saison rigoureuse ; qu’on entretienne ses
pieds dans une chaleur douce ; la diète végétale doit
constituer sa principale nourriture ; lés herbes potagères,
les fruits d’été en formeront la base; on ne négligera
pas l’exercice du ch eval, et celui de la chasse ; tous les
médecins en ont apprécié les heureux résultats ; que
le corps du mélancolique repose sur un lit ni trop
dur ni trop mou ; qu’on écarte avec soin tous les objets
susceptibles d’éloigner un sommeil si nécessaire à ses
" sens agités ; que l’air qu’il respire soit pur ; que ses
yeux se promènent sur l’émail des fleurs , sur l’éclat de
la verdure , que le parfum embaumé des plantes vienne
flatter son odorat ; qu’il ne reçoive de tous les objets
qui l’entourent que des impressions douces , agréables ;
qu’en même-temps les discours consolateurs de l’amitié
retentissent à son oreille , et il sera possible alors au
médecin de dire : la mélancolie n’est pas toujours uuç
maladie incurable !
�(
243)
R ech erches et O bservations sur les effets des prépa
rations d ’or du D. Chrestien , dans le traitement de
plusieurs maladies , et notamment dans celui des ma
ladies siphylitiques ; par J .-G . INiel , D . M. M . ,
ex-médecin en ch ef des hôpitaux civils et militaires
de M arseillepubliées par J .-A, Chrestien , D. M. M .,
etc. , etc. ; i vol. in -8.° de <J< pag. Paris.
3
C ’ est le sort de toutes les découvertes en m édecine,
comme dans les autres sciences , d’être d’abord prônées
avec exagération, ou décriées sans ménagement. Les
préparations d'or du docteur Chrestien offrent une nou
velle preuve de cette assertion. Tour-à-tour célébrées
avec enthousiasme et contredites sans fondement , les
propriétés médicales de ce précieux métal avaient be
soin d’ être examinées par un médecin dont la probité fut
égale aux lum ières, pour fixer l’opinion à cet égard.
Riche d’ une expérience longue et éclairée sur ce sujet
intéressant , M. le docteur Niel vient de donner au pu
blic le fruit de ses observations ; et quelque peu suscep
tible que soit d’être analysé un ouvrage , pour ainsi dire,
tout pratique, nous pensons que le lecteur impartial ,
qui ne recherche que la vérité, parce qu’elle seule peut
être utile , nous saura gré de nos efforts , pour lui en
donner une idée.
Tout le monde connaît le rapport piquant de M. le
baron Percy , inséré eu entier dans le sixième cahier
du second volume du Journal complémentaire du D ic
tionnaire dès sciences médicales , sur les observations
relatives aux propriétés médicales des préparations d’o r,
qu’adressa , dans le temps à l’académie des sciences , M .
le docteur Chrestien. Sans s’arrêter au tonde plaisanterie
qui s'y montre de temps en temps , c’est d’après l’expé
rience et avec les armes redoutables de la raison et d’ une
logique serrée, que dans l’introduction ainsi que dans
le corps de son ouvrage, M. Niel attaque la partie scien-
�( *44 )
tifiqtie cle ce rapport. Il signale les contradictions qui
s’y rencontrent , démontre que la commission n’a pas
porté dans ses recherches toute l’attention que récla
mait le sujet important soumis à son examen, et pense
qu’elle a été conduite à des résultats pour le moins
insignilians , parce qu’elle n'a pas suivi dans les expé
riences qu’elle a faites , la méthode rationnelle recom
mandée par. le praticien de Montpellier.
Pénétré de la vérité de l'axiome : qui potest majus
potest minus , l’auteur a réuni dans la première sec
tion de son ouvrage, une masse d’observations pour
prouver l’ellicacité des préparations d’or dans le trai
tement de la blennorragie. S ’il était vrai que cette af
fection reconnût pour cause un principe vénérien, qu’il
serait nécessaire de détruire pour eu obtenir la guérison,
nous accorderions sans peine à ces préparations les
avantages que leur attribue M. Niel clans lé cas de cette
nature qu’il rapporte. Mais comme dans un article ( pag.
i , T . I.) inséré dans le second JV.° de ce jou rnal, nous
avons donné les raisons qui nous portent à croire le
contraire , nous ne ferons pas plus à l’or qu’au mer
cure l’honneur de la guérison d'è l'urétrite , les délayons
aidés quelquefois du secours des injections , dites astrin
gentes , suffisant toujours pour procurer la terminaison
heureuse de cette maladie.
Si , dans les mêmes circonstances , en ayant recours
aux mêmes moyens, les gens de l’art arrivent souvent
à des résultats opposés , la faute n’en doit pas être attri
buée à l’instrument dont on se sert , mais à la main
inhabile qui ne sait pas le diriger convenablement. Cette
vérité, reconnue par tous les esprits éclairés, est mon
trée dans tout son jour dans la seconde section de
l’ouvrage que nous analysons. Les faits nombreux qu’elle
renferme , prouvent en effet que l ’emploi bien dirigé
des préparations aurifiques dans le traitement des si-
35
�245
(
)
phylis invétérées et dégénérées est capable de produire
les succès les plus inespérés. C ’est à l’ouvrage lui-même
que nous renverrons le lecteur , pour y puiser les règles
qu’on doit suivre dans l'administration de cc médicament
héroïque. Il y trouvera la manière d'agir de ces prépa
rations, qui consiste à déterminer un changement notable
dans les fonctions de la vie et à emmener des évacua
tions plus ou moins prolongées ; il sentira la nécessité
d’en graduer les doses , connaîtra le point où il convient
de s’arrêter , les circonstances qui veulent qu’on les
porte d’abord à des doses élevées , ainsi que celles qui
exigent qu’on les suspende pour pouvoir les reprendre
ensuite avec avantage , et il pourra juger les raisons
qui doivent porter à donner la préférence au muriate
triple d’or et de soude, ainsique la discussion raisonnée
de ses avantages sur les autres anti-siphylitiques. Tous
ces points , traités avec une sagacité peu commune , le
mettront mieux à même que tout ce que nous pourrions
dire , d’apprécier le mérite de cet important ouvrage
et les talens variés de son auteur.
•Préférant toujours l’expérience au raisonnement, M.
N ici , pour répondre à l'inaction attribuée par la com
mission aux préparations d’or contre les scrophules,
présente , dans la troisième section , le tableau des ob
servations de cette nature dans lesquelles l’emploi mé
thodique de ces préparations a été des plus efficaces.
C ’est avec satisfaction qu’on voit combien grands sont
les avantages qu’on peut retirer de ce précieux métal
dans les affections sci'opbuleuses dégénérées , dans cette
variété de l’opbtbalmie si commune dans les climats
méridionaux , dont les caractères sont si clairement
précisés par l’auteur , et les bons effets qu’il en a ob
tenus dans quelques cas de teigne , dont la nature lui
a paru scrophuleuse , dans un cas de goitre , d’ un élépkantiasis du scrotum , de deux squirres qui ne recon-
�4
( * <ï )
Haïssaient aucun principe vénérien , ainsi que dans cer
taines cachexies et dans un œdème du poumon.
Si , pour les personnes qui ne connaissent pas la
source d'où ils partent , des faits nombreux présentés
avec ordre , clarté et précision , avaient besoin d’être
appuyés de réflexions judicieuses pour leur donner un
degré d’authenticité incontestable ; celles qui accompa
gnent les observations qui composent l’ouvrage de M.
Nicl sont bien faites pour atteindre ce but. Dictées par
la plus saine logique , elles suffiraient, à elles seules ,
pour prouver l’erreur de ceux qui ne voient dans l’or
qu’un métal qu’on doit rayer de la liste des médicamens
utiles.
Le rapport de M. le baron Percy, suivi d’une lettre de
M. le D. (direstien , dans laquelle ce médecin se plaint,
avec raison , que son muriate triple d’or et de soude
a été défiguré dans la formule qu’en donne le nouveau
codex, et démontre les accidens dont serait suivie son
administration intérieure , d’après les prescriptions de
M. Cadet de Gassicourt , termine l’ouvrage important
de M. N i d , qui ne trompera’ pas, nous osons le pré
dire , l’ambition louable qu’il a écoutée en le publiant,
de servir la science et l’humanité.
G .-A .-T . S u e , D. M. P.
N otice
sur le docteur Daulioulle , par
P.-M . Roux , rédacteur-général.
biographique
A peine I’O bsëry Ateu r provençal des sciences médi
cales compte une année d’existence , et déjà nous avons
à déplorer la perte de l’ un de ses rédacteurs. Qu’il est
triste de voir les humains rentrer indistinctement tôt
ou tard dans la masse commune ! La faulx de la mort
ne devrait-elle pas épargner , au moins jusqu’à un âge
�247
(
)
avancé , ceux qui ont du génie et des taleus , et qui
n’éprouvent pas de plus douce satisfaction que de se
rendre constamment utiles à leurs semblables ? Toute-;
fois , ne cherchons pas trop à approfondir les raouvemens de la nature , que nous serions éloignés de trou
ver conformes à la rectitude des choses. Contentonsnous , car c’est une consolation pour les amis de l’huma
nité , de répandre des larmes et des fleurs sur la tombe
d’un homme q u i, jeune encore , donnait de grandes
espérances , et qui a assez fait pour mériter l’hommage
que l’on rend au mérite et à la vertu.
Hyacinthe Daulioulle. naquit à Cogolin , département
du Y ar. Vers l’époque de sou deuxième septénaire , il
entra au collège de Lorgues , et il y passa quelques années
pour terminer scs premières études. 11 ne tarda pas à
faire des progrès qu'il dut autant à l’intelligence dont il
était doué, qu’à beaucoup d’assiduité » comme à une
grande application ; enfin, une tranquillité peu ordinaire chez les écoliers , et la douceur de son caractère
le firent chérir de ses maîtres et de ses camarades. Il
vint ensuite étudier chez lui la philosophie sous un
professeur particulier , digue à-la-fois d’enseigner cette
science et d’avoir un élève aussi distingué.
Le jeune homme qui a reçu une brillante éducation ,
est peu en peine de choisir l’état qui lui paraît conve
nable. Daulioulle se sentit très-disposé pour la médecine ;
il possédait effectivement les qualités morales que cette
science réclame indépendamment d’une solide instruc
tion. La manière honorable avec laquelle il subit scs
actes probatoires , pour parvenir au doctorat, ne jus
tifia pas peu qu’il avait su profiter du temps consacré
à ses études médicales. Ce fut le i juillet i8 ia qu’il
prit le bonnet, après avoir soutenu à la faculté de
médecine de Montpellier une thèse de
pages in-Lj° ,
intitulée ; Essai sur l'emploi des vésicatoires dans lesmaladies aigues.
3
�248
(
)
Dire <[ne cette thèse est savante , c’cst en recom
mander la lecture ; mais nous ne croirions atteindre
qu’imparfaitemcnt notre but , s i , dans la vue de donner
une idée satisfaisante de ce travail , nous n’en présentions
pas au moins une courte analyse.
L ’auteur se livre d’abord à des considérations géné
rales pour démontrer qu’on peut, avec les vésicatoires,
remplir des indications variées , suivant les circons
tances dans lesquelles on les administre, et le lieu où
on les applique , et il avance qu’ils peuvent être utilisés
comme stiinulans , comme révulsifs et comme dérivatifs.
Trois sections sont consacrées au développement de celte
assertion. Dans la première , on trouve des détails bien
propres à persuader que l’elfet stimulant des vésicatoires
est d’un grand secours dans plusieurs maladies; dans
les maladies lebriles, par exemple, k la suite de la lièvre
inflammatoire, alors que l ’individu est tombé dans un
état d'affaissement résultant d’une excitation trop forte,
ou de l’usage des moyens débiiitans ; le même effet con
vient dans le traitement de la fièvre bilieuse , lorsqn’après avoir parcouru certains périodes, cette fièvre ,
à raison de la faiblesse du su jet, paraît devenir putride.
Mais c’est spécialement dans la fièvre pituiteuse, pourvu
que les premières voies aient éié suffisamment évacuées ,
que les vésicatoires sont indiqués.. En parlant de leur
utilité dans les fièvres putrides / l’auteur soutient qu’il
faut les réserver pour la fin de ces maladies, vu que dans
le principe , il existe une irritation plus ou moins vive
qui les contr’indique. Enfin , c’est aussi dans le traite
ment des maladies contagieuses et épidémiques , que
les vésicatoires jouent, un rôle très-important. Bctglivi,
Hoffmann , Tralles , S to ll, Grimaud , Morton , Selle ,
H uxham , W illis , Quarin , Lancisi , Rivière sont cités
à propos pour rendre palpables toutes les propositions.
O n donne le nom de révulsif , à tout moyen
�49
( 2
>
irritant , qui , appliqué loin de la partie qui est le
ternie d’une fluxion , indépendamment de l’évacuation
qu’il procure , agit encore en changeant l’ordre des
mouveinens. Cette définition est conforme à l’opinion
de l’illustre Barthez , et elle suffit , ce semble , pour
donner une idée de la marelle que l ’auteur a suivie dans
l’explication des diverses circonstances , suivant lesquelles
les vésicatoires sont utiles comme révulsifs. Mais il faut
lire cette seconde section pour pouvoir se pénétrer de la
sagacité que DauliouUe y a fait briller , en s’étayant des
célèbres médecins cités dans la se ction précédente,
et en citant aussi Forestus , le professeur L ord a t, D upuy , Bryan , Robinson , de Dublin , Zimmermann,
Cullen , Mertens , Gardien et l’immortel vieillard de
Cos.
- La différence qui existe,entre l ’effet dérivatif, et
l’effet révu lsif, c’est que pour produire celui-là , il faut
que l’action des vésicatoires se passe près de la partie
malade. Ils agissent dans cette occasion à-peu-près
comme révulsifs, et ne sont guères employés qu’à cette
époque où la fluxion est totalement formée , lorsqu’il
serait impossible de la faire avorter par les révulsifs.
L ’effet dérivatif des vésicatoires est d’ une utilité incon
testable , lorsqu’on y a recoui’s pour combattre les in
flammations de poitrine , la pleurésie rhumatismale ,
les fausses péripneumonies, les catharres dont la marche
est lente , et lorsque , les symptômes inflammatoires
étant dissipés , il se fait sur les poumons une accumula
tion d’humeurs peu mobiles et peu disposées à être mises
en état de coction , soit par la faiblesse organique locale
ou celle de tout le système, e t c ., etc.
On s’imagine bien que l’auteur a eu le soin de préciser
les cas où les vésicatoires appliqués comme dérivatifs, ne
pourraient qu’être nuisibles. Il les proscrit lorsque les
inflammations de l ’estom ac, des intestins et du foie ,
�(
25 o )
sont encore à leur première période ; il les exclut du
traitement des inflammations des reins et de la vessie,
à raison de l’irritation spécifique que les cantharides
portent sur les organes urinaires. On peut tout au plus
les appliquer sur des parties éloignées , et en modérant
leur action par le mélange du camphre , bien qu’au
rapport du docteur Raym ond, une inflammation des
reins , avec suppression totale d’ urine pendant six jours,
ait été guérie par un vésicatoire qui couvrait toute la
région affectée.
Il est des étudians qui , pendant le temps fixé par la
loi pour suivre les cours des facultés médicales , ne
travaillent guères que dans la vue de pouvoir subir
plus ou moins passablement leurs examens. Une fois
Cette tache remplie , ils ne considèrent plus leur
noble profession , que comme une profession pure
ment lucrative ; ils s’empressent de faire jouer tous
les ressorts imaginables pour gagner de l’or qu'ils
Crovent pouvoir suppléer le mérite , e t , comme on
le pense bien , selon eux , le temps serait perdu s'il
était désormais consacré à l’étude ou aux travaux du
cabinet. Certes , un tel reproche ne saurait être fait
au docteur Daulioulle ; pénétré plus que personne du
besoin de perfectionner ses études médicales, quoiqu’il
les eût faites avec beaucoup de succès, il partit pour
la capitale, et il y passa près de quatre années ; temps
pendant lequel il ne cessa de profiter des leçons des
professeurs de la faculté de médecine, et de se nourrir
des ouvrages de nos meilleurs auteurs. La littérature
était son délassement , quand il était fatigué par
une grande application à l’étude de la médecine , de
sorte qu’il ne cessait de cultiver son esprit ; aussi par
lait-il avec une facilité ravissante , et écrivait-il tout
aussi bien. Pendant son séjour à Paris , il donna di
vers articles à la B ib l io t h è q u e m ë m c a l e , dont les
�(a5i )
savans auteurs fesaient un cas distingué; et il s’attachait à
réunir des notes qu’il destinait à un ouvrage très-impor
tant, qui malheureusement est resté incomplet et par
fragmens dans ses cartons ; cet ouvrage était relatif aux
substances médicamenteuses en général, et en particulier
à celles appliquées à la tliérapeuthique cérébrale.
De retour dans sa famille , Daulioulle se vit , avec
peine , obligé de suspendre ses lectures , parce qu’il
sentit qu’elles nourriraient le moral trop aux dépens
du physique , si elles étaient prolongées , ou du moins
s’il s’y livrait avec son ardeur ordinaire. Déjà une
voix rauque , un sentiment de chaleur plus ou moins
intense dans la poitrine , une difficulté de respirer
et le défaut d’embonpoint annonçaient suffisamment
au docteur Daulioulle qu’il était des règles hygiéni
ques dont il ne devait point s’écarter. Peut-être ,
dans cette idée , vint-il à Marseille où l’on trouve tant
de moyens de distraction , tandis que Cogolin , petit
village du département du Y a r , eût été pour lui une
espèce de solitude qui l’aurait engagé à reprendre ses
travaux.
A peine le docteur Daulioulle fut-il connu des méde
cins marseillais, qu’ils s’empressèrent de l'avoir pour
a m i, car on gagne toujours à fréquenter les hommes
de mérite. Il fut reçu membre de la Société royale
de médecine , le 19 avril 1817, et ce fut peut être
pour lui un malheur , s’étant dès-lors livré de nouveau
à l’étude, et avec plus de vivacité , comme s’il avait
voulu réparer le temps passé dans un louable repos.
Bientôt il communiqua une observation sur une hémoptisie causée par la présence des vers lombrics et
la Société royale de médecine qui sut apprécier les
connaissances de notre estimable collègue , ne pouvait
mieux en donner des témoignages qu’en le chargean
�X
( aD2 )
souvent de quelques rapports ou autres fonctions hono
rables qui le mettaient dm s le cas de se signaler.
Dans la séance publique tenue par l ’honorable Com
pagnie, le onze octobre 1818 , le docteur Daulioulle
prononça un discours acade'mique ayant pour titre :
De l'imagination et de son ùifluence sur Vhomme.
appartenait à un jeune médecin , qui avait l’imagination
heureuse , qui était érudit et dont la plume était ex
cellente , de traiter un pareil sujet. L ’auditoire en fut
charmé , h en juger par les nombreux applaudissemens
que l ’orateur reçut.
L ’année suivante , le docteur Daulioulle fut élu vicesecrétaire de la Société royale de médecine , et nous ne
trouvâmes pas de sujet plus digne que lu i, d’être as
socié à nos travaux , lorsque nous conçûmes le projet
de publier un nouveau recueil périodique des sciences
médicales. Le docteur Daulioulle n’a donné , à la vérité ,
que quelques analyses dans les premières livraisons de
ce recueil , mais nous comptons pour beaucoup l’in
tention qu’il nous avait souvent manifestée d’enrichir
du fruit de ses veilles le journal dont il se félicitait
d’être l’un des rédacteurs , et nous devons le dire , sa
grande modestie l’empêcha d’écrire bien des fo is, outre
que sa santé étant très-délicate , il se voyait forcé de
ne pas trop l’altérer par de pénibles occupations. Ce
pendant , le docteur Daulioulle éprouvait depuis quel
que temps un certain mal [aise ; bientôt plusieurs signes
précurseurs d’une affection de poitrine , l’engagèrent
à quitter Marseille et à revenir sous le toit paternel
( au commencement de l’été 1821 ) dans la vue de re
cevoir , au sein de ses parens , tous les secours que sa
position réclamait. Malgré tous ces secours, malgré les
ressources thérapeutiques les mieux indiquées , le mal
fut toujours en augmentant et le m alade, qui en pré
voyait le funeste résultat, traça , d’une main tremblante,
11
�(a53j
quelques mots qu’il adressa, dans le courant d’octobre,
à la Société royale de médecine , pour la prier de vou
loir bien le considérer comme démissionnaire, ne pou
vant plus , disait-il, à son grand regret , continuer de
rem plir ses fonctions de membre titulaire. Profondément
ém ue, à la lecture de la lettre de notre infortuné col
lègue , la Société délibéra de lui adresser un diplôme
d'associé-correspondant.
Bien que le docteur Datilioulle sentît ses propriétés
vitales diminuer progressivement, il n’en supportait
pas moins ses souffrances avec résignation , entra, il a
rendu paisiblement le dernier soupir, le neuf novembre
l8 î i , à la suite de la phthisie pulmonaire , âgé de
trente quatre ans. Ainsi à da fleur de son âge , notre
cher collaborateur a été enlevé à sa famille désolée , à
ses amis dont il fesait les délices , à son pays qui se
glorifiait de lui avoir donné le jour.
Entr’auti'es qualités heureuses que la nature avait
prodiguées à Daulioiille, des mœurs douces et honnêtes
lui attirèrent l’estime et la confiance de chacun. Jamais
il ne sortit de sa bouche la moindre expression indé
cente, surtout en présence du sexe, auprès duquel
il se rendait aimable par mille prévenances ; il n’eu
fallait pas davantage pour qu’on s’empressât de l'ad
mettre dans les bonnes sociétés. Quelques personnes
furent même jusques à le surnommer le médecin des
dames.
.Nous laissons à la Société royale de médecine de Mar
seille , qui publiera sans doute l’éloge de notre a m i, le
soin de m ontrer mieux qu’on ne saurait l’exécuter dans
une simple notice nécrologique , ce que ce médecin
recommandable eût pu faire d’avantageux pour la science
et l'humanité , en les servant plus long-temps.
�(
254 )
A N A L Y S E
D TJ
J O U R N A L
DE
PHARMACIE.
(Cahiers de ju illet, août, septembre , octobre et novembre.)
— N.° de Juillet. — M. Boullay, dans un mémoire lu
à l’Académie royale de médecine , donne une notice sur
le principe amer de l'iiuilc de Carapa , considéré comme
un alcali végétal. L ’eau , les acides et l’ulcoliol sont
employés successivement sur l’huile de Carapa. L ’acide
sulfurique à 2 degrés est soumis à l’ébullition avec
grammes de cette huile. Le sulfate qui en résulte, traité
par l’alcohol, se dissout dans le fluide. La solution alcobolique du principe amer sulfaté , concentrée, décom
posée ensuite par la magnésie en excès , et reprise de
nouveau par l’alcohol , a fourni, par sou évaporation
len te, une pellicule du plus beau blanc mat , d’un
aspect nacré , d’une saveur excessivement amère , trèssoluble dans l'eau , dans l’alcohol et dans les acides ,
insoluble dans l’elber sulfurique.
Cette matière dissoute dans l’eau , fait repasser au
bleu d’ une manière très-prononcée , le papier de tour
nesol rougi par un acide.
Les acides acétique et hydro-chlorique enlèvent aussi
très-bien à l’huile de Carapa, son principe amer. Les
produits de ces combinaisons cristallisent irrégulière
ment. C ’est à propos de la purification de ces sels, que
M, Boullay annonce que le charbon animal est d’un
très-grand secours pour la purification du sulfate de
quinine. M. Boullay croit , au surplus , que l’alcali
du Carapa est vénéneux ; il 11’a pas eu assez de cette
substance pour la faire soumettre à quelques essais phy
siologiques sur des animaux.
25
�(
255
)
— On distingue ensuite l’observation de M. Henry sur
la préparation du sulfate de quinine , et le nouveau pro
cédé pour l’obtenir. Cette observation est suivie d’une note
de MM. Pelletier et Caventou , en réponse au mémoire
de M. Henry. Ayant déjà traité, dans l’avant dernier N.°
de l’Observateur provençal, le même sujet sur la pré
paration de ce sulfate , et ayant eu occasion de men
tionner non-seulement le procédé de l'auteur , mais en
core celui de M. Robert, auquel j’ai donné la préféfence, je crois devoir me dispenser de reproduire les
mêmes faits. Il me suffit d’observer que plusieurs de mes
confrères de Marseille , ont reconnu , comme moi ,
l ’avantage d’employer l’acide hydro-chlorique, au lieu
de l’acide sulfurique , conseillé par M. H enry, pour
l ’extraction des bases salifiables de quinquina.
— C ’est ici le cas d'annoncer à nos lecteurs que M.
Robert, dans l’un des derniers N .os du Bulletin de la
société médicale d’émulation , vient d’ajouter des moyens
plu? prompts et plus économiques pour la préparation
du sulfate de quinine. Ce pharmacien assure qu’il peut
se passer de l’alcohol , jusqu’ici employé pour le lavage
de la lacque. Voici comme il opère : il sature les dé
coctions acides de quinquina, par du carbonate de chaux
en poudre ; au moyeu de cette opération, dit-il , ou
ne précipite presque que de la matière colorante. L a li
queur filtrée et incolore est ensuite traitée par la chaux
qui sépare un précipité qui a quelque analogie avec la
quinine ; puis il traite le précipité par de l’eau aiguisée
d’acide sulfurique. Cette liqueur colorée est combinée
avec du charbou animal et ensuite filtrée ; il se produit
après le refroidissement de la liqueur , des cristaux
de sulfate de quinine.
— MM. Prével et Lésant, pharmaciens à N antes,
produisent un essai sur les propriétés physiques, chi
miques et médicales des eaux de Forges.
résulte de
11
�(
9-56 )
leur examen analytique que les eaux de Forges con
tiennent de l’acide carbonique , de l’oxide de fer , des
hydro-clilorates de magnésie et de ch au x, du sulfate de
ch au x, une matière grasse, une matière extractive et
de la silice. Les réactifs employés pour reconnaître la
présence et les quantités de ces substances , sont : la
teinture de tournesol , le sirop violât , la poudre de
noix de galles , l’bvdrocianate de potasse ferrugineux ,
le sous-carbonate de soude , la potasse purifiée , l’eau
d e chaux , le nitrate d’argent , l’acétate de p lom b,
l ’hydro-cldorate de baryte et de sulfate de fer vert.
— MM. Mërat, C a illo t, père et fils , pharmaciens
à A u xerre, o n t, à l’imitation de M. Gay-Lassac , em
ployé avec succès . le phosphate acide de chaux à o à
degrés de concentration pour en imprégner le linge
et les étoffes , et les rendre aussi incombustibles qu’au
moyen du phosphate d’ammoniaque utilisé, pour le
meule objet , par M. Gay-Lussac. (i) Les linges im
prégnés de phosphate acide de ch au x, se carbonisent
néanmoins lorsqu’ils sout exposés à une flamme trèsintense ; mais la carbonisation ne s’opère pas au-delà
du foyer , dans leîjiiel ils se trouvent plongés. Des allu
mettes soufrées par leur extrémité et imprégnées de ce
sel , n’ont pu s’enflammer. Lorsque l’on allume le
soufre, celui-ci b r û le , mais l ’allumette ne brûle pas.
La combustion même du soufre semble être ralentie.
— La société de pharmacie propose un prix de 600 fr.
sur les questions suivantes :
i .° Déterminer quelle est la manière d’agir du cliar-
3
35
(1) Dans les annales de chimie et de physique d’octobre 1811 (
on voit les détails curieux des nouvelles expériences de M. Gayssac
JAL
, desquelles il résulte que l’ Iivdi'O-chlorate , le sulfate , le
phosphate et le borate d'ammoniaque , le borax et quelques
mélanges de ces sels, sont les substances les pins convenables
pour rendre les tissus incombustibles ,
altérer leurs qualités.
sans
�(
2^7 )
bon animal dans la décoloration , et par conséquent
quels sont les cliangemens qu’il éprouve dans sa com
position pendaut sa réaction.
i . ° Rechercher quelle est l’influence exercée dans
cette même opération , par les substances étrangères
que le charbon animal peut contenir.
.° Enfin , s’assurer si l'état physique du charbon
animal n’est pas une des causes essentielles de son ac
tion plus marquée sur les substances colorantes.
U n 2.c prix de oo fr. sera décerné à l’auteur de la
meilleure analyse végétale. La société désirerait que les
vues des analystes se tournassent plus particulièrement
sur une substance médicamenteuse, ou au moins une
substance très-employée dans les a rts, afin qu’il ré
sultât un avantage plus marqué de son examen. Le
terme du concours est rigoureusement fixé au i . cr avril
1822.
Les mémoires devront être adressés à M. Robiquet,
secrétaire-général de la société , rue de la Monnaie ,
n .° q. Chaque auteur annexera à son mémoire son nom
et son adresse sous enveloppe cachetée.
— Une lettre de M. Boutron Charlard, et sa réponse
par M. Cavenf.au , sur le tapioka factice , terminent avec
un article de bibliographie , le journal de pharmacie
de juillet. On y remarque aussi une note sur la sophis
tication de la potasse , au moyen du carbonate de
soude rendu bleuâtre par du carbonate du cuivre. M.
Cadet , qui a signalé cette falsification , assure que l'ad
ministration des hospices et celle des prisons ont perdu
une grande quantité de linge par l’ usage de cette pré
tendue potasse , sous le nom de laquelle plusieurs
falsificateurs vendent un simple mélange de chaux et
de sel marin , fortement calcinés ensemble.
N .° d'Aodt. — MM. Petroz et Robinet ont fait
l ’analyse de l’écorce de carapa, que M. M ille, proprié-
3
3
T . IL
18
�(
258 )
taire à Cayenne , leur a adressée ; M. M ille attribue des
propriétés fébrifuges à cette écorce, qui est très-amère.
Voici le résultat de son examen chimique : comparée
par ses décoctions avec celles de quinquina , elles n’ont
occasioné aucun précipité par la noix de galle et l’émé
tique. La colle les a précipitées en blanc brunâtre et le
sulfate de fer y a produit une couleur verte.
Cependant, ayant employé successivement l’alcohol
fro id , l ’alcohol chaud , l’eau et l’acide acétique sur
l ’huile de Carapa, ces chimistes ont conclu de leur ana
lyse que cette écorce contient : une matière alcaline ,
de l’acide kinique , de la matière rouge insoluble ( rouge
cinchonique ) de la matière rouge soluble , de la matière
grasse verte et un sel de chaux.
Les petites quantités d’écorce de Carapa , que MM.
Petroz et Robinet ont pu se procurer , ne leur ont pas
suffi pour s’assurer si l’acétate de la matière.alcaline était
susceptible de cristalliser, résultat qu’ils n'ont pu ob
tenir dans leurs essais. Ils en appellent , en consé
quence , aux personnes qui voudraient bien leur pro
curer de cette écorce pour continuer leurs expériences.
— Des considérations sur l’origine du mais et sur son
analyse chimique , sont l’objet d’une notice de M. Virey.
L e premier auteur qui ait parlé du maïs en i/f , est
Pierre M artyr, après le premier voyage de Christophe
Colomb : cette graminée était cultivée alors par les
insulaires de Haïti , ou St.-Domingue. L ’auteur fait
connaître le résultat suivant de l’analyse chimique da
maïs par John Cor hum , faite en Amérique ; ea u ,
fécule amilacée , zéïne ( matière particulière ) albumine,
matière gommeuse, sucre , principe extractif, enveloppes
et matière ligneuse, phosphate , carbonate et sulfate da
chaux.
M. Virey termine ses observations par promettre da
prouver dans son Histoire naturelle du genre humain ,
93
�(2 5 9 )
que plus les substances alimentaires sont grossières , et
moins élaborées , plus elles semblent appesantir davan
tage les intelligences,ou plonger les êtres dans un profond
abrutissement.
— M. Pelletier donne un précis de son Analyse ebimicpie du poivre , et quelques détails sur l ’analyse que
j’ai faite en même-temps de cette substance. Il résulte du
principal examen de çes deux travaux insérés , l’un dans
les Annales de chimie et de physique , et l’autre dans
Y Observateur provençal des sciences medicales , que le
poivre contient une substance cristallisable à laquelle
nous avons donné , chacun isolément, le nom de pipérin,
parcequ’elle n’était ni acide , ni alcaline , et que sous ce
rapport, elle différait essentiellement de celle que M. le
professeur Œrstaed avait nommée piperine.
Il s’en suit néanmoins , des détails que M. Pelletier a
fournis dans le N.° du Journal de pharm acie, que ce
chimiste avoue franchement que je me suis occupé ,
presque en même temps que lui , de la découverte
du pipérin. Je dois annoncer , cependant , que M. P el
letier , tout en donnant une analyse exacte de sa notice,
a produit la mienne très-imparfaitement, surtout lors-;
qu’il a observé qu’il éprouvait quelque embarras pour
en donner l’extrait sans répéter ce qu’il avait dit sur
son propre travail , tant il croit qu’il y a conformité
entre nos deux analyses. M. Pelletier a fait cette omis
sion importante , que je traite d'abord la matière rési-,
noïde du poivre par l’eau aiguisée d’acide hydro-chlorique,
ensuite , comme le dit seulement M. Pelletier , par la
potasse et par l’eau , puis par l’alcohol, pour en obtenir
le pipérin. Nos travaux ne se ressemblent donc que par
l ’emploi de, l’alcohol sur le poivre et par l’obtention du
pipérin au moyen de procédés différens. J’avoue ensuite
que le travail de M. Pelletier est infiniment supérieur
au mien sous le rapport de l’aualyse chimique du poivre
�( 260 )
que je n’ai pas prétendu faire complètement , et à la
quelle j’ai donné une certaine extension par la distilla
tion du poivre à feu nu. Le sel volatil ou carbonate
d'ammoniaque que j’ai obtenu de cette substance, à l’imi
tation de L cm ery , fixe particulièrement l’attention de
M. Pelletier qui annonce d’abord que lé principe azoté
n’est pas dû à la matière grasse , ni au pipérin. Ce
chimiste soupçonne que c’est la matière extractiforme
qui le produit. Ne serait-ce pas plutôt le résultat de la
décomposition de la matière amilacéedu poivre ou d’une
portion de gluten qui aurait échappé à l’analyse ?
—. M. Ouïes , pharmacien à Paris , donne la for
mule suivante pour la préparation d’ un sirop d’orgeat
homogène.
Amandes douces , bien choisies, . . deux livres.
Id.
am ères, ................................. une livre.
Eau filtrée, ............................................ six livres.
Sucre ro y a l, ............................................ dix livres.
Eau essentielle de feuilles d’orangers ,
six onces.
Essence de citron
............................six gouttes.
11 monde les amandes de leur pellicule au moyen de
l’eau bouillante ; il les lave à l ’eau froide , il les pile
avec le quart du sucre à employer , jusqu’à ce que
l’huile surnage de beaucoup la masse , en ayant soin
de ne pas ajouter de l’eau qu’elle ne soit à ce point : en
cet état , ôn l’ajoute peu-à-peu pour former l’émulsion ;
on la soumet à la presse ; on y ajoute le sucre qui
reste , on chauffe de
à ® degrés environ , on
passe , on laisse refroidir , on enlève , d it-il, l’albumine ;
on aromatise et l’on met en bouteilles.
Je n’ai pas encore eu occasion d’utiliser le procédé
de M. Ouïes. Tout ce que je puis lui assurer , c’est
que ce procédé parait 11e pas lui appartenir, puisqu’on
le trouve dans Baume et aux remarques de cet auteur ,
sur le sirop d’o rg ea t, où il observe qu’en pilant les
36
4
�/
( »6i )
amandes avec une partie du sucre , on forme un oleosaccharum qui divise l’iiuile davantage et fait qu’elle ne
se sépare plus avec la même facilité ; ensuite que j’ai
vu pratiquer avec succès , en a8o4 , un pareil moyen
par M. Gavinet, pharmacien distingué de Lyon. Il suffit
d’ailleurs de faire dissoudre à une douce chaleur , le
sucre en pain dans l’émulsion d’amandes , pour que la
matière amilacée de ce sirop ne s’isole presque pas
quelques jours après sa préparation , tandis que cet
entier isolément dans le sirop d’orgeat de nos liquoristes , est dû à la haute température où se trouve le
sucre réduit à la grande plum e, lorsqu’on y ajoute
l ’émulsion qui éprouve souvent un degré d’ébullition
plus ou moins prononcé.
— L ’analyse chimique d’une liqueur contenue dans
deux poches situées entre le péritoine et les intestins de
la tortue des Indes , par MM. L ctssagne et Baissai, se
trouve aussi dans le journal de phannacie , avec l’exa
men de quelques eaux de source , par M. Tordeus
L ’éloge de P lin e , le naturaliste, par M. Fc'a, termine
ce N.° ; on y remarque ce passage dicté par des pensées
nobles et philantropiques : « Des révolutions peuvent
» saper l'édifice social ; des guerres renverser les em» pires : les conquérans , qui trop souvent triomphent
» pour détruire , s’occupent encore des sciences utiles ,
» en portant une main sacrilège sur le {monument des
3» beaux-arts; palais, temples, cirques, tout disparaît.
» Ils abandonnent à la poussière des bibliothèques , ou
» livrent aux flammes ces manuscrits , fruits ignorés
» des loisirs d’un peuple dont tous les besoins sont sa» tisfaits ; mais ils respectent la cabane du laboureur,
» l ’atelier du tisserand, et le peu d'écrits vraiment
» utiles que dicta l’amour du bien. Ainsi trouvèrent
» grâces à leurs yeux les écrits de Pline et de Collu» molle ; ainsi seraient conservés par un vainqueur
�(
2 Ô7.
)
« ignorant el barbare les écrits immortels du philan« trope et vertueux Parmentier. »
ZV.° de Septembre. — Des observations sur la ma
tière colorante du safran , par M. Henry^ démontrent
que c’est plutôt à l’huile volatile qu’on doit attribuer
les propriétés du safran qu’à sa matière colorante :
cette dernière substance s’j trouve dans la proportion
de
pour cen t, et l'huile volatile dans celle d’un
dixième.
— M. B a itf, pharmacien à Vevai , a fait l ’examen
analytique du sulfate neutre de quinine et du sur-sulfate
du même alcali. Il est étonnant que M. B a iif ne men
tionne pas le mémoire de M. Piobiquet, inséré dans le
N.° de juillet du Bulletin de hi Société médicale d’é
mulation , et dans lequel on voit l’analyse des principes
constituans du sous - sulfate de quinine et de son sur
sulfate. Aussi MM. les rédacteurs du Journal de phar
macie invitent-ils leurs lecteurs à lire sur le même
sujet, le mémoire de M, RobiquaC.
— Les racines de pareira-brava ont été analysées par
M. Feneutte, pharmacien à Cambrai ; il y a trouvé
une résine molle , un principe jaune avec un principe
brun , de la fécule , une matière annualisée , du malate
acide de chaux , du nitrate de potasse et sel ammo
niacal et sels minéraux.
— P, M. les rédacteurs du journal de pharmacie font
connaître avantageusement un ouvrage de M. Decandolle , intitulé : Regni vegetabilis systema naturelle, sire
Ordines , généra et species plantarum secundum methodi naturelles. Normas digcstarimi et descriptàrum.
Toin. j . or et 2 , Paris , in-8.9 , chez Treuttel et W urtz ,
rue de Bourbon, n.° 1 7 , deux forts volum es, en petit
caractère , grande justification. Après avoir apprécié le
mérite de cet ouvrage, nos savans confrères s’expri
ment ainsi à l’égard de M. Decaiulolie : «
ne fait
3
1
11
�( a63 )
*)
»
»
»
»
»
»
»
point parade des académies auxquelles il aurait le droit
d’appartenir mieux que tant d’autres auxquels l’intrigue sert de talent ; mais c’est aux petits hommes
qu’il est réservé de se renfler et de se hausser , et souvent les dignités pleuvent sur eux. Pour M. Decandolla,
il n’en a pas besoin ; son nom est inscrit sur des
livres qui ne laisseront point sa réputation et ses
talens dans l’oubli. »
— M. Vircy fait la description du carapa oleifera, il
le range comme Wildenow et Linné dans l’octandrie
monoginie ; ces célèbres auteurs l’avaient désigné sous
le nom de persoonia guareoïdes , et Auble.t sous celui
de carapa. Ce dernier dit avoir vu de ces arbres de
soixante à quatre-vingt pieds de hauteur dans presque
toutes les forets. Son fruit, qui naît par grappes, est
une capsule îi quatre côtes, arrondies de quatre pouces
de diamètre, s’ouvrant par la pointe en quatre valves.
O n trouve dans l'intérieur plusieurs amandes anguleuses,
irrégulières, placées les unes contre les autres , et seu
lement séparées par une cloison membraneuse sèche.
Ces amandes, couvertes d’ une Avilie roussàtre coriace ,
sont blanches et solides , très-huileuses ; amères intérieu
rement. On sait que l’huile de ces amandes s’extrait par
ébullition dans l’eau , ou par expression. Elle sert avec
le rocou pour oindre la peau nue des gaiibis sauvages ,
et leurs cheveux , afin d’écarter les insectes par son
amertume, on pour défendre le corps de l'humidité dans
un pays si sujet aux pluies équinoxiales. J ’ai vu ici de
cette h u ile, elle est très-amère ; sa couleur est jau
nâtre ; elle est fortement figée.
— M. Dessol les , pharmacien à Besançon , a retiré
une nouvelle base organique de la morelle ( solanunt
nigrum ) : il obtient la solanine en versant de l’ammo
niaque , dans le suc filtré des baies de morelle : l’am
moniaque détermine la précipitation d’une matière gri-
�264
(
)
sâtre q u i, recueillie sur un filtre , lavée et traitée par
l’ulcohol bouillant, donne par l’évaporation la base salifiable qui se trouvera de suite assez blanche , quel
quefois nacrée et absolument semblable à la cholestérine,
on obtient tous ces résultats , si l’on a opéré sur des
baies parfaitement mûres.
La solaniue est sans odeur , sa saveur est légèrement
amère et nauséabonde. Combinée avec les acides, elle
ne produit pas des sels cristallisables. Les résultats de
ces combinaisons sont gommeux , transparens et sus
ceptibles d’être pulvérisés.
— MM. Chevalier et Lassa igné se sont occupés de
l ’analyse chimique des eaux minérales de Pontivi. La
source supérieure leur a donné pour résultat, du chlo
rure de sodium , du chlorure de calcium , de l’oxide
de fer , de la silice ; et celle de la source inférieure ,
du chlorure de sodium , de l’oxide de fer , de la silice
et du muriate de fer , résultat de la décomposition du
même métal , par le chlorure de sodium uni à la
matière animale.
A cette analyse succède celle de M. H y b o rd , qui
s’est occupé de l’examen chimique de nouvelles eaux
minérales de la Perrière , près de la ville de Moutiers,
en Tar'antaise. M. Virey pense que M. K jh o r d , médecin,
inspecteur de ces eaux , n’a point fait exactement son
analyse ; c’est pourquoi il se contente d'en donner
les résultats suivons sans les garantir :
Gaz acide hydrosulfuré et carbonique , plus de leur
volume ; un principe végéto-ammoniacal distinct ; une
petite quantité d'huile petrole , de sulfate de chaux ,
de magnésie et de soude , d’hydro-chlorate de soude ,
des carbonates de magnésie et de fer, de la silice et
un peu d’alumine.
— M. Briant, pharmacien de Paris , produit une note
particulière pour la préparation de l’onguent populéum;
�( a
65
)
mais comme MM. les rédacteurs du journal de pharmacie
ne leur donnent point avis sur ce moyen , nous nous
bornerons à conseiller à nos confrères d’user du pro
cédé du Codex, à moins qu’ils ne veuillent, comme
M. B ria nt, préférer d’altérer les principes des plantes,
plutôt que ceux de la-graisse à laquelle il n’ajoute les
plantes que lorsqu’il a fait évaporer isolément une
grande portion de leur humidité.
— Le second mémoire de M. Serulas , sur les alliages
du potassium et sur l’existence de l’arsenic dans les prépa
rations antimoniales usitées eu médecine , termine le
journal de pharmacie du mois de septembre.
L ’importance de ce travail . n’ayant permis à MM. les
rédacteurs du journal de pharmacie que d’en donner
un extrait même assez étendu , nous croirions ne rem
plir aucune des vues de l’auteur si nous en rétrécis
sions encore plus le cadre. En conséquence, nous in
vitons nos lecteurs qui seraient curieux d’apprécier le
mérite de cet ouvrage , de le lire en entier. Je vois en
mon particulier, avec plaisir, que M. Serulas , l’un des
pharmaciens principaux de l’ancienne armée , donne des
preuves d’ un véritable talent , après s’être distingué
dans l’art de fabriquer les sirops et conserves de raisins.
M. Serulas a justifié , comme quelques autres chimistes,
l’opinion favorable que M. Parmentier avait conçue de
ses connaissances et de son amour pour le bien public.
P outet.
N.
° d'Octobre. *— Recherches sur l ’action des acides
sur la cire , par A l. J ulia .
La cire a été l’objet des recherches de quelques chi
mistes ; mais on n’a point examiné l ’action que les
divers agens chimiques exercent sur elle. Cherchant
un procédé propre à 'suppléer à celui qu’on suit pour
la blanchir, qui est souvent long et impraticable, M-
�( 266 )
Julia s’est livré a l’examen des cliangemens que lui
font éprouver les principaux acides.
T ie n t-d e u x grammes d’acide sulfurique étendu dans
trois parties d’eau sur trente-deux grammes de cire jaune,
le tout mis dans un vase , placé sur un bain de sable,
après avoir allumé le fourneau , a fait acquérir à la cire
une couleur blanchâtre , dès que la liqueur est entrée
en ébullition.
Cette expérience tentée de la même manière avec
l’acide nitrique , étendu dans quatre parties d’eau , a
fait prendre à la cire une couleur grise ; en y ajoutant
de temps en temps de nouvelles portions d’eau, elle est
devenue plus blanelie que la précédente. Avec l’acide
hydro-chlorique , étendu de six parties d’eau , la cire
n ’a pris une couleur grise qu’au bout de trois quarts
d’ heure.
La cire jaune introduite dans du chlore en un vase
à l’abri de la lumière , a blanchi parfaitement au bout
de quelques jou rs, et le chlore s’est trouvé converti
en acide hydro-chlorique
En employant l’acide nitro-muriatique , la décolora
tion ne tarde pas à s’opérer. Les acides oxalique , acé
tique , tartarique et citrique sont sans action.
Le procédé que l’on suit pour le blanchiment de la
c ir e , consiste à la fondre et à la couler en rubans
minces , qu’on expose plus ou moins de temps à la
rosée et à l'air. Par cette opération , elle absorbe l’oxigène de l’a ir , qui eu détruit la couleur jaune.
— Analyse de la racine de nénuphar, par M. M orin.
Si le nénuphar mérite d’être banni du catalogue des
médicamens comme anti-aphrodisiaque , il doit y occuper
une place comme tonique , ainsi qu’il est prouvé par
les difl’érens procédés analytiques auxquels s’est livré
M. Morin.
serait superflu de les énumérer tous, vu
que la matière médicale est assez riche de médicamens
11
�( 267 )
cïe ce genre ; qu’il nous suffise d’apprendre qu’en ré
sumé cette racine contient : t.° de l’amidon , 2.0 du
m uqueux; S.® une combinaison de tannin et d’acide
gallique qui peut le rendre très-utile en teinture; 4-°
une matière végéto-animale ; 5.® de la résine et une
matière grasse ; 6.° un sel ammoniacal ; 7 .0 des acides
malique et pliospliorique combinés à la chaux ; 8.® de
l’acide tartarique ; 9.0 de l’acétate de potasse et de sucre
incristallisable ; io.° de l’ulmine et de ligneux.
— Expériences sur la conservation des oeufs , par
M. C adet .
La conservation des substances alimentaires a été,
depuis quelques années , l’objet des recherches ingé
nieuses qui ont fait connaître des procèdes utiles. Le
principe sur lequel repose cette conservation , c’est-àd ire, la privation totale de l’air , doit être regardé comme
un principe général , et l'on peut croire que l’on con
servera la plupart des substances alimentaires , toutes
les fois qu’on pourra les soustraire à l’action de l’at
mosphère et de l’humidité.
Le 24 novembre 1820, M. Cadet renferma six œufs
frais dans un bocal de t'erre rempli entièrement d’eau
de chaux avec excès de chaux ; le 8 septembre 18 2 1,
le conseil de salubrité chargea MM. Pariset et M arc de
constater le résultat de cet essai , un des œufs q u i, par
accident , s’était tendu sans se briser , était entière
ment coagulé, sans répandre aucune odeur, les autres
œufs étaient pleins et avaient conservé leur transpa
rence. Cuits , pendant trois minutes , il ont paru de
fort bon goût.
— Sur l ’huile volatile des amandes amères comme
poison, par M. V o g e l , de. Munich.
Les effets vénéneux de l ’huile des amandes amères
obtenues par la distillation ont été confirmés au point de
regarder 'nomme un poison violent , et capable de pro-
�( 268 )
«luire subitement la mort. Ces effets ont été attribués à
la présence de l’acide prussique plutôt qu’à l’huile
môme. Il s’agissait de savoir si l ’huile bien isolée et
complètement isolée de l'acide prussique, peut être en
core considérée comme poison. C ’est ce que M. VogeL
s’est proposé de résoudre.
Pour enlever complètement l ’acide prussique à l’huile,
un gros de cette dernière a été agité avec une dissolution
concentrée de potasse caustique pendant deux heures ;
alors distillée avec la potasse liquide dans une cornue
de verre jusqu’à siccité. Il passait dans le récipient, outre
l’eau provenant de la dissolution alcaline , une huile
transparente sans couleur qui s’enfonça dans l’eau.
Pour être certain que cette huile était réellement privée
de tout son acide prussique, elle fut soumise à une
seconde distillation avec une nouvelle quantité de potasse
en dissolution ; niais cette fois le résidu dans la cornue
ne décelait plus un atome de prussiate de potasse d’où
il fut conclu que le produit volatilisé était dépourvu
d’acide prussique.
Il restait à examiner si l’huile parfaite , privée d’acide
prussique , agit encore comme venin sur les animaux.
M. Vogel mit en effet une seule goutte de cette huile
sur la langue d’un m oineau, qui mourut dans quelques
secondes ; un autre éprouva le même sort. Un chien,
qui en avala quatre gouttes , eut une respiration pé
nible , vomit beaucoup d’écume viqueuse et s’assoupit
pendant deux heures , il languit et la mort s’en suivit
au bout de huit jours. Il eut succombé plutôt sans les
Yomissemens qu’il avait éprouvés.
O n peut conclure de ces faits , que l’huile essentielle
d ’amandes amères , bien purifiée, est douée , par ellemême , indépendamment de l’acide prussique , de pro
priétés très-vénéneuses.
�( 269 )
— Nouvelle Flore des environs de Paris , 2.p édition,
2 vol. ire-18.
Un rapport avantageux sur cet ouvrage a été fait à
la Société de pharmacie , par M. Fée , sur cet ouvrage.
M. M rat a rendu un grand service à la science , en
donnant la Flore des environs de Paris , à i lieues à
la ronde. Nous fesons des vœux pour que les médecins
de toutes les villes de France aient la louable idée de
s’occuper de la Flore des environs des lieux où ils sont
appelés ù exercer leur art.
N .° de Novembre. — De Vaction de l ’acide sulfurique
sur les muriates ; extrait d ’un mémoire de M . V ogel.
O11 sait que tous les muriates terreux et alcalins, mis
en contact avec l’acide sulfurique concentré , font une
effervescence due à un dégagement d'acide muriatique.
Cette effervescence n’a cependant pas lieu avec l’acide
sulfurique , qui est mêlé auparavant avec partie égale ,
ou une plus grande quantité de son poids d’eau.
Comme plusieurs muriates métalliques ne se compor
tent pas de la même manière avec l’acide sulfurique
concentré, et qu’on observe au contraire beaucoup
d’anomalies dans cette action , M. Vogel a fait une série
d’expériences sur cet objet pour en observer et examiner
les phénomènes. Il en résulte rigoureusement i.* que
le muriate de cuivre n’est pas décomposé par l’acide
sulfurique sans le secours de la chaleur ; et que l’effer
vescence due au dégagement du gaz acide muriatique,
n’a lieu qu’à une température élevée ;
2.0 Que les muriates de fer laissent dégager le gaz
acide muriatique avec une vive effervescence à une
température ordinaire.
. 0 Que l’acide sulfurique se comporte de la même
manière envers les muriates de zinc et de manganèse.
-° Que le proto-muriate de mercure ( calomelas ) n’est
ni décomposé, ni dissout par l’acide sulfurique sans io
5
3
4
�( 272 )
sur les roses rouges , a démontré pareillement la pré
sence du fer , mais en beaucoup plus petite quantité.
D o n c , la présence du fer n’est nullement la cause
de la couleur rouge des roses. Nous ne suivrons pas M.
Cartier dans ces essais sur la nature de cette couleur
rouge 1 mais nous remarquerons , par les résultats qu’il
a obtenus , que la décoction des roses de Provins con
tient une matière colorante , rougie par un acide , mais
susceptible d’être ramenée par les alcalis au vert. La
manière dont agit cette décoction sur le sulfate de fer
et sa saveur astringente , dénotent assez que cet «ffet
est dû à la présence de l’acide gallique.
Des essais sur l’emploi de la décoction de rose en
teinture ont été faits par M. Cartier ; cet objet pure
ment commercial ne saurait figurer dans un ouvrage
qui n’est destiné qu’aux, gens de l’art.
— Analyse chimique de l'humeur de la teigne , par
M . M orin , pharmacien.
On sait que la teigne consiste en une éruption pus
tuleuse du cuir chevelu, mais on ne s’est point occupé,
sous le rapport chimique , de la matière secrétée, dans
cette maladie. Ce travail peut être de quelque utilité à
la -thérapeutique, c’est dans ce but que M. Morin l’a
entrepris. Cette hum eur, traitée par tous les réactifs,
tant alcalins qu’acides , puis par l’incinération dans
un creuset, a démontré qu’elle contenait : i.° de l’am
moniaque à l’état d’acétatc acide ; 2.0 de l’osmazone ;
.° de la gélatine ; -° de l’albumine fluide ; .° de
l ’albumine concrète très-abondante ; 6.° une matière
grasse ; 7.0 du chlorure de sodium ; 8.° des tracés de
phosphate et sulfate de chaux,.
3
4
5
F orcade .
�3
— M. Magendie a public, dans le .e numéro de son
excellent journal , le premier exemple de fièvre inter
mittente pernicieuse traitée par le sulfate de quiniue ;
exemple que M. Renauldin avait communiqué verbale
ment à l ’Académie royale de médecine , dans la même
séance où le docteur Bally fit lecture d’un mémoire qui
renferme plusieurs histoires de fièvres intermittentes de
divers types, guéries par le sulfate de quinine. À cette
époque , M. Magendie rapporta le fait d’ une fièvre tierce ,
dont six grains seulement du même remède suffirent
pour faire cesser les accès. Ce savant médecin a ou
ensuite l'occasion de voir l’alcali du quinquina, donné
à une faible dose , guérir une fièvre intermittente per
nicieuse, dont une dame de Paris était affectée : « Cette
d am e, dit M. Magendie , âgée de quarante uns en
viron , fut prise tout - à - coup , dans le cours du mois
dernier , d'un accès fébrile, avec perte de connaissance
et délire très-fort. L ’accès fut de six heures ; après quoi
la malade recouvra sa santé première , qui est belle et
forte. Je fus demandé le lendemain. On me raconte
l’événement de la veille , et je crus reconnaître un pre
mier accès de fièvre pernicieuse. Je recommandai qu’on
me prévint aussitôt, dans le cas où la fièvre reparaîtrait ;
ce qui arriva le matin du jour suivant. En voyant la
malade , je n’eus plus aucun doute sur la nature de la
maladie ; c’était bien décidément la fièvre décrite avec
tant d ’exactitude et de talent par Torti. Je prescrivis
trois onces de sirop de quinine ( t) , par cuillerée, de trois
(t)
once,
Ce sirop contient deux grains de sulfate
Foyez mon Formulaire 3 P a ris , 1821,
T . II.
d e quinine p a r
«9
�2-4
(
)
heures en trois heures, dès que l’accès aurait cesse.
J’espérais que cette dose serait suffisante pour couper la
fièvre , et dans tous les ca s, pour éloigner le péril d’un
troisième accès.
Le succès passa mon attente. Non-seulement la fièvre
ne revint pas, mars la santé de la malade n’a pas éprouv d,
depuis ce moment , la plus légère atteinte.
J me semble donc qu’on obtiendrait des effets aussi
avantageux, des alcalis extraits des quinquinas , en les
employant à des doses plus faibles que celles où on les
a employées jusqu’à présent. »
('Journal dephysiologie expérimentale,/^.6 N . °,8.ère 1821.)
1
— Nous devons aussi à M. D u fo u r, médecin de l’hos
pice des Quinze-Vingt , un fascicule d’observations sur
l ’usagé du sulfate de quinine, du sulfate de cinchonine,
du sirop cinchonique. Atteints de fièvres intermittentes,
quotidienne , tierce , double-tierce et quarte , dix ma
lades traités avec ces préparations , après l’emploi des
remèdes généraux, indiqués d’après le tempérament,
l ’âge et la diversité du sexe , ont été guéris plus ou
moins promptement. M. Dufour a remarqué que toutes
les fois qu’il lui a fallu recourir aux purgatifs , après
l ’ usage des préparations fébrifuges précitées , les m a
lades ont éprouvé , le lendemain ou le surlendemain
de la purgation , des accès plus torts que les précédens.
( Revue médicale historique et philosophique, 8.ère 1821.)
— Cinq observations de fièvres intermittentes, guéries
par le sulfate de quinine , ont été communiquées par
M. Lesaive , médecin , ex-chirurgien-major d’armée , à
la Société médicale de Tours , dont il est membre rési
dant. Nous nous contenterons de rapporter deux de ces
observations , en fesant remarquer que les autres les
confirment de plus en,plus , et avant tout, nous croyous
très-important d’annoncer d’après une note de M. le
docteur Haime , que la plupart des membres de U
�27
C
5 )
Société médicale de Tours ont administré le nouveau
remède dans des circonstances semblables , et avec le
même avantage. « T o u tefois, dit M. Hairne, nous ne
devons point taire qu’il a échoué , entre nos mains ,
dans un cas de fièvre intermittente ataxique , pour le
quel nous avons eu promptement recours au quinquina
loxa en poudre , avec un plein succès.
Observation. — « La femme du sieur Vacher, âgée de
ans , d’un tempérament bilieux-lympbatique, et nour
rice , avait éprouvé, outre les fatigues , de vives in
quiétudes sur le sort de son m a ri, lorsque, le 27 juin
au matin , jour où ce dernier cessa d’avoir la fièvre,
elle-même fut attaquée de la même affection. Cet accès,
ainsi que les deux suivans qu’elle eut en tierces , ne fut
point précédé de frisson , ni accompagné d'une grande
so if, ni suivi de sueurs , connue chez, son mari : les
accès furent aussi moins violons. Apyrexie complète les
a8 et o.
La langue étant très-sr.Ie , et aucun symptôme d’irri
tation gastrique n’existant , elle prit le o un émétocatharlique qui l’évacua beaucoup par bas. La fièvre
n’en vint pas moins le premier ju illet, ainsi que je m’y
attendais , les vomitifs comme les purgatifs ne coupant
presque jamais les fièvres intermittentes.
Le 1 , elle prit six grains de sulfate de quinine , de
la même manière que son m ari, et la fièvre disparut
comme par enchantement , pour ne plus revenir. »
Observation. — « Le jeune Ferrand, âgé de i5 ans ,
d’ un tempéramment lymphutico - bilieux , avait gagné
dans un lieu marécageux une fièvre intermittente tierce.
De retour chez ses pareils, ils le purgèrent , ce qui ne
troubla point la marche habituelle de la fièvre. Je vis
ce jeune homme , pour la première fois , pendant sou
g .e accès , qui fut fort, et je prescrivis pour le lende
main quatre grains et demi de sulfate de q u iu in e ,à
35
3
3
�(2 7 6 )
prendre en trois doses. Le jour suivant, la fièvre man
qua pour ne plus reparaître , à sa grande satisfaction.
Pour éviter une rechute , je lui en lis prendre encore
deux grains !e surlendemain de la première dose. Il
est reparti bien portant. »
( Précis de la constitution médicale observée dans le dé
partement d ’Indre et L o ir e , a .c trimestre 1821. )
— Carie sèche de la première et deuxième vertèbre cervicale
et du condyle droit de l'occipital, maladie désignée
généralement sous le nom de mal vertébral, mal de P o tt,
etc.,p a r AI. M eyrieu, D .-M . à Paris , correspondant
de la société de médecine, ch. et pli. du dép .1de l'Eure.
■<Cette observation est principalement remarquable par
la situation de la maladie , ses symptômes bien carac
térisés , la coïncidence de son invasion et de sa marche
avec la phthisie pulmonaire , les circonstances de la mort
et de l’autopsie.
Le nommé L . . . . , Ferdinand-Jean , âgé de 22 ans ,
ancien garçon épicier , taille médiocre , poitrine étroite ,
n ’avait jamais joui d’ une bonne santé , surtout depuis
sis ans , époque de son entrée dans les prisons de
Bicêtre , où il s’est livré avec fureur aux plus dégoû
tantes manœuvres avec les autres détenus.
Dans le courant de janvier 18 19 , engourdissement
général, toux fréquente , avec expectoration muqueuse,
de temps en tem ps, légers rnouvemens fébriles.
Admis à l'infirm erie, le premier lé v rie r, il se plaint
en outre d’une douleur violente à la partie postérieure
du cou ; léger gonflement et pression douloureuse au
niveau de la première et deuxième vertèbre cervicale ;
la tête penchée sur le côté gauche , reste immobile;
les membres thoraciques et abdominaux sont engourdis ,
la déglntition est difficile. On reconnaît la maladie de
Pott. ( Frictions résolutives , vésicatoire, raoxa. ) Les
symptômes restent stationnaires.
�( 277 )
Le i février, une hémoptysie se manifeste (saign ée,
astringens) ; deux jours après l’hémoptysie disparait ,
et l’on substitue les adoucissais
Cependant la maladie vertébrale fait graduellement
des progrès pendant le printemps , tandis que l’affec
tion de poitrine semble se ralentir.
Au mois de juillet , la paralysie des membres thoraci
ques est complette ; celle des membres abdominaux ne
le devient qu'au mois d’août.
A cette époque , la tète est tout-à-fait immobile ; la
phthisie paraît n’ôtre encore qu’au deuxième degré.
Le malade meurt tout-à-coup , dans un mouvement
imprimé à la tète , pendant 'qu’on lui administre des
soins de propreté.
5
Autopsie. Les parties molles de la région postérieure
du cou dégénérées en une substance lardacée, blan
châtre ( matière encéphaloïde ) ; le condyle droit de
l ’occipital carié ; la partie supérieure de la masse latérale
droite de la première vertèbre et l’apophyse odontoïde
profondément cariés aussi ; les ligamens tranverses et
odontoïdiens dégénérés et ramollis ; le prolongement
rachidien présentait une espèce d’étranglement, résultant
de la compression causée par la partie postérieure et
gauche du rebord du trou occipital , car cet os était
véritablement luxé sur la première vertèbre. Du reste ,
le cerveau était intact ; le poumon du côté d ro it, tu
berculeux et très-petit ; celui du côté gauche, également
tuberculeux , mais plus volumineux ; l’abdomen ne pré
sentait rien de remarquable , si ce n’est une rougeur du
péritoine, de l’étendue d’environ six pouces , sur la partie
. moyenne de l’iléon. »
. ( Bulletin des sciences médicales , du département de
l'E u r e
, re.° 64- )
�( 278 )
Notice sur quelques ouvrages de médecine du royaume
de Portugal.
B ien que le P o rtu g a l, par sa situation géographique ,
n’ait pu se ressentir que peu de la secousse imprimée à
toutes les nations de l'Europe, par la révolution fran
çaise , on v a vu présenter de temps en temps des pro
ductions qui pouvaient tendre aux progrès de la science.
G’est ce que nous annonce M. Virey dans cet a rticle,
en observant qu’il n’est pas moins intéressant d’apprendre
ce que font les nations étrangères dans l’art médical ,
et de voir s’étendre les connaissances les plus profitables
à l’humanité. M. Virey nous annonce aussi que le
docteur Bernardin-Antoine G ornez , médecin de la cham
bre de S M. le roi de P ortugal, et membre de l’Aca
démie royale des sciences de Lisbonne , le même qui
nous a fait connaître Pipëcacuanha blanc et le callicocca,
publié par M. Brotero , a fait un ouvrage intitulé ;
Essai dcri nosographique , ou description succinte et
systématique des affections cutanées. Lisbonne, 1820. In-'’ Fig. , planches en couleur.
Dans un second ouvrage , ( Lisbonne , in-4 .0 , 18 2 1,)
M. Gomez a traité des moyens de diminuer l’éléphantiasis, ou le nombre des lépreux qui se trouvent en
Portugal.
4
P. M. Roux.
L e docteur J.-J. H ow e , médecin de l ’hôpital de la
charité de IVew-York , a recueilli plusieurs observations
intéressantes sur une ulcération de la bouche , présentant
nu caractère particulier. Dans les remarques insérées
dans le journal de médecine ( N ew -Y ork médical repotitory, Avril 1821. ) Cette maladie est présentée comme
�279
(
)
nouvelle, et plusieurs médecins des États-Unis d’Amé
rique rie l’ont observée, pour la première fois , que dans
le sein de hôpital de New-York. Cette ulcération se re
marque d’ordinaire sur les enfans de î à 19. a n s, elle
n’atteint point ceux qui sont entrés dans l’âge de la
puberté. Klle sévit sur un grand nombre d’entr’eux en
même-temps. Cinquante enfans, renfermés dans la même
salle , en ont été affectés au même moment. Le premier
symptôme qui en marque l’invasion , est l’abondante
sécrétion de la salive , quelquefois un gonflement d’ une
joue, avec une légère excoriation dans l’intérieur de
la bouche; si on examine alors celle-ci, ou découvre
des points ulcérés le long des gencives , et souvent
sur le côté de la langue ou à la surface de la muqueuse.
Les ulcères des gencives sont d’abord d’une couleur claire,
la surface en est irrégulière , les bords légèrement élevés,
peu étendus. Bientôt ils prennent un aspect noirâtre,
et suintent au moindre toucher , une matière sangui
nolente.
Ceux qui sont placés sur les côtés de la langue , à
l’intérieur de la bouche présentent les mêmes carac
tères , et sont suivis d’un gonflement considérable des
parties environnantes. Une haleine fétid e, mie salive
abondante mêlée avec l’iehor de ces divers points ulcérés,
l'ébranlement et la chute des dents , la carie des alvéoles ,
tels sont les divers symptômes qui signalent la présence
du mal et scs progrès rapides. Lorsque les ravages de
l’ulcération sont aussi marqués, il survient, des phéno
mènes généraux , tels que la (lèvre , qui a d'ordinaire
le caractère typhoïde , les jours du malade sont souvent
en danger; mais dans le grand nombre de cas recueillis
par le docteur Howe , la mort n’a frappé que quelques
enfans. Une bonne nourriture, la privation du th é ,
l ’application de l’acide nitrique étendu d'eau sur la sur
face des ulcères, d’après le précepte du docteur Gilbert
1
�( a8o )
Smith , de New-York , ou! généralement rcur.si dans le
traitement des ulcères des gencives et de la bouche (i).
— Dans un traité sur la fièvre jaune publié récemment
aux Etats-Unis par le docteur Jrvine, on remarque un
grand nombre de faits à l’appui de la non-contagion de
cette maladie , et l'emploi de l’acétate de plomb , pour
calmer l’estomac , lorsqu’il est menacé du vomissement
noir , ou même lorsque ce symptôme est survenu.
— Edmond Porter d'Hunterdon , D . M. ( médical
repository ) a recueilli beaucoup de succès de l’emploi
de l’esprit de térébenthine dans le traitement de la gale.
Il l ’administre à l ’intérieur , à la dose de cinq à trente
gouttes par jour , jusqu’à ce que la maladie soit entiè
rement disparue, ce qui arrive ordinairement dans l’es
pace de quatorze jours.
— La clinique chirurgicale faite par le professeur
Lallemand , à l’hôpital St. - Eloy de Montpellier , est
une source précieuse où les élèves de la Faculté vont àla-fois puiser une solide instruction,des.faits intéressans,
et l’exemple d’un maître q u i, jeune encore , a marqué
d’une manière brillante et rapide dans la carrière de
’enselgnement. Parmi les cas qui se sont présentés ré
cemment à cette clinique , on a remarqué la guérison
d’un anuç contre nature , au moyen de la pince de M,
Dupuytren , l’extirpation d’une tumeur cancéreuse à la
mâchoire inférieure d’ une femme , et l’ablation d’une
tumeur de même nature, à l’avant-bras d’ un homme âgé
de
ans. Plusieurs cas de pupilles artificielles, prati
quées avec succès , une amputation de jambe , deux
opérations de taille sur des enfans de à ans, la cure
rapide d’un anévrisme poplité chez un sujet suisse , au
moyen de la ligature , tels sont les priucipaux faits qui
1
65
3 4
Isnard-Cevoulle
(i) Notre estimable confrère le docteur
a
consigné dans le cahier du journal complémentaire, décembre
1819 , des faits analogues à ceux du docteur
Ho\ve,
�( a8i )
ont fourni à M. le professeur Lallemand l’occasion de
montrer ses connaissances-pratiques, son érudition et
sa dextérité. L’amputé seul a succombé , par suite d’une
phlébite.
— Le premier cahier d'un nouveau journal de mé
decine a paru à Madrid; l'auteur, Ti.ni Juan Lacayà ,
médecin et tachygraphe des cortès , voudrait « que tous
les gens de l’art fussent tachygraphes , pour écrire les
questions qu’ils font aux malades, les réponses de ceuxci et les observations qui en résultent, afin d’avoir
toujours sous les yeux la véritable histoire de chaque
maladie. » Ce nouveau jou rnal, dont nous présenterons
à l'avenir une analyse raisonnée et critique, traitera
uniquement de la philosophie de la médecine , de la
peste et de la fièvre jîiurie.
— Le principe de la libre concurrence dans son ap
plication , au choix des professeurs des écoles de méde
cine , méconnu de nos jours par ordre supérieur, a
éprouvé le sort de tant d’autres principes , dont on vou
drait même perdre le souvenir. Les concours sont donc
abolis dans les Facultés de médecine P Le monopole de
l’enseignement doit aussi devenir la proie du privilège,
et comme celui-ci ne peut compatir avec les sciences ,
1 :s sciences, quelque soit leur degré d’élévation , doivent
lui être sacrifiées. L ’intrigue est devenue l’âme du pro
fessorat dans nos premières Facultés , comme dans nos
écoles secondaires , si le bon génie de certains hommes
qui figurent avec honneur dans les premières, lutte contre
son influence , dans les secondes , ses progrès sont in
contestables ; à peine les papiers publics avaient-ils an
noncé l’établissement de trois chaires de médecine à
Lvon , qu’une foule de médecins , parmi lesquels s'éle
vait l’audacieux et fluet modèle du Solliciteur , mirent
en jeu tous les moyens possibles de satisfaire leur ambi
tion. Des hommes d’ un mérite reconnu avaient vu , avec
�( 282 )
une joie secrète , la négligence des chirurgiens-majors ,
et l’état de nullité absolue de l’instruction médicale, tin
rapport adressé au Conseil royal de l’instruction publique^
éclaira cette commission ; soulevé contre l’école Lyon
naise, Te Conseil royal refusa de reconnaître ses certificats
d’études ; voilà df.nc les dieux irrités et la peste dans
le camp d’Agamcmnon ; tous les élèves désertent ; il
fallu t, par des sacrifices , appaiser la colère suprême.
Ce fut dans ces pénibles conjonctures que l'administra
tion établit trois places de professeurs, une de pathologie
interne , une de clinique interne , une de matière mé
dicale. Mais quel fut l’étonnement de ceux qui avaient
suscité ccs troubles et la création de ces nouvelles
chaires , lorsque l’administration , fidèle à ses réglemens,
proclama le concours pour l’admission des professeurs.
L ’esprit d’intrigue s’efforça, dès-lors , par des insinua
tions perfides et mensongères d’en démontrer l ’abus et la
non-valeur , l’antique autorité des chirurgiens - majors
ne fut point respectée , on dénigra les taleus générale
ment reconnus de ceux qui s’étaient élevés par la voie
du concours à ce rang honorable, un mémoire contre
les concours , annoncé avec scandale , une incrimina
tion faite en plein auditoire aux administrateurs, tels
furent les moyens employés pour les combattre , lutte
inégale , vains efforts ; le Suisse obéissant r e ç u t , au
milieu de 1 assemblée , l’ordre de terminer les débats , et
l ’ambitieux auteur du mémoire reconnut à sa voix, que
le chemin de la gloire n’était pas celui de l’hôpital. Le
concours fut maintenu cette fois , MM. Montain , Scnac,
furent proclamés professeurs , MM. Ozanam et Brachet,
suppléans ; mais enfin la cabale prévalut , la voie du
concours fut écartée, et MM. R ich a rd - Laprade , et
Pointe entrèrent dans la chaire de clinique interne.
J.-X.-F. Sigaud.
�♦
(
283
)
PRIX à décerner en 1822.
L a. société de médecine du Gard, jalouse de remplir
uu des buts les plus importuns de son institution , celui
d’exciter l’émulation de tous ceux qui exercent l’art de
guérir avec un esprit philosophique et observateur, et de
concourir à faire triompher les bonnes doctrines dans
un art qui a autant d’intérêt de voir rejeter d'anciennes
erreurs qu’à repousser les nouvelles, propose, pour le
Concours qui aura lieu en 1822 , la question suivante :
Indiquer le sens précis et distinct que l ’on doit atta
cher , en pathologie , aux termes de phlegmasie et d’irri
tation , en tirer des conséquences utiles pour la méde
cine pratique et propres à fa ire cesser toute confusion
à cet égard.
Le Prix con sistera en u n e m é d a i l l e d ’or de la som m e
de deux cents fra ncs , d écern ée dans sa séance p u b li
que du m ois de sep tem bre 1822.
Elle accordera , en o u tre, des Médailles d’encoura
gement aux auteurs des meilleurs mémoires qui lui
seront adressés.
Les ouvrages destinés à concourir doivent être adres
sés , francs de p o rt, à M. P h Él i p , secrétaire - général
de la société, avant le i . er août.
Chaque mémoire doit porter en tête une devise, et
être accompagné d’un billet cacheté portant extérieure
ment la même devise , et intérieurement le nom et l’a
dresse de l’auteur.
Tous les mémoires resteront dans les archi ves ; le bul
Ietin du mémoire couronné sera seul ouvert ; les auteurs
auront seulement la faculté d’en faire prendre copie
sans déplacement.
Les Membres ordinaires de la société et ceux d’entre
les concurrens qui se seront fait connaître d’une manière
quelconque, seront seuls exclus du Concours.
�(
284)
C e r t ifié conforme par nous Président et Secrétaire
5
de la société de médecine du G a rd , le 1 octobre 1821.
M o n t Agnojv , président de la société.
P h é lip , secrétaire-général.
— L a société royale de médecine de Marseille , consi
dérant que de sages institutions pour la sûreté et la
conservation de la santé des peuples , doivent être ba
sées sur l ’ensemble des connaissances cosmologiques ;
que cette brandie de l’hygiène publique , d’un si haut
intérêt pour les nations , peut être mieux étudiée sous
le rapport des causes , des influences et des phénomènes
qui se succèdent sur les diverses parties du globe et
sous celui de leurs effets sur l’homme , ses relations
avec les différons clim ats, et dans celles qui résultent
des grandes réunions dans des habitations communes ;
propose , pour sujet d’un prix consistant en une mé
daille d’or qui sera distribuée dans sa séance publique
de 1832 , les questions suivantes :
i.° Déterminer la nature des affections contagieuses
exotiques qui peuvent être importées sur le sol français
et s’y propager successivement.
2.0 Présenter d'une manière distincte les moyens de
préservation capables de s’opposer à leur importation
et à leur propagation dans le royaume.
.° Préciser les mesures les plus efficaces et les plus
promptes pour rompre le cours des ravages de ces flé a u x
destructeurs, et les annihiler dans une population où
l'application mal éclairée des lois sanitaires , ou leur
viciation , leur aurait donné accès.
4-° Indiquer quelles sont les classes de la société le
plus éminemment aptes à concourir à la formation des
administrations sanitaires et quelles sont les connaissances
générales qui peuvent justifier la confiance illimitée et
l ’étendue de pouvoir dont sont investies les personnes
appelées à la direction des lazarets.
3
�( a
85 )
Les mémoires écrits lisiblement , soit en latin , soit
en français , seront adressés à M. G uiaud, tils , secré
taire-général de la société , rue du T a p is-V ert, n .°
.
Ils devront être remis avant le premier juillet ; ce terme
est de rigueur.
35
— Nous devons prévenir nos lecteurs que la Société
royale de médecine de Marseille , a prorogé jusques à
la séance publique de i t , le terme du concours pour
la question proposée par elle dans sa dernière séance ,
et que nous avons annoncé ( pag.
, tom. second du
journal. )
83
33
w v w w * \ \ v w w u w w m w t v iw ^ r n w w v t u v v u \ .m w v m v w u i
U ne année
s’est écoulée depuis la publication de
; sis
livraisons ont paru successivement , et les gens de l’art
qui favorisaient les premiers efforts de cette entreprise
littéraire , ont vu avec satisfaction que le succès répon
dait à leur attente et que chaque Numéro de ce Journal
ajoutait aus sentimens d’estime que , dès le principe , ils
en avaient conçu.
Développer par de sages discussions les points de
doctrine les plus importuns ; éclaircir autant que possible
les questions qui partagent les médecins ; publier les
observations nouvelles et les faits particuliers qui tendent
aux progrès de la science ; donner l’analyse raisonnée
des divers ouvrages de médecine qui paraissent en France
ou dans les autres pays; faire la revue des journaux
de médecine nationaux et étrangîrs ; présenter sur
tout des extraits du journal de pharmacie , etc. , et des
annales de chimie et de physique de MM. Gay-Lussac
et Arago ; tels sont les travaux nombreux que s’impo
sent , cette année , les rédacteurs de l ’ Observateur
provençal des sciences médicales.
,
Plusieurs médecins éclairés des provinces méridionales
l ’O b s e r v a t e u r p r o v e n ç a l d es scie n ces m é d ic a l e s
�( 286 )
de la France ont saisi avec empressement l’idée d’ un
recueil périodique dans lequel ils pourraient insérer
leurs mémoires ou leurs observations. Les journaux
de la capitale, ouverts la plupart aux productions des
hommes les plus marquans dans les sciences , le sont
rarement aux écrits de ceux qui les cultivent avec
moius d'éclat et de réputation. Dans un moment où les
esprits sont encore fatigués des controverses médicales
sur la nature de la fièvre jaune , où la peur de la conta
gion fait prédire aux uns l’invasion de ce fléau dans
nos contrées , au retour de l ’été , tandis qu’une opinion
contraire inspire aux autres une sécurité qui se joue de
certaines mesures sanitaires ; des médecins instruits des
départemens circonvoisins o n t, à ce sujet, recueilli des
faits du plus haut intérêt ; des mémoires écrits sur
l’affreuse épidémie de Barcelonue , d’après les renscignemens pris sur lps lieux par les médecins espagnols ,
vont jeter un grand jour sur la nature de la fièvre
jaune et réduire à leur juste valeur les opinions des
partisans de la contagion et de la non - contagion.
Ces mémoires seront livrés à l’impression par la voie
de l'Observateur des sciences médicales , et plusieurs
d’entr’eux paraîtront dès les premiers mois de l’année.
En outre , ce recueil renfermera' des observations
importantes sur les lois sanitaires qui concernent le
département des Bouches-du-Rhône , et sur les me
sures qu’il faut adopter pour se préserver des maladies
vraiment contagieuses.
Jaloux de mériter tous les suffrages, nous enrichi
rons cette année le journal du Bulletin de la Société
royale de médecine de Marseille dont les travaux et
les relations scientifiques n’avaient été publiés , d’ une
manière très-succinte , que dans ses comptes rendus
annuels.
Une correspondance suivie avec plusieurs savans de
�C ^87 )
diverses contrées , principalement avec ceux de l'Es
pagne . et de l’Italie, correspondance rendue facile à
Marseille par le commerce , nous mettra à même
d ’alimenter notre recueil de faits nouveaux et de pro
ductions originales.
Enfiu , pour coordonner tant de matériaux différens,
les rédacteurs apporteront de nouveau l’esprit analytique
et le jugement impartial dont ils ont déjà donné des
preuves, bien persuadés que leur zèle et leurs efforts
trouveront une juste récompense dans l’estime publique.
A dater de janvier 182a , il paraîtra chaque mois
une livraison sous le titre de VObservateur des sciences
médicales , de trois feuilles et demie d’impression, dont
u n e, au m oin s, pour le Bulletin de la Société royale
de médecine , sur beau papier , caractère petit-romain.
Malgré que les dépenses deviennent plus fortes, le prix
de l’abonnement est maintenu à quinze francs par an
pour M arseille, et à dix-huit fra ncs pour les autres
lieux de la France.
Une liste des nouveaux Abonnés sera imprimée à la
lin du quatrième tome.
Le montant de l’abonnement doit être adressé d’avance
et fra nc de p o r t, ainsi que les lettres , mémoires et
observations, à M. le docteur P.-M. R o u x , propriétaire
et rédacteur-général de l’ Observateur des sciences mé
dicales , membre de plusieurs sociétés savantes françaises,
correspondant de la Société de médecine de Stockholm ,
e tc ., place des Quatre T o u rs, n.° 2 , à Marseille, où
l’ou pourra se procurer la collection du journal.
�( a88 )
L I S T E
Des Personnes et Sociétés qui ont souscrit à ce jo u rn a l,
ou auxquelles il a été adressé pendant l ’année 1821.
\ U V W
W
\ YV W Y
Academie (V) royale de médecine , chirurgie et pharmacie
de France.
Achard , frères , rédacteurs du journal de Marseille.
Administration (l ’) des secours publics, idem.
A illau d , docteur en médecine , à Âix.
Albanelly , chirurgien , à Marseille.
Allemand , docteur en chirurgie, idem.
A rm and, pharmacien , idem.
Armspach , pharmacien, à Arles.
Arnaud , docteur en médecine , à Roquevaire.
Aronsohn, docteur en médecine , à Strasbourg.
A udibert, administrateur de la société de hicnj'aisance ,
à Marseille.
Avon , pharmacien , idem.
Aynaud , docteur en médecine , idem.
Barthélemy, pharmacien , idem.
Bellue , libraire, à Toulon.
Benac , docteur en médecine , à Marseille.
Berlie , docteur en médecine, à Bonieus.
Besson , pharmacien , à Marseille.
Bessières , propriétaire , idem.
Beullac , fils aîné , docteur en médecine , à Paris.
Beullac , Théodore , docteur en médecine , à Marseille,
Blanc , pharmacien , idem.
Boissin , pharmacien , idem.
Bonnet, docteur en médecine , h Montpellier.
B o yer, docteur en médecine, à Marseille.
Bovis, Augustin , chirurgien , à St.-Marcel.
Bremond , docteur en chirurgie , à Marseille.
Brewer , médecin , à Paris.
Buisson , pharmacien , il Marseille.
C a d e t, propriétaire , au Luc,
Calmes-Moncct , chirurgien , à Marseille-
�a89
C
)
Camoin , frères libraires , à Marseille.
C a rie, homme de lettres , k Paris.
Castelin , naturaliste, k Marseille.
Cauviere, docteur en médecine et en chirurgie, idem,
Cavalier, docteur en chirurgie , à Marseille.
Chambre des Députés ( l a )
Clarion , chirurgien , à Marseille.
Clarion , avocat , idem.
Conseil général de Préfecture des Bouches-du-Rhône. (le)
Damas ( le baron de ) Lieutenant - Général des armées
du l i a i , Gouverneur de la 8.c division militaire, etc, ,
etc. , k Marseille.
Da stros , docteur en médecine, à Aix.
D elpech, professeur de la Faculté de médeciue de
Montpellier.
Derbesy , chirurgien , à Marseille.
Devoulx , Adrien , négociant, idem.
Dieudé , chirurgien , au Petit-St.-Giniés ( Bouches-duRhône ).
D irecteur des Postes ( l e ) h Marseille.
Ducasse , docteur en médecine , à Toulouse.
Du gas , docteur eu médecine, à Orange.
D un es, docteur en chirurgie, k Marseille.
F abre, docteur en chirurgie , idem.
F ab ricy, rédacteur du Caducée, idem.
Fauchier , docteur en médecine , k Lon
Fauchier , Louis , chirurgien , k Aix.
F a v a rt, docteur en médecine , k Marseille.
Feste , docteur en chirurgie , idem.
Fisché , docteur eu médecine , k Lorgues.
F lory , docteur en médecine , k Marseille.
F od eré, prof, de la Faculté de médecine de Strasbourg.
Fortunet , docteur en médecine , k Avignon.
From ent, docteur en médecine , k Aubagne.
Gall , pharmacien , k Marseille.
G andy, docteur en médecine et en chirurgie , idem.
Gasquet , chirurgien , idem.
Gassier , docteur en m édecine, idem.
Garnie , imprimeur-libraire , k INismes.
Gaudibert Baret , pharmacien , k Carpentras.
Gauthier de Claubcy , docteur en médecine, k Paris.
Gavaudan , docteur en médecine, k Lourmarin.
T . II.
20 .
20.
�Gavaudan , chirurgien , à Marseille.
Gay , docteur en médecine , idem.
Geoffroy , chirurgien , à Allaucli.
G ille t, étudiant en médecine , à Marseille.
Ginocchio , chirurgien , idem.
Giraud-St.-Roine , docteur en médecine et en chirurgie,
à Marseille.
Giraudy , docteur en médecine et en chirurgie , idem.
Girod , avocat , a Marseille.
Gadél ius, professeur et docteur en médecine de Stockholm.
G trie Lard , aîné , imprimeur-libraire , à Avignon.
Guichard , André , imprimeur , à Digne.
G u illabert, docteur en médecine , à Pignans,
G uillabert, négociant , à Marseille.
Guillon , propriétaire , à la Tou r-d ’Aigues.
G u ira n , docteur en médecine , à Aix.
Huet , ( Desprès ) docteur en médecine , à Paris.
Ic u'd , pharmacien, à Marseille.
Icard , pharmacien , à Aix.
Isnard Gevoule , docteur en médecine , à Grasse.
Jacquemin , docteur en médecine, à Aix.
Jourdan , libraire , à Carpentras.
Jouven , chirurgien, à Gréoulx.
Lallemant , professeur à la Faculté de médecine de
Montpellier.
Lavalle, libraire, à Bordeaux.
Madon , docteur en médecine , à St.-Maximin.
Magail , docteur en chirurgie , à Marseille.
Magdelain , libraire , à Toulon.
Magendie , docteur en médecine , à Paris.
Martin , d cleur en chirurgie , à Marseille.
Martin , docteur en médecine , à Aubagne.
M artin , chirurgien, aux Pennes ( Bouches-du-Ilhône. )
M artin , Louis-Eugène-Antoine , étudiant en médecine ,
à Marseille.
Martin , imprimeur-libraire , à Alais.
Marsseille , pharmacien , à Marseille.
M asvert, libraire, à Marseille.
Mcry , rédacteur du Caducée , à Marseille.
Monges , chirurgien , au Roves , ( Rouches-du-Rliône ).
Montgrand ( le Marquis de ) Maire de Marseille.
Mougius , docteur en médecine , a Grasse.
�N e l, chirurgien , à Marseille.
JNiel, docteur en médecine , idem.
Olive , pharmacien , idem.
O livier , Magloire , jugr.-dr.-pa i x , à la Ciotat.
Ovide Gedde , pharmacien , idem.
Panay , pharmacien , à Marseille.
Paneküucke , libraire, à Paris.
Pellen, Jean-Baptiste , passementier , à Marseille.
Pelletier , pharmacien , à Paris.
Penuesy , docteur en chirurgie , à Marseille.
P érisse, frères, libraires, a Lyon.
Peyron , docteur en médecine , à Marseille.
Peyron , pharmacien , à Marignane.
Pontliier , imprimeur-libraire et ancien médecin , h A is.
Provençal , professeur à la Faculté des sciences de
Montpellier..
Raffin , étudiant en médecine , à Paris.
Régnault , docteur en médecine , idem.
Reguis , procureur du Roi , à Marseille.
Reimonet , chirurgien , à Marseille.
Reimoneu , docteur en médecine , à Cujes.
Rev , docteur eu médecine , il Marseille.
Reynaud-Lacroze , docteur en médecine , à St.-Saturnin.
Ricard , docteur en médecine , à Marseille.
Rolland, chirurgien, à Arles.
Rossi , chirurgien-dentiste , à Paris.
Roubaud , docteur en médecine, à Marseille.
Roux , Auguste-Josepli-Emile-Mai'tin , étudiant en mé
decine , idem.
R o u x , Etienne, chirurgien, à Alexandrie.
Roux , pharmacien , à Marseille.
R o u x, Xavier, étudiant en médecine, à Montpellier.
Roux , Dominique , à Toulon.
R ou zet, docteur en médecine , à Paris.
R ne , docteur en médecine , à Lambesc.
Salvat., docteur en méd. et en chir., à Pernes (Vaucluse).
Sarm et, docteur en médecine , à Marseille.
Saturnin , chirurgien , à Peyrolles.
Segaud, docteur en médecine, à Marseille.
Seriez, capitaine de vaisseau, à la Seyne.( V ar ).
Seuez., Auguste, naturaliste, à Toulon.
Serres , chirurgien , à Monteux.
�9
( 2 ?- )
S rivale , libraire , à Montpellier.
Scux , docteur en médecine, à Marseille.
Selivarich , maréchal de camp retraité, idem.
Société royale de médecinede Marseille, {lesMembres delà)
Société royale de m édeciue, chirurgie et pharmacie de
Toulouse. ( les Membres de la )
Société de médecine , chirurgie et pharmacie du dépar
tement de l’Eure. ( les Membres de la )
Société médicale de Tours. ( les Membres de la )
Société de médecine de Stockholm. ( les Membres d e l à )
Term e, doc'car en médecine , a Lvon.
T l loraasi, docteur en médecine , à Marseille.
Touche , docteur en médecine , idem.
T ra h u c, docteur en. médecine , idem.
Treultel et W u rtz, libraires , à Paris.
T ru cy , docteur en médecine , à Marseille.
Vidal , médecin , à Pignans.
Vieussieu , imprimeur-libraire, à Toulouse.
V illeneuve, ( le Comte d e) Préfet du département des
Bouches-du-Pi héne , etc.
�T A B L E
D
es
A u te u r s
e t d es
M a t iè r e s
c o n t e n u e s d an s l e t o m e
se co n d .
i.o A U T E U R S .
5
A l b ANELLY , page io- Am iral, fils ? io - Arejuîa , J . M .
d e , 77. Azéma , 19Bauf , page 9.62. Berard , 102- Boissel, 10 4 ,26 1. Boulay,
' Boutrou-Chaxiard., 257. Briant , . '
254
264
44
Cadet , page 257. 267- C a n o , i - C artier, 271. Caventou, io .
- 257, Chevalier, 104.
' Clirèstieii ( 243. Couvercliel , 97.
5 255
D ’Astros;/). 192. Dessolles, 263'Ducasse,
264
34- Dufour. 274
3
F a lret, page 84. Faulcon» g - Féa , 261- Fée . 26g.
Feneulle, 262. , 270, Foderé , F- E-., 223 , Foreade ,
26. From ent , 2 1 1 .
84 - G irard , io 5 . Gornez,
23 1. G u illo t, 266.
Gaspard, page 90. G eorget,
276. Guiaud, 1. 26. 220-
3
Haime > page g , 274. H enry, 2.55. 262. Howe . J J . ,
273. Hyhord , 264.
Joyeuse , page 161. Ju lia,
t
44-
K rim er , page 89.
Lacayo 1 Don Jean , page 28 t. Ladevèze , 86. Lalle
m and, 280. L apron, 270. Lassaigne, io - 261. 264.
Lesaive , 27^ Lésant »
. Lob s tein , 106. Lopez , 144*
255
4
�y± j
o i • im
y h c u à
?
m
u a u il u
5
y - -
ÎNiel, 16 1* 243O ulés, 260.
5 255
Pelletier, pag. io .
. 259. Petroz . 257- Piguillem ,
frères, i - Porte1’ Edmon d'Hunterdon , 280. Poutet,
.g .
- Pi’evel,
-
44
65 5 254
255
5
44
44
R achetti, V. , pag.
i. Régnault,
- R evert, i Riera , 144. Robert - ï - Robinet, 257. Robiquet ,
96. Rous, P. M . 34. 77. 11 . 144. 160.223.246. 273.
Serulas > pag■
i o. 243.
5
T eston s , pag-
265ii
55
3
Sigaud ,
8 . 5 i* i 57* S u e , 44 - I 06*
5- T o rd eu s,
5
io i 261- Trabuc , 17.
V ire y , §6- 258- 263. 264. 271. 278- V o g el, 265. 2G9.
2.0 M A T I È R E S .
5
A c t io n de la vératrine sur l’économie animale , petg. io .
Action ( D e l ’ ) de l’acide sulfurique sur les muriates ,
269.
Amende de 3,000 liv. à laquelle un pharmacien a ete
condamné , g .
Analyse du journal de pharmacie des mois de Mai et
J u in , g . - - de Ju illet.
* “ d Août , 257. *■ “
de Septembre , 262. — d’Octobre . 265. — de Novem
bre . 269.
Analyse chimique des eaus minérales et thermales de
St.-Nectaire , 102. — ües excrémens du Dauphin, 104.
— Du Chiretta , 104 > — des eaus de I* orges , 200. —
D e [l'écorce de Carapa , 257- — Du mais ,
- — Du
p o ivre.
g- — D ’une liqueur de la tortue des Indes ,
5
5
25
254
258
�a6iDu sulfate neutre de quinine, etc , 262. — Des
racines depareira brava-, 262. —• Des eaux minérales
de Pontivi et de celles de la Perrière , 264.' — De la
racine de Nénuphar, 266. — Des racines de l’ellébore
noir , 270- — De l’humeur de la teigne . 272Annonce , 109- — D ’un nouveau journal . ifig. 281- •—
D ’un formulaire, n i .
Aperçu sur la fièvre jaune , 1 .
Avis de la Société royale de médecine de Marseille ,
.
15
33
263
Carapa olcifern (Description d u ) pag. . Chaire d’hygiène navale » 107- — De médecine , 281.
Charlatanisme, 108Clinique chirurgicale >à Montpellier, 280.
Cochléaria ( cristaux de nitre dans les ) io .
Coup-d’œil sur la fièvre jaune, i i Courte description de la fièvre jaune , etc-, 77.
3
5
5
Discussion médicale , pag- i g.
Dissertation sur la fièvre jaune d’Am érique, i
44*
Ecole secondaire de médecine de Marseille , pag- 110.
Esprit de tliérébentine ( Usage de V ).
Essai sur l'aliénation m entale, 1.
1.
Essais sur la matière colorante des pétales de la rose de
Provins , 2 7 1 .
Elat actuel de la vaccine à Marseille ( Un mot sur V ) 160.
Expérience sur la conservation des œufs , 267.
23
83
Folie ( De la ) etc. , pag.
.
Formule pour la préparation d’un sirop d’orgeat, 260.
Gentiana cliirayta, note sur cette plan te, pag. 96.
Hommage rendu à la mémoire de M azet, pag. 220.
Liste des abonnés , pag. 288.
�53
‘M edical repository 'i pag. i .
Mémoire sur les altérations et l’influence du foie dans
plusieurs maladies , e tc ., 44/ ~ ®11r l ’organisation
actuelle des hôpitaux de Lyon , 86. — Sur l’emploi des
sulfates de quinine et de cinchouiae , etc-, ( Rapport
sur un ) , 96. — Sur la maturation des fruits , 97. —*
Sur la fièvre jaune ? rflo. — Sur les signes qui in
diquent ou contr’indiqueut la saignée dans les fièvres,
e tc ., 161. — Sur les alliages du potassium. 265- —
S u r l’histoire naturelle de la laque, 271.
Monument élevé à Mascagni, 160.
Moelle épinière ■> Sa structure . ses fonctions , ses mala
dies , fl t.
Muséum anatomique de Strasbourg , 106.
13
Notes , 1 . — Sur la fièvre jaune , pag. 107.
Notice biographique sur le docteur Daulioulle , 246. —*
Sur le-principe amer de l'huile de Carapa, 254. *—
Su r quelques ouvrages de médecine du royaume de
Portugal , 278.
Nouveau triomphe de la vaccine , 2 1 t .
Nouvelle base organique retirée de la M orclle, 26a.
Observation d’une tympanite intestinale, pag. 8. — Sur
l ’extraction d’un noyau d’olive , ifl. — Sur l ’ex
traction de quelques poils dans une tum eur, 77.
— Sur un cancer de l’œ il, 19. — Sur les divers pro
cédés pour la préparation du sulfate de quinine, 6fl.
— Sur l’emploi de la solution de potasse contre les
scrofules, 81. — Sur la morsure de la vip ère, 90.
— Sur la guérison du scrofule par le seul emploi du
muriate de baryte, 92. — Sur une fracture du col du
fémur , g . — Sur l’emploi de l ’ammoniaque pour
la guérison de l’ivresse , iofl. — Sur le jury m édical,
108. — Sur un ulcère carcinomateux , 10g. — Sur
un accident arrivé à un ex-barbier, i g. <—>Sur les
3
5
�bons effets du sulfate de quinine, 273. 274. 275. *■ **
Sur une carie sèche des 2.e et .e vertèbre cervicale ,
etc. , 276.
Sur une ulcération de la bouche , 278.
Ouvrage ( Un nouvel ) de M. Decandolle , 262»
3
Paroles remarquables d’un docteur , pag. n o .
Phosphate acide de chaux. ( Nouvel usage du )
.
Pomme épineuse , ( de son utilité dans les affections
spasmodiques de la poitrine ) , 89.
Prix proposes ,
.
.
. 283. 284.
Procédé nouveau pour la préparation de l ’extrait d’o
pium , 96. — Pour obtenir le sulfate de quinine ,
.
Prospectus , 285.
256
33 43 256
255
Recherches sur l’action des acides sur la cire , 265.
Recherches et observations sur les effets des prépara
tions d’or , 243.
Réflexions critiques sur une observation , 192.
Revue des journaux , 77. 27 .
3
Séance publique et exposé des travaux de la Société
royale de médecine de Marseille . pag. 26. — De la
Société royale de m éd., chir. et phar. de Toulouse, Société médicale de Tours ( Travaux de l a ) , 93.
Spéculum uléri ( Un mot sur le ) 107.
Sujet de thèse proposé par un professeur , i q.
Sur l’huile volatile des amandes amères , comme poison,
34
5
267.
5
Tapioka factice ( Lettre sur le ) pag. io .
Variétés , pag. 106. 157.
Voyage aux Alpes maritimes ,
F in
223.
de la table du tome sec
����-
" r ,..
�
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/355/BUT-TP40137_Observateur-medical_1822-Tome-03.pdf
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Text
L’OBSERVAT
DES
SCIENCES MÉDICAL
PAR UNE S O C IÉ T É DE M É D E C IN S, C H IR U R G IE N S
E T PH AR M AC IE N S;
D
édié
a
Hippocrate,
P a r P .-M . R O U X , Rédacteur-Général.
• •'
■ >’A ‘ •W.0>\\ . . . :
D escends du haut des d e u x , auguste vérité,
R épands sur mes écrits ta force et ta clarté.
V o l t . H en r.
Tome 3
a
m ie O .
1
MARSEILLE,
IMPRIMERIE DK C. GÜIOiN, RUE D’AURAGiNE, N.° 6.
I 822.
�L’OBSERVAT
DES
SCIENCES MÉDICAL
PAR UNE S O C IÉ T É DE M É D E C IN S, C H IR U R G IE N S
E T PH AR M AC IE N S;
D
édié
a
Hippocrate,
P a r P .-M . R O U X , Rédacteur-Général.
• •'
■ >’A ‘ •W.0>\\ . . . :
D escends du haut des d e u x , auguste vérité,
R épands sur mes écrits ta force et ta clarté.
V o l t . H en r.
a
m ie O .
1
MARSEILLE,
IMPRIMERIE DK C. GÜIOiN, RUE D’AURAGiNE, N.° 6.
I 822.
��I/O USER VA TES
ï o t » —
L
,
sur la fièvre jaune , adressée au Rédacteurgénéral de /'Observateur des sciences médicales ,
par M . le docteur J. D eveze , Médecin du R oi
pour le château des Tuileries , ancien chirurgien
du Cap français , e x - chirurgien - major général
des troupes nationales de la province du nord
de Saint - Do/iiingue , ancien médecin en ch e f de
l'hôpital Bush - l i i l l , ancien médecin en ch ef de
l'hôpital militaire français , établi à Philadelphie ,
membre de ta Société philosophique de la même
v ille , de BAcadémie royale de Barcelonne , et
de plusieurs Sociétés de médecine de France et
étrangères.
e t tr e
Paris, le 22 janvier 1822.
Monsieur et très-lionoré Confrère,
J' ai reçu avec reconnaissance le cahier de septembre
et d’octobre dernier de votre Observateur provençal des
sciences médicales , et le Coup-d’œil que vous venez de
publier sur la fièvre jaune. Je vous remercie bien ,
Monsieur , d'avoir eu cette bonté pour moi. En lisant
vos écrits , j’ai vu avec plaisir que vous avez adopté et
que voiis défendez la doctrine que j’ai publiée , sur les
maladies qui sont produites par une atmosphère in
fectée et que je nomme maladies par ijcfection . Si
les médecins chargés de diriger les mesures sanitaires
�(
4
)
du port et du lazaret de Marseille eussent connu (i) la
(i) 11 paraît, en effet, que ces MM. ne connaissent point la
doctrine dont parle M. Devczc , puisque , de l’aveu de M. Robert,
qui a rédigé, au nom des médecins et chirurgiens du lazaret
le volumineux rapport dont lions donnons une analyse dans ce
numéro , la distinction entre les maladies par infection et celles
par contagion est un dédale inextricable. Ainsi, sans nous alambiquer l’esprit, confondons ces maladies et ne nous mettons
pas en peine du tort que celte confusion peut faire à la science
et à l’humanité. Voilà pourtant comment on raisonne quand on
ne s’est ni prémuni ni précautionné contre différentes sources
d’erreurs. Hé quoi! ce que i\I. Dereze a si bien éclairci, ce qui
tombe naturellement sous les sens , est un dédale inextricable !
Peut-on raisonnablement méconnaître l’existence de maladies
qui, nées de l’infection , ne sont point transmissibles , d’individu
à individu, et par conséquent nullement contagieuses? Les fos
soyeurs, les vidangeurs , infectés par des gaz délétères , à l’ou
verture d’un tombeau, d’une fosse d’aisance, ne sont point , à
coup-sûr, dans le cas de communiquer leur état pathologique aux
personnes appelées à les secourir, loin du foyer d’infection.
Quant aux maladies éminemment contagieuses , telles que la
gale, la syphilis, il serait absurde d’admettre la possibilité de
leur transmission par le contact de l’air ambiant, et l’on ne veut
point reconnaître la différence si évidente qui existe entre l'in
fection et la contagion ! Heureusement , les savans contagionistes
ne la regardent point, cette différence, comme un dédale inex
tricable. Dans une conférence particulière , M. Bally a eu la
bonté de nous communiquer des faits qui nous autorisent à sou^
tenir que la fièvre jaune peut émaner uniquement de l’infection •
mais il nous a aussi représenté des choses extrêmement importantes
en faveur de la contagion de la fièvre qui a ravagé Barcelonne.
Nous respectons l’opinion de M. Bally comme l’opinion de M.
Devcze, parce que nous sommes pénétrés qu’on ne parviendra à ju
ger convenablement le grand procès relatif à la contagion ou noncontagion de la fièvre jaune , qu’ après avoir préalablement en
tendu le pour et le contre des médecins qui savent recourir aux
moyens les plus capables de faire discerner le vrai d’avec le
faux.
Note du Rédacteur '•général»
�5
( )
doctrine de l'infection , les accidens arrivés en septembre
dernier dans le port de Poinègue , se seraient nécessaire
ment bornés à l’équipage du bâtiment danois , qui
était un véritable foyer d’infection ambulant , et qu’on a
eu la maladresse de conduire parmi les bâtimens sains qui
étaient dans le port. À cette première faute, on en a
ajouté une seconde qui aurait eu des résultats terribles,
si la lièvre jaune était contagieuse. On a voulu désinfecter
ce bâtiment après l’avoir mis parmi les autres , ce qui a
été le comble de l’imprévoyance ; aussi , dès que les
écoutilles furent ouvertes , les particules infectantes ,
qui étaient condensées dans la cale, où était mort un
homme de la fièvre jaune , et dont le cadavre y avait
long-temps séjourné, s’élancèrent dans l’atmosphère avec
d’autant plus de fo rce, que ce gouffre d’infection avait
été hermétiquement et long-temps fermé pendant une
haute température ; aussi l'explosion qui eut lieu fut
prompte , et le gouffre vomit lu mort avec rapidité sur
tous les bâtimens qui se trouvaient compris dans le
cercle de son activité.
Cet événement, que les contagionistes présentent aux
ignorans comme une preuve de contagion, en est une
très-forte du contraire ; c a r , sur trente personnes in
fectées par les exhalaisons qui s’échappèrent du bâtiment
danois , et qui ont été portées au lazaret de M arseille,
treize y sont mortes , les autres y ont recouvré lu santé;
ni les unes , ni les autres n’ont communiqué leur
maladie à personne ; la maladie s’est bornée aux indi
vidus qui l’ont reçue directement du foyer d’infection
qu’on a mené à leur portée ; cette règle est générale.
Marseille fournit beaucoup d’exemples de cette nature.
On a souvent vu la fièvre jaune se développer sponta
nément par l’action des causes locales , mises en action
par des circonstances atmosphériques ; des habitans de
la ville y sont morts de la fièvFe jaune, des étrangers y
�ont péri de cette maladie dans les maisons des particu
lie rs , et jamais on ne l’a vue se communiquer à per
sonne par contagion , il n ’y a pas de ville maritime on
l ’on ne puisse trouver de pareils exemples. ISarcelonnc
en fournit sans nombre , et malgré l’opinion contraire ,
avancée et fortement soutenue par MM. Pariset , Bally
et François , je soutiens que la fièvre jaune n’est point
contagieuse : je demande toujours des expériences et je
défie qu’on la transmette par inoculation.
Le refus qu’on a fait en France de faire droit à ma
demande , à cet égard, m’a conduit à m'adresser à toutes
le Puissances, pour les engagera tenter, sur des cri
minels , toutes les voies d’inoculation. Déjà L L. MM.
les Rois de Prusse et des Pays-Bas m’ont fait l’honneur
de me prévenir qu’ils avaient envoyé nia demande et
mon ouvrage à l’examen des médecins.
La commission nommée à ce sujet par les cortès d’Es
pagne , a fait son rapport le 4 décembre dernier ; elle
conclut à ce que le gouvernement soit chargé de faire
procéder , sans délai , à ces expériences. Toutes les
nations sont trop intéressées à savoir à quoi s'en tenir à
cet égard. LA vérité percera malgré les efforts qu ’on
6
FAIT POUR L'ÉLOIGNER.
Je vous adresse quelques exemplaires de mon deuxième
mémoire au Roi et aux Chambres, contre le projet delà
loi prétendue sanitaire , qui va être en discussion a la
Chambre des Députés. Vous devez être étonné de l’empres
sement qu’on met à faire passer une pareille loi ; la lecture
de mon mémoire vous fera voir que je n'ai d’autre but que
d’empêcher le mal qui résultera d’une loi pareille, et de
la honte qu’elle déversera sur la nation entière qui l'aura
adoptée sans réflexion.
Si je ne réussis pas à faire entendre la raison , j’en
serai doublement taché ; j’aurai du moins la consolation
d’avoir payé à l’humanité , à la patrie et à la science le
�<
7
)
tribut que chaque membre leur d o it, e t , sans doute ,
je trouverai dans l'estime de mes confrères , la seule
récompense qui puisse me dédommager.
Je serai heureux., M onsieur, de mériter celle dont
vous m’avez honoré ; elle m ’est infiniment chère ; je
ferai tout pour la conserver , et pour vous prouver la
sincérité des sentimens de la plus haute considération
avec lesquels j'ai l’honneur d’être bien sincèrement,
Monsieur et très-honoré Confrère , etc. ,
D eveze .
D eu xièm e mémoire présenté au R o i, en son conseil des
ministres, et aux Chambres , par ilI Jean D e v è z e ,
médecin du Rui au château des Tuileries , etc. , etc.
S i vers le milieu du dernier siècle on a vu , à propos
de la petite vérole et de l’inoculation, dont la pratique
alors nouvelle divisait tous les esprits , un homme de
génie lutter seul avec courage contre de nombreux ad
versaires , renverser par ses expériences et ses recher
ches l’antique opinion et les préjugés d’une Faculté
célèbre , et ramener enfin à la vérité de ses idées les
contemporains même qui les combattaient avec le plus
d’acharnement ; que doit-on penser à l’époque actuelle
en voyant un médecin célèbre soutenir, presque seul
avec autant de courage que de franchise, une opinion
médicale que, par respect pour les lois, on sera bientôt
forcé de ne plus défendre. Au moment où la contagion
de la fièvre jaune est proclamée du haut du trô n e, au
moment où les médecins français , de retour de ISarcelonne , confirment par leur témoignage la nature conta
gieuse de cette maladie , M. Deveze descend de nouveau
dans l’arène et ressaisit le glaive pour frapper ses ad
versaires. Un second mémoire adressé à notre rnonar-
�(8 )
que pour éclairer sa religion qu'il croit trompée ,
renferm e, dans un court espace, les principes et les
faits déjà connus par son précédent mémoire adressé
au lloi et aux Chambres. En sa qualité de membre de la
commission centrale du royaum e, M. DeveZe sè croit
en droit de combattre le projet de loi sanitaire soumis
à la discussion des Chambres par le gouvernement.
« Cette lo i, d it-il, que le Souverain, dans sa haute
» sollicitude pour le bonheur de ses peuples , destine
» à préserver notre patrie de l'épouvantable pestilence
» qui afflige un état voisin, sera un bienfait, si elle
» atteint le véritable but que se. propose le législateur ,
» quoiqu'elle porte la peine capitale et qu’elle traîne
» après elle des effets déplorables. »
Avant de. promulguer une loi sur le régime sani
taire , n’aurait-on pu tenter des expériences publiques,
pour déterminer la nature vraiment contagieuse de la
fièvre jaune? Devait-on seulement écouter la terreur du
moment en prescrivant des mesures sévères de salubrité
publique , et faire taire la voix de ceux qui en dé
montraient les funestes effets ? Ces, questions qui res
sortent de la discussion que M. Deveze établit sur le
régime sanitaire, ne peuvent encore recevoir de réponse
affirmative de la part des médecins q u i, comme nous ,
n’ont acquis aucune opiuion d’après leur expérience
personnelle. Si l’autorilé des grands noms n’est point
un rempart contre l’erreur , c’est sans doute dans
ces circonstances , que la maxime de Pope sera reconnue
vraie. Entraînés par une masse de faits imposante , par
le témoignage authentique des hommes qui honorent
l’art de guérir dans toutes les contrées du globe , nous
avons cru franchement à la non-contagion de la fièvre
jaune, et nous n’avons pas encore admis an nombre des
épidémies et des maladies contagieuses , une fièvre qui ,
sur six cents individus n’en frappe que vingt-deux ; qui
�(
9
)
ne produit la mort que de n à n , et qui ne se
communique point aux personnes qui soignent les ma
lades. Muets sur l’affreuse épidémie de llarcelonne,
oserons-nous rompre le silence pour dire avec M. Deveze:
« que les malheurs de cette ville offrent aux rois et aux
>. peuples une grande leçon , qui sans doute ne sera pas
» perdue pour l’histoire de la maladie, et servira de
» guide à l ’avenir dans la confection des lois sanitaires?
» Dirons-nous que la preuve de l’importation de la
» fièvre jaune n’a jamais été faite et que c’est une erreur
» matérielle que l’expérience repousse ? invoquerons» nous à l’appui M. Audouart lui-même , qui , par des
» expériences hardies, faites à l’exemple des autres
» médecins qui l’ont précédé dans la carrière a travaillé
» à démontrer que la fièvre jaune de llarcelonne s’était
» développée par des causes locales ? ferons-nous coin» paraître avec M. Deveze les membres de l’Académie
» de médecine de Barcelonne , les N culal, Salva , VI» Ictsca , etc. , qui soutiennent la même opinion ? »
Avant de prononcer, attendons la publication des
mémoires des médecins espagnols, et surtout le rapport
des médecins français ; entourés de ces forces nouvelles,
nous pourrons alors descendre dans la lice , combattre ,
et marcher sous la bannière du vainqueur, si la vérité
marche avec lui.
J .-F .-X . SfGAUD.
�( 10 )
E x j m è k CRITIQUE des observations sur la fièvre jaune ,
importée de Malaga à Pomègue et au lazaret de
Marseille , en septembre 1821 , etc. , etc. , rédigées ,
au nom des médecins et chirurgiens du lazaret de
Marseille , par leur collègue, M. Robert , professeur
d'hygiène navale à l'école secondaire de médecine de.
cette ville , etc. , etc. ( brocii. in-8 .° de
pag. 1822.)
»
j'
*
Q uelques nombreuses que soient les qualités qui
constituent le véritable observateur , le médecin qui
s’impose la tâche de tracer l’histoire d'une épidémie ,
les possédât-il toutes , s’il n’a pas observé lui - même
la marche et les progrès d’une maladie , il ne pourra
la décrire avec exactitude et fidélité. Ce n ’est qu’en
lisant dans la nature, quand on possède d’ailleurs un
jugement sain et une logique sévère , qu’il est possible de
recueillir des observations fidèles ; et Hippocrate, le père
de l’observation , ne nous eut pas pas laissé un modèle
à suivre dans les histoires particulières des maladies dé
crites dans le premier et le troisième livre des épidé
mies , s'il eût été privé de la faculté de prendre au lit
des malades ces notes indispensables que Baglivi compare
ingénieusement à l’échafaudage qu’on emploie pour élever
un édifice. M. Robert a cru devoir s’écarter de cette route
simple et naturelle), suivie par les Bâillon, les Sydenham,
les S ta h l, les H a ller, les Morgagni et par tous les
observateur? anciens et modernes : de ce qu’il 11’cst pas
rare de rencontrer des médecins qui voient beaucoup de
m alades, sans voir de maladies, il a conclu qu'il éta,.
possible de voir des maladies sans voir des m alades, et
c’est d’après les reuseiguemens qui lui ont été fournis
par un élève , qui ne saurait avoir que peu d’habitude
d’observer , quelle que soit d’ailleurs son instruction
médicale, qu’il a aspiré à la gloire de tracer le tableau
de la maladie qui a régné au lazaret de Marseille en
1821 , et à laquelle il donne le nom de fièvre jaune.
�( ” )
Mais s i , comme le dit Sennebier , la science des faits n’est
pas celle des possibles , et qu’il faille chercher ce qui
est , en se défiant de ce qu’on observe , que pensera-ton d’une Ji'evre jaune décrite par un médecin qui ne
l’a pas observée, en ise rappelant d’ailleurs avec quelle
facilité M. Robert composa dans le silence du cabinet
l’aifreuse épidémie de i 8 i 3 , qui ravageait, à l’aide de
sa plum e, tous les anciens quartiers de Marseille ?
(Voyez le Caducée du 1 1 décembre 1821.) Mais ne cher
chons pas à faire naître des doutes sur la vérité des
observations de M. Robert ; passons à leur examen
comme si ce médecin , connaissant toute l’étendue de ses
devoirs, s’était enfermé dans le lazaret pour y étudier
de visu la maladie qui y a régné , et en avait fait une
histoire exacte et fidèle.
S i , en 1821. M. Robert avait c r u , comme il en
était convaincu en 1820 (1) , que des causes locales
pouvaient suffire au développement de la fièvre jaune ,
il n’aui'ait pas eu besoin de recourir à une importa
tion pour faire naître à Pomègue une épidémie de cette
terrible maladie. Mais comme les circonstances ont
produit un changement subit dans son opinion, il a
fallu la faire importer , et c’est de Malaga qu’il la fait
arriver à Pomègue , par un bdtiment parti de. ce port ,
le 2G août, époque à laquelle la fièvre jaune n’existait
pas encore dans cette ville. Des détails que nous devons
à l’obligeance de M. le consul d’Espagne , et qui lui ont
été transmis par la junte de santé de V a len ce, sous
la date du
octobre , prouvent en effet que ce n’est
que vers la fin de septembre que cette maladie s’est
déclarée à Malaga sur trois individus. M old Donc (2) ,
(1) Voyez la lettre de M. Robert à M. Dev'eze , publiée par M.
Sédillot, à la suite de l’opinion de M. Lefort.
(2) C’est par cette conséquence, aussi vraie qu’élégante, que
�( 12 )
commandant le brick Nicoli.no, étant parti le 26 août
d’ un port qui n’a été infecté de la fièvre jaune qu’un
mois plus ta rd , n’a pu être infecté de cette maladie,
ni conséquemment en infecter Pomègue , connue l’admet
d ’une manière fort commode , M. le docteur Robert. Si
ce médecin avait réfléchi que le m alade, naturellement
ivrogne , que le capitaine M old perdit pendant la
traversée , le 29 août , après dix jours de maladie,
était resté pendant trois jours sans secours au fond de
la cale, et que ce ne fut que le 8 septembre , le len
demain de son arrivée à Pom ègue, que jee capitaine
ouvrit les écoutilles de son navire , il n’aurait pas eu
besoin de l’importation de Mnlaga dont nous avons dé
montré l’impossibilité, pour se rendre compte de la
maladie qui s’est développée à bord du brick Nicoli.no.
Les miasmes long-temps concentrés dans un lieu bas ,
hum ide, où un cadavre avait été long-temps abandonné ,
lui auraient expliqué d’ une manière satisfaisante l’ori
gine de cette maladie et son développement sur les in
dividus qui furent exposés à leur action délétère. Mais
cette maladie a-t-elle offert le caractère de la fièvre
jaune? Il nous serait facile, en passant en revue chacune
des vingt-sept observations qui composent l’épidémie de
Pomègue , de prouver qu’aucune d ’elles ne mérite ce
nom. Mais une telle discussion serait trop fastidieuse ,
et nous arriverons aussi sûrement à la découverte de la
vérité, en ne considérant que l’ensemble du travail de
M. Robert. Toutefois, comme nous avons eu l ’occasion
de visiter , à la rue des Trois Soleils , le nommé Domi
nique Lam praye, nous examinerons en détail l’histoire
de la maladie de cet o u v rier, pour pouvoir nous élever
M. Robert commence les détails de l’importation de sa fièvre
^aune.
�( i
3)
du Connu à l’inconnu. Dans un rapport que l ’admi
nistration de la. santé nous demanda sur l’état de Lam
praye , après qu’ il eut été transféré au lazai’e t , nous
signalâmes les symptômes suivans : douleur de tète
face animée , langue blanche et humide , bouche aigre ,
pouls plein , fo r t, accéléré et régulier , douleur à l’épi
gastre , envies de vomir , respiration natu relle, intellect
parfaitement libre. Prescription : douze sangsues à l’épi
gastre , magnésie calcinée , délayans , diète. Si plus jaloux
de connaître la vérité , M. Robert eût pris la peine de lire
ce rapport , il n’aurait pas avancé au commencement de
son observation que le médecin qui , le prem ier, visita
Lampraye lui ordonna en même-temps et un vom itif
et l'application de douze sangsues. Permis à lui de pres
crire deux remèdes contraires à-la-fois ; l’école où nous
avons étudié , qui n’est pas celle où ce médecin pro
fesse l’bvgiène navale , n’a jamais proclamé de pareils
principes. Dans quelle vue encore M. Robert observe-t-il
plus bas que Lampraye avait perdu le souvenir du vo
mitif et des sangsues. Lors de notre première visite , faite
le l'i septembre , /j-c jour de la maladie , Lampraye ,
comme nous l’avons d it, jouissait du libre exercice de
ses facultés intellectuelles , le soir du même jour , M.
Menarcl , chirurgien , qui lui avait appliqué les sang
sues dans la matinée, ne lui trouva pas de vague dans
les idées , pour me servir de l ’expression du professeur
d’hygiène navale ; dans une telle disposition morale , on
conçoit qu’il ait dû oublier un vom itif qu’il n ’avait pas
pris ; mais comment a-t-il pu dire qu’il ne se rappelait
pas de l’application des sangsues, qui avait été réelle ?
JNe voyons pourtant jusqu’ici qu’erreur involontaire de
la part de M. Robert, et pour donner une idée exacte
de la maladie dont il s’agit, présentons-en l’analyse,
d’après le tableau tracé par le rédacteur lui-même. Dès
l’arrivée de Lampraye au lazaret, les symptômes que
�;
4
( i )
nous avons décrit ci-dessus , augmentent d’intensité ,
douleur des reins , langue noire au centre et rouge sur
les bords, lèvres tuméfiées et violettes , ventre tendu
et sensible à la pression , prostration des forces ; le 27,
septième jour de la maladie , parait l’ictère général et
une hémorragie nasale ; ces symptômes sont à-peu-près
les mêmes jusqu’au o ; le hoquet, qui s’était déclaré
le 26, persévère jusqu'au octobre, époque à laquelle
Bampraye se trouve convalescent et
Le 6 , il est
assez imprudent et assez fort pour voir sa femme après
avoir bien diné : retour de la fièvre qui est remplacée
le lendemain par une légère douleur de tête , laquelle
est tout-à-fait dissipée le 9. Le 12 , la céphalalgie répa
rait ainsi que le hoquet ; elle continue le i et le i!\ , ce
qui rend le malade plus fort ; le i celui-ci est très-bien
et le 18 entièrement rétabli. Traitement subi au lazaret :
limonade, petit-lait gommeux , purgatif huileux et vin
a m er, après la guérison.
A la lecture d’une telle observation , on sera étonné
sans doute qu’ un malade q u i, le -e jour de sa maladie,
n’offrait aucun symptôme de fièvre jaune , malgré les
suites d’une impression morale très - forte , oceasionée
par son transport forcé au lazaret , huit jours après
son entrée dans ce lieu qu’on peut assez bien comparer
aux fouilles d’Herculauum et de Pompéïa où l’on a tou
jours trouvé tout ce qu’on a voulu , ait été eu parfaite
guérison , et assez fort pour se livrer à une imprudence
qui ; a lui a causé qu’une fièvre de 24 heures ! INous
pourrions demander ici par quel moyen ou est parvenu
à découvrir la fièvre de Lump raye, sàns l ’exploration des
battemens de l’artère , ce qui uous conduirait encore à re
chercher comment M. Robert a pu parler de l’état du pouls
du sujet de la .° observation , puisqu’il était défendu
à M. Barrai do toucher les malades, si nous ne conce
vions pas que, dans la chaleur delà composition, on peut
3
3
5
4
5
3
�( i
5)
laisser échapper quelques expressions impropres. Ainsi
sans nous arrêter à des réflexions qui pourraient faire
croire que M. Robert a été sujet à des distractions en
travaillant à son ouvrage , nous ferons remarquer
seulement que la nature n’a pas suivi pour Lampraye
la marche qu’elle suit ordinairement dans l'es maladies.
Les forces , en effet, n’arrivent que par degrés , et on
concevra difRcilemeut qu’un malade qui pendant onze
jours présentait, entr’autres symptômes , une prostra
tion extrême des forces , qui fesait craindre pour sa
vie, soit entré le douzième jour dans une convalescence
assurée qui lui permit de se promener dans l ’enclos.
Toutefois , à travers l’obscurité et le merveilleux de cette
observation , le médecin instruit peut encore reconnaître
Je caractère de la maladie de Lampràye(i): en considérant
les symptômes qu’elle a offerts dès le début, la' marche
qu’on lui a fait suivre , sa terminaison heureuse au ia .e
jour et le traitement employé avec succès , il 11e crain
dra pas d’avancer que cet ouvrier a été atteint d’une
gastro-entérite aiguë , ou si l’on veut, d’ un typhus qui
n’a été mal décrit que parce qu’il a été soumis à l’ob
servation d’un élève peu familiarisé avec ce genre d’étude.
Si nous ajoutons à ces considérations que dans une
circulaire , sous la date du 9 octobre , l’adminis
tration de la santé a imprimé cette déclaration nonéquivoque. « Tout porte à croire que la maladie de'
(1) Parmi les médecins qui composaient la commission
nommée par M. le préfet, pour discuter le rapport sur la
maladie de Pomegue , MM. les D.rs Cauriere et Segaucl, dont
la probité et les talens sont assez généralement connus, décla
rèrent d’après leur expérience,leurs lumières et leur conscience
que Lanlpraye, ainsi que la plûpart des autres malades, n’avaient
pas eu la fièvre jaune; l’examen dans lequel nous allons en
trer prouvera ce qu’on doit penser de ceux qui ont approuvé
le travail de M. Robert!
�Lam praye était d'une nature ordinaire , et les précau
tions qu'elle a oùcasionées , quoique justifiées j>ar les
règles de la prudence, n’ont eu d'autre but à atteindre
que celui de satisfaire et de rassure]' entièrement l'opi
nion publique.» On sera tout à-fait convaincu que Lam
praye n’a pas; eu la lièvre jaune , à moins (l’admettre , ce
qui serait pour le moins absurde , que l’administration
ne consulte pas scs médecins , pour tout ce qui a rapport
à l’état sanitaire. Quel m otif a donc pu enga ger M.
Robert à regarder aujourd'hui connue une fièvre jaune,
ce qui ne lui paraissait qu’une maladie ordinaire , trois
mois auparavant ? INous n’osons soupçonner la bonne
foi de ce médecin , et nous aimons mieux attribuer cette
étrange contradiction , à un esprit de prévention dont
ne peut pas toujours se garantir l’homme qui cherche
sincèrement la vérité.
Être parvenu à caractériser la maladie de Lampraye
c’est avoir découvert le véritable caractère de la maladie du
lazaret. Car quoique chez quelques sujets elle n’ait offert
que des symptômes d’une fièvre bilieuse ordinaire, tels que
douleurs de tète , frissons , chaleur et sueur , langue
blanche , nausées, diarrhée , qui ont été combattus avec
succès par l’ipécacuanha et les purgatifs huileux, il faut
dire que chez un grand nombre elle a présenté des
symptômes qui les rapprochent plus ou moins du typhus
de Lampraye. Cependant pour montrer la vérité dans
tout son jour , il convient d’établir un parallèle de la
maladie du lazaret de Marseille avec la fièvre jaune dè
Bareelonue entre lesquelles M. Robert trouve une iden
tité parfaite. L ’aspect violet des lèvres et des gencives ,
leur gonllemeut et leur saignement forment , d’après
M. Robert , le caractère spécifique de l’épidémie de
Poinègue ; non-seulement de pareils symptômes n’ont
pas caractérisé , la fièvre jaune de Bareelonue , mais
aucune épidémie de fièvre jaune observée jusqu’à ce
�7
( i )
jour. Les vomitifs et les purgatifs huileux ont été em
ployés avec un tel succès clans l’épidémie de Pom ègue,
que M. Robert n’hésite pas à les regarder comme un
remède d'inspiration ; cette médication a toujours été
nuisible , lorsqu'on v a eu recours à Barcelonne.
Dans la fièvre jaune de Barcelonne , la mort ou la
guérison est toujours arrivée pendant le premier septé
naire ; dans l’épidémie de Pomègue , la plupart des
morts et des guérisons sont survenues, passé le septième
jour.
L ’habitude extérieure des cadavres , dans l’épidémie de
Pomègue, présentait une couleur jaune plombée, mêlée de
taches violettes, de plaques noires et même de gangrène ;
tandis cjuc les médecins français ont rarement rencontré
quelques légères ecchymoses sur les cadavres de Barce
lonne qui semblaient appartenir à ceux des guerriers tués
sur le champ de bataille.
Si nous passons aux lésions pathologiques des princi
paux viscères , nous n’y trouverons pas moins de dis
semblance : à Barcelonne , en efFet, on n’a rencontré que,
rarement quelques points de phlogose à l’estomac et dans
les intestins , phlogose toujours bornée à la membrane
muqueuse qui tapisse l ’intérieur de ces organes ; [ ouver
ture du cadavre qui a été faite au lazaret de Marseille
a présenté , au contraire , la membrane muqueuse de
l’estomac , frappée de gangrène , la membrane mus
culeuse avec des traces d’une forte inflammation , et les
intestins grêles frappés de mortification extérieurement
et à l’intérieur.
Le foie sur les cadavres de Barcelonne offrait exté
rieurement , un aspect naturel, et sa couleur intérieure
a été comparée à celle du jaune-rhubarbe : celui de
Limber était très-jaune à sa surface convexe et coupé
par tranches , il a présenté l’aspect d’une écorce de
citron , ce que M. Hubert trouvé très-curieux.
T. III.
2.
�( i8 )
Ce parallèle que nous pourrions étendre encore, sans
trouver plus de rapport entre les deux épidémies , suffira
à tout lecteur impartial pour lui faire juger de la non
indentité de la maladie de Pomègue avec celle de Barcelonne , et pour le mettre à même d’apprécier le travail
de M. Robert.
II est donc démontré par les détails dans lesquels nous
sommes entrés que l’épidémie de Pomègue a différé en
tous points de celle de Barcelonne , et qu’elle a pris
naissance sur le brick N icolino, par les causes que nous
avons déjà fait connaître. Mais la nature de ce typhus
a-t-elle étc contagieuse? M. Robert n’hésite pas à répondre
par l’affirmative à cette question, en s’appuyant sur ce que
Pomègue est le lieu le plus sain de la Méditerranée ,
ce qui le conduit à ne voir qu’une distinction purement
grammaticale entre l’infection et la contagion. Mais
l ’épidémie qu’il s’est chargé de rédiger n’aurait-elle pas
dû le convaincre que la nature a établi une différence
bien réelle entre les maladies représentées par chacun
de ces deux modes. Et n ’est-ce pas précisément parce
que Pomègue n’offre pas la réunion des'Causes locales
infectantes , que ce tiphus s’est étein t, pour ainsi dire ,
à son origine , en ne frappant, sur une population de
plus de six cents hommes, que les vingt-sept individus
qui ont été soumis à l’influence directe des miasmes
viciés ? N’est-ce pas parce que l’air qu’on respire dans le
lazaret de Marseille est pur, qu’une fois transportés dans ce
lieu , ces malades n’ont communiqué leur maladie à aucune
des personnes qui les ont approchés , soignés et touchés.
Pareille chose serait-elle arrivée, si ce tiphus eût été
contagieux ? Si la contagion ne différait que de nom de
l ’infection , (1) le chirurgien se serait-il impunément
(i) C’est sans doute par respect pour la vérité, que Mt
Robert a omis de parler de ce fait qui est à la eoiuiaisçancf?
jde tous les médecins de Marseille.
�(
r9 )
piqué avec le scalpel qui lui servait à faire l'ouver
ture du cadavre de Lim ier P Confondre les ma
ladies par infection avec les maladies contagieuses ,
parce qu’elles peuvent être suivies des mêmes résultats ,
c ’est conclure de ce qu’un charbon ardent et l'acide
nitrique appliqués sur la peau brûlent également ,
que l’acide nitrique est du l'eu comme le charbon em
brasé ? Reconnaissons donc que l'infection et la conta
gion sont deux, modes bien distincts de communication.
Reconnaissons , d’après l'expérience, que pour que cellelà règne épidémiquement , il faut des causes locales et
atmosphériques que c e lle -c i 11e nécessite p a s, et sans
craindre pour Marseille l’introduction de la lièvre jaun e,
tant que ces causes n’existeront p a s, laissons le méde
cin assez ignorant pour ne pas prévoir les conséquences
de la contagion morale , s’écrier : « Nous sonnerons
toujours le tocsin pour conjurer l ’orage qui nous me
nace pour Vête prochain. Oui , l'ennemi est à nos
portes : il peut franchir les obstacles que nous lui
opposons malgré la surveillance la plus éclairée. I l fa u t
se préparer d ’avance à le combattre si l'on veut assurer
sa défaite » Au lieu ne ces imprudentes déclamations ,
capables seulement d’alarmer le peuple, et de nuire aux.
intérêts du commerce , il eût été plus sage, sans doute,
de diriger les regards des magistrats vers les vieux,
quartiers de notre ville pour l’assainissement desquels il
reste tant à faire ! C ’est en éloignant tout ce qui peut
favoriser le développement de l’infection , qu’on par?
yiendra sûrement à nous préserver de la lièvre jaune et
de toutes les maladies miasmatiques qu’il est essentiel ,
on ne saurait trop le répéter, de ne pas confondre avec
la contagion , mot effrayant auquel ou n’a que trop sou
vent recours pour arriver à un but déterminé. Mais si
pour entrer dans les vues de Paul IV , Fracastor eut la
faiblesse de répandre le bruit d’ une maladie contagieuse,
�( 20 )
le médecin pliilantropc , préférera toujours à tout la
vérité et le salut public, et il n’oubliera jamais le passage
suivant d’un écrivain célèbre : « ceux qui (t) s’attachent
à faire l'histoire des épidémies , ou des maladies géné
rales et populaires des divers pays , pourraient aussi
parler des erreurs ou des préjugés épidémiques en mé
decine , qui ont régné surtout dans les grandes villes.
Cette dernière histoire serait fort intéressante : on aurait
lieu de parler de celui qui imagina de faire voir dans le
sang , au moyen d’un microscope, les espèces d evers
singulières qui causaient toutes les maladies ; on parlerait
des idées chimériques qui passèrent d’une tète à l’autre ,
au sujet de ces vers dont chacun croyait son sang
plus ou moins fourni.
On verrait que les maladies de la tète , ou pour mieux
dire , que les maladies qui sont dans l’opinion des hom
mes , se gagnent comme toutes les autres , et que c’est
par l’usage et avec le temps qu’on apprend enfin à
connaître et à mettre à leur place ceux qui font tous
leurs efforts pour favoriser le cours de ces opinions va
gues et générales , auxquelles les vrais médecins résis
tent toujours de toutes leurs forces. »
Après avoir recherché la confiance qu’on doit avoir
aux observations sur la fièvre jaune de Pomègue et du
lazaret de Marseille , eu remontant à la source d’où
elles partent , prouvé que cette maladie n’a pas été
importée de Malaga , qu’elle n’a pas été contagieuse ,
etc. , etc. Si nous portons notre attention sur le style
de Mr. Robert , nous verrons que dans cet écrit ,
comme dans tous ceux sortis de la plume féconde de
ce médecin , la langue n’a pas été plus respectée que
la logique. Fautes grossières de français , tournures
(1) Bordeu. Recherches sur l ’histoire de la médecine} p. 6S«.
Édition de Richerand , Paris, i8iS.
�( ai )
tic phrases -vicieuses , suppositions gratuites, conséquen
ces fausses, voilà ce qu’on y remarque depuis la dé
dicace jusqu’à l'errata. Le lecteur qui aura le courage
de le lire jusqu'au bout , pourra se convaincre de la
vérité de cette assertion , et s’assurer combien M, Robert
était en droit de choisir pour épigraphe cette phrase
connue : l'éloquence pâlit devant les fa its , puisque la
distance à laquelle il a fait ses observations ne lui a pas
permis de placera la tête de son travail, ces mots qui
lui sont si chers : experto crede Roberto.
G - A - T . S ue , D . M. P.
REVUE
DES
J O LJ R J\ A U X.
R ien que le zèle des membres de la Société médicale
d’émulation se soit ralenti pendant quelque temps par
des circonstances et des obstacles de toute espèce, il
faut convenir, néanmoins, que cette honorable com
pagnie est une de celles qui ont le plus fait dans l’in
térêt de la science. Les intéressans travaux quelle a publiés,
attestent suffisamment ce qu’elle a été ; et l’idée de donner
une plus grande extension à sès bulletins, à,compter dé
janvier 1822 , en prouvant qu’elle possède et qu’elle
reçoit de nombreux matériaux , fait assez pressentir ce
quelle sera par la suite.
M. Honoré., chirurgien, a communiqué une obser
vation sur une aukiiose du genou gauche , produite par
une chute , et guérie quinze ans après par une nouvelle
chute. M. Vïllerm é, secrétaire-général de la Société
médicale d’émulation, observe que ce fait est le second
exemple d’une aukiiose guérie accidentellement par une
chute. Job, à Meek’ren , dit-il , parle d’une aukiiose du
coude qui avait résisté aux fomentations etaux cataplasmes;
le malade tomba sur l’avant-bras , et dès-lors les mouve-
�mens de cette partie se rétablirent et devinrent de jour
en jour plus faciles et plus étendus.
. On ne peut que louer MM. T 'iHernieet Bricheteaud’avoir
pris l’engagement çle joindre ans bulletins de la Société
médicale d’émulation un petit recueil sous le titre de
Tablettes medico - chirurgicales. INous en avons extrait
l ’article suivant, quf nous paraît être d’une haute im
portance :
L a vaccine , découverte en France en 1781 , était connue
de temps immémorial dans l ’Inde et dans la Perse.
« Q uoique les Français aient été accusés avec plus ou
moins de fondement d’inconstance et de légèreté , ce
peuple est si heureusement organisé, il vit sous un
climat si favorable an développement et à l’exercice
des facultés intellectuelles, qu’il n’est peut-être pas de
nation au sein de laquelle il se soit fait autant de dé
couvertes utiles à l’illustration et au bonheur de l’hu
manité ; m ais, par une déplorable fatalité, ces décou
vertes lui ont été presque toujours ravies à leur nais
sance par un peuple rival , dont l’administration se
montre aussi habile à dépouiller que la nôtre se montre
insensible à conserver :
Sic vos non vobis mellijieatis apes.
Depuis vingt ans , on répète avec un engoûment
ridicule et offensant pour notre nation , que E d . Jenner
a eu le premier l’idée de préserver l’espèce humaine delà
petite-vérole , qui enlevait annuellement un cinquième
de l’espoir de la population , en inoculant le précieux
virus que nous fournit une maladie pustuleuse parti
culière aux vaches, et que l'on a depuis appelée vaccine.
Il est certain , et aujourd’hui assez connu , quo c’est en
F ran ce, et en 1781 , que l’idée première de transporter
l ’éruption de la vache sur l ’hom m e, pour préserver de
la variole , a été émise par Rabaut Pom m ier, ministre
�(a
3)
protestant, devant un médecin anglais, et a été com
muniquée par ce dernier au docteur Jenner. Les preuves
de l’origine vraiment française de la vaccine sont expo
sées dans le savant article Vaccine du Dictionaire des
Sciences médicales.
Sans vouloir ici diminuer en rien le mérite de celui
à qui nous devons l’idée première de l’inoculation vac
cinale en Europe , nous croyons utile et curieux de
faire connaître les faits récens qui attestent que cette
pratique salutaire était connue de temps immémorial
dans l’Inde et dans la Perse. Un savant vient de décou
vrir dans le Sancleya - Grantham , ouvrage manuscrit
attribué à à’Hauventori , et par conséquent très-ancien,
les preuves que l’insertion de la vaccine était pratiquée
par les auteurs indiens qui , dans les temps les plus
reculés , ont écrit sur la médecine. Voici, la descrip
tion que l ’auteur de ce livre donne de la vaccination
pratiquée par les Indiens : « Prenez le fluide du bouton,
du pis de la vache , sur la pointe d’une lancette , et
piquez-en le bras entre l’épaule et le coude, jusqu’à ce
que le sang paraisse. Le fluide se mêlant avec le sang ,
il en résnltera la fièvre de la petite-vérole.
» La petite - vérole produite par le fluide tiré d«
bouton du pis de la vache sera aussi bénigne que la
maladie naturelle , elle n’exigera pas de traitement
médical. Le malade suivra la diète qui lui conviendra ;
il pourra être inoculé une seule fois , ou deux , trois ,
cinq ou six fois. Le bouton , pour être parfait , doit être
d’une bonne couleur , rempli d’un liquide clair et en
touré d’un cercle rouge : on ne doit pas craindre alors
d’être attaqué de la petite-vérole pendant le reste de la
vie. »
M. IV. B ruce, consul à Bushire , rapporte que , dans
quelques tribus nomades de la P erse, le cow pox existe
sur le pis des brebis. Divers individus de la tribu des
�34
(
)
Eliatas, auxquels il s’est adrossé , lui ont assuré , d'un
Commun accord , que ceux d’en U ’eux qui sont employés
à traire les troupeaux gagnent une maladie qui les pré
serve parfaitement de la petite-vérole : ils ajoutaient que
cette maladie régnait parmi les vaches , mais que les
brebis y étaient plus sujettes , et que c’était d’elles sur
tout que les bergers la prenaient (i).
( Bull, de la Sac. méd. d ’émulât. de Paris. Janvier 1822. )
C as d ’hydropisie de la gaine tendineuse du muscle ilëorotulien ( droit antérieur ) de la cuisse gauche ; par
M . L . S uchet , médecin, à Chalons-sur-Saone.
« M. R * * * , âgé de 2.0 ans , d’un tempérament bilieuxlierveux, en taillant nu morceau de bois avec une serpe ,
se blessa avec la pointe le tendon du muscle iléo-rotulien de la cuisse gauche , à un travers de doigt au-dessus
de la rotule. Cette blessure donna lieu à une inflam
mation assez intense , laquelle fut combattue pendant
quinze jours avec des topiques émoliiens. Au bout de
ce temps , le malade , qui se croyait g u é ri, parce que
les symptômes inflammatoires avaient disparu , et que
la douleur était presque nulle , commença à faire quel
ques pas ; mais celle-ci s’accrut aussitôt , l’articulation
se tuméfia , surtout au-dessus de la rotule , et i\l. R * * *
se vit forcé de garder le lit de nouveau ( alors la bles
sure était tout - à - fait cicatrisée ). Pour combattre
ce gonflement, le médecin ordinaire eut successivement
recours aux compresses imbibées de vin aromatique ,
aux emplâtres fondans , aux linimens dans lesquels
entraient le camphre et l’ammoniaque.
(1) jüidionairc tics Sciences médicales , art, Vaccine, par
M. Husson.
�(
25)
Appelé à cette époque , c’est-à-dire trois semaines
après l'accident, je reconnus dans la partie tuméfiée
une fluctuation manifeste. V . Il* * * ne ressentant ni
clialeur , ni élancement , et la peau correspondante
n’ayant point changé de couleur, j’annonçai l’existence
d une hvdropisie de la synoviale du tendon blessé , et ,
comme l’ondulation du liquide était très-sensible à la
partie latérale externe de l'articulation , la rupture d elà
gaine. Persuadé que cette rupture pouvait , à la longue,
causer l’infiltration du tissu lumineux qui unit entre
eux les muscles et de la cuisse et de la jambe , je pro
posai l’ouverture de la tumeur ; le malade y consentit
sans difficulté.. Le lendemain, je pratiquai au côté externe
du genou, un pouce environ au-dessus de l’articulation ,
une incision de douze lignes de longueur. 11 sortit à
flots une grande verrée de fluide séreux , semblable à
l’eau des ascitiques , dans lequel nageaient plusieurs
pseudo-membranes. Un rameau de l ’artère articulaire
supérieure fut ouvert ; j’en fis la compression. Je levai
l’appareil après trois jours ; des pansemens Lien faits ,
des cataplasmes émollieus et la position horizontale ren
dirent promptement à l’articulation la presqu’entière
liberté de ses mouvemens , ainsi que son volume or
dinaire. Le malade , trois semaines après l ’opération
marchait assez aisément ; mais des exercices violens ,
souvent répétés , auxquels il se livra malgré ma défense,
entretenant l’irritation des parties affectées , s’opposèrent
à leur complet dégorgement. Le repos, quelques fric
tions faites avec le baume opodeldocli , et ensuite des
douches alcalines , redonnèrent aux organes leur primi
tive énergie, et firent disparaître cet engorgement
chronique. »
31
L ’auteur de cette observation l’accompagne de quel
ques réflexions qui font ressortir tout l ’intérêt qu’elle
�( 26 )
présente. Il est d’avis q u e , dès que l’hydropisie de la
gaîne des tendons est reconnue, on doit se hâter de
plonger un trocart dans la tumeur , et pour parer à
l ’objection qu’on aurait pu lui fa ire , de n’avoir pas
eu recours à ce procédé opératoire, il observe , dans
une note , qu’il lui fut impossible de se procurer un
tro ca rt, dans le village où il vit le malade , et qui est
éloigné de sept lieues de Chùlons-sur-Saône.
( Journal complément, du Dict. des scienc. méd. Janvier
1822. )
P.-M. Roux.
lu w v n m u n i u
u
JOURNAL
w
v
DE
\ u w w \ u u w m u vw m u m
PHARMACIE.
A nalyse des principaux articles du
N, °
de décembre
18 2 1.
— O bservat i ons sur l ’em ploi, en médecine , de
l'huile extraite du scmen-contra , par M . BouillonLagrange.
L e semen-contra, seul ou mêlé à d’autres substances,
a toujours été pris avec répugnance par les enfans,
vu son amertume et son odeur aromatique particulière.
O n a cru que c’était ù ces deux qualités qu’appartenait
sa vertu vermifuge. Ce fait paraît très-contestable , car
s’il en était ainsi , la mousse de Corse et la fougère ne
seraient point vermifuges.
La présence d’une huile dans le semen-contra a été
indiquée par plusieurs chimistes; mais ils n ’ont décrit
ni ses caractères , ni ses usages. C ’est ce qui a sug
géré à M. Bouillon - Lagrange l’idée d’extraire cette
huile , et de l’employer en médecine.
O n trouve dans le commerce trois espèces de semen-
�(
)
contra ; c’est avec celle d’Alep , comme étant la meil
leure, que l’on opérera pour en extraire l’huile essen
tielle ; à l’aide de la distillation , on en retire en
viron
grains par livre ; elle est volatile , légère,
d’une odeur qui n’est point désagréable , analogue à
celle de la m enthe, légèrement citrin e, d’une saveur
âcre et brûlante.
Cette huile peut se donner en sirop. Le meilleur pro
cédé parmi ceux indiqués par l’auteur , consiste à faire
dissoudre à froid du sucre blanc dans q. s. d’eau k
filtrer et à ajouter six grains d’huile par once ; on en
donne uue cuillerée à bouche le matin et le soir ; ou
peut également l’employer seule avec du su cre, il suffit
d’en verser4 à B gouttes sur un morceau de cette substance.
— jExamen chimique du séné. Le séné vient d'ètre
soumis à une analyse sévère par MM. Lassaij’ iie et
Feneulle. Sa vertu purgative réside dans une subtance
particulière que l’on a désignée sous le nom de cathartine. Il n’en est point en médecine de l ’usage du séné
comme de celui du quinquina. La matière médicale sera
toujours redevable aux travaux de MM. Pelletier et
Caventou , tandis qu’elle ne saurait faire nn usage par
ticulier de la catliartine, vu que le séné est peu employé
en médecine , comparativement au quina, et au sulfate
de quinine.
— Analyse des eaux de Vichy. Les établissemens
destinés à la préparation des eaux minérales artifi
cielles sont maintenant assez répandus en France. Les
avantages que l'art de guérir en retire, sont constatés,
Il existait une lacune relativement à l'analyse des eaux
minérales de V ich y. Il était étonnant qne ces mêmes
eaux, auxquelles les médecins mettent beaucoup d’im
portance , fussent moins connues sous le rapport de
leur composition chimique. C ’est à MM. Paris et
Berthier, à qui l’on en doit l’analyse. Ces eaux , extrê-
36
�(28)
merneut gazeuses de leur nature , jaillissent de leur
source eu bouillonnant dans les puits qui les renferment,
elles entraînent avec elles un volume plus ou moins
considérable de gaz acide carbonique. Elles n’ont point
d’odeur bien marquée, et leur saveur, sensiblement al
caline, n ’a rien de désagréable. Elles contiennent les
matières solubles et insolubles; les dernières sont tenues
en dissolution à la faveur d’un grand excès d’acide car
bonique , et qui s’en précipitent par l’évaporation. Les
premières sont le carbonate et le sulfate de soucie et le sel
marin , les inatiôèes insolubles, le carbonate de chaux,
de magnésie , de la silice et du peroxide de fer. Les pro
portions sont les suivantes :
Acide carbonique. . .
Sous carbonate de soude
Sel marin . . . . .
Sulfate de soude.
Carbonate de chaux. .
Carbonate de magnésie.
Silice.................................
Peroxide de fer. . . .
0,002.268 ■)
38 3
558
o,oo, 1 (
0,00,4600
o,ooo
j
0,0002 "9 J
0,000285 v
o,oooo45 I
0,000045 {
0,000006
o,ooo,
38 i
J
— Nouvelle poudre dentifrice, par M . Pelletier. L ’em
ploi des opiats ou des poudres dentifrices est générale
ment répandu pour entretenir la blancheur des dents.
On doit s’en servir avec d’autant plus de circonspection,
que la plupart contiennent des substances acides qui
attaquent et détruisent l’émail des dents. Les poudres
dont on doit préférer l’ usage , sont celles qui agissent
sur les dents par une dureté moindre que celle de
l’émail dentaire ; telles sont le charbon , le co ra il, les os
calcinés ; l’usage du quina est particulièrement recom
mandé pour les gencives saignantes. Nous pensons que
la formule suivante de M. Pelletier est préférable à
toutes celles qui sont connues.
�(
29 )
Prenez corail préparé , . . r once ,
Laque larminée, . . 8 grains,
Sulfate île quinine, .
grains,
Essence de m enthe, . 2 gouttes.
4
— Baume de Salazar. Prenez eau-de-vie : tb XV. —
Encens en larmes , mastic , aloës succotrin de chaque
I once. Poix résine
gros. Fuites digérer, à la chaleur
du soleil, en agitant souvent , on filtre et on conserve
ce baume dans des bouteilles bien bouchées.
On en use en frictions pour stimuler l ’action muscu
laire-et ranimer la sensibilité des viscères abdominaux.
— Note sur la phosphorescence du sulfate de quinine.
II résulte des observations de M. Lallaud , pharmacien
à Annecy, que le sulfate de quinine chauffé à une douce
chaleur, devient entièrement lumineux. La phospho
rescence est d’autant plus vive , et le phénomène dure
d’autant plus long-temps, que le sulfate est plus p u r ,
plus blanc et plus sec. Cette expérience pourra servir
à constater la pureté du sulfate de quinine.
— Manière aisée de fa ire promptement et. proprement
un emplâtre de thériaque. On perce une feuille de papier
de la grandeur et de la forme dont on veut avoir
l ’emplàtre ; on y laisse un rebord de deux pouces en
viron et on l’applique sur un morceau de peau, alors,
à l’aide d’une spatule on étend la thériaque , en ayant
soin de commencer sur les bords du papier lui-même ,
pour le maintenir sur la peau , et ensuite on se rap
proche peu-à-peu de la circonférence au cen tre, de
manière à garnir tout l’espace découvert par la décou
pure du papier. O11 lisse la surface de l’emplâtre avec
la spatule légèrement humectée et on enlève le papier.
On obtient , par ce petit tour de main , un emplâtre
exempt de toute espèce de bavure. On peut préparer
de la même manière, tous les emplâtres faits avec des
médicamens qui ont la même consistance que la thériaque.
4
F oucade.
�3o )
VARIÉTÉS.
(
— U n professeur d’une faculté célèbre, dans une
leçon recueillie par un de ses auditeurs, s’exprim e, sur
M. Broussais, k-peu-près en ces termes : Je parle devant
» des étudians en médecine, devant des am is, mes en» fans , qui me pardonneront les expressions en faveur
» de la comparaison , si elle est juste. Je compare iVI.
» Broussais k un homme qui a la diarrhée , et qui vient
» se plaindre k sou restaurateur, de ce que ses alimens
» en sont cause. Celui-ci lui répondra : Monsieur, je vous
j> sers comme mes autres abonnés, et certes , personne
» ne se plaint. La faute en est k votre estomac qui ne
» digère pas bien , et uén k mes alimens , qui sont très» sains, et incapables de causer une incommodité quel» conque. M. Broussais est l’homme à diarrhée , le res» taurateur est le célèbre Barthez, et les alimens la phy» siologie de ce dernier ; M. Broussais l’a mal digérée,
» voilà pourquoi il ne la comprend point , et pourquoi
» aussi il l’attaque , en la présentant sous un faux jour. »
— M. Arnaril, D. M. de L y o n , démontre en deux
volumes l'art d ’opérer dans toutes les sciences , et par~
ticulièreinent en médecine. Son ouvrage porte pour titre :
Association intellectuelle , ou méthode progressive et
d'association. Veut-on juger de la clarté du style et de
la profondeur des pensées de ce médecin , lisez le pas
sage ou il indique le principe fontameutal de l’asso
ciation intellectuelle qu’on doit appeler collectisme. Pour
quoi un malade a-t-il des terreurs soudaines ? Voici l ’ex
plication : « L ’âme perçoit le corps qui se détraque et
s’en épouvante , ou pour mieux dire , le corps qui se'
détraque , brise et morcelle l’âme qui , ne sachant si elle
pourra se rallier , se jette dans la terreur. » Voilà qui
�3
( i )
est clair, et qui peut figurer avantageusement auprès de
ce que Voltaire appelait du galithomas.
— Le docteur B ellin i, élève du célèbre Masccigni,
dout il a traduit l’ouvrage sur les vaisseaux lymphatiques,
vient de publier des recherches anatomiques sur la
véritable structure de la matrice et de ses appartenances.
,.11 démontre , d’après les principes de son maître , contre
l ’opinion des anciens et des modernes , que la matrice
n’est pas composée de fibres m usculaires, dont on re
garde l’action comme nécessaire pour l’expulsion du
fœtus.
— M. Cruveilhicr, dont les travaux sur l’anatomie
pathologique sont très-estimes , a présenté à l’institut de
France, le premier cahier d’un ouvrage intitulé : M éde
cine-pratique éclairée par l ’anatomie et la physiologie
pathologique. Il traite, dans ce premier fascicule, des trois
maladies qui sévissent plus particulièrement contre les
enfans ; savoir : le croup , la maladie cérébrale , qu’il
appelle hydrocéphale ventriculaire aiguë , et la désor
ganisation gélatiniforme des intestins. Ces monographies
sont enrichies de faits intéressans , elles sont suivies
de tr iis autres mémoires, dont le premier a pour objet de
déterminer le siège précis des tubercules pulmonaires.
Le second contient une description d’ un bandage trèssimple pour les fractures de la clavicule. Dans le troi
sième , l’auteur propose pour combattre les fièvres inter
mittentes un remède nouveau qu’il extrait du lilas com
mun ( syringa vulgaris ) et dont l’emploi lui a valu une
prompte et heureuse guérison.
— L a Revue médicale française et étrangère ne ren
ferme plus les intéressans bulletins de la Société médicale
d’émulation de Paris. Mais les rédacteurs de ce journal,
que l’on pourrait appeler Universel, dédommagent bien
leurs abonnés par le compte fidèle, analytique et précis
qu’ils rendent des journaux scientifiques et des ouvrages
de médecine, de la Frànce et de l ’étranger.
�(
32)
— Aussi modeste que savant , M. Magendie avait
disposé les fonds nécessaires pour soutenir la publica
tion de son Journal de physiologie expérimentale, ne
prévoyant pas qu’il se présentât un nombre assez con
sidérable de souscripteurs. Mais les frais ont été bientôt
couverts, et l’estimable rédacteur a promis de consacrer
au perfectionnement de sou recueil tout ce qu’il pro
duira au-delà de ses frais.
— JJ Observateur des sciences médicales , q u i, déjà
depuis plusieurs mois , a été recommandé à la bienveil
lance particulière du Gouvernement, par le conseil-général
de préfecture des Rouches-du-Rhône, vient d’être de nouneau recommandé par M. le comte de V illeneuve ,
Préfet , auprès des communes de ce département , et
ce digue magistrat a écrit à M. le docteur R oux , rédac
teur-général, qu'il se fesait un vrai plaisir de seconder
la communication des lumières des gens de l’a r t , étant
pénétré des avantages qui ne peuvent qu’en résulter pour
l ’intérêt de la science et le bien de l’humanité.
J .-F .-X .
w w \ u n u n vw w vw « u x w »
SUJETS
\
S igaud .
i xwvxx t \vv\.wvw vvw v* w w w w
DE
PRIX.
P r ix proposé par la Société de médecine , chirurgie et
pharmacie du département de l'E u re, pour être dé-*
cerné dans sa séance publique de 182I.
Déterminer les différentes espèces d'Hydro-rachis ou
Hydropisie du canal rachidien , en indiquer les causes ,
les différences, suivant l'dge, les signes caractéristiques,
le traitement et les altérations observées dans les parties
qui en sont le siège,
�(
33)
Le pris est une médaille d’or de la valeur de deux
cents francs.
Une médaille d’argent sera décernée à l’auteur du
Mémoire qui aura le plus approché du prix.
Chacun des auteurs mettra en tète de son mémoire
une devise qui sera répétée sur un hillet cacheté, où il
aura inscrit son nom et sa demeure. Ce billet ne sera
ouvert que dans le cas où le mémoire aura remporté le
prix ou l’accessit.
Les membres de la Société, domiciliés à Evreux, sont
seuls exclus du concours.
Les mémoires écrits en français ou en latin , devront
être parvenus , fra n cs de port, à M. L .-H . Delarue ,
pharmacien à Evreux , secrétaire de la Société, avant
le premier janvier 1823 : ce terme sera de rigueur.
P r ix propose par VAcadémie royale des sciences , ins
criptions et belles - lettres de Toulouse.
i.° Déterminer, par des observations comparatives ,
les cas où l’emploi des sels à base de quinine est aussi
avantageux que celui du quinquina ; 2.0 désigner les cas
où il mérite la préférence.
Le prix sera décerné en 1824.
Il consistera en une médaille d’or de la valeur de cinq
cents francs.
Les mémoires écrits en français ou en latin seront
reçus jusqu’au r.cr mai 1824. Ils seront adressés, fra n cs
de port , à M. Daubuisson de Voisins, secrétaire per
pétuel de l’Académie, à Toulouse.
t
. m.
3
�h j Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires , Obser
vations, Notices, etc. , de ses membres soit titulaires , soit
correspondons , qui lui paraissent dignes dédire, publiés ■>
elle n’a égard qu'à l ’intérêt qu’ils présentent à la science
médicale ; mais qu’elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs i
et qui u'ont pas encore la sanction générale.
�BULLETINS
DE
LA
SOCIÉTÉ
ROYALE
DE
A tu m iw m
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
\\ « u u n w u u v i w w w i w u u v »
J a n v ie r 1 8 2 2 . —
N .° I .
a v x w u \ \u \n \% m u u v m v m i u u u n w w m v
D iscou rs prononce à la séance d'installation d e la Société
5
royale de Médecine de Marseille , le dimanche i mars
1818 , par J. V . II. G andy , docteur en médecine et
en chirurgie de la Faculté de médecine de Montpellier ,
président de ladite compagnie , membre de plusieurs
sociétés médicales , etc.
Messieurs ,
U ne main sacrilège osa renverser le trône et l’autel.
Après ce double attentat, rien ne coûta plus à sa
coupable témérité, et toutes les institutions utiles furent
entraînées dans la même cbûte. Tbémis n’habita plus le
sanctuaire des lois ; les ministres du dieu d’Epidaurç
furent forcés d’abandonner son temple , et le droit ,
jusqu’alors si difficile à o btenir, d’exercer l’art d’où
dépend la vie des hommes, fut accordé à tous ceux qui
voulurent s'y livrer. Dès lors l’ignorance et le charlata
nisme prirent la place des talens et de l’expérience , et les
vrais médecins ainsi confondus avec cette foule meurtrière
de prétendus guérisseurs , sans autres titres que leur
�(
36)
audace , furent "réduits à déplorer dans le silence , les
maux incalculables qui devaient en être le funeste
résulta t.
Les facultés et collèges de médecine , de chirurgie
et de pharmacie avaient été compris dans la proscription
qui avait frappé d'anathème tout ce qui ne se ressentait
pas de l’ignorance qu’on voulait rendre alors générale.
L ’anarchie se glissa dans la plus noble et la plus utile
des professions , et ( le croirions - nous , si nous n’en
eussions été les tristes témoins ) ce bouleversement si
fatal à l’humanité , s’opéra au nom de l’humanité même,
comme ce fut au nom de la bienfaisance que l’on chassa
l ’infirme et l’indigent de divers asiles que la piété de
nos pères avait élevés pour e u x , et au nom de la liberté
que l’on imposa le joug des plus pesantes chaînes. O n
eût dit que la boîte de Pandore avait été de nouveau
ouverte et que tous les maux en étaient sortis pour se
répandre sur notre malheureuse patrie.
Tant que la hache homicide fut suspendue sur leur
tête , les médecins marseillais se bornèrent à gémir , en
secret , sur des maux qu’ils ne pouvaient ni empêcher ,
ni réparer ; mais lorsqu’enfin le c ie l, appaisé sans doute
par le sang de nobles et innocentes victimes , daigna
suspendi’e les coups de ses terribles chûtimens, et qu’un
horizon plus serein fit présager de plus beaux jours ,
ne pouvant espérer le rétablissement des auciens collèges,
ces praticiens philanthropes formèrent le projet de
réunir les débris du collège royal de médecine et des
docteurs reçus dans les diverses facultés , ainsi que des
membres des collèges de chirurgie et de pharmacie ,
pour établir avec l ’autorisation du gouvernement , la
S ociété de M édecine de M arseille .
Ce fut le premier juin 1800 , qu’ils se réunirent pour
la première fois , légalement ; et comme ils étaient le
hon grain que l’iyreie 11’avait point étouffé , ils voulurent
�37
(
)
par la sévérité de leurs réglemens , éloigner ceux qui
ne possédaient pas de titres sulfisans pour exercer l’art
de guérir.
Amis de l’humanité, rassurez-vous. Malgré le souffle
dévastateur d’une si horr ible tempête , le feu sacré n’est
pas entièrement éteint. Il est un nouveau temple où se
trouve renfermée une étincelle destinée à répandre le
plus grand éclat. Les ftfoullard, les 1 itla l, les Joyeusey
les Bouge, les M ëlicy et d’autres praticiens recomman
dables , parmi lesquels on distingue le savant Fude'rc »
font l’ornement de ce temple qui vient d’être élevé à la
gloire du dieu et du père de la médecine. De là sortiront
de nouveau les oracles d’Epidaure et de Cos , et ces
hommes , qu’un même zèle enflamme, ne travailleront
pas moins à reculer les limites de l’a r t , qu’à se rendre
utiles aux malheureux.
En effet , messieurs , ils sont à peine réunis , et déjà
les pauvres sont consultés et secourus. Semblables à ces
premiers rayons que le soleil répand sur la terre après un
temps orageux , ils raniment en reparaissant , l’espérance
pi’ès de s’éteindre, et réparent, autant qu’ïl est en eux, les
ravages du malheur et de l’ignorance. On les voit partout
où il y a des infortunés à secourir , et comme s’ils 11e
trouvaient assez d'alimens à leur zèle infatigable , ils
demandent aux magistrats d’annoncer au public l’établis
sement de leurs comités de vaccination, de consultations
gratuites et de salubrité publique.
Mais leur zele lé sa trahis, et déjà les bienfaits dont
on leur est redevable , ont publié hautement les établissemens qu’ils cherchent à faire connaître. Ils ont pénétré
dans ces asiles obscurs où l'amour-propre et l’indigence
renferment tant de victimes; ils o it arraché au désespoir
et à la mort un grand nombre de misérables près à
devenir leur proie. C ’en est assez , de toutes parts on
accourt auprès d’eux , et les nombreuses vaccinations
�38
(
)
pratiquées dès le commencement de la decouverte de la
vaccine, conservent à la patrie et à leurs familles beau
coup d'enfans que les préjugés ou l’ignorance auraient
laissé moissonner par le fléau dévastateur de la petite
vérole.
L a société de médecine établit , dès son origine , une
correspondance active avec toutes les sociétés savantes !
elle associa à ses travaux des professeurs et des médecin3
du plus grand mérite , tant nationaux qu’étrangers >
elle a toujours désiré de compter au nombre de ses
membres honoraires les principaux magistrats et des
personnes qu i, par leur rang , leurs talens, ou des
services rendus à ta compagnie ou à la scien ce, lui
sont devenus recommandables, ainsi que des praticiens
q u i , après avoir vieilli dans la carrière honorable de l’a r t ,
ont mérité de se reposer paisiblement sur des lauriers
qu’on peut aussi bien cueillir en consacrant ses travaux
et ses veilles, et même sa santé , pour conserver des
sujets à l’état, comme en exposant ses jours pour la patrie.
Elle n’a cessé de proposer des questions sur des sujets
im portons, d’adjuger des prix , de décerner des récom
penses , et de faire les plus grands sacrifices pour
accroître sa gloire et illustrer ses travaux.
C ’est ainsi qu’elle a , depuis sa fondation , su mériter
la confiance des autorités, l’estime du p u b lic, et qu’elle
a pu se reudi'e digne de la plus glorieuse des récompenses.
Telle est , Messieurs , l’histoire abrégée de la Société
de médecine de Marseille , et la mesure des devoirs que
nous ont imposés nos fondateurs , en nous appelant à
continuer l’ouvrage qu’ils avaient si bien commencé.
Je me suis peut-être trop appesanti sur des détails
qui ont dû fatiguer votre attention ; m ais, venant pour
être aujourd hui les témoins d’une cérémonie dans la
quelle nous allons prendre le titre le plus flatteur que
notre bien-aimé monarque ait pu nous accorder, il a fallu
�3
. ( 9 )
vous m ontrer, messieurs , nos droits à cette faveur signa
lée, et vous faire juger si nos travaux en étaient dignes.
IVotre compagnie ayant succédé à l ’ancien collège
royal de médecine , dont elle conserve les archives , a
osé espéi’er d’obtenir de la munificence du Roi le titre de
S ociété royale de médecine .
Déjà , lorsque nous eûmes le bonheur de posséder
dans cette ville , le Prince auguste dans lequel nous
voyons le premier anneau du chaînon indestructible de
la légitimité , en lui fesant agréer l’ hommage de notre
respect et de nos vo'ux , et en le priant de porter aux
pieds du trône l’assurance de notre entier dévouement
et de notre fidélité inviolable, d éjà, alors, nous reçûmes
de la bouche même de S. A. R. le consolant témoignage
que nos efforts pouvaient mériter cette grâce qu’elle
daignerait solliciter pour nous.
Tout semblait devoir se prêter à l’accomplissement
de nos désirs, et nous n’aurions pas manqué de voir se
réaliser les promesses du Prince , si un nuage affreux
n eût soustrait pour quelque temps à nos regards l’astre
bienfaisant dont l’heureuse influence avait déjà remédié
à une grande partie des maux de la France.
Mais un jour plus prospère ayant lui sur nous , et
rendus de nouveau à l’autorité du souverain légitime
nous crûmes pouvoir alors produire les titres sur lesquels
nous espérions fixer l’attention du gouvernement.
Le moment est venu où un ministre (i) que le Roi
honore d’une confiance justement m éritée, a bien voulu
mettre notre demande sous les yeux du monarque , et
l’objet de cette réunion prouve assez combien S. M. a
daigné apprécier les services que la Société, de médecine
a pu reudre, depuis sa fondation , à la ville et au dépar
ti) M. Laine, minisire de l’Intérieur.
�(
4°
)
temeîit, en lui permettant de prendre le titre de S ociété
R O Y A L E DE MÉDECIN E.
Si jamais j’ai senti l’insuffisance de mes talens , c’est
Lien en ce moment , où il serait à désirer qu’une pluma
plus éloquente et plus exercée pût faire éclater les
plus beaux sentimens , et peindre toute la gratitude
des membres de la Société de médecine envers notre
aucuste
souverain.
O
I ci , messieurs, je succombe sous le poids de mon
sujet. Parlez plutôt pour mo i , mes chers collègues , vous
qui eussiez tous si bien exprimé des sentimens qui ex
pirent sur mes lèvres. Parlez pour m o i, digne admi
nistrateur de ce département (i) , et vous , premier
magistrat de la ville (a) , qui , pour ajouter à toutes
les faveurs que vous ne cessez de nous prodiguer ,
vous êtes dérobés au repos si nécessaire à vos pénibles
fonctions, pour venir être les témoins de notre joie et
de notre reconnaissance. Les accens de notre voix auront
bien retenti dans cette enceinte, les élans de nos cœurs
auront bien éclaté dans cette réunion, mais ne pouvant
s’élever jusques à celui qui est l’objet de nos sentimens,
ils ne sauraient en porter l’expression vers le trône.
Mettez le comble à vos bontés pour nous ; soyez notre
interprète ; dites ce que vous aurez vu ; racontez ce que
vous aurez entendu, et notre auguste monarque verra
que nous ne sommes pas indignes de la faveur que nous
avons reçue. Il apprendra que nous nous trouverons
toujours sur la route de nos devoirs , pour nous rendre
utiles à nos concitoyens , et mériter de plus en plus
sa confiance. Il saura qu’il ne peut avoir de sujets
plus dévoués et plus fidèles , et que nous ne démenti-
(1) M. le comte de Villeneuve, préfet des Bouches-du-Rhône
(2) M. le marquis de Montgrand, maire de Marseille.
�.
(4 0
rons jamais les sentimens dont nous offrons en ce
moment l’assurance. Parlez aussi pour m oi, Général (1),
dont la présence réhausse l’éclat de cette cérémonie ,
vous qui avez si bien su , allier de bonne heure la
bravoure aux plus précieuses vertus. Parlez encore à
ma place , vous tous que cette solennité^ réunit dans
cette enceinte. Vos accens peindront plus éloquemment
que ma faible voix, tout ce que nous éprouvons en ce
jour. Les sentimens qui se pressent en foule , et l’émo
tion de mon cœur , étouffent mes expressions, et dans
cette situation pénible , je ne peux que sentir : mais
le langage du cœur a aussi son éloquence , et ce que
la naïveté dicte , pur comme le sen timent d’où il émane ,
offre du moins le mérite de la sincérité.
Déjà , dans l’impossibilité de vous témoigner , mes
cliers collègues , combien je suis sensible à l’honneur
que vous m’avez fait de m’appeler à des fonctions qui
me rendent aujourd’hui votre interprète, pourquoi faut-il
que j’aie à regretter que votre indulgence m’ait mis
dans le cas de faire ici l’aveu de ma faiblesse.
Que n ’ai-je la plume élégante de notre secrétairegénéral (2) , dont l’absence en ce jour et la maladie
qui nous prive de sa présenee , nous font éprouver qu’il
11e peut y avoir ici bas de satisfaction complette !
Comment pourrai-je , en effet , parler de ce que
vous éprouvez tous de reconnaissance et de joie ?........
Aussi me bornerai-je à vous dire : « Livrons-nous à.
toute l’allégresse que la cérémonie de ce jour nous
inspire. Donnons un libre essor à notre gratitude envers
notre monarque chéri. Notre félicité est à son comble ,
puisque le Roi a daigné abaisser ses regards jusques à
nous , et que par un privilège que nous ne saurions
(1) M. le baron de Damas, commandant la S.e division mil.®
(2) M. le docteur Trucy.
�42
(
)
trop apprécier, il nous imprimé un sceau ineffaçable.
!Ne négligeons rien pour nous montrer dignes d’un
aussi beau titre. S i , pendant que nous bornions noire
ambition à notre propre satisfaction et à mériter la
bienveillance du gouvernement et des autorités locales ,
nous avons tilebé de marcher sur les traces de nos fon
dateurs ; si nous avons tout fait pour remplir le noble
but qu’ils avaient en vue , et si nous pouvons nous
rendre le consolant témoignage que la Société de méde
cine n’a point dégénéré de son premier é ta t, et n’a l ien
perdu de sa primitive splendeur j s i , au contraire ,
nous avons tout mis en oeuvre pour accroître ses
relations et faire connaître au loin ses travaux ; si nous
avons fait de généreux sacrifices pour l’enrichir du
superbe muséum en cire coloriée du sieur BcrtrandIliv a l, qui a fait partout l’admiration des Français et
des Étrangers , pour conserver à la France , et princi
palement à Marseille, ce beau monument du talent et
du génie d'un Marseillais ; s i , en un m o t , par un
sentiment d’orgueil , bien pardonnable eu ce jour ,
nous pouvons espérer d’avoir atteint le but de notre
institution ; que ne ferons-nous pas mainteuant que
nous avons à prouver que nous étions dignes du titre
que nous avons osé solliciter et que nous venons de
recevoir ; maintenant que nous sommes plus spécialement
sous l’œil du souverain et de ceux qui le représentent?
Son excellence le ministre de l ’intérieur l’attend de
nous , puisqu’après nous avoir annoncé que « S M.
a a bien voulu nous accorder cette faveur pour prix
i> des services que la société a rendus depuis sa fondation
» à la ville de Marseille et au département des bouches» du-Rhône. « Son excellence ajoute : « Je ne doute pas
» que la Société royale de médecine de Marseille ne
» continue à mériter la bienveillance du gouvernement ,
„ par son exactitude à remplir tous les devoirs qu’elle
» s’est imposés.
�43
(
)
Que nos travaux , qui vont désormais acquérir un
nouveau lustre , puissent toujours répondre à cet augure
du gouvernement , qu’il nous sera d’autant plus facile
d’accomplir que nous n’aurous , pour cela , qu'a suivre
la route que nous nous sommes tracée et dont nous
n’avons jamais dévié , et à satisfaire le plus pressant
besoin de nos cœurs.
Conservons dans toute sa pureté le feu sacré qui nous
a été confié, pour le transmettre à nos successeurs ; et
que passant d’âge en âge , jusqu’à la postérité la plus
reculée , il y perpétue , avec le monument de nos travaux,
le. souvenir de notre reconnaissance et de la munificence
royale.
N otions ( t) sur la fièvre jaune cle Barcelonne communi
quées verbalement à la Société royale de médecine de
Marseille, le o janvier , par Mr. le docteur Bally
et recueillies par M.. G tjiald fils, secrétaire-général.
3
« Mes collègues et moi en partant pour Barcelonne
nous étions fait un devoir de n’avoir pas d'opinion pré
conçue sur le caractère de la fièvre jaune qui ravageait
cette ville. Nous y entrâmes dépouillés de tout esprit de
prévention ; notre premier soin* dut être de rechercher
si dos circonstances locales, tenant soit à la ville ellemême , soit à l’atmosphère , pouvaient être regardées
comme causes productrices de la maladie ; on nous dit
(i) IJ’après l’ordre de leur date, ces notions précieuses devraient
appartenir au bulletin du mois de février; mais leur importance,
l’intérêt qu’elles présentent, le nom de M. Bally , sont autant
de motifs qui ont engagé la société a les placer dans celui-ci •
la publication des travaux de cette compagnie ne pouvait com
mencer sous de plus heureux auspices.
�44
(
)
que le port de Barcelonne était m al-sain, et on le regar
dait alors comme le foyer d’infection ; nous pouvons
assurer que cette assertion est fausse. Le port de Barce
lonne forme une rade ouverte en pleine mer ; sa .figure
est celle d’un carré long , largement ouvert du côté de
la mer dont les flots pénètrent continuellement dans le
port , de manière que l’eau de ce dernier est continuel
lement renouvellée et toujoui’s claire et limpide. Les
égouts qui aboutissent à Son entrée sont aussi continuel
lement battus par la vague et les immondices entraînées
par l’eau d’une rivière qui les traverse ; on a cependant
voulu considérer l’embouchure de ces égouts comme un
autre foyer d’ infection ; nous répondons à cette allégation
par le fait suivant : à l’époque où la fièvre jaune se
manifesta à Barcelonette , 00 pêcheurs environ , pour
s’y soustraire , campèrent pendant quelque temps près
l ’embouchure des égouts ; à l’exception de cinq d’entr’eux
q u i, ayant couché à Barcelonnette contractèrent la ma
ladie, tous ont été épargnés.
Barcelonnette placée à la partie orientale de la rade
est le lieu de débarquement de toutes les marchandises
des navires. Cette ville compte 700 maisons et environ
ooo habitans , on en trouve peu de mieux disposéepour
la salubrité ; elle a été bâtie toute à-la-fois et sur un
même plan ; rien de plus régulier , de mieux percé ,
de plus aéré que ses rues ; aucune des maisons n’a plus
d ’un étage et plus de deux ménages ; toutes offrent un
courant perpétuel de ventilation. Malgré tous ces avan
tages , Barcelonnette a beaucoup plus souffert de la
fièvre jaune que Barcelonne. On ne peut présumer que
l ’infection lui fut communiquée par le p o rt, d'après
ce que nous avons dit de la salubrité de ce dernier ;
d’ailleurs , Barcelonnette en est séparée par une vaste
esplanade et un quai magnifique ; elle ne pouvait provenir
des égouts de la ville ; nous avons dit également que
4
5
�45
(
)
les eaux de la mer et celles de. la rivière entraînent
continuellement leurs immondices ; Barcelonnette , eu
outre , est placée au côté opposé à ces égouts ; qu’on
ajoute à cela que les vents parcourent fréquemment cette
ville , que le sol d’alentour est rocailleux et sablonneux ,
et l’on verra qu’il est impossible de reconnaître des
causes locales d’infection. Nous avons cru devoir nous
étendre sur les détails concernant Barcelonnette , parce
que cette ville est, pour ainsi d ire, le port de Barcelonne,
et que , d’ailleurs, c’est elle qui la première a été frappée
du fléau de la fièvre jaune. Quant à Barcelonne , quoi
qu’elle offre de beaux quartiers et de Vastes promenades,
elle est en général mal bâtie ; la plupart des rues sont
étroites et tortueuses; du reste, toutes sont propres et
les environs de la ville ne nous ont offert , ni étangs ,
ni marécages , ni autres amas d’eaux stagnantes propres
à développer un foyer d’infection.
Quant aux circonstances atmosphériques , il y a eu
à Barcelonne , pendant notre séjo u r, deux ou trois
orages avec éclairs , tonnerre et pluie ; la chaleur a
été moins forte qu’en 1820. Pendant cette année, en
effet, le tbermomètre était monté jusqu’à 28 degrés ,
tandis qu’en 1821, il n’a pas été au-delà du 26.°
Nous étant ainsi convaincus de l ’absence de toute
cause locale propre au développement de la fièvre jaune,
nous avons dû tourner nos recherches sur l’importa
tion. Plusieurs navires , mais spécialement le Taillepierre et le brick le Grand - Turc , qui venait de la
Havanne, doivent être regardés comme la source de la
contagion. L ’anniversaire de la publication de la consti
tution espagnole , célébré le i juillet, fut renvoyé au
,
à cause du mauvais temps. Des réjouissances eurent
lieu à cette dernière époque à Barcelonne ; la foule se
porta sur le port pour y voir la joute. Les quais, l ’es
planade ne suffisant pas pour la contenir , une grande
5
25
�45
( < )
partie de la population cia Barcelonnette se porta sur
les vaisseaux qui furent encombrés ; on assure que sur 4°
personnes qui s’étaient placées sur le brick le GrandTurc , pour jouir de la fête,
ont péri de la fièvre
jaune; on ne peut donc nier que la maladie n’ait été
importée et communiquée par les navires, mais plus
particulièrement par les bricks le G ra n d -T u rc et le
Taille-pierre. Quant au mode de communication , il
a eu lieu par contagion immédiate et par infection,
c ’est-à-dire, que le foyer miasmatique qui entourait les
individus affectés de la fièvre jaune , pouvait transmettre
le germe de la maladie comme le contact immédiat ;
ce qui le prouve, c’est que les prêtres chargés de
confesser les malades , se trouvant nécessairement placés
dans lé foyer d’ infection , ont presque tous succombé;
les hardes , les différons tissus, le drap, entr’autres ,
étaient péuétrés des miasmes délétères ; cent tailleurs
ont été les victimes du fléau m eurtrier ; la fièvre jaune
de lia ■ ■ colonne a donc été contagieuse ; elle s’est commu
niquée avec rapidité ; elle n’a point affecté de préférence
les mauvais quartiers de la ville ; elle a également sévi
dans ceux-ci et dans ceux où des rues larges, aérées,
des grandes promenades semblaient devoir lui opposer
des limites. L a Rambla , promenade magnifique, n’a
pas été épargnée. Il se peut, cependant, que pour le
développement de la contagion , il y ait eu des condb
tions particulières comme il en existe dans toutes les
maladies marquées par de grands ravages ; mais ces
conditions nous sont inconnues , et tout en les admet
tant, il nous est impossible de les caractériser.
Les symptômes de la fièvre jaune de Barcelonne oat
été les mêmes que ceux qui signalent la fièvre jaune
d’Amérique ; ils ont bien présenté des nuances , mais
auc-me différence tranchée. En voici 'le tableau : Pre
mière période. Point de prodrome , début brusque ;
35
�47
(
)
frissons , cœplralalgie , douleurs du racliis , principale
ment dans la région lombaire , épigastralgie, nausées ,
pouls fébrile. Deuxième période : Bien-être apparent,
cassation presque complette de tous les symptômes ,
état perlide qui ressemble à la convalescence et qui
souvent est l’avant - coureur de la mort. Troisième
période : reproduction de tous les sypmtômes énoncés ;
de plus , hémorragies par diverses cavités, état scor
butique des gencives et de la cavité buccale ; couleur
jaune de la surface du corps , semblable à celle de la
pomme calvile ; vomissement d'un liquide brunâtre,
floconneux., semblable au marc du café ou au chocolat;
la même matière , en parcourant les intestins , devenait
plus foncée, plus consistante par les selles, suppression
d'urine ; la circulation présentait un phénomène remar
quable; le pouls était au-dessous du type physiologique;
ou ne comptait souvent que
,
, /jB pulsations ; il
y avait tantôt stupeur , tantôt délire ; la mort était
prompte ; les malades succombaient ordinairement le
septième jour ; le terme moyen était cinq jours.
Les autopsies cadavériques faites à Barcelonue nous
paraissent dignes de fixer l’attention des médecins ;
elles nous ont offert des phénomènes que nous croyons
n’avoir pas encoi’e été signalés : le, rachis étant , pendant
la maladie , le siège de très-vives douleurs , nous avons
dû l’examiner avec soin. En l’ouvraut dans toute son
étendue, nous avons trouvé la .région cervicale parfai
tement intacte ; mais la région lombaire nous a fré
quemment offert une hydropisie dans la portion de la
membrane arachnoïde qui correspond à cette région ;
le liquide épanché , était séreux et légèrement jaunâtre ;
un autre phénomène non moins remarquable s’est offert
à nos regards ; un épanchement sanguin toujours assez
considérable et correspondant à la partie postérieure
du corps des vertèbres lombaires s’étendait de là jus-
35
&
�qu’aux vertèbres dorsales. Toutes les fois que cet épan
chement existait , il était l’indice de plusieurs autres
qu’on trouvait, soit dans la poitrine , soit dans l’es
tomac , mais plus particulièrement à la base du crâne
et dans la cavité du péricarde. Du reste , dans quelque
vaisseau que se trouvât le sang, jamais il n’a offert la
couleur rouge ; jamais aussi il 11e s’est séparé eu caillots ;
toujours noir foncé , il avait perdu sa propriété agglutinalive ; en le conservant pendant quelque temps , il
n ’offrait plus autre chose que le liquide qui constitue
la matière du vomissement noir ; cette circonstance nous
porte à croire que le liquide de ce vomissement n’est
autre chose que le sang dissous, décomposé transudant
et tamisé , pour ainsi dire , à travers la muqueuse de
l ’estomac et des intestins , comme on le remarque dans
les hémorragies passives.
Tous les auteurs qui ont écrit sur la fièvre jaune, par
lent de lésions graves , d’inflammation gangréneuse de la
muqueuse digestive ; les médecins espagnols de liarcelonne assurent avoir rencontré assez souvent l’inflam
mation gangréneuse sur les cadavres des individus qui
ont succombé à la fièvre jaune ; ce genre de lésion s’est
rarement offert dans les ouvertures faites par nousmêmes ; nous avons observé des points de phlogose sur
la muqueuse gastrique, mais ils occupaient rarement
toute l’étendue de l’estomac ; la même remarque est ap
plicable aux intestins ; nous n’avons pu découvrir de
gangrène , seulement on apercevait quelques ' points
grisâtres semblables à de la substance pultaeée qu’on
enlevait facilement avec le manche du scalpel. Un li
quide brunâtre, abondant, était accumulé dans l’estomac.
Souvent les malades sur les cadavres desquels le liquide
était accumulé , mouraient avec des efforts violens de
vomissement sans pouvoir le rejetter. Sauf les épanchemens sanguins dans les différentes cavités, les dif-
�49
(
)
férens organes de la tète, de la poitrine et de l’abdomen
étaient sains. Le cœur offrait le caillot albumineux que
nous avons signalé dans notre traité sur la fièvre jaune
d’amérique et qui occupe le plus ordinairement l’oreil
lette droite. Le foie avait une teinte particulière que
nous avons cherché à caractériser, en la nommant
couleur jaune rhubarbe. Ou reste, il n’ollrait aucune
lésiou de tissu ; la ve'sicule semblait disposée à un état
inflammatoire , la rate était saine, et les reins, malgré
la suppression d’urine , symptôme pi’esque toujours
m ortel, se sont constamment oflert dans un état par
fait d’intégrité ; la vessie , sauf quelques points de phlogose u’a présenté aucune sorte d’altération. L ’habitude
extérieure des cadavres était le plus communément remar
quable par la couleur jaune ictériquejla conjonctive avait
une teinLe jaune bien m arquée, qu’on apercevait en
soulevant la paupière supérieure ; du reste, les muscles
étaient dans l’état ordinaire , les échymoses à la face , k
la poitrine , à l’abdomen fort rares , et à l ’exception
des cas d ’hémorragies passives par la bouche ou autre
cavité , les cadavres n’exhalaient aucune mauvaise odeur.
Quelque pénible que soit l’aveu que nous allons faire,
nous le devons au respect que l’éclame la vérité ; de tous
les modes de traiteinens employés dans la fièvre jaune
de Barcelonne, aucun n’a offert des résultats satisfaisaus,
et nous sommes plus que jamais persuades ju’il n’existe
pas de méthode thdrapeuthique régulière pour la fièvre
jaune; an ti-pb logis tiques , excitans , lien n’a paru réussir;
les acides végétaux et m inéraux, le quinquina n’ont
présenté aucun effet remarquable ; les saignées et
les sangsues limitaient la mort des malades ; de tous
ces moyens , lt moæa est celui qui paraissait devoir
offrir quelques chances de succès ; nous avons dit que
les auptosies cadavériques nous ont démontré fréquem T.
.
111
4
;
�5
( o)
ment des épanchemens sanguins et séreux dans la région
des lombes ; plusieurs moxas , appliqués sur cette partie ,
au début de la maladie , auraient pu , en déplaçant le
principe d’irritation , produire quelques effets satisfai
sons ; des circonstances particulières ne nous ont permis
de tenter qu’une seule Ibis ce moyen ; quant au sulfate de
quinine , il n ’était pas connu à Barcelonne au com
mencement de la maladie ; M. Pelletier nous en envoya
généreusement une quantité équivalente à la somme
de deux mille francs, mais comme la fièvre jaune était
alors à son déclin et que nous n’avons pu multiplier
les essais, nous n’avons pas assez de données pour pro
noncer sur les résultats ; nous pensons cependant que
c’est à lui que nous devons la guérison du jeune Jouary.
Tels sont les principaux traits qui ont marqué la
fièvre jaune de Barcelonne ; elle a été , en général , trèsmeurtrière; nous avons cependant observé , par rap
port à l’àge , que les enfans et les vieillards étaient davan
tage épargnés , et qu’ils guérissaient plus facilement
quand elle s’était développée cbez eux. Relativement au
sexe , les hommes étaient frappés et mouraient en nombre
bien plus considérable que les femmes ; mais toutes les
femmes enceintes que le fléau m eurtrier pouvait at
teindre , avortaient et périssaient avec une effrayante
rapidité ».
Nota, M. le docteur B ally déclare que toutes les no
tions sur la fièvre jaune de Barcelonne, qu’on vient de
lire , lui sont communes , avec ses honorables collègues ;
MM. Paris et et François.
�(
5i
)
O bservations sur les perforations de l’urètre et de
l'intestin rectum ; par M . M agail , D . C. , membre
titulaire de. la Société’.
L es auteurs qui ont écrit sur les maladies des voies
urinaires , ont considéré les fausses roules comme des
accidens très-graves , s’accompagnant presque toujours
de dépôts urineux et par suite de tous les désordres
que détermine l'infiltration de l’urine dans le tissu cel
lulaire du periné et du bassin. Mais en réfléchissant
attentivement à ces sortes de fausses routes , on voit
qu’elles sont presque toujours situées avant le point qui
correspond au canal rétréci , ou aux environs de ce
rétrécissement , et qu’ainsi ces perforations ne peuvent
occasiouer les infiltrations qu’on observe au periné. Ayant
eu à soigner nn très-grand nombre de malades atteints
de rétrécissement dans le canal de l’urètre , qui tous
ont nécessité l’introduction de la sonde dans la vessie , j’ai
souvent pratiqué et vu pratiquer beaucoup de fausses rou
tes , et je puis assurer n’avoir jamais vu survenir aucun
dépôt urineux , ce qui m’a porté à croire que ces dépôts
n’étaient pas toujours le résultat des crevasses; mais
qu’ils provenaient «le ce que des obstacles s’opposant
à l’issue des urines , la partie du canal qui se trouve
au-dessous du rétrécissement continue à se dilater outrem esure, le malade fait de vains efforts pour urin er;
alors la muqueuse , fortement distendue , se rompt , les
fibres de la musculaire s’écartent , l’urine s’infiltre dans
le tissu cellulaire circonvoisin et produit des dépôts
u rin eu x , etc. Les observations suivantes prouveront
jusqu’à l’évidence , que les perforations faites à l’urètre,
dans l’opération du cathétérisme ne sont que très-rarement
la cause des infiltrations urinaires dans la région du
périné.
P remière
O bservation.
M. R. , négociant de Marseille, âgé de soixante-huit
�(
52)
ans , était- affecté , depuis longues années, d’une para
lysie de vessie, qui l’obligeait à s’introduire lui-même
la sonde toutes les fois qu’il voulait uriner.
Sa fille unique , qu'il chérissait beaucoup, atteinte de
phthisie pulmonaire , succomba à cette maladie meur
trière. Sa perte occasiona à M. R. un chagrin profond ,
qui finît , quelque temps après, par le jeter dans un état
complet de manie. Dans cette situation , il veut absolu
ment continuer à se sonder lui-même et il y parvint faci
lement par la grande habitude qu’il en avait.
Un jo u r, dans un accès violent de manie, il redresse
entièrement sa sonde de gomme élastique du plus gros
calibre, l’introduit fortement dans le canal de l’urètre, fait
des efforts considérables pour la faire pénétrer. Dans cette
manœuvre laborieuse , il perce le canal vers la partie
membraneuse et par suite l’intestin rectum , il enlève
ensuite le mandrin , continue à enfoncer la sonde jus
qu’au pavillon et la retire enfin par l’anus. Informé de
cet accident , je crus qu’il était prudent de videé la
vessie qui était remplie d’urine. J’introduisis donc une
grosse sonde eu argent, dans l’inlention d’éviter la fausse
roule que le malade venait de pratiquer, mais je m’en
gageais constamment dans la déchirure , et ce ne fut
qu’après des tentatives lon g-tem p s réitérées que je
parvins à l’introduire dans la vessie ; Le malade ne
voulant pas absolument garder la sonde , je pensai qu’il
était prudent de la fixer et de la laisser le plus long
temps possible, dans l’espoir qu’elle s’opposerait en partie
aux aceidens consécutifs ; mais quoique sévèrement sur
veillé , la première chose qu’il fit , fut de la retirer.
Je me décidai alors à le sonder plusieurs fois le jo u r , et
toutes les fois que je n’avais pas la précaution d’abaisser
Je pavillon de la sonde , aussitôt que l’extrémité avait
franchi l’arcade du pubis , je m’engageais constamment
dans la déchirure.
1
�(
53
)
Le malade fut mis à une diète sévère , il fut suivi
très-exactement afin de combattre les accidens qui pa
raissaient devoir survenir après un délabrement aussi
considérable. Le premier jour , les selles au nombre de
quatre , furent sanguinolentes , quelques gouttes de sang
coulèrent par la verge , les jours suivaus , toutes les fois
que je le sondais , beaucoup de mucosités s’écoulaient
par l’urètre. Les selles continuèrent également à être
mêlées avec des mucosités. Enfin le malade guérit sans
qu’il survint le moindre engorgement au périné. Quelques
mois après, il guérit également de sa m an ie, et il
continua de jouir, pendant plusieurs années, d’ une bonne
santé , sauf sa paralysie de vessie.
D euxième
O bservation.
M. C . , capitaine m arin, âgé de cinquante ans , d ’un
tempérament bilioso-sanguin, était affecté, depuis longues
années, d'une vérole invétérée qu’il avait contractée aux
Colonies, et pour laquelle il avait subi , à diverses
reprises , des traitemens plus ou moins rationnels,
En i i il vint me consulter. V oici les symptômes
qu’il éprouvait : difficulté d’u rin er, écoulement blenriorhagique chronique, exostoses à la partie antérieure des
tibias et à la clavicule droite, accompagnées de douleurs
insupportables qui l'empêchaient de dormir , quoiqu’il
prît , toutes les nuits , trois ou quatre grains d’opium
gommeux.
Le malade ayant déjà fait, sans aucun succès , plu
sieurs traitemens anti-syphilitiques, par les frictions et
Je sublimé corrosif, etc. Je pensai qu’en les réitérant,
je m'exposerais à les voir échouer. Je lui conseillai alors
le rob anti-syphilitique de Laflecteur , que j’ai constam
ment vu réussir, après les autres traitemens mercuriels.
Après les cinq premières bouteilles , les douleurs ostéocopes diminuèrent d’intensités, mais l’écoulement et les
85
�54
(
)
difficultés d’uriner furent les mêmes. Les quatre bou
teilles suivantes le guérirent parfaitement de ses exos
toses et de ses douleurs.
Pensant alors que l’écoulement de l’urètre était pu
rement une maladie locale , et qu’il était entretenu par
des rétrécissemens de ce canal, je conseillai au malade
l ’usage des bougies de gomme élastique dans la double
vue de détruire ces rétrécissemens qui étaient cause de
l ’écoulement et de dilater le canal. Je passai donc une
bougie de gomme élastique , mais ce ne fut qu’après des
efforts répétés que je parvins à franchir les obstacles et
à la faire pénéti’er jusqu’à la vessie. Quelques jours
après je lui mis une petite sonde de gomme élastique
qu’il garda pendant deux jours ; j ’en introduisis une
plus grosse ensuite, et jusqu’à ce que je fusse parvenu
à en placer une d’un calibre moyen. Le malade apprit
ensuite à la passer lui-même , et il urinait à travers
la sonde.
lin jour’ il arrive chez m o i , en me disant que depuis
quelque temps les urines ne pouvaient pas couler à travers
la sonde , quoiqu’il l’enfonçât, comme auparavant , jus
qu’au bout. Voulant m ’en convaincre , je priais le ma
lade de la passer, et lorsqu’il l’eut introduite , je retirai
le mandrin ; les urines ne coulant p o in t, j ’enlève la
sonde, et quel fut mon étonnement et celui du malade ,
lorsque nous la vîmes toute enduite de matières fécales.
A u premier abord , je craignis le développement de
symptômes formidables ; mais en me rappellant le sujet
de ma première observation, je fus bientôt rassuré , et
il ne me fut pas difficile de persuader au malade , que
cet accident ne serait suivi d’aucun danger. L ’événe
ment confirma le pronostic que j'avais porté , et depuis
Jors , le m alade, quoique urinant toujours avec peine ,
n’a pas cessé de jouir d’ailleurs d’ une bonne santé.
( L a suite au Numéro prochain. )
�(
55
)
u w v \ m v u w v \ u u \ u w u w \ u u n \ \ x x \ v \ w ix w t u u u u u u m
SÉANCES
î E K D i S I
LE
DE
MOIS
LA
DE
SOCIÉTÉ
D ÉCEM BR E
1 8 2 JC.
8 Décembre. — I l est donné lecture d’une lettre de
M. S e u x , chirurgien à Lille , qui adresse à la Société
un prospectus sur les propriétés des eaux minérales de
Velleron. ( Réponse à M. Seux, dépôt dans les archives ).
O11
communique une observation sur une greuouillète
guérie par l’inflammation adhésive du kiste. Son auteur
M. H aim e, Secrétaire-général de la Société médicale
de Tours , est nommé membre correspondant de la
Société.
M. le Secrétaire-générallit ensuite l’éloge de l’infortuné
M a zet, éloge qu’il a fait au nom de la Société. L ’im
pression de cet écrit dans les Journaux de la ville et dans
l’ Observateur des sciences médicales est délibérée.
La Société délibère en outre que quatre médailles
d’argen t, et quatre diplômes de membres correspondans , seront décernés à MM. B a lly , P uriset, François
et Audouard, en récompense du dévouement généreux
dont ils ont fait preuve dans la maladie désastreuse
qui a ravagé Barcelonne.
Elle délibère encore que la question proposée par un
de ses membres, sur les affections contagieuses exotiques,
susceptibles d’être importées sur le sol français, sera
mise au concours pour l’année 1822. Cette question,
a été imprimée dans la 6 .e livraison de l'Observateur
des sciences médicales.
14 Décembre. — M. le Secrétaire présente une bro
chure imprimée et adressée à la Société , ayant pour
titre : Quelques observations sur la Jievre jaune d ’E s-
�(
56
)
pagne, par un Français qui n'est ni chimiste, ni médecin;
au profit des Français malheureux, à lia redonne. La
Société en ordonne le dépôt dans ses archives.
M. le docteur R oux fait ensuite lecture d’un rapport sur
un manuscrit de M. Fortunet , docteur cri m édecine,
intitulé: Essai à’idéologie. Les conclusions de ce rapport,
tendant à donner approbation au travail de M. Fortunet ,
et à admettre ce médecin au nombre des membres eorréspondans , sont adoptées.
M. le docteur R oux propose à la Société l’impression
de ses bulletins , et leur insertion à la suite du journal
qu’il rédige et qui a pour titre : Y Observateur des
sciences médicales. Une commission , composée de MM.
Benac , Seux , Guiaiu/,, (ils , Sue , Segaud , Picard ,
Beullac p è re , est nommée pour présenter un rapport
à ce sujet.
La Soçiété s’occupe ensuite de la révision de ses règle-,
mens.
22 Décembre. — O u lit le rapport de la commission
chargée d’examiner la proposition faite par M. le doc
teur R o u x , concernant l’impression et l’insertion des
bulletins de la Société à la suite de Y Observateur des
sciences médicales. Les conclusions de ce rapport tendant
à accueillir la proposition de M. R o u x , sont adoptées,
éluue commission composée de MM. Guiaud, iils , R o u x ,
Sue , Sigaud et Poutet est nommée pour la rédaction
des bulletins.
ïl est ensuite fait lecture des réflexions nouvelles sur
la fièvre jaune, adressées à la Société , par M. F é lix
Dufour , docteur en médecine à Livourne. La Société,
après cette lecture , délibère qu’une lettre flatteuse sera
écrite à M. Dufour , qu’elle compte parmi ses membres
correspondans.
L e reste de la Séance est consacré à la révision des
règlemens.
B E N A C , Président.
G u i A u D , fils, Secrétaire-général.
�O bservations pratiques et Réflexions sur la fiè vre
intermittente inflammatoire ; par J.-F. F auchier, D. M..
à Longues, membre de la Société royale de médecine de
Marseille, et de celles de Paris , Lyon , Montpellier.
J e lis dans le tome X X V du Dictionaire des sciences
médicales (i) (art. intermittent) la phrase suivante:
« la fièvre inflammatoire alï'ecte rarement la forme in» ternaittente : on peut même dire que nous ne possédons
i> pas d'exemple bien constaté de fièvre inflammatoire
» intermittente. »
Comme j’ai recueilli plusieui’s observations qui m’ont
paru prouver l’existence de cette fièvre, j’ai cru devoir
les publier.
Observation I.re — M. de Commandaire , fils aîné ,
(i) Les journaux de la capitale n’ont trouvé que des éloges à
donner à cet ouvrage vraiment grand : ces louanges sont elles
toutes méritées? U n médecin de province , qui n’est plus jeune ,
par conséquent laudator temporis acli, peut-il se permettre de
les trouver souvent outrées, quelquefois même peu méritées.
Certainement le plan d’un, recueil de cette nature , bien exécuté
ne pouvait qu’être très-utile. Mais n’a-t-on pas abusé et de la
patience et de la bonrse des souscripteurs , en poussant à près
et peut-être plus de 60 volumes, un ouvrage que l’on avait
promis et que l’on pouvait terminer en n ou i 5. Le reproche
des longneurs et des inutilités , n’est ni le seul ni le plus fort,
quoiqu’elles portent sur des discussions scientifiques ou théori
ques, tandis que la partie pratique pour la description et sur
tout pour le traitement des maladies est courte. Du moins si
celte partie, la plus essentielle de l'art, était exempte d’erreurs:
il me serait facile d’en relever plusieurs ; je me borne, pour le
moment, à faire remarquer celle qui fait l’objet de ce mémoire
espérant que dans la seconde édition, commencée sous le titre de
Dictionaire^abrégé, on ne se bornera pas à abréger.
T . III.
5
�(
58)
âgé de 22 ans , tempérament sanguin, robuste, bien
nourri, alimens forts , liqueurs , sans cause connue , fut
atteint, le 16 mars 1808, d’un accès de fièvre; froid
intense . chaleur forte , sueur légère. Cet accès se re
nouvela en tierce. Pendant l’apyrexie , pouls plein ,d u r,
fo r t, lent , céphalalgie , visage animé , langue rouge ,
appétit peu dérangé , urines rouges. Pendant l’accès ,
pouls plus fréquent, plus dur ; céphalalgie plus intense,
anxiété , léger délire pendant la chaleur. Je fis faire une
forte saignée ; l’accès du lendemain fut plus court et
moins intense. Ensuite j’ordonnai un usage abondant de
délayans acidulés, des juleps ni très, des lavemens fréquens, des pédiluves. Les accès diminuèrent graduelle
ment ; le o il n’y en eut point.
3
5
Observ. II.° — Mlle, Brisse , couturière , âgée de i
ans , maigre , pâle , tempérament bilieux et sanguin , fut
atteinte , le 20 février 1809 , d’un accès de fièvre qui se
renouvela tous les jours à la même heure. Pendant
l ’apyrexie , pouls fort , élevé, souple, céphalalgie, figure
un peu anim ée, langue rouge, sèche, soif, point d’ap
pétit. Pendant l’accès , symptômes augmentés, surtout
la céphalalgie, pouls fréquent, un peu lent dans ses
pulsations , légèrement dur. On s'opposa à la sai
gnée , je prescrivis des pédiluves , des lavemens fréquens, nourriture légère et l’usage abondant de la
tisanne d’orges, avec le tartritc acidulé de potasse. Cette
fièvre fut très-irrégulière elle cessait pendant plusieurs
jours , et revenait ensuite sans cause conn u e, enfin
elle disparut sans autre moyen que celui que j’ai in
diqué. Le dernier accès eut lieu le douze mars.
Observ. III.e — Hilarion Bernachot, âgé de 16 ans ,
robuste, très-vif, bien nou rri, fut atteint, le i avril
1809, d’un accès de fièvre , qui se renouvela tous les
jours en double tierce ; l’impair était le plus fort ; ce-
5
�5
'( 9 )
plialalgie intense. , pouls plein , dur , fort , même pen
dant l’apyrexie; pendant l’accès, délire. Une saignée,
des lavemens , et une boisson abondante de limonade
dissipèrent la lièvre , le 29 il n’y eut plus d’accès. Le
paroxisme pair fut le premier dissipé. Ainsi la lièvre fut
tierce pendant quelques jours.
3
Observ. IY .C — Rainaucl, teinturier, âgé de o ans,
tempérament bilioso-sanguin , éprouva , pendant plu
sieurs jours , une petite fièvre véspertine , qui ne dé
rangeait en rien son appétit, et ne l'empêchait pas de
continuer son travail. 11 crut pouvoir la dissiper en
prenant une forte dose de jalap , qui amena beaucoup
de déjections. La petite fièvre disparut, mais R . fut
très-échauffé. Quelques jours après , le 28 avril 1810,
accès de fièvre, froid léger , forte chaleur, légère sueur.
Cet accès se renouvelle tous les jours à la même heure.
Pendant l’apyrexie , céphalalgie , figure rouge , pouls
plein un peu d u r, soif, langue rouge nette , appétit peu
dérangé , constipation , urine rouge, dysurie ; pendant
l ’accès symptômes plus violeus , pouls fréquent mais pur;
céphalalgie plus forte dans la période du froid , délire
dans celle de chaleur. Saignée, lavemens et délayans en
grande quantité. L ’accès du i .er mai finit par une sueur
très-copieuse , la céphalalgie disparut. Les antres accès
furent plus légers ; le 6 il n’y en eut point , mais la
santé n’était pas entièrement rétablie ; anorexie , langue
sale , sueurs nocturnes. Six dragmes sulfate de ma
gnésie dans un verre d’eau miellée amenèrent de copieuses
^éjections bilieuses ; l’appetit revint, il 11’y eut plus de
sueurs nocturnes.
25
Observ. V .e — M. G. . , de Cotignac , âgé de
a n s,
robuste , sanguin , bien n o u rri, eut, dans le commen
cement de l’été i 8 i 3 , une affection siphylitique ; on lui
donna le-mercure en sel et en frictions. Ce jeune homme
voulant guérir promptement, poussa les doses un peu
�(
6o )
haut. Au mois d’août , quinze jours après la fin du
traitement mercuriel parut une fièvre vague erratique
qui ensuite prit le type quotidien ; il y eut constam
ment , pendant et hors l’accès , les signes d’excitation
que j’ai déjà énumérés. Des lavcmens , des doux laxa
tifs , un usage abondant de délayans, des pédiluves,
les dissipèrent ainsi que la fièvre.
34
Qbserv. V I .e — M. M ey fret, de Curiez , âgé de
ans , robuste, pléthorique , bien nourri principalement
en viande , mais évitant les ragoûts et les liqueurs , a ,
le 24 avril 18 14 , un accès de fièvre , frissons violens
mais courts , forte chaleur , sueurs copieuses. Cépha
lalgie très-forte pendant les deux premières périodes
moindre pendant la sueur et l’apyrexie. Urines rouges ,
soif intense , langue rouge , anorexie , pouls plein ,
fort et souple pendant l’apyrexie , dur dans l’accès ,
serré pendant le froid. Je fis faire une saignée pendant
]a période de chaleur. Ensuite, doux laxatifs, lavemens,
délayans acidulés. La fièvre continue en tierce ; mais
les accès sont plus légers , les symptômes d’irritation
moindres. L e i mai , il n’y eut plus qu’un léger frisson
aux heures d’invasion de la fièvre , ce qui persista
pendant quelques jours. A la fin du mois , M. Meyffret y
s’expose à un air très-humide; le lendemain, retour de
la fièvre , mais sans céphalalgie ; pouls souple , aucun
symptôme d’excitation ; elle continua en tierce , mais
fut bientôt dissipée par les apozèmes avec la centaurée ,
la germandrée et la chicorée sauvage.
5
Observ. V II.e — Q. Mireur , tailleur de pierres ,
jeune homme très-robuste , travaillant à Entrecasteaux ,
près de la rivière , eut , le o mai 18 1 , un accès
de fièvre qui se renouvela le lendemain et jours suivans. Je le vis le juin , à la fin de l’accès : figure trèsanimée , céphalalgie encore forte , mais moindre, sueurs
copieuses , pouls grand , élevé , souple. O n me dit que
3
3
4
�(6i )
la céphalalgie était constante , mais que pendant la pé
riode de chaleur elle était très-intense et qu ’il y avait
même un léger degré de délire furieux : douleurs géné
rales , langue hum ectée, rouge , soif intense , ligure
animée, yeux rouges. Une saignée fut fa ite, lavem ens,
laxatifs doux , délayans eu abondance ; le 12 juin il
n ’y eut point d’accès.
Obsen>. V III. — Magdeleine âgée de o ans, grande,
robuste , tempérament sanguin , bien réglée , mai s
peu abondamment, après avoir eu , en août 1814 , un
embarras gastrique avec sigue d’irritation , lequel fut
dissipé par plusieurs purgatifs , eut , le 26 septembre
un accès de fièvre avec ses trois périodes. Cet accès
se répéta tous les jours d'une manière très-régulière avec
céphalalgie intense ; pouls plein , fo r t, s o if, m êm e
pendant la courte npyrexie. On donna des d élayan s,
des lavemens, ensuite les apozèmes amers avec la centaurée,
l’absynthe,lechamœdrys. Les accès furent plus courts mais
continuèrent avec les mêmes symptômes. Je vis la
malade le 12 octobre. Céphalalgie nullement diminuée ,
plutôt augmentée, surtout pendant la période de chaleur ,
même léger délire, pouls plein, fort et dur. Je prescrivis
une saignée, ensuite des boissons acidulés, un julep
n itré, des pédivules et des lavemens. A la fin du mois ,
guérison.
e
,
3
Obscrr. I X .C — Marie Lambert, femme d’un cordon
nier , âgée de 26 ans, grasse , robuste , réglée quoique
allaitant un enfant de dix mois , eut , le 2 avril 1814 ,
un accès de fièvre qui se renouvela en tierce , anticipant,
la période de froid est courte ainsi que celle de chaleur.
Pouls plein , dur , fo rt, même pendant l’apyrexie , cépha
lalgie continue , langue rouge, appétit, soif. O n s’opposa
à la saignée de peur de diminuer le lait ; doux laxatifs,
lavemens , boissons acidulés , l’epos ; le j 4 il n’y eut
point d’accès.
�( 62 )
Obscrv. X .c — Rosine Clayen , âgée «le S ans , enfant
fort vive , bien nourrie , aliuicns un peu écliauffans ,
a , tous les soirs , un accès de fièvre bien carac
térisé. Je la vois au quatrième accès , le 14 niai
1817. Il a lieu à sept heures du so ir, finit au milieu
de la nuit par une sueur copieuse. Le froid a été v if ,
mais court , la chaleur très-lorte. Pendant l ’a pyrexie ,
l’enfant est gai comme à son ordinaire , se plaint cepen
dant de vive céphalalgie , le pouls est p lein , élevé ; il
devient ti’ès - fréquent dans le paroxisme , alors aussi
la céphalalgie augmente , la langue est rou ge, s o i f ,
toux sèche, surtout pendant la période de froid. L avemens délayans acidulés en grande quantité. Les accès
continuent , mais moins forts ; ou aperçoit que celui
des jours pairs est plus faible que l’autre. Le froid est
moindre , la sueur plus abondante. Môme régim e.
Les accès continuent à diminuer ; celui du 20 a été
le dernier.
Dans toutes ces observations l ’état inflammatoire s’est
manifesté au début de la maladie. Quelquefois il parait
seulement pendant son cou rs, amené par un mauvais
régime , par l’emploi de médicamens trop actifs. Je
vais en citer un exemple qui servira à prouver le
danger des remèdes empiriques , et surtout de ces
gouttes anglaises dont le principal ingrédient est l ’oxide
d’arsenic.
Obscrv. X Ie. — Madame R . , âgée de 28 ans , grande,
fluette , mais jouissant d’une bonne santé , habita , pen
dant quelque temps , même en automne , sa campagne
environnée de prairies ; elle y tut atteinte de fièvre
intermittente qui fut combattue par plusieurs remèdes
empiriques. Cette fièvre fut rebelle , elle cessait quel
quefois , mais pour revenir bientôt. En novembre 1809 ,
Madame R fut à R . , sa patrie , pays plus froid ; peu
avant son d épart, elle avait encore pris plusieurs remèdes
�(
63)
conseilles par de bonnes femmes, entr’autres , au
moment de l’invasion de l’accès un verre de vin dans
lequel on avait laissé infuser à froid toute la nuit une
pièce de monnaie de cuivre. L ’accès fut violent, mais
il fut le dernier. A R. , la fièvre reparut; on donna
divers remèdes , entr’auties les gouttes arsenicales. Une
violente diathèse phlogistique se manifesta bientôt ; on
fit deux saignées, on employa les délayans et les doux
laxatifs , la fièvre disparut pour ne plus revenir. Ma
dame R. habite, tous les étés , la meme campagne, il n’y
a eu aucune récidive.
J ’ai rapporté la plupart des observations qui, jointes
à celles de quelques savans praticiens , m ’ont décidé à
admettre l’existence de la fièvre inflammatoire intermit
tente. Je crois devoir ajouter ce que je dis de cette
espèce de fièvre dans mon mémoire sur l’emploi de
1a saignée dans les fièvres intermittentes, et dans les
fièvres continues adynamiques ou ataxiques (t).
Il est rare que la fièvre intermittente prenne le c a
ractère inflammatoire , mais elle le prend quelquefois.
J’ai eu plusieurs occasions de l’observer dans le pays
du nord comme dans ceux du midi. En A n g leterre,
comme en Provence , chez des vieillards comme chez
des jeunes gens. Outre mes propres observations , je
puis citer , à l’appui de cette opinion , le témoignage
(i) Ce mémoire fut envoyé au concours sur la question sui
vante, proposée par l’Académie de médecine de Paris : « Quels
sont les signes qui indiquent ou contr’indiquent la saignée, soit
dans les fièvres intermittentes , soit dans les fièvres continues,
désignées sous le nom de putrides ou adinamiques , malignes ou
ataxiques. » Cette Société m’accorda l’accessit, en regrettant de
n’avoir pas un second prix à donner. On peut voir ce qu’en dit
Bosquillnn, dans son rapport inséré dans les Anuales de littéra
ture médicale étrangère, tom. XVI, pag, 575.
�64
(
)
de plusieurs auteurs célèbres ; Clisson, Wintringham,
H uxhan , Pringle , Borsiëri , Selle , J. P. Frank ,
tirera , etc. Peu d’auteurs de traités généraux de méde
cine eu parlent expressément , il est v r a i, mais c’est
parce que dans leur description générale , confondant
tous les symptômes de chaque espèce , ils s’attachaient
divantage à ceux qui sont les plus com m uns, les
signes de gastricité. Cependant on voit sans peine
qu’ils avaient également observé ceux qui annoncent
l ’existence de lu diathèse inflammatoire , puisqu’ils les
y comprennent tous , et que dans ce cas ils recom
mandent expressément la saignée , et tout le régime
anti-phlogistique.
Si je fouillais dans les recueils d’observations parti
culières ; il me serait facile d’en citer plusieurs exemples.
Je n’auràis pas besoin pour cela de rapporter comme
ayant le caractère inflammatoire toutes les lièvres dans
lesquelles on a employé la saignée , même avec pro
fusion et avec succès; je n’apporterais , il l’appui de mon
opinion , que celles dont les symptômes rapportés exac
tement annoncent d’une manière évidente le caractère
inflammatoire.
Cette espèce de fièvre intermittente conserva exacte
ment la succession régulière des trois périodes de chaque
accès. Tous les symptômes ne se dissipent pas avec la
fièvre. Il en reste encore plusieurs. La période de froid
est ordinairement peu longue , le froid est plus violent ;
pendant qu’il existe , le pouls n’est pas si petit quedans
les autres espèces, il conserve toujours un degré de
force remarquable. Dans cette période, il y a céphalalgie
assez violente , douleurs dans tous les membres. Au froid
succède , d’une manière rapide , une chaleur forte , hali! neuse, la peau , surtout au visage , est très-rouge, les
yeux semblent injectés , le pouls devient alors trèsfort , plein et quelquefois dur. Les artères temporales
�(
65)
et les carotides battent avec beaucoup de véhémence ,
la respiration est courte , précipitée , difficile , souvent
douloureuse ; le moindre son inquiète, la lumière
blesse les yeux , la céphalalgie augmente considérable
ment. Il y a presque toujours un délire comme furieux ,
plus rarement un assoupissement apoplectique; la langue
est sèche, il y a une grande soif, ou à cause du délire, mal
gré le besoin de boire , malgré les causes de la soif ,
le malade paraît n’en éprouver aucun , et refuse de
boire ; les urines sont très-rouges , le ventre est resserré,
la sueur est ordinairement très-copieuse , quelquefois
cependant elle est comme nulle , attendu , sans doute ,
la grande tension des solides. Pendant cette troisième
période les symptômes d’excitation continuent, et le rehicliement est petit. Le pouls perd peu-à-peu de sa force
et de sa plénitude. Cette sueur , quelque copieuse qu’elle
soit, ne dissipe point tous les symptômes. Quoique , lors
qu’elle a fini , la plénitude et la force du pouls aient
dim inué, elles sont encore au-dessus de l’état naturel.
La soif , la pesanteur des membres , la lassitude et
même un degré de chaleur continuent après la fin de
l’accès. Il y a aussi céphalalgie continuelle avec insomnie
ou sommeil troublé par des rêves.
On voit que l ’apyrexie est à peine marquée r il est
rare qu’elle soit longue ; ces fièvres sont ordinairement
quotidiennes ou doubles tierces. Les accès sont longs et
quelquefois l’un est à peine fini que l’autre recommence ,
parce qu’ils anticipent sur l’heure de leur retour. Lors
qu’on commet quelque erreur dans le régime , ou quel
que faute dans le choix des remèdes , ces fièvres dégé
nèrent en continues.
La fièvre intermittente inflammatoire n’est jamais
endémique parce que le miasme des m arais, cause ordi
naire des épidémiesfet des endémies de fièvres, intermit
tentes, ne contribue en rien à la production de cette
t
;
'< f —
�(6 6 )
espèce ; un excès de boisson ; un travail serré , surtout au
soleil pendant les beaux jours du printemps , peut-être
aussi une forte commotion de l’âm e, précèdent ordi
nairement cette lièvre, et sont les causes excitantes. La
suppression des évacuations ordinaires , un régime trèsnourrissant , tiré surtout du règne animal , un tem
pérament robuste pléthorique, la jeunesse , y disposent
également. En un m ot, on peut prendre pour causes
occasionelles de ces fièvres tout ce qui tend à produire
dans les solides un excès de rigidité , une tension contre
nature ; dans le sang une abondance vicieuse , un mou
vement augmenté; ces causes , qui très-généralement
amènent une fièvre continue ou une phlegmasie , pro
duisent quelquefois une fièvre intermittente.
Lorsque cette fièvre se manifeste avec tous les symp
tômes que je viens de décrire , lorsqu'ils ont acquis cette
intensité , la saignée est absolument nécessaire ; elle est,
commandée par le caractère qu’a revêtu la maladie.
Tout annonce que le sang pèche par abondance ou tur
gescence et les solides par excès de tension ou de force. Il
faut donc employer le régime débilitant et la saignée
doit en faire la principale partie. Quelquefois une seule
suffit aidée de remèdes rafraîchissans , comme le nitrate
de potasse , le tartrate acidulé de potasse, et d’un l’égime
tendant au même but. Nourriture légère , repos , usage
abondant de délayans acidulés , lavemens fréquens , air
pur et frais, etc. Quelquefois , cependant, il faut la
répéter, les circonstances concomitantes , l’â g e , le
tempérament du malade, la saison , doivent être con
sultés, mais la continuation des symptômes d’excitation
nous dirige. Il faut persister dans l’emploi de ces moyens
tant que les mêmes symptômes existent, mais non
pas tant que la fièvre dure ; les moyens débilitans suffi
sent quelquefois pour la dissiper , quelquefois aussi elle
continue réduite à un état de régularité et de simpli-
�( 67 )
cité , et alors elle ne peut être dissipée que par le
spéeilique.
Mais comme ce caractère inflammatoire est, pour ainsi
dire , contraire à la nature de la fièvre intermittente, il
est rare qu’elle le prenne avec cette intensité, ou qu’elle
le conserve long-tems , à moins qu’à son début on n’ait
donné au malade des échaufl'ans, ou qu’on l’ait accablé
de couverture. Assez souvent ce caractère se dissipe par
la tranquillité et l’usage copieux des délayans. Quel
quefois aussi les efforts de la nature décident un écou
lement des hémorroïdes , des menstrues ou même un
épistaxis qui généralement suffit pour remplacer la
saignée. En voici un exemple :
Observ. X II.e — Anne Giraud , femme Juniver , ro
buste , peu habituée aux travaux de la campagne, s’y
livrait avec ardeur dans le mois d’avril , par un temps
sec et chaud. Elle fut attaquée d’une fièvre intermittente
inflammatoire, ayant le type de double tierce; le pre
mier accès parut d’une manière subite vers les cinq
heures du soir. Le froid fut très-violent, dura environ
quatre heures ; l’accès en entier fut de dix-liuit heures ,
il y eut une forte chaleur, céphalalgie violente , léger
délire, soif intense. Le second accès commença deux
heures après que le premier eut fin i, par conséquent
il anticipa de quatre heures. Cette anticipation continua
à-peu-près la même jusqu’à la fin de la maladie , pen
dant les deux heures d’apyrexie, la soif et la cépha
lalgie avaient continué. Le second accès fut plus intense
mais plus court. Je fus appellé lors de la sueur ; je
trouvai le pouls plein , fort et mou. J’attendis la fin de
la sueur pour prescrire une saignée ; au moment qu’elle
allait être faite , la malade me dit que ses règles venaient
de paraître. L ’époqne en était devancée d’environ huit
joux-s , elles étaient plus abondantes que de coutume ;
la malade me dit également qu’elle se trouvait beaucoup
�(6 8 )
mieux que pendant l’apyrexie précédente. La saignée fut
renvoyée en partie par ces raisons en partie pour ne
pas heurter le préjugé des parens. Je me bornai à
prescrire des délayans en abondance , une nourriture
légère. Il y eut encore six accès , toujours diminuant
d’intensité et se correspondant alternativement.
D ’après les mêmes principes, lorsque quelques circons
tances particulières au m alade, comme par exemple
son âge avancé, paraissent contr’indiquer la saignée , elle
peut être omise sans aucun inconvénient, et remplacée
par les moyens que je viens d’indiquer.
Observ. X III.e — Jacques Fabre , âgé d’environ 60
ans , cultivateur , se livrait avec excès aux travaux de
la moisson , surtout le samedi
juillet 1807 , le soir il
eut un mal à la tête considérable , avec beaucoup de
soif et douleurs générales; peu de temps après froid in
tense suivi d’une chaleur violente et d’une légère sueur,
qui commença vers la matinée du lendemain. Cet accès
se renouvela tous les soirs à la même heure. Pendant
le jour , il y avait céphalalgie , so if, douleurs géné
rales ou pesanteur des membres. La nuit , pendant la
période de chaleur de l ’accès, il y avait toujours un
léger délire accompagné de cris et de menaces ; je le
vis le douze ; pendant toute la maladie il s’était tenu
à une diète sévère et avait bu abondamment de la dé
coction d’orge. Je trouvai le pouls plein , souple , peu
fréqu en t, chaleur peu augmentée , langue sèche , cou
pée, le ventre légèrement tendu avec constipation,
visage rouge , urines rouges ; je prescrivis une boisson
abondante de limonade ou de décoction de prunes , et
surtout des lavemens fréquens. Je voulais faire faire une
saignée , mais les parens s’y opposèrent ; n’en voyant
pas l’absolue nécessité , je n’insistai pas beaucoup et
elle n’eut pas lieu. Les accès furent plus légers et plus
courts; les symptômes diminuèrent d’intensité, surtout
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(6 9 )
pendant l’apyrexie ; enfin l’accès qui eut lieu dans la
nuit du seize au dix-sept fut à peine aperçu.
Rarement nous rencontrons les maladies fébriles dans
leur état de simplicité ; assez souvent deux états mor
bides , même peu analogue entr’eux , se compliquent,
ainsi nous voyons la fièvre gastrique réunie à l’état inflammatoire ; il n’est donc pas étonnant que tant d’au
teurs aient reconnu l’utilité des saignées dans les fièvres
bilieuses , tandis que tant d’autres les ont condamnées.
S ’ils n’étaient pas persuadés , s’ils ne voulaient pas
nous persuader qu’il n'y pas d’autres fièvres gastriques
que celles qu’ils ont observées, ces médecins n’auraient
pas eu de si grandes discussions sur l’utilité de la saignée
dans ce genre d’alfection.
L ’observation a prouvé que la fièvre intermittente
inflammatoire peut se compliquer avec la fièvre intermittente gastrique. Cette complication nous est manifestéc par la présence des deux espèces de symptômes
inflammatoires et gastriques. Mais cette réunion de deux
états si peu analogues entr’eux , annonce quelques mo
difications dans leurs symptômes , surtout dans ceux
qui annoncent l’état phlogistique.
Le pouls est plein et fo rt, mais assez généralement
souple et mou ; la céphalalgie est plus intense , mais
plus gravative et moins lancinante ; il y a rarement
délire , plus souvent des vertiges ; le visage est rouge ,
surtout aux joues, les yeux sont jaunâtres ; le menton
est pâle et verdâtre ; la langue n’est pas si rouge , son
milieu est toujours recouvert de mucosités jaunâtres ;
les urines'sont moins rouges , souvent d’ un jaune foncé ;
il y a ou constipation ou diarrhée d’irritation avec
tenesme.
Ces modifications varient ; les symptômes s’approchent
plus ou moins de ceux de l’état inflammatoire , selon
que cet état au le gastrique domine ; mais quelles que
�(
7°
)
soient ces modifications , si elles cachent la complicacation de la maladie au praticien peu exercé ou peu
atten tif, elles la dévoilent à celui qu’un long exercice
de son a r t , une méditation profonde de l’expérience
des autres , aura rendu vigilant et attentif.
Je dois placer ici une observation qui peut nons
aider dans le diagnostic et même dans le traitement,
Celte complication se rencontre plus souvent dans les
fièvres intermittentes gastriques qui dépendent de la
hile viciée dans sa quantité ou sa qualité. Ne peuton pas attribuer quelquefois , si non en tou t, du moins
en partie, les symptômes d’irritation à ce fluide trop
a cre , trop abondant, irritant les fibres de l ’estomac
et sympathiquement tous les organes ?
La fièvre intermittente gastrique inflammatoire se
rencontre plus souvent dans un printemps sec et chaud
ou pendant l’é té , surtout s’il y a des variations dans
l ’état «le l’atmosphère. Elle attaque les jeunes gens ro
bustes et pléthoriques adonnes à la bonne chère , après
un excès de manger , ou après l ’usage de mauvais
alimens. Elle prend ordinairement le type tierce , ou
double tierce ; les accès sont prolongés au point de
rendre quelquefois la fièvre subintrante. Ainsi l’apyrexie n'est pas toujours parfaite ; quelquefois même il
y a plutôt une remission qu’une vraie iutermission.
On ne voit pas cette complication dans les pays ou
la fièvre intermittente est endémique ; rarement elle
se rencontre dans les épidémies. Ce n’est que quelques
fièvres sporadiques qui nous la montrent.
La saignée est ici nécessaire pour détruire un des
élémens de la maladie et faciliter l’emploi des remèdes
que nécessite l’autre; ainsi il faut saigner avant de donner
l’émétique. La répétition de la saignée est nécessaire
ou inutile suivant la violence de l’état inflammatoire ;
mais à moins qu’il ne soit très-fort il est plus prudent
�(70
d'employer les délayans , des doux laxatifs , des lavemens qui serviront à relâcher les solides , à diminuer
l’acreté de la bile et à l'expulser. Ainsi nous combattons
les deux élémens de la maladie sans amener une trop
grande débilité qui pourrait ensuite rendre la fièvre
rebelle au spécifique. Quand l’état inflammatoire est
bien marqué , le malade jeune et pléthorique dans le
printemps , surtout si la constitution dominante y en
gage , il n’y a pas de mal , il est même nécessaire de
répéter l’évacuation du sang.
Obscrv. XflV.e — Jacques Pcllissier , agricu lteu r,
âgé de 26 ans, p etit, mais robuste et pléthorique, eu t,
il y a deux ans , des fièvres intermittentes, de type
quotidien ou double tie rc e , à-Sainte M axim e, pays
marécageux, qu’il habitait alors; pour les dissiper on
eut recours au spécifique. Le 1 janvier au soir , il
mangea abondamment des tripes de mouton peu cuites.
Dans la nu it, accès de fièvre ; le froid dura plus de
deux heures ; la sueur ne finit que le deux février
au matin. Pendant toute la durée de l’accès il y eut
un peu de délire ; pourtant le malade se plaignait de
temps en temps d’un violent mal à la tête et d’une
forte douleur au bas-ventre. Appelé le
, je trouvai
pouls plein , fort , peu fréquent ; chaleur un peu
augmentée , céphalalgie , langue très-rouge aux bords,
sale au milieu ; dégoût , bouche amère , pâteuse; cons
tipation , s o if, urines rouges , visage anim é, yeux
jaune. Je prescrivis une saignée , des lavcinens et des
délayans en abondance. J’attendais la fièvre pour le
lendemain zj ; elle ne parut pas ; le pouls était presque
naturel, la céphalalgie beaucoup diminuée ; une once de
tartrate acidulé de potasse , prise en trois verres d’eau ,
amena un grand nombre de selles , de matières bi
lieuses et muqueuses. Le
, accès à cinq heures du
matin ; le froid dura une heu re, la chaleur jusqu’à
3
3
5
�7
( 2)
une heure ; alors parut uue légère sueur qui fut suivie
d’une a pyrexie parfaite. Dans la nuit pendant le sommeil
sueurs très-copieuses. Les symptômes gastriques conti
nuant , je fis prendre la même dose de tartrite aci
dulé ; elle fut suivie dn même effet. L ’accès du 7
fut très-léger et court, l’apyrexie parfaite; il y eut
encore uue forte sueur pendant la nuit. Le malade
fut mis k l’usage d'une décoction d’orge acidulée avec
deux dragtnes de tartrite acidulé de potasse par litre. Les
accès diminuèrent toujours d’intensité et de durée. Le
1 /j, il y en eut un , quoique ce fut le jour de l’apy
rexie ; la fièvre devint double tierce , mais chaque
accès était très-léger ; le plus fort qui était celui des
jours impairs ne dui'ait en tout que quatre heures.
Les forces se soutenaient, l’appétit était bon , je donnai
le quina dont les premières doses dissipèrent l’accès
faible , ensuite l’autre.
T r a i t é d es fi è v r e s rém itten tes et d e s in d ic a tio n s q u ’elles
fo u r n is s e n t p o u r l ’u sa g e d u q u in q u in a : p a r J .- B . - T h ,
B aumes , p r o fe s s e u r r o y a l d e p a th o lo g ie et d e noso
lo g ie à la f a c u l t é d e m é d e c in e d e M o n t p e lli e r , etc.
2 vol. i n - 8.° de 379 —
53 o p a g e s (Montpellier 1821.)
( Premier Article. )
S’ il est un sujet qui mérite de fixer toute l’attention
du médecin , c’est sans doute la pyrétologie : malgré
l’immensité d'écrits qui ont paru sur les fièvres, que
d’incertitudes 11e resterait-il pas à détruire , si l’on s’obs
tinait encore à vouloir trouver quelque chose d'essentiel
dans ces pyrexies ! Mais depuis que , rejetant une abs
traction qui ne ponvait satisfaire ni l’esprit ni la raison,
�73
(
)
un grand observateur a porté le flambeau de la physio
logie dans la pathologie, la confusion qui obscurcissait
ce point important de doctrine a disparu, et la lièvre,
jusqu’alors regardée comme une maladie essentielle , n’a
plus été considérée que connue symptôme de la lésion
primitive d’un tissu, Non-seulement M. le professeur
Baumes reconnaît cette vérité , qui promet les plus
peureux résultats , mais il prétend à la priorité de cette
idée qu’il dit avoir exprimée en 1801 dans ses Fondedenie.ns de la science méthodique des maladies. M ais,
selon lui , cette doctrine ne doit pas être trop exclu
sive , et de ce qu’il n’y a pas de fièvres bien essentielles,
on ne doit pas conclure que toutes les pyrexies qu’on
avait regardées comme telles, dépendent d’un degré plus
ou moins fort d’inflammation des surfaces membra
neuses intestinales. La discussion de cette dernière pro
position nous mènerait trop loin , et nous aimons mieux
passer de suite à l’exposition de là doctrine du célèbre
professeur de Montpellier , sur les fièvres rémittentes
qui lui paraissent avoir une physionomie propre, et
mériter de former une classe particulière de maladies.
Dans l’introduction de son ouvrage, M. Baumes a cru
devoir placer le discours qu’il prononça, le 10 avril 1820,
à l’ouverture de son cours public de pathologie , discours
éloquent, consacré a l’historique de l’ère antique de la
médecine , qu’il fait précéder et suivre de quelques ré
flexions , dans la vue de repousser le reproche qu’on
n’a cessé de lui faire , depuis la publication de son Essai
d’un système chimique de la science de l'homme, d’àvoir cherché à introduire les explications mensongères
de la chimie dans la pratique de l’art de guérir. Il arrive
ensuite à l’idée qu'on doit se. former de la fièvre qu’il
définit : une lésion permanente de la circulation du sang.
Quelque respect qu’on doive aux grands talens , il est
t . m.
6
�( 7
4
.)
permis sans doute de ne voir dans cette définition que
l ’expression d’un des phénomènes les plus frappans de
la fièvre; et la difficulté, ou pour mieux d ire, l’impos
sibilité d’en donner une définition exacte et précise
n’est pas une des considérations les moins fortes, qui doit
porter à ne voir dans ce trouble universel, désigné
sous le nom de fièvre , que l’indice de l ’altération de
quelqu’un de nos tisons , et non la maladie elle-même.
Après avoir tâché de prouver que la considération du
type dans les pyrexies est plus utile au praticien que la
nature des lésions qui les caractérisent, erreur qui cer
tainement ne sera partagée par personne, malgré le
talent avec lequel elle est défendue , M. B a u m e s appelle
rémittente , la fièvre qui, sans cesser un moment depuis
son invasion jusqu’à sa terminaison , est divisée par
des périodes très-courtes , et qui se succèdent avec pius
ou moins de régularité; chaq'ue période étant composée :
i.° d’un temps d orage ou p u r o n y s m e , 2.0 et d’un temps
de calme ou r é m issio n . Cette fièvre , selon ce professeur,
est identique par sa nature à la fièvre intermittente, et
se place naturellement, dans un cadre nasolique, entre
celle-ci et la fièvre continue.
Le tableau qu’il fait du paroxisme de ce qu’il appelle
fièvre rémittente bénigne est frappant de vérité, et 11e
dilfère que par l’intensité des symptômes , d ’un accès de
fièvre intermittente. Mais l’explication qu’il donne de
l’enchaînement du froid , du chaud et de la sueur ,
après avoir réfuté les théories de StolL , C itlle n et
G ia n in i sur cette série de phénomènes , nous parait
plus ingénieuse que vraie. Rien ne prouve en effet que
d e l'in tr o d u c tio n o u d e la m ix t io n , so it s o u d a in e , soit
g r a d u e lle , d'une, m a tière é tr a n g è r e a vec le s a n g , pro
viennent les périodes du froid et de la chaleur.
L ’auteur examine ensuite les signes qui font passer la
■ fièvre rémittente à un état de m a l ig n it é , signes qu’il
/
�(
75
)
décrit avec beaucoup de clarté et de précision , et croit
pouvoir établir trois séries de fièvres rémittentes. « La:
première comprend toutes les fièvres dont chaque paroxys
me débute par lé frisson ; la seconde renferme toutes celles
dont les reprises commencent ou par un refroidissement
de tout le corps , ou par une simple réfrigération des ex
trémités et du nez ; ou par une toux sèche et plus ou
moins vive ; la troisième rassemble toutes celles dont
les paroxysmes n’ont , dans leurs premiers tem ps, ni
frisson , ni froid , ni refroidissement partiel , et ne
sont remarquables que par la r e c r u d e s c e n c e de la fièvre. »
Arrivé à l ’étude des causes des fièvres rémittentes ,
M. Baumes reconnaît deux espèces de miasmes ; les uns,
qu’il désigne sous le nom d’animaux ou humains , aux
quels il attribue le triste privilège d’oceasioner des ma
ladies contagieuses d’un type continu ; les autres, qu’il
nomme marécageux ou terrestres y qui causent les fièvres
intermitteütes et rémittentes , qui ne disséminent pas la
contagion. » Mais il faut qu’à l’humidité se joigne un
certain degré de chaleur pour que celles-ci naissent de
la putréfaction végétale et max’écageuse. Ce point de doc
trine est discuté par le célèbre professeur de Mont
pellier avec une supériorité de talens peu com mune, et
qui ne permet pas de douter de l’action délétère de ces
miasmes sur l’économie animale. Mais M. Bau/nes ne
va-t-il pas un peu trop lo in , lorsqu’il prétend que « c’est
de l’impression faite par ce miasme sur la lymphe , que
naissent les fièvres quotidiennes ; que de celle qui ré
sulte de son action sur le sang , proviennent les fièvres
tierces ; que le fluide nerveux , altéré dans sa nature r
donne lieu aux fièvres qui se montrent , suivant les
cas , sous le. mode pernicieux , ataxique et même adynamique , et que , quand les viscères chylcpoialiques
sont troublés dans leurs fonctions ou dans la qualité des
ljumeurs qu'ils secretteut , les fièvres sont quartes ? »
�06
)
Au lieii de ces explications humorales, peu faites pour
satisfaire un esprit difficile , il eût été plus utile sans
doute de rechercher quels sont les tissus affectés par
ces miasmes, et quelle est la nature de l’altération qu’ils
y déterminent. Ce n’est qu’alors qu’on pourra classer les
maladies miasmatiques, et les, combattre par une mé
thode de traitement rationnelle.
Quoique M. Baumes ne mette pas en doute l’utilité de
l’anatomie pathologique, il pense pourtant que ses avan
tages sont plus réels pour constater les maladies orga
niques que les affections fébriles- C ’est surtout pour ce
qui regarde les lièvres rémittentes , que les autopsies
cadavériques , selon lui , ne peuvent avoir aucune va
leur , ces maladies pouvant laisser après elles des désor
dres aussi nombreux que diversifiés , suivant la diversité
des épidémies. Mais loin de jeter du discrédit sur l’ana
tomie pathologique, cette vérité ne prouve-t-elle pas , au
contraire, que M. Baumes a compris sous la dénomina
tion de fièvres rémittentes , des maladies qui h’ont de
commun qüe le type , et que ce type est insuffisant pour
caractériser les maladies dont la nature ne peut être
connue qu’en remontant à la lésion des tissus q u i, seule,
trouble cet équilibre admirable qui constitue la santé.
S ’il est vrai , comme Padmet M. Baumes , que la di
versité (lu type des fièvres rémittentes ne fasse qu’ex
primer la marche de la maladie sans rien changer à
sa nature : on ne sait pas pourquoi ce savant professeur
est entré dans des détails très-étendus pour s’auto
riser à admettre une fièvre rémittente quotidienne ,
une fièvre rémittente tierce et une fièvre rémittente
quarte , et avancer qu’à raison de ce type , les fièvres
rémittentes sont simples ou composées : « simples , lors
qu’il n’y a dans une période' de fièvre quotidienne,
tierce ou quarte, qu’un seul paroxysme régu lier, illé
gitime ou subiutrant : composées , lorsqu’il se trouve
�(
77
)
dans une période de fièvre quotidienne , tierce ou quarte,
une ou plusieurs reprises.d’un ordre légitim e, irréga1 er ou snbcontinu. » Mais ce qu’on conçoit sans peine ,
c'cst qu’étant un des plus foriilans soutiens d une école
qui fait dériver les grandes vues thérapeutiques de ce
qu’elle nomme le génie des maladies ; il ait eu recours
à son immense érudition et à toutes les ressources d’une
logique spécieuse pour prouver que les fièvres rém it
tentes peuveut se trouver sous l’iniluence du génie in
flammatoire , du génie putride , et du génie nerveux et
qu e, quelque soit leur génie , ces fièvres peuvent être
compliquées d’ un élut catarrhal , bilieux ou .gastrique.
Les connaissances profondes que ce savant professeur
montre dans la discussion qu’il élève sur des êtrçs de
raison , enfans d’un husrnorisme inintelligible , doivent
faire regretter qu’il ne les ait pas employées à la défense
d’idées plus saines , capables de reculer les limites de
la science.
C’est au chapitre qu’il consacre à l’examen des consti
tutions de saisons et d'années , que M. Baumes fait re
marquer que les fièvres rémittentes sont inflammatoires
au printemps et dans les constitutions annuelles entre
tenues par un. temps sec, putrides en été et dans les
constitutions annuelles fomentées par un temps humide
et chaud ; bilieuses en automne , et dans les constitu
tions de l’année développées par un temps sec et chaud ;
enfin pituiteuses pendant les températures humides et
froides. Il fixe ensuite son attention sur les diverses
complications capables d’influencer sur le caractère des
fièvres rémittentes , ce qui le porte à examiner les ré
sultats qui peuvent les accompagner suivant qu’elles
ço-existent avec un excès d’irritabilité ou d’atonie, trop
de rigidité ou de délicatesse dans les fibres; un vice
humoral , le scorbut , le vicedartreux , les obstructions
et les ulcérations des viscères ,• et les grandes plaies.
�Partisan de la doctrine des crises, après avoir combattu
l ’opinion du professeur Rubini qui attribue exclusive
ment à une faiblesse constitutionnelle les rechûtes de
ces fièvres , ainsi que celle des auteurs qui,les font dé
pendre du pouvoir de l’habitude, M. B a u m e s pense que
la différence qui existe entre une convalescence courte
et facile , et une convalescence longue et laborieuse tient
à deux choses : « i.° à ce que les organes , les fluides
de toute l’économie en général , ont incomparablement
plus souffert dans un casque dans l’autre ; 2.u à ce que
les crises ou les solutions ont manqué ou sont restées
incomplettcs dans l’une de ces circonstances. » Mais au
lieu de ces hypothèses que repousse l’observation , n’est-il
pas plus raisonnable de croire que dans les fièvres ré
mittentes , comme dans toutes les autres maladies , les
rechutes sont dues au peu de soin que les convalesceus
mettent à observer les règles de l’hygiène ?
C ’est par l ’exposé des affections diverses qui lui sem
blent dépendre de l’action des miasmes marécageux , et
qui se présentent tantôt comme consécutives , tantôt
comme primitives , que M. B a u m e s croit devoir completter le tableau des fièvres rémittentes. Aussi après
avoir analysé médicalement l’air marécageux et prouvé
son influence dangereuse et générale , qu’il assimile à
celle d’un poison s u i g e n e r is , il consacre quelques dé
tails cliniques à ce qu’il appelle c a c h e x i e m a r é c a g e u se ;
à l ’éphidrose qui n’e s t, selon lui , qu’une forme de
c a c h e x i e a cr im o n ie u se ; à l’éphclide qu’il définit une
tache plus ou moins large , ou un grouppe de taches ,
depuis le jaune clair jusqueS au jaune brun , grandes
ou inégales, paraissant indifféremment sur toutes les
parties du corps , mais principalement au visage , au
cou ou sur les mains ; à une dartre squamineuse à la
quelle il affecte la dénomination à ’é lé p h a n tiq u e ; au
charbon ; aux obstructions, considérées comme résultats
�(
79
)
des fièvres rémittentes ; à l’hydropisie ; et enfin à une
phlegmasie leucophlegmatique, ou œdemerénitient, qu’il’
désigne sous le nom de g a n g r è n e sè c h e , qui occupe les
extrémités inférieures, à laquelle se joignent des douleurs
sourdes , et bientôt des points érythématiques qui
s’élargissent et au centre desquels on voit des taclies
blanchâtres.
G .-A .-T .
V oyage
m é d ic a l
e .v I t a l i e
S
u e
,
D . M. P.
, f a i t en l'a n n é e 1820 ,
,
p r é c é d é d 'u n e e x c u r s io n a u v olca n d u M o n t-V é s u v e
et a u x ru in es d ’H e r c u lç in u m
et d e P o n ip é ia ; p a r le
Louis V a len t in , ch ev a lier d es o r d r e s d e S t - M ic h c l
et d e la E é g io n -c V h o n n e u r , m em b re d u c o n s e il m u n i
D.
c ip a l d e N a n c y et d e p lu s ie u r s s o c ié té s sa va n tes d ' E u
ro p e et cl’A m é r i q u e ,
in-8.° d e 166 p a g e s , a v ec cette
ép ig ra p h e ;
Rien pour l’observateur n’est muet sur la terre ;
L’ Univers étonné devient son tributaire,
S’élancer au hasard , tout voir sans rien juger
C’est parcourir le monde et non pas voyager.
De M i l l e v o y e .
( Premier Article.)
R ien sans doute n’est plus propre à faire marcher
l ’art médical vers sa perfection , que les voyages des
médecins qui , au désir d'acquérir les connaissances par
ticulières à chaque nation , joignent toutes les qualités
du savant et profond observateur. Les voyages sont
aussi d’une haute importance , considérés connue moyens
hygiéniques. Le Vieillard de Cos , et les auteurs les
plus recommandables les ont conseillés pour rétablir
l ’intégrité de l’organisme , dans les convalescences , ou
�(8o)
lorsqu’il existe un désordre , soit moral , soit physique,
occasioné par le travail du cabinet , etc. , etc.
Pénétré de ces vérités , M. le L). Louis Valentin, dont
on a depuis long-temps apprécié le mérite , a porté ses
pas dans plusieurs contrées de l’ancien et du NouveauMonde , et les fruits qu’ il en a rapportés et qu’il a ré
pandus dans sa patrie , étant des fruits ou de la raison
ou de l’expérience , ne peuvent qu'être dignes de fixer
l ’attention générale.
La relation que fait M. le D. Louis Valentin de son
excursion au volcan du Mont-Vésuve , et aux ruines
d ’Herculanurn et de Pompéia , offre des détails trèsintéressans , sur; lesquels on peut du moins compter ,
tandis que pour s’êtrc spécialement attachés à séduire
par le merveilleux , quelques-uus ont bientôt fait regarder
Herculanurn et Pompéia comme des lieux où l’on trouve
tout ce que l ’on veut. H n’est pas plus ” vrai , dit M.
Valentin , qu’on y ait trouvé, dans une guérite, le sque
lette d’un soldat armé de sa lance , qu’un tiroir plein
d ’argent dans le comptoir d ’un cabaret, etc. , ainsi qu’un
anglais vient de le publier. Ce sont autant de fables dé
bitées à de crédules voyageurs, par d’ignorans et cupides
Cicéroni.
,
Nous ne suivrons pas davantage M. Valentin dans
la narration d’une foule de détails qui ne se rattachent
point aux sciences médicales ; nous ajouterons seule
ment qu’en 1819 , 011 a découvert à Pompé'a une mai
son où sont les emblèmes de la santé , et où l’on a
trouvé des pots de médicamens et des instrumens
de chirurgie. Plus loin , l’auteur prétend que les ins
trumens de chirurgie , résultant des fouilles d’Herculanum et de Pompéia , sont , la p lupart, très-grossiers ,
et que des sondes de bronze pleines en S , pour la
vessie, sont à - p e u - p r è s comme celles d’aujoui’d’hui.
Nous observerons, en passant, que dans le N .° de
�( 8i )
novembre 1821 des Bulletins de la Société médicale d’é
mulation de Paris , on lit une note assez étendue sur la
chirurgie dans les premiers âges et sur quelques instrumeus propres à cet a r t , trouvés dans les ruines de Pom péia ; par P. Savenko , médecin à St.-Pétersbourg.
M. Valentin , après son excursion au volcan du MontVésuve , etc. , a dirigé ses regards vers les principales
villes de l’Italie pour observer l’état actuel de la mé
decine ; et c’est eu visitant les hôpitaux de Naples , de
Rome , de Florence , de Livourne , de Pise , de Bologne,
deFerrare, de Padoué, de V en ise, d e V ice n ce , de V é
rone , de Milan , de Pavie , de Gènes et de Turin ; c’est
en fesant des recherches dans les muséum d’histoire
naturelle, les académies , les établissemens de charité,
les universités , etc. , que notre voyageur recomman
dable est parvenu à rassembler le nombre considérable
de sujets et de documeus qui constituent son voyage
médical en Italie. Ces sujets , extrêmement variés et trèsimportans , sont peu susceptibles d’être analysés , et il
en est qui méritent plus spécialement d’être connus. Ce
sont ceux que nous signalerons par préférence à nos
lecteurs.
On compte à Naples plusieurs hôpitaux ; celui dit des
incurables est le plus vaste. L ’auteur y a vu le portrait
d’une naine rachitique , taille de deux pieds huit pouces,
à laquelle l’un des principanx chirurgiens de l’hôpital ,
M. M angini, avait fait l’opération césarienne , quatorze
mois avant l’arrivée de M. Valentin : elle a succombé le
huitième jour ; mais l’enfant du sexe masculin est vivant.
Cette femme avait 28 ans lorsqu’elle est devenue en
ceinte. Son ventre, dans la dernière moitié de la ges
tation , tombait jusqu’aux genoux. Son bassin était
très-déformé.
L’auteur ajoute que M. Galbietli , autre chirurgien
principal des incurables, y a va it, depuis deux m ois,
�(8a)
pratiqué la sytnphise du pubis avec succès, et qu’elle y
avait été pratiquée heureusement o ans auparavant. De
vingt phthisiques traités par un des médecins de cet
h ô p ital, avec l’acétate de plomb , trois seulement sont
guéris ; on se proposait de continuer les expériences.
Après avoir dit un mot des hôpitaux délia Pace , des
P élérini, d ’ell’Anunziata , l ’auteur parle amplement de
trois hôpitaux militaires , dont le premier est connu sous
le nom d'ospédalé délia Trinita ; M. Trinchiera , qui
en est chirurgien , a publié , en 1817 . un mémoire avec
deux gravures , sur un prétendu herm aphrodite, âgé
de 9.8 ans. Ce soldat était réellement du sexe féminin.
M. Valentin a vu la pièce naturelle conservée dans de
l ’acool.
M. Gentil , médecin en chef de cet h ôp ital, a assuré
qu’il n’y moürait qu’un malade sur /[o atteints de fluxions
de poitrine , et pourtant on y traite les péripneumonies
très-rarement par la saignée ; mais avec de petites
doses d’émétique en lavage., ensuite on passe h l’usage
de la digitale pourprée et du nitrate de potasse.
M. Gentil traite ordinairement l'hémoptysie et quel
quefois la manie avec la poudre dé digitale. C’est le doc
teur Savarési, qui a répandu dans Naples l’usage du
digitalis purpurea ; ce savant médecin a publié , en 1809,
nn bon Traité de la fièvre jaune qu’il venait d’observer
à la Martinique , et qu’il a reconnu être tout-à-fait
exempte de contagion.
Le service de santé se fait très-bien aux hôpitaux dcl
Sacramento et de la marine royale. On y traite la syphilis
par les diverses méthodes usitées et quelquefois par
celle de Cirillo.
La poudre de Jame est très en faveur à Naples. Des
apothicaires la préparent, d’après la méthode de Cirillo,
avec du su lfu re'd ’antimoine , ou de l’oxide d’antimoiue
hydro sulfuré et de la corne de cerf calcinée.
3
�(8 3
>
Sur 600 militaires , l’auteur a vu , à l’hôpital des
invalides, 200 aveugles , suite d’ophtalmie.
A l’hospice des insensés, qui est à Aversa , à 8 milles
de Naples, on ne fait guères que la médecine morale.
« Il y a un théâtre, dit M. Valentin , où l’on fait jouer
la comédie aux moins aliénés et aux convalescens. J ’y ai
v u , le dimanche , un corps de musiciens tous aliénés ,
jouant de leurs instrumens , quelques heures avant la
messe ; ils étaient vêtus d’une veste hleue , galonnée en.
argent. A côté d ’eux , dans un large corridor , étaient
plusieurs prêtres insensés en habits sacerdotaux , lisant
leurs bréviaires. Vers midi , à l ’instant de la messe,
tous sont descendus à l’église , où il y a eu une musique
vocale et instrumentale. Des femmes aliénées , également
vêtues de bleu , avec des galons d’a rg e n t, y étaient
venues chanter ; on les désigne la veille à cet effet.
Leur musique était très-mélodieuse. »
M. Valentin parle ensuite successivement de YAlbergo
dei poveri , du jardin botanique , des eaux minérales ,
étuves ; et il observe que l’état de la médecine dans le
royaume de Naples est différent de celui des autres par
ties de l’Italie, qu’on n’y a point adopté la méthode
exclusive des débilitans et des contro-stim uli, et que
la glace , constamment utilisée , de même qu’eu Sicile,
surtout pendant le scirocco , avive et soutient les or
ganes digestifs , dont elle prévient et modère les plilegmasies. On croit généralement à Naples que la phthisie
pulmonaire est toujours contagieuse, préjugé qui existe
aussi à Rome où la phthysie est encore plus fréquenteLe D. Assalini , de Milan , résidant à Naples , a fait
construire des boîtes fumigatoires portatives, et a ob
tenu , à cette occasion , des lettres patentes du roi des
Deux Siciles : il appuie ses expériences journalières de
celles qui ont été faites dans l’hôpital del Sacramento ,
où l’on a administré , dans une année , 6000 furniga-
�84
(
)
tions sulfureuses à oo soldats affectés de gale , tous
guéris sans qu’un seul eût éprouvé la plus légère in
commodité.
Arrivé à Rome , où sont huit hôpitaux civils et un
hôpital militaire , M. Valentin n’a pas moins examiné
avec la plus scrupuleuse attention ce qui a trait à la
médecine; à l’hôpital du St.-Esprit sont annexés deux
établissemens dont un est destiné aux aliénés des deux
sexes. I c i, point de médecine morale saignées multi
pliées , chaînes , coups de nerf y constituent la théra
peutique et le gillet de force y est inconnu. On pratique
ordinairement avec succès, à l’hôpital du St.-Esprit, l’o
pération de la cataracte par ;ibaissement, et celle de la
taille , selon la méthode de Cheseldèn.
Parmi les différentes pièces que contiennent les cabi
nets d'anatomie , l’auteur en a considéré une intéres
sante , dont il rend compte en ces termes : « U n soldat
russe, servant dans les troupes rom aines, mort à l’âge
de
an s, d’une fluxion de p o itrin e, fut ouvert par
M. Flajani. Ce professeur trouva dans le crâne uue
épingle à friser , de la longueur de près de deux pouces,
enfoncée perpendiculairement dans la fontanelle, entre
les hémisphères du cerveau jusqu’au dessus du corps
calleux , sans le toucher. Un voit cette épingle passant
latéralement à la gauche du milieu de la faulx , sans
intérésser les sinus longitudinaux. La voûte du crâne
séparée ne laisse apercevoir aucune impression de l’épin
gle , dont la tête est placée sur la dure-mère et y est
comme incrustée. Il est vraisemblable que ce corps
étranger a été enfoncé méchamment dans la fontanelle,
lors de la naissance de l’individu. Ce genre d’infanticide,
par acupuncture est ancien. »
Il règne annuellement à Rome des fièvres intermit
tentes , souvent pernicieuses , qui paraissent provenir
d’une atmosphère chaude et humide , de certaines Io-
5
36
�(
85
)
ealités quelquefois inondées par le T ibre , de la malpro
preté des maisons des quartiers populeux , etc.
Dans presque toutes les maladies , la saignée est mise
en première ligne ; et il se fa it, à Rome , une consom
mation très-considérable de quiuquina.
P.-M. Roux.
REVUE
DES
JOURNAUX.
N o t e su r V A p h o n ie q u i su rv ien t d a n s l'a n é v r y s m e d e
l'a o r te ; p a r
Isid. Rou nu on .
A près avoir rappelé en peu de mots de quelle manière
a examiné les effets , les désordres qui doivent
résulter de l'anévrysme de l’aorte, M. B o u r d o n fait re
marquer que , dans cette maladie , la yoix s’affaiblit ,
devient quelquefois sifflante ou tout-à-fait voilée , sans
doute par la compression de la trachée artère , mais
aussi par une autre cause non moins réelle : « O n
sait , dit M. B o u r d o n , que l’aorte est voisine du nerf
récurrent gauche, qui'contourne cette artère avant de
se ramifier dans les muscles dilatateurs du larynx.
Or , quand l’aorte est dilatée dans le cas d’anévrysme ,
il est clair que ce n e rf est tiraillé et distendu , d’abord
un peu , ensuite beaucoup; il est clair que la m aladie,
parvenue à sa dernière période , doit produire des
résultats analogues à ceux de l’expérience si connue de
G a lien ; car on sait qu’une forte distension paralyse les
nerfs aussi bien que leur section complette. Voilà pour
la cause de l'aphonie
maintenant allons plus loin.
II est prouvé que la section des nerfs récurrens
produit la suffocation et la mort j mais les auteurs ne
Corvisart
�( 86 )
sont pas d’accord sur la manière dont elle arrive. S i ,
comme Legallois dit l’avoir expérimenté , cet elfet n’est
dû qu’à ce que les constricteurs de la glotte , juives
d’antagonistes, se contractent seuls et rendent difficile
l ’accès de l’air dans la trachée ( Expérience sur le prin
cipe de La vie ) ; s i , comme l’analogie porte à le croire,
même chose arrive souvent dans les derniers temps de
l'anévrysme de l'aorte , ne serait-il pas permis de re
courir à la trachéotomie toutes les fois que la suffoca
tion arrive sans rupture du sac anévrysmal ?
Je résum e, par les questions suivantes, lès faits et
les inductions contenues dans cette note :
i.° N’ est-ce pas à la distension du n erf récurrent
gauche qu’est due l’altération de la voix observée dans
l ’anévrysme de l’aorte (i) ?
2.0 Le même phénomène a-t-il été observé dans les
anévrysmes de la sous-clavière droite ?
.° La suffocation qui termine si fréquemment l’ané
vrysme de l’aorte ne tiendrait-elle jias à la même dis
tension augmentée du nerf récurrent ? Ce qui arrive
alors ne ressemble-t-il pas infiniment aux résultats des
expériences de Legallois P Et n’est-ce point ici l’un des
cas où la trachéotomie pourrait être sagement tentée ? »
3
( Revue médicale française et étrangère , janvier 1822. )
— Il résulte de plusieurs épreuves faites sur des ani
maux , par M. Gondret, que l’électricité convient, comme
moyen thérapeutique , dans les commotions du cerveau.
De nouvelles expériences , faites par MM. Magendie ,
Pouillct et Roulin , viennent à l’appui de celles de M.
(1) M. le docteur 'Noverre, dans une thèse très-bien faite sur
Vanévrysme de l'aorte , a cité et partagé notre opinion sur la
cause de cette espèce d’aphonie.
�( *7 )
Gondret, et il paraît que l’électricité peut être employée
avec succès, pour rappeler à la vie les noyés, asphyxiés ,
etc.
« En étudiant les effets de la pile voltaïque sur les
animaux , nous avons trouvé , dit M. Magendie , qu’on
pouvait ramener à la vie un animal plongé dans l'eau,
pendant plus d’un quart-d’heure , et ne donnant aucun
signe d’existence. Mais il faut de la persévérance , car
les premiers mouvemens de respiration ne se mani
festent quelquefois qu’après une dem i-heure ou trois
quarts d'heure d’action de la pile.
» Sous ce point de vue , il serait d’une grande im
portance d’introduire une forte cuve électrique , parmi
les moyens dont l’autorité dispose pour venir au secours
des noyés , asphyxiés , etc. »
Partageant entièrement l’opinion de M. le docteur
Magendie , nous avons fait sentir aux Membres du bu
reau de direction de la Société de Bienfaisance de Mar
seille , la nécessité de se procurer trois piles voltaïques,
pour les trois dépôts des noyés de cette cité , et nous
nous proposons d’instruire nos lecteurs des effets que
nous aurons obtenus de ce moyen.
( Journal de physiologie expérimentale , -e N .° 1821. )
4
P.-ÏV1. Roux.
lu w v n tu v w w v tw 'm « u m u wv\<wvww\wvvwv w xm w tw u 'U ’»
A N A L Y S E
D es
principaux
A rticles
du
J ournal
de
P harmacie ,
( J a n v i e r 1822. )
— L e Numéro commence par une notice surM . Cadet
de Gassicourt , pharmacien distingué. L’art pharma
ceutique a fait une perte presqu’irréparahle. La plume
féconde et facile de M. V irey , en retraçant les talens
�(88)
çt les vertus de M. de Gassicourt , lie l’a fait que plus
vivement regretter.
— MM. Pelletier, Robiquet et Henri , ont fait un
rapport à l’Académie royale de médecine , section de
pharmacie, sur un projet de Nomenclature pharmaceu
tique , présenté à ce corps savant pur M. Çhireau,
pharmacien à Paris. Une Nomenclature étant une réu
nion de termes techniques, qui assigne à chaque corps
simple ou composé le nom propre qui doit le distin
guer , e s t, nous l’avouons , d’une nécessité presqu’indispensable. Malheureusement c'est un travail toujours
incomplet depuis Lavoisier , la chimie nous eu a douué
des preuves.
Si les prescriptions galéniques sont un vrai chaos ,
s’il est très-difficile de classer méthodiquement les pré
parations magistrales , avouons-le franchem ent, une
nomenclature générale et méthodique des médicameris
est impossible. M. Chireau en convient lui-même. Nous
ne fatiguerons point l’attention des lecteurs par les nou
veaux termes- que propose l'auteur , ils sont trop durs,
quoique dérivés du g re c , et seraient-ils plus exacts que
les mots anciens , mieux vaut s’en tenir à ces derniers.
— On a présenté, un rapport à l’administration des
hôpitaux de P aris, sur une proposition faite par un
médecin anonym e, de faire servir plusieurs fois les
sangsues. À une époque où l’on fait des sangsues un
usage si fréquent , où dans le seul hôpital du Y al de
Grâce , il s’en est consommé cent mille en 1 820 , con
sidérant en outre que ces animaux sont quelquefois
extrêmement rares , il est certain que si l ’on pouvait
parvenir à faire servir plusieurs fois ces animaux , il
en résulterait de très-grands avantages. Mais malheu
reusement le médecin qui a écrit au conseil général
des hôpitaux de Paris a gardé le silence sur les moyens
de conserver les sangsues.
#
�9
(^ )
Comme pour cela il faut un temps très-long , des soins
extrêmement minutieux , la proposition dont il s’agit
devient illusoire.
Les sangsues appliquées sur un individu sain ou ma
lade, se remplissent de sang jusqu’à ce que n’ayant plus
la force de sucer , elles tombent.
Si dans cet état on les lave et on les laisse dans
de l’eau de t à 18 degrés , elles ne dégorgent pas ;
elles vivent au moyeu du sang qu’elles ont sucé ;
ou bien , si au lieu de les laver on les met sur de la
cendre froide ou du sable, elles dégorgent une partie
du sang qu’elles ont pris ; dans le dernier cas , il ne
faut les laisser que i
m inutes, puis les laver , les
conserver dans de l’eau fraîche.
Il est à remarquer que les sangsues gorgées de sang
sont dans un état de maladie ; qu’elles deviennent inca
pables alors de faire de nouvelles plaies ; il faut donc
attendre quatre à six mois pour les employer de nou
veau. Il faut user de plus de soin pour ces sangsues
que pour celles qui n’ont pas servi. D ’ailleurs les sang
sues une fois gorgées de sang , mettent beaucoup de
mois à digérer cet alim ent, et la plupart périssent
parce qu'elles rendent beaucoup de mucosités putrides
qui corrompent l'eau où' on les met. Le sang qui sé
journe long-temps dans ces anim aux, peut acquérir de
mauvaises qualités et rendre les piqûres mal saines.
Ferait-on servir des sangsues qui auraient été appli
quées sur des hémorroïdes, des ulcères variqueux, ou
sur un malade atteint de fièvre maligne ?
—<M. Virey a communiqué un mémoire de M. Brossât,
pharmacien à Bourgoin, sur les diverses espèces de
sangsues , leurs maladies , etc. L ’auteur croit avoir
reconnu qu’il existe quatre espèces différentes de sang
sues , qu’il est essentiel de bien distinguer, puisque d*
T , III.
7
5
5
�(
9°
)
mélange de ces différentes espèces d’animaux il en ré
sulte une guerre intestine qui cause la mort de la plupart
d’entr’elles. Mais M. Virey observe que ces espèces de
sangsues, dont il est ici question , ne sont pas suffisam
ment caractérisées à la manière des naturalistes.
Les maladies dont sont atteintes les sangsues paraissent
être trois épidémies d’après M. Brossât. La première
s’appelle la métallique, dénomination qui prend son
origine du faciès qu'elles affectent, ayant des nodosités
en forme de chapelet le long du corps. Cette maladie
dure i i jours et les rend inhabiles à la succion. Elle
les saisit depuis mars jusqu’à la fin de mai. Le traite-,
ment consiste dans des vases poreux composé avec la
poudre de charbon et l’argile grasse médiocrement cuits.
Exposés à un courant d’air , l'eau du vase doit - être
coupée avec un tiers de lait de brebis. Ce moyen mis
en pratique, elles ne tardent pas à entrer eu conva
lescence.
La seconde maladie qu’elles prennent depuis juin
jusqu’à la ini-août , est le mucus , espèce de maladie
qui les rend élastiques , mucilagineuses , l’eau devient
semblable à une décoction de graines de lin. Le moyen
pour les guérir cousiste à leur faire prendre tous les
jours un bain dans de l’eau tiède. En les retirant il
convient de les jeter dans un mélange d’eau de charbon
pulvérisé et d’ un sixième de miel. Cette maladie dure
trois jours.
La troisième maladie est la jaunisse , c’est la plus
affreuse de toutes ; la queue devient jaune comme du
safran. Le moyen le plus sûr esc de piquer la queue
avec une aiguille ; de la piqûre il sort une liqueur
jaune ; on les plonge dans de l’eau tiède pour les
laver , et de là dans une eau contenant un cinquième
de son poids de sucre caramélisé dissous.
«— « L e cholera-morbus a fait de très-grands ravages
�(
91
)
dans les Indes orientales , surtout à Batavia , à Java,
etc., en i Sa i .
On fait usage dans ce cas d’ une mixture composée
d’eau-de-vie , de laudanum et d'huile volatile de menthe
poivrée ; on prend cette mixture par petites cuillerées.
En conséquence l’autorité informe le public de l’ utilité
de ce remède qui parait avoir produit les meilleurs
effets. »
Sur la zêine du maïs. — « L a. ze'inc de Jonh Gorham ,
s’obtient après avoir traité par l’eau une cei laine quantité
de maïs; on filtre, on traite par l’alcoliol, on fait évaporer
la substance insoluble dans le premier liquide. On a ob
tenu une substance jaune ayant l’aspect de la cire ;
elle est molle , ductile , tenace , élastique , insipide ,
presque inodore , plus pesante que l’eau. Cliauffée ,
elle se gonfle , brunit , exhale l’odeur de pain brûlé
avec une odeur animale , et laisse un charbon volu
mineux , elle ne donne point d’ammoniac. Insoluble
à l’eau, elle se dissout bien dans l’alcohol , l’huile vo
latile de thérébentine , l’éther sulfurique , et en partie
dans les acides minéraux , les alcalis caustiques. Elle
est insoluble dans les huiles fixes , mais peut se mêler
aux résines.
Différente de toutes les matières végétales connues ,
elle se rapproche à quelques égards du gluten , dont
elle se distingue néanmoins par l’absence de l’azote ,
et par sa fixité ; car elle ne change point de nature ,
ou ne se détériore pas à l’a ir , et de plus , par sa solubi
lité dans l’alcohol. Elle se rapproche par cette propriété
des résines , puisqu’elle se dissout aussi dans les huiles
volatiles , et en partie dans les alcalis caustiques , les
acides. Enfin, elle est inflammable, et composée d’oxigène , d’hydrogène et de carbone.
On peut l'extraire aisément en fesant digérer dans de
l’alcohol chaud, pendant quelques heures , quelques
onces de farine de maïs. On filtre et on évapore; la
zéine reste. »
F oucade.
�# u u \ w v w \ u w \ v u u n v iv n u i v a m u n m u n v vm w vvtm w t
•J*
V A R I É T É S .
S oyez p lu tô t m a ç o n , s i c ’est v otre m é tie r : nous rap
pelons cette sentence au sujet de la publication d’un
ouvrage ayant pour titre : H y g iè n e d es d a m e s , o u m o y e n
d e co n server le u r b e a u té et d ’ en tr ete n ir le u r f r a î c h e u r ,
p a r M * * * , m em b re d e p lu s ie u r s a c a d é m ie s et so ciétés
sa va n tes , a.e é d itio n , revue et a u g m en tée , e tc . Jamais
sujet ne fut plus digne d’exercer la plume d’un médecin
ou d’un savant. Nous pensions que l’auteur , quoique
non initié dans les mystères de l'art , aurait p u , par
d’heureuses et bonnes compilations , donner d’utiles avis
à 4un sexe sujet à tant de maladies différentes ; nous
avons été trompés dans notre attente. A l'aide d’une
heureuse imagination et d’un style aimable et gracieux ,
l’auteur pouvait enseigner aux dames l'art d’entretenir
leur beauté et leur fraîcheur , comme D e/n o u stier a
enseigné la mythologie , et A. M a r t in la physique et la
chimie. Quel a été notre étonnement, quand nos regards
sont tombés snr la phrase suivante et autres semblables !
E n f a v e u r d e la b e a u t é , n ous f e r o n s , d e la p r o p r e t é , une
r e lig io n , d o n t n ous tâ ch e ro n s d ’e x p o s e r les d o g m e s , a fin
d 'e x t ir p e r les h érésies q u i ten d en t à la co m p ro m e ttre e t cpd
s'éta n t g lissée s d a n s ses rit s les e m b a rra ssen t d e ch o ses su
p e r flu e s a u d étrim en t d e c e lle s q u i so n t in d is p e n sa b le s.
Hélas, pourquoi faut-il que la médecine soit outragée par
des intrus N’est - ce point assez que des gens , à-lafois médecins et académiciens, agissent contre la doctrine
médicale , le bon sens et l’art d’écrire !
1
— M. T a d d e i , professeur de pharmacie à l’hôpital de
Florence , a reconnu que le gluten de froment dissous
dans de l'eau avec du savon , détruit les terribles effets
que le sublimé corrosif produit dans l'économie animale.
�(»3
)
— Tid fievre jaune pourrait bien nous visiter au
printemps prochain à Marseille. T el est le bruit qui
a été semé, et qu’il est à désirer de ne voir point se
réaliser. M. Scgaud , médecin recommandable par son
instruction et sa philantropie désintéressée , vient
d’insérer une ltttre dans le journal de Marseille , où
il s’attache à prouver que la fièvre jaune ne saurait se
présenter dans notre cité et encore moins s’y propa
ger. Il signale en outre à l’autorité une série de me
sures hygiéniques qui méritent d’êtres prises en con
sidération , entr’autres celle de nétoyer cette portion
du port qui avoisine le quai de Rive-Neuve et d’où
s’exhale pendant presque toute l’année une odeur in
fecte et insupportable. Marseille renferme des médecins
recommandables que l'autorité consultera toujours avec
fruit, elle distinguera facilement ceux qui n’ont d’autre
ambition que la gloire de l’art et le salut de leurs
concitoyens.
•— M. Papenguth , chirurgien à Pétersbourg, vient
d’employer avec succès contre les fistules et les ulcères
scrophuleux l’hydroclilorate de zinc préparé de la ma
nière suivante : on fait dissoudre quantité suffisante de
zinc dans deux onces d’acide hydrochlorique étendu de
quatre onces d’eau distillée , en exposant le tout à une
douce chaleur pendant à jours et filtrant après. M.
Papenguth a pris 2 gros de ce sel ainsi préparé mêlé
dans onces d’eau distillée , il a fait verser demi-once de
cette dissolution dans un plat creux et rempli d’eau
tiède pour y plonger un bras couvert d’ulcère scro
à 4 fois par jour. Des
phuleux. Ce bain fut répété
applications de compresses trempées dans le même li
quide furent faites , avec succès , sur le genou qui était
engorgé. Intérieurement on peut donner de à xo gouttes
de la présente dissolution dans une once de véhicule.
3 4
8
3
5
— Les docteurs Tiedemann, et Gtnelin . professeurs
�94
(
)
à Heidelberg , ont fait des recherches sur la route que
prennent diverses substances pour passer de l’estomac
et des intestins dans le sang. Ils ont démontré par des
faits positifs qu’il existe d’autres voies que le canal
thoracique et les vaisseaux lymphatiques qui vont s’anas
tomoser avec les veines des intestins dans les ganglions
mesentériques , à travers lesquelles voies les substances
passent du canal intestinal dans le sang. Ces voies sont
les radicules des veines du canal qui absorbent prin
cipalement les substances hétérogènes qui arrivent dans
les intestins , telles que les substances odoriférantes,
colorantes, métalliques et salées tandis que les vaisseaux
lymphatiques du canal intestinal absorbent préférable
ment les parties nutritives.
D 'autres recherches sur les fonctions de la rate ont
démontré que ce viscère était dans un rapport trèsintime avec le système absorbant, qu’elle était destinée
à séparer du sang artériel un fluide coagulable qui
pris et porté pas l'absorption dans le canal thoraci
que avait pour but d’assimiler le chyle à la masse du
sang.
r
o u c Ad e
.
a V W W V ' t A ’V V W V A . V t W Y W M A l Y V W X l . V Y W V X A t W \ W l V V \ V \ ' V X W W V » 'V V V W W V
SUJETS
DE
PRIX.
PRIX proposé par la Société des sciences médicales du
département de la Moselle.
La Société décernera , dans sa séance publique de 182a,
une médaille en or de deux cents francs à l’auteur du
meilleur mémoire sur le Goitre, qui sera parvenu au
secrétaire , M. le docteur M ousseaux, avec les précau
tions d’ usage , avant le premier jaiillet 1822.
�C
P
r ix
95
)
proposé par l'Athénée de médecine de P a r is .
L'Athénée de médecine de Paris a proposé , pour sujet
d’ un prix de deux cents fra ncs , qui sera décerné au
mois d’août 1822 , le problème suivant •
« Déterminer, par des expériences et des observations,
Vaction du camphre sur l'homme, d'abord dans l’état
de santé, ensuite dans l’état de maladie ; en déduire
les propriétés thérapeutiques de ce médicament.
Les mémoires , écrits en français ou en latin, devront
être adressés , francs de port , et suivant les formes aca
démiques , avant le premier juillet 1822 , à M. de L e ns ,
secrétaire général de l’Athénée de médecine, rue Michel
le-Comte, n.° 18 , à Paris.
P
r ix
proposés par la Société royale de médecine d e
Bordeaux.
i.° Déterminer l’endroit le plus propre à l ’établissement
d'un Lazaret sur la Gironde, en donner le plan le plus
avantageux et le plus économique ?
Un prix de la valeur de trois cents francs sera décerné,
dans la séance publique de 1823, à l’auteur du mémoire
qui donnera la meilleure solution de cette question.
2.0 Déterminer la nature, les différences , les causes ,
les signes et le traitement de la maladie appelée oedème
des poumons ?
La Société désire surtout que la solution de ce problème
soit appuyée sur des faits nombreux , recueillis avec exacti
tude et présentés avec ordre. Le prix sera de la valeur de
trois cents fra ncs , et décerné dans la même séance pu
blique de 1823.
3
.° Quels sont les résultats d'un accroissement trop
rapide ? Quels sont les moyens d ’en modérer les progrès
s'ils deviennent nuisibles, et de remédier aux accidens
qui en sont la suite ?
�96
(
)
La Société a promis un prix de la valeur de trois cents
fra n cs, avec une médaille d’or de la valeur de cent
fr a n c s , qu’elle décernera dans sa séance publique de
1822 , à l’auteur du mémoire qui aura le mieux répondu
à cette question. Elle veut un travail rempli de faits
positifs , que la médecine-pratique puisse avouer sans
contestation.
Les mémoires, écrits en latin ou en français , doivent
être envoyés , francs de p o r t, à M. Dupuch-Lapointe ,
secrétaire-général delà société, avant le 1 ,juin de l’année
où le prix devra être donné. Les concurrens sont tenus de
ne point se faire connaître, et de distinguer leurs mé
moires par une sentence qui sera répétée sur un billet
cacheté, contenant leurs noms et leurs adresses.
5
AVIS.
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu’en insérant dans ses Bulletins les Mémoires , Obser
vations, Notices, etc., de ses membres soit titulaires, soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d ’être publiés ,
elle n’a égard qu'à l’intérêt qu'ils présentent à la science
médicale ; mais qu’elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n'ont pas encore la sanction générale.
�(97
)
BULLETINS
D E
LA
SOCIÉTÉ
ROYALE
DE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
'V U W X W W W V I W - V W V V W M W W X W I W W W I 'T V W V W V
F
é v r ie r .
18 22.
—
N .° I I .
axwwv\ \ x x \ w -v\v\v\\x\«w v w x <w\vvvn vxvvvwv
Observation et recherches sur une maladie du L arynx ;
par M. Élie G intrac , D . M. P. , professeur à VEcole
roy ale de médecine de- Bordeaux , correspondant de
la Société royale de médecine de Marseille , etc.
L es causes qui portent le trouble dans l’exercice de
la respiration sont nombreuses et souvent obscures.
Elles ne résident pas toujours dans les organes im
médiats de celte fonction. Elles occupent quelquefoisl’un des points du canal qui transmet l’air atmosphé
rique dans les poumons. Elles produisent le rétrécis
sement et l’obstruction de ce tube. Alors une altéra
tion , en elle-même légère , peut avoir les plus funestes
conséquences : c’est ce que va prouver le fait suivant ;
M. C* * * , né à Lyon en 1791 , d'une haute sta
ture, d’ une constitution robuste , d’ un tempérament
lymphatico-sanguin , avait joui dans son enfance d’ une
bonne santé. 11 avait cependant contracté quelques tics ;
particulièrement celui de soutirer , pour ainsi dire , l’air
dans sa poitrine, en serrant les narines et fermant la
bouche.
Entré dans la carrière m ilitaire, il s’y distingua. Les-
�fatigues de la guerre et les vicissitudes atmosphériques'
occasiouèrent, à diverses reprises , des 'affections ca
tarrhales qui furent graves et tirent redouter la phthisie
pulmonaire. Néanmoins son rétablissement fut complet.
Se trouvant à Lyon en 1814 , il fut 1 chargé d’ins
truire un certain nombre de jeunes militaires ; et par
conséquent obligé de commander, durant une partie
du jour , à haute voix et avec l’accent précipité qui con
vient à l’exactitude de ce genre d’exercice.
Vers la même époque, il contracta quelques mala
dies syphilitiques , mais qui furent légères et bien traitées.
Des affaires l’appelaient en Amérique. Il fut incor
poré .dans le régiment de Cayenne et se rendit à sa
destination.
1
Après, y avoir passé deux années, il voulut revenir
.en France. Il alla d’abord à la Guadeloupe pour s’em
barquer. Il y arriva dans le mois de janvier 1819. A
peine avait-il abordé dans cette île , qu’il fut atteint de
la fièvre jaune. Celle maladie grave le conduisit aux
portes du tombeau. Les soins les plus attentifs lui fu
rent prodigués. On employa , dans le cours de ce trai
tem ent, de fortes doses de proto-muriate de mercure.
11 guérit ; mais au fur et à mesure qu il recouvrait la santé,
sa respiration devenait moins libre. O11 combattit celle
dyspnée par différens moyens , par des vésicatoires , des
cautères, des sétons etc. Rien ne put la diminuer, ni
même ralentir ses progrès.
M. C * * * s’embarqua malgré l’état fatigant dans le
quel il se trouvait ; il arriva à Bordeaux dans le mois
d’août 1819.
Consulté par ce malade , j’observai très-attentive
ment le mode remarquable de sa respiration. Pour
inspirer , il était obligé de fermer la bouche, de redresser
la tête, d’allonger le co u , et de mettre en jeu les prin
cipaux muscles qui agrandissent les diamètres du thorax :
�(
99 )
aussitôt l’air atmosphérique pénétrait clans cette cavité
avec une sorte de sifflement, comme s’il eut traversé
avec effort une,ouverture très-étroite. M. C * * * voulait-il
parler ? il était contraint découper scs phrases à cha
que inspiration nouvelle. Il semblait faire alors une am
ple provision d’air, pour subvenir aux frais d’ une plus
longue période. L ’expiration paraissait facile et naturelle.
La voix était rauque sans être voilée. Souvent elle sem
blait partir d’un tube métallique et parfois imitait l’al
tération qu’elle éprouve ordinairement dans les premiers
jours d’un catarrhe laryngé. 11 survenaii.de temps à autre
une toux sèche et comme étouffée. 11 paraît que le malade
s’efforçant de la calmer lui imprimait volontairement ce
caractère. Le cou n’était point tuméfié ; mais il était un
peu sensible, surtout h la pression vers la partie in
férieure, près du sternum. Lorsqu’à la suite de plusieurs
accès de t oux, le besoin d’expectorer survenait, une
légère compression exercée dans le meme endroit sur
le trajet de la trachée-artère , favorisait la sortie d'une
matière muqueuse , filante et souvent écumeuse. Si cette
compression était forte , elle donnait lieu à des soulèverneus d’estomac. La respiration devenait plus labo
rieuse, lorsque le malade montait un escalier, ou qu’il
se couchait en supination et horisontalemeut, ou qu’il
se penchait élu côté gauche. 11 éprouvait par suite de la
dyspnée , quand elle était forte, des palpitations de cœui\
Le pouls était très-régulier et ne présentait d’autre alté
ration qu’une fréquence un peu plus qu’ordinaire. La
face , peu colorée dans l’état habituel , le devenait da
vantage aussitôt que l’oppression augmentait. Les organes
des sensations , de la locomotion , de la digestion et des
sécrétions ne présentaient aucun dérangement notable.
La nutrition elle-même paraissait avoir peu souffert.
Tel était l’état habituel de M. C * * * . V ers la fin d’août
et pendant les premiers jours de septembre , il éprouva
�( 100 )
des coliques qui furent violentes , accompagne’es de vomissemens , et offrirent bieutôt tous les caractères de
l’iléus. Néanmoins les caïmans et les laxatifs en triom
phèrent.
Encore convalescent et faible , M. C* * * , désireux
de se rendre incessamment à Tours , quitte le matin
de bonne heure sa chambre , et parcourt à pied les
dilférens quartiers de la ville. Il se fatigue beaucoup
pendant les
»
et 6 septembre : l'atmosphère était
devenue froide et humide après avoir été long-temps
chaude. M. C * * * , se livre à son appétit, prend beaucoup
d ’alimens excitans , de difficile digestion , et surtout
de fruits. Le 10 septembre , il éprouve quelques tran
chées, et le dévoiement survient. Le n , ces symptômes
se calm ait. Mais la toux et la dyspnée augmentent. Un ca
tarrhe trachéal s’établit. La lièva’e se manifeste. Le pouls
n ’acquiert cependant ni plus de plénitude, ni plus de dureté.
Les délayans et les pectoraux sont mis en usage. Pendant
deux jours les progrès de la maladie semblent enrayés;
mais le 14, de grand matin , la difficulté de respirer, et les
autres symptômes prennent une nouvelle intensité. Je
joins aux moyens précités l'emploi des anti-spasmodiques
et l’application de deux larges vésicatoires aux cuisses. Je
n’observe aucune amélioration. La nuit subséquente est
extrêmement agitée. Des quintes prolongées de toux ,
et des accès de dyspnée mettent à plusieurs reprises ,
en danger , la vie du malade. Voici l'état dans lequel
je le trouvai pendant la matinée du i septembre :
Il était assis sur son l i t , appuyé sur les poignets, les
bras étant fortement tendus et contractés. Il avait la tête
élevée et renversée en arrière , le cou très-allongé , la
bouche ferm ée, les narines dilatées. Il faisait de violens
et pénibles eiforts pour attirer l’air dans sa poitrine.
Tous ses muscles inspirateurs, ceux même du cou en
traient simultanément en contraction. Les épaules étaient
4
5
5
�( lo i )
soulevées, le thorax agité, la face rouge et couverte d’ une
sueur abondante. Tous les traits portaient l’empreinte'
d’une profonde anxiété. L ’air en entrant dans la poitrine
faisait entendre un sifflement semblable à celui qui
résulte de l’insufflation graduée d’une vessie. L ’expi
ration , moins pénible que l’inspiration , était entre
coupée par une petite toux , suivie elle-même d’une
expectoration de crachats écumeux et blanchâtres. Un
seul me parut contenir des stries jaunâtres de matières
puriformes. La voix conservait sa raucité , sans être
entièrement voilée. Le pouls était devenu lent et petit ;
d'ailleurs il était régulier. Les vésicatoires avaient fort
bien pris : la surface qu’ils avaient denudée était rouge
et très-sensible.
La soirée de ce jour fut très-calme. Le malade se leva.
Il vint s’asseoir près de la fenêtre de sa chambre afin
de respirer un air plus frais et plus abondant. Néan
moins la dyspnée et la toux continuaient.
L e ‘ i6 septembre, à une heure après mi nui t , un
nouvel accès commença. Les symptômes marchèrent
avec une effrayante rapidité. Sentant que sa tin était
inévitable et prochaine , M. C * * * voulut voir quelques
amis et leur fit ses derniers adieux. J’arrivai près de
lui à deux heures et demie. Je le trouvai couché à la
renverse et ne respirant plus. Sa face était pâle et
couverte d’une sueur visqueuse. Son pouls 11e présentait
que quelques légers frémissemens,; bientôt on n’en dis
tingua plus. Plusieurs moyens furent tentés : ils ne pu
rent rappeler ce mourant à la vie.
J’obtins la permission de faire l’examen et l’ouverture
du cadavre ; en voici les résultats :
L ’aspect extérieur ne montrait aucun indice de con
somption, ni de cachexie séreuse. La face était fort pâle,
ainsi que le reste du corps.
La tête ne fut point ouverte.
�La poitrine l'ayant été , les poumons se montrèrent
volumineux et ne s’affaissèrent que très-peu sous la
colonne atmosphérique. Ils étaient exempts de toute
altération organique. Quelques adhérences se trouvaient
sur les côtés entre les plevres.
Les canaux aériens , la trachée surtout, avaient plus
d’amplitude qu’ils n’en offrent ordinairement. Ils ne
présentaient d’ailleurs aucune lésion.
Le larynx était le siège unique de la maladie. Après
avoir fendu longitudinalement cet organe , dans sa
paroi postérieure, je reconnus un rétrécissement trèsconsidérable de sa cavité. La partie inférieure de celleci était réduite au diamètre d’une ligne et demie environ.
En examinant avec soin les parties divisées, je re
connu que le cartilage cricoide était spécialement
affecté. Etroit et mince en devant , il offrait sur les
côtés et en arrière une épaisseur de sept à huit li
gnes. Sa surface externe était inégale et bosselée ,■
mais ne présentait point en arrière une saillie propor
tionnée à cette augmentation d’épaisseur, Ce gonfle
ment , cet épaississement s’étaient développé en dedans ,
et par conséquent ils avaient diminué l’étendue du
diamètre antéro-postérieur de l’ouverture que circons
crit ce cartilage. Le diamètre transverse avait éga
lement était resserré, puisque l'altération organique se
propageait sur les parties latérales. On conçoit ainsi
de quelle manière avait été rétrécie la cavité du larynx;
le bord inférieur du cricoide présentait des saillies
considérables et des échancrures profondes. Ses arti
culations avec les angles inférieurs et postérieurs du
thyroïde étaient completteinent sondées. Les arvthé»
noïdes jouissaient de presque toute leur mobilité. La
structure du cartilage cricoide était sensiblement altérée
dans toute l’étendue de la tuméfaction. On y trouvait
intérieurement une substance m olle, un peu rouge et
�( io
3)
d'apparence fongueuse. Elle n’était abreuvée par aucun
fluide. Elle était circonscrite de tous côtés par une lame
cartilagineuse , assez mince , mais fort dense et presque
osseuse.
La glotte paraissait un peu plus étroite qu’elle ne l’est
en général chez les adultes. Les replis qui la bornent
n’avaient que ('épaisseur accoutumée.
La membrane muqueuse qui tapisse la surface interne
du larynx, n’était ulcérée en aucun endroit. Elle n’offrait
pas plus de rougeur que dans les autres sujets. Elle pré
sentait des plis longitudinaux très-raultipliés. Au niveau
du rétrécissement elle était plus épaisse qu’à l’ordinaire.
Disséquée dans cette partie, *je la trouvai renforcée par
une couche de tissu cellulaire dense qui l’unissait étroi
tement à la surface interne du cartilage Elle n’aitrait
aucun genre de tuméfaction sur les bords de la glotte.
Les cartilages thyroïde et arythénoïdes , l’épiglotte ,
les muscles et les autres parties du larynx étaient sans
altération. Je peux eu dire autant du cœur et des viscères
abdominaux.
D’après l’exposition que je viens de faire , la nature
de la maladie et la cause de la mort s’expliquent sans
difficulté.
L’air ne s’introduisait dans la poitrine qu’avec peine,'
par suite du rétrécissement de la cavité du larynx. E u
catarrhe peu intense et en toute occasion sans d an ger,
est venu augmenter cette étroitesse et fermer ainsi tout
accès à l’air. Le malade est mort suffoqué.
L’altération du larynx que je viens de décrire a-t-elle
été souvent observée? Quelles ont été les causes de cette
singulière maladie ? A l’aide de quels signes la distinguerat-on des autres lésions du même organe? Enfin quelles
ressources l’art pourrait-il déployer dans une semblable
affection ?
J’ai parcouru de nombreux recueils d'observations clx—
�4
( io )
niques ; j’ai consulté les ouvrages des plus illustres pro
pagateurs del’anatomie pathologique. Je n’ai trouvé aucun
fait qui puisse être complètement assimilé à celui-ci. Le
plus analogue est rapporté par Morgagni, d’après Fantoni;
ce dernier vit les cartilages arythénoïdes épaissis et ul
cérés , dans le cadavre d’un homme qui avait eu, pendant
long-tem ps, la respiration très-gene'e ( F.pistola X V
n.° 12). Mais il y avait ici ulcération et probablement
phthisie ; ce qui 11’exislait point chez mon malade. On
peut donc mettre cet exemple au nombre des cas les plus
rares.
L ’altération organique, dont le cartilage cricoïde était
le siège, pourrait être attribuée à l’àfï’ection syphilitique
à la fièvre jaune , à l’abus des m ercuriaus, ou enfin à
une disposition originelle fortifiée par diverses circons
tances.
O n voit tous les jours le virus syphilitique déployer
son activité survies systèmes osseux et cartilagineux;
mais c’est ordinairement après avoir exercé, sur les
parties molles , des ravages qu’un traitement méthodique
n'a pu borner. Presque toujours des caries , des ulcéra
tions , des phlegmasies chroniques, accompagnent cette
dégénérescence profonde. Enfin , les maladies vénérien
nes fu ren t, chez M. C .* * * , légères et bien traitées.
La fièvre jaune aurait-elle pris quelque part au déve
loppement de cette maladie ? Mais comment le larynx,
et surtout l’un de ses cartilages , aurait-il plus spéciale
ment supporté les effets d’une affection éminemment ai
guë , dont les organes digestifs reçoivent les plus vives
et les pins profondes atteintes ?
Doit-on accuser le mercure:1 Je ne le pense pas. Ce
médicament n’a point d’action particulière sur les carti
lages. Avant d’altérer ces organes , il eut affecté les glan
des salivaires et la membrane buccale.
O n est donc réduit à supposer que la maladie dont il
�( fo
5)
s’agît, était le produit cl’une disposition primitive. Cette
klée semble étayée par l'habitude ou l’espèce de tic que
le sujet avait de bonne heure contracté de soutirer avec
effort l’air dans sa poitrine. La disposition vicieuse du
larynx s’était probablement accrue par les affections
catarhales qui avaient porté sur la membrane mu
queuse dont il est tapissé. L ’organe de la voix avait
encore été fatigué par les intonations brusques qu’exige
le commandement militaire. Si l’on observe enfin que
dans les grandes révolutions de l’économie vivante ,
les effets morbides sont principalement ressentis par les
organes faibles ou déjà lésés , on concevra comment la
fièvre jaune et le traitement mercuriel purent exercer
une influence marquée sur le développement de la
maladie dont il s’agit. Cette conjecture acquerra un
nouveau degré d’évidence si l’on réfléchit que la dysp
née se manifesta immédiatement après la guérison du
typhus américain.
Les symptômes avec lesquels s’est montrée cette ma
ladie du larynx sont assez distincts pour que dans des
cas analogues , on puisse en soupçonner la présence. Le
développement gradué de l’affection , la continuité de la
dyspuée , les efforts de l’inspiration , le sifflement qui
l’accompagnait , la liberté de l’expiration , la raucité
de la voix sans aphonie , la toux légère et concentrée.,
l’expectoration presque n u lle, la régularité du pouls ,
l’absence de la fièvre et du marasme, etc., caractérisent
ce genre de lésion organique.
Les maladies avec lesquelles on pourrait la confondre
sont : l’anévrisme de l’aorte , la présence des corps
étrangers dans la trachée ou le larynx , les phthisies
laryngée et trachéale, l’œdéme de la glotte et l’épaississeineut chronique de la membrane muqueuse du
larynx.
T . III.
8
�( io6)
Lorsqu’un anévrisme de l'artère aorte exerce dans
son développement progressif, une pression plus ou
moins forte Sur les bronches et la trachée, il peut
simuler une affection propre au larynx. L ’exemple sui
vant, extrait de mon recueil d’observations , démontrera
ce rapport : Je fus consulté en 1816 par un homme dgé
de
ans , d’un tempérament bilieux , atteint depuis
quelque temps de dyspnée habituelle , de toux fréquente,
avec sentiment de constriclion douloureuse au larynx ,
de raucilé très-prononcée et d’affaiblissement marqué de
la voix. Une phlogose d’apparence chronique occupait la
cavité gutturale. A ces symptômes se joignaient des pal
pitations de cœ u r, de l’inégalité et de l’irrégularité dans
lé- pouls , des indices de pléthores céphalique et pulmo
naire, etc. Après l’emploi de saignées et autres moyens
qui ne firent que prolonger sa maladie et son existence,
cet individu périt. L ’aorte présentait daus la partie pos
térieure de sa courbure sous-sternale , un sac anévrismal
très-étendu.
s’appuyait en arrière sur les 2 .°, .c et
4-° vertèbres dorsales , dont le corps était profondément
corrodé. Il embrassait et pressait la bronche gauche et
là partie inférieure de la trachée. Je communiquai ce
fa it . avec tous ses détails et la pièce anatomique , à la
•Société royale de médecine de Bordeaux ,eu février 1817.
E n pareil cas,les signes ordinaires de la lésion du cœur
et des gros vaisseaux , rendront le diagnostic moins obs
cur. Observons cependant que lYl. C * * * , qui n’avait
aucune altération dans ces organes, était atteint de pal
pitations, ne pouvait se coucher à gauche, ni en supi
nation , etc.
Les corps étrangers ne s’introduisent point à l ’insçu
des malades dans les canaux aériens. Le médecin est
ordinairement prévenu de leur présence. Le diagnostic
n’offre alors aucune incertitude. D’ailleurs la subite pro
duction des accidens, la mobilité du siège de la dou-
53
11
3
�7
( io )
le u r , la gène de l'expiration aussi grande que celle de
l’inspiration , la suffocation rapidement croissante, don
neraient d’utiles présomptions sur la cause du déran
gement. Cependant si le corps étranger est peu volumi
neux , s’il a été avalé sans attentiou , s i , tel que ce pépin
de raisin qui , dit-on , lit périr suffoqué le poète Anacréon ,
il vient se loger dans l ’un des ventricules du larynx , il
pourra y demeurer un certain temps ignoré. Hoeschtettcr
rapporte qu’un habitant d’Augsbourg conserva pendant
deux ans , dans son laryn x, un ducat qu'il fu t, après ce
temps, assez heureux pour expectorer. ( Obsarvationum
medicar. Dec. V I. Cap. X . Francfort. 1674. ). A côté
de ce fa it, peut se placer celui relaté à la page o de
l'exposé des travaux de la Société royale de médecins
dé M arseille, pendant l ’année 1819.
La phthisie laryngée se distingue par l’aphonie, la
gène de la déglutition , la dqtneur du larynx , la fré
quence de la toux , l’expectoration de matières muqueuses
souvent mêlées de stries sanguinolentes, par l’absence
presqu’entière de la dyspnée et les progrès de la fièvre
hectique. Parmi plusieurs malades chez lesquels j’ai re
marqué cette affection , il en est un dont je conserverai
long-temps le souvenir : c’était un de nos élèves les plus
distingués qui , pendant les hivers de 181 et 1816 , avait
préparé, avec une application peu commune, les pièces
destinées aux démonstrations de mon cours d’anatomie
et de physiologie, qui plusieurs fois avait été atteint d’un,
catarrhe laryngé , en avait conservé les principaux effets
sous la forme chronique , et finit par succomber à la
phthisie qui en fut la suite, malgré les soins assidus
de son p ère, chirurgien très-instruit de notre ville.
La phthisie trachéale, dont M. le docteur Cayol a tracé
l’histoire avec beaucoup d’habileté ( Recherches sur la
phthisie trachéale : Paris. 1810 ) , offre plusieurs traits
de ressemblance avec la maladie dont je m'occupe dans
3
5
�( io8 )
ce mémoire. En effet, de la douleur sur le trajet de
la trachée-artère, une toux peu intense, l’expectoration
d’un liquide muqueux, mêlé de stries jaunes , la dypsnée
surtout dans la position horisontale , la raucité de la voix
sans aphonie , se rencontrent dans ces deux genres d’affcction. La mort peut survenir dans l’un et dans l ’autre,
sans que la consomption et la cachexie séreuse se soient
encore montrées. Cependant je crois que dans la phthisie
ti'achéaie , la dypsnée est moins forte, l’inspiration moins
laborieuse , l'expectoration plus promptement puriforme
et la douleur de la trachée plus vive. Je n’ai point, au
reste, d’exemple particulier de cette phthisie , qui est
l’une des plus rares.
Feu le docteur Bayle a décrit sous le nom d’angine
laryngée œdémateuse , une maladie qui , par la gêne de
respiration qu’elle cause , le sifflement qu’elle produit
dans l’inspiration, la liberté qu’elle laisse à l’expiration,
l'altération qu’elle imprime à la voix , l ’absence de la
fièvre , l’imminence continuelle de la suffocation semble
rait sc rapprocher, sous le rapport séméiologique, du cas
que j ’a observé. Mais cet œdème aigu de la glotte mar
che avec rapidité , produit de la douleur au larynx et
peut être reconnu par le signe sensible et pathognomoni
que qu’ont indiqué MM. Bayle et Thuillier.
Enfin la membrane muqueuse du larynx peut s’é
paissir lentement et finir par oblitérer le canal aérien.
Cette maladie a beaucoup d’analogie , par ses effets , avec
l’altération organique des cartilages. Elle est rare. En
voici cependant un exemple ; je l’extrais des M edical
and philasophical commeiltaries by a Society in Ediinburgh ( Elle est intitulée •• The instary o f a singular o f
respiration wilh an aecount o f tlie apparences on dissec
tion by D. Seguin Henry Jackson, Physician in London
tom. 6.” p. 208. Année 1779. )
Une femme mariée , âgée de
2 ans > avait éprouvé
4
�(
I09
)
depuis trois ans de la difficulté de respirer et des dou
leurs daus l’épigastre et l’hypocondre gauche. Quelques
purgatifs avaient diminué ces dérangemetis ; niais ils
s’étaient ensuite reproduits. Ils augmentèrent graduelle-;,
ment. A ladypsnée se joignirent des éructations très-fré
quentes et accompagnées d’un bruit désagréable , d’ une
sorte de croassement. Les douleurs devinrent vagues , se
promenèrent dans l’hypocondre droit, dans le gauche, dans
la région dorsale, etc. De temps en temps il survenait des
palpitations de coeur; la respiration était sonore. 11 y
avait un sentiment de constriction dans la poitrine et à
la gorge. L ’abdomen était tympanisé, la face vultueusc,
la tête douloureuse , le pouls fréquent ( jusqu’à 120 pul
sations /par mi nut e) , la langue propre, le ventre res
serré, l’appétit variable. Les menstrues n’avaient paru
qu’ une fois en quatre ans. Après quelque diminution ,
ces symptômes reprirent une nouvelle intensité. L ’ins
piration était très-difficile. Un obstacle à l’entrée de l’air
paraissait résider à la partie antérieure du cou. En même
tem ps, un sifflement pénible et semblable à celui du
croup se faisait entendre La voix pouvait être produite
à la fin de chaque expiration, mais elle était entrecoupée
par de fréquentes éructations. Des saignées, l’op ium ,
l’éther, l’esprit de corne de c e r f, des vésicatoires furent
employés saus succès. A l’ouverture du cadavre , on vit
la partie inférieure du larynx très-rétrécie par l’épais
sissement de la membrane qui revêt l ’intérieur de cet
organe. Elle était devenue très-lerme. Cet état se pro
longeait sur les bords des ventricules. La trachée était
dans l’état naturel ; le corps ( ou glande ) thyroïde p; raissait volumineux. Les poumons étaient affaissés et ne
contenaient qu’un peu de fluide écumeux. Le diaplu'agine
était légèrement enflammé vers sa face supérieure.
Il n’est point difficile de saisir les nombreux rapports
qui existent entre cette maladie et celle dont j’ai donné
�l ’histoire. Elles ne différent que par le siège primitif du
dérangement organique. Dans l'une, la membrane muc^ueuse était affectée ; dans l’autre, c’était le cartilage
tricoïde. On conçoit que celle-ci devait, toutes choses
égales d’ailleurs , être la plus grave et la moins accessible
aux secours de l’art.
Quels moyens , en effet, conseiller en pareil cas ?
Existe-t-il quelqu’agent de la thérapeutique susceptible
de ramener à son état premier un cartilage altéré, épaissi,
devenu fongueux ? IVe serait-on pas détourné de toute
proposition à cet égard , par l’ignorance où l’on est de
la véritable source de cette altération ? 11 faut en con
venir : l’art semble ici frappé de nullité. Cependant con
sidérée en elle-même , la lésion organique qui cause la
mort est des plus légères : développée dans tout autre
point de l ’organisation , elle eût laissé la vie achever
paisiblement son cours ou ne l’eût que faiblement trou
blé. Puisque l’ensemble jo u it, dans cette circonstance ,
de la plénitude de ses facultés, que la ruine du tout
ne provient que de la lésion de l’ une de ses parties les
plus circonscrites , en un mot que l'obstacle est purement
local et très-étroitement limité , pourquoi ne tenterait-on
pas de le lever? Pourquoi ne pratiquerait-on pas l ’ou
verture de la trachée dans un cas de suffocation immi
nente ? Le succès de cette opération ne serait , il est. v r a i,
que celui du moment. La plaie guérie, le danger renaî
trait. Mais une canule engagée dans la solution de con
tinuité la maintiendrait libre et béante ; l’existence du
moins serait assurée , le calme rétabli, et peut-être que
là nature livrée à son zèle conservateur , travaillerait ,
avec plus d’avantages, pendant cet état de paix , au ré
tablissement de l’organe affecté. On objectera, sans doute,'
que l’air ne traversant plus ni les fosses nazales, ni le
pharynx , ni le larynx , et arrivant immédiatement du
dehors dans les poumons , sans être imprégné de cette
�( III
)
chaleur vaporeuse qu’il reçoit en parcourant les cavités
mentionnées, pourrait déterminer dans les véhicules
bronchiques une impression trop vive et une stimulation
dangereuse. Qu’on se rassure. L ’habitnde aurait bientôt
diminué la vivacité de cette impression et prévenu tout
fâcheux effet. E n fin , pourra-t-on d ire, ce moyen ne
permettra point à la voix de se faire entendre ; il privera
de l’exercice de la parole ; il rendra l’existence pénible
et la mort désirable. Tout en partageant ces craintes f
je répondrai que le médecin avait une tâche importante
à remplir; qu’une vie lui était confiée; qu’il devait la
défendre jusques dans son dernier retranchement.
S lU T E
et f i n d es
O b serv a tio n s s u r les p e r fo r a tio n s d e
V u rètre et d e l'in te s tin r e c tu m ; p a r M .
T roisième
M agail , I ) . C .
O bservation.
54
M. P . , négociant de cette ville , âgé de
ans , était
affecté , depuis longues années , d’une difficulté d’uriner,
qui s’accroissait graduellement. A la suite d’une course
ira peu longue , il fut pris d’une rétention complette
d’urine , qui disparut au bout de quelques heures , par
le moyen d’une saignée copieuse , de lavemens et d’une
tisane mucilàgineuse. Une seconde rétention , survenue
deux mois après , fut également combattue avec succès
par les mêmes moyens. M. P . resta un temps assez long
sans éprouver de nouveau cette ci-uelle maladie ; pendant
cet intervalle , il urinait à petit jet et souvent gôutte à
goutte ; néanmoins sa vessie se vidait complettement.
Dans cet é ta t, il refusait constamment les secours de la
médecine. E n fin , à la troisième récidive , les moyens
qu’on avait employés avec quelques succès , ne produi
sirent aucun soulagement : il se décida alors , malgré sa
�répugnance , à se laisser sonder. L ’introduction de l’ai—
galie , lit reconnaître vers la partie membraneuse de
l ’urètre, un rétrécissement qui est franchi avec un peu
de persévérance ; niais arrivée vers le col de la vessie, il
est impossible de la faire pénétrer dans cet organe : en
portant le doigt dans le rectum , on découvre un engor
gement de la prostate Les douleurs que le malade éprouve
font renvoyer à un autre moment le cathétérisme. Après
ces tentatives, M. P. rend quelques urines, et pendant
sept jours , la vessie se vide complettement. Au bout
de ce temps , le malade est de nouveau pris de sa
rétention d’urine. La erainte d’être sondé lui fait différer
d’appeler du secours , jusqu’au dernier moment. La vessie
est très-disteiuluc , les envies d’uriner sont constantes , et
«accompagnées de douleurs intolérables. Les bains , les
saignées générales et locales, etc. , ne produisent aucun
calme. L ’indication à remplir était de vider sur-le-champ
la vessie : mais le point difficile était de pouvoir pénétrer
dans cet organe. On essaie diverses sondes , on fait
beaucoup d’efforts pour vaincre l’obstacle , on se dévie,
et on pratique des fausses routes ; enfin on se sert de la
sonde conique du professeur B oy er, et après un tra
vail long et douloureux , on pénètre dans la vessie à
travers la prostate. On fixe la soude pendant cinq jours ,
on la retire ensuite pour la remplacer par une de gomme
élastique , mais son introduction est impossible. M. P.
continua d'uriner, et depuis cette époque , la maladie
n’a plus reparu.
Je ferai observer que , pendant une quinzaine de jours,
M. P . rendait aussi-tôt par la verge, les lavemens qu’il
prenait ; ce qui prouve d’une manière incontestable que
l'urètre et l ’intestin rectum avaient été perforés dans
le cathétérisme forcé , et que ces lésions n’ont été ac
compagnées d’aucun accident consécutif.
�C Ii3 )
Q
uatrième
O
bservation
44
.
M. B. , négociant de cette ville , âgé de
aDS ? était
affecté , depuis huit ans , de difficultés d’ uriner , dépen
dantes de rétrécissemens blennoi liagiques. La maladie
fait des p rogrès, le jet des urines devient de plus en
plus petit , et lorsque M. B. commet quelques écarts
de régime, il est pris d’une rétention qui cède à l'ap
plication des sangsues au périné , à l’usage des bains
de siège , et d’une boisson mucilagineuse.
Son médecin voulant le débarrasser de cette fâcheuse
maladie, essaie de le sonder : mais aussitôt que la sonde
pénètre dans le can al, il éprouve sur-le-champ un spas
me violent , s’accompagnant bientôt d’ une fièvre intense
qui dure
heures. Pendant cette exacerbation , le ma
lade urine goutte à goutte et avec des douleurs insup
portables. Les saignées générales et locales , les bains de
siège , l ’eau de poulet , etc. , calment peu-à-peu cette
lièvre ; et tout enfin rentre dans son état primitif.
On conseille à M. B. de s’introduire lui-même une
petite bougie de gomme élastique dans le canal , afin
qu’il l’habitue peu-à-peu à la présence de ce corps
étranger ; mais toujours son introduction reproduit
les symptômes que je viens de signaler.
Plusieurs années s’écoulent dans cet état ; le malade
veut absolement obtenir la guérison. Malgré la fièvre
qui survient, il passe une sonde dans le canal ; de jour
en jour l’irritation qu’elle produit est moins intense.
Enfin il parvient, avec de la persévérance, à franchir
divers retrécissemens , et à garder la bougie plusieurs
heures, sans qu’il survienne de la fièvre.
Son médecin profite de cette circonstance , pour lui
faire introduire une très-petite bougie dans la vessie,
à travers laquelle il urine , il en passe successivement
des plus grosses ; enfin , pendant un m ois, il en intro-
36
�I
pas issue aux urines ; il attribue cela à des glaii’es qui
la bouchent et après l'avoir gardée plusieurs heures ,
il la retire.
Un matin , le malade ayant sa sonde dans le canal ,
va à la garde robe, mais qu’on juge de son étonnement,
Iorsqu’en se relevant , il aperçoit sa sonde sortant de
deux pouces à travers l’anus ! Epouvanté de cet accident,
il court chez sou médecin pour lui en faire part ; mais
son eifroi est si grand , que ce dernier ne peut venir à ;
bout de le rassurer : il arrive chez moi tout égaré : je
le persuade que ces fausses routes sont très-fréquentes et
que jamais elles ne s’accompagnent d’aucun danger. Je
lui conseille de ne plus passer les sondes, et d ’abandonner
à la nature la guérisson de cette fausse route. Un mois
après , nous introduisîmes des sondes de gomme élas
tique d’un calibre m oyen, ensuite de plus grosses, et,
depuis environ un an , le malade urine parfaitement,
sans qu’il ait éprouvé aucun symptôme d’infiltration au
périné.
C
inquième
O
bservat io n
.
5
M. D. , homme d ’affaires de cette ville , âgé de "j
ans, atteint depuis l’âge de
ans , de difficultés d’uriner,
suite de blennorhagies réitérées, qui n’avaieut jamais
été terminées d’une manière complette , conservait
un écoulement chronique abondant, qui avait résisté à
tous les moyens qu’on avait mis en usage pour le com
battre. Cependant les difficultés d’ uriner deviennent de
jour en jour plus fréquentes, les urines sortent tantôt
goutte à goutte avec des efforts inouis , tantôt elles
s’accompagnent des épreintes du col de la vessie avec
des douleurs atroces. C ’est dans cet état m aladif, qu’il
appelle son médecin pour obtenir du soulagement. Après
36
�c Ii5 )
un traitement préparatoire, il lui conseille le cathé
térisme , comme le seul moyen de guérison. Au hout
de plusieurs jours d’incertitude ,. le malade se décide
à se laisser sonder. On introduit une algalie en argent
qui arrive sans difficulté jusqu'au-dessous du puhis ;
mais arrivée là , il est impossible de franchir l’obstacle.
Après plusieurs tentatives infructueuses , on renvoie
cette opération au lendemain ; on n’est pas plus heureux
que la veille ; on recourt alors à des cordes à hoyaux
et à des bougies de gomme élastique très-minces, qu’on
ne peut faire parvenir plus loin. Les douleurs aiguës
que le malade éprouve , déterminent son médecin à fran
chir l’obstacle de vive force et à pénétrer dans la vessie.
Dans cette opération laborieuse , il perfore l’urètre en
plusieurs endroits , et il liait par introduire la sonde
dans le rectum , et par la sentir à nud dans ce conduit.
Avant été appelé immédiatement après , j’éprouvai
beaucoup de peine à éviter les fausses routes qu’on ve
nait de pratiquer , et ce ne fut qu’après plusieurs essais,
que je parvins à la placer dans la vessie.
La sonde fut laissée pendant quatre jours ; en la re
tirant , nous en introduisîmes une en gomme élastique
dan.0 6 , et nous arrivâmes progressivement jusqu’au
n .°
io
.
Pendant quarante-cinq jours , le malade a fait usage
dessoudes, et depuis environ quinze m ois, il est par
faitement guéri.
J’aurai pu joindre encore ici quelques observations de
perforations de l’urètre dans le cathétérisme forcé , qui
n'ont été accompagnées d’aucun accident ; mais j ’ai pensé
qu’elles présenteraient peu d’intérêt pour l’art ; mon but
d’ailleurs n’ayant été que de signaler les plus intéres
santes et celles qui sont les plus rares. Heureux , si
elles peuvent -fixer l’attention des praticiens et con
tribuer , jusqu’à un certain p o in t, à porter quelques
�( ii
6
)
lumières sur les lésions de l’Urètre , qui ont été consi
dérées comme très - graves , et devant toujours s’ac
compagner d’aecidens plus ou moins fâcheux.
*
| u \ \ w m vw w vw vw v \ m u \ u u v \ u \ m u u - m u w u \u v w \u tt
SÉANCES
FENDANT
DE
LE MOI S
LA
DE
SOCIÉTÉ
J ANVI ER 1822.
12
Janvier 1822. — M. F lo ry , docteur en médecine
fait hommage de la dissertation inaugurale qu’il a sou
tenue à la faculté de médecine de Montpellier , et portant
pour titre : Dissertation sur la maladie dite fièvre jaune,
qui règne à la- Guadeloupe. La société , accueillant tous
les ouvrages publiés sur une maladie qui , maintenant
plus que jamais , fixe l’attention générale, charge M. le
docteur Picard de lui présenter un rapport sur la dis
sertation de M. Flory.
M. le docteur Sigaud fait lecture de son rapport sur
les bains fumigatoires établis à Marseille par M. Bouillieu,
élève de M. Papou.
La société adopte les conclusions du rapport, qui
tendent à favoriser l’établissement de M. Bouillieu, comme
réunissant toutes les conditions qui constituent un hou
appareil fumigatoire.
La Société termine ensuite la révision de ses règlcmens , et nomme une commission pour lui présenter un
rapport général sur cet objet. Cette commission est
composée de MM. Benac , Segaud, Roux , Sue, Baillac \ Picard et Guiaud.
Du 19 janvier. — M. le secrétaire fait part de la lettre
écrite à la Société par MM. Bally , Pariset, François
et Audouard , en réponse à celle que leur avait adressée
la Société, en leur envoyant des médailles d’argent
�ri7
(
)
comme un témoignage d’admiration pour le dévouement
dont ils ont fait preuve dans la maladie désastreuse qui a
ravagé IJarcelonne. La lecture de cette lettre où l’expres
sion de la modestie et de la gratitude est si vivement
tracée, a causé la plus douce satisfaction à la Société ,
qui se glorifiera toujours de compter , parmi ses mem
bres, des hommes dont le nom ue peut désormais périr.
M. Billot, docteur en médecine, à Cucuron , adressa
une lettre à la Société, pour la remercier du titre de
membre correspondant, dont il a re c u le diplôme.
M. le secrétaire fait ensnite lecture d’ un manuscrit de
M. Chatard, docteur en médecine à IJatilmore, intitulé :
Bu typhus icte'rodes, ou Fièvre jaune qui a régné à Bal
timore en 1819.
M. Chatard, dans ce mémoire , regarde la fièvre jaune
qui régna à Baltimore comme non importée , mais bien
produite par des causes locales relatives à l’état du sol, de
l’atmosphère et à la situation de. la ville. 11 considère la
fièvre jaune comme une des maladies'les plus meurtriè
res ; il ne la regarde pas comme contagieuse. ïl indique
les purgatifs comme lui ayant réussi chez plusieurs
individus affectés de fièvre jaune.
M. Dubrettil , professeur d'anatomie et de physiologie
à l’école maritime de Toulon , présent à la séance, dit
avoir vu la fièvre jaune régner pendant trois mois aux
Antilles; elle ne lui a pas paru de nature contagieuse.
Presque tous les médecins qui exercent dans ces régions
lui ont dit aussi que cette maladie ne s’était jamais offerte
à eux sous le caractère contagieux. M. Dubreuil 11’a rap
porté que ce qu’il a vu et entendu ; il n’a pas rejeté
l’idée que , sous des circonstances particulières, la fièvre
jaune ne puisse se manifester sous la forme contagieuse.
Séance extraordinaire du
3 o janvier.
Cette séance a été honorée de la présence de M. le
docteur Bally , un des quatre médecins français envoyés
�( n8 )
à Barcelonne. Elie a été entièrement remplie par les no
tions précieuses sur la maladie de Barcelonne , commu
niquées verbalement par M. B a l l y avec autant de clarté
que de précision. Ces notions ont été recueillies, et la
Société s’est empressée d’en enrichir le premier b ulletia
de ses travaux.
AVIS.
4
L a huitième livraison de l ’ O b se r v a te u r d e s sciences
était sur le point de voir le jour , lorsque
nous avons reçu le prospectus d’un nouvel ouvrage que
l ’un de nos plus savans et infatigables professeurs se
propose de publierpnr sous cription. Nous ne croyons
devoir mieux faire qu’en insérant, dans le présent N.
ce prospectus où les intentions de M. F o d e r é sont signa
lées de manière ù engager les gens de l'art à favoriser
une entreprise qui ne penl qu’être infiniment utile , au
jourd’hui surtout que les regards des médecins sont,
plus que jamais , dirigés vers l’hygiène publique et tout
ce qui s’y rattache.
m é d ic a le s
L
eçons
s u r les m a la d ie s é p id é m iq u e s et l ’h y g iè n e p u bli
q u e , f a i t e s à la F a c u l t é d e m édecin e, d e S tra sb o u rg ,
3
F oderé , p r o fe s s e u r à cette f a c u l t é .
vol, in8.° d e p lu s d e oo p a g e s c h a c u n , à p u b lie r p a r sous
par M .
5
c r ip tio n m é d ic a le .
3
<mwtAim \\>v
P
rospectus
.
«vvvvwwu u m i i
L ’ on ne saurait révoquer en doute que la médecine
moderne , ajoutée à la médecine ancienne , ne puisse
donner à l’art de guérir un degré de certitude qu’on
�” 9
(
)
s'était plu à lui refuser. Toutefois , au milieu de tant de
systèmes contradictoires , l’édifice a paru ébranlé jusque
dans ses foudemens. L ’auteur de cet ouvrage , sincère
admirateurode tout ce qui est beau , de tout ce qui est
bon , de quelque part que cela nous vienne , mais sec
tateur décidé de l’éclectisme, a cru de son devoir de
prendre à tâche de tout concilier , et de rendre profi
tables à l’humanité les élémens les plus disparates en ap
parence. Dans cette intention , il a donné une certaine
étendue aux leçons qu’il fait chaque année dans son cours
d’hiver, et il en a composé un traité dogmatique , ap
pliqué spécialement aux épidémies, pour servir de guide
aux praticiens qui lisen t, et qui doivent être bien em
barrassés au milieu de tant de théories différentes , dont
chacune est réputée la meilleure par son auteur, et qui
toutes sont appuyées de faits et d’expériences.
L ’ouvrage est divisé en sept sections. Les deux pre
mières sont consacrées k l’étude des causes, à des ana
lyses critiques , à des considérations comparatives entre
l’homme en santé et en maladie , c’est-à-dire , à la phy
siologie pathologique , à l’examen des dénominations
d’infection et de contagion , à l’hygiène et à la théra
peutique générales. Les cinq autres sont composées dé
plus de trente-six monographies de maladies qui ont été
épidémiques ou qui peuvent le devenir , traitées dans un
sens pratique. Deux volumes sont rédigés , et le troi
sième le sera au fur et à mesure de l’impression des
deux premiers.
Occupé sans cesse à corriger et à rectifier ses idées,
M. Foderé désire faire imprimer sous ses yeux un ou
vrage dont les conséquences sont majeures , afin de
profiter de toutes les lumières et de toutes les découvertes ;
mais il est hors d’état d’en supporter les fra is, et il a
besoin de la coopération de ses confrères : ils lui donner
ront une marque d’estime et de bienveillance, en con-
�( 120 )
tribu ant, par une modique souscription , à rendre utile
jusqu’à la fin sa laborieuse carrière. La souscription est
ouverte jusqu’au i
juin prochain , époque où l’on
commencera à imprimer , si le nombre des souscrip
teurs est suffisant. Le pris est de 6 francs par volume
pris à Strasbourg , et si la souscription dépasse les frais,
l ’auteur s’engage ( car ce n’est point ici une spéculation
d ’intérêt ) à faire parvenir les livres , francs de port,
par le roulage , aux personnes qu’on indiquera.
Les conditions sont .• i.° d’adresser , franc de port, à
M. F oderé, à Strasbourg , la déclaration de souscrire
pour la somme de 18 francs pour les vol. composant
l'ouvrage, avec l’indication précise des noms , prénoms,
qualités et demeures , ainsi que de la personne , dans
chaque départem ent, à laquelle devront être envoyés
les volumes.
a.° D’adresser d’avance au même , par la poste , par
la voie du commerce , par l’entremise de MM. les rece
veurs généraux, ou autrement , le prix de 6 francs ,
pour le premier volume ; et quand on aura reçu celui-ci,
le prix de 6 francs pour le second, et successivement
pour le troisième.
L ’on sent aisément la nécessité de cette mesure. Mais
plusieurs souscripteurs peuvent se réunir pour dimi
nuer ces faux frais, et l’auteur prend encore l’engage
ment d’en rembourser le montant , s’il y a de l’excé
dant.
MM. les médecins entre les mains de qui parviendra
ce prospectus, sont priés de lui donner la plus grande
publicité. Par l à , un ouvrage de médecine sera imprimé
et publié par les soins seuls de la médecine.
5
3
F. E. F cderé ,
�( la i )
T r a i t é d es f i è v r e s rém itten tes et d es in d ic a tio n s q u 'e lle s
J.-B . T h .
B aumes , p r o fe s s e u r r o y a l d e p a th o lo g ie et d e n o so
lo g ie à la f a c u l t é d e m é d e c in e d e M o n t p e llie r , etc.
2 vol. i n - 8.° de 379 —
o p a g e s ( Montpellier 1821 ).
fo u r n is s e n t p o u r l'u s a g e d u q u in q u in a : p a r
55
( Deuxieme et dernier Article ) .
L ’histoire du quinquina doit paraître déplacée dans
un ouvrage sur les fièvres rémittentes ; et s i , en consa
crant 274 pages à des détails qui annoucent un médecin
profondément versé dans les différentes branches de
l’histoire des végétaux, M. Baumes a eu raison de pré
sumer que le lecteur lui pardonnerait cette longue digres
sion en faveur du talent distingué avec lequel il a traité
cette matière intéressante : il est à désirer pourtant qu’un
pareil exemple 11e soit pas imité par cette foule d'écri
vains qui n’aspirent qu’à la gloire facile de faire un
gros volume , et qui parviendraient sans peine à leur
but, en fesaut précéder l’histoire d’une maladie de
celle des médicamens à l’aide desquels on doit la com
battre. Mais , comme telle n’a pu être l’intention d’un
professeur justement célèbre, nous croirions manquer
à notre devoir en négligeant de faire connaître la mar
che que ce savant a suivie dans l'étude d’ une substance
inappréciable, trop décriée de nos jours par quelques
auteurs systématiques. C’est par l'Histoire bibliographique
du quinquina , à la suite de laquelle se trouve placé
l'Etat bibliographique des diverses substances regardées
comme succédanées de l’écorce du Pérou que commence
la seconde partie de l’ouvrage que nous examinons.
L ’Histoire naturelle de ce fébrifuge fait le sujet d’un
chapitre très-intéressant, qui est suivi de son Histoire
botanique. Les travaux des chimistes qui se sont occupés
t
. ni.
9
�(
123
)
de l’analyse de l’e'corce cincaonique, depuis Geoffroy
jusqu’à MM. Pelletier, Caventou et Henry fils, et les
préparations qu’on lui fait subir pour l’ usage de la mé
decine sont ensuite examinés avec soin , dans deux cha
pitres , consacrés L’un à l ’Histoire chimique et l’autre à
l'Histoire pharmaceutique du quinquina. Constater enfin
la vertu fébrifuge de ccttc précieuse substance, tracer
les caractères sûrs et constans qui établissent des diffé
rences réelles entre les espèces les plus usitées pour
mettre à l’abri de l’erreur , indiquer les cas où il con
vient de faire choix d’une espèce plutôt que d’une autre,
ainsi que les formes sous lesquelles on administre cette
éco rce, et l’usage extérieur qu’on en peut faire , telles
sont les considérations qu’on trouve dans le dernier ar
ticle intitulé : Histoire pharmacographique, considéra
tions utiles qui se lient naturellement à la médication
des fièvres rémittentes , et qui devaient seules servir
d’introduction à l’étude des indications qu’elles fournis
sent pour l’usage du quinquina.
Après avoir utilement distrait l’attention du sujet
principal par des détails lumineux sur l’histoire du quin
quina , M. Bcuimes arrive à la troisième partie de son ou
vrage , consacrée à la thérapeutique des fièvres rémit
tentes. Les indications indirectes ou préparatoires pour
l ’usage du quinquina fixent d’abord son attention. Il
pense que cette substance ne peut remplir ni les indica
tions que présentent les trois temps constitutifs d’un
paroxysme , ni celles qu’offre le première stade d ’une
fièvre rémittente quelconque. De tous les moyens cura
tifs , propres à arrêter le premier temps du paroxysme
ou le frisson qui dépend du spasme ( i ) , d’après le
(i) M. Baumes avertit dans une note qu’il se sert collectivement
du mot spasme « pour exprimer tout état de gène , d’excitement,
�123
(
)
professeur de M ontpellier, les préparations d’opium ,
qu’on pourrait avantageusement remplacer par la gélatine ^
préparée d’après M. Seguin , lui paraissent devoir jouir
d’une grande efficacité : il mentionne ici le moyen indiqué par George K e llie , qui consiste dans l’application
du tourniquet sur une cuisse et sur un bras , seulement
de chaque côté du corps et en même temps , et qu’on
peut enlever au bout de quinze minutes, sans craindre ;
d’après le médecin anglais , le retour de l’accès. Pendant
le second temps du paroxysm e, ou la chaleur que M.
Baumes regarde comme une continuité dn spasme, les
vomitifs, que préconisent quelques praticiens, lni sem
blent nuisibles , et il conseille de modérer alors 1’effer*
vescence des liquides p a rla saignée, les boissons prises
fraîches , par les lavemens , les pédiluves ou les manuluves , et surtout par les acides : l'eau froide , donnée en
boisson ou appliquée sur la surface du corps , ne peut
qu’être alors très-avantageuse. Dans le troisième temps
que la nature semble destiner aux évacuations critiques?
ce qu’on peut faire de m ieux, dit ce professeur judi
cieux , est de rester dans l’expectation. M ais, ajoute-t-il
plus bas, les indications des moyens curatifs qui doivent
précéder l’usage du quinquina , s’étendent bien au-delà
du paroxysme : elles subsistent durant toute la première
stade de la maladie que les humoristes appellent temps
de crudité , et les solidistes, temps d'irritation. C ’est pen
dant cotte stade que doivent être placés les remèdes gé
néraux , dont l’ administration exige un grand discerne
ment et une sage économie.
même de phlogose ou d’inflammation imminente , qui carac
térise quelquefois tout le premier temps d’une maladie: et qui
se fait remarquer dans un assez grand nombre d’affections qui
débutent et qui n’ont point atteint l’époque de leur dégénéra
tion ou de leur changement successif. »
�( M )
, nLocsqiue l» fièvre ré:r.î Hénie se présente sons les forjncs ataxique ou adynamique , M. B a u m e s est d’avis de
relever les pouvoirs vitaux par les analeptiques , les
cordiaux et les excitans . qu’on doit employer de préfé
rence avant le paroxisme , à la lin du froid et pendant
la rémission. S ’il se présente des signes d’embarras gas
trique , il veut qu’on ait recours à des médicamens dont
l’action tumultueuse est alors salutaire , et c’est pendant
la rémission qu’il conseille d’administrer les éméti
ques dont l’efficacité doit être secondée par l’emploi des
purgatifs. Mais il peuse que celte médication serait
nuisible., si l’on confondait, avec les signes de la cacochylie , les nausées spasmodiques qui accompagnent souvent
le commencement du paroxysm e, et dans les cas qui
offrent une réunion de signes qui annoncent une dispo
sition prochaine à l’œdéinalie. C’est par cette phrase
remarquable que M. Baumes termine le paragraphe des
indications préparatoires pour l’usage du quinquina :
« On voit tous les jo u rs, dit-il d’après Lancisi et
Bïanchi, dans les pays même très - marécageux , des
lièvres palustres être plus ainaadées par l’usage soutenu
des tempérans, que par celai des meilleurs toniques. »
Convaincu de l’importance du régime dans toutes les
maladies , après quelques réflexions sur les règles diété
tiques à suivre dans les lièvres , M. Baumes établit en
principe que plus les fièvres rémittentes , dans leur
invasion , se rapprochent des fièvres vives et continues ?
plus la diète doit être sévère , végétale et réciproque
ment ; mais qu’à mesure qu’on s’éloigne de la stade de
crudité , l’alimentation des malades doit être plus forte,
pour soutenir le degré d’énergie qu’exigent la coction
et la crise ; et c’est aux bouillons de viande , faits avec
les parties les plus substantielles des anim aux, qu’il
conseille alors de recourir.
L ’état des saisons et des intempéries de l'air détenni-
�(
1*5 ;.)
nant toujours le caractère que présentent les .épidémies ,-09
les maladies sporadiques, les lièvres rémittentes doiycnfc
nécessairement exiger des modifications de traitemcnt selou
les causes qui les ont préparées et qui les accoippagneptr
C’est, dans tous les ca s, la nature de l’épidémie quj
indique sur quels moyens ou doit insister de préférençe;}
l’expérience est , sur ce p o in t, d’accord ; avec le çajg
sonnement. Ces remarques générales conduisent l^utçqç
à l’examen des indications fournies pour l’psagè (lu .qjppquina. 11 pense que ce n’est que, lorsque la ii-Cryy.o, ea^
réduite à son état simple par l’emploi méthodique dç.|
moyens généraux, qu’il est necessaire de recourir jy pe
fébrifuge , leq u el, tout précieux fjuj.il est, n’opère pag^
avec un éeal succès , dans les trois ordres des fièvres
0
.
. .
>
' v )■ •' rip
rémittentes qn’il a distinguées. C ’est sur les fiçyrèsm il
premier ordre qu’il exerce le plus sa vertu ' sjiécrpçjue;
celles du second ordre résistent plus ou moi 11s,de temps
à son action puissante , et celles du troisième. .ordre né
,
„ ,
,
i 1 , ’■ -*
•; .
peuvent admettre lecorce du Pérou qu apres., comme
l’a dit Torti , que les indices des reprises sont plutôt
sur la ligne du froid que sur celle de la chaleur.
S ’il est quelques lièvres rémittentes qui ne sauraient
être attaquées avec trop de promptitude par le quinqdiua,
ce n’e s t, en général, que le quatrième paroxysme qui
est indicatif pour l’administration de ce puissant fébri
fuge. Quelques observations sont fournies j>ay M. Bq unies
pour appuyer ce précepte qui a été donné par lîippoçrate
d’une manière non équivoque, e.t suivi par tous lés
•
.. v .
S
■ d y
•• > .if ;
observateurs judicieux.
Les prescriptions particulières, les doses et tes formées
d’administration du quinquina , dans les lièvres qui npiis
. ■ ’> 1, '1 ; y.’ v ■■ '■ >.
occupent, sont autaut d objets que fauteur examine
avec la plus sévère attention. 11 établit, d’après d ’expé
rience, que c’est pendant la rémission qu’il est le'p i us
avantageux d'administrer ce fébrifugé , .qui doit être pris
\
�2<3
( I
)
Ü une filStance très-éloignée <ln prochain paroxysm e;
mais dans ces maladies fâcheuses où , pour ainsi d ir e ,
Les reprises se confondent, il veut qu’on place ce re
mède héroïque dans le décroissement du paroxysme.
Quant a la dose à laquelle il faut donner cette écorce,
il pense qu-’en général on peut la fixer à celle d’une
ôhce et demie en substance, et de deux onces en dééttdtion, pour faire prendre dans l’intervalle de deux
parbxysmes, lorsque le cas est urgent; et il conseille
fle faire la première prise de trois g ro s, et de diminuer
Les autres à proportion. Les doses réfractées ne peu
v e n t, selon M. Baum es, que produire beaucoup de
m a l, et il est essentiel de savoir qu’un des effets du
quinquina est d’augmenter, dans quelques c a s, les accitlens du paroxysme qui suit son administration , pour
ne pas s’en laisser imposer par cette augmentation apparèn'te de la maladie, et en abandonner brusquement
ï ’usagé. Ces préceptes divers sont suivis de plusieurs
faits qui tendent à les ap p u yer, et qui prouvent que
depuis le quinquina en substance ou en poudre, jusques
aux sels dont la découverte est due au zèle infatigable
de quelques chimistes modernes , on est sur d’opposer
aux fièvres rémittentes le remède le plus constant dans
ses bons effets.
Les différens types de ces fièvres, leur g én ie, leur
marche et leurs complications apportent de nouvelles
modifications dans l ’usage du quinquina , que M. Baumes
fait connaître avec beaucoup de détails, ainsi que les
modifications déterminées par les constitutions des temps,
la nature des épidémies et le tempérament des malades.
L e pronostic de ces pyrexies est généralement fâ
cheux , et se tire des signes qui annoncent que la
convalescence sera bonn e, incertaine, mauvaise ou ter
minée par une rechute.
Dans le dernier chapitre de son ouvrage, qu’il con-
�27
( i
)
sacre aux reliquats et suites des fièvres rémittentes ,
M. Baumes fait remarquer qu’il a assez fréquemment
observé des fièvres intermittentes dues à la suppression
des phénomènes dépurntoires que présentent quelques
individus, à la suite de ces pyrexies rémittentes. Il
pense que le sulfate de quinine pourrait triompher de
ces maladies , et que le quinquina ne combattra pas
avec moins de succès ces mêmes fièvres compliquées
d ’hvdropisie et de ce qu’on nomme obstruction des
viscères. Mais il croit que les suites des fièvres avec
hecticisme exigent rarement l’écorce cinrbonique , que
ne contr’indiquent pas aussi manifestement les fièvres
avec scorbutisnie, et que dans la cachexie qui suit les
fièvres rémittentes, l’indication persévérante consiste à
user avec méthode des/apéritifs , des amers et des mar
tiaux.
Si l’on peut reprocher à M. Baumes d’avoir trop sou
vent emprunté à l’humorisme des explications dont
la profondeur les dérobe à l’intelligence , on doit lui
savoir gré des efforts qu’il a faits pour montrer , dans
tout son jour , une vérité importante pour la pratique.
Car , quoiqu’il soit vrai que la doctrine de l’école phy
siologique ait éclairé l’étude des fièvres , il reste encore
à prouver que toutes les altérations de tissu dépendent
d’un état inflammatoire plus ou moins fo rt, et les faits
nombreux, ainsi que les développemens cliniques que
renferme le traité des fièvres rémittentes , m ontrent,
jusqu’à l’évidence, que les maladies diverses dues à l ’ac
tion des miasmes marécageux , loin de reconnaître pour
cause la phlegmasie des tissus qui ont éprouvé l’impres
sion délétère de ces émanations, ne peuvent au contraire
être combattues efficacement que par le quinquina , que
repousse avec mépris la doctrine exclusive de l’irritation.
G ,-A .-T . S u e , D.
M. P.
�M émoi re sur les hôpitaux et. les secours distribues à
domicile aux indigens malades ; par M . le docteur
P olimière . ( L y n , imprimerie de Duruaud , in-8.° )
Lyon , chez Théodore Pitrat.
D epuis plusieurs années les académies ont reconnu
la nécessité de renoncer à mettre au concours des ques
tions oiseuses ou d’une médiocre importance. Les grands
intérêts de la société , l’amélioration des institutions
qu’elle possède , ou la création de nouveaux élémens de
bonheur et de prospérité pour leurs concitoyens et leur
pays , voilà maintenant ce qui occupe l’attention de la
plupart des réunions scientifiques ou littéraires , dont
l’utilité avait été plusieurs fois contestée, par suite de
la frivolité de leurs travaux. Pourquoi faut-il que , par
une sorte d’habitude , les mémoires couronnés par les
académies , soient aujourd’ ui si rapidement enveloppés
dans un oubli , dont l'importance du sujet et le talent
des auteurs devraient les défendre ? Un préjugé difficile
à détruire , puisqu’il repose sur une longue expérience ,
s’attache aux ouvrages couronnés et les déconsidère dans
l’opinion publique : un préjugé si funeste doit être com
battu; il doit l’être surtout, lorsqu’il tend à laisser ignorés
des écrits aussi importuns que ceux à qui l’académie de
Lyon vient de décerner des médailles d’o r , et qui ont
pour objet les hôpitaux et les secours à domicile. Un
de ces écrits , celui de M. le docteur Polinière, se fait
distinguer par la régularité du plan , la sagesse des vues ,
la sagacité des aperçus et l’excellence des améliorations
proposées. Nous allons en présenter une courte analyse.
Après avoir , dans une introduction écrite d’une ma
nière fort remarquable , jeté un coup-d’œil rapide sur
les secours donnés aux malades indigens chez les an
ciens , dans le moyen ôge et peu avant la révolution ,
l ’auteur entre dans la première partie de sa question en
�I99
(
)
s'occupant des avantages et des inconvénieus des hôpitaux
et des secours à domicile.
En cherchant franchement la vérité , qui ne se trouve
jamais dans des opinions trop exclusives , on reconnaîtra
sans peine que, si les secours à domicile présentent de
nombreux avantages , ils ne sauraient pourtant remplacer
entièrement les hôpitaux. S i, en né déplaçant pas l’ar
tisan m alade, on respecte scs craintes , ses dégoûts , on
le préserve du mauvais a ir , ou resserre les liens domes
tiques , on entretient l’amour du travail , on arrache la
jeunesse aux dangers des conseils ou des exemples per
nicieux ; si , selon l’expression de Cabanis , un malade
est un spectacle utile , une leçon vivante d’humanité,
cependant il est des circonstances où les secours à domi
cile sont insuffisans ; ils le sont pour les indigens sans
asile , pour ceux qui ne trouveraient point chez eux des
soins empressés; ils le sont dans quelques maladies in
ternes, graves et de longue durée, dans les aliénations
mentales et dans plusieurs affections chirurgicales.
En se livrant à l’examen des inconvénieus et des vices
des hôpitaux , l’auteur se présente comme le défenseur
decesétablisseinens. Sans doute, la plupart des reproches
qu’on a pu leur faire repose sur leur mauvaise organisa
tion , et devient injuste , appliquée aux hôpitaux [mo
dernes qui ont ressenti l'heureuse influence d’une phi
lantropie active et éclairée par les sciences médicales.
Cependant nous restons encore convaincus , malgré leur
habile panégyriste , qu'il est des inconvénieus inliérens à
leui institution elle-même. Quelques soins que l’on puisse
donner à la construction d’un hôpital, il pourra toujours
devenir , dans certaines circonstances , un foyer d’inl’ection ; quelles que soient les précautions apportées à
la réception des malades , on se trouvera toujours placé
entre le danger de refuser des secours à de véritables
nécessiteux , et celui d’encourager la paresse et de dé-
�( i3 o )
truire l’esprit d’économie. Les hôpitaux, dégradent les
moeurs , relâchent les liens de famille , arrachent uu
père aux caresses de ses enfans , et ceux-ci aux conseils,
aux consolations et à la surveillance de leurs pareils,
Ainsi se trouvent interrompues, par une courte absence,
des habitudes d’amour , de respect et de soumission.
Mais les inconvéniens qu’une bonne organisation , ainsi
que le prouve M. le docteur Polinière, peut rendre moins
graves , ne sauraient nous empêcher de reconnaître avec
lui les immenses avantages et même la nécessité absolue
des hôpitaux. Ce n’est que dans ces établissemens , ainsi
que nous l’avons d it , qu'un grand nombre d’individus
sans domicile peut être traité : là tout est calculé d’avance;
là seulement se rencontrent la ponctualité d’exécution et
une longue habitude du service des malades; là surtout,
à l’aide des études cliniques , se forment de bons méde
cins , d’habiles chirurgiens et des élèves dignes de succéder
un jour à leurs maîtres. Ainsi, pour me servir des expres
sions de l’auteur : « Les avantages des hôpitaux ne sont
pas resserrés dans les services immédiats, individuels
qu’ils rendent aux indigens admisdans leur sein ; ils s’éten
dent d’une manière générale sur la société toute entière. «
Signaler les abus ou les vices introduits dans uu éta
blissement de charité, c’est avoir contracté l’obligation
d’indiquer les moyens de les faire disparaître : cette obli
gation , M. le docteur Polinière la remplit d’une manière
que nous croyons à-peu-près complète , dans la seconde
partie de son mémoire. Mous ne le suivrons pas dans les
conseils qu’il donne sur la construction d’ un hôpital ; il y
fait preuve d’une sage érudition et d’un excellent esprit
d’observation. De nos jours, la France est riche en bâtimens destinés à recevoir des malades; mais sous ce point
de v u e , leur construction est généralement vicieuse,
Pourquoi faut-il que , dans les réparations ou les accrois- •
semons exigés , soit par les ravages du temps , suit
�(
i
3i
)
par de nouveaux besoins, l’on se trouve obligé de se
soumettre aux plans sur lesquels l’éditice fut primitive
ment construit ? que l’élévation des planchers soit telle,
qu'il soit impossible d’échauffer les salles pendant l’hiver,
que les croisées soient mal disposées , que des courans
d’air soient difficiles à établir : qu’importe ? Tous ces
détails, qui n’intéressent que les malades ou les méde
cins , seront sacrifiés à la régularité de la façade ou à
l’intégrité des anciens plans. On dirait qu’un hôpital
n’est plus qu’ un monument élevé à la gloire de l’A r
chitecte.
En s’occupant des émanations délétères , qu’il est im
portant d'éloigner des hôpitaux , l’auteur signale les
dangers du voisinage d’ une boucherie. Notre Hôtel-Dieu
se trouve exposé à ce grand danger , augmenté encore ,
pendant l’été , par les eaux pénétrées de matières animales
putréfiées qui sont stagnantes sur la rive droite du Itbône.
Espérons que l’administration fera disparaître cet iuconvénieut, mais qu’il nous soit permis ici d’émettre un
vœu d’un intérêt plus général encore. Pourquoi notre
administration municipale , qui déjà a rendu de si im
portons services à notre c ité , ne ferait-elle pas dispa
raître de l ’intérieur de la ville toutes les boucheries ,
par la construction , hors de son enceinte , d’une
tuerie sur le modèle des abattoirs de Paris ? Les débris
des animaux cesseraient de se putréfier , pendant les eaux
basses , dans certaines parties de nos rivières , qui de
viennent ainsi des foyers de miasmes délétères (r).
( 1 ) A u m o m e n t o ù le s c a p ita u x a b o n d e n t e n F r à h c e , n o u s
cro y o n s q u ’u n e c o m p a g n ie d ’a c tio n n a ir e s tr o u v e r a it u n p la c e m e n t
a v a n ta g e u x d a n s la c o n s tr u c tio n d ’u n a b a t t o i r à L y o n . 11 n o u s
se m b le q u ’i l s e r a it c o n v e n a b le m e n t p la c é s u r la p o i n te d e t e r r e
qui s’a .v an c e d a n s le R h ô n e , à l ’e x tr é m ité d e la c h a u s s é e
P e r r a c lie .
�3
( i a )
Après s’être occupé du bureau d’admission des malades,
qui ne doit être confié qu’à des médecins , des hôpitaux
spéciaux et des moyens d’assainissement dans leur in
térieur , M. Polinière arrive à leur organisation admi
nistrative.
Pour obtenir la réforme de tous les abus introduits
dans les hôpitaux, il suffirait, sans doute, d’avoir un
bon système d’administration ; mais c’est ici surtout ,
qu’à côté de l’avantage d’améliorer , se trouve le danger
d’innover. L ’auteur voudrait, nous croyons avec grandes
raisons , que la commission exclusive des hôpitaux fût
salariée et responsable ; il voudrait ensuite un conseilgénéral , et enfin , un grand conseil directeur , résidant
à Paris. Sur ce dernier point , nous ne saurions par
tager son avis : on a tellement centralisé , depuis la ré
volution , tonte espèce d’administration dans la capitale,
qu'aujourd’hui cette cité pèse sur le reste de la France
comme un despote. Dans l’organisation d’un nouveau
système m unicipal, ne serait-il pas plus avantageux ,
en accordant une plus grande indépendance aux com
munes , de leur donner un droit de surveillance plus
actif sur les hôpitaux qu’elles alimentent en grande
partie ?
L ’organisation du service de santé , l’enseignement
clinique et les améliorations à introduire dans les se
cours distribués à dom icile, occupent ensuite l’auteur,
qui termine son mémoire en développant , avec uu
talent remarquable , une grande question, l'union des
secours à domiede et. des hôpitaux. L ’étendue de cct
article ne nous permet pas de suivre scs raisonnemens ;
mais ils nous paraissent pleins de force , de justesse,
et disrnes
de la méditation des économistes et du GouverU
nemeut.
Ap rès les importans objets que nous venons de passer
en revue , nous ne devrions peut-être pas nous Occuper
�du style du mémoire que nous analysons. Cependant
nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître qu’en
l’écrivant d’ une manière toujours pure et quelquefois
élégante, M. Polinière a trouvé le moyeu d’en rendre
la lecture aussi agréable qu’elle doit être utile à tou s,
et surtout aux hommes que le hasard bien plus souvent
que la nature de leurs talens ou de leurs étnde.s , appelle
à l’administration de nos établissemens publics de
charité.
T erme , D . M. P.
Voyage m é d i c a l en I t a l i e , fa it en l'année 1820,
précédé d'une excursion au volcan du Mont-Vésuve ,
et aux ruines d ’Herculanum et de Pompéia ; par le
D. Louis V a l e n t in , chevalier des ordres de St-Michel
et de la lAgion-d’honneur , membre du conseil muni
cipal de Nancy et de plusieurs sociétés savantes d 'E u
rope et d'Amérique , Paris , chez Gabon , ( in-8.° de
166 pgaes ) avec cette épigraphe :
R ie n p o u r l'o b s e r v a t e u r n 'e s t m u e t s u r la t e r r e ;
L ’U n iv e rs é to n n e d e v ie n t so n t r ib u t a ir e ,
S ’é la n c e r a u h a s a r d , t o u t v o ir sa n s r ie n ju g e r
C ’e s t p a r c o u r i r le m o n d e e t n o n p a s v o y a g e r .
D e Mi l l e v o y e .
( D euxiem e et dern ier A r t ic le .)
Il est aussi ordinaire que des écrivains fassent de
volumineux ouvrages pour une seule idée neuve, qu’il
est rare de rencontrer des auteurs qui expriment beau
coup de choses en peu de mots. Au nombre de ceu x -ci,
nous devons admettre l’auteur du Voyage médical en
Italie ; on peut dire , en effet, que son langage est en
quelque sorte aphoristique et qu’il 11’a rien énoncé de
trop. Il 11e nous est donc permis de ne donner dans
ce second article, comme dans le prem ier, que les
�C134)
extraits des morceaux les plus saillans, et de ne faire
l ’analyse que de ceux qui en sont le plus susceptibles.
A l ’hôpital de Santa M aria nuova , qui est le prin
cipal des deux hôpitaux de Florence , on fait l’opération
de la taille à la méthode de L e C a t , et même on emploie
le lythotome caché. On opère la cataracte par extraction
et par abaissement. L ’hôpital de Bonifazio est divisé en
deux parties dont une tout-à-fait séparée présente un
beau local, propre et commode , destiné aux aliénés;
mais ces .malheureux y sont enchaînés.
La ville de Livourne a deux hôpitaux permanens.
Celui de St.-Antoine reçoit les hommes malades et les
militaires séparément; on y traite ordinairement beau
coup de soldats affectés de l’ophthalmie, dont on attribue
la cause à la poussière sablonneuse , enlevée du terrain
par les vents et à l’humidité. L ’autre hôpital, dit Ste.B arb e, n’admet que les femmes , et il est un troisième
local , appelé St.-Jacques , qui ne sert d'hôpital que
dans les temps d’épidémie.
Les fluxions de p oitrin e, la phthisie pulmonaire,
l ’ophthalmie , la dyssenterie , les fièvres gastriques et les
intermittentes sont communes à Livourne. On compte
20 phthisiques sur cent morts. Les péripneumonies sont
presque toujours catliarrales ou bilieuses. M. Dufour-,
médecin français, prescrit rarement la saignée et donne
avec beaucoup de succès les vomitifs. Il est ensuite
question de la pratique de M. Giovanetti, médecin des
hôpitaux civils , qui obtient d’heureux effets de la di
gitale pourprée contre la dyssenterie. Ce médecin em
ploie , de prime abord, dans les fièvres intermittentes,
le quinquina avec le tartre émétique dans la proportion
de trois gros pour un grain du dernier.
L ’article le plus important de l’ouvrage qui nous
occupe , est, sans contredit, celui qui concerne la fièvre
jaune de Livourne. appartenait au médecin q u i, g u i d é
11
�( >35)
PAR L E
S E U L D É SIR D E L A V É R IT É ,
D É P O U IL L É D E T O U T
SYSTÈM E E T D E V U E S A M B IT IE U S E S , A É T U D IÉ
LA F IÈ V R E
JAUNE SU R L E S L I E U X E T D A N S L E C A L M E D E L ’ iN D É P E N -
, il appartenait, disons-nous, à ce médecin de nous
donner des détails relatifs à la fièvre jaune de Livourne,
qu’il assure n’avoir été nullement contagieuse. Pour
mieux rendre compte de son excellent article , nous en
rapporterons littéralement quelques passages , en re
grettant de ne pouvoir les rapporter tous , car ils sont
tous très-dignes de l’attention des médecins.
Après avoir jeté un rapide coup-d’œil topographique
sur Livourne, et être convenu avec le D. Guigou , qui,
en 1814, a publié la topographie de cette v ille , e tc .,
qu’il n’est pas étonnant que la lièvre jaune y ait pris
naissance, M. Valentin ajoute qu’il s’est élevé beaucoup
de contestations , parce que l’on a prétendu qu’elle y
avait été apportée par un navire. Mais laissons parler
M. Valentin lui-même : « le chevalier t'abbroni , dit-il,
qui fut envoyé par la reine d’Etrurie, à Livourne , pour
y faire établir des mesures politiques et sanitaires, nie
entièrement cette importation. Il m'a assuré, à Florence,
en avoir recueilli toutes les preuves. Ses nombreuses
occupations ne lui ont pas permis de les publier. Outre
l’Anna-Maria , venu de la ilavanne et de C a d ix , que
l'on a prétendu être le loyer de la contagion , parce
qu’il était chargé des substances qui produisent l’infec
tion et qu’il a eu des malades, on a aussi accusé , d it-il,
un autre navire venant de Fumicino , près d'Ostia ,
dans les états romains , dont les matelots sont arrivés
atteints de la maladie. 11 atteste avoir trouvé dans la ville
plusieurs sources d’infection ; des égouts tellement
remplis, qu’on pouvait toucher les immondices avec le
doigt ; des maisons et des cours malpropres , des la
trines creusées dans les cuisines ou très-près. 11 a fait
introduire les bras nuds de plusieurs porte-faix dans un
dance
�( i3 6 )
tas de cuirs de Buenos-A yres, débarqués du navire
\ Anna-Marin dans un lazaret, où ils ont été maniés
pendant 4° jours , sans qu’aucun d’eux en ait ressenti le
moindre mal. Il en a vu un autre , accompagnant une
voiture chargée de matelas et de couvertures , encore
teints des excrétions et de la matière du vomissement
des malades, se couvrir de l’ une de ces fournitures,
parce qu’il tombait de la pluie pendant le transport,
sans avoir éprouvé aucune incommodité. Il a ajouté ,
ce que tout le monde m’a répété , que parmi les 8000
habitans de Livourne qui ont émigré , quelques-uns
çont morts de la fièvre jaune , à Pise , Florence et dans
les campagnes , ayant emporté ou recevant des effets
ou des marchandises, et que personne ne l’a contractée.
Ce fait important est publié par le docteur Gaétano
Palloni , médecin de l’administration sanitaire, dans
son Parère medico sulla malattia Jebrile che ha dominato nella città di Livurno l'anno t o - Il dit aussi
que la garnison française , partie de Livourne pour Pise,
lorsque la maladie était dans toute sa force, et emportant
sou hôpital , avait des soldats encore convalescens de
cette fièvre , que ceux-ci communiquèrent avec tous les
liabitans de P ise, et que la fièvre jaune ne s’y est montrée
dans aucun temps. Il déduit de ces observations des
corollaires , et termine par ceux-ci : Che le merci di
og ni généré non sono state per verun conto veicolo di
contagio ; e che la malattia e slala assai limitata in
L ivorno, e non si è punto estesa al di la di lui. Ou a
cité , comme preuve de la contagion , la mort de quatre
garçons boulangers, pour avoir couché sur des sacs dans
lesquels ils avaient porté des biscuits au navire espagnol
et qui y étaient restés 48 heures: ils les avaient étendus
sur la terre au rez-de-chaussée. J ’ai visité deux fois
cette maison, rue St.-Autoine. La première fois, j’étais
accompagné par le docteur Dufour qui m’a montré la
84
\
/
�3
( i ? )
place précise du sol non pavé, sur laquelle ils avaient
CQuelié. Je lui ai tait remarquer que ce iieti est tout près
d’une porte communiquant à uue petite ruelle humide ,
fort m al-propre, et ayant une odeur fétide.
Les résultats ci-dessus sont les mômes qne dans les
États-Unis d’Amérique , à Vera-Crux et aux Antilles. U
est constant que hors de la sphère d’activité de l’infec
tion , que souvent on peut préciser à quelques centaines
de toises , il npy a plus de fièvre jaune. En tèra-t-on une
exception , et dira-t-on que si elle n'est point contagieuse
dans ces contrées , elle a une propriété opposée en Es
pagne? C ’est comme si i’ou disait que la petite vérole , la
rougeole , e tc ., sont contagieuses en certains pays , et ne
le sont pas dans les autres. »
ML le docteur L. Valentin parle ensuite des commissions
de médecins français, envoyés en Espagne, pour y ob
server la fièvre jaune , et il finit par indiquer , dans un
passage que nous allons mettre sous les yeux de nos lec
teurs , le mode d ’expérience à faire pour résoudre irréfragàblement le problème en litige , ce que M. Devezc ,
ce médecin si recommandable, a déjà proposé d’une
manière générale. « Il appartiendrait, dit M. Valentin,
au gouvernement français , qui fait tant de choses pour
les progrès des sciences et des arts , de faire résoudre la
question et de mettre fin à la controverse. M. üeveze ,
dans son Traite, et dans un Mémoire adressé au Roi et
aux Cham bres, terminé par des corollaires aussi solides
que précis , propose qu'il soit ordonné des expériences :
.les moyens en seraient simples et faciles. IVous pensons
qu’ils devraient consister à opérer tous les modes possi
bles de contact et tous les genres d’inoculation ; mais de
rigueur hors des foyers d’infection et dans des lieux salu
bres. .Nous avons déjà la certitude que lts insertions
pratiquées en Amérique avec la matière du vomissement
T.
.
10
111
�(
ï
38
)
n o ir , la salive , la bile , le sang , ou leur déglutition
ont été sans effet. Il faudrait donc ordonner la coliabitatfon avec les malades, faire porter la chemise des morts ,
en frotter la peau , y tenir appliqués des linges imprégnés
dé la sueur des agonisans, etc. Quoique cela ait été fait
à ‘ dessein ou accidentellement dans les E tats-U nis, il
importe qu’en Europe on soit persuadé par des épreuves
authentiques. Loin d'y mettre obstacle , nos législations
l i e peuvent que les encourager ; il ne serait point inhu
main de les pratiquer.... »
La ville de Pise , dont le climat est très-sain , n’a qu’un,
hôpital. M. Vacca-Berlinghieri , qui en est le chirurgien
eh c h e f, n'y fait que pratiquer les grandes opérations
et consulter avec les chirurgiens ordinaires. Il a opéré la
taille par l’instrument du frère Cosmc et selon la méthode
de M. Simon , qui consiste à extraire la pierre de la
vessie par l’intestin rectum. Le chevalier Vacca a obtenu
six fois la cure des varices aux jam bes, dont deux fois
sur des femmes , par la ligature de la veine principale ,
au-dessus du genou, et sans bandage , d’après le pro
cédé A'Evrarcl-Home.
connaît à Pise deux albinos
hyctalopes , savoir , un homme de o a n s, et son lils ,
âgé de six ans , tous deux de naissance.
Pologne a deux hôpitaux civils et un hôpital militaire.
M. Com elli, adjoint du professeur Thoniasini, à l’hôpital
clella V ila , emploie avec succès la noix vomique, d'après
M. Fouquier , contre quelques paralysies ; il la fait pren
dre en poudre, à la close, dans certain cas , d’un gros
en 24 heures. Il a fait voir à M. Valentin une femme
q u i, devenue paralytique des quatre membres , en ap
prenant que sa mère était frappée d’apoplexie , était
presque guérie après l’usage de la noix vomique.
I,a doctrine médicale h Bologne étant fondée sur l’ir
ritation des organes et la phlegmasie, les contro-stimull
eu sont les remèdes, tels soûl les saignées réitérées , les
11
4
�C i
39
)
vomitifs et les purgatifs énergiques , la digitale pourprée,
le n itre, etc. Cette doctrine , qui a pour chef M. R a s o r i
de Milan , a reçu sa plus grande impulsion , avec des
modifications, de M. G. T / io m a sin i, le même qui, en 1 o ,
a publié des recherches sur la fièvre de Livourne , la fièvre
jaune d’Amérique qu ' il s e croit point co n tagieuse ,
blâmant les médecins d’avoir trop de déférence pour le
mot fièvre , de la considérer comme la maladie primi
tive , et de ne jamais regarder que comme des compli
cations ou des effets de la fièvre, ces altérations qui en
sont la véritable cause.
Entr'autres pièces curieuses que contiennent les cabi
nets d’anatomie de l'université de Bologne , celle d’une
invagination inouïe de presque tous les intestins , les
anses inférieures recevant les supérieures , mérite d’être
signalée. Celte invagination , causée par un v o lv u lu s ,
est arrivée à un soldat à la suite d’une débauche en li
queurs spiritueuses. Crie partie de l’intestin grêle , le
cæcum et tout le colon sont descendus dans le rectum.
Les deux, hôpitaux et l’université de Eerrare ne pré
sentent rien de bien remarquable. Les fièvres intermit
tentes sont communes dans cette ville , qui est située
dans un lieu bas et marécageux.
Padoue a un hôpital civil et un hôpital militaire ; la
doctrine des c o n t r o - s ü n iu li , adoptée avec enthousiasme
dans l'école de cette ville et dans les Etats V énitiens,
perd maintenant de sa réputation.
"En 1810 , les professeurs B r e r a à Padoue et B o r d a à
Pâvie , ont essayé l’acide prussique contre les maladies
sthéniques : le premier eu a retiré de grands avantages
croître le b r o n c h a is , le catbarre pulmonaire, la phthisie,
etc. Il a fait prendre, sous forme piluluire, cent gouttes
d'ùcidè prussique dans une nuit, à une femme atteinte
d’une hémoptysie abondante que les saignées n'avaient
point diminuée. La maladè fut guérie par ce nouveau re-
85
�4
( i <> )
mède , de l’hémorragie et d’ une phthisie commençante.
L ’auteur observe que la phthisie pulmonaire et surtout
les fièvres intermittentes sont communes à Padotue ; qu’on
y voit assez souvent les scrophules. On opère ordinaire
ment la taille par la méthode de Lecat , quelquefois par
celle d’Aw kins , dont le gorgeret est corrigé par Scarpa.
Il y a deux principaux hôpitaux civils à \ enise. A celui
dit Provincial, M. de M archi, qui en est chirurgien en
chef , opère la taille par l’instrument du frère Cosnie et
avec le gorgeret d'AwJàns.
La pratique médicale est la même que celle de Padoue.
O n voit assez fréquemment à Venise le scorbut attaquer
les personnes qui vivent ordinairement sur le Continent.
M. Valentin a vu préparer dans le laboratoire de l’hô
pital de San Servolo , des barriques de suc de verjus dont
on prescrit l’ usage aux scorbutiques avec beaucoup de
succès ; la dose est de 4 à onces au moins une fois par
jour.
Vénise a une société de médecine à laquelle l’auteur
appartient depuis long temps comme associé ; il y a appris
que l’affection syphilitique , le Schcrlitvo, est considéra
blement diminuée.
Vicencc n ’a qu’un hôpital civil. M. Valentin y a vu
une femme de i ans , qu i, à la suite d’une suppression
des menstrues , causée par la frayeur , a eu une hémop
tysie, puis des hémorragies par toutes les ouvertures na
turelles et par les mamellons « les règles , ajoute M.
Valentin , depuis sept mois que l’accident est arrivé , ont
reparu à chaque époque, mais en petite quantité et seu
lement pendant quelques instans; la malade avait eu trois
enfans. Tous les moyens employas , dérivatifs , révulsifs ,
emménagogues , évacuans de toute espèce , n’avaient
rien changé à la déviation menstruelle. L ’effusion sanguine
se faisait tantôt par transudation sous les paupières,
tantôt par le nez ou les oreilles ; d’autres fois par l ’es-
5
3
�4
Ci *)
tomac, les bronches , l’urètre ou le rectum. On demanda
mon avis ; je proposai de supprimer les emménagogues
intérieurs ; de faire boire à la glace et de porter tous lés
moyens externes , excitans ou irritans variés vers l’ uterus et la vulve. Le docteur Thiene m’a informé que cette
femme était guérie après le retour de la menstruation. »
C ’est à ce même docteur Thiene que le docteur Zecchin elli, de Padoue , a adressé une lettre dans laquelle il
rend compte d’une maladie nommée Falcadine, autre
espèce de syphilis, qui règne depuis quelques années dans
le village de Falcade, prov ince de Bellune, Cette affection
est analogue, sinon identique, avec le schcrlievo■ La lettre
du docteur Zecchinelli, accompagnée d’observations , a
été publiée dans les Annales universelles de Milan , puis
traduite et insérée dans les Annales cliniques de Mont
pellier , cahier de novembre — décembre 1820.
A l’hôpital civil de V éro n e, M. Valentin a vu , avec
peine , parmi les aliénés , douze ou treize maniaques
furieux enchaînés , ou ainsi contenus par les quatre
membres dans leur lit.
On compte à Brescia, ville de guerre , deux hôpitaux
civils et un hôpital militaire , dans lesquels il y a plusieurs
pellagreux.
L ’auteur parle ensuite avantageusement du grand hô
pital et de l’hôpital des Enfans trouvés et de la Maternité
de Milan. Mais l'hôpital des insensés présente bien des
vices , outre que les maniaques sont chargés de chaînes
et reçoivent des coups. Le docteur liuccinelli a fait ap
pliquer à vingt-cinq d’entr’eux la cautérisation par le fer
rouge , selon la méthode que M. Valentin a publiée dans
son mémoire sur le cautère actuel , et un tiers de ces
malheureux a entièrement recouvré la santé par ce
moyen.
Les fièvres intermittentes , les fluxions de poitrine , la
phthisie pulmonaire , la pdlagra , sont communes à
�( ;
42
)
Milan. Nombre <lc médecins et d’élèves sont venus s’ins
truire à l’école du docteur hasori , que l’on sait être le
chef de la doctrine des Contro-stùimli. lis étaient sur
pris de lui voir donner journellement des doses énormes
d'émétique ( 48 grains , 72 , et au-delà ) dans les péi'ipneu-nonies jusqu’au déclin de l'inflammation, et des succès
qu’il obtenait.
La pellagre , dont on 11e connaît point encore la véri
table cause , occupe un instant M . Valentin. II a observé
beaucoup de pellagreux depuis Padoue jusqu’à Payie ; il
dit que le siège de la maladie est au dos des mains et des
pieds , quelquefois aux avant-bras et à la partie antérieure
du cou. La peau est flasque, rougeâtre, sans chalenr ni
douleur , rugeuse , et à la fin furfuracée; nulle gerçure
ni ulcération ; rien qui ressemble à des dartres. Sur
quelques-uns . l’épiderme a une teinte brunâtre ou noi
râtre. Auçun u ’en avait au visage. Les malades sont
maigres , tristes, accablés , faibles. Chez les uns , il y
avait complication de démence ou de délire maniaque ;
chez d’autres de pneumonie , de la he s, de dyssenterie ,
d’œdème, sans que la pellagre eut diminué ; au con
traire , la peau , dans ces cas , prend une teinte d’au
tant plus prononcée que le danger s’accroît. Les enfiuns
ne sont point exempts de cette maladie qui attaque un
plus grand nombre d’individus qu’autrefois, et qui pro
duit même plusieurs suicides.
L ’auteur décrit l'hôpital de Pavie dont la construction
est excellente ; il a remarqué à l ’université de cette ville,
une pièce qui présente un cas des plus rares : c’est la
vessie distendue , dont la membrane interne , sortie de
jla cavité vers la partie latérale droite de son corp s, a
formé une hernie aussi grosse que ce viscère. Le rectum
et la verge sont conservés dans leur rapport de position.
On a conservé à la vessie, sur le côté opposé à la hernie,
une ouverture carrée , par laquelle on distingue l ’entrée
�C 143 )
et le passage de communication d’une cavité dans l ’autre.
Gênes possède deux hôpitaux civils et lin hôpital
militaire. Celui des incurables n’est point aussi beau-que
celui appelé Panimatone. L ’ hôpital militaire est dans
une très-belle situation. L ’ université de cette ville est
dans un état de langueur et de décadence.
Il y a à T u rin trois hôpitaux civils , une maison
pour les aliénés , une université, une académie royale
des sciences, etc., etc. Les maniaques sont soumis .à
l’usage de moyens curatifs peu rationnais; on saigne
tous ceux qui arrivent à l'établissement , et au mois
de juin ou de ju illet, on les saigne et on les purge
sans distinction, pour tout traitement. Cependant, mal
gré que l’on soit dans l’usage de pratiquer souvent b»
saignée dans le Piémont , où , pour des maladies légères,
on les porte de 10 à 20 , et d’où résultent de longues
convalescences, des œdèmes et des hydropisies , cette
pratique 11’est pas celle qui domine à T u r in , où l’on
n ’a point adopté de système exclusif.
Ici se termine ce que nous avons cru ne pouvoir nous
dispenser , dans l’intérêt de 110s lecteurs, de signaler
concernant le voyage médical en It a l ie . Il est toutefois
d’autres articles très-piquans que, présentement, le défaut
d’espace nous oblige à passer sous silence , mais qui
trouveront place dans nos variétés. Ajoutons que cet
ouvrage est, comme tous ceux qui sont sortis de la
plume du médecin de INaney , remarquable'autant par
l ’excellent esprit d’observation qui brille à chaque page ,
que par un grand nombre de puissans motifs qui
tendent à faire triompher la vérité.
P.-M. Rot'x.
�;
( Vmeu , c h ir u r g ie n c h e f in te r n e d e l'H o tc l-
O b s 'ER VJT tO'J d 'u n e tr a n sp o sitio n g é n é r a le d e s v is c è r e s
par
M.
D i e u d 'A i æ .
Le bulletin de la Société médicale d'émulation , pour
le mois de février 1821 , commence par une observation
d'anatomie pathologique , chez un sujet mort subitement,
e t qui présentait une transposition générale des viscères;
JVÏ. le docteur D e s r u e lle s accompagne celte observation
de quelques considérations sur la transposition des vis
cères, transposition q u i, suivant l u i , 11'o ffre, il est
vrai , à l’anatomiste qu’une bizarrerie curieuse , mais
qui intéresse vivement le médecin physiologiste , et
mérite de fixer toute son attention. M. D e s r u e lle s passe
ensuite à la solution des questions suivantes, qui se
rattachent à la pratique médicale : e s t - il p o s s ib le , d u
viv a n t d e l ’h o m m e , d e s 'a s su r e r s i le s v is c è r e s s o n t
tr a n sp o sé s , et p a r ta n t d e la s o lu tio n a ffir m a tiv e d e cette
q u e s t i o n , c e tte c o n n a is s a n c e e st-e lle im p o r ta n te p o u r
é ta b lir le d ia g n o s t ic d e s m a la d ie s ?
Il n’est pas douteux que si le médecin perdait de vue
les signes extérieurs qui peuvent faire reconnaître la
transposition des viscères , il s’exposerait à commettre
des erreurs de traitement , alors que tel ou tel viscère
aérait dans un état pathologique. M. D e s n æ lle s prétend
que la transposition du cœur reconnue peut faire soup
çonner' la transposition totale des viscères ; qu’il suffit,
par conséquent, d’acquérir sur la position renversée du
cœur des notions exactes, pour présumer , avec quelque
raison , le renversement général des viscères. Mais il
ne parle pas de certaines particularités susceptibles à
la fois de faire découvrir ce renversement, et de prouver
que la conformation extérieure de quelques parties du
corps est le résultat de la pression qu’exercent celles
�4
( i -r> )
qui sont situées à leur voisinage ou dans leur trajet.
Ainsi , la courbure de la colonne vert< braie offrait sa
concavité à droite , le testicule droit était situé plus bas
que le gauche, etc., chez l’individu sur lequel M. Orner
a observé les nombreuses aberrations anatomiques que
nous allons exposer, aberrations qui ont eu pour témoins
oculaires tous les médecins d’Aix , et qui nous ont été
communiquées par M. Ducros , chirurgien chef in
terne de l'IIôtel-Dieu de Marseille.
« Le cœ u r, dit M. Orner , placé derrière le cartilage
des dernières côtes vertébro-sternales du -côté droit, séparé
du côté gauche par le médiastin antérieur , la buse eu
arrière , en haut et à gauche , et sa pointe en devant en
bas et à droite , l’oreillette gauche recevait les veines
caves supérieure et inférieure, la base du ventricule du
même côté donnait naissance à l’artère pulmonaire qui»,
passant sous la crosse de l'aorte , se dirigeait de gauche
à droite et se divisait, comme ordinairement en deux ,
pour pénétrer dans les poumons. Les veines pulmo
naires , toujours au nombre de quatre , venaient aboutir
dans l’oreillette droite , l’aorte naissait du ventricule
droit , se portait d’abord de droite à gauche, puis se
courbait à droite et en arrière , et descendait le long
delà partie antérieure et droite de la colonne vertébrale;
on voyait depuis la troisième vertèbre de*la région
dorsale , jusques à la cinquième un enfoncement dont
la convexité était à gauche et la concavité à droite. Le
poumon à deux lobes occupait la partie droite de la
poitrine , tandis que le grand poumtm était renfermé
dans la partie gauche.
i
La crosse de l’aorte donnait naissance à la sousclavière gauche, de laquelle naissait aussi la carotide
piimitive du même côté; de la partie droite de sa cour
bure , naissait la carotide droite et la sous-clavière du
même côté ; c'est dans cette dernière que venait aboutir
�4<3
( i
)
le canal thorachique. La même transposition avait lieu
pour les veines ; l’œsopliage descendait un peu oblique
ment de gauche à droite.
Passant ensuite à l’examen du bas ventre , nous avons
trouvé le foie occupant l’hypocondre gauche; son grand
lobe , placé de ce côté , logeait à la face inférieure la
vésicule du fiel. L ’estomac, dans l’hypocondre droit,
avait son ouverture inférieure du côté gauche ; le duo
dénum se portait par conséquent de gauche à droite , où
naissait le jéjunum ; le cæcum était situé dans la fosse
iliaque gauche et son appendice vermiforme naissait de
sa partie interne. La portion ascendante du colon occu
pait le côté gauche , son arc se portait de celui-ci an
côté droit , sa portion descendante dans la région
lombaire droite et l’S dans la fosse iliaque du même
côté , d’où naissait le rectum.
La rate était placée dans l’hypocondre droit.
La même transposition avait lieu dans les artères qui
naissent de l’aorte ventrale , le testicule du côté gauche
était plus rapproché de l’anneau que celui du côté opposé.»
P.-M , R oux.
REVUE
DES
JOURNAUX.
D ans ses judicieuses observations sur la loi sanitaire,
M. le docteur Robelot fait sentir qu’une commission de
médecins espagnols aurait dû se concerter avec celle des
médecins français , envoyés à Barcelonne , et il blâme
ceux-ci de s’être plutôt attachés à faire des autopsies ca
davériques , qu’à reconnaître si la maladie est conta
gieuse.
« Que si , craignant de compromettre la salubrité
publique , dit M. Robelot , on n'eût pas cru devoir
�*47
(
)
transporter hors du rayon de l’infection mi sujet malade
pour le mettre en contact avefc un individu sain , on
aurait pu faire facilement cette épreuve par le moyen de
l’inoculation. Pour y parvenir, on aurait trempé plu
sieurs lancettes , les unes dans la matière du vomisse
ment , d’autres dans les déjections alvines , d’autres en
fin dans la sueur et dans les urines des malades ; cela
fait, et après avoir pris la précaution de déposer ces
lancettes dans un vase en verre ou en cristal fermé her
métiquement , on se serait rendu hors du foyer de
l'infection , afin d’inoculer sur un individu sain le virus
île la maladie. Une telle expérience aurait dû être pra
tiquée sur plusieurs sujets qu’ou eût isolés sur divers
points d’un même lazaret, ou qu’on eût repartis dans
plusieurs maisons de ce genre , les soumettant à cette
opération dans les deux saisons les plus opposées , c’està-dire l’hiver et l’été , afin de s’assurer d’abord si le virus
est susceptible de se transmettre , et de juger ensuite
si le froid diminue son intensité, et si la chaleur l’aug
mente ; quoiqu’il soit déjà constaté que ce virus acquiert
plus d’activité dans une température élevée.
La seconde épreuve , pour déterminer d’une manière
positive la contagion ou la non-contagion, aurait été
faite par le moyen des matières inertes: c’est-à-dire que
dans le foyer même de l’infection , on aurait imbibé
plusieurs morceaux de linge , de coton et de laine , les
uns dans la matière du vomissement, les autres dans
les déjections alvines , d’autres dans les sueurs, d’autres
dans les urines. Cette seconde épreuve se serait faite
encore au moyen des mêmes matières inertes exposées
dans le même foyer , et pendant tout le temps de l ’épi
démie, au contact de l’air contaminé ; et lorsqu’il aurait
été reconnu que ces substances étaient suffisamment
imprégnées du virus , on les aurait mises dans des vases
en verre ou en cristal fermés hermétiquement , pour les
�( i/{8 )
transporter hors du foyer de l’infection , et en faire
l ’épreuve , sur des sujets sains , par des frictions réi
térées.
Quoiqu'il soit physiquement démontré que la maladie
ne peut se communiquer, lorsqu’on avale la matière
même du vomissement , expérience qui a été faite par
un médecin en Amérique , et qui vient d’être répétée en
Espagne par un médecin français, si cependant oh avait
pu croire les deux épreuves insuffisantes, on aurait en
core pu les renouveler.
Il aurait fallu en outre que les diverses épreuves eussent
été faites eu même-temps en Espagne et en France : on
aurait pu , pour ce qui nous concerne, choisir à cet
effet, le lazaret de Toulon ; par ce moyen on eût etc à
même de juger avec connaissance de cause, i.° si la
maladie peut être contagieuse dans l’une de ces contrées,
et ne pas l'être dans l ’autre ; 2.° si elle peut perdre de
son énergie dans l’ un des deux p a ys, et en acquérir
dans l ’autre ; .° quel est celui des moyens proposés
pour inoculer le virus qui aurait réussi sous un des
méridiens de l’Espagne , ou sous celui de Toulon; /j,°
si le même moyen est également susceptible d ’agir dans
les deux royaumes.
Si l’on me demandait quel est l’homme en bonne santé
qui aurait consenti à se soumettre à de telles épreuves,
je répondrais que le Gouvernement n’eût pas été em
barrassé d’en trouver, attendu qu e, parm i-les crimi
nels condamnés à mort ou aux travaux forcés pour la
v ie , il n’en est pas un qui ne consentit à subir celte
inoculation , pourvu que la grâce fût à côté de l’épreuve;
enliii , comme on pourrait alléguer que cette maladie
est susceptible de se transmettre par les émanutious
d ’un sujet qui en est atteint, on aurait transporté hors
du rayon de l’infection un ou plusieurs sujets malades,
que l’on aurait placés dans une maison isolée ou dans un
3
�49
( i
)
lazaret, et qui seraient restés pendant les diverses pé
riodes de leur m aladie, au milieu des hommes con
damnés pour les crimes dont il vient d'être parlé ; et si
après des expériences de ce genre la maladie ne s’était
communiquée par aucun des moyens employés , il serait
resté prouvé qu’elle n’est point contagieuse , soit par le
contact médiat , soit par le contact immédiat.»
Nous pensons que les expériences dont parle M. I ïo belot méritaient d’ètre signalées dans ce JNuméro, où
nous avons fait mention ( pag. j 37 ) de celles que le doc
teur Louis Valentin a proposées et que nos lecteurs
verront sans doute avec non moins de plaisir.
( Memorial universel, journal du cercle des arts, tom. 7.e
Janvier 1822. )
— L’Académie royale de m édecine, dans sa séance
générale du 5 février , a entendu la lecture d'un rapport
que M. Double a fait au nom de la commission chargée
de tracer un plan général d’instruction pour observer
les épidémies. Voici les divisions générales adoptées
par M. le rapporteur : « i.° Exposé des motifs et du but
de ce travail. C ’est dans un moment où des maladies
graves menacent d’envahir la France et de détruire
uos belles populations, que l’Académie , spécialement
chargée de surveiller la santé publique , doit publier
des instructions , afin que tout le monde soit prêt, au
moment du danger. 2.0 Utilité générale de l’étude des
épidémies. Dans ces époques meurtrières , la nature de
l’homme semble placée en opposition directe avec la
nature physique , et cette lutte doit offrir de grandes
vues, de grandes leçons au médecin. .° Nécessité des
topographies exactes pour apprécier les causes locales
qui, par Içur continuité, peuvent favoriser le déve
loppement de ces fléaux ou en renfermer les élémeus.
4.0 Collection des faits particuliers rédigés avec soin ,
et eu notant toutes les circonstances, tous les phéno-
3
�130
(
)
mènes, quoique l'observateur ne puisse pas toujours
en saisir la liaison. .° Les nécroscopies méritent d’oc
cuper une place importante , puisqu’elles indiquent les
lésions organiques des diverses parties ; mais il faudrait
chercher à distinguer par les principes de l’anatomie
pathologique, les altérations primitives des secondaires.
6.° On doit tracer ensuite le tableau général delà maladie
par le rapprochement des phénomènes caractéristiques,
en embrassant l’examen des causes météorologiques et
physiologiques , des maladies antérieures et concomimitantes. 7.0 Après avoir ainsi suivi la maladie dans
toutes ses phases , on examine son mode de propagation ;
et .on s'assure , par des faits constans, si le caractère
contagieux est venu augmenter les progrès de l’épidémie,»
( Revue medicale française et étrangère , février 1822.)
5
P.-M. Roux.
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A N A L Y S E
D es
principaux
A rticles
( N .°
de
du
J ournal
d.e
P harmacie,
F é vr ie r 1822. )
— L ’ usage assez, fréquent de l’écorce de simarouba. eu
médecine , a suggéré à M. M orin de la soumettre à l’a
nalyse chimique.
L ’éther ,, l’alcohol , l’eau bouillante , l’acide hydroclilorique et la solution de sous carbonate de potasse
ont été employés successivement sur l’écorce de sima
rouba. Après l’emploi d ’un assez grand nombre de réac
tifs , pour y démontrer l’existence des substances sui
vantes, on a procédé aussi à l’incinération de cette
écorce.
En récapitulant les faits qui résultent du travail de
M. M orin , il résulte que l’écorce de simarouba con-
�( x5i )
tient : une matière re'sineuse, une lniile volatile ayant
l’odeur du benjoin , de l’acétate de potasse , un sel am
moniacal , de l’acide malique et des traces d’acide gallique, de la quassine ( principe ailier du quassia aruura ) ,
du malate de chaux et de foxalate de la même b a se,
quelques sels minéraux , de l’oxide de fer et de la silice,
de fulmine et du ligneux.
Ce travail intéressant, sous le rapport de la chimie ,
éclairera-t-il le médecin sur les dillérentes manières
d’agir de l’écorce du simarouba? Il paraît que M. Morin
a considéré comme hors de ses attributions de rechercher
la cause pour laquelle les décoctions de simarouba à la
dose de deux gros et au-dessus produisent des vomissemens. Cependant M, M orin croit que la quassine doit
avoir une grande action sur l’économie animale , et il ne
doute pas que ce soit à cette substance que le simarouba
doive ses propriétés médicales. Il est à désirer , dans l’in
térêt de la science, que M. M orin fasse constater le
genre d’action de la Quassine sur les organes digestifs.
— M. Morin s’est ensuite occupé de l ’analyse chimique
de l’eperlan ( salmo epcrlamus de L im ï ). Parmi divers
produits qu’il y a trouvés et résultant de l’examen des
substances animales , il y a aussi rencontré de l’acide
pliospliorique. Il attribue la propriété aphrodisiaque des
poissons au phosphore qui y est contenu depuis long
temps. On a reconnu une propriété phosphorescente
aux poissons déjà privés de la vie et renfermés dans un
lieu obsenr.
— M. Virey fait l’énumération des divers emplois de
l’huile pyrogénée de bouleau, Après avoir cité l’usage
avantageux qu’on en fait dans le Word , pour rendre les
cuirs imperméables à l’eau , M. Virey fait sentir combien
il serait facile d’obtenir , par la distillation à feu t u ,
cette huile de bouleau , déjà connue de nos ancêtres les
Gaulois. En considérant que l ’huile de cade , extraite
�( i5a )
par la distillation du genevrier oxicèdre , est employée h
l'extérieur pour diverses maladies cutane'es des animaux,
telles que les dartres, le farcin et la gale , il pense que
toute autre huile pyrogénée végétale pourrait produire
les mêmes effets, comme toutes les huiles empyreuraatiques font périr les insectes et les vers. Les maladies
dartreuses cutanées , dit t e savant médecin , 11e seraientt-elles pas le p rod u it, comme la gale, de certains insectes,
puisque les mêmes remèdes cbnviennent à celle-ci ?
— Un particulier de P aris, sans doute raffineur de
su c re , a écrit à M. V irey , pour lui demander des renseignemens sur des espèces de sucre brut venant de nos
colonies , l ’ une présentant à la surface des gros pains de
cassonade, des traces violettes , en général difficile à
purifier , et que les raffineurs mêlent à du sucre de meil
leure qualité pour obtenir de plus beaux pains.
La seconde sorte de sucre brut est , -dit-il , au con
traire , fort blanche , très-cristalline bu très-facile à fa
briquer en beau sucre. L ’auteur de cette lettre dit
qu’on eu apporte davantage depuis plusieurs années. Il
peut en être ainsi des sucres qui arrivent à Paris par le
Havre ou par tout autre port de l’Océan ; mais il n’en
est pas de même à Marseille , où les sucres bruts de nos
colonies sont d’nne qualité fort médiocre et en général
fort rares, par rapport à leur blancheur. On finit par
observer à M. Virey que les pains obtenus de ce sucre
blanc sont spongieux , d'une blancheur éclatante, ayant
l ’inconvénient de candir bien tô t, lorsqu’il est réduit en
sirop chez les pharmaciens et les confiseurs. C’est pour
quoi ils préfèrent, pour cet objet , un sucre qui ne
soit pas si beau , e t , par exem ple, le sucre qui était
violet ne candit pas sitôt.
M. Virey répond à l’auteur de la lettre que les deux
sortes de sucre brut qu’il lui signale , dépendent effec
tivement de deux sortes de canne à sucre fort différentes;
�( i53)
la première du saccharuni violctceum de M. Tussac, four
nissant beaucoup de mélasse et du sucre cristallisable
embarrassé dans une grande quantité de matières ex
tractives et colorantes. Sa couleur violette dépend de
l’écorce du chaume de cette canne.
" La seconde sorte de sucre à beau grain cristallin, blanc,
très-poreux , provient de la canne d’ô tah iti, récem
ment introduite dans nos colonies. Cette canne fou rn it,
dans l’espace d’ un an ou même de neuf m ois, quatre
récoltes, pendaut qu’on n’eu peut faire que trois de la
canne ordinaire. Il parait, dit M. V irey, que le mode
de végétation et la nature pi'opre de ces diverses cannes,
est la cause principale de ces différentes sortes de sucre
du commerce.
Quoique M. Virey ait répondu parfaitement à cette
lettre, sous le rapport de l ’histoire naturelle de ces deux
espèces de canne à sucre, il me semble qu’il a omis de
résoudre la question relative à la cause plus prononcée
de la cristallisation des sirops qui seraient faits avec tel
ou tel autre de ces sucres , convertis en sucre raliné.
Qu’il me soit donc permis d’ajouter à la réponse de
M. V irey , que plus un sucre rafiné est blanc , plus il
est dépouillé de sucre liquide et plus aussi il est cris
tallisable ; que moins il est blanc , plus il contient
encore de mélasse ; que dans ce dernier cas il est moins
susceptible de fournir des cristaux de candi , dans les
sirops qui en proviennent. Ainsi on doit porter à un
degré cle cuite plus inférieur le sirop qu’on obtient
d’un sucre blanc, et l’aréomètre devra marquer un degré
à un degré et demi de moins dans le sirop résultant d’un
sucre encore coloré ou d’ une blancheur imparfaite. La
raison en est simple , c’est que la mélasse encore recélée
dans les dernières sortes de sucre , marque aussi bien
son degré dans un. sirop bouillant que le sucre cristalT . i» .
jx
�54
( t
)
lisable qu’il contient. Ces observations me paraissent de
quelque importance sous le rapport de la préparation
des sirops médicinaux et concordent parfaitement avec
la cause pour laquelle une livre de sucre raffiné exige
huit onces d’eau pour être convertie en sirop , tandis
qu’une livre de sucre brut d’en absorbe que à /j onces.
J’ajouterai encore qu’il est étonnant que le sucre de la
canne d’ôtahili , très-blanc et très-cristallin , donne
des raffinés poreux à Paris , au lieu que les pains qui
sortent des raffineries de sucre de M arseille, de quel
que sucre brut dont ils proviennent sont tous durs , pe
sons et d’une cristallisation très-serrée : ils doivent ces
propriétés physiques à l’emploi de l ’eau de chaux au
lieu de l’eau commune , employée aujourd’hui à Paris ,
au charbon animal et à une cuite sans doute plus élevée
que celle à laquelle on porte le sirop ries raffineries de
la capitale.
— Passant à l’examen d'un mémoire sur les tablettes
de bouillon par M. P r o u s t , on voit que ce chimiste
célèbre établit en principe que la viande blanche , comme
les tegumens, les tendons, les cartilages, les membranes,
les capsules articulaires, la cervelle, les intestins, les
pieds, la peau , les os broyés ne fournissent qu’ un suc
blanc gélatineux d’une saveur aussi peu flatteuse que
son odeur , un bouillon qui nourrit sans doute , mais
un bouillon fade et nauséabond , parce qu’il manque de
ce jus coloré , qui caractérise celui fait avec la chair
musculaire. Le premier ne diifère point en effet d’ une
solution de colle-forte, et c’est aussi l’ unique résultat
de sa concentration ; le second , au contraire , nous
offre un breuvage qui excite l’a p p étit, parce qu’il est
naturellement assaisonné de ce principe savoureux et
aromatique (i) reconnu par T h o u v en c t et que l’on a
3
( i ) P r in c ip e s é p a r é d a n s l ’é ta t d e p u r e té p a r R I. T h e n a n l. et
a u q u e l le s c h im is te s o n t d o n n é le n o m d ’O s m a z o n e .
�c 155 >
coutume de concentrer dans ce qu’on appelle jus de
viande , ou consommé. Ainsi la viande désossée paraît
à M. Proust devoir être la seule employée pour la con
fection des tablettes de bouillon. La quantité d’extrait
qu'on obtient est moindre; mais le résultat est infiniment
plus nourrissant et plus suave.
Voici le résultat de ses principales expériences : 10 livres
de cuisse de bœ uf désossée rendirent exactement io demionces d’un extrait aussi desséché qu’il pouvait être ; tel
est un résultat qu’on peut déjà nommer tablette de bouil
lon , le modèle , par conséquent, de tout ce qu’on pourra
proposer en ce genre ; et comme dix livres de pareille
viande ne rendraient pas moins de dix livres de bouillon
savoureux et riche en sucs animaux , nous en concluons,
dit M. Proust , qu’en ajoutant l’assaisonnement qui est
d’usage à une demi-once de ces tablettes dissoutes dans
une demi-livre d’e a u , on aurait une livre de bouillon
aussi bon que celui qu’on pourrait faire en sa maison.
Les tablettes de bouillon ne sauraient admettre dans
leur confection , ni s e l, ni caram el, ni légumes , parce
que ces diverses substances augmentent leur déliques
cence; on a coutume d’y ajouter du veau , mais c ’est une
viande adolescente , moins fournie de sucs aussi savou
reux que la chair d’un animal adulte. C ’est pour avoir un
terme de comparaison que M. Proust a fait des tablettes
avec de la viande désossée ; mais comme dans une fabri
cation ordinaire, la portion de gélatine que pourraient
y ajouter les membranes , les parties blanches , n’est
pas non plus une substance étrangère à leur nature et
qu’elle contribue puissamment à leur conservation , il a
recommencé l’expérience avec de la viande telle qu’on
la fournit chaque jour à la boucherie, mais toutefois de
première qualité.
Vingt livres de tranche de b œ u f, dans lesquelles il y
avait cinq livres d’os , lui orit rendu une livre d’extrait
�( *56)
II résulte d elà que les quinze livres de viande pure , con
tenues dans les vingt livres employées , ayant dû fournir
quinze dem i-onces d’extrait semblable à celui de la
première expérience , le restant de l’e x tra it, qui était
de nature gélatineuse , a été fourni par les parties blan
ch es, accompagnant les os. Quant aux os , ils sont sortis
de la marmite avec le même poids qu’avant d’y entrer ,
et voilà dit M. Proust, comme les os font du bouillon.
Les tablettes de bouillon faites avec la viande désossée,
forment une pute sèche, à la vérité, mais flexible, élas
tique et tenace comme de la gomme élastique qu’on
aurait ramollie par le tiraillement , aussi rembrunie
qu’elle, s’ humectant fort vite au contact de l’a ir , et devant
être conservée pour cette raison , dans des vases fermés ;
l ’alcohol en sépare la moitié de son poids de principe
savoureux coloré , l’autre moitié est la gélatine qui con
tient la chair musculaire. Ces tablettes laissent dans la
bouche un goût de viande si fo r t, qu’à la première épreuve
on est désagréablement affecté.
On voit d’après cela pourquoi le ju s, une fois séparé
de la viande , la fibre qu’elle laisse , après son épui
sem ent, n’est p lu s, en réalité , qu’une filasse animale ,
une substance nourrissante, sans doute , mais aussi par
faitement insipide. On pourrait croire que la saveur et
lé parfum du bouillon et de la viande cuite elle-même
ne dépendent que de l’action du feu; mais on le retrouve
en leur entier dans l’extrait même que fournit la viande
crue , traitée par l’alcohol.
Ainsi ce ne sera pas des tablettes de bouillon trans
parentes , chargées de gélatine , qu’on devra rechercher ;
il faudra tenir à leur pureté et non à la couleur rem
brunie qu’elles pourraient avoir ; on aura égard à leur
arôme suave , et on devra repousser toutes celles qui
auraient quelque analogie avec l’odeur de la colle-forte.
— A cet article succède celui de M. Sementini , sur
�57
( i
)
l’emploi du nitrate d’argen t, en m édecine, et pris il
l’intérieur dans des cas d’épilepsie , de paralysie et d ’au
tres affections nerveuses , traitées avec succès par ce
moyen. M. Sementim fonde ses motifs de pouvoir em
ployer le nitrate d’argent, jusqu’à ce jour si redouté dans
ses effets, à la propriété qu’a ce nitrate de passer à l’état
d’oxide d’argent, par sa combinaison avec des extraits des
plantes. Il faut que ce remède soit employé à de faibles
doses d’abord, jusqu’à celle de six à huit grains par jour,
qu’il soit long-temps trituré avec l’extrait végétal pour
en opérer la décomposition complète ; mais M. Senientini n’a pas prévu l’utile objection de M. Pelletier sur
ce que des extraits , qui contiennent des muriates , peu
vent, faire passer le nitrate à celui d’hydrochlorate d’ar
gent, au lieu de l’état d’oxide, sans lequel l’auteur croit
devoir l’employer ; en ce cas on doit rechercher des
exti’aits qui ne contiennent point des hydrochlorates.
P
o u tjet.
^ w u w v u u m \ u v u w ' " v \ \ \ ^ m i \ m \ u > t u m ' t % u u w \ ,v u w \ w
VARIÉTÉS.
I l est surprenant qu’avec le grand nombre de cadavres
que l’on a toujours mis à la disposition des chirurgiens,
à l’Hôtel-Dieu de Marseille, on n’y ait point encore établi
un muséum anatomique. O n pouvait avec le temps faire
une très-riche collection. Seize ans ont suffi à former
le muséum de la Faculté de. médecine de Strasbourg ,
lequel ( i ) compte aujourd’hui trois mille deux cents
quatre vingt-six pièces, dont 1,977 sont relatives à l’ana-
( 1 ) C o m p te r e n d u à la F a c u lté d e m é d e c in e d e S tr a s b o u r g , s u r
l’é ta t a c tu e l d e so n m u s é u m a n a t o m i q u e , e tc . , p a r J n .- F r é d é r i c
Lobslein , S t r a s b o u r g , 1 8 1 0 .
�( i
58
)
tomie physiologique de l’homme et des animaux , et
x, 09 h l’anatomie pathologique.
— M. L. Parisi , chirurgien-major de l ’hôpital civil
de V éro n e, y a déposé, pour y commencer la for
mation d’un cabinet d’anatomie , quelques pièces patho
logiques dont les plus remarquables sont : i.° « un fœ
tus , (1) long de 18 lignes , qui n’est qu’un squelette dont
chaque partie est bien ossifiée ; il a été trouvé dans l’o
vaire d’une femme avancée en dge , morte d’une ma
ladie des poumons. Les os des extrémités, ceux de la
tête , et surtout la mâchoire inférieure , sont entièrement
formés et porportionnellement aussi solides que ceux
d’un fœtus de 9 mois. Toutes les parties molles ont été
absorbées pendant son long séjour dans l’ovaire. Ce
singulier petit squelette est conservé dans de l’alcohol.
2.0 CJne vessie aVcc ses parties adjacentes et la verge ,
contenant un calcul qui remplit toute la cavité de ce
viscère, dout la section postérieure laisse voir les di
mensions respectives. Le calcul pèse onze onces.
.°
Le larynx et la trachée artère d’une femme morte à
l ’hôpital , dans le mois de juin 1820 , peu de jours
«après avoir rejeté , par la toux , un fragment d’os de
la longueur de neuf lignes. Ce corps étranger , avalé
depuis environ sept mois , de la présence duquel la ma
lade n’avait pas la certitude, avait percé l’œsophage et
la trachée, de manière à établir une communication
entre les deux conduits , dans une direction oblique de
haut en bas , à un pouce au-dessus de la division des
bronches. L ’ouverture , presqu’entièrement cicatrisée ,
peut admettre le bout du petit doigt. O11 a trouvé le
poumon droit presqu’entièrement détruit par la sup
puration. »
3
3
(1) Voyage me'dical eu Italie , etc., par le docteur L. Valenùn.
Nancy, 1822.
1
�9
( i5 )
— Un journal de médecine va paraître à R o m e, sous
le titre de Commentario di mediciua metodico-razionale
ossia giornale dalla scienza tnédica italia/ia. Le docteur
Ottaviam, qui a adopté la doctrine des Contro-stimuli ,
en est le principal rédacteur.
— M. Piguillem , docteur en médecine et professeur
à Barcelone, publie , depuis le mois de janvier der
nier , un journal de médecine intitulé : Periodico délia
socielad de salud publico de Catalogua. INous attendons
les trois premières livraisons qui ont paru. Aussitôt
qu’elles nous seront parveuues , nous en donnerons des
extraits, et on s’imagine bien que nous n’omettrons pas
les détails relatifs à la terrible maladie de Barcelone. Il
est bon d’observer que M. Piguillem 'ne regarde point
la fièvre jaune comme contagieuse.
— Nous ignorions ce qui retardait la nouvelle biblio
thèque germanique médico-chirurgicale. M. le docteur
H uet, rédacteur de ce journal , nous a appris qu'une
maladie, dont son collègue, M. le D . Brewer, est atteint
depuis quelque temps, a mis un terme à leurs travaux,
et que d’autres occupations l’empêchent de pouvoir s’oc
cuper , seul, des quatre numéros encore à paraître pour
compléter l’année 1821. Nous faisons des vœux pour
que M. Brewer soit bientôt en état de continuer la pu
blication de son excellent recueil.
— M. le professeur F od eré, collaborateur de \’Ob
servateur des sciences médicales , a rassemblé un grand
nombre de matériaux sur les névroses et les névralgies,
dont il se proposait de publier un jour un traité , lors
qu’il aurait eu le temps de les coordonner en corps de
doctrine. Aujourd’hui , son intention est d’en publier
successivement des articles dans notre jo u rn a l, ce qui
ne peut que faire infiniment de plaisir à nos abonnés.
—■ U n docteur de cette ville , très-partisan des la-
�(
t6 cO
ïarets pour bonnes raisons, et qui , s’il le pouvait,
écraserait tous les non-contagionistes , fl annoncé offi
ciellement que pour dernier coup de massue , sou Exc.
le ministre de l’intérieur vient de demander aux Cham
bres la création d’un port à quarantaine et d ’un hôpital
à l’ile de Ratoneau. Quelques énergiques que soient les
expressions de cet Hercule incomparable , elles ne sont
nullement persuasives , tandis que leS faits se pressent
en foule de toutes parts, pour prouver que la contagion
de la fièvre jaune est un monstre contre lequel on
finira par diriger tous les coups de massue.
— Un anonyme nous a adressé des vers burlesques,
dans l’idiôme provençal, sur l’instruction si connue du
comité de salubrité publique de M arseille, et nous
a témoigné le désir de les voir figurer dans {'Ob
servateur des sciences medicales. Nous saisissons cette
occasion pour avertir que nous nous sommes fait une
loi de n’insérer dans notre recueil aucun écrit anonyme
et de rejeter ceux qui renfermeraient de grossières
personnalités.
— M. E. N. Cotte , officier de santé, à Martigues,
vien t, dans un accès de scribomanie , de produire une
plate et insipide rapsodie ( broeb. in-8.° de 8 pages et
dem ie) intitulée: liéponse au Coup-d’œil sur la fièvre
jaune. Voici un passage curieux de cette réponse , qui
n ’en est certainement pas une , et où M. Cotte n'a pas
mal divagué, tout en voulant justifier qu’il connaît la
logique : « Parmi les membres qui composent le jury
» m édical, dit M. Cotte , il y a toujours un professeur
» de médecine et plusieurs autres médecins du plus grand
» mérite ; les candidats y sont examinés en présence des
x premiers magistrats du département; ainsi , lorsqu’ils
» sont adm is, c’est une preuve certaine qu’ils possèdent
» toutes les connaissances necessaires à leur état, etc. »
Fort b i e n M . Cotte ; vous avez été admis au nombre
�des. officiers de santé, ergo , vous avez une dose suf
fisante de savoir. Quelle rare modestie! ! ! .........
— Dans la même brochure , M. Cotte a fait l’apo
logie des membres du comité de salubrité publique de
Marseille. On peut dire que son langage de Polichinelle
ne cadre pas mal avec celui que ces messieurs ont tenu
dans leur fameuse instruction.
— C'est après avoir fait une étude approfondie des
ouvrages de Lavaler et du docteur Gcill , que le signor
Peraniga Loclovieo est parvenu au point de reconnaître
infailliblement les vices, les vertus et les passions les
plus prédominantes, et cela, en exam inant, dit-il, toute
l’organisation physique, mais surtout les lignes de la
figure et les bosses du crâne. Le signor Peraniga , qui
est actuellement à M arseille, soutient, dans un im
primé , écrit en italien , qu’un bon physionomiste peut
contribuer infiniment à procurer à l’ homme beaucoup
de bonheur et une grande fortune. Il est fâcheux, que
le signor ne soit ni heureux ni fortuné lui-même.........
— On assure que M. Sot , qui donne de temps en
temps des preuves de beaucoup de connaissances dans
l’art de tronquer , de défigurer les écrits de médecine,
livrera sous peu à l’impression un volumineux traité cpii
a pour titre : Niaiseries médicales, ouvrage dans lequel
on trouvera une longue série d’extraits différens , in
terprétés de cent mille manières , à l'usage des écrivassiers. O n souscrit chez l’auteur, à Martigues, et chez
tous les marchands de livres apocryphes , en France
et dans l’Étranger.
— « Les personnes d’ un méi’ite borné, a dit un auteur
recommandable , sont toujours sur les épines ; elles in
terprètent tout de travers ; le moindre signe ou le moindre
geste leur blesse l’imagination; elles croyent toujours qu’on
parle d’elles et qu’on n’en dit pas de bien ; elles vous pren-
�t
( 162 )
nent brutalement à partie et vous demandent des éclaircissemens pour des outrages qu’on n’a point songe à leur
faire.» A in si, bien que nous ayons annoncé, au début «le
notre Coup-d'œil sur lafièvre jaune, que nous ne voulions
blesser personne , un pauvre officier de santé s’est piqué,
et il a été assez méchant pour faire entrevoir que nous
avions eu l’intention de satirïser le corps des officiers
de sauté.
P.-M . Roux.
AVIS.
J,A Société royale de Médecine de Marseille déclare
quen insérant dans ses Bulletins les Mémoires , Obser
vations , Notices, e tc., de ses membres soit titulaires, soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d ’être publiés,
elle n’a égard qu'à l ’intérêt qu'ils présentent à la science
médicale ; mais qu’elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n'ont pas encore la sanction générale.
�(
i
63
)
BULLETINS
D E
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MÉDECINE
M A R S*E I L L E .
' v w w v w w v w w v \ iv v v \ v \ i v u u w w v w w n u n n
Mars
i 822.
— N.° III.
\v\uu\ u v u w m v \ m tu v n v \ v vn n n
Observations sur la rétention du Placenta dans l'utérus,
à la suite de l'avortement, par M , D ucasse , fils ,
docteur en chirurgie à Toulouse , membre de la
Société royale de médecine de M arseille, etc.
L es praticiens sont loin d’être d’accord sur l'époque
où l’on doit procéder à la délivrance après l'accouchcmcnt naturel , et lorsqu’aucun accident ne vient en
compliquer le mécanisme. Les uns , à l’exemple de Paul
d'Eginc , de Margag n i , de Iiuisch , de Pasta , n’hésitent
pas à abandonner l’expulsion du placenta , e,ux seules
forces de la nature , et considèrent comme très-dange
reuses toutes les tentations qu’on pourrait faire pour
l'opérer. D ’autres guidés par les préceptes xle Lam othe,
AeMauriceau, de Deventer, mettent, au contraire,la plus
grande précipitation à en débarrasser l’ utérus , à solli
citer ses contractions par tous les moyens possibles , et
se donnent à peine le temps de lier et de couper le
cordon ombilical. Cette diversité de préceptes , cette op
position de conduite , dans des circonstances parfaite
ment analogues , reposent évidemment sur les idées
qu’on s’est fait tour-à-tour relativement aux dangers que
�( 164 )
pourrait entraîner avec elle la rétention de l’arrièrefaix. Ceux qui ont pensé que cette rétention était inca
pable de produire des accidens , que la masse spon
gieuse du placenta se desséchait , se réduisait de volume,
et que présentée successivement à l’orifice de la matrice,
elle finissait par le franchir , comme on voit une pièce
de monnaie introduite dans l’estomac, traverser le pilore
après avoir en quelque sorte fatigué sa résistance, ceuxlà , d is-je, se gardent bien d’accélérer le travail d'ex
pulsion , et le confient entièrement à l’action même de
l ’utérus. Mais les accoucheurs , qui n’ont vu que dé
composition , que fonte putride de l’arrière-faix , qui
croyaient que l’irritation de la matrice , l'inflammation
de ses parois, l’absorption des molléculcs putréfiées, les
fièvres adynamiques , la mort m êm e, devaient être les
conséquences funestes d’un trop long séjour de ce corps
étranger , ceux-là , disons-nous, se sont hâtés de les
prévenir et ont donné le précepte de procéder sur-lechamp à sa rapide extraction.
L ’expérience a concilié ces deux opinions extrêmes ,
en les rejcllant toutes les deux exclusivement, et en n'a
doptant dans chacune, d ’elles que ce qu’il y a de vrai
ment utile. En effet , les accoucheurs de bonne fo i,
qui ne cherchent pus à plier les faits à leurs pensées,
et qui racontent sincèrement ceux qui se sont offerts
dans leur pratique , s’accordent généralement à dire
que si la rétention du placenta est quelques fois sans
danger , si on la vu rester des mois entiers dans la
m atrice, sans produire aucun désordre , et s’en échapper
ensuite dans un état complet de dessication , il arrive
souvent aussi que sa présence est nuisible j que son tissu
éprouve une véritable fermentation qui en change les
caractères physiques et les propriétés chimiques , et que
les accidens qui l’accompagnent y trouvent là leur véri
table origine , sans avoir besoin de supposer avec
�C165 )
Denman , une maladie préalable de l’ utérus ou des ten
tations imprudentes qui en auraient, altéré le tissu.
Mais si les praticiens diffèrent sur ce point essentiel, le
plus parfait accord règne parmi eux touchant la cause
des hémorragies utérines qui surviennent à la suite des
couches naturelles ou de l’avortement , lorsque dans
l’un et l'autre cas , on n’a pas été assez heureux pour
opérer entièrement la délivrance. Tous la placent alors
dans la présence de l’arrière-faix ou dans celle de
quelques cotylédons restés dans l’intérieur de l’organe. La
matrice ne peut pas alors revenir tout-à-fait sur elle-même.
Ses vaisseaux en partie béants laissent s’écouler par inter
valles, des quantités de sang plus ou moins considéra
bles et toujours proportionnées à leur volume et à leur
situation ; tel sera mêine le danger, que la mort pourra
en être le résultat , si le praticien ne parvient pas à en
procurer l’issue. Mauriceau , Lamothe: n’ hésitent pas à
dire qu’ils ont ainsi sauvé plusieurs femmes dont ils
regardaient la perte comme certaine.
C’est surtout à la suite d’un avortement ou d’un accou
chement avant terme , que la sortie du placenta est plus
difficile et que sa rétention s’observe avec plus de fré
quence. Rarement cependant elle a lieu dans l’avorte
ment qui se fait avant le troisième mois de la conception,
car alors la matrice agit à la fois sur tout ce qu’elle
renferme , et chasse en même-temps au-dehors sous une
forme ovoïde, et le foetus et ses dépendances. Mais après
cette époque , le lit de l’enfant ayant acquis un plus
gros volum e, la quantité des eaux étant plus considé
rable , les temps de l’accouchement semblent se séparer
davantage , et exiger chacun un travail particulier. Le
fœtus se détache , mais peu volumineux , imparfaitement
formé, consistant presque seulement en parties molles
facilement compressibles , il n’exige , pour sa sortie ,
q«’une dilatation légère de l’orifice utérin. L e c o l, peu
v
�( X66 )
a m in ci, revient avèc force sur lai-m êm e, et oppose
alors , à l ’issue des secondines , une résistance souvent
invincible. Le peu de consistance du cordon, sa mollesse,
privent encore l’homme de l’art d’une ressource salutaire,
et la prudence même l’oblige à confier à la nature l’ex
pulsion d'un corps dont la sortie exigerait des tentations
réitérées qui ne seraient pas sans danger. Heureux quand
il eu est quitte pour attendre, et lorsque sa patience et
son zèle ne sont pas mis à de plus rudes épreuves ! C’est
pour en signaler quelques-unes et pour ajouter des faits
nouveaux aux annales de la science , que je viens com
muniquer le résultat de ma pratique dans deux circons
tances semblables. On jugera si , dans la conduite que
j ’ai tenue , j’ai été fidèle aux bons principes, et si j'ai
bien rempli les indications qui se présentaient.
IY1me. M ...., âgée de
ans, était parvenue sans ac
cident au sixième mois de sa grossesse. A^la suite d’une
violente affection de l'âm e, elle ressentit des douleurs
vives dans la région lombaire , et bientôt après , quel
ques gouttes de sang s’échappèrent par le vagin. Le repos
le plus absolu ; les anlispamodiques , les plus douces
consolations furent inutilement employés. L ’ébranlemeut
avait été trop profond et trop rap id e, et la faussecouche eut lieu au bout de trois jours. L ’enfant ne donna
à sa naissance aucun signe de vie ; l’orifice utérin se
contracta avec force après sa sortie, et quoique les trac
tions que j’exerçais sur le cordon fussent très-légeres,
cette chaîne vasculaire se rompit à un travers de doigt
environ de son insertion au placenta , et laissa l’arrièrefaix dans l’intérieur de l’utérus. L ’état d’érétisme et de
resserrement de son c o l, ne me permit pas de multiplier
les tentatives de son extraction : je fus forcé de la confier
à elle-m êm e, aucun accident n’indiquant, d’ailleurs,
la nécessité d'une prompte délivrance. Huit jours se pas
sèrent dans un calme et une tranquillité parfaite. Les
38
�( 167 )
lochies avaient coulé comme dans l’état ordinaire : la
lièvre laiteuse, déclarée le quatrième jour, avait parcouru
ses périodes accoutumées, l’appétit était excellent et la
malade oubliant qu’elle portait dans son sein le germe
d’une maladie qui pouvait être grave , rep rit, malgré
mes conseils , ses occupations journalières. Cependant,
le douzième jour, des coliques se firent sentir. Des caillots
de sang sortirent en abondance , et furent remplacés
par un sang fluide et rouge. Avertie par ce premier ac
cident , Mme. M .....vit enfin le danger de sa situation ,
et réclama mes avis. Mais quelles que fussent mes ins
tances , de quelque avantage que je lui fisse sentir que
pouvait être pour elle un examen ultérieur des organes
de la génération , elle ne put jamais surmonter la crainte
des souffrances que cet examen semblait devoir lui pro
curer , et préféra se résigner à son sort. Un nouveau
calme amena bientôt une imprudence nouvelle. J’avais
beau recommander le repos le plus absolu , les pré
cautions les plus grandes , effrayer même la malade par
un triste avenir ; ni mes conseils , ni les dangers , ni
une expérience funeste ne pouvaient pas lui servir de
leçon , et elle recommençait ses travaux aussitôt que l ’hé
morragie avait disparu. Trente jours se passèrent dans
ces pénibles alternatives. Mais le trente-unième, reve
nant du marché , chargée d’ un fardeau assez lourd ,
Mme. M ..... éprouva une perte plus abondante , et qui
fut portée jusqu’à la défaillance. Effrayée cette fois, elle
sc disposait à se soumettre à toutes les recherches néces
saires ; mais par l’effet d’ une douleur violente , elle
rendit, au milieu de caillots de san g, un corps solide,
résistant et que je reconnus être le placenta. Son tissu
conservait encore quelques traces de son organisation
primitive. 11 n’était pas tout-à-fait desséçlié , et réduit
seulement aux trois quarts de son volume ordinaire. Ce
qw me frappa surtout, c’est qu’il ne s’en exhalait aucune
�odeur désagréable. Dès-lors , l’hémorragie s’arrêta pour
ne plus reparaître ; les forces se rétablirent ù l’aide d’un
l’égime approprié , et la santé ne tarda pas à revenir
avec elles.
Mme. C ....., âgée de trente-deux ans , d'une consti
tution délicate , d’une sensibilité extrême,, était enceinte
depuis quatre mois, Dévorée de chagrins et d'inquié
tudes imaginaires , elle semblait ne se plaire qu’au mi
lieu des idées sombres et mélancoliques , et repoussait
les consolations que sa famille s’empressait de lui pro
diguer. Son sommeil était troublé par des rêves péni
bles : son appétit était complètement perdu, et ce fut
dans ces désordres d’une susceptibilité ombrageuse , que
les premiers signes de l’avortement se déclarèrent. Appelé
auprès de la malade, je cherchai vainement à calmer
ses frayeurs. Sa confiance en moi était sans bornes ; mais
l ’idée de la mort avait pris sur elle un tel empire , qu’il
me fut impossible de l’eu détourner. Cependant les dou
leurs allaient en augmentant, et bientôt au milieu d’une
quantité considérable de caillots de sang, s’échappa le
foetus , dont l’organisation était très-apparente. Je cher
chai envain le placenta dans cette masse sanguine, et
prévoyant d’avance les dangers que sa présence dans la
matrice pouvait entraîner, je tâchai d’en opérer i’ex-.
traction par des essais tentés avec beaucoup de ménage
ment et de prudence. Je ne pus point y réussir. Forcé
d’en abandonner l’expulsion aux cilorts naturels , je crus
de mon devoir de prévenir les pareils et la malade ellemême des accidens qui étaient à craindre. Rien n’indiqua
d’abord leur imminence ; mais le quatrième jour , k
sept heures du so ir, et quoique la malade eût cons
tamment resté dans sou l i t , une hémorragie formidable
se déclara. File continua une grande partie de la nuit,
en se renouvellaut ainsi par intervalles. Ce ne fut que
le lendemain au matin à cinq heures que je pus m»
�( i6 9 )
rendre auprès de la malade. Le pouls était trèsaffaibli ;
k respiration pénible ; les membres agités par des frémissemens convulsifs , et le moral dans un bouleverse
ment complet. Le sang coulait encore , mais en petite
quantité. Je procédai sur-le-champ à l’pxamen des parties.
Le doigt indicateur introduit jusqu’à l ’utérus , reconnut
facilement la cause de tous ces désordres. Le placenta
chassé en partie de la matrice , s’était arrêté dans son
col , qu’il tenait dilaté, et dont il bouchait incomplète
ment la cavité. Accumulé dans l’ utérus dont les vais
seaux. étaient encore béants, le sang s'échappait audehors à mesure que ses fibres s’ irritaient de sa pré
sence, et produisaient ces évacuations périodiques et
abondantes qui avaient tant affaibli la malade. L ’indi
cation était évidente. Il fallait entraîner au-dehors le
placenta, pour eu débarrasser à la fois l’utérus et son col,
et dissiper tous jles accidens en facilitant leur contrac
tion simultanée. La pince à faux germe , de L evret,
pouvait recevoir ici une application facile , mais je
craignis que le tissu mol et fiasque du placenta n’éludât
son action en se déchirant et qu’il ne me fût impos
sible ensuite d’en opérer la sortie entière. D ’aillenrs, je
ne l’avais pas sous la m ain, et en perdant un temps pré
cieux pour me le procurer, n’aurais-je pas exposé , peutêtre, la femme à une autre hémorragie ï Jesuivis de
préférence le conseil du professeur Dubois. L ’index de
la main droite porté aussi avant que possible dans l’u
térus , à travers l’espace libre que le placenta laissait
dans son c o l, me servit de crochet, et en le retirant
avec ménagement d’arrière en avant et de haut en bas ,
j’amenai avec moi toute la portion de l’arrière - faix
qui se trouvait devant lui. Elle me parut entière. Son
tissu cédait avec facilité , et laissait exhaler une insup
portable puanteur. Les lochies elles-mêmes avaient
T . III.
12
�(
170 )
une odeur fe'tide , et qui m’obligea à faire quelques
injections détersives. Cette opération exécutée sans dou
leur , eut tout le succès possible. L’hémorragie cessa
dès l’instant m êm e, et la convalescence de Mme. C . . . .
fut aussi rapide que parfaite.
Les deux observations que je viens de citer sont ,
comme on le voit , favorables aux deux opinions que
j ’ai exposées au commencement de cet ouvrage. La pre
mière confirme le fait avancé par quelques accoucheurs
de l’innocuité du séjour du placenta dans la m atrice,
sous le rapport de sa conservation ; de l’absence de tout
mouvement intrinsèque dans les mollécules de son tissu,
et de sa dessication au bout d’ un temps plus ou moins
long. Dans le cas qui nous occupe , cette dessication
commençait visiblement à se faire. Le tissu du placenta
n ’était point altéré et sa substance, au bout de i jours,
ri’avait subi aucun changement organique bien remar
quable. La seconde présente au contraire un point d’ap
pui de plus à l’opjnioû opposée. Après
jours de ré
tention , l’arrière-faix est déjà décomposé. Son tissu est
flasque , facile à d échirer, exhale une odeur infecte ,
et laisse s’échapper après lui , des lochies également,
odorantes. Nul doute, selon m o i, que si un tel placenta
avait resté trente jours dans l’utérus, sa désorganisation
aussi avancée n’eût été funeste , et qu’on n’eut vu se
développer tous les accidens dont nous avons déjà fuit
mention. Mais dans l’un comme dans l’autre cas , les
secours de l’art auraient été très-utiles pour s’opposer
à ces répétitions d’hém orragie, et je pense que si une
vaine frayeur n’avait pas arrêté là femme de la première
observation, si elle se fût soumise à des recherches
exactes*, et qu’elle m’eût permis de m’assurer de l’état
des organes , elle aurait évité les longueurs d’une expul
sion qui faillit devenir fatale , et que j’aurais facilitée
par les moyens que l’art met à notre disposition.
3
4
�( 171 )
O bservation sur une Grenouillette , guérie par l'inflam
mation adhésive du kyste ; précédée de .quelques
réflexions sur cette maladie , par A. H AIME , D .-M . ,
Secrétaire - général de la Société médicale de Tours,
membre de plusieurs Sociétés de médecine et Corres
pondant de la Société.
Q uoique les auteurs ne soient pas d’accord sur les
causes de la rauule ou grenouillette , et quelle que soit
celle qui y donne lieu le plus souvent, tout le monde
sait que cette maladie est due à une dilatation du canal
de W arton, située sous la langue , près de sou ligament
appelé le frein, et provenant de l'oblitération de ce con
duit excréteur ; la poche formée par le canal dilaté est
remplie d’ une salive épaissie ; on
rencontre quelque
fois des concrétions salivaires.
D ’abord petite, indolente et peu incommode , la tumeur
acquiert quelquefois progressivement un volume assez
considérable, pour occuper une grande partie de la bouclie
et faire saillie sous le menton , en occasionant plus ou
moins de gêne et de douleur. De plus, cette maladie p eu t,
à la longue, amener les conséquences les plus funestes, et
même conduire à la mort. Enlin , elle ne peut guérir spon
tanément, mais seulement par une opération chirurgicale.
L ’indication qui se présente i c i , est de pratiquer une
issue à la matière renfermée dans la tumeur , eu conser
vant une ouverture pour l’écoulement ultérieur de la salive
dans la bouche. Pour cela , on a employé différons procé
dés opératoires ; savoir : l’incision , la ponction , l ’excision ,
l’ouverture au moyen d’ un caustique , etc.
Quand la tumeur est récente , peu volumineuse , on
donne le conseil d’y pratiquer une incision dans toute
son étendue avec un bistouri , ou une ponction avec un
petit trois-quarts , et de tenir la plaie béante par l ’in
troduction . entre ses bords , d’une petite mèche dé
charpie , d’ une tente , d’une canule , etc.
Lorsque la tumeur est d'un volume considérable et que’,
y
�( i-7 a -)
par son ancienneté , ses parois ont acquis de la dureté et de
l ’épaisseur, une simple incision ne s’opposerait pas à la
récidive , il faudrait alors exciser une portion du kyste.
Toutefois il convient, dit-on , que cette excision ne soit pas
trop considérable ou qu’elle ne soit pas pratiquée trop
près du devant de la bouche, afin d’éviter que dans la
suite , le malade ne fasse jaillir la salive en parlant,
crainte qui paraîtra purement chimérique , puisque l ’ou
verture finit ordinairement par se cicatriser en totalité.
U n procédé moins douloureux, consiste dans l’ouver
ture du sac avec un caustique cylindrique d’une médiocre
grandeur , ou au moyen d’un petit pinceau imbibé de
muriate d’antimoine. ( Dictionn. des sciences médicales.)
Enfin , quelques praticiens , après avoir ouvert la tu
meur , cautérisent l ’intérieur du sac par le cautère actuel.
L ’histoire de l’art et l’expérience des grands maîtres ont
prouvé que , quelque précaution que l'on prît , tous ces
moyens n’étaient que palliatifs , ne procuraient le plus
souvent qu’une guérison apparente on momentanée, et
qu’aucun d’eux ne mettait sûrement à l ’abri d’une ré
cidive plus ou moins prochaine.
s’agissait donc de trouver un moyen capable de s’op
poser à l’oblitération ’de l’ouverture pratiquée à la tumeur,
c ’est ce qu’a découvert M. le professeur Dupuytren, et ce
qu’il paraît avoir mis en usage avec un succès constant.
Dans un excellent mémoire inséré au 24.° numéro,
décembre 1817 • du Journal universel des sciences médi
cales , M. le docteur Breschet a donné la description de
ce moyen , qui consiste en un petit instrument d’argent,
ou mieux de platine, composé d’un cylindre ou tige de
trois lignes de lon gueur, sur une ou une et demie de
grosseur, ce cylindre est terminé à chacune de ses extré
mités par une petite plaque de forme elliptique , convexe
extérieurement ét concave intérieurement ; les bords et les
concavités décès plaques sont dirigés de manière à se re
garder mutuellement. Pour donner une idée de cet ins-
11
1
�7
( * 3 )
trament, on peut le comparer à ecs boutons à deux têtes,
retenues ensemble par une tige intermédiaire, dont les
gens de la campagne et du peuple se servent encore pour
attacher les manches de leur chemise.
Après avoir fait à la tumeur une ouverture suffisante , on,
saisitavec des pinces l’instrument qu’on introduit oblique
ment dans la cavité du sac , par l’ouverture pratiquée, de
façon qu’une des plaques soit libre dans la bouche, et que
l’instrument ne puisse ni tomber dans le sac ni en sortir ;
c’est ce qu’on obtient de plus en plu s,à mesure que par
les progrès de la cicatrisation , l’ouverture se trouve ré
duite aux dimensions de la tige de l instrument.
Ce procédé paraîtra sans contredit le meilleur , le plus
efficace et le plus sûr de tous ceux imaginés jusqu’à ce
jour pour le traitement de la grenouillette ; et quoiqu’il
ne me semble pas entièrement exempt des incouvénieus
que l’on reproche aux.mèches, aux tentes, aux canules,
aux fds de plombs , etc. , notamment par la gêne que
doit occassioner sa présence, je me plais à en reconnaî
tre la supériorité , et je me joins bien volontiers à M. le
docteur Breschet, pour rendre hommage au grand talent
et au génie inventif de son auteur.
Ou doit donc être disposé à croire que toutes les tenta
tives de guérison par les procédés ordinaires ont été le
plus souvent infructueuses , cependant on a réussi quel
quefois , et Camper, L ou is, Sabatier , etc., citent des
exemples de cures radicales obtenues par les uns ou les
autres de ces procédés.
En publiant l ’observation suivante , j ’ai eu pour but
d’ajouter un fait de plus à ceux-déjà connus et de con
tribuer à prouver qu’il n’y a point de méthode exclu
sive en médecine (i).
(i) Quelque respect que j’aie pour les opinions de M. le dont.
Breschet, le fait qui m’est propre, m'empêche d’admetlre comme
toujours juste, et vraie, celle qu’il émet .dans des reflexions sur
cette question : l’injection d’un liquide irritant dans la poche dont
�174
(
)
Mlle. Z . . . . B. . . . , âgée de 19 ans , d'une faible
complexion ,■ -voyait s’accroître depuis trois mois une
tumeur m olle, indolente , blanchâtre et oblongue , située
au côté droit du frein de la langue , et gênant déjà
beaucoup les mouvemens de cet organe. Elle ne savait
à quelle cause attribuer cette maladie , à laquelle elle
avait d’abord fait peu d’attention ; mais ses progrès la
déterminèrent à me consulter au mois de juin 1820.
La tumeur était alors du volume d’une châtaigne.
Je ne songeai qu’à vider le kyste de la salive que je
présumais qu’il contenait , et je me contentai d’y prati
quer , avec le bistouri , une incision dans toute son
étendue. Il en sortit une humeur épaisse , visqueuse ,
demi-transparente, et assez semblable à de l’albumine :
la tumeur se vida et s’affaissa. Je fis quelques injections
d’eau tiède et je cherchai à maintenir la plaie béante
par l’introduction , entre scs bords , d’une mèche de char
pie que l’on renouvelait à chaque pansement.
Dès le lendemain , je remplaçai les injections d’eau sim
ple par d’autres faites avec une infusion de sauge, de mér
lilot et de sureau miellée.
Malgré des pansemens fréquens et des efforts pour s’op
poser à l’occlusion de la plaie, elle se resserra de plus en
plus et fut cicatrisée après huit jours : alors la maladie
parut guérie.
on aurait fait sortir la salive, pourrait-elle, par J’inflamraatiort
et l’adhérence des parois de ce kyste, procurer ta guérison?....
Selon M, Breschel : « Ce serait rendre inutiles les fonctions de
» la glande: le liquide qu’elle continuerait à secréter, ne trouvant
» plus d’issue, ne pourrait-il pars distendre les ramifications dos
» conduits excréteurs logés dans les interstices des lobules com» posant sa substance? Une tuméfaction cpii surviendrait, ne
» pourrait-elle pas être suivie de vives douleurs, d’inflammationj
» de-suppuration, de fistules au dehors; enfin , 1 inflammation
*> excitée par le liquide irritant injecté dans la poche, ne pourrait» elle pas s’étendre à la langue, au larynx et aux autres parties
» voisines? Ce sont, ajoute M. Bri'sr/iet, autant de questions
» qu’on peut faire , et auxquelles le silence de l’expérience nous
k empêche de pouvoir répondre ». ( Voyez le Mémoire cité.)
�7
( i 5 )
Mais au bout de i jours , on s’aperçut que la tumeur
reparaissait ,et un mois environ après cette première opé
ration , elle avait acquis le même volume qu’auparavant.
11 fallut en venir à une seconde tentative : j’eus quelque
peine à y décider la malade, dont cet insuccès avait ébran
lé la confiance. Je résolus, cette fois , après avoir incisé
la tumeur, d'emporter avec des ciseaux le plus que je
pourrais des parois du kyste , puis d’y injecter un liquide
irritant et même caustique, dans la vue d’exciter à la
surface interne de ces parois une phlogose adhésive qui
pût s’opposer à leur dilatation ultérieure , espérant d’ail
leurs que le fond se cicatriserait avant l ’ouverture, main
tenue béante au moyen d’une mèche , et que , d’un autre
côté, la salive continuant à s’écouler engagerait un pertuis suffisant pour son excrétion habituelle.
J’opérai donc de la manière que je viens de dire : les
premiers jours j’injectai matin et soir , et à plusieurs
reprises , dans le petit kyste , un mélange chaud de vin
rouge et d’alcohol ; les parois du sac semblèrent se rap
procher de plus en plus, et bien que la cicatrisation parût
se faire d’ une manière respectivement égale dans tous les
points, je jugeai que les injections ci-dessus n’avaient plus
une action suffisante, et je leur substituai le contact d’un
petit pinceau légèrement imbibé de muriate liquide d'anti
moine ; je réitérai cette application trois ou quatre fois
dans l’espace de cinq ou six jours; enfin , cette méthode
réussit tellement au gré de mes désirs, que la tumeur
diminua par degrés sensibles , et disparut totalement
en fort peu de temps. Le traitement n’a été traversé par
aucun accident ; la plaie s’est cicatrisée , en ne laissant
qu’une ouverture d’une très - petite dimension , par où
s’écoule la salive, e t , depuis un an que cette guérison a
été obtenue , elle ne s’est point démentie.
Une observation isolée ne prouvant rien , je me gar
derai bien de la donner comme une réponse victorieuse
aux objections que l’on pourrait faire contre la méthode
5
�76
( *
)
que j’ai employée : toutefois , elle peut servir à montrer
qu’elles seraient sans cloute exagérées, et «pie ( on ne doit
cèsser de le répéter) la nature a quelquefois des ressources
qui trompent tous nos calculs et passent nos espérances.
w w w i i v w w v v i \ v \ u n x m u x x \w w w n \ u v \ \ w t u \ w \ a w v u n w t
S éances de la société tendant le
m o is
de février
1822.
2 Février. — I l est fait lecture du rapport de la com
mission nommée pour la rédaction des bulletins de la
Société, qui doivent être imprimés à la suite de i ’Obser
vateur des sciences médicales.
M. Guitiud, organe de la commission , soumet à
l ’approbation de la Société les objets sulvans , pour former
le i.er bulletin : i.° Le discours prononcé par M. Gandy,
président , a l’époque de l’installation de la Société, en
qualité de S ociété royale de médecine . On propose ce
discours, pareequ’il contient un tableau historique précis
des travaux de la Compagnie depuis sa fondation jusqu’à
ce jour. 2.0 Les observations sur les perforations de
l ’urètre, par M. M ae ail. .'J Le résumé des séances de
la Société , pendant le mois de décembre. Il est délibéré
que tous ces matériaux formeront le i.er bull.
M. Sarmet donne ensuite communication des réflexions
qu’il a adressées à la Chambre des Pairs et à la chambre
des Députés, au sujet de la maladie de Barcelone. M. le
président donne acte à M. Sarmet de cette communication.
16 Février. — O11 lit une lettre de M. Cassin , phar
macien à Avignon , qui adresse à la Société une pièce
de toile aromatique , sorte d’amulette qu’on place sur
la poitrine , et dont la propriété ne tend à rien moins
qu’à guérir la phthisie , les scrophules , etc. La Société
bien convaincue , avec les médecins de tous les siècles ,
qu’une application locale ne peut opérer tant de pro
diges , passe unanimement à l’ordre du jour.
M. Picard fait lecture du rapport qu’il était chargé
de présenter à la Société, concernant la dissertation sur
la fièvre jaune, par M. Flory. Ce rapport est adopté.
M. Beullac, père, lit ensuite un rapport sur l’histoire de
-deux cas d’empoisonnement par les baies de R edoul,
adressée parM. le D. Dunadei, de Grasse. Le travail de M.
B eu lla c, est adopté.
La séance est terminée par le scrutin de M. Donadei. II
est proclamé , membre correspondant de la Société.
3
�(
177
)
L ettr e sur la fièvre ja u n e , adressée au Rédacteurgénéral de ^Observateur des sciences médicales , par
M . le D. Louis V alentin , chevalier des ordres de St.~
Michel et de la Légion-d’honneur, membre du conseil
municipal de Nancy et de plusieurs sociétés savantes
d'Europe et d'Amérique.
Nancy, le 6 Avril 1822.
Monsieur et très-honoré Confrère ,
J’ ai reçu et j’ai lu avec un intérêt particulier le coupci'œil sur la fièvre ja u n e, que vous avez, bien voulu m’a
dresser ; je vous prie d’en agréer mes vifs remercimens.
Comme beaucoup d’autres , je croyais que la lièvre
jaune avait réellement existé au lazaret de Marseille en
1821 , et qu’au moins un des médecins s’y était dévoué
au traitement des malades. D ’après votre opuscule et le
journal que vous rédigez avec impartialité , je recon
nais que j’étais dans l’erreur sur l’un et l’autre point.
Je vois qu’un élève en chirurgie s’est courageusement
séquestré pour soigner les malades provenant des na
vires et atteints d’une affection differente du typhus icterode, et qu’il en rendait compte, à travers les grilles ,
aux officiers de santé , attachés à l’administration sanitaire.
J’ai effectivement é c r it , dans le temps à deux mé
decins de Marseille que je regrettais de ne point me
trouver alors dans cette ville, parce que j’aurais sol
licité l’honpeur de me renfermer avec les malades , de
m’y mettre en contact soit dans leur l i t , soit en portant
la chemise d’un m o rt, soit en me frictionnant avec des
linges imprégnés de la sueur des moribonds et en prati
quant tous les genres d’inoculation. L ’ air du lazaret
n’étant point souillé par des effluves d’eau stagnante,
ni de substances en putréfaction , ce lieu salubre est
propre h des expériences dans les vues de prouver la
T. III.
i3
�(
i
78)
non-contagion de la fièvre jaune. Mon ami , le doc
teur D eveze, affligé comme moi , de la dissidence qui
règne à cet égard parmi les médecins , avait judi
cieusement proposé au Roi et aux Chambres le principe
de ces épreuves, afin de résoudre le problème. Adhé
rant entièrement à son idée , je me suis permis d%n
déterminer le m ode, dans mon Voyage médical en
Italie , à l’article de Livourne.
Depuis mou retour d’Amérique et la publication de
mon Traité sur la Jièvre jaune , je me suis constam
ment tenu au courant de ce qui s’est passé dans le
Kouveau-Monde relativement à cette maladie. J’ai dé
posé presque tous les résultats de ma correspondance
dans le Recueil périodique de médecine de Paris. Par
ces communications soutenues pendant vingt ans , je
xi'ai eu d’autre désir que cl’apprcndre , ou la confirma
tion de l’opinion queM . Deveze et moi avons émise sur la
non contagion de la fièvre jaune , ou la certitude de sa
nature contagieuse. Si les nombreuses observations sub
séquentes nous eussent été contraires , nous eussions ab
juré et publié notre erreur ; mais les faits accumulés
de toutes parts , sont des preuves irréfragables que la
maladie désignée sous le nom de fièvre jaune, de typhus
icterode ou de fièvre maligne avec vomisssement noir,
n’est pas transportée d’un lieu à un autre et ne se
communique point par le contact. Plus les faits sont
nombreux , plus ils approchent de la vérité.
Sur cette assertion , on ne peut contester à M.
Deveze d'avoir eu l’avantage de l’initiative à Philadel
phie en 1793 , comme je l’ai prise en France , en
établissant, dans mon T raité, page 1
et suivantes,
une distinction entre l’infection et la contagion. Vou
lant être précis , m’appuyer sur les faits et m’abstenir
d ’hypothèses, dans un travail ex:professa qui, chez nous,
était le premier sur ce sujet et que la faculté de Paris
53
�179
(
»
m’avait demandé , je n’ai pas cru devoir alors , dér
velop’per au long ces deux modes de propagation. Mais
lorsque mon ami me fit paît de son intention de publier,
en 1820, un Traité de la fièvre jaune, je l'invitai à
consacrer un chapitre à cette distinction, qu’il a , eu
effet , habilement discutée et qui n’est p o in t, comme
on l’a» dit , un dédale inextricable.
Dans un voyage que je fis à Marseille au mois dé
septembre 1802, lorsque cinq hommes du navire Co
lumbia venaient d’y périr de la véritable fièvre jaune,
dont trois dans des maisons particulières , j’assistai à
une séance de la société de médecine : le président et
le secrétaire me questionnèrent beaucoup sur cette ma
ladie; tous les membres la croyaient contagieuse , ce
qui donna lieu à une longue discussion. Ceux qui avaient
soigné les malades ou assisté aux . ouvertures des ca
davres donnèrent les détails d’après lesquels on ne pou
vait douter d’une parfaite identité avec la. même affeqtion en Amérique ( c’était aussi l’opinion des méde
cins et chirurgiens du lazaret , qui l ’ont encore vue
en 1804, et que j’ai tous consultés isolément); Je les
rassurai en annonçant que la maladie 11e se commu
niquerait point. Pour en bien comprendre les sources ,
je parlai de l’état du navire pendant sa quarantaine et
de la nécessité d’une distinction , telle que Stoll en avai.fi
déjà fourni le modèle , afin de ne plus prendre poub
contagion ce qui ne provient réellement que de l’in
fection. J’appuvai mou raisonnement par des exemples;
On en inséra l’extrait dans le procès-verbal de la
séance, le
vendémiaire an XI. On m’en a depuis dé
livré une copie.
Voilà la première mention d’une explication donnée
sur l’infection et la contagion dans une société de mé
decine française qui , à bon droit , a reçu l'honorable
titre de R oyale . A cette époque , il y avait environ
4
�( i8o)
▼ ingt mois que mon manuscrit était dans les archives,
de la Faculté de médecine de Paris. C ’est en i o que
le libraire Méquiguou l’a publié. J’étais , alors , en An
gleterre. Ma présence en aurait fait disparaître plusieurs
défectuosités. J ’ai vu avec plaisir , que ma simple dis
tinction , ainsi publiée pour la première fois parmi nous,
ait fourni , à M. le docteur N acquart, l’occasio:, d’en
Faire deux articles intéressans dans le Dictionnaire des
sciences médicales.
M ais, la différence incontestable entre l’infection et
la contagion , et leurs résultats appliqués à la fièvre
jau n e, est une théorie qui ne m’appartient pas : elle
m'avait été suggérée , pendant ma résidence dans les
États-Unis , par le professeur M itchill avec lequel je
m’étais lié d’amitié à JNewyork ; elle a été fortifiée par
■ es deux collègues E. Miller et H. Smith. Les uns et
les autres avaient déjà vu la fièvre jaune se développer
spontanément dans cette ville , en 1791 , où elle était
désignée sous le non» de dock-fcver, fièvre des bassins
ou des eaux stagnantes : elle a fait le sujet d’une disser
tation inaugurale soutenue par Adonis. Presque cha
que volume de leur M edical repository ofFre des ar
ticles où ils parlent de maladies provenant des foyers
d’infection , et de celles qui se transmettent par con
tagion , les premières n’étant que l’effet des émanations
des sources de putridité.
L e premier médecin de l’Amérique du Nord qui ait
établi une bonne théorie sur la doctrine de l’infection ,
est le docteur Richard Bayley de Newyork , en 1795.
Les docteurs Davidge et Botter , de Baltimore , (r ) et
83
(») Je dois relever ici une injustice bien reprc’hensible que
ees deux médecins , surtout le dernier , ont commise à l'é
gard du docteur Devcze. M. Salhanicl Polter, professeur en
�( 181 )
le plus grand nombre des médecins américains l ’ont
adoptée. . Rush de Philadelphie avait confondu les deux
propriétés in jec tio n et contagion. Il avait attribué l ’é
pidémie de 1793 au café pourri d’un bâtiment verni
de St.-Domingue. Tl croyait que l’atmosphère con ta
m inée était le véhicule de la contagion ; mais il n’ad
mettait point l’importation dans la rigueur du sens qu’on
y attache. En 1794, il traça l’origine de la même ma
ladie et l’attribua à des . conduits , des gouttières mal
propres , des eaux croupissantes etc. Ce n’est qu’après
l’expérience de quelques années qu’il a su se rendre
compte; des effets des foyers de putréfaction q u i , sous
l’influence d’une forte chaleur et de l’humidité , répan
dent l'infection, et qu’il a enfin avoué et publié son
erreur. Il a été bien reconnu que la rétractation qu’on
15
l'université de Maryland, a publié en 1818, un ouvrage trèsinstructif, sous quelques rapports : à Memoir 011 Contagion , more
especially as its respects th e y ellotv fever etc. 117 pages in-8.°,
dans lequel il assure que dès l’année 1793, il a reconnu que
la fièvre jaune n’est point contagieuse et que , depuis, il s’est
inoculé plusieurs fois et de diverses manières sans aucun
effet ( v. journ. génér. L. C. ) ; que jusqu’à l’année 1737 la
contagion de la fièvre jaune n’était pas mise en doute ; mais
que le 3 o novembre de la même année , son collègue , le pro
fesseur d’anatomie, a fait insérer son opinion négative dans la
gazette fédérale de Baltimore; c’est, dit-il, la première publi
cation dans les Etats-Unis, d’une protestation faite contre une
opinion anti-philosophique à laquelle le docteur Davittge n’a
jamais cru.
N’est-il pas singulier et peu loyal que ces médecins ayent
voulu paraître ignorer qu’un Français , notre confrère Deveze,
avait publié son premier Mémoire à Philadelphie en 1794 , et
qu’à lui seul appartient l’honneur d’avoir , le premier, proclamé
dans cette ville, la non-contagion de la fièvre jaune! cet
opuscule a été assez répandu ; il était imprimé en Français
et en Anglais, les journaux en ont fait mention.
J
�( i8a-)
lui "avait attribuée à son heure suprêm e, était une
calomnie.
Je ne crois pas inutile de rappeler à l’attention le
rapport si intéressant, trop peu connu , et fondé sur
la doctrine dont il s’a g it , de feu Edouard M iller que
j’ai cité, dans ce rapp ort, fait au gouverneur Lew is ;
l ’auteur rendait un compte détaillé de l’épidémie re
marquable , à N ew york, en 1 o . J’en ai donné un
court extrait dans ma première Notice sur les progrès
des sciences aux Etats-Unis , publiée dans le tome cin
quième des Mémoires de l’académie de Marseille. Cet
opuscule, ai-je dit , doit être signalé aux magistrats,
aux médecins et à tous les administrateurs de la santé
publique.
L e docteur Félix P ascalis, savant médecin français,
m’écrit de N ew york, en date du i janvier 1822, 0e
qui suit : « Les bureaux de éanté et tous les établissemens de quarantaine deviennent des foyers d’infection
sans cesse renouveliés et plus fâcheux que ceux qui
sont actives par la chaleur de l’été : nous eu avons eu
la preuve, dans la saison dernière, au Lazaret de cette
ville , sur la plage duquel quinze bâtimeus chargés fu
rent jettés par un coup de vent le
septembre. Un
vaisseau de guerre français et une frégate qui s'y trou
vaient faillirent périr. Les avaries furent considérables,
et les articles de cargaison , plus ou moins corruptibles,
tellement endommagés, qu’ils exhalaient une odeur in
fecte, Parmi les nombreux ouvriers employés à réparer
tant de ravages , plus de vingt furent atteints de la fièvre
jaune dont nous n’avions presqne point d’exemple dans
le lazaret ; la moitié de ces malades a succombé. Une
peste encore plus funeste résulte de tous ces élablissemens : c ’ e s t l a c o r r u p t i o n m o r a l e d e c e u x q u i y s o n t
85
3
3
EM PLOYÉS.
P our D É M O N T R E R
L A N É C E S S 1 T É OU L ’ I M P O R T A N C E
D E L E U R S S E R V I C E S , E T J O U I R D ’ U N R E V E N U P L U S OÙ MOINS
�( 1
MÉR ITÉ ,
ILS
DEVIENN ENT
83
DES
)
PARTISANS
DANGEREUX ;
QU EL QU ES UNS M E M E T R A H I S S E N T L ’ O P I N I O N Q u ’ i L S A V A I E N T
a u p a r a v a n t E M RR A SS É E. Le docteur Chervin fournira des
preuves frappantes de ces traîtres à la saine philosophie et
à la vérité. Il prouvera un ahus auquel les gouverne-»
mens n’ont jamais pensé , abus q u i , sans doute , est seul
la cause de l’ignorance générale où l’on est encore sur
les véritables sources et les caractères de la peste dn
levant etc. ».
Mon correspondant ajoute que M. Chervin, dont j’ai
déjà parlé ( voir mon Voyage en Italie page 8g et
le journal général de médecine cahier de janvier 1822
page i o ) , a quitte' Newyork vers le milieu de noj
vembre dernier , après y avoir passé trois m ois, et qu’il
a visité les villes du Mord ; qu’il va repartir pour la
Guadeloupe où il avait déjà résidé ; qu’il ira à Cayenne,
de là en Espagne pour y visiter les ports et qu’il se
reudra à Paris, dans le cours de 1822 ; qu’il emporte
avec lui mille fois plus de faits qu’il n’en faut pour
terrasser le monstre de la contagion , que tous ses documens sont en doubles et duement légalisés ; qu’il a com
pulsé les faits eu preuves de. la contagion de la fièvre
jaune et qu’ il les a tous réfutés. Enfin , d it-il, M. Chervin
a tellement pressé de poids tous les hommes à parti ,
les médecins fanatiques et ceux qui sont de bonne fo i,
qu’il a f ai t , chez nous , la plus grande sensation. Dans
cette seule ville il a trouvé , à notre faculté, quarante
sept médecins qui ont attesté la non-contagiou de la
fièvre jaune et trois seulement qui croyent à sa con
tagion! Des journaux Américains et des lettres que j’ai
reçus de Baltimore et de la .Nouvelle-Orléans font le
plus grand éloge du docteur Chervin par son zèle
dans la recherche de la vérité, par l’étendue de ses con
naissances , son intrépidité et la masse immense des
faits qu’il a rassemblés sur la fièvre jaune. Partout, il
3
�(
184)
a commandé le respect et l’admiration. il a ouvert plus
de 5oo cadavres. 11 n’a guère trouvé de médecins contagionistes que parmi ceux qui sont attacliés au service
de,s lazarets et des quarantaines : on conçoit ( i) la
cause de cette opposition.
J ’ai annexé à cette lettre , mon cher Monsieur, la
traduction de celle d’un médecin anglais , concernant
l ’ouvrage publié dernièrement sur ce sujet, par le res
pectable docteur Jackson , principalement l’opinion de
celui-ci sur la fièvre jaune d’Espagne.
Recevez , Monsieur et très-honoré Confrère, l ’assu
rance de la considération distinguée avec laquelle j’ai
l ’honneur d’être etc.,
Loris
V
a le n tin
.
( i ) On conçoit, en effet, que la peste et la fièvre jaune n’clant
point contagieuse , on se passerait (tes quarantaines et des laza
rets et par conséquent de tels et tels intrigans qui n’aspirent qu'à
des places lucratives.
Un chaud partisan des lazarets n’a pas craint de dire qu’il est
des médecins qui ne soutiennent la non-corttagion de la fièvre
jaune que parce qu’ils veulent avoir des places. Peut-on avancer
rien de plus absurde ? Ne suffit-il pas d’être non-contagioniste
pour être frappé du sceau de la réprobation dans les grandes ad
ministrations sanitaires ?
Sans vouloir blesser un très-grand nombre de contagionistes
estimables sous tous les rapports , nous dirons que les noneontagionistes sont évidemment de bonne fo i, parce qu’ils sont
évidemment dégagés de toute contrainte, de certaines vues spé
culatives, aussi viles que préjudiciables; parce qu'enfin ils parlent
avec cette noble indépendance qui, dans les sciences médicales,
comme dans tontes les sciences , est si propre à en reculer les
limites et à faire briller les lumières de la vérité.
Note du Rédacteur-général.
�(
185
)
L e t t r e sur la fiè v r e jaune , adressée à l ’éditeur d u
Courrier de Londres, par le docteur J a m e s J o h n s o n ,
traduite de l’A n g la is , p ar le docteur L ouis \ A L E N T I N .
Spring-G
arden,le8octobre1821.
P u isq u ' i l règne, à cette époque, une pestilence fatale
sur les cotes méridionales de l’Espagne , dont les ravages
excitent la terreur des Etats voisins , et les déterminent
à mettre en vigueur la discipline de la quarantaine la
plus sévère , il peut être intéressant de faire connaître à
la nation anglaise qu’ un de ses concitoyens , le respecta
ble docteur Jackson Agé d’environ 70 ans , a été , en
18 2 0 , à ses frais , sur les lieux , afin de s’assurer si
cette maladie est ou n’est pas contagieuse , et quel est le
meilleur mode de traitement. 11 vient de publier un
volume contenant des observations importantes et trèscurieuses sur cette terrible épidémie. Il est consolant
d’apprendre que ce savant médecin a prouvé de la ma
nière la plus satisfaisante, que la fièvre jaune est d’origine
locale ; qu’elle n’a jamais été importée dans les contrées
où elle règne maintenant et qu’il n’est presque pas
possible qu’elle soit jamais transportée de là dans les
États de son voisinage. Un préjugé populaire ayant assi
gné à la maladie une origine étrangère, la terreur lui a
attribué les propriétés de la plus virulente contagion ;
cette erreur a tellement éloigné l’humanité commune
du peuple , que non-seulement les malades et les mou*
rans sont abandonnés à leur sort , mais que ceux qui
fuyent dans l’intérieur ou dans les montagnes, o ù , dans
le fait, la maladie ne peut exister et beaucoup moins se
propager, sont traités comme des déserteurs infectés d’un
hôpital de pestiférés ; ils sont abandonnés à la famine ,
ou mis à mort par leurs barbares compatriotes. C ’est
cependant une consolation d’être certaiu et très-certain ,
�( i8 6 )
que quelques semaines plus tard , l’approche du temps
froid arrêtera les sources de l’épidémie ( ce qui ne pour
rait arriver si c’était une contagion ordinaire) et anni
hilera , au moins pendant une saison , la maladie ellemême. Pour prouver qu'elle n’est pas contagieuse, parmi
plusieurs faits authentiques, le docteur Jackson pré
sente le suivant : dans l’année 1800 , lorsque plus de dix
mille personnes moururent à Xérès de la frontera,
soixante individus furent employés à enterrer les morts.
Les fossoyeurs entrèrent dans les maisons pour y prendre
les cadavres, dont plusieurs étaient souvent dans un état
dégoûtant; ils les entassaient sur des charriots et les
conduisaient au lieu où ils devaient être enterrés. Aucun
d’eux n’a contracté la maladie.
Un événement à-peu-près semblable a eu lieu à SaintLucas, en 1819 (l’une et l’autre ville sont dans l’Andalousie).
Les fossoyeurs ayant honteusement abusé de leurs fonc
tions , les moines franciscains s’offrirent volontairement
pour enterrer les morts. Ils trouvèrent abandonnées le
plus grand nombre des maisons où il y avait eu des
malades ; les morts étaient étendus sur des lits ou sur
les planchers. Les moines , dit le docteur Jackson , les
enveloppèrent dans des draps , ou les couvrirent de ce
qui se trouvait dans les appartenions. Ils les portèrent
dans leurs bras au cercueil , puis sur leurs épaules au
cimetière. Pas un seul 11e fut atteint de la maladie.
Enfin , d’après l’histoire du passé et l’évidence du pré
sent , il n’y a pus le moindre doute que l’épidémie
qui ravage l’Andalousie , est de la même nature, quoique
peut-être à un degré plus violent, que celles qui ont paru
pendant des siècles , à des intervalles plus longs ou plus
courts , dans l’automne et dans les mêmes lieux. Le poi
son ou le mauvais air qui engendre la maladie est le
produit du sol même et déterminé par des saisons par
ticulières ; si la fièvre qui en résulte était exportée en
�( 187 )
d’autres pays, elle ne pourrait pas se propager faute de
son pabuluni primitif. Telle est l’opinion du docteur
Jackson , qui a visité et touché les mourans et les morts
dans le mois d’octobré 1820. C ’est aussi celle des méde
cins anglais et français les plus éclairés qui ont été sur
le théâtre de l’épidémie. A part les incommodités de la
quarantaine , il ne résulte aucun mal apparent des
précautions prises par les Etats voisins ; mais la convic
tion de la contagion pour ceux qui résident près des villes
où règne la maladie , donne lieu aux événemens les plus
déplorables et prive les malheureux qui en sont atteints ,
de tous les secours ou de la consolation de leurs pareils
ou de leurs amis. Cependant, la révolution des saisons
mettra bientôt un terme aux ravages de l'épidémie. »
Signe : James J ohnson , D. en médecine.
Dissertation sur le typhus a m a ril, ou maladie de
Barcelone , improprement appelée Ji'evre jaune , par
J. A . ochoux , D. M .
adjoint au
dispensaire
de la Société philantropique , membre de la commis
sion médicale envoyée en Espagne par le gouvernement
( broch. in-8.° de q pag- , P a ris, chez Bechet jeune )
avec cette épigraphe :
R
P .,
5.c
5
Il faut chercher seulement à penser et à
parler juste , sans vouloir amener les autres
à notre goût et à nos sentimens, c’est une
trop grande entreprise.
L a E buyère.
L’A uteur de cette dissertation ne la considère que
comme le prélude d’un travail étendu qu’il se propose de
donner plus ta rd ; c’est pour exposer, le premier, les
principes qui servent de base à ce travail , qu’il s’est
empressé de la publier; il a encore cherché par la publia
�(
i88)
cation de cette brochure à justifier sa conduite, comme
membre de la commission médicale envoyée en Espagne
par le gouvernement.
Dirons-nous que M. Rochoux a fait une brèche à sa
réputation , en se retiran t, comme on sait , au moment
où il allait se couvrir de gloire ? Dirons - nous qu’alors
même qu’il aurait fait une belle retraite, cette retraite
ne saurait tourner au profit de la science ? Nous sus
pendrons notre jugement jusqu’à ce que M. Rochoux
nous ait donné le grand travail qu’il promet aujourd’hui.
D éjà , dans sa dissertation sur le typhus am aril, il pro
duit des notions assez positives pour contre - balancer
celles de ses antagonistes , bien qu’il n’ait point saisi
l’occasion la plus favorable de s’assurer par lui-même de
tu us les phénomènes, relatifs à la maladie de Barcelone.
A rrivé dans cette ville , M. Rochoux , qui ne s'y était
transporté que dans l’intention d’y observer la fièvre
jaune , jugea convenable de se retirer , parce qu’il crut
reconnaître une autre maladie , et pour prouver qu’il
avait présumé juste, il fa it, dans sa dissertation, une
comparaison rapide, et cependant encore assez détaillée
du typhus amaril et de la fièvre jaune , envisagés sons
le rapport des causes , des symptômes , des lésions d’or
ganes et du traitement.
Nous ne suivrons point M. Rochoux dans tous les dé
tails attachés à son judicieux parallèle, il a lui-même
donné verbalement à la Société royale de médecine de
M arseille, des renseignemens à ce sujet, qui, devant être
insérés dans le -° bulletin de cette Compagnie, doivent
figurer dans le présent numéro de notre journal, et
nous dispensent par conséquent de pousser assez loin
notre analyse.
La dénomination que l’auteur donne à la maladie de
Barcelone est - elle bien expressive ? Le mot amaril
dérive de l’Espagnol et signifie jaune. Typhus amaril
4
�( i 89 )
est donc synonime à typhus icterodes, à fièvre jaune ;
et pourtant M. Rochoux soutient qu’il n’y a pas clans
tout le cadre nosologique , deux maladies plus dilférentes entre elles que la fièvre jaune et le typhus auiaril,
ou maladie ,de Barcelone.
La section consacrée aux causes de ces deux maladies,
contient une foule cle détails de la dernière importance ,
une erreur majeure s’y est glissée toutefois, ainsi que
l’auteur nous l’a avoué dans une conférence particulière:
ce n’est point le capitaiue du Grand-Turc qui est mort du
typhus , c’est un autre capitaine nommé Valéry Bocra.
Il avait eu , en 1820 , la fièvre jaune à Carthugène des
Indes, et était de retour à Barcelone au mois d’avril 1821.
Le typhus am aril, suivant M. R o ch o u x, est très»on<i(g-feHx(i)lorsquecles conditions appropriées favorisent
sa communication , tandis que jamais il ne se joint à la
fièvre jaune l’existence d’un principe contagieux. Cette
fièvre ne reconnaît pas de cause plus puissante que les
influences atmosphériques, et l’auteur dit que les qualités
inhérentes à l’atmosphère de Barcelone ont seules ré
pandu le typhus amaril. Mais il remarque que ce typhus
commence au degré de chaleur où la fièvre jaune finit et
que parmi les causes qui ont dû contribuer à le déve
lopper à Barcelone , il faut compter : i.° la grande
chaleur , 2.0 l’état du port.
L’esprit s’afflige en voyant des médecins également
recommandables soutenir deux propositions diamétrale
ment opposées sur un point qu’il e s t, ce sem ble, trèsfacile d’éclaircir. D ’ une part on veut que le port de Bar
celone soit assez mal saiti pour être considéré comme un
foyer d’infection , tandis que d’un autre côté 011 affirme
le contraire ; on avance que l’eau du port est sans cesse
u
raisceq
ro
n
sal’écpoonqnuued
àeslafqau
eslequM
.tleend
D
.ntàprou
sv’eesrt
rlaé(tn
ri)aoN
cn
téo
,-cosn
drteaepgtu
u
’
i
l
i
t
i
e
iondutyphusam
aril.
Rochoux
�9
( T ° )
renouvellée , claire et limpide ; que les égouts sont con
tinuellement battus par la vague , etc. , etc. On a dit
encore, pour détruire l’idée que Barcelone est insalubre,
on a dit que c’est pour la seconde fois seulement que la
fièvre jaune s’y est déclarée ; qu’elle a dû par conséquent
y être importée , car si elle y avait été produite par
des causes locales , déjà depuis long-temps , et trèssouvent , elle aurait dû y exercer ses ravages. Mais M,
Rochoux qui ne croit pas que la dernière épidémie qui y
a régné soit la fièvre jaune , M. Rochoux qui pense que
le typhus ainaril n’a dû provenir que de l’état d e l’atmos.
pbère et de l’insalubrité de cette ville , avait besoin de
prouver d’une manière convaincante qu’ un grand nombre
d ’épidémies désastreuses sévirent à diverses époques , à
Barcelone ; il a rempli cette tache , et a l'ait entrevoirjjque ce serait aller contre toute probabilité que de
dire qu’elles ont été importées.
Après quelques détails pour démontrer que le typhus
amaril était connu long-temps avant la découverte de
l’A m érique, l’auteur expose des documens irréfragables,
qui viennent à l’appui de sa manière de v o ir , et qui
méritent d’être retracés.
« Dans le i -p siècle , depuis l’année i
jusqu’en
» ï q , dit Capmani , on vit régner à Barcelone six
» pestes. Dans le i .e siècle , depuis l’année r^od jus» qu’en 1497 , on éprouva seize maladies graves , soit
» pestes déclarées ou épidémies plus bénignes. Dans le
» i6 .c siècle, depuis l’année i oi jusqu’en 1098, les
» pestes et épidémies se répétèrent par huit fois. Dans
» le siècle passé, on 11’a mémoire que d’une seule en
» i i , la plus cruelle et dangereuse qui se fût encore
» observée depuis la peste noire de 1348 , elle dura
» plus de huit mois (1).
36
4
333
5
5
65
(1) Memorias sobre la mariua s comercio, etc. Madrid 1791.
tom. 3 , p. 126.
�9
( I 1 )
» Il est certain , c'est M. Roclioiix qui parle , que sur
les trente et une e’pidéinies que Barcelone a éprouvées ,
les vingt-deux premières , antérieures aux établissemens
de l’île de Cuba, ne sont pas venues d elà Havane.
» On lie peut, dira-t-on, assurer la même chose pour
les neuf autres. Mais , quoique ce soit à ceux qui avan
cent une chose à la prouver , je n’attendrai même pas
qu’on ait essayé de le faire. Le hasard m’a mis a même
démontrer que la fameuse épidémie de 1 1 n’était pas
la lièvre jaune. Voici en quoi consiste cette preuve : on
trouve dans le jardin des capucins de Sarria , un monu
ment fort curieux , destiné à conserver la mémoire du
fléau dont cette ville fut atteinte en même-temps que
Barcelone. Il se compose de divers groupes de per
sonnages en terre cuite peinte les plus grands , quart de
nature , les autres beaucoup plus petits. On y voit une
procession qui se fait autour d’une église; au milieu d es1
nombreux assistans , un homme paraît tomber , frappé
de la peste. Tout autour de ce point central, on remàrque des malades, des mourans , des m orts, secourus
et portés par des moines. Tous ont des plaies rouges sur
les côtés ou à la partie postérieure du co ii, sur les bras
ouïes jambes. Deux malades vomissent; un d’eux , qui
est fort ja u n e, rejette en abondance des matières noires;
l’autre applique la main sur sa bouche , pour arrêter
la sortie des matières dont ses joues gonflées montrent
qu’elle est remplie. Il a les paupières rouge-cuivré ; un
moine lui soutient la tête d’une main , et porte de
l’autre un vase contenant un breuvage qu’il paraît l’en
gager à prendre.
H y a encore d’autres personnages en grand nombre ,
dont je supprime la description. J’achève en parlant d’un
petit édifice à deux étages , couvei't d’un drap mortuaire
et chargé d’ossemens. 11 est ouvert par un côté, et per
met de voir là onze religieux morts , qui y sont couchés »
65
�9
C I 2 )
trois au deuxième étage, quatre au premier et quatre
au rez-de-chaussée. Au bas se trouve , en langage eu-»
tala u , l ’inscription dont voici la traduction : « INoms
» des onze religieux qui moururent de la peste en l’année
» i î , portant les secours spirituels et temporels aux
» habitans de Sarria , atteints de celte contagion : ils
» reposent sous ce panthéon. ( P . F. Fructuos Rialp,
» etc.) (i). »
Sans entrer dans une description générale de la fièvre
jau n e, comparativement avec celle du typhus amaril ,
M. Rochoux s’attache , dans la section qui traite de la
symptomatologie comparative de ces deux maladies , à
faire ressortir les différences qui existent entre elles, Il
résulte de ce travail qu’on ne peut méconnaître des
disparités entre plusieurs symptômes ; mais ces disparités
suffisent-elles pour faire admettre la non-identité du typhus
amaril et de la fièvre jaune ?
INous ne parlerons point de l'examen anatomique des
cadavres dans ces deux maladies et du traitement de
l’une et de l’autre. Outre que ce que nous aurions à dire
à ce sujet nous entraînerait loin , nous rappellerons ce
que nous avons avancé au début de cette analyse, que
des détails communiqués verbalement par M. Rochoux ,
sur la maladie de Barcelone, doivent être publiés dans
notre recueil.
L ’auteur a eu pour but de prouver que le typhus
amaril de 1821 a pris naissance en Espague, et s’il a sou
tenu , dans sa dissertation, que cette maladie était con
tagieuse , il s’est bientôt rétracté dans une lettre datée
65
(1) Noms ciels onze religiosos que moriren de la pesta, en lo
anij 1652, assistin in lo spiritual y temporal al poble de Sarria
essent affligit de tal contagi; y son enterrais bain est panthéon.
P. F. Fructuos Rialo , etc»
�9
( * 3 )
de Sarria, le 6 février dernier et adressée à M. le docteur
Bourgeois ; lettre que M. Keratry a fait imprimer à la
suite de son discours , prononcé à la Chambre des
Députés, dans la discussion du projet de loi sanitaire.
P.-M. Roux.
R a ppo r t présente, à son E xe. le Ministre secrétciired'Etat au département de l’Intérieur par la Commis
sion médicale envoyée à Barcelone.
P remière
P artie.
I l est peu de rapports, il n’en est point , peut-être,
auxquels on ait donné plus de publicité qu’à celui pré
senté au Ministre de l’intérieur , par MM. les docteurs
B a lly , François et Pariset. Il est vrai de dire qu’il mé
rite bien d’être connu , ayant pour but de décrire , avec
exactitude , une maladie qui a tant fait de bruit , et
d'aussi grands ravages. Il nous convient donc , bien
que nous ayons (i) publié des notions qui sont assez
conformes à celles que comprend ce rapport, il convient,
disons-nous, d’en donner une rapide analyse , et nous y
joindrions des raisons qui militent contre la contagion de
la fièvre jaune , nous voudrions, tout en admirant l’ho-*
norable conduite des membres de la commission , relever
quelques-unes de leurs propositions , s’il ne nous fallait,
en quelque sorte , garder le silence sur ce point; non
qu’un respect aveugle pour des médecins généralement
estimés et si dignes de l ’être , arrête notre plume , car
nous ne voyons que l’intérêt de la science , mais depuis
(i) Voyez la page 43 du i .er N.° , tom.
T . UL
3 .'
*4
�(1 9 4 )
que nous avons soutenu la non-contagion du typhus ictérode , on a pu s’imaginer , et quelques-uns ont pensé,
en effet, que nous nous attacherions sans cesse à com
battre l’opinion opposée. D elà , l’idée que notre journal
devait porter l’empreinte de la partialité. On se trompe
assurément; il suffit de lire avec attention les articles in
sérés dans nos livraisons précédentes, pour se convaincre
que notre intention est de fournir des documens pour
servir à l’histoire de la fièvre jaune et qu’il nous faut
donc rendre compte du grand nombre d’écrits difféiens
que l’on compose sur cette maladie.
En nous bornant à une courte analyse , dégagée de
toute réflexion , nos lecteurs n’auront point à nous
reprocher d’avoir nous - mêmes critiqué le travail
des illustres médecins français envoyés à Barcelone.
Mais ils nous permettront d’être l’écho de ceux qui
ont déjà rempli cette tache ; ils nous permettront de
pencherto ujours du côté le plus vraisemblable ; car s’il
n’y a rien de plus beau et rie plus utile que la vérité ,
on ne peut rien dédaigner de ce qui tend à la découvrir.
Cette première partie du rapport est divisée en neuf
sections où l’on expose successivement la marche de la
commission, l ’histoire, la nature, l’origine de la maladie
de Barcelone , les preuves que cette maladie n’a pas
été produite par l’infection, mais qu’elle a été importée,
enfin celles qui sont en faveur de la contagion de la fièvre
jaune.
On lit dans la première section les motifs que l’on, sait
avoir engagé M. Rochoux à ne plus faire partie de la
commission et à se retirer à Gracia. On y apprend
aussi i,° que M. M a :et, après avoir vu deux malades
seulement, fut lui-même attaqué et succomba neuf jours
après l’invasion de sa maladie. 2.u Que M. Audouard,
envoyé par Son Exc. le Ministre de la guerre , arriva le
a octobre à Barcelone , le lendemain de la mort de M.
3
�95
( *
)
Mnzet et qu’il travailla , isolé de la commission , de sorte
que celle-ci se trouva réduite aux. trois membres, auteurs
du présent rapport. .° Que MM. Balljr et Pciriset fu
rent atteints de la maladie , ainsi que iVJ. Jouarii , jeune
élève des hôpitaux, dont on fait beaucoup d’éloges.
0 Que le départ de la commission lut résolu pour le
20 novembre; qu’elle rentra en France le 8 décembre
et fut établie , pendant trente jours , dans le lazaret de
Bellegarde.
C’est en étudiant avec beaucoup de soins les symptômes et la marche de la maladie, que la commission est
parvenue à la reconnaître. Quant à la nature et à l'origine
de cette maladie, on regarderait, ce nous semble , comme
une superfluité , l'exposé que nous pourrions en faire, vu
qu’il a été dé jà tracé clans notre recueil (V o j. la p
citée).
11 est à remarquer que la fièvre jaune n’a point été
produite à Barcelone , par l’infection , suivant les mem
bres de la commission médicale , qui ont été portés à
adopter cette opinion, parce que cette ville est consi
dérée depuis plus d’ un siècle , comme l’uue des plus
saines de l'Iiurope ; parce que les maladies habituelles
y sont en petit nombre , surtout pendant l’été , et que
dans l’automne ou n’y voit que quelques fièvres inter
mittentes , de sorte que la cause du fléau est étrangère
au sol, et cela étant, on ne peut révoquer en doute son
importation. D’ailleurs , plusieurs faits authentiques sont
mis en avant pour démontrer cette importation. Ce pas
ayant été fait, c’est à-dire, une fois le grand problème
résolu, on pouvait sans crainte admettre, que la fièvre
jaune était contagieuse , et cette manière de voir parais
sait d’autant plus raisonnable qu’elle était sanctionnée
par l’observation de tous les jours, déboutés les heu res,
de chaque instant. Le fait suivant en est une preuve
sensible , à moins qu’on ne le regarde comme suscep
tible cl’une certaine interprétation. « On voulut faire
3
4
43
�9
( r 6 )
transporter le père P ra tz, non au lazaret, mais dans
tine charmante maison de bains , située sur le bord de la
mer. À cet effet, l’autorité se présenta le 16 août, avec une
fescorte de cavalerie. A l'instant toute la population de lîarcelonette fut soulevée. Elle arracha Pratz des mains de
ceux qui s’en étaient emparés; et dans le transport qui
les aveuglait , des hommes, des femmes le prenaient à
l’envi dans leurs bras , le couvraient de baisers , se bai
gnaient de sa sueur , e t , de ses draps encore chauds ,
humides et souillés de vomissemens noirs, se frottaient
le visage , la poitrine et les membres : tant était vive la
persuasion où on les avait m is, que la maladie n’était point
la lièvre jaune , ou que cette lièvre n’était point conta
gieuse. Ces hommes , ces femmes, auteurs du tumulte,
reçurent bientôt le prix de leur imprudence et de leur
indocilité. Ils suivirent P ra tz, qui expira le même jour,
sans que tant de morts si promptes pussent dessiller leurs
yeux. »
Beaucoup d’autres faits, exposés clairement et avec
méthode, font voir que la fièvre jaune , puisée originel
lement dans les vaisseaux et de-là transportée dans la ville,
s’est propagée rapidement, en se transmettant de sujet
S sujet , de famille à famille , de maison à m aison, de
rue en rue , etc.
Le tableau de la mortalité , pendant le cours de l’épi
démie est effrayant. Dans un seul jour le nombre des
morts.s’est élevé de
à 400 v et il paraît , d’après des
calculs probables, que sur 70,000 personnes, restées dans
Barcelone ( car plus de 80,000 abandonnèrent cette cité
malheureuse , lorsque le fléau commença d’y exercer de
terribles ravages) , 20 à 25,000 ont été malades et 18,000
ont péri.
En résumé, il est incontestable , suivant l’opinion de
MM. les rapporteurs , que la maladie de Barcelone est la
fièvre jaune ; qu’elle y a été apportée ; qu’elle a un germé,
3
�*97
C
)
uu principe, un ferm ent, qui est l’agent, qui est Tins*
trament de sa transmission. Mais cet agent dont on ignore
et dont il serait si important de.connaître la nature ,-,où,
réside-t-il? MM. les membres de: la, commission oseyj;
se promettre de prouver qu’il réside-, i,.° dajjs.Jes^qpimes; i .° dans.les gjfçts usuels.; r;° dans l,çs n u u 'clp in ^ e^
4-0 dans l'air qui environne >tous ;çe^ylq’ets à uqe assea
faible distance. Puissent-ils-, davis :la, seconde-pUjTjie
leur rapport , parvenir à -détruire entièrement l'opinion
si accréditée que cet agent, cet être invisible, pst.pure-,
ment illusoire et que l’épidémie n’a été produite à liai;-,
celone, alimentée, m ultipliée, répandue .que par çlea
causes locales, et des circonstances atmosphériques!
3
P.-M. ilo.ux.
L e t t r e sur l'origine de la fièvre jaune en Espagne ,
les difficultés de. son passage en France , et te cordon
sanitaire établi dans les Pyrénées ; à l’occasion du
rapport, présenté, il Sim E x c , le Ministre'Secrétaire^
déÉtat au département de VIntérieur, par la commis-1
sion médicale envoyée, à Barcelone, adressée à MM.
Bally , François et P ariset, ' tnenibres de cette com
mission , par un médecin de la vallée d’Qssau.
Messieurs et très-honorés confrères ,
Vous connaissez le vieux médecin des Pyrénées , dont
parle Bordai dans ses Recherches sur l’Histoire' de la.
médecine. Je n’ai de commun avec lui que ma naissance
dans les montagnes , ma résidence dans la vallée il’Ossau,
mon amour pour mon pays, et aussi-mon goût pour
la critique ; la mienne ne sera ni piquante ni originale.,
d’ailleurs elle n’altère en rien, les seutiinens d’admiration
et de reconnaissance dont mes compatriotes et moi
sommes pénétrés pour votre généreux dévouement.
�( rf)S )
Nous aurions même désiré que le gouvernement eût
proposé et que les députés des départemens eussent voté
nue récompense riationale , plus digne de vos travaux ,
As vhs dangers et de l’importance de votre mission.
- Mais vous avez, fait le bien sans vous enquérir des
suites j ’ Votre rapport , parvenu jusques dans ma soli
tude1', intéresse et attache;' il fait admirer et aimer votre
zéle.’1Llés'faits dont il ëst' plëin , exposés avec o rd re,
racontés aVec fidélité', sont lus avec d’autant plus de
plaisir, qu’on attend avec impatience le développement
et les preuves des propositions par lesquelles il est ter
miné ; ou attend de vos talens et de vos travaux plns ,
peut-être, que vous n’avez promis, tant on espère trouver
dans la seconde partie de votre rapport des vues nouvelles,
et qui toutes aient pour but d’éclairer la pratique des
médecins , de diriger les mesures préventives du gouver
nement; enfin de rassurer notre patrie.
Vos lettres , écrites de Barcelone , lues avec l ’intérêt
qu’inspirent des Français placés sur la brèche , et com
battant un ennemi nouveau , nous ont disposés à recevoir
vos craintes comme vos espérances , à nous associer à
toutes vos pensées, à consacrer, pour ainsi d ire, toutes
vos paroles comme des oracles dictés par la sagesse.
Pardonnez pourtant si je me crois obligé d’interrom pre
un moment le concert harmonieux des louanges qui en
tourent encore votre noble et périlleuse mission ; pardon
nez si je me crois obligé d’appeler à la froide raison de
quelques assertions exprimées d’un ton trop prophétique,
et avec une assurance que comporte rarement la nature
de nos opinions ; il a fallu appeler des discours tenus
dans les salons aux méditations sérieuses du cabinet; il
a fallu relire l’avertissement placé en tête de votre rap
port , parce qu’un ouvrage de cette nature , et surtout
un ouvrage sorti de vos plumes , mérite le plus sévère
examen , et l’attention la plus scrupuleuse.
�T99
C
)
Tout le monde lit un avertissement de deux pages ;
tout le monde n’a pas le courage de lire en entier un
rapport fait par une commission mddicale ; cependant
votre avertissement porte la terreur , et surprend d’au
tant plus qu'il est en opposition formelle avec votre
rapport. On le dirait furtivement introduit par une
main ennemie , tant sont sensibles le danger et la con
tradiction de cet avertissement, comparé avec le rapport.
Qu’il me soit permis de vous soumettre quelques ré
flexions.
L e public , dites-vous dans l’avertissement, sentira
lui-même ce qu’on doit craindre d ’un fléau ( la fièvre
jaune) qui s'est rendu maître d'une partie de la mal
heureuse Espagne , qui n’en sortira plus ; qui depuis
vingt ans a envahi deux cents lieues vers le nord ; qui
menace d ’embraser les pays voisins et a déjà jeté des
étincelles en France et en Italie.
Du haut du lazaret de Ilellegarde, assigné pour votre
quarantaine , vous avez , Messieurs, promené sans doute
vos regards sur les montagnes des Pyrénées ; à la vue
de ce spectacle imposant , vos imaginations ont-elles
pu réaliser le rêve d’ une politique ambitieuse , et vous
persuader qu’il n'y avait plus de Pyrénées ? Ce rêve
aurait-il pu soustraire à vos yeux tout ce que la nature
a ménagé de mesures en élevant une barrière qui
toujours nous préservera des maladies morales et phy
siques dont l ’Espagne peut conserver le foyer ? Egarés
par ceLte illusion , vous n’avez pas craint d’é c r ir e ,
d'affirmer que la fièvre jaune a depuis vingt ans envahi
deux cents lieues vers le nord et menace d'embraser
les pays voisins. Je vous en demande pardon , Mes
sieurs , mais vous nous donnez une métaphore pour
une vérité démontrée. Sans doute , depuis vingt ans , la
fièvre jaune a débarqué sur plusieurs points de la côte
d’Espagne ; on l’a vue occuper à diverses époques Ma-
�laga , C adix', Xérès , Alicante , et toutefois dans aucune
de ces circonstances on ne l’a vue porter scs ravages
loin des ports de mer où elle avait débarqué ; elle n’est
pas arrivée à Barcelone venant de Malaga , de Cadix
ou d’uuties lieux précédemment infectes. Ce n’est pas
de ce foyer non éteint, qu’elle était partie pour envahir
l’Andalousie , les royaumes de Grenade et de Murcie ,
la Castille et les deux cents lieues de terrain qui séparent
Cadix de Barcelone ; elle n’avait pas pris la direction
du midi an nord, et 11e s’était pas élancée des murs de
Gibraltar aux pieds des Pyrénées. A in si, l’espace inter
médiaire 11’était pas occupé; les villes et les campagnes
dont se composent tant de provinces et de royaumes
n’avaient pas subi le désastreux envahissement qui, grâces
au c ie l, n a pris de l’étendue que dans votre avertissement.
L e Jf l e a u , nous dites vous encore , qui s’est rendu
maître d’une partie de la malheureuse Espagne , n’en
sortira plus.
D ’où peut naître , Messieurs , une si fatale confiance?
sur quels faits repose une assertion pjn eilJe ? E lle n'en
sortira plus. Cependant, introduite, à plusieurs reprises,
elle-en est sortie-tout..aussi souvent ( je me sers de vos
expressions.)- -Si la maladie n’est pas sortie,,du moins elle
n’a pas reparu sans une cause nouvelle de reproduction.
Plie est sortie dans ce sens quelle a cesse d’exister sur
les lieux, théâtre de ses lavages; le germ e, le principe,
le ferment , comme i! vous plaira de l ’appeler, le prin
cipe invisible dont la nature vous est inconnue était
donc soiti de Malaga , de Cadix , d’Alicante : au moins
il n’avait pas marché sur Barcelone , envahissant deux
cents lieues au nord ; le foyer notait pas resté dans,
la P énin su le, puisque, d’après votre rapport et les
expressions de la page 18 , la cause iie saurait être in
térieure ou indigène , qu'elle ne sc form e point spon
tanément en Espagne , qu'elle est étrangère au sol ,
�( 201 )
extérieure, exotique , et par conséquent importée.
Vainement diriez-vous que la lièvre de Barcelone n’a
pas été celle de l’Amérique ou de Cadix ; il n’en serait
pas moins vrai que le mode d’introduction et de propa
gation a été le même ; que partout l’importation a été
manifeste. % ous l’avez prouvée vous-mêmus cette impor
tation , vous l’avez démontrée , et ces preuves , ces dé
monstrations , acquises au prix de vos vies et de vos
santés , nous faisaient croire à la possibilité de se dé
fendre d’ une importation nouvelle. On avait couru de
grands dangers, à chaque apparition de la fièvre jaune,
mais enfin la maladie terminée , considérée comme sortie,
on renaissait à l’espérance ; les communications étaient
rouvertes , les relations reprises et renouées : pourquoi
le til heureux de tant de relations est-il rompu pour
toujours ? vous l’avez prononcé ce terrible arrêt : Ella
n’en sortira plus ; et cependant , pourquoi plus sûre
ment après la fièvre de Barcelone qu’après celle de Mplaga , Xérès , et autres lieux
Que dirai-je de la menace d'embraser les pays voisins,
et des étincelles jetées en France et en Italie l je cher
che vainement dans ce langage l’austère sévérité d'une
science, appelée à balancer,eu quelque façon, les destinées
des natious , et à juger la gravité des circonstances qui
peuvent compromettre leur sûreté , leurs relations , et
leurs intérêts les plus chers. Je trouve au contraire
contradiction manifeste dans les termes du rapport et
ceux de l ’avertissement : l’ un déclare positif un envahis
sement de deux cents lieues , établit la naturalisation
désormais inévitable du fléau envahisseur, et met eu
état de suspicion les pays voisins ; l’autre affirme qu'un
courant, d ’air isole, généralement les malades dans la
[livre jaune , et que dans cette fièvre tout isolement est
préservatif. Ailleurs il est dit que les villagesdes environs
de Barcelone , ont eu peu de malades , que dans ces
�( 202 )
villages , la- fièvre jaune s’éteignait sans se communiquer,
que partout il a suffi que des courans d ’air s’établissent
pour enlever toute mauvaise odeur et disperser les éma
nations maladives, qu’on conçoit à plus forte raison
qu’un effet analogue ait lieu dans des villages situés dans
la pleine, liberté des champs, ouvert, de toute part , sans
cesse traversés par de grands courans atmosphériques.
Certes si , comme il est prouvé ailleurs , l’air n’agit
qu’à une faible distance , si les courans d’air dispersent
les émanations maladives ; si tout isolement est pré
servatif, comment admettre la probabilité d’ uu grand
envahissement !’ comment justifier la menace d’embraser
les pays voisins et de jeter des étincelles en France et
en Italie ? I c i, Messieurs , quel vaste champ ouvert aux
conjectures , et surtout à celles que la terreur enfante et
propage. Le nord envahi se présente à vos imaginations
effrayées ; vous diriez l’armée d'Annibal franchissant
les P yrénées, jetant des reconnaissances en avant, et
bientôt abordant la riante Italie. Heureusement la fièvre
jaune ne marche pas à l’instar des armées victorieuses ;
elle ne marche pas à la conquête des pays voisins. La
liberté des cham ps, les courans cl’air atmosphérique,
voilà ses ennemis et les obstacles aux pieds desquels elle
échoue, puisque , même à une faible distance , l’air n’au
rait plus la faculté de propager les émanations maladives.
Ainsi les Pyrénées, réservoir inépuisable d'air pur et
désinfectant , neutraliseront tout miasme contagieux.
Avec ce puissant antidote, le gouvernement le plus sage
pourrait se passer d’établir un cordon sanitaire aux
pieds des montagnes. Non que je sois disposé à combattre
les mesures préventives qu’on a jugées nécessaires ; la
politique a ses lois que je respecte, mais la médecine
a aussi ses règles , et l’observation, son domaine. Or,
l’expérience a limité les distances dans lesquelles un air
chargé de miasmes maladifs peut transmettre la conta-
�( 203 )
/
gion ; ainsi la vérité ne peut en aucun cas avouer un
envahissement progressif de deux cents lieues , moins
encore des menaces'et des étincelles traversant les monta
gnes et les plaines pour embraser les pays ultramontains.
Si donc il était réservé à notre belle France d’être
victime de la fièvre jaune , ce ne serait sans doute pas
par les Pyrénées que son invasion pourrait s’opérer ;
on conçoit la possibilité de cette invasion par les ports
de l’Océan ou de la Méditerranée, puisque l’importation
est de rigueur d’après ce que vous avez exposé dans votre
rapport (i). Toutefois il serait indifférent que l’intro
duction eût lieu par Bayonne ou par le Hiivre , par
Colioure ou par Toulon. Ce qu’il importe d’établir dans
ce moment, c’est la difficulté d'un envahissement par
terre, à moins qu’une absence complète de police sup
pose en même-temps un concours de circonstances pro
pres à échelonner, en quelque façon , les foyers de la
contagion. Sans ce concours , que vous ne pouvez ni
ne devez présumer , l’air et l’isolement fournissent un
antidote incontestable. Vis-à-vis de nous surtout, la nature
a élevé , entre la fièvre jaune et la France méridionale,
une barrière bien autrement puissante que les cordons
sanitaires ; avec ceux-ci la surveillance la plus active
pourra se trouver en défaut s’il est question des in
térêts du commerce , du fisc, ou de la politique ; mais
quand il s'agira de fièvre jaune , toute surveillance trou
vera un auxiliaire puissant, une garantie irrécusable dans
l’air pur et désinfectant dont la Providence a doté nos
montagnes.
Ainsi , Messieurs , nous restons sans inquiétude ,
(i) Je parle d’après les termes du rapport, car je n’entends
émettre ici aucune opinion personnelle sur la grande question
qui divise les médecins sur l’existence ou non existence de la
contagion dans la fièvre jaune.
�.4
( ao )
môme après votre accablante prophétie. IJ-envahisseiiii-ul des deux cents lieues , les menaces d'embrasement,
les étincelles pourraient nous faire sourire , s il ne s'agis
sait pas d'intérêts aussi graves. Mais l’avertissement, mis
eu tête de votre rapp ort, est devenu pièce olïicielle ; e t,
à ce titre , chacun a cru lui devoir pleine et entière
confiance. La terreur a glacé tous les esprits. Venue d’a
bord de LSellegarde à Paris , elle est revenue de Paris
aux Pyrénées ; non que vos prophéties nous fassent
crainére la fièvre jaune , mais parce que les conséquences
de cette prophétie sont la cessation de notre commerce,
l ’interruption des communications avec l’Espagne , et le
dessèchement de la source réelle de nos prospérités ,
celle de nos eaux .minérales.
Nos montagnes , visitées avçc tant d'empressement par
çe que l’Europe a de plus brillant /resteront délaissées.
INos riantes vallées , nos sublimes cascades, nos paysages
enchanteurs seront dépossédés du charme inexprimable,
attaché à la vue de tant d’objets séduisans. Nos sources
thermales , riches de tant de prbpriétés médicales , si
fécondes eu cures merveilleuses , laisseront vos malades
soumis aux, lenteurs désespérantes des maladies chro
niques , cL ii i'rnn.ui.de vos préparations pharmaceutiques.
Combien avaient déjà reçu t'influence heureuse d’un
premier voyage , et attendent avec impatience l'époque
désirée d’une autre saison. Cependant , les directions
données par des médecins h abiles, seront changées,
et la p eu r, le plus aveugle, des conseillers, prononcera,
dictera les substitutions. En attendant , combien de ma
lades , au sein même de votre capitale , détournés de la
route où le choix le plus éclairé les aurait guidés! com
bien ne pourront trouver ailleurs , ni remplacer par
fin antre inoÿetï Hàrrège , Cauteret , " Saint-Sauveur ,
lionnes , Ragnèrès-de-Luchon, etc. , etc. Faut-il donc
que la peur , maladie bien autrement contagieuse que la
�5
( ?.o
)
fièvre jaune , soit propagée avec tant de rapidité? Fautil qu’une phrase de votre avertissement , démentie par
toutes les expressions de votre rapport , arrête tous les
projets, suspende toutes les déterminations , et provoque
les rcmplacemens les moins judicieux?
Cependant, si quelques minutes de réflexion pou
vaient suivre la lecture de votre avertissement ; si l’on
se donnait la peine de comparer cet avertissement
avec votre rapport , on verrait s’évanouir tous les fan
tômes enfantés par la prévention. Je sais combien l’ima
gination des malades est susceptible de céder aux pre
mières impressions , combien le raisonnement le plus
solide détruit avec peine l’influence de cette première
impression ; aussi n’ai-je pas l’espérance de balancer cette
funeste influence. La seconde partie de votre rapp ort,
cette partie plus spécialement m édicale, produira cer
tainement ce que ma lettre ne pourrait opérer; vous
êtes trop justes pour ne pas rétracter ou modifier
une phrasé échappée à l’inquiétude de l’avenir , pro
duite par un tableau déchirant, phrase dont je suis
d’ailleurs bien loin dé condamner l’ intention : ainsi la
vérité , je n’en doute pas , vous inspirera la générosité
de déclarer , qu’en elfet la fièvre jaune s’est rendue
maîtresse de quelques villes du sud et «le l’orient de
l’Espagne, telles que C a d ix , Xérès , Malaga et autres
ports de mer ou points rapprochés des côtes maritimes ;
qu’à toutes les époques où cette funeste maladie s’est
déclarée dans la Péninsule , la contagion n’a pu atteindre
ceux qui s’étaient éloignés du foyer , soit en vivant
dans l’isolement, soit en respirant librement l’air sa
lutaire des champs et des campagnes ; qu’il n’est pas
exact de dire que deux cents lieues de terrain ont été
envahies vers le nord , parce que cette manière de
s’exprimer supposerait l’envahissement de toutes les
terres, villes et villages situés entre le lieu du premier'
�( 206 )
debarquement et Barcelone , tandis que l’importation a
eu lieu fortuitement , et a été opérée à Barcelone comme
elle aurait pu s’opérer à Gibraltar , si le même vaisseau
ou les mêmes circonstances se fussent retrouvées dans
ce port , ou sur tout autre point méridional. Que la
funeste prophétie exprimée par ces mots qui n’eu
sortira plus , est trop désespérante pour que vous l’ayez
crue sérieusement inspirée , ou fondée sur d’habiles
combinaisons et de savans calculs. Q u’ainsi vous la re
tracterez ; car , prophétie pour prophétie, je pourrais
également affirmer : L,aJièvre jaune ne reparaîtra plus
en Espagne.
La fièvre jaune eu effet ne reparaîtrait plus en Espagne,
ou irait s’éteindre dans les lazarets , si le gouvernement
de ce pays , plus occupé de la santé des citoyens que
des querelles qui les divisent , savait prendre les pré
cautions , dont un sage et sévère emploi préserva la
ville de Marseille dans le cours de l’été dernier. Cet
exemple tout récent prouve que si des étincelles ont pu
être jetées en F ra n ce, ces mêmes étincelles nous ont
donné la mesure de ce qu’on pouvait attendre en France
sous l’empire d’autres lois et d’autres habitudes. En
France les lois sont protectrices , et les règlemens de
police sanitaire rigoureusement observés. A l’aide de
ces m oyens, on peut se livrer avec confiance à toutes
les occupations , s’abandonner à tous les projets qui
naissent des besoins de la société.
Si des mesures préventives et une sévère surveillance
sont particulièrement nécessaires , c’est sur la côte des
mers qui nous baignent et les nombreux ports où l’im
portation de la fièvre jaune pourrait s’effectuer. Sa
m arche, dans aucun cas , ne s’étendrait jusqu’à nos
montagnes, puisqu’à leurs pieds le foyer serait dans
la nécessité de se consumer et de s’éteindre. A insi, dans
notre position topographique, tout xepousse la crainte
�207
(
)
et l’inquiétude : un liom m e, atteint d elà fièvre jaune,
pût-il, contre toute probabilité, arriver jusqu'à la
moitié de l’épaisseur et de la hauteur de nos montagnes,
ne serait-il pas purifié , désinfecté même avant d’avoir
touché aucune habitation française , même avant d’avoir
vicié un atome de l’air que nous respirons. Abrités et
défendus que nous sommes contre toute émanation con
tagieuse , nous pourrions , dira-t-on , être enveloppés
dans un cordon sanitaire , et contraints dans notre
liberté d’aller et de venir à volonté. Q u’on se confie
toutefois à la sagesse de nos administrateurs ; toutes
les précautions inutiles seront écartées , toutes les dif
ficultés seront levées. On ne donnera même de pas
sage au commerce de l’Espagne que le plus loin
possible des établissemeus thermaux. Du reste , au
sein de nos montagnes , si salubres , si pures de toute
crainte , la liberté la plus illimitée sera laissée à tout
voyageur ou malade; nos préfets protégeront leur ar
rivée , leur séjour, et leur départ ; ils veilleront au
bien-être comme à la sécurité de tous. Ainsi la frayeur
avec toutes ses conséquences expirera aux pieds des
montagnes espagnoles , comme y expireront les maux
de tout genre dont la Péninsule est affligée.
Cette lettre déjà bien longue , me semble justifier le
titre que j ’ai choisi. Elle prouve , i.° que , par les
termes mêmes de votre rapport , la fièvre jaune n’est
pas indigène en Espagne , et 11e s’y est jamais déve
loppée qu’en vertu de l’importation. 2.0 Que la maladie ,
a son foyer ailleurs que dans la péninsule , et ne pourra
s’y reproduire qu’en vertu d’une importation nouvelle.
.° Que les ravages dont l’Espagne a gémi ne peuvent
pas pénétrer en France par le passage des Pyrénées ,
puisque l’antidote, la source désinfectante , le Véritable
neutralisant , résident dans les montagnes , à travers
lesquelles toute contagion doit cesser faute d’instrument
de transmission j
3
�4
° Q u’on pourrait rigoureusement se passer de cordon
sanitaire depuis Perpignan jusqu’à Bajonne , puisque
La chaîne des montagnes forme une barrière non inter
rompue , et plus que partout ailleurs , inaccessible à
la fièvre jaune.
En signant cette lettre , (i) mon nom peu connu
n'ajouterait rien à la justice de ma cause, ni à la force
de mes raisons. Je n’en reste pus moins pénétré d’admi
ration pour vos périlleux services, et d’estime pour vos
talens.
***
De la Valide d ’ Ossau, le i
5 mars
1822.
(1) Nous avons hérité à insérer cette lettre dans notre recueil,
ayant annonce que nous nous étions fait une loi de ne point
publier les écrits dont les auteurs seraient inconnus. Mais comme
c’est spécialement de certains manuscrits, nullement susceptibles,
sous différens rapports, de figurer dans un journal de médecine,
que nous avons voulu parler, la lettre du Médecin de la Vallée
d’Ossau , qui, d’ailleurs, a été imprimée séparément (à Paris,
chez Encrai , rue du Cadran , n.° 16 ) nous a paru devoir faire
exception à la règle , vu qu’elle est écrite de sang-froid et qu’elle
renferme des motifs qui méritent d’être connus. Au reste, il est à
considérer que la modestie est l’unique raison quia engagé l’auteur
à ne point signaler sa signature , au lieu d’avoir été retenu par
cette pusillanimité , qui caractérise ordinairement les anonymes,
e t qui les rend si indignes d'être écoutés.
Noie du Rèda. cteur-général.
�( aog )
L e t t r e sur la fièvre jaune , adressée au Rédacteurgénéral de /'Observateur des sciences médicales.
Marseille, le i .er
M onsieur,
avril
182.1.
P ermettez - moi de me servir de la voie de votre jour
nal , pour rendre publique la conduite des autorités des
villes des États-Unis, lorsque la maladie appelée lièvre
jaune s’y déclare. Ces détails pourraient paraître insignilians à toute autre époque que celle-ci, où une grande
partie de nos compatriotes redoute la présence du fléau
terrible qui a fait verser tant de larmes aux babitans de
llarcelone. Les médecins qui ajoutent foi à l’importation
et à la contagion de cette maladie , nous assurent bien,
il est vrai , que l’établissement commencé à lia tonneau
mettra Marseille à l’abri de ce fléau , mais comme ils
ne constituent point la majorité , puisque ceux qu,i
exercent l’art de guérir dans le Nouveau-Monde , ont une
opinion contraire à la leur , ils me permettront de penser
(et je voudrais penser faux ) que, si le génie épidémique
q u i, l’année dernière, s’est montré dans la capitale de
la Catalogne, et qui s’est fait ressentir légèrement à
M arseille, si , dis-je , ce génie épidémique vient planer
sur notre cité , et nous infecter de son souffle , nul
doute que nous ne voyons chez nous une maladie popu
laire dont les conséquences pourront être terribles, si
l’on ne prend des mesures convenables pour l’arrêter.
C ’est donc dans la seule intention de pouvoir être utile
à mes compatriotes, que je vous prie de vouloir bien
insérer ce qui suit :
Lorsque la lièvre jaune se déclare dans un des quar
tiers de Philadelphie, New-Yorck et autres villes des
États-Unis , l’autorité fait sortir, de suite, toutes les per
sonnes qui l’habitent , malades ou bien portantes ; les
premiers sont transportés , sans distinction, dans un
T . III.
i5
�( 210 )
établissement situé hors la ville , où les gens riches
trouvent toutes les commodités nécessaires; les seconds
se retirent cliez des païens ou des amis, vont enfin sa
loger où bon leur semble; on barricade les avenues du
dit quartier avec des planches , de manière à empêcher
le passage, et on y place un drapeau jaune. Pareille
chose se fait ans autres quartiers qui présentent la
même maladie et par ce moyen la majeure partie des
liabitans en est à l’a b ri, quoique les communications avec
ceux, que l’on transporte hors la v ille , ne soient point
interrompues. Une fois que la saison dans laquelle la
fièvre jaune a coutume de se montrer est passée , les
barrières sont enlevées , chacun x'evoit ses pénates
sans aucun danger.
En 18 18 , la ville de Savannah , dans la Géorgie des
Étals - Unis , fut tellement dévastée par cette même
maladie , que l’autorité prit des mesures encore plus
rigoureuses pour la faire cesser ; lesquelles fui’ent suivies
d’un bon effet.
Ce pays abonde en riz ; aussi chaque année , lorsque
cette plante cesse d’être couverte d’eau , et que l’évapo
ration est en pleine activité , la fièvre jaune se mani
feste. En 18 18 , cette maladie fut si forte et la morta
lité si considérable , que le maire fut obligé , dans la
vue d’épargner les liabitans qui restaient en core, de
leur enjoindre de sortir de la ville dans les 24 heures ;
ils évacuèrent en effet Savannah , les uns déjà malades,
les autres en pleine santé , et se rendirent dans les
environs , sans qu’aucun symptôme de fièvre jaune se
manifestât où ils furent se retirer.
Les pensées que suggèrent ces faits sont si lumineuses,
que je me crois dispensé de me livrer à aucune réflexion;
je dirai seulement qu’on y v o it , ce me semble, beaucoup
plus clair dans le Nouveau-Monde que dans l’Ancien.
J ’ai l ’honneur d’être , e tc .,
A. F lo r y , D . M. M,
�( 2H )
<% yw w w u u w n
v n m w u m w a u u u x itw u m u v u v M
JOURNAL
( N .°
DE
de
iu v u v a
%w >
PHARMACIE.
M ars
1822. )
E x t r a it de quelques observations sur les préparations
■d ’iod e, (1) les 'me'dicamens composés avec ce corps et
les hydriodates , et sur les iodures , lues à' la section
de pharmacie de t Académie royale, de médecine ; par
M . H e n r y , ch ef de la pharmacie centrale des hôpitaux
et hospices civils de Paris.
Nous sommes redevabas à M, Magendie d’ un excel
lent guide pour la préparation de beaucoup de ruédicfimens nouveaux ; mais cet estimable savant n’ayant in
diqué que les doses que son zèle infatigable lui a fait re
connaître comme les plus convenables , c’est donc aux
pharmaciens à publier les observations qu’ils ont re
cueillies dans leur laboratoire par la confection de ces
médicamens.
- Ces motifs seuls m'ont déterminé à communiquer à la
section de pharmacie de l’Académie royale de médecine,
celles que nous avons eu occasion de faire dans le labo
ratoire de la pharmacie centrale, depuis que MM. les
(r) L’ensemble de cet article nous paraissant pre'cieux sous
le rapport médical et pharmaceutique, nous, avons cru devoir
l'offrir en entier à nos lecteurs, comme le tableau des médicâmens provenant de. t'Iocle ou de ses composés que l’on
reconnaîtra aux propriétés physiques annoncées par fauteur
de ces observations.
P.
�( 212 )
médecins des hôpitaux emploient, dans le traitement de
quelques maladies, des médicamens préparés avec l’iode
ou avec ses composés.
J ’ai pense' qu’il serait utile cî’indiquer les caractères
de ces remèdes , les réactifs propres à les faire re
connaître , surtout lorsque nous savons que ces médicamens , préparés dans quatre ou cinq pharmacies, ne pré
sentent pas toujours les mêmes propriétés physiques ,
et que le public, témoin de ces différences , serait porté
à . croire qu’il y a erreur ou ignorance de la part du
pharmacien.
Hydriodale de potasse.
Ce sel , préparé suivant le procédé de M. G ayLussac (Annales de chimie X C , pag
) ( t) , contient
toujours une certaine quantité d’iodate ; il faut donc le
calciner au rouge , quand on veut le convertir eu iodure,
cap si on le dessèche seulement , on remarque une
portion d’iodate non décomposé qui reste avec l’hydriodate.
Si l’on traite ces deux sels par l’alcohol à ° degrés;
on obtient l’hydriodate très-pur , l’ iodate n’étant pas
soluble dans ce menstrué.
L ’hydriodate , comme tous les auteurs l’indiquent ,
est blanc , cristallisé eu cubes , d’ une saveur fraîch e,
puis âcre ; il se dissout entièrement dans l’eau et dans
l’alcohol ; le solulum est incolore ; il précipite le protonitrate de mercure en jaunç verdâtre, et le deutonitrate en rouge; il s’unit à l’iode ; quand l’hydriodate
est légèrement ioduré , le précipité avec le protonitraté
est jaune verdâtre, et celui avec le deutonitrate est
blanc.
1
53
4
(i) On peut également suivre le procédé décrit dans le bulle
tin de l a Société médicale d’émulation. Février j 8 î i , page 8i.
�(u i
3)
Hydriodate de potasse iodaré (i).
Prenez hydriodate de potasse . . .
20 grammes*
i o d e ............................................6 grammes.
Mêlez et triturez dans ira mortier de verre jusqu’à
ce que le mélange soit p a rfait, et que l’hydriodate ait
acquis une couleur rouge-foncé.
Cet hydriodate ioduré est soluble dans l’eau et dans
I'alcohol ; le solùturn de ce sel dans les deux liquides est
jaune.
lodate de potasse.
On n’a pas encore jugé à propos d’employer ce sel ;
ses caractères sont exactement déci'its dans le mémoire
de M. Gay-Lussac et dans les ouvrages de MM. Thénard
et Thomson.
11 précipite en blanc le protonitrate de m ercu re, et
ne forme pas de précipité avec le deutonitrate.
Sirop d ’iode.
O n emploie dans les hôpitaux ce sirop préparé de
la manière suivante :
(1) M. Magendie donne dans son formulaire différentes re
cettes pour les préparations d’iode ; mais il ne parle pas de la
composition des préparations indurées, bien qu’il les annonce.
Voici celles que j’exécute dans ma pharmacie :
Solution d’hydriodate de potasse iodutée (dite solution de Coindet).
Prenez : Hydriodate de potasse. . . demi-gros.
I o d e ....................................... dix grains.
Eau distillée . . .
. . .
une once.
F. S. A.
Cette solution est constante.
Pommade d’hydriodate de potasse iodurèe.
Prenez : Hydriodate de potasse . . • demi-gros.
I o d e ...................................... dix grains.
Graisse de p o r c .................... une once.
F. S. A.
(Note communique’e à M. Henry par M. Cavehtou. )
�4
( «
)
Prenez; teinture d’io d e ........................... 20 grammessirop de sucre (1), . . . .
grammes.
Mêlez la teinture au sirop froid ; agitez.
Ce sirop est d’ un jaune rougeâtre , d’une odeur pro
noncée d'iode.
Il contient trois grains d’iode par once.
320
Sirop d ’hydriodate de potasse.
3
Prenez sirop de sucre blanc. . . .
ao grammes,
liydriodate de potasse. . .
r gramme.
Faites dissoudre le sel dans une' petite quantité d’eaù
distillée ; filtrez et ajoutez le solutuni au sirop encore
tiède.
Caractères. Transparent , incolore , reste clair avec le
temps : le protonitrate de mercure est précipité en jaune
verdâtre ; l’acide sulfurique lui donne une teinte vio
lacée.
Les infusions de chicorée , de feuilles d’oranger , de
tilleul , de fumeterre , les de’cocturns de douce-amère ,
de patience ne font éprouver aucune altération au sirop;
il contient deux grains d’bydriodate par once.
Sirop d'hydfiodale de potasse iodnré.
320
Prenez : Sirop de sucre . . . .
grammes.
Ilydriodate de potasse ioduré. i gramme.
»
Eau d is tillé e ............................ 8 grammes,
Triturez l’hydriodate avec l’eau , de manière à obtenir
' un solutum complet : mêlez au sirop.
Caractères. Transparent, coloré en jaune, légère
odeur d’iode. Le protonitrate forme un précipité ver
dâtre , l’acide sulfurique en dégage l’iode , le deutonitrate de mercure forme un précipité blanc légèrement
rosé.
(i) Le sirop de sucre doit être préparé avec le sucre blanc et
l’eau distillée.
�(
215
)
Sirop (Viadate de potasse.
320
Prenez sirop de sucre blanc. . . •
grammes,
iodate de potasse . . . .
ï gramme.
Le procédé ci-dessus.
Caractères. Incolore quand il est nouvellement pré
paré , prend au bout de deux jours une teinte rou
geâtre très-légère ; le protonitrate de mercure forme
un précipité blanc.
L ’acide sulfurique en dégage l'iode.
Nota. Lorsque l’ hydriodate de potasse est alcalin , ou
mêlé d’iodate , le sirop jouit des mêmes caractères que
le sirop d’hydriodate pur.
Pommade d ’iode.
I o d e .............................................i gramme.
graisse préparée . . * . . 6 4 grammes.
Il faut triturer long-temps l’iode avec la graisse , et
la broyer sur un porphyre.
Cette pommade est d'un blanc rosé; elle a une odeur
très-prononcée d’iode.
Pommade hydriodatée.
Les proportions de sel et de graisse purifiée sont celles
indiquées par M. Magendie.
Hydriodate de potasse . . .
2 grammes,
graisse préparée.........................4^ grammes.
O n doit broyer ce mélange sur un porphyre ou sur
une glace.
Cette pommade est tantôt jaune , tantôt blanche. Cette
variété dans la couleur est due à l’état de l’hydriodatë.
Quand ce sel est parfaitement p u r, qu’il 11e contient ni
excès de base, ni iodate , la pommade est jaune-clair ;
cette couleur devient de plus en plus intense, surtout
à la surface , par son contact avec l’air.
Si l’hydriodate est légèrement alcalin, la pommade est
blanche.
�( 2 l6 )
Quand l’hydriodate est ioduré , la pommade est d’une
couleur jaune-foncé.
C ’est au médecin à déterminer les doses de la pommade
avec l’hydriodate ioduré. Dans les hôpitaux on le pré
pare suivant les doses ci-après :
Hydriodate ioduré . . . .
20 grammes,
graisse p u r ifié e ......................
grammes.
U n mélange de graisse et d’iodate trituré pendant un
quart-d’heure , donne une pommade d’un blanc de lait ;
l ’air n’a aucune action sur ce mélange.
Parties égales des deux sels ( hydriodate et iodate ) ont
donné à la graisse une couleur jaune-serin.
D'après ces faits , je suis porté à penser que l’hydrio
date de potasse , en contact avec la graisse , doit se dé
composer en partie ; qu’ il se forme un hydriodate ioduré;
car si on laisse la pommade exposée à l’air , elle se colore
de plus en plus , et présente alors les mêmes caractères
que celle préparée directement avec l’hydriodate ioduré.
Cette décomposition est très-prompte ; il suffit de tri
turer le sel et la graisse dans un mortier de porcelaine,
pour qu’elle ait lieu. Si l’on traite ensuite cette pom
made par l’eau ou par l’alcohol, la graisse devient blan
c h e , l’eau et l’alcohol prennent une teinte jaunâtre ; ces
deux solutions forment un précipité dans le protonilrate
mercuriel d’un jaune verdâtre, et dans le deutonitrate,
un précipité blanc-rougeâtre , caractères que présente
l ’hydriodate ioduré.
O n peut encore reconnaître la présence de l ’hydriodate
de potasse dans la graisse , en touchant celle-ci avec un
peu de protonitrate de mercure ; il doit se produire une
tache verdâtre.
Iodures de mercure.
320
On prépare à la pharmacie centrale deux espèces d ’iodures mercuriels , le proto et le deuto. Le procédé suivi
dans cet établissement , et qui nous- a paru p référable,
�C 2 17 )
est celui qui consiste à décomposer le nitrate de pro
tovide de mercure par l’hydriodate de potasse jV»ur le
protiodure, et l’hydrochlôrate de deutoxide de mercure
pour le deuliodure. (Suivant M. Thénard , tom. 1 , p.
482 , .e édition. )
Nous avons essayé de triturer l’iode et le mercure
pour obtenir les deux iodures ; mais jusqu’à ce moment
nous n’avons pas été satisfaits du résultat. Nous crai
gnons que la combinaison ne soit pas aussi parfaite ;
car quand il sV "h 1’ mployer des substances comme
niédicaïuens , elle u
être intime.
3
Prouodure de mercure.
Prenez nitrate de protoxide de mercure
cristallisé ( 1 ) ...................... 100 grammes.
Faites dissoudre dans eau distillée ,
légèrement acidulée avec l’a
cide nitrique....................... 400 grammes.
(1) Pour obtenir un protonitrate de mercure toujours constant
et sans mélange de deutonitrate, voici Je procédé qui nous a paru
le meilleur :
Prenez mercure..................................260 grammes.
aeide nitrique à 25 degrés. . 180 grammes.
Mettez le mercure dans un petit matras, versez l’acide nitrique,
chauffez doucement jusqu’à ce qu’il ne se dégage plus de vapeurs
nitreuses, ajoutez:
Eau distillée . . . . . .
100 grammes.
' Faites bouillir légèrement, décantez le dissolution dans une
capsule de porcelaine , et laissez refroidir ; il se formera beau
coup de cristaux de protonitrale de mercure.
Les eaux-mères, séparées des cristaux, rapprochées à une
douce chaleur donnent également des cristaux de protonitrate,
sans qu’il soit nécessaire d’ajouter du mercure.
Ce sel dissous clans l’eau acidulée très-légèrement avec l’acide
nit ique , afin qu’il ne passe pas à l’état de sous-protonitrate,
précipite entièrement par un solultim de sel marin, et le précipité
est blanc; la liqueur surnageante ne forme plus de précipité avec
la potasse. Dans cette opération il reste toujours une portion de,
mercure non attaquée, environ 45 grammes.
�t « s
>
Versez par partie un solutum d’hydriodate de potasse,
obtenu de
L ’iodure de potassium cristallise'. . 100 grammes.
Et eau d istillé e ................................. 200 grammes.
L• »
.j i l » s
mm
Il se forme aussitôt , par double décomposition des
deux sels , un précipité pulvérulent, d’ un jaune verdâtre,
qu’il faut recueillir sur un filtre et laver exactement,
jusqu’à ce que l’eau 11e précipite plus en noir par la
potasse , ni en blanc par le sel marin.
Ou fait sécher le précipité, et on le conserve dans un
flacon à l’abri de la lumière.
Une observation que je crois utile , c’est qu’il faut que
le solutum de nitrate de mercure ne soit que très-légère
ment acide , sinon on obtient un peu de deutiodiire ,
et le précipité est orangé.
Caractères, Ce composé est d’un jaune-verdâtre , in
soluble dans l’eau et dans l’alcohol ; exposé au contact
d’une vive lumière ; il devient violacé ; le feu le fond
et le décompose en une matière jaune-rougeâtre et en
une poudre rouge soluble, dans l’acide hydrocldorique,
et qui précipite en jaune par la potasse. O u peut pré
sumer qu’il se forme alors un deutiodure et de l’oxide
rouge ; trituré avec un peu d’iode dans un mortier de
v e rr e , il passe au rouge ; et devient deutiodure
Les acides sulfurique, hydrocldorique , à froid, n’ont
pas une action sensible sur cet iodure , mais à chaud
elle l’est davantage ; il se forme une poudre rougeâtre ,
que nous regardons comme un mélangé de deux iodures.
L ’acide nitrique à froid agit avec énergie sur ce com
posé , il le convertit en deutiodure. La potasse , la
soude , l’ammoniaque en liq ueur, versés sur le protiod u r e , y occasionent un précipité n o irâtre, qui de
vient verdâtre en séchant ; il se forme des cristaux
d ’iodure de potassium ; l’ellet est beaucoup plus sen
sible avec lu soude.
�2 I9
(
)
Le nitrate de protoxide de mercure en excès n’agit
pas sur cet induré et ne le dissout pas.
Suivant Thomson , le protiodure contient
Iode.......................................................6u.
M e r c u r e ........................................... 100.
Deuliodure de mercure.
Prenez deutocblorure de mercure . . ’j o grammes.
Iodure de potassium
. . . ioo grammes.
Faites dissoudre ces composés séparém ent, dans eau
distillée...................................................................Q. S.
Si l'on'verse par partie dans le soluluin d’hydriodate
de potasse celui de suîdimé corrosif, il se forme aus
sitôt un précipité d’un beau rouge verm illon, qu’il faut
laver exactement avec l’eau distillée , sécher et conserver
à l’abri de la lumière.
Caractères La lumière le brunit légèrem ent; exposé
au feu , il se fond et se sublime en petites aiguilles ,
d’abord jaunâtres , puis rouges au bout de quelques
iustans ; trituré avec un peu de mercure , dans un mor
tier de ve rre, il devient jaune , et passe à l’état de
protiodure,
Les acides sulfurique et nitrique n’ont d’action sur
lui que lorsqu’ils sont très-concentrés.
L ’acide bydroclilorique surtout à chaud , le dissout
entièrement.
L’eau ne peut le dissoudre.
L’alcohol à
degrés le dissout complètement , le
solutum est incolore; l’eau en précipite l’iodure en s’em
parant de l’alcohol.
La potasse, la soude et l’ammoniaque y occasionent
des précipités jaunâtres , même rougeâtres , comme
micacés.
Nous n’avons pas obtenu de cristallisation comme avec
le protiodure.
Le deutonitrate de mercure dissout en partie ce deu-
36
�(
320
)
tiodurc ; c’cst pour cette raison qu’il est plus avantageux
de préparer ce composé avec le sublimé corrosif, qui
n’a pas l’inconvénient de le redissoudre , à moins qu’il
ne soit en excès.
Suivant Thomson , cct iodure contient
I o d e .................................................
.
M ercu re............................................ i oo.
Nota. Lorsqu’on ajoute le solution de sublimé corrosif
dans celui d’hydriodate de potasse , il arrive un instant
où le précipité change de couleur, et au lieu d’avoir
toujours une teinte rouge vermillon , celui-ci passe au
brun-jaunâtre. Ou doit le considérer comme un mé
lange de deutiodure de mercure.
Ce phénomène a lieu toutes les fois que l’hydriodate
de potasse est alcalin. Si l’on vei’se sur le second pré
cipité de l’acide acétique très-faible, on sépare le deutoxide
de mercure ; il se forme alors un deutacétate de mercure ;
qu’il faut décanter de suite, sans cela il dissout l’iodure. Ce
qui vient à l’appui des faits ci-dessus , c’est que toutes
les fois que dans un solution d’hydriodate de potasse
alcalin , on verse de I’hydrochlorate de deutoxide de
mercure , les deux sels sont décomposés simultanément,
il se forme un deutiodure qui se précipite , et un hydrochlorate de potasse qui reste en solution. L’alcali
en excès n’agit donc sur l’hydrochlorate de deutoxide
de mercure .que lorsqu’il n'existe plus d’hydriodate de
potasse.
Ces faibles expériences pourront servir de guide aux
pharm aciens, qui trouveront cependant des développemens plus précis dans les mémoires publiés par les
savans distingués qui nous ont fait connaître les dif
férentes combinaisons d’iode avec les corps combustibles.
125
�( 221 )
VARIÉTÉS.
D a n s un caveau souterraiu de l’église de la M ajor, re
posaient , depuis trois quarts de siècle, les dépouilles
mortelles de Mgr. de Belsunce, évêque de Marseille.
Huit évêques avaient été ensevelis dans le même caveau,
et leurs ossemens furent, à l'époque de la révolution,
trausportés dans le cimetière de l’église , confondus avec
les autres , et entassés dans un coin , sans recevoir les
honneurs de la sépulture. Un zèle pieux veut aujourd’hui
consacrer un monument au héros de l’humanité ; un autel
s’élève au milieu d’un temple sacré , et dans une urne
religieuse , la main du pasteur va déposer tout ce qu’il a
puconserver des restes du vertueux prélat, c’est-à-dire,
«ne vertèbre et une dent. Une commission médicale a
[ait des recherches dans le cimetière , pour retrouver
lesos de l’évêque de Marseille , la sage réserve et le doute
de quelques membres de cette commission ont d’abord
arrêté l’esprit de découverte que, dans les sciences comme
dans les affaires politiques , on a souvent à l'époque ac
tuelle par ordre supérieur. Une vertèbre peut s'adapter
à une autre aisément sans appartenir à la même colonne
vertébrale , une dent peut trouver après la mort une
alvéole complaisante qui la reçoit sans difficulté , aussi
nos anatomistes sont-ils parvenu après bien des recher
ches à rencontrer deux vertèbres égales et une mâchoire
favorable aux dents postiches : après ce mûr examen ,
et la rédaction d'un procès-verbal dûment conditionné,
les pièces anatomiques ont été déposées ; la commission
a déserté le théâtre de ses découvertes anatomiques ,
et l’on s’est rappelé à son sujet l’histoire citée dans les
éphémérides des curieux de la nature. « Un corps dç
�— Au moment où M. Broussais propage sa doctrine
par la voie de ses Annales , les médecins italiens s’oc
cupent de marquer les progrès de la médecine italienne,
et d’en présenter le système dans sou ensemble. L'uni
versité de Cologne publie un nouveau journal depuis peu,
sous le nom de Nuuva doctrina me'dica Ilaliana. La
doctrine du contre-stimulus y est exposée dans divers ar
ticles ou extraits de liusori , Thoniasini et autres pro
fesseurs célèbres. Sous le titre des Variétés , ce journal
renferme des observations cliniques et des discussions
polémiques.
— M. Nicole a présenté à la Société de médecine de
Dieppe , un mémoire sur l’atlection spasmodique qui a
attaqué les ouvrières de la filature de coton d’Arqucs,
près de Dieppe. Au commencement du mois de février
d ern ier, ces ouvrières furent affectées de nausées, de
vertiges et de convulsions; l’imagination était Iroubléeau
point que ces femmes crov aient voir des spectres et d'au
tres objets fantastiques, elles éprouvaient un resserrement
à la gorge semblable à la strangulation ; le peuple de la
ville criait au sortilège, aux démons, les médecius re
cherchaient la cause du mal , et le propriétaire de la
fabrique les menaçait de les chasser et de leur ôter
ainsi tout moyen d’existence. La crainte ramena ces
ouvrières à la raison : le récit de M. Nicole renferme
des détails curieux sur cet état convulsionnaire. Il l’at
tribue au gaz oxide de carbone , résultant de la décom
position de l’huile, par la chaleur d’un poêle de fonte,
sur lequel on avait l’habitude de déposer plusieurs vases
de ce liquide.
�( 22o )
— Vitterbi, de la province de Bastia, issu d’une
famille opulente , doué d’un caractère inflexible , d’un
esprit supérieur et d’une force d'âme extraordinaire ,
avait suivi avec succès la carrière du barreau , et rempli
même les fonctions d’accusateur public. A l’âge de o
ans , un jugement de la Cour criminelle de Bastia le
condamne à mort pour plusieurs meurtres qui lui sont
imputés. Son fils , jeune homme qui donnait les plus
belles espérances, est frappé par le même arrêt de la
peine capitale. Il échappe à la justice. Vitterbi demeure
et attend dans un cachot la continuation de son juge
ment. 11 fallait un temps assez long pour recevoir l’ordre
de Paris , le ministère public surveillait rigoureusement
son prisonnier : Vitterbi conservait des amis ; leur opi
nion politique lui garantissait leur fidélité ; un d'eux se
rend à la capitale , apprend la confirmation de l’arrêt
de m ort, et retourne en toute hâte en Corse pour lui
en apporter la nouvelle j les dépêches du gouverne
ment n’étaient point encore parties de la capitale, que
le malheureux captif avait déjà appris sa condamnation.
Dès l'instant même de la nouvelle, Vitterbi refusa toute
espèce de nourriture et de boisson. Au bout de
heures croyant son estomac suffisamment affaibli , il
annonça qu’il changeait de résolution et demanda dès
aliujens. Une forte soupe de pâte , du jambon , une
omelette , un gigot rôti , du fromage , deux pains lui
furent donnés ; il mangea le to u t, but deux pintes de
vin, et de l’eau-de-vie en proportion. Il croyait suc
comber d’une indigestion ; un profond sommeil survint,
et Vitterbi en se réveillant se trouva mieux que jamais.
11 se décida alors à persévérer dans son premier projet,
nous étions en de< * libre 18 21; le temps contrariait
l’arrivée des courriers de France. Dix-neuf jours s’écou
lèrent et le captif demeura ce long espace de temps
sans iùen prendre ; par intervalles, il se gargarisait avec
5
56
�(
224
)
de l’eau et du vinaigre qu’il rejetait aussitôt. Trois jours
avant sa mort on p arv in t, dans un moment de faiblesse
extrêm e, à lui faire avaler quelques cuillerées de vin.
Le dix-neuvième jour parut, la sentence de mort lui
fut lue dans sa prison. Il termina alors le journal,exact
de toutes les sensations qu’il avait éprouvées et des phé
nomènes physiques qui se sont opérés dans son corps,
pendant ce jeûne prolongé. Dès les premiers jours de
son abstinence , il se trouvait entièrement guéri d’une
hernie inguinale dont il était affligé depuis nombre
d’années. Il repoussa les secours de la religion , e t,
quelques heures avant l’exécution de l’arrêt de mort,
il avala un poison que sa famille lui avait fait tenir
secrètement.
— Le talent de M. Senaux se montre dans ses écrits,
aussi n’est-il connu de personne ; l’ex - professeur de
l ’école de Montpellier a voulu terminer honorablement
la carrière qu’il a parcourue en mettant au jour la ma
tière médicale du célèbre Barthez. M. Senaux est accou
cheur , son second volume in-4-° nous l’apprend ; c'est
un travail laborieux et contre nature.
— On lit dans une observation de fièvre jaune (i):
« Le malade a rendu une selle surmontée de la cuillerée
del à potion huileuse. qu'il avait pi ise le matin ». Ce
fait a été recueilli au lazaret de Marseille par un mé
decin , en présence d’un intendant et d’un capitaine;
ce sont deux autorités puissantes dans une épidémie.
— Si l’on veut apprendre aux nations civilisées com
ment l’art de tailler les pierres préserve de la fièvre
jaune , on n’a qu’a lire le passage suivant, extrait d’une
feuille périodique (2) : « Au moment où le marteau qui
. (1) Observations sur la fièvre jaune, importée au lazaret ét
Marseille , par M. Robert, D. M ., page 71.
( 2 ) J o u r n a l d e la M é d ite r r a n é e ; ( c o u r s d ’h y g iè n e n a v a le , n .°
37
.)
�(
223
)
retentit sur la roche de Pomègueet la fait voler en éclats,
annonce aux. nations civilisées qu’ un asile sauveur va être
consacré par la France a l’hospitalité européenne ! Quel
moment pour sacrifier à la paix et repousser en corps la
contagion de la péninsule!»
— M. R oux , de Narbonne , a soutenu , durant le
premier trimestre de cette année , une dissertation à
l’école de Montpellier. L ’auteur a choisi pour sujet de
thèse la disjonction des épiphyses : son travail est divisé
en trois parties ; la première traite du développement
des os; dans la seconde on lit l’étiologie, le diagnostic,
le pronostic et le traitement de la disjonction des épiphyses ; enfin , la troisième est consacrée à deux ob
servations recueillies par l’auteur. L ’ une offre la dis
jonction des condyles du fémur chez un enfant de onze
ans. L ’autre présente une disjonction de l’épiphyse in
férieure du radius, d'une portion de l’épiphyse slyloïde
du cubitus , et de l’épiphyse supérieure des premières
phalanges du pouce , de l’index et du médius de la
main gauche sur un sujet âgé de ly ans environ. M,
Roux a suivi les traces, de G. C. Reichel ( t ) , sa disser
tation est l’œuvre d’un chirurgien instruit qui sait mettre
à profit les recherches de son devancier , et enrichir
la science de faits intéressans , capables de réveiller
l ’attention-des praticiens.
— Pendant le dernier trimestre, la clinique chirur
gicale a présenté grand nombre de cas rares dans les salles
de St.-Éloy de Montpellier. On a pratiqué la résection
de la mâchoire inférieure, plusieurs amputations, et la
ligature de la poplitée , de la carotide primitive , de la'
palmaire, le tout avec succès. Les élèves de cette Faculté
(i) Sandifort, Thésaurus clisserlationum,
T,
111.
îG
�( 226
)
trouvent à l ’époque actuelle un enseignement ch iru r
gical qui rivalise avec les leçons cliniques de l’Hôtel—
Dieu de Paris. Deux professeurs habiles, MM. Delpech
et L allem and, ont ranimé l’émulation parmi les jeunes
adeptes et fait germer le goût des connaissances anatomi
ques et de la pratique des opérations. Il n'en est pas de
même dans les salles consacrées à la clinique médicale.
L ’ingénieux interprète des doctrines métaphysiques de
Barthez , qui pense que ce grand génie a posé la der
nière pierre du monument élevé aux sciences médicales ,
et que les siècles peuvent passer, sans rien ajouter à
l-’éditice , et sans l’altérer, ne professe pas dans l’enceinte
de St.-Eloy sa complaisante théorie du principe vital.
L ’amphithéatre de l’école est destiné à ses savantes leçons,
et c’est là que ceux qui admirent ce qu’ils ne compren
nent pas , pourront recueillir une portion de l’héritage
de Barthez , en suivant les cours du doyen de la Faculté.
L a doctrine de l’irritation ou du contre-stimulus ne
peut effacer l’antique opinion des acrimonies humorales,
ni rabaisser l'influence du principe vital. C’est ce que vous
prouvèrent et ce que vous prouveront encore, dans un demisiècle , au moins, les savans médecins de l’école de Mont
pellier. M. Broussais ouvre des cadavres pour découvrir
l ’inflammation des organes; à Montpellier, l’autopsie cada
vérique signale toujours la malignité , ou la repercus
sion des humeurs sur la muqueuse intestinale. L ’ un
observe la nature, les autres caressent des abstractions:
la doctrine des élémens fleurit dans l’école de Mont
pellier (i) ; les élémens par leur combinaison forment
les maladies, comme les élémens sont le fruit de l’ima
gination, celle-ci n’en est point avare, il y en a toujours
<i) Élémens , article de M. Bcrard dans le tome XI du Dictionaire des sciences médicales.
�227
(
)
trois à quatre pour une maladie, quelquefois une demi
douzaine, et vingt-quatre au besoin, pour faire une
fièvre maligne. Et c’est une telle doctrine qui doit être
respectée par le temps , par les découvertes que chaque
jour voit éclore, par les recherches anatomiques des
Bichat et des Broussais !
J .-F .-X . S i g a u d .
'V W V V V V v
W VW V
V W V W -V V Y W W \
SUJETS
W V W U w * a w x V vv»v t v u u t \ m
DE
\ u n
PRIX.
P r i x proposé par la Société de médecine - pratiqua
de Paris.
L a Société a mis au concours, pour sujet de deux
prix , consistant en deux médailles d’or de oo francs
chacune , les questions suivantes :
i
Pour 1822 : Les symptômes , les causes et le
traitement de la maladie connue sous le nom, de fièvre
cérébrale ou hydrocéphalique.
i . ° Pour 1828 : Les altérations morbides dont on
trouve des traces dans les viscères abdominaux , sontelles l ’effet , la cause ou la complication de ces ma
ladies ?
Il faut adresser les mémoires à M. Giraudy , rue
Traversiére-St.-Honoré , n.°
, avant le i . er juillet
de chaque année.
3
.9
33
P rix proposé par la Société libre d ’émulation et d ’en
couragement de Liège.
L a Société propose pour sujet d’un prix consistant
en une médaille d’or de .joo francs , qui sera décerné en
1822 , la question suivante :
L 'Adynamie dans les fièvres putrides.
Les mémoires , rédigés en français , devront parvenir
au secrétariat de la Société, avant le i . ('r juillet 1832.
�( 228 )
AVIS.
L
à
Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires , Obser
vations, Notices, etc. , de ses membres soit titulaires,
correspondons ,
paraissent dignes d ’être publiés ,
e/Ze réa égard quà l ’intérêt qu'ils présentent à la science
médicale ; mais qu’elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n'ont pas encore la sanction générale.
s
�( 229 )
BULLETINS
D s
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
■W
WWW'VWVi-VWu w w \ \\\x \% \%
A
v r il
1822.
—
N.° IV.
%m\w\ u w w i u\\u\\ t\\vvvv\u w v w i'm v m t
O b s e rv a t io n sur un anévrisme du cœur , antérieur à la
naissance, accompagné de phénomènes particuliers et
dont il n’est pas fa it mention dans les auteurs , par
M R e yd e lle x , D M. P . , membre de la Société
royale de médecine de Marseille.
.
.
M m e . R . . . ., demeurant rue du Ponceau , à P aris,
d’un tempérament nerveux-mélancolique , presque tou
jours valétudinaire, après une grossesse des plus pénibles,
accompagnée de vomissemens continuels, accoucha , non
sans quelques difficultés, dans les premiers jours de
messidor an dix , d’un enfant faible , cacocbime , et qui
ne donna , pendant la première heure qui suivit sa nais
sance , que des signes de vie très-obscurs ; l’accouche
ment , cependant, fut naturel ; il fut fait par M. Marchais,
l’un des plus répandus à Paris pour cette partie de la
médecine. Cet en fant, pendant le court espace de temps
qu’il vécu t, présenta une suite de symptômes si singuliers
et si variés , qu’on recourut, pour y remédier , à des
médecins d’ un ordre supérieur , entre autres , MM.
Alphonse-- Leroy et Pellelan , tous deux professeurs à
Técole de médecine. Il fut généralement jugé incurable
�3
( * o )
i-
i
I
’
et en conséquence abandonné,, à la nature , pour le fond
de la maladie.
Cet enfant âgé de deux, mois , lorsque je le vis pour la
première fois , était à peine du volume d’un enfant de
taille moyenne au moment de la naissance ; il était extrê
mement m aigre, surtout des extrémités inférieures, ses
chairs étaient flasques , il avait la peau pendante. Les
lèvres, l’intérieur de la .bouche., du nez et des paupières,
le bord de l’anus, le dedans du prépuce , le dessous des
ongles , en un mot , toutes les surfaces , naturellement
youges , étaient presqyes brunes ; la respiration était
très-obscure , les mouvemens d’élévation et d’abaissement
des côtes et des parois abdominales , dans l’inspiration
et l ’expiration , étaient à peine sensibles ; la voix était
presque nulle , la succion faible, la déglutition difficile;
le pouls était petit, très-prom pt, mais régulier; Iesbattemetis du cœur paraissaient plus forts que ne semblait
le comporter la faiblesse naturelle de l ’individu et du
pouls. Les autres fonctions s’exécutaient assez bien.
Quelquefois il survenait de chaque côté du col une tu
meur de la grosseur d’un œ uf de pigeon ; alors la face
devenait livide et l'enfant, semblait menacé de suffocation.
Les pareils alarmés appelaient alors au secours le premier
médecin ou chirurgien que le hasard leur présentait. Ce
fut une circonstance semblable qui me procura l’occasion
de le voir : je reconnus que ces deux tumeurs étaient
formées par la dilatation des veines jugulaires ; craignant
alors l’apoplexie , j'ordonnai une saignée du bras , mais
avant qu’on pût la pratiquer, cet état parut se dissiper;
en effet, la face reprit assez promptement sa couleur
ordinaire et les tumeurs disparurent.
Je devais naturellement chercher à me rendre raison
de cet état extraordinaire , qui piquait singulièrement
la curiosité de l’oncle et du père de cet enfant. L'un et
l ’autre avaient beaucoup étudié l ’histoire naturelle ; ils
�(
23 I )
n’étaient point étrangers à la physiologie. J ’attribuai les
phénomènes sus-mentionnés au défaut de circulation de
sang à travers les poumons. Cette hypothèse rendait bien
raison de la couleur noire des lèvres , de l’intérieur de
la bouche , des narines , e tc ., par le defaut de l’oxigénation de ce fluide , opération qui ne peut avoir lieu
sans son contact médiat ou immédiat avec l’air atmos
phérique au moyen de la circulation pulmonaire. Une
expérience simple et curieuse donna à mes soupçons un
degré de prohabilité de plus : je frottai avec des acides
étendus d’eau les lèvres de cet enfant. Je choisis de pré*
férence ceux dans lesquels l’oxigène est uni moins intimément avec le radical, les acides nitrique et muriatique
oxigéné. L ’ un et l’autre donnèrent les mêmes résultats :
en moins de 20 secondes, les lèvres devinrent vermeilles
et demeurèrent telles, tant qu’elles conservèrent le moin
dre degré d’humidité. Les pareils et quelques médecins
parurent convaincus par cette expérience, de ma pre
mière assertion , savoir t que le sang ne passait point à
travers les poumons , où il eût incontestablement acquis
une couleur différente par l'influence de l’air vital. Res
tait encore à expliquer comment s’opérerait la circulation.
IL me sembla naturel de penser qu'elle avait continué
de se faire chez cet enfant après sa naissance comme
dans le fœlus , c’est-à-dire , que le trou liotal et le
canal artériels ne s’étaient point oblitérés, mais que le
sang passait en partie par le premier de l’oreillette droite
dans l’oreillette gauche , et par le second de l’artère
pulmonaire dans l’aorte. Le public est insatiable d’ex
plications , le savant et l'ignorant ne forment, sous ce
rap p o rt, qu’une seule et môme classe pour le médecin ;
Quelle e s t, me demandèrent les pareils , en admettant
cette hypothèse , la cause qui a empêché le sang de suivre
la route ordinaire lors de la naissance Je les renvoyai ,
pour la solution de cette question, à l ’ouverture du cadavre.
�( 2
3s
)
Elle fut faite peu de temps après , en ma présence , par
deux chirurgiens de l’hôpital St.-Louis et sous la prési
dence du docteur Ruette , médecin de la section des
Champs-Elisées, avantageusement connu par une excel
lente dissertation sur l’éiéphanthiasis.
La poitrine fut disséquée et examinée avec une attention
scrupuleuse; le cœ u r, extrêmement volumineux, occu
pait les deux tiers de sa capacité . le poumon gauche ré
duit à moins d'un sixième, dé son volume ordinaire, fut
jugé plus dense que dans l’état naturel , et n’avait point
été pénétré par l’air; en effet, détaché et jeté dans un verre
d ’eau, il gagna promptement le fond. Le poumon droit
plus volumineux était moins comprimé par le cœur ;
détaché et jeté également dans l’eau , on le vit surnager
nomme le poumon sain d’ un enfant qui a respiré.
Le cœur était adhérent au péricarde , et cette prodi
gieuse dilatation appartenait en entier à l’oreillette, et
surtout au ventricule droits, dans lesquels nous trouvâmes
ainsi que cela se rencontre clans presque tous les ané
vrismes par dilatation , plusieurs couches épaisses for
mées par des concrétions lymphatiques. Le trou botal
aurait facilement donné passage au tuyau de la plus
grosse plume d’oie ; ses bords étaient dentelés et comme
déchirés. Le commencement de l’artère pulmonaire était
aussi un peu dilaté et on put facilement introduire un
stilet boutonné dans le canal artériel qui , quoique
pouvant encore livrer passage à un petit lilet de sang,
avait cependant une capacité bien moindre que dans le
fœtus : le système veineux était généralement plus ample
que dans l’état sain ; le cerveau était prodigieusement
injecté ; nous reconnûmes que cet enfant était mort apo
plectique comme il était facile de le prévoir et comme
effectivement cela avait été prévu.
T el est le précis de cette ouverture de cadavre ; elle
démontre :
�( a
33
)
Une maladie du cœur , préexis.tente à la sortie de
l’utérus. On trouve dans les auteurs quelques exemples
semblables en ce point seulement , c’est-à-dire , des
anévrismes du cœur, observées dans la dissection du
fœtus.
2.0 L ’assemblage dans le même individu de deux modes
de circulation. En effet, le sang passant des sinus des
veines caves dans l’oreillette droite , était nécessairement
chassé par sa contraction et par la direction qui lui
était imprimée par la valvule d’Eustachi, partie dans
l’oreillette gauche et partie dans le ventricule droit ; sup
posons que ce ventricule reçut la moitié du sang contenu
dans l’oreillette droite , cette moitié se divisait encore
en deux parties, dont l’une était portée aux poumons et
l’autre se rendait directement dans l’aorte par le canal
artériel, où il rejoignait celui chassé de l'oreillette
gauche dans le veutric.ule gauche. Ainsi un quart , ou
tout au plus un tiers du sang , en traversant le poumon ,
était soumis aux influences de l’air vital ; de là dérive
l’explication la plus naturelle et la plus satisfaisante des
difl'érens phénomènes qui ont accompagné la vie de cet
enfant et que j’ai exposés plus haut.
.° Enfin , cette observation donne un degré de pro
babilité de plus à l’opinion de quelques auteurs qui ont
regardé la tumeur des jugulaires, en quelques circons
tances , comme un signe d’anévrisme de la partie droite
du coeur.
t .°
3
Nota. A un âge où le médecin ne donne encore que
des espérances , M. Reydcllct était déjà compté parmi
les praticiens distingués de Marseille. Une mort pré
maturée l’enleva, il y a quelques années , à l’affection
de ses collègues et à la science qu’il cultivait avec le plus
gland succès.
�(234)
N otions ( i ) sur la fièvre jaune cle Barcelone, commu
niquées verbalement à la Société royale de médecine de
Marseille , dans sa séance du 6 a v ril, par M M . les
docteurs L àssis et R ochoux.
« L a. maladie de Barcelone , dit M. Bochottx , est
«11e affection d’ un genre particulier ; ce n’est pas la fièvre
■ jaune des Antilles. Cette dernière maladie , que j’ai étudiée
pendant cinq ans , sous le ciel qui la voit naître , diffère
de la première dans les causes, dans les symptômes,
dans le traitement et dans le résultat des autopsies ca
davériques. Les bornes d’une séance ne me permettent
pas d'entrer dans de longs détails à ce sujet ; mais un mé
moire que j’ai publié, présente le tableau complet de ces
différences. Du reste, ajoute M. R o ch o u x, la maladie de
Barcelone n’a point été importée : elle s’est développée de
dans le port. L’opinion à cet égard est assez générale et
partagée par le plus grand nombre des médecins de cette
ville.
Pour ce qui regarde l ’importation de cette terrible
maladie , les renseignemens suivans peuvent être regardés
comme de la dernière exactitude. Un convoi de
navires' avec 2000 hommes d’équipage parlitde la Havane,
le 28 avril 1821. Trois individus seulement moururent
dans les premiers jours de la traversée : depuis lors les
navires n’ont plus eu de morts à compter. Arrivés à
Barcelone , le navire la Conception à perdu un homme ,
et le vaisseau le Grand-Turc a offert un malade.
58
(i)1 Quoique, d’après l’ordre de leur date, ces notions impor
tantes , dussent appartenir au bulletin du mois de mai , l’intérêt
qu’elles présentent a déterminé la Société à les placer dans celuic i, pour que le lecteur filt.plutôt à même de les comparer avec
les détails communiqués par AI. le docteur B ally , et insérés dans
le bulletin de Janvier.
�( 235 )
On fixe l’ Introduction de la maladie à Barcelonette et
à Barcelone à l’époque de l’anniversaire de la publication
de la constitution, c’est-à-dire , au
juillet. Cela n ’est
pas exact : des renseignemens positifs ont appris que la
maladie ne s’est manifestée que o jours après la célé
bration de cet anniversaire.
Quant aux pêcheurs qu’on dit avoir campé, au nombre
de o o, au voisinage de l'embouchure des canaux dans
le port pendant l'épidémie , le fait manque d’exactitude
par rapport au nombre ; des notions précises ont appris
que ce nombre en effet ne s’élevait pas au-dessus de 60
à 80 ; on ne l’â même porté que jusqu’à i\o. Il faut de plus
observer que sur ce nombre ou a compté deux morts
et 8 à io malades.
La maladie de Barcelone , continue M. R o ch o u x, s’est
propagée de manière à ne laisser aucun doute sur sa
nature infectante. Développée dans le port, elle a étendu
de là ses rayons dans l’ intérieur de la ville. On l ’a vue
aller toujours en s'affaiblissant à mesure qu’elle s’éloi
gnait du p o rt, c'est-à-dire , que les rues rapprochées de
ce dernier , eut offert le plus de malades et le plus de
morts , et vice versa pour celles qui en étaient éloignées.
Le développement de cette maladie désastreuse peut
s’expliquer par diverses circonstances. La température a
été plus constamment cliaude à Barcelone, en 1821 que
les autres années , le port 11’a pas été uétoyé depuis un
temps fort long ; l’eau qu’il contient n’est p o in t, comme
on l’a d it, renouvelée par la vague de la haute mer. Une
jetée de 200 toises, qu’on a construite dernièrement ,
intercepte entièrement le passage du vent de l’Est. Des
matières puisées en grande quantité dans le port et ana
lysées , en 1820 , par un chimiste habile de Barcelone ,
ont démontré la présence d’un grand nombre de subs
tances animales en putréfaction. Les égouts de la ville
n’ont pas été nétoyés depuis 20 ans. Voilà des causes
25
5
3
�( 206 )
bien suffisantes pour former uu véritable foyer d’infec
tion. »
.. La franchise, la vérité , dit M. Lnssis , doivent es
sentiellement distinguer le médecin qui se respecte et
qui respecte son art. M. Rochoux vous a exposé son
opinion sur la nature, de la maladie de Barcelone ; malgré
touie l’estime que je porte à son talent et à ses connais
sances, je ne puis partager cette opinion, et je dois avouer
franchement que cette maladie m'a paru présenter tous
les caractères de la fièvre jaune des Antilles : on peut
bien admettre , outre ces deux affections , des nuances ;
mais je ne puis y voir des différences assez tranchées
pour faire de la maladie de Barcelone une affection
particulière , distincte de la fièvre jaune.
Quant aux causes qui l’ont développée, le port de
Barcelone en présente une qui doit être signalée. Ce port
n’offre à l'œil qui le parcourt, qu’une rade étroite , fermée
par un m ôle, véritable barrière qui s'oppose au renou
vellement de l ’eau qu’il contient ; ajoutez à cette cir
constance la nouvelle jetée qu’on a construite, laquelle,
comme vous l’a dit M. Rochoux , intercepte le courant
du vent de l’Est, et vous pourrez alors vous faire une
idée de son insalubrité: elle est telle, qu’en se prome
nant sur la muraille d’eau , l’odorat est soudain frappe'
par les 'exhalaisons les plus fétides.
Si , maintenant , nous portons notre attention sur
Barcelone , nous trouverons presque partout des rues
étroites, tortueuses, des maisons de à 6 étages, toutes
extrêmement peuplées ; nous trouverons ces rues par
courues par des canaux qui occupent au moins les deux
tiers de leur étendue. Ces canaux manquant de pente ,
ont un cours extrêmement lent : les dalles qui les forment
sont mal jointes, et laissent des intervalles par lesquels
se dégagent des exhalaisons méphitiques, comme à tra
vers des soupiraux infects.
5
�( 237 )
A ces causes Lien capables d’avoir développé la maladie
de Barcelone, ajoutons quelques détails sur la manière
de vivre des habitans de cette ville. Leur nourriture la
plus habituelle est le porc. Ces animaux sont très-multipliés à Barcelone ; on les voit errer dans plusieurs rues ;
dans d’autres , on les tient attachés aux portes des maisons.
Très-maigres quand ils sont jeunes, ou les engraisse ra
pidement ; cet embonpoint hâté m’a souvent présenté .
un état m aladif, caractérisé surtout par un grand essouf
flement et une sorte de prostration de force. Ces porcs
ainsi malades sont ensuite tués et salés superficiellement;
ils deviennent un aliment très-recherché. Ajoutons à cela
que l’huile eu usage à Barcelone est extrêmement mau
vaise et tellement â cre, que les habitans du pays seuls
peuvent eu supporter le goût..
Quant à Barcelonette, quoique mieux bâtie que Bar
celone , elle se ressent de l’influence de la rade ; à mesure
qu'on s’approche de celle-ci , l’air qu’on respire est
chargé d’émanations fétides. Barcelonette présente en.
outre à l’Est une fabrique de cordes à boyaux auprès de
laquelle se trouve l’abattoir , qui renferme un vaste
réservoir , dans lequel on dépose les entrailles des
nombreux bestiaux qu’on tue chaque joui'. J ’ai voulu
visiter ces lieux , et malgré toute ma bonne volonté , je
n’ai pu résister à l’odeur repoussante qui me poursuivait
partout.
Je ne répéterai pas les détails que vous a donnés M. ,
Rochoux sur les vaisseaux venus de la Havane ; ils
sont oir ne peut plus exacts. J'ajouterai seulement que
plusieurs membres du conseil de santé assurent qu’ il
existait déjà quelques individus attaqués de la fièvre
jaune à Barcelone avant l’arrivée de ces navires, et qu’il
est des causes morales que nous devons signaler connue
propres à la propagation de la maladie qui nous occupe.
Quand le mot contagion fut prononcé à Barcelone, on
�/
(
238
)
sépara les familles ; 80,000 personnes frappées de terreu r,
abandonnèrent la ville ; un abattement profond s’empara
de tous les esprits , la consternation fut générale. Des im
pressions aussi fortes durent porter un désordre profond
dans l’économie animale et activer les progrès d’ une
maladie déjà si désastreuse.
Quant à la contagion , si la maladie de Barcelone
avait présenté ce caractère, les 80,000 babitans sortis
de son sein en auraient répandu le germe au dehors,
ce qui n’â pas été observé. La maladie dans sa propaga
tion a suivi la direction des vents ; ce qui le prouve, en
effet, c’est que du côté de la muraille de te rre , où le
vent est intercepté, il y avait peu de malades. Des
communes ont été enclavées dans le cordon ; mais tout
le monde sait que le cordon ne pouvait les empêcher'
de communiquer avec Barcelone, et ii est bien certain
encore que oo malades de la ville répandus dans ces
communes n’ont pas propagé le mal dont ils étaient
atteints. »
Les réponses faites par M\I. les docteurs Lassis et
Rochoux aux diverses questions sur la nature du vomis
sement noir , sur la qualité du sang tiré des malades
de Barcelone , sur l’emploi du sulfate de quinine etc.,
e tc ., étant à-peu-près les mêmes que les details fournis
à cet égard par M. B u lly , nous nous dispenserons de les
reproduire , mais nous devons exposer les renseignemens
donnés par M. Rochoux, sur les résultats comparatifs des
autopsies cadavériques dans la maladie de Barcelone,
et la fièvre jaune des Antilles.
« Dans cette dernière, dit ce médecin , les cadavres
présentent constamment une inflammation très-intense
de la membrane muqueuse gastrique et intestinale.
Quand l’ictère est prononcé , la vésicule du fiel offre
également des traces d’une forte phlegmasie. La même
3
remarque s’étend aux reins et au cerveau, c’est-à-dire >
�*39
(
)
qu’on trouve ces organes enflammés, lorsque , pendant
le cours de la maladie , il y a eu ou suppression
d’urine , ou délire. Les ecchymoses qu’on remarque à
la peau sont profondes ; le tissu musculaire est le siège
d’épancliemens sanguins plus ou moins considérables.
Enfin la jaunisse est très-intense et la couleur qu’elle
présente peut être comparée à l’ocre.
Dans la maladie de Barcelone , l'inflammation de
la muqueuse gastrique et intestinale était peu intense ;
la vésicule biliaire s’est contaminent offerte dans un
état d’intégrité; rarement on a rencontré des épanchemens dans le cerveau. Quant aux épanchemens
sanguins ou séreux de la moelle épinière dont on a
parlé, ce sont des phénomènes purement physiques et
résultant de la position imprimée au cadavre. La jau
nisse était peu prononcée , les ecchymoses superficielles,
et jam ais, quand la suppression d’urine existait, le
rein n’a décelé des traces d’inflammation ; seulement
quelques, ulcérations légères se faisaient remarquer dans
la substance mamelonnée de ce viscère. »
n m w v v v y x w w v v w vw v m x w x ' v m v u n v w x v w - v \ v u w u i^\x\xv» u \ \
S éances de la société tendant le mois de mars 1822.
2 Mars. — M. le Secrétaire fait part d’une lettre
de M. le docteur D ufour, de L ivou rn e, qui adresse à la
Société un second manuscrit de l’histoire de la lièvre
jaune observée à Livourne en 1804. La Société se réu
nira pour entendre lu lecture de cet ouvrage.
M. le docteur Picard donne lecture de son rapport
sur l’observation de M, Camoin , docteur en chirurgie
à Odessa, ayant pour objet l’histoire et l’extirpation d’ une
tumeur cancéreuse à la mamelle droite. Les conclusions
du rapporteur sont adoptées , et M. Camoin est nommé
membre correspondant de la Société.
Lecture est faite ensuite du rapport de M. Sigaud,
sur une observation de M. le docteur Gintrac, professeur
à l’école royale de médecine de Bordeaux , concernant
�■ (M o)
une maladie particulière du larynx , dont le tableau a été ,
Erésenté en entier dans le second bulletin de la Société.
es conclusions du rapport, tendantes à donner appro
bation et des éloges à ce travail sont unanimement
adoptées par la Compagnie.
La commission par l’organe du Secrétaire , soumet â
l’approbation de la Société les objets suivans pour former
le deuxième bulletin : t.° l’observation de M, le docteur
G ntrac , sur une maladie particulière du larynx ; i.°
la suite et la fin des observations de M. M a g a il, sur les
perforations du canal de l’urètre ;. .° le résumé des
séances de la Société pendant le mois de janvier. Il est
délibéré que tous ces matériaux composeront le second
bulletin.
A la fin de la séance , M. le docteur Sarmet donne,
connaissance d’une lettre écrite au rédacteur du journal
del à Méditerranée, pour rétablir les inexactitudes qui
se sont involontairement glissées dans la rédaction des
notions qu’il a communiquées verbalement à ce dernier,
sur la fièvre jaune de llarcelone , exposées par M. Bally,
dans le sein de la société. M. le Président remercie M.
Sarmet de celte communication.
16 Mars. — M Reym ond, docteur en médecine, fait
hommage de la Dissertation qu’il a soutenue à la Faculté
de médecine de Montpellier, ayant pour titre : Recher
ches sur l'ulcère cancéreux de la matrice, et exprime le
désir d’appartenir à la Société, en qualité de membre
titulaire. Sa demande est prise en considération.
Le reste de la séance est consacré à la discussion du
rapport de M. Guir.ud, organe de la commission chargée
de la présentation des réglemens de police médicale
intérieure.
o Mars. — On s’occupe de la suite de la discussion
concernant les réglemens de police médicale de la Société.
M. Sarmet fait ensuite une proposition relative à la
médecine des corporations. Cette proposition , qui se
rattache à la dignité de Part et au bien de l’ humanité ,
est prise en considération , et la discussion en est
renvoyée à l’ une des séances prochaines.
L N A C , Président.
3
3
11
S ue , S e c r é ta ir e -A d jo in t»
�04
* )
O.V popu lation , art enquiry , etc. De la population ;
recherches sur l’accroissement de l ’espèce humaine, e/i
réponse à l’essai de M. Malthus , .sur Ze même sujet,
yiar PF. G odwin . Londres , 1822 , 1/2-8.°
S ' il est un point intéressant d’économie politique et
qui rentre entièrement dans le domaine de la médecine,
c’est sans doute celui qui traite de la population des
États dont la médecine est la première base. Que de
théories ! Que d’erreurs ! Que de rêves-creux, n'a-t-on
point publiés sur ce. sujet important parce que l’on n’a
jamais voulu concevoir que l’économie politique reposait
sur la statistique ou mieux la dynamistatistique, et qu’il
est aussi.difficile d’étudier séparément cès deux sciences ,
que de connaître la physiologie sans les secours de l’ana
tomie ; ainsi, d’après noiis , la population des États
est étroitement liée à citic science qui 11’eut malheu
reusement sous l’empire qu’un succès de mode. C ’est
en Allemagne et en Angleterre que la statistique offre
tous les résultats qu’on a droit d’en attendre. Herreuscliwand a très-bien entrevu les mutuels secours qu’elles
se p rêten t, niais il n’a point reconnu leur indispensable
réunion ; l’ouvrage que nous annonçons est tombé dans
le même vice : M. Malthus avait commis de graves er
reurs, M. G dsvin en relève quelques-unes, et tombe
souvent dans des erreurs opposées ; nous n’aurions peutêtre qu’un seul auteur à citer qui ait réellement soumis
l’économie politique aux résultats de la dynamistatistique ;
mais l'amitié que nous lui portons ferait suspecter nos
éloges et indisposerait la modestie du savant écrivain.
L ’ouvrage dans lequel M. G. s’est proposé de réfuter
les erreurs de M. M . , est divisé en six livres , et l’on
peut dire , à la louange de l’auteur , qu’il ne s’écarte
jamais de son sujet pour envahir un terrçiu étranger et
T . III.
17
�42
( 2
)
surtout que dans sa préface il rend à M. M . la justice
qu'il mérite et à laquelle tout lecteur applaudira sans
doute. Cependant les préjugés s:élèvent déjà contre M.
G. , mais il ne faut jamais repousser un orateur qui
veut vous éclairer , avant de l’avoir entendu , et surtout
avant d’avoir réfléchi sur ce qu’il a dit ; ainsi pénétré
d’un principe , faux , peut-être, il en est p a rti, et il reste
toujours conséquent : il a toujours regardé la doctrine
établie par M. M. comme propre à anéantir tout espoir
de perfectibilité sociale , à détruire les sentimens de f r a
ternité ou de bienveillance, et à doubler la rage des pas
sions égoistes. M. G. n’aurait point relevé des erreurs
d’une conséquence aussi grave, si l ’ouvrage de M. M.
n’eut eu qu'un succès éphémère, mais il voit, chaque jour,
accroître le nombre de ses partisans, et c’est vraiment
dans une situation aussi peu avantageuse qu’il est ho
norable d’attaquer un systèm e, c'est alors un service
général à rendre que de l’attaquer avec les armes de
l ’expérience assurée et d’ une sage reflexion. M. G a senti
le fardeau donlil se chargeait; il n’a marché qu’à petits pas;
nous ne jugerons poiut dans une affaire aussi g ra v e, si
mous penchons à le croire, il faut lui supposer des con
naissances variées et très-étendues , et surtout celle que
nous avons citée plus haut. Chaque livre est divisé en
chapitres, méthode non moins utile à l’auteur qu’au lec
teur; dans chacun d’eux il truite progressivement de la
population de l’Europe , de l’Asie , de l’Afrique et de
l ’Amérique méridionale, tant dans les temps modernes
que dans les temps anciens ; mais quel degré de certi
tude peut-on avoir sur la population des états de l’Europe
par exemple et quelles seront les données sur lesquelles
on pourra baser les raisonnemens P Mais si nous dou
tons de la fidélité des résultats des temps en Europe,
qu’eu dirons-nous pour les autres parties du monde ?
E t que dirons-nous lorsqu’on nous citera les états de
�243
(
)
l’antiquité ? Je sais qu’on a voulu montrer des traces
de connaissances économiques et statistiques chez les
Grecs et chez les Romains , mais que ne peut-on pas
trouver chez ces peuples P Mais que conclure même en
accordant l’existence exacte de ces passages, des connais
sances de ces peuples en statistique et eu économie
politique relativement à celle de notre siècle P Mais en
outre raisonner avec assurance sur la population des
états modernes, sans l ’aide des voyages et des qualités
nécessaires pour en profiter , n’est - ce pas manquer
de fondemens P Pour m o i , j'abandonnerai la partie de
l’économie politique et de la statistique des Romains à
ces personnes qui y ajouteront foi et je me bornerai à
passer rapidement en revue ce dont l’existence, le besoin
et l’étude sont bien plus nécessaires pour moi.
L ’ordre méthodique suivi par M. G . , consiste à ré
futer une assertion de M. M , qu’il a prise pour texte,
et à la combattre : marchant ainsi progressivement, il est
forcé de faire abstraction du corps de l'ouvrage ou delà
doctrine de M. M . On sait combien cette manière de
critiquer est sujette à faire errer, et par un vice , du reste
assez naturel à l'esprit de nos voisins, on ne voit qüc la
lettre où l’on devrait entendre l’esprit ; il en résulte que
souvent M. G. fait dire à son adversaire ce qui ne lui
est jamais venu dans l’idée ; un autre inconvénient non
moins grand en core, c’est que l’on doit nécessairement
reproduire des argumens déjà combattus, et s’exposer à
devenir long et par suite ennuyeux ; c’e st, il faut l’avouer,
ce qui arrive fréquemment dans l’ouvrage de M. G. qui,
je l'avoue aussi , ne peut être entièrement lu que par
amour pour la science et dans la noble intention de se
Corriger de quelques erreurs dont on aurait meublé sa
mémoire, il est vrai qu’en statistique et en économie
politique, les idées, les maximes, e tc , ne sont rien ; ce
sont les faits qui sont tout ; la doctrine vient après. Il
J
�(
)
fallait combattre les premiers , et la dernière eul tombé
tout naturellement, et il aurait fallu terminer parles rec
tifier tous deux : alors l’ouvrage de M. G. eut été vrai
ment utile, puisque nous aurions vu dans le même cadre
les vérités de M. M. et celles de M. G. , ensuite «mus eus
sions pû comparer les deux doctrines, et certainement
cette lecture eîit été plus profitable.
L ’ordre est la partie impôt tante d'un ouvrage d’éco
nomie , et j’avoue que, grâce au vice dont j’ai parlé plus
h a u t, il est difficile de se reconnaître dans celui-ci ; les
assertions, les pieuves, les faits, les calculs et pour la
plupart fort intéressans, sont épars et ne pourraient
être utiles que réunis ; aussi l’esprit ne suit-il que diffi
cilement les traces de M. G. Après ce préambule sur le
corps de l’ouvrage, nous allons en examiner quelques
détails.
Selon M. M . , la population se double tous les cinq
lustres. Celte proposition , peut-être un peu trop géné
ralisée , est néanmoins susceptible d’être prouvée , mais
non démontrée ; en la prenant à la lettre , c’est-à-dire,
sans tenir en compte les obstacles destructifs , elle de
vient ridicule , puisqu’il devrait faire qu’avant cent ans
la terre serait recouverte d’habitaus qu’elle ne pourrait
jamais entretenir. Pour réfuter cette maxime économique,
M. G. appelle à son aide l'ancienne population des quatre
parties du Monde , et si elle peut être prise en compte,
elle peut très-bien aussi être récusée par M. M . , d’où notre
censeur se croit en droit de conclure que c’est plutôt une
dépopulation que nous avons à craindre qu’une exubé
rance dans la masse ; ainsi les obstacles destructifs n’en
trent nullement eu ligne de compte dans ce calcul , et
pourrait-on dire à M. G. , en citant un exemple entre
m ille, grâce au peu d’intérêt que les gouvernans prennent
de la population et de la santé publique , ne voit-on pas
chaque jour, la diathèse scrophuleuse devenir plus com-
�45
( * .)
mune ? An lieu d'avoir des hommes , ce sont des damoi
seaux qui n’apparaissent sur la surface du globe que pour
y rester une trentaine d'années , consumer des subsis
tances, e t , qui deviendront inutiles pour l’é ta t, cou*
trader des nœuds qui produiront des malheureux sem
blables à leur père , qui eux-mêmes en créeront d’autres,
puis mourront en plongeant dans le désespoir les fa
milles réciproques , en laissant de jeunes veuves et de
tendres orphelins. Cet obstacle , aussi douloureux pour
le philantrope que nuisible pour les gouvernemens , ne
pourrait-il point être prévenu ? Les familles malheu
reusement trop nombreuses n’en seraient - elles point
reconnaissantes P et une loi sage , humaine et sociale ne
serait-elle point utile à toutes les classes de la société ?
J’ai cité cet exemple horrible et désolant des obstacles
destructifs ? la guerre n’en est elle point un autre ; mais
moins hideux, je l’avoue. Les pestes , les épidémies ,
doivent-elles être mises hors de compte de l'économiste?
C’est au moins ce que nous sommes loin de penser, etc.
M. M. regarde comme obstacles privatifs de la popu
lation , la privation des subsistances nécessaires à l’entre
tien de la masse. Ici M. G. fait une remarque judicieuse ,
cè nous semble, ou du mains favorable à nos idées ; c’est
que M. M. ne regarde que le produit actuel ou momen
tané des terres et jamais le produit nutatif ou possible.
Du reste, nous ne connaissons point d’observations pro
pres à établir les craintes de la proposition que nous
venons de citer , et il est assez probable même que le
travail serait toujours en raison directe de l’augment de
la population ; car on ne peut citer comme une dépo
pulation croissante, les ravages que produisent les inva
sions souvent répétées , les émigrations et telles qu’on
les observe aujoui d’hui en Grèce, en Turquie e tc., telles
que. les produisirent l’impolitique révocation de l edit de
Nantes , les guerres de révolutions et ne doit-oir pas
�( 246 )
compter dans la balance de la dépopulation l'influence
d’uu gouvernement despotique ou arbitraire? La Fiance,
sous un gouvernement absolu , était-elle aussi peuplée
qu’elle l’est de nos jours, malgré les nombreux obstacles
destructifs , sous un gouvernement constitutionnel i’ Les
richesses nationales étaient-elles aussi grandes ? Nous ne
le pensons point , et personne ne le croit ; car il ne
vaut pas la peine de procréer des esclaves. L’Fspague
gémissante sous deux chefs éminemment despotes : le roi
et la sainte inquisition devait-elle être autrement peu
plée et autrement cultivée que nous ne l’avons trouvée
lors de notre entrée sur son territoire en 1807 i’Les champs
ne devaient point être incultes et peu fécondés? Ne tra
vailler que pour payer des impôts, c’est dégoûter du
travail ; c’est se ruiner soi-mème : les gouveruans n’ont
jamais voulu envisager cette idée , qui est bien plus
fondée qu’ils ne le pensent, etc.
Passons vite au point qui nous paraît le plus intéres
sant , c’est-à-dire , à celui que IVi. G. s’est proposé de
traiter dans le cinquième livre. M. M . pense que les
matériaux de la subsistance sont le thermomètre de la
population , M. G. qui, à la vérité , ne choisit jamais ses
preuves, prend d’abord à témoin l’empire chinois , où
nous le laissons ; nous préférons arriver aux données
telatives à sa patrie.
M. M idclelton a publié , il y a quelques années , avec
l’approbation du comité d’agriculture, la description du
comté de Middlesex ; c’est dans ce travail que notre au
teur puise , ce nous semble , un argument irrésistible,
et d’après l’auteur que nous venons de citer , il porte les
terres en culture de l’Angleterre et de la principauté de
Galles à ............................................. 3 g, 100,000, acres
Les communes et les terres incultes, à 7,816,000 id .
Ce qui fait un total de......................... 46,916,000 acres.
�247
(
)
La consommation annuelle , moyenne
et, par tète, peut être portée en pain à .
En boisson , au produit de. . . .
En nourriture animale au produit de
En racines, herbages , fruits . . .
Ce qui forme un total de.
.
.
172 acre.
2 acres.
178d’acre.
.
2 374 d’acres.
Si l’on porte la population des deux
états mentionnés à 10,000,000 d’àmes la
consommation annuelle sera , en pain ,
le produit d e ........................... . . . 5,000,000
En boisson , le produit de . . . . i,a o,ooo
En nourriture anim ale,le produit de 20,000,0001
En racines le produit de.....................i , o,ooo
Pour la nourriture de 1,200,000 che
vaux employés à l’agriculture, qui con
somment l’un dans l’autre le produit de
quatre acres................................................. 4,800,000
Pour les terres dont les produits ne
sont point é v a l u é s .................................6,800,000
5
25
3
Ce qui forme un total de. . - .
g, 100,000 acres.
S i , sans faire entrer en compte les 7,816,000 acres in
cultes, l’on divise ces 6,800,000 a cres, formant le der
nier article , par 2 3741 on trouve qu’ils suffiraient pour
nourrir 2,o54, o âmes, ce qui éleverait la population
citée relevée en 1810 a 2,000,000 d’ âmes de plus.
M. G. passe ensuite à un point non moins intéressant,
et prouve que les terres 11e rapportent point autant
qu’elles en seraient susceptibles et que l’on ne peut at
tribuer la disproportion de la population de l’Angleterre
et du pays de Galles , au manque de subsistance. Un
exemple analogue en fera concevoir la vraie cause. Avant
la révolution française , des terres immenses étaient le
partage d’un très-petit nombre de citoyens pris dans la
38
�4
( a 8 )
caste nobiliaire ou monacale , qui jouissnioii! de batimens énormes et de jardins immenses , ilont les rap
ports étaient nuis. La révolution , en divisant les for
tunes, a doublé le produit des terres : tel est l’état de
nos voisins d'outre-mer ; des lords ont des fortunes mons
trueuses , qui doivent nécessairement porter ombrage
aux gouvernans et nuire au gouvernement, d’abord sous
le point de vue des rapports et ensuite sous celui de la
population. Ainsi les fortunes sur-inutiles reparties pro
duiraient plus de rapport à l’Angleterre et une popu
lation d’environ i00l)>000 d’âmes de plus. Mais cette
division des propriétés qui est toujours dans l'intérêt
des gouvernans , l’est-elle dans celle des gouvernés P
question grave et importante qui n’a point encore été
traitée , ce nous semble , avec tout le soin qu’elle mérite;
quant à nous , nous ne sommes point éloigné de croire
qu’elle est très-nuisible et surtout pour une certaine
classe de la société pour laquelle la contrainte morale
est fondée sur la divisibilité des propriétés.
M. G. s’est ensuite proposé de réfuter les maximes de
morale et de politique de M. M . , et ce sixième et der
nier livre est peut-être celui qui contient le plus de
preuves en faveur de ce que nous avons dit sur l’ordre
dans lequel cette critique aurait dû être faite. Ai nsi , d’a
près tout ce que nous avons assez rapidement observé,
on peut juger quelle impression l’ouvrage entier à laite
dans notre esp rit, et entièrement peu satisfait des ob
jections de M. G , nous pendions encore pour la théorie
ou la doctrine de son adversaire , et nous terminons
ici notre travail sans analyser ce dernier livre , qui nous
paraît de beaucoup inférieur aux autres.
4
PiERQum, D . M.
�( a.fe )
R apports et comptes rendus sur les travaux de la Société
du dispensaire de Lyon , depuis le i . er août 1820
jusqu'au i . cr août 182;. Broch. in-8-° de
pag. avec
une planche lythoyaphiée. (L yo n 1822.)
83
A mesure que les besoins du pauvre ont été mieux
appréciés , de vérilables ainis des hommes ont reconnu
que dans une grande ville, le concours des hôpitaux et dés
secours à domicile était indispensable pour satisfaire tous
les vœux de la charité. Cette vérité , qu’une philan
tropie peu éclairée a pu seule méconnaître , a été mise
dans tout son jour par M. Regny , vice-président de la
Société du dispensaire de Lyon , dans le discours qu’il
a lu à l’assemblée générale du décembre 1821. Mais il
appartenait à la plume élégante et facile de M. le docteur
Comarmond , auteur du rapport médieo - chirurgical -,
dont nous allons présenter une analyse , de faire res
sortir tous les avantages d'une œuvre de bienfaisance,
dont les heureux résultats commandent le respect et l’admiralion. Qu’il nous soit permis de payer ici un juste
tribut d’éloges à ces zélés amis de l’humanité qui ont
senti le besoin de procurer aux pauvres gravement ma
lades des soins assidus et désintéressés , et de manifester
le désir de voir se former dans notre ville une Société
de femmes dévouées, q u i , à l’exemple de celles de Lyon,
mettent toute leur gloire à remplir les fonctions pénibles
de gardes-malades , auprès des indigens dont le mal
réclame un pareil service. Les bienfaits inévitables d’uné
pareille institution ne peuvent manquer d’exciter le zèle
charitable d’une classe d’administrateurs vertueux et
éclairés, qui ont toujours adopté avec enthousiasme tout
ce qui a pu concourir au bonheur et au soulagement
des pauvres.
INous ne suivrons pas M. le docteur Comarmond dans
l’éloquent parallèle qu’il fait des hôpitaux et des dispen-
3
�5
( ?. o )
saires , ni dans tout ce qui a rapport aux améliora
tions d’ un établissement qui s’avance à grands pas
vers la perfection la plus désirable : notre lâch e doit
consister à donner le précis des observations intéres
santes que renferme le travail de ce modeste et savant
médecin.
L ’angine suffocante marche souvent avec une rapidité
telle que tout secours devient inutile. M. le docteur
Gubiati a traité avec succès dans le courant de l’hiver de
1821 , plusieurs maladies de cette nature, avec fièvre
intense , par l'application des sangsues au-dessus des
angles de la mâchoire inférieure , les dérivatifs aux
membres inférieurs et les minoratifs portés sur les gros
intestins.
Dans l’épidémie de rougeole qui a été si meurtrière
pendant le même h iver, ce praticien judicieux a observé
que la gravité des accidens tenait à l’inflammation de la
muqueuse des bronches , et il les a avantageusement
combattus par l’emploi du muriate de mercure doux et
des dérivatifs puissans à la peau.
U n jeune homme de 20 ans, offrait tous les symtômes
de la phthysie pulmonaire ; M. le docteur Gu'ùan l’exa
mine avec soin et reconnaît l’existence d’un dépôt par
cougestion , dont le pus sourdait à travers les espaces
intercostaux , près de l’articulation des côtes au sternum.
11 pratique avec le bistouri des ponctions sur le point le
plus saillant et après trois mois d’un traitement à la mé
thode Boyer, ce dépôt est entièrement guéri et le malade
rendu à son travail.
Si les faits précités font l’éloge de la sagacité de M.
le docteur Gubian , l’opération suivante peut donner
line idée de la dextérité avec laquelle ce médecin manie
le bistouri. Une syphilis traitée par des charlatans chez
une femme de 26 ans , avait fait dégénérer le petit
corps placé au bas du pu bis, eu uue masse carcino-
�5
( a i )
inateuse , longue (le sis pouces , large de cleus pouces et
demi , épaisse de dix huit lignes à deux pouces , se
recourbunt'*en arrière et masquant ainsi l’appareil exté
rieur de la génération.
Comme cette tumeur existait depuis huit a us , et que
des douleurs lancinantes commençaient à se faire sentir,
M. Gubian se décida à en faire l’opération.
« L ’instrument, dit le rapporteur, fut porté jusque
sur l'os pubis ; une partie des tissus circonvoisins ,
continus à la tumeur , fut enlevée ; la vaste plaie qui
en résulta, présentait, dans toute sa surface, une grande
quantité de vaisseaux fournissant abondamment du sang.
Le fer rouge, les tampons arrêtèrent cette hémorrhagie;
aucun accident ne se manifesta et la malade fut guérie
au bout d’un mois. »
Les médecins du dispensaire de Lyon ont eu de nom
breuses occasions de mettre en usage les préparations
d’iode , dont l’efficacité contre le goitre a été reconnue
dernièrement par M. Coindet , de Genève. L ’expérience
les a convaincus que non-seulemeut cette substance
peut être employée avec succès contre le broncocèle ,
mais encore comme emménagogue puissant, et comme
résolutif dans les engorgemens glanduleux de nature
scrofuleuse.
Deux observations fournies par M. le docteur Jandard
prouvent d’une manière satisfaisante que les affections
scrofuleuses ne sont pas toujours au-dessus des ressources
de l’art.
La première a pour sujet une jeune fille de 19 ans ,
d’uci tempérament lymphatique et affectée depuis longues
années d’ une ophthalmie rebelle et d’un engorgement
des glandes du col qui devinrent tellement volumineuses,
que la mastication , la déglutition et la respiration en
furent gênées ; l’application réitérée des sangsues aux
cuisses ; uue légère décoction d’absinthe et de petite
�(
=52
)
centaurée pour boisson habituelle et l'emploi des extraits
de cigiie et de digitale pourprée , portée jusqu'à la dose
de o grains par jour , emmenèrent une guérison radi
cale dans l’espace de quatre mois.
Le sujet de la seconde observation est un jeune homme
de 16 a n s , alfecté de scrofules dès l’âge le plus tendre r
que le marasme et la fièvre lente menaçaient d?une
mort prochaine. 11 fut rappelé à la vie et à une
santé parfaite par un régime analeptique , et les amers
auxquels on fit succéder les applications de ciguë fraîche
et l’usage interne des extraits de la même plante et de
digitale p ur préc.
M . Jaudard a employé avec succès, dans plusieurs
cas de syphilis, le carex arenaria, plante présentée tout
nouvellement comme devant remplacer la salsepareille.
A son exemple , les autres médecins du dispensaire de
Lyon ont eu recours à cette plante, non-seulement dans
les maladies vénériennes , mais encore dans les affectious scrofuleuses et rhumatismales , et ils attendent sa
gement qu’une plus longue expérience ait démontié
ses vertus thérapeutiques pour pouvoir la préconiser
d’une .manière plus positive.
M. le docteur Terme, dont on connaît les talons
et le zèle pour n; science , a obtenu la guérison de deux
énormes tumeurs simulant un double sarcocèle , par
l ’emploi des frictions mercurielles auxquelles il a associé
les fumigations astringentes. Ce médecin a , le prem ier,
fait l’emploi , à Lyon , du traitement appellé arabique
ou diète sèche, chez un malade attein t, depuis plusieurs
années, d’une syphilis qui avait résisté à quatre traitemens ditférens. Cette méthode a été suivie d ’un succès
com plct.
Telles sont les observations les plus dignes d’être citées,
que renferme le rapport médico-chirurgical du dispensaire
de Lyou pendant l’année 1821, auxquelles il est à regretter
3
�( .
53)
qu’un excès de modestie n'ait pas permis au savant
rapporteur de joindre celles qui lui sonl propres. Q uel
que louai), que soit le inoiii' qui l’a porte à taire ses
succès , la science et l'humanité exigeaient de M. Lomarm oud qu’il ne laissât aucune lacune a remplir dans un
ouvrage destiné à faire connaître les travaux d'une réu
nion de médecins dont le savoir et la philantropie pro
curent aux pauvres d'innombrables bienfaits.
G .-A .-T .
L ettre
au Rédacteur-général
S
ue
, D . M. P.
de /'"Observateur des
Sciences médicales.
Monsieur et cher C on frère,
Je
vous prie de vouloir bien insérer dans l’un des
prochains numéros de votre estimable journal, les ré
flexions suivantes : elles sont relatives à l’établissement
de MM, d’Ji’tvvi fv et Brichelèau , fixé à Paris rue Copeau,
dans lequel ou reçoit et l’on traite avec succès tous les
vices de conformation auxquels l’enfance est si facile
ment sujette.
Je vous demande cette faveur pour qu’il me soit permis
d’appuyer ce que l’on a déjà (i) dit à cet égard, et pour
convaincre de plus en plus ceux qui sont trop éloignés
de la chose elle-même pour pouvoir juger avec toute la
confiance nécessaire des faits que le médecin physiolo
giste ne devra bientôt plus révoquer en doute.
�( *54 )
Il est une maladie horriblement difforme qui met
l ’homme dans l’ impossibilité de se livrer à la plupart des
exercices de la vie civile et aux professions utiles à la
société. Les Grecs appellaient ceux qui en étaient atta
qués , blaisopod.es. Les Romains vari ou valgi ; cette
fâcheuse infirmité a reçu chez nous le nom de pieds
bots. Elle était connue d’Hippocrate et quoique le savant
vieillard eût décrit dans son traité des articulations un
bandage pour la guérir , elle ne fut pas moins regardée
comme incurable par la grande-majorité de ceux qui
vinrent après lui. Fabrice, Paré et surtout Camper con
tribuèrent tellement à accréditer cette dernière opinion ,
qu’il ne fallut rien moins que l’autorité de Scarpa pour
en démontrer toute la fausseté.
Scarpa fut beaucoup plus heureux dans ses démons
trations théoriques , qu’il ne l’a été dans les divers moyens
qu’il nous a transmis pour la curation des pieds bots.
Plusieurs orthopédistes ont guéri, à ce que l’on croit,
ces vices de conformation, Verdier et T.phanie a Paris,
Jackson en Angleterre jouirent, durant leur vie, d’uue
brillante réputation ; mais le véritable inventeur des
appareils orthopédiques est Venel médecin suisse, bien
antérieur à Scarpa.
s’occupait avec succès de cette
partie de la chirurgie , lorsqu’appelé par ses talens à
la cour du roi de Pologne , il se vit en quelque sorle
contraint d’abandonner l’orthopédie pour se iivi’er d’une
manière plus spéciale à l’étude et à la pratique de la
médecine.
Rentré dans sa patrie par suite des éve'nemens qui
affligèrent le royaume de Pologne , il se mit à cul
tiver de nouveau , mais avec beaucoup plus de soin , ses
premières dispositions pour la mécanique appliquée au
traitement des vices de conformation, il obtint depuis
lors un très-grand succès. Il fonda dans la petite ville
d ’Orbe en Suisse , un établissement dans lequel vinrent
11
�( a 55 )
de toutes parts les personnes cjui étaient affectées de
quelque maladie semblable. V e n d , naturellement mo
deste , ne donna aucune publicité à ses procédés ortho
pédiques ; aussi, dans une grande partie de la F ra n ce,
les médecins les plus judicieux regardaient les pieds bots,
il v a peu d’années encore , comme l’ une des affections
réellement incurables.
mourut. Dès-lors son établissement passa dans les
mains de M. Jacquaid, qui ne lit rien pour éterniser
la gloire de son prédécesseur. 11 est mort aussi.........
Depuis , deux années se sont écoulées ; nous allions de
nouveau tout perdre de cette partie intéressante de la
chirurgie , . . . lorsque nous voyons encore s’élever parmi
nous un autre disciple du célèbre Vend , mais plus babiie
que son m aître, et mieux dirigé que lui pour donner
une large extension aux procédés orthopédiques et pour
pouvoir les transmettre à la postérité. Les journaux lit
téraires, ceux de médecine, le dictiouaire des sciences
médicales ont parlé avec beaucoup d’avantage de M.
Louis d'Ivernois qui paraît justifier chaque jour le lan
gage que l’on a tenu à son égard. Je pourrais citer
moi-même , si l’espace me le permettait, des faits véri
tablement merveilleux dont j’ai été témoin , mais aux
quels le lecteur pourra facilement suppléer , en jettant
un coup-d’œil sur les planches annexées au prospectus.
Ces planches sont de fidèles images des succès que la
médecin peut désormais se prom ettre, et le tableau
vivant des victimes nombreuses que l’on a du moins
aujourd’hui l’espoir d’arracher presque toutes à la plus
malheureuse servitude. D ’ailleurs , M. d’Ivernois s’appuie
d’une autorité tellement recommandable, l’école de
Paris; il s’entoure d’hommes si distingués, qu’il suffira
de les nommer pour mériter à son établissement toute la
confiance qu’il s'est déjà acquise.
M. Briclteleau, disciple de l’illustre professeur Pinel ,
11
�( a 56 )
doit joindre ses lumières physiologiques et médicales aux
inventions de la chirurgie m écanique, de cette manière
toutes les maladies de l’enfance pourront trouver leur
place dans l’établissement. MM. Husson , médecin de
l ’Hôtel-Dieu , et le professeur M arjolin , doivent aussi
concourir, en qualité de médecins consultans, à l’élé
vation d’un édifice aussi remarquable.
J ’ai l’honneur d’être, e tc.,
T héodore B eullac , D. M. P.
REVUE
DES
JOURNAUX.
L es annales de la médecine physiologique ne sont pas
uniquement importantes par les grands avantages qu’elles
offrent aux médecins qui désirent de se tenir au courant
des découvertes médicales , elles sont encore précieuses
par les nombreux documens qu’elles fournissent spécia
lement sur la nouvelle doctrine , et ce qui ajoute surtout
à l’intérêt qu’elles présentent, ce sont les notes instruc
tives dont M. le rédacteur les enrichit.
Nos lecteurs verront donc avec satisfaction que pour
alimenter notre revue des journaux , nous puisions fré
quemment dans le recueil périodique du célèbre pro
fesseur Broussais.
Nous allons en extraire présentement les nouveaux
procédés du docteur Peysson, pour traiter les lièvres
intermittentes et autres affections périodiques sans quin
quina.
Tout en accordant à la doctrine physiologique d’avoir
fixé d’ une manière plus précise les cas où le quinquina
convient , ceux ou il est contr’indiqué, ceux enfin où
l ’on ne doit le donner qu’avec les plus grandes pré
cautions , M. le docteur Peysson observe que cette doc-
�(
)
trine n’a point encore indiqué les moyens de se passer
de l’écorce du Pérou. Mais M, Broussais annonce , dans
line note, qu'il prouvera que ce reproche n’est pas fondé.
Potion dont l'action fébrifuge est plus prompte et surtout
plus sure que celle du quinquina.
« Prenez tartre stibié , i grain , faites dissoudre dans
eau distili. 8 onces ■; ajoutez sirop diacode i once, gom.
aralr. demi-once , eau de fl. d’or, demi-once. Il est aisé
de s’apercevoir que les principes actifs de cette potion
sont le tartre stibié et l’opium ; que par conséquent ils
doivent toujours s’y trouver , mais qu’on peut , qu’on
doit même en varier un peu les doses , i.° selon la
qualité du tartre ém étique, 2 .0 selon les sujets qu'on
traite , .° selon les cas et les circonstances. Quant aux
autres ingrédiens, on peut les changer à volonté , et les
adapter au goût des malades , que je consulte toujours
beaucoup : seulement 011 doit avoir le plus grand soin
de n’y introduire aucune substance capable de décom
poser le tartre stibié.
3
M ode d ’administration.
Je la donne de deux manières : i.° si c’est une fièvre
ordinaire , que le malade soit fort et 11e puisse se passer
d’alimens solides , ce qui vaudrait mieux , j’en fais pren
dre entre les accès, une cuillerée la première heure ,
deux , la seconde, trois la troisièm e, et ainsi de suite
jusqu’aux repas. Je la suspends alors pour la reprendre
deux heures après , en recommençant par une cuillerée ,
et en augmentant de nouveau par degrés.
2.0 En général , je préfère la donner comme leâ
autres potions ; seulement, n’augmentant pas par degré?
le nombre des cuillerées , je diminue insensiblement
l'intervalle que je laisse entre elles , jusqu’à ce que lq
T. lit
iS
�( 258 )
malade en prenne une tous les quarts d’heure , ou au
rnoius, toutes les demi-heures. Je n ’en cesse entièrement
l ’usage que pendant la violence des paroxysmes, et durant
le sommeil.
Au reste, le mode d’administration doit être modifié
selon les cas et une foule de circonstances. Par exemple,
si l’on avait à traiter une fièvre quarte , comme le temps
d'apyrexie est très-long , on commencerait par. n’en
donner une cuillerée que toutes les deux ou trois heures *
et on multiplierait les doses , qu’on pourrait ainsi augmen
ter un peu à mesure qu’on approcherait des accès ; enfin,
à moins de contr’indicatipn, il faut en faire prendre au
tant que faire se peut , sans produire aucun effet sen
sible. Si elle venait à provoquer des voinisseinens , des
nausées ou de la diarrhée , il faudrait aussitôt en dimi
nuer les doses et les éloigner davantage : moyennant ces
précautions, ce médicament n’est jamais dangereux;
tous les malades le supportent très-bien : on peut même
le leur rendre fort agréable.
Quelque simple et économique qu’il soit ( car le tartre
stibié et l’opium sont les seuls ingrédiens indispensables ,
et je n’eu emploie pas d’autres à l’hôpital), il n’en est
pas moins un puissant fébrifuge. Son énergie est telle,
que les moindres doses suffisent pour amender tous les
symptômes fébriles, 11 n’agit pas seulement sur les accès
futurs, souvent même il dissipe les malaises que les
malades éprouvent encore pendant l’apyrexie. Combien
de fois ne m’est-il pus arrivé de, prévoir la suppression
des paroxysmes pour sou action instantanée !
Cependant je dois prévenir qu’il arrête rarement les
accès tout-à-coup ; il en diminue insensiblement la vio
lence , et les fait enfin cesser quelquefois au prem ier,
mais plus souvent au second ou au troisième paroxysme.
V o ilà , je crois , pourquoi les fièvres supprimées par ce
remède ne rechutent jamais , pourvu qu’on eu continue
�( 269 )
' l ’usage pendant quelques jours après leur guérison , sauf
à en diminuer et à en éloigner successivement les
doses.
On ne doit pas non plus le donner dans tous les cas
et d’une manière empirique ; je ne l'offre point comme
une panacée universelle : c’est au médecin à juger des
indications et contr’indications. On sent, par exemple,
qu’il serait dangereux dans une fièvre intermittente com
pliquée de gastrite et de gastro-entérite ; mais , dans
ces caslà m êm e, le quinquina serait-ii moins funeste ?
Sans doute, le premier effet de ma potion serait de pro
duire des nausées , ce qui en ferait aussitôt suspendre
l’emploi , tandis qu’on pourrait abuser du quina sans
s’en apercevoir.
En général , on peut le donner sans crainte dans
toutes les intermittentes franches , c’est-à-dire , avec a py
rexie complète entre les accès. Si dans' leur intervalle
il y avait des signes non équivoques d'irritation gastrique
inflammatoire , on suivrait alors les principes de la
doctrine physiologique , relatifs à l’administration du
quinquina i mais , je dois le dire , ces cas ne sont pas
aussi fréquens qu’on pourrait le croire (i) , et le plus
souvent on peut donner la potion stibio-opicicée sans avoir
besoin d’y préparer les malades.
Ce qui rend ce fébrifuge extrêmement précieux, c’est
qu’on peut le donner dans une foule dejcas où il serait im
possible de faire prendre du quinquiua ,'et qu’il semble agir
d’autant mieux oue celui-ci agit moins bien. Tout an
nonce même que son empire est beaucoup plus étendu
que je ne l’avais cru d’abord. Outre l’immense classe
des fièvres intermittentes, endémiques dans tant de eon-
(i) 11 faut avoir égard aux climats, etc. U est des cas nom
breux où l’inflammation persévère entre les accès. 1
B...
�( 260 )
trées , il combat avec lion moins d'efficacité la plupart
des affections périodiques , non fébriles , sans vices de
nutrition : c’est ainsi qu’il agit merveilleusement dans les
névralgies. »
M . le docteur Peysson se borne ensuite à présenter
l'extrait de quelques observations sur l’efficacité cie ce fé
brifuge, prises au milieu d'une foule d’autres non moins
concluantes. Outre que le défaut d’espace ne nous per
met pas de rapporter cet extrait, nous remarquerons avec
l’auteur que les médecins pourront facilement acquérir la
preuve de ce qu’il avance, par leur propre expérience.
M. Peysson signale un autre procédé qu’il croit aussi
supérieur au précédent, que celui-ci l'est à celui par le
quinquina; il consiste en des frictions faites avec la
pommade suivante :
Prenez tartre stibié a grains ; faites dissoudre dans
eau distil. q. s.', puis incorporez dans axonge fraîche
i once ; divisez en
doses.
« Chaque dose de cette pommade sert à faire une fric
tion , et j’en fais faire jusqu’à quatre , et même cinq
par jour dans l ’apyrexie des fièvres intermittentes. Le
ventre, les cuisses, le rachis, les b ra s, e tc f, sont les
endroits du corps que j ’ai choisis pour ces frictions ;
chaque fois, ou change le lieu d’élection, pour éviter la
formation des petites pustules. O n doit frotter jusqu’à
ce que la graisse ait entièrement disparu. En général ,
fine demi-once de cette pommade suffit pour la cure
des fièvres intermittentes ordinaires , du moins si j’en
juge d’après mon expérience.
Bien loin d ’incommoder les malades, comme je le
croyais lors de mu première expérience, ces frictions
sont promptement suivies d’un mieux sensible , même
pendant l’intermittence. »
( Annales de la médecine physiologique , i . rc année ,
,e N .° , mars 1822. )
3
3
�( 2ÔI )
•— «Dans la séance générale du 12 mars, 011 a ouvert
la discussion sur le rapport que M. Double a présenté ,
au nom de la commission , sur le plan d’instruction re
lative à l’étude des épidémies. M. Deneux a proposé qu’on
indiquât l ’influence que l’état de grossesse , l’allaitement,
etc. , pourraient avoir sur l ’épidémie. M. Huilier , gé
néralisant cette opinion , voudrait qu’on fit un chapitre
particulier pour préciser quelles sont les conditions in
dividuelles relatives' aux. âges , aux sexes , aux tempéramens , aux habitudes, etc. , qui favorisent ou empê
chent l ’invasion de l’épidémie. M. Huzard désirerait
qu’on établît quels sont les rapports existans entre l’épi—
demie et les épizooties qui ont régné en même temps.
Enfin , M. Roulay se plaint de ce qu’on n’a point donné
aux pharmaciens un rôle à rem plir dans l’observation
des épidémies. Les analyses qu’ils peuvent faire des
divers objets et la connaissance locale qu'ils ont dix
p a y s, les met souvent à même d ’offrir d’utiles renseigneraens. »
( Revue médicale française et étrangère , mars 1822. )
P.-M. R oux.
* v \ w w w \ u \ \ w i u w u i i t u m v t 'v v \ v w v \ a v \ v v w v 'V V w v v w v v w w Y \ u w
A N A L Y S E
D es
principaux
( S u it e
vu
A rticles
N .°
de
du
M ars
J ournal
et
N.°
de
P harmacie .
d ' A v ril
1822. )
N otice sur la préparation de Vhydriodate de potasse,
par M. R oeiquet . — M. Robiquct signale, avec dignité y
les abus et les sophistications qu’ un vil intérêt a in
troduits dans la préparation des médicamens nouveaux
q u i, par l ’élévation de leur p r ix , flattent la cupidité
des falsificateurs ; il donne ensuite les deux procédés
suivans pour obtenir l ’hydriodate de potasse ï
�( iG i )
« Nous n’avons , d it-il, que deux moyens de préparer
» les hydriodates : ou bien , on sature autant que pos» sible une solution d’alcali caustique parde l'iode, et on
■>
> obtient ainsi, aux dépens des élémens de l’eau, de
» l’hydriodate et de l’indate ; celui-ci presqu’iusotuble
» se précipite, l’autre reste en dissolution, et comme
>> il contient toujours un excès d’a lc a li, on en achève
» la saturation avec de l’acide nydriodique. Le sel s'ob» tient par évaporation. Quant à l’iodate , rien de plus
» facile que de le convertir en hydriodate : il suilit,
» pour cela , de l'exposer à l’actiou d’une forte clialeur ;
» l’oxigène de ses deux composaus se dégage et il ne
» reste que de l’iodui's, q u i, dissous dans l’eau, se
» transforme en hydriodate L’autre procédé , et c’est
j) celui que je préfère, consiste à soumettre d’abord
3> l’iode délayé dans l’eau , à un courant d’hydrogène
3> sulfuré , pour le convertir en acide bydriodique , puis
33 à saturer cet açide par la base dont ou veut obtenir
» l’hydriodate. »
— Examen chimique, de. la racine de lurbilh , par M ,
B outf.ojx- C hàrlard . — Après avoir soumis cette racine
exotique à l’action de l’ea u , de l ’alcool, de l’éther , et
avoir employé l’intermède de la distillation, de l’inci
nération , ce chimiste a trouvé dans le turbith les subs
tances suivantes :
De la résine, une matière grasse, une huile volatile,
tic l’album ine, do la. fécule amylacée', une matière co
lorante jau n e, du lign eu x, de l’acide maiique lib re,
des sulfate , muriate et sous-carbonate de potasse , des
sous-phospate et sous-carbonate de chaux, et de l’oxide
de fer.
— M. Vogcl, de M unich, sous le titre de la Décom
position du calomel au moyen du kermès et du soufre
doré, a produit un mémoire très-intéressant , dans le
�( i
63
)
quel il prouve que telles substances salines insolubles
sont décomposées par d'autres qui sont solubles.
Ce principe, qui est connu en chim ie, vient d’être
appliqué, avec beaucoup de méthode , par M. V o g el,
sur le calomel , le kermès et le soufre d oré, en par
ticulier. Nous donnerons le résultat de son travail, après
avoir fait connaître de quelle manière il a procédé.
Avant de soumettre le calomel à l’action du kermès
et du soufre d o r é , il fait subir à tous les trois une
purification préalable, qui consiste, pour le calom el,
à le faire bou illir, jusqu’à douze fois, dans l’eau distillée;
déjà à la .‘: ébullition , l’eau de chaux, et les alcalis
ne troublaient plus l’eau filtrée, mais elle donnait un
précipité blanc par le nitrate d’argent, et un précipité
noir par l’hydrogène sulfuré. Après la ia .e ébullition,
il a eu les mêmes précipités par l’emploi des mêmes
réactifs , et l’eau de cette 12.e purification , filtrée et
évaporée à siccité, a fourni une matière blanche qui a
été reconnue pour être du sublimé corrosif et du ca
lomel.
Il purifie le kermès, par des ébullitions réitérées dans
l’eau , privée d’a ir , jusqu’à ce que le kermès , laissé deux
jours en contact avec l’eau froide, ne lui ait plus com
muniqué une couleur jaune orangé au moyen de l’hy
drogène sulfuré. I! purifie de la même manière le soufre
doré. Et c’est après cette purification , qu’il soumet ces
trois substances à leur action mutuelle..
Le calom el, mis en contact avec le kermès ou avec
le soufre d o ré , exposé pendant un mois à l’a ir , éprouve
une décomposition , puisque ce simple mélange aug-1
mente de six pour cent en poids, prend une nuance
grisâtre ; tandis que les mêmes substances exposées à
Pair lib re, étant isolées, n’ant point augmenté de poids
et n’ont pas changé de couleur.
Un mélange de calomel et de soufre doré, agité dans
5
�( 264 )
un flacon avec de l’eau distillée froide et prive’e d’air ,
après quelques minutes d’agitation, le soufre doré perd
de sa couleur et passe au brun sale , l’eau découlée
du mélange rougit fortement la teinture de tournesol,
trouble le nitrate d’argent , ainsi que le proto-niti’ate
de m ercure, et prend une couleur jaune doré par l’hy
drogène sulfuré
Cette eau rapprochée devient très-acide et laisse un
précipité blanc, qui se comporte comme le sous-muriate
d’antimoine, ou le beurre d ’antimoine.
Le calomel et le kerm ès, mêlés eu différentes pro
portions , lavés pendant quelques semaines, ont éprouvé
«ne décomposition susceptible de faire disparaître la
présence du calomel , surtout dans un mélange d'une
partie de celui-ci sur dis parties de kermès.
Si des semaines entières sont nécessaires pour la dé
composition du calom el, par le kermès dans l’eau froide,
soumis à l'action de l’eau bouillante, la décomposition
a lieu en peu d’instans et donne naissance à du sulfure
de mercure , tandis que l’eau tient en dissolution du
beurre d ’antimoine.
L e soufre doré mêlé au calom el, soumis 5 l’action
de l’eau bouillante, éprouve la même décomposition et
donne les mêmes résuliats.
M. Vogel fait encore connaître l’action qu’exerce l’acide
muriatique sur un mélange de calomel et de kermès.
Les résultats sont différens selon que l ’on emploie l’acide
plus ou moins concentré ; si l’acide est concentré, le
résultat de la décomposition est du calomel et du soufre;
mais si l’acide est étendu de deux fois son poids d’eau,
il résulte une poudre noire consistant en sulfure de
mercure.
Les huiles volatiles, telles que celles de térébenthine,
de lavande, décomposent le même mélange et donnent
les mêmes résultats que l’acide muriatique étendu d’eau.
�( s
65
)
Soumis à l’action de l’étlier, le mélange se décom
pose : il donne du sulfure de m ercure, et l’éther tient
en dissolution du beurre d'antimoine.
Après avoir fait connaître de quelle manière se dé
compose le calomel mis en contact avec le kermès et
le soufre d oré, M. Vogel donne encore les caractères
chimiques qui distinguent le kermès du soufre doré.
Après avoir réfuté quelques professeurs allemands , qui
ont voulu soutenir que l’antimoine n’était dans le ker
mès que dans l’état de sulfure , enfin après avoir admis
l ’opinion reconnue et soutenue par M. Cluzel , que le
kermès est la combinaison de l’oxidule d’antimoine avec
l ’hydrogène sulfuré, il dit : «Lorsqu’on projette le sou
fre doré sur des charbons ardens , il bride avec flamme
vive, ce qui n’a nullement lieu avec le kermès. »
Soumis l’un et l’autre à l’ébullition de l’huile de té
rébenthine , le soufre doré communique à ce liquide
une couleur d’ un jaune doré , et laisse déposer des cris
taux de soufre; tandis cpie le kermès colore à peine
l'huile volatile, et ne lui cède que très-peu de soufre.
Traités par l’ammoniaque , ils donnent tous les deux
des résultats différens ; l'un , le soufre doré', se con
vertit en poudre blanche et colore l’ammoniaque : l’au
tre ne forme pas de poudre blanche et conserve sa
couleur.
M. Vogel finit par prouver que l’odeur d’ail que
quelques chimistes ont voulu accorder à l’antimoine
traité au chalumeau , lui était étrangère et qu’il faut
l ’attribuer à l’arsenic allié il l’antimoine. Le procédé qu’il
donne pour prouver son assertion est bien d écrit, et
fait partager, avec l’auteur, sa manière de voir.
Enfin , il donne le résumé de son travail.
Il résulte ; d it-il, des expériences citées dans ce mé
moire ;
�( *66 )
i.° Que le calo.mel, mis en ébullition avec l’eau dis*
tillée , se transforme en partie en sublime corrosif.
3.° Que le kermès et le soufre doré se décomposent
en partie , chacun de son côté , par l'eau bouillante.
.° Que le calomel , ainsi que le kerm ès, peuvent être
regardés comme suffisamment purifiés , quand, mis
en contact avec l’eau froide pendant trois jours , ils
. ne lui communiquent pas la propriété d’être troublée
par le proto-nitrate de mercure.
[y.0 Q u ’un mélange de calomel et de kermès , humecté
d’eau , prend une couleur grisâtre, et qu’il se forme
ici du sulfure de mercure et du beurre d’antimoine.
. ° Que l’eau bouillante opère cette décomposition en
core plus rapidem ent, et que le mélange de calomel
et de kermès se convertit alors totalement en sulfure
de mercure et en beurre d’antimoine.
6 . ° Que les huiles volatiles et l'éther décomposent ce
mélange à-peu-près de la même manière que l’eau.
rj. ° Que le soufre doré se distingue du kerm ès, en ce
qu’il brûle avec flamme sur les charbons ardens , et
qu’il se transforme , avec l’ammoniaque liquide , en
une poudre blanche; l’un et l’autre phénomène-, n’ont
pas lieu avec le kermès.
8.° Enfin, que le sulfure d'antimoine, exploité en Bavière
e t , en H ongrie, contient plus ou moins d’arsenic.
Il n’est pas de lecteur qu i, en parcourant cet article,
ne pense comme moi , combien il est u rgen t, indis
pensable qu’un médecin connaisse la chimie pour ne
pas tomber dans des erreurs presque toujours irrépa
rables , en prescrivant des substances dont les diverses
combinaisons changent totalement les vertus du médi
cament , tantôt en acquérant une énergie extiême qui
le l’end délétère, tantôt en perdant son activité, et de
venant inerte et superflu.
Si je pouvais trouver des contradicteurs, j ’emprun-
3
5
�( 267 )
ternis à M, Vogel la première note de son m ém oire,
dans laquelle il dit !
« Un médecin avait prescrit , pour un enfant, l’or*
» donnance suivante :
» Mercure clulc. , un grain et demi ;
» Sel amnion. dép. , sacch. alb. , de chaque grains ;
» M. dent. tal. dos N. X I I .
» L ’enfant, après avoir pris plusieurs de ces poudres y
» en m ourut, et le pharmacien fut accusé d’avoir com» mis une erreur dans l’exécution de l’ordonnance. M .
» Petenkoffer trouva ensuite qu’il se forme du sublimé
» corrosif', quand ou fait dissoudre ces poudres dans
» l’eau. »
5
— Observations sur le chlorure d'or et de sodium , par
M. F ig u ie r , pharmacien
Montpellier. — Dans cet
article, M. Figuier prouve que les chlorures d’or et
de sodium , ne sont pas unis ensemble sous forme de
simple mélange ; mais que ces deux sels en forment un
triple , qui est le résultat de leur combinaison dans des
proportions déterminées ; il fait connaître les propriétés
physiques propres au chlorure d’o r , qui sont différentes
de celles du sel triple , telles que la cristallisation et
la faculté d’attirer l’humidité de l’air, qui caractérisent
le chlorure d’o r, tandis que celui d’or et de sodium
n ’attire nullement l’humidité de l’air et cristallise bien
différemment.
lit pour prouver que ce sel triple ne peut se former
que dans des proportions déterminées, il dit :
« J’ai fuit dissoudre une once d’or dans l’acide h y » drochlorique, et après avoir fait évaporer pour chasser
» l’excès d’acide , j’ai fait dissoudre le sel d’or dans huit
» fois son poids d’eau distillée ; à la liqueur filtrée j’ai
» ajouté une dissolution de deux gros de chlorure de
» sodium décrépite dans quatre fois son poids d’eau. Ces
» deux dissolutions, ainsi mêlées, ont été évaporées jusqu’à
à
�(2 6 8 )
»
»
»
»
»
»
ce qu’elles ont présenté seulement un poids de quatre
onces. Pair le refroidissement, elles ont donné des
cristaux très-réguliers ayant la forme des prismes
quadrangulaires , allongés, d’une belle couleur jaune
orangé. Il ne s'est pas séparé de cristaux de chlorure
de sodium pur.
» Si l’on fait une expérience analogue à la précédente,
» mais en employant une proportion plus forte de chlo» rure de sodium , les premiers cristaux qui se séparent
» par le refroidissement, sont des cubes de chlorure de
» sodium légèrement colorés, qui blanchissent par le la» vage ; si après les avoir séparés, on continue l’évapora» tion et qu’on l’arrête quand la liqueur donne des signes
» de cristallisation , on obtient des cristaux allongés d’ une
» belle couleur jaune, orangée, semblable à ceux ob» tenus par l’expérience précédente.
» Enfin , si l’on emploie une proportion plus petite
» de chlorure de sodium , alors il faut porter la coni> centration plus loin pour obtenir des cristaux. Les
» premiers qui se forment sont en aiguilles fines d’une
» couleur jaune orangée; si l’on pousse ensuite plus
« loin la concentration , la liqueur se prend en masse
yf cristalline, qu i, peu-à-peu, attire l’humidité de l’air et
» devient liquide; les cristaux en aiguilles dont je viens
>i de parler , purifiés par une nouvelle cristallisation,
» deviennent tout-à-fait semblables à ceux que j ’ai ob« tenus dans la première expérience. »
Il paraît même que si quelquefois des médecins n’ont
pas obtenu des résultats satisl'aisans de l’emploi du chlo
rure d’or et de sodium , c ’est que ce sel trip le , n’ayant
pas été préparé dans de justes proportions, avait trompé
leur attente.
— M. G odefroy, pharmacien à P a ris, donne une
notice sur Yœuanthe crocata , qui est signalé dans le
Manuel des pharmaciens et des droguistes, comme pou-
�( 2% )
vant être confondu avec la ciguë ( vonium maculatum. L . )
« Comme le hasard m’a fo u rn i, d it-il, l ’occasion de
» connaître le danger qui pourrait résulter de la subs» titution de l'œnanthe crocata à la ciguë, je crois qu’il
» est de mon devoir de mettre les praticiens en garde
» contre cette substitution , et de les prévenir contre
» les accidens qui suivraient l’emploi de ce végétal.
» L 'œnanthe crocata a absolument le port de la grande}
» ciguë; les feuilles sont du même vert foncé, parsemées
» de taches purpurines , et à moins que la plante ne
» soit garnie de ses graines on les confond aisément;
» cependant on peut les distinguer en déchirant la
» plante ; l'œnanthe rend un suc d'abord laiteux qui
» jaunît promptement à l’air; ce suc a une odeur dé» sagréable, et appliqué sur la peau il est rubéfiant
» il a une saveur âcre. Le/nery dit de cette plante :
« C ’est un poison mortel ; si l’on a eu le malheur d’en
ü avaler , il cause dans le ventricule une ardeur très» douloureuse, il fait tomber dans des convulsions for» tes ; etc. »
O n pourrait encore signaler une autre plante facile
à confondre avec la ciguë , c’est le cerfeuil sauvage
( chœrophyllum sylvestre. J, ) qui croît dans notre pays,
et surtout dans le bois de la S te.-Baume, à côté de la
vraie ciguë; pour établir la différence , nous citerons
Lamark , dans son Encyclopédie méthodique; il dit à
l’article cerfeuil sauvage : » Cette espèce ressemble à
» la ciguë, par son port et surtout par ses feuilles, etc. »
Et à l’article ciguë , il établit la comparaison qui rend
la différence plus sensible, en disant : . . . . « Comme
« il arrive tous les jours, en F rance, que ceux qui
» n’ont aucune connaissance des caractères essentiels de
.. la ciguë, prennent pour cette pituite le cerfeuil saun vage , ou quclqu’aulre ombellifère analogue. Il suffit ,
�( 270 )
» pour éviter cette erreur , de remarquer que les om» belles du cerfeuil sauvage n’ont point de ’callerette
» universelle , tandis que celles de la ciguë en ont cons» tamment; et que les fruits de la ciguë sont courts,
>> presque globuleux et à stries crénelées , tandis que
o ceux du cerfeuil sauvage sont lisses, alongés; ce qui
» est fort différent. »
— Examen chimique clc la candie blanche, par M M .
et R o b i n e t . — La canelle blanche concassée et
soumise à l’action de l ’eau froide , après t% heures de
macération , l’eau filtrée et chauffée jusqu’à l’ébullition
n’a donné que des flocons d’un blanc sale qui ont été
reconnus pour de l'albumine.
Traitée par l’eau chaude, elle a fourni une subs
tance résineuse non amère ; de petits cristaux aiguillés,
matière qui a une saveur douce et légèrement sucrée »
qui se rapproche du suôre des melons sans en avoir la
fraîcheur ; il celte matière douce cristalline, était jointe
une substance très amère , brune, un peu m olle, non
cristalline. On sépare celle-ci de la matière cristalline
par l’aleohol et même par l’éther, pour l’avoir plus pure.
Cette analyse , faite avec beaucoup de soin, a donné
pour résultat :
i.° Une matière sucrée particulière , ?..° une matière
amère particulière, .° d elà résine, -° une huile volatile
très-acre et même brûlante , .° de l’albumine, 6.° de
la gomme , y .0 de l’amidon , et enfin quelques sels.
P
etroz
3
5
4
— Examen chimique de la synovie, humaine, par M M .
et J.-M. B o i s s e l . — L ’intention que ces chi
mistes ont eue, en analysant la synovie humaine, était
de la comparer à celle du bœ u f, sur laquelle M.
Margueron a publié un travail intéressant. Le résultat
de cette analyse a démontré que la synovie humaine
est analogue à celle du b œ u f; elle est composée ••
L
assa&n e
�( 271 )
D ’albumine pour la plus grande p artie, 2.0 de
matière grasse, .° d’une matière animale soluble dans
l’eau , 4.0 de soude, .° de chlorure de -sodium et de
potassium, .° de phosphate de chaux et de carbonate
de la même base.
V . C ou ret .
1.5
3
6
5
ai u w v arvvwvv'vvvvvvv'v im v x n m v m i tw\ ,vwvvvv\a\v\vwt awvvw*
VARIÉTÉS.
Nous lisons dans le Journal du commerce , du il\.
m ai, l’article suivant : « Un arrêté de M. le maire de
» M etz, du 18 de ce mois, considérant les nombreuses
U victimes faites par l’application du remède du sieur
» L ero y , appelé vomi-purgatif, qu’il regarde comme
» un poison , en défend la vente à d’autres personnes
» qu’aux pharmaciens , et oblige ceux-ci à n'en dis» tribuer que d’après la prescription des gens de l’a r t ,
» et sur leur signature. « Espérons que l'autorité su
périeure prendra les mêmes mesures à l’égard de la
vente de ce prétendu remède à M arseille, où un phar
macien eu est le dépositaire.
— Le ?.(£ août 182 i , le Conseil général du département
de la Drôme délibéra de. faire im prim er, aux frais du
département, un mémoire rédigé par M. le docteur
Jacquia , médecin du Roi , à Valence, ayant pour titre:
Observations pratiques sur la vertu spécifique de la vac
cine contre La petite vérole. Ce mémoire vient de pa
raître , et il en sera rendu un compte détaillé dans notre
prochain il.0 ; nous nous bornerons à dire présentement
que le rapport de M. le Préfet porte à 4^000 le nombre
des vaccinations qui ont été opérées en 1820 , et parmi
les vaccinateurs qui s’y sont livrés avec le plus de zèle
et de succès , M. le Préfet cite plus particulièrement
�27
(
2)
MM. Cuchet, médecin à Montélimar ; G e ly , médecin
au Buis; Jacquin, médecin à Valence, et Lavais , ancien
chirurgien-major , à St.-Jean-en-Royans.
— Un arrêté de M. le Préfet de la Côte-d’O r , du
m a i, inséré dans le recueil administratif n.°
porte ce qui suit : « La prime en valeur de oo francs,
instituée par le Conseil général de la Côte-d’O r , et
destinée au médecin ou chirurgien qui aura pratiqué
un grand nombre de vaccinations , pendant l’exercice
iB az , est accordée par égalité à M. R obert, officier
de santé à Liernais , arrondissement de Beaunes, et à
M. Ducrot, officier de santé à V au vay, ai’rondissement
du Chatillon. »
— La fièvre scarlatine règne à Marseille depuis deux
mois. Beaucoup d’enfans n ’ont évidemment succombé
que par les mauvais traitemens auxquels on les a sou
mis. Les purgatifs , que quelques médicastres ont ad
ministrés à la période même de l’incubation, en con
trariant singulièrement le travail de la nature, en ré
percutant brusquement l’éruption commençante , ont
agi comme de véritables poisons. Il est affligeant pour
l ’humanité que l’on ne s’occupe pas plus sérieusement
qu’on ne le fait ici de la médecine infantile ; elle y e s t,
en quelque so rte, le partage de MM. les pharmaciens
et des commères, qui ne craignent pas d’ordonner à
outrance. Aussi ont elles concouru à abréger les jours
des jeunes malades , soit en prescrivant de les bien cou
vrir , cc qui a occasioné un état inflammatoire plus
ou moins violent, qui les a pour ainsi dire consumés;
soit en ayant eu l’imprudence de les faire exposer trop
tôt au grand a ir , ce qui les a fait tomber dans l’anasurque, etc.
—- Puisque nous en sommes sur le chapitre de la
fièvre scarlatine, nous devons dire un mot de l’excellent
mémoire ( broch. in-8.° de z pag., imp. de R o u x-R .) que
3
4
�273
(
")
M. le docteur V . Seux a publié en l’an 9 , sur la fie v r t
scarlatine-anginale qui régna à Marseille pendant Tau
8 et le commencement de l’an 9, Ce m ém oire, tout
pratique , est écrit avec méthode et précision. Il pré
sente d’abord quelques considérations générales ; ensuite
la division de la fièvre scarlatine, lqs signes qui la dis
tinguent de la rougeole , et le traitement de cette
fièvre. Nous avons vu , avec satisfaction , l’exposé que
fait l'auteur des inconvéuiens du traitement échauffant ,
et l’histoire qu’il trace de l’hydropisie dépendante de
la scarlatine. Ce respectable confrère administra , avec
succès , contre les hydragogues ' cette affection, et il
n’eut surtout qu’à se louer d’ un mélange fait avec les
poudres de jalap , de diagrède , de mercure doux , etc.
— S. M. le Roi d’Espagne , voulant récompenser le
zèle et le dévouement des médecins français à Barcelone
pendant la dernière épidémie, les a nommés chevaliers
de l’ordre de Charles I I I , et a ordonné d’élever une
pierre funéraire sur le tombeau de celui qui avait péri
victime de son humanité , avec une inscription qui trans
mettrait à la postérité son dévouement sublime et sa
mort glorieuse.
— Si la dernière maladie qui a ravagé Barcelone est
la véritable fièvre jaune que l’on observe en Amérique ,
doit-on admettre qu’elle a été im portée, ou qu’elle a
pris naissance dans cette ville par le concours de causes
locales ? Cette question du plus grand intérêt occupe
et occupera bien encore les hommes de l’art , et dans
l ’état de divergence d’opinions où ils se trouvent à ce
sujet, ne conviendrait-il pas que les gouvernemens en
voyassent un grand nombre de médecins sur les lieuxmêmes où sévit la fièvre jau n e, afin de pouvoir en re
connaître définitivement la nature ? D é jà , dans ses
Réflexions sur le fléa u de la Catalogne etc. , soumises
à la Chambre des Pairs et à celle des Députés , le
t . m.
19
3
�(
274 )
Janvier dernier, M. le docteur Sarmet aine a dit : « Il
» faut le v o ir , ce fléau , l’examiner soi-uième de très» près; sa nature si compliquée, sur laquelle on s’ac» corde si peu', doit être observée au lit des malheureux
» qui eu sont frappés , non-seulement par les médecins
» de la capitale , mais encore par ceux des provinces
» méridionales, e tc ., etc. » On sait que M. Sarmet
s’offrit d’aller à Barcelone, non au déclin dé la maladie ,
mais lorsqu’elle était encore dans toute sa force , et au
moment où l’on répandait sur la commission française,
sur Barcelone etTortose , les nouvelles les plus sinistres;
on sait aussi qu’al.ors plusieurs confrères manifestèrent
l ’intention d’être commissionnés pour Barcelone. E t, qui
doute q u e.la plupart des médecins français ne soient,
dans l’occasion , tout disposés à secourir l’humanité souf
frante , quel que puisse être le. danger auquel ils s’ex
poseraient? IN’a-t-on pas vu une foule de médecins civils
être victimes de leur zèle et de leur dévouement dans
certaines épidémies?.N’a-t-on pas vu les chirurgiens mi
litaires donner , sur le champ de bataille, des preuves
d ’un grand courage , e t , parmi eux , plusieurs re
cevoir la mort au moment où ils pansaient les ho
norables blessures de nos soldats ? M o rt, sans contredit,
non moins glorieuse que celle de M azet !
— Les fameux prophètes q u i, il y a 8 à 9 mois , se
faisaient un plaisir d'annoncer que la fièvre jaune sévirait
à Marseille, au retour du printemps ou de l’été de 1822 ,
perdent aujourd’ hui l ’espoir de justifier , par l’expérience,
le tort que nous eûmes, selon e u x , de l'assurer nos
com patriotes, en déclarant que la lièvre jaune n’est ni
contagieuse, ni susceptible de régner épidémiquement
dans notre cité , pourvu qu’on 11e néglige point de
s’opposer aux circonstances locales qui seraient de nature
à en favoriser le développement.
— L e docteur A.lJ'unso de Maria vient de publier un
�(275)
ouvrage sur la fièvre jauue île Cadix ; il prouve que
cette lièvre 11’a pas été importée dans-Cette ville , qu’elle
y a existé de tout tem ps, et il est de l’avis de M. le,
docteur ücueze sur l’origine domestique ou lo c a le , et,
sur la non contagion de la fièvre jaune.
— Nous av uis promis de donner, des extraits du jour
nal de M. le docteur Piguillan , médecin îi Barcelone
et de 11e pas omettre les détails sur l’aifreuse épidémie
de cette cité en 182 t. Nous serons lidèles à notre promesse.
Déjà , notre estimable collaborateur M. Pienquiu, ). M.
à Montpellier, a traduit de l’espagnol des mémoires et
observations sur la maladie de Barcelone, dont il sera
rendu compte dans notre prochain 11.0 ; et un autre
collaborateur estim able, M. Si garni, vient de recueillir,
conjointement avec M. le docteur F lory, des mémoires,
sur la lièvre jaune , traduits de l’espaguol et de l’an
glais, qu'ils se proposent de publier par livraisons , mais
dont il sera fait mention dans i'Observateur des sciences
médicales.
— Le Comité de salubrité publique de Marseille de
vrait bien , s’il n’a pas été dissous , signaler à l’autorité
les précautions hygiéniques à prendre pendant les cha
leurs de l’été. Sans cesse vigilante pour tout ce qui in
téresse la santé des citoyen s, la Société royale de
médecine a rempli cette tâche, et des médecins ont
publié, dans les journaux de la v ille , des réflexions
relatives aux moyens de se mettre en garde contre les
épidémies.
— Depuis quelque temps les journaux des sciences
se m ultiplient, ce qui ne justifie pas peu que le désir
de propager les lumières anime aujourd’hui les espiits.
Mais tous les journaux ne présentent pas le même in
térêt ; il en est, sans doute, qui méritent plus spécia
lement de fixer l’attention publique , et tel nous semble
devoir être celui qui paraîtra le i . or juillet prochain ,
1
�( 276 )
sous le titre de Journal philédotographique de Mont
pellier. A part les mémoires particuliers que ce journal
publiera , il donnera l’analyse de tous les ouvrages qui
«e rattacheront aux. divisions suivantes : Philosophie, —<
Statistique — Géographie — Économie politique — Com
merce — Navigation — Agriculture — Stratégie — Ju
risprudence — Histoire naturelle — Médecine — Chimie
— Physique — Mécanique — Astronomie — Histoire
ancienne et moderne — Antiquités — Architecture et
Sculpture — Peinture — Gravure — Musique — Voyages
— Littérature et Poésie ancienne , nationale et étran
gère — Biographie et Nécrologie — Correspondance —
Mélanges.
Ce journal , composé de trois feuilles d’impression ,
paraîtra chaque mois. Les 12 livraisons formeront un
volume. Le prix de l ’abonnement, pour l’année, est de
ira fr. ponr Montpellier , et de 14 fr. pour les départemens. On souscrit chez M. R ica r d , imprimeur , place
d’Encivade, n.° 209 , et au bureau des postes de tous
les départemens.
P .-M . R o u x .
AVIS.
L à Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu’en insérant dans ses Bulletins les Mémoires , Obser
vations, Notices, etc. , de ses membres soit titulaires , soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d ’être publiés,
elle n’a égard qu’à l ’intérêt qu’ils présentent à la science
médicale ; mais qu’elle n’entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
»t qui n’ont pas encore la sanction générale.
�( 277 )
BULLETINS
T) £
LA
SOCIÉTÉ
ROYALE
DE
ai
MÉDECINE
MARSEILLE.
A m v t w u w 'm
M
DE
< itu \ \ n m u u w u u i«
1822. — N.°V.
\vw vrx\ u u w « w w v t w « w w w « w w w w w x w v
D iss e r t a t io n étio-symptomatologique sur la Jièvre qui
régna à Livourne en 1804, présenté à la Société royale
de médecine de Marseille , dans l'année 18 19 , par
M . Félix D u f o u r , docteur en médecine, membre cor
respondant de cette S ociété, etc.
Ea , ipioe non ail Jlncm sed b principia
cognovi j ea , qnœ non in silentio sed juxth
cegrotantium majovitatem observavi, lestor.
Introduction. — S oumettre au jugement d'une
savante société un simple fait de pratique , dont la ter
minaison heureuse ou extraordinaire doit être attribuée,
plutôt à une disposition particulière de l’individu , à
une crise salutaire et inattendue, qu’à un mode nou
veau de traitement : rapporter , dis-je , un fait de cette
n atu re, c’est écrire pour satisfaire seulement la curio
sité , sans concourir ni à l ’instruction , ni à l’utilité pu
blique ; mais fixer l’attention des hommes éclairés et amis
de l’humanité sur une affection morbifique t pas assez
connue dans nos climats , et diversement regardée par
ceux même qui ont été à portée de la suivre et de la soi-
�(a?8)
gner : prouver , par des faits évidens , qu’on ne doit
plus balancer de la classer parmi les maladies graves
et susceptibles d'être transportées d’un pays à l’autre :
le prouver par l ’expérience , par l’analyse et les ob
servations les plus rigoureuses , non par la force illu
soire des sophismes et des systèmes ; c’e s t, je crois ,
fai ré quelque chose qui puisse être de quelque utilité.
Mes réflexions , renfermées depuis long-temps dans
mon porte-feuille , n’eussent jamais vu le jour , si la
France eût continué à être privée de ses relations
commerciales. Aujourd’hui que ses principales ressour
ces sont dans l ’industrie nationale , Marseille occupera
incessamment le premier rang parmi les villes com
merçantes , et , comme te lle , elie correspondra avec
toutes er. parties du globe. Oui , Marseille a déjà fait
des expéditions pour les îles du nouveau continent ;
■ elle recevra annuellement des marchandises provenant
de ces contrées où la fièvre jaune fait des ravages ,
et comnle de toutes les affections maladives qui affli
gent 1 humanité , il n’en est aucune qui réclame plus
qu’elle l’attention des gonvernemens et la sagacité du
médecin , c’est de cette affection dont je veux vous
entretenir et pour laquelle je désire fixer un instant
votre attention.
>.
L ’article de la fièvre jaune est traité dans le D ic
tionnaire des sciences médicales avec toute l’impartia
lité , l'érudition et le discernement possibles. L ’auteur,
après avoir détaillé toutes les relatiofis qu’il a pu re
cueillir sur la nature de cette fièvre., après avoir
consulté les personnes qui pouvaient lui en donner
des notions sûres et raisonnées, rapporte les seutimeris de ceux qui la regardent comme contagieuse et
de ceux qui sont d’ un avis contraire , et n’ayaùt jamais
été dans le cas de l’étudier lui-même , il n’ose pro
noncer sur ce point assez essentiel.
1
�279
(
)
Vous avez parmi vous , Messieurs ,• un médecin dis
tingué qui s’est beaucoup occupé de la fièvre d'Amé
rique ; il l’a -traitée et observée , nombre d’années, dans
les pays où , régnant annuellem ent, elle peut être re
gardée comme endémique ; et au développement de la
quelle l’air cbaud et humide a certainement beaucoup
de part. Aussi mérite-t-elle , dans ces contrées , d’être
mise dans la classe des aifections constitutionnelles et
épidémiques. Les détails que ce savant en a donnés jouis
sent du plus grand crédit dans la république médicale;
mais il parait qu’ il ne la regarde contagieuse dans aucun
cas et dans aucun lieu , puisqu’il se refuse à croire
à son exportation , et qu’ il en nie même l’existence en
Espagne. Cependant des médecins recommandables tels
que M. H u ilé et MM. de la Commission de Montpellier
envoyée par ordre du gouvernement français , assurent
que la maladie qui a sévi en Espagne, à diverses épo-”
q u es, était le vrai typhus icterodes. Je ne disputerai
pas sur ce point qui a été suffisamment discuté dans
son temps ; mais je soutiendrai que l’ histoire de la
fièvre qui affligea la ville de Livourne en 180/j ne
laisse aucun doute sur son identité avec la fièvre jaune
d’Amérique.
Au milieu du témoignage d otant d’hommes éclairés,
et tous également dignes de foi , faut-il nous tenir dans
une absolue indécision et vivre dans une aveugle sé
curité ? Faut-il croire la fièvre jaune une maladie de
localité , une affection purement constitutionnelle , in
digène à nos climats , et incapable d’y être transportée ?
Dans l’affirmative , nous n’avons rien à craindre pour
notre Continent, et toutes les mesures sanitaires sont
inutiles , du moins vicieuses , par les entraves qu’elles
mettent nu commerce. Convient-il, au contraire , de
lui attribuer une propriété de contagion et une suscep
tibilité de se propager par l’introduction de marchai!-
�( 280 )
(lises infectées , ou par la communication avec clés
personnes malades ? Dans l’affirmative encore , on ne
peut physiologiquement l’envisager que comme conta
gieuse , ou du moins infectante ; et , dans ce ca s, je
pense que la quarantaine , l’isolement et toutes les pré
cautions connues sont de la plus grande rigueur. Il est
donc très-important de résoudre ce point de doctrine.
S ’il est vrai que la fièvre jaune fut portée à Livourne
par un navire espagnol, parti de la Havane, avec
des malades à bord , qui périrent dans la traversée ,
ainsi que la majeure partie de son équipage ; s’il est
vrai que les marchandises dont il était chargé restè
rent infectées , et nous procurèrent la maladie lors de
leur débarquement ; si les progrès qu’elle fit , en ser
pentant de maison en maison , ne doivent être attri
bués qu’au voile épais qui en couvrait l'origine , et
au retard que l ’on mit pour s’en préserver ; si les
symptômes variés et extraordinaires avec lesquels elle
se montra , eu imposèrent à tous les hommes de l’a r t ,
parce que c'était une maladie nouvelle pour eux et pour
lè pays ; si , par le ravage qu’elle fit dans son prin
c ip e , elle jeta tout le midi de l’Europe dans la cons
ternation .-pourquoi, quelque zélés , quelque surveillans
que soient les bureaux de santé1, pourquoi la ville de
Marseille et les autres ports de m e r , ne pourraientils pas éprouver le môme sort que la ville de Livourne?
Dans un tel m alheur, pour ne pas commettre les mêmes
écarts qui eurent lieu dans cette dernière v ille , afin
de profiter des fatales erreurs des autres , il est de
toute nécessité d’entrer dans des détails qui ne sont
jamais trop minutieux , quand il faut recourir à des
faits pour prouver la vérité de ce qu’on avance.
Lorsqu’ un pays a le malheur d’être le théâtre d’ une ma
ladie épidémique ou contagieuse , le pénible de sa position
n’est pus toujours d’être 1a proie d’ un fléau destructeur ;
�(280
ce qu'il y a de plus à craindre pour lui c’est le contraste
qui s’élève parmi les médecins qui seuls doivent pronon
cer sur la nature de la maladie £t sur les moyens à prendre
pour la fixer. Si les uns ne sont pas assez observateurs pour
en saisir du premier coup-d’œii le vrai caractère ; si les
autres, asservis à des principes de crainte, de déférence ,
ou maîtrisés par des sentimens d amour-propre , de jalou
sie ou de toute autre passion, sont assez inhumains que
de vouer une ville , une population entière aux fureurs
de la mort plutôt que de revenir sur leurs pas et
d’avouer généreusement une erreur , c’est alors que la
position de cette contrée est ô plaindre ; le temps s’é
coule , la maladie se dilate , la frayeur s’empare de
tous les esprits et c?est inutilement que le public ré-'
clame des secours. Le tableau de la ville de Livourne
à cette époque serait trop affligeant. Le gouvernement,
paralysé par cette diversité d’opinions, ne sait quel
parti prendre ; il n’ose se résoudre à une détermina
tion ferme et énergique. Dans cette lutte scandaleuse
la mort moissonne à loisir l’honnête et paisible ci
toyen , l’ intègre m agistrat, le bon père de fam ille,
enfin les personnes les plus appréciables pour la société.
Tout médecin qui écrit ne doit avoir en vue que
l’utilité publique; il doit surtout être vrai et im partial
dans les descriptions qu’il fait. Pour atteindre ce b u t ,
il s’agit de prouver que la fièvre de Livourne n ’avait
pas seulement l’apparence de la fièvre d’Amérique , mais
qu elle en avait toute l’identité ; que ce n ’était pas une
lièvre sporadique ni constitutionnelle , comme beau
coup le prétendirent, mais bien , une affection étrangère
évidemment miasmatique. D e quelle manière la fièvre
nous fut communiquée , et comment elle se développa ,
ce sera le sujet de la première partie , ou de l’etio—
logie. J.e décrirai ensuite les signes variés avec lesquels
elle se montra pendant l'espace de quatre mois qu’elle
�\
( 28a )
dura , et ce sera lé sujet $e la seconde' partie ,'o u de
la symptomatologie. Ainsi ma logique simple , basée
sur l’expérience et l’observation donnera la conviction
du caractère et des symptômes de la maladie.
; J.re P a r t i e . — Etiologie. — La manière
d’exister
des corps vivans, dit un auteur m oderne, est telle,
que tout ce qui les entoure tend à ' les d étru ire; en
conséquence , les dérangemeus qui surviendront dans
t’organisatiou de ces corps, et le trouble .que l’on obser
vera dans l’harmonie de leurs fonctions , constitueront un
état maladif, et ne sauraient avoir lieu sans être l’effet ou le
produit de quelque cause ; or , comme il est impossible
çle remédier à l’un , sans avoir une parfaite connaissance
de l’autre , il est indispensable , dans quelque cas que
ces phénomènes arrivent , de remonter à la source pre
mière. Cette vérité est si bien sentie, son utilité si
reconnue , que dans toutes les écoles de médecine , l’é
tude sur les causes des maladies est une partie ex
presse connue sous le nom d’Ëtiologie.
. Ou entend par cause tout ce qui produit un effet
ou qui concourt à le produire , ce qui la distingue
en deux sortes : les causes efficientes , qui seules pro
duisent les maladies , et les conditionnelles, qui seules
ne les produisent pas, mais qui concourent à les faire
éclore et à les développer. C ’est pour les avoir confon
dues les unes avec les au très, c’est pour ne pas les avoir assez
approfondies; ou , pour mieux d ir e , c’est pour avoir
été trop long-temps sans les connaître , que les effets
de la fièvre régnante furent si désastreux pour la ville
de Livourne.
Lorsque c’est pour la première fois qu’ une maladie
se montre, dans un pays et qu’011 la voit , avec une
marche prompte et meurtrière , détruire , en peu de
tem ps, les hommes les plus robustes ; lorsque les
secours thérapeutiques les mieux administrés 11e sont
�(
a83
)
d’aucun succès , il est naturel de présumer ,au’il n’y
a qu’une cause , ou une influence extraordinaire, ca
pside de procurer un tel effet. Comment peut-on statuer
ab>rs sur les moyens de fixer les ravages que fait une
affection morbifique , si l’on ignore d’où elle part et
ce qui l’a produite ? Comment est-il possible de la com
battre , si l’on n’en connaît le vrai caractère ?
Venant de faire sentir la nécessité de reconnaître
et de distinguer les causes d’une maladie , il convient
de déterminer la classe dans laquelle on doit la m ettre,
afin de prononcer d’ une manière précise sur le ca
ractère qui lui est propre. Cette seule détermination
est bien orageuse , lorsqu’il faut concilier l’opinion de
plusieurs personnes à qui seules appartient le droit
de prononcer.
Les procès-verbaux consignés dans les archives de
la commune de Livourne constatent que , lorsqu’il fallut
s’assembler pour délibérer sur cette question , la ma
jorité prévalut pour faire regarder la maladie comme
épidémique , c’est-à-dire ; produite par une influence
de localité et des saisons , et non par une cause étran
gère , Une cause de contagion. Sur la totalité des mé
decins assemblés, nous ne fûmes que d e u x à soutenir
un avis contraire. Nous regardâmes la maladie comme
procédant d’un principe contagieux e t . quoique privés
de la moindre notion sur son origine , nous la jugeâmes
telle par la facilité avec laquelle elle se communi
quait d’une personne à un autre , et par là régularité
des svmpiômes dont elle était caractérisée ; les suites
confirmèrent malheureusement notre assertion , et puis
que les sentimens du caractère épidémique l’emportè
rent sur celui de contagion , il ne sera pas inutile de
définir l’un et l’autre , pour décider ensuite laquelle
de ces deux qualifications, convenait plus spécialement
à la fièvre régnante.
�( * 84 )
Tous les auteurs appellent maladie épidémique celle
qui attaque la généralité de la population d’une ville ,
d ’une contrée , et que l’on observe d ’abord dans la
basse classe du peuple; ce qui l’a fait nommer mala
die populaire, Les hôpitaux civils fournissent ordinai
rement les premiers exemples de son existence , parce
que ce sont les pauvres qui sont les premiers affectés;
les personnes riches y sont moins exposées, ayant plus
de moyens de se prémunir contre l’influence de la
cause qui l’a produite.
L ’épidémie procède toujours d’une cause générale et
commune , telle qu’ un changement subit dans le cours
des saisons, l ’apparition de quelque météore , une pluie
subite après les ardeurs du soleil dans l’eté , une bise
du INord pendant l’h iver, lorsqu’elle' aura été précédée
par des temps chauds et pluvieux, le défrichement des
terres, le voisinage des marais , la mauvaise qualité des
alimens et des boissons , l’usage des fruits verts et autres.
Une propriété encore attachée aux maladies épidé
miques , c’est qu’ une fois bien établies, elles impri
ment leur caractère à toutes les maladies qui parais
sent dans le même temps ; au point que des affec
tions qui semblent ne rien avoir de commun avec elles ,
leur appartiennent cependant et ne cèdent qu’au même
traitement. Tels sont, à-peu-près, les attributs d’ une
maladie épidémique.
Sans entrer dans le détail des différentes maladies
de contagion , ni des divers modes qu’elles suivent pour
se propager ; je définirai la maladie contagieuse , celle
qui est incontestablement produite par des puissances
morbifiques appelées communément miasmes. Ces corps ,
de quelque nature qu’ils soient, partent toujours du
dérangement de L’organisme anim al, et se communi
quant ensuite d’une personne malade à une personne
en santé , produisent dans celle-ci les mêmes phéno-
�c a
85
)
mènes que dans celle-là et s’y développent avec le
même appareil de symptômes , lesquels ne varient entr’eux que par le plus ou moins d’intensité.
Ces miasmes ne partent pas toujours directement
d’un être vivant ; il en est qui infectent et s’attachent
à des corps inanimés et q u i , développés ensuite par
un agent ou stimulus quelconque qui leur convienne ,
s’irradient comme d’un centre à la circonférence , avec
plus ou moins d’énergie , et attaquent les personnes qui
se trouvent sur un des points de cette irradiation. Cette
manière de se propager constitue, comme on v o it, deux
conditions indispensables : propriété d’expansion et de
volatilité , de la part du miasme qui forme essentielle
ment le germe de la maladie ; et susceptibilité à être in
fecté de la part de l’individu ou du corps qui le reçoit.
Ce sont là les propriétés et le mode de communi
cation que j’assigne à la fièvre que j’ai intention de
décrire ; et afin de prouver que les influences cons
titutionnelles épidémiques n’y ont agi , toutjau plus, que
comme causes conditionnelles , causes de développement,
et que la cause prem ière, la cause efficiente était un
principe contagieux , un principe miasmatique , je com
mencerai par faire un tableau topographique très-suc
cinct de la ville de Livourne •, je dirai un mot sur les
maladies qui y sont habituelles et sur celles qui dé
pendent des constitutions atmosphériques. C’est eu ana
lysant ainsi tous les fa its, toutes les circonstances,
que j’espère arriver à la conviction.
Topographie médicale de la ville de Livourne. — Un
naturaliste , après avoir fait la description de la ville
parlerait de la nature du sol , de ses productions, de
son clim a t, de la qualité des eaux , des mœurs et des
coutumes du pays ; il entrerait dans beaucoup de dé
tails qui sont étrangers à mou sujet ; c’est simplement
en médecin observateur que j’écris.
�( 286 )
Livourne, jolie petite ville , est située sur le bord de
la Méditerranée, vers le ,{ .e degré et
minutes de
latitude Word, et le 7 c degré
minutes de longitude,
à l’Est de Paris. Sa population , à l'époque de la ma
ladie , était évaluée à 60,000 dînes. Cette ville , pur sa
position géographique , jouit de la plus douce tempé
rature et occupe un des points de l’ancienne É trurie,
regardée, avec juste raison . comme le jardin de l’Italie :
Elle est bâtie sur un plan horizontal et au milieu d’une
plaine autrefois marécageuse , à la vérité , mais au
jourd’hui rendue plus saine. par le défrichement an
nuel des terres et par l’agrandissement de ses faubourgs.
Elle n’est bornée par aucune montagne , puisque les
plus voisines qui sont celles de Pise , de Calci et de
Lucque? sont à cinq , six. lieues de distance.
Les rues de Livourne sont très-bien pavées et en
général bien percées , ce qni facilite beaucoup la cir
culation de l’air ; son enceinte est tracée par des rem
parts qui offrent une assez jolie promenade ; elle est
aussi contournée d’un fossé assez large et profond,
rempli d’eau qui se renouvelle. Dans le centre de la
ville , se trouve une belle et grande place, autour de
laquelle sont les principaux édifices.
Lçs dehors sont formes par des faubourgs assez
grands et régulièrement bâtis , dont la population est
aussi importante que celle de la ville ; ils ■ sont tous
parsemés de jardins qui , à l’utilité publique , joignent
encore l’aménité du lieu. La partie de la ville qui cor
respond à la mer , forme la darse et le môle. La
darse , sans être proprement enclavée dans la ville ,
a cependant avec elle un rapport si d ire ct, qu’011 peut
la regarder comme une de ses parties intégrantes. Ce
point de localité n'est pas à négliger pour le sujet que
je traite; c’est là que tous les bâtimens viennent faire
leur radoub après lé déchargement des marchandises;
( L a suite au prochain Numéro. )
3
53
23
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S O C IÉ T É
M O IS D ’ A V R IL
1822.
6 Avril. —- Cette séance a été entièremçnt remplie
par les détails iutéressans sur la maladie dç liarceloue ,
communiqués verbalement par MM. Lassis. et lio çh p u x,
dont la Société a cru devoir enrichir le IV .e bulletin
de ses travaux.
i
Avril. — Il est fait lecture d’une lettre de M. le
docteur A u d ou ard , en réponse à celle que lui avait
écrite la Société , en lui envoyant une médaille d'argent*
comme un témoignage de sou admiration pour le beau
dévouement qu’il a montré dans l'épidémie de Barcelone.
M. Sonnet fait, part d’une lettre que lui a adressée
M. Balfy , pour le remercier des éelaircissemens qu'il
lui a donnés , au sujet de la note sur la maladie de
Barcelone, imprimée dans le journal de la Méditerranée.
Le reste de la séance est consacré à la discussion de
la proposition de M. Sarrnet , relative à la médecine
des corporations. L ’examen en est renvoyé au comité
de police intérieure, qui présentera un rapport sur ce
sujet important.
20 Avril. — M. le secrétaire donne connaissance ;
1 . ° D ’une lettre de l’Académie, qui invite la Société
à venir assister à la séance publique qu’elle doit tenir
le 21 avril. Une députation est nommée pour repré*senter la Compagnie dans cette circonstance.
»
2.
° De l’envoi d’ une observation sur l’extirpation d’ une
tumeur cancéreuse au sein gauche , par M. le docteur
Imbert, du Bausset. Ce travail sera mis à l’ordre du
jour, dans une des prochaines séances.
On s’occupe des conférences.cliuiques. M. Sue signale
3
�088)
la fièvre scarlatine comme la maladie dominante, ainsi
que l’angine. 11 donne ensuite quelques détails sur la
maladie de Lam praye, qui lui ont été communiqués
par la femme de ce malade , qui seule a approché et
touché son mari , pendant la durée de sa maladie.
A la fin de la séance , V . le président, au nom de
M. Lassis , propose , comme membres correspondais »
MM. R ibes, Serres et V illerm ë, trois noms avantageu
sement connus dans la science médicale. Cette propo
sition est accueillie aux termes des règlemens.
Avril. — On lit une lettre de M. le P réfet, dans
laquelle ce magistrat demande à la Société de vouloir
bien lui indiquer les moyens propres à préserver les
m ilitaires, formant le cordon à la Camargue , des fièvres
qui régnent ordinairement dans ce lieu marécageux. M.
■Sue est chargé de faire connaître à M. le Préfet le ré
sultat de la discussion de la Compagnie sur ce sujet du
plus haut intérêt.
29 Avril. M. G uiaud, secrétaire-général, adresse une
lettre à la Société , dans laquelle il exprime les regrets
qu’il éprouve d’être obligé de suspendre ses fonctions
pour cause de maladie. M. Sue , secrétaire-adjoint, est
chargé de le remplacer.
Lecture est faite ensuite d'une lettre de M. le docteur
Pelletier , secrétaire-général de la Société royale des
sciences , belles-lettres et arts d’Orléans , qui manifeste le
désir de la compagnie dont il est l ’organe, d’entretenir
des relations avec la Société, et lui annonce l’envoi du
recueil qu’elle publie. ( Réponse à M. P elletier, dépôt
dans les archives. )
M. Su e, organe du Comité de police intérieure , lit son
rapport sur la médecine des corporations. Ce rapport est
adopté ainsi que les conclusions.
B E N A C , Président,
S ue , Secrétaire-Adjoint.
11
25
�( 289 )
M ém oires et Observations sur la Jièvre qui a régné
à Barcelone en 1821 , traduits de Pespagnol par M. le
(1) docteur P i e r q t j i n ( broch. in-8.° de 126 pages.
M ontpellier, chez Sevalle, prix 2 fr. , et 2 fr. o c.ca
franc de p o r t, par la poste ) , avec cette épigraphe :
5
Ediz-lbe assi : Guardai vos , gente minha ,
Do mal que se appareilla pelo imigo.
Que pelas agnas luunidas caminha,
Antes que esteis mais perto do perigo.
C am oes 5
canlo ÉLU*
O n ne saurait trop louer les médecins français q u i,
dans l’intention de faire jouir leurs compatriotes des
connaissances médicales particulières aux nations étran
gères , s’attachent à traduire les ouvrages que ces nations
voyeut éclore. Mais c’est spécialement des divers écrits
relatifs à la fièvre jaune, que nous devons aujourd’h ui
accueillir, avec reconnaissance, les excellentes traductions.
Telle est celle que nous annonçons. Elle embrasse plu
sieurs pièces pour servir à l’histoire de la fièvre jaune
d’ Europe, et celles-ci sont présentées telles qu’elles ont
été données par les auteurs. Elle se recommande, en
un m ot, par la pureté du style, outre qu’elle mérite
de figurer dans la bibliothèque des savans, par les faits
quelle contient.
Q u’il nous soit permis d’en extraire le mémoire sui
vant , autant par l’intérêt qu’il offre , que pour mieux
faire juger de l ’excellence de la traduction dont il s’agit :
(1) Nos lecteurs seront, sans doute, charmés d’apprendre
que M. le docteur Pierquin . qui connaît plusieurs langues et
qui ne se lasse point d’ajouter aux profondes connaissances mé
dicales dont il a déjà donné bien des preuves, doit nous fournir de
bons articles concernant les ouvrages de médecine de plusieurs
peuples étrangers.
Note du Rédacteur-général.
T . III.
20
�9
( 2 ° )
O pinion d ’une réunion de Médecins nationaux et
étrangers, sur la fièvre qui a régné à Barcelone en
1821. — « Dans la première déclaration publiée par la
Junte supérieure de santé de Catalogue, en date du r
août 1821 , ou lit : que la maladie est exotique , et que
les miasmes qui l ’ont produite ont été transportés de
la Havane dans ce port.
Sous la date du 22 du même m ois, on en publia une
autre , dans laquelle on trouve : cependant on peut as
surer que le mal , qui a pris naissance dans le p o rt,
n’a point montré des caractères contagieux.
Celle datée du
du même mois , commence ainsi :
la Junte , de concert avec les autorités municipales ,
indique les précautions les plus efficaces pour maintenir
éloigné le mal qui a pris naissance dans le port.
Jusqu’à présent, on n’a point signalé q u el, ou plutôt
quels sont les bâtimens qui ont transporté la maladie
de la Havane dans le port de Barcelone.
résulte des actes du Conseil m unicipal, que les
premiers malades sortirent de la polacre de guerre na
politaine la Conception , ancrée dans ce port dès le
avril , bâtiment qui n’avait pas été à la Havane.
Il est également prouvé que le 28 avril , il sortit de
la Havane un convoi de cinquante-deux, bâtimens, dont
vingt arrivèrent dans notre port depuis le 17 jusqu’au
juin ; d’après des renseignemens authentiques, la fièvre
jaune ne régnait point à la Havane, lorsque ces bâtimens
en partirent, et il ne p é r it, en outre, dans la traversée,
qu’un ou deux, individus de maladies ordinaires.
O n soupçonne les brigantins arrivés de la Havane,
et principalement le Tullapiedra et le Grand-Turc,
d’avoir apporté la fièvre jaune dans notre port. D ’après
la déclaration publiée dans le journal de B rusi, et datée
du
août, par le capitaine du Tallapiudra ( que per
sonne n’a démenti ) , il résulte qu’il toucha à Cartha-
4
25
11
23
23
�(
)
gène le 12 ju in , et que deux de ces passagers y dé
barquèrent : que le Grand-Turc déposa, à Cadix , le
5 juin , vingt-quatre hommes , sans que la fièvre jaune
se soit manifestée dans ces ports, q u i, cependant par
leur situation, leur latitude, leur température, e tc.,
étaient plus exposés à ses ravages que Barcelone, située
à l’Est de l’Espagne. Nous avons sans doute des obser
vations dignes de foi , qui nous prouvent que dans les
mois de février, de m ars, d’avril, dç m ai, de ju in ,
il y eut , dans la ville de Barcelonette, des fièvres
accompagnées de vomissetnens noirs ( vomito negro ) ,
d’ictères et d’autres symptômes alarmans, comme cela
arrive sporadiquement, plus ou moins toutes les années.
Les premiers malades du port ne furent point remar
qués jusqu’aux premiers jours d’Auguste, c’est-à-dire,
trente-trois jours après l’arrivée des bâtimens formant
le convoi, qui, unis aux soixante jours de traversée,
depuis leur départ de la Havane, font plus de quatrevingt-dix jours , temps plus que suffisant pour le dé
veloppement des contagions.
Toutes les marchandises furent emmagasinées ou dis
tribuées dans divers points de là ville ; ce ne fut que
jours après que la maladie se déclara , non chez
quelques-uns de ceux qui les avaient maniées ou trans
portées , mais seulement chez ceux q u i, par fatalité,
durent rester dans ces mêmes bâtimens.
Le capitaine d’ un bâtiment venant du Nord et ancré
dans notre port, le 4 septembre, fut attaqué de la
maladie et mourut quelques jours après.
La première apparition de la maladie n’ayant point
coïncidé avec l’arrivée des bâtimeDs de la Havane, il
aurait été plus convenable de l’attribuer à l’introduction
clandestine des contrebandiers, grand cheval de bataille
de ceux qui ont soutenu l’importation, lorsqu’ils n’ont
pu désigner positivement l ’origine de la maladie.
23
�9
( 2 2)
Ainsi , il est non-seulement fort douteux que la fièvre
jaune ait etc importée de la Havane dans ce port; mais
cette opinion est peu fondée et inadmissible , parce qu'elle
ne repose que sur l’autorité de ceux qui la soutinrent
sur leur propre parole : c’est aux partisans de l’imporportation qu’il appartient d’indiquer les dates, de lever
les difficultés , d’accorder les contradictions qui nous
frappeut à la lecture de leurs m ém oires, et s’ils n’y
parviennent pas, bien loin d’être admise comme un fait
certain , on devra la regarder comme une fable inventée
à plaisir, et regardée comme telle par les plus célèbres
médecins des Antilles, qui regardent l’importation comme
impossible.
Lorsque la maladie se fut déclarée dans le p o rt, plu
sieurs malades en sortirent et furent à Sn lou, à Seitges ,
à M algrat, e tc ., sans qu’elle se soit déclarée dans aucun
de ces points.
D ’après les actes du Conseil supérieur de santé , il
conste que plusieurs jours avant l'arrivée du marchand
de savon à Tortose, il y avait eu un malade, présentant
tous les symptômes alarmans, provenant d’un bâtiment
ancré, quinze jours auparavant dans la rivière ; et il est
certain qu’il n’était point entré dans le port de Barcelone.
La rapidité avec laquelle la maladie se propagea dans
cette ville , et la circonstance davoir vu trente indi
vidus attaqués en même temps , le 29 d’Auguste , est
contradictoire à l’idée de l’importation.
Les causes locales et météorologiques agissant avec
une plus grande intensité à T o rto se, devaient néces
sairement y produire de plus grands ravages, et c’est
à elles seulement qu’on doit attribuer l’origine, la pro
pagation , et la disparition de la maladie.
Les deux inspecteurs qui déclarèrent que la maladie
de Tortose avait été importée par un fabricant de
�I
( 2()3 )
savon venant de notre p o rt, et qu’elle était extraordi
nairement contagieuse, avaient soutenu que celle de Bar
celone ne l’était p o in t, et qu’en outre on pouvait
espérer qu’elle ne le serait point fi l’avenir. Quoiqu’ils
eussent publié l’existence d’une contagion aussi active
à Tortose , ils revinrent dans notre ville, heureusement
sans la communiquer à personne, quoiqu’ils n’eussent
pas fait un seul jour de quarantaine, et qu’ils n’eussent
point été purifiés, comme le prescrivent les lois sanitaires.
Ce qu’il y a de certain , c’est que les deux inspec
teu rs, qui ne croyaient point à la contagion de la fièvre
jaune avant de partir , la publièrent à leur retour et
ont persisté fi la soutenir.
Nous ne pouvons pas adopter l'idée de l’importation
de la fièvre jaune de la Havane, dans notre p ort, puis
que c’est une circonstance qui ne repose sur aucun fait
certain, ni sur aucun raisonnement satisfaisant, et que
nous avons sous nos yeux des causes locales, évidentes
et palpables q u i, en minant la salubrité de cette capi
tale, ont produit une épidémie, en s’unissant à celle de
la constitution atm osphérique, et fi d’autres circons
tances météorologiques.
La police publique ayant été négligée depuis plusieurs
années , les cloaques , les ruisseaux , et tous les autres
conduits de cette ville se trouvaient dans le plus mauvais
état ; en sorte que d éjà , vers la fin du mois de juin
il était impossible de passer près du p ort, sans être
repoussé par la puanteur qu’exhalaient les substances
animales et végétales qui s’y étaient corrompues.
Malgré les opérations exécutées quelques années au
paravant , dans le canal principal ( aeequia coudai ) ,
la rareté de l’eau, son peu de courant, et la chaleur
du soleil qui darde sur elle, toute la journée, forment
un amas d’eau , en rendent l ’écoulement plus dilficile,
et en augmentent l’évaporation lente et délétère.
�( 294 )
L ’examen minutieux fait par la commission chargée
de veiller à la propreté du port , s’est assurée que le
canal principal est obstrué à son orifice, par un banc
de sable qui, en empêchant l’écoulement , forme un
grand bassin d’eau putréfiée, venant des fabriques, des
boucheries, des blanchissemens et autres établisscineus ,
qui font qu’elle exhale une odeur insupportable.
La même commission a rencontré dans ses expériences
que l’eau stagnante , ou le banc de sable cité , était à
un pied au-dessus du niveau de la mer , et plus ou
moins élevé dans d’autres bassins.
Les travaux récens faits dans le port sont convertis
en un marais ou cloaque q u i, imparfaitement nettoyé j
quelques années auparavant, a contribué à former un
.foyer d'infection qui n’existait point.
Dans les maisons de barcclonette, situées vis-à-vis le
p o r t, dans la rue de los Ençantes , dans celles de la
M erced, de Mu nead a , et les autres également voi
sines du foyer d’infection , le ravage a été effroyable
et presque général ; tandis que dans les rues de Ste-Anne de Tallers, de St.-Pierre et celles plus hautes
exposées au N o rd , et très-éloignées du foyer d’infec
tio n , il n’y a eu que très-peu de malades, et par-ci
par-là un ou deux dans la même maison.
Et si dans celle de la M ola s, den Roig , den Patritxel,
etc., dont les directions sont du S.-E. au N.-O. et
très-éloignées du p o rt, les ravages ont été considérables »
on sait q u e , dans toutes les épidémies on a observé de
pareilles anomalies ; m ais, en o u tre, si l’on voulait
rendre raison de tous ces phénomènes, la même dif
ficulté militerait contre la contagion.
O n a prétendu que diverses familles passèrent tout
le temps de l’épidémie, campées à droite de la sortie
de la ville par la porte de la m er, lieu immédiat au
foyer de l’infection, Sans qu'elles en aient ressenti les
�(295 )
effets , puisqu’il n’y mourut que deux individus qui
contractèrent la maladie dans liarcelonette. Mais quand
ou aurait prouvé que beaucoup d’autres personnes de
ce campement fussent tombées malades, on sait qu’elles
eurent continuellement des relations avec les habitans
de Barcelonette. L ’argum ent, dans ce cas , est égalemeut
applicable à l’opinion de la contagion ; et si l’on exa
mine bien les parages où vivaient ces gens, l’on verra
qu’ils étaient exposés à l’abri du S .-E ., qui était le véhi
cule des émanations délétères , comme le prouve la
marche que suivit l’épidémie.
Si l’on réunit aux causes évidentes et palpables déjà
mentionnées l’état atmosphérique, antérieur à l’appa
rition de la m aladie, ainsi que l’influence des affec
tions météorologiques , il sera tout-à-fait indubitable
que la réunion de ces circonstances était plus que suf
fisante pour produire la fièvre , sans qu’il y ait besoin
d’appeler à son aid e, pour l’expliquer , un germe exo
tique et imaginaire.
L ’époque à laquelle elle commença , est précisément
la même que celle dans laquelle se sont régulièrement
manifestées les épidémies en Espagne, et dans les mêmes
contrées situées dans les mêmes degrés de latitude.
Celle qui régna dans l’Andalousie en 180^, commença
dans le mois d’Auguste, dans dix villes différentes , et
en septembre, dans huit des vingt-trois qui en furent
ravagées cette année-là.
Celle de Barcelone, dont la marche régulière est sem
blable à celle de toutes les épidém ies, a été en aug
mentant jusqu'à la moitié du mois d’octobre, puisque
le 19 il mourut deux cent quarante-six personnes , et
q u e , depuis ce jour, elle commença à diminuer avec une
égale régularité. O n remarqua également, en 1804 , dans
seize villes , que la plus grande mortalité avait eu lieu
dans le mois d’octobre , puisqu’à Cadix et à Alicante
�9
( 2 6 )
le plus grand nombre de morts eu lieu dans le même
Jour , c'est-à-dire, le 9 du mois que nous venons de
citer.
Lorsque le nombre de malades parvint à son plus haut
période, on remarqua que la fureur de l'épidémie com
mençait à diminuer notablement, puisque dès le 19
octobre, jour dans lequel moururent les deux cent qua
rante-six personnes citées, jusqu’au 2 novembre, dans
lequel il en mourut quatre-vingt-dix-huit, l’épidémie
fut toujours en diminuant d’une manière régulière jus
qu’à sa disparition totale.
Dans l’épidémie de Londres, en i
, au moment
où l’on comptait trente ou quarante mille malades ,
on remarqua encore qu’elle fut en diminuant progres
sivement , et qu'elle finit pur cesser entièrement. On
observa la même chose dans l’épidémie de Marseille,
en 1720; et dans les autres épidémies dévastatrices de
l ’Égypte et de Moscow , la maladie commença à dis
paraître d ’une manière sensible, lorsque le nombre des
malades et celui des morts fut plus grand.
Et quelle est la maladie contagieuse connue dont l’ap
parition et la fin dépendent des périodes déterminées
de l’année ?
Durant l’existence de la cause générale, tous les faits
que l ’on cite en faveur de la transmission de la maladie
aux personnes saines, ne peuvent point être expliqués
exclusivement par le contact immédiat ni médiat, puis
que tous les babitans étaient soumis à l’influence des
causes que nous avons désignées. La fièvre n’a pas dé
passé les fossés qui entourent la ville; et si cette cir
constance ne prouve pas irrévocablement qu’elle a été
entièrement locale, que l ’on nous montre la cause qui
la devra circonscrire et limiter ainsi.
On ne peut pas citer un seul fait positif constatant
qu’une personne saine ait contracté la maladie hors de la
665
�297
(
)
sphère d’action des causes locales , quoiqu’elle ait com
muniqué avec des malades, et qu’elle se soit servie des
effets qui leur avaient appartenu.
Mais, néanmoins il a été prouvé qu e, pendant tout
le mois d’Auguste, le* malades qu’il y eut dans la
v ille , vis-à-vis la maison L o n ca , dans la rue de los
Encantes , dans celle de los Moins, etc. , furent la con
tracter dans le port. 11 en fut de même de ceux, qui
tombèrent malades dans G racia, dans Sana et dans les
autres maisons des environs de Barcelone.
Mais admettons, pour un instant, que les malades
eussent guéri ou fussent morts , il n’y pas un seul fait
avéré qui constate qu'ils aient communiqué la maladie aux
assistans les plus immédiats , à moins que ceux-ci eus
sent été à Barcelone.
Un très-grand nombre d’ individus passaient toute la
journée dans la ville , en sortaient le soir pour retourner
au sein de leurs familles , dans des maisons de campa
gne ou dans les villages les plus voisins , et ils ne
transmirent la maladie à personne , quelle que fût la
position des bàtimens. Il en est de même des individus
qui fuyaient de leurs maisons , le même jour où il y
était mort un m alade, et qui allaient dans une autre,
sans avoir pris aucune précaution.
Le commerce journalier, l’enlèvement furtif des ma
lades , le transport des vêtemens et des autres meubles
tirés du foyer de l’infection , ne portèrent point la ma
ladie hors des limites qui lui étaient assignées ; malgré
l ’amoncellement des personnes dans les habitations les
plus étroites, la terreur générale , la saison extrêmement
chaude et la réunion d’ une infinité d’autres causes les
plus favorables à la propagation d’une maladie qui, pour
peu qu’elle eût été contagieuse , eût été transportée hors
de la fille.
�( 298 )
Bien loin que le danger fût en raison directe de l’ex
position, il a été en raison inverse.
Dans le lazaret de la marine , où il entra depuis le
7 Auguste jusqu’au i décem bre, soixante-dix-neuf ma
lades atteints de la fièvre jau n e, dont cinquante-cinq
m oururent, aucun des trente-deux employés et assistans
de toutes classes ne la contracta.
Dans celui de la Vireyna , où furent transportés
cinquante-six malades, dont il en mourut trente-neuf;
sur vingt-trois personnes de différentes classes qui les
assistèrent , il n’y en eut que quatre de malades ; elles
étaient sorties de Barcelone, et en outre elles guérirent.
Dans l’hôpital du séminaire, où furent transportés
mille sept cent soixante-sept personnes , dont mille
deux cent quatre-vingt-treize moururent; sur quatrevingt-dix employés , trois seulement furent malades ,
c ’est-à-dire , un sur trente ; ce qui prouve qu’à toutes
choses égales d’ailleurs, cette classe de personnes jouis
sait d’une meilleure santé que le reste des habitans.
Taudis qu e, dans l’hôpital-général, des personnes qui
n’avaient pas la moindre communication avec les ma
lades ni avec leurs effets , en furent atteintes ; les prê
tres , les sœurs et les frères de la C h arité, les médecins
et les chirurgiens ne furent point malades.
Comment peut-on concevoir que, sur un si graud
nombre d’assistans, il n’y eu eut pas un seul qui eût
une prédisposition à contracter la maladie, si elle avait
été contagieuse , puisqu’ils étaient tous d’ûges , de sexes ?
de h mpéramens, de genre de vie , de sensibilité, etc.,
dilférens ?
Ceux qui ont o uvert, avec intrépidité , des cadavres ,
n’ont point contracté la maladie , quoique quelques-uns
I se soient coupés avec le scalpel, et qu’ils aient î-essenti
pendant plusieurs jours les effets ordinaires des bles
sures, ainsi que l’inflammation des glandes.
3
/
�( 299 )
Les aliénés , enfermés dans leurs cellules, furent aussi
atteints de la maladie, et ils se plaignirent d’une cer
taine ardeur qu’ils ressentirent instantanément dans la
tète.
Si des faits aussi nombreux et aussi irréfragables,
ne constituent point autant de preuves convaincantes
contre l’existence de la contagion , nous devons avouer
que nous ignorons ce que l’on doit entendre par preuves
convaincantes.
Quelques familles qui s’isolèrent dans leurs maisons ,
en prenant les précautions les plus minutieuses, pour
éviter toute communication , ne purent pas se garantir
des atteintes de la m aladie, parce qu’elle était due à
des causes générales.
Il a été très-commun de voir , dans les mêmes fa
milles , quatre ou six individus être attaqués simulta
nément , c’est-à-dire, dans le même jo u r, dans la même
heure et dans le même instant.
Plusieurs personnes qui avaient été atteintes de la
fièvre jaune, dans les Amériques et à Cadix , ont nonseulement contracté de nouveau la maladie, mais ont
même été victimes de sa fureur.
Outre qu’il est en notre pouvoir de conserver le germe
des maladies contagieuses, telles que la petite-vérole,
la vaccine , la gale , etc., de les reproduire et de les
répandre à volonté, l ’épidémie une fois term inée, il
est impossible de la faire reparaître par aucun des moyens
connus. Il y a un très-grand nombre d’individus qui
ont vécu dans les mêmes chambres où les malades étaient
m orts, sans qu’ils aient pris le soin d’en blanchir les
murs ; qui ont dormi dans les mêmes lits, sans laver
ni faire refaire les matelas ; qui se sont servis de leurs
h abits, de leurs linges , sans les purifier ; et cependant
il n’y a pas eu un seul exemple qui prouve qu’un d’entr’eux ait contracté la maladie.
�(
3 oo
)
On pourrait défier ceux qui en attribuent la cause
à des miasmes exotiques, en se servant même de tous
les moyens im aginables, de la faire renaître dans la
saison actuelle , et même dans toute autre, qui ne pré
senterait point la même réunion de causes qui l’ont
produite, l'année passée.
L ’opinion qu’a donnée la Commission française, en
date du 25 novem bre, ne doit nullement eu imposer
à personne, parce qu’elle n’est point basée sur des
observations exactes.
Ap rès avoir dit que la fièvre de Barcelone est la vraie
fièvre jaune d’Am érique, la même que nous avons ob
servée aux Antilles et à C a d ix , elle ajoute : « C ’est un
Pi ’otée qui prend tant de formes différentes et offre
tant d’anomalies étranges, soit dans la durée ou la ra
pidité de sa course , soit par la combinaison, la suc
cession ou l’intensité de scs symptômes , qu’il est im
possible de l’assujettir à une règle fixe et invariable. »
Mais ce qui a causé une admiration extraordinaire
à l’ignorance populaire, c ’est le passage suivant: «La
fièvre jaune de Barcelone est contagieuse à un tel degré»
que nous ne l ’avons jamais observé dans aucune autre
épidémie de la même espèce. »
Le grand nombre de faits rapportés jusqu’à présent
sont un argument irrésistible , que ne pourront point
combattre les membres de cette même Commission ,
q u i, pour avoir trop voulu prouver, n’ont rien prouvé.
Ces m édecins, à cause de leurs affaires , n’ayant pu
recueillir eux-mêmes, il est v r a i, les observations né
cessaires , pendant le court espace de temps qu’ils ont
resté à Barcelone , se sont vus forcés de s’en tenir à
celles que leur auront rapportées des individus séduits
par les apparences ; et certes , s’ils avaient réuni tout
ce qu’on eût pu leur racoutèr, il en serait résulté une
�(
3oi
)
collection de faits peu propres à soutenir un examen
impartial, ou une critique sevère.
Tout ce qu’ont publié les médecins, qui vinrent de
Carthagèue, n’est pas plus digne de foi que ce qu’ont
dit les médecins français , parce que leurs écrits four
millent également d’erreurs remarquables, que l’on a
déjà victorieusement combattues ; mais ce qui est bien
rem arquable, c’est qu'un de ces médecins a fait preuve
de peu d’exactitude, en citant des faits très-éloignés
de la vérité, tel que celui de l’importation supposée de
la fièvre jaune de Barcelone à M ajorque, que le patron
qu’il en accusait a formellement démenti dans les papiers
publics.
Les précautions sanitaires elles-mêmes qu’adopta le
Gouvernem ent, depuis le commencement de l’épidémie,
forment un argument des plus puissans conl e l’exis
tence de. la contagion. En permettant la communication
des habitons de Barcelonette et de Barcelone, jusqu’au
2 septembre, n’ayant point permis que l’on transportât
les malades à 1'bôpital-général, quoique le lazaret fût
déjà institué; en ayant insisté dans Routes les procla
mations , et principalement dans celle du 18 Auguste ,
où il est dit que la fièvre exotique, dont le miasme a
été transporté de la Havane dans ce p ort, n’était point
devenue contagieuse , et que probablement elle ne le
deviendrait point par la suite, et forment une réunion
de, preuves contre sa propriété contagieuse, qui devait
nécessairement exister, si elle eût été exotique.
Lorsque la Junte de santé eut insisté sur la non
contagion de la maladie, et qu’elle eut beaucoup appuyé
sur ce m ot, les médecins qui la composaient laissèrent
échapper, par erreur , dans une proclamation en date
du i . er septembre, qu’il existait dans Barcelonette une
fièvre offrant des caractères d’une contagion très-éten
due. —■ Gomme l ’on posa la barrière la nuit suivante ,
�( 302 )
il était naturel que ce fut pour arrêter de suite les
résultats de la contagion qui commençait à s'étendre.
L ’expérience a prouvé l’insuffisance de ce m oyen, ex
trêmement préjudiciable aux malheureux privés de toutes
communications, et tout-k-fait incertain pour empêcher
la propagation dans la ville.
Depuis le
, dans lequel cet isolement eut lieu à
Barcelonette , où il n’y avait encore que neuf malades ,
jusqu’au i o , le nombre des personnes atteintes de l’épi
démie s’éleva à 162.
Ceux qui sortirent de Barcelonette avec leurs vêlemens , et qui n ’avaient point été assujettis aux pré
cautions qu'exigent si impérieusement les contagionistes ,
ne transportèrent point la maladie dans les lieux où
ils se sauvèrent ; si un ou deux d’entre eux furent ma
lades , ils avaient emporté la maladie de Barcelonette,
sans qu’ils pussent la transmettre à leurs compagnons,
ou à ceux qu’ils voyaient journellement et qui n’avaient
point été au foyer de l'infection. — Les infractions,
soit clandestines, soit manifestes , faites à la rigueur
d’un cordon très-étroit qui nous entourait, ont donné
m otif à les ridiculiser, avec les expressions les plus
triviales. — Les vexations qu’ont supportées ceux qui
étaient sortis de Barcelone, les précautions arbitraires
que chaque ville prenait pour maintenir la sauté pu
blique, même celles qui étaient situées sur les mon
tagnes les plus élevées, et enfin tous les moyens em
ployés contre une contagion imaginaire, ont été autant
d’insultes faites à l’hum anité, et la preuve la plus au
thentique du retard et de l’ignorance dans laquelle la
routine sanitaire a plongé les peuples. — De tout ce
que nous venons de dire , il résulte : que la fièvre qui
a régné dans le port a été indigène ; — qu’elle a été
épidémique ; — qu’elle n’a point été contagieuse ; —
que les précautions sanitaires, employées par le Gou-
3
�(
3o3 )
vernem ent, ont été précaires , entièrement inutiles et
même préjudiciables , si l’on en excepte celle de l’émi
gration ; — q u e, si au lieu de rester dans une inaction
blâm able, en attendant qu’ une contagion invisible et
imaginaire montrât sa tête , inconnue dans sa naissance
et incapable d’être vue ou d’être démontrée , on eût
dirigé toutes les précautions avec ardeur et énergie pour
éloigner les causes locales , nous pouvons nous flatter
que l’épidémie n’aurait plus lieu dorénavant, que cette
belle capitale recouvrerait le degré de salubrité dont
elle jouissait autrefois , qu’en même temps le commerce
ren aîtrait, ainsi que l’industrie et cette réunion de fé
licité, répandue non-seulement sur la Catalogne, mais
dans toute la monarchie et .chez toutes les nations les
plus éloignées.
Barcelone , le 20 février 1822. Signes : Ch. M acléan ,
M. D. de Londres ; — L assis , D, M. P. ; — R ocuoux,
D . JU. P . , membre de la Commission envoyée eu Ca
talogue parle Gouvernement français; — F .s P iguii .l e m ;
— F .s S alva ; — Ml. D üran ; — Jn. L ofez : — Salvador
C ampmany ; — I.° P o r t a ; — Jh. C alvéras ; — A .e
M ayner ; — Rd. D uran ; — Bonav.e S ahuc .
Indépendamment de cet excellent mémoire, M. Pierqttin a traduit de l’Fspagnol et recueilli i.° l’opinion
de l ’Académie nationale de médecine-pratique de Bar
celone , précédée d’un avant-propos ; 2.0 une Relation
médico-politique sur l’apparition de la fièvre jaun e,
précédée d’un avertissement ; .° la constitution mé
dicale de Barcelone , son état nécrologique , etc.
11 est à remarquer que sur quatorze membres de
l’Académ ie, huit se décidèrent pour la contagion, et
ce sont eux qui ont présenté au gouvernement d’Es
pagne , le mémoire qui concerne l ’opinion de l’Aca
démie. Mais , disons-le, ce mémoire tout bien rédigé
qu’il e s t , ne saurait paraître aux esprits dégagés de
3
�(
3o4
)
prévention et qui s’appliquent à la recherche du v ra i,
assez fort d’une saine logique et de faits irréfragables,
pour faire des prosélites. En effet, sans chercher à
faire l'exauien critique des diverses propositions avan
cées par l’Académ ie, nous pouvons soutenir hardiment
qu’elle nous donne souvent pour certain ce qui a été
ou peut être facilement démenti ; ainsi a-t-on déjà
démontré, contre son opinion , que la fièvre de Barcelone
n’avait pas été importée par des bâtimens venus de la
Havane, puisqu’elle commença de régner avant l’arrivée
de ces navires ; e t , l’ honorable Académie , a-t-elle plus
de raisons , d’ annoncer que Marseille est de l’avis que la
fièvre jaune est exotique et contagieuse i’ Nous pouvons
assurer qu’excepté quelques médecins intéressés a sou
tenir cette opinion, et quelques autres qui avouent
ingénument ne rien comprendre à la nature de la
fièvre jaune, les médecins Marseillais , et le nombre n’en,
est pas petit, so n t, comme presque tous les médecins
du Nouveau-Monde , non contagionistes bien décidés.
Nous ne nous arrêterons pas à la Relation médicopolitique sur l’apparition de la fièvre jaune à Barce
lone ; il suffit de savoir que cette relation a été faite
par M. Bahi , l’un des huit médecins qui ont rédigé
le mémoire de l’Academie, et auquel on a fait essuyer
quelques désagrémens pendant l’épidémie, pour se pé
nétrer que ce médecin avait des raisons particulières
de tenir le langage des contagionistes , et que l’on ne
peut donc s’en l’apporter à lui que jusques à un certain
point. Mais de quelle manière qu’on envisage le travail
de l’Académie de Barcelone, celui de M . B a h i , on
conviendra pourtant qu’ils ne sont pas sans intérêt ,
et que M. le D. Pierquin , en ayant l’idée d’en publier
la traduction, comme celle d’autres articles , devait s'at
tendre à recevoir l'approbation de ses compatriotes.
P.-M. Ronx.
�(
3o 5
)
O bserv at ions pratiques sur la vertu spécifique de la
vaccine contre la petite vérole, par Charles-Irénée
J acquit , médecin du Roi , docteur en médecine de
la Faculté de Montpellier ; membre correspondant des
Sociétés de médecine pratique de Montpellier , de
Paris , de M arseille, etc. ; ancien chirurgien interne
de P hôpital militaire et du grand Hôtel-Dieu de L yon;
ex-chirurgien-major du I2.c régiment de chasseurs /
médecin des prisons de Valence et des infirmeries
de la M iséricorde , etc. ; avec celte épigraphe :
iuelu
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en
n
ofû
ustsdaounvn
an
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utri,tevérBoleparla.
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lnlh
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eervelaraFdrean
tocu
poucrinlee:bio
urrésd
e.teautreatteinte^
de
ordeaux
L é propre de toutes les découvertes utiles à l'huma
nité , semble d'avoir été constamment et dans tous les
temps, ou l’objet d’ une aveugle croyance, ou celui d’ une
ignorante incrédulité. On dirait , à considérer l’honnné
dans les choses dont l’importance le touche même de
plus près , qu’il n’est point fait pour coopérer à sou
propre bonheur. Celte fausse manière d’envisager les
connaissances humaines tire sa source de l’une de ces
deux grandes vérités que nous venons de signaler.
L ’inoculation , cette découverte mémorable dont les
résultats furent si précieux , fut long-temps , en F ra n ce,
un sujet de controverse parmi les gens de l’art. D'un
Côté , l’on vit le Parlement de P aris, la Sorbonne s’éle
ver contre son adoption ; mais la voix puissante de la
Condamine , de Dalernbert, dessillèrent les yeux et pro
pagèrent un bienfait si incalculable. 11 faut l’avouer à
T . III.
ai
�( 3o6 )
la gloire Je notre art et j’ajouterai aux progrès Jes
lumières , la vaccine n’a pas éprouvé une telle obsti
nation ; elle a eu moins de préjugés à surm onter, moins
d’ennemis k combattre. Les obstacles qui s'opposent, de
nos jou rs, à la rapidité de sa m a r c h e s o n t l'indiffé
rence et l ’apathique insouciance des paréos envers leurs
enfans. Autrement les résultats de cette belle découverte
ne sauraient être contestés que par quelques gothiques
cerveaux , qui peuvent bien fermer les yeux k la lu
m ière, mais qui ne sauraient jamais l’obscurcir.
Depuis vingt-deux ans environ que la vaccine est
en vogue, des millions de traités ex-prof esso , de
dissertations , de rapports ont été successivement impri
més et publiés. A travers ce déluge d'ouvrages , qui
constatent l’efficacité de la vaccine, il est vrai, mais
qui n’offrent pas tous assez de mérite et d'intérêt, nous
devons distinguer celui que vient de publier M. le
docteur J a c q u i n , en vertu d’une délibération du Conseilgénéral de son département.
M. J a ù q u in , médecin animé d'un zèle et d’ une phi
lantropie k toute épreu ve, qui observe beaucoup et
qui observe bien, a divisé sa brochure en trois parties;
dans la prem ière, il cherche k faire connaître la dilféj*ënce qui existe entre les symptômes de la vaccine et
de la variole, et entre ceux de cette dernière et de
la vérole volante ; dans la seconde , il examine les phé
nomènes qui distinguent la véritable vaccine de celle
qui est fausse et éphémère, ainsi que les cures que la
vaccine opère sur quelques affections particulières ; dans
la troisième et dernière p a rtie, l’auteur termine par
quelques réflexions et observations thérapeutiques pro
pres k l’antidote dont il s’occupe.
Les remarques pratiques de M. J a c q u in lui sont toutes
suggérées par son expérience. La vaccine , qui n’est
regardée par le vulgaire, que comme une affection pus-
�307
(
)
tulcuse, -doit l’être comme un spécifique assuré contre
la petite vérole. Il ne devient tel* que par les pliénornêne*
py ré tiques qu'elle détermine dans les sujets vaccinés,
L ’iiomme ne devant avoir que l'une des deux maladies ,
doit donner la préférence à celle qui est la moins in
tense et la moins dangereuse.
Comme il arrive très-souvent que le vulgaire ne juge
ces affections que par les pustules qu’elles offrent ,
que bien souvent les pustules de la varicelle sont prises
pour celles de la petite vérole, il convient, pour ne
plus voir confondre ces affections, de décrire chacune
d’elles en particulier. L ’auteur a cherché à faire con
naître les principaux symptômes qui les distinguent, leS
signes qui les caractérisent, et leurs rapports avec là
vaccine. Les ouvrages de cette nature devant être lus
par une foule de personnes étrangères à notre a r t,
M. Jacquin devait décrire scrupuleusement chacune de
ccs affections, il s’eu est acquitté eu bon praticien ;
mais nous, qui parlons aux médecins, nous avons pensé
qu’il était tout-à-fait hors d’œuvre d’entrer dans des
descriptions pathologiques ignorées d’aucune personne
de l’art.
Il existe une vraie et une fausse vaccine. L*igflorance,
sur une érité aussi importante, a quelquefois jeté dé la
défaveur sur la vertu préservatrice de la vaccine. Le
peu ple, et surtout l’ habitant de la cam pagne, qui ne
juge que par ce qu il voit et non pas toujours par ce
qui doit exister , et qui souvent n’est pas à sa portée,
devrait être convaincu d’ime telle vérité. L ’auteur , dans
la seconde partie de son ouvrage, décrit exactement
la vraie et la fausse pustule. Si le vulgaire se pénétrait
bien et de la différence essentielle de la variole et de
la varicelle, de la vraie et de la fausse vaccine, Hong
n ’aurions pas la douleur d’entendre quelquefois des
parens ignoran» nous affirmer que leurs enfans ont «m
�(
3 o8 )
la petite vérole, quand tout, prouve que ce' n’était que
la vérole volante ou varicelle; ou bien que leurs enlàus
ont eu la petite vérole malgré la vaccine, tandis que
tout prouve eucore qu’ils n’ont eu que la fausse vaccine.
Nous ne suivrons point l’auteur dans la description
qu’il donne de la marche de la vaccine , depuis son
insertion jusqu’à l’entière dessication, des pustules ; la
pratique seule a été son guide; nous ne nous arrêterons
pas nou plus aux excellens conseils qu’il donne rela
tivement à la scrupuleuse observation que doit faire le
praticien de la marche de la vaccine, qui consiste prin
cipalement à ne point perdre de vue l’enfant vacciné.
JCette recommandation nous paraît indispensable pour
cette classe de gens de l’art -, qui se contentent de vac
ciner un enfant, sans le revoir jamais , ou seulement
au bout de huit jours. Faute d'examiner la constitution
.physique de l’eu faut, j’ajouterai d’étudier sa prédispo
sition et son aptitude à l’action du virus; faute de suivre
la marche et l'effet de la vaccine, d’en assurer la pro
priété préservatrice , à combien d ’inconvéniens ne s'ex
pose-t-on pas? Le médecin, en sachant diriger la vac
cine à son gré , peut en profiter pour déterminer un
changement avantageux dans la constitution, et détruire
ou amener la solution d’une foule d’affections chro
niques, cutanées ou lymphatiques, qui jusqu’alors avaient
résisté à dilférens moyens curatifs. Aussi , une foule
. d ’uffectious morbides, d’éruptions anomales qui survien
nent quelquefois après la vaccine , et qu’on lui attribue
: si gratuitem ent, dépendent uniquement ou d’une dis
position particulière des individus , ou plus souvent
encore de quelques abus, de quelques erreurs ou accidens, qui auront arrêté la marche régulière de la
vaccine.
C ’est à tort qu’on lui a attribué le développement
. de quelques humeurs vicieuses , ou leur introduction
�3°9
(
)
dans l'économie animale. M. Jacquin s’élève avec force
contre un tel préjugé, en prouvant, au contraire, que
la vaccine a encore la vertu de guérir plusieurs vices
particuliers, dont l'enfance n’est que trop souvent affectée.
Dans les maladies indolentes, où l’énergie manque pour
amener une heureuse solution , la vaccine convient par
faitement pour en aider la cure. C'est ainsi que sur
un enfant de quinze m ois, qui avait la poitrine et'
les bras couverts de larges ulcérations, on y jeta du
virus vaccin sans y taire des piqûres. Le second jour
ces ulcérations étaient couvertes de plaques blanchâtres ,*
épaisses , larges et en pleine suppuration. L ’enfant fu t:
g u é ri, quand tout ce travail snppnratoire fut terminé.
C ’est ainsi que des croûtes laiteuses ont été guéries par'
la vaccine. Des glandes engorgées du cou ont fondu»
complètement, en pratiquant sur elles des piqûres de
vaccine. Des carreaux ont été également guéris par»
elle , ainsi que quelques ophtalmies , des chloroses,• des
affections nerveuses , etc. , etc.
Le Gouvernement n’a d'autre b u t, en multipliant les
vaccinations chaque année , autant que possible , que
de détruire complètement la petite vérole. Ce n’est qu’en
usant de ce précieux préservatif jusqu’à parfaite extinc
tion de la variole, qu’on pourra se soustraire au fléau>
le plus cru el, dit M. Jacquin, dans son troisième et
dernier article. Le Gouvernement doit aider et aide lemédecin à surmonter, l’indifférence du peuple II a formé
des Comités de vaccine pour chaque département (<). -
(ti)rop
C
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lavaccinessedroacitteu
crosm
plètem
entnégligéeparm
inous.F.etc.,
à
Segaud, GirauJ-St.-Home, Ajnaud,
�(
3
r o )
M . le Préfet de la Drôme, a pris un arrêté, par lequel
il nomme quatorze médecins chargés chacun des vac
cinations d’ un ou de deux cantons. Par ce moyen ,
plus en rapport avec les sujets vacciués, le médecin
observe mieux et apprécie tous le;- phénomènes qui
peuvent se manifester pendant les diverses périodes de
la maladie, de même que ses effets consécutifs. Il peut
aussi mieux eu reconnaître la bonne ou mauvaise qua
lité , étant tenu d’ailleurs de visiter chaque vaccin é, au
moins deux fois pendant le cours de la m aladie, et les
vaccinations devant avoir lieu de préférence dans les
saisons tempérées.
M. le docteur Jacquin, chargé de la vaccination de
deux cantons de son département, remplit sa tâche de
la manière la plus scrupuleuse ; c’est ce que nous dé
montre la troisième partie de son ouvrage, où il entre
dans les détails les plus exacts sur les moyens à prendre
pour l’opération de l’inoculation , la manière d’y pro
céd er, le choix du Virus, les soins à donner aux vac
cinés , les aberrations et les anomalies que le praticien
peut signaler, etc.
IN’ous nous plaisons d’autant plus volontiers à rendre
justice à l’ouvrage du docteur Jacquin; la méthode , la
clarté et la bonne doctrine que nous y avons reconnues
nous surprennent d'autant m oins, que nous avons été
à même d’apprécier, il y a long-tem ps, les talens de
ce médecin , lorsque nous étions condisciples à la Faculté
de médecine de Montpellier. L ’excellente dissertation sur
la nécrose des o s, qu’il y soutint, tout en donnant une
haute idée de l’auteur, fit présager ce que la science
avait droit d’en attendre.
F
orcade
.
�(3n )
D i s s e r t a t i o n sur la pustule maligne, par M. G .-A .
R o l la n d , docteur en médecine , chirurgien interne des
hospices d 'A rles, etc., etc. M ontpellier, i . er février
1822; in-4.0 de 20 pages, avec cette épigraphe :
Si medicamentum malo vincitur*
11tique ad ustionem properandum est.
CELSE
5
lib. F
,
cap. I l,
II n’est pas ordinaire que les thèses inaugurales
soient bien raisonnées , ou qu’elles soient le fruit
d’une pratique consommée ; la plupart des aspirans au
doctorat, encore trop jeunes, n'ont pas suffisamment
étudié, pas assez vu de malades pour être à même de
disserter comme il faut. Toutefois, on peut facilement
entrevoir ce dont sera par la suite capable , comme
auteur, le jeune candidat q u i, forcé de remplir la tâche
que la loi lui impose , alors qu’il n’est point encore écri
vain et praticien, met de l’arrangement, de la clarté , de
la précision dans le développement des considérations
qu’il a empruntées des bous maîtres du qui lui sont
propres. C ’est ce qu’a exécuté M, R o lla n d , dans sa
dissertation sur la pustule maligne. M. Rolland a de
plus enrichi son travail de deux observations qui prou
vent qu’il sait lire à la fois dans les livres de médecine
et celui de la nature.
Il divise sa dissertation en quatre chapitres . où il
traite i.° de la description et de la marche de la pus
tule maligne ; 2.0 des causes et du siège de çette maladie ;
.° du diagnostic et du pronostic ; 4-°enfin, du traitement.
' Après avoir défini la pustule m align e, une inflam
mation gangréneuse de la p eau , s’étendant le plus or
dinairement dans le tissu cellulaire sous-cutané, et re
connaissant pour cause un principe délétère provenant
des animaux atteints de-m aladies charbonneuses et
3
�( 312 )
m alignes, l’auteur rappelle les différens noms qui ont
été donnés a cette maladie , tels que Jeu persicjue ,
bouton malin, puce maligne, et lui assigne quatre périodes
qu’il décrit avec exactitude , en fesant remarquer qu’elle
n’observe pas toujours une marche aussi régulière; c'està-dire, qu’elle peut bien être caractérisée constamment
par ces quatre périodes, mais que le passage de l’ une à
l’autre est souvent si brusque, qu’il est impossible d’établir
entre elles une ligne de démarcation bien tranchée.
M. R olland , qui pense que la pustule maligne est
toujours contagieuse, a cru ne devoir mieux faire pour
combattre M. Bayle , qui prétend qu’il existe deux
variétés de cette pustule , dont une n'est point conta
gieuse , qu’en lui opposant M. B o y er, qui , dans son
traité des maladies chirurgicales , tom. 2. pag. 68 et 6 9 ,
donne, contre cette opinion, des raisons que l’auteur
regarde comme très-concluantes.
Passaut ensuite à l’étiologie , il soutient que la pus
tule maligne est le résultat d’ une inoculation ; qu’elle
est constamment communiquée à Ijhomme par le contact
de tel ou tel corps , imprégné du virus charbonneux.
Mais un mode de contagion qui paraît, suivant l’auteur,
le plus fréquent, est celui par la piqûre des mouches
ou autres insectes, qui ont reposé sur le corps d’un
animal atteint du charbon. M. B oy er, qui ne parlage
pas cette opinion , l’admet cependant comme possible ,
et elle donne à M. Holland l’occasion de faire quel
ques bonnes réflexions.
Porté à l’intérieur du co rp s, le virus charbonneux
est-il susceptible d’occasioner des accidens analogues à
ceux qui résultent de son contact immédiat sur quelque
partie externe ?
M. Rolland se contente , pour toute solution , de
répondre que des observations pour et contre cette
ppinion ont e'té rapportées par les dilférens auteurs qui
�( 3 t3 )
ont écrit sur ce sujet; et après avoir c ité , à cet effet,
M orand, Thomassin , Duhamel , Boyer , R eydellet,
E n a u x , Chaussier , il s’abstient de toute réflexion, s’en
rapportant eutièrement, dit-il, à l’opinion des auteurs
qui doivent nous servir de guide dans la carrière de
l ’observation.
O n sait que le diagnostic peut être facilement éta
bli , lorsque la pustule maligne a fait quelques progrès ,
mais que dans son invasion elle a une apparence telle
de bénignité , qu'elle peut induire en erreur le jeune
praticien. L ’auteur a fort bien senti la justesse de ces
propositions, et il en a déduit cette conséquence qu’il
faut absolument établir un prompt diagnostic , car c’est
de lui que dépend le succès des moyens curatifs , dans
une affection où les jours du malade se trouvent com
promis.
Le pronostic est plus ou moins fâcheux, à raison
de diverses circonstances. Chez les sujets robustes, chez
ceux que l’on aura soignés de bonne heure , on peut
se promettre une heureuse issue ; il n’en est pas ainsi
chez les sujets faibles, cacochymes, les femmes enceintes,
les personnes q u e , dès le début, on n’a pas soumises
à un traitement convenable. On doit alors craindre une
fâcheuse terminaison. L ’âge et le sexe fournissent aussi
une différence dans le pronostic. Mais une circonstance
à laquelle on doit faire le plus d’attention , et qui n’a
point échappé ù M. R ollan d , c’est le siège de la pustule
maligne. En effet, à la tête, au cou , surtout dans le
voisinage d’organes importans à conserver, elle est plus
dangereuse que partout ailleurs.
Si le traitement prophylactique, qui ne consiste que
dans des soins de propreté , n ’occupe l’auteur qu’un
petit instant, le traitement curatif est assez longuement
exposé; et les applications extérieures sont placées en
première lig n e, le principal but du chirurgien étant
�(
3i4
)
tic concentrer l’action vénéneuse dans le plus petit es
pace possible. Les caustiques , tels que le nmriale oxigéné d ’antimoine liquide, l’acide sulfurique, la -potasse
caustique , l’acide muriatique concentré , etc. , sont
capables de remplir la première indication. L ’auteur
recommande surtout le feu , comme un puissant moyen
pour combattre la pustule maligue, et dit que l’extir
pation est une opération cruelle , souvent insuffisante.
Bien que le traitement local doive fixer d’abord l'at
tention du chirurgien , il ne faut pas toutefois négliger
les remèdes internes, tels que les toniques, et parmi
eux le vin-généreux , le quinquina setil ou uni au cam
phre , ou bien sa décoction acidulée avec les acides
m inéisux. Les vomitifs et les purgatifs sont pros
c rits , hors les cas où U existe un état saburral des
premières voies; les saignées doivent être rejetées, contre
l ’avis de M. B ayle, parce qu’il s’agit ici de relever les
forces vitales au lieu de débiliter.
Aux divers moyens préconisés, il convient de joindre
l ’observation d’un régime sévère; on interdira lesaliuiens
solides, et on ne permettra que l’ usage des crèmes de
riz , des boissons , acidulés, d’une limonade vineuse , etc.
L ’auteur rie se dissimule pas que le traitement de la
pustule maligne est susceptible d’être modifié suivant
l’âge, le sexe, le tempérament, la saison, etc. 11 a
offert, dans un cadre rétréci , le tableau de tout ce
qui a trait à la pustule m aligne, et sa dissertation ,
composée sans prétention, n’est point hérissée d’une
foule de citations qui ne serven t, le plus souvent, qu’à
prouver que l’on a seulement fait beaucoup de recherches,
alors qu’on se trouvait dans l’alternative d’écrire et de
li’âvoir rien de neuf à publier. Toutefois, ce travail n’est
pas exempt de quelque reproche ; et , quel est l’auteur
auquel il n’y aurait point à redire P Nous nous
contenterons de faifeTemarquer que M. Rolland a souvent
�3 5
( i
)
employé des expressions qui tranchent toute difficulté.
Par exem ple, il en est résulté , dans le chapitre
de l’étiologie , une légère inconséquence , la voici :
« Les causes de la pustule m aligne, dit M. R o lla n d ,
» étant toutes externes, et étant toujours le résultat
» d’un contact im m édiat, elle se manifeste exclusi» vement sur les parties du corps habituellement décou» vertes. » Plus bas , l’auteur cite M. Reydellet , comme
présumant que cette maladie peut aussi se mon
trer à l’intérieur du corps , et rappelle, d’après ce
médecin , le fait rapporté par M. V ir ice l, ancien chi-t
rurgien-major de l’Hôtel-Dieu de Lyon , concernant un
malade qu'il avait traité d’une pustule maligne par la
cautérisation , et qui néanmoins mourut. A l’ouverture
du cadavre, on trouva uue nouvelle pustule maligne
dans l’intestin co lo n , que l’on regarda, avec raison,
comme la cause de la mort. O r , si MM. Reydellet et
Viricel pensent que la pustule maligne fixe quelquefois
son siège à l’intérieur du corps , doit-on avancer qu’elle *
se manifeste e x c l u s i r EMEUT sur les parties du corps
habituellement découvertes ? Mais en nous attachant k
discuter sur un m ot, c’est faire voir que la dissertation
dont nous terminons ici l’analyse , ne présente que peu
de choses à relever , et qu’elle e s t, tout bien considéré ,
assez bien faite pour honorer et son auteur et la Faculté
dont elle a reçu les suffrages.
P.-M. Roux.
�( 3 i6 )
“L ettr e sur le fyplms am aril, ou maladie, de Barcelone,
improprement appelée Jièvre ja u n e, adressée au R é
dacteur-général rZeZ’Observateur des Sciences médicales,
par M. R o c h o u x , I). M . P . , adjoint au
e dispen
saire de la Société philantropique , membre de la.
Commission médicale envoyée en Catalogne , corres
pondant de VAcadémie de médecine pratique de
Barcelone , de la Société royale de médecine de
M arseille, etc, , etc.
5
Paris , le 18 juin. 1822.
Monsieur ,
P l u s ie u r s journaux, de médecine ont déjà parlé de
ma prétendue rétractation , relativement à la contagion
du typhus amaril , dans des ternies fort approchant de
ceux dont vous vous êtes servi (cahier d’avril, p. 19 2 ),
e t , comme vous, se sont appuyés de ma lettre du 6
février dernier. Cependant aucun passage de cette lettre
n ’autorise à m’attribuer une opinion opposée à celle que
j ’avais d’abord soutenue. Vous pouvez en juger par le
paragraphe suivant , le seul dans lequel j’ai parlé de la
contagion: « Le docteur Lopez ( écrivais-je de S a r ria ),
» celui dont mes collègues ont principalement invoqué
» le témoignage, a totalement changé d’opiniou. 11 re» cherche m aintenant, avec ardeur, les faits propres
» à établir l’influence des localités , et il m'en a coin« muniqué de fort importans. Il ne travaille pas avec
» moins d’activité à prouver la non contagion du typhus
» amaril. S ’il n’y a pas réussi complètement, il faut
» avouer qu’il reste à présent bien certain que , parmi
» plusieurs centaines de milliers de communications plus
» ou moins intimes, entre les habitans de Barcelone et
» ceux des lieux circonvoisins, aucune n'a pu com»■ muniquer le mal. Cela m’obligera à quelques modi-
�( 3 17 )
» fications, dans un nouveau travail ; mais que voulez» vous? J'ignore l’art de regimber contre les faits. »
O r , annoncer des modifications , n’est assurément
pas se rétracter. Mais allez-vous donc dire , que sont ces
modifications ? Le voici. Le typhus amaril que j’avais
d’abord cru fort contagieux., ( i ) l’est évidemment très-
(i) Dire d’abord que le typhus amaril est très-contagieux,
puis soutenir qu’il est très-peu contagieux, n’est-ce pas signa
ler deux manières de voir diamétralement opposées? O r,
aurions-nous tort, aujourd’hui même que nous savons à quoi
nous en tenir sur la façon de penser de M. Rochoux ,
d’avancer que c’est se rétracter, que de renoncer à une opi
nion qu’on avait émise avant d’avoir été suffisamment éclairé
par les faits ?
A la vérité nous'avions pensé, comme beaucoup d’autres,
que le docteur Rochoux chercherait, à l’exemple du docteur
Lopcz , à prouver la non contagion du typhus amaril et
qu’il était par conséquent non conlagioniste. Et , devions-nous
supposer autre chose, lorsque promettant qnelques modifica
tions dans un nouveau travail , M. Rochoux fit entrevoir
qu’elles auraient pour base des faits bien avérés en faveur
de la non contagion du typhus amaril ? D’ailleurs, nous
savions que ce médecin avait fait partie de la réunion libre
de médecins nationaux et étrangers, qui ont déclaré que
la maladie de Barcelone n ’ét.u t point contagieuse.
M. Rochoux nous a envoyé, avec sa lettre, la traduction
qu’il a faite du manifeste touchant l’origine et la propaga
tion de cette maladie, en i 8 i i , adressé au congrès national,
par la réunion libre , dont il fesait partie; mais lorsque nous
avons reçu sa brochure, la traduction du même manifeste,
par le D. Pierr/uin, que nous avions décidé d’insérer dans
notre \x.e livraison, était imprimée. Nous observerons, toute
fois , que la traduction de M. Rochoux est remarquable par
les notes dont il l’a accompagnée , et que l’une d’elles mé
rite d’étre rapportée, parce qu’elle explique dans quel sens
il a signé que le typhus amaril n’était point contagieux : « Pour
» déterminer si la maladie de Barcelone était de nature
�( 3i 8)
peu. Il l’est cependant ; et cela suffît pour assurer
l ’exactitude de ma manière de voir. Citons une autorité
qui les vaut toutes, celle du docteur Félix Pascalis, qu’on
n'accusera pas, je pense, d éfa ire pencher la balance
en faveur des contagionisles , il dit ( a Statesmmt o f
etc. , p. /j(> ) relativement au cas en question : « Je
» n’ai jamais nié qu’en quelques circonstances , et dans
» des lieux resserrés, celte fièvre maligne ( le typhus
» ainaril , des Etats-Unis ), ne pût devenir aussi canta» gieuse ( i) que le typhus des camps et des hôpitaux. »
La possibilité de la communication , ou plutôt la
» contagieuse, dit M. Hoc/wux, il faut uniquement s’appuyer sur
» les cas de communication qui ont pu être observés hors la ville.
» Or, si vraiment il en existe de ce genre, ils sont en nombre excesn sivement petit. Ce seraient : i.° trois exemples de contagion
» observés dans les environs de Barcelone ( Dict. Acerca . etc.,
N.° 22) ; 2.0 dix autres cas semblables qu’auraient
» présentés les employés du lazaret de Mahon ( Diario firusi,
» 20 février 1822 ). Mais il reste encore a décider si les trois
» premiers contagiés n'avaient pas séjourné à Barcelone, et
» si ceux de Malion n’auraient pas été à bord des navires
» infectés. Au reste, en supposant oes faits tels qu’ils sont
» rapportés , ils ont cela de commun que le mal s’est borné
» à ceux qui l’ont d’abord reçu , sans se transmettre à d’au» très; et l’exemple de Mahon nous apprend que 188 înala» des admis dans le lazaret , n’auraient contagié que dix
» individus. D’où il résulte que , si la maladie de Barcelone
» n’avait pas eu d’autres causes de développement que sa pro» priété contagieuse, loin de s’étendre et d’envahir la ville
» entière, elle se fût promptement éteinte d'elle-même. C’est
» dans ce sens que j’ai cru pouvoir signer qu’elle n’était pas
» contagieuse. »
( Note du Rédacteur-général. )
(i) M. Pascalis, se sert de l’adjectif infections. Mais c’est un
véritable jeu de mot ; car , dès qu’une maladie est communi
cable , n’importe par quel moyen et par quelle voie et dans
quelles circonstances que ce soit, elle est incontestablement
contagieuse,
( Note de M. Jtochoux.J
�3
( ig )
propriété contagieuse du typhus, étant une fois bien
établie , toute la question se réduit à déterminer jus
qu'où elle s’étend. C ’est ce que je travaille à fa ire ,,
et ce dont j’espère pouvoir venir à bout. En attendant,.
je n’en reconnais pas moins que les mesures sanitaires,
actuellement en vigueur parmi nous , sont le moyen
le plus propre à augmenter les ravages du mal auquel
on croit devoir les opposer. Voilà ce qui distingue
mon opinion de celle des contagionistes, avec lesquels
je me trouve rangé par le fait.
Les détails que vous avez consacrés à ma petite
dissertation , il y a deux mois , me font espérer que
vous voudrez.bien accorder une place à cette lettre
dans votre prochain numéro. Elle explique d’ailleurs ,
sans réserve aucune, une opinion q u i, j’ose le croire,
mérite d’être prise en considération , puisque si la
vérité en était bien démontrée, elle suffirait, seule,
pour établir une distinction irrécusable entre le typhus
amaril et la lièvre jaune des Antilles. En effet , cette
dernière maladie, comme je l’ai déjà dit bien des fois,
et comme je crois devoir le répéter dans ce moment,
dépend uniquement de l’action générale de certains
climats sur des individus impropres à la supporter ,
sans qu’il s’y joigne jamais aucun principe contagieux,
infectant ou miasmatique.
V e u ille z, je vous p rie, Monsieur, agréer l ’assurance
de la haute considération , avec laquelle j’ai l’honneur
d’être, etc.,
R ochoux .
. < \ V \ V \ W \ 'V V W V W l W W V I X V
W \ \ \ \ \ 1 X \ V V 1 'V M U V \ W
'W W V V W
V A R I É T É S .
L e s premiers magistrats ne négligent rien pour
maintenir la salubrité publique de notre cité. Mais
�(
320
)
▼
W T'
sont-ils toujours bien secondés par leurs subalternes ?
nous ne le pensons pas. Tous les ans , vers l’époque
des grandes chaleurs, l’autorité fait empoisonner les
chiens errans et recoinmaude expressément à la police
de les faire transporter et ensevelir loin de la ville,
afin de la préserver des exhalaisons putrides, résultant
de leur décomposition. Néanmoins., il y a quelques
jo u r s , nous faillîmes nous évanouir , un peu avant
d’arriver à la pharmacie de M. Olive , ayant respiré
un air infect qui émanait de deux chiens en état du
putréfaction , que l ’on avait jetés dans le port en face
dé la pharmacie et d’où s’exhalait évidemment une
vapeur successive , pendant que le soleil dardait sur
eux ses rayons.
Jusques à quand verra-t-on curer le port de
Marseille, dans la saison de l’été? Faut-il qu’ une triste
expérience démontre enfin , combien dans cette saison
le curage du port peut compromettre la santé des
citoyens ?
— U n docteur de celte ville , auquel les lazarets
seront toujours tr è s - c h e r s , doit, dit-on , publier un
volumineux in-folio , sur la contagion de la lièvre
bilieuse et sur la non contagion de la syphilis, de la
gale et de la pustule maligne.
— M. Poulet, a im aginé, au moyen d’essais multiplies ,
un procédé analytique pour reconnaître la quantité
de crème de tartre ( acidulé lurtareux ) contenue dans
les diverses qualités de tartre brut du commerce. On
aura par ce moyen aussi facile que l’essai alcalimétrique des soudes, l’avantage d’apprécier rigoureusement
la richesse ou la médiocrité du produit qu’on se pro
pose de retirer par la purification du tartre. M. Poutet a
donné le nom de tarlri-rriètre à l’instrument gradué
qui sert à cette opération , et il se propose de rendre
�(
321
)
— Deux erreurs qui ont été mises sur le compte
de M. Iijc h o u x , dans l’exposé des notions ( p.
,
10 / N.° de VObs. 1les sciai, m td .) sur la fièvre jaune
de Barcelone, (notions qu'il a communiquées verbale
ment à la Soc. royale de méd. de Marseille), soit parce
que le Secrétaire-général de cette Compagnie aura
m alentendu ce m édecin, ou que celui-ci, comme il
nous l’écrit , ne se sera pas bien expliqué ; ces deux
erreurs , disons-nous, se trouvent rectiliées dans le
manifeste touchant la maladie de Burceloue,. en 18 2 1,
traduit par M. Rochoux. En conséquence nous devons
faire remarquer que la page 290, au commencement du
présent JN.° , ligue 16 et suiv. renferment les détails
plus positifs que ceux de la page
, avant-dernière
figue ( N.° d’avril ) , et voici comment , dans une note,
M. Rochoux retrace l’époque à laquelle, la maladie a
commencé dans Barcelone, ce qui n’est point conforme
à ce que coudent le premier paragraphe, page
,
( ]N.° d’avril ) : « On 11’a observé de malades dans
>1 Barcelone, que le septembre , c’est-à-dire , o jours
» après la fête du mois de juillet. Tous les individus
,> qui furent atteints par la maladie ayant cette épor
» que , appartenaient à Barcelonette , excepté
ou 6
» employés à bord de navires marchands où ils avaient
u contracté le mal , ces faits sont constatés par les
» pièces officielles qu’a publiées la municipalité de
» Barcelone ( sucinta rtlacion , p. 98 et 110 ). »
334
234
235
3
5
5
— La Société académique de médecine de Marseille,
q u i, pendant quatre ans , a été plongée dans une
profonde léthargie , nous menace d’une séance publi
que. Cette séance extraordinaire, aura lieu un jour
ordinaire, afin d’avoir un nombreux et brillant audi
toire , parce qu’on suppose que les habitans de Mar
seille préfèrent, les dimanches et autres jours de fête „
T . III.
22
�( 3aa )
se rendre à la campagne, que d’assister à de savantes
lectures. On assure que M. le Président ouvrira la
séance par un discours très-éloquent sur les moyens
de faire revivre l’Académique société, parmi lesquels ►
il sera fortement question de l’indispensable nécessité,
pour le lustre de toutes les réunions médicales , d’ex
poser en public, au moins une fois l’an , les travaux
auxquels elles se livrent. L ’orateur justifiera la Société
académique de médecine, de ce qu’elle n’a point pu
blié ses travaux depuis quatre ans , en observant
que c'est parce qu’elle n’en avait que peu ou point
à publier, et il finira , dit-on , par quelques considéra
tions générales, ( qui ne peuvent qu’être très-piquantes)
sur les elfets de la moutarde après-dîné.
— On remarque dans les cabinets d’anatomie de
l’ université de Bologne, les os ü ’un homme qui avait
six pieds de taille , deux côtes et une vertèbre de plus
que le nombre ordinaire, et une tête gigantesque , com
me on le voit par son buste en c ir e , à côté duquel
on a couservé son crâne ; le n ez, la bouche et le
menton sont énormes. Cet hom m e, mort en iB11 ,
se nommait Louis Marchetti Butlaro. — Que l’on cesse de douter désavantagés qui doi
vent résulter d’ un établissement sanitaire à l’île de
Rotonneau ; M. le professeur Hubert , q u i, comme
médecin du lazaret, ira sans doute visiter de temps
en temps cet établissement, pourra, lui, qui n’a jamais
navigué , rendre désormais profitable son cours d’hy
giène navale, eu racontant à ses élèves les dangers
auxquels On s’expose dans un trajet aussi grand que
celui de Marseille à Rotonneau, trajet qui permet
évidemment de parler avec assez d'expérience de
tout ce qui concerne l’inlluence de la navigation sur
l’hom m e, etc.
�(
3 a3 )
— Dans le courant de mai et de juin de cette année,
les chaleurs ont été excessives à Marseille. La fièvre
scarlatine et l’angine ont fait place aux fièvres bilieu
ses , aux diarrhées contre lesquelles les praticiens ont
utilisé avec succès les boissons délayantes et les évacuans.
O u a observé aussi plusieurs cas de cholera-m orbus,
que l’on a avantageusement combattus avec les délayans
et les sédatifs.
— Quelques médecins seront sans doute bien aisé
d’apprendre qu’ une société se propose de décerner une
médaille d’or , à l’auteur du meilleur mémoire sur
les questions suivantes Quels sont les ressorts à faire
jouer dans la vue d’obtenir les places lucratives P et au
cas où l’intrigue , la duplicité , des démarches serviles,
etc. , etc. , conviendraient pour atteindre ce but ,
quel serait alors la meilleure manière de masquer
notre conduite et même de paraître doué d’excellentes
qualités morales ?
P.-M. Roux.
E X T R A I T
des registres du bureau, de l’état-civil
la mairie de M/arseille.
( Mois de Mai 1822 ).
Naissances.....................................
D é cè s...........................................
Mariages...............
33^.
352.
9 2-
de
�(
324
)
AVIS.
TjA Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires , Obser
vations, Notices, etc. , de ses membres soit titulaires, soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d ’être publiés ,
elle n'a égard qu'à l ’intérêt qu'ils présentent à la science
médicale ; mais qu’elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n'ont pas encore la sanction générale.
�( 3a5 )
BULLETINS
D E
la s o c i é t é
DE
Av w w m w w
roya l e
M A R S E IL L E .
w w v n v u v u u i tuvu\>
Juin 1822. —
auw w
de médeci ne
N.° VI.
u u w - i m u w i \ u u u \ nn\u%
S uite de la Dissertation etio-symptomalologique sur la
Jièvre qui régna ù Livourne en i c> *
84
L a partie du N ord-O uest, le long de la mer , cor
respond à une étendue de terrein en partie sablonneuse
et en quelques points marécageuse ; dans d’autres , par
semée de bois. Cette partie s’allonge jusqu’à l'embou
chure de l’A rno, du côté de Viareggio. Plus lo in ,
dans la même direction , on découvre le golfe de la
Spezia , dont les montagnes sc contournant vers celles
de Massa de Carrare , viennent former un cordon aveG
celles de Lucques, des bains de St.-Julien et de Calci.
Ce cordon s’étend du Nord-Ouest au Nord-Est.
La partie de l’Est répond à une vaste étendue de
pays embrassant une partie du territoire de Livourne
et presque toute la plaine de celui de Pise. Ce côté
est partout assez bien cultivé, il est traversé par di
vers canaux, dont le principal est celui q u i, de L i
vourne , communique à Pise avec I’Arno. C ’est par ce
canal que sont transportées toutes les marchandises des
tinées pour l’intérieur de la Toscane et de l'Italie. Les
autres canaux sont plutôt de larges fossés destinés à la
�(
326
)
décharge des eaux de pluie , pour les conduire ensuite
à la mer.
En se portant de l’Est vers le Sud , on parcourt
une ligne dessinée par de petites collines irrégulières
très-riantes , couvertes de bois toujours verts et parsernées de belles maisons de cam pagne, sur-tout en
approchant de la mer. Ce quartier, connu par l’église
et le couvent de Montenero , est le plus agréable de
tous ceux qui entourent Livourne. C ’est-là que les plus
riches particuliers du pays possèdent dè fort belles pro
priétés et passent les saisons du printemps et_ de. l’au
tomne , c’est aussi le lieu le plus fréqueuté en raison
de la pureté de l'air qu’on y respire. Les convales
cences n’y sont ni longues ni laborieuses.
Du Sud au N ord-O uest, on ne voit que la mer sur
l ’étendue de laquelle on découvre les îles d’Elbe , de
C o rse, de Capraja et la petite île de la Gorgone.
Des vents. — Les vents les plus constans et les plus
réguliers à Livourne sont relatifs aux saisons. Pendant
l ’automne et l’hiver on n’éprouve en général que l’in
fluence des vents du Nord et du Midi ; ce sont , au
contraire, les vents d’Est et d’Ouest qui dominent dans
les saisons du printemps et de l’été. Ils sont néan
moins sujets à des variations; c a r , prenant souvent
une direction inverse , ils acquièrent plus de force et
agissent avec une violence extrême. Le veut du SudOuest , par exemple , mérite , dans tous les temps , d’être
regardé comme le dévastateur du pays ; il est pour
Livourne, ce que le vent qu’on appelle mistral est pour
la Provence ; car , il ravage les campagnes ; c’est lui
qui est cause qu’on ne voit dans le territoire de L i
vourne presque aucun arbre de baute-futaie, ni aucune
allée. Les mûriers , les platanes , les marroniers sauva
ges n’y réussissent pas, à moins qu’ils ne soient abrités.
Ge vent dure ordinairement deux ou trois jours,com me
�3
( a7 )
il vient du côté de la mer , il dépose sur les végétaux
un sel marin qui les dessèche et les fait périr. Il est
aussi très-dangereux pour les bàtimens qui se trouvent
sur la côte ; chaque année fournit malheureusement
des exemples de la violence avec laquelle il souffle. '
Les chaleurs dans l'été dépendent beaucoup du vent
qui domine ; elles sont excessives lorsque c’est le vent
d'Est qui règne ; celui-ci , en traversant des campa
gnes et un terrein brûlé par l’ardeur du soleil, sur
tout après la moisson , emporte un air chaud qui énerve
et qui disposerait aux maladies , s’il se soutenait long
temps ; mais il n’ est pas de longue duree, car la mer
donne tous les jours une brise de vent d’Ouest qui
commence le matin de neuf à dix heures, et fin it, or
dinairement , vers les cinq à six henres du soir; elle
continue quelquefois toute la nuit. Ce vent venant du
large est très-frais par lui-même, il tempère infiniment
l’atmosphère et rend le séjour de Livourne si agréable f
que les personnes aisées viennent de l’intérieur y passer
leur saison d’é té , et profiter en même temps des bains
de mer. C ’est en raison de cette brise assez fraîche ,
que la promenade la plus salubre est le soir vers le
môle ; on peut y rester bien avant dans la nuit, sans
rien craindre des effets ordinaires de l’humide du soir.
Dans les saisons de l’automne et de l’ hiver, on peut
bien assurer qu’on ne ressent d’autres vents que ceux du
IVord et du Midi ; l’uu traverse les Appeuins et d’autres
montagnes toutes couvertes de neige; l’autre, venant de
l ’A friqu e, passe les m ers, parcourt une portion de l’Ita
lie et des pays marécageux. Le premier est excessivement
froid et se c , le second est très-chaud et humide ; ces
vents , bien opposés par leur nature , se succèdent si
rapidement , que le corps, passant d’une extrême cha
leur à un froid rigoureux , ne peut qu’être exposé aux
plus graves maladies. Ce dernier vent est appelé dans
�(
3*8
)
le pays scirocco, l’autre tranj-ontana ; et en raison de
celui des deux qui domine , on -voit telle ou telle ma
ladie dominer aussi.
Les Livournais redouteut fortement le vent du N ord,
parce qu’ils sont habitués à respirer l’air chaud et hur
jnide, porté par les vents d« Midi , et ne peuvent se
faire à la rigidité et à la sécheresse du premier. C ’est
avec juste raison ; c a r , lorsque le scirocco a régné penr
dant quelques jours , et qu’il est remplacé par le vent
glacial du Nord , on voit des rhum es, des angines et
des maladies de poitrine de toute espèce. Ces indis
positions qui s’annoncent dans les pavs montagneux et
plus froids, avec tous les symptômes d’une vraie sthénie
ou inflammation , sont à Livourne d ’une diathèse ab
solument pituiteuse, humorale, asthénique, hiles paiv
ticipcnt de l’influence des causes qui les prédisposent;
elles sont d’une nature débilitante. Sur un nombre dé
terminé de personnes affectées de ces maladies , à peine
en rencontre-t-on un quart avec les signes d’une vraie
phlegmasie ; encore ne les observe-t-on que dans les
tempéramens sanguins et irritables, et ces tempérameus
sont très-rares dans ies naturels du pays.
11 n’y a aucun praticien qui ne soit dans le cas d’avoir
à com battre, toute» les années, vers la fin de 1 h iver,
une maladie presque toujours fatale pour les personnes
qui en sont affectées. Elle est connue dans le pays sous
le nom d’attacco di petto bi/ioso. Les signes de ma
ladie de poitrine avec lesquels elle s’annonce ne sont
que symptomatiques, ils n ’en constituent qu'une com
plication , et n’en forment pas le caractère essentiel ,
qui est simplement une fièvre bilieuse avec affection â
la poitrine. Les moyens curatifs que l ’on emploie aveG
succès dans son traitement, prouvent quelle en est la
nature ; et les méprises fréquentes qui arrivent lors
que , la regardant comme maladie inflammatoire , on a
/■
�32
(
9 )
recours à la Saignée et aux auli-phlogistiqties , ont des
suites toujours funestes. Il serait à désirer pour le bien
du pays qu’un médecin clinique s’occupât de cette ma
ladie en faisant connaître les signes caractéristiques
qui la distinguent des vraies affections inflammatoires
de la poitrine. Ces signes existent, mais ce n’est pas
ici le lieu d’en parler.
C ’est aussi pendant l’hiver et au commencement du
printemps que les personnes dont la poitrine est faible
et délicate sont sujettes aux cracbemens de san g, surT
tout lorsque le vent du ISord succède subitement à celui
du Midi , et cet état d’hémoptysie est très-fréquent ;
aussi , dans cette ville , on compte les phthisies pulmo
naires par centaines. De cette constitution atmosphé
rique dépendent des ophlhalmies opiniâtres toutes Jm-j
morales et rarement inflammatoires , et c’est à .cette
diversité de caractères et aux topiques contr’indiqués
qu’on administre , que l’on doit attribuer ce grand nom
bre d’aveugles de tous âges et de tout sexe que l’on
rencoutre à chaque pas.
Enfin , c’est encore dans la saison froide et humide que
régnent des fièvres catharrales et que des fluxions en tout
genre affectent alternativement les fosses nasales, le larynx
et même la poitrine. Les douleurs de dents , des oreilles,
les fluxions sur les joues sont aussi très-communes. Les
personnes atteintes de maladies chroniques , telles que
la goutte , les affections rhumatiques , l’asthme et autres ,
éprouvent à cette époque le retour de leurs paroxismes.
(/est encore dans cette saison que j ’ai rencontré , plu
sieurs fois , des exemples du véritable croup.
Pendant l’été, l’abondante transpiration , les sueurs
excessives font perdre au sang beaucoup de sa séro
sité ; il s’échauffe et s’altère , la bile domine , elle de
vient caustique , les forces digestives dim inuent, de
�c
33 o
)
sorte que les maladies qui participent de ces disposi
tions , sont les diarrhées , les dissenteries putrides , les
flux-de-sang , les fièvres continues , rémittentes , telles
que les bilieuses , vermineuses, adynamiques et autres.
En automne , on voit assez régulièrement régner les
fièvres intermittentes; celles du type tierce et quarte
sont les plus familières ; on en rencontre cependant
d ’intermittentes pernicieuses chez des individus qui vien
nent d’ une contrée voisine , appelée les Marémes. L ’air ,
dans ce pays , est comme celui des Marins-Pontins et
du Mantouan ; il y est si mal-sain qu’il suffit, en é té ,
d’en traverser un seul point , pour être saisi de la fièvre ;
aussi ce pays est-il abandonné'pendant six mois de
l ’année , chacun se retire sur des lieux plus élevés
et éloignés pour y respirer un air plus pur , plus
oxigéné. Mais ces mesures de précaution ne sont
prises que par les familles riches ; les ouvriers , les
employés , les laboureurs , forcés d’y rester , se res
sentent plus que tout autre d’une telle influence ; les
personnes qu’on rencontre dans ces contrées sont lan
guissantes, d’une couleur jaunâtre, conservant toutes
d ’anciennes obstructions aux principaux viscères du
bas-ventre , et ces malheureux terminent leurs jours
dans un état de cacochymie ou d’anasarque.
Les fièvres intermittentes simples ou pernicieuses ne
sont pas les seules qu’on rencontre dans les personnes
qui viennent des Marémes ; il y en a d’adynainiques
et il n’est pas sans exemple d’en avoir vu d’ataxiques
du caractère typhoïde. Une année après la maladie
régnante ( e n i o ). M. G Lueste , médecin en chef
de l’hôpital m ilitaire, invita M. Palloni et moi à visiter
un canonnier français auquel il donnait ses soins. Ce
militaire faisait partie d’uu détachement de vingt hommes
destinés à l ’escorte d’une somme d’argent pour Piombiuo ;
nous étions alors au mois d’août ; ces soldats ne firent
85
�( 331 )
qu’aller à leur destination et retournèrent de suite;
niais rendus à Livourne , de vingt hommes qu’ils étaient,
quatorze entrèrent à l’hôpital , et tous atteints de lièvres.
Dans le plus grand nombre , la fièvre était purement
intermittente, chez quelques-uns elle prit le caractère
de pernicieuse et celui pour lequel nous fûmes appelés
avait une lièvre vraiment ataxique typhoïde , compli
quée d’un ictère très-marqué avec des pétéchies. Cette
fièvre caractérisée maligne était bien éloignée d’avoir
l’appareil de symptômes dont fut accompagnée la fièvre
de i8o/| , ainsi que la disposition à se communiquer.
La méthode curative pratiquée par M. Ginesle lut cou
ronnée du plus grand succès , il suivit le traitement
des fièvres ataxiques et le malade fut sauvé.
Il est bon d’observer que les fièvres des Marais , de
quelque nature qu’elles soient , ont toujours été par
ticulières à l’individu qui en a été affecté ; car toutes
les années, on voit arriver à Livourne de ces malades
qui y viennent autant pour y trouver des ressources
que pour y chauger d’a ir ; jamais ces fièvres ne se
sont communiquées d’une personne à l’autre.
Les maladies exanthématiques ne suivent aucune
époque réglée ; j’ai vu régner la fièvre scarlatine , la
rougeole , la petite vérole dans toutes les saisons et
avec les anomalies qui suivent ordinairement ces affec
tions. Les érésipèles ne sont pas rares ici; les dartres,
la gale, les clous" et furoncles y sont des maladies assez
communes, ainsi que les scrofules. La siphilis est dans
cette ville comme dans tous les ports de m er, elle se
combine quelquefois avec d’autres vices qui en ren
dent la cure longue et difficile. Les névroses surtout ,
les convulsions sont très-fréquentes et l’on voit même
de temps en temps des attaques d’apoplexie.
Telles sont à-peu-près les maladies habituelles dans
la ville .de Livourne et les plus particulières.à chaque
�(
33 a
)
saison ; se montrant néanmoins avec les modifications
relatives et dépendantes de la température atmosphé
rique des causés locales et de l’idiosyncrasie des sujets.
Par ce simple exposé de la nature des saisons à
Livourne , par la régularité de leur cours dans l’année
1804 , et d’après l’énumération des maladies propres
à chacune d’elles, il est aisé de se convaincre que la
maladie régnante ne pouvait dépendre de leurs vicissir
tudes ni d’aucune autre cause de localité et que sous
ce rapport , on ne devait pas la regarder comme épi
démique. Il reste à examiner si une autre cause générale
prise dans le défaut de propreté du pays , sa population,
la manière de s’y nourrir , pourrait y avoir donné lieu.
Sur l’article de propreté d elà ville , on ïl’aurait que
quelques reproches à faire à certains propriétaires qui ,
se fiant pour la direction et l’entretien de leurs maisons
à des hommes d’affaires , regardent comme humiliant
d’entrer dans des détails domestiques et ne veillent en
aucune manière ni sur la tenue , ni aux réparations
dont elles sont susceptibles. C ’est ce qui fuit qu’ou
en rencontre beaucoup dont l’intérieur , les basses-cours
■ et les degrés ne sont pas soignés conformément aux
règles sanitaires. C'est en raison d’ une pareille cause
qu'on vit n aître, dans l’année 181 1 , une fièvre «dy
namique dans le quartier des juifs et de laquelle des
familles entières furent attaquées ; la police heureuse
ment fut attentive , et la maladie finit en même temps
qu’elle avait commencé à faire ses ravages.
Livourne d’ailleurs est très-bien pavée, les rues y
sont balayées journellement et maintenues dans la plus
grande propreté ; il serait à désirer que toutes les villes
le fussent de même , et l’on peut dire qu’il n’y. a d’in
salubre que les rues voisines des marchés ; mais c’est
un mal inévitable qu’on rencontre dans tous les pays.
O r , si les émanatious d’un ou de deux quartiers ,
�(
333
)
moins bien tenus que les autres pour la salubrité ,
avaient été assez septiques pou/' engendrer une mala
die telle que celle qui se manifesta , comment peut-on
imaginer que l'air , ainsi infecté , eût agi sur un quar
tier seulement et eût épargné le reste d’une ville qui
n’a au plus que trois milles de circonférence et qui ,
en raison de son peu d’étendue , est plus susceptible
■ d’être influencée par une pareille cause ?
La partie de la ville qu’on appelle quartier de Venise
est exposée au Midi et reço it, en été , toute l’ardeur
du soleil ; les maisons qui s’y trouvent sont toutes
très-anciennes, fort étroites pour la plupart et mal
distribuées. De ce côté sont les boucheries , dont les
égoûts se vident dans des bas-fonds croupissons. Ce
quartier est encore traversé par trois canaux dont l'eau
bourbeuse très-basse en été , est continuellement agitée
par de longues perches, avec lesquelles on pousse les
bateaux destinés au transport des marchandises.
■ C'est dans ce même quartier que se trouvaient, à
l ’époque de la maladie, les magasins remplis de toute
sorte de salaisons; ces denrées, entassées dans ces lieux
chauds et humides, éprouvaient une fermentation bien
plus propre à corrompre l’air et à devenir cause d’épi
démie. Ce quartier n'est presque habité que par des
familles de m arins, pêcheurs , porte faix , journaliers,
tous gens du peuple : pourquoi , ainsi situé , ainsi peu
plé , n’a-t-il fourni que peu ou point de malades affectés
de la fièvre régnante'’
Si , pour trouver une cause d ’épidémie-, on devait
recourir à la population , quel autre quartier que celui
des Juifs eût-il été capable de fournir un plus grand
nombre de malades ? Chaque maison est formée de cinq
à six étages , dans chacun desquels habitent plusieurs
familles ramassées les unes sur les autres , en général
toutes malheureuses et manquant , pour ainsi d ire , du
�334
(
)
nécessaire ; elles sont un composé de toutes les 'nations : il
y-a des Asiatiques , des Africains , tous différant entr’eux
parleurs mœurs , leur manière de vivre ; pourquoi, dis-je ,
dans ce quartier, trop petit en proportion de sa population ,
n’a-t-on compté qu’ un très-petit nombre de victimes?
Pour quelle raison , dans les hôpitaux civils et mi
litaires , enclavés dans la partie de la ville qui était
infectée, n’y avait-il pas plus de malades qu’à l ’ordinaire?
Pourrait-on dire que la fièvre dominante dépendait
d’une mauvaise, nourriture, lorsque Livourne abonde,
par son commerce , en toute sorte de denrées nécessaires
à la vie , qu’il est l’entrepôt et le magasin général de
toute l’Italie , meme du midi de la France et de l’Es
pagne ? Ces denrées, s’y trouvant de première ntain , y
sont aussi de la première qualité ; les grains, les légumes
n’v ont jamais m anqué, le pain y est excellent, et l’ou
peut avancer que c’est le pays où le pauvre le mange
égal à celui dont se nourrit le riche:
En parlant de la nature des alimens, je ne puis éviter
de dire un mot sur les champignons, qu’un médecin
français regarda comme une des principales causes de
la fièvre régnante, dans une dissertation qu’il publia.
Ce végétal est si abondant dans le pays , après les pre
mières pluies de septembre, qu’il n’y a aucune maison,
aucun particulier dont la table n’en soit garnie; mais
quelque abondant, quelque recherché qu’il soit, il n’y
a pas d’exemples qu’il ait jamais été cause d'une épi
démie ; il procure des indigestions , des coliques , des
diarrhées à ceux qui en mangent par excès , mais nul
lement une fièvre d’une nature, d’une marche aussi
constante. Il est vrai que, presque toutes les années, il
y a des familles entières , surtout à la cam pagne, qui
ont comme empoisonnées , pour avoir mangé de ces
espèces de champignons, que l’on m et, avec raiso n ,
dans la classe des poisons du règne végétal, et qu’elles
�( 335 )
restent victimes de leur erreur ; mais les accidens qui
résultent de cet empoisonnement sont bien différens de
ceux qui accompagnaient la maladie. D ’ailleurs, si une
des causes essentielles eût été dans l’abus ou la qualité
de cette production, pourquoi une cause aussi générale,
puisque chacun en avait m angé, eut-elle attaqué "une
partie seule de la ville , tandis que tout le reste du pays
jouissait de la meilleure santé ?
( L a suite au prochain N .° )
* v \ - w w v w w w u w n n \ w v w v \ \ t \ u n t lv v \ \ \ a v \ m
S éances de
la
vv w v t <vwvvvvw
société tendant le mois de mai
1822.
11 M ai. — M, le Secrétaire fait p a r t : i . ° d’une
lettre de M. Desgranges , médecin de Lyon , qui re
garde la fièvre jaune comme importée et contagieuse;
2 .a d’une lettre de M. Crouzct , maître en pharm acie,
servant d’envoi à un mémoire intitulé : Observations sur
les diverses pestes que /’ex-armée d'Orient a eues à
éprouver. M. Ailhaud est chargé de présenter un rap
port sur ce travail.
On lit une observation sur l’extirpation d’une tumeur
cancéreuse au sein gauche, par M. Imbert, du IJausset ;
cette opération a été suivie d'un succès complet.
1
M. Pontet développe ensuite une proposition relative
au service pharmaceutique des corporations. One com
mission est nommée pour s’occuper de l’examen de
cette proposition.
18 Mai. — Il est donné lecture : i.° d’une lettre de
M. le docteur R o cho u x, qui adresse à la Société un
exemplaire d’ une brochure ayant pour titre : Disser~
tation sur le typhus am aril, ou maladie de Barcelone ,
improprement appelée Jièvre jaune. M. Beullac , fils ,
est chargé du rapport de cet ouvrage;
2.0
D'une lettre de M. Pontet, qui annonce qu’il
a imaginé un procédé facile au moyen duquel on peut
�(
336
)
reconnaître clans une heure , au plus , combien il existe
de centièmes de crème de tartre , ( acidulé tartareux )
dans 100 parties de tartre brut soumis à l’analyse. La
Compagnie prend acte de cette decouverte ;
-° D ’une lettre de RI. Rampai, docteur en méde
cine , cjui fait hommage de la thèse qu’il a soutenue
à la Faculté de médecine de M ontpellier, sous le litre
de Dissertation inaugurale sur la gastrite chronique,
et exprime le désir d’appartenir à la Société , en qua
lité de membre titulaire. Sa demande est prise en
considération ;
D ’ une lettre' de M. Hernandez , de M alion, qui
adresse à la Société, un mémoire intitulé : Del contagio et hygiène publica. M. Segaud est nommé ra p
porteur de cet écrit.
M. Sue , organe de la commission chargée de présen ter
un projet d'adresse aux autorités concernant le service
médical et pharmaceutique des corporations , donne
lecture de son travail qui est adopté.
Avant de clore la séance, M. le Président proclame
membres correspondons de la Société MM. Ribes ,
Serres et V illcrn ié, dont l’expectative, exigée par les
règlemens , est terminée.
Mai. — M. le Président, vu les chaleurs extra
ordinaires, pour la saison , propose d’adresser à l’auto
rité un mémoire sur les causes capables d’infecter
l’a ir , et sur les moyens les plus propres à les annihiler.
Celte proposition est accueillie à l’unanimité , et il
est délibéré qu’une commission , composée de MRI.
Benac , Bcullac , p è re , Poulet, Rey , Cuiiaid , Segaud
et S u e, sera chargée de s’occuper de ce sujet d’hygiène
publique.
E N A C , Président.
S ue , Secrétaire-Adjoint.
3
25
11
F is nu
troisième
T ome .
�TABLE
D es A uteurs
et des
M atières
contenues dans le tomb
T R O IS I È M E .
I.o
A lfonso
de
AUTEURS.
M ar ia , page 274. Amard ,
3
3 o.
B a lly , pages
i g . Baumes, 7 2 , 121. Belliui , 3 r.
Bertliier , 27. Beullac, T . ,
. Boissel, 270. Bouillon
L agran ge, 26. Bourdon, J. ,
. Boutrou-Charlard,
262. Briclieteau, 21. Brossât, 89.
253
83
85
C^iireau , pag.
. Com annond, 249. Cotte , 160.
Couret, 261. C ru veilh ier, i .
3.
DeVeze, pag.
7. Ducasse,
3
i 63 .
325.
Dufour , 277.
Faucliier , pag. 3 7. Feneulle , 27. F igu ier, 267. F lo r y ,
209. Foderé , 118. 159. Foreade, 26. 87. 92. o .
35
35
3
Gandy , pag.
. G iu tra c, 97. Gm elin, g .. Godefroy ,
268. Godvvin, 241. Guiaud,
.
43
H aim e, pag. 1 7 1. H enry, 88. a n .
Jacqu in , pag. 271.
3 o5 .
Johnson, J . , i
85 .
Lallaud.png-. 29. Lassagne, 270. Lassaigne, 27. Lassis,
M agail, pag.
5 i.
.Nicole, page 222.
O rn er, page i
44*
m . M agendie,
32 . 8G. M orin,
234.
i& i
�I
5
Papengutli, pag. p . Paris , 27. Pariset, 193. Pelletier ,
2 8 , 88. Petroz , 270. Pierquiu , 241. 289. Piguillem ,
159. Poliniére, 128. P outet, i o. ao. P ro u st, i *
5 3
54
Regny , pag. 249. Reydellet, 229. Robelot, 146. R o b ert,
11. Robinet, 270. R obiquet, 88. 261. Rochoux, 187.
234. 16. a i. Rolland,
11. R o u x , P . M . ,2 1 .7 9 .
. i . 144. *57. 187. 193.
. 271. 289. n .
319. R o u x ,
.
3 3
85 33
3
256
3
225
Senientini, pag. i 56 . Seneaux , 224. Seux , 273. Sigaud ,
9. 3 o. 221. S u cliet, 24. S u e , 11. 72. 121. 249.
T a d d e i, pag. 92. T erm e, 128. Ticdeinan , g 3 .
V alentin, pag. 7 9 , i 33 . 177. V irey , 87. 89. i 5 i . i 52,
V illerm é, 21. V o g e l, 262.
2.0 M A T I È R E S .
Analyse des eaux de V ic h y , pag. 27. — du Simarouha,
i5o. — de l’éperlan, i i . — du journal de pharm acie ,
26. 87. i5o. 2 11. 261. 276. 824.
Art ( l’ ) d’opérer dans toutes les sciences, etc. page o.
Avis , pag. 34. 96. 118. 162. 228.
5
3
liaume de Salazar , page 29.
Bulletins de la Société royale de médecine de Marseille ;
n ,° 1 , pag.
J n .0 2 , 97 ; n.° , i
j n.° 4 , 229;
11.0
, 277.
5
35
3
63
Choiera morbus ( remède contre le ) page go.
Décomposition du calomel au moyen du kermès et du
soufre doré , page 262.
Discours sur la séance d’ installation de la Société royale
de médecine de M arseille, page
.
35
�Dissertation sur la disjonction des épiphyses, pag. 2?5. ■ "*
sur la fièvre de Livourne, 277.
. — sur le typhus
uinaril, 187. — sur la pustule m aligne, n .
325
3
Effets ( d e s ) du gluten de froment, page 92.
Emplâtre de thériaque ( manière de le fa ire ) , page 19.
Epidémies ( rapport sur les ) , page 149.
Examen critique des observations sur la fièvre jaune
importée de Malaga à Pomégue ,c lc ., pag. ! o. — Chimi
que du séné, 27. — Du turbith, 2S2. — De la canello
blanche , 270. — De la synovie humaine , 270.
Extrait des registres de l’état-civil ( mai 1822 ), page 'hiZ.
Fièvre jaune (expériencesur lu ),p a g .
— (rapport
sur la ) , ig . — ( remarques sur la ) , q . 224. 273.
2^4t.
3
32
3
5
Huile pyrogénéc de Bouleau ( de V ) , page i i.
Hyd roclorate de zinc ( ses effets ) , page g .
Hygiène des dames ( de V ) , page 92.
3
32
Journal de phys. expériment. , pag.
. — De médec. à
Rome , i g. — A Barcelone, 109. — A Bologne, 222.
5
253
Lettre sur un établissement, pag.
. — Sur la fièvre
jau n e,
. 177. i . 197. 209. — Sur le typhus
am a ril, 16.
3
3
85
3
Médecine pratique éclairée par l’anatomie, etc. , p. i.
Mémoires sur la fièvre qui a régné
Barcelone en
1821 , pag. 289. — Mém. ( 2.e ) sur la fièv. jaune, 7. —«
Sur les hôpitaux, e tc ., 128. — Su r les tablettes de
bouillon , i - — Sur une affection spasmodique , 222.
Mot ( un ) sur les annales de la méd. physiologique,
pag.
— Sur la bibliothèque germanique, iS q .—
Sur M. Broussais, o. — Sur Cadet de Gassicourt, 87,
54
256
3
�•— Sur le comité de sal. pub. de Mars. , pag.
—
Sur la clinique cbirurg. de S t.-E Ioi, 2a5. — Su r
l'établissement de Rotonneau ,8 2 1, — Sur l’électricité,
86. —• Sur les maladies régnantes, 272.
. — Sur le
muséum anatom. de Strasbourg , 157. — Sur celui
de Vérone , ( . — Sur M. Foderé , i - — Sur un
physionomiste, 16 r. — Sur deux questions, « . ~
Sur un ouvrage de M. Seneaux, 224.
■ Sur un nou
veau journal, 275. — Sur un in -fo lio ,
. — Sur
un s o t , 161. — Sur des vers burlesques, 160, — Sur
la Soc. acad. de méd. de Mars., a i. — Sur la revue
m édicale, i . — Sur le sucre b r u t , j 52.
323
58
59
33
320
3
3
Nomenclature pharmaceutique , page 88.
Notice sur la préparât, de l'hydriodate de potasse , pag.
261. — Sur l'cenante crocata , 268.
Notions sur la fiev. jaune de Barcelone, pag.
. a »
Noies sur la phosphorescence du sulfate de quinine, pag.
29. — Su r l’aphonie, e t c .,
.
43 34
85
Observations sur l’emploi , en m édecine, de l’huile du
semen-coutra , pag. -iG. — Sur les perforations de
l ’urètre, e tc., i. n i . — Sur la fièv. intermittente
inflamm. , 57. — Sur la vaccine, 22. 27T. 272. o .
— Sur une ankilose du genou gauche, 21. — Sur
une hydropisie d’une gaine tendineuse , e tc ., 2 4 .“
Sur une maladie du la ry n x , 97. — Sur une trans
position des viscères, i44- — Sur la rétention du
placenta dans l ’utérus, i . — Sur une grenouillette,
171. — Sur les préparations d’iode, 211. — Sur les
os de M. de Belsunce, 221. — Sur un jeûne pro
lon gé,
. — Sur un anévrisme du cœ u r, 229. —
Sur le chlorure d’or et de sodium , 287. — Sur la
fièvre scarlatine , 272. 2^3.
Observateur des sc. méd. ( remarque sur V ) , page
.
5
35
63
223
32
�Population ( de la ) , e tc ., page i \ i Poudre dentifrice, page 28.
Prospectus, page n 8 .
Procédés du D. Peysson dans les fièv. interna., page
256.
P«apsodie , page 160.
Recherches anatomiques sur la m atrice, e tc ., pag. i. —»
Sur la ra te, e tc ., 94.
Remède du sieur L ero y , page 271.
Revue des journaux , pag. 2 t.
. 146. a .
Salubrité publique ( (le la ) , pag. 319. ?.o.
Sangsues ( Remarques sur les ) , pag. 88. 89.
Séances de la Soc. roy. de inéd. de Mars. , pag.
.
t 16. 175.
p. 287.
.
Sujets de p rix , pag.
. 94. 227.
3
85
56
3
55
23
335
32
( (lu ) , page 320.
Tartrim èlre
Travaux de la Soc. des dispensaires de L y o n , page 24g.
Traité des lièvres rémittentes, etc. , pag. 72. 121.
3
3
Variétés, pag. o. 92. 157. 22t.
19.
Voyage médical en Italie, pag. 17g. i .
33
Zeïne de maïs ( de la ) , page 91.
F in
de la table dd tome troisième.
�F A U T E S E SS E N T IE L L E S A CO R R IG E R .
Pag. io , lig.
18 ,
56 ,
16 0 ,
63
65
i
,
x ,
16 6 ,
ï 84 ,
273 ,
8 , au lieu de quelques , lisez : quelque.
qu’il s’est chargé uo rédi
* »
ger , lisez : dont il s'est
chargé de rédiger l’his
toire.
Essai d’idéologie, lisez ;
6,
Essai sur l’idéogénie.
Ratoneau , lisez : Roton6,
neau.
tentations, lisez: tentatives.
12,
tentations, lisez : tentatives.
tentations,
lisez : tentatives.
6,
2 de la note, au lieu de point contagieuse,
lisez : point contagieuses.
12 , au lieu de contre les hydragogues cette
affection , lisez : les hydragogues con
tre cette affection.
7
v
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/355/BUT-TP40137_Observateur-medical_1822-Tome-04.pdf
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Text
PAR UNE SO C IÉTÉ DE M É D E C IN S . CHIRURGIENS,
E T P H A R M A C IE N S ;
D
é d i é
a
H
i p p o c r a t e
,
P au P.-M . R O U X , Rédacteur-Général.
Tome 4
D escen d s <lu haut des cieux , auguste vérité ,
Répands sur m es écrits ta fo rce et ta cla rté .
V o l t . H e n r.
MARSEILLE,
IMPRIMERIE DE C. GUION,RUE D’AUBAGNE, N.°6.
18 2 2
�PAR UNE SO C IÉTÉ DE M É D E C IN S . CHIRURGIENS,
E T P H A R M A C IE N S ;
D
é d i é
a
H
i p p o c r a t e
,
P au P.-M . R O U X , Rédacteur-Général.
D escen d s <lu haut des cieux , auguste vérité ,
Répands sur m es écrits ta fo rce et ta cla rté .
V o l t . H e n r.
MARSEILLE,
IMPRIMERIE DE C. GUION,RUE D’AUBAGNE, N.°6.
18 2 2
��SÉANCE publique de 'la Société royale de médecine ,
chirurgie et pharmacie de Toulouse, tenue le g m ai
1822. ( In-8.° de 70 pag. Toulouse. )
O n applaudira toujours aux médecins, chirurgiens
et pharmaciens qui se réuniront pour s’éclairer mutuel
lement sur les points scientifiques, sujets à la controverse}
pour se communiquer, dans des conférences cliniques ,
le résultat de la pratique journalière; pour profiter, à
l’aide d’une grande correspondance , des travaux des
médecins qui résident dans différens pays; pour répandre
ensuite , dans le monde médical, tous les fruits recueillis
chaque année , et payer alors un tribut d’éloges aux mem
bres qui l’ont justement mérité. Mais s i, dès le principe
de leur institution, les sociétés médicales remplissent
religieusement les obligations qu’elles se sont imposées ,
il n’est pas rare de les voir bientôt se refroidir ( 1) au
(1) La Société académique de médecine de Marseille qui,
ainsi que la Société royale de médecine de cette ville, celle
de Toulouse, celle de Bordeaux, fut reconnue par la Société
de médecine pratique de Montpellier comme l’une des quatre
grandes Sociétés du midi de la France, et qui, nous devons
l ’avouer, se distingua pendant quelques années , ne publie,
depuis long-temps, plus rien pour les progrès de la science 11!. ..
�( 4 )
point de n’atteindre leur but qu’avec nonchalance. Heu
reusement, elles ne donnent pas toutes un exemple aussi
blâmable ; la plupart d’eutr'elles redoublent- de zèle et
d ’application , et se signalent par l’exacte publication de
l’exposé de leurs travaux, q u i, sans doute , est le témoi
gnage le plus authentique de leurs nobles efforts. La
Sbciété royale de médecine de Toulouse est de ce nom
bre. On peut même soutenir ( et qui oserait nous
contredire?) qu’elle a une conduite vraiment exem
plaire. A peine a-t-elle tenu sa séance publique, que
ses nombreux correspondons en ont été instruits. C ’est
itinsi que les compagnies savantes excitent l’émulation
de leurs associés ; c’est ainsi qu’elles voient augmenter de
jour en jour leurs relations ; et enfin peuvent-elles
se glorifier de contribuer à agrandir la sphère des con
naissances humaines, en multipliant la communication
des lumières.
M. Duffpurc, président de la Société royale de mé
decine de Toulouse, a ouvert la séance par l ’éloge de
K|. Corvizart , membre honoraire de cette Société.
L ’éloge historique des grands hommes n’est pas tou
jours fait par une plume digne de les célébrer. Mais
aussi, un orateur ne peut manquer d’exciter vivement
^attention de l’auditoire , lorsque, comme M. D ujfourc,
à en juger par quelques fragrnens de son discours, rap
portés par M. le Secrétaire-général, il retrace fort bien
toutes les circonstances qui ont marqué la vie d’un
.homme à la fois médecin et écrivain , comme l’était
le professeur Corvizart.
M. le Secrétaire-général a ensuite exposé les travaux
de la Société , depuis le 24 mai 1821 jusqu’au 9 mai
1822. 11 a débuté par cette pensée de Baglivi : la mé
decine consiste toute entière dans l'observation ; belle
pensée qui suffirait seule pour donner une haute idée
de l ’honorable compagnie , par cela seul qu’elle en est
�( 5 )
la règle invariable. Ajoutons que M. Ducasse fils a ,
suivant sa coutume, rempli supérieurement sa pénible
tâche , et l’on sentira d’avance toute l’importance du
compte-rendu dont nous allons faire l’analyse.
M. Durasse le divise en deux grandes sections : l’ une
comprend ce qui est relatif à la pathologie interne,
l’autre est pour les détails qui concernent la pathologie
externe. Puissions-nous , par ce que nous allons en d ire,
mettre nos lecteurs à même de juger de l’intérêt qu’elles
présentent !
M. Grateloup, D. M. à D a x , a communiqué une
observation d’hydropneumonie, qui a suggéré à la Société
plusieurs questions , touchant le plus ou moins de pos
sibilité ù reconnaître , à l’aide de la percussion et du
slctoscope , les maladies de poitrine et à acquérir sur
elles un diagnostic éclairé. La Société ne cherche point
à résoudre ces questions, mais elle élève des doutes sur
la nature de l’affection signalée par M. Grateloup. U n
sentiment d’embarras dans l’intérieur de la poitrine chez
une personne de 3 o ans, naturellement irritable, aug
mentant par les inspirations longues et fréquentes ; la
respiration plus facile dans la position horizontale que
dans la situation verticale du tro n c; la pâleur de la
face; les yeux caves et bordés d’un cercle livide; le
pouls régulier, p e tit, lent et d u r , ne paraissent guère
suflisans pour caractériser l’hydropneuinonie. D'ailleurs %
ce qui est propre à confirmer ces doutes , c’est qu’nprès
deux mois de traitement, un nouvel ordre de phéno
mènes morbifiques s’établit dans l ’abdomen , et parut
agir constamment sur le diaphragm e, l’estomac et les
intestins grêles , en déterminant des flatuosités, des éruc
tations fréquentes sans odeur ni saveur, des borhorvgmcs
continuels, le gonflement du ventre surtout après le
repas ; accidens auxquels on opposa sans succès, pen
dant deux ans et dem i, les ressources thérapeutiques
�(6 )
et qui ne disparurent insensiblement que par l’effet d’une
grossesse orageuse , et d’un allaitement pénible et dou
loureux. JNe peut-on pas, sans nier les détails de l'ob
servateur, dit M. Duçasse , élever des doutes sur l’exis
tence d'une altération organique des poumons, en con
sidérant les phénomènes morbifiques, comme soumis à
une action nerveuse
M. Grateloup a annoncé qu’il regardait comme suc
cédané du quinquina la racine de 1’anemone pavonina
(œ il de p a o n ), que M. Thore a signalée le premier
dans son Essai d'une chloris des Landes , publié en i 8 o3 .
M. Larrey ( Auguste ) a communiqué deux faits re
marquables : dans le premier , une escarre de la peau
de toute la jambe ; dans le second, des abcès nombreux ,
survenus aux extrémités abdominales, déterminèrent la
solution heureuse des deux maladies qui avaient com
promis l’existence des individus, et formèrent les crises
favorables de deux fièvres adynainico-ataxiques. Ces deux
observations font naître à la Société des réflexions ex
trêmement judicieuses sur le siège des maladies, qui
est encore parmi les médecins un si graud sujet de
contestation.
Il n’est pas facile de reconnaître laquelle des mem
branes du cerveau est pldogosée, lorsque l’on n’observe
que des signes obscurs qui annoncent une maladie de
cet organe. M. Pascal Canlegril, D. M. à M uret, a fait
part d’une observation à’arachnilis guéri par deux ap
plications de sangsues au cou et à l’anus, les cataplas
mes sinapismes , les boissons délayantes et des lavemens.
Mais ce qu’il dit des symptômes et des causes de la
maladie , chez une fille de 17 an s, ne suffit pas pour
faire distinguer le véritable arachuitis d'avec ces exal
tations momentanées de la sensibilité cérébrale, qui
arrivent si souvent chez les femmes nerveuses, surtout
vers le commencement de la menstruation.
�( 7 )
L ’observation d’une gastro-colite rémittente, par le
même médecin , offre des caractères plus décidés. Cette
maladie a été combattue, avec succès, par la méthode
antiphlogistique locale , et il est sûr que s i, trompé par
les apparences , M. Pascal eût voulu vaincre la rémit
tence à l’aide du quinquina ou de ses alkalis , les accidens en auraient été aggravés , et l’issue de la maladie
n’eût vraisemblablement pas été heureuse
Une observation de pemphigiu chronique a été com
muniquée par M. J. Gonnet, officier de santé à l’hospice
St.-Joseph de la Grave. Cette maladie fut bien traitée%
mais elle se compliqua d'une fièvre maligne , et le ma
lade m ourut, le quarantième jour de la maladie. L ’ou
verture du cadavre laissa voir les vaisseaux cérébraux
injectés, la pie-m ère et l’arachnoïde enflammées lé
gèrement, un épanchement séreux du côté droit entre
ces deux membranes , trois petits points de suppura
tio n , la substauce du cerveau plus m olle, l’estomac et
les intestins remplis de gaz , plus pâles , et le foie d’une
couleur jaune, accidens indépendans, sans doute , de
la maladie première, et si fréquens dans toutes les fièvres
ataxiques.
M. Jourdain, D . M ., correspondant à Mugron , a
fait part d’ une observation intéressante de péritonite
chronique devenue aigue, et que l’ouverture du cadavre
de la femme qui eu fait le sujet, a prouvé se compli
quer d’autres aifections organiques graves de la poitrine ,
qui n’avaient donné aucun signe de leur présence pen
dant la vie.
M. le docteur Cany a donné lecture d’ un excellent
mémoire sur le croup. « Distinguant plusieurs périodes
dans le cours de cette maladie, les deux premières es
sentiellement phlogistiques , la troisième évidemment
adynamique; il fait sentir que les mêmes moyens qui
réussiraient dans les unes, seraient infailliblement pré-
�(
8)
judiciahles dans l’autre. Ainsi , dit-il, le sulfure de po
tasse , dont toute la vertu consiste dans le vomissement
qu’il produit, si activement recommandé, employé même
exclusivement, de nos jours , par quelques praticiens ,
augmenterait nécessairement l’inflammation dès le prin
cipe du m al, s’il n’était donné qu’à faible dose, et
pourrait provoquer la plilogose de l’estomac et des in
testins, s’il était donné à dose vomitive. Il ne convient
d on c, d’après notre collègue, que dans la troisième
période, lorsque, sur le déclin du mal , les symptômes
adyuamiques ont succédé aux symptômes inflammatoires,
et que la membrane muqueuse du canal de la inspi
ration participe de l’atonie générale. »
« Une femme, aprèsun accouchement naturel, éprouve
des douleurs intenses sur les parties latérales de l’ab
domen. Fixées bientôt sur le côté droit , elles s’accom
pagnent alors d’ une tumeur située au-dessous dos fausses
côtes et au voisinage de l’ombilic. Cette tumeur, traitée
tour-à-tour par une foule de moyens, s’accrut malgré
leur usage , devint plus douloureuse, et acquit une
dureté extrême. Les alimens solides fatiguaient surtout
l ’estomac, et produisaient le vomissement et la syncope.
Dé goûtée de l’inutilité de divers traitemens , la malade
s’abandonna entièrement aux soins de la nature , et resta
ainsi pendant dix ans. A cette époque, les soulfrances
devinrent encore plus vives, le gonflement plus sen
sible ; un phlegmon très-volumineux parut sur les côtés
de l’ombilic, et s’ouvrit de lui-même, laissant s’échapper
une matière blanchâtre . roussâtre , très-fétide et quatre
calculs biliaires, dont le nom bre, dans les pausemens
subséquens, s’éleva à trente deux. T el est le précis d’ une
observation communiquée par M. Gaston , D. M. cor
respondant à St.-Ybars. Nul doute que cette maladie
ne fût une tumeur biliaire, et que les calculs ne fussent
contenus dans la vésicule. »
�( 9 )
Dans deux cas d’opbtbalmie, dont il n’avait pas été
même possible de diminuer la violence par un traite
ment très-rationnel , M. Larrey ( A. ) eut enfin recours
à l’application dés sangsues à la face interne de la pau
pière inférieure, et il obtint bientôt, par ce m oyen, la
guérison de ses deux malades.
« M. Bailly a lu une observation de crevasse de l’urè
tre , occasionée par une torsion violente de la verge.
L ’individu qui en fait le sujet, portait, depuis long-temps ,
un rétrécissement considérable du canal. L ’infiltration
sanguine étaiténorme; elle s'étendait jusqu’aux tégumens
du bas-ventre. Le pénis avait un volume prodigieux ,
et le prépuce, singulièrement distendu et déformé, ne
permettait plus de voir ni de toucher le gland , qui
semblait enseveli sous sa masse. Quelques mouchetures
pratiquées avec la lancette procurèrent, le lendemain ,
un dégorgement sensible. Cependant, le malade n’urinait
pas. La vessie développée faisait une saillie suspubienne.
Le cathétérisme était impossible. Dans cette fâcheuse
circonstance, M. Bailly se proposait de pratiquer la
ponction de la vessie; mais une tumeur survenue à la
partie latérale droite de la verg e, un peu au-dessous
du bulbe , lui en démontra bientôt l’inutilité. Un jet
d’urine parut à travers un petit trou listuleux , dont
cette tumeur fut percée à son sommet , et qui , rendu
plus grand par une incision de six lignes, permit au
fluide, accumulé dans la vessie, une issue plus facile.
Tandis que le malade recouvrait ses forces , à l’aide
d’un régime et d’un traitement appropriés, le dégorge
ment des parties s’opéra; la verge reprit sa forme pri
mitive , par l’absorption du sang qui remplissait les
alvéoles celluleuses de ses enveloppes ; et l’usage de la
sonde, continué pendant le temps nécessaire, rendit au
canal ses dimensions naturelles, et fit disparaître la
fistule que sa crevasse avait occasionée. »
�( 13 )
M. Gintrac, D. M. à Bordeaux, soutient cette opinion
dans un mémoire qu’il a présenté à la Société , étant
fort du témoignage des écrivains qui ont observé ce ver
(originaire de la côte de G uinée) dans les lieux où. il
exerce ses ravages , étant d’ailleurs possesseur lui-même
d ’un ver semblable , extrait du scrotum d’un jeune nègre,
par M. R oniiii, ancien chirurgien du Roi à St.-Domiug u e , et qui lui en a fait présent.
M. Latour a communiqué une observation sur les
bons effets du charbon en poudre, dans un cas de gan
grène par brûlure, chez un vieillard de 80 ans ; et
M. Roques cl'Orbscastel a guéri , par le ptyalism e, un
mal vertébral de P o tt, sans avoir cherché toutefois?
dans ce mouvement salivaire, un moven rationnel de
ti'aitement. Pris seulement à la dose d"un grain, chaque
24 heures, le mercure doux procura, au bout de dix
jours , une salivation abondante qui se maintint pendant
un mois et demi. Dès son apparition , la rachialgie di
minua j les forces revinrent et l’impotence des membres
disparut.
Après avoir exposé les travaux de l’honorable Société ,
M. Laçasse a signalé les membres correspondans qu’elle
a reçus dans le cours de l’année académique, et en
annonçant la perte de MM. Corvizart et Rutnèbe, il a
fait l’éloge de celui-ci avec cette supériorité de talent
qui 11e se dément point ordinairement, quelles que soient
les fonctions dont il ait à s’acquitter comme secrétairegénéral.
Mous ne terminerons pas, sans payer aussi à M. Cany ,
secrétaire du p r i m a m e s s i s , un juste tribut d’éloges,
pour l’excellent rapport qu’il a fait sur la constitution
médicale observée à Toulouse depuis le i . er avril 1821 «
jusqu’au i . er avril 1822. Un style concis, clair, une bonne
méthode rendent très-intéressante une narration qu1
l ’est déjà beaucoup par l’historique des faits remar-
�( i3 )
quables qui en sont le su jet, et dont nous nous con
tenterons de citer le suivant: «U n de nos collègues,
dit M. Cany, a communiqué à la Société l’observation
d’un choiera morbus , qu’il eut l’occasion de traiter sur
un homme atteint, depuis long-temps , d’ une lièvre quarte,
contre laquelle tous les moyens que l’art indique en
pareil cas avaieut échoué, et qui disparut après la gué
rison de la maladie qui venait de se déclarer. »
La Société a accordé une double médaille d’encourage
ment à M. Parent Duchâtelet, D. 3U. à Paris; une médaille
ordinaire à M. Jourdain, D. M. à Mugron , et une mention
honorable à M. Boë , chirurgien à Castelsarrasin.
P.-M. Roux.
L
sur la maladie de Barcelone adressée par M.
F. P iguillem à M. L assis , docteur en médecine,
médecin en chef de l’hôpital de Namur , etc. , traduite
de l’Espagnol, par M . A . F cor, y , D. M.
ettr e
Barcelone, le 18 décembre
i
8z i .
Monsieur et respectable collègue ,
L orsqu’on annonça, l’année passée, la traduction de
votre ouvrage sur la non contagion du typh u s, j’en
publiai la critique insérée dans le journal général de
la Société de médecine de Paris, et une dispute litté
raire s’étant élevée, l’érudit traducteur quitta le champ
de bataille, pour ne point s’engager, sans doute, dans
une matière des plus difficiles que présente la médecine.
Coulent de voir qu’il s’était présenté une occasion fa
vorable de me mesurer avec un aussi illustre adver
saire , j’avance que je me crus maître du champ de
bataille, surtout ne voyant se montrer dans la lice aucun
professeur , ni aucune corporation scientifique , pour
soutenir la doctrine de la non contagion.
�( i6 )
comme les faits irre'fragables m’affermissaient chaque
jour davantage dans le doute philosophique que j’adoptai
dès le principe de l’épidémie , il ne fut pas possible de
mettre de l’accord entre nous , qui jusqu’alors avions
professé et défendu une même doctrine. Je n’ai jamais
eu et je n’aurai jamais le moindre scrupule d’abandonner
l’opinion d’h ier, pour adopter celle d’aujourd’h u i, quand
cette dernière reposera sur des faits irrésistibles et convaincaus, parce que lorsque l’expérience parle, l ’esprit
doit céder, sans qu’il se laisse entraîner par le poids de
l ’autorité , ni séduire par un raisonnement spécieux.
Ces Messieurs s’occupaient à ramasser des faits par
ticuliers qui favorisaient leur cause, pendant qu’on leur
en présentait une foule qui prouvaient le contraire. Un
seul fait positif, disaient-ils, suffit pour eu détruire des
milliers de négatifs; mais ce même fait prétendu positif
perdrait, peut-être, toute sa force, s’il était soumis au
creuzet de la critique impartiale et sévère. Des milliers
de faits négatifs, toujours identiques , toujours coustans ,
forment une preuve pratique positive; et lors même
que ce principe ne serait point admis , on sera forcé
de convenir que si les fauteurs de la contagion ont un
grand nombre d’observations particulières en faveur de
leur manière de voir, leurs adversaires en ont recueilli
encore davantage.
Les cas particuliers étant insuffisans , par la raison
qu’ils sont susceptibles d’être présentés d’ une manière
variée et arbitraire, il était nécessaire d’avoir recours
aux observations générales , faites et répétées sur ces
théâtres d’horreur et en même temps d’instruction. Dans
le lazaret, dans, l’hôpital du séminaire et l’hôpital gé
néral , ni nous qui n’avons pas cessé un seul jour de
nous y transporter, ni ceux qui ont assisté de jour et
de nuit les malades, avons ressenti la moindre impres
sion. Les sœurs de l’hôpital général, ces héroïnes de
�( i7 )
la plus vive charité, sans prendre aucune précaution ,
et Livrées seulement à la Providence, ont présenté avec
fermeté leur poitrine à un féroce ennemi qui n’a pas
eu le courage de les attaquer, pendant le temps que
le furent le surveillant de la convalescence, le phar
macien eu chef, l ’agent de surveillance et plusieurs
autres personnes qui n’avaient jamais paru dans les
salles, et qui fesaient tous leurs efforts, pour n’avoir
aucune communication avec les malades, ni avec les
effets qui leur avaient appartenu. On peut assurer que
le d an ger, Lien loin d’avoir été en raison directe de
l’exposition, a été, au contraire, en raison inverse;
excepté qu’on dise que , de même qu’il y a un ange qui
veille avec soin sur les en finis, les fous et les ivrognes ,
qui s’exposent si inconsidérément à ('.es dangers humi
lions, de même aussi, ii existe un ange tutélaire pour
les médecins et les autres personnes qui secourent les
individus contagionés.
Quand même les faits rapportés jusqu’ici ne seraiènt
point d’ un grand poids , ii me semble qu’ils auraient
dû suffire pour contenir les contagionistes exaltés , et
si la conduite de ceux qui changèrent de Ion , aussitôt
que, sortis de cette viiie , ils se virent en rase campa
gne parut étrange, celle des membres de ia commisson
française le fut bien davantage, quand ils ne balan
cèrent pas d’informer notre gouvernement que la ma
ladie était contagieuse à un degré tel , qu’on ne l'avait
jamais vu dans aucune autre épidémie.
Q u’uurail-il été de celte grande ville, où l’on a pris,
d’une part , des précautions pour contenir la propa
gation du m al, tandis que d'une autre , on a augmenté
les moyens do communication et le toucher entre les
malades et ceux qui jouissaient d’une bonne santé ï La
belle plaine de lîarcelone, qui a été si salubre , aurait
été un vaste lazaret rapidement converti en un triste
T . IV .
a
�( 18 )
cimetière. La communication continuelle et non-interrompue des habitans de cette ville, sortis du foyer de
la maladie pour passer la nuit dans les maisons de
campagne , au milieu de leurs familles , le trafic jour
nalier avec les mêmes voitures qui ont conduit des
malades introduits furtivem ent, le transport des famil
les affligées, le même jour qu’elles avaient perdu quel
qu’un des leurs , ayant encore leurs mains fumantes
des vapeurs du moribond , l’impossibilité d'avoir pu
recueillir jusqu’à présent un cas bien avéré de ce
qu’ un malade , sorti de cette ville , ait transmis la
maladie à quelque habitant du voisinage, sont tout
autant d’autres preuves renouvelées sur des sujets différens par leur âge, sexe, tempérament, constitution
physique , sensé. lité individuelle , ( ou susceptibi
lité ) comme nous l’appelons aujourd’hui. La saison
chaude, les esprits agités, l’entassement de beaucoup
d’individus dans les demeures les plus resserrées, tout
favorisait l’explosion ; et on ne pouvait imaginer un
moyen plus convenable , pour que la maladie fût conta• gieuse à un degré , tel qu’il ne s'était jamais montré
dans aucune autre épidémie.
Que le régiment de Marie-Louise campé entre Chiclana et Puerto lira i , dans l’année 1H0.1 , se soit
préservé de la contagion , par les mesurés que prit le
ch ef, d’interrompre toute communication avec les habi
tans de Cadix et autres villages circonvoisins , il n’y
a là rien d’extraordinaire; mais dans notre épidémie,
les communications ayant toujours existé , la maladie
s’est circonscrite nu-dedans de ses remparts. Que le port
de Ste.-Marie , St.-Lucar de Tiarramecla, Jerez de la
frontière et autres villages de l’Andalousie, contrac
tassent la maladie , pour avoir donné l’hospitalité aux
émigrés de C adix, les gens de Sans , Gracia et autres
habitations de l’étroit cordon qui nous entourait , ne
pourront jamais reprocher à ceux de llarcelone qu’il»
�( T9 )
ont été les conducteurs de la maladie à la fureur de
laquelle ils échappaient.
Ces reflexions doivent obliger chacun d’avouer que
le prétendu germe de notre fièvre devenait inerte et
perdait toute sa force à peu de distance de la v ille ,
par le seul elfet de la simple exposition à l'air libre :
d’où l’on déduit qu’il est bien difficile de concevoir
qu’il ait pu être importé de la Havane à ce port, ( contagitan indistans ) sans que les veuts , les pluies, etc. ,
aient pu le détruire lorsqu'il a été dans l'impossi
bilité d’être transporté de cette ville à G racia, Sans
et plusieurs autres lieux du voisinage où U se trouvait
tant de causes favorables à sou développement : de ce
qui se déduit pareillement que, si le susdit germe a
été sans action, par la simple exposition à l’air libre
et pur de la campagne , il n'est point facile de conce
voir que la maladie reparaisse, l’année prochaine, ou
qu’elle se-reproduise , après que les meubles et les hardes
auront été exposés aux vents, au serein, qu’ils auront
été bien aérés et lavés, que les maisons auront été blan
chies avec la chaux , et qu’enfui tout aura été exposé à
l ’actiou du froid , pendant l’ hiver qui va commencer.
Si par malheur la maladie retournait , l’année pro
chaine ( à Dieu ne plaise ) peut-être ce serait m oins,
parce que le germe se reproduirait à la manière des iusect
tes et des semences des végétaux , que par l’influence
des autres causes locales ou topographiques de notre sol,
ou des atleclions atmosphériques et météorologiques,
ou de toutes les deux réunies pour notre destruction.
Le fait est que l’influence des variations de l’électri
cité dans l’augmentation du nombre des malades et des
morts a été noté exactement par un observateur aussi
modeste que judicieux, et que la disparition de l’épi
démie date visiblement du 19 novembre , c’est-à-dire ,
90 jours après qu’elle avait commencé. À l’entrée de la
n u it, il se répandit, sur toute la ville, un brouillard
�extrêmement épais; on ne remarqua dès ce moment
que quelques malades , et la maladie ne se montra
plus que dans une ou deux rues , de la même manière
qu’elle le fit dès le principe.
La recherche des causes locales mérite donc toute notre
attention, puisque nous sommes chargés de préserver
les peuples , des maladies qui les menacent. Lors même
qu’elles ne serviraient qu’à faire développer la conta
gion que l ’on suppose, elles devraient être écartées
autant que possible, parce que nous aurions, dans ce cas,
la satisfaction d'avoir fait tous nos efforts pour contri
buer à une fin si utile et de la plus grande impor tance.
Et puisque l ’étude de ces causes vous a conduit, M.
le docteur , de Paris à cette ville , n’épargnant ni
peines, ni fatigues, vous pourrez, plus que tout autre,
servir à éclairer un point aussi important; ce qui contri
buera à confirmer ou à réfuter ce que vous avez déjà
écrit sur les véritables causes des maladies épidémiques ,
nommées typhus ; me réjouissant d’avoir eu l'honneur
de vous connaître personnellement, en même tem ps,
reconnaissant des instructions cjue vous avez eu la
complaisance de me donner de vive voix , dans les
intéressantes conversations que nous avons eues ensem
b le , sur l'importation et la propagation de notre typhus,
je vous renouvelle les sentimens de la haute considé
ration , avec laquelle je suis, Monsieur , votre dévoué etc.
R echerches sur l'ulcère cancéreux île la matrice , par
M . J. li. D. R e i m O n e t , docteur en médecine
• (M ontpellier, i 3 février 1822, in-8.° de 93 pages),
■ Avec cette épigraphe :
P rop ler solum ulerum , m illier est ici
cpjcjcl est.
y Ay H ei .MONT.
L e vaste domaine de la médecine a été si souvent
et si bien exploité , qu’il ne faut pas s’étonner si la
�( 21 )
plupart des aspirans au doctorat, sont fort embarrassés
dans le choix, du sujet de leur thèse. Il en est pourtant
quelques-uns q u i, s’attachant de préférence à éclaircir
les points encore obscurs de l’art médical , finissent par
produire de bonnes dissertations inaugurales. Telle est
celle que nous annonçons. Elle a pour objet l’ulcère
cancéreux de l'utérus , qui n’a que trop fait le désespoir
de la médecine, et dont, par cela même , M. Reimonet
a fait une élude approfondie. Le principal but de ce
médecin est de démontrer les salutaires effets, dans cette
cruelle affection , du traitement anti-phlogistique déjà
préconise par RI. Broussais, et afin de procéder avec
méthode, il consacre dix sections au développement de
ses recherches, dans l’ordre qui suit : i.° Considérations
physiologiques sur la femme ; 2.° définition de l'ulcère
cancéreux de la matrice, sou siège; 3 .° m arcîieet divisions;
4 -° durée et terminaison ; 5 .° étiologie; 6.° symptomatolo
gie ; 7 histoire des traitemens ; 8.° traitement anti-phlo
gistique ; q.° observations; io.° ouvertures de cadavres.
Ces sections ne présentent pas toutes un égal intérêt.
L ’auteur aurait pu supprimer quelques détails qui , à
la vérité, ne sont point entièrement superflus, tandis
qu’il n’a pas exposé tous ceux dont son opuscule était
susceptible. Mais on en jugera mieux par la rapide
analyse que nous allons faire de chaque section.
Dans la première , l’auteur esquisse les révolutions
physiques et morales de la femme , depuis la naissance
jusqu’au moment où « victime infortunée , d it- il, elle
n’a vécu que pour donner l ’e x is te n c e !....» C ’est une
manière adroite d'inviter à lire l’histoire d’une maladie ,
telle que le cancer de l’utérus, en débutant par (Ms
considérations physiologiques d’autant plus séduisantes ,
qu’elles sont présentées dans un style , pour ainsi dire
poétique Elles nous apprennent qu’à l’époque de la
gestation , les femmes sont sujettes à des spasmes , des
�( 32 )
convulsions , etc. , et cela est vrai ; mais que le tic dou
loureux attaque communément ces mêmes femmes , c’est
ce que l’auteur 11e devait avancer qu’avec reserve , c’està-dire, qu’en s'étayant des observations propres à jus
tifier son opinion. O r , des observations de cette nature,
nous ne sachons pas qu’il y en ait de concluantes, et
d’ailleurs n’auraieut-elles pas été étrangères au sujet dont
il s’agit P
M. Reirnonet définit l'ulcère cancéreux de la matrice,
( qu’il considère comme synonyme à cancer utérin )
une altération organique , caractérisée par un ulcère
rongeant établi sur des tissus désorganisés, précédé
d’irritation locale au système vasculaire blanc et rouge
du tissu propre de l'utérus ; l’inflammation latente qui
suit cet état, appelle l’abord des fluides dans cette partie,
et détermine l’expansion des tissus qui la composent.
L ’induration est intermédiaire entre ce premier état et
le squirre; l’ulcération est le dernier degré de cette
phlegmasie désorganisatrice, et c’est ordinairement au
col de la matrice qu’elle siège en débutant.
Avant de tracer le tableau qu’il croit le plus fidèle
de la marche du cancer utérin , l'auteur observe que,
quoique très-irrégulière , cette marche a pourtant servi
de base à des pathologistes pour établir leurs divisions,
qu’il rappelle, en citant MM. Delpech, Richerand ,
Aubin , Capuron , B oyer, Cruveilhier , Gardanne et
Gardien.
On ne peut préciser ni la durée , ni la terminaison
du cancer utérin. Exaspéré par des moyens curatifs
peu rationnels , il tend k une issue funeste , et celle-ci
a lieu surtout ordinairement lorsqu’il est abandonne aux
seules ressources de la nature ; alors même, est-il suivi
d’une succession continuelle de soudrances qui condui
sent au marasme et enfin au tombeau.
L ’auteur divise les causes de cette lésion en prédis-
�( ^3 )
1
posantes et en déterminantes, et les décrit assez bien .
nous dirons seulement qu’en plaçant, parmi les pre
mières , ce surcroît de sensibilité de la matrice , qui
l’a fait appeler par quelques-uns sensorium commune,
il soutient que ccttc dénomination est très-juste, vu
que l’utérus est, chez certains sujets , à son avis , le
centre où aboutissent toutes les perceptions ; ce qu’il
cherche à prouver en observant qu’une joie soudaine,
une frayeur subite déterminent l’avortement; qu’ un geste,
un attouchement excitent des désirs vénériens. Mais ces
désirs sont excités chez l’homme par les mêmes causes.
O r , faut-il en conclure que le centre de ses percep
tions est à ses parties génitales!* lit la saine physiologie
ne nous force-t-elle pas d’admettre que l’avortement
n’a lieu par telle ou telle passion , que parce que le
centre épigastrique , où aboutissent véritablement les
sensations , appelle alors vers lui une somme de forces
au détriment de celles que la matx’ice réclame dans la
gestation ?
La section consacrée à la symptomatologie est la plus
intéressante. Divisés en locaux et caractéristiques, gë~
néraux et sympathiques , les symptômes sont exposés
avec beaucoup d’exactitude, et leur description ne pour
rait que perdre de son intérêt , si nous la soumettions
à l’examen analytique. INous devons toutefois signaler
une lacune : M. Reimonet n’a rien dit de la symtomatologie des maladies de l’ utérus, (maladies qu’il
se contente de désigner ) susceptibles d’être confon
dues avec le cancer de cet organe. On sait qu’elle
fit le sujet d’une question mise au concours, pour
18 19 , par la Société royale de médecine de Marseille,
et l’auteur aurait donué plus de prix à sa monographie,
s’il eût consulté les deux mémoires , sur cette question ,
couronnés par la Société.
L'histoire des traitemens a dû exiger bien des re-
�( *4 )
cherches. La longue se'rie fies médîcamens externes et
internes est passée eu revue, et s’il eu e st, parmi eux ,
que l’on puisse utiliser avec quelque fru it, la plupart
doivent être bannis de la thérapeutique du cancer utérin.
Enfin , il s'agit du traitement anti-phlogistîque, de celui
pour lequel l’auteur a , avec raison , une grande prédi
lection, étant basé sur la pathologie-physiologique ; et
c’est surtout l'application des sangsues au col de l'utérus,
qu’il préconise et qu’il regarde comme facile, à l’aide
du spéculum uteri de M. Recamier, ou d’ un verre de
quinquet. On n'applique guère plus de 12 sangsues à
la fo is, et rarement on est obligé d’aller au-delà de
cent pour la durée de la maladie. Plusieurs observations
viennent confirmer les bons effets de ccttc méthode ,
qui n’est pas nouvelle; déjà , Valsalva, Fenson et Am
broise Paré la conseillèrent, et l’auteur aurait pu ajouter
q u e, dans une inflammation de l’ utérus, qui donnait
lieu de temps en temps à des accès d’épilepsie, et que
deux larges saignées n’avaient point fait cesser, Zacutus
fit attacher trois sangsues à un fil qu’on eut soin de
laisser pendre au-dehors, et on les enfonça vers l’utérus,
de manière qu’elles pussent mordre dans la substanca
m êm e, ce qu’elles firent. On les retira, et la malade
fut rétablie.
Nous regrettons que le défaut d’espace ne nous per
mette pas de pousser plus loin notre analyse, car nous
n ’aurions présentement que des éloges à donner à M.
Reimonel. Nous finirons par observer qu’il serait à dé
sirer que tous les ëtudians payassent un tribut acadé
mique comme le sien. Ou ne fait qu’une dissertation
pour être reçu docteur, c’est bien la moindre des choses
de la faire bonne et de la soutenir avec distinction.
P.-M , R oux.
�WVYVWVWW W W v w v v w v v v u n l VWW WWW W VWVVYWVWWVWWWVVW
A N A L Y S E
D es
principaux
A rticles
( M ois
de
du
M ai
J ournal
et
de
P harmacie.
J u in . )
S ur le houblon , sa culture en France et son analyse ,
par MM. P ayen et C hevallier . — Dans eu mémoire
MM. Payen et Chevallier font connaître l’importance
de la culture du houblon indigène ; ils font espérer
de pouvoir le récolter abondamment en France, et de
cesser de recourir à nos voisins pour cette branche de
commerce. Ils donnent les résultats des essais satisfaisans qu’ils ont faits aux environs de Paris , sur la cul
ture de cette plante, et ils promettent de publier encore,
dans le courant de l'aunée, les résultats de toutes leurs
observations.
Ils décrivent le houblon ( hurnulus lupulus L,. ) , et
après avoir indiqué toutes les parties qui composent
cette plante, ils désignent celle qui renferme seule le
principe actif du houblon, e t , pour ainsi d ire, toutes
ses propriétés.
«Nous arrivons enfin, disent-ils, à la partie la plus
intéressante du houblon, la seule pour laquelle on cul
tive toute la plante, ces houppes d'écailles ou cônes
membraneux , qui contiennent la graine dans leur centre.
On peut encore considérer comme inertes ou inutiles
aux «mplois qu’on fait de ses groupes ( improprement
appebs fleurs de h o u b lo n ), les feuillets membraneux,
le pivot, l’amande et le cortex de la graine; la partie
u tile, ast cette matière jaune granulée, agglomérée au
tour di. pivot et sous les aisselles des écailles membraneusts; en effet, cette matière présente seule les
�(28)
U n remède précieux serait celui qui , étant vésica
toire, n’aurait aucune action sur les voies urinaires !
espérons que la matière médicale s’enrichira un jour de
cette découverte; déjà quelques expériences laites sur une
substance végétale, semblent promettre un résultat sa
tisfaisant. On reviendra là dessus, quand on aura atteint
le but qu’on se propose.
— Potion fébrifuge stibio-opiacée de M . P eysson. —
Voyez le onzième n.° de ce tome , page 256 .
— De l'opium retiré du pavot indigène , par F. L aiké
de M alley . — M. Lainé a répété les expériences que
M. John Young , d’Edim bourg, a consignées dans VAsatic
Journal.
11 a fait une plantation de pavots dans le canton de
V au d; il a choisi le pavot de l’espèce dite aveugle, et
après une culture convenable qu’il détaille, voici de
quelle manière il a récolté l’opium :
« La méthode que j'ai suivie pour la récolte, est
« celle de M. Young; elle consiste à inciser avec un
» instrument à deux lam es, montées dans un petit
» manche en bo is, et qui ne dépassent ce manche que
» d’environ i/4 de ligne , les capsules, en lésant autant
» que possible les incisions en spirale. — Des en fans
» suivent l’inciseur et recueillent, avec un pinceau de
« sanglier de la grosseur du petit doigt , le suc laiteux
» qui s’échappe. Lorsque le pinceau est plein de suc,
» ils le pressent avec le doigt contre la paroi d’un petit
» vase de fer blanc , de la même manière que les pein» très expriment l’huile de leurs pinceaux , pour les
» nétoyer. A la fin de chaque demi-journée, on ras» semble- ce qui a été récolté ; le suc est mis dans un
». vase p lat, où on le laisse évaporer jusqu’à siccité.
» Quarante journées d ’hommes et d’eufans ne m’ont
» procuré qu’une demi livre d’opiuin sec; mais je suis
» convaincu que l'opération commencée plutôt et la plus
�( 29 )
» grande habitude des travailleurs , la rendront beau» coup plus fructueuse. »
Il est malheureux, comme le dit M. Laine un peu
plus h a u t, qu’un petit voyage l’ait éloigné de ses plantâtions , au moment de la maturité des pavots; le re
tard qu’ il a mis à commencer sa récolte, l'a rendue
bien peu fructueuse , et [\o journées d'hommes et d’enfa n s, employées à la récolte de huit onces d’opium
n’encouragent pas à tenter un genre de culture, qui ,
pour obtenir un opium plus pur , le rendrait éuorniéC our et , Ph.
ment cher.
% u v u n w w w w w v v v w u w w - m u w iw v \ w % w \ v \ \ i iw v
w w v%
V A R I É T É S .
U n jeune candidat cherchait depuis long-temps un
sujet de thèse : les idées métaphysiques sur le principe
vital dont un professeur de l’École l’entretenait sans
cesse, jetaient son esprit dans un vague indéfini. La
pathologie lui offrait un champ vaste; mais disserter sur
une maladie, sans l’avoir vue , c’était anticiper sur les
attributions de plusieurs de ses maîtres. L ’anatomie pa
thologique était assez de son goût , mais on n’avait ou
vert qu’ un cadavre dans l’année, le malade était mort
d’une névrose, aussi point de traces de lésion organique,
point d’inflammation , point de ramollissement , le cas
était désespérant pour les Aruspices de l’amphithéâtre. Le
candidat jeta les yeux sur la botanique; mais quel cours
avait-il suivi ? Depuis trois ans le professeur avait dé
serté la chaire qu’il avait illustrée , et son successeur
préférait à la gloire de la science , un carré de légumes
au. milieu du jardin des plantes, converti en jardin
potager. L’esprit du candidat flottait incertain et l’em
barras du choix était tel pour lui, qu’il commit au hasard
�( 3o )
le soin de lui fournir un sujet convenable. U n régime
frugal est souvent le partage de cette classe laborieuse qui
consacre ses jeunes années à l’étude de l'art de guérir. Le
candidat aimait par nécessité Pythagore et son régime ;
le légume économique de Parmentier constituait, malin
et soir, son bol alimentaire, et parfois le bulbe du plus
piquant des asphodèles lui servait d'assaisonnement. Par
reconnaissance, le candidat se fixa sur l’ail; le sujet était
piquant et nouveau pour la Faculté , il se nourrit avant
tout de sa matière , fit des recherches, lut l’article de
Fourcroy dans l'Encyclopédie, celui de Halle' dans le
Dictionnaire, et fort de ces deux autorités, il écrivit
sa dissertation, dont voici un extrait : « L ’ail est la
» thériaque du paysan ; c’est Arnaud de Villeneuve qui
» l’a dit au treizième siècle; Arnaud était de cette école,
» aussi devons-nous le croire : d’ailleurs, l’adage du
» médecin est devenu un proverbe qui prouve l’estime
» de nos ancêtres pour les vertus et les qualités de
» l’ail. Les moines se livraient à la culture de l’a il ,
» c’était alors leur principale nourriture, mais maiu» t e n a n t ! ... Les gens de qualité mangeaient aussi de
» l’ail avec du beurre frais, surtout au mois de mai,
» comme le remarque Cluimpicr. L ’ail était autrefois
» en faveur dans les cours ; on en frotta les lèvres
» d ’HEXRi I V enfant ; il est tombé depuis du rang su» prême dans la cuisine du roturier! Quels services
» l’ail ne rend pas à l’art culinaire, comme à l'art de
» guérir? il p u rge, dit Hippocrate-, il tue les verset
» provoque les règles, dit Galien ; il fuit dorm ir, dit
» L a Bruyère; il donne la lièvre, dit Bennet ; il fait
» couler les eaux des hydropiques , dit Forestus ; il excite
» l’estomac faible, il entre dans les sinapismes, dans le
» vinaigre des quatre voleurs, il est utile dans les mala» dies contagieuses , dans la pituite et dans la cachexie.
» Que n’a-t-on pas obtenu de ses gousses ? ............ »
�C 31 )
— M. Virry a démontré , dans un article du Journal
de pharmacie, que les animaux furent les premiers
docteurs en médecine. M. V irey, le plus fécond écrivain
du Dictionnaire des sciences médicales, travaille tou
jo u rs, comme on voit, à la réputation de ses colla
borateurs.
— Un médecin de Paris a présenté h l'Académie
royale de médecine , un mémoire renfermant des con
sidérations hygiéniques sur l'heure du dîner chez les
peuples anciens et modernes, avec cette épigraphe :
Hctas ! nous n’avons plus l'estomac clc nos pères ! . . . :
— Le docteur Salvatori, de St.-Pétersbourg , a em
ployé avec succès, dans le traitement de l’épilepsie
les feuilles et les fleurs du campanula graminifolia.
( London , medical and pliysical journal ).
— Benjamin Hutchinson , chirurgien distingué de
Londres, a administré, dans un cas de tic douloureux ,
le carbonate de fer à la dose d’un drachme trois fois
par jou r, pendant le cours de trois semaines. Dès le
principe , il est survenu une-fièvre inflammatoire violente,
qu’on a combattue par les saignées générales et locales,
et par les évacuans. ( London, medical and physical
journal ).
— Le docteur Jenner vient d'em ployer, dans le trai
tement des aliénés, un procédé qui consiste à faire
naître artificiellement des éruptions cutanées. A l’aide
de ce moyen convenablement dirigé , il est parvenu,
dans un grand nombre de ca s, à guérir d’ une aliéna
tion mentale violente et obstinée, des personnes sur qui
l ’on avait inutilement essayé toutes sortes de remèdes.
( hev. encycl. ).
— Les concours sont abolis dans les Facultés de
médecine; M. Berlin a reçu l’ordre d’occuper la chaire
du célèbre H alle : M. Berlin a obéi. On dit que chaque
�( 3a )
fois que ce nouveau professeur parle en public, les e'ièves
qui l’écoutent sont de l’avis de l’aspic.
— Un praticien d’ une grande ville du royaume jouis
sait d’une grande réputation , basée sur des succès nom
breux. Avant de commencer ses visites, il ouvrait chaque
matin le dictionnaire des drogues de M orelot, tirait au
sort le premier remède venu, et l’administrait ensuite
le même jour à tous ses malades. Cette méthode facile
lui réussit long temps dans les maladies aiguës ; pour
ménager ses ressources dans les affections chroniques,
il traitait ses malades par ordre alphabétique, en atten
dant que la mort enlevât le patient , qui succombait
d’ordinaire aux premières lettres de l’alphabet.
J .-F .- X . S igaud .
'.t m u x iw m w u u w u u v u m w v w w u w n v u v u w t x M v v A ^ t w w v
E X T R A I T des registres du bureau de l ’Etat-civil de
la mairie de Marseille.
( Mois de juin 1822 ).
Naissances....................................
D é c è s ............................................
M ariag es.....................................
581.
4 29 58 .
AVIS.
L A Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires , Obser
vations, Notices, etc. , de ses membres soit titulaires, soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d ’être publiés ,
elle n’a égard qu'à Vintérêt qu'ils présentent à la science
médicale ; mais qu’elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
çt qui n'ont pas encore la sanction générale.
�(33 )
BULLETINS
D E
LA
SOCIÉTÉ
ROYALE
DE
MÉDECINE
DE M A R S E I L L E .
i w w \ ,muiv*Avmvivi\\vvx\\Aiw\\'\Am\vi%
J
u il l e t
1 8 2 2 . — N .° V I I .
S uite de la Dissertation étio-symptomatologique sur la
fièvre qui régna à Livourne en 180/j.
S ix ans après la maladie, il parut un autre ouvrage
sur le même sujet ; l’auteur , après avoir rencontré , dans
sa pratique, un cas de la lièvre régnante, crut prudent,
pour sa sauté individuelle, de se retirer à la campagne
et y passer quatre mois sans interruption. C ’est de là
sans doute , et dans le silence , loin des malades et du
danger , qu’il rédigea quelques observations qui furent
ensuite publiées , et presque toutes étrangères à la ma
ladie. Il a regardé, comme une cause essentiellement
prédisposante , l’air corrompu par les exhalaisons qui
partent des eaux de la mer croupissante dans les ports,
et de la quantité de gaz hydrogène carboné, qui s’élève
de la cale des vaisseaux. Ces émanations pouvant être
comparées , par leurs qualités délétères , à celles qui
s’exhalent des mines , des latrines , des caveaux destinés
aux sépultures , des tonneaux dans lesquels on fait
fermenter le vi n, le cidre, la b iè re , auraient produit,
comme elles, le même effet, et la fièvre qui en eut été
T . IV.
3
�( 34 )
le résultat ( s’il n’y avait eu asphyxie ) , n'aurait attaqué
que les individus qui eussent été exposés à ces émana
tions. Cette lièvre , particulière à l’individu, ne se serait
pas communiquée d’une personne à l'autre, en serpen
tant de maison en maison ; comme cause de localité,
elle aurait sévi sur la classe seule des marins ; au lieu
que la fièvre qui régn ait, attaqua indistinctement des
m ilitaires, des négocians , des artistes de tout genre»
et n'épargna même pas les femmes. Toutes ces personnes
n’avaient certainement pas été exposées aux émanations
ci-dessus rapportées : donc une semblable cause , dans
le cas actuel, n’est pas admissible , même comme cause
conditionnelle.
Dans le cours de l’année 180[, rien d’extraordinaire
n’avait, en conséquence de ce qui précèd e, troublé
l’ordre des saisons ; l’apparition d’aucun météore n’avait
changé ni dénaturé la disposition de l’atmosphère; la
population n’avait été ni plus ni moins nombreuse; il
n ’y avait eu aucun changement dans le régime accou
tumé et daus les habitudes journalières ; nul aliment
de mauvaise qualité n’avait pu prédisposer : donc nulle
cause d’épidémie.
P , •euves d'une cause contagieuse. — Tout ce que je
viens d’exposer suffit pour démontrer qu’aucune des
causes générales connues des anciens , sous le nom de
choses non naturelles, et desquelles dépendent la vie
et la santé , n’avait pu , en aucune m anière, en altérer
l ’harmonie, ni produire une fièvre aussi désastreuse. Je
dois fournir à présent, les raisons d’après lesquelles je
me crois autorisé à regarder la maladie, comme née d’un
miasme spécifique apporté par des marchandises infec
tées. Si j’arrive à prouver que la fièvre de Livourne
nous fut ainsi communiquée, et qu’elle a été la même
que celle d’Amérique , la solution du grand problème
est trouvée; car sans contagion, sans virus spécifique,
�( 35)
uue maladie n’est pas transplantée d’ un continent à
l'autre.
En effet, d’après les principes physiologiques, qui
saurait nier une propriété de contagion à l’affection
morbifique qui , conservant pendant plusieurs mois de
traversée sa qualité de reproduction , sans rien perdre
de son énergie , se trouve transportée d’un contineut à
un autre et développée avec tous les symptômes qui
lui sout propres P
Voulant donner plus de validité à mon assertion et
l’étayer de l’opinion des plus habiles écrivains, je n’au
rais qu’a citer MM. L in d , H illary , B la n c, Currie,
Malkhitrick , Cutlen et son commentateur Bosquillon ,
Thomas , qui a observé la fièvre jaune pendant neuf
ans ; je n’aurais qu’à rapporter la décision du Collège
de médecine de Philadelphie, je parlerais du sentiment
du docteur B a tt. qui d i t , en écrivant sur la fièvre
jaune : « Il est inutile de se flatter que cette fièvre
» ne soit véritablement contagieuse , elle l’est sans aucun
» doute et lorsque le foyer existe dans un pays , il n’y a
« d’autres moyens pour s’en préserver que l’isolement. »
Si je la classais d’après la nosographie philosophi
que de M. P in e l, je l’appellerais alaxir.o-contagieuse,
e t , selon le professeur Dalmas , de Montpellier , ce
serait une fièvre épidémico-contagieuse ; mais je ne veux,
point sortir de mon su jet, ni employer aucune citation
étrangère.
Prenant donc la fièvre de Livourne dès son origine,
la suivant par gradation dans son développement, en
citant des faits reconnus et avoués aujourd’hui par les
personnes même les plus obstinées , j’espère justifier
mes premières conjectures, et tourner , à l’avantage de
mon opinion, les futiles et faibles raisons qu’on voulut
lui opposer.
Les médecins qui nous ont donné des renseignemens
�(36 )
sur cette maladie, et qui ne Font observée que dans
ces contrées où elle se renouvelle tous les a n s, ont eu
raison de la regarder comme endémique dépendante
des constitutions atmosphériques. Parmi ces médecins,
les uns admettent la contagion, les autres la nient; et
chacun d’eux appuie son opinion par des preuves et
des raisonuemens qui sont incontestables. De quelque
manière qu’ils la considèrent, ils la représentent néan
moins comme une maladie excessivement m eurtrière,
se jouant de toutes les ressources de l’art. Bien qu’ils
décrivent tous la même affection m orbifique, le tableau
qu’ils en font, est sous des formes et des couleurs bien
différentes; et tout ce que nous lisons dans leurs ou
vrages, quelque exact, quelque lumineux que ce puisse
ê tre , n’assure pas, d’ une manière satisfaisante, que
cette fièvre ait la faculté de se reproduire d’un corps
à l’autre et d’être transportée de pays en pays.
En Espagne, où la fièvre jaune s’est montrée à di
verses époques, elle a offert, dans chaque année, les
mêmes symptômes et les mêmes inquiétudes. Les secours
thérapeutiques , qui eurent quelque succès dans un
temps, furent infructueux dans un autre.
Les médecins exerçant à Seviglia , Cadix et dans les
autres pays de l'Espagne où cette fièvre fit, des ravages ,
ne furent pas d’accord sur le caractère qu’ils devaient
lui assigner. Dans le nombre de ceux qui la regardèrent
cependant comme contagieuse, je citerai Souerampe , mé
decin de Seviglia; MM. Berthe, Broussonet, Bafabrie ,
médecins connus, envoyés par ordre du gouvernement
français. Arejuln, Giambenuih et Mandel fui ent du même
sentiment , ainsi que le Collège de médecine de Cadix.
M. B lin , au contraire , n’admet pas de contagion dans
le rapport qu’il fait sur la fièvre d’Espagne, et M. Dcveze
ne refuse cette propriété, qu’autant qu’il nie la véritable
fièvre jaune. Le docteur H a lle , dans sa traduction d’un
�( 37 )
ouvrage publié à Madrid sur la fièvre régnante , ne
peut la regarder que comme contagieuse, lorsqu’il d it :
k Que la fièvre attaqua, dans le commencement , une
» seule famille dans un quartier très-fréquenté des cor» saires et des m arins, tant étrangers que nationaux,
» et qu’elle se communiqua ensuite à tous ceux qui
» eurent quelques liaisons avec cette même famille. »
,O r , doit-on croire que la maladie fut apportée an
nuellement eu Espagne P ou bien , faut-il peuser que le
germe, existant dans le pays, depuis sa première invasion,
n ’eut besoin , pour se développer, que de l’influence
des saisons , ou de quelque cause de localité ? La pre
mière supposition ne tombe pas sous les sens, parce
que le Gouvernement espagnol aura pris toutes les
mesures pour se garantir d'un pareil fléau ; et depuis
la première époque , il n’y a pas à douter que les bu
reaux de santé des tlifférens ports n’aient redoublé de
zèle et de soins pour surveiller tous les bâtimeus pro
venant de l’Amérique , et ceux qui auraient pu com
muniquer avec eux.
La seconde supposition , qui paraîtrait la plus pro
bable, serait en faveur de la propriété communicative ;
mais par quelle voie , en quelle saison la fièvre se
serait-elle renouvelée P Le germe résidait-il dans des
meubles infectés? Le retour des chaleurs a-t-il été la
cause du développement ? Comment a-t-elle pu faire
autant de ravages? C’est ce que personne ne peut assurer,
et les «loutes ne sont pas levés. 11 n’y a ilonc que le
tableau juste et précis de la fièvre de Livourne, et l’ex
posé de la manière dont elle y a été apportée , qui
puissent donner la plus sûre conviction sur un point
aussi difficile.
Le récit que je vais entreprendre ne fera pas assu
rément l’apologie «le certaines personnes , surtout des
membres formant alors le Comité de santé. Ces Mes-
�( 38 )
sieurs , loin de donner les renseignemens qu’on leur
demandait , ne faisaient qu’augmenter les doutes par
leur c'onduite mystérieuse et contradictoire. Ils reje
tèrent la faute sur les médecins et leur inexpérifence,
en éludant toutes les observations et les conseils qui leur
furent donnés dès le commencement. Aujourd’hui que
le médecin peut remplir tous les devoirs attachés à sou
ministère; aujourd'hui que la vérité n'est plus un délit,
que le bien public peut l’emporter sur les convenances
particulières , prouvons que nous avons su observer.
Dans la ville de Livourne, la fièvre d'Amérique 11e
s’était jamais montrée; elle y était absolument inconnue,
et heureusement, depuis ion importation, elle ne s’y est
plus renouvelée. Livourne jouissait de tous les avantages
de son heureux climat et de sa belle position; ou ne
com ptait, parmi seshabitans, qu’un très-petit nombre
de malades , affectés simplement des indispositions par
ticulières à la saison où l'on se trouvait. Quoiqn’au mi
lieu de l’été , les chaleurs étuieut bien modérées , le
thermomètre n’av ut jamais été au-delà du 25 .° degré ,
lorsque, tous les jours, on apprenait la mort de quelques
personnes logées au voisinage du môle , et notamment
dans les rues de St.-Jean et de St.-Antoine. Ces per
sonnes ainsi promptement privées de la vie , et la plu
part à la vigueur de l’â g e , étaient réputées mortes
subitement ; et comme toutes périssaient avec uu vo
missement que rien n’avait pu calm er, que leurs corps
étaient de couleur jaun e, on attribuait ces phénomènes
à l’excès ou à la mauvaise qualité de quelqu’alirnent.
Au commencement du mois de septembre, la maladie
s’étendait tous les jours davantage , elle n’était connue
de personne ; tout le monde en p arlait, et chacun sur
pris, effrayé des progrès journaliers qu’elle faisait, de
mandait quel en était le caractère, sans qu’aucun homme
de l’art sût eu rendre raison. Dans cette saison, le
�( 39 )
pays des Marêmes fournit beaucoup de fiévreux, parmi
lesquels il y en a qui viennent à Livourne pour y être
traités; de sorte qu'au premier abord, on imaginait
que c'était une fièvre des marais du caractère des per
nicieuses.
J’avais été appelé en consultation pour une femme
logée devant la Darce; elle était au second jour de sa
maladie, et elle périt le surlendemain. Très-indécis sur
la qualification que je devais lui assigner , je la regardai
comme fièvre ataxieo-bilieuse, et je fus dans cette idée
jusqu'au moment où je dus aller visiter un Français ,
bouclier de profession , attaché à la garnison française
de Livourne.
Cet homme était au 4 -e jour de sa fièvre; jusques
alors, aucun médecin ne l’avait visité, parce qu’on ima
ginait que son état dépendait d’ une indigestion. Une
couleur jaune foncée était répandue sur tout son corps ,
au point que je regardai sa fièvi’e compliquée d’ictère.
Mais je pensai bien diversement, et je ne tardai pas
à concevoir les plus vives inquiétudes, lorsque je
m’aperçus de la nature et de la gravité des symptômes ;
il rendait par le vomissement tout ce qu’une déglutition
pénible lui permettait d’avaler; les matières étaient noires
et sanieuscs, les gencives tuméfiées étaient excoriées
plus ou moins profondément, et son délire tenait de
la fureur; les mains fixes sur l’épigastre paraissaient
vouloir le déchirer. Il semblait uu hydrophobe par son
refus pour tout ce qu’on lui offrait, surtout les boissons;
et en attaquant les personnes qui l’entouraient, il cher
chait à se détruire lui-même. 11 mordait les vases qu’on
approchait de ses lèvres, et comme on ne l’abordait
que difficilement, j’eus beaucoup de peine pour m’assurer
de l’état du pouls et du bas-ventre.
Un cas aussi déplorable, eu excitant nia surprise,
augmenta mes craintes; quoique mes visites ne fussent
�U o)
pas sans danger, je redoublai de zi;le pour lui continuer
mes soins ; toutes les recherches que je fis pour adjuger
une cause à cette maladie, furent infructueuses , je n’ap
pris que vaguement, par des personnes de la maison,
que des Espagnols malades y étaient venus loger, et
qu’une femme de la campagne, chargée de blanchir le
linge de ces marins, avait succombé aussi à la même
maladie.
Je fis les premières visites chez ce Français en pré
sence de son épouse, de la maîtresse de la maison,
d’un capitaine d’infanterie et d'une domestique ; le jour
d’après, trois de ces personnes furent au lit , et la
maladie, dans chacune d’elles , suivit la même marche
et se montra avec les mêmes symptômes ; elle eut aussi
le même résultat ; car la maîtresse du logis périt dans
quatre jours, quoique soignée par un médecin respec
table ( M. M ochi ) ; le capitaine français finit sa car
rière du 6 .c au 7.e jour de sa m aladie, et la femme
du boucher suivit de près son mari. Un maître de
guitare, napolitain, logé au premier étage de cette
m aison, voulut en sortir, mais sa précaution fut inu
tile , car il ne tarda pas à être victime lui-même.
Ce fut à cette occasion que, me défiant de mes pro
pres lumières, je cherchai , je sollicitai auprès de mes
collègues, des éclaircissemens que je ne pus avoir. L ’in
fortuné Brignolet fut le seul qui partagea mes craintes
et mon opinion; c a r , dès ce m om ent, nous visitâmes
ensemble ceux, de nos malades, reconnus être affectés de
la fièvre régnante , et malgré le voile épais et ténébreux
qui nous dérobait la vérité , nous soupçonnâmes une
maladie que les suites vérifièrent bientôt. Je passerai
sous silence les contrariétés infinies que nous éprouvâ
mes ; mais je ne puis me dispenser de citer la copie
d’une lettre d’un des membres de la Députation de
�santé qu’on avait établie clans cette circonstance (i). Il
(i) Vi confermo la mia con l’ordinario e vi aggiungo quello
clie mi diuienticai nella conftisione , cisè che non è vero clie
esista cordone frà Livorno e Pisa, e clie si comiminica previe
alcune cautele di certificati di sanità assai rigorose. Non è mai
stato nemmeno per sogno che alcuni del governo siano siati
demessi, e se vi è colpa nelle attnali circostanze, essa è dè
medeci che hanno sempre imbrogliato con delle dissertazioni
senza occuparsi di rintracciare l’origine del male. Dal processo
clie abbiano fato con sonuno rigore ecco cosa risulta : La conjnmacia di Spagna fù levata il 17 Inglio in Livorno, e fù
ri inessa il 2 settembre decorso, e tali niisure furano da tutti
poco prima, o poco dopo, praticate si a Marsiglia clie a
Genova. En taie frà-mezzo di tempo, cisè il r3 agosto, arrivo
qui una nave da Cadice, con spedizioni nette di Cadice, il
sno equipaggio sano , sanissirao: ragion dunque voleva clie si
ammeltessero a libéra pratica. La nave venne alla consegna
délia casa D upouy: dopo scaricata , l’iiouio di magazzino di
D upouy si aminalo e mori in due giorni con sintomi di febbre
gialla: qui è dove il Dolt.e Iivignolct ebiamato fù il primo a
sospettare (1). I<a nave fù poi radobbata e due calafati che vi
lavorarono nell’arsenc.le furono anch’essi vittizne di taJ malattia»
la quale in sequito s’aurebbe e si dilaté nel quartiere di S.n
G iovanni , abitazione dè suddetti tre primi infelici : e siccome
tutti ignoravano il fatto di sopra, fù dichiarata febbre maligua
maremmana, ed i medici che non conoscevano la natura del
vero male la curavano p. maremmana, forse ne hanno uccisi
più essi che la febbre, segnatamente molli che fanno qui il
medico e sono ciarlatani. Giunta la cosa a più maturo esame,
dovettero confessare che la malattia è febbre gialla/non tanto
terribile quanto quella di Spagna, ma contagiosa. Ne venne
in consequenza la nomina délia deputazione, la quale ha tosto
conosciulo , che la nave dietro espressa era procedente dall'Avana , e che nel sno tragitto perdette di tal male presso
che tuito il suo equipaggio. Giunta in Cadice , non la vollero
ricevere, e fù colà preso ilpartito di darle nuovo equipaggio, il
quale chiuse bene i boccaporti e qui condusse la nave corne se
fosse parlita da Cadice.
( Lambruschinijgaziilte Ligurienne n.° 28-22 Xbre. 1804. an VIII).
�( 44 )
calfats, des charpentiers, poulieurs, peintres , tonne
liers et autres , trouvèrent dans l'exercice de leur pro
fession , à bord de ce bâtiment , le terme de leur
existence. Ces renseignemens ne me parvinrent que
long-temps après la maladie. Je les tiens d’un nommé
Giovani V ig o , constructeur chargé du radoub du
navire ; il m’a assuré , en présence de témoins , qu’il
avait perdu une quinzaine d’hommes, tous ouvriers
sous ses ordres , employés au raccomodage ,de ce bâti
ment espagnol. 11 fut lui-même dangereusement affecté
de la fièvre à laquelle cependant il a survécu, après
avoir eu une convalescence très-longue et très-pénible.
La mort de tant d’individus, survenue à-peu-près
dans le même temps , et le nombre des malades
augmentant tous les jo u rs, l’alarme se répandit dans
le pays ; on voyait le fils être sacrifié aux soins qu’il
prodiguait au père , l'épouse devenir victime du mari,
le frère de la sœur , l’ami payer bientôt de sa pro
pre v ie , son dévouement pour celui auquel il était
attaché : un nommé Fagioli, coiffeur de dames, qui,
dit-on , avait été à bord du navire pour choisir et
acheter des plumes , mourut dans l’espace de trois
jours ; un de ses intimes amis , en apprenant sa mala
die , courut auprès de lui pour le soigner ; mais il
ne tarda pas à éprouver le même sort. Dans la maison
Pacho , connue dans le pays, ce coiffeur avait porte
des plumes à la dam e, elle périt, e lle , le mari et uue
domestique. Dans ce moment la terreur populaire pre
nait tout les jours de l’accroissement, les pays circonvoisins montraient les plus vives inquiétudes et ouj
parlait d’établir des cordons. Le bâtiment avait reçu
l ’ordre de partir , j’ignore quelle fut sa destination,
Parmi les approvisiouuemens nécessaires, le biscuit
qu'il dut embarquer, fournira une nouvelle preuve
du caractère de la maladie.
�( 45)
Le boulanger Bartolornco Martini , fut charge' de la
fourniture du biscuit , cette provision mise dans des
sacs et porte'e à b o rd , fut déposée dans les soutes
destinées à la recevoir. Après que ses sacs furent vidés
on les rapporta au magasin , et on les jeta , au hasard ,
dans un coin. Les malheureux ouvriers de cette boulan
gerie croyant trouver sur ces sacs , pendant la nuit ,
un lit de délassement, n’y trouvèrent que celui d’un
repos éternel, celui de la mort ; sept d’entr’eux péri
rent en très-peu de temps , ils ne mirent que quel
ques jours d’intervalle de l’un à l’autre. Ces infortunés
n’avaient eu d’autres communications que celle d’avoir
dormi sur ces sacs , qui n’étaient restés à bord que
le temps nécessaire pour les vuider. Le four a été
fermé pendant plusieurs années , il avait inspiré tant
d’effroi, que personne ne voulait plus y travailler.
Le récit de toutes ces circonstances n’est pas certai
nement fait à plaisir; il n’est pas non plus le fruit
d’une imagination exaltée; et quelque minutieux qu’il
paraisse être , peut-on ne pas y avoir recours , lors
q u e, pour avoir quelques certitudes, on n’a pas d’autres
matériaux à choisir. Ce qui prouve la véracité de ce
que j’avance , c’est que j’écris du lieu même où régna
la maladie et du vivant des personnes qui la révo
quèrent en doute. S i , pour confirmer d’une manière
plus positive, l ’existence et la nature de ce fléau, je
devais recourir à d’autres preuves, faudrait-il, sans
craindre de renouveler le souvenir d un temps trop
malheureux, citer cette maisou dans laquelle on compta
dix huit morts ( i ) , et dans laquelle nous nous trou
vâmes, à la fois , trois hommes de l’art, allant chacun
visiter un malade différent, logé sous le même to it,
dans le même étage et atteint de la même maladie ?
(i) La maison B erlo lia , près du Fort-Vieux,
�(48 )
d’un autre, écoutant tantôt un parent, tantôt Tarai
du malade , ils entendaient un récit différent , parce
que tous étaient d’un sentiment divers ; ils ne jugeaient
de la fièvre que d’après la période qu’elle parcou
rait au moment qu’ils visitaient le malade ; de sorte
qu’au milieu d’une telle confusion , ils firent de cha
que période» une fièvre particulière. Voilà pourquoi
la maladie leur parut protéiforme, et pourquoi leur
mission fut très-peu concluante. Ils sont néanmoins
d’autant plus pardonnables, que l’origine de la mala
die fut pour eus , comme pour nous , impénétrable ;
envain tentèrent-ils de la découvrir, leurs efforts furent
impuissaus, et sans cette première notion , quel est
celui qui pouvait prononcer ?
Cette erreur bien marquée fait sentir combien est
importante la dénomination d’une maladie de cette
nature , et l'exactitude avec laquelle la théorie des
symptômes doit être décrite. J'avoue qu’elle m’a coûté
beaucoup de peine ; on se forme une idée de la chose
mieux qu’il est possible de l’exprimer ; et malgré la
difficulté qu’elle offre, je vSis commencer par assigner
le vrai nom que je crois convenir à la fièvre de Livour
n e, et passer ensuite aux signes particuliers à chaque
variété.
Le nom de typhus miasmatique ou contagieux ,
paraîtrait celui qui lui conviendrait ie m ieux, avec
l’épithète de bilieux , en raison des phénomènes que
présenta l’altération du système biliaire ; mais comme
cette seconde dénomination ne fait qu’indiquer une
variété de la maladie , comme elle en exprime une
complication sans en être le principal caractère , la
dénomination de typhus miasmatique bilieux , n’est
pas certainement préférable à celle d'icterodcs ou fiè
vre jaune. C'est là , d’ailleurs, le sentiment de pres
que tous les auteurs et notamment de Cullen et du
�( 49 )
docteur Rubini , de Panne , qui a publie' une excellente
dissertation sur les fièvres dites jaunes.
Assignant donc le nom d ’icterodes , à la maladie ,
pour exprimer lui seul sa vraie nature , je me per
mettrai d’y ajouter les épithètes suivantes, afin d’en
faire connaître les variétés et les complications. Par
ce moyen simple , naturel et analytique , j’espère faire
sentir comment une fièvre , si destructive et si fort sus
ceptible de se communiquer dans le principe , se mon
tra sur la fin plus bénigne, et l’on trouvera aussi le
m otif pour lequel de cette classe d’hommes , destinée
au transport des effets des malades , lorsqu'à la fin de
novembre on établit un lazaret , il n’y en eut aucun
qui fût atteint de la maladie. Ce fut à cette époque
que le gouvernement Toscan envoya une commission
de Florence présidée par le docteur Palloiti. La ville se
trouvait alors dans le plus grand désordre , les méde
cins étaient tous désunis , et au milieu de ce trouble ,
de cette confusion , ces Messieurs jugèrent qu’il était
urgent de prendre des moyens de rigueur ; on forma
un hôpital pour les malades, on établit un lazarét pour
désinfecter les meubles, et M. Palloni publia une
instruction sur le mode du traitement. Certes, de pareil
les mesures ne se prennent pas pour une simple fièvre
éphémère.
Maintenant qu’en médecine tout est soumis à l’ana
lyse et à l’observation , je m’écarterai de la méthode
qu’on a suivie jusqu’à ce jour , pour décrire la fièvre
de Livouçne. Sans cesse auprès des malades , je pré
senterai leur état avec toutes les variations qu’ils éprou
vèrent pendant les quatre mois consécutifs que dura
la maladie. Ces variétés furent si bien marquées et
à des époques si déterminées , qu’elles ne pouvaient
échapper à l’œil tant soit peu observateur. Je me
T . IV .
4
�C 50 )
garderai Lien sur tout de cou fondre avec la maladie
régnante , toutes les autres affections particulières à
la saison et au pays.
Variétés de la maladie. — La i .rc , icterodes ataxi
que et gangreneux ; la o.c , icterodes adynamique et
pétéchial ; la 3 .e , ictdrodes simple et biliaire
Les trois variétés ainsi établies, je vais expliquer
quels furent, la natu re, les symptômes , la marche et
la durée de la maladie.
L ’icteiodes ataxique et gangréneux dura depuis la
fin du mois d'août jusqu’aux premiers jours d'octobre;
il fut d’autant plus destructeur , qu’on pouvait pres
que compter le nombre des malades par celui des vic
times ; c’est lui qui devrait avec raison être appelé
petite peste d'Occideut ; il fut aussi plus susceptible
de communication que les autres , et voici quels en
furent les symptômes.
Dans le premier jo u r , un froid subit de deux ou
trois heures sans aucun signe précurseur , frappait:
tout d’ un coup l’individu dans l’état de la plus par
faite santé; douleurs aux lombes, aux épaules et lassi
tudes aux extrémités; à ce froid succédait une chaleur
brûlante avec sécheresse à la peau. douleurs vives à
la tête, surtout vers la région sus-orbitaire et vers les
tempes. Le visage enflammé , les yeux rouges , la lan
gue tantôt humide , tantôt sèche ; un mal-aise , une
inquiétude universelle, une sensation pénible vers
l ’épigastre s’étendant de préférence vers l’hvpocondre
droit. Après ce paroxisme , qui durait dix-huit à vingt
heu res, il y avait par fois apyrexie , par fois une
simple déclinaison.
Dans le second jou r, nouveau paroxisme , ordinaire
ment sans fro id , céphalalgie plus intense; chez quel
ques-uns saignement du nez. La douleur de l’épigastre
plus forte, légère tension au bas-ventre; les muscles
�( 5i )
de cette capacité très-Sensibles au tact : le malade éprou
vait des nausées et quelquefois un vomissement pure
ment bilieux ; une chaleur brûlante surtout le système
dermoïde sans signes de transpiration , soif ardente.
Dans le 3 .e jour on observait ordinairement un état
d’apyrexic si marqué avec une diminution dans les
symptômes si sensible, qu’il trompait à-la-fois le ma
lade et le médecin. C ’était là le passage de la pre
mière à la 2.° période ; cet état bien prononcé a été
observé par tous ceux qui ont eu à traiter une fièvre
de cette nature ; il n’a pas échappé au professeur U almas de l’académie de Montpellier ; ce médecin a donné
un excellent traité sur la fièvre d’Amérique ; après
l’avoir observée lui-même pendant plusieurs années,
il regarde cette apyrexie comme un signe spécifique
et particulier de la fièvre jaune. Ce calme apparent
est d'autant plus trom peur, qu'il a presque toujours
été le signe précurseur de la ruine prochaine des for
ces vitales. 11 n’était pas de longue durée , car le pouls
ne tardait pas à sc déprim er, il devenait inégal. C ’est
alors qu’on s’apercevait d’une légère teinte jaune dans
les yeux , ensuite au visage , au cou et bientôt par
tout le corps. Le vomissement augmentait au point
que l’eau n’était plus retenue dans l’estomac ; les ma
tières rendues par la bouche devenaient peu-à-peu noires
et sariieuses , les évacuations alvines étaient de même
nature, le plus souvent sans forme de diarrhée trèsfétide et de la couleur du marc de café. Les urines
étaient rares, jaunâtres et trouilles; chez quelques-uns
elles se supprimaient. La respiration devenait courte
et laborieuse , la déglutition était pénible et la voix
rauque ; les yeux étaient larm oyans, rouges au con
tour des paupières ; chez les uns , il y avait une affec
tion comateuse , ciiez d’autres , un délire plus ou moins
fort. J'en ai rencontré deux chez lesquels il tenait
�( 5a )
de la fureur ; eufin les traits du visage se décompo
saient et tout annonçait une (in prochaine.
Dans les /}.'' et 5 .° jours les symptômes du 3 .°
étaieut plus graves et plus tranchaus ; la peau du basventre devenait livide. Dans quelques-uns, on aper
cevait des taches noires, larges comme des ecchymoses ;
daus d’autres,ce n’était que des pétéchies. Les gencives,
d ’abord tuméfiées , se couvraient d’aphtes gangréneux,
de même que tout l ’intérieur de la bouche et le voile
du palais. ( L ’ouverture des cadavres a montré que
l’oesophage , l’estomac et les intestins avaient également
des points gangréneux. ) Les lèvres devenaient noires
et la déglutition se faisait alors avec la plus grande
peine. 11 y avait dans la majorité aphonie , il surve
nait le hoquet, le pouls devenait intermittent et vermiculaire , il y avait tremblement dans les tendons ,
carpologie , les extrémités devenaient froides , les lypotbimies fréquentes ; l’affection typhoïde était enfin à
son comble et la mort terminait un état aussi malheureux.
A ces signes, à celte progression de sym ptôm es,
observés rigoureusement auprès du plus grand nombre
des malades , qui peut ne pas reconnaître le vrai icterodes typhoïde gangréneux >’ Daus la plupart de ceux
qui en fuient affectés , la fièvre , pour être jugée ,
allait comme on voit du 5 .c et 6.e jour. Mais dans
les personnes d’un tempérament fort et robuste , colles
qui avaient mené une vie déréglée, les buveurs de
liqueurs alcoholisées , la maladie ne durait que deux
ou trois jours , et dans ce court espace de temps , elle
ne laissait pas de parcourir ses divers stades , en voici
un exemple :
Le général de division Verdier , commandait alors
à Livourne ; je jouissais de sa confiance et j’étais chargé
de lui rendre compte tous les jours des progrès que
faisait la maladie, il avait donné les ordres les plus
�( 53 )
rigoureux aux militaires de ne communiquer avec per
sonne des gens du pays. Ces ordres étaient assez
difficiles à suivre ; car le soldat a continuellement des
besoins. Les chirurgiens des troupes étaient invités à
faire trois visites par jour dans les casernes afin d’en
voyer à l’ hôpital le plutôt possible ceux des militaires
qui montreraient les premiers symptômes de la maladie.
Un grenadier français , descendant la garde du poste de
la grande place, se trouva , en arrivant an quartier, atteint
d'une faiblesse extrême avec une douleur de tête trèsforte et un froid assez sensible. 11 supplia le chirurgien de
le laisser tranquille jusqu’au jour d’après , dans l’espoir
que son indisposition n’aurait pas de suite : mais l’officier
de santé, fidèle aux ordres qu’il avait reçu s, le lit
accompagner à l’hôpital par deux de ses camarades.
Dans la nuit la fièvre fut très-forte, le jour suivant, il
y eut vomissement , couleur jaune , affection nerveuse
super-asthénique et la mort. 11 n’y a pas eu d’exemple
dans Livourne de mort plus prompte que celle-là.
Da ns une fièvre dont le début s’annoncait par le
plus grand excitement dans les forces vitales , par une
turgescence dans le système de la circulation avec les
signes de la sthénie la plus confirm ée, la saignée
soit naturelle, soit artificielle par l'application des
sangsues, paraissait indiquée, et si ou la pratiquait,
on ne tardait pas à s’en repentir en voyant succéder
à ce premier état de fo rce, la faiblesse la plus mar
quée. Voulant ensuite seconder la nature et évacuer
les premières voies , vu les signes de gastricité , si l’on
administrait un vom itif, quelque léger qu’il fû t, on
augmentait le. vomissement ou on le devançait lors
qu'il n’y avait que de simples nausées ; et si l'on cher
chait ensuite à calmer la contractilité des fibres de l’es
tomac, par des opiatiques , ils étaient rejetés avec tous
les a lime ns et les boissons ; ou bien , si le malade
�( 54)
en retenait «ne partie , ils produisaient une affection
comateuse toujours dangereuse et d’un prognostic dé
favorable. Si l'on tentait , vers la tin , de relever par
quelque excitant, les forces abattues , de combattre
l ’affection nerveuse par l’application des topiques dits
rubéfians , ou de quelques epispatiques, on avait la dou
leur de voir que leur emploi était ou sans effet, ou
développait à 1 extérieur une gangrène , déjà existante
par le manque de réaction de la part des solides , et
par une dissolution dépravée de tous les fluides. De
sorte que la maladie , dans ce premier é ta t, se mon
trait comme dans un cas de poison violent qui , agis
sant sur la généralité des systèmes , détruisait bientôt
tout principe de vitalité et reudait nuis tous les secours
que la doctrine la plus éclairée pouvait suggérer.
Cette marche hardie et terrible de la maladie, pas assez
observée par les uns et totalement ignorée des autres ,
se soutint jusqu’aux premiers jours environ du mois
d’octobre, dans la majorité des personnes qui en furent
atteintes. Je ne prétends pas ici donner à entendre que
toutes subirent le même sort : il y eut des modifications
relatives à l’âge , aux tempéramens et aux disposi
tions particulières ; je dis seulement que ce fut là le
caractère dominant. Ensuite , soit diminution d activité
et de malignité de la part des principes reproductifs ,
soit une moindre disposition dans les individus qui les
recevaient, les influences de localité moins prédispo
santes aussi , la maladie prit un aspect moins effra
yant ; car au lieu d’être décidée dans quatre ou six
jours , elle allait jusqu’au i i .c et i4-c. Ces intervalles
des périodes furent plus longs , et elle saci itiait bien
moins de victimes. Les symptômes, beaucoup moins
graves , permettaient l’usage et l’emploi de quelques
remèdes ; les pétéchies en celte circonstance rempla
çaient les larges ecchymoses et les taches livides qui
se formaient par tout le corp s, principalement sur le
�(55 )
eou , la poitrine et le bas-ventre : il n’y avait ni aplites ,
ni écoulement sanieux par la bouclie, conséquemment
point vie gaugrène. L ’aifection nerveuse était moins pro
noncée et tout approchait davantage de l’ataxie.........C ’est
ce caractère, ou plutôt cette variété, que je désigne par
le nom à'icterncles cidynamiquc et pétéchial.
Cette manière d’agir de la maladie dura tout le cou
rant d’octobre jusqu’au milieu de novembre , époque
à laquelle elle prit évidemment une marche plus douce
et plus traitable ; de sorte que plus la lièvre diminuait
de son intensité , plus elle perdait en se simplifiant
de sa propriété expansive ou de communication. O u
peut bien dire que les constitutions locales atmosphé
riques coopérèrent plus que les secours de l ’art à cet
heureux changement.
(1 y avait en ce moment une émigration au moins
de dix à douze mille individus qui furent dans les
campagnes , les villages circonvoisins et à Pisc. C'est
dans celte ville que fut transférée la garnison fran
çaise de Livourne (i). Les nuits, plus longues, devin
rent aussi plus fraîches; quelques pluies, au mois
d’octobre, firent disparaître les chaleurs, en tempérant
l’atmosphère ; chacun observait de tenir les maisons
propres et ventilées , on n’approchait les malades que
dans le besoin et l’on avait attention de se laver im
médiatement après leur avoir donné les secours néces
saires. Les malades étaient isolés dans la pièce de la
maison la plus aérée , les fenêtres en étaient ouvertes ,
et c’cst d’après le concours de toutes ces précautions ,
(i) 11 m’a été demandé souvent pourquoi, de tant de per
sonnes réfugiées aux campagnes et aux villages voisins, au
cune n’y a porté la maladie ? C’est qu'aucune n’avait eu
communication avec les malades ; on ne faisait pas même
des visites d’amitié.
�( 56)
en s’avançant vers la saison froide , que l ’on peut ai
sément concevoir comment cette fièvre prit , par gra
dation , un aspect plus bénin ; et comme dans ce dernier
temps les paroxysmes de la fièvre étaient moins vio
lent , il n’y avait qu’une légère altération dans le sys
tème biliaire et les organes de la digestion , je nomme
cette troisième variété : icterodes simple ou biliaire.
Celle-ci , en terminant la fièvre de Livourne , dispa
rut tou t-à-fait, aux premiers jours de décembre.
Quoique la même maladie se soit montrée sous les
trois différentes formes ci-dessus énoncées , qu’il y ait
eu à chacune d’elles des signes et des symptômes par
ticuliers , il y en avait cependant qui étaient com
muns à toutes les trois , tels que l’état d’apyrexie que
j ’ai dit avoir observé après le second ou le troisième
paroxysme, le mal-aise général qu’on éprouvait, sur
tout aux extrémités , les nausées , le vomissement et
la couleur jaune plus ou moins intense.
J’ai promis de ne rien avancer sans en donner une
preuve dont l’authenticité ne tût reconnue. Je pense
qu’on ne pourra pas révoquer en doute les trois exem
ples suivans , pris auprès de trois médecins qui péri
rent dans le cours de la maladie.
Premier exemple. — De Victerodes ataxique et gan
gréneux. — M. Unis , ci-devant membre du collège de
médecine à l’ université de P ise, était venu se fixer
à Livourne pour y exercer son état , peu de temps
avant l’époque de la fièvre jaune. Un jeudi ( la veille
de sa maladie ) j’eus avec lui une conférence assez
longue chez M. Tardieu , commissaire des guerres ,
notre entretien roula sur la fièvre régnante et sur la
diverse opinion que chacun avait du caractère de cette
maladie. J'insistais , surtout . sur le regret que j’avais
de voir passer un temps bien précieux à des contes
tations inconcluantes, sur l’obstination où l’on était
�#
( 57 )
de ne vouloir prendre aucune m esure, et de vouer
par là toute une population à la furie d’un fléau
dévastateur. Je lui fesais sentir qu’une telle contradic
tion, de la part des médecins, ne servait qu’à augmenter
la rumeur populaire et les craintes du Continent déjà
trop répandues.
Ce médecin jouissait assez de la confiance publique;
mais regardant la maladie comme une fièvre bilieuse
adynamique, il cherchait par des raisonnemens et des
citations, plutôt erronées que lumineuses, à me per
suader le contraire de ce dont je voulais le convaincre
lui-même. Notre conversation fut longue et très-vive,
mais lui, ferme dans ses argumens hypothétiques, et
m o i, invariable dans mes principes , qui étaient fondés
sur l’observation, nous nous séparâmes sans être d’ac
cord sur la nature et la classification nosologique d’une
fièvre q u i, comparée avec celle d’Amérique, ne devait
laisser aucun doute à qui sait réfléchir.
Le vendredi, vers le so ir, M. Unis fut saisi d ’ un
froid subit dans une pharmacie de la ville, au milieu
de plusieurs personnes. Le sujet de leur conversation
était précisément sur la fièvre du jour. Ainsi surpris
d’un froid qui augmentait à chaque instant, M. Unis
demanda , à ceux qui composaient le cercle, s’ils ne
ressentaient pas eux aussi la même impression de froid
que lui , et voyant d’après leur réponse que les fris
sons étaient vraiment fébriles , et non dépendans de
la température atmosphérique « pour le co u p , dit-il ,
» je suis pris. » Il rentra de suite chez lui et se mit
au lit.
A ce froid succéda une chaleur brûlante, suivie de
tous les symptômes que j’ai attribués au paroxysme de
la première variété.
Le samedi , second jo u r, nouvel accès de fièvre sans
fro id , inquiétudes inouïes, une teinte jaune déjà sen-
�■ J.
s *
«:!
affections de l’âme. Je laisse donc aux praticiens à
juger de tout l’embarras dans lequel se trouvait le cli
nique ayant à traiter une maladie dont l’origine lui
était inconnue , dont le caractère était désavoué par
la majorité des médecins ; maladie qui se montrait pour
la première fois daus le pays avec des phénomènes
aussi variés et anssi extraordinaires.
Conclusion. — Ce ne fut qu’après bien des recher
ches que je parvins à me procurer les notions que
je viens de donner , et dont la plus grande partie
ne fut à ma connaissance que long-temps après. Si
je fus le premier à saisir le vrai caractère de la ma
ladie , je pense qu’il doit être réservé à moi seul ici
d’eri parler; car en fait de maladies il est impossible
d’écrire ce qu’on n’a pas vû ou qu’on s’est refusé a
connaître.
Par les détails qui précèdent , il est prouvé que la
fièvre n’existait pas à Livourne avant l’arrivée du bâti
ment espagnol ; que ce navire ayant perdu , dans sa
traversée, de la Havane à un des ports d’Espagne son
équipage prescju’en entier de la fièvre jaune, avait
naturellement la maladie dans son bord , et que la
communication qu'on avait interdite aux nouveaux ma
rins avec l’intérieur du vaisseau , fut cause que tous
arrivèrent à Livourne dans le meilleur état de santé,
Il est encore prouvé que la maladie ne se manifesta
qu’au moment que les marchandises furent exposé?
à l’air libre en les débarquant et que ceux qui furent
les premiers employés à leur maniement et à leui
transport fureut aussi les premières victimes. Ces per
sonnes ainsi affectées en se répandant dans certain’
quartiers de la ville , y disséminèrent la maladie qit
n’épargna aucune classe d’hommes , pas même le sexe,
caractère particulier et propre des maladies contagieuseElle attaqua les tempérameus les plus fo rts, les per
;
y Hi B ' "~ Si
�(6 i )
sonnes les plus vigoureuses, elle respecta les vieillards
et les enfans , exception et caractère particuliers de la
fièvre dAmérique.
Un des points essentiels sur la nature de la fièvre
jaune, que tous les gouverneraens demandent à éclaircir ,
non par des raisonnemens imaginaires et hypothé
tiques , mais par des faits réels bien observés , est de
déterminer si celte fièvre peut être transportée d’un
pays à l’autre par le moyen de marchandises ou au
tres effets qui seraient infectés. L ’histoire que je viens
de faire n’est-elle pas pour l’affirmative P Ne prouvet-elle pas évidemment que les principes constitutifs et
reproductifs de cette fièvre sont de nature à infecter
certains corps tels que les peaux , les plumes , le pa
pier , les toiles , le coton, la laine etc. P et que c’est
par ce moyen que le germe de l'infection fut trans
porté et développé à Livourne P qu’il se communiqua
ensuite de personne à personne ?
11 convient de conclure aussi que la saison de l’été
ne contribua au développement de la fièvre que comme
cause secondaire , cause conditionnelle ; mais que la
chaleur paraît indispensable pour sa dilatation , et que
si le bâtiment au lieu d’arriver à la fiu de juillet fût
venu en janvier, la maladie ne se fût peut-être pas
manifestée , ou bien elle eût fait moins de ravages ,
puisqu’on v o it, par cet exposé, qu’elle perdit beaucoup
de sa force et de son caractère de communication à me
sure que les journées devinrent plus courtes, les nuits
plus longues et plus froides, et que ce n’est qu’au
changement de saison et à quelques précautions prises
vers la fin qu’on doit attribuer sa modification gradative et sa cessation absolue.
11 n’y a clone pas de doute que la fièvre de Livourne
n’ait été l'ietgrodes de Culleii ; et quand cet auteur a
d it, eu parlant de la peste de Moscovv , que cette ma-
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ladie ne se verra jamais dans les pays du Nord si elle
n’v est portée avec des marchandises, ne pourrai-je
pas avancer que la fièvre jaune n'cût jamais paru dans
nos contrées, si elle u !y eût été apportée par les mêmes
voies, et qu’elle n’y paraîtra jam ais, si on use des pré
cautions nécessaires pour sren préserver P Comment, en
effet, eût-il été possible que cette fièvre , vraiment exo
tique pour notre pays , se fût manifestée à Livourne,
d’après l ’arrivée d’un bâtiment qui en était infecté, si
on lui nie la propriété de communication ? Eh comment
aurait-elle pu se développer, lors du débarquement des
marchandises , si on refuse à certains corps la suscep
tibilité d’être imprégnés de l'espèce de venin , ou pour
mieux dire , d’ un miasme spécifique et particulier à la
fièvre jaune ?
Puisqu’il est prouvé que cette maladie a la plus grande
analogie avec la peste, quant aux effets , le bien de l’hu
manité exige que l’on prenne, pour éviter l’ une, les mêmes
précautions que l’on use pour se préserver de l’autre.
Comme la peste , la fièvre jaune est transportée d’un
hémisphère à l’autre, le venin qui la constitue peut rester
long temps caché dans certains corps et se dilater ensuite
plutôt ou plus tard. La peste agit , dans le plus grand
nombre des personnes qu’elle attaque, en leur donnant
la mort ; la fièvre jaune emporta presque tous ceux qui
en furent atteints dans les premiers temps. La première
ne se communique que par un contact immédiat , la
seconde paraît se propager par toutes les voies connues,
le contact , la respiration , l’absorption des pores et l’air
même. Ce n’est qu’en s’éloignant du coi'ps infecté et
en évitant toute communication, c’est en formant des
lazarets, des hôpitaux et eu établissant des quarantaines,
qu’on se met à l’abri de la peste; ces mêmes mesures
eussent été suffisantes pour la fièvre jaune ; mais leur
exécution ne dépend pas entièrement du médecin ; elle
�( 63)
est en partie du ressort des autorités locales, et regarde
particulièrement les magistrats (i).
w u w v v w v w fc 'tv v w w v ■vvvvvwx \ u v u \ t iv w w t u t n w u u v » i u v v n >
S éances de
la société tendant le mois de jcin
1822.
i . cr Juin. — M. Triaire, médecin à St.-M artial
(G a rd ), fait hommage à la Société de sa dissertation
inaugurale intitulée : Essai sur les maladies vermineuses
des enfans. ( Dépôt dans les archives. )
Organe de la Commission d’hygiène publique, 51. Poutet
donne lecture d’un rapport sur les causes locales d’insalubrité. Ce rapport est adopté , et il est délibéré que
copie en sera transmise à M. le Maire.
M. Cauvière présente ensuite le nommé Bouteille, voi
turier , auquel M. le professeur Delpech a pratiqué la
ligature de l’artère carotide primitive gauche, et donne
connaissance de deux lettres qu’il a reçues de ce célèbre
chirurgien, au sujet de ce malade intéressant. Une
commission, composée de MM lie u n e, Beullac père,
Cauvière , (dandy, Giraud-St.-Roine, ïiey , Roubuud,
Seux et Sue , est nommée pour présenter un rapport
sur l’état île Bouteille■
M. Sarmet lit son rapport sur la dissection de M.
Revotât (ils , ayant pour titre : Essai pliilosophic/ue et
médical sur la douleur considérée comme affection es
sentielle. Les conclusions de ce rapport, tendantes à
accorder le titre de membre correspondant à M, Revalut,
sont adoptées.
A la tin de la séance, M. Seux propose , pour associé
résidant, son neveu M. le docteur Sut. La demande
de ce membre est prise en considération.
i 5 Juin. — M. le Secrétaire fait part : i.° d’ une
(i) L’auteur finit sa dissertation par des réflexions sur les
devoirs du magistrat et du médecin dans les cas d’épidémip
ou de contagion, réflexions que le défaut d’espace 11e rjous
permet pas de publier, niais cpii coïncident partailement avec
la manière de voir de M, D u fo u r , que l’on connaît, et dont
il est par conséquent facile de se faire une idée.
�( 64 )
lettre de M. le docteur H aim e, secrétaire-général de
la Société médicale de T o u rs, qui remercie la Com
pagnie du titre de correspondant qu’elle lui a accordé;
2.0 d’une lettre de M. Jacquin, médecin k Valence,
servant d'envoi à un mémoire intitulé : Observations pra
tiques sur la vertu spécifique de la vaccine conti e la
petite vérole. M. Beullac fils est nommé rapporteur de
cet ouvrage.
M. Sue soumet à l’approbation de la Société, pour
former le bulletin du mois de mai : i.° le Mémoire de
M. Dufour sur la fièvre jaune de Livourne; 2.0 le Ta
bleau des séances de la Société pendant le mois d’avril.
( Adopté. )
Le reste de la séance est consacré à la discussion
d’un objet de finances.
22 Juin. — M. Heymonet fait une lecture relative
aux abus qui se glissent journellement dans l’exercice
de la médecine et de la pharmacie. Cette lecture reçoit
l ’assentiment de la Société, et il est délibéré que M. Sue
signalera à l’autorité ces abus déplorables.
M. A nd ré présente k la Compagnie un enfant ;îgé
de 14 m ois, sur lequel on observe un enfoncement
considérable , situé k la partie postérieure et inférieure
du pariétal droit. Cette dépression est attribuée, par
M. A n d ré , k une chute qui a porté sur cette partie
de la tête; cet enfant, d’après le rapport de lan ière,
11’ayant apporté aucun vice de conformation en venant
au monde.
29 Juin. — Il est fait lecture : i.° d’ une lettre de
M. D u fou r, qui répond aux diverses objections faites
k son intéressant mémoire sur la fièvre jaune de Li
vourne ; 2.0 d’ une lettre de M. le M aire, en réponse
au mémoire que la Société a adressé k ce magistrat,
sur les causes locales capables d’infecter l’air. Il est
délibéré que cette réponse sera transcrite sur les re
gistres de la Société ; 3 .° d’une seconde lettre de M. le
Maire relative au service médical et pharmaceutique des
corporations.
O u s’occupe ensuite des conférences cliniques.
BEJNAC , Président.
S ue , Secrétaire-Adjoint-
�( 6 5 )
Ob s e r v a t i o n
sur îopiration de la rhinoplastiqve ;
précédée de quelques réflexions, par J.-N . R o u x ,
D - M . à St.-Maximin ( Var) , membre de plusieurs
Sociétés de médecine.
I l n'est point rare de trouver des individus chez qui
le nez m anque, en tout ou en partie, et quel que soit
l’accident qui ait produit cette perle de substance , il
existe constamment une difformité dégoûtante : vue de
face comme de profil, la figure paraît creuse, l'angle
facial est détruit, plus de beauté dans les traits, et
les malheureux sont en horreur à eux-mêmes.
•< Le nez , dit le professeur Boyer , ne sert pas seu
lement à l’ornement du visage, il forme une espèce de
chapiteau qui couvre les fosses nasales , et empêche que
le contact trop multiplié de l’ air ne dessèche la mem
brane muqueuse dont elles sont tapissées.»
Lorsque le nez manque , l’on découvre toute l’étendue
des fosses nasales, et les mucosités sécrétées par la
membrane pituitaire offrent l’aspect le plus dégoûtant.
L ’opération de la rhinoplastique a pour but de répa
rer , ou mieux de remplacer le chapiteau détruit. Voyons
de quelle manière ont procédé ceux qui se sont occupés
d’un sujet aussi intéressant.
Garenpeot et quelques autres chirurgiens ont proposé
de replacer un nez , qui aurait été abattu par un coup
d’instrument tranchant ; mais quand même il serait
possible d’opérer une réunion assez exacte dans quel
ques circonstances, l’on trouverait encore un grand
nombre de personnes qui ont perdu le n e z, sans qu’il
fût possible de le réparer avec la même substance.
On dit que les Indiens coupent le nez aux prison
niers faits sur les peuplades ennemies, et que ces mal
heureux, étant repris quelquefois par ceux de leur
parti, l’on a eu , dans leur p a ys, la première idée de
T . IV .
5
�( 66 )
réparer cette partie essentielle de l'a face. Je crois ce
pendant que les travaux des chirurgiens, qui appartien
nent aux nations civilisées, sont plus utiles à connaître
que les procédés grossiers de ces peuples éloignés.
Talliaeol prenait de la peau du lnas pour faire le
bout du nez , et souvent pour faire le nez tout entier.
Cette opération était lente , et s’il est vrai que le front
ne fût point dégradé comme dans la méthode de Graejf,
du moins peut-on dire que les résultats n’étaient pas
aussi avantageux ; une espèce de trèfle était dessinée
sur l’avant-bras , la peau était disséquée et ne restait
fixée que par un pédicule assez étroil. Cette portion
de peau ainsi flottante, se crispait dans sa face interne,
k fuce externe tendue devenait lisse et polie ; alors les
bords étaient raffraîchis au pourtour du nez et au lam
beau , une machine très-compliquée fixait l’avant-bras
contre la face, des points de suture étaient faits, et le
malade restait dans la même position jusqu’à ce qu’il
y eût'des adhérences solides. Le pédicule était coupé
après cela , le bras recouvrait sa liberté et l’on termi
nait l’opération. L ’on conçoit aisément qu’il devait ré
sulter , de celte manière d’opérer , de nombreux inconvéniens ; l.° le lambeau ne prenait pus toujours une
bonne forme ; a.° les machines ne pouvaient pas per
mettre la mastication et le sommeil, sans se déranger
souvent; 3.0 les points de suture devaient couper les
parties qu’ils contenaient, par le moindre mouvement,
etc.
Graejf ava it, sans doute, aperçu combien il était
difficile de garder une position aussi pénible pendant
plusieurs jours , et il aima mieux laisser une cicatrice
au front, que d’avoir un chapiteau mal fait, ou d’être
obligé de refaire l’ opération. Sa méthode consiste à
tracer, sur le fro n t, des lignes qui , après que le lam
beau est disséqué et abattu sur l ’ouverture des fosses
;v
�f 67 )
masales, lui permettent de réparer tout ce qui manque.
Il observe , en opérant, que le lambeau doit être tordu ,
et il garde le pédicule au bas du front entre les deux
sourcils ; c’est ce qui forme le premier temps de l’opé
ration. Quelques jours après , lorsque le lambeau a
contracté des adhérences solides avec le pourtour du
nez, le praticien allemand termine l’opération; mais il
s’assure bien auparavant si les vaisseaux artériels trèsdéliés , qui se développent dans la substance mémo de
la cicatrice, sont suffisans pour nourrir le nouveau cha
piteau ; la chaleur , la couleur du lambeau et la con
sistance de la cicatrice , font assez connaître si ces
conditions sont remplies. Une sonde cannelée , passée
sous le pédicule , guide le bistouri avec lequel on veut
le couper ; la portion de peau , qui ne doit pas servir ,
peut'être relevée et se réappliquer sur le front. De
nouveaux points de suture dirigent la forme que l’on
veut donner à la partie supérieure du nez.
11 paraît que Graejf a souvent pratiqué cette opé
ration ; c a r , dans son ouvrage sur la Rhinoplastique ,
il donne beaucoup de gravures qui représentent l’état
dans lequel sc trouvaient ceux qui portaient la difformité
et les résultats de l’opération. Que l’on ne croie pas
cependant, en voyant ces gravures, qu’il soit possible
de former des nez à la grecque ou à la romaine , avec
autant de facilité qu’il le prétend; mais il faut l’avouer,
la chose, si elle n’est point aussi belle que le disent
ceux qui ont fait des livres sur ce su jet, mérite du
moins d’être connue , et un opérateur habile peut rendre
à la société un membre dont elle ne pouvait supporter
la vue qu’avec répugnance.
Pour pratiquer l’opération de la rhinoplnstique , il
faut que les débris du nez offrent des conditions es
sentielles , par exem ple, son pourtour ne doit point
être enfoncé .; l’ouverture des fosses nasales doit être
�(
68)
libre ; plus il existera de la cloison des fosses nasales,
plus on pourra donner au nez une forme élégante ; chez
les enfans qui perdent le nez dans le bas-âge, l’ouver
ture est si étroite, qu'il n’est plus possible de rétablir
cet organe ; la grandeur du front a été regardée comme
un avantage , et l’on ne peut le contester ; mais si un
individu , avec un front petit, avait besoin d’ètie opéré,
l’on pourrait, je pense , prendre le lambeau oblique
ment.
En suivant les procédés que la nature em ploie, pour
donner au lambeau une forme capable de remplacer le
chapiteau perdu , l’on peut observer que la face de la
peau , qui n’est point fuite pour rester en contact avec
l’air , suppure , se crispe, des lignes longitudinales for
tement prononcées se montrent dans toute son étendue,
il se forme une espèce de cicatrice par seconde inten
tion ; cette cicatrice est dure et donne au nez une telle
consistance, que l’on croirait, si l’on n’était prévenu,
que les cartilages du nez n’ont point été perdus. La
face externe de la peau se tend, au contraire, en raison
de ce que l’interne se crispe ; aussi, après la guérison,
a-t-elle le poli de celle du nez naturel.
La cicatrice, qui unit le lambeau à la face, n’est
pas ordinairement fort remarquable si elle a été bien
dirigée , elle est solide, et ceux qui ont subi l’opération
s’habituent peu-à-peu à se moucher avec autant de har
diesse qu’auparavant.
Les chirurgiens , qui ont pratiqué l ’opération de la
rhinoplastique , ont toujours laissé la plaie du front dans
l’état où elle se trouvait après la dissection du lambeau;
cependant je crois que l’on pourrait y donner une forme
plus avantageuse, pour amener une cicatrice et plus
prompte et inoias étendue. Au lieu de faire un panse
ment simple , je voudrais que l’on continuât les deux
lignes ascendantes, en les dirigeant en haut et obli-
�( 69 )
quem ent, pour les faire réunir en angle aigu , dont le
sommet se perdrait dans le cuir chevelu ; des bande
lettes agglutinatives serviraient à rapprocher les lèvres
de la plaie. En terminant l’opération, il faudrait exciser
le pédicule du lambeau , et se comporter comme au
paravant pour l'angle inférieur de la plaie. Je pense
que l ’on obtiendrait, par ce m oyen , une cicatrice
presque linéaire, la peau du front se déplaçant assez
facilement.
Une mèche de cheveux peut servir à cacher la dif
formité du front, dans le cas où elle serait considérable.
Olservation (x). — Joseph M a ze t, de Nîmes , âgé
de 56 ans, doué d’un tempérament sanguin , profession
de teinturier, avait joui d’une brillante santé pendant sa
jeunesse ; mais sa constitution avait dû être altérée par
20 années de service militaire, par plusieurs blessure»
reçues dans diverses batailles, par huit années passées
dans les prisons d’Espagne et d’Angleterre, et enfin par
une maladie vénérienne , qui fut traitée en Elollande par
les mercuriaux.
Après la paix de 18x4, M azet rentra en France et
reprit son métier de teinturier. U y a environ trois ans ,
qu’il lui vint au bout du nez un bouton assez petit,
qu’il fit saigner, et dont il entretint et augmenta l’in
flammation, en le touchant à chaque instant avec scs
mains trempées dans les ingrédiens dont on forme les
teintures. Cette affection ne parut point grave et fut
négligée; mais l'inflammation'ayant produit une ulcé
ration qui fit des progrès rapides , Mazet suivit les
conseils des gens grossiers avec lesquels il était familier,
et fit des applications de toute espèce. 11 s’en trouva
(1) Je suis entré dtns beaucoup de détails, parce que cette
observation peut servir à l’histoire du cancer comme à celle
de la rhinoplatliqnt.
�( 7° )
fort mal et se soumit alors à la visite de plusieurs mé
decins , qui lui conseillèrent tour-à-tour l’ usage des excitans et des émolliens : ce fut toujours sans succès; et
soit que le traitement fût mal entendu, soit que le ma
lade portât toujours à son nez des substances irritantes
et délétères, au mois d’avril r82i , cet organe avait
éprouvé une perte de substance considérable et pré
sentait une surface d’un aspect t e l, que l’on prit la
maladie pour cancéreuse. Les recherches que j’ai faites
sur le compte des parens de M a z e t, et lu simplicité
du dernier traitement, m’autorisent à penser qu’il n’était
question que d’une inflammation locale long-temps pro
longée (r). Le malade quitta sa fabrique pour se rendre
à Montpellier. Le i 5 a v ril, dix sangsues furent appli
quées au pourtour du nez , immédiatement après l’on
mit des cataplasmes émolliens, qui furent continués
pendant deux jours.
Le 17 , seconde application des sangsues ( au nombre
de six ) , continuation des cataplasmes; le 18 , bain;
le rq , médecine.
Ces movens suffirent. (2) pour amener une cicatri
sation solide sur les portions de nez qui restaient.
(1) Suffit-il donc , qu’ une plaie ait un aspect grisâtre , blaffard , pour croire à lu présence d'un cancer ? Non , sans
doute. C ’est cependant ce que des partisans trop zélés de
la doctrine physiologique ont affirmé , cil voyant le nez de
M a z e t , et l'un d eux consigna , dans une dissertation sur le
cancer , cette observation d’ une plaie avec perte de substance,
produite , sans contredit , par les sfîm.iilans chimiques qui
agissent en tuant la partie sur laquelle ils sont appliqués.
(2) La trop faible humanité devrait se réjouir -, s’il était
vrai que 16 sangsues , quelques cataplasmes émolliens , un
bain et une médecine eussent pu guérir une affection qui fait
Je désespoir des médecins instruits et de bonne loi. Gomment
�( 71 )
Il existait cependant une difformité dégoûtante, pour
la guérison de laquelle on proposa au malade l’opération
delà rhinoplastique ; i l était assez fort pour la supporter
et assez courageux pour oser s’y soumettre.
Le nez o f f r a i t s u r la ligne médiane, une saillie
formée par les os carrés recouverts d’une peau d’ un
rouge violacé} plus bas et immédiatement au-dessous
de l’échancrure formée par la réunion du bord infe
rieur de ces deux os , commençait la perte de subs
tance qui laissait à découvert la cloison des fosses
nasales, dont on voyait les faces latérales tapissées
par la membrane pituitaire , tandis que le bord anté
rieur , celui qui concourt à la beauté des formes f
avait souffert une perte de substance et le n e z , vu de
profil, présentait une échancrure cigmoïde profonde,
qui s’étendait depuis les os carrés supérieurement jus
qu’à l’épine nasale antérieure inférieurement } une ci
catrice assez dense recouvrait ce bord antérieur r et un
sillon superficiel se remarquait dans toute son étendue.
Il ne restait du lobe du nez qu’une petite portion in
férieurement , ce qui lui donnait un aspect fort sin
gulier.
Les portions latérales n’avaient pas souffert également:
à droite, l’aileron était intact, la narine était régulière}
à gauche, la perte de substance était plus considérable,
le pont que doit former l’aile du nez était détruit, l’intérieur de la fosse nasale était tout à découvert. Le
bout du nez était dévié de ce côté par le manque
de résistance. La peau qui bordait les cicatrices du
côté des joues était rougeâtre, et paraissait d’ailleurs
assez saine.
ne point voir ici , comme le meilleur remède , le séjour du
malade loin de su fabrique et la propreté' entretenue autour
de lui ?
�( 72 )
La voix était nasillarde. L e 9 m ai, l’opération fut
pratiquée (1).
Le malade , assis sur une chaise et la tête assujettie
contre la poitrine d’un aide , l’on traça , avec de l’encre,
des lignes au-delà des diverses cicatrices , afin que le
bistouri ne pût s’égarer ; avec du papier que l'on pré
senta devant le nez , l’on prit les dimensions pour la
quantité de peau qui serait nécessaire pour remédier à
la difformité. Ce patron étant fait, l’on mesura la dis
tance qu’il y avait de la racine des os carrés à leur
bord inférieur ; une pareille distance fut observée de la
racine du nez vers le milieu du fro n t, et l’on plaça
ensuite le patron de papier , en le recouvrant de droite
à gauche. Un trait à l’encre grava le trajet que devait
parcourir l’instrument tranchant.
L e pont qui unissait l’aile droite du nez au lobule
fut emporté d’un coup de bistouri droit; l’on raffraîchit
ensuite les deux côtés et la partie supérieure de l’ou
verture accidentelle, à une demi-ligne en dedans des
parties saines ; la cloison des fosses nasales fut res
pectée dans toute son étendue : elle devait fournir un
point d'appui , sans contracter des adhérences avec le
lambeau. Une très-petite portion du- lobe fut conservée.
Quant à l’aileron gauche, dont il ne restait que des
rudimens, on n’en laissa également qu’une très-petite
partie.
Cela fa it, un bistouri convexe fut substitué au bis
touri d ro it, et servit à détacher le lambeau de peau
du front dont on avait besoin , en observant bien de ne
pas trop dénuder le coronal.
(1) Le célébré professeur D e l p e c h , ne craignant point la
présence d’un cancer , pratiqua celte opération devant urt
grand nombre d’élèves , et en présence d’un médecin allemand
qui avait vu ope'rer G r a e f f dansles mêmes circonstances.
I
/
�( 73 )
Il se répandit par cétte nouvelle surface une assez
grande quantité de san g , que l’on arrêta cependant
avec des plaques d’amadou superposées , le pédicule du
lambeau était à la racine du nez entre les deux sourcils,
il fut tordu dans cet endroit, et le lambeau fixé sur les
nouvelles surfaces par dix points de suture. L ’on répara
d’abord le lobe du nez , puis la partie droite , enfin
l ’aileron gauche.
La plaie du front fut pansée , et le malade remis
dans son lit, on lui donna une potion anti-spasmodique,
et de l’eau de veau nitrée pour boisson ; diète.
La journée fut assez bonne, le soir le pouls était trèsdéveloppé et un peu dur , mais il n’était pas accéléré,
la langue était humectée , la chaleur du corps était douce
et naturelle, légère douleur au front, tuméfaction com
mençante au pourtour du nez., avec un peu de rougeur ;
chaleur légère dans le lambeau ; le malade était tran
quille et même gai , il ne souffrait dans aucune des
parties étrangères à l’opération.
La nuit fut bonne , le lendemain matin ( lo mai ) ,
le pouls était fort et développé, la tuméfaction avait un
peu aug mentée aux joues, les paupières étaient légère
ment œdématiées , le lambeau était chaud, et d’ une
belle couleur de ch a ir, il n’y avait point de douleur dans
la tête , point de tiraillement dans les points de suture,
les fonctions se faisaient très-bien , la température du
corps était naturelle ; l’on ordonna une saignée de 8
onces , et la continuation de l’eau de veau et de la diète,
le soir , la saignée fut répétée , l’on tira 6 onces de
sang. Le i l , la tuméfaction était augi, mentée; troisième
saignée de 6 onces, eau de veau, lotions pour déterger
le sang qui couvrait les points de suture.
Le i a , on permit quelques alimens.
Le 14 , l’adhésion était formée du côté d ro it, la base
T . IV .
6
�( 74 )
du lambeau fournissait un peu de pus, les points de su
ture étant tiraillés , on les coupa pour y substituer la
suture sèche , cet appareil fyt fait avec le taffetas gommé,
de manière à comprimer le nez artificiel, et à rappro
cher les joues.
Le i 5 , I’oréole inflammatoire des joues avait disparu j
et la détumescence était complette , la plaie du front
était en suppuration, des bourgeons charnus s'étaient
développés dans toute sa surface.
L e 3 o , la réunion paraissant assez solide , on
s’occupa de terminer l’opération ; un stylet introduit
sous le lambeau à la racine du nez, fit reconnaître pour
être libre, la portion qui reposait sur la peau qui recouvre
les os cariés , alors une sonde canellée fut substituée , et
guida des ciseaux qui servirent à couper le lambeau du
côté du front et du côté des nouvelles adhérences; avec
un bistouri l’ on coupa tout ce qu’il y avait de trop , la
peau qui recouvre les os carrés fut rafraîchie dans son
bord inférieur, et l’on réunit ensuite d’une manière trèsexacte au moyen de quatre points de suture, en obser
vant bien de protéger les surfaces qui venaient d’être
mise en rapport, au moyen de petits rouleaux de diachilon gommé , une bandelette aggludnative lixée au
tour de la tète, servit à relever le bout du nez , afin
d’obtenir une réunion plus prompte et plus exacte.
L e malade n’ayant pas souffert beaucoup , le régime
resta le même.
L e 3 i , les points de suture avaient déterminé une
rougeur érysipélateuse très-intense au pourtour du nez,
avec gonflement des paupières aux deux yeux , cette
tuméfaction faisait paraître le nez trop court : deux sai
gnées furent pratiquées pendant le jour.
Le premier juin , la rougeur était moins intense , la
tuméfaction était tombée, le nez parut mieux conformé:
nécessaire de faire une troisième saignée.
�( 75 )
Le 2 , les points de suture furent enlevés, les alimens
furent repris ; l’on ordonna des fomentations avec une
décoction de têtes de pavots. Le 4 >et 1®* jours suivans
le nez parut dans un état presque naturel, l’aileron
gauche était seul un peu défectueux.
La perte de substance du front était réparée , une
cicatrice assez ferme avait resserré les bords de la plaie.
La voix n’était plus nasillarde et M azet sortit de
l’hôpital peu de temps après, bénissant celui dont l’ha
bileté l’avait rendu supportable aux yeux de tout le
monde.
O E S E R V j i T T O N sur un vomissement et des coligues
survenant après le repas , guéris par les bains tildes ,
par M . R icard , docteur en médecine , etc.
M adame P .* * * , jeune dame d’un tempérament biliososanguin, éprouvait depuis environ un a.; , de suite
après ses repas , uu mal - aise général, auquel suc
cédait bientôt des coliques et le vomissement d’une
grande partie des alimens qu’elle venait de prendre,
En vain les délayans, les caïmans, les anti-spasmodiques
furent employés ; ils fatiguèrent même la m alade, au
point de la décider à suspendre tout traitem ent, et elle
n’ en fesait plus depuis deux mois , lorsque je fus appelé,
le 5 juillet i82t , pour lui donner mes soins.
J’eus recours de nouveau aux anti-spasmodiques et
ils parurent, dès le premier jour , procurer quelques
soulagement, le vomissement et les coliques ayant di
minuées d’intensité , toutefois l’état de la malade fut le
même le lendemain , ce qui m’engagea à combiner le
sous-carbonate de potasse avec les anti-spasmodiques ;
ce nouveau moyen fut administré pendant six jours ,
sans succès.
Attribuant alors la m aladie, bien moins à un état
�( 76 )
nerveux qu’à un excès de force* qui , pendant la diges
tion, me paraissait avoir lieu vers l’estom ac, je jugeai
qu’il fallait s’attacher à repartir ses forces , à en opérer ,
s’il était possible, une diversion salutaire, et je ne crus
devoir mieux y parvenir que par les bains tièdes géné
raux , pris de suite après le repas.
La malade ne pouvait se résoudre à un pareil mode
de traitement. Mais tourmentée de plus en plus , elle se
décida, le 21 juillet, au sortir ,de son dîner, à se mettre
dans le bain, et elle y passa deux heures, sans le moindre
accident. Seulement l’abdomen se tuméfia beaucoup;
heureusement cette tuméfaction disparut deux heur es
après , et ni les coliques ni le vomissement n’eurent lieu.
L e 2 1, nouveau bain , moins de tuméfaction, point de
coliques , ni de vomissement. M .eP . prit ainsi le nombre
de 6 bains , voyant la tuméfaction devenir m oindre,
tous les jours, n’ayant plus de vomissemens ni de
coliques; enfin depuis le 27 juillet ( jour auquel l’usage
des bains a été discontinué ) , cette dame n’a plus rien
éprouvé qui fit présumer que sa maladie ne fut pas
entièrement guérie.
R é f l e x i o n s sur l'observation de M. R icabd.
O n sait qu’il existe en nous une dose déterminée de
forces , dont l’augmentation dans telle ou telle partie
s’effectue aux dépens de celle des autres parties de
l ’économie. Ainsi , vers les premiers mois de la gesta
tio n , l ’estomac est faible, disposé aux vomissemens,
etc., l’utérus ayant alors besoin d’une somme plus
considérable de forces , qu’il emprunte des autres or
ganes. 11 semble donc au premier coup-d’œ il, que la
malade de M . Ricard , devait à un état de faiblesse
de l’estomac, son défaut d’aptitude à digerer , et on con
çoit quel agent thérapeutique il convenait d’opposer à
�( 77 )'
eette affection. Aussi regrettons-nous que M. Ricard n’ ait
pas fait prendre quelque tonique de suite après le repas,
et soinmes-nous à nous demander comment il a pu attri
buer la maladie à un excès de forces vers l’organa
gastrique, avant d’avoir acquis la certitude, par l’usage
infructueux des fortifians , qu’il fallait recourir de pré
férence à l’emploi des débilitans. A la vérité, le succès
a répondu à l’attente de M. Ricard; mais, peut-on, sans
crainte d’erreur, se targuer constamment du succès ob
tenu par tel ou tel moyen médicamenteux ? Non , sans
doute j outre que la réussite est due quelquefois à
toute autre cause, que n’a-t-on pas à se promettre des
seuls efforts de la nature qui , d’ailleurs , se sert sou
vent d’un remède mal administré pour remplir une
indication rationnelle ! N ’allons pas toutefois blâmer
M. Ricard d’avoir fait l’application insolite du puissant
moyen qui a guéri sa malade, car on aurait toit de
redouter dans tous les cas ce que l’on considère com
munément comme devant infailliblement contrarier la
digestion. Les Croates se font saigner après un repas
copieux. En 1811 , nous eûmes occasion de tirer de
5 à 4 palettes de sang à un Valaque qui se rendait
de Gospich à Carlstadt, et qui, s’étant arrêté à Modrus ,
où nous nous trouvions , mangea et but au point d’é
prouver une vive douleur vers la région de l’estomac,
résultant sans doute de l’état de plénitude de cet or
gane ; le ventre était très-tendu, la tête lourde et pesante,
la peau brûlante , etc. Le Valaque réclame une sai
gnée que, d’abord, nous craignons de pratiquer j nous
essayons de lui faire entrevoir les funestes effets suscepbles de résulter de cetleopération dans l ’état où il se
trouve, mais il insiste, il nous assure de s’ètre fait
saigner plusieurs fois immédiatement après ses repas,
et de s’en être fort bien trouvé ; il nous prie instam
ment de ne pas lui refuser un secours sans leq u el, di-
�( 7» )
sait-il , il se croyait perdu. Nous nous décidons enfin
à le pblébotomiser, et à notre grande surprise, nous
voyons le calme succéder à l’orage , au fur et à me
sure que le sang coule. L ’opération faite, et après
quelques minutes de repos, le Valaque profite encore
d ’un reste d’ab’m en t, boit un verre de vin , monte sur
son cogna ( petit cheval ) , et suivant l ’usage en Croatie,
comme dans bien d’autres lie u x , de chanter quand
on a le ventre plein, il fait retentir l’air de la haute
montagne de Modrus de sa voix bruyante, et le cogna
ne se ressent pas peu de la gaîté de son cavalier:
hlais de ce que la saignée a été salutaire à un valaque,
comme on vient de le voir ; de ce qu’en général les
croates y ont recours en pareille occurence ; de ce
qu’eniin M Ricard a obtenu , une fois seulem ent, de
bons effets de l’administration des bains après le repas,
est-il bien philosophique de tirer celte conséquence,
qu’il ne faut jamais regarder comme une contre-indica
tion , la crainte de troubler les fonctions digestives ,
loi squ'on se voit dans le cas de prescrire la saignée ou
des bains , immédiatement après le repas l Nous laissons
à nos lecteurs judicieux le soin de prononcer sur ce
sujet , regrettant de n’avoir présentement nous-mêmes
ni assez de temps, ni assez d’espace , pour entrer dans
tous les développemens que comporte la solution de cette
question. Nous dirons seulement'qu'après l’ingestion des
aliinens , il s’écoule un certain' laps de temps, avant
qu’ils commencent de subir le travail de la digestion, et
qu’il semble alors que pendant ce laps de temps la sai
gnée et les bains puissent bien ne pas être nuisibles à
l’appareil digestif ; mais il taut saisir l’intervalle entre
l ’ingestion des alime;is et leur élaboration dans l’es
tom ac, et dans ce cas, il faut, peut-être, plus que dans
bien d’autres , user de circonspection et mettre par
conséquent à profit ce sage précepte du vieillard de
Los ; midicina iota prudentia est.
P .-M . Roux.
�( 79 )
S à A U CM publique et exposé des travaux de la Société
royale de médecine de Marseille , pendant Cannée 1821.
( in-8.° de 76 pages. )
L a Société royale de médecine de Marseille, scrupuleuse
à remplir ses devoirs envers la science, les magistrats et
ses concitoyens , vient de publier l’exposé de ses travaux
pendant l’année 1821. Il est désormais superflu de prou
ver tout le bien que l’art de guérir retire des réunions
médicales. Les médecins isolément peuvent bien être
prévenus en faveur de telle doctrine , épouser tel sys
tème dont la temps fait souvent prompte justice , sontils réunis en corps ! communiquent - ils leurs travaux l
Ces travaux alors épuisés au creuset d’une discussion
sage et rigoureuse de l’observation et de l’expérience,
prouvent évidemment que la médecine sera une science
de fait , toutes les fois que la théorie marchera d’un pas
égal avec l’observation , et que celte dernière lui servira
de base. Les écrits publiés par la Société royale de
médecine de M arseille, viennent à l'appui de cette vérité.
Le compte rendu que nous analysons est non moins
intéressant, non moins riche de faits que les précédens.
M . Bcnac , V ice-président, a fait l’ouverture de la
séance publique, par un discours sur les qualités néces
saires aux m édecins; il a signalé, parmi les plus essen
tielles , la vocation , la moralité , la force d'âme et la
bienfaisance , ce sujet qui est d’un intérêt majeur, et dont
malheureusement ne se pénètrent pas assez ceux qui
se destinent à l’art difficile de la médecine , a été traité
par l’auteur d’une manière satisfaisante.
Vient ensuite le rapport de M. Guiaud, Secrétairegénéral, sur les travaux de la Société pendant l’année mé
dicale 1821. Tout ce que nous pouvons dire à la louange de
notre confrère et collaborateur , c’est qu’ il a su répandre
beaucoup d’ intérêt sur un sujet naturellement sec et aritie»
�C 80 )
Son travail est divisé en trois sections. La première a trait
à la pathologie interne. Parmi une foule de faits intéressans sur les différentes branches de cette partie de la
médecine , nous avons fixé notre attention sur une ob
servation de M . Durasse fils, médecin à Toulouse.
Un riche particulier âgé de 53 an s, bilieux et d'une
sensibilité exquise, était sujet à des douleurs d’estomac,
et à une migraine qu’il combattait par l’usage du café. Un
esprit ardent, des excès amoureux, la culture des beauxarts avaient développé un caractère mélancolique , dé
goûté du présent, prévoyant un triste a v e n ir, il voit
ses forces décroître avec une effrayante rapidité; la mai
greur se manifeste , et les urines deviennent abondantes,
après trois mois le malade a recours à l’a rt, à cette épo
que l’amaigrissement était extrême , désir des boissons ,
les urines plus abondantes que les dernières , et le
besoin de les rendre, se répète jusqu’à vingt fois par
jo u r , la peau est aride et sèche , la langue recouverte
d’un enduit muqueux très-épais , l ’urine aqueuse, sans
odeur, la faim continuelle, telle est la situation de ce
malade, la disparition de la migraine et des douleurs
d’estomac, depuis l’apparition du diabetés engage le mé
decin à rappeler l'irritation gastrique, en appliquant sur
cette légion un large sinapisme ; on donne le quina pen
dant 5 jours, le diabetés paraît amélioré , mais bientôt il
se reproduit avec violence , on donne l’ ipécacuanha , la
limonade sulfurique , l’eau de chaux, le lait d’ânesse , 1rs
frictions sont faites avec le quina et tout devient inutile.
Fatiguée par des secousses répétées , la machine épuisée
retombe accablée sous le fardeau de la maladie, de nou
veaux médecins se joignent à M . Ducasse , leurs efforts
sent inutiles , l’épuisement fait des progrès, la fièvre dé
vient rontinutile, les sueurs abondantes sans diminution
• ' i " 1' , à ces symptômes, vient s’en joindre un plus
* .<•_) .n i, une toux sèche convulsive se manifeste , plus
�( 8 , )
de repos ni nuit ni jour. On substitue le régime végétal au
régime anim al, les dem is-bains, les rafraichissans
font briller encore quelque espérance au malade qui
se rend aux eaux de Cauterels. Mais revenu sur le
sol natal, cet infortuné succombe à la suite de la phthisie
pulmonaire. On trouve à l’ouverture du cadavre, les reins
plus volumineux gorgés de sang, mais sans altération
organique sensible. A la poitrine, on trouve les tubercu
les en suppuration au lobe postérieur-du poumon gauche.
Le poumon droit n’existe plus; là où il était, on ne voit
plus qu’une poche informe, remplie d’un pus jaunâtre et
fétide.
Cette observation fait naître bien des réflexions : on
se demande surtout si la phthisie qui s’est développée à la
fin du diabètes est primitive ou consécutive à cette
dernière affection.
La 2.e section du rapport traite de la chirurgie. Parmi
les faits intéressans qui s’y trouvent consignés, nous
citerons une observation de M. Silvy, de Grenoble, sur
une dégénérescence particulière de la peau et du tissu cel
lulaire sous-cutané, occupant l’extrémité supérieure gauche:
unjeunehomrne le 22 ans, d’une forte constitution, bilieux:
et sanguin , vint au jour avec le bras gauche d’un tiers
plus volumineux que le droit, sans altération sensible.sur
la peau. Les mouvemens sont libres, les douleurs nulles .
le bras acquiert un accroissement plus marqué- À i’ àge
de 19 ans, cet homme est obligé d’entrer à l’hôpital :
le bras avait alors 29 pouces de circonférence; on ne
trouve d’autres ressources que dans l’amputation , elle
est pratiquée. Des symptômes bilieux et inflammatoires
se développent et le malade succombe 14 jours après
l’opération. L ’autopsie cadavérique décèle l’inflammation
de presque toutes les membranes séreuses.
M. Silvy demande si l’issue malheureuse de l’operat . iy .
7
�( 82 )
iion doit être considérée comme une suite inévitable dé
toute opération entreprise dans des cas de même nature»
ou s’il faut l’attribuer à la chance que court ordinaire
ment un individu soumis à une opération aussi grave.
Cette dernière opinion a été celle de la Société , qui a
de plus observé que dans la vue d’enrayer les symptô
mes bilieux et inflammatoires, mieux eut valu employer
la saignée et l’émétique , au lieu de l’ipécacuanha et
des sangsues dont s’est servi M . Silvy, J’ajouterai : l’o
pération était-elle bien nécessaire ? ce bras était le siège
d’ une sécrétion morbifique très-abondante, une repercus
sion n’était - elle pas à craindre, n’a-t-on pas trouvé à
l ’ouverture du cadavre une inflammation de toutes le*
séreuses ?
Il est beau de voir un médecin reconnaître naïvement
ses erreurs , tandis que d’autres , par un amour-propre
mal placé, se plaisent à les cacher. M . Pleindoux, de
Nîmes , a adressé une observation à la Société. Il y donne
les détails d’une méprise qu’il reconnut assez à temps
pour ne point pratiquer une opération dont le moindre
inconvénient était l’inutilité : une jeune femme éprouve
les symptômes d’un calcul dans la vessie. Le cathété
risme pratiqué par M. Pleindoux semble l’assurer d’une
manière positive. L ’opération est proposée et décidée.
L ’opérateur introduit le cathéter dans la vessie et explo
re cet organe avec une attention nouvelle j il sent le
corps étranger, mais ce corps est im m obile, en le
percutant avec l’extrémité de la sonde , il ne rend
pas ces sons distints, auxquels l’oreille de l’opérateur
exercé se méprend rarement: la prudence arrête l'ins
trument j une consultation convoquée décide qu’au
moyen du dilatatoire, le doigt ira reconnaître la nature
du corps étranger. Ayant suffisamment dilaté l’urètre,
M . Pleindoux porte l’indicateur de la main droite dans
la vessie et traîne à la partie postérieure et inférieure d«
�( 83 >
eet organe une tumeur de nature sarcomateuse, du volu
me d’un œuf de poule et large à la base. Étant hors
d’atteinte des moyens de l’art, une opération devenant
impossible, la malade est soumise à un traitement pal
liatif. La franchise et la prudence de M . Pleindoux sont
au-dessus de tout éloge.
La 5 .e et dernière section traite des conférences cli
niques.
La Société royale étant composée des praticiens le»
plus distingués de la ville de Marseille , une partie des
séances étant consacrée à l’étude des maladies régnantes,
et à discuter sur ce que la pratique de chaque membre
a offert de plus saillant, quels avantages précieux pour
les jeunes médecins que cette Compagnie accueille avec
une bienveillance toute particulière! Quant à ceux qui
sortent à peine des écoles de médecine , quoiqu’ils aient
acquis de solides connaissances et qu’ils ayent puisé
dans ces gymnases médicaux le talent de bien observer,
le désir de s’instruire davantage doit leur faire ambition
ner la faveur de faire partie d’une Société qui n:a d'autre
but que la plus grande gloire de l’art,
Les affections inflammatoires et catharrales ont dominé
pendant l’hiver; des choiera-morbus , des affections bi
lieuses et les apoplexies pendant l’été. Entr’autres séances,
où beaucoup de points de doctrine ont été éclaircis ,
M. Guiaud signale, d’une manière particulière, celle où
la Société a possédé M. le professeur Lordat. Dans cette
séance , M. M agail a présenté un travail sur le peu de
danger des fausses routes pratiquées dans le canal de
l’urètre ( i) , ce qui a fourni au Doyen de la fhculté de
Montpellier l’occasion de présenter les réflexions sui
vantes : il a fait remarquer que les fausses routes dans le
(i) Voyez V Observateur des sciences médicales . jnois ci#
janvier et février t8a*.
�C S4 )
canal de Vurétre sont moins fréquentes qu’on le pense ,
et que dans plus d’une circonstance où le chirurgien
croit les avoir pratiquées, elles n’existent réellement pas :
il a cité plusieurs cas où la sonde, parcourant l’urètre ré
tréci , était parvenue dans la vessie sans pouvoir procu
rer l’émission de l'ui ine , ce qui pouvait faire penser
que l ’intrument s’était dévié en pratiquant de fausses
routes. Il a prouvé que dans cette circonstance la réten
tion de l’urine tenait à un état de fixité de la vessie for
tement distendue, et qu’on parvenait à détruire cet état en
combattant le spasme de la poche urinaire.
M. Lordat a ensuite entretenu un instant la Société sur
la doctrine de l’école de M ontpellier, il a encore fait
part de son opinion sur la lièvre jaune; quant à la
question sur la nature contagieuse de cette m aladie,
M . le Doyen répond oui et non.
M. Guiaud termine l’exposé des travaux de la Société
en annonçant qu’elle s’est ouverte une nouvelle source de
prospérité et de force en recevant dans son sein MM.
Beullac lils et Venons, jeunes médecins estimables, R ej
et Roubaud , praticiens distingués et Poutet, pharmacien,
que Marseille peut opposer avec orgueil aux chimistes
de la Capitale.
Après l’exposé des travaux de la Compagnie, M. Picard
a lu un opuscule sur le courage en médecine. Ce méde
cin , dont l’instruction et la franchise sont bien appré
ciées , a traité son sujet d’une manière satisfaisante.
Dans une notice sur le bégaiement, notre confrère et
collaborateur Sigaud a su fixer l’attention par des idées
piquantes et ingénieuses.
La seance a été terminée par une lecture sur l’allaite
ment maternel , faite par M . Beullac fils qui a reçu les
aj plaudissemens de l’assemblée.
F orcade , D .-M .,
Ex-membre de la Société académique
de médecine de Marseille.
t
�( 85 )
T h A i T É des maladies des yeu x par A n t . S ca r pa , projet*
sevr émérite et directeur de la Faculté de médecine do
Pavie , chevalier de tordre royal de la couronne de
fe r ; traduit de l'Italien sur la cinquième et dernière édi
tion et augmenté de notes, par J.-B. B ousquet et N.
B e l l a n g e r . ( Paris , chez G abon, 1822. 2 vol. irc-8.°,
prix 10 fr. )
Ex médecine , l’utilité et l’instruction font presque tou.
jours le succès d’un ouvrage, et sous ce rapport il en est
bien peu qui'aienl été couronnés d’un assentiment aussi
général que le traité des maladies des je u x , publié il j a r
vingt ans, par le célèbre professeur de la Faculté de Pavie.
L ’original a eu cinq éditions successives en Italie et il
a obtenu chez toutes les nations les honneurs de la tra
duction. En F rance, il fut, dès son apparition , regardé
comme un ouvrage classique et bien supérieur à ceux
qui l’avaient dévancés ; c’est à M. Leveillé que les mé
decins français durent la connaissance de ce précieux
ouvrage ; la traduction faite sous les je u x de l’auteur ,
était excellente à l’époque où elle parut, mais il n’avait
pu rendre ce que l’auteur avait dit : aujourd’hui qu’une
cinquième édition vient d’être publiée , que l’auteur j a
joint de nombreux changemens et qu’il l’a considérable
ment augmenté, nous attendions avec impatience uue
traduction nouvelle qui pût nous faire jouir du dernier
degré de perfection auquel M. Scarpa a fait parvenir son
ouvrage. M M . Bousquet et Bellanger ont rendu ce service
aux vrais médecins , à ceux-là qui préfèrent les faits aux
théories et qui aiment à augmenter leurs connaissances
de l’expérience étrangère. Nous ne pouvons, par plusieurs
raisons, nous occuper ici du mérite de l’ouvrage en luimême , sa réputation est déjà faite et les considération*
que nous venons d’énoncer , doivent tout au moins faire
préférer cette traduction à celles qui eurent des su ccès
�!
jusqu’ici: nous devons donc nous borner à rendre compta
4u mérite de celle que nous annonçons.
Depuis que la littérature médicale française s’était
enrichie de deux traductions differentes du traité des ma
ladies des j e u x , l’infatigable auteur poursuivait ses re
cherches et augmentait sans cesse ses premiers travaux»
et il est probable que l’âge avancé et les infirmités de M .
Scarpa n’exposeront plus le public à se procurer une
traduction plus récente d'un ouvrage plus complet que
celui que nous annonçons.
Cette traduction faite sur la dernière édition , contient
les trois derniers chapitres que M. Scarpa y a ajoutéj
et nous devons convenir qu’après les avoir lues , nous
nous sommes aperçus que leur absence laisserait une
lacune immense dans un ouvrage d’une utilité si gé
nérale.
llien de plus nuisible au succès d’une traduction ,
tant en littérature qu’en médecine , que l’oubli du
précepte qu'Horace adresse à ceux qui s’occupent de
cette branche de littérature: ce n’est point le mot-àmot qu’il faut à l’homme qui veut apprendre, e’est
la doctrine ; la lettre tue et l’esprit vivifie : il faut non
s’attacher à rendre les m ots, mais les idées , et c’est
sous ce rapport que nous tournerons en éloge les re
reproches mêmes que des parties intéressées ont adressé
aux traducteurs; « e n effet, leur s tjle se distingue par
de la précision et de la clarté , que même en négli
geant de nombreux détails , en omettant des circons
tances qui ne leur ont pas paru dépourvues d'intérêt
pour le lecteur , ils ont constamment rendu l’idée fon
damentale du professeur de Pavie». Que faut-il davan
tage? 11 serait à souhaiter que cette critique, si c’en est une,
servit de guide à tous les traducteurs, et qu’apprendre dans
un ouvrage en stjle de dictionnaire, où l’on nommera
plus ou moins bien l’équivalent des mots et jamais celui
�( 87 )
des idées ? Comme la plupart des vieillards, Searpâ
est diffus , prolixe et s’abandonne complaisamment à
d’inutiles répétitions , les traducteurs ont fait dispa
raître ces défauts, est-ce des louanges ou le blâme
qu'ils méritent î Je laisse cette simple question à résou
dre à tout homme habitué à la lecture des ouvrages
didactiques et si je dois ainsi trouver interet, instruc
tion, temps bien em ployé, dois-je recourir de préfé
rence à la traduction de MM. Fournier et Pescay par
exemple, où je trouve des conditions entièrement op
posées? Le temps des médecins n’est-il pas assez pré
cieux pour être ménagé sans nuire à leur instruction,
et cette foule de compilations dont ils sont chaque jour
accablés ne les occupent point assez en les engageant à
les lir e , autorisés par l’autorité des noms , ou une
utilité supposée et toujours mal remplie. Mais le modus
faciendi des nouveaux traducteurs esl-il donc moins
pénible que celui de leurs devanciers ! Au contraire ,
puisqu’il réclame une profonde connaissance non des
mots niais du génie de la langue, et qu’il fau t, chose
bien plus difficile encore, se tenir sans cesse en garde
contre le vice de la plupart des traductions, c’est-à-dire,
de faire passer en Français les tournures des langues
étrangères telles que les inversions , la prolixité ; et
si nous étions guidés par d’autres motifs que par l’in
térêt de la médecine et de la justice, nous pourrions
comparer quelques passages destraductions avec quelques
autres de l’origin al, mais comme nous reconnaissons
le mérite personnel de chacun des traducteurs, nous
nous garderons bien d’essayer une pareille lutte. Ainsi,
d’après notre conscience, d’après nos lum ières, d’après
une comparaison exacte et alternative entre l ’original
et les deux «traductions , nous croyons devoir accorder
une supériorité remarquable à celle de MM. Bousquet
.et Bélanger ; joignez à tout ce que nous venons de
�d ire , des notes en très-grand nombre que les traducteurs
ont presque toujours très-heureusement placées et trai
tées , et le lecteur jugera à laquelle des deux traduc
tions il doit donner une préférence.
M. Scarpa n'avait joint à son ouvrage que (rois planches,
la dernière en contient une quatrième qui n’est pas
la moins importante ; les traducteurs l’ont reproduite ,
et nous devons avouer que non-seulement les planches
sont bien supérieures en fidélité, en beauté, à celles
publiées dans les autres traductions , mais qu’elles sont
aussi pai'faites que celles qui accompagnent le magni
fique ouvrage Italien ; si quelques fautes typographiques
déparent cette belle édition, elles ne sont de nulle im
portance et ne sauraient nuire en rien à l’intelligence
le l’ouvrage , dont l’impression est très-belle et trèssoignée.
C.-C. P i e r q u i n , D .-Yl. M .
REVUE
DES
JOURNAUX.
Q uelque riche que soit la matière médicale en médicamens fébrifuges, on aurait tort de regarder comme
une superfluité ceux dont les praticiens peuvent faire
la découverte ; et sans doute doit-on de la reconnais
sance au médecin qui , loin de s’abandonner à la pa
resse , consacre ses bilans de loisir à la rédaction des
faits intéressans qui se sont offerts à sa pratique ;
nous sommes donc autorisés à donner une idée de
l'aperçu sur les propriétés fébrifuges du houx que'vient
de publier M. le docteur L. Rousseau , correspondant
de la Société médicale de l’Eure , etc.
Après avoir tracé l’histoire botanique et physique du
houx, il ex aquifolium , l’auteur en expose les propriété/
�( 8g )
chimiques, et il annonce , d’après M. JLassaigne, à la
sagacité duquel il doit l’analyse des feuilles du houx .
que ce végétal contient : i.° de la cire ; 2.0 de la chlorophille ( matière verte des feuilles ) ; 3 ° une matière
neutre et incristallisable ; 4.0 une matière colorante
jaune ; 5 .° de la gomme 5 6.° de l’acétate de potasse ;
7.0 du muriate de potasse et de chaux ; 8.° du malate
de chaux; 9.0 du sulfate et phosphate de chaux; 10.*
du ligneux.
Passant aux propriétés médicales du houx, M. Rousseau
observe que les pharmacologistes qui en ont parlé ,
s’accordent à le reconnaître comme ém ollient, résolutif,
diurétique, expectorant ; mais qu’il en est peu qui
l’aient considéré comme fébrifuge. 11 s’étonne pourtant
de ne le pas trouver dans les officines de nos pharmacopoles, lorsque nos agricoles de la Beauce, d el’Orléanais^
du pays d’Hanovre , etc. , l’emploient si généralement
contre les fièvres intermittentes. D ’ailleurs Reil assure
qu’il l’a utilisé, avec beaucoup de succès, dans les fièvres in
termittentes qui régnaient épidémiquement, etqui avaient
résisté à l’écorce du Pérou. Enfin, d’après cette obser
vation, tirée de la botanique de L y o n , que les Jeuilles
séchées et mises en poudre, prescrites à la dose d’un
gros dans un verre d’eau , une heure avant l'accès, ont
souvent emporté des Jièvres intermittentes, comme aussi
d’après les résultats de la propre observation de M .
Rousseau, on peut ranger les feuilles du houx au
nombre des succédanés du quinquina.
L’auteur se contente de produire trois observations
seulement pour appuyer son assertion sur les proprié
tés fébrifuges des feuilles du h o u x , dont il a donné
la poudre à la dose d’un gros , infusée à froid pendant
environ douze heures dans un verre de vin blan c, et
T. VL
8
�( 90 )
qu’il a fait prendre , ainsi préparé , deux ou trois heures
avant l’accès.
( Bulletin des sciences medic. de la Société de méd. ,
chirur. et pharmac. du dèp. de [l'Eure, n. 67, juillet
1822 ).
DESCRIPTION des rudimens osseux d'un fœtus renfermes
dans le testicule d'un jeune enfant, communiquée
par le docteur F biedlander.
VV
«< L a femme d’un serrurier à Tscheplau , village près
de Glogau , accoucha , dans le mois de décembre 1817,
d’un fils qui paraissait être d’une forte constitution.
Quelque temps après, dans le mois de mai , l’enfant
sentit une difficulté à uriner , et fut livré aux soins de
M . Lambé, chirurgien; ce dernier trouva une tumeur
dure au testicule droit et un phim osis, pour lequel il
pratiqua la circoncision. I e ig juin, le testicule avait
acquis un tel volum e, qu’il était descendu jusqu’au genou.
O n sentit une surface inégale et froide. L e 19 juillet
on fit la ligature tout près de l’anneau. L a ligature
tomba le 2a ju illet, sans que l’enfant eut éprouvé des
symptômes fâcheux , et guérit dans les premiers jours
d’aoùt. Le testicule était long de 4 pouces et 5 lignes
(mesure du Rhin) ; la largeur était de 2 pouces 4 lignes,
du poids de 7 onces ; l’épididyme manquait entiè
rement, Le parenchyme du testicule avait une couleur
jaune et était rempli d’une matière fétide. Après avoir pré
paré la tunique vaginale , on trouva un corps d u r, on
l’ôta avec précaution et on trouva un os du fém ur,
d’une longueur de 18 lignes, sans périoste. On trouva
encore plusieurs os qui étaient unis au moyen du tissu
cellulaire et de fibres musculaires , de manière à former
le bassin et l’extrémité droite d’un fœtus de quatre
mois à-peu-près. La partie inférieure du bassin paraisssait
�( 9 0
encore revêtue de muscles ; on pouvait très-bien dis
tinguer la partie antérieure, où se trouvait, au lieu
des os pubiens , l’os coccyx. Des deux „ côtés on
voyait les os des îles avec la ligne semi-circulaire , sous
laquelle l’articulation iléo - fémorale présentait une
forme triangulaire. On voyait la protubérance de l’os
sacrum, avec.sa surface pour recevoir la dernière ver
tèbre lombaire. Dans le milieu du bassin on trouva une
masse ligamenteuse, myrtiforme , de la longeur d'un
pouce, de la largeur de 4 lig n es, qui paraissait être
des rudimens de vertèbres lombaires. L e fémur d ro it»
dénudé de son périoste , avait plutôt une forme aplatie
que ronde. Au lieu du col du fém ur, on trouva de»
concrétions osseuses qui étaient tellement amassées,
qu’on pouvait les prendre pour des trochanters. Dans
la partie inférieure étaient les condyles externe et interne,
avec leur tubérosités. La branche gauche de l’os pubis
et l’os ischion manquaient entièrem ent, quoiqu’on vît
la crête de l’os des îles. La surface intérieure de l’os
des îles était concave , l’externe convexe. L ’os du fémur
était avancé de 9 lignes sous la ligne semi-circulaire.
A la partie inférieure, dans la région du genou , l’os
était tourné du côté opposé , de manière qu’il présen
tait une grande protubérance. Le tibia et le péroné
étaient formés d’une manière assez naturelle ; le liga
ment inter-osseux paraissait un peu plus épais. Les os
du pied étaient cartilagineux , les orteils collés et un
peu inclinés en arrière. A la partie supérieure de l’os
sacrum on voyait proémiüer quelques glanduîes sébacées
et des duplicatures de la peau, La partie postérieure du
bassin était inclinée.
Ce fait pathologique a été observé par le docteur et
conseillée Cl. Dietrich, à Glogau , homme distingué
dans l’art des accouchemens. Il n’y a que peu de faits
analogues, rapportés dans une dissertation du docteur
�( 92 )
'Abraham Capadoce, qui les fait dériver d'une super
fétation. On en trouve encore d'autres exemples dans
les ouvrages de M eckel, Dupuytren et Highmore ».
(Revue médicale française et étrangère, t. 8, juillet 1822).
C o n s i d é r a t i o n s sur les amputations, notamment
dans le cas de fêlure des o s, avec des observations
à l’appui ; par J. T ournkl , D . M ., Chirurgien des
hussards de la garde royale.
L ’auteur ne partage pas l'opinion de M. Richerand
qui , dans sa nosographie, (tome I, page 90), soutient
que lorsqu’un boulet a emporté le pied à deux pouces
au-dessus des malléoles , il vaudrait mieux amputer la
cuisse que de couper la jambe dans le lieu d’élection, et
IM. Tournai a sans doute raison, l’amputation de la cuisse
étant une opération plus grave que celle de la jambe, et
l ’infirmité provenant de l’amputation de celle-ci, étantbien
moins grande que celle qui résulte de l’amputation de
la cuisse. M. Richerand, appliquant son précepte aux
extrémités supérieures , le vice en est pour le moins
aussi grand.
Lorsque le poignet ou le pied ont été emportés par
un boulet, il y a souvent aux os des fentes, selon
leur longueur, et qui s’étendent quelquefois jusqu’à l’ex
trémité opposée de ces os. Une règle générale, établie
depuis bien long-temps, mais qui n’est pas suivie par
tous les praticiens , veut que l’on pratique alors l’ampu
tation au bras et à la cuisse ; si l’on examine avec
attention ce précepte, dit l ’auteur, on voit qu’aucun
motif plausible ne porte à l’observer.
Et d’abord, les fentes des os n’étant pas toujours
suivies d’accidens graves , les portions d’os écartées étant
susceptibles d’être réunies et maintenues dans leur po-
�(95 )
sition respective , par le moyen d’un bandage , et dans
l’amputation , en sciant les os , ceux-ci pouvant bien
être ébranlés, mais jamais écartés à un tel point qu’il
en résulte des effets fâcheux, il est permis d’établir
en principe que la fracture longitudinale des os des
membres n ’est pas une contr’indication à l’amputa
tion sur la portion de l’os où cette fracture existe.
L ’auleur communique deux observations qui viennent
appuyer cette assertion , et il finit par faire pressentir
qu’il est un grand nombre d’autres observations, non
moins coucluantes, dont il pourrait se servir pour donner
plus de force à sa façon de penser. ( Journal universel
des sc. mèd. , mai 1822).
P.-M . Roux.
A N A L Y S E
D es
principaux
A rticles
( M o is
de
du
J ournal
de
P harmacie.
J u il l e t . )
EXTRAIT d’un mémoire de M. D ubue aîné , sur la
pistache de terre , ( Arachis hypogœa ) par BouillonL agrange. — Ce mémoire a pour but de substituer à
l ’huile d’olive, celle de YArachis pour l’éclairage, la fabri
cation du savon, etc.; mais l’auteur propose l’huile extraite
de cette plante qui croît naturellement dans l’Amérique
méridionale. Un projet plus national , serait celui de
perfectionner la culture de ce végétal sur notre s o l,
où il est à croire qu’il pourrait réussir. D e nombreux
essais ont été faits. En Espagne, on cultive YArachis
avec beaucoup de succès ; en France , soit dans le
département des Landes, soit aux environs de T o u
louse , -de M ontpellier, de T o u lo n , on a obtenu des
rapports de 90 pour 1.
�0
(9 4 )
Cette plante est assez connue pour nous croire dis
pensés d’en donner la description ,~ mais nous dirons
un mot de la manière dont son fruit parvient à matu
rité j à peine le pistil de la fleur a - 1 - il été fécondé
par l’émission de la poussière prolifique , que l’ovaire
se prolonge au moyen d’un long pédoncule qui se gé»
nouille à une articulation qu’il a à sa base, et prend
une direction courbe pour atteindre la terre, dans
laquelle il s’enfonce et y développe son fruit légumineux. Cette condition est si nécessaire à la maturité du
fr u it, qu e, si par une trop grande élévation ou par
la rencontre d’un obstacle quelconque, le fruit ne
peut pénétrer la terre , il dessèche et avorte. Cette
particularité l’a fait appeler Arachis hypogœa, qui si
gnifie sous terre. Mais comme l’a fort judicieusement
observé un naturaliste distingué, cette épithète se rap
portant à toute la plante n’est pas juste, celle d'hypocarpogœa ne laisserait rien à désirer , puisqu’elle signifie
un fruit venant sous terre.
Cette plante n’est pas la seule qui nous donne une
fructification hypogéique ( i) ; nous avons une autre légumineuse, le lathyrus amphicarpus, qui, comme le porte
son épithète spécifique , donne deux fructifications, l’une
(2) êpigéique , et l’autre hypogiique. Nous avons même
observé les gousses souterraines de cette gesse ; elles
tiennent à de petites ramifications de la racine , elles
sont moins longues et plus renflées que celles qui mû
rissent au haut de la plante. M. Gérard, auteur de la
Flore provençale , a parfaitement décrit le latyrus dans
un petit mémoire adressé à une Société savante de Paris»
(1)
(2)
L » sig n ificatio n
d a m 1* p h r a s e ,
rendre
l'id é e
de
ces
nous avons cru
d 'u n
seul
m ot.
deux
p o u v o ir
ép ith ètes
bous
se
trou van t
«n s e r v ir p o u r
�(95 )
— B o is amer de l'ile de Bourbon , employé comme sto
machique etfébrifuge, par J .-J. V irey.— C’est à M. Aubert,
du Petit-Thouars, membre de l’Institut, que nous devons
la connaissance de ce nouveau médicament. L ’arbre
qui le fournit, de la famille des apocynées , porte les
caractères du genre des Carissa, et on l’a nommé
Carissa Borbonica du lieu où il croit naturellement.
Ce bois est inodore , d’une amertume assez forte
quand on le mâche et d’une couleur jaunâtre ; il est
recouvert d’ une écorce grisâtre , est compacte , suscep
tible d’un beau poli et propre aux ouvrages du tour.
On en fait même des objets que l’on remplit de vin
ou de rhum qui prennent bientôt l'amertume et la vertu
stomachique du bois.
« On doit employer ce médicament , dit M. Virey,
» aveo précaution et à des doses modérées, à cause
» de la grande énergie de ses [propriétés et de son
m amertume. On en fait infuser de la rapure dans
» du taffia pour les nègres , ou du bon rhum , ou du
s> vin de Bordeaux pour les créoles , chez lesquels les
» fonctions digestives sont si languissantes. Il est excel» lent aussi contre les funestes résultats de l’emploi
» des mauvaises eaux et boissons, et doit produire
3> d’heureux effets dans les fièvres intermittentes et
» pernicieuses des climats chauds.... C’est encore un
» vermifuge très-actif » .
— Du charbon considéré comme substance décolorante.
Mémoire couronné par la Société de pharmacie de
Paris ; par A . B ussy . — Dans le numéro d’avril passé,
le bulletin de la Société de pharmacie renfermait un
rapport sur les mémoires présentés au concours, rela
tif au sujet ci-dessus énoncé ; nous ne crûmes pas
devoir en rendre compte avant que la Société eût fait
l ’analyse des mémoires couronnés , afin de ne donner
nous-mêmes qu'un article.
�( 9« )
Une découverte importante avait été faite : M. Figuier,
professeur distingué de l’école de Montpellier, avait
reconnu la propriété décolorante du charbon animal ;
cette découverte avait déjà été appliquée avec de grands
avantages à la rafinerie du sucre ; le pharmacien , dans
son laboratoire , eu obtenait les résultats les plus satisfaisans, et l’on ignorait encore la manière d'agir de
cette substance , ou du moins des explications plus ou
moins hasardées tenaient lieu de théorie , lorsque la
Société de pharmacie de Paris fit de ce problème le
sujet d’un prix qu’elle devait décerner au concours
qui a eu lieu en avril passé , sur les questions sui
vantes :
i.° Déterminer quelle est'la manière d'agir du charbon
dans la décoloration , et par conséquent quels sont les
changemens qu’il éprouve dans sa composition pendant sa
réaction.
a.° Rechercher quelle est l'influence exercée, dans
cette même operation , par les substances étrangères que
le charbon peut contenir.
3 .° Enfin s’assurer si l'état physique du charbon ani
mal , n’est pas une des causes essentielles de son action
plus marquée sur les substances colorantes.
Voici à - p e u - p r è s la substance du rapport de la
commission des travaux , composée de MM. Guibourt ,
Couverchel, Lemaire, Lisaneour et Pelletier rapporteur:
D e six mémoires admis au concours , quatre ont été
spécialement distingués, et leurs auteurs ont paru
avoir abordé franchement la question et en avoir donné
des solutions, qui concordent toutes entr'elles pour
les points principaux.
Pour empêcher les redites et pour mettre de l’ordre
dans le rapport, les membres de la commission ont
distingué chaque mémoire par un num éro, et sans
avoir égard à aucun en particulier , ils puisent indif-
�Féremment dans chacun d'eux pour éclaircir les prin»
cipa’ax points des questions données. Ils partagent aussi
l’analyse en deux parties : dans la première , ils font
connaître l’opinion des concurrens et la manière dont
ils ont répondu aux diverses questions du programme r
dans la seconde partie, ils établissent la théorie de la
décoloration telle qu’ils la conçoivent, après avoir ré
fléchi sur l’accord qui règne entre les concurrences et
par suite de l’appréciation qu’ils ont faite des expériences
nombreuses , répétées séparément et qu’ils ont réunies
ici dans leur ensemble.
1. " P artie . — a Déterminer quelle est la manière d'agir
» du charbon dans la décoloration : telle est la première
» question, la question vraiment fondamentale. Lfauteur
» du mémoire n.° 5 , nous apprend d’abord : que la prty
» priété décolorante du charbon est inhérente au carbone ,
» mais quelle ne peut se manifester que lorsque le carbone
» est dans certaines circonstances physiques parmi lesquelles
>• la porosité et la division tiennent te premier rang. Reve» nant sur cette idée qu’il développe dans son mémoire ,
» il nous dit : Qu'aucun charbon ne peut décolorer lors» quil a été chauffé assez fortement pour devenir dur et
» brillant ; que tous } au contraire j jouissent de cette
propriété , quand ils sont suffisamment divisés , non
s> par une action mécanique, mais par Vinterposition
>> de quelques substances qui s’opposent à l'aggrégation ».
Les auteurs des autres mémoires partagent la manière
de voir de celui - ci. Celui du mémoire n ° 4 dit : que
le pouvoir décolorant du charbon dépend de l'état de divi
sion chimique J que les charbons brillons comme vitrifiés
dont les molécules semblent rapprochées, ne jouissent pas
de la propriété décolorante.
Le carbone agit donc seul dans l’acte de la décolora
tion, et des faits viennent prouver cette assertion j mais
T . IV .
9
�r gs ï
quel est lé mode d’action du charbon sur les matièréi
colorantes ?
L ’auteur du n * 5 répond que le charbon a g t sur les
matières colorantes en se combinant avec elles sans les dé
composer et comn. r ferait 1‘alumine ; il ajoute que l'on peut,
dans quelques ciri cnstances, faire paraître et disparaître
la couleur plusieurs fois de suite et alternativement ■
T elle est aussi l’opiuion des autres concurrens. L ’au-*
teur du n." 4 dil que le charbon agit seul sur les matiè
res colorantes qu'il rend précipitables en s'unissant avec
elles. L ’auteur du n.° i dit que le charbon n'agit dans la dé
coloration , qu'en vertu d'une affinité particulière du char
bon pour les matières colorantes qu'il Jixe entre les mo
lécules avec lesquelles il forme des combinaisons insolu
bles, L ’auteur du n.° 5 dit que les charions agiss-nt sut
certains liquides colorés par une affinité analogue à
celle des mordons.
La théorie de la décoloration par le charbon établie,
il reste à donner les raisons de la supériorité que le
charbon animal a sur le charbon végétal, a Constans ,
» observe le rapporteur, dans le principe que le char* bon végétal agit en raison de son état «le division , ou
* pour mieux dire, en raison de l'isolément de ses tnolé*
» cules , les concurrens s’attachent à démontrer que cet
» état de division, que les uns nomment chimique
» et les autres phys.qu e, niais que tous distinguent de
»> l ’état de division mécanique , et qui est nécessaire au
» chai bon pour agir comme principe décolorant , que
» cet état , disons-nous , se trouve plus ordinairement
» dans le. charbon anim al, et particulièrement dans le
» charbon provenant de la calcination des parties so» lides. En ellèt , le n 0 i nous appishd que l’un peut,
* avec des matières végétales , obtenir un chai bon jouis» sant an même degré, que ceh.i d’une substance arii» male, de la faculté d’enlever la couleur aux dtfférens li-
�( 99 )
» quides, en mélangeant et calcinant ces matières
j» végétales avec des corps capables d’apporter entr*
» les molécules charbuneuses , le meme éloignement
» que les sels calcaires produisent entre les molécules
» du charbon fourni par la g é l a t i n e qU; se trouve dans
les os». Les autres mémoires présentent la même théorie
dans des ternies différens , et tous coïncident avec le
principe posé que c'est à la porosité , à l’éloignement,
des molécules charhoneuses, qu’est due la propriété,
pour ainsi dire absorbante, du charbon dans l’acta
de la décoloration,
La dernière question est encore résolue en quelqua
manière à l’unanimité ; savoir : qu elle est l'influença
qu'exercent, dans l'acte de la décoloration , les matières
contenues dans le charbon , mais étrangères au carbone?
Tous les concurrens partent du principe déjà cité. Les
sels calcaires et magnésiens etc, , dans les charbon»
animaux , sont considérés comme influant à la décolo
ration par leur interposition aux molécules charboneases.
L ’azote qui avait été considéré* comme la cause d*
la supériorité du charbon anim al, est déchue de cette
importante fonction; on peut donner au charbon végé»
tal la même force décolorante en le traitant avec des
agens non azotés. * Cependant, dit l’auteur du m éu moire n.° 5 , si l’azote n’est plus nécessaire à la
» décoloration dans le charbon préparé , sa présence
i> dans les matières animales avant la carbonisation
» est importante pour l’obtention d’un charbon bien.
» décolorant, parce que la séparation de l’azo te, dont
» une partie a lieu pendant la calcination des ma»
» tières animales, surtout en contact avec les alcalis,
» ne peut se faire sans déterminer une grande d ivi» sion, un isolement des parties charhoneuses, c©
» qui les met dans la condition la plus favorable pour
* la décoloration m.
�C I0 O )
H.* PiRrre. — Cette partie du rapport qui traite de la
théorie de la décoloration, est réduite en huit propo
sitions étayées des expériences qui en sont la preuve,
nous nous contenterons de retracer ces propositions
comme renfermant un corps de théorie qui ne laisse
rien à désirer.
Ire. Proposition. « L e charbon agit sur les matières
colorantes sans les décomposer, il se combine avec
elles à la manière de l ’alumine en gêlée j l’on peut, erj
certaines circonstances, faire paraître et disparaître la
couleur absorbée ».
Ile. Proposition. « L e charbon agit en raison de
ses molécules , le charbon mat et divisé chim iquem ent,
est toujours , quelle que soit sa nature , plus décolo
rant que le charbon brillant et comme vitrifié ».
Ille. Proposition, < L e charbon animal qui a servi à
la décoloration , ne peut , par une simple calcination ,
acquérir de nouveau la propriété décolorante, parce que
les molécules du charbon végétal qui se forme par la
décomposition des matières absorbées , recouvrent celle
du charbon anim al, comme d’une couche impénétrable
et vitreuse ».
IV e. Proposition. « Les substances étrangères au car
b o n e, et particulièrement les sels terreux , n’ont, dans
l ’acte de la décoloration, qu’une action accessoire, varia
ble et dépendant particulièrement de la nature du liquide
soumis à l’action décolorante du charbon ».
Ve. Proposition. On peut rendre au charbon qui a servi
à la décoloration , la propriété décolorante qu'il a perdue,
en enlevant les matières absorbées au moyen d’agens
chim iques, ou dans certains c a s , en employant la
fermentation ».
V ie . Proposition- « On peut obtenir un charbon vé
gétal doué de la propriété décolorante à un degré trèsmarqué en ne charbonant les matières qu’après l$s
�I
( ïo i )
•voir mélangées avec des substances qui puissent s’op-.
poser à l’aggrégation des molécules charboneuses, telles
que les os charbonnés à b lan c, la pierre-ponce, etc ».
V ile. Proposition. « On peut obtenir, avec les matières
animales molles , des charbons décolorans égaux en force
à celui des matières animales solides , en usant des
moyens indiqués dans le paragraphe précédent ».
Ville. Proposition, « Les alcalis fixes confèrent au
charbon la propriété décolorante à un haut degré, en
atténuant leurs molécules , ce qui a lieu surtout lors
que le charbon contient de l’azote, qu’il peut perdre
par sa calcination avec les alcalis ».
Il nous resterait à présenta donner l’analyse des mémoi
res qui ont remporté les deux prix , le prem ier, par M.
Bussy et le second par M. Payen ; mais leur théorie
étant exposée dans les huit propositions que nous venons
de transcrire, nous nous bornerons à rendre à MM.
Bussy et Payen, le tribut d’éloges qu'ils m éritent, et
pour la marche méthodique qu’ils ont suivie dans leurs
travaux , et pour la maniéré claire et précise avec
laquelle ils les ont transmis. Les prix qui leur ont été
décernés pour le pas qu’ils ont fait faire à la science,
ne sont rien auprès de la considération qu’ils se sont
acquise dans l’esprit de tous ceux qui cultivent les
Sciences physiques.
C ourut , Pharm.
VARIÉTÉS.
M. B roussais réfuté par lui-même, ou lettre adressée
£ M. le docteur Broussais , professeur au Val-de-Gràce ,
^ Paris, parle docteur A . — T e l est le titre d’un vo
lume j n - 8 , ° , imprimé tout récemment à M arseille,
�( 102 )
«t sur lequel nous n’avons qu’un mot à dire , soit
parce qu’il n’est que peu ou point susceptible-d’être
analysé, soit parce qu’alors même que nous au-«
rions la prétention de rendre infailliblement à chacun
la justice qui lui est due, il nous faudrait entrer dans
des détails que le peu d’espace consacré aux articles
de nos variétés ne nous permet pas d’entamer. D’ailleurs,
nous serions dans l’obligation de compulser les ouvrage*
de M. Broussais, pour nous assurer de la validité des cita*
tionsque l’auteury apuisées, tandis que nous n’avons point
encemomentletempsd'entreprendrc unaussi long travail.
Sans doute , l ’auteur du livre que nous annonçons,
a fait des reproches fondés à Ri. le professeur an
Yal-de-Grâce , tel que celui de s’elrc élevé contre la
vénérable père de la médecine et d'autres observateurs
recommandables Mais , est-ce bien le fond de la doc
trine physiologique qu’il a voulu cou.battre ? Non. li
a voulu mettre M. Broussais en contrat!iction avec luimeme et prouver quii est fort mauvais logicien. Il recon
naît pourtant que ce professeur a produit quelques
vues judicieuses sur l'étiologie de plusieurs maladies
et que son Traité des phlegmasies chroniques est vrai
ment propre à servir à l'avancement de l'art de guérir,
Tous les écrits dent nous sommes chaque jour
inondés, méritent d’autant plus nos suffrages, qu’ils
ont pour but de faire ressortir les vices de tel ou tel
système et d’éclaircir ainsi la voie qui conduit aux
connaissances philosophiques. Considérerons-nous comme
tel le livre du docteur A. ? et alors même que l’on
se déciderait pour l’affirmative , ne serait-il pas permis
de reprocher au docteur A. d’avoir gardé l’anonyme?
L e titre de son ouvrage n’est-il point défectueux , dès
que, paraissant annoncer la réfutation de la doctrine du
docteur Broussais , il ne s’agit ensuite que de signaler
qutlques contradictions , quelques erreur* de logique?
�f To3 )
D'ailleurs, peut-on présenter sous le titre d’une lettre, ttü
dialogue d e 9.85 p. in 8.°ÎNous nous croyons dispensés de
résoudre ces questions, par cette idée que M. Broussaisna.
pas besoin de défenseur et qu’il saura lui-même saisir jusque.sau moindre motif propre à combattre son adversaire)
mais qu’on n eus permette du moins d’observer avec M. le
docteur I... Valentin , que la doctrine du professeur
hmuisaii , bien que comme toutes , elle ne soit pas
à i’ab.i de la C ’ ilique et de fortes obj. l iions , est tin
flambeau duquel jaillissent mille traits de lumière ;
c’est un beau monument élevé à la med une française,
et c’est en modérant l’enthousiasme qu’elle peut ins
pirer, en méditant et restreignant quelques dogm es,
qu’elle se perfectionnera et acquerra la solidité dont elle
est susceptible.
— L ’éditeur du journal philédotographique de Mont
pellier, journal que nous avons annoncé dans l’une de nos
précédentes livraisons, vient de faire paraître son pre
mier numéro. On peut dire qu’ü a été fidèle à ses
promesses, en réalisant toutes les espérances qu’il
donnait des avantages de son recu eil, aussi ne nous
reste-t-il à désirer que de lui voir consacrer désormais
un plus grand nombre de feuilles d’impression à cha
cun de ses numéros. Celui qui a déjà été livré au
public, offre des articles de philosophie, économie
politique , m inéralogie, icthiologie, phytologie , mé
decine , archæologie, macédoine , poésie e tc ., articles
que renferment trois feuilles seulement.
Dire beaucoup de choses en peu de m ots, c’est ,
Sans doute , rendre un grand service à ceux qui sont
avides de beaucoup apprendre en peu de temps ; tou
tefois , le vaste plan que s’est tracé M. Pieri/uin , di
recteur du journal philédotographique, semble récla
mer quelques feuilles d’impression de plu s, et elles
•ont d’ailleurs d’autant plus à désirer’ , que ce journal
�( ï<>4 )
à’annortce de manière à captiver et la bienveillance et
l’estime des savans.
— On accorde des récompenses aux ardens propa
gateurs de la vaccin e, car il faut bien encourager
ceux dont les travaux tournent au profit de l’humanité , et dans plus d’une ville de la France , on souffre
que la médecine infantile soit confiée aux soins des
commères et d’une foule de médicastres, comme si
par cela seul que les enfans ne peuvent rendre compte
de leurs souffrances, leurs maladies ne devaient pas
plus fixer l'attention des gens de l’art que celles des
adultes, etc. Ce point si essentiel de la santé publique
mérite sans contredit d’ètre signalé aux premiers ma
gistrats de M arseille, où le domaine de la médecine
infantile n’est que trop envahi par la classe la plus
inepte de la Société, ce qui plonge journellement les
familles dans l’affliction , outre que le Gouvernement
voit ainsi diminuer le nombre de ses citoyens.
— M. Montagnier, pharmacien à O rléans, a présenté
à la Société royale des sciences , belles-lettres et arts
de cette v ille , des essais analytiques du remède secret
dit remède de Leroy. 11 résulte de ces essais que le
remède contenu dans la fiole étiquetée purgatif, peut être
préparé comme il suit : prenez , infusum alcoolique de
jalap , suivant la formule ( i ) indiquée, 64 grammes.
M élasse
.......................20
Solutum aqueux de caramel,
8
Total. . .
92 g r.
qui équivalent à six cuillerées à bouche , contenant
chacune 5 décigr. ou io grains de résine de jalap.
( 1 ) Prenez : poudre de racine de jalap , 32 grammes*
A lc ool de vin , à 25 d. , i g j ,
Filtrez après huit jour» de maeéralion.
�( io 5 >
Cette préparation , dit M. Montagnier, a la couleur,’
la densité , l’odeur et le goût du remède de Leroyi
elle purge aux mêmes doses et aussi fortement.
On pourra préparer la fiole étiquetée vomi-purgatif àe
la manière suivante :
Prenez : vin blanc d’Orléans , 76 gr.
M élasse
............................ 8.
Solutum aqueux de Caram el, 8.
Tartrate de potasse antimonié ,
o.
Ifô Ci
T o t a l...................... 92 gr.
c.
Ce qui équivaut à 6 cuillerées à bouche , contenant cha
cune un grain et demi d’émétique.
Cette préparation , soumise à l’analyse du vomitifpurgatif de L ero y , donne les mêmes résultats.
— Certain plaisant annonçait, il y a quelque temps
que M. Pavot devait faire à Marseille un cours de physique théorique et pratique. Un pareil cours aura lieu ,
«11 effet , mais c’est M . Froment, docteur en médecine
à Aubagne j qui doit l’ouvrir aussitôt que MM. les
Abonnés seront en nombre suffisant, de sorte que ceuxci trouveront une bonne nourriture à chaque- séance ,
au lieu d’y éprouver les effets d’un puissant somnifère ,
et il n’est pas probable qu’ils y rencontrent des épines ,
bien que M. Buisson , pharmacien , soit chargé d’inscrire
les Abonnés , e t c ., etc. , car M . le professeur se propose
de réunir l’utile à l’agréable, à en juger par cette épi
graphe du programme de son cours : utile dulci.
— On ne peut avancer aujourd’h u i, comme on l’a si
souvent énoncé , que Marseille est dans un état de nul
lité , sous le rapport scientifique. De nouvelles produc
tions littéraires y sont presque journellement livrées à
l'impression, surtout par les m édecins, chirurgiens et
pharmaciens dont il est vrai de dire que les travaux
T. 1Y.
�( »o6 )
ne reculent pas toujours les bornes de l’art médical ,
maïs du moins sont-ils communiqués , il faut aimer à se
le persuader , dans cette louable intention , et certes ,
on doit d’abord compter pour beaucoup une telle intention,
puis exprimer franchement ce que l ’on pense non des
auteurs , mais de leurs ouvrages. M. Crouzet,
pharmacien et même ex-chirurgien militaire , vient de
publier une Dissertation sur la peste, (de 56 pages in-8.Q).
L a nature de la peste , sur laquelle tout le monde n’est
pas d’accord , prête assez à la discussion , pour que
M . C rouzet , qui a observé cette maladie en Égypte ,
s ’en occupât d’une manière spéciale. T e l paraît avoir
été son b u t, car à plus d’une page de sa brochure,
il fait sentir combien il im porte, dans l ’intérêt public,
que la nature de la peste soit enfin bien connue. Toute
fois , au lieu de s’attacher à combattre les écrivains qui
ont à ce sujet émis une opinion contraire à la sienne,
l ’auteur expose celle-ci, après s’èlre borné à passer en
revue un grand nombre de ces écrivains; de sorte qu’ileut
mieux fait de substituerai! litre de son opuscule celui plus
modeste de Recherches sur la peste. Cette idée conduit com
me naturellement à celle-ci , que de nos jours on n’abuse
que trop du mot dissertation , parce qu’on ne fait point
attention qu’il ne suffit pas d'étudier long-temps avant
de disserter , qu’il faut encore s’étayer constamment de
l'observation et de l'expérience , au moyen desquelles on
parvient infailliblement, pour peu que l’on raisonne juste,
à se faire goûter de chacun.
Nous nous plaisons à recommander la Dissertation
qui nous occupe , comme offrant de l’intérêt , quant
aux citations ; mais elle pouvait être mieux rédigée et
les propositions qu’elle renferme ne sont pas à coup-sûr
toutes soutenables. Nous nous contenterons de rapporter
la suivante : « Hippocrate , dit M. Crouzet, raconte que
f la peste ayait son principe dans l’air ; en conséquence
\
�C Ï0 7 )
ï> il fit allumer des feux dans les rues pour le détruire...
» Moi , je dis que l’air paraît peu propre a commu» niquer cette m aladie, etc. ». Ce n’est point assez de
dire ; il faut démontrer ce que l’on dit. D ’ailleurs,
n’est - il pas fort rare qu'il ait raison le médecin ou
chirurgien qui est d'un sentiment opposé à celui du
Prince de la médecine ?
— Il n’est pas ordinaire que , pour obtenir le grade de
docteur, les étudians en médecine aient quelque idée nou
velle à mettre au jour. A lo rs, tenus de produire un sujet
quelconque, ils peuvent du moins remplir leur tâche d’une
manière avantageuse, en écrivant avec méthode , et
surtout en s’étayant sur de bons principes. M ais, en
médecine, oh se voit souvent engagé à soutenir des
propositions que plus tard l’on n’oserait pas mênje avan
cer : ainsi , tels docteurs , qui ne reconnaissaient pas
de remèdes plus héroïques que l’ écorce du Pérou pour
combattre une foule de maladies , o n t , depuis les pro
grès de la médecine physiologique, gémi sur les fu
nestes eflèts <le ce précieux médicament , et n’onl pas
trouvé de termes assez expressifs pour bien préconiser
les évacuations locales sanguines. Ce sont les systèmes
en médecine, qui occasioneut des mutations, certai
nes modifications dans la matière m édicale, et il nst
évident, pour peu que l’on se donne la peine de ré
fléchir , que plusieurs dissertations inaugurales por
tent bien moins l’empreinte du génie de leurs pro
pres auteurs, que celle du génie de tel ou tel
que le sort semble de temps en temps réserver, pour
donner une nouvelle impulsion à la science.
Àu milieu du grand nombre de dissertations qui tendent
à justifier notre assertion, nous nous bornerons présente
ment à citer celle de M. le docteur Rampai, intitulée;
De h gastrite chronique , ou inflammation chronique de
l’estomac, etc. ( in-8.° de 58 pages ). L ’auteur coin-
�(
io 8 )
jnence par quelques considérations sur l'estomas
et principalement sur sa membrane muqueuse ; puis
il traite de la gastrite en général, expose les causes,
les caractères généraux de celle qui est aiguë , s’oc
cupe de la gastrite chronique, qu’il définit celle qui,
après avoir parcouru les différentes périodes d’acuité,
prend une marche lente. Les causes et les symptômes
de cette gastrite sont ensuite passés en revue , et M.
R am pai, avant d’en tracer le traitem ent, a soin de par
ler de quelques maladies qu’on peut considérer comme
des gastrites chroniques.
Ce que nous pouvons dire à la louange de M . Rampai,
c ’est que sa thèse sert à prouver qu’il est bien nourri
de la doctrine de M. Broussais, outre qu’elle est d’ailleurs
assez bonne quant à l’arrangement des matières. Nous
regrettons, pourtant, que le style ait été par fois négligé
et qu’elle renferme de légères inconséquences ; nous ne
signalerons que celle-ci : l’auteur, après avoir rappelé
( page u ) la conclusion suivante de M. Broussais :
que celui qui ne sait pas diriger Iirritabilité de l’estomac,
ne saura jamais traiter aucune maladie etc. , l’auteur ,
disons-nous, observe que cette conclusion lui paraît un
peu exclusive. Mais devait-il alors la choisir, comme il l’a
fa it, pour l'épigraphe de sa dissertation?
— M. H -L .-A . Sat a soutenu, en mars 1822, pour
être reçu docteur, une thèse qui a pour titre : De l'urétritis ou inflammation de la membrane muqueuse de
ïurltre. ( in- 4 -° de 43 pages ) , Aucune maladie n’a plus
fixé l’attention de l’observateur. M . Sat , qui , pour le
dire par anticipation , a assez bien exercé sa plume sur
ce sujet, fait sentir que ses devanciers n’exprimèrent
pas avec exactitude tout ce qui y a rapport; ainsi ,
quant aux diverses dénominations données à la maladie
dont il traite, elles lui paraissent plus ou moins vicieuses,
ce qui le porte à en proposer une sans doute fort juste,
�( io 9 )
puisque neuf ans avant lui le docteur Cheron l'a propo
sée le premier. 11 est donc vrai de dire que les idées
les plus naturelles se rencontrent quelquefois chez
des auteurs qui ne se connaissent pas , mais dont
l'intelligence est à - peu - près la même. C a r, il faut
l'avouer , si le docteur Cheron a le mérité de la prio
rité d’innovation, nous devons du moins accorder à
M. le docteur Sat, celui d’avo ir, sans le-secours d’au
trui , été porté à augmenter le vocabulaire médical du
mot urétritis. M. le docteur Sat ne saurait néammoins
échapper à une remontrance qui s’adresse d’ailleurs à
beaucoup d’autres collègues : c’est parce qu’on néglige
de lire les journaux de médecine que l’on s’expose à
n’ètre point au courant de la science , du moins autant
qu’il est nécessaire, alors qu'on a pour but de produire
une idée neuve. En effet, si M . Sat avait lu la deuxiè
me livraison de notre journal , il aurait appris à quelle
époque le docteur Cheron donna au catharre urétral,
le nom d'urétrite, et il n’aurait sans doute pas manqué
d’en faire mention dans sa thèse inaugurale, au lieu
d’y présenter comme nouvelle lu dénomination d'uré
tritis.
Mais disons un mot de l’ordre dans lequel l’auteur
a distribué les parties de son sujet : il traite j.° , de {'uré
tritis aigu simple-, a .° , de /'urétritis chronique, egale
ment simple ; 5 .° , enfin de Yurètritis syphilitique aigu
et chronique. Avant, de passer à cette division , il a soir»
d’annoncer qu’il appelle i .e urétritris aigusim ple, lorsque
la maladie ne dépend pas du virus syphilitique et
qu’elle est suivie de symtômesphlogistiques très-marqués^
douleurs vives dans le ca n a l, etc. ; i . u , urétritis chro
nique simple , lorsque la maladie n'est pas due à la
syphilis et qu’elle n’est suivie d’aucun accident inflam
matoire ; 5 .° enfin, urétritis aigu et chronique , lors
que dans l’un et l’autre cas s la maladie reconnaît pour
�Ç IXO )
cause la syphilis. Les deux premières parties sont si
bien traitées , que l ’on ne peut que regretter de voir
effleurer à peine la 5 .e qui est pourtant la plus im
portante , et celle qui aurait le plus servi à. faire
briller les connaissances de l’auteur.
■—■ Ne pensant pas qu’il y ait des maladies plus terribles
que la rage , M. le docteur P .-A .-G .-M .-F. Gillet, a cru
devoir la choisir pour le sujet de son dernier acte proba
toire. Nous nous attendions à rencontrer multa paticis
dans son opuscule, ca r.il contient à peine dix à onze
pages de m atières, {in- 4 -° Montpellier , avril 18 2 1),
tandis que l’auteur est capable, dit-on, d’écrire beaucoup et
même d’écrire bien. Nous avons été trompés dans notre at
tente; il est évident qu’en consacrant quelques lignes seule
ment à des considérations générales , au diagnostic, au pro
nostic, au traitement de la rage et .1 l’ouverture des cadavres
des individus morts de cette maladie , !\1 . Gillet s’est
proposé de remplir aussi brièvement que possible une
tâche imposée par la loi , ce qui est sans doute cause
qu’il n’a pas fait preuve de la solide instruction acquise
sous un maître recommandable par une excellente pra
tique , etc. De sorte que nécessitas tcribe.ndi devient
un motif en faveur de M. Gillet , et que ce qui peut
le justifier , c’est que s’il a fait une dissertation sur la
rage , il n’a pas eu du moins la rage de faire une dis
sertation.
—- M . Renauldin , a présenté à l'Académie royale de
médecine de P a r is , au mois de juillet dernier, une pièce
d’anatomie pathologique, consistant dans un ovaire gau
che trouvé chez une femme morte d’une fièvre céré
brale , indépendante de cette lésion. Examiné avec soin,
cet ovaire contenait un kiste dans lequel on a reconnu
une matière grasse et des cheveux implantés régulière
ment sur un tissu semblable à de la peau. {Rev.Iiléd.)
à
�— Les maladies q*:i ont régné à Marseille dans le
courant* de juillet et d’a oû t, ont été à-peu-près les
mêmes que dans les deux mois précédons. Les diar
rhées onL été les maladies les plus communes , et l’on
a observé un bon nombre d’afleclions exanthématiques.
P.-M . R o u x.
SUJETS
DE
PRIX.
P r ix proposes par la Société royale de médecine, chirurgie
et pharmacie de Toulouse.
DÉ t e r m i n ER le mode d’action de ï I o d e sur l'homme,
dans l'état de santé ou de maladie, et assigner les propriétès médicales de ses diverses préparations , tant à
l'intérieur quà l'extérieur.
Le prix sera décerné en x8 i 3 .
DÉTERMINER , d'après une bonne théorie , et surtout
d'après le résultat précis de l'expérience, les effets salutaires
d'un ou de plusieurs agens médicinaux, pris dans la classe
des poisons végétaux ou minéraux.
Le prix sera décerné en 1824.
Chaque prix est de la valeur de 5 oo francs. Les
mémoires écrits en français ou e n 'la tin , devront être
remis avant le i.*‘ mars de chaque année, à M. Ducasse
fils , Secrétaire-général de la Société.
P r ix
proposé par la Société de médecine de Louvain.
Existe-t-il dans l’état de maladie une condition ou un
mode général des forces dont la connaissance soit né*
cessaire pour fix e r les indications thérapeutiques ?
Si cette condition existe, indiquer en quoi elle consiste J
déterminer par des fa its circonstanciés les signes qui la
�Xn s )
caractérisent dans les maladies que les nosographes ont
désignées sous les noms de fièvres , pblegmasies et hémor
ragies ; présenter enfin les vues thérapeutiques qui en
découlent.
S i cette condition n’existe pas , faire connaître les
causes qui induisent en erreur les praticiens qui
prennent Tétat des forces pour base de leurs indications
curatives.
La Société désire que cette question soit traitée dans
le sens de sa devise : Experientiâ et ratinne.
L e p r ix , consistant en une médaille d‘or de 200
ducats , sera décerné en i 8 a 5 .
Les mémoires, écrits en latin , français ou hollan
dais , seront adressés, avant le 1er. mai 1825, à M.
le docteur Jacotot, Secrétaire de la Société de méde
cine de Louvain,
E X T R A I T des registres du bureau de l'E ta t-civ il de
la mairie de Marseille.
( Mois de Juillet 1S32).
N aissan ces............................................3 o 3 ,
Décès.................................................. 458 .
M a r i a g e s ........................................
65 .
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
quen insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc- , de ses membres soit titulaires , soit
correspondant , qui lui paraissent dignes dê'tre publiés,
elle n a égard qu’à fintérêt qu'ils présentent à la science
mèdieale ; mais qu elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs ,
et qui n’ont pas encore- la- sanction générale,
„
�BULLETINS
DE
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
Ob s e r v a t i o n sur deux abcès critiques, formés par
congestion , à la suite de la fièvre étique , par M .
G iraud , D .-M ., membre titulaire de la Société royale
de médecine de Marseille.
M. C * * , âgé de 5 o ans environ, d’un tempérament
biiioso sanguin, d’une constitution faible, d’un caractère
mélancolique , d’une sensibilité exquise, facilement irri
table , traînait une vie languissante depuis huit mois. Il
s'obstina à ne vouloir pas appeler un homme de l ’art,
lorsqu’il y fut forcé , parce qu’il était tombé dans un
abattement général des forces. Je fus appelé dans la
matinée du 7 du mois de mai de l ’an 1811; je trouvai le
malade avec la fièvre , fréquence vive dans le pouls ,
l’artère très-serrée, la peau sèche, suffocation extrême,
diarrhée colliquative , insomnie, inapétence , enfin tou*
les symptômes de l ’étisie universelle. Le s o ir , exa
cerbation , chaleur vive , pouls p etit, très - fréquent,
délire obscur, il ne me reconnut pas. Je décidai le»
parens à appeler une consultation qui eut lieu le len
demain; MM. les docteurs Delacour et Cauvière ont bien
voulu s’adjoindre à moi. Le résultat de la consultation
fu t, d’après l’examen de deux tumeurs presque insenT . IV .
h
�C »*4 )
sibles , l ’tffie située sur le muscle quarté des lombes et
le sacro-lombaire du côté droit ; la seconde, mais plus
insensible encore, à la partie supérieure de la cuisse
du même côté, que le malade était dans un état déses
péré, et que tout remède pharmaceutique pouvait être
nuisible ; qu’il fallait appliquer deux emplâtres fondans,
et soutenir les forces par les moyens ordinaires. L ’avis
de mes collègues fut s u iv i, le quinquina affilié au cam
phre et en émulsion fut prescrit, l ’usage du chocolat
dans le temps de la rém ission, les bons bouillons
avec quelques cuillerées de vin généreux de quatre
en quatre heu res, hors l’époque de l’exacerbation.
Cette situation pénible continuant pendant huit jours
et les symptômes ne paraissant avoir aucun amende
m ent, les forces diminuant chaque jour , je me décidai
à l'application d’un vésicatoire à la partie supérieure
et interne de la cu isse, endroit d’élection , puisque !e
malade se plaignait d'une douleur insupportable à cette
partie; mes vues étaient de former un point d'irrita
tion pour appeler et attirer l'humeur qui paraissait
vouloir s’y porter ; mon attente fut réalisée le lende
main , puisque je sentis de la fluctuation sur un point
qui présentait un demi-pouce de diamètre ; je fis appli
quer des cataplasmes composés avec la m anne, l’oseille
et l’onguent basilic ; trois jours après , la tumeur avait
augmenté d’un pouce et d em i, et je prescrivis l’appli
cation du caustique de potasse ; après trois heures,
-je lis relever l’appareil, la peau s’ouvrit et il découla
de cette ouverture environ trois livres d’un pus liquide
et très-fétide , l’écoulement avait lieu et avec une grande
abondance , lorsqu’on pressait la partie inférieure du
Jbas-ventre et paraissait sortir par l’arcade des muscles
de cette capacité. T,a quantité de matière augmentant la
faiblesse du pouls , je fis arrêter l’écoulement et intro
duire une bandelette ailée dans l’ouverture de la plaie
�( ” 5 )
pour faciliter la sortie du pus et en diminuer la quan
tité par une issue trop subite ; le lendemain on releva
l’appareil, toute la peau était recouverte de points gan
gréneux et formait une plaie de huit pouces de diamè
tre. L ’exacerbation fut moins inten se, la rémission
plus longue et la tumeur du dos entièremént dissipée ;
il n’y avait plus de doute que les deux tumeurs se
communiquaient et que la matière de la supérieure
versait à travers le tissu cellulaire des muscles du basventre et se rendait à celle de la cuisse ; je combattis
la gangrène par l’usage du quinquina et le camphre
pris intérieurement et à fortes doses et par l’applica
tion d’un mélange de quinquina en poudre, camomille
romaine et colophane , sur la plaie. Diète analeptique,
usage du bon vin. Enfin la fièvre disparut , les selles
se régularisèrent, les facultés digestives acquireut les
forces dont elles manquaient depuis long-temps , et le
malade a parfaitement guéri dons l’espace de deux
mois et demi. Telles sont les ressources de la nature
quelques fois si incompréhensibles , qu’elles trompent
souvent le praticien le plus consommé.
Ob s e r v a t i o n d ’une rupture de la matrice, par suite
des efforts de l'accouchement, par M . I mbert D.-M. ,
membre correspondant de la Société royale de médecine
de Marseille.
Barthélémy {Victoire), habitant le terroir de la com
mune du Castellet, âgée de 28 an s, d’un tempéra
ment bilioso-sanguin , d’une constitution fol le et robuste ,
ayant toujours joui d’une bonne santé, mariée depuis cincj
ans, mère de trois enfans , enceinte du quatrième , eut les
douleurs de l’enfantement, le i5 février 1818, vers les quatre
heures du matin. Elle fit appeler incontinent une sage-fem
me; celle-ci attendit patiemment que la nature délivrât
la femme , quoiqu’elle fit des efforts inouïs , qu’il se
fût présenté une hémorragie utérine. La femme ayant
�( ” 6 )
poussé des cris épouvantables pendant une heure de
temps et aucun signe n’annonçant une terminaison heu
reuse de l’accouchement, la matrone se décida , vers
les dix heures du m atin , d’appeler du secours. M .
Barthélemy , docteur en médecine , nouvellement
établi dans la commune du Castellet, fut mandé. Ar
rivé auprès de la femme en travail , il fut obligé de
s’en référer au rapport de la sage-femme, attendu que
la m alade, sa parente, ne voulut pas permettre qu’il la
visitât. M . Barthélemy jugea à propos de lui pra
tiquer une saignée de huit onces qui ne produisit
aucune diminution des douleurs, ni accélération dans le
travail.
Appelé en consultation vers les onze heures et demies
du s o ir , j ’arrivai auprès de la malade sur les minuit
et d em i, et après avoir entendu le rapport de mon
collègu e, mon premier soin fut de m’assurer de l’état
de la femme par rapport à l’accouchement. Elle était
assise sur les genoux d’une femme depuis le moment
des premières douleurs : je la fis placer immédiatement
dans une position plus commode et moins gênante.
L e bassin paraissait bien conformé quant à l’exté
rieur , la vulve était gonflée, tuméfiée , livide , dans
un état de rigidité, les grandes et petites lèvres formaient
un bourrellet saillant qui permettait à peine l’entrée de
l'indicateur et du médius dans le vagin. Après plusieurs
tentatives, je parvins pourtant jusqu’au col de la ma
trice que je trouvai retraité : je ne pus franchir l’ori
fice' utérin. Dans cet exam en, j'acquis la conviction de
l ’existence de l’hémorragie dont on m’avait parlé , et
qui avait paru immédiatement après l’évacuation des
eaux ( le matin sur les huit heures) j elle n’était pas
très-considérable à la v é rité , mais assez pour faire
soupçonner que le décollement du placenta avait eu
lie u , et que l’enfant devait être mort : l’abdomen était
�( T I7 )
tendu et élevé ; je sentis distinctement en palpant cette
partie, que les pieds et la tête du fœtus se trouvaient
presque immédiatement sous les tégumens des régions
ombilicale et épigastrique ; aucune apparence de mo
bilité n’annonçait la viabilité du fœtus , ce qui me
fit persister dans mon pronostic.
Quoique je sois peu versé dans l’art difficile des
aecouchemens , j ’avoue, sans amour-propre , qu’à cet
examen, succéda l’idée de la rupture de la matrice
et du passage du fœtus dans la cavité abdominale ; je
trouvai dans cette hypothèse l’explication de tous les
symptômes qui se présentaient ; je m’affermis dans cette
opinion; j’annonçai aux parens que le cas était mor
tel , qu’ils eussent pourtant à faire appeler un autre mé
decin , autant pour notre propre satisfaction , que pour
diminuer les regrets qu'ils pourraient avoir de ce fâcheux
évènement. Je leur désignai M. M arquis, praticien
distingué, opérateur hard i, attaché au service de la
marine au port de T o u lo n : j’avertis aussi les parenji
d’appeler au plutôt un ministre de la religion. Voici les
raisons qui me firent porter ce fâcheux pronostic ;
pouls faible et petit, respiration trè s-g ê n é e , douleurs,
abdominales intolérables, angoisses, syncopes, vomissemens continus, traits de la face décomposés et
tiraillés , pâleur de cette partie, sueurs froides, hémor
ragie utérine, perte de la voix , abattement, pressen
timent d’une fin prochaine, convulsions par intervalle,
hocquet.
Nous prescrivîmes une potion antispasmodique et
tonique. Les symptômes ayant toujours été croissons,
la malade s’éteignit vers les cinq heures du matin.
A peine le souffle de la vie eut-il abandonné les
lèvres de cette mère infortunée, que voulant nous as
surer de sauver le fœtus, (nous procédâmes à l'opé
ration eésarienne. Elle fut pratiquée sur la ligne blaa-
�(
)
che , immédiatement au-dessous du nombril. La peau,
le tissu cellulaire et les muscles divisés, laissèrent à
découvert le péritoine , sous lequel on sentait distinc
tement les pieds de l'enfant, sans éprouver la sensa
tion d’un corps médiat entre lui et la main qui
explorait. Cette membrane fut incisée avec toutes les
précautions convenables pour ne pas blesser le fœtus.
Nous prolongeâmes l ’incision de bas en haut avec
un bistouri boutonné dans une étendue assez considé
rable pour pouvoir manœuvrer avec plus d'aisance.
Le fœtus était situé de manière à ce que le dos »
les fesses , ainsi que la partie postérieure des membres
inférieurs répondaient aux parois abdominales , tandis
que la partie antérieure de l’enfant et les bras repo
saient sur les intestins grêles ; les pieds sous la région
ombilicale , la tête se prolongeant dans la région épi.
gastrique. Nous procédâmes à son extraction qui fut
suivie du cordon et du placenta; nous reconnûmes un
fœtus du sexe fém inin, à terme , bien constitué , mort
depuis douze heures au moins. La face de l’enfant
était livide et gorgée de sang; les parois du crâne
étaient enfoncées à gauche , bombées à droite , la mâ
choire intérieure luxée du côté gauche , déprimée dans
ce sens.
Le cordon ombilical avait seize pouces de longueur,
il était épais, gorgé de san g, son insertion au pla
centa avait lieu au centre ; ce gâteau spongieux était
volumineux , ayant plus d’un pouce d’épaisseur dans sa
partie moyenne ; il était tom enteux, lobuleux , ayant
une circonférence de la plus grande dimension.
Après avoir procédé à l’examen du fœtus , nous nous
assurâmes du désordre qui avait eu lieu chez la mère.
Nous trouvâmes les intestins enflammés , noirâtres
dans quelques points , l’épiploon injecté , l ’estomac af
faissé et participant de l’élat des intestins, la matrice
Hffi
il H
�( "9
)
ëtait dans sa position naturelle, placée entre la vessîé
et le rectum , soutenue par ses ligamens. Ce viscère
était rétracté , revenu sur lui-même comme après l'ac
couchement naturel ; nous observâmes à la base de
cet organe une ouverture qui l'occupait en entier, par
laquelle le fœtus s’était introduit dans la cavité abdo
minale , la partie interne de l'utérus ne nous présenta
rien de remarquable et qui fût contraire aux suites de
l’accouchement naturel , sinon que le col de ce vis
cère n’était pas d ilaté, les veines et les artères étaient
très-dilatées, les sinus utérins, produits par leur dila
tation , se trouvaient très-marqués , le tissu propre
de la matrice était très-épais et spongieux, le petit
bassin contenait une très-grande quantité de sang, suite
de l’hémorragie qui avait eu lieu par l'ouverture acci
dentelle de l’utérus, soit à Càuse du décollement du
placenta , comme aussi par les extrémités béantes des
vaisseaux utérins après la sortie du fœtus.
Ici se termina ce douloureux examen q u i , en nous
confirmant le pronostic que nous avions p o rté, vint
du moins adoucir la peine que nous ressentions de
la mort de cette femme.
SÉANCES
DE
LA
SOCIÉTÉ
PENDANT LE MOIS DE JUILLET l8 2 2 .
6 Juillet. — M. le Secrétaire donne corinaissance x.*
D’une lettre de M . le Maire , en réponse au mémoire
que la Société a adressé à ce magistrat sur divers abu»
rélatifs à l’exercice de l’art de guérir. 2.® D ’une lettre de
M. le docteur Pelletier, Secrétaire-général de la Société
royale des sciences, belles-lettres et arts d’Orléans, qui an-
�( X3 0 )
nonce l’envoi du troisième volume des Annales que publie
la savante Compagnie dont il est l’organe. (Réponse à M.
Pelletier j. 5 .° D ’une lettre de M. Rèvolat fils , méde
cin à Bordeaux , servant d’envoi à deux observations
sur une fièvre ataxique et une Jièvre quarte , guéries par
le sulfate de quinine.
L e reste de la séance est consacré aux conférences
cliniques.
l 5 Juillet. — Lecture est faite des deux observa
tions de M . Révélât fils.
O n s’occupe ensuite des conférences cliniques.
27 Juillet— M . le docteur Froment, médecin à Aubag n e , adresse à la Société un mémoire sur Yabus des
sangsues , de l’eau de gomme et autres boissons mucilagineuses. Ce travail «sra soumis à l’attention de la
Compagnie dans une de ses prochaines réunions.
On lit ensuite une lettre de M. Richard-Calve, docteur
en médecine à Vauvert (G ard ), à laquelle est jointe une
observation de pneumonie chronique, qui s’est termi
née par la suppuration, dont M. le Secrétaire fait part à
la Société.
La séance est termine'e par-la lecture du rapport de
M . Beullae fils , sur l’ouvrage de M Rochoux, portant
pour titre : Dissertation sur le typhus am aril, ou mala
die de Barcelone, improprement appelée fièvre jaune.
B E N A C , Président.
S u e , Secrétaire-Adjoint.
�(
12 1 )
P r o p o s i t i o n s g é n é r a l e s et Observations pratiques
sur le Tétanos, par J. - L. A ronssohn, chirurgien en
second du grand hôpital civil de Strasbourg.
Aiment indulgert periti.
,
P armi les nombreuses maladies qui affligent la frêle
existence de l’homme , il en est peu d’aussi redoutables
que le tétanos ; car ordinairement il cause la perte du
malade et fait le désespoir du médecin. Cette terrible
affection , en choisissant ses victimes parmi les sujets
les plus robustes et à la fleur de l’âge , semble braver
les forces de la nature , qui ici est tout-à-fait impuis
sante sans les secours de l’art. ( 11 n’existe qu’une seule
observation qui soit en opposition avec ce que j ’a*
vance ; elle est rapportée par M . Briol dans son
Histoire de l'état des progrès de la chirurgie militaire
en France, page 25 g ) . Souvent aussi par son influence
délétère , l’enfant, en naissant, n’a qu’un pas à faire
des portes de la vie à celles de la mort; ce fléau connu
depuis la plus haute antiquité , a été observé et trèsbien décrit par les médecins de tous les âges, et ce
pendant les efforts qu’on fait depuis vingt-deux siècles
pour en arrêter les ravages , n’ont été que rarement
Couronnés de succès.
Il est sans doute triste de voir l’histoire d’une ma
ladie se grossir de faits et sa thérapeutique n’ètre rien
moins que soumise à des règles fixes ; espérons que
le flambeau de l’analyse qui a fait faire des progrès
si rapides aux sciences exactes, fera trouver au mé
decin scrutateur de la nature les moyens de combattre
sûrement cette maladie. Peut-être aussi ne sommesnous pas loin de l’heureuse époque à laquelle un concours
de circonstances, ( auxquelles l’homme dans ses vues
T . IV.
la
�( T22 )
fétrécies donne le nom de h asard ), mettra un remède
spécifique entre les mains d’un empirique , qui , par
cette découverte im portante, aura prouvé la nullité
des recherches et des travaux des meilleurs médecins
depuis le père de la médecine jusqu’à iy>.s jours.
Nous devions nous attendre que la pratique militaire
qui a reçu tant d’extension .dans le quart de siècle qui
vient de s’écouler, dénouerait le nœud gordien, mais
cet oracle atissi est muet , et s’il rompt le silence , c’est
pour annoncer l’inefficacité des moyens thérapeutiques
connus ; c’est la déclaration faite par Sir James , M.
Gregor. ( Mémoire sur les maladies de l’armée d’iispagne, dans, le G.me volume des transactions médico-chi
rurgicales ) ; par M. John-IIcmen : ( Observations sur
ce que la chirurgie militaire ollie de plus important;
ouvrage traduit de l’anglais en allemand par G. Sprcngel,
octobre i8?.o); et par M. Brint : ( Mémoire couronné ) ,
qui se sont rendus les interprètes des progrès qu’a tait
la chirurgie militaire dans les deux pays où elle brille
de son plus fort éclat. Si donc il est en général vrai
que « les circonstances qui contribuent davantage à la
destruction des hommes , sont aussi celles qui font dé
couvrir et qui développent le plus de moyens propres à
leur conservation » ; il faut faire pour la maladie dont
il s’agit une exception bien fâcheuse sans doute, mais
trop vraie jusqu’à présent.
S i , d’un autre coté , je considère que l ’aveugle empi
risme , en lésant un choix irréfléchi parmi les nom
breuses méthodes’ de traitement dont chacune compte
ses partisans , a prouvé que des moyens très-différens,
des remèdes d’une vertu opposée , ont souvent offert
un égal succès ; si je considère en outre que non moins
souvent ces succès nous sont présentés par des gens
de l’art d’un mérite distingué et qui ont sur-tout celri
de savoir régler l’emploi des remèdes héroïques qu’ils
�( 15 3 )
recommandent ; si enfin je prends en considération le
résultat offert en ces derniers temps par l’inspection
des cadavres et c< lui que promet le zèle arec lequel
on cultive maintenant l'anatomie pathologique , je ne
crois pas être loin de !a vérité en offrant les proposi
tions suivantes , déduites de la masse des faits que
présente l’observation de tant de siècles , et , si j’ose te
dire , de l’expérience que j'ai été à même d’acquérir
dans un séjour de plus de dix ans dans un vaste hôpital.
I. Les plaies en général, et sur-tout celles des !par
ties aponévrotiqurs, tendineuses et nerveuse», l’irritation»
la piqûre, la déchirure et la compression des nerfs ,
les fractures , les lésions du cerveau, la présence'de
corps étrangers , la morsure d’animaux envenimés »
certains ali mens , les poisons , certaines fièvres prove_
nant d'un principe contagieux ou des miasmes tics
marais , les virus rabiéique , syphilitique'; la répercus
sion d’exanthèmes, la suppression d'une hémorragie
périodique ou d’un éèoiilcnient habitué!
les métas
tases laiteuses, l’angine hypersthéniqué, l’apoplexie,
l'hypocondrie, la présence de vers dans l e tube intes
tinal et le méconium chez Te nouveau né ; la sensibi
lité extrême dans les premiers jours de l’existence»
l’insolation, les affections vives de l’ànie , telles que
des chagrins profonds , des emportemens de colère ,
une frayeur vive , et bien d’autres circonstances qu’il
serait trop long d’énumérer i c i , sont autant de causes
prédisposantes qui , à elles seules , soit qu’elles agissent
isolément ou combinées ensemble , ne sauraient donner
lieu au véritable tétanos idiopatique , le seul dont j'en
tends parler, et qu i, dans les circonstances indiquées
ci-dessus , attend pour se développer , l’influence d’une
cause différente de ecll 's-ci , qui est la véritable cause
efficiente, unique et identique dans tous b s cas,
II, Lorsque le corps su trouve dans une des dis~
�( i2 4 )
positions indiquées ci-dessus, il fau t, pour déterminer
le tétanos , qu’une colonne d’air d’une température
inférieure à celle du milieu où se trouve le corp s,
agisse sur lui ou sur une de ses parties ; c’est ce que
je crois pouvoir avancer avec assurance ; l’observation
l’affirme. Cette influence délétère est-elle dûe à la seule
différence thermométrique , ou faut-il qu’il existe en
outre une différence hygrométrique et même endiomé*
trique ?
III. 1 faction de la cause efficiente dans les circons
tances données, paraît se porter sur les ganglions ner
veux et sur la moelle épinière. Mais ces centres nerveux
sont-ils immédiatement atteints ou ne reçoivent-ils l’im
pulsion morbifique que par l’entremise des cordons qui
en partent ou qui s’y rendent ? Dans l ’état actuel de
la science , la question ne saurait être décidée d’une
manière positive ; il me semble toutefois que les extré
mités périfériques des nerfs sont primitivement ou
immédiatement affectées, que les cordons nerveux servent
de conducteurs à cette sensation , la transmettent aux
centres nerveux; qu’ici seulement l’acte morbide se
consomme ; que l’effet qui en résulte , agit dans une
direction rétrogradé ou inverse à celle de la cause,
qu’alors les symptômes qui constituent la maladie se
m anifestent, et qu’enfln la réaction et l’action média
trice agissent de nouveau vers les centres nerveux d’oq
émane tout le désordre établi dans l’organisme.
IV . Si l’action de la cause efficiente a été très-in
tense, le tétanos se manifeste subitement avec violence
et devient bientôt mortel. Le sujet est-il dans un état
de débilité, la mort a lieu avec tous les signes qui
dénotent la paralysie des organes de la respiration
et du coeur, si au contraire le sujet est d’une consti
tution forte et pléthorique, la vie se termine en offrant
les symptômes d’une apoplexie sthénique de la moelle
�( 12 5 )
épinière. ( Frrnel, JÀautaud , Eilsinger, Morgagni ,
M. le professeur Lobstein eL M le docteur lieisseisen, ont
rencontré celte espèce d’épanchement sur plusieurs nou
veau-nés morts tétaniques ). Souvent aussi on n'a dé
couvert à l’inspection du cadavre aucune trace de la
maladie • serait-ce qu’alors l’autopsie aura été impar
faite , ou que les ganglions et la moelle épinière sont ,
dans ce cas , subitement privés de leurs propriétés vi
tales sans changement de structure, comme cela a lieu
pour le rerveau , dans le cas d’empoisonnement par
une substance narcotique , par l’acide hydro-cianique,
par exemple : il n’appartient qu’à l’observaliun de lever
ce doute ; serait-il réservé à l’anatomie pathologique
de nous faire apercevoir des altérations dans le sys
tème nerveux jusqu’à présent inapréciables à nos sens l
Dans le second ca s, c’est-à-dire, lorsque la mort a
subitement enlevé un sujet robuste , on trouve , à l’exa
men anatomique, les vaisseaux des membranes qui
servent d’enveloppes à la moelle épinière , gorgés de
sang, les vaisseaux propres à la moelle dans le même
état, les membranes plus ou moins enflammées, de la
sérosité , du fluide visqueux , purulent ou de la lymphe
congélée répandus en plus ou moins grande quantité
enti elles ; on trouve aussi les ganglions semi-lunaires
évidemment atteints d’inflammation : D dl-arm i, Zulattus,
H a ll, Dickson , Pâtissier. ( V oyez mon observation B
qui , jusqu’à 'présent , est la seule où cette dernière
altération sc trouve indiquée ). Si le cerveau ou d’autres
organes sont altérés dans leur structure , ce n’est que
secondairement ou par suite d’ une cause étrangère ;
l’espèce de tétanos idiopathique dont il s’agit n’y porte
peut-être jamais directement atteinte ; les observations
qui sembleraient prouver le contraire ne sont pas assez
complètes et trop disparates pour servir de base à
une opinion opposée à celle que l’on cherche à établir.
�(
126 )
Y . L'action de la cause efficiente a été moins intense
et la constitution du sujet est-elle à même de résister
à ce ch o c, il s’établit dans l’organisme une réaction
que l’art doit mettre à profit pour venir au secours de
la nature, qui , abandonnée à ses propres efforts ,
succomberait infailliblement ; alors le développement
de la maladie a lieu d’une manière progressive.
Y I. Le premier symptôme qui puisse être considéré
comme un signe précurseur, et qu’on rencontre chez
beaucoup de m alades, est une sensation douloureuse
avec tiraillement et tension à la région lombaire (Ste,le).
S ’il y a une plaie à un membre , celte sensation peu
douloureuse à la vérité, est accompagnée d’engourdisse
ment et occupe cette partie du corps (Sauter). Tous les
observateurs ont senti l'importance de reconnaître la
maladie dès son début , afin d’étouffer pour ainsi dire
dans'sa naissance un mal si promptement m ortel; ils
ont en conséquence cherché à déterminer les prodiôtriès , et ont indiqué comme tels de fréquens baillemens ,
des pandiculations, la cardialgie , des douleurs dans
l ’abdomen , aux lombes , à la tète ou dans les
membres , syncopes fréquentes , de la gène dans les
mouvemens, une certaine roideur des muscles , le trem
blement des extrémités , leur engourdissement, la pa^
rôle embarrassée, etc. etc. ( Truka de K azaw ilz )*
Quoique ces signes soient loin d’offrir le degré de ceititude qu’on en attend , ils 11e sont cependant pas
à dédaigner chez tout malade qui se trouve dans les
dispositions favorables au développement du tétanos,
( Venitnti occurite morbo ).
Y I I . L ’effet peut suivre de si près la cause , que
l’influence délétère se manifeste au bout de quelques
heures par des signes auxquels on ne saurait mécon
naître que la maladie est déclarée; alors il n’y a point
de prodromes ou au moiqs ne sont-ils pas appréciables,
lie':*•
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�C I27 )
La maladie débute ordinairement par mettre de la
gène dans l’action des muscles de la nuque, du pharynx
et du larynx ; de là , mouvemens de la tète difficiles et
même douloureux , altération de la voix , difficulté
dans la déglutition J puis ces muscles se contractent ,
sans que la volonté y prenne part , les traits du visage
s’altèrent, et enfin le système musculaire se trouve en
partie ou en totalité dans un état douloureux de contrac
tion plus ou moins soutenu , qui ne cesse souvent par
tiellement que pour donner lieu à de nouveaux accès,
lesquels se succèdent avec plus ou moins de rapidité ;
ces contractions soutenues, ont reçu des dénomina
tions qui diffèrent en raison des parties du corps Qu’elles
occupent. (T rism us, Plémosthotonos , Emprosihotonos ,
Opisthotonos, tétanos général, qui sont autant de symp
tômes de la même maladie ). L ’état du pouls et celui
de la peau n’offrent rien de constant ; si la fièvre sur
vient , elle n’observe pas un type régulier , mais il
existe constamment un sentiment de constriction trispénible à la région précordiale , une constipation opi
niâtre ; avec cela les fonctions intellectuelles jouissent
de toute leur intégrité , si ce n’est dans le dernier pé
riode , lorsque par des secousses réitérées et violentes ,
lts fonctions cérébrales prennent part au trouble général j
parfois il survient différentes phlegmasies muqueuses.
VIH. Les phénomènes de la maladie dont je n’ai fait
que tracer l’esquisse ( IV , V I , VII ) éprouvent des mo
difications qui diffèrent en raison complexe du degré
d’activité de la cause efficiente de l’état anamnestique
du malade, et de l ’influence météorologique.
IX. Ces modifications ne se bornent pas à un seul
symptôme , mais s’étendent à tout l’ensemble de ce qui
constitue la maladie , impriment à celle-ci un caractère
particulier qui me semble très-propre pour en établir
autant d’espèces ; cette distinction des espèces, d’après
�(
12 8 )
la forme générale que présente l’affection, a l’avantage
de servir de base aux moyens thérapeutiques.
X . L ’observation nous autorise d’admettre quatre
formes principales de tétanos qui sont autant d’espèces
distinctes dans lesquelles peuvent se classer tous les
faits connus. La première espèce de tétanos idiopatique
sera : le tétanos sthénique ; la seconde espèce , le tétanos
asthénique ; la troisième espèce, le tétanos névrosthénique,
et la quatrième espèce, le tétanos foudroyant, En pro
posant cette classification , je n’ai pas la ridicule in
tention d’innover ; je la donne , parce qu’elle me semble
naturelle , parce qu’elle est basée sur l’observation des
faits , parce qu’elle est fertile en rapprochemens utiles,
et parce qu’enfin, dans l’état actuel de nos connaissances,
elle nous fournit les données les plus certaines pour le
traitement. Quant aux dénominations dont je me suis
servi, je les ai adoptées parce qu’elles sont usitées dans
le langage médical , parce que leur sens est déterminé t
et parce qu’enfin , d’après leurs acceptions reçues , elles
expriment bien mon idée. Comme le mot névresthénique
n’a pas été accueilli par les auteurs du dictionnaire de
médecine, même les plus modernes , je dois prévenir que
je le prends dans le sens du célèbre Giannini, son
inventeur.
' X I. La durée de la maladie offre des différences qui
sont assez en rapport avec sa forme , et qui peuvent être
déterminées d’après les espèces ; c’èst ainsi que la qua
trième espèce, se terminant souvent en moins de vingtquatre heures , atteint plus promptement son terme ;
la première marche avec plus de lenteur que la qua
trième ; mais elle a un cours plus rapide que les deux
autres. La troisième a moins de durée que la deuxième
qui , de toutes, est celle qui a le plus de tendance à la
chronicité; toutes choses égales d’ailleurs,la terminaison
sera d’autant plus aceélërée, que la maladie aura acquis
�( I2 9 )
un degré d’intensité proportionnément plus élevé.
XII. On n’observe point de crise constante dans le
tétanos , une transpiration abondante coïncide parfois
avec la diminution des symptômes les plus graves j
c’est ce qui a lieu surtout dans la première espèce ;
mais d’autres fois, et cela arrive dans la troisième et
la quatrième espèce , les sueurs s’établissent dès le
commencement de la maladie et sont moins bienfaisantes.
Le plus souvent cette affection se termine par l’ysis et
la solution n’est marquée que par la despansion succes
sive des phénomènes morbides.
XIII. D e même qu’il n’y a point de jours fixes aux
quels il s’opère une crise salutaire , de même la termi
naison par la mort, n’arrive pas à certains jours pour
ne plus être à redouter après leur expiration ; les
prédictions à cet égard qui se trouvent dans les traités
hippocratiques, n’ont pas été sanctionnées par l’ex
périence des siècles postérieurs.
X IV . Je ne sais si je m’abuse , mais je crois qu’une
des principales données d’après lesquelles doit être cal
culé le degré de certitude en m édecine, est la plus
ou moins grande possibilité de classer les maladies dites
internes d’après leur léthalité et d’établir cette distinc
tion entre les espèces connues ; on est en état de la faire
pour les plaies. Quant au tétanos , je crois pouvoir
avancpr que la quatrième espèce est mortelle sans res
source ( absoluta lethalis ) et que les autres le sont
toujours par elles-mêmes ( lethalis per re) c’est-à-dire,
qu’elles ne sont guérissables que par les seuls secours
de l ’art.
X V . Le tétanos occupe une place non méritée dans la
classe des névroses. Il me semble que l’observation des
faits nous ' autoriserait à créer dans la-nosologie de
Cullin un troisième sous-ordre de fièvre qui, reposant sjjr
T . IV.
i5
�( i3o)
la cause efficiente et sur les phénomènes généraux de
l ’affection , comprendrait le tétanos , ainsi que les affec
tions calharrales et rhumatismales. Il me semble aussi
que dans une distribution méthodique des maladies , qui
aurait pour base l’anatomie pathologique , il serait essen
tiel d’établir dans la classe des phlegmasies un nouvel
ordre qui comprendrait les phlegmasies nerveuses ; le
tétanos ne d ev ra it-il pas y figurer alors comme un
genre distinct?
X V I L ’emploi des moyens thérapeutiques doit être
dirigé de la manière suivante : il fa u t, le plus promp
tement possible , satisfaire aux indications générales que
présente chacune des espèces guérissables , c’est ainsi
que dans la première espèce , il faudra de suite saigner
copieusement; dans la deuxième espèce, employer les
bains excitans et les stimulans à l’intérieur, etc. ; dans
la troisième espèce, appliquer des sangsues ou des
ventouses scarifiées s’il y a des congestions locales ;
placer le malade dans un bain d’eau tiède et l’y laisser
pendant plusieurs heures , si l’irritation nerveuse est
forte : dois-je aussi dire qu’il ne faut pas tarder à dé
barrasser les premières voies s’il y a turgescence ? Puis il
faut se hâter de mettre en usage les remèdes héroïques
dont l’action sur l’économie animale est bien connue et
avec lesquels on est à même de changer en peu de temps
( ceci est en rapport avec le degré d’intensité ) toute
la constitution de l’individu , ou de lui imprimer des
secousses réitérées qui doivent avoir le même résultat.
Cette médication s’effectue par des moyens qui diffèrent
selon les espèces. Dans la première espèce, le mercure
doux, les bains et les applications froides ; dans la se
conde, l’opium , les vins forts , les douches d’eau froide,
le cautère actuel, les bains d’eau tiède avec de la potasse
caustique; dans la troisième , le musc , le camphre, le
carbonate de potasse, le yin uni à l’opium , l’emploi
�( 13 1 )
simultané ou alternatif de mercure doux et d’opium, et
d’autres excitans , le bain tiède les affusions froides.
X V II. De ce qui précède , je crois pouvoir déduire
les conséquences suivantes: i.° Que le tétanos consiste
dans une affection générale et sui generis de l’orga
nisme , produite par une cause déterminée unique et
identique dans tous les cas. Que le froid est la seule
cause efficiente. 5 .° Que l’action de cette cause ne
produit les phénomènes morbides qui constituent la
maladie que lorsque le corps se trouve sous l’influence
de certaines causes prédisposantes. 4 -° Q ue celles-ci
concourent le plus à déterminer la forme de la maladie
et à lui imprimer son cours. 5 .° Que les forces de la
nature livrées à elles-mêmes sont insuffisantes pour
amener la guérison , parce que l’action morbide qui
constitue l’essence de la maladie n’excite point dans les
différens systèmes , une réaction qui puisse ramener
l'équilibre entr’eux. 6.° Qus dans l’état actuel de nos
connaissances , le traitement doit être dirigé d’après la
forme et la marche de la maladie. 7 .0 Qu’en même temps
qu'on agit d’après les règles générales de la théiapeutique , on doit, dans tous les cas, produire une métasincrise à l’instar des anciens méthodistes. 8.° Qu’on
peut concevoir une action antagoniste à celle produite
par la cause morbifique , qui soit à même, en agissant
d’une manière spécifique sur l’organisme-, de contre
balancer et enfin de détruire l’effet de celte cause, g.0 Que
cette action salutaire et spécifique dépend autant de la
manière dont ce moyen qui doit la produire est employé,
que de ses qualités intrinsèques. 10.0 Qu’enfin s’il ne
répugne pas à la raison d’admettre comme vraies les
conséquences précédentes , si elles sont conformes aux
lois fondamentales de la philosophie universelle , si éga
lement elles ne sont pas en contradiction avec ce qu’il
y a de plus positif dans nos connaissances en médecine»
�( '3 2 )
on peut prévoir l’heureuse époque à laquelle le tétano*
cessera de causer une si grande mortalité.
O b s e r v a t i o n A. — Agathe Mercier, âgée de qua
rante-deux ans , d’une forte constitution , entra le soir
du %i mars 1820 a l’hôpital, pour y être traitée d’une frac
ture des os de l’avant-bras gauche, près de leur extré
mité carpienne ; elle était compliquée d’un gonflement
inflammatoire très-douloureux qui occupait tout l’avantbras de même que la m ain; le déplacement paraissait
conséquent, celte fracture provenait d’une chute qu’elle
avait faite la veille , en bas d’ un escalier. Elle fut placée
dans un lit et l’avant-bras , ainsi que la m ain, furent
couverts d’un cataplasme émollient. Ce topique, aidé du
repos et de la diète, avait déjà apporté une amélioration
sensible , lorsque le z 5 à 5 heures du soir , immédia
tement après le pansement, il survint subitement un
spasme dans tout le bras droit qui rendit impossible le
moindre mouvement. Il était dans une extension soutenue^
les doigts même ne purent être fléchis; ils se tenaient
rapprochés de manière que le pouce touchait le doigt
auriculaire. Les douleurs bien plus fortes dans ce
membre que dans le fracturé, augmentèrent tellement
en peu de minutes , que cette malheureuse jetait les
hauts cris et offrait une profonde altération des traits
du visage. Je fis faire aussitôt une saignée de 12 à 14
onces au bras droit ; au fur et à mesure que le sang s’é
chappait de la veine , les douleurs et le spasme perdirent
de leur violence et enfin disparurent pour ne plus revenir.
Cette femme était toute étonnée de se voir comme par
enchantement délivrée d’un mal dont elle croyait mourir.
Ce cas n’offre à la vérité qu’une preuve négative de ce
que j’ai dit sur l’étiologie du tétanos , mais il vient
merveilleusement à l’appui de notre opinion ; en eiîet
n’est-il pas probable que la plaie interne qui a donné
beu à un spasme si violent du bras du côté opposé,
�( i33)
aurait produit le tétanos, si l'action du froid n'était pa»
indispensable à son développement? Je ne crois p a s,
avec certains auteurs (Nosog. philos. Éd. 5. T . III. p. 181)
que cette extension involontaire et douloureuse constitua
un tétanos du bras droit, un seul symptôme ne suf
fisant pas pour établir l’existence d’une maladie. Je re
marquerai encore que le transport de l’effet au côté op
posé à celui où siège la cause , sans affecter directement
le reste du système nerveux, ne saurait être expliqué
que par la manière dont M. Gall envisage la structure
de la moelle épinière.
O b s e r v a t i o n B .— Tétanos foudroyant. — Nicolas
Henry , âgé de 46 a n s, d’une taille très-élevée, d’une
constitution robuste , sans beaucoup d’embonpoint ,
vint à l’hôpital en 1817 , pour se faire enlever une
tumeur grosse comme deux poings , qui était fixée
sur la colonne vertébrale vers le milieu de la région
dorsale , elle était mobile dans tous les sens et n’était
fortement adhérente qu’à la partie des tégumens qui
en recouvrait le cen tre, sa consistance était ferme.
Après son ablation la plaie guérit en peu de temps.
A l’examen anatomique la tumeur offrit une struc
ture en partie stéatomateuse , et en partie fibro-cartilagineuse. Le malade s’était opposé à ce qu’on com
prit dans l’opération une autre tumeur grosse comme
une noix qui se trouvait à deux travers de doigts au
dessus de la première. L e 2.6 octobre 1819, il revint
à l’hôpital promettant de se soumettre à tout pour
être délivré au plutôt de cette tumeur , qui mainte
nant lui causait d’autant plus de gêne qu’elle avait
acquis le volume d’un gros poing et que les tégu
mens qui la recouvraient étaient enflammés et ulcérés 5
il jouissait du reste d’une bonne santé ; mais comme
il y avait, quelques signes de turgescence des premières
voies, il fut d’abord purgé. Le 2 7 , au mutin , environ
�( 154 )
une heure après avoir pris la potion purgative, il sc
plaignit, les larmes aux je u x , d'un sentiment de stran
gulation insupportable ; pensant que c’était l'effet du
bandage dont la poitrine était entourée, il sollicita
que ce dernier fut relâché , mais il n’en résultat
qu'un soulagement momentané ; alors ce sentiment fut
regardé comme provenant sympathiquement de la répu
gnance avec laquelle le malade avait piis la potion purga
tive. Cependant la strangulation revint sur le soir
par accès et fut accompagnée de légère dyspnée ; il
avait beaucoup transpiré dans la journée , et avait eu
huit selles. Il est à remarquer qu’il allait aux latrines
Couvert de su eu r, ce qu’il fit aussi dans la nuit du
27 au 2 8 ,ne prenant pour tout vêlement qu’une capote.
Le 2 8 .a u matin, il y a trismus , roideur des muscles
de la nuque et de la paroi antérieure de l’abdomen
qui est aplati et très-tendu ; sentiment de constriction très-fort à la poitrine , pouls plein et accéléré ,
présage sinistre ; l’ulcération n’offre aucun changement.
( L e pansement avec du cérat simple est continué ;
forte saignée au bras toutes les h eu res, une poudre
contenant deux grains de muriale de mercure doux , et
cinq grains de carbonate de magnésie; des (leurs de sureau
infusées pour boisson , et en fumigation à la tête ).
A 7 heures du soir, accès réitérés d’opistétanos avec
râle et sueurs copieuses, pouls p etit, inégal à 100,
gémissemens , désespoir ; ne peut conserver de position
fixe durant quelques minutes, dyspnée et constriction
épigastrique presque continuelle ( suspension du mer
cure, six gouttes de teinture d’opium toutes les demi-heu
res, lavement ). A dix h eures, ii se plaint moins de dou
leurs , il n’y a plus de désespoir, il peut conserver
tranquillement la même position , moiteur de la peau;
pouls à 120; une selle. ( continuation de la teinture
d’opium. ) Cet état de calme trompeur se soutient
�C 135 )
jusqu'au lendemain matin à 4 heures et dem ies, il
demande à être soulevé, le râle survient et il expire.
Dans l’agonie, qui n’a duré que quelques minutes, les
mâchoires s’écartèrent largement ; ce lut envain qu’on
essaya de les rapprocher.
Autopsie cadavérique. État inflammatoire bien pro
noncé des ganglions s. milunaires ; sérosité assez co
pieuse entre la moelle spinale et sa gaine membra
neuse ; engorgement considérable de ses vaisseaux
sanguins. L ’examen le plus exact ne peut faire décou
vrir d’autre lésion.
O b s e r v a t i o n C . — Tétanos sténique■ — Joséphine
Tuschmann , fdle âgée de 21 ans, de moyenne sta
ture , d’une constitution robuste, et d’ un tempérament
sanguin, servante à l ’hôpital, avait toujours joui d’une
brillante santé jusqu’au z 5 décembre 1817 ; dans la
nuit du z 5 au 26 , un rayon chargé de vaisselle lui
tomba sur la tête de plusieurs pieds de haut. L ’atteinte
fut si violente qu’elle en fut terrassée et resta sans
connaissance pendant deux heures. Lorsqu’elle eût re
couvré ses sens , elle fût prise d’une forte céphalalgie.
A l’extérieur de la tète, il n’y avait d’autre lésion
qu’ une écorchure peu considérable occasionée par le
peigne qui s’était brisé ; cette plaie superficielle fut
guérie au bout de 5 à 6 jours ; mais elle se plaignait
toujours de vertiges et avait journellement jusqu’au
4 janvier 1818, un épistaxis .plus ou moins fort;
alors les douleurs de tête augmentèrent et se fixèrent
principalement à l’endroit où la suture sagittale se
réunit à la coronale , elle y éprouvait continuellement
une sensation pénible qui s'exaspérait par le toucher,
cependant aucune lésion locale n’était visible.
Le 9 jan vier, il y a céphalalgie interne, douleur à
l’épaule droite , sentiment d’oppression à l’épigastre ,
anorexie, coliques. ( décoction de tamarins pour bois-
�( i36 )
s o n , pédiluve sinapisé. ) Ces symptômes se main
tiennent plus ou moins jusqu’au 1 2 , jour auquel il
survient des congestions vers le cerveau avec cépha
lalgie très-forte ; douleur â l’épigastre, trismus , pouls
plein et dur ; ( forte saignée du bras ; toutes les
deux heures 2 grains de muriate de mercure doux , et 5
grains de carbonate de magnésie, boisson émolliente.) Le
soir il y a de plus douleurs à la nuque et à la gorge,
déglutition difficile. ( Bain tiède avec une once de pierre
caustique ; vésicatoire aux mollets ; friction d’ un gros
d’onguent mercuriel double à la région épigastrique ):
L e i 3 insomnie; les mâchoires sont si rapprochées
qu’on ne peut que difficilement introduire quelque chose
dans la bouche , mouvemens spasmodiques des membres;
du reste comme hier. ( Toutes les heures alternativement
une poudre de 2 grains de calomel et 5 gr. de carb. de
magnésie , et une friction d’un demi-gros de l’onguent mer
curiel qui se fait chaque fois sur une autre partie du corps).
Le soir céphalalgie moindre ; dans la nuit les mâchoires
s’écartent un peu mieux. Insomnie.
Le 14 au matin , la salivation s’établit, écartement assez
considérable des mâchoires 5 borborigmes , la douleur
à l’épigastre persiste ; céphalalgie nulle. ( Continuation
des poudres de calomel et des frictions mercurielles ).
Trois selles dans la matinée, à midi il y a agitation géné
rale , légères contractions tétaniques des membres; ten
dance au délire ; pouls fréquent et plein, chaleur de la peau
augmentée ; à une heure le calme ren aît, une transpira
tion copieuse s’établit , toutes les douleurs ont disparu ;
la malade demande à manger quelque mêt de saveur
aigre. Elle a deux,selles dans l’après-m idi; le soir il
survient encore une transpiration ; la salivation est
assez abondante ; visage décoloré ; pouls lent et mou ,
sommeil. ( L ’usage des mercuriaux est discontinué à dix
heures du s o ir ).
�C IÎ7 )
Le i 5 , les mâchoires se séparent bien ; forte sali
vation , appétit nul ( bouillon , th é , infusion vineuse
de sauge pour gargarisme ).
Le 16 , purgation ( de 2 onces de manne et 2 gros
de follicules de séné ) qui produit huit selles.
Les désagrémens d’une forte salivation diminuant
avec celle-ci, au bout de quelques jours l’appétit revint,
et la malade ne se plaignait plus que du sentiment
douloureux qu’elle éprouvait continuellement au sincîput.
Dans l’espace de 62 heures (d u 1 2 , à huit heures
du matin, au 14 , à dix heures du soir ) un gros deux
grains de muriate de mercure , et deux gros et demi,
rinq grains de carbonate de magnésie furent pris à
l’intérieur, et une once deux gros et demi d’onguent
mercuriel double furent consummés en friction.
O B S E T lV A T I O R D . ( i ) — T é t a n o s a s t h é n iq u e . — L e 26
novembre 18 1 5 , je fus appelé ( c’est le docteur R é a d
qui parle ) près d’un paysan espagnol qui avait reçu
une forte contusion au talon droit. Un chirurgien
espagnol lui avait donné ses soins pendant 2.5 jours:
la plaie était presque entièrement couverte de bour
geons charnus ; mais l’état général de la santé était
mauvais ; il se plaignait de fortes douleurs dans les
jambes , dans les cuisses et dans l’abdomen ; il y avait
roideur des muscles de la nuque , la déglutition était
difficile , on ne fit prendre au malade qu’un bain tiède ,
ne pouvant pour ce jour se procurer d’autre remède.
Le 27 , à 1 r heures , les mêmes symptômes subsis
tent , et sont plus intenses ; spasmes généraux , mâ-
(1) Cette observation est tirée d’ une lettre adressée «V
docteur T r a iin to n , par le médecin anglais T- R é a d , sous
la date du 2 janvier 1814
à bord du bâtiment royal le
Siram bolo snr V E h r t .( M é d i c a l a n d p h y s i c q l j o u r n a l ; L o n d o n ,
1817. Vol. 37 . p. 371).
T . IV .
r
14
�*
(
1 58 )
choires très-rapprochées , pouls à 93 et très-faible. Ja
profitai d’un moment de calme pour lui faire prendre
un bol contenant 14 grains d’extrait d’opium et 10 gr.
de camphre ; j’ordonnai ensuite de lui donner toute*
les heures deux pilules dont chacune contenait 6 gr,
d’extrait d’opium pur. — Le 28 , ne pouvant aller voir
le «malade , le même traitement est continué.— Le 29,
à midi , il prenait les deux dernières pilules restant
d ’une once d’extrait d’opium. J’apprends que depuis
les 5 heures du soir du 28 , les accès spasmodiques
n’étaient plus revenus ; qu’il avait dormi pendant 6
heures ; le pouls est à 8a , mou et plein ; la plaie a
un moins bon aspect, elle est pansée avec l’onguent
de résine jaune. Le malade prend un scrupule de ca
lomel et xo g r.d e racine de jalap, puis continue toutes
les deux heures les mêmes pilules d’opium.— Le 3o,
deux selles fétides et d’une couleur foncée. Depuis
h i e r , il n’y eut que trois accès beaucoup plus faibles
que les précédens. Il prend 10 gr. d’opium par heure.
— Le i . er décembre , amélioration , point de spasmes.
L e malade est mis à une diète analeptique , et prend
toutes les heures une pilule de cinq gr. d’opium. —
L e 2 , point de douleurs ni de spasmes , appétit, la
plaie se cicatrise. — L e 3 , le malade se lève ; il se
plaint de lassitude ; la plaie est presque guérie. — Le
4 , constipation et insomnie. Il prend une once et demie
d ’huile de r ic in , et sur le soir 10 gr. d’opium. — Le
5 , bonne nuit, ventre libre. Il prend toutes les 3 heures
»n scrupule d’écorce du Pérou dans trois onces de vin
rouge. Je continuai ainsi jusqu’au 27 décembre , jour
auquel la guérison était si complète , qu’il put entre
prendre, à pied , un voyage d’environ cent milles an
g la ises.— Dans ce ca s, une once d’opium fut prise
dans les 4b premières heures ; le 5 .mB jour , deux gros;
le 4 -m e> uaû dem i-once; le 5 .me, 2 gros; eu tout,
�( i 39 )
2 onces en cinq fois 24 heures. Il est à remarquer
que les 2 onces de trois poids anglais équivalent à
2 onces gr. 18, 4Q poids de marc.
O b s e r v a t i o n E .— Tétanos névrosthiniqug. — Rose
Adam , âgée de quinze ans , d’une taille (.levée et
d’une constitution débile , eut , le 14 mars 18 17,» cinq
heures du soir , la main droite prise dans une ma
chine à filer du coton , garnie de crochets. Immédiate
ment après l’accident, elle vint à l’hôpital. La peau et
les muscles d’une partie de la face palmaire de la
main et des doigts indicateur , médius et annulaire
étaient très-dilacérés ; les teudons qui s’attachent aux
deux premiers de ces doigts se trouvaient à découvert,
et l'os de la première phalange de l’indicateur dénudé.
Il y avait forte hémorragie , sans que l’on put décou
vrir le jet d’une artère propre à être liée. ( La plaie
bien lavée, est tamponée , et toute la main fomentée avec
du vin aromatique. — Le i 5 , la malade se trouva assez
bien jusqu’au s o ir , alors douleurs très-fortes dans le
membre m alade, fièvre ; pouls plein et accéléré, (sa i
gnée de 8 onces , boisson rafraîchissante). — Le iq ,
les symptômes qui avaient diminué d’intensité ont
disparu : ( levée du premier appareil ) la suppuration
se trouve établie; la malade q u i, jusqu’à présent,
•n’avait pris pour boisson que de la limonade , et pour
alimens , du bouillon et des prunaux , demande une
nourriture plus substantielle , qui lui est accordée. Les
petits lambeaux frappés de gangrène se détachent ; la
plaie fournit un pus louable et prend un bon aspect:
excepté la gêne et les douleurs causées par la plaie ,
la maladp ne porte aucune plainte jusqu’au -.cr avril.
Au soupei- , on s’aperçoit que la déglutition est difficile
et qu’il y a -de la roideur dans l ’articulation de la mâ
choire ; la malade dit avoir déjà éprouve la même
chose le jour précédent ( il est à remarquer que cette
�( r4 o )
malade dont le lit est posé près du fourneau, était allée
aux latrines ce jour-là tandis qu’il faisait un temps froid
et humide ) sans en avoir fait part à quelqu’un. On ap
plique de suite sur la main malade un cataplasme émol
lient , humecté avec du laudanum liquide ; ce topique,
dont on entoure aussi la mâchoire inférieure, est souvent
renouvelé. Elle prend toutes les heures alternativement
un grain de muriate de mercure doux et un demi-grain
d’extrait d’opium : décoction de guimauve pour boisson
ordinaire. — Le 2, à la visite du matin, le rapprochement
des mâchoires se trouve plus considérable ; pouls serré,
douleur dans le bras malade ; tiraillement dans les mus
cles du jarret, oppression de poitrine; la plaie n’offre
aucun changement. (Bain tiède avec demi-once de potasse
caustique : elle y reste une heure , en sortant on l’enve
loppe de couvertures de laine bien chauffées ; la surface
cutanée est d’abord rouge, puis il s’établit une abon
dante transpiration. Friction sur le bras malade avec un
gros d’onguent mercuriel double, les remèdes internes de
la veille sont continués de même que les applications lo
cales. ) Le soir meme état (calomel, opium eL friction mer
curielle comme le matin.) — Le 5 , la douleur dans le bras
a disparu ; les mâchoires sont moins serrées , le pouls
est plus développé. (B ain avec 6 gros de potasse caus
tique, même traitement qu’hier.) Le 4 >les symptômes de
narcotisme s’établissent, somnolence continuelle. Le tirail
lement dans les jambes a disparu ( traitement interne et
externe comme la veille ). Le 5 , salivation, point de nar
cotisme , constipation. Des bourgeons charnus commen
cent à couvrir les tendons dénudés ; ( les mercuriaux
sont suspendus, bain alcalin, clistère ; cinq gouttes
de laudanum de deux en deux heures ). Le 6 , point
de changement. L e 7 , la salivation augm ente, la
langue s’ulcère , même traitement et gargarisme avec
du borax et du miel rosat. Du 8 au j 5 , il y a de légers
�( *4* )
changemens en mieux. ( Le même traitement e3t con
tinué ; chaque dose de laudanum est journellement aug
mentée d’une goutte, en sorte que le i 5 elle prend toutes
les deux heures i 3 gouttes). Le 16, amélioration sensible;
légère salivation ; les mâchoires se séparent mieux ; la
plaie conserve un bel aspect. Les tendons qui étaient
dénudés sont tout-à-fait couverts de bourgeons charnus,
de même que l'os de la phalange de l’indicateur. (Chaque
jour la dose de laudanum est diminuée d’une goutte).
Jusqu’au 20', il n’y a point de changement dans le trai
tement. Lin lavement laxatif a remédié à la constipation
qui est survenue. Le 22, la bouche s’ouvre Lien et la
malade qui jusqu’à présent n’a pu prendre que dubouillon
et du lait , demande du pain. ( Diète moins sévère ; les
bains sont discontinues. Les doses du laudanum sont
toujours diminuées d’une goutte jusqu’au 28 , jour au
quel elle prend de la manne pour mettre fin à la consti
pation contre laquelle on avait souvent été dans le cas
d’administrer des clistères laxatifs. Le 29, elle entre en
convalescence , a bon appétit ; la plaie marche vers sa
cicatrisation ; peu de temps après cette fille sortit de
l’hôpital très-bien rétablie et sans difformité , si ce n’est
un peu de roideur dans les doigts qui avaient été lésés.
DOCTRINE NOUVELLE sur la reproduction de l’homme ,
suivie du tableau des variétés de l’espèce humaine , par
M. T ’inchaint , Chevalier de la Légion-d’honneur,
Docteur en médecine; P a r is , 1822, chez T ro u v é,
etc. , in-8.°
L ’oubli le plus justement mérité a fait justice des mille
et une hypothèses proposées pour expliquer le mécanisme
de la génération humaine que l’on doit admettre comme un
fait et dont il est absurde de rechercher les causes : la
pudeur doit voiler le temple de la nature , et la raison
�C*42 )
doit s’opposer à la recherche d’un mystère impénétrable .
nous ne pouvons arracher à la nature le secret dont elle
couvre le mécanisme du plus parfait de ses ouvrages ;
jouissons de ce qu’elle nous donne, et ne rêvons pas aux
moyens de faire des hommes dans des fioles. Certains
esprits, pour lesquels l’expérience des autres ne peut être
la leur , ne peuvent s’empêcher de donner ou de repro
duire des vieilles hypothèses aussi dénuées de fondemens que de raisons ; certes, il est hors de doute , les
théories font plus tort à la science que les découvertes ne
lui font de bien. Ce sont elles qui, depuis Hippocrate,
ont retardé ses progrès. Cependant il faut l'avouer à titre
d’excuse, le phénomène qui doit le plus exciter la cu
riosité de l’investigateur , est sans doute celui de la re
production; aussi reste-t-il peu de choses à dire ou d’hy
pothèses à construire sur ce sujet admirable. Voltaire l’a
dit : le plus bel ouvrage de l’homme est de faire un
être pensant ; et comment s’empêcher de rechercher par
quels moyens on parvient à faire cet ouvrage ? Ce n’est
guère possible ; aussi les philosophes de tous les siècles
ont-ils trouvé, dans leur petit cerveau, le secret de
l ’étonnante nature; il nous semble que trois mille ans
de recherches infructueuses , pour ne pas dire autre
ch o se, auraient dû les guérir; et depuis trois mille
ans on veut deviner la mère commune. Certainement
ces vains efforts pourraient être justifiés, si cette décou
verte devait être de quelqu’utilité aux progrès de l’art de
guérir. L ’ouvrage dont nous parlons est de ce genre ;
l’auteur a perdu un temps précieux pour amuser quelques
oisifs. Après .voir combattu presque toutes les opinions
sur la génération , M. Tinchant a cru proposer une
théorie nouvelle , en donnant cet acte important comme
un produit chimique; mais il n’a pas fait attention que
c’est une rêverie renouvelée des G recs, et qu'Empcdocle
avait déjà soutenu cette hypothèse dans toute son ex-
�( >43 )
tension ; et même je ne vois „pas, je l ’avBue , l’utîlilé
de cette doctrine nouvelle : la population deviendra-t-elle
plus forte ou le sera-t-elle moins ! nous procurera-t-elle
les moyens de faire la synthèse de l’homme ’ L'hypothèse
d’Empedocle nous paraît encore plus gracieuse que celle
de M. Tinchant ; elle est plus séduisante; mais si l’on
voulait se donner la peine de l’examiner sérieusement ,
elle ne supporterait pas long-temps une critique éclairée.
Empedocle, comme M. Tinchant, donne hardiment
l’analyse chimique des différentes parties du corps ( i ) .
Cependant M. Tinchant ne connaît de bonne découverte
que la sienne ; et certes , s’il eût regardé plus froide
ment celle des autres scrutateurs , il en aurait trouvé
de bien plus raisonnables, mais non de moins fausses;
parmi celles qu’il réfute , il en est que je préférerais à
la sienne , et qui , du reste, n’occuperont jamais qu’un
moment des loisirs du praticien de tous les temps.
M. Tinchant entre dans des détails vraiment curieux
sur i’animalisation et l’animation, et finit par prouver,
hors de doute , que.....-— Quoi l....... — Que l'homme est
tout simplement le produit d'une opération chimique,
dont la causeradicale est l'air, et ïagent primitif ïestom ac.
Ainsi, Xantippe ne faisait que de la chimie au moment
où elle nous préparait Socrate, etc. Que de chimistes n’avons-nous pas aujourd’hui, dont les produits vont droit à
l’hospice de la maternité , en attendant qu’ils aient l’âge
requis pour être chimistes eux-mêmes.
Comme on le v o it , la cucurbite du laboratoire de
l’homme joue un grand rôle ; en effet, c’est l’estomac
qui est chargé de répartir, dans le meilleur ordre pos
sible, les substances alimentaires, et selon le besoin,
il envoie là les substances animales , plus loin les subs------------------------------------------- .---------------------------(O B e r a i d , doctrine méd. île l’École de M ontpellier, t. I ,
p. 3o2 et 129.
�( r44 )
tances végétales , etc. Ici , nous nous arrêtons, parce
que notre cerveau , peu habitué à de semblables tra
vaux , se perd dans les raisonnemens et les observa
tions de M . Tinchant.
Avant de terminer , nous allons rapporter une dé
couverte d’un ordre relevé , bien rassurante pour les
économistes : M. Tinchant*no\is apprend, dans les plus
grands détails, quels sont les moyens chimiques dont
la nature se sert pour perpétuer l’espèce ; et certes ,
grâces à lui , nous pouvons rassurer M. Goodwin, et
prôner les idées de M . Malthus : non , nous n’avons
à craindre une dépopulation qu’alors que nous n’aurons
plus d’hydrogène de carbone, d’oxigène et d’azote :
l ’on voit que la fin du monde est plus éloignée que
nous 11e le pensions, et que l’Éternel se fachât-il encore
contre nous , les chimistes à eux^ seuls perpétueront
la race avec des produits artificiels, si cela est néces
saire ; voilà donc un point d’économie politique trèsiinportnnl, mis hors de doute par les découvertes chi
miques de M. Tinchant ; mais l’auteur l’a poussé plus
loin encore, et il s’est assuré que le fœtus est animé
par un souffle composé d’oxigène et d’azote , et que
l ’hydrogène et le carbone constituaient seuls la base de
nos organes. Si jamais la chimie a été utile à l’art de
g u é rir, c’est bien assurément dans les mains de
M Tinchant.
Nous devons néanmoins , en finissant, rendre à l’au
teur la justice qu’ il mérite. Son ouvrage prouve de
l ’instruction, de l’étude , des recherches laborieuses;
et si sa théorie tombe dans le plus profond oubli , son
livre sera toujours intéressant pour l’histoire de l’a r t,
en épargnant aux historiens des recherches nombreuses
sur ce sujet, et c’est sous cet unique point de vue que
nous osons en conseiller l’acquisition.
S. G as , D.-M . M:
�( «45 )
L ettre au Rédacteur-général de l’Observateur des
sciences médicales.
Monsieur le Rédacteur,
Je suis extrêmement sensible à la manière obligeante
avec laquelle vous avez bien voulu rendre compte de
la brochure intitulée : Broussais réfuté par lui-même ,
etc., dans le X I V .e n.°, mois d’août, de votre journal.
Je ne me dissimule pas que le jugement que vous
en portez pouvait être beaucoup plus sévère , sans ces*
ser d’être juste. Veuillez d onc, je vous p rie, trouver
dans cette note, l’expression bien sincère de ma vive
reconnaissance.
Je ne suis nullement étonné, M. le Rédacteur , de
l’indulgence dont vous avez usé envers moi dans cette
occasion , sachant avec quelle bienveillance vous traites
ordinairement vos confrères. Mais une chose à laquelle
je ne pouvais raisonnablement aspirer , c’est la faveur
que vous venez de me fa ire, en publiant mon opus
cule dans votre intéressant journal.
C’est vraiment une bonne fortune pour cette bro
chure , qu’au milieu des écrits insignifians que la lit
térature médicale voit naître chaque jour depuis quel
que temps, vous ayez précisément daigné jeter les
yeux sur celui-là même qui méritait ( i) le moins de
fixer vos regards. Cette circonstance ne doit pas pei*
contribuer à établir la réputation d’un ouvrage que
vous avez honoré d’ une distinction aussi flatteuse.
Mais oserai-je, M . le Rédacteur, me permettre de
vous adresser une seule observation ? Je ne vous la
présente au surplus, q l’avec le respect dû aux talens
(1) Que penser de eet areu de l’auteur, sinon qu’ il est excès»
sivement modeste.. . . ?
( Note du Rédacteur-gcnéral ).
T . IV-
13
�t *46 )
et au mérite de l’auteur estimable d’une dissertation
fort intéressante sur la lièvre jaune.
Vous semblez me reprocher d’avoir trompé la bonne
foi du lecteur, en donnant à mon ouvrage un titre dé
fectu eu x, puisqu’au lieu d’une véritable ( t) réfutation de
la doctrine de M . Broussais , il ne s’agit que de signa
ler quelques contradictions , quelques erreurs de logique.
Voyons jusques à quel point ce reproche est fondé.
Une doctrine quelconque est nécessairement élevée
sur un certain nombre de principes généraux qui lui
servent de base et d’appui. Supposons que l’on par
vienne à démontrer que ces principes se détruisent
l’un l’autre, par l’opposition évidente qui existe entr’eux,
nul doute que cette doctrine s’écroulera sur elle-même,
faute de soutien.
Ainsi cette proposition , que M. Broussais est un mau
vais logicien , renferme implicitement cette autre que
(i) Quelque véritable que soit cette réfutation , on est forcé,
lorsqu’ on l ’a parcourue , de convenir qu’elle n’est point com
plète. En effet, l’auteur prévient (p.a82 de sa br.), q u 'i l tie n t en
r é s e r v e b ien d e s m o y e n s d 'a t t a q u e e t d e d é f e n s e , et il pro
met de s’ occuper par la suite plus du f o n d que de la f o r m e de
l’ouvrage. O r , dire qu’il possède encore bien des moyens d’at
taque, n’ est-ce pas dire qu’il lui reste encore à détruire bien
des propositions de M. B r o u s s a is ? C’est ce que nous avons
pensé. 11 nous était donc permis de nous demander si le
titre de M. B r o u s s a is r é fu té p a r l u i .m ê m e n’ est point dé
fectueux , dès que ce titre annonce évidemment une entière
réfutation de la doctrine physiologique , c’ est-à-dire , une
réfutation de to u te s les propositions de M. B r o u s s a is . Il
parait, toutefois , que le lecteur b é n é v o le ne sera pas
seul engagé à adopter cette intitulation . par les nouveaux
«claircisstmecs que l’auteur doong ici. Mais M. B r o u s s a is ,
M. B to u s s a is sera-t-il de cet avis ?... Attendons sa réponse.
( N o te d u R é d a c t e u r - g é n é r a l ) .
�( t /i 7 )
M. Broussais , dans la perpétuelle contradiction où il
se trouve avec lui-m êm e, n’a pas pu réellement former
u n corps de doctrine médicale.
D’«ù il résulte que M. le professeur du Yal-de-Grâce,
a tout au plus établi quelques propositions particu
lières sur l’art de g u érir, lesquelles , une fois sanc
tionnées par l’expérience , pourront servir pour une
partie des fondemens sur lesquels on doit construire
le nouvel édifice de la science m édicale, et qu’en
conséquence il est loin d’avoir créé un système com
plet de cette belle science.
Si je ne savais p a s, M. le Rédacteur , que tous
vos momens sont remplis par les utiles travaux de
cabinet auxquels vous vous livrez constamment et par
une pratique très-étendue , j’aurais lieu d’étre surpris
que vous n’ayez pas saisi d’abord la chaîne qui lie.
intimément entrelles ces dernières assertions.
Enfin je suis si flatté que vous ayez eu la généro
sité de faire le sacrifice de quelques-uns de vos instans précieux, pour les employer à parcourir mon
opuscule, que je n’ose pas pousser plus loin mes ré
flexions sur le contenu de l ’article que vous y avez
consacré. J’attendrai, pour entrer plus longuement dans
la discussion, que M. Broussais ait saisi jusques au
moindre motif propre à me combattre.
Seulement, pour répondre à un second reproche que
vous me faites , je ne vous laisserai pas ignorer que
j'ai eu des raisons particulières pour garder l’anonyme ;
mais que je suis prêt à me faire connaître, si M.
Broussais me fait l’honneur de croire digne d’une ré
ponse les observations critiques consignées dans ma
brochure.
Je présume assez de votre justice et de votre impar
tialité , M. le Rédacteur , pour oser espérer que vou*
�C *48 )
ne Infuserez pas d’insérer ( i) cette note dans le pro
chain n,° du journal que vous rédigez avec succès.
J’ai l’honneur d’ê tre , avec la plus parfaite estime
et beaucoup de considération, etc.
L ’auteur de la brochure intitulée :
M . Broussais réfuté par lui-même , etc.,
■ v « •«
(i) Nous étions décidés de n'insérer aucun écrit anonyme
dans noire journal ; mais pouvons-nous résister aux solli
citations de l’auteur de cotte lettre , bien qu’ il nous soit
inconnu , lorsqu’il nous donne la presque certitude qu’il
ne tardera pas à se montrer. Nous aimons à croire , en
effet , que M. B r o u s s a is l’ honorera bientôt d’une réponse,
autant parce que dans le prospectus de scs annales , il a
fait pressentir toute la satisfaction que douent lui faire
éprouver telles ou telles objections , concernant sa doctrine,
que parce qu’il se trouvera lui-même honoré , n’en douions
pas , d’avoir à répondre à un confrère dont la brochure
annonce un profond jugement et des connaissances médicales
assex e'tendues , ce dont nous nous sommes pénétrés en
relisant celte brochure , depuis ce que nons en avons dit
dans notre dernier n.° ; mais il est un puissant motif qui
nous mettait dans le cas de passer sons silence la lettre
de notre anonyme : les expressions beaucoup trop flatteuses
qu’ elle renferme et auxquelles nous ne pouvons être sensibles que
par rapport a la bonne intention dans laquelle il paraît
qu’ elles ont été dictées ( car il semble qu’ elles émanent d’un
liomme qui mérite cette conGancc que l’on n’accorde point
ordinairement à l’adulateur ni à l’auteur ironique ) ces ex
pressions , disons-nous, sont évidemment de nature à n’êlre
accueillies que jusques à un certain poinl. Toutefois , un
autre motif non moins puissant , celui d’être juste et im
partial , nous a fait penser qu’ il y aurait de l’inconvenance
â priver notre confrère de publier dans noire journal une
réponse que nous avons provoquée , et même à retrancher
la moindre de ses expressions:
( N o te d u R é d a c te u r - g é n é r a l ).
�( *49 )
A N A LY SE
D es principaux A rticles du J ournal de P harmacie.
( M o is
d e
Ci
) Ju
il l e t
1822 ) .
U n intéressant mémoire lu à l’académie de médecine
(section de pharmacie) et qui est inséré en entier au
commencement du n.° de juillet du journal de phar
macie, a pour titre : Nouvelles recherches sur la strych
nine et sur les procédés employés pour son extraction ,
par MM. Pelletier et Caventou.
Les auteurs de ce mémoire annoncent qu’à mesure
qu’ils eurent découvert la strychnine dans la fève SaintIgnace , frappés de l’analogie qui existent entre les effets
de cette fève et de la noix vomique , ils reprirent le
travail qu’ils avaient en vain entrepris sur la noix vo
mique un an auparavant, et leurs nouveaux essais ne
furent point infructueux. Avant de passer aux méthodes
qu’ils ont employées pour l’obtention de la strychnine,
ils entrent dans quelques détails concernant des objec
tions qui leur furent faites par leur collègue , M. Rohicjuet ; la suppression de ces détails ne s’aurait être ic i,
malgré tout l’intérêt qu’ils offrent, une perte pour nos
lecteurs ; aussi nous bornerons nous à dire qu’ils rou
lent principalement sur des expériences préliminaires
après lesquelles les auteurs se sont occupés de l'ex
traction de la strychnine , comme il suit :
(1)
on a
tance
nous
C’est par erreur que dans notre dernière livraison ,
annoncé l’analyse du n.° de juillet. Alors l'impor
de quelques articles contenus dans le cahier de juin,
a engagé de revenir sur ce même cahier.
�( i5° )
« Douze livres de noix vomiques râpées ont été épui
sées par l'alcohol ; ces teintures filtrées ont été éva
porées au bain-marie. L ’extrait alcoholique repris sur
l’eau a laissé une quantité notable de matière grasse.
La liqueur filtrée a été séparée en trois parties , dont
la première représentait six livres de noix vomique , et
les deux autres chacune trois livres. Chacune de ces
parties à été traitée par une méthode différente que les
auteurs nomment la première , procédé par la magnésie ;
la seconde , procédé par le plomb et l'aeide sulfurique ;
la troisième enfin, procédé par le plomb et ïhydrogène
sulfuré )>.
« t . er P rocédé, par la magnésie. — La liqueur repré
sentant six livres de noix vomiques a été rapprochée
à moitié par évaporation ; on y a ajouté trois onces de
magnésie calcinée ; après quelques minutes on a filtré.
Les eaux de filtration ont été abandonnées à elles-mêmes.
L e précipité magnésien d’une couleur jaune verdâtre,
a été lavé seulement à deux eaux sur le filtre mèmei
puis a été desséché à l’étuve. Dans cet é ta t, il a été
traité par l’alcohol à 38 degrés dans une cucurbite
d’alambic ,le s liqueurs alcoholiques provenant de Yépui
sement du précipité magnésien ont été filtrées et éva
porées en consistance de magma épais , ce magma s’est
pris au bout de quelques heures en masse grenue. La
matière jetee sur un filtre, a été lavée avec un peu d’alcohol sulfuré et très-froid ; on a ainsi obtenu sur ce filtre
deux gros douze grains de strychnine assez belle. Les
eaux-mères et de lavages alcoholiques ont été mises à part.
Les eaux-mères du précipité magnésien qu’on avait
abandonnées à elles-mêmes ont donné au bout de quelques
jours des cristaux d’un blanc jaunâtre au poids de 80
grains. Ces cristaux, que l’on pourrait confondre avec
la strychnine ne sont autre chose que la brucine.
2,.e P rocédé, par le plomb et l’acide sulfurique. — «Dans
�(
i
5i )
une quantité fie liqueur provenant du traitement par
l'eau de l’extrait alcoholique de noix vomique, et re
présentant trois livres de cette semence , nous avons
ajouté du sous-acétate de plomb , jusqu’à cessation de
précipitation. La liqueur filtrée contenait un excès
d'acétate de plomb ; elle était presque incolore et
transparente ; le plomb a été séparé par l’acide sul
furique, l’opération a été terminée par la décompo
sition du sulfate de strychnine au moyen de la mag
nésie , et la séparation de la strychnine du précipité
magnésien a eu lieu comme dans le i . er procédé.
La strychnine obtenue pesait 48 grains ».
3 .e P rocédé , par le plomb et l'hydrogène aulfuri. —
a Nous avons d’abord précipité la matière colorante
par le sous-acétate de plomb ; la liqueur filtrée conte
nait un excès d’acétate de plomb; un courant d’hydrogène
sulfuré a précipité tout le métal ; la liqueur filtrée a
été concentrée au quart de son, volume , et alors traitée
par la magnésie pure. Après quelques minutes d’é
bullition , on a séparé le précipité magnésien par
le filtre, et après l’avoir lavé à trois eaux et fait sé
cher à l’étuve , on l’a soumis à l’action de l’alcohol ;
les eaux de filtration et de lavage avaient été mises
de côté pour être examinées ultérieurement. L ’alcohol
mis en digestion sur le précipité magnésien s’est légè
rement coloré ; et sa saveur est devenue très-amère ;
évaporé au bain-marie , il a donné un magma d’urt
blanc sale , qu’après le refroidissement on a jeté sur
un fibre ; puis lavé à froid avec un peu d’alcohol
faible , la matière s'est dépouillée de sa partie colo
rante , e t , par sa dessication à l’air, elle a offert une
poudre blanche pesant 35 grains , qui a présenté tous
les caractères de la strychnine.
MM. Pelletier et Caventou donnent ensuite des con
clusions qu’ils disent dans un post-scriptum être sus
ceptibles de modification , et que par cela même nous
�( ï5a )
ne croyons pas devoir rapporter. Ce sont des nou
velles observations faites pendant l’impression de leur
mémoire qui ont fait naître l’idée de modifier les con
clusions , et c’est dans un prochain n.° que les savans auteurs promettent d’autres développemens sur
le sujet dont ils se sont occupés dans ce mémoire.
— Sirop antlielminthique de spigèlie , par Huissen,
pharmacien , à Hazebroutk ( nord ). — Prenez feuilles
de spigèlie ( spigelia aulhelmintica L. ).... 64 grammes.
Graines d’anis contusées ( pimpinella anisum L .
2
giam. eau commune 198 grammes. Faites infuser au
B.-M. pendant 6 ou 7 heures , passez avec forte ex
pression ) ; ensuite , extrait gommeux de ja la p ....i6
grammes;dissolvez et filtrez. Sucre blanc, quantité dou
ble de la colature qui sera de ... 192 grarn. ; fuites fondre
et gardez pour l’usage.
On laisse à doser à chaque praticien pour éviter
les détails.
— E lectuaire de poivre composé.— Prenez poivre noir,
racine d’aunée , de chaque une livre ( 5 oo grammes ).
Semences de fenouil trois livres ( 1000 grammes ). Miel
despumé , sucre pur de chaque , deux livres (tooo gram
mes ). Mêlez toutes les substances pulvérisées dans
les matières sucrées réduites à l’état de sirop. Pré
parez un électuairc S- A.
On en fait usage dans les affections leucophlegmatiques avec atonie des viscères. ( New. médico-chirur
gical pharmacop. ) Londres 1822.
— Le journal de pharmacie est encore enrichi d’un
excellent extrait d’un mémoire du D. Ives sur les pro
priétés médicinales de la lupuline ou poussière jaune du
houâlon. L ’un des rédacteurs du journal. M. Planche,
qui a produit cet extrait , trouve que la dénomination
de lupulin que le D. Iyes a imposée à la poussière
�(
15 5
)
jaune du houblon est fort juste , seulement il juge
plus convenable d’ajouter à celte dénomination, une
terminaison fém inine, et d’adopter donc le nom de
Lupuline ; il fait observer encore que celle-ci est au hou
blon ce que la quinine est au quinquina , la strych
nine à la noix vomique , etc.
Les propriétés médicinales sont ensuite détaillées;
elles sont à-peu-près telles que nous les avons signa
lées à la page 26 ( T . I V . ) ; nous ajouterons de plus
que M. Lies regarde la lupuline comme la seule subs
tance qui réunisse les propriétés aromatique , tonique
et narcotique.
M. Flanche dit ensuite que le D. Lies n’a fait qu’in
diquer d’une manière générale les différentes formes
sous lesquelles il a prescrit la lupuline, ce qui le
porte à signaler quelque préparation de cette subs
tance, qu’il a eu occasion de faire et c’est par la meil
leure manière de la purifier qu’il débute, observant ,
avant tout, que le médecin de N e w -Y o rk , ainsi que
d’autres, se sont bornés à séparer la poussière jaune
des cônes au moyen d’un tamis , pour en faire l’ana
lyse, d'où devait nécessairement résulter l’obtention
d’une moindre quantité de résine dans la lupuline. Il
suffit, suivant M. Planche , de délayer celle-ci dans
l’eau froide , de l’agiter pendant quelques m inutes,
de décanter ce que l’eau tient en suspension pour
en séparer un sable noirâtre qui se dépose au fond
du vase de lavage. On répète la même manœuvre
autant de fois qu’il est nécessaire pour purger la lupu
line de tout le sable qu’elle contient ; on la laisse
égoutter, puis on l’étend sur du papier sans colle
qu’on peut exposer en tête à l’air chaud , mais à
l’abri du soleil ou dans une étuve dont la chaleur
n’excède pas a 5 degrés.
16
T . IV.
�( 154 )
— Poudre de lupuline. — On la prépare en broyant
d’abord une partie de lupuline dans un mortier de
porcelaine, et en ajoutant peu-à-peu deux parties de
sucre blanc pulvérisé , ayant soin que le mélange
soit exact.
— Pilules de lupuline, — On la pile un peu forte
ment ; elle se prend en masse ductile qu’on peut di
viser très-facilement en pilules.
•— Teinture saturée de lupuline. — Prenez : lupuline
contuse , une once; alcohol à 53 degrés, deux onces.
Faites digérer pendant six jours en vase clos ; pas
sez , ex'primez fortement, filtrez et ajoutez quantité
suffisante d’alcohol à 56 degrés pour obtenir trois
onces de teinture.
— Résine de lupuline.— Pour l’obtenir, on verse
sur des assiettes de faïence un peu de teinture de lupuline; on les place dans une étuve médiocrement
échaudée jusqu’à ce que. l’alcohol soit dissipé.
— Extrait de lupuline. — Celui qu’on obtient de
l ’infusion aqueuse est amer et aromatique. Préparé avec
la décoction , il est aussi am er, moins aromatique
et il retient de la résine.
— Sirop de lupuline. — Prenez : teinture alcoholique
de lupuline , une partie ; sirop simple , sept parties.
M élangez exactement.
— Pommade de lupuline. — Prenez : une partie de
lupuline, trois parties d’axonge récente. Faites chauffer
au bain-marie en vase clos pendant six heures ; cou
lez , laissez refroidir, raclez pour séparer un léger
dépôt ; faites liquéfier de nouveau et décantez. Cette
pommade, comme anti-cancéreuse, répondrait infailli
blement aux vues des praticiens, s’ils pouvaient se
promettre de guérir le can cer, avec le moyen re
commandé par le D . Freack, Vharmacopceia ruthenica ),
dans la dernière stade de cette m aladie, lorsque les
�( i55 )
douleurs sont très-intenses. Le moyen du D . Freack,
consiste dans un simple mélange de houblon et
d’axonge.
— On apprend dans une note sur l'emploi a l’intérieur
du nitrate d'argent mêlé à un extrait végétal, que
MM. A . Chevalier et A . Faycn ont été conduits, ayant
rencontré des hydro-chlorates dans un très-grand nom
bre d’extraits végétaux , à penser que le médicament
présenté par M. Sernentini , comme de l’oxide d’ar
gent provenant de la décomposition du nitrate par
un extrait végétal, pourrait bien être du chlorure
d’argent mélangé avec cet oxide ; plusieurs essais ont
réalisé le soupçon des auteurs qui donnent pour cer
tain que le remède administré par M. Sernentini est
un mélange d’oxide et de chlorure d’argent ; et que
la quantité d’oxide et de chlorure doit varier selon
la nature de l’extrait ; ils observent pourtant que de
quelle manière dont l’extrait végétal agisse sur le ni
trate d’argent , M . Sernentini a droit à notre recon
naissance, pour avoir enlevé à un médicament utile
une bien dangereuse causticité.
— Suivant une observation sur l'emploi de la pierre
infernale, par M. Vaudin, pharmacien à Laon , jl
existe depuis trop long-temps , dans notre commerce, du
nitrate d’argent fondu contenant du nitrate de cuivre ,
et même en proportion notable, du nitrate de po
tasse fondu , que la cupidité y introduit , afin d’aug
menter le lucre. Pour obvier aux inconvéniens qui peu
vent résulter de cette falsification , M. Vaudin in
dique le nitrate d’argent neutre cristallisé , en tenant
toutefois compte de l’eau de cristallisation.
— Dans une note, M. L,odibert, pharmacien en chef d,u
Val-de-Grâce , s’élève contre l’usage interne du nitrate
d’argent.'Ce remède, d it-il, est pire que le mal ; qu’il
■ fasse souvent cesser des accidens nerveux , effrayant,
�(
i56 )
l'expérience le prouve ; qu’il en détermine de funestes,
quoique moins terribles en apparence , l’observation,
l ’a démontré à beaucoup de médecins militaires. Si
M . Lodibert n’était pas évidemment ici l’écho de plu
sieurs m édecins, nous lui reprocherions de s’être
permis , sans y être requis, de parler des effets sur
l’organisme d’un médicament terrib le, il est vrai,
mais dont l ’emploi à l’intérieur compte de nos jours
des partisans d’un mérite assez, distingué , pour que
leur opinion soit encore de quelque poids dans la
balance des propriétés de nos prescriptions médicales.
P.-M . R oux,
O n lit dans la notice des travaux de la Société
royale de médecine de Bordeaux pendant l’année 182a:
« La société de médecine avait depuis long-temps dé» montré la nécessité d’établir auprès des magistrats,
» un conseil de salubrité , qui put les éclairer dans les
» diverses mesures propres à remédier aux causes d’in» salubrité et aux abus introduits dans l’exerrice de la
» médecine et de la pharmacie. Ce vœu vient d’être
» réalisé par un arrêté de M . le Préfet , Comte de
» Breteuil. Quoique les bases de cet arrêté diffèrent
s de celles qu’avait présentées la Société de médecine,
•> nous n’en devons pas moins de la reconnaissance à
» M. le Préfet , pour la bienveillance qu’il a eu de
» n’appeler à la formation de ce co n seil, que des mé» decins et pharmaciens, membres de la société de
» médecine , et en établissant que notre président
» annuel en ferait toujours partie. Nous faisons des
» vœux pour q u e, sous l’influence de cette nouvelle
�( i 5y )
i> institution, la police médicale soit mieux exercée
» qu’elle ne l’esL dans ce moment, et que les tiibu» naux appelés à appliquer les peines que la loi in» flige aux personnes qui enseignent les dispositions ,
» quant à l’exercice de la médecine et à la vente des
» drogues, soient plus sévères à l’avenir ». Et nous,
nous faisons des vœux pour qu’il soit créé à Mar
seille un conseil de salubrité à l’instar de celui de
Bordeaux, A la vérité, Marseille a deux Sociétés mé
dicales , et les mêmes égards sont dus à l’une comme
à l’autre , mais , pour tout concilier , ne conviendraitil pas de n’avoir qu’une Société de médecine dans
notre cité ? Oui , sans doute , oui. Les avantages qui en
résulteraient sont inappréciables. La science y gagnerait,
l’humanité serait mieux s e r v ie , et qui doute même
que des fatales passions , ne fussent alors assez en
chaînées pour n’ exercer que peu ou point leur ra
vage ! tandis qu’aujourd’hni ! ! ! , . .
— L ’École royale secondaire de médecine de Bor
deaux a tenu une séance publique, le 3 i août 1822,
pour la distribution des prix et la clôture de l’année
scholaire. M . Brulatour , directeur , a ouvert la séance
par un discours q u i, pour être très-concis , n’est pas
moins digne d’otrc cité. M. le docteur Gintrac , secré
taire , a lu ensuite un rapport remarquable par les
charmes d’un style facile, élégant et souvent élevé ,
et par une foule d’idées intéressantes sur l’anatomie ,
la physiologie , la chimie , l’hygiène , la thérapeutique ,
la botanique , l’art des accouchemens , etc. En un m ot,
le tableau de M. le docteur Gintrac ust si bien tracé,
qu’il a d û , ce nous semble , fixer vivement l’attention
de l’auditoire. A u ssi, mérite-t-il d’exciter la curiosité
de nos lecteurs.
— La Société royale de médecine de Marseille tien
dra sa vingt-troisième séance publique, le dimanche
�( '5 8 )
20 octobre 1822. Le procès - verbal de cette séance
devant être bientôt après livré à l’impression, nous en
rendrons compte vers cette époque et cela , comme nous
l ’avons déjà fa it, pour les deux précédentes séances
publiques , en donnant une analyse de l’exposé des tra
vaux de l’honorable Compagnie.
— Extrait du 4-e n.° du journal de médecine inti
tulé-. PERIODICO DE LA SOCIEDAD DE SALXJD PUBT.ICA
de Catalane , précédé de quelques réflexions du D . RoCHOVX. — La réunion médicale dont M. Rochoux a fait
partie pendant son séjour à Barcelone vient de réfuter,
dans un mémoire imprimé, page 56o et suivantes du
journal de médecine de Catalogne , un grand nombre
des inadvertances, des assertions hasardées et des
faits faux que l’ académie de médecine - pratique de
Barcelone a accumulés dans le rapport traduit par
M. Rayer et publié sous le titre de dictamen acerra
et origen , etc. « Malgré mon ardent désir de rendre
public l’important travail de la réunion m édicale, je
suis forcé, dit M. R ochoux, d’en ajourner la tra
duction, et je ne crois même pas devoir en donner ici
l ’analyse , parce que ce serait à mes yeux un moyen
insuffisant pour faire apprécier un morceau de polé
mique uniquement basé sur des pièces justificatives,
officielles , en très-grand nombre. Néanmoins la gra
vité de l’accusation contre laquelle les auteurs du mé
moire réclament avec énergie, 11e me permet pas de
différer plus long-temps leur justification. Voici ce dont
il s’agit :
» Dans la douleur de se voir signalé à l’Europe
entière par M. Paris e t, comme les auteurs de l’émeute
populaire qui eut lieu à Barcelonette en i 8 ? . t , les
membres de la réunion médicale terminent leur réfu
tation du rapport de l’académie , de la manière sui
vante : « Après avoir démontré la vérité des faits
�C I$9 )
» sur lesquels nous avons appuyé notre opinion et la
» fausseté de ceux qui ont servi d’appui à nos an» tagonistes , nous devons dire que c’est en transpo» saut les dates et en défigurant l’histoire de la lièvre
» qui se manifesta dans le p o rt, à Barcelonette et à
» Barcelone en 182.1 , que M . Pansct a pu écrire
s> ( p. 28 du rapport adressé à S. E. le Ministre de
» l’intérieur ) , que l’émeute populaire survenue à Bar» celonette , le 16 août , avait été le résultat de la fa
it taie dissention des médecins, relativement au ca» ractére contagieux de l’épidémie. Comme à cette
» époque il n’y avait pas eu d’autres médecins appelés que ceux qui signèrent à ïunanimitè la dé» claration du 14 a o û t, et que le gouvernement ne
» consulta ni la subdélégation de médecine , ni le col* loge de chirurgie , ni aucune autre corporation nicd dicale jusqu’au 2 6 , c’est-à-dire, dix jours après l’c» meute , nous nous trouvons dans la pénible, mais
» inévitable nécessité de dénoncer au tribunal de l’opi» nion publique de l’Europe en tière, MM. P a riset,
» Bally et François, comme auteurs <l’une calomnie
)> infime et d’autant plus révoltante , que ces Mes» sieurs ont vu et examiné nombre de fois les pièces
» justificatives offirielles , concernant l’événement qu’ils
» ont dénatui é d’une manière si condamnable par rap» port à ses véritables causes ».
Barcelone , le 24 mai 1822. — Signés : F. Piguillem ,
F ■ Salva , M . Dur an , J. Lapez , F . Campornani , .T.
Porta , J. Calveras , A . M ayner, fi. Durart, fi. Sainte.
— On lit dans le n." de juillet des Annules de la
médecine physiologique, concernant les observations
sur la Jièvre jaune , etc. , par M. Robert , pro
fesseur d’hygiène navale à l’école secondaire de
médecine de Marseille : « Cet opuscule est fuit par
t un homme de mérite et de probité; c’est un des
�» plus substantiels et des plus positifs, qui ait été
publié sur la fièvre jaune.; il est rempli de faits
» revêtus de la plus grande authenticité ». La bonne
foi de M. Broussais, aurait-elle été surprise? Daus
le cas contraire, on dirait que M . Broussais a
voulu tarir la source des éloges que méritent les
médecins célébrés qui ont si bien écrit sur la fièvre
jaune. En effet, trouvera-t-on désormais des expres
sions assez recherchées en faveur de M M . Deveze,
V alentin« e tc ., etc., puisque l’opuscule ( i ) de M.
Robert est signalé aujourd’hui avec autant de pompe?
— M. le docteur Segaud , nous a fait part qu’il se
proposait de soumettre bientôt au jugement de la So
ciété royale de médecine de M arseille, un projet de
souscription pour élever un monument à la mémoire des
médecins, chirurgiens et pharmaciens, morts glorieusement
aux armées. Nul doute que l’honorable Compagnie ac
cueille avec enthousiasme un projet qui doit honorer
autant celui qui l’a conçu , que la Société qui , la pre
mière , aura la gloire de le mettre en exécution.
— Parmi la multiplicité des médecins qui applau
dirent à l’idée que nous eûmes de créer un nouveau
journal des sciences médicales , il en est quelquesuns (u n très-petit nom bre) qui s’attachent aujour
d’hui à faire jouer secrètement tous les ressorts ima
ginables pour discréditer notre recueil et parvenir,
par ce moyen , à diminuer la série de nos abonnés.
Mais leur turpitude est dévoilée , et tout autre , à
notre place, signalerait ici leur nom , par cela seul
qu’ils se disent nos amis. Qu’ils se rassurent ! Nous
sommes loin de vouloir faire le mal pour le mal,
( i ) V o y e * la critique qu ’ en a fait M . le D . S u e , pag. JO,
T . I I I , de notre Jv u rn u l.
�(
t
6i
)
et nous ne saurions , d’ailleurs , mieux nous ven ger,
qu’en nous^conduisant toujours de manière à mériter de
plus en plus les suffrages de nos abonnés. Certes , quel
que soit le résultat de certaines menées , il ne saurait re
froidir notre zèle. ]Nous commencerons par justifier cette
assertion , en promettant de publier , à compter de jan
vier 182.3 , et ensuite à des époques indéterminées , outre
les articles d’usage, un Aperçu sur l'état actuel des
sciences médicales aux facultés de médecine de Paris ,
de Montpellier et de Strasbourg. Ce précis aura pour
'but de tenir nos abonnés , mieux que par le passé,
au courant des découvertes dans l’art médical. Des
mesures particulières ont été prises pour qu’il nous
soit possible de remplir dignement notre promesse.
Il nous suffit de dire que des médecins très-distin
gués , parmi lesquels sont plusieurs professeurs recom
mandables , se feront un plaisir de nous seconder dans
ce nouveau travail.
— Un docteur de cette ville disait dernièrement :
« non-seulement Y Observateur des sciences médicales
est d’une nécessité indispensable dans une ville comme
Marseille , il faudrait encore y publier un second
journal de médecine ». On assure que M. le D .
Sigaud doit réaliser cette nouvelle entreprise litté
raire. Aussitôt que nous aurons connaissance de son
prospectus, nous nous empresserons de l’annoncer ,
comme relatif à l’un des moyens les plus capables
de propager les lumières.
Peut-on se couvrir de gloire en imaginant un
moyen sûr de se débarrasser des glaires ? L e docteur
Guilliè , médecin-oculiste de S. A . R. Madame duchesse
d’Angoulême, est à même de résoudre cette question.
Dans une brochure in-8.° de 60 pages ,■ ayant pour
titre : Traité de ïorigine des glaires, de leurs effets et
T. IV.
17
�( i6a J
des désordres qu'elles produisent dans l'économie animale ,
etc, , M. Guillié nous apprend que 20 années d’expé
riences l’enhardissent à proposer comme très-efficace ,
pour ne pas dire infaillible , un élixir anti-glaireux
dont il a confié la formule à M. Ouïes, pharmacien.
Si les glaires sont susceptibles d’cccasioner un trèsgrand nombre de maladies , et si l’élixir du docteur
Guillié est tel qu’il le signale , le docteur Guillié
a droit à l’admiration de ses semblables. Le seul
reproche qu’on pourrait alors lui faire , s’il ne l’avait
pas en quelque sorte prévenu , c’est de n’avoir
pas publié sa formule. A ce sujet , il produit des
motifs palpables, et il annonce qu’il se fera toujours un
véritable plaisir de communiquer cette formule à ceux
qui désireront la connaître , et même de les rendre té
moins de la préparation de l’élix ir, qu’il assure être faite
avec autant d’intelligence que de sagacité , par M.
Oulès, pharmacien distingué de la capitale , membre de
la Société de médecine-pratique de Paris.
Un dépôt de Vélixir anti-glaireux étant établi chez M.
Ica rd , pharmacien très - estimable de la ville d’A ix ,
nous avons une grande raison de croire que ce remède
est très-utile à la souffrante humanité , car ce n’est qu’à
ce prix que M. Icard , dont on connaît d’ailleurs l’es
prit philantropique , a dû se charger d’une prépara
tion d’autrui.
— A partir du premier janvier i 8 a 5 , les étudians
en médecine, devront être bacheliers en lettres et m
sciences , avant d’être admis à prendre la première
inscription.
— Il y a
de la fièvre
dire qu’il y
vons donner
un an , tandis que l’on redoutait le fléau
jaune dans notre cité , on s’accordait à
régnait une épidémie de santé. Nous pou
la même nouvelle aujourd’hui, car, à part
�C 165 )
quelques fièvres intermittentes, l’état sanitaire a été
tel à Marseille, au mois de septem bre, que l’on n’y a
point distingué des maladies assez généralement répan
dues pour être appelées maladies régnantes.
P.-M . Roux,
SUJETS
DE
PRIX,
L a Société médico-pratique de Paris décernera, à la fin
de l’année 1823 , une médaille d’or de la valeur de 5 oo
francs , à l’auteur du Mémoire qui aura le mieux résolu
la question suivante :
Déterminer par des observations exactes, si , parmi
les phlegmasies des membranes muqueuses , séreuses , fibreuses , il existe des cas dans lesquels l'opium ou ses pré
parations doivent être administrés comme moyen curatif
et à quelle dose. Signaler ces cas , ainsi que ceux où il
faut s'abstenir de toute préparation opiacée.
Les m ém oires, écrits très-lisiblem ent, soit en fran
çais , soit en latin , devront être adressés ( franc de
port ) avant le 5 i août i 8 i 3 , à M. le docteur Vassal,
Secrétaire-général de la Société, rue Saint-Martin, n.° 98.
Chaque mémoire portera une épigraphe, et sera accom
pagné d’un billet cacheté , contenant la même épigraphe
et le nom de l’auteur.
Ex
t r a i t
des registres du bureau de l'Etat - civil de
la mairie de Marseille.
(Mois d’Aout i8î2).
Naissances
Décès. .
Mariages
298.
�A V IS
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu’en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc. , de ses membres soit titulaires , soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d’être publiés,
elle n'a égard qu’à l'intérêt qu’ils présentent à la science
médicale ; mais qu elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs ,
et qui n'ont pas encore la sanction générale.
�( '6 5 )
i
BULLETINS
D E
LA
SOCIÉTÉ
ROYALE
DE
Septem bre
« M
m
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DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
18 2 2 .
M
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— N .° I X .
\ v M
« v t w
i v v \
w %
Ob s e r v a t i o n sur une opération de cataracte, suivie
de quelques phénomènes intéressons ; par M. G uikand ,
docteur en médecine à A i x , correspondant de la Société
royale de médecine de Marseille, etc.
Q uoique les auteurs citent plusieurs observations
de cataractes guéries spontanément, et par les seules,
forces de la nature , le cas que je vais rapporter,
m’a paru digne de fixer l ’attention des médecins ob
servateurs.
Mme. Bonnaud , de la ville d’A ix , âgée de 5 /t
ans, était atteinte de cécité complète produite par
la cataracte. Depuis six ans elle ne pouvait plus
distinguer les objets, encore que la maladie eut com
mencé de se manifester à une époque bien plus re
culée : toutefois , malgré que l’opacité du cristallin
ou de ses annexes fut très-prononcée , la malade pou
vait encore distinguer le jour des deux côtés, la pu
pille avait conservé sa forme et ses dimensions or
dinaires et l’iris sa motilité. Ces signes réunis sem
blaient annoncer deux cataractes simples.
Bien que je n’aie
jamais
cherché à reconnaître
�( 166 )
avant l’opération, qu’elle est l’espèce de cataracte
qui se présente, bien convaincu d’après Scarpa , et
d’après ma propre expérience , qu’il est toujours facile
de distinguer les diverses altérations du cristallin
ou de son enveloppe, dès que l’instrument est ar
rivé dans la chambre postérieure, je fus néanmoins
surpris de la couleur que présentaient les cristallins
cataractés. Cette couleur était d’un blanc de neige ;
et quoique j’aie vu beaucoup de cataractes , je ne
me rappelle point d’en avoir rencontré d’une couleur
aussi éblouissante. Je crus , d’après l’opinion des au
teurs, que ces deux cataractes étaient membraneuses,
heureusement que de pareilles erreurs n’entraînent
aucun résultat fâcheux , car je fus trompé dans mon
attente , comme je l’ai été plusieurs autres fo is, lorsque
j ’ai voulu déterminer , d’après les différentes couleurs ,
quelles sont les diverses espèces de cataractes.
La malade bien décidée à courir les chances de
l ’opération, et tout étant disposé pour la pratiquer,
j ’introduisis dans l’œil gauche l’aiguille courbe de
Scarpa. Au lieu d’y rencontrer la membrane cristalloïde
opaque, je n’y trouvai qu’une substance caséeuse,
n’offrant aucune résistance à l’instrument qui la tra
versait en tout sens , sans lui faire subir aucun dé
placement. Malgré que j’aperçusse distinctement le
crochet de l’aiguille, à travers la cornée transparente
et la pupille, je crus un instant q u e , trompé par
la pellucidité de la cristalloïde, je n’aurais fait que
distendre cette membrane au lieu de la déchirer, et
qu’ainsi retenu dans l’espèce de k is te , formé par la
capsule, le corps opaque ne pouvait point être dé
placé et délayé dans l’humeur aqueuse. Toutefois,
après avoir dirigé la pointe de l ’instrum ent, d’arrière
en avant à travers la pupille, dans la chambre an
térieure , et l’avoir conduit jusqu’à la face postérieure
�( *^7 )
de la corne’e transparente , je fus aisément convaincu
que la cristalloïde n’existait point, et que la substance
opaque était libre dans la chambre postérieure.
Je portai de nouveau l’instrument à travers cette
substance , dans la vue de la diviser et opérer quel
que déplacement à la faveur duquel elle pût être dé
layée et absorbée. Je la traversai d’avant en arrière ,
d’arrière en avant ; je fis exécuter à l’aiguille des mouvemens de rotation en tout sen s, mais en vain ; il
semblait que l’instrument pénétrait dans le vide; il ne
laissait aucune trace de son passage.
N ’espérant pas beaucoup de succès de cette opéra
tion, et croyant rencontrer moins de difficultés à la
cataracte de l’œil d ro it, je tentai de suite cette seconde
opération , dont le résultat fut en tout semblable à
celui de la première ; même état des parties , mêmes
manœuvres , et même insuccès.
Je fis coucher la malade dans une chambre obscure ;
je recommandai la diète ; je prescrivis une potion
anti-spasmodique , et j ’appliquai sur les paupières des
compresses trempées dans un collyre opiacé , dans la
vue de prévenir les accidens inflammatoires et ner
veux qui succèdent quelquefois à cette opération , mais ,
qui ne se manifestèrent pourtant pas , malgré que la
manœuvre eût été longue, et que la pointe de l’ai
guille eut touché l’iris de l’œil droit , dans les divers
mouvemens imprimés à cet instrument.
Quoique ces deux opérations eussent été infructueu
ses , puisqu’elles n’avaient produit aucun changement
favorable , je n’étais point décidé à abandonner la ma
lade , persuadé d’ailleurs , que les yeux étaient bons,
et qu’il ne s’agissait que de détourner ou d’enlever
le corps opaque , pour lui rendre la vue; mais peu
satisfait de l’aiguille de Scarpa, pour une cataracte de
sctte nature , et craignant qu’une nouvelle tentative
�n'eût pas un résultat plus heureux , j ’avoue que je
me serais volontiers déridé pour l’extraction, si j’eusses
été pourvu des instrumens nécessaires pour la prati
q u er, malgré que je ne sois point partisan de cette
méthode.
Enhardi, cependant, par les pressantes sollicitations
de la malade , qui m’assurait que l’espoir de recouvrer
la vue lui ferait supporter cinquante fois la même, opé
ration , si cela pouvait être necessaire , je me déterminai
à entreprendre une seconde fois le déplacement de la
cataracte de l’œil gauche, un mois et demi après la
première tentative.
Je portai de nouveau l’aiguille de Scarpa dans la
chambre postérieure. La pointe recourbée de l’instru
ment arriva au devant de la cataracte sur laquelle je
la dirigeai alors pour la traverser d’avant en arrière.
Je ramenai dans un sens opposé la pointe de l’ai
guille , en traversant la cataracte d’arrière en avant,
sans pouvoir lui faite subir le plus léger déplacement.
Portant enfin , une seconde fois, la pointe de l’instru
ment d’avant en arrière, et fesant tourner le manche
entre les doigts , je parvins à faire une trouée au centra
de cette substance opaque , à la faveur de laquelle
j ’aperçus la couleur noire que présente le fond de
l’œil. Je m’attachai dès-lors, à écarter autant que pos
sible , les molécules de cette substance caséeuse , dans
tous les points de la circonférence de la pupille ; mais,
à mesure que je cherchais à i’écartep dans un sens,
elle se rapprochait aussitôt dans le sens opposé ', en
s’avançant vers le centre ; en sorte que ce que je
gagnais d’un côté , je le perdais de l’autre. Je réussis,
cependant, après beaucoup de peine , à donner à cet
écartement des dimensions à-peu-près équivalentes au
tiers de l ’ouverture ordinaire de la pupille , et j’eus
lieu d’ètre satisfait, lorsque , après avoir retiré l’aiguille
�( ïS g )
de l'œil j la malade distingua les divers objets que je
lui présentai.
L ’œil fut couvert d’une compresse soutenue par une
bande , et la malade fut placée dans l’obscurité. Au»
cun accident ne se manifesta. La légère phlogose à la
conjonctive, suite inévitable de la piqûre des mem
branes , avait entièrement disparu le huitième jour »
époque où j’enlevai l’appareil.
Quinze jours après l’opération, l’ouverture pratiquée
au centre du corps opaque s’était considérablement
agrandie , t t , de ronde qu’elle était d’abord, elle
avait contracté une forme irrégulière. La malade y
voyait distinctement. Mais quelle fut ma surprise,
lorsque , à la même époque , la malade m’assura
et me donna des preuves évidentes qu’elle distinguait
bien les couleurs de l’œil droit! J’aperçus, en effet,
que, depuis la dernière opération pratiquée à l’œil
gauche, la cataracte du côté opposé était devenue
beaucoup moins opaque.
Au vingt-cinquième jour , le corps opaque de l’œil
gauche était presqu’entièrement dissous, et la pupille
dégagée de tout obstacle, dans les deux tiers externes
de sa circonférence. La cataracte droite était extrê
mement amincie et la pupille offrait un point noir,
au coté externe de son diamètre transversal , à la
faveur duquel la malade pouvait distinguer, les objets
qu’on avait soin de placer vers l’angle externe de l’œil.
5S.,ne jour , cataracte gauche entièrement dissoute
et absorbée.
Considérablement diminuée , l’opacité de l’œil droit
u’occupait plus que les deux cinquièmes internes en
viron de la circonférence pupillaire j en sorte que
les trois cinquièmes externes de cette ouverture étaient
libres,
T . IY .
18
�( ryo )
Le 5o.me jour , la cataracte droite avait entièrement
disparu.
Il y a environ trois ans que cette opération a été pra
tiquée ; Mme. Bm naud jouit d’une bonne santé ; elle
peut se livrer aux mêmes occupations qu’avant l’épo
que de sa cécité ; e t , bien qu’elle y voit des deux
yeux , la vision du côté droit s’opère d’une manière
plus parfaite.
<
O b s e r v a t i o n s sur un cas d’amygdalite, de laryngite,
et de trachéalite, par M. C a z a l s , D.-M . , corres
pondant de la Société royale de médecine de Marseille
et de plusieurs sociétés médicales et académies litté
raires , médecin à Agde.
Mme. JR...., âgée de 26 a n s , se plaignit deux mois
après ses couches d’ une douleur aux amygdales; le
fond de la bouche était rouge, douloureux, tuméfiéj
la fièvre était vive , chaleur universelle, sécheresse
de la p eau , agitation, insom nie, les selles étaient
ra res, les urines rouges et briquetées , respiration
difficile , déglutition , paroles pénibles et par fois im
possibles , une douleur vive se faisait sentir à l’oreille
lorsqu’elle avalait la salive. Malgré des larges saignées
du b ra s, l’application des sang-sues réitérées au cou,
des pédiluves , des gargarismes-, des cataplasmes au
tour du cou , l’inflammation devint plus considérable,
'le s douleurs plus intenses , la voix sourde, rauque ,
les boissons refluaient en partie par les narines et
retombaient dans la gorge; le cou était tuméfié; la
salive fétide, épaisse et visqueuse était rejettée par
la sputation , la malade évitant de l’avaler , à cause
de la douleur qu’occasionait la déglutition. Un vé
sicatoire fut placé à la partie antérieure du cou,
�( *7 * )
d’autres furent posés aux cuisses -, des, sinapism es fu-»
rent appliqués aux pieds.
Tous ces moyens furent infructueux pour obtenir
la résolution. Le voile du palais , les p ilie rs, les.
amygdales devinrent bleuâtres , livides et noirs ; des
escarres se détachent en plusieurs endroits. 11 y a
fétidité de l’haleine , cessation de la douleur, faiblesse,,
irrégularité du pouls, froideur des extrémités. Nous
eûmes recours à des gargarismes excitans et anti
septiques , avec adition d’alcohol camphré , d’h y
drochlorate d’ammoniaque. La malade ne pouvant se
gargariser , on porte souvent un pinceau trempé dans
le liquide qui devait servir de gargarisme , sur les es
carres gangréneuses. Nous eûmes également recours
à des injections de même nature, et faites au m oyen
d’une petite seringue. On administra , à l’intérieur , les
pilules camphrées, le quinquina et autres anti-sep
tiques. Ces moyens triomphèrent de la gangrène , il
resta des abcès sur Tune et l’autre amygdale. Pour
donner issue au pus et dans un moment de suflbcaLion imminente, il fallut livrer à l ’air une voie arti
ficielle. La laryngotomie devint indispensable. On in
cisa la membrane cricothyroidienne et on plaça dans
la plaie une petite canulle. On insista sur les moyens
dérivatifs les plus énergiques. On enveloppa à la fois
les jambes et les bras avec des synapismes faits aveo
la moutarde , le vinaigre et addition d’hydrochlorate
d’ammoniaque.
L ’abcès o uvert, le pus s’écoula ; on fit gargariser
la malade avec de l’eau d’orge miélée, quelques jofirs
ensuite avec le miel rosat. La cicatrisation ne tardn
pas à s’opérer. Depuis cette époque , la malade mange,
dort et jouit d’une assez bonne santé,
t— M, H
âgé de 56 ans, souffrait depuis trois jours
d’un sentiment pénible et gênant dans le larynx, Cens»
�( ! 72 )
trietion à son ouverture , toux sèche , tête lourde. À
mesure que la laryngite m archait, ses symptômes se
prononçaient d’avantage, la déglutition, quoique libre,
était douloureuse par le mouvement que le larynx
exécutait. Les sens s’altèrent, ils deviennent aigres,
aigus ; la respiration est faible , difficile , stertoreuse ;
la céphalalgie augmente , la face rougit, les yeux s’a
niment , l’otalgie s'accroît. Le pouls est dur , l’urine
briquetée. A cette phlégmasie, qu’on doit toujours re
garder comme une maladie dangereuse , furent opposés
les secours les plus prompts. Large saignée du bras,
sang-sues au col , pédiluves , ventouses scarifiées sur
les parties latérales du cou et à la nuque. Diète sé
vère , boissons rafraîchissantes, gargarismes avec le
sirop de m ures, et malgré les moyens anti-phlogistiques , la maladie ayant em piré, on fit placer un
large vésicatoire à la partie antérieure du cou , on en
établit d’autres aux cuisses. Les synapismes furent ap
pliqués aux pieds.
La prompte administration de ces secours ne parut
point s’être opposée au premier degré de l’inflamma
tion , la laryngite marchait avec vitesse, et paraissait
menacer le malade d’une mort prompte par la suffo
cation quelle occasionait , et qui devint si imminente,
que nous fûmes obligés de pratiquer la trachéotomie.
L a malade a conservé quelques duretés çà et l à , mais
elle existe encore.
— Le sieur G alzy, marin , se plaignait d’une douleur
aigiie à la partie moyenne et antérieure du cou et de
la partie supérieure du sternum , que le toucher ren
dait plus sensible encore. T ou x sè ch e, fréquente, sons
rauques , respiration petite , très-pénible , sifflante ; à
la dypsnée succéda promptement l'orthopnée. La fiè
vre devient vive, chaleur de p oitrine, céphalalgie,
spif ardente, etc. Nous opposâmes à cette affection
�( T7 5 )
redoutable, le même traitement que nous avions em
ployé dans l’affection précédente.
Ges secours administrés assez promptement pour
vaincre le preipier degré inflammatoire , amenèrent
la résolution salutaire de la trachéalite, maladie qui,
comme la laryngite, peut, avoir une issue heureuse ou
funeste et suivre une marche chronique dont la ter
minaison est la phthisie trachéale qui , de même que
la laryngée, est constamment mortelle.
Le croup n’est qu’une phlegmasie du larynx et de
la trachée. Dans cette phlegm asie, l’auptosie offre
un rétrécissement du tube aérien occasioné par une
couche albumineuse peu adhérente aux parties qu'elle
couvre, de là , le grand avantage des saignées locales,
des vésicatoires , des émétiques , des moyens dériva
tifs , d’une médecine agissante. Les deux premières
périodes de celte maladie sont essentiellement phlogistiques, la troisième évidemment adynamique , les
mêmes moyens qui conviendraient dans les unes , sont
infailliblement préjudiciables dans l’autre , sur le déclin
du mal, lorsque les symptômes adynamiques ont suc
cédé aux symptômes inflammatoires, et que la mem
brane muqueuse du canal de la respiration participe
de l’atonie générale.
�( j 74 )
SÉANCES
PENDANT
DE
LE
M O IS
LA
D’A O U T
SOCIÉTÉ
l8 2 2 ,
3 Août. —f Lecture est faite d’une lettre de M. Pelle
tier , Secrétaire-général de la Société des sciences, belleslettres et arts d’Orléans, qui remercie la Compagnie de
l’envoi de l’exposé de ses travaux pendant les années
18 17 , 18 18 , 18x9 et 1820.
M . Sue donne ensuite lecture d’un mémoire de M.
Graperon , médecin à Théodosie ( C r im é e ) , sur les
propriétés désinfectantes des fumigations faites avec un
mélange de soufre et de nitre.
Il fait part aussi d’une lettre de M. Forcade , médecin
à Marseille , qui exprime le désir de rentrer dans le
sein de la Société. Sa demande est prise en considération
par la Compagnie , qui le reçoit , séance tenante , au
nombre de ses membres titulaires.
M. Flory lit ensuite son rapport sur la dissertation
de M. Triaire , portant pour titre : Essai sur les ma
ladies vermineuses des enfans.
La séance est terminée par la lecture du mémoire de
M . Froment , médecin à Aubagne , sur l'abus des sang
sues , de l'eau de gomme et des autres boissons mucilagineuses dans la pratique.
10 Août. — M. Gazais, médecin à Agde , adresse à la
Société trois observations sous le titre à'Amygdalite , de
laryngite et de trachèalite. Elles seront soumises à
l’attention de la Compagnie dans sa prochaine réunion.
On lit ensuite une lettre de M. Sablairoles , médecin
à Montpellier , qui manifeste le désir d’appartenir à la
Société en qualité de membre correspondant, et lui
�adresse à cet effet un Mémoire sur les sympathies en
général et particuliérement sur celles Je l'estomac, avec
différentes parties du corps humain. M. Forcade est
chargé du rapport à faire sur ce mémoire.
M. Sigaud lit un rapport sur l’ouvrage du docteur
Cutamilli , médecin de l’impératrice - mère de Russie ,
ayant pour titre : Découverte sur le croup , ou Yasthma
sinanchicum acutum.
Le reste de la séance est consacré aux conférences
cliniques.
17 Août. — On lit une lettre de M. Amie , médecin à
Brignoles , servant d’envoi à un mémoire relatif à une
espèce singulière de mutisme. La Société prendra con
naissance de ce travail dans une de ses prochaines
réunions.
M. Goulin lit une observation sur une Jluxion de poi
trine compliquée de fièvre miliaire, guérie par une saignée
après laquelle on eut recours à une médication excitante.
Lecture est faite ensuite des trois observations de M.
Cazals, sur un cas (Yamygdalite , de laryngite et de
tracliéalite.
MM. Beullacpére, Heymonet, Goulin, Rampai lisent;
plusieurs observations où le vomi-purgatif de M. Leroy
a produit de fâcheux effets.
24 Août. — M. le Secrétaire donne connaissance :
i.° D ’une lettre de M. Desgranges , médecin à Lyon ,
qui adresse une Observation et des remarques sur un
nouveau remède proposé pour la curation de la phthisie
laryngée. Ce travail sera lu dans une des prochaines
séances de la Société.
2." D ’une lettre de M. Favart, membre titulaire, qui
fait hommage à la Compagnie, d’un ouvrage qu’il vient
de publier sous le titre d'Essai sur ï entendement mé
dical. Dite commission composée de MM. Guiau d , Reyj
Segaud, Sigaud et Sue est chargée de présenter un rap
port à la Société sur cei ouvrage élémentaire.
�( *7(j )
5 .° D'une lettre de M* le Maire, qui invite MM. lès
Président , Vice-Président et Secrétaire à assister à la
Cérémonie de l’inauguration solennelle du buste de Louis
X IV et à celle du portrait de S. A . R. Monseigneur le
duc de Berry.
M. Forrade lit une observation qui offre de l’analogie
avec la fièvre jaune.
M. le Secrétaire donne lecture ensuite du mémoire
de M . Amie sur une espèce singulière de mutisme.
L ’ intérêt que présente l’observation qui fait le sujet de ce
m ém oire, joint aux; questions délicates que l ’auteur
soumet à la Compagnie , portent c e lle -c i à se faire
faire un rapport détaillé sur ce sujet. M . Sigaud est
chargé de cette lâche.
3 i Aoz:t. — M. le Secrétaire fait part : i.° d’une lettre
de M M . les recteurs et fabriciens de l’église de la Major,
qu1 font hommage à la Société de six exemplaires de
VEloge funèbre de Monseigneur de Belsunce , par M.
l'abbé Denans. ( Dépôt dans les archives ).
2.0 D ’une lettre de l’Académie des sciences , belles-*
lettres et arts de Marseille , qui invite la Société à
venir assister à la séance publique qu’elle doit tenir le
premier septembre. La députation d’usage est nommée
pour représenter la Compagnie dans cette circonstance^
M. Ailhaud lit son rapport sur la Dissertation sur la
P este, présenta à la Société par M. Crouzet.
Deux observations de lièvre simulant la fiè'vre jaune
sont ensuite communiquées par MAI. Flory et Magail.
La séance est terminée par la lecture de l’observation
et remarque sur un remède nouveau contre la phthisie
laryngée, par M . le docteur Desgranges.
B E ]V A C , Président.
S
ue,
Vice-Secrétaire i
�< l 77 )
OSSERVATIONS sur l'inflammation de Tarachnoïde,
par J.-N. Roux , D .-M . à Saint - Maximin ( Var ) ,
membre de plusieurs Sociétés de médecine.
Ex communiquant des observations sur l’inflam
mation de l ’arachnoïde, je ne prétends pas m’attri
buer la gloire de jeter quelque jour sur une affec
tion qui n’a pas été toujours bien reconnue faute
d’autopsies cadavériques exactes; mais ceux qui ont
lu l’excellent ouvrage (1) de M. le professeur Lal
lemand, de Montpellier, reconnaîtront la vérité des pré
ceptes qu’il renferm e, dans les cas que j’ai observés.
Pour m oi, qui ai long-temps suivi les leçons clini
ques de ce professeur distingué, je me suis con
vaincu par l’exemple et par l’expérience que dans
beaucoup de circonstances où l’on croyait avoir à faire à
une fièvre ataxic/ue , maligne , e tc ., dont on ne dé
terminait pas le siège et que l ’on traitait par con
séquent d’une manière fort peu rationnelle, le ma
lade succombait , tandis que si le#mal eut été reconnu
et attaqué de bonne heure , l’on aurait pu en triom
pher par des moyens fort simples.
Dans quelques circonstances une plaie de tête a
(i) Depuis près de deux ans que les lettres de M. le
professeur L a l l e m a n d ont été publiées , on aurait raison
d'être surpris que nous n’en ayons point encore fait l’ana
lyse,vu que nous l’avons annoncée page 170 de notre I.«r tome.
Nous dirons aeulemsnt , pour nous justifier , que nous ne
pouvons être responsables que jusques à u> certain point
d'un retard qui ne vient pas de nous , l’analyse dent il
s’ a g it ayant e'té depuis long-temps confiée aux soins de notre
collaborateur , M. le D. S ig a u d .
( N o t e d u R é d a c t e u r - g é n é r a l ).
T . IV-
T9
�( ! 78 )
fait faire beaucoup de raisonnemens sur le traitement
chirurgical à em ployer, lorsqu’elle était accompagnée
des symptômes qui caractérisent l’inflammation des
méninges ; il aurait certainement mieux valu s’oc
cuper du traitement médical et faire des pansemens
sim ples, proportionnés à l’état des parties intéressées.
x . " O b s e r v a t i o n . — Je fus appelé, le 17 juillet
1822, pour donner mes soins à une femme de 60
ans environ, encore forte et bien constituée. Je la
trouvai dans le délire , la pupile resserrée, la face
anim ée, la langue sèche et rude , fièvre très-intense,
soubressauts dans les tendons. La poitrine était saine
et le bas-ventre exempt de douleurs. Cet état du
rait depuis 10 à 12 heures et était survenu après
un accès de colère très-violent , ce qui me fit soup
çonner que l ’arachnoïde était affectée d’inflammations,
la cause déterminante étant sans doute la congestion
du sang vers la tète qui a lieu toutes les fois qu’ une
passion violenLe s’empare de nous. Je fis faire une
saignée et une forte application de sang-sues au col
dans le trajet de là veine jugulaire de chaque côté,
des applications froides sur le sommet de la tète et
des synapismes aux mollets succédèrent aux saignées,
la diète fut recommandée, des tisanes émollientes
furent prises pour boisson. Le délire diminua à me
sure que le sang coula , les applications froides ache
vèrent de le dissiper. La convalescence ne fut pas
de longue durée et cette femme jouit aujourd'hui
de la meilleure santé.
Je pourrais placer à côté de cette observation celle
dont un jeune homme de 17 ans fut le sujet, mais
comme elle est en tout semblable à celle-ci, je crois
pouvoir m’en dispenser.
2.rae O b s e r v a t i o n . — Un enfant de i 5 ans se
trouva sur le passage d’un cheval lancé avec beau-
�( J 79 )
coup de force et fut foulé aux pieds , ( c’était le
6 juin 1822 ). Il fut transporté presque sans vie
dans sa maison où je le vis conjointement avec
deux de mes collègues : nous reconnûmes que l’uii
des pieds du cheval avait porté sur la partie pos
térieure de la tête , qu’il avait coupé les parties mol
les et avait enfoncé la table externe de l'angle su
périeur de l’occipital dans le trajet d’environ deux
pouces et dem i, en dessinant parfaitement l’arcade for
mée par le bord antérieur du fer. Je pense que
la table interne de l’os n’avait point souffert, la face
était m eurtrie, il paraît qu’elle avait supporté tout
l’effort. Le malade rendit par la bouche une grande
quantité de san g, ce qui alarma les assistans et que
je crus provenir des fosses nasales en passant par
l’arrière
bouche. Le malade " était comme hébété,7 sans
I
mouvement. Il avait la pupile dilatée , le regard ina
nimé, les membres froids , le pouls petit et con
centré. Une saignée fut pratiquée à l ’instant et ne
produisit pas d’amélioration : après avoir rasé la
tête je débridai la plaie transversalement dans l’es
pace d’un demi-pouce de chaque côté , le péricrane
qui se détacha assez, facilement dans toute l’étendue
de la plaie me fournit les moyens de m’assurer que
l'os n’était point altéré dans d’autre endroit que ce
lui dont j’ai déjà parlé, ce qui me parut peu grave :
mais l’état de stupeur dans lequel ce malade était
plongé , était bien capable de donner des craintes
sur l’ébranlement du cerveau ou sur un épanchement
sanguin. Cependant bientôt je crus reconnaître qu’il
n’existait ni l’un ni l’autre ; le délire ne tarda pas
à se manifester et fut accompagné d’agitations , de
rougeur de la face , de resserrement de la pupile et
de fièvre très-intense. Je crus que l'arachnoïde deve
nait le siège d’une inflammation qui pourrait ame»
�( *8o )
ner la mort, si elle faisait des progrès, en conse\
quence j ’ordonnai une deuxieme saignée, ensuite une ap
plication de sang-sues à la tê te , des applications froi
des sur le sinciput, synapismes aux m ollets, diète,
tisane d’orges pour boisson. Pendant huit jours ces
moyens furent employés selon l’indication, le malade
reprit ses sens et la fièvre cessa. L ’appareil qui avait
été mis sur la plaie fut levé au troisième jour , la
suppuration était ahondante et de bonne nature , des
bourgeons charnus ne tardèrent pas de s’élever du
fo n d , la guérison fut parfaite le 25 ,me jour.
Avouons que si ce malade était tombé entre les mains
d’un partisan de l’opération du trépan , il n’en au
rait pas échappé sans la subir ; l’assoupissement,
la dilatation de la p u p ile, la froideur des membres,
la petitesse du pouls, auraient pu paraître des rai
sons suffisantes pour la pratiquer, surtout lorsque
ces symptômes persistaient assez long-temps. L ’on
aurait pu soupçonner un épanchement sanguin audessus ou au-dessous des m éninges, par l’opération,
on aurait évacué une certaine quantité de san g ,
parce que les instrumens coupent toujours quelque
vaisseau et l’on se serait applaudi alors d’avoir rem
pli cette prétendue indication.
On ne sera pas fâché , je crois ; de trouver à la
suite de ceci , un troisième fait qui a été exa
miné avec soin et qui me paraît assez curieux.
5 .me O b s e r v a t i o n . — Le nommé F i . . . , de Nan
tes , âgé de 60 à 65 a n s, était affecté de ce genre
de manie que les Anglais ont appelé spleen et qui
est caractérisé par l’envie de se détruire , sans que
l ’on aperçoive chez ceux qui en sont atteints , d’au
tre dérangement dans les idées.
Dans un même jour ( le 6 septembre 1822 ) , l’in
dividu qui est le sujet de cette observation, se pré-
�( i8 r
)
ripita d’une fenêtre assez élevée, sans se faire au
cun m al, et ensuite dans un puits profond, où il périt
nu bout de vingt minutes d’immersion. Je fus ap
pelé comme médecin légiste et je trouvai sur le
sommet de la tète une plaie de quatre pouces et demi
découvrant le pariétal gauche dans toute cette éten
due, il n’j avait point de fracture; la face était
meurtrie et violacée ; une plaie de deux pouces d’é
tendue se remarquait au côté gauche de la lèvre
inférieure ; la pupile était dilatée , la bouche pleine
d’écume ; le pouls n u l, la peau froide , les autres
parties du corps présentaient quelques contusions ,
mais rien de particulier. J’annonçai que cet homme
était mort ; cependant j ’insuflai de l’air dans les narrines en fermant bien la bouche , quelques autres
épreuves furent faites , mais toujours en vain.
Vingt-quatre heures apres , l’ouverture du corps
nous présenta ( t) : la tête avec des lésions extérieures
déjà décrites; les membranes qui enveloppent le cer
veau n’offrant rien de particulier. Le cerveau avait
sa consistance et sa couleur naturelle , mais en pé
nétrant dans les ventricules latéraux, on remarquait
une plus grande quantité de sérosité qu’à l’ordinaire,
le plexus chorroïde était injecté, et dans la fente trans
versale de B icha t, la portion d'arachnoïde qui s’y
trouve était remarquable par des adhérences bien
(i) Il était naturel de penser , avant de procéder à l ’au
topsie cadavérique , que si cet individu riait mort de la
commotion cérébrale, nous ne Uouvcrions point d’eau dans
l’estomac et les intestins , mais que ces organes en seraient
gorgés , si l’asphyxie avait terminé ses jours. Je fis part
de cette -idée à deux de mes collègues qui étaient présent
e t qui f u r e n t du même avis.
�( iS a )
marquées et d'autres traces d’inflammation chroni
q u e , telles que des fausses membranes de la rou
geur, etc.
— Poitrine. Les branches contenaient un fluide
écumeux en assez grande abondance, mais point
d’eau ; les poumons étaient crépitans ; le cœur et
le péricarde dans l’état naturel.
Abdomen. — L ’estomac et les intestins grêles rem
plis d’eau claire ; le foie , la rate , le pancréas et les
autres organes contenus dans la même cavité étaient
sains.
Il n’y a de remarquable ici que les traces d’inflam
mation trouvées dans cette partie de l’arachnoïde
qui passe par la fente transversale de Bichat et va
tapisser les ventricules. Assurément cette observation
ne suffit pas pour prouver que la manie ou que le spleen
sont occasionés par une inflammation de l’arachnoïde,
mais j’ai voulu faire part de ce que j’ai trouvé
et si l’observation était répétée , je crois que ce fait
offrirait alors beaucoup d’intérêt.
En lisant ceci , l’on voit que je suis porté à at
tribuer le délire à l’inflammation de l’arachnoïde et
non pas du moins , pour les cas dont il s ’agit, à
celle du cerveau. Je sais b ie n , comme l’a dit M.
Roslan , l’un des médecins les plus distingués de la
Salpêtrière ( i ) que l'arachnoïde ne pense pas , mais
aussi je ne prétends pas dire que l’inflammation ne
produise des effets nuisibles que sur cet organe ; le
cerveau est si intimement uni avec cette membrane,
qu’elle ne peut être malade sans qu’il en éprouve
quelque atteinte. Et par exemple si cela n’était point
( i ) V o y e i son ouvrage sur le ramollissement du cerveau,
un volume iu -8 .° Paris 1820.
�( i 83 )
ainsi, comment cet homme qui se précipita dans us
puits, ne présenta-t-il des traces d'inflammation an
cienne que dans l’arachnoïde et pourquoi cette in
fluence de la membrane séreuse sur l’organe pensant î
J’avoue , avec l’auteur que je viens de citer, que le
délire existe dans les inflammations aiguës du cerveau ,
niais alors il dure bien plus long-temps que dans
mes deux premières observations.
N o tes recueillies en visitant les prisons de la Suisse «
et remarques sur les moyens de les améliorer, avec
quelques détails sur les prisons de Chambéry et de
Turin, par Francis C unningham , suivies de la des
cription des prisons améliorées de Gand, Philadelphie,
Bury , llchcsler et Millbank, et d’un rapport sur le
comité des dames à New - Gâte par T . F. Buxton ,
e x -membre du Parlement. Genève et Paris , che2
Pachoud, 1820 , in-8 .°
S ’ il est un sujet vraiment digne de fixer l’attention
de toutes les classes de la société , c’est sans doute l'a
mélioration des prisons ; depuis long-temps les méde
cins, part e intégrante des philanlropes , ont réclamé
l’attention des gouvernemens sur ce point important
de police médicale : les pleurs ni la mort des malheu
reux , les cris ni les prières des hommes sensibles
n’ont pu parvenir jusqu’aux oreilles des gouvernons ;
c’est aujourd’hui encore plus que jamais que cette res
source est indispensable , aujourd’hui que la préven
tion seule vous expose à la punition la plus rigoureuse
du crime , aujourd’hui que l’homme suspect n’est point
distingué de l’homme coupable dans des prisons aussi
mal saines que hideuses. Un grand nombre d’auteurs
instruits et malheureux du malheur des autres se sont
s
�( '8 4 )
contentés d'exposer aux yeux des peuples l’espèce de
question à laquelle des infortunés coupables ou non,
sont condamnés chaque jour. D'autres en retraçant ce
tableau de douleurs ont proposé les remèdes , ils méri
tent tous l’étude réfléchie des médecins et la juste at
tention des gouverneinens. Les ouvrages sur ce point
se sont multipliés en raison directe de l ’horreur qu’ins
pirent les prisons au X I X .e siècle et des progrès de
la philosophie moderne , et grâce à ces travaux , ce genre
de recherches a acquis un tel degré d’intérêt, que leur
résultat a laissé en arrière toutes les autres branches de
la police médicale et plusieurs de l’économie politi
que. Le travail de M . Buxton est du nombre de ces
ouvrages très-rares néanmoins aujourd’h u i, qui ne sau
raient être soumis à une bonne analyse , il est luimême le précieux résultat des travaux pénibles et de
leur conséquence , c’est-à-dire, des idées d’améliorations
possibles dans l’état actuel des choses ; ce livre , qui
mérite d’être le manuel des hommes d’état comme
celui des m édecins, est d’un intérêt général, l’auteur a
le soin de comparer entr’eux les divers monumens qu’il
a visités , il les examine ensuite sous le rapport de la
justice et en suite sous celui de l’humanité et j’avoue
que nous n’y retrouvons les droits ni de l’un ni dé
l ’autre. Il dévoile ensuite des abus odieux, des vexa
tions criantes qui ont pour eux toute la véracité né
cessaire à l’homme non aveuglé par les partis. Comme
on l’a vu dans le titre de l’ouvrage M. Buxton
rapporte l’ouvrage intéressant de M. Cunningham, qui
a eu six éditions successives chez nos voisins d’outre
mer , et qui a peut-être été une des principales causes
des ressources nombreuses introduites dans les prisons
de cette nation inhospistalière , pour me servir de l’ex
pression de César.
Nous avons à regretter que M. Buxton n'ait par-
�( i85 )
couru les prisons de la France et qu‘il n’a it , en quel
que sorte, travaillé que pour l'intérêt de la Suisse ; il
est vrai qu’on ne pénètre que très-difficilement dans
ceà cloaques : un abus très-grand dans la direction de
ces établissemens et qui a justement irrité l’humanité
de M. Buxton , c'est l’insousiance des administrateurs ,
ou mieux l’oubli d’utiliser l’oisiveté dangereuse des
prisonniers ; le peu de soin qu’ils se donnent pour
rappeler ces malheureux à l’amour du bien : ce der
nier point, qui nous paraît si important , est assez géné
ralement regardé comme impossible par une aveugle
routine ; qu’on lise , qu’on médite les résultats nom
breux obtenus par le comité des dames à N ew -G ate
et l'on verra que l’on est parvenu à diminuer tellement
le nombre des récidives , que chez les femmes compa
rées aux hommes , leur nombre était comme 3 est à 5 ;
tandis qu’au) ourd’h u i, elles ne sont plus que comme
i est à 12. Il serait trop long d’examiner les témoi
gnages nombreux et importuns que l’on trouve dans
M. Buxton contre cet horrible préjugé ; du reste de
ces relevés divers , il résulte une vérité aussi impor
tante que douloureuse , c’est que les crimes se mul
tiplient en raison directe du mauvais état des maisons
de détention.
La Société a le droit d’infliger des corrections en
raison directe du crime , elle n’a point celui de con
damner un individu à la cacochym ie, au scorbut, et
c’est cependant, ce que nous voyons le plus ordi
nairement. Pour n’en citer qu’un exemple , il n’y a
peut-être pas d’années où l’on n’observe une épi
démie de scorbut dans la maison de détention de cette
ville (Montpellier). La justice a le droit de condamner un
malfaiteur à quelques mois de prison, mais non à
mourir d’une lièvre earcenaire : c’est cependant ce
T . IV .
2®
�(
i8 6 ;
que j’ai vu dans un grand nombre de prisons de
France, qui sont des lieux d’endurcissement au crime,
plutôt que des maisons de correction : quel est l'état
des malheureux même prévenus, détenus à la pri
son du palais de cette ville ! Un cachot infect,
très-humide avec de la paille, voilà leur habitation;
jamais ils ne jouissent de la douce influence du so
leil , ils sont accumulés dans un trou et sans grabat,
il en est tout autrement de ceux qui peuvent payer
dix-huit à vingt francs par m ois, ils ont un lit,
qui n'est guère bon , il est v ra i, mais qui vaut mieux
que
le pavé humide , et recouvert seulement de
quelques brins de paille ; dans cette oisiveté forcée
quelle sera leur conversation, leur occupation, les
projets du crime ou son exécution-? Quel sera main
tenant le complément de l’éducation que recevra dans ce
lieu un jeune homme de i 5 à 16 ans Ne se familiarise
ra-t-il pas par des narrations criminelles avec l'idée du vol,
du meurtre, et c’est aussi ce qui arrive ; pour mon
m alheur, j’ai vu de trop près ces sortes d’associa
tions et cc-s conversations dégoûtantes ; est-ce donc
là le but que les magistrats ou les législateurs se
sont proposé ? Je ne saurais le croire. 11 serait à
la fois cruel et impolitique , pour ne pas dire plus.
Joignez, à ces qncouragemens faits à des prévenus,
même à des criminels , cette douceur naturelle à des
geôliers , et justement passées en proverbe; ce n’est
point comme ils le font que l’on- doit traiter des
malheureux, le respect doit être le premier pointa
observer dans leur direction , et c’est celui dont on re
tirera de vrais avantages. Au contraire , ils paraissent
ne vivre que dans un état d’excitation continuel, ils
n’approchent un malheureux demandant de l’eau qu’avec
un air sévère, peu m’importe qu’ils m’aiment, pourvu
qu’ils me craignent, c’est la grande maxime des des-
i
�C 187 )
potes et c’est celle de tous les geôliers : quels se*
ront donc les résultats de celte conduite ? le dé
sespoir'; ou ils tourneront contre eux-mcines leurs
armes s’ils sont encore honnêtes, ou contre l’homme
dur s’ils sont crim inels, de toutes les manières je ne
trouve rien de fort bon dans cette méthode ; cette
conduite sera bien plus horrible , lorsqu’on la dirigera
sur un homme prévenu d’une peccadile, d’un cri
séditieux et que la loi n’arrctc que pour s’assurer
de sa présence lors du jugement ; cependant c’est
une condamnation ou une peine qu’il inflige , et s’il
est innocent on le rend à la liberté, après avoir souf
fert ce traitement horrible quelquefois pendant des an
nées. Il en était de même des aliénés avant la nais
sance de la philosophie moderne, les moyens de dou
ceur employés pour les guérir étaient des coups de
bâton, l’expérience a prouvé combien ce moyen était
Utile. Mais il est assez reçu aujourd’hui de punir et
de juger après, sans que l’innocent ait une respon
sabilité à attaquer, c’est l’impunité qui emprisonne
l’innocence. Entraîné par la juste horreur que ré
veille en moi la lecture du précieux ouvrage de M.
C . , j’allais récapituler mes idées , lorsque je ne dois
parler que des siennes. M. C. trace d’abord le ré
gime observé dans les prisons et les moyens de les
améliorer. 11 passe ensuite aux droits des prévenus
ou des prisonniers et de ceux des coupables. Il
parle du traitement moral des prisonniers et nous
devons l’annoncer, c ’est dans ce chapitre qu’il nous
trace les vrais, moyens do corriger le crime , après
l’avoir puni. L ’auteur classe ensuite sur des chefs
principaux les points de réfonnalion les plus importons,
qn’il traite avec un talent supérieur. Le premier,
celui qui nous intéresse le plus directement et contre
l’absence duquel nous nous sommes toujours récriés , est
�'
F ■
Il
aiiÊ
( 188 )
la santé sous un rapport hygiénique , il passe ensuite'
successivement en revue la classification ou séparation
des prisonniers, leur inspection , leurs travaux, leur
instruction , leur discipline et les moyens d’améliora
tions , on conçoit de quel intérêt doivent être ces ques
tions traitées par une plume aussi philosophique et
aussi exercée que celle de M. C. j c’est en suivant
ses conseils que l’on verrait bientôt les lois criminelles
devenir inutiles , car les lois civiles sont aux lois cri
minelles ce que l’hygiène est à la thérapeutique. Chacun
de ses chefs est divisé en divers paragraphes dans les
quels l ’auteur entre dans le plus grand détail, nous vou
drions que les bornes de notre journal nous permis
sent d’en donner des extraits, pour mieux le faire
apprécier ; dans chacun , M . C. a le soin de montrer
quels avantages en peuvent retirer l’intérêt particulier
et surtout l’intérêt général, et grâce à luî, la détention
ne sera plus , si l’on suit ses conseils, qu’une école de
mœurs et de travail, c’est je crois , le vrai but de cette
institution, enfin nous formons le souhait que le livre
dont il s’agit , devienne le manuel des administrateurs
des maisons de détention et que les dépositaires de
l ’autorité basent sur ce livre la sagesse de leurs arrêtés»
P ier q ui n ,
M a i s o n de santé pour les aliénés des deux sexes»
P rospectus.
L ’aliétjatioiv mentale e s t , sans doute , la plus dé
plorable maladie qui puisse affliger l’espèce humaine;
les individus qu’elle attaque , repoussés de la société ,
ont long-temps été regardés comme les victimes de
la colère céleste ; la médecine restait impuissante de
vant leurs m aux, la pitié elle-même n’approchait de
l ’asile de ces infortunés qu’escortée par une terreur
M
�( 18 9 )
barbare; des chaînes, des entraves, des ca ch o ts,
voilà ce qu’elle a offert pendant des siècles aux mal*
heureux frappés du délire maniaque.
Il appartenait à la médecine moderne , éclairée par
une sage philosophie , de porter le flambeau de l'a
nalyse dans l ’étude des affections mentales ; elle l’a
fait avec un succès qui honore l’époque actuelle. La
manie mieux observée s’est vue dépouillée de ce pres
tige effrayant qui la transformait en maladie sacrée ;
un traitement rationnel a remplacé des méthodes
barbares , et la guérison d’un grand nombre d’alié
nés est venue consoler l’hum anité, en attestant les
bienfaits d’un art éminemment conservateur.
Depuis cette révolution heureuse, des établissemens
pour le traitement de la manie ont été fondés dans
plusieurs grandes villes. Marseille , cité vaste et popu
leuse , possédait depuis quinze ans une maison de
santé formée et dirigée par mon p ère, qui y prodi
guait aux aliénés confiés à ses soins tous les secours
d’une médêcine consolante et éclairée ; des succès
multipliés, un accroissement rapide dans le nombre
des malades nous ont déterminé à donner à notre
établissement une existence nouvelle et brillante , en
le transportant dans un site , o ù , par un hasard heu
reux , tout a paru se réunir pour offrir aux aliénés
un séjour rempli de charme.
Non loin des bords de la m er, sur le penchant
d’une colline couronnée d’un bois touffu , s’élève un
vaste édifice dont la forme à la fois élégante et ma
jestueuse , fixe au. loin le regard a tten tif; composé
de trois grands corps de bâtisse, il offre, dans le
premier, des salons spacieux décorés ave c lu xe, des
chambres élégantes et meublées avec goû t, des corridors
larges , bien éclairés, enfin tout ce qui constitue une
habitation à la fois riche et commode; c’est là que
�( *9° )
sont placés les ' eonvalescens. Plus loin se présente
une longue galerie avec un nombre considérable de
chambres toutes situées sur le même plan, bien aé
rées et exposées à un beau midi ; elle forme l'ha
bitation des hommes maniaques soumis au traitement
médical. Une troisième galerie ornée d’un perron et
d’un portique élégant, sous lequel se trouve placée
une autre série de jolies cham bres, est destiné au
logement des femmes aliénées. T elles sont les trois
grandes divisions que présente ce groupe d’édifices.
Au-devant d’eux , on ne rencontre point ces murailles
élevées par la crainte et. qui gravent dans l’esprit du
maniaque le sentiment d’une captivité pénible. Des
barrières à claire - voie entourant des vastes terrasses,
semblent avoir été placées là pour relever l'agrément
de ces lieux , eu même temps qu’elles laissent li
brement errer le regard du malade sur un des ta
bleaux les plus pittoresques que l’imagination puisse
créer au milieu de nos champs. Un amphithéâtre
d’une vaste étendue ne présente d’abord à l’oeil qui
le parcourt que la verdure des pins coupés par des
masses blanchâtres de rochers ; mais au milieu de
cette nature agreste, la main ingénieuse de l’art a
placé ses merveilles. Une chapelle élève son mo
deste clocher au-dessus d'un bosquet d’acarias , des sta
tues en marbre disséminées parmi des touffes de
pins et des massifs de verdure, apparaissent au loin
comme les ombres des bois élyséens. Un pavillon
élégant orné de glaces multipliées vient réfléchir à
l'œil charmé l’ensemble de ces objets et produire
ainsi une illusion nouvelle. Enfin des coteaux complantés de vignes , d’eliviers, de vastes réservoirs
remplis d’une eau limpide et pure , sont placés parmi
des rochers dépouillés et contrastent avec leurs masses
stériles qui s'élèvent partout au milieu de ce vaste
�( r9 ‘ )
amphithéâtre. Qu’on embrasse par la pensée ce mé»
lange de pins , de rochers, de statues, d’édifices, les
uns m ajestueux, les autres élégans, disséminés sur
la verdure, qu'on ajoute à ees objets le spectacle
imposant de l’immense bassin formé par la mer dont
les flots , comme une ceinture humide , viennent em
brasser le paysage , et l’on pourra se former une idée
des beautés romantiques que présente ce site aux
regards attentifs qui le parcourt avec étonnement.
On conçoit tous ses avantages pour le traitement
et la guérison des affections mentales. Placé au mi
lieu d’une campagne riante , le bruit tumultueux de
la ville n’agite plus l’aliéné ; le frémissement des
pins, le murmure lointain des flots n’apportent à son
oreille que des sons doux et à son âme que des
émotions paisibles. Là tout est propre à favoriser
les goûts naturels du malade ; le peintre y trouve
un paysage charmant pour ses crayons , le botaniste
des plantes sans nombre pour son h erbier, l’agri
culteur une bccha pour défricher le terrain inculte,
l’homme religieux une chapelle, enfin sous l’ombrage
des pins balancés par le v e n t, non loin des bords
delà mer donL les flots viennent expirer sur la riv e ,
le poète enchanté puisera plus d’une inspiration ro
mantique.
Au milieu de tant d’objets propres à produit'#
une diversion heureuse sur l’esprit des aliénés ,
nous n’avons pas négligé les jeux d’exercice. Line
jolie salle de billard, un jeu d e . boule spacieux
s’offrent encore dans ce lieu comme des puisssans
moyens de guérison et de délassement. Quant au
traitement m édical, l’expérience de mon père , la fré
quentation assidue pendant mon long séjour à Paris
des hospices de Bicêtre et de la Salpêtrière, nous
#nt fourni les moyens de l’établir sur des bases ra-
�( I9 2 )
tionnelles. Des nombreux succès attestent l'efficacité
de la méthode que nous avons cru devoir adopter.
Ce n’est point ici le lieu d’en développer les princi
p e s, mais en parlant du traitement médical, nous ne
devons cependant pas oublier de dire que la proxi
mité de la mer nous fournira l’occasion d’employer les
bains d’eau salée et d’en établir les effets comparatifs avec
ceux de l’eau douce. Nous ne devons point égale
ment négliger d’assurer que'toutes les ressources d’un
bon régim e, tous les secours de la médecine mo
rale seront employés dans notre établissement. Pro
menades , exercices , conversations fréquentes avec
nos malades , paroles consolantes , soins affectueux,
rien enfin n’est oublié pour adoucir l’infortune et
rappeler à >la santé des êtres intéressans qui peu
vent faire encore l’ornement de la société et le bon
heur de leur famille.
G u u u n , fils, docteur en médecine,
de la Faculté de Paris.
N . B . — S’adresser, pour le placement des malades,
à M. Guiaud fils , docteur en médecine, rue du TapisV ert n.° 35 , visible tous les jours depuis 2 heures
jusqu’à 4 , ou bien à l’établissement, au quartier NotreDame-de-la-Garde, vis-à-vis la batterie du Roucas-BUtnc.
�( '9 5 )
g* ■
........ ............
REVUE
---DES
JOURNAUX.
L e docteur Berton a produit des observations sur
Tefficacité de Vécorce de la racine de grenadier contre
le taenia. On la fait prendre en décoction et alors on
en fait bouillir deux onces dans une pinte et demie
d’eau, jusques à réduction de trois quarts de pinte.
Ensuite on laisse refroidir la décoction, et le malade
en boit le matin un verre toutes les demi-heures. C ’est
ordinairement une heure après la première prise que
le tœnia est expulsé en totalité. On administre aussi
la poudre de cette écorce, délayée à la dose de vingt
grains dans une once d’eau , et on répète deux ou
trois fois ce’tte dose toutes les demi-heures. On assure
que quarante minutes après la dernière, le ver solitaire
est chassé du corps. ( Journal de H u f e l a n d et Revue
médicale. Septembre 1822 ).
— Nouvel antidote centre les poisons végétaux ; par le
docteur Michaelis. Ce docteur nous apprend que Drapier
donna à des chiens la noix vomique , la ciguë et
autres poisons végétaux , lesquels n’empoisonnèrent
jamais ces anim aux, s’il leur donnait peu après du
fruit de la fevillea cordifolin qui croît dans l’Amérique
du Sud. Il empoisonna aussi des flèches par le suc
du mancénillier et blessa deux chats j puis il aban
donna l’un de ces chats et mit sur la blessure de
l’autre un cataplasme préparé avec le fruit ci-dessus
indiqué. Le premier chat mourut dans des convul
sions horribles , tandis que le second n’eut qu’une
T . IV .
21
�X *94 )
légère inflammation. Le fr u it, perd, an bout de deuï
a n s , sa vertu anti - toxique , suivant la remarque
du docteur MichaeUs , qui pense avec raison que
cette plante ne saurait posséder la qualité d’alexipharmaque universelle qu’on lui attribue, à moins
quelle eut la propriété, ce qui n’est pas probable,
de se combiner avec tous les poisons végétaux de
manière à les neutraliser. ( Gazette de Salzbourg et
Revue médicale. Septembre 182.2. ).
— Q u e l q u e s c o n s i d é r a t i o n s sur la petite vé
role , puisées dans la doctrine physiologique , et suivie
d'une observation de petite vérole confluente , par Auguste
Î' krbfz , D . - M . P . — k Monsieur le comte C h A TT a l ,
professeur honoraire de la faculté de médecine de
Montpellier , et aujourd’hui pair de France , a transmis
an comité central établi pi ès du Ministre de l'intérieur
les faits suivons, qui ne laissent aucune espèce de
doute sur l’origine vraiment fi-ançaise *ie la vaccine.
M. Rabavt-Pommier, ministre protestant à Mont
pellier avant la révolution, avait été frapoé de ce
que , dans le Midi de la France, on confondait sous
le noni de picotte la petite vérole de l’homme, le cla
veau des moutons , etc., et il en parlait un jour à un
agriculteur des environs de Montpellier , q u i, pour
donner à l’observation de M. Rabaut - Pommier un
degré d’intérêt de plus , et pour augmenter en même
temps l’énumération des animaux qui avaient la picotte,
lui dit avoir observé la picotte sur le trayon des va
ches : il ajouta que le cas était rare et la maladie
très-bénigne.
A cette époque ( 1 7 8 1 ) , il y avait à Montpellier
nn riche négociant de Breslau, iomr..é M. Iria n d ,
qui, depuis plusieurs années , venait y passer tous les
hivers avec un médecin anglais, le docteur Peve. M.
R abaut, qui s’était lié intimement avec eux, leur f t
/
�observer , un jour que la conversation roulait sur l ’ino
culation , qu i! serait probablement avantageux d’inocu
ler à l'homme la picot le des vaches , parce qu elle était
tonstamment sans danger. On disserta longuement sur
cet o b je t, et le docteur Peiv ajouta qu’aussitôt qu’il
serait de retour en Angleterre, il proposerait ce nou
veau genre d'inoculation à son ami le docteur Jenner.
Plusieurs années après ( 1 7 9 9 ) , M. liabaut, enten
dant parler de la découverte de la vaccine, crut voir
réaliser la proposition qu’il avait faite -, et écrivit à
M. Irland pour lui rappeler leur conversation à ce sujet.
M. Irland lui répondit par deux lettres , dont RT.
Chaptal a lu l'original ; qu’il se rappelait fort bien
tout ce qui avait été dit à Montpellier ; la promesse
qu’avait faite M, Peiv de parler au docteur Jenner :
niais il ne parlait pas de ce qu’avait pu faire le docteur
Ptw à son retour en Angleterre.
Tous ces détails sont également connus de M. le
comte de Lasleyrie , qu i, plusieurs fois, les a entendu
raconter à plusieurs personnes par M. liabaut , lequel
a toujours eu la modestie de ne pas revendiquer l’idée
première de la découverte , que jusqu’en ces derniers
temps on pouvait regarder comme d’origine essentielle
ment anglaise.
L ’idée mère et première de la vaccine appartient donc
à un Français , et la reconnaissance de l’Univers doit
bénir et honorer ensemble le nom de Rabaut-Pommier
uni à celui de Jenner ».
M. le docteur Auguste Ferrez , après ces considé
rations , fait remarquer que l’ignorance , la superstition ,
la prévention privent une foule d’individus du puis
sant prophylactique de la variole. Puis , il soutient
que nos devanciers ne pouvaient traiter cette maladie
que d’une manière peu rationnelle , quoiqu’ils fussent
excellons observateurs , parce qu’ils étaient privés des
�■
( i 96 )
véritables connaissances capables de les mettre comme
il faut sur la voie , c’est-à-dire, qu’ils étaient privés
des connaissances physiologiques. L ’auteur examine
rapidement ce qu’on savait sur la petite vérole, et
comment on la combattait avant Ja doctrine de M.
troussais , et il s’attache à résumer pour cela les prin
cipaux auteurs classiques, ceux dont l’autorité fait
loi en médecine. 11 finit par établir une sorte de pa
rallèle entre les moyens employés par les anciens mé
decins et ceux utilisés par la médecine physiologique
dont il fait les plus grands éloges. ( Annales de la
médecine physiologique. Août 1822 ).
U
P.-M , R oux.
A N A L Y S E
D
es
principaux
A rticles du Journal de P harmacie,
( M o is d ' A o u t 1822 ) .
4
\imm
Des semences des plantes légumineuses, contenant
un principe amer et purgatif, par J .- J . Y i r e ï . —
En traitant cette matière , l’auteur a moins considéré
son propre travail, que celui qu’il y aurait à faire pour
prouver l’existence d’un certain principe propre à di
verses plantes, d’une même famille. C’est comme exem
ple qu’il donne le résultat de ses observations sur la
nombreuse famille des légumineuses.
A in s i, après avoir rappelé les beaux travaux de
M M . Pelletier et Cavmtou , sur les colchidées , les
strychnées ; et les cinchonées j ceux de MM. Lassaigue , Feneulle et Chevalier, sur la similitude qui
existe entre la cathartine et la cytisin e, obtenues
�( i 97 )
do deux légumineuses différentes; M. Vircy c ite beau
coup de plantes de cette famille , dont quelques-unes
sont au nombre des alimens , qui renferment, plus ou
moins, ce principe amer et purgatif qu’on a reconnu
dans le séné et la cytise. Il signale d’abord la jarausse , ou pois-bréton ( lalyrus acera L . ) ( Le Dohchos
lunafus L. ) plante qui a beaucoup de rapport avec
le haricot. Cette plante qui produisait des semences
douces, farineuses, aliment salutaire , étant transportée
à l’Ile-Bourbon, y a contracté peu de temps après une
amertume excessive , nuisible aux hommes et aux
animaux.
Il cite après plusieurs espèces du genre des genets,
de celui des dolics , quelques-unes des genres , csrortilla , cassia , etc. etc.
Déterminer les divers principes propres à telle ou
telle famille des végétaux , prouver que la nature en
créant ces groupes que nous appelons classes ou fa
milles , a réunis sous des formes semblables des
plantes qui renfermeraient à-peu-près les mêmes subs
tances , serait une manière philosophique de considérer
l’histoire naturelle, et il en résulterait les plus grands
avantages pour la médecine.
— Considérations sur l'existence et l'état du soufre
dans les végétaux , par M. P lanche. — D e tous les
corps de la nature qui ont fixé l’attention des chi
mistes , le soufre peut être placé au premier rang;
extrêmement répandu dans la nature , il se trouve
dans les trois règnes et c’est sa présence dans les
végétaux qui fait le sujet du mémoire de M. Planche.
Il avance qu’il est généralement plus répandu dans
les plantes qu’on ne le croit communément et il
cherche à déterminer dans quel état il s’y trouve.
Après avoir prouvé, par des expériences concluantes,
que les huiles essentielles ne sont pas des véhicules tou-
�( »9S )
jours nécessaires à la manifestation du soufre, dans la
distillation des végétaux par l'eau , puisqu'il l’a reconnu,
par le m^me procédé , et dans la semence de carvi ,
riche en huile volatile , et dans la pariétaire qui en,
est absolument dépourvue, il admet que le soufre se
trouve dans les végétaux , dans un état d’isolément,
et qu’il ne se combine à l'hydrogène qu’en faveur de
la température ou accidentellement.
Il termine par un tableau des végétaux ou de leurs
parties qui ont été distillées avec l'eau dans la vue
d’y découvrir le soufre.
Il a trou vé, dit - i l , beaucoup de soufre dans la
pariétaire , la mercuriale ; les fleurs de tilleu l, de
sureau, d’orangers , la tige fleurie d’hyssope, de mélilo t , d’estragon , de rue j dans les semences d’aneth,
de carvi, de cum in, de fen o u il, et dans les clous de
girofle.
Il a trouvé peu de soufre dans la tige fleurie de
mélisse , de romarin , de marrube blanc , d’argentine,
de pourpier , (de bourrache , d’absinthe , dans les feuil
les de laitue cultivée , les pe Laies de rose p â le, les
semences d’anis.
Il a trouvé des traces de soufre dans la lige entière
de plantain, de chelidoine , d’aigremoine ; dans les
feuilles de la laitue vireuse et dans les pétales de
coquelicot ; dans les sémences de phellandre aqua
tique j dans la tige fleurie de cerfeuil, de ciguë.
Il n’a point trouvé de soufre dans la tige (feurie
de bluet, de matricaire , de moreile, de chardon bénit,
d’armoise, d’euphraise , de centaurée j dans les fleurs
de tussilage ; dans les fleurs entières de l y s , de ca
momille romaine ; dans les fruits de fraisier , de fram
boisier ; dans l’écorce de canelle, de macis , de mus
cades ; dans les baies de Piment de la Jamaïque, et
dans les baies de Genièvre.
�t 199 )
— Essai analytique de la résine élémi. Amytris
elemifere ( £. ) par M. B o y a s t r e . — C’est la résine
élémi qui nous vient d« l'Amérique dans des caisses
-doublées de 1er blanc , en masses assez considérables
qui a été suuinise à l’analyse par l'auteur.
11 l’a traitée par Falcohol à froid , et ayant observé
qu’une partie ne pouvait se dissoudre, il l’a obtenue
par l’alcohol au degré d’ébullition. Ayant évaporé en
suite, ta matière dissoute s’e.st présentée sous l’aspect
d’une résine d’une blancheur parfaite, excessivement
légère, opaque, comme boursouflée, ayant l’aprèté
des résines , mais d’une finesse extrême.
Par la distillation, il a obtenu de l’huile volatile
suave , et cent parties de résine lui ont donné :
Résine claire soluble dans l’alcohol. . .
Matière résineuse blanche , opaque ,
soluble, dans l’alcohol bouillant ,
l’éther , l’essence de térébenthine ,
l’huile d’amande d o u c e .................. ...
Huile volatile...............................................
Extrait amer..................................................
Impureté........................ ..............................
60
a4
12
2
I
îo o
5o
5o
00
— Remarque sur la séparation de la stéarine dam
t huile de ricin par un abaissement de température,
par M. Boutrox-C harlahd. — Quelques personnes re
gardaient comme un signe d’altération de l’huile de
ricin indigène , la propriété qu’elle a de se coaguler à
une température basse , propriété que n’a pas l’huile
d’Amérique.
L’auteur de ce Mémoire ayant recherché la na
ture du corps qui se précipite , pour ainsi d ire, dans
l'huile de ricin indigène exposée à un degré de froid
au-dessous de z é r o , a reconnu que c’est de la stéa
rine; et que si l’huile d’Amérique ne présente pas
�(
200
)
le môme phénomène , c’est que la stéarine est dé
truite par le procédé usité dans nos Colonies pour
obtenir cette huile ; car outre qu'on soumet les se
mences de ricin à la torréfaction , on donne encore
au produit huileux un degré de feu considérable pour
le priver de toute humidité. Ce qui porte l’auteur
à conclure que loin que cette espèce de congélation
soit un signe d’altération de l’huile douce de ricin
obtenue par expression , elle est au contraire un in
dice certain que l’action du calorique n’a occasioné
aucun changement dans ses élémens.
— Extrait d'un Mémoire lu à la Société de phar
macie , sur les classifications des sirops , des pomma
des , des onguens , des emplâtres et de leurs diverses
préparations. — C’est sur la question suivante, pro
posée par la Société , que M M . D ouzel, Duret et
Chereau, rapporteurs , ont fait leur mémoire.
« Les classifications admises pour les sirops, les
» pommades, les onguens, les emplâtres et leurs
» diverses préparations , sont-elles les meilleures qu'on
» puisse adopter, et ne serait-il pas possible de
» simplifier beaucoup les divisions et les sous-divi» sions que l’on paraît avoir prodiguées sans né3) cessité ? »
Les auteurs ont sincopé la question , ils ont traité
la nomenclature des sirops , puis celles des pommades,
onguens, etc.
Après avoir signalé l’inconvénient des diverses classifi
cations admises par la plupart des pharmacalogistes, qui
avaient les uns divisé les sirops en altérons et purgatifs,
d’autres , en sirops acides, alcalins et émulsionnés, etc. ;
ils ont cru ne devoir prendre en considération que le
mode de préparation et partant de ce principe , ils ont
divisé ce genre de médicament en sirops par solution,
par réduction et en sirops mixtes. Les premiers seraieut
�( 201 )
ceux qui se prépareraient par la simple solution dans
un vase clos de la quantité du sucre nécessaire dans
un liquide quelconque. De ee nombre seraient ceux
dont un degré élevé de calorique pourrait altérer la
couleur ou faire dissiper les principes volatils et aro
matiques que l’on peut conserver.
Les seconds , ceux par réduction , qui sont les mêmes
que Carbonel a désigné sous le nom de sirops par
coction seraient ceux dont la couleur ou la saveur
du liquide n’est pas susceptible d’altération , qui ne
contient pas de principe volatil ou aromatique, qui
est trouble, ou qu’il est nécessaire d’évaporer pour
augmenter l’énergie de ses propriétés. Alors les pro
portions relatives au sucre et des liquides ne sont
plus rigoureuses. Le pharmacien emploie l’ébullition ,
la clarification , et la concentration à l’air libre.
Et les derniers seraient ceux qui résultent d’un
sirop par solution et d’un par réduction.
Après les trois grandes divisions , ils admettent
des subdivisions qu’ils basent sur la nature ou les
produits. Les sirops par solution seraient distillés ou
non distillés ; ceux par réduction seraient ou simples
ou composés.
Ils passent de là à la partie de la question rela
tive aux pommades, onguens et emplâtres.
M. Cheneau pense qu’on ne peut les diviser que
d’après la considération de leurs excipiens qui sont
toujours l'huile et la graisse. Il en fait résulter deux
grandes divisions : les composés huileux et les com
posés graisseux.
« On peut établir, d it-il, les genres, pour chacune
de ces deux divisions , d’après leur consistance, ou
plutôt d’après la présence des corps qui la leur don»ent. L ’huile est souvent le seul corps gras qui entre
T . IV .
**
�( 202 )
dans la composition des huiles médicinales , des bau
mes huileux ; dans les cérats et pommades on lui
associe la cire pour donner plus de consistance , et
dans beaucoup d’onguens on ajoute encore des résines.
D ’après cela, on peut form er, pour l’ordre des hui
leux , trois genres distincts : les huileux , les huileux
avec cire, les huileux avec cire et résines.
Il est facile d’introduire la mémo régularité dans
la division des composés graisseux. A in si, les pomma
des et onguens ne contiennent souvent que des hui
le s , de la c ire , des résin es, des matières végétales,
et quelquefois on incorpore des substances métalliques
par simple mixtion. Il ne résulte pas alors de chan
ge mens bien notables dans la composition de ces médicamens. Mais souvent aussi , dans les emplâtres,
les oxides métalliques sont unis aux excipiens par
une vraie combinaison , qui change tellement leur na
ture , qu’on a long-temps considéré bien mal-à-pro
pos les produits comme des savons métalliques. Par
suite de cette différence , on peut séparer l’ordre des
composés graisseux en deux genres : les composés
graisseux, et les composés graisseux combines aux
oxides.
Chacun de ces deux genres peut admettre des sousdivisions fondées sur les substances qui donnent de la
consistance au composé ; ces substances sont tantôt la
graisse elle-même , tantôt la cire , et quelquefois une
matière métallique simplement mélangée. De là déri
vent trois espèces pour le premier genre : les com
posés graisseux , les mêmes avec cire , les mêmes
avec substances métalliques non combinées. Le deuxième
genre fournit de même deux espèces : les composés grais
seux avec oxides métalliques combinés , les mêmes
avec cire et oxides métalliques combinés ».
C o u r ît , Pharm.
�(
203
)
VARIÉTÉS.
E x t r a i t des séances de l'Académie royale de Mé
decine de Paris. Mois d'août 1822. (1) — « M. Guy on ,
chirurgien-major à la Martinique , a envoyé à l’Aca
démie un récit détaillé de toutes les expériences qu’il
a faites sur la contagion de la fièvre jaune. Il a cou
ché dans le lit où étaient encore des malades gra
vement affectés, il a porté long-temps leurs chemises,
s'est inoculé la matière des vomissemens , et il a es
sayé de toute manière à développer sur lui-même et
sur d’autres la contagion de la fièvre jaune, sans ob
tenir aucun résultat. Désirant convaincre l ’Académie
de ces faits ,. et lui fournir les moyens de sortir
d’incertitude , M. Guyon a recueilli dix-neuf pièces
de vêtement, et les excrétions de quelques malades
morts de la fièvre jaune. Ces objets ont été enfermés
dans deux caisses, l’une intérieure en fer-blanc , et
l’autre extérieure en bois de ch ên e, et envoyés -à
l’Académie. M. Guyon finit sa lettre en offrant de ve
nir lui-même faire cette expérience dans un lazaret
ou dans une île déserte.
L'Académie , ayant reçu en même temps l’avis des
négocians du H a v re , qui avaient reçu la caisse, a
nommé une commission composée de MM. Keraudren
et Magendie , pour s’occuper du parti qu’il fallait adop
ter. Mais le Ministre de l ’intérieur ayant appris qu’une
caisse remplie d’objets infectés avait trompé la sur-
(1) Voir la Revue médicale. Septembre 1822.
�( 204 )
veillance des douanes, a écrit une lettre à l’Acadé
m ie, dans laquelle Son Excellence condamne haute
ment une expérience de cette nature , et rappelle
que la loi prononce la peine de mort contre celui
qui transgresserait les lois sanitaires. L ’ordre a été
donné de brûler la caisse en la jetant dans un four
à chaux s>.
C ’est avec infiniment de justesse que M . le ré
dacteur principal de la Revue Médicale observe qu’une
expérience fa.te dans un lazaret n’exposait nullement
la santé publique , puisqu’on y reçoit journellement
des hommes et des objets suspects. Mais si cette
question est maintenant plus politique que médicale,
doit-on cesser les expériences , suspendre la publi
cation des travaux relatifs à la contagion ou noncontagion de la fièvre jaune î T el n’est pas notre
avis, car nous sommes pénétrés que l’on ne parvient,
qu’à force de preuves convaincantes, à dessiller les
yeux de la multitude ignorante , et à confondre les
médecins de mauvaise foi.
— Le 2 octobre 1822, le Tribunal correctionnel de
Paris a condamné à quinze cents francs d'amende
le sieur Ricard , herboriste , chez lequel on a trouvé
des drogues composées de substances vénéneuses, dont
la vente est réservée aux seuls pharmaciens. Si de
pareilles condamnations étaient souvent prononcées,
on parviendrait infailliblement à diminuer et même à
annihiler la masse des individus qui exercent illéga
lement l’art médical. O n ne verrait bientôt plus des
médecins empiéter sur les droits des pharmaciens;
on ne verrait plus des pharmaciens se livrer à la
pratique de la médecine , aux opérations chirurgicales,
etc , et les herboristes cesseraient de vendre des tr.édicamens composés. Mais il est surtout à déplorer
que le domaine de notre noble profession soit envahi
�(
205
)
par una foule rie profanes , on tas de prétendus gué
risseurs qui ne compromettent pas peu la vie des
citoyens. En effet, qu’un médecin, qu’un pharmacien,
qu’un herboriste , dépassent, quant à leurs attribu
tions, les limites dans lesquelles la loi leur enjoint
de se renferm er, ils sont coupables sans contredit,
mais au moins ne sont-ils point entièrement étran
gers à la partie des sciences médicales , dont ils doi
vent s'abstenir défaire leur éta t; tandis qu’un intrus,
couvert de la plus crasse ignorance, qui osera s’initier
dans les mystères de l’art dont l’objet est de conser
ver et de rétablir la santé , commettra , pour ainsi
dire , un crime de leze-humanitè , qui ne saurait trop
exciter la vigilance du ministère public, par cela seul
qu’il est de nature à exercer les plus grands ravages
dans la société.
— En autorisant le débit d’un poison , tel que le
vomi-purgatif de M . Le Roy, n’est-ce pas s’opposer en
partie au bien qui peut résulter , pour la souffrante
humanité , des connaissances médicales modernes f Hé !
c’est précisément alors que la doctrine physiologique ,
si généralement répandue , nous fait sentir combien est
redoutable l’usage des moyens médicamenteux dont le
moindre effet est de produire la gastro-entérite ; c’est
à pareille époque qu’un imito-drastique est débité avec
profusion , sans l’intervention des médecins, dans toutes
les provinces de la F rance , *t cela, en vertu de licence ,
comme s’il ne fallait point opposer de digues aux torrens dévastateurs ! A Marseille , la plupart de nos
confrères ont été témoins , comme nous , des perni
cieux effets du soi - disant remède de M. Le Roy ; le
Gouverneur de Saint-Pierre - Martinique , le Maire de
Metz en ont défendu la vfente à d’autres personnes,
qu'aux pharmaciens qui ne peuvent eux-mêmes en dé
livrer sans une ordonnance signée d’un médecin oi«
�( 20G )
d’un chirurgien; des prêtres , d’autres personnes,
outre les gens de l’a r t , les recueils périodiques , l’ex
posé des travaux de plusieurs Sociétés savantes ont
signalé des faits sur les nuisibles effets du vomi-pur
gatif, e tc ., etc., et pourtant M. Le Hoy fait paisiblement
son commerce. . . . . ; de nouvelles victimes en sont
journellement la triste conséquence et l’autorité des
lois paraît sur ce point devoir être entièrement mé
connue.
— Voici ce que disent de la médecine curative de M.
Le Roy, les Tablettes universelles du mois d’octobre
1822 : « V o u d ra -t-o n croire que dans un siècle qui
semble avoir pris diversité pour sa devise , un auteur
soit parvenu à débiter dix éditions de son ouvrage,
tiré chaque fois à huit et dix mille exemplaires ? c’est
pourtant le moindre des prodiges opérés par un homme
qui a , comme on dit vulgairement , plus d’une corde
à son arc. Le savoir faire est une belle chose ! M.
L e Roy n’en manque pas , et son style produit presque
autant d’effet que ses remèdes ; en un mot , M. L e Roy
s’efforce , par tous les moyens qui sont en son pouvoir,
de justifier Guy-Patin d’avoir d it , il y a plus de cent
cinquante ans , qu’aussi long-temps qu’il y aurait des
malades , on verrait des hommes s’enrichir en leur pro
mettant la santé : mais que dis-je, promettre ! M. L e Roy
n’en demeure pas là. Les incrédules trouveront dans les
notes de sa médecine curative des miracles aussi surpre.
nans et plus nombreux que ceux de l’Évangile.
Il fallait un génie de la trempe de M. L e Roy pour
découvrir une panacée universelle. Inspiré par la divine
Providence, il a daigné jeter un oeil de pitié sur les
humains , et a fabriqué , pour guérir leur maux , un
vomi-purgatif De même qu’on voyait autrefois Esculape
parcourant le pays avec un chien et une chèvre pour
toute pharmacie , M . L e Roy, avec son vomi-purgatif
�(
207
)
dont le nom indique une double propriété , guérit tous
les maux. Le vomi-purgatif peut être employé partout ,
quels que soient le genre de la maladie, la force de la
constitution , i’àge et la disposition des personnes.
Avez-vous la peste ? prenez du vomi-purgatif. Avez-vous
la faim canine ? prenez du vomi-purgatif. Avez-vous la
maladie que Haletais croyait incurable ? prenez du vomipurgatif. Avez-vous perdu votre maîtresse? prenez du
vomi-purgatif. Etes-vous fou ? prenez du vomi-purgatif,
et vous verrez s’il dure encore le temps où l’on
définissait la médecine : ars non thm curandi quant
enecandi homincs. Il y a toutefois à ce traité une
condition sine quâ non , c’est que le vomi-purgatif doit
sortir de la fabrique de M. Cottin , gendre de M. L e
Boy. Tous les deux demeurent rue de S e in e, n.° 49.
Paris ».
— Pendant le temps ( 20 jours ) que les travaux de
Ratonncau ont été suspendus , et alors qu’il 11’était plus
question de fonder un lazaret sur ce rocher, pour
s’opposer aux ravages de la fièvre jaune , le médecin
conlagioniste (qui naguères soutenait que la création de
ce nouvel établissement était le dernier coup de massue
qui écrasait les non-eontagionistes ) avoua, d it - o n ,
plusieurs fois , que son assertion fut trop hasardée , et
qu’il était aujourd’ hui vrai partisan de la non-contagion ;
mais dès que les travaux du nouveau lazaret ont été
repris, ce médecin , ajoute-t-on , est redevenu contagioniste pour toujours , ou du moins jusqu’à ce que
le rocher de Ratonneau disparaisse de la M éditerranée,
et comme cela est possible ( car les naturalistes l’as
surent ) il est donc possible de voir enfin se décider
pour la non-contagion le docteur dont il s’a git, surtout
si cette opinion pouvait lui être utile.
— Ainsi que nous l’avions prévu la Société royale de
médecine de Marseille a entendu avec une vive satisfac
tion la lecture d e M . le D . Sepaud, relative au projet
l
�( 308 )
de souscription pour élever un monument à la mémoire
des médecins , chirurgiens et pharmaciens morts glorieu
sement aux armées, ou victimes d'une épidémie popu
laire. La Commission qui devait faire un rapport sur
ce projet, en a parlé comine d’un projet sublime et
très - important, quant au but d'utilité que l’on y
a joint ( le monument consisterait en un hospice qui
serait ouvert aux marins de toutes les nations, etc. )
Une nouvelle Commission a été chargée de présenter
les moyens d’exécution , et !a plupart des membres
sont bien pénétrés qu’il ne sera pas fort difficile d’applanir les difficultés, comme on peut le penser au
premier abord , en considérant combien est vaste le
projet de M. le D. Segaud.
— La Société royale de médecine de Marseille a tenu
sa a 5 .me séance , le 2.0 octobre 1822 , comme nous
l’avons annoncé dans notre dernière livraison. Nous
rendrons compte incessamment de cette séance, qui fera
époque dans les annales de la science. Nous dirons
seulement aujourd’hui qu’au renouvellement du bureau,
M. Segaud , D .-M . , a été nommé président de la Com
pagnie ; :\1. Textoris, D.-M. , chevalier de l ’ordre royal
de la Légion-d’honneur , Vice-président; M. S u e, D.-M.,
Secrétaire-général; M. Sigaud, D .-M ., Secrétaire-adjoint;
M . P.-M . H oux, D .- M ., Secrétaire-archiviste , et M.
Cavalier , D .- C ., Trésorier.
— L ’état sanitaire à Marseille a été à-peu-près le
même en octobre que dans le mois précédent. Seu
lement a-t-on observé quelques maladies éruptives et
même des petites véroles , ce qui prouve qu’il est
encore des personnes qui négligent de recourir à la
vaccine , bien que le Gouvernement et les Sociétés
médicales ne cessent de recommander ce puissant pré
servatif et d’encourager ceux qui s’attachent le plus
à en faire jouir l’humanité.
P.-M. R oux.
�( 209 >
SUJETS
DE
PRIX.
La Société royale de médecine de Bordeaux a pro
posé de décerner j dans la séance publique de i 8î 3 ,
un prix de la valeur de 3 oo fr. , à l’auteur du Mé
moire qui résoudra la question suivante :
1 Déterminer la nature, les différentes, les eauses,
les signes et le traitement de la maladie appelée œdème
des poumons.
— La Société remet au concours et promet dè dé
cerner dans la même séance un prix de la valeur de
5oo fr. à l’auteur du meilleur Mémoire sur cette
question :
Quelles sont les maladies qui régnent le pliis com
munément dans le département de la Gironde , en établit
les causes et Us moyens de les prévenir.
— La Société accorde encore chaque année une mé
daille d’encouragement à celui qui envoie le meilleur
Mémoire sur un sujet au choix de l’auteur et relatif
à l’art de guérir.
Les Mémoires, écrits lisiblement, en latin ou en
français, devront être envoyés francs de port à M .
Dupuch-Lapointe, secrétaire-général, rue des TroisConils, n.° 9 , avant le i 5 juin 1823. Les concurrens
sont tenus de distinguer leurs Mémoires par une sen
tence qui sera répétée sur un billet cacheté contenant
leurs noms.
E x t r a i t des registres du bureau de FÉ ta t-civ il de
la mairie de Marseille.
(M oisde Septembre 182a}.
Naissances . • ............................304.
Décès..................................................339.
Mariages . . . . . . . .
81.
T. I V.
atf
�( 21 0 )
A V IS .
L a Société royale de Médecine de Marseille déclan
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc. , de ses membres soit titulaires , soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d'être publiés,
elle n’a égard qu’à l'intérêt quils présentent à la science
médicale ; mais qu elle n entend donner ni a probation ni
improbation aux opinions que. peuvent émettre les auteurs,
t t qui n’ont pas encore la sanction générale»
\ï
!
:}
-L
■
�C 211
)
BULLETINS
D E
LA
SOCIÉTÉ
ROYALE
DU
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
O ctobre 1822. - N , ° X .
*/V % v M v M W
liW
V tm m W
tW
tv V W
M W
IV U v v l
Ob s e r v a t i o n et remarques sur un remède nouveau
contre la phthisie laryngée, par le docteur D i7..sgka\ ges,
médecin à .Lyon, membre correspondant de la Sofiété
royale de médecine de Marseille , etc.
L a découverte d’un remède nouveau-est à la fois
une conquête pour la science et l’humanité ; c’est une
arme de plus contre les maux qui nous assiègent
et son secours est d’autant plus précieux, que l’af
fection qu’elle doit combattre s’est montrée jusqu’ici
plus redoutable : tel est le médicament interne em
prunté du règne animal dont je vais entretenir la
Société , moyen simple et alimentaire qui a réussi
tout récemment à guérir une phthisie laryngée.
L ’étroitesse du lieu qu’occupe cette maladie , la
nature particulière du tissu muqueux doué d’une sen
sibilité exquise qui en est le siège, les fonctions
que le larynx est appelé sans cesse à rem plir, ou
auxquelles il contribue, l’organisation délicate propre
à chacune des pièces qui le composent , la mobilité
presque continuelle de celle-ci soit partiellement soit
dans leur ensemble ; leurs connexions faciles à dé
ranger , leur rapprochement durable qui peut s’en
�( 313 )
su ivre, ou le resserrement et l’obturation plus ou
moins complète de la glotte qui en résultent, sont
autant de causes locales et physiologiques qui pré
disposent à cet état morbide. On conçoit dès-lors
que la moindre cause irritante est capable de le faire
éclore , de là , la fréquence de cette fâcheuse maladie,
son caractère toujours grave et l’extrême difficulté de
la guérir.
Il nous importe donc infiniment d’expérimenter le
nouveau remède qui nous est offert aujourd’hui , d’en
suivre les effets et d’en déterminer la valeur. C’est
pourquoi je crois devoir communiquer à la Société
tout ce que j ’ai pu découvrir à son sujet.
C’est à M. François Siemerling-Junior , médecin à
New-Brandebourg , dans le duché de Meckelenbourg en
Prusse , que nous sommes redevables de la connais
sance du nouveau remède contre la phthisie ou l'ul
cération du larynx. Il consiste à faire m anger, sans
mélange et sans apprêt, des laites ou laitances de
harengs crus...... Mais pour faire connaître tout de
suite la manière dont on <loit en user , leurs
effets sur la totalité de l ’économie et leur action
heureuse sur la partie spécialement affectée, je
vais rapporter l’histoire du traitement de la femme
de ce médecin , sujet de la première guérison ob
tenue , telle que le mari l ’a publiée lui-même dans
line feuille imprimée en langue allemande , et ré
pandue dans le p a y s , qui m’est parvenue. Notre
collègue a préféré, d it-il, cette manière d’en donner
connaissance à celle des journaux , dans l’espérance
qu’elle lui procurera l’occasion de recueillir, par la
voie de la correspondance, d’autres faits semblables
qui la mettront à même de répandre plus de lu
mières sur cette médication.
Observation. — M .me Siemerling, affectée depuis quel»
�( 313 )
que temps de la phthisie laryngée ou du c o l, comme
s’exprime son époux, éprouvait tous les symptômes
qui caractérisent cette maladie. Passant sous silence
comment il est parvenu à découvrir les propriétés
médicamenteuses des laitances d’harengs , ce qui ,
selon lu i, serait trop long à détailler , le médecin
de New-Brandebourg se borne à nous apprendre qu’il
a donné à sa malade tous les matins à je u n , une
laite d'un gros hareng blanc salé , dit de Hollande ,
ou bien de deux p etits, soit harengs blancs ordi
naires , lavée auparavant pendant un instant dans de
l’eau fraîche, qu’elle avalait crue après l’avoir mâché
quelque peu ( i ) . Une heure ensuite, il la faisait déjeûuer avec du café au lait comme de coutume ;
lui ayant interdit d’ailleurs tout autre remède « ex
cepté la tisane ordinaire pour tenir le ventre libre ».
Ce peu de mots semblent nous indiquer qu’il faut
en même temps entretenir une douce liberté du ven
tre et veiller à ce que le remède n’échauffe pas.
Dans la première quinzaine il ne sc manifesta
aucun changement , mais à la troisième semaine , le
médecin s’aperçut que l’expectoration journalière se
réduisait à la quantité d’une petite cuillerée. La ma
tière , ordinairement d’un jaune rougeâtre , prit une
teinte plus douce et moins foncée , et la malade ne
la rendait plus en flocons que tous les deux ou
trois jours j elle se montra peu-à-peu moins âcre,
moins abondante et d’une sortie plus aisée ; ce ne
fut plus ensuite qu’une écume blanchâtre. En même
temps la douleur dans l ’intérieur de la gorge s’af
faiblit et l’enrouement disparut, La fièvre également
(l) Les hollandais appellent hareng-peck les harengs salés ,
qu’ils dessalent pour les manger cru s.
�\
J
diminua de semaine en semaine et ma femtfte , s’écrie
le docteur Sicmerling , fut sauvée après avoir pris le
remède pendant trois mois entiers. Son effet mer
veilleux a été secondé par une application sur le
devant du c o l , composée d’emplâtre m ercuriel, de
jusquiame et d’aconit, de chaque partie égale malaxés
et étendus sur un morceau de peau blanche, recou
vrant les bords d’un emplâtre adhérent..... On le renouvellait tous les deux ou trois jours. L ’emploi de
ce topique , pendant toute la durée de la c u r e , ne
nous permet pas de douter que la maladie avait un
gonflement apercevable à la partie antérieure du c o l,
ou une sensibilité contre nature, a v e c , peut-être,
une tuméfaction intérieure , dans cette région , etc.
Siemerling nous fait part qu’avant de mettre son
épouse à l’usage des laitances d’harengs, il avait
observé que les sels la soulageaient ( i) ; mais qu’ils
s’étaient montré insuffisans pour diminuer la ma
tière vicieuse secrétée dans son gosier, ( mucoso-puriforrnc ) , laquelle exsudait de tous les points de la
face interne du la ry n x , ainsi que pour remédier à
l ’enrouement ; ils lui paraissaient seulement rendre
la fièvre un peu moins forte..... Celte particularité
touchant l’action des s e ls , ou substances salées et
stim ulantes, dans le cas pathologique , a pu mettre
le docteur prussien sur la voie de la découverte , elle
nous donne aussi à entendre qu’il ne faut pas des
saler entièrement les laites, et surtout y procéder
d’avance.
En faisant passer tous les détails , dans une lettre
écrite, il y a dix mois , à un de mes compatriotes
( 0 C’ est ainsi qu’il s’exprimait dans sa lettre du mois
d'octobre 1821.
�( a i5 )
qui le consultait sur ce sujet, M. Siemerling lui marque
qu’il a employé son remède avec succès pour plusieurs
autres individus atteints de la même afFection laryngée,
et le prie de leur donner des nouvelles au bout de
huit semaines , de l’effet que le malade en aura obtenu
et de sa situation actuelle.
L ’individu qui l’a pris à Lyon , pendant 4o à 5 o
jours, et qui a été obligé de le cesser sur la fin
du mois d’avril 1822, faute de trouver le remède
assez frais pour en user intérieurement , se trouve
véritablement mieux et croit avoir acquis plus de
force. Il assure qu’il n’a pas encore retiré autant
de soulagement d’aucun des remèdes nombreux , soit
internes soit externes, qui leur ont été administrés
et pour lesquels j’ai été consulté à diverses reprises,
pendant les six ans écoulés depuis qu’il se plaint de
souffrir du larynx. Le malade ne doute pas qu’en en
continuant l’usage, il arrive à une guérison radicale,
se proposant d’y revenir à l’entrée de l’hiver pro
chain , aussitôt que les harengs frais seront arrivés ;
mais le remède lui paraît dégoûtant, ce qui le porte
chaque fois à laver les laitances dans deux eaux froi
des , et à se rincer avec soin la bouche tout de suite
après, Pour ne pas s’éloigner de la prescription de
l'auteur, le malade de notre cité n’a pas voulu diviser
les laites par morceaux, comme je lui en ai donné
le conseil, ni les envelopper chacun avec de l'hostie
mouillée, ou les rouler dans du sucre en poudre,
ainsi qu’on le pratique médicinalement dans l’inges
tion des tronçons de lézards écorchés vivans et en
core palpitans que l’on a recommandé contre les af
fections cancéreuses.
Remarques. — Serait-il permis de trouver quelque
analogie d’action et d’effet entre le nouveau médica
ment interne de Siemerling, et la fomentation résolu-
�C 216 )
tive extérieure de Purmann, dont la saumure de ha
ren gs, ( muria halr.cum ), forme la plus grande partie?
(1) Le succès avéré de celle-ci comme topique , se
rait-il un garant du mérite de celui-là pris à l’in
térieur, et doit-il commander notre confiance ! Purmann
employait fréquemment la saumure contre les affec
tions œdémateuses locales , bornées à quelques par
ties extérieures, et notamment au genou; ainsique
dans les engorgemens lymphatiques articulaires , les
tumeurs blanches, froides et chroniques, souvent pri
ses mal-à-propos pour des tumeurs fongueuses des
jointures , les unes et les autres susceptibles de ré
solution parcequ’elles sont produites par l’infiltration
d’un fluide séreux albumineux dans le tissu cellulaire
sous-cutané.....
On sait que la laitance, semen piscium , est l’or
gane de la reproduction chez les poissons mâles,
destinée à filtrer et à contenir leur, liqueur séminale,
laquelle est répandue sur les œufs de la femelle,
. pour les féconder à l’instant où elle les a déposé
dans l’eau. La laitance, regardée en général comme
un met délicat et analeptique tout à la fois , maximum
alim'eruum sub minimâ m ole, paraît avoir la faculté
de modifier , ou changer d’une manière avantageuse
les dérar.gemens apportés dans les propriétés vitales
communes , ou de l’organisme par les maladies dites
( 1 ) V a lm o n l- B o m a r e dit que la saumure de harengs con
vient pour déterger le* ulcères ;fétides et arrêter les pro
grès de la gangrène : il ajoute qu’on en fait entrer dans
les Invefnens contre la sciatique. Le médecin s t n d r y con
seille, dans les entorses , d’appliquer un hareng salé et bien
broyé pour résoudre ie sang et les humeurs qui peuvent
»’ y extravasev. ( Orthopédie T. 1
�%
( 317 )
de consomption. Si l’on en croit Valmont-Bomare,
la laitance fournit une nourriture si substantielle que
plusieurs hectiques ont été guéris par son usage. Oh
rapporte que le médecin Andry a vu des malades,
qu'on regardait comme aflectés de la fièvre hectique ,
se rétablir parfaitement pour avoir usé abondamment
et journellement de cette substance nourricière , douce
et moelleuse ( i) . Si ces assertions sont venues à la
connaissance du docteur Siemerling > elles ont pu
lui suggérer l’idée du nouveau remède; les médecins
français devraient pour lors partager l’honneur de la
découverte. Quoiqu’il en s o it, notre collègue étranger
aura toujours l’avantage d’avoir fourni le premier
un exemple de sa réussite contre la phthisie laryngée.
En terminant sa lettre, ce médecin nous fait part
que l’heureuse guérison de sa femme a dû être
rapportée avec d étail, ou le sera bientôt , dans le
journal de médecine publié par le docteur Huffeland.
On y trouvera mentionnée, sans doute , l'espèce de
phthisie locale qu’elle a éprouvé, signalée par les symp
tômes qui la spécifient et doivent la faire reconnaître
distinctement : car si d’une part un état catharral
chronique et habituel, avec afflux copieux et per
manent d’humeurs sur le tissu muqueux du larynx
et tuméfaction en meme temps des follicules et cryp
tes glanduleux dont il est parsem é, peuvent faire
naître son ulcération...... S i, d’une autre part; une
phlegmasie lente et obscure , même avec érosion,
ou un état ulcéreux superficiel, borné à la surface
(i) Les pêcheurs de harengs, qui en vivent uniquement
pendant le temps de la pêche , prennent de l’embonpoint ,
•ans éprouver de diminution de leurs forces.
t.
iy.
24
�( 2 l8
)
de cette enveloppe interne du sommet du conduit
trachéal, est capable de conduire au même état,
s ’accompagnant, dans l’un et l’autre cas , d’une
consomption imminente , ou déjà formée mais ré
cente , l’expérience a prouvé que la phthisie n’en est
pas toujours un résultat immédiat et direct. N ’j
ayant point de désorganisation dans le larynx et ses
pièces solides restant intactes , on doit conserver de
l ’espoir, et le remède des laitances peut être ici d’une
application heureuse , comme il l ’a été en effet dans
les mains et sous la direction éclairée du médecin
de New-Brandebourg.
Mais il est sans contredit d’autres circonstances,
d’autres altérations morbides locales contre lesquelles
les laites de harengs ne pourraient qu’échouer, lors
même que leur usage serait préparé , ou secondé par
les moyens médicinaux les plus appropriés ; tels sont
les cas dans lesquels l’existence piolongce ou trop
souvent réitérée de l’inflammation de la membrane
muqueuse, passée à l’état chronique, lui a donné
une grande densité, une induration même squirreuse,
et l’a rendue inorganique etc., et ceux où il y a entaniure et ulcération profonde dans l’épaisseur de cette
enveloppe interne , fonte et décomposition de sa
substance , dépouillement des cartilages , leur carie ,
la déformation de la glotte, en un mot , une désor
ganisation totale de celte espèce de bo ëte, à pièces
mobiles et couvercle, comme l’appelait Bichat..... Que
pourrait-on obtenir alors de favorable d’un médica
ment semblable , donné une seule fois par jour et
à si petites doses , de demi-once à une once ou deux
chaque matin ! Il ne saurait, à coup s û r , retar
der d’un jour les ravages destructeurs d’uue pareille
phthisie qui , avec de pareils désordres, n’est plus
uniquement lo ca le, mais affectant les poumons d’une
�( 219 )
manière extrêmement grave et fâcheuse, compromet
toute l’économie, et livre bientôt le patient à une
mort certaine.
LETTRE sur les propriétés désinfectantes des fumigations
faites avec un mélange de soufre et de nitre , adressée à
Messieurs les Membres de la Société royale de mé
decine de Marseille ; par M . Graperon , docteur en
médecine , correspondant de cette Société , résidant à
Théodosie ( Crimée) .
Thcodosie, le 30 novembre 1821.
M M .,
J’ArPBExns par les gazettes que la fièvre jaune
fait beaucoup de ravages en Espagne et sur les fron
tières de France, je ne doute pas que la commis
sion de m édecine, envoyée par le gouvernement
français et les médecins espagnols n’ayent employé
les fumigations de Guilon-Morveau , elles ont paru
avoir eu du succès dans les premières épidémies qui
ont ravagé Alicante et Malaga. Je doute cependant
qu'on les ait assez multipliées pour anéantir tous les
miasmes existons dans le pays. Je connais par ex
périence tous les obstacles et toutes les difficultés que
l’on éprouve dans leur emploi. Lorsque la Crimée
était ravagée par la peste , j’arrivais dans ce pays ;
le gouverneur , homme in stru it, connaissant toute l’u-
�( 320 )
tilité dont pouvaient être les fumigations guitoniennes
voulait les em ployer, mais les matières nécessaires
manquaient, et les endroits d’où l’on pouvait tirer
l ’acide sulfurique et le manganèse étaient occupés par
les armées françaises , toutes les communications inter
ceptées. Il me consulta sur les moyens d’y suppléer.
Je pensai au soufre comme matière abondante dans
le commerce et très-propre à la désinfection. La len
teur de sa combustion me semblait être un obstacle
à son emploi facile et énergique. J’imaginai de le
combiner avec du nitre, je trouvai par expérience
qu’un cinquième de nitre et quatre cinquièmes de
soufre étaient les proportions les plus convenables pour
obtenir une combustion assez rapide et qui ne s’ar
rête pas. Je fis fondre le mélange réduit en pou
d r e , et je le fis couler dans des cornets de papier
d ’où il sort facilement quand il est froid. On a des
cônes que je faisais à-peu-près d’une once chaque,
et qu’on peut allumer facilement par la pointe. On les
pose sur une pierre ou tuile. J’ai recommandé d’en
brûler un par toise cube d’air , de fermer les portes
et fenêtres, et de suspendre dans la chambre tous
les effets que l’on voulait désinfecter. Cette désin
fection a été pratiquée avec prodigalité par toute
sorte de personnes, par les Tartares meme qui en de
mandaient. Aussitôt que ce moyen a été employé,
la peste a cessé. L ’usage en est facile , peu coûteux,
chaque coût revenait en Crimée à i kopek ou un
centime de France. On en a brûlé 80,000 dans le
seul district de Théodosie. L ’effet en a été trèsprompt et très-sensible. La confection de ces bou
gies ou trochisques est facile, prompte; leur transport
sans danger et tout le monde peut s’en servir. 11
n’en est pas de même de l’acide sulfurique, de l'acide
�( 221
)
nitrique et de l’acide muriatique. Le mélange de l’acide
sulfurique avec l ’eau cause souvent des accidens, dans
des mains non exercées. On n’ose pas confier cette
liqueur à tous les individus qui peuvent , par mégarde , par inattention, ou s’empoisonner, se brûler
ou causer quelqu’incendie. La promptitude du déve
loppement des gaz a encore un inconvénient : les
personnes qui doivent verser l’acide n’ont pas le
temps de s’en aller avant de souffrir par la respi
ration des gaz suffoquans. Il n’eu est pas de même
de mon m oyen; la bougie étant conique il se dé
veloppe d’abord peu de gaz , et on a le temps suffi
sant pour s’en aller et fermer les portes.
Aussitôt qu’une personne tombait malade de la
peste , on la transportait au lazaret ; on faisait désha
biller celles qui avaient communiqué avec e lle , on
les taisait laver avec de l’eau et du vinaigre , on
les habillait d’habits non infectés et on désinfectait
leurs habits et toute la maison par les bougies, en
en faisant brûler autant qu’il y avait à-peu-près
de toises cubiques d’air dans chaque chambre. T rèsrarement , ces personnes très-suspectes de contagion,
ont été affectées de la maladie. J’ai donné aussi quel
quefois du soufre en poudre à prendre intérieurement
à ceux qui me paraissaient devoir être plus certai
nement atteints de la contagion. Un très-grand nom
bre y a échappé. Cet efïet des fumigations de soufre
et de nitre a été si marqué, que sur le rapport du
Gouverneur c iv il, et de M. le comte de Longeron, gou
verneur militaire de la province, Sa Majesté l’em
pereur de Russie a bien voulu me récompenser. J&
crois donc de mon devoir dans cette circonstance
de faire connaître un moyen que je crois pouvoir être
utile et je ne peux mieux m’adresser qu a la Société
�(
222
)
royale de médecine de Marseille , pour le publier, *i
elle le juge digne de paraître sous ses auspices. J’aurais
donné à cette lettre la forme de Mémoire, si le temps
ne me pressait ; le vaisseau qui part pour Marseille
devant mettre à la voile demain. Je ne sa is, Messieurs,
si vous avez reçu un Mémoire que j’ai eu l’honneur
de vous adresser il y a près d’un an , et qui con
sistait dans la description d’une opération d’une fistule
à l’anus , dont le trajet ne pouvait être parcouru par
aucune sonde , cl que j’ ai opéré avec succès , etc , etc.
J’ai l’honneur d’être , etc. ,
G bapekon , D .-M .
SÉANCES
PENDANT LE
DE
LA
SOCIÉTÉ
M O IS D E S E P T E M B R E l 3 2 2 .
7 Septembre. — Lecture est faite d’une lettre de M.
Bernard, directeur de l’institution des sourds-muets,
qui invite MM. les Président, Vice-Président et Secré
taires à une séance relative à l’instruction de ses élèves.
M. le Secrétaire fait ensuite hommage à la Société ,
au nom de M. le docteur Lafont-Gouzi , de Toulouse,
d’ un ouvrage que ce médecin vient de publier sous
le titre de : Caractères propres , préservatifs et remèdes
des contagions pestilentielles. M. Forcade est chargé du
rapport à faire sur cet écrit.
\
�( 225 )
Le reste de la séance est consacré aux conférences
cliniques. M. J. Beullac , docteur en chirurgie , est reçu
membre titulaire résidant.
14 Septembre. —
M. le docteur B alm e, de L yon ,
fait hommage à la Société d’un ouvrage intitulé : Obser
vations et réflexions sur les causes , les symptômes et le
traitement de la, contagion dans différentes maladies et
spécialement dans la peste d’ Orient et la fièvre jaune. M.
Surmet est nommé rapporteur de cet écrit.
On lit ensuite une lettre de M. T a x il, D.-M. P . , qui
adresse à la Société un exemplaire de sa dissertation
inaugurale intitulée : Règles générales pour la ligature
des artères, et sollicite le titre de membre correspondant.
M. le Secrétaire est chargé de répondre à M . T a x il,
pour lui faire connaître les dispositions réglementaires
relatives à sa demande.
M. Magail fait hommage à la Société de la thèse de
M. Gillet, portant pour titre : Dissertation sur la rage,
«t demande pour lui le titre de membre associé résidant.
Cette demande est accueillie favorablement.
M. J. Beullac lit une observation accompagnée de
réflexions qui tendent à prouver la préférence qu’on
doit accorder,
dans certains c a s , à l’amputation à
lambeaux sur la circulaire, dans la continuité des os.
La séance est terminée par la lecture d'un Exposé
de quelques recherches des chimistes modernes que M.
Poutct propose pour Ja séance publique. Elle est adoptée
à l’unanimité.
ai Septembre. — M . Rejinonet lit son rapport sur le
�( 334 )
manuscrit de M. Triaire , intitulé : Mémoire sur la
hernie crurale. Les conclusions de ce rapport, tendantes
à admettre M. Triaire au nombre des membres corres
pondais , sont adoptées à l’unanimité.
M . Sarmet lit ensuite une notice nécrologique sur MM.
Daulioulle et Muraire , membres titulaires , qui est com
prise parmi les lectures à faire dans la séance publique.
28 Septembre. — Cette séance est entièrement consa
crée à la lecture de ['Exposé des travaux de la Société
pendant Vannée 1822, par M . Sue , Vice-Secrétaire.
S E G A U D , Président.
S
ue,
Secrétaire-général.
�( 225 )
Ob se r v a tio n d'une affection vénérienne dégénérée,
compliquée avec Jièvrc périodique algide syphilitique ;
par M. P ierquim , docteur en médecine, membre de
plusieurs Sociétés savantes , etc.
Nalura morlorum ostendant eurationes.
Iiip.
Si les monographes n'ont point encore pu déter
miner les formes constantes de l’affection goûteuse ,
ils n’ont pas été plus heureux sur le protëisme , si
je puis m’exprimer ainsi, du vice vénérien; en effet,
tant de causes générales ou individuelles en rendent
le diagnostic si difficile , en voilant entièrement le
principe et les symptômes ordinaires , pour revêtir
des formes entièrement exoteriques , qui, en l’éloignant
du mythe ordinaire , justifient et pardonnent pleine
ment l’inutilité des travaux pratiques ou théoriques;
aussi rien de plus embarrassant , rien qui offre plus
de vague dans les déterminations thérapeutiques que
l'affection vénérienne larvée ; il n’y a pas encore long
temps que nous avons fait connaître par la voie des
journaux de médecine ( i) une forme inconnue de l’affec
tion syphilitique, que l’on a nommé falcadine, du
nom du pays où elle exerce ses ravages.
Ce virus revêt des formes si inespérées et se mon
tre sous des aspects si différens , que la plupart des
auteurs l’ont déterminé sous le nom des maladies
diverses dont elles offraient la physionomie , quoique
les bases du traitement fussent toutes différentes,
et que les préparations mercurielles seules eus-
(1) V o ir les Annales cliniques de Montpellier , cahier de
novembre et décembre 1820,
T . IV .
�( 22Ô )
sent la propriété de les guérir : souvent même sans
qu’elles représentassent le cercle ou le teint cuivreux,
grand cheval de bataille des faibles , et certes , faus
sement regardé comme pathognomonique ; dans le mo
ment où j’écris j ’en ai encore une preuve convain
cante sous les je u x : les douleurs nyctocopes même
auxquelles on a donné la même valeur invariable ,
sont - elles toujours constantes ? Et quel est celui qui
n’a point vu des maladies, sûrement syphilitiques,
privées de ces symptômes importans ? Je sais qu'un ou
deux et même trois symptômes ne suffisent pas pour
faire prononcer le praticien sur la présence ou l’ab
sence’ d’une maladie , mais lorsqu’à ceux-ci se joi
gnent des circonstances favorables ou des signes com
mémoratifs , peut-il encore en douter et abandonner
un malade aux ravages d’une maladie désastreuse,
faute d’agir ? Je ne le pense pas ! Il est sur que
lorsque le virus vénérien borne son action aux di
verses branches du système lymphatique , il s’en
toure de symptômes nerveux ou inflammatoires , qu’une
dtude , même peu approfondie, suffit dans ce cas
pour la décélcr , et le praticien en triomphe assez
facilem ent, soit en marchant dans un sentier connu,
soit en le restreignant selon l’urgence , ayant soin de
combattre chaque symptôme ou mieux chaque compli
cation par un traitement approprié , lorsque cependant
elle n’émane point cle la maladie primitive ; n’importe le
chemin suivi pour arriver à la guérison , il est tou
jours le meilleur dès que l’on a atteint ce b u t, et
le peuple est d’autant plus porté à pardonner les
tâtonnenlens pratiques , qu’il les ignore; mais ce qu’il
ne saurait oublier , c’est l’inertie des remèdes et des
«oins coûteux qu’il réclame.
L ’observation que nous allons rapporter aurait fajt
Sans doute la honte de l ’a r t , comme le désespoir de
�/
4
( 327 )
la personne qui en fait le sujet, sans une confi
dence que ne méritent pas , il est vrai , tous les médicastres , mais qui leur est cependant essentiellement
nécessaire, pour remplir les désirs du malade; mais
aussi quelle logique que celle qui détermine un indi
vidu à confier sa santé et sa vie aux soins d’un
homme auquel on n’oserait point commettre le secret
de sa turpitude ! que de personnes ont été victimes
de cette fausse et tardive pudeur!.....
M.me Virginie H ..., âgée de 2.4 ans, d’un tempéramment lymphatique , douée de toutes les apparte
nances physiques et morales de cette constitution ,
d'une sensibilité très-irritable , quoique bien réglée
perdait chaque jour de sa beauté, de sa fraîcheur,
de son embonpoint et de sa gaité presque folâtre ;
sans qu’elle put en découvrir la cause ; dans le mois
d’avril 1821, elle vint à Montpellier pour accompagner
une de ses plus proches parentes qui était en proie
à une affection glosso-organique très-avancée : quel
que temps après son arrivée ( le 3 mai ) elle fut at
teinte d’une métrite très-intense, avec douleur trèsforte de la partie et surtout des ligamens du pubis ,
des lombes , avec sentiment de lassitude , dysurie ,
progression douloureuse ou impossible , augmentant ou
renouvelant les douleurs, lorsqu’elles n’existent pas etc.,
affection que l’on pourrait peuL-être attribuer à la ma
ladie qui va faire le sujet de l’observation et dépendante
dès-lors des rapports de continuité ou de sympathie de
cet organe avec le vagin ; durant l’existence de cette ma
ladie , M. le professeur Delpech et moi eûmes l’occa
sion d’examiner une chemise récemment ôtée par la
malade, qui nous fit naître plus que des soupçons
sur la cause des tâches verdâtres nombreuses qui
la couvraient : notre célèbre professeur l'interrogea
avec toute lu décence requise, elle se révolta et nia
�( 228 )
to u t, sans doute parcequ’elle l'ignorait. La maladie
dont nous venons de parler, céda dans l’espace de six
jouis aux saignées reitérées du bras, aux fomentations,
à la diète et à l ’emploi d’une tisane délayante pour
boisson. Traitement jugé très-inconvénant et surtout
trop court, par un médecin du p a y s , qui avait traité
la même maladie chez la même personne r-et qui
n’employa que trois mois pour atteindre ce but.
J’avais été consulté quelque temps auparavant, par
la sœur de M.me Virginie H .. . . . , qui allait succom
ber à un simple catharre ( i ) . Je me rappelle qu’entrautres choses, j ’indiquai l’emploi des escargots crus,
que le médecin dont nous venons de parler traita
de remède incendiaire et propre seulement à l’assas
siner. On désira ma présence à A ...... je profitai du
départ de la famille de M ,m‘ H ...... pour m'y trans
porter , j’y arrivais vers le 20 m ai, la malade in
fluencée par le même médecin , ne consentit à me voir
que vers l’extrémité de sa vie, malgré les sollicitations
de sa fam ille, etc, etc.
J’étais depuis plusieurs jours dans cette v ille , lors
que M .me H ... , m’accusa un fourmillement universel
du corps , une ardeur d’ urine, des douleurs ostéocopes , des points douloureux sur diverses parties etc. ,
etc. Je déclarai avec toute la réserve que méritaient la
pudeur, la jeunesse et le sexe de la malade , l’opinion
que me fesaient naître de pareils symptômes : ce juge
ment fut très-mal reçu , je la priai de s’éclairer des
lumières diagnostiques de quelques autres confrères,
qui ne partagèrent point mon opinion 5 je dois cependant
rendre une entière justice au docteur Roche , lorsque
ce praticien eut éclairé sa conscience par quelques au-
(I) Elle était au troisième degré de I» phthisie.
�( 2a9 )
très visites , il me fournit ses lumières et nous coor
donnâmes le traitement entrepris.
Nous donnâmes simultanément notre attention aux
symptômes que nous décrivit la malade ; elle se rap
pelait certains faits qui reportaient l ’origine de la
maladie à quatre ou cinq mois , époque de la pré
sence de son époux auprès d’elle : elle se souvenait
qu’au début de sa maladie , elle en fit part à une
de ses amies , qui la rassura en dénommant cette
blennorragie une leuchorrée , maladie dont elle était
elle-même atteinte , erreur assez, fréquente chez le
sexe , dans cette position : depuis son apparition la
maladie avait été presque toujours sans douleur ,
symptôme qui du reste manque très-souvent chez
le sexe.
Lorsque Mme H ..... nous permit d'éclairer nos dou
tes par des preuves physiques , voici ce que M. Bauregard et moi constatâmes et qui fut diversement
traduit.
Le vagin était humide et enduisait le doigt d’une
mucosité jaunâtre , très-épaisse, â cre, et d’une féti
dité , sui generis , écoulement semblable par le canal
de l’urètre , se ramassant à la partie la plus déclive
de la v u lv e , plus ou moins abondant et irrégulier
dans son apparition , et présentant enfin tous les symp
tômes d’une maladie chronique. Les grandes lèvres
étaient lisses , rouges et luisantes , sept à huit pe
tits boutons ronds , blanchâtres , pyramidaux et creusés
à leur sommet. La chemise nous offrit à tous trois
des tâches jaunâtres - verdâtres , assez nombreuses»
desséchées et infriables.
Depuis la métrite la malade souffrait en urinant ;
elle se plaignit d’une espèce de prurit très - gênant
à la partie antérieure de la voûte palatine ; l’inspec
tion de la partie nous y montra un ulcère de 5 à 6.
�(
ü 5o
)
lignes, très-superficiel, d’ un aspect cuivreux; elle avoua
que depuis quelque temps elle crachait beaucoup ,
sur-tout dans la m atinée, à cause d’un goût et d’une
odeur de cuivre qui la gênait beaucoup , et qu’aucun
cosmétique ne pouvait faire disparaître, symptôme que je
fus à même de constater plusieurs fois , mais dont
mes confrères doutèrent. Les amygdales, le voile du
palais , l’arrjère-bouche, la portion gauche des gen
cives de la mâchoire inférieure offrait une rougeur
assez v iv e , ainsi qu’une légère tuméfaction.
Quelques jours après , Mme. H ..... nous montra un
nouvel ulcère très-profond de huit à dix lignes de
circonférence , dont les bords étaient aphtheux, c’està-dire, blanchâtres , situé sur la branche montante de
l ’os maxillaire du côté gauche, avec douleur vague
aux jointures des membres supérieurs et sentiment
de formication incommode sur toute l’habitude du
corps. Elle nous dit que son sommeil était souvent
interrompu par des douleurs dans les os et un mal
aise désespérant, jointes à une inquiétude, à une
morosité qui ne lui étaient pas naturelles : elle se
plaignait également de la présence de quelques exos
toses ou plutôt hyperostoses placées à la partie moyenne
gauche de la mâchoire et vers le milieu du tibia
du même côté , qu’elle n’avait remarqué que depuis
une semaine environ ; ces symptômes mêmes furent
niés tant on croyait à l’impossibilité de l’existence
de la maladie , cependant ce qui ne trouva point
d’incrédules, ce fut le dépérissement remarquable ,
l ’inapétence , le découragement etc , de Mme. H ,....
La veille de cette consultation, la malade avait
été en proie , vers les 5 heures du soir, à un vio
lent accès de fièvre, j ’étais présent et son intensité,
je l’avoue, me fit concevoir quelques craintes, la
force et la durée des symptômes nerveux en gé-
�( 23l )
néral, auraient pu être prises pour une légère attaque
depilepsie ou de convulsion , cet état avait com
mencé par le dégoût des alim ens, une sueur froide
occupant surtout la partie antérieure de la poitrine , avec
nausées, et envie de vomir que la malade ne pouvait ac
complir; le paroxysme en quelque sorte incomplet durait
environ deux heures et la malade était ensuite fortement
abattue; cette fièvre revenait régulièrement tous les jours
à la même heure , et en outre vers les dix heures de
la matinée ; lorsque Mme. H ..... en ressentait les pro
dromes , il s’emparait d’elle une profonde m élancolie,
dont le symptôme le plus désespérant était le mépris
et le dégoût de la vie dont elle réclamait la fin pour
son bonheur, elle s’exhalait en imprécations contre
celui qui l’avait accablée d’une maladie qu’elle trou
vait si honteuse ; la céphalalgie , qui débutait avec les
premiers symptômes énumérés , allait toujours en aug
mentant ainsi que les nausées , les pandiculations et
les symptômes nerveux : le paroxysme avançait ou
reculait le plus d’un quart d’heure suivant que la
malade le provoquait ou non par des causes physi
ques ou morales ; je jugeais ne devoir pas m’attacher
à guérir celte nouvelle maladie , mais en modifier seu
lement l’intensité, espérant qu’elle disparaîtrait avec la
cause à laquelle je l’attribuais; une potion anti-spamodique anisée réussit à merveille et dès-lors ils fu
rent moins violens.
Tous ces symptômes , j’en conviendrai facilem ent,
pouvaient avec raison , être diversement expliqués et
rapportés par conséquent chacun à des maladies toutes
différentes de celle que nous annoncions, que nous
osions soutenir dans l’entière conviction de notre
co sscience éclairée par toutes les preuves fondamenta ;s d’un bon diagnostic.; je fus donc très-profondé
ment convaincu que tous ces accidens étaient le résultat
�( 23a )
«l’ u n e a ffectio n v é n é r ie n n e d é g é n é r é e , il n e m e re s ta it
p lu s p o u r e n tr io m p h e r , q u e le c h o ix d ’ u n tr a ite m e n t
a p p ro p r ié ; je
c h e r c h a is
n é a n m o in s
encore
d ’ autres
c ir c o n s ta n c e s p r o p r e s à ju s tifie r à m e s y e u x la
ta n c e
que
j ’o p p o s a is
à
l ’o p in io n
de
m es
ré s is
c o n fr è r e s ,
lo r s q u e M .me H . .... m e fit c o n fid e n c e d e d e u x c ir c o n s
ta n c e s
p r é c ie u s e s ,
e t q u e je n e p u s c o m m u n iq u e r à
m e s r e s p e c ta b le s c o n fr è r e s , d o n t i ’u n a tte n d a it le ré
s u lta t d u tr a it e m e n t p o u r
p a r ta g e r
m a c o n v ic tio n : je
«lonnai e n s u ite m e s so in s à q u e lq u e s s y m p tô m e s d ’h y s te r îe q u i g ê n a ie n t
U n e des
beaucoup
c o m p lic a tio n s
la m a la d e .
qui m e
p a r a is s a it
la
plu s
g r a v e e t c e r ta in e m e n t la p lu s d a n g e r e u s e , é ta it la c o n s
titu tio n p r e s q u e s tr u m e u s e d e la
je
p a r v in s à e n
g im e
p a r a ly s e r le s
m a la d e , j ’e s s a y a i et
effets
to n iq u e ( i ) e t r e s t a u r a n t ,
à l’a id e
d ’ u n ré
d e s d is t r a c t io n s , des
p r o m e n a d e s d a n s la c a m p a g n e e t e n jo ig n a n t à c e s di
v e r s m o y e n s , le s s e c o u r s p r é c ie u x
m o d é ré e
v o r is a it le t r a it e m e n t , j ’e n
p lo i
se
de
la
tis a n e
d e s a ls e p a r e ille ,
ren t
p a r l ’o r g e a t ( 2 ) ,
p u is s a m m e n t
e n r e v a n c h e fa
a id a i l ’in flu e n c e
d é g o û ta a p r è s u n e q u in z a in e
r e m p la ç a
d ’ u n e g y m n a s tiq u e
e t b ie n e n te n d u e : la s a is o n
dont
p a r l'e m
M m e H .......
d e jo u rs ,
et
q u ’elle
c e s d iv e r s e s b o is s o n s agi
é g a le m e n t
à
tit r e
de d iu ré tiq u e ;
m a is à c e s a c c e s s o ir e s , e lle u n is s a it d e s m o y e n s fon
d a m e n ta u x d e m é d ic a t io n , le s
f r ic t io n s
m e r c u r ie lle s ,
( 0 J ’ordonnai surtout l’ emploi des fraises ave c le vin et
le sucre. S eh u /ze, H offm ann ,, L in n é e e tc., disent avoir vu des
pbthisies guéries uniquem ent p3r l’ usage des fraises. F e r n e l,
H an sw ieten etc. , ont v u les mêmes résultats sur des mé
lancoliques, des m aniaques, etc.
(a) J ’autoris3Î ce changem ent qui entrait encore dans mes
vues thérapeutiques comm e azoté.
�( 233 )
3e sirop de Cuisinier et les bains : le traitement ne fut
interrompu que durant la période menstruelle ; un flux
diarrhoïque et très-douloureux qui vint compliquer la
première affection ainsi qu’une pneumatorragie , qui
s’est renouvelée depuis mon absence, furent heureuse
ment guéris,
La malade était presqu’enlièrement guérie lorsque
je partis pour l’Allem agne; je ne pouvais la laisser
entre de meilleures mains. Le docteur Boche acheva
seul ce que nous avions presque commencé ensem
ble ; j ’ai vu M.rae H ...., depuis mon retou r, elle a
repris sa fraîcheur, sa beauté primitive , et un em
bonpoint inaccoutumé rapide et peu naturel à cet âge,
changement vraiment remarquable , quoique commun
après les traitemens anti-vénériens ( i) .
Béjlcxions. — Les heureux résultats qui ont cou
ronné cette observation ne justifieraient pas la publi
cité que nous lui donnons , si nous omettions d’y
joindre quelques réflexions et sur les causes qui déter
minent notre opinion et sur le choix de notre traite
ment qui, quoique fort sim ple, n’a pas laissé de triom
pher d’une affection devenue aussi compliquée, à cause
du temps qu’on l’a abandonné à elle-même et la li
berté qu’elle a eu d’i n ’ecter toute la constitution.
Un des points les plus frnppans sans doute de l’ob
servation, est 1’ ntensité des symptômns nerveux, ce
pendant elle paraîtra moins , si l’on se rappelle d’abord
la constitution de la malade , et ensuite que l’affection
vénérienne chronique est toujours accompagnée de symp
tômes nerveux , tandis qu’à son état a ig ii, ce sont les
0 ) V. Frank
T . I V , pag. 8t. Retentions aqueuses , genre
î. H y d rop is ies ..
T. IV.
a£
�symptômes inflammatoires qui prédominent : ces rai
sons rendront encore compte de la violence des accès
de fièvre double tierce doublée dont nous avons parlé.
Je fondai sur elle le peu d’attention que je donnai
à cette nouvelle maladie cl j’en espérai lu guérison,
du traitement opposé à la maladie dont elle me sem
blait émaner. J’étais persuadé que la réaction fébrile,
dans les maladies causées par un virus spécifique,
excite un mouvement dépuratoire auquel la solution
critique des maladies est le plus souvent attaché. Je
considérai donc cette fièvre comme Barthez regarde
la fièvre qui accompagne la goutte ( T . t , p, 1 18 ).
Je connaissais en outre plusieurs observations analogues
à celle qui se présentait à moi; je me rappellai (l’en
o\ oir vu dans Lyson , Bâillon, WtrlhoJ, S to ll, Monro,
Tfeidicr , Plcn k, T rank, Voullonne , etc. , et qui
avaient toutes été guéries par le mercure , tandis que
l ’on avait inutilement employé le quinquina. Mais
quand bien même des résultats aussi précieux ne fus
sent point venus à ma connaissance, je me serai
bien gardé de chercher à la supprimer. Je la regarde
comme utile , comme propre à favoriser les effets du
traitem ent, et je ne vis d’autre indication à remplir
que d'en modifier l’intensité. Je ne fus point trompé
dans mon attente , et je trouvai une amélioration sen
sible dans la marche des symptômes vénériens. Du
mas ( t} rapporte qu’un homme ayant la tète couverte
d’ulcères vénériens depuis deux ans éprouva une fiè
vre inflammatoire bilieuse , compliquée d’érysipèle
à la face , cl la fièvre finit par se dissiper très-heu
reusement et les ulcères vénériens forent changés et
modifiés , la cicatrisation la plus parfaite s’opéra
( i) Doctrine générale des maladies chroniques e t c , , pag. 55.
�( 255 )
dans moins de trois semaines, tandis qu’apiès deux
années de traitement on n’avait pu parvenir à ce
résultat. Ce n’est point d'après une règle générale que
je me suis conduit dans cette circonstance : je savais
également, comme on l’a vu , que la lièvre quoique
symptômatique peut devenir dangereuse, et qu’alors
il faut promptement modifier ou combattre sa ten
dance. Reneiz rapporte l’observation d’un homme âgé
de afl ans , dont la goutte vénérienne fut compliquée
par une fièvre inflammatoire; le génie qui l’a déter
mina obtint bientôt une telle prédominance, qu’il fallut
avoir recours aux saignées et aux anti-phlogistiques
abondans ; l’on appaisa les douleurs par l’opium et
l’on continua l’usage du mercure ( i ) . On trouvera
peut-être que la répétition des accès fébriles dont j’ai
fait mention ne peut , vu leur brièveté, constituer
une vraie fièvre intermittente, dès-lors il me devient
impossible de dénommer cette maladie périodique. Mais
jamais on n’a déterminé le temps que doit avoir la
durée d’un paroxysme pyrétique pour les nommer
fièvre périodique , d’ailleurs on sait aussi que toutes
les maladies soumises au génie intermittent se repré
sentent de m ême, et que la durée de leur existence
n’est pas toujours égale , et qu’en outre un de leurs
symptômes de bénignité est la rapidité de leur exis
tence ; c’est toujours d’un mouvement accéléré que
l’accès marche vers son apogée ; dans ce ras-ci , le
premier période parait avoir empiété par sa force sur
les périodes suivans qu’il a rendu presque nuis , mais
puisque cet état était non-seulement fort court mais
qu’il n’étak point perm anent, et qu’il y aurait p y
rexie , je ne vois point de raison pour que l’on
(ij Jos. lienciz, acta et observât» medica etc. , pag.ijiSg,.
�( 236 )
refuse à l’état que nous avons décrit plus h a u t, la
dénomination de fièvre intermittente syphilitique. Une
inversion dans l’ordre de la présence des symptômes ,
sera sans doute regardée comme fort étrange, c’est
la sueur presque partielle qui précédait uri froid in
tense et qui annonçait à la malade l’invasion pro
chaine de l’accès. Mais cette irrégularité dans la suc
cession des périodes n’est point commune , il est vrai,
mais les auteurs nous en fournissent plusieurs autres
exemples cités partout.
Cette observation nous offre encore deux autres com
plications moins dignes de remai que , il est vrai,
qui ne laissèrent cependant pas de nous alarmer.
Celle qui parut la première , fut un flux ou mieux des
déjections membraniformes blanchâtres et quelque
fois sanguinolentes, mais toujours en très-petite quan
tité et avec ténesme très-douloureux, et épreintes dé
chirantes, douleur continuelle d’une fausse sensation
d’aller à la garde-robe , au point qu’elle passa près
de deux nuits sur le pot et qu’elle refusait tout
aliment de cr ainte d’augmenter cette horrible position.
Je ne sçus d’abord à quoi attribuer ce surcroît de
douleurs, je n’osai point les faire disparaître, je cher
chai seulement à en diminuer l ’intensité. Je savais
que souvent les maladies chroniques occasionent
des maladies aiguës par les dispositions dans les
quelles elles maintiennent toute l’économie ou seule
ment quelques points. Je vis une espèce de liaison
dans ces diverses affections , parce que souvent encore
les affections hystériques, nerveuses, hypocondria
ques où le spasme et l’ irritation se portant à un
très-haut degré, produisent fréquemment des fièvres
aiguës avec lesquelles elles se compliquent , l’irritation
vive et douloureuse y fait naître quelquefois des infiammatious passagères qui ajoutent une affection ai-
�( 2 ^7 )
guë à une affection chronique. J'étais d’autant plus
porté à considérer ce nouvel accident sous ce point
de vue, que le malade m’offrait en outre d’un pouls
inflammatoire une pléthore très-prononcée ( i) Je voyais
en outre dans ce flux une de ces affections avec
lesquelles les maladies nerveuses se compliquent le
plus fréquemment , et les vomissemens , les flux
dyssentériques , les coliques , les épreintes , les hé
morragies e tc., contractent avec ces maladies une si
étroite liaison , elles procurent une telle affinité en
tre eux que Cheyne , With , Lorry , Vir.del, e tc.,
les regardent presque toujours comme des symptômes
essentiels. Ainsi je ne vis dans cet amoncellement
de maux qu’une espèce de synergie de la nature
propre à déterminer l’expulsion de ce venin qui avait
infecté la constitution : eh ! pourquoi n’acrais-je pas
pu les regarder ainsi i ne voit-on pas tous les jours
les hémorragies , les sueurs , les urines, les selles
dissiper les affections spasmodiques les plus graves ,
la m anie, le rhumatisme (2), la goutte , les douleurs
anciennes, etc. ? Et certes, on ne peut dans ce cas
attribuer la guérison à la seule évacuation qui est trèssouvent en si petite quantité quelle échappe à l’ob
servateur le plus attentif : l’excrétion des larmes ne
termine-t-elle pas communément l’hysterie ( 3) î les ex
crétions muqueuses ne sont-elles pas de la plus grande
(1) W 'h y t,
T. 11 , page
des vapeur* et des maladies nerveuses etc. ,
899.
(2) V o y e z l’exemple d’ un rhumatisme guéri par l’apparition
anticipée des règles que j’ ai inséré dans le* an n u les c lin iq u e s ,
février 1822 , pag. 107.
B erth o lin .
î». A met, 1654.
H is t. a n a l, rarior. c e n t. 1 1 . H ist, 9 7 , 3 i> .
�( 233 )
wfilité, surtout comme critiques des affections ner
veuses ( i ) .
L ’autre complication m’effraya d’avantage , je cru* y
voir le signe de la mort la plus lente et par conséquent
la plus horrible ; la mort de la sœur, de la malade
corrobora mes craintes que je cachai à la malade : c*
fut une hémoptysie très-copieuse survenue vers mi
nu it; j ’y vis encore un effet du trouble général, mais
je me gardai bien de le regarder comme ne pouvant
avoir aucun résultat malheureux , je m’empressai de
l’arrêter et je fus presqu'étonné de voir céder la pneumatorragie à l’emploi d’une solution gommeuse glacée
avec addition d’acide sulfurique. 11 me paraissait d’au
tant plus important d’arrêter les progrès de cette
cruelle complication que la malade avait toujours été
en proie à des catharres continus ou périodiques con
tre lesquels tous les remèdes échouèrent, et je lâ
chai d’assoupir une maladie dont le réveil allait être
funeste. J'eus toujours présent à mon esprit le res
pect que je devais au tempérament de la malade ,
q u i, comme je l’ai dit , nuisait encore au traitement
que la maladie principale réclam ait, et certes, si
l’affection vénérienne est funeste lorsque la petite vé
role la complique , elle ne l’est pas moins lorsqu’elle
établit ses ravages dans une constitution strumeuse,
ou lorsqu’elle complique une maladie muqueuse , Rœderer et WagJer (_i) nous en ont même transmis des
preuves effrayantes.
Maintenant il ne me reste plus qu’à justifier le
choix des remèdes que j ’ai cru devoir employer. Mal-
(1) Dumas. Doctrine générale «les maladies chroniques,
etc. , pag. 127.
(2) Traité de la maladie muqueuse etc. , pag. 141.
/
�C
3*9
)
jcré le» «ecusations graves , portées avec fondement,
sans doute, contre le muriate sur-oxidé de mercure,
je crus trouver des raisons dans le tempérament
et la constitution irritable de la malade , dans l’ancienneté de l’affection et l’activité consolante et effi
cace du remède , je n’avais point à redouter le
ptyalisme si fréquent dans l’usage peu entendu du
mercure, et que le deuto-hydrochlorate de mercure
laisse au malade la liberté de vaquer à ses affaires.
J’avais plus d’une raison pour surveiller l’exactitude et
la marche de son traitem ent, j’assistai même à ses re
pas , et j’observai soigneusement l’effet des divers re
mèdes prescrits. L ’indication me paraissait irrécusable ,
je n’avais qu’à trouver le moyen le plus propre à la
remplir ; sans ce m oyen, le point important pouvait
être manqué, il fallait donc que malgré ses combi
naisons , je pus être certain que le remède n’en fut
pas neutralisé , conséquence assez fréquente dans plu
sieurs préparations. La liqueur de Van - Swieten par
exemple , ne m’offrait pas d’assez fortes garanties. Je
crus devoir lui préférer le sirop de Cuisinier qui m’of
frait encore un moyen efficace de substanler la ma
lade qui avait presque entièrement perdu l’appétit,
et qui rendait l’usage du remède plus supportable,
à cause do l'irritation de l’estomac qu’elle ne pi évo
quait pas. Le docteur Sainte-Marie m’avait parlé du
succès qu’il avait souvent retiré de l’emploi du sucre
dans ces sortes d’affections, il en a même consigné
les heureux résultats dans son excellent ouvrage pré
cité. J’ai peut-être eu raison d’attribuer à l’efficacité
de ce remède la diminution de la gravité des symp
tômes de l’irritation de l’estomac , la disparition des
conséquences de cette dernière , ainsi que de l’inflam
mation intestinale , du reste cette substance nous pa
rait être le meilleur intermède pour la préparatio*
�( * 4 <> )
du m ercure, ainsi que l'a aussi remarqué M. SainteMarie. Je joignis à l’emploi intérieur de celte pré
paration , l’usage des frictions m ercurielles, à la dose de
deux gros chacune, matin et so ir, en ne laissant entr’elles qu'un jour d’intervalle et l’emploi proportionné
des bains. Le traitement était déjà fort avancé lorsque
j'abandonnai la malade et qua je fus forcé de partir.
«•
_
_
_
_
_
_
C A H A i t T È R E S propres , préservatifs et remèdes des
contagions pestilentielles , par G - G . L a f o n t - G ouzi,
ancien médecin des hôpitaux militaires , médecin du
collège royal et des séminaires de Toulouse, associé
correspondant de l’Académie royale des sciences de
Dijon, de Marseille , de Turin , de Padoue ; membre
de la Société de médecine de Toulouse ; associé de
celle d'émulation de Paris , et des Sociétés médicales
de Parm e, la Nouvelle-Orléans, B ruxelles, Mont
pellier , Bordeaux , Marseille et Besançon. ( In-8.°
de 84 pages. Toulouse 1821 ). Avec cette épigraphe :
Le temps non» apprendra si la classe des
maladies contagieuses n’ est pas plus
commune qu’on ne l e pense.
L a f o n t - G o u z i. M a té r ia u x
p o u r s e r v ir a l a m é d e c in e m i
lita ir e . 1809, chez Gabon, à Paris.
D epots que Barcelone a été ravagée par la fièvre
jaune, des médecins se sont attachés , les u n s, vrais
philantropès, à calm er, à dissiper la terreur que ce
fléau a excité dans l’âme des peuples voisins de la
Péninsule ; les autres, effrayés eux-mêmes , à récla
mer des grandes mesures sanitaires pour prévenir les
atteintes d’une terrible contagion. C eu x-ci, a-t-on d it,
�( 2^1
)
ont sans doute gain de cause, s’il est vrai que la fièvre
jaune soit contagieuse, mais si cette opinion est con
traire au sens commun , à l'expérience de chaque jour ,
ne contribuent-ils pas évidemment à faire un tort im
mense et au commerce et à l’humanité ? Tout le monde
répond affirmativement, à l’exception de quelques - uns
qui, considérant la discussion concernant la contagion
ou non-contagion de la fièvre jaune comme ne repo
sant que sur des mots , soutiennent qu’il faut se mettre
peu en peine de l’interminable question. Erreur gros
sière , dont chaque jour fait ju stice, car à mesure
que !es médecins se donnent la peine de réfléchir ,
ils ne tardent pas à s’apercevoir qu’il n’est point in
différent, qu’il est même indispensable d’établir une
distinction entre les maladies par infection et celles
par contagion , et que la solution de l’importante ques
tion , quant à la nature de la fièvre jaune, n’est point
aussi difficile qu’on le pense d’abord, puisqu’elle dé
coule assez facilement de l’expérience et de l’obser
vation.
Toutefois , par une espèce de fatalité qui vient
sans doute de ce que les mêmes objets frappent dif
féremment les esprits , il est ordinaire que les par
tisans de l’une et de l’autre manière de voir se basent
sur l’observation, comme sur un infaillible moyen de
rendre irréfragables leurs propositions, et ils ont rai
son ; mais il n’est que la véritable observation qui
consolide l’édifice m édical, tandis que celle peu con
forme aux phénomènes de la nature ne tend qu’à le
renverser. Il nous reste donc à savoir, pour juger le
grand procès, quels sont les médecins qui ont le
mieux observé. En attendant, il convient d’accueillir
indistinctement les matériaux scientifiques relatifs à la
nature de la fièvre jau n e, et nous ne pouvons qu«
T . IV .
v]
�< 2/f2 )
faire plaisir à nos lecteurs , en leur donnant ou une
analyse ou une idée de ceux qui présentent de l'intérèt. La brochure de M. Lafont-Gouzi nous parait
être de ce nombre , quoiqu’elle ne contribue pas peu
à favoriser une opinion qui n’est pas la nôtre. L ’an
nonce de eette brochure qu’on peut regarder comme
un nouveau témoignage de notre impartialité , devionsnous ne pas la fa ire, quand nous sommes pénétrés
que s’il est un exemple capable de justifier que l’o
pinion seule ne constitue pas l’homme de mérite , on
le trouve dans l'ouvrage de M . Lafont-Gouzi ?
Cet estimable médecin consacre la première section
à- un examen préliminaire des causes épidémiques,
examen qu’il nous faudrait retracer en entier, pour en faire
sentir toute l’importance , s’il était possible de le com
prendre dans une courte analyse. Nous nous conten
terons de rapporter la définition que l'auteur donne
de l’épidémie : « j ’appelle épidémie, d it-il, une ma
ladie générale ou populaire qui dépend d’une cause
commune, telle que la disette et la mauvaise qualité
des nourritures ; l’altération de l ’air par des hétéro
gènes morbifiques , la marche ordinaire et l’intempérience des saisons , enfin , les miasmes contagieux.
Chacune de ces causes peut exister séparément,
ou se joindre à telle autre, de manière à produire
des complications et des variétés morbifiques »,
Quoiqu’il semble par le titre même de sa deuxième
section que c’est de toutes les maladies populaires
contagieuses , que l ’auteur a pour but de présenter
les caractères distinctifs , il observe bientôt qu’il a cru
devoir se borner à celles qui ont le plus souvent ra
vagé l’Europe, et ce sont, à son a v is, la peste, le ty
phus pétéchial et la fièvre jau n e, qu'il assure être
originaire de certaines contrées de l’Amérique et avoir
été transportée dans notre Continent.
�C 245 )
Parmi les caractères et les traits distinctifs qu’il as
signe à la contagion, il place au premier rang celuici : « chaque espèce d’agent contagieux, dit-il , est
comme la sémtnce d’une maladie sui generis , q u i, à
son tour, produit des germes de la nature de ceux dont
elle émane ». Il ajoute que la semence ou le germe
de chaque sorte de maladie contagieuse, tout en con
servant sa nature particulière, produit des maladies
dont la forme et les symptômes varient jusqu’à un
certain point, selon le climat , les saisons , la situa
tion des lieux , les qualités de l’atmosphère , le ras
semblement ou la dissémination des hommes , etc.
Mais faut-il reconnaître dans la fièvre jaune l’existence
d’un germe dont les effets soient tels que cette ma
ladie puisse être incontestablement langée parmi les
contagieuses ? L'auteur est de cet avis qu i, on ne l’a
point oublié , a été l’avis de la commission médicale
envoyée à Barcelone ; mais qui n’a pas été et ne sau
rait être celui de la majorité des médecins , et parce
qu’il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de dé
montrer jusqu’à l’évidence le lieu où réside le germe
supposé , et parce que l’expérience n’en a point en
core confirmé l’existence ; d’ailleurs, de pareils ger
mes , s o n t, au rapport de l’auteur lui-même , cachés
au point de n’être nullement appréciés , puisqu’on ne
peut dire ce qu’ils deviennent dans certains cas, et
pourquoi ils cessent de produire leur effet connu,
pour *e signaler à des époques plus éloignées. Qu’il
existe des maladies contagieuses ; c’est incontestable.
Mais pour réputer telles celles qui ne le sont point,
établir qu’elles ont pour caractère principal un germe
spécifique , n'est-ce pas une supposition chimérique ,
quand l ien ne prouve l’existence d’un tel caractère l
On a demandé des expériences publiques et solen
nelles à ce sujet ; on en a fait de particulières ; on
�( =44 )
a raisonné, bien raisonné ; on a indiqué l’observation des
praticiens qui ont exercé sur les lieux ou la fièvre jaune
régne habituellement. Quels ont été le résultat de tous
ces moyens ! De jeter de plus en plus une vive clarté
sur la non-contagion. M. L afont-G ouzi, qui est cor
respondant de la Société médicale de la Nouvelle-Or
léans , dont il connaît par conséquent l’opinion sur la
nature de la fièvre jau n e, regarde , néanmoins, cette
fièvre comme contagieuse, et pour démontrer la vali
dité de son opinion, il a beaucoup fait ; il s’est ex
pliqué avec assez d’énergie, assez de clarté, de pré
cision. Toutefois , nous l’avouons .à reg ret, il ne
nous persuade point ; cela vien t, sans doute, de ce
qu’il a négligé d’établir la distinction entre les mala
dies contagieuses et celles par infection. A la vérité,
la confession suivante le justifie pleinement. « Mes idées,
d it-il, sur les épidémies et les maladies contagieuses
ne sont pas de fraîche date , et j’ai quelques motifs
pour ne les croire pas indignes de l’attention des mé
decins ». D is o n s - le d onc, à une époque «ù le mot
contagion n’était pas pris dans le sens précis qu'on lui
donne aujourd’h u i, les observations de M . La/ont-Gouzi
auraient été vivement goûtées de chacun. Aujourd’hui
elles méritent de fixer l’attention générale , quant à queldétails précieux qui les constituent et quant aux
citations nombreuses dont elles sont suivies , ce qui
justifie un grand fond d'érudition, alors même que
l’auteur s’est bien gardé d’en faire un étalage.
Pour donner plus de force à sa manière de voir, M.
Lafont-Gouzi rapporte des circonstances particulières
qui ont marqué la maladie de Barcelone, et qu i, si
elles étaient bien constatées, ne seraient pas peu fa
vorables à l’opinion de la contagion. En soutenant cette
opinion , l’auteur a cru devoir finir par indiquer quel
ques moyens prophylactiques et curatifs àe la fièvre
�c 245 ;
jaune. En un m ot, il a avancé d’excellentes choses
dans l’hypothèse que cette maladie serait contagieuse;
aussi, devions-nous ne pas balancer de recommander la
lecture de son ouvrage , quoique son épigraphe put ra
lentir un instant notre empressement à le signaler,
car , suivant notre façon de penser, le temps nous ap
prendra si la classe des maladies contagieuses n’est
pas moins commune qu’on ne le pense.
P.-M. Roux.
ANALYSE
D es principaux A rticles du Journal de P harmacie»
( M o is
de
S e p t e m b r e 1822 ).
E x t r a i t d'un mémoire lu à la section de pharmacie
de la Société royale de médecine. , sur un procédé pour
obtenir la strychnine, par M. Henri , chej de la phar
macie centrale des Hôpitaux civils de Paris. — Si nous
devons aux travaux de MM. Pelletier et Cavrntou
les premiers procédés pour obtenir la substance éner
gique de la noix vomique, c’est à M. Henri que
nous sommes redevables de la perfection et de la
simplification qu’il a apportées dans la préparation de
la strychnine.
« C e procédé consiste, dit l’auteur, à traiter à plusieurs
reprises , par l’eau ordinaire , dans un vase clos , la
noix vomique réduite en poudre ; quand les décoc
tions sont faites on les réunit, on les évapore en con
sistance de sirop épais , ou de manière à ce qu’il
l’este peu d’eau , puis on ajoute par portions de la
chaux pulvérisée, ayant soin d’en mettre un léger
excès. La chaux produit avec l’acide igasurique un sel
�( 346 )
insoluble , q u i, m&é à la strychnine et aux autres subs
tances , forme une masse épaisse et gélatineuse. Après
quelques heures on traite cette matière par de l’alcohol
à 38 degrés, chaud , qui dissout la strychnine, un
peu de matière colorante et qui est sans énergie sur les
autres substances. On répète l’action de l’alcohol deux
fo is, ou jusqu’à ce qu’il n’ait plus de saveur amère.
O n soumet ensuite le marc à la presse , puis on filtre
l'alcohol qui n’est pa* parfaitement clair , et en dis
tille au bain-marie pour séparer toute la partie spiritueuse. La distillation terminée , il reste dans le bainmarie une petite quantité de liquide très-coloré et une
substance qui se présente sou* la forme de cristaux
brillans : c'est la strychnine contenant une matière
colorante et huileuse ; si on la traite plusieurs fois
par l’alcohol , on l’obtient très-pure ; il nous a paru
plus expéditif d’en former un sel facilement cristallîsable. Nous préférons l’acide nitrique à tous les acides
connus. On traite donc la substance restée dans le
bain-marie par de l’eau légèrement acidulée par cet
acid e, et comme le sel est très-soluble, il faut em
ployer peu d’eau et éviter surtout de mettre un trop
grand excès d’acide nitrique, qui colorerait la dissolu
tion et altérerait le nouveau composé. Quand la liqueur
est rapprochée à moitié , on ajoute un peu de charbon
anim al, on fait bouillir, et on filtre promptement. Par
le refroidissement le sel cristallise en cristaux colorés
à la vérité, mais on parvient facilement à les déco
lorer par des solutions successives. Ce sel est en tout
semblable au nitrate de strychnine décrit dans le mé
moire de nos honorés collègues ».
« Pour en obtenir la strychnine il suffit de dissoudre
le sel dans l’eau et y ajouter un léger excès d’ammo
niaque j la strychnine se précipite sous la forme d’une
poudre blanche. 11 faut observer que la solution du
�( *47 )
nitrate doit se faire dans le moins d'eau possible , car
la strychnine étant un peu soluble , uue partie restera
dans le liquide ».
« Après la distillation de l’ alcohol, il reste avec la ma
tière grasse un liquide coloré; ccttc substance contient
une grande quantité de strychnine, si on la traite par
l’acide nitrique faible , on en retire du nitrate de strych
nine ; on peut aussi la mêler aux eaux mères du nitrate
déjà obtenu , et saturer l’excès d’alcali par de l’acide
nitrique étendu. Il arrive Souvent que ces eaux mère»,
quoique colorées , cristallisent dans l’espace de trois à
quatre jours ; mais le plus ordinairement elles refusent
de fournir des cristaux , soit parce que la liqueur est
trop visqueuse, ou , comme nous l’avons observé , parce
que le nitrate , les sels de strychnine et la strychnine
même mêlés de matières extractives, possèdent à un
certain degré la propriété incristallisable et même d’at
tirer l’humidité de l’air : un fait vient à l’appui de
celte assertion , c’est que le nitrate de strychnine pur
n’attire pas l’humidité et qu’il jo u it, au contraire , de
cette propriété quand on le mêle à une matière ex
tractive ».
L ’auteur conclut qu’on peut obtenir la substance amère
de la noix vomique en la traitant seulement par l’eau;
qu’il est préférable d’employer l’eau bouillante dans
des vases c lo s , quoiqne cette dernière ait la propriété
de séparer son principe amer ; que les liqueurs pro
venant des décoctions contiennent de la strychnine
combinée à l’acide igasurique en excès , de la gomme
et une matière extractive particulière ; qu’il suffit de
rapprocher les liqueurs , de les traiter par de la chaux
pulvérisée , puis par l’alcohol pour obtenir la strychnine.
Un kilogramme de noix vomique pulvérisée donne de
cinq à six grammes de strychnine, quantité annoncée
par MM. Pelletier et Caeenlou.
t
�( MS )
VARIÉTÉS.
— Depuis cinq ou six mois que la Société académique
de médecine de Marseille nous menace d’une séance
publique , elle parait se décider enfin à arrêter l’ordre
des lectures le mois prochain, et on assure qu’en
janvier 1825, la séance aura lie u , dans la salle du
musée , en présence d’un nombreux auditoire.
— On raconte qu’un membre de cette Société , à
qui l’on demandait si une séance publique , tenue en
h iver, n’exposerait pas MM. les auditeurs à la rigueur
du l’r o id , répondit qu'ils seraient suffisamment échauffés
par la chaleur du mouvement oratoire.
— Le jury de médecine du département des Bou
ches-du-Rhône doit se réunir le 2.3 décembre 1822,
pour recevoir , suivant l’usage , tous ceux qui aspirent
au grade d’officier de sauté, etc.
— . L’école de médecine d’Amiens désirait depuis
long-temps avoir un chef des travaux anatomiques.
Gette place vient d’être créée : elle sera donnée au
concours, et les professeurs de l’école en seront les
ju g es, d’après la décision du président du Conseil royal
de l’instruction publique, du 11 août 1821.
— On dit que MM. les Administrateurs de l ’HôtelDieu de Marseille ont- jugé convenable de mettre
au concours , dans sept ou huit mois , les places
de premier et de second chirurgien interne de ce
grand hospice. Cette délibération , qui honore infi
niment l’ Administration, a sans doute été dictée par
l’expérience. En effet, après le brillant concours dont
nous avons été témoins , où MM. Martin et Ducros
développèrent les profondes connaissances auxquelles
seules ils durent leur nomination , le service chirur
gical de l’ilôtel-Dieu ne tarda pas à marcher rupi-
�/
( 2 49 )
demerit vers sa perfection. Mais plus tard, à l’époque
où M, Martin fut remplacé dans ses fonctions de
chef interne par son digne confrère, M. Docros , qui
le fut à son tour dans ses fonctions de second par
un élève très-ord in aire, l’intrigue ne triompha-t-elle
pas à la place du m érite, et n’en résulta-t-il pas de
graves inconvéniens ?
Les concours publics excitent l ’émulation ; c’est
incontestable. Ils deviennent pour lé jeûné élève ,
timide et pauvre, mais studieux et instruit, uné voie
facile pour obtenir une place qui le mette à son
aise, en lui assurant les premiers besoins, en lui
offrant les moyens les plus propres à orner de plus
en plus son esprit et à lui faire parcourir honora
blement sa carrière. Les concours ne sent point utiles',
il est vrai , à MM. les • privilégiés , à ceux qui n’ont
d’autres titres à leur recommandation qu’une grande
aptitude à recourir aux démarches serviles, à l’adu
lation , à l’intrigue , etc. ,. etc. L ’homme , qui durant
le cours de sa carrière physiologique , ne cesse de
viser à ce qui lui paraît convenable, et qui parvient
à son but par des moyens honnêtes , est estimable
sans contredit, mais que l’on cherche à établir sa
réputation sur les débris de celles de ses confrères ,
c’est affreux ; c’est pourtant ce que l’on a vu et ce
que l’on verra presque toujours alors que l’on a dédaigné
et que l’on dédaignera l’institution des concours.
— La Société royale de médecine de Marseille , après
avoir entendu le rapport de la Commission chargée de
présenter les moyens d’exécution concernant le projet
de M. le L%. Segaud , a délibéré, à l’unanimité , qu’une
nouvelle Commission sc ti apporterait auprès de M . le
comte de Villeneuve , P réfet, pour soumettre ce rap
port à son approbation. Ce digne et philantrope ma1
T .I V ;
28
�( a5o )
gistrat, ayant bien voulu en prendre connaissance y
s'est empressé de témoigner toute sa satisfaction , et
a promis de l’envoyer à S. Exc. le Ministre de l’In
térieur , et de l’appuyer de tout son crédit.
—KEn novem bre, on a remarqué à Marseille que
la mortalité excédait le nombre des malades. C’est dire
que l’on y a compté un bon nombre de morts su
bites. Les affections catharrales ont été les maladies
les plus communes , et, comme le mois dernier, il s’est
offert à la pratique de quelques médecins des individus
atteints de la variole.
P.-M. R oux.
E x l ' R Al T des registres du bureau de l'Etat - civil dt
la mairie de Marseille.
( Mois d’Octobre i 3 î 2 J.
Naissances .
Décès. . .
Mariages .
•
107.
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices , etc- , de ses membres soit titulaires , soit
torrespondans , qui lui paraissent dignes d’être publiés,
elle n'a égard qu'à l’intérêt qu'ils présentent à la science
médicale ; mais quelle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n'ont pas encore la sanction générale.
�( =5i )
BULLETINS
D E
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
N ovembre 1822. — N . ° X Ï .
« v « w tw \ w \ w \ « v \ w v w % w « w \ « fv \ ^ v «
OltSfiJlVATIOTK sur une fistule rccto-vaginale, guérie
sans opération et par les seules forces de la nature ,
par J.-B . Sjlvy , l'un des chirurgiens en chef des
hèpitaux civil et militaire de Grenoble , et membre cor
respondant de la Société royale de médecine de Marseille.
U ne demoiselle de 16 ans, douée d’une forte cons
titution, fit, au mois de juillet 1818, une chute sur
le manche d’un balai qui se trouvait fixé verticalement
au pilier d’une chaise qui avoisinait le lit sur lequel
elle voulait monter ; lu chute se fit de telle manière
que l’extrémité élilée du manche de balai, fut intro
duite par l’anus, que le rectum et le vagin furent
perforés à une distance de deux pouces. Les païens
accoururent aux cris de cette demoiselle , ils la sou
levèrent avec précaution pour la retirer de dessus
le corps introduit 5 on la plaça dans son lit , et je
fus appelé. Je la trouvai dans un état ' de syncope,
produite par une énorme effusion de sang; le visage
pâle, leS extrémités froides; le pouls petit et eencentré : elle était à peine sortie de l’état de syncope,
que des spasmes nerveux se manifestèrent et conti
nuèrent l ’espace de demi-heure ; enfin, lorsque le
�( s5 a )
calme fut rétabli , j ’explorai lç rectum , je reconnus,
à la hauteur de deux pouces ; la déchirure de cet
intestin; mon doigt indicateur pénétra avec la plus grande
facilité du rectum dans le vagin ; dé*-lors l ’existence de la
fistule recto-vaginale fut suffisamment constatée.
Je m’empressai de prodiguer à cette intéressante
demoiselle , tous les soins que son état comportait.
Son âge et la nature de son accident devaient me
faire craindre le développement d’une inflammation
aiguë ; mais rassuré par l’hémorragie abondante qui
avait eu lieu au moment de l'accident , je crus devoir
me dispenser de pratiquer la saignée ; je me bornai
à prescrire des boissons anli-phlogistiques, des po
tions calmantes , des injections émollientes par le va
gin et le rectum , des bains de fauteuil , si l’abdomen
devenait douloureux , enfin le repos et la diète la plus
sévère.
Je vis la malade le lendemain de son accident; l’hé
morragie n’avait pas reparu , l’état spasmodique ne
s’était pas renouvelé, le sommeil de la nuit avait été
tranquille , et les douleurs étaient plus supportables;
malgré ceile amélioration , la malade était d’une in
quiétude affreuse; le passage continuel des matières
fécales solides et fluides par le vagin la mettait au
désespoir ; je lui donnai l’assurance qu’elle serait dé
livrée de cette dégoûtante incommodité , si elle avait
le courage de se soumettre à l’opération appropriée
à ce genre de maladie ; elle parut y consentir ; mais
sous diiférens prétextés , ma proposition fut éludée
et renvoyée de jour en jour. Un mois s’était écoulé
depuis l’accident , qu’elle sollicitait encore un nou
veau délai , je fus contraint de souscrire , mais je mis
pour condition qu’il me serait permis de faire un nou
vel examen. Après beaucoup de résistance, elle finit
par se soumettre : je l’avouerai, ma surprise fut grande
�C 253 )
de ne trouver aucune trace de fistule ; j'explorai le
vagin et le rectum , je ne découvris ni dépression,
n i. tubercules , ni rugosités, les parties n’etaient pas
même sensibles au toucher; je cherchai à faire péné
trer un stjdct boutonné dans le point où avait existé
la fistule; la cicatrice était si parfaite, qu’il semblait
qu’on la promenait sur la surface la plus unie ; les
matières fécales avaient repris leur route naturelle,
il ne se fes.ait pas le plus léger suintement par le
vagin, les évacuations périodiques avaient paru aux
époques ordinaires ; enfin rétablissement parfait et
retour à la santé , un mois après l’accident.
Brjlrxions. — Cette observation démontre d’une
manière bien évidente , la puissance et les ressources
de la nature; elle prouve aussi qu’il ne faut pas tou
jours se hâter de pratiquer l’opération ; mais le pra
ticien a droit de demander qu’elles sont les circons
tances où il est permis d’espérer que la nature pourra
triompher de la maladie î Et qu’elles sont celles où
ses efforts doivent être présumés impuissans î
Je pense qu’il j aura présomption de guérison ,
sans recourir à l’opération , toutes les fois que la fis
tule sera le résultat d’une lésion extér ieure acciden
telle , de l’introduction d’un corps étranger quelcon
que , qui aura divisé ou déchiré le vagin ou le rec
tum : la présomption acquerra un plus grand degré
de probabilité, si l’accident arrive à un jeune suj et,
exempt de tout virus et de toute altération humo
rale ; surtout si la fistule est ample et sans trajet
tortueux : dans ces cas on a tout à espérer des
efforts de la nature ; il ne s’agira que de modérer
l'inflammation si elle est trop active , de la solliciter
si elle est trop faible ; enfin d’éloigner tout ce qui
pourrait- s’opposer à cette heureuse terminaison.
Dans les cas que je viens d’indiquer , on doit pres
sentir que les tissus d ivisés, jouissant de toute la
mm K
I,,
-
►
�( 254 )
plénitude de leur propriété , doivent réagir avec éner
gie contre les causes qui tendraient à les affaiblir ou
à les pervertir ; que d’autre p a rt, l’inflammation ayant
chez les jeunes sujets l’activité convenable , il est
facile de concevoir que le concours heureux de ces
différentes circonstances, doit être tout à l’avantage
de ]a nature , et que rien ne peut contrarier ses in
tentions bienfaisantes.
Les efforts de la nature doivent au contraire être
présumés impuissans, lorsque la fistule se trouve sous
la dépendance d’une maladie organique , qu’elle dépend
d’une disposition générale de l’économie , qu’elle suc
cède à l’ouverture des dépôts froids, ou par conges
tion , qu’elle est la terminaison de la rétrocession de
la goutte, du flux hémorroïdal, ou enfin de la fixa
tion d’un viras psorique, vénérien ou cancéreux j
dans ces ca s, dis-je, ( èt je suis loin de les avoir
tous spécifiés ) , il ne laut rien attendre de la nature ;
il n’y a que l’art qui puisse procurer la guérison.
Toutes les causes que je viens d’ènumérer agis
sent en minant sourdement la trame des tissus, en
dénaturant leurs propriétés spécifiques , en détériorant
leurs fonctions ; les vaisseaux, les nerfs et le tissu
cellulaire , participent à la désorganisation locale ; dèslors est-il étonnant que la nature n'ait pas assez de
puissance pour guérir les fistules qui résultent de pa
reilles causes ? elles appartiennent toutes au domaine
de la médecine ou de la chirurgie.
Après avoir tracé la ligne de démarcation qui sé
pare les fistules qui peuvent guérir spontanément,
de celles qui exigent impérieusement les secours de
la médecine , on peut encore se demander s’il en est
quelques-unes qui réclament l’opération ? S'il en est
d’autres, au contraire, qui excluent ce moyen chirurgical?
Ces questions ne peuvent être résolues que par
l’expérience et l'observation ; car les raisonnemens les
�(
a 55 )
plus «pécitttx , les théories les plus brillantes, ne
nous conduiront jamais aussi sûrement dans le chemin
de la vérité , que ces deux guides; o r, l’expérience et
l’observation nous ont depuis long-temps signalé les
succès obtenus par l’opération, lorsque le* fistules
doivent leur origine à des affections locales , telles que
déchirures et crévasses à la suite de l’application des
crochets ou autres instruniens employés pour terminer
des accouchemens laborieux , lorsqu’elles résultent de
la chute des escarres gangréneuses , ou de l’ouver
ture d’un dépôt hydiopatique a ig u , etc, , etc. , etc.
Dans tous ces cas, on peut opérer sans craindre de
compromettre l’éxistence des malades ; mais comme
il y a encore possibilité de guérison spontanée , la
prudence commande de temporiser jusqu’à l’époque où
il sera démontré que l’on ne doit plus compter sur
les efforts de la nature.
On ne peut se dissimuler que l’opération ne soit la
dernière ressource à employer , qu’elle est infiniment
douloureuse, qu’elle s’accompagne souvent d’accidens
graves, et qu’elle laisse quelquefois à sa suite des
incommodités incurables ! En effet, quel est le pra
ticien qui n’a pas observé que la section des sphinc
ters de l’anus, donne lieu tantôt à un resserrement ,
à une constriction considérable de cette ouverture,
d’où résulte l’impuissance d’expulser les matières fé
cales solides ! D ’autres fois à un affaiblissement de
leurs fibres contractiles, affaiblissement tel, que les
malades ne peuvent retenir à volonté les déjections
alvines ? Combien d’hémorragies funestes par suite de
cette opération ? Dans certains cas d’accouchement,
n’a-t-on pas vu la cicatrice du vagin . résultante de
l’opération dont il s’a g it, se rompre et livrer passage
à l’enfant par la voie du rectum ? Combien de con
sidérations importantes pour éloigner autant que pos
sible l’opération ! C ’est surtout dans les cas que j’ai
�( 256 )
signalés, dans ceux où la nature jouit de toute sou
énergie de vitalité , que je donne Je conseil de ne
pas se hâter d'opérer. Attentif à tout ce qui se passe,
le médecin observateur doit calculer l’époque où il
n’est plus permis de compter sur les ressources; de
la nature , pour se décider à opérer. Combien de
guérisons obtenues sans le secours de l’instrument
tranchant , et dont on a négligé de donner l’histoire !
Combien d’opérations pratiquées prématurément, et qui
auraient été inutiles , si l’on eut voulu temporiser !
Je l’avouerai , je n’ai pas eu le mérite d’avoir donné
à la personne qui fait le sujet de cette observation,
le conseil de ne pas se soumettre à l’opération , mes
instances, au contraire , furent très-pressantes, et je
dois à sa résistance la connaissance de tout le pou
voir de la nature , tant il est vrai de dire que le
hasard nous sert souvent mieux que la réflexion.
Quand aux fistules qui ne doivent jamais être opé
rées , tous les auteurs de pathologie, tous les prati
ciens les plus éclairés recommandent de respecter
celles qui se développent sous la dépendance d’une
affection organique ; celles qui dépendent d’une dis
position générale de l'économie ; celles qui par leur
ancienneté sont devenues des émonctoires naturels ;
enfin celles qui surviennent à des individus d’une cons
titution faible , languissante et cachectique. Dans tous
ces cas, il j aurait ignorance ou témérité de vouloir opérer.
Il est encore des fistules déterminées par la rétro
cession de quelques humeurs particulières , par la fixa
tion de quelques virus ; pour celles-ci , l’opération
ne doit être pratiquée que lorsque , préalablement, on
aura rappelé l’humeur répercutée à son siège primitif,
et que l’on aura complètement détruit la cause maté
rielle qui les entretient. Ces vérités , constatées par
l ’expérience et par l’observation, n’ont pas besoin de
, plus longs développemens.
�'( 3 5 7 )
OllSBnrJTTOÎÏ d'une pneumonie chronique, qui test
terminée par la suppuration , par M. II ichabd-C a lve ,
D . - M. M .,
membre correspondant de la Société
royale de médecine de Marseille.
M agdelaine B ..... , âgée de 3 o a n s, habite un des
villages les plus froids des Hautes - Alpes ; sa cons
titution est lymphatico - sanguine ; son tempérament
est remarquable par une débilité dans les forces des
organes pectoraux ; cette débilité les a exposés à de
fréquentes fluxions et s’en est par - là accrue d'avan
tage. On n’aperçoit au reste aucun défaut de confor
mation organique dans la cage osseuse. Quelques an
nées avant celle où elle fut atteinte de l’affection qui
nous occupe, elle fut prise d’une pneumonie assez in
tense que l’on traita par les béchiques, les saignées,
plus tard les vésicatoires, etc. Celle maladie ne laissa
après elle aucun vestige d’incommodité, et la conva
lescence fut courte : depuis lors, elle a été plusieurs
fois enrhumée en hiver ; ces catharres étaient carac
térisés par de légers mouvemens fébriles, une toux
véhémenLe et une abondante expectoration de muco
sités épaisses ; elle éprouvait par fois dans l’intérieur
de la poitrine des points douloureux, vagues et erra
tiques qui, vraisemblablement, étaient dûs aux efforts
répétés de la toux , et à un léger principe d'irritation.
En février idao , après avoir essayé dans le courant
de ce même h iv e r, plusieurs affections catharrales ,
Magdelaine B ..... fut atteinte d’une maladie de poi
trine qu’elle me dit oflrir les symptômes suivans :
expulsion de crachats muqueux , sanguinolens ; forte
agitation et chaleur, sentiment de suffocation ; respi-
T . IV .
29
�'( 2 5 8 )
ration pénible, irritation et douleur sourde se fesant
Sentir profondément derrière le sternum à lu partie
supérieure de la poitrine , par fois tiraillement dans
diverses parties de cette cavité. Les crachats sanguinolens et les autres symptômes s’étaient déjà ma
nifestés plusieurs fois dans les catharres précédens ,
mais d’une manière moins intense. On considéra cette
maladie comme un gros catharre que l’on rombattit
par des tisanes et des potions béchiques. Les symp
tômes au bout de quelques jours diminuèrent d’inten
sité , et cette amélioration éloigna bientôt l’idée de
l ’emploi d’aucun moyen. Cependant il resta à Magde
leine B ... une petite toux habituelle qui se changeait,
à des intervalles éloignés , en quintes fatigantes ; elle
expectorait en abondance des matières épaisses blan
châtres, rarement séreuses; un point douloureux qui
se manifesta , au côté droit de la poitrine un peu,
au-dessous et en arrière de la manu-lie , succéda à
la douleur de la partie supérieure du poumon. Ce
point douloureux d’abord ne paraissait pas continu,
mais il ne tarda pas de le devenir. C ’était plutôt alors
un sentiment de pesanteur , une douleur plutôt gravative qu’aiguë et poignante. Au surplus , les forces
étaient en bon état, l’appétit bon, les digestions non
laborieuses , les excrétions alvines régulières , la figure
non altérée. Elle passa ainsi tout l’été, s’occupant
des soins du ménage et se livrant aux travaux cham
pêtres. Familiarisée avec les affections catharrules,
celte mère aussi affectueuse que sensible , ne songea
pas même à se priver des douceurs d’allaiter son cin
quième enfant, dont elle était accouchée vers la fin de
i8 iq . Si la contexture molle et spongieuse de ses
mamelles était de nature à ce qu’elles secri tassent un
lait qui ne possédait pas toutes les qualités vitales <
�( 2 $9 )
physiques et chimiques désirables; sa prodigieuse
•bondance provenant de leur forme volumineuse, sup
pléait à ce manque , à cette négation de qualités. M al
gré l’état morbifique de Magdelaine B .'. , la nutrition
de son enfant n’eut à souffrir aucun dommage de la
part d’une liqueur qui ne pêchait pas d’ailleurs par
des qualités positivement nuisibles, et dont la com
position séreuse et atoniqne était en harmonie avec
la constitution éminemment lymphatique que sa mère
lui avait léguée.
L'hiver suivant amena l’exaspération des symptômes
existons ; l’expectoration devint plus copieuse , les ef
forts de la toux rendaient la douleur de coté plus vive
et imprimaient à la poitrine des secousses fatigantes.
C'est ainsi que ce symptôme , effet de la maladie , de
venait à son tour par la violence, cause de ses pro
grès, de coneeit avec la continuité de l’abord des
humeurs et l’action directe, indirecte et sympathique
du froid. On aura l’etut de la malade eu décembre
ï8 a o , lorsque je fus consulté, si aux symptômes
qui précèdent, on ajoute les suivans : respiration la
borieuse , courte et pénible ; amaigrissement sensible
qui ne tarde pas de faire des progrès rapides ;
face terreuse , chaleur habituelle plus intense qu’à
l’ordinaire ; pouls polit, fréquent , surtout le soir
et durant les digestions qui affaiblissent, sans être
pénibles j sommeil moindre et interrompu par la toux,
etc. La percussion du thorax fait entendre dans le
lieu de la douleur un son sourd et mât qui contraste
singulièrement avec le son clair et sonore du reste
de la poitrine. IJ n’y a pas de diminution sensible
dans la quantité de lait.
En analysant les symptômes ci-dessus , en exami
nant t i en rapprochant les diverses circonstances of
fertes par le tableau précédent, on trouve pour élé-
�( 3Ô O )
mens constitutifs et essentiels de cette affection, les
chefs suivans : i.® Atonie et relâchement de la mem
brane muqueuse et du tissu pulmonaire. 2.0 Fluxion
d’humeurs muqueuses et séreuses sur divers points
de cette cavité. 3 .° Rupture de quelque vaisseau
sanguin , occasionée par les efforts de la to u x , la
congestion et la fluxion habituelle du poumon. 4.°
Lésion de tissu et engorgement humoral dans le côté
droit de la poitrine, suite d'une phlegmasie chronique
fesant craindre par son ancienneté une terminaison
par suppuration. 5 0 Débilité générale de la constitu
tion et principe de fièvre hectique.
On n’a qu’à jeter un coup-d’œil rapide sur l’his
toire de la maladie pour apercevoir d’abord dans la
filiation, l’enchaînement successif des divers événemens , et leur influence réciproque , dans l’inobserva
tion de certaines règles hygiéniques , dans une dan
gereuse expectation etc. , la véritable étiologie du cas
qui nous occupe, est la part d’action de chacune des
causes qui ont contribué à son développement et à
ses progrès. Je m’abstiendrai à ce sujet de toute ré
flexion , et le lecteur suppléera aisément aux détails
que j’omets. Seulement je m’arrêterai un instant sur
l ’état morbifique dans lequel se trouvait notre malade
en février 1820.
Depuis qu’on s’est avisé d ’attacher une si grande im
portance aux classifications des maladies , qu’on a voulu
en fixer le nombre , les diviser en genres distincts et
séparés , e t c ., on a sans doute facilité l’étude de la
médecine , rendue plus prompte l’acquisition des idées
générales , et la détermination des genres fixes sont en
effet des prototypes utiles desquels on rapproche avec
quelque avantage chaque cas particulier qu’on observe
«n pratique : mais on n’a pas assez , ce me semble ,
insisté sur ce seul b u t des nosographies et fait sentir
�( 26x >
leur nullité en pratique ; de sorte que ces opérations de
l'esprit ayant souvent été regardées comme l'expression
exacte et entière de la nature , la thérapeutique de
quelques médecins a dû considérablement en souffrir,
à cause de l’espèce de compassement et de régularité
auxquelles ils l’ont voulue astreindre : les nuances in
finies , les degrés nombreux et variés qui séparent
dans la nature deux genres nosographiques les plus
rapprochés en théorie ont été oubliés. Les méthodes
théoriques de traitement ont été scrupuleusement res
pectées en pratique ; et négligeant les détails , les cir
constances accessoires et les points de contact, il est
arrivé qu’on a employé tel remède , parce que le cas
actuel ressemble plutôt à tel genre qu’à tel autre , et
que le maître l’a dit. La médecine n’est pas seulement
une science de faits , de souvenirs ; faut-il encore les
coordonner, les envisager sous leurs diverses faces ,
les rapprocher, en déduire des conséquences ; c’est
aussi une science de raisonnement où la mémoire ne
suffit pas et ne peut suppléer au jugem ent, à l’art de
faire des combinaisons , des calculs de probabilité S ’em
ployer la méthode d’exclusion , l’analogie , l’analyse ,
etc. Chaque cas qui se présente est toujours un cas
absolument nouveau et différant en quelque sorte du
cas le plus ressemblant. C ’est donc toujours un nouveau
problème-pratique à résoudre ; c’est chaque fois un com
posé hétérogène nouveau dont il faut non-seulement
découvrir lès divers élémens , leur mode de combi
naisons ; leur degré d’action et prédominance respec
tive , leur influence réciproque , mais encore dont il
faut juger comme instinciivemtnt l'ensemble. Qu’importe
en pratique le nom simple ou composé de la maladie,
si les élémens morbifiques constitutifs sont connus ainsi
que leur ordre de génération , leur valeur , les divers
états pathologiques des forces vitales et des parties ai-
�( 302 )
fectées et le mode dont elles le sont ? Les défauts et
les abus que je signale , pour être facilement appercevables au premier coup-d’œil et au premier pas que
l'on fait en pratique , n’en ont pas moins lieu et poul
ies cas les plus fréquens. C’est ainsi qu’il existe un
préjugé contre la saignée dans les catharres pulmo
naires. Parce que ce remède est souvent inutile et
même nuisible dans un grand nombre de cas de cette
affection , la manie de régulariser et la tendance qu'a
notre âme de généraliser , en ont fait un précepte 3
bientôt on a négligé le petit nombre de cas qui y fai
saient exception j il est devenu absolu et on a fini par
accoutumer l’esprit à ressentir une espèce d’antipathie et
d’exclusion d’idées entre les propriétés de ce moyen et
toute affection décorée du nom de calharre pulmo
naire. On aperçoit aisément la fausseté du précepte
par le vice de raisonnement qui a servi à le fonder.
Aussi rien de plus dangereux en pratique que les
préceptes rendus généraux ; et celui dont il s’agit a dû
faire faire nombre de victimes à ceux qui veulent forcer
la nature de s’adapter à leurs idées préconçues et
qui craindraient de s’écarter en rien des règles de la
théorie. Qu’un catharre pulmonaire léger , de nature
essentiellement séreuse ou muqueuse, chez une consti
tution lymphatique, e tc ., cède au seul emploi des béchiques , des adeucissans auxquels 011 fait succéder à temps
des incisifs excitans , toniques, d ia p h o n iq u es, des
frictions cutanées ; voilà qui se conçoit. Que dans ces
mêmes cas , la saignée soit inutile et même nuisible ;
voilà ce qui se conçoit encore. Mais depuis un ca
tharre léger jusqu’à une pleuro-pneumonie intense,
que d’espèces , de variétés d’affections différentes par
leur intensité , et la diversité des élémens dont elles
se composent , et des circonstances qui les accom
pagnent..,! Un catharre fort et violent n’a-t-il pas lgs
�( a65 )
points de contact les plus nombreux avec la pneu-*
monie , et est-il toujours possible de les distinguer en
pratique ! Non , sans doute : la nature n’a pas de
ligne de démarcation et souvent le cas tient à la fois
du catharre et de la pneumonie. Ne doit-on pas
alors employer souvent les évacuations sanguines P Je
dis souvent parce que ce moyen quelquefois n’est pas
absolument indispensable , et p eu t, par cela seul, de
venir nuisible, suivant la prédominance de l’état catharral ou de l’état pneumonique. Mais qu’ un individu
d’une constitution sanguine, robuste, dans l’âge de la
plus grande vigueur, habitant un climat froid et sec ,
dont la poitrine délicate et facilement irritable a plu
sieurs fois été affectée de péripneumonie , de rhumes ,
avec crachement de sang etc. , soit atteint d’un ca
tharre plutôt sanguin que muqueux, plutôt pulmo
naire que bronchique, plutôt pneumonique que vrai
ment cathan al, avec irritation dans le poumon, con
gestion sanguine , crachats sanguinolens , forte fièvre,
chaleur intense etc. , ne sera-t-il pas urgent et indis
pensable pour parer et remédier à l’imminence de
l’inflammation , à la congestion, de recourir à de pe
tites saignées, fréquemment répétées, qu’on rendra à
la fois révulsives pour détourner du poumon la fluxion
qui l’assiège et menace son organisation ainsi que sa
vitalité , d’autant plus qu’elles ont déjà été altérées
par les affections précédentes. Les vésicatoires, les
cautères , les sétons , les moxa et autres, ne serontils pas alors les seuls moyens qui s’opposeront à ce
qu’un catharre , d’abord simple et léger , ne dégénère
bientôt en phthisie incurable ? La médecine expec
tante , une méthode naturelle de traitement devien
drait alors funeste ; et quand le médecin , par un calcul
de probabilité fondé sur les dogmes médicaux, les
faits connus , sa pratique et l’examen détaillé de l’état
�actuel du malade, jugera que la nature, vu l'état des
forces, leur direction , les altérations organiques , pour
rait bien être impuissante .pour surmonter le mal et
obérer une solution heureure , qu’il se hâte de com
battre la m aladie, mais par une méthode raisonnée
et analytique, à moins que l’insuccès ou l’insuffisance
d» celle-ci d’une p a rt, et l’urgence du danger de
l’autre, ne le forcent, comme par un acte de déses
poir de l’art , d’avoir recours à une méthode vio
lente et pei turbatrice.
Telle était précisément la position de Magdelaine B .„
en février 1820 ; et il reste bien prouvé pour moi que
de légères saignées dans le principe , plus tard des
vésicatoires aux bras, sur la poitrine des frictions sèches
et ammoniacales sur le thorax, de légers t vom itifs, des
incisifs toniques et diaphorétiques au lieu de cet abus
de sirops relâchans qui engorgent de plus en plus la
poitrine et la débilitent, eussent mis fin heureuse
ment à cette ^affection catharrale pneumonique. Les
saignées légères et répétées sont les moyens les plus
propres, quandj l’état des forces autorise leur em ploi,
à prévenir et à détruire les congestions sanguines qui
s’établissent si aisément dans la profondeur des or
ganes spongieux , qu’il est si difficile de détruire
quand elles sont formées et dont les conséquences
sont si fâcheuses. Leurs propriétés anti-phlogistique
et révulsive les rendent alors un remède précieux ,
et en faveur de leur nécessité actu elle, et des
bons effets qui en résultent on peut quelquefois
tenir moins de compte’ de l’affaiblissement futur qui
suit leur emploi répété. L ’on peut au reste , par la
manière de pratiquer l’opération , faire prédominer
singulièrement leur effet anti-phlogistique et révulsif,
et diminuer à la fois leur effet débilitant. C’est ainsi
�( 265 )
«jue Quesnai ( Traité de la saignée V I I I ) opposa à
une esquinancie chez un jeune homme d’une consti
tution faible , une saignée qu'il lit durer six heures
en ne laissant couler le sang que goutte à goutte.
Ce serait en vain qu’ à choses égales on croirait quel
quefois suppléer parfaitement à la saignée ainsi pra
tiquée par l’application des sang-sues. Celles-ci agis
sent trop superficiellement ; le système capillaire cu->
tané n’a pas des rapports aussi directs avec les or
ganes situés profondément , et l’ensemble du système
sanguin , que des vaisseaux plus forts en calibre. La
plénitude combinée avec l’état presque passif et la
petitesse des vaisseaux capillaires ouverts par les sang
sues, supposent plus de lenteur et de gène dans la
circulation , ce qui doit indubitablement amener une
moindre activité , une moindre étendue dans les cou
rantes fluxionnaires qu’elles établissent, et localiser
beaucoup plus ce phénomène que l’ouverture d’un
gros vaisseau. Il résulte donc des bornes de leur ac
tion , que l'effet qu’on cherche à obtenir dans les
affections de poitrine est moindre et à-peu-près nul
quand on les applique sur des lieux éloignés , tels
que les membres tant inférieurs que supérieurs. <Si au
contraire, on les applique sur le thorax , sans avoir
établi précédemment un mouvement révulsif à la
fluxion du poumon , par une saignée , ou au moins des
bains tièdes ou des frictions à l’une des extrémités,
suivant l’exigence des c a s , on s’expose à voir la
fluxion redevenir plus générale, plus forte , la conges
tion augmenter , à moins qu’on en applique un grand
nombre pour déterminer un écoulement assez abon
dant qui épuise et use , au fur et à mesure qu’elles se
forment, la congestion et la fluxion , qu’elle qu’en
puisse être l ’étendue et l’énergie. Mais dans le preT . IV .
3o
�( 306 )
•nier cas , la supposition de la possibilité de la saignée,
nous fait sorrir de l’état de la question, et dans le
dernier , si l'affaiblissement qui résultera de cet écou
lement abondant de sang ne doit pas être nuisible
au malade, il suppose en lui une somme de forces
telle que bien mieux vaudra alors pratiquer la saignée
qui n’expose à aucune chance et est plus sûre dans ses
effets. Reste maintenant au praticien à déterminer,
pour chaque cas particulier , quand les frictions ou
les bains tièdes aux extrémités pourront opérer un
mouvement révulsif suffisant, pour contrebalancer au
moins celui qui est décidé par l'action irritante et
attractive des sang-sucs , et prévenir le raptus des
humeurs sur la poitrine. Ce n’est que plus tard ,
quand l’élément phlogistique , l’irritation et la douleur
étant moindre et ne eo-existant plus avec la fluxion
et la congestion, cessent de réclamer les saignées,
qu’on peut et qu’on doit suppléer à leur action ré
vulsive par des cautères, des vésicatoires, des ven
touses , qui affaiblissent moins , détournent pourtant
la fluxion , opèrent un dégorgement salutaire et à la
fo is , par la douleur et. l’irritation excitée à la peau,
qui réagit se répète et se propage sur toute l’écono
mie et partant sur les tissus affaiblis et distendus ,
en rehaussent avantageusement le ton sans les en
flammer.
Après avoir exquissé rapidement et à grands traits
les principes du traitement qu’on eut dû opposer à la
maladie de Magdeleine B ....,, en février 1820 , je passe
à l ’exposition de celui que nous avons employé plus
tard dans un degré bien plus avancé de la maladie,
et j’examinerai enfin la part d’action qu’ont portés
l ’art et la nature dans la guérison. Je n’établirai pas
ici les indications à remplir ; elles sont une consé
quence naturelle des éléméns reconnus plus haut dans
�( 267 )
la maladie qui nous occupe. Je passe de suite au trai
tement.
L ’ancienneté du m al, la ténacité et l’étendue de la
fluxion qui aboutissait à divers points de la poitrine ,
m’engagèrent à opérer une puissante distraction des
forces et des humeurs. C’est ce qui fit que je prati
quai d’abord un cautère à la cuisse. Puis 9 me con
formant aussi à ce précepte de thérapeutique qui veut que
l ’activité et la dose des remèdes soient proportionnées
à la fois aux forces de l’individu et à l’intensité du
m al, et ayant égard aux rapports sympathiques spéciaux
qui existent entre la poitrine et les mollets , j’y ap
pliquai quelques jours après un vésicatoire à chacun.
Je prescrivis un régime analeptique et entremêlai
l’usage des bouillons de viande, du v in , avec celui
des crèmes de r i z , de gruau , etc. — Dans le mois
de janvier 1S21, les vésicatoires des jambes étant
supprimés, nous en applicâmes un autre à chaque
bras, et quelques jours après, un troisième, sur le
côté douloureux du thorax. Celui-ci fut maintenu en
suppuration un mois durant. Craignant; ensuite que
celte irritation continuelle sans évacuation sensible,
n’augmentât la congestion et ne décidât l’hépatisation
du poumon , nous cherchâmes à en obtenir la des
sication, et nous en réapplicâmes de nouveau un au
tre à chaque bras. — De légers vomitifs avec l’ipccacuanha, le* kermès, des potions gommeuses kermétisées, les tablettes de soufre, le sulfure de potasse dis
sous dans i’eau , le sirop de kina ; pour tisane , l'in
fusion de menthe , tels furent les remèdes dont elle
fit usage à l’intérieur. Je lésais faire par fois dans
sa chambre des fumigations avec la myrrhe , l’encens
et quelques pincées de fleurs-de-soufre. Elie's exci
taient la toux , et la malade expectorait abondamment
des matières blanchâtres tirant sur le jaune, bien
�(
268
)
liées et gluantes. C ’est le matin surtout cd’elles
étaient rendues en plus grande quantité. Tous les
matins elle montait à cheval, quand «es forces le lui
permettaient, et allait faire une lieue au petit trot.
— Depuis le mois de janvier , elle avait cessé d’al
laiter son enfant et l’avait remplacé par un petit chien.
Il résultait de-là un double avantage, celui de dimi
nuer l’épuisement provenant d’une secrétion excessive
de lait , en rendant plus rares les approches du sein,
et celui de s’opposer à une métastase ou tout au moins
à un engorgement laiteux, qui ne manquerait pas de
devenir nuisible.
Après la guérison du vésicatoire de la poitrine,
les choses étant toujours dans le même état , sinon
p ir e , soit à cause de la marche progressive de la
m aladie, soit à cause de la fatigue amenée par les
rem èdes, j’appliquai sur ce même lieu six ventouses
en fesant fortement chauffer le verre pour le rendre
vésioant. Je les scarifiai profondément, et aussitôt après,
pour opérer un dégorgement plus copieux, je la réap
pliquai de nouveau sur chacune. L ’épreuve était
cruelle, mais quoique douloureuse, l’opération fut
supportée avec un courage héroïque. Pendant les douze
à quinze premiers jours qui suivirent l’application de ce
remède , la douleur interne cessa , ou , si l’on veut,
on ne la sentait pas. Elle se manifesta de nouveau
eu fur et à mesure que les scarifications guérissaient, mais
d’une manière moins intense. Je fis une 2.me appli
cation semblable à la première ; la douleur cessa
comme la première fois ; elle revint une quinzaine
de jours apiès cette 2-me application, lorsqu’un beau jour
elle diminue considérablement et se change en un senti
ment de pesanteur que Magdeleine B ... ressent sous l ’ap
pendice xiphoïde , et qui lui fait éprouver des momens
pénibles mais passagers , comme de d éfaillan t
�( 269 )
ou (le suffocation. Quelques jours se passent ainsi,
jusqu’à ce qu’un m atin, après des secousses de toux
violentes , une expectoration abondante se déclare et la
malade regorge à la fois une quantité considérable
(plein un verre) de matières purulentes melées de
petits morceaux d’une matière concrète et membraniforme. La pesanteur du creux de l'estomac, a disparu.
Le lendemain un vomitif est administré, il n’est suivi
d’aucune évacuation remarquable. La fièvre, la cha
leur , la faiblesse, la couleur du visage cessent in
sensiblement d’offrir un pronostic aussi fâcheux. Les
réparations se font m ieu x , la digestion des alimens
et des humeurs est plus parfaite. Néanmoins la dou
leur de côté persiste , quoique faiblement. ( C’était alors
en avril 1821). Une troisième application des ventouses
la fait totalement disparaître et achève de rétablir
Magdeleine B ....., de concert avec les remèdes internes
dont on continua quelque temps l ’usage. — L ’on v o it,
par ce qui précède , que cette observation nous offre
l’exemple d’un catharre violent qui a dégénéré en
pleuro-pneumonie chronique ; que celle-ci a donné lieu
à la formation d’un abcès probablement situé entre
la plèvre et le poumon , et dans la substance de ce
dernier. — Il n’est pas de doute que l’irritation des
vésicatoires, des ventouses , des scarifications, a dû
modifier l’irritation interne, la déplacer , l’attirer au
dehors , en ralentir la marche , conséquemment celle
de l’abcès, tout comme les écoulemens séreux , san
guins , purulens , obtenus par ces mêmes moyens
attractifs , ont dû faire dévier la marche des humeurs
qui se portaient vers le lieu irrité. Peut-être même
est-il permis de croire que ces moyens ont coopéré
à soustraire directement au dehors la matière réelle
de l’abcès et à en diminuer ainsi le volume. Ce se
rait à tort qu’on se refuserait à l’admission de la pos-
�( * 7° )
sibilité de pareils actes de la part de la puissance
médicatrice, par la raison qu’il est difficile de con
cevoir, d’après les lois simplement physiques, com
ment une matière purulente peut traverser l’épaisseur
des plèvres, des muscles intercostaux , pectoraux , sans
solution de continuité apparente dans ces organes.
D ’abord, en médecine , l’impossibilité de rendre rai
son d’un phénomène n’est pas un motif suffisant pour
le rejeter : nous ne connaissons pas assez tout le
pouvoir de la nature et ses moyens d’actions , et les
phénomènes des corps vivans suivent dans leur exé
cution , des lois particulières à la v i e , distinctes,
différentes de celles qui régissent la nature morte. D’ail
leurs combien de phénomènes qui se répètent souvent
dans le corps , que nous admettons sans pouvoir les
expliquer et qui nous étonneraient singulièrement,
s’ils avaient pour eux le mérite de la rareté. L ’ob
servation ne nous offre-t-elle pas au reste d’autres
faits non moins surprenansî Pourquoi l’analogie ne nous
autoriserait-elle pas dès-lors à une semblable induc
tion pour le cas qui nous occupe ! La nature ne posséde-t-elle pas des voies impénétrables à nos recher
ches ! La densité des tissus vivans est-elle fixe et ab
solue , et ne se laissent-ils jamais pénétrer que par
des humeurs également constantes l Enfin le tissu
cellulaire , les vaisseaux absorbans , exhulans , capil
laires sanguins, e t c ., sont-ils assez connus dans leur
contexture, leurs communications intimes , leurs rap
ports mutuels , ( le corps n’est qu’un tout dans la na
ture , ce n’est que l’art qui le divise et le dissipe )
dans leurs facultés diverses , de succion , de dilatation
actives, de contraction, etc., e tc ., pour pouvoir po
ser des limites au principe de vie ? Judicium difficile ,
experientia fa lla x , H lP P . — On peut présumer encore
d’autre part que la nature travaillait en même temps
�( 37 J )
à la résorption lente de la matière de l'abcès dont
elle aura par là modéré au moins les progrès , et à
son transport dans la masse des humeurs. Mais la
route qu’elle s’est frayée à travers la substance du
poumon jusqu’aux bronches , est ce qui a pu arriver
de plus heureux ; et sans ce dernier travail, oseraiton assurer que tous ses autres efforts en divers sens
et les secours de l’art n'eussent pas été vains et insuffisans i Sans doute les vomitifs , les expectorans ,
lequitalion, et les autres moyens excitans et évacuâns
auront aidé la nature dans ses opérations et l'auront
même sollicité à ces déterminations ; et à leur tour,
auront combattu directement le mal. Aussi , en pa
reil cas, et une foulé d’autres, la nature et l’art
ont-ils besoin de leurs secours mutuels j de leurs ef
forts réunis pour arriver au but et surmonter les
obstacles.
SÉANCES
PENDANT' LE
DE
M O IS
LA
d ’o
SOCIÉTÉ
CTOBRE l 8 2 2 .
5 Octobre. — M . Sat fait une lecture relative au
mémoire publié par M. Serres sur l’ostéogénie.
M . Sarmet lit ensuite l’observation d’une demoiselle
•qui , étant depuis long-temps sujette à des cardialgies
violentes et à de vomissemens réitérés, n été rendue à la
santé à la suite de l’expulsion par le haut de divers corps
fibreux que notre collègue considère comme des végé
tations.
La séance a été terminée par la discussion de diverse*
propositions.
�tg Octobre. — Cette séance a été consacrée à la lecture
des discours proposés pour la séance publique par M.
Be.nac, Président et par M . Sigaud; ils ont obtenu les
suffrages de la Société.
20 Octobre. — Séance publique.
M. Btnac , Président, a ouvert la séance par un dis
cours sur les é^jrds que les médecins se doivent mu
tuellement.
M . Sue , Vice-secrétaire , a fait lecture de l ’exposé
des travaux de la Société , pendant l’année 1822.
M . Sarmet a lu ensuite une notice nécrologique sur
M M . Murairc, Daulioulle et Gandy, membres titulaires.
Cette lecture a été suivie de l’exposé de quelques
recherches des chimistes modernes , par M. Poutet,
La séance a été terminée par la lecture d’un aperçu
sur l’utilité des concours , par M . Sigaud.
26 Octobre. — M. Segaud développe une proposition
tendante à élever un monument à là mémoire des mé
decins , chirurgiens et pharmaciens morts glorieuse
ment aux armées. Cette proposition est prise en consi
dération, et MM. BeuUac , père, Cuuvilrc, Rey.RouX,
Seux , Textoris et Sue sont nommés membres de la
commission chargée de faire un rapport à ce sujet.
Le reste de la séance est consacré au renouvellement
du bureau.
M. Segaud est élu Président ; M. Textoris, VicePrésident; M. Sue, Secrétaire-général et M .Sigaud,
Secrétaire-adjoint. M . Roux a été confirmé dans sa qua
lité de Secrétaire-archiviste et M. Caiatier dans celle
de Trésorier.
S E C A U h , Président.
S
ue,
Secrétaire-général,
�( 273 )
C onsidérat ions physiologiques sur les odeurs et les
sens de l'odorat, par M. G uiaud fils, D .-M . P . ,
membre de la Société royale de médecine de
Marseille.
L es odeurs jouent un très-grand rôle parmi les
excitans de l’économie animale ; tour-à-tour recher
chées avidement ou repoussées suivant les sensations
qu’elles produisent, causes de plusieurs phénomènes
remarquables dans le système n erveu x, elles ont à
juste d ro it, fixé l’attention des physiologistes : sous
le nom de parfum , elles occupent une place distin
guée dans l’art cosmétique ; il est peu de nations qui
n’en connaisse l ’usage ; sans les odeurs et l’opium ,
les Orientaux ne goûteraient qu’imparfaitement le plaisir
de l’existence ; employées avec profusion par les anciens,
ils en embaumaient leurs vêtemens et la pourpre des
souverains ; dans les salles de festin dans les tem
ples des d ieu x, des cassolettes disposées avec art
exhalaient au loin les parfums les plus doux ; en pla
çant sur les tombeaux des urnes odoriférantes , ils
cherchaient à consoler des ombres chéries , et le riant
système de la métempsycose montrait à l’amante en
pleurs 4 au père désolé , l’âme d’un fils ou d’un ami
errant parmi les fleurs dont on se plaisait à dé
corer l’asile de l’éternel repos,
La plupart des corps de la nature laissent échapper
des particules excessivement tenues qui se répandent
dans l’a ir, et sont portées par ce véhicule à des dis
tances plus ou moins grandes. Ces particules consti
tuent les odeurs dont on concevra facilement le nom
bre et la variété , si on fait attention combien sont
nombreux et variés les corps de la nature qui jouis
sent de la propriété odorante.
T . IV ,
h
�( 374 )
Deux conditions sont nécessaires à un corps pour
la production des odeurs ; il faut qu’il soit diffusible
dans l’air , il faut encore qu’il ait une tendance à la
combinaison ; ces deux qualités sont essentielles , et
on a remarqué que l ’énergie , la force des odeurs ,
étaient en raison directe de la volatilité et de la ten
dance à la combinaison des différentes substances dont
elles émanent; ainsi l’alcohol, l’éther, produits trèsvolatils et faciles à combiner , possèdent une odeur
extrêmement vive. Nous devons cependant faire
remarquer que certains corps peuvent être revêtus
des deux qualités énoncées , sans jouir de la pro
priété odorante ; l’acide sulfurique concentré, l'oxigène ,
l'hydrogène bien purs so n t, en effet , volatils, faciles
à combiner , et cependant ils sont inodores ; il nous
serait difficile de donner une raison satisfaisante de
cette exception ; elle existe , nous avons cru devoir
la signaler, mais elle ne détruit pas l’observation gé
nérale.
Les odeurs se propagent à des distances plus ou
moins grandes ; toutes les fois que les corps odorans
se tiouvent placés dans des conditions favorables, ils
chargent l’air de leurs émanations, et celui-ci est
d ’autant plus susceptible de s’en im prégner, que ses
molécules sont plus agitées, et qu’elles se meuvent
sur tous les points de la surface des corps odorans ;
quand l’air est im m obile, la propagation des odeurs
se fait en raison inverse du carré des distances , pour
parler le langage des physiciens ; quand, il est agité
au point de former des courans , la propagation n’ a
pas lieu dans tous les sens , mais seulement dans la
direction de celui que suit le courant établi. C ’est
dans ces circonstances que les effluves odorantes peu
vent être portées à des distances immenses ; on sait
que l’odeur des plantes terrestres apportées de plu-
�( 275 )
sieurs iieues par les vents à Ci'istophe Colomb , lui
firent présager le terme de sa longue et périlleuse na
vigation. Après la sanglante bataille si fatale à Pompée ,
des corbeaux, attirés par les émanations cadavéreuses,
fondirent en nombre immense des extrémités de l’Asie
dans les plaines de Éharsale , pour dévorer les dé
pouilles des légions romaines. Ces exemples et nom
bre d’autres que nous pourrions citer, prouvent assez
l ’étendue des distances que peuvent parcourir les odeurs,
lorsqu’elles spnt transportées par un air dont les mo
lécules en mouvement suivent un courant établi.
Dans tout ce que nous venons d’exposer jusqu'ici sur
les odeurs, nous avons suivi le sentier de l’observation ;
ses traces nous ont toujours guidé; voulons-nous main
tenant pénétrer le vaste champ des hypothèses, nous
n’avons qu’à rechercher la manière dont agissent les
odeurs pour être perçues ; la multiplicité des opinions
émises à cet égard , nous montre .déjà, le voile .dont
la nature s’est plue à recouvrir ses opérations dans
l’économie de l’homme. Les anciens , dont la sagesse
égalait la réserve , s’étaient contentés d’examiner , de
bien observer les phénomènes de l’odoration , sans en
expliquer le mécanisme. Moins retenus qu’e p x , les
modernes ont cherché à soulever un coin du voile,
la lumière n’a pas été plus vive. Que dire , en effet,
des physiologistes qui ont complaisamment admis dans
les molécules odorantes , une forme qui varie suivant
l’impression qu’elles déterminent 1 l’odeur est-elle vive,
pénétrante ? Ses m olécules, n’en doutez pas , possè
dent une forme aigue. Est-elle au contraire faible , adou
cie ! Vous pouvez être assuré que c'est à la rondeur,
à l’égalité des particules odorantes, que vous devez
cette sensation plus douce. Écoutons des physiologistes
plus mécaniciens encore ; avec une assurance digne
d’une meilleure cause , ils nous démontrent que les
�C 276 )
odeurs agissent par une espèce de collision , de bri’
sement sur la surface olfactive. Laissons-nous persuader
par les chim istes, et nous serons convaincus que
l ’action des odeurs est un phénomène entièrement
dù à la volatilité des corps, et à leur tendance à la
combinaison. Mais notre conviction sera ébranlée quand
nous rappellerons que plusieurs corps qui possèdent
ces deux qualités , n’agissent pas sur le sens de l’o
dorat. Avouons donc franchement notre ignorance , ainsi
que l'inutilité de nos recherches sur ce mode d’action,
comme sur celui d’un grand nombre de phénomènes
qui tiennent aux propriétés vitales.
Les sensations quedéterminent les odeurs ne s’exer
cent pas toujours d’une manière uniforme; elles présen
tent beaucoup de variétés suivant les circonstances
dépendantes de l’ùge, du sexe, de l’habitude , du tem
pérament, de l’état sauvage ou civilisé.
Les odeurs sont presque sans action sur le fœtus
qui reste, comme l’on sait, constamment soumis au
même mode d’impression. Le peu de développement
des fosses nasales dans la première enfance rend la
sensation des odeurs bien imparfaite encore. Mais
après un certain tem ps, à l’époque de la 5 .® ou 6.e
an n ée, l’olfaction acquiert une énergie que l’adoles
cence ne fiait qu'accroître; elle se soutient jusqu’à la
vieillesse, autre époque de la vie , où elle partage la
décadence des sensations et de tous les actes qui nous
mettent en rapport avec les objets extérieurs.
L e sexe apporte quelques différences dans la sen
sation des odeurs ; les femmes , en effet, paraissent
en général avoir l’odorat plus fin , plus délicat. La
disposition anatomique de l’organe olfactif vient ici
à l’appui de l ’observation. M . Deschamps fils, qui a pu
blié un travail sur les maladies de cet organe, a cons
taté , par la dissection, que les fosses nasales sont
�( 277 )
plus larges , plus développées chez les femmes que
chez les hommes. On sait du reste, jusqu’à quel degré
d’énergie et de finesse sont portées les odeurs par
les femmes irritables chez lesquelles les nerfs olfac
tifs partagent l’excitation du système nerveux général.
L ’habitude, qui étend son influence sur tous les actes
de l’économie animale , modifie aussi d’une manière
bien remarquable les sensations que nous acquérons
par les odeurs. Elle perfectionne cette sensation quand
elle est appliquée à la détermination des qualités que
possèdent les corps dont nous avons besoin, et dont
nous sommes intéressés à connaître la nature. C’est
ainsi ' que le parfumeur, quoique vivant continuellement
au milieu des odeurs, ne se trompe pas sur l’arôme
propre à chaque substance ; mais quand l’habitude ré
sulte d’impressions fortes, énergiques et long-tem ps
continuées, alors elle émousse la sensation des odeurs;
c’est ainsi que celle du tabac et des autres poudres sternutatoires dénature à la longue la sensibilité de l’organe
olfactif et le rend inhabile à l’exercice de la fonction qui
lui est appropriée.
2.° L e tempérament et surtout l’idio-syncrasie ; ont
encore une influence très-marquée sur l ’odoration ; il
est des personnes entièrement privées de la faculté
de sentir ; chez d’autres , au contraire , cette faculté
est extrêmement prononcée. Nous avons signalé plus
haut la finesse dont est doué le sens de l’odorat chez
les femmes nerveuses. Un médecin allemand cite l’exem
ple d’une dame qui prévoyait deux heures à l’avance
un orage seulement par une odeur particulière qu’elle
percevait dans l’atmosphère. JV7ammurra parle de quel
ques personnes qui distinguent à l’odeur seule les diffé
rentes parties qui forment un alliage. Nombre d’ou
vrages font mention de ce religieux dont l’espèce se
rait aussi incommode que redoutable, pour le se xe,
�( 278 )
puisque aux émanations odorantes seules, il devinait
le degré de continences des femmes.
L'état de civilisation modifie encore d’une manière
puissante la sensation des odeurs. Il est universelle
ment reconnu que les sauvages ont l’odorat plus fin
que les peuples civilisés. Ceux-ci, en effet, connaissant
les substance* dont ils font usage pour leur nourri
ture , n’appliquent pas le sens de l’odorat à l’appré
ciation de leur nature ; l'homme sauvage , au contraire,
n’a pas toujours des notions bien certaines sur les subs
tances qui servent à ses besoins journaliers ; aussi , exerce-t-il souvent son odorat sur elles , pour bien appré
cier leurs qualités : c’est ce qu’on remarque chez les
nègres , dont les fosses nasales présentent de bonne
heure un grand développement , par i’exercice assidu
de l ’organe olfactif; on a encore observé que ce sont
les sauvages les plus bruts que la nature s’est plue
à douer d’une grande finesse dans l’odorat , tels sont
les Caffres , les Iroquois , les Hottentots ; tous ces peu
ples , en effet, plongés dans les ténèbres de la plus stu
pide barbarie, portent si loin l’énergie et la finesse
dans la sensation des odeurs , qu’ils devinent par elles
la présence de leurs ennemis à des distances trèséloignées et suivent le gibier à la piste.
11 existe quelques connexions entre les odeurs et
certaines fonctions de l’économie , telles que la diges
tion , la respiration , l’absorption et l’action nerveuse.
On a dit d’une manière trop générale que les subs
tances dont les molécules odorantes flattent l’organe
o lfa ctif, sont en général bonnes au goût et de facile di
gestion , tandis que celles qui ne répandent pas d’odeur
ou ne laissent dégager que des émanations désagréa
bles affectent péniblement le canal alimentaire. Ce fait
présente beaucoup d’exceptions ; on sait en effet qu’il
est des alimens très-nourrissans et faciles à digérer
�( 279 )
qui n’ont aucune odeur; telles sont les substances farineuses et muqueuses , tel est surtout le sucre qui *
entièrement absorbé pour la nutrition ne laisse aucun
résidu dans le tube intestinal , tandis que d’autres
substances d’une odeur agréable récèlent des poisons
violens ; ce sont l'acide prussique et le redoutable
fruit du mancenilier , dont l’émanation odorante seule
attaque avec la rapidité de l’éclair les sources de la
vie. On peut donc assurer que l’odeur agréable d’une
substance , n’est pas un indice bien assuré de sa
propriété alimentaire.
On connaît l’impression que déterminent sur les or
ganes de la respiration , les odeurs fétides et irritantes
de certains gaz , tels que l’hydrogène phosphoré , sul
furé , les molécules si fortement odorantes , des gaz aci
des sulfureux , nitreux et du chlore. Dans tous ces cas ,
à l’instant où ces émanations se dégagent, nous sus
pendons momentanément la respiration pour détruire
la continuité de cette impression repoussante. D ’autres
fo is, l’irritation que produisent ces odeurs déterminent'
une toux convulsive et une rapidité dans les mouvemens respiratoires souvent funeste à une fonction aussi
importante pour le maintien de la vie.
Les odeurs exercent aussi une influence sur les fonc
tions nerveuses et l’absorption. Certaines odeurs désagréa
bles produisent des vomissemens spasmodiques. Dans d’autrcs circonstances,les odeurs agissent sur les forces géné
rales, les diminuent et donnent lieu aux syncopes. L ’action
continue de certaines odeurs très-fortes, dispose aussi
à une foule de névroses telles que les tramblemeus ,
l’hypocondrie, l ’hystérie, etc. Elles peuvent aussi
être absorbées, portées dans le torrent circulatoire
et produire différens phénomènes suivant la nature
des corps dont elles émanent. Ces corps ont - ils
une action purgative ou narcotique ? Les odeurs ab-
i
�( 200 )
sorbées participent de cette propriété ; au rapport de
B oy le, la seule émanation de l’ellébore noir qu’on pilait
dans un m ortier, suffit pour purger plusieurs personnes
présentes à l’opération. On sait que la distillation des
substances somnifères plonge dans un engourdissement
qui approche beaucoup du sommeil narcotique. C’est
encore à l ’absorption des* particules odorantes qu’il
faut attribuer l’ivresse des personnes exposées pen
dant quelque temps à la vapeur des liqueurs spiritueus e s , ainsi que l’asphixie produite par les émanations
des fleurs placées pendant la nuit dans un appar
tement bien fermé. Nest-ce pas encore à cette ab
sorption qu’on doit rapporter l’état de fluidité et de
pâleur que présentent les perruquiers , les boulangers,
les parfumeurs , état très-bien observé par Rammazini ,
qui en a parfaitement développé les causes dans son
excellent ouvrage sur les maladies des artisans.
L ’aperçu que nous présentons serait incomplet , si
nous passions sous silence les rapports frappans qui
lient la sensation des odeurs avec l’action des organes
génitaux.
Créée pour aimer et p laire, la femme a toujours
montré le plus grand attrait pour les substances dont
l’arôme flatte son odorat. On sait que la plupart des
médicamens employés pour combattre les affections
hystériques, exhalent une odeur forte et qui paraît agir
d’une manière bien directe sur l'organe utérin. Dans
l'Orient , des bains parfumés préparés par des esclaves,
reçoivent tous les jours les beautés qui doivent servir aux
plaisirs des sultans. Une atmosphère embaumée envi
ronne toujours la coquette suranée cherchant encore des
hommages pour des attraits qui accusent les ravages
du temps. Un demi-jour et le parfum des fleurs aver
tissent l’homme à bonne fortune qu’il a pénétré dans
le boudoir de la petite maîtresse, et un bouquet offert
�( 2§r )
à la jeune fille est souvent l’interprète de l’amant à
la fois timide et passionné. Le printemps , saison dans
laquelle l’air répand au loin les plus douces odeurs,
est aussi Celle que les animaux choisissent pour se
livrer au plaisir de la réproduction. L ’homme lui-même ,
à cette époque , éprouve un surcroît d’énergie vitale ;
ses mouvemens sont plus rapides, ses pensées plus vives,
plus animées , ses désirs plus voluptueux et la voûte
fleurie des bois est souvent l’asile mystérieux qui ca
che les caresses de l’amour. C’est au milieu des bos
quets parfumés de Mont-Morency que le célèbre Rousseau
a tracé les pages brûlantes de eet ouvrage où respi
rent toute la 'chaleur et toute la force d’une passion
qu’il appartenait à lui seul de ressentir avec tant d’é
nergie , et de décrire avec tant d’éloquence ; aussi
a - 1 - il prononcé anathème contre l’homme qui;
pourrait résister à l’aiguillon du d ésir, en prome
nant une femme au milieu d’un champ émaillé de
fleurs. Entraîné par le charme que lui faisait éprouver
la sensation des odeurs , cet écrivain célèbre a voulu
parer l’organe de l’odorat d’une propriété brillante et
l’a regardé comme le sens de l’imagination. Mais cette
idée, quoique tracée avec cette magie dans le style ,
cette vigueur dans l’expression qui caractérise les pro
ductions du génie, sera toujours une erreur aux yeux
du physiologiste , et tout en convenant des rapports
qui lient la sensation des émanations odorantes avec
l’exercice des organes génitaux , il est obligé d’avancer
qu’el lesn’ont pas une action spéciale sur les facultés
intellectuelles et que l ’heureuse prérogative d’exciter
ces facultés résulte du concours d’un grand nombre
de causes q u i, propres à l’homme , l’élèvent au-dessus
de tous les êtres organisés,
�( 282 ;
F A S C I C U L E à‘ Observations sur l'hèmacèlinose ,
par M . P ierquin , docteur en médecine, etc.
Je pense qu’on ne saurait trop multiplier
les faits relatifs à celle maladie.
Sa in te-M a r ie .
D epuis long-temps on demande à grands cris des ob
servations , depuis long-temps toutes les maladies, sans
en excepter une seu le, se sont offertes nombre de
fois aux praticiens , et cependant on réclame toujours
des collections de faits , parce que peu de médei ius
les parcourent ou les étudient : c’est ce qui fait que
les Italiens ont raison de dire que s i tr o v a la m e d i c in a , m a i l m e d ic o n o n s i tr o v a ! Les exemples de plu
sieurs maladies ont été utilisés , on en a fait d’ex
cellentes monographies ; cependant il en est plusieurs
qui réclament encore l'attention et la patience des
monographes ; parmi ces dernières il n’en est peutêtre point qui le mérite à plus juste titre que le m o r b u s
r v a c u 'o s u s h œ m o r r h a g ic u s Werlhofii , et il
en est
certainement Lien peu qui offrent autant de matériaux,
je serais presque porté à n’en excepter pas même l’a
poplexie : pour en prendre une faible idée, que l’on
consulte l'article bibliographique que j’ai placé à la
fin des recherches sur cette maladie, et que j ’ai pu
bliées il y a près de deux ans (1) : il ne serait point
difficile d’en ‘ citer encore au moins une fois autant
qu’il y en a. La chose parait peu importante au pre
mier co u p -d ’œil. En effet, la maladie connue n’est
(1) Recherchas sur l’hémacclinose, 1 volume in-/}.0 ; Mont
pellier, 1820 , chez S e v a t le et G a b o n , libraires , prix : 3
franc» et 5 o centim es pour le
port.
�c i 85 )
point dangereuse; inconnue, elle entraîne presque tou
jours la mort des malades. Ce n’est point ici le lieu
de prouver cet aphorisme , et je renverrai à l’ouvrage
cité. Cependant nous allons voir dans la première des*
observations quels peuvent être les résultats de l’igno
rance du médecin en ce cas; j’ai déjà déterm iné,
d’après de nombreuses observations , quels doivent être
les divers modes de traitement à opposer à l’hémacélinose. Je ne m’occuperai donc point d’indiquer ici les
erreurs à blâmer, je rappellerai seulement que j’ai
admis trois modes d'existence propres à cette affection
pulico-hémorragique , j’indiquerai par une détermina
tion sommaire placée en tète de chaque observation ,
à quel mode elle doit être rapportée.
I.re Ob s e r v a t i o n . O'js. d’hcmacèlinosc sthénique
récidive , proéminente méconnue —• Mme. Chaiit... d ,
âgée de 26 ans , d’un tempérament sanguin prononcé ,
cheveux blonds , jeu x bleus, peau fine et blanche, d’utie
constitution robuste, règles abondantes et verm eilles,
n’ayant jamais éprouvé d’autres maladies qu’une collique à la suite de la seconde et dernière couche qui
dura deux ans.
Les événemens politiques de 1810 dont Mme Ch...d
fut témoin, dont elle faillit être victim e, leur suc
cession rapide et ihotiie , la terreur générale qjui naissait
de la férocité que donne un parti abattu, avaient
fait éprouver à cette jeune dame de violens chagrins,
sa santé n’en parut néanmoins pas subitement attaquée
lorsque, dans le mois de février i8 iq , ses règles di
minuèrent et se supprimèrent par degrés , au deuxième»
jour de leur apparition , convulsion longue et forte,
qui ne cesse qu’à l’apparition des mois : cet accident
se renouvela, depuis lors, à chaque époque"menstruelle,
et toujours aussi violemment jusqu’en septembre, épo
que à laquelle elle se livra à de longs travaux qui
�c 284 )
sans être pénibles , étaient fatigans j elle éprouva quel
ques chagrins domestiques et fut frappée d'un coup
terrible pour-une mère; vers le commencement d’oc
tobre Mme. C h ...d éprouve des tiraillemens dans les
m ollets, qui vont même jusqu’à gêner la progression,
et qui disparaissent entièrement à l’apparition de pé
téchies lentiloïdes, roses d’abord, passant ensuite à
une teinte noirâtre plus ou moins foncée ; elles occu
paient, le 20 au matin, les portions tégumentaircs qui
recouvrent la partie antérieure et externe de chaque
bras , enfin elle s’aperçut, à son le v e r, que tout son
corps en était abondamment variolé, la face avait
pris un aspect méconnaissable, elle fut ensuite tumé
fiée ; quelques pétéchies s’ ulcérèrent à l’angle externe
droit de la commissure des lèvres ( cautéris. avec la
pierre infern. ) , le cuir chevelu en était aussi abon
damment pointillé, la partie postérieure des cuisses
et des m ollets, les faces plantaire et palmaire des ex
trémités étaient immaculées ; le ventre es offrait beau
coup moins que les autres parties , nulles aux parties
génitales ou sexuelles, ni au pli des cuisses.
Étonnée ainsi que son époux, elle resta dans son
lit , tenue très-cjïaudement ; le prurit incounu qui peudant la nuit avait précédé l’apparition des macules
existait encore avec la même intensité, et par suite
les pétéchies augmentaient en nom bre, M . D * * *
C.-M . au 5 . R. D . G . , que l’on avait été chercher
a rriva, trouva la malade sans fièvre, sans céphalalgie,
sans envie de vomir , se portant enfin si bien qu'elle
avait de la peine à croire que ce qu’elle voyait fut une
m aladie, jouissant de toute l’étendue de ses facultés
intellectuelles , gaie comme à l’ordinaire et se livrant
à ses occupations ménagères ordinaires. ( le traitement
est basé sur les méthodes anti-syphilitiques, et sans
le varier on ne louche qu’aux formes, lorsque la mu-
�c 285 )
lade se refuse à le suivre, on le soutint jusqu’au Zo
avril 1820 ). La malade prit des bains régulière
ment tous les jours pendant plus de trois semaines,
pendant deux mois tous les trois jours ; ces bains
augmentèrent visiblement la maladie et les symptômes
ordinaires , pendant cinquante jours les pétéchies avaient
été bien détachées , se réunirent et formèrent des plaques
très-étendues surtout aux hypocondres, sur les épaules ,
sur le dos , sur les bras et les cuisses et sur toute l’éten
due du cuir chevelu ; ces derniers peut-être à cause
de la fluxion que l’on avait établie , ou des céphalalgies
intenses qu’éprouvaient la malade depuis quelques jours
suintèrent ou s’ulcérèrent de façon qu’il ressemblait à
une variation dégoûtante de la plique ; elle les fit couper,
les croûtes ne reparurent plus , mais tous les cheveux
des parties latérales, antérieure et supérieure de la
tète tom bèrent, et le cuir chevelu mis à nud, était
d'un blanc très-propre et sans nuances, symptômes
qui, avec tant d’autres, que je passe sous silence, parce
qu’on les p révo it, sont entièrement étrangers à la mar
che de l’hémacélinose : les symptômes nerveux acqué
raient chaque jour une nouvelle et douloureuse inten
sité au point que vers le dixième mois du traitement,
la malade éprouvait des douleurs déchirantes dans la
tête ( au moment ou l’on imprime cette observation ,
la malade m’apprend qu’elle ressent encore ces cruelles
céphalalgies, mais qu’elles furent surtout intolérables
aux mois de ju in , juillet et août 1822) et ne pouvait
plus dormir (o p iu m ); les céphalalgies étaient des plus
cruellement douloureuses ; elles durèrent plus de trois
mois et forçaient la malade à jeter les haut cris, etc.,
ophth^lmie intense qui dura plus d’un trimestre , vi
sion impossible, prodigieusement douloureuse, pau
pières entièrement feiniées ( blanc d’eeufs battus , sa-
�( a86 )
fran , extrait de saturne étendu d'eau , bains de va
peurs , locaux , etc. , etc. )
A -p eu -p rès vers la lin d’a v ril, M. le docteur C ***
fut consulté, il voulut regarder les je u x , la malade
appréhendait fortement cette épreuve, ce médecin or
donna l’application topique de tranches de veau , qui
répétées et soutenues, firent céder l’ophthaltnie ( con
tinuation dos remèdes anti-vénériens , augmentation
même ) douleurs de tête plus violemment intolérables ,
lu malade est au désespoir, sommeil nul, appétit nul,
( suspension du traitem ent, tilleul ) , sommeil bon la
nuit suivante, (pu rgatif) diminution des pétéchies,
guérison à la fin de juin 1820.
Fendant le long espace de temps que nous venons
de parcourir , malgré la médecine active que l’on exer
çait , la nature tenta plusieurs fois de terminer la mala
die , elle l’opéra pendant trois fois , les remèdes anti-véné
riens n'ayant point même alors été suspendus, une legèie
passion d’âme servit de cause occasionnelle de rechute
chaque fois. Lorsque la maladie cessait, Mme. Chaill.-d,
prenait un embonpoint remarquable dans très-peu de
temps , qui était non-seulement étranger à la malade,
mais même a l’hémacélinose et que je crois devoir
attribuer au traitement.
Pendant la durée de la maladie, Mme. ChailL-.â usa
souvent du coït sans qu’elle s’aperçut que l ’hémacélinose
en fut: aggravée , et elle resta toujours sans fièvre jus
qu’à la fin sans que l’adversaire rit contracté le plus
léger symptôme d’affection syphilitique et sans que la
malade y trouvât aucune jouissance , accident qu’elle
éprouve depuis la dernière couche dont nous avons
fait mention et qu’elle attribue à cette cause.
Hémacélinost invisible ou latente (1). — M. le doc(t) Ouvrage cité
p. 27.
�( 387 )
leur' C * * * ordonna de* bains hygiéniques pendant
la convalescence ; l'économie s’était tellement habituée
à la présence de la maladie , que l’on voit celle der
nière se reproduire avec les couleurs les plus vives
après chaque bain, et persistant autant que l’influenee
du bain sur les tégumens , finit par disparaître , et ce
n’est jamais qu'au sortir de l’eau que les macules sont
visibles , les frictions sèches que j’ai essayées les re
produisent aussi. Ce phénomène produit par la cha
leur est digne de la plus haute considération et sera
du plus heureux résultat pour ceux qui se sont habi
tués à réfléchir sur les observations , du reste la ma
ladie a laissé des traces après e lle , et tous les points
occupés par des pétéchies sont légèrement brunâtres,
l’épiderme ridé.
La malade se plaint, encore aujourd’hui d’une hémicéphaloplégie et de douleurs très-violentes dans la tête
( i décembre 1821 ).
II.e O b s e r v a t i o n . « Obs. asthénique indirecte con
fluente compliquée. — Jacques , jardinier , à Sainte-Foixlès-Lyon , département du Rhône , âgé de 42 ans , d’un
tempérament bilieux robuste , était atteint depuis huit
mois d’un rhumatisme aigu qui avait passé à l’état
chronique.
Le 26 juin 1821, hémoptisie fétide, syncope le soir.
Le 2y , facultés intellectuelles intactes , douleurs rhumatiques moindres , face décolorée et jaunâtre , respi
ration libre, pouls plein et régulier, plusieurs taches
noirâtres lentiloïdes à l’avant-bras gauche , ( limonade
végétale fortement acidulée ).
Le 28, l'hémorragie a augmenté; insomnie causée
par les besoins de cracher le sang qui remplissait
continuellement la bouche , et qui paraissait provenir
de l’alvéole de la deuxième dent mollaire gauche ar
rachée quelques jours auparavant, macules noires à
�( 288 )
l ’extrémité de la langue, le col et toute l’habitude
du corps en étaient i/ussi abondamment recouverts et
elles étaient si rapprochées sur certains points, qu’elles
paraissaient n'en faire qu’une énorme ; pouls plein,
gai té ordinaire. Voyage à Lyon daiiî une voiture
( extr. de quinquina 5iij dans une potion anti-spas
modique , eau froide , agréablement acidulée pour
boisson. Continué jusqu’au 5 ).
3 - Juillet. Promenade en voiture tous les jours ; l’hé
morragie persiste et augmente un peu toutes les nuits j
disparition de beaucoup d« taches pétéchiales anciennes
et apparition de nouvelles d’un beau rouge et noircis
sant après vingt-quatre heures d’existence.
Dans la nuit , vers les onze heures du soir ,
le malade ressent une violente céphalalgie , faiblesse
extrême , respiration gênée par la cause précitée ; pouls
plein , dur et ondulatoire ; ( six sinapismes illicb sans
soulagement), à 6 heures du matin , perte de connais
sances , mouvemens convulsifs dans les muscles de la
fiice , trism us, pouls dans le môme état ; ( saignée du
bras). A 9 heure» du matin , je fus visiter le malade avec
M. le D. PolHnière, même état. ( Saignée du bras de 6
onces , le sang jaillit avec force , il était très-faible en
couleur , le sérum s'en sépara presqu’aussitôt et le
reste se coagula sans odeur , le sang a suinté jusqu'à
trois heures de l'après-midi , heure de la mort). En en
sevelissant le cadavre, il sortit de la bouche une grande
quantité de sa n g , exhalant une odeur infecte». ( M.
Demerlos, chirurgien. Communiquée par M. le docteur
Sainte-Maris, à Lyon ).
IIï.e O b s e r v a t i o n . — « Lin homme d'un âge mûr,
robuste et plein de santé , habitant la petite ville d’Anduze en Languedoc , est arrêté par l’effet d'une méprise
de police. On lui rend bientôt la liberté ; mais en ren
trant dans sa famille, il s'aperçoit qu'il a le corps couvert
�( 2»9 )
de taches rouges , les plus petites étalent grandes
comme des lentilles, et les plus considérables comme
nos moindres pièces de monnaie en argent. Il perdit
quelques gouttes de sang par le nez. Deux jours après
il rendit, par les selles, uue grande quantité de sang
noir et coagulé. Cette hémorragie alvine devint exces
sive en peu de temps , et le malade mourut sur sa
chaise percée. Pendant la courte durée de cette affec
tion pathologique , le sujet qui l’éprouva ne se plai
gnait point. Au contraire , quand on l'interrogeait sur
sa santé , il répondait toujours qu’il ne sentait aucun
mal ». ( Communiqué à RI. Gilibert , fils , médecin à
L jo n ).
M émoire sur lis ftïvres en opposition à la nouvelle
doctrine-, par H . D ardonville , D .- M .P ., avec cette
épigraphe :
Le dislingo est le plus universel membr*
(le ma logique.
M ontaigne.
T ant qu’on a considéré les fièvres comme des êtres
particuliers existant en nous , cette partie importante
de l’art de guérir a été couverte d’un voile épais , à
travers lequel la vérité n’a pu pénétrer. Mais depuis
que, cherchant à placer la médecine au rang des sciences
exactes , on a suivi dans son étude une marche plus
appropriée à l’intelligence humaine , les abstractions ont
cessé de jouer dans l’économie un rôle que l’imagina
tion leur attribuait gratuitement, et l’on a été conduit
à reconnaître que sans lésion de tissu il ne saurait exis
ter de maladie. Cette vérité , qui promet les plus heu
reux résultats dans la pratique , n’a point échappé à
l’illustre auteur de la nosographie philosophique , qui ,
le prem ier, a tâché d’en faire l’application aux lésions
T . IV .
ÏZ
�( 290 )
fébriles , quoiqu’il ait consacré, pour exprimer ces dé
sordres , la dénomination vague et abstraite de fièvres
essentielles. Si donc en combattant avec une espèce
d’achurnement l’existence de ces fièvres , M. Brous
sais n’avait voulu que renverser des entités, ses pré
tentions mériteraient d’autant moins d’occuper les
gens de l’art qu’elles ne reposeraient que sur une im
propriété de termes , puisque la classification des fièvres
du nosographe parisien est fondée sur la lésion , vraie
ou fausse , d’organes divers ; mais comme l’auteur de
la nouvelle doctrine ne reconnaît aux six ordres de
fièvres prim itives, admises par M. P in el, qu’un siège
déterminé qu’il place exclusivement dans l’estomac et
l ’intestin grêle, il convient de rechercher ce qu’il peut y
avoir de vrai dans une semblable proposition. Telle
est la tâche, qu’après plusieurs autres écrivains, M.
Dardonville s’est imposée dans le mémoire dont nous
sommes chargés de rendre compte. Après la critique
qu’en a déjà faite M. Bégin, dont nous apprécions les
profondes connaissances, il nous siérait mal , sans doute ,
d’entreprendre un pareil travail , si ce médecirv avait
toujours reproduit scrupuleusement les idées de l’auteur.
Mais comme il a quelquefois dénaturé sa pensée pour
le trouver en défaut et le tourner en ridicule , nous
avons cru qu’une analyse exacte restait à faire. Ce sera
su lecteur à juger si nous avons pu nous soustraire
à l’influence de l’esprit de paiti qui ne permet de voir
les objets qu’à travers le prisme de la partialité et de
la prévention.
Comme dans.les sciences, les discussions ne de
viennent souvent interminables que parce qu’on né
glige de s’entendre sur le véritable sens des mots , M.
D . . . . a cherché à préciser la question sur l’existence
des fièvres essentielles, en la réduisant à la suivante,
qu’il place au début de son livre : peut-on nier l’exis-
�c 291 )
tence des fièvres, dont la cause ne soit pas une irri
tation ou une inflammation locale et partielle dans un
organe ? C’est par les faits qu’il espère résoudre une
pareille question , et nous osons dire d’avance qu’il n’a
pas eu de peine à démontrer le peu de fondement de
la proposition contraire, c’est-à-dire , de cette doctrine
exclusive qui fait dépendre toutes les fièvres de l’irri
tation de la muqueuse gastro-intestinale ou de la gastro
entérite. Mais a-t-il prouvé l’existence des fièvres essen
tielles, ou, pour mieux dire , a-t-il prouvé que ces désordres
fébriles sont toujours le résultat de la lésion de tel ou
tel système ou appareil d’organes ! L ’examen dans lequel
nous allons entrer montrera jusqu’à quel point une pa
reille assertion se trouve fondée.
M . D... débute par poser en principe que différentes
parties de notre corps peuvent être affectées par des
causes particulières connues qui sont sans action sur
les autres parties ; c’est ainsi que la variole enflam
me la peau et que la syphilis agit principalement sur
le système lymphatique. 11 en est de même des ou
tres maladies contagieuses dont le principe affecte de
préférence un système particulier d’organes. Ces faits
sont incontestables,.parce qu’ils sont attestés par l’ex
périence : mais s’en suit-il de là que les fièvres dites
essentielles soient dans le même cas , et que rhacune d’elles soit produite par une cause particulière
qui ne puisse jamais être suppléée ? cette supposition
est démentie par l’observation journalière qui prouva
que , sous l’influence des mêmes causes , tel individu
est atteint de fièvre inflammatoire , tel autre de fièvre
bilieuse, et un troisième de l’inflammation d’un or
gane parenchymateux etc. M. T)..... répond à celte
objection judicieuse qui lui a été faite par AI. Bepjn,
qu’il n’a pas soutenu une thèse contraire Mais dans
les sciences l’intention ne saurait être réputée pour
�C 292 )
le f a i t , et le fait est que M. D ...... admet que les
causes des fièvres ont leurs organes d’élections, erreur
matérielle qui porterait à regarder cet auteur comme ne
renonçant qu’avec peine à des entités contre lesquelles
M . Broussais s’est élevé avec autant de force que de
raison , et dont le règne d’ailleurs était passé avant
les déclamations de ce dernier auteur, qui n'a pu se
garantir de-créer lui-m êm e d’entités nouvelles décorées
du titre de chimie vivante, puissance créatrice, etc.
M . D ... établit ensuite entre la fièvre et les fiè
vres une distinction qui n'a été admise par les an
ciens que parce qu’ils étaient privés des lumières que
la physiologie pathologique a répandues sur ce point
de doctrine. La fièvre éta it, d’après eux , le résultat
de la maladie d’un organe , tandis qu'ils considéraient les
fièvres comme des maladies existant par elles-mêmes
et ayant des symptômes et une marche particulière.
Quoique fauteur fasse observer dans une note qu’il
n’est ici que simple historien , on voit par ses raisonnemens que cette distinction , réelle ou im aginaire,
comme il le d it , lui a paru utile pour établir une diffé
rence entre la fièvre , qui est le produit d’une lésion lo
cale et celle qui dépend de la lésion d’un système ou
appareil d’organes, comme les fièvres essentielles. Mais
sans nous arrêter sur un point dont les sarcasmes
de quelques auteurs comiques ont fait justice depuis
long-temps , passons aux faits que rapporte notre auteur
pour étayer son opinion , sur la fièvre essentielle
inflammatoire.
Un élève en médecine d’un tempérament sanguin
et pléthorique, se livre à l’étude avec ardeur pen
dant plusieurs jours et plusieurs nuits , se nourrit
d ’ alimens très-succulens et éprouve une fièvre inflam
matoire qui se termine le troisième jour par une
sueur abondante , après avoir été combattue par 1$
�( 29 3 )
diète la plus austère, les saignées et l’usage d’une
limonade abondante.
Un jeune homme, dont Galien nous a transmis l’his
toire , est atteint de la même maladie, après avoir re
pris, avec une espèce de fureur, les exercices gymnas
tiques qu’il avait quittés depuis long-temps , et guérit
par la même médication.
Un troisième sujet tombe de cheval , se casse la
jambe : les symptômes de la fièvre inflammatoire se
développent et cèdent, le troisième jour , à l’emploi
des mêmes moyens.
Enfin un quatrième , traité par l’illustre P. Frank,
succomba à cette m aladie, et l’ouverture du cadavre
montra la tunique interne des gros vaisseaux d’un rouge
v if, trace non-équivoque d’inflammation.
Ces faits prouvent, suivant M. D ..., que la fièvre
inflammatoire, loin de reconnaître pour cause une irri
tation bornée de la muqueuse gastrique, est due au
contraire à l’irritation générale du système sanguin.
Toutefois il ne nie pas qu’une irritation locale ne puisse
déterminer un trouble général, mais il blâme avec
raison l’universalité de ce principe, qui peut être une
source d’erreurs funestes dans le traitement des pyrexies.
Ne va-t-il pas pourtant au-delà de l’observation , en pla
çant le siège de la fièvre inflammatoire dans tout le
système sanguin ? Que montre en effet l’autopsie du
sujet de sa troisième observation ? Une lésion évidente
du système artériel : mais le système veineux est resté
tout-à-fait étranger à cette irritation. Disons encore
que M. D ... aurait pu mieux choisir ses faits, et ne
pas citer pour exemple de fièvre inflammatoire ( c’està-dire , d’un trouble général dépendant de l’irritation
du système artériel ) , une fièvre évidemment produite
par une fracture, cause locale bien capable , ainsi
�C 294 )
qu’une blessure grave e tc ., de déterminer un pareil
désordre.
M. D ... convient que M. Br... se rapproche un peu
plus de la vérité , en attribuant la lièvre bilieuse à
l’irritation de l’estomac ; mais la présence des matières
bilieuses dans ce viscère est , selon lu i, la cause la
plus fréquente de cette irritation. Les faits qu’il cite
pour étayer son opinion, sont puisés dans les ouvrages
de M. B r... lui-même, et de Stoll qui est au fluide bi
liaire ce que M. JBr... est à la gastro-entérite. On pour
rait sans doute objecter ici que l’irritation de l’organe
secréteur de la bile doit toujours précéder son accu
mulation dans les premières voies ; mais cette vérité
physiologique s’oppose-t-elle à ce que le séjour dans
les voies gastriques d’une matière dont la nature doit
s’altérer par cela même qu’elle est hors de ses canaux,
développe ou entretienne l’irritation de l’estomac î L ’ob
servation des siècles , mieux que les raisonnemens
subtils à l’aide desquels on veut attribuer à l’irritation
sanguine de la muqueuse gastrique d’être la cause ex
clusive de la fièvre dite bilieuse, démontre l’action
stimulante de la bile sur la membrane muqueuse de
l’estomac. L ’expérience journalière prouve encore l’effi
cacité merveilleuse des vomitifs dans ces cas, ainsi que
dans ces inflammations dites bilieuses , telles que l’é
rysipèle , l’ophthalmie, etc., qui disparaissent comme
par enchantement, après des évacuations spontanées ou
sollicitées par l’art. L ’erreur dans laquelle l’auteur de la
nouvelle doetrineisemble être tombé à cet égard , tient
suivant iM. J)... à ce qu’il ne distingue pas assez l’ir
ritation de l’inflammation. Il appuyé la différence qui
existe entre ces deux états pathologiques, par un rai
sonnement qui nous paraît d’autant plus solide, qu’il
repose sur l’observation. « Une sonde, d it-il, intro
duite dans la vessie irrite cet organe ; ôtez la sonde,
�I
( 2Ç)5 )
le calme est à l'instant rétabli. Si par une irritation
prolongée la sonde avait causé l’inflammation , celle-ci
subsisterait même après avoir ôté le corps étranger».
De ce fait notre auteur est conduit à penser que dans
la fièvre bilieuse la surcharge des premières. voies ,
commence par irriter l’estomac avant d'y développer
les phénomènes de l’inflammation, et que c’est à cet
état primitif qu’est dû l’effet surprenant des vomitifs
dans les embarras gastriques et au commencement des
fièvres bilieuses. 11 aurait dû ajouter que c’est après
avoir évacué l’estomac d’une matière qui est devenue
pour lui un véritable corps étranger , qu’il convient
de porter toute son attention vers le foie dont l’irri
tation parait être évidemment la cause première de
tous les désordres biliaires.
Arrivé à l’étude, de la fièvre muqueuse, M . D ..., ne
croit pas devoir multiplier inutilement les laits : un
seul lui suffit pour l’autoriser à faire dépendre cette
fièvre de l’universelle irritation des membranes mu
queuses et surtout de celle de la muqueuse gastrique.
On concevrait difficilement pourquoi , d’après une
telle doctrine , on devrait suivre un traitement lout-àfait opposé à celui de l'a gastro-entérite , si les phéno
mènes qui caractérisent cet ordre de lésions et Je mode
curatif dont les avantages sont attestés par l’expérience,
ne portaient à croire que l’irritation que nous appelle
rons muqueuse, doit être d'une nature différente de l’irri
tation sanguine, qui ocrasione la gastro- entérite fran
che. Car de même qu’en physiologie les mêmes causes
produisent toujours les mêmes effets , de même en
pathologie les désordres qui sont dûs à une cause de
même nature, doivent s’annoncer par des symptômes
à-peu-près semblables, o u , en d’autres termes, l’irri
tation gastro-intestinale ne saurait donner naissance
et à la fièvre inflammatoire et à la fièvre bilieuse et
�( 39 Ô )
a la fièvre muqueuse. Les phénomènes divers propres
à chacune de ces affections, sont une preuve évidente
de la diversité de leurs causes efficientes, et M. D ...
n’a p e u t-ê tr e pas t o u t - à - fa it tort de s’écrier à la
fin de ce chapitre : « qui peut ne pas être frappé de
l'immense différence qu’il y a entre les trois ordres
de lésions que nous venons d’examiner ? Quelle manie
d’innovation peut porter à renverser une telle classi
fication ! En quoi peut-elle égarer le praticien ! Est-ce
là séparer la maladie de l’organe essentiellement lésé ?
Est-ce admettre que les fièvres sont des êtres, des
sylphes qui existent en nous, et développent une
multitude de phénomènes sans lésions ! » Ces ré
flexions pleines de justesse montrent à quels écarts peut
se laisser entraîner l’homme dominé par une idée
préconçue.
S i , jusqu’ic i, M. D ... nous parait avoir combattu
avec avantage l’auteur de la nouvelle doctrine, en s’appu
yant sur des faits incontestables, il n’a peut-être fait
que substituer une hypothèse à une autre, en attribuant
les fièvres intermittentes à l’irritation des nerfs. Toute
fois s’il fallait se décider pour l’une des deux, nous
nous prononcerions en faveur de celle de M. D .. ,
déterminés sur ce que l'intermittence est un phéno
mène propre au système nerveux dans l’état de santé
comme dans celui de maladie , tandis que la continuité
est constante dans les phlegmasies. Mais comme en
médecine la supposition la plus ingénieuse doit avoir
moins de prix qu’une vérité pratique , quelque inex
plicable qu’elle s o it, contentons-nous de savoir que
ces fièvres qui jusqu’ici ont été l’écueil de tous les
systèm es, cèden t, lorsqu’elles sont franches, au quin
quina administré pendant l’apyrexie et avec les pré
cautions que dicte l’expérience, qu’elles peuvent se
compliquer d’une phlegmasia locale ( soit de la mu-
�( 297 )
queuse gastrique ou de tout autre viscère ) qu’il est
essentiel de détruire avant d’avoir recours à l’écorce
du Pérou ; et si l’on guérit en suivant cette pratique
avouée par les meilleurs auteurs et par M. B r... luimême , consolons-nous de l’insuffisance de nos expli
cations q u i, dans ce cas comme dans bien d’autres ,
doivent être sacrifiées à un empirisme raisonné.
M . D ... nous semble s’éloigner encore plus de l’ob
servation et de la vérité en fesant dépendre les fièvres
ataxiques de l’irritation simultanée du système vascu
laire sanguin et du système nerveux. Pour qu'un pût
croire à une pareille assertion, il aurait dû fournir
des preuves sensibles de la lésion de ces deux systè
mes. Bien loin de-là les faits qu’il rapporte tendent
à démontrer que la gastro - entérite, qui existe trèssouvent comme complication des fièvres ataxiques, peut,
dans certains cas , simuler ces pyrexies en développant
tous les phénomènes qui les constituent. M. Br... a donc
rendu un service réel à la science et à l’humanité, en
cherchant à remonter à la lésion des tissus,cause des dé
sordres ataxiques. Mais en voulant que ceux-ci soient tou
jours symptômatiques de sa trop féconde gastro-entérite,
n’est-il pas tombé dans un extrême qu’évitent rarement
les chefs de sectef Depuis en effet que, grâces à lu i,
on a banni du traitement de ces maladies le cortège des
remèdes incendiaires auxquels étaient dûs le plus souvent
les traces d’irritation gastro-intestinale qu’on observait
à l’examen de ces parties, de pareils résultats sont
moins fréquens , et l’autopsie fait apercevoir tantôt
l’injection de l'arachnoïde , de la pie-mère ou celle de
la substance du cerveau , et fréquemment un épanchechement dans le ventricule de ce viscère , avec une in
tégrité parfaite de tout le tube digestif. Il semblerait
en conséquence que l’organe encéphalique ou ses dév
T . IV .
3 /f
�( 298 )
pendances peuvent être le siège prim itif de ces af
fections effrayantes dont le meilleur traitement est
celui préconisé par M Br...; vérité que l’auteur recon
naît en partie , puisqu’il veut qu'on débute toujours par
les anti-phlogistiques avant de passer aux fébrifuges
toniques et stimulans dont l’action, d’après nous, ne peut
que nuire dans tous les cas , soit que les désordres
ataxiques soient symptomatiques de la gastro-entérite ou
de l’inflammation d’une des enveloppes du cerveau.
C ’est par l’examen des fièvres adynamiques que M.
D .. termine son mémoire. Ici l’auteur se replonge dans
l 'ontologie contre laquelle il s'était ouvertement pro
noncé dans tout le reste de son oqvrage , en rattachant
les lièvres dites essentielles à des lésions soit réelles
( fièvre inflam. bilieuse , muqueuse ) , soit hypothéti
ques ( fièvre intermit. ataxiq. etc ) car il existe, d’après
lui , un état ajynamique qui n'est dû exclusivement ni à
la putridité, ni à l’asthénie, ni à l’inflammation, mais
à la réunion de toutes ces causes, état qui peut com
pliquer non-seulement les fièvres essentielles, mais toutes
les lésions locales d’une nature grave. 11 admet en outre
une adynamie essentielle ( c’est-à-dire un véritable être
de raison ) qui porte son influence sur le système ner
veux , influence dont rien de sensible , même d’après
sc n aveu , ne démontre la réalité. Rien de plus vague
que les raisdnnernens de Fauteur, l ien de moins sa
tisfaisant que les faits qu’il rapporte pour défendre ces
propositions contradictoires , qui jètent le médecin dans
une incertitude accablante sur le traitement à employer,
puisque , comme le fait judicieusement observer M.
Br,vin , il a négligé de faire connaître les symptômes
qui distinguent l’adynamie adynamique de celle qui est
inflammatoire Toutefois ces faits sont loin d’être sans
intérêt : ils tendent à prouver que les phénomène» adynamiques ne sont que l'expression de l’inflammation
�C 299 >
extrême d’un ou de plusieurs organes , vérité que les
savantes recherchas de M. Br... sur l’adynamie montrent
dans tout son joqf, quoique cet auteur les regarde comme
étant exclusivement le résultat de la gastro - entérite.
Malgré cette Exclusion erronée de vues , les travaux de
ce hardi novateur sur l’adynamie et l’ataxie suffiraient à
sa gloire,si son beau traité des phlegmasies chroniques
ne lui avait acquis des droits incontestables à l'admi
ration et à la reconnaissance de la postérité.
G .A .T .S tt,
D.-M. P.
F o r m u l a it ie de Montpellier, par M. B o r i e s , expharmacien des armées et de l'université de Naples ,
Secrétaire-adjoint de la Société de médecine -pratique
de cette ville , etc. ; 1 vol. in-12. Montpellier. 182.2.
L es richesses pharmaceutiques de Montpellier , résul
tats d’ une longue et lumineuse expérience , étaient
éparses dans les pharmacies. M. Bories a senti la né
cessité de leur réunion pour la science , et il vient
d'offrir au public un formulaire où il les a péniblement
rassemblées. C’est ce qu’il annonce dans son avantpropos , dans sa. dédicace , et sa longue et savante pré
face , dans laquelle un style concis et lucide se joint
à une fine et délicate plaisanterie , et une pureté gram
maticale , qui donnent au savoir et au caractère d'un
homme profond le double avantage d’instruire et de
distraire. Quel dommage qu’il ne se soit pas occupé
du formulaire d’Hereulanum ! Quel sujet pour lui d'a
vant-propos et de préfaces , et d’histoire naturelle et
de digressions ; je plains M . Pierquin , en vérité, de
ne pas se concerter avec M. Bories sur l’ouvrage qu’il
doit publier. Oublie-t-il que M. Bories peut encore lui
faire le juste reproche d’être du nombre des praticiens
�(
5 oo )
de vingt à trente ans qui n’inspirent pas de confiance?
Peut-il à cet âge anatématisé profiter comme ce phar
macien naturaliste de l'expérience des siècles P L ’étude
des papyri, celle du formulaire d’Herculanum récla
ment l’intervention de l’édificateur du formulaire de
Montpellier.
Avec autant d’esprit et d’expérience séculaire que
nous montre M. B orics, il aurait d û , ce semble ,
mieux concevoir ce que voulait dire M. Pierquin de
son ouvn ge , en l’appellant compendiosissimum et locupletissir/ium bnus. S’il l’avait mieux compris , il n’au
rait pas trouvé les idées justes de ce médecin tout-àfa it en contradiction avec le passage suivant : « ainsi
l'utilité des formulaires est la môme que celle des
ouvrages de médecine pratique , ils forment à eux
seuls l’éducation du praticien ». Comment M . Bories
pense-t-il que M. Pierçuin puisse mettre son ouvrage
au nombre de ceux qui ont le cachet du maître parce
qu'il n'est pas édifié par un auteur qui réunisse les
connaissances médicales aux connaissances pharmaceu
tiques ? Quoique l’on pense de la génération actuelle,
elle veut le précepte U côté de l’exemple , et M.
Pierquin qui en fait partie , ne pense pas aulrttment.
La modestie de M. Bories est un peu en défaut
quand il demande à ce médecin la permission de ne
pas convenir en bloc des erreurs qu’il signale , puisque
dans sa critique il ne les désigne que très-rarement
et avec une extrême réserve. M . Pierquin a-t-il des dé
férences pour M. Bories 1 Ce pharmacien s’indigne de ce
que ces égards sont au-dessous de lui. Voit-il quelques
réflexions critiques? La colère de l’édificateur est telle,
qu’il poursuit son prétendu antagoniste jusques dans les
ruines d’Herculanum et au milieu des papyri. Sauraisje être moi-même attaqué sur Pompéïa , je ferai aussi
quelques observations au pharmacien naturaliste.
�( Soi )
Dans sa préface, M. Boriis fixe d’abord son attention
sur l’histoire naturelle : il considère les substances cons
tituant le globe sous deux états différens. Il dit que les
unes en forment le repos , les autres le mouvement ;
( la matière form e-t-elle le mouvement ou est-ce le
mouvement qui forme la matière l c’est une question
que nous faisons à M. Bories )■ C’est à quoi se réduit
en deux mots son parallèle des animaux , des végé
taux et des minéraux. Mais il n’est rien dans la
nature qui ne soit soumis tour - à - tour au calme et
aux mutations plus ou moins rapides , dans le phy
sique et le moral ; ne voit - on pas se former parmi
les minéraux des cristallisations admirables qui né
cessitent le mouvement! Le lègne animal, au contraire,
11’est-il pas soumis quelquefois à une inébranlable force
d’inertie! L'assertion de M. Bories peut être , je crois,
contestée , ou demande un commentaire. Ses rapprochemens des corps organiques et inorganiques , ses diffé
rences marquées entre les végétaux , les animaux par
le phosphore et le souffre , me paraissent d’une inin
telligible métaphysique et exigent encore un commen
taire.
En entrant dans de si grands détails , et surtout en
s’évertuant sur les papyri et sur Herculanum , M.
Bories aurait dû rigoureusement éclairer son sujet des
lumières thérapeutiques. Sans elles , ses nomenclatures
et ses classifications , quoiqu’il en dise , peuvent avoir
de fâcheux résultats ; car ses remèdes simples pro
duisent souvent des effets très-composés , ses altérans
peuvent tout simplement , dans quelques circonstances
imprévues par le pharmacien , désaltérer , et ses spé
cifiques altérer et même empoisonner, faute des notions
sur la matière médicale. M. Bories n’a pas d’ailleurs assez
indiqué les produits des compositions et des décompo
sitions pharmaceutiques, quelque familiarisé qu’il soit
�( 303 )
avec la chimie moderne , quelque frappé qu’il soit au
cachet , au coin de son état.
Sans la thérapeutique , toute autre méthode que l’al
phabétique dans un formulaire , est dangereuse. Les
reproches à adresser à M . Bories , à ce su jet, sont
bien motivés , puisqu’il place les lavemens astringens
au rang des remèdes les plus efficaces contre les d y
senteries , le tenesme , qui sont accompagnés de vives
douleurs d’entrailles. Ce qu’il y a de plus singulier ,
c’est qu’il met les lavemens au rang des remèdes
externes. Le sirop , les juleps , les potions, les thés
qu’il indique indistinctement pour la phthisie , ne sontils pas des vrais poisons dans le cours de sa période
d’irritation î Au lieu de se livrer à des digressions qu’on
n’ose qualifier , il aurait du chercher à apprendre par
la thérapeutique , ce que sans restriction , les apozèmes
toniques pour les régies et contre les fleurs-blanches,
peuvent avoir de pernicieux. Il n’aurait pas, avec ces
notions, conseillé les excitans lorsque la suppression de
quelque flux habituel a occasioné l’hémoptisie ÿ des
hémorragies ; il aurait frémi d'indiquer contre l’apo
plexie en général, le baume de vie de Bocrhaave.
On ne peut te consoler par la juste idée qu’on se
forme d’un pharmacien judicieux , de voir dans son
ouvrage tant d’indigestes citations de formules dont
plusieurs , telles que les eaux distillées , certains bau
mes , les injections contre la pierre par M. Borits,
ne composent plus que les friperies du monde médi
cal. On ne conçoit pas cela chez celui qui est philo
sophiquement et scientifiquement à la hauteur de notre
mémorable époque , et qui se montre aussi bon juge
des praticiens contre-stimulistes dans leurs prescrip
tions, telles que celles de la Valériane, du tartre stibié,
à fortes doses...........
Lorsqu’il veut bien en faveur de la science , dé-
�( 3o5 )
passer la ligne d’observation pharmaceutique , il j
réussit on ne peut mieux. Par exemple, on ne peut rien
voir de plus lumineux que ses distinctions des corps
organiques , des végétaux et des animaux ; ses traits piquans au sujet de la locomotion , etc. , pourquoi donc
celui qui pour prouver la combustibilité des métaux,
fait chauffer M. P. qui vient de faire de lui un si grand
éloge, au foyer de quelques fragmens de vieux fe r , d'an
timoine et de manganèse l Pourquoi M. Bories n’abordet-il pas fréquemment le domaine de la médecine , lors
de ses transgressions !
Nous aurions , je le répète , désiré de M . Bories ,
un formulaire où se fit constamment remarquer l’har
monie de ses connaissances théoriques et pratiques.
Toutefois , nous le félicitons d’un ouvrage qui peut
un jour sous sa main pharmaceulico-médicale , deve
nir d’autant plus précieux et plus sur , que ce phar
macien recommandable sous tant de rapports , sera
plus fidèle à ses principes de sciences, de philosophie,
et de civism e, et s’abandonnera davantage aux fran
ches impulsions de son génie et de son caractère.
S akmit aîné , D.-M . M .
REVUE
DES J OURN AU X.
L a R t:v u e m é d i c a l e d’octobre dernier fait mention du
préservatif de la scarlatine, p a rle docteur llanhnnann,
et annonce que les bons effets de ce prophylactique
viennent d'ètre constatés par le docteur Murt-bech de
Ihrnming. Il consiste en une dissolution de deux grains
d’extrait de belladone dans une once d’eau distillée de
fenouil. La manière de l’administrer est facile : on donne
quatre fois le jour d’une à cinq gouttes de cette disso-
�( 3o 4 )
lution aux enfans de dix ans et au-dessous , et de six
à dix gouttes à ceux qui sont plus âgés. La racine de
belladone en poudre mêlée avec le sucre , peut remplir
la même indication. On doit continuer le remède durant
tout le cours de l’épidémie.
— « Histoire d'un jeune homme qui s’est opéré luimême la castration. Henri Wollenberg , d’une forte cons
titution , âgé de vingt ans , portait un hydrocèle qu’il
fit opérer par la ponction ; au bout de quelques se
maines , l’épanchement s’établit de nouveau. Comme il
avait été obligé de payer 3 thalers pour son opération,
il résolut de la faire lui-même, et il se plongea à cet
effet la lame d’un bon canif dans le scrotum. Un mois
après, il se fit la même opération, et s'opéra ainsi
lui - même trente - six fois .sans inconvénient. Le 29
novembre 1 8 1 6 , obligé de recourir de nouveau à son
opération , il ne put trouver son canif. Il résolut d’y
suppléer avec son rasoir , qu’il plongea aussitôt dans
le scrotum. L ’eau s'échappa , mais avec elle aussi le
testicule. Il essaya de le faire rentrer , mais ce fut
inutilement ; il porta alors une seconde fois le rasoir
sur le scrotum ; niais cette fois le testicule tomba aus
sitôt à terre, et une hémorragie formidable se déclara.
On accourut à ses cris , et on alla chercher à Güstrouu le docteur Kugcr-Haulien : à son arrivée , le ma
lade avait déjà lié lui-même le cordon spermatique ; il
n’eut qu’à vider le scrotum du sang coagulé qui s’y
trouvait, et à remplir la plaie de charpie. Au bout
d’un mois , la cicatrice était entièrement fermée ».
(Revue méd. et Journal de Grœje etValther. BerliD, 1822.)
— On lit dans le précis de la Société médicale de Tours
du deuxième trimestre de cette année - ci q u e , demie
à doses de dix , douze , quinze et dix-huit grains en
une ou plusieurs fois , suivant les cas et placé en
�( 3o5 )
temps opportun , le sulfate de quinine a constamment
réussi à enlever ou à diminuer de beaucoup les accès
les plus rebelles de fièvres intermittentes , sans qu’il
s'en soit suivi d’inconvéniens notables pour les malades»
MINj. Godefroi , Lesaive et Hainie observent aussi nâ
l’avoir point encore vu provoquer la diarrhée , comme
le fait si souvent le quinquina en poudre , nonobstant
les opiacés qu’on lui associe.
— Dans un mémoire sur l’emploi des narcotiques
en forme de vapeurs, M. Hufeland témoigne sa sur
prise de ce qu’à une époque où la médecine fumigatoire
est cultivée plus que jamais , personne n'ait encore
songé aux vapeurs des substances narcotiques.
« Il y a plus de quarante ans , d it-il, que mon atten
tion fut dirigée sur cet objet. Je fus frappé du rôle im
portant que les anciens faisaient jouer aux vapeurs dans
leurs cérémonies saintes , et particulièrement dans leurs
opérations magiques , où il mettaient à profit les va
peurs des plantes narcotiques , soit pour opérer quelque
ensorcellement , soit pour chasser le démon , c’est-àdire , pour produire certains troubles dans le système
nerveux, ou pour faire cesser de tels troubles. Ce qui
me frappa surtout , ce fut le prétendu sorcier de la
forêt de Thurînge , qui , vers la fin du dix-huitième
siècle , guérissait l’épilepsie , la danse de Saint-Gui et la
catalepsie , en exposant ses malades à la fumée de plantes
narcotiques.
Ces faits réunis me déterminèrent à appeler sur ce
point l’attention des praticiens. Déjà en 1808 , je fis
insérer dans mon journal, un article sur l’emploi desmidicamens en form e, de vapeurs. Depuis cette époqua
j’ai eu occasion de faire usage de ces fumigations , et
je suis maintenant à même d’en publier les résultats ,
afin d’engager mes Confrères à généraliser ce traiter,
ment.
T . IV .
0$
�( 3o6 )
Pour faire ces fumigations, dans lesquelles nous
nous sommes servis de la même baignoire qui sert aux
fumigations sulfureuses, j'employai de préférence la
jusquiame et la belladone, de chaque six onces ; pour
augmenter l’action de ces plantes , on y ajoutait quel
que fois dix ou même vingt grains d’opium. On humec
tait le tout avec un peu d'eau et on l'étendait sur une
lame de fer-blanc , que l’on chauffait à l’aide d’une
lampe à esprit-de-vin , jusqu’à ce que ces substances
fussent réduites en charbon et que les vapeurs pro
duites par leur carbonisation, eussent rempli la bai
gnoire dans laquelle le malade était assis. On le lais
sait dans cette atmosphère pendant quinîÿc ou vingt
minutes , en le couvrant seulement d’une chemise et
d’une espèce de couverture , propre à empêcher l’aspi
ration des vapeurs. Cette opération terminée -, oh l’ha
billait chaudement et on le garantissait de toute espèce
de refroidissement.
L ’effet ordinaire de ces fumigations consiste dans
un accroissement de transpiration et une légère con
gestion cérébrale. Cependant il s’y joignait parfois des
iremblemens , de l’anxiété , des vertiges et même des
spasmes violons, ce qui prouve que cette opération
exige la surveillance du médecin , et en même temps
que la dose indiquée est susceptible d’augmentation et
de diminution ».
M. E. Martini , qui a traduit de l ’allemand le mé
moire du célèbre Hu/eland, observe dans une note
que ce médecin rapporte douze cas d’épilepsie dans
lesquels les fumigations narcotiques ont été employées
avec succès.
( Nouveau journal de médecine , et journal de M.
Hu/eland , pour 1822 ) .
P.-M. Roux,
�(
3o 7 )
A N A LY SE
D
es
principaux
A rticles du Journal de P harmacie.
( Suite du mois de SEPTEMBRE 1822 ).
E x a m e n chimique de ïenveloppe des œufs de sèche
( sæpia, mollusques ) , par A . C hevalier. — La pré
sence de l’hydriodrate de soude dans les cendres de
cette enveloppe a été le seul motif qui a engagé
M . Chevalier à analyser cette substance. Sans le suivre
dans toutes ses opérations . nous donnerons le résultat
de l ’analyse, après avoir dit avec lui que s’il est cons
tant que les cendres de l'enveloppe des œufs de sèche,
contiennent de i’hydriodrate de soude , on pourrait
les utiliser en médecine en les employant contre les
tumeurs.
Il résulte de ces expériences que la substance dite
enveloppe de la sèche contient :
J.° D e l ’alcali volatil; 2.0 de la gélatine; 3 .° de
l’albumine ; 4-° de la matière grasse ; 5.° du mucus
anim al; 6.u des muriates de soude et de magnésie;
7 .0 de l'hydriodate de soude; 8.° du carbonate de
chaux; 9.0 du phosphate de chaux; io .°d e s traces de
fer ; 1 1.° de la silice.
— Phénomènes développés dans le traitement des calculs
urinaires par le chalumeau ; par M. B erzélius —
« Les pharm aciens, comme les médecins, étant souvent
consultés sur la nature des concrétions rendues par les
urines des malades , il leur importe de reconnaître fa
cilement la composition chimique de ces substances.
L e chalumeau présente un moyen aisé d'épreuve, et
son emploi est assez facile pour que nous nous em-
�( So8 )
pressions d’offrir le résumé des procédés qu'indicée M.
Bsrzilius»
i.° On reconnaîtra les calculs urinaires formés d'acide
urique , en ce que , chauffés à part sur le charbon ou
la feuille de platine , ils se charbonnent, fument avec
une odeur animale. A la flamme , ils perdent de leur
masse. Vers la fin du grillage en les voit brûler avec
accroissement de lumière ; le résidu est une petite quan
tité de cendres blanches très-alcalines.
Pour distinguer ces calculs d’autres substances qui
se comportent de même , il faut essayer une partie du
calcul par la voie humide. Ainsi un dixième de grain
de ce calcul mis sur une feuille mince de verre ou
de platine , avec une goutte d’acide nitrique , on chauffe
à la flamme de la lampe. L ’acide urique se dissout avec
effervescence. La matière desséchée avec précaution
pour qu’elle ne brûle pas , on obtient une belle cou
leur rouge. Si le calcul ne tient que peu d’acide uri
que , la matière noircit quelquefois par ce procédé ;
alors on reprend une nouvelle partie du calcul , et
après l’avoir dissous dans l’acide nitrique, on la retire
clu feu , la dissolution étant à-peu-près sèche , on la
laisse refroidir jusqu'à dessication. Alors on l’expose ,
adhérente à son support, à la vapeur d’ammoniaque
caustique chauffée. Cette vapeur ammoniacale y déve
loppe une belle couleur rouge ; on peut aussi mouiller
la matière desséchée avec un peu d’ammoniaque faible.
Si les calculs sont un mélange d’acide urique et de
phosphate terreux , ils se charbonnent et consument
comme les premiers, mais leur résidu plus volumineux
n ’est ni alcalin, ni soluble à l’eau. Ils présentent avec
l ’acide nitrique et l’ammoniaque aussi la belle couleur
rouge de l’acide urique. Leurs cendres contiennent des
phosphates de chaux , ou de chaux ou de magnésiea .° Les calculs d'urate de soude ne se rencontrent
�( 509 )
guère que dans les concrétions des goutteux autour
des articulations. Chauffes' seuls sur le charbon , ils
noircissent en donnant une odeur animale ernpyreumatique ; cjifîîcilenuent réductibles en cendres , cellesci sont fortement alcalines et peuvent vitrifier de la
silice ; quand il y a des sels terreux ( phosphates ) dans
ces calculs , ils -donnent uri verre blanchâtre ou gris
opaque.
ù .° Les ca lcu ls d 'u r a te d 'a m m o n ia q u e se comportent
comme ceux d'acide urique, au chalumeau. Une goutte
de potasse caustique leur fait exhaler à une chaleur
douce beaucoup d’ammoniaque. Il faut distinguer l’o
deur légère ammoniaco-lixivielle que la potasse déve
loppe dans la plupart des matières animales. On trouve
aussi de i’urate de soude en ces calculs,
/|.° C a lc u ls de p h o sp h a te d e c h a u x ; ils noircissent,
en exhalant l’odeur empyreumatique animale, sans se
fondre seuls au feu de charbon , mais blanchissent
comme fait le phosphate calcaire.
Avec la soude , ils se gonflent sans se vitrifier. Dis
sous dans de l’acide borique et fondus avec un peu de
fer, on obtient un culot de phosphure de fer.
5 .° Les c a lcu ls d e p h o sp h a te a m m oniaco - m a g n ésien ,
chauffes seuls sur la plaque de plaLine, ils exhalent
l ’odeur empyreumatique animale en se noircissant , se
gonflant, puis devenant blanc-gris. On obtient une sorte
d’émail blanc-grisâtre. Le borax les fait fondre en un
verre transparent, ou qui tourne au blanc laiteux en
se refroidissant. La soude les fait fondre en une scorie
blanche bo'ursoufHée ; une plus grande quantité de soude
les rend infusibles. Us donnent avec le fer et l’acide
borique du phosphure de fer ; avec le nitrate de co
balt , un verre d’un rouge foncé ou brun. S’il y a des
sels de chaux dans ces calculs, le mélange en est
moins fusible.
�( 5io )
6.°. Les ealeuls d'oxalate de chaux d’abord exhalent
l’odeur urineuse ; ils deviennent d’une couleur mate au
fe u , et leur couleur s’éclaircit. Après avoir été rougis
modérément, le résidu fait effervescence avec l’acide
nitrique. Un coup de feu donné , il reste de la chaux
sur le charbon ; celle-ci réagit comme un alcali sur les
couleurs de tournesol , et s'éteint avec l’eau. Mais ceci
n’a pas lieu quand le résidu tient du phosphate calcaire.
7 .0 Les calculs siliceux , chauffés à part , laissent une
cendre sous-coriacée ou infusible. Traitée avec un peu
de soude , elle se dissout avec effervescence, lentement,
en laissant une bulle de verre gris ou peu transparent.
8.° Enfin les calculs d'oxide cystique donnent à-peuprés les résultats de ceux d’acide urique au chalumeau.
Us prennent aisément l’inflammation, d’une couleur
verte bleuâtre , sans se fondre , mais en répandant une
odeur acide vive très-particulière et qui a quelque rap
port à celle du cyanogène. Leur cen dre, non alcaline,
se résout par un coup de feu en une masse blanchegrisâtre. Ils ne produisent pas une couleur rouge dans
le traitement avec l’acide nitrique , comme les calculs
d’acide urique.
—’ Note sur le sirop de chicorée du codex ; par M.
P urent pharmacien à Clamècy ( N i è v r e ) .— M . Parent
fait observer que la quantité d’infusum de rhubarbe,
que le codex prescrit d’ajouter au sirop quoique trèsrapproché, est trop considérable pour que l’on ne soit
pas obligé de prolonger l’ébullition, pour obtenir le dégré de cuite convenable , que delà il résulte la perte
de la transparence et l’ébullition de la rhubarbe que
Von veut éviter. Pour obvier à ces inconvéniens, il
propose de faire infuser la rhubarbe dans une moin
dre quantité d’eau , en prolongeant l’opération trente
heures , dans un vase clos, à une température soute
nue de trente à quarante degrés.
�( 511 )
« Cet infusum trè s-ch arg é, dit-il , serait filtré et
* ajouté au sirop cuit de manière à être amené par
« cette addition à la consistance sirupeuse »,
— Analyse des bourgeons de peuplier noir , ( populus
nigra ( L . ), arbre , de la dioecie octandrie , des dycotyledones squammijlores de Jussieu , des amentacèes de
l'école de pharmacie, par M . F. A . P elleiun , pharma
cien de Paris. — Avant de passer à l'analyse des bour
geons du peuplier n o ir, M. Pellerin a dît un mot sur
l ’arbre qui le fournit ; il rappelle son antique origine,
et les divers usages auxquels il était empldyé chez
les anciens.
Il soumet ensuite les bourgeons de peuplier à la
dissécation pendant laquelle il a observé qu'ils per
daient environ un tiers de leurs poids d’eau de végé
tation , sans éprouver de perte sensible d’arome , n’é
tant soumis dans une étuve qu’à une température de
trente-six degrés ; il obtient ensuite une huile volatile
par la distillation à l’eau. Il les traite par l’alcoîlol, il
procède enfin à la combustion et il a obtenu pour
résultat de toutes ses expériences :
D e l’eau de végétation , une huile essentielle odo
rante ; de l’acétate d’ammoniaque , des traces d’hydro
chlorate de la même base , un extrait gommeux , de
l'acide galliquc , de l’acide malique. Une matière grasse
particulière, fusible à une température plus élevée
que l’eau houillanle, de l ’albumine en très - petite
quantité, une matière résineuse , sous carbonate de
potasse , phosphate de la même base,traces de sulfate;
carbonate de chaux, phosphate de la même base, acide
de fer de silicium ( silice ).
Avant de term iner, l’auteur fait observer qu’il y a
beaucoup d’analogie entre l’huile volatile des bour
geons du peuplier et les baumes , ce qui lui a fait
penser qu’elle pourrait être utilisée dans l’usage nié-
�dical, «la teinture,dit-il, l’huile essentielle , l’eau distil« lée odorante , la résine pourraient être prescrites , je
« laisse chercher au praticien qu’elles sont les proprié« tés médicales de ces co rp s, pour les employer au
« soulagement de l’humanité ».
— Note sur la purification de l'opium , par Véther, par
M . R o b i q u c t . — Depuis que toutes les parties consti
tuantes de l’opium sont bien connues , on sait que c’est
à la narcotiue qu’il faut attribuer la propriété vireuse et
narcotique qu’il possède ; M. Robiquet a judicieusement
observé d’après ce, que l’éther serait avantageusement
employé pour débarrasser l’ extrait d’opium gommeux de
toute la nareotine qu'il contient, mais ayant eu con
naissance que ce moyen avait été déjà employé , il
en fait honneur à M . le professeur Alphonse Leroy ,
en citant ce passage de la thèse de M. Giraud de
Fontenay.
« L ’illustre président de ma th èse, M. le docteur
Alphonse Leroy , a bien voulu mè communiquer
la méthode curative qu’il emploie contre cette formi
dable maladie ( le choiera morbus ) , méthode qu’il as
sure 'dui avoir constamment réussi encore trois fois
cette année , sur trois individus différons.
Ce savant professeur , après avoir observé profon
dément cette maladie, et tous les symptômes effrayans
qu’elle présente , s’attache spécialement à la répugnance
de l’estomac pour tout liquide , quoique la soif soit im
périeuse, la langue sèche , les papilles d e là langue ari
des et d’un jaune foncé brun , l’haleine brûlante. Malgré
ces sym ptôm es, qui semblent exiger des boissons , ce
praticien habile , plus attentif à la répugnance dé
l’estomac pour les boissons que cet organe repousse
avec une bile poracée , ne permet aucun fluide ; il
aecorde de se laver la bouche avec 4e l’eaü froide
�( S i5 )
sju'il fait rejeter au m alade, sans lui permettre d’en
avaler une goutte.
Il donne d’heure en heure un tiers de grain d’un
laudanum bien purifié par l’élher, ce qui fait 8 grains
en vingt-quatre heures , dose qui nuirait en toute
autre ciconstance, et qu’on voit dans ce cas salutaire
et triomphante:
On a un laudanum bien pur, hien dégagé de toute
partie résineuse , en versant dessus de l’éther sulfurique
bien rectifié ; l’éther sempare de ce qu’il y a encore de
résine d’opium , et il ne reste qu’un laudanum purement
gommeux : c’est celui que le docteur Alphonse Leroy ,
dans sa pratique , a le premier fait préparer , et que
constamment il emploie. Par cette administration du
laudanum sec j les vorttissemens et les déjections de
viennent moins fréquens, et aussi moins abondans j
alors le calme s’annonce, la langue s’humecte , la soif
diminue «ans que le malade ait bu ; la répugance de
l ’estomac pour tout liquide est telle , que les gouttes
mêmes de laudanum de Sydenham * mises en une cuil
lerée d’eau de fleurs d’orange sont le plus souvent reVomies ».
— Nouvelles observations sur TemplAtre de ciguë i
par M . L im o u s ix - L a m o t t e . — M, Limousin propose
quelques modifications sur la préparation de l’emplâtre
de ciguë ; il voudrait que l’on obtint à part la partie
colorante de cette plante qu’on la soumit à une demi
déssication , pour l’incorporer après dans l’emplâtre
tout préparé * il propose encore de faire sécher l’extrait
de cig u ë, le rendre pulvérulent et l’ajouter sous cette
forme , comme la saule verte ; il croit aussi que la
gomme ammoniac réduite en poudre , comme le pres
crit Baum e, doit être de préférence employée à celle
dissoute dans le vinaigre scilitique, comme dans la
formule du codex,
T . IY .
56
�( 3i4 )
Ces observations ont été soumises à M M . Henry et
Labarraque qui ne partagent point l’opinion de M.
Limousin , et sans détailler leur judicieuse critique , i^
nous suffit de d ir e , que ces chimistes croyent qu’il
faut s’en tenir exactement au procédé décrit dans le
codex.
C oubet , Pharm.
=
’
-....
VARIÉTÉS.
Urr ancien m agistrat, M. R. D . , vient de publier h
Mai st'ille une brochure de 26 pages in-8.°, ayant pour
titre : Lazaret de la Méditerranée à fonder dans la rade
de Marseille, par souscription. M. li. T), s’attache d’abord
à faire sentir la nécessité de créer ce nouveau monu
ment , nécessité que nous regrettons bien de ne pou
voir regarder comme indispensable , vu que Marseille
possède déjà un lazaret et assez vasle et assez propre
à tous les genres de desinfection. A la vérité , l’auteur
voudrait que le nouveau lazaret fut ouvert à toutes le»
nations , ne se dissimulant point que s’il devait être par
ticulier pour Marseille , il ne serait qu’une nouvelle en
trave ajoutée au .système de prohibition qu’elle s’est
imposée; l’auteur voudrait aussi que, comme les gran
des entreprises , celle-ci se lit par souscription. « On
se bornerait, dit-il, à faire un appel aux commerçans,
capitalistes et marins des deux Mondes. Le prix de
chaque action serait de mille francs. Lorsque les pre
neurs seraient au nombre de cen t, la nation qui le»
compterait dans son sein , serait inscrite de droit
parmi les sociétaires , et ses intérêts seraient représen
tés par le Consul qu’elle aurait de résidence à Mar
seille. L e concours de ces Consuls, dans les cas qui
�( 3r5 )
seraient déterminés , formerait l’assemblée des Àmphictions modernes ».
A l’aide d’un môle ou jetée , qui lierait les deux ro
chers nommés l’un Pomigue et l’autre Ratonneau , on
aurait un p ort, qui , aussi grand que celui de Mar
seille , serait tout à la fois, suivant l’auteur , auxi
liaire pour son commerce et préservatif contre la
contagion. Au lieu d’une infirmerie qui paraissait
devoir suffire aux premiers besoins , on en construi
rait deux , l’une sur chaque rocher , etc. Ici des dé
tails importans sont exposés avec beaucoup de clarté.
Enfin l'auteur, ajoute qu’une colonne du plus beau
marbre de Carrare serait élévée comme un phare . dans,
iej lieu le plus apparent. Elle serait surmontée d’un
globe, autour duquel on graverait cette simple inscrip
tion : au Dieu de l'Univers , père commun de tous les
hommes. Sur le fronton, on lirait le nom sacré du
Roi , sur le fût celui des souscripteurs, et sur la
base , celui des autorités du temps et du lieu.
On ne peut qu’applaudir aux vues philantropiques
qui animent M. 21. D. Toutefois , l’exécution du mo
nument universel qu’il propose , bien que facile, à son
avis , paraîtra impossible à ceux qui considéreront com
bien l’homme est peu sensible aux objets d’un intérêt
général, par la raison que l’intérêt particulier est le
mobile le plus ordinaire de ses actions.
— Il est positif que le comité de vaccination gra
tuite de Marseille reçoit annuellement cent écus pour
entretenir le feu sacré , ou en d’autres te; mes , pour
se procurer le nombre nécessaire de verres destinés
à la conservation du virus vaccin. Des spéculateurs
s’étonneraient de voir consacrer une somme si consi
dérable à des objets d’une modique valeur ( car il est
évident qu’avec une vingtaine de francs on peut acheter
ftqtant de verres qu’il en faut pour un an , etc ). Quant
�( 5i6 )
à n ou s, il nous répugnerait d'entrer ici dans de sem
blables détails. Nous dirons seulement qu’il est pénible
d’apprendre qu’au moment où la petite vcrole.se montre
dans divers quartiers de notre cité , le comité ne peut,
faute de vaccin , continuer ses importantes opéra
tions.
— On assure que M. le comte de V illeneuve , Préfet,
à envoyé nu Ministre de l’intérieur, avec une apdstille très-favorable, le projet de M. le docteur Segaud ,
et que Son Excellence fera connaître bientôt sa décision
à cet égard. Nous ne doutons pas un instant que le
Gouvernement ne voit dans ce .projet une idée vraiment
française , et qu'il ne s’empresse de seconder les eflorts
de la Société royale de médecine de Marseille tendants
à réaliser les vues philantropiques de son président.
— A r c h iv e s g é n é r a l e s d e m é o e c i n e , tel est le titre
d’un nouvel ouvrage périodique que se propose de pu
blier , à dater de janvier i 8 î 3 , une Société de mé
decins , composée de membres de l’Académie royale de
m édecine, de professeurs , de médecins et de chirur
giens des hôpitaux civils et militaires , etc. On nom
mera tous lés ans une commission chargée de surveiller
la rédaction générale des A r c h iv e s de m é d e c i n e . Les
membres pour l’année i 8 l 3 sont : MM. Beclard, Bous
quet , Breschtt , Coutanceau , Desormeaux , Esquirol,
Georget, Orfila , Raize , Delorme et Rayer.
— La Revue médicale et le nouveau Journal de méde
cine ont rapporté une lettre de M. Peschier, docteur en
chirurgie à Genève , dans laquelle sont détaillés en peu
de mots les motifs qui ont engagés ce praticien à uti
liser le tartre-émétique dans les inflammations de poi
trine ; on voit qu'il n’a eu qu’à se louer de ce remède,
et ce n’a été que quelque temps après en avoir fait
plusieurs essais , croyant alors que personne ne les eut
«Urepris avant lui , (jùil lut dans le* Annales clinique.S
�( Si7 )
de Montpellier, T . X L II , p. iS i , que le tartre stibié
avait été employé dans les pleurésies , les péripncum onies, avec un succès pareil à celui dont il avait
été le témoin.
— Nous sommes charmés que la lettre de M . Pesclner nous donne occasion de recommander à nos lecleurs l’excellent mémoire sur les fluxions de poitrine
que publia, en x3 15 , M. le docteur Louis Valentin.
O n y apprend qu’un très-grand nombre de médecins
ont obtenus les résultats les plus satisfaisans de l’em
ploi de l’ émétique dans les inflammations de poitrine;
néanmoins M. Valentin n’omet point de signaler les cir
constances dans lesquelles ou une prompte déplétion
sanguine , ou l’application des sangsues , des ventouses
scarifiées sont très-utiles , et il finit par des proposi
tions qui décèlent cet esprit de philosophie qui le dis
tingue éminemment; la règle de conduite la plus sage,
d it-il, et la plus heureuse pour le vrai m édecin, est
celle qui consiste à garder le juste milieu , à ne tenir
compte des théories que pour ce qu’elles v a len t, et à
se persuader que les meilleures sont celles qui se dé
duisent directement des faits.
— hes mémoire et observations concernant les bons
effets du cautère actuel appliqué sur la tête. etc. , par
le même auteur ne mérite pas moins de fixer l’at
tention publique ; en effet, il nous suffit de dire que
ce sont sur des observations et sur de bonnes obser
vations ( qui sont assez rares ) que M. le docteur L,
Valentin a basé ses propositions. Les deux mémoires de
ce savant m édecin, ainsi que son traité sur le croup,
se trouvent à Paris, chez Gabon, et à Marseille , chez
M ossy, libraires.
— Des rhumatismes, des fièvres intermiltentes, quel
ques fièvres a(axiques(ma!ignes;soutles maladies qui dans
le courant de décembre , se sont le plus souvent pré-
�-( 5 i8 )
sentées à la pratique des médecins Marseillais. L a
phthisie, assez commune à Marseille dans tous le*
temps , l’a été extrêmement ce mois-ei. Il est vraiment
déplorable que cette cruelle maladie moissonne trop
souvent dans sa fleur l'habitant de notre c ité , et que
les jeunes demoiselles en soient surtout les première*
victimes.
P.-M . Pioux.
E
x t r a i t
des registres du bureau de l'E ta t-civ il de
la mairie de Marseille.
(Mois de Novembre 1822).
Naissances . . . . . . . .
375.
Décès.................................................. 358 .
M a r i a g e s ....................................... 94.
SUJETS
DE
PlllX.
La Société de médecine du Gard se propose de dé
cerner , dans sa séance publique du mois de décembre
182.3, une médaille d’or , de la valeur de deux cents
fra n cs, à l’auteur du meilleur mémoire sur cette ques
tion :
Résulte-t-il des principes , tant physiologiques que pa
thologiques , émis par quelques modernes sur le traitement
des fièvres en général, des motifs suffisons de renoncer
à la doctrine des anciens sur la coction et les crises.
Les ouvrages destinés à concourir doivent être adressés,
francs de port, à M. Phélip, médecin , secrétaire-général
de la Société , avant le l . er septembre 1823.
Chaque mémoire doit porter en têle une devise , et
intérieurement les noms et l’adresse de l’auteur.
Tous les mémoires resteront dans les archives. Le
bulletin du mémoire couronné sera seul ouvert. Les
auteurs auront seulement la faculté d’en faire prendre
copie sans déplacement.
Les membres ordinaires de la Société , et ceux d’entre
les concurrens, qui se seront fait connaître d’une ma
nière quelconque t sont seuls exclus dp concours.
�( 5i © )
T o u t e s les entreprises- littéraires naissantes n’oflrcnt
pas un intérêt sur lequel on puisse toujours compter.
Aussi , par les prospectus, principalement destinés à en
démontrer l’utilité , peut-on seulement faire entrevoir
ce qu’elles seront par la suite. Mais à l’époque où
lé public impartial est à même de juger si l’on a été
fidèle à ses promesses, la conduite passée deviens
un sûr garant de celle qu’on se propose pour l’avenir.
L ’ O b s e r v a t e u r d e s s c ie n c e s m é d ic a l e s paraît depuis
deux ans. Dix-huit livraisons publiées régulièrement,
alors même que des circonstances particulières con
tribuaient à en entraver la publication , ont mérité
les suffrages d’un grand nombre de médecins, de litté
rateurs et de magistrats.
Dire que le conseil-général de Préfecture des Bou
ches-du-Rhône a recommandé ce journal à la bien
veillance particulière du Gouvernement ; que M. le
comte de V illeneuve, Préfet , a désiré qu’il fut en
voyé dans les principales communes du département
des Boucbes-du-Rhône j que M. le marquis de Montgrand , maire , a souscrit pour plusieurs exemplaires de
ce recu eil, en faveur de la bibliothèque publique de
Marseille ; que la Société royale de médecine de cette
ville a cru devoir y insérer les bulletins de scs importans travaux, comme pour lui donner un témoignage
de son estime j qu’il a été généralement regardé comme
Un moyen très - propre de faciliter la communication
des lum ières, pour les gens de l’art des provinces
méridionales de la France , pour les officiers de santé,
surtout, qui exercent dans les campagnes , e tc ,, c’est
prouver mieux que par des raisonncmens captieux,
les avantages dont I’O b s e r v a t e u r d e s s c ie n c e s m é d i
c a l e s est susceptible.
Encouragé par l’assentiment des premiers magistrats
BT
�(
320
)
du département des Bouches-du-Rhône et de Marseille, e£
par le vœu de ses collègues, M . Roux , dans l'année qui
vient de s’écouler, ne s’est pas borné à accomplir ses pro
messes suivant le plan qu’il s’était formé , il a de plus fais
pressentir , il a même annoncé qu’il s’attacherait à don
ner une nouvelle force à son recueil périodique. On peut
se former une idée de cette annonce par le tableau que
nou* allons tracer des matériaux qui doivent être insérés
cette année dans I’O b s e r v a t e u r d e s s c ie n c e s m é d i c a l e s ;
Les observations intéressantes figureront les premières;
p u is, les mémoires, les dissertations, les notices né
crologiques sur les gens de l ’art qui se seront distin
gués par leurs talens et une saine pratique. Ensuite
l ’analyse des ouvrages nouveaux de médecine , et de*
comptes rendus des Sociétés de médecine du Midi de
la France ; 4 -a nous publierons à des époques indétermi
nées , un aperçu sur l ’état actuel des sciences mé
dicales aux facultés de médecine de Paris , de Montpel
lier et de Strasbourg; 5 .° nous donnerons sous ce titre :
R e v u e t>es J o u r n a u x , des extraits raisonnés de tous
les journaux de médecine nationaux et étrangers , et
particulièrement du journal de pharmacie ; 6.° nous réu
nirons sous le titre VAPtIÉTÀs divers articles et annon
ces qui auront trait principalement à l’état présent de la
médecine à Marseille , et à l’état sanitaire de cette ville
et du département des Bouches-du-Rhône. Mais ces
articles et ces annonces n’auront à l’avenir aucun rap
port avec les individus, le journal ne devant point ren
fermer de personnalités.
Nous continuerons d’enrichir I’O b s e r v a t e l r d e s s c ie n
ces m é d ic a l e s des Bulletins Je la Société royale, de mé
decine de Marseille , dont les nombreux et importons
travaux l’ont placée depuis long - temps au ra,tig des
premières Sociétés médicales de la France ; pour don
ner un degré d’intérêt de plus à ce Journal, nous y joira-
J
�< 32i >
dron* des gravure*etdes dessins lythographiés, quand le*
sujets dont il sera traité le* réclameront, et de temps à
autre le tableau de* observations météorologiques faite*
par M. le directeur de l’Observatoire royal de Marseille ;
enfin nous ne négligerons rien pour le rendre de plu*
en plus digne de tou* le* suffrages.
Comme en 1822 , l'ouvrage sera composé de deux
tomes, publiés dans l’année en douze livraisons , in-8.%
de 35 lignes, sur beau papier , caractère petit romain.
( Il est bon d'observer qu‘en 1821, six livraisons seule*
ment, mais plus considérables , formèrent les deux tomes,
dont le prix est le même que pour les tomes subséquens).
Chaque livraison sera de trois à quatre feuilles d’impres
sion , et d’une ou de plusieurs en sus , si l’abundanca
des articles les exigeait. L ’une d’elles sera consacré*
au Bulletin de la Société royale de médecine.
Bien que les dépenses doivent augmenter par l’addi
tion de gravures , etc., le prix de l’abonnement est
maintenu à quinze francs par an pour Marseille , et
à dix-huit f anes pour les autres lieux de la France.
Une liste des nouveaux abonné* sera imprimée à la
fin du sixième tome.
L e montant de l’abonnement doit être adressé d’a î
Vance et franc de port, ainsi que les lettres, mémo*»
res , observations , etc. , à M. le docteur P.-M . R oux,
propriétaire et rédacteur - général de I’O b s e r v a t e u h
c e s s c ie n c e s m é d i c a l e s , membre de plusieurs Société*
savantes françaises, correspondant de la Société mé*
dicale de Stockholm , e tc., place des Q uatre-T ou rs ,
N .* 2 , à M arseille, où l’on pourra «c procurer la col*
lection du journal.
T .I Y .
î?
�AVI S
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc. , de ses membres soit titulaires , soit
torrespondans , qui lui paraissent dignes d'être publiés,
elle n a égard quà l'intérêt quils présentent à la science
médicale ; mais quelle n entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs ,
et qui nont pas encore la sanction générale.
�( 5a 3 )
BULLETINS
DB
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
« M W V I i U n i t l U U V \ V V \ > U V l l « I W M I I lW \ W % « U V M
D écembre 1822. — N.0XII.
« m tM V V iW b V V V M W r V M M X W M lU M W V M
O b s e u v a t i o n d'une maladie simulant celle appelée
JitU’re jaune , recueillie à Marseille dans le mois d'oc
tobre 1821 , par M. F lorv , D .-M ., membre titulaire
de la Société royale de médecine de Marseille.
J e fus appelé le 6 octobre au soir pour donner
mes soins à la nommée Virginie, âgée de vingt-trois
ans, fortement constituée , employée en qualité do blan
chisseuse dans le lavoir public dit de la Palud, où
elle demeurait. La maîtresse de l’établissement, qui
vint me chercher pour soigner cette personne , m’as
surait pendant le temps que nous mimes à nous ren
dre auprès d’elle, que son état n'était point allarmant ;
cju’elle se plaignait seulement d’un violent mal da
tète , accompagné de vomissemens et qu’une simple
potion émétique suffirait pour la remettre ; mais qu’on
n’ avait point voulu l’administrer sans m’avoir consulté.
L ’état de la malade , qui n’inquiétait nullement les
gens qui l'entouraient, me parut être au premier coupd’œ il, d’une nature très-grave, par la ressemblance
que je crus y prouver avec les maladies des Antil
les j en effet, à l’abattement excessif que j ’aperçus
�( 3^4)
c h e i cette personne dont le système musculaire était
très - prononcé , se joignait une grande rougeur du
visage et des yeux , ainsi qu'une forte céphalalgie et
des vomissemens de matière verdâtre , répétés toutes
les demi - heure» à peu-près ; elle était couchée sur
le dos et répondait par des monosyllabes ; sa peau
était sèche et brûlante , son pouls très-plein et d'une
dureté remarquable , la langue rouge , peu humectée ,
l ’épigastre était sensible au toucher , le ventre dans
un état ordinaire et la région des reins douloureuse :
j ’appris que la malade avait fa it, depuis quelques
jours , des excès dans son travail , soit en lavant une
grande quantité de linge , soit en restant long temps
exposée à l’ardeur du so leil, et que depuis la matinée
du 6 , c’est-à-dire, le jour de ma première visite , elle
s’etait mise au l i t , se plaignant d’un violent frisson ,
dont la durée avait été de trois heures.
Mon premier soin fut de désabuser la propriétaire
du lavoir, ainsi que nombre de commères comme il
s’en trouve toujours chez les gens du peuple , sur la
sécurité dans laquelle elles étaient relativement à
l ’état de la malade, et l’on pense bien quel dût être
leur étonnement, lorsque je leur signifiais qu’elle était
attaquée d’une maladie dangereuse à laquelle je croyais
qu’elle succomberait sous peu. Je rejettai l’émétique
que la plupart des assistons proposaient comme un
souverain spécifique; et ayant la confiance des gens de
la maison , je mis en usage les moyens qui me paru
rent convenables dans cette circonstance ; mais la vie
était attaquée dans sa source et la malade ne tarda
point à succomber , comme on va s’en convaincre par
la suite de l’observation.
Je pratiquai sur-le-champ une large et copieuse sai
gnée du bras , je fis appliquer sur le front des com
presses trempées dans l ’oxicrat et renouvelées fréquem-
�( 3s5 )
m ent; la malade fut mise à l'usage de la limonade
froide et j’ordonnai qu’on entr’ouvrit une petite fenêtre,
la seule qui se trouva dans sa chambre.
La nuit fut assez calm e, la malade goûta quelques
instans de repos , mais le 7 au m atin, les symp
tômes de la veille reparurent tout aussi formidables ;
la douleur à l’épigastre était plus forte , l’assoupisse
ment plus marqué et ne cessait que pour faire place
à des vomissemens plus foncés que les précédens ; la
peau était brûlante , le pouls seul était dans un état
voisin du naturel , le corps offrait une couleur jaune
semblable à celle qui se manifeste dans les maladies
qui affectent le* Européens à leur arrivée aux A n tilles,
et l’urine était supprimée. Je posai de suite huit sang
sues à chaque tempe et je les laissai couler pendant
six heures : l’assoupissement parut diminuer , la malade
pût articuler quelques paroles et elle se plaignit d’une
forte douleur à la région des reins. Comme l’épigastre
était toujours sensible et que les vomissemens ne di
minuaient po in t, je mis quinze sangsues sur cette partie.
L ’état de la malade sembla s’améliorer , je fis conti
nuer pendant la nuit les compresses froides ainsi que
la limonade.
A ma première visite du 8 , je trouvai l’assoupisse
ment redevenu considérable, les vomissemens n’étaient
point aussi fréquens, mais leur couleur était brunâtre,
la malade ne semblait éprouver aucune sensation dou
loureuse , lorsqu’on comprimait l’épigastre et par con
traire , elle en ressentait quand on palpait le ventre qui
«tait devenu dur et tendu : l’ictère était plus prononcé
et la suppression d’urine persistait. Voyant que malgré
les soins les plus assidus , la maladie fesait des progrès
rapides et pensant avoir employé les moyens rationnels ,
à l’exception des bains , dont la localité ne me permit
pas de faire usage, je demandai une consultation, qui
�( '2 6
;
me fut refusée , cependant la propriétaire du lavoir se
rendit chez IYÏ. le docteur Rey, qui vint de suite auprès
de la malade. Nous l’examinâmes de concert, et jugeant
que le ventre était le siège d’une vive inflammation ,
nous appliquâmes sur cetle partie quarante sangsues
qui coûtèrent jusqu’à midi. Ce moyen n’amenant point
de résultat avantageux , nous posâmes quelques moment
après un vésicatoire à chaque jambe et un fort sina
pisme aux pieds , mais l’inflammation de ventre avait
été si violente, que le passage à la gangrène fut extrê
mement rapide , et la malade succomba vers les cinq
heures du soir. La nécropsie fut empêchée par les parens , j’observai seulement que le cadavre offrait une
teinte fort noire.
Cette maladie dont la marche a été extrêmement ra
pide , puisqu’elle a parcouru ses périodes dans moins
de trois jours , se rapproche , comme je l'ai déjà d i t ,
de celle qui règne en Amérique et que l’on nomme fièvre
jaune. Ayant eu l’occasion de voir cette dernière dans
les lieux où elle frappe un grand nombre de victim es,
j’ai pû me convaincre de cette ressemblance ; je ferai
seulement observer que dans les Colonies , on voit ra
rement les malades avoir un assoupissement aussi pro
noncé comme chez le sujet de cette observation, je
l’ai vu cependant quelquefois ; mais le plus souvent les
malades conservent jusqu’au dernier moment leurs fa
cultés intellectuelles; ils s’agitent dans leur lit en poussant
des cris horribles , portant sans cesse les mains à la
région épigastrique comme pour en arracher un corps
qui les brûle ; bientôt après , ils sont épuisés de fati
gue et couverts de sueur , ils font encore de nouveaux
efforts pour s’agiter dans tous les sens et jettent des cris
plaintifs , jusqu’à ce que la mort vienne les enlever à
leur souffrance.
�( 327 )
OllSETlVATION sur une fièvre qui a présenté de Fanalogie
avec la fè v r e jaune , suivie de quelques réflexions cli
niques , par M. F obcade , D -M. , membre titulaire de
la Société royale de médecine de Marseille.
L e sieur Damian, âgé de cinquante-deux ans, d’une
forte complexion, sans profession, et n'ayant jamais
éprouvé de maladies graves, b u t, le 7 de ce mois
( août 1822 ) plusieurs verres d’eau froide , pendant
qu’il éprouvait une sueur abondante ; il eût dans la
soirée du même jour des maux de ventre, une violente
douleur de têt», une fièvre forte , qui l’obligèrent de
s’aliter.
Appelé auprès de lu i, le 8 au m atin, je le trouvai
assoupi, les yeux légèrement injectés , face animée ,
langue chargée dans toute «on étendue, bien humectée,
respiration un peu pénible , ventre légèrement tendu ,
sans épigastralgie , pouls accéléré , dur , résistant à
la pression , urines chargées , lassitude des membres.
( diète très-sévère , tisane délayante ). Revenu près
du malade quelques heures après et trouvant le pouls
dans le même état, avec une continuelle propension
au som m eil, je pratiquai une abondante saignée, ce
qui dégagea la tète presque subitement ( lavement ,1e
soir ).
L e 9 au matin , l’assoupissement avait reparu, le
pouls était beaucoup plus souple , mais il battait irré
gulièrement , la langue extrêmement chargée dans toute
son étendue, limoneuse et parfaitement humectée, ventre
un peu tendu sans douleur fixe , urines très-chargées.
( un grain de tartre stibié dans une caffetière de tisane
à boire dans le courant de la matinée ). Le soir il
avait eu cinq à six selles copieuses et bilieuses, ce
qui parut soulager sensiblement et fit totalement dis-
�( 528 )
paraître l'assoupissement, le pouls était toujours îrrégu»
lier et conserva ce caractère jusqu’à la fin.
Le 10 au m atin, quatrième de la maladie , la nuit
avait été extrêmement agitée par un violent renfort
de lièvre. Tête libre , langue toujours chargée et hu
mectée , respiration un peu pénible , pouls irrégulier
et mou, ventre dans un état d’endolorissement, urines
chargées. ( diète , lavement , limonade ). Le soir
même état du pouls , affaissement m arqué, bas-ventre
un peu tendu, commencement de toux , peu fréquente
à la vérité , mais amenant avec peine quelques mu
cosités ( fomentation émollientes sur le bas-ventre et
lavement après ).
Le i i au m atin, cinquième jo u r, la nuit avait
été moins agitée que la précédente , quoique le paroxisme eut eu lieu ; commencemeilt d’un état adynamique
bien caractérisé, bien que la tête soit dégagée, lan
gue humectée mais chargée dans toute son étendue ,
pouls toujours irrégulier, mollissant un peu par la
pression, ventre un peu tendu, urines rares , selles
nulles , habitude du corps chaude et sèche , abattement
et mal aise quand le malade 'veut se dresser sur son
l i t , toux peu fréquente , mais profonde , amenant une
difficile expectoration de mucosités. ( tisane de chien
dent , potion avec l’huile d’amande douce , le sirop de
gomme, deux grains de camphre à prendre par cuil
lerées ).
Le 12 , sixième jo u r, la nuit avait été mauvaise ,
quelques petites déjections de selles bilieuses et fétides
avaient eu lieu. Jaunisse générale, envies de vom ir,
ventre un peu balioné , urines n u lles, pouls toujours
irrégulier. ( large cataplasme de mauves et de graines
de lin sur le bas - ventre , tisane de chiendent dans
la matinée). Le malade a vomi à plusieurs reprises et
avec de grands efforts des matières roussâtres et glai-
�( ^39 )
relises. Le soir le vomissement avait encore eu lieu ,
point d’urines sans ballonnement ni douleur de la vessie ,
point de selles ( continuation du cataplasme , tisane
acidulée avec l’acide sulfurique affaibli , même potion
que la précédente. )
L e 13 , septième jour , même jaunisse , vomissement
moindre , point d’urines ni de selles , pouls toujours
irréguliers , tète libre ; langue toujours humectée et
très-chargée ( même prescription). Je demande une
consultation qui m’est refusée, crainte d'épouvanter
le malade.
L e 14 > la nuit a été mauvaise , le vomissement a
reparu il est noirâtre, commencement de hoquet , un
peu d’urines très-chargée après trente heures de
suppression absolue (tisane fortement acidulée, même
potion ). Le soir le vomissement a cessé pour ne plus
reparaître , point d’urines , le hoquet a augmenté.
Le i 5 , la nuit a été orageuse par la violence du
hoquet, jaunisse forte , pouls irrégulier, un peu d’u
rines , selle* bilieuses et fétides , prostration des forces.
( synapisme sur l’épigastre et à la plante des pieds ,
cataplasme de graines de lin sur la vessie , tisane for
tement acidulée , potion camphrée ). Le soir le hoquet
a cessé par l’effet de la moutarde , beaucoup de selles
bilieuses , les mines ont reparu.
L e 16 , langue sèche , hoquet plus intense , selles
* copieuses , urine plus abondantes , expectoration de ma
tières muqueuses , mal-aise et angoisses ( renouvelle
ment du synapisme à l’épigastre ).
Le 1 7 , langue toujours sèche, hoquet, jaunisse forte
et beaucoup plus foncée , pouls petit et irrégulier ,
sueurs partielles , ventre ballonné , grande agitation et
souffrance du malade , mouvement continuel de tout le
corps , sans trouver une bonne place. ( Potion avec le
T . IV .
38
�( 55o )
IM
il
kina et le camphre). Continuation des mêmes symptôme^,
mort survenue le soir au milieu d’une agitation et
d’un état de souffrance générale, que le malade ne peut
décrire ni préciser, sans aucune espèce de délire.
Réflexions. Par la raison qu’une maladie règne toujours
épidémiqui-ment en certains li< uxj par la raison qu’elle est
endémique en d’autres , parce que les causes locales
sont toujours là pour la reproduire , cette même ma
ladie ne peut - elle pas régner sporadiquement plus loin
quand quelques circonstances locales s’y trouveront
réunie*? Telles sont les réflexions qui me sont suggé
rées par l’observation dont je viens de donner le.s détails.
Le mot fièvre jaune qui épouvante tant le vulgaire
crédule et qui est évidemment exploité par certains
médecins , moins crédules , mais plus adroits , pour ar
river à certaines fins , n’a rien d’effrayant pour le mé
decin sage et instruit qui ne cherche que la vérité , et
qui aime à se rendre raison de ce qu’il voit et de ce
qu’il fait.
Si l’on veut mettre tout préjugé à part et écarter de
la signification d’un mot tout ce que la froide raison
ne saurait y reconnaître , l’on conviendra que la pra
tique nous présente au moins dans le Midi de la France ,
des maladies sporadiques dont la marche et les symp
tômes sont absolument semblable* à la fièvre jaune. A.
priori , si ces maladies peuvent paraître sporadiquement
par des causes particulières , faut-il être surpris qu’elles
puissent se déclarer épidémiquement ensuite sans le
secours de la contagion , quand les causes propres à
la produire sont générales ?
Quel esl le praticien qui ne reconnaît dans les fièvres
rémittentes bilieuses très-intenses qui régnent pendant
un été (h»ud,de fortes analogies avec la fièvre jaune ?
D es médecins judicieux n’ont-ils pas fait de pareilles
remarques dans les maladies qui survienntn. a la i.n
�( 33i )
de l'été, aux environs des marais d’Istre , d’Hières, dont
nous sommes peu distans J Pour peu de notions que l’on
ait en météorologie , on sait que dans les excessives
chaleurs on a à craindre les affections bilieuses de mau
vais caractère , les phlegmasies gastro - intestinales et
hépatiques. Pour peu que de petites pluies, survenant
irrégulièrement , embrasent de nouveau notre atmos
phère , par les exhalaisons qu’elles feront émaner de
notre sol torréfié , quels résultats fâcheux ne pouvonsnous pas craindre , et si quelque maladie de la nature
de celles citées plus haut, se présente à l’observation,
irons-nous accuser injustement un malheureux navire
qui , d’oufre-m er, viendra bénévolement relâcher dans
notre port? Or , comme la fièvre peut naître et naît évi
demment sans le secours de la communication , pour
quoi des causes analogues à celles qui la produisent
dans d’autres contrées ne pourraient-elles pas l’engen
drer chez nous ?
Ces réflexions tendent à prouver que la fièvre jaune
n’a nullement besoin d’un levain spécifique pour être
produite. Si l’on voulait se convaincre de cette vérité ,
on ne s’efforcerait point à chaque épidémie à trouver
bon g ré, mauvais gré, un foyer de contagion, en ayant
recours à des enchaînement de circonstances invrai
semblables.
ObSEF.VATlONS sur une fièvre ataxique et une fièvre
quarte guéries par le suljate de qumme , par .1'/.
R eY olat , f i s , D .-M . , correspondant de la Société
royale de médecine de Marseille.
Fièvre quarte. — Magdelaine Pujoz , de Bergerac,
âgée de 24 ans s d’une forte complexion, d’un tem
pérament bilieux , domestique à Bordeaux et vaquant à
des travaux pénibles , ayant été exposée pendant plu--
�( 552 )
sieurs jours à une forte pluie en septembre 1821 , eut
un accès de fièvre le 26 de ce mois.
Un second accès eut lieu le 29 , et six autres , les 2 ,
5 , 8 , 1 1 , 14 et 17 d’octobre. Elle se borna pour tout
remède durant ce long intervalle , à une décoction de
- chiendent, chicorée et citron.
Je n’eus occasion de la voir que dans le cours de
l ’accès du 17 octobre Je prescrivis pour le lendemain
un émétique ( deux grains de tartrate antimonié de po
tasse dans douze onces d’eau distillée ) qui donna lieu
à des évacuations bilieuses considérables par haut et
par bas.
Le jour suivan t, un purgatif préparé avec le séné
mondé , la rhubarbe , le sulfate de soude et la manne ,
produisit des selles abondantes de même nature.
Le 20, accès dont le froid fut moins intense que le
précédent, mais sans différence de durée dans les
périodes.
Le 21 , dix grains de sulfate de quinine furent mis
en cinq pillulcs , et celles-ci données une par une , de
trois en trois heures , avec une demi-tasse d’infusion
légère de café. Même remède le 22. Point d’accès le 23 .
Six grains du sulfate fébrifuge furent administrés le
24 et quatre le 25 . Depuis lors aucun accès , conva
lescence et guérison.
î l.e OnsEnrATiON . Filvre ataxique----Pierre Coulnn.
ouvrier chaudronnier , âgé de 32 ans , d’un tempérament
bilieux et nerveux , enclin depuis plusieurs années à la
mélancolie par suite de peines morales, a été atteint
d’un accès de fièvre violent, le 12 juin dernier.
Un second accès , dont j’ai été le témoin le 1 4 , a été
marqué par un froid intense durant quatre à cinq heures,
un vomissement abondant de bile porracée/, une soif
excessive , une chaleur et une aridité extraordinaire de
!a peau, une légère teinte ictérique , une céphalalgie
�( 533
)0
sus-orbitaire intolérable, un délire sourd, des mouvemens convulsifs dans les membres inférieurs, et£., e tc.,
et s’est terminé , an bout de i i heures , par une sueur
abondante et une prostration de foi ces trop remarquable,
pour ne pas redouter l’invasion de l’accès suivant, et
ch erch er, sinon à le prévenir, du moins à l’affaiblir
et espérer par-là le succès du traitement.
Une potion composée de douz.e grains de sulfate de
quinine, deux onces sirop d’écorces d’oranges , une
once d’eau de m enthe, deux onces d’eau de tilleul et
trente gouttes d’éther, a été donnée le i5 au malade,
par cuillerée de deux en deux heures alternativement avec
une infusion théiforme de fleurs de tilleul , acidulée avec
le suc d’oranges, quelques légers bouillons et parfois
quelques cuillerées d’eau sucrée vineuse.
L e 16 , l’accès a été retardé de 8 heures , le froid
n’a duré que trois quarts d’heure • mais la chaleur a
été très-intense , le délire précoce.
Deux larges cataplasmes de farine de maïs et de mou
tarde en poudre , ont été appliqués à la partie interne
des cuisses. La boisson a été nilrée.
Une potion composée de quatre grains de camphre,
d’une drachme d’acétate ammoniacal, une once sirop
d’écorces d'oranges et trois onces d’eau distillée, a été
donnée par cuillerées ; une sueur considérable a amené
la fin de l’accès , les forces ont été moins affaiblies.
L e ly même traitement que le i 5 , suivi de la con
valescence.
L e malade est sorti le i 5 de ses appnrtemens et ne
conserve qu’un peu de faiblesse dans les membres in
férieurs, la pâleur de la face et son premier penchant
à la mélancolie.
�(
SÉANCES
TENDANT
534 )
DE
LE
M OIS
LA
DE
SOCIÉTÉ
NOVEMBRE
l8 2 2 .
2. Novembre. — Organe de la commission chargée
d’examiner le projet do M. Scgaud relatif à l'érection
d’un monument à la mémoire des gens de l’art morts
glorieusement, M. Sue lit son rapport dont les con
clusions, tendantes à ce que ce projet soit accueilli
et qu’une nouvelle commission soit nommée pour
s’occuper des moyens propres à le mettre en exécu
tion , sont adoptées à l’unanimité. En conséquence
une commission, composée de MM Segaud, Goulin,
Força de , Vernet , Sarmet, h o u x , Feste , Seux , T extoris et Sue , est chargée de cette dernière tâche.
9 Novembre. — M. Flory lit une observation sur
un gonflement du poignet , résultant de la suppression
d’une blennorrhagie et guéri par l’introduction dans
le canal de l’urètre d’un cylindre de garou trempé
dans le vinaigre.
M . Heymonet fait ensuite lecture d’une observation
sur une tumeur anomale très-volumineuse , située à la
face postérieure du col et radicalement guéiie par
1 extirpation
M. Textoris, rapporteur de là commission ci-dessus
désignée , développe les dispositions qui paraissent
les plus convenables pour procurer les fonds neces
saires à l’établissement d’un hôpital qui, en transmet-*
tant à la postérité les noms des médecins , victimes
de leur généreux dévouement, aurait un but d’atilité
i celle en offrant un asile aux marins malades de toutes
les nations j il est délibéré que cé mode de souscrip
tion sera soumis aux autorité* locales,
�c 555 )
La séance est terminée par le scrutin de MM.
jflory et Heymonet. Ils sont reçus à l’unanimité mem
bres titulaires résidans.
iG Novembre. — M. le secrétaire fait part d’une
lettre de M. Parut, médecin à L yo n , servant d'envoi
à un exemplaire de l’éloge historique de C.-L. Dumas.
( Dépôt dans les archives ).
Lecture est faite ensuite du rapport de M. Roua; ,
organe d’une commission chargée de l’examen d’une
proposition d’abonnement à divers journaux de méde
cine. Les conclusions en sont adoptées à l’unanimité.
iZ Novembre. — M. J. Beullac lit son rapport sur
la dissertation de M. 1« docteur T a x i!, portant pour
titre : règles générales pour la ligature des artères,
anatomie chirurgicale de celles des membres abdomi
naux et procédés opératoires pour lier ces derniers
'vaisseaux ( avec des planches lithographiées. )
Le reste de la séance est consacré aux conférences
sur les maladies régnantes.
S E G A U D , Président.
S u s , Secrétaire-général.
FAU TES E SSEN TIELLES A CORRIGER.
Pag. 65 , ligne
dissertation.
21 , au lieu de dissection , lisez :
Pag. 244 , ligne 1 , on a indiqué, lisez : on a invoqué.
s
�( 335 )
LISTE
Des Personnes et des Sociétés qui ont souscrit à ce
jou rna l, ou auxquelles il a été adressé en 1822, indé
pendamment des cent soixante-cinq personnes et sociétés
portées sur la liste (1) des souscripteurs , pour l'année
1821.
Académje (/’) de médecine de Madrid.
Académie (/’) de médecine de Barcelone.
Aillaud , docteur en médecine , à Marseille.
A m alric, idem , à Nismes.
Amédée-Dupau , idem , à Paris.
Andravy , docteur en chirurgie, à Marseille.
Andravy , fils , à Marseille.
André , docteur en médecine et en chirurgie , à M arseille.
Astoux , pharmacien , à Marseille.
Bally , docteur en médecine , à Paris.
Barrey , idem , médecin des épidémies , à Besançon.
Broussais , idem , à Paris.
Camoin , docteur en chirurgie , à Odessa.
Cazals , docteur en médecine , à Agde.
Chirol , pharmacien , à Marseille.
C oste, directeur des tablettes universelles , à Paris.
Cou ret, pharmacien , à Marseille.
De vèze , D .-M ., médecin du Roi , à Paris.
Ducros , docteur en médecine , à Marseille.
Dufour , idem , à Livourne,
Dutertre , libraire, à Marseille.
Forcade, docteur en médecine , à Marseille.
(1) Voye» U T . 2 , pcg. 288 cl suiv.
�< 537 )
Feraud , pharmacien, à Marseille.
Frison , chirurgien , à Marseille.
Gabon , libraire , à Paris.
Gabon , fils , idem , à Montpellier.
Gaz , docteur en médecine, à Marseille
G ueit, docteur en chirurgie, à Marseille.
Gintrac, professeur à lécole de médecine de Bordeaux.
Girard , docteur en chirurgie , à Marseille.
Goullin , docteur en médecine, à Marseille.
Jacquin , médecin du R o i, à Valence.
JeaufFret, bibliothécaire de la ville de Marseille.
Krapp , chirurgien-major , à Stockholm.
Larousse , pharmacien , à Marseille,
Lassis , docteur en médecine , à Fontainebleau.
Levrault , libraire , à Strasbourg.
Lordat , doyen de la faculté de médecine de Montpellier.
M aire , libraire , à Lyon.
Molin , docteur en médecine , à Beaunes.
Paoli , Dominique , naturaliste , à Pézaro.
Plendoux , docteur en médecine , à Nismes.
Picard , idem , à Marseille.
P ierquin, idem , à Montpellier.
Piguillem , idem, à Barcelone.
P y , idem à Narbonne.
Poutet, pharmacien , à Marseille.
Ragaud , idem , à Marseille.
Revest , J.-A., administrateur de la santé publique, à
Marseille.
Revest j Mathieu-Dominique, étudiant, à Marseille.
Reimonet , pharmacien , à Marseille.
Rochoux , docteur en médecine, à Paris.
Roux , J.-N. , idem , à St.-Maximin.
Seisson, médecin , à Marseille ,
Serrières, idem , à Nancy.
T . IV .
59
�c 358 )
Sigaud , médecin , à Marseille.
Sue , idem , à Marseille.
Sot iété des sciences médicales de Metz ( les membres
de la )
Société de médecine - pratique de Montpellier. ( les
Membres de la )
Société medicale d’émulation de Paris, les membres d e là )
Terrassnn , imprimeur , à Marseille.
Tcxtoris , D .-M ., médecin de la marine , à Marseille.
Thumin , pharmacien , à Marseille.
T itan , pharmacien , à Marseille.
T'io , docteur en médecine , 3 Marseille.
Valentin, Louis , idem , à Nancy.
Ve n d , docteur en chirurgie, à Marseille.
Villermé , docteur en médecine , à Paris.
N. B . Quarante exemplaires de VObservateur des
teienres médicales sont distribués dans les principales
communes du département des Bouthes-du-llhone.
Fix nu
tome quatrième .
�D es
A
uteurs
et
d es
M
TOME
atières
contenues
dans
e
*
Q U A TR ifiliE.
i.° A U T E U R S .
A ronssoun, pag. 12 1.
Berzélius, pag. 007. Bonastre , igg. Boriés , 299.
Boutron-Charlard, j 9.
Caventou , pag. 149. Cazajs , 170. Chevalier, 25 . 155.
807. Couret, 25 . ! g 3 . 196. 307. C iouzet, xo5 .
Desgranges, pag.
2 IJ.
Ducasse , 5 . Dufour, 33 .
Ferrez , pag, 104. Flury, id . 3 a 3 . Forrade, 79. 027.
Francis Cunningham , 180. Friedlander , 90.
Ca z ,p a g . 141. G illet, i f 6 .'Cintrai; , I37. Giraud , t i 3 .
Grojw ron , 219. Cuiaud , 188. 270. Guiraud , iü 5 .
Guyon , 203.
Henry , pag. 245. Hufeland , 5 ^5 - Huissén , lo i. Ilutchinsou , 5 1.
Imbert , pag. n 5 . Ives ,
,
Jenner, pag. 5 i.
Lafonl-Gouzi , pag. 2/jo, T aîné, 28. Limousin-EatnoUe ,
plu . Loüibeit , i£>5 .
1
�M ontagnier, pag, «04.
P aren t, pag. 3 io. Paschîer , 3i6. P a je n , 9.5. 1 55.
Pelletier, 149. Pierquin , 85 . 225 . 282. Piguillem ,
l 3 . Planche, 197,
Rampai, pag. 107, Reimonet, 20. R evolât, 33 1. Ricard,
7a. Richard-Calve, 25 j . Robiquet, 3i2. Rochoux,
i 5 d. Rousseau, 88. Roux, J--N. 65 . 177. Roux, P.-M ..
3 . 20. 76. 88. i o x . 149. i 5 J. ig3. 2 o 5. 240. 248. 5 o3 ,
3 [4.
Salvatori , pag. 3 r. Sarmet, 299. Sat , 108. Sigaud , 29.
S ilv j , 25 i . 8ue , 289.
T o u rn e l, pag. 92. Tinchant , 141.
V alentin, pag. Oiy. Vaudin , l 55 . Y ire y , 27. g 5 . 196.
2.0 M A T I È R E S.
A nalyse de la doctrine nouvelle sur la reproduction de
l homme , pag. 1^1. — Du journal de pharmacie, 20.
93 . 149. 19b 2 ;5 . 307. — D’un ouvrage concernant les
prisons , 183. — D'un autre sur les caractères des
contagions pestilentielles , 2.4o, — D ’une dissertation
sur lu peste, jo 6 . D ’une autre sur la gast. ite chronique,
107. — D ’une autre sûr Turétritis , 108. — D ’une
autre sur la ra g e, 110. — D ’une autre intitulée:
Recherches sur l’ ulcère cancéreux de la matrice , 20.
Du formulaire de Montpellier , 299/ — D ’un
mémoire sur les fièvres en opposition à la nouvelle
doctrine, 289. — D'un autre sur les propriétés médi
cinales de la lupuiine , I62. — D ’un autre sur le
houblon, etc., 8 5 . — D ’un autre sur les amputations,
92. — D’un autre sur la pistache de terre, g 3 . —
D ’ un autre sur le charbon , comme substance déco
lorante , 9 0 .— D ’un autre sur a classification des
�sirops , etc. 200. — D ’un autre s-uv un procédé pour
obtenir la strychnine , i/fS. — Du traité des mala
dies des yeux de Scarpa , 85 .
Analyse chimique du remède de Leroy, pag. 104.
D e la résine élémi, tqg. — Des bourgeons de peuplier
noir , 3 i 1. — Des enveloppes des œufs de sèche, 007.
Annonces , pag. i 5y. 16a. 208. 3 i 6 .
Bulletins de la Société royale de médecine
seille , pag. 33 . n 3
de Mar
Considérations physiologiques sur les odeurs,etc. ,pag.
270. — Considérations sur la petite-véjole , 194. —
Sur l’existence du soufre dans les végétaux.
Création d’un comité de salubrité publique à Bordeaux,
pag. 1 56 .
—
Électuaire de poivre composé, pag. i 52 .
Extrait du journal de médecine de la Catalogne , pag.
- l.
Dissertation sur la maladie de Livourne, pag. 33 .
Lettre sur la maladie de Barcelone , pag. i 3. — Sur
la doctrine de M. Broussais , î /^5. — Sur les pro
priétés des fumigations de so u fieet de nitre , 219.
Liste des Abonnés, pag. 356 .
Mémoire sur le tétanos, pag. 121.
'
Mot ( Un ) Sur l’a il, pag. 29. — Sur une araignée vési
catoire , 27. — Sur les annales de la médecine physio
logique, i 5g. — Sur un nouvel antidote, 1.90. — Sur
un prochain concours pour les places de chirurgiens
i . l r et 2.<i interne de l'hôtel-Dieu de Marseille, 248.
— Sur l’école de médetine d’Amiens , a48 . — sur
un cours de physique , i g 5 . — Sur l’efficacité de
l ’écorce du grenadier contre le tœ nia, ig 5 . — Sur
�l'efficacité du tartre stibié dans les inflammations da
poitrine, 5 if>. 317. — Sur celle de sulfate de quinine,
3 o/|.. — Sur celles des narcotiques en vapeur , 3 qo.
— Sur certains médecins, 3 r. 32 . 160. — Sur le
comité de vaccine de M arseille, 3 i 5 . — Sur l’exer
cice de la médecine, etc. , 204. — Sur la fièvre
jaune , 2o3. — Sur le journal phiüdotographique, io 3 .
— Sur le jury médical , 248. — Sur le lazaret de
lia tonneau , 207. — Sur une lettre adressée à M.
Broussais , 1 1 . — Sur les maladies régnantes, ' 111.
16a. 208. a 5o. 3 1 7 . — Sur le nitrate d’argent, i 35
— Sur un nouveau journal , i6 r. — Sur l’opium
retiré du pavot indigène, 28. — Sur un préservatifde la
scarlatine, 3 o3 . — Sur le p: ojet d’un nouveau lazaret,
3 i 3 . — Sur celui d’ un monument 160. 207. 249.' 3 io.
— Sur une propriété du Camp anala graminifolia ,
3 i . — Sur celle du carbonate «le fe r, ü i. — Sur
celle du houx. 88 . — Sur celle du bois amer de
l’ile de Bourbon. — Sur le remède de Lrrny , 205.
— Sur les sénrences des plantes légumineuses, 1 6 .
— Sur la Société académique de médecine , 248. —
Sur un traité des glaires, etc. 161. — Sur la
vaccine. 104.
Notes , pag 3 . i 4 5 . 146. 148. 177. — Sur le sirop
de chicorée du codex , 5 io. — Sur la purification
de l’opium par l’éther , 3 ia .
Observation sur deux abcès critiques, pag. i ; 3 . *“ ■
Sur une affection vénérienne dégénérée , etc. , 225.
— Sur un cas d’am ygdalite, etc. , 170. — Sur la
castration, 3 i 4 . — Sur l’emplàire de ciguë, 3 ïo .
— Sur une fièvre ataxique et une fièvre quarte guéries
par le sulfate de quinine, 33 t . — Sur une fistule
recto-vaginale , ü5 i. — Sur l’hémacélinose , 282,
— Sur l'inflammation de l’arachnoïde , 177. -, Sue
*
■
1
�une maladie simulant la fièvre jaune, 3 t5 . 527. —>
Sur l’opération «le la rhinoplastique , 63 . — Sur un
opération de cataracte , l 65 . — Sur une pneumonie
chronique, i 5y. Sur les rudimens osseux d’un fœtus
renfermés dans un testicule,go. — Sur une rupture
de la matrice , i (5 . — Sur un remède nouveau contre
la phthisie laryngée, 211. — Sur un vomissement
etc. , 75.
Phénomènes développés dans le traitement des calculs
urinaires par le chalumeau , pag. Zoj.
Prospectus , pag. 188. 3 ig.
Recherches sur la strychnine,pag. 149. — Sur l’osphalte,
27.
Relevé des registres de l’état-civil de M arseille, pag. 5 i .
112. 11>3 . 209. 250. 3 i 8.
Remarque sur la stéarine dans l'huile de ricin , p. 19g.
Revue des journaux , pag. 88. Jg3 . 5 o3.
Séance publique de la Société royale de médecine
Toulouse , pag■ 3 «■— De la Soc. roy. de mcd.
Marseille , 79. — De l’école royale secondaire
médecine de Bordeaux , t57.
Séances particulières de la Société royale de méd.
Marseille , pa■ >. 60, 1 rg. 174. 222. 271 334 Sirop anthelmintique de spigélie , pag. I02.
Sujets de prix, pag. n i . 163. 209. 5 18.
Variétés , pag. 29. io r. i 56 . 2o3. 248. 3 i 4 *
F i n UE LA TABLE DU TOME QUATRIEME*
de
de
de
de
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/355/BUT-TP40137_Observateur-medical_1825-Tome-05.pdf
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i p p o c r a t f
, ,
P.-M. R O U X , Rédacteur-General.
D escends du haut des cieu x , auguste vérité
Répands sur m es écrits ta force «t ta c la rté .
V o l t . H enr.
9
Tome 5
S . mtJ o d u i i é e D .
TOM E
C IN Q U IÈ M E .
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D escends du haut des cieu x , auguste vérité
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I
3.
��PREMIÈRE
PARTIE.
O B SE R V A T IO N S DE M ÉD E C IN E -P R A T IQ U E .
O b s e r v a t i o n et réflexions sur l'hypertrophie du coeur,
par ,J.-JS. R o u x , docteur - médecin à St. - Maximin
( Var ) , membre de plusieurs Sociétés de médecine.
________________________
Celui qui consacre *ts momcns de loisir
à communiquer aux autres les faits qu ’il
observe et le fruit de scs méditations ,
sera toujours eu butte aux traits de l ’ igno
rance jalouse. . Quelle sera sa réponse ?...
Un plus grand xèle et de nouveaux tr a
vaux.
«Du diagnostic seul découlent les indications curatives
fondées sur la raison. Sans lui l’huma nité esten proie
à l’empirisme aveugle , au hasard destructeur y>. C ’est
ainsi qu’un auteur moderne s’inscrit en faux contre
ceux qui veulent sinon révoquer en doute , du moins
diminuer les avantages de cette partie essentielle de
la pathologie. Louis (j) avait dit il y a longtemps :
« la science du diagnostic tient le premier rang entre
toutes les parties de l’art et en e^t la plus utile et
( j ) Me'moirri] d* l’ académie royale d« chirurgie , tome V*
�im -
^KKÊÊÊÊÊÊÊÊEÊÊÊÊ
4
(
)
îa plus difficile. Le discernement du caractère propre
de chaque genre de maladie et de ses différentes espèces
est la source des indications curatives : sans un diag
nostic exact et précis, la théorie est toujours en défaut
et la pratique souvent infidèle».
Je n’aurais pas recours à des citations , si quelques
personnes, en parlant de l’ouvrage de M. Laennec sur
l'auscultation médiate, n’avaient dit et répété souvent
que ce livre n’était tout que de diagnostic et que la
science n’en était pas plus avancée pour le traitement;
idée éminemment fausse et qui ne fait pas honneur
à ceux qui l’ont émise. S’il est vrai que dans quelquesunes des maladies dont M. ]_,aennec a traité , l’on ne
trouve que peu ou point de moyens curatifs , du moins
devons - nous convenir que le médecin s’en trouve
plus instruit, qu’il ne risque plus de tomber dans une
erreur grave et qu'il peut adoucir les derniers momens
des malheureux dont lu traitement lui a été confié.
Cet ouvrage n’offre point de chapitres consacrés au
traitement de chaque maladie , mais les observations
qui s’adaptent à chaque sujet , peuvent servir de base
à la conduite du praticien. Je veux prendre pour
exemple l’article hypertrophie du cœur.
11 n’est guère possible de mieux déterminer les
causes ( i ) , l e siège varié, les symptômes, et les progrès
de cette maladie. Dans ses observations , il démontre
( i ) M. B roussais , dans son examen des declrines médicales,
etc. , 2 e édition , pagè y
» reproche à cet auteur de n’avoir
58
jjo in t fait mention
qui phlogose les
du transport de l'affection rhumatismale
valvules
et les bourrelets
tendineux
ch*s
orifices , les rétrécit et produit l ’anévrisme ; je pense que
cette observation
est fondée , mais
passant que le chef de la
o n to lu g istc sans s’en doulef.
doctrine
je
ferai remarquer
physiologique
en
devient
�\
( 5 )
îa vérité de ce qu’il avance et quoique le meilleur
de ses critiques l’ait accusé d’être ennuyeux dans
ses descriptions anatomico - pathologiques , l’on doit
avouer qu’il ne laisse rien à désirer. Bien convaincu
par l’ouverture des cadavres et par son expérience ,
de ce qui se passait dans les organes, lorsque tel
symptôme se présentait, il a employé avec hardiesse
les moyens curatifs appropriés et il a été assez heu
reux pour pouvoir fournir quelques cas de guérison
qui doivent ranimer l’espérance du malade et le cou
rage du médecin.
C ’est ici que doit trouver place une observation
qui m’est propre et que je ferai suivre de quelques
réflexions..
O b s e ü v a t i o n . — Dans le mois de juin 1812*
j ’allai visiter dans le joli village de Brue aux environs
de Barjols , le nommé J. l'iv e l, cultivateur aisé et
âgé de soixante - cinq ans , qui, à la suite de peines
morales fort vives , se tiouvait dans l’état suivant
auquel il était arrivé par giadations insensibles : rou
geur de la face tombant sur le violet, lèvres livid es,
palpitations très-fortes et irrégulières dans la région
du cœur ; cet organe frappait avec force contre la
sixième côte sternale et dans l’espace compris entre
la sixième et la septième. La région xiphoidjenne
était le siège de phénomènes analogues, mais moindres.
Le malade ne pouvait se mouvoir sans augmenter ses
palpitations | imminence de suffocation pour monter
l ’escalier le plus doux. Le bas-yenlre présentait de
l ’infiltration dans ses tégumens , les parties génitales
avaient le volume d’une tète d’enfant. Une lumière
séparée de l’oeil par les bourses montrait celles-ci toutà-fait infiltrées de sérosité. Les extrémités inférieures
étaient énormes et une rupture de la peau était
mini nente dans plusieurs endroits. Le pouls avait des
�( 6 )
mouvemens isochrones à ceux du cœur. Je regrettai
de ne pas avoir sous la main un pectoriloque pour
explorer le bruit de l’organe principal de la circulation
q u i, à l’oreille nue et rapprochée des parois de la poi
trine, indiquait par un bruit sourd, difficile à décrire,
que sa force et son volume n’étaient pas en rapport
avec la colonne du sang.
Je fus frappé de l’identité de ce fait avec un fait
semblable que j'eus l’occasion d’observer sur un hom
me de cinquante ans , dans un vojage aux environs
de Perpignan, où j’eus l’avantage d’accompagner M.
Delpech, Le malade de ce savant professeur était dans
un état d’infiltration générale , la poitrine, les bras et
le cou étaient d’un volume très-considérable, les jambes
avaient des crevasses nombreuses par lesquelles il
s’écoulait de la sérosité ; de petites saignées furent
pratiquées , les diurétiques furent donnés à l’intérieur,
mais la mort survint peu de jours après. Quoique la
maladie fut très-avancée et que tous les organes fus
sent daus une espèce de décomposition , j’ai vu cet
homme se trouver soulagé après la première saignée.
Les personnes de l’art chargées de poursuivre 1« trai
tement ont elles bien suivi les avis et exécuté les
prescriptions de mon illustre maître? C’est ce que je
n’ai pu savoir.
Je prescrivis ici le même traitement : une saignée de
six onces fut faite sur-le-champ et répétée à des époques
déterminées et rapprochées. J’administrai à l’intérieur
la poudre de scille nilrée de Van-lielmont , à la dose
de douze grains par jour. Ce diurétique eut des effets
merveilleux , il provoqua jusqu’à trente-deux évacua
tions en une heure dans le commencement. Le régime
fut sec , les saignées dont le nombre fut ensuite dimi
nué détruisirent la cause de l’infiltration et en moins
de vingt jou rs, J, Tiytl se trouva dans un état salis*
i
�(
7
)
faisant et il put aller surveiller ses paysans. La saignée
est re'pétée de temps en temps. Toutes les fonctions
se font bien , le cœur a des mouvemens plus forts qu’à
l’ordinaire, mais bien moins violens et moins irréguliers
qu’autrefois.
I. La rougeur de la face et la lividité des lèvres
ont été données comme symptômes des maladies du
cœur , mais outre que ces signes ne sont pas constans,
ils ne peuvent pas'faire distinguer, eux seu ls, quelle
espèce de lésion organique il existe. Le pouls est quel
quefois fort , quelquefois il est faible.
II. Des signes qui sont plus certains, sont : une im
pulsion plus forte et un bruit plus sourd du cœur que
dans l’état naturel. Cet organe est gêné dans ses mou
vemens , l’augmentation de volume de ses parois et le
rétrécissement de ses cavités , sont cause que la colonne
du sang ne peut être bien élaborée , qu’il se fait une
stase sanguine dans le système veineux qui fatigue les
organes et qui amène l’infiltration.
Ces réflexions me firent présumer qu’il existail chez
mon malade une hypertrophie avancée du ventricule
gauche et commençant du ventricule droit. La main
appliquée sur la région précordiale éprouvait un choc
ou commotion assez forte pour la soulever, ce qui, con
jointement avec d’autres phénomènes , pouvait servir à
expliquer le premier doute , tandis que pour le second
( l’hypertrophie commençant du ventricule droit ) , l’on
remarquait les symptômes donnés par les principaux
auteurs ; ain si, gêne plus grande dans la respiration ,
couleur plus livide de la face et des lèvres ( Corvisart),
battemens au-dessous du sternum ( Corvisart et Laennec).
Je ne remarquai point les battemens des veines ju
gulaires externes que Lancisi veut faire valoir comme
un des signes de la dilatation du ventricnle droit et
que M. Corvisart rejette. Hunauld dit cependant dans
�C8 )
un mémoire de l’académie des sciences avoir vu ce
battement des veines jugulaires externes s’étendre jus
qu'aux veines superficielles du bras et IV!. Laennec sou
tient l’avoir trouvé constamment dans tous les cas d'hy
pertrophie considérable ; je rappelerai donc que je crus
avoir à traiter une hypertrophie commençante du côté
droit du coeur et qu’il n'est pas étonnant que je n’aie
pas vu alors ce qui aurait peut-être eu lieu dans la suite.
HT. Le bruit du. cœur doit être étudié avec soin a
l’oreille nue et par le moyen du stétoscope. Je regrette
sincèrement d’avoir été privé de ce dernier moyen
d’exploration , j’aurais désiré de m’assurer si l’on en
tend distinctement le bruissement sourd , ou le bruit
comparé à celui d’une lime , qui sont donnés comme
signes certains que le cœur a trop de sang. On dit que
ces phénomènes diminuent après la saignée, mais qu’ils
ne disparaissent pas entièrement : ils indiquent que la
maladie est portée au plus haut degré.
IV . L’irrégularité des mouvemens du cœur que j’ob
servai chez J. T ......, me semble devoir être attribué à
l’inégalité de volume des ventricules.
V . Les diurétiques produisirent un heureux effet :
je les crus indiqués et je les employai avec confiance,
n’ayant remarqué aucun symptôme de gastrite , ce qui
doit faire exception à ce que (1) M. Broussais dit avoir
observé.
V I. La méthode de Vaisahra est trop connue pour
que je cherche à expliquer de quelle manière tout ce
qui peut produire l’affaiblissement du corps diminue
l’impulsion du cœur. Je dirai seulement que je fais
continuer l’usage de la saignée, parce que je ne pré
tends point avoir obtenu une guérison radicale et que
c’est le seul moyen «n pareil cas d'entretenir l’équi- 4
libre des fonctions assimilatrices.
(0
V o y . ouvrage cité , p«g 7S6,
�<9
>
O b s e r v a t i o n de manie avec délire, compliquée de
nymphomanie, par M . G u u u ofils-,
P . , membre
de la Société royale de médecine de Marseille•
M a d e m o is e l l e
Annette, B ......... âgée de seize anS
et demi , d’un tempérament lymphati co-nerveux , avait
constamment joui d’une bonne santé jusqu’à l ’âge de
douze a n s, époque où elle fut affectée d’une fièvre
ataxique, q u i, après les symptômes les plus alarmans,
présenta au bout de quelques jours une terminaison
favorable, Fille d’un ancien commerçant étranger, elle na
quit à Paris dans le sein de l’opulence ; une imagination
ardente et précoce , la culture de la musique , la lec
ture habituelle des romans et des poésies érotiques
où se trouvent retracés sous les couleurs les plus
séduisantes des tableaux que l’œil de la pudeur ne
peut effleurer qu’en rougissant, enfin cette vie molle
et efféminée trop souvent dangereuse compagne de
l’aisance , contribuèrent de bonne heure à développer
chez Annette cette susceptibilité nerveuse qui remplit
de tant d’amertume les beaux jours d’un grand nom
bre de femmes. Un événement funeste vint exciter
cette susceptibilité déjà si v iv e , et ne larda pas à
produire dans le système nerveux de notre jeune
personne, les désordres les plus déplorables. Elle
avait atteint sa seizième année lorsque son père éprouva
un revers de fortune qui du sein de la prospérité le
plongea rapidement dans un état voisin de l’indigence.
Le coup fut terrible pour Annette ; il fallut et aban
donner l’attrayant séjour de la capitale et changer de
manière de vivre ; dès - lors plus de ch a n t, plus de
m usique, plus de table splendide , plus da meubles
somptueux pour décorer son asile ; un réduit modeste
T . V . Janv‘ i 8z 3.
2
�( 10 )
h i
m
h •
1i
•
remplace l’opulent domicile qui jusques - là avait été
*on séjour habituel. A l’âge où la femme , commen
çant à sentir le besoin de plaire , aime à relever ses
attraits par l’éclat de la p aru re, il faut qu’Annette
dépouille ces robes brillantes , ces chapeaux élégans ,
et cet ensemble d’ornemens sous lequel les jeunes
personnes se présentent à nos je u x avec tant de grâ
ces et de charmes. On conçoit quelle profonde impres
sion dut produire sur elle un changement de situation
aussi cruel qu’imprévu. Elle fut d’autant plus forte
qu’elle cherchait à la dissimuler, sous l’apparence de
la résignation. Mais une inquiétude vague , une tris
tesse vainement combattue , un profond abattement
imprimé sur tous ses traits ne tardent pas à trahir la
violente agitation de son âme. Ses païens témoins
inquiets de cet état alarmant , s’empressent de mettre
en œuvre tout ce que la tendresse, l’esprit et le rai
sonnement peuvent leur inspirer d’adresse et de force
pour conjurer l’orage qui menace le plus cher objet
de leur affection. Us font briller à ses yeux l’espoir
d’un avenir consolant, celui d’une nouvelle fortune
qui ne tardera pas à leur redonner le rang qu’ils ont
perdu. Soins inutiles! Discours superflus! L ’orage ac
cumulé et comprimé depuis quelques mois ne tarda
pas à éclater de la manière la plus effrayante. Dans
la matinée du S septembre, Annette, jusques-là som bre,
taciturne, se lève en poussant des cris perçans et réi
térés ; des paroles bruyantes sans suite, sans liaison,
entremêlées à ces clameurs s’échappent de sa bouche ;
tout son corps est en proie à l ’agitation la plus vive,
sa marche est prompte et désordonnée; ses mains errent
avec rapidité sur tous les objets environnans ; les voir,
s’élancer, les saisir, les mettre en pièces, en jeter les
débris sur les personnes qui l'entourent, tout cela est
�'( 11 )
fait en bien moins d’instans que je n’en mets ici à l’ex
primer. Les jours suivans, la manie délirante se carac
térise dans une progression effrayante. Les scènes les
plus variées et les plus affligeantes viennent attrister les
regards des païens désolés. Tantôt Annette rappelant
à son imagination la peinture de l’amour malheureux
quels lecture des romans avait gravé dans sa mémoire ,
présente le plus frappant tableau de la mélancolie
amoureuse. Sa ligure est pâle , sa tête est languissam
ment penchée sur son sein , ses cheveux flottent né
gligemment sur ses épaules, ses paupières à demi-fer
mées ne s’ouvrent que pour laisser voir des yeux bai
gnés de larmes ; immobile , les bras croisés sur la
poitrine , le corps appuyé sur le bord d’un siège ,
quelques mots de tendresse échappés de sa bou ch e,
des soupirs entrecoupés , des sourds gémissemens ,
voilà les seuls signes qui manifestent son existence.
Bientôt la scène change ; des idées d’rtne autre nature
se présentent à sa pensée ; Annette se retraçant alors
la volupté sous le3 formes les plus alai niantes pour la
pudeur , et franchissant rapidement les bornes de ce
précieux sentiment, rappelle le souvenir de cette im
pératrice qui, jadis dans Rome , souilla par ses hon
teux excès la couche des Césars. T o u t- à - c o u p alors
ses traits se ranim ent, sa figure se colore , son regard
étincelle, son corps parait frissonner sous un spasme
voluptueux et les œillades les plus v iv e s , les gestes
les moins équivoques, décèlent énergiquement la nature
des désirs qui tourmentent son âme ; mais bientôt
revenant à elle et rougissant de cette humiliante situa
tion , elle porte les yeux sur les personnes qui l’en
tourent et fixant ensuite les grossiers vêtemens dont on
l’a recouverte , elle demande ses robes, ses chapeaux,
ses meubles élégans ; se rappelant un instant après un
f
�(
12 )
changement de fortune , elle verse un torrent de larmes.
Des chants , des cris , des mouvemens désordonnés ,
un flux de paroles sans liaison remplissent les inter
valles des scènes que je viens de retracer. Au milieu
de cette violente agitation du système nerveux , le
sommeil cependant se conserve. Mais les fonctions
digestives paraissent fortement altérées ; la malade
est tourmentée par un appétit insatiable : des liraille—
mens douloureux se font ressentir dans l’épigastre , et
des selles copieuses mal liées annoncent un état
habituel de diarrhée. Ses règles établies depuis l'âge
de quatorze ans , mais toujours peu abondantes, n’é
prouvent aucune lésion. Tel était l’état de la jeune ma
lade, lorsque je fus appelé pour lui donner des soins,
deux mois environ depuis l’invasion de la manie. Plu
sieurs médecins appelés avant moi pensant que cet
état pouvait tenir au peu d’abondance des règles et
se guidant principalement sur les symptômes de
nymphomanie , pratiquèrent quelques saignées de pied ,
appliquèrent à deux reprises des sangsues à la vulve,
après avoir prescrit le petit lait pour boisson, les bains
de pieds synapisés ; l’emploi de tous ces moyens n’avait
nullement affaibli l’intensité des symptômes à l’époque
où je fus appelé. Témoin de toutes les scènes que
j ’ai mentionné , sachant que les maniaques guérissent
rarement même en les soumettant au traitement le
plus méthodique, quand on les laisse dans les lieux
où la maladie s’est développée , je proposai aux parens
de placer leur fille dans l’établissement que dirige
mon père.
La sollicitude maternelle, l’idée d’une séparation
dont on ne pouvait assigner le term e, opposèrent
d’abord quelques difficultés, et ce ne fut qu’après avoir
bien exposé l ’impérieuse nécessité de cette mesure , que
�( *3 )
la jeune malade fut conduite dans notre établissement,
le 6 novembre i8ao , toujours dans un état d’agitation
et de délire maniaque, accompagnés de signes bien
prononcés de fureur utérine. Sa figure pâle, jaunâtre ,
les douleurs que dans des instans lucides elle disait
ressentir dans la région de l’estom ac, une diarrhée
t r è s - fo r t e , nous firent juger qu’il fallait chercher
à relever le ton des organes digestifs. D ’une autre p a rt,
une agitation violente , des tremblemcns spasmodiques,
«n mouvement continuel des bras et des jambes et le
délire maniaque , nous parurent réclamer l’emploi des
médicamens sédatifs du système nerveux. Notre plan
de traitement ainsi établi, la malade , attentivement
surveillée, fut mise à l’usage d’ une décoction amère,
faite avec les feuilles de chicorée ; la dose fut portée
à trois verres par jours , pris deux heures avant chaqu»
repas. Un régime analeptique fut en même-temps pres
crit et rigoureusement suivi sous nos yeux. A l’em
ploi de ces moyens , nous unîmes celui dos bains tièdes,
dans lesquels le corps entier restait plongé pendant une
heure. Un autre agent médicamenteux , dont une longue
pratique a l'ait connaître l’efficacité à mon p ère, fut
aussi mis en usage dans cette circonstance, ce moyen
consiste dans l’emploi des frictions camphrées faites avec
une brosse dans toute la longueur de la colonne ver
tébrale. 11 est un autre espèce de traitement que ré
clament indistinctement toutes les aliénations mentales
susceptibles de guérison et qui n’a point été négligé
dans le cas que je soumets à l’attention des médecins;
je veux parler de cet ensemble de moyens fournis par
l ’esprit de l’homme tranquille pour agir sur celui des
insensés. Épier les momens lucides que présente le m a.
lade privé de la raison , relever alors son courage,
dissiper ses craintes, réveiller peu-à-peu ses anciennes
�(
t *
i
4
)
sensations ; ranimer pour ainsi dire ses idées par un
raisonnement à la fois clair et convaincant , placer
adroitement quelques mots pour aiguillonner son amourpropre , ou flatter ses penchans naturels , feindre mê
me de partager les opinions qu’on lui connaît, dans
l’état de santé , n’ocGuper son esprit que d’idées agréa
bles , lui procurer une exercice libre et facile et un
travail analogue à ses goûts ; telle est en raccourci la
base de ce traitement moral qui réclame, dans son ap
plication autant de prudence que de sagacité de la
part
médeoin. Tel est aussi celui q u i, dans le sujet
de la présente observation, a été associé au traitement
pharmaceutique ; le succès le plus satisfaisant a cou
ronné nos efforts. Dès le 8.e jour de sa résidence dans
l'établissement, la jeune malade a présenté une amé
lioration marquée dans la marche de sa maladie ; la
diarrhée a progressivement diminué , les accès de nym
phomanie se sont aussi graduellement ralentis et ont tota
lement disparu le dix-huitième jour. Dès celte époque
aussi on a vu s’affaiblir et successivement disparaître
l ’ensemble des symptômes qui caractérisent le délire
maniaque. La malade jusque-là insensible aux soins
qu’on lui prodiguail, a commencé à les reconnaître; ce
précieux sentiment de l’amour filial que la nature a
gravé dans le fond de nos âmes , s’est ranimé dans
la sienne à mesure que se rétablissait l’harmonie des
facultés intellectuelles et des fonctions affectives; elle
a demandé sa mère avec cette émotion et cet embarras
que font naître la crainte d’un refus ; rassurés sur son
état actueL, nous avons cru devoir satisfaire son désir.
Une plume exercée se plairait ici à tracer, sous des
couleurs touchantes , le tahleau d’une mère recouvrant
et serrant dans ses bras sa fille chérie, qu’elle croyait
pour toujours ravie à ses caresses, et dont la déplo-
�( i 5 )
rable situation naguère avait abreuvé son cœur de
tant d’amertume ; je me bornerai à dire que peu de
jours après cette entrevue , notre jeune malade est ren
trée dans le sein de sa fam ille, complètement rétablie ,
après un mois de séjour dans notre établissement , et
que sa raison , depuis cette époque , n’a donné aucun
signe qui puisse faire craindre une rechute comme
l’on sait toujours redoutable et trop souvent fréquente
dans les aliénations mentales.
O b s e r v a t i o n sur une hémiplégie ; par M. R icabd ,
docteur en médecine , membre de la Société académi
que de médecine de Marseille.
H yacinthe Monnier fut atteint , il y a environ huit
ans , à la suite d’un violent accès de colère, d’une hé
miplégie du côté droit , laquelle céda à divers vnédicamens indiqués en pareil cas. Il se servait donc libre
ment de ses membres sans rien ressentir de sa ma
ladie , lorsque le treize janvier 18 19 , après un léger
souper et avoir resté une heure dans son l i t , il fut saisi
dans toute la partie latérale droite du corps d’une
crampe à laquelle succéda un tremblement considé
rable suivi et de la perte du m ouvem ent, dans les par
ties qui en étaient le siège , et de la difficulté de par
ler. D ’abord , il lit usage chez lui de quelques remè
des , puis il entra à l’Hôtel-Dieu de M arseille, vers la
fin du même mois , étant dans l’impossibilité de re
muer les membres inférieurs et de croiser les bras sur
la poitrine, et éprouvant une grande difficulté de parler.
�(
i6
)
L ’extrait alcoholique de noîx vomique fut administre',
il parut à la longue produire des bons effets ; mais
le malade ennuyé de la longueur du traitement, sortit
de l’hôpital sans être guéri»
Cette maladie présentait un phénomène assez remar
quable, c’est que lorsque le malade avait dormi pendant
quelques heures, il pouvait en se réveillant remuer sa
jambe , croiser les bras sur la poitrine et parler assez
librement ; phénomène qui était plus sensible s’il était
réveillé subitement ; avait-il resté une heure éveillé ,
le mouvement disparaissait peu-à-peu. A quoi attribuer
cette singularité ?
Il me semble que lorsque l’un des deux hémisphères
est malade , l’autre , n’ayant plus d’antagoniste , agit
seul , et doit ainsi nécessairement causer du trouble
dans la masse encéphalique , d’où résulte la perte du
mouvement dans la partie latérale correspondante du
corps. On conçoit, en effet, comment le cerveau, ayant
reposé dans le sommeil, ses fonctions sont plus libres
au réveil j tandis que pendant la veille, étant assailli par
«ne foule d’idées à la fois , un hémisphère seul ne
peut agir sur chacune d’elles et n’exerce plus son in
fluence d’une manière régulière sur le fluide nerveux ,
ce qui cause le trouble ou la perte du mouvement
dans les parties correspondantes du corps.
�( *7 )
SECONDE
PARTIE.
M ÉM OIRES , D IS S E R T A T IO N S , N O T IC E S
NÉCROLO
G IQ U E S.
I .°
N U M M I S M A T I Q U E
M E D I C A L E .
M é m o ir e ( ï ) sur une médaille de Cos , représentant
Esculape I. A M. S a i n t s - M arie , médecin à Lyon,
par C. C. P ier qu in , docteur en médecine de la Faculté
de Montpellier, membre titulaire de la Société de mé
decine-pratique de la meme ville , etc.
Si enim adjuerit crga. boulines
yimor , adesl c liant circa arleni.
H lP .
C ’e s t avec juste raison que Zimmermann a placé
la connaissance de l’histoire de la médecine parmi
les principes indispensables d’une bonne éducation
médicale. L ’étude attentive des progrès d’un art ensei
gne la route à suivre pour en reculer encore les bornes.
Mais les premiers âg<;s de toutes les sciences n’offrent
presque aucun monument ou fait historique propre à
nous éclairer en nous amusant (2) ; a in si, nous devons
saisir avec ardeur tous ceux qui se présenteraient à
(1) Extrait d'un plus grand ouvrage intitule' ; A n tiq u ité s de
lu m éd ecin e ch ez toutes les nations.
45
( ï ) V . Corinne , T . 1 , Chop. V . , p. 166. et l * . 126.
T . V . Janv. 1820.
3
�( iS )
notre observation. Après la peinture et la sculpture
la médecine est peut-être de tous les arts celui qui
retire le plus d’avantages de l’étude des mon umens
antiques en général; cette vérité, sentie par une foule
de médecins célèbres, a donné à la nummismatique ,
à l’archœologie , etc. , leurs auteurs les plus respectables
et les plus nombreux. Camper , G all, Richerand, etc. >
ont mis plus d’une fois à contribution les travaux de
l ’antiquité ; le célèbre Piquer en avait fait une étude
particulière et sans elle j ’avoue qu’il est impossible
non - seulement de concevoir les poètes ou les histo
riens , mais encore certains points d’hygiène privée
ou publique de médecine-pratique ou politique , e tc ., des
anciens. Un médecin de mes amis s’est ingénieusement
servi de la carte topographique de Rome ancienne pour
terminer ce point important de discussion , qui consiste
à savoir qu’elle était l’étendue de la pratique de Galien.
D u reste, il est encore un grand nombre de médecins
instruits (r) qui font leur unique délassement de l’étude
des monumens antiques. On a dit que la géographie
était l’œil de l’histoire ; sans faire de l’histoire un
monocle, il me semble qu’on pourrait encore lui en
donner un autre tout aussi indispensable : l’œil de
l ’archœologie , etc.
La médecine, heureusement exercée dans des temps
d’ignorance ou dans des pays neufs pour les arts , et
1
fi)
“* D . A n n ih a le O m odei a publié dans les anna/i
u n iv ersa li d i m ed ic in a , n®.
, m arso 1822, p. ^ , un mé
moire purement descriptif du D . Savenko , sur des in slrumens de
mémoire
65
4 4
chirurgie trouvés dans les fouilles de Poinpeia ,
qu’ il a improprement
intitulé : d é lia
chirurgia
d e prirni tew p i e d i a lco n i strom enU , etc. , et que l’ on a
inséré , «ans y
m éd ica le.
rien changer ni
a jo u t e r ,
dans
la
R evue
�(
x9
)
par des hommes habiles, fit croire que Dieu dirigeait
ses préceptes ( i) . Voilà en peu de mots l’histoire
médicale des premiers âges des sociétés; elle est toujours
et partout la même. On a dit dans toutes les parties
du globe ce que l’Inde avàit chanté il y a des mil
lions d’années.
La reconnaissance , vertu principale des peuples non
corrompus , guidée par une imagination n euve, enten
dit un sentiment intérieur crier medico honos tribuendus : medicina a deo creaia. Cette douce reconnais
sance , la seule récompense vraiment honorable de nos
travaux , s’augmentait journellement par l’accumulation
des nouveaux succès, à ce point que bientôt elle
devint insuffisante et n’égala plus ni l’importance ni
le nombre des bienfaits. Les Grecs , empressés d’ac
quitter une dette aussi sacrée , accordèrent les honneurs
divins à leur Sauveur (2). Les peuples dç l’A sie,
seuls , avaient quelques connaissances en médecine ,
connaissances que nous ne pouvons juger, parce que
nous n’avons pas les livres à’Hermés , et que les
prêtres-médecins fesaicnt un mystère des plus cachés
de leurs dogmes. Galien nous apprend que les Égyp
tiens n’avaient aucune connaissance en médecine avant
I) Fcclcs.
38 .
part-
(2) On donne aussi cette e'pithète à noire Seigneur JésusChrist , comme le prouve l ’inscription placée sur le tom
beau de P ie r re Z i z e l , dont de T h o u disait : I l se co n
d u it en fem m e après en avoir agi en hom m e
X F lZ T Q
2 I2THPI
sa crum
1
535 .
P é t r i Z .izcti S ep u lcr a lis e t c .
Dans les temps modernes nous ne voyons qu’ un médecin
qui ait etc de'core' par le p e u p le , de cette glorieuse épithèie ; c’ est
'
1*
de l'e x p é r ie n c e
célébré L a n c is i. ( V . Z im m erm a n n ,
etc, T- 1 1 , p - 256 )
tra ité
�jEsculapc. Ce ne fut que sous le rcgne d’Amasis que
les Grecs commencèrent à se lier avec les Égyptiens,
c’est-à-dire, l’an du Monde 2098 et de l’ère Égyp
tienne 2.83. On ignore les noms et les travaux de cette
époque , mais Ion sait qu'environ 1 5o ans après Mèlampus parait sur la scène des honneurs et des talens.
E t la Cite des Rois à Mélampe est unie
bon frère a partagé le fruit de son génie ,
Ils montent tons les deux à la pourpre d’ A rg os
Mém o avant qu’ Hippocrate eut régénéré Cos ,
Plus lard et plus
heureusement Esculapc
Pa raît : et la Grèce éplorée ,
V e rr a dans ses remparts son image adorée.
U n ère de bonheur a marqué ce beau jour
T o u t prend un nou vel être en ce divin séjour
T o u t vient de ressentir son utile présence ,
Ees Rois vont à ses pieds de leur munificence
Déposer les trésors : courber leurs fronts saoglans
M aîtres ils vont parler sur des tons supplians ( i ) .
Des statues nombreuses représentèrent au fanatisme
de la reconnaissance les traits du Dieu qui tenait en
ses mains la vie des Rois. De toutes parts , les monumens se multiplièrent ; l’à ± on élevait des temples ,
plus loin des autels ; i c i , l’on frappait des médailles
et la cause de ce brevet d’immortalité en vaut bien
un autre. Tous les gouvernemens , n’importe leur
form e, reçurent ce Dieu dans leur sein (2), et lorsque
Rome chassa le chirurgien Arcliagatus de son se in ,
( t) La médecine poème. M . ss.
(2) Z è le u c u s porta si loin le respect dfi à la me'decine
qn’ it défendit sous peina de mo rt aux Locriens maisdea
de boire du vin sans l’autorisation du médecin.
�( 21 )
elle ne vit que l’homme et d’ailleurs elle e'tait impuis
sante contre l’a r t, et (le toutes les nations ii n’y eut
guère que celle d’Utopie qui n’eut point de médecins,
mais aussi n’avait elle, d’après Thomas M o t u s , ni ma
lades , ni procès , et parlant également point d’avocats.
Rom e, comme l’Egypte , hérita de la religion ou mieux
de la mythologie de la Grèce , et ses monumens nom
breux attestent h la fois et son admiration et sa recon
naissance (1). Mais c’est surtout dans la terre clas
sique des beaux-arts que l’on vit s’élever ces monumens
honorables pour l’art de guérir , ce fut donc en Grèce
que le premier des Asclépiades fut divinisé ainsi que la
femme. Les arts émigrans de leur mère-patrie et trans
plantés à Rome y portèrent leur dieu , inventeur de
C e t art conservateur qui c o t à l’U n iv ers
Ass ur er , protéger tous ces travaux divers.
et des médailles nombreuses , des pierres précieuses ,
des monumens publics, e t c ., apparurent de toutes parts.
En acceptant une divinité étrangère, les Romains
( O Il y a long-temps que cette légitime récompense des
soins du médecin est oubliée par ceux qui cessent d ’en
avoir besoin. Je me rappelle que le martial A n gla is n’a
point laissé échapper le vice qu i gagne tontes les classes
de la société ; je crois qu’ on lira avec plaisir l’épigramm*
qu ’il a dirigée contre ces ingrats :
Æ
sculapiu»
T
ritrons.
Intrantis medici faciès très esse v id e tur
Œ gro ta n ti : bomiuis , Uæmonis alque
Quamprimum accessit
Del
medictis , dixitque salutem ,
En Dcus , aut custos angélus , æger ait
Cum morbuin medicina fugaveiii : ccce bomo claraat,
Cum poscit mtdicus præmia vade satan.
Owjiîl , LU. I , , 2 ., p. yji
�( 22 )
commirent une faute très-propre à induire en erreur , de
traduisant le nom de celte divinité en celui d’Esculapiut , tandis qu’ils avaient conservé ceux d’Epaminondas,
d’Agésilas , de Mènéias , etc., et qu’ils pouvaient dire
Asdépias , puisqu’ils appelèrent ses descendans Asclépiades Ci
y.7.
Le culte d’Esculape et d’IIygic pénétra directement
dans les Gaules : celle opinion n’est point la plus ré
pandue , mais elle me paraît la plus certaine ou la plus
vraisemblable. On a cru que les Romains l’avaient porté
dans leurs excursions, mais des monumens bien anté
rieurs à ces époques nous prouvent que les Celtes
adoraient Esculape. Et c’est donc avec quelque raison
que nous pensons que les Phocéens , qui habitaient le
iong de notre côte maritime, enseignèrent la puissance
de ce dieu à nos glorieux ancêtres. Une inscription,
trouvée à Riez en Provence , et rapportée par Grutter,
met notre opinion hors de doute. Ce fut alors que
Narbonne érigea un temple au dieu de la médecine -, on
attachait , comme on le fait encore de nos jours dans
les églises , des tableaux , des sculptures , des inscrip
tions votives ( i) etc. aux murs. Plusieurs antiquités,
trouvées à Narbonne , constatent ce que nous venons
de d u e ; mais, parmi tous ces débris de monumens,
le plus beau est , sans doute, le bas-relief représentant
Esculape et Ilygie guérissant des malades (2 ), chose
assez extraordinaire , si l’on n’adopte pas notre opi-
(1)
J ’ en ai trouvé une aux bains de Bala ru c, très-belle et par
faitement conserve'e , j ’ en publierai bientôt la description et
l ’ explication.
,
{2) Ce monument était un ex-voto ; on le conservait dans la
matson des anciens vicomtes, au-dessus d’ une porte
il servait d’ allique ; il est en marbre blanc ; il a
de largeur sur uu pied pouces do hauteur.
3
ia lk
à laquelle
3 pieds 10
p.
�( 25 )
siion : Je sais qne l’on peut nous objecter que c'est
une antiquité grecque , mais , dans ce cas , comment
expliquer pourquoi ce Dieu est représenté dans ce rnouument avec le Sagum , conformément aux coutumes
gauloises. M. le comte Wrgrin de Taillejtr , dans uu.
ouvrage assez médiocre intitulé : Antiquités de réforme
( i) cité gauloise, rapporte aussi un came antique repré
sentant Esculape, et chose fort remarquable , c’est que
le dessin, le trait et l’expression de la physionomie sont
absolument les mêmes que dans la médaille que noos
allons décrire. On trouve dans ce même ouvrage qui
n’a de précieux que quelques antiquités inédites, une mé
daille aussi assez semblable à la nôtre. « Tête d’Esculape,
serpent en avant. 91. Esculape debout ». Je n'ai noté ni le
m étal, ni le module de cette médaille qui peut appar
tenir à Épidaure (2). Comme on le voit , cette médaille
est à peu de chose près la nôtre , mais elle est reperdue.
Nous avons suivi le culte d’Esculape depuis sa nais
sance en Grèce jusqu’à son introduction chez les Celtes;
nous avons dit que chez ces peuples on lui éleva des
monumens dans tous les genres. S’il fut le premier, il
ne fut point le dernier parmi les médecins qui obtin
rent de semblables preuves de reconnaissance publi
que, Nous devons également avouer que cette classe
de savans n’obtint point seule de pareils honneurs.
Diverses républiques en frappèrent pour ceux qui les
illustrèrent. L ’on trouvera peut-être étonnant que dans
les républiques , comme dans les monarchies, elles ne
fissent point frapper monnaie en leur nom et à leur
(1)
T . 1. V o y e z encore P o n c e lin d e la P o c h e du T il h a c ,
chef-d’ œuvre de l'antiquité sur les beaux-a rts; i/i-fol. T . I ,
p. r , pl. 26 , etc.
(a) T. 1 , p. aSs.
�( 24 )
effigie. L ’étude de l’histoire de la nummismatique dis
sipera ce sujet d’étonnement : elle nous apprend , par
exemple, que dans les premiers temps les Rois se bor
nèrent à faire inscrire leur nom sur les monnaies ; que
les rois Perses , les premiers et les seuls , à l’exception
de quelques Césars du bas-empire , s’y firent graver
tout entier , et les rois Grecs , Romains , etc., n’y fu
rent représentés qu’en buste ; Alexandre-ïe-Grand revint
à cette dernière expression, comme je le vois sur les
médailles de mon cabinet, etc. ; mais long-temps avant
cette époque f plusieurs villes de la Grèce placèrent sur
leur monnaie l’effigie des personnages célèbres qu’elles
avaient vu naître , ou envers lesquels elles étaient re
connaissantes : c’est ainsi que quelques-uns d’entr’eux
nous ont heureusement conservé les traits du vieil Ho
mère supérieur â Virgile de aooo ans ; de la Poëtene de
Mytiléne ; du célèbre Tyrtèe , d’A lcée, de Pithacus ( i ) ,
du vieillard de Théos ; et cet usage , une fois établi ,
ne fut détruit que très-tard , puisque nous en voyons
encore plusieurs exemples, même après que ces contrées
furent sous la domination romaine (a). Mais nous ne
devons point dépasser l’époque de l’histoire qui nous
(1) On les voit sur une me'daille de M y lilè n e , leur patrie ,
dans le cabinet de V ie n ne. J ’aurais pu multiplier de pareilles
citations, si je n’ avais craint d’ être trop long , telle est , par
exemple , la médaille qui nous a conservé les traits A 'A r a tu s
1.
L ’auteur des d ’HENOMMA et celle de C hrysippe , toutes deux
frappées à Pompéiopolis,leur patrie, et qui leur doit sa céle'brile';
une autre médaille de M y tilé n e, assez connue , représente aussi
ALlcée et P ilh a c u s • P a lie r en a publié une frappée par les
Locriens , où l’on voit la tête de Charondas , etc.
(2) V o ir , pour de plus amples détails sur ce sujet, le discours
préliminaire que V isco n ti a placé dans son superbe ouvrage in
3 5 A tlas. ,
titulé : Iconographie a n cien ne , e tc . D i d o t , iS o .
Jcon, grecq.
�C35 )
®ccupe et citer encore quelques exemples analogues.
L e chef d elà secte italique, Pythagore , est représenté
sur plusieurs médailles de Samos ; on le voit même sur
le revers de médailles impériales, M . Neumann (i) a
trouvé le portrait de Théophane de M ytilène, sur une
monnaie de cette ville. Ce n’est point la seule : il en
existe une autre dans le musée de V en ise, etc.
En voilà assez pour les savans étrangers à l’art de
guérir. Ce m émoire, consacré à l’histoire de la méde
cine , île doit contenir que des notes propres à ce
but. Citons par conséquent quelques médecins q u i,
dans l’antiquité , ont encore joui de cet honneur.
Xénophon III, qui vivait du temps de Claude et qui
était de la famille des Asclépiades , est représenté
sur une médaille unique du cabinet de Paris (2). Ga
lien est représenté sur un médaillon de Pergame ; on
le voit dans le même cabinet, armé du bâton d'Esculape ; l'effigie de Sextus l’empirique de Mytilène est
passé jusqu’à nous, à l’aide d’une médaille de sa pa
trie j C o s, ou ses habitans , a souvent témoigné sa
reconnaissance envers les Asclépiades : on trouve une
médaille de cette ville frappée en l ’honneur d’Esculape
dans le Museo capitolino (5). Fulvius TJrsinus a le
premier publié une médaille de Cos représentant A s
clépios ou Esculape I I ., que l ’on retrouve dans le
magnifique recueil de Viscenli ; cette ville , si fameuse
dans les fastes de l’art de guérir, en fit également
frapper en l’honneur d'Hippocrate (4) , on en trouve
(O
Numtn. popul. et rag. p. 11 ,
3 z.
9
(2) V . Pelle ria Rois , etc. , p. 206.
3
( ) t planch
'
3
(4) Re buste que le chef de l ’ ancien gouvernem ent donna
à l’ école de Montpellier et qui nous procura un excellent
discours sur le géuie de ce maître de l’art , représentet - i l bien Hippocraté ou
tout autre philosophe ?
T . V. Janv. 1823.
4
�(
;
le dessin et l’explication dan* Fui fia s Ursinus ou
dans Visconii , et je crois nie rappeler que notre
savant Millin c ita it, dans son cours de mythologie ,
plusieurs médailles frappées en l’honneur d’Esculape»
et parmi les monumens nombreux élevés ou frappés
en l'honneur de ceux qui cultivèrent avec succès l’art
de guérir , j'ai été assez heureux pour en' recueillir
tin des plus intéressans.
Lors de mon dernier voyage en Allemagne , je ren
contrai un marin qui venait de la Grèce et qui m’of
frit plusieurs médailles que j’achetai. Dans ce nombre
s’en trouva une q u i, je l’avoue, n’attira pas d’abord
toute mon attention et qui fait maintenant le sujet
de ces recherches. Comme on l’a vu , je ne serai pas
le premier à rapporter des médailles médicales ; mais
quelques travaux laborieux m’auloriseraiént peut-être à
croire que celle que je publie aujourd’hui n’a point
encore été publiée.
Le célèbre Wléad, q‘ui occupe un rang si distingué
parmi les médecins-praticiens les plus recommandables ,
n’avait pas dédaigné les recherches nummismatiques
propres à éclairer l’histoire de l’art de guérir ; il en
avait conçu toute l ’importance , mais peut-être trop
tard. Ce fut à cette époque qu’il composa un mémoire
assez court sur ces monumens historiques , il y joi
gnit plusieurs planches , mais , nous devons l’avouer,
on regrette à chaque pas de n’y voir que l’amour et
un noble orgueil pour l’art conservateur des Empires.
Ce faible monument, élevé par un homme aussi remarquabjg, eut été vraiment utile , s’il y eut joint
quelques études , ou - mieux quelques connaissances
nummismatologiques. Du reste , le mémoire de Mead
n’en est pas moins précieux par La peine qu’il s’est
donnée pour colliger tous ces nummismata , mais
quelle différence , par exem ple, n’existe-t-il point entre
�(
3
7
)
ce travail et celui de Millin sur Apollon médecin»
Dans ce dernier, il est vrai , on ne voit point le mé
decin , mais c’était assez inutile; il suffisait, je pense,
d’y voir à chaque pas l’antiquaire profond et le criti
que sévère. Cependant il aura toujours l’honneur d’avoir
le premier , à ce que je crois , réunis un assez grand
nombre de médailles médicales ; c’est par conséquent
à ce travail que nous devons l’idée de les réunir toutes
et d’ajouter à cette collection non seulement des instrum ens, des monumens, etc. , mais encore celui des
inscriptions, etc. , fabriqués ou érigés en l’honneur de
l’art de guérir ; travail long et pénible, auquel nous
consacrons une bonne partie de nos loisirs.
Description. ■—■ La médaille est un bronze du moyen
module A . , elle est assez bien conservée ; l ’inscription
est intacte et très-nette-: je dois avouer qu’tl faut pour
la bien lire ou une grande habitude ou un aide étran
ger. La face principale B. offre dans le champ une
tête superbe, barbue, ( laurée , à ce que je crois )
très-mâle et empreinte, si l’on me permet cette ex
pression , des symptômes du génie et de l’attention ,
son fini nous rappelle la supériorité de dessin de tous
les monumens élevés durant les beaux jours de l’an
cienne Grèce.
Le revers C. présente au milieu du champ un ser
pent redressé appuyé sur le bâton d’Esculape , sa
queue repose sur un scarabé , à l’entour de ces em
blèmes est l’inscription suivante : À2 KÀHJTÎÏ. SiXTHP.
Nous aurons pe ur but dans nos recherches sur
cette médaille de déterminer quel est le personnage
dont l’artiste a voulu nous conserver les traits, et
nous y parviendrons à l’aide des emblèmes et surtout
de l'inscription.
Tous les monumens antiques représentent Esçulape
eu
Asdépius portant uns massue entourée d’un
mieux
�( ^8 )
serpent, '*est ainsi que je le vois encore sur un bronze
de mon cabinet, etc. Ces emblèmes adoptés par la
moderne C os, dans ses jours de solennités, sont d’aile
leurs si généralement connus, qu’il serait ridicule d’ac
cumuler des preuves en leur faveur ; mais celui qui
est moins fréquent, dont l’explication 'est moins connue,
est le scarabé sur lequel le serpent à’Asdépias se
repose, et nous serions peut-être étonné nous même
de le voir sur une médaille grecque , si nous ne sa
vions pas que c’est des Égyptiens , ce peuple si prodi
gieusement étonnant dans les beaux-arts ( i) , que les
Grecs reçurent une grande partie de leur mythologie,
comme nous l ’apprend entr’autres Hésiode dans sa
dégorca , mais recherchons parmi les nombreuses si
gnifications do ce hiéroglyphe , qu’elle est celle qu’il
convient le mieux à sa position dans notre médaille,
Arnabe (2) rapporte que les Scarabés avaient obte
nus les honneurs divins en ilg y p ie , où on l’honorait comme hiéroglyphe du soleil, d’après Porphyrius,
et avec lequel on lui trouvait quelque anologie de
structure ; son culte fut très-répandu et les monumens
d ivers, n’importe à qu’elle époque , en offrent la
preuve (3). Nous voyons dans la table isiaque un
scarabé avec la tête du soleil. Ce culte était même
établi dans quelques tribus du peuple de Dieu et
l ’on en trouve des traces dans plusieurs passages
des livres saints. Comme tous les autres, ce hiérogly-
(1)
Voyez
la
plupart îles voyag es
récemment
faits en
É g y p te et le magnifique ouvrage publie par l’ institut d ’ E g y p te .
(2) A dvers . gent i . p i
( ) P i cri us V a ler ia n u s , dans son traité des liy c r o g ly p b c s ,
3
5
le célèbre ouvrage intitulé Merisel isiaca , le cabinet de Slc.^
G éneviève , le m uséum
romxnum de la Chausse , ete.
�tScct/psctr
��( 29 )
phe avait diverses significations , nous allons les parcourir rapidement en nous abstenant, toutefois , da
parler de leurs fondemens que l’on trouve , au reste,
dans la plupart des auteurs qui ont traité des anti
quités Égyptiennes ( i) .
L ’explication la plus généralement répandue autrefois
en Égypte , était celle qui représentait le scarabé comme
l'emblème du Monde ; dans d'autres circonstances , dé
terminées comme nous le dirons bientôt par des hiéro
glyphes accessoires , il représentait celui de la géné
ration , d’autres fois celui de l’unité filiale ou de l’her
maphrodisme , ou bien la divinité incarnée , à ce sujet
Tiercus, que nous venons de citer en note, rapporte une
idée remarquable de 8t.-Augustin ; il signifiait encore
la paternité et l’héroïsme , ce dernier nous explique
pourquoi la plupart des bagues antiques, ayant appartenu
à des militaires, portent un scarabé gravé sur la pierre,
n’importe de quelle espèce. On le retrouve également ,
çet emblème , sur quelques enseignes des légions ro
maines , etc.
Le scarabé uni à un hiéroglyphe accessoire , comme
nous venons de le dire , exprimait une idée déterminée,
e t , par exemple , un scarabé au sein d’une rose repré
sentait l’image expressive d’un homme voluptueux placé
au milieu des plaisirs , le libarisme enfin ; un scarabé
dont les yeux étaient percés par une aiguille , signifiait
un sujet mort d’une affection féb rile, etc. Je ne pour
suivrai pas l ’histoire religieuse ou hiéroglyphique (ï s
scarabés, et je passerai même sous silence les causes
f i ) An cie n t alphabet and biero glyphie oharacter* expiaiued : W i l l i en account of the E g y p tie n Priesis , llu ir clas
ses , initiation , and sacrifices , in the arable langnages bjr
ahmad bin ahabekr bin W 'a h sb ih
Harnmer etc, London
1806.
and in engiislj B y
3h
�e t 'le s raisonnem ens trop lo n g s à d é v e lo p p e r , qui m 'on t
engagé à prendre , dans le cas don t n ou s nous o ccu
p o n s , le scarabé com m e l ’em blèm e de la p atern ité. N o u s
allon s m aintenant nous o ccu p er de l ’e x p lica tio n de l ’in s
crip tio n .
L e nom du person n age , d o n t la tête est rep résen tée
sur
notre
m é d a ille ,
est
s u iv i
de
l'é p ith è te
2£îTHP
( V . fig. C. ) q u i , com m e le p ro u v en t les p lu s a n cie n s
m o n u m e n s, ne fu t p rim itive m e n t a cco rd ée q u ’à Aselèp ijs ou Esculape, id est nimirum soter, d it le D é m o s thènes des lu tin s, qui salutem dédit {x). A u s s i la re tro u
von s nous d ans une h y m n e du d iv in O rp h é e in titu lée 1
Et; Atrx.Àr,-snov.
K xt ■ enaum vouro» yuXtzra; icîjpus (uvûroto ,
A’J%dct>.i f , xopx, uzruAiliiuoc , ÔAÔtofieipi,
Oô/oôu Axsoaï.vo; xpurtpo) èuXoç ot.yXuoTtfx.ov,
Eyôpe votrsrj ûytttuv tyety roXAex-rpov â/xsftcpij.
EAÔÈ fi.ax.up 212THP , fitorîif TijXo; iiXov izru£av.
’ Je pourrais c ite r p lu sieu rs a u tres p r e u v e s , si je ne
craign ais
d’être tro p lo n g .
C e tte é p ith ète , co m m e je
l ’ai d i t , presqu e e x clu siv e m e n t d évo lu e à Esculape ( a ) ,
s ’ étendit avec la th é o so p h ie et fu t
don née par la su ite
eux gran ds dieux : J u p ite r en jo u it ; celu i de la gén é
ra tio n dont
les
b ien faits sont
les
plus a ccessib les à
nos sens si étro item en t lim it é s , don t le cu lte é ta it si
gén éral et si religieu sem en t o b serv é ,
b lem en t o b ten ir ce t i t i e ,
dut in d isp e n sa
aussi v o y o n s-n o u s dans la
4
( 1 ) Cice'r. in verr, act.
*
(2) Uluratori rapporta aussi un monument
ou e x - v o t o
dans lequel E s c u la p e est représenté sous la
s erpcnl i tète d'homme et H y g ie lui présente
figure d'un
une palette
avec celte inscriptiou : E scu lu p io con serv ato ri et H y g iœ , e t c .
(rn. f a b iu s , 1) V ,
p. X X 4. etc.
�C1iaus.se un mulinus portant l’inscription suivante auSsi
originale que le personnage qui en est l’objet : 2£>Tlir
Kn'SMOT ( i ) . Ce Dieu méritait certainement cette
inscription et nous l’apprenons d'Aristote qui nous dit :
perpetuum et immortale reddit niundique lonscrvatorem
scprœbet (?.)•
Dans la suite le titre de o-arijp devint encore
plus général et toutes les divinités supposées bienfai
santes y eurent part; des monumens antiques assez
nombreux prouvent qu’on le donna à Diane , à Prostrpine , à Junnn , etc. Quelques médailles Grecques
sur lesquelles Pfoserpine est représentée portant pour
inscription c-zr-éfiu, ou simplement rar. Trois rois
furent seuls honorés de ce titre , l’un est PtoJnmèe I.
qui le reçut des Rhodiens , l’autre /jntiochut et Bona
parte à son retour d’Egypte.
Cette épithète finit bientôt par devenir inséparable
de la divinité bienfaisante , et nous sommes étonnés
que le savant Millin ne l’ait pas comprise parmi les
( r ) M u séu m rom anum ad cale. dis*, de D lutini sim u / a cris p. i a . etc. M. K n e ig h t l’ a reproduit dans son magnifique
5
ouvrage sur
les restes du culLc de Pr iap t , qu’ il composa
pour détacher cette divinité" du christianisme auquel l ’ usage
l ’a vait uni et surtout eu Calabre , à tsernia ; du reste , soit
dit en pass ant,
ce culte s’ était conservé en
Fra nce dans
plusieurs églises jusqu’au commencement du 1 7 e siècle.
( confes.v du S t de Sancy , par d’ A u b ig n é ).
(2) D e gén érâ t■ et coom p t, l i b . Il , cap. i\ À propos de
oc dieu , Ath énée rapporte une impiété de Denis le tyran , q u i
nous paraît devoir trouver place ici : on avait mis ce iiic—
to glyphe ou mieux ce bon démon , pour me servir de l’ex
pression «de la comédie antique , sur une table d ’or , devant
In statue d ’ Esculape , à Syracuse ; le tyran porta à Esculape
la saute du bon démon et fit emporter la table. Vr . D e ip n o sophistarum , lib. X X - Cap. X J V .
�iiotns topiques d’Esculape , dans son excellent cours
de mythologie , il ne l’a placée que sous les Romains,
ce qui nous ferait présumer qu’il ne connaissait pas
de médaille analogue à la nôtre. L ’on institua ensuite
des fêtes publiques en l’honneur du Dieu de la mé
decine auxquelles on donne le nom de mampix , dans
lesquelles celui qui les fesait rendait grâce pour lui
ou pour une personne étrangère à la divinité , de la
protection qu’elle lui avait accordée et qui l’avait aidé
à échapper à un danger imminent quelconque. Les
Pcvioniens avaient institué une
annuelle , qu’ils
célébraient le cinquième jour du mois d’Anthesterion,
en l’honneur t ou A ioç Z a r î i p o s , paur éterniser la mémoire
d’un jour qu’ils regardaient justement comme le plus
glorieux de leurs annules ( i ) .
Le mot Soteria subit une extension bien plus grande
encore à Rome ; on l’appliqua même aux offrandes sotériales à titre de reconnaissance pour la guérison
d’une personne chère , ou pour avoir échappé à un
naufrage etc; c’étaient les amis du malade qui l’offraient
pour l’ordinaire et qui le portaient dans le temple
d’Esculape , et le tout à leurs frais. Le malin Martial
plaisante à ce sujet un certain Soscibianus sur ce qu'il
simulait des maladies pour obtenir des offrandes; ce
qui semblerait nous autoriser à croire qu’au moins
une partie de l’offrande revenait au malade, dont les
amis fesaient les
car c’est le seul moyen d’en
tendre le passage dont nous parlons.
Œf.e nas quoties Soteria poscis amieos
Jani precor ægrota sasîbiane setnel.
(1) C ’ est
ce
jour - l’ à qu ’ils vir ent
s tr a tu s
secouer le
joug d ’ une tyrannie
étrangère et que leur
vrée de la pre'sence
déshonorante des Macédoniens ( V id ,
P lu ta r c h u s
in
arato) —
oflitiis lib. 111. etc.
patrie fut déli
Polibius , lib, 2. —
Cicero
de
�( 35 )
D ’après ce que nous venons de rapporter, on voit
de quelle importance était en Grèce le litre de
ainsi le revers de notre médaille nous apprend d’abord
le nom du personnage représenté sur la face opposée ,
ensuite la vénération et l’honneur dont il jouissait ; mais
c’est dans les emblèmes que nous devons trouver la
cause de ces honneurs , et ce sont eux qui doivent
nous dévoiler leurs fondemens ; il semble qu’ils nous
apprennent que cet Atry.x-.yznaç avait été le sauveur de
ses concitoyens; qu’il leur avait rendu ( i) de trèsgrands services par ses connaissances en médecine,
puisque nous voyons le bâton et le serpent qui lui
servent d’attributs depuis ; que ce culte , dont il fut
honoré durant’ sa vie , dût être plus religieux par les
bienfaits de ses descendanset que celui-ci , le premier
des Asclépiades (2 ), comme l’indique le scarabé , de
vint l’unique gloire de Cos. Une médaille antique rap
portée par Berger (5) prouve, par son inscription,
ce que je viens de dire ; l’une des faces de cette mé
daille offre une tête absolument identique avec la
nôtre , le revers porte également un serpent appuyé sur
une massue avec cette inscription : K.£tIfiNK.AE£z2 (4)
(1)
Anguibus
art. atn. —
excictur tenui eum pelle senectus lib.
P lin e , lib.
3,
29. Cap. 24. , e tc .
(2) Stephanus est le seul qui me paraisse avoir bien
déterminé les descendans d’ ^ à s c lé p ia s, parmi lesquels il
place H i p p o c r i e , que l’ on nommait N ebrides de N e lr is ,
l’ un des plus célèbres de cette famille et père de
la mé
decine.
(33 p - 4, 7*
4
( ) Si nous n’avons point parlé de la couronne de la uri er,
c ’ est que son existence est douteuse , en ce que ses feuilles
se confondent avec la masse des cheveux ; mai» ce qui non*
T. V. Janv. 1823.
5
�( 54 )
gloire de* habitons de Cos (i) etc. La tête de notre
médaille est encore absolument semblable à celle de
la cornaline rapportée dans le muséum de la Chausse (2)
et l ’iconographie grecque du savant M. Visconti , etc.
Ainsi d’aprè* ce que nous venons de dire, nous
pensons que la médaille , dont le dessin est ci-joint,
est une médaille ( restituée (5) par Cos ) d’ Asclépias I
généralement connu sous le nom d'Esculape , la gloire
de l’immortelle Cos et celui que toutes les nations
ont proclamé le dieu de la médecine et dont le culte
passa de Cos à Epidaure ; d’Epidaure il fut transporté
à Pergame par Archias où Caracalla le consulta,
comme le témoignent plusieurs médailles impériales ;
de-là son cnlte passa à Snryrne, en Crète et en Afri
que. Dans la suite les Romains furent chercher le
dieu Esculape à Epidaure et lui bâtirent un temple
magnifique près du Tibre ; plusieurs auteurs ont dé
crit les jeux Epidauriens j c’est ce qui nous engage à les
autoriserait à l'adopter , c’ est que nous savons que la c®nronne de laurier lui fut donnée parce qu’ il jouissait de cette
qualité si précieuse pour les médecins , que les anciens no tnmaient ju s d ivin ation is ( V i d . Macrob' Saturn. lib- C . 20. —
Apolloderus
fcj£.±r,)et qu’ Hippocrate exprime en ces termes:
T.ire zrupirtTA xcit Ta vrpoysyavûrtz , :<-'M ru. fXîXXûvru. ïtrxului.
(1) Comme citez les moderne9 , chaque bâtiment portait
chez les anciens le nom d ’un
habitant des lieux. Esculape
ne fut pas le dernier , comme on peut le présumer , à don
ner le sien à quelques vaisseaux , et l’ un des plus beaux
Itiremcs dont l’ histioire fasse mention , fut honore’ de sou
nom. V id . M.<nlfa u co n > T . I V . p .
148 , etc.
(2) Plane. I X .
3
( ) Ce qui me fait présumer qu’ elle est restituée , c’ est que
Y H erm ès d’ Esculapc rapportée par M P 'îsco n li , n ° ‘
porte ainsi l’ inscription
lino 1 . pl.
3 , et
4
et
A XK A H ï ï IAAHX. V . museo capitü-
que la notre porte A S K A H f lI , etG,
�( 5^ )
passer sous silence. Le culte du dieu de la médecins fut
long-temps interrompu chez ces derniers, et ce ne fut
que sous Auguste qu’il fut rétabli (i), Les dames S y clonnièncs offraient leurs cheveux coupés à Hygie ,
en acceptant le culte de la déesse de la santé, elles
firent les mêmes sacrifices ou offrandes. Chez les
Egyptiens Antiochus soter fit mettre sur les drapeaux
de ses légions le symbole suivant qu'il feignit lui avoir
été indiqué dans un songe par Alexandra Je Grand ,
et ce stratagème religieux lui valut une victoire remarv
quable qu’il remporta
A
sur les Galates où
l’on voit l’rriRiA A / ^ \ ^ dps Grecs et la
C’est à-peu-près tout
salus des Romains.
ce que nous savons
~ du culte à’Asclépias I.
Quant à sa pratique , (r J ^ 1
l’histoire ne nous a
guères conservé que le souvenir des honneurs dont il
fut comblé. C’est dans l’étude des monumens antiques
qu’on en retrouve qnelques fragmens, car peu de
médecins savent que l ’on a découvert une table (2)
en cuivre, sur laquelle sont gravées quelques obser
vations , bien éloignées de la perfection de celles que
nous trouvons dans les épidémies : on n’y voit que le
nom du malade et de l'affeciion à laquelle il est en
proie, avec ses principaux symptômes, sa thérapeu
tique et l’issue heureuse ou malheureuse, et si un his
torien de l’école de Montpellier avait connu cette table,
il n’aurait pas si légèrement avancé qu’Asclcpias ma
niait avec hubilcté et assurance les armes les plus
dangereuses de la thérapeutique (3). La simplicité , au
contraire, de ces moyens médicamenteux nous empê.
fi)
Saclon. V i l a A ugns.
(a) V . Gra tte r , p. L X X l ,
1.3)
P.
5
ai .
T.
J.
cap.
5 r.
�56)
(
ehe de douter de l’antiquité de cette table , m aison y
découvre, aurait-il pu d ire, la marche philosophique
suivie encore de nos jours ; je n'en citerai que les
exemples suivans : « Esculape ordonna à Lucius at
teint d’une pleurésie et dont tout le monde désespé
rait de venir prendre de son triple autel (t) de la
cendre qu’il mêlerait avec dù vin et qu’il appliquerait
sur le point douloureux. 11 recouvra la santé et vint
publiquement rendre grâces à Asclépios ; le peuple
s’en réjouit avec lui ». ,
« L e divin Esculape avertit Julien, malade d’un vo
missement de sang et hors d'espoir de guérison ,
d’aller prendre de son triple autel des amandes de
pomme de pin , de les mêler avec du miel et d'en
manger pendant trois jours. Il en guérit (2 ) et vint
publiquement en rendre grâces , etc. »
L ’on sent combien ces succès devaient tendre à la
divinisation , au berceau de l’art de guérir. Aussi T a
cite rapporte , d’après Nonnius , que les habitans de
Cos ( Kmas ) prisèrent tant leur Asclépios , qu’ils
lui élevèrent un temple 5 plus tard on étendit cette
(1) L e fameux trepier d E ’ snu/ape se voit représenté dans
une peinture magnifique trouvée à Hereulanum ( V . A n t i ch ita d i E rcolano p itlu re tomo
in
R o m a I790 , tuvola
5 l.
3
) dont Mil/in. a donné l’explication et reproduit le de -
sin dans les mémoires de la société médicale d ’ émulation etc.
(a)
C œ lius R h od ig in u s nous apprend que les malades cou
chaient dans le
temple , à Ep id au rc , afin
que la majesté
des lieux leur inspirât quelques revss thérapeutique» fa
vorables ( V i d . lib. 27. — Lactan; cap. i . — Ja m b lich u s
de nupteriis 6cct.
3
cap.
3
5
etc- ) C ’ est à cette institution
de clinique que P la u t e fait allusion dans ces vers :
....
Quia hic leno cegrottjs incubar
In Æ ieula pii fano
curcul.
art. l
sc.
t.
�( S7 )
vénération plus loin : on construisit des bâtimens que
l'on décora du titre tjj? Ao-**. rar. On fit aussi des
coupes partant la même inscription et qui servaient
de préservatif contre l’ivresse , résultat ordinaire des
ingurgitations fréquentes chez les peuples adorateurs
de Bacchus (i).
A in si, d’après tout ce que nous venons de dire ,
nous pensons que la médaille restituée , dont le dessin,
est ci-joint, doit être rapportée à Asclépias I. ou Esculape, Dieu de la médecine, d’après l’emblème de
la paternité, qui ne peut être interprété que comme
désignant ou le père des Àsclépiades ou l’autocratie
que donne la paternité. On pourrait même encore le
traduire dans ce cas par le père de la m édecine, ce
qui reviendrait absolument au même , puisque l’ins
cription nous empêche de commettre une erreur , ou
de suspendre notre jugement.
2.0 N
N
écrologie
.
o t i c e
nécrologique sur Pierre C o z e , doyen et pro
fesseur de clinique interne à la Faculté de Strasbourg,
etc., par M. P ierquin , docteur en médecine, etc.
Coze Pierre, président de la Société des sciences ,
arts et agriculture de la même ville , etc. , etc. , nâquit à Ambleteuse , département du Pas-de-Calais , le
17 août 1754, d’une famille peu aisée et dont les
rejetons étaient nombreux : un de ses parens , chirur
gien-major à l’hôpital militaire de Boulogne-sur-Mer,
ajant démêlé , à travers les passions fugitives de l’en-
(1) drètêe, lib. XV. Cap. X IV . etc.
�( 38 )
fance , quelques-unes des qualités propres à faire un
bon médecin , en prit soin et lui donna une éduca
tion toute médicale. Ce ne lut qu'à l’âge de vingt ans
que Coze se rendit à Paris pour perfectionner des
études déjà très-soignées. I.a fortune ne le favorisant
pas, il choisit la carrière ingrate de la médecine mili
taire, et à vingt-cinq ans, il fut nommé chirurgien-major
d’un Régiment de cavalerie légère. Les voyages , tu
perfectionnant ses connaissances, lui procurèrent l’es
time et l’amitié de plusieurs savans , et dans chaque
ville , il laissait un témoignage bien flatteur de sa
reconnaissance : à A u ch , par exemple , i l publia la
topographie de la Gascogne ( i j.
M. Coze se trouvait médecin de l’hôpital militaire
de Lyon , lorsque cette ville fut en proie aux hur
leurs d’un siège fait par des Français : son courage et
son humanité avaient failli , plus d’une fois , l’enlever
aux malheureux opposés à la Convention : il vit l’orage
se former sur sa tête , il demanda son changement ;
on le commissionna pour l’hôpital de Metz , et peu
de temps après , il fut nommé médecin en chef de
l’armée de Sambre et Meuse.
Lorsque l’orage effroyable qui menaçait d’engloutir la
France commença à se dissiper , on songea à rétablir
des Écoles de médecine ; M. Coze fut choisi pour en
seigner la clinique à celle de Strasbourg : celte situa
tion , si favorable à l’élude approfondie de l’art, de guérir,
lui donna l’occasion d’enrichir le magnifique musée de
Strasbourg d’un grand nombre de pièces d’anatomie
pathologique (a). E n fin, M, Coze fut nommé doyen,
(O Ce mémoire obtint les plus justes éloges de la Société
royale de médecine, qui reçut l’auteur dans son sein, le
r.er septembre 1737.
(2) Voy. l'ouvrage inte'ressant de M- J.-F . Lobstein : Compte
rendu du muséum de Strasbourg , in-S.® 1820.
�( 59 )
et tous scs confrères applaudirent intérieurement à cet
acte de justice qu’ils avaient en quelque sorte provoqué.
Si nous devions ici rendre compte de sa pratique, nous
dirions qu’elle était presque exclusivement hippocratique,
et que, par conséquent, elle était eu tous points la même
que celle qu’exerce un de nos plus excellens praticiens (i ).
Ses travaux imprimés sont assez, nombreux ; en outre
des observations curieuses dont il alimentait plusieurs
journaux, il en a consigné de vraiment remarquables
dans ses divers mémoires sur la topographie et les cons
titutions médicales de la Gascogne, de l’A lsace, de
Lyon , de Dole , de Schelestadt , ainsi que sur les effets
du froid du fameux hiver de 1789, et sur la température
des eaux courantes de Strasbourg (2), etc.
Quant aux services qu’il a rendus à la médecinepratique en particulier, ils ne sont pas moins nombreux;
il nous suffirait de rappeler ses intéressantes recherches
sur la splénite ; le premier il mit hors de doute la pro
priété contagieuse du typhus , qu’il a observé plusieurs
fois dans diverses communes du Bas-Rhin. Il a reçu
beaucoup d’éloges mérités sur un mémoire qu’il com
muniqua à la Société des sciences et arts de Strasbourg ,
et qu’il me lit l’honneur de nie donner. ( On le trouve
dans le tome i . Cr des mémoires de cette Académie ).
Nous sommes fâchés de 11e point partager l'opinion de
l’auteur, ni celle de ceux qui le complimentèrent ; la
maladie qu’il y nomme scorbut aigu , dénomination
fausse , et qui causa peut-être la mort des deux malades,
n’était autre chose que le Morbus maculosus heemorrha-
(1) M . le professeur Lafabrie.
(2) Journal de Vandercnondc , anne'es 178g, 1790 et 179 1, —
1
Journal de mé d. m i l i t , , ann. 1780 et 1816. — Mémoires de »
Société d’sgr. des sc. et arts de Strasbourg , te m , I et I I . _
Annuaire statistique du Kas-Rhin , etG.
�I 40 J
gicus IVerlhofii ou Hèmacèlinose (1). Du reste , ce tra
vail n’en est pas moins précieux, et prouve jusqu’à
quel point M. Coze possédait ce tact si admirable et si
rare à la fo is, qui constitue le vrai praticien. Il fut le
premier à conseiller l’emploi de l’acide carbonique dans
le tétanos ; il se fondait sur la propriété qu’a ce gaz
de produire l’asphyxie musculaire , circonstance qu'il
regardait comme la cause prochaine et immédiate de
cette maladie. Plusieurs thèses, rédigées d’après ses
leçons à la méthode d’Allemagne , prouvent combien il
avait étudié la séméiotique et la pathologie du cœur. Il
avait aussi tellement approfondi l’étude de l’hydropisie
aiguë des ventricules du cerveau , que le célèbre Franck,
que la mort vient d’enlever à notre reconnaissance et
à notre admiration , disait que si M. Coze lui assurait
qu’il était atteint de cette affection , il se croirait mort.
ÏI a l’honneur d’avoir pratiqué le premier la vaccine à
Strasbourg , et de l’avoir défendue , jusqu’à sa mort ,
contre les ignorans ou les fanatiques de toutes les classes.
La zoopathologie a trop de contact avec 1’andropathologie [pour que l ’utilité de leur rapport et de leur
étude ne fut point aperçue par M . Coze ; une épizootie
des plus cruelles ravageait l’A lsace, en 1814 et en 1815 J
uni avec M. Berot Tourdet, qui le remplace très-hono»
rablement aujourd’hui comme doyçn , ils constatèrent la
propriété contagieuse de l’affection , et l’autopsie leur
prouva qu’elle consistait surtout dans une inflammation
gangreneuse des voies digestives et pulmonaires. Les viandes
provenant des bestiaux en proie au typhus sont généra
lement regardées'tout au moins comme très-mal saines
et très-dangereuses. M . Coze rapporte , qu’en i 3 l 5 , un
^.grand nombre d’habitans de cette ville , ainsi que la
garnison et le corps d’armée qui campait sous ses murs»
( t ) V . mes Recherches sur cette affection. I n - 8.° M o n t p . i S u .
�( 4* )
en fesaient usage sans que leur santé en éprouvât aucun
dérangement. Nul médecin vétérinaire n’avait traité du
tabes ou fièvre hectique des vaches ; M. Coze envoya un
mémoire sur ce sujet à la Société centrale d’agriculture
de Paris. Il serait trop long de passer en revue les di
verses branches des connaissances humaines cultivées
avec succès par M. Coze.
M. Coze était d’une constitution forte et robuste , il
avait malheureusement une disposition très-marquée à
l‘apoplexiej il e u t, pendant l’hiver de 18 21, une légère
hémiplégie que les soins de l'art parvinrent à dissiper $
le a5 juin de la même année , il succomba à Une attaque
foudroyante , en plongeant sa famille et ses amis dans
le deuil : d’un accord spontané , les travaux scolastiques
furent suspendus pendant près d’un mois , le cortège le
plus nombreux et le plus honorable escorta ses restes
jusqu’à la dernière demeure, et nous participâmes à
des regrets aussi généralement sentis. Puissent ces fleurs
que nous jetons sur sa tombe, encourager l’union des
taleus, des vertus et de la modestie !
T . Y . Jarif. i 8 î 3.
S
�( 4?
)
TROISIÈM E
PARTIE.
: t : .v • !j f\:• : •
i
LITTÉR A TU R E
M ÉD ICALE , N O U V ELLE S
T IFIQ U ES , M É L A N G E S ,
î.*
A
n a l y s e
d’ o u v r a g e
*
—— «M H W ÎCW w —»
SCIEN
ETC.
i m p r i m é s
.
«
S é a n c e générale du 28 novembre 1825 , tenue par la
Société des sciences médicales du département de la
Moselle ( Jn-8.° de 48 pages , Metz ).
R ien ne tourne davantage au profit de l'homme souf
frant , qu’une parfaite harmonie parmi les personnes
qui exercent l’art médical. Or , cette harmonie , si peu
commune, il faut le dire à regret , régnera toujours
plus ou moins au sein des Sociétés de médecine , et
c ’est elle qui fait évidemment sentir le plus leur grande
utilité. Il est donc â désirer que le nombre de ces
sociétés se multiplient. Nous pensons même que le
Gouvernement ne saurait mieux concourir à la conseil
vation et au rétablissement de la santé publique , qu’en
organisant une réunion de médecins , chirurgiens et
pharmaciens dans chaque département. A ussi, sommesnous charmés que celui de la Moselle en possède une
aujourd’hui à l’instar de plusieurs autres qui , on le sait,
n’ont pas peu reculé , par leur travaux , les bornes de
la science, et tendent encore à les reculer et à honorer
la médecine française sous tous les rapports.
Cette nouvelle Société , a tenu une séance générale
le 28 novembre dernier dans la grande salle de l’Hôtelde-Ville, M. Willaume , Président , en a fait l’ouverture
�( 4 3 )
par une notice historique fort intéressante sur Armes
Focs , médecin savant, helléniste profond , et l’un des
hommes les plus distingués que la ville de Metz ait produit,
M. Chaumas , secrétaire-adjoint , a ensuite rendu
compte des travaux de la Société pendant l’année 1822.
Son travail, quoique fait avec précipitation, oifre assez
d’intérêt; il divise les dîfférens sujets dont la Compagnie
s’est occupée , en autant d’articles séparés , et c’est dans
l’ordre suivant qu’ils sont expasés ; i.° maladies ré
gnantes ; 2.0 hygiène publique ; 5.° vaccine ; 4.® méde
cine légale ; 5 .v ouvrages manuscrits ; 6.° ouvrages im
primés , e tc ., etc.
Parmi les observations remarquables que contient ce
compte rendu , il en est deux , surtout , qui méritent
d’être citées : l’une appartient à M. Chaumas ; elle est
relative à une perforation ulcéreuse’ de l ’utérus , maladie
dont une femme âgée de 68 ans était atteinte et à laquelle
cette malheureuse succomba.’ Ce 11e fut qu’à la dernière
extrémité et rongée par la douleur, qu’elle déclaia
son infirmité.
L ’autre observation a élé communiquée par M. LaZlemand, professeur à la faculté de médecine de Mont
pellier ; nous croyons devoir la rapporter textuellement ;
« Jean-Fouis, de Baune (Arriège ),àgé de 68 ans , d’une
constitution sèche, mais robuste, e u t, en 18/9, un
bouton excorié sur la lèvre inférieure , qui fut le pré^
lude d’un gonflement énorme qui s’étendait de l’ une à
l’autre commissure des lèvres jusqu’au menton , et qui
devint inégal, irrégulier comme la surface d'un choirn
fleur , saignant au moindre contact.
Plusieurs trailemens inutiles avaient été conseillé®
avant l’entrée du malade à l’hopilal St.-Éloi , le 23 maî
j 022. Décidé à tout supporter pour guérir , il fut opéré
de la manière suivante : la tumeur fut circonscrite
par deux incisions elliptiques, très-courbes ?
sont-
en
menc'ant sur la lèvre supérieure et en finissant vers
�( 44 )
milieu du cartilage thyroïde. Le périoste et l'os partici
pant à la maladie , on disséqua la joue jusqu’au bord
antérieur des muscles masséters de chaque cô té , o ù ,
le périoste paraissant sain, on cerna l’os et on le scia
un peu obliquement de dehors en dedans et d’avant
en arrière , en commençant du côté gauche.
Après avoir détaché les parties molles qui s’insèrent
à la face interne de la mâchoire , on scia le côté droit
de la même manière. Les artères labiales, ranines ,
sous maxillaires et quelques autres furent liées succes
sivement. La partie inférieure fut réunie par la suture
entortillée , et les autres parties furent rapprochées par
des bandelettes agglutinatives.
Les points de suture comprimant le larynx , gê
naient beaucoup le malade ; il arracha le bandage , et
le sang, coulant abondamment en nappe, nécessita
l ’application réitérée du fer rouge. On pansa mollement,
les accidens ne reparurent plus.
Après cinquante jours de soins assidus , le malade
obtint une guérison retardée jusques-là par la pression
d’une dent molaire , cariée et inégale sur la mâchoire
supérieure , l ’action des muscles masséters et pthérigoidiens n’étant plus contre-balancée par celle des
abaisseurs ».
La séance a été terminée par une lecture de M. le
docteur Ch armei l , sur la médecine morale.
Nous regrettons que le défaut d’espace nous empêche
de rendre plus long notre examen analytique , puis
qu’il nous serait alors facile de donner de la brochure
dont il s’agit une idée assez avantageuse. Nous finirons
par observer que la Société médicale de la Moselle
paraît, à en juger par aes travaux , composée de mem
bres dont les talens , le zèle et l’activité doivent conv
tr.huer de plus en plus à sa gloire et à augmenter l’éclat
dont elle brille dès son origine.
P .- M . R o n x .
�( 45 )
SÉANCE publique et; Exposé des travaux de la Société
royale de médecine de Marseille , pendant l'année
1822. (In-8.° de 75 pages ).
La scrupuleuse exactitude avec laquelle la Société
royale de médecine de Marseille publie ses travaux
annuels , 11e peut que lui concilier la bienveillance de
l’autorité et la reconnaissance publique, outre qu’elle
contribue ainsi aux progrès de notre art. Si toutes les
Sociétés de médecine avaient rendu compte avec la
même exactitude de leurs travaux , la science aurait
fait sans doute quelques pas de plus vers sa perfection,
car elles savent assez écarter les nuages dont l’esprit
de système ne viennent que trop souvent l’envelopper,
Cette séance publique a été tenue en octobre 1822
et M. Benac, Président, en a fait l’ouverture par un
discours sur les égards que les médecins se doivent mu
tuellement. Ce sujet très-piquant a été traité d’une ma
nière satisfaisante. Ah ! si tous les médecins se péné
traient bien des égards qu’ils se doivent , nous ne
verrions pas I !
.
M, Sue , Secrétaire - adjoint, a ensuite exposé les
travaux de la Société. Dire qu’il a fixé l’attention de
l’auditoire, c’est dire qu’il a prouvé jusqu’à quel point
on peut, avec une plume facile et du talent, rendre
intéressant les sujets même les plus arides. Il a divisé son
rapport en deux sections , l’une et l’autre sont riches
de faits dont nous croyons devoir nous dispenser de
donner l’analysé , les bulletins de lu Société , imprimés
à la suite de ce journal, en ayant fait mention assez au
long ; mais nous ferons remarquer que c’est surtout en
lisant l’exposé des conférences cliniques qu’on pourra
se convaincre de leurs avantages. C’est dans cette source
continuelle d’instruction que la pratique s’éclaire et que
les jeunes médecins achèvent
éducation médicale.
leur
�( 46 )
Eu énumérant , en anV .usant les ouvrages manus
crits et imprimés , M. Sue a fait quelques omissions e t ,
par exemple , nous ne verrions pas pourquoi il a né
gligé de parler du Coup-d’œii sur la Jièvre jaune , etc.,
( brochure intéressante sous tant de rapports ) publié
par M. le D . Houx , dans le courant de l’année médi
cale , si nous ne pensions pas que cet oubli comme
plusieurs autres ont été l’effet (x) de l'empressement
qu’il a mis à~ rapprocher la publication de son travail
de la séance publique.
M. Sarmet en lisant une notice nécrologique sur MM.
Daulioulle , Muraire et Gandy, membres de la Société ,
a donné un nouveau témoignage du talent qui le dis
tingue.
3Y1. Poutet , chimiste infatigable , a tracé le tableau
rapide de quelques découvertes des chimistes modernes ,
et cela , suivant sa coutume, c’est-à-dire de manière à
mériter les applaudissemens réitérés de la Société.
Enfin , la séance a été terminée par un Aperçu sur
les concours , dont M. Sigaud a fait ressortir assez
bien les avantages , pour obtenir les suffrages de l’as
semblée.
F or c ad e , D .-M .,
( i ) Nous devons dire ,
pour
justifier notre collègue M
S u e , qu'il n’a pas parlé de uolre brochure , sacs doute parce
qu’il l’a considérée comme un article de notre journal, ce qu’ elle
était dans le fait. Or , si M , S ue avait voulu rendre compte
de tous les articles de l’ O bservateur des scien . n ied. , son rap
port n’ eut pas été peu volumineux. Quant aux autres omissions,
elles sont toutes involontaires, nous en sommes sfirs, et M. SifÇ
s’ empressera de les réparer dans le prochain exposé des travaux
dç la Société,
( N o te du R é d a c te u r -g é n é r a l y
�( 47 )
2 .°
R. E V U E
UES
JOURNAUX»
Journaux F ra nçais.
( Joufn• de Tharm.
1822). — Essai analytique sur les
fruits de ïaréquier , areca cathecu , fam ille des palmiers;
par M B . M o r i n , pharmacien. — L ’ a u t e u r traite d’abord
le fruit de l’arequier par l’alcohol, par l’éther, puis par
l’eau ; ees divers agens lui ont décélé dans cette subs
tance , celles que nous allons énumérer, mais avant,
nous croyons devoir rapporter ces expressions : « Les
résultats que nous avons obtenus assignent à l ’areecachou une place distinguée parmi les astringens ; et
s’il suffisait pour corroborer l’opinion de Linneus sur
l'origine du cachou, de constater l’existence d’une grande
quantité de tannin dans les fruits de l’arequier, les
recherches analytiques que j’ai l’honneur de présenter à
la Société , imprimeraient le caractère de la vérité à
l’assertion de l’illustre Suédois ».
11 résulte du travail de l’auteur que l’arec-cachou con
tient ; de l’acide gallique ; une grande quantité de tannin ?
de l’acétate d’ammoniaque ; un principe particulier
analogue à celui qui se trouve dans les légumineuses ;
une matière rouge insoluble ; une matière grasse com
posée d’élaîne et de stéarine, de l’huile volatile ; de la
gomme ; de l’oxalate de chaux , de la fibre ligneuse ;
des sels minéraux ; de l’oxide de fer et de la silice.
•— Observation sur la préparation de l'onguent populeum;
par M. G ermain , pharmacien à Fécamp. —• M. Germain,
dans une lettre écrite à M. Boulay , réfuté l’opinion
émise par M. Briant , pharmacien de Paris , soit en
admettant que celui-ci n ’a pas été le premier de proposer
l’emploi de bourgeons de peupliers desséchés , soit en
désapfouvant la fusion prolongée dans laquelle M .
�C 4S )
Briant veut qu'on tienne cet onguent polir faciliter ia
décomposition des matières étrangères. Il critique en*
suite la formule que nous donne, de cet onguent le
nouveau codex. Enfin , *il arrive à son procédé qui
consiste à extraire la fécule des plantes qui entrent
dans la composition de l'onguent poputeum ; il les sou
met à l’action de l ’axonge récente ; il ajoute après les
bourgeons de peuplier , il passe à travers un linge sans
avoir recours à la pression : « J’en sépare , dit-il , ensuite
le dépôt par les moyens ordinaires, et j’ai par ce pro
cédé de l’onguent populeum toujours d’un beau vert,
d’une odeur suave , et réunissant constamment les mê
mes propriétés, et qui mérite l'approbation du jury de
R ouen, chaque fois que j ’ai l’honneur d’en recevoir la
visite ».
M. Boulay, dans une note additionnelle , répond aux
observations de M. Germain et réfute son procédé en ad
mettant que la seule fécule des plantes qui entrent dans
la composition de cet onguent, ne saurait, lui commu
niquer toutes les vertus de ces mêmes plantes.
En
effet, dit M. Boulay , est-il constant que les propriétés
des plantes appelées à constituer longuent populeum,
résident entièrement dans la fécule , composée presque
uniquement de résine verte et d’albumine î cela ne saurait
être admis en considérant les résultats cônnus de l’ana
lyse des plantes qui entrent dans cette composition »,
M. Boulay te'rmine sa réponse en proposant un pro
cédé qui nous semble réunir des avantages réels : « Je
prends , dit-il, les germes de peupliers frais , dans les
proportions recommandées par Baume , je les tiens sur
un feu doux avec partie égale en poids d’axonge récente,
jusqu’à ce que l’humidité soit dissipée. Je passe cet ongiVent de peuplier simple qui est d’un beau jaune-ver
dâtre , très-odorant et très-conservable , à cause de l’é
vaporation de l’eau de végétation des bourgeons.
�( 49 )
Plus tard , je prépare avec le reste de la graisse la
partie de l’onguent dans laquelle je fais entrer des
plantes aromatiques , j’allie ensuite par la fusion l’on
guent de peuplier simple avec celui qui doit le rendre
composé , et j’obtiens ainsi un populeum doué au plus
haut degré des propriétés que cet onguent est suscep
tible de posséder ».
— Gouttes noires de Lancaster. — C e médicament
empirique, fort célèbre en Angleterre, ne parait pas
être autre chose qu'une solution d’opium dans l’acide
acétique , ensorte qu’une goutte de cette solution équi
vaut à trois gouttes de solution d’opium ordinaire. Les
effets de ce médicament sont semblables à ceux de l’o
pium , néanmoins on en use beaucoup.
— Note sur Vextraction àe l’huile de ricin ; par M .
F ag u er . •— C e nouveau p rocédé est fondé sur la pro
p riété qu’a l ’alcoh ol de dissoudre l ’h u ile de ricin et d’en
séparer le
m ucilage.
« 11 con siste , dit M. Faguer , à
d é la y er à froid les ricin s p rivés de leur en velop pe et
réduits en p â le avec une certain e quantité d’alcoh o l à
56 degrés ( 4 onces par liv re de ric in ) . C e m élan ge est
m is à la presse dans des coutils ; le liq u id e sort a v e c
une très-gran de facilité ; on le soum et à la d istilla tio n ;
( j ’ai constam m ent retiré la m oitié de l ’alcoh o l e m p lo y é );
le résidu de la distillatio n est lavé à p lu sieu rs eaux ;
l ’hu ile séparée de l ’eau est p ortée su r un feu doux pour
en évaporer toute l ’hu m idité ; on la re tire alors du feu
et on la jette sur des filtres qui sont p lacés dans u n e
étuve chauflée à 5o degrés ; elle filtre a ve c facilité et
on l’obtient très-belle et surtout très-douce » .
C o u r e t , Pharm .
( Ann. de la miul. physiol. N ov. 182.2 ). Tandis que dans
l ’expédition de St.-Doiningue,une épidémie qui avait tous
■ les caractères de la fièvre jaune , exerçait les plus grands
T. V. Jaw. 182.5.
7
�(
)
tavagcs , M ,ie D. Toirac , établi depuis plus de vingt
ans dans la partie Sud de l’île , sauva beaucoup de
■ malades, p arle simple usage de la limonade, précédé
d’une large saignée dès l ’invasion de la maladie. M.
Sainte Chapelle , Secrétaire-général de l’administration
•militaire de l’armée , attaché à ladite expédition, ayant
été atteint de cette lièvre, réclama avec instance une
.saignée qui lui fut d’abord refusée, mais qui ayant été
.pratiquée , lui procura un bien-être inexprimable , le
.rendit plus calm e, e tc ., etc., et sa santé se rétablit
promptement.
Journaux Anglais.
( B.ev. méd. et London médical and phys. journ. 8.brc et
g.blc 1822 ). M. Austin , qui , dans deux cas de goitre
sensiblement identiques , a fait l’essai simultané de l’é
ponge brûlée et de l’iodine , a observé que l’individu
traité par celle-ci a guéri plutôt que celui soumis à l’u
sage de l’éponge. Portée à la dose de vingt gouttes par
jou r, la teinture d’iodine a occasioné des vertiges, du
trouble dans les intestins , et une cardialgie avec de
nausées continuelles. On fait cesser ce désordre en
suspendant quelques jours le remède et en le reprenant
ensuite à plus petite dose.
— Il vient de s’offrir à la pratique de M . Hume un fait
qui confirme ( ce qu’il avait déjà annoncéJ C[ue le car
bonate de magnésie est un contre-poison de l’arsenic.
Journaux Italiens.
Ç N. Jour, de méd. — Gîornale , etc. Journal de phy
sique etc. Pavie 1817 ). Un mémoire du médecin J.-B.
Jem ina, de Mondovi , nous apprend que le tavtrate
acidulé , ou tarirate de potasse , doit être préféré à la
jacée dans le traitement de la teigne de la face ( croûtes
laiteuses ) , parce qu’il guérit les croûtes héréditaires
e t "celles des serophules , ce que ne fait point la jacée,
�/
( 5r )
et qu’on peut l’administrer à la nourrira et on varier
la dose au besoin , ce qui met les eufans à l’abri de
plusieurs inconvéniens.
— Le D. Lavagna , annonce avoir expérimenté dans
le typhus , au Port-Maurice , l’efficacité du calé qu’il
fit précéder d’un vomitif et d’un purgatif dés le début
de la maladie. Le café est surtout utile lorsque le ty
phus est accompagné de somnolence et de stupeur.
Journaux
Allemands.
(Rev. niid. et jnurn. de médecine-pratique de Hufeland,
Berlin , 182a ). — M. Schelegel communique sous le ti
tre d’observations diverses.1 Celle d’une phthisie parvenue
au dernier degré , qui fut guérie par l’application d’un
moxa à l’endroit de la poitrine où le malade avait res
senti le plus de douleur. 2.0 L’observation d’une per
sonne de 18 ans qui fut aLtcinte d’une inflammation du
cœur à la suite de variations fréquentes de l’atmos
phère , maladie que des saignées générales , répeùcs et
poussées jusqu’à la syncope , ainsi que l’usage inté
rieur de la teinture de digitale et du calom el, combat
tirent avec succès. 3 ,° L ’observation d’une fille de r3
a n s, qui offrait tous les symptômes de la danse de
Saint-Guy , affection contre laquelle divers moyens fu
rent dirigés infructueusement par M. Schelegel qui dé
couvrant enfin qu'elle est due à la disparition de la
feigne à laquelle l’enfant avait été sujette dès son bas
âge , s’attache alors à rappeler cette éruption à
l’aide de frictions d’une pommade stibiée sur la tète. Cet
eflet'ayant été obtenu , la danse de Saini -Guy disparut
sans retour.
P.-M. îaucx .
3 .° V A S I É I Ï s»
T o u tes les parties de la m édecine
ouï un b u t co in -
�mun : celui de maintenir et de rétablir l'équilibre des
fonctions de l’organisme ; cependant s’ il faut en croire
le philosophe de Genève, elles ne présentent pas toutes
le même intérêt, puisque l'hygiène est , suivant lui ,
la seule utile. Quoiqu’il en soit , nous devons accueillir
avec satisfaction les bonnes'productions littéraires qui ont
pour objet la conservation de la santé. Une brochure
(r'n-3.° de 3- p. Marseille, 1822) intitulée: Plan de ritraite
pour les vieillards , vient d’être publiée par M. liirard
d’Allavrh , ancien magistrat ; J ’auteùr a recherché tout
ce qui pouvait convenir à la g e sénile; nous dirons
même qu’il a tracé les moyens de prolonger l’exis
tence des vieillards , s’il est possible de prolonger la
vie humaine. A ussi, les journaux de la capitale ont-ils'
déjà fait de son opuscule les plus grands éloges, et
regardons-nous ceux-ci comme bien mérités.
— On a observé que la plupart des marins qui veu
lent, pendant la nuit et étant pris de vin , passer le
pont-levis de Rive-Neuve , en manquent la direction et
tombent dans la m er, ce qui explique pourquoi les
n o yés, apportes au second dépôt, ont été presque tous
retirés de l'eau près de ce pont. La Société de bienfai
sance de M arseille, a , il y a quelques jours, soumis
cette observation à l'autorité , en lui proposant, afin de
prévenir de nouveaux malheurs, de faire placer une
barrière sur le quai aux quatre côtés du pont ; M. le
comte de V i l l e n e u v e , Préfet , s’est empressé de ré
pondre à la Société qu’il venait de se concerter avec
M . l’Irigénicur en chef pour faire construire, dans le plus
bref délai, les barrières dont il s’agit,
— Nous recevons à l’instant de M. Félix Pascalis , sa
vant médecin des États de l’union et ancien rédacteur du
médical rrpnsitori, à Newvork. , une lettre datée du 22
décembre 1822 , où nous lisons entr’autres choses im
portantes, qu’il a commencé et beancoup avancé une
�( 53 )
relation historique et médicale de la fièvre jaune , et
qu'il se propose de la faire imprimer à Paris. Nous recevons aussi de cet estimable médecin un mémoire
écrit en anglais dont il a fait lecture à la Société de
médecine de N ew york , à l'occasion de la fièvre jaune
qui a régné dans cette ville pendant l ’été dernier. Nous
donnerons la traduction de ce mémoire dans l'un de
nos prochains numéros.
<— On nous adresse assez souvent, pour être in
sérées dans notre journal , des observations particu
lières , dénuées de réflexions , etc. , et qui ne sauraient
évidemment remplir le but que leurs auteurs se propo
sent , dans l'hypothèse qu’ils les communiquent comme
des observations très-propres à éclairer la science. On
saura donc que nous ne sommes décidés à recevoir avec
reconnaissance que les faits dignes de fixer l’attention
de* médecins , e tc ., c’est-à-dire que nous ne publierons
que ceux qui offriront quelque intérêt.
— Nous voyons avec plaisir que les recueils de mé-s
decine se multiplient ; on est donc bien pénétré de leur
importance. A Paris , la Nouvelle bibliothèque médicale ,
à Lyon , la Gazette de santé , à Marseille , YAsclépiade
sont des nouveaux journaux dont nous n’oserions dire
aujourd’hui ni bien, ni mal , parce qu’on ne peut bien
les juger dès leur origine , si le mérite de leurs rédac
teurs n’assurait d’avance le succès qu’ils doivent obtenir.
— Le nombre des maladies aiguës n’a pas été con
sidérable en janvier; des ophtalmies , des coryzas, des
catharres , quelques varioles se sont offerts à l’obser
vation. En général, les phthisiques , les vieillards valé
tudinaires , auxquels la saison de l ’hiver est si préjudi
ciables , ont assez bien passé ce m ois-ci, sans doute à
cause de sa douce température qui a été presque con
tinuelle.
�— D ’après le relevé des registres de l’état civil de la
mairie de M arseille, il j a eu en décembre 18 12 , 55i
naissances , 35o décès et 8a mariages.
— Le relevé général des mêmes registres pendant
l’année 182a a présenté les résultats suivans : nais
sances, 4046 ; décès, 4 4 13 > mariages, g3 i.
P.-M. Roux.
4. ®
L
a
C
o n c o u r s
section «!e ch iru rgie
a c a d é m i q u e s
.
de l ’académ ie ro y a le
p ro
pose pour sujet du p rix qu’elle doit d écern er dans sa
séance publique de l’année
1824
, la questio n su ivan te :
Déterminer par l’observation , l’expérience et le raison
nement , quelle est la méthode préférable dans le traite
ment des plaies pénétrantes de la poitrine.
Les concurrens devront écrire leur mémoire en
français ou en latin , y attacher leur nom inscrit avec
l’épigraphe dans un billet cacheté , et les adresser,
avant le i . er juin 1824, sous le couvert de Son Exc.
le ministre de l’Intérieur, à RI. le professeur Richerand,
secrétaire de la section de chirurgie de l’académie.
Le prix consiste en une médaille d’or de millefrancs.
Les membre» honoraires et titulaires sont seuls exclus
du concours.
,
A V I S.
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc- , de ses membres soit titulaires , soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d’être publiés,
elle n a égard qu’à l’intérêt qu’ils présentent à la science
médicale: mais quelle n entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n’ont pas encore la sanction générale,
�( 55 )
BULLETIN
D E
LA
SOCIÉTÉ
DE
%/V% */V%
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
V W W t %/V». w m . V/V* W » */ V « ■W»«l%/V%%/Vfc %/V»
J an vier 1828. — N .0 X III .
m m V M > ' V V 1 > V V V V n lV V V 1 A n i V V 1 . i « V « V V lV V I ‘V V \ V M i
O b s e r v a t i o n sur l'ablation d’une tumeur anomale de
2.8 pouces de circonférence sur 9 de hauteur au-dessus
du niveau de la peau , par M. R ei mo ne t , docteur en
médecine , membre titulaire de la Société royale de
médecine de Marseille.
J. P ic h o n , âgé de 72 ans , d’une constitution encore
robuste, portait depuis plusieurs années une tumeur
au dos , de forme ovalaire, qui s’étendait depuis la
partie inférieure de l’occipital , jusques au milieu des
yertèbres dorsales ; elle occupait plus particulièrement
la région de l’omoplate gauche , le dessus de l’cpaule
et la partie du cou du même côté ; elle était située
un peu obliquement de dehors en dedans et de haut
en bas ; la peau qui la recouvrait, parcourue par un
grand nombre de veines considérablement dilatées ,
était d’ailleurs saine , excepté vers le sommet où, ulcé
rée, elle donnait issue à du pus et à quelques fongosités.
.Sa base était large et formait le plus grand diamètre ,
elle était mobile à la région du cou et de l’épaule seu
lement j en tendant la peau pour la porter en arrière ,
on sentait les pulsations de plusieurs vaisseaux d’un
T , Y . <Tanv. 1823.
8
�X 56 )
gros calibre, dont un égalait à peu de chose près le
Volume de la brachiale. Celte tumeur fesait par son
volume pencher la tète e.u avant et sur le côté droit.
Son aspect monstrueux et son poids incommode em
pêchaient depuis long-temps Pichon de sortir, ce qui
lu. lit demander l’opération qu’il supporta avec courage.
L ’âge du malade , l'ancienneté de la maladie , la na
ture de -la tumeur , sou volume , sa position , le grand
nombre de vaisseaux qui s’y distribuaient, étaient tout
autant de motits puissans qui rendaient douteux les
succès de l’opération ; cependant une consultation dé
cida qu’il fallait la pratiquer, ce qui fut fait peu do
jours après.
Après avoir convenablement disposé Je moral du
malade pendant trois jours , l’avoir mis à l’ usage d'un
grain d’opium , d’une légère boisson acidulée et d’un
régime doux et léger , et de quelques lavemens pour
entretenir la liberté du ventre , je procédai à l’opéra
tion comme il suit :
Procédé opératoire. — Le malade assis sur un siège
dont le dossier regardait la partie antérieure du tronc,
ses bras et sa tète appuyés sur un coussin , fui main
tenu immobile dans cette position devant une fenêtre.
Deux aides portaient fortement en arrière la tumeur,
de manière à l’éloigner de la partie latérale gauche du
cou , pendant qu’un autre comprimait au-dessus de la
clavicule les vaisseaux considérables qui, de celte région,
sa rendaient dans la tumeur. Ces dispositions prises,
je lis une incision qui s’étendait de la partie supérieure
de la nuque jusques à l’angle inférieur de l’omoplate
la peau et le tissu cellulaire furent divisés jusques aux'
museles ; les vaisseaux ouverts étant liés , je circons
crivis la tumeur par une seconde incision sémi-elliptique qui égalait en étendue la précédente. Il est bon
d’observer que je fis repousser la tumeur en sens in-
�f
( 57 )
verse, c'est-à-dire, vers ]e côté gauche, cê qui me
donna Ja facuité de conserver une quantité de peau
presque suffisante pour recouvrir ce que laissait à nu
l’ablation de celte masse. Cela fait , j’achevai de la dé
tacher entièrement des muscles sous-jacens, je fis
ligatures, ce nombre aurait pu être moins grand, si
dans la première incision j’avais compris les deux
principaux vaisseaux qui se ramifiaient à l’inlini dans
la tumeur. Les bords de la plaie furent maintenus
rapprochés par de longues bandelettes agglutinatiyes ;
les bras portés en arrière pour mettre en relâchement
la peau du dos, favorisaient ce rapprochement; fixés,
au corps au moyen d’une bande , ces derniers restèrent
dans cette position les cinq premiers jours. Un grand
gâteau de charpie fut placé sur la plaie avec quelques
compresses, le tout assujetti par un 8 de chiffre. Le
malade mis dans son lit prit une légère infusion de
tilleul. Peu après la cessation du spasme , lorsque le
pouls commença à se développer, l’appareil fut inondé
de sang ; l’hémorrhagie me parut trop considérable |>
ne point hésiter à découvrir la plaie ; je détachai donc
de sa surface un grand nombre de caillots par des lo
tions avec l’eau chaude ; je vis effectivcmenl que le
sang jaillissait de plusieurs artérielles , qui s'étant re
tirées dans les chairs , n’avaient point donné Jocs du
pansement, ou bien par l’effet de quelque s ligatures
qui , sur le grand nombre, avaient cédé. Je liai encore
neuf artères et je pansai ainsi que je l’avais fait avant.
Depuis , plus d’hémorrhagies ; un peu de sérosité san
guinolente humecta les pièces d'appaieil , comme cela
arrive après les grandes opérations , lorsqu’on a divisé
beaucoup de vaisseaux et de veings variqueuses. J e
malade remis dans son l i t, resta couché sur le coté
d ro it, prit de la limonade , une émulsion anodine le
soir et observa la uiète la plus absolue.
�(
58
)
Les premiers jours se passèrent dans un état tran
quille ; le troisième , des frissons et de la douleur à
la tête annoncèrent la fièvre de suppuration. Le cin
quième , l’appareil répandant de l’odeur fut renouvelé J
la charpie et les compresses furent changées , je ne
touchai pas aux bandelettes ; le malade était d’ailleurs
calme. ( Bouillons trois fois par jour ).
Le 7.% je changeai les bandelettes, je lavai la plaie
avec une décoction de pavots. Alors rapprochement
des bords , recollement des tépumens , inflammation et
suppuration légères, peu de douleurs. ( Même régime),
Le 8.e , état satisfaisant du malade , point de fièvre.
(Ses bras sont déliés; même pansem ent, soupe au gras
et crème de riz ).
Le 14.e la plaie est considérablement rétrécie, châle
de trois ligatures , suppuration ordinaire. ( Le panse
ment est toujours fait avec des bandelettes agglulinatives ; soupe trois fuis par jour , eau vineuse pour
boisson ).
Les ligatures continuent à tomber jusques au a5,e jonr.
L e afi.* , le malade a commencé de prendre quel
ques alimens de facile digestion ; il se lève et promène
dans son appartement; harmonie des fonctions; la plaie
continue de faire des progrès vers la cicatrice.
4 o .' jour. La plaie est réduite à l’ovale d’un œuf de
dinde. Une pellicule s’ébn d des bords vers la circon
férence, les bourgeons charnus sont affaissés, la suppu
ration est en très-petite quantité , quelques points même
du centre semblent se dessécher ; le malade meut ses
bras et son cou on tout sens ; il mange à son habi
tude et se livre , quoique dans sa chambre , à divers
exercices.
4 4 -e jour. Douleur à la plaie; nuit agitée; l’appareil
*ali par un pus abondant et séreux , répand une trèsmauvaise odeur; la pellicule qui recouvrait enpaitielt
�( 5g )
plaie , n’existe plus , son fond est rouge , les bourgeons
sont développés , les bords enflammés et boursoufflés,
un mouvement fébrile accompagne cet état. ( Les ali—
mens sont diminués , le pansement est le m êm e).
45.e jour. Exaspération des symptômes précédens ,
saignement des bourgeons charnus , bords sensibles et
très-tuméfiés, appétit nul , so if, insomnie , agitation,
douleur de tête , sécheresse de la langue et fréquence
du pouls. La tumeur ayant été jugée en partie squir
rheuse , on présume que la plaie est devenue cancé
reuse. En effet elle paraît prendre la marche du cancer
qui survient après l’ablation du sein affecté de celte ma
ladie. Cependant étant loin de la préjuger au-dessus des
ressources de l’art, je ne livre point cet état aux soins
de la nature. Des mesures sévères sont prises pour ar
rêter la marche de la plaie vers une terminaison de
ce genre. J. Pichon est mis à la diète absolue , à l’usage
de l’eau froide pour boisson ; un lavement huileux combat
avantageusement la constipation qui existe ; un grand
cataplasme avec les feuilles fraîches de jusquiame, de
mauve et de q. s. de mie de pain , arrosé d’une solu
tion aqueuse d’opium , recouvre la plaie, le mouvement
des bras est in terdit, repos absolu.
46. e jour. Point d’amélioration. (Mêmes prescriptions).
47.
e Vingt sangsues devaient être appliquées au pour
tour de la plaie ; un mieux sensible fait différer ce
moyen. ( Mêmes prescriptions ).
48.
e jour. Le mieux augmente juscpi’au 54.e ( même
régime, même pansement, bouillons, demi-grain d’opium
matin et soir )
5g.e jour. La cicatrice a fait des rapides progrès ,
des excroissances sont réprimées au moyen du nitrate
d’argent fondu , le malade a augmenté progressiveii f nt
ses alimens , !« plaie est pansée avec le» bandelettes
depuis plusieurs jours.
�( 6o )
70.* jour. Cicatrice presque complète. Un simple
emplâtre de dyacbilon la couvre , le malade est légément purgé par l’emploi d'un sel neutre : il mange
comme de coutume et vacque à toutes ses occupations
les jours suivans.
Quinze mois se sont écoulés depuis l’opération. J.
Pichon a constamment joui d’un bonne santé , sa vue
ne s’est point affaiblie comme l’on avait lieu de le
craindre. Aucune altération morbide ne s’est montrée
par la suppression des deux fonticules établis au som
met de la tumeur. Aussin’ui-je point eu recours à l’emploi
du cautère. La cicatrice étant parfaitement consolidée ,
le tissu cellulaire sans le moindre endurcissem ent, la
peau de couleur naturelle et les glandes dans l’état
normal font présumer, ainsi que le temps déjà écoulé,
que le cancer ne surviendra pas et que la prétendue
infection n’existait que dans l’esprit de’ ceux qui l’avaient
préjugée. Les mouveinens des bras et du cou sont libres
dans tous les sens , en un mot tout assure que la sauté
de j . Pichen est dans une parfaite intégrité.
Examen de la tumeur. — La pesanteur spécifique
n’était pas la môme partout ; plus considérable vers sa
grosse extrémité, qui était composée de plusieurs livres
de squirre , vers la petite extrémité ou supérieure , elle
était presque toute graisseuse ; on voyait cependant
quelques points dans un état remarquable d’endurcis■ sement. 1 .a région des deux fonticules était formée par
une substance presque toute vasculaire . gorgée de sang,
revêtue d’une pellicule très-fine , semblable enfin à un
tissu crectile. Quelques foyers disséminés dans l ’éten
due de la tumeur contenaient un pus grurnelé, d’autres
étaient semblables à de petits kystes séreux ; mais la
nature de la tumeur paraissait principalement tenir de
celle du cancer , puisqu’on remarquait du squirrhe,
des fongosités ressemblant au fongus hémalodés , du
�tjù ïï* $ a b A rzt/J ew * tz/&
a b vzMAzaxé'
-^ r? S is'rz^ t'^
■ dexS^6/2/ &^^/$rzXa^ tzspf éde 7 S fï/S'S.
Aitutr ui Brusiéatrit:
Pûtzâ Setupfit.
��cellulaire endurci. Cependant le concours des di
verses autres substances qui la formaient , ne permet
pas qn’on lui assigne comme telle une place dans le
cadre nosologique et la fait comprendre dans le nombre
de celles que l’on désigne sous le nom d’anomales.
tis su
P r o j e t ( i ) &» souscription pour élever un monument h
la mémoire des Médecins , Chirurgiens et Pharmacien»
morts aux armées ; par M. S egau d , Président de la
Société royale de médecine de Marseille.
M M .,
L e s Français, naturellement sensibles et généreux,
se plaisent, depuis quelque tem ps, à imiter une na
tion voisine dans la manière de récompenser des ser
vices rendus à l’État ou à l’humanité , et à réparer des
maux occasionés par des incendies ou par des orages
dévastateurs : c’est effectivement le moyen le plus sim
ple et le plus sur de faire le bien ; c’est ainsi que toutes
les classes de la société peuvent prendre part à la chose,
et s’assurer par-là du vrai mérite ou du malheur réel.
Vous avez été souvent invités à concourir à de pareils
actes de bienfaisance , et , chaque lois , vous vous êtes
( i ) Cette lecture a été faite dans la séance du aS octobre de r
nier , et en présence de M M . B e n a c , TeXtoris , Scux , C ava
lie r , I to u la u d , P ic a r d , li e u l l a c père , Jo a ch im B e u / la c ,
Théodore B e u / la r , S ut , T ra b u c , D eiia n s , R e y , S ig a u d ,
R eim o n et , Sur m et f F este , C e r n e t , A s t o u x , F o rca d e ,
G o u lin , D u n e s , A n d r é , M a g a il , S u e et R o u x .
Dire que celte lecture a fixé vivement l’attention de l'a udi
toire , serait annoucer ,
par anticipation , une chose dont on
pourra facilement se convaincre par les deux rapports auxquels
le projet de M. Segaud a donné lieu , et qui seront insérés daus
le prochain bulletin de la Société,
P .-M . K.
�montres généreux. Connaissant votre philantropie et
voire zèle , je viens aujourd'hui avec confiance faire
un appel à l'une et à l’autre et les mettre tous deux
à contribution , pour un objet tendant à honorer les
gens de l’art qui ont péri en servant la France et
l’humanité : à tes mots Honneur, France, Humanité,
je suis sûr que vous m’écouterez avec quelque bien
veillance , alors même que le projet que je vais vous
présenter pourrait vous paraître inexécutable.
La France vivait heureuse sous un règne doux et
paisible , lorsqu’un changement fondamental s’opéra
tout-à-coup dans son sein : on était loin de croire , alors,
qu’il entraînerait après lui tant de malheurs et que l’on
verrait disparaître la plupart de ceux qui , avec des
intentions pures, l’avaient secondé. T els ont été cepen
dant les résultats des différens événemens politiques
qui se sont succédés tour-à-tour, dans l’espace de
trente années. De pareils désastres ne s’arrêtèrent point
aux limites de notre territoire , mais ils se firent encore
plus ou moins sentir dans plusieurs autres parties de l’Eu
rope et le Nouveau-Monde n’en fut pas exempt. 11 ne
nous appartient pas de dérouler ni d’approfondir les
causes de ce bouleversement presque universel, encore
moins de présenter le tableau des actions que l’histoire
seule peut retracer et que la postérité aura de la peine
à croire : nous nous bornerons donc à prouver que les
gens de l'art , dans ce temps calamiteux , ont bien mé
rité de l’humanité et que les services qu’ils ont rendus
sont trop grands , pour qu’il n’y ait pas quelque chose
qui atteste le généreux dévouement de ceux q u i, pen
dant ce laps de temps , sont morts aux armées.
Déjà trente années de gloire et d’infortunes se sont
écoulées depuis cette époque où 1« France, entraînée
par ces viscissitudes sociales qui changent, de temps à
autre , le sort des individus comme lu face des empires,
�( 6 5 )
fut appelée vers ses frontières par le besoin de se dé
fendre. Des hommes accoutumés , la plupart , à mener
une vie douce et tranquille , se virent tout-à-coup forcés
de se livrer à une profession pénible et qui n’était
guère de leur goût. Ils durent éprouver une grande
secousse dans leurs facultés physiques et morales : de
là le grand nombre de malades et la diversité d’affec
tions morbides favorisant et entretenant des épidémies
plus ou moins meurtrières : cet état de choses deman
dait des secours prompts ; on fit un appel aux gens de
l’art , et on mit même en réquisition permanente tous
ceux qui n’avaient pas encore atteint la quarantième
année. La voix de l’humanité fut entendue et on vit
accourir de tous les points du royaume une foule de
médecins , de chirurgiens et de pharmaciens ;le danger
des épidémies qu’ils allaient s’efforcer d’arrêter ou de
combattre enflammait leur courage : l’idée seule qu’ils
pouvaient être utiles à leurs compatriotes était tout ,
et l’air infect dans lequel ils étaient presque sûrs de
trouver la mort n’était compté pour rien. On les voyait
dans les hôpitaux ou des granges et des temples qui
en tenaient lieu , s’identifier avec les malades que ces
asiles renfermaient , en relevant tout à la fois leur cou
rage abattu , et en mettant à contribution toutes les res
sources de l’art pour les arracher à la mort. Fallait-il
aller sur le champ-de-bataille , pour y panser les braves
que le fer ennemi avait atteints ? ils volaient à leur se
cours , et tout en leur prodiguant les soins les plus
alïèctueux , quelquefois , ils recevaient eux-mêmes des
blessures mortelles.
Parmi les moyens qui pouvaient rendre les épidé
mies moins intenses , un des plus efficaces était d’em
pêcher l’encombrement des malades dans les hôpitaux :
que ne fesaient-ils pas ces initiés dans les mystère»
T . V. Jum>.
n
�( 64
]
de la nature , pour prévenir un pareil mal ; mais tous
leurs efforts devenaient impuissans : cela tenait à des cir
constances qu’il n’était pas possible de maîtriser. De li
une mortalité effrajante dont ils étaient eux-mêmes les pre
mières victimes : aussi a-t-on v u , dans une seule année,
périr plus de douze cents médecins , chirurgiens et phar
maciens : à peine avaient-ils cessé de vivre que tous
leurs services étaient oubliés : cependant ils avaient
droit à la reconnaissance du gouvernement d’alors qui
aurait dû honorer publiquement leur mémoire et venir
au secours de leurs veuves et de leurs enfans, dont
plusieurs se trouvaient dans le plus grand besoin. Pour
quoi donc les médecins qui ont été moissonnés au
champ d’honneur n’ont-ils pas été traités comme les
militaires ? Est-ce que l’on a pu penser qu’ils étaient
moins utiles ? Cela serait , selon nous , une idée bien
étrange , car si nous mettons en parallèle les service)
que les uns et les autres ont rendus, nous venons
sans doute que nos guerriers ont sauvé plus d'une
fois la chose publique ; mais les ministres de la nature
ne devaient-ils pas partager ces triomphes ? Est-ce
qu’ils n’ont pas contribué à rendre les combats plus
décisifs. , en donnant la santé au soldat et en grossis
sant par là nos bataillons ? Ne se sont-ils pas d’ailleurs
exposés comme eux à des dangers ? Je crois ,- au con
traire , que leur dévouement présentait plus de péril :
en effet, le soldat a vraiment tout à craindre le jour du
combat ; mais ce temps-là passé et lorsqu’il a le bon
heur d’en sortir sain et sau f, il est content et joyeux ;
tandis qu’il en est bien autrement du médecin : celui-ci
est continuellement à la tranchée ; le combat qu’il soutient
n’a point de fin , il est toujours en présence de la mort;
ce qui le rend souvent triste et peu porté à la gaîté. Ainsi
l’art de guérir a ses héros comme l’art de la guerre,
D ’après ce qui vient d’être d it, on peut donc sou-
�( 65 )
tenir qu’en temps de guerre, lorsqu’il survient un®
épidémie dans les armées , ce qui arrive assez souvent,
les médecins sont aussi uiiles qne les militaires, et qu’ils
ont droit comme eux à la reconnaissance nationale.
Ce n'était point ainsi que pensait celui dont l’ambi
tion a fait tant de mal à la France : les militaires étaient
tout , parce qu'ils battaient et servaient en mêine-temps
sa passion dominante , qui était de tout envahir ; aussi
avait-il fuit ériger en leur honneur un monument que
les anciens peuples consacraient aux dieux seuls ;
tandis que généralement il regardait d’un œil dédai
gneux les interprètes de la nature , les amis et les
consolateurs de l'humanité souffrante, erdin ces hommes
généreux , qui affrontèrent plus souvent la mort dans un
seul m ois, que le soldat le plus intrépide dans plu
sieurs campagnes.
Personne , jusqu’à présent, ne s’est avisé de faire
connaître cette ingratitude , disons mieux , de signaler
une pareille injustice : c’est aux médecins réunis en
société qu’il appartient de plaider la cause de leurs
confrères morts aux armées : en cherchant ainsi à faire
honorer leur mémoire, ils contribueront à donner de
l ’illustration à l’art de guérir , art dont on fait trop
peu de cas aujourd’hui et que l’on cherche même à
avilir , s’il faut en juger par la manière avec laquelle
«ont traités ceux qui l’exercent.
Ayant servi dans les hôpitaux militaires où j’ai vu
périr un grand nombre de médecins, parmi lesquels
se trouvaient des professeurs d’un très-haut mérite et
d’autres sujets d’un talent distingué , je me fais un
devoir d’élever la voix en leur faveur : c’est pourquoi,
je propose à la Société d’ouvrir une souscription dont
le produit serait consacré à ériger un monument à
la mémoire des gens, de l’art qui sont morts aux ar
mées. Il conviendrait, ce me semble , que, ne faisant
�(6 6 )
acception de n ation , les m édecins
des différons états
d ’Europe , qui ont succom bé en so ign an t des Français
dans les h ô p ita u x , eussen t part à c e t hon neur.
P o u r que cette souscription /produisit l ’effet désiré,
il fau drait la faire p résen ter d ’abord
à notre
auguste
M on arque ; je suis persuadé que L o u is X V I I I , natu
rellem en t gén éreu x et p h ila n tro p e , s ’em presserait d’y
in scrire son nom : n ’avons-nous pas un 'exem p le tout
ré ce n t de ce q u ’il a f a it , pour ré co m p en ser le dévoue
m ent de la com m ission m édicale e n v o y é e à Barcelone
et h on orer la m ém oire de l’un des m em bres de cette
com m ission qui a été victim e de son z c le . S i le cœur
du p etit fils
de I I exri I V
s’est
m ontré
sensible et
recon naissan t envers quatre m éd ecin s
qui ont essayé
de seco u rir un peuple é tr a n g e r , que
n e devons-nous
pas attendre
m o ire
des
de sa
m unificence p o u r ho n o rer la mé
m illiers de
gen s de l ’art q u i
p o u r sau ver des F ran çais. L a m êm e
sont morts
dém arche devrait
être faite auprès de la F a m ille R o y a l e , des
différons
M in istères et des deux C h a m b re s.
Il
co n vien d rait que cette
so u scrip tio n
fu t
encore
présen tée à tous les S o u v erain s de l ’E u ro p e : il n’est
aucun de ces
potentats qui
ne
vo u lu t
contribuer à
p erp étu er le so u ven ir de ces h om m es don t plusieurs
ont péri
en
p ro digu an t
s o ld a ts; puisqu’ils
ont
des soins
déjà
à
co m b lé
leu rs
de
propres
présens et
d ’honneur ceux des m édecin s F ran çais qui ont survécu
en rem plissant de pareilles fonction s.
Cette
liste
étant
ainsi re vê tu e
im portantes signatures ,
de ces illustres et
on ''e n v e rra it
aux différentes
A d m in istratio n s fran çaises , c iv ile s , m ilitaires et ecclé
siastiques ; aux Facultés de m édecin e et de pharmacie,
aux
Sociétés
m édicales
et
litté ra ire s tan t régniroles
q u ’étrangères ; aux m édecin s ,
au x c h iru rg ien s et aux
p harm aciens ; aux in ten d an s san itaires ; a u x écoles de
�( C7 )
droit, aux chambres des avocats , des avoués et des
notaires, et aux philantropes de tous les pays.
Il est à présumer que cette souscription serait gé
néralement bien accueillie,surtout par les gens de l’art
et, que par ce moyen on pourrait obtenir une somme
considérable et suffisante pour élever un monument
proportionné à la grandeur de son objet.
Pour éterniser cette époque, on frapperait des mé
dailles et on ouvrirait un concours dans lequel on
accorderait un grand prix au poète qui chanterait le
mieux les services rendus à P istât et à l’humanité
par ces hommes pleins de dévouement et de courage :
une de ces médailles et un exemplaire ■ du poème
couronné seraient envoyés à chaque souscripteur. Si
le produit de cette souscription dépassait la somme
des dépenses nécessaires pour ces trois o bjets, le
restant serait consacré au soulagement des gens de
l’art qui se trouveraient dans le malheur.
Mais quel est l’endroit où l’édifice projeté devrailêtre élevé! Serait-ce à Paris , à M ontpellier, à Stras
bourg, ou à Marseille? Peu importe le lieu que l’on
choisisse , pourvu que la chose se fusse. Néanmoins
comme dans la peste de ryao , les médecins ont
donné à Marseille des marques d’un dévouement sans
exemple et que cette ville a d’ailleurs de fréquentes
relations avec les divers peuples du Levant, je vou
drais qu’elle eut la préférence sur les autres , par la
raison que si jamais ce fléau dévastateur , trompant
l’active et sévère vigilance de l’intendance sanitaire ,
venait à apparaître dans cette vaste cité ou dans ses
environs , les médecins ayant sous leurs yeux l’hom
mage public rendu à la mémoire de leurs confrères ,
fussent encouragés par-là à se dévouer pour leur conci
toyens.
Pour prouver que Marseille
être le
devrait
lieu d’élec-
�( 68 )
tîon , serait-il peu concluant d’ajouter encore que cette
ville recevant journellement dans son port des bâti—
mens de toutes les parties du globe , les différentes
nations pourraient contempler ce monument et voir
comment les Français savent reconnaître les services
rendus à l’humanité.
Le projet que je viens de vous soumettre, Messieurs,
est vaste; son exécution pourra paraître difficile à ceux
qui ignorent ce que vous avez fait depuis vingt-trois
ans que vous êtes institués et qui ne prévoient pas
ce que vous serez dans le cas de faire par la suite :
en effet, s i, jusqu’à présent, vous n’avez point cherché
à remuer les pierres fondamentales de la science, tou
tefois le monde médical connaît vos nobles efforts par
les nombreux concours que vous avez ouverts sur
des questions importantes concernant la nature et le
traitement de quelques affections morbides. On sait
encore qu’elle part vous avez eue dans les mesures
de salubrité publique que l’autorité a prises dans cette
vaste cité et dans tout le département dont elle fait
partie ; qui peut ignorer l’impulsion que vous avez donné
à la découverte Jennerienne, et tous les sacrifices que
vous avez faits pour assurer son triomphe ? qui a
posé les fondemens de la Société de bienfaisance l
n’est-ce pas en partie notre Société à qui est due
cette ordonnance conservatrice relative au décès et
par laquelle la porte est fermée au crim e, et la sûreté
individuelle garantie ? n’est-ce pas vous qui l’avez pro
voquée i enfin n’est-ce pas notre Société q u i, à force de
représentations et de démarches, est parvenue à per
suader nos magistrats que la philantropie et l’humanité
réclamaient un asile pour le traitement des fdles pu
bliques entachées de la siphilis ! vous avez offert de
faire gratuitement le service de cet établissement :
vos offres n’ont pas été accueillies, n’im porte, vous
�(69 )
êtes satisfaits : vos vues sont remplies ; le bien se fait.
De ce que notre Société a fa it, on peut facilement
se former une idée de ce qu’elle fera par la suite ,
surtout si l’on considère que chaque jour elle se for
tifie en recevant dans son sein des praticiens distin
gués et-de jeunes docteurs pleins de talens et brulans de zèle : de telles acquisitions sonnent l’avenir
d’une grande gloire médicale et doivent nécessairement
contribuer à augmenter la réputation dont elle jouit
tant en France que chez l’étranger;
Je viens de tracer très-imparfaitement et en forme
d’épisode , le tableau de ce que notre Société a fait
depuis son institution et donner une idée de ce qu’elle
peut faire par la suite : on doit voir par-là qu’elle est
son utilité et si elle a des droits à la reconnaissance
publique, ces droits deviendront plus grands en core,
s i , prenant en considération le projet que j’ai l’hon
neur de vous soum ettre, vous parveniez à le faire
exécuter ; vous ajouteriez un nouveau fleuron à sa
couronne. Je veux supposer que, trouvant des obstacles
insurmontables, vous ne pussiez pas réussir dans votre
entreprise, vous auriez au moins la gloire d’avoir tenté
quelque chose de noble et de grand pour l’honnerv
de l’art.
L ’exécution d’un pareil monument ayant lieu , dési
rons ardemment que nous , ni nos neveux ne voyons
jamais Futilité d’en élever un second ; ce serait le
plus grand de tous les malheurs : pour que cela
n’arrive pas, il faut que l’union et la concorde règne
parmi les Fi ançais ; que la paix soit éternelle chez
tous les peuples et que le temple de Janus ne se r’ouvre
jamais plus , assez et trop long-temps la terre a été
arrosée du sang humain. Clavdite jam rivoi, pueri^sct
prata libérant.
�( 7° )
SÉANCES
FEN D AN T
LE
DE
LA
SOCIÉTÉ
M O IS D E D É C E M B H E
IÜ 2 2 ..
7 Décembre■ — M. Forcade donne lecture de son
rapport .sur le mémoire île M. Sabloirolles , médecin à
Montpellier, ayant pour titre : Considérations péntrales
sur les symnathies et particulièrement sur celles de l'estomac
a c r e différentes parties du corps humain.
Le reste de la séance est consacré à la discussion
d’un objet de finances.
14 Décembre. — Lecture est faite du rapport de M.
T h . btullac , sur le mémoire de M. .1un juin , médecin
du lloi à Valence, intitulé : Observations-pratiques sur
la vertu spécifique de la vaccine contre la petite vérole.
L a petite vérole s’étant montrée dans quelques quar
tiers de la vieille v i l l e , la Société délibère qu’une lettre
sci a c r n > aux m agistrats pour leur signaler l’existence
de cette m aladie désastreuse et le u r faire connaître la
nécessité de réveiller l'indifférence des classes ouvrières
pour la vaccine.
La séance est terminée par le scrutin de M . Sablaifolles , qui est reçu membre correspondant de la Com
pagnie,
28 Décembre. — M. T h . Beullac , orgsne de la
commission chargée du dépouillement des délibérations
de la Société à dater de son origine , fait son rapport,
dont les conclusions sont adoptées.
Avant de clore la séance , M . l e Président fait sentir
l’utilité des observations météorologiques , relativement
aux maladies régnantes et propose pour membre titu
laire résidant, M. Gambart , jeune, astronome distin
gué et directeur de l’Observatoire royal do Marseille.
Celte proposition est prise en considération.
S E G A U D , Président•
S u e , Secrétaire-général.
�( 73 )
PREMIERE
PARTIE.
O B S E R V A T IO N S DE M E D E C IN E -P R A T IQ U E .
OBSEP.rATION
d'une
etc., par M .
lésion organique de l’estomac ,
S eisso n ,
médecin à M arseille. ■
M. 5 . , âgé de 5g ans , brun , musculeux, sensibilité
profonde et concentrée , n’ayant eu d’autres maladies
qu’une forte douleur à l’épigastre qui dura deux jours
seulement pendant qu'il était militaire en Espagne.
Retiré du service depuis deux ans , il fut chargé , en
juin 1821 , de la direction d’une verrerie et un mois
après il sentit son appétit diminuer considérablement,
douleur gravative à l’épigastre , langue blanche et pâ
teuse ; le tartrate de potasse antimonié ne produisit
aucun bon effet et le malade , toujours souffrant plus
ou moins de son estomac , chercha à exciter son appé
tit par des alimens stimulons et analeptiques, et le vin
en plus grande quantité qu’à l’ordinaire. Il passa ainsi
une année rapportant tout ce qu’il éprouvait à une pré
tendue faiblesse d’estomac.
En juin 1822, son état exaspéré , soit par les fortes
chaleurs de l’été et celles de la verrerie dans un pays
où l’eau était rare et de mauvaise qualité , soit par les
slimulans et le régime analeptique , la gastrodynie de
vint insupportable et il éprouvait de temps en temps
une sensation de déchirement dans la région cardiaque ,
lors du passage des alimens solides dans cette partie
de l’œsophage.
T . V* Février i 8a3.
10
�i
( 74 )
Tous ces symptômes augmentant, la débilité surtout,,
il vint à Marseille réduit alors aux alimens liquidcs.
qu’il supportait plus facilemeat. ( Continuation du
même régime analeptique. ) L ’oxide de bismuth , ad
ministré pendant vingt jours , ne fit qu’exaspérer les
douleurs. L'extrait d’opium à doses réitérées fit cesser
la gastrodynie et dès-lors le malade éprouva des dou
leurs très-aiguës dans les deux cuisses , sans aucun
changement dans ces parties. ( Il y avait au genou
gauche un commencement de tumeur blanche à la suite
d’une chute , mais cette maladie avait suspendu ses pro
grès lors de l’apparition de l’irritation gastrique ) ces
douleurs ayant des intermittences bien marquées , on
les considéra comme locales et périodiques. Des doses de
quinquina , plusieurs fois répétées , accrurent leur inten
sité; les linimens stimulans, les vésicatoires, les frictions
sèches sur les parties douloureuses, les antispasmodiques
à l’intérieur ne furent pas plus efficaces. L ’opium ne
pouvait rien contre ces douleurs , pas même contre une
insomnie qui durait depuis quarante jours.
Tel était l’état des choses, lorsque je fus appelé pour
soigner le malade , le 16 octobre , quinze mois environ
après l’invasion de la maladie. Je le trouvai pâle,
maigre , pouls petit, dur et peu fréquent ,. chaleur un
peu au-dessus de l’état naturel , langue blanche , pâteuse
et rouge sur ses bords
douleur profonde à la forte
pression sur l’épigastre , bon appétit , légère constipa
tion, état normal de toutes les secrétions y fortes dou
leurs dans les cuisses , insomnie très-opiniâtre et sur
tout extrême débilité', bien qu’il se gorgeât de soupes
très-succulentes.
D’après ce qui précède , je pensai que la cause ma
térielle et primitive de tous ces phénomènes pouvait être
encore dans l’estomac et je mis le malade à un régime
opposé à celui qu’il avait suivi jusqu’alors (diète,lait
�( 75 }
d’ànesse deux fois par jour , solution gommeuse et aci
dulée , bains généraux , fomentations sur l'épigastre ).
II y eut d’abord un peu d’amélioration pendant quelques
jours mais le malade éprouvait une sensation pénible
à l’épigastre toutes les fois que l’estomac était dans un
état de vacuité, ce qui l’obligeait à prendre toujours un
peu d’aliment ; il parvint à calmer le mal-aise par une
forte solution de gomme.
Le 5o octobre, il eut des intermittences de quatre
jours., diminution de la faiblesse, sommeil prolongé.
Cependant les douleurs étaient toujours très-intenses.
Le 4 novembre , à la suite d’un écart de régime , dou
leurs des cuisses très-aiguës avec des irradiations vers
l’estomac, perte de connaissance , roideur tétanique dans
tout le corps.
Le 7 , fortes douleurs sans se communiquer à l’esto
mac et depuis ce jour il n’en a plus paru dans cette
partie , pas même par la plus forte pression, et dans
aucune partie du ventre.
Le r i , douleurs obtuses, extrémités froides, engor
gement des pieds ; toutes les secrétions sont dans l’état
physiologique, le pouls faible, mais point fébrile , les
douleurs des cuisses cèdent à l’opium. Cependant tou
tes les fois qu’on augmente les alimens , les douleurs
deviennent plus fortes et continues.
Le 26 novembre, douleurs très-aiguës, tremblement
dans tout le co rp s, convulsions des muscles de la
face , forte constipation qui paraît l'effet de l’opium.
Le malade s’affaiblit , l ’engorgement des extrémités
augmente parce qu’il ne peut rester couché. La conti
nuité des douleurs des cuisses , leur émaciation plus
considérable que dans les autres parties du corps ,
font penser qu'il peut y avoir une lésion organique
dans la moëlle épinière ; que cet organe affecté d’a
bord sympathiquement, a pu le devenir organiquement.
�<
76
)
La proposition d’appliquer de la potasse sur l’ épine
dorsale est rejettée par le malade.
Continuation des progrès de la maladie, légère cé
phalalgie , parfois délire tranquille , les alimens pa
raissent mieux passer, le malade prend même un mor
ceau de [tain sans en être incommodé. Enhardi par cet
essai, il augmente p e u - à - p e u la dose des alimens,
à la suite desquels , le T7 décembre , il éprouve une
forte commotion et une vive douleur à la région omLiiicale , pouls presque effacé , état convulsif des mus
cles de la face.
l e 19 , il est revenu progressivement à son état or
dinaire , c’est-à-dire faible , sans fièvre et les douleurs
des cuisses cèdent à de fortes doses d’opium.
Le »5 décembre , oppression , toux , accélération du
pouls, ensuite expectoration abondante de crachats épais,
grisâtres et froids.
Dès le 28, il ne quitte plus le lit 5 les jambes se
dégorgent, syncopes fréquentes, sensation de froid
dans les entrailles ( plusieurs soupes par jour , vin su
cré , thériaque ); douleurs des cuisses moindres , sensa
tion de pesanteur dans l’épigastre. L ’expectoration cesse
sans oppression. Le malade , sans fièvre, s’affaiblit pro
gressivement et s’éteint , sans agonie , le ig janvier.
Autopsie cadavérique et réflexions■ — Cadavre au
deux tiers de marasme , Jades ictérique; aucune lésion
organique le long de la moelle épinière , seulement un
peu de sérosité entre la pie-mère et l’arachnoïde venant
probablement du cerveau qui en contenait beaucoup 1
soit à sa surface , entre ces deux dernières membranes,
soit dans ses ventricules, où il y en avait1de cinq'à
six onces. La pulpe cérébrale avaiL plus de densité que
dans l’état normal.
L ’estomac, r é d u it à la m o itié d e so n é ta t o r d in a ir e ,
p r é s e n ta it u n e
profo nde
l é s io n
à la p a r tie
supérieure
�( 77 )
et postérieure. Elle s’étendait, en forme de rayon , du
cardia à huit pouces de circonférence , vers le côté
droit et la partie de cet organe , qui est en rapport
avec le pancréas ; elle avait 9 lignes d’épaisseur vers
son centre et diminuait vers ses bords , dure, grisâtre »
lardacée , recouverte au-dedans et au-dehors de végé
tations semblables à des verrues. Le pancréas parti
cipait aussi à cette dégénérescence organique. La
portion la plus déclive du ventricule à-peu-près saine >
était tenue dans un état de dilatation par la portion
malade, ce qui nous explique l’absence des vomissemens ,
vu que cet organe ne pouvait revenir sur lui-même.
Les fonctions digestives ont pu encore avoir lieu en
paitie, aussi le malade n’a succombé , ce me semble ,
que lorsque le cerveau et les poumons ont participé à
la maladie.
Le rein droit ne conservait aucun reste de son or
ganisation normale , il était réduit à une poche qui avait
quatre fois la grosseur d’un rein ordinaire dont les parois
fibro-cartilagineux ressemblaient à ceux de l ’aorte. L ’in
térieur , divisé en cinq grandes cellules remplies d’une
liqueur séreuse , dans laquelle nageaient des flocons
albumineux et un petit calcul noir , friable , de la
grosseur d’un pois. Le rein du côté opposé avait doublé
de grosseur et était dans l’état physiologique.
On ne peut expliquer les douleurs des cuisses par
la lésion d’un seul rein , puisqu’elles étaient toutes les
deux également douloureuses , c’est ici seulement un
exemple de plus qu’un organe très-sensible dans cer
taines maladies p eu t, dans d’autres , être profondément
lésé, sans se manifester par des signes apparens.
Le poumon gauche était hépatisé à sa partie inférieure
«t il en sortait à la section, ainsi que du poumon droit,
des goutelletes de pus qu’on aurait pris au premier
coup-d’œil pour des tubercules fondus.
�( 7* )
I l existait de fortes adhérences entre tous les viscères,
La lésion organique de l’estomac n'est-elle pas évi
demment le résultat d’une phlegmasie qui , par la con
tinuation des causes qui l’avaient développée , a passé
à l’état d’altération organique f
Cette maladie n’a présenté , surtout à l’époque où
j ’ai vu le malade , qu’un très-petit nombre des signes
pathognomoniques de la plupart des médecins qui l’ont
décrite et je dois dire en faveur de la vérité et de la
reconnaissance , que si je n’avais été guidé par l’ou
vrage de l’immortel Broussais , sur les phlegmasies, je
n’eusses pas reconnu le véritable caractère de la maladie,
et j'aurais sans doute continué , comme on avait fait
avant m o i, de poursuivre par les stimulans un fantôme
ontologique.
O b s e r v a t i o n (Tune hypertrophie du cœur; par
Fr,i7,or<, chirurgien à Marseille.
31
J oseph Julien , cultivateur , résidant à Bouc , âgé de
a i ans , d’une haute stature , d’un tempérament san
guin , peu musculeux , me consulta en juin 1820, pour
une douleur de poitrine, laquelle datait depuis deux
a n s , et qui avait succédé à des douleurs rhumatis
males, dont la cessation s’opéra sans le secours d’au
cun agent thérapeutique. Le malade avait la face co
lorée , les yeux injectés , la lèvre supérieure épaisse,
le nez violet , la respiration gênée , cou rte, au moindre
mouvement, des céphalalgies et des vertiges fréquens.
A yan t porté la main sur la région cardiaque , je sentis
des pulsations violentes , et dans une assez grande
étendue ; le pouls était plein et dur.
Je propose la saignée, elle est refusée; je conseille
alors l'application des sangsues, même refus. Il fallut
�( 79 )
mé borner à l'usage des diurétiques ; le malade a’y
soumit, mais n’observa aucun régime , et pourtant deux
mois s'écoulèrent dans cet état sans augmentation des
symptômes.
Le 26 d’août on lui conseille , à mon insçu , d’ap
pliquer huit sangsues sur le point douloureux, ce qui
eut lieu, mais après cette saignée locale , la maladie
lit des progrès rapides.
Appelé deux jours après , j’observai les symptômes
suivons : face d’un rouge pourpré , yeux injectés , nez
bleuâtre , lèvres violettes , céphalalgie , éblouissemens
fréquens, vision de corps rouges , toux sèche , suffo
cation imminente , chaleur brûlante dans la poitrine ,
palpitations brusques , violentes , sensibles à la vue ,
langue aride , soif ardente , urines rares , refroidisse
ment des extrémités inférieures , pouls d u r, tendu et
vibrant ; enfin , le cortège des symptômes qui distin
guent les conjestions cérébrales et pulmonaire, et l’a
névrisme du cœur. ( Large saignée du bras , tisane
diurétique, diète sévère). Trois heures après nulle
diminution dans les symptômes. ( Réitération de la
saignée ).
Le 29 , suffocation diminuée , même état des autres
symptômes , de plus priapisme. ( Saignée , potion cal
mante , émulsion de semences froides , camphrée et
nitrée pour boisson , pediluves et manuluves ) , le soir
amendement ; dans la n u it, exaspération. ( Saignée du
pied ).
Le 3o , palpitations moins violentes, dyspnée , toux
fréquente, urines rares, pouls plein et souple. (Émul
sion nitrée, pédiluves et m anuluves). Le soir , palpi
tations et dyspnée plus intenses , pouls dur et tendu.
( Réitération de la saignée du pied ).
Le 5 i , amélioration ( sangsues à l’anus , bains de
pieds sinapisés, émulsion) nuit calme , insomnie.
�( So )
Le l . er septembre, face d’une légère couleur rosée,
langue humide, respiration lib re, palpitations confuses
peu élastiques, urines sédimenteuses , sanguinolentes,
pouls souple , insomnie. ( Digitale pourprée, lavement ;
pédiluves sinapisés , opium Je soir ).
Du 2 au 6, face pâle, prostration des forces, in
somnie , pouls petit et souple. ( Digitale, potion toni
que , eau vineuse pour boisson, sinapismes promenés
sur les membres inférieurs, opium le so ir, bouillons ).
Du 6 au 8 , mieux sensible ( digitale, toniques ,
crèmes , les bouillons étant refusés , de plus , biscuit
trempé dans l’eau vineuse, réclamé par le malade).
L e g , douleurs in testin ales , b o rb o r ig m e s , constipa
tion ( lavem en t a ve c le m iel m e rcu rial ).
L e s i o et 11 , calm e , les forces se re lèv en t.
L e 12 , renouvellement des douleurs intestinales.
( Potion huileuse ).
5
5
L ps i
et 14 , rien de nou veau .
L e i , langue m uqueuse, météorisme, constipa
tion. ( M inoralif), les matières rendues étaient comme
calcinées.
Du 16 au 18, amélioration notable (digitale , toniques,
alimens légers qui furent augmentés par degrés jusqu’au
2 5 , époque où le malade cessa d’être alité ).
Le 26 , il s’expose à un courant d’air'; le soir cépha
lalgie frontale , qui cède à l’application de six sangsues
aux tempes.
k
L e 5o, incohérence dans les idées ; dès ce moment
le malade refuse tout médicament ; quinze jours après,
idiotisme, boulimie , les palpitations se renouvellent,
moins violentes , mais occupant une grande étendue;
trois mois s’écoulent dans cet état, après lesquels la
boulimie cesse , l’intelligence se raffermit par degrés,
mais le sujet devient leucophlegmatique , s’oppose de
nouveau à l’emploi des secours thérapeutiques et n’oh-
�(
8.
)
serve aucun régime. Un mois après il eut des sueurs
nocturnes très - abondantes qui durèrent jusqu’au mois
de mai 1821 , l’anasarque augmentant et diminuant al
ternativement. Au mois de juin l’œdcmatie était bornée
aux jambes et disparut peu de temps après. Depuis
le malade a joui d’une santé assez bonne pour lui
permettre de se livrer à des légers travaux.
Réflexions. — Cette observation présente quelques
phénomènes remarquables, tels que l’idiotisme et la
boulimie qui se sont développés et ont cessé presque
en même-temps par les seuls efforts de la nature. Il
paraît que l’état d’aberration des facultés intellectuelles
a eu pour cause la présence d’une certaine quantité de
sang ou de sérosité , soit à la surface du cerveau , ou
dans ses ventricules ( produit des fréquentes congestions
que cet organe a éprouvé ) , et que ce sang ou celle
sérosité a été absoibée à mesure que la révulsion s’est
opérée dans les autres parties de l’économie , puisque
l’idiotisme disparut quand- le sujet devint leueophl. gmatique. La boulimie , qui eut lu même durée , est une
névrose, selon n o u s, moins dépendante de l’hyper
trophie du cœur cjue de la Soustraction assez consi
dérable de sang, à laquelle il a fallu recourir par rap
port à l’intensité et à l’opiniâtreté des symptômes qui
se montrèrent après la première application des sang
sues, Nous bornerons iei nos explications (1) pour
(1) Étudier les phénomènes de la nature et être sobre d ’ expli
cations, alors que l’on entre dans le vaste champ des hypothèses,
es' à notre avis, la conduite la plus convenable pour le médecin
qui s'applique à la recherche de la vérité". M. F rizon a donc r a i
son de ne point entamer des dévcloppemens qui ( il le fait pres
sentir l u i - m ’ m e ) quelques clairs et précis qu’ ils fussent , d e
viendraient fastidieux. En effet , s’ il fallait expliquer l’ origine
de toutes les complications de telle ou telle affection morbide ,
on ne finirait plus , outre qu ’ou ne ferait qu'embrouiller la
T . V. Février i 8 z 3 .
u
�éviter des dévcloppemens nombreux, mais hypothétiques,
auxquels cette observation pourrait donner lieu.
O b s e î IV A T I O N d'une fièvre intermittente g u é r ie par
le sulfate de quinine ; par M. C al me s - Mo NCEI' ,
ancien chirurgien - major de lu g a r d e nationale , à
Marseille.
D ans la matinée du 9 août 1822 , je fus appelé au
près du nommé Jean Galinière, résidant à Marseille,
âgé de ig ans , et qui , sans être bien constitué, n’avait
jamais éprouvé de maladie grave , mais qui se plaignait
aujourd’hui d’une lassitude générale, de vives douleurs
dans toutes les articulations, d’une céphalalgie continuelle
et de frissons de temps à autre; le pouls était naturel,
la langue recouverte d’un sédiment jaunâtre , sans être
sèche ni râpeuse.
Je pensai que les douleurs étaient reflet, d’une sup.
pression de la transpiration , et qu’il y avait com
plication d’un embarras gastrique occasioné par la
même cause ( tisane émolliente ; bouillon de trois en
trois heures ). Le so ir, le malade avait transpiré.
( Mêmes prescriptions ).
Le ro août, la nuit a été passée dans un état con
tinuel de transpiration , plus de frissons ni de douleurs,
science,
et quand on veut se rendre raison de l’ efficicité d’ un
remède donné avec plusieurs autres dans une maladie dont 011 a
obtenu la guérison , la chose est-elle bien facile? Non sans doute.
On ne peut que très-rarement désigner au milieu de plusieurs
moyens médicamenteux celui auquel telle guérison est due.
D an s le cas rapporté par M . F rizo n , nous penchons à croire que
la saignée a été l ’agent thérapeutique le plus salutaire , et il
nous paraît que ce chirurgien a assez bien saisi et rempli toutes
L s indications.
{ N ote du R é d a cte u r-g é n é r a l ).
�même état de la langue. (Lavement ; limonade cuite pour
boisson, bouillon et crème à donner alternativement de
trois en trois heures ); le malade se trouve si bien , qu’il
s’avise, en mon absence , de substituer des alimens
solides aux moyens proposés ; mais deux heures se
sont à peine écoulées ( vers onze heures du malin ) qu’il
éprouve un violent accès de lièvre ; d’abord , frissons ,
respiration très-difficile , nausées , céphalalgie , pouls
petit et concentré , ensuite chaleur , respiration. . . «
pouls élevé , soif ardente , pesanteur de tête , bientôt
suivie d’une grande lassitude , urines sanguinolentes
( lavement , limonade pour boisson , diète absolue ).
Le i i , vers m idi, le malade était tout tremblant;
je me borne à recommander aux personnes qui le soi
gnent de faire attention à la durée de l’accès. A huit
heures du soir , sueur copieuse , l’accès finissait à
peine. Il avait donc duré huit heures dont deux pen
dant la période du froid , et six pour l’autre période.
( Mêmes prescriptions ).
Le 12 , même état que le jour précédent. Je vois
alors que j’ai une fièvre intermittente quotidienne à
combattre ( deux grains de tarlrale de potasse antinionié en lavage pour le lendemain ).
Le i 5 , le vomitif a produit l’effet que je m’étais
proposé, évacuation d’une grande quantité de bile par
le haut , cinq selles dans le courant de la matinée.
L ’accès a lieu une heure et demie plus tard et finit
deux heures plutôt. Toutefois , mal aise, langue encore
sale , pouls fébrile , urines briquettes (lavement, tisane
émolliente , bouillons , crèmes ).
Le 14 , la nuit a été bonne , l’accès commetire et
finit comme celui d’hier ( memes presciiplions , do
plus, deux grains de tart. de pot. antim. à prendre
le lendemain dans le temps de l’npyrexie 1.
Le i 5 , on a obtenu de ce second vomitif des ré
�sultats semblables à ceux produits par le premier, et
l ’accès a été un peu moins long { tisane laxative avec le
tarlrate acidulé de potasse et le nitrate de potasse à
prendre demain ).
Le iG , évacuations alvines abondantes, demi-heure
de moins dans la durée de l’accès. Pendant l’apyrexie
le malade a été très-gai ; toutefois, il redoute de nou
veaux accès et bien que je sois d’abord porté à l'é
vacuer encore , je me décide à prescrire un fébrifuge,
croyant toucher au moment de pouvoir l’utiliser avec
fruit ( quatre grains de sulfate de quinine dans deux
onces d’eau distillée édulcorée , à prendre demain en
une fois ).
Le 17 , deux heures après l’administration de la po
tion , accès plus fort que les précédens , mais qui
dure trois heures seulement ; quatre selles dans le jour,
céphalalgie durant l’a ccè s, cessant avec lui ( même
potion à donner en deux fois le jour suivant ).
Le rO , la moitié du fébrifuge a été prise le matin,
point d’accès ce jo u r-ci, le malade demande à manger
( légers alimens , teis que des pruneaux cuits ),
Le i g , la nuit a été des plus tranquilles, il est
survenu dans la matinée une hémorragie nasale; la
perte de plus de quatre onces de sang en est le ré
sultat , soulagement parfait quant à la céphalalgie ( ali
mens légers ). L ’accès n’a plus lieu ; toutefois , voulant
consolider la cure et donner un peu de ton à l’estomac,
je prescris le reste de la potion pour le jour subséquent.
Le 20, le malade est venu plusieurs fois à la selle;
il est gai , demande des alimens ; la fièvre ne s’est pas
manifestée ; toutes les fonctions se font bien , la langue
est encore un peu jaunâtre , ce qui m’engage à con
seiller une décoction de germendrée pendant quelques
matinées , bien que je regarde la guérison comme as
surée , et elle l’a été clfectivement.
�( 85 )
Réflexions. — Cette observation (i) m’a paru mériter
d’être publiée , parce qu’on ne saurait trop apporter
de nouvelles preuves en faveur de celte vérité que le
sulfate de quinine offre l’avantage inappréciable de
pouvoir être donné sous un petit volume en potion ou
en pilules , e t c ., et d’agir comme l’un des plus puissans fébrifuges. Les belles recherches de M M , Pelletier
et Caventou , en leur fesant découvrir un moyen cu ratif
aussi utile , ont donc infiniment contribué à augmenter
la bonne réputation dont ils jouissaient et qu’il s avaient
acquise , ainsi que d’autres illustres chimistes , par des
nombreux et importuns travaux.
(]) S’ il est vrai de dire que les jeunes médecins, qui comptent
pour peu de chose ou rien l’ es péri en ce de leurs de v an cie rs. sont
très - répréhensibles ; il n’ est pas moins vrai d ’ e'noncer que les
anciens praticiens, qui ne regardent comme bonne que leur m é
thode curative et qui par cela même méprisent Us découvertes
médicales modernes , sont on ne peut plus blâmables. Ce re pio
che , loin de s’ adresser à M. M on cet , sert ici à faire ressortir
en quelque sorte le me'rite de cet ancien praticien , vu qu’ il se
tient évidemment au courant de la science. Son observation est
d’autant plus intéressante, qu’ un très-grand nombre de médecins
en ont communiqué d ’analogues , ce qui ne tend pas peu à cons
tater l’ efficacité du sulfate de quinine, A v o u o n s -l e toutefois :
c ’est bien moins à démontrer cette efficacité qu’ il convient de
s'attacher désormais qu’ à déterminée , par des observation»
comparatives, les cas où 1 emploi des sels à base de quinine
est aussi avantageux que celui du quinquina ; et qu ’à désigner
les cas où il mérite la préférence. Ce sujet est devenu ce
lui d'un prix ( voir la pag.
, .r tome de notre journal ) de
35 3
1» valeur de 5oo
fr. , que l’ Académie royale des sciences de
Toulouse décernera en iSi.'j , et déjà plusieurs médecins ont
signalé des faits qu’ on peut invoquer pour la solution de cette
importante question ; consultez pour cela , enlr'autres recueils,
lePre'cis de la Société médicale de T ou rs, la R e v u e médicale, etc.
(
Xote du R éda cteu r-g én éra l
J.
�( 86 )
SECONDE
M ÉM OIRES ,
PARTIE.
D ISSE R T A TIO N S,
N O TICES
NÉCRO
LO GIQ U ES.
N É
C R O L O G I B .
----- «•* ♦ .* ♦ «»----N o t ic e nécrologique sur Pierre F ran k,p ar M . P ierquix,
D .-M . M .f etc.
Frank (Jean-Pierre ), Conseiller-d’État , Commandeur
de l’ordre de Constanlinien de St-Georges , e t c ., naquit
à Rolalben , dans le Baden-Baden , en X745 , d’un père
peu foi tuné , et entièrement occupé d’économie agraire.
Il arrive souvent qu’à travers l’inconstance des idées
et des passions des enfans , on démêle quelques symp
tômes de leur grandeur ou de leur état futur ; il n’en
fut point ainsi de l’illustre Frank. A peine sorti de la
première enfance, il ne fut remarquable que par une
voix qui attira l’attention de plusieurs grands person
nages , et semblait promettre un excellent soprano. La
Margrave de Baden , à laquelle on en parla comme d’une
chose extraordinaire, voulut l’envoyer en Italie pour le
forcer à devenir un chanteur de profession , comme
il le racontait souvent lui-m êm e ; chose qui m’a été
assurée à Baden même par un médecin très-instruit.
Heureusement pour la science et l’humanité, le brave
général Greger , qui alliait si heureusement les travaux du
cabinet à ceux de la guerre , et qui jouissait alors d’au
tant de réputation que d’influence , prit Frank sous sa
protection et le détourna de cette fin qui n’était certaine.
�( «7 )
ment pas le rôle que le destin lui re'servait.Le jeune Badois
témoigna bientôt une violente ardeur pour l’étude : il
eut d’abord un désir prononcé pour celle de la langue
latine , le Général le favorisa et lui fit faire ses classes
dans le collège de Baden. Lorsqu’il les eut finies , il
passa en France, en 17G9, et fit sa philosophie dans
les collèges de Metz et de Pont-à-Mousson. Il en paitit
en 1771 , et fut étudier en médecine dans l'Université
d’Heidelberg. Ce ne fut qu’en 1773 et non en 1765 qu’il
fut gradué docteur en médecine dans celle de Stras
bourg. A in si, cet homme célèbre peut être considéré ,
par plus d’une raison encore , comme appartenant à
l’histoire médicale de la France, s’il n’appartenait à celle
de l’Univers, comme Hippocrate.
Comme [il était médecin avant d’être docteur en
médecine , il fut porter ses soins aux malades [de la
petite ville de Bruchsal : ses succès et ses talens lui
acquirent bientôt une réputation fort étendue , et il fut
nommé archiatre du Prince-Évêque de Spire. C’est là
qu’il publia , en 1779, le premier volume d’un ouvrage
neuf, et qui fait époque dans l’histoire de la Médecine
légale : il n’employa aucun secours étranger dans sa
confection : tous les médecins et les littérateurs applau
dirent à ce début remarquable.
La réputation de Frank était déjà parvenue dans les
coins les plus reculés de l’Europe, lorsqu’en 1784 ,
il fut nommé professeur de clinique interne à l’Uni
versité de Goëttingen. Tissot m ourut, et Frank fut
appelé pour le remplacer à Pavie. Ce fut peu de
temps après cet événement , qu’il publia son excellent
recueil d'opuscules île Médecine , où l’on trouve , à part
les dissertations qui lui appartiennent, celles que l’on
publiait dans la sphère de ses relations , et surtout
en Allemagne. Ce ne fut qu’en 178G qu’il fut promu à
la place de Directeur de l’hôpital de Pavie et membre
�de la Société royale patriotique de Milan , et ensuite,
premier médecin inspecteur général de la Lombardie.
Les titres venaient, pour s’honorer, s’amonceler au
tour de Frank , et Frank, sans courir après cet aliment
de l’orgueil, en posséda beaucoup. Néanmoins , de tous
ses titres, ceux qui lui ont survécu et dont on se sou
viendra tant que l’on cultivera la vraie médecine , les
seuls qui soient dignes d’être ambitionnés * ce sont ses
nombreux travaux.
Ce fut en 1788 à-peu-près, qu’il fut nommé Conseillerd’É ta l, et qu’on lui donna la surintendance de tous les
hôpitaux militaires Autrichiens , épars dans cette pro
vince. Ces occupations fatigantes et multipliées ne le
détournaient pa$ de ses travaux , e t, en *792, il
publia le premier volume de son excellent ouvrage ,
dont mon ami , le docteur Goudareau , a donné une
traduction aussi fidèle qu’élégante, qui mérita l’appro
bation de Frank lui-même (r).
( 1) t i e n n e en A u t r ic h e , le 28 novem bre 1820.
Monsieur et très-honoré confrère,
C ’ est avec la plus grande satisfaction que j ’ ai reçu votre obli
geante du mois de juillet , et je n’aurais pas lardé «le vous ré
pondre et de vous témoigner ma reconnaissance pour la traduc
tion dont vous avez voulu honorer mon ep itom e d e morbishom,
car. , si je n’ avais pas voulu me procurer avant tout votre ou
vrage. L ’ existence de cette traduction ne m ’ e'tait pas encore
connue , q u e M . le docteur H onoré , médecin de la maiion
Royale de B icê tre , m ’avait signifié son intention de s’ occuper
de la traduction de mes ouvrages , et je lui ai répondu que je
lui laissais pleine liberté d ’ entreprendre ce travail , dont je ue
pouvais être que très-flatté. Aussitôt après la réception de celle
dont vous avez voulu m ’honorer , j ’ai donué à mon libraire la
commission de me faire parvenir votre traduction. Cependant
eet ouvrage n’ a pu arriver à V ie n ne qu ’à la fin d ’octobre , «!
�( 3g )
La politique autrichienne n’oublia rien pour fixer
Frank à Vienne 5 en 1795 , il fut nommé Conseiller
auMque, Directeur du premier hôpital de cette ville im
mense et Professeur de clinique.
En 1804, il accepta l’invitation de l'Autocrate Piusse ,
et fut, avec son fils Joseph , instituer l’école de clinique
à W iln a, où ce dernier est professeur ; il passa ensuite
huit mois à St.-Pétersbourg pour y former un semblable
établissement. Il resta dans cette superbe et malheu
reuse capitale jusqu’en 1808, époque à laquelle son
salut le força de l’abandonner et de se réfugier de nou
veau i non , comme on l’a d it , pour éviter la fureur
des Français , car la guerre de Russie n’eut lieu qu’en
1812 ; d’ailleurs, était-il probable que Frank dût craindra
un seul instant les soldats qui respectèrent les pyramides,
qui protégèrent la maison de Virgile , du Tasse, à’A l
fieri et qui s'agenouillèrent devant le tombeau du Cid!
Frank revint donc à Vienne avec l’assurance d’une
pension de trois mille roubles, et le titre de Conseiller-
avant de vous écrire, j ’ai voulu me persuader de son exactitude.
A chaque page , j ’ai admiré v otr e pe'ne'tration dans ce que je
n’avais souvent exprimé qu’ en peu de mots, et je ne saurais
que me féliciter de la manière aussi heureuse qu ’ élégante avec
laquelle vous avez rendu mes opinions. En vous en témoignant
la plus grande reconnaissance , j ’ai l’ honneur de vous communi
quer la suite de mon ouvrage , ou la seconde partie de reten lio nibus , en vous avertissant , Monsieur , que la troisième partie
du même argument quittera la presse avec la fin de l'année
courante , et que je ne manquerai pas de vous la communiquer
par la première occasion. Malgré mon âge avancé , j ’ai c om
mencé le chapitre des névroses , et si ma santé sc conserve ,
j’ espère d’ en livrer le premier livre pour l ’ été prochain. En vous
priant , Monsieur , d’ être bien persuadé de ma reconnaissance ,
j’ ai l’honneur d’ être, votre très-humble et très-obéiss. se r vite u r,
Jean-Pierre FRANKT . V . Février i 8 î 3.
17.
�9
C
° >
d'État. Il ne voulut plus exercer que la Médecine-pra
tique , et l’on peut même dire qu’il se borna à être
médecin-consultant.
Si Napoléon fondait son ambition sur les travaux mili
taires , il savait que leurs résultats sont bien moins
durables que ceux basés sur la protection et l’encoura
gement accordés aux lettres ; comme il enviait toutes
les gloires , il fit des propositions magnifiques à Frank
pour l’attirer à Paris. Frank, plus loin du maître que les
Français, l’apprécia; il ne vit en lui qu’un tyran , et
préféra la liberté autrichienne aux couronnes offertes
du despotisme militaire.
La carrière civile et politique de Frank est terminée;
l ’intégrité de ses forces , et par conséquent de son esprit,
rabattait au moins douze années de ses soixante-neuf
printemps ; on aurait dit que la vieillesse ne pouvait rien
sur lui :
Mostra in fresco oIgor chiome canute■ T i sso.
et cette transition pénible , quoique naturelle , de la
vie à la m ort, fut instantanée. Il s’était ajsez occupé
du monde , il voulait vivre libre et tranquille, mais sur
tout se soustraire aux preuves d’une admiration si ge
nerale et si justement méritée, des hommes amis des
sciences, et surtout de ceux qui en reculent les bornes,
qui allaient sj souvent troubler les loisirs que Frank
consacrait à sa biographie qu’il publia en 1802.
Agé de 69 ans , Frank reparut encore sur la scène , et
le nestor de la médecine fut nommé le médecin d’un
jeune prince , auquel il finit par s’attacher d’une manière
toute particulière ; et soit effet de l’àge , soit eflet de sa
bon té, il était difficile, si ce n’est par les traits, de
deviner lequel des deux était le plus voisin de l'en
fance. Frank, retiré àSchoënbrun , y vécut tranquille
et honoré jusqu’au 24 avril 182/. Ce fut alors qu’une
attaqu ; d’apoplexie rabaissa Frank au niveau des autres
hommes ! Si cornputes annos, exiguum tempus : si vias
rerum , ceeum putes. Quod potest esse documcnto mlul
desperare , nulli rei Jldere. Pline.
�LITTÉ R ATU R E
M ÉD IC A LE , NO UVELLES
TIFIQ U ES , M É L A N G E S ,
I .” C o B K E S P O N U A N C E
SCIEN
ETC.
MÉDICALE.
------— ••«ratëîCICieic-*»-----Extrait
de la correspondance étrangère du Docteur
L o u is V a l e n t i n , de Nancy.
Etats-Unis
d ' Amérique. —
L
es
détails que j ’ai reçu s
de N e w y o rk relativem en t à l ’épidém ie de fièvre jau n e qui
s’y est développée dans le m ois de ju illet 1 8 2 2 , prou
vent qu’elle était , com m e les p récéd en tes , le résu ltat
bien évident d ’une in fectio n lo cale. Il y a h u it cim e tiè re s
dans la v ille . C elui de la T r in it é , le plus co n sid é ra b le,
dans lequel il y
avait plus de
4>00° ca d av re s
a sse z
récens , est situé au bas de la v i l l e , dans les p lu s beaux
quartiers. Ses terres a y a n t été abreuvées par des p luies
abondantes , suivies d ’une ch a leu r e x c e s s iv e , il s’en est
dégagé des ga z fétides et d élétères. C es ém anations ont
vicié l'a ir des rues vo isin es qui co u v re n t un terrain d é
clive d’un cô té. E lle s ont form é un gran d fo y e r d ’in
fection qui a frap pé les organ es de plus de cen t p e r
sonnes ven ues p our s’en a ssu rer.
C ’est dans ces rues
que la fièvre jaune a com m en cé. L e petit n om bre des
contagionistes su rp ris et con stern és de ne p oin t tro u v er
de navires
q u ’ils p ussen t a ccu ser
d’a v o ir app orté
la
m aladie dans les quartiers in fe ctés p rès de la riv iè re
du
N o rd ( I l u d s o n ) , se
tro u v èren t fo rt e m b arra ssé s.
L es h isto ires qu’ils a vaien t déjà fabriquées , de q u e l-
�(
93
)
que» marchandises débarquées et portées au lazaret,
n’ont pas fait fortune.
Le bureau de santé prit des mesures énergiques pour
faire évacuer les rues infectées. Plusieurs familles se
réfugièrent dans les campagnes, d’autres au village de
Greenwich qui touche N e w y o rck , et un grand nombre
d’individu, dont plusieurs déjà malades ou infectés,
furent logés à la hâte dans les quartiers élevés et sa
lubres. Ceux-oi, malgré les communications et les points
de contact très-multipliés , fournirent des preuves jour
nalières de la non-contagion de la maladie , puisqu’ils
ne l’ont pas transmise aux autres habitans. Alors les
esprits inquiets et méticuleux furent rassurés. Cepen
dant , il restait
prévoir le développement de la ma
ladie, à raison de la constitution régnante , dans des
anciens quartiers encore mal sains, quoiqu’améliorés ,
et dans lesquels de précédentes catastrophes sont encore
présentes à la mémoire : vers la mi-septembre , on y
remarqua quelques cas de fièvre jaune.
L e D. Félix Pascalis , médecin français, dont le zèle
n’a point de borne dans les épidémies , engagea un des
membres du bureau de santé à proposer à ses collègues
l ’usage de la chaux v iv e , pour frapper à la source du mal
dans ces quartiers, et empêcher son accroissement,
Ainsi que dans les deux dernières épidémies, on em
ploya la chaux dans les cours , les égouts, les conduits,
les allées, les cloaques $ les huit cimetières , dont trois
servaient aux inhumations, en furent couverts. La ma
ladie fut arrêtée sur tous les points. Le 'bureau de
santé a accordé 4 °° dollars pour continuer les expé
riences avec ce moyen désinfectant, dans les lieux où
il serait jugé nécessaire. L ’effet en a été si efficace,
que le i 3 octobre on comptait , depuis près de deux
semaines , à peine un ou deux cas par jour. Tous ces
faits ont couvert de honte quelques individus qui avaient
à
�( 9^ )
osé les altérer, et ils ont enfin changé l'opinicn pu
blique par la force si patente de la vérité.
J’ai annoncé, en l 8o5 , dans mon Traité de la fièvre
jaune , page i 55 et suivantes , que le professeur Mitchill
considère la potasse, la soude et la chaux comme les
substances les plus capables d’annihiler les gaz pesti
lentiels. On peut aussi consulter ma Notice sur les alhalis
considérés comme préservatifs , désinfectons et anti
septiques , publiée dans le journal général de médecine,
tome 26, page 226. On y trouve le résultat d’une motion
faite au congrès , pat le docteur M itchill, et les articles
d’une section ajoutée aux règlemens de la marine militaire
des États-Unis, tendant à prévenir et à anéantir tous
les germes d’infection dans les vaisseaux (1).
C’est une chose curieuse de voir dans une portion du
Nouveau-Monde des principes aussi diamétralement op
posés à ceux des chimistes d’Europe, Malgré les beaux
raisonnemens des partisans des fumigations acides ,
ceci fournit une nouvelle preuve que souvent les plus
séduisantes théories sont peu d’accord avec la pratique.
Le journal intitulé : Nenyorh Guardian o f Health,
qui m'a été adressé , offre une récapitulation des malades
dans la ville. Le 12 oGtobre 1822, le nombre était de
5/(2 , sur lesquels 200 avaient succombé. Le 26 , il se
montait à 401. Le docteur Pascalis s’est occupé d’une
Relation historique et médicale de cette épidémie dans
laquelle, au moyen d’un plan de la v ille , il indique
i.° Les foyers d’infection avec la sphère de leurs ra
vages chacun en particulier ; 2.0 tous les cas de malades,
transportés par ordre de date , qui n’ont pu infecter
leurs voisins, divisant ainsi l’épidémie en trois époquesj
celle des exhalations des eaux du grand cimetière, des
35
(O A la page a
, ligne 19 , de ce v o l u m e , au lieu de :
Quackenbos exercé : lise? : se sont exercés.
�( 94 )
rues et des caves des lieux déclives adjaceus ; relie
des infections partielles et des infections éloignées dans
l ’Est de N ew york et dont les causes ont été bien définies;
3 .° les caractères de la maladie qui a présenté des exan
thèmes semblables au charbon , et d’autant plus mar
qués , que les individus avaient habité plus près du
grand cimetière. Cette partie intéressante servira à iden
tifier la fièvre jaune avec les fièvres malignes quelcon
ques produites par les gaz spécifiques et délétères qui
résultent des matières animales et végétales subissant
la fermentation putride ; 4-° enfin , une courte théorie
physique et expérimentale des gaz tendant à les dis
tinguer de ceux qui résultent des substances fétides et
délétères dont l’aggrégalion dans l’air produit des ma
ladies de nature ditlërentes.
Le ir novembre , après la cessation de l’épidémie, le
docteur Félix Pascalis a prononcé sur ce sujet un discours
à la Société médicale de IVewyork , qu’il a fait impri
mer et que je viens de recevoir. Il y dit que la mor
talité a été de plus de deux pour u n , et en y réunis
sant tous les cas généraux, elle aurait été pour le dis
trict de Broad-Way dans une proportion d’environ trois
pour un , ce qui est sans exemple dans l’histoire de la
fièvre jaune des États-Unis , pendant les trente der
nières années.
On voit dans le même ( i) discours qu'après six points
d’explications physiologiques, l’auteur jette un coup-d’œil
sur les remèdes énergiques ordinairement employés
contre la fièvre jaune; qu’il déplore , pag. 10 , leur
inefficacité ; que ceux auxquels on a attribué d'heureux
(
t
)
La courte analyse que donne M . le docteur L.
p 'a / e n tin
de ce discours , ne nous dispense point de le publier en entier)
aiusi que cous l’avons promis, et c’ cst ce que nous exécuterons
bientôt.
( Afoft du R é d a c te u r -g é n é r a l).
�( 95 )
résultats , ont été si variés et si contradictoires , qu’on
n’a pu adopter aycune règle fixe et qu’aucune indication
formée n’a guidé le praticien ; que cependant, il y a
eu plusieurs exemples de guérison du vomissement
noir dans lequel on a administré le quinquina , l’acide
sulfurique et des morceaux de glace , et que le docteur
Valker a rendu plusieurs médecins témoins de cette
pratique heureuse jenfin, quela saignée nullement adaptée
contre ce caractère asthénique de cette dernière épi
démie , a été nuisible ; qu’il s’ensuivait prostration des
forces , pouls généralement flasque et com pressible,
même dans les complexions fleuries et trompeuses où
l’on pouvait croire qu’une réaction musculaire justifie
rait suffisamment la déplétion. Ces inconvéniens de la
saignée, m'a-t-on mandé du Maryland et de la Loui
siane , n’ont jamais été plus remarquables que dans Jes
dernières épidémies de fièvre jaune de ces contrées.
J’ai été informé que la Nouvelle-Orléans , Pensacola,
quelques situations près du Mississipi et de l’Ohio en
ont été affligées en 1822 et que la mortalité y a été con
sidérable; mais des détails sur l’affreuse épidémie q u ia
accablé la Nouvelle-Orléans , l ’été dernier , m’ont été
surtout donnés par le docteur Thomas , secrétaire de
la Société médicale de celle ville ; sa lettre est en date
du i 5 décembre et voici ses détails : «Après des pluies
très-abondantes qui inondèrent la Basse-Louisiane , la
partie inférieure de la Nouvelle-Orléans et ses environs,
succédèrent des chaleurs extraordinaires. La fièvre jaune
se manifesta vers la fin d’août , elle devint épidémique
au commencement de septembre , et bientôt ses ravages
furent épouvantables ; elle enlevait jusqu’à ijo malades
par jour ( la population étant d’environ 23,000 âmes )
et elle a continué avec sa même fureur, jusqu’à la fin
d’octobre. Pendant sa durée , elle a fait périr dans la
ville 1206 individus ; plus des trois quarts étaient des
/
�( 96
)
étrangers nouvellement arrivés* Au nombre des morts,
on compte le D . Lecuyer de Paris , ifrrivé depuis dix
mois : il était élève du professeur Broussais , et il en
suivait avec zèle toute la doctrine. Enfin , un fort vent du
Nord vint arrêter subitement la violence de la maladie».
» Dans cette épidémie , comme dans les précédentes,
les causes ont été absolument locales , et il n’y a point
eu de contagion. La fièvre jaune s’est développée simul
tanément dans le centre de la ville , aux deux extrémités
et de l’autre côtç du fleuve , dans un lieu où beaucoup
d’ouvriers Allemands et Irlandais fesaient des fouilles
de terre pour une briquarie : presque tous sont morts
de la fièvre jaune ».
Le D . Chalard, de Baltimore , m’écrit en date du
i . er novembre, que la fièvre jaune s’y est encore ma
nifestée dans cette même année, comme à Newyork,
partiellement ; c’est-à-dire , que le quartier dit de la
Pointe a été seul attaqué pendant tout l’été par la ma
ladie j qu’il a suffi d’employer les memes mesures ,
d’éloigner sa demeure de quelques toises du lieu infecté
pour s’en préserver ; que certain de sa non-contagion,
sujet usé dans ce pays, on ne s’en esi: point alarmé,
et que même on n’en a pas fait mention dans les papiers
publics.
Mais on voit avec peine que l ’intérieur des ÉtatsUnis devient de plus en plus mal sain. Cependant ,
d’après les documens que M. Ckatard s’est procurés
sur les symptômes et les ravages de la maladie des villes
et villages aux enviions des fleuves ci-dessus désignés, il
incline à croire que c’était une fièvre intermittente per
nicieuse.
Le docteur Chervin , dont j’ai parlé ailleurs (i) et qui
( i ) V o y a g e médical en Italie , page 8g.
�I 97
)
e voyagé à ses frais , pendant plus de quatre années ert
Amérique, dans le seul espoir d’arriver à la vérité sur
le fait de la fièvre jaune , a débarqué en France à la
fin de l’automne dernière. Il m’a écrit de Paris , dans
le mois de janvier i Hï Z , qu’il a visité toute la chaîne
des Antilles , à trois ou quatre près , et le littoral des
États-Unis, depuis la Nouvelle-Orléans jusqu’à Portland au Nord , dans l’État du Maine ; qu’il va partir
dans le milieu du même mois , pour l’Espagne , afin
d’y visiter les lieux où la fièvre jaune s’est nanifestée
depuis 1800, et qu’il procédera dans ses recherches,'
comme il a fait en Amérique ; c’est-à-dire , qu’après
avoir bien examiné les ports et toutes les localités , i l
recueillera l’opinion motivée et individuelle de tous les
médecins respectables et instruits qui ont observé la
fièvre jaune , sur la contagion ou la non-contagion de cette
maladie, et qu’il fera certifier tous ces documens par,
les autorités locales. A son retour , il ira peut-être en
Angleterre, puis il publiera les immenses matériaux
qu’il possède. Dans ses voyages transatlantiques , M.
Chervin a affronté plusieurs épidémies et il a ouvert un
très-grand nombre de cadavres. Quel zèle ! Quel in
comparable dévouement ! Quel médecin , pour teh= oc
casion', mérita jamais mieux de son pays , de ia science
et de l’humanité?. . .
Italie. — Les universités de Gènes et de Turin étaient
encore fermées à l’instruction dans le mois de novembre
1822. Mais en janvier 1825, celle de Turin a repris
ses travaux après avoir subi plusieurs changemens.
On me mande de différentes villes que le sulfate de
quinine vient d’être adopté dans presque toute l’Italie,
et qu’un grain de ce précieux remède rem place, sans
aucun inconvénient , un gros de quinquina.
Dans le mois d’octobre 182a , le patriarche des anato
mistes italiens, le célèbre Cotugno, a terminé sa carY. Février 1823.
i 5-^— _
�rîère à Naples : il était âgé de 89 ans. Le professeur Pul
pes, l’un des médecins du grand hôpital et en chef de celui
des insensés à Àversa , va publier la biographie de ce
savant dont il m’a montré les principaux matériaux et la
liste de ses ouvrages.
Il a paru à Milan dans le cours de 1822 , deux ou
vrages de médecine ; savoir , une nouvelle théorie sur
l ’inflammation , par le docteur Filippi et un gros volume
sur la fièvre pétéchiale, par le docteur AcerLi. On
m ’informe que le but principal de l’auteur de ce dernier
est de faire revivre l’ancienne opinion des contagii animati ; c’est-à-dire que le principe contagieux existe dans
de très-petits insectes ou vers microscopiques , et que
ce livre mérite d’ètrc lu. Le professeur Scarpa a publié
un mémoire sur le cancer, et à la fin de 182a, un autre
sur la nouvelle méthode d’extraire les calculs urinaire»
par le rectum. Il s’est déclaré contre cette opération.
Le docteur Bettini a publié à Turin un bon Traité
sur toutes les eaux minérales de la Savoie , du Piémont,
de la Ligurie et de la Sardaigne dont il m’a adressé un
exemplaire. M. Zumstein , de cette ville , dont j’ai parlé,
a fait deux autres voyages au Mont-Rose. Il a failli périr
dans le dernier en 1822. Il a trouvé que cette mon.
tagne est élevée de i 5,floo pieds au-dessus du niveau
de la mer , c'est-à-dire , 800 pieds de plus que le MontBlanc ; Conséquemment elle est la plus haute de l’Europe,
Le docteur Mojon , de Gènes , avait publié , il y a
quelques années , un Mémoire sur l’épiderme , dans
lequel il a prouvé , par de nouvelles expériences, l’or
ganisation et la sensibilité de cette membrane : le pro*
fesseur Prohasha , de Vienne , en a publié la traduction
en allemand en 1819.
M . Mojon a aussi publié une analyse de mon Voyait
médical en Italie , dans la Biblioteca italiana de Milan,
tome 26 . pag. 102 * avril 1822.
�( 99 y
Ma correspondance italienne m'apprend qu’on a bien
voulu accueillir favorablement, dans la péninsule , cet
ouvrage auquel j’ai fait cnsorte de donner toute la
concision possible. A Naples, non seulement les médecins,
mais diverses classes de savans , dit le docteur Savaresi,
l’ont trouvé fort exact. A V en ise, àV icen ce ,à Vérone
et à T u rin , on le juge fait avec impartialité. Les doc
teurs Scarpa et Rusconi m’écrivent de Pavie qu’ils en
sont très-satisfaits ; mais qu'ils auraient désiré , à l’oc
casion du professeur Tommasini , que j’eusse fait ob
server que sa théorie n’est rien moins qu’italienne , vu
que toutes leurs écoles , excepté celle de Bologne, l’ont
réfutée. Ils auraient vu avec plaisir que j ’eusse cité le
professeur Panizza ; homme d’un mérite distingué dans
l’École de Pavie où il démontre l’anatomie humaine. Je
ne l’ai pas vu ; je crois qu’il était absent ; c’était à
l’époque des vacances. Au reste , je ne me suis pas atta
ché à grossir ma relation par de stériles, catalogues de
tous les professeurs des Facultés,
J'ai appris qu’à Florence l’amour-propre de quelques
médecins de l’hôpital de Santa Maria nuova eft a été
blessé, d'autant plus qu’un changement a mis l’un de
ceux qui y donnent des leçons dont je n’ai pas fait
mention , à Ja place d’un autre que j’ai nommé. L ’ un
d'entre eux a fait publier à ce sujet dans les journaux
( Voy. l'Etoile du 8 juin 1822.) une lettre anonyme dans
laquelle il relève une erreur, page 67 de ce Voyage où
il est dit , à l’occasion des insensés à Bonifazio : les
mqlheurrux maniaques y sont enchaînés. J’avoue cette
faute échappée dans la rédaction. Au lieu du mot en
chaînés ( non avec des chaînes de fer ) j’aurais dû dire
garrottés, car j’atteste qu’ils le sont avec des menottes
et des liens df? cuirs qui, s’attachent aux côtés du lit.
Il y
a ainsi maintenus par le cou , les main»
et les pieds, Je n’ai pas puisé à de mauvaises sources,
en
�\ 100 )
puisque j'ai vu ces maniaques. J’étais accompagné parle
chirurgien M. Gonelli. Le médecin , M. HomaneVi , était
malade ; je lui ai fait une visite. Alors il n’avait point
la surintendance du service de santé et des études,
comme le dit l'anonyme. C’était le docteur CJiiarugi,
que j’ai cité, et qui est auteur de l’ouvrage Délia pazzia
in genere e in specie. Partout ailleurs où j ’ai passé, je
le répète, les fous furieux , excepté à Aversa , sont
contenus avec des chaînes de fer. Jusqu’à présent, on
n ’a fait aucune amélioration à l’hospice de Turin , malgré
lés représentations des médecins.
On m’a informé de Gènes que le directeur de l’hô
pital des incurables où sont les insensés , avait fait venir
de Vienne des modèles de gilets de force et des menottes
de cuir , et qu’on vient de les adopter. On ajoute que
je n’ai rien dit de trop en manifestant de l’indignation
sur le régime de cette maison , dans une salle de la
quelle j ’ai vu jusqu’à quarante maniaques furieux chargés
de chaînes. Puissions-nous bientôt apprendre que toute
l ’Italie a changé le traitement des aliénés et que l'huma
nité n"a plus à gémir des vices que nous avons dû
publier 1
a .0 A
perçu
sur
F acultés
l ’é t a t
de
actuel
m éd ecin e,
de
en
la
s c ie n c e
aux
F rance.
E n attendant que nous donnions des articles sur l’état
présent de la science aux Facultés de médecine, en
F ran ce, articles que doivent nous adresser des savans
collaborateurs dont les travaux ont déjà rendu et ren
dront encore notre recueil digne de fixer l’attention géné
rale , nous retracerons les circonstances qui ont donné
lieu à la dissolution de la Faculté de médecine de Paris,
et nous n'avons besoin pour cela que de produire i’extrait suivant d’une Lettre médicale sur P a ris, in-8.'
�( lo r )
d’une feuille , imprimée en décembre 1822 , et que l'on
trouve chez les principaux libraires de la capitale. Cette
lettre, qui se recommande par des remarques extrê
mement judicieuses, mérite d’être connue, ainsi qu’une
petite brochure intitulée : Réflexions sur la dissolution
de la Faculté de médecine de Paris , in-8.° d’une feuille,
imprimerie de M.me Porikmann , à Paris,
« Le jour fixé pour la séance publique d’ouverture;
dit l'auteur de la Lettre Médicale , les places furent
prises de très - bonne heure. Elles avaient été en
vahies par plusieurs individus à physionomies inac
coutumées , et que je pourrais appeler de mauvais au
gure. Plusieurs élèves et un grand nombre de médecins
ne purent entrer à cause de la foule. A l’arrivée des pro
fesseurs et des menbres du conseil royal de l’instruction
publique, quelques coups de sifflets se firent entendre ;
mais ils furent aussitôt couverts par des applaudisscmens
partis de tous les coins de la salle. Le silence ne tarda
pas à se rétablir. M, le professeur Desgenetles étaiL chargé
de faire le discours d'ouverture; à peine eût-il prononcé
tes paroles : « C'est sous la protection spéciale du chef
»> de l’instruction publique..... » que le tumulte recom
mença. Partant d’un lieu bas et éloigné, la voix de M.
Desgencites n'arrivait que difficilement aux extrémités du
vaste amphithéâtre. On crut d’abord qne les cris n’avaient
d’autre objet que de prier M . le professeur de parler plus
haut. Mais bientôt des apostrophes dirigées contre le
respectacle abbé Nicolle , décelèrent la malveillance des
interrupteurs. Aussitôt la majorité des élèves leur im
posa silence , et le calme se rétablit. Après un moment
de silence , M. Desgencites voulut reprendre la phrase
qu’il avait commencée. — Nouvelles vociférations. —«
Aussitôt d’un élan spontané, un grand nombre d’élèves
s’écrièrent : à la porte les agens provocateurs ! Alors M .
Vabbé Nicolle s’inclina vers M. Dtsgcnettes} lui adressa
�( 102 )
quelques paroles qui ne purent être entendues du public,
et peu après celui-ci continua son discours , sans répéter
la phrase relative au chef de l’instruction publique ».
Dans son discours, M. Dcsgencftes excita au plus haut
point l’attention et l’intérêt de ses auditeurs. 11 déplora
la perte du célèbre professeur Halle ; il vanta sa pitié
profonde ; ce passage fut accueilli par une triple salve
d’applaudissemens, et les élèves par-là protestèrent contre
l’accusation d'impiété dont on l’accable. La séance se
termina sans qu’il se passât rien de particulier.
Mais les agitateurs ne se tinrent pas pour battus. Ils
résolurent de se dédommager dans la rue,de la contrainte
et du silence où on les avait réduits dans la salle. Tandis
qu’on se retirait paisiblement , ils se portèrent vers la
voiture de M . l’abbé Nicolle , et y renouvelèrent une
scène scandaleuse et plus affligeante pour ceux qui la
commettaient que pour celui qui ep était l’objet.
Le lendemain , M . le professeur Bèclard , professeur
d’anatomie, annonça aux élèves que le conseil royal de
l ’instruction publique , indigné de la réception faite k
son représentant, avilit délibéré sur la punition à infliger
aux élèves de l’École de médecine ; que cette punition
serait très-grave s’il fallait la proportionner à l;offense,
mais que M. Nicolle s’était généreusement opposé à toutes
mesures de rigueur , et qu’on espérait que son inter?
cession adoucirait la peine.
Les élèves attendaient avec impatience la décision du
conseil royal de l’instruction publique , et ce fut un coup
de foudre pour eux et pour tout le monde , d’apprendre
que l’École de médecine était supprimée par ordonnance
du Roi. En voici le texte :
» L O U I S , etc.
» A tGus ceux qui ces présentes verro n t, salut :
» Considérant que des désordres scandaleux ont
éclaté dans la séance goleuaelle de la faculté de médecine
�( io 5 )
de Paris du 18 du mois de novembre 1822 , et que ce
n’est pas la première fois que les étudians de cette École
ont été entraînés à des mouvemens qui peuvent devenir
dangereux pour l’ordre public ;
» Considérant que le devoir le plus impérieux des
prolesseurs est de maintenir la discipline , sans laquelle
l'enseignement ne peut produire aucun fru it, et que
ces récidives annoncent, dans l’organisation, un vice
intérieur auquel il est pressant de porter remède ;
» Sur le rapport de notre ministre secrétaire d’état
au département de l’intérieur ,
» Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
» Art. i . Cr La faculté de médecine de Paris est
supprimée.
» 2. Notre ministre de l’intérieur nous présentera
un plan de réorganisation de la faculté de médecine
de Paris.
■a 5. Le montant de l’inscription du premier trimestre
sera rendu aux étudians , et le grand-maître pourra au
toriser ceux d’entr’eux sur lesquels il aura recueilli des
renseignemens favorables , à reprendre cette inscription,
soit dans les facultés de Strasbourg et de Montpellier,
soit dans les écoles secondaires de médecine.
■» 4’ Notre ministre secrétaire d’état au département
de l’intérieur est .chargé de l’exécution de la présente
ordonnance.
» Donné en notre château des T u ileries, le 21 no
vembre de l ’an de grâce 1822 , et de notre règne le
vingt-huitième.
» Signé LO U IS.
» Par le Roi ;
■i Le ministre secrétaire d’état au département de
l'intérieur.
» Signé C orbière. j>
Notre prochain cahier contiendra la réorganisation
d« la faculté de médecine de Paris.
P.-M . R.
�( i°4
5>.®
R
e v u e
ors
)
J o u b k AUï .
Journaux Français.
(.Journ» de pharm. S.breet g.bre 1822}. —» Nouveau
procédé pour préparer l'hydriodate de potasse , par M.
C a i l l o t . — A près avoir employé les procédés suivis
jusqu’à ce jour pour obtenir ce sel , M . Caillot donne
le sien, qui est basé sur la propriété qu’a l’iodure de fer
de décomposer l’eau , lorsqu’on lui présente un alkali.
L ’hydrogène de l’eau se combine à l’iode et donne naissance
à l’acide hydriodique , qui forme un hydriodate avec
l'alkali employé ; l’oxigène se porte sur le fer qui se
précipite à l’état d’oxide.
« A l’effet d’exécuter ce procédé , je prends, dit M.
Caillot, quatre portions d’iode , deux de limaille de fer
non coulée , et environ vingt d’eau ; je mets ces trois
substances dans un matras de verre, en commençant par
l ’iode et l’eau , ensuite la limaille de fer. J'agite le matras
j ’usqu’à ce que la couleur soit incolore, alors je décante
sur un filtre. Je lave le résidu; le premier lavage fini, j’en
fais un second , un troisième , et de la même manière
jusqu’à ce que la liqueur cesse de précipiter par le deutochlorure de mercure. Dans ces eaux de lavage réunies,
tenant en dissolution l’iodurc de fer , je verse une disso
lution de sous-carbonate de potasse pur , jusqu’à ce que
la liqueur dont je filtre de temps en temps une petite
portion , ne précipite plus que légèrement ; alors j’achève
la décomposition par la potasse crf^Vitique étendue d’eau.
Ainsi rendue telle qu’clle ne préftpite plus ni par la po
tasse ni par l’iodure de fer , dont on conserve une petite
quantité , la liqueur est filtrée toute entière , et fait éva
porer jusqu’au péllicule ».
v Ce qui peut être dit de l’iodure de potassium , peut
être appliqué aux iodures de sodium , calcium , ba-
�(
io5 )
rium , strontium, et (le l’hydrioate d’ammoniaque, en
fcsant observer , toutefois , qu’il est de toute nécessité
d’employer, pour les trois derniers iodures, les oxides
de leurs métaux libres et non unis à l’acide carbonique,
puisque leurs sous-carbonates sont insolubles et qu’ils
ne peuvent par conséquent opérer la décomposition de
l'iodure de fer. Quand aux iodures de mercure que l’on
prépare en décomposant le proto-nitrate de mercure par
l’hydriodate de potasse pour le proto-iodure, et le deutochlorure de mercure pour le deuto-iodure , on peut les
préparer plus simplement et à moins de fra is, en se
servant d’iodure de fer liquide, qui, comme on vient de
le voir , peut être fait extemporanément ».
— Observations sur la préparation du sulfate de
quinine ; par M . A r n a u d , pharmacien à Nancy. —
E n accordant à M . Henri fils le tribut d’éloge qui lui
est dû, pour la simplification et l’économie qu’il a signalées
dans la préparation de ce sel , M. Arnaud, propose une
modification qui peut contribuer à obtenir ce médicament
à moindre frais. Elle consiste à employer de la chaux
délitée sur-le-champ ( à l’aide d’une partie d’eau sur
cinq de ehaux vive ) pour obtenir la précipitation de la
quinine et delà matière colorante des décoctions acidulés
de quinquina. La divisibilité de la chaux par ce moyen
étant plus grande que par sa pulvérisation , permet de
l’employer en moindre quantité pour obtenir le même
résultat ; « car alors , d it-il, les deux tiers de la quan
tité de chaux prescrite par la méthode dont il est ques
tion serait suffisante pour obtenir une précipitation complette , et le précipité obtenu serait par conséquent de
prcsd’un tiers moins volumineux ; d’un autre côté , si au
lieu d’égoutter simplement le précipité, on l’exprimait
fortement, il ne retiendrait que le quart de l ’eau qu’il
aurait retenu sans ces précautions, ce qui
de
T , V . Février i 8 z 3 .
14
permettrait
�{
>oG )
se servir d’alcohol à 52° ( et peut-être Lien moins fort),
au lieu d’alcohol à 36° j d’où il résulterait une économie
assez considérable de ce m enstrue, et augmentation
dans la quantité de sulfate de quinine obtenue».
Le sulfate de quinine préparé par le procédé de M.
H enri, ainsi modifié, a donné un peu plus d'un neuvième
d'augmentation dans le produit , et une économie d’un
quart d’alcohol employé dans la préparation.
— Note sur la nécessité de préparer les pommades d'hyàriodute de potasse avec les graisses récentes ; par E.
G allabd , élève en pharmacie. — L a pommade de
Coindet ou d’hydriodate de potasse , depuis peu mise en
usage en médecine, donnait dans sa préparation, des ré
sultats assez différens dans sa couleur, pour attirer
l ’attention des pharmaciens observateurs.
Ordinairement on obtenait cette pommade blanche et
quelquefois elle avait une teinte roussâtre , on l’obtenait
même dans certains cas d’une couleur jaunâtre.
L ’hydriodate de potasse étant un de ces médicamens
d’un prix encore très élevé, faisait redouter les falsifications
et avait paru être aux yeux de la plupart des pharmaciens
la cause de ces différences dans la couleur de la pom
made de Coindet. La couleur blanche de cette pommade,
qui est celle qu’on doit désirer pour la perfection de ce
médicament, était même celle qui faisait soupçonner
la sophistication de l’hydriodate de potasse.
Mais par le joli travail que M . Gallard vient de donner
là-dessus, il est bien reconnu que c’est la graisse employée
plus ou moins récente, pour obtenir cette pommade, qui
est la cause de ces diverses couleurs.
« J ’ai pris, dît-il, un poids déterminé de graisse blanche
et très-récente , une once par exemple , et j’y ai incor
poré , par trituration , un gros d’hydriodate de potasse;
celte pommade était diune très-grande blancheur , ayant j
répété la même expérience avec des graisses de moins en
�,
( io 7 )
moins récentes, j’ai eu pour résultat des pommades de
plus en plus colorées.
Ces pommades furent bien lavées avec de l’eau dis
tillée , l’eau qui servit à laver la pommade blanche ne
contenait que de l’hydriodate de potasse et ne colorait pas
l’amidon , tandis que celle qui avait servi à laver les pom
mades colorées se chargait du principe colorant, et avait
acquis la faculté de faire passer l’amidon à la couleur bleue.
Une pommade faite avec la graisse rance abandonnée
pendant 24 heures * fut dissoute presque entièrement par
l'eau distillée. Cette solution d’un aspect jaune colorait
l’amidon en bleu , et était décomposée par l’addition de
quelques gouttes d’acide sulfurique affaibli , qui opérait
la séparation de la graisse.
Cette solution avait une odeur d'iode très-prononcée.
Après six ou huit heures de repos , elle devint trèsblanche et était surnagée d’une petite portion de graisse
colorée en rose ; son odeur avait beaucoup de rapport
avec celle de l’eau de javelle ; mais elle ne colorait plus
l'amidon ; Jes acides en séparaient toujours la graisse.
Il me paraît résulter de ces expériences, que les
graisses rances, même celles qui le sont très-peu, ont
la propriété de décomposer l’hydriodate de potasse ; leur
oxigène, qu'elles cèdent avec beaucoup de facilité, se
combine l’hydrogène de l’acide et forme de l’eau , tandis
qu’une partie de l’iode et de la potasse est mise à nu.
Pour remplir l’intention du médecin , il faut donc pré
parer extemporanément la pommade d’hydriodale de
potasse simple , et avec des graisses très-récentes , au
trement on obtiendrait des pommades plus ou moins
iodurées ».
Jo urnaux Anglais.
( Rev.mèd. et London mèd. and phys. iourn. 182a ).
docteur Darw all, soutient que l'huile de croton est
uu purgatif drastique préférable à tous ceux employés
Le
�ju s q u ’ici , et que so n action sur le s in te s tin s , quelque
fo rte qu’elle s o it, n 'est jam ais su iv ie du m oin dre déran
gem en t ou du m oin dre m a l-aise .
— L i p ru ssia te de fer ( h y d r o -c y a n a te ) van té comme
un Jébrifuge très-efficace ; a p arfaitem en t réu ssi danj
p lu sieu rs o bservation s
citées p a r M . Zollickojfer ; ce
d o cteu r p réten d m êm e q u ’il est de beaucoup préférable
au quin quin a.
Journaux Italien!.
( Rev. m id. et Annali univ. di mid. 7-bre et 8.br«
Milan 1822 ) . M . P . Mariniani a e m p lo y é , avec un
su ccès
co m p let et p r o m p t , à
M o r t a r a ,o ù les fièvres
in te rm itten tes sont com m unes , le sulfate de quinine
dans v in g t-c in q fièvres quartes sim p les , six pernicieuses,
une tierce et une quotidien n e sim p le ; m ais a ya n t voulu
é ten d re l ’usage de ce sel à d ’autres m alad ies , ce pra
tic ie n n ’a pas été aussi h e u re u x .
Jo ur naux
Allemands.
( Rev. mid. et Journ. de m id. pratique de Hufeland,
1822 ) . M . Mayer a p ublié , en 1820 , un ouvrage in
titulé : Voyage à Constantinople , o ù il rapporte que le
marum verum de L inkieu s , p u lvérisé et ren iflé à la dose
d’ une à cin q p rises p a r jo u r , est un e x ce lle n t remède
co n tre le p o ly p e nasal ; que cette p oudre , qui est trèsa strin g en te, o ccasio n e de tem p s en tem ps des évacuations
san gu ines et finit par d issip e r la substan ce polyp euse.
C o u r û t , Pharm. et P .- M . R o u x .
Y a
r
I £ T E 5,
— MM. L e s Administrateurs de l’Hôtel-Dieu de
M arseille, viennent de faire pâlir l’intrigue et de se
conder le mérite , en délibérant que les places de 1 ,er et
de 2.d chirurgiens chefs-internes seraient données ait
concours , le i 3 mai prochain.
�( iog )
— Le célèbre vaccinateur a cessé Je vivre en janvier
de cette année.... Mais sa gloire est éternelle... Mais le
nom de Jenner brillera toujours dans les fastes de la
médecine....
— Le D . Chervin , ( voyez la page 96 de ce n.° ) est
décidément parti pour lïEspagne , malgré la guerre qui
se prépare. 11 aurait été à désirer qu’il se trouvât dans
une épidémie de l’un des ports de ce pays.
— Notre infatigable et savant correspondant, M . le
D. L. Valentin, nous écrit qu’un jeune m édecin, M.
Boileau , résidant à Neuve-maison près Nancy , vient
de faire avec succès la ligature de l’artère carotide primi
tive à un adulte épileptique et affecté de monomanie. Ce
malheureux affecté , en outre , d’une céphalalgie intense (
ayant voulu se suicider , s’est enfoncé un couteau dans
la gorge. La quantité de sang qu’il avait perdu , son état
de faiblesse et d’immobilité firent croire qu’il était mort.
Le D. Boileau , ne le jugea pas ainsi. 11 chercha le
vaisseau artériel principal qui avait pu fournir à l’hé
morragie , crut que c’était la thyroïdienne supérieure ,
afin de la lier ; mais il ne put la trouver. Dans cet état
pressant, craignant le renouvellement de l'hém orragie,
après avoir ranimé les forces épuisées du blessé , il prit
le parti de lier la carotide qui donne naissance à la th y
roïdienne. Le malade a guéri complettement et de l’épi
lepsie et de l’aliénation mentale.
— La Société de médecine de l’Eure ,a distribué dans
sa dernière séance publique , les prix qu’elle avait dé
cernés aux auteurs des meilleurs mémoires en réponse à
ses questions sur l'hydrocéphale. M. Gintrac, professeur
à l’École royale de médecine de Bordeaux , a obtenu la
médaille d’or et un diplôme de membre honoraire ; M .
Thibeaud, D. M. à Nantes, a obtenu la médaille d’argent ;
M. Chapaix, D . M. à Strasbourg, une mention très-honol’un et l’autre ont reçu un diplôme da corres— Les maladies qui ont été les plus fréquentes à
�( n o
)
Marseille, ce mois ci , ont offert le caractère inflamma
toire. On a observé des phlegmasies , des catharres , des
angines. En moins de trente-six heures, deux frères sont
morts de la même maladie ( fluxion de poitrine ). Des
praticiens ont triomphé de plusieurs pleuro-pneumonies,
les uns par les évacuations sanguines , les autres par
l ’usage du tartre stibié.
— D ’après le relevé des registres de l ’État-civil de la
mairie de Marseille , il y a eu en janvier i 823 406
naissances; 588 décès et 84 mariages.
P.-M . Roux.
5. ° C o n c o u r s
académiques
.
L a Société médicale d’Émulation de P a ris, propose
plusieurs prix pour l’année 182.3 ; savoir:
Deux , un premier et un second , qui seront décernés
aux auteurs des deux meilleurs Mémoires sur l'Anatomie,
la Physiologie et l’Anatomie pathologique.
Deux autres prix , également un premier et un second,
seront aussi décernés aux auteurs des deux meilleurs
mémoires sur la Pathologie médicale ou chirurgicale, soif
particulière , soit générale.
L es sujets sont au choix des auteurs.
Les deux premiers prix seront une médaille en or de
la valeur de aoo f r . , et les seconds une médailles en or
de la valeur de roo francs.
En outre , un prix de la valeur de 200 fr. sera donné
à l ’auteur qui aura le mieux traité la question suivante :
« Déterminer le caractère propre de ïinflammation, et
exposer la thérapeutique de cette affection considérée dans
les diffèrens tissus , dans les diffèrens modes dont elle est
susceptible , et dans les eirconstances capables d'influer sur
le traitement ».
Les mémoires , écrits très-lisiblement en français ou en
latin , devront arriver francs de p o rt, avant le 3 i décembre
i 8i 3 à P aris, chez M. L . R. Villerm è, sécrétaire-général de la société, rue Bertin-poirée , n.° 10. Us seront
distingués ( les concurrens étant tenus de ne point se
faire connaître ) par une épigraphe qui sera répétée dans
un billet cacheté, contenant les noms et l’adresse de
l’auteur. Les membres correspondans de la société peuvent concourir.
�(
)
BULLETINS
DB
LA SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECINE
DE MARSEILLE (i).
M
A
w
w
t w
v M
V
M
v i w
M
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v M
vvm
F évrier 1823. — N .° X I V .
« V « W V V % « V > « V tU W W « W k W \ W \W \ W % W \ V V %
des Registres de la Société royale de médecine
de Marseille ; séance du 2 Novembre 1822.
E x tr a it
R a p p o r t sur le projet présenté à la Société royale de
médecine de Marseille par M . S e g a u d , fait au nom
d'un* commission (2) spèciale , par M. S u e , docteur
en médecine de Paris , Secrétaire-général de cette
Compagnie , etc.
MM. ,
D an » votre séance du 26 octobre 1822 , M, Segaud
vous a soumis le projet d’élever un monument à la
(1) L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obséc
rations , Notices, etc. , de ses membres soit titulaires, soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d'être publiés,
elle n'a égard qu’à l'intérêt qu’ils présentent à la science
médicale; mais quelle nentend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
(t qui n'ont pas encore la sanction générale.
(2) Commissaires : M M . B e u lla c p è r e , C a u vière , B e y ,
Moût , Seat , Sue et Textoris.
�(
Hd
)
mémoire des gens de l’a r t , morts glorieusemeEt au*
armées. Ce beau projet a été reçu par vous avec cet
enthousiasme qui part des âmes nobles et généreuses
pour tout ce qui est grand et d’un intérêt moral. Mais
les vastes vues qu’il embrasse et les difficultés qu’il
offre pour l’exécution , vous ont porté à nommer une
commission chargée de vous présenter un rapport sur
cet objet. Organe de cette commission , je vais mettre
sous vos yeux le résultiit d’une discussion longue et
réfléchie.
Les services que les médecins , chirurgiens et phar
maciens militaires ont rendus à l’humanité sont connus
de l’Europe entière , et les droits qu’ils ont à la recon
naissance publique ne leur sauraient être contestés que
par ces esprits froids qui veulen-j tout passer par l’éta
mine d’une raison sévère et stérile. C'est en perpétuant
les belles actions qu’on développe dans l’âme les germes
des vertus qu’elle possède et qu’on parvient à former
des héros dans tous les genres. Qui ne sait que le
portrait entraînant qu’Homère a tracé du vaillant Achille,
valut à la Macédoine le plus illustre des conquérans,
le grand Alexandre ! Qui peut douter que le souvenir
de la valeur des anciens guerriers et l'espoir de vivre
dans l’avenir n’ait produit, dans les temps modernes,
cette foule de héros qui ont immortalisé leurs noms
par de nombreuses actions d’éclat !. . . Et si le burin
doit transmettre à la postérité les noms de ces valeu
reux guerriers qui ont ravagé le Monde , sous un titre
qui ne devrait être accordé qu’aux bienfaiteurs de l’hu
manité , crai*drait-on de faire partager le même hon
neur à ces hommes qui ont fait le sacrifice de leur vie
pour conserver à la Patrie des braves défenseurs, à
ces véritables héros qui ont offert le modèle continuel
du dévouement le plus sublime et le plus généreux
Qu’on se transporte en imagination au milieu d’un»
�( n 5 )
épidémie désastreuse (si l'on n’a jamais été témoin d’un
tableau aussi déchirant ) ; qu’on observe le sang-froid
avec lequel ces ministres de la nature s’exposent à
toutes les horreurs d’une mort hideuse pour lui arra
cher des victimes , et l’on appréciera la grandeur d’âme
des médecins militaires et les titres qu’il* ont à l’ad
miration de la postérité. Qu’on les voie au milieu d’un
champ-de-bataille , l’idée d’un danger imminent ne sau
rait les arrêter , ils volent généreusement b u secours
des braves que le fer ennemi a atteints , raniment leur
courage prêt à les abandonner et trouvent souvent une
mort glorieuse en rendant à la vie le guerrier qui
était sur le point de la perdre.
Des hommes capables d’aussi belles actions ne sau
raient mourir tout entiers ; quelque chose de durable
doit les rappeler à leurs neveux , si l’on ne veut pas
étouffer à leur source ces sentimens philantropiques qui
ennoblissent l’homme et le portent vers le bien pour
proclamer l’égoisme qui dessèche le cœur et ne saurait
produire rien d’utile ni de grand.
Ces motifs, M essieurs, ont porté votre commission
à vous proposer l’adoption d’un projet qui doit faire
passer à la postérité la mémoire des médecins morts
glorieusement aux armées. Il n’est aucun homme de
l’art, aucun philantrope qui n’applaudisse à une con
ception aussi belle , et une véritable gloire attend ceux
qui trouveront les moyens de pouvoir la mettre à
exécution. Toutefois , M essieurs, vos commissaires ne
se sont pas dissimulés les innombrables difficultés qui
environnent cette exécution ; mais ils ont pensé qu’elles
s’applaniraient en partie si l’on donnait au monument à
élever un but d’utilité réelle. L ’érection d’un hôpital
ouvert aux marins de toutes les nations que leurs
rapports commerciaux attirent dans notre port
T. V. Févritr 1823.
tB
et dont
�( i«4 )
le frontispice représenterait LOU IS X V III , notre aiN
guste Monarque , couronnant le dieu d’Epidaure , aveu
cette inscription : A la mémoire des médecins , chirur
giens et pharmacitns morts glorieusement aux armées....
A celle des gens de l’art eictimes des épidémies commu
nales ; la création d’un pareil établissement, disonsnous , leur a paru une idée heureuse. On motiverait,
en effet, par là, la préférence à accorder à Marseille sur
toutes les autres villes du royaume , et on s’ouvrirait
les moyens d’intéresser à cet établissement les philantropes de tous les pays.
Au reste , Messieurs , pour ee qui regarde la marche
à suivre pour la souscription , votre commission n’a
pas cru devoir s’en occuper ; elle a pensé qu’il ap
partenait à la Société de nommer de nouveaux com
missaires qui seraient chargés de cette tâche qui n’est
pas la moins difficile. Elle se borne donc par ses
conclusions à soumettre à votre discussion l’adoption
du projet présenté par M . Segaud , en donnant au
monument à élever un but d’utilité générale , afin de
pouvoir y intéresser toutes les nations.
La Société royale de médecine de Marseille , après
avoir entendu la.lecture de ce rapport, l’a adopté dans
ses conclusions et a conséquemment délibéré qu’une
nouvelle commission serait chargée de proposer les
moyens de mettre à exécution le projet présenté par
M. le D . Segaud.
�( 1 15 )
Extbait des Registres de la Société royale de médecine
dé Marseille ; séance du 9 Novembre 1822.
BAPPOhT sur le projet d'élever un monument à la mémoire
des médecins , chirurgiens et pharmaciens morts glorieu
sement aux armées , fait au nom d'une commission (1 ),
par M. T e x t o b i s , médecin de la marine , chevalier de
la Jjégion - d'honneur , Vice - Président de la Société
royale de médecine de Marseille.
M M .,
D ans votre séance du deux novembre courant , vous
avez accueilli avec un religieux empressement l’heureuse
pensée d’tlever un monument à la mémoire des méde
cins, chirurgiens et pharmaciens morts glorieusement
aux armées , ou qui ont succombé au traitement des
épidémies. La généreuse résolution que vous avez prise
«l’assurer à ces héros de l’humanité l’estim e, la véné
ration et la reconnaissance de la postérité, ne pourra
jamais paraître aux esprits justes qu’un bon témoignage
de vous-même. Le projet est grand et digne du but que
vous vous proposez. Vous avez nommé une commission
pour chercher les moyens de le mettre à exécution; je
viens , en son nom , vous soumettre la réunion d’idées,
qui , après un mûr examen , a (ixé son jugement sur
le meilleur mode de réaliser cette noble conception.
Votre commission est pénétrée de cette auguste et
éternelle vérité que l’abnégation de soi-même et l’ac
complissement sans réserve des devoirs sociaux, sont
les précieux ressorts qui secondent la tendance de la
société vers le bien général. D ’après ce principe, un
stérile trophée de gloire ne lui a pas paru digne d’ho-
(0
Commissaire» : M'Æ. T e ste , F o r ca d e , G o u lin , H o u x ,
Sarmel , Srgnud , S e u x ,
S u c , T e s t o n s , V c r n e t.
�( n 6
)
norer convenablement la mémoire des gens de l'art
qui , dans les armées ou les calamités publiques , ont
su obéir aux sublimes impulsions du dévouement à
l’humanité souffrante. Ces vestiges de la pompe et de
l’orgueil ne rappellent que l’avarice du cœur. Elle a
cru mieux s’associer à vos sentimens en vous suggérant
l ’idée d’une institution • qui , manifestant l’amour du
genre humain par des effets réels et se rattachant à
la pitié nationale , fut fondée sur la morale universelle.
Déterminés par ces considérations , vos commissaires
pensent qu’ils ne peuvent mieux répondre à vos vues
qu’en vous proposant un établissement qui serve , à la
fois , de modèle et de récompense aux vertus médicales,
de réfuge et de secours à l’indigence infirme. Un mo
nument de ce genre doit être également riche de sou
venirs de gloire et fécond en bienfaits. La fondation
d’un hôpital, ouvert aux marins de toutes les nations,
a obtenu l’unanimité des suffrages. Tem ple de mémoire
et asile de secours , il rappellerait aux navigateurs ma
lades qui y seraient traités les élans de ces âmes sen
sibles et généreuses qui , par leur dévouement et leur
z è le , ont bien mérité de l’humanité souffrante.
Les murs de la chapelle -, qui , dans ce temple ré
numérateur, serviraient au culte religieu x, seraient
incrustés de marbre noir et divisés en autant de plaques
que la France compte de départemens. Sur chacuns
d’elles , seraient gravés en lettres d’or les noms des
médecins , chirurgiens et pharmaciens de chaque com
mune qui auraient succombé dans les armées ou dans
le traitement des épidémies , victimes de leur courageux
efforts.
Sur la porte principale de l’édifice serait représenté
Sa Majesté LO U IS X V IH notre magnanime Souverain,
entouré des attributs de la France et couronnant d’une
main le dieu d’Épidaure avec cette inscription : aux
�(
MÉDECINS , C H I R U R G I E N S E T
1 T7 )
PH ARM ACIENS M O RTS
G LO R IEU
Le vertueux Monarque tiendrait de l a m a i n
gauche une sphère sur laquelle seraient gravés ces
mots : accueil, pitié , secours à l'étranger injirme.
Mais , Messieurs j cette pieuse disposition que vous
éprouvez, ne serait qu’un songe philantropique, s i ,
pour l’accomplissement de ce grand dessein , la Société
était réduite aux simples émotions du cœur , à ses seules
facultés pécuniaires. La pensée d’ouvrir un asile conso
lant et salutaire au navigateur que le malheur et le
besoin aurait éloigné de sa patrie , que l’indigence et
la maladie aurait réduit à recevoir des secours, s'est
d'abord offerte dans tout son beau idéal. Elle a été ac
cueillie avec cette juste confia 'T,?, morale qui fait en
treprendre des grandes choses , sans s’étonner des dif
ficultés que leur exécution présente.
%
Animée de cet esprit d’hospitalité universelle , votre
commission n’a réellement d’autres notions à vous donner
sur les chances de succès de cette noble et grande en
treprise que celles qui appartiennent aux perceptions
immédiates de l’âme ; elle se confie cntiéiement à la
générosité de la nation française , non moin# distinguée
par sa sensibilité que par ses lumières. Persuadée que
les accens d’une charité si recommandable seront en
tendus, elle n’hésite pas à vous proposer l’ouverture
d'une souscription générale comme le moyen le plus
sûr de recueillir les (omis nécessaires à l’érection du
monument projeté ; pour y procéder légalem ent, elle
pense qu’il serait convenable d’arrêter les dispositions
suivantes :
l.° Une députation prise .dans votre sein se présen
tera chez Monsieur le Préfet du département et sou
mettra à son approbation le projet , ainsi que la sous
cription ouverte pour le réaliser. Elle priera ce raa^
fistrat de l’adresser à Son Excellence le M inistre de
SE MEN T.
�l'Intérieur pour obtenir sa sanction. Votre commission
ose espérer que Son Excellence jugera vos vœux dignes
d’arriver aux pieds du trône et que Sa Majesté Louis XVIII
et les Princes de son auguste famille voudront réfléchir
un rayon des hautes vertus sociales qui les caractérisent
sur un monument utile qui doit honorer l’humanité.
2.0 Des commissaires seront nommés parmi les mem
bres résidons et correspondans de la Société , pour of
frir la souscription à la munificence des premières au
torités et des grands du royaume ; à la piété des évê
ques et des corps religieux; à la bienfaisance des au
torités civiles et militaires ; à celles des corps judiciaires,
des chambres de commerce , des corps savans ; aux vœux
des écoles et des sociétés de médecine ; à ceux de tous
les médecins. Cette souscription sera spécialement re
commandée à la charité de la population de Mareille
par l’intercession des pasteurs des paroisses ; à la libé
ralité de tous le* Français, par l’intermédiaire de MM,
les Préfets des dépai temens , qui seront priés de vouloir
bien y intéresser leurs communes respectives et l’adresser
à MM. les Maires , avec l’invitation d’envoyer à la So
ciété royale de médecine de Marseille les noms des mé
decins , chirurgiens et pharmaciens de leurs communes
qui auraient péri aux aimées ou succombé au traite
ment des maladies épidémiques et contagieuses.
3 .° Les produits de la souscription seront déposés chez
les notaires des communes et successivement dirigés et
cumulés dans les caisses de MM. les receveurs génér-uix des départemens et par suite dans celle du dépar
tement des Bouches-du-Rhône.
4.0 Une commission composée des principaux habitans
de M arseille, d’une piété éminente et d’une probité sans
tâche, sera chargée du dépôt et de l’emploi des fonds pro
venant de la souscription.
5.° La souscription sera placée sous la protection im-
�(
Ir9
)
médiate de Messieurs les Préfets des départcmens. Les
nums de ces magistrats gravés en tète des plaques dé
partementales attesteront aux siècles futurs la bien
veillance avec laquelle ils auront daigné concourir à
cette pieuse fondation.
6.° La Société royale de médecine fera inscrire sur
un grand livre ad hoc le nom des premières autorités du
royaume , celui des autorités religieuses , civiles et mi
litaires , des corps judiciaires et savans ; celui des dépurtemens , des communes et des particuliers de tout
rang qui auront souscrit. Les noms et les offrandes y
seront mentionnés en expression de reconnaissance et
ensuite publiés par la voie des journaux. Dans ce livre
seront consignés les statuts de l'établissement que Son
Excellence le Ministre de l’Intérieur sera suppliée de
vouloir bien accorder.
Pour éviter les frais de correspondance , Messieurs
les Préfets seront priés de taire parvenir la souscription
et tout ce qui pourrait y être r e la tif, sous leurs couverts
respectifs.
Votre commission , Messieurs , ne s’est pas dissimulé
les nombreux obstacles que vous aurez à surmonter. Si
elle n’a pas été heureuse dans dans le choix des moyens
proposés, si son jugement et ses espérances ne sont
pas conformes à la nature de l’entreprise , si elle n’en
a pas prévu avec certitude les résultats , elle a dumoins
su distinguer ce qui serait louable , utile et désirable.
En effet, Messieurs , l’antique Marseille , cette cité
si fameuse par l’étendue de son commerce et le nombre
de ses manufactures ; cette cité , peuplée de presque
tous les peuples de la terre , ne possède aucun édifice,
aucun établissement digne de l’admiration du voyageur.
Envain il cherche dans l’émule d’Athènes et de llom e,
ces travaux de tous les âges , les monumens de gloire
nationale et d’utilité publique , ces chef-d’œuvres des
�v( 120 )
arts que les temps savent respecter, rien ne lui annonce
le berceau du peuple le plus civilisé de l’Univers. Il vous
appartenait, M essieurs, sous le meilleur des Princes
éclairés de réparer en faveur de la bonne ville de Mar
seille cet oubli du passé et de transmettre à la postérité
le témoignage le plus éclatant de la philantropie natio
nale et de celle du siècle.
La Société royale de médecine de Marseille, après avoir
entendu la lecture de ce rapp ort, l’a adopté à l’unanimilé dans toutes ses conclusions et a délibéré que copie
eu serait transmise à M. le Préfet.
P li o j e t t e n d a n t o former un collige universel de médecine;
proposé par le D. Félix P ascalis , résidant à Newyork,
associé de la Société royale de médecine d e Marseille,
communiqué par M. le D. L. V a l e n t i n , membre cor
respondant de cette Société , etc. , etc.
I. Ce collège serait composé de médecins les plus
célèbres chez les différentes nations. Son objet consis
terait i.° à rechercher et à propager les moyens con
servateurs de la santé publique , dans le commerce
tnaritime ou interlope ; z.° à étendre les connaissances
et à faciliter l’échange de toutes les découvertes dans
l’art de guérir ; 5 .° à établir chez toutes les nations
civilisées un système uniforme de jurisprudence et de
police médicale.
If. Ce college serait formé de plusieurs divisions
géographiques tracées , sans égard aux langages ni aux
systèmes de gouvernement , par les distances des ca
pitales ou des chefs-lieux et par la population des pays.
Les nations du Nord pourraient établir une division à
Copenhague ou à Varsovie. La F rance, l’Espagne,
�( 121
)
l'Italie , l’Allemagne et l’Angleterre en formeraient
d’autres, chacune séparément. Ces six divisions se
raient bientôt augmentées par deux en Amérique , l’une
septentrionale et l'autre méridionale.
III. Les travaux du collège seraient dirigés , dans
chaque division , par un conservateur et un secrétaire,
selon les voeux exprimés et transmis annuellement par
les membreSj'du collège des différentes contrées au doyen
ou au consistoire de la faculté du collège universel de
médecine , dont le siège serait toujours à Paris ou à
Londres. La préséance pourrait être alternative ou dé
pendante du doyen élu.
Le doyen ou lé plus ancien membre du consistoire
transmettrait au chef de chaque division la notice des
travaux qui sont proposés , les règlemens et délibéra
tions du collige universel , et il recevrait à son tour
les vœux , les suffrages , les réponses et les ouvrages
de médecine , par les conservateurs de chaque division.
Ceux-ci seraient chargés de la révision et de l’ordre
à observer pour faciliter les travaux du consistoire du
collège universel.
IV. Le consistoire publierait tous les atis ou tous
les deux ans les travaux complets du collège universel,
I.° pour l’usage des gouvernemens ; 2.0 pour toutes les
universités, collèges , académies et sociétés de méde
cine et pour chaque membre du collège universel j
3.* ce recueil annuel ou biennal serait toujours im
primé au moins en deux langues , la française et l’an
glaise : on en ajouterait une autre selon le v « u des
membres du consistoire.
V. Pour subvenir aux dépenses de cette vaste ins*
titution , soit pour la tenue d’un bureau et des archives
du collège , dans le chef-lieu du consistoire , soit pour
U correspondance continuelle entre les conservateurs de
y .Février
16
T.
i8i3.
�♦
( 123 )
chaque division avec le grand doyen, pour le* frai*
d’impression , diplômes , circulaires , etc. , nous pro
posons les moyens suivans :
i . ° Le college universel de médecine prend sous sa
protection spéciale les médecins et chirurgiens émérites,
et ceux qui émigrent d’une nation à l’autre , ou qui
voyagent par terre ou par m er, soit pour exercer leur
a r t , pour des recherches ou pour trouver de3 situations
plus convenables à leurs goûts ou à leurs projets,
aussi long-temps que par la régularité de leurs mœurs
et de leur profession ils mériteront la jouissance de
cette faveur. Les uns et les autres pourront donc obtenir
des passeports ( sorte de diplômes de recommandation )
signés pur tel membre du collège universel qui serait le
plus à leur proximité, 2.0 tout médecin voyageur serait
adressé au conservateur de la division qu’il pourrait
visiter, afin d’obtenir son contre-seing; 5.® le porteur
ne négligerait jamais d’obtenir la signature de tel membre
ou officier du collège universel qu’il pourrait ren
contrer dans ses voyages , ce qui serait pour lui un
titre recommandable , soit auprès des autorités publiques
ou médicales, soit auprès des principaux citoyens du
lieu qu’il veut habiter ; 4-° H recevrait une liste im
primée de tous les officiers et membres du consistoire,
des conservateurs et membres des divisions qui com
posent le collège universel ; 5.° pour obtenir ce passe
port , le médecin ou le chirurgien doit produire les
diplômes ou certificats de l’instruction la plus complète
qu’il a pu recevoir selon les lois et les usages auquel il
appartient.
Y I. Les membres du collège universel ont tous le
droit de délivrer le passeport lorsqu’ils sont à de
grandes distances du conservateur de leur division ;
mais, ils l’adresseront toujours à celui qui est le plus
prés et que le voyageur peut visiter : ils le revêtiront
�(
1 *3 )
de leur sceau ou cachet particulier , et recevront, pour
la caisse du collège universel, une somme d e .. . francs,
livres, ou etc. , qu’ils feront remettre de suite au grand
trésorier du consistoire , avec le nom de la personne.
Lesdits membres enverront un duplicata du passeport
au conservateur de leur division, en indiquant le voyage
que le porteur se propose de faire , etc.
VIL Les conservateurs et le doyen peuvent accorder
aux médecins voyageurs un diplôme d’affiliation au
collège universel , s’ils sont non seulement émérites ,
mais encore déjà distingués dans leur pays , par des
titres académiques , par des services publics ou par
de bons écrits ; mais en délivrant ce diplôm e, qui
servira de passeport au porteur , le doyen ou le con
servateur obtiendront l’assentiment et la signature, d’une
part, de trois membres du consistoire , et de l'autre de
deux membres de sa division , et ils percevront pour la
caisse du collège , la somme de. . . . ; outre les avan
tages ci-dessus désignés, pour le porteur d’un passeport,
celui qui aura un diplôme d'affiliation, jouira du droit
d’itre inscrit parmi les membres de la division où. il
réside comme associé ; il se fera toujours connaître nu
conservateur sous lequel il se trouvera , en lui trans
mettant une copie authentique de son diplôme, il aura
droit aussi de correspondre avec le consistoire pour
obtenir un exemplaire du recueil annuel et une liste
des membres et autres communications ; mais il m’aura
point droit de suffrages, ni de votes, ni celui de signer
des passeports.
VIII. Le collège peut avoir deux autres sources de
revenus; i.° ceux qui résulteraient de la vente de son
recueil annuel ou biennal; 2 ,a les dons gratuits des
savans et des gouvernemtns. Les chefs ou conserva
teurs de chaque division devront principalement inté
resser ceux-ci à la protection et à raffermissement d’une
�( 124 )
institution qui contribuerait, plus qu’aucune autre, au
bien général des peuples , du commerce , et à la pro
pagation des plus beaux principes de la philantropie et
de la philosophie médicale.
Je supprime de ce projet tout ce qui a rapport à
l ’organisation intérieure du collège et à l’élection des
premiers membres qui le composeraient : on pourrait en
choisir six en France ; trois ou quatre en Espagne ;
au moins deux en Italie ; deux ou trois en Angleterre;
cinq ou six en Allemagne ; nous en donnerions au moins
quatre dans les États-Unis , et trois dans l’Amérique du
Sud ; ce nombre suffirait pour commencer. Nous dési
rons que ce plan soit soumis à nos confrères d’Europe
et connaître leur opinion.
SÉANCES
DE
LA
SOCIÉTÉ
PENDANT LE MOIS DE JANVIER l 8 2 3 .
4 Janvier. — M. le Secrétaire-général donne lecture :
d’une lettre de M . le M a ire qui remercie la Com
pagnie des détails qu’elle a eu le soin de lui donner
relativement à l’apparition de la petite-vérole dans les
vieux quartiers de la ville ; 2.0 d'une lettre de M. le
D . Rostan, médecin de l’hospice de la Salpêtrière,
servant d’envoi à un ouvrage intitulé : Cours élémen
taire d'hygiène. La demande que fait M. Sue du titre
de membre correspondant pour ce savant médecin est
prise en considération, et MM. Favart , Reimonet,
R oux sont chargés du rapport à faire sur son ouvrage;
5 .° d’une lettre de M . Gambart, directeur de l’obser
vatoire de Marseille , en réponse à une demande re
lative à la communication des observations météorolo
giques ; 4..0 d’une le ttre de M . le D. Sablairolles , cor
respondant à Montpellier , accompagnée de deux ob
servations , l’une sur un calharre utérin traité avet
i.°
�( 12 0 )
succet à la teinture d'iode ; l’autre sur une fièvre in
termittente guérie par le moyen d'une sonde de gomme
élastique à demeure dans la vessie. Ces deux produc
tions seront soumises à l’attention de la Société dans
une de scs prochaines réunions.
La séance consacrée aux conférences cliniques , est
terminée parle scrutin de JVL Gambart, qui est adm is,
à l'unanimité des suffrages , au nombre des membres
titulaires résidons.
i l Janvier. — M . le Président fait hommage , au
nom de M. Thumin , de la thèse que ce pharmacien a
soutenue à l’école de pharmacie de Paris ( dépôt dans
les archives ).
La demande que fait M . Roux , du titre de membre
honoraire pour M . Règuis , Procureur du Roi , et pour
M. Rigordy , Président du tribunal de première ins
tance , est prise en considération. M. R oux propose en
core d’admettre M . le baron de Zach , savant astronome,
au nombre des membres correspondans. Cette seconde
demande est accueillie comme la précédente.
Le reste de la séance est employé là la discussion
d’un objet de finances et aux conférences sur les ma
ladies régnantes.
iB Janvier. — En l'absence de M. le Secrétaire-général,
M. le Secrétaire-adjoint fait part d’ une lettre de M.
Guiaud fils, membre titulaire de la Société, qui ex
prime, au nom de son p ère, vieillard vénérable , toute
sa gratitude , pour le titre de membre honoraire qu’elle
a daigné lui conférer. Il fait ensuite hommage du pre
mier numéro d’un journal de m édecine, chirurgie et
pharmacie t intitulé VAsclèpiade , dont la rédaction lui
est confiée. La Société vote un abonnement en faveur
de ce recueil périodique,
M. le Président dépose sur le bureau deux numéros
(octobre 182a et janvier 1820 ) des bulletins de la Su-
�< *3 6 )
eiété d’agriculture , sciences et arts du département de
l ’Eure , dont M. le rédacteur-général fait hommage à U
Société.
RI. Sigaud fait lecture d’un mémoire de M. le D.
Maréchal, de Metz , relatif à des observations cliniques
sur les affections cancéreuses, recueillies à l’hôpital
St.-Éloi de Montpellier.
La séance est terminée p arle scrutin de M. Rigordy,
Président du tribunal civil de première instance et de
M. Réguis, Procureur du Roi, qui sont reçus à l’una
nimité membres honoraires , et par celui de M. le baron
de Zach , qui est admis aussi à l’unanimité f parmi
les membres correspondons de la Société.
25 Janvier. — Lecture est faite : i.° d’une lettre de
M . le D . Sablairolles , servant d’envoi à une brochure
intitulée : Mémoire et observations sur le traitement de
Térysipèle phlegrnoneux. M. Roux est nommé rapporteur
de cet écrit. 2.0 D ’une lettre de M. le D . Froment,
notre correspondant à Aubagne , accompagnée de l’envoi
d’un mémoire portant pour titre : Observations et
réflexions sur les désavantages provenant du traitement
exclusif de la médecine physiologique. Le rapport à
faire sur cette production est confié à M. Sigaud.- 5.9
D ’une lettre de M. Trucy , membre titulaire , qui re
grette de ne pouvoir plus prendre une part active aux
travaux de la Société. La Compagnie accepte la démis
sion de ce membre distingué et le nomme par accla
mation membre honoraire. 4 >0 D ’une lettre de M.
Durasse fils , secrétaire-général de la Société de médecine
de Toulouse , qui remercie la Compagnie de l’envoi
qu’elle lui a fait de deux exemplaires de l’exposé de
ses travaux pendant l’année 1822.
Le reste de la séance est consacré à la discussion
d’un objet particulier.
S E G ATI D , Président.
S u e , Secrétaire-général.
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N u a g e u v.
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N u a g e s ; q u e lq . g o u tte s .
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M o yenne s.
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�p lu s g ran d e dldvatîon d u B a ro m è tre ........................................ . 7 6 4 "”" , 16 ,
723 , 00 ,
H a u te u r m oyenne du B a ro m è tre , p o u r to u t le m ois. • . 7 5 a , 7 5 .
. -+- i 4 °, 1 ,
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•
9 , 07.
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68 ,
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85 , 5 .
le jour . . . .
3 i nim, 32
1
la nuit . . . .
2i
, 04
;
!
Nombre de jours
le 10 , au lever du soleil.
le 2 , à 8 h eu res 1/2 d u m at.
le 11
le 18
, à 2 heures du soir.
, au lever du soleil.
le 7 , à midi.
le 2 8 . , à 2 heures.
\ 5 2 mm, 5 6 .
de p l u i e ..................... ... . i .
9-
de brume ou brouillard
. . .
9*
entièrement co u v e rts..............
5.
de gros vent
entièrement sereins
131.
a.
�(
I3 9
PREMIÈRE.
)
PARTIE.
O B S E R V A T IO N S D E M É D E C I N E - P R A T I Q U E .
----------— —
--------
OBSERVATION sur une tumeur cancéreuse , opérée par
J.-N. Roux, D.-Médecin à Saint-Maximin ( Var).
J o s e p h P ....... âgé de 60 ans , doué d’un tempérament
sanguin , se présenta chez moi au commencement du
mois de juin 1822 , pour me consulter au sujet d’une
tumeur qu’il portait depuis huit mois à la face dorsale
delà main gauche. Des caustiques avaient été appliqués
à plusieurs reprises et n’avaient fait qu'exaspérer la ma
ladie. Lorsque j’examinai cette tumeur pour la première
fois , elle était cesseie , obronde , ayant neuf lignes d’élé
vation , deux pouces de large du premier au dernier
espace inter osseux et trois pouces de long : ses bords
étaient élevés en bourrelet et irréguliers j le milieu
était ulcéré profondément et laissait écouler un ichor
putride et sanguinoient ; le fond de l’ulcération , lors
qu’il était desséché, offrait une couleur jaune-clair avec
des points brunâtres. Le bourrelet circulaire que l’ul
cération n’avait pas encore attaqué était d’un rose
très-vif et d’un brillant qui faisait craindre une pro
chaine rupture. Le malade éprouvait des douleurs qu’il
comparait à des traits de feu , qui auraient traversé sa
main et qui l’empêchaient souvent de dormir. La tumeur
était un peu morbide à sa base, mais depuis long-temps
le malade ne pouvait serrer le poing.
Je pensai que j’avais à faire à un cancer de la peau
et je proposai l’opération comme le seul moyen de
T . V. Mars 1823.
17
�( i3o )
pouvoir le puéril- ; l’on s’y refusa. Alors je prescrivis,
ne pouvant mieux faire , des applications de sangsues à
des époques déterminées et rapprochées et des cata
plasmes émolliens dans les intervalles. Ce traitement,
dont je n’attendais aucun succès , ne présenta, au bout
de trois semaines, que de nouvelles ulcérations produites
par la piqûre de quelques sangsues que l’on avait trop
rapprochées de la tumeur. Je proposai de nouveau l’o
pération et Joseph P ..... l’accepta.
La mobilité de la tumeur me lit présumer que je trou
verais au-dessous une couche de tissu cellulaire feutré,
qui protégerait l’aponévrose dorsale de la main et les
organes sous-jacens. Je disposai le malade d’une manière
commode, la main fut mise sur un plan horisontal et
contenue par des aides : l’artère brachiale fut comprimée
vers la partie moyenne de l’humérus.
Après avoir reconnu la bifurcation de l’artére radiale,
en dorsale du carpe et dorsale du ponce , je traçai,
nvre un bistouri à lame convexe , deux lignes semielliptiques qui s’étendaient depuis la deuxième rangée
des os du carpe jusques vers le milieu de la première
phalange de l’indicateur et qui couvraient la tumeur.
La dissection fut laite en peu de tem ps, je détachai la
tumeur à sa base en me servant tour-à-tour de la lame
et du manche d’un scalpel, la portion qui reposait sur
les organes placés entre le deuxième et le troisième
os du métacarpe n’offrait aucune difficulté, elle semblait
enkystée, mais celle comprise entre le premier et le
second était plus adhérente et plus profonde , aussi
fut-il plus difficile de l’extirper en entier ; une petite
portion de tissu cellulaire feutré en membrane que
j ’avais soupçonné exister, et que je trouvai en effet,
resta couverte d’une substance lardaccc et granuleuse. Il
fallut recommencer la dissection pour éviter une réci
dive certaine dans les manœuvres nécessaires , deux
�(
i
3
i
)
artérioles furent ouvertes et liées aussitôt , la première
était fournie par la dorsale du carpe et la deuxième était
la collatérale externe du doigt indicateur.
Lorsque tout fut enlevé , la plaie parut être dans les
conditions les plus avantageuses pour en espérer la
guérison : deux points de suture furent faits à l’angle
supérieur, des bandelettes agglutinatives rapprochèirnt
les bords, autant que possible, vers le milieu ; il y
avait d'un bord à l’autre l’espace d’un pouce et demi.
Le pansement fut simple. Le troisième jo u r, la plaie
offrait des bords réguliers , le milieu était d’une belle
couleur de chair, les douleurs étaient légères, le som
meil était bon et les fonctions digestives se fesaient
bien ; prescriptions : bouillons , soupes , etc. , donnés
par gradation. Des bourgeons charnus s’élevèrent du
fond de la plaie et formèrent une réunion solide par
deuxième intention qui fut parfaite au bout de deux
mois. La main recouvra peu-à-peu tous scs mouvemens.
La tumeur, coupée en divers sens et dans toute son
épaisseur , présenta une substance larduréc et granu
leuse dans quelques endroits , qui mettait hors de doute
la présence d’un cancer.
Celte observation peut donner lieu , je crois , aux
réflexions suivantes :
I. Le cancer de la peau a son siège dans le derme.
Le plus souvent on le remarque à la face , et c’est
peut-être parce qu’elle est exposée sans cesse à l’ac
tion des agens extérieurs , on l’a remarqué cependant
sur toutes les parties du corps. Le cuir chevelu p iésente très-souvent des loupes cancéreuses; à la paitie
antérieure du col une tumeur énorme donna lieu
naguère à une très-belle opération qui fut pratiquée par
M. le docteur E e y , de Marseille; à la partie postéric uie
du col et du d os, des tumeurs d’un volume très-consi
dérable ont été enlevées avec succès dans i’hôpital de
�( i 5a )
Montpellier ; enfin le scrotum , l’ombilic et toutes les
régions du tronc et des membres ont été affectés île
cette maladie.
Un enfant de Nismes , âgé de y à 8 ans , a présenté,
il y a deux ans, un phénomène bien remarquable. Tout
son corps était couvert de tumeurs cancéreuses, dont le
volume variait beaucoup , il était impossible de les
compter, tant elles étaient nombreuses et rapprochées
dans certaines parties. Une de ces tumeurs fut dissé
quée et coupée par le m ilieu, elle contenait une subs
tance lardacée. Cet enfant vivait ainsi lorsque sans
cause connue il eul une fièvre très-forte qui fit dispa
raître tous les cancers , au grand étonnement des mé
decins qui l'avaient vu ; il s’était sans doute opéré une
résorption générale. La peau resta dans son état naturel
pendant quelque tem ps, mais les tumeurs reparurent
aussi nombreuses qu’auparavant et le jeune malade
mourut dans le marasme. Ce fait paraît ètje un des
plus intéressans pour ceux qui soutiennent l’action d’une
diathèse cancéreuse, car toutes ces tumeurs s’étaient
développées en même temps.
JI. Les caustiques peuvent détruire dans quelques
circonstances des boutons cancéreux que l’on a appelés
noli me tangere , mais bien souvent ils écheuent et ne
font alors qu’exaspérer la maladie.
III.
Le traitement antiphlogistique est d’un grand
avantage dans le traitement de l’ulcère cancéreux qu’il
peut borner et même faire disparaître , mais je ne crois
p a s, et j’en ai plusieurs exemples outre celui-ci, que
l ’on puisse résoudre une tumeur contenant la substance
cancéreuse. Le seul avantage que puissent avoir alors
les sangsues et les émolliens , c’est de borner l’in
flammation consécutive qu’amène le cancer lorsqu’il se
développe , ce qui est très - important , parce qu’une
opération pratiquée à la suite de ce traitement offre
�( i 55 )
beaucoup plus de chances de succès , la lésion organique
ne se reproduisant pas avec autant d'intensité. Cela
n’eut pas lieu cependant dans cette observation ,
(ti
ques piqûres de sangsues se transformèrent au ton traire
en de nouvelles ulcérations.
IV. Je croirais imprudent de tenter l’extirpation d’une
tumeur cancéreuse située sur la main et qui n'aurait
point de mobilité : la peau n’étant pas altérée dans sa
couleur ni dans sa contexture , l’on devrait penser que
la maladie a son siège plus profondément, et dans ce
cas, l’amputation du poignet serait la seule chose pra
ticable.
V. Après toutes les opérations clans lesquelles des
tumeurs cancéreuses ont été enlevées , l’on doit tenter
d’obtenir une réunion immédiate, mais lorsque cela
ne peut avoir lieu , comme dans le fait que je rap
porte , parce que l’on rencontre quelquefois des obs
tacles au rapprochement des bords de la plaie , une
cicatrisation so lid e , exercée par un travail h n t de
la nature, doit faire croire à une guérison plus durable.
OBSERVATION d'un ulcère cancéreux , pueri par l'ap
plication réitérée de sangsues ; par AJ. N e l , chirurgien
à Marseille.
Madame Rose R .......... .. âgée de Zi ans , portait de
puis six mois à l’aile droite du n ez, un ulcère e?m éreux qui fut pris pour un ulcère vénérien , et contre
lequel on avait cru donc devoir diriger les an li-svjh ilitiques , lorsque, fatiguée d’un traitement et d’un .. gime à la fois incommode et dispendieux , la n . '..de
se confia à mes soins (v e r s le commencement oY. 1
1822 ). Je crus voir au premier coup - d’œil un i ri
txedens à'Alibert ; mais après avoir examiné plus
�( *5 4 )
tentivement l’ulcère , je reconnus un cancer aux signes
suivans : bords de l'ulcère déchirés , skirrheux , ren
versés et très-douloureux; surface fongueuse , inégale,
livide et de laquelle découlait une sanie âcre et fétide.
L ’application de la pâte caustique du frère Cêm( ,
si recommandée en pareil cas , me parut convenable,
et elle eut lieu le 12 août. La chûte de l’escarre donna
lieu à une amélioration sensible , l’ulcère eut un meil
leur asp ect, mais le 27 du même mois , les bsrds
se renversèrent de nouveau, l’ulcère devint blafard
et lardacé , ce qui détruisit l’idée que j’avais eu de
pouvoir , à l’aide d’un tel topique , changer le mode
d’inflammation ou neutraliser le virus.
Alors , je me proposai une médication anti-phlogistique et calmante : je mis la malade à l ’usage de
l’eau de poulet;, et le i . er septembre j ’appliquai autour
de l’ulcère dix sangsues qui ne produisirent aucun
mieux sensible, cependant je sentis qu’il fallait'in
sister dans ce nouveau mode de traitement ; en
conséquence, les 10 , 18 et 1$ du même m ois, nou
velle application de sangsues ; le 28 septembre , je
vois avec plnisir que la maladie présente de plus en
plus un aspect favorable ; cet aspect est bientôt tel,
que je n’hésite point à porter un pronostic satisfaisant;
les bords de l’ulcère s’unissent , les inégalités de sa
surface disparaissent graduellement ; mais les vives
douleurs continuent de tourmenter la malade , je tou
che les petites excroissances avec la pierre infernale,
le lendemain je rouvre l ’ulcère d’un plumasseau enduit
de cérat de Galien , et d’un cataplasme de farine de
graines de lin et de pulpes fraîches de quelques plan
tes solanées ; les douleurs diminuent et finissent par
disparaître ; . l’ulcère se cicatrise bientôt et le 12 dé
cembre , madame i l ..... .. parfaitement rétablie , fut re
joindre sa famille à Genève.
�(
5
iS
)
Réflexions. — La ressemblance qui existe entre le
cancer et la dartre rongeante pouvait m’égarer un ins
tant ; les noms de herpts exedens , popula Jera , formica
corrosiva et de lupus vorax que Bat cm an a cru être
idiopathique , sont les titres que l'on a successivement
donné à cette dartre, et qui désignent assez l’aspect que
présente cette affection , aspect que l’on sera souvent
dans le cas de confondre au premier abord avec celui
d’an ulcère cancéreux.
Mon intention , en ayant recours <au caustique du
frère C&me , était , ainsi que je l’ai d it, de neutraliser
le virus, en me décidant ensuite à appliquer des sang
sues , je ne pouvais les regarder comme très-propres à
détruire ce virus, mais je ies employai pour arrêter et
même anéantir les progrès d’une inflammation dont les
principaux désordres me paraissaient alors dépendre;
d’ailleurs, j’ai voulu suivre l’exemple de quelques pra
ticiens qui ont obtenus de bons effets (t) de l’usage
des anti-phlogisliques dans les affections cancéreuses.
(i)
Ces
succès
,
on
d o p ie p o i n t o u si l ’ o n
b
d o c trin e
dem an de ra
cancer
s’ en
a
b ie n
le s s a n g s u e s
encore
, a p p liq u é e s
si
dans
d a u s le
la c o m b a t t r e
a re c
fru it
é te n du
t ’ eu p r o m e t t r e
que
la
tjtril en s o it
à ê tre
te n d e n t
m a m ie
à
,
c e la
g u é ris o n
l’e x p é rie n c e
le s
p rin c ip e
ses r a t a g e s
s e u le
po in t e n c o r e f a it e t ce
tu re
,
to u te s
se
,
on
la
se
p e u v e n t
p a r l’a p p lic a tio n
d o n t on
nou s
l’o b s e rv a tio n d e
c o m p ris e
au
ju s tifie r
l ’ e ffic a c ité
d é c id e r
n o m b re
M .
de
d u
,
m a is
d e
est
c e lle s ,
de
on
se
d it
elle s p u is s e n t
q u ’ a lo rs
, on
d e
ce
q u e
le
d o iv e
q u 'e lle
d o u te r
é v id e m m e n t
p u b lié e s
n"a
; q u o id e
n a .
,
q u i
a n li-p h lo g is liq u e
a n ti-e a n c é re u s .
(
et
ces in s e c te s , c’ est
d é jà
tra ite m e n t
u ’ a -
cens
est s u s c e p tib le
,
gé néral
m a is
p e rm e ttra
N el
à
trio m p h e r
q u 'il
m a la d ie
;
si l’ o n
d e m a n d e
l’ o rg a n is m e
p e u t
,
c o n tra ire s
p é rio d e s
de
c o n ç o it
d au s
ra is o n
p rin c ip e s
T o u te fo is
Q u e
te
fa c ile m e n t
le s
p h y s io lo g iq u e -
de p a r c o u r ir
«ancer a
re n d
a b ju ré
Note du R édacteur-général
J.
�( i 56 )
SECONDE
M É M O IR E S ,
PARTIE.
D IS S E R T A T IO N S ,
N O T IC E S
NECRO
L O G IQ U E S .
D i s c o u n
D
i s c o u r s
I ù à la Société
N euryork , le
D .-M .
,
it
novembre
de médecine du comté de
1822,
par M . Félix
P ascalis ,
censeur de la Société médicale de Netvyorh ,
membre et correspondant spècial de la Faculté de mé
decine de Paris
,
des Sociétés royales ch médecine de
B ordeaux et de M arseille
,
etc.
,
et membre de la
Société littéra ire et philosophique de New york
de / A n gla is
,
par M .
D erb esy ,
;
traduit
chirurgien à Marseille.
Monsieur le Président ,
C onformément à nos statuts , je viens entretenir U
Société médicale du comté de Nevvyork , sur quelques
sujets et questions du ressort de la science médicale.
On doit s’attendre qu’après l’épidémie si récente et
si sérieuse de fièvre jaune , qui a été si fatale à nus
concitoyens , par la ten eur générale et la suppression
de travail que la mortalité a ca u sé, je serai porté
li présenter quelques remarques sur des sujets si long
temps disputés : l’origine et le mode de traitement
de celte cruelle maladie ; mais si je porte mes re
gards en arrière sur cette grande collection d’écrits
intéressans concernant cette épidém ie, ainsi que sur
mes faibles essais , quoique fondés sur l’expérience,
�( »57 )
cependant, je crains que la faiblesse de mes moyens
bu qu’un manque de faits suffisans m’induisent en er
reur. L’erreur j en effet, est le plus souvent une pierre
d’achoppement pour ceux qui cherchent la vérité , sem
blables à ces seigneurs qui protégeant leur vastes do
maines et leurs anciens privilèges, prennent certains
usages , coutumes et notions pour des droits sur lesquels
ils ne laissent pas empiéter. De telles personnes oublient
que leurs systèmes favoris appartiennent au domaine de
la science à laquelle ils doivent payer un tribut, non
pas en fausse monnaie , mais par quelques gages qui
nous conduisent à la vérité ; alors qu’il s’agit de tels
ou tels sujets sur lesquels la raison et la sagesse
peuvent seules décider. Si je suis tombé dans de sem
blables erreurs]! dans les remarques suivantes. C’est à
vous, M. le P résident, et à vos associés à juger
combien je suis répréhensible ; je sollicite respectueu
sement votre indulgence , et je recevrai vos corrections
avec reconnaissance.
La remarque que le célèbre Rush nous a laissée
« qu’il n’y avait pas deux fièvres jaunes qui se res
semblassent » , nous en avons eu l’exemple d’une ma
nière frapprante dans notre dernière épidémie. Ses
symptômes se succédant rapidement étaient plus in
tenses et avaient plus de malignité, et dans plusieurs
cas ils avaient un aspect pestilentiel j peu de cas
ont été prolongés au-delà du dixième ou du douzième
jour, tandis qu’en général la maladie se terminait le
troisième ou le cinquième jour.
Il s’ensuit que d’après le nombre de cas rapportés
au conseil de santé , jusqu’au samedi 26 octobre, et
qui se monte à 4 ° i > si comme on le prétend , on
fait une exception juste et une addition proportionnée
des morts qui ont eu lieu depuis, et si celles qui »
T . V . Mars 1823.
18
�( *38 )
Jiar différentes causes , ont été omises au commence-'
frient, sont ajoutées aux 25o qu’on a rapportées la com
paraison d’une mortalité de plus de deux à un en sera
le résultat. Si à présent je fais le relevé général des
morts que je porte à î 56 , et si j’en ôte ceux qui ap
partenaient au district supérieur , le total restant pouf
le district de BrOudway sera en proportion de trois à un,
ce qui , depuis trente ans , est sans exemple dans l’his
toire de la fièvre jaune aux États-Unis. C’est en consé
quence pour nous un sujet de félicitation de voir qu’avec
un système sanitaire si imparfait que l’on ne peut pas
régler à temps l’évacuation des districts infectés , nos au
torités publiques impartiales, ont, par différent; moyens,
arrêté les progrès de la mortalité qui sans cela aurait
plongé notre ville dans un deuil général et déplorable.
Argumentons présentement un peu sur son résultat.
Le conseil de santé nous informe que de soixantecinq individus qui demeuraient dans la partie supérieure
de la ville, niais qui fréquentaient les districts atteints
de la maladie , trente-quatre sont morts. Ceci est uné
proportion moindre de mortalité. La même propor
tion a lieu dans le district supérieur oi'i sur quarantesix, vingt-huit seulement moururent J d’où je conclus que
le district inférieur a eu Une influence plus délétère et
plus fatale sur ses habifans que le district supérieur, ce
qui est une preuve que la maladie n’était pas d’une même
nature spécifique ou homogène , puisqu’elle s’est mon
trée avec un plus grand degré de malignité dans une
partie de la ville que dans l’autre, et précisément dans
cette partie qui est reconnue la plus propre et la plus
Saine. Nous devons donc conclure qu’elle a été aggravée
pdr des circonstances locales , même dans les rues les
plus étroites et les moins aérées et les plus centrales,
telles que les rues de William , Maiden-Lane , Sione et
Dutth , le tiers des malades seulement a été victime de
�( i 59 > ,
la maladie ; dans trois maisons et dans trois familles ÿ
dans les rues de Dutch, M oiden-lane et Nassau , treize
personnes sont tombées malades dont il a été fait rap
port de sept et toutes ont gucri. On ne peut certaine
ment attribuer cette bénignité de la maladie qu’à l’éloi
gnement du premier foyer d’infection.
Enfin , les rues de Lewis et Grand à Corlair’shoonk
ont fixé l’attention du conseil de santé. On doit se rap
peler que l’on fit des représentations sérieuses sur le
lac de W illam sburg, comme étant très-nuisible , exac
tement au temps où il y avait plusieurs personnes qui
paraissaient atteintes d’une fièvre maligne et après la
mort de deux individus dont on fit le rapport. Cette
mortalité mérite d’autant plus notre attention , que le
médecin qui y résidait , visita plusieurs autres sujets
en même-temps , dont il ne crut pas nécessaire de faire
mention. Je me rendis volontiers à cette opinion ,
après que je les eus examiné avec le docteur D. qui
les soignait et qui eut la bonté de me faire part des
meilleures informations sur la nature de leur maladie.
Nous avons donc ici la proportion de deux à sept , ce
qui offre le plus favorable résultat parmi ceux que l’on
connaît, et prouve d’une manière convaincante que la
maladie que quelques-uns supposaient avoir été importée
à l’extrémité de la rue Hector, où la mortalité était de
trois à un , diminuait tellement à Corlcar’shook , et dans
quelques rues centrales jusqu’à prendre la forme d’une
maladie ordinaire d’automne. Une telle transformation
d'une maladie spécifique n’est ni instructive ni
préhensible dans aucun sens des points en litige.
On doit tirer la même conséquence de l’observation
du caractère et des symptômes de l'épidémie , ils
été differens de tous ceux rapportés , ils ont variés
d’un district à l’a u tre, d'une personne à une autre
quoique du môme âge,
d’une
constitution en
apparence.
com
ont
et
même
�(
i 4o J
L e v o m i s s e m e n t n o i r n’a pas été fréquent, vu I4
marche plus rapide de la maladie et le grand degré de
prostration qu’elle ocçasionait. Il n’y eut pas un cas
sur six , où l’on put faire une observation juste pour
définir la période de l’invasion. Deux jeunes gens mou»
rurent le cinquième jour après avoir rendu une petite
quantité d’une eau brunâtre et sale , soit par le vo
missement ou par expectoration ou par la toux et même
par le hoquet. Je pense que c’est cette circonstance
qui dans le principe fit naître à quelques médecins des
doutes sur l’existence de la fièvre jaune , cependant je
fus témoin d’un vomissement très-considérable de cou
leur rouge donnant sur le n o ir, qui eut lieu trente
heures avant la mort du nommé John Harney , jeune
homme de 18 ans, demeurant dans la rue de Courtland.
Il vomit à diverses fois la quantité de trois pintes,
Chez un des premiers malades de la rue Hector , le
vomissement noir fut précédé d’une hémorragie trèscopieuse de la bouche.
La j a u n i s s e a paru rarement dans la première pét
riode et était généralement imparfaite dans la dernière.
Dans quelques c a s , elle était rem placée, après la
m ort, par' une couleur de plomb ou pourprée qui re
couvrait tout le corps. Les yeux avaient toujours une
couleur jaune. Je n’ai observé que deux cas où la jaui
nisse était universelle et parfaite : l’un d’eux était une
fem m e, dans la rue Lombardy, n.° 53 , chez qui
elle se manifesta à l’époque du rétablissement ; l’autre
était un garçon de 14 ans qui mourut d’un charbon
dont je parlerai plus bas. De là , la difficulté de déter
miner si celte suffusion est critique , et un pronostic
sûr. Cependant une couleur mélangée d’un rouge foncé et
jaune donnant à la figure une couleur d’acajou pâle
était sans exception un signe de la maladie.
D e l ’ h é m o r r a g i e . Elle a été plus abondante et
�(
)
plus fi'équente que dans aucune autre épidémie. Chez
un jeune homme de Chureh-Strcit, elle fut si alarmante ,
qu’elle nécessita des applications topiques qui furent
sans succès ; le malade mourut. Une jeune fille , âgée
de 12 ans , perdit près d’une demi-pinte de sang de la
lèvre inférieure et elle se rétablit ; l’hémorragie eut
lieu dans une période avancée de la maladie. Chez un
sujet de la rue Hector, qui m ourut, il survint, le 4-me
jour, une hémorragie des gencives si légère , qu'à peine
elle colorait l’eau dont le malade se rinçait la bouche ;
ce qui prouva la vérité de l’aphorisme à'Hippocrate :
si tertio vel quarto die parca , lethalis.
L e t y p e f é b r i l e p e l a f i è v r e j a u n e , a été nommé
rémittent par beaucoup d’écrivains et assimilé à celui
de la fièvre bilieuse rémittente d’automne , j’ai e u , il
y a long-temps , plusieurs preuves en faveur de celte
opinions et depuis peu le D . IVaring , de Savannah ,
a prouve qu’en 1810, la fièvre jaune y était continue et
agissait simultanément avee la fièvre bilieuse maligne
et d'autres espèces de fièvres intermittentes. Toutefois
on ne peut donner aucun de ces types à notre dernière
épiaémie. Je ne me rappelle pas d’avoir observé dans
tous les cas dont l’issue a été fâcheuse , plus d’un paroxisme de fièvre, et dans ceux où le malade s’est rétabli,
«près que le premier paroxisme avait eu lieu , le second
était si faible, qu’on pouvait à peine s’en appercevoir.
Dans les premiers ca s, le pouls était lent, comprimé,
s’affaiblissant graduellement ; dans les derniers , quel
quefois il était légèrement fébrile, un jour l’autre non,
sans frissons le mal de tête modéré , et douleur à
l’épigastre.
J'ai déjà parlé de symptômes pestilentiels dans cette
fièvre , fesant allusion à ces affections qui sont parti
culièrement caractéristiques de la p este, et qui donc
identifie toute espèce de fièvres malignes , qui sont oc-.
�( !4= >
casionées par ce «pie j’appelle gaz spécifiques et mertu
fores , qui s’exhalent des matières putrides et fermentées,
D ’après les rapports des pestes qui eut revagé l’Europe
et l’Asie , une proportion considérable des malades avait
la jaunisse et le vomissement noir , tandis que dans la
lièvre jaune de 1797 , qui régna à Philadelphie, nous
voyons que quelques personnes moururent, ayant des
furoncles et des points gangréneux sur le corps. Je puis
certifier que la dame E .... demeurant rue Rector , qui
fut transportée à Beaver, avait deux charbons ou tumeurs
malignes , l’un sur la main et l’autre à la région temporale
droite , elle était soignée par le D . Neilson , et je lavis
lorsque le charbon était en suppuration dont le foyer
ressemblait à l’intérieur d’une ruche à miel, Un autre,
le nommé Martin E a r l, âgé de i/\ ans , avait un char
bon au genou droit , qui saignait constamment sem
blable à un fungus hœmalodes , et était aussi gros qu’un
œ uf d’oie , noir et gangréneux , deux jours avant la
mort. La fille M . , âgée de 12 a n s, demeurant chez
madame B . , rue Bancker , avait une croûte gangre
neuse au labia pudendi , et son corps présentait çà et là
un exanthème singulier , ressemblant à de larges pus
tules séreuses, semblables au pemphigus, chacune d’elles
placée au centre d’une aréole jaune.
Je ne dois pas omettre de dire ici , que notre dernière
fièvre a , dans la plupart des cas , été marquée par
nne éruption, aux bras , au cou et sur la poitrine, de
petites pétéchies rouges , que l’on prenait souvent pour
des morsures de moustiques. Je définirai le dernier ca
ractère pestilentiel, d’après un écrivain moderne , qui a
vu la peste dans le levant et particulièrement à Cons
tantinople. ( V oy. les recherches de M. Clean , vol. 11,
p. a3 ). “ A Malte , lorsque la peste était à son plus haut
période , en i 8 / 3 , on observait qu’elle était de courte
durée ; les premiers symptômes inflammatoires étaient
�( 143 )
remplacés par une grande prostration des forces ; quel
ques-uns moururent soudainement , sans aucun symp
tôme préalable , mais après la mort , ils étaient couverts
de boutons et de marques livides , » etc. Plusieurs
praticiens ont observé ici beaucoup de cas semblables.
Un valet d’écurie , nommé Brotvn , fut trouvé mort chez
lui , rue Strames , peu de jours après le départ de ses
maîtres pour la campagne, où il se proposait d’aller les
joindre; l’aspect du cadavre fit penser à l'officier de jus
tice que la mort devait être survenue à la suite d’une
maladie si rapide et si fatale , que le malade n’avait
pu demander du secours. M. J.-M ’X ..... . d eW m -T a te ,
homme coloré, scieur de long et Richârd Scott , de la
rue Bancher , ont offert à-peu-près la même particula
rité. Le premier se mit au lit le samedi avec une fièvre
violente; le dimanche , faiblesse générale, ne pouvant
môme prendre sur lui de parler , le lundi il était dans
la dernière agonie et mourut le mardi matin ; après la
mort , il était couvert de petits boulons et do marques
livides. Le manque des symptômes caractéristiques or
dinaires de la fièvre jaune , dans le dernier cas , était
au point de faire douter de l’existence de cette maladie :
le sujet était à-peu-près noir partout le corps , excepté
les yeux qui étaient jaunes. Il serait difficile , dans
l’histoire de la peste Asiatique et Américaine , de trouver
une coïncidence de symptômes plus frappante.
Les symptômes suivans composent le diagnostic de
la fièvre jaune. L ’un est une respiration gênée à la pre
mière période de la maladie , devenant graduellement
plus pénible , accompagnée de ronflement , de soupirs,
eu de dyspnée, finissant par devenir très-forte , difficile
et convulsive, donnant évidemment lieu à des mouvemens extraordinaires des muscles thorachiqucs, sans
que les bronches offrent la moindre apparence de ma-'
ladie ou d’obstruction qui puisse causer la toux , ou
�l'enrouement. Dans plusieurs cas , ce symptôme était
si jrrave , qu’on le prit pour une affection asthmatique.
Dans le cas de William T a te, on s’y trompa tellement j
que ce ne fut que quelques heures avant la mort que
l’on cessa de croire que c’était une violente attaque
pulmonaire. L ’autre symptôme est la diminution sen
sible de chaleur animale dans l’organisme. Ayant eu
l ’occasion d’observer deux sujets chez qui , depuis
quelques heures seulement la maladie avait commencé
au moment où l’inquiétude se manifeste, où la douleur
de tête se fait sentir , où les yeux sont douloureux et
injectés , où il y a douleurs de reins , envie de vomir*
je pus ine persuader que la chaleur animale était déjà
diminuée de plusieurs degrés. Durant le premier paroxisme de la lièvre , la chaleur augmente de beaucoup,
mais elle fait éprouver au malade une sensation pénible
et mordicante , qu’on observe rarement dans les fièvres
ordinaires , aigues et inflammatoires , et elle cesse bien
tôt olifant ce contraste , que la ligure est d’un rouge
foncé , tandis que tout le corps est de couleur rose.
A mesure que la maladie prend un caractère plus sérieux,
la chaleur diminue sur toutes les parties du corps, et
cela est si vrai, que si l’on s’attache à calculer les de
grés , on peut pronostiquer d’.inc manière sûre le temps
que le malade a encore à vivre.
Après avoir essayé de peindre les symptômes géné
raux et pathognomoniques de notre dernière fièvre
jaune , je me permettrai d’en tirer quelques conclusions
sur son diagnostic , et sur les meilleurs moyens à suivre
pour le traitement de cette maladie redoutable. Je suis
fâché, M. le Président , ayant à remplir cette seconde
tâche, d’être obligé de faire quelques observations contre
la prétendue contagion de la fièvre jaune , telle qu’elle est
considérée par nos lois et quelques médecins; ce n’est
pas par manque de respect pour les unes, ni par mépris
�( *4 5 )
pour les autres, mais c’est qu’il est nécessaire de
tracer sur le diagnoctic et le traitement de la fièvre jaune,
des points incontestables de doctrine , par lesquels on
puisse s’as.' ,c?er si cette maladie est produite par la c o n tagion ou l ’ i n f e c t i o n , et j’affirme que nous ne pouvons
parcourir avec certitude le sentier que nous suivons ,
sans cette analyse raisonnée qui doit nous conduire à la
véritable cause de l’épidémie.
Le mot contagion signifie que le poison qui s’exhale
d’une personne malade , sous quelles formes que ce so it,
par le contact ou la respiration , peut produire la même
maladie sur une autre. Dans quel cas et à quelle époque
«ne pareille propagation de la fièvre jaune a-t-elje eu
lieu , nous avons toujours observé que le poison ne tirait
pas son origne de la personne malade , mais seulement
de l’atmosphère ambiante infectée.
En conséquence , la contagion dans la fièvre jaune
est un fait insoutenable , et dans aucune saison on n’a
eu plus de preuves en faveur de la non-contagion , que
dans la dernière. Cent trente-sept malades atteints de
la fièvre jaune , ayant été transportés des districts in
fectés dans différentes parties plus saines de la ville ,
remplis d’habitans et pour lesquels aucunes mesures préservatives avaient été prises, il n’y a pas eu un seul exem
ple de communication de la maladie. Le i 5 septembre,
le même fait et le même résultat concluant furent con
firmés et proclamés par le conseil de santé. Depuis ce
temps rien ne nous a montré le moindre vestige de
contagion.
Mais , dit-on , un simple atome de la contagion de la
fièvre jaune peut vicier l’air de l’atmosphère et se re
produire ainsi de lui-même. Si depuis long temps on
ne s’était pas rendu à cette hypothèse , certainement
on ne la rappellerait pas aujourd’hui que l’expérience
T. Y . JMars 182a.
19
�nous a dém ontré le co n tra ire. L a m aladie et la mortalité
on t été p ro g re ssiv e s dans un sen s in v e rse de la propreté
des ru es et des m aisons j tan dis que les districts plus
ch auds et plus re sserré s o n t eu un plus p etit nombre
d e m alades et de m o rts.
D ’un autre c ô t é , l'a isim ila tio n c i-d e s s u s mentionnée
d ’une atm osp hère
im p u re
ou
de
m êm e n a tu r e , est
u n e n ou velle p ro p o sitio n dans la ch im ie expérim entale et
p h y s iq u e . N ous savons q u ’on s’est servi de celle-ci dans
les détails p h y s io lo g iq u e s de la d ig e s tio n , et autres fonc
tion s anim ales , en e x p liq u a n t co m m en t certain es ma
tières e t substan ces n u tritive s p e u v e n t être changées en
différen tes secrétio n s , et être a ssim ilées a v e c les fluides
v ita u x . E n ten d-on par-là q u ’un air im pur p eu t être trans
fo rm é
en
une autre
a ccid en telle ? C e ci
d ’autant p lus
que
e st
la
substan ce ou en
très-difficile
r a is o n ,
une contagion
à com prendre , et
gu id ée par la science,
n ou s a dém ontré depu is bien long-tem p s com bien l’es
sen ce des élém en s était in altérab le ,
m êm e au milieu
des p lu s fortes op ératio n s exp érim en tales de chaleur,
de f i o i d , de co m p ressio n et d ’affinités com pliquées.
O n d o it donc se ren d re à la th éorie de I’ infectiox.
Ic i nous ne tro u vero n s aucun m y stère , m ais bien ce qui
p eu t être e xp liq u é p ar l ’an a lo gie ou p ar les lois de la
n atu re. L a m atière de
l ’in fe ctio n est c e lle q u i, par la
re sp ira tio n ou pur les
o rgan es in tern es ou externes,
peut
créer
ou e x c ite r différentes m aladies soit chez
l ’h om m e ou la b ru te , depu is le p lus lé g e r degré jus
q u ’au plus p estilen tiel.
L e s v é h icu le s de l’atmosphère,
so n t les co u ran s d ’air et ses p u issan s auxiliaires , sont
la ch a leu r et l ’h u m id ité. D e l à , la m atière de l’infec
tio n p eu t
être
re n o u v e lé e
duran t to u te
une saison,
tra n sp o rté e d ’un lieu à un autre , la isse r un voisinage
i n t a c t , et a ttein d re un autre en d ro it le m oins inespéré.
O n a re co n n u
u n iv e rse lle m e n t qu e les
miasmes des
�(
*47 )
marais infectés ont causé plusieurs espèces de fièvres
intermittentes et rémittentes. \JeJfluvium humain ou
les exhalaisons des provisions gâtées dans des lieux
renfermés , tels que les prisons , les hôpitaux , les
camps et les bâtimens , produisent évidemment de nom
breuses fièvres m alignes, même chez un sexe plus que
chez l'autre , et dans une circonstance particulière de
leurs fonctions ; telle est cette malheureuse fièvre des
femmes en couche dans les hôpitaux de W estm inster et
de Paris , qui a souvent privé la mère de son nouveauné, Il n’est aucune ville populeuse du Monde , qui , à
certaines saisons critiques et pendant les vicissitudes de
lo chaleur , du froid , et de l’humidité , n’ait vu les
quartiers populeux du pauvre, infectés de terrible et fâ
cheuses maladies typhoïdes. Ce fut ainsi qu’un certain
nombre de personnes , leurs habillemcns étant empreints
de vapeurs empoisonnées, créère nt jadis dans les sessions
de Old’Bailey , en Angleterre , une atmosphère infectée
qui devint fatale à beaucoup de spectateurs et à quelquesuns des juges.
Toutes ces causes , cependant , ne peuvent rendre
raison de ce qui fait naître les maladies pestilentielles. Il
doit y avoir une grande différence entre l’air impur ,
qui est occasioné par un assemblage de subtnnce nui
sibles et dans un état de putréfaction , ou par des va
peurs humides et débilitantes , et cet air , qui étant à
peine perceptible à nos sens , pourvu qu’il puisse s’in
troduire par les canaux les plus subtils de la respira
tion, devient à l’instant même une peste mortelle qui
nécessairement doit subverlir les lois de la vitalité, les
lois de la vie organique et animale. Où trouveronsnous par analogie , dans la nature , une cause ou un
pouvoir semblable , qui puisse pénétrer dans toute
une ville , même dans une plus grande étendue , tan
dis que les pays adjaccns , en pleine communies-
�tion avec celui-ci n’éprouvent aucun changement dans leur
état sanitaire, à moins que des amas de fermentation
putride qui exhalent constamment des gaz empoisonnés,
pestilentiels ou mortifères en soient la cause ? Avant
que la chimie pneumatique nous eut appris que plusieurs
combinaisons gazeuses des élcmens pouvaient affecter la
vie de l’homme d’une manière fatale , nous apprenons
qu’au temps du règne de l’alchimie et de l’empirisme
chimique de Paracelse, on avait fait de grands progrès
dans l’art de saturer l’eau de gaz mortels. Des misé
rables en fesaient profession. La trop célèbre a q u a t o f f a n a des Italiens,
dans les temps barbares des guerres
civiles, était le dernier moyen qu’employaient les princes,
les chefs politiques et religieux pour se défaire de leurs
ennemis. A l’époque encore récente de la destruction
des jésuites , Vaqua lojfana était de même en vogue .car
on croit qu’elle fut administrée au pape Gangonclli. Cette
eau était vraiment un spécifique parmi les composés chi
miques , non moins destructeur de la vie animale qu’au
cun de ceux que nos chimistes peuvent extraire des élémens et des substances journellement soumises à leurs
expériences et leurs recherches, tels que l’acide prussique , les airs fixes , les hydrogènes carbonés , les
différens oxides d’azote , ou de nitrogènes. (Mais bien
mieux que l’a r t, la nature sait produire tous ces com
posés destructeurs et invisibles dans ses laboratoires de
décomposition et dans ses foyers cachés de fermentation
putride , où elle dispose ses matériaux pour un nouvel
ordre de chose. Si donc , à l ’époque des saisons favo
rables aux exhalaisons, des gaz empoisonnés et mor
tifères émanent d’un amas de matières putrides et fer
mentées , surtout au voisinage ou au sein d’une grande
population , pourquoi ceci ne nous expliquerait-il pas
d’une manière satisfaisante les épidémies périodiques ou
accidentelles l
�( '49 )
En appellant votre attention sur les deux derniers
symptômes que j ’ai dit être particuliers à la fièvre
jaune, je demanderais s’il peut y avoir une preuve
meilleure ou plus convaincante de l’action primitive de
la maladie sur les organes de la respiration, que la
diminution de la chaleur naluielle et la difficulté de
respirer’ C’est avec plaisir que je vois un écrivain respec
table appuyer mes observations sur cette diminution de
la chaleur -, Don Alplionso de M aria, dans sa descrip
tion de la lièvre jaune de Cadix , en 1810 , l’a observée
dans toutes ses périodes , ce qu’il appelle Frescura ;
quant ô lu difficulté de respirer , je pense comme beau
coup d’écrivains assurent l’avoir observé, que dans la
fièvre jaune le malade est étouffé , gémit involontaire
ment, sa respiration est convulsive. Cependant, dans
aucune épidémie antécédente je n’ai observé aussi dis
tinctement une respiration si forte, si pénible et deve
nant par degrés si suffocante. Il faut donc que la res
piration ait été altérée par un air vicié contenant des
gaz délétères. E.n appliquant ce principe au sujet de
mes recherches , je ne puis me dispenser de vous rap
peler les lois de cette importante fonction de la vie
animale , quoique quelques-unes d’elles soient encore
enveloppées d’un voile impénétrable ; mais on peut re
garder comme vraies les suivantes, qui sont confirmées
par les plus célèbres chimisLes et physiologistes.
Premièrement. L ’air atmosphérique , dans chaque
inspiration , est mis en contact avec le sang veineux à
l’orifice des réseaux capillaires de l’artère pulmonaire,
qui se ramifient clans les cellules de» poumons.
Secondement. Ce sang veineux partant de l’artère pul
monaire du ventricule droit du cœur , entraîne beau
coup de gaz hydrogène et de carbone , ou d’hydrogène
carboné.
Troisièmement. Par les lois des affinités respectives,
�( J5 o )
et par la compression de l’atmosphère, l’air est immé
diatement décomposé , donnant une partie de son oxigène au carbone pour former l’air fixe , et l’autre partie
à l’hydrogène pour être convertie en vapeur aqueuse,
chaque expiration rejette et l’air fixe et la vapeur
aqueuse, avec ce qui reste de nitrogène, dans les mêmes
proportions que dans l’inspiration.
Quatrièmement. Soit qu'une partie de l’oxigène s'in
corpore au sang ou non ( ce qui est une question à dé
cider ) le sang reçoit une couleur vermeille et deux
degrés de chaleur , tandis qu’une partie de celle ren
fermée dans la portion d’air atmosphérique est alors
en décomposition.
Cinquièmement. Ce sang nouveau ou artériel retourne
au ventricule gauche du cœur , par la veine pulmonaire,
est , à chaque inspiration ( ce qui a lieu ao fois par
m inutes) fourni de deux degrés de chaleur , qui rem
placent le manque des deux degrés dans le sang veineux
qui venait du ventricule droit dans les poumons.
Sixièmement. D eux grandes opérations absolument
nécessaires à la vie , sont donc accomplies par la respi
ration ; l’une est la décarbonisation du sang, l'autre
lui donne la chaleur suffisante. La quantité du carbone
a été évaluée à 40,000 pouces cubes de gaz acide car
bonique dans les vingt-quatre heures , ce qui donne
trois quarts de livre ( poids de marc ) de carbone solide
extrait du sang. L ’autre opération est un supplément
d’environ 24°° degrés thermométriques de chaleur par
heure , ce qui serait suffisant pour brûler et consumer
le corps dans cet espace de temps , si elle ne se per
dait et était aussi vite épuisée qu’elle est obtenue, laissant
au sang cette température nécessaire pour les fonctions
vitales ,qui est de 98 à 100 degrés.
De ce qui précède , on peut inférer que toute alté
ration de l’air atmosphérique , principalement par la
�C
i
5i
)
présence des gaz délétères , qui empêchent ou qui peu
vent suspendre la décarbonisation du sang veineux , et
le supplément de chaleur animale dont il a besoin, est
nuisible à la v ie, et susceptible d’occasioner une maladie
pestilentielle. N e voulant pas trop abuser de votre
complaisance , je supprime les détails de ce qui résulte
successivement dans le système humain de la subver
sion des lois qui donnent et protègent la vie , et qu’on
pourrait montrer comme répondant exactement à chaque
symptôme de la fièvre jaune ou d’autres pestes. Il suf
fit de dire que le sang artériel, privé en partie et peuà-peu de sa vitalité, affecte tous les organes dans les
quels il abonde. Les poumons sont affectés, par l’anhé
lation , le cœur par la plénitude , le cerveau par la
stupéfaction ou le délire , l’estomac par une irritation
continuelle ; de l’autre côté , le sang veineux pur man
que de chaleur et d’action , engorge les grosses glandes
qu’il doit faire secréter abondamment. Lent et stagnant
dans le système capillaire , il se compose et répand sur
la peau une couleur pourprée ou jaune. Une réaction
musculaire, qui se manifeste par les douleurs au jambes,
à la tète et dans les muscles dorsaux et abdominaux ,
produit d’abord un paroxisme fébrile q u i, en accélérant
la respiration, peut rétablir la régularité de ses fonctions.
Mais une prostration accidentelle et la débilité sont
les signes d’une terminaison fâcheuse , avant lesquels
le carbone accumulé du sang est quelquefois dégorgé
dans le pori biliarii, plus fréquemment exhudé de leurs
membranes intérieures dans l’estomac et dans les in
testins; à cette dernière période, la putréfaction com
mence dans tout le système , car dans cette maladie
comme dans les autres pestes , il est connu qu’elle
précède l’agonie et la mort.
On peut objecter contre le diagnostic précédent ,
que l’inflammation est aussi active et aussi caractéris-
�tique dans la fièvre jaune , que dans toute autre ma
ladie produite par une irritation excessive ou par certains
poisons ; que ses traces ont toujours été remarquées à
l’autopsie cadavérique sur les membranes internes de
l'estomac , ainsi que des intestins , du mesentère et du
foie ; qu’elle réagit sur le cerveau , occasionant une
congestion dans les ventricules , etc. , ce qui annulle la
théorie proposée qui n’espécifie aucune cause d’irritation
et d’inflammation.
Je réponds que les traces ci-dessus , en apparence
inflammatoires , ont plus ou moins lieu dans les cas d’em
poisonnement par l’opium , de sorte qu’elles sont un
in d ice, en jurisprudence médicale , de son action sur
la circulation ; que seulement de semblables traces
appartiennent à l’inflammation , comme étant simultanées
avec l’action fébrile, produites par un excès de vita
lité , ou par quelque lésion dans le système circula
toire , qui en accélérant la circulation ou la respiration,
a augmenté la chaleur animale. Ceci est une distinc
tion importante à établir dans les phlegmasies et peut
être davantage éclairci en opposision 41U système mo
derne et célèbre du professeur Broussais.
Une objection plus importante est celle d’une cause
cachée de la maladie , qui ne se montre chez les per
sonnes infectées ejue quelques jours après avoir été
transportées dans un endroit plus sain. D ’abord, ce fait
semblerait non seulement contredire l’action immédiate
des gaz empoisonnés sur les organes de la respiration,
mais il prouverait c[ue la lièvre jaune est créée par un
roison s p é c i f i q u e , qui semblable à ceux de la petite
vérole, de la syphilis , e tc ., dem ande, avant d’agir
une certaine élaboration dans le système humain, apres
la contamination. Cependant ceci n’est ni la loi ni le
fait qui président à la formation de la lièvre jaune,
qui presque généralement se déclare immédiatement
�( i 53 )
chez celui q u i s ’y
e s t e x p o s é , m a la d ie
et modifie
sa m a r c h e
selon les
v ic is s itu d e s
à tr a v e r s
du
te m p s
le s
q u i se r é p a n d
c ité s
e t le s
p o p u le u s e s
v a r ia tio n s d e
l’atmosphère, fin it p a r d is p a r a îtr e à la p r e m iè r e g ê lé e , e t
alors on n e v o it p lu s p e r s o n n e la c o n tr a c te r . A d m e t tr e
le fait a cc id e n tel d e l ’o p é r a tio n p r o lo n g é e d u p r in c ip e d e
la m aladie, c e n ’e s t q u e le r é s u lta t d e la s u s c e p tib ilité
individuelle , tr è s - a c t iv e c h e z le s g e n s d u n o r d , le n te e t
peut-être n u lle c h e z c e u x é ta b lis so u s le s tr o p iq u e s . N o u s
trouvons aussi p a r m i n o u s , q u e c e r t a in s in d iv id u s p e u
vent plutôt q u e d ’a u tr e s a ffro n te r im p u n é m e n t le d a n g e r
pendant des s e m a in e s e t d e s m o is ; m a is c ’e s t e n c o r e u n
mystère fa c ile à é c la ir c ir d a n s la th é o r ie d u d ia g n o s tic ,
que j’ai p ro p o s é e ; e n e ffe t, si u n e c o n s titu tio n je u n e , c h a u
de , robuste e t p lé th o r iq u e e s t to u jo u r s p lu s s u s c e p tib le
qu’une c o n stitu tio n
fa ib le ;
p â le , fr o id e
tique, c’e st é v id e m m e n t p a r c e q u e la
et
p h le g m a -
c a r b o n is a t io n
du
sang, dans la p r e m i è r e , e s t p r o p o r tio n n e lle m e n t p lu s c o n
sidérable qu e d a n s la d e r n iè r e . L a p r e m iè r e d e m a n d e u n e
décarbonisation p lu s
a b o n d a n te e t u n p lu s g r a n d s u p
plément de c h a le u r d e la d é c o m p o s itio n d e l ’a ir a tm o s
phérique , q u e c e q u ’ u n e r e s p ir a t io n lé s é e
p eut en core
fournir à la d e r n iè r e .
Parmi la g r a n d e v a r ié té d e
nisations p u lm o n a ire s , il
qui aient été a ffe c té e s
tères , qu oiq u e
la
c o n s t itu t io n s o u d ’o r g a
p e u t eh
ê tre
q u e lq u e s - u n e s
p a r tie lle m e n t p a r d e s g a z d é lé
d é c a r b o n is a tio n n e s o it p a s e n tiè
rement su sp en d u e e t
q u e la c h a le u r a n im a le
diminuée q u ’en p e tite p r o p o r tio n ;
ne
s o it
c e p e n d a n t la p e r t e
a été irrép a ra b le d u e à la ^ co n tra ctio n d e s c e llu le s d e s
poumons, q u i, n e s e 1 o u v r a n t p a s d e n o u v e a u , n e p e u
vent recevoir n i d é c o m p o s e r la q u a n tité o r d in a ir e d ’a ir
atmosphérique, ju s q u ’à c e q u e le s a n g v e in e u x a it a c c u
mulé assez d e p r in c ip e s n u is ib le s
T. V. Mars 1823.
q u i d o n n e n t lie u i
ao
�( i54 )
la maladie. Cette théorie explique sans doute les cas
d’infection prolongée ou latente.
Nous devons à présent apporter quelques faits à
l ’appui de notre théorie, pour baser convenablement le
traitement de la lièvre jaune.
Dans toutes les parties du M onde, on a éprouvé qu’en
fesant transporter les malades du foyer d’infection dans
un endroit sain , on parvenait à affaiblir la malignité
des symptômes et à guérir la fièvre jaune. On a aussi
des faits nombreux d’une heureuse issue de cette ma
ladie en administrant de bonne heuie un émétique, suivi
d’un fort purgatif, surtout si les remèdes produisent une
évacuation considérable de bile. J’ai heureusement vérilié ce fuit chez des personnes qui montraient déjà
ces symptômes. non-équivoques : respiration gênée et
extrémités froides. Un vomitif occasione immédiatement
la contraction du diaphragme , agit sur le prœcordia et
sur les organes de la respiration ; c’est donc le meilleur
remède calculé pour détruire leur stupeur , pour éga
liser dans les poumons la circulation veineuse et arté
rielle. L ’application d’une chaleur artificielle sur la poi
trine ou au voisinage , est aussi un remède , et pourrait
être répandue avec le secours des boissons sudorifiques
et chaudes, si on les appliquait à propos , c’est-à-dire,
sans envelopper le malade de couvertures qui le suffoquent
au lieu de lui permettre de respirer un air pur et frais.
Ce moyen nuisible de faire suera été très-populaire dans
cette ville ; et j’ai été informé que cela avait été opéré
chez plusieurs malades avant qu’on eut appelé un mé
decin , ce qui avait aggravé la maladie et l’avait faite
terminer d’une manière fatale.
Une indication également importante est celle de pro
duire des évacuations bilieuses, car aucun malade ne
guérit jamais de la fièvre janne à moins qu’il ne soit
aidé par des abondantes évacuations de bile hépatique
�( x55 )
tt cystique. L ’inéficacité des meilleurs moyens employés
pour cet effet, est un pronostic certain que la maladie
sera funeste. Cette remarque m’a été confirmée par des
médecins qui étaient beaucoup employés dans cette
épidémie et dans les précédentes; Chez deux jeunes
gens vigoureux , que je vis le troisième jour de la ma
ladie, connaissant leur danger , j ’essayai de suite d’ob
tenir des évacuations bilieuses par plusieurs puis sans
remèdes, et qui causèrent d’excoriations douloureuses,
opérèrent d’une manière active , sans entraîner toutefois
de la bile , et ces deux malades moururent le cinquième
jour. Les évacuations bilieuses furent probablement em
pêchées par le manque d’une libre circulation dans les
organes biliaires ; lorsqu’elles ont lieu , nous devons con
clure que la dépuration du sang veineux s’opère dans le
foie, et que la secrétion de la bile est pleinement rétablie.
Le submuriate d’hydrargiri , si bien connu par son
efficacité dans toutes les maladies de la congestion hé
patique , est le meilleur remède pour remplir cette
indication dans la fièvre jaune , on peut encore y
joindre le jalap, ou l’aloës et les sels neutres , et même
faire usage des autres drastiques selon l’âge et la force
du malade { cependant comme le temps est précieux
dans toutes les périodes de la maladie , et que l'action
du calomelas peut être divisée entre les glandes salivai
res et le canal intestinal, et par-là peut retai der son effi
cacité, je recommanderai sans hésiter des frictions mer
curielles sur la région du foie. Je ne puis me rendre
raisou comment de fortes doses d’ammoniaque, prises
alternativement avec Je calomelas, provoquent des éva
cuations bilieuses. Cependant, je fus informé de ce
fait par un malade guéri de la fièvre de 18 19 , par le
professeur Hosack. J’adoptai ce remède volontiers, dans
tous les cas où je pouvais l ’employer de bonne heure.
Lorsque les périodes de la maladie ne se suivent
�(
*56 )
pas rapidement, le vomissement noir se forme le qua
trième ou le cinquième jour , et généralement il est fu
neste ; cependant , on assure que plusieurs en sont
revenu, et moi-même j’en ai été témoin; mais les moyens
médicamenteux auxquels on attribuait cet heureux ré
sultat , étaient si variés et quelquefois si contradictoires,
qu’aucune règle fixe ne peut être adoptée , et qu’on
n ’en saurait tirer aucune indication pour guider le pra
ticien. Nous avons aussi été bien embarrassés pour
connaître la nature du vomissement noir , soit qu’il
vienne de la bile , ou du sang ; quel contraste de voir
cette matière , avant-coureur de la mort , et qui s’exhale
des surfaces putrides et gangreneuses, être si inerte et
si incapable de nuire , étant appliquée sur un sujet
sain ! suivant une troisième et récente hypothèse , ce
vomissement noir est le résultat d’une secrétion morbide
de l’estomac ce qui dous rapproche plus de la vérité.
L e célèbre L e c a t, chirurgien français, nous a déjà dit
que toute matière noire secrétée ou excrétée du corps
humain , n’est pas autre chose qu’un œthiops animal
parfait ; il veut parler d’un carbone pur ; carbone que
j'a i prouvé constituer la Jièvre jaune en s'accumulant dans
le sang !
Le vomissement noir est secrété principalement dans
l ’estomac, et est ordinairement fourni par les nombreuses
artères appellées vasa brieva , qui tapissent le fond et
le s côtés de ce grand viscère. En conséquence la ma
tière du vomissement noir est le résultat critique de la
fièvre jaune ; si cette matière peut être éliminée du
sang, par les moyens que la nature a déterminé , sans
que l’hémorragie ou la gangrène l’accompagnent , la
maladie peut être jugée favorablement. J’explique ces
remarques par les cas intéressans et bien prouvés de
guérison de la fièvre jaune chez les sujets qui avaient
atteint la période du vomissement noir , guérison opérée
�( i 57 )
par de fortes doses de quinquina , l ’acide sulfurique et
la glace, que rien ne pouvait remplacer pour arrêter
le danger éminent de cette crise fâcheuse. L ’autorité du
docteur R. L. Walker pour cette nouvelle et heureuse
pratique, est la plus précieuse , lui qui , sans se laisser
guider par la théorie, ne suivit que les règles de la
pratique , et qui , pour constater ce fa it, a pris à té
moin autant de médecins qu’il y en avait d’intéressés
et de portés à faire cette observation.
Je dois supprimer ici plusieurs autres moyens pra
tiques pour me laisser régler par les différons carac
tères et symptômes que Ja fièvre jaune prend à di
verses périodes [des saisons. Au sujet de la saignée ,
je dois dire , cependant, qu’ elle n’était pas du tout
adaptée au caractère asthénique de notre dernière épi
démie j et à peine était-elle nécessaire une fois avant
ou pendant le premier paroxysme de fièvre , après la
quelle une grande prostration avait lieu , le pouls de
venant généralement mou et cédant à la pression, même
lorsqu’une complexion sanguine trompeuse, promettait
une réaction musculaire , de manière à justifier la dé
plétion. Je fus une fois , sans m’y attendre , obligé
de me désister de laisser couler une seconde once de
sang, et de fermer la veine chez un jeune homme fort
et pléthorique ; et j ’observai chez une autre que les
symptômes furent rapidement aggravés après une sai
gnée. A ce su jet, je dois dire que tel qui a essayé de
répéter la saignée , pendant notre dernière épidémie ,
a vu périr' tous ses malades. Que de pareilles observa
tions ne fassent point admettre que la saignée ne puisse
être pratiquée dans la fièvre jaune. Ayant été contempo
rain du docteur B. Rush qui dans toutes les épidémies
précédentes , employa la lancette souvent et avec suc
cès , je puis certifier qu’alors les malades offraient
une diathèse inflammatoire ou l’idiosyncrasie et une
�grande action artérielle. Nous ne pouvons nous rendra
raison de toutes les circonstances accidentelles par les
quelles la même influence pestilentielle, dans diffé
rentes années et saisons , altère essentiellement le ca
ractère ou le type de la maladie ; mais , lorsqu’elle
n'abattait pas subitement l’énergie nerveuse et muscu
laire du m alade, la saignée répétée était nécessaire et
produisait un succès éminent.
M. le Président, je termine ce long rapport par me
justifier de n’avoir pas dit un seul mot sur les vicissitudes
du temps , des vents et de la température pendant la
dernière saison , ni des causes locales , qui , par leur
action, ont répandu la terreur et la mort dans la plus
belle partie de cette ville. Quoique j’aie émis mon
opinion , dans le principe , suivant mes propres con
naissances , cependant, comme membre de la Société
médicale , je ne prétends pas vous faire imaginer aucune
vue ou mesure sur ces sujets , puisque leur conneo
tîon immédiate avec le salut et la sûreté publique , doit
dorénavant engager cette institution scientifique à con
courir avec les autorités publiques pour trouver les
moyens sûrs de tarir des sources d’impureté qui peu
vent exciter le retour d’une semblable épidémie. Mais,
permettei-moî , M. le Président , et vo u s, Messieurs
de la Société , membres comme moi de cette institution,
de vous prier avec respect d’unir sincèrement et sans
délai vos recherches , vos études et votre attention
particulière au sujet de la calamité q u i, depuis quelques
années , semble s’appesantir sur n o u s, malgré des lois
sévères et les règlemens de la quarantaine , légalement
adoptés et observés dans tous les ports de commerce
des Etats-Unis. Soit qu’on l’attribue à l’augmentation
considérable de la population ou à la prolongation an
nuelle des saisons chaudes, toutefois il est de fait que
presque tous les éublissemens dans l’intérieur ou aux
�(
i r,9 )
environs de l'Ohio et du Mississippi , sont ou ont été
visités par quelque espèce de pestilence que la rumeur
publique assimile à la fièvre jaune. La mortalité qu'elle'
a occasionée à la Nouvelle-Orléans et à Pensacola, a été
vraiment déplorable , elle a été aussi très-grande cette
saison-ci dans un district bien reconnu mal sain d’ une
de nos cités, comme j ’en ai été informé d’une manière
exacte.
Déjà le silence de cette communauté sur leurs propres
souffrances, prouve leur absolue méfiance sur l’inefficacité
des systèmes restrictifs. Quoiqu’il en soit , tandis que
dans ce siècle éclairé les gouvernemens civilisés et li
bres se croyent obligés d’aider les nations chrétiennes
contre leurs barbares oppresseurs ; tandis que les pro
fesseurs de la religion d’un rédempteur doux et divin
répandent des trésors immenses pour l’instruction des
payens et des sauvages les plus éloignés ; tandis que pour
le bien du genre humain , les philosophes et les littéra
teurs divulguent journellement leurs travaux et leurs dé
couvertes utiles , combien la recherche exacte d’ une pes
tilence des plus désolantes ne devient - elle pas un
devoir important pour tous ceux qui professent la mé
decine , e t, dans une pareille occasion , k qui, si oe
n’est à eux ( après la Providence ) l'humanité affligée et
tourmentée doit-elle s’adresser pour obtenir du secours? (*)
(*) M. D erh esy , qui connaît parfaitem ent la langue anglaise,
a traduit le discours de H . F élix P a s c a lis avec tant de p récipi
tation et il nous a été par>conséquent si peu facile de bien soigner
celte traduction , qu’ elle ne saurait être vue par tous nos lecteurs
comme étant de la dernière exactitude. Puissions-nous.du m oins
n’avoir point altéré le sens de l’auteur / Son discours si savant
est évidemment plein d’ idées Deuves sur l’ étiolegie et le diagnos
tic delà fièvre jaune , d o n t l’ im portance les rend bien dignes
d’être généralement répandues.
( Note du Rédacteur-général ).
�TROISIEME PARTIE.
L I T T É R A T U R E M É D IC A L E , N O U V E L L E S
T IF IQ U E S , M É L A N G E S , E T C .
ï.°
A
n a l y s e
d
’ o u v r a g e
s
SCIEN
i m p r i m é s
.
----- ♦MSîDISCtCie!»®----S
t
du département des Bouches-du-Rhône,
dédiée au R o i par M. le C o m t e de
V i l l e n e u v e , Maître des requêtes, Préjet des Bouchesdu-Rhône , membre de ïAcademie royale de Marseille,
de la Société d'agriculture , sciences et arts d’Agen ,
de la Société royale des antiquaires de France , de la
Société des amis des sciences , des lettres , de l'agri
culture , des arts , séant à A i x , correspondant de
l'Académie royale de Turin ; publiée d’après le eccu du
conseilrgénéral du département ( T o m e p re m ie r , in-.t.*
A T I STi QUE
avec atlas
;
de y 44 p ages , M a rse ille 1O21 ).
O
n
a d it que le g é n ie des scie n ce s m édicales doit em
b ra sser , au m oral com m e au p h y siq u e , la nature entière.
I
C ette p ro p o sitio n est in co n te sta b le . Si le d ivin Hippocrate
n ’a trouvé rien de plus im p o rtan t p our le médecin que
la con n aissan ce des in flu en ces p h y s iq u e s , si bien dé
c r ite s dans son im m o rtel traité de l’air , des eaux et des
lieux i notre célèb re Raymond a a ss e z fait sentir dans
so n e x ce llen t m ém oire sur la to p o g ra p h ie médicale de
M a rs e ille que les gen s de l’art d o iv e n t encore s’appli
q u e r à l’étude des p hénom ènes m oraux , e tc. Annoncer
u n n ou vel o u vra ge de s ta tis tiq u e , c ’est don c annoncer
au m on de m éd ical un o u v ra g e de la p lu s grande utilité.
M ais ce q u i doit su rto u t en g ag er ch a cu n à se le procurer ,
�(
i
6i )
c'est qu’il a pour sujet la statistique d’un département
qui réunit tout ce qui peut fixer vivement l’attention de
l'homme d’état, de l’administrateur, du savant, de l'a
gronome , du manufacturier , du commerçant , de tout
homme qui , par état ou par «oui , n'est point étranger
à l’administration publique ou aux intérêts privés.
Les recherches qu’un tel ouviage nécessite sont si
nombreuses et si variées , qu’elles ne peuvent que
donner du dégoût à ta plupart de ceux qui désirent s’y
livrer. Aussi, ne saurait-on ttop louer les auteurs
qui ont rempli cette pénible tâche , car il faut supposer
qu’ils ont apporté dans leurs éludes une volonté f< une ,
une constance à toute épreuve , un zèle infatigable , et
des soins de tous les momeiis.
»
11 appartenait au premier magistrat du département
des Bouches-du-Rhône d’en publier la statistique , vu
quelle rentre dans ses devoirs. « Investi de la confiance
du gouvernement , habitué à faire exécuter ses ordres ,
connaissant ses intentions et les principes par lesquels
elles se manifestent, lui seul est placé convenablement
pour obtenir les documens qu’il importe avant tout de
réunir.» Mais il appartenait surtout à M le comtp de
Villeneuve de s’occuper d’un aussi beau travail, parce
que scs talens en eussent seuls garanti le succès.
Le discours préliminaire d’un ouvrage en est sans
doute l’une des parties les plus importantes , quand
surtout il offre en raccourci le tableau des nombreux
sujets dont l’auteur doit s’occuper, et qu’il donne une
idée plus ou moins précise de l’ordre dans lequel ces
sujets seront traités successivement. Tel est le discours
préliminaire de l’ouvrage qui nous occupe , d’ailleurs
très-remarquable , considéré sous une infinité d’autres
points de vue; il est t e l, en un m ot, qu’ils n’auront
qu’à le lire une fois , ceux-là même q u i, par paresse ,
ne voudraient point s’occuper de statistique , pour qu’ils
ai
T. Y . Mars iiîîS .
�soient bientôt portés à cultiver cette science et à con
naître les détails, de son ressort , qui se rattachent au
département des Douches-du-Rhône. C’est que ce dis
cours est un composé de ces prop »sit'on.s qui séduisent,
parce qu’elles roulent sur des détails à la fois utiles et
agréables ; qui entraînent, parce qu’elles portent avec
elles l’empreinte de la conviction.
L ’auteur commence par examiner rapidement les avan
tages principaux de la statistique ; il s’attache ensuite à
signaler tous les élémens dont se composera son ou
vrage et à en faire l’application au département des
Louches-du-Rhône ; il finit par présenter quelques vues
sur la manière dont peut être exécuté le plan qui a du
servir de base à cette entreprise. « La statistique,ditil , est le tableau exact des observations que présente
une contrée quelconque , considérée dans ce qu’elle est
par clle-mème et dans ce qu’elle est devenue par le
travail de l’homme. » De là , la nécessité de déter
miner ce qui appartient à la nature et ce qui est l’ou
vrage des hommes : pour recueillir ces deux séries de
faits et rendre les résultats aussi simples à déduire que
faciles à expliquer, l’auteur soulient que chacune d’el
les doit se présenter à l’observateur sous les points de
vue suivans : rappeler ce qui a été ; décrire ce qui
exiite ; indiquer ce qui peut être fa it.
Les détails dans lesquels il faut entrer nécessairement
pour remplir celle pénible tâche, sont immenses. Vouloir
en parler , quoique d ’une manière succinte , serait en
tamer un long travail qui nous ferait passer bien au-delà
des bornes que nous nous sommes imposées. Notre
unique but est de signaler l’étendue, la division de l’ou
vrage et généralement ce qui peut faire désirer de le
connaître. Il suffit , en effet, que nous incitions à le lire,
pour que nous parvenions à le faire apprécier, ( car il se
recommande assez par lui-méme^ , tandis qu’ici nous
�( i65 )
pouvons à peine faire briller quelques-unes des nom
breuses vérités qu’il renferme , et nous nous expo
serions à passer sous silence les plus importantes, alors
même que nous aurions à présenter le résultat de l’exa
men le plus approfondi.
La Statistique du département des Bouches-du-Rhône
se composera de dix livres. Le premier volume , celui
dont nous commençons de rendre compte , en contient
deux : l’un est consacré à la topographie physique , et
l’autre à l’histoire naturelle. Dans le premier, l’auteur
examine d’une manière générale les montagnes et les
inégalités du sol dans^lcurs directions et leurs ramifica
tions ; la forme et l’étendue des plaines et des bassins ;
le système des eaux courantes et les vallées qu’elles
parcourent ; les étangs et les plaines marécageuses ;
enfin, la côte maritime et les ports de commerce.
Cinq chapitres sont dcsLinés à la description topogra
phique de ces objets. Le premier , qui roule sur les
régions montagneuses du département , est suivi d’une
division en cinq paragraphes dont quatre sont destinés
à l’exposé des faits et des observations concernant ces
régions qui sont au même nombre et que l’on désigne
par ces noms : la chaîne de la Sainte-Baume ; la chaîne
Je l'Etoile ; la chaîne de Sainte-Victoire ; la chaîne de. la
Trharesse. A ces quatre chaînes du système de l’Estérel,
l'auteur joint la chaîne des Alpines , bien qu’elle soit hors
de «e système, et sa description constitue la 5 e section.
Le chapitre second offre la division de huit paragra
phes où sont décrits successivement : le bassin de dupes ;
le bassin de Marseille ; le bassin de St -Paul-de-Durance }
le bassin de Peyrolles ; le bass n de Scnas ; le bassin de Si.liemi i la plaine de la Crau ; la p'aine de la Camarpue.
Le chapitre troisièm e, qui comprend les vallées, les
rivières et les fleuves , est suivi d’une division en cinq
paragraphes où l ’auteur s’occupe séparément lie cinq
�grandes vallées, dont trois seulement sont en entier,
ou peu s’en fau t, savoir : les vallées de f Jiuveaune, de
l'A rc et de la Touloubre , et dont deux , dans lesquelles
coulent la Durance et le B h ôn t, servent de limites au
département dans la partie iniërieure du cours de ces
fleuves et à leur terminaison.
Le chapitre quatrième présente d’abord, comme les
précédons, des considérations générales, et ici, elles
sont relatives aux Etangs , M irais et P alun s ou Paluds;
puis ce chapitre est divisé en quatre paragraphes où
sont décrits : i 0 la région des étanps de l'Arc ; i.° la
région des étangs de la Crau ; 3.° la région des étangs de
Ja Camargue ; 4 ° 2e;s Paluas ou Paluds, c'est-à-dire, les
marais desséchés qui conservent cependant toujours leur
nature marécageuse et qui même sont en partie inondés
dans la saison pluvieuse.
Le cinquième chapitre comprend les ports de com
merce et la cote maritime ; l’auteur étudie celle-ci par
partie , qui sont tout autant de divisions naturelles;
savoir; t.° h s Bout lies du-Rhône jusqu'à Bouc; 2.° le
port de Bouc et ses dépendantes ; 3 .° la Cote de l’Estaque
jusqu'au cap Mejean ; 4 °
Golfe de Marseille-, 5.° la
Côte de la Gradule jusqu'au Bec-de ïA ig le ; 6.° enfin,
le Golfe de la Ciotat ou des Léques
Un sixième et dernier chapitre a été joint à ceux
dont il vient d’être lait mention , afin de donner les
tables des hauteurs des montagnes et de l’élévation du
sol au-dessus de la Méditerranée , travail que l’on avait
négligé dans les ouvrages qui ont eu pour but de faire
connaître notre dépaitement. Ce chapitre est remarqua
ble pai deux paragraphes intéressans , contenant lesogrrationsgraphométriqurs et les résultats généraux desobser
vations barométriques et thermométriques.
Le livre deuxième constitue à lui seul la presque to
talité du t .er volume , et cela devait être , si l’on fait at-
�( i 65 )
tention que le sujet de ce livre est le plus considérable.
L'Histoire natu elle ne peut être, dit l'auteur, qu’un
cadre dans I'-que! on comprend tous les objets , ou mieux
toutes les espèces existantes, dont le type est dans la
nature, mais qui ne présentent maintenant que des
empreintes plus ou moins altérées par la main de
l'homme. M. le Comte se boine à la description de
ces empreintes , c’est-à-dire, à la description pure et
simple des corps ou des êtres tels qu’ils existent main
tenant dans le département, et il ajout.- l’histoire des
phénomènes naturels , particuliers à la contrée que ce
département embrasse , et leur explication la plus vrai
semblable, d’après l’état actuel de nos connaissances.
Apiès avoir rappelé la division en deux grandes
classes des corps existans dans la nature : en corps or
ganiques et corps inorganiques ; après avoir dit que la
gazeité', la liquidité cl la solidité sont trois états exclusi
vement affectés à ceux-ci qu’il range dans la pjemière
classe j après avoir établi trois divisions dans l’histoire
de ces corps ( les organiques ) , lesquels sont la météo
rologie , l'hydrographie et la géologie dont la topographie
faitpaitie , comme on sait, , et qui a été tiailee dans le
premier livre ; après avoir observé qu’il ne reste donc
plus dans ce livre-ci , quant à la géologie , qu’à parler
de la minéralogie et des fossiles , ainsi que des terrains
dont l’étude , seconde branche de la géologie , est dési
gnée sous le nom de géognosie ; après avoir admis pour
les corps organiques , les divisions établies qui sont la
botanique , la zoologie et lanthropologie ; enfin , après
avoir fait connaître les corps inorganiques et organi
ques qui existent dans le département , M. le comte
de Villeneuve a complété leur histoire , en examinant
d’une manière générale les diverses influences qu’ils
subissent ou qu’ils exercent , les modifications et les
changemens que les travaux de l’homme y apportent,
�( i6 6 )
enfin les effets généraux qui concernent la salubrité et
qui constituent l’état endémique du département.
Mais afin de procéder avec ordre , l’auteur a divisé
ce livre en dix chapitres et ainsi qu’il suit :
i.° La météorologie , qui comprend l’étude du climat
et de l’atmosphère ( ce chapitre a trois paragraphes qui
traitent : le premier , des régions climatoriales du dépar
tement ; le second , des météores , et le troisième des
résultats généraux ) ;
2.0 L'hydrographie, pour la partie seulement qui
concerne les qualités des eaux et les divers phénomènes
qu’elles présentent ( elles forment trois classes distinctes,
les eaux de la mer , les eaux minérales et les eaux po
tables; à ces trois paragtaphes , l’auteur en a joint un 4.*
dans lequel il présente l’ensemble du système hydrogra
phique du département,en fesant l’application des nivellemens rapportés dans les tables qui terminent le i . eilivre);
5,ü La minéralogie , ou la description des espèces
minérales proprement dites ( elles sont rangées en trois
séries , savoir : les espèces du terrain calcaire , du ter
rain balsatique ou trapèen , et du terrain d'allueion , et
passées en revue en tout autant de paragraphes. Un
4-e est pour l’examen des substances minérales , for
mées accidentellement dans les terrains artificiels pro
venant des matières entassées autour des manufactures
et des grands ateliers. Ce chapitre est terminé par un
tableau de nos espèces minérales rangées d’après la mé
thode de M . Gaiiy );
4 .0 Les fossiles, ou la description des minéraux qui
proviennent des débris des corps organisés ( ils sont
compris dans six classes , subdivisées ensuite selon les
formations. Les fossiles du calcaire compacte ; du terrait
houillcr-, du calcaire coquillier ; du calcaire crayeux ; du
terrain tertiaire ; du terrain de transport. Un tableau des
genres , espèces et variétés de fossiles rangés dans
ordre méthodique termine ce chapitre, etc. ) ;
un
�/
( i67 )
5.
° Là gêognosie , ou la description des terrains et
«les masses minérales ( ce chapitre est divisé en 5 para
graphes. Les quatre premiers ont été consacrés au ferram secondaire , au terrain tertiaire , au terrain de
transport , au terrain volcanique-, le 5 .me contient la ré
capitulation des terrains et des formations par ordre de
date , la classification méthodique des roches , enfin le
tableau méthodique de ces mêmes roches ) ;
6.
° Les mines , ou la description des terrains exploités
(huit paragraphes sont consacrés , les six premiers , aux
genres d’exploitation dans le département qui sont : la
Houille , le Plâtre , la Craie , la Pierre - à - chaux, la
Pierre-à-bâtir et les Argiles , le y.me au traité des ter
rains à exploiter, et le 8.me, à la récapitulation géné
rale de tous ces produits ) ;
7.0 La Botanique , ou l’Histoire des plantes ( M . le
Cumte s’est attaché à dresser un catalogue exact de
toutes les plantes du département et c’est aux soins de
plusieurs collaborateurs , de M . Négrd principalement
qu’est dû le catalogue le plus complet qu’on ait pu
blié jusqu’à ce jour et qui contient 2366 espèces com
prises en 663 genres et 85 familles. Ce chapitre offre 4
paragraphes dans l’ordre qui suit ; végétation naturelle ;
végétation artificielle ; usages et propriétés des plantes ;
tableau général des espèces végétales ) ;
8.° La Zoologie, ou l’histoire des animaux ( l’auteur
a divisé ce chapitre en autant de paragraphes qu’il y a
de classes d’animaux , conformément aux principes émis
parM. de Lamarch , savoir : les infusoires ; les polypes les radiaires ; les tuniciens ; les vers ; les insectes ; les
arachnides ; les crustacés ; les annelides ; les cirrhipèdes ;
les conchifères ; les mollusques ; les poissons ; les repti
les ; les oiseaux ; les mammifères. Un ïy .mz paragraphe
a été ensuite consacré à l’énumération des espèces ani
males dont le commerce ou l’industrie tirent quelque
profit , et après en avoir évalué les produits , M. le
�( iGS )
Comte les a récapitulés dans un tableau , comme il l’a
fait à l'égai d de la botanique, Enfin , un i8 .e paragraphe
est rempli par le catalogue génénl de toutes les espèces
d’animaux que possède le dépl. Il est à remarquer que
le catalogue seul des insectes qui a été fourni par M.
H o u x , directeur du Muséum, contient ôooo espèces.
g.° L ’ Anthropologie , ou l’histoire de l’ homme physi
que ( Voici la division de ce chapitre : constitution phy
sique des Provençaux >rares particulières ; familles étran
gères ; tableau de la population du pays selon les rares,
10.0
Les influences physiques : ou l’exposé des c iconstances qui entourent l’existence de tous les corps
et la vie d< tous les êtres ( ce chapitre a deux para
graphes , un pour les maladies générales, l’autre, pour
les malaJL's partitulières ; il est terminé par un tafil-au
proportionnel des individus atteints des maladies les
plus ordinaires dans le département , bien entendu qu’il
ne s’agit i' i <[■ >e des maladies de l’ amume, considérées
sous le point de vue des influences climatonales et de
celles des saisons. Ce chapitre n’offre pas tout le déve
loppement dont il est susceptible, et cela est d’autant
plus sensible, que les autres ne laissent lien à dé
sirer) En résum é, M le comte de Villeneuve, a par
faitement rempli son but , en signalant les faits tels
que le comporte une statistique et en les classant de
la manière la plus conforme aux usages ; l'auteur
s’est surtout rendu digne des plus grands éloges
en donnant à chaque p ige des preuves de son ardent
amour pour la véritù . « Qu’on s’attache seulement, dit» d , à la saisir et à la près, nier dans tout son jour , car
» jouais elle ne saurait être nuisible ; et ce ne serait
» certainement pas sous I s Princes de la Maison de
» B olfron , que l’homme bien intentionné craindrait de
» la d ire, etc.» \<_tus regrettons que le défaut d’espace
nous f ii’ce borner ici nos citations. Celles que nous au
rions pu faire encore , si notre analyse eut été moins
rapide , auraient justifié «le plus en plus et le mérite
de l'auteur et le mérite de l'ouvrage. Ajoutons que ce
lu i- i se distingue par le luxe typographique avec le
quel il a etc exécuté.
P.-M. Pioux.
�( *G9 J
i .°
A perçu
su r
Facultés
Or
g a n i s a t i o n
1)
de
LOUIS ,
PAR
l 'é t a t
de
a c t u e l
m éd ec in e
,
de
l a
en
F rance.
sc ie n c e
a u x
de la Faculté de Médecine de Paris.
LÀ
GRACE DE D l E U
, Roi
DE F R A N C E E T
N avarre :
» A tous ceux qui ces présentes verront , salut :
• » Voulant que la nouvelle organisation de la Faculté
de médecine de l’académie de Paris satisfasse aux mo
tifs qui nous l’ont fait juger nécessaire , et commencer
par cette école justement célèbre , les améliorations que
nous nous proposons d’introduire dans l’enseigne
ment et la discipline des diverses branches de l’art de
guérir ;
» Vu les lois et ordonnances , décrets et régleméns
relatifs à l’instruction publique, et spécialement à l’en
seignement et à l’exercice de la médecine ;
» Sur le rapport de notre ministre secrétaire-d’état de
l’intérieur ,
» Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
T I T R E
I.er
» A r t . i . er La Faculté de médecine de l’académie de
Paris se compose de vingt-trois professeurs , chargés des
diverses parties de l’enseignement, ainsi qu’il sera réglé
au titre II.
» Sont attachés à ladite Faculté , trente-six agrégés,
dont un tiers en stage, les deux tiers en exercice, et
un nombre indéterminé d’agrégés libres.
» 2. Les agrégés en exercice sont appelés à suppléer
les professeurs en cas d'empêchement , et à les assister
pour les appels , et à faire partie des jurys d’examen
et de thèse , sans toutefois pouvoir s’y trouver en maT . V . Mars 1823.
22
�jorilé : Us o n t, dans l ’instruction publique, le mèm*
rang que les suppléons des professeurs des Écoles de Droit.
» Le grade d’agrégé 11’est conféré qu’à des docteurs en
tnédecine ou en chirurgie âgés de vingt-cinq ans.
» La durée du stage est de trois ans ; celle de l’exer
cice de six ans. Ceux qui l’ont terminé deviennent agrégés
lihres.
» Néanmoins les vingt-quatre.agrègés qui seront nom
més pourla première formation, entreront immédiatement
en exercice, et la moitié d’entre eux désignée par le sort,
devra être renouvelée après trois ans.
» Dans la suite, les renouvellemens continueront à
s’effectuer tous les trois ans ; de manière qu’à chacun
d’eux , douze agrégés entrent en stagê , douze passent
du stage en exercice , et douze deviennent agrégés
libres.
» Les délais fixés par !e présent article ne courront
qu’à dater de la prochaine année scolaire.
« 4. Les seuls agrégés dans le ressort de la Faculté
de Paris , peuvent être autorisés par le grand-maitre à
faire des cours particuliers.
» Ceux d’entre eux qui ont atteint l'âge exigé , sont de
droit candidats pour les places de professeurs qui
viennent à vaquer,
» Ces prérogatives sont communes aux agrégés des
trois classes ; ils n’en peuvent être privés que par une
decision de l’Université, rendue dans les formes ordi
naires.
y 5. Apres la première formation , le grade d’agrégé
ne sera donné qu’au concours. Seulem ent, le grandmaître pourra , sur l’avis favorable de la Faculté, du
Conseil académique et du Conseil royal , conférer le
titre d’agrégé libre à des docteurs en médecine ou en
chirurgie âgés de quarante ans au moins , et qui se se
raient distingués par leurs ouvrages ou par des succès
dans leur profession.
�I */ 1 '
» Leur nombre ne pourra jamais être de plus de dix ,
et ils n’auront droit du candidature que pour les chaires
de clinique.
» 6. Le doyen est chef de la Fatuité ; il est chargé ,
sous l’autorité du recteur de l'Académie , de diriger l’ad
ministration et la police , et d’assurer l’exécution des
réglemens ; il ordonnance les dépenses conformément
au budjet annuel. Il convoque et préside l’assemblée
(le la Faculté , formée de tous les protesscurs titulaires.
Celle-ci lui adjoint tous les' ans deux de ses membres
à l'effet de le seconder dans ses fonctions , de le rem
placer en cas d’empêchement, et de lui donner leur avis
pour tout ce qui concerne l’administration.
* 7. L’assemblée de la Faculté délibère sur les me
sures à prendre ou à proposer concernant l’enseigne
ment et la discipline , sur la formation du budjet , sur
les dépenses extraordinaires , ainsi que dans les comptes
rendus par le doyen et par l’agent-comptable.
» Ses délibérations exigent la présente de la moitié
plus un de ses membres ; elles sont prises à la majorité
absolue des suffrages , et ne sont exécutoires qu’après
avoir été approuvées , selon les cas et conformément
aux réglemens , soit par le recteur ; soit par le conseil
royal , soit par le grand-maître.
» La Faculté exerce en outre la juridiction qui lui
est attribuée par les statuts de l’Université.
» 8. L ’ugent-romplable est chargé des recettes et
des paiemens ; il est soumis à toutes les conditions im
posées aux comptables des deniers publics, et fournit
un cautionnement qui ne peut être moindre du dixième
des recettes. ,
» g. Sont fonctionnaires de la Faculté un bibliothé
caire , un conservateur des cabinets , un chef des tra
vaux anatomiques.
» 10. Sont employés de la Faculté , des préparateur*
�I 172
)
et des aides de chimie et pharmacie, des chefs de cli-,
nique, un jardinier en chef du jardin botanique, îles
prosecteurs , des aides d’anatomie.
» i l . Pour la première fois les professeurs seront
nommés par nous , et les deux tiers des agrégés , par
le grand-maître.
» Avant la lin de la présente année scolaire , la nomi
nation de l’autre tiers des trente-six agrégés sera faite
«u concours , dans les formes que réglera à cet effet le
conseil de l’Université.
» 12.. Toutes les fois qu’il y aura à pourvoir désor
mais à une place de professeur, trois candidats seront
présentés par l’asscmblce de la Faculté , trois par le con
seil académique , les uns et les autres pris dans les agré
gés , et la nomination sera faite parmi ces candidats, par
le grand-maître , conformément aux règlemens qui ré
gissent l’Université.
» Pourront être compris dans les présentations , objets
du présent article , les professeurs et les agrégés des
autres Facultés de médecine du royaume.
» i 5 . Le doyen sera nommé pour cinq ans, parle
grand-maître , parmi les professeurs d e là Faculté; ses
fonctions seront toujours révocables.
si Le grand-maitre nommera , sur la proposition de
la Faculté et l’avis du recteur , les fonctionnaires de
l ’école dont il est parlé à l’article 9 , ainsi que l’agcntcomplu Lie.
■ » Seront nommés par le doyen , avec l’approbation
du recteur et sur la proposition de la Faculté , les em
ployés mentionnés à l’art. 10.
» Le doyen nommera , sans présentation préalable,
les employés et les gens de service.
» 1 5 . Les professeurs et les agrégés ne pourront être
révoqués de leurs fonctions que conformément aux règles
établies pour les membres de l’ Université.
�( i 7" )
y Les formes prescrites pour les nominations, objet
de l’article précédent, devront être observées toutes les
fois qu’il y a lieu à la révocation des mêmes fonctionnaires
ou employés.
» 16. Nul ne peut être à la fois professeur de la
Faculté de médecine et inspecteur de l ’Université ou de
l’Académie.
» 17. Le traitement fixe des professeurs est maintenu
tel qu’il est actuellement. Ils continueront à recevoir
un traitement éventuel et des droits de présence , les
quels seront déterminés , tous les ans , par le conseil
de l’Université.
» Il sera également alloué des droits de présence aux
agrégés qui rempliront des fonctions dans la Faculté; ils
recevront en outre , des professeurs qu’ils remplaceront,
une indemnité égale à la moitié du traitement éventuel
de ces derniers , pendant la durée du remplacement.
» 18. Le doyen , indépendamment de ses émulumens
comme professeur, recevra un préeiput, lequel demeure
lixé à 3ooo fr. par an.
» Les traitemens des autres fontionnaires et des em
ployés seront réglés par le-.conseil de l’Université , sur
!a proposition de la Faculté et l’avis du recteur.
T IT R E II. — Distribution des cours.
» 19. Les chaires de la Faculté de médecine de Paris
sont divisées ainsi qu’il suit :
» i.° Anatomie; 2..0 Physiologie; 3.° Chimie médi
cale; 4-° Physique médicale; 5 .® Histoire naturelle mé
dicale ; 6.° Pharmacologie ; 7.0 Hygiène ; 8.° Pathologie
chirurgicale ; 9.0 Pathologie médicale ; io.° Opérations
et appareils ; 1 r.° Thérapeutique et matière médicale ;
12.0 Médecine légale ; r3 .° Accouchemens , maladies' des
femmes en couches et des enfans-nouveau-nés.
5) 20. Deux professeurs seront attachés à la chaire de
pathologie chirurgicale ;
�( 174 )
» Deux à la chaire de pathologie médicale ;
» Et un seul à chacune des autres chaires mentionnées
ci-dessus.
» a i . Indépendamment des cours distribués ainsi
qu’il vient d’être réglé,quatre professeurs seront chargés
de la clinique médicale , trois de la clinique chirur
gicale, et un d elà clinique des accouchemens.
v 2c. Les cours devront être faits complètement
chaque année. Une délibération de la Faculté, prise avant
le u r ouverture, déterminera leur durée , les jours et
le s heures auxquels ils auront lieu , ainsi que toutes
les dispositions concernant l’enseignement et le bon
ordre qu’il sera jugé utile de prescrire.
» Le programme ainsi arrêté sera immédiatement
rendu public.
T IT R E
I I I . ■— Admission des élèves, inscriptions,
examens et réceptions.
» z 5 . Les études des élèves seront attestées par des
inscriptions prises une à une tous les trois mois, pen
dant la première quinzaine de chaque trimestre.
» Il sera ouvert, à cet effet, au bureau de la Faculté,
nn registre coté et paraphé par le doyen , sur lequel
les élèves apposeront de leur propre main leurs noms,
prénoms , âge, lieu de naissance , leur demeure actuelle,
le numéro de l’inscription qu’ils prendront , la date
du jour et de l’année, et enfin leur signature. Il sera
délivré à chaque élève , ainsi in scrit, une carte d’ins
cription.
*• 24. Nul ne sera admis à prendre des inscriptions
s’il ne produit :
1 .“ Son acte de naissance;
2 .0
Un certificat de bonne conduite et de bonnes
mœurs , délivré par le maire de sa commune et con
firmé par le préfet ;
�( *7 5 )
3.° Le diplôme de bachelier ès-lettres et celui de
bachelier ès-sciences.
4.0 E t, s’il est mineur, le consentement de ses païens
ou tuteurs , à ce qu’il suive les cours de la Faculté.
t> a5. À la fin de chaque trimestre , il sera rendu
compte par le doyen , au recteur , et par celui-ci au
grand-maître , de l’accomplissement des garanties exi
gées par les deux articles précédons , et des autres obli
gations imposées aux élèves par notre ordonnance du 5
juillet 1820, laquelle sera affichée avec les dispositions
delà présente , relatives aux mêmes objets, dans les
salles destinées aux cours de la Faculté et aux inscrip
tions.
» 26. Jusqu’à ce qu’il en soit autrement ordonné , le
conseil de l’Université déterminera la composition des
jurys d’examen et de thèse, ainsi que les formes et les
matières des divers examens , sans , toutefois , pouvoir
s’écarter des règles en vigueur pour les grades à conférer.
TITRE IV ET DERVIF.ll. — Dispositions générales.
» 27. Les droits de présence ne pourront être accordés
aux professeurs , ni aux agrégés absens, quels que soient
les motifs de leur absence.
» 28. Les professeurs qui , désignés pour un examen
ou une thèse , se dispenseraient d’y assister sans en avoir
prévenu le doyen qui , dans ce cas , devra les faire rem
placer, seront soumis , sur leur traitem ent, à une re
tenue égale à leur droit de présence , et double en cas
de récidive , à moins qu’ils ne justifient d’une cause
absolue et subite d’empêchement, et qu’elle ne soit
agréée par la Faculté.
» 29. L ’agrégé qui aurait commis la même faute trois
fois dans la même année, ou qui , désigné pour rem
placer un professeur, s’y serait refusé , et dont les mo
tifs d’éxeuse pour l’un comme pour l’autre c a s , n'auront
�( *76 )
point été agréés par la Faculté , cessera de faire par
des agrégés en exercice.
» 3 o. T out professeur , tout agrégé q u i, dans ses
discours , dans ses leçons ou dans ses actes , s’écarterait
du respect dû à la religion, aux mœurs au gouverne
ment , ou qui compromettrait son caractère ou l’honneur
de la Faculté par une conduite notoirement scandaleu
se , sera déféré par le doyen au conseil académique qui,
selon la nature des fa its, provoquera sa suspension ou
sa destitution, conformément aux statuts de l’Université.
» 5 r, Nul individu étranger à la Faeullé ne pourra
ni suivre les cours , ni y assister sans une permission
du doyen délivrée par écrit.
» Une semblable permission sera nécessaire pour tout
étudiant d elà Faculté qui , n’ayant point été inscrit pour
un cours, voudra le suivre ou y assister,
» 3 a. Nul ne pourra se présenter à une leçon sans
être porteur de sa carte d’inscription ou de l’autorisa
tion délivrée en vertu de l’article précédent. 11 sera as
signé aux uns et aux autres des places séparées, se
lon qu’ils seront inscrits, ou qu’ils ne seront qu’au
torisés.
« 5 5 . Tout étudiant qui aura donné à une autre per
sonne sa carte d’inscription ou l’autorisation qu’il aura
reçue , encourra la perte d’une ou de plusieurs ins
criptions , ou même son exclusion de la Faculté, si
cette transmission a servi à produire du désordre.
» 34> Les professeurs et les agrégés en fonctions sont
tenus de seconder le doyen pour le maintien ou le ré
tablissement du bon ordre clans l’École. Les élèves leur
doivent respect et obéissance.
» 55, Toutes les fois qu’un cours viendra à ctre
troublé, soit par des signes d’approbation ou d’impro
bation , soit de toute autre manière , le professeur fera
immédiatement soilir les auteurs du désordre et les
�>
( 17 7
signalera au doyen pour provoquer contre eux telle peine
que de droit.
» S’il ne parvient point à les connaître , et qu’un appel
au bon ordre n’ait pas suffi pour le rétablir , la séance
sera suspendue et renvoyée à un autre jour.
» Si le désordre se reproduit aux séances subséquentes,
les élèves de ce cours encourront , à moins qu’ils ne fas
sent connaître les coupables , 1a perte de leur inscription,
sans préjudice de peines plus graves si elles devenaient
nécessaires.
» 36. Il y aura lieu , selon la gravité des cas , à
prononcer l’exclusion à temps ou pour toujours de la
Faculté , de l ’Académie , ou de toutes les Académies du
Royaume , contre l’étudiant qui aurait, par ses discours
ou par ses actes , outragé la religion , les mœurs et le
gouvernement, qui aurait pris une part active à des
désordres, soit dans l’intérieur de l’école, soit au-dehors,
ou qui (aurait tenu une conduite notoirement scanda
leuse.
» 37. L ’entière somme à payer par les élèves pour
frais d’études sera répartie sur les diverses inscriptions,
de manière à ce qu’il r.e soit perçu pour les examens et
les réceptions qu’un simple droit de présence , lequel
sera réglé par le conseil de l’Université.
» La présente disposition sera commune aux autres
Facultés de médecine du Royaume.
» 38. Pourront, nonobstant les dispositions de l’ar
ticle 4 , les docteurs en médecine et en chirurgie qui
auraient déjà commencé des cours particuliers et qui
ue seront pas nommés agrégés , les continuer avec l’au
torisation du grand-maître jusqu’à la fin de la présente
année scolaire.
» 69. Les décrets , ordonnances ou règlemens et»
vigueur, qui régissent l’Université en général et les
T. Y. Mars 1823.
25
�i 178 )
Facultés fin particulier , continueront à être exécuté»
dans toutes leurs dispositions qui n’ont point été abro^
gées par les articles qui précèdent et qui n’y sont point
Contraires.
» 40. Le grand-maître de l'Université et le Conseil
royal feront tous nouveaux règlemens et donneront
toutes instructions rendues nécessaires par la présente
Ordonnance.
Seconde Ordonnance.
L O U IS , etc.
b Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
» A ut i . er Sont nommés professeurs de la Faculté de
médecine de Paris , et attachés dans l’ordre ei-aprés aux
diverses chaires établies dans ladite faculté :
Les sieurs : Anatomie, Bérlard ; Physiologie, Duméril;
Chimie medicale, Orfil.t ; Physique médicale , Fclletan
fils ; Histoire naturelle médicale, *ilarion; Pharmacologie,
Guiibert ; H ygiène, P>ertin ; Pathologie chirurgicale,
Marjolîn, Roux ; Pathologie médicale , Fouquier, Fizeau;
Opérations et appareils , Rieherand; Thérapeutique et
matière médicale , Alibert ; Médecine légale , lluyerColiard ; Accouchemèns, maladies des femmes en coucha
et des en/ans nouveau nés , Desormeaux , Clinique me
dicale , Reramier , I.aennec , Landré-Beauvais , Cayol;
Clinique chirurgicale , Boyer , Dupuytren , Bougon;
Clinique d'accoucliemens, Déneux.
a 2. Sont nommés professeurs honoraires :
Les sieurs De Jussieu, Vauquelin , Dubois, Pelletait
père , Déyeux , P iu e l, Desgenettes , Chaussier , Lallem en t, Le Roux et Moreau.
ic 3. Notre ministre secrétaire-d'état au département
de l’intérieur est chargé de l’exécution de la présente
ordonnance.
» Donné au château des T u ileries, le 2.e jour du mois
de février de l’an de grâce i 8n3 , et de notre règne le 28.*
» Signé : LOUIS,
y Par le R o i,
» T e ministre secrétaire-déétat au département de l'inté
rieur ,
Signé : C okbièrk. »
�( 17 9 )
3/
R
evue
des
J o u m c ï .
Journaux F ran çais.
( Journ. de pharmacie , décembre 1822.) Si les remèdes
ne sont susceptibles de produire l’effet que l’on se pro
pose qu’autant qu’ils sont bien préparés , combien ne
devons - nous pas louer le pharmacien instruit q u i ,
guidé par les observations du médecin pratuien , s’at
tache à confectionner les medicamens de manière à ce
qu’ils puissent avoir sur l’organisme l’action la plus sa
lutaire.
Henry fils t sachant que le mercure doux
(proto-chlorure de m ercure) réduit en poudre impal
pable , agissait, de l’avis des médecins français et an
glais , avec une très-grande énergie sur l’économie
animale , a essayé de l’obtenir ainsi , en ayant recours
d’abord au mode de préparation de M . Josiahjeivel,
mentionné dans le codex ; mais n’ayant pas eu des
résultats assez satisfaisans , il a été conduit à opé
rer de la manière que nous allons signaler , par
cette idée que si deux corps ( même parmi ceux qui ,
à l’état liquide, n’auraient que peu ou point d’action
les uns sur les autres ) réduits en vapeur se pénètrent j
se mêlent ou se com binent, il serait possible d’obtenir
un mode de division extrême , en présentant ainsi Ja
vapeur mercurielle à la vapeur d’eau sans cesse renais
sante.
k Dans une cornue de grès lutée avec soin , et à col
très-large , nous introduisons , dit M . Henry , un mé
lange bien trituré de deuto-sulfate de mercure G parties,
mercure (y parties , sel marin 5 parties , ou de mercure
doux déjà préparé ( mais nous préférons le mélange cidessus , parce qu’il se produit , dans le même temps,
une moins grande quantité de vapems mercurielles , et
qu’on est alors moins exposé à obstruer le col de la
M.
�( 180 )
cornue ). On place celle-ci dans un fourneau à réver
bère garni de tous côtés de terre , et on ne laisse sortir
du fourneau qu’une très-petite partie du col , afin qu’il
soit moins exposé au refroidissement par le contact avec
l ’air extérieur , alors nous adaptons au col de cette cor
nue un ballon de verre à trois ouvertures , dont deux
sont placées latéralement, et une inférieurement plon
geant dans un flacon, à deux tubulures , à moitié plein
d’tau distillée , qui sert de récipient , et qui porte un
tube de sûreté poul- laisser dégager l’air et la vapeur en
excès. Par l’une des deux ouvertures latérales placée
vis-à-vis celle qui fournit le mercure doux en vapeur,
nous faisons arriver le col d’une cornue de verre con
tenant de l’eau sans cesse en ébullition ; tout étant bien
luté , on chauffe d’abord l’eau , afin d’entretenir dans le
ballon une sorte d’atmosphère de vapeur d’eau , puis on
place sous la cornue de grès quelques charbons incandescens , en ayant soin d’échauffer fortement la partie
supérieure du col de la cornue pour empêcher les va
peurs de s’y solidifier , ce qu’il est facile d’éviter, en
introduisant aussi des charbons par le dôme du four
neau j bientôt il se forme dans le ballon des vapeurs
blanches , qui se condensent sur les parois sous forme
de neige , ou qui sont entraînées par l ’eau dans le flacon
inférieur. Quand ces vapeurs cessent d’apparaître on ar
rête l’opération, et on laisse refroidir l’appareil ; alors
on recueille sur un filtre la poudre blanche qui s’esf
précipitée ou déposée , on la lave avec soin jusqu’à c«
que l’eau du lavage n’indique plus la présence du su
blimé corrosif, on la fait sécher , e t , avant de l’em
ployer , il est bon de la passer au tamis de soie trèsfin , pour en séparer quelques parties de mercure doux
qui n’auraient pas été divisées par la vapeur d’eau , et
qui se seraient solidifiées dans le ballon.
Cette poudre est d’une finesse et d’une blancheur qui
�( 18 1 >
peut rivaliser avec celle du calomélas des AnglaisOn peut la mêler très-facilement à des corps gfas , ou
à du sucre pour en faire des pommades ou dei pas
tilles ».
— M. le professeur Rècamier ayant imaginé d'essayer
l'application de la vapeur sur quelques médicumens , en
fit part à M. Caventou qui crut devoir se livrer à ce
travail avec d’autant plus de plaisir que la médecine et
la pharmacie ne pouvaient qu’y gagner. La ciguë fut
la première plante mise en expérience : de la ciguë sèche
fut exposée sur le diaphragme d’une m arm ite, à l’action
d’un courant de vapeur rendue acétique par un peu de
vinaigre : pendant cette opération l'odeur particulière
à la plante fut exaltée à un point insupportable : lors
qu’on jugea que la ciguë avait perdu son odeur v i
veuse , on la retira toute ramollie de dessus le dia
phragme, et on l’exprima fortement après l’avoir dé
layée dans un peu d’eau tiède : le suc obtenu fut éva
poré au bain-marie jusqu’à consistance d’extrait.
« L’extrait de ciguë ainsi préparée conserve toute la
sapidité de celui obtenu par le procédé ordinaire , mais
il n'a point l’odeur vireuse et repoussante de ce dernier.
M. Rècamier l’a administré à des malades chez lesquels
il avait été obligé de suspendre l ’usage de l’extrait de
ciguë ordinaire : ils l’ont digéré facilement sans que
l’estomac en fut affecté , et (le plus il y eut augmentation
d’appétit.
Le procédé par la vapeur fut appliqué à beaucoup
d’autres plantes , telles que : la belladone , l'aconit, la
jusquiame , la phellandrie , la douce-amère, le nar
cisse des près , la saponaire, le pissenlit, etc. , etcj
et je suis autorisé, dit M. Caventou , à annoncer que
les résultats pharmaceutiques obtenus promettent (l’heu
reux succès à la médecine ».
�( »8a )
»— Apres avoir fait observer , dans une note , qu’il
est peu de préparations officinales qui offrent autant de
différence dans leur mode de composition que l’emplâtre
de ciguë , M. Boullay propose un procédé qui présente
une manipulation plus simple ; il a pour objet d’éviter
la perte qui résulte de la solution de la pomme am
moniaque , ou la difficulté attachée à la pulvérisation
de cette gomme résine , qu’on ne peut empêcher de se
remettre en masse , si l’on ne l’emploie immédiate^
ment , surtout lorsque la température est un peu élevée.
« Ce procédé consiste à prendre une partie de gomme
ammoniaque en larmes bien pures , à la tenir sur un
feu doux jusqu’à ce qu’elle commence à se liquéfier ;on
y ajoute alors peu-à-peu , et en agitant avec une spa
tule ou un bistortier, trois parties d’emplâtre simple
de ciguë ».
— M . Caventou représente, dans une seconde note,
qu’il suit un procédé analogue à celui de M. Boullay,
quant à. l’ addition de la gomme ammoniaque dans l’em
plâtre de cigu ë, et il donne la formule suivante :
Emplâtre de ciguë , prenez : résine de pin , cire jaune,
gomme ammoniaque , les proportions ordinaires; faites
cuire la ciguë avec l’huile jusqu’à consomption d’humi
dité ; ajoutez les autres substances ( les plus divisées
possibles ) ; laissez fondre et coulez avec expression à
travers un linge , entre les deux plaques chaudes d’une
presse.
M . Caventou pense que ce moyen opératoire est plus
facilement exécutable que celui proposé ou suivi par
Ri. Boullay. «Notre confrère , d it- il, prescrit la gomme
ammoniaque en larmes ; or , s’il s’agissait de préparer
seulement quelques quarts de quintaux de cet emplâtre,
tout le commerce de la droguerie ne suffirait peut-être
pas à fournir la quantité de larmes de gomme ammo-
�niaque nécessaires en pareil cas. Comment feraient donc
tous les pharmaciens de la France
{Annal, clin, de la Soc. de mcd. prat. de Montp. février
l8 n ). Sur la guérison d'une paralysie par un coup de
tonnerre. — « M. Samuel L ejfert, du comté de Carterct.
dans la Caroline du N ord, avait été atteint d’une affec
tion paralytique qui s’était fixée sur la face , et princi
palement sur les yeux. Pendant qu’il se promenait dans
sa chambre, un coup de tonnerre le renversa sans con
naissance j il revint à lui au bout de vingt minutes ;
mais il ne recouvra parfaitement l’usage de ses jambes
que dans le reste du jour et de la nuit. Le lendemain
il se trouva parfaitement remis , et il témoigna le désir
d'adresser à un de ses amis une relation détaillée de ce
qui lui était arrivé ; sa lettre fut très-longue et il l’écrivit
sans lunettes. Depuis lors , sa paralysie ne s’est plus
reproduite. M. Leffert croit que le même choc qui a
rétabli sa vue , a au contraire , nui à la délicatesse de
son ouie.
Journaux
A n g la is .
( Rev. méd. et médico-chirurgical Review.') D ans une
expérience sur un chien , relativement à l’action véné
neuse de l'acide prussique , M. Hume ayant coupé la
jugulaire pour hâter la mort de l’animal , et après la
perte d’une certaine quantité de sang , l’ayant vu dé
livré de ses convulsions , se trouver beaucoup mieux et
se relever bientôt suc ses jambes , a été amené à regarder
la saignée comme un remède contre l’empoisonnement
par l’acide prussique.
— M. Jeffreys a appliqué au traitement des phlegmasics externes la méthode vantée par le D. Balfour,
qui consiste à employer le tartre stibié comme un anti
phlogistique ou plutôt comme un contre-stimulant , à
li manière de Rasori et de Tommasini.
�( 18 4 )
— Le D . Cooper, président du collège de Colombie,
a reconnu que la dissolution de chromate de potasse
est uu des meilleurs réactifs avec lesquels on puisse
signaler la présence de l'arsenic. Une seule goutte suffit
pour former un précipité vert dans une liqueur qui
contient un quart de grain d’arsenic , ou dans laquelle
on aurait mêlé deux ou trois gouttes de la solution de
Fowler , ou de toute autre arséniate de potasse.
( Rev. méd. et London méd. and phy. tournai Jéb.
1822). D a n s un cas de tétanos, M . Hutchinson ayant
d’abord donné sans succès une once d’huile de térében
thine en lavement en même temps qu’il fesait avaler des
pilules composées d’opiate et de mercure doux, fit prendre
de demi-heure en dem i-heure , de l’eau de gruau avec
une demi-once de cette huile dont le malade prit en
tout deux onces. Dès la seconde prise il se trouva beau
coup mieux , le spasme diminua , des évacuations alvines abondantes survinrent et la guérison fut complète.
Jo urn au x A llem an d s.
( Rev. méd. et Journ. der praiischen heikundc von W.
Hufeland , 1822^. L e D. Crâne rapporte l’histoire d’une
boulimie dont une dame âgée de 26 ans était affectée,
au point de consommer, dans chaque repas , 3 ou 4 livres
de viande sans compter le pain et les autres alimens.
L e plus souvent cette dame vomissait après le repas et il
lui fallait dans peu reprendre une grande quantité d’alimens qu'elle rejetait de nouveau. Attribué à une maladie
du pylore , cet état fut traité en conséquence , quand
tout-à-coup la malade fut attaquée d’une fièvre continue
dont un des principaux symptômes fut l’anorexie, mais
l’appétit revint avec la même intensité aussitôt que la
fièvre eut cessé. Cette circonstance fit penser à M. le
D . Crâne que la boulimie pourrait dépendre d’une irri-
�-
(
i»5 )
tabilité particulière de l’estomac , augmentée par la pré
sence des alimens. Il ne donna donc à la malade que des
alimens liquides tels que du sagou , de l’arrow-root.
Ces moyens étant infructueux , M. Crâne ne permit
plus que des bouillons et des lavemens nutritifs ; il donna
aussi toutes les trois heures des pilules de cinq grains ,
composées avec des tablettes de bouillon, et augmenta
successivement la dose de ces pilules , qu’on abandonna
au bout de six semaines et on augmenta graduellement
les alimens. Peu après la malade jouit d’un appétit ré
glé qui n’a éprouvé aucun dérangement depuis neuf ans.
P.-M. R oux.
4 .0 V A B I É T É S.
— Le concours pour la nomination du premier et du
second chirurgiens chefs internes de l’Hôtel-Dieu de Mar
seille, qui devait avoir lieu le i 3 mai prochain , a été
renvoyé au 21 du même mois.
— Les cours de la Faculté de médecine de Paris ( se
mestre d’été ) seront ouverts dans la i .r* quinzaine du
mois d’Avril.
— Quelques personnes s’attendent à une nouvelle or
ganisation de la Faculté de médecine de Montpellier.
— La Société Académique de médecine de Marseille
marche assez bien depuis que M . Allemand en est le
Secrétaire-général.
— On assure que cette Compagnie doit inviter le
membre titulaire qui assez long-temps en a été la pomme
de discorde , à donner sa démission. Qu’il la donne ou
non, la Société, ajoute-t-on, après cette première dé
marche , le considérera comme démissionnaire.
— Chaque jour voit paraître de nouveaux remèdes
T . V- Mars 1823.
24
�(
«S6 )
particuliers. Désirons , s’ils doivent luire la fortune de
ceux qui en sont les dépositaires , que du moins 1rs
malades "en éprouvent de bons effets.
— M. Thumin , pharmacien, est arrivé de Paris,
avec le privilège de débiter i.° le plus doux et le plus
salutaire des purgatifs du D . Char rier ;
l’Elixir toni
que anli~glaire,ux du. D. Ghilliè ; 3 .° le Sirop pectoral
balsanjitjue,de, M. l ’otard ;
le Taffetas vègclo-èpispastiijue de M . Ouïes , pharmacien , etc., etc. , etc.
— Le nombre des gens de l’art augmentant tous les
jours , l’humanité souffrante sera-t-elle, mieux servie!
Nous ne le pensons pas 11 est évident que !e savoir*
faire, qui conduit bien plus sûrement à la fo tune que
le savoir, remplacera toujours davantage celui-ci, à pro
portion de la multiplicité des médecins , des chirur
giens et des pharmaciens , surtout dans une grande
ville.
— « Marseille , nous écrivait dernièrement un mé
decin, est selon moi , une espèce de colonie renouvelée,
où la principale ambition consiste à gagner per fas et«e
/as autant d’or qu’il est possible et que i’on préfère aux
livres. » Nous devons , pourtant , avouer à la louange
des médecins marseillais qu’ils aiment à se tenir au
courant de la science. La plupart d’entr’eux ont sous
crit à notre recueil , bien qu’ils se fussent abonnés aux
journaux de la capitale.
— On a entrepris, depuis un certain temps, des
fouilles dans un endroit dit Kahlenstein. Depuis quel
ques semaines ou y a déterré plusieurs os de inanimuth
d’une grandeur extraordinaire, outre une dont molaire,
presque réduite en poudre , de 13 pieds 7 pouces de
lo n g, sans compter la cavité de la racine , il y avait
plusieurs vertèbres et côtes , un grand morceau de bassin,
une autre dent molaire et quelques fragmens de l'oc
ciput. Depuis peu on a trouvé l’os supérieur da
�( 187 )
pied de devant, dont la pallie la plus épaisse a il n
pied de diamètre , et un fragment île corps d’ une
dent molaire de sept pieds et demi de longueur et d’un
pii d de diamètre. Tous ces os se trouvent dans une cou
che d’argile , mêlée de sable , à 10 pieds au-dessous
delà surface supérieure de la montagne, et à 82 pieds
au-dessous du niveau du neker. Ce sont les plus grands
de tons les os fossiles trouvés dans le W u i tem bèrg,
et conservés dans le cabinet d'histoire naturelle de
Slullgard.
— M. B-'uUac, fils aîné , D .-M . P. ,a lu à la Société
médicale d’émulation , un mémoire sur l'enseignement
mutuel appliqué à l’élude des piincipies élémentaires’ de
la médecine ; mémoire sur lequel MM. Hÿp. Cfoqvet et
Brichetcau ont fait un excellent rapport , et dont ils ont
parlé d’une manière très-avantageuse. L ’ignorance de l’im
mense majorité des gens de l’art fait chaque jour assez
de victimes ! il mérite donc les plus grands éloges , celui
qui, par une méthode aussi bonne que celle dont se
strt M. BeuUac , s'attache à instruire promptement et
facilement les personnes qui se destinent à l’art médical.
— En mars , les maladies les plus fréquentes, à
Marseille, ont offert, comme dans le mois précédent,
le caractère inflummatoii e : encore des phlegmasies , des
catharres , des angines. La méthode anti-phlogislique
adoptée par la plupart de nos praticiens , a été généra
lement suivie de succès. Quelques-uns ont aussi obtenu
la guérison de leurs malades par l’usage du tartiate de
potasse antimonié , ce qui ne doit poiul nous étonner,
si nous convenons que ce médicament agi t , dans cer
tains cas , comme anti-phlogistique,
— D’aprcs le relevé des registres de l’État-civil de
la mairie de Marseille , il y a eu en février iSaJ
3/jo naissances ; 014 décès et 86 mariages.
P.-M. Roux.
�/
( i8 8 )
5. ° C o n c o u r s
académiques
.
La Société de médecine , chirurgie et pharmacie du
département Je l’Eure , propose la question suivante
pour sujet du prix qu’elle décernera en 1824 :
Exposer la nature, les causes , les différences et lt
traitement de l'Hydrocèle.
Le prix est une médaille d’or de la valeur de 200 fr.
Une médaille d’argent sera décernée à l'auteur du Mé
moire qui aura le plus approché du prix.
Les Mémoires , écrits en français ou en latin , devront
être parvenus , francs de port , à M. L.-H. Delarue,
pharmacien à Évreux , secrétaire de la Société, avant
la (in de l’année l 8a5.
A V IS.
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu’m insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc. , de ses membres soit titulaires, soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d’être publiés,
elle n a égard qu’à l'intérêt qu’ils présentent à la science
médicale ; mais quelle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n'ont pas encore la sanction générale.
�( 189 )
BULLETINS
DE
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
Mars i8a3. - N.“XV.
w \ A .% v iA .v v \ v w w i w \ v a t v v \ w w \ v w * w
%/v%
%/v»
-VV% « t v x ■ v w v \ r * »✓ %/■ ». ■%/\r\ v w w %
T um eu r lymphatique développée dans l'épaisseur de la
branche horizontale de l'os maxillaire inférieur et guérie
par l’application du feu ; par M. B a b d , docteur en mé
decine, membre correspondant de la Société royale de
médecine de Marseille.
J. G. , de notre ville , ( Bcaune ) âgé de iC ans , né
de païens sains et doué lui même d’une bonne consti
tution , portait , à la face externe de l’os maxillaire
inférieur et du côté droit, une tumeur qui avait depuis
plus de huit mois , pris naissance par un tubercule d’a
bord petit et dur , et s’était par degrés, élevée au volume
de la moitié d'un œuf de poule. Elle me parut appar
tenir à l’os lui-même et elle se bornait, en avant ,
vers le lieu de l’ouverture antérieure du canal dentaire,
où elle présentait une scissure large qui se sentait
fort distinctement sous la membrane interne de la bou
che. Dans tout le reste de son étendue , elle était dure,
quoique de manière pourtant à pouvoir être un peu dé
primée par un effort t e l , par exemple ; que celui que l’on
ferait en comprimant fortement la bosse pariétale d’un
jeune enfant. Elle affectait d’ailleurs la direction du canal
maxillaire dont elle semblait n’ètre qu’une énorme di-
�C 190 )
latation. La dent canine de ce côté , ébranlée d’abord
par le développement de l’o s , puis renversée, avait
fini par tomber spontanément. La petite molaire sui
vante , n’avait pas tardé à se renverser de même ; je
la trouvai dans cet état et très-mobile.
Convaincu de prime-abord, que cette maladie ne
pouvait céder qu’à l ’action du leu , voici comment je
procédai à la cure :
Le 4 niai 1 81 7, après avoir extrait, sans le secours
d’instrumens , la première petite molaire, je fis d’arrière
en avant , une incision qui divisait toute l’épaisseur
de la membrane buccale , dans le sens de la longueur
de la tum eur, jusqu’à son extrémité antérieure qui
répondait à la scissure dont j ’ai parlé , et cette ouver
ture donna lieu à l’éflTusion d’une certaine quantité de
fluide séreux , jaunâtre, dont l’accumulation successive
dans la tumeur était bien certainement une des prin
cipales causes de son grand développement.
Après avoir un peu détaché la membrane buccale au
côté externe de l’incision , et avoir agrandi l’ouverture
de ce vaste sinus eu brisant la lame osseuse très-mince
qui formait la partie supérieure de son entrée, j’y
portai un cautère incandescent, à plusieurs reprises,
et de manière à étendre l’action du feu à une grande
partie de la surface de celte cavité. Cette opération
fut assez, douloureuse.
Une mèche de charpie fut fixée dans l’ouverture,
je fis placer un cataplasme émollient sous la mâchoire
et je recommandai une diète sévère ainsi que de fré
quentes collutions d’eau d'orge miellée.
Le 6 , suppuration fétide dans le sinus j sa paroi
extérieure s’ébranle.
Dans les jours suivans et jusqu’au i 5 , il se déta
cha fréquemment des lames osseuses et la suppuration
diminua progressivement. L ’ouverture du sinus devenue
�( r9 * )
alors extêmcment large laissa apercevoir à son fond
un corps d’un blanc luisant, qui me parut être une
dent placée hoiizontalement dans la direction du bord
inférieur de l’os maxillaire. Je fis quelques tentatives
pour extraire ce corps avec des pinces à pansement,
mais elles furent vaincs et causèrent une douleur vive
dans tous les tégumens correspondons.
Il me fut pourtant facile de l’extraire le lendemain
avec le secours du davier, porté au fond de la cavité.
C’était une dent canine bien conformée et dont la racine,
encore creuse , était recourbée sur le côté, en forme de
crochet.
Depuis ce moment, la cavité s’est promptement af
faissée , une cicatrice solide s’est opérée , et l’os maxil
laire, après la guérison qui a été très-rapide , a offert à
peine une légère éminence appréciable au tact seulement
et qui, un an plus tard , a complètement disparu.
O
sur une tumeur enla'stée ou sarcomateuse
dans la vessie , etc. , pur Af. P leixdocx , père , 2).-HJ.
M. , membre correspondant de la Société royale da
médecine de Marseille.
b s e r v a t i o n
Ex médecine , les cas rares ont , de tous les temps ,
intéressé tes praticiens ; mais cet intérêt devient plus
grand , quand la connaissance d’un de ces cas peut faire
éviter dans la pratique des erreurs funestes , ou tout au
moins infiniment pénibles.
Mme. Basset , née Laurent , de Beaucaire , souffre
depuis long-temps de tous les symptômes que procure
la présence d’un corps étranger dans la vessie.
Dès le commencement de sa maladie , cette dame bien
portante , d’ailleurs , consulta M. P a u l, son médecin
ordinaire ; ce docteur considérant la maladie comme une
�( rga )
affection des voies urinaires , dépendante d’une cause
catharralc , prescrivit un traitement en conséquence.
Tous les moyens indiqués ne pi oduisant aucun effet,
de concert avec son médecin ordinaire , la malade con
sulta M. le docteur Mercurin , de St.-Kemi , qui jouit
dans sa contrée d’une réputation méritée. Celui-ci con
sidéra la malade sous le même point de vue que M.
Paul , en y ajoutant l’influence de la diathèse rhuma
tismale ; des nouveaux remèdes furent prescrits et pris
pendant long-temps sans succès.
Dans cet état de choses , Mme. Basset vint à Nismes
me consulter ; à l’exposition qu’elle me lit de ses maux,
je crus déjà reconnaître la présence d’un calcul dans
la vessie , je lui lis pai t de mes doutes et je lui proposai le
catheterisme comme une chose indispensable pour pou
voir acquérir une notion certaine sur la nature de sa
maladie ; j’ajouterai même que je fus surpl is que les mé
decins recommandables qu’elle avait consultés, n’eussent
pas eu déjà cotte idée.
La malade refusa de se laisser sonder , elle désira
que je lui prescrivisse quelques remèdes , me promet
tant de se décider au catheterisme , si mes remèdes
étaient tous aussi inutiles que ceux qu’elle avait déjà
fait... Pour la satisfaire , je lui délivrai une consultation,
mais dans la persuasion où j’étais que la maladie était
produite par une pierre dans la vessie ; je n’ordonnai que
des tisanes délayantes , des bols nitrés et camphrés,
des bains de siège et des lavemens émolliens ; enfin, dans
ma croyance , je ne devais que chercher à rendre les
urines moins acres par les boissons adoucissantes et
le régime de vivre et par les bains locaux ; mon inten
tion était de relâcher les parties souffrantes , ce qui di
minue leur sensibilité.
Ce traitement, tel adoucissant qu’il f u t , ne produisit
pas des effets plus heureux. La malade était toujours
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Couvert , petite pluie.
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Couvert , brouillard.
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Idem léger brouillard.
N. 0 . fort.
Idem
id .
N . 0.
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E. fort.
Couvert, brouill. , pluie.
E. très-Fort.
Presq. tout couv. brouill.
N. 0 .
N. 0 . très-fort. Nuageux.
N. 0 . violent. Nuages rares , tempête.
Quelques nuages.
N . 0 . fort.
Quelq. nuag. brouil. épais.
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Quelq. éclaircis , brouil.
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Couvert , pluie.
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Couvert , brouillard.
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Nuageux , brouillard.
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Très-nuageux , brouill.
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Calme.
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Plus grande cleVation du Baromètre (*) ..................
Moindre élévation............................................................
Hauteur moyenne du Baromètre, pour tout le mois.
, 11.
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— 2 , 4 . le 14 » au lever du soleil.
7 » o5 .
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Plus grand degré' de chaleur..........................................
Moindre
Chaleur moyenne du mois .
le jour . . . . i8 mm, 5 o
Quantité' d’eau tombe’e pendant
la nuit . ., . . 23
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de p l u i e ............................ . . 8.
de brume ou brouillard . . . 22.
de gros veut ..................... . . II.
entièrement couverts . . . . . i 5 .
sans nuages.........................
de gelc'e................................ . . 8.
de tonnerre.......................... . .
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Souffrante , appelé à Beaucaire pour une autre malade j
Mme. Basset vint me consulter de nouveau et cette fois
elle se décida à être sondée.
Cette opération eut lieu , la malade assise et ren
versée dans un fauteuil ; en arrivant avec la sonde
dans la vessie je trouvai un corps étranger que j'éva
luai de la grosseur d’un œuf de poule environ, la malade,
poussée p.tr une timidité déplacée, porte sa main pour re
pousser la mienne , que je retire brusquement et ne me
permet point de faire des recherches plus minutieuses ;
mais j’ai touché un corps étranger , c’est une jeune
femme, d’une bonne constitution, la maladie des voies
urinaires a commencé par des douleurs aux lombes , prin
cipalement du côté d ro it, je n’ai plus de doute, je dé
cide qu’elle a une pierre dans la vessie et j’offre comme
unique ressource de guérison , l’opération qui l’en doit
délivrer.
Mme Basset rejette l’opération comme elle avait
d’abord rejeté le catheterisme , et il y avait déjà trois
mois qu’elle avait été sondée, quand je reçus , le 4 7.bref
une lettre de M . Valadier , son pharmacien , qui m’anunçait que la malade s’était enfin décidée à être opérée
et qu’elle avait fixé l’opération au i 5 du courant , si mes
affaires me permettaient d’ariiver ce jour-là auprès d’elle.
Je ne pus me rendre à Beaucaire que le 17 au soir
pour opérer le 18. Vous prévoyez déjà , Messieurs , que
j’avais sondé la malade trop légèrement pour pouvoir
l’opérer sans m’assurer d’une manière approximative au
moins de la grosseur de la pierre et de son existence
bien réelle , par un second catheterisme.
Arrivé auprès d’elle à sept heures du soir , je lui or
donnai de se mettre au fit , de garder ses urines jusqu’à
dix heures , époque à laquelle je viendrai la sonder à
vessie pleine.
T . V . Mars 1810.
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A dix heures la malade étant couchée et M’ayant pas
uriné depuis plus de quatre heures , fut sundée avec
une sonde pleine. En entrant dans la vessie, je touche
avec le bout de la sonde , le corps que j’avais trouvé déjà
une fois , je m’apperçois que je ne puis le repousser,
voulant y frapper dessus avec le bout de la sonde, je
ne perçois pas ces sons purs et sonores que l’oreille et
les doigts de l’homme exercé perçoivent quand on frappe
sur un corps dur.
J’introduisis le doigt indicateur de la main gauche dans
le vagin, je mis le corps [étranger entre la sonde et mon
doigt et je pus ainsi juger de son volume et de sa posilion;
niais je fus plongé dans une grande incertitude sur sa
nature , je remplaçai la sonde pleine par une sonde
creuse , la vessie se vitide , le corps étranger conserve
ïa position et tout ce que je puis recueillir de mes
observations fortifie mes doutes. . . Ce n’est point une
pierre libre dans la vessie; est-ce une pierre enkistéa l
est-ce une pierre chatonnée ? est-ce un polype ! est-cf
un anévrisme ! est-ce, enfin , une tumeur de toute autre
nature ! Voilà les questions que je me faisais, voilà les
questions que je ne pouvais résoudre.
Comment se tirer de cette position bien pénible pour un
praticien : l’on a annoncé l’existence d’une pierre ; l’on
a fixé le lendemain pour son opération et tout-à-coup
l ’on doute de son existence.
Je renvoyai au lendemain huit heures du matin , sans
faire part à personne de mes inquiétudes. Avant de
quitter la malade , je lui demandai quels étaient les
deux hommes de l’art de Beaucaire qui avaient le plus
sa confiance.
M . Paul et le docteur Bassignot me furent désignés,
le lendemain je les convoquai en consultation et en
présence du mari, de la malade et de toute la famille
j ’exposai à mes deux confrère* ce qui se passait chez.
�c 19 5 )
Mine Basset , et la position où je me trouvais ou de
faire une opération sans effets , sans résultats, ou d’avoir
une pierre chatonnée à extraire.
Je dois avouer iei que je n’ ai jamais eu grande
tendance dans l'histoire des pierres enkistées, n’ayant
jamais observé ce cas , quoique j ’aie fait un grand
nombre d’opérations de la. taille, et ne concevant point
comment peut se former dans la vessie un kiste au
tour d’une pierre; je serai encore à ne pas y croire,
bien que les observations de lettres , rapportée dans
lis mémoires de l’Académie royale des sciences, année
Içoi, page 26 et suivantes, nie fussent connue* , si mon
estimable collègue , M. Munlagrron , ne m’avait assuré
que son respectable père , en qui l’on devait avoir toute,
confiance , avait rencontré dans sa grande et lumineuse
pratique une pierre vraiment enkislée.
Je reviens à ma maladie : dans cet état de choses , je,
proposai aux consultans de préparer l’appareil commeL
pour opérer Mme. Basset de la taille ; de la porter sur
la table destinée pour faire cette opération , de la placer
comme pour être opérée , de dilater le canal de l’urètre
sans incision et assez pour pouvoir introduire dans la
vessie le doigt indicateur de la main droite et sonder ,
à la faveur de ce doigt , quelle était la nature du corps
que l’on trouvait dans la vessie.
Ces propositions furent adoptées par les consultans
et exécutées ; Mme. Basset , située comme pour être
opérée de la taille , je pris une sonde canulée dite fe
melle , que j’introduisis dans la vessie, je portai dans
le même viscère une seconde sonde dite male , et
lorsque la vive arête de celle-ci , fut tombée dans l’é
chancrure de la première , j'opérai graduellement la
dilatation du canal de l’urètre jusqu’à pouvoir introduire
le doigt dans la vessie.
Mon doigt introduit, je pus très-facilement explorer
�le corps étranger , qui se trouve être une tumeur sar
comateuse , située à la partie postérieure et inférieure
de la vçssic immédiatement au-delà de son orilice.. ..Cette
tumeur , de la grosseur d’un gros œuf de poule , à base
large, me parut hors l'atteinte de toiit secours de l’art,
je la fis toucher et reconnaître aux deux médecins
consultans : la malade déliée fut reportée dans son lit.
Par les moyens que j’avais pris je n'aurais eu qu’à
terminer l’opération , après avoir vaincu les obstacles ,
si c’eut été une pierre même enkistée ; j’aurai pu lier
la tumeur si elle avait été un pédicule qui eut permis
la possibilité de la lig.iture. La maladie reconnue essen
tiellement incurable , on ne poussa pas plus loin les
tentatives et la malade fut consolée par l’espoir .que des
remèdes internes arrêteraient les progrès de sa maladie.
Telle est , Messieurs , cette observation que j’ai cru
au nombre des cas rares... Ce cas a la plus grande ana
logie avec celui rapporté par fi u Petit , de Lyon , ce
médecin opérateur déjà célèbre et enlevé trop tôt à la
science dont il aurait , peut-être , reculé les bornes:
Petit rapporte page 5 ï 2 de sa médecine du cœur que
le sieur George Vignon , âgé de 28 ans , habitant de
Sainl-Cyr , éprouvait depuis long-temps tous les accidens de la p ieire, qu’il le sonda et crut en recon
naître la présence ; les préparations d’usage achevées ,
il l’opéra après avoir pris les conseils de MM. Cham~
p e a u x , Martin l'ainé, Cartier et Beaucaine, chirurgienmajor du (j.' de dragons qui tous, ainsi que lu i, avaient
cru sentir la pierre; cependant, d it-il, la vessie est
ouverte et je la cherche vainement, je n’embrasse qu'un
corps mou , lisse , poli dans sa surface et qui me parait
une tumeur squirreuse placée entre le rectum et la vessie.
Cette opinion partagée par les consultans , qui pensent,
ainsi que m oi, que tout procédé opératoire ne peut plus
convenir, le malade est rapporté dans son lit , la plais
�( 1 D7 )
te ferme dans quelques jours et je le mets à l’usage des
remèdes fondans ; ils sont inutiles ; les mêmes accidens
persistent, la tumeur se développe ; il sort de l’hôpital
pour retourner dans ses champs. Apiès un an de souf
frances , il y revient et meurt dans un état de con
somption. A l'ouverture du cadavre, je trouve dans la
vessie un polype de volume du poing, d’une foime pyra
midale et tenant par un pédicule excessivement étroit ,
cette pièce , ajoute-t-il , conservée dans mon cabinet ,
est une des plus curieuses de ma collection.
M. Petit, qui ne manquait pas d’érudition , regardait
ce fait comme unique en son genre; mais n’est-ce pas à
des causes semblables cjue l’on peut attribuer des erreurs
semblables , commises par drs opérateurs du plus grand
mérite, qui ont fait l’opération de la taille à des indi
vidus chez lesquels ils n’ont point trouvé de pierre l
Plus heureux que Petit , j ’ai prévu le cas avant de
faire l’opération , et par le pioccdé indiqué pour m’as
surer de la nature de la tum eur, j’aurai pu en délivrer
la malade , si elle avait été comme chez Vipnnn , at
tachée à la vessie par un étroit pédicule ; il m’eût été
facile de la lier en l’embrassant dans une anse de corde
à boyau , serrée progressivement par le moyen d’une
canule double.
C’est par ce procédé si simple que j’ai dernièrement
délivré la femme du sieur..... , passementier de cette ville,
(Nismes) d’un polype utérin très-considérable.
Il résulte de l’observation que je viens de rapporter,
(pie l'on ne doit jamais faire l’opération de la taille que
lorsqu’on s’est parfaitement assuré que le corps etranger
qui est dans la v e ssie , est un corps dur , donnant au
toucher de la sonie des sons purs et sonores, et qu’il est
mobile. Ce dont on s’assure en sondant les malades à
vessie remplie d’urine et avec une sonde ou un cathéter
plein.
�( !98 )
SÉANCES
DE
LA
SOCIÉTÉ
PENDANT LE MOIS DE FEVRIER l 8 2 3 .
3 Février. —- Lecture est faite de deux observations
par le docteur Sablairolles ; la première est relative à
un catharre utérin , traité avec succès par la teinture
d'iode 5 la seconde se rapporte à une fièvre intermittente
guérie par le moyen d’une sonde de gomme élastique
à demeure dans le canal de l’urètre.
i 5 Février. — M. le Secrétaire donne connaissance
d’une lettre adressée à M. Houx , par M. Félix Pascalii,
médecin à N e w y o rk , qui communique à la Société un
Projet pour former un college universel de médecine. Ce
médecin fait aussi hommage à la Compagnie d’une
adresse imprimée portant pour titre : Address deüvered
hcfore the New-york country medical sonety on tlie eleventh o f november 1822. M. Sigaud est désigné pour faire
un rapport sur ce travail.
Le reste de la séance est consacré aux conférences
sur les maladies régnantes.
22 Février. — M . R oux communique une lettre de
M. le docteur Valentin , qui adresse un extrait de sa
correspondance étrangère , dont la lecture est entendue
avec intérêt.
On lit ensuite une lettre de M . Sarmet père , qui ex
prime de la manière la plus touchante toute -sa grati
tude pour le litre de membre honoraire que la Société
a daigné lui conférer.
Sigaud fait un rapport sur la thèse de M . Reymonet, intitulée : Recherches sur l’ulcère cancéreux de
1* matrice,
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T o u t nuageux.
Quelq. éclaircies, pl., gr
Quelques nuages.
Presq. tout couvert, pl
C ou vert , pluie
N u a g e u x , pluie , brouil.
Quelques nuages.
N. 0 .
Presq. tout couv. brouil.
N. U. fort.
Nuageux.
N. O .
Serein.
Id em .
Id e m .
N . U. faible.
I d e m ; léger brouilla rdE.
Nuageux.
O.
Nuages r a r e s , vaporeux.
Id em ,
Quelques légers nuages.
O . bonne brise. Nuageux, quelq. gouttes.
JN. Ü . violent.
Serein , tempête.
N . O. fort.
T rès-nu ag eu x.
S. 0 . faible.
T o u t n u a ge u x , brouil, pl.
S. E .
C ou ve rt , petite pluie.
N . O.
C ou vert , brouillard.
Calme
T rè s- nuageux , brouill
S. U. faible.
Quelques éclaircies , br.
Calme.
Trè s- nuageux, quelq. g.
S. E .
Quelques nuages.
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Id e m , léger brouillard.
Id em .
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Nuageux.
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O . bon frais.
O. fort.
O. très-fort
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N. 0 . fort.
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N. O. très-fort.
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76V"m, 5a , le 5o j à 9 heures du soir}
74^ , 9/, . le 9 à midi.
B a ro m è tr e
é l é v a t i o n ...........................................
755 , 49+ 1 8 °, 4 , le 29, à 2 heures.
+ 2 , 2 , le 7 , au lever du soleil.
Hauteur moyenne (lu Baromètre , pour tout le mo
récapitulation.
Plus grand degré de chaleur
Moindre
idem.
Chaleur moyenne du mois.
Maximum de l’IIygromètre
+ 9 » 2Gfyj
le 24 au lever du soleil.
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M i n i m u m .........................
Degré moyen . . . •
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Quantité d’eau toninbée pendant
la nuit.
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le i 3 à midi.
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1 de p l u i e ...................................
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�.I
( 201 )
PREMIÈRE
P A R T 1 E.
O B SE R V A T IO N S DE M É D E C IN E -P R A T IQ U E .
----------—
---------
llVVTunE du ven tricu le gauche du cœur, causée par le.
ramollissement du tissu rupture ; par RI- Rocnoux ,
JJ.-M. P . , l'un des rédacteurs du Dictionnaire de mé
decine , correspondant de la Société royale de médecine
de Marseille , etc. , etc.
Madame L ..... , âgée de 71 ans , d’un tempérament
sanguin , fortement constituée , d’un caractère gai , v if
et disposé à la colère , avait joui presque toute sa vie
d’une bonne santé , quoique éprouvant assez fréquem
ment des retours d’une toux d’irritation , quelques fois
très-fatiguante ; il lui arrivait aussi de se plaindre, toutà-coup , d'un sentiment de défaillance , comme si elle
eut dù se trouver mal , quoique cela n’arrivat pas.
Depuis une douzaine d’années environ , ces symptômes
paraissaient plus fréquemment 5 ils s’étaient surtout
montrés pendant et depuis une maladie aigue de poi
trine durant laquelle la malade avait éprouvé de vives
douleurs dam cette cavité. Elle était depuis cette époque
devenue sujette à des vertiges, souvent accompagnés de
douleur de tête , qui s’étaient manifestés à intervalles
assez. rapprochés principalement depuis environ un an.
Malgré cela, Mme. L ... qui ne paraissait pas à beau
coup prés d’un âge aussi avancé que le sien , jouissait
en apparence d’une bonne santé quand, il y a à-peuprès un m ois, elle eut une petite indigestion. Depuis
T . V . Avril i 8i 3.
26
�(
202
)
ce temps , douleur de tike continuelle , tantôt plus,
tantôt moins forte , peu d'appéiit , constipation : toux
d’irritation beaucoup pins fatiguante que cie coutume.
(O n oppose à ces symptômes une tisane pectoiale gom
mée , d’autres fois une infusion de fleurs de lilteul
et de feuilles d’oianger. ) It n’y eut pas durant ce temps,
d’accident notable.
Dans la nuit du 19 au 20 juin 1821 , la malade est
prise de vomissemens fiequens et très-fa tigua ns , accom
pagnés de douleur de tête , et d’un ; douleur vive à
l ’épigastre , avec sentiment de chaleur brûlante , éten
du à tout le devant de la poitrine.
Le 2.0 au matin , pouls natuicl , un peu rare , cha
leur ordinaire de la peau ; néanmoins vive douleur de
tête , fixe . vertiges lorsque la malade veut se tenir de
bou t, visage pâle , ayant quelque chose de profondément
altéré. ( Potion éthérée , gommée, infusion de tilleul et
de fleurs d’oranger , lavement. ) Durant le jour , elancemens douloureux dans la poitrine et la région épigas
trique Le soir calme manifeste , sommeil assez tran
quille une partie de la nuit.
Le 2 1 , à 3 heures du matin , l’état des choses n’avait
pas changé. Mme. L .... demande un bouillon. Au mo
ment où un le lui apporte, elle pousse un profond sou
pir , et meurt à l’instant même. Il est à propos de faire
remarquer que son frère est mort à l’âge de 5o ans ,
d’une manière subite , et dans des crises douloureuses;
que son père et d’autres personnes de sa famille ont éga
lement eu une fin accidentelle.
Ouverture du cadavre.
Habitude extérieure. — Embonpoint remarquable.
Crâne. — Engorgement général des vaisseaux de la
pie-mère, et, sur les côtés des hém isphères, infiltration
sanguine ayant toute l’apparence d’une ecchymose. 11 y
�(
üo5
)
avait quelques gros de sérosité épanchée à la base du
crâne , et quelques gros aussi dans les ventricules la
téraux qui avaient les vaisseaux de leurs parois fortement
iujecias. 11 en était de même de ceux de la substance
cérébrale ; du reste la masse encéphalique n’offrait au
cune altération pathologique : elle était d’un tissu trèsferme.
Poitrine. — L es poumons étaient parfaitement sains.
Le péricarde se trouvait distendu par fo ou 12 onces
de sang coagulé , assez ferme , noirâtre , dont il ne
«'était séparé que peu de sérum t relativement à la grande
masse de l’épanchement. Ce sang était sorti ^»ar une
onve;turc d’environ trois lignes de lon g, formant une
sorte de (tuile , d’à-peu-près demi-ligne de largeur, qui
«ouvrait perpendiculairement , en avant du ventricule
■ gauche, un peu au-dessous de son tiers supérieur,
tout contre la cloison. Les bords de la fente étaient cou
pés nettement ; on n’y voyait rien qui indiquât une
ulcération. Lu totalité des parois du ventricule , la
cloison exceptée, était d’un gi is rougeâtre, considé
rablement ramollie et se déchirant avec facilité , notam
ment autour de lu perforation. La cloison , au contraire,
de même que le ventricule droit , avaient , à un peu
de .pâleur p r is , leur couleur ordinaire, et une fermeté
de tissu remarquable. Intérieurement, le ventricule gau
che contenait dans sa portion inférieure, notamment
au-dessous eL du coté de la perforation , une assez grande
quantité de sang en partie noir et coagulé , en partie
rougeâtre , fibrineux , assez dense , logé entre et sous
les colonnes charnues auxquelles il adhérait de manière
à ne pouvoir en être séparé , sans entraîner avec soi
la membrane dont elles sont revêtues. Partout oèt ellcsétairnt ainsi adhérentes au sang fibrineux , elles étaient
d’un rouge vif dans toute leur épaisseur. Le volume du
cœur , surfout dans sa partie gauche, était fort et plus
�( 204 )
-qu’ordinaire. Relativement à l’embonpoint du sujet, cet
organe était entouré de peu de graisse.
L ’aorte , dilatée à son origine et jusqu’à la fin de sa
courbure j offrait dans le lieu de sa plus grande dilata
tion , près de i 5 lignes de diamètre. Ses valvules sig
moïdes étaient un peu rapetissées , tandis que celles de
l ’artère pulmonaire c'taicDt fort amples , avaient leur
tubercule d’apparence charnue et du volume d’un grain
d’orge. Ses trois festons d’origine , mais deux entr’autre ,
présentaient des squames osso-terreuses , sur l’une des
quelles se trouvait une ulcération de la membrane in
terne ; alongée et arrondie , d’une ligne et demie d’é
tendue dans son plus grand diamètre. Les trois quarts
de la surface interne de l’artère pulmonaire , étaient
d’un rouge v if , qui teignait seule la membrane interne
de cette artère, jusqu’à sa division , et cessait là tout-àcoup. L ’origine des artères coronaires était ossifiée.
Abdomen. —• Nulle trace d’inflammation sur aucun
point de la membrane interne des voies digestives. Les
autres organes étaient également sains , excepté l’utérus
qui contenait dans l’épaisseur de ses parois , vers son
fond , une tumeur fibreuse du volume d’une grosse
noix.
Remarques. — On trouve épars , dans les auteurs ,
un certain nombre d’exemple de rupture du cœur. Un
des plus anciens, à ma connaissance , est celui qui
a été décrit par l’illustre Harvey ( i ). Depuis lui,
Morgagni en recueillit quelques autres ( 2 ) . On en
trouve aussi dans Verbruge. ( 3), Morand et M. Portai (4);
l’ouvrage du professeur Corvisart, celui de M. Laënnec
(1) V e c ir e . sang, eocercit 3 ."
(2) V e sed. e t caus. m orb, e p is t. 27 et 64»
( 3 1 V issert. d e anev.
(4l Mcm. de l’Acad. royale des sc. an 1782 et 1784.
�( 205 )
en contiennent également quelques-cas , mais personne
n’avait songé à faire de ce point de pathologie l’objet
spécial de ses éludes , lorsque M. Blaud en lit le sujet
d’un mémoire ( 5). Il parait résulter de son travail que
la rupture du cœur s’accompagne très-ordinairement de
symptômes analogues à ceux qu’à éprouvés Mme. L
et est toujours précédée d’un ramollissement notable
du tissu musculaire de l’organe perforé. D ’un autre côté,
M. Restau n’a pas constaté dans ses recherches , l’exis
tence primitive de ce ramollissement (6) , et assez ré
cemment M. Pâtissier a publié une observation de rup
ture du cœ ur, sans altération du tissu musculaire (7).
Malgré cela , j’incline à croire qu’ordinaire un nt le ra
mollissement existe; mais je ne pourrais offrir que des
inductions tirées de l’analogie, à l’appui de ma manière
de voir : je m’abstiens donc de prononcer plus posi
tivement , sur une question susceptible d’élre décidée
uniquement par les faits.
0
(5) Bib méd Juin 1830.
(6) Nouvoau journal de mcd. etc. A v r i l 1820.
(7) Bib. mcd. JDccemb. i 8 a i .
�M ÉM O IR ES,
D ISSE R T A TIO N S,
N O TICES
KÊCRO-
LO G IQ U ES.
«■
—
MÉMOIRE sur Frpilepie ; par M. F odkbc , professeur
à la Facu’té de médecine de Sirasiour^ , l'un des ré
dacteurs de /'Observateur des sciences médicales,
membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes,
nationales et étrangères , etc. , etc.
J ’ ai ébauché, depuis long-temps , un travail sur les
maladies du système sensitif et moteur, nommée vul
gairement nerveuses , que j’ai cru pouvoir diviser en
deux grandes classes , savoir : r .u Par défaut de sen
timent et de mouvement ; a.0 par excès de sentiment et
de mouvement■ J’ai cru pouvoir faire deux genres de la
première classe, et pareillement deux genies de la
seconde , les uns et les autres divisés en espères. Ainsi
je dirai premier genre de la première classe , affection
soporeuse contenant sept espèces qui sont : le vertige,
le coma , ou typhomanie , la léthargie , le rarus , l’apo
plexie , l’épilepsie , la catalepsie. Dans le second genre,
intitulé débilité , je compte huit espèces qui sont : la
syncope , l’asphixie , la paralysie , Vamaurosis , l’héméralopie , la nyctalopie , la dysphagie et l’aphonie. Ma
seconde classe , en des maladies par excès de sentiment
et de mouvement, dans son premier genre intitulé convul
sions , renferme sept espèces : le tétanos , l’asthme , la
chorée, l’hydrophobie, la coqueluche., l ’hypocondrie
et l’hysterie. Son second genre intitulé douleurs renferme
�( 207 )
aussi sept espèces , la céphalalgie, le tic douloureux,
l’odontalgie , l'otalgie , la cardialgie , la colique et la
goutte.
Je ne réponds pas de la netteté de cette classification,
car je trouve chaque jour plus difficile de classer; mais
j’en avais besoin pour nies études. Je donnerai suc
cessivement à ce journal quelques monographies sur ces
maladies , autant que ma sauté et nies occupations
pouriont le pei mettre. En attendant je vais commencer
par l’épilepsie , parce cjue lorsque je pratiquais en Pro
vence , j ’y ai fiéquemment rencontré cette maladie.
La plupart des auteurs ont placé l’épilepsie parmi
les convulsions, et Tissot lui m êm e, ainsi que J. P.
Franck ont été de cet avis , mais plusieurs raisons
ni’imluistnt à croire qu’elle sc trouve mieux à la suite
de l’apoplexie , dont elle est une image en raccourci.
On peut définir avec l’illustre Sauvages l’épilepsie, un
spasme clonique , universel, chronique et périodique,
toujours avec abolition des fonctions des se n s, et oubli
de ce qui s’est passé durant ce paroxysme , dans la
plupart des cas , avec écume à lu bouche. Plusieurs
épileptiques ont sans doute des convulsions , du moins
une forte contracté n des pouces, mais cela n’est pas
général : Franck pai le d’un épileptique qui n’a eu , pen
dant deux ans , que le bras gauche attaqué de convul
sions , et T is’ ot parle de quelques autres ou la forte
contraction des pouces manquait, ainsi que l’écume à la
bouche , au contraire l’abolition des sens existe toujours,
sans quoi le paroxysme ne serait pas épileptique , et il
est des malades qu’on prendrait alors pour apoplecti
ques, sans quelques mouvemens convulsifs de la langue.
Description de la maladie. — On peut en diviser les
symptômes en ceux qui la précèdent , et en ceux qui
l'acrompagnent ou qui la constituent. Symptômes qui
précèdent : Lassitude, bâillement, tremblement de la
�( 2o8 )
langue, stupeur, vertige, douleur de tête, songes hor
ribles , avec apparition de spectres et de bêtes féroces,
tintement d’oreilles, audition de bruits extraordinaires,
vision d’étincelles et comme des roues de feu. Les jeux
sont larmoyons , les paupières enflées , les traits sont
altérés , les veines frontales sont gonflées , les artères
temporales vibrent avec force , le cœur palpite , la res
piration est gênée ; les extrémités sont froides j l’urine
que rend le malade est pâle et aqueuse ; plusieurs sont
encore pris de cardialgie , du hoquet de borborisme,
et ont le ventre tuméfié. J’ai vu des malades qui
portaient la main à la tête lorsqu’ils étaient saisis, et
qui avertissaient par là de la douleur qu’ils y éprou
vaient , j’en ai vu d’autres , et entr’autres un jeune
homme au collège royal de Strasbourg , et une jeune
dame que j’ai assistée plus de vingt fuis dans ses pa
roxysmes , qui se plaignait d’un sentiment de formica
tion, et d’un vent froid, qui des extrémités inférieures
montait vers la tète, la dame dont je parle , qui me fai
sait appeler à h moindre indisposition pour être témoin
de ce qui arriverait , sentait d’abord un froid aux ex
trémités inférieures ( qui le devenaient effectivement )
avec un resserrement qui se propageait aux intestins et à
l'estom ac, qui produisaient des envies de vomir fré
quentes , qui montaient successivement le long de l’ærophage , déterminant un mouvement vérmiculaire ra
pide , pareil à celui qu’on ferait en avalant très-vite et
sans interruption , et qu i, se communiquant aux con
duits aériens , occasionait le râle et l’étouffement.
Bientôt la malade devenait insensible , déraisonnait et
ne se souvenait plus de rien ; après le paroxisme , lequel
se terminait par une grande lassitude , par l’altendiissement , des larmes , des soupirs, et par l’expectoration.
Il restait dans l’intervalle du paroxisme des maux de
tête, et une susceptibilité extrême à l’irritation. Il m’est
�( 209 )
souvent arrivé de placer une ligature, sur la partie où
l’on sentait venir l'aura épilcptica , et d’avoir arrêté la
marche de l’accès, mais ce qui m’a bien étonné , c’est
que loin d’en être soulagés, les malades en étaient plus
inquiets , de manière à demander à être déliés , pré
férant à ces angoisses , la formation du paroxysme.
Symptômes qui accompagnent ou qui constituent la
maladie. — Chute subite , souvent accompagnée d’un
cri violent et particulier ; avant de tom ber, quelquesuns tournent rapidem ent, d’autres courent, et tombent
en frappant la terre du pied ; les cheveux sont hérissés,
les yeux sailluns , contournés , tendus comme dans la
colère, la pupille est dilatée et reste fixe , quel que
soit l’éclat de la lumière qu’on lui présente , la bouche
est défigurée ; les doigts sont contractés, avec rétrac
tion du pouce entre les autres doigts , les orteils sont
quelquefois allongés au lieu d’être recourbés , la langue
est agitée de mille m anières, renversée vers la glotte,
ou portée en avant , position dans laquelle elle est
souvent blessée, et les dents fracturées par l ’état con
vulsif de la mâchoire inférieure , la respiration est so
nore et stertoreuse, le pouls est petit et toujours vite ;
le tronc est recourbé en avant ou en arrière , souvent
agité de mille manières, ainsi que les membres d’où
résultent quelquefois des fractures et des luxations. 11
sort de la bouche de la plupart des malades une bave
écumeuse abondante , quelquefois sanguinolente , et
d’une odeur cadavéreuse insupportable, la sueur ainsi
que l’avaient déjà remarquée de Haën et Tissot est
aussi d’une fétidité extraordinaire , quelques m alades,
parmi les hommes sont frappés de priapisme , avec éja
culation de la semence ; chez quelques - uns aussi il y
a sortie impétueuse de l’urine et des matières fécales
qui sont altérées dans leur odeqr , leur couleur et leur
T . Y . Avril 1823.
27
�( 2 10 )
consistance. Enfin , après dix à vingt minutes de cet
étal , ce qui est la durée la plus ordinaire , quelquefois
seulement après quelques secondes , plus rarement après
une ou deux heures , le malade revient à lui avec un air
étonné et une grande tristesse. 11 n’a aucune connais
sance de ce qui s’est passé, et il demande aux assis
tons où il est et ce qui lui est arrivé , il tombe quel
quefois dans un sommeil profond , de huit à dix heures,
plus souvent il reste éveillé , mais avec une grande
faiblesse qui subsiste plus ou moins long-temps, avec
engourdissement, douleur de tète, et quelquefois un
restant de délire , et des ecchymoses qui couvrent le
visage et dont la présence indique le trouble de la cir
culation dans la tète , et sert à expliquer pourquoi l’épi
lepsie se termine quelquefois par l’apoplexie foudroyante,
suite d’une hémorragie cérébrale.
Les attaques d’épilepsie sont plus ou moins éloignées
l ’une de l’autre , on en a des observations où elles n’ont
paru que tous les ans , tous les six m ois, tous les trois
mois , tous les mois , toutes les semaines , tous les
jours même plusieurs fois par jour ; de là , la distinction
de l’épilepsie en chronique et en aiguë. Nous avons
traité des malades qui avaient deux paroxysmes par
jour. Wan-swieten parle d’un enfant qui eut quatre at
taques successives , en récitant le Peter nosler. On lit
dans le tome 4 4 -e des Annales cliniques de Montpellier,
page 3g i et suiv. line observation d’cpilepsic dont le
sujet en eut huit accès successifs dans quatre heures
de temps , lesquels n’ont pas reparu les jours suivans.
On a quelquefois confondu l’épilepsie avec la catalepsie,
et je crois avoir remarqué cette contusion dans l’his
toire donnée par Tissot d’une jeune fille qui , après
lin paroxysme arrivé au milieu d’un discours, acheva
ce discours le paroxysme étant terminé. Le même au
teur dit encore avoir observé trois cas d’épilepsie qui
�( 211
)
se sont changés en hydrophobie ; ce qu’on peut croire
facilement, pourvu qu’on ne confonde pas l’hydrophobie
avec la rage. Enlin , le paroxysme épileptique n’est
quelquefois que le symptôme d’une fièvre intermittente
cachée. C ’est pourquoi il faut observer s’il prend le type
tierce, double tierce , ou quarte pour lui appliquer le
quinquina.
Causes. — Il est très-essentiel de procéder avec un soin
particulier à lu recherche des causes de l’épilepsie que
l’on a à traiter , ainsi qu’à la distinction de savoir si
elle est idiopathique, sympathique ou symptomatique.
Le siège de l’idiopathique est vraisemblablement dans
la tète ou dans la trame entière du système sensitif,
on peut à juste titre rapporter à cette classe l’épilepsie
héréditaire , ou du moins la disposition congéniale à
cette maladie. En effet, plusieurs enlans en ont déjà
eu des accès , la première année de leur vie , les uns
cessent d'en avoir à mesure qu’ils se fortifient , d’autres
au contraire qui ne se fortifient pas , restent exposés à
cet état, ce qu’on reconnaît : i.° à ce qu’ils conservent
dans la physionomie quelque chose d’étonné ; i.° à ce
que les facultés ne se développent pas autant chez eux
qu’on devait l’espérer ; je suis porté à croire que les
personnes qui deviennent épileptiques, parce qu’elles
en ont vu tomber d’autres , connue la chose a eu lieu
chez la dame dont j’ai parlé, et celle où la peur a clé la
cause du premier accès , n’ont éprouvé la maladie que
parce qu’elles en avaient la fâcheuse disposition congéniale, Car ces causes sont trop fréquentes , et leurs
effets heureusement trop rares pour qu’on puisse ad
mettre leur puissance chez tous les sujets.
Parmi les causes locales qui rendent l’épilepsie idiopatique , c’est-à-dire , ayant son siège dans le cerveau ,
on range à juste titre les impressions reçues par la tète
du fœtus en venant au monde , telles qu’une forte corn-
�C 212
)
pression ; l’action du forceps ; des coups , des chutes ,
un simple soufflet reçu dans la tendre enfance , la trop
prompte soudure des sutures , l’ossification des mé
ninges , des sinus , des concrétions osseuses dans la
faulx du cerveau ( fait que j’ai reconnu dans la tête d’un
épileptique , lorsque je faisais des cours d’anatomie à
l’Hôtel-Dieu de Marseille ) des exostoses à la face in
terne du crâne ; la carie du sphénoïde , les esquilles ,
les balles, et autres corps étrangers irritant le cerveau.
Ces faits sont démontrés chaque jour par l’anatomie pa
thologique, ancienne et moderne , et les recueils des ob
servations niellent également sur la même ligne les
collections de pus , de sérosité , de gélatine , d’hydatides , dans la substance cérébrale , les altérations de la
glande pinéale , des tumeurs placées à l’origine des
principaux nerfs, spécialement de la 8.e paire; plu
sieurs obxervations nous prouvent que l’épilepsie a suc
cédé à la rentrée de la teigne par l’application de corps
âcres ou caustiques , et qu’elle a accompagné l’hydropisie des membranes du cerveau et de la colonne ra
chidienne. J’ai soigné au collège royal de Strasbourg
un élève de Mayence , qui était devenu épileptique
après une chute dans le Rhin , sa tête était fort volu
mineuse et elle diminua notablement à l’occasion d’un
flux d’urine , que je lui procurai par un médicament
dont je parlerai plus bas , et qui parut l’avoir guéri
pendant quelque temps. J’ai cru reconnaître dans ce
sujet l'influence de la dernière cause dont j’ai parlé.
Parmi les causes sympathiques , c’est-à-dire , celles
dont le siège est éloigné du cerveau, il en est plusieurs
de connues et d’autres qui ne le sont pas ; les malades
s’apperçoivent souvent de la venue de leur accès par
un sentiment de formication ou d’un vent froid qui
monte des parties inférieures vers la tète. Quelquefois
cette sensation a pour point de départ une véritable lé-
�( a i3 )
sion, et d’autres fois l ’on n’en saurait découvrir aucune.
Dans ce dernier cas , il paraît que le paroxisme a pu
avoir son commencement dans une partie éloignée >
quoique la cause réelle en fut dans le cerveau ; par la
même raison que le vomissement a lieu dans les plaies
de tête , quoique la cause n’en soit pas dans l’estomac ,
et par celle autre raison que les amputés croient éprouver
des douleurs au membre qui leur a été enlevé. L ’estomac
et les intestins sont parmi les principaux sièges de l’é
pilepsie sympathique. J’ai vu chez un jeune épileptique,
un paro'Xysme remplacé par des coliques atroces et
par des mouvemens convulsifs -de ces organes , sans
perte de connaissance ; c’est ce qui fait que l’on a tant
d’exemple d’épilepsie à la suite des poisons , des remèdes
violens , des alimens irritans , des indigestions, des
embarras stercoraux, des mauvais alimens dans l’enfance,
des vers. On lit divers exemples d’épilepsie dans les
écrits de Hollier , Barihollin , Tulpius , Bonnet , Morfiagni, Chom el, etc. , occasionées par des calculs bi
liaires , reinaux , vésicaux , des amas de bile , par des
engorgemens du foie et de la rate ; Tulpius rapporte
l’exemple remarquable d’un jeune homme, chez lequel
on déterminait à volonté un paroxysme épileptique en
lui comprimant la région de la rate , qui était doulou
reuse. Dans tous ces cas , l’ouverture des corps n’a
montré aucun vice dans le cerveau et il n’y avait de
lésés que des viscères très-éloignés.
Cette maladie a souvent été occasionée par la mas
turbation et par des excès vénériens ; quelquefois aussi
par une continence forcée. La grossesse a quelquefois
occasioné des accidens d’épilepsie , comme d’autres fois
elle en a suspendu le cours , lesquels sont revenus
après les couches. Il n’est pas rare non plus de voir un
paroxysme épileptique produit par les douleurs de l’en
fantement , et par des passions fortes qui peuvent avoir
lieu durant le temps des couches.
�( 2l4 )
Les cas d’épilepsie ayant leur siège manifeste dans
les parties extérieures ne sont pas rares. Hollicr et
Tissot en rapportent plusieurs où Yaura partait de
divers points , des extrémités supérieures , de l’epaule,
du b ia s, de l’avant-bras, des mains, du bout des doigts;
quant aux extrémités infér ieures , l’on trouve déjà dans
Galien {D e locis ajfeitis. JJb. 3 , cap. I I . ) l’histoire
de deux jeunes gens chez qui le mal commençait par la
jambe et montait comme un vent le long des cuisses ,
du d o s, de la nuqne , et jusqu’à la tête; et dès qu’il
y était parvenu , ils tombaient dans l’accès. La même
observation a été répétée par tous les praticiens , et il
est bien connu qu’on a arrêté des paroxysmes par des li
gatures interposées entre le point irrité et le cerveau,
et qu’on a guéri radicalement jîe ces épilepsies par le
cautère et par- le fe r, en détruisant ou en emportant
soit le corps irritant, soit le nerf irrité. Feu M. MeIissi , habile chirurgien de Marseille , m’avait rapporté
plusieurs fois avoir guéri uni: épilepsie sympathique de
ce genre , en cautérisant un point du tibia duquel partait
l’aura epileptica. Quelquefois l’accès commence par un
fourmillement des lèvres ou d’un autre point du visage,
de lu nuque , du sein , etc. Il est d’ailleurs des indi
vidus tellement irritables , que ce point de départ de
l ’accès n’est pas fixe , mais qu’il peut se faire indiffé
remment de toutes les parties du corps ; tel était le
cas de cette femme dont parle Salins Diversus, (deajfcct.
partis. , p. 43 ) qu’on ne pouvait toucher dans aucun
endroit de la peau avec une aiguille, ou un autre ins
trument piquant, sans lui occasioner un accès depilep.sie.
J’entends par épilepsie symptomatique , celle qui est
le symptôme ou l’effet manifeste d’un état morbide de
tout le corps , ou de l’un de ses organes en particu
lier. L'on en a plusieurs exemples produits par la plé-
�( 2l5 )
thore, ou par une trop grande abondance d’humeurs
blanches ; feu M. Vidal , savant médecin de M arseille,
m’avait assuré avoir guéri plusieurs épileptiques , d’a
bord par la saignée, ensuite par un purgatif spécial,
qu’on administrait tous les huit jou rs, et dont il m’a
vait donné la recette. Je guéris, étant aux M artigues,
une fille de 20 à 24 ans , par cette méthode , mais elle
échoua dans d’autres cas 5 ma malade était très-plé
thorique , et faisait continuellement de mauvaises diges
tions. Les saburres gastriques sont certainement quel
quefois la cause de l ’épilepsie , et font la fortune de*
vomitifs , remède banal des eharlatans, masqués sous
diverses formes , qui pourtant sur cent cas , réussissent
à peine trois fois.
On ne manque pas d’observations d’épilepsies arri
vées à la suite de la suppression d’hémorragies habi
tuelles , de divers excès dans les boissons, des voyages
au soleil , d’exercices violens , etc. Monro, le père , en
rapporte plusieurs , prises parmi les soldats obligés de
rester long-temps au soleil , In tête couverte de casques
métalliques, parmi ceux qui s’étaient couchés sur la
terre humide étant en transpiration , ou qui avaient
supprimé brusquement une diarrhée , la salivation mer
curielle , etc. Nous ne craindrons pas , malgré la dé
faveur dans laquelle est tombée la médecine humorale ,
de nommer la rentrée de la teigne, de la galle , le des
sèchement trop prompt de vieux ulcères , de cautères ,
etc.; c a r , puisque les accidens ont été assez souvent
une cause d’épilepsie , il est impossible , en pratique,
de nier qu’une humeur morbifique quelconque , qui
devait être évacuée, ait été retenue contre l’ordre de
la santé. Quant à la pléthore sanguine , on peut avec
fondement lui attribuer les morts subites arrivées pen
dant un accès épileptique , puisqu’elles ont été accom
pagnées de l’écchymose de la face et du tronc, de la
�( 216 )
distension des vaisseaux du cerveau , et de l’hémor
ragie cérébrale. Je conviens que dans ce cas comme
dans les précédens , il faut une disposition particulière,
puisque plusieurs sujets ont les mêmes maladies , sans
devenir jamais épileptiques, ni apoplectiques, mais si
cette disposition existe , l’on ne saurait douter qu’une
détermination du sang à la tête par une cause exci
tante quelconque , ne puisse amener un accident d’é
pilepsie ou d’aploplexie , et l’on doit toujours redouter
une fluxion de ce genre , toutes les fois que les mains
et les pieds commencent à devenir extrêmement froids,
sentiment assez commun dans les maux de nerfs, tout
comme nous avons remarqué que l’affaiblissement des
jambes chez les vieillards n’est que trop souvent un
présage d’apoplexie. Ce raptns subit peut même avoir
lieu pendant le sommeil ; TLsot rapporte le cas d’une
femme de 33 ans et d’une fille de 19, qui s’étaient tou
jours bien portées , et qui furent prises le matin , avant
de s’éveiller , d’un premier accès d’épilepsie , suivi en
suite de plusieurs autres. On peut estimer avec raison
que les premiers accès ont été occasionés par des rêves
elIYayans , dont les malades ne se sont plus souvenus
et qu’ensuile dans des sujets disposés , la maladie a
continué à se renouveler.
L ’épilepsie est le plus souvent primitive , c’est-à-dire,
n’est nullement la suite d’une autre maladie, d’autres
fois elle en est précédée, ou bien elle en remplace
diverses quand elles finissent; elle a été souvent guérie
par la naissance d’abcès en divers endroits du corps,
par des galles et autres maladies cutanées, qui sont
survenues par la fièvre et surtout par des fièvres trèsaiguës , qui avaient mis le malade en danger. Elle s’est
aussi changée en cécité et s’est souvent terminée par la
paralysie et l’apoplexie. La fréquente répétition des
paroxysmes amène la perte de la mémoire , la diminution
�( 2I7 )
des facultés intellectuelles, et fait tomber dans la fatuité'.
On voit, dans les hôpitaux des fous , qu’il en est plu
sieurs qui le sont devenus par suite de cette maladie ,
dès les premiers mois de leur vie.
L’épilepsie est endémique dans certains pays , surtout
dans les pays de montagnes : je l’ai vue telle dans les
Alpes - Maritimes , du côté du Nord-Ouest ; et ayant
visité en dernier lieu les établissemcns de bienfaisance
de Bourg-en-Bresse, j’y ai vu une quantité étonnante
d’épilcptiqucs , que l’on m’a dit provenir tous des mon
tagnes du département ( Ain ). Les vapeurs humides de
l’atmosphère de ces vallées étroites , paraissent y con
tribuer ; d’où il résulterait que cette maladie aurait
quelque analogie avec le goitre et le crétinisme. J’ai
engagé M. le Secrétaire perpétuel de la savante Société
d’agriculture du département de l’Ain de proposer cet
objet important pour sujet de prix.
Effets. — Les effets de l’épilepsie sont toujours fâ
cheux , et le plus souvent très-dangereux, excepté que
les accès ne soient très-faibles et qu’ils ne prennent que
de loin en loin. Il est constant que quand les accès sont
fréquens , ils grossissent les traits , changent la physio
nomie , et défigurent les plus jolis visages : les pau
pières inférieures surtout restent d’abord gonflées , et
ensuite pendantes ; le nez et les lèvres grossissent,
les veines frontales et temporales restent plus saillantes.
Les épileptiques sont sujets aux vertiges , et doivent
se garder du fe u , de l ’eau et des précipices. Du reste,
ces remarques sont communes à tous les maux de nerfs
qui portent à la tête.
L a suite au Numéro prochain.
T . Y . Avril 1823.
48
�( a i8 )
TROISIÈME
PARTIE.
L IT T É R A T U R E M ÉDICALE , NOUVELLES
T IF I Q U E S , M É L A N G E S , E T C .
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A
m u t s e
h' o u v r a g e
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LEÇONS
imprimés.
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faites
Fr. Emm.
F odéré , p r o je s s e u r à c e tte f a c u l t é (tom . I.er, in-8.°
de B i Z pages , Paris et Strasbourg 181a ).
su r
les
*
SCIEN
é p id é m ie s
e t l ’h y g i è n e p u b li q u e ,
à l a F a c u l t é d e m é d e c in e d e S t r a s b o u r g , p a r
Q u e l l e est pénible la position de l’analyste , alors
qu'il se voit dans l’obligation de rendre compte d’uu
ouvrage dont l’auteur est son a mi , son collaborateur,
écrivain judicieux, praticien consommé , savant profes
seur , etc. ! T elle est pourtant la position dans laquelle
nous nous trouvons aujourd’hui ; et elle est pénible, en
effet, parce que si la bonne volonté ne nous manque
point, la faiblesse de nos moyens s’oppose à ce quelle
nous ferait entreprendre , et ne nous permet guères
conséquemment de porter un bon jugement sur les
leçons dé l’illustre professeur de Strasbourg. Il ne nous
reste donc qu’à signaler le plan que l’auteur a suivi
dans son premier tome sur les épidémies et l’hygiène
publique , et qu’à jeter un coup-d’œil sur l’ensemble
de ce tome , mais un coup - d’œil très - rapide , afin
de nous dispenser de louanger l’auteur comme il le
mérite ( ce qui nous mettrait dans le cas de blesser sa
modestie ) et même de le blâmer. De le blâmer ! Que
disons-nous ! Nous serait-il permis de faire des repro-
�( 219 )
ches à M. F o d è r è ? Non sans doute. Niais , avec lui ,
ne pourrions-nous point reconnaître les torts des hom
mes les plus célèbres ! Nous le pourrions, car il con
vient lui-même que l’erreur est notre partage. E r r o r e
h u m a n u m e s t. Cet aveu seul de M. F o d i r i autorise à île
point regarder comme infaillibles toutes ses propositions.
Chercher à distinguer au milieu jde ces propositions
celles qui se ra îproehrnt et celles qui s’éloignent le
plus de la vérité , n’est pas une tâche facile à remplir,
et par cela même qu’elle exige beaucoup de discerne
ment de la part de celui qui osera l’entreprendre , elle
ne saurait être de notre compétence. Néanmoins , il
est possible que dans le cours de notre analyse , nous
nous airètions plus spécialement sur telles assertions
que sur d’autres et que nous ne les goûtions pas toutes
également. M. F o d i r è nous pardonnera les réflexions
qui seraient peu conformes à sa manière de voir, quand
il s’appercevra de la franchise avec laquelle elles au
ront été dictées. A m i e n s P l a t e s e d m a g is a r n ic a v e r ita s .
Quoique P o t a m o n , d’Alexandrie , l’un des philoso
phes les plus distingués du musée de celte ville , qui
essaya de présenter l’éclectism e, eut très-peu d’auditeurs
et encore moins de disciples , tandis que la foule se
pressait autour d'A p p o l l o n i u s de Tynne, et d’ A m m o n i u s
S a k k a s , qui enseignaient des choses surnaturelles ,
auxquelles personne ne comprenait rien ; néanmoins ,
M. F o d i r i a suivi l’esprit de P o t a m o n , et bien pénétré
de l’utilité de son entreprise , il publie aujourd’hui son
premier volume imprimé pour la plus grande partie à
ses frais. Deux autres paraîtront aussitôt que les con
frères auront attesté par leur encouragement qu’ils
sont contens de celui-ci. Hâtons-nous donc de l'examiner.
Et d’abord , i\ t pages de prolégomènes suffisent pour
en donner une haute idée , par les précieux détails
qu’ils renferment. L ’auteur commence par annoncer
�(
220
)
qu’il va s’occuper d'une science dont la fin unique doit
être , non de briller , ni de plaire , mais de rétablir et
d’entretenir l ’état sanitaire des nations comme des
particuliers, etc. De quel sujet de médecine plus beau
et plus digne de fixer l’attention générale pourrions-nous
parler à nos lecteurs, et qui mieux que M . Fodèré
était capable de s’en occuper ! Ce savant a assez fait
pour répondre à l’attente du public et il ne faut pour
s’en convaincre , que lire ce qu’il a écrit sur les pré
jugés et le merveilleux qui se sont glissés dans l’his
toire des épidémies ; il y démontre que si l’on a beau
coup écrit sur les épidémies , la plupart des auteurs
ont manqué de critique. 11 définit ensuite l’épidémie
une maladie quelconque qui se trouve très-répandue, par
suite d'une ou de plusieurs causes communes et de pré
dispositions dont un grand nombre d’individus se sont
trouvés munis pour la contracter.
Passant aux objets que l’histoire d’une épidémie doit
renferm er, pour être complette , soit qu’on veuille la
publier ou qu’on soit chargé d’en faire un rapport à
l ’autorité , l’auteur signale les suivans :
« i.° La topographie ou la description des lieux
où régne la maladie , comprenant la situatiou de la com
mune , la nature des terres et des eaux , la construction
et la position des maisons , le nombre d’hubitans , leurs
manières de vivre , leurs occupations , les maladies
endémiques et autres auxquelles ils sont sujets.
«. 2.0 La nature du climat , l’état de l’air , sa tem
pérature , la désignation de la saison et des vents dominans , et , si l’on veut , pour faire preuve de plus
de science, les variations du baromètre , de l’hygro
mètre et du thermomètre.
« 5 .° La nature de la maladie régnante , avec une
description des symptômes principaux qui sy mani
festent dans ses difiërens états d’invasion, d’uccroissc-
�( 221 )
ment, de force et de terminaison ; savoir : si elle est
continus , rémittente ou intermittente ; si elle est ou
non accompagnée d’exanthèmes critiques ou pure
ment symptomatiques ; celles des crises et des signes
heureux ou malheureux ; la désignation de sa durée
ordinaire , dans l'un comme dans l’autre cas ; scs com
plications , ses dégénérescences.
« 4 -° Les cures naturelles , le traitement mis jus
qu’alors en usage et celui qu'on juge le plus propre à
le remplacer.
« 5 .° La désignation de l’origine et dps causes de
la maladie ; si elle est purement épidémique ou en
même-temps contagieuse.
« 6 .° Les moyens hygiéniques propres à faire cesser
l’épidémie, à diminuer l'infection , à empêcher la con
tagion à la borner, si elle existe déjà , et l’indication
des secours nécessaires à fournir aux indigens , aux
malades et aux convalescens , pour abréger la maladie
et l’empêcher de s’étendre d’avantage ■ ».
Cette marche est celle que l'auteur doit suivre dans
ce cours, qu’il divise en huit sections, dont les deux
premières sont consacrées aux causes et à la formation
des maladies , et les six autres à des monographies
nombreuses de ces maladies.
La section première , destinée à l’étude des causes
générales d’épidémies , est divisée en sept chapitres ;
le premier, consacré à la connaissance des lieux , re
lativement à leur salubrité et à leur insalubrité , est l’un
des plus intéressans ; l’auteur y a ex-posé ce qu’il y a
de plus mauvais pour un pays ; ce qui indique d’abord
en y entrant qu’il est mal-sain , et qui nous donne à
l’avance une idée de la nature de l ’épidémie qui ]y
règne , etc. Il y expose ensuite les principaux moyens
qu’on doit utiliser pour assainir un pays.
Le chapitre 2.me traite des alimens et des boissons
�comme causes de maladies. Les premiers sont con
sidéras comme tels dans trois occasions ; celle où ils
ne conviennent ni au clim at, ni au naturel des habitans , celle où ils ne contiennent pas un assez grand
nombre de principes aptes à alim enter, la 3 .me est
fournie p a rles substances végétales ou animales, prises
pour nourriture et renfermant des alimens essentielle
ment malfaisans , d’une nature âcre , septicjue ou nar
cotique. Puis, il est traité des semences des graminées
et de la chair des différens animaux, qui composent
spécialement la nourriture de l’homme , et il s’agit
ensuite des boissons , etc.
Mais de tous les chapitres, le 3 .,nc est évidemment
celui où M. Fodèré a donné les détails les plus piquans,
outre qu’ils ont le mérite de la nouveauté ; il s’y oc
cupe des saisons et des variations atmosphériques, comme
causes de maladies , et il dit , avec raison , que nos
recueils de maladies épidémiques sont tous rédigés sous
la forme sacrée et imposante de constitutions morbides
de l'air , de constitutions médicales de telle ou telle année,
de constitutions saisonnières, à un point tel qu’on ne
les lit qu’avec une respectueuse confiance et qu’on y
croit sans examen. Nous aurons , ajoute l’auteur , le
courage de déchirer ce voile m ystérieux, etc. Le cha
pitre suivant se rattache à celui-ci.
Dans le 5 .me , sur l’infection et la contagion , M.
Fodèré reconnût d’abord que la distinction entre l’une et
l ’autre est vraie , et pourtant sous prétexte qu’on a été
trop lo in , etc. , il parle bientôt tout comme si cette
distinction n’existait pas. Si sa définition de l’infection ,
dégagée de ce qu’il a ajouté pour la com plcttcr, est
très-juste , on ne peut en dire autant , quand il s’agit
d’une maladie qui , née da l’infection , devient ensuite
contagieuse. Les auteurs qui sont de cet avis ont fait
valoir des raisons qu’il n’a pas été difficile de réfuter.
�( 225 )
Suivant la définition que M. Fodérè donne de la con
tagion , nous penchons à croire , comme lui , qu’H yppocrate et Galien paraissent n’avoir connu que l'infec
tion. O r , ces grands hommes y voyaient assez clair.
Mais par la suite on n’a vu partout que contagion , et
lorsque l’expérience a ramené à cette pensée de nos
bons ayeux concernant, les maladies par infection , on
s’est écrié que notre siècle fécond en mots a vu grandir
celui d’infection.
Nous étions surpris en lisant le chapitre 6 , qui
contient la classification des maladies épidémiques d’a
près leurs causes , de rencontrer la fièvre jaune et
parmi les épidémies par infection et parmi celles par
contagion. Tou t-à-cou p, M. Fodérè nous rassure en sou
tenant que cette fièvre ne nait que de l’infection dans
tel lieu , et est le fait de l’importation et de la conta
gion dans tel autre. Yoilà ce que nous ne concevons
point , et ce que beaucoup de personnes auront peine
à comprendre. Nous ne partageons donc point ici l’opi
nion de l’auteur ; nous la respectons, toutefois , et
nous la regardons même comme une bonne fortune pour
certains contagionistes qui ne manqueront point de s’en
servir dans l’occasion.
Basé sur les donuées que nous venons de faire en
trevoir , le chapitre qui suit ne présente de l’intérêt
que jusques à un certain point.
Dans la 2.me section , qui a pour litre : étude des ma
ladies dans le u r formation et moyens de guérison , et qui
est divisée en 7 chapitres où l’auteur s’occupe succes
sivement 1 ,° de la vie dans l’état de santé ; a.u de la
vie dans l’état de maladie et de la voie la plus sûre pour
reconnaître celle-ci ; 3.° du travail , de l’action vitale
dans l’état morbide; du jugement et des crises des ma
ladies ; 4.0 des rapports réciproques des solides et des
liquides, ainsi que de l’influence de l’habitude et de la
�(
22/f )
périodicité dans l’état de maladie; 5 .° de la formation
t t du siège des maladies , ainsi que du phénomène
vital appelé Ji'evre ; 6.° de la thérapeutique générale des
malad'.-s épidémiques; y .° de la prédisposition ; dans
cette section , disons-nous , comme dans la 3.me , dont
l'ordre i . er roule sur les épidémies par le fait des alimens et des boissons et qui contient, dans ce tome,
deux chapitres, l’un pour la fièvre gastrique simple,
l ’autre pour la fièvre gastrique vermineuse , l ’auteur a
brillé partout , en donnant des preuves qu’il a su re
cueillir la vérité où il l’a trouvée ( ce qu’il avait annoncé
dans son avant-propos ) et il paraît qu’ici il n’a pas
eu de peine à la répandre , tandis que dans son cha
pitre sur l’infection et la contagion , il dit en débutant:
« que l'auguste vérité est difficile à trouver! »
S’il nous était possible de pousser plus loin notre
analyse , nous témoignerions de plus en plus combien
nous sommes satisfaits du tome i . er des leçons sur les
épidém ies; etc. Ceux qui le liront attentivement, le
trouveront sans doute plein de détails de la dernière
importance, et si, comme nous le pensons , les savans
doivent s’empresser de connaître l’ouvrage en entier,
et de le placer ensuite dans leurs bibliothèques , à plus
forte raison , ceux qui ont besoin de s’instruire ne
devront point tarder à se le procurer. P.-M. Roux.
2.°
A perçu
sur
F acultés
E
x t r a it
l ’é t a t
de
a c t u e l
m é d e c in e
de
,
en
la
sc ie n c e
aux
F rance.
de notre correspondance particulière.
N ous nous étions proposés de parler dans ce N .0 de
l’enseignement à la Faculté de médecine dé Paris , mais
nous devons différer de donner cet article , vu qu’il nous
a été débité à ce sujet des nouvelles qu’il faut taire,
parce qu’elles ne concernent point les choses qu’il serait
seulement permis de censurer , si elles étaient un obsta
cle à l’instruction des élèves , ou de nature a ralentir
la marche des progrès de l’art médical.
�( 225 )
3.® Y
a h i é t é s
.
■— Des mesures de salubrité publique ont été et con
tinuent d’être prises à Marseille ; «il n’y entend plus
retentir l’air des cris de p a s s o r h ( i ) ; aussi, les rues
y sont assez propres. Mais une chose sur laquelle il
convient de fixer l’attention des médecins et des ma
gistrats , c’est que les fameux p a s s o r è s , depuis qu’il
faut se donner la peine de les descendre , sont conservés
dans les maisons pendant vingt-quatre , quarante-huit
heures et même davantage ; il en résulte , aussitôt cju’on
les expose en plein air , surtout pendant l’été , une
infection insupportable qui s’étend indéfiniment, car
elle a lieu d’ordinaire presque en même-temps (vers
le soir) sur différens points de notre cité ; il nous se
rait facile d’indiquer un grand nombre de maladies
qu’elle a fait naître, et de faire entrevoir les ravages
qu’elle peut occasioner , jointe à d’autres circonstances ,
comme l’humidité combinée avec la chaleur de l’atmos
phère. Mais nous n’avons pas besoin de donner ces
détails , pour engager l’autorité à tarir la source d’in
fection dont il s’agit. L ’autorité sait bien que l’air
pur est le pabnlum vitoe , et nous n’ignoions pas que
l’autorité ne laisse lien échapper de ce qui intéresse
la santé publique.
— S’il est encore un sujet d’hygiénè publique qui
(i) C'est-à-dire , ne p a s s e - t - i l p er so n n e ? Terme proven
çal dont on se servait autrefois pour prévenir les passans que
l’on se disposait à jeter par la fenêtre les excrémens et autres
immondices. Ce mot était aussi donné à ce* immondices.
T. V-
A v r il
i8 z 3 i
^9
�( 226 )
mérite d'ètre signalé à nos dignes magistrats , c’est
sans doute la présence de ces malheureux estropiés
qui , pour exciter la compassion dans l’âme de ceux
dont ils réclament des secours , exposent aux regards
de la multitude ou des ulcères dégoûtans, hideux, ou
des vices de conformation , etc. La présence de ces
malheureux a eu souvent et peut avoir encore une in
fluence fâcheuse sur le moral de certains individus,
notamment sur celui des femmes enceintes dont l’ima
gination est si faihie et si susceptible d’ètre frappée— On nous donne pour certain que le 5 .e N.® d’un
recueiL médical français doit s’imprimer à B e r n e !!!!!
— On pense que M . le docteur Sue sera nommé mé
decin des salles militaires de l’Holel-Dieu de Marseille ,
en remplacement de [NI. V e r ^ u in appelé à remplir les
fonctions de médecin principal a l’armée des Pyrénées.
En attendant , M. le docteur D u r r o s fait provisoire
ment le service de médecin militaire.
— Un denliste de cette ville vient d’afficher à tous
les coins îles lues un grand placard où il annonce
q u 'i l
arra che
le s
d en ts,
c a lm e
le s
d o u l e u r s , g u é r it,
en un m ot, le s m a la d ie s q u i so n t d u r e sso r t de la lo u
c h e ; e t c . , e tc . S o l lu c e t o m n ib u s , dit-il , et c’est sans
doute pour faire sentir qu’il a le droit, lui aussi, de
traiter les maladies de la bouche, etc.
— Un de nos confrères se propose de publier un
mémoire sur le charlatanisme médical. Comme les
médicastres doivent être le sujet de ce travail, l’au
teur ferait bien d’adopter pour épigraphe ces paroles
de N ic o c lc s : « la fortune est pour eux , le soleil éclaire
leurs guérisons, et la terre couvre leurs fautes. »
�( 227
)
— M. Duméril a fait à l’institut royal de France ,
un rapport sur une observation présentée par M . le
docteur Carteron. Ce médecin a trouvé dans une poche
fibreuse du foie , cinquante vers acéphalocistes. Le ma
lade avait présenté quelques symptômes d’affection bi
liaire; mais sa mort ne peut être altiibuée à la pré
sence de ces v e rs , qui , enveloppés dans un L iste,
avaient presque acquis droit de domicile , sans que leur
'grande multiplication eut déterminé des accidens ( lice.
méd. )
— Les maladies qui ont régné ce mois-ci , à Marseille,
ont eu généralement le caractère particulier que le prin
temps leur imprime ; c’est dire que des maladies érup
tives , des fièvres inflammatoires , des ophthalmies , des
pleurésies , etc. , ont été observées. Les anti-phlogistiques bien administrés , tels que les bains tiédes ,
les boissons délayantes et adoucissantes, les évacua
tions sanguines , ont été constamment salutaires.
— D ’après le relevé des registres de l’État-civil de
la mairie de Marseille , il y a eu en Mars i 8i 3
364 naissances ; 3 i 3 décès et 83 mariages.
P.-M . Roux.
4. 0
C
o n c o u r s
a c a d é m i q u e s
.
P a ix proposé par la Société des sciences médicales du
département de la Moselle.
Déterminer , d’après des observations nombreuses
ot bien faites :
j.° Si la m éthode a n tip h lo g istiq u e ( p r is e d ans toute sa
latitude ) est la se u le a p p lic a b le au tra item en t de toutes l a
�( 32$ )
g a stro-en térites , ( en considérant com m e te lle s le s fièvre;
b :lieu ses , m u qu eu ses des au teu rs , nléningo-gastriques et
adéno-tneningées d e I\l. P in e l )■
3.° S 'il n'arrive p as q u e lq u e fo is , dans ces phlegm asies ,
une ép oque à la q u e lle ( la résolution n 'a y a n t pas eu lieu
m algré l'e m p lo i des dép létions sa ngu in es gén éra les et locales
1
d u régim e et des autres m oyens d éb ilito n s ) , i l d evien t né
cessaire de recourir à un autre m ode de traitem ent pour re
le v e r les fo r c e s , et ram ener l'o rg a n ism e à l'é t a t normal.
.» D a n s le ca s de l'a ffir m a tiv e , éta b lir , d ’ après des faits
5
bien observés , q u e ls sont les sy m p tôm es q ui caractérisent
c e tte époque et an noncent i J n écessité d e su bstituer au i
a n tip h logistiq ues ,
un iqu em en t em p loy és ju s q u 'a lo r s , la
m éthode tonique et q u elq u efo is m em e le s stim u la n s.
/t.o E n fin , f u i t e connaître le régim e et les agens thérapeu
tiques q u i d oivent com poser c e tr a ite m e n t, e t l'ordre successif
dans le q u e l on doit le s em p loy er.
Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 200
francs.
Les mémoires devront parvenir, fr a n c s d e p o r t , à M.
Ghaumas , secrétaire, le i . ,r décembre 1820 : ce terme
est de rigueur.
— La Société de médecine de Lyon propose , pour
sujet d’un p r ix , consistant en une médaille d’or de
3 oo fr. à décerner dans sa séance publique de 1824,
la question suivante :
<c D e s m a la d ies q u i p eu v en t sim u le r les affection s or
g a n iq u e s du cœ ur ; en a s sig n er U d iag n ostic d'une ma
n iè r e p récise et in d iq u e r le m od e d e tra ite m e n t q u i leur
convien t » .
Les Mémoires seront adressés dans les formes et
selon l’usage ordinaire, avant le i . er avril 1824, à
M. le docteur M o n la in , Secrétaire-général de la Société,
place de Louis-le-Grand , n.° 18.
�BULLETINS
DB
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MARSEILLE
MÉDECINE
(t)
«M V M W U M M W it M t M W V V n W V lM R IV l
A vril
vv» w t m w \ w \ w » v m w \ w t w \ v v \ t M W
M «
O B SB A rA T IO N d 'u n e a f f e c t io n s c o r b u tiq u e , c a u s é e u n i
q u em en t p a r d e s a ffe c tio n s m o r a le s ; p a r M .
t ie r , D . - M • , m é d e c in d e l a m a r in e
pon dan t d e la S o c ié té
r o y a le
de
Cm r,r e n
r o y a le , co rres
m é d e c in e
de
M ar
se ille , e tc .
P r e s q u e tous les médecins qui ont écrit sur le
scorbut , tout en paraissant reconnaître l’influence
fâcheuse des passions tristes dans le développement
de cette maladie , ne les o n t, en général , considérées
que comme des causes prédisposantes ou plutôt auxi
liaires ; c’est-à-dire, comme cédant à la production du
scorbut par leur réunion à d’autres circonstances; telles
(i)
L
a
S o c i é t é r o y a le d e M é d e c i n e d e M a r s e i l le d é c la r e
qu'en i n s é r a n t d a n s s e s B u l l e t i n s
vations , N o t i c e s , e t c .
,
le s M é m o i r e s ,
O b ser
d e s e s m e m b r e s s o it t i t u l a i r e s , s o it
co rresp o n d o n s , q u i l u i p a r a i s s e n t d ig n e s d 'ê t r e p u b l i é s ,
elle n ’a é g a r d q u ’à l ’i n t é r ê t q u 'i l s p r é s e n t e n t à la s c ie n c e
m é d ic a le ; m a i s q u e l l e n ’e n te n d d o n n e r n i a p p r o b a tio n n i
im probatio n a u x o p in io n s q u e p e u v e n t é m e t tr e le s a u t e u r s ,
et
q u i n 'o n t p a s e n c o r e l a
s a n c tio n g é n é r a l e .
�( a5o )
*
que le froid humide , les mauvaises nourritures et toute
autre espèce de négligence dans le genre de vie que
ces auteurs en regardent comme les causes essen
tielles.
Ayant eu à traiter un assez grand nombre de scor
butiques dont la maladie paraissait, chez la plupart,
due à une complication de causes physiques et de
causes morales, je me suis occupé de rechercher avec
soin quelle pouvait être réellement la part des unes
et des autres. En fesant cet examen j’avais souvent
trouvé de fortes raisons de soupçonner que , dans le
plus grand nombre de cas , les affections morales
avaient , plus puissamment que toute autre cause, con
tribué à la naissance du scorbut, lorsque l’occasion
se présenta de me faire acquérir la certitude que cette
maladie peut émaner s e u le m e n t e t d ir e c t e m e n t de cer
taines passions , de ceilaine affection de l’àme et devenir extrêmement grave sans qu’on puisse en attri
buer l’origine à aucune cause physique.
M. M .... , âgé de 21 ans, d’une stature grêle , d’un
tempérament (q u ’on appellera ou phlegmatique , ou
muqueux , ou pituiteux ) mais caractérisé par la lan
gueur de toutes les actions , menait chez son père,
depuis trois ans qu’il avait quitté le collège , la vie la
plus sédentaire ; et quoiqu’il habitât la campagne , il
ne se livrait à aucun des exercices ou occupations qui
y sont ordinaires. Ce jeune homme , qui avait été des
tiné à aller à Paris pour y étudier le d ro it, paraissait
depuis quelque temps livré à l’ennui ; il avait même
fini par concevoir un grand chagrin de ce que des
circonstances contrariantes se rcnouvellaient continuel
lement pour retarder le moment où il devait appren
dre un état et avoir devant lui un but fixe d’occu
pation.
A l’âge où s a constitution physique devait s’appro-
�( 231 )
eher de l’état de perfection, elle s’affaiblissait de jour en
juur et les personnes qui l’observaient avec intérêt
voyaient, au contraire , la plupart de ses facultés s’en
gourdir de plus en plus , et l’inertie , l’indolence , la
tristesse qui constituaient auparavant son état habituel
faire des progrès alarnians.
Des douleurs vagues et profondes qu’il disait depuis
long-temps ressentir dans le thorax et dans l’épigastre
(auxquelles se joignaient souvent la toux et l’oppres
sion ) me firent d’abord soupçonner et ensuite craindre
pendant quelque temps l’approche d’une phthysie pul
monaire. Mais dans la suite le malade ayant renou
velé ses plaintes plus fréquemment et les exposant sur
tout d’une manière plus expressive , ses parens con
çurent de grandes inquiétudes et me le recommandè
rent vivement. Je l’examinai avec une plus grande at
tention; je l'interrogeai avec plus de soin , et je finis
par découvrir et voir clairement le développement d’une
affection scorbutique dont le malade m’avait caché une
partie des signes , tels que l’endure et l’état sanieux
de ses gencives , la mauvaise odeur de son haleine, et
que je ne pus , malgré mes recherches , attribuer à
d’autres causes qu’au chagrin et à l’ennui qui le dévo
raient depuis quelque temps. Mon opinion étant fixée
sur l’état de M. M ..... et sur ce qui y avait donné lieu ,
je pensai que ce qu’il y avait de plus urgent à faire
était de chercher à arrêter les progrès du mal en écar
tant les circonstances qui , après l’avoir causé , sem
blaient encore l’entretenir et même l’aggraver. Je me
flattais que cela suffirait pour que les fonctions vitales
reprenant peu-à-peu leur ordre prim itif, la maladie finît
par se dissiper entièrement, j’engageai M. M......à s’ar
racher de la vie sédentaire qui lui était si nuisible , à
seeouer et briser les chaînes de cette indolence qui le
retenaient en captivité ; à mettre toutes ses forces en
�( 232 )
action j à faire ensorte de présenter aux organes de ses
sens des objets nouveaux et capables de les émouvoir,
et cela en changeant de position, en allant, par exemple,
chez son beau-père pour y prendre les eaux
minérales , y mener un genre de vie active et y re
chercher toutes les occasions d’agitation et de distrac
tion ; le malade me promit de suivre mes avis.
Ne le revoyant plus j’étais persuadé qu’il était parti
pour P.... ; mais je fus fort étonné, un mois après,
quand , invi'é d’aller le v o ir , j ’appris de lui que la
tendance à l’inertie l’ayant emporté sur sa volonté,
le désir qu’il avait réellement de se conformer
à rues conseils , il était resté chez lui , et que, depuis
ce temps f tes symptômes du scorbut ayant subi tous
les jours une augmentation graduelle , il se trouvait
actuellement dans un état très-'fâcheux. En effet, la fai
blesse générale ou plutôt la difficulté du mouvement ré
sultant de l’engourdissement et de la pesanteur de
toutes les parties était portée à un point extrême. Il
éprouvait , principalement pendant le sommeil ou
plutôt au moment du réveil, un mal-aise dans tous les
muscles et une- lassitude profonde surtout dans les
jamb*s et dans le dos , comme s’il eut fait les exer
cices les plus violen*.. Mais ce qui inquiétait plus par
ticuliérement les parens du malade , c’était l’oppressioa
qu’il éprouvait à la poitrine , la gène et souvent même
la suspension ou l’interruption de la respiration , le trou
ble de la circulation , les anxiétés ainsi que les défail
lances et syncopes qui en résultaient.
L ’état de crainte habituelle , d’inquiétude , de tris
tesse qui se fesait remarquer sur la figure du malade
se joignait aux phénomènes physiques pour annoncer
que le pouvoir vital était atteint d’une manière fâcheuse
et que le scorbut, ayant jeté des racines de plus en
plus profondes, menaçait l’existence du malade.
à P.... ,
,
�( 255 )
D’après ce diagnostic, je pensai qu’il fallait agir
énergiquement. J ’ordonnai qu’on joignit sur-le-champ le
'quinquina à fortes doses aux anti-scorbutiques ordi
naires. Je conseillai surtout de mettre à profit le peu
de forces que le malade pouvait encore développer en
les employant à un exercice qu’on mesurerait toujours
sur la quantité de ces forces. Je cherchai , par tous
les moyens qui étaient en mon pouvoir , à le tirer de
son abattement moral , à ranimer son courage, e t , en
lui inspirant la plus entière confiance , à lui donner
l’espérance de la guérison, le plus puissant de tous les
anti-scorbutiques. J’insistai sur le changement de posi
tion , d’habitation , sur le voyage de P .... dès qu’on
pourrait l’y faire transporter.
Mes vœux et mes intentions furent cette fois par
faitement secondés. Aussi en peu de jours la situation
physique et morale du malade se trouva tellement amé
liorée , qu’on le jugea bientôt capable d’entreprendre le
voyage que j’avais conseillé. Mais ce qui , pour nous ,
fut le plus intéressant à remarquer dans ce voyage ,
c'est qu’il donna lieu à une circonstance qui nous offrit
une nouvelle preuve de l'influence que le moral avait
sur la maladie. Cette circonstance la voici : la mère du
malade , qui l’avait accompagné à P .... , voyant son état
continuer de s’améliorer revint chez elle en laissant
son fils à P .... chez ses parens. Cette séparation trop
précipitée fut suivie de l’effet le plus fâcheux, parce que ,
dans sa position , ne se reposant que sur les soins de sa
mère, il n’avait de confiance , d’espérance que quand
elle était près de lui. L ’ennui et la tristesse reparurent
presque subitement ; l’oppression et les anxiétés pré
cordiales se firent sentir de nouveau ; quelques défail
lances eurent lieu. L ’état des gencives empira ; quel
ques taches scorbutiques parurent aux jambes. MaT . V . A v r i l i 8 a3 .
3o
�( 334 )
dame M ....., avertie de ce contre-temps , retoitrila surle-champ à P.... ; mais , ses affaires ne lui permettant
pas d’y rester , elle ramena son (ils. Je le remis au
vin scorbutique pris à doses très-fréquentes ; je recom
mandai l’usage du quinquina uni à la rhubarbe ; j’in
sistai sur les moyens de distraction , sur l’exercice mo
déré , mais à condition que cet exercice aurait toujours
un but lixe comme de conclure quelques affaires , de
travailler au jardin , d’aller à la chasse , etc. , etc.
Depuis lors le malade a suivi ponctuellement mes avis;
il a toujours été de mieux en mieux ; il s’est entièrement
rétabli, et vient enfin de partir pour Paris , où il se dis
pose à se livrer avec activité à l’étude de la jurispru
dence.
Il est essentiel de noter que le jeune homme sujet
de cette observation est dans l’aisance ; qu’il habitait
un logement sain et que le scorbut s’est développé pen
dant l’été dernier par le temps le plus sec , et, par consé
quent le moins propre à favoriser la naissance de es
genre de maladie.
R é f l e x i o n s r e la tiv e s à l ’ o b s e r v a tio n p r i c è d n le . — Si
l ’on veut examiner attentivement et successivement tous
les phénomènes qui se remarquent dans l’économie
animale lors du développement du scorbut et ceux qui
sont l’effet immédiat des passions tristes , si l’on com
pare en même-temps les moyens qui réussissent le mieux
dans le traitement du scorbut avec ceux qu’on emploie
avec le plus de succès pour prévenir ou combattre les
désordres qui résultent de l’action des passions tristes ;
on trouvera la plus grande analogie dans les phénomènes
et dans les moyens de traitement de l’un et de l’autre
cas ; on jugera quelle forte influence I. s affections morales
doivent avoir , dans quelque circonstance que ce soit,
aur la production du scorbut, et surtout on ne sera
plus sujet à l’étonnement , quand l’expérience offrira
�( 235 )
des exemples d’affection scorbutique à laquelle on ne
peut attribuer d’autres causes que les passions tristes.
En effet les différens auteurs de traités sur le scorbut
mettent au rang de ses causes prédisposantes tout ce
qui tend à affaiblir l’irritabilité musculaire , comme de
longues maladies qui ont précédé , l’action prolongée du
froid et de l'humidité , des excès de travail et de fa
tigue et plus souvent encore un état habituel d’indo
lence, de langueur morale , d'oisiveté , d’ennui , de
tristesse , de crainte. Les mêmes auteurs regardent
comme causes occasionelles une négligence extraordi
naire dans le genre de vie, l’usage d’alimens indigestes
ou plutôt contenant peu de matière nutritive , des
exercices trop fatigans et surtout la complication qu’ap
portent à ces causes certaines affections vives de l’âme
comme le violent chagrin , la crainte subite , la terreur
produite à l’instant par un événement fâcheux et im
prévu.
Suivant ces auteurs, la maladie est caractérisée essen
tiellement par une torpeur générale qui s’accroit de jour
en jou r, et surtout par une dégradation progressive
de tous les organes musculaires. C’est de là que dérive
cette lassitude spontanée à laquelle le sommeil n’ap
porte aucun soulagement , parce que la cause , bien
loin de cesser ou d’ètre suspendue par le sommeil ,
va toujours en augmentant : c ’est cet affaiblissement
progressif du cœur et des gros vaisseaux, q u i, peu-à-peu,
ralentit la circulation jusqu’à un point extrême et pro
duit , par celte raison , la stase des fluides d’où dépemd
en grande partie le désordre des autres fonctions.
Tout annonce, dans cette maladie, que les forces
radicales de la vie éprouvent une atteinte profonde ,
sont menacées d’un prochain anéantissement et qu’il
est de la dernière urgence de combattre et supprimer ,
s’il est passible , les causes d’un pareil ravage.
�( 236 )
Mais si l'on soustrait le malade aux circonstances
fâcheuses qui ont favorisé la maladie et qu’à ce moment
l’art se hâte d’opposer à cette dernière des moyens
énergiques ; que tout ce qui est dans le cas de rani
mer le principe vital soit mis en œuvre ; qu’on ne
manque surtout aucune occasion d’inspirer du courage
au malade , de faire naître en lui la joie , l’espérance,
il se produit dans son individu une révolution d’autant
plus admirable qu’elle est subite. Cet cllet rapidement
avantageux a lieu presqu’en même-temps dans toutes
les fonctions. En un instant le scorbutique recouvre
ses forces , son activité , ses facultés. Ne savons-nous
pas que le meilleur moyen de guérir les scorbutiques en
mer , c'est de les changer de position aussitôt qu’on le
peut, c’est de les mettre à terre ? Ne connaissons-nous
pas beaucoup d’exemples de scorbutiques qui , en mer
même , ont été guéris presque subitement non seule
ment par la vue de leur patrie ou d’une terre amie et
l ’espérance d’y aborder , mais par l’approche de l’ennemi
qui , en les ranimant , en leur lésant naître l'espé
rance de le battre , excitait leur courage , mettait toutes
leurs facultés en é v e il, toutes leurs fonctions en activité
et changeait ainsi en un instant leur état physique et
moral ? N ’a-t-on pas eu souvent les mêmes phénomènes
à observer dans une ville assiégée où tout se réunit
ordinairement pour la production du scorbut ? On voit
au contraire reparaître le scorbut avec non moins de
violence qu’auparavant si des circonstances malheu
reuses viennent présenter de nouveau une perspective
fâcheuse et causer le chagrin et le découragement par
la perte de l’espoir qu’on avait connu ; c’est ce qui
arrive dans une ville assiégée quand à des apparences
de succès succèdent de mauvaises nouvelles qui reculent
indéfiniment l’attente de la délivrance. La même chose a
lieu en m er, quand , après avoir été vaincu dans un
i
�f
237
)
combat, on eSt obligé de fuir dépourvu de tout ; et même
encore en mer dans des circonstances bien différentes ,
comme lorsque , voyageant en paix , dans le plus beau
climat, par le meilleur temps , abondamment pourvu
d’eau et de provisions fraîches , d’autres événcmens
viennent enlever l’espoir d’aborder bientôt la terre
natale si désirée.
Si nous voulons jeter maintenant un coup-d’œil sur
les phénomènes primitifs ou immédiats que les passions
tristes produisent dans l’économie de l’homme , on ne
pourra douter des rapports qu’ils ont avec ceux produits
par le scorbut et de l’influence réciproque que les deux
genres d’affections doivent avoir l’une sur l’autre En
observant avec attention les effets de la crainte et du
chagrin dans les différons cas où elles peuvent se pré
senter , on voit que dans des circonstances clics peu
vent être causes disposantes du scorbut et dans d’au
tres causes occasionelles , et que par exemple , rien
n’est plus propre à préparer au scorbut que ce gem e de
passions , et à le déterminer que leur action vive et subite.
Le chagrin lent , et l’état de crainte habituelle ont
toujours pour dernier résultat l’appauvrissement des
forces vitales. Leur action est toujours essentiellement
débilitante ; elle affaiblit surtout le système musculaire ;
elle diminue la tonicité des vaisseaux. C’est comme dans
le scorbut, d’abord une espece de torpeur, d’engour
dissement , la langueur de toutes les fonctions. Les
solides ne se meuvent plus avec leur activité et Irur
régularité accoutumée ; les fluides s’engorgent, sîaltérent ; et la dégradation progressive, qu’éprouvent la
caloricité , l’irritabilité et la sensibilité physique et
morale , atteste , comme dans le scorbut , l’atteinte
profonde que la vie éprouve et le danger toujours
croissant dont elle est menacée.
Des effets absolument analogues ont lieu , mais avec
�( aS8 )
bien plus de promptitude et d’intensité , cîjez les individus qu’un coup malheureux frappe à l’imprévu , qui
éprouvent une impression vive et subite de chagrin ou
de terreur. Au même moment toutes les fonctions sont
bouleversées ; quelquefois à l’instant même le principe
de la vie est près de sa perte. Mais que des événemcns
d ’une autre nature se présentent, capables de faire naître
la joie , de ranimer le courage , d’inspirer l’espérance , si
la crise n’a pas été trop violente , si quelqu’organe es
sentiel n’a pas été attaqué dans sa substance, les forces
vitales reprennent leur em pire, tout revient peu-à-peu
dans l’ordre , et le corps ne ressent bientôt plus rien
de la secousse qui a précédé.
O b s u t iv a t io n sur une sueur locale permanente de la
moitié latérale droite de la tête et du cou , survenue
quatre mois après quelques accidens primitifs de la
commotion du cerveau , occasionès par une chute sur
le dos ; et de quelques réflexions sur cette observation;
par M. P . R o q u e s , docteur en médecine, chirurgienaide-major au 3.me régiment du corps royal du génie ,
correspondant de la Société royale de ipédecine de Mar
seille , etc. f etc .
M . B oyer ( Paul ) , résidant alors à Valence , dépar
tement du G e rs, âgé de 4 ° ans, d’une forte constitution
et d'un tempérament sanguin , trés-sensible et irritable,
f i t , pendant le mois de mai ou de juin i8 o a, une chute
sur le dos en tombant d’un grenier à foin , d’environ
douze pieds de hauteur, sur le pavé d’une écurie. Le
malade éprouva, au moment même de la ch u te, plu
sieurs accidens primitifs de la commotion du cerveau,
tels qu’un éblouissement , la perte des sens et de la
parole, une légère hémorragie par* le nez et par la
bouche. Une forte saignée du bras ? la diète , et ensuite
�une tisane de chiendent, stibiée , lui furent prescrites.
Ces accidens primitifs de la commotion du cerveau
eurent lieu sans fièvre. La plupart d’entr’eux disparu
rent peu de temps après l’emploi de ces moyens , et le
malade recouvra même bientôt l’usage de ses sens et
celui de la parole. Dès-lors , il se plaignit d’une dou
leur aiguë dans les muscles du dos , située à environ
six travers de doigts au-dessous de l’angle intérieur de
l’omoplate gauche , où la percussion avait sans doute
été plus forte , à raison de l’inégalité du pavé sur le
quel il était tombé , et dont la surface n’était recou
verte que par une simple couche de litière. Cependant,
nul gonflement , aucune ecchymose ni trace de contu
sion ne se manifestèrent dans la partie douloureuse,
quoique la douleur fut très-aiguë pendant une quin
zaine de jours. Elle diminua ensuite , peu-à-peu , sans
disparaître néanmoins entièrement ; car le malade a
continué à la ressentir pendant plus d’un a n , à des
intervalles irréguliers , malgré les divers topiques qui
ont été mis en usage pour la combattre.
On a déjà vu que les elFets de la chute ne s’étaient point
bornés au lieu de la percussion , puisque des symptômes
primitifs de la commotion du cerveau , par contre-coup,
se sont manifestés des l’instant de l'accident; et quinze
jours après , le malade ayant commencé à se lever,
on s’apperçut que ce même accident avait égale
ment produit une commotion de la moelle épinière.
Celle-ci ne fut reconnue que par la faiblesse extrême
que M. Boyer ressentit alors dans les extrémités infé
rieures , et par les difficultés qu’il éprouva , pendant
long-temps , pour se soutenir en station et exécuter la
progression. Des frictions sèches , des fomentations aro
matiques et stimulantes, furent employées contre cette
sorte de parésie des extrémités inférieures ; m ais, no
nobstant Ges m oyen s, le malade continua à éprouver,
�pendant fort long-temps , une certaine faiblesse dans
ees parties , de manière à rendre sa marche assez pé
nible et chancelante.
La langue et la poitrine se ressentirent aussi plus ou
moins des effets de la commotion du cerveau et de la
moelle épinière , car le malade eut pendant long-temps
de la difficulté à articuler divers sons , ainsi que des
palpitations du cœur et une gêne de la respiration ( i ) ,
en accélérant un peu sa marche et en montant un esca
lier ou un sol incliné ; accidens q u i, avec le temps,
se dissipèrent néanmoins d’eux-mèmes.
Mais le phénomène le plus remarquable auquel cette
chute a donné lieu , et qui, selon moi , rend cette ob
servation assez intéressante , consiste en une sueur par
tielle qui est survenue , quatre mois après l’accident,
sur toute la partie latérale droite de la tête et du cou,
jusqu’au moignon de l’épaule du même côte. D'ailleurs,
constamment bornée par la ligne médiane ou raphoide
qui partage ces parties et le tronc en deux moitiés laté
rales , à-peu-près symétriques , cette sueur locale trau
matique a été depuis lors permanente, mais avec des mo
difications particulières , qu’il est utile de faire connaître.
D ’abord , celte sueur a toujours été beaucoup plus
considérable au moment des repas , et pendant un cer
tain temps après ceux-ci , que dans toute autre cir
constance ; je l ’ai vue , lorsque le malade mangeait,
ruisseler des parties où elle avait son siège , au point
de l’obliger à les essuyer à tout instant. Elle était éga
lement augmentée par les affections tristes de l’àme,
par les fortes contentions d’esprit et pur l’usage du coït ;
f i )
II
ce rve au
a it
e tc
le m e n t
est
p o s s ib le
et de
,
en
la
p a rtie
q u e le s
q u ’ in d é p e n d a m m e n t
m o e lle
,
é p in iè re ,
o c c a s io n é e
p o u m o n s
c e tte
p a r
la
o n t é p ro u vé au
d e
gê ne
la
c o m m o tio n
de
la
c o m m o tio n
m o m e n t
de
du
re s p ira tio n
ou
l’ ébran
la
ch u te .
�( 241 )
tandis qu’elle diminuait, au contraire j pendant que le
malade était dans son lit , et lorsque la transpiration
ou une sueur générale avaient lieu. Le froid semblait
aussi, dans certains cas , diminuer son activité. Enfin,
dans le principe , cette sueur avait lieu d’une manière
uniforme sur toute la moitié latérale droite de la tète et
du cou ; mais , environ un an après , elle devint beau
coup moins considérable à la partie postérieure de
celui-ci et du cuir chevelu qu’à leur partie antérieure
et à tout le côté droit de la figure , où elle s’est cons
tamment maintenue.
Je crois devoir encore ajouter, aux divers détails
qui précèdent, que la sensibilité ni la contractilité des
muscles des différentes régions de la tête et du cou , dont
je viens de parler , n’ont nullement paru altérées ; tan
dis que , quatorze ou quinze mois après l'accident, quel
ques troubles de la v u e , et particulièrement de l’œil
gauche, et une augmentation de d ysécie, du côté droit (a),
que le malade a éprouvé pendant plusieurs mois , ont
annoncé une dysesthésie ou diminution de la sensibi
lité de la rétine et du nerf acoustique de ces mêmes
organes. Cet état morbide s’étant ensuite dissipé de
lui-même , le malade a recouvré l’usage de l’ouie et de
la vue dont il jouissait auparavant.
Ayant après cela perdu M. Boyer de vu e, en 1814»
au moment que je me proposais d’entreprendre sa gué
rison , je n’ai eu occasion de le revoir qu’une fois , au
commencement de 1816. Il m’a appris , à cette époque ,
qu’il était toujours sujet à la sueur locale dont il s’a g it,
(a ) J e
rons
fe ra i r e m a r q u e r
d u
m a la d e
un â g e p e u
en
p a rtie
,
a va n cé
s u je t
à
a ya n t
,
à
c e t e 'g a r d
é té
c e lu i-c i
c e tte
p lu s
o u
é ta it
q u e
p lu s ie u rs
m o in s a tte in ts
lu i-m ê m e
,
proches
de
a v a n t
in c o m m o d ité .
T. Y. Avril l 8î 3 .
01
p a
s u rd ité
à
sa c h u t e ,
�contre laquelle il avait employé, .sans succès, tons les re
mèdes qui lui avai n. été conseillés par divers médecins;
mais qu e, depuis trois ou quatre ans , elle était cepen
dant. un peu moindre qu’elle n’avait été jusqu’alors.
I»lais j’ai cru devoir attribuer celte espèce d’améliora
tion à une diminution radicale des forces , produite
par les progrès de J’à g é, et surtout par la continuité de
celle exr; otum habituelle ; ca r, de robuste et gras que
le. malade était , sa constitution s’csl tellement affaiblie
et détériorée, qu’il est devenu cri partie mét-mnaissable
par la perte de i’<mbunpoint qu’il avaiL et par une sorte
de vieillesse prématurée dans laquelle relie singulière
affection parait l’avoir réduit. D’abord , quelque temps
aptes l’invasion de la sueur locale dont il est question,
le côté droit de la figure commença par éprouver un
amaigrissement très-marqué; et cette maigreur pailidle
a été vrnisrmblab'emenl produite par un état pat ticulicr
de dysesthésie locale , de laquelle est sans doute résulté
une diminution dans l’assimilation.des principes nutritifs
qui étaient destinés à la nutrition complelte de la partie,
et l’excrétion d’une portion de ces même» principes par
l'exhalation morbide de celte partie dt: la peau. Lt une
chose qui est également digne de remarque, c’est que
les cheveux de la moitié latérale droite du cuir chevelu
ont plus promptement et plus généralement blanchi que
ceux dit côté opposé ; ce qui me paraît aussi pouvoir
être raisonnablement attribué à une déviation des prin
cipes nutritifs et colorans de ces organes , et à leur ex
halation par la surface tpidcrmrïque delà peau, fàcette
m : •tri’ habituelle s’est établie et definitivement emumée.
lu ’f'exionx. — ' :i analysant les principaux pbénoauxquels cette chute a donné lieu , on ne peut
s'empêcher de reconnaître dans ceux qui se sont mani
festés a l’instant de l'accident , la plupart des symp
tômes primitifs de la commotion du cerveau, et dans
�( 2i5 )
les autres plusieurs symptômes consécutifs de celle-ci
et de la commotion de la moelle épinière. Ces der
niers ne peuvent être, ce me semble , évidemment
rapportés qu’à une diminution de la sensibilité et de
l’irritabilité des parties ou des organes qui ont été
affectés. E t , en jugeant j a analogie et d’après la na
ture de ces symptômes , il parait que la sueur locale ,
qui s’est manifestée quatre mois après l’accident , a été
également produite par une diminution de la sensibilité
et Je la contractilité organiques des vaisseaux capillaires-exhnfans de la surface cutanée , où celte sueur
s'est établie d’une manière permanente. « C’est aux
» changemens divers de res piopriétés,a dit Birhat ..r),
« qu’il faut attribuer les sueurs plus ou moins abon» dantes , les exsudations diverses dont la peau est le
» siège 5).
D’après toutes ces considérations , j’ai toujours pensé
que la sueur locale traumatique dont il s’agit était de
nature passive , dépendante d’une diminution de la force
tonique des vaisseaux capillai rcs-exbalans dont j ’ai parlé,
et par conséquent d’une sorte de fluxion par défaut de
résistance locale de ces mêmes vaisseaux. C’est aussi,
d’après une telle étiologie de cette sueur , que j’avais
conçu et établi un plan de traitement pour la combattre;
et ce traitement était en général fondé sur l’emploi de
plusieurs révulsifs et dérivatifs, de-légers toniques, ap
pliqués localement , d’un régime analeptique , et sur
les ( i'.’ts de quelques préceptes de l’hygiène et de la
gymnastique.
Mon opinion , concernant la nature passive de cette
sueur locale , me paraît d’ailleurs assez bien confirn ée
par l’observation siiva rte de Bichat , analogue sous
quelques rapports avec le cas précéda n t.
« J’ai traité, il y a deux m ois, à l’IIôtel-Dicu , «lit
0 ) Aoalo m ,
géne’ral, , tom 4 , pag; 7 1 2 ; Paris , 1812.
�(
244
)
» ce médecin-physiologiste ( i ) , un homme q u i, à la
» suite d’une apoplexie , eut une hémiplégie où toute
» la moitié gauche du corps était extrêmement immo» bile , et qui cependant ne suait que de ce côté, au
y> point qu'on voyait une trace de démarcation sensible
» tout le long de la ligne médiane. D ’un côté la peau
» était sèche, de l ’autre elle était très-humide ».
Quoiqu’il en soit, en attendant que de nouveaux faits,
plus ou moins analogues à ceux que je viens d’exposer,
nous soient fournis par l’observation et l’expérience de
praticiens éclairés, je me contente de déduire de eeuxci le petit nombre de considérations qui précèdent,
dans la crainte que j’ai de m’engager dans des hypo
thèses purement oiseuses . ou trop hasardées. D’ailleurs,
je préfère laisser à d’autres médecins , plus profonds
physiologistes que moi , le soin de tirer des deux ob
servations précédentes toutes les conséquences théori
ques et pratiques qu’elles pourront leur fournir , sans
qu’ils aient peut-être à craindre , comme moi , de tom
ber dans des écueils que je redoute autant que j’éprouve
de plaisir en cherchant à les éviter. Cependant , je ne
doute pas qu’en rapprochant ces deux faits intéressans,
les divers exemples de sueurs contre-nature , plus ou
moins partielles et d’une moitié latérale du corps , que
l ’on trouve consignés dans les ouvrages de plusieurs
auteurs , on ne puisse déduire d’un tel rapprochement
un plus grand nombre de données propres à éclaircir
l’étiologie et la thérapeutique de ces diverses sueurs
morbides. Ceux qui désireraient s’occuper de ce tra
v a il, pourraient principalement consulter Pechlin (2),
( 0 Loco citato , png. - o 3 .
Obscrv. physico - mcdicarum ,
p a g . 3/[- ; J la m b . 1G91.
(2 )
p n g ,
335 et scrj, ilid.
�Hartmann (3) , Du Pin (4 ) » Courmelte ( 5) , etc. , etc.,
lesquels ont recueilli plusieurs exemples , à la vérité
peu détaillés , de sueurs dont il s’agit.
SÉANCES
pen d an t
DE
le
m o is
LA
de
m ars
SOCIÉTÉ
i8 a 3 .
i . ,r Mars. — On fait lecture d'une lettre de M. Pointe,
médecin de l’Hôtel-Dieu et professeur suppléant de
l ccole secondaire de médecine de Lyon , qui adresse à
la Société un fascicule d’observations et manifeste le
désir de lui appartenir comme membre correspondant.
La demande de ce médecin est prise en considération
et le rapport à'faire sur son travail est confié à M.
Houx.
La Société prend aussi en considération la demande
du titre de membre correspondant , par M. Pierquin ,
médecin de Montpellier , qui lui fait hommage de
plusieurs observations pour servir à l'histoire de ta glossopathologie, travail dont M. Heymonet est chargé de
rendre compte à la Compagnie,
M. Forcade lit ensuite son rapport sur la brochure
de M. Lajont-Gouzi , correspondant à Toulouse , ayant
(3) D issert, d e su dorc u nius la le r is , in -4.0 , pag.
38
, not:
267 edit. H a lœ ad sa la nt , 1761.
(4 ) V o y e z dans la collection de thèses de Schlegcl : T h ésa u ru s
palhologico-therap. , v o l. I , purs 1 • lip siœ , 1789 : Uisse’ t.
medica de hoinine d extro et sinistro , p ug. 11 et set]. , ildtf,
pag. 12] et seq. ; L u g d . B a ta v .
1780 , où l’ auteDr a colligé
plusieurs exemples de sueurs morbides partielles.
(5) Journal de médcc. de Vundermonde , toar.
«t
43 .
85 ,
pag.
zjt
�( 246 )
p»ur titre : Caractères propres , préservatifs et remèdes
des contagions pestilentielles.
i 5 Mars. — M. le Secrétaire-général donne lecture
x.° d’une lettre de M. le comte de Villeneuve, préfet ,
qui exprime la satisfaction de S. E . le Ministre de
l ’Intérieur pour le zèle et l’exactitude que met la So
ciété à publier le résultat annuel de ses travaux ; i . 9
d’une lettre de la Société de Bienfaisance qui invite la
Compagnie à Ja séance publique qu’elle doit tenir le ib
mars. La députation d’usage est nommée pour représenter
la Société dans celte circonstance.
M. Péclet fait hommage de la i . re livraison d’un ou
vrage qu’il publie sous le titre de Cours de physique
et de chimie. MM. Poutet et Sigaud sont nommés rap
porteurs de cet écrit.
19 Mars. — Cette séance a été entièrement consacrée
à la discussion d’objets d’administration intérieure.
28 Mars.— On donne lecture d’une lettre de M. le Maire
relative à un objet de police médicale. Les instructions
que ce magistrat désire lui ont été fournies par M . le
Président, vu l-’ urgence du cas.
On communique encore une lettre de M. Monfalcon,
médecin à L y o n , servant d’envoi à un mémoire inti
tulé : Essai pour servir à l'histoire des fièvres adynamiques et ataxiques. MM. T h . Beullac et Heymonet
sont chargés de faire un rapport sur l’ouvrage de , M.
Monfalcon , dont la demande du titre de membre cor
respondant est prise en considération.
M . Roux fait lecture d’un rapport sur la brochure du
docteur L. Valentin , intitulée : Voyage médical en
Italie , etc.
Le reste de la séance est consacré aux conférences
cliniques.
S E G A U D , Président.
S
ue,
Secrétaire-général,
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N. 0. fort.
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E.
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91
N. O gr. frais.
77
S6 S.E. bon. brise
76 E.
Calme.
8e
7° Idem.
N. 0. faible.
86
83,9
Moyennes.
É T A T
D U
C IE T j.
Quelques légers nuages.
Serein.
Serein.
Quelques nuages.
Gouv. ; pluie par in terv.
Couvert.
Couvert , pluie.
Idem.
Idc tu.
T rè s- n uage ux.
Nuageux.
Couvert.
Quelques légers nuages.
Idem .
N u ageux.
Serein.
Nuageux.
Serein,
Quelq, éclaircies, q. gPresq, tout couvert, q g.
Très-n uageux.
Nu ag eux, quelq. gouttes.
Quelques éclaircies , pl.
Quelques éclaircies.
Couv. unegr part du j.
Quelques légers nuages.
Nuageux.
Cou vert .
Idem.
T o u t nuageux.
Couvert.
ijERrATlQNS météorologiques faites à l'Observatoire Royal de Marseille
en Avril i 8 a3 , par M. GAMRART.
-r
ter.
-f-12,5
-|‘ I2,5'
+ * ‘ ,4
4-12,5
-6*3,9
-+ 1 2 , 5
-+ ■
-+' 8 , 9
-6*1,7
—t-* *,7
-+ *0 , 6
-G 9,2
-+**,4
Ex
I
du Baro. |
�s
Plus grande élévation du B a r o m è t r e ....................... 766mm, 52., le 16 , à 9 heures du soir.
Moindre élévation............................................................... 74^ , 11 , le 5 à 5 h .
RÉCAPITULATION.
Hauteur moyenne du Baromètre , pour tout le mois 7^4 , 6 5 .
Plus grand degré de chaleur............................................ + 2 2
°, o , le 29, à 2 heuies.
Moindre
idem................................................ + 5
, 7 , le 2 1 , au lever du soleil.
Température moyenne du mois....................................... "H 5
Maximum de l’H y g r o m è t r e ........................................ 100
, 37.
les 6 et 8 au lev. du sol. et à midi.
M i n i m u m ...........................................................................
64
Degré m o y e n ...................................................................
r le jour . . 29mm,37 \
Quantité d’eau tombée pendant J
t
( la nuit. , . 5 ,1 2 j
82
de pluie .
le 21 a midi.
,
8
34rnm> 4 9 *
.
.
.
.
.
.
de brume ou de brouillard,
Nombre de jours.....................\ entièrement couverts . . .
de gros vent............................1.
sans nuages............................. 4-
7.
o.
8.
V
�( 249 )
=====
SECONDE
M ÉM O IRES,
PARTIE.
D ISSE R T A T IO N S,
N O TICES
NÉCRO
LO GIQU ES.
sur l'épilepsie ; par M . F od ér é , professeur
à la Faculté de médecine de Strasbourg , l’un des ré
dacteurs de /'Observateur des sciences médicales ,
membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes ,
nationales et étrangères , etc. , etc.
M ÉM O IR E
( Deuxième el dernier article ).
Pronostics. — L ’épilepsie héréditaire ne guérit jamais
ou du moins que très-rarement; il en est de même lors
que les enfans en sont attaqués peu après leur naissance ,
non-seulement alors les révolutions d’âge ne les guéris
sent pas , mais elle est ordinairement mortelle quand
on arrive à l’époque de la puberté, après avoir plongé
le malade dans le marasme et l’imbécilité. L ’épilepsie
qui arrive depuis l ’âge de 4 ou 5 ans jusqu’à celui de
10 à 12. , est celle qui guérit le plus facilement, si ott
l’attaque à propos, et qui même guérit spontanément, at'
développement de la puberté. Cette époque , cependant-,
u’est pas toujours aussi favorable qu’on l’espère , et
quant à ce que l’on dit trop souvent que le mariage
guérit cette maladie chez les filles, ce bon effet n’ a lieu
que quand l’accès dépend d’ une suppression ou d’une dif
ficulté de menstruation ; et il est au contraire nombre
d’observations qui prouvent que le mariage augmente
plutôt dans les deux sexes la disposition épileptique
*t qu’il la développe.
3a
T . V . M ai i 8i 3.
�f a5o )
Celle qui se manifeste après l’âge de puberté, est
certainement plus difficile à guérir, mais n’est pourtant
pas absolument incurable , surtout si elle n’est que
sympathique , et si l ’on peut en enlever la cause avant
que le sensorium ait acquis une habitude épileptique.
Celle dont les accès sont très-violens fait craindre que
le malade ne succombe quelque jour dans l’accès même.
Ceux qui sont accompagnés de perte de semence sont
les pires de tous , parce qu’ils affaiblissent beaucoup ,
et il en est de même de ceux qui viennent à la suite
de l'onanisme , lesquels en outre sont très-difficiles à
guérir Pins les paroxysmes sont éloignés , et plus la
maladie est rebelle , toutefois ils font courir moins de
danger, car on voit des épileptiques qui le sont depuis
plus de vingt arts', et qui se portent bien d’ailleurs ; au
conlrairp , plus ils sont rapprochés, plus ils sont dan
gereux , parce, que , quoique légers , ils affaiblissent
davantage q,ue: des paroxysmes forts qui arrivent à de
longs intervalles.
L ’épilepsie qui est le symptôme d’une fièvre d’accès,
se, guérit avec la fièvre ; c’est sans doute de cellf'ci
qu’Hyppocrate a entendu parler lorsqu’il a dit ( aphor. X,
se/i. y . )• que la fièvre quarte lu guérit. Lorsqu’au
contraiie céüe fièvre succède à l’épilepsie, elle peut en
suspendre les attaqués , mais la maladie revient après
la g.ucrison de la fièvre. Celle qui est produite par
une cause accidentelle violente, est d’un plus heureux
augure que celte qui se reproduit par des causes si
légères qu’elles échappent à notre investigation : cette
dernière , en effet, annonce une grande convulsibilité ;
.l’épilepsie qui est l’effet de la peur donne peu d’espoir
.et il en est de niême de celle qui est causée par un
lp n g i,chagnn , car elle n’arrive dans ce dernier cas
qu’à la suite d’un dépérissement général. Celle qui
tient à un vice organique du cerveau est incurable , et
�( a5i )
l'on peut presque toujours présumer cette cause inac
cessible à tous nos moyens , lorsqu’un premier pa
roxysme se manifeste tout-à-coup et sans prodromes ;
enfin, pour terminer le pronostic de l’épilepsie, plus lé
mal est ancien , invétéré , plus on lui a déjà opposé de
remèdes , moins il laisse d’espoir de guérison.
Traitement. — Le traitement de l’épilepsie se dis
tingue en celui qu’on doit faire durant le paroxysme
et en celui qu'il faut tenter dans l’intervalle pour pré
venir le retour du paroxysme.
Durant l’attaque , il faut relâcher tous les vêtemens
du malade, toutes les ligatures; empêcher qu’il ne se
fasse mal à la tète ou aux m em bres, sans cependant
le contraindre de manière qu’il souffre davantage de
cette gêne que du paroxysme même. Pour l’empêcher
de se mordre la langue, on place avec avantage entre
ses dents un bouchon de liège enveloppé d’un linge.
Quant aux médicamens , ils sont pour lors inuliles ,
d’autant plus qu’ils n’ont pas le temps d’agir ; l’am
moniaque liquide qu’on fait sentir au malade ne fut
qu’irriter sans soulager. Si l’on était prévenu à temps,
lors de l’arrivée de l'aura jepileptica, on pour rait faire
avorter l’accès en plaçant une ligatuie comme nous l’a
vons d it, mais on ne doit pas même la pratiquer chez
ceux qui se trouvent plus mal de la suppression du
paroxysme par ce m oyen, que du paroxysme même.
Il est des sujets qui éprouvent avant le paroxysme des
renvois acides qui le leur' annoncent , et qui peuvent
être soulagés par une potion absorbante, ainsi que J.-P.
Franck en rapporte un exemple
Le traitement curatif doit nécessairement varier sui
vant les causes , et lors ipème qu’on serait parvenu à
les assigner, ce qui est déjà tres-diffirile ; l’ on sait
qu’il en est de telles, comme par exemple un vice or
ganique dans la tête , qu’il est impossible de surmonter.
�( 2Ô2 )
De là le néant de tant de remèdes empiriques qui n“ont
jamais pu soulager que par hasard , et qui ont dû être
très-souvent dangereux.
Il est incontestable que le point le plus essentiel du
traitement de l’épilepsie , comme celui de toutes les
maladies nerveuses , après la connaissance des causes,
est de lâcher de détruire la disposition soit la facilité à
entrer en convulsion; ce qu'on obtient tant par une édu
cation et un régime convenable que par le soin d’éloi
gner aussi long temps que possible les accès par l'ad
ministration des substances auxquelles nous reconnais
sons la puissance (pour nous servir du langage vulgaire )
de calmer ou de fortifier les nerfs. Van-Swirten a dit
avec beaucoup de justesse , que de même que les traces
des idées qui ne sont pas rappelées de temps en temps
s’effacent entièrement , de même aussi les mouvemens
épileptiques n’étant point renouvelés , l’aptitude à ce*
mouvemens se détruit entièrement ; mais encore une
fois , nous ne connaissons jusqu'ici aucun moyen contre
les vires organiques intérieurs de la nature de ceux dont
nous avons parlé , et ce serait en vain qu’on cherchelait ici à détruire la disposition.
Régime. — Nous allons d’abord parler du régime
des epileptiques, partie que nous regardons comme la
pl n essentielle dans le traitement de toutes les maladies.
1! ne faut pas croire que la sobriété et une abstinence
t o t a l e d’alimens Irès-nourrissans et de vin , soit un
régime indiqué dans tous ies cas. Je conviens qu’on
doit s’abstenir le soir , par crainte de la pléthore à la
tète durant le sommeil ; mais si ce régime est utile
dans plusieurs cas , il pourrait dans d’autres aggraver la
d -position , en augmentant la faiblesse constitutionnelle.
Ce n’est par conséquent que dans les tempéramens fort*
ci pléthoriques qu’un régime très-sobre et peu stimulant
pourra convenir.
, ib*-
■
J
�( =53 )
Remèdes généraux — Parmi les causes générales dont
l’épilepsie est un symptôme , on distingue avec raison
la pléthore et l’état morbide du système digestif. Traies
a déjà enseigné que la saignée est éminemment utile
dans le premier cas , tant pour éloigner que pour guérir.
Les recueils des anciens observateurs sont remplis de
détails de cures heureuses de l’épilepsie, opérées par la
saignée à la jugulaire , aux temporales , aux bras , aux
pieds , par des applications de sangsues et de ventouses.
Il ne saurait y avoir de doute que beaucoup de convul
sions proviennent par plénitude des vaisseaux de l’en
céphale , ce dont pourtant l’on ne doit pas juger unique
ment par l’ouverture des cadavres , cette plénitude étant
alors plutôt un effet qu’une cause ; l’induction doit être
tirée de ce qu’on a à traiter un sujet robuste , bien
noprri, adonné aux liqueurs spiritueuses, ayant fait
un violent exercice au so leil, sujet à des évacuations
sanguines supprimées , ou auquel on a amputé un mem
bre considérable ; un sujet chez lequel le pouls est dur
et fébrile , caractère qui dans ces tempéramens précède
souvent les accès. Il est même des cas dans lesquels
je n'hésiterai pas à ouvrir la veine durant l’accès même ,
et ce sont ceux qui offrent un aspect vraiment apoplec
tique ; on doit surtout s’attacher dans ces tempéramens
sanguins à prévenir les déterminations du sang à la tête,
lesquelles sont à redouter chaque fois que le malade
éprouve des chaleurs , on prescrit alors des délayans,
surtout du petit lait à boire en abondance , des laxa
tifs salins acidulés , des lavem ens, des sangsues au
fondement, des bains de jam bes, un exercice modéré,
l’abstinence de tout ce qui pourrait accélérer la circu
lation et porter le sang à la tête , de fuir les odeurs ,
les appartemens chauds, les lieux d’assemblées , les
mouvemens en rond.
L ’estomac et les intestins sont les sièges les plus fré-
�( =5 4 )
quens des sympathies du premier ordre, c’est ee qui
fait que les vomitifs ont si souvent été utiles pour pré
venir les accès : cependant j’ai éprouvé qu’ils n'ont
pas toujours un bon effet, et souvent qu’au lieu d’ètre
empêché , le paroxysme était venu aussitôt après que
mes malades avaient vomi ; ils conviennent pourtant ,
du moins , comme auxiliaires , dans les circonstances
suivantes; quand il y a des grouillemens dans le ventre ,
des nausées , des crachats visqueux, et ensuite des
vertiges ; lorsqu’il y a tremblement de Ja lèvre infé
rieure , et que le vomissement accompagne ordinaire
ment l’accès ; lorsque le visage est pâle , qu’il y a peu
d’appétit, diarrhée, et un poids presque continuel au
creux de l’estomac. Du reste , il n’est pas toujours aisé
de découvrir si le siège de l’épilepsie est dans ce vis
cère. Ce n’est quelquefois qu’après un bien long examen
et une suite exacte d’observations sur ce qui nuit et ce
qui est utile qu’on peut y parvenir. Tissot rapporte
avoir vu plusieurs épileptiques avec un appétit presque
vorace; c’était, chez les uns, l’effet d’une humeur acide
qui irritait l’estomac ; dans ce cas les absorbans unis
au mercure doux faisaient beaucoup de bien. Ils ryodéraient l’appetit, éloignaient les accès , et les rendaient
moins violens. Chez d’autres , c’était moins une humeur
acide qu’une humeur âcre , que les absorbans ne cor
rigeaient pas et qui n’était mitigée que par les aqueux et
les huileux. On observe les mêmes qualités dans les
humeurs gastriques de quelques fous , qui sont pareil
lement insatiables. Souvent cette cause éloignée réside
dans les intestins, et les purgatifs actifs tels que la pou
dre cornachine, à laquelle on associe le semen contra ,
quand il y a des vers , sont alors ce qui convient le
p lu s; l’on a également dans ce cas éprouvé du succès
de l’usage des eaux minérales chaudes , entr’autres
de celles de Ballaruc , lesquelles ont entraîné beau-
�f
255
)
coup de glaire.». Il convient toujours d’entremêler les
anti-spasmodiques avec ces purgatifs et de finir par les
toniques fortihans , tels que les eaux minérales ferrugi
neuses, celles de Spa , de Pyerrnont , etc. , ou par la
limaille de fer donnée en petite quantité.
Les accidens épileptiques, qui ont lieu aux environs de
l’âge de puberté , ne doivent pas être traités par des
moyens trop irritans : une diminution dans le travail,
l’air de la campagne , l'exercice , les bains , quelques
amers et des ferrugineux, suffisent souvent pour les
prévenir.
Malheureusement, l’épilopsie par cause sténique est
plutôt rare , et cette maladie s’accompagne plus fré
quemment d’ une constitution débile , surtout lorsqu’elle
est une suite de l’onanisme. D ’ailleurs lorsque les
moyens débilitons n’ont pas réussi , les malades tom
bent dans la faiblesse , et prennent une constitution
directement opposée à la première. C ’est ce qui fait
que presque tous les remèdes contre l’épilepsie , c’està-dire , pour éloigner les accès , et triompher de l’ha
bitude épileptique, portent les caractères de toniques et
de stimulans ; nous allons en passer en revue les prin
cipaux , considérés dans les trois règnes.
Remèdes spèciaux — Dans le règne animal , l’huile
animale de Dippel ( hydrocyanate d’ammoniaque ) a
été considérée par XVcrlhoJf comme un puissant remède
qu’il administrait à la dose de six à douze gouttes deux
à trois fois par jour : Bang et Frank affirment aussi
avoir guéri quelques épileptiques par ce remède , l’on
sait que l’acide prussique ou hydrocyanique et les eaux
distillées qui le contiennent sont aujourd’hui en grande
faveur chez les médecins en Italie , contrée dont les
praticiens sages doivent se garder des exagérations ; je
n’ai pas employé l’huile animale contre l’épilepsie ,
mais je l’ai fait contre l’amaurose où cette huile était
�( 256 )
pareillement recommandée. Elle n’a produit d’autre effet
après en avoir consommé près de deux onces , tant
intérieurement qu’extérieurement que d’oceasioner des
vertiges qui allaient en croissant sans aucun soulage
ment. Du reste , son goût et son odeur épouvantables
font que les malades la prennent difficilement , et l’on
ne doit jamais oublier que c’est là an poison très-actif,
qu’il ne faut administrer que par gouttes très-étendues
dans un véhicule aromatique que l’on fait prendre en
plusieurs doses par jour. L ’esprit de corne de cerf entre
dans la même catégorie quoiqu’à un degré infiniment
plus faible , et il est sans efficacité contre l’épilepsie.
L e castoreum et le musc ne se sont pas montrés plus
efficaces ; mais je ne pense pas comme Tissot relati
vement au castoreum que le célèbre praticien accuse de
donner des embarras à la tête et des angoisses à l’es
tomac , et qu’il voudrait qu’on proscrivit ; il m’a paru
très-efficace dans plusieurs cas d’h ystérie, et je ne lui
ei pas reconnu les mêmes désavantages. Les cantha
rides et le ver de mai avaient aussi été vantés contre
l'épilepsie , mais je ne connais aucun cas qui ait ré
pondu aux éloges qu’on en avait fait.
Dans le règne végétal , i.° la racine de valériane
sauvage ( celle de montagne et non de plaine). La répu
tation de cette racine est très-ancienne , puisqu’elle était
déjà employée par Arethie , probablement cette réputatation n’avait pas été soutenue et ce fut Fabius colons,
naturaliste napolitain , qui était épileptique et qui se gué
rit, et guérit, dit-il, quelques-uns de ses amis par le moyen
de cette plante , qui la remit en crédit par la publi
cation de son ouvrage intitulé philobazanos, in-4.0,im
primé à Naples en i5g2. La valériane a été depuis em
ployée avec succès non seulement contre l’ épilepsie,
mais encore contre les diverses affections nerveuses
par un grand nombre de médecins , entr’autres par
�Chomrl, Tournejort, H a lle r , Serpoli , H ill, T isso t,
J.-P. Frank , etc. Ce dernier assure avoir guéri avec
cette racine en poudre , à la dose d’une demi-dragme à
une dragm e, donnée trois fois par jour , une femme
très-délicate qu’il avait traitée en vain par d’autres re
mèdes. Tissot en faisait tant de cas , qu’il affirme que
quand la valériane ne guérit pas , la maladie est in
curable', assertion que je n’ai pas trouvé fondée , puis
que cette plante ne m’a pas réussi dans des cas où j’ai
guéri par d'autres remèdes. Il faut la donner à la dose
au moins de deux dragmes par jour , et faire boire en.
même-temps une livre d’infusion de la même racine. On
donne encore l’extrait alcoholique qui est préférable à
l’extrait aqueux et on le mêle quelquefois avec du maeis ;
mais la poudre est bien préférable.
2.° La racine de pivoine , racine amère , âcre , con
tenant des principes volatils , a été louée par H atstoug, à la dose de io grains en poudre, jusqu’à une
dragme. Tissot la dédaigne entièrem ent, et je ne la
crois pas non plus efficace dans l’épilepsie. Toutefois
elle n’est pas sans action sur l’économie animale, lors
qu’elle est employée fraîche , quand ce ne serait qu’à
cause de l’arome nauséabonde et narcotique que Haller
lui reproche. L ’ayant donnée en infusion à un de mes
malades comme tonique et antispasmodique , elle pro
duisit des convulsions et la perte de connaissance. Les
plantes narcotiques et narcotico-âcres ont eu leurs
louangeurs ; à leur tête , on peut placer l’opium que
Paracelse, Sennert, Fedel et autres ont beaucoup loué,
et dont Tralès et Tissot condamnent l’usage , excepté
quand l’accès est ramené par une passion d’âm e, ou qu’il
est produit par une douleur excessive quelconque. Ce
pendant je lis dans de Haën ( ratione medendi pars V ,
cap. 4. ) le cas remarquable de la guérison par ce remède
T . V . Mai 1823.
33
�( 258 )
d’une épilepsie dont les paroxysmes n’avaient lieu qu'a
vec un sommeil stertoreux. L ’opium fit cesser le som
meil , et nous rapporterons des cas analogues dans
notre second volume des maladies épidémiques à l’oc
casion des fièvres d’accès soporeuses. La jusquiame,
la belladona , le stramoine et la noix vomique ont aussi
été recommandés par des cures qu’on leur attribue mais
qui ne se sont plus montrées quand on a répété les ex
périences. Cette dernière, qui a eu l’honneur de la
mode dans la capitale, a été employée sans succès à Stras
bourg, par moi et par mes collègues contre la paralysie,
portée même jusqu’à la dose de 64 grains par jour ,
et paraît plutôt aggraver l’épilepsie que la soulager.
3 .° Les fleurs d'arnica, du cresson, ou cardancine des
prés , qui dans leur fraîcheur ne sont pas sans âcreté , la
garigue musquée , L. . . cueillie au mois d’août ou de
septembre , le guy de chêne , le suc exprimé du gal
lium luteum , les fleurs et les feuilles d’orangers , ont
été regardés par différens auteurs , comme de bons
anti-épileptiques ; mais les expériences faite» avec ces
différons remèdes n’ayant pas répondu à ces éloges,
ils sont tombés en désuétude. Cependant quelques ob
servations me font penser avec l’illustre Tissot que les
feuilles d’orangers sont un assez bon remède contre la
mobilité nerveuse; mais il faut en donner à la dose d’une
demi-dragme en poudre , jusqu’à une dragme trois ou
quatre fois par jour , et en tisane à celle d’une demionce de feuilles bouillies pendant un quart d’heure dans
vingt onces d’eau pour la dose d’un jour.
4 .0
Le sedum âcre avait reçu de grands éloges du
docteur Laubender , donné en poudre à la dose de 10
à 20 grains dçux fois par jours , mêlé avec du suere
qu’on augmente jusqu’à 4° grains et qu’on continue
pendant cinq à six mois (Annal, de littéral, méd. étrang. ,
tom. I , pag. 146 et algemeine rnedi. annal. i 8o5 ). Je
�( 25q )
savais que depuis long-temps on emploie le suc de la
vermiculaire âcre , contre le cancer , la gangrène, l’hydropisic et môme le scorbut. ( V. l’hist. des plant, de la
Suisse , de Haller , tom. i , pag. 358 ) ; mais j’ignorais
quand on avait commencé à employer cette plante en
poudre contre l'épilepsie; j’ai profité pour en faire l’essai
de l’occasion d’un malade âgé de i/, à l 5 ans (celu i
dont j’ai parlé plus haut , qui était tombé dans le Pihin ),
chez lequel les paroxysmes avaient lieu tous les jou rs,
sans avoir clé amendés ni par la valériane , ni par le
quinquina , les (leurs de z in c , Yassa/alida , le camphre,
etc. , j’ai administré le sedum âcre en poudre d’abord à
la dose de 20 grains par jour , puis à celle de 40 , mé
langé avec 10 grains de poudre de canclle et de girofifle,
et j’ai fait appliquer en même-temps un large vésicatoire
à la nuque , dont on entretenait la suppuration ; après
que le malade eut pris deux onces de cette poudre ,
il n’y eut plus d’accès, étal qui se soutient pendant
deux mois , il urinait d’une manière étonnante , même
dans le lit et à son insçu ; il maigrit beaucoup et s’al
longeât , mais il commençait à devenir jaune quoiqu’il
se portât très-bien d’ailleurs. Au bout de ces deux mois
les paroxysmes revinrent d’une manière péiiodique,
«ans que le médicament exerçât la moindre influence,
et le malade n’a plus été soulagé que par de fuites
doses de quinquina , leq u el, lorsque les accès sont réel
lement périodiques , les rend ordinairement plus courts
et plus éloignés , s’il ne les suspend pas en totalité.
L ’on voit donc que ce n’est point par une propriété
spécifique que le sedum a agi dans ce cas , mais bien
en augmentant l’action des vaisseaux absorbans , et en
favorisant la secrétion et l’excrétion de l’urine ; pro
priété qui n’est point à dédaigner.
5 .° L ’a ssa ja tid a , les gommes fétides, le camphre et
* le vinaigre ont aussi été loués pour avoir guéri quel-
�(
2Ô 0
)
ques épileptiques , mais il faut convenir que les succès
ne se voient pas souvent, hocher a beaucoup vanté une
préparation composée de demi-dragme de camphre,
d’une dragme de sucre et de gomme arabique , com
binée avec demi-once de vinaigre chaud , six onces
d’eau de fleurs de sureau, et une once de sirop de
fleurs de pavot rouge qu’il faisait prendre chaque jour
en trois doses ; mais Tissot n’y avait pas la même con
fiance , et n’a jamais donné plus de dix grains de
camphre à la fois , et avant les quatre heures du soir.
Car il avait observé que donné plus tard , le camphre
piocure souvent des nuits inquiètes, et je partage vo
lontiers son avis. Rivière ( Observ. centur. 4. Obs. 10 )
parle d’une servante épileptique qui fut guérie par l’usage
de Yoxicra dont elle buvait un verre tous les matins
à jeun , et qui buvait du vinaigre pur avant l’accès ;
elle eut , continue l’auteur , après sa guérison , des
douleurs de rhumatisme, qui cédèrent à des bains d’eau
therm ale, mais combien de cas de manie et d’épilepsie
ont résisté à l'usage du vinaigre pur ou distillé , pour
un seul cas où il a réussi.
Dans le règne minéral. Ce règne offre un grand
nombre de remèdes qui ont eu plus ou moins de vogue
contre l’épilepsie et qu’on peut regarder comme agis
sant spécialem ent, lorsqu’ils sont utiles , comme stimulans fortement des solides mous , relâchés et peu ir
ritables, circonstances seules dans lesquelles il est
permis de tenter leur administration et d’en espérer
quelques succès ; à l’inverse de l’état opposé de rigidité
et d’irritabilité augmentés -, où il faut mettre en usage
une autre médication dont nous parlerons plus bas.
Parmi les remèdes tirés du règne minéral , tiennent
le premier rang les fleurs de zinc , les acides minéraux,
le mercure et l’antimoine , le cuivre ammoniacal , l’arsénic et le nitrate d’argent»
y
�C 2G1 )
t.° Les fleurs de zinc (oxide de zinc sublimé) ont été
beaucoup recommandées par Gobius et par plusieurs
autres auteurs et sont aujourd’hui beaucoup moins em
ployées. J’ai cependant guéri à Marseille un enfant épi
leptique âgé de sept ans, par le moyen de cet oxide ad
ministré à la dose de deux grains par jour, avec du
sucre et de la magnésie ; et J,-F. Frank dit aussi l’avoir
administré quelquefois avec succès , à la dose de t à 2
grains trois fois par jour pour des adultes. Dans bien
d’autres occasions, au contraire, ce remède ne m’a
nullement réussi. Tissot et Haller louent l’acide sulfu
rique donné à la dose de 5o gouttes par jour , et s’ex
pliquent les effets qu'ils en attendaient en supposant
que c’était en durcissant les nerfs que les arides étaient
utiles dans leur mobilité. Cependant je ne connais au
cune observation bien constatée de cette utilité.
2,
° Le mercure peut surtout être utile lorsque l’épi
lepsie a succédé à l’infection syphilitique, dans l’épi
lepsie vermineuse , et dans les embarras glaireux , on
a souvent associé le kermès minéral au mercure doux ,
dans l’intention de fondre et désobstruer , et ce re
mède de P'ummer , qui a eu tant de vogue , consistait
dans une association du mercure doux , du soufre doré
d’antimoine. Les absorbans calcaires , magnésiens, alkalins , combinés avec des anti-spasmodiques , font la
base des poudres de Guttete et du Marquis et ne sont
pas absolument sans efficacité chez les petits enfans.
3.
° Le cuivre ammoniacal , ou 1’ens veneris , a été
loué par Bnf/our et Roussel dans les actes d’ Edimbourg
(an iySq), par Cul/tn et par Frank ; ce dernier affirme
l’avoir quelquefois employé avec fruit à la dose d’un
demi-grain jusqu’à deux g ra in s, comb iné avec une
drachme d’eleo saccharum de macis dont on faisait six
doses à prendre en deux jours. V ogel, qui a pareille
ment loué ce rem ède, en a poussé la dose jusqu’à
�( 2 Û2 )
neuf grains , mais Frank le désapprouve avec raison ,
puisque la dose de deux grains a quelquefois suffi pour
produire de l’irritation et une diarrhée opiniâtre. J’a
jouterai avec l’illustre Cullen qu’on ne doit pas dépasser
avec l’ens veneris l’espace d’un mois d’usage, parce qu’é
tant un poison , il peut produire des symptômes trèsfâcheux. D ’après Ryouste (ann. de littér. roéd. étrang.
l 8 i 3 ) l’arsénic a guéri deux épilepsies qui étaient déjà
anciennes , et si nous en jugeons d’après l’analogie,
cette substance surtout l’arséniate de soude mériterait
d’étre éprouvé plus souvent dans cette maladie , avec
les règles de prudence que nous avons indiquées sur
celte matière dans d’autres ouvrages , spécialement à
cause de la puissance que l’arsénic exerce sur la pério
dicité , à l’instar du quinquina déjà lecommandé par
V erlh o f, lorsque l’épilepsie simule une fièvre intermit
tente. ( V. Verlhof , d e febr. sect- i , parag. 4
sect- 2t
parag. 4 )• Les journaux français de 1810 font l’éloge du
nitrate d’argent dans celte maladie , mais il a été sans
efficacité dans les essais que j ’en ai fait à Strasbourg,
et dans ceux de mon savant collègue M. le professeur
L au th . L'u reste, ce moyen était déjà employé du temps
de Slaahl , par un charlatan très en vogue , sous le nom
de t e i n t u r e de lune-, et ce grand médecin rapporte l’ob
servation d’ un jeune homme qui fut jeté par cette tein
ture dans la fièvre lente et la manie , dont il mourut
au bout de trois mois ( V . Staahl, théo. méd., pag. 1019).
Les bains , le la it , les voyages, etc. — Le bain froid
est encore un excellent moyen recommandé par Floyer
et par Tissot contre l’excessive mobilité nerveuse ; mais
ce moyen exige plusieurs considérations pour qu’il ne
nuise pas , tant dans l’épilepsie que dans la manie où il
est si souvent employé. Il faut i.° qu’il n’y ait pas trop
de sang dans les vaisseaux , sans quoi la première
impression du bain est de le porter à la tète et l’on n’évite
�pas cette impression en plongeant la tête la première,
2 .° Que la sensibilité ne suit point excessive , car dans
ce cas le bain froid agit comme irritant; 3 .° qu’il n’y
ait ni obstruction invétérée , ni .suppuration , ni au
cune des autres causes qui sont regardées avec raison
comme des obstacles à l’usage du bain froid.
Dans les cas d’irritabilité excessive opposés à ceux
où nous avons déjà dit que les incitans métalliques
peuvent être utiles , l’usage du lait peut convenir
comme dans les autres névroses , en prévenant toute
irritation, surtout si on associe à cet usage celui des
bains tiédes domestiques. Tissot faisait un grand cas
de ce moyen , et il s’appuyait de l'autorité de C h e y r ie ,
qui rapporte l’histoire d’un médecin de C r o y d e n , épi
leptique , qui se guérit en ne vivant absolument que
de lait dont il prenait quatre livres par jour , et qui
mourut 14 ans après d’une pleurésie. Le changement
d’air et .les voyages ont souvent été utiles dans l’épi
lepsie et doivent être conseillés ; cependant les malades
se trouvent rarement bien des eaux minérales aux
quelles on a coutume de les envoyer toutes les années,
surtout des eaux acidulés, lesquelles provoquent le plus
souvent le paroxysme au lieu de l ’empêcher Les cau
tères , les sétons et les vésicatoires ont eu plusieurs
bons effets dans des cas d’épilepsie, survenus après la
disparition de maladies cutanées ; on en a nombre
d’exemples où les accès ont cessé, tant que les exu
toires ont flué , et où ils sont revenus même au bout
de six à sept ans , quand l’exutoire a été supprimé;
ce cas appartient à l’épilepsie par causes locales à
laquelle on peut rapporter celle qui est occasionée
par la dentition ; par l’irritation causée par les vers ,
par la grossesse , par un corps étranger fixé quelque
part. Dans ce premier cas , on ne peut faire cesser les
attaques qu’en donnant une issue à la dent qui cherche
�( 20/, )
â percer la peau des gencives ; dans le second , on
doit recourir aux évacuons unis aux antheknintiques ;
dans le troisième , si l’épilepsie ne cesse pas au troi
sième mois de la grossesse , elle ne peut se dissiper
que par l’accouchement ; et si durant celui-ci les pa
roxysmes ont lieu, il faut se hâter de le term iner, crainte
qu’il ne devienne mortel. Dans le quatrième cas , dont
j ’ai déjà fait mention , en parlant de M. Melissy de Mar
seille , et dont Boerrhave. , Monro , Selle et Frank ont
rapporté plusieurs analogues , l’on a communément du
succès en enlevant le corps étranger, ou même en éta
blissant des ulcères artificiels sur les lieux par où semble
commencer le m al; mais il faut se hâter de trouver et
de détruire cette cause , autrement son effet subsisterait
encore par l’habitude que la nature aura contracté avec
la périodicité , si l’épilepsie est déjà ancienne. Le N.s
du mois de Mars 1825 du journal-général de médecine
de Paris ( tom. 82 , pag. 58£) ) en offre un exemple ré
cent , dans une observation de névralgie du nerf scia
tique poplité externe. En vain a-t-on détruit ce nerf
dans une assez grande étendue , comme la névralgie
était ancienne , les douleurs n’ont pas moins continué
à se renouveler.
L e cautère actuel, — On a tenté l'électricité, mais
infructueusement, et je pense que les secousses qui en
résultent peuvent être dangereuses. A rèthée, d’après
l ’idée que la cause de l’épilepsie était dans la tête a
conseillé ( de curât, morb diutur. lib, 1 cap. 4* ) d’appli
quer sur le crâne le cautère actuel et de brûler jusqu’à
la seconde lame , conseil qui a été répété par un grand
nombre d’auteurs. Furestus , dans son observation 6,me,
rapporte que parmi les femmes de Florence attaquées
d’épilepsie , c’était uu usage de son temps de leur ap
pliquer sur la tète un fer rouge ou un charbon allumé
et qu’il en avait vu de bons résultats ; plusieurs savans
�( 265 )
médecins et chirurgiens parmi nos contemporains ont
donné dans ces derniers temps les plus grands éloges
au cautère actuel et au moxa , appliqué sur la tête, et
ce dernier successivement le long de l’épine du dos ;
nous ignorons si réellement l’on a obtenu de bons effets
de ce moyen violent, et les objections que l’illustre de
liaën a faite contre l’application du feu sur la tête j
restent pour nous dans toute leur force. Au demeurant,
ces applications ne sauraient convenir que dans les cas
d’épanchement d’humeurs blanches , et de défaut d'ab
sorption dans la cavité du crâne et le canal rachidien ;
mais s’il nous est possible d’obtenir les mêmes effets
par le secours d’une calotte de vésicatoires et par celui
de diurétiques puissans , il me semble qu’on doit les
préférer à des moyens plus douloureux, et toujours
très-dangereux lorsqu’ils sont sans efficacité.
Que dirons-nous de certaines pratiques populaires
dont cependant les malades se sont quelquefois bien
trouvés , comme de celle si usitée autrefois en Alle
magne au rapport de J.-G. Frank , de boire du sang
chaud d’un criminel qui vient d’être décollé , ce sang
donné par l’exécuteur , puis de courir avec rapidité en
tre deux chevaux , ce qui produisait quelquefois une
agitation telle que de donner la mort ! Il est vraisem
blable que l’horreur de cette boisson et la terreur occasionée par ce spectacle ont pu agir efficacement, mais
comme l’on y courait qu’après avoir essayé envain de
toutes les autres médications , cela prouve que l’épi
lepsie n’a pas toujours une cause fixe , et qu’en cher
chant avec attention d’où elle peut provenir, c’est-àdire , en opposant à cette maladie une médecine ra
tionnelle , l’on peut encore espérer de la guérir , lors
même qu’un malade aurait été condamné par toufe la
population des ignorans et des empyriques.
T . V . Mai 182 3.
H
�(
266 )
TROISIÈME
PARTIE.
LITTÉRATURE MÉDICALE , NOUVELLES
TIFIQUES , MÉLANGES , ETC.
i.*
A
n a l y s e
d’ o t j v r a g e s
SCIEN
i m p r i m é s
.
— = ° « ® 6 5 y > }© f ; 0 » e * o = = ■ —
et d 'h y p o s p a C. P ierq u i n , D.-M. M, m e m b r e titulaire
d e la S o c ié t é d e m é d e c in e - p r a t iq u e d e Montpellier , l’un
d e s r é d a c te u r s d e /'Observateur des sciences médicales ,
e t c . ( Broch. in-8.° de 68 pages , Montpellier , i 8a3 ,
chez Sevalle ).
R É F L E X I O N S s u r u n c a s d 'h e r m a p h r o d is m e
d ia s , p a r M . C ,
Si une salutaire défiance de nos propres forces modé
rait notre enthousiasme toutes les fois que nous voulons
écrire , on verrait moins souvent éclore des produc
tions éphémères. A la vérité , la crainte d'errer arrê
terait peut être le cours de la science ( car tel est quel
quefois le sort des heureuses conceptions , comme des
observations intéressantes des hommes de génie, qu’elles
sont ensévelies dans l’oubli , alors qu’ils sont assez mo
destes pour ne pas croire à la supériorité de leurs tra
vaux et par conséquent à la nécessité de les publier).
Mais , cette crainte , s’il nous était possible d’en avoir
tous une certaine dose , nous mettrait plus ou moins à
l’abri des regrets auxquels l’auteur fécond s’expose. Eu
effet, il n’est pas rare que celui-ci devienne son propre
juge vers le terme de sa carrière, qu'il sache alors dis
tinguer a u milieu de ses nombreuses pioductions celles
�( 207 )
qui sont mauvaises , passables , médiocres , de celles
qui sont excellentes. Sans nous permettre de lire dans
l ’avenir, nous osons faire pressentir que M. Pierquin
se trouvera un jour dans ce cas , avec cette différence
pourtant, s’il continue comme par le passé, qu’il n’aura
à établir de distinction qu’entre des écrits passables et
excellens. M .-Pierquin , jeune encore, a , en effet,
livré au public nombre de mémoires , etc. , qui n’offrent
pas un égal intérêt. Dans quelques-uns , il nous per
mettra de le dire ici , le style n’est pas toujours cor
rect , et le raisonnement pas tellement solide , qu’il
soit constamment persuasif, tandis que les autres mé
ritent sous tous les rapports de captiver l’attention pu
blique. De ce nombre est celui que nous annonçons,
La rapide analyse que nous allons en faire le prouvera ,
ou du moins engagera tous nos lecteurs à connaître en
entier ce nouveau travail de M - Pierquin qui certaine
ment alors réunira tous les suffrages.
L ’auteur a divisé son mémoire en cinq sections. La
première , consacrée à des considérations historiques ,
légales , nosologiques , etc. , décèle une profonde éru
dition. On y apprend que le mot hermaphrodite que le
malheureux Ovide substitua à celui d’Androgine , mais
qui existait avant lui , dérive du grec et signifiait dans
sa primitive et vraie acception , amour salutaire ou
unique. On y apprend aussi que la religion divinisa
en quelque sortes les hermaphrodites , parce qu’ils re
présentaient toute l’étendue du pouvoir de la nature ;
que la superstition les regarda comme des présages fu
nestes ; que la politique les accabla de ses lois arbi
traires , et que l’imagination les embellit de tous les
charmes de la poésie. Dans cette section , l’auteur re
cherche si l’on doit nier l’existence des hermaphro
dites parfaits , c’est-à-dire , de ceux qui jouissent de la
faculté génératrice propre aux deux sexes, et il paraît
/
�( 2 G8 )
ne pas adopter cette opinion , quoiqu’il se borne à ap*
porter quelques pièces à l’appui de ce procès. Il sou
tient que l’hermaphrodistc peut recevoir et donner,
être fécondant et fécondé ; il ne reconnaît ensuite d’autre
hermaphrodite solitaire , dans toute l’etendue du règne
animal , qu’un insecte très-commun dans nos jardins
( le puceron ) : « il se suffit à lui-même , dit-il , pour
compléter l’acte entier de la génération et de l’enfante
ment »,
Comme c’est avec des faits et avec des bonnes rai
sons que M. Pierquin combat les auteurs qui ont nié
l'existence des hermaphrodites parfaits , il est difficile
de ne pas se rendre à sa manière de voir. Considérant
ensuite la question , comme médecin-légiste , il fait
sentir que dans l’état actuel de la législation qui ne con
naît pas d’hermaphrodisme parfait, les hommes ont
trop de prérogatives pour que l’on ne s’attache pas à
déterminer avec précision et connaissance de cause,
cette question importante , et ici , comme précédem
ment , il a parfaitement rempli sa tâch e, enfin il ter
mine par classer les hermaphrodites , d’après l’état
de perfection ou d’imperfection de leurs facultés ; il
lui semble que l’on pourrait en admettre trois espèces:
Digame , Monogame , Agame , et il y rattache les va
riétés Androgyne , Dypenide , Gynantrope , Dydelphide ,
en donnant toutes les explications nécessaires.
La seconde section , sous le titre de didactique ou
physique, comprend l’historique raisonné de l’organisa
tion de Marie-Magdelaine Lejort , depuis sa naissance
jusqu’à ce jour ; elle est âgée de 24 ans. Nous avons
lu cette section avec d’autant plus de plaisir , qu’ayant
vu Marie L e jo r t, pendant son séjour à Marseille , nous
avons pu nous convaincre que les descriptions de M.
le docteur Pierquin sont de la dernière exactitude.
Dans la troisième section , destinée à la partie phy-
�( 26g )
siologique, l’auteur se borne à examiner quelques fonc
tions purement vitales , mais il prévient qu'il se réserve
de parler amplement de ce sujet dans le paragraphe qui
suit. 11 a, eu effet, donné à la partie psychologique qui
constitue la quatrième section , toute l’extention dési
rable , et ici , comme partout ailleurs , on cherche envain quelques propositions sérieuses susceptibles de
réfutation. Enfin , neuf pages de conclusion forment la
(Jernière section. Que ne pouvons-nous les rapporter
textuellement ! Elles contiennent le tableau (idelle des
caractères physiques et moraux de Marie L rjort, la
même dont il est question dans le dictionnaire des
sciences m édicales, mais d'une manière moins inté
ressante. L ’auteur, en un mot , dit que ses caractères
sont propres à la femme , mais en bien plus petit
nombre que de l’homme ; qu’elle tient de l’homme par
son énergie vitale et la raison; de la femme, par le
système intellectuel et quelques parties du physique.
« D ’après c e , ajoute M. P i ernu in , nous pensons que
Marie est un véritable hcrmaphrodile-androgine ; mais
nous ne pouvons déterminer encore s’il est dygam e,
monogame ou agame ; nous savons seulement que jus
qu’ici il a été infécond ; mais nous ne pouvons assurer
qu’il soit impuissant ».
P.-M . Houx.
historique sur le D. Jenner, suivie de notes
relatives il la découverte de la vaccine ; par le docteur
L . V a l e n t i n , chevalier des ordres royaux de St.-Michel
et de la Légion-cT honneur , membre du conseil muni
cipal de Nancy et de plusieurs Sociétés savantes d’Europe
et d’Amérique. ( Brochure in-8.° de 47 pages, à Nancy,
1825 et chez Gabon , libraire , à Paris).
Notice
L e docteur Louis Valentin était l ’ami de l’immortel
Jenner et entretint avec lui pendant dix ans une corres-
�( 27° ^
pondance suivie. 11 lui appartenait donc de publier une
notice historique sur ce grand homme. Dire que M. Va
lentin a rempli cette notice de détails très-intéressans,qu’il
l’a enrichie de notes très-instructives , et qu’il l’a mise en
vente au profit des pauvres , c’est dire qu’il a su payer
un vrai tribut de gratitude digne à la fois de deux
véritables amis de la science et de l’humanité. Nous
ne pouvons , et ce n’est pas sans regret , que donner
un extrait de cette importante brochure. Notre bu t,
pour être conforme à celui de l’auteur , doit être seule
ment de l’annoncer , pour ne pas , en la fesant con
naître dans tous ses détails , enlever aux pauvres ce qui
leur est dévolu, et même n’en citerons-nous quelques
passages que pour en donner une idée avantageuse , et
pallier en quelque sorte ce que nous avons rapporté
dans notre N .° de janvier 1822, au sujet de la pré
tendue découverte de la vaccine par Rabaut-Pommier.
Jenner n’existe plus ; l’ Angleterre déplore sa perte;
l’humanité en gémit. Celui qui fut le plus utile aux
hommes en découvrant la vaccine, et qui leur donna
ce préservatif contre la plus hideuse maladie , est mort
à Berkeley le 26 janvier 1823 , à 7/1 ans.
Édouard Jenner, né le 17 mai 174 9 , était le plus
jeune des fils du Révér, Étienne Jenner , recteur de
Rockhampton et vicaire de Berkeley dans le Gloucestershire. Son père possédait des propriétés considé
rables dans ce comté ; il y vivait indépendant et sans
avoir besoin de solliciter aucun avancement dans l’é
tat ecclésiastique. Sa mère était fille d’un ministre de
l ’église anglicane , Henry Ile a d , prébendé de Bristol ,
vivant à Berkeley. Jenner ayant perdu son père de
bonne h eu re, fut dirigé dans ses études par son frère
aîné Etienne , qui lui prodigua ses soins et sa tendresse.
Après avoir fini ses études classiques à Cirencestcr
et avoir appris les premiers principes de la chirurgie
�( 37 1
chez Daniel Ludlow , de Sudbury , il entra à Londres ,
en 1 7 7 ° ’ chez le célèbre Jean H anter, le plus grand
anatomiste de l’A ngleterre, dont il fut pendant deux
ans l’élève particulier. Le maître s’aperçut bientôt des
heureuses dispositions de son disciple , des belles qua
lités de son âm e, et il réussit à développer en lui le
germe du vrai talent.
Jenner éclaircit un point d’ornithologie et on pu
blia son mémoire en 1788, dans les transactions phi
losophiques sous ce titre : Observations on tlie natural
history oft/ie Cuckow. Bientôt après il fut élu membre
de lu Société royale de Londres.
Parmi les découvertes de Jenner , faites dans la
première époque de son exercice en médecine , on peut
compter un procédé nouveau et plus facile pour obtenir
du tartre émétique pur ; ensuite la cause la plus ordi
naire de l'angine pectorale.
Depuis la publication de ses ouvrages sur la vaccine ,
Jenner a composé dilférens mémoires ; la plupart se
trouvent dans les journaux périodiques et dans les
transactions médico-chirurgicales de Londres.
Mais ce qui établit surtout les droits de Jenner à
l’immortalité , c’est sa précieuse découverte des pro
priétés du cow-pox dès l’année 1776. Jenner publia cette
découverte au mois de juin 1798.
«A u milieu de ses triomphes , la découverte Jenné
rienne eut , comme on devait s’y attendre , ses Zoiles
et ses détracteurs , mais nulle pjart autant que sur son
sol natal : tous leurs traits vinrent se briser contre
la force irrésistible de la vérité. Il ne fallait que des
faits, chacun put les vérifier ; on en accumula jusqu’à
satiété. Ne sait-on pas que la gloire d'un grand homme
le condamne à l ’envie ? Cependant , quoiqu’on eût
appris ultérieurement que la variole des vaches existait
en quelques lieux de flnde-Orienlale , et que môme
�( 272 )
des Brarnines l'avaient inoculée dans des cantons de
Benarès, personne n’avait contesté à Jenner le mérite
de la première idée de l’usage du préservatif, jusqu’au
mois de juin 1816. A. cette époque , un français, llabaut-Pommicr, ancien pasteur protestant à Montpel
lie r , voulut revendiquer l’idée première de la décou
verte d'après une conversation qu’il avait eue avec
deux anglais, en 1781. Sa réclamation tardive parut
dans les recueils périodiques français.
Frappé de ce que l’on confondait, dans le M idi,
sous le nom de Picotte, la petite vérole de l’homme,
le claveau des moutons et autres éruptions. Babaut en
parla en 1781 , à un agriculteur qui dit avoir observé,
mais rarement , cette Picotte sur les trayons des vaches,
( Jusqu’à présent, on n’a pas encore pu prouver en
France l’existence de la vraie vaccine sur ces animaux!.
Un jour qu’il conversait sur l’inoculation avec M. Ireland , banquier de Bristol , et le D . P eiv, il leur dit
qu’il serait probablement avantageux d'inoculer à
l'homme la Picotte des vaches ; parce quelle était sans
danger. Le médecin Pew promit qu’aussilôt qu’il se*
rail de retour en Angleterre il proposerait ce nouveau
genre d’inoculation au D . Jenner. En nommant celuici de préférence, ne savait-il pas que le médecin de
Berkeley avait déjà entrepris des investigations sur ce
sujet? Depuis la publication de la découverte, Babaut,
qui n’avait pas tenté une saule expérience, écrivit à
R1. Irland pour lui rappeler la conversation qu’ils
avaient eue en 1781. Ce banquier en convint dans
deux réponses ; mais il ne parlait pas de ee qu’avait pu
faire le D . Peu» dont le nom ne parait nulle part dans
l’histoire de la vaccine. On ignore s’il avait eu des
liaisons avec Jenner et même s’il avait fait à quelqu’un
la plus légère mention de ce qu’avait dit le ministre
protestant de Montpellier. M. Chaptal, ancien proies-
�C 273 )
seur de chimie à la Faculté de cette ville , et aujourd’hui
pair de France , présenta les détails donnés par Rabaut'
au comité central de vaccine à Paris : M. le docteur
Husson , qui en est le secrétaire , les a consignés , en
1821 , dans le dictionnaire des sciences médicales , tome
56 , article Vaccine ; quelques jeunes médecins les ont
répétés dans des journaux avec une sorte d’alTectation.
Hélas 1 que n'avaient-ils lu au moins les annales clini
ques de Montpellier pour l’année 1O00 !
Lorsque Rabaut fut exilé , il fit valoir scs préten
tions tendantes à prouver que l’idée-mère lui appartenait
et u’était point d’origine anglaise. Une connaissance
plus approfondie de tout ce qui a rapport à la décou
verte , aurait dû apprendre à Rabaut et à ses partisans
que Jenner s’en était déjà occupé vers l’année 1776
( Lettsom dit 1 7 7 5 ) , conséquemment cinq ans avant
1781 ».
P.-M. R oux.
R
e v u e
d i s
J
o u r n a u x
.
E x t r a i t du Journal de Pharmacie. Janvier i 8a3 .
Nouvelle préparation de l'acide hydro- cyunique. — 1
chimistes , tels que Lampadius et Brusnatelli,
avaient annoncé autrefois qu’on pouvait extraire l’acide
hydro-cyanique du prussiate de potasse ; mais ils n’a
vaient pas suffisamment précisé le moyen de l’obtenir
d’une force constante.
M. Gea Pessina, pharmacien à Milan , s’est occupé
de remplir cette lacune. Voici son procédé , qui doit
être économique si le résultat répond à ce qu’annonce
l’auteur.
Il introduit 18 parties de prussiate de potasse ferru
gineux en poudre très-fine dans une petite cornue de
T . V . Mai i 8 î 3 .
35
Q uelques
�\ -* / H /
verre tubulée, évitant de salir la paroi et le col de la
cornue $ il adapte à ce vaisseau un très-petit ballon
tubulé muni d’un tube conducteur qu'il fait plonger
dans un premier flacon contenant un peu d'eau dis
tillée ; le reste de l’appareil est convenablement dis
posé pour éviter l’absorption. Cela fa it, il verse dans
la cornue un mélange refroidi de neuf parties d’acide
sulfuiique concentré, et de douze parties d’eau. On ferme
hermétiquement la tubulure de la cornue ; on laisse le
fout en repos pendant 12 heures , au commencement
desquelles on entoure le ballon de glace ; le col de la
cornue doit être continuellement refroidi par des linges
mouillés j on échauffe ensuite la matière avec quelques
charbons ardens , et on l’entretient ainsi jusqu’à ce que
des striés, qu’on observe dans le col de la cornue pen
dant l’opération , deviennent plus rares , et lorsqu’on
aperçoit s’élever une matière bleue qui menace de
passer dans le récipient. A ce point on cesse immé
diatement le feu , on laisse refroidir entièrement l’ap
pareil et l’on verse le contenu du récipient dans un
vase convenable.
L ’acide hjdro-cyanique obtenu par ce procédé a une
odeur forte et pénétrante ; sa pesanteur spécifique est
de 0,898 à 0,900, à la température de i3 à 14 fl. (G ra
vité voulue par Scheele). Il possède d’ailleurs, suivant
Peisina toutes les propriétés de l’acide prussique
le plus pur.
3 .° V
as
1é t
é
s.
D atcs notre N .° d e Mars , nous avons annoncé l’épo
que future du concours pour les places de i . er et de
2.d chirurgiens chefs intei nés de l’IIôtcl-Dieu de Mar
seille. Nous allons aujourd’hui tracer aussi brièvement
�( 275 )
que possible le tableau des séances auxquelles ce con
cours a donné lieu.
i . re S é a n c e . Le 2i de ce mois-ci , des députations
des Sociétés royale et académique de médecine, plu
sieurs médecins , chirurgiens et pharmaciens delà v ille ,
et un grand nombre d’élèves occupaient les places qui
leur étaient réservées dans la grande salle de l’école se
condaire de médecine. Bientôt on voit se réunir dans
cette enceinte l’Administration des hospices et le jury
composé des professeurs de l’École , et des médecins et
chirurgiens civils et militaires des hôpitaux de Mar
seille. Immédiatement ap rès, le si digne et si esti
mable secrétaire - général de i ’Administiation , M.
Conte, lait lecture du procès - verbal de la dernière
séance et procède à l’appel des concurrens. Ce sont
R1M. Bonnard , Lautard , Chastan, Villeneuve et B a tigne que l’honorable président , M. Estieu , invite
à tirer au sort l’ordre dans lequel ils se présenteront
successivement. Ils se retirent ensuite dans un appar
tement éloigné de la salle , à l’exception de M Lautard
qui , devant répondre le premier , a demi - heure de
réflexion avant de résoudre cette question d’anatomie
et de physiologie : du diaphragme et de ses usages ,
question qu’il a tirée au sort et qui sera la même pour
tous les candidats.
M. Lautard se présente avec assurance , mais ne
tarde pas à procéder avec incertitude. Enun é or quel
ques parties du diaphragme , en omettre de très-essen
tielles , ne dire presque rien de ses usages , ne cons
tituent point une réponse satisfaisante.
M. Batigne s’est spécialement attaché à signaler les
rapports du diaphragme ; la description qu’il en a faite
a été si méthodique , qu’il ne pouvait manquer d'entrer
dans les moindres détails , et ce qu’il a dit de ses usages
a été goûté, M. Batigne a donc fort bien répondu.
�( 276 )
M . Villeneuve a prouvé qu’il était anatomiste. Mais
trop de précipitation , née sans doute de la vivacité de
son caractère, étant devenue un obstacle à l’ordre qu’il
devait suivre dans sa réponse, celle-ci n’a été que pas
sable.
M, Chastan a aussi fait preuve de connaissances ana
tomiques , et il ne doit qu’à son défaut de logique, la
médiocrité de sa réponse.
M. Bonnard a dil de bonnes choses, mais ayant pres
que tout passé sous silence, il n’a point résolu la question.
2.me SÉANCE. Elle a été tenue le jour suivant;
l ’auditoire a été non moins nombreux que le précédent,
et l’Administration a observé les mêmes formalités. Les
concurrens ont subi cet examen de pathologie chirur
gicale suivant l’otdre dans lequel nous allons dire un
mot de chacun d’eux.
M, Chastan , les autres candidats étant sortis de la
salie , tire au sort cette question qui doit être la même
pour tous : de l'inflammation traumatique, , deî accidens
qui la compliquent et des plaies d’armes-à-feu en par
ticulier. Après la demi-heure de réflexion , M. Chastan
entre en matière. Dès le début , on s’aperçoit qu’il
n’envisage pas son sujet sous ses véritables points de
vue et ce qu’il débite est un mélange confus de pro.
positions , à travers lesquelle.? on reconnaît qu’il a de
l ’instruction , mais qu’il ne sait nullement coordonner
ses idées. Sa réponse à été passable.
M. Lautard sent que la question est au-dessus de ses
forces , à en juger par les marques d’hésitation qu’il
donne dans le court espace de temps qu’il met à faire
sa réponse. Celle-ci a été médiocre.
M. Bonnard aborde la question avec cette confiance
qui naît du savoir. Toutefois , il n’expose pas même ce
qui est propre à donner à sa réponse le caractère de
la médiocrité.
�( 2 77 )
M. Batigne paraît : « la question , dit-il, est immense»
et il le prouve en consacrant plus de demi-heure à dé
velopper l’ordre qu’il se propose de suivre dans les
détails quelle comporte. Chaque concurrent ne de
vait parler que pendant une heure. Elle s’était écoulée
que M. Batigne , qui s’était livré à une Coule vie con
sidérations , se propose de traiter de nouveau son
sujet suivant un vaste plan qu’il vient de tracer de
manière à porter dans l’esprit de chacun la conviction
intime qu’il épuisera, la question. Mais le Président lui
exprime et sa satisfaction pour les talens dont il donne
des témoignages si évidens , et le regret d’avoir à lui
rappeler qu’il ne peut parler plus long temps. M. Batigne
a seul parfaitement saisi la question. En effet, lui seul
a considéré l'inflammation traumatique , suivant les tis
sus, suivant les causes, etc. , et la preuve que l’auditoire
a été charmé de l’entendre , c’est qu'il n’a cessé de lui
prêter une oreille attentive , comme il l’eut fait en as
sistant à la leçon d’un savant professeur.
Après M. Batigne, M. Villeneuve montre le plus de
connaissances chirurgicales , et si comme lui il ut bien
saisi la question , la distance entre l’un et l’autre n’au
rait pas été considérable.
5 .me SÉANCE. Elle a lieu le a3 mai et est destinée
à l’examen ( par écrit ) de médecine opératoire. La
question pour tous les concurrens , est ainsi conçue :
de /’opération delà taille. Nous nous contenterons d’ob
server que MM. Batigne et Villeneuve ont très-bien
répondu sous le rapport du style et sous relui des
connaissances médicales; que M. Cliastan a fait vive
ment regretter de n’avoir point allié une saine rédac
tion ;t une bonne description de l’opération de la taille;
que MM. Lautard et Bonnard n’ont pas assez dit pour
mériter une sérieuse critique.
4 -n‘e S é a n c e , Elle est tenue le 24
a Pour but
�(
V
8 )
manœuvre des opérations chirurgicales sur le cadavre.
Chacun des concurrens tire une question au sort. M.
Chastan ne fait point /'opération de la Jistu!e lacrymale,
suivant les règles et avec la dextérité à laquelle nous
devions nous attendre par la bonne opinion que l’on a
eu dans les examens précédons , de son savoir comme
chirurgien. M . Lautard fait assez bien l'opération de
Vanévrisme poplité. M. Batigne en pratiquant l'opération
de l'anévrisme à l'artère crurale , etc. , prouve qu’il
manie le bistouri tout aussi bien que la plume et la
parole. M. Bonnard se contente de faire une longue in
cision cruciale dans l'opération du cancer au sein, etc.
M. Villeneuve fixe particulièrement l’attention des spec
tateurs , par la manière distinguée avec laquelle il pra
tique Vamputation partielle du pied à la suite de l'af
fection scrophuleuse des os du métatarse.
5 .e S é a n c e . Le 2.5 m a i, les candidats sont exa
minés sur la théorie des accouchemens et la manoeuvre
sur le mannequin. Il s’agic d'opérer la version de l'en
fa n t dans la i . re position du vertex et d'appliquer le for
ceps dans la 2.me position. M . Batigne soutient dans cet
examen l’honneur qu’il s’est acquis dans les précédens.
MM. Lautard , Villeneuve et Chastan remplissent assez
bien leur tâche et M. Bonnard couronne l’œuvre en
évitant la prolixité comme pour mettre vite un terme à
une séance déjà assez prolongée.
Le jury ayant à proposer les quatre candidats parmi
lesquels l’administration doit choisir les deux chirur
giens chefs internes , M. le Président prie les assistans
de se retirer. En sortant, on entoure M .Batigne , on
le félicite comme le héros du concours ; M. Villeneuve
reçoit aussi la part d’éloges qu’il m érite, et c’est une
opinion unanime qu’il a remporté la place de second.
Après deux heures ou environ de délibération , tout le
monde rentre dans la salle et on apprend que le jury a
�( *7 9 )
proposé MM. Batigne, Villeneuve, Chastan et LautarJ,
les deux premiers pour être nommés , l’un chirurgien
chef interne, l’autre second chirurgien , et M. Chastan
pour remplir les fonctions de premier élève. On est
satisfait. Chacun reconnaît dans la conduite du jury la
plus grande impartialité , et MM. Eatigne et Villeneuve
témoignent par quelques larmes qu’ils sont pénétrés de
reconnaissance. Mais la consternation devient générale,
lorsque l’administration , après avoir proclamé M. Baligne , chirurgien chef interne , lui adjoint M. Chastan.
Modeste Villeneuve, consolez-vous ! Vous avez été
jugé par le jury et par le public, et l’un et l’autre
vous ont donné des témoignages non-équivoques de leur
estime. L ’administration elle-même , sans doute trèsjuste, a su apprécier votre mérite et vous le prouvera (i ).
Mais il fallait bien que M. Chastan fut récompensé des
services qu’il a dit-on rendu à l’Hôtel-Dieu , et il le fallait
s i, comme on nous l’a assuré , un professeur a déclaré
à l’administration que les concurrcns , à l’exception de
M. Batigne , étaient à-peu-près de la même force...!!!
Nous nous sommes bornés jusqu’ici à jouer le rôle de
narrateur fidelle , ou du moins telle a été notre intention.
Puissions-nous , si rien d’essentiel ne nous a échappé,
n’avoir rien dit de superflu !
On ne saurait trop redire que l'utilité des concours
est incontestable. On a pu s’en convaincre par celui-ci
où M- Batigne a si bien fait briller ses connaissances et
sans lequel elles ne nous seraient point connues. Qui
sait même si nommés sans concours , MM. Batigne et
Chastan n’auraient pas été regardés comme n’étant bien
à leur place que suivant l’ordre alphabétique ! Mais
par les efforts que les candidats ont réunis dans ce
(i) L ’administration a , en e f f e t , accordé à M. V ille n e u v e
des avantages dont aucun premier e'ièvc de l’Hô tel-Dieu n’a
joui avant lui , et l ’a , en outre , nommé premier élève de
l’hospice des ve'nériennes , etc.
�\
(
280
)
concours , on ne pouvait que bien juger de leur capacité et de leur habileté. Or , voici en peu de mots
ce que nous pensons : M. Batigrte est un sujet trèsdistingué; M. Chastun a besoin d’un travail opiniâtre
pour vaincre tous les obstacles , et M Villeneuve donne
les plus belles espérances. Quant à M. Lnutard , qui
ne compte que quelques mois d’études médicales, et
qui pourtant a osé entrer en lice , il a justifié cette
Vérité , qu’il est quelquefois glorieux d’être vaincu , et
il suffisait à M. Bonnard de voir décerner la palme
académique à son ami M. Bahgne , pour retourner
tout satisfait dans sa patrie.
— Le 19 de ce-lmois-ci, il a été tenu au palais
quinnal à Ko me , une assemblée publique pour cons
tater les progrès de la vaccination. Le cardinal Con.ialvi
et plusieurs prélats étaient présens à la séance. D’après
les rapports qui ont élé faits , 83,788 vaccinations ont
eu lieu dans les Etats de l’église pendant le second se
mestre de l’année 1822. Plusieurs médailles ont été
distribuées par la commission nommée à cet effet , aux
hommes de l’art qui ont le plus contribué à la propa
gation du précieux prophylactique.
— Ai nsi que nous l’avons annoncé dans notre der
nier N .° , M Sue , notre collaborateur , a été nommé
médecin des salles militaires de l’Hôtel-Dieu de Mar- „
seille.
— Les maladies de ce mois-ci ont été comme celles
du mois précédent , avec cette différence que les ma
ladies exanthématiques ont été beaucoup .plus fréquentes,
on a observé des varioles , des variolettes , des scarla
tines et quelques éruptions cutanées anomales. Ces af
fections se sont montrées avec un caractère de bénignité
remarquable , et le traitement anti-phlogistique assez
généralement adopté pour les combattre a été couronné
d’un entier succès.
— D ’après le relevé des registres de l’Étafc-civil de
la mairie de Marseille , il y a eu en Avril 1820
302 naissances ; 279 décès et 89 mariages.
P.-M . Roux.
�( 28l )
4 .0
C
o n c o u r s
a c a d é m i q u e s
.
L ’Athénée de médecine de Paris propose , pour sujet
du prix de 3oo francs , qui sera décerné en 1824 » la
question suivante :
Déterminer, déaprès des observations précises , les difJirens aspects que présente dans l'état sain la membrane
muqueuse gastro-intestinale ;
Indiquer les caractères anatomiques propres à l'inflam
mation de cette membrane ;
Distinguer celte inflammation des autres états sains
ou morbides , et notamment des congestions avec lesquelles
elle pourrait être confondre.
Les mémoires écrits en français ou en latin , devront
être parvenus , sous les formes académiques, avant le
l.er juillet 1824» à M. Delens , Secrétaire-général de
l’Athénée de médecine, vieille rue du Temple , n.° 5o.
— La Société de pharmacie de Paris propose , pour
sujet de deux ptix , chacun de 5oo francs , qui seront
décernés en 1824, les questions suivantes :
1.
re Q u e s t i o n . Déterminer si l'acide sulfurique peut
exister anhydre ; dans le cas de l'affirmative, établir
ses propriétés par l’expérience, et notamment son action
sur les corps combustibles ; déterminer toutes les circons
tances qui , dans la fabrication de l'acide glacial de
Nord Hausen , influent sur sa nature particulière-, donner
un procédé pour obtenir cet acide en grand.
2.
me Q u e s t i o n . Déterminer les caractères comparatifs
de la gélatine , de l'albumine et du mucilage contenus
dans les végétaux ; rechercher les réactifs propres à faire
connaître ces divers produits.
Les mémoires devront , être adressés avant le i . er
avril 1824, à M. Robiquet , Secrétaire-général, rue de
la Monnaie , n.° g, à Paris.
36
T . Y . Mai 1823.
�C 2 82 )
AVIS.
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu’en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc. , de ses membres soit titulaires, soit
torrespondans , qui lui paraissent dignes d'être publiés,
elle n a égard qu'à l’intérêt quils présentent à la science
médicale ; mais quelle n’entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
e t
qui n’ont pas encore la sanction générale.
�( a
83
)
BULLETINS
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
xvir.
%/v%
wvw»w\W*v\avv»wvw\w\w\vvv*/v%
C a u s e s de propagation de la peste dans le Levant,
observées par M . L e g r a n d , D .-M . , chirurgien entre
tenu de x.re classe de la marine , pendant ta campagne de la frégate du Hoi la Galathée dans l* Levant,
en 1816 et 1817.
D e p u i s une longue suite de siècles, la peste a exercé
ses fureurs sur une partie du Monde et notamment
dans les contrées orientales. On ne connaît ni le lieu
de sa naissance , ni la nature de son germe primordial.
ment ses ravages depuis un temps immémorial.
L ’expédition d’Égypte a fourni aux médecins de cette
armée , et surtout à M. le baron Desgenettes , les
moyens de recueillir sur celte maladie une suite d’ob
servations que l’on consultera toujours avec fruit et
intérêt.
On a de tout temps agité la question de savoir si la
peste est endémique en Egypte ou non. Quelques-uns
ont voulu qu’elle y fut apportée du dehors, mais des
observations faites en diflérens lieux , démontrent que
lorsque la communication était totalement interceptée
�(
284 )
entre cette contrée et les autres parties du L evant,
ces dernières ne ressentaient que peu ou point des
effets de la peste. Il paraît donc que le germe de ce
fléau tient plus particulièrement à l’Égypte , où il s’est
perpétué jusqu’à nos jou rs, et que c’est là que sont
nées les différentes pestes qui ont fait époque dans le
Monde. Elle y serait donc endémique. Le climat favorise
son développement. Elle s’y reproduit et s’y reproduira
tant que son germe n’aura pas été totalement anéanti.
L a peste ne règne point toute l’année , du moins
Lien sensiblement. On croit que son germe se dépose
sur les corps susceptibles de le retenir. Il peut y de
meurer inerte et amorti pendant un espace de temps
plus ou moins long , et se reproduire ensuite avec vi
gueur et soudainement. Il est cependant rare de vivre
en E g y p te , et même à Constantinople, absolument
exempt de la peste pendant plusieurs années consécu
tives. Il y a tous les ans , on pourrait même dire ,
chaque mois de l’année , quelques accidens.
Ne pourrait-on pas attribuer les causes de cette
maladie aux soudains et fréquens changemens de tem
pérature ; aux brouillards épais , à l’état de l’atmosphère
dont la chaleur et la sécheresse excessives pendant le
jour , contrastent singulièrement avec la fraîcheur ! et
l ’humidité des nuits , à la quantité innombrable d’in
sectes de toute espèce dont l’air est rempli et le sol
couvert ; à la prompte décomposition de leurs débris
dans les (fréquentes métamorphoses qu’ils éprouvent,
enfin à ce vent dangereux , nommé Kampsin par les
E gyptiens, qui tuerait infailliblement , si l’on ne se
hâtait , lorsqu’on y est exposé , d’eviter son influence
sur l’organe pulmonaire l A ces causes générales , il en
est de particulières à Damiette et à Alexandrie. La pre
mière de ces villes est située au voisinage de la m er,
d’un lac immense , de plusieurs eaux stagnantes et
�( 285 )
d’une infinité de rizières ; la seconde est entourée de
citernes , dont les eaux , à force de décroître , ne lais
sent plus qu’une boue marécageuse et fétide , d’où éma
nent des vapeurs meurtrières. D ’après cela , on ne sera
pas étonné si la peste règne plus souvent dans ces
deux villes que partout ailleurs.
Quoique cette maladie se voie moins fréquemment à
Smyrne , à Salonique , à Constantinople qu’en Egypte ,
on redoute égalem ent, dans ces villes , le vent chaud
et humide. Ce vent dispose l’individu à une absorption
plus facile, et le rend plus impressionnable à l’action
des miasmes contagieux. On le regarde à Smyrne
comme indispensable au développement de la peste.
En effet, l’hiver de 1817 y fut plus sec et moins pluvieux
que celui des années précédentes , aussi la peste fitelle peu de progrès. « La peste en Egypte est toujours
» en raison de l’atmosphère, dit Pugnet ». Ce même
auteur a observé que la peste de Damiette commen
çait toujours après les pluies d’automne.
On doit ajouter à ces causes de la peste , la mal
propreté du corps et des vêtem ens, la suppression de
la transpiration , une trop vive appréhension de la ma
ladie chez la plupart des francs , le défaut d’exercice,
des travaux excessifs, l’insuffisance et la mauvaise qua
lité des alimens , une suite de mauvaises digestions ,
un état saburral négligé , les excès en liqueurs spintueuses et en femmes , e t c ., comme autant de circons
tances qui font renaître et propager le germe toujours
existant de la peste. De sorte que s’il était possible
d’anéantir les unes et d’énerver les autres , on par
viendrait peut-être à se mettre à l’abri de la contagion,
avant même d’avoir obtenu l’extinction absolue du
germe pestilentiel.
Dans tous les temps on a considéré la peste comme
su e maladie contagieuse. Quelques personnes ont nié
�c a£6 )
eette assertion , et ont prétendu justifier leur opinion en
citant quelques exemples de communication très-directe
sans infection. Elles pourraient en dire autant de la va
riole , de la gale , de la syphilis et de toutes les ma
ladies qui , jusqu’à ce jo u r , ont été réputées conta
gieuses. Mais il suffira de répondre à cette objection
en demandant pourquoi cette maladie , si elle n’est
point contagieuse , épargne-t-elle d’ordinaire ceux qui
s’isolen t, et ne cherche-t-elle ses victimes que dans la
foule et la confusion? Ceux qui ont avancé cette opinion
n’ont pas toujours assez distingué l’état de maladie de
celui de la convalescence. Plusieurs faits portent à croire
qu’elle cesse d’être contagieuse dès que la fièvre est
éteinte. En quelque état que soient alors les bubons et
les charbons , l’introduction du pus des convalescens,
sous l’épiderme, ne peut inoculer la peste. On est
pourtant convaincu que le contact ne suffit pas tou
jours pour la contracter. L e médecin en chef Deigenettes et beaucoup d’officiers de santé de l’armée
d’Orient touchaient journellement des pestiférés , et ils
n’ont pas tous été atteints de la maladie. Outre le
co n ta ct, il faut encore supposer, dans les individus,
une disposition particulière à recevoir l'infection.
En général tout ce qui change ou modifie brusque
ment la manière d’être habituelle du corps , lui offre une
nouvelle cause de développement ; c’est ainsi qu’elle
succède todt-à-coup à un excès quelconque , à un émé
tique de précaution , à un bain de propreté , à un vio
lent accès de colère , à une marehe précipitée , à une
diarrhée supprimée , etc.
On a constamment observé que la pesté exerçait ses
ravages avec plus de force après le carême des Grecs
et le ramazan des Turcs. Les premiers observent sévè
rement , chaque année , plusieurs carêmes très-long#,
pendant lesquels ils ne se nourrissent que de légumes
�( 287 )
et de racines. L a viande et le poisson sont défendus.
Ils ne peuvent mettre aucun assaisonnement dans leurs
mets , pas même du beurre ni de l’huile. Après ces
carêmes , des fêtes multipliées se succèdent ; les Grecs
se réunissent alors en foule dans les temples. Ils n’en
sortent que pour se livrer à la débauche et à toutes
sortes d’excès.
L e musulman n’est pas moins sévère lors du ramazan.
Il ne mange et ne boit que lorsque le soleil est cou
ché. La plupart travaillent tout le jo u r , et attendent
religieusement la nuit pour réparer leurs forces et se
livrer aussi à des excès que les privations qu’ils se sont
imposées dans le jo u r, semblent autoriser. O r, il n’est
pas étonnant que le co rp s, après ces époques , se
trouve dans un état de susceptibilité bien propre à la
propagation du virus.
Une autre cause d’infection , c’est la vente des har
des et effets d’un pestiféré , souvent au moment où il
vient d’expirer. Le musulman revêt , sans aucune
crainte , de pareils vêtemens. Il est bientôt la victime
de son imprudence. Si c’est une pelisse fourrée , et
que la saison ne permette pas de s’en servir de suite ,
on la renferme et à l’arrivée de l’hiver , on la sort en
core infectée. Contenant le germe de la contagion ,
elle le répand bientôt de nouveaux , surtout lorsque
l’état de l’atmosphère e lle s causes nombreuses énoncées
viennent faciliter sa propagation.
On ne peut rien statuer sur la nature de la conta
gion. On n’est pas beaucoup plus avancé sur son mode
de transmission. Ce que l’on s a it, c’est que les causes
de la contagion se concentrent principalement autour
du malade , qu’elles en imprègnent tout ce qui l ’en
vironne , et que le contact est la voie la plus ordi
naire de communication, L ’air peut bien quelquefois
lui servir de véhicule, s’en charger et le transporter ,
�( 288 )
mais il en émousse au moins l’activité. Si au contraire
l'endroit est resserré et que l’air ne puisse y circuler
librement , les miasmes ne seront point divisés , et il
sera imprudent d’entrer dans un pareil lieu , sans , au
préalable, en avoir fait ouvrir toutes les issues pour
faciliter l’entrée et la sortie libres de l’air. Les transpi
rations pulmonaire et cutanée , les exhalaisons que
répandent les matières rejetées par le vomissement ou
qui sont le produit de différentes excrétions sont encore
autant de véhicules à l’aide desquels se propage la
contagion.
M . Textoris , médecin de la m arine, à M arseille,
considère la contagion comme « une émanation sortant
» directement des corps vivans , réunis pendant un
» certain laps de temps , dans des lieux resserrés et
» peu battus par l’a ir , émanation qui n’est autre chose
» que l’oxide gazeux d’azote détérioré qui aurait ac» quis des qualités délétères par les divers états d’ac» cumulation et de concentration auxquels il peut ar» river ».
On n’a que des notions très-incertaines sur le plus ou
moins de tendance qu’ont lés corps à s’emparer de la
contagion, à la retenir et à la communiquer. Cependant
il paraîtrait que les corps organiques ou inorganiques
sont d’autant plus aptes à retenir les miasmes conta
gieux , que leur substance est moins compacte et leur
tissu plus lâche. Quoiqu’on ait voulu établir une dis
tinction entre les corps susceptibles ou non de conta
mination , la ligne de démarcation exacte n’étant pas
fixée , on ne saurait être assez en garde contre tout ce
qui a été exposé au venin pestilentiel, sans l’avoir
auparavant soumis à lu libre action de l’air , du calo
rique ou de l’eau. Ces trois fluides paraissent être sur
tout destructifs du germe pestilentiel, et leur action sur
les objet» contaminés, n'a jamais trompé l ’attente de
�(
289 )
«eux qui s’en sont servis. On trouve ainsi dans cha
cun de ces fluides pris séparément, le plus sûr pré
servatif d’un fléau que leur combinaison développe et
propage.
Si des observations nombreuses ont prouvé que ceux
qui ont été radicalement guéris de ce tte maladie sont à
l’abri d’une nouvelle attaque , du moins pour la n.ême
année , il en est d’autres absolument contraires. On a vu
dans les mêmes épidémies , le même individu en être
atteint plusieurs fois. Ces faits , quoique peu fiéqu en s,
démontrent néanmoins qu’on peut avoir la peste deux
fois la même année.
Est-ce à l’air moins humide de l’hiver de 1817 que l’on
a dû à Smyrne très-peu d’accidens de la peste ou bien
aux épidémies de rougeole et de petite vérole qui régnè
rent l’été précédent ! Les habitans sont convaincus ,
d’après une longue expérience , que l’un et l’autre y ont
contribué.
Dans toutes les Échelles ; on craint plus la peste
d’Égypte que celle de Constantinople. Le germe de
la première serait-il plus a ctif, et celui de la seconde
s’affaiblirait-il en se transportant dans des régions
tempérées !
La plupart des médecins de ces contrées avec lesquels
j’ai été en relation , pensent qu’elle tend à prendre le
caractère des maladies régnantes, et qu’elle simule
maintes fois les fièvres catharrales , les bilieuses , les
ataxiques , l’apoplexie , etc. Ce n’est alors que quelque
temps après qu’on la distingue des autres , par la gra
vité et la marche rapide des symptômes,
M . Bertrand cà Seyde , distingue la peste en inflam
matoire , en bilieuse et en ataxique. Il m’a dit en avoir
guéri un assez grand nombre en appliquant le trai
tement approprié à chacune de ces fievres.
T . V . Mai i 8a3 .
37
�( 290 )
MM. Lafond père et fils ont vu à Salonique beaucoup
de pestiférés. Ils ont observé que eette maladie se pré
sentait sous mille formes différentes et souvent avec
des signes inflammatoires qui disparaissaient bientôt
pour faire place aux symptômes les plus graves. Ils la
considèrent comme un typhus porté à un très-haut
degré et la traitent avec les mêmes remèdes. Sa marche
est plus rapide que dans les typhus ordinaires ; les
aceidens graves qui surviennent se succèdent avec plus
de promptitude et c’est à leur rapidité que l ’on doit
souvent attribuer la nullité du traitement qu’on emploie.
Quoiqu’elle soit éminemment contagieuse, ces médecins ,
malgré leurs fréquens rapports avec ces malades , se
sont constamment garantis de ce fléau. La seule pré
caution , avant de toucher un homme suspect , c’est
l ’immersion de la main daus le vinaigre. Cette maladie
y fait ordinairement des ravages , lorsqu’elle y est ap
portée par quelque bâtiment d’Alexandrie. Elle s’y dé
veloppe dans toutes les saisons , tantôt en hy ver , tantôt
en été. Mais elle fait moins de progrès à ,1’époque des
fortes chaleurs et des grands ‘.froids. La peste fil périr
dans cette ville, il y a trois ans , dix mille personnes.
MM. Ferrand et Caporal à Smyrne , et M. Auban à
Constantinople, oni fait à-peu-près les mêmes observa
tions que MM. Lafond. Tous m’ont assuré que l’on
confond souvent la peste avec une infinité d’autres
maladies régnantes et qu’elle simule maintes fois les
fièvres ataxiques , l’apoplexie , etc. Aussi le médecin
doit-il se tenir toujours en garde contre ces méprises.
L ’extrait d'un rapport adressé à Son Exc. le Ministre
des relations extérieures , relatif aux ravages que fit à
Constantinople la peste de 1812, quoiqu’approximatif,
prouve combien ce fléau est terrible. Il m’a été commu
niqué par M. Auban , témoin de cette peste.
�( 29l )
Pestiférés.
Morts.
Il y eut à l’hôpitnl de France. . .
5a
a4
La population des Arméniens catho
liques s’élevait à 4°)00° âmes ; il y en
eut à l'hôpital..............................................
90
60
En ville...........................................................l,a co
a5o
La population des Arméniens schis
matiques s’élevait à Go,ooo aines. . . 2,000 1,200
La population des Juifs était de 20,000 2,000 1,800
La population des Grecsélait de 80,000 10,000 5,3 oo
De plus à l’hôpital grec de Samathias
1,000
900
Pendant l’espace de 70 jours , il est mort chaque jour
deux mille turcs , et d’après le calcul et les notes , sans
doute exagérées de M. l’abbé Courban , aumônier de
l’hôpital de France , il résulterait qu’il y eut quatrecent-mille personnes attaquées de la peste , et que deux
mille seulement furent sauvées. Ce qu’il y a de positif
et ce qui est constaté par les registres , c’est que l’on
fournissait chaque semaine pour la subsistance des habitans 5 1,000 kilos de blé et qu’à cette époque on en
avait retranché 12,000 , ce qui équivaut à-peu-près au
quart. Mais il est bon d’observer que , de cette dé
duction du quart , on ne peut guère fixer d’une ma
nière précise la mortalité , puisqu’en temps de peste ,
quantité de personnes s’émigrent pour aller habiter
Scutari ou des villages circonvoisins. Ainsi tous ces
calculs , comme je l’ai déjà d i t , ne peuvent être qu’ap
proximatifs. Ils indiquent seulement d’une manière évi
dente les pertes considérables que font les grandes
villes de l’Orient à ces époques.
Il n’y a point de lazarets , dans le L evan t, comme
dans les ports européens de la Méditerranée. Les francs et
quelques grecs s’éloignent le plus souvent des villes in
fectées , ou bien ils se renferment chez eux. Une seule
barrière pratiquée à leur porte , les sépare alors du foyer
�( 29 2 )
de la contagion. C ’est-là que se rend chaque jour le
pourvoyeur chargé d’approvisionner la maison. Tous
les comestibles qu’il apporte sont aussitôt plongés dans
l ’eau ou le vinaigre. La plupart des étoffes après avoir été
soumises à l’eau seulement sont étendues en plein air
pendant 40 à 5o jours. Enfui l’on expose au feu ce
qui ne peut l’être à ces agens. C’est par d’aussi simples
moyens qu’ils se garantissent constamment de la peste,
avec laquelle ils sont éminemment en rapport, s’ils les
négligent.
v
La plupart des musulmans commencent à se livrer
avec moins de sécurité au sort du fatalisme. Si à Cons
tantinople et à Smyrne ils ne prennent aucune mesure
pour se garantir de ce fléau , nous avons vu plusieurs
autres villes où l’on prend des demi-précautions qui,
dans la suite , pourront être mieux raisonnées.
C’est ainsi qu’à Salonique , le chef des douanes est
chargé de faire visiter tous les navires qui arrivent au
port , surtout ceux qui viennent d’Égypte. Pendant notre
séjour dans cette \ille, un bâtiment t ur c , venant de
Damiette , ne put débarquer sa cargaison qu’après que
l ’on se fut assuré qu’il 11’y avait point de malades à
bord.
M. Fauvel, consul français à Athènes, m’a assuré
que, depuis trente-six ans qu’il habite cette ville, il
n’a vu la peste que deux fois. Lorsque nous y étions
avec la frégate la Galalhée en 1817 , on l’annonçait à
six lieues du côté de Negrepont. Quoique la surveillance
des Athéniens ne soit pas très-rigoureuse , cependant
le gouverneur avait fait fermer plusieurs portes de la
ville. Les gardes albanaises occupaient les autres , pour
en refuser l’entrée à ceux qui leur paraissaient venir
de ces contrées.
La p e ste s e d é c la r a , e n i 8 i 3 , d a n s u n v illa g e v o is in
d e Larnaca ( î l e d e C hypre). Un c o r d o n d e tr o u p e s fu t
�aussitôt placé pour empêcher toute communication et
la maladie n’en franchit pas les limites. Les bâtimens
venant d’un pays contaminé y sont soumis à une qua
rantaine avant le débarquement des marchandises ; et
ces marchandises sont mises à terre avec précaution.
Par cette mesure de salubrité , ils sont depuis long
temps parvenus , dans cette partie de file , à se pré
server de ce fléau.
Solim an, pacha de St,-Jean-d’Acre , cherche aussi à
éviter l’introduction de la peste dans cette ville ; mais
les mesures qu’il met en usage sont ridicules. En voici
une preuve : le brick de commerce français la Provi
dence , capitaine Baussier , y arrive venant de Barute ,
où régnait cette maladie contagieuse. Ce capitaine avait
à bord plusieurs turcs passagers : ces turcs sont admis,
le même jour , à la libre pratique avec leurs effets ,
tandis que ce bâtiment et tout son équipage sont en
voyés à CaifFa , distant de deux lieues , pour y faire
une quarantaine de huit à dix jours.
T elles sont les mesures que quelques villes du Levant
commencent à prendre. Il n’y a pas de doute que la
peste ferait infiniment moins de ravages , si les moyens
que l’on met en pratique dans nos lazarets l’étaient éga
lement dans ces pays. Smyrne a dû la peste de 1816
à un bâtiment venant d’Alexandrie. Les francs soup
çonnant les marchandises , dont il était chargé , conta
minées , firent des démarches pour mettre ce bâtiment
en observation. Mais les douaniers avaient fixé le jour
pour le débarquement de la cargaison. Ils persistèrent
dans leur résolution , et les portefaix qui s’en occupè
rent contractèrent bientôt la peste , et la répandirent
de suite dans toute la ville.
�( 294 )
S
é a n c e s
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s o c ié t é
p e n d a n t
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v r il
i
823.
5 Avril. —— M. le Secréta ire-pendrai donne connais
sance d’une lettre de M. Fenech , médecin établi à Mar
seille, qui adresse à la Société un mémoire intitulé :
Aperçu sur la peste de. Mahe en 18 13 . M. Forcade ,
chargé de faire un rapport sur cet écrit , témoigne le
désir qu’a M. Fenech d’appartenir à la Société comme
membre titulaire résidant. Cette demande est prise en
considération aux termes des règlemtns.
Le reste de la séance est consacré aux conférences
cliniques.
K ) Avril. — On fait lecture i.° d’une lettre de M. Mrffrc,
médecin aux Martigues , servant d’envoi à une obser
vation sur l'engorgement des membres abdominaux à la
suite des couches , guérie par les anti-phlogistiques. M.
Denans est nommé rapporteur de cette production ;
2,° D’une lettre de M. N iel, père , qui regrette de ne
pouvoir plus prendre une part active aux travaux de la
Société. La Compagnie, appréciant les motifs malheureu
sement légitimes qui ont porté notre collègue à prendre
une pareille détermination, accepte sa démission, et l’ad
met , par acclamation , parmi ses membres honoraires.
M. Houx lit ensuite son rapport sur trois observa
tions de M . Pointe , médecin de l’Hôtel-Diea de Lyon;
la première est relative à un delirium tremens chez
une fille de dix ans ; les deux dernières ont rapport à
deux cas d’hystérie épileptique.
La séance est terminée par la lecture du rapport de
M. Rcymnnet , sur un mémoire intitulé : Essai pour
servir à /’histoire des fièvres adynamiques et ataxiques,
par M . Monfalcon , médecin.
26 Avril. — Lecture est faite r.° d’une lettre de M.
Cap , pharmacien à Lyon , qui annonce l’envoi de deux
exemplaires d’un mémoire qu’il vient de publier ; a.*
d’une lettre de l’Académie , qui invite la Société à la
séance publique qu’elle doit tenir le 27 du courant. La
députation d’usage est nommée pour représenter la Com
pagnie dans cette circonstance.
Le reste de la séance est employé à la discussion
d’objets d’administration intérieure.
S E G A U D , Président. S u e , Secrétaire-général.
�)S S Z R y ^ T IO N S
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GO t---. 'O t\Ci —
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.
Plus grande élévation du B a r o m è t r e .......................
765mm, 5a , le 16 , à 9 heures du soir.
Moindre élévation.
.
7^2 , 4 3 »
Hauteur moyenne du Baromètre , pour tout le mois y58 , 87.
Plus grand degré de chaleur...........................................
-{-té
9 , le 12, a midi.
Moindre
idem.....................................................+ “
.
a , le a , au lever du soleil.
Température moyenne du mois....................................... o5 .
Maximum de l 'H y g r o m è t r e ........................................
97
M i n i m u m ...........................................................................
Ga
État m o y e n .........................................................................
le jour . . 2rnm,22
Quantité d’eau tombée pendanL
la nuit. , . 3 ,0 4
7®
{
de pluie .
Nombre de jours
le 7 au lev. du soleil.
les 24 et 27 à midi et à 5 heure
j
5mm,
.
.
G
2S.
.
.
.
* 3.
de brume ou de brouillard.
2.
entièrement couverts . . .
1.
sans nuages............................. 7de gros vent............................2.
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PREM IERE
PARTIE.
O B S E R V A T IO N S D E M É D E C IN E -P R A T IQ U E .
---- ==»
---
O b s e r v a t i o n sur un calcul d’un volume et d'un poids
extraordinaires , trouvé dans la vessie urinaire d ’un
marin , par M . le docteur C o u r a l , de Narbonne ;
suivie de quelques réflexions ; par J . N . Roux , D , M .
à St.-Maximin ( Var ) , etc.
B e r n a r d A z i b e r t , matelot , âgé de 4 ° ans , d’un
tempérament bilioso-sanguin , sujet dès son bas âge k
la gravelle , rendit même à plusieurs époques de sa
yie , des graviers par le canal de l’urêtre du volume
d’un pois et irrégulièrement taillés. Les graviers ren
dus, il ne souffrait p lu s, il vaquait à ses affaires , mais
ses urines déposaient constamment ; on trouvait même
au fond du vase des matières glaireuses , ce qui sem
blait annoncer qu’il existait toujours un corps irritant
dans la vessie. La sortie des graviers , pendaut laquelle
il éprouvait des douleurs atroces , devint si fréquente
en avançant en âge que ses amis le surnommèrent
la Peïro , nom auquel il répondait dans les dernières
années de sa vie. Cependant depuis environ neuf à dix
ans il n’en sortait presque plus , Azibert ne ressentait
que des douleurs vives et passagères , à-peu-près cha
que mois qui duraient deux ou trois jours, et qui deve
naient surtout intolérables lorsqu’il voulait rendre ses
urines , ce qu’il ne pouvait faire que goutte à goutte»
Pendant ce tem ps.là, il se soumettait à un régime de
T . V . Juin 1 8 Æ
38
�( 2C)8 )
vie conforme à sa m aladie, après quoi , se croyant
guéri , quoiqu’il éprouvât quelquefois des douleurs en
urinant, il reprenait son travail de pêcheur , mangeant,
pour ainsi dire , avec passion des coquillages et surtout
du poisson salé. Parvenu en menant cette vie mêlée de
souffrances et de quelques momens lucides, à l’âge de 40
ans , dans les premiers jours de septembre 1814 » il
ressentit des douleurs qui le forcèrent de s’aliter , pen
sant que c’était encore un gravier , il attendit patiem
ment un mois dans les tourmens , mais l’attaque ( sui
vant son expression ) , se prolongeant plus qu’à l ’ordi
naire , et croyant que le calcul fut d’un volume trop
considérable pour pouvoir sortir, le chirurgien ordinaire
fut consulté. Soupçonnant, comme le malade , un calcul
arrêté dans le canal de l’urétre , il y passa une sonde
pour reconnaître l’endroit où il se trouvait, mais quel
fut son étonnement de parvenir dans la vessie sans
nul obstacle et de reconnaître un calcul qui lui parut
assez volumineux. Frappé avec le bec de la sonde , il
rendit un son clair et distinct, dès-lors, la lithotomie
fut proposée et adoptée comme le seul moyen de dé
livrer le malade.
Mandé environ deux mois après l’apparition des der
nières douleurs , la présence de la pierre bien reconnue
par le cathétérisme , plusieurs fois employé et toujouis
avec succès en même temps que le doigt indicateur
était introduit dans l'anns : nous soumîmes le malade
au traitement préparatoire adopté de nos jours. Le 27
octobre , tout étant bien disposé, nous procédâmes à
l’opération , par l’appareil latéral, en présence de MM.
P y , Caffort, docteurs eu médecine et mon père , ancien
maître en chirurgie. Le sujet placé convenablement et
confié à des aides intelligens , nous fîmes l’ouverture
externe aussi étendue que possible, parce que nous
avions lieu de penser que la calcul était d’un volume
�( 209 )
considérable; les opérations préliminaires nous en avaientdonné presque la certitude.' Le canal de l’urètre incisé,
nous introduisîmes le lithotome caché du frère Côme,
en parcourant la crenelure du cathéter placé d’avance
dans la vessie , le manche de l’instrument disposé au
n.° i 5 , pour nous permettre l’incision interne aussi
grande que possible. Le cathéter retiré et l’incision
faite, nous portâmes le doigt indicateur de la main
gauche dans la vessie pour rencontrer la pierre et
servir de guide aux tenettes, Ces dernières introduites,
il nous fut très-facile de charger la pierre , mais nous
fûmes bien surpris par l’écartement considérable des
branches des tenettes que le calcul était encore plus
volumineux que nous ne l’avions jugé d’abord , présenté
de toutes les manières à l’ouverture , et quelque force
que nous employassions, il nous fut impossible de
l’extraire. Nous retirâmes les tenettes et ayant tou
jours pour guide le doigt indicateur del à main gauche,
nous portâmes dans la plaie un bistouri à lame étroite
pour donner un peu plus d’étendue à l’ouverture. Les
tenettes introduites de nouveau dans le sens le plus
fevorable et à plusieurs reprises , le calcul chargé k
chaque fois , toujours impossibilité pour l’extraction.
Dès-lors nous tournâmes nos vues d’un autre côté ;
nous tentâmes de le b riser, mais après beaucoup de
peines , nous parvînmes à en retirer quatre onces et
demie en brisant quatre tenettes ordinaires assez fortes,
qui n’ont pas pu remplacer le brise-pierre dont nous
manquions malheureusement. V u la longueur de l’opé
ration qui avait duré dix-huit minutes , et les souffrances
du sujet , qui commençait à se décourager , nous ré
solûmes de faire l’opération en deux temps ; nous pous
sâmes une injection émolliente pour entraîner les débris
et calmer la vessie, Le malade placé dans son lit, nous
n’appliquâmes qu’un léger appareil, l’hémorrhagie étant
�( 3oo )
peu considérable. La nuit fut bonne , le malade dormit
très-bien ce qu'il n'avait fait depuis deux mois. Le len
demain vers les io heures du matin , A zib ert, conve
nablement disposé dans son lit , nous introduisîmes
encore les lenettes, le calcul fut chargé , mais il ré
sista à tous nos efforts ; toutes nos tenettes furent en
core mises hors de service sans obtenir aucun avan
tage. Nos tentatives les mieux combinées échouant, la
pierre reconnue trop dure et trop volumineuse pour
permettre son extraction, l’état maladif dans lequel
nous avions trouvé la vessie dans le premier temps
de l’opération ( i ) , la faiblesse du malade même avant
l'opération, les souffrances qu'il venait de supporter avec
un courage vraiment héroïque nous portèrent à aban
donner ce malheureux à sa propre destinée, employant
toutefois un traitement palliatif pour tâcher de pré
venir autant que possible , les accidens consécutifs. La
taille hypogastrique, que nous n’avons pas tentée, n’au
rait pas été suivie de succès, puisque, comme nous
nous en sommes convaincus par l’autopsie, le volume
du calcul joint au rétrécissement manifeste de la vessie
nous aurait forcé à ouvrir le ventre , accident toujours
funeste. Notre malade ne présenta rien d’alarmant
jusqu’au sixième jour , dormant assez bien , n’ayant
que peu de douleur , ressentant seulement une légère
cuisson , lorsque l’urine en s’écoulant, touchait les
bords de la plaie ; mais nous le soulagions au moyen
des injections émollientes que nous lui poussions de
temps en temps. Enfin le septièm e, il se manifesta
une diarrhée colliquative , déterminée sans doute par
(i) De l’incision interne, il t’e'Goula des matières purulentes,
et de plus , nous remarquâmes un rclrc'cisscmcnt qui nous
donna de U peine pour charger le calcul.
�( 3oi )
la température , constamment humide et chaude qui a
régné depuis le lendemain de l'opération et à laquelle
il ne pouvait se soustraire , se trouvant immédiate
ment placé sous le toit, et sa chambre manquant de
fenêtre.
Cette diarrhée résista à tous les moyens employés
pour la détruire et termina les jou rs malheureux de
notre malade le dixième après l’opération.
L ’ouverture du cadavre faite devant plusieurs per
sonnes dignes de foi , nous trouvâmes un calcul pesant
douze onces qui , jointes aux quatre onces et demie
extraites en premier lieu , font un poids de seize onces
et demie.
Si la médecine a souvent à déplorer que des faits
intéressans se passent sous les yeux d’hommes peu
instruits , qui ne peuvent en tirer aucun parti dans
l ’intérêt de la science ; elle doit aussi regretter qu’un
excès de modestie ou de timidité soit cause cjue des
médecins d’une pratique étendue et savante , laissxnt
dans l ’oubli leurs plus belles observations. M . le doc
teur Coural, de Narbonne , exerce la médecine opéra
toire avec la plus grande sagacité et les succès les
plus brillans ; ne se doutant pas qu’il ait du mérite ,
lorsque ses collègues eux-mêmes l’a vo u en t, il note avec
exactitude ce qu’il observe et il ne s’en souvient plus
que dans les circonstances analogues pour le bien de
ses malades. L ’observation que l’on vient de lire était
contenue dans un recueil que ce médecin consentit ,
après de vives instances, à me laisser lire , et je me
fais un plaisir de la com muniquer, parce qu’elle me
paraît fournir matière à de nombreuses réflexions,
M . Coural ne nous donne point de notions sur les
parens du sujet de son observation, et cela pourrait
être intéressant , cependant il est digne de remarque
qu’une jeunesse passée dans un pays hum ide, souvent
�/
C
302
)
inondé par l’eau de la mer , que l ’état de pêcheur qui
nécessite d’être presque constamment dans l’eau , que
le régime signalé ci-dessus, sont des causes bien ca
pables d’amener une aflection calculcuse , pour peu
que l’on y soit disposé : mais ce qu’il y a surtout d’étonnant , c’est qu’une pierre devienne aussi considé
rable sans que le malade ait été réduit plutôt à récla
mer les secours de l’art et qu'il ait pu continuer aussi
long-temps un état des plus pénibles. Un prêtre avait
un calcul dans la vessie , qui fut jugé considérable ,
et comme il n’occasionait presque point de douleur ni
de gêne , la lithotomie ne fut point pratiquée. Il mourut
dans un âge avancé et ne voulut pas priver son chi
rurgien d’une occasion qui put l’instruire , il ordonna
dans son testament que l’ouverture de son cadavre
fut faite quelques heures après sa mort. L ’on trouva
une pierre qui remplissait presque exactement toute la
cavité de la vessie urinaire. L ’on voit que ce que je
disais s’observe assez souvent, mais je désire que l’on
tienne compte du genre de vie et du régime de chaque
individu. Le prêtre vivant dans l’aisance et le calme le
plus parfait , devait être moins exposé aux irritations
produites par tout corps étranger contenu dans nos
organes ; son observation n’en est pas moins intéres
sante , et c’est pour cela que je la rappelle , elle est
une preuve que le trigone vésical quoique éminem
ment sensible, peut s’habituer au contact d’un corps
dur et ne pas forcer toujours les malades à se soumettre
à une opération grave , pourvu que l’émission des urines
soit assez facile.
Un seul calcul a été trouvé dans la vessie de B. Azibert,
qui , depuis 9 à 10 an s, ne rendait presque plus de
graviers , il y avait difficulté pour uriner , douleurs
violentes par intervalles. Les reins étaient-ils, dans le
p rin cip e, le siège de la formation des graviers ? Je le
�( 5o 3 )
crois. Mais d’où vient qu’il n’y a eu qu’un seul calcul
dans la vessie et que depuis sa présence ou son volume
considérable , la quantité de graviers se soit trouvée
considérablement diminuée , il rien sortait presque plus l
V oici mon explication : une irritation du rein change le
mode de sécrétion des urines , certains principes chi
miques s’y trouvent diminués et d’autres augmentés, de
là , la formation d’un sable très-fin ou de graviers plus
ou moins gros , qui sont entraînés au-dehors , à travers
l’uretére , la vessie, et l’urètre ; si par hasard un de ces
graviers plus volumineux que les autres s’arrête dans la
vessie , il est grossi par les matériaux calcaires que
l’urine apporte avec elle et qui se disposent autour de
lui et par couches. L ’irritation que ce calcul produit
sur la vessie déplace celle du rein parce qu’elle devient
plus intense et il ne se forme presque plus de gra
viers. Duobus laboribus simul obortis , non in eodem loco ,
vehementior olscurat alterum. Hippocratis, aph. 46 ,
sectio 2.
Le cathétérisme et le doigt introduit dans le rectum
peuvent faire reconnaître à -p e u -p r è s le volume d’un
calcul contenu dans la vessie ; M . Coural fut guidé par
ces recherches, l’incision externe fut faite fort grande ,
l’interne eut toute l’étendue possible, mais sans succès.
L ’utilité d’un brise-pierre se fit vivement sentir et l’ac
tion de cet instrument eut peut-être été infructueuse ;
il me semble donc que c’est dans de telles circonstances
que l’on est à même de bien apprécier les avantages
d’une méthode opératoire qui put permettre l’extrac
tion d’un calcul volumineux. La taille hypogastrique
a reçu beaucoup de perfectionnement et malheureu
sement elle ne peut guère être couronnée de succès,
car outre les délabremens oecasionés parles inslrumens,
l’on voit encore le péritoine et ses dépendances s’en
flammer , des dépôts uriaeux se former , e t e ., etc. Les
�**■-'
plus habiles opérateurs échouent en la pratiquant.
Une nouvelle méthode , ingénieuse , brillante , a été
proposée depuis peu et adoptée par un grand nombre
de praticiens j c’est la taille recto-vésicale. M. Riberi l’a
attaquée dans un mémoire qu’il vient de publier ; le
professeur Scarpa s’est aussi déclaré contre ellè vers
la fin de 1822 (r). Quoiqu’il en soit , les travaux et les
observations du professeur Vacca-Berlinghieri ne seront
point perdu pour la chirurgie moderne j un grand nom
bre d’histoires particulières de taille recto-vésicale,
nouvellement recueillies , le portent à conclure que cette
méthode est moins souvent suivie de la mort que l’an
cienne , si l’on a l’attention d’inciser le col de la
vessie et non le bas-fond de cet organe , comme l’ont
fait le plus grand nombre de ceux qui n’ont pas eu
des succès. Chiselden a sauvé 5o malades sur 52 taillés.
A ssez souvent une fistule est la suite de cette opéra
tion ce qui peut être un argument contre ceux qui
l ’adoptent, mais je me résume et je di s, sans pren
dre part à la dispute : dans le cas où les praticiens ne
seraient pas familiers avec la taille recto-vésicale comme
avec l’appareil latéralisé , ou bien , dans le cas où cette
méthode, toutes choses égales d’ailleurs, ne serait pas
aussi avantageuse que l’ancienne , n’y aurait-il pas des
circonstances dans lesquelles elle pourrait rendre de
grands services ? Je pense que l’observation que nous
avons sous les yeux est de ce genre et que toutes les
fois qu’un calcul sera jugé trop volumineux pour pou
voir passer sous l’arcade pubienne ou qu’il y aura
( 1 ) Ceux qui vou dront connaître les tr avaux les plus récens
pour ou contre la taille re c to-vé sic a le,
pourront consulter les
mémoires de M M . llib e r i , Scarp a ,
Sanson , e t c . , e t c .
f^ a c c a - B e r lin g h ie r i ,
�'( 3o5 )
Une difformité considérable dans cette partie du bassin ,
la taille recto-vésicale devra être préférée , à la taille
hypogastrique et à la taille sous-pubienne. C’est ainsi
que mon savant a mi , M. Provençal, professeur de zoo
logie à la faculté des sciences de Montpellier , ayant, il
y a trois ans , à opérer M .*** de Cette , pensa que
le calcul était trop volumineux et il employa pour
l’extraire la méthode recto-vésicale : le calcul pesa onze
onces. Une fistule exista pendant quelque tem ps, mais
elle se rétrécit ensuite peu-à-peu et la santé se rétablit.
Il est à présumer que ce calcul n’aurait pas passé sous
l’arcade pubienne et que cette méthode a seule pu rendre
M .*** à sa famille et à la société.
Il ne m’appartient pas d’approfondir les raisons qui
ont privé Azibert de cette opération. Je m’a rrête,
chacun ajoutera ses réflexions aux miennes et rendra
justice aux talens et à la candeur du praticien à qui
nous devons cette observation ( i) .
(t ) L ’observation de M . C o u r a l, sans donte très-intéres
sante par les détails qu’ elle renferme , fait viv e m e n t désirer
que ce praticien nous communique le fruit de sa grande pra
tique. Mais les réflexions de M . J . - N . R o u x ne présentent pas
moins d’intérét. Elles sont une nouvelle preuve i ° d e l à néces
sité de se procurer tous les instrnmens qu’ une opération réclame,
ava nt de la pratiquer; a.° qu’ il ne faut ni adopter exclusivement,
ni rejeter , de prime-abord , une méthode quelle qu’ elle soit ,
parce que , si dans telle circonstance elle parait nuisible , elle
peut être regardée dans telle autre comme l’ancre du salut. P a r
tageons donc, l’ opinion de notre confrère , quant aux avantages
de la taille i ecto-ve'sicale.
Nous saisissons l’ occasion présente pflur témoigner qu’ il serait
à désirer que tous les praticiens suivissent le louable exemple de
M . J.- N . R o u x qui, i n se fesan t à-la-fois un de voir et un plaisir
de publier des observations importantes , a déjà fait preuve de
beaucoup de talens et d ’ un zèle infatigable.
( Note du Rédacteur-général ).
T . Y . Juin i 8a3 .
39
�(
5o6 )
SECONDE
M ÉM O IR E S,
PARTIE.
D IS S E R T A T IO N S ,
N O TICES
NÉCRO
LO GIQUES.
E X A M E N c h im iq u e d e s s e m e n c e s d e
M . T remolière ,
p h a r m a c ie n
Quassia a m a ra ;
, à Marseille.
par
U x naturaliste habitant de la Martinique envoya , il
y a quelque temps , à M. Sollier , mou anii , une cer
taine quantité de semences de quassia amara ; il lui
demandait quelques renseignemens sur scs vertus médi
camenteuses , et vu la facilité qu’on a à se la procurer ,
si elle serait de quelque utilité dans la thérapeutique !
Sur ces questions, mon ami me présenta ces semences
dans le but d’entreprendre quelques expériences à ce
sujet; mais avant tout, je me promis d’en faire l’ana
lyse chim ique, pour me convaincre de scs principes
constituans , et laisser ensuite aux praticiens , à cons
tater son emploi médical. A in s i, c’est en suivant ce
principe que l’on parvient à des résultats positifs.
L ’arbre produisant les semences est assez connu pour
me dispenser d’en faire une nouvelle description. On
sait qu’il en existe des gravures et des descriptions
exactes, notamment dans l’encyclopédie ( i). Cependant
j ’aurais à observer que la gravure de l’encyclopédie
représente la semence enfermée dans une arille paranchimateuse, ayant une crête saillante d’un seul côté
des sutures, tandis que celles que je possède sont
( l ) Illnst. Gen. Encycl. La m ark.
�( So7 )
comprimées un tant soit peu et la crête est saillante des
deux côtés dés sutures.
Elles sont d’une excessive amertume. Je fus d’abord
étonné de la quantité d’huile que la simple pression
entre les doigts développe. J’en mis en poudre une
certaine quantité , je la soumis à l’action d’une forte
presse et j’obtins de 70 grammes de cette poudre en
fermées dans une toile forte pesant brut log grammes ,
j ’obtins , dis-je, 17 grammes net d’une huile ayant les
piopiiétés suivantes :
r.° Légèrement colorée et participant très-peu de l'a
mertume de cette semence ; 2.0 elle est liquide à i 5
centigr. ; 3.° insoluble dans l’ eau ; 4 .0 l’alcohol d’une
densité de 0,820 en dissous 0,02; 5.° l’éther à 710
de densité en dissous 0,4b ; 6.° elle brûle avec une
flamme vi ve, sans fum ée, ni odeur ; 7.0 elle ne se sa
ponifie qu’imparfaitement avec la soude ; 8.° d’une pe
santeur spécifique de o ,g i5.°
D ’après ce qui précède , on reeonnait à cette huile
beaucoup de ressemblance et de rapprochement avec les
huiles fixes liquides. Sa solubilité dans l’alcohol et l’éther,
sa saponification imparfaite avec la soude la mettent
presque au rang des diverses substances dont on fait
usage dans l’Inde et en Afrique , qu’on retire des se
mences d’arbres , tels que les Bassin Buiyracca , Lonfiifnlia , Lnùfolia , Obovata , etc. , le S/ica , ou arbre
à beurre d’Afrique, etc.
Indécis sur le rang que devra tenir cette huile , parmi
celles connues , je l’ai soumise aux expériences suivantes,
pour en déterminer les principes conslituans, en suivant
la route tracée par MM. Gay-Lussac et Thénard (1):
J’introduisis dans un gros tube recourbé et soudé
.{») Hechercbes p h ysic o -chim iq u es, lom. II , p.
3 2 o.
�( 3oS )
par un bo ut , une quantité pondérique de cette huile
avec du chlorate de potasse. Ensuite avec de l’oxide
de cuivre, ce dernier m’a donné constamment le même
produit.
Après avoir déterminé la capacité du tube et pris les
mesures nécessaires pour avoir des résultats aussi justes
que possible, après avoir opéré à trois reprises ce
même procédé et ayant eu quelques légères variations.
Cependant le terme moyen m'a donné les proportions
suivantes;
H y d ro g è n e ..............
t8 365
C a rb o n e .............
73 385
O x ig è n e ..............
8 25o
ioo
ooo
D ’après les données ci-dessus , je voulus m’assurer
aussi des proportions des principes immédiats ; je suivis
pour cela le procédé de JIM Chevreul et Braconnât. Je
trouvai cette huile composée de stéarine 22
Elaine 78
100
En considérant ces divers résultats , j’observai que
ce s proportions chimiqnes m’identifiaient le rapproche
ment de cette huile avec celle d’olive. Cette dernière
ayant été analysée par M. Gay-Lussac, en r8c8 (T), com
parativement à leurs proportions respectives , celle de
quassfa amara serait beaucoup plus hydrogénée que
l'huile d’olive , on voit aussi que les proportions d e laine et de stéarine sont très-différentes (2).
33
(1) Ils s'assurèrent qu’ elle était composée d’hyd rogè ne i , Sot
Caibiu if , 7 7 , 2i3. Oxigène g , 427.
(2)
M. H fiiconnot les a déterminées ainsi : huile d ’ olive ;
, ,
stéarine -•& , thune 72, total 1 0 0 . Huile d'amandes douces : Stéa*
E lite
élaïae , 7 6 $ total 1 0 0 .
�( 5og )
D'après ce que je viens d’exposer , on concev^ a^_
sèment en comparant les résultats que j’ai obtenus
avec ceux obtenus par les autres chimistes sur l’imile
d’olive et celle d’amandes douces, qu’elle devra nécessai
rement occuper sa place entre ces deux dernières.
Action de l'alcohol — Le gâteau restant de la nr-*se
mis en poudre et en digestion dans l’alcohol d'une d e n
sité de 0820, pendant quatre jours , m’a donné ; %
teinture verte-jaunâtre, d’une amertume excessive
.*
conservant long-temps dans la bouche. JYpnisai le a si du
avec de nouvel alcohol , à quatre reprises et i ,1.1—
nière avec l’alcohol bouillant. Je réunis toutes t es 1. :
tures partielles, je les distillai dans un alambic de
verre au bain-marie.
L ’alcohol obtenu par cette opération n’avait aucune
saveur sensible
mais avait une odeur sui genrris.
Ayant poussé ma distillation jusqu’au 4/5 ) j ’aperçus à
la surface du liquide bouillant, une huile verte surn a
geante. Elle était fluide à 5o centigr. , au-dessous de
cette température elle se fige , acquiert une consistance
onguentaire , dans cet état , regardée à la loupe , efl®
ne laisse voir aucune forme cristalline , elle est s. lubie
dans l’alcohol et l’éther, insoluble dans l'eau. ( • ite
huile verte est composée de deux substances bien dis
tinctes , de stéarine et d’une substance huileuse . par
ticulière jouissant des propriétés de ces huiles vu n s
végétales, odorante, très-amère. L ’éther a dissous la
stéarine et l’huile verte restant a été fluide à toutes
les températures , au-dessus de o. Le résidu de la distil
lation a été gardé et soumis aux essais suivan, •
Action de l'eau. — Le marc repris par i’<au froid®
distillée , ensuite bouillante , elle s’est chargée ‘le h< au?
coup de principes d’une amertume extrême , d’une ■ mileur jaune - brunâtre 5 épuisée autanL que p o s s i b l e , i>)
décoction m’a donné les propriétés suivantes :
�(
5 l0 )
L e sulfate de fer n’y occasione aucun changement.
L ’hydro-chlorate de peroxide de fer . . idem.
L e nitrate de p lo m b ............................
idem.
L ’hydro-chlorate de z i n c ............. ...
idem.
L ’acétate de plomb , un précipité blanc trè.wbondant.
L e nitrate d’argen t, trouble , précipité floconeux.
L e per-chlorure de mercure , sans action.
L e nitrate de mercure , précipité abondant.
L ’hydro-chlorate de cuivre, précipité blanc (l ).
L ’infusion de noix de galle brunit tant soit peu.
La teint.* d’iode donne une teinte bleue très-prononcée.
Ces propriétés me démontrent la similitude de mes
expériences avec celles de M . Thomson sur le bois
de quassia. Il y découvrit un principe amer bien différens des autres principes végétaux. « L'acétate de plomb
et le nitrate d'argent , dit-il , sont les seuls réaciijs qui le
précipitent. Il lui donne le nom de quassine.
Je iéunis celte décoction filtrée au i /5 restant de la
teinture alcoholique. Au moment du mélange , le liquide
s’est troublé , des flocons jaunâtres nageant en tout
sens , je filtrai ; la substance obtenue jouissait des pro
priétés du gluten , telles que la solubilité dans l’acide
acétique, l’odeur azotée par la fermentation dans l’eau ,
e tc ., l’amidon y est pour un 3 /4*
J’ai fait évaporer le liquide au bain-marie , a un feu
doux , jusqu’à consistance d’extrait sec ; le produit était
ce que M. Thomson appelle quassine ; elle est brune,
jaunâtre , soluble dans l’eau , l’alcohol et l’éther , incristallisable malgré toutes les tentatives imaginables ,
hygrométrique , d’une amertume repoussante.
La quassine ou principe amer est IrCs-soluble dans
l ’éther , son action à chaud a laissé un résidu grenu
coloré , je l’ai décoloré par des fréquens lavages d’é-
( i ) Ce précipité a lieu de meme en le jetant dans l’ eau.
�( 5 ti
)
th e r , je l’ai obtenu d’un blanc grisâtre, dans cet état
il était soluble dans l’eau , e tc., enfin j’ai reconnu la
présence de la gomme.
Action du calorique. — Le résidu ayant été épuisé ,
soit par l'eau , soit par l’alcohol a été incinéré ; les
réactifs nous ont démontr é des traces de silice , du fer ,
etc.
Je me résume. D ’après ce qui précède, il résulterait
que les semences de quassia amara sont composées de:
Huile fixe , Huile verte , Gluten, A m idon, Gom me,
Quassine , Silice, Fer , etc. des traces.
D ’après cet exposé , cette semence doit fixer notre
attention , car on pourrait retirer un avantage réel à
cultiver cet arbre aux Antilles ; la simple expression
procurerait une huile beaucoup plus agréable que celle
de ricin pour la lampe : celle - ci étant d’une viscosité
gênante. Elle en rend comme on a vu ci-dessus i 5/ooo
par l’analyse.
Les propriétés médicales de cette plante ne rési
dant absolument que dans le principe amer ; il serait
à désirer que des essais fussent entrepris à ce sujet, l’ad
ministration de l’huile fixe, prise intérieurement, me pa
raîtrait jouir de quelques propriétés anthelmintiques et
même purgatives. La trop petite quantité que j’en avais
ne m’ayant pas permis d’en administrer et de suivre les
expériences , cependant j’en disposai un gramme avec
un m ucilage, du sirop de sucre et d’eau , je le donnai
comme vermifuge à un enfant de io à 12. mois ; cet enfant
rendit en effet quelques ascarides , dans une selle abon
dante. Cette seule observation à laquelle je ne donne
pas trop de créd it, me donne l’espérance conjointe
ment avec un médecin de mes amis de réussir , à
constater ses vertus. Je laisse d’ailleurs aux amis de
la science de s’assurer de l’assertion que je me plais
à leur adresser.
�TR O ISIÈ M E
LIT TÉ R A T U R E
PARTIE.
M ÉD ICALE , N O U V ELLES
TIFIQ U ES , M É L A N G E S ,
i.°
A
nalyse
d’ o u v r a g e s
SCIEN
ETC.
i m p r i m é s
.
C h i r u r g i e clinique de Montpellier, ou observations et
rèfl-xi»ns tirées des travaux de chirurgie clinique de
e t e école . par le pro/esseur D e l p e c h , conseiller chiruigiin ordinaire du Iioi , chirurgien ordinaire de
S. A /!. Monseigneur le D u c h ' A n g o u l è m e , che
valier de l'ordre royal de la légion-d'honneur, profes
seur de chirurgie clinique en la Faculté de médecine de
Montpellier, chirurgien en chef de l’hôpital St-Eloi de
la même ville , membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes , etc- ( i . er volume fn-4-.0 de 496 pages,
orné de 16 planches gravées. Paris et Montpellier,
chez. Gabun et Conip.% 1820).
( Prem ier article ).
D e p c i s que les brillantes lumières du patriarche de
Cos éclairèrent la médecine , on a dit et redit qu’elle
est la science des faits et par conséquent la science
par excellence. Cette grande vérité , une fois reconnue,
aurait dû , ce semble , contribuer singulièrement à la
marche de l’art médical vers sa uct fac tion , et pourtant ,
pour peu que l’on fasse attention à lu plupart des au
teurs , on s’aperçoit aisément qu’en s’attachant à re
cueillir et à publier des faits, ils ont embrouillés nos
�( 3 13 )
connaissance, au point d’en rallentir sensiblement les
progrès. L ’explication en est facile et nous l’avons donnée
plusieurs fois dans notre journal : c’est que les véritables
observations ne sont pas communes j c’est qu’il s’en
faut bien que toutes celles dont on a fait part soient
assez exactes , assez détaillées , et qu’elles roulent sur
des cas assez intéressans , pour que l’on puisse en
tirer quelque fruit. De là , une multiplicité d’erreurs
plus ou moins grossières , qui n’ont pas peu concouru
à rendre infructueux les plus nobles efforts. On a fait
remarquer avec raison que si tous les livres de médecine étaient réduits à ce qu'ils contiennent de cla ir,
d’exact et démontré , on ne verrait pas tous les jours
grossir les bibliothèques des médecins d’une foule de
livres inutiles. Mais aussi , avec quelle avidité ne de
vons-nous pas nous procurer et lire les ouvrages de
médecine , marqués au coin de la saine , de la véri
table observation ! Le premier volume que nous an
nonçons est sans contredit de ce nom bre, et c’est ce dont
on s’aperçoit déjà par la lecture de l’avan t-p ropos.
En effet, pénétré de cette vérité, qu’il n’est pas aussi
aisé d’observer qu’on se le persuade , l ’auteur y avance
quelques propositions qui décèlent le profond obser
vateur. « Il ne suffit pas ( pour observer ) dit-il , d’avoir
de bons organes , de les avoir exercés , d’avoir des
occasions et de la bonne volonté , il faut encore de la
patience , une aptitude particulière , une grande péné
tration, beaucoup d’habitude , des lumières positives en
anatomie , en physiologie et en pathologie j il faut un
bon esprit, un jugement droit , une assez grande idée
de l’immense variété des opérations de la nature et de
l ’admirable simplicité de ses procédés , pour n’être étonné
de rien et pour ne pas repousser un fait ou une consé
quence , pour leur apparente puérilité , ou à cause de
T . V . Juin 1823,
4®
�( 3.4 )
leur contradiction m anifeste; il faut pouvoir faire abné
gation complète de tout amour-propre , qui pourrait em
pêcher de- renoncer à des idées préconçues, ou d'être
juste envers d’autres observateurs ; il faut être doué
d’une candeur telle , qu’il n’en doive rien coûter pour
avouer une faute , si cet aveu doit conduire à la con
naissance de la vérité ; il faut avoir le courage de re
connaître et de signaler cette dernière, au péril de son
propre repos ; etc. , etc. » Celui qui sait peindre aussi
fidellement le portrait de l’observateur , ne peut qu’être
lui-même un observateur par excellence. Quelle meil
leure recommandation à l’estime générale , pour un
professeur qui se propose de publier tous les faits re
marquables qui se sont offerts à sa pratique , depuis dix
ans qu’il est , sous tous tous les rapports , le chef de la
chirurgie clinique do Montpellier ! M. le professeur
Delpech a surtout des' droits à la reconnaissance pu
blique pour avoir su inspirer à ses nombreux disciples
le goût de l’observation et le zèle infatigable dont il est
pénétré. Le prem ier, il a eu l’heureuse idée de foi nier,
des élèves qui suivent les exercices de la clinique chirur
gicale , une sorte de corps d’observateurs , dirigés dans
leurs travaux par les plus anciens et les plus éclairés
d’entre eux. Non-seulement ce professeur célèbre était
spectateur attentif de tous les phénomènes , il cherchait
encore à s’assurer si rien de ce qui pouvait être aperçu
ne lui était échappé , et pour cela , il consultait et les
élèves attachés au même malade et tous les assistans.
Ses observations ne peuvent donc , sous le rapport de
l’authenticité et de l’exactitude , qu’être de la plus haute
importance ; on verra qu’elles le sont aussi sous le
rapport des cas sur lesquels elles roulent.
Le tome premier de la chirurgie clinique de Mont
pellier, contient quatre mémoires dans l’ordre qui suit :
ï.° Observations et réflexions sur la ligature des pria-
�( 3 x5 )
cipales artères. 2.0 Considérations sur la difformité
appelée pieds-bots, 5 .° Sur les fractures de l’humérus.
Considérations sur les maladies vénériennes.
Le premier de ces mémoires est enrichi de huit obser
vations q u i, pour être bien appréciées , doivent être
connues dans tous leurs détails Puissions-nous parvenir
ici à en donner une idée ! La première observation con
cerne un militaire qui avait reçu un coup de feu à la
partie interne du bras gauche. La balle était passée entre
l’humérus d’une part , les muscles biceps et coraco-braehial et l’artère humérale de l’autre, sans lésion no
table de ces organes. Deux incisions sont faites à la plaie
q u i, pansée simplement et méthodiquement, fut bien
tôt cicatrisée. Mais elle se Couvrit un mois après et
son trajet fut envahi par la pourriture d’hôpital. M. le
professeur Delpech , qui vit seulement alors le malade,
jugea à propos de porter le feu dans toute l’étendue
de la blessure , pour arrêter les progrès de l’affection
locale , etc. , au risque de léser l’artère elle-même.
Toutefois , cette lésion a lieu le 8.' jour , alors que la
pourriture a disparu , et elle est annoncée par une hé
morrhagie. L ’illustre opérateur , qui avait prévu l’évé
nement , eut découvert le vaisseau dans le lieu même
de son altération , pour le lier au-dessus et au-dessous.
Mais la crainte que les progrès de la pourriture ne fussent
point solidement arrêtés , éloigna de son esprit l’idée de
porter le bistouri dans la plaie au milieu des parties tu
méfiées , et qui paraissaient encore entachées de cette
pourriture. Les ligatur es de ce vaisseau devaient donc
être placées plus haut : l’artére axillaire lut découverte
à une égale distance des muscles grand pectoral et grand
dorsal, et deux ligatures furent faites à la distance d’un
pouce l’une de l'autre. La première , l’inférieure , fut
serrée et l’autre conservée comme ligature d’attente.
L ’hémorragie ainsi arrêtée , tout fit présager upe
�C 3 .6 )
guérison prochaine , lorsque vers midi du g.e jour ,
informé que le sang avait paru à la plaie supérieure,
M . Delpech accourut et pensa que la ligature inférieure
avait opéré la section de l’artère avant son entière obli
tération , et qu’il convenait de serrer la ligature d’at
tente;, mais il ne fut pas peu surpris de voir celle-ci
se détacher entièrement et un jet de sang artériel s’é
lancer de la voie qu’elle abandonnait , tandis que la
ligature inférieure parut très-solide. Que faire en pareil
cas ? Lier la sous-clavière , et c’est ce qui fut exécuté.
Depuis cette seconde opération , les choses se passaient
assez bien , mais il hllu t bientôt entr’ouvrir la plaie
par laquelle la sous-clavière avait été liée , dans l’in
tention de donner issue à un épanchement à l'existence
duquel une intumescence de l’aisselle, etc., fesait croire.
Toutefois il n’y avait pas de collection formée et ce ne
fut que du cinquième au huitième jour qu’un abcès se
manifesta au côté interne de l’aisselle. Il fallut le vider
par une ponction et on évacua ainsi un pus bien éla
boré et en grande quantité. E n fin , le malade dont
l ’état eut été de plus en plus satisfaisant, s’il ne s’était
affaibli par l’abondante suppuration de l’abcès axillaire,
succomba , le dixième jour de l’opération , aux progrès
de cette débilité générale.
A l’ouverture du cadavre , on trouva que la ligature
qui avait été serrée lors de la première opération avait
embrassé l’artère deux pouces au-dessous de la nais
sance de la scapulaire commune ; quelle avait rompu
les tuniques interne et fibreuse du vaisseau principal
et rapproché circulairement son enveloppe celluleuse
qui , encore embrassée par le lien , formait une sorte
de cordon ligamenteux sans cavité intérieure, d’environ
un pouce d’étendue et de plus de deux lignes d’épais
seur. V u au-dessous et jusques à la plaie provenant
de la blessure , le vaisseau fut trouvé oblitéré et rempli
�( 5i7 )
par une substance fibreuse blanche , qui fut reconnue
pour un caillot de sang décoloré Vis-à-vis la plaie , l’ar
tère paraissait interrompue , autant que les difficultés
de la dissection pouvaient permettre d’en juger, et elle
était, dans l’étendue d’un pouce au-dessous de la bles
sure plus évidemment oblitérée par un caillot de sang
très-adhérent aux parois. Au lieu qu’avait occupé la li
gature d’attente, l’artère présentait une intersection évi
dente , et sa cavité était encore existante et libre ,
tandis qu’elle était tout-à-fait imperméable , vis-à-vis la
première ligature, soit par l’union intime des parois de
son enveloppe celluleuse , soit par l’interposition d’un
caillot sanguin , adhérent, dur et coloré vers la ligature,
rouge , plus mou , et flottant à son extrémité opposée.
La ligature placée sur la sous-clavière n’embrassait que
ce vaisseau ; elle avait opéré complètement la rupture
circulaire des tuniques interne et fibreuse lesquelles
s’étaient éloignées de la ligature et repliées vers la
cavité de l’artère. Le fil embrassait une sorte de cor
don fibro-cartilagineux, de trois à quatre lignes de long,
formé par la tunique celluleuse, dont les parois épais
sies par l’inflammation , paraissaient s’être confondues
mutuellement à la faveur de leur contact et avoir ainsi
intercepté la cavité artérielle ; en outre un caillot court,
épais , décoloré en grande partie , adhérait solidement
à la partie supérieure de la rupture des tuniques de
l ’artère et fortifiait l’imperméabilité du vaisseau dans
ce point.
Observ i . — Un militaire reçut un coup de feu qui
fracassa l’extrémité supérieure de l’humérus. M. Dclprck
fit la resection de cette extrémité, et ne connaissant
point encore par expérience le danger des ligatures
des vaisseaux interposés entre les lèvres d’une plaie ,
dont les bords étaient tenus rapprochés , cette circons
tance donna lieu à l’inoculation de la pourriture d’hopitalj
�et il fallut terminer l ’amputation du membre. N i par
l ’application du feu , ni par de bonnes précautions , où
ne put défendre le malade des nouveaux progrès de
l ’infection. En peu de jours une abondante hémorragie
se déclara j et quelques recherches eurent bientôt
démontré qu’elle provenait de l’artère axillaire , que la
pourriture venait d’attaquer. 1V1 Delpech étant alors ab
se n t, M. le docteur Galtié prit la résolution courageuse
de li'T la sous-clavière sur la première cote , et après
cette opération, qui ne fut ni longue ni diffiiile , il porta
de nouveau le cautère actuel sur les points de l’ancienne
plaie encore entachés de pourriture. Cette dernière
tentative ne fut point fructueuse ; le malade succomba
trois jours après , dans un état de faiblesse qui devait
l ’empêcher de profiter de secours aussi intrépides.
A l’ouverture du cadavre , on trouva que la ligature
faite à l’axillaire lors de l’amputation était solide , et n’a
vait pas donné lieu à l’hémorragie secondaire, laquelle
émanait d’une ulcération située un pouce plus haut et
formée par la pourriture. La ligature de la sous-clavière
était comme ensévelie dans la tunique celluleuse de
cette artère , engorgée , épaissie , consistante et confon
due avec le tissu cellulaire environnant. On voyait dans
toutes les parties voisines et dans les mailles du tissu
cellulaire, l’injection capillaire et l’infiltration albumi
neuse , qui sont les conséquences les plus prochaines de
l’inflammation. Les tuniques de l’artère étaient rompues
circulairement. Repliés vers l’intérieur du vaisseau , les
bords de cette rupture étaient plissés suivant l’axe de
la cavité , en contact avec eux-mèmes et plongés dans
une masse albumin;use déjà organisée qui régnait jus
qu’à la ligature , et au-dessus de laquelle , du côté du
cœ ur, était un caillot sanguin peu consistant , coloré
et adhérent aux parois du vaisseau.
Obsery. 3 . — Un voltigeur fut blessé par un coup
�( 5ig )
de feu , qui traversa le métacarpe de la main gauche,
en fracturant le troisième os de cette légion. Cette
plaie était en boa état , lorsqu’elle contracta la pourri
ture d’hôpital qui céda à des lotions de vinaigre. Ce
militaire fut alors évacué sur le dépôt de Pezenas où
la pourriture affecta de nouveau sa blessure , etc. ; 'de
retour à M ontpellier, après un mois d’absence , il avait
la plaie très-étendue et profondément infectée. M. Del
pech la trouva en outre compliquée d’un engorgement
considérable de l’avant-bras et de la paume de la main ,\
dont on exprimait par la compression des quantités
considérables d’un ichor brun et fétide, qui sortait par
l ’orifice palmaire de la plaie de la main. 0 n reconnut
aisément à ce signe, l’existence d’un grand sinus pratiqué
par la pourriture elle-même , dans le tissu cellulaire
de l’avant-bras , au - dessous de l’aponévrose. .M. le
professeur Delpech se décida à, cautériser avec le fer
rouge les plaies de la main , et c’est ce qu’il fit après
avoir mis à découvert, par une incision, le trajet fis—
tuleux. Toutefois, quelques points qui n’avaient pu être
desséchés complètement reparurent bientôt ; l’artère ra
diale fut atteinte par la pourriture d’hôpital ; le 8.®
jour il survint une hémorragie que l’on arrêta ; le sang
reparut le lendemain. M. Delpech fait la ligature de l’ar
tère humérale vers le milieu du bras , avec deux brins
de fil ciré dont il coupe les bouts près du nœud, et
fait la réunion immédiate de la plaie. Le sang ne repârait plus et à l’aide du cautère actuel on se rend
maître de la pourriture ; tout va bien , mais le typhus se
déclare et le malade en meurt dix jours après l’opération.
A l’ouverture du cadavre, on trouva que l’auneau
formé par la ligature , em brassait, sans le comprimer,
un cordon rougeâtre , consistant, long de cinq lignes,
épais de trois ; sans cavité intérieure , uni au tissu
cellulaire environnant excepté sous la ligature o ù était
�( 320 )
du pus : ce cordon était formé par la tuttique cellu
leuse de l’artère qui dans l’intérieur était oblitérée au-’
dessus de la ligature , à un pouce d’étendue , par l’in
terposition d’un corps blanchâtre , fibreux, adhérent,
se laissant séparer à la faveur de quelques elforts , pa
raissant être les restes d’un caillot. Au-dessous de la
ligature, un autre caillot encore rouge occupait une
certaine étendue de la cavité de l’artère. On retrouvait
au lieu de la ligature exercée sur les tuniques interne
et Hbreuse , les traces de leur rupture dont les bords
étaient unis avec la gaine celluleuse , épaisse et dis
posée en forme de cordon imperméable , par une ci
catrice et une masse d’albumine que l’absorption n’a
vait pas encore fait entièrement disparaitre.
Obscrv. 4 - — Un militaire fut atteint d’une tumeur
qui , examinée avec attention, fut reconnue par M .
Delpech, pour un anévrisme de l’altère rurale : elle
était située à la région inguinale, s’étendait de l’épine du
pubis à l’épine iliaque , se portait en bas bien audessous des glandes inguinales inférieures , fesait saillie
sous l’arcade crurale , et se prolongeait sensiblement
le long de la ligne saillante, qui s’éparc la fosse iliaque
l’excavation du bassin. Sa forme était celle d’un
cône d’environ six pouces d’élévation de circonférence ,
sans comprendre le prolongement abdominal. Malgré
ce prolongem ent, on sentait facilement les battemens
de l’iliaque externe. La tumeur s’était ulcérée , et des
hémorragies graves en avaient été le résultat. Lier
l ’iliaque externe était l’unique ressource , mais outre
que le désordre de la circulation était tel que cette opé
ration n’offrait presque point de chance de succès , une
considération majeure donnait à penser : c’est q u e, vu
le prolongement abdominal , il devait être très-difficile
circonvenir l’artère par la difficulté de l’isoler , on
s’exposer à la blesser
que
de
de
pouvait donc
ainsi
la veine
�( '21 J
iliaque. Le savant opérateur signala à sès disciples
cette difficulté dont la suite démontra bien l'importance*
car voici l’aveu que fait M. Delpech avec cette candeur
que tout médecin devrait avoir : « malgré toutes nos
précautions, d it-il, et la défiance avec laquelle nous
agissions, nous ne pûmes échapper aux conséquences
d’un procédé vicieux , dont l’état des choses semblait
nous avoir imposé la loi : lorsque la sonde fut placée et
engagée assez a va n t, un jet de sang artériel s’élança en
suivant la cannelure de la sonde et nous apprit que
l’artère venait d’être blessée.... » C ’est dans une telle
occurrence qu’il faut du sang-froid ; M . Delpech, qui en
a beaucoup , comprima l’artère sur la sonde en les ser
rant avec le pouce et l’index dont l’extrémité se trou
vait placée devant l’intervalle de ce vaisseau et de la
veine iliaque. Cette partie servit de guide à l’extrémité
d’ une autre sonde cannelée * et ce fut dans la cannelure
de celle-ci qu’on fit glisser par un aide le stylet bou
tonné, garni d’une ligature faite de quatre brins de fil
ciré. On ôta la sonde et on laissa retirer le vaisseau.
Les chefs de la ligature furent engagés dans l’anneau
d’un serre-nœ ud, au moyen duquel l’artère ftit serrée
de manière à rompre à dessein les tuniques interne
et fibreuse. Après cette opération , le malade fut assez
bien ; mais bientôt son état devint tous les jours plus
alarmant et le 6 .e jour, la gangrène qui s’était manifestée
au p ied , fit des progrès sensibles, au point d’envahir
le membre le io .e jour , époque à laquelle le malade
cessa de vivre.
A l’ouverture du cadavre , on s’aperçut que l’artère
crurale était détruite dans les deux tiers antérieurs de
sa circonférence, depuis l’os pubis jusqu'à un pouce audessous de la naissance de l’artère fémorale profonde ;
plus b a s, l’artère crurale était fort rétrécie et presque
T . Y . Juin i 8 a3.
41
�( Z ii )
oblitérée dans près de deux pouces par un caillot so
lide. Les chefs de la ligature ayant été dégagés du
serre-nœud , on retira ctlui-ci avec précaution , et on
trouva cjue le lien embrassait un cordon solide de 7
à 8 lignes de long sur 5 à 4 de large , formé par la
tunique celluleuse de l'artère. Au-dessus et au-dessous,
on distinguait la rupture des tuniques propres de ce
vaisseau ; les bords ne présentaient ni rides , ni refou
lem ent;! ils étaient arrondis et comme recouverts d’une
cicatrice. Un caillot adhérent se prolongeait dans la
cavité de l’artère supérieurement. Un pouce au-dessous
de la ligature , on reconnaissait la blessure que la pre
mière sonde avait faîte à la paroi postérieure de l’ar
tère ; l'engorgement du tissu cellulaire l’avait effacée à
l'extérieur ; mais intérieurement , on voyait la rupture
des tuniques internes.
Obserif. 5. — Un postillon eut la jambe gauche écrasée
par une roue de voiture. M. Delpech reconnut une
fracture comminutive des deux os de la jambe ; et la
rupture d’une artère , occasiunée par l’un des fragmens
de la fracture , était évidente , puisqu’on sentait des batlemens très-distincts à la jam be, ce qui fesait pré
sumer qu’il y avait un épanchement sanguin dans une
cavité que les fragmens de la fracture avaient pu seuls
former'. Mais quel était le Vaisseau blessé ! Où était la
situation de son altération ? Ne se pouvait-il pas qu’il y
eut plus d’un vaisseau intéressé! le cas réclamait ou
l ’amputation du membre ou la ligature de la fémorale.
M. Delpech prit ce dernier parti. Les chefs d’une ligature
triple placée convenablement , furent coupés tout près
du nœud , les lèvres de la plaie rapprochées dans toute
leur étendue, et maintenues dans un contact exact par
des bandelettes agglutinatives. Dès le io .e jour , cette
plaie était presque complètement réunie ; mais le a5 e,
un point de la cicatrice se rouvrit, donna lieu à l'expulsion
�( 323 )
de la ligature et se cicatrisa de nouveau le lendemain.
Le résultat de cette opération et du traitement métho
dique de la fracture , fut tel que l'anévrisme disparut
bientôt, les fragineris osseux se consolidèrent, et la
guérison fut complète le 92." jour.
Ohserv. 6. — Un lieutenant reçut un coup d’épée à
la parLie moyenne de la cuisse gauche ; il se manifesta
une hémorragie que l'on arrêta par la compression et la
plaie fut cicatrisée huit jours après. Alors il survint
une tumeur sous la cicatrice antérieure , et M. Delpech
observa des signes qui constataient la blessure cachée
de l’artère fémorale , l’oblitération passagère de son ou
verture par un caillot qui avait dû se laisser déplacer le
8.e jour , et la formation d’un épanchement sanguin au
tour de l’artère blessée, L ’illustre opérateur eut recours
à la ligature fémorale près de l’aine et parvint ainsi à
guérir son malade en peu de temps.
Observ. 7. Un militaire eut les deux os de la jambe
droite fracassés par un coup de feu. M . Delpech pratiqua
l ’amputation dans la continuité de la jambe , et fit trois
ligatures dont une seule importante. Tout marchait bien
jusqu'au 7.e jour. A cette époque, une abondante hé
morragie eut lieu par le trajet de la principale ligature,
qui pourtant tenait encore. La ligature indirecte avait
inspiré trop de confiance à M. le professeur Delpech ,
pour ne pas en saisir l’idée avec assurance. 11 dé
couvrit donc l’artère fémorale , immédiatement audessus de son passage sous le muscle couturier , et
en fit la ligature avec trois brins de fil ciré. Depuis lo rs,
tout fut de mieux en mieux. Le 8.e jour , i 5 e de l’am
putation , la principale ligature du moignon se sépare
et entraîne avec elle un lambeau de tissu cellulaire
mortifié ; la ligature de la fémorale tombe spontané
m ent, le i 3 .e jour, Le 24 % cicatrisation complette de
toutes les plaies, et le 60.e , le malade sort de l’hôpital
parfaitement guéri,
�(
3 2 4
)
Obterv. 8. Lecgues atteint d’un coup de feu à la cuisse
gauche qui fracasse le fémur , se refuse d’abord à l’am
putation que M. Delpech lui propose , mais il y consent
alors qu’il essuye des douleurs violentes, et elle est
pratiquée à une partie très-élevée de la cuisse. L ’état
du malade fut satisfaisant jusques aü 16 .' jour de cette
opération. A cette époque , il survint une hémorragie
très-grave par le trajet de la ligature principale qui n’était
point encore tombée , mais qui se sépara en ce moment,
entraînant avec elle un lambeau de tissu cellulaire mor
tifié. M. Delpech ne balança point de lier la fémorale.
L e g.c jour de cette nouvelle opération, la ligature de
l ’artère se sépara sans accident. Le 20.e la plaie de l’aine
était complètement cicatrisée. Le malade paraissait guéri,
mais la nature fit r’ouvrir plusieurs fois la cicatrice
pour délivrer le moignon de portions de balle et de
fragmens osseux qui n’avaient pu être reconnus dans
le premier moment. Après ce travail de la nature , la
guérison fut parfaite.
Soixante et dix-huit pages de réflexions suivent ces
huit observations dont les trois premières oifrent des
circonstances notables relatives à la pourriture d’hô
pital et surtout des traits sur la facilité avec la
quelle elle se propage dans la profondeur d’un mem
b re, à la faveur du tissu cellulaire , leqnel , d’après
l’observation , est sans comparaison plus accessible à
l ’action de ce délétère que tout autre organe. La pour
riture d’hôpital est un accident plus ou moins grave dont
M . Delpech veut qu’on se défie, toutes les fois qu’il
s’agit d’une blessure et surtout d’un coup de feu , qui
pénètre profondément ou qui traverse la partie charnue
d’un membre , etc. C’est toujours par les orifices d’une
blessure que cette pourriture commence , et il est aisé
alors de la suivre des yeux et d'en observer les pro
grès , à moins que ceux-ci dans le tissu cellulaire
�c 525 )
profond soient tels, qu’ils échappent à l’investigation
de nos sens , ce qui a lieu , par exemple , lorsqu’un
coup de feu traverse des parties aponévrotiques qui
forment divers détroits. On conçoit que la réunion
immédiate des plaies doit être opérée autant que pos
sible alors que les malades se trouvent là où règne
la pourriture d’hôpital, puisque cette infection est d’a
bord locale et qu’elle est évidemment le résultat de
l ’introduction des miasmes putrescens. On conçoit aussi
quq les plaies par arme blanche , pouvant être plus
facilement réunies que celles d’armes à feu , sont par
cela même moins susceptibles que celles-ci d’être in
fectées. La propriété contagieuse, dit M. Delpech , est
tellement incontestable dans la pouiriture d’ hôpital,
qu’il faut s’attendre à l’infection de la plaie après une
amputation ; à moins que l’on ne provoque la réunion
immédiate. Ce professeur observe que le seul trajet des
ligatures peut servir de conducteur au délétère , et qu’il
perdit tous les amputés dont le moignon fut infecté
de cette manière. Aussi eut-il soin depuis lors de cou
per les fils des ligatures tout contre le nœud du lien
qui serrait le vaisseau , ce qui permettait de bien rap
procher les lèvres de la plaie , et d’en soustraire ainsi
la surface au contact de l’air et des miasmes dont il
était saturé. Mais que devait devenir l’anse de chaque
ligature ? On a vu dans la 5 .e observation de quelle
manière la nature travaille à l’élimination des corps
étrangers. D'ailleurs M. Delpech n’a jamais vu une li
gature provoquer la formation d'un abcès , mais seule
ment la cicatrice se soulever, s’ouvrir pour montrer un
nœud , et se fermer de nouveau dans les 24 heures,
M Delpech , qui publia dans le temps un mémoire
sur la pourriture d'hôpital , où déjà il admettait qu’elle
est une maladie particulière , commençant toujours par
être locale, combat ici avec avantage l’opinion de quel-;
�( 3 a6 )
q»es auteurs qui ont considéré cette infection comme
l’effet d’une affection générale ; la meilleure preuve qu’il
nous paraît avoir donné et qui émane de sa propre
expérience , c’est que le traitement local , en fesant
cesser l’affection locale , amène la solution la plus com
plète des symptômes généraux qu’elle avait occasionés.
Cela ne paraît point se passer de la sorte , il est vrai,
alors qu’il y a complication des fièvres nosocomiales
qui , avec la pourriture d’hôpital , reconnaissent une
cause commune. Mais ces deux genres d’affections si?nt
assez distincts pour que l’un ne soit point subordonné
à l’autre et que les moyens utilisés pour combattre le.
premier n’ait sur le dernier de l’influence que jusques
à un certain point. La propriété contagieuse de la pour
riture d’hôpital est , suivant l’auteur, le principe uni
que de la différence essentielle des deux affections. C’est
parce qu’elle s’introduit clandestinement dans la pro
fondeur des membres , qu’un œil peu exercé , ne sa
chant la reconnaître d’abord , prend bientôt ses effets
pour sa cause. Son existence est confirmée par un
empâtement extérieur ; un engorgement profond , des
douleurs vives , une collection que l’on vide par la
compression. Le poison marche d’autant plus vile que
l ’îchor putride en est saturé , et que cette humeur
étant retenue dans un sinus étroit , l’inoculation se
renouvelle, pour ainsi d ire, à chaque instant et agit
sur tous les tissus avec plus ou moins de rapidité.
On arrête et on combat avantageusement les ravages
de la pourriture d’hôpital , en cautérisant les parties
qui en sont attaquées. Mais comme l’indication à rem
plir n’est point de détruire les organes affectés , le
cautère actuel ne doit être utilisé qu’avec circonspec
tion , et l’application de l’acide muriatique suffisam
ment étendu pour ne pas agir comme caustique , mé
riterait la préférence sur son em ploi, surtout s’il était
�( 3 27 )
possible de se promettre que cette application neutralisât
1e contagium à la surface des parties qui l’auraient reçu $
et où l’on ne serait pas dans la nécessité de 4e pour-*
suivre profondément dans l’ intimité de ces parties.
Telle est l’opinion de M. Delpech sur le traitement
de la pourriture d’hôpital , et il faut croire que ce ne
sont pas seulement les chirurgiens de l’armée Angloespagnole , q u i, comme le rapporte le professeur de
Montpellier , ont eu recours aux acides minéraux pour
remplir la même indication. On sait que nos devan
ciers , français et étrangers, ont regardé ces acides
comme jouissant éminemment de la propriété anti-sep
tique , et dans un mémoire intitulé : Essai sur les avan
tages que les acides minéraux présentent à la médecine
des armées et que nous soumîmes au jugement du
conseil de santé m ilitaire, le 3o mars i8 i6 ,n o u s pro
duisîmes des observations qui confii ment assez l'efficacité
des acides minéraux comme anti-putrides.
Passant aux effets des ligatures des artères , M. Del
pech conclut des 4 premières observations i.° que l’on doit
renoncer entièrement aux ligatures d’attente, comme inu
tiles et dangereuses ; a .0 que le vaisseau à oblitérer doit
être entouré d’un seul lien , assez mince pour pouvoir ,
sans trop d’effort, rompre sûrement les deux tuniques
propres , et pas trop mince , pour ne point exercer sur
le tissu cellulaire une constriction qui ne tarderait pas
à le mortifier ou à l’ulcérer rapidement ; 3 .® que ce
lien doit entourer le tissu cellulaire extérieur du vais
seau , sans saisir aucune partie voisine , afin que la
compression des membranes de ce vaiseeau soit par
tout uniforme , et il convient, pour ne point négliger
de comprendre son tissu" cellulaire extérieur dans l’anse
de ce lien , d’user d’un petit instrum ent, mousse quoi
que délié , assez recourbé , et de le conduire autour du
vaisseau , 'à la faveur de légers mouvetnens parallèles
ù l’axe de ce dernier, afin de reconnaître et d’éviter
�523
)
le moindre obstacle; 4-° que pour isoler le vaisseau des
parties environnantes , et surtout du tissu cellulaire ,
il suffît de se servir du bout étroit et applati d’ une sonde
cannelée , au moyen de laquelle on écarte plutôt qu’on
divise le tissu cellulaire ; 5 .° qu’on parvient à rompre
sûrement les deux tuniques propres , soit à l’aide d’un
nœud simple , soit en dégageant les deux chefs de la
ligature dans l’anneau d’un serre-nœud à polype , lequel
peut être fort délié : 6.° cu ’il faut serrer la ligature
jusqu’à ce qu’on sente la secousse qui annonce la rup
ture des membranes propres, et qu’il se forme le double
bourrelet qui en est le résultat. Alors seulement con
vient-il d’exercer la compression sur le vaisseau , y,0
que l’on ne doit rien engager sous la ligature , parce
que l’expérience démontre que la chose est inutile
et même nuisible ; 8 ° que l'on doit procéder avec un
grand soin au rapprochement immédiat des parties
divisées , afin d’obtenir la réunion la plus complette
possible ; g .° qu’il faut supprimer la ligature le 4-e ou
le 5 .e jo u r, ayant soin de rapprocher aussitôt les par
ties que cette interposition isolait encore et A'étendre sut
elles la compression générale, jusqu’à l'entière cicatrisation.
Les quatre dernières observations confirment combien
il est im portant, en cas de lésion accidentelle d’un
Vaisseau artériel considérable , que la ligature , si elle
est jugée nécessaire , soit pratiquée sur une distance
quelconque au-dessus de cette lésion , plutôt que sur
son lieu même.
Les boines de notre journal ne nous permettant pas
de donner plus d’extension à notre premier article,
nous le terminons i c i , mais bien persuadé que nos lec
teurs n’attendrons pas un nouvel article de notre part
pour faire l’acquisition de la chirurgie clinique de Mont
pellier et se procurer conséquemment le plaisir de juger
eux-mêmes de l’importance de cet ouvrage.
P.-M. Roux.
�C S29 )
2. °
y
A R I É T É S.
N o t r e intention étant de donner successivement les
portraits des médecins , chirurgiens et pharmaciens cé
lèbres de la Provence , et de ceux qui , par leur rare
m érite, sont de tous les pays, nous commencerons par
faire figurer le portrait du prince de la médecine en
tête de notre prochaine livraison , laquelle commencera
le 6.e volume et non le 4-e d’après le calcul du rédac
teur de la Statistique des journaux. Mais en rendant
cet hommage de vénération à des hommes illustres ,
nous sommes loin de nous croire dispensé de donner
des gravures toutes les fois que les sujets dont il sera
traité dans notre recueil les réclameront,
— M .B. V ..., après avoir suivi pendant deux ans, dans
un hôpital, la visite d’un médecin, retourna chez lui; là ,
croyant avoir déjà parcouru les sentiers les plus obscurs
et les plus difficiles de la science dont il connaît à peine le
nom , il voulut donner des preuves non évidentes de son
savoir faire. M . le docteur R . . , visitait depuis quel
ques jours une jeune fille de i 5 a n s, atteinte d’une af
fection cérébrale avec coma profond , délire et autres
symptômes effrayans. Le caractère de cette maladie
était inflammatoire ; après les saignées générales et
locales indiquées , les mêmes symptômes existant en
core , des vésicatoires furent appliqués, selon la mé
thode de l’illustre Barthez , aux molets , aux cuisses,
derrière les oreilles et à la nuque. M . V , qui n’avait
quitté les bancs de sa petite école que pour faire son
voyage ; manifesta aux parens de la malade le désir
de voir comment on traitait fa : la proposition en fut
faite au médecin qui , loin de dédaigner , comme il
T . V . Juin i 8a3 .
42
�aurait peut-être dû le faire , de voir un pareil consul
tant , se rendit à l’instant. M. V . commençait déjà de
questionner les parens avec beaucoup d’emphase , lors
que le docteur R. , le priant de l’écouter, lui prom it,
devant nombreux témoins , de lui épargner toute peine :
l’historique de la maladie fut fait avec détail , tous les
symptômes furent énumérés , le traitement tut exposé,
mais passant ensuite à la nature de la maladie , M. /{,,
s’expliqua franchement, l’analyse des meilleurs travaux
sur celte matière fut tracée rapidement , l’application
en fut faite au cas qui se présentait , quelques noms
fameux dans l’histoire de la médecine furent cités quand
l’occasion le voulut ; mais M. V . ne parut point être fa
milier avec eux et il garda le silence. Prenant ensuite
le ton qui lui convenait , le docteur R . termina ainsi :
« V oilà , M onsieur, quelle est mon opinion sur les af
fections cérébrales , elle est le huit des leçons de M.
L a lle m a n d de Montpellier ; si jamais vous êtes à portée
de suivre ce professeur distingué , vous appiendrez
com m en t on tr a ite ça ». M. l r. ne répondit rien , il
sortit au plus vite de cette maison et alla auprès des
commères blâmer celui qui i’avait si bien reçu , de ce
qu’il n’avait pas fait appliquer les vésicatoires au sacrum.
IV. B . — Malgré les prédictions sinistres de M. B. V. ,
cette jeune personne a été rendue à la santé la plus bril
lante.
— Nous avons dit que le savoir-faire conduit plus sû
rement à la fortune que le savoir. C’est comme pour
justifier cette vérité que l’on vient d’afficher sur tous les
coins des rues de Marseille une pancarte annonçant
lé tra item en t des m a la d ie s s y p h ilit iq u e s , avec, le sirop
D É C O U V E R T
TAR
UNE
RÉU N I
OS
UE
M EDECINS ! ! !
Peut-on mieux raffiner sur le charlatanisme I Ne seraiton pus en droit de demander à connaître celte réunion
�( 531 )
médicale qui honore si bien les gens de l’art? Heureu
sement, le ministère public a mis un embargo sur le
fameux sirop , et le dépositaire, en avouant avec fran
chise qu’il a été séduit dans cette occasion , a su se
réhabiliter et reconquérir par conséquent l’estime
publique.
— Les bandages herniaires, s'ajustant d'eux-mêmes ,
sans courroies ni sous-cuisses , inventés par Salmon ,
Ody et Comp e de Londres, sont d’une utilité qu’on
11e saurait contester. Aussi , l’usage en est-il générale
ment adopté en Angleterre , et nous ne douions pas
qu’il en soit un jour de même en France où déjà l’on
trouve plusieurs dépôts de ces bandages. Le dépôt est
à Marseille chez M. Negret , et l’on s’adresse à M.
Iiagaud, pharmacien de celte ville , rue St.-Ferréol ,
n.° 1.
— M. D eleuil, mécanicien en inslrumens de phy
sique, à Paris , vient de fabriquer un scarificateur agis
sant dans le vide , propre à remplacer les sangsues ,
pour lequel il a obtenu un brevet du Roi et qui a été
l’objet d’un rapport favorable à l’ Académie de méde
cine. Cet instrument , très-utile pour les lieux où il
est difficile de se procurer des sangsues , à bord des
navires, e tc ., coûte i 5o fr.
— On a compté peu de malades dans le courant de
ce mois-ci ; et les praticiens n'ont eu guères à traiter
que des maladies éruptives. Cela vient sans doute de
ce qu’en juin les chaleurs n’ont pas été grandes à
Marseille , comme elles le sont ordinairement à cette
époque. La température ayant été comme dans le prin
temps , il n’est point surprenant qu’en général l’on n’ait
observé que des affections communes dans la saison
printanière.
�( 552 )
D ’après le relevé des registres de l’État-civil de
mairie de Marseille , il y a eu en Mai 1823
343 naissances ; 246 décès et 102 mariages.
P.-M. Roux.
la
3.°
C o n c o u r s
a c a d é m i q u e s
.
L a Société de médecine pratique de Paris n’ayant
pas trouvé que les trois Mémoires envoyés aient ré
solu , d’une manière satisfaisante , la question propo
sée , remet au concours le même sujet ; mais elle a cru
devoir en modifier les termes, afin d’indiquer plus par
ticulièrement la marche que les concurrens doivent
suivre :
E x i s t e - t - i l tou jou rs d es tracas d 'in fla m m a tio n dans les
v iscères a b d o m in a u x après les fiè v r e s p utrid es et a ta x iq u es ?
C e lte in fla m m a tion e s t-e lle la ca u se , l ’ e ffe t ou la
com
p lic a tio n d e ta fiè v r e ?
Le prix consiste en une médaille d’or de la valeur de
3 oo fr. Les Mémoires , écrits en français ou en latin,
seront adressés ( franc de port) à M. Giraudy, secrétaire
perpétuel, rue Traversière-Saint-Honoré , n.° 3 3 , avant
le mois d’octobre 1824.
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc- , de ses membres soit titulaires, soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d’être publiés,
elle n'a égard qu'à l’intérêt qu’ils présentent à la science
médicale : mais quelle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n’ont pas encore la sanction générale.
�BULLETINS
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MÉDECINE
M ARSEILLE.
XVIII.
’V X'V
%/V/X -*ZV •
W » « k > V » V V V W (\W \W \W %
succinte du typhus ictérodes qui se manifesta
à Baltimore , au mois de juillet 1819 ; par M . Pierre
C h a t a r d , D .-M . , l'un des médecins consultons de
l'hôpital de la marine de cette ville, membre corres
pondant de la Société royale de médecine de Marseille.
N O T IC E
P e r m e t t e z , Messieurs , que je vous entretienne un
instant du typhus ictérodes connu aussi sous le nom
de fièvre jaune , de typhus d’Amérique , etc. Vous au
rez appris , sans doute , par les papiers publics qu’il a
affligé, l’année dernière , la plus grande partie des
villes maritimes de ce continent, et que Baltimore , où
je réside depuis plus de vingt ans , en a été particuliè
rement atteint. Cette ville, la principale de l’État du
M aryland, d’environ soixante et dix mille âmes de
population , située an 3g.me 5o de lat. et 3o4 île long.,
est bâtie dans une espèce de gorge , sur un terrein
inégal; mais ses rues, en général spacieuses et bien
percées, permettent un libre accès à tous les vents , ce
qui fait qu’elle est très-froide l’hiver, sans être fraîche
en été. Sa partie basse est établie le long d’un vaste
bassin formé par les eaux du Fatapsco , du Gvvins Falls,
�( 534 )
du Jones’Falls et principalement par celles qui refluent
de la baie de Chesapeak. Au Sud et à l’Est , il y a
quelques marécages dont les effluves produisent des
fièvres intermittentes et autres dans leurs environs , pen
dant les mois d’août, septembre et octobre ; mais ils
affectent peu la ville proprement dite , qu’on doit diviser
en trois parties distinctes , pou’r suivre la marche de
l ’épidémie. La première et la plus considérable est si
tuée à l’Ouest du Jones’ FaHs qui la sépare de la partie
connue sous le nom de V ieille-V ille , qui est elle-même
bornée par un ruisseau , le Startford Run , après lequel
vient la troisième partie appelée la Pointe. C’est uni
quement dans cette partie qu’a existé la fièvre jaune
depuis le commencement de juillet jusqu’en novembre.
Cette partie de la ville est bordée , dans presque toute
sa longueur , par des wharfs ou quais faits de grosses
poutres q u i , décomposées avec le temps , deviennent une
source d’infection que tous les médecins considèrent
comme la principale cause de la fièvre jaune. Ajoutez
à cela que les effluves de l’Est et du Sud peuvent être
transports jusque-là , et renforcer la première cause.
Quoiqu’il en soit , la Pointe a toujours été considérée
comme plus mal saine que la V ieille-Ville , et la partie
proprement dite Baltimore , qui a aussi ses ivharjs dans
sa partie basse , construits des mêmes matériaux que
ceux de la Pointe. Aussi c’est toujours dans ces wharfs
que se déclare la fièvre jaune. Celle de l’année dernière
prit naissance dans Smith's Dock vers la fin de juillet ,
et huit ou dix personnes qui en furent attaquées , en
même temps , périrent toutes plus ou moins prompte
ment avec des symptômes très-caractéristiques , tels que
prostration des forces, vomissemens noirs, hémorrhagies,
jaunisse , suppression d’urine , etc. Le foyer d’infection
ayant été découvert , et étant peu considérable, le
maire y fit jeter une grande quantité ,de chaux vive
�(
535 )
qui détruisit complettement le miasme pendant deux
mois. Au bout de ce temps , deux autres personnes ayant
été attaquées comme les premières , périrent en cinq
jours de maladie. Le même moyen fut employé avec le
même succès. Observez-bien , qu’excepté ces cas-ci , la
ville de Baltimore proprement dite , n’eût pas un seul
de ses hubitans pris de la fièvre jaune. Néanmoins ,
pendant tout ce temps, c’est-à-dire, depuis juillet jus
qu’en novembre , la fièvre fesait les plus grands ravages
à la Pointe , sans dépasser le Stanford Run , malgré
que ses habitans , frappés de terreur , i’eussent désertée
en grande partie. La classe pauvre fut mise sous des
tentes à deux milles de là , et nourrie aux frais de la
ville ; les gens aisés se retirèrent dans les campagnes
ou chez leurs amis à Baltimore ; il n’y eut que les en
têtés ou les plus courageux qui restèrent pour servir
d’aliment au fléau destructeur qui en moissonna de huit
à neuf cents. Plusieurs des personnes qui s’étaient re
tirées à la campagne ou à Baltimore ayant emporté
avec elles le germe de la maladie , périrent chez leurs
parens ou chez leurs a m is, par qui ils furent traités
avec beaucoup de zèle et d'humanité , sans avoir com
muniqué l’infection à pas un d’eux. Pendant tout le
temps qu’a duré cette épidémie à la Pointe , il nous a
été en ne peut pas plus facile de suivre les traces de
l’infection qui ne s’est pas étendue à plus de 12,00
toises carrées. Pour s’en garantir, il ne s’agissait que
de ne pas dépasser la ligne de démarcation , le Startford
Run. Aussi il n’a péri en ville que quelques individus
imprudens ou déjà infectés avant de s’y rendre. Cette
circonstance me paraît être une des plus heureuses
qu’on puisse rencontrer pour décider la grande ques
tion sur la nature non-contagieuse de la fièvre jaune,
puisqu’elle constate r.° que l’infection a été circons
crite à
Pointe pendant tout le temps qu’a duré l’épi-
ia
�( 556 )
demie ; i .° qu’elle a été neutralisée dans Smitlis Dock de
la manière la plus efficace et la plus évidente ; 3 .° que
l’atmosphère infectée ne s’est pas étendue au-delà des
limites désignées ; 4-° qu’il n’y a pas eu une seule ins
tance de communication de contagion , d’un malade af
fecté à la Pointe , aux habitans soit de la campagne ,
soit de Baltimore , chez lesquels ils sont morts ; ajou
tons que les communications entre la Pointe et Baltimore
n'ayant pas été défendues , si les habitans de Baltimore ,
par prudence ou par toute autre raison , n’ont pas été
à la Pointe pendant l’épidémie , ceux de la Pointe qui
n’avaient aucun risque à courir en allant à Baltimore,
n’ont pas manqué d’y venir toutes les fois que leurs
affaires l’ont exigé : en o utre, les médecins et les
commissaires de la police ont été forcés, par devoir,
d’aller plusieurs fois par jour parmi les malades, et
cependant je ne sache pas qu’aucun d’eux ait apporté
la contagion dans sa famille.
Ces faits simples, distinctement et suffisamment réi
térés , démontrent , selon moi , jusqu’à l’évidence, le
caractère non-contagieux de la lièvre jaune , et de plus,
que cette fièvre peut être contractée au foyer d’infec
tion , mais non par contact ou par la respiration d’un
malade dans un lieu éloigné de celui où le germe de
la maladie s’est développé. Malgré que nous soyons
instruits par une longue et funeste expérience , nous
ignorons encore la cause sine quâ non la fièvre jaune
ne peut exister. Cette ignorance nous rend timides , et
nous fait craindre jusqu’au nom même de la maladie.
Tous les médecins, cependant, regardent les matières vé
gétales en putréfaction modifiées par l’humidité et par la
chaleur, comme la cause matérielle de cette fièvre ;
je suis aussi de leur avis , mais il faut avouer que
cette modification ne peut avoir iic-u que dans des
contrées comme celles de l’Amérique ; que la chaleur,
�( S37 )
quelquefois, quoique moins intense qu’en Europe, ainsi
que l’humidité, doivent avoir des qualités différentes; l’hu
midité devient alors, sans doute, le conducteur du calori
que q u i . chargé du principe délétère, en pénètre les corps
susceptibles d’en être infectés, et par l’organe pulmonaire
et par l’organe cutané; d’un autre côté, cette fièvre se pré
sentant sous des formes différentes et variant, comme
l ’a déjà observé le père Labbat, autant que les tempéramens des individus , il n’est pas étonnant que les
praticiens diffèrent d’opinion sur une infinité de points
et surtout relativement au traitement ; et que quelquesuns d’entre eux proposent une méthode exclusive parce
qu’elle leur a réussi dans quelques cas particuliers. La
maladie déterminée , sans doute , par la même cause ,
attaque néanmoins le principe de la vie de cent manières
différentes ; elle exige par conséquent des méthodes
différentes. Le docteur Rush se loua beaucoup de la
saignée dans l’épidémie qui régna à Philadelphie en 179?.
L es émétiques considérés comme pernicieux par plusieurs
habiles médecins , me réussirent très-bien dans l’épi
démie qui eut lieu à Baltimore en 1800. Les purgatifs
soutenus des légers d iaphoniques m’ont paru devoir
mériter la préférence dans l’épidémie actuelle. Dans ces
trois circonstances , les principes morbifiques pouvaient
être les mêmes , mais les diathèses étaient différentes,
et les résultats ne pouvaient pas être les mêmes.
Il est incontestable que la maladie se présente sous
trois formes différentes , que la fièvre soit intermit
tente , rémittente ou continue , comme le disent quel
ques praticiens ; et je ne suis pas éloigné de croire
qu’ils ont tous raison ; mais la chose importante à
connaître ; est de déterminer si cette fièvre est inflam
matoire , si elle est bilieuse, si elle est purement ner
veuse ; si enfin ces trois espèces ne se compliquent pas
les unes par les autres. Je crois les avoir rencontrées
T . Y . Juin 1823»
43
�(
538 )
plus d’une fois ainsi compliquées , mais je ne puis
douter de les avoir vues purement inflammatoires , bi
lieuses ou nerveuses. Les traitemens prescrits d’après
le diagnostic ont réussi , donc elles étaient telles. Je
n’ignore pas que malgré l’habileté du praticien à bien
discerner , il ne perde encore plusieurs malades ; mais
cela prouve seulement que l’intensité de la maladie est
au-dessus de l’efficacité du remède , et qu’il est des bornes
que l’art de guérir ne peut pas franchir. En elîet, que
faire dans ce cas-ci , que j’ai vu plus d’une fois depuis
i8oo jusqu’en 1819? Un malade avec un tein plom bé,
des yeux égarés , des extrémités froides et marbrées ,
un pouls éteint , a néanmoins assez de force pour venir
à une certaine distance me consulter , ou dans une au
tre occasion , pour s’occuper, assis sur le bord de son
l i t , à calculer son livre de banque ; il ne se plaint de
rien , il répond à tontes les questions qu’on lui fait, et
expire deux ou trois heures après. Cet homme se por
tait bien quarante-huit heures auparavant ; et ce n’est
qu’au moment d’expirer qu’il se croit indisposé. Son in
disposition, à la vérité , n’a pas été connue du médecin ;
mais aurait-il pu arrêter la dissolution du système ani
mal dans une course aussi rapide ? J’en doute. Les par
tisans de la saignée répétée plusieurs fois et même prati
quée usque a d deliquium , et il en est un grand nom
bre parmi les Anglais et les Américains qui agissent
ai nsi , pensent-ils qu’elle eut été ici de quelque utilité?
Disons-le , ces grands saigneurs prennent pour fièvre
jaune tous les cas d’indisposition ou de maladie réelle
qui s’offrent dans le cours d’une épidémie , et saignent
indistinctement tous leurs malades. Ils en guérissent
uri grand nombre par des raisons faciles à concevoir,
mais ils se gardent bien de nous faire connaître ceux
qui ont péri par le traitement , et qui eussent surmonté
le mal , s’ils eussent été livrés aux seules forces de la
�I
( 53g )
nature. Ce que nous disons i c i , n’est pas dit au ha
sard : nous avons vu de ces cas malheureux , et nous
savons que tes saignées faites par demi-douzaine , en
quelques heures , ont produit les résultats les plus fu
nestes , sans déconcerter leurs partisans. Le malade ,
selon eux , est toujours mort , parce qu’ il n’a pas été
saigné. Ce mode de traitement , renforcé par de loi tes
doses de calomel , a été adopté dans la dernière épi
démie ; mais les succès n’ont pas été brillans. Quelques
praticiens distingués , après avoir abandonné l’un et
l’autre, ont été plus heureux.
L ’expérience réitérée a démontré que quel que soit
le traitement qu’on mette en usage, il ne peut être utile,
s’il n’est pas administre dans les premières heures de
la maladie ; et il est alors souvent impossible de con
naître le caractère de la fièvre jaune , par les raisons
alléguées plus haut : line malr laïcs relativement aux
moyens employés précipitamment et par préjugé.
L ’épidémie qui vient de nous visiter ne m’a pas paru
différer de celles que j’ai vue au Cap-Français et à Balti
more depuis celle que j’y vis en 1797. Comme dans les
épidémies précédentes , les malades sont morts du trois
au cinq : plusieurs ont été au sept. Parmi ceux qre
j’ai vu en consultation , l’un est mort le dix et l’uutie
le quinze après avoir eu pendant huit jours une hé
morrhagie des gencives assez considérable. Les voniisserntns noirs et les hémorrhagies nazales ont été assez
fréquens, la constipation très-opiniâtre , triais l’estomac
moins irritable que dans les épidémies précédentes ; ce
qui a fait que les vomisscmens noirs n’ont eu lieu , en
général, que vers la lin de la maladie quand elle a été
mortelle. Cependant j’ai rencontré un cas qui a débuté
par le vomissement noir. Je vais le faire connaître
à causa; de la simplicité du traitement.
M. N ichey, du collège de Ste.-Marie , infecté à la
�nuire , visqueuse et mêlée d’un peu de sang. Quelques
heures après , il vomit encore des matières semblables.
Pour lors il me fit appeler. Je lui trouvai le pouls faible,
mais à-peu-près naturel, la langue sa le , le goût dé
pravé , les je u x engorgés de sang et la tête très-dou
loureuse. Je prescrivis une forte dose d’huile de palrn.
Christ, et une limonade de crème de tartre pour toute
boisson pendant vingt-quatre heures. Plusieurs selles
bilieuses dans la nuit , le lendemain même état ; l’huile
répétée ainsi que la boisson ; encore plusieurs selles de
même nature. Le troisième jour , un peu de fièvre dans
la n u it, mal-aise , peau sèche , langue aride et brune ,
du thé ordinaire bu chaudement et en grande quantité
pour exciter la transpiration. Une heure après-midi , le
malade a beaucoup transpiré ; une poudre purgative est
administrée et répétée trois heures après ; trois selles bi
lieuses et noires. Le quatrième jour la fièvre est moindre,
le malade se trouve mieux , mais il ressent des coliques
qui me décident à l'évacuer encore. Le purgatif pro
duit une selle copieuse et noire qui soulage, le malade,
abat la fièvre et paraît terminer la maladie. Le cin
quième jour le malade est convalescent.
M. Anduze , attaché à la même maison , fut malade
en même-temps , par la même cause , et traité de la
même manière avec succès. 11 y eut cependant cette
différence entre lui et M. H ick ey , qu’il n’y eut pas de
vomissement noir , et que la lièvre et le mal de tète
fuient plus intenses à raison de sa constitution trèspléthorique. J’ai aussi prescrit un purgatif de plus, pour
dissiper quelques douleurs lombaires qui existèrent
après la cessation de la fièvre.
M . Moram'illè , curé de la Pointe , ecclésiastique
plein de zèle et de charité, après avoir visité ses ma?
�{ 34! )
lad es, est saisi tout-à-coup dans la matinée du sept
septembre d’un violent mal de tète avec délire et fièvre
considérable. Il ressent des douleurs dans tous ses
membres et se croit perdu , parce qu’il a toujours été
au milieu des infectés Bain tiède de jambes , poudre
purgative et tisane royale avec de l'eau d’orge acidulée,
à prendre à des intervalles prescrites pendant le reste
de la journée , et pendant la nuit Dix selles copieuses
en sont le résultat. Le lendemain matin , tête libre ,
presque point de fièvre. Une petite panade et la bois
son acidulée , cinq ou six selles de plus dans le cours
de la journée. Tisane de chicorée acidulée pour la boisson
de la nuit. Je trouve à ma visite du matin que le ma
lade n’est plus en danger , quoiqu’il aie encore un peu
de fièvre , et il recouvre la santé au bout de huit ou
dix jours , en soutenant encore doucement la liberté du
ventre.
Un jeune irlandais infecté à la Pointe , est guéri chez
son ami, en ville , au bout de cinq jours , par le régime
purgatif et délavant;
De cinq malades attaqués à la Pointe dans la même
maison , trois sont guéris par le même traitement ; et
des deux qui meurent , l’un a été saigné.
Un commis de M. Nnmmond, résidant dans la VieilleV ille , est saisi de terreur panique, pour avoir été à
la Pointe Je le trouve presque sans pouls, se plaignant
d’un grand mal de tête , de douleurs dans tous les
membres , et ayant la langue sahurrale. Décoction
d’orge acidulée de vinaigre , et un purgatif à prendre
après avoir bu pendant quelques heures de la tisane pres
crite. A la visite du matin , pouls meilleur en consé
quence de cinq selles obtenues dans la nuit. Le ma
lade est plus rassuré et se sent mieux , quoique le
mal de tête et les douleurs des membres existent en
core. Continuation de la même boisson et d’une dosç
/
�C 34= )
d-’hutle de palma-Christi pour le lendemain. Le purgatif
a opéré très-bien et je laisse le malade , le croyant
sans danger. Je pourrais citer un plus grand nombre
de cas en faveur de ce mode de traitement ; mais comme
je ne l’admet pas exclusivement , et que je pense que
tous les moyens indiqués par l’art peuvent réussir dans
les différentes circonstances , même les saignées répé
tées , je n’en dirai pas davantage, en ajoutant seule
ment que quels que soient les talens et la réputation
d’un médecin , il peut être déterminé à employer tel
ou tel remède par des motifs frivoles et peu raison
nables.
Je n’en citerai qu’une instance que je trouve dans les
œuvres du docteur R ush, sans contredit.le plus grand
médecin qu’ait produit l’Amérique , ( voyez son Exposé
de la fièvre jaune de 1704 page gr ). Pour prouver les
bons effets de l’eau froide dans cette maladie , il dit :
« dans l’après-midi de l’un de ces jours, que mon sys
tème était imprégné de la contagion de la fièvre jaune ,
je me sentis si indisposé , que je délibérai en moi-même
si je me mettrais au lit , ou si j’irais visiter un de mes
malades , résidant à environ un mille de la ville ; l’aprèsmidi était fraîche et pluvieuse. Je me rappelai alors le
cas rapporté parle docteur Daignan , médecin français,
d'un homme qui fut guéri de la peste pour avoir été
forcé de passer la nuit en plein champ , exposé à une
forte pluie. Je montai aussitôt en cabriolet découvert,
exposé à la pluie ; je me trouvai on ne peut pas plus
agréablement dans cette position , je rentrai chez moi
au bout de deux h eu res, et je m’aperçus, à ma grande
satisfaction , que j’étais exempt de fièvre et qui plus
est, j’en fus débarrassé pour toujours ».
Je demanderai d’abord, si le docteur était réellement
imprégné de la contagion de la fièvre jaune ? 11 le dit,
il faut l’en croire : mais je suis très-disposé à penser
�I
( 343 )
qu:il n’était que fatigué , et que le changement d’àir^
un peu de nourriture qu’il p rit, peut-être chez son
m alade, où il resta au moins une heur e, puisqu’il
ne rentra chez lui qu’au bout de deux heures , une
diversion agréable , sans doute, qu’il fit à ses travaux
ordinaires , contribuèrent plus que la pluie à fortifier
son système affaibli , celte pluie , si je ne me trompe ,
pouvait plutôt occasioner la fièvre que la supprimer»
Je crois , en outre,
que si le pestiféré de Daignait
eut eu un compagnon
pestiféré comme lui
, il ne s’en
fut pas aussi bien tiré. Il dut sans doute
àla force
de son tempérament les bons effets que le docteur
attribua à la pluie.
SÉANCES
DE
TE N D AN T L E
LA
MOIS DE
SOCIÉTÉ
MAI
l
0a 3 .
3 Mai. — M . le Secrétaire-général communique line
lettre de M. Favart qui fait hommage , au nom de M.
Cliabanon fils , médecin à Uzès , de la Dissertation sur
la jiévre en général que ce dernier a soutenue à l’école
de Montpellier et demande pour lui le titre de membre
correspondant.
La Société est obligée de se conformer à ses règlemens sur cet objet : elle charge d’ailleurs M. T h . Beullac de lui présenter un rapport sur la thèse de M.
Chsbanon.
M . Ram pai, membre associé résidant , fait ensuite
lecture d’une observation sur ïinflammation ou ramol
lissement du cerveau guérie par les anti-phlogistiques ,
et suivie de réflexions pleines de justesse sur la diffé
rence qui existe entre l’apoplexie et les ramollissemens
du cerveau»
�(
344 )
La séance est terminée par le scrutin de M. Ram pai,
qui est reçu à l’unanimité membre titulaire résidant.
io Mai. — Cette séance a été entièrement employée
à la discussion d’objets d’administrations intérieure.
3 i Mai. — Lecture est faite i.° d’une lettre de M.
M ay, médecin de Lyon , servant d’envoi à un fascicule
d’observations pour obtenir le titre de membre corres
pondant. Le rapport à faire sur cette production est
confié à M, Goulin. a ° Une lettre-de M. le docteur
Im bert, qui exprime à la Compagnie toute sa gratitude
de l’avoir admis parmi ses membres titulaires résidons.
3 .° Une lettre du conseil-général d’administration des
hôpitaux de M arseille, qui informe la Société qu’il doit
être procédé à l’examen des concurrens pour les places
de chefs internes de l’Hôtel-Dieu. Une députation est
nommée pour assister à ce concours.
M. Forcade donne lecture de son rapport sur le mé
moire de M. Fenech , intitulé : Aperçu sur la peste de
Malte en i 8 l 5.
La séance est terminée par les conférences sur les
maladies régnantes.
S E G A U D , Président•
S u s , Secrétaire-général.
�L E V E R D U SO LEIL.
Barom.
3
75 0 .9 °
- 1 6 ,5
75 4 .13
-16 ,9
- 1 7 ,9
- 1 6 ,7
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-18,1
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TR O IS
THERMOMÈTRE,
HEURES.
N E U F H E U R E S DU SO IR .
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Barom.
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768,61
| 739,36
p. 7 3 8 , 7 6
Idem.
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+ ‘ 9 ,o
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Nuageux.
Quelques e'claircies.
C ouq ., pi. abond j tonn.
C ou vert.
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Pr. t. couv. ; p l- gr. ton_
Nu ag eux , brouillard.
Très-légers nuages.
Nuages.
Quelques nuages.
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Nuages.
Très-uungeux.
B 7,5 i;, !•
734.71
734.71
767,00
759,22
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1 7 Ô9,°3
7 57> ‘ 3
-20,84
. 121 , 24 7 7 , 7
737
CIEL.
Quelques éclaircies.
C ouv. ; un peu de pluie.
N u ag eu x et vaporeux.
T o u t nuageux.
C o u v e rt ; p lu ie Nuageux.
Serein.
| 7.0 7,0 7
j
E T A T DU
+19,0
Idem.
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Idem.
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18,7
4 ‘ 9 ,°
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4 3 0 ,2
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2 0 ,8
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—H 2 0 , 2
19,86
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«5
9° BIdem.
82 (il
Woycu ms.
Quelques nuages.
N uageux.
P r. t. couv. ; pl., tonn.
T rè s -Euageux.
Couvert
Cou vert . Brouillard.
Quelques nuages.
Serein.
ttf
�1
Plus grande élévation du B a r o m è t r e .......................
7 59 ™
748
,
8 4 , le 2 9 , à 9 heures du ^ îr.
, 7 3 , le 1 1 , à 9 heures du skir.
754 , 90.
Plus grand degré de c h a le u r » ....................................... + a 5 •, 1 , le 10, à 3 heures de l’après-midi.
Moindre
id e m .
.
. . . . . . .
-fn
, 9 , le i 3 , au lever du soleil.
Température moyenne du mois. . . , . . . . + 1 8
60.
Maximum de l'Hygromètre
.
.
.
.
.
.
.
.
M i n i m u m ...........................................................................
État m o y e n .........................................................................
Quantité d’eau tombée pendant
le jour . .
la nuit. . .
Nombre de jours. . . . . . .
35mm,32 .
j.
16 , 5 o j
I
100
le 11 , à 9 heures du soiri.
63
79
le 8, à midi.
» 1
5 imm,
82.
de pluie . . . . . . .
5.
de grêle.................................... ......
de brume ou de brouillard. 2.
entièrement couverts . . .
6.
sans nuages............................. ......
de tonneire.
. . . . .
2.
de gros vent. . . . . .
1.
F in dw t o m e c in q u iè m e
RÉCAPITULATION.
Moindre élévation................................................................
Hauteur moyenne du Baromètre , pour tout le mois
�TABLE
D
es
A
uteurs
et
des
M
TOME
i.*
A rnaud, pag.
Bard ,
atières
contenues
dans
le
C IN Q U IÈ M E .
A U T E U R S .
i o 5. Austin ,
5o.
189. Beullac, fils aîné, 187. Boullay, 182,
pag.
C a illo t, p a g . 104. Caventou , 161. 182. Charpentier ,
229. Chatard , 333 . Cooper, 184. Cornai ,2 97. Couret,
47. 104. Crâne , 184.
D arw al ,
107. D elpech, 3 i2 . Derbesy , i 36 .
pag.
Fagu er, p a g . 49 - Felix-Pasralis , 120.
206. 218. Forcade , 45, F rizon , 78.
i 56. Fodéré ,
Gallard , p a g . 106. Gain bard , 71. 127. 199. 247. 295.
544 , Germain , 47 , Guiaud , 9.
5o. i 83 . Hutchinson ,
l 83 . J.-B. Jemina , 5 o.
Henry fils, pag'. 179. Hum e,
Jeffrey s ,
pag.
Lavagna ,
pag.
5 i.
M ariniani,
pag.
Nel ,
i 33 .
pag.
184.
Legrand , 283.
108. M ayer, 108. M o rin , 47,
3 7. 86. Pleindoux, 191.
Reimonet, p a g . 55 . Ricard , i 5 . Ricard d’A llauch, 5 z.
Rochoux , 201. B. Roques , 208. J.-N. Roux, 3 . 129.
297. P.-M . R o u x , 4 ° . 4 7 * 5 i .
. 1 0 4 . 108. 160.
179. î 83 . 218. 225 . 266. 2S9. 274. 012. 629.
Pessina,
pag.
273. Pierquîn 5 17.
îo o
�Schclegel , pag. 5 i. Segaud , 61. Seisson ,
Sue, n i ,
Tremoliére , pag. 3 o6 .
Valentin ( L ou is), pag. 91. 109. 120. 26g. Villeneuve
( le Comte de ) 160.
Zollickofer , pag. 108.
a .0 M A T I È R E
S.
Analyse de la chirurgie clinique de M ontpellier, pag.
3 t i. — des leçons sur les épidémies et l’hygiène pu
blique , faites à la Fac. de méd. de Strasbourg, 218.
— d’une notice historique sur Jenner, 269. — des
réflexions sur un cas d’hermaphrodisme et d’hypospadias , 266'. — de la séance générale de la Société
médicale de M etz , 40. — de la séance publique de
la Soc. royale de méd. de M arseille, 4 5 - “ de la
Statistique du dépt. des Bouches-du-Pihône , 160.
Analyse chimique de l ’arequier, pag. tfj. — des se
mences de quassia amara , 3o6.
Annonces des nouveaux journaux de médecine , pag. 53.
— des cours de la Fac. de méd. de Paris, 180. — Sur
la Fac. de méd. de Montpellier , i 85. — Sur la Société
académique de médecine de Mars, et l’expulsion de
l’un de ses m em bres, 185.
Avis sur les observations communiquées à ce journal, 53,
— Sur divers sujets , 226. — Sur le charlatanisme,
226. — De la Soc. roy. de méd. de Mars. , 54- n i ,
188. 229. 28 3. 332.
Bulletins de la Société royale de médecine de Marseille ,
pag. 55. 111 - 189. 229. 283. 3 33.
Concours académiques , pag. 54. n o . 188. 227. 281,
332. —- Pour les places des i . er et 2.d chirurgiens in
ternes à l’Hôtel-Dieu de Marseille , 108, i 85, 274.
Correspondance médicale , pag, 91.
�Discours sur la fièvre jaune de
pag. i 36.
N ew york en 18 2a,
Extrait de la correspondance étrangère , pag. 91.
Gouttes noires de Lancaster , pag. 4 9 *
Journaux français , pag. Itf. io/f . 179. — Anglais , 5o.
107. 183. — Italien s, 5o. 108. — Allem ands, 5 i .
108.
Mémoire sur les causes de propagation de la peste dans
le Levant ,pag. 283. •?— Sur l’épilepsie , aoS. 249. —»
Sur une médaille de C os, représentant Esculape J. 17.
Mot ( un ) sur les bandages herniaires de M. Ody , pag.
3 3 l. — Sur le carbonate de magnésie comme contre
poison de l’arsénic, 5o. —> Sur le D. Chervin , 109.
•— Sur le chromate de potasse comme réactif pour
reconnaître l’arsénic, i 84- — Sur les dépositaires de
remèdes, 186. — Sur une découverte d’os de Mammuth 186. — Sur les effets du sulfate de quinine ,
108. — Sur l ’efficacité du café dans le typhus , 5i .
•— Sur la fièvre jaune, 4 9 - — Sur l’huile de croton
comme purgatif, 107. — Sur l’huile de térébentine contre le tétanos , 184* — Sur l’hydrocyanate comme fébrifuge , 108. — Sur l’hygiène publi
que , 2^5. 226. — Sur l’iodine contre le goitre,
5». — Sur un jeune suffisant, £29. — Sur une let
tre de M. Félix-Pascalis , 53. — Sur les maladies
régnantes , 53. 109. 187. 227. 280. 5 5 i. — Sur le
murura-verum contre le p o lyp e, io 3. — Sur un mé
moire sur l’enseignement mutuel de la médecine.
187. — Sur une mesure de préservation , 52. —■
Sur la mort de Jenner , 109. — Sur l’observateur
des sciences médicales , 529. — Sur une observation
relative à une poche contenant cinquante vers acephalocistes , 227. — Sur un plan de retraite pour
les vieillards , 52. — Sur des prix décernés , 109. —
�Sur la saignée comme remède contre l ’empoisonnement
par l’acide prussique , i 83.
Sur le savoir-faire
des gens de l’art , 186. — Sur le scarificateur de M .
D eleu il, 3 3 i. — Sur un sirop anti-vénérien , 53o. —
Sur M. Sue , 2.80. — Sur le tartrate de potasse dans
le traitement des croûtes laiteuses, 5o. — Sur le
tartrate de potasse antimonié , comme anti-phlogistique , i 8 3 . — Sur la vaccination à Rome , 280.
Notice nécrologique sur P. Coze , pag. 37. — Sur P.
F ran ck, 8S.
Notice succinte du typhus ictérodes, à Baltimore , p. 333.
Note sur l ’application de la vapeur sur quelques médicamens , p. 181. — Sur l’extraction de l’huile de ricin,
4 9 - — Sur la nécessité de préparer les pommades
d’hydriodate de potasse avec les graisses récentes ,
106.
Notes du rédacteur-général, p. 46. 6 1,8 1. 8 5 . 94. i 35.
i 5g. 3o5 .
Nouvelle préparation de l ’aoide hydrocianique, pag. 273.
— D e l’emplâtre de ciguë ; 182. — D e l’hydriodate
de potasse , 104. — Du mercure doux , 179.
Numismatique m édicale, pag. 17.
Observation sur l’ablation d’une tumeur anomale con
sidérable , pag. 55. — Sur une affection scorbutique
par cau-;e m orale, 229. — Sur une boulimie , 184.
— Sur un calcul d’un volume et d’un poids extraor
dinaires trouvé dans la vessie , 297. — Sur une
fille atteinte de la danse de St.-Guy , 5 i. — Sur la
guérison d’une paralysie par un coup de tonnerre , i 83.
— Sur une hémiplégie , 1 0 . — Sur l'hypertrophie
du cœ ur, 5 . 78. — Sur une inflammation du cœur ,
5 i. — Sur une lésion organique du cœ u r, 73. — Sur
la ligature de l’artère carotide primitive à un adulte
épileptique et affecté de monomanie , 109. — Sur une
m anie avec délire, 9 . — Sur une phthisie guérie par
�le moxa , 5 i . — - Sur la préparation de l’onguent populéum , 47- — Sur la préparation du sulfate de qui
nine , i o 5. — Sur une rupture du ventricule gauche
du cœur , causée par le ramollissement du tissu ruptu ré, 201. — Sur une sueur locale permanente de la
moitié latérale droite delà tête et du co u ,a 38. — Sur
une tumeur cancéreuse , 129. *— Sur une tumeur enkistée dans la vessie , 191. — ■ Sur une tumeur lym
phatique dans l’os maxillaire inférieur, e tc ., 189.
— ■ Sur un ulcère cancéreux , i 33.
Observations météorologiques , pag. 7 1. 127. 199. 247*
295. 344 *
Organisation de la Faculté de médecine de Paris , p, 166.
Projet de souscription pour élever un monument à la
mémoire des m édecins, e t c ., pag. 61. Projet ten
dant à former un collège universel de m édecine,
120.
Rapports sur le projet de M. Segaud, pag. n i . n 5.
Relevé des registres de l’JÉtat—civil de la mairie de Mar
seille , pag. 5 4 - n o . 1 8 ;. 227. 280. 332.
Revue des journaux , pag. 47, 104. I79. 273.
Séances particulières de la Société royale de médecine
de M arseille, pag. 70. 124. 198. 245. 294. 344*
V ariétés, pag. 5 i. 108. x85. 225. 274. 329.
F in o e i A t a b l e d u t o m e c in q u iè m e .
�F A U T E S E SS E N T IE L L E S A CORRIGER.
Pag.
]I
1 7 , lift. 4 ? au ^eu de nu mm i smat ique , Usez, :
numismatque.
( même correction
1
24 ,
( même correction ).
21
28,
iiummismatologiques, lis. :
32.
26,
numîsmatologiques.
nnmmisrnata , Usez : nu26 ,
34
mismata.
leur
travaux , lisez : leurs
22
4* >
travaux.
cesséle , lisez : cessile.
12
ï2 9 *
morbide , Usez : mobile.
2D
i 29 >
couvraient , lisez : cer
22
i 3o ,
naient.
exercée
, lisez : opérée.
i 33 ,
x9
suivantes.
C’est , lisez :
107,
10
suivantes , c’est.
G a u j , Usez : Haü,y.
16 6 ,
28
����
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/355/BUT-TP40137_Observateur-medical_1825-Tome-06.pdf
2c5bb01d6ee8513c650daeab1d56210d
PDF Text
Text
L’ O B S E R V A T
des
SCIENCES MÉDIC\
P A R UNE SOCIÉTÉ DE MÉDECINS ,
E T PHARMACIE NS ;
D
é d i é
P ar P .-M .
a
H
i p p o c r a t e
,
R O U X , Rédacteur-Général.
D escen ds du h au t des cieu x , auguste vérité .
Répands sur m es écrits ta fo rce e t ta cla rté.
Volt. Henr.
)
Tome 6
S . mtJ c A i m é e D .
TOME
SIXIÈME.
Imprimeur du Roi , rue St.-Ferreol, k .° 7.
I8a3.
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■ y^yt'C:/ c/yiy/
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P A R UNE SOCIÉTÉ DE MÉDECINS ,
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i p p o c r a t e
,
R O U X , Rédacteur-Général.
D escen ds du h au t des cieu x , auguste vérité .
Répands sur m es écrits ta fo rce e t ta cla rté.
Volt. Henr.
)
S . mtJ c A i m é e D .
TOME
SIXIÈME.
Imprimeur du Roi , rue St.-Ferreol, k .° 7.
I8a3.
��C eux qui prêtent serment devant l’ effigie d e
l ’immortel vieillard de C o s, communiquent alors
à leur cerveau des impressions qui ne devraient
jamais s’effacer. Hélas ! le tumulte des passions
ne fait malheureusement que trop de parjures
et l’on chercherait envain les moyens d’exciter
des sentimens nobles dans l’âme de certains
médecins. Mais il en est qui n’ont qu’à con
templer le portrait d’Hippocrate et se rappeler
leurs promesses , pour ne point compromettre la
dignité de leur profession. C ’est spécialement
pour ceux-ci que nous plaçons à côté du portrait
vénéré ces belles expressions que l’qn 11e saurait
trop reproduire :
PROMESSE.
JÜSJÜRANDUM.
Mot. . . en présence des
Ego... adstantibusscholæ
maîtres de cette école , de magistris et condiscipulis
mes chers condisciples et carissimis , coràm Hippo»
devant l’effigie d'Hippo cratis effigie, auspice sacracrate, je promets, au nom tissimo numine juro ac spon
de I’É tre S ufrême , d'être dée me semper medicinae
fidèle aux lois de l’hon- operam dando, leges honear et de la probité dans nesti ac recti esse servatu-*
�l’exercice de la médecine.
Je donnerai mes soins gra
tuits à l’indigent , et n’exi
gerai jamais un salaire
au-dessus de mon travail.
A'dmis dans l'intérieur des
maisons , mes jeux n’y
verront point ce qui s'y
passe ; ma langue taira les
secrets qui pie seront con
fiés ; et mon état ne ser
vira pas à corrompre les
mœurs , ni à favoriser le
crime. Respectueux et re
connaissant envers mes
maîtres , je rendrai à leurs
enfans l’instruction que
j’aurai reçue de leurs pères.
Que les hommes m’ac
cordent leur estime , si je
suis fidçjf à mes promesses !
Que je sois couvert d'op
probres et méprisé de mes
confrères , si j’j manque !
4
)
, egeno curas gratis
impensurum,nunquam mercedem nimî&m flagitaturum.
Ad ægrotantes vocatus,quæ,
in intimis ædibus gerentur,
non inspiciam , arcana fidei
commissa silebo. A.rte num
quam utar ad mores corrumpendos, improbitatique favendum. In magistros pius ,
eorum liberis , doctrinam à
patribus acceptam, libenter
rependam.
lîenè de me sentiant homines , si promissis steteroj
sin minùs , dedecore operiar, fratribusque despectus
sim !
�(
5
PREMIÈRE
>
PARTIE.
OBSERVATIONS DE M ÉD ECIN E-PRATIQU E.
-----= 0 > O « g K |© lîlS S » * < " ----------
d'un abris dans l'ovaire gauche ,
M. S eisson , médecin , à Marseille.
Ob s e r v a t io n
par
M adame Laforct, âgée de 26 ans , blanchisseuse de
dentelles, d’une assez bonne constitution , malgré les
fréquentes maladies qu’elle a eues. Dès l’âge de io ans f
douleur dans la fosse iliaque gauche qui depuis lors
s’est faiLe plus ou moins sentir et surtout dans toutes
les maladies qui sont survenues. A i ans , fleurs blan
ches qui ont continué jusqu’à présent. A i ans,mens
truation assez régulière jusqu’à 16. A cette époque et
à la suite d’une frayeur , irrégularité dans cette éva
cuation , n’ayant lieu le plus souvent que par l’usage
des emménagogues stimulans. A 16 ans , maladie de
trois mois pendant laquelle Mme. . . . éprouva de fortes
douleurs d’entrailles , particulièrement dans la fosse
iliaque gauche, avec vomissement. Cette maladie se
termina par une abondante évacuation de vers.
Mariée à ig ans , elle a été six ans dans cet état
sans offrir le moindre signe de fécondation.
A iZ ans , vers la fin de l’hiver , fièvre dite bi
lieuse , précédée et accompagnée de l’exaspération de
la douleur iliaque au point d’occasioner des syncopes
très-longues.
Dans l’intervalle de ces maladies , Mme. Laforet jouis
sait d’une assez bonne santé , à part les fleurs blanches ,
l’aménorrhée et la douleur iliaque. Les fonctions assi-
3
5
�rfîilAtrices étaient dans une parfaite intégrité et elle
pouvait vaquer à ses occupations sans difficulté.
Le i mars i a , accélération du pouls , chaleur,
vomisseinens , douleur tiès-aiguë dans la fosse iliaque
gauche , se prolongeant dans la cuisse et la jambe du
même côté. Des prétendus signes de saburre firent re
courir aux émétiques et aux drastiques les plus actifs.
L ’acuité de la fièvre parut un peu diminuée. La douleur
iliaque s’étendait jusqu’à la région de la rate et était
parfois ambulante , ce qui pouvait lui donner l’appa
rence d’une douleur anomale nerveuse. La maladie se
prolongeant, un autre médecin fut appelé ; il y avait
alors sécheresse et rougeur de la langue , constipation ,
pouls accéléré , sécheresse à la peau , chaleur au-dessus
de l’état ordinaire ; l'usage des délayans diminua d’a
bord l’érétisme général. Cependant la fièvre devint in
termittente quarte. Les amers semblaient diminuer
les accès , mais il restait toujours la douleur dans tout
le côté gauche du ventre , fréquence et dureté du pouls,
engorgement de toute l’extrémité inférieure gauche , et
quelques jours plus tard , il se manifesta subitement
une tumeur douloureuse , peu saillante, entre, les deux
dernières cotes asternales et les deux tiers postérieurs
de la crête des os des îles , avec une fluctuation trèsprofonde. C’est alors que M. le docteur Chnpvs qui
visitait la malade, voulut bien m’admettre à la voir
avec lui. Les signes de l’irritation du tube digestif
nous portèrent à appliquer des sangsues à l’anus. L ’u
sage des délayans fut continué et nous appliquâmes des
cataplasmes émolliens sur la tumeur. Dans l’espace de
quatre jours, cette tumeur acquit un développement
considérable , et la fluctuation devint mieux marquée.
A la suite d’une consultation , il fut décidé de donner
issue au liquide par une ouverture faite avec le bis-si
fou ri.
3
83
�(
7
)
La malade couchée sur le côté droit, M. Chapus plcîngea son bistouri perpendiculairement jusque dans le foyer,
fit une ouverture longitudinale d’un pouce et demi d’é
tendue. Dès que l’instrument eut pénétré dans le foyer,
le pus jaillit verticalement, avec une force extraordi
naire , à presque un pied d’élévation, l’écoulement se
fit avec la même force pendant une minute et il re
commençait toutes les fois que par une forte inspiration,
les viscères étaient refoulés par le diaphragme. Il sortit
à-peu-près cinq ou six pintes d’un pus jaunâtre , lai
teux et d’une odeur extrêmement désagréable. Le doigt
plongé profondément ne trouvait qu’un vaste foyer sans
pouvoir atteindre le lieu où avait commencé l’abcès.
On mit un peu de charpie sur la plaie, des compres
ses épaisses pour établir la compression^ antérieu
re. nent et postérieurement , et le tout fut contenu
par un bandage de corps bien serré. La malade fut
couchée sur le côté gauche ; ( lait pour tout aliment,
lavemens , etc. )
L ’écoulement par la plaie fut cohsidérable les pre
miers jours, il diminua ensuite et au bout du i6'.e
il ne sortait qu’un peu de sérosité blanchâtre. La plaie
6’est rapidement rétrécie. Il restait cependant de la
douleur vers l’iliaque, surtout par la pression. A celte
époque seulement la malade nous permit d’introduire
une sonde de gomme élastique pour faire quelques
recherches. Nous ne trouvâmes plus qu’une sinuosité
de deux pouces de profondeur qui plongeait vers la
région iliaque , en passant sous la dernière côte. La
plaie fut tenue ouverte pendant quelques jours en
core au moyen d’une mèche.
Le o.e jour à dater de l’ouverture de l’abcès , la
douleur iliaque étant entièrement dissipée , je laissai
fermer la plaie et Mme. Lajoret a pu vaquer à ses
occupations ordinaires.
4
�Je m’abstiendrai de toutes réflexions sur cette maladie,
je dirai seulement que sa cause primitive me paraît
avoir été une inflammation quelconque ; que son siège
a dû être dans l’ovaire gauche : en effet, d’une part le
peu de détérioration de la constitution de la malade ,
la parfaite intégrité des fonctions assimilatrices et d’autre
p art, la lésion des fonctions génératrices , lé lieu de la
douleur, l’énormité de l’abcès, enfin la prompte gué
rison, sont des raisons assez suffisantes pour donner
à mon diagnostic une certitude presque mathémati
que. (i),
(1)
L'abcès dont il est ici question , est e'videmment U ré
sultat d’ une inflammation chronique latente qui , après avoir
passe' de temps à autre à l’état aigu , par telles ou telles causes
excitantes , y a été portée par les e'vacuans , vomitifs et dras
tiques , au point de se terminer par la suppuration. Sans
doute , l’ ouverture de l’abcès était alors le moyen thérapeutique
le plus efficace. Mais , dés le principe des douleurs à la région
iliaque , et alors que l’on avait des raisons de croire qu’elles
émanaient d’ un état inflammatoire , il eut été facile de les com
battre avantageusement par les anti-phlogistiques ; et c’est bien
dans une semblable occasion que les sangsues , les délayans, etc.,
si recommandés par la doctrine du jour , étaient d’ une nécessité
indispensables
( Note du Rédacteur-général ).
�9
(
SECONDE
M É M O IR ES ,
)
PARTIE.
D IS S E R T A T I O N S , NOTICES
LOGIQUES.
NÉCRO
MÉ MOI R E S .
-----— -----------------A
n alyse
de
quelques
recherches sur l ’iode , par M .
P ier qui n , docteur en médecine , etc.
Dtx ans se sont à peine écoulés depuis la découvert*
de l’iode par les chimistes français, que les médecins
de toutes les nations ont répondu à l’appel du docteur
Coindet qui , d’après des observations particulières
nombreuses , se crut en droit de le désigner à la thé
rapeutique comme un remède puissant contre le goitre.
De savans observateurs ont répété les expériences du
médecin de Genève , et les résultats ont été analogues ;
ne l’ayant employé qu’une seule fois , nous ne pouvons
inviter les médecins à l’employer, et ce que nous al
lons dire appartient entièrement à la médecine de l’Al
lemagne qui s’est toujours distinguée par la justesse
de son esprit et par les observateurs nombreux qui
servent de guide. Nous ne pourrons donc point sup
poser l’influence de quelques considérations mal-enten
dues , dans l’opinion qu’ils ont donné sur l’emploi de
l’iode. En médecine , il n’y a de secrets que pour les
charlatans, c’est-à-dire , pour tous ceux qui ne voient
dans l’art de guérir qu’un commerce lucratif et qui ne
sont nullement guidés par une philantropie éclairée.
T . V E Juillet i a .
2
83
�( 10 )
M. Coindet, en publiant sa découverte , a montré
non seulement son désintéressement , mais son amour
pour l’humanité dégradée et le juste orgueil de la gloire
d’un art qui compte tant d’athées, aussi ne ressemblet-il pas du tout à ces routiniers dont une longue carrière
a dévoilé une espèce de spécificité dans quelques formules
qu’ils emportent avec eux , après avoir été utiles à leur
cupidité j le médecin de Genève ne s’est pas contenté
de publier son remède , il a réclamé les conseils et
l’expérience de ses confrères de toutes les nations,
lorsque les rédacteurs de la bibliothèque britannique (l)
témoignèrent que « l’emploi de l’iode n’était pas toujours
innocent pour toutes les constitutions même administré
par des mains habiles», le docteur de Carrn, à Vienne,
avait lu le mémoire de M. Coindet ; il le publia dans les
gazetlc-s de Vienne, le 2.0 novembre , lorsque le cahier
de la bibliothèque britannique que nous venons de citer,
lui donna l’occasion d’écrire aux rédacteurs de cet
excellent journal (2.) et de leur faire part de ses es
sais. Nous croyons inutile de reproduire ici la lettre ,
il suffira, ce nous semble , de donner l’opinion de ce
médecin sur un remède « qui ne se trouve pas encore
dans les pharmacopées , ne cause jamais ces crampes
d’estomac qu’occasione souvent le long usage de l’é
ponge et autres productions marines calcinées, et cette
préparation n’est sujette à aucun danger ».
îvT. de Carro venait de publier la découverte du re
mède et l’offre de l’employer sur tous les malades qui
se présenteraient à lui lorsque le docteur Formey ( ),
5
33
(1) Cahier de décembre 1820 , sciences et arts , p.
o.
(2) Celte lettre est insérée dans le cahier de mai 1821 , scien
ces et arts , p. .
(3) Bernerknngen liber den kropseend Naehricbt über tin
dagegen neu enldecklts wirk samès Mittel et Berlin 1020 La
préface est datée du 27 octobre , 2.e édit. , février 1821.
65
�professeur en médecine et conseiller intime du Roi de
Prusse publia un mémoire à son retour dans sa patrie.
Il avait habité Genève quelque temps , il avait vu les
succès obtrnus par M. Ccindet. Jusque-là ces praticiens
n’avaient aucune expérience particulière. M. de Carro
eut bientôt l’occasion de l’employer plusieurs fois et
quatre mois après i) publia dans les mêmes journaux
les résultats qu’il en avait obtenus et que nous allons
consigner ici.
« J’ai guéri complètement, dit M. de Carro , huit
goitres , plus ou moins gros , dans l’espace moyen de
six semaines à deux mois. Plusieurs autres qui avaient
résisté aux remèdes connus jusqu’alors , sont en bon
chemin de guérison.
Quoique ce traitement se soit montré quelquefois
inefficace et surtout dans les cas invétérés , où le mal
avait déjà produit des lésions organiques de la glande
thyroïde ou des parties adjacentes , j’ai vu deux goitres
considérables devenir plus mobiles et moins durs , le
son rauque de la voix s’améliorer et les mouvemens de
la tète rendus plus faciles , quoique le volume de la
tumeur ait fort peu diminué en apparence ».
M. de Carro a administré ( Voy lettre citée ) la tein
ture d’iode à trente-huit malades, dont aucun n’a eu
à se plaindre des résultats de l’introduction de ce poistn
dans l’économie (i) quoique quelques-uns l’aient piis
pendant plus de trois mois.
est vrai que M.
Formcy publia ensuite dans le mois de février de l’an
née dernière la seconde édition de son mémoire auquel
il ajouta des observations particulières faites avec le ta
lent qui le caractérise. Il administre l’iode dans le lait
d’amandes , et il déclare qu'il n’a jamais eu aucun ré-
11
(l) Otfilsy toxicologie.
�( 12 )
sultat désavantageux produit par l’emploi de l’iode,
ni durant le traitement. Ce médecin nous paraît être
le premier à avoir employé ce remède dans la médi
cation de quelques affections utérines ; il cite par exem
ple deux cas intéressans de maladies des ovaires, dont
l ’un a été sensiblement amélioré et avoue l’avoir trouvé
inefficace employé à titre d'emmenagogue.
Le médecin de Vienne n’a jamais atteint la dose
prescrite ou permise par M. Coindet ( jusqu’à 20 ) il l’a
toujours donné par quinze gouttes trois fois par jour(i) ,
la dose moyenne était de dix et de six à huit pour les
jeunes personnes La teinture lui a toujours paru pré
férable , deux fois il donna pendant le premier mois la
teinture tt pendant le second l’hydriodate de potasse
pour combattre des goitres excessivement durs ; il n’en
retira aucun succès , mais il n’en éprouva aucun incon
vénient.
Cette prépai-ation de l’iode , qui est la plus désagréa
ble de toutes , fut remplacée avantageusement par l’hydriodate de potasse que des malades prennent même
avec plaisir, .mêlé au sirop de capillaire ou à l’eau
sucrée.
Les effets immédiats de ce remède notés par M. Carro,
sont d’abord une expectoration plus abondante , une
sensation de brulûre au gasier , qui dure environ un
demi-quart-d’heure , après chaque dose , ce qui , selon
M. de Carro doit servir de règle dans l’administration
du remède que j’on continue le plus ordinairement
pendant trois mois.
(r) M. de Carro avait fait faire des tablettes de guimauve
parfumée avec l’eau de fleur d'orange et un quart de grain d’hy-.
driodate , mais il n’osa point les employer de crainte que leur
goût ne flattât trop le palais des malades et qu’ elles ne devins
sent par csnse'quent dangereuses.
�5
( i )
M. de Carro n’a jamais remarqué les effets désignés
par quelques médecins comme accompagnans ordinai
rement le traitement du goitre par l’iode , tels que la
faiblesse générale , l’insomnie , la toux sèche , la fai
blesse de la vu e, les tremblemens, et lorsqu’une ma
ladie étrangère compliquait le goitre , M. de Carro sus
pendait le traitement; un jeune garçon de i ans
mourut du croup, après avoir pris inutilement le re
mède pendant prés de deux mois.
Enfin M. de Carno pense que ce remède remplace
très - avantageusement tops les moyens connus sans
procurer aucun de leurs inconvéniens. En ce cas ce
médecin est d’accord avec tous ses confrères de Vienne.
Comme l’ont remarqué les deux médecins dont je viens
d’exposer les résultats obtenus par l’emploi de l’iode ,
il faut mettre la plus grande prudence dans l’emploi
de ce remède que la plupart des médecins regardent
justement comme un violent poison. On a attribué la
mort qu’il produit à la saturation de l'économie ani
male par ce venin, mais il est bien plus juste de croire
avec M. Matthey ( i) que ce résultat funeste est dû à
l’irritation âcre, particulière qu’il détermine par sa pré
sence dans l’estomac et par irradiation sur les organes
du mouvement et de la circulation ; aussi d’après les
suites funestes que peut avoir à la longue l’ingestion
de ce médicament , M. Matthey propose-t-il de l'ad
ministrer en frictions , mais pourra-t-on lui dire. : vos
expériences vous autorisent-elles à nous assurer que
nous n’avons rien à redouter de ce mode d'adminis
tration ?
En décembre i 8 a ï , M. Baup , médecin à Nyon }
canton de V au d , en Suisse, publia dans la même
3
f i ) Bibliothèque universelle et cahier de mars 1821. Sciences
•t arts , p. 73.
�%
(
*4
)
journal (i) les succès qu’il avait retiré de l'emploi de l'i«de. Il avait principalement en vue de venger ce remède
de la défaveur dont quelques médecins cherchaient à
l’entacher.
Depuis le mois de juillet 1820 (2) M. Baup eut trente
goitreux de divers âges ,• de diverses constitutions et des
deux sexes , qu’il traita selon la méthode de M. Coindet,
dont vingt-huit furent guéris sans éprouver aucun ac
cident ; il n’a point été aussi heureux sur le vingtneuvième , qui prit inutilement quatre flacons de tein
ture.
Mais que doit-on inférer de cela ? Que le remède est
inefficace ? c’est juste pour certains cas, mais jamais un
médecin vraiment observateur n’en tirera une règle gé
nérale nuisible à son emploi. Le poivre cubèbe dont nous
avons publié la découverte il y a quelques années dans ce
journal, réussi-t-il toujours; Non certes , et nous exi
gerions de ces deux remèdes ce que l’on n’attend d’au
cun autre c’est-à-dire , une vertu spécifique , mais il
faut augmenter les recherches , contribuer à les répan
dre et former pour l’iode ce que le célèbre professeur
Delpech a fait pour e piper-cubeba, c’est-à-dire en étendre
les propriétés , déterminer les cas propres à son em
ploi et faire produire des trésors dans un terrein in
culte jusqu’alors. C’est ainsi que ce professeur a rendu
des services immenses à la thérapeutique des maladies
vénéiiennes, par exemple, dont notas espérons dépos
séder bientôt les heureux résultats.
Nous avons parlé de l’insuccès que M. Baup avait
1
34
(1) Cah. de décembre 1821. Sc. et arts , p. c> .
(2I G’esl à cette époque que M. Coindet lut à la Société hel
vétique des sciences naturelles , séante à Genève , son premier
mémoire sur l’emploi de l’iode.
�5
( i
)
eu sur un malade , il fut plus heureux sur le dernier,
q u i, âgé d’environ quarante ans, portait un goitre
assez considérable, qui avait diminué plusieurs fois
par l’usage de l’opiate composé avec l’cponge calcinée ,
le quinquina et le sirop d’absinthe ; ce malade ayant
consulté M. Baup , ce médecin lui administra le tiers
d’un flacon et le goitre disparut presqu’entièremeut. Il
est important de noter comme hommage à la vérité que
ce fut le seul malade chez lequel M. Baup ait remar
qué les symptômes iod pues qu’il combatît avantageuse
ment par les bains chauds , le lait de vache , les bois
sons adoucissantes , le laudanum, un régime doux qui
n’opèrent que lentement. Un autre phénomène non moins
digne d’attention , c’est qu’ayant ordonné une infusion
de quinquina à froid , avec de la valériane, le malade en
fut incommodé au point d’être forcé d’en discontinuer
l’emploi.
Comme la vraie médecine , l’existence , ou mieux
la bonté d’un remède ne peut être étudiée ou adoptée
que d’après des observations , qui en constatent les
heureux résultats ; nous allons en citer rapidement
quelques-unes que M. Baup a consignées dans le re
cueil cité,
« Deux sœurs, âgées l’une de ans , l’autre de douze,
prirent la teinture composée avec vingt grains d’iode ,
dissous dans une once d’esprit de vin ; non seulement
leur goitre disparut, mais des enporpemens scrophuleux
dessous la mâchoire inférieure furent aussi complète
ment guéris , sans que ni l’une ni l’autre , ayent éprouvé
aucun accident »,
« Ün jeune homme de 17 ans portait un goitre vo
lumineux et un ulcère établi sur un engorgement con
sidérable vers l’angle de la mâchoire inférieure gau
che qui existait depuis plusieurs mois , et qu’aucun
remède n’avait pu affaiblir , il prit par goutte la tein-
5
�f i6 7
ture composée de vingt grains d’iode sur une once d’alcobol ; dans l’espace de cinq semaines , il fut débar
rassé de son goitre et fort bien guéri de Vulcere. Il
n’a éprouvé aucun des accidens iodiques remarqués dans
quelques cas >».
Nous pouvons encore ajouter à ces observations in
téressantes la suivante :
« Un garçon de 12 ans avait un goitre fort dur et
des engorgemens chroniques des deux glandes parotides,
il fut guéri dans l’espace de neuf semaines par l’emploi
de la teinture d’iode sans aucun inconvénient ».
M. Baup ne s’est point borné à essayer l’emploi de
la teinture d’iode, il a aussi employé plusieurs fois les
frictions d’hydriodate de soude ou de potasse , il pa
rait que cette méthode prévient les phénomènes qui
suivent quelques fois le traitement iodique , c’est du
moins le résultat de l’observation de plusieurs autres
médecins. Sur seize goitreux , quatorze ont été com
plètement guéris dans l’espace de six à dix semaines ,
sans avoir éprouvé le plus léger mal-aise. Le quinziéme
malade, âgé de 27 ans , éprouva de la douleur (1) et de
la dureté dans son goitre après avoir employé quinze
grains d’hydriodate de potasse en frictions. (Huit sang
sues sur la tumeur). Trois jours après il avait considé
rablement diminué. Le malade se refusa à continuer
l’emploi des frictions et prit une cuillerée à café d’une
dissolution d’hydriodate de potasse dans quatre onces
d’eau distillée. Dans l’espace de trois semaines elle fut
entièrement guérie.
L ’observation suivante , concernant le seizième ma
lade , nous paraît assez importante pour que nous en
(1) Cet état arrive quelquefois. La seule suspension du remède
et l'application des sangsues le font disparaître ; diverses causes
peuvent la produire , telles que la constitution individuelle ?
l’abus de l’ emploi du remède , etc.
�(
17
)
laissions tracer les symptômes par l’observateur luimême.
Le seizième malade , âgé de quarante-huit ans, por
tait , depuis bien des années , un goitre considérable ,
dur , inégal , qui lui occasionait de l’oppression ; plu
sieurs fois j’avais diminué sa dureté et son volume avec
l’opiat que j’ai déjà indiqué ; mais la tumeur revenait
toujours , ainsi que la difficulté de respirer : le malade
avait souvent la figure rouge , des maux de tête , le
gonflement du cou , en comprimant les vaisseaux vei
neux , explique la fréquence des céphalalgies par la
difficulté avec laquelle le sang du cerveau revient au
cœur. Le malade avait quelquefois de la fièvre , il se
plaignait d’un rhumatisme à l’épaule gauche , qu’aucun
remède n’avait amandé ; je lui conseillais d’appliquer
vingt-quatre sangsues sur l’épaule et de prendre quel
ques bains chauds. Après ce traitement préparatoire,
que j’administrai par absorption, il se frictionna le
goitre tous, les soirs avec gros comme une bonne noi
sette de la pommade j il commença le 6 août , au bout
de quelques jours le malade fut si content de voir di
minuer son gros cou , qu’il fit des frictions matin et
soir , tellement abondantes , qu’en trente jours il em
ploya trois doses de pommade d’hydriodate de potasse,
dans l’intention de se guérir plus promptement ; je fis
cesser les frictions , parce que le malade avait maigri,
il les reprit dix jours après.
M. le docteur Coindet avait déjà signalé le danger
de l’usage abusif de ce remède , même sous cette nou
velle forme. Dès le a6 septembre, le malade éprouva tous
les symptômes produits , parce que l’auteur appelle sa
turation iodique, ou affection constitutionnelle. On cesse
les frictions tout aussitôt , je lui conseillais pour re
mède eau sucrée et du la it, tous les soirs un grain
d’opium mélangé à un scrupule de gomme arabique,
T. YI. Juillet, i §23.
5
�( i8 )
matin et soir dix onces de lait de vache chaud et sucré,
un régime doux , l’abstinence du vin , du cale et de
tout stimulant. Il est aujourd’hui en pleine convales
cence.
Enfin les expériences nombreuses de M. Baup lui
font présumer avec raison que réitéré par des mains
habiles , l’iode deviendra le spécifique des maladies
froides , pour me servir de l’expression de quelques mé
decins. Si , comme le pense le médecin de ]Yyon, ce
spécifique du goitre et des engorgemens glanduleux est
un puissant stimulant du système lymphatique, ne
pourrions-nous pas concevoir à priori les heureux ré
sultats dont son emploi serait suivi dans la médication
de cette maladie horrible pour laquelle la médecine est
encore insuffisante et dont les variétés sont si nom
breuses ? Pourquoi d’après des idées théoriques assez
vraisemblables ne s’est-on point élevé, en effet, à son
emploi chez les éléphantiaques , les lépreux , etc ., au
lieu de proposer la castration ou l’amputation l
L ’action de l’iode offre, comme l’a dit M. le docteur
Baup, quelques points d’analogie avec celle du mercure,
tous les deux portent leurs résultats directs sur le sys
tème lymphatique; tous deux déterminent la salivation
qu’il est difficile d’arrêter , lorsqu’on ne les a point sus
pendus dès la présence de ce phénomène, leur action
persiste après la cessation de leur emploi ou la sus
pension , et d’après cette identité d’action , M. Baup
prescrit le même régime pour les goitreux traités par
l ’iode , que pour les vénériens traités par les prépara
tions mercurielles.
Ces succès rapides et assurés, obtenus par divers méde
cins aux diverses latitudes, nous permettent de croire que
ce remède, dont M. Coindet a enrichi notre thérapeu
tique , finira par être placé un jour auprès du quin
quina , du mercure , etc.
/
�(
*9
TROISIÈME
)
PARTIE.
L I T T É R A T U R E MÉDICALE , NOUVELLES
T FIQUES , M ÉLAN G ES , E T C .
1
i.°
A
n a l y s e
d’ o u v r a g e s
SCIEN.
i m p r i m é s
.
ESSAI pour servir à l’histoire des Jièvres adynamiqves
et ataxiques ’, p a r j. B . M o n f a l c o n , médecin , membre
de plusieurs Sociétés savantes nationales et étrangères ,
etc. ( Un vol. in-8.° de 106 pages , Lyon i 8 a3 ).
C e mémoire est divisé en deux parties précédées
d ’une introduction dans laquelle des considérations p h y
siologiques importantes sont présentées au lecteur avec
clarté et précision. L es fonctions qui régissent la vie
sont exposées avec ordre et sous un peint de vue vrai
ment philosophique. Un sens rigoureux est attaché aux
mots organisme , irritabilité , sympathies , Jarres , piopriètès et lois vitales , etc. L ’auteur établit la nécessité
de cette mesure sur les équivoques et les am phybologies qu’engendre l’abus des mots. I! prouve que si la
science de l ’homme malade a été pendant un grand
nombre de siècles considérée comme conjecturale , la
faute est à ceux qui se sont laissés séduire pai l’amour
du merveilleux , l ’habitude de croire sans examen , une
déférence servile pour les noms célèbres , l'ignorance,
et par dessus to u t, le défaut de philosophie Pénétré
de ces vérités et du préjudice qu’elles ont porté au
médecin et à l’humanité , il s’impose le devoir de ne
point imiter ces hommes qui ont long - temps mieux
�aimé croire que discuter et qui n’ayant jamais usé de
l’esprit d’examen, ont vieilli avec les erreurs qu’ils ont
respectées avec une soumission coupable et dans la crainte
seule de faire un outrage à la mémoire de leurs ayeux.
J .re P a r t i e . — L’auteur ne s’est point asservi aux
divisions classiques que l’on trouve dans les livres élé
mentaires et qui sont destinées à soulager l’esprit de
l’élève commençant. Son ouvrage est le fruit d’une ex
périence guidée par des connaissances médicales pro
fondes et un bon jugement. Il renferme des idées, la
plupart neuves, dépouillées de cette prévention qu’ins
pire trop souvent la nouveauté d’un système et .qui ont
pour auteur un homme impartial et savant. Elles sont
exposées dans un ordre de succession voulu pur la liai
son qu’elles ont entre elles , enfin la substance de ce
travail se réduit aux questions suivantes :
1.
° Quel est le caractère des affections dont on trouve
les traces dans les viscères abdominaux après les lièvres
putrides et ataxiques ?
2,
° Sont-elles des phlegmasies et spécialement celle
que l’école physiologique appelle gastro-entérite?
.° Cette inflammation constitue-t-elle seule la fièvre
putride dans tous les cas?
-° Les symptômes de celte maladie sont-ils expli
qués pendant l’autopsie cadavérique par l’état de la
membrane muqueuse de l’estomac et des intestins ?
.
° Qu’elle est la nature des rapports qui existent
entre les lésions de tissu d’espèces si variées que peut
offrir cette membrane et les symptômes des fièvres pu
trides et ataxiques ?
6.
®Quel est le caractère de la phlegmasie gastro
intestinale , lorsque ses traces sont manifestes ?
y.0 A-t-elle été la cause , l’effet ou la complication
de l’état fébrile î
Tout médecin sentira d’avance que de telles pro-
5
4
5
�( 21 )
positions appellent souvent à leur secours l’anatomie
pathologique ; mais cette science ayant été regardée
par les uns comme nuisible , par les autres , comme
constituant l’art de guérir tout entier , M . Monfalcon a
prêté tant aux uns qu’aux autres tout ce que l’on peut
émettre de concluant pour ou contre l’anatomie patho
logique. L ’éloge et la censure de cette science sont
appréciés à leur juste valeur par l’auteur ; s’il fait con
naître les avantages inappréciables qu’elle a rendus, il
fait craindre que sa trop grande influence n’y asservisse
l’art de guérir , comme il le fut jadis à la chimie et
à la physique. C’est ici le lieu de laisser parler l’auteur
lui-même : « malheur , dit-il, au médecin dont le talent
n’a pas été consolidé par une longue expérience de l’art
de forcer la mort à révéler le secret des souffrances de
l’organisme , une étude profonde de l’anatomie patho
logique est d’une nécessité absolue pour donner au
diagnostic toute la certitude dont il est susceptible.
C ’est envain qu’on réunirait au tact le plus exquis un
jugement sain , une érudition profonde , l’organisation
la plus heureuse; rien ne saurait suppléer aux ouver
tures de cadavres; qui n’a pu en faire un grand nombre,
qui les dédaigne , malgré tous ces avantages naturels et
acquis ; sera toujours un médecin vulgaire. Un autre
écueil à éviter , continue M. Monfalcon , c'est de faire
des autopsies cadavériques la base de la médecine. L ’a
natomie pathologique n’est point une science , c’est le
complément d’une science. Son sujet est la partie la
moins importante de l’histoire des maladies ; la méde
cine telle qu’elle était faite naguères, servait beaucoup
sa cause ; on avait de fréquentes occasions d’étudier
les altérations organiques , lorsque les toniques et les
stimulans étaient presque universellement opposés aux
inflammations des voies gastriques. Ces méthodes incen
diaires , appliquées au traitement de la plupart des phleg-
�( 22 )
masies ont enfanté ce nombre prodigieux de lésions
de tissu , dont la description remplit nos livres. Les
médecins qu’égaraient les doctrines ontologiques , après
avoir vu d’un œil habile leurs malades dépérir et suc
comber , ouvraient avec soin les cadavres de ces vic
times et se récriaient d’admiration en découvrant des
désordres organiques , dont l’histoire était bien leur
propriété , car ils les avaient produits ou n’avaient pas
su les prévenir. Ce triste avantage est aussi le partage
de ceux qui se gardent d’étouffer une phlegmasie nais
sante et par respect pour la doctrine des crises , lui
laissent le temps de grandir et d’accabler l’économie
vivante ». J’ai rapporté les propres expressions de
l’auteur, parce qu’il m’était impossible d’analyser de si
belles pensées sans les altérer , je laisse au lecteur le
soin de les juger.
Un raisonnemsnt juste et la bonne foi de l’auteur
ont donné à son mémoire un caractère de vérité qu’aucun
médecin n’oserait révoquer en doute. Avant de pro
noncer si la fièvre putride était une. gastro-entérite ou
une maladie qui affectait toutes nos humeurs en les
viciant ; avant de dire que la muqueuse du bas-ventre
était primitivement et essentiellement malade , M. Monfalcon a énuméré tous les signes qui constituent cet or
dre de fièvre dans leurs marches respectives et non
arbitrairement comme l’ont fait la plupart des pyrétologistes ; il a démontré que tous les phénomènes carac
téristiques se rapportaient à la phlogose de la muqueuse
gastrique ou à celle qui parcourait toute l’étendue du
tube digestif. Quant aux causes de ces phénomènes , il
croit que les plus fréquentes sont celles qui irritent
les voies digestives , mais il présume que quelques-unes
agissent essentiellement sur le cerveau et les nerfs. 11
n’avance cette proposition que comme probable , le
défaut d’observations cliniques qu’il n’a pu faire à ce
* J,
�( 23
)/
sujet, ne lui permettant pas de la donner comme affir
mative. Les signes de l'affection sympathique du cer
veau et du cœur sont exposés avec un ordre admirable 5
la nature est épiée avec une sagacité qui n’est le par
tage que du médecin qui voit bien, il est facile de juger
par la marche des symptômes que les fonctions des
organes les plus liés avec le tube digestif sont les pre
mières altérées ; on voit dans l’avertissement de l’au
teur que ('la lésion succédanée des diverses fonctions
constitue la période d’accroissement de la maladie que
les auteurs ont divisé en i . er, i . e et .edégrés et ces nuan
ces de l’inflammation, que l’on a appelé embarras gastri
que, fièvre bilieuse , pituiteuse et adynainique. 11 arrive
enfin aux signes de l’affection sympathique des mem
branes muqueuses et des organes sécréteurs, exhalans,
et le lecteur est étonné de trouver un enchaînement
successif de symptômes qui lui explique les causes
productrices de l’irradiation morbide , le siège de la
Jésion progressive et les tissus affectés qui entrent
dans la texture de l’organe. Les ontologistes trouve
ront , s’ils sont de bonne fo i, dans la méditation de
ce passage un remède efficace pour détruire les en
tités, les êtres abstraits et les fantômes pathologiques
qu’ils croient combattre en ne poursuivant que l’om
bre de la maladie. L ’auteur justifie ici ce qu’il a dit
plus haut à l’égard de l’anatomie pathologique ; il fait
le complément de l’histoire de la fièvre putride en la
fesant suivre de l’autopsie cadavérique des individus
qui ont succombé à la suite de cette affection. Il exa
mine toute l’étendue du tube digestif, sa surface mu
queuse depuis la buccale jusques à la rectale , il ap
précie à leur valeur intrinsèque les effets nombreux de
l’inflammation. Il considère comme nuances variées d’une
même phlegmasie qui a été plus ou moins longue,
plus ou moins aiguë, les divers dégrés de désorgani-
3
�snlion que l'anatomiste y ’ rencontre , c’est ain si, par
exemple, qu’il rapporte à cette lésion que caractérise
la pseudo-adynamie , les rougeurs de la muqueuse in
testinale qui varient depuis la coloration rosée jusques
au rouge violet de la gangrène. Entre ces deux variétés ,
on observe, dit-il, une infinité de nuances qui dégé
nèrent tantôt en épaississemens de la muqueuse , tantôt
en ramollissement échymosé. C’est sur ces plaques
épaissies qui diminuent le diamètre de l’intestin , que se
forment les ulcères dont la forme, la couleur et l’étendue
sont si variées. Ces ulcérations détruisent à la longue
la muqueuse , la musculaire , impriment à la péritonéale
cette couleur noirâtre qui est le signe précurseur des
perforations qui permettant aux gaz de s’échapper ,
constituent le météorisme qui précède de peu d’instans la mort dans ces cas-là. M. Monfalcon attribue
toujours à la même cause (la gastro-entérite) les pé
téchies noires ou bleuâtres , ces éruptions pustuleuses ,
ces boutons noirs marqués d’un point à leur sommet ,
ces engorgemens des follicules muqueux. D ’autres ré
sultats sont une exhalation abondante d’un sang noir ou
séreux, une exudation puriforme sur toute la surface mu
queuse ; j’ai eu l’occasion d’observer ce phénomène dans
une violente fièvre catharrale qui se termina par la mort.
Dans d’autres cas, ce sont de petits abcès entre les tu
niques de l’intestin. On peut ajouter qu’un des effets
variés de l’inflammation est ce ramollissement de la
muqueuse gastro-intestinale , ou pour mieux dire, son
défaut de densité , décrit avec tant de soins par MM.
Broussais , Saeger , Cruveillier , Chaussier et Lallemand.
Un effet qui n’est pas rare non plus est la gangrène de
la partie affectée , des escarres charbonnées , des lam
beaux putrides qui laissent après leur chute d’énormes
ulcérations. L’auteur consacre des détails intéressans à
l’engorgement consécutif des ganglions mésentériques et
�5
( a )
à l’irritation du foie , qu’il ne considère comme presque
jamais primitive. Il étend ses recherches à tous les
organes contenus dans les trois cavités. Il termine en.
signalant l’abus dans,lequel sont tombés les médecins qui
ont fait de l’anatomie pathologique la science toute en
tière de l’homme malade. 11 démontre combien il est peu
important d’étudier avec engouement et trop de prédi
lection , les formes, les couleurs, l’étendue et le nom
bre des rougeurs , des épaississemens et des ulcéra
tions , mais c’est pour les apprécier que l’auteur en a
parlé et non pour les proscrire entièrement.
M. Monfalcon passe ensuite à l’affection désignée sous
le nom de fièvre ataxique, il procède à son étude avec la
même sagacité et le même esprit d’examen qu’il l’a fait
pour la fièvre putride , il prend pour point de départ
les questions suivantes :
Quest-ee que la fièvre ataxique? <—»E stelle une in
flammation cérébrale , une irritation sympathique de
cet organe , une phlegmasie gastrique ou une affection
essentielle de. l’économie animale l •.— Faut-il' ne voir
en elle qu’un groupe de symptômes communs à Ig plu
part des phlegmasies ï
Ici , comine précédemment , il fait le tableau de la
fièvre ataxique, expose ses princip.aux signes, tels que
le trouble des facultés mentales, l’aberration des sens,
l’état de la physionomie , l’agitation musculaire , les
convulsions tétaniques ou cataleptiques , lés soubre/ sauts des tendons , la carphologie , la paralysie partielle
ou générale. Il lie d’une manière intime les phénomènes
sympathiques de l’encéphale , la réaction dé ce viscère
important sur l’estomac , de ce dernier sur le cœur ,
qui à son tour influence le poumon avec lequel il a
des connexions si étroites. De là , augmentation de telle
secrétion et diminution de telle autre , que )’ori appelait
T , y i . Juillet 1820,
/f.
�' ( aG )
«nouvemens critiques salutaires ou fâcheux , lorsqu’on
ne se servait point de l’application de l'analyse à la
physiologie et lorsqu’on se croyait dispensé d’appeler le
secours de cette dernière science à l’observation clini
que. Cette première partie est terminée par un repro
che très-juste adressé à la doctrine physiologique : l’au
teur aurait désiré que l’encéphale jouât un rôle un peu
plus important que celui que lui fait jouer le doctrinaire
•savant, il trouve qu’il est trop souvent sacrifié à l’es
tomac , et que ses actions sont trop passives , tandis
que , dit l’auteur , mille preuves de l’éminence de son
rang dans l’organisme sont fournies par la physiologie
et la pathologie et lui donnent autant de titres authen
tiques , sinon à la suprématie , du moins à l’égalité ;
car on ne peut établir l’hiérarchie entre l’encéphale , le
poumon , le cœur et l’estomac , tant l’enchainement de
leurs fonctions est grand.
Iï.e P a r t i e . — Elle a pour sujet les rapports des lé
sions organiques de tissu qu’on trouve dans les viscères
abdominaux des sujets morts de fièvres ataxiques et pu
trides , avec les phénomènes de ces maladies.
L ’auteur justifie ce titre avec la plus scrupuleuse
exactitude. Il déplore-avec raison l’erreur dans laquelle
sont tombés ceux qui ont voulu rapporter tous les
symptômes et la mort même à une ulcération ou à une
rougeur plus ou moins étendue ; il démontre que le
physiologiste n’a pas besoin pour expliquer la cause de
la mort de voir une inflammation destructrice d’un or
gane important à la conservation de la vie. Les rela
tions sympathiques de l’organe affecté , voilà, dit-il,
ce qui déterminé , avec le concours de circonstances
secondaires le dégré de gravité de la maladie. Il déduit
de cela que de ce que la membrane muqueuse gastro
intestinale est à-peu-près dans son état naturel après la
m ort, on ne doit pas conclure qu’elle n’a pas été en-
�27
(
)
flammée. Aucun médecin expérimenté ne peut se re
fuser à croire cela, car ce serait faire une exception
pour la muqueuse intestinale, lorsque tous les jours des
ouvertures de cadavres démontrent des tissus dans l’état
normal quoiqu’ils aient paru malades pendant la vie.
Comme l’observe M. Tvlonfalcon , les troubles sympa
thiques sur des organes essentiels à la vie tuent souvent
avant que la lésion première ait produit des marques ap
préciables par les sens ; on trouve de fiéquens exemples
de ce genre dans la peste , le typhus iclércdes et autres
lièvres de mauvais caractère qui souvent font succomber
les malades dans les premières heures depuis leur in
vasion, Mais comme cette théorie tend à donner une
arme victorieuse, au premier abord, dans la main des
détracteurs de la doctrine physiologique , l’auteur ajoute
que les causes, les résultats du traitement incendiaire
sont des preuves matérielles pour prouver que cette af
fection est une phlcgmasie et que l’analyse des symp
tômes qu’il fuit rapporter d’après les lois physiologiques
à l'organe qui les produit sont aussi en faveur de la
pseudo-adynamie. Mais si la fièvre putride est une gas
tro-entérite , comment se fait-il que l’abdomen n’est
presque jamais douloureux ? Comment expliquer la cha
leur , le frisson, la lièvre en un mot? Si la tiop lon
gue étendue de mon analyse ne n’imposait pas de
m’arrêter, je donnerai le texte en entier des explica
tions de l’auteur, tant elles sont belles.
La grande question sur l’essentialité des fièvres est
présentée au lecteur avec cette même modération qui a
présidé aux dissertations précédentes , le même esprit de
philosophie, de critique, d’analyse et d’examen règne
dans tous les raisonnemèns. Point de prévention pour
les défenseurs de l’essantialite , point de prédilection
pour ses censeurs, mais aussi point de respect servile
pour l’autorité des temps. L ’essentialité des fièvres
�( ^8 )
semblerait prouvée au premier aspect, tant est sédui
sant le langage qu'a prêté M. Monfalcon à ses partisans j
il a rnis dans leur bouche tout ce qui est sorti d’admirable
du génie des immortels Sydenham , Selle, Bordeu ,
Stoll, Pinel, etc. Il termine la longue série des raisonnemens qu’il leur prête, par l’écueil que semblent pré
senter les fièvres intermittentes à la doctrine physio
logique. Je ne choisis parmi les nombreuses réponses
qui sont faites aux objections des partisans de l’essentialité , que les trois suivantes et je laisse au lecteur le
soin de les apprécier. Pourquoi refuserait-on à la patho
logie ce qu’on accorde à la physiologie ? Pourquoi donc
trouverait-on extraordinaire que des organes qui ont une
intermittence d’action dans leurs fonctions à l’état de
santé., en eussent aussi pour les maladies qui les af
fectent? Ne sait-on pas que des inflammations extérieu
res telles que l'ophtalmie, l’otite, le rhumatisme, la
goutte et l’érysipèle éprouvent des intermittences ,
pourquoi se refuserait-ou à ce que celles qui sont in
ternes présentassent le même caractère ? Quel est le
médecin de bonne foi qui oserait le mettre en doute ?
mais , ajoute-t-on , comment se fait-il que le quinquina
guérit une p’nlegmasie ? Voilà, dira-t-on, l’écueil qui
se présente encore ; mais non , à quelle époque l’administre-t-on
On pourra leur demander , n’est-ce pas
au moment de l'intermittence , alors que la phlegmasie
est dissipée , lorsqu’enfin tout l’organisme est dans l’état
physiologique. Mais certainement le quinquina peut
guérir dans ce moment une phlegmasie du tube di
gestif tout comme le sulfate de zinc guérit l’ophtalmie et
le Vésicatoire un érysipèle. D ’ailleurs ne pourrait-on
pas embarrasser les partisans de l’essensialilé si on leur
demandait comment des évacuations sanguines guéris
sant line phlegmasie , car enfin ceci est incontestable ,
bit thème comment le quinquina guérit ces fièvres es-
7
�(
29 )
Sentielles ? Enfin, la même force et la même vigueur a
été prêtée aux argumens des apologistes de la doctrine
des modernes , c’est du conflit de ces opinions si dia
métralement opposées qu’est née la vérité et M. Monfalcon a soutenu que la fièvre putride était une gastroentérite ; qu’il n’était point nécessaire , lorsque la mort
arrivait, qu’il y eut des lésions trop grandes à la mu
queuse digestive ; que les troubles sympathiques suffi
saient pour qu’elle eut lieu , lorsqu’ils étaient violens et
chez un individu irritable ; que les fièvres n’étaient
point essentielles , mais bien dépendantes de l’affection
locale. Que les rougeurs et ulcérations de la muqueuse
gastro-intestinale étaient toujours cause de la lièvre pu
tride et non l’effet et la complication. Que les fièvres
intermittentes étaient des phlegmasies aussi qui se ré
pétaient sur des organes qui avaient tendance à répéter
les mêmes actes de santé et de maladie.
La tâche que s’était imposée M. Monfalcon a été
remplie avec cette pénétration qui est le partage exclu
sif uu maître expérimenté; après avoir traité en écri
vain habile et en médecin éclairé ces questions sublimes
de pathologie interne ; après avoir prouvé par les argu
mens les plus solides , les avantages et les vérités re
connues dont abonde la doctrine physiologique , il cher
che en philosophe distingué si des causes physiques
et matérielles peuvent avoir influé sur l’organisme , si
l’irritabilité de nos organes s’est accrue. 11 fait voir , en
invoquant l’histoire , que les temps ont toujours été les
mêmes , que l’art culinaire porté à un si haut degré
aujourd’hui , ne fait pas plus de mal que les excès de
la table auxquels se livraient nos anciens, mais il fait
des observations qui porteraient à croire que les stimulans sont plus nombreux qu'ils ne l’étaient autrefois. En
effet , dit l’auteur , les hommes sont parvenus à mo
difier jusques à un certain point l’influence des climats»
�3
( o )
En abattant les forêts , en desséchant les marais , en
opposant des digues à l’inondation des fleuves , en don
nant aux eaux un cours réglé, ils ont apporté dans
leur manière de vivre des changemens qui ont dû
augmenter notre irritabilité organique. On ne fesait
point usage de ces végétaux transportés du nouveau
monde dans l’ancien , tels que le tabac , le café , le
thé et autres excitans exotiques , mais ne peut-on pas
dire aussi que nos organes éprouvent. des réactions
fréquentes qui les habituent à l’usage de ces substances.
Notre organisme se familiarise donc avec elles , et nous
ne sommes pas plus susceptibles de contracter des
phlegmasies que les contemporains d'Arèlèc et à'Hip
pocrate. Mais une cause génératrice des maladies est
la civilisation ; plus elle est élevée plus les maladies sont
graves et Iréqucntes. C ’est en raison de ses bienfaits
cjue l’homme paye par des maladies inconnues dans les
premiers temps , les précieux avantages qu’elle nous
procure.
Une dernière question purement philosophique occupe
l’auteur dans cet ouvrage : il s’agit de savoir si l’abus
de la médecine est plus nuisible que son exercice bien
ordonné n’est utile ; en rappelant à combien de dan
gers l’espèce humaine est en proie soit par les révolu
tions médicales , soit par les systèmes erronés qu’elles
ont engendrés. En fesant réfléchir à tout ce que peuvent
produire les sophistications des substances médicales ,
les erreurs des médecins même habiles réunies à celles
des pharmaciens ignorans ou guidés par la cupidité ;
la règle de la probabilité ne déposc-l-eile pas quelque
fois contre une science qui expose la vie des hommes
au hasard d’ un si grand nombre de chances favorables?
Mais d’une autre part, l’application de la médecine est
un art bienfaiteur , lorsqu’il est rnis en pratique par des
hommes tels que M. Monfalcon. Enfin, pour terminer
�(S i )
nos réflexions , écoutons ce médecin philosophe dans
ses derniers conseils : « O hommes , vous vous confiez
aux promesses d’un art dont votre amour pour la vie a
fait les brillantes destinées et votre sécurité est peut-être
le plus grand des dangers qui la menacent. Soyez tempérans , vous n’aurez plus à redouter les conséquences
des révolutions médicales. Faites un emploi sage de
vos facultés et préserves du nombre immense de mala
dies qu’enfantent vos excès , les variations des méthodes
générales de traitement cesseront de désoler la société ;
n’employez plus à votre ruine les moyens que la nature
vous a donnés pour être heureux. Mais inutiles conseils!
vaines illusions ! Espérer que vous serez prudens et
sobres , n’est-ce pas croire à la possibilité de l’exécu
tion du projet du bon abbé de Saint-Pierre ».
R eymonet,
2.° Co R R E S P ON D A N C E MÉ DI C A L E .
JLF. T T RF. àe M. PiERQTJiv, médecin à Montpellier , à M.
le docteur Golfin , membre de plusieurs sociétés de mé
decine , etc. , sur un mémoire de M. Brachet, médecin
à Lyon , concernant le morbus maculcsus hœmorragicus Werlhofii. ( Refus médicaleJr. et étrang. tom.
V I I janf. 1822
,
).
D e la Condamine , le
î
S mai 1S23.
Monsieur et très-bonoré Confrère,
I l y a déjà long-temps que j’avais eu le dessein de
publier une analyse du mémoire de M. Brachet, des
circonstances entièrement indépendantes de ma volonté
en ont retardé l’exécution. Cependant comme vous
m’avez fait l’honneur de me demander mon opinion,
�( ^2 )
«on sur une maladie que vous connaissez mieux que
m oi, mais sur un mémoire sur lequel vous avez déjà
porté un jugement bien plus éclairé que ne pourrait
l’être le mien , je dois répondre à votre confiance ; je
n’espère pas qu’en tout je puisse penser comme vous,
je serai satisfait si vous trouvez que j’ai quelquefois rai
son. Critique , d’un tempérament atrabileux, il n’est
peut-être point une phrase qui put raisonnablement
échapper aux résultats théoriques et pratiques de nos
recherches; ami de la vérité , nous la respecterons quand
nous la rencontrerons , tout en témoignant notre recon
naissance à M. Brachet d’avoir ajouté de nouvelles obser
vations, à celles que nous avions déjà sur une maladie
que plus des trois quarts des médecins français ne
connaissent pas du tout. Aussi n’aurons-nous guéres à
lui reprocher que les résultats ordinaires d’une extrême
et dangereuse précipitation dans les conclusions géné
rales à déduire des faits particuliers. Il faut une masse
de faits pour conclure à un seul canon-pratique , à un
seul aphorisme, vous le savez, monsieur , cette carrière
est pénible, mais ou il faut se résoudre àsuivre ce sentier
ou ne pas se hasarder à verser dans cette carrière ,
si merveilleusement parcourue par Hippocrate. Peutêtre que M. Brachet nous dira que tel a été son plan,
mais tel fut également le nôtre , et dès-lors la nature
étant toujours la même dans des circonstances identi
ques , comment se fait-il que nous ayons obtenu des
résultats entièrement opposés ? Quant à vous , monsieur,
qui avez si dignement contribué à l’édification de mes
recherches , en me fournissant les observations les plus
précieuses et dont les idées sur ce point sont depuis
long-temps très-arrêtées, vous avez déjà , j’en suis sûr,
été frappé par la contrariété des résultats obtenus par M.
Brachet et par moi ; circonstance qui contredit d’une
manière si manifeste l’épigraphe ou mieux la devise
�( 35 )
des médecins théoriciens adoptée par M. Brachet. Mais
non paucis offendar maculis. Je ne relèverai que les er
reurs principales , e’est-à-dire celles dont la propagation
pourrait nuire à quelques individus , et dans le cours de
ma lettre, j’aurai toujours pour règle l’exemple de votre
indulgence.
Je commencerai, cependant, par observer que c’est à
tort que M. Brochet annonce « que ce n'est que vers le
milieu du siècle dernier que Werlhof en signala les carac
tères distinctifs ( du morbus maculosus hœmorragicus )
avec le talent d'un grand observateur ». Cette phrase
contient, vous le savez , monsieur , plus d’une erreur ,
car ce que Werlhof a dit de cette maladie se réduit à
très-peu de chose (i ) ; il n’a eu que le mérite , car c'en
est un, de l’avoir signalée comme une maladie particu
lière et d’en avoir publié deux observations et par con
séquent Werlhof a certainement moins fait pour la con
naissance de cette maladie que Behrens et Wichmann.
Quant à sa description , bon nombre d’auteurs l’avait faite
ayant lu i, mais sous des noms divers à la vérité , car
Pezold , Dester et Zuinger, que Werlhof cite, devaient
nécessairement l’avoir connue , puisqu'il invoque leur té
moignage ; M. Brachet n’avait donc qu’à ouvrir Werlhof
pour s’épargner la douleur d’avancer une telle erreur.
On a peu ajouté à ce qu'il a dit, continue M. Brachet,
(t) Voici ce qne m’ écrit le savant docteur Sainte-Marie
(dans une lettre datée du 30 mai 1828) qui connaissait la thèse de
M. Bellefond , le mémoire de M. Brachet , etc. : Je forme tou
jours les vœux les plus ardens pour vous voir reprendre votre
travail sur la maladie que Werlhof et Wichmann ont décrite
les premiers , mais d'une manière si imparfaite , qu'il vous
reste la gloire importante d'en avoir le premierfa it connaîtra
la nature et le traitement.
83
T . Y I. Juillet i z .
5
�et la reconnaissance a conservé son nom à la maladie. Si
M. Brachel s’était donné seulement la peine de feuilleter
la thèse deM.Bellefond,i[ n’eut certainement point ajouté
ce second membre de phrase , puisqu’il y aurait vu que
Werlliof n’a publié que deux observations d’hémacélinose ou morbus maculosus hœmorragicus , et que d’ail
leurs il n’en a parlé que dans une simple note de son
traité de Variai et Anthr. La proposition inverse serait
à la fois plus juste et plus raisonnable. Comme on le
verra plus bas. La rareté de cette maladie en France est
cause que je me suis fait un devoir de publier les faits que
j ’ai recueillis sur elle, etc. Il eut été plus juste de dire
qu’il y a moins d’observations publiées par des mé
decins français que par des médecins etrangers , car elle
n’est rare dans notre patrie que parce qu’on ne veut pas
la v o ir , et c’est encore pour cette même raison que nous
devons être reconnaissant envers M. Brochet des deux
observations qu’il a publiées et dont le mémoire, quoique
fort défectueux, est certainement plus étendu et utile
que tout ce qu’en a dit Werlhof , et certes nous nous
appuierons avec orgueil du nom du médecin de Lyon et
de son autorité pour combattre avec plus d’assurance ceux
qui veulent absolument regarder, encore aujourd’hui,
cette maladie comme un produit de la diathèse scor
butique. V oilà, mon cher confrère, toutes les erreurs
qui ce me semble pouvaient être relevées dans les quinze
premières lignes du mémoire de M. Brochet qui j’ose
l’espérer me rendra justice en ne considérant cette ana
lyse critique que comme le correctif de ses erreurs
involontaires , qu’il ne verra même dans ma conduite
que celle que tout médecin honnête homme est appelé à
suivre dans l’intérêt de l’humanité et peut-être même
lui sera-t-elle utile pour la monographie qu’il nous an
nonce plus bas.
Si nous devions faire valoir les observations , nous
�'
(i) Je sais cependant obligé de convenir que l’on a quelque
peine à reconnaître la véritable hémacélinose asthénique essen
tielle, dans la première observation ; mais ce qui paraît plus
topique , c’ est que le traitement employé favorisait l’issue fu
neste et qu’il était tenu de sauver le malade lorsque M. B. fut
appelé. Du reste cette observation prouve par l'autorité qui la
suit la vérité de ce que nous avons émis dans nos recherches.
Quant à la seconde observation d'hémacélinos» asthénique indi
recte , clic justifie la condamnation dont nous avons frappé
l’emploi des topiques chauds , ainsi que tons les slimulans ap
pliqués , du reste inutilement à l'extérieur. Une angine toosillaire, un état morbifique des reins, étranger à la maladie, acca
blaient le patient de douleurs toujours inconnues * l’hémoptysie
n’était accompagnée d’aucun symptôme de fluxion , de conges
tion , et il est certain que le traitement par la glace employé
che?. Mme. Chàmbon en proscrivant tontes fois rs linges chauds
renouvelés sur tous les membres , est à cela près le seul traite
ment propre à guérir la variété asthénique ou asthénique indi
recte.
1
r&ütfc-. i .
rangées parmi les plus précieuses que nous possédions,
et j’irais même jusqu’à avouer qu’elles pourraient di
gnement figurer à côté de celles que vous avez déjà
publiées et que vous devez publier encore incessam
ment : du reste l’une d’elles est complète , puisqu’elle
est suivie de l’autopsie , circonstance précieuse et que
malheureusement on ne peut pas toujours joindre aux
observations que l’on publie. Si maintenant nous recher
chons , par exemple , les causes de la mort de l’indi
vidu qui fait le sujet de cette même observation , nous
les trouverons dans le traitement ( i ) , tout en rendant
justice à l’auteur qui avait très-bien vu les moyens thé
rapeutiques propres à combattre la variété asthénique de
l’hémacélinose, mais nous dirons aussi qu’il n’a point
été assez hardi dans leur emploi. Nous lui devons les
�56
(
)
mêmes éloges pour l’observation suivante dans laquelle
il a également très-bien saisi les indications thérapeuti
ques de la variété sthénique ; aussi le malade a-t-il été
promptement rétabli,
M. Brachet termine ces deux observations par des
corollaires dont les erreurs peuvent être d’autant plus
fâcheuses qu’elles émanent d’un homme environné de
la confiance publique , d’un médecin instruit et d’un pra
ticien habile : ces circonstances ne nous auraient même
peut-être pas suffi pour prendre la plume, si nous n’avions conçu l’espoir que nos réflexions pourraient lui
être utiles , puisqu’il nous annonce qu'il se propose de pré
senter au public un travail qui manque encore et qui bien
traité ne pourrait qu être d’une grande utilité. Cependant
vous le savez , monsieur , nous possédons plus de vingt
monographies parmi lesquelles je me garderai bien de
ranger nies recherches , quoique j’aie profité des travaux
de mes devanciers sur l’hémacelinose ; vous vous rap
pelez , j'en suis certain, les dissertations ou mémoires
de Ze.ttersom , de Rosenauer, de Schlichthorst, de Pickel,
de Sèbiz , de Sand, d’ Osthoff, de Major, à'Ittner , de
Butz , A'Havinga , de Fischer , de Groeser , d'Edlin ,
àcBehrens , A’ Ad air , de Bateman , de Baumes, de
Belle/onds , de Bergener , etc. , auxquels on pourrait
ajouter les noms de deux ou trois cents observateurs'.
Dans le second corollaire l’auteur avance que la sai
son ne paraît avoir aucune influence sur le développe
ment de la maladie tachetée ; mais d’abord comment
conclure en faveur d’un pareil résultat pratique , lors
qu’on ne possède que cinq observations sur une mala
die qu’on regarde comme très-rare ! Néanmoins je suis
sûr que telle n’a point été l’idée de l’auteur , puisqu'il a
dit plus haut que cette maladie est plus commune dans
les climats froids et humides (l’Allemagne et l’Angleterre),
que dans les climats chauds ou tempérés (la France ) et
�( 37
)
certes qu’est-ce donc que le clim at, si ce n’est un état
déterminé de la température dans lequel telle ou telle
saison domine plus long-temps et de préférence ? Et dans
ce cas, comme dans tant d’autres, les deux extrêmes
de température doivent produire les mêmes résultats,
c’est-à-dire que l’on doit observer cette maladie à Naples
comme à Vienne. C’est aussi ce qui arrive (i^. Mais d’ail
leurs , avec un peu de réflexion, l’on s’apperçoit que
M . Brochet lui-même nous en a donné une preuve pour
le Midi de l’Europe , dans les effets de la température
artificielle de la chambre de M. Treilhon , chez lequel la
maladie se reproduisit par cette seule cause; j’avouerai
cependant qu’il est probable que les climats phlogit~
iit/ues doivent en fournir plus d’exemples que les climats
bilieux, mais cette maladie, comme tant d’autres, est
subordonnée à l’influence des localités quoiqu’en dise
encore M. Brachet qui , ce me semble , a exagéré les
opinions A’ Edlin qui regarde avec juste raison et comme
l’auteur du mémoire l’a fait lui-même , l’air vicié des
habitations comme une cause efficiente suffisante pour
produire la maladie.
Le quatrième corollaire contient une foule d’erreurs,
et d’abord les observations de M. Brachet lui-même et
celle de tous les auteurs , prouvent tout le contraire
de ce qu'il y avance, nous en rapporterons en preuve
le tableau (2) suivant, où j’ai eu soin de spécifier les
sexes et les âges des malades et de désigner par le ca
ractère italique les auteurs français.
(ï) On n’a qu’ à compulser les journaux italiens pour s’ en as
surer. Voyez entr’autres l’excellent journal d’Omodei ( Fclrajo
1820. n,° X X X V III ).
(a) Le p. signifie puer. — pp puerpera.
fi. homo. — v.
virgo. — j . juvenis.
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Baumes.
Baumes.
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Behrens.
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Broussais.
Broussonnet.
Coze.
Cozg.
Cullen.
Cusson.
Diemerbroeek.
B ulruc-Lassa/le.
Duncan.
Duncan.
Duncan.
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Ediin.
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Hoffmam.
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Gr. Horst.
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Lentilius.
Lepec de la Clôture.
Lister.
Lister.
Lister.
Lister.
Lister.
Lister.
Ménard.
Mouton.
Pierquin,
Pierquin.
Pierquin.
Pierquin.
Planchon.
■ P lanchon.
Plenciz.
Plenciz.
Plenciz.
Bambaud.
Razoux.
: Renier.
! Renier.
Richard de la Prade.
Riedlinus.
j Roeber.
f Rogert.
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AUTEURS.
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Schlich thorst.
Schwencke.
Stoeker.
Stoll.
Stoll.
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Strack.
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Strack.
Strack.
Strack.
Strack.
Strack.
Sirack.
Strack.
Strack.
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Ainsi ce tableau prouve que sur lot malades , pris
au hasard , dans divers auteurs , il y en a
du sexe
masculin et 07 du sexe féminin : qu’il y en a 94 de
tout sexe , au-dessous de 00 ans et 37 au-dessus , dont
47 ont été observés par des médecins français. Résultats
qui peuvent être fertiles en réflexions-pratiques.
63
�4
( ° )
Dans le .e corollaire l’auteur dit que rien ne tend à
la faire regarder comme endémique et encore moins épi
démique : je ne connais point d’observation qui tende
à établir le premier énoncé , mais il n’en est pas de
même pour le second , et le médecin belge de l’impé
ratrice Eléonore, entr’autres, l’a observé sous ce dernier
mode. Et dans l’épidémie de Strack dont parle M. B .,
l’hémacélinose fut une affection purement intercurrente.
C’est dans le .e que l’on voit tout le vague des idées
de M. B. sur cette affection. Dans le 8.e, il prend en
considération la dimension et la forme des macules,
ce qui , ce nous semble , ne mérite aucune attention.
C’est dans celui-ci que l’auteur cherche à déterminer la
siège de la maladie ; il le place dans la peau et les mem
branes muqueuses. Je me suis assuré que le tissu pro
pre de la peau n’est jamais affecté dans l’hémacélinose
comme j’ai eu lieu de m’en convaincre sur les malades
et sur les personnes mortes non de la maladie mais du
médecin. L’épanchement a lieu immédiatement, vous
vous en êtes assuré aussi bien que moi , monsieur ,
sous la cuticule blanchâtre ou épiderme , dans la pre
mière couche albide superficielle tacLile du tissu muqueux
de Malpighi. Du reste Lorry avait déjà dit petechice
non ad morbos cutaneos pertinent.
L eg.e etle to.e corollaire sont consacrés à des hypo
thèses : je respecte toutes les doctrines , ie n’en adopte
aucune , je vois mais je n’explique rien ; il ne m’est donc
pas permis de combattre celle de M. JB., quoique je ne
la croie guères fondée. Le ia .e contient non pas l’er
reur la plus grave, mais la plus matérielle ; car toutes
les observations prouvent que la maladie n’a par ellemême rien de dangereux , l’ignorance seule peut la
rendre telle , parce qu’elle seule fait toujours du mal
partout où on la rencontre. Mais pour peu que M. Brachet
ait du goût pour les hypothèses , nous sommes sûrs que
5
6
�( 41 )
ce tableau lui sera de quelqu’utilité et l’empêchera de
partager l’opinion de Weilbrect, sur l’importance de
l’étude de la dimension et de la coloration des macules,
( Y . Stornici, dissertatio de rubro sanguinis colore , Hafn.
1762). Du reste, monsieur, tout ce que nous lisons
journellement , tout ce que je dis dans cette lettre
prouve combien vous aviez raison de désirer qu’une
société de médecine en fit un sujet de prix ; chaque jour
nous voyons proposer des questions oiseuses ou de nulle
utilité pratique , ou des maladies connues , ou sur
lesquelles on a tellement écrit inutilement, qu’il est plus
que probable qu’on n’obtiendra aucun résultat avanta
geux du concours , tandis qu’il est grand nombre de ma
ladies dont on ne s’occupe pas et qu’il serait important
d’étudier tant dans les intérêts de l’humanité que dans
ceux de la science.
Le i .c prouve encore que IV . B. s’est borné à ses
propres observations pour la rédaction de ses principes
généraux sur l’ hémacélinose , car on ne voit pas que
malgré les cas qu’il a eu l’occasion d’observer, il se soit
apperçu qu’il en existait deux variétés bien distinctes ,
l’une sténique l’autre asthénique ; il a cependant, comme
vous l'avez vu , bien conçu le traitement utile dans
chacune de ces variétés , mais il ne l’a pas réduit en
canon-pratique.
Je terminerai, Monsieur , cette lettre déjà trop longue
pour vous et pour m oi, par la dernière erreur que con
tient la dernière ligne de la dernière page du mémoire
de M. Brochet, la voici : J'ai obtenu , dit-il , le succès
le plus complet de la glace , tant à Tintèrieur qu’à l’exté
rieur et je crois avoir le premier employé ce moyen. Il
est malheureux , monsieur, qu,e vous n’ayez pds publié
toutes vos observations sur l’hémacélinose , M. B. y au
rait vu les heureux résultats que vous avez obtenu par
T . VI. Juillet 1823.
3
1
6
�(4 0
puissant moyen thérapeutique, dans lequel rentre les
bains froids et les bains à la Franklin, également employ és
avant M. B. dans cette occasion. Mais ce que votre mo
destie vous a fait négliger a été exécuté par d’autres,
et vous vous rappellerez sans doute qu’entr’autres MM.
les docteurs Mouton , Ménard , etc. , de cette Faculté,
en ont obtenu des résultats merveilleux.
Je termine, Monsieur, et j’espère que vous serez
pe rsuadé que dans le cours de celte analyse j’ai moins
voulu vous rappeler ce que vous saviez,' que vous mon
trer ce que je sais , afin de légitimer en quelque sorte
d’avantage l’estime et l’amitié dont vous honorez celui
qui a l’honneur d’être votre dévoué confrère et ami ,
ce
PiERQum ( i) médecin.
professeur D e l p e c h , au Bédacteurl’ Observateur des sciences médicales.
L e t t r e de M . le
génèral
de
Monsieur,
J e viens déliré dans le cahier de juin de votre inté
ressant journal , une observation importante du modeste
M. Coural de Narbonne , et je goûte vivement la satis
faction que vous éprouvez à voir publier les faits ins
tructifs recueillis par les divers praticiens. Permettezmoi , cependant , de relever une assertion inexacte
avancée par M. J.-N. Roux , qui a communiqué ce fait.
Une grande question occupe en ce moment et divise
des hommes d’un grand nom : abandonnera-t-on la taille
(r) M. le docteur Pierquin a inséré dans le cahier de décembre
1821 de notre journal un fascicule d’observations sur c-ette ma
ladie , et il publia en 1821 des recherches sur /’ himacélinose ,
avec un article bibliographique très-éteudu.
( Note du Rédacteur-général ).
�45
(
)
hypogastrique ? lui préférera-t-on l’opération recto-vési
cale? aux jeux de tout homme instruit, le suffrage du
professeur Vacca - Berlinghicri doit paraître d'un grand
poids ; mais l’opposition de l’illustre Scarpa paraîtra ,
sans doute , tout aussi grave. L’opinion générale résultera
de la comparaison des faits heureux ou malheureux ; alors
seulement, nous saurons si nous avons ou non une
ressource de plus , pour l’extraction des calculs ks plus
volumineux. Il est aisé de voir que pour que les con
séquences que l’on déduira soient solides , il importe que
les faits dentelle découleront soient exacts. Or, M. J.-N.
Roux assure que l’opération recto-vésicale pratiquée à
Cette a eu un plein succès : l’intérêt de la vérité m’o
blige à déclarer qu’il est mal informé : le malade a
succombé à la consomption , occasionée par le passage
continuel de l’urine dans l’intestin rectum , et l’inflàmmation permanente de ce dernier organe , qui en était
la conséquence. Je ne doute pas que M. Provençal luimême ne s’empresse de rétablir la vérité, en publiant
les détails de ce fait, qui intéresse l’histoire et les pro
grès de l’art.
Agréez , Monsieur et très-honoré confrère , l’assu
rance de la considération très-distinguée de etc. ,
D elpech , professeur.
3.° R é c l a m a t i o n .
L
au Rédacteur - général de T Observateur des
sciences médicales.
Monsieur,
ettre
5
L e compte que vous avez rendu en votre i .e
livraison , de ma doctrine sur la reproduction dp
Fhomme, se termine par une phrase remarquable dont
voici le texte :
�( 44 )
« Si sa théorie tombe dans le plus profond oubli ,
» son livre sera toujours intéressant pour l’histoire de
» l’art, en épargnant aux historiens des recherches nom3) breuses sur ce sujet : et c’est sous cet unique point de
3> vue, que nous osons en conseiller l’acquisition ».
Si le jugement de M. Gas , rédacteur de l’article ,
était exact, ma doctrine ne reposerait que sur des
assertions hypothétiques , ainsi que sur des propo
sitions , qu’il ne serait donné à personne d’expliquer
ou de vérifier, et dans ce cas , mes recherches sur(
la nature des forces qui mettent en action les ressorts
de notre économie , seraient aussi vaines qu’elles pa
raissent absurdes à M. Gas. Je p uis, au contraire,
prouver que tous les élémens de ma théorie se
lient parfaitement ensemble dans la chimie organique
des êtres vi vans , et c’est pour vous en convaincre,
monsieur , que j’ai l'honneur de vous adresser mes ob
servations relatives à des expériences très-récentes qui
font le sujet de divers mémoires approuvés par l’ins
titut royal de France , et qui ont une analogie telle
ment frappante avec ma doctrine , qu’elles servent à
consolider les bases sur lesquelles celle-ci est appuyée.
J’ai l’honneur de vous prier de les insérer dans
votre journal , parce qu’elles prouvent incontestable
ment , que ma nouvelle doctrine sur un sujet impéné
trable à l’œil de M. Gas , doit concourir essentielle
ment , aux progrès de la science physiologique , ce
qui est en opposition avec les assertions de ce médecin.
J’ai donc lieu d’espérer de votre justice, monsieur
le rédacteur - général, que vous voudrez bien insérer
dans votre journal ma présente lettre et les observa
tions (i) imprimées qui s’y rapportent.
J’ai l’honneur d’être, avec une considération distin
guée, etc.,
T inchant, D.-M.
Paris , le
5 mai i 8o3.
( i) Ces observations ont e'té adressées au rédacteur de la
(a
�(
4â )
Au Rédacteur de la Gazette de santé.
« M onsieur , le eompte succinct que vous avez rendu
dans votre feuille du i juin 1822, de ma Doctrine
sur la reproduction de l'homme , me fait espérer que
vous voudrez bien mentionner aussi honorablement
les expériences très-récentes qui l’appuyent , et qui
font le sujet de divers mémoires approuvés par l’Ins
titut-R oyal de France. Je commence par celles de
M. Dulong , exposées à l’Académie des sciences par
M. Thénard , au nom ti’une Commission, et insérées
dans le journal de Physiologie expérimentale , du mois
de janvier 1823.
Le savant auteur du mémoire , dit M. le rapporteur ,
s’y propose de rechercher « si , dans l’état de santé,
» la fixation de l’oxigène est suffisante , pour réparer
5) la perte de la chaleur que font les animaux dans les
» circonstances naturelles de la vie : en d’autres ter» mes , si la chaleur animale est due toute entière
» à la combustion qui a lieu, au sein des animaux ,
» dans l’acte de la respiration ».
On savait déjà, par les belles expériences de La
voisier et de M. Delaplace , en 1781 , que cette cha
leur est due , en grande partie , à la combustion qui
a lieu dans l’organe respiratoire. Mais les nouvelles
expériences de M. Dulong prouvent, en outre , « que
» la chaleur animale est plus grande que celle dégagée
» dans l’acte de respiration par la fixation de l’oxi» gène, et qu’il doit , par conséquent , exister une
» autre cause de calorification ».
Cette question principale, résolue ou non par M.
5
83
Gazette de santé , ( onzième n ° , avril i i ), et nous les
consignons ici volontiers , puisqu’elles tendent à corroborer 1»
doctrine de M. le docteur Tinchant.
( Note du lièdaeleur-général ).
k
�( 46 )
Dulong , se rattache nécessairement à une immense
série de faits et de phénomènes que cet auteur annonce
devoir expliquer, lorsqu’il traitera des divers modes et
époques de nutrition.
Je ne puis m’empêcher d'observer , ici , que je crois
avoir exactement décrit dans mon ouvrage, ces divers
modes et époques , et qu’ainsi , j’y ai complètement
résolu le problème de la calorification , et signalé d’a
vance, les résultats présumés des expériences faites et à
faire par ce savant physicien et chimiste. En effet, aux
pages loS) i
, i fi et suivantes de mon liv re, j’ai
démontré « que l’hydrogène, principe excitateur et
électrique de la vie, est le produit de la dissolution des
alimens dans l’estomac , qu’il se dégage dans les sys
tèmes artériel et nerveux où il dépose le carbone
qu’il tient en suspension , pour composer avec ce pro
duit végétal, la partie concrète du sang , et laisse échap
per une grande quantité de calorique par l’effet de cette
sécrétion au moyen de laquelle s’opèrent la fermentation
du sang et le battement artériel ; ( i ) que cet hydro
gène ainsi dépuré parvient dans le poumon , par les
extrémités capillaires, artérielles et nerveuses, pour
donner à cet organe la chaleur nécessaire au maintien
des forces vitales, en s’unissant avec l’oxigène de l’air,
qu’il attire sans cesse en raison du développement de la
caloricité ; ce qui rend compte en même temps , de
l’affinité de l’hydrogène avec l’oxigène, élément pri
mitif de la vie....
C’est donc par le concours mutuel de ces deux agens
54 3
(i) Les assertions dont l'observation et l’ expérience m’ont
garanti l’ exactitude , seront nécessairement confirmées par les
nouvelles expériences des savans pour la solution du problème
propose" par l’ Académie des sciences concernant la chaleur
animale.
�( 47 )
de la vitalité j que se reproduit la partie gazeuse rouge
du sang, composée de l’hydrogène des alimens et de
l’oxigène de l’air , et que la chaleur animale, résultant
de leur combinaison , se maintient et se renouvelle à
chaque instant dans l’organe respiratoire. En effet,
ces de,ux élémens combinés dans le poumon, pour la
formation du sang rouge , y conservent l’état gazeux
qui les rapproche de leur nature primitive , et concou
rent , simultanément , à l’exercice de la plus impor
tante fonction de la vie ; disons mieux, à la vie ellemême , puisque celle-ci s’éteint dès que la chaleur
animale a cessé d’exister.
Tels sont en substances , et à-péu-près , mots pour
mets, les principes que j’ai établis et développés dans
ma doctrine nouvelle , etc. Je passe maintenant à d’au
tres expérimentateurs , dont les travaux , tout récens ,
ne peuvent manquer de fixer l’attention des physiolo
gistes , sur cette même doctrine.
M. Edwards , dans son mémoire sur l’expiration et
l’inspiration de l’azote, lu à l’Académie des sciences
en décembre 1822, e t , par conséquent, postérieur
d’un an à la publication de mon ouvrage, qu’il a omis
de citer, croit avoir annoncé le premier , que les ani
maux placés dans les circonstances semblables , ex
pirent le gaz azote en quantité à peu - près égale à
celle qu’ils ont inspirée ; « mais que, si l’on substitue
à ce gaz de l’hydrogène , pour former un air factice,
composé d’oxigène et d’hydrogène , dans les mêmes
proportions que contient l’air atmosphérique, on
trouve alors que le second de ces gaz , dont l’exhala
tion n’est point un produit de la respiration, est en
tièrement absorbé dans l’organe respiratoire , où
l’azote , ni aucun autre g a z , ne peut contrebalancer
cette absorption ». C’est ce que prouvent les expé
riences de M. Magendie , ( p. 27 du même journal ),
�( 4 8 )
J’ai déduit les mêmes conséquences sur l’absorp
tion, ainsi qu’on a pu le voir, aux pages 109 et sui
vantes de mon volume , où j’ai expliqué comment
l’absorption de l’hydrogène et du carbone , ( produits de
la décomposition de l'eau que l'air tient constamment dis
soute sous forme sèche et invisible comme lui ) forme l’eau
et l’acide carbonique qui lubrifient sans cesse les con
duits aeriens , la bouche , etc. ; v. p. 116 , 166 , et la
note de la page 167. J’ai ainsi devancé , dans ma
théorie , les expériences fuites depuis par M. Edwards ,
au moyen de l’air factice , composé d’hydrogène et
d’oxigène , et desquelles il résulte également que ces
deux gaz sont, par leur combinaison, les puissans
agens de la chaleur animale , par la formation de la
partie rouge et vitale du sang artériel.
Il
ne m’importe pas moins de faire connaître le
résultat des belles expériences de MM. Tiedemann et
Gmelin , professeurs à Heidelberg , relatées au Journal
des savons , du mois de juin dernier, « sur la roule
» que prennent diverses substances , pour passer de l'es>tomac et du canal intestinal dans le sang, etc. , etc. »
Ce travail a mérité à ses auteurs, l’accessit au prix
de physiologie décerné par l’Institut R oyal, dans sa
séance publique du 2 avril 1822.
« Ces deux savans , dit M. Teissier, rapporteur,
> recueillirent le chyle contenu dans le canal thora» chique , et dans les vaisseaux absorbans du canal
» digestif, le sang des veines mésentériques, splé» nique et porte, et celui des autres vaisseaux : tous
» ces fluides furent analysés chimiquement. La com» position du chyle comparée à' celles de différentes
3) sortes de sang , donna lieu aux questions sui» vantes : »
a x.° Quelles sont les substances prises par les
Vaisseaux absorbans du canal intestinal , et ver-
3
�( 49 )
sées dans le canal thorachique ! 1 ° Certaines subs
tances passent - elles en même-temps dans le canal
thorachique , et dans le sang que contiennent les
veines mésentériques , splénique et porte ! Z.° Cer
taines substances ne se renconlrent-ellc-s pas exclu
sivement, dans le sang du système de la veine porte
et non dans le chyle du canal thorachique 1 »
A ces trois questions, qu’il me soit permis d’en
ajouter une quatrième , qui est la conséquence des
premières , et que je consigne ici dans les termes
suivans :
« 4-° Le sang formé dans le poumon C fluide gazeux
» o x i gêné , hydrogène ) est-il un produit du chyle ou
» du sang de la veine porte ? ou bien sa composi» tion serait elle due à la force d’action du poumon sur
» les principes immédiats de la v ie , pour régénérer et
» maintenir la chaleur animale , à l’aide de l’air et des
» alimens qui sont la source radicale et les matériaux
» directs de cette chaleur ? ÿ
Ces grandes questions d’où dépend la connaissance
des forces vitales et organiques, forces que j’ai bien
distinguées dans mon Ouvrage , et dont l’estomac ,
le foie et le poumon dirigent de concert les ressorts;
ces questions , dis-je , y sont complètement résolues ;
j’y ai scrupuleusement et méthodiquement suivi le
trajet de ces diffère ns gaz dans leurs organes respec
tifs , où ils se dégagent les uns des autres , se 'décom
posent, se combinent, entrent en combustion , s’ab
sorbent , et se concrètent d’après les circonstances
qu’on vient de mentionner, et que j’ai précisées ailleurs
plus amplement. O r, comme l’a dit un penseur pro
fond , chargé d’analyser ma doctrine :
« C’est bien dans la théorie de ces gaz qu’il faut
» chercher la clef de toute science physiologique et
T . YI. Juillet i a .
7
83
�(
5o )
» médicale, ainsi que la solution de tous les pro» blêmes relatifs à l’art vétérinaire , à l’agriculture et
» à l’économie domestique».
Je m’empresse donc de féliciter les savans expéri
mentateurs , tant nationaux qu’étrangers , de la publi
cation de travaux si importans et si propres à conso
lider les bases de ma nouvelle doctrine ; et je ne
suis pas moins flatté que la voie de votre Journal
me fournisse l’occasion de leur en exprimer ma
reconnaissance ».
T w c h a n t , D.-M.
4**
R
e v u e
d e s
J
o u r n a u x
.
Journaux Français.
83
( Journal de Pharmacie , janv. , Jèv. , i i . ) —
Manière d'enlever l'odeur d'une eau distillée. — «M. Davies,
droguiste à Chëster , ayant fait par hasard un mélange
de parties égales d’huile de ricin ( caslor-oil ) et d’eau
de menthe poivrée , il observa que l'odèur et la
saveur de celte dernière ont diminué graduellement,
au point qué ses qualités disparurent dans l’espace d’un
jour ou deux, entièrement.
Le même'effet est produit avec les autres eaux dis
tillées odorantes , ou les huiles volatiles mêlées à de
l’eau dans la proportion d’une goutte sur deux onces
d'eau. Quand à l’huile d’olive , substituée à celle de
ricin , elle ne diffère presque en rien au goût et à
l’ôdcur.
Nota. Cette observation donnée comme neuve n’est
pourtant pas sans exemple , puisqu’on sait fort bien que
les huiles fixes sont des meilleurs exeipiens des huiles
volatiles que l’eau. Ainsi quand on mêle à une huile lixe
�*
C
St
)
une eau chargée d’huile essentielle , cette dernière est
facilement reprise par l’huile fixe. Si cette huile n’est
pas sensiblement imprégnée d’odeur et de saveur, c’est
parce que l’huile volatile s’y trouve bien plus masquée
que dans l’eau »— Sur l’usage du thermomètre, dans la distillation,
comme alkohomètre par M . G biS n in g . — C’est en cher
chant , avec le thermomètre , la différence de tempéra
ture qu’il y avait entre
l’alambic , et
celui
le
liquide
de
l’intérieur de
du réfrigérant, que l’auteur re
connut que
la
quantité de
principes spiritueux que contient le
température intérieure
dépend
de la
li
quide qu'on distille; que la température reste la même
tant que l’on obtient de l’alcohol au même dégré; qu’elle
augmente d’autant plus que l’alcohol
plus
qu’on obtient est
faible , et qu’elle monte jusqu’à 8o.°
R. quand le
produit n’est plus que d’eau.
Il a donné à cet effet un tableau qui présente la
correspondance des dégrés de thermomètre, avec ceux
de l’alkohomètre dans les divers produits de la distil
lation.
Le fait que l’observation a fait découvrir à M.
Grœning , est basé sur ce principe de physique , géné
ralement reconnu : que la température d’un liquide ne
saurait s’élever bien qu’il soit exposé à l’action du calo
rique , tafit qu’il éprouve une évaporation suffisante ,
pour absorber les nouvelles quantités de calorique
combinées. Cette découverte pourra jeter un grand
jour sur les produits alcoholiques , en simplifiant les
procédés suivis dans leur distillation.
—— Du kerfè , écorce du Sénégal. — M. Blondeau ,
pharmacien , à Paris , a donné quelques échantillons de
cette écorce , qu’on lui a apportée du Sénégal, elle
�(
53
)
est jaunâtre fauve , assez épaisse , couverte d’une épi
derme crevassé longitudinalement, ferrugineux, cendré
et noirâtre ; l’intérieur est d’un fauve assez clair , filan
dreux , d’une saveur amère, forte, et sans odeur bien
remarquable : on la dit très-fébrifuge et un peu purga
tive , quoique tonique.
— Solution fœtide et amère , propre à détruire les
insectes , punaises , fourmis , pucerons T chenilles , etc. —
Prenez : Champignons des bois ou gros balets bruns
fétides................................
lui.
Savon noir......................
kil.
Noix vomique râpée.. ,
64 gr.
Eau commune.......... ..
io o
kil.
On mettra les champignons écrasés , et commençant
à se putréfier dans un tonneau pendant quelques jours j
on aura soin d’agiter de temps en temps le liquide.
Quand il sera devenu très-fétide , on y versera encore
la décoction de noix vomique dans de l’eau , Q. S.
On emploira , ajoute IV . J.-J. Virey, auteur de l’ar
ticle , cette liqueur pour arroser les objets dont on
veut écarter les insectes , soit dans les jardins , soit
ailleurs, en évitant de l’employer sur les dorures ou
des métaux polis quelle noicirait.
Les insectes ne résistent pas à ce poison fétide.
3
3
— Essai d'une, nouvelle classification des extraits ,
d'après la nature des principes immédiats les plus actifs
qu’ils contiennent, par C. A . Reclcz , élève a la phar
macie du dispensaire de Lyon. —. P endant que les lan
gues scientifiques éprouvent tant d’heureux changemens ,
que l'arbitraire est de plus en plus éloigné des nomen
clatures , et que les rapports sensibles sont établis entre
le nom de la chose et la chose elle-même , une série
de préparations pharmaceutiques n’avait pas encore
�( 53)
éprouvé l’influence de l’esprit méthodique, qui se répand
tous les jours dans toutes les sciences en général.
Les extraits pharmaceutiques ne péchaient pas seu
lement par leur dénomination trop étendue d’extrait,
mais leur classification n’était pas encore à la hauteur
des connaissances du jour. M. Recluz , d’après de
bonnes analyses de la plupart des végétaux , propose
une classification qui a pour base les produits immédiats
les plus actifs contenus dans les extraits.
Nous citerons ici l’exposé de sa classification et son
développement. Les extraits peuvent être distingués
dit-il , en :
i.° Alcaloidés. — Exemple : extraits de cinchonées,
papaveracées, etc.
2.0Résinidés. — Résinidésproprement dit,ex : extrait
de coloquinte , chelidoine, etc. Résinoïdés , ex : ext. de
la bile de bœuf.
.° Amandes. — Amaridés proprement dit , ex :
ext. de chardon béni, gentiane , etc. Cathartinés , ex :
ext. de séné, de nerprun, de concombre sauvage, etc.
Tanninés , ex : ext. de bistorte , de tormentille , etc.
-° Saccharidès. — Ex : ext. de réglisse , campèche, etc.
.° Osmazomcs. — Ex : ext. de viande ou tablette de
bouillon.
6'.° Polydiotés.— Ex : ext. de nymphéa, chiendent,
pulsatille.
Développement. — Première section. —* Extraits alcaloïdés. — Extrait dont les propriétés les plus carac
térisées sont dues à un alcali organique, appelé alca
loïde par Rrande ; tels sont les extraits de cinchonées,
papaveracées , strichnées , solanées , colchinées, ciguë ,
ellébore blanc, digitale , etc.
— Deuxième section. —■ Extraits résinidés — C’est à
la résine qu’ils contiennent, que ces extraits doivent
3
4
5
�(
H
)
leurs vertus. Exemple : extrait de chélidoine , colo
quinte, turbith végétal, jalap , gaïac,aun ée, gratiolc,
euphorbe , cyparissc , valériane, maiarabo, rhus toxicodcndron , de bile de bœuf, etc.
»
— Troisième section. — Extraits amaridès. — Je
range dans cette section les extraits qui doivent leurs
propriétés à Tamarin, ou à un autre principe anologue, tels
que la gentiane , la caphopicrite , la cathartine , l’élatine,
f le tanin , etc. Je l’ai subdivisé en trois ordres. Le pre
mier comprend tous les extiaits amers toniques , tels
que ceux de genlianées ( gentiane jaune, ményanthe ,
petite centaurée , etc. ; ) de cynarocéphales ( chardon
bénit, chausse-trape) de chicoracées (chicorée sauvage,
dent de lion , laitue , etc. ) de corymbifères (• d’arnica ,
d'absinthe , etc. ) de qua-^sia amer, de simarouba, safran ,
eupatoire, fumeterre, saponaire, sureau , etc. Le second
se compose des extraits cathartiques ou purgatifs, comme
les extraits de séné , nerprun , de scille , d’élatérium ,
de narcisse des prés , etc. ; enfin , le troisième ordre
réunit tous ceux qui contiennent du tanin j exemple :
extraits de poligonées -(historié , patience , rhubarbe ,
rapontic , etc. ) de tormc ntille , aigremome , tamarins,
potentille , benoite d’acacia vrai , de prunellier ( acacia
nostras ) de ratanhia , alcornoque , hypocistis, cachou,
kiuo , yèble, broux de noix , alchimiile , calaguala ,etc.
—• Quatrième section. — Extraits saccliaroïdcs. —
Les propriétés de ces extraits dépendent des principes
immédiats de nature douce ou sucrée. Exemple ; ex
traits de réglisse, cam pèchecasse, polypode vulgaire ,
genièvre , etc.
— Cinquième section. — Extraits osmazomés. — Celte
section ne comprend qu'un seul sujet , l’extrait de
viande ou tablettes de bouillon. Les vertus de ce pro
duit sont dues à Tosfnazome et â la gélatine ; mais prin
cipalement au premier corps, principe sapide, odorant,
décrit par Rouelle , Thouyenet et Thénard.
�55
(
)
Sixième section.
Extraits polydiotés. — Quoi
que dans ces médicamens , comme dans fous ceux dont
je viens de faire mention, les principes immédiats
soient réunis , il n’en est pas cependant un seul parmi
ceux-ci à qui ses propriétés donnent une action mar
quante susceptible d’être distinguées des autres ; c’est
pourquoi je les ai réunis dans la même section. Elle se
compose des extraits de bourrache , nénuphar , chien
dent , salsepareille , ellebore noir , cochléaria, etc.
On devrait peut-être séparer ces trois derniers pour
en former une section particulière , car bien que
l’action du calorique sur la pulsatille , 1”ellebore noir,
etc. , en ait séparé une matière volatile qui , dans l’état
frais, leur donne beaucoup plus d’activité, il serait
bien possible que leur extrait n’en fut pas toul-à-fait
exempt, Néanmoins je les ai confondus ici avec ceux de
bourrache, nénuphar , etc. , comme dans un index où
l’on pourrait ranger tous les extraits qui ri’ont pas de
propriétés bien caractérisées ou qu'on ne sait encore à
quel principe attribuer leur efficacité. CocpE-^^Pfi.
( Journ. complém. du Dict. des sc. mèd. ) — D epuis
quelque temps , un grand nombre de médecins et
chirurgiens anglais ont adopté le traitement des ma
ladies syphilitiques sans mercure , et n’ont eu qu’à se
louer de ses bons effets ; le docteur Krueger, de
Iîolzmindem, ayant rassemblé et comparé les faits
qu’ils ont publiés , a cru pouvoir en déduire les corol
laires suivans :
i.° Tous les ulcères primitifs des parties génitales
( qui sont la suite d’un coït impur ) , peuvent être
guéris sans mercure.
2.0
Mais l’emploi de ce métal paraît en hâter la
guérison dans beaucoup de cas, ce qui semble surtout
avoir lieu pour ceux qui ont un caractère vraiment
syphilitique.
�5
( 56 )
.° Au contraire, le mercure paraît nuire dans
plusieurs de ces ulcères qui n’ont pas le caractère
syphilitique , comme ceux qu’on pourrait appeler phagèdèniques et exfoiiatifs.
4.0 Le traitement des ulcères primitifs avec ou sans
mercure , n’a aucune influence sur l’apparition des bu
bons.
.
° Tous les bubons survenus à la suite d’ulcères
primitifs sont susceptibles de guérir sans mercure.
6.
° Le mercure paraît ne point influer sur leur ter
minaison par résolution ou par suppuration ; mais
quand une fois ils ont suppuré et sont ouverts , son
emploi semble être souvent nuisible , et faire prendre
à l'uleère un caractère phagédénique.
7 .0 L’apparition des symptômes secondaires ne peut
pas être empêchée par le mercure. On ne sait pas
encore d’où proviennent, à proprement parler, ces
symptômes : dans beaucoup de cas la maladie paraît
suivre son cours , sans s’inquiéter du traitement qu’un
lui oppose.
L ’apparition des symptômes secondaires paraît être
plus fréquente quand on a traité les accidens primitifs
sans mercure, que quand on les a combattus par ce
métal.
9.0 Mais les symptômes secondaires qui succèdent à
des symptômes primitifs traités sans mercure, sem
blent être moins intenses et plus faciles à guérir que
dans le cas contraire.
10.0 Cela est vrai, surtout des affections du système os
seux , qu’on rencontre fort rarement quand on traite la
vérole sans mercure , et qui sont alors fort légères , de
sorte qu’il reste encore à déterminer jusqu'à quel point
leur apparition et leur extension peuvent être l’unique
résultat de l’administration du mercure.
n .° Tous les symptômes secondaires en général,
5
�\
( 5 7 )
sont susceptibles de guérir sans mercure. Cependant
le métal donné à petites dose , semble pouvoir hâter la
guérison , surtout vers la lin do la maladie.
12°. Le mercure se montre utile dans quelques symp
tômes secondaires : telle est l’affection des yeux , qui
revêt presque toujours la forme de l’irrité. Cependant ,
pour bien apprécier cette circonstance, il ne faut pas
perdre de vue que dans cette maladie , le mercure ,
abstraction faite de son caractère anti-syphilitique ,
tient place parmi les remèdes les plus énergiques.
l .° Au contraire , son administration paraît de
mander beaucoup de prudence dans les autres affections
secondaires, enlr'autres dans les ulcères de la gorge.
r -° La guérison des accidens primitifs et secon
daires paraît exiger moins de temps par la méthode
sans mercure , que par l’ancienne ; mais il esL dans
la nature des calculs de ce genre , d’offrir beaucoup
de vague et d’incertitude.
3
4
Journaux Italiens.
( Annali unie, di méd. Milane , 1826 et Rev. mèd.')
— L e docteur Lavagna , jeune , cite quatorze cas d’a
ménorrhée dans lesquels des injections dans le vagin
faites avec dix ou douze gouttes d’ammoniaque , mêlées
avec deux cuillerées de lait tiède, et répétées plusieurs
fois par jour , ont constamment produit le retour dut
sang dans cinq à six jours au plus tard , et quelquefois
au bout de 24 heures, fesant disparaître toujours tous
les symptômes caractéristiques de l’aménorrhée, tels
que la pâleur générale , l’oppression, la difficulté de res
pirer , l’anorexie , la faiblesse , etc. En général , l’injec
tion produit dans le vagin une sensation plus eu moins
désagréable et quelquefois douloureuse , selon la quantité
d’ammoniaque employée ou le degré de sensibilité de la
T. VI. Juillet 182.5.
8
�(
58
)
partie. Cependant j dans aucun cas , M. Lavagna n’a
reconnu aucun phénomène qui prouvât le danger de l’u
sage de cet alcali. Mais ce remède actif convient-il
dans tous les cas d’aménorrhée ? C’est ce que l’expé
rience doit démontrer.
— Dans un cas de mérrorrhagie qui avait produit
l’infiltration des extrémités inférieures et une grande
maigreur , avec lipothymie au moindre mouvement ,
et qui avait résisté aux moyen d’usage , le docteur
Cominetlo prescrivit un mélange de trois grains de sul
fate de fer, deux dp sulfate de quinine et six de canelle
que la malade répéta trois fois par jour. Ce remède n’ayant
•produit presqu’aueun effet pendant six jours , la dose
de sulf ite de fer fut portée à six grains , et l’autre à
trois grhihs deux fois par jour. K la troisième les symp
tômes dirïiinüèrent et après huit jours la dame fut
guérie.
Journaux Anglais.
( London medical and pliysic. journ. t8 Z. ) L e D.
Madèari , envoyé par le gouvernement espagnol , pour
examiner la nature de la fièvre jaune de Barcelone, en
1821 , avait combattu avant cette époque la doctrine de
la contagion. La commission qui rendit compte de son
ouvrage au conseil privé d’Angleterre, observa que
pour démontrer la non existence de la contagion , il
Jallait que le docteur RIacfcan accurhula des preuves
capables de contrebalancer l’opinion contraire qui a régné
parmi les médecins , les philosophes et les historiens , et
en général parmi tous les écrivains depuis Thucidide,
Aristote et Galien , jusqu’à nos jours. M. Maclcan s’est
livré à de nombreuses recherches pour examiner si
réellement il avait été condamné d’avance par des auteurs
étrangers à la médecine, et par les médecins. Ses
recherches ont eu pour résultat de prouver que l’idée
de la propagation d’uue maladie quelconque par le
�( 59 )
moyen d’un virus , était totalement inconnue aux an
ciens , et qu’à plus forte raison celte doctrine de la
contagion n’avait jamais été avancée par eux , relative
ment aux maladies pestilentielles. M. Macléan observe
ensuite que ce n’est que vers le l6.e siècle , que cette
docLrioe s’est accréditée.
P.-M. Roux.
5.° V a r i é t é s .
■ «> 11 y a lin an nous fîmes sentir qu’à l’exemple
du gouverneur de la martinique et du maire de Metz ,
l’autorité de tous les pays devrait défendre la vente du
remède du sieur Leroy, à d’autres personnes qu’aux
pharmaciens ; il nous est agréable , cette année-ci ,
d’annoncer que , conformement à l’intention de M. le
Comte de Villeneuve , Préfet, M. le commissaire spécial
de police , vient de notifier à MM. les pharmaciens ,
qu’il leur est très-expressément détendu de délivrer les
remèdes du sieur Leroy , sans la pr - ;n iption d’un
docteur en médecine , ou d’un officier de santé.
— M. J. Despine vient de former dans notre ville un
grand établissement d’eaux acidulés gazeuses sur les
quelles la Société royale de médecine a fait un rapport
très-avantageux et assez long, sans rien dire'de trop.
Déjà plusieurs de nos confrères ont retiré de grands
avantages de ces eaux , notamment de la limonade ga
zeuse qui , nous aimons à le redire , est un puissant
anti-phlogistique. Aussi l’avons-nous utilisée clans un
grand nombre de cas de maladies inflammatoires et
croyons-nous devoir en recommander l’usage.
— Nous lisons une lettre de M. le docteur DnussinDubreil qui se plaint de ce que M. Guilliè a pris dans
ses ouvrages sur les glaires , sa théorie, son titre , des
�( 6o ;
pages entières textuellement copiées , etc. Nous lisons
aussi la réponse de M. GuilUè qui fait sentir que c’est
parce que son élixir anti-glaireux devient un obstacle
nu débit de la poudre végétale contre les glaires de M.
Dubreuil , que ce médecin se fâche. De là , une corres
pondance scandaleuse dont nous n’entretiendrons point
nos lecteurs. Mais nous leur dirons que cette corres
pondance est un exemple de cette vérité que les remèdes
secrets ou particuliers ne nuisent pas seulement à l’hu
manité , e tc ., mais compromettent encore la réputation
de leurs auteurs , etc.
—> M. B . . . . , pharmacien à Marseille, a placé cet
avis sur la porte de sa pharmacie : s e u l et u n i q u e dépôt
de J.’élixir tonique anti-glaireux, etc. Et bien que plu
sieurs autres pharmaciens de cette ville aient le même
dépôt, M. B. . . . répondra à ceux qui lui demande
ront s'il est l’unique dépositaire : cela est s û r et
CERTAIN.
— Le jury médical des Bouches-du-Rhône ouvrira sa
session le deux octobre prochain.
— La Société royale de médecine de Marseille tiendra
sa a4-e séance le a octobre 182a.
3
— Des maladies éruptives, des diarrhées se sont of
fertes ce mois-ci à la pratique des médecins marseillais.
On s’est en général bien trouvé de l’emploi dés anti
phlogistiques,
— D ’après le relevé des registres de l’État-civil de
la mairie de Marseille , il y a eu en Juin 1820
280 naissances ; 247 décès et 70 mariages.
P.-M. Roux.
�( Cm
<5. °
C
o n c o u r s
)
a c a d é m i q u e s
.
Avec l’autorisation de S. A. le duc de Holstein-Oldenl)oui g , le gouvernement du duché d’Oldenbourg propose
un prix de 200 ducats de Hollande à l’auteur du meilleur
Mémoire en réponse aux questions suivantes :
I. Quœ sunt causœ febris flavce in terris tropicis
II. Num febris flava Europœ australis , civitatumque
jdmsricœ septentrionalis consociatarum , Jebri Jlavœ
terrarum tropicarum similis est , iisdetnque ex rausis
oritur ï
. Morbus peculiaris , seu , ut vulgo tlicunt , spécifiais,
on nihil nisi vehcmentior febris biliosa interrniltens et
remittens rlirnatibusque iervidioribus endemiia est l
IV- Utruin , uhicunque hpeusque exorta est in oris marilimis injerioribus solummodo endemice grassalur , et
locos editiores intactes rrlinquit ?
V. Num sœpius spôradicè tantum , et nonnumquam
solummodo , (lagrcnlissitno anni tempore , ut epidemia
apparel l
VI Num in eâ fortasse , vehementissima facta, quoddam
secerni segregarique potest, quod contaginne , vel pror
ximtï , vel remotâ , aliis corporibus communicatur !
V il. Quantus coloris gradus requiritur , ut epidemice
naturam induat , sit que divulgetur , et ad quem gradurn latitudinis septentrionalis hui usque pervertit !
VIII. Nonne eliam hœc febris mensibus evsticis fervidroribus , in oris Europce aquilonaris et prœsertim Germanics ■ ad caurum sitæ , maritimis oriri et epidemicè
divulgari poterit, an potins morbus tropicis et omnibus
terris calidioribus proprius !
IX. Quodsi qnœstio vi de contagiosà hujus febris indole
ajjp.rrne.lur , nonne slatucndwn est : ctiamsi in regionibus
septentridnalibus et propè orarn maritimam jaccr.tibus
propler minorum caioris gradum , orin febris ista endernicè , divulgarique épidémie è non possit ; Jervidioribus
tamen mensibus periculum lontagionis imminere his
regioni'uus et quideni navibus è patrieî hujus rnorbi venientibus , sivc mcrcïbus , venenum recipientibus , omistœ sint , sivc socii infeeti et lue jern eorrepti , coque ,
si non propagalionem epidcmicam , sporctlicam tamen,
ut dicunt, contagionem ejpci passe ?
1
III
�( 62 )
X . Num febris flavæ contagium , etiamsi in terris s?pte.ntrionem versus sitis , hujus ipsius morbi naturam in
duire non possit , alios morbas ex itinsos gignere potest ?
XI. Qcestione ix affirmatd , febrim Jlavam utique in loca
Jrigidiora trons/erri , et ibi , sinon epidemicè grassari,
attamen sporadicam ccntagionem efjicere posse , quœntur :
x,° Quœ consilia ad eam repellendam ineunda sint ,
prœsertim si contagio per-merces , c poriibus injectis
allatas , esse potest , et
2.° Num , si hoc regetur, institutum morœ quadragenariœ sit rejiciendum i
Les Mémoires , écrits en latin , français , allemand
ou anglais, seront reçus jusqu’au i . et octobre 1824Ils seront adressés , dans les formes exigées pour tous les
concours de ce genre , au gouvernement ducal d’Olden
bourg , avec c e t t e adresse : Essai d'une réponse aux ques
tions proposées par le gouvernement du duché d'Olden
bourg sur la nature et la contagion de. la fièvre jaune.
Le gouvernement rs soumettra au jugement de la Fa
culté de médecine de l’Université de Berlin, sur le pro
noncé de laquelle le prix sera décerné. Le gouverne
ment se charge de publier le Mémoire couronné.
1
L a Société royale de Médecine de. Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc.. , de ses membres soit titulaires , soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d être publiés,
elle n a égard qu'à l'intérêt quils présentent à la science
médicale: mais quelle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n'ont pas encore la sanction générale.
y
�( 65 )
BULLETINS
D E
LA
SOCIÉTÉ
ROYALE
DE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
J u il le t 1823. — N .° X I X .
O B S E R V A T I O N d 'u n e h y d r o p is ie a s c i t e , s u r v e n u e s p o n
t a n é m e n t à fa s u ite d ’u n r ê v e e f f r a y a n t ,
s a n s m a la d ie
p r é e x i s t a n t e ; p a r M . P t , m é d e c in d e l 'h ô p i t a l c i v i l d e
N a r b o n n e , m em bre
c o r r e s p o n d a n t d e la S o c i é t é r o y a le
d e m é d e c in e d e M a r s e i l le , e tc.
L ’ iii sto ir e (les s e n s a t i o n s , q u i e m b r a s s e la c o n n a i s s a n c e
de s ( fa cu lté s i n t e l l e c t u e l l e s e t de s a ff e c tio n s
m orales ,
form e sans doute une des b ran ch es p rin c ip a le s du g r an d
a r b r e d e l à s c i e n c e d e l ’h o m m e ; m a i s s e u l e e l l e n e s a u
r a it n o u s in s t r u ir e à f o n d s su r la c a u s e e fficie n te d e t a n t
d é m a la d ie s s i n g u l i è r e s q u i a ff lig e n t l ’e s p è c e h u m a i n e ;
si n o u s n ’é tio n s n o u r r i s d’ a ille u r s d e l ’i d é e d e s i n f l u e n c e s
s y m p a t h i q u e s q u ’e x e r c e n t r é c i p r o q u e m e n t le s u n s
les autres
,
sur
le s d i v e r s s y s t è m e s e t o r g a n e s d e l ’é c o n o m i e
a n im a le .
Car s’il est vrai de dire que la mesure de notre santé
se tire du plus ou moins d’harmonie établie par la nature
dans les différentes fonctions du corps ; faut-il bien
pouvoir se rendre compte de toutes les déviations d'ac
tion du système pensant sur le système agissant, pour
se faire une idée nette de la causalité des phénomènes
qui accompagnent leurs lésions respectives.
�64
(
)
0 r , le sujet; de l’observation qui va nous occuper ,
offrant une hydropisie tout-à-coup survenue et sans
maladie préliminaire , à une vive affection , de l’âme ,
exarnipons’ de quelle manière l’influence de cette irrita
tion mentale sur le système absorbant a pu donner lieu
à une telle intumescence. Mais avant tout relatons le
fait tel qu’il s’est passé à notre clinique et en présence
de MM. les chirurgiens de l’hôpital , afin de mettre
nos lecteurs à môme de juger si les inductions que
nous en avons tirées peuvent être de quelque utilité
pour la science.
Ce n’est que lorsqu’un cas de pratique bien développé
présente, quoique rare sous le rapport de sa cause de
formation , une analogie intime avec un grand nombre
d’autres cas identiques, .mais plus simple à observer,
qu’il acquiert cette crédibilité des faits , sur lesquels se
fond', la science de l’homme sain et malade. Ce n’est
même que de celte manière que tout observateur d’un
phénomène quelconque peut se soustraire à la rigueur
de cette maxime de Phèdre : p è r ic u 'o s u m e s t c r e d e r e et
non rred ere
(i).
Le nommé Pierre P e y r i l , âgé d’environ onze ans,
comptait depuis plus d’un an qu’il avait perdu son père
parmi les enfans de lu patrie , à l’Hôtel-de-Charité de
notre ville , sans qu’on l’eut encore reconnu malade ,
malgré la faiblesse de sa constitution. Quel ne fut point
l’étonnemeut du surveillant de l’ hôtel et des assistans,
de voir , le matin du 16 mai 180S, cet enfant enflé du
ventre comme un balon, sans cause manifeste connue (2).
On eut beau le questionner sur sa vie passée : ses
réponses ne fournirent aucun indice auquel on put rapV h a L , fabu/. , iib . I I I , f a b . X • , v . 1 .
( - ) Jusijues-là on l’ avait toujours v a manger , travaille! et
(t)
s’ amuser
comme les autres , aux heures de récréation.
�65
(
;
porter la singularité du fait. On vînt seulement à bout
à force de lui faire des demandes, de savoir qu’il
avait été vivement effrayé dans la nuit qui venait de
s’écouler, à l’aspect de son père qu’il avait cru voir
tomber sur son lit , comme pour l’embrasser ; qu’éveillé
tout tremblant et en sursaut, il s’était senti le ventre
douloureux et enflé.
Malgré l’accident , Peyril fut encore livré à ses occu
pations coutumières , dans l’espoir que son état se
dissiperait aussi aisément qu’il était survenu ; mais
quand on vit qu’il continuait à souffrir du ventre , et
même de la tète, et qu’il restait toujours enflé j on se
décida à me l’amener comme malade à l’hôpital , et ce
fut le 21 mai dernier qu’il y fit son entrée.
Sa mère me raconta d’abord l’événement qui me fut
ensuite confirmé par le malade lui-même et nous n’eûmes
nulle peine , MM. les chirurgiens et nous à nous con
vaincre de l’existence d’une ascite par la vue comme
par la percussion. Nous eûmes beau nous informer si
l’enfant avait reçu quelque coup sur le ventre ou s’il
avait fait quelque chute -, s’il n’avait point eu les accès de
fièvre quelque temps auparavant, ou bien enfin , s’il
n’avait point ressenti quelque violente colique, soit par
diathèse vermineuse, soit par suite de quelque affection
convulsive abdominale. L ’enfant ne donna qu’une ré
ponse négative à nos questions et se borna toujours à
nous dire qu’il ne connaissait d’autre motif de son
enflure que l’effroi qu’il avait eu de voir son père en
songe.
Ne trouvant nous-mêmes d’autre cause d’une infiltration
aussi singulièrement survenue , nous nous mîmes à la
traiter comme une hydropisie par spasme et voici le
mode curatif qui lui fut opposé. ( Il est bon de noter
auparavant que l’enfant avait la fièvre ; qu’à travers fin
T . VI. .Juillet i 8î .o.
9
�( 66)
pouls petit et gêné , il éprouvait des bouffées de chaleur
à la face et à la poitrine et que son ventre était chaud,
tendu et douloureux ).
L ’eau de veau nitrée lui fut prescrite le 22 pour bois
son Cinq sangsues lui furent appliquées le 2.3 au fon
dement. Il prit le 24 un bain tiède de la moitié du corps.
Un verre de petit-lait nitré donné soir et matin , et un
lavement résolutif par jour préparé selon la méthode
de Kœmpf, furent prescrits en addition à l’eau de veau
l’espace de 12 jours, sans aucun succès pour la diminution
de l’enflure , malgré qu’on eut donné trois fois dans cet
intervalle un bol purgatif-tonique préparé avec six grains
de poudre de jalap , autant de muriate de mercure doux,
et huit grains de carbonate de fer , le tout incorporé avec
s. q. de conserve de valériane. Cependant l’éréthisme
nerveux et la fièvre avaient reçu de ce traitement un
amendement bien sensible.
Craignant alors que mon ascite qui persistait malgré
l’usage soutenu des remèdes que je m’efforcais d’opposer
à la nature de sa cause essentiellement chaude (t) et
nerveuse, ne prit la tournure chronique si familière à
ce genre de maladies , je me décidai promptement pour
l’opération de la paracenthèse , et elle fut faite le 6 juin
par [\1, Cajfort, chirurgien de l’hôpital , qui tira par ce
moyen environ dix pintes , mesure de Paris , d’une eau
claire et non fétide.
Le ventre de l’enfant fut tenu comprimé dès ce mo
ment par un bandage de corps. On lui fit deux fric-
( 1 ) S to : l , M o n to ,
L i l l t e , M e a d , M o r g a g n i , et antres
excellens observateurs fourmillent d’ exemples d’ hydropisie à
c a u s a c a h d d : maie aucun que je sache ti’ a encore fait mention
d’ un cas qui puisse
être assim'lé au mien , sons le rapport de
la vitesse avec laquelle uu état spasdumique l’ a cause.
�( 67 )
dons par jour nvac un mélange égal d’eau-de-vie , de
vinaigre et de savon. Il prit régulièrement soir et matin
trois grains et par gradation quatre grains de poudre de
scille et autant de muriate de mercure doux réunis en
un bol (i) avec la conserve d’enula-campana et un verre
de petit-lait, où l’on jetait de huit à dix gouttes d’esprit
de nitre dulcifié, avec une pincée des sommités fleuries
d’hypéricum en infusion. On le mit en même temps à
une nourriture solide proportionnée à l’état de ses forces,
qui n’avaient jamais cessé d’être bonnes ; ce qui nous
avait enhardis à faire promptement l’opération , dans
l'espoir que cette intégrité de forces vitales empêche
rait à l’aide des remèdes, la formation d’une nouvelle
collection aqueuse.
Notre attente ne fut point vaine , car nous fumes assez;
heureux pour rendre Pcyril parfaitement guéri le 11 juin
dernier à la société de ses camarades , sans qu’il ait eu
la moindre récidive depuis.
Réflexions. — Les hydropisies , ces maladies qui ,
pour être communes et familières à presque tous les
sols humides comme le nôtre (a) , n’en sont pas moins
(1) Je ne puis que donner un juste tribut d'élogrs à M. T )em a n g eo n , pour le service que ce me’decin a tendu à l'hum anit
souffrante,
en rendant publique par
la voie du journal de
médecine de P a ris , f 7'oni. X X I V . n.° C X 1 ) ses observa
tions sur la vertu éminemment diurétique , et désobstruante de
la combinaison de la scille avec le muriate de mercure doux.
Je dois ici de dire que par ce me’lange j'ai triomphé d ’ un h y d r o
thorax , qui avait résisté à un long usage des remèdes appro
priés à cette espèce d’ hydropisie. Je me suis également bien
trouvé de ce secours contre plusieurs ascites , et, contre cer
taines leticophlegma lies.
( 2 ) Narbonne offre annuellement , en automne sur to u t, un
assez bon nombre d’bydropiqucs , sans doute à raison de la
facilité avec laquelle on y
contracte les accès de fièvre , qvi
�( 68 )
d'ordinaire l'écueil de la médecine la mieux raisonnée ,
ont été de tout temps reconnues pour être le produit
d’autres affections précédentes qui traînaient en longueur.
Est-il rien, en effet, qui dispose plus aisément au dé
veloppement des tumeurs aqueuses , que la faiblesse du
système vasculaire, l’appauvrissement des humeurs et
les obstructions ou embarras des viscères ! On sait que
les engorgement!, en s’opposant au retour du sang vei
neux, affaiblissent principalement le système lympha
tique et altèrent tellement les fluides , qu’il en résulte
souvent la dépravation des humeurs , le relâchement et
même parfois la rupture des vaisseaux exhalans , d’où
dérive alors l’hydropisie générale ou particulière , selon
la disposition relative des organes.
Mais comment a-t-il pu se faire que, dans le cas
d’observation qui nous occupe , il y ait eu formation
subite d’une ascite, sans cause matérielle prédisposante?
C’est un problème qu’il serait, je pense , bien difficile do
résoudre autrement que par l’influence des passions sur
la production des maladies, aussi nous empresseronsnous de faire remarquer que , de même que l’on voit une
reparaissent même plusieurs lois dans la même saison et qui
disposent ainsi aux intumescences par les obstruclions qu’ ils
laissent dans les diffe'rens viscères.
Nonobstant cette cause
c on n u e , il s’ est montre'cette année infiniment plus d ’h y d r o piques que les autres , et j’ ai cru m ’appercevoir que cette
maladie devenue en ce moment plus comm une, tient moins
aux suites des accès de fièvre , qu’ à l ’habitude que nous
ont
fait
contracter depuis l'hiver dernier , les vicissitudes
de l’ atmosphère , de n’avoir
pour maladies régnantes
l ’ érysipèle , l ’otalgie , l’ odontalgie ,
qu*
le rhumatisme , et toute
la cohorte des affections boutonnées,
et pru rigin euses, de
n ’ avoir en un mot que des fluxions qui ont leur siège sur le
système c u t a n é , ou sur celui
des membranes.
�(
6 9
)
joie ou une peine insolites causer tout-à-coup parfois la
jaunisse, parfois l’aliénation mentale et souvent l’épi
lepsie ou quelqu’autre affection vonvulsive (i) de même
ici la terreur panique qui suivit de près la vision fantas
tique de notre jeune Peyril , détermina en lui une émo
tion si profondément ressentie, que son effet fut de
produire en un instant une maladie qui demande plu
sieurs mois d’un éréthysme et d'une crispation soutenue
pour sa formation.
Mais encore quelle est cette cause inconnue qui a
pu affaiblir ainsi en un instant l’organisme des vaisseaux
inhalans , au point de se refuser à l’absortion de l'hu
meur tenue , séreuse , qui s’exhale de tous les points
du système général et qui humecte toutes les parties du
corps vivant !
Nous croyons pouvoir la reconnaître et la saisir à
travers l’ensemble des rapports qu’on sait exister géné
ralement entre les organes éminemment sympathiques
et vu que l’expérience et l’observation nous démontrent
chaque jour que la région précordiale, ou diaphrag
matique est toujours la première à recevoii l’effet de.
toute sensation soit agréable , soit pénible ,nul étonne
ment que les organes digestifs qui l’avoisinent et : :
même en font partie , ayent seuls ressenti tout l'orage
de l’irritation mentale éprouvée par le jeune Peyril.
Toutefois nous ne craignons point d’observer que
( i ) Je viens de guérir la danse de S t . - 'W c i t h , survenue le
mois de septembre dernier à un e'colier du collège de M.
ï'ig e a c , de Narbonne , ponr n’ avoir obtenu aucun prix de
«es compositions. Son moral dut même être si affecté de
cette peine , que le seul souvenir lu i suscite encore , de loin en
loin , quelques raouvemens involontaires , qui m ’ obligent à lui
continuer de temps
valérianne , et
de
en temps un mélange
kina.
de la poudre de
�ee trait de sympathie du système phrénique avec le sys
tème absorbant , n’a pu avoir lieu qu’en vertu d’une
disposition particulière des humeurs du sujet , car sans
cette disposition , ou pour mieux dire sans un état de
fiiblesse propre à son système lymphatique , ce malade
eut pu , au lieu d’une ascite , contracter quelqu’une
des névroses que la crainte ou l'effroi procurent d’ordi
naire à tant d’autres dans des circonstances analogues.
L ’observation que nous analysons nous laisse encore
une remarque assez importante à faire : c’est que, quoique
le grand Barthèz (i ) a oue (?) qu’on a trop peu d’ob-
( i ) En ce jour de deuil pour le monde médical , je ne saurais
proférer le nom vénérable de notre Hippocrate français , mort
victim e d ’ une maladie tyrannique , sans jeter quelques fleurs
sur sa tombe. L e respect du à la mémoire des grands hommes ,
mais plus que tout l’ amitié et l ’estime dont m ’ honorait ce puis
sant M é c è n e , ainsi que la reconnaissance que je lui dois pour
des nombreuses autanl qu’ utiles leçons , m ’en font le devoir le
plus sacré.
Il y a 3onns au moins qu’ il avait assez vécu pour sa gloire et
le génie tutélaire qui nous l’a conservé depuis mérite bien d’éter
nelles actions de grâces, pour prix des rares services que 1 $
science n’a cessé d ’ en recevoir jusqu ’au dernier de ses jours.
Ses détracteurs , comme ses critiques ? auxquels il a pourtant
répondu d ’ nne manière à laisser entrevoir que sa tète ne parti
cipait ep rien de l’ affection pathologique à laquelle il a suc
combé , en envenimant la plaie profonde faite depuis deux ans
a son cœur par un excès de sensibilité ( a ) ne l’ont malheureuse
ment que trop tôt ravi aux sciences 3 mais n’ont pu lui faire rien
perdre de sa juste célébrité.
Oui , B a r t h e z a si bien mérité de la médecine théorique et
pratique , que nos meilleurs écrivains et praticiens modernes
trouveront long-temps encore à profiter de la lecture et de la
méditation des ouvrages de ce vrai savant çl s’il nous est per(a ) T ou t le monde a connaissance des pleurs que versait jo u r
nellement M, B a r t h e z sur les cendres de s a M a r ie . /,5 ans de
services reçus de cette gouvernante n’ avaient pu qu ’imprimer
sur son moral une habitude de sentimens bien propres à lui faire
regretter constamment une perle aussi irréparable pour ses vieux
ans
( 2.) V u y . pag. 55 , du a.e tom, de
}<* science de l homme.
sp »
N o g v . Êîéra. da
�7
(
l )
Nervations précise» sur les rapports particuliers qu'ont ehtr’eux les vaisseaux absorbans , il nous paraît pourtant
que notre cas mérite défigurer à côté du petit nombre
d’exemples que nous avons de cette heureuse harmonie ;
si bien qu’aux faits connus d*Alexandre d’Aphrodisée
et de Camper cités (i) par ce savant du premier ordre ,
il doit nous être permis de rapporter celui-ci comme
un surcroît de preuve des lois sy nfpathiques qui ré
gissent le système lymphatique.
La seule différence qu’il y a entre notre fait et celui
des auteurs précités , et qui d’ailleurs ne contribue qu’à
renforcer la validité du principe , consiste dans la vélo
cité du temps qui a formé la congestion de notre h y-
mis de croire aw système du docteur G a l l , relatif à l'influence
qu’a pour produire les génies tracendans , un organisme exprès
du cerveau , nul doute qu*il ne faille donner pour modèle la tète
du vieillard de Narb on ne; er.sorteque d ’après la loi des affinités
des corps et d ’après le s> sterne de terrélicalion si justement a c
crédité par l’ intéressante gazette de santé , il faudra renvoyer
sur la tombe de cet être privilégié , pour s' y repaître à longs
traits des principes nutritifs des végétaux que nous leur conseil
lons d ’y planter, ceux de no* contemporains qui , avec les grands
talens que nous leur connaissons , voudraient aspirer à l’ immor
talité.
Ne nous le dissimulons point , M M . , la mort du grand B a r
th e z a frappé la médecine du coup le plus terrible. Nous irions
même jusqu’ à croire irréparable la perte de ce patriarche, si l’il
lustre école de M o n tp e llie r , cette pépinière antique des pre
miers médecins de l’ Univers , ne nous berçait de l’espoir conso
lant de plusieurs de ses rejetons qui , quoique jeunes , ne s’en
élèvent pas moins déjà à crue de c èd re , vers la renommée ; mais
surtout si elle ne nous offrait en remplacement d'un si grand v i
de, la brillante perspective d ’ un savant qui à 5o ans d’ une pra
tique aussi étendue qu’ éclairée réunit la plus belle allée de la u
riers académiques qu ’homme v iva n t puisse acquérir.
Mon annonce est prévue sans doute et chacun de m es lecteurs
rendra la même justice que moi , je pense , au mé rite et aux
talens inappréciables du très-distingué professeur B a u m e s , ce
digne fondateur de la clinique de l ’ école de Montpellier.
( n V o y . pag. 55-56 , et la note i du Chap X , du
des Nouv. Élcrn. de la science de l'homme.
2,
tom.
�T1 J
dropique , tandis que Camper nous apprend que la
distribution du nerf dorsal ne produit les maux du sein ,
qu’après que les glandes axillaires et pectorales ont
commencé de se gonfler , et quelles ont même contracté
un endurcissement qui gagne le bras.
Également dans le cas à!Alexandre d’Aphrodisée, il
est dit comme une chose d’observation générale, d’après
Barthez « que lorsqu’un orteil est offensé par une
impression violente qu’on reçoit sur la pointe du pied ,
il survient à l’aine du même côté un bubon causé par
la sympathie des vaisseaux lymphatiques eu profonds ,
ousuperfleiels de l’extrémité inférieure ».
Mais ces sortes de lésions secondaires n’arrivent
d’ordinaire que d’une manière lente et graduée. Dans
notre cas, au contraire , l’âme a reçu de la sensation de
l’effroi une impression si violente, que le principe de
vie a été déterminé à changer tout-à-coup en sens
contraire l’ordre naturel du cours de la lymphe , et à
diriger pour les raisons plus haut ramenées, tous les
fluides séreux sur la cavité abdominale, où nous leur
avons vu former épanchement.
C’est de même en vertu des influences sympathiques ,
que nous pensons qu’est déterminé dans la passion
iliaque le mouvement anti-péristaltique des intestins $
dans le hoquet, ce mouvement rétrograde de l’ésophage duquel Barthez a parlé le premier, enfin dans
la plupart des névroses ces mouvemens désordonnés
et intervertis de la face et des extrémités.
Telles sont les réflexions que m’a mis à portée de
faire ce cas de maladie simple en elle-même, mais
curieuse sous le rapport de sa cause de formation. Je
m’empresse de les soumettre à la discusion des hommes
illustres, dont s’honore la Société de médecine de Mar
seille , à laquelle je me félicite d’appartenir.
�(
;
sur quelques accidens , et notamment
sur des convulsions produites par l'imperforation du
vagin j par feu M. G andy , D.-M et C. , membre de
la Société royale de médecine de Marseille.
Ob s e r v a t i o n s
Si l’époqiie de la puberté est pour la plupart des per
sonnes du sexe l’époque d’une nouvelle vie , combien
n’y en a-t-il pas qu’elle précipite dans le tombeau , si
l’art ne vient au secours de la nature , pour aider ses
efforts impuissans , ou rémédier à ses erreurs ?
Les observations suivantes vont en fournir des preuves.
Je fus appelé pour une demoiselle de seize ans , d’un
tempérament sanguin, qui n’avait jamais eu d’évacuation
menstruelle , et avait ressenti tous les accidens fâcheux ,
auxquels ce retard pouvait donner lieu.
Dès l’âge de quatorze ans et demi , elle commença à
éprouver des vertiges très-forts pour lesquels les parens consultèrent un chirurgien qui lui conseilla des
pédiluves , des bouillons tempérans, etc. , ces moyens,
continués pendant quelque temps , ne produisirent au
cun soulagement. Les douleurs de tête devenant toujours
plus aigues , elle fut saignée du bras. Cette saignée ne la
soulagea pas davantage. La suffocation et la pesanteur
des jambes étant survenues , elle fut Saignée du pied et
mise à l’usage de remèdes plus actifs; Le Succès n’en
fut pas plus heureux. Les martiaux et les apozèmes apé
ritifs, de même que tous les emménagogues furent em
ployés avec persévérance et leur emploi, bien loin de
Soulager j ne fit qu’aggraver les maux de cette demoiselle.
Ils produisirent bien l’effet qu’on devait en attendre ,
de provoquer l’afflux du sang vers l’utérus ; mais ce sang
rencontrant un obstacle dans l’imperforation du vagin ,
qu’on ne soupçonna pas, suscita des douleurs dans la
région hypogastrique, l’augmentation du volume du
T. VI. Juillet 182?.
10
�74
(
)
bas-ventre , une pesanteur au-dessus du pubis, et des
nausées accompagnées quelquefois de voinissemens , et
assez souvent suivies de syncopes.
La suffocation allait toujours en augmentant, les accidens devenaient chaque jour plus fâcheux et l’appli
cation des sangsues , aux grandes lèvres , fut conseillée.
( Cette application eût , saus doute , éclairé sur la vraie
cause de la maladie, puisqu’elle aurait mis le chirurgien
à même de s’appercevoir de l’oblitération du vagin ).
La malade ne tarda pas à éprouver des convulsions qui,
de jour en jour , devinrent plus violentes.
C’est à celte époque que je fus appelé. Je prescrivis des
antispasmodiques énergiques , qui ne produisirent qu’un
soulagement momentané, parce que la cause subsistait
toujours, j ’interrogeai les purens sur ce qui avait pré
cédé cet état convulsif, et j’appris que le défaut d’éva
cuation menstruelle avait produit tous les ravages ,
dont j'ai déjà fait mention. M’informant ensuite des
moyens qui avaient été employés , je reconnus tous
ceux que l’on doit mettre en usage en pareil cas.
Leur défaut de succès , joint à cet état convulsif que
je remarquais, me firent soupçonner l’imperforation du
vagin. Je fis part de mon opinion , à cet égard , à la
mère de cette demoiselle. Elle me fit prévoir lu diffi
culté que j’aurais pour parvenir à m’en assurer. Elle
joignit ses instances aux miennes , pour vaincre la répu
gnance de sa fille , à laquelle nous fîmes tous les rai•sonnemens possibles , et toujours envain.
Les convulsions augmentaient continuellement et
ajoutaient, à mes craintes. Je ne vis d’autre parti , pour
décider cette demoiselle à me permettre l’exploration du
vagin , que de lui faire naître des inquiétudes sur son
état , si elle s’obstinait à s’y refuser, lui assurant que
j’étais très-persuadé que tous les maux qu’elle éprouvait,
n’avaient d’autre cause que l’obstacle que le sang trouvait
rfflllllAlu
■ fti
-4
�(
7P
->
)
à son issue. Je parvins à la décider -, et je ne tardai
pas à m’assurer de ce que je présumais.
C’était beaucoup d’avoir découvert la vraie cause de
cette maladie, mais de quoi eût servi la certitude que
je veuais d’acquérir , sans en venir à des moyens pro
pres à y rémédier. Je conseillai l’opération prescrite
en pareil cas , mais la pusillanimité de la malade ,
succédant à la pudeur, allait faire naître de nouvelles
entraves , et je persistai à lui témoigner mes craintes
pour la suite. Je lui proposai même une consultation,
pour la mieux convaincre de la nécessité de cette opé
ration , mais sa pudeur s’y refusa obstinément.
Elle m’assura de son entière confiance et je m’en
étayai pour insister, Enfin, après lui avoir persuadé
quelle n’éprouverait qu’une légère douleur , je parvins
à la décider. Je saisis ce moment favorable , pour faire
une incision longitudinale à la membrane qui fermait
l’ouverture du vagin , membrane à travers laquelle je
sentais une espèce de fluctuation, produite par la pré
sence du sang qui s'y était amassé. 11 en sortit une grande
quantité ; il était très - épais , très - fétide et de trèsmauvaise couleur. Je fis alors de* lotions et injections
d’abord émollientes , ensuite détersives , et je fis ob
server à cette malade un régime assez sévère. J’eus la
satisfaction de voir , dans quelques jours , les convul
sions cesser entièrement, de même que tous les autres
accidens. Je continuai à donner mes soins à cette de
moiselle pendant quelque temps encore , je la vis se
rétablir peu-à-peu et continuer à s’apercevoir tous les
mois des bienfaits de la chirurgie.
Le professeur Vigarous cite dans son traité des ma
ladies des femmes , une observation d’une jeune fille ,
non réglée , qui éprouvait des douleurs dans la légion
lombaire , et dans les hanches , de même que dans les
cuisses et au bas-ventre , que l’on avait regardées
�( 76 )
comme rhumatismales et traitées comme telles , sans
succès. L ’imperforation du vagin fut soupçonnée , l’opé
ration dont j’ai déjà parlé fut pratiquée et la malade fut
totalement délivrée de toutes ses incommodités.
J’ai eu souvent occasion de revoir ma malade , depuis
cette opération , jouissant de la meilleure santé. J’ai
même été consulté par ses îparens , pour savoir si elle
pourrait être mariée , et , sur mon affirmative', elle l’a
été il y a environ quatre à cinq mois. Elle est actuel
lement ( novembre i o ) enceinte de trois mois.
Voilà bien de quoi prouver que l’art peut suppléer
aux erreurs de la nature , lorsqu’il est secondé par
la bonne volonté des malades.
Je rapporterai une autre observation d’une jeune de
moiselle , atteinte de symptômes à-peu-près analogues,
combattus par tous les emménagogue.s possibles, sans
succès. Appelé .pour lui donner mes soins , je soup
çonnai l’imperforation du vagin , mais elle fut victime
de la résistance opiniâtre qu’elle affecta de ne jamais
permettre de m’en assurer. Elle périt dans cet état,
comme je l’avais prédit, et je me convainquis , par
l’autopsie cadavérique, que l’imperforation du vagin
existait réellement.
On voit par cette observation combien la pudeur
déplacée des malades, ou leur pusillanimité, peuvent
leur devenir funestes.
85
SÉANCES
PENDANT
4
DE
LE
M OIS
L. A
DE
SOCIÉTÉ
rUIN 1820.
t Juin. —• M. le docteur Brochet , médecin de Lyon,
«dresse à la Société un exemplaire de son ouvrage sur
Yhydrocèphalite aiguë dont le rapport est confié à M.
Favart , et un exemplaire du mémoire qu’il a publié
�77
(
>
sur les fonctions àu système nerveux ganglionaire duquel
M. Giraud-St.-B.ome, fils, est chargé de rendre compte.
le Secrétaire-général communique i.° une lettre
de la Société de bienfaisance servant d’envoi à quelqnes
exemplaires du compte rendu des travaux de cette
Compagnie. ( Dépôt dans les archives ).
Une lettre
de M. Pointe , qui remercie la Société de l’avoir affilié
à scs travaux comme correspondant ; .° une lettre de
M. Despine qui informe la Compagnie qu’il vient de
former à Marseille un établissement d'eaux acidulés
galeuses , qu’il désirerait soumettre à l’examen de la
Société. Une commission , composée de MM. Forcade ,
Poutet , Chirol, Astoux et Sue , est désignée pour pré
senter , sur la fabrication de ces eaux , un rapport qui
sera soumis à la discussion de la Compagnie.
M. Denans lit ensuite un rapport sur l’observation
de M. Mejfre , relative à un engorgement des membres
abdominaux , suite des couches , guéri par les antiphlo
gistiques.
La séance est terminée par le scrutin de M. Mejfre
qui est reçu à l’unanimité membre correspondant de la
Société.
21
Juin. — M . le Président fait hommage , au nom de
notre savant et infatigable correspondant M. L. Valentin,
d’une brochure intitulée : Notice historique sur le docteur
Jenner. M. Biamonti est nommé rapporteur de cet écrit.
M. Textoris , vice-président , présente aussi à titre
d’hommage de la part de l’auteur , M. Keraudren , ins
pecteur du service de santé de la marine , une brochure
portant pour titre : De lafiévre jaune observée aux An
tilles et sur les vaisseaux du Hoi , considérée principale
ment sous le rapport de sa transmission Le rapport à
faire sur cette production est confiée à VL Forcade.
M. le Secrétaire-général donne lecture d’une lettre
de M. Rollande , médecin à Château-Renard , qui adresse
M.
3
�7
( S )
un mémoire sur la cataracte , pour obtenir le titre de
membre correspondant. M. Roux est chargé de présenter
un rapport sur ce manuscrit.
M. T h , Beullac lit un rapport sur la dissertation de
M. Ckabanon fils, médecin à U sez, sur la fièvre en
général. M. Rampai fait ensuite un rapport verbal sur
un fascicule d'observations adressées à la Société par
M. Citte, de Pélissanne.
28
Juin. — M. X . Roux fait hommage de la thèse qu’il
vient de soutenir à l’école de Montpellier, sous le titre
de: Quelques considérations sur les perforations spontanées
de Vestemac , sur laquelle JML Fenech est chargé de pré
senter un rapport.
Lecture est faite d’une lettre de M. le Maire qui
adresse à la Compagnie un exemplaire d’une brochure
intitulée : Appel à l’administration publique et aux hom
mes de l'art sur une découverte expérimentale très- impor
tante pour le gouvernement , l’humanité et les progrès de
la médecine. Quoique ce titre seul suffise pour faire ap
précier un pareil travail , la Société désigne pourtant
M, Reymonet pour lui en rendre un compte détaillé.
Le reste de la Séance est consacré à la discussion
d’objets d’administration intérieure.
S E G A U D , Président.
S u e , Secrétaire-général.
�D U
S O L E IL .
j?
I VENTS
A MIDI.
É T A T D U CIEL
1
O. N. O.
S.
O.
N. 0 . très-fort.
N.O fort.
0 . N. O.
N. O.
N ^ û ^ p n ^ ^ ^ T jr o u lT Ï ^ ^ ™
Id em .
Quelques légers nuages.
N.O. gr. frais.
O.
E.
S. E.
S.
N. 0 .
Id e m •
O.
N. 0 . très-fert.
N. 0 . fort.
N. O.
Id em .
ON. 0 .
Id em .
Id e m .
Id em .
Légers nuages fort rares.
Serein.
Nuageux.
Quelques petits nuages,
Ciel étendu de nuages.
Serein.
Nuages ; quelques goult.
Quclq.lég. nuag, fort rar
Quelques nuiiges.
Quelques légers nuagsi.
Serein.
Id e m .
Couvert, pluie abond,
Serein.
Idem .
Presqu'enlièretn. serein.
Quelq. légers nuages.
Id em .
Serein.
Trcs-nuageux.
Très-nuageux ; brouill.
Nuageux.
de Marseille
N. 0 . bon frais.
O.
N. O. gr. frais.
N. O. fort.
N. 0 .
S. E bon frais.
O. faible.
N. 0 . gr. frais'
Moyennes.
Couvert, pluie; tonner.
Nuageux.
Quelques légers nuages.
Nuages.
Serein.
83
NEUF HEURES u LT SOIR»
IMÉTRÏ.
Barotn. THKRMC Êxtér.
ilu Baro.
l a^
1
22,7 -Pa : ,7
729,96
-22,2 -f-20,1
736,61
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757,81
760,81
•2 1 , 3
762,08. - -2 2 , 7
761,61
-21,9
706,76
2, , 5
767,9° - -21,0
761,03 1-20,4
762,71 ~-20,7 - h.8,8
7 6 3 ,o3
- -22,4 -+ ' 9 >6
763,o3
- -22,0 —2 o?3
761,66 - -2 3 , 0
-4-22,2
769,08
-23,7 -+ar,7
738,37 •7 * 3 , 4
-1-21,7
......
761,42 Hp21,0 _.lS,2
762,37 - 22,0
18,6
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765,08
-22,4 -H 9 ,6
761,90
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2 1 ,4
-+18 »4
761,32
-21,1 +.19,3
760,32
-1-21,0
2 1 ,4
-2 0 , 5
-+18,9
7 37 >
71
-2 1 , 3
-4-2 0 , 7
767,7 “
739,85
-4-18,4
-2 0 , 5
761,32
-20,0 -+18,4
L3 i,o - + + , 4
7 5 9 ,7 1
7 5 8 ,è6
20,8 -h<9 >5
P 760,27 H-21,0 -4-18,7
7 6 o ,3 5
+21,28 -+1 9 , 3 5
AT10HS météorologiques faites h VObservatoire Royal
en Juillet i i , par M. G a m b a r t .
TROIS MECJRES.
j T~BERMOMÈXRE.
| Baron).
+îu Haro. | Exlcr.
j 6 1 9oS I -t'23,6
-j-28,2
757,27 + 2 2 . 5
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759,85 -4-2 2 , 3
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-26,2
762,32
-24,4
- 2 3 ,6
769,18
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-2 4 ,5.
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758,51
2 3 ,2
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759,08 +21,4
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761,71 H-22,2
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759,22
i 760,34 -[-2 2 , 6 3 + a i >47
1
�igt
Plus grande élévation du Baromètre . , . . .
763raœ,
Moindre élévation............................................................
753 ,
Hauteur moyenne du Baromètre , pour tout le mois 757 ,
+26 0
Plus grand degré de chaleur.
+i
Moindre
idem.
Température moyenne du mois. . . . . . . .
+20
4
I
*
f le jour
27mm,43 \
0
^-i **
E
3
3 3
2 , le i , à heures de l’après-midi,
o , le 28 , au lever du soleil.
16.
27œm, 43.
l de pluie . . . . . . .
.
1 de brume ou de brouillard. 2.
J entièrement couverts . . .
2.
j de gros vent. ..................... .
1 sereins .. , . . . . .
.9.
| de tonnerre. * • •
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Nombre d# jour*.
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I-« tJc
58
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,
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33
, le 20, à midi.
68, le 16 , à heures du soir.
�( 8i )
S E C O N D E PARTIE.
M É M O IRES,
D IS S E R T A T I O N S , NOTICES
LOGIQUES.
NÉCRO
■ ■ nWOfSCICUHMB.-----.
N
é c r o l o g i e
.
E loge historique de Jeu Moïse - Abraham Joyeuse ,
prononcé en séance publique de la Société royale de
médecine de Marseille, le la octobre 1816, par JeanGabriel N i e l , médecin de Montpellier , etc.
Excgi monumentuin , stc-.
Messieurs ,
Si la ménioire de l’homme vertueux a droit à notre
vénération et nos hommages , que ne devons-nous pas
à celui qui joignit à un tel titre ceux de bienfaiteur de
l’humanité et de savant distingué. Cette réunion de
qualités , si précieuse dans tous les temps et surtout à
une époque où la perversité a laissé tant de pénibles
souvenirs , nous impose une obligation sacrée. M. Segaud
à qui appartient, comme secrétaire-général de la Compa
gnie, le droit de payer cette honorable dette, veut bien
s’en désister aujourd’hui en ma faveur et de toutes les
marques de bienveillance que j’ai reçu de lui , ce n’est
pas celle à laquelle je suis le moins sensible. En le rem
plaçant pourtant dans cette occasion, j’ai moins consi
déré mes forces que le sentiment qui me liait d’une
manière particulière au respectable fdoyen que nous
regrettons et sur la tombe duquel je viens déposer
T . VI. Août 182-5.
ii
�( 82 )
le tribut du respect de l’amitié et de la reconnaissance.
Moïse - Abraham de Joyeuse , docteur en médecine
de Montpellier , ancien médecin des hôpitaux du Roi ,
chevalier de l’ordre royal de la légion-d’honneur , mem
bre du jury médical du département des Bouches-duRhône , de l’Académie de Marseille , l’un des fondateurs
de notre Compagnie , associé-régnicole de l’ancienneSociété royale de médecine de Paris , de l’Académie des
sciences de Montpellier , etc. , naquit le i . er février
1733 , à Montagnac , diocèse, d’Agde , de Louis de
Joyeuse , docteur en médecine , et de Marie-Thérèse
Crespin. Par les auteurs de ses jours , il tenait à deux
familles qui , comme celle des Asc'épiades , occupaient
depuis une longue suite de générations , un rang dis
tingué parmi les médecins les plus recommandables. Son
père homme d’esprit et très-versé dans les lettres , joi
gnait à des connaissances vastes une piété exemplaire;
sa mère , douée d’un caractère doux et d’un cœur élevé ,
passait pour le modèle et l’honneur de son sexe. Ces
dignes époux dont le mérite eut tant de part à celui
qui se développa chez notre collègue , se consacrèrent
à l’éducation de tous leurs enfans avec une assiduité
et une attention dont la tendresse paternelle est seule
capable. Convaincus que le savoir sans la vertu est un
présent funeste, ils formèrent tout-à-la-fois l’esprit et le
cœur de leurs élèves ; réunissant par-là deux méthodes
qui se prêtent mutuellement des forces, ils inspirè
rent aux objets de leur sollicitude , cette délicatesse de
sentiment, ce tact fin et délicat qui procurent le bonheur
en faisant celui des personnes qui nous entourent. M.
de Joyeuse , le plus jeune de ses trois frères et l’avantdernier de six enfans , ne put long-temps profiter des
avantages d’une éducation qui fait naître naturellement
l’idée des devoirs plutôt qu’elle ne les commande , mais
tel fut sur lui reflet des premières impressions , qu’elles
�83
(
)
restèrent gravées dans sa mémoire et servirent cons
tamment de guide à sés actions. Au temps auquel je suis
obligé de remonter , les règlemens des collèges de mé
decine , institués dans les principales villes de la France,
soumettaient les nouveaux docteurs à exercer leur pro
fession pendant quelques années dans une petite cité ,
avant d’obtenir une aggrégation qui leur permit de dé
ployer leurs talens sur un plus grand théâtre. Cet usage
avait un grand but •d’utilité, celui de diriger plus puis
samment l’attention des adeptes du côté des vérités pra
tiques et de perfectionner leurs institutions en les pré
parant aux nouveaux actes qui devaient confirmer la va
lidité des litres dont ils avaient déjà été décorés. Je suis
bien éloigné, à coup-sûr, de vouloir fronder les cou
tumes du temps présent , il me paraît néanmoins certain
que l’art de guérir retirerait aujourd'hui! des fruits inapréciables de la méthode dont il vient d’ètre fait men
tion., puisque le nouveau système d’enseignement a
applani les obstacles qui dégoûtaient autr foïs des hom
mes effrayés par les difficultés du diagnostic. M. de
Joyeuse le père prolongea , autant qu’il le pût , le terme
d’une épreuve qui , en bornant sa pratique , lui permet
tait de se livrer à l’éducation de sa nombreuse famille,
d’étudier dans leurs moindres nuances les maladies qu’il
avait à traiter, d'approfondir les maîtres de son art et
de saisir l’enchaînement des vérités immuables qui , d’un
commun accord, lient toutes les branches d’une science
à laquelle on a vainement reproché des écarts. Ses succès
et sa réputation ne tardèrent pas à être connus de la
célèbre université de Montpellier , à la recommandation
de laquelle M. le cardinal de Fleury lui fit accorder ,
parle Roi, la place de médecin ordinaire des armées
en Italie et presque tout de suite après, celle de pre
mier médecin du parc et des hôpitaux de la marine à
Marseille. Les grandes occupations qui l’atLendaient dans
�( «4 )
ce nouveau poste l’obligèrent à confier en d’autres
mains la continuation de l’éducation de l’enfant chéri
dont le caractère plein d’aménité et les saillies spiri
tuelles présageaient déjà ce qu’il deviendrait un jour.
Notre collègue fut placé au collège des pères jésuites
d’Agde sous lesquels il fit d’abord ses humanités et
étudia ensuite la philosophie. On doit concevoir aisé
ment combien la littérature montra d’attraits à un
jeune homme d’une imagination aussi vive que l’était
alors et le fut jusqu’à la mort , celle de notre confrère.
Il m’a souvent répété , dans l’intimité de nos conversa
tions , que le temps de ses premières éludes était celui
qui avait laissé dans sa mémoire les plus douces im
pressions , et que dans plusieurs occasions de sa vie il
avait eu besoin de toute la force de la raison pour
combattre le penchant qui l’entraînait exclusivement
vers la culture des belies-leltres. L’étude de a philo
sophie , telle qu’on l’enseignait à cette époque , lui of
frit moins de charmes. Noyée dans le fatras d’ une foule
de raisonnemens pointilleux et diffus , entravée dans le
développement de ses vérités par le vain langage de
l’école et la méthode subtilement obscure du syllogisme ,
elle ne parut à ses yeux que l’assemblage incohérent d’un
certain nombre de principes sans réalité et de consé
quences spécieuses dont il ne pouvait se promettre au
cune application avantageuse. Cette manière de voir ,
en le mettant à l’abri de l’influence des préjugés sco
lastiques, lui fut, comme il se plaisait à l’avouer , d’une
très-grande utilité , quand dans la maturité de l’àge, il
se remit à l’étude de cette science vers laquelle le traité
de l’homme par Descartes le ramena et dans laquelle la
lecture de Newton fixa désormais une partie de ses loisirs.
Cependant soit émulation , soit déférence ou reconnais
sance pour ses maîtres , il se distingua à tel point qu’on
le crut en état de soutenir publiquement à l’âge de seize
1
�85
(
)
ans et en présence de l’Évêque d’Agde, une thèse sur tous
les points de la logique , de la morale et de la méta
physique : « Je déraisonnai beaucoup , me disait-il , à
» ce sujet, et l’auditoire , sans me comprendre , eut la
» générosité de me couviir d’applaudissemens ».
Les succès qu’avait obtenu M. de Joyeuse dans l’étude
des belles-lettres pour lesquelles il était passionné f
ceux qu’on lui attribuait dans une science qu’il n’aimait
pas , mais où il avait montré de l’esprit , son heureux
naturel et la facilité de son élocution, le firent regarder
par les jésuites comme un sujet capable d’honorer
leur compagnie , si jalouse d’ailleurs de s’attacher tous
les genres de mérite. Les tentatives qu’ils firent, à cet
égard, auprès de lui , le séduisirent et il promit d’en
trer dans ce corps, aussitôt qu’il en aurait obtenu l’agré
ment. de son père. Trop bien convaincu , sans doute,
que les obstacles ne tendent qu’à irriter les désirs les
moins affermis , celui-ci consentit à ce que lui demanda
son fils ; il en exigea seulement qu'avant de prendre
l’habit religieux, il vint passer quelques mois à
Marseille, dans le sein de sa famille. Celle tournure
dans laquelle l’amour paternel avait pour le moins au
tant de part que la raison, fut couronnée d’un plein
succès j !YI. de Joyeuse oublia auprès des auteurs de
ses jours le projet qu’il avaiL formé , et répondit aux
jésuites qui lui rappelèrent sa promesse : « vous avez
5) mal fait, avant de m’engager plus étroitement , de
» me laisser connaître le prix de la liberté ».
Les courts instans que notre collègue passa dans le
sein d’une famille dont il était chaque jour apprécié
d’avantage , furent pour lui un temps d’ivresse et de
bonheur ; il ne le rappelait jamais dans ses vieux jours ,
sans éprouver une douce émotion.
Qu’on se figure , en effet , un jeune homme de seize à
dix-sept ans , d’un esprit cultivé, d’une imagination vive
�(
86 )
et brillante , passant tout-à-coup des mains de ses
maîtres dans les bras d’un père et d’une mère tendre ,
du fond d’un cloître dans une ville que la nature et les
arts embellissaient à l'envi, que le commerce et l’in
dustrie peuplaient aux dépens de toutes les régions de
l’Univers , et l’on se formera une idée des sensations
qu’il dut éprouver. Au milieu' de tant de motifs d’ob
servations , dans lesquels la sûreté naturelle du jugement
corrigea constamment l’inexpérience de l’âge, son goût
pour les beaux-arts ne cessa de le dominer. Exalté
par les sublimes conceptions de Corneille, familiarisé
avec les beaux vers de Racine , entrainé par un charme
invincible vers les productions de ce Molière , qui
n’a eu ni modèle ni imitateur , il 11e pensait pas alors
que l’on put éprouver de plus vive jouissance que celle
de la lecture des chefs-d’œuvres de ces génies immor
tels. La représentation des productions de ces grands
maîtres l’éclaira à cet égard, et lui inspira pour la fré
quentation du théâtre un goût dont la vieillesse même
n’avait pu le détourner. Il lui devait cette prononcia
tion pure que l’on trouve rarement parmi les enfans de
la Provence, des notions précieuses sur les passions
qui agitent si souvent le c œ u r humain , et l'art heu
reux de se délasser , en fournissant de nouveaux alimens à l’esprit : on dirait que c’était pour lui que
Ducerceau avait tracé les deux vers suivans :
I! faut tirer du fruit d'un plaisir innocent ,
E t chercher à s’ instruire en se divertissant.
quelque fut néanmoins l’entraînement de notre collègue
vers la culture des lettres et des arts , il sentit la né
cessité d’une occupation plus solide , et obtint de ses
païens la permission d’aller étudier la médecine à
Montpellier,
L ’étude du corps humain dans les amphithéâtres ,
celle des maladies dans les hôpitaux , fixèrent d’abord
�C 87 )
son attention , absorbèrent tout son temps et mirent à
une bien pénible épreuve la sensibilité exquise qu’il a
conservée jusqu’à la mort. D ’après les conseils que son
père lui avait tracé dans un opuscule latin qui se trouve
entre mes mains , il ne suivit les cours de théorie
qu’après s’étreffamiliarisé avec les prénotions coaques, le
premier, ^troisième livre des épidémies et les aphorismes
d'Hippocrate. Cette méthode , vraiment philosophique,
marchant de front avec l’étude de l’homme sain et l’oblervation journalière des phénomènes morbides, dût
nécessairement le prémunir contre les dangers de l’es
prit de système, exerçant alorsiun despotisme absolu dans
toutes les écoles. Celle de Montpellier, malgré son at
tachement à la doctrine du père de la médecine , n’a
vait pas été exempte de cette contagion. Soumise, avec
ses émules ou ses rivales , à l’influence toute puissante
des systèmes de philosophie, elle avait été galéniste ,
tant que la doctrine à.’Aristote avait été dominante ,
comme elle devint ensuite Boerrhaavitnne lorsque
Descartes eut appris à l’Europe entière l’art difficile de
penser. Ce ne fut qu’après le milieu et presque vers la
fin du 18e. siècle , que guidée par les découvertes de
Newton , elle parvint au degré de perfectionnement qui
la caractérise aujourd’hui et sentit combien l’applica
tion d’une judicieuse analyse était utile aux arts , aux
sciences , à la raison. M. de Joyeuse, à l’approche de
ses études théoriques , fut en quelque sorte effrayé par
l’immense étendue d’une doctrine si étroitement liée
avec une foule de 'sciences accessoires , car telle était,
sous l’ascendant des principes Boerrhanviens , une théo
rie qui ne pouvait être éclaircie que par les calculs
physico-mathématiques, la chimie , la botanique et la
physique expérimentale. Entraîné néanmoins par le pres
tige d’un assemblage aussi brillant, il sut vaincre les
difficultés les plus épineuses , franchir tous les obsta-
�ts s
)
clés et parcourir à pas de géant une carrière semée
d’écueils et d’aspérités. Les lauriers qu’il y cueillit le
dédommagèrent bientôt de ses efforts et ses professeurs
le signalèrent comme l’un des étudians les plus distin
gués de l’Université de Montpellier. Barthez , René ,
Gouan , Gillibert et R a st, de Lyon , Bouteille , de
Manosque, qui avaient été ses condisciples et furent
toujours ses amis se plaisaient à lui rendre cette jus
tice ; la correspondance qu’il entretint long-temps avec
ces hommes célèbres , prouve en plus d’un endroit la
haute idée qu’ils avaient dès-lors conçu de ses talens :
Ce fut à l’occasion de son admission au grade de ba
chelier qu’il en déploya pour la première fois la ri
chesse. Les épreuves auxquelles les étudians étaient
soumis pour parvenir à ce dégré étaient peut-être celles
qui , en leur montrant le plus d’attraits , excitaient le
plus leur amour-propre. Rapprochés des temps où l’es
prit s’était orné des (leurs de la rhétorique et perfec
tionnés par la culture de la science du raisonnement j
liés en quelque façon avec des éludes qui leur avaient
procuré les plus douces jouissances , les plus aimables
souvenirs , elles devaient marqueT la place qu’ils allaient
désormais occuper parmi de nombreux émules et don
ner même la mesure d’espérance de leur mérite à
venir.
Les actes publics que notre collègue soutint à ce sujet
ne furent pas pour lui , comme pour tant d’autres , une
vaine formalité, ni la simple répétition des premiers pré
ceptes scolastiques ; il s’y éleva à desraisonnemens si
judicieux touchant la physiologie , la pathologie que M.
Magnol, en lui donnant la toge , ne put se détendre
d’une certaine admiration et lui dit avec véhémence :
« àllez, jeune homme , allez où la gloire et vos talens
» vous appellent : i quo te pedes rapiunt et auras #.
M. le professeur Gillibert, en fournissant cette anecdote,
�( Sg )
a donne l’assurance que l’auditoire partagea l’enthou
siasme e t les vœux de son président.
La question physiologique que M. de Joyeuse prit
alors pour sujet de sa thèse fit autant d’honneur à son
discernement qu’aux connaissances qu’il ‘ avait acqui
ses en médecine , en chimie et en histoire naturelle.
Doué d’un esprit indépendant , il voulut éviter les
sentiers que la routine et le goût des discussions oiseuses
avaient si souvent rebattu et il donna sur la manière
d’agir du venin de la tarentule, du scorpion , de la vi
père et du chien enragé des explications si solides
qu’elles pourraient être regardées , en quelque sorte ,
comme le fondement des belles découvertes que nous
devons , à cet égard, aux progrès de la physique expé
rimentale.
De tels succès ne l’éblouirent cependant pas, et soit
modestie soit sagacité , il jugea , avec raison, que plus
on avance dans les études médicales plus les bornes
du savoir paraissent s’éloigner.
Cette manière d’envisager le vaste champ qu’offre à
l’œil du philosophe l'art difficile de guérir , décida notre
collègue à prolonger son séjour à Montpellier et à dif
férer d’une année l’époque qui devait couronner ses
travaux scolastiques ; l’emploi qu’il y fit de ce temps
décèle sa pénétration et la précision avec laquelle il
jugeait d’une science dont toutes les parties sont aussi
intimement liées entr’elles que les rameaux le sont à
la tige , que la tige l’est avec le tronc. Par suite d’un
préjugé dont la naissance remonte aux siècles de bar
barie , la médecine avait établi entre elle et la chirurgie ,
une ligne de démai cation qui nuisait immensément aux
progrès de l'une et de l’autre. Séparée par des insti
tutions différentes , quoique devant concourir à une
même fin , on les voyait se partager des attributs qui
T. VI. Août i8a3.
.
12
�90
(
)
mutuellement communiqués, pouvaient seuls assurer le
triomphe de l’a rt, rappeler dans ses voies la nature
égarée et porter le dernier dégré de perfection dans la
science de i’homme , en réunissant un grand nombre
de vérités éparses et proscrivant , d’un commun accord,
des erreurs trop méconnues. Devançant à cet égard"les
lumières de son siècle , notre confrère ne crut pas être
médecin tant qu’il ignorerait l’art de ramener à des
principes généraux la manière dont la nature tend à
dissiper ou à aggraver les maladies, qu’elles aient leur
siège dans les parties les plus secrètes ou les plus
apparentes de notre corps. Après avoir étudié ce que
l’expérience a fait acquérir de plus précis sur les désor
dres de l’organisation intérieure , il s’appliqua , durant
l ’année dont il vient d’être parlé , à observer dans les
hospices de charité la marche des maladies chirurgi
cales et apprit à apprécier les divers moyens à l ’aide
desquels une main habilement exercée va détruire les
causes de la mort en traversant , le fer ou le feu à la
main , les canaux si déliés de la vie. Éclairant par ce
système toutes les parties de l’art en les rapprochant
pour les unir et en former uii tout , il parvint au com
plément de la perfectibilité médicale dont le propre est
de mettre en démonstration ce qui n’est que spéculatif
ou hypothétique pour le commun de ceux qui achèvent
de parcourir la route de l’enseignement.
Le même sentiment d’indépendance qui avait éloigné
notre collègue du sentier de la routine lorsqu’il reçut
le grade de bachelier , le guida encore dans le choix
du sujet de la thèse qu’il soutint publiquement pour
obtenir le doctorat. Pénétré des grandes idées dont il
devait, le développement à l’observation des maladies
dites externes , il les exposa dans une dissertation la
tine écrite avec une rare pureté et beaucoup d’élégance.
Cette dissertation intitulée: Qiiçsstio mcJico - chirurgien
�9
(
l )
utrum absolata vulnerum suppuralione ad promoveridam
ricatricem praestent deter°entia , salino-aquœa, sarcoticis ,
aies oleosis et pinguibus quibusübet medicamentis embrasse
toute ia doctrine des plaies et offre les rappi ochemens
les plus ingénieux. Divisée en onze chapitres dans les
quels règne le plus parfait esprit d’ordre et de méthode,
l’auteur commence par examiner la nature et les dif
férences des ploies ; il démontre ensuite l’analogie que
suivent dans leur marche toutes les lésions organiques
commençant ou finissant par une solution de conti
nuité directe ou indirecte, et prouve enfin l’inutilité de
l’emploi des substances huileuses , grasses et des médicamcns dits sarcotiques pour arriver à la cicatrisation
dont il attribue l’honneur aux soins de la nature. Ces
idées que l’on regarde presque généralement aujour
d’hui comme des vérités , étaient fort hardies à l’épo
que dont nous parlons , aussi furent-elles vivement
contestées quoique heureusement débattues par M. de
Joyeuse qui consigna dans un appendice manuscrit ., que
j’ai entre les mains, les objections qui lui furent adressées
et les réponses qu’il y opposa. Ce qu’il fit de plus hardi
encore , ce fut de faire sentir dans la même disserta
tion, mais avec beaucoup de circonspection , combien
la médecine perdait à être entièrement isolée de la chi
rurgie et il fit entrevoir , en conséqnence de ce prin
cipe , les rapports qui pouvaient être établis IA où le
préjugé avait posé des barrières. Moins ambitieux que
quelques personnages ne l’ont été de nos jours , il
voulait bien empiéter quelque chose sur la chirurgie ,
mais en lui restituant sur la médecine elle-même ce
qu'elle lui ravirait d’utile et d’avantageux pour l’hu
manité sans lui permettre pourtant d’abuser d’un aussi
riche abandon.
Quoique l’art de guérir ait fait de très-grands progrès
depuis l’année i y que fût publiée et soutenue la dis-
53
�( 92 )
,-ertation dôrit il vient d’être fait mention (i) , on peut
ivancer , Sans incertitude , que cette pièce académique
l’est pas indigne d’être réimprimée j si les vérités
qu’elle renferme n’ont plus aujourd’hui , le mérite de
la nouveauté , elles sont exposées avec tant de clarté
et de précision que le lecteur ne saurait en suivre l’heu
reux enchaînement sans y trouver un grand fond d’ins
truction et beaucoup d’intérêt.
Dès que M. de Joyeuse eut été promu au grade de
docteur en médecine , il se rendit à Marseille , auprès
de son père dont il suivit assidûment les visites dans
les hôpitaux de l’arsenal. Celte fréquentation pendant la
quelle il put faire à la pratique une application soutenue
de ses connaissances théoriques , le mit bientôt à même
de pouvoir exercer avec confiance. Il ne dut néanmoins
pas à sa sagacité seule , la rapidité avec laquelle il ar
riva à un terme que tant de médecins n’atteignent
qu’avec les plus laborieux efforts ; les soins que prit un
père tendre de le guider à travers les sentiers si épi
neux de la science, applanirent devant lui cette multi
tude d’obstacles qui ne s’évanouissent qu’à la lueur du
flambleau de l’expérience. Dégageant, à ses yeux , les
maladies de celte variété incalculable de phénomènes
accidentels qui semblent tant de fois en masquer la
nature , dépouillant la vérité des nuages qui l’obscur
cissent ou la cachent sous des dehors trompeurs , il
la lui montra telle qu’elle peut arriver jusqu’à nous et
Ini communiqua celle habilité de prognostic à laquelle il
fut redevable d’une partie de sa réputation. Ce service
fut grand sans doute et notre collègue , pour en sentir
détendue , n’eut besoin que d’en appeler à son cœur ;
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------- .
( i ) M . de J o y e u s e fut reçu docteur le xo septembre iy53. Il
était âgé de v io gt-den x an* , ce qui fait soixante et trois ans d«
doctorat et Sü années de vie.
�93
(
)
cependant quelque put être sa reconnaissance , elle
n’aurait su égaler l’incomparable satisfaction qu’éprou
vait celui qui l’avait faite naître. Heureux , à coup-sûr,
celui qui, guidé par l’auteur de ses jours, franchit avec
facilité les longs détours du sentier A'Epidaure , mais
cent fois plus heureux encore le père qui , témoin des
succès qu’il a préparé à un fils chéri , voit combler
en lui ses plus douces espérances et reçoit ainsi la
récompense due à son amour et à ses soins assidus.
Cette récompensé fixa à jamais le sort de notre col
lègue et fut d’autant plus honorable pour lui qu’il ne
la dût qu’à ses services. Une épidémie de fièvre de
mauvais caractère s’étant déclarée , en 1754 >parmi les
fui çats de Marseille , et le nombre de ces malheureux
encombrant l’hôpital qui leur était destiné, M. de Joyeuse
y partagea les fonctions de son père avec l’habileté d’un
praticien consommé. Le ministre instruit des soins ef
ficaces à l’aide desquels ces infortunés avaifent été ren
dus à leurs travaux , ne crut pouvoir mieux payer ce
bienfait qu’en nommant médecin de la marine à Tou
lon, celui qui en était l’auteur. Breveté en 1755 , notre
collègue fut aussitôt chargé du traitement des employés,
classe d’hommes qui dans tous les temps a fixé l’intérêt
du Gouvernement. Habitué à porter en tout cette droi
ture de cœur qui est le plus sûr garant de la réussite
de nos entreprises , M. de Joyeuse s’acquitta de son
emploi avec un zèle et une assiduité qui ne pourraient
être comparés qu’à la noble émulation dont il se sen
tait enflammé pour les progrès de son art. Doux et
compatissant, sa présence était pour les malades un
baume salutaire et ses propos affectueux avaient sou
vent calmé la douleur avant même qu’il eut prescrit le
remède destiné à la combattre. Estimé de ses supérieurs,
vénéré de ses subordonnés , chéri de ceux qui étaient
confiés à ses soins , il goûta clans toute sa plénitude
�( 94 )
cette satisfaction intérieure à laquelle l’homme ne peut
prétendre qu’autant qu’il se dévoue sans réserve à ses
devoirs.
Cet état de choses, qui dura environ onze ans ,
laissait bien peu à désirer à notre collègue qui , par
surcroit de fortune, se trouvait réuni avec ses deux
frères aînés, commissaires de la marine , et avec ma
dame de Lespine , sa sœur, femme aimable qu’il affec
tionnait beaucoup et dont il était payé de retour. Son
emploi, en mettant à sa disposition un vaste laboratoire
de chimie et un beau jardin de botanique , lui rendait
facile la culture des deux sciences , pour lesquelles il
conserva toujours une sorte de prédilection , car son
goût le ramenait sans cesse vers un but d’utilité, lors,
surtout, que celui-ci avait des rapports entiers avec la
médecine. Cette heureuse faculté de savoir lier entr'eux
les résultats de l’observation de la nature et des expé
riences de la physique., dirigea son attention vers
une foule de recherches curieuses , instructives , et
dont quelques-unes avaient jusqu’alors échappé à l’at
tention des savans. Le grand nombre de scorbutiques
qui , après de certaines traversées , se rendaient à son
hôpital , lui lit faire, sur les causes de cette maladie,
des perquisitions qui ne sont pas assez connues , et qui
mériteraient de l’être d’avantage. Il s’était aperçu que
des équipages entiers étaient exempts de cette maladie ,
' quoiqu’ils eussent manqué pendant long-temps d’alimens
fiais, tandis que neutres, après de plus courts trajets
sur mer durant lesquels même ils avaient eu la faculté
de renouveler plusieurs fois leurs vivres, en étaient affec
tés d’une manière effrayante. Ce contraste vraiment frap
pant l’amena insensiblement à soupçonne)' que lu détéiiol'alion du biscuit pouvait avoir quelque part à la produc
tion de cette fâcheuse affection , et il crut cire parvenu
à découvrir que c’était à une espèce particulière de ver
�>
-
(9^ )
qu’on devait attribuer la détérioration de ce comes
tible. La génération des vers, dans le biscuit , avait
été attribuée jusqu’alors à la mauvaise qualité de cet
aliment, sans qu’aucune cause extérieure y exporta la
semence. Ces expériences, en lui montrant le contraire ,
le convainquirent d’autre part que les biscuits nourris
saient différentes espèces distinctes de ces animaux, et
que chaque espèce particulière demandait du biscuit de
différente qualité. 11 donna à l’espèce qui, selon lui ,
occasione le scorbut , le nom de teigne vagabonde,
pour la distinguer des autres , et remarque que l’ir.secte
qui en provient est du genre des scarabées. Cette teigne
est fort velue , longue d’environ deux lignes , à anneaux
convexes , de couleur d’olive : elle est munie d’un grand
nombre de pattes sur lesquelles elle se soutient sans
ramper et est couverte de bouquets de poils qui nais
sent ert se croisant en tout sens des anneaux dont il
vient d'ètre fait mention. Je n’adopterai ici queune opi
nion pour ou contre celle étiologie du scorbut, parce que
son plus ou moins de solidité ne peut être confirmée
que par une longue suite d’observations ; mais en avouant
qu’elle n’est pas dépourvue de vraissemblance , je lais
serai l’occasion de faire savoir que le travail auquel
elle donna lieu , fit naître , un peu plus tard , deux
ouvrages qui obtinrent des encouragcmens et des ré
compenses. L’un intitulé : Histoire des vers qui s'engen
drent dans le biscuit de mer ( i) , l’autre Histoire des
Charençons (2) furent publiés par le frère de notre
collègue ; ce dernier, quoiqu’ayant eu une grande part
â leur rédaction , fit volontiers le sacrifice de la portion
de gloire qui aurait pu lui en revenir. Cependant plus ses
( l ) P a r is , 1767.
(3} Avignon , i76S,
�#
( 96 >
connaissances acquéraient d’étendue , plus il montrait
d’avidité à en obtenir de nouvelles , et celte louable
ambition le conduisit à Paris. En arrivant dans la ca
pitale , où sa réputation l’avait précédé, il chercha à
s’y rapprocher des hommes les plus distingués par leur
mérite ; accueilli par ces personnages avec une distinc
tion peu commune , il leur communiqua des laits qu’ils
ignoraient, des réflexions qu’ils n’avaient pas faites,
en retour fles découvertes qu’ils lui enseignèrent. C’est
ainsi que les hommes cultivant les sciences , s’appren
nent réciproquement ce qui peut les perfectionner ; c’cst
ainsi qu’ils mettent dans un jour propice la multiplicité
des faces qu’elles présentent et les fécondent en quel
que sorte par la variété infinie des idées qu’elles font
naitre.
Pendant le séjour que M. de Joyeuse fit à Paris , il
resserra les liens qu’il avait formé par la voie de la
correspondance, avec plusieurs médecins célèbres et
s’acquit de nouveaux amis : tels furent Senac , Lieuiaud, Rollin , Petit et Vicq à'Azir : les marques par
ticulières de considération qu’ils lui donnèrent suffi
raient à sa gloire , s’il n’y avais eu des droits encore
plus sacrés. Mais de toutes les liaisons que notre collè
gue forma dans la capitale , la plus intime , comme la
plus chère à son cœur, fut celle du bon, du modeste,
du vertueux Poissonnier. Attirés mutuellement par cptte
douçe sympathie qui ne se rencontre qu'entre les
belles âmes, il s’établit de l’un à l’autre une confiance
sans bornes et dont la mort seule rompit le cours. Il
est impossible de lire leurs lettres pleines d'instruction et
de sensibilité , sans éprouver lin charme inconcevable
et qui retrace à l’esprit cette touchante fuble dans
laquelle notre Lafontaine a si bien dépeint l'amitié.
Qu’ils furent pénibles pour eux les mennens cl’aparchie
durant lesquels la France , ensanglantée par quelques
�97
(
)
tyrans populaires , était en proie à tous les genres d’op
pression ! Si cette époque fut la seule qui suspendit leurs
relations, avec combien d’empressement ne les reprirentils pas de nouveau, dès qu’ils purent le faire sans danger
l’un pouf l’autre : je ne puis résister à citer, ic i, un
fragment de ce qu’écrivait M. Poissonnier , à son di
gne ami , peu de temps après la mémorable journée
du 9 thermidor : « Vous m’avez comblé de joie de me
»' donner de vos nouvelles, en me demandant des miennes.
» Mon amitié pour vous éprouvait les mêmes sollicitudes
» que celles que vous avez conservées pour m oi, placés
»' tous les deux sur les bords d’un volcan que la Pro» vidënce vient d'éteindre. J’ai passé six mois dans
» une maison de réclusion. Soixante années d’une
» vie pure et irréprochable n’ont pu me garantir de
» cette injustice; ma santé n’y a reçu que de légères
» atteintes , sans doute parce que les gens de bien
» trouvent toujours des consolations dans le témoi» gnage de leur conscience..... jouissons à présent du
n bonheur de nous entretenir de la tempête , étant
» rentrés dans le port. Les amis qui restent, sont en» core plus précieux après avoir échappé au nau» frage , etc. ».
Quelque envie qu’eut M. de Joyeuse, de se rendre
aux vœux de ses proches et de ses amis de province,
qui le rappelaient auprès d’eux, il prolongea cependant
son séjour dans la capitale , autant que le devoir le lui
permit. La face nouvelle que venait d’y prendre alors
l'anatomie et la chimie , les progrès qu’y fesaient ces
deux sciences, l’esprit d’ordre et de méthode qui
commençaient à s’introduire dans leur enseignement,
dirigèrent, de leur côté, toute son application. Les
connaissances qu’il en rapporta , perfectionnèrent non
seulement celles cju’il avait acquises auparavant, mais
T . YI. Août i * .
i
83
3
�(
9» )
lui présentèrent encore sous un nouveau jour deux
branches de la médecine susceptibles d’un intérêt
plus général, d’un usage plus étendu qu’on ne l’avait
cru jusqu’alors. Les travaux auxquels les efforts de
l ’esprit d’observation et d’analyse donnèrent lieu,
furent, à n’en pas douter , les grandes bases sur les
quelles vinrent s’asseoir , environ quarante ans après ,
des découvertes importantes , plus exactes . plus pré
cises que celles qui les avaient précédées et d’où décou
lèrent naturellement ces classifications heureuses qui
expliquent tout à la fois l’ordre et la nature des objets.
11 y aurait , à coup - sûr , de l’orgueil et de l’ingratitude
à ne pas convenir de la vérité de cc fait ; mais tout en
rendant justice aux anatomistes et aux chimistes du milieu
du i8.e siècle, avouons qu’il n’aurait pas fixé aussi effica
cement le* recherches des sa vans du cûlé de ces deux
sciences, sans l’influence du plus grand homme de
leur temps. Bu(fort, dont je veux ici parler, avait,
par ses recherches sur les animaux et les minéraux ,
ouyert à la curiosité un fond inépuisable et qui jusqu’à
lui était à-peu-près resté inculte ; il en retira des ri
chesses dont la beauté de son imagination augmenta
encore la valeur et que la médecine, surtout, sut mettre
à profit. Plein d’enthousiasme pour Bcscartes , et les
anciens naturalistes , il adopta , comme eux , la marche
lente de l’observation qui put seule conduire, en dissi
pant le doute et coordona les faits , aux connaissances
les plus compliquées. Cherchant des résultats là où il
n’avait appercu que des formes , des propriétés dans ce
qui n’avait fourni que des hypothèses , il soumit les
corps organiques et inorganiques à des expériences
comparatives q u i, en présentant la science sous un
jour plus étendu , lui préparaient les immenses progrès
auxquels elle s’éleva ensuite. Il est aisé de se convain
cre de la vérité de cette assertion, en songeant aux
�99
(
)
trayaux anatomiques et chimiques. que tenta ce grand
homme , soit pour établir les rapports d’organisation
entre les hommes et les animaux d’espèces différentes ,•
soit pour déterminer la nature des métaux , des sels
et des différentes terres. En relation avec tous les savans de l’Europe , il provoqua leur attention sur les
points les plus intéressans de l’anatomie et de la
chimie, dirigea leur esprit veç’s des objets plus importans , donna un nouvel essoi t à leur génie en
l ’appliquant à des matières qui n’avaient pas été ap
profondies. Les recherches de L ecat, sur les sens et
la couleur des noirs ; celles de Haller, sur la formation
du poulet et autres points de physiologie ; de Camper,
sur le rhinocéros , l’éléphant et le orang-outang ; de Macquer et de Bergmann , sur l’arsénic et autres substances;
de messieurs Hellnt et T illet, sur les matières d’or
et d’argent ; de Spielmann , sur la nature de la bile et
sur celle|de l’ urine furent provoquées par ce grand écri
vain qui eut par-dessus tout , le mérite de guider ,
dans la chimie, les premiers pas de l'infortuné L aŸoisier : je reviens à mon sujet.
Le goût qui entraînait notre confrère vers la cul
ture des deux sciences dont il vient d’être fait men
tion , ne fut pas médiocrement contrarié par l’approche
du terme que devait avoir son séjour dans la capitale.
Il en destina les derniers mornens à la sollicitation
d’un emploi que son cœur ambitionnait depuis plu
sieurs années : celui d’adjoint ^urvivancier de M. son
père , que l’âge et les infirmités commençaient à affai
blir. Plein de confiance en la validité de ses droits,
il crût n’avoir pas besoin de protecteur pour les pré
senter, et exposa lui - même sa demande au ministre
dont il avait obtenu une audience. Celui-ci l’assura
que ses vœux seraient exaucés pourvu qu’un des mé
decins de la cour les appuya de sa recommandation.
�( *00 )
Lié d’une manière particulière avec M. de .tenue,
premier médecin du R o i, M. de Joyeuse s’adressa à
lui avec d’autant plus d’abandon qu’il en ayait reçu des
offres pressantes de service ; il fut déçu dans ses espé
rances , et qu’elles que fussent à son égard les bonnes
intentions de l’archiatre , une formulé d’étiquette em
pêcha qu’elles n’eussent leur effet. Moins affligé que sur
pris d’un pareil événement, il fut trouver M. Lieutaud, médecin des enfans de France , qu’il n’avait
jamais vu et dont il n’était pas connu encore. Ce mé
decin célèbre, n’ayant dû son élévation qu’à son rare
mérite, avait porté à la cour l’habitude de l’indé
pendance , et vivait depuis long-temps au milieu
d’elle, comme s’il y avait toujours été étranger. D ’un
caractère froid et d’un aspect sévère , ses formes
avaient une certaine rudesse à laquelle les solliciteurs
s’accoutumaient d’autant plus difficilement, qu’il s’était
fait comme une loi de ne rien demander pour lui ni
pour les autres; il dérogea cependant à cet usage en
faveur de notre collègue. « Vos désirs me paraissent
» bien naturels , lui dit-il, mais comment puis-je cer» tifier vos talens, puisque je ne vous connais pas »,
Parlons donc médecine, répondit M. de Joyeuse, et
il déroula aussitôt à ses yeux une partie des vastes
connaissances dont son esprit était orné. Il est des
hommes dont le cœur presque toujours en opposition
avec la sévérité des principes qu’ils se sont imposés
ne demandent pas mieux que d’être contraints, en
quelque sorte, à suivre leur penchant naturel ; re
tenus par des faux calculs ou une fausse honte , ils
militent sans cesse contr’eux - mêmes et vous savent
pourtant bon gré de les entraîner vers le but qu’ils
évitent avec tant de soins : tel était probablement M.
Lieutaud■ A peine eut-il la conviction du mérite de
notre collègue, qu’il vola chez le ministre, sollicita
�C IOI )
avec une chaleur qu’on ne lui avait jamais connue ,
brevet de médecin survivancier et l’obtint avec une
augmentation assez considérable de traitement qu’on
n’avait pas songé à lui demander. L ’estime , la con
fiance et la gratitude lièrent irrévocablement, depuis
cet instant, dèux hommes qui ne s’étaient vus que
pendant quelques heures , mais qui s’étaient assez
bien jugés mutuellement pour sentir qu’ils étaient faits
pour s’aimer. Comblé dans ses espérances , riche de
savoir et au courant des découvertes de son siècle,
notre collègue retourna dans le sein de sa famille près
de laquelle les sciences, la considération et la fortune
lui préparaient des jouissances que l’envie n’a jamais
flétries , qu’aucune circonstance n’a contrariée, et dont
la mort seule à rompu le cours. Poursuivons l’heu
reux enchaînement d’une aussi belle existence.
Ses premiers soins, en entrant dans les nouvelles
fonctions qui lui était attribuées , se portèrent sur tout
ce qui était susceptible de perfectionner le service
des hôpitaux du parc de Marseille et de le rendre,
par là , plus propre r„ sa destination. La santé des
marins qui lui était confiée , devint l’objet de toute sa
sollicitude et il ne se crut quitte envers ses devoirs ,
qu’après avoir mis en épreuve et épuisé , en quelque
façon , les moyens que les ordonnances du Roi , son
savoir et son humanité lui permirent d’employer avec
avantage : mesures propres à purifier les hôpitaux et
les navires de toute espèce de miasmes , procédés ca
pables de prévenir les maladies qui se développent en
mer , ou d’en arrêter les progrès, surveillance active
pour assurer l’exécution de ces différentes choses , rien
ne fut négligé de sa part pour opérer le plus grand
bien , pas même l’attention de se rendre un compte
minutieux des préférences qu’il accordait à un moyen
sur un autre, comme je puis en juger d’api es trois ma-
le
�( 102 )
moires inédits qu7il a laissés dans mes mains. Le
sentiment par lequel il était dirigé lui donnait le cou
rage de franchir les obstacles qui pouvaient s’opposer à
ses vues bienfaisantes , et sa correspondance avec le
ministre et les administrateurs de la marine prouve qu’il
est une sorte d’opiniâtreté nécessaire , quand il s’agit
d’innover utilement : la sienne fut presque poussée à
bout dans l’occasion dont je vais parler.
Le commerce de Marseille s’étant ouvert des commu
nications avec les quatre parties du globe , chaque jour
voyait sortir du port de cette florissante cité , de nou
veaux vaisseaux chargés des produits de notre sol ou de
notre industrie et qui rapportaient en échange des riches
ses immenses qui fesaient de la France l’état le plus opu
lent de l’Europe. M. de Joyeuse ne put voir sans douleur
que le droit de veiller à la conservation des hommes qui se
consacraient à de longues et périlleuses navigations fut
confié à des chirurgiens dénués , la plupart, des connais
sances les plus essentielles, Dans la vue de détruire jus
qu’aux dernières racines d’un abus aussi pernicieux et
d’en prévenir désormais les e'T'ts , il sollicita du gou
vernement l’établissement d’une école de médecine près
les hôpitaux du parc de la marine. Les avantages qui de
vaient résulter de l’exécution d’un tel projet auraient dû,
sans doute , ne lui faire trouver que des partisans , mais
par une de ces circonstances , inutiles à rappeler i c i , il
éprouva des contrariétés d’autant plus difficiles à vain
cre, que la source d’où elles partaient étaient précisément
celle que l’on devait soupçonner le moins. Cependant à
force de temps et de persévérance, on parvint à découvrir
l ’intrigue auprès de laquelle venait s’amortir les efforts
d’une louable ambition ; on parvint , dis-je, ,à éclairer
la conscience du ministre et à triompher des petites
passions qui, croyant n’attaquer qu’un seul homme,
foulaient aux pieds les droits les plus sacrés de l’huma-
�< *o3 )
nité. L'école de médecine et de chirurgie , en faveur des
chirurgiens navigans , fut donc ouverte en 1770 , mal
gré les sourdes menées de l’envie ; trois professeurs ,
à la tête desquels se trouvait notre collègue , y furent
chargés de l’enseignement et on ne tarda pas à recon
naître l’importance d’une telle institution. Si par une
fatalité vraiment déplorable , cette école n’a pas été
relevée après la réunion du parc de Marseille à celui de
Toulon , il vous appartient, Messieurs , de la faire re
naître , tôt ou tard , de ses ruines. Et certes ! après tant
de services qu’a rendu cette compagnie , il serait beau
de lui voir transmettre des connaissances salutaires à
des hommes qui exerçant seuls toutes les parties de l’art
de guérir , n’ont d’autre secours que leurs propres lu
mières et sont même dénués, pendant leurs longs voyages,
de la faible ressource des livres. M. de Joyeuse , frappé
de ces inconvéniens, les fit fortement sentir dans un
discours prononcé à l’ouverture de son premier cours ;
il en prit occasion d’inspirer aux élèves qui l’écoutaient,
le goût de leur état et le désir de se distinguer en leur
facilitant les moyens de s'instruire. Ce discours, écrit
avec une élégante facilité , parlait tout à-la-fois au cœur
et à l’esprit (1 ); il dût être écouté, à coup-sûr , avec
un intérêt bien v if, puisqu’en le lisant encore aujour
d’hui on ne peut se défendre d’un certain enthousiasme.
Sa publication devint la base de la réputation littéraire
de son auteur que notre académie s’agrégea dès-iors
comme devant contribuer puissamment à sa gloire.
Tandis que notre collègue travaillait ainsi à la con-
(0
Discours prononcé à l ’ouverture de l'É co le de méde
cine pratique établie à Marseille , en faveur des chirurgiens
navigans ; par M . Joyeuse le fils , etc, Marseille , 177g ; une
br. in-8.*
�4
( io
)
servation d’urne classe d'hommes aussi précieux à l’État
que la sont les gens de mer , la' confiance publique s’at
tachait de plus en plus à sa personne ; ses manières
douces et affubles , la modestie qu’il conserva toujours
sans altération et cette aisance :aimable jqui le mettait
de niveau avec tout le monde le firent rechercher par
toutes les classes de la’ société. Admis auprès des grands,
jl devint leur médecin , leur ami , mais jamais leur es
clave ; libre, sans affectation, avec ses égaux, il rite
dépendit jamais que de ses devoirs auxquels il fit cons
tamment le sacrifice de tout ce qui était capable de l’en
détourner ; cependant doué par la nature de l’organisa
tion la plus heui euse et de cet esprit d’ordre q u i, en
ramenant chaque chose à sa place , sait ménager le
temps pour chaque objet, il eut l’art de concilier, tout
à la fois , les' occupations lès plus opposées en appa
rence : son journal particulier et celui de sa pratique
en ville pour l’année 1771 me fournissent la preuve de
ce que je viens d’avancer. Une fièvre maligne conta
gieuse régna , cette année-là , dans l’hôpital dès chiourmes confiés à ses soins ; cette maladie dont il ne put
que prévenir les' suites , sévit avec une violence qui a
peu d’exemples , s’étendit sans ménagement sur tous
les forçats et n’épargna aucun des employés proposés à
leur surveillance ou à leur service : il en fut lui-même
atteint. Malgré les visites réitérées qu’il fesait alors dans
son hôpital, malgré l’étendue de Jsa pratique en ville ,
malgré l’état valétudinaire où l’avait plongé la maladie
qu’il avait essuyée , il composa un mémoire sur la goutte,
jeta les fondemens d’un ouvrage classique sur les crises,
rédigea l’histoire de là maladie contagieuse dont je viens
de parler, la r e l a t i o n d’une maladie rare et fit quelques
pièces de vers qui , quoique écrites sans prétention ,
n’en sont pas moins le fruit dn bon goût et d’une imagi
nation riante et féconde.
( La suite au N.° prochain■ )
�(
io
5
TROISIÈME
LITTÉ R A TU R E
PARTIE.
M ÉD ICA LE , NO UVELLES
T IF IQ U E S ,
i.° A k u t s î
---- -
)
M ÉLANGES ,
d’ o u v r a g e s
SCIEN
ETC.
imprimés.
XM^>'}©t>t^0O<c=----
sur la non-contagion de la fièvre jaune , par
Pierre L efort , chevalier de la légion-d’honneur , pre
mier médecin en chef delà marine, médecin du R oi,
à la Martinique , président honoraire de la Société
médicale d'émulation de cette colonie , correspondant
spécial de la Société de médecine de Paris’, de la Société
linéenne de la même ville , de la Société de médecine
de la Nouvelle-Orléans. ( In-8.° de 107 pages, à SaintPierre , 1823 , chez Fleurot ). Avec cette épigraphe :
Mé m o ire
Verumtamen eadem natura modum
leuere néscia est , sed timorilus sa/utaribus semper vanos et inanes admiscet....... ZTndè panici lerrores , etc*
F r. BACÔK.
De augment, scient*
L a fluctuation des opinions médicales , quant à la
fièvre jaune, ne devrait plus être l’objet de nos médi
tations et de nos recherches , si l’on fait attention à la
multiplicité des bons écrits qu’elle a fait naître. Néan
moins T la lutte n’est point terminée et les esprits s'é
chauffent toujours d’avantage à mesure qu’ils reviennent
au combat. Chacun croit avoir raison , parce que chacun
défend sa cause et par des faits et par le raisonnement,
T . VI. Aouf 1823.
14
�(
îo
6
)
Toutefois l’art des contrastes n’est point encore par
venu à un degré de perfection , qui permette aux amis
de la science d’adopter deux opinions diamétralement
opposées. Il faut bien que l’une ou l’autre manière de
voir soit condamnée , et il est évident que la balance
ne penchera que par le nombre de leurs prosélytes.
Or , chaque joui' voit des médecins qui croyaient à la
propriété contagieuse de la fièvre jaune , avouer publi
quement leur erreur. A la vérité quelques partisans de
la non-contagion , sont devenus toul-à-coup contagionistes, mais le temps ne paraît pas éloigné où l’un verra
enfin triompher les principes les plus équitables. En
attendant l’issue du grand procès , on conçoit qu’il
ne nous appartient point de trancher ; comme journa
liste , notre tâche consiste à jouer le rôle d’historien ,
et si nous sommes assez heureux pour la remplir,
qui pourrait nous taxer de partialité ! C’est au moment
où l’on nous annonce un ouvrage de MM. Bally, Fran
çois et Pariset , sur la contagion de la fièvre jaune
que nous recevons le mémoire du docteur Lefort. Ce mé
moire doit nous occuper le premier , parce que nous
n’avons point encore reçu le travail des illustres méde
cins français. Mais ce travail nous nous empresserons
de le signaler, et alors nos lecteurs verront par nos
deux analyses , jusqu’à quel point nous avons de la dé
férence pour tous les médecins de bonne foi qui , bien
que divisés enlr’eux ne méritent pas moins notre admi
ration et nos éloges, par leurs nobles efforts; car ne
doit-on pas compter pour beaucoup la louable intention
qui les anime ?
L’auteur en plaçant à la première page de son mé
moire l'extrait que nous allons rapporter textuelle
ment de la séance de la Société médicale d’émulation
de la Martinique, du premier février i i , l’auteur,
disons - nous , ne corrobore pas peu son opinion ,
85
�(
en faisan t v o ir
m em bres
« A près
a vo ir
entend u
savan te.
to us
les
V o ic i cet e xtra it :
le r a p p o r t d e M . le d o c t e u r
su r le m é m o ire
» concernant
)
i o 7
q u ’e lle e s t p a r t a g é e p a r
d ’u n e C o m p a g n i e
Garnier ,
»
ain si
de M .
la n on ^ con ta gion
le
de
docteur
la fièv re
Lefort ,
ja u n e , la
V S o c i é t é , P A R T A G E A I T Jl ’ o PINION DE CE DERNIER , a d o p t C
» u n a n im e m e n t le
rap p ort.
E lle c o n c lu t
à
so lliciter
de
* M . l e G o u v e r n e u r l ’i m p r e s s i o n d e c e m é m o i r e » .
D e p u is la p u b lic a tio n du m é m o ir e ( i ) a y a n t p o u r t it r e :
Opinion M O T I V É E de M. L E F O R T , médecin du Jioi , à
la Martinique , sur la non-contagion de la maladie .dite
F I È V R E J A U N E , M . l e d o c t e u r LeJort n ’ a p a s c e s s é d e
correspondre
exercés
ou
avec
les
m éd ecin s
distin gu és
qui
ont
e x e r c e n t d a n s les lie u x o ù r è g n e h a b itu e lle
m e n t la f i è v r e
jau n e , a re cu e illi un très-g ran d n rm b ije
de la its q u i s o n t
à la fois d e s e x p é r i e n c e s p o s itiv e s
et
d é c is iv e s s u r la q u e s t i o n e n li t i g e , e t fo rt d e c e t t e c o n
v i c t i o n i n t i m e q u e l ’o n n ’a c q u i e r t q u j à fo i c e d ’ o b s e r v e r ,
et
q u ’a l o r s q u e
les o b s e r v a t io n s
dent é v id e m m e n t
avec
au
m êm e
d e ' t o n s l e s j o u r s t e n 1-
but ,
il p arle
a u j o u r d ’h u i
a s s u r a n c e , t a n d i s q u ’ il n e p r é s e n t a s e s m o t i f s q u ’ a
v ec r é s e r v e , lo r s q u ’ il é c r iv it en 1 8 1 9 , p a r c e q u e v e n a n t
à
p e in e
j a u n e , il
de
lu i
recon n aître
la
n o n -co n tagio n
falla it e n c o r e é tu d ie r a v e c
de c e t te m a la d ie . S o n
ans a p rè s le p r e m ie r ,
nouveau
m ém o ire ,
de
so in
la
fièvre
la n a t u r e
p u b lié q u atre
justifie d o n c c o m b i e n il e u t r a is o n
de p u b l i e r c e l u i - c i a lo r s q u ’i l a d o p t a i t u n e o p i n i o n d o n t
a u jo u rd ’h u i l’ u n
e t l ’a u tr e
m é m o ire s n e con fu m e n t pas
p e u l’ e x c e l l e n c e .
L ’ auteu r c o m m e u c e
par
so u ten ir q u ’in d é p e n d a m m e n t
des c a u s e s l o c a le s , il e s t u n e c a u s e
gé n érale à
la q u e lle
(1) Voyez l’analyse que nous en avons faite , page 4 4 > tome
î.8r de notre journal.
�( ioS )
celles-ci sont toujours subordonnées, lorsque la fièvre
jaune règne épidémiquement ; si cette cause n’existe
point , la maladie ne se développe que dans certains
lieux bornés , ou bien on en voit ça et là quelque cas
sporadique. Cette cause générale n’est autre que les
vents chauds et humides du Sud , Sud-Est , Sud-Ouest,
et ce qui est notable , c’est que son action varie suivant
la nature et la constitution des individus et des peuples
soumis à son influence ; « car , dit M. Lefort , nous
» ne reconnaissons point de cause spécifique exclusive
» de la fièvre jaune ».
Telle est en peu de mots l’étiologie de cette maladie,
étiologie qui écarte évidemment toute idée de contagion ;
mais ce qui vient à l’appui de cette façon de penser ,
ce sont les faits décisifs rapportés par l’auteur, et
pris au milieu d’une foule d’autres faits non moins
confirmatifs. Le premier concerne le brick YEuryale,
à burd duquel la lièvie jaune se déclara vers la fin de
mars 1821, pendant une croisière. Forcé, par cela
même , de relâcher au Fort-Royal , ce brick avait perdu,
à son arrivée, son chirurgien major et cinq hommes de
son équipage. Des hommes de la frégate la Gloire y
furent envoyés en corvée et y contractèrent la maladie
dont plusieurs moururent. Ce fait que l’auteur commu
niqua au gouvernement et au docteur Louis Valentin ,
semblable à celui du brick le Palinure, si souvent cité,
est, au premier abord, un puissant argument en faveur de
la contagion. Mais , l’auteur observe avec beaucoup de
justesse , qu’ici comme partout ailleurs , la fièvre jaune
ne s’est pas étendue au-delà du foyer d'infection où elle
fi pris naissance et où elle a atteint ceux qui sont venus
s'exposer à son action. En effet, les malades de ' Eu riale,
transportés à l’hôpital, envoyés ensuite en convalescence
Sü Fort-Bourbon avec les hardes qu’ils avaient à bord,
rcdcscGodus er? ville t et mêlés 0 toute la population t
1
�( rog )
n'ont nulle part communiqué leur maladie : donc la
fièvre jaune n’est point contagieuse.
Le second fait est relatif à la corvette YÉgêrie , qui,
étant en rade aux Trois-Ilets , à côté de la corvette
la Diligente et du brick le Silène, et en fibre communi
cation, perdit plusieurs hommes de la fièvre jaune,
sans que personne des équipages des bâtimens voisins
en fut atteint,
La Diligente , revenue des Trois-Ilets au mouillage
du Fort-Royal, le 19 octobre , y ressentit à son tour
les atteintes de la maladie. Elle mit en mer de concert
avec le Silène qui en fut constamment exempta Porto
Cabello et en Europe. La Diligente fut momentanément
désarmée à son arrivés , le i décembre , et son équi
page fu t, comme celui de YEgèrie, envoyé au Fort Bour
bon où une trentaine d’hommes se trouvant déjà sous
l’empire de la maladie puisée à bord , y tombent ma
lades, et plusieurs meurent. Cependant pas un des
soldats qui étaient casernés au fort ne fut atteint,
malgré leur intime communication avec les marins , et
quoique l’on n’eut point soumis les effets que ceux-ci
avaient emportés à aucune espèce de désinfection préa
lable.
L ’auteur s'attache à établir la distinction si incon
testable qu’il y a entre la contagion et Yinfection , et
on peut dire qu’il l’a rendue aussi claire et aussi pal
pable qu’ il se l’était proposé. Puis il fait remarquer
qu’aucun des médecins Américains , Français et Anglais
qui , depuis vingt ans , ont tenté publiquement sur euxmêmes des expériences , pour s’inoculer la fièvre jaune,
n’a été affecté de la maladie à la suite de ces expé
riences ; ii expose ensuite celles auxquelles M. Guyon,
chirurgien-major , s’est soumis et qui sont assez frap
pantes pour que les procès-verbaux qui les constatent
et que le docteur Lefort a placés vers la fin de son
mémoire , soient rapportés ici littéralement.
3
�(
"O
)
!» Pnocks-rERBJUX des expériences médicales qui ont
eu lieu au Fort-Royal , sur la personne de M Gu ton ,
chirurgien-major au i . er bataillon d'infanterie de ligne
de la Martinique , et auxquelles cet officier de santé
s est soumis dans le dessein de constater la nature de la
fièvre jaune , sous le rapport de sa propriété contagieuse
ou non-contagieuse ».
— » Le 28 juin 1822 , M. Guyon a pris, dans la grande
salle de l’hôpital du Fort-Royal, en présence des méde
cins , chirurgiens et pharmaciens soussignés , et de
plusieurs autres employés de l’hôpital , la chemise d’un
homme atteint de la fièvre jaune ( le nommé Yvon, soldat
à la 4-e compagnie du i . er bataillon d’infanterie de ligne
de la Martinique) tout imbibée delà sueur du malade,
s’en est revêtu sur-le-champ , et a été ensuite inoculé aux
deux bras , par M, Cuppé , chirurgien entretenu de
i . te classe de la marine , avec la matière jaunâtre des
vésicatoires en suppuration. L ’appareil et la chemise
ont été gardés pendant vingt-quatre jheures , et levés
en présence des témoins.
Lejort , médecin du Roi ; Cuppé, chirurgien entre
tenu de 1 .rc classe ; Achard , pharmacien en chef ; Audemar , chirurgien entretenu de 2.e classe , prévôt de
l'hôpital ; Bernard , chirurgien entretenu de .e classe;
Bedeau, idem; Cabanel , idem ».
—~ » Le o juin au matin , et en présence de la plu
part des témoins ci-dessus et soussignés , M. Guyon a
bu un petit verre d’environ deux onces de la matière
noire vomie par le sieur Framery à'Ambrucq , commis
de marine, et après s’être frictionné les deux bras avec
cette même matière , il en a été inoculé par M Cuppé.
Lefort ; Cuppé ; Achard ; Audemar ; Bernard i Be
deau ; Sellon ; Peyraud ; Cabanel ; Jean Michel, eom-
5
3
�( 111 )
mis de marine dans l’administration des vivres ; SainteRose Barthouilh, habitant du Rort-Royal».
— » Le sieur Framery étant mort le i . er juillet, au
cinquième jour de maladie, à neuf heures du matin ,
M. Guyon a , en présence des témoins soussignés ,
revêtu sa chemise tout imprégnée de matière noire,
encore chaude, et s’est aussitôt couché dans le lit du
défunt, également maculé de matière noire et autres
excrémens. Il est resté dans le lit six heures et demie,
y a sué et dormi en présence de la plupart des témoins.
Lejort ; Cuppè ; Achard ; Audemar ; Bernard ; Be
deau ; Sellon ; Peyraud ; Cabanel ; Jean Michel ; SainteRose Barthouil ; Fleurot , imprimeur du Gouvernement;
Villemain , lieutenant au l . Cr bataillon de la Martinique ;
T. Desmazes , commis de marine, au contrôle colonial •».
— » Et enfin , le malade de l’hôpital, qui avait servi
à la première expérience , ayant succombé le 2 juillet,
l’ouverture de son corps a été faite par M. Guyon , en
présence des témoins soussignés. L ’estomac contenait
une assez grande quantité de matière noire sanguino
lente , et sa membrane interne était rouge et enflammée.
M. Guyon a , de nouveau, été inoculé aux deux bras,
par M. Cuppè , avec cette matière , et les piqûres ont
été recouvertes par la surface altérée de morceaux pris
dans les parois de l’estomac. L ’appareil a été levé ,
vingt-quatre heures après l’application , en présence des
témoins. Les parties inoculées étaient enflammées ,
douloureuses , et les glandes axillaires un peu tuméfiées.
Lefort ; Cuppè ; Achard ; Audemar ; Bedeau ; Ber
nard ; Sellon ; Peyraud ; Cabanel ; Grivel, officier de
voltigeurs au 1 er bataillon de la Martinique ■ ».
Dans une note , on observe i.° que M. le docteur
Serand , chirurgien entretenu de i . fe classe, à bord de
la frégate VHermione, n’a pu signer ces procès-verbaux,
la frégate étant partie jpour France , 2.® qu’on a omis
�( 11 2 )
de faire signer plusieurs autres témoins oculaires , comme,,
par exemple, les sœurs de l’hôpital , etc.
« Vu pour légalisation des signatures des dénommésci-sontre et de l’autre p art, témoins aux expériences
faites par le sieur Gujon , sur lui-même, pour constater
la nature de la fièvre jaune , sous le rapport de la con
tagion ; lesquelles expériences sont parvenues successi
vement à notre connaissance , avec tous leurs détails,
tels qu’ils sont relatés ici.
» Nous certifions , en outre , que le sieur Guyon , que
nous avons vu quelques jours après la dernière de ces
expériences , nous a paru jouir de toute'la plénitude de
sa santé, et qu’il n’a pas cessé depuis cette époque ,
de s’acquitter du service très-actif dont il est chargé , en
qualité de chirurgien-major du i.tr bataillon de la Marti
nique ».
Fort-Royal, le 28 août 182a.
Le lieutenant-général, gouverneur et adminis
trateur pour le tioi ,
D
oxzelot.
M. Le/ort ne se contente pas de relater ces faits , ces
expériences; il entre dans de .nombreux détails qui
nous paraissent assez concluans. Mais laissons-le parler
lui-même un instant
». Dirai-je d’autres faits tout
» aussi inexplicables dans le système des contagionistes ?
» Ces faits abondent, et nous pourrions citer ces exem» pies de fièvre jaune qui n’ont eu ni antècèdens ni suites»
» Là , dans vingt navires , soit en rade, soit en mer ,
» on voit un homme ou deux atteints de la fièvre jaune ,
» sans avoir eu aucune communication avec des per» sonnes infectées , et sons qu’aucun autre individu de
» ces équipages ait pris la maladie; ici, ce sont des soldats,.
» des ouvriers habitant les mêmes casernes, soumis aux
» mêmes influences extérieures, mais dont les uns , soit
» par prédisposition plus prononcée ,;soit par inconduite?
�3
( n
)
a se trouvent frappés de la fièvre jaune , tandis que les
5) autres en sont exempts ; plus loin , un européen ,
» traité dans une maison particulière , entouré d’autres
» européens nouvellement arrivés comme lui , y meurt
m de la fièvre jaune, sans qu’aucun des assistans en
» ressente la moindre atteinte. Des hommes venus à
» l’hôpital, couchés par inadvertance ou placés sciemv ment dans des lits encore chauds où des hommes at» teints de la fièvre jaune venaient d’expirer , et ne
» contractant jamais la maladie. Enfin , depuis le i . er
» juillet 1S18, jusqu’au 3i décembre 1822, mille neuf
* cent quatre vingt-deux malades , atteints de la fièvre
» jaune , ont été traités à l’hôpital du Fort-Royal et près
» de trois cents ouvertures de cadavres y ont été pra» tiquées , sans que nous ayons pu reconnaître un seul
» exemple de communication de cette maladie aux offis> ciers de santé , aux servans ou à tous autres employés.
» Aussi l’opinion qui refuse à la fièvre jaune toute pio» priété contagieuse est-elle générale et. traditionnelle
» aux Antilles , etc. , etc. , etc. »
Il faut voir avec quel avantage notre auteur recom
mandable combat les partisans de la contagion. D ’abord,
par un passage qu’il cite des Observations sur la fièvre
jaune faites à Cadix , en 1819 , par M. Pàriicet, il prouve
que ce médecin n’est pas d’accord avec lui-même. En
effet, M. Pariset s'étaye de l’expérience du docteur Miller
de New-York pour établir « la non-contagion de lafèvre
» jaune d’une manière si solide , qu'ils (les faits) ôtent
s tout moyen de contester ». Bien plus , il soutient que
la fièvre jaune n’est pas importée aux États-Unis , « pas
» plus quelle ne peut l’être dans les vaisseaux où elle
s se montre tout-à-coup et dans le cours d’une longue na» vigation ». Cependant M. Pariset ne termine pas la
page qui contient ces assertions , sans s’exprimer dans
T. YE Août 1823.
i
■j .
•
5
_
�*4
( i
)
«n sens tout-à-fait opposé : « Si , dit-il, Von me faisait
» à priori cette question : la fièvre jaune d’ Amérique
» est-elle susceptible d’être importée en Europe ? Je rèpon» drais sans hésiter pour Vaffirmative ». Et comment
concevoir qu’une maladie qui n’est point contagieuse
dans un individu , produise une maladie contagieuse
chez un autre individu ? Quelque spécieuse que soit
l’hypothèse , elle n’est point soutenable , et c’est ce
que démontre fort bien M. le docteur Le fort en prouvant
qu’une maladie non-contagieuse dans un endroit ne
saurait produire une maladie contagieuse dans un autre
lieu, et qu’une maladie contagieuse attaque indistinc
tement tous les individus dans tous les pays.
Nous ne pousserons pas plus loin notre analyse, quant
à la réfutation des propositions de M. Pariset. Ceux qui
liront le nouveau mémoire de M. Le.fort, jugeront de la
solidité de cette réfutation mieux qu’ils ne pourraient le
faire par un simple aperçu ; ils pourront aussi se con
vaincre de la validité des motifs que l’auteur allègue
pour faire senLir qu’elle était déjà l’opinion des membres
de la commission de Barcelone sur la contagion de la
maladie qu’ils allaient observer. M. Le/ort oppose au
rapport de cette commission , le manifeste de treize
médecins nationaux et étrangers (1). Il donne ensuite
un aperçu de la marche et des progrès de l’esprit dans
l’investigation des causes et du caractère de la lièvre jaune
aux États-Unis. On apprend que depuis 1790 à 1800
il s'est offert de fréquentes occasions d’observer la
fièvre jaune que l’en regardait alors comme d’origine
étrangère et de nature contagieuse ; mais que depuis
cette dernière époque cette opinion s’affaiblit et perdit
bientôt ses premiers soutiens , au nombre desquels , dit
( 0
5
Voye* e« manifeste, page 290 , tome de notre journal.
�5
( n
)
l’auteur, il faut mettre le vénérable docteur Benjamin
Rush.A travers les nombreux témoignages qui viennent
à l’appui de cette vérité , l’auteur considérant comme
tel , et avec juste raison , la note de M. Tîyde-deNeuville , sur un mémoire de M. le docteur Devise,
présenté au ministre de l’intérieur , l’auteur , disonsnous, donne une copie textuelle de cette note (r). il
passe bientôt à l’examen des réflexions de M. le docteur
Prysson insérées dans le journal universel des sciences
médicales, année 1822, et il n’a pas de peine à triompher
de ce nouvel antagoniste. Il fait même sentir que le mé
decin de Cambrai n’a pas su distinguer l'infection de
la contagion.
Enfin , M. le docteur Le/art qui partout dans son mé*moire a montré la plus grande modération , en donne
surtout*une preuve , à la lin de son travail, alors qu’il
aurait’ pu dans la chaleur de la discussion s’abandonner
sans réserve à des imputations analogues à celles que
l’on a adressées aux partisans de la non-contagion. C’est
avec dignité , mais avec force , qu’il repousse les im
putations de prévention , ù'aveuglement , d'orgueil et
d'intérêt que l’on s’est plu d’appliquer aux non-contagionistes , etc , etc.
En résumé, le mémoire de M. le docteur Befort est
rédigé avec ordre et précision , et contient des riches
ses qui, mises à contribution par quiconque aura désor
mais pour but de peser les opinions , afin de résoudre
le grand problème, ne peuvent, ce nous semble , que
contribuer à faire triompher la vérité.
L’auteur a ajouté au mérite de son travail en le fai
sant suivre du rapport de M. le docteur Garnier L’es
timable rapporteur ne croit nullement au caractère con-
( 1 ) Voyez psg. 41 > loin,
y
de noire journal.
�( ” 6 )
tagieux de la fiét*e jaune : quod vidimus tcsiamur, ditil, et il ajoute que la doctrine de M. Le/erf,qui doit
être celle de tous les médecins qui exerçent leur art à
l’abri de toute prévention , doit avant peu renverser
la doctrine contraire. Voilà , diront, peut-être, les sou
tiens de celle-ci, ce qui s’appelle raisonner de manière
à justifier que l’on n’a point de sentimens philantropi
ques. Car , admettre la non-contagion d’un terrible fléau»
tel que celui de la fièvre jaune , c’est s’élever contre
les mesures sanitaires et compromettre ainsi la santé
de tous les peuples. Si telle était la manière de voir
des partisans de la non-contagion, elle serait blâmable.
Mais est-il bien vrai qu’ils s’opposent à des mesures
sanitaires ? Non , sans doute, non ; seulement veulent-ils
qu’elles soient assignées judicieusement et c’est ce que
seront seuls capables de faire ceux qui reconnaîtront la
distinction entre les maladies par infection et celles
par contagion. Voyez si M- le docteur Lc/ort, tout
non-contagioniste qu’il est, ne prescrit pas de sages
mesures de préservation. Désinfecter les lieux où sévit
la maladie, désarmer sur-le-champ les vaisseaux injectes,
en transférer les équipages dans des lieux élevés et sains,
etc. , etc., tels sont les conseils que donne le savant
médecin dont le mémoire vient de nous occuper.
P.-M. Roux.
A R I E T E S.
— Le tribunal correctionnel de Troyes a condamné
le sieur Rivet , se disant chimiste à Paris , et le sieur
DéJaguè-de-Salis , chacun en ioo francs d’amende et
aux frais ; le premier , pour avoir préparé des bouteilles
étiquetées : médecine curative et vomi-purgatif du docteur
Leroy ; le second , pour les avoir confiées à une dame,
en prenant le titre de directeur du dépôt général des
médecines curatives et du vomi-purgatif, etc. Le tii-
�( 117 )
bunal a de plus maintenu la saisie qui avait été faite de
ces remèdes , le i octobre dernier , et en a ordonné la
confiscation. Il serait à désirer que le ministère public
donna de temps en temps de semblables leçons aux
distributeurs des panacées. Verrons - nous toujours en
voyer de la capitale dans les provinces une foule de
remèdes inconnus , et l’empirisme et le charlatanisme
exercer leurs lavages avec confiance , comme si les
lois du 21 germinal an X I , 29 pluviôse an XIII , et le
décret du 18 août i8 to , e tc ., n’étaient point en vigueur !
3
— On lit dans le journal de la Moselle qu’un men
diant, âgé de 79 ans, admis à l’infirmerie de la mai
son de correction de M etz, a éprouvé un sommeil
consécutif de 24 jours. Cherchait-on â le réveiller par
de vives secousses , il rendait quelquefois des sons
inarticulés et recevait dans la bouche quelques cuil
lerées de vin ou de bouillon qu’on lui ingérait pour
ainsi dire par force , et il retombait aussitôt dans son
état accoutumé. Envain employa-t-on divers excitans ;
le malheureux cessa de vivre le vingt-quatrième jour.
— Le ministre de l’intérieur , sur la proposition du
comité central de vaccine, a accordé une médaillle d’or
à M. Bourher , médecin, à Versailles.
Le conseil municipal de cette ville , voulant aussi ré
compenser les soins désintéressés de ce zélé vaccina
teur , lui a décerné un grand ouvrage de médecine ,
comme un témoignage de sa satisfaction.
— Quelques cholera-morbus , des diarrhées , un assez
bon nombre de petites véroles sont les maladies que les
praticiens marseillais ont eu à traiter ce mois-ci. Il est
vraiment déplorable de voir encore bien des person
nes s’obstiner à recourir à la vaccine. Les opiacés ont
été préférés aux anti-phlogistiques , dans le traitement
du cholera-morbus , et ce n’a pas été sans succès.
�C
I i
5 )
D ’après le relevé des registres de l'État-civil de
la mairie de Marseille , il y a eu en Juillet 182.5
346 naissances ; 307 décès et
mariages.
P.-M. Roux.
56
3 .°
C oncours
académiques.
D ’après les dernières volontés de Fothergill, la Société
de médecine de Londres a résolu de donner tous les ans,
à l’auteur de la meilleure dissertation sur un sujet pro
posé , une médaille d’or de la valeur de 20 gainées ,
qni sera appelée médaille forthergillienne. On invite les
savans de tous les pays à ce concours.
Chaque dissertation devra être écrite en latin ou en
anglais, et envoyée avant le i décembre au secrétariat.
Chaque mémoire sera accompagné d’un paquet cacheté,
ayant la même devise que le mémoire, et qui l’enfer
mera le nom et la demeure du candidat.
3
Les maladies de l'épine sont le sujet proposé pour
l’année prochaine.
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc• , de ses membres soit titulaires , soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d'être publiés,
elle n'a égard qu'à l'intérêt quils présentent à la science
médicale; mais quelle n entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n'ont pas encore la. sanction générale.
�(
l l 9
)
BULLETINS
DE
LA
SOCIÉTÉ
ROYALE
DE
A oût
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
i
8a 3.
- N . "
X X .
«w-vv/c/vw v *m/w•w* -v-c/vw \ iw%vv\%i^vvtvw««%
sur l'extirpation d'une tumeur cancéreuse
au sein gauche , par M, Imbebt , D .-M , membre cor
respondant de la Société royale de médecine de Mar
seille et maire du Beausset ( Var ).
Ob s e r v a t i o n
Q ue des médecins profondément versés dans l’étude
de la science, créent des théories spécieuses à l’égard
d’une maladie plus ou moins rebelle aux ressources de
l’art , qu’ils discutent celles émises avant eux , pour
les condamner , qu’ils acquièrent par de savantes re
cherches la connaissance de la nature d’une affection
pathologique , de son étiologie , de sa marche , de soit
traitement, ils doivent s’attendre à la reconnaissance
des amis de la science pour leurs nobles efforts ; mais
le médecin praticien dont la plume ne saurait atteindre
cette élévation des pensées , cette profondeur de juge
ment, qui ne saurait déduire des faits, ces vues géné
rales pour présenter une théorie plus ou moins sédui
sante , doit-il priver la science des fruits précieux de
son expérience Je ne le pense pas ; n’a-t-ü pas le
droit de prétendre aussi à une partie de cette estime
{qu’on n’accorde toute entière qu’aux talens supérieurs),
lorsque dans les cas regardés comme désespérés, il se
1
�( 120 )
présente au jugement de ses collègues , muni des
preuves convaincantes d’un résultat heureux de sa pra
tique ? J’aime à me le persuader : et c’est poussé par
le sentiment de cette conviction , que je prends la li
berté de soumettre au jugement des médecins instruits
qui composent la Société royale de médecine de Mar
seille , l’pbservalion simple, avec la pièce pathologique
à l’appui, d’une opération de cancer à la mamelle ,
m’abstenant de toute discussion dans une cause, où
taxé de témérité par les uns , approuvé par les autres ,
je ne puis qu’attendre, avec confiance, l’arrêt de la
Société à laquelle j'ai l’honneur de soumettre cette observation, et dire avec Celse : melius anceps remedium
exptriri quant nullum.
La nommée Deeugis , âgée de a ans , d’un tempé
rament lymphatique sanguin , d’une stature ordinaire,
d’un embonpoint médiocre , d’une fraîcheur remar
quable, d’un caractère un peu apathique, ayant éprouvé
quelques iirégularités dans la menstruation, non en
core mariée, vit se former , il y a environ trois ans,une
tumeur à la partie supérieure latérale de la mamelle
gauche, environ un pouce et demi au-dessus du mamellon relie resta stationnaire pendant quelque temps,ce
qui la porta à la négliger. Environ un an après son appari
tion , elle ressentit des douleurs lancinantes dans la tu
meur qui grossit considérablement. Alors elle se décida
à me consulter : soumise à mon observation , je visitai le
sein gauche, et trouvai qu’il était une fois plus volu
mineux que le droit : ubi stimulus ibi flu x u s. Il était le
siège d’une tumeur volumineuse qui s’étendait oblique
ment de dedans en dehors et de bas en haut, commen
çant par une large base environ un pouce et demi audessus du matnellon et s’étendant en diminuantde volume
et en côtoyant le bord inférieur du muscle grand pec
toral jusque» sous l’aisselle, sans adhérence avec les mus-
4
�( 121 )
des sousjacens; deux ou trois points.de suppuration
étaient établis vers sa partie moyenne inférieure ; les
bords des petites ulcérations étaient calleux ; le pus
de mauvais qualité, d’une odeur sui generis ; après m’être
bien convaincu que j’avais à combattre une tumeur can
céreuse, je traçai un plan de traitement conforme aux
principes de nos meilleurs maîtres ; la malade s’y soumit
sans répugnance, pendant six mois. Durant cet inter
valle, furent passés en revue tous les médicamens in
ternes et les topiques qui ont été préconisés contre cette
terrible maladie ; mais, loin de s’améliorer par l’em
ploi de ces moyens , la tumeur s’accrut et parut me
nacer, par plusieurs points d’irritation, de se convertir
en cancer hideux. L’art pouvait encore extirper cette
tumeur , quœ médicamenta non sanant, Jerrum sanat.
Je fis pressentir mes craintes aux parens et à la ma
lade elle-même. Je leur fis connaître la seule ressource
qui restait encore, sans leur laisser ignorer pourtant
toutes les chances douteuses. Ces craintës n’arrêtèrent
pas la malade qui fut préparée et l’opération fut fixée au
16 mai 1821. L ’opération fut pratiquée selon les règles
de l’art, sur lesquelles je ne m’arrêterai pas, attendu
quelles sont connues de tous les médecins , mais elle
m’offrit cela de particulier , qu’obligé de suivre le cha
pelet de glandes engorgées , je m’approchai d’abord
plus que je ne l’avais présumé , par J’apparence exté
rieure de la tumeur , des principaux vaisseaux de l’ais
selle; à mesure que j’avançais dans la dissection delà
tumeur , je m’apperçus qu’une artère considérable bat
tait au milieu d’une glande cancéreuse que je désirais
extirper pour rendre mon opération complète. Je m’ar
rêtai et voulus faire la ligature médiate de cette artère
au-dessus de la glande cancéreuse , afin de pouvoir ex
tirper celle-ci, sans craindre les suites d’une hémorragie
dont il eut été diffiaile de sé rendre maître à cause de la
T, Y L Août i i .
16’
33
�( 122 )
rétraction de l’artère dans le creux de l’aisselle. Ce pro
cédé exécuté , me mit à l’abri d’une hémorragie qui
aurait pu devenir d’autant plus inquiétante , que l’artère
avait acquis un calibre plus considérable par l’afflux du
sang qui abordait à la tumeur pour la nutrition. C’était
la thoraehique externe inférieure , principale division de
l’axillaire, cjui avait acquis une très-grande dilatation.
En général les autres artères furent liées immédiate
ment après leur division , le nombre en fut considéra
ble , et ici c’est le cas d’observer que dans les longues
opérations, on ne doit pas se comporter autrement,
puisqu’on y tiouve le double avantage d’épargner au
malade une grande perte de sang et de ne pas être
gêné par sa présence. Je m’attachai autant que possible
à ne laisser aucune partie de ce tissu cellulaire lardacé
qui entourait la masse cancéreuse ; les muscles avaient
une couleur pâle ; néanmoins ils étaient sains. L’opéra
tion fut longue , mais supportée avec beaucoup de cou
rage. L’énorme plaie qui en résultat fut lavée avec de
l’eau tiède et pansée avec de la charpie sèche ;'les bords
en furent légèrement rapprochés au, moyen de bande
lettes agglutinatives ; une potion calmante, des bois
sons rafraîchissantes, le repos et la diète fui ent les
premiers et seuls remèdes employés, l’appareil ne fut
renouvelé que le troisième jour ; la suppuration était
établie. Je trempai, pendant quelques jours seulement,la
charpie dans une décoction de quinquina. Cette énorme
plaie marcha ensuite vers la cicatrisation avec tant de
rapidité, que la malade fut rendue à ses parens en
moins d’un mois après l’opération , je n’employai pour
tout traitement prophylactique qu’un cautère au bras
gauche. Cette cure s’est soutenue jusqu’aujourd’hui.
La malade a constamment joui depuis cette époque d’une
parfaite saute , la cicatrice a resté intacte dans toutes
les parties, et tout fait espérer que la maladie ne réci
divera pas.
�C
A
I23 )
m é d i c a l e s par J.-S.-E . J u l i a , ancien
professeur adjoint de chimie pharmaceutique à Paris ;
membre de plusieurs Sociétés savantes nationales et
étrangères.
necdotes
Observation sur une amaurose complète qui , après avoir
duré quatorze ans , a été guérie sans aucun traitement.
L ’O
bser va tio n
secours de la
q u e je v ais c ite r , m o n tre c o m b ie n lè s
n a t u r e s o n t p u i s s a n s e t q u ’ il n e
m a is d é s e s p é r e r
de ses b ien faits.
fau t
ja
Q u o iq u e cette o b se r
v a t io n n e s o i t p a s u n i q u e e n s o n g e n r e , e l l e e s t c e p e n
dant a s s e z r a r e e t a s s e z c u r i e u s e p o u r m é r i t e r d e
l’ a t t e n t i o n
des
m é d e cin s.
par des c h a r la ta n s
attribu ées
q u ’à la
et qui ,
cures
p eut-être, ne
fixer
p ro d u ite s
d o iven t être
m êm e cause !
Bousquet ,
La veuve de
C o m b ien de
ch arron à N a rb o n n e , du tem
péram ent se c e t s a n g u i n , san s a v o ir jam ais é p ro u v é de
m a la d ie g r a v e , f u t a t t e i n t e à l ’ â g e d e c i n q u a n t e - c i n q a n s ,
d’ u n e a m a u r o s e q u i d e v i n t s i f o r t e , q u ’ a u b o u t d e c i n q
ans elle s e t r o u v a d a n s u n é ta t d e c é c ité c o m p lè t e . D a n s
çet in te r v a lle d e c i n q a n s , o n lu i a d m in is tr a
top iqu es
sans
lu i faire
d iq u e . L a v e u v e
su b ir
Bousquet r e s t a
aucun
q u elq u es
traitem en t m éth o
p e n d an t q u ato rze ans sans
éprouver a u c u n e au tre in c o m m o d ité q u e c e lle de
la p r i
vation d e la v u e . E l l e r e s t a it c h e z e lle sa n s so r t ir e t a t t e n
da it la m o r t
cheuse
com m e
m a lad ie .
d e v a n t être
M ais
q u ’o n
su rp rise q u a n d a p r è s q u a t o r z e
le te r m e d e c e tte fâ
ju g e
q u ’ e.lle d u t ê t r e
sa
a n s d e c é c ité , le m a tin
en s ’ é v e i l l a n t e l l e r e v o i t l a l u m i è r e d u j o u r . R a v i e d ’ é t o n
nem ent ,
e lle r e g a r d e la c h a m b r e o ù
e lle se
tr o u v e ,
q u ’e l l e n e r e c o n n a î t p l u s à c a u s e d e s r é p a r a t i o n s q u ’o n a v a i t
fait , e t d a n s l a c r a i n t e q u e c e n e f u t u n e i l l u s i o n , e l l e
a p p e l l e t o u s s e s e n f a n s q u ’e l l e n e t a r d e p o i n t à p r e s s e r
dans ses b r a s . O n lu i p r é s e n t e s e s p e tits-fils q u ’e lle n e
�124
(
)
connaît encore qu’au son de leur voix. La veuve Bous
quet au comble de la joie se lève, parcourt toute la mai
son , en touche tous les objets , et après s’être bien as
surée que la fin de sa pénible cécité est réelle , elle
reprend tranquillement les travaux de son ménage. De
puis ce temps, et il y a deux ans , elle n’éprouve au
cune incommodité, quoiqu’elle ait soixante et seize ans ;
elle mène une vie active et laborieuse et se regarde comme
un objet de curiosité. En terminant le récit de cette ob
servation , je ne puis me défendre d’une réflexion qu’elle
m’a fait naître. Si lorsque la veuve Bousquet a été sur
le point de voir le terme de sa cécité il se fut présenté
un charlatan qui lui eut appliqué un topique quelconque,
et qu’à la suite de cctts application , elle eut recouvert la
vue, on se serait bien gardé d’attribuer cette cure à la
nature ; à coup-sûr , on on eut fait l’honneur au médica
ment empirique. Dès-lors on eut crié au miracle et le
charlatan surpris d’un succès auquel il était loin de s’at
tendre , aurait été fort étonné d’être devenu un grand
praticien sans s’en douter. Dans cette confiance et se
condé par la réputation que cette guérison lui aurait
faite , il n’eut pas manqué de faire une infinité de dupes
et peut être même quelques victimes.
Comment expliquer maintenant les moyens dont la
nature s’est servie pour opérer cette guérison ? L ’on
a vu des cataractes se déplacer par des chocs violens,
etc. ; mais il n’en est pas de même ici : l’explication la
plus vraisemblable que nous puissions en donner , c’est
de supposer que cette amaurose a reconnu pour cause
une humeur qui s’étant portée sur l’organe de la vue
s’est déplacée quatorze ans après. S’il en est ainsi , cette
humeur doit nécessairement s’être dirigée ailleurs , ce
pendant l’état de la veuve Bousquet est très-satisfaisant,
puisqu’elle n’éprouve aucune incommodité et qu’elle se
porte aussi bien qu’une femme de 76 ans puisse se porter.
�( i
^5
)
Observation sur une cécité complète , occasionée par l’ap
plication des sangsues.
Le fils de feu M. Baron , agriculteur de Narbonne ,
d’une complexion sanguine et d’une constitution athlé
tique , fut atteint, à l’âge de seize ans , d’une fièvre
intermittente bilieuse , accompagnée de grand maux de
tète. Six sangsues ayant été appliquées aux tempes , le
chirurgien les arrêta après qu’elles eurent produit leur
effet. Mais soit que le malade eut dérangé lui-même l’ap
pareil ou qu’il n’eut pas été bien consolidé , il ne tarda
pas à se déranger de manière qu’elles coulèrent toute
la nuit ce ne fut qu’au point du jour qu’on s’apperçut
de cet accident. Mais qu’elle fut la surprise du médecin
en trouvant son malade dans un état de cécité complète,
il crut que quelque humeur devait s’être portée sur cet
organe et il s’attacha à la combattre par les moyens ré
vulsifs les plus énergiques. Ce fut en vain , M. Baron
fut bientôt délivré de sa fièvre bilieuse , mais depuis
vingt ans il est affligé de la cécité.
SÉANCES
DE
LA
FEN D ANT L E MOIS DE
5
SOCIÉTÉ
IL 'IL L E T
l8 2 3 .
Juillet. — M. Savy , médecin inspecteur des bains
d’Avène , adresse un mémoire intitulé : Quelques con
sidérations médicales, dont M. J. Beullac est nommé
rapporteur.
MM. Boutet et Sue lisent leur rapport , au nom d’une
Commission , sur l’établissement des eaux acidulés ga
zeuses de M. Dcspine.
Le reste de la séance est consacré à la discussion d’un
objet de finances.
Juillet. — Cette séance extraordinaire a été employée
à la lecture fies mémoires envoyés au concours ouvert
pour l'annge 1S23.
8
�( »6 )
12
Juillet M. "Rampai présente un enfant atteint d’une
maladie du sinus maxillaire et demande l’avis de la
Société sur la conduite à tenir dans ce cas épineux.
M. Roux fait hommage , au nom de M. Laborie fils,
de la traduction que vient de publier ce médecin des
Pronostics d’Hippocrate , commentés par Piquer, ete.
M. S a t, membre associé résidant, lit une observation
de pneumonie chronique ( plhisie pulmonaire ) guérie par
Tapplication du séton aux environs de l’anus et par le
régime diététique.
La séance est terminée par le scrutin de M. Sat , qui
est reçu membre titulaire résidant.
xq Juillet. — M. le Secrétaire-général donne lecture
d’une lettre de M. Camoin , correspondant à Odessa , qui
fournit à la Société des détails essentiels sur la dame
Ribes, opérée d’un cancer mammaire en 1820 , et com
munique l’extrait de trois extirpations de seins can
céreux , suivies du succès le plus complet.
Lecture est faite ensuite d’une lettre de M. Léon Vidal,
éditeur du Spectateur marseillais , qui invite la Compa
gnie à souscrire à ce recueil littéraire. La Société vote
un abonnement.
M. G illet, associé résidant, lit une observation de
gastro-entérite qu’il fait suivre de réflexions très-judi
cieuses sur la doctrine de M. Broussais,
M. Gillet est admis au nombre des membres titulaires
résidans.
22
Juillet. — On s’est occupé dans cette séance d’ob
jets d'administration intérieure.
26 Juillet. M. Poutet l i t , au nom d’une Commission ,
son rapport sur le Cours de chimie publié par M. Péclet.
M, Sat lit une Observation de croup guéri par le trai
tement anti-phlogistique.
S E G A U D , Président.
S u e , Secrètaire-gin éral.
�ETIONS météorologiques faites à l'Observatoire Royal de Marseille,
en Août 1 8 2 5 , par M. Ga m b a r t .
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�RÉCAPITULATION.
3
754 58
758
3
+*5
mois.....................................+ 21 °> 5g.
Plus grande élévation du Baromètre . . . . .
yG mm, 80, le u , a midi.
Moindre élévation...........................................................
,
, le 8 , à 9 heures du matin.
Hauteur moyenne du Baromètre , pour tout le mois
, 76.
Plus grand degré de chaleur..........................................8 , le 29, à heures de l’aprèsMoindre
idem.............................................
, 2 , le 11 , au lever du soleil.
Température moyenne du
j le jour . . omm,to j
Quantité d’eau tombée pendant <
f
( la nuit, . . 8 , 1 b !
8ram> 20.
3
Nombre de jours.
de p lu ie ................................ .
entièrement couverts . . , o.
de brume ou debrouillard. 6.
de gros vent........................ 2.
s e r e i n s ............................ n .
de tonnerre.......................... 1.
�(
129
SECONDE
M É M O IR E S,
)
PARTIE.
D IS S E R T A T IO N S , N O TIC ES
LOGIQUES.
N
é c r o l o g i e
NÉCRO
.
historique de Jeu Moïse - Abraham J o y e u se ,
prononcé en séance publique de la Société royale de
médecine de Marseille, le i octobre 1816, par JeanGabriel N i e l , médecin de Montpellier , etc.
E loge
5
( Deuxième et dernier article ).
Aucune des productions que je viens de mentionner
n’était peut-être destinée à voir le jour , car telle était la
modestie de M. de Joyeuse qu’il n’écrivait guères que
pour sa propre instruction , son plaisir ou celui de céux
avec qui il vivait familièrement ; mais ne serait - ce
pas se rendre coupable envers les sciences , les lettres
et la Société , que de laisser dans l’oubli , des ouvrages
qui réunissent le mérite de la diction à celui de l’utilité
générale : en attendant qu’il soit possible de les publier,
je vais en donner un léger aperçu.
Le mémoire sur la goutte , est divisé en deux parties
essentielles , en pathologique et en thérapeutique. La
première renférme une description exacte de cette ma
ladie , des exemples curieux de ses différences ou va
riétés ,■ des recherches sur . ses causes , son diagnostic ,
sort pronostic et son traitement en général. L ’auteur là
T. VL
S e p te m b r e Ï82.3.-
VJ
�( i5o )
définit une affection intermittente qui dure toute la
vie. D’après Boerrhave , il en attribue les causes à un
principe salin, tartareux , âcre, mordant, q u i, selon
lui , est transmis des pères aux enfans, ne se déve
loppe qu’à l’aide de certaines circonstances dont la ren
contre n’a pas toujours lieu et ne se combat avec quel
que avantage , lorsqu’on a rempli les indications géné
rales , qu’à l’aide des fébrifuges et des alcalins- Le vin,
les excès de tout genre peuvent bien favoriser ou hâter
son apparition , mais ne la produisent pas , car on
trouve, dit-il, beaucoup plus d’ivrognes et de débauchés,
que de goutteux, et la maladie , ajoute-t-il, a été quel
quefois prévenue par l’usage bien entendu de certaine
quantité de vin. Il démontre jusques à la dernière évi
dence , que l’eau , tant préconisée contre la goutte, ne
saurait en être le remède, et cite d’après Senncrt,
quelques cas provoqués par l’usage exclusif de ce liquide.
Quelque curieuse , quelque piquante que soit cette pre
mière partie , elle ne saurait être comparée , sous les
rapports de l'intérêt et de l’utilité, à la seconde , digne
de figurer à côté de ce que nous possédons de mieux
sur cet objet. Tous les moyens généraux , tous les
procédés particuliers , vantes ou indiqués par les divers
écrivains y sont soumis au creuzet de la raison et de
l’expérience; la vérité y est portée jusqu’à la démons
tration, la précision l'accompagne, la clarté ne l’aban
donne jamais. Il y indique les remèdes qui lui ont le
plus fréquemment réussi, et en les exposant avec les mo
difications exigées par la différence des cas , il les ana
lyse avec plus de sévérité encore qu’il ne l’aurait fait
s’il eut été question d’une pratique étrangère à la sienne.
L’ouvrage sur les crises ne paraît point avoir été
achevé, quoique très-heureusement entrepris et même
assez avancé; si ce qui y manque pouvait être rédigé
avec autant de profondeur que ce qui en existe , ce livre
�C
i 3i
)
ieviendrait une des productions les plus profitables à
l’art de guérir. Il faudrait néanmoins un talent supérieur
pour achever ce travail dont la matière a été presque
généralement regardée comme les armes à'Achille. Bnrdeu , qui avait voulu la mettre en œuvre , fut forcé apri s
huit années d’un labeur soutenu , de renoncer à son
entreprise : « il est nécessaire , dit-il , pour terminer
» et éclairer cette question, d’étre libre ou initié dans
» cette sorte de médecine philosophique ou transeen» dante , à laquelle il n’est peut-être pas bon que-tous
» les médecins cliniques s’attachent ».
Plus on exerce l'art de guérir, plus on acquiert la
conviction qu’on n’y doit guères attendre de progrès que
de l’observation exacte des maladies et de Peiïet des
moyens employés pour les combattre. Comment même
pourrions-nous avoir d’autre guide, puisque la phy
sique du corps humain et la manière d’agir des remèdes
nous sont si cachés étant au-dessus de notre portée !
Pénétré de cette idée, notre collègue , en fesant l’his
toire de la fièvre contagieuse de 1771 , s’est borné à ne
rapporter que les symptômes auxquels elle donnait lieu,
et le résultat sensible des remèdes qu’il lui opposait.
Elle dura un peu plus de trois mois , frappa quatre cents
et quelques individus dont vingt-six seulement succom
bèrent ; c’était un typhus des prisons apporté de Paris
par les forçats de la chaîne dont cinquante étaient morts
sur la route avec des parotides. Rien ne fut si varié que
les commencemens de cette maladie , dans les divers
sujets qui en étaient atteints ; souvent elle débutait par
dillérens symptômes des maladies inflammatoires, le plus
ordinairement elle se cachait sous l’apparence di s plus
légères incommodités , et l’abbattement des forces ne
tardant pas à survenir chez les uns comme chez les
autres , ils étaient tous dans un égal danger. L’assou
pissement fut l’accident le plus redoutable que présenta
�(
)
cette affection ; le délire , au contraire , fut constam
ment d’un heureux augure , lors même qu’il survint
avec des convulsions. Je passerai sous silence les dé
tails qui ont trait à cette fièvre , aux autopsies cada
vériques auxquelles elle donna lieu et au traitement qui
fut employé pour la dompter ; c’est dans le mémoire
qu’il faut admirer la candeur avec laquelle les faits s’y
trouvent exposés 'et la sagacité qui dirigea les moyens
de guérison. Quelles que soient pourtant les bornes
que m’impose un discours de cette nature , je ne puis
m’empêchcr de payer à la mémoire de notre collègue ,
le tribut de reconnaissance que lui dut cette cité , pour
l’avoir préservée de la contagion et du malheur non
moins grand de la craindre. Plus jaloux de faire le bien
que de briguer des récompenses et de capter les suf
frages d’une multitude irréfléchie , M. de Joyeuse cou
vrit des voiles du mystère un événement qui aurait
jeté l’épouvante parmi les citoyens et la terreur dans
tous les environs : félicitons-nous , Messieurs , d’avoir
trouvé deux fois l’occasion d’imiter son exemple et
d’avoir acquis, par-là, des droits à une satisfaction
intérieure au-dessus de tous les efforts de l’envie.
Quoique la relation d’une maladie rare, dont l’issue
a été funeste , qui n’a point d’affinité avec les autres
maladies connues , soit peu susceptible de contribuer
aux progrès de l’a rt, nous n'en devons pas moins de la
gratitude à relui qui en a rédigé et conservé l’histoire.
En écrivant celle d’une petite vérole inoculée qui tomba
eu délitescence cinq jours après son apparition, sans
porter d’atteinte apparente à la santé de l’individu, qui
reparut trois semaines après , se compliqua avec les
symptômes les plus extraordinaires , notre collègue pa
ra.t n’avoir eu d’autre but que celgi de montrer com
bien la nature est bizarre dans ses écarts et cachée
dans ses desseins. Cette pièce dans laquelle les idées
�( ï 3'5 )
théoriques se trouvent un peu trop pressées , n’en est
pas moins un chef-d’œuvre sous le rapport du genre
descriptif et pourrait au besoin en servir de modèle.
On peut juger par cet aperçu avec quelle économie
M. de Joyeuse savait mettre à profit les inslans qui
n’étaient pas consacrés à ses occupations cliniques ; il
est difficile de se persuader qu’un seul homme ail pu
suffire à toutes les lectures auxquelles il s'est livré dans
l’espace de sept à huit ans, aux extraits qu’il en a fait,
et aux mémoires qu’il a rédigés : ces extraits sur la
pathologie , la chimie et la matière médicale fourniraient
à eux seuls les matériaux de plusieurs gros volumes.
Ainsi s’écoulaient ses années dans dès soins aussi nobles
qu’utiles , lorsqu’aux témoignages flatteurs qu’il en re
cevait de ses concitoyens , le gouvernement ajouta les
marques de la plus haute confiance. Des fièvres malignes
épidémiques , ayantxjnfecté en *779? les équipages
de nos vaisseaux en Espagne , la contagion s’y ré
pandit avec une promptitude tellement désastreuse,
qu’elle menaça plusieurs fois de suspendre les opéra
tions de la guerre. Les secours de l’escadre étaient de
venus insuffisans , et la mort moissonnait.presque tous
les malheureux frappés de cette maladie. Louis X V I, qui
ne temporisait jamais quand il pouvait sauver la vie à
un seul de ses sujets, ordonna à M. de Sartines de
prendre les mesures les plus actives pour arrêter les pro
grès d’une telle calamité , et ce ministre crut ne pou
voir mieux servir son souverain , la patrie et l’humanité
qu’en envoyant notre collègue à Cadix, en qualité de
médecin supérieur des troupes de terre et de mer.
ne rapporterai pas ici tout ce qu’il fit poi)r remplir di
gnement un aussi glorieux emploi ; la rapidité de ses
succès, la confiance de deux armées, le respect qu’il
inspira à un peuple dont les piœurs n’opt jamais svm-?
patlpsé avec les nôtres , les éloges des généraux , la re-
�134
(
)
connaissance des officiers et du soldat, un dévouement
que le malheur d’être atteint deux fois de la maladie ,
ne rallentit pas , prouvent mieux que de minutieux dé
tails qu’il était fait pour remplir cette importante mis
sion. Pendant qu’il en exerçait les devoirs , on vendait
à Marseille l’emplacement de l’arsenal devenu inutile
et onéreux à l’état, Sa réunion à celui de Toulon , en
traîna le licenciement ou le déplacement des employés ;
M. de Joyeuse conserva seul son poste , d’après un
ordre du F»oi , qui voulut récompenser, ainsi, de grands
et périlleux services.
De retour de Cadix, en 1784» il reprit le cours ordi
naire de ses occupations , de ses goûts et de ses tra
vaux. L ’académie le vit cultiver ses séances et enrichir
ses porte-feuilles d’un nombre considérable de produc
tions scientiliques ou littéraires ; elle l’entendit pro
noncer un éloge dans lequel il se peignit lui-même , en
croyant .ne faire que le portrait du savant aimable et
modeste dont il était chargé d’honorer publiquement la
mémoire (1); elle le vit enfin à sa tète complimenter en
vers charmans , une princesse aussi élevée par sa nais
sance que par ses vertus, et lui exprimer des sentimens
que ses bienfaits ont tant justifié depuis lors (a).
Semant avec art cet athicisme qui donne des grâces aux
moindres choses , plaît à tout le monde et ne blesse per
sonne, il était accompli pour la société dont il faisait les
délices ; mais , quoique très-répandu dans les premières
maisons, il se rendait utile à toutes les classes , et on
le voyait fréquemment quitter un cercle brillant pour
aller porter des consolations et des secours dans le réduit
f i ) Éloge de M . Esprit-Joseph
merie de Mossy , 1784.
Seren.
Marseille , de l’impri
(0) M m e. la üuohesse d'Q rléans.
f
�< i35)
obscur de l’indigence. Entrainé , néanmoins , vers
l’étude par un penchant irrésistible , il revenait avec
un nouveau plaisir dans son cabinet auquel il donnait
la plus grande portion des inslans que lui laissait l’exer
cice de sa profession. Son voyage de Cadix l’avait mis
dans le cas de faire des observations curieuses sur di
vers objets relatifs au commerce et à l’agriculturej il au
rait voulu en tirer un parti avantageux pour son pays,
et ce fut dans cette vue qu’il rédigea un mémoire sur le
spart, lygeum spartium de Unnie , espèce de jonc em
ployé à la fabrique de certains cordages dont on fait
en Provence une grande consommation. Il se livra aussi
à quelques recherches sur la soude fourrée d’Espagne ,
de Saint-Jean-d’Acre , de Tripoli de Syrie et sur la
culture du kaly , plante à laquelle nos climats méridio
naux paraissent favorables.
Au milieu des jouissances que donnent la considération,
le savoir et la fortune, M. de ,Joyeuse sentit qu’il man
quait quelque chose à sa félicité. Encore célibataire,
quoique assez avancé en âge , ce n’était ni par dédain,
ni par caprice qu’il avait tardé à former des liens dont il
eut tant à se féliciter. Convaincu, comine l’a dit un
homme de beaucoup d’esprit , que sans les femmes le
commencement de notre vie serait privé de secours,
le milieu de plaisir, la fin de consolations , il avait
toujours eu pour elles uu penchant auquel l’estime
avait servi d’attrait. Affranchi des entraves que la raison
lui avait imposé jusqu’alors , il sollicita et obtint
1789, la main de Mlle, Geneviève Reboul , à laquelle
il eut le malheur de survivre. Il n’eut pas d’enfant de
son mariage , mais la bienfaisance ne tarda pas à pla
cer dans son cœur une partie des jouissances de la
paternité. Les troubles qui désolèrent la France firent
doublement sentir à notre collègue le prix d’une union
qu’il avait contractée presque vers leur commencement.
en
*
�36
( i
)
Forcé dans ces cruels momens à renoncer à toutes ses
habitudes, à fuir des liaisons qu’il ne pouvait plus
cultiver sans compromettre sa liberté , il trouva auprès
de sa compagne des charmes d’autant plus attachant ,
qu’ils prenaient leur source dans les qualités dont elle
était ornée. Riais les jours de deuil et la guerre ci
vile ayant enfin trouvé un terme , les lettres , les sciences
et les arts revinrent avec la tranquillité dans une patrie
qui leur était chère ; d’anciennes institutions furent alors
rappelées et quelques-unes de celles qui ne pouvaient
être rétablies en l’état où elles étaient avant nos divi
sions , renaquirent sous une autre forme. C’est parmi
ces dernières qu’il faut placer notre Compagnie , dont
l ’établissement doit être regardé comme la réorgani
sation de l’ancien collège royal de médecine , sous une
nouvelle dénomination , avec quelques modifications que
l ’esprit du temps a paru rendre nécessaires. Ceux qui
douteraient de la vérité de cette assertion , pourraient
remonter à l’époque dont je parle pour s’en convaincre *
ils n’y verraient dans le principe que la réunion de tous
les membres de l’ancien collège , adoptant dans leur
Société autorisée par le gouvernement un certain nom
bre de médecins qui avaient droit à leur estime, que
les circonstances passées avaient forcément privé d’une
honorable agrégation et dans les mains desquels ils ont
laissé l’héritage de leurs titres et de leurs archives.
D’après le portrait que j’ai fait de notre collègue j
on doit bien se douter de l’intérêt qu’il apporta au
rétablissement de ces divers corps; celui-ci ne peut
être comparé , en effet , qu’à la satisfaction connue de
l’y posséder, au respect dont il fut entouré , et à l’in
fluence avantageuse qu’il y exerça par ses lumières,
son expérience et son aménité. L’habitude du travail
et de la méditation lui avait rendu faciles les pro
positions les plus abstraites, les sujets les plus op-
�3
( i 7 )
posés ; son esprit loin d’être affaibli par l’âge , sem
blait avoir acquis plus d’activité, et prenait toutes les
directions que l’à-propos rendait nécessaires C’est ainsi
que presque octogénaire , il adressa à M. l’amiral Gantheaume , une réfutation du nouveau système des poids
et mesures, et qu’occupant le fauteuil de l’Académie,
il prononça en faveur du commerce , un discours propre
à en faire ressortir toute l’utilité et à indiquer les moyens
d’en favoriser les progrès parmi nous. La matière était
neuve pour lui ; cependant avec quel art et quelle magie
ne parvint-il pas à la présenter On eut dit que toute
sa vie , il avait réfléchi sur les principaux ressorts de
cette source d’opulence. C’est spécialement pendant scs
deux présidences , dans cette Compagnie , Messieurs ,
qu’il a développé ce mérite transcendant auquel nous ren
dons aujourd’hui plus particulièrement hommage : quel
talent pour poser clairement les questions, et quel
esprit d’ordre pour les résumer ! Vous ne pouvez vous
rappeler sans un vif intérêt les deux discours qu’il
prononça dans vos séances publiques, l’un sur le bon
heur et la santé , l’autre sur la modestie du médecin.
Ces deux opuscules dans lesquels on retrouvait les prin
cipes qui avaient toujours servi de base à la conduite
privée médicale , furent applaudis avec transport on
croyait, à leur lecture, entendre la sagesse elle-même
communiquer avec complaisance ses maximes à tous
ceux qui voulaient en profiter. Le premier de ces écrits
rendu public par l’impression (i) n’a pas besoin d’ana
lyse : il est impossible de donner celle du second dont
le manuscrit est perdu. Je me rappelle pourtant qu’après
avoir rendu hommage, dans celui-ci , aux fgrandes et
1
(0
Marseille. Imprimerie typographique, an X I. t vol.in-S0'
T . V I.
Septembre iS z 3«
18
�158
(
)
belles découvertes de Lavoisier, il attaquait vivement
un des points essentiels de la doctrine de ce savant chi
miste. L ’enthousiasme fiançais n’aurait pas pardonné
alors une pareille critique et de semblables réflexions à
tout autre qu’à un homme de l’âge de notre collègue;
cependant le principe qu’il avait combattu a été depuis
peu renversé de fond en comble et l’erreur est una
nimement reconnue. Ce discours fut le dernier que M.
de Joyeuse prononça parmi nous ; il cessa même dèslors de fréquenter nos séances, sans nous être moins
attaché pour cela : j’en appelle aux larmes d’attendris
sement qu’il versa à notre vue , quand dans sa dernière
maladie nous vînmes lui exprimer notre dévouement,
Confident et dépositaire des secrets de son cœur, j’ai
recueilli mille fois les démonstrations de la prédilection
qu’il avait pour notre Compagnie, dont son grand âge,
le besoin de repos et la distance des localités l’avaient
seuls éloignés. Ce moment fut aussi ceiui où il réduisit
sa praLique à la consultation et à quelques malades
auxquels il était attachés par les liens du sang ou par
ceux de l’amitié. Presque toujours retiré dans son ca
binet , il bornait tous ses plaisirs à l’étude , à s’en
tourer de sa famille, et à s’entretenir avec un petit
nombre d’amis; « j’ai besoin , disait-il , de la retraite,
^ mais je la veux aimable et riante; dans ma situation
» on doit éviter les secousses et ménager toutes ses
» forces pour amener doucement les voiles, afin d’entrer
s> plus sûrement dans le port ». Qeulque frein qu’il
eut mis à l’activité de son imagination , il ne put ré
sister , néanmoins , au désir de rendre un nouveau ser
vice à l’art de guérir. L’Académie de médecine de Paris ,
avant proposé, il y a environ quatre ans, un sujet
de prix sur cette question : Quels sont les signes qui in
diquent ou contr indiquent la suie,née , soit dans iss
f^vres intermittentes, soit dans les fièvres continues, sous
M
�le mm de putrides ou adynamiques, de malignes ou.
ataxiques , il crut trouver dans les résultats d’une expé
rience de soixante années , des delaireissemens victo
rieux sur l’emploi d’un remède qui a fait naître tant de
discussions. Faisant abstraction de toute espèce de théorie,
et de ce que les auteurs ont pu avancer sur les bons
effets de la saignée dans les differentes sortes de fièvre ,
il entre en matière pat un theoréme simple, et le prouve
par ses observations. Il résulte de ses démonstrations
que le remède est toujours sûrement indiqué par la
plénitude , la fréquence et la force du pouls , ainsi que
par la douleur vive établie dans l’une des trois cavités,
lors spécialement qu’elle menace des vicères délicats,
d’une inflammation et d’une hémorragie, quelque soit
d’ailleurs l’état apparent des forces. Ses juges, parmi
lesquels se trouvaient des médecins dont il attaquait
les systèmes , lui accordèrent l’accessit, en lui repro
chant d’avoir dédaigné la partie théorique de la ques
tion ; peut-être auraient-ils dû l’en louer d’avanlage :
quoiqu’il en soit, les praticiens jugeront bientôt ce tra
vail , et lui assigneront le rang qu’il doit occuper parmi
les progrès de la science (i).
Cet ouvrage fut le dernier qu’écrivit notre collègue ;
peu de temps après l’avoir achevé , il commença à
sentir les premières atteintes de la maladie à laquelle
il succomba : c’était un affaiblissement notable des forces
et de la respiration , qui dégénéra peu à peu en œdème
des poumons. Peut-être aurait-il pu retarder la forma-
le docteur N i e l a réalisé ce qu’ il annonçait en 1 8 1 6 ,
à la Société de médecine ; il a publié avec des notes et observa
tions qui lui sont p ro p res, le m ém oire de son am i. C e mé
moire a été inséré dans le 6 .œe n .° de notre journal*
(*Vb£« du. Rédacteur-général).
�tion ou les progrès de cette dernière affection , s’il avait
voulu se soumettre à un régime différent de celui qu’il
avait suivi jusqu’alors ; mais persuadé que la mort n’est
que le commencement d’une meilleure vie , il ne vou
lait aucun secours, et persista dans l’habitude de se
nourrir d’alimens trop peu toniques , trop peu succulens.
Forcé à un repos absolu, lorsque le mal eut empiré,
et ne pouvant même remplir, par la lecture , le vide de
ses longues journées , il en abrégeait la durée par les
riches souvenirs que lui offrait une mémoire rare et
dont il jouit jusqu’à son dernier moment. Doué d’une
pitié franche et sincère , il remplit ses devoirs de reli
gion d’une manière touchante et propre à ébranler l’in
crédulité la plus décidée. Ranimé de temps en temps
par les soins assidus de ses nobles nièces , il leur con
sacra , sans partage , les derniers mouvemens de sa
sensibilité. Enfin, entièrement détaché de la terre, il
expira dans mes bras après avoir appelé à plusieurs re
prises la compagne qui , pendant vingt-cinq ans , avait
fait son bonheur.
Un an environ avant sa m ort, lorsqu’il croyait ne
plus occuper de lui que quelques parens ou quelques
amis, le fi ère bien-aimé de notre Roi sut découvrir
sa retraite , et lui prouva que sous les bons princes ,
la vertu reçoit tôt ou tard sa récompense , quelque soin
même qu’elle prenne de se cacher. En couronnant dans
M. de Joyeuse , par la décoration de la légion-d’honneur , la lidélité et de grands services , M. le comte
d’Artois combla de reconnaissance une Compagnie , qui
s’est toujours identifié avec la gloire de ses collègues , et
s’est constamment fait un plaisir de signaler le vrai
mérite, quelque part qu’il put se trouver.
�(
ruum- ■ ■ rr-n-.-.j-.
■ ■
- '~
TROISIÈME
)
1
rr-tr ■
PARTIE.
LITTÉRATURE MÉDICALE , NOUVELLES
TIFIQUES , MÉLANGES , ETC.
i.°
A
d’ o u v r a g e s
n a l y s e
—
SCIEN
i m p r i m é s
.
raawalOJSCtClWsæ»---- -
sur la fièvre jaune d'Amérique , ou considérations
sur les causes , les symptômes et le traitement de cette
maladie , avec l'histoire de l'épidémie de la NouvelleOrléans en 1822 , et le résultat de nouvelles recherches
d’anatomie pathologique, entreprises pour en déterminer
le siège , par P . F', T h o m a s , ex-chirurgien entretenu
de la marine française, secrétaire-général de la Société
médicale de la Nouvelle-Orléans , l’un des médecins
de l’Hôpital de Charité de la même ville , membre
honoraire de la Société médicale de New-York , et
correspondant de la Société de médecine de Bordeaux.
Précédé de considérations hygiéniques sur la NouvelleOrléans, par J. M‘ P icoiinell, membre de la Société
médicale de Paris, de la Société patriotique de Madrid,
de la Société médicale de la Nouvelle-Orléans (une
broch. in-8.° de i
pages ; à la Nouvelle-Qrleans et
à Paris, chez Baillière , libraire, 1 8 2 0 ) .
E ssai
38
O n a tant écrit sur la fièvre jaune, qu’il serait bien
permis , au premier abord , de considérer comme su
perflu l’essai de M. le docteur Thomas Mais ce a’ , ■
point pour démontrer la non-contagion de cette maladie
�(
142
)
qu’il a composé son ouvrage. Un tel but serait un peu
tardif, cette opinion , ainsi qu’il l’avoue , étant aujour
d’hui presque universellement partagée par les méde
cins qui ont observé plusieurs épidémies. Il a voulu
seulement se rendre utile aux médecins qui iront exercer
à la Nouvelle-Orléans, soumettre quelques idées parti
culières et produire les résultats d’une observation de
plusieurs années , lesquels se rattachent assez à la doc
trine du jour. L ’essai de M. le docteur Thomas mérite
donc une analyse. Nous verrons bientôt, par celle-ci,
que cet essai méi ite également de figurer à côté des bonnes
productions que nous possédons sur le même sujet. Il est
divisé en quatre parties. La première est consacrée à
des considérations hygiéniques sur la Nouvelle-Orléans et
ses environs , par M. Picornell , médecin espagnol qui,
du moment qu’il se fixa dans cette ville , ci ut de son
devoir d’en étudier avant tout la topographie médicale, et
qui ,en partant pour l’ile de Cuba où il est encore aujour
d’hui , fit présent de son manuscrit à M. le docteur
Thomas. Celui-ci , dont la modestie justifie déjà le mé
rite , a faiL figurer à la tète de son travail les consi
dérations du docteur espagnol , comme étant selon lui
de beaucoup .'supérieures à celles qu’il aurait pu faire.
Ces considérations sont , en effet, très-importantes , et
pouvaient-elles ne pas l’être , puisqu’elles sont le fruit
d’un homme qui « docile au précepte de l’immortel
Hippdcrale a observé le climat , l’air, les eaux , la situa
tion des lieux et leur influence sur la santé des habitons,
comme élanL Punique voie qui put lui faire reconnaître
les causes des maladies endémiques, et trouver les
moyens de les prévenir et d’y remédier autant qu’il
était possible ».
L ’auteur entre d’abord dans quelques considérations
générales sur l’air ; il fait voir que ce fluide entretient
la sauté, s’il est pur , mais qu’il devient la source et le
�143
(
)
propagateur des maladies les plus funestes , s'il existe
dans sa composition un mélange disproportionné ou s’il
est vicié par des gaz méphitiques, des miasmes putrides,
etc. La conservation de l’air dans toute sa pureté est
donc une condition bien importante pour le maintien
delà santé , et cependant, cet objet est celui qui occupe
le moins les habitans de la Nouvelle-Orléans.
Cette ville , dont la population s’élève à plus de
trente mille âmes , est située sur la rive gauche du
Mississipi, sous le 29° , 57 ’ de latitude N . , et 10 ° ,
’ de longitude ( méridien de Washington ). Elle
s’accroît rapidement et compte déjà quelques beauxédifices. Ses. rues sont assez larges ; elles n’étaient
point pavées, et on y voyait à l’époque ( 1819) où
l’auteur a écrit ses considérations , des matières ani
males et végétales en putréfaction , et on y jetait des im
mondices , etc. j mais par les soins du maire , de grandes
améliorations pour la salubrité de la ville ont eu lieu.
Les maisons de la Nouvelle-Orléans ont été cons
truites sans égard pour la commodité et la salubrité.
Les chambres à coucher , très-peu spacieuses , sont en
général au rez-de-chaussée , lequel n’est pas assez élevé
pour les préserver des inondations et de l’humidité
permanente du sol. Les cheminées sont construites de
manière qu’elles consomment beaucoup de bois , don
nent peu de chaleur et beaucoup de fumée. Les cours,
excepté celles des familles dans l’aisance, sont trèsmalpropres : on y fait la lessive , on y lave ,1a vais
selle , et elles contiennent tant d’immondices , qu’on
voit des fosses d’aisance à côté des puits , ou pour
mieux dire des trous à la surface du terrain , recou
verts de quelques planches, sans maçonnerie, etc. , et
dans lesquels on jete les débris de végétaux , d’ani
maux , etc. A la vérité, il y a maintenant peu de la
trines de ce genre , M. Thomas observe , dans une
44
�( 144 )
note, qu'en général on se sert de grands bidons > qu’oô
va vider au fleuve lorsqu’ils sont remplis, M. Picornell nous apprend que les vidanges sont faites sans pré
caution ; il s’arrête un instant sur les inconvéniens qui
peuvent en résulter , parle du méphitisme , des latrines
inodores pour le prévenir , ce qui le conduit à rappeler)
le procédé de M. D 'Arcet, en citant l’article latrines
du dictionaire des sciences médicales. Il signale aussi
une faute très-grave : celle d’habiter trop tôt les maisons
nouvellement bâties, et il a bien raison , puisque la
chaux humide , comme on sait , absorbe une partie du
gaz oxigène. Le séjour dans les appartenons nouvelle
ment blanchis est donc dangereux ; la peinture fraîche
ne l’est pas moins , suivant l’auteur qui passe ensuite
au développement des détails qui l’autorisent à regarder
la Nouvelle - Orléans comme une ville très-humide en
raison de sa situation basse , d’un sol peu incliné , et
de la grande quantité d’eaux stagnantes qu’on voit dans
les faubourgs et les lieux adjacens, « Pourquoi , dit M.
» Picornell, la ville est-elle le seul point de la contrée
» où siège presqu’annuellement la maladie qui la dé» peuple ? C’est parce que , s e u l e , elle contient une
» quantité considérable de matières corrompues ; c’est
» ainsi que ces matières animales et végétales, ces cuirs,
» ces pelleteries, donnent lieu aux fièvres les plus
» graves et même à la fièvre jaune ».
Après s’être spécialement occupé des fojers maré
cageux , l’auteur examine d’autres miasmes putrécens,
tels que ceux qui s’exhalent des magasins qui contien
nent des viandes et des poissons salés , tels que ceux
qui émanent des animaux morts et même corrompus
que l’on voit dans les rues , ceux que le vent d’Est ap
porte de plusieurs boucheries , bien que situées sur
1; rive opposée du fleuve , etc., etc.
Un autre objet qui mérite la plus sérieuse attention,
�( *45 )
est un cimetière situé presque dans ia ville $ et en
outre trop petit pour la population. L’hôpital est aussi
mal situé, mal organisé, mal desservi. M. Picornelt
voudrait qu’il fut transporté dans une meilleure situa
tion , et qu’on y joignit une école d’instruction médicale ,
un institut clinique, afin d’acquérir une connaissance
plus étendue des maladies du pays , et de la méthode
de traitement qu’elles exigent. Sans entrer dans de
trop longs détails , il fait sentir le besoin de cet établisse
ment j par quelques considérations tendant à justifier
cette vérité, qu’il est de la dernière importance de
connaître les lésions organiques propres
chaque ma
ladie. De là , la nécessité de l’anatomie pathologique ,
et ce n’e st, dit M. Picornell , que dans un hôpital que
cette branche intéressante de la médecine peut-être
cultivée avec fruit. Mais pour mieux démontrer les
avantages qui peuvent résulter de cette étude, ce mé
decin , analysant la doctrine physiologique , fait re
marquer que c’est par l'ouverture des cadavres des in
dividus morts à la suite des fièvres essentielles , bi
lieuses f putrides , malignes , jaune et autres , que M .
le professeur Broussais est parvenu à constater que
ces fièvres sont le résultat d’une irritation plus ou moins
intense , puisqu’il a constamment trouvé les traces de
la phlegmasie qui les alimentait. L ’utilité et la nécessité de l’observation clinique dans l’hôpital étant prou
vées , il ne reste plus qu’à tracer les moyens d’éta
blir et de maintenir cette institution , et c’est ce que
fait M. Picornell qui bientôt après passe aux détails
concernant la géole. Une prison mal construite, renfer
mant à-la-fcis les infortunés qui ne sont que prévenus
de délits avec les coupables convaincus , et parmi eux
des hommes retenus pour dettes , tous respirant un air
vicié par la respiration , par la transpiration *
T. VI. Septembre ilia .
19
à
3
par là
�*46
<
)
combustion et l’humidilé , tel est le triste tableau que
le médecin espagnol présente d’abord ; il parle ensuite
des effets de l’altération de l’a ir, surtout alors qu’il est
chaud et dans une sorte de stagnation, et citant à
propos le professeur Fodéré , il soutient que les vapeurs
qui s’élèvent continuellement du corps de l’homme
vivant j quoique en parfaite santé , long-temps retenu
dans le même lieu, sans être dispersées dans l’atmos
phère , donnent naissance aux fièvres des camps , des
prisons, des hôpitaux. M. Picornell se livre à des
considérations historiques qui viennent à l’appui de
cette vérité , et linit par indiquer les moyens les plus
propres à assainir les lieux ( les prisons surtout ) des
tinés à contenir un grand nombre de personnes.
Il ne croit pas devoir dire beaucoup de choses des
eaux 5 si elles sont mauvaises dans tous les pays ma
récageux , le fleuve qui baigne la Nouvelle-Orléans
préserve cette ville de ce grave inconvénient.
Il examine ensuite l’influence des vents sur la tem
pérature dominante et sur la salubrité du pays, Quelleque soit la diversité des zones qu’ils ont traversées i
ils apportent toujours , vu la situation topographique
des lieux environnans , l’humidité des pays aquati
ques et marécageux qu’ils ont parcourus avant d'arriver
à la Nouvelle-Orléans. « L’humidité , dit l’auteur, qui
règne généralement dans ce pays , relâche les fibres
et les amollit , diminue la transpiration , détermine et
augmente la force abondante de la peau , et accroît les
différentes nuances de température sur nos organes.
Effectivement, un air humide froid paraît plus froid ; il
paraît de même plus chaud quand il est chaud et humide ».
Enfin c’est à celte humidité comme aux changemens
Subits du froid au chaud , et surtout du chaud au froid
humide , qu’il faut attribuer presque toutes les maladies
affligent les habitans de la Nouvelle-Orléans. Pour
qui
�( *47 )
tarir la source dç tarit de maux , ou au moins les
diminuer , M. Picorne.ll propose : i.° d’établir un con
seil de santé composé en partie de médecins ; 2.0 d’ou
vrir des canaux nécessaires pour l’écoulement des eaux ;
3.° d’éclairer l’opinion publique ; 0 d’étab'ir une po
lice inexorable sur l’exécution des règle mens. sanitaires,
Il s’attache ensuite à démontrer les avantages ri'un
conseil de santé , non comme ceîui qu’il y a aujour
d’hui, mais, comme il le voudrait, composé de trois
médecins expérimentés et laborieux , d’un chimiste
et d’un secrétaire.
La deuxième partie commence le travail de M.
Thomas , qui débute par des considérations géné
rales où il s’abstient de redire les divers noms que
l’on a donné à la lièvre jaune , et il conserve cette
dénomination, si universelle, en reconnaissant, toute
fois , combien elle est inexacte ; il ne pense pas
que celle de meningo-gastrique soit plus exacte , mais
par la raison que la fièvre ]auné se complique tou
jours avec l’angiotènique , le nom de fièvre ardente
paraît lui convenir plus particulièrement, en y joi
gnant l’cpithète de maligne ou ataxique „ eu égard aux
anomalies nerveuses qu'on y observe quelquefois dès
le début , et presque toujours à la seconde ou à la
troisième période. Enfin, dans une note , il repousse
victorieusement quelques assertions hasardées que ren
ferme l’ouvrage du D. Chabert, publié en 1821 et
intitulé : Réflexions médicales sur la maladie spasmodicaTypirienne des pays chauds , vulgairement appelée fièvre
jaune , fièvre qne le D. Chabert prétend avoir été
mal-à-propos confondue avec la fièvre ardente. Riais,
cette proposition , fruit de l’hypothèse , suivant M.
Thomas , est combattue par l’observation.
Passant aux causes de la fièvre jaune , la chaleur
interne , dit-il, jointe à l’humidité est placée en pie-
�tnière ligne par un grand nombre de médecins. Mais
il ne voit pas que cette opinion soit fondée , puisque
les médecins qui ont observé plusieurs épidémies de
fièvre jaune dans les lieux où elle existe habituellement,
l ’été et l’automne , tels que N ew -York, Philadelphie ,
Baltimore , la Nouvelle - Orléans , etc., s’accordent à
dire que constamment elle s’est développée lorsque à
des pluies fréquentes succédait la sécheresse jointe à
une chaleur intense. C'est qu’alors, ajoute-t-il, la putréfac
tion des eaux croupissantes et des matières animale?
et végétales déposées a lieu , et constitue le foyer
d’infection dont parle le judicieux docteur Deveze,
dans son excellent traité de la fièvre jaune , lorsqu’il
dit : s? Il n’est que deux causes que l’on puisse rev garder comme nécessaires à la production de la fièvre
» jaune : la chaleur atmosphérique et un foyer d’infec» tion j partout où ces deux causes sont réunies,
» cette maladie peut se montrer , partout où elles
s) manquent, elle ne se montre jamais.
» Les vents et les pluies , ou le débordement de
» quelque rivière , peuvent bien être égulemeat dans
» certains cas, causes nécessaires de la fièvre jaune ;
» mais ce n’est qu’en produisant les foyers d’infections
» comme je le ferai voir plus tard ; et dès-lors elles
» ne doivent être considérées que comme causes secon» daires ( i) ».
M. Thomas est conduit par le raisonnement à con
clure que l’humidité n’est pas indispensable pour occasioner la fièvre jaune ; qu’il faut seulement ÿ ne quan
tité de miasmes et un dégré de chaleur convenables.
Ayant ensuite recours à l’observation , base fondamen-
(i)
Traité de la fièvre
pag. n 5 .
jaune.
P a r is ,
j 8z 2
, in-8.°
�(
i 49
^
taie de notre a r t, il fait voir que l'encombrement des
individus joint à l’intensité de la chaleur a développé ,
dans certains cas , la quantité de miasmes voulue pour
la production de la fièvre jaune.
Des auteurs ont soutenu que les environs de la mer
ou d’un grand fleuve étaient exclusivement dévastés
par la fièvre jaune. Telle n’est point l’opinion de M.
Thomas , qui pense avec M. Deveze que cette fièvre se
développera chez les indiv/dus aptes à la contracter ,
partout où une chaleur intense unie à un foyer d’in
fection , existera pendant un certain temps. Cette
vérité est confirmée par M. Pariset et surtout par M. L.
Valmtin, qui s’exprime assez clairement à cet égard
dans son intéressant traité de la fièvre jaune : k on
» s’est assuré , d it-il, que les différens endroits où ia
» fièvre jaune a régné , et qui par leur éloignement
» n’ont aucune communication avec la mer, étaient
» environnés de substances en putréfaction, et d’eaux
» stagnantes dont le lit resserré par la sécheresse avait
» laissé , en partie , la superficie de la terre à décou
vert (i) ».
Une autre cause non moins énergique de la terrible ma
ladie, c’est le remuement du so l, dans les lieux réunis
sant d’ailleurs les conditions nécessaires. M. Bally est
cité pour appuyer cette proposition que M. Thomas rend
incontestable par des détails fjistoriques sur Iq NouvelleOrléans. Cette ville, avant 1796, était peu étendue,
entourée d’arbres qui par leur ombrage empêchaient
la putréfaction des eaux dans lesquelles leurs pieds
étaient plongés , et qui , comme on se l’imagine bien ,
devaient absorber une grande partie des miasmes
délétères. Mais le canal Carondelet ayant été construit,
(1) TfaUé 4e la fièvre jaune.
p.
74
et 75 .
�( i5o )
canal de deux milles de longueur , et qui se termine
par un bassin creusé précisément dans le lieu où étaient
situés les anciens cimetières , e tc ., des fortifications
entourées'de fossés ayant été faites , les arbres qui
entouraient la ville ayant été abattus, jusqu’à une cer
taine distance; on vit bientôt se dégager en abondance
des effluves pestiférés, et ce qui est notable, c’est que
la première épidémie de fièvre jaune , qui emporta
d’abord presque tous les ouvriers occupés à ces tra
vaux , eut lieu en 1796, précisément alors que ces
travaux, mais surtout le canal, furent achevés.
Passant aux causes qui se rapportent au tempéra
ment, à l’âge, au sexe , et au défaut d’acclimatement,
l'auteur retrace ce qu’on a dit de mieux à ce sujet.
Il s’attache en même temps à combattre l’opinion de
M. Chabert , qui a donné le nom de spasmodico-lipy-<
vienne à la fièvre jaune , parce qu’il considère, dans
celle-ci , le système nerveux [comme constamment af
fecté le premier , et l’inflammation d’un ou de plusieurs
organes internes comme toujours secondaire. M. Thomas
prétend , au contraire, que c’est le système circula
toire qui est primitivement et particulièrement in-:
fluencé , et que ce système réagit ensuite sur les au
tres et spécialement sur le système nerveux ; que ce
lui-ci , à la vérité, est primitivement affecté chez quel
ques individus , mais que ces cas rares sont des excep
tions à la règle générale , et tiennent à l’idyosyncrasie
peu commune de certains individus.
Dans la troisième partie, l’invasion , les Symptômes,
le développement, les terminaisons et le traitement
de la fièvre jaune sont successivement exposés avec
beaucoup de clarté et assez de précision. L ’auteur, qui
suivant M. le docteur L. Valentin, regarde cette ma
ladie comme une variété de la fièvre-ardente , com
pliquée de malignité , donne ici un tableau comparatif
�(
i
5
i
y
analytique des causes et des symptômes de ces demi
maladies , afin de démontrer leur simillitude au moins
vers leur commencement; il s’occuppe ensuite du trai
tement général de la fièvre jaune , et , après s’être
élevé contre certaines méthodes curatives , après avoir
fait cet aveu , que le traitement le plus convenable
est encore généralement peu connu, il s’étaye de
l’autorité de Bruce, Lind , Bush, B a il, Pouppé ,
Chaujfepiè, Carey, Mosseley, Gogde , Carson\ de MM.
Dr.veze , L. Valentin , Félix-Pascalis, Gilbert, Jackson ,
Tommasini , Palloni , B aily , etc. , etc. , pour soutenir
que les anti - phlogistiques conviennent toujours au
commencement ; mais ajoute-t-il, chez tel sujet, c’est
la saignée qui est d’abord préférable ; chez tel autre ,
ce sont des sangsues, les doux minoratifs ; chez tous,
les délayans, la diète absolue , les lavemèns émoliens , e tc ., etc. 11 pense que chez les individus robustes
et sanguins , les saignées pratiquées dès l’invasion, et
poussées jusqu’à défaillance , ainsi que le veut le cé
lèbre Bush , sont susceptibles de réussir ; aussi , louet-il la méthode du docteur Maxshal, médecin à St.Yago-de-Cuba, mort depuis quelques années : ce pra
ticien saignait dès le début, plongeait le bras dans
l’eau chaude, lorsqu’il avait ouvert la veine, et laissait
couler le sang jusqu’à ce que le malade ne ressentit
plus de. douleur à la tête ; il arrêtait alors la saignée ,
administrait à l’intérieur les délayans et les adoucissans. La céphalagie recommençait-elle , il réitérait la
saignée de la même manière. Ce qui nous a paru
d’abord singulier, c*est que les purgatifs sont utiles
quelquefois, d’après M. Thomas. A la vérité, il ne
les recommande que comme anti-phlogistiques , car ce
n’est que des minoratifs dont il veut parler. Toute
fois , nous ne pouvons nous décider à placer au nombre
�I
s
f IÔ2 )
des doux purgatifs, celui dit de Coiffau ( i) , bien
que le relâchement de la fibre dans un pays chaud
et marécageux , ainsi que le fait remarquer M. Thomas ,
oblige à doubler la dose qu’on est dans l’usage de pres
crire en Europe. Ce médecin nous apprend que cette
méthode laxative a été souvent employée pendant
l’épidémie de 1822 , et dans plusieurs circonstances
avec quelques avantages. Une chose remarquable,
c’est que le remède a été pris dans les premiers jours
de la maladie , c’est-à-dire, alors que l’état phlogistique
était le plus marqué. Rendons pourtant justice à M.
Thomas : par la raison qu’it'esL loin de penser que
cette méthode puisse convenir dans tous les cas, il
fait assez sentir qu’en général, elle n’est rien moins
qu’utile , ces cas étant selon lui sans doute peu com
muns , et il a raison de préconiser la méthode anti
phlogistique directe ou révulsive comme la principale ,
la seule convenable dans la première période de la
fièvre jaune , en la variant et la modifiant selon les
circonstances. Le traitement est bien différent dans
les autres périodes , la seconde surtout; il n’est pas
de médicament, comme l’a fort bien observé M. Deveze,
qui n’y puisse trouver sa place, etc. , etc.
La quatrième partie a été consacrée à la description
de l’épidémie de la Nouvelle-Orléans , en 1822. Une
des circonstances qui ont concouru au développement
de cette épidémie, ce sont les fouilles de terre assez
considérables q u i. pratiquées pendant l’hiver et le
printemps précédens, pour le pavage des rues-de la ville,
( t ) Eren e* : nitrate de potasse , 3 gros ; sulfate de soude , 6
gros ;
tartrate acidulé de potasse , 3 gros ; acétate de po-t
tasse , 24 grains.
D issolve* daas une bouteille d ’ eau cbauds<
�ét la construction d’un grand nombre de fhaisbns,
Continuèrent pendant une partie de l’été.
Dès la fin d’août (i) la maladie se fit observer ; cllfe
devint tout-à-coup épidémique au commencement dù
septembre , et deux mois après , un fort Vent du
Nord ayant ed lieu , elle fut arrêtée dans sa marche
dévastatrice piresque avec la même rapidité qu’elle avait
commencé , et se réduisit à quelques cas sporadiques,
ce qui est évidemment une preuve que la maladie n’était
nullement contagieuse, et que l’air en était le prinicipal véhicule. Cette vérité est encore démontrée par
la manière dont la maladie se développa : « un des
premiers cas , se manifesta au bassin , liëu trèsvoisin du cimetière, à une extrémité dé la ville,
et qui , par sa position, réunit air dégrë le plus éminent,
les conditions nécessaires pour donner naissante à là
fièvre jaune. Ün autre eut lieu peu après au centre
de la ville , rue Bienville ; un troisième, tue Royalë ;
entre celle du Maine et de St.-Philippe ,. très-loin des
deux premiers endroits , tin quatrième ail faubourg Mdrigny, rue Moreau ; un cinquiêmé enfin de l’autrfe
bord dn fleüvè, vis—à—S?ïs la ville , dans ün lieu situé
près d’une briqueterie où travaillaient, en remuant
continuellement le sol , une soixantaine ü’Europëénÿ ,
Allemands et Irlandais , qui périrent presque touS
pendant l’épidémie. Les cinq individus désignés tofri-t
fièrent malades à-peü-près en tnenie - temps , et Suc
combèrent dans peu de jours ».
« La maladie se propagea ensuite ifirégulièrefrient
dans la ville et les faubourgs avec une extrême pfoih'p*
titüde ; mais lë faubourg Ste.-Marie j situé à l’O uest,'
(0
Ces détails ont été com m uniqués en partie par M . U T l.
q
, toràê V d e ae jdotnSl.’
h . f ra ie n tin . V o y e z la pag
5
T . V t S e p ie H ib r è i à i S ;
td
�*54
'(
)
fut le plus maltraité , ainsi que la partie de la ville
qui y correspond, tandis que les faubourgs de Marigny
et de Clouet, situés à l’E s t, n’éprouvèrent que peu
de perte, quoiqu’un des premiers cas eut pris nais
sance dans l’un deux ».
u Frascati , sorte de maison de plaisance , située
à l’extrémité Est du faubourg de Clouet , était le re
fuge de plusieurs personnes non acclimatées , qui
malgré le voisinage de la ville , y jouissaient d’une
très - bonne santé , quoiqu’elles fussent fréquemment
visitées par les habitons des quartiers infectés : trois
des personnes qui l’habitaient vinrent en ville , à
diverses époques de l’épidémie , y contractèrent la
maladie, nonobstant le peu d’hçures qu’elles y séjour
nèrent. , et retournèrent à Frascati où elles mouru
rent, sans la communiquer à personne ».
L ’auteur produit trois observations dont l’une con
cerne un jeune français atteint de la fièvre jaune, qu’il
croit avoir guéri par l’application de moxas le long
de l’épine et sur l’épigastre j la seconde observation
offre cela de particulier, qu’une très-vive douleur à
tin doigt , parut en quelque sorte commencer la ma
ladie, Le, malade mourut après que les toniques , le
quinquina , le camphre, l’émétique, etc., furent pro
digués , ce qui ne nous surprend pas. La troisième
observation est relative à un individu qui éprouva le
même sort , bien que les laxatifs unis aux anti-phlogistiques eussent été employés , etc.
Enfin , M. Thomas raconte, en peu de mots, le ré
sultat de dix ouvertures de cadavres, qui le portent
à conclure que dans la fièvre jaune il existe tou
jours une inflammation , ou au moins une forte irri-*
tafîôn dans la colonne épinière et dans le cerveau ;
ces mêmes ouvertures, ainsi que plusieurs autres, faites
les années précédentes, lui ont montré constamment
�( i 55 )
l'inflammation de l’estomac plus ou moins prononcée.
On peut dire que les détails d’anatomie pathologique
qu’il donne sont assez intéressans pour faire vive-?
ment regretter qu’ils ne soient pas assez longs. L ’étiologie de la fièvre jaune offre également beaucoup d’in
térêt. Mais pour ce qui est de la thérapeutique , il
nous semble avoir remarqué une sorte de contradiction
à laquelle nous ne devions point nous attendre en
commençant la lecture de l’ouvrage dont il s’agit. En
effet, l’auteur abonde d’abord parfaitement dans le sens
de la doctrine physiologique , et nous lé voyons en
suite recourir dans sa pratique à des moyens médica
menteux que ne comporte guères cette doctrine , et
dont nous aurions désiré trouver quelque motif assez
palpable de justifier l’emploi. Quoiqu’il en * soit »
l’ouvrage de M. T h amas , écrit avec clarté et beau
coup de franchise, mérite d’être signalé comme l’une
des productions les plus propres à nous éclairer sur la
fièvre jaune.
P.-M. Roux.
2
°
R
e v u e
d e s
J
o u r n a u x
.
Journaux F ra n ça is.
( Journal de Pharmacie , mars , avril , 1820. )
— Sur un acide nouveau. Acide hydrexant hique. » •
C’est à M. L e ize , de Copenhague , que nous devons la
decouverte de cet acide. Il vient augmenter le nombre
des hydracides , il est formé d’hydrogène , de carbone
et de soufre. Son radical , qui est une combinaison de
carbone et de soufre dans une certaine proportion , 3
reçu le nom de Xanthdglne, de ce
forme avec
qu'il
�( iS6 )
îa plupart des métaux des combinaisons de couleup
jaune. « M. Treize obtient l’acide hydroxanthique , dit
» l’auteur de l’article , par la réaction de la potasse ou
» de la soude dissoute dans l’alcool sur le carbure de
» soufre. L’hydroxanthate alcalin qui se produit alors
ï> peut s’obtenir en cristaux déliés par l’évaporation
» spontanée de la liqueur, ou la vaporisation dans le
ÿ vide ; l’abaissement de température ou l’addition de
» l'éther hâtent ou déterminent la formation des cris
sa taux. »
C’est par l’acide sulfurique qu’on isole l’acide hy
droxanthique qui cède à celui-là la base à laquelle il
était combiné , et se présente sous la forme d’une ma
tière huileuse qui se précipite au fond du vase.
Le premier ordre des combinaisons de ce nouvel acide,
donne les hydroxanthates, et le second les xanthures.
On ne connaît pas encore de quel usage peuvent être
dans les arts et dans la médecine ce nouvel acide et ses
combinaisons.
— On dirait que plus la médecine simplifie la phar
macie , plus il paraît de recueils de formules. Le for
mulaire de Cadet de Gassicourt, quoique volumineux,
pourrait bien se doubler encore si bon voulait l’aug
menter de toutes les recettes qui paraissent journelle
ment dans les ouvrages nouveaux ; nous allons donner
h nos lecteurs quelques unes de celles consignées
dans le journal de pharmacie et extraites de la phar
macopée des États-Unis d’Amérique :
Cèrat de cèdre de Virginie. — Prenez cérat résineux
six parties ; feuilles de jvniperus Virginianœ en poudre
fine, une partie. Mêlez avec soin dans le cérat liquéfié ;
c’est un bon mondificatif sur les ulcères anciens.
Cèrat résineux simple. — Prenez axonge de porc huit
parties ; résine de pir.us palustris cinq parties ; cire jaune
deux parties. Faites liquéfier ensemble, eu agitant sans
jusqu’au refroidissement.
�^7
( i
)
r— Vinaigre opiacé (dit black drop, ou gouttynaires)—Prenez : opium 8 onces ; bon vinaigre liv. ; muscade
contusée i once et demie; safran
gros. Faites chauf
fer au bain-marie jusqu’à réduction de moitié , puis ajou
tez : sucre 4 onces ; ferment de bière liquide 4 gros.
Faites digérer pendant sept semaines ; exposez ensuite
à l’air libre, jusqu;à consistance sirupeuse. Passez au
travers d’une étamine, et conservez dans un flacon
fermé, en ayant soin d’ajouter une petite quantité de
sucre au liquide , afin qu’il ne moisisse pas. Ce médica
ment remplace notre laudanum liquide.
Pilules arséniées, — Prenez : acide arsénieux 2 grains;
opium pulvérisé 8 grains; savon blanc 22 grains. On
fait une masse pilulaire qu’on divise en
pilules.
Pilules de poix. — Prenez : poix liquide 1 gros ; pou
dre de racine d’aunée q. s. Formez une masse de con
sistance requise , qu’on divisera en 60 pilules.
Sirop d’çil. — Prenez : ail coupé menu 4 onces ; eau
bouillante 2 livres. Faites macérer dans un vase clos
pendant 12 heures , puis passez la liqueur. Ajoutez le
double de sucre blanc en poids et faites un sirop S. A.
C’est un vermifuge et un bon expectorant.
Teinture de cantharides et de poivre long. —- Prenez :
poivre long , capsirum annuum 1 gros ; cantharides pul
vérisées I once 2 gros ; eau-de-vie 1 livre. Faites di
gérer pendant dix jours et filtrez.
Teinture de gayac amyioniacce. — Prenez : résine de
gayac en poudre onces ; alcohol ammoniacal 1 liv. et
demie. Faites digérer pendant dix jours ep agitant de
temps en temps et filtrez.
4
3
3
»— Formule du sirop d'orgeat préparé par M, G kuel ,
pharmacien , à Versailles. -7- A m a n d e s d o u c e s , 12
on ces ; a m an d es
a m è r e s , 4 o n c e s ; e a u f ilt r é e , 2 l i v . ;
s u c r e r o y a l , 4 liv -. S o n c e s ; e a u d e f le u r s d ’o r a n g e r s ,
J once.
�( i58)
Il faut monder les amandes , les dessécher dans
une serviette, les piler sans eau dans un mortier de
marbre , avec deux livres de sucre , jusqu’à ce qu'elles
soient réduites en poudre ou pâte bien homogène, alors
on ajoute peu-à-peu les deux tiers d’eau pour la
délayer, et on exprime à travers une toile bien
serrée et bien lavée ; la totalité passe à l’instant sans
laisser aucune portion de parenchyme, le reste de
l’eau est employée à laver la toile. Celte émulsion
étant ainsi préparée , on concasse les deux livres huit
onces de sucre restant , on les mêle au lait d’a
mandes , et on fait fondre sur un feu doux. Lorsque
le sirop est fondu or. le laisse refroidir , et on enlève
avec soin la pélicule qui doit être délayée avec l’eau
de fleurs d’orangers ou une autre eau aromatique qu’on
ajoute au sirop. Ainsi préparé , ce sirop est inalté
rable et ne se sépare jamais.
Tout en rendant justice aux connaissances pratiques
que M. Gruel déployé dans la préparation du sirop
d’orgeat , nous aurions voulu qu’il n’eut donné pour
du nouveau que la manipulation et non l’idée prin
cipale de piler d’abord les amandes avec une partie
du sucre. Dans ses élémens de pharmacie , 8.e édition,
Baume , auquel il faut souvent revenir pour les faits
de pratique , s’exprime ainsi dans les remarques qui
suivent la recette du sirop d’orgeat : « quelques per» sonnes ont cherché les moyens d’empêcher le sirop
» d’orgeat de se séparer. Les uns prétendent qu’en pi3? lant les amandes avec une grande partie de sucre
» qui entre dans la recette , on forme un oleo-sac3î charum qui divise l’huile d’avantage, et fait qu’elle
» ne se sépare pas avec la même facilité ».
—» Nous donnerons en entier les deux articles suiyans de M. J»-J. V, , ne les croyant pas susceptibles
d’être analysés sans les dénaturer.
�/
59
( i
')
■—<Huile de poisson employée comme remède extérieur.
— « En plusieurs contrées des Pays-Bas , les habitans
qui ont des enfans menacés de rachitisme t dès les
premières époques de cette affection , et lors même
qu’il existe déjà un ramollissement des os , friction
nent ces enfans avec l’huile de foie de morue , oleum
jecoris aselli. Plusieurs médecins expérimentés ont
recommandé cette pratique, et ce remède a paru propre
à fortifier , à rétablir ces enfans en santé. Ce remède
n’a que le désagrément de la mauvaise odeur, et dé
l’espèce de malproprété qui en résulte. La Société des
sciences d’Utrecht a mis au concours diverses questions
relatives à l’emploi de cette huile animale , avec son
analyse chimique.
A cet égard on sait qu’en Angleterre on fait usage ,
contre les rhumatismes , de l’huile de foie de la Chimœra moustrosa, L. , ou chimère arélique , poisson
hideux qui habite le fond des mers du Nord , où il
se nourrit de petites crabes. Celle huile, très-liquide,
passe aussi pour la plus propre à défendre le fer de
la rouille. Les huiles de poisson , en effet, sont plus
pénétrantes et hydrogénées que celles des animaux
terrestres.
— Teinture de stramonium.
Le stramonium a
été vanté contre le rhumatisme par Zollickojfer , en
teinture. On met une once de ses semences macérer
dans l’alcohol ; on y joint une once d’extrait d’opium
et deux onces d’esprit-de-vin camphré aromatique, La
dose est de 8 gouttes chaque jour, on l’augmente jus
qu’à produire le vertige. On peut aussi l’employer en
friction à l’extérieur.
— Sur les pierres de serpent, Sortes de bèzoards
analysés par John D avy . — Ce chymiste a trouve,
dit M. V ir e y , que ces pierres sont composées de
phosphate calcaire , d'une petite portion de carbo-
r
�(
ï
6o
)
nale de chaux avec des traces légères de charbon'.'
Tout porte à croire qu’elles sont le résultat d’os cahcinés, qu’elles n’ont d’autres qualités que celles des
terres absorbantes , et qu’il ne faut attribuer la grande
confiance que les Indiens ont à ces sortes de prépara
tions , qu’à la prétendue guérison dé la morsure non
venimeuse de plusieurs serpens : « La plus grande
» partie des morsures de serpens dit l’auteur, est
» supposée Venimeuse , quoique cela ne soit pas tou» jours , et ainsi l’on suppose plus de cures qu’il y
v en a ».
—- Notice sur un nouveau genre dé fraude , par A ,
C h e v a l l i e r . — Cette fraude s’exerce sur les quinquinas,
et les résultats en sont assez considérables pour que
nous rapportions cet article presque en entier. Il
est à souhaiter que la Société de pharmacie trouve le
moyen de bien reconnaître les quinquinas ainsi falsifiés,
pour signaler à l’autorité les débitante d’une drogue
inerte , malsaine , que le pharmacien pourrait malheu
reusement croire bonne, tandis qu'eu la donnant telle,
il distribuerait, pour ainsi dire , le poison au malade
dans,la vue de lui rendre la sauté. « La quantité considé
rable des écorces de quinquina employées , dit M . Che
valier, pour obtenir la quinine et le sulfate de cette base ,
ayant fait augmenter le prix de ces écorces , quelques
personnes épuisent en partie des quinquinas', leur font
subir quelques opérations et les remettent de nouveau
dans le commerce. Des détails sur cette fraude m’ayant
été communiqués ,• j’ai cru devoir signaler un com
merce lucratif pour ceux qui le font, mais dont les
conséquences peuvent être bien funestes ».
« Plusieurs sortes de quinquinas ont été traités ; mais
ÿ jusqu’à présent , il paraît que le gris et surtout le
£ jaune sont ceux qui ont été exploités avec profit
> pour ce nouveau genre d’industrie.
�( ï 6 i 'i
i> Voici le mode d’agir : on prend le quinquina en>> tier, on le fait macérer pendant huit heures dans de
i l’acide hydrochlorique étendu d’eau. Après ce temps
» on porte le liquide qui a servi à la macération à
» l’cbulition , on le coule , on remet une nouvelle
» quantité d’eau acidulée , et on répète la décoction.
» On réunit les liqueurs passées , et on les précipite ,
5) par le lait de chaux , en suivant ensuite pour l’ex» traction le procédé donné par M» Henry fils, à l’ex» ception qu’au lieu d’employer de l’alcohol pur , on em» ploie l’alcohol de fécule tel qu’on le trouve dans le
» commerce.
« 11 paraît qu’en suivant cette méthode , on obtient
» de ioo livres de quiquina jaune , o onces de qui-*» nine qui , réduite en sulfate, donnent une quantité de
» ce sel moindre que la quantité de quinine obtenue ,
s> ce qui est dû à ce que cette quinine est encore
» accompagnée de matières étrangères.
» Le quinquina gris traité de la même manière donne
» moins de substance alcaline que le jaune , le rouge
i> moins encore ; mais il acquiert une belle couleur
» rouge qui permet de le mettre facilement dans le
i commerce.
v Quand le quinquina est retiré de la chaudière ^
» on le lave à trois ou quatre reprises avec de l’eau
5> et on le passe dans une eau alcalisée avec l’ammo» ninque. Sorti de ce dernier bain, on le fait bien
» sécher j on le jète , avec de la poudre de quinqninaj
» dans un tonneau suspendu par un essieu qui le tra-'
» verse et qui porte sur deux pivots. A l’un dès bouts
» de i’esSieu , est une manivelle qui sert à communiquer
» au tonneau un mouvement de rotation , on donne ce
» mouvement , et lorsque le quinquina est bien posé „•
n on le retire et on l’encaisse pour le mettre dans ie
» commerce ou pour l’envoyer dans les villes d’hit
T. VI. Septembre 1823.
21
3
�( 162 )
à quinquina rious arrive ordinairement. Là on l'expédie
■» de nouveau pour Paris , où nous sommes tous ex? posés à l’acheter ».
«Il serait urgent, je pense, ajoute M. Chevallier ,
que la Société de pharmacie nommât une commission
qui serait chargée d’examiner quels sont les caractères
physiques des quinquinas épuisés partiellement, com
parativement avec les quinquinas qui n ’ont pas subi
cette altération ; cet examen aurait le double avantagé
d’être utile à la pharmacie et à l'humanité ; il donnerait
des notions qui , faisant rejeter du commerce les quin
quinas altérés , mettraient lin à ce commerce frauduleux.
Avant de terminer cette notice , M. Chevallier parle
delà falsification des produits du quinquina, soit de la
quinine, soit du sulfate de cette base en mêlant an pre
mier de la magnésie , et du sulfate de chaux cristallisé
en petites aiguilles au second. Mais heureusement que
ces fr audes sont faciles à décéler; l’alcool, comme lapierre
de touche devient le garant des pharmaciens instruits, il
dissout la quinine et son sulfate , tandis que la ma
gnésie et le sulfate de chaux restent insolubles, et
attestent, par leur présence , jusqu’à quel point la cu
pidité peut être portée.
— Sur l'emploi, en médecine , de la gomme arahiçue, par M. V audin, de Laon. — « Le grand nombre
» et l’intensité des gastrites et des gastro-entérites , dit
s> M. Vaudra, qui ont régné depuis quelques mois dans
» les environs de notre ville, avait rendu très-fréquent
» l’emploi de la goitiifjc. arabique. Prévenu que celte
#■ substance pulvérisé## loin de produire l’effet adou» eisftmî que l’on attendait, amenait un surcroît d’irriif fatiorr f i crus devoir en rechercher la cause. Déjà
j’avais observé qué la gomme passée à l’étuve, où
S? elle se fendille avec bruit , dégageait une odeur
* d’aigre ,<puis' de caïaïftel, et acquérait, pulvérisée ,•
♦
z'’
�(
i63 )
s» une saveur particulière qu’elle ne possède pas avant
» ces opérations. J’essayai de la réduire en poudra
» à l’état naturel j mais la multiplicité des percussions
ÿ ramena les mêmes propriétés, quoique un peu moins
» prononcées. En rapprochant les faits, je crus pou» voir obvier aux inconvéniens produits par cette double
» cause, et à celui que présente le sirop fait à chaud,
» de moisir et se gâter promptement dans l’été , en le
* faisant à froid t en effet , préparé de cette manière ,
» il peut se conserver indéfiniment, mais n’a pas, à la
» vérité , une'saveur aussi agréable que suivant le codex.
» On trouva bientôt qu’en outre , il n’était pas irri» tant. Je proposai donc aussi la substitution de la
» gomme finement concassée, non exposée à l’étuve ,
» et fondue à l’eau froide, à celle pulvérisée; et les
» bons effets constamment obtenus de ce nouveau mode
» de préparation déterminèrent en sa faveur.
Tel est le fait présenté‘à la Société de pharmacie part
M, Vaudin. Voici ce qu’ont dit à ce sujet MM. Bajet
et Blondeau chargés de faire un rapport sur ce travail :
enous avons divisés,disent-ijs,nos expériences en quatre
séries :
1,
° Avec la gomme arabique non séchée , fondue à
l’eau froide ;
2,
° Avec la gomme arabique non sechée , fondue à.
Peau bouillante ;
,
° Avec la gomme arabique séchée fortement, fondue
à froid ;
4.0
Avec la gomme arabique séchée fortement, fondue
à l’eau bouillante.
Pour faire les sirops avec ia gomme séchés fortement
nous avons exposé de la gomme dans une étuve et nous
liji avons fait subir une chaleur de 45 degrés, elle s’est
fendillée , a perdu sa transparence , n’a pas donné 4e
marques d’acide acétique ; du papier tournesol placé au
milieu de la gomme n'a éprouvé aucun changement.
3
�( i64 )
M. V a u à in , n’ayant pas donné de proportion de
gomme et de sucre , nous avons préparé nos quatre
sortes de sirop d’après celles du codex , qui sont :
Sirop blanc , 2. liv j gomme , 8 onces ; eau , 8 onces.
Ces sirops ainsi préparés nous ont présenté les carac
tères suivans :
Sirop de gomme non séchée , fondue à froid : saveur
agréable , rougissant faiblement le papier tournesol.
Sirop de gomme non séchée , fondue à chaud : saveur
moins agréable , rougit le papier tournesol.
S/'rop de gomme séchée fortement , fondue à froid :
«aveur âcre , rougissant fortement le papier tournesol.
Sirop de gomme séchée fortement , fondue à chaud :
saveur très-âcre, rougit fortement le papier tournesol.
Ces simples expériences démontrent que la chaleur
que l’on fait subir à la gomme -, y développe un acide
qui donne une saveur désagréable nu sirop ; que la
préparation du sirop de gomme fait à froid et avec de
la gomme non séchée est préférable à tous les autres,
ainsi que l’a proposé M. Vauàin . Mais nous ne pensons
pas comme lui que le sirop prescrit dans le codex avec
la gomme fondue à chaud , soit d’un goût plus agréa
ble que le sien.
Nous ne pouvons rien décider sur la moisissure re
marquée par M. Vauàin ; le peu de temps que nous
avons eu ne nous a pas permis de l’observer ; mais nous
ne pensons pas que cela doive arriver à un sirop que l’on
prépare aussi souvent, e tc ., etc. ».
C oxjret.
3 .°
V ariétés.
Le conseil royal de l’instruction publique vient
de prendre un arrêté d’après lequel les bacheliers
fs-lettres non encore pourvus du diplôme de bacheliers
ès-sciences, qui désirent être admis aux cours derç
�<35
( i
)
Facultés de médecine , au commencement de la pro=
chaîne année scholaire, pourront être inscrits provi
soirement dans lesdites Facultés , pourvu qu’ils se
soient fait inscrire préalablement sur le registre des
examens des Facultés des sciences établies dans les
mêmes villes. Ils devront être examinés et munis du
grade de bachelier ès-sciences , avant de prendre leur
deuxième inscription. L’examen des élèves roulera sur
les premiers élémens de l’arithmétique et de la géor
graphie, et sur les notions les plus élémentaires de
la physique , de la chimie et de l’histoire naturelle.
— Le projet d’élever un monument à la gloire des
gens de l’a rt, etc , n’a paru inexécutable que par le
défaut de moyens pécuniaires. Si les confrères , nous
ne dirons pas de tous les p ays, mais de toutes les
villes de la France , souscrivaient pour une somme
dont le minimum serait de vingt francs , on aurait
bientôt des fonds suffisons, et que serait-ce si les
médecins établis à l’étranger grossissaient la liste
des souscripteurs! Le D. Chatard, de Baltimore. s’est
engagé pour oo francs au cas où ce louable projet s’ef
fectuerait et il écrit à M. Segaud : « Si nos confrères
» des États Unis nous aident, j'aurai soin de vous
» faire parvenir le résultat de lpur libéralité ».
— Loin de s'éteindre , la petite vérole a continué
de se répandre ce mois-ci parmi les enfans , et a
atteint même quelques adultes. On a observé tjue des
individus qui avaient été vaccinés ont eu une érup
tion anomale et qu’aucun d’eux n'est mort. Quelques
cas de rougeole et de scarlatine se sont aussi pré
sentés. Dans tous les cas, les anti-phlogistiqujs, dirigés
par des mains habiles , ont été très-avantageux.
— D ’après le relevé des registres de l’État—civil de
la mairie çle Marseille , il y a eu en Août 182I
? naissances ; 3 i q décès et 67 mariages.
P.-M. Roux.
5
55
�(
^. °
C o n c o u r s
166 )
a c a d é m i q u e s
.
proposés par l’Académie royale des siences de
l’Institut de France.
Prix de physique, pour être décerné dans la séance
publique du premier lundi du mois de juin 1825.
Déterminer par une série d’expériences chimiques et
physiologiques, quels sont les phénomènes qui se succèdent
dans les organes digestifs durant l'acte de la digestion.
Les expériences devront être suivies dans les quatre
classes d’animaux vertébrés.
Le prix sera une médaille d’ôr, de la valeur de ooo fr.
Lé terme de rigueur pour l’envoi des Mémoires est
le premier janvier i a .
Prix de physiologie expérimentale, fondé par M. de
Montyon.
Une médaille d’or , de la valeur de g fr. , sera
donnée à l’auteur de l’ouvrage imprimé ou manuscrit
qui aura été adresse à l’Académie avant le premier
janvier 1824, et qui lui paraîtra avoir le plus contribué
aux progrès de la physiologie expérimentale.
P r ix
3
85
85
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
qu’en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc■ , de ses membres soit titulaires, soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d’être publiés,
die n'a égard qu'à l'intérêt qu'ils présentent à la science
médicale; mais quelle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs(
H qui n’ont pas encore la sanction générais.
�( 16 7 )
BULLETINS
-
DE
LA
SOCIÉTÉ
DE
Septem
bre
({
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
1 8 2 3
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X X L
W N V IA
R em arqu es sur le vaccin , sous forme d'aphorismes ,
pour la facilité des lecteurs ; par M. B o u s q u e t ,
docteur-mvdecin , ■ chirurgien en chef de l’hôpital .de
Eeziers, correspondant de la Société royale de méde
cine de Marseille, etc.
1
L e vaccin préserve de la variole ; il éteint chez
l’homme et chez les animaux qui y sont exposés,
le germe de cette maladie , peu importe de quelle
manière il agisse ; peut-être même les suites pourront
prouver si quelques autres maladies éruptives ne sont
pas de son domaine.
2.0
Il est des enfans chez qui le vaccin refuse de
se développer ; j’en ai vu certains chez qui il m’a
fallu percer le cuir pour obtenir quelque succès ; ces
enfans seraient-ils prédisposés à être exempts de petite
vérole , et le vaccin n’ayant rien à faire contre elle
refuserait-il d’agir i c’est un problème.
.° Le vaccin ne détruit pas toujours le virus vario
lique en entier ; j’ai vn souvent même après le vaccin,
ùde épidémie variolique régnant, des enfans attaqués
d'une éruption variolifcrme , mais moins violente qui»
3
�( i6 8 )
la vraie variole, et se terminant avec plus de promp
titude qu’elle , mais s’accompagnant de mouvemens fé
briles et d’autres accideris.
-° Celte particularité tiendrait-elle encore à la cons
titution du sujet qui, prédisposé à avoir une variole
confluente, de la manière qu’il en est qui n’en ont
que très-peu , l’eut eue très-abondante s’il n’eut pas été
vacciné ; e t , conséquemment, le virus-vaccin ne seraitil pas suffisant chez, lu i, inséré de la manière ordinaire l
et serait-il nécessaire de multiplier les boutons du pré
servatif, en raison de la prédisposition de chacun?
c’est ce que je pense , et que la seule observation
peut faire connaître.
.
° Lé vaccin est vrai ou faux : le premier a' une
marche plus lente que l’autre ; il a le temps d’atteindre
le virus variolique, et de le détruire en excitant les actes
nécessaires à cette opération importante ; le faux
vaccin va trop rapidement, son effet est purement
local, il n’éteint pas partout le venin variolique,
aussi laisse-t-il le vacciné exposé à ses ravages... Pour
plus grande sûreté , je pense qn’il serait bon d’insérer
des boutons aux bras, aux jambes et ailleurs , pour
que le contact du virus atteigne le virus variolique
partout.
6.° Le vaccin le plus vrai , devient faux chez
certains individus, et du vaccin à marche trop aiguë
prend chez certains autres le caractère du vaccin de
bonne qualité ; la disposition particulière des sujets
produit celte différence.
y.° Le vrai vaccin vers le quatrième jour de l’in
sertion , commence à peine à présenter une petite tache
rouge, vers le neuvième jour il est à son point de ma
turité et propre à être inséré ; le neuvième il s’épanouit
et se déprime dans le centre : la circonférence se gonfle
et rougit, à peine quelquefois un peu de mal aise et
4
5
�( 16 9 )
de fièvre tourmentent le malade, peu après l’écharre se
détache , une croûte épaisse et sèche se forme et la
cicatrice reste.
8.® Le faux vaccin paraît vers le deuxième jour , il
se gonfle et suppure de suite , et laise â peine sa trace
sur l’épiderme.
9.0 Il n’est pas indiffèrent dans ce choix du vaccin,
d’examiner l’état de celui qui le fournit; les maladies cu
tanées surtout, et celles du système nutritif sont facilement
transmises par lu i, d’un vacciné à l’autre , tout comme
il n’est pas hors de propos, quoiqu’on en dise, de pré
parer un peu l’enfant qu’on doit vacciner ; j’ai vu la
fièvre survenir, et changer totalement la marche du
vaccin. Trop de chaleur, trop de froid peuvent nuire
aussi, et les enfans doivent être laissés à leur tem
pérature naturelle.
10. Il est bon quand on vaccine, de ne tirer le
vaccin que de l’aréole séreux qui environne ce bouton ,
et mieux encore de ne prendre que la sérosité qui
s’écoule après la première sortie.
11.
° Il ne faut pas trop tourmenter les boutons de
vaccin quand on en extrait pour l’insérer , ni étendre
sur les environs la sérosité qui en suinte ; il s’ensuit
une inflammation plus étendue et plus violente , et les
enfans souffrent beaucoup plus et plus long-temps. Il
est même prudent de couvrir le bouton ouvert d’un
peu de charpie sèche , pour absorber la sérosité , et dè
la recouvrir d'un cataplasme émollient. Les feuilles de
poirée renvoycnt cette sérosité sur la peau et l’irritent :
on ne doit les employer que quand une abondante sup«
pufation est nécessaire.
12.0 J’ai vu du vaccin survenir spontanément à de*
enfans qui co-habitaient avec des vaccinés, j’en ai inséré,
il a réussi. Peut-être était-il dû à quelque égratignure
T." V I. Septembre iS iô .
22
�( I 70 )
touchée par des vaccinés qui s’étaient grattés leurs bou
tons , c’est ce que je n’ai pu découvrir.
l .° J’ai vu plus de quarante enfans avoir la galle trans
mise de l’un à l’autre avec le vaccin : des glandes
gorgées, des ophtalmies, des gonflemens des articu
lations. Probablement chez ces derniers , l’écoulement
qui suit la chute de l’escharre n’avait pas été suffisant,
et conséquemment il est des sujets chez qui un écou
lement prolongé convient, ainsi que quelques remèdes
consécutifs.
14.0 La manière d’insérer le vaccin,en soulevant à peine
l’épiderme , pour mettre en contact avec le corps mu
queux de la peau , 11’est pas toujours suffisante , il est
des enfans chez qui il faut aller plus bas , et en agis
sant ainsi , on peut tirer du vaccin un plus grand
parti !... On est sur i.° qu’il prend; 2.0 selon les indi
cations , on peut produire un écoulement plus ou moins
abondant et prolongé , et mettre par-là les enfans à
l’abri de tout accident produit par la résorbtion du
virus.
i .° L’enfant à vacciner est-il faible et maladif, la
méthode ordinaire suffit ; est-il vigoureux, et comme
dit le vulgaire, chargé d’humeurs , on fait des mouche
tures de z , de , de 4 , de
et de
lignes au plus,
on essuie le sang qui coule , et l’on n’insère le virus
que quand il est arrêté , sans quoi il entraîne ce virus
dehors , et il ne réussit pas.
16.0 Quand on insère le vaccin de cette manière, vers
le 8.e jour le centre de la moucheture se- déprime, et
se trouve occupé par une escharre, étendue en raison
de sa longueur, et sa chute laisse après elle un écoule
ment assez abondant, qu’on peut entretenir tant qu’on
veut à l’aide d’un pois de cire ; le centre de fluxion
qu'il établit dans ce point attire à lui ce qui pourrait
nuire , en refluant dans le système nutritif. Ou le sup
prime quand on veut.
5
5
3
5
6
�7
( Ï I >
17.
® Si l’enfant a des dispositions marquées aux af
fections écrouelleuses ou autres engorgemcns, cette
méthode, secondée par les altérans d’usage devient tresavantageuse ; j’ai vu la disposition completlement chan
gée par les effets du vaccin prolongé.
18.
®Il est imprudent de purger les enfans, après la
chute des escarres , la nature cherche à chasser l’hetherogêne par la peau ; les purgatifs l’attirent sur le basventre et le mésentère en souffre, ainsi que les autres
glandes intérieures.
19.0
On peut suivre ces observations, elles sont vraies;
et je ne doute pas qu’elles n’ouvrent un vaste champ à
ceux qui savent observer ; elles sont le fruit de l’expé
rience.
R e m a r q u e s sur l'épilepsie, par M . B o u s q u e t , D .-M . etc.
1 ° Cette maladie contre laquelle la plupart des
secours de l’art a jusqu’ici échoué , n’est cependant pas
absolument incurable.
2.0
Je l’ai considérée comme affection nerveuse pério
dique, et classée dans la série des fièvres intermittentes ,
et c’est en l’attaquant comme telle , que je suis venu
à bout de guérir nombre de gens qui en étaient
atteints ; je n’ai pas réussi sur tous , mais au moins la
moitié a retiré les meilleurs effets de mon traitement ;
je n’en fais pas un mystère , on peut l’employer , je
vais l’indiquer , et quand sur cent , vingt seulement
seraient guéris , je serais content.
.° Celles qui sont de naissance cèdent dificilcment ;
mais celles que quelque accident fait paraître, tels que
la peur, la crainte , les peines , quelque passion vive,
sont aisées à guérir; voici ma marche.
3
4-° Si la maladie a des époques fixes , elle est plus
�(
l T2
)
facile à traiter ; si non je prends un terme donné, et
c’est [sur lui que je me base , par exemple : suppo
sons les paroxismes quotidiens , je mets le malade au
régime , je lui prescris une diète assez sévère , je le
saigne , ou je lui fais appliquer des sangsues à l’anus,
et ce, en raison de ses forces et de sa constitution;
je le fais émétiser le lendemain ; je le purge en apozèmes
le jour d’ensuite , et ainsi préparé, j’applique quelque
exutoire ; le seton à la nuque me paraît préférable, le
feu sur le vertex, et ensuite pendant quatre jours je
fais prendre de quatre en quatre heures un des bols
suivans , modifiés selon l’âge et les forces du malade ;
mais ici je suppose que ce soit un adulte.
Bols antispasmodiques.— Kina pulvérisé, i gros; magné
sie, 20 grains; poudre de gutlette, 6 grains ; zinc sublimé,
4 grains ; sirop de capillaire, s.q. ; camphre, demi-grain;
extrait de valériane ,
grains , pour chaque bol. On
l’avale, délayé ou non , et de suite après une lasse d’in
fusion de fleurs de tilleul. Pour les enfarrs , c’est le tiers
ou la demi-dose, selon.
Il est rare que dans huit jours il paraisse deç paroxismes , et s’ils existent, ils sont de beaucoup moindres.
Dans ce cas, je continue le remède ou je suspends et
recommence ensuite , et pendant le relâche , je fais
prendre des bains et beaucoup de boisson de décoction
de racines de valériane ou pivoine , etc.
.° Si les paroxismes sont de quinze jours eq quinze
jours , de mois en mois , d’un an à l ’autre, de deux
en deux ans , je commence le traitement six jours à
l’avance , et supposons que ce soit le 28 du mois, le
20 je saigne ; le 21 , émétique ; le 22 , médecine ; les
» , 24 , 2.5, 26, 27 , bols. L ’époque passée, bains,
tisane, régime jusques au 20 du mois suivant , et ainsi
de suite selon la longueur des apirexies , pendant qua
tre à cinq époques , et par la suite de loin en, loin j’y
reviens.
4
5
3
�( 17 3 )
6.° On n’a rien à craindre de ces moyens , et j’espère
qu’en les mettant en usage on n’aura qu’à s’en louer ,
c’est ce que j’attends ; ce qui me surprend agréablement
bien souvent ; car les chirurgiens qui se chargent du
traitement , ne cessent de m’en faire l’éloge ; au reste,
c’est ici l’expérienee qui parle , et non le raisonnement ;
je n’aime pas à sisthématiser , et selon moi, un succès
vaut mieux qu’un volume de paradoxes.
SÉANCES
VENDANT
DE
LE
M OIS
LA
DE
d ’a
SOCIÉTÉ
OUT
l8 2 Û ,
i Août. — Cette séance a été entièrement conascrée
aux conférences cliniques.
g Août. — M. Roux faitlecturede deux rapports,l’un sur
deux observations pour servir à fhistoire de la glossopathologie , communiquées par M. Pierquin , médecin de
Montpellierj le second, sur un mémoire de M. Roilande , médecin à Château-Renard, intitulé: Coup-à' œil
rapide sur la cataracte.
— M. Sigaud , lit ensuite un rapport sur le Compte
rendu des observations faites à VHôtel - Dieu de hyon,
depuis le i . er octobre 18 19, jusqu’au I.er octobre 1822 ,
par ilf. Trolftet , doyen des médecins de cet hospice.
La séance est terminée pur le scrutin de MM.Pierquin
et hollande qui sont reçus , à funanimité , membres
correspondans.
16 Août- — M. Roux lit un rapport sur la traduc
tion du truité Hippocrate , commenté par Piquer, etc.,
par M. J -B.-P. Labqrie , médecin de iViontpeliier , qup
la Société admet un nombre dp ses rpenibres correspopdans.
�174
(
)
Le reste de la séance est employé aux conférences
sur les maladies régnantes.
s Août. — M. le secrétaire-général donne lecture :
ï.° d’une lettre de M. Serene , médecin de Toulon , qui
adresse deux Observations de fièvre cérébrale , dont le
rapport «st confié à M. Sat ; 2.° d’une lettre de M.
Vassal, Secrétaire-général de la Société de médecine pra
tique de Paris , accompagnée de plusieurs exemplaires
de l’éloge historique du docteur Ducamp , ( dépôt dans
les archives ).
M. Favart lit un rapport sur l’ouvrage de M. Bro
chet , médecin de Lyon , ayant pour titre : Essai sur
îhydroccphalite aiguë ; et M. Giraud-St .-Rome fils , fait
un rapport sur un mémoire du même auteur , relatif
aux fonctions du système nerveux ganglionaire.
ô Août. — Lecture est faite d’une lettre de l’Aca
démie des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Marseille,
qui invite la Société à sa séance publique. La députa
tion d’usage est nommée. M. Fenech lit un rapport sur
la dissertation de M. Xav. Roux, intitulée : quelques consi
dérations sur les perforations spontanées de l’estomac.
M. le professeur Delpech, présent à la séance,
fournit ensuite , à la prière de la Société , des détails
circonstanciés sur l’opération qu’il a faite à un jeune
malade atteint d’un cancer cérébriforme dans le sinus
maxillaire droit , détails importans qu’il fait suivre du
développement de ses idées sur la formation des cancers,
des kystes , et sur la nature des maladies organiques.
:3
3
S E G A U D , Président.
S u e , Secrétaire-général.
J
�MEURES -
~ rll-: U K
T H E R M O S ! I;
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765,18
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+24,0
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Idem,
Quelques n u u g e l.
N. O .
Idem.
O. S .0. insen. Serein.
O. S. O.
Idem. Lc'g. brouil, le m.
Idem.
Quel. nuag. ; mais f. rar
O.
Serein. Brouil. le mat.
.
Quelques nuages.
S. 0 .
Nuageux et vaporeux.
0.
Très-nuageux.
S.
Tout nuageux.
Idem.
Quelques légers nuages.
S. S. E.
Nuages rares.
Idem .
Très-nuageux.
N . O.
Trés-nuag. ; pi., ton.,gr.
N . 0 . bon. bris. Très -nuageux.
N. 0Quelq. éclaire. ; leg. pl.
O.
Très-nuageux ; pluie.
Idem.
Quelq. nuag. ; br. le m.
N. 0 .
Quelques nuages»
i dem.
Nuageux.
O. S. O.
O.
9
N . O . très-fo rt I d e m .
N . O. ton.
Quelques nuag.;br. le s.
E.
S.E.
S. 0.
S.
E. S. E.
S. S. .
0
Moyenne!.
Quelq. légers nuages.
Serein.
Vapor. et quelq. lég n.
T. nuag. et neb.; br. le m.
Couvert avec pluie,
Très- nuageux.
�44
RÉCAPITULATION.
5
Plus grande élévation du B a ro m è tre ......................
763mm, 22 , le , à midi.
Moindre élévation....................................................... .
746 > » Ie 2 9 ,à heures.
Hauteur moyenne du Baromètre , pour tout le mois 757 , 18.
Plus grand degré de chaleur.
*. . . *
. ». +28 °,
> le 4» à heures.
Moindre
idem. .
. . . . . .
.
> I *, le 26, au lever du soleil.
Température moyenne du mois..................................... -+20
67.
4
le jour . .
54mm, 8 i
j
5
3
63
77— ,
.
la nuit. , .2 0 ,82 )
1 de p lu ie .................................
.
1 entièrement couverts . . , I .
] de brume ou de brouillard.
.
Nombre do jours
„ < de gros vent. . . . . .
j sereins
• » . v , . * »
! de tonnerre............................. 1.
j de g r ê l e ................................ j.
Quantité d’eau tombée pendant
4
5
4
�( i
77
TROISIÈME
L IT T É R A T U R E
)
PARTIE.
M É D IC A LE , NO U VELLES
SCIEN
T IF IQ U E S , M É L A N G E S , E T C .
i.® A
n a l y s e
Recherches
d’ o u v r a g e s
i m p r i m é s
.
sur les Jonctions du système nerveux
ganglionaire , par M. Brachet, docteur en médecine,
etc. ( In-8.° Paris , 1821 ).
P our passer en revue les principaux faits rassemblés
dans ce mémoire , voici le plan que j ’ai cru
le plus
convenable :
Je présenterai textuellement les conclusions de l’au
teur, article par article; et chacun d’eux sera suivi
d’une analyse succinte des principaux faits et raisonnemens qui l’ont conduit à adopter ces conclusions. Je
terminerai par quelques réflexions sur l’ensemble de
l’ouvrage.
Avant tout et pour suivre l’auteur pas à pas , j’expo
serai d’abord quelques remarques qui servent en quel
que sorte d’introduction à son sujet.
L’auteur considérant la science de l’homme comme
la première des sciences , regrette qu’elle ne fasse pas
partie de l’éducation , /et qu’elle soit bien souvent
T. VI. Octobre 1823.
2
5
�( 17S )
effleurée par ceux qui en font l’occupation de leur vie
entière. C ’est sur l’homme vivant que l ’on apprend à
connaître l'homme vivant. La pathologie et la physio
logie , en se prêtant un mutuel appui, sont une source
féconde de découvertes. Les vivisections , qui n’ont pas
toujours répondu à l’attente des expérimentateurs , peu
vent conduire cependant à des résultats satisfaisans.
Enfin, l’anatomie comparée olfre , selon M. Brachet,
un champ fécond en résultats utiles , mais qui a été
peut-être trop négligé , ou pour mieux dire mal cultivé.
En effet, ce n’est point en se bornant à l’étude des
animaux analogues à l’homme par leur structure,
qu’on arrive à de grandes vues physiologiques ; mais
c’est en examinant les différences des organes chargés
des mêmes fonctions dans différentes classes d’animaux;
en comparant la manière dont ces fonctions sont
exécutées ; en recherchant quels organes remplacent
dans une espèce ceux qui existaient dans une autre
et qu’on ne retrouve pas dans la première, quels phé
nomènes en résultent dans la vie individuelle de
chacun , etc,
La physiologie doit tout attendre de ces trois sources
inépuisables, ctavouons-le, elle offre encore d’abondantes
moissons à faire, malgré les travaux des Haller , des
Bichat, des Chaussier , etc.
Parmi les points obscurs de la physiologie , les
fonctions du système nerveux , et surtout du système
nerveux ganglionaire , tiennent le premier rang. Cepen
dant il en est peu qui méritent une étude plus appro
fondie , à cause de l’importance de ses fonctions et des
conséquences utiles qui découleraient de leur connais
sance exacte.
Deux systèmes nerveux répandent et entretiennent
la vie dans tou9 les organes. L ’un est sous la dépen
dance d’un centre principal , auquel, en dernière ana-
�I
(
*79
)
lyse , tout vient'se rapporter; il est accessible aux expé
riences qui conduisent à une foule de résultats positifs.
L’autre , siLué profondément , enveloppant les organes
d’une manière souvent inextricable , non seulement se
soustrait aux recherches des expérimentateurs par sa
position , mais encore ne leur fournit que des conclu
sions négatives là où les expériences sont possibles;
ainsi le nerf, le ganglion interrogés restent muets, l’or
gane auquel ils se distribuent ne peut être entièrement
soustrait à leur influence.
Il faut donc tenter une autre marche pour parvenir
à connaître les fonctions de ce système.
C'est par l’analogie , que l’auteur a été conduit à
des recherches , à des raisonnemens qui n’avaient pas
encore été présentés, et qu’il espère devoir jeter quel
que jour sur un sujet aussi obscur.
Nous allons maintenant le suivre dans les propo
sitions qui terminent son travail, et exposer les preuves
qui les justifient.
$ I. — Proposition. — « Les corps organisés sont
» distingués des corps bruts moins par leur organisa5) lion que par le mouvement intérieur qui s’opère en eux
» et y détermine les phénomènes multipliés qu’ ils nous
» présentent. Ces mouvemens, ces phénomènes physio» logiques des êtres organisés n’ont lieu que par une
» impulsion particulière , connue par ses effets , in3î connue dans son essence et qui constitue la vie ir.
L’auteur est amené à cette conclusion, en observant
que les êtres organisés ou vivans , jouissent jusqu'à
leur mort d’une faculté qui les distingue essentiellement
des corps bruts, tandis qu’ils rentrent dans la classe
de ces derniers , dès que la vie les a abandonnés , bien
que leur organisation n’ait point changé.
- . « Un appareil d’organes semble être le siége
» primitif de ce principe animateur de la vie , puis-
5 11
�( i8 o )
» qu’il transmet l’influence vitale à tous les autres ; cet
» appareil, c’est le système nerveux. On en distingue
» deux sortes .• le cérébro-spinal et le ganglionaire
La vie des organes ne se manifeste que par la sen
sibilité ; elle existe d’une manière latente dans ceux
mêmes qui semblent en être dépourvus ; la pathologie
en offre mille preuvesj or, toute fonction ayant besoin
d’un agent spécial, il ne peut y avoir de sensibilité
sans les nerfs, d’où l’on peut conclure qu’il n’existe
pas d’organe vivant sans les nerfs.
§• III.
Le système nerveux ganglionaire, est com» mun à tous les êtres organisés et vivan,s. Il jouit de
» la faculté de sentir les molécules des matériaux nu» tritifs, de distinguer ceux qui conviennent ou non
» aux fonctions de l’organe auquel ils sont rapportés ,
» et réagit sur les capillaires pour les faire élaborer
» convenablement. Il préside aux fonctions assimilav trices ».
Tous les végétaux possèdent la faculté de sentir. Elle
y est plus ou moins apparente. Tout le monde connaît
le mouvement de rétraction de la sensitive au moindre
attouchement. Le dionæa muscipula étouffe dans son
sein l’insecte téméraire qui lui dérobe sa liqneur
mielleuse , en resserrant sur lui ses deux feuilles hé
rissées de pointes. Par un temps chaud, on voit l’hedysarum girans agiter incessamment ses folioles. Les na7
turalistes ont douté long-temps s’ils devaient placer les
conferves parmi les plantes. Aux approches de la pluie ,
après une sécheresse , on voit toutes les plantes se
dresser, s’ériger , et sentir par anticipation les bien
faits de la liqueur réparatrice. Ne les voit-on pas diriger
leurs racines vers l’endroit qui offre un meilleur terrein ,
se pencher vers la lumière , rechercher l’air en s’éle
vant , lorsqu’elles sont dans un lieu très-bas. Cette fleur
ne s'épanouit que pendant le jour , celle-ci se resserre
�( i8 i )
à son approche. Vainement on voudrait tromper leur
instinct en produisant une lumière artificielle très-vive ,
une cause plus forte que la sensation unique de la lu
mière renverse les espérances de l’expérimentateur.
Toutefois il est bon de faire remarquer que cette réaction
de sensibilité s’éteint presque toujours lorsque la fécon
dation a eu lieu. Passant de là à des phénomènes plus
cachés , l’auteur compare ce qui se passe dans les
animaux de la classe la plus inférieure, avec ce qui
a lieu dans les végétaux. Il est prouvé aujourd’hui que
les renflemens tuberculeux , les filamens blanchâtres
qu’ils présentent, sont de véritables nerfs sous l’influence
desquels s’exécutent les fonctions auxquelles sont
bornés ces animaux , savoir : digestion , absorption .
nutrition , accroissement , exhalation , circulation ca
pillaire et génération ; cette dernière n’a lieu que par
bouture chez certains d’entr’eux.
Toutes ces fonctions se retrouvent dans les végétaux,
à l’exception de la digestion. Comme les animaux ,
ils rentrent sous l’empire destructeur des lois physi
ques auxquelles ils ne insistaient que par la. puissance
des lois vitales , lorsque celles-ci les abandonnent.
Celui qui a comparé la plante à un animal privé du
mouvement, et l’animal à une plante mobile, a exprimé
une grande vérité. L ’analogie de fonctions , suppose
l’analogie dans la manière dont elles s’exécutent. La
sensibilité préside à toutes les fonctions , il faut donc
chercher quelles sont les parties qui représentent le
système nerveux des végétaux.
§. IV. « Les végétaux ne jouissant que des fonctions
» assimilatrices , ne possèdent que le système nerveux
» ganglionaire , c’est la moelle ».
Ainsi que dans les animaux , la nature a placé cet
appareil profondément, à cause de l’importance de
ses fonctions, La mpelle se distribue à toutes les
�( i8 a )
parties de la plante , sous forme de prolongcmens
médullaires, de filamens qui viennent se développer
à la surface , ou se perdre dans le parenchyme des
parties qui la constituent ; elle est d’autant plus abon
dante proportionnellement , que le végétal est plus
jeune : même remarque pour le système nerveux des
animaux. Elle offre des espèces de gonflemens ou
nouûres plus ou moins rapprochés, plus ou moins
développés ou apparens selon les végétaux sur lesquels
on les observe.
Ces espèces du ganglions se rencontrent principa
lement dans les articulations des rameaux ou des
feuilles avec la tige C’est de là que parlent les filets
qui vont à ces organes ; aussi dans ces points où
la partie ligneuse est amincie et entrecoupée par un
certain nombre de ces filets , la plante est plus faible
et se casse plus facilement.
La place que la nature a assignée à la moelle,
indique assez l’importance de ses fonctions.
Tl résulte de huit expériences faites sur des tiges
de végétaux qui présentent un canal médullaire trèsdéveloppé et des intersections ou nouûres bien mar
quées comme le sureau , la vigne , le saule, etc., que
la destruction des ganglions est bientôt suivie de la
mort de la tige fichée en terre , tandis qu’un déla
brement beaucoup plus étendu du cordon . médullaire
n’empêche pas le nouvel arbre de se reproduire , pourvu
que les ganglions soient intacts.
Chaque ganglion peut devenir un centre d’action
ou de vitalité suffisant pour la reproduction du vé
gétal. De là , deux parties distinctes dans ce système
nerveux ; i.° les ganglions , foyers de la vie du végétai;
a.® les cordons médullaires servant à établir la con
tinuité , n’ayant aucune action par eux-m êm es, la
tentant des ganglions dont ils émanent,
�( i
83
)
Toutes les fonctions végétales se rapportent, en!
dernière analyse , à la double faculté de sentir et Je
se contracter ; c’est par elle qu’ils choisissent les sucs
qui leur conviennent et qu’ils les font circuler en les
élaborant. L’examen de la fécondation offre mille
preuves de cette sensibilité et de l’action à laquelle
elle préside , c’est la fonction la plus complexe ; aussi
une grande proportion de moelle se rent-elle à la
fleur. En un m ot, les végétaux vivent et sentent à
leur manière.
§. Y . s Les animaux doués tout à-la-fois des fonc» tions assimilatrices et de rélation , possèdent les
» deux systèmes nerveux ».
L ’auteur ici passe en revue les propriétés vitales
établies par l’immortel Bicliat, et tout en s’inclinant
devant son génie , il ne peut partager sa manière de
les considérer. Bichat , selon lui , a converti en pro
priétés vitales ce qui n’était que de véritables fonctions,
et a pris ainsi l’effet pour la cause. Ainsi, porter la
sensibilité dans les organes des sens et du mouvement,
est la fonction des nerfs de la vie animale , la con
tractilité' animale est l’action unique, exclusive des
muscles volontaires ; elle en est la fonction, etc. De là
découlent ces propositions :
§. VI et VII. « II y a deux modes de sensations:
» dans l’un, elle est obscure, latente, étrangère au moi
» intellectuel; dans l’autre, elle se rapporte à ce moi,
» et l’avertit des impressions que reçoit le corps : la
» première est la sensation organique ou mieux gart» glionique ; la seconde est la sensation ^animale , on
» mieux cérébrale.
« Ces deux phénomènes sont des fonctions et non
» des propriétés , puisqu’ils sont l’action d’organes dis» tinctx , et que toute action est une fonction : voilà
» pourquoi je les appelle des sensations et non des
» sensibilités ».
�( i&4 )
§. VIÏÏ. « Outre les deux ordres de fonctions assimi> latrices et intellectuelles , il y a dans les animaux
» des fonctions mixtes , dans lesquelles les deux sysx ternes nerveux remplissent chacun leurs fonctions
» réciproques, ce sont la circulation , la respiration, la
x digestion, etc., ces fonctions sont nécessitées par la
» manière d’être des animaux ; on peut les regarder
» comme des fonctions assimilatrices accessoires.
L ’auteur après avoir passé en revue le développement
des nerfs des deux ordres dans les différentes classes
d’animaux, en tire ces remarques : que leur isolement,
quand ils existent ensemble , n’est jamais parfait et
que toujours des communications plus ou moins nom
breuses les mettent en relation ; que le système ner
veux cérébro-spinal prend de la supériorité à mesure que
l’on remonte vers les êtres dont l’organisation est la
plus parfaite et la plus compliquée. Dans ceux-ci, les
fonctions assimilatrices s’exécutent par l’influence com
binée des deux systèmes. Il s’agit maintenant d’appré
cier la part que chacun d’eux prend aux fonctions assi
milatrices.
§, IX . « La moelle épinière a une influence sur les
x contractions du cœur , par le moyen des nerfs
» qu’elle envoie aux ganglions cervicaux inférieurs ».
Les mouvemens du cœur étant indépendans de la
volonté, ne sont point sous l’empire du système
cérébro-spinal , quoique celui-ci envoie à celte organe
quelques filets par le moyen du pneumo-gastrique.
Le système ganglionaire est donc la cause première
de ces mouvemens.
La section des nerfs cardiaques fournis par les
ganglions moyens et inférieurs , a été suivie immé
diatement de la cessation de l’action du cœ ur, sur
deux chiens , sujets des expériences faites par M. Bro
chet. Mais aussi les expériences faites par Legallois
�( 1
85
)
prouvent que la moelle épinière n’est pas sans influencé
sur les contractions de l’agent de la circulation ; ce
pendant des fœtus acéphales et même privés de tout
le système cérébro-rachidien se sont développés dans
le sein de leur mère. De tout cela et de quelques
expériences faites par lui-même , M. Brochet conclut :
i.° que le germe sympathique a une action directe
sur les rnouvemens du cœur ; a.0 que le cerveau
n’exerce sur eux aucune influence directe, puisqu’ils
continuent après la décapitation ; .° que la portion
de la moelle épinière , qui correspond à la région in
férieure du co l, agit sur les contractions du cœur,puis
que la destruction de cette portion les paralyse de
suite ; 4*° flue les nerfs ganglionaires peuvent suffire
pour donner l’impulsion au coeur , mais que ce n’est
tju’à la naissance, que les nerfs de la vie animale
entrent en actiot).
§. X . « La huitième paire cérébrale a une action
» directe sur les phénomènes de la respiration ».
Les poumons reçoivent des nerfs des deux systèmes.
Quelle est la fonction de chacun. ?
i.° Les poumons ont une nutrition comme tous
les organes, elle se fait sous l’influence des nerfs
ganglioniques. a.0 Ils sont le siège d’une double cir
culation capillaire qui reconnaissent les mêmes lois.
.° Ils servent à la respiration. Trois choses sont à
considérer dans celte fonction : le besoin de respirer, le
mouvement mécanique et les changemens chimiques du
sang. Le besoin de respirer détermine le mouvement mé
canique. L’animal , à qui l’on a coupé les deux nerfs
pneumo-gastriques , respire encore par l’habitude con
tractée par le système nirrveux spinal, de fnouvoir les
muscles respirateurs et non par ce qu’il sent le besoin
de respirer; mais plongez dans l’eaiu la tète d’un chient
T . VI. Octobre 1823,
24
3
3
�( i 86 )
iuen portant, il s’agite , se débat jusqu’à ce qu’il sort
asphyxié ou qu’il puisse respirer librement : faites-lui la
section des pneumo-gastriques , il respirera lentement;
faiblement, et ne mourra qu’au bout de plusieurs jours:
avant sa mort, interceptez l’introduction de l’air, il ne
s’agitera pas pour respirer , parce qu’il n’en sent plus
le besoin, ii sera bientôt asphyxié. Le prreumo-gastrique est donc le siège de Ce besoin , de cette sensation ;
et le transmet au cerveau } le tiisplanchnique n’y est
pour rien.
Les mouvemens mécaniques sont dépendons de
l’appareil cérébro-spinal, ainsi on les dit volontaires.
M. Brachet paraît douter qu’ils soient sous l'influence
de !a velouté, mais il ne poursuit pas ce sujet, parcequ’il est étranger à son mémoire.
Les changemens chimiques du sang dans les poumons
hc sont encore que peu ou point connus ; mais on peut
apprécier l’influence nerveuse qui y préside. C’est celic
du trisplanchnique. En effet, la section de la huitième
paire n’empêche point que le sang veineux né prenne
la couleur rouge du sang artériel , seulement elle est
alors moins vive ; ee qui est du à la lenteur plus grande
de la respiration, car si on l’active artificiellement ;
le sang devient aussitôt plus vermeil.
§. XI. « La huitième paire agit aussi sur la digesv tion et par la sensation du besoin qu'elle transmet, et
par les contractions musculaires de l’estomac et des
s intestins qu’elle détermine, »
Deux sortes de nerfs se rendent en grand nom
bre à l’estomac , ce sont : les pneurno - gasti iques et
le plexus coronaire stomachique. Pour apprécier leur
influence, l'auteur examine les actes qui ensemble cons
tituent la digestion stomacale, savoir : t.° la faim}
i.° faction chimico-vitale des sucs gastriques ou chyîoificution j 5<° l'expulsion de la masse ahymeuse par
�( 1®7 )
l'action péristaltique ou anii-péristoltique de l’estomac.
Le sentiment de la faim est une sensation nerveuse.
Elle ne dépend point de la vacuité de l’estomac , du
frottement de ses papilles . du tiraillement du foie , eto.,
L’estomac est évidemment le siège de cette sensation ;
mais quels sont les nerfs qui la transmettent au cer
veau? Ce sont les pneumo-gastriques. Coupez la hui
tième paire à un chien , au-dessous de l’origine du
récurrent , laissez-le sans manger, il ne recherche peint
les alirnens ; présentez-lui de la nourriture , il l’avale
avec indifférence et se gorge l'estomac , et même
l’œsophage , sans percevoir la satiété.
Chez les convalescetis de maladies aiguës , l’estomac
digère , et cependant l’individu a toujours faim. Le
besoin de matériaux réparateurs qu’éprouvent alors' les
organes amaigris , entretient sympathiquement le sen
timent de la faim dans l’estomac.
Donnez l’émétique à haute dose à un chien à qui
vous aurez coupé les pneutno - gastriques , l’estomac
sera corrodé , désorganisé, et vous n’obtiendrez pas le
vomissement. Les drastiques les plus violens seront
sans effet. Aussi faut-il donner les vomitifs et les pur-,
gulifs à très-haute dose , dans les maladies où le cerveau est profondément affecté.
Enfin , pour dernière preuve , les signes de l’empoisonnement par la noix-vomique , qui se développent
avec tant de rapidité, se manifestent beaucoup plus
tard et avec moins d’intensité, lorsqu’on a coupé la hui
tième paire à l’animal , bien que la dose ait été forte. Il
parait , d’après cela, que ce poison agit sur le système
nerveux cérébral et que dans rette expérience,
effet ne s’ésl manifesté que lorsqu’il est parvenu <.y eer»
Y au par l’absorption.
L’auteur conçoit de ces expériences que les pneumo
gastriques sont les organes .de la faim»
�( i8 8 )
La chymification s’opère par le moyen de liqueurs
qui pleuvent de toute la surface de l’estomac , sur les
alimens qui en remplissent la cavité. Ce sont les
nerfs ganglioniques qui président à la sécrétion abon
dante de ces liqueurs , car , si l’on ingère des alimens
en petite quantité dans l’estomac d’un chien , après la
section faite des nerfs de la huitième paire , on trouve,
en ouvrant l’èstomac quelques heures après , la masse
alimentaire imprégnée à sa surface, des mêmes liqueurs
comme si l’animal n’eut pas subi la section des nerfs
vagues et convertie en chyme dans les portions qui
ont été assez imprégnées de suc gastrique.
Les mouvemens ondulatoires nécessaires pour que
toutes les parties de la masse alimentaire soit mise
en contact avec la surface interne de l’estomac pour
sa combinaison plus intime avec les sucs gastriques ,
et les fasse sortir à mesure quelles sont chymifiées ,
sont dus à l ’influence des pneumo - gastriques. Faites
manger l’animal à qui vous aurez coupez ces nerfs, les
alimens s’entassent dans l’estomac et n’en sortent plus,
lors même que ce viscère aurait été rempli outre mesure,
Si l’animal en rejette une partie, ce n’est point par le
vomissement, car l’estomac ne se vuide pas, mais
par régurgitation. La petite quantité que l’on trouve
dans le duodénum et les intestins , n’y sont parvenus
que par l’impulsion mécanique que leur a donnée la
masse trop grande qui remplit l’estomac, et jusqu’à
l'œsophage.
La même distribution des nerfs se trouve dans lçs
intestins , et on y observe aussi les mêmes effets.
§. XII. La moelle épinière agit, par ses rameaux
sacrés, sur la contraction musculaire du rectum et
de la vessie qu'elle met en jeu , après avoir averti de
|a plénitude de ces organes et du besoiq de les évacuer.
La même chose a lieu pour la matrjce,
�( i»9 >
Les rameaux de la huitième paire ne s’étendant pas
jüsques à la terminaison du tube digestif, ils y sont
(remplacés par ceux que lui envoient les paires spinales
qu; concourent à former le plexus hypogastrique et
sacré. Ces nerfs président à la contraction delà tunique
musculeuse de cet intestin , car il est paralysé par la
section de la moelle épinière, dans la région lombaire.
Cette section de la moelle paralyse également la
vessie. Le besoin d’uriner ne se fait pas sentir lorsque
ce réservoir est déjà très-disteridu ; l’urine n’en sort
que par regorgement. Passez une sonde , vous voyez
l’urine sortir d’abord par l’élasticité de tissu, mais
bientôt vous êtes obligé de faire remplir à votre main
les fonctions des fibres contractiles de ce viscère , en
pressant sur la région hypogastrique.
L’utérus reçoit des nerfs du trisplanchnique et du
plexus hypogastrique.
Les expériences sur ce viscère offient une grande
difficulté ; voici cependant à ce sujet les observations
de notre auteur : i.° Il a connu une dame paraplégique
<jui est devenue enceinte j c’était sa quatrième gros
sesse ; les trois premiers nccouchemens avaient eu lieu
par les seules forces de la nature ; le forceps devint
nécessaire dans celui-ci.
2.° II n’egt jamais parvenu à faire accoupler les
mâles ayec les femelles dont d avait paralysp le tiain de
derrière. Ayant produit celte paralysie , après l’accou
plement , sur plusieurs femelles de lapin, plusieurs
ont succombé avant d’avoir rempli son but ; deux
ont résisté assez long-temps pour laisser au produit
de la conception le temps de se développer , mais
plies ont succombé sans mettre bas,
La moelle coupée à sa partie inférieure , dans le
moment du travail , sur deux cabiais , les douleurs
jBjst été tellement ralenties , que la partqrilion n’a pas
�( tg o )
ptj se faire. La moelle coupée un peu plus haut sur
deux autres, les contractions utérines ont été subite
ment arrêtées.
.° L ’auteur connaît un paraplégique qui a eu deux
enfans.
Il conclut de ces faits que le système glanglionaire
est seul chargé de la génération ; mais que le céré
bro-spinal a une action marquée sur les contractions
utérines.
L ’auteur ne parle ni du foie , ni du pancréas , ni
dès reins , parce qu’il est évident que ces organes étant
entièrement consacrés à la vie assimilatrice , sont sous
la dépendance du système ganglionaire. Leurs fonc
tions n’ont point été troublées au milieu de toutes les
expériences précédentes.
§. XIII. « Dans ces différens phénomènes , l’action
» des organes est indépendante de la volition ; l’in-.
« fluence célébrale est modifiée. Celte modification est
* connue dans ses effets, mais inconnue dans sa na» tu re, dans son essence. Il était nécessaire que eela
» fut ainsi; car, si le cœ ur, l’estomac, etc. , eussent
» été soumis à l’action directe du cerveau, les fonc» tions dont ils sont chargés , eussent chaque jour
» éprouvé de nombreux changemens : elles ne seraient
» pas exécutées une fois comme l'autre , etc.
Les réflexions de l’auteur à ce sujet le conduisent à
s'étonner qu’on ait donné le nom de volontaires à tous
les nerfs du système cérébro-spinal ; car il ne trouve
rien de volontaire dans les ccntractions de l’estomac,
des intestins , de la vessie, des muscles respirateurs,
dans les mouvemens du voile du palais , du larynx,
etc. D’où peut venir cette différence d'action ? est-ce'
dans leur structure qu'il faut la chercher , où subis-,
sent-ils des modifications dans leur trajet ! L'auteur es?
porté à çroirc que la disposition plexiforme des
5
�( igt )
blé-gastriques sur l'œsophage, celle des nerfs sacrée
dans la cavité pelvienne, etc. , en les rapprochant dé
la disposition des nerfs ganglionaires , peut bien avoir
iine influence sur leur manière d’agir. Au reste, il
reconnaît n’avoir pas fait sur ce sujet des recherches
qui pussent confirmer ses conjecturés. Il fait observer
seulement, que l’on a dit avec raison , que/le pneumo
gastrique unissait la vie nutritive à la vie de relation.
§< X IV . « Jamais les nerfs ganglionaires ne trans
ir mettent au cerveau les sensations de l’organe où ils
» se distribuent : ils les transmettent à leur centre
» nerveux ou ganglion, et c’est là que les nerfs cé» rébraux viennent les puiser ».
C’est par cette conjecture ingénieuse , qu’il n’appuie
d'aucun tait, d’aucune observation, que l’auteur ex
plique les douleurs sympathiques ressenties au dos ,
vers les épaules, aux lombes , au sacrum, etc. , dans
différentes affections d’organes plus ou moirts éloignés.
§. X V . « Le système ganglionaire est étranger aux
» passions, puisqu’elles sont du ressort des fonctions
» intellectuelles, et lorsqu’il en restent les effets, ce
f n’est que consécutivement.
Toutes les passions sont l’effet d’un objet extérieur ;
cet objet n’a pu ie déterminer qu’en agissant sur les
sens : ceux-ci ne peuvent transmettre les impressions
qu’ils reçoivent qu’au cerveau ; ce viscère est donc
l’aboutissant, le siège des passions. Les effets que l’on
aperçoit dans les autres organes ne sont que Je ré
sultat de sa réaction sur eux. L’effet varie selon la
passionÿ mais te mode detransmission est le même;
ainsi que ce soit le cœur, l’estomac ou le foie qui soit
le siège de la ré a c tio n le point de départ est toujours
le cerveau.
On est forcé de convenir aussi que le cerveau
♦ xefee sur certains organes de la vie intérieure d'ne
�9
( 1 -- )
influence sur laquelle la volonté n'a point d’ernpiréï
Le courtisan a pu , à force d’étude, s’accoutumer h
dévorer un affront sans perdre son impassibilité eii
apparence , mais portez la main sur son cœ ur, et
des battemens tumultueux trahiront sa feinte tranquil
lité; les trembleinens , la jaunisse, les vomissemens
qui suivent un accès de colère sont indépendans de la
Volonté, ainsi que l’avortement; les déjections invo
lontaires qui ont lieu quelquefois après une frayeur.
Il faut donc admettre que tous les nerfs cérébraux ne
Sont pas sous l’influence du sensorium commune; L’au
teur fait à ce sujet une distinction : les nerfs qui se
rendent directement du cerveau à leur destination
transmettent la volonté aux organes auxquels ils se
distribuent; tous ceux au contraire qui, avant de le
distribuer aux organes , se perdent dans quelques gan
glions , ou dans des plexus à divisions nombreuses et
tenues, ou à renflemens ganglioniques, ceux-là , dis-je,
ne transmettent jamais la puissance volontaire. Com
ment cela se fait-il ? C’est ce qu’il nous est impossible
de déterminer. Nous nous contentons d’énoncer le
fait.
Toutes les passions n’accélèrent pas la circulation
il en est qui la ralentissent , telles sont les passions
tristes. Les effets en sont lents , mais souvent dange
reux. L ’influence du cerveau sur le poumon et le cœur
a railenti la respiration et la circulation ; le sang est
rapporté cependant en même quantité , et avec la même
vitesse au ventricule droit, parce que les capillaires n’oht
rien perdu de leur énergie ; le ventricule se contracte
avec moins de force, retient une partie du sang ;
celle qui est chassée dans les poumons, les traverse
plus lentement à cause de la lenteur dé la respiration;
i reflue en partie vers les cavités droites: de là, ac
cumulation du sang dans ces Cavités, et de pfoch»
�*95
(
)
en proche, dans les gros troncs veineux jusqu’aux
organes voisins ; de là, engouement dans les capillaires ;
de là, enfin, la source de ces engorgemens si fréquens
du foie et des autres parties voisines.
S i , d’un côté , l’influence du cerveau sur les autres
viscères ou orgaties nous paraît bien démontrée dans
les passions , celle des organes sur le cerveau a lieu
aussi dans l'état de santé comme dans celui de ma
ladie. Les mêmes nerfs établissent ces communications
en différens sens. A insi, en santé , le développement
considérable du cœur , du foie , de l’estomac , etc. j
apporte des modifications dépendantes de l’organe
prédominant et constitue une idiosyncrasie particulière.
En pathologie, les maladies du cœur , des poumons,
de l’estomac , du foie , impriment aux idées un ca
ractère particulier.
L’estomac est de tous les viscères celui qui entretient
avec l’encéphale les relations les plus intimes , au point
que souvent les maladies de l’un simulent les maladies
de l’autre et en imposent.
Cette correspondance des organes avec le cerveau
s’explique assez pour ceux qui reçoivent des nerfs
cérébraux ; mais comment se rendre raison de l’in
fluence sur l’encépale des organes qui , ainsi que le
cœur, ne reçoivent que des nerfs gaHglionaires ? Voici
ce que l’auteur pense à cet égard.
i.° Certains nerfs ganglioniqùes se rapprochent de
la structure des nerfs cérébraux, tels que les cardiaques.
De là, analogie d’action j 2.0 les rameaux spinaux de
communication viennent se perdre dans les ganglions,
mais les filets qui en sortent sont de structure diffé
rente ; .° Les nerfs ganglionaires puisent dans les
ganglions le principe de leur action , comme les cé
rébraux le puisent dans le ceryesiü et la moelle épinière.
T. VI. Octobre ïfh i
z
3
3
5
t-
�194
(
) V
'° Ils rapportent aux ganglions les impressions qu’ils
ont reçues ; mais on n’y trouve ni volition pour les
actes de départ, ni sensation perçue pour les actes
de retour; .° les rameaux spinaux^qui se rendent aux
ganglions , d’une part , y apportent une influence, un
principe de volition qui est saisi , moditié par ces
corps nerveux et transmis ainsi à ses nerfs particuliers;
d’autre part, ils y puisent de véritables sensations :
c’est dans les ganglions, et non dans les organes, que
le cerveau va chercher la sensation que les nerfs ganglionaires y ont apportée*
Ainsi la plupart des organes soufflant font éprouver
deux sortes de douleur : l’une locale et l’autre sympa
thique, La première est transmise directement au cer
veau par les nerfs cérébraux, le pneumo-gastrique pour
la plupart. La seconde est transmise aux ganglions
par les nerfs qui en partent , et c’est là que l’encé
phale vient puiser cette sensation ; telle est la dou
leur au dos sentie dans les maladies des poumons , de
l'estomac; celle à l’épaule droite qui accompagne les
inflammations du foie ; celle éprouvée aux lombes, au
sacrum, dans le travail de l’enfantement, Cette sorte
de douleur est le résultat de la fonction combinée
des deux systèmes nerveux ; elle se développe selon
le type normal des fonctions et ne doit donc pas être
nommée sympathique.
L ’auteur regarde cette opinion comme établie et con
firmée par son expérience journalière ; depuis quelques
années, il s’accoutume à reconnaître l'organe malade
par le siège de la douleur rachidienne, quand elle
existe, et il obtient des résultats très-satisfaisans. Il
croit que félude approfondie de la distribution des
nerfs , fournira, sous ce rapport , une nouvelle classe
de symptômes des maladies des organes , et éclairera
le diagnostic.
4
5
4
�19
<
^ )
M. Brochet termine sa brochure par quelques re
cherches sur le rôle que joue le système ganglionaire
dans les maladies , mais ces considérations ne sont
qu’une épisode dans son mémoire, c’est pourquoi je ne
les présenterai pas ici ; je finis mon analyse par
quelques réflexions sur l’ensemble de ce mémoire.
Riche en expériences ingénieuses , en faits intéressans , en remarques judicieuses, ce mémoire sera
goûté par ceux qui le liront , et je n’en doute pas,
lgur causera autant de plaisir que j’en ai éprouvé
moi-même à en donner une analyse. Chacun y verra
répandus des connaissances exactes en anatomie hu
maine et comparée , en physiologie , en pathologie ; un
talent d’observation, qui n’est pas la part de tous ceux
qui embrassent la carrière médicale , une sagacité dans
le choix des expériences , qui font le plus grand
honneur à son auteur j mais ce qui lui donne non
moins de prix à mes yeux , c’est la modestie et la
retenue avec laquelle il avance les assertions qui lui
appartiennent.
On ne peut se dissimuler qu’en matière de physio
logie , et surtout quand il s’agit de déterminer les
fonctions d’un organe sur lequel a régné jusqu’à ce
jour tant d’obscurité , on ne saurait trop multiplier
les expériences , les observations , et mettre trop de
retenue dans les conclusions qu’on en tire. Sous ce
rapport , on pourrait sans doute reprocher à ML Brachet un peu trop de précipitation à résoudre des ques
tions qui pourront paraître encore douteuses au plus
grand nombre de ses lecteurs ; mais il est juste de
lui payer le tribut d’éloges que lui mérite son travail;
car, en supposant que les expériences qui seiont faites
par la suite , sur le même sujet, ne confirment pas
toutes ses conclusions, il lui restera toujours le mérite
d'avoir préparé la voie qui doit conduire à la décom*
�( *96 )
verte de la vérité, et d’avoir montré un zélé ardent
pour la science qu’il cultive avec distinction. Nous
ne mettons pas la moindre hésitation à croire qu’une
aussi noble ambition guidée par les talens dont l’au
teur a donné des preuves non-équivoques dans ce
mémoire, ne doive-conduire à des résultats très-utiles,
G iraud-S x.-Rome, fils.
L
es
p r o n o s t ic s
Piquer,
d
’H
ip p o c r a t e
commentés
par
d'après les observations pratiques des auteurs
tant anciens que modernes ; ouvrage traduit de l'espa
gnol et augmenté d’une notice biographique ; par J . - B . -
P . L a b o r ie ,
1822 ).
docteur en médecine , etc.
( in-8.° Paris,
L a médecine, comme la plupart des sciences, a été
en butte à une foule de révolutions spéculatives ; mais
au milieu de ces révolutions , il est des ouvrages im
mortels , qui , de même que leurs auteurs, ont survécu
à tous les siècles , par cela même qu'ils furent com
posés d’après l’observation longue et constante de la
nature.
Parmi ces écrits malheureusement trop rares, on
compte les ouvrages légitimes à’ Hippocrate , et sur
tout le Traité des pronostics, En effet , que l’on raisonne
en Galeniste, en Mécanicien, en Slolhien, en Barthézien,
en Broussiste, e tc., le corps présente toujours à l’œil in
vestigateur de l’homme de l’art , certains états, dans les
maladies ? qui sont le présage assuré du salut pu de la
perte des sujets. Aussi, combien l’étendue des pro
nostics n’est-elle pas utile au vrai médecin, pour lui
donner au lit du malade cette assurance, cette péné
tration dans Bavenir, q ui, le conduisant à des succès
fertains, l'élève si fort au-dessus de çet aveqgle em-
�1
( r97 )
pirisme qui ternit si long-temps la gloire de la méde
cine.
Depuis Galien jusqu'à nos jours , des médecins cé
lèbres pénétrés de cette vériLé , et appréciant à juste
titre toute l’importance de cette élude , en ont fait
tour-à-tour l’objet de leurs commentaires. Néanmoins ,
on doit dire avec raison , que s’étant plus particulière
ment attachés à la théorie , pour éviter sans doute de
présenter des faits tous nus , ils négligèrent un peu
trop la partie pratique.
Piquer , né en Espagne, dans ce royaume qui a
fourni sans doute peu de grands hommes , mais, qui
lorsqu’elle en a donné , les a offerts doués du génie
le plus supérieur, Piquer , dis-je, dirigea ses commen
taires dans un sens différent de celui qui avait été
suivi jusqu’alors. S ’attachant moins aux discussions
théoriques qu’aux résultats d’une saine expérience , il
eut surtout pour but d’éclaircir les diverses sentences
d'Hippocrate, au moyen des observations pratiques
qui lui étaient propres , ou qu’il trouvait consignées
dans les meilleurs auteurs. On peut s’en convaincre
par la manière dont il a traité scs commentait es , sur
tout les sentences V I , VII et VIII de la première
section, dans lesquelles il donne tous les éclaircissetnens qu’exigeaient les maximes laconiques du père de
la médecine..
Un plan ainsi conçu , doit faire sentir combien la
lecture de ce travail peut offrir de lumières au médecin
praticien. Du reste , Piquer a' joint encore à ses com
mentaires une préface infiniment estimée, et dans
laquelle il traite de la vie , des écrits , et de l’autorité
d’Hippocrate, en y joignant son parallèle avec Galien.
En résumé, les hommes de l’art , versés dans l’histoire
de la médecine, connaissent les éloges que Sprengel,
a donnés aux çopirp.pntaiies de Piquer, dans le tcm. V ,
�( iQ8 )
de son histoire médicale ; et nous savons tous qu'elle
est en France l’estime que l’on a généralement accordée
à son traité des fièvres et à son ouvrage de médecine
pratique.
La traduction (i) qui nous occupe, et que nous de
vons à M, le docteur Laborie fils , de Montpellier, offre
l’avantage de réduire en notre langue maternelle un
ouvrage important, dont une grande partie des mé
decins eussent été privés soit par l’ignorance de la
langue de Piquer, ou par l’impossibilité de consacrer
un temps précieux à une traduction toujours trèslongue , et par fois infidèle.
Si le mérite des commentaires du célèbre auteur
espagnol , n’est point réversible sur notre jeune tra
ducteur français, du moins on ne pourra pas lui
adresser le reproche si commun , d’avoir voulu par
une simple version mot-à-mot, associer son nom au
nom d’un homme illustre , pour l’immortaliser à l’aide
de quelque rayons émanés de sa gloire.
Ainsi , si dans le cours de la discussion , Piquer
émet une opinion qui ne concorde point avec les
connaissances actuelles , M. Laborie ne laisse pas
échapper l’occasion de faire connaître son propre mé
rite , en y joignant ses propres réflexions et l’auto
rité des meilleurs auteurs. On lui doit en outre , une
notice historique sur la vie et les écrits de Piquer ,
qui peut être d’une grande utilité pour la biographie
médicale.
X . Royx.
( i ) H uou» est d’ autant plus agréable de publier ce que M.
X . R o u x dit en faveur de cette traduction , que la R e v u e
m é d ic a le et le J o u r n . g é n é r . d e m é d e c in e en ont déjà fait des
élpges HH* doute bien mérités.
( -Voie d u R é d a c t e u r - g é n é r a l ),
�(
%,*
R
e v u e
>99
d e s
)
J
o u r n a u x
*
Journaux Français.
83
( Journal de Pharmacie , mai et juin i a ). —3
Usage de l'écorce de la racine de Grenadier comme
vermifuge, et description du Pentaslome, genre nouveau
de ver solitaire du corps humain. —1 Dans cet article
M. Virey cite un mémoire sur la vertu tœnifuge du
grenadier, par M. le docteur Bernardio - Antonio
Goniez , médecin du Roi du Portugal. Il dit un mot
sur la vertu du vermifuge de l’écorce du grenadier,
( punica granotum. L. ) employée avec succès en Angle
terre et en iLalie , et il parle de quatorze observations
consignées dans le mémoire de M. Gomez , en faveur
de ce remède. Il le donnait, dit-il , en poudre , à la
dose de douze grains à chaque prise , en pilules.
Il passe de là aux diverses espèces ou variétés de
'tœnia trouvées dans le corps humain ; elles sont au
nombre de cinq ,et elles semblent aflèeter l’homme selon
qu’il habite telle ou telle région de la terre. « On
» sait, en effet, d it-il, que les entozoaii'es ou les
» parasites , ne sont pas les mêmes en tous climats ,
» et ils paraissent affecter de préférence certaines
» contrées. Ainsi , la lilaire nommée le dragonneau ,
» ne se trouve guère qu’entre les tropiques ; le tœnia
t> lata ou botkrio cephalus latus de Rudolphi est plus
» fréquent dans les pays du Nord ; le cucurbitairi
» se voit surtout en Italie, selon Bréra ; et on pré» sume que la fdaria papilosa de Rudolphi, est l’une
ÿ des causes de l’Ophtalmie en Egypte , comme on a
» trouvé un ascaride pellucide dans l’humeur vitrée
* des yeux des chevaux dans l’Indostan y.
�(
200
)
Voici les caractères du pentastome , qui paraît devoir
former un nouveau genre :
Pentastoma , capite occulis quinque mvnito , articulis
brevibus , poro laterali alternente , corpore gracili.
Esp. Pentastoma coarclata , articulis altermatim por»
laterali uniro munitis.
Habitat in homine , ex obseryatione domini Gômez ,
archiatri lusitaniœ regis.
— Notice sur l'emploi en médecine des plantes certes,
de préférence aux plantes sèches, par M. Germain ,
pharmacien , à Fecamp. — L ’auteur convient aisément
de la préférence qu’il faut donner aux plantes fraîches
sur les sèches , lorsque ces premières sont dans leur
parfaite maturité, et lorsque cette maturité a lieu dans
la saison qui est naturelle à chaque plante en parti
culier ; mais non pas quand elle est le résultat d’une
température artificielle , ou d’une culture particulière
propre à favoriser le but de l’agriculteur , mais pres
que toujours contraire au développement des vertu»
médicamenteuses des végétaux.
Si la végétation est une vie par rapport aux plantes ,
elle a sa jeunesse , sa maturité et sa viellesse : on
ne peut se refuser d’admettre la difierence qu’il doit
y avoir dans les vertus d’un même végétal pris dans
ses différons âges , et comment peut - on user toute
l’année d’une même plante fraîche , sans tomber dans
l ’inconvénient d’avoir un médicament avec des vertus
différentes ?
M. Germain a donné de la force à ce raisonnement
par les expériences qu’il a faites. Il a pu avoir en
1822, dans le mois de janvier, 60 livres de bourrache
fleurie , il en fit l’extrait, et il en obtint, sans ajouter
d’eau, 28 livres de suc, qui, étant évaporé, n’a donné
que 2 onces, 1 gros d’extrait de consistance pilulaire.
» Cet extrait, dit-il, était grumuleux { noir et d’une
�( 20i )
» saveur âcre. Il s’humecta en peu de jours, la suN
>> face en devint presque liquide ; il n’a point moisi
» depuis ce temps ^ mais il s’est liquéfié entièrement »
» et a pénétré à travers le pot de fayencè dans lequel
» je l’ai conservé ».
Il a répété l’expérience dans le mois de juillet dé
la même année , et la même quantité de bourrache,
traitée comme la précédente , a fourni, avec l'addition
de quatre pintes d’eau , Zi livres de suc très-visqueux,qui a fourni par l’évaporation, onze onces et deux
gros d’extrait réduit à la même consistance. « Il était,
» d it-il, parfaitement uni, brun d’ùne saveur herbacée,
* un peu amère et d’un arrière goût âcre. Cet extrait
» n’a point attiré sensiblement l’humidité ».
La cygüe , ajoute-il, n’a acquis toute sa vertu vire usé
qu’au mois de juin ; avant ou après, elle tie ressemble
plus à elle-même par ses vertus. Et M. Germain dit ^
dans une note, que si M. Orfila, a remarqué dans ses
èxpériences toxicologiques , tant de différence dans
l’extrait de cigiie pris dans plusieurs pharmacies dà
Paris, c’est sans doute que les pharmaciens, tout eiï
travaillant d’après les règles de l’a rt, avaient opéré
âvec de la dgüe recueillie dans des saisons différentes.
C’est surtout pour les racines que cette observation
devient importante : et nous disons avec l’auteur :
» il n’y a qu'un moment où l’on puisse utiliser avec
» succès les plantes et racines fraîches préféraMefnent
t aux sèches , desséchées selon les règles »,
Nous concluons, dans son système, que les plantes
ou leurs parties , recueillies dans leur temps opportun,'
bien desséchées < sont préférables pour l’usage de la’
fnédecine , aux plantes fraîches prises en tout tèmps'.
Note sut la préparation des extraite J fjà f M.
C üiboubt.
Une série d’expériefiéés présentée paf
T.- YI.
O c to b re
iSïîé
2.6
�( 202. )
IrL Cadet-de-Vaux, à la Société de pharmacie tendent
à prouver que la macération et l’infusion fournissent
plu-; de produits que la décoction.
Généralement on admettait que l’infusion et la ma
cération donnaient des produits plus immédiats et
moins altérés que l’ébullition ; mais on accordait à
celle-ci la faculté de donner des plus grandes qualités^
Les expériences de M. Cariet-de- Va ü x , répétées par
raie commission nommée par la Société, nous prouvent
jusqu’à l’évidence que non seulement l’infusion et
la macération doivent être préférées pour obtenir des
produits de bonne qualité, mais encore qu'elles doivent
t'être relativement aux quantités.
Nous allons donner pour preuve , te résultat des
expériences ci-dessus mentionnées :
Extrait de patience. — M. Cadet - de - Vaux a
obtenu d’une livre de patience, traitée par l’ébullition,
une once d’extrait ; et par infusion, 1 once 7 gros.
Les membres de la commission ont obtenu d’une
liyre de la môme racine , par ébullition , 2, onces (j
gros y et, par infusion,ta même quantité de racine en
a fourni
onces.
Extrait de gentiane. — M. Cadet a obtenu par
tes décoctions d’une livre de racine de gentiane, onces
et demie d’extrait et
onces 2 gros par infusion.
Les membres de la commission ont retiré d’une
livre de la même racine , par décoction d’un quart
d’heare , 4 onces
gros 2 scrupules ; par infusion de
12 heures , 5 onces 1 gros 1 scrupule; par macération
de 12 heures,
onces 2 gros 2 scrupules.
Enfin le quinquina, la rhubarbe, le ratauhia' ont
été également traités par décoction et par infusion.
Et ,• si toujours celle-ci n’a pas donné des produits
plus1 a h o n d a n s ils ont été trouvés préférables à ceux
téMèatiS par décoctiony earce que l’exilait y ohten^p'aé
3
5
6
5
3
�(
3 0 '5
)
infusion , esc presque tout soluble dans l’eau froide ,
et celui par décoction , est insoluble en bonne partie,
et si on ne considère comme extrait proprement dit ,
que le produit soluble dans l’eau froide , l’infusion et
la macération, nous le répétons , doivent être les
seules opérations que l’on doit faire subir aux plantes
dont on désire faire l’extrait.
C oure?,
Journaux Anglais.
— ( London médical, etc , et revue médicale, ) —<
Nous devons à M. B. Hutchinscn plusieurs cas de tics
douloureux qui , après avoir résisté à divers moyens,
ont été guéiis par le sous carbonate de fer donné à
la dose de vingt grains jusqu’à un gros, répété deux
ou trois fois par jour.
— Le docteur Hryheken , médecin à M adère, a
guéri par une dose de six cents grains d’opium , nu
homme de quarante-six an s, atteint du diabclés mellitus et il est à noter que ce remède a été donné
pendant huit jours à la dose de quinze grains dans
}es vingt-quatre heures.
Jo urnaux Allemands.
— On lit dans le journal d'Hujftiland que pendant
l’hiver de 1817 , il régna à Munster une épidémie
de i ougeole , dont les enfans affectés de la gale , et
qui fcsaient usage du soufre à l'intérieur et à l’exté
rieur furent préservés. Le docteur Touriual qui, le
premier fit cette observation , crut d’abord devoir
attribuer à la gale toute la propriété prophylactique |
mais i! eût bientôt occasion de se convaincre qqe is
soufre sèql était le préservatif de la rpugeplé.
P.-1VL R ,
�r(
3.9
V
*>4
)
a r i é t é s
»
Lorsque dans le premier prospectus et l’introductio^
de l’Observateur des sciences médicales, nous exprimâmes
le vœu qu£ chaque département de la France eut son
recueil périodique de médecine , chirurgie et phar
macie , nous sentîmes et nous fîmes pressentir tout
l’avantage qui en résulterait pour la science et l’humanité»
Aussi nous est-il infiniment agréable d’annoncer aujour
d’hui que deux départemens répondront bientôt à
notre désir : le Journal médical de la Gironde , rédigé
par une Société de médecins et de pharmaciens, com
prendra trois sections presque semblables à celles que
nous avons adoptées , et paraîtra à dater de janvier
1824= Les conditions de l’abonnement so rapprochent
aussi beaucoup des conditions de l’abonnement à l’Oôservateur ; on s’adressera au bureau du journal , Allées de
T ourny, n.° 2,0, à Bordeaux. Le Journal médico-chi
rurgical du J~ar, imprimé en caractères petit romain
interligné , scia en deux colonnes, et paraîtra comme la
Gazette de Santé, le i et le o de chaque mois.
11 formera annuellement un volume im-4.0 dont le
prix est de quinze francs. Dire que la rédaction de ce
nouveau journal est confiée à M. J.-M. Audibert-Caille,
médecin à Brignoles, membre de plusieurs Académies,
e tc ., etc. . c’est dire ce qui doit le plus assurer le
succès d’une aussi louable entreprise. Nous ne man
querons point, ef nous pourrions nous dispenser d’en
donner ici l’avis , de publier des extraits de ces deux
intéressans recueils.
5
A
nnonce
3
B i b l i o g r a p h i q u e . S ous presse pour
paraître incessamment la seconde édition de la thèse de,
M . François j[ André ) , intitulée : D issxxTA TipK
�C 2o5 )
SUR L A F I È V R E
JA U N E D E S t . - D O M I R G U E .
I
Palis ?
1804 ( an 12 ).
Le docteur François , aussi célèbre par son intré
pidité et son dévouement que par son vaste savoir , sç
propose, dit-pn , de donner un nouvel et plus ample
développement aux preuves nombreuses qu’il a déjà
produites à l’appui de la non-contagion de la fièvre
jaune des Antilles. On peut aisément pressentir qu’elle
sera l’importance du travail projeté par la citation
suivante. Notre auteur, après avoir rapporté que lu»
et ses amis avaient touché , palpé, examiné de toutes
les manières , un grand nombre de sujets atteints de
la fièvre jaune et fait de nombreuses ouvertures de
cadavres, sans jamais avoir ressenti la moindre atteinte
de contagion, ajoute: « nous n'avons vu que trop
>) souvent dans les hôpitaux , placer un soldat atteint
s d’une maladie légère £ou étrangère à la fièvre jaune ,
» sur le môme l i t , enveloppé de la même couver
ai ture sous laquelle un autre venait d’expirer de cette
» maladie, sans que l’arrivant contractât la fièvre jaune
3) ou qu’ellp se compliquât ave# la maladie primi» tive ». (1)
Il ne manque à la gloire dont M. François s'est
couvert à Barcelone, que de décider la question en
faveur de la non-contagion de la fièvre jaune. Si
quelqu’un peut remplir d’une manière satisfaisante cette
tâche difficile, c’est assurément le médecin auquel
la France s’énorgueillit d’avoir donné le jour.
•y- La Société royale de médecine de Marseille a
tenu sa vingt-quatrième séance publique annuelle le
(1) Dissertation sur la fièvre jaune de S i —Domingue , p. 6 .
Voyez aussi : gazette de santé , février 1818 , p. 44 S L note
forte de choses et de raisonnemens que M. François «dressait
à feu le Docteur M o n te g r ç ,
)a fièvre jaune.
au $ujet de la non-eoçitagion dq
�I
( 206 )
3
z de ce m ois-ci, et l’exposé de se* travaux ser*
incessamment livré à l'impression.
— M. Félix Pascalis a été ehargé d’écrire dans le
moins de temps possible un petit traité de police ou
d’éthique médicale pour la Société de médecine de
l’état de N ew-York : il fallait qu’il fut terminé pour
l'époque de l’anniversaire. Il a été sanctionné , imprimé et
k il est à présent, dit M. Pascalis , notre unique règle
de profession ». M. le docteur L. Valentin , qui nous a
donné ces détails , s’attend à recevoir un exemplaire
de ce travail et un autre sur le danger des sépultures
dans ^intérieur des villes, par le même auteur. Nous en
rendrons compte aussitôt que nous en aurons connais?
sauce.
—- En octobre , les maladies qui se sont offertes à
la pratique des médecins Marseillais , ont été comme
le mois précédent, presque toutes éruptives et l’on
a assez généralement continué de leur opposer le
traitement dont l’expérience journalière constate l’effi
cacité.
— D ’aprcs le relevé des registres de l’État-civil de
la mairie de Marseille , il y a eu en Septembre
ï z ,
naissances ; ay décès et 6i mariages.
8 3 583
3
P.-M. Roux.
4.°
C O N C O U I Î S
A C A D É M I Q U E * .
L a Société hollandaise des Sciences , siégeant â
Harlem, met au concours, pour 1820, les questions
suivantes :
I. Qu est-ce que l'expérience a prouvé incontestablement sur la formation de la glace au fond des rivières
des pays - Bas et ailleurs î Quelles sont les causes
auxquelles pu pourrait attribuer ce phéporpène , que
�(
207
)
plusieurs physiciens pouvaient autrefois et peuvent
encore maintenant révoquer en doute l et quelles sont
les lumières qu'on peut en tirer , soit pour la théorie
de la congélation , soit à d'autres égards, ou pour
quelque but utile ?
il. Quelles sont les maladies du corps humain dont
on peut dire que , d'après les principes physiques et
Chimiques , on les connaît , et qu'on est en état d'en
conelure quels sont les remèdes les plus efficaces contre
ces maladies, et de quelle manière Us opèrent dans
le corps humain pour les guérir ?
III. Qu elle est la manière de préparer les sulfates
de quinine, tant à l'cgard de leurs vertus , qu'à l'é
gard de la quantité produite et du ménagement des
frais. En quoi diffèrent - ils , tant sous des rapports
physiques que sous des rapports purement chimiques ?
Quels sont les caractères auxquels on petit les recon
naître avec sûreté pour découvrir toute falsification ?
Il n’est pas nécessaire qu’on indique toutes les
fnanières de procéder qui sont déjà décrites. Il suffit
qu’on prouve uniquement , par des raisons bien fon
dées sur l’expérience , que le procédé proposé est lé
meilleur.
IV. De quelle valeur sont, en général. dans la mé
decine , les sulfates de quinine , particulièrement pour
les fièvres l Opèrent-ils de la même manière que les
autres préparations de quinquina , ou en quoi diffèrentils , et quels sont les cas où l’une est préférable à
l'autre ! Peut-on dans toutes sortes de fièv re, et à
toutes les périodes en faire usage , ou faut-il que le
médecin s’en tienne aux mêmes règles que dans les
autres préparations de quinquina ou à quelques autres
règles !
V. Comme dans l’art vétérinaire on trouve beaucoup
d'indicés que les principes de la médecine du corps
i
�( zo 8 )
humain y ont été appliqués mal â propos , et que
ceci met peut-être des entraves au progrès de l’art
Susdit, la Société demande : Quelle est l'analogit
entre les maladies ayant le plus lieu chez nos bêtes
domestiques et les maladies des hommes., tant à l’égard
de la naissance de la marche et de l'issue , que prin
cipalement à la manière dont ces maladies doivent être
traitées ? En quoi diffèrent - elles les unes des autres
sous leurs diffèrent rapports ? Comment cette différence
peut-elle être expliquée par la différente constitution
de l'homme et des animaux , et quels principes faut-il
suivre dans l'art vétérinaire pour parvenir à bien con
naître et à traiter de là manière la plus fondée , les
maladies des bêtes domestiques ! »
Conditions : Les mémoires écrits de la main de l’au
teur seront exclus du concours. Les réponses peuvent
être faites en hollandais , en français, en latin et en
allemand ; mais non en caractères allemands. Elles doi
vent être envoyées, suivant les formes accadémiques,
à M. Van-Marum, secrétaire perpétuel de la Société,
avant le i.* r janvier 1826.
T
L a Société royale de Médecine de Marseille déclaré
qu’en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser*
Valions , Notices, etc■ , de ses membres soit titulaires, soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d’être publiés,
elle n’a égard qu’à l’intérêt quils présentent à la science
médicale: mais quelle n’entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,1
ri qui n’ont pas encore la sanction générale,'
\
�( 2° 9 )
BULLETINS
i
•« • -
iiI
:
»
.,
D S
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
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3
O ctobre 182 . - N . » X X II.
1
'•
83
i:.
ï
A p e r ç u sur la peste de Malte en i i , par M'.
Eugène F ebech , D .-M. P . , membre de la Société
d'instruction médicale de la Faculté de Paris et de la
Société royale de médecine de Marseille, etc.
P resque toute l’Europe convient aujourd’hui que la
peste nous vient des pays turcs et surtout de l'Égypte
qui la voit naître et régner continuellement. Par les
relations commerciales que nous avons avec ces pays ?
cette maladie s’est déclarée plusieurs fois en Europe ,
et surtout dans les ports de la Méditerranée. L ’opinion
générale étant que cette épidémie est éminemment
contagieuse, les gouvernetnens chrétiens prennent cons
tamment les mesures les plus sévères pour en préserver
leurs contrées ; et .si les sages moyens étaient mis en
usage , jamais et dans aucun -de ces pays : de la chré
tienté , eiie ne serait à redouter. Mais i’.sppas du
gain engageant souvent des pecsoimes qui n'ont rien
à perdre , à faire la contrebande , des effets' infectés
sont introduits sans subir leur quarantaine , ou bien
ceux qui la subissent sont déposés dans des lazarets
souvent trop petits r et servis par1 des individus peu
faits à ce service. Ces effets font leur temps de contât
T. YI. Octobre
vi
�( 210 )
tnace sans être déballés et aérés , et sont entassés les
uns sur les autres, dans le plus grand désordre.
La peste qui se manifesta à Malte en 1813 , ne
peut être attribuée qu'à la négligence dans le service
du lazaret , ou à l’abus de la contrebande. A cette
époque plus de 80,000 étrangers affluèrent de tous les
côtés , attirés par le commerce considérable que l’état
des choses du temps avait favorisé dans cette île de
venue pour ainsi dire l’entrepôt général du commerce
anglais dans la Méditerranée, et par sa situation,
les produits du Levant et de l’Égypte et d’une partie
de la Barbarie s’y trouvaient en très - grand nombre.
L ’insuffisance du lazaret de l’ile , quoiqu’il fut trèsspacieux et, très - propre au service sanitaire à toute
autre époque , était administré par des intendans peu
expérimentés dans ce service. Lè désordre devait d’au
tant plus y naître, que les deux ports de la Y ailette
étaient encombrés de bâti mens chargés de toute sorte
de produits suspects. La plus grande vigilance eut été
trouvée en défaut, étant de tout côté entourée d’in
dividus q u i, en venant à Malte , attirés par son com
merce , la plupart peu délicats , employaient toute sorte
de moyens pour s’enrichir. Èn effet , quelque temps
avant l’apparition de cette peste, on voyait publique
ment vendre et circuler entre les mains de ses habitans,
des paquets de toile d'Alexandrie, encore enveloppés
et liés tels qu’ils l’avaient été dans cette ville, alors
ravagée par la peste , et des balles de cuir venant du
L evan t, furent livrées du lazaret de Malte sans y avoir
été défaites , et déposées dans les vestibules des mai
sons de* négocians,
D'autres abus moins graves , il est vrai , existaient
depuis plusieurs années , puisque bien des fois, les in
dividus composant l’équipage des navires en quaran
taine dans le grand port, débarquaient clandestinement
�( 211 )
de nuit, allaient au spectacle et dans d’autres lieuse
publics, foulant pour ainsi dire aux pieds les lois
sanitaires.
N’est-il pas surprenant , d’après ces considérations,
que la peste se soit déclarée si tard à Malle ! L’un
des médecins qui me fournit quelques notes sur cette
épidémie , atLribue sa déclaration tardive aux constitu
tions locales et individuelles qui s’y étaient opposées
jusqu’alors. En effet , ce n’est que peu de temps avant
l’appaiition de ce terrible fléau , que la population de
Malte devint si nombreuse. La ville de la Vallette, or
dinairement occupée par 20,000 habitans , fut obligée
d’en contenir 100,000, outre une quantité prodigieuse de
marchandises qui encombraient les maisons , et un trèsgrand nombre de bestiaux de toute espèce qu’exi
geait cette excessive population pour l’alimenter ; les
boucheries étaient alors presque dans la ville. Les
inhumations se fesaient aussi dans ses églises. Ce
n’est de même que vers cette époque, qu’un genre
de vie énervant, par suite delà débauche et d’excès en
tout genre , s’introduisit surtout parmi les étrangers et
le bas peuple qui ne savaient comment dissiper le gain
qu’ils y faisaient si facilement tous les jours.
Des maladies , jusqu’alors inconnues , eurent lieu dans
la ville. Des morts subites inattendues , des apoplexies ,
des paralysies , des fièvres de tout genre , des affections
vermineuses de toute espèce , des affections hépatiques ,
des dyssenteries , des hydropisies, des hydrophobies ,
par suite de morsures de chiens enragés , e tc ., etc. ,
enlevaient chaque jour un certain nombre d’individus.
L’on conçoit facilement que la peste , trouvant de
telles dispositions , dut à la fin s e déclarer et porter ses
ravages assez loin et assez rapidement pour faire périr
des individus en moins de 24 heures : il y en eut même
qui moururent subitement, sans éprouver au préalable
la moindre indisposition,
�I
212
)
Le i 3 avril i 8 i 3 , la fille d'un cordonnier , âgée de
ans, habitant la cité de la Vallette, fut atteinte
d’une fièvre du plus mauvais caractère. Le médecin
de la maison reconnut que cette maladie était la
peste, ayant trouvé sur la malade des anthrax et
bubons aux aines. Le père q u i, outre son métier de
cordonnier , négociait en diffcrens genres de marchan
dises , confessa d'en avoir acheté diverses , prove
nant du Levant et d’autres pays turcs suspects. Quatre
jours, après la malade mourut. Sa mère, au sixième
mois de sa grossesse commença à être malade et avorta.
Les médecins de la ville se transportèrent dans la
maison pour connaître les causes et le genre de cette
maladie. Les opinions furent partagées. Les uns dirent
que c'était réellement la peste , et les autres prétendi
rent le contraire. En attendant, cette mère infortunée
succomba à sa maladie le 6 mai , tandis que le mari
était au lit avec un délire des plus forts. Une députation
sanitaire nommée la veille ( 5 mai ) , annonça que la
peste s’était déclarée dans la Vallette , et la publia par
un manifeste. Il fut défendu aux habitans de former des
réunions , de se toucher et de se fréquenter, soit dans
les maisons , soit dans les rues et dans les champs. Le
commissaire anglais pour Je R oi, à Malte , conféra à la
députation des médecins , les plus amples facultés pour
qu’elle prit les mesures efficaces et les plus sévères,
afin d’empêcher la propagation de la maladie. Cepen
dant celle-ci se répandit de la manière la plus véhé
mente et rapide dans la ville et insensiblement dans le
faubourg appelé Viïïena ou Fbriane, et dans quelques
villages voisins qui avaient le plus de communications
avec la ville : tels que Casai , Curmi et Bircarcara.
Mais, quoiqu’onenait dit, le nombre des pestiférés mort»
durant le rhois de mai, ne s’éleva pas au de-là de ïi2.
pans le mois de juillet suivant, au contraire , la morts12
�(
215
)
lité devint assez considérable , puisque le 16 de ce mois
il mourut 67 personnes dans la ville de la Yallette. Ce
fut le nombre journalier le plus clevé des morts de la
peste à la Yallette qu'aient publié les papiers officiels
de ce temps calamiteux.
Les symptômes qui se manifestèrent chez ces pesti
férés , furent les suivans : la face était un peu gonflée ,
rouge et luisante; les yeux enflammés et laimoyansj
leur regard sinistre , hagard , fier et menaçant comme
celui des furieux ; le front et les sourcils froncés , et
pour l’ordinaire, les paupières et les lèvres entourées d'un
rebord livide et bleuâtre. Les malades éprouvaient, aux
membres , des douleurs tantôt contùsives et tantôt lan
cinantes , toujours très-intenses et presque insuppor
tables , sur-tout celles qui avaient lieu à i'épinc du dos;
ces douleurs ressemblaient souvent à celles du rhuma
tisme; del’épine, elles paraissaient s;étendre vers les autres
parties du corps. Sur la périphérie de celui-ci, se manifes
taient les autres symptômes plus constans de la peste :
les bubons aux aines et aux aisselles, mais rarement
aux parotides ; ces tumeurs , après un engorgement plus
ou moins considérable , venaient en suppuration qui
envahissait souvent les parties voisines : c'est ainsi
qu’on voyait Je pus de l’aisselle se porter vers les condyles de l’humerus , et former des dépôts énormes aux
coudes. L ’apparition de ces bubons occasionait, chez
des malades , des douleurs très-aigues , tandis que chez
d’autres, elle ne produisait aucune incommodité, si ce
n’est celle qui provenait de leur volume. Les char
bons s'observaient sur toutes les parties du corps sans
distinction ; ils précédaient quelquefois les bubons,
et souvent ils les accompagnaient. Dans le coqimencement de la peste, et lorsque l’on crut s’apercevoir
que la maladie était dans toute sa force, pn vit pa
raître des pétéchies lenticulaires et outres tâches livide?
�2 4
(
l )
et mêmes noirâtres , qui firent connaître que chez les
individus qui les portaient, la maladie était beaucoup
plus grave que chez ceux qui n’en avaient point. Ces
pétéchies devinrent par la suite plus rares, et finirent
par disparaître presque tout-à-fait , puisque vers la fin
de l’épidémie on ne les observa que sur deux ou trois
individus. Elles persistaient après la mort. L ’expérience
avait démontré que les malades qui avaient ees pété
chies , étaient voués à une mort certaine ; par la suite ,
pourtant, plusieurs qui en étaient couverts ne périrent
point.
Le pouls ne fut examiné que sur les deux première»
victimes ; son état était pareil à celui des malades at
teints de typhus : par la suite, aucun médecin n’osa
tâter le pouls des pestiférés , craignant de gagner la
maladie.
Un goût de rouille et amer tourmentait ces malheu
reux : la langue se couvrait d’un enduit blanchâtre chez
quelques malades ; chez les autres , elle était comme
rayée de blanc et de rouge depuis son sommet jusqu'à
sa base ; elle se gonflait très-souvent. Quelques pesti
férés avaient une aversion ou une indifférence absolue
pour les alimens ; d’autres les désiraient et en faisaient
un usage désordonné. La soif, chez plusieurs , était
très -r modérée ; chez d’autres , elle était si ardente ,
que rien ne suffisait pour la satisfaire. Il y eût des
malades qui, trompant la vigilance des assistans , se
levaient du lit et se désaltéraient du premier liquide
qu’ils pouvaient se procurer. Une servante , tourmentée
par la soif ou par un fort délire , se jetta dans une
citerne j ces mêmes motifs ou celui de sauver cette
malheureuse , déterminèrent spn maître atteint de la ma
ladie d’y descendre par le moyen d’une corde : on
les trouva morts , les mains de ce dernier encore
accrochées an bprd 4e l’orifice dé la citerne,
�(
3l5
)
Des nausées avee des cardialgies , des vomîssemens , d’abord de matières mal digérées , puis d'une
bile safranée et foncée en couleur , et quelquefois mê
lées de lilamens de sang , s’observaient chez presque
tous Jes malades. Les évacuations alvines se suppri
maient chez les uns jusqu'au dernier jour ou la fin
de la maladie,chez les autres jusqu’à la mort. Quelque
fois des selles abondantes bilieuses, fétides , verdâtres
et souvent noirâtres venaient annoncer une fin funeste et
prochaine, en jetant les malades dans un état d’abatte
ment très-grand. Les pendiculations j les distensions
des membres, les vertiges et le hoquet précédaient
de quelques momens la mort.
Les urines * pour l’ordinaire , ne présentaient rien
de particulier ; quelquefois cependant elles étaient rares
et foncées en couleur.
Les malades se plaignaient de céphalalgie très-intense;
la plupart éprouvaient un assoupissement qui allait en
augmentant et qui finissait par devenir comateux ;
il y en eût qui furent agités par un délire très-fort
qui les rendit furieux. Alors ils se jettaient sur leurs
gardes ou par terre $ faisant des grandes contorsions ;
plusieurs, enfin, se précipitant du haut de leurs maisons,
périssaient et de la gravité de la maladie et des bles
sures énormes qu’ils se fesaient.
Tous ces symptômes variaient chez les différens su
jets. Les céphalalgies dont étaient atteints les pestiférés,
étaient plus ou moins intenses, ou plus ou moins sup
portables. Ceux des malades chez qui ce symptôme
avait été intense et de longue durée, restèrent dans
un état de stupidité et sans mémoire , pendant leur
longue convalescence.
Presque tous avaient des nausées et des vomissemens ;
quelquefois ceux-ci étaient continus et souvent avec des
interruptions plus ou moins prolongées. Par fois , lei
�( 2 16 )
matières vomies étaient mêlées d'un sang noir pareil
à celui que rendent les malades atteints du mælena ;
ris en évacuaient aussi par les selles et par le nez.
Ces hémorragies passives augmentaient la prostration
des forces , énervaient les malades et les fesaient
mourir dans un plus court délai.
Dans le commencement de cette épidémie , les pes
tiférés mouraient en peu d'heures ; par la suite ils
vivaient jusqu’au troisième , au cinquième, au septième
et même jusqu’au neuvième jour. L ’augment de la
maladie ne se fit connaître que par le nombre plus
grand des malades ; les symptômes étaient à-peu-près
les mêmes dans cette période. L ’on ne s’aperçut du
déclin de l’épidémie que par la longueur de son état.
Les exacerbations ont été presque constamment sérotines et assez longues.
Les eonvaleseens , vu la grande lassitude qu'ils éprou
vaient , croyant avoir perdu à jamais l’usage de leurs
membres , et voyant leur maigreur extrême , l'aridité
de leur peau c o l l é s a u x o s , de couleur livide et ter
reuse , étaient saisis d’horreur : ils ne voyaient et ne
parlaient que de spectres , de larves , et d’autres épou
vantables objets.
Les pestiférés doués d’un tempérament bilîoso-sanguin,
étaient plus ou moins saisis d’épouvante et de terreur.
Leur face s’animait, leurs yeux devenaient étincellans
et leur regard farouche ; chez eux , la maladie fesaif
des progrès plus rapides et les enlevait presque tous.
Les malades de tout autre tempérament étaient moins
effrayés ; chez plusieurs , la physionomie était assez
tranquille et calm e, quoique le récit des événemens
leur fit répandre facilement des larmes ; ’ chez eux ,
les'symptômes étaient moins alarmans ; leurs bubons
étaient indolens, et presque tous furent sauvés.
Durant Dété qui a succédé à l’apparition de la pestr
�( 21 7 )
à M alte, les vents étaient souvent très-forts et trèsimpétueux ; alors la maladie augmentait de force et le
nombre des morts était plus considérable, bien que
l’on n’observa aucune variation sur le thermomètre.
Voilà tout ce qu’on a pu recueillir en fait de causes
prédisposantes et occasionelles, de signes , de symp
tômes et de variétés de ces mêmes symptômes dans
cette épidémie qui enleva , pendant sa durée dans l'ile ,
environ neuf mille individus.
Au reste, la plupart des malades cachaient autant
qu’il leur était possible, une partie dès symptômes qu’ils
éprouvaient, pour ne pas être arrachés de leurs maisons
et envoyés dans les lazarets où ils étaient sûrs de périr,
vu le grand désordre qui y régnait, et où l’on ne
voyait que la douleur, le désespoir et la mort. Les
malades suspects et les pestiférés y étaient transportés
pêle-mêle dans les mêmes chariots et souvent logéd
dans les mêmes barraques.
Tous les praticiens s’accordent sur les moyens à
employer pour se préserver de la peste et pour eii
arrêter les progrès et les ravages , lorsqu’elle se ma
nifeste dans une contrée. L ’expérience a indiqué
tous ces moyens infaillibles, et jusqu’à ce jour, l’on
s’en est servi avec le plus grand succès. Il n’en est
pas de même pour son traitement curatif. Soit que
la rapidité avec laquelle cette maladie enlève ses Vie-'
times, ou parcourt ses périodes , ait empêché de baser
un traitement rationnel ou empirique , ayant toutefois
égard au climat, aux tempéramens , à l’âge, à la saison
etc. ; soit que les pr aticiens n’eussent pas égard à toutes
ees considérations et employassent indistinctement, sut1
tous les pestiférés , les mêmes moyens , toujours est-il
vrai que cë qui soulagea les uns durant telle épidémie
et dans telle contrée, parût nuisible dans des épôqües
et des climats à-peu-près semblables. Bien plus’ , de*1
T . VI* O c t ë b f i r823»
isS1
�( 2lS )
inalades soignés par divers praticiens dans la mêmé
époque et dans la môme ville presque suivant la même
méthode, donnèrent des résultats tout - à - fait différens.
Plusieurs de ceux qui eurent le bonheur de guérir
de cette maladie à Malte , furent traités différemment les
uns des autres. Beaucoup d’entr’eux refusèrent toute
sorte de secours. Les uns, tourmentés par une grande
soif j burent abondamment de l’eau pure; les autres,
Sans avoir éprouvé cette grande soif, mangèrent de
la manière la plus désordonnée des alimens indigestes
et peu nourrissans ; d’autres , enfin , sans prendre des
remèdes , se tinrent à une diète très - stricte. Ce
qui. prouve que dans une épidémie, il J a bien des
choses à considérer avant d’établir un traitement ju
dicieux qui , par ses modifications, puisse convenir à
tous les malades, et que souvent l’expérience du passé
est d’un faible secours ; de sorte que l’on dirait que
chaque épidémie de cette nature , accompagnée d’un
appareil de symptômes peu difformes dans leur ensemble,
demanderait un traitement presque différent : ce qui
prouve encore qu’on-^est loin de pouvoir se flatter que
la médecine possède un traitement curatif efficace
contre ce fléau;
Des personnes du peuple, conseillées par designorans qui se croyaient en état de soigner la peste ou
d’en, préserver les habitaras par des fumigations, en
firent dans les rues et dans les maisons, en brûlant
tantôt du soufre et de l’arsenic , et tantôt des subs
tances résineuses , qui durent produire un mal au lieu
d’un bien , soit par leur impression nuisible sur les in-*
di v i d a s * soit en privant l’air atmosphérique de son
oxigène, qui se consommait dans ces grandes combus
tions.
La saiarïée ne fut pas mise en usage ; peut-être en aufait-*©» obt®»» qu'clqu’avuntage , surtout dans certain»
MB
�(
219
)
états de tempérament, d’âge, etc., comme elle fut pratiquée
avec succès dans quelques pestes qui ravagèrent l’Europe.
Des purgatifs légers et la décoction de kina, aci
dulée par l’acide sulfurique, furent mis en usage sur
des malades dociles. Lorsque la maladie devint plus
véhémente, on donna des potions sudorifiques laites
avec le rob de sureau et l’acétate d’ammoniaque, etc.,
et d’autres composées de kina et de serpentaire de
Virginie , légèrement acidulée.
Ces remèdes où entrait l'acide sulfurique ayant été
mis en vogue, on en donna même dans le commen
cement de l’épidémie à quelques malades , et comme
ils périssaient en moins de quarante-huit heures à
cette époque , les nouveaux malades refusaient ces
remèdes, croyant que tous les morts avaient été em
poisonnés à dessein par cet acide. Or, comme les mé
decins firent usage des fumigations de G u ito n - M o r v r a u
pour désinfecter l’air , et que la consommation de l’acide
devint très-grapde, l’idée de l'empoisonnement frappa
presque tous les esprits faibles, devenus soupçonneux et
craintifs dans une catastrophe pareille, et le bruit court
encore dans cette île , que les agens du gouvernement
avaient employé ce moyen infâme et horrible pour étein
dre et étouffer les germes de cette maladie, même en de'truisant les malheureux qui en étaient atteints. Quelques
fanatiques ignorans voulurent me persuader que ces
soupçons étaient fondés , et me montrèrent des recettes
trouvées dans un livret de notes qu’un médecin an
glais égara , mais l’acide sulfurique n’y entrait que
ad gratam aciditatem.
Sans ces faux bruits , peut-être les boissons acidulées
toniques auraient été employées d’une manière plus
étendue et auraient mis à même les médecins d’apprécier
plus ou moins leur vertu. Toutefois est-il vrai qua
sur la fin de l'épidémie, un de mes amis , le docteur
�(
ü a ïu u ii,
220
)
chargé alors du service du lazaret, ou se
trouvait un grand nombre de pestiférés , tira un avan
tage assez marqué de ces boissons toniques acidulées.
Il m’assura que ceux q u i, confiés à ses soins , eurent le
bonheur de guérir de la peste, le durent presque exclu
sivement ( pour ce qui concerne les remèdes in
ternes ) à ces boissons abondantes. ,Les lotions avec
l’oxicrat, le renouvellement répété de l’air , et la pro
preté maintenue par les fréquens changemens de linge
pt d’habits , parurent aussi y avoir puissamment con
tribué. Ce médecin, lui-même, après avoir eu des
•omissemens spontanés , précédés de vertiges et de
douleurs à l’épigastre, se fit changer de linge et d’habits,
fit laver sa chambre d’eau et de vinaigre à plusieurs
reprises ; il s’en fit frotter le cprps , et but abondam
ment pendant plusieurs jours de ces décoctions aci
dulées. Il soigna lui-mème, autant que ses forces et
son état le lui permirent, un bubon à l’aine gauche
et un gros charbon sur la cuisse du même côté, qui
mirent soixante et dix jours pour se cicatriser complè
tement.
Ce sont à-peu-près ces moyens que ce praticien
met en usage lorsqu’il est appelé au lazaret de file ,
pour soigner les équipages des navires qui apportent
assez souvent la peste au port de la Vallette.
L ’illustre Société de médecine de Marseille , à qui je
prends la liberté d’adresser l’histoire , incomplète sans
doute, mais exacte , de l’épidémie qui atteignit les
habitans de l’Ile-de-Malte en i 8 i 3 , est par sa situa
tion et ses propres lumières , plus à même que beauçpup d’autres de juger combien ce petit aperçu mérite
^indulgence des savans membres qui la composent
�( 221 )
SÉANCES
DE
LA
SOCIÉTÉ
;
.f •
1PENDAHT L E MOIS DE SEPTEMBRE l 8 a 3 .
6 septembre. — M. le Secrétaire-général communi
que i.° une lettre de M. T a x il, médecin à Auriol,
servant d’essai à un fascicule d'observations dont M,
flory est nommé rapporteur. 2.0 Une lettre de M. Ducasse fils, qui adresse une observation de rétention d’urines
qui sera soumise à l’attention de la Société dans une
de ses séances subséquentes.
M. Roux fait ensuite un rapport sur le mémoire
de M. Sablairolles , relatif au traitement de l'érysipèle
phlegmoneux.
M. J. Beullttc lit un rapport sur le mémoire de M.
Savi, médecin , inspecteur des bains d’Avène, intitulé:
Quelques considérations médicales.
11 septembre. — Lecture est faite par M. le Secré
taire-général : T. 0 d’une lettre de M. Roux , Secrétairearchiviste , qui regrette que de nombreuses occupations,
jointes à une indisposition , ne lui permettent pas de
s’occuper du rapport qu’il setait chargé de faire sur le
mémoire côté n.a 2 , envoyé au concours. Ce travail
est confié à M. Reymonet ; 2.0 d’une lettre de M. Ber
nard , directeur des Sourds-muets, qui invite la Société
à assister à la séance relative à l’instruction de ses
élèves , qui doit avoir lieu le n du courant. Une dépu
tation est nommée.
Le reste de la séance est employé aux confé
rences cliniques et à la discussion d’objets d’adimnistration intérieure.
�(
)
222
2.0 s e p te m b r e . — M. F e n e c h , membre associé rési
dant, lit deux observations de rétention du placenta
dans l’utérus , qu’il fait suivre de réflexions très-judi
cieuses sur les avantages de la méthode expectante
pour l’expulsion de ce corps , dans ces cas. Après une
longue discussion sur ce point de doctrine, on pro
cède au scrutin de M. F e n e c h , qui est reçu à l’unanimité
membre titulaire.
27 s e p t e m b r e . —■ Cette Séance a été entièrement
consacrée aux conférenees sur les maladies régnantes.
M. C o m b e s - B r a s s a r t , médecin de Montauban, pré
sent à la séance , l’a terminée par des détails très-intéressans sur la doctrine de R a s o r i , dont U, a suivi U
chirurgie pendant plusieurs mois.
SE GAU D ,
S
u e
,
P r é s id e n t.
S e c r è ta ir e - g in tr e L
�( ijr o .
1
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760.95
765.00
766.08
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Moyennes.
É T A T DU
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CIED .
T rè s - nuageux»
C ou vert j pluie.
N uageux.
Quelques nuuges.
S e r e in ,
N uageux.
Quelques nuages
Quelques e'claircies.
T rè s-n u ag eu x ; brouil.
Nuages ; brouil. le soir.
T o u t couv. , pluie le m.
Presq. tout couv. J q. g.
T rès-nuageux.
Très-nuag. ; q. g* , t . , b.
Quelquec éclaire.; pluie.
C o u v e r t , ave c pluie.
Cou vert , pl. , br. , ton.
Nuages fort r a r . ; brouil.
Nuages rares.
Très-nuageux.
Nuageux ; brou illar ds.
T rès-nuageux.
Quelques éelaircies
T rès-nu ag eu x.
Très-rtnageux ; brouil.
Q uelq. nuages , br. le m.
T o u t nuageux.
Id em .
Id em .
C ouxert ; quelq. goutt.
T r è s - nuagaux.
M a r s e i lle
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entièrement sereins . , .
de gros vent..........................
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. . . . .
3heures.
1
4
lever du soleil.
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2
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.. ,,--
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- -
8.
7-
5.
4*
^smeSÊÊÊ
1.
2.
�(
22 b
SECONDE
)
PARTIE.
MÉMOIRES, DISSERTATIONS, NOTICES NÉCRO
LOGIQUES,
---- -—
N
N
o tic e
é c r o l o g i e
.
, D o c te u r t n
; m em bre titu la ir e
n écro log iq u e s u r J . - B . - P . L aborie
m éd ecin e de la F a c u lté d e M o n tp e llie r
d e la S o c ié té d e m éd ecin e-p ra tiq u e d e la m êm e v ille , etc-,
p a r M . le d o cteu r
P ïerquin.
U n usage antique et solennel ordonne à ceux que le
deslin retient encore dans les sentiers épineux de la
v ie , d’accompagner un ami jusqu’à sa dernière de
meure, Qu’importent les préjugés ou les divisions
d’opinion , lorsque la morale est essentiellement liée
à une institution ! Eh I quelle serait donc la récompense
temporelle du juste ou du coupable, si quelque intérêt
combattait ou anéantissait ce devoir sacré ! La recon
naissance ou l’admiration doivent nécessairement accom
pagner le premier et chanter des hymnes de louange
sur son tombeau , tandis que le tribunal vengeur de
la conscience a déjà fait justice du coupable, dans le
cœur même de ses complices ; l’un se cache, l’autre brille,
cherche le grand jour, et mérite d’être connu, autant
que l’autre d’être clandestinement enseveli, pour l’hon
neur de l’humanité. C’est avec ces idées , c'est après
avoir réfléchi sur ces devoirs, que je viens acquitter une
dette sacrée, contractée par la Société ( i ) , envers un
( i ) L a Sociétô ilr médecine-pratique de Montpellier»
T . VI. Novembre 1825.
2y
�( 226 ) «.
citoyen qui lui avait déjà donné quelques espérances
flatteuses. Je n’ai point cédé à l’espoir d’égaler la di
gnité de mon sujet ; mais j’ai senti toute la nécessité
d’encourager l’homme de bien par un hommage public,
si j’obtiens un moment de recueillement pour rappeler
rapidement les vertus confirmées et les talens naissans
d’un ami , d’un condisciple , d’un confrère et d’un
collègue. N ’est-ce pas ainsi qu’on fait espérer à ceux
qui suivent la ' carrière des Lettres, qu’un jour leurs
travaux seront aussi récompensés , s’ils sont utiles à la
patrie, que leur mémoiie sera révérée, et que leur
nom servira peut-être d’épithète pour désigner à l’en
thousiasme de l’admiration les qualités morales qui
les auront distingués ? Mais , ce n’est point un éloge
que le devoir m’ordonne de faire ; mon ami n’en a
pas besoin , mon cœur s’y refuserait, et votre présence
religieuse parle mieux en sa faveur que ne le ferait le
panégyriste le plus cloquent. C’est la vérité tout en
tière que je veux dire, parce qu’il l’aima trop et qu’il
n’a rien à en craindre. Ce n’est point de l’intérêt que
je veux vous inspirer , votre âme est assez ébranlée
par l’idée de sa mort, et votre cœur est trop vivement
touché de l’horreur de cette fin commune, quoique
l ’homme juste, loin d’y voir un abîme, n’y recon
naisse qu’un asile. Mais détournons vos tristes pensers
de ce spectacle, si accablant pour notre vanité, et
jetons quelques (leurs sur le tombeau de notre ami.
Une espèce d’hérédité morale avait lié depuis- des
siècles le nom de Laborie à celui de médecin, c’est-àdire, de bienfaiteur de l’humanité. L’histoire de la mé
decine à Montpellier , en présente une liste avec quel
que orgueil ; et cette collection précieuse de savans
dont notre École s’honore , compté son aïeul au nombre
de ces professeurs , dont l’art a conservé les traits aux
yeux arides de la reconnaissance. Voilà le patrimoine
�( 227 )
de notre jeune médecin. Mais l’infortuné Lahorie était
assez libre de préjugés , pour ne point voir son
mérite dans celui de ses aïeux : il n’y vit qu’une série
d’exemples , et son unique ambition lut de suivre leurs
traces j car sa vocation n’était nullement douteuse , ses
ancêtres la lui indiquaient, et la reconnaissance même
lui en fesait une loi.
Né vers le commencement de notre révolution , il
fut, par conséquent , assez heureux pour n’être que le
témoin inattenlif de la tourmente révolutionnaire ; c’est,
entouré de dangers , aux bords des précipices , qu’il vit
s’écouler ses premières années. Pius tard, l’étude occupait
déjà les heures des plaisirs de l’enfance , et le suffrage
unanime de ses maîtres en fut la première et la plus douce
récompense. Mais les triomphes de l’enfance ne sont
pas toujours des otages pour l’avenir. Ce caractère bon ,
généreux, dévoué , compatissant, serviable du premier
â ge, n’est pas toujours le partage d’un âge plus
avancé. Le jeune Scipion , seul peut-être, en avait
conservé toutes les vertus et n’y avait ajouté qu’un
plus grand amour pour le travail. A l’âge des passions,
il n’en eut jamais que deux , l’étude et l’amitié. Ceux
qui l’ont connu savent avec quelles raisons nous le
présenterions comme modèle à imiter ! Son ardeur était
infatigable : il ne se délassait que par une nouvelle
occupation d’une occupation fatigante , et faisait ainsi
succéder les travaux sévères aux délassemens agréables.
Toutes ses idées étaient dirigées vers l’utilité ; il re
gardait comme vaine la gloire que procurent des tra
vaux futiles. Né avec un esprit juste et philosophique ,
il avait deviné de quel secours devait êtie l’élude de
la poésie pour le médecin qui veut se faire un nom
dans la république des letti es. Il devinait même que
les plus grands médecins ont été poètes ; plus tard ,
il reconnut la vérité de ces pressentimens , lorsqu’il
�( 228 )
vît briller en même temps à Delphes et à Épidaure,
les noms célèbres <FAsclépiade, de Nicandre, de Celse ,
de Baillou , de Sennert, de Fracastor , de Haller,
à’Armstrong, de Darvin , de Petit, de Corvisart, etc. ,
et il marcha sur leurs traces. De semblables modèles
promettaient trop pour ne point espérer beaucoup et
pour ne pas l’encourager : il cultiva donc cet art si fer
tile en naufrages.
Son porte-feuille contient une foule de poésies fu
gitives , qui prouvent à la fois , l’extrême sensibilité
dont la nature l’avait doué , et la finesse de son goût.
Il composa aussi quelques tragédies , dont la faiblesse
même annonce à l’observateur judicieux la douceur de
son caractère. 11 était en effet impossible qu’à l’âge
où l’on ne connaît point tontes les dégradatious du
coeur humain et que l’on craint de le calomnier , qu’un
jeune homme , qui ne cherchait que de douces émo
tions , représentât avec quelque vigueur, ces passions
tumultueuses , apanage exclusif de la tragédie. Lui
qui ne s’occupait que de l’étude d’une science utile ,
comment aurait-il peint les remords d’un Attila , ou
les hauts faits du genre humain qu’on nomme conque»rans ! La comédie lui eût peut-être offert une carrière
plus conforme à ses mœurs ; mais il ne sut pas dé
mêler le genre qui lui convenait. Les pièces à carac
tère sont peut-être des tragédies d’un oidre moins élevé,
mais qui reclament aussi une connaissance appro
fondie du cœur humain. Cependant il l’essaya , et
obtint même quelque succès.
Il abandonna heureusement cetté carrière si fertile
en Aristarques et si dénuée de Mécènes ; et ses
études ne furent plus dirigées que vers les sciences
exactes, si intimement liées à la médecine. Ses con
disciples partageaient le jugement que ses amis por
taient sur le résultat de son application ; mais sa
�229
(
)
structure physique arrachait souvent des conseils que
sa passion pour l’étude faisait négliger. Chacun de
nous en entrevoyait avec horreur les résultats né
cessaires ; et une première hémorragie pulmonaire sur
venue en 18 17, ne le corrigea point. Passionné pour
celle qui devait l’enlever à la science et à ses amis,
il disait avec Grètry, j’aime mieux cesser de vivre
que cesser de travailler. Cet orage s’évanouit enfin , le
calme de la sérénité rentra dans son cœur , et il re
prit ses anciennes habitudes.
L’heure de prouver l’emploi de cinq années d’études
est arrivée : il ne trahit , ni l’e spoir de ces condis
ciples j ni l’attente de ses maîtres. Il présenta une
volumineuse dissertation , sur un accident terrible qui
complique souvent les blessures les plus légères , et
contre lequel l’art n’offre , dans la plupart des cas ,
que d’impuissans secours. C’est celte dissertation,
d’une érudition sévère et choisie, que nous osons
présenter aux élèves comme un Lut à atteindre, et
aux médecins comme un sujet important de mé
ditations pratiques ; c’est une monographie remar
quable ; c’est une mine inépuisable de faits intéressans sur le tétanos vulnéraire. La perfection de
cet ouvrage dans toutes ses parties, nous empêche
de donner un dégré de supériorité à aucune. En effet,
il est difficile d’indiquer quelle est celle qui fut la
plus soignée ou qui est la plus importante, réimporte
le point de vue sous lequel on veut l’envisager. Par
tout règne cette philosophie sage , qui est le carac
tère distinctif de notre école et du Père de la méde
cine , dont elle n’a jamais abandonné les traces; de
cette méthode analytique , si féconde en résultats
thérapeutiques heureux ; de cette doctrine lumineuse,
mais difficile, des élémens, si négligée et si utile
dans l’exercice de l’art de guérir. Le même éclectisme,
�( i5o .)
la même philosophie des sciences se fait remarquer dans
la partie Ja plus importante de tout ouvrage, dans
celle qui est consacrée à l’exposition des moyens théra
peutiques. Il y discute , mais avec bonne foi et lu
mières les diflcrens moyens proposés , soit par la
thérapeutique chirurgicale, soit par la thérapeutique
médicale j et l’on peut dire qu’il a jeté le plus grand
jour sur chacune de ces parties.
Le jeune Laborie n’aspirait point au titre deveuu si
commun, de docteur en médecine ; il ne voyait,
comme un petit nombre de ses amis , dans cette con
quête scientifique, qu’un acte probatoire exigé par le
gouvernement ; et l’homme vertueux , le citoyen
paisible , se soumit à la rigueur de cette lo i, qu’on ne
regarde plus généralement, que comme le terme des
travaux et des études. Il se rappela que le titre de
médecin n’honorait plus , mais qu’il fallait, pour lui
rendre sa splendeur première , l’entourer d’une auréole
de mérites. Il affecta le même mépris pour les titres
académiques j il le poussait même si loin , qu’il ne
croyait pas que l’on pût impunément être membre
d’une foule de sociétés de province , dont on ne con
naît l’existence modeste que par leur nom : aussi n’en
demanda-t-il qu’un ( t ) , c e fut celui de membre de la
seule Société de médecine que possède sa ville natale,
et afin de s’associer à ses glorieux travaux. Cette même
société le compta bientôt au rang de ses membres les
( t ) L e docteur L a b o r ie , connaissant les nombreux et intportans tr avaux auxquels la Société royale de me'decine de Marseille
se livre sans relâche , témoigna aussi le désir de lui appartenir,
et cette Com pag nie , en l’ adm ett ant à l’ unanimitc au nombre
de ses correspondons , justifia combien , suiv ant Sa coutume ,
elle sait apprécier le mérite. ( V e y e * la pag.
173
,
tom. V I de
ce Journal
( Note du Rédacteur-général ).
�{ i
5i
}
plus infatigables. Admis à l’unanimité des suffrages, il
ne vit dans cette preuve d’estime non équivoque, qu’un
encouragement. Il travailla encore avec plus d’ardeur,
et il crut qu’on pouvait être bon médecin , sans perdre
deux années dans la Métropole : il employa ce temps
inutile et même dangereux pour tant d’autres , à
étudier nos auteurs anciens.
. D ’un commerce aimable , d’upe franchise assez
rare dans des climats brùlans , sa modestie le plaçait
au-dessous de ceux auxquels il était supérieur. Il
savait trop pour ne pas savoir qu’il ignorait d’avan
tage; et peu semblable à ces hommes d’un abord âpre
et sévère , dont la conversation sentencieuse et vide
semble être le type du ridicule, il consultait sou
vent ses amis sur ce qu’il avait fait et sur ce qu’il
devait faire.
En France on néglige assez généralement l’étude de
la langue et de la littérature des Étrangers : chez les
autres nations , elle fait partie intégrante , je dirai
plus , elle constitue les élémens d’une bonne éduca
tion. Le jeune Laborie connaissait parfaitement celle
de l’Italie : enthousiaste de celles de l’Espagne et du
Portugal, qui sont peut-être les moins connues et les
plus dignes de l’être , nos conversations devaient tomber
souvent sur ce sujet; mais l’infortuné Laborie finissait
par ne voir, dans la littérature proprement d ite, que
ce qu’il appelait une vaine gloire. T el est le dégoût
ordinaire à ceux qui après avoir joui quelque temps
du commerce des Muses , s’occupent de sciences
exactes ou de travaux plus utiles : et loin du point
de départ, de Melendez ou de Marchena ; nous tom
bions sur Heredia ou sur Salaria. Je piquai son désir
si irascible , lorsqu'il s’agissait d’instruction ; et il
étudia cette langue sonore née sur des lèvres orgueil
leuses , que Charlequint voulait parler aux Dieux. Se*
�5
( i a )
progrès furent aussi rapides que ceux qui avaient cou
ronné toutes ses entreprises. Piquer , dont le mérite
extraordinaire en médecine-pratique avait souvent été
l’objet de nos entretiens , fut celui qu’il choisit, et
il se mit sans relâche à en faire une traduction- Lors
qu'elle fut terminée , son amitié et sa confiance me
permirent d’en admirer la fidélité et l’élégance ; mais
sa modestie, sa timidité naturelle exigèrent de nom
breux encouragemens , des prières même pour la livrer
à l’impression. Enfin , en 182a il la publia , après l’avoir
encore revue et fidèlement comparée à l’original espagnol.
Ce travail pénible n’était pas le seul auquel le jeune
haborie se fût livré depuis son doctorat. Comme son
père, comme son grand-père , comme son aïeul, il
voulait se destiner à la carrière pénible , mais hono
rable de l’instruction publique ; et dans ce but , ses
loisirs avaient été consacrés à l’édification d’un cours
de physiologie.
obtint bientôt de la Commission
d’instruction publique l’autorisation de professer, et le
nombre de ses auditeurs fut le plus bel éloge qu’on
put faire de la précision , de la diction et de la phi
losophie , dont il éclairait ce que des myopes ont
nommé le Roman de la Médecine. Les prolégomènes
seuls de ce cours auraient excité dans tout autre un
vif sentiment d’orgueil ; mais comme il n’était point
au-dessous de son sujet , il ne sentit même pas tout
le mérite qu’il y avait à donner une analyse raisonnée
des Nouveaux Elémens de la Science de l’Homme. Il
.s’arrêta à l’exposition physiologique des phénomènes
de la vie intérieure ou organique. L ’attention et la
reconnaissance de ses auditeurs fut encore une amorce
perfide à son désir d’être utile et d’enseigner ce qu’il
savait. 11 recommença ses leçons dans le premier tri
mestre .de i a : c’est dans ce cours, que s’élevant en
core plus haut , il fit entendre à ses auditeurs le langage
11
83
�( a'55 ù
de la vraie physiologie , c’est-à-dire , de celle de l’im
mortel Barthez. Je ne me permettrai aucun jugement
sur ce travail, il a été publié en partie dans le journal de
la Société ; il en a par conséquent été jugé digne.
Ces divers travaux , joints â la fatigue que le pro
fessoral imprime journellement aux organes pulmonaires,
ne faisaient qu’exalter cette disposition à une affection
longue et cruelle qu’on pourrait nommer la maladie
des gens d'esprit , et dont les ravages deviennent jour
nellement plus fréquens chez la nation la plus spiri
tuelle de l’Europe. Bientôt le jeune Laborie éprouva
plusieurs hémorragies pulmonaires successives , et il
rendit à Dieu l’âme qu’il en avait reçue , après avoir
accueilli avec fermeté et résignation les consolations si
nécessaires et si précieuses des ministres de la vraie
religion.
Isa mort de ce jeune médecin a plongé dans la plus
profonde affliction une famille nombreuse dont il était
l’unique rejeton mâle , et qui a fait placer sur scs froides
dépouilles l’inscription suivante , que j’ai faite pour
honorer sa mémoire.
r>. M.
traeC o C IV s
I . B.
P.
LABORIE
nIC
q Y I escit
D oCTYg
«M AIATPO S
qV i S E M P E R L A B O R A Y I T
O.
V.
DF.
D.
B.
V.
AN.
XX III
K.
ORB.
PAR.
B.
M.
T . VI. Novembre i Bi j .
X X V I.
NOV.
P P.
oo
�( >54 )
Deo Maxîmo. P rœco
A Dieu Très-Grand. Ici
das hic quiescit J. JB. P. repose le précoce J. B. P.
Laboric , dodus studiosus Laborie , ami studieux et
medicinœ qui scmpcr la- savant de l’art de guérir ,
loravit , omnibus virtuti- qui ne se reposa jamais.
lus deditus , benè vixit Il cultiva toutes les vertus ,
anr.os viginti sex. Defunc- et vécut honorablement
tus dgesimo tertio nove.m- pendant vin g t-six ans. Il
bris kalendis M. D. CCC. mourut le vingt-trois no
J tX lII. Orbati parentes vembre 1823. Ses parens,
hoc mcmumcntum posuére.
qui ont la douleur d’en
être privés , lui ont fait
élever ce monument.
�(
*55 )
T ROISIÈME
L IT T É R A T U R E
PARTIE.
M É D ICALE , NOUVELLES
SCIEN
TIF IQ U E S , M ÉLAN G ES , E T C .
i .* R e y u e
des
Journaux.
9
— -= > œ ^ m @ | i^ o « = = —
( Recueil administratif du département des Bouchesdu-Rhône , 7i.0 i j , année 1823. ) —• Extrait d’un
rapport présenté à S. E . Mgr. le Ministre Secrétaire
d’état de [intérieur, par l'Académie royale de médecine.
M
onseigneur
,
L ’examen des remèdes secrets est une importante
tâche imposée à l’Académie royale de médecine.
Les recherches que cet examen commande , les essais
qu’il nécessite , les discussions qu’il provoque , et leS
décisions qn’il entraîne , exigent des travaux loties,
pénibles, fastidieux, et causent souvent non itioînà
de désagrémens que d’ennuis.
Toutefois l’Académie, fière de ses attributions ,
autant que jalouse de ses devoirs , ne s’arrêtera point
devant ces difficultés : elle saura les surmonter , dan’s
l’espoir de répondre à l’attente du gouvernement , et
dans le désir de satisfaire aux intérêts divers qui se
lient à cette grande opération,
L ’Académie s’est bien pénétrée de la loi relative
aux remèdes secrets. Cette ldi est auSsi claire que
positivé. IL ne doit plus y >avoir-de remèdes secrets.
Ceux de •cos remèdes qui sont euimiitifés ou -nuisible?,
�( 1 36 )
seront repoussés ; les autres seront achetés et publiés
par le gouvernement , en raison de l’importance de la
découverte et des avantages qu’on en aura obtenus
ou qu’on peut en espérer : ainsi le veut le décret du
18 août i 8 i o , Bulletin des lois , n.° o .
Le législateur a donc tracé lui-même la ligne de nos
devoirs. Pour qu’un remède secret obtienne l’appro
bation de l’Académie , pour qu’il mérite les distinctions
du gouvernement, il faudra :
i . ° Que ce remède soit véritablement nouveau , ou
que du moins on lui ait donné une application
nouvelle;
i .° Que l’observation clinique en ait suffisamment
constaté l’efficacité.
A in si, par exemple , si les decouvertes importantes
des bases saliftables ou des alkalis des végétaux , et
plus particulièrement celles de la morphine , de la
strichnine , de la quinine , etc. , étaient tombées
entre des mains pures ; si les auteurs de ces décou
vertes , plus envieux de la fortune que jaloux de la
gloire, avaient voulu spéculer sur ces substances mé
dicamenteuses et en faire un secret , l’Académie se
serait hâtée d’attacher son approbation à de pareils
remèdes : elle les aurait signalés à l’attention et à la
générosité du gouvernement.
Mais lorsque l’Académie est appelée à prononcer
sur des combinaisons plus ou moins bizarres de subs
tances inertes ou de peu d’efficacité, conseillées ce
pendant contre les maladies les plus graves , elle les
repousse sans un examen bien appiofondi. L ’expérience
des siècles passés a suffisament fait justice de ces pré
tendus spécifiques, qui ne trompent guère que ceux
qui veulent en faire le trafic.
38
D ’un autre côté, si l’on soumet à l’Académie des
médicamens actifs dans lesquels des substances unies
�3
( i 7 )
en plus ou moins grand nombre tendent à se détruire
les unes par les autres, et à former des composés va
riables par leur nature autant que parleurs effets; si on
lui adresse des recettes dont les élémens se trouvent
portés à des doses assez élevées pour alarmer la pru
dence éclairée du médecin et compromettre la santé des
malades , l’Académie les rejette aussi psr la seule force
de ses lumières et de sa conviction.
L ’Académie croit devoir également refuser son appro
bation à cette foule de formules qui, Lien que régulières
et composées de substances efficaces , judicieusement
associées , dosées avec prudence , et indiquées avec
sagesse , n’offrent cependant rien de nouveau , et pur
cela même rien d’utile. Les archives de la science sont
encombrées de ces recettes; et le nombre auquel il
serait possible de les élever encore ne saurait se déter
miner que par le nombre et les quantités mathématiques
des substances qui peuvent en faire partie.
Il existe enfin des arcanes que la confiante crédulité
du peuple s’est en quelque sorte appropriés , et dentelle
abuse d’une étrange manière. Ces arcanes , parce qu’ils
n’ont pas toujours eu des effets funestes , ou bien parce
qu’ils ont été et qu’ils peuvent réellement être utiles dans
certains cas que le médecin seul peut calculer et prévoir,
sont universellement prônés. On les conseille contre
toutes les maladies , on les emploie dans toutes les
circonstances, on des livre de toutes mains, et le mal
qu’ils produisent est à peine calculable. L ’Académie croit
devoir poursuivre ces arcanes de toute la force de sa
raison, de tout l’ascendant de son opinion , de toute la
puissance de sen crédit. Les arsenaux de la médecine
offrent déjà une foule de moyens à l’aide desquels on peut
sans danger produire les médications salutaires attribuées
à ces arcanes; eL quant à leurs pernicieux effets, il est
�C i
58
)
dans les honorables attributions comme dans les indis
pensables devoirs de l’Académie , de les prévenir.
Le remède du sieur Leroy, dont l’Académie s’occupe
depuis long-temps , et à l’examen duquel elle a appliqué
tous ses soins , rentre tout-à-fait dans cette dernière
catégorie.
Ce remède comprend deux formules différentes.
La première , appelée purgatif de quatre degrés , se
compose de plusieurs drastiques très-violens , macérés
dans l’alkool, et masqués avec du sirop de mélasse.
Sans doute cette recette offre quelques analogies avec
la formule très-connue sous le nom d’Eau-de-vie allemande,
dont les médecins ont généralement abandonné l’emploi,
parce qu’ils en ont reconnu les dangers. Mais il est vrai
de dire aussi que , dans le remède du sieur Leroy, et
l’on en verra plus bas la preuve , les doses des subs
tances drastiques ont été poussées jusqu’à de mortels
excès.
La seconde formule se trouve désignée sous le nom
de vomi-purgatif. C’est une décoction fortement chargée
d’extractif de séné , et une dissolution de tartrate antimonié de potasse dans l’eau et le via blanc.
L ’Académie définit ainsi la composition du remède
du sieur Leroy , d’après deux données différentes.
Elle la juge d’abord sur la formule adressée à Son Exc.
le Ministre Secrétaire d’état de l’intérieur, laquelle porte
la signature du sieur Leroy.
Elle la juge encore d’après les analyses chimiques
qu’elle en a faites , et dont les détails seront joints au
présent rapport.
Déjà divers essais préliminaires du remède du sieur
Leroy , la méditation des effets violons ou même funestes
de ce médicament sur l’économie humaine , et des ex
périences comparatives sur des animaux vivans , avaient
porté l’Académie à soupçonner que l’arcane débité était
�(
)
autre et surtout plus actif que la préparation qui résulte
de la rigoureuse exécution de la formule que le sieur
Leroy a soumise à Son Excellence.
Cette conjecture, déduite de faits soigneusement
observés , engagea l’Académie à tenter de nouvelles
expériences. Elle a donc procédé à un examen compa
ratif des deux liqueurs , l’une appelée purgatif au
deuxième degré, achetée chez. M. Cottin , pharmacien,
rue de Seine, n.° 40, qui débite d’office pour le sieur
Leroy ; l’autre , préparée très - rigoureusement suivant
la formule présentée à Son Excellence et signée par le
sieur Leroy.
De ces deux analyses comparatives , il résulte que
la liqueur du sieur Leroy , vendue chez, M. Cottin ,
n’a pas été préparée suivant la formule remise ; qu’on
a employé de l’alkool d’un degré plus élevé que celui
qui se trouve indiqué dans la recette ; que si l’on ne
s’est pas servi , pour cette préparation , de la résine
même du jalap , on a du moins fuit agir le véhicule
alkoolique à une- température plus élevée et sur des
quantités bien plus considérables des substances dras
tiques. Douze onces du liquide acheté chez M. Cottin
ont fourni deux gros trente grains de résine , tandis
que la même quantité du liquide préparé selon la for
mule ne renferme que trente-huit grains de matière
résineuse.
Quant au vomi-purgatif, le sieur Leroy indique un
gros d’émétique pour quatre livres de liquide, ce qui
fait un grain et un huitième par once de solution ; et
cependant l’analyse chimique de ce vomi-purgatif a
démontré qu’il contenait trois grains et demi d’émétique
par or.ce de liquide.
La quantité d’extractif de séné n’a pu être déterminée
assez rigoureusement pour en tenir compte ainsi.
Les détails de ces analyses comparatives serost
également annexés au présent rapport.
�( *4° )
Que dire , que faire surtout contre cette supercherie
insigne, contre cette mauvaise foi manifeste, qui ,
déroutant tous les calculs de l’observation , induiraient
l’Académie dans des jugemens hasardés , et l’autorité
supérieure dans de fausses mesures !
Le remède du sieur Leroy se compose donc de
purgatifs violens , de três-puissans drastiques. L ’exajnen approfondi.; le jugement final de ce remède j
engagent par conséquent , sans qu’on puisse l’éviter»
une question de thérapeutique générale, celle des effets
physiologiques et des indications curatives de ces
purgatifs irritans.
L’Académie ne refusera pas d’aborder cette question ;
encore qu’elle reconnaisse que cc n’est pas ici le lieu
de la traiter à fond, ni même de la pousser trop loin.
Les drastiques agissent d’une manière très-violente
sur les tissus vivans avec lesquels ils sont mis en
contact. Des expériences répétées par M. Orfîla sur
tout ont prouvé incontestablement l’action irritante de
ces substances même à l’extérieur, et la propriété
qu’elles ont de développer assez promptement sur la
peau des phlegmasies plus ou moins graves.
Portés sur la face interne du conduit alimentaire,
les drastiques exercent une impression bien autrement
vive et beaucoup plus profonde. Ils élèvent à un trèshaut degré l’action vitale de l’estomac et des intestins ;
ils irritent plus ou moins fortement la membrane mu
queuse qui revêt ces viscères , ils augmentent toutes
les secrétions des voies digestives et plus particulière
ment l’exhalation séreuse qui humecte la cavité intesti
nale. Souvent ils atteignent , par la vivaeité et la pro
fondeur de leur action, la membrane musculeuse , et
ils suscitent ainsi une grande accélération dans le
mouvement péristaltique du canal digestif.
La membrane muqueuse qui revêt les voies alimen-
�4
( < i )
taires, sent si vivement l’impression irritante des dras
tiques , que presque toujours l’action de ces médicamens
dépassent le degré de développement qui décide l'effet
purgatif. De pareils résultats sont certains, si les dras
tiques ont été pris à haute dose. Les points qui se
trouvent en contact avec ces substances, acquièrent
une chaleur insolite , accompagnée de gonflemens et
de douleurs que la pression exaspère. Il se déclare
une soif inextinguible. Des sensations générales de
froid se reproduisent à des distances très-rapprocfté'eS.
Le pouls devient fréquent, petit , inégal et même inter
mittent ; et l’on a produit ainsi des phlogoses de la mem
brane muqueuse , des diarrhées ou des djssenieries
rebelles, des entérites, des gastro - entérites , aux
quelles se joignent encore souvent les 1dégénérations
ataxique et adynamique, ou même la gangrène des
intestins et la mort.
L’irritation ne se boi’ne pas toujours à la surface des
intestins. La phlogose développée sur le duodénum et
sur l’extrémité des conduits cholédoque et pancréatique,
se propage jusqu’au foie et au pancréas , donne aux secré
tions biliui es une prodigieuse activité , et produit trèsfréquemment diverses lésions organiques de ces vicères.
L'irritation se communique encore souvent par sym
pathie au système des voies urinaires ; elle se porte
aussi sur les appareils de la génération, et spéciale
ment sur l’organe utérin , où elle détermine , soit
primitivement, soit consécutivement, les accidens pa
thologiques les plus graves.
Indépendamment des irritations locales ou sympathi
ques provoquées par les dr astiques sur les tissus vivans,
les agens irritans de ces substances sont encore recueillis
par voie d’absorption et charriés ainsi plus ou moins
loin dans l’économie. Des observations authentiques, des
T. VI. Novembre 1823.
i
3
�4
( * a )
faits incontestables , attestent cette vérité , confirmée
d’ailleurs par diverses expériences sur les animaux. On
remarque à la suite des drastiques des phénomènes
généraux , un trouble universel que tout le monde con
naît : l’effet purgatif de ces substances communiqué de
la nourrice à l’enfant , etc.
Remarquerons - nous ici que tous les purgatifs ne
jouissent pas de la propriété de communiquer leur
action de la nourrice à son enfant ? Cet effet est cons
ta n t, après la rhubarbe, le séné, le jalap et tous les
drastiques ; il est douteux ou incertain après les
purgatifs salins ; il est nul à la suite des purgations
déterminées par la manne et l’huile de ricin.
Du reste , ce n’est pas d’aujourd'hui que l’on a signalé
les graves inconvéniens attachés à l’emploi des drasti
ques. Voyez , d’une p a rt, tous les efforts de la chimie
pharmaceutique pour en amoindrir l’activité , pour en
émousser l’action irritante, Le diagièdo cidonié, le
diagrède glycyrrhisé , le dirgrède sulfuré, la poudre
cornachine , et une foule d’autres préparations qu’il
serait à la fois inutile et long d’énumérer ic i, en font
assez foi.
D ’une autre part, si nous voulons repasser dans
notre esprit les faits particuliers qui ont servi de base
à nos idées générales sur ce sujet ; nous trouverons
les données suivantes :
Foresius rapporte deux observations de dyssenterie
grave, dont une se termina par la m ort, à la suite d’un
purgatif violent administré par un empirique. Il cite
d’ailleurs d’une manière générale des faits de la même
nature : tout en déplorant la téméraire ignorance des
charlatans et l’aveugle crédulité du peuple , tant en
France que dans la Hollande , où il avait exercé la mé
decine avec non moins de distinction que de célébrité,
jv VFillis, dans sa 'Pharmacologie rationnelle, que l’on ne
�143
(
)
consulte pas sans fru it, même à l'époque actuelle de
la science , en étudiant le mode d’action des évacuons
sur l’économie animale, cite deux exemples de fâcheux
effets produits par le drastique que débitait un empirique.
Hoffmann , dans sa dissertation De cognocendâ corporis humani naturâ ex effectu remediprum , aux para
graphes 22 et 20 , a signalé d’une manière générale
l’action pernicieuse des drastiques ; et il l’a signalée ex
professa , dans une autre dissertation intitulée : De purgantibus fortioribus ex praxi meâicâ meritb ejicicndis.
Le même auteur, dans un opuscule ayant pour titre:
De inflammations vcntriculi frequeniissimâ , dont la lec
ture n’a jamais dû paraître plus intéressante que clans
les circonstances et au milieu des opinions médicales
qui nous pressent , a consigné l’histoire de la maladie
et de la mort de deux chirurgiens de village, qui,
après avoir pris un violent purgatif, furent atteints
d’une inflammation considérable de l’estomac avec tous
les accidens inséparables de cette maladie, Hoffmann
a vu aussi des cas de fièvre intermittente dans lesquels
l’usage des drastiques a eu des suites semblables,
On lit dans les Ephcmérides germaniques plusieurs
exemples des mauvais effets d’une solution de résine
de jalap dans l’alkool , édulcorée avec le sirop de roses
que débitait' un charlatan forain. On y trouve entr’autres l’exemple d’une femme qui , après en avoir
fait usage, éprouva une inflammation intestinale des
plus graves et des convulsions épileptiques qui durè
rent plusieurs semaines.
La Collection d'observations particulières et de consul
tations (/Hoffmann , les observations medicales de Schenk,
1os pphèmérides des curieux de la nature, les annales de
Riçdlin, le recueil d'observations de Thoner, les cas rares
de Stalpart Vanderwiel contiennent un grand nombre
de faits dans lesquels l’emploi de drastiques a été suivi
�( f 44 )
d’inflammations de l’estomac, du foie, des intestins,
avec des suites , soit aiguës , soit chroniques , plus ou
moins funestes.
Enfin, dans plusieurs des mémorables séances dites
Prima mensis , de l'ancienne Faculté de médecine , dont
il faudrait chercher à reproduire les avantages si l’on
pouvait en écarter les inconvéniens , on entendit sou
vent citer des observations constatant les pernicieux
effets des drastiques imprudemment maniés par l'igno
rance ou par le charlatanisme.
Les faits de ce genre sont d’autant plus nombreux,
que , de toutes les médications , la purgation est celle
dont on abuse le plus dans la médecine populaire. Aussi
esl-ce sûrement à cette cause qu'il faut attribuer le
grand nombre des maladies chroniques primitives qui
affligent l’espèce humaine et qui désolent les médecins,
et le nombre bien plus considérable encore des maladies
aiguës dégénérées en chroniques , toujours au détriment
des malades.
Comme l’action primitive des purgatifs parle immé
diatement aux sens, chacun croit en pouvoir déter
miner justement l’efficacité, en la calculant d’après la
quantité d-^s résultats matériels. C’est par les sens que
le vulgaire se laisse plus facilement surprendre, parce
que c’est précisément par là qu’il pense ne pas pou
voir cire trompé.
Aussi n'est-ce pas pour la première fois que les
drastiques sont devenus l’objet d’un honteux trafic et
la base des médications du charlatanisme. Cette mine
a été exploitée dans tous les pays et dans tous les
siècles ; et l’on a vu successivement en France , par
exemple, les Printemps, les Lavéronnière , les Daillaud,
et tant d’autres dont le temps a fait une prompte et
suffisante justice.
Depuis longues années aussi, des expériences tentées
�45
( i
)
sur les animaux vivans ont fait connaître les résultats
de l’impression des drastiques sur l’économie animale.
Nous ne chercherons pas à remonter jusqu’aux pre
mières époques de ces utiles expérimentations ; nous
citerons seulement celles que de légers efforts retrace
ront à notre mémoire.
Graof a observé que , si l’on ouvre un chien après
lui avoir fait avaler des drastiques , on voit l’humeur
biliaire et pancréatique affluer dans le duodénum , et
les intestins s’enflammer sous les yeux même de l’ex
périmentateur.
Wepfer a fait prendre divers drastiques et spécialement
de la résine de jalap à de petits chiens : il a toujours vu
survenir des convulsions, des vomissemens et la mort.
A l’ouverture , on trouvait les intestins enflammés et par
semés de taches de diverses couleurs.
M. Qrfila a remarqué que les intestins étaient at
teints d’une phlogose violente, lorsqu’il faisait prendre
à des chiens des drastiques à haute dose ; et que,
liant aussitôt l’œsophage, il empêchait ces substances
de sortir par le vomissement.
Déjà Daubenton avait expérimenté les mêmes choses
et obtenu les mêmes résultats sur des moutons.
De pareilles conséquences se déduisent des travaux de
quelques autres expérimentateurs , de M. Magendie , de
M. Félix Cadet, de M. Dr/puy , par exemple ■ de telle
sorte qu’en récapitulant les observations et les faits re
produits jusqu’à ce jour , on arrive aux conclusions gé
nérales qui suivent :
Des imprudences condamnables commises dans plu
sieurs circonstances , des témérités criminelles dont di
vers charlatans se sont rendus coupables , et enfin de
louables expériences répétées sur des animaux vivans,
ont également mis hors de doute que les drastiques
peuvent occasionner des inflammations mortelles de
�( ï4<5 )
l'estomac et des intestins , et que , portées à des doses
très-élevées, ces substances déterminent des lésions
tout-à-fait analogues à celles que font naître les poisons
caustiques.
Les drastiques employés à petites doses, mitigés
par diverses combinaisons , ont cependant été conseillés
et employés dans plusieurs circonstances avec quelques
succès. Ces circonstances favorables peuvent être toutes
ranges sous ces deux indications capitales :
,
i.° Lorsque , en vertu de l’irnpressionabilité des in
testins , il a été utile de porter sur le système absorbant
abdominal une excitation plus ou moins vive , plus ou
moins prolongée ;
2.0
Lorsque , à l’aide de cette irritation abdominale
contenue dans de justes bornes , on a jugé convenable
de déterminer sur l’abdomen un centre fluxionnaire
dans l’intention d’opérer une révulsion favorable, d’ob
tenir une dérivation avantageuse.
C’est ainsi, par exemple , que les drastiques ont été
utiles dans quelques eas d’hydropisie, contre certains
engorgemens des glandes , pour des tumeurs abdomi
nales , etc.
C’est encore ainsi qu'on les a employés avec avantage
pour tarir la sécrétion du lait dans les mamelles , pour
faire cesser des aliénations mentales , pour remédier à
des suites d'apoplexie, etc.
Mais il n’est pas moins constant que , dans ces mêmes
circonstances , les drastiques ont eu souvent de fâ
cheuses conséquences. Combien de fois , dans l’hydropisie , par exemple , n’a-t-on pas vu ces substances , qui
avaient procuré d’abord la diminution et même la pres
que entière cessation de l’épanchement, faire passer la
maladie à l’état aigu, donner naissance à l’inflammation
d’un des points du tube digestif, allumer la fièvre, pro
duire un épanchement plus considérable que le premier
et hâter la mort du malade !
�(
i4? )
Baldinger a publié un cas d’hydropisie causée par les
poudres d’Aillaud. On trouve un fait semblable dans
les Ephèmèrides des curieux de la nature , sur un habi
tant de Wurtemberg, auquel un empirique ambulant
avait administré des purgatifs drastiques.
Hoffmann a vu plusieurs fois l’usage des drastiques
promptement suivis de la mort chez bes hydropiques, et,
à l’ouverture des corps , il a toujours trouvé les intes
tins enflammés et gangrenés.
Dans toutes les hydropisies qui ont lieu avec une
dégénération organique ou qui en dépendent , toutes
les fois qu’il existe quelque phlogose , des spasmes ou
des irritations sur les intestins , et le diagnostique de
ces divers états n’est pas toujours aisé, les drastiques
sont certainement funestes.
Aussi , dans l’état actuel des connaissances théra
peutiques , et après avoir apprécié ces résumés généraux
de faits, les praticiens se réunissent-ils assez pour rem
plir les indications que nous avons signalées à l’aide
des purgatifs salins de préférence aux drastiques.
Les purgatifs salins déterminent également sur la
membrane muqueuse une excitation convenable ; ils y
provoquent une irritation plus ou moins vive ; mais
cette double action n’est ni aussi profonde , ni aussi
durable que celle que causent les drastiques. On peut
donc la répéter plus souvant, ce qui est déjà un trèsgrand avantage ; et de plus elle ne blesse pas la surface
intestinale, comme font les drastiques ; elle ne suscite
pas d’état phlegmasique de ces parties , etc.
Après avoir incontestablement prouvé que le remède
du sieur Leroy est composé de drastiques violens portés
à des doses extrêmes , après avoir fait connaître la ma
nière d’agir de ces drastiques sur les tissus vivans et leurs
effets consécutifs sur l’économie animale , l’Académie ,
forte des inductions logiques fournies par ces données
�148
(
)
générales , aurait pu, à juste titre et avec assez de fon
dement, frapper de réprobation ce prétendu remède.
Mais l’Académie n’a pas cru devoir se contenter de ces
preuves , elle a voulu connaître encore l’arcane du sieur
Leroy par des voies diiectes et le juger sur ses pro
pres effets.
Ici l’Académie a surtout formé son opinion d’après un
ensemble de faits accidentels , sur des malades qui, cé
dant à des insinuations étrangères , faisaient usage du
remède , et réclamaient ensuite les secours de l’art pour
en combattre les effets délétères.
Voici d’abord les symptômes que l’on observe assez
constamment chez les personnes auxquelles le remède
a été administré.
Peu de temps après qu’il a été pris , il provoque des
vomissemens considérables, une anxiété profonde, des
spasmes à l’épigastre , de la suffocation avec resserre
ment très-douloureux du thorax , des défaillances con
tinu: lies , la pâleur de la face et sa décomposition au
point d’amener cet ensemble de traits connu et décrit
sous le nom de face hypocratique. Bientôt il se déclare
des déjections alvines si fréquemment réitérées , qu’on
aurait de la peine à le croire, des vomituritions conti
nuelles , des douleurs avec refroidissement des extré
mités ; èrieures, des sensations répétées de froid dans
Ja région abdominale et une horripilation générale. Le
pouls devient petit, concentré , fréquent, souvent même
intermittent.
Cet état se prolonge plusieurs jours de suite ; heu
reux si l’on parvient à le faire cesser par les moyens
bien entendus d’une thérapeutique éclairée !
De pareils résultats n’ont rien de surprenant. Jusque
là , en bonne thérapeutique , on n’avait donné les
drastiques qu’à des doses minimes. Jusque là on se con
tentait de les administrer une fois ; ou si l’on en réité-
�( 249 )
rait l’emploi, c’était toujours à des distances convenables.
Jusque là aussi on s’était efforcé d’en modérer l’action
par des combinaisons plus ou moins efficaces. Le sieur
Leroy a porté au contraire ces substances à des doses
tellement excessives , qu’il les dissimule : et non seule
ment il n’a pas cherché à en diminuer l’effet irritant,
mais il l’a encore augmenté en prenant pour excipient
de ces matières résineuses de l’alkool à 22 ou a degrés.Jusque là on avait également circonscrit dans un
cercle assez étroit les circonstances où il convient de
donner les drastiques. Au contraire, dans l’empirisme
du sieur Leroy, ils sont prescrits tant en santé qu’en
maladie , à titre de préservatifs aussi bien que comme
curatifs ; et il en continue l’administration , il en pro
longe l ’emploi pendant plusieurs semaines ou même
pendant plusieurs mois consécutifs. Il est difficile d’ima
giner un état pathologique pour lequel ces violens
moyens ne soient pas conseillés ; et cela d’après une
théorie de laquelle rougiraient même les médecins de
Molière, et dans un ouvrage où l'audaèe et la mau
vaise foi le disputent à l’absurdité et à l’ignorance.
Il serait beaucoup trop long de redire ici tout ce
que plusieurs des praticiens dont se compose l’Aca
démie ont observé et rapporté des fâcheux effets dé
ce remède. Les médecins attachés aux hôpitaux , soif
civils , soit militaires , ont vu plus fréquemment éncoré
les ravages qu’il a causés. Tout en nous interdisant
les détails sur ce sujet, nous ne résisterons cependant
pas au besoin de raconter le fait suivant.
On remarquait depuis quelque temps , danS Un des
rëgimens de la garde royale , que le nombre des ma-f
ladies était bien plus considérable
l’ordinaire , bien!
plus considérable aussi que dans les autres corps. An'
milieu de ce mouvement insolite , les hommes arm J1. VI. Novembre 182J.
3
qu’à
�C a5o )
raient à l’hôpital avec des symptômes tellement uni
formes, que le médecin ne s’y méprenait jamais. La
cause de la maladie et le lieu d’où venait les malades
étaient déterminés à la première inspection. On apprit
bientôt, en effet, qu’un médicomane , entiché du re
mède du sieur Leroy , s’était introduit dans la ca
serne , et que l à , abusant du caractère facile et de
la confiante simplicité des soldats , il faisait autant de
malades que de dupes.
En résumé général, des céphalalgies opiniâtres ; des
aliénations mentales , soit aiguës , soit chroniques ;
des phlegmasies de diverse nature sur les organes de
la respiration; des gastro-entérites; des entérites ; des
dyssenteries ; des hépatites , soit vives soit lentes ;
des erigorgemens et des squirrhes du pylore ; des ulcé
rations aux intestins : telles sont les fréquentes consé
quences de l’emploi de ce prétendu remède ; et trop
souvent la mort en fut la déplorable terminaison.
Pour ajouter , s’il est possible , à l’évidence de ces
démonstrations cliniques , des expériences ont été
tentées sur les animaux vivans.
Quatre chiens furent soumis à ce genre d’essais.
A l’aide d’une sonde et d’une seringue, on introduisit
dans l’estomac de deux chiens de r.lce croisée , assez
forts et assez gros , tioi* cuillerées environ du pur
gatif au troisième degré. Aucun des deux chiens ne le
vomit , mais ils ne tardèrent pas l’un et l’autre à mani
fester beaucoup de malaise , une agitation extrême et
comme des mouvemens convulsifs. A cette agitation
succéda un affaissement considérable sans aucune éva
cuation stercornle chez l’un des deux chiens , et suivi
d’une évacuation considérable chez l’autre.
On a ouvert les deux chiens ; l’u n , deux heures
après l’injection du liquide, et l'autre, deux heure»
plus tard.
�C 25l )
Dans l’un comme dans l’autre , les intestins se mon
traient phlogosés par zones inégales. Les derniers in
testins et l’estomac l’étaient beaucoup plus que la portion
moyenne du tube alimentaire. Sur plusieurs points, on
voyait des taches d’un violet tirant sur le noir : il n’y
avait que des différences peu sensibles dans l’intensité
des traces de la phlogose entre l’un et l’autre chien.
Depuis la gueule jusqu’au ventricule , on a trouvé , sur
un seulement, une légère phlogose , causée sans doute
par l’introduction de la sonde , plus encore que par l’ac
tion du remède.
Quatre cuillerées du liquide, au troisième degré,
furent injectées dans le rectum des deux autres <biens.
C’étaient deux caniches non francs et d’uue médiocre
grosseur. Immédiatement après l’injection, on se ci in
tenta de bien boucher le rectum , pour s’opposer à la
sortie du liquide injecté , et les chiens furent attachés
tous deux dans un cabinet fermé. Le temps manqua
pour les observer avec beaucoup de soin; mais ils mani
festèrent peu d’agitation.
On ouvrit l’abdomen de l’un et de l’autre chien , en
viron quinze heures après l’injection. Les intestins fu
rent immédiatement examinés , en allant d’arrière en
avant. Le rectum et les gros intestins étaient fortement
phlogosés : ils contenaient , avec beaucoup de matières
grises , moitié solides, moitié liquides , une quantité
considérable d’un fluide jaunâtre. Quelques points pa
rurent dépouillés de leur membrane muqueuse ; d'autres
étaient noirs et gangrenés. I! y avait dans le duodénum
des traces incontestables de phlogose ; il y en avait
aussi dans l’estomac.
A toutes ces considérations , déduites de diverses re
cherches scientifiques , nous croyons devoir joindre ce
que nous appellerons les jugemens de l'opinion publique.
L’Académie a reçu des bureaux de Son Excellence
�<
252
)
des plaintes graves contre le drastique du sieur Leroy,
adressées par diverses autorités constituées.
Plusieurs préfets ont transmis des rapports qui, par
leur importance et par la gravité des faits , ont déjà
éveillé péniblement la sollicitude de l’administration
supérieure.
Des maires , ceux de Rennes et de Metz entr’autres,
Se sont crus obligés d’avertir leurs administrés par des
affiches, pour les tenir en garde contre les suites dan
gereuses de cet arcane.
Plusieurs cas de mort survenue à la suite de son
administration ont été portés devant les tribunaux ; et
si la culpabilité a été justement rejqlée parce qu’elle
n’était pas établie , l’opinion publique n’en reste pas
moins vivement alarmée.
Des dénonciations , appuyées de détails circonstanciés
de faits , ont été rédigées par un grand nombre de jurys
médicaux établis dans les départemens : ces dénoncia
tions ont été presque toutes présentées à Son Excellence.
Depuis long-temps les divers journaux de médecine
ont recueilli et publié un grand nombre d’observations ,
toutes constatant, à des degrés différens , l’action fu
neste de ce remède.
La correspondance particulière de l’Académie a succes
sivement offert des accusations fortes , arrivées de diffé
rons points de la France et fournies par diverses sociétés
de médecine , ou même par des médecins écrivant iso
lément.
Le conseil de salubrité , placé auprès de M. le Préfet
de police , a signalé aussi à la surveillance générale
tous les dangers da ce remède.
Le conseil de santé créé à la Pointe-à-Pitre a adressé
à Son Exc. Monseigneur le Ministre Secrétaire d’état
de la marine et des colonies , deux rapports dans lesquels
sont mentionnées d’une manière générale les dange-
�( 2.55 )
•reuses conséquences attachées à l’empîoi du purgatif du
sieur Leroy, et où l’on voit cités en outre cinq cas de
mort arrivée à la suite de son administration.
Des considérations et des faits qui précèdent, l'Academie a tiré les conclusions suivantes :
Considérant que le sieur Leroy a fourni au Gouver
nement une recette autre que celle qu’il emploie pour la
préparation de son remède ;
Considérant que ce remède , tel qu’on le débite , est
composé de drastiques violens portés à des doses extrê»mes , dont on augmente encore les funestes effets en
lui donnant pour excipient de l’aîkool à 22 ou z5 degrés,
aussi bien qu’en en répétant et en en prolongeant exces
sivement l’emploi ;
Considérant que les drastiques , administrés ainsi sans
réserve et sans mesure , exercent sur l’économie une
action analogue aux poisons caustiques ;
Considérant enfin les victimes sans nombre que le
remède du sieur Leroy a faites , et les plaintes ou accusa
tions portées contre lui de tous les points de la France;
L ’Académie pense qu’il serait urgent d’interdire , au
tant que le permet la législation actuelle , la vente et
la distribution de ce prétendu remède.
Elle pense aussi que le meilleur moyen d’éclairer con
venablement l’opinion publique sur les dangers de ce
remède , serait de publier et de répandre abondamment
le présent rapport (r) afin que les administrateurs, les
gens de l’art et le public aient une entière connaissance
des dangers de ce prétendu spécifique.
Lu et approuvé à la séance générale de l’Académie
royale de fnédecine, le 6 mai i8a3,
Paris , ce 16 mai 182?.
L e Secrétaire perpétuel, E. P ar [sut.
'
(0 On conçoit,
en effet, que les choses utiles , les bonr.es
�( ifourn. de Pharrn. juillet, aoât et septembre 1823. ) —
Extrait d'un mémoire sur l'examen chimique de la racine
du convolvulus arvensis , liseron des champs , par A .
C h e v a l l i e r , pharmacien. — Le principal but que l’au
teur s’est proposé dans cette analyse , est celui de
comparer la résine obtenue de ce convoivulus avec
celle du conenlvulus julappa ; ainsi, après avoir reconnu
par une analyse méthodique que cette racine contient
de l’eau , de la fécule amylacée , de l’albumine , du sul
fate de chaux , du sucre cristaiiisable , de la résine,
un extrait gommeux , des sels solubles résultant de la
combustion , et de l’oxide de fer. Il l’a traitée direc
tement avec de l’alcohol à 3'i degrés , et il a obtenu une
résine qui desséchée pesait 4>9® » elle avait une couleur
verte ; elle était soluble dans l’alcohol , insoluble dans
l’eau, causait, en la mâchant, une irritation et une
acrete qui se portait à la gorge. Desséchée plus for
tement , elle l’est devenue assez pour pouvoir la
réduire en poudre Mise sur un charbon ardent , elle
brûlait à la manière des résines en laissant un charbon
volumineux, mais moins que celui de la résine de jalap
brûlée comparativement.
’Ejfet médical. Prise intérieurement à la dose de six
grains dans un jaune d’œ uf, cette lésine causa quel
ques tranchées assez violentes , mais sans donner des
évacuations. A 9 grains , elle donna lieu à une évacua
tion , mais toujours avec des coliques. Prise au contraire
dans un mucilage de gomme arabique , en augmentant
productions méritent d ’ être connues autant que les eri.eurs,
cariai nés opinions do ivent être à la fois signalées et combattue!.
A u s s i , n’ avons-non 8 pas hésité un seul instant à insérer le savant
rapport de l ’ Académie dans notre recueil qui plusieurs fois a
fait mention des pernicieux effets du remède du sieur L e r o y .
( N o tç d u R é d a c te u r - G é n é r a l J.
�( 2 55
)
la quantité de résine , elle a purgé doucement et sans
coliques.
« On voit par ees faits , dit l’auteur , que la résine
» du liseron est purgative , et qu’elle pourrait rcrri» placer la résine de jalap. Mais il est à craindre que la
» petite quantité qu’on en retire et qui n’est que de
» à p. oJ0 , ne puisse la rendre économique pour la
» substituer à la résine de jalap , les racines de ce
» convolvulüs donnant i6 p . 0/° de résine à l’état sain ,
» 20 et 24 plorsque le jalap est piqué et rongé ».
4 5
— Note sur la préparation du sirop d'ipècacvcnha ,
par F. J ero me l , pharmacien, à Asnitcres (Hautr-Plenne).
— Il prépare son sirop avec une teinture résultant de
l’action successive de l’alcohol à différens degrés et de
l’eau sur l’ipécacuanha , ainsi qu’ri suit :
Teinture d’ipécacuanha. Prenez : ipécacuanha gris ,
grossièrement pulvérisé , 4 onces ; alcohol à 07 degrés
de Baumé , une livre. Faites digérer à l’étuve , pendant
24 heures , à une température de 34 degrés, ayant soin
d’agiter plusieurs fois. Laissez refroider et filtrez. Versez
sur le résidu , alcohol à 22 degrés une livre. Laissez de
nouveau digérer à l’étuve 24 heures. Filtrez et versez
encore sur le marc, eau de rivière filtrée et chaude,
une livre ; prolongez, de même l’infusion pendant 24
heures, laissez refroidir et séparez le dépôt par le filtre,
après quoi unissez ensemble les t ois teintures, agitez
et laissez en repos. Il se formera un précipité très-abon
dant que vous séparerez après douze heures de repos.
Enfin , distillez la liqueur filtrée pour retirer : alcohol ,
deux livres. Recueillez le liquide restant dans le bainmarie , filtrez-le et ajoutez-y pour le conserver : alcohol
à
degrés de Baumé , une once, et la teinture d’ipécaeuanha est achevée.
C’est avec cette teinîure qu’on prépare le sirop dans les
proportions suivantes : teinture d’ipécacuanha, 2 onces j
36
�(
256
)
sirop simple , une livre, 2 onces. Faites bouillir cri
moment pour donner la consistance requise.
— Extrait d’une lettre de M. Parent , pharmacien à
Ciamecy, sur l s solutions de gomme à froid, pour di
verse'’ préparations. — Ayant reconnu que la gomme
arabique est altérée par l'action du calorique , M. Parent
propose d’employer la gomme arabique fondue à froid ,
dans son poids égal d’eau , dans toutes les préparations
dont elle fait partie.
« De la gomme arabique blanche choisie , dit - i l ,
» dissoute froid dans son poids égal d’eau , et ajoutée
» à du sirop bouillant fait avec du sucre très-blanc,
» produit un sirop aussi clair, aussi incolore que de
» l’eau la plus limpide , tandis que l’emploi du solutum
» à chaud lui fait contracter une légère teinte ombrée».
Il propose le même moyen pour la pâte de guimauve ,
de jujubes , etc. Ce procédé réunit à la perfection du mé
dicament une économie de temps et de combustible.
—* Note sur l’emploi en médecine de la solution de
cyanure de potassium par , comme succédanée de l'acide
prussique , par MM. R o b i q u e t et L.-R . Y ill erjwé . —
C ’est l’impossibilité chimique qu’on a reconnue de con
server pur l’acide hy dro-cyanique dissout dans l’eau,
qui a fait penser aux auteurs de ce mémoire de lui
substituer de l’hydro-cyanate de potassium.
En proposant ainsi de remplacer ce sel par son
acide allongé d’eau , les auteurs se sont basés et sur
ce que l’acide bydrô - cyanique n’est point uni à la
potasse dans l'état de combinaison parfaite , mais bien
dans l’état libre qui ne le prive d’aucune de ces pro
priétés caractéristiques , et sur ce q.ue l’acide hydrocyanique , ainsi joint à la potasse, ne se décompose
pas si aisément que lorsqu’il est seul dissout dans
l’eau ; quand même on aurait obtenu de la décomposi
tion du prussiate ferrugineux par l’acide sulfurique.
à
�(
257
)
Après avoir détaillé les faits qui prouvent ce que
nous venons d’avancer , les auteurs concluent :
i.° Que les effets de l’hydro-cyanate de potasse pur
manifestés dans leurs expériences, sont semblables à
ceux de l’acide prussique ou hydro-cyanique,
2.0
Que l’emploi de l’hydro-cyanate de potasse
préparée d’une manière extemporanée par la solution
du cyanure de potassium , paraît devoir être substitué
avec avantage à l’emploi de l’acide hydro-cyanique,
tel qu’on s’en est ordinairement servi jusqu’à présent,
et que cela mérite de fixer l’attention.
.° Qu’il faudrait s’assurer si le nouveau médicament
qu’ils proposent, ne peut produire sur l’économie ani
male d’autrés effets que ceux de l’acide prussique.
° Et que dans le cas où il en produirait aussi d’au
tres , il faudrait s’attacher à les bien reconnaître , et à
déterminer s’ils sont ou non nuisibles.
Les auteurs ajoutent que le moyen de rendre nulle
la petite portion d’alkali contenu dans l’hydro-cyanate
de potasse , serait d’ajouter quelques gouttes d’acide ve'è
gelai, qui saturûnt la potasse rendrait l’acide prüSsiqùé
encore plus à nud. Ainsi le sirop de limons ajouté
à la potion qui le contiendrait, remplirait parfàitément
l’indication.
— De l’existence de la marmite dans les feuilles de
céleri ( apiens graveolens ) , par M. V og 'e'l , de Munich.
— C’est en faisant les analyses comparatives de plu
sieurs plantes qui ont de l’analogie entr’elles, que M.
Vogel a trouvé de la fnannite dans lés feuilles de
celé ri.
Cette substance qu’on rencontre dans le miel fermenté^
dans le suc fermenté de betterave, a été rencontrée par
Fourcroy et Vauquelin dans les sucs d’oignon et de
melon qui avaient subi la fermentation intense ; M.
T . Y I. Novembre 1823.
3
4
33
�(
258
)
Tlubner a trouvé du sucre de manne dans la racine de
céleri, et l’auteur de cet article l’a rencontré dans les
feuilles du même végétal.
Elles renferment : i.° une huile volatile sans couleur
qui est cause de leur odeur pénétrante ; a.0 une huile
grasse mêlée de chlorophylle ; .° des traces de soufre;
4-° de la bassorine dissoute dans un acide faible, ce
qui constitue une gélatine tremblante ; .° une ma
tière brune extractive, et une matière gommeuse ; 6.°
la marmite incapable de subir la fermentation spiritueuse ; y.o enfin, du nitrate de potasse en quantité
considérable , et du muriate de potasse.
3
5
C our e t .
( Bulletin des sciences mèd. du départent, de l'Eure ,
juillet i a ) — Pommade anti - herpétique ; par P ■ H.
B outigny , successeur de M. L. H. Delarue , pharmacien
à Evreux. — «J’ai souvent préparé chez M. Renard ,
pharmacien , rue Vivienne , à Paris , pour des médecins
anglais,une pommade anti-herpétique,qu’ils employaient
avec le plus grand succès. M. Renard m'ayant autorisé à
la publier , je m’empresse d’en donner la recette comme
pouvant être de quelque utilité. La voici :
91. Proto-chlorure de mercure ,
En poudre impalpable (t ), . . 1 gros.
Axonge ou onguent populeum. . 4
M. selon l’art.
83
( 1 ) On tenterait vainement par la porphtrisatïon et la lé v i
gation , d'obtenir le mercure doux dans l’ état de division que
nous enteudons ; il n’y a qu’ en recevant sa vapeur dans celle
de l’ eau bouillante , que l ’ on peut parvenir à ce re’sultal. La
première fois que nous en pre’parAmes , nous suivîmes exacte
ment le procédé de
Josias J e w e l ,
mais nous ne pûmes obtenir
qu’ une petite quantité de poudre ,
et ce , après avoir couru
M
�(
>
Le malade étend une petite quantité de cette pom
made , deux fois par jour , sur la partie affeetée.
En meme-temps que ces messieurs font employer cette
pommade ^d’extcrieur, ils font prendre tous les matins
deux des pilules suivantes :
5
jy. Proto-chlorure de mercure,
En poudre impalpable. . • i gros.
Résine de g a y a c ................ 2
Sirop de n erprun................Q. S. pour faire
une masse qu’on divisera en 72 pilules.
Immédiatement après avoir pris ces deux pilules , lé
malade doit boire un verre d’une forte infusion de
houblon.
En outre ils purgent leurs malades , tous les quinze
jours , avec la potion cathartico-effervesceiite dont voici
la formule :
quelques risques , l'appareil s’ étant brisé a re c un fracas épou
vantable. Nous recommençâmes notre opération , et elle n’ eût
pas plus de succès que la première.
,
C ’ est après avoir échoué dans ces deux opérations j que,nous
avons imaginé de recevoir la vapeur du mercure doux dans celle
de l’ eau , en nous servant d ’ un appareil beaucoup moins simple,
et par conséquent beaucoup moins commode que celui de M .
H e n r y fils ( Voy~ez'\b n.° du Bulletin de F b a rm ., décemb. i§*>.2 ) ,
aussi l’avons - nou9 abandonné , depuis que nous connaissons
celui-ci.
No us avons remarqué que la vap eur du mercure doux à une
température trcs-.clevée, se décom posait, en assez grande quan
tité par son contact avec celle de l’ eau. Il est essentiel , pour
éviter celte décomposition , que le mercure doux ne soit pas
échauffé plus qu’ il ne faut pour le volatiliser.
L e calomélas ainsi préparé , v ie n t d ’ être employé avec beau
coup de succès à Paris , dans le traitement de la maladie véné
rienne.
�(
260
)
6
y. Phosphate de soude. . . . .
gros.
Carbonate de soude.................. 24 grains.
Jalap en poudre.......................24 grains.
Sucre..........................................
grains.
Faites bouillir pendant deux minutes dans eau com
mune 4 onces, filtrez et ajoutez alcohol au citron , deux
gouttes.
Au moment de prçndre cette potion , on y ajoute 40
grains d’acide tartariquç çn poudre et on la boit: pendant
l'effervescence ; cette potion purgative est très-agréable
et se prend sans répugnance aucune , par les personnes
même qui ont le palais le plus délicat: et le plus sensible.
Nous laissons à MM. les médecins le soin de prononcer
sur l’efficacité de res différentes recettes ; à eux seuls
appartient le droit exclusif de statuer sur la valeur mé
dicale de tel ou tel médicament; en les publiant, nous
n’avons eu en vue qu’un but : celui de les faire connaître
à ceux qui ont peu de rapports avec nos voisins ’doutremer ».
36
Jo urnaux
Anglais.
( IjOnd. mèd. et lïcv. mèd. ) — Huile trouvée dans
le sang. — « Le docteur T raill, de Liverpool, a eu
l ’occasion d’anafyser le sang de plusieurs individus af
fectés d’hépatite aiguë. Le sérum présentait une couleur
hlapche très-prononcée et ressemblait à une émulsion.
L ’huile se trouvait dans ce sérum duns.la proportion de
sur J.O# parties ».
Le rédacteur ajoute qu’il set ait à désirer, suivant
quelques esprits sages et ennemis des systèmes exclu
sifs , que l’analyse chimique constatât les altérations des
humeurs dans les différentes maladies et aux différentes
périodes de ces maladies. Cette analyse des humeurs
serait aussi utile aux progrès de la médecine que l’anaomie pathologique et la pathologie anatomique l’ont été
déjà.
4 ,5
�( a6i )
Journaux Allemands.
83
( J o u r n . der practischen Heilkunde von Hufeland , i i
Rev. m i d . ) — Evacuation complette du tenia à la suite
d e l'i n g e s t i o n d'une pièce de monnaie en cuivre.
k Lejeune Frédéric Æî*** , âgé de sept ans, était
depuis long-temps tourmenté d’une affection vermineuse
constatée par tous les symptômes de cette maladie et
par l’évacuation de plusieurs vers intestinaux. Depuis
long-temps aussi on avait employé tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur , mais toujours sans succès, tous les
rémèdes anti-vermineux connus , et depuis six mois
on avait abandonné tout traitement, quoique le petit
malade conservât toujours son affection. Un jour il
avala en jouant deux pièces de monnaie en cuivre
( Munster pfennige ) , ou denier de Munster, pièce qui
se rapproche de nos liards. On se borna à donner
à l’enfant du lait chaud et de l’émulsion d’amandes
douces. Vingt-heures après il eut une évacuation alvine
de matières molles , et il rendit les deux pièces dans
un paquet de glaires, lesquelles furent immédiatement
suivies de huit onces de tœnia solium. Il est à remarquer
ici que les pièces de monnaie n’avaient éprouvé au
cune altération de la part de la digestion , ce qui éloi
gne toute idée d’action chimique. Dès ce jour l’enfant
marcha rapidement à sa guérison, reprit de l'embon
point , et n’a éprouvé aucun dérangement depuis six ans.
et
— Sur l'emploi du chlore dans l'eau comme médicament,
particulièrement dans la fièvre scarlatine. — « Le D.
Braun a vérifié que le chlore mêlé dans l’eau est un médi
cament très-avantageux contre quelques maladies et no
tamment contre la fièvre scarlatine ; il porte même l’en
thousiasme pour ce moyen tellement loin , qu’il n’hésite
point à le proclamer comme le spécifique de cette der
nière maladie. Depuis dix ans qu’il emploie ce moyen
�( 262 )
contre la fièvre scarlatine , il lui a toujours réussi, même
dans les plus compliquées. Le chlore mêlé dans l’eau ,
di'-il, annihile la contagion de cette affection , et amène
pour la plupart des cas la guérison sans qu’il s’ensuive
des maladies consécutives. 11 donne le chlore mêlé dans
l’eau ( aqua oxy-muriatica ) , à la dose d’une cuillerée à
thé ou à café, toutes les deux ou trois heures aux enfan^
âgés de trois à six ans , et à ceux plus avancés en âge
une cuillerée à soupe dans le même espace de temps.
Cette eau ox_y-murialiqüe est donnée sans aucune addi
tion , vu que le chlore se décompose dans la plupart des
mélanges. Cette eau doit être avalée avec promptitude ,
ÿfin qu’elle ne proyoqne point.la toux , vu son action par
ticulière sur ie poumon , action déjà depuis long-temps
reconnue par MJVI. Parmentier éj Dey eux. M. Braun dit
avoir remarqué que dans l’angine qui accompagne sou
vent la fièvre scarlatine cette eau est bien plus facilement
déglutée que les autres boissons même mucilagineuses,
Aussitôt que la maladie diminué , il ne prescrit plus le
médicament qu’à la dose d’une ou deux cuillerées par
jour ; la quantité prise de ce médicament pour compléter
le traitement n’a jamais été plus élevée que de deux
onces chez les enfans et de quatre à cinq onces chez
les adultes, Si cette eau est donnée à plus hautes doses,
elle amène les vomissemens et de fréquentes évacuations
aivines ; si elle n’est point fraîche ou récente , ou si elle
est exposée à l’influense de l’air atmosphérique , son
usage amène dé légères excoriations à Ja lèvre ; c’est
pourquoi ii convient de ne préparer ce médicament qu’en
peliLe quantité à la fois et de l’éloigner de l’action de l’air
et de la lumière. M. Braun recommande de ne point
administrer pendant le traitement de la fièvre scarlatine
d’autre médicâmcnl que le chlore mêlé dans l’eau , aver
tissant que les diaphoniques même les plus légers
sont nuisibles. L ’empoisonnement, dit-il, n’est point a
�( 265 J
craindre ; car pour peu que la dose du chlore soit trop
«Élevée , les malades vomissent et le rejettent aussitôt.
Si pendant ce traitement il se développe une tuméfac
tion des parotides. M. Braun n’y porte aucun remède ,
la considérant comme une modification sympathique
de la scarlatine, qui doit disparaître par le même trai
tement de la maladie principale. Il convient , pendant
ce traitement , de renouveler souvent l’air de l’appar
tement du malade ; cependant M. Braun a obtenu le
même succès en l’administrant chez des malades dont
la chambre était fortement chauffée et qui respiraient
un air peu salubre. Le malade devra être très-peu cou
vert ; si même les malades sont incommodés par le
poids des couvertures ou même du drap , il convient de
les laisser entièrement découverts. M. Braun dit en avoir
obtenu dé très-bons effets j il rapporte , à ce sujet, un
fait curieux : un enfant de dix ans , atteint de la ma
ladie , était tellement impatient, qu’il ne voulait sup
porter aucune couverture. Sa mère , alarmée de le voir
nu , voulant au moins couvrir ses pieds et les garantir
du froid , lui passa une paire de bas. Le lendemain il
présenta l’aspect d’un individu qui s’était affublé d’une
culotte rouge qui descendait jusqu’à l’endroit où les bas
se terminaient ; tout le corps perdit son épiderme ; les
pieds seuls conservèrent le leur. Ce fait a été observé par
l’auteur, cdnjointement avec le docteur Olberg, de
Desau.
Quelquefois aussi M. Braun faisait humecter la peau
rouge et enflammée avec une éponge trempée dans l’eau
fraîche : il dit que cette pratique est des plus agréables
au malade, et lui est en même temps des plus utiles,
en ce qu’elle le calme , qu’elle ramollit la peau et la
rafraîchit 5 quelquefois même il mêle un peu de vinaigre
à l’eau , surtout dans les cas où il y a de la mauvaise
edeur dans la transpiration. Une seule fois il fit mêler
�264
{
)'
à l’eau en lotion de l’eau de chlore ; mais il n’y revint
point , craignant son effet sur le poumon. Enfin , M.
Braun rapporte, à l’appui de ses assertions, plusieurs
observations qui confirment les faits avancés par lui.
L ’auteur recommande ensuite le même médicament
dans quelques autres maladies, comme la pustule ma
ligne et le typhus ; il l’a surtout employé avec avantage
dans celte dernière maladie , dans ce qu’il appelle le
typhus bellicus de i i et 1814 : il est à remarquer
que M. Hufeland a déjà recommandé ce médicament
contre le typhus bellicus , et Ja fièvre nerveuse sous le
nom d'acide muriatique oxigéné ; la formule est la
suivante :
Chlore liquide............................ .... à gros j
Eau distillée............................ ....
8 onces;
Sirop de sucre............................
1 once;
A prendre par cuillerée à café dans les 24 heures.
M. Hufeland assure que beaucoup de malades n’ont
pris que ce seul médicament pour arriver à une guérison
parfaite ».
83
3
1
Jo urnaux Italiens.
83
( Annal universali di medicina di Milano i i )
et Revue médicale. — Nouvelle manière de traiter le
goitre , par M. Q uadiu, docteur en médecine à Naples.
— « La méthode de M. Quadri consiste à passer dans le
goitre un ou deux sétons , à un demi-pouce à-peu-près
du corps thyroïde. Si l’inflammation ne se forme pas
assez forte , on introduit dans la blessure un petit
morceau de racine d’hellébore noir qu’on y laisse trois
jours. On doit entretenir le séton cinq ou six semaines,
pourvu que la blessure ne soit pas faite trop près du
corps thyroïde. Dans quelque direction qu’on la fasse»
elle n’est accompagnée d’aucun danger ; l ’inflammation
consécutive ainsi que la suppuration , ne produisent
non plus aucun mauvais effet. Comme l’opération ne
�(
265
)
produit souvent qu’une diminution du goitre ,• il convient
de la répéter jusqu’à ce qu’il soit entièrement détruit.
M. Çhiadri observe que quelquefois il se forme des
carnosités aux bords des sétons, et qu’on doit les couper.
Il a vu aussi que le goitre disparaissait lorsque les plaies
étaient cicatrisées. Lors de la guérison , la peau , qui
est d’abord rugueuse, acquiert peu-à-peu l’état naturel.
L’efficacité de cette méthode est confirmée par sept cas
de guérison
2.°
Y
A E I É T É S .-
— M. P. Barthélémy , pharmacien à Marseille , a
soutenu en août i z , à la Faculté de médecine de
Montpellier, pour obtenir le grade de docteur en méde
cine , une thèse inaugurale de 19 pages in-4.0 , ayant
pour titre : Essai sur la scarlatine. Cet essai est divisé
en six sections dans l’ordre qui suit : i.° considérations
historiques de la scarlatine ; 2.0 étiologie j .° marche ,
durée , terminaison ; 4-° diagnostic ; .° variétés ; 6.°
Çnfin , traitement préservatif et curatif. On voit déjà
par cette seule division que l'auteur n’a pas été peu
méthodique et quel que fut le passage que nous citerions
de son travail f on lui rendrait cette justice que sa'
manière de raisonner est aussi claire que persuasive et
justifie surtout qu’il a bien profité des leçons de ses
maîtres. A l’époque actuelle où la contagion et la noncontagion de certaines maladies sont un sujet de dis
cussion que l’on n’aborde qu’avec infiniment de réserve,
M. le docteur Barthélémy soutient que les causes ,>
qu’il a fort bien énumérées , de la scarlatine, ne
donnent aucune idée de la contagion de cette phleg-'’
T. VI. Novembre 1823.'
83
5
3
34
�masse cutanée. « En effet, d it-il, toutes concourent à
faire présumer qu’elle ne tire son origine que de la
chaleur , de l’infection et de l'organisation individuelle,
et aucune d’elles ne prouve l’existence d'un germe spé
cifique , originaire ou développé , q u i, une fois trans
mis d’un individu atteint de la scarlatine à un individu
sain , soit susceptible de produire la même maladie.
C’est au moins ce qui n’a point encore été constaté
par aucun genre d’inoculation ». Cependant, l’auteur,
par respect pour l’opinion de MM. les professeurs Pinel
et Fodèrè , qur ont donné l’histoire de deux cas de
scarlatine éminemment contagieuse, ne se décide point
hardiment en faveur de l’opinioa qu’il partage et n’ose
pas môme jouer le rôle de conciliateur , quand il se
voit réduit à considérer la scarlatine tantôt comme
contagieuse , tantôt comme ne l’étant point. « Cette
opinion , dit-il , doit-elle prévaloir l C’est ce qu’il ne
m’appartient point de décider».
En résumé , et sans entrer ici dans tous les détail*
de la dissertation de M. Barthélémy, nous dirons quelle
peut servir de modèle , tant elle est bonne. Toutefois,
hous ferons remarquer qu’elle a cela de commun avec
tous les écrits , sans distinction , qu’elle n’est point
parfaite et nous nous contenterons pour le prouver,
de faire remarquer qu’à la page 17 , l’auteur a placé
la saignée dans l’article traitement curatij pharmaceutique.
Mais c’est une méprise bien excusable dans M. Bar
thélémy , qui étant pharmacien et médecin, a pu oublier
un instant la distinction de ce qui appartient à chaque
branche de l’art médical. Nous ne finirons pas sans
applaudir à l’heureuse idée qu’il a eue T sans doute pour
faire sentir que le phaimacien ne doit point se per
mettre de traiter des malades , d’avancer avec Schclhammer que le meilleur remède ne fait pas le bon pra
ticien j mai» que c'est d’habileté du praticien qui fait
�(
2f>7 )
l'excellence du bon remède, parce qu’il sait l’utiliser
en observant les règles de la bonne méthode : non
enim médicamenta , sed ars , id est methodus medendi,
facit artificem.
— M. J.-F. Fauchier , docteur en médecine etc , a
publié en mai de cette année une brochure in-8.° de 88
pages , contenant l’histoire de deux épidémies de scar
latine , observées à Entrecasteaux et à Largues , dépar
tement du Var. Si cette brochure ne présente rien de
nouveau , elle réunit du moins au mérite d’une bonne
rédaction , celui d’avoir su faire ressortir quelques cir
constances peu communes qui ont accompagné les épi
démies dont il s’agit; D ’ailleurs , la description des
maladies populaires , c’est-à-dire , de celles qui régnent
épidémiquement, honore ceux qui s’y livrent autant
qu’elle sert à faire bien connaître ces maladies. M,
Fauchier, qui a rempli sa tache en praticien habile, finit
par dire , quanta la contagion ou la non-contagion de la
scarlatine , qu’il a observé des faits en faveur des deux
opinions.
— M. le docteur Pierquin , l’un de nos zélés colla
borateurs , doit publier incessamment un nouveau for
mulaire sous le titre Je Mémorial pharmaceutique des
médecins de Montpellier. Nous donnerons une analyse
de cette production.
—<■ Les maladies éruptives , telles que la petite vé
role et surtout la rougeole , ont régné ce mois - ci à
Marseille , en nombre plus considérable que le mois
dernier, mais toujours avec un caractère de bénignité
remarquable. On a observé aussi quelques autres mala
dies inflammatoires , éi les résultats obtenus chez le£
individus traités suivant les règles de la doctrine pbyr
Biologique, ont été assez, satisfaisons , pour rendre
prosélites de oette doctrine les esprits même les plus
encroûtés des vieilleries de l'art médical.
�(
268
)
— D ’après le relevé des registres de l’État-civil de
la mairie de Marseille, il y a eu en. Octobre i a ,
naissances ; 297 décès et g4 mariages.
P .-M . Pioux.
83
356
5 .°
C
o n c o u r s
a c a d é m i q u e
*.
La Société royale de médecine de Toulouse propose
trois prix, chacun de la valeur de oo fr.
i.° Elle remet pour l’année 1824 • Déterminer le
mode d’action de /'iode sur l’homme dans l'état de
santé ou de maladie , et assigner les propriétés médicales de ses diverses prèparitions , tant à l'intérieur qu'à
l’eoctérieur.
2.° Pour l'année 1824 : Déterminer d’après une
bonne théorie , et surtout d’après le résultat précis de
l'expérience, les effets salutaires d'un ou de plusieurs
atsens médicinaux pris dans la classe des poisons végé
taux ou minéraux,
c.° Pour l’année i a : Indiquer d’après le raisonne
ment et l'expérience la position la plus Javorable que
l’en peut donner pu membre dans le traitement de la
fracture du col du fémur.
Les mémoires doivent être adressés , francs de port,
à M. Durasse, secrétaire-général, avant le i . er avril de
■ .'•ne année.
3
85
I,A Société royale de Médecine de Marseille déclare
quert insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc- , de ses membres soit titulaires , soit
correspondans , qui lui paraissent dignes d’être publiés,
elle n'a épard qu’à l’intérêt qu'ils présentent à la science
médicale : mais quelle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n'ant pas encore la sanction générale.
�( 2 69 )
BULLETINS
D E
LA
SOCIÉTÉ
DE
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
N ovembre 1823. — N . ° X X Ï Ï l .
m / a / % * y v 'fc .X 'v r v T ^ v * ^ / V '* -% / w v 'V » T jw w -» */%/%•»/»'%
sur le dèlirium tremens , pur M. P o in t e ,
docteur en médecine , médecin de VHôtel-Dieu de Lyon,
correspondant de la Société royale de médecine de
Marseille, etc.
Ob s e r v a t io n
La nommée Dorothée Dejean , âgée de dix ans,
passait sa vie à faire des tours de souplesse sur les
places publiques et dans les cafés ; elle fut dès sa
plus tendre enfance habituée à boire des liqueurs fortes,
et à ne faire usage que d’une très - petite quantité
d’alimens solides ; ce fut sans doute à ce régime ex
traordinaire , surtout pour un enfant, qu’elle dut la
constitution la plus sèche qu’il soit possible de ren-»
contrer, une stature petite pour spn âge , ainsi que
des membres grêles , et dont les os minces ne semT
blaient recouyerts que par une peau sèche , fine et
très-brune ; la tête était volumineuse relativement au
feste du corps, cet enfant se portait du reste ordi
nairement assez bien , quoique toujours mal vêtue,
et exposée aux vicissitudes atmosphériques, comme
aux mauvais tfaitemens de parens grossiers et inhu
mains.
�( 2 70 )
Le 4 avril 1822 , cette petite fille amusait par ses
tours d’agilité les habitués dlun café qui, par recon
naissance, sans doute, lui firent boire force bière, café et
eau-de-vie : le soir , grand mal de tète et mal-aise qui
fut pris pour un état d’ivresse qui lui était assez ordinaire.
Le
avril , elle reste couchée , ne répond pas aux
diverses questions qu’on lui adresse ; quelques pro
pos insignifîans seulement s’échappent de sa bouche ;
abandonnée sur son grabat , elle y passe la journée
sans recevoir aucun soin.
Le 6 , elle est apportée à l’hôpital ; nous la vîmes
alors , les deux poings fortement fixés sur le front,
on les en éloignait avec peine ; ils s’y reportaient»de suite,
le regard était fixe, il y avait délire taciturne ; le
pouls était petit et fréquent. Je ne pus voir la langue,
le yentre ne parut pas douloureux : il y avait parfois
des mouvemens spasmodiques des membres. Parfois il
semblait y avoir un peu moins de délire , alors efforts
pour se cacher la figure avec les mains, ou avec les
couvertures.
Prescription : petit-lait, une potion avec line once
de sirop de diacode f moutarde aux bras , deux bouillons.
Le 7 , même état, de plus essais continuels de sortir
de son l i t, mais chute dès qu’elle n’est plus supportée,
mouvemens désordonnés et spasmodiques de tous les
membres , exacerbation fébrile , délire continuel, in
somnie , extrémités des membres froides , poitrine et
abdomen très-chauds.
Prescription: petit-lait pour boisson ; quatre grains
d’opium en 8 pilules , divisés par fractions , à prendre
toutes les deux heures, potion calmante, avec une once et
demie de sirop de diacode ; deux vésicatoires aux jambes.
Le g, loquacité , un peu moins d’agitation dans les
organes de la locomotion , deuoc'exacerbations fébriles,
les poings sont moins constamment fixés sur le front j
5
�( 2 71 )
du reste même état que les jours précédens; même*
remèdes.
Les 10, i l , peu d’exacerbation dans l’état du pouls ,
point de sommeil, loquacité insensée se renouvelant
au moindre bruit , au moindre mouvement qui se
faisait autour de son lit. Même prescription , mais
augmentation des opiacés.
Le 12., silence absolu , point de réponse aux inter-*
pellations les plus pressantes ; mouvemens spasmodiques
des membres , et de quelques parties de la face se re
nouvelant à tout instant, un peu de diarrhée, l’abdo
men n’est nullement sensible au toucher, il y a néan
moins un peu de mieux.
Prescription : tisane de bouillon blanc avec laudanum
liquide , huit grains d’opium en pilules ; une potion avec
le sirop de diacode ; embrocations sur le ventre avec
un Uniment dans lequel entre le laudanum , et lavement
avec la décoction de tètes de pavot.
Le i , mieux plus sensible , la malade se plaint,
cependant, d’un grand mal de tête ; elle n’éprouve plus
que de légers mouvemens involontaires des membres ,
la diarrhée est encore forte ; i) n’y a presque pas de
fièvre. Mêmes remèdes internes et externes.
Les 14 , i et 16 avril, amandement simultané et
continuel de tous les symptômes. 11 n’y a plus de
diarrhée. Diminution progressive des remèdes opiacés,
crème de riz , etc. , e tc .,
Le 19 , guérison, sortie de l'Hôtcl-Dieu.
L ’état que m’a offert celte malade m’a paru être celui
que l’on a décrit sous le nom de delirium tremens ,
maladie signalée d’abord par Sannders et décrite en i 8 i 3,
par Sutton, anglais , qui l'a combattue avec succès par
l ’opium administré à dose beaucoup plus forte que je
ne l’ai fait; maladie qu’ils n’ont signalée que comme
affectant le plus souvent les hommes de 40 à o ans.
3
5
5
�o
( r7à )
b s e R VA T I
N d’inflammation du
M. IiAM p a l , D.-M• , membre titulaire
O
, par*'
la Société.
cerveau
de
L æs inflammations du cerveau étaient peu connue^
avant les recherches ét les observations de M. le pro
fesseur Lallemand ; leur diagnostic était encore couvert
d’un voile épais quand cet exact observateur nous â
fuit connaître par ses travaux , la marche , les symp
tômes et le traitement rationnel des differentes nuances
de ces maladies , qui étaient la plupart du temps
prises pour des apoplexies ou sereuses , ou nerveuses ,
ét contre lesquelles on dirigeait , d’après ces idées,
un traitement qui ne tendait souvent qu'à les aggraver.
II est vrai de dire qu'alors le flambeau de l’anatomie
pathologique n’avait pas éclairé cette classe importante
de lésions , et je ne craindrai pas de dire que cé
n’est que depuis qu’elles ont été éclairées par ce nou
veau genre d’étude , qu’on peut se promettre des succès
plus assurés dans leur traitement.
L’observation suivante offre un exemple et d’affec
tion cérébrale , désignée par M. Lallemand, sous le
nom d’inflammationou ramolissement du cerveau, et de
succès de la méthode de traitement proposée contre elle.
Marie Cervi , âgée de
ans , d’une constitution
assez forte ,■ d’un tempérament sanguin , bilieux ,■
était adonnée depuis quelque temps au vin dont elle
fesait quelquefois son unique nourriture , en y trem->
pant du pain; depuis cette pernicieuse habitude elle était
devenue sujette à des douleurs de tête qui se faisaient
souvent sentir avec tant de force , qu’elles détermi-'
naient des vertiges et des éblouissemens ; ces dou-'
leurs s’étant manifestées avec plus de force et à des
distances plus rapprochées au commencement du mois
d’août 1822, elle éprouva subitement et à diverses re
prises , dans 1» nuit du 8 an 9 de ce mois, des raouj
56
�73
( 2
)
vemens convulsifs dans les muscles de la face du
côté droit , et fut fort étonnée de se trouver le malin
avec l’angle des lèvres dévié à gauche.
Peu inquiète de cet état , parce quelle croyait que
c’était l’effet d’une fluxion, elle vaqua encore pen
dant quatre jours à ses occupations , mais au bout de
ce temps , voyant que sa prétendue fluxion allait tou
jours croissant, qu’elle commençait à éprouver depuis
deux jours , une 'certaine difficulté à mouvoir les
membres du côté droit , elle me fit appeler le 12
courant, et je la trouvai le soir dans l’état suivant:
bouche tirée à gauche , langue déviée à droite , arti
culation difficile des mots, déglutition pénible, mouvemens convulsifs des muscles moteurs de l’œil et
des paupières du côté droit , difficulté de fermer
celles-ci , larmoiement continuel , engourdissement et
légère diminution de la sensibilité des muscles du
bras , et principalement du cou , douleurs consi
dérables de la tête, pouls fréquent et dur , enduit
jauuâtre de la langue, soif légère , constipation de
puis quelque temps. Limonade pour boisson , saignée
du bras, pédiluves sinapisés , application d’oxicrat froid
sur la tète.
i
août, cinquième jour de la maladie , douleur de
tète moins forte , déglutition s’exerçant avec plus de
facilité , les autres symtômes restent les mêmes ; dix
sangsues sur le trajet de la jugulaire gauche, bain sinapisé , continuation de l’oxicrat froid sur la tète , infu
sion de guimauve avec addition d’un grain de tartre stibié.
La tisane produit dans la journée d’abondantes évacua
tions alvines, le soir , le pouls est plus fréquent, les
mouvemens convulsifs de la face ont cependant paiu
être plus rares.
Le 14 , sixième jour , le malin il ne reste d la fol le
céphalalgie qu'une espèce de cercle qui comprime la
T . VI. Novembre i o. 00
3
1
83
�274
(
)
tcte dans toute sa circonférence, les mouvemens con
vulsifs ont diminué de fréquence d’une manière no
table , pendant le temps de calme les paupières se
ferment presque complètement, le membre engourdi
n ’a pas encore éprouvé de changement , le pouls est
moins fréquent, la langue est humectée et jaune dans
son centre. Application de dix nouvelles sangsues sur le
même côtédu cou, limonade, une pilule de en ^heures,
composée avec 3 grains de calomel et d’un grain d’uloës.
i o , septième jour, il y a eu dans la nuit trois
selles abondantes, les mouvemens convulsifs ne se
sont plus fait sentir depuis la veille, la déglutition se
fait comme à l’ordinaire , les paupières ont repris
leurs mouvemens habituels, la bouche est toujours
tirée à gauche , le membre engourdi est seulement
un peu léger, le pouls est lent et régulier , la malade
demande des alimens. ( continuation des pilules , mais
elles sont données de quatre heures en quatres heures,
application d’un vésicatoire à la nuque, limonade,
trois bouillons dans la journée ).
16 août, huitième jour. De tous les symptômes pro
venant de l'affection cérébrale, il ne reste que la
déviation de l’angie des lèvres et l’engourdissement
des muscles du cou et du bras droit, engourdisse
ment qui est moindre , la malade ayant plus de fa
cilité à exécuter divers mouvemens ; ce jour la malade
prit une soupe légère , et les pilules ne furent plus don
nées que le soir et le malin , deux chaque fois , le
vésicatoire est entretenu.
17 , neuvième jour, le mieux continue , les aîimcns
sont légèrement augmentés, lu convalescence parait
confirmée.
Les jours suivans, la malade est mise à un régime
doux , les pilules furent continuées jusqu’au
cou
rant quinzième jour de la maladie , époque où il se
3
25
�25
( y )
manifesta une salivation extrêmement abondante qui
persista pendant environ dix-huit jours, et qui fut
suivie de la disparition et de la déviation de l’angle
des lèvres et de l’engourdissement du membre droit.
En rapprochant la marche et les symptômes de
cette observation , de celles que rapporte M. Lallemand
dans ses lettres, on trouvera entr’elles la plus grande
analogie ; d’ailleurs quels caractères plus certains que
ceux quelle a présentés indiquent l’inflammation du
cerveau ?
i.° Symptômes précurseur de vertiges, de cépha
lalgie qui détermine d’abord l ’engorgement des vais
seaux cérébraux ; i.° développement lent et successif des
autres symptômes provenant de l’affection cérébrale ,
.° apparition de la paralysie incomplète du bras droit,
le second jour après l’invasion ; 4*° mouvemens spas
modiques de tous les muscles de la face du coté
droit , etc. , ce sont-là précisément les caractères qui
distinguent cette maladie de l’apoplexie, où les symp
tômes se manifestent tout-à-la-foi s et d’une manière
subite et inaLtendue , dans celle-ci encore , il y a ab
sence de ces mouvemens spasmodiques qui sont constans dans les ramolissemens.
Ce sont , sans doute, ces affections qui ont été dési
gnées dans les anciens ouvrages de médecine sous les
noms d'apoplexie nerveuse, séreuse. Aussi, à quelles
erreurs, dans le traitement, n’a-t-on pas été entraîné
d’après ces distinctions et les idées de faiblesse et de
spasmes , e tc., qui s’y rattachaient ; toniques , antis
pasmodiques , excitans de toute espèce, étaient em
ployés dans ces cas , sans évacuer une seule goutte de
sang , et il n’est pas difficile de juger maintenant à
quelles fins les malades devaient être conduits , etc.
Le traitement que j’ai suivi a été anti - phlogistique
et dérivatif et je n’ai pas même craint d’insister pen-
5
�(
.1
)
dant quelques jours sur les mêmes moyens thérapeu
tiques , malgré que , dès le second jour , il se
fut manifesté une amélioration générale. Indubitable
ment cette affection se fut terminée d’une manière
funeste, si on l’eut traitée suivant une méthode de trai
tement opposée à celle-ci. Une circonstance particulière
qui a paru vers la fin du traitement , c’est la salivation
abondante qui a duré dix-huit jours environ, circons
tance que je n’ai jamais observée dans l’administra
tion du calomelas et qui, je n ’en doute pas , en dé
terminant un travail particulier dans les glandes sali
vaires , et y produisant un centre de fluxion, n’a
pas peu contribué à l’entière guérison de la maladie ;
aussi la disparition de la déviation de l’angle des
lèvres et de l’engourdissement du bras et des muscles
du cou ont été en raison directe de la salivation.
O
curieuse sur une rschurie , par
, oncle , docteur en médecine à Beziers,
b s e r v a t i o n
M.
B o u r g u e t
etc.
D a n s le courant du mois d’août 1820, le sieur
M iguel, négociant, au faubourg de Beziers, fut pris par
une colique néphrétique , avec suppression totale des
urines ; cependant la douleur n’occupait que le côté
droit; mais synergiquement, le gauche n’agissait plus ,
à moins que le malade n’eut qu’un seul rein , ce que
j ’ai vu plusieurs fois , dans le grand nombre de cadavres
que j’ai ouverts pour faire les leçons d’anatomie aux
élèves de l’hospice. On avait déjà employé tout ce que
l'art indique de mieux , et sans succès : saignée,
sangsues , ventouses scarifiées, bains , boisson de toute
nature , calmant, etc. , etc. Rien ne soulageait, et le
�( 277 )
malade déjà pris par des vomissemens de matière
atrabilaire, par le hoquet, avait les extrémités froides ,
le bas ventre ballonné et très-sensible, les yeux vitrés.
Enfin, tout signalait de loin la mort, et rien ne soula
geait. Je fus appelé en consultation, nous ne réussîmes pas
mieux ; enfin, soit état de spasme rénal , soit état de
phlogose expansive , ( car je pense que le calorique en
épanouissant le sang dans un plus grand véhicule, donne
naissance à cette espèce de phlegrnasie , que j’admets
et que je crois différente de celle que trop de sang
produit) , je me décidai avec M. le D. Ornai, médecin
du plus grand mérite , à administrer un peu d’ipécacuanha , pour exciter quelque secousse ; mais point de
succès. Ce fut alors que je proposai , comme dernier
moyen le suivant : je fis lever le malade , je le fis pro
mener nud, et nuds pieds dans sa chambre arrosée
d’eau fraîche , et pendant ce temps, on le fustigeait avec
des serviettes trempées dans de l’eau de puits, sur
les reins et les fesses. L ’effet de ce moyen fut si
prompt, que dans demi quart d’heure , il demanda à
uriner ; il remplit un demi pot de chambre , et depuis
il est guéri. Je l’avais Sondé, point d’urine. Le fait
est te l, qu’on raisonne si l’on veut , mais qu’on en
profite.
SÉANCES
rEKD AN T
4
DE
L E M OIS
LA
d ’o
SOCIÉTÉ
CTOBUE
l8a3.
Octobre. — M. le Secrétaire.général communique
une lettre de M. le comte de Villeneuve, Préfet, qui
transmet à la Société un exemplaire de l’Histoire mé
dicale de la fièvre jaune qui a régné en Espagne en
1821, rédigée par MM. Pariset, Bal/y et François. Le
rapport à faire sur cet important ouvrage est confié
à M. Sue.
M, Heymonet , présente un enfant âgé de 8 mois ,
�(
378 )
atteint d'hydrocéphale chronique, suite de convulsions
survenues dès les premiers jours de la naissance.
Le même médecin lit ensuite son rapport sur le mé
moire envoyé au concours avec celte épigraphe : ad extremos morbos extrema remédia exquisile comparata optima , Hip. Aph. V I , Sect. I.
Octobre. — Lecture est faite d’une lettre de M.
Thomas, Secrétaire-général de la Société médicale de la
Nouvelle-Orléans , qui fait hommage à la Compagnie
d’un exemplaire de l’ouvrage qu’il vient de publier sous
le titre de : Essai sur la fièvre jaune d'Amérique- M.
Eenech , est nommé rapporteur.
M. Sue dépose sur le bureau un exemplaire de la
Notice des travaux de la Société Royale de médecine de
Bordeaux, depuis sa dernière séance publique , jusqu'au
o août i8io.
M. J. Beullac communique la lecture qu’il a pro
posée pour la séance publique. Elle a pour titre : Un
mot sur la chirurgie et le chirurgien. Cet aperçu reçoit
l’assentiment de ia Société.
M. le Secrétaire-général lit ensuite , au nom d’une
commission , un rapport sur les mémoires envoyés au
concours , dont les conclusions sont adoptées.
16 Octobre. — M. Sigaud donne lecture d’un aperçu
sur Téternument , qui est admis pour être lu en séance
publique.
Le reste de la séance est employé à la discussion
d’objets administratifs.
18 Octobre. — Cette séance a été remplie par la
lecture de l’exposé des travaux de la Société, par M.
le Secrétaire-général , qui a obtenu les suffi âges de la
Compagnie.
2i Octobre. — M. Heymonet fait hommage , au nom
de l’auteur , d'une dissertation intitulée •• de hydatibus in
corpore humano presertim in cérébro reperlis , etc , auctor
carolus Reudtorjf Hamburgensis. M. Biamonli est chargé
d’en présenter un rapport à la Société.
M. Segaud, président, lit ensuite une notice sur la
sobriété , qui est admise au nombre des lectures qui
doivent être faites à la séance publique.
S E G A U D , Président.
S ue , Secrétaire-général.
3
�•.^nrAXIONS météorologiques faites à l’Observatoire Royal de Marseille,
en Novembre 1 8 2 . 3 , par M. Ga m b a r t .
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Moindre
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♦ Quantité d’eau tombée pendant
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la nuit. »
Nombre de jour*.
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de brume ou de brouillard. 16.
entièrement couverts . . .
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entièrement sereins . . .
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PARTIE.
O B SE R V A T IO N S DE M É D E C IN E -P R A TIQ U E .
O b s e r v a t i o n d'une fracture du fémur au quart supé
rieur du corps de l ’os par un coup de feu ; par M. J .-N .
Roux , docteur en médecine , à Saint-Maximin (Yar).
L auhent (Jean-Baptiste) sergent-major dans l’ex
légion de la Gironde n.° x , né à Toulon , département
d u Va r , doué d’un tempérament lymphatique, âgé de
aS ans , fut atteint à l’âge de dix ans d'une maladie
éruptive que les médecins ont dit être la gale , et qui
reparut depuis lors d’une manière périodique tous les
deux ans.
A l’âge de quatorze ans Laurent entra dans la marine
et fit plusieurs campagnes en qualité de novice pilotin ; ce
service lui fut un peu pénible , enfin , après avoir aban
donné son premier état e n i 8 i 5 , lors du licenciement
de nos armées, il entra, en 1816, dans la légion de la
Gironde n.° x , alors en garnison à Toulon. En 1817, la
gale reparut et fut négligée ; en 1819 s’étant manifestée
de nouveau , Laurent, qui avait eu de l’avancement ,
voulut cacher à ses chefs la maladie à laquelle il était
sujet et crut y parvenir promptement en faisant des
lotions avec une forte décoction de tabac. Les symp
tômes locaux disparurent, en effet, mais nous avons lieu
de croire que la maladie n’est pas guérie et qufeHe peut
encore suivre la marche périudique qu’elle semble avoir
kdoptée,
T . Y ï. Décembre: 182?*
Sô
�(
282
)
Au mois de juillet 1820 , la compagnie de Laurent
était en garnison à Narbonne ( Aude ) ; le 28, celui-ci,
après une querelle assez vive avec un de ses camarades,
alla se battre en duel et.futblessé à quatre ou cinq pas de
distance par un coup de pistolet de gros calibre. Le
combat avait eu lieu à une distance assez considérable
de la ville et comme Laurent ne pouvait se soutenir, il
fut transporté à l’hôpital sur un âne ; celui de ses ca
marades qui le Soutenait, s’appercevant que l’extrémité
ihTériedï,e''gaueh'e suivait tous les mouvenrtens qui lui
étaient imprimés J crut devoir fixer fortement le pied
dans l’adduction pour diminuer Jes douleurs de notre
tnâlade , m a is il les augmenta au contraire’ et lors de
letïfi'arrivée à l’hospicé , cé dernier avait souffert hor
riblement , et avait perdu beaucoup de sang, malgré'
deux mouchoirs dont on avait ceint fortement les bles
sures.
Nous nous trouvâmes dans la maison avec tous les
médecins et chirurgiens qui y sont attachés et après
avoir enlevé avec difficulté les bottes et lé pantalon du
blessé , nous pâmes observer ce qui suit : les deux
cuisses, avaient été atteintes par le même projectile
vers'leur', quart supérieur , mais avec des circonstances
dijgérentes, Laurent était en gai de lorsqu’il fut'blessé,
dans cette position , la cuisse droite reçut à la partie an
térieure là bulle qui ressortit, â là partie interne, en
parcourant, sous la peau l’espace de six'pouces environ
et passant devant le muscle premier adducteur , l’artère
crurale et Je nerf du même notn‘. Il fut facile de s’en
assurer par l'introduction d’un stylet boutonné , qui
souleva là peau seule dans toute l’étendue indiquée.
L ’état dés choses était plus grave dans le membre
gauche , la balle avait pénétré un peu oblîquément de
haut en bas par la partie interne , avait passé derrière
les vaisseaux cruraux et frappé contre le fémur, qu'ella
�283
(
)
avait fracturé , pour aller sortir à.la partie externe e,t
un peu antérieure, après avoir subi une légère déviation.
Les deux plaies par lesquelles la balle avait pénétré
étaient affaissées et paraissaient plus étroites que celles
par lesquelles elle était sortie , celles-fci remarquables,
d’ailleurs , par un bourrelet circulaire formé par les
fibres musculaires déchirées et entraînées au - dehors.
L’examen des habits nous fit voir les portions qui s’é
taient trouvées sur le trajet de la balle, déchirées en
manière de valvules adhérentes par une seule partie de
leur bord. Geci était capable de rassurer contre la crainte
des corps étrangers introduits (fans les parties molles ,
mais la cuisse gauche présentait un racourcissément
notable , le pied était dans l’abduction , l'extension
le replaça dans sa position naturelle et rendit au membre
sa longueur. La crépitation put être entendue et sentie
facilement ; tout portait à croire qu’il y avait fracture
comminulive du genre que les auteurs ont noté comme
le plus redoutable , néanmoins aucune plaie ne fut
débridée sur-le-champ , l’on ne songea qu’à faire un
pansement simple , à tamponner un peu fortement la
plaie interne de la cuisse gauche, qui laissait appercevoir un petit filet de sang artériel qui s’échappait du
fond. Enfin l’on prépara l’appareil à extension perma
nente de Desavlt f qui fut appliqué peu d’instans après.
Ce fut alors qu’on s’apperçul des difficultés qu’on aurait
d’éviter les douleurs les plus vives , car la plaie ex
terne se trouvait sur le trajet de l’attele qui soutient
l’effort extensif. Une attele fénétrée aurait été nécessaire,
mais le peu de ressources dans un hôpital où peu de cas
de celte nature se présentent, dû'-ent mettre dans la
nécessité de continuer l’usage de l’sttele simple.
Le malade , à son entrée , était très-agité , mais il
avait beaucoup de présence d’esprit , il fut mis à. une
diète sévère j le lendemain il avait la fièvre, la langue
�^84
'(
)
^tait sèche , les traits de la face étaient altérés , une
large saignée fut pratiquée et ce fut en posant le lien,
qu’on s’apperçut de deux piqûres que le malade avait
reçues au pli du bras par un coup d’épée , dans un
premier combat la veille du jour de la fracture. Cette
blessure était peu de chose, la peau avait été traversée
dans une étendue d’un pouce et demi, la guérison ne
se fit pas attendre plus de quatre ou cinq jours.
Les quinte premiers jours se ressemblèrent assez ,
le malade avait la peau sèche et acre , il avait de la
fièvre , son esprit était agité et inquiet. On prescrivit
la diète , des limonades pour boisson et quelques lé
gers bouillons. Les plaies des deux cuisses furent pansées
au troisième jour ; celle de la partie externe de l’ex
trémité inférieure gauche fut débridée dans une étendue
d’un pouce en haut et en bas , l'irritation locale pro
duite par la tension de l’aponévrose fascialata fut
calmée de suite : cependant le malade était si mal ,
que nous crûmes un instant pouvoir vérifier , le scalpel
à la main , le désordre produit par l’instrument vulnérant ; mais nous fûmes trompé , le malade reprit peuà-peu des forces et sa gaîté naturelle. Les deux plaies
de la cuisse droite, quoique assez simples ne guéris
saient pas , ce que nous attribuons à la forme circulairë de l’espèce de canal qu’avait pratiqué la balle ,
et nous sommes d’autant plus fondé à le croire , que
les bords se cicatrisèrent légèrement et séparément.
Du côté gauche , l’appareil à extension qui dans le
commencement avait peu gêné le malade , le fatigua
beaucoup, de sorte que celui-ci d’un caractère assez
indocile relâchait toujours le lien qui , passé entre les
deux cuisses , vient se rattacher à la partie externe et
supérieure de l’os des isles. Cependant vers le qua
rante-cinquième' jour rien n’annonçait la formation du
c a l , aucune irritation ne fesait soupçonner la présence
�( ?.85 )
d’esquilles devenues corps étrangers. La plaie externefaisait des progrès vers une cicatrisation complète ,
tandis que l’interne laissait couler beaucoup de matières
purulentes de mauvaise odeur. Le malade paraissait re
prendre des forces , lorsqu’il fut pris tout-à-coup, sans
doute au sujet de quelqu’écart dans le régime , d’une
fièvre gastrique avec des paroxismes Je soir , qui dura
cinq jours et fut dissipée par l’usage d’une tisane amère
cl la diète. A cette époque , chargé de panser le malade,
nous plaçâmes sur le trajet qu’avait parcouru la balle
dans la cuisse droite , des bandelettes graduées pour
aplatir cette espèce de canal et provoquer une inflam
mation adhésive dans les parois, ce qui nous réussit,
car une cicatrisation complète s’ensuivit assez prompte
ment.
Vers la fin du second mois, le cal paraissait se former,
quoique très-difforme , il était facile d’observer ce tra
vail de la nature ; ce fut alors qu’une extension perma
nente aurait pû prévenir le racourcissement jusqu’à un
certain point , mais il fut impossible d’empêcher le
malade de lâcher les liens, il était d’une indifférence
extrême sur son sort et ne voulait se soumettre à aucune
souffrance passagère : l’on dût se contenter de l’effet
que pouvait produire une forte bande sur le tiers du
fémur, et fdont les résultats furent un peu plus de
longueur dans le membre.
L’on se promettait une consolidation très-prochaine.’
lorsqu’il survint à toute l’extrémité gauche un gonfle
ment œdémateux purulent, expression que nous n’hé
sitons pas à emprunter à Sauvages pour bien rendre notre
idée , cet état sc termina par l’évacuation d’une trèsgrande quantité de pus à travers une ouverture-qui fut
pratiquée à la partie interne du genou et entretenue
par des bourdonnais qu’on introduisit dans l’intérieur
pour éviter d’autres abcès , l'on s’aida d’un bapdage ex-
�( 286 )
pulsif qui s’étendait depuis le bout du pied sür tout
le membre , en laissant le genou seul moins serré.
Le i.er novembre, g6.e jour de la maladie, le cal
parut assez solide pour pouvoir permettre au malade
de se lever de son lit , mais il fut une quinzaine à
pouvoir se soutenir seul sur des béquilles et à pouvoir
marcher dans les salles. Alors la plaie externe de la
cuisse gauche , qui était cicatrisée depuis assez long
temps , se r’ouvrit, l’interne étant toujours restée fistuleuse : à cette époque nous perdîmes le malade de vue
pouf rentrer à la Faculté, mais il nous a raconté que
vers le milieu du mois de décembre il avait quitté
l'hôpital de Narbonne pour se rendre à celui de Perpi
gnan , où il resta 25 jours , la pluie interne de la
cuisse gauche était seule ouverte, toutes les autres étaient
cicatrisées. Enfin Laurent étant entré à l’hôpital SaintÉloi de Montpellier, nous avons pu l’examiner de nou
veau et le 20 janvier 1821 , il nous a présenté la plaie
gauche interne fistuleuse , laissant suinter une humeur
purulente d’une odeur très-forte. La santé du malade
paraissait d’ailleurs se rétablir; il y avait un racourcissement de deux pouces dans l’extrémité gauche.
Comme l’on soupçonna qu’une esquille pourrait bien
être le sujet de la matière qui s’écoulait, on introduisit
des éponges préparées dont la grosseur allait en crois
sant pour dilater la fistule et pouvoir faire des recher
ches exactes ; au bout de quelques jours un stylet in
troduit dans l’étendue de deux pouces et demi en
viron à travers les parties molles , fit reconnaître un
corps dur mais immobile qu’on crut être une pièce
osseuse qui serait adhérente encore par quelques por
tions de périoste qui la fixerait au fémur. L ’on con
tinua autant qu’il fut possible l’usage des éponges pré
parées , mais placées sur le trajet des vaisseaux lym
phatiques les plus considérables de la cuisse ( la partie
■
�( 2 87 )
interne ) elles firent gonfler prodigieusement tout le
membre et il s’ensuivit même des dépôts assez consi
dérables. L'on propose alors au malade de faire des re
cherches avec l’instrument tranchant , mais celui-ci
refusa de s’y soumettre et sortit le lendemain de l’hô
pital.
Nous ne nous permettrons aucune réflexion sur les
moyens qu’on a employés dans l’hôpital de Narbonne
pour le traitement d’une pareille fracture , nous res
pectons trop les talens de ceux qui étaient chargés de
ces soirts , pour ne pas croire qu’ils eussent leurs rai
sons pour se dispenser de faire sur-le-champ les recher
ches nécessaires pour connaître l’état du fémur fracturé
et pour extraire les esquilles s’il y en avait ; mais en
terminant cette observation, nous ne pouvons nous
empêcher de poser la question suivante, savoir : si la
fistule qui existe à la partie interne de la cuisse gau
che est entretenue seulement par quelque portion d’os
qui doit être éliminée , et si le tempérament de
l’individu, son idiosyncrasie et la maladie périodique
à laquelle il est sujet ne devraient pas être accusés
en grande partie d’un pareil résultat? Nous ne voltloriS
pas1prononcer tout-à-fait sur un point qui pourrait donner
lieu à des discussions fort intéressantes et cependant
nous-ferons remarquer en passant que l’on voit ordi
nairement, lorsqu’il n’y a pas de maladie interne qui
se joigne à l’affection locale, une plaie se cicatriser sur
tin corps étranger ou sur des pièces osseuses qui ne
reçoivent plus de nutrition , jusqu’à ce qu’enfin le pus
les porte au-dehors en se Inenr.geant une issue dans
le lieu de la cicatrice ou sur tout autre point par des
dépôts qui ne tardent pas eux-même à se guérir.
Si nous voulions embrasser l’opinion que nous ne
faisons qu’énoncer , nous pourrions nous étayer des ca
ractères que présente la matière purulente qui découla
�( 208 )
d elà fistule, caractères qui ne sont point ceux d’une
fistule entretenue seulement par la présence d’un corps
étranger dans les parties molles.
Chargé de cette observation , nous lûmes à la clinique
chirurgicale ce qui précède , en présence d’un de nos
meilleurs professeurs et d’un grand nombre de nos con
disciples j nous regrettions jusqu’à ce moment de n’avoir
pas vu la fin d’un cas aussi intéressant, surtout lorsque
nous avions fait part d’une opinion qui n’était pas par
tagée par tout le monde , mais nous avons été favorisé
par le hasard ; il y a quelque temps que nous rencon
trâmes dans les rues de Marseille Laurent qui ne boitait
presque pas et qui ne se servait plus de béquilles :
depuis que nous l’avions perdu de vue , il a fait usage
d’un régime nourrissant , pendant toute la saison des
bains de mer, il n’a pas négligé d’aller s’exposer aux
effets toniques de la lame qui vient du large , ce que
nous lui avions conseillé avant de le quitter à Mont
pellier , pour reprimer les effets de la diathèse scrophuleuse à laquelle il n’est que trop disposé : aussi les ré
sultats ont-ils été très-avantageux , l’ouverture fistuleuse
tend- à une guérison très-prochaine cl ne laisse plus
suinter qu’une très-petite quantité de matière d’une
odeur moins désagréable. La santé ébranlée de Laurent
est bien rétablie, et après avoir fait enlever le talon d’une
de ses bottes , sa progression n’a rien de choquant.
Nous espérons qu’après avoir fait usage des bains de
mer encore quelque temps, il se trouvera débarrassé d’un,
écoulement poui> lequel on aurait fait des rechercher
dangereuses , s’il eut voulu souffrir l’opération.
�( 289 )
TROISIÈME
LIT TÉ R A T U R E
PARTIE.
M ÉD ICA LE , NO UVELLES
TIFIQ U E S , M É L A N G E S ,
l.9
A
n a l y s e
d
’ o u v r a g e s
SCIEN
ETC.
i m p r i m é s
.
clinique de Montpellier, ou observations et
réflexions tirées des travaux de chirurgie clinique de
cette école ; par le professeur D e l p e c h , conseiller chi
rurgien ordinaire du Roi , chirurgien ordinaire de,
S. A . R. Monseigneur le D u c n A h g o u l Ê m e , che
valier de l’ordre royal de la légion-d'honneur, profes
seur de chirurgie clinique en la Faculté de médecine de
Montpellier, chirurgien en chef de l'hôpital St.-Eloi de,
la même ville , membre de plusieurs Académies et So
ciétés savantes , etc. ( i . er v o l u m e d e 496pages,
orné de 16 planches gravées. Paris et Montpellier
chez Gabon et Comp.e , 1823 ).
Ch ir u r g ie
( Deuxieme article ).
Si notre unique but eut été , par une analyse de
ce grand ouvrage, de le recommander à l’attention des
gens de l’art , ce but serait rempli. Mais , outre que
nous devons examiner les trois mémoires suivans pour
enrichir notre recueil des principaux détails qu’ils ren
ferment, il faut bien dessiller les yeux à ceux qui se
figureraient que le mémoire sur la ligifuie des artères
est le seul qui offre de l’inlèrét. et qui ci n çquemment
T . V I. Décembre i 'i .
83
t
�( 290 )
le regarderaient comme une sorte de talisman placé au
commencement de la chirurgie clinique de Montpellier.
Le mémoire sur la difformité appelée pieds-bols est
des plus curieux et des plus instructifs. On sait que
cette difformité n'a presque point fixé l’attention des
observateurs. Aussi est-ce un mérite pour M. le pro
fesseur Delpech de s’en être occupé d’une manière spé
ciale. Il rapporte sept observations qui constatent le
succès obtenu par l’emploi, dé moyens mécaniques ,
propres à agir lentement et progressivement sur les pieds
dans un sens contraire aux causes de la difformité.
Ces procédés que l’auteur décrit avec précision , fu
rent modifiés , suspendus pendant quelque temps , puis
Utilisés de nouveau , ?t cela , eu égard à certaines
circonstances dont le récit est assez long , pour que
les bornes dans lesquelles nous sommes dans l’obligation
de nous renfermer , ne nous permettent point de les
retracer. Nous ne pouvons , pourtant , nous dispenser
de parler de la septième observation qui , seule , suf
firait pour faire donner à M. Delpech le titre de grand
éhirùrgien , s’il n’était depuis long-temps reconnu pour
tel.
Le sujet de cette observation est tin enfant de 9 ans
dont le pied droit considéré détaché du sol, était fixé
dans une extension entretenue , et telle que la pointe
semblait dirigée en arrière , et que le calcanéum s’appli
quait à la face postérieure des os de la jambe. Lorsque,
saisissant le pied , on s’efforçait de le ramener dans le
sens de la flexion, on éprouvait une résistance insur
montable et le tendon d’Achille se présentait dans une
tension extrême. Comment vaincre cette difficulté ? Le
savant professeur sachant que dans tous les cas de
rupture du tendon d’Achille , on n’avait jamais réussi
à obtenir une réunion immédiate entre les deux bouts du
tendon rompu et que ceux-ci sont liés entr’eux par une
�/
( 29 1 )
substance intermédiaire , s’imagina que cette substance
pourrait être obtenue à dessein; que l’on pourrait même,
avec de la prudence , donner à cette organisation ac
cidentelle plus d’étendue qu’elle n’en acquiert sponta
nément en la soumettant à une distension permanente
et graduelle, avant qu’elle n’eut acquis la solidité dont
elle est susceptible. Cette idée le conduisit, après de
mûres réflexions , à proposer aux parens du jeune ma
lade de couper le tendon d’Achille , et l’opération fut
ainsi pratiquée : « le malade situé horizontalement, dit
M. Delpech , couché sur son ventre , de manière à pré
senter au giand jour la région du tendon d’Achille , nous
plongeâmes la lame d’un bistouri droit en avant de ce
tendon , et nous la fîmes passer d’outre en outre du
côté externe de la jambe , de manière à diviser la peau
sur les deux côtés , dans une étendue d’un pour': dans
le sens de la longueur , et avec elle le tissu cellulaire
en avant du tendon. Cet instrument fut aussitôt retiré
et remplacé par un bistouri très-convexe à son extrémité,
dont le tranchant fut dirigé d’avant en arrière contre
le tendon , lequel en fut divisé transversalement dans
sa totalité , sans altérer la peau qui le recouvrait ».
L ’opération faite, l’opérateur appliqua l’appareil destiné
à fixer le pied dans l’attitude où il était tenu par le
tendon d’Achille avant sa section , et les deux bouts de
ce tendon paraissant parfaitement affrontés et en contact
immédiat , furent fixés extérieurement à l’aide de ban
delettes agglutinatives qui servaient encore à maintenir
toutes les parties dans la position qu’elles devaient
garder.
Le vingtième jour après l’opération , il n’y avait plus
de chaleur dans le lieu de la section et bientôt les plaies
furent presque entièrement cicatrisées. Ce fut alors,
tandis que la solidité de la réunion parut suffisante »
que l’on commença à procéder à la distension de la subs-
�292
(
)
tance d’une manière graduelle et l'on y parvint au point
que le malade , qui jouit d’une santé parfaite , excite par
la rapidité et la sûreté de sa marche l’étonnement de
tous ceux qui ont connu son état antérieur.
Pénétré de cette vérité que le raisonnement doit être
toujours dicté par les faits , M. le professeur Delpech
commence par les exposer et il soutient ensuite les
propositions qu’ils lui ont suggérées. Dans ses ré
flexions sur les p ied s-b o ts, auxquelles trente-huit
pages ont été consacrées , l’auteur disserte savamment
sur l ’étiologie de cette difformité , et il n'est pas éloigné
de croire qu’une altération humorale , ou autre , ait la
propriété d’altérer les formes des os. Il regarde comme
l ’opinion la plus probable, qu'une affection quelconque
altère la direction d’une seule facette articulaire de l’un
des os du tarse , et qu’il en résulte alors tout aussitôt
l ’inclination d’une parlie du pied en dedans ou en
dehors selon l’espèce de l’altération première- Cet effet
une fois produit , il s’ensuit l’alongement de certains
muscles , et le relâchement de quelques autres : les
uns et les autres s’accommodent bientôt au changement
que leur état habituel vient d’éprouver , et l’accroisse
ment du membre continuant de se faire ainsi, les mus
cles dont l'équilibre est rompu opposent une résistance
inégale et qui doit augmenter l’inclinaison déjà com
mencée , etc.
Tout en observant qu’il ne faut point confondre le
pied-bot avec des difformités de toute autre nature ,
M. Delpech soutient qu’une condition exclusive du piedbot , est d’être spontanée ; que les symptômes de cette
difformité sont l’atrophie des muscles , leur flétrissure
plus ou moins avancée , leur paralysie même ; mais ces
altérations musculaires du membre difforme sont secon
daires et dépendans de l’affection primitive, etc.
La formation d’un diagnostic exact et d’un pronostic
�( 293 )
prudent réclame un examen attentif de la maladie et
de ses conséquences propres et directes. O r , il faut
surtout en cela avoir égard à plusieurs considérations
telles que celles-ci : le malade étant jeune et non encore
parvenu à l’époque où la nature a terminé le dévelop
pement du corps, on ne doit pas désespérer légèrement
des moyens de l’art. On ne peut pas dire à quelle pé
riode de la jeunesse doit s'arrêter la possibilité d’opérer
des changemens considérables dans la forme des o s , et
surtout dans l’extensibilité des muscles et des tendons ;
ceci est subordonné au degré de la difformité , à la com
binaison plus ou moins heureuse que l’on pourra faire
d’une force étrangère, au poids du corps, aux efforts
de la marche pour la combattre, aux caractères de
maturité que les organes présentent déjà , et à l’énergie
de développement que l’on peut leur supposer encore.
11 ne faudrait pas trop légèrement renoncer à l’espérance
du succès , même pendant ou après l’adolescence , et
lorsque les articulations se montrent assez serrées ,
pourvu toutefois que l’on put acquérir la certitude qu’ii
n’y a point d’ankilose.
M. le professeur Delpech finit par indiquer les condi
tions qu’il faut pouvoir remplir , outre les précédentes,
pour pratiquer avec succès l’extension permanente comme
moyen curatif des pieds-bots : i.° on ne doit pas y re
courir avant que l’enfant difforme ne soit en état de
marcher , et par conséquent alors que les muscles ont
perdu la faculté de se contracter ; il faut que leur action
soit proportionnée aux nouvelles conditions qu’il leur
faut remplir , après l’application d’un appareil qui ajoute,
par les forces qu’il exerce , aux résistances qu’ils doi
vent vaincre pour produire le mouvement ; 2.° il faut
avant tout que l’effort que l’appareil exercera soit sup
portable et qu’il ne soit pas seulement proportionné à
l’étendue de la difformité à corriger, mais encore et
�( 294 )
surtout à l’énergie des muscles et de manière à ne point
irriter ni les légumens, ni les ligamens , etc. ; 3.° les
forces à mettre en jeu seront dirigées dans un sens
contraire à celui de la déviation , simple ou compliquée,
que l’on cherche à corriger; et pour remplir ce but,
il faut que le mobile , qui est comme un levier , puisse
trouver dans le voisinage de la difformité , un point d’ap
pui commode , étendu , solide et qui ne soit pas facile à
blesser; il faut que la force soit appliquée le plus loin
possible de la difformité , que l’action des forces que
l’on veut employer, soit perpendiculaire , par rapport
aux parties sur lesquelles elle s’exerce, aussi bien que
par rapport à celles qu’il s’agit d’entraîner ; il faut en
core que les forces employées au redressement d’un piedbot , aient une grande étendue d’élasticité , afin qu’elles
n’opposent jamais une résistance soudaine et brusque ,
même à des efforts opposés à ceux quelles doivent exercer.
4.0 L ’appareil sera disposé de manière à permettre et à
rendre facile non-seulement la locomotion dans laquelle
le membre affecté n’aurait d’autre office à remplir que
celui d’une colonne propre à soutenir le poids du corps ,
mais encore l’action variée de tous les muscles.
Tel est en peu de mots le mémoire sur les piedsbots. Pour en donner une idée , nous avons cru ne de
voir mieux faire cjue de rapporter presque littéralement
les propositions principales , sans entrer , comme l’au
teur , dans tous les détails que comporte leur dévelop
pement ; détails qui justifient assez l’excellence du travail
de M. Delpech , puisquljls rendent incontestables les
assertions de ce savant professeur. A ussi, ne doit-on
point hésiter à s’en pénétrer , et l’on verra bien que
nos éloges ne sont point superflus.
Le mémoire sur les fractures de l’humérus est le plus
court ; mais son degré d’importance n’est pas moins
élevé. Communiquer deux faits qui présentent des par-
�295
(
)
tleularités insolites et qui peuvent être par cela même
isolés de tout ce qui se rattache à l’histoire des fractures
de l’humérus , tel a été le but que l’auteur s’est proposé
en publiant son mémoire.
Il y a tant de raisons de considérer comme tièsdiffieiles pour ne pas dire impossibles le déplacement de
la tête de l'humérus et la fracture du col de cet os,
qu’il était bien permis de douter de la possibilité de ces
deux lésions physiques. En fournissant un fait de l'une
et de l’autre lésion à la fois, M. Delpech devait intéresser
vivement les praticiens, il s’agit d’un homme âgé de plus
de soixante ans qui, hémiplégique à la suite d’une attaque
d’apoplèxie, était retenu seul et assis dans son l i t ,
quand atteint d’une nouvelle attaque il se laissa tomber
du côté de l’hémiplégie. Six jours après cette chute ,
pendant lesquels on crut n’avoir à combattre que les
symptômes ordinaires consécutifs de l’affection cérébrale,
dont la gravité allait en augmentant , on s’apperçoit
d’un engorgement inflammatoire au moignon de l’épaule,
du côté de la chute : l’intumescence était profonde et
ne permettait point de distinguer l’état des parties dures
sous-jacentes. Des sang-sues et des cataplasmes émolliens
ne changèrent rien à l’état de l’épaule , et le malade suc
comba vers le ia .e jour de son accident.
A l’ouverture du cadavre , on reconnut deux épanchemens distincts dans la substance d’un hémisphère du
cerveau. « L’épaule engorgée fut disséquée : le tissu
cellulaire sous-cutané , intermusculaire , les muscles
eux-mêmes , étaient parsemés d’ecchymoses , qui annon
çaient la violence qu’ils avaient soufferte ; en mêmetemps , une injection des vaisseaux capillaires , une
infiltration sero-sanguinolente et quelques foyers purulens , marquaient le degré auquel l’inflammation avait
été portée. Les muscles étant écartés , on s’aperçut que
le tendon du muscle biceps qui pénètre dans l’articu-
�( 296 )
lation , semblait avoir une longueur excédante ; l’extré
mité supérieure de l’humérus semblait ne plus tenir à
la surface articulaire de l’omoplate et jouissait d’une
mobilité extraordinaire. La capsule étant ouverte , on
vit que la tête de l’humérus manquait à son extrémité
supérieure, et qu’elle en avait été séparée par une
fracture qui avait suivi la ligne qui circonscrit la sur
face articulaire elle-même, c’est-à-dire, le col propre
ment dit de l’humérus. Aucun débris ne pouvait faire
penser que la tête de l’humérus eut été écrasée 5 cepen
dant on ne voyait pas d’abord ce qu’elle était devenue.
La capsule articulaire était remplie d’une grande quantité
de synovie et de sérosité mêlées à du sang , moitié li
quide , moitié coagulé. Après avoir nettoyé l’articula
tion , on vit à nu la surface articulaire de l’omoplate ecchymosée , mais nullement fracturée , on découvrit
aussi une grande rupture de la paroi postérieure ou
externe de la capsule , à travers laquelle la tête de l’hu
mérus avait été poussée hors de l’articulation , sous
l’extrémité antérieure ou externe du muscle sous épi
neux, Le fragment supérieur de la fracture était tout en
tier hors de la capsule articulaire ; son bord se mon
trait seulement à travers l’ouverture ; il était appuyé
sur la fosse sous-épineuse par toute la nouvelle sur
face qui provenait de la solution de continuité ; sa
surface articulaire était dirigée en arrière et recouverte
par le muscle sous-épineux. Le grand fragment de la
fracture répondait à la surface articulaire de l’omoplate ,
par la nouvelle surface résultante de la solution de
continuité : il portait les insertions des muscles susépineux , sous-épineux , sous-scapulaire et grand rond ;
le tendon scapulaire du muscle biceps avait conservé
ses rapports naturels ; l’extrémité de l’hutnérus ne gar
dait que des rapports vagues avec l’omoplate ; elle
11’appuyait pas sur ce dernier os , ce qui venait sans
�( 297 )
doute de la perte d’une certaine étendue de la longueur
de l’humérus ».
Ce fait tel qu’il a été communiqué par le docteur
Houzelot, de Meaux , auquel M. Delpech doit aussi la
pièce anatomique qui en est la preuve irrécusable, ne
fournit point assez de données pour permettre de for
mer un diagnostic exact de la maladie , dès le prin
cipe , et ce n’est qu’en ayant recours à des conjectures
que le savant professeur a pu déterminer les consé
quences fâcheuses et le mode de traitement d’une telle
affection , car l’histoire de l’art ne nous offre aucun fait
absolument semblable à celui rapporté. A la vérité , on
trouve dans une dissertation de Reichel intitulée : De
ipiphysium ab ossium diaphysi diductione , soutenue à
Lcipsick , en 1759, et recueillie par Sandifort, dans
son thésaurus dissertationum , tum. I , le dessin de
deux pièces anatomiques qui paraissent être des exem
ples de fracture du col anatomique de l’humérus,
mais elles présentent de très-grandes différences et ne
sont point accompagnées de l’histoire de la maladie.
Les accidens graves auxquels on devrait s’attendre dans
un cas semblable à celui de la double lésion qui nous oc
cupe , imposent l’obligation d’aller bien vite à la recherche
des véritables indications médicales, tandis qu’elles sont
ici ce qu’il y a de plus difficile à saisir. On ne pourrait,
en effet, compter sur aucune réduction , et en suppo
sant que cela fut possible , comment s’assurer du réta
blissement des rapports naturels entre les fragmens ,
comment les maintenir coaptés , etc. ? D ’un autre côté,
on sent que le petit fragment isolé de la fracture, passerait
infailliblement à l’état de nécrose , si l’on abandonnait le
mal aux seules forces de la nature , et causerait alors
une inflammation des plus étendues et des plus dange
reuses’ , outre que son volume et sa force seraient égaT . YI. Décembre i a »
83
38
�(
29§ )
lement propres à produire beaucoup d’irritation dans les
parties circonvoisines. Il conviendrait donc de procéder
à la soustraction immédiate de ce petit fragment. Telle
est l’opinion de l’illustre chirurgien de Montpellier. M.
Delpech ajoute que, quelque part que la tête de l’humérus
eut été'chassée, il serait possible, si l’on parvenait
d’abord à bien déterminer la nature du cas , de pénétrer
jusqu’à elle et de l’extraire , en pratiquant quelques in
cisions; soit sur le côté interne du muscle deltoïde ,
soit dans le creux de l’aisselle , à côté de la longue por
tion du muscle triceps brachial, soit le long du bord su
périeur ou de l’inférieur du muscle sous-épineux.
Ce mémoire renferme encore deux observations sur
deux fractures anciennes dont une à la partie inférieure
de l’humérus gauche , chez un jeune homme âgé de 23
ans , fut seulement entourée de quelques attelles , négli
gemment assujéties par quelques tours de bande ; et cet
appareil fut supprimé par le malade lui-même , à une
époque où les fragmens de la fracture ne pouvaient
pas être rèuuis. Ce défaut de réunion rendit le bras
complètement inutile. Les fragmens tenaient seulement
entr’eux par un tissu dense, vraisemblablement fibreux,
qui leur permettait toute espèce de mouvemens. Une
mèche de séton , placée entre les extrémités corres
pondantes des fragmens , eut été , suivant M. Delpech,
capable de rétablir la continuité, et par conséquent
l’utilité du bras. Mais le malade refusa de se soumettre
à cette opération.
L ’autre observation concerne une fille âgée de 22 ans,
qui vint demander des conseils à M. le professeur
Delpech pour une fracture de l’avant-bras droit, qui sub
sistait depuis
jours. Les deux os avaient été fracturés
dans leur partie moyenne , et les soins que la malade
reçut ayant été peu méthodiques, les fragmens du cu
bitus s’étaient réunis, mais il n’en était pas de même
86
�( 299 )
de ceux du radius. M. Delpech crut d’abord parvenir
ù obtenir une réunion solide, à l’aide d’un appareil
propre à incliner les fragmens du radius l’un vers l’autre,
et à les assujettir dans cette position. Mais la compres
sion exercée sur leur partie saillante , fut si intolérable ,
qu’il fallut renoncer à cet appareil. M. Delpech conçut
alors le projet de passer une mèche de séton entre les
fragmens de la fracture, dans la vue de susciter une
inflammation nouvelle , à la faveur de laquelle un nou
veau travail de réunion pourrait être établi. Ce séton
fut conservé pendant près de deux mois , et ce fut alors
que les pièces osseuses perdirent une partie de leur
mobilité , qu’il fut supprimé. Le membre fut renfermé
dans un appareil propre à maintenir les parties immo
biles , sans exercer sur elles la moindre violence , et
un mois après la fracture du radius offrait assez, de soli
dité , pour n’avoir plus besoin d’être contenue : bientôt
les mouvemens et la force du bras se sont rétablis à un
tel point, que la lille qui fait le sujet de cette observa
tion , a pu reprendre ses travaux de la campagne sans
éprouver ni difficulté, ni douleur.
M. Delpech fait remarquer ensuite, dans ses judicieuses
réflexions , qu’il convient de s’abstenir du séton dans les
fractures non réunies , avec chevauchement ou dépla
cement selon la longueur des pièces osseuses , mais
qu’il est indiqué dans celles où les fragmens ont con
servé des rapports par leurs extrémités , et surtout dans
celles où la section est oblique , parce que la mèche
du séton ne tend pas à Ta destruction du périoste.
Nous renvoyons à un troisième article l’examen du
mémoire sur les maladies vénériennes qui termine le
tome i.*r de la Chirurgie clinique de Montpellier, et qui
constitue presque à lui seul la moitié de ce volume.
P.-M. Roux.
�( 3oo )
a,® R b v u k
de
» J o u h n a w ».
Journaux Français.
1«
( Journal universel Jet Sciences médicales ). —
Nouvelles considérations sur la fièvre jaune , par J.
D evèze , médecin du Roi pour le château des Tuileries,
etc. — « 11 n’est peut-être plus actuellement de médecin
qui croie à la contagion de la fièvre jaune , d'une ma
nière aussi absolue qu’on .le faisait avant nos efforts
pour déraciner cette erreur. On se contente générale
ment de dire que cette fièvre est par fois contagieuse,
et que , d’autres fois , elle ne l’est pas. Cette opinion
mixte , dont aucune maladie ne présente d'exemple ,
me paraît avoir été imaginée par des contagionistes ,
cédant péniblement à l'évidence des faits. M. Kéraudren,
dont , chacun, ainsi que m oi, honore le mérite et le
caractère, n’a dû admettre cette idée nouvelle que dans
l ’intérêt des devoirs rigoureux que lui impose la place
qu’il occupe près de l’administration. Il a senti combien
serait pesante sa responsabilité , s’il s’abandonnait à l’opi
nion des non-contagionistes , avant que toutes les preuves
en soient acquises irrévocablement ,et s’il en faisait subir
de suite les conséquences au régime sanitaire. Loin donc
d’accuser M. Kéraudren d’erreur , je loue sa prudence ;
e t, en le combattant franchement , je crois le servir à
son gré , parce que rien ne lui importe plus que la con
viction sur une question aussi délicate et d’un si haut
intérêt.
Dans des considérations préliminaires , après avoir
disserté sur les causes locales qui peuvent amener le
développement de la fièvre jaune , ce médecin se livre
à l’examen de plusieurs des phénomènes qu’elle pré*
\
V
�(
3o t
)
sente. ïl établit ensuite une comparaison fort ingé
nieuse entre ces phénomènes et d’autres analogues
qu’on retrouve dans le scorbut aigu et surtout dans
le morbus maculosus hemorragicus. Il conclut qu’elle
forme une maladie spéciale peut-être hémorragique à
laquelle on donnerait le nom de morbus flavus hemor
ragicus. ( i ) Rien jusque-là ne spécifie une maladie
contagieuse , une maladie importée.
M. Kêraudren parle d’une méthode de traiter la
fièvre jaune avec des préparations huileuses, admi
nistrées de diverses manières par les Mexicains (2),
ainsi que des modifications apportées à cette méthode
par M. Bonnardel , chirurgien-major de la frégate de
S. M. l'Antigone. Quelques succès semblent avoir
couronné les essais de ce genre de médication ; mais
ils ne sont ni assez marqués , ni assez en rapport avec
la marche de cette maladie , caractérisée par trois
époques , pour qu’un traitement empirique puisse
être admis généralement.
Les considérations préliminaires se terminent ainsi ( ):
« si l'on parvient à démontrer que la fièvre jaune
» n’est jamais contagieuse , cet important résultat devra
». être la récompense des peines , des sacrifices et des
» travaux de M. le docteur Chervin. Ce médecin a
» consacré plusieurs années à parcourir les lies d’Ainé» rique , les États-Unis et l’Espagne , pour observer le
caractère de cette maladie et recueillir sur sa nature
» l’opinion des médecins qui , dans ces pays , ont eu fré« quemment l’occasion de la voir et de la traiter ».
3
(1) De la ûèvro jaune observée aux A n tilles, et sur les
vaisseaux du Roi , considérée principalement sous le rapport
de sa transmission. Paris , 1823 , in-8.° pag *
(2) Page 8.
4
( 3 ) Pa ge u *
�(
502
)
Personne assurément plus que moi ne rend hom
mage au zèle, aux lumières , au courage et au désinté
ressement de ce savant ; mais la justice distributive
voulait que le Français qui le premier a proclamé cet
important résultat chez le peuple anglo-américain , eût
quelque part à l’éloge. C’est ce que n’a pas manqué
de faire l’illustre Volney (i). Après avoir décrit en
traits de feu l’épidémie formidable qui régna à Phila
delphie en 1793 , dans laquelle le mal fut regardé
comme contagieux et pestilentiel , et son atteinte
comme incurable , il dit . « le hasard voulut que, dans
» ces circonstances , un médecin fugitif du cap incendié ;
** fût conduit à Philadelphie , où il eut occasion d’être
» appelé j et appliquant au mal dont il avait vu les
v analogues à Saint-Domingue , le traitement de l ’École
» française, il obtint des succès qui attirèrent l’attention
» du gouvernement et qui le firent placer à la tète de
» l’hôpital Bush-IIill. Le compte qu’il rendit l’hiver sui» vant de sa méthode curative , ne fait pas moins d’hon» neur à son cœur qu’à son esprit (2) , puisque ce
» compte répandit des idées neuves et salutaires dans
» tout le pays. » La modestie ne ine permet pas de porter
plus loin cette citation; et je ne me suis déterminé à la
faire que parce qu’on semble me dénier aujourd’h u i,
par le silence du moins , la part que j’ai prise et l’in-
(1) Tableau du climat du sol des États-Unis de l’Amérique ;
tome 2 , pages 3^9 et suivantes(z) Recherches et observations sur les causes et les effets
de la maladie épidémique qui a re'gné à Philadelphie , depuis
août jusqu’ en décembre 1793. En anglais et en français , in-8°,
179.8; par J. Devèze , médecin de l’ hôpital Bush-Hill , con
sacré au traitement de la fièvre jaune , chirurgieo-major et
médecin en chef de l’hôpital militaire établi par le gouverne
ment français.
�( 3o5 )
fluence que j'ai eue dans l’éclaircissement de la plus
importante des questions de médecine , question qui a
fait l’objet continuel de mes méditations et de mes
divers écrits. Cependant le Médical Repository, journal
de médecine très-estimé , qui s’imprime à N ew -York,
m’a rendu la justice la plus étendue à cet égard et à
diverses reprises. Ma conduite sous ce rapport a été
également citée honorablement par un homme qui em
ploie d’immenses talens à servir son roi et son pays j
je parle de S. E. M. Hyde de 'Neuville. Voyez le
Moniteur du ix avril i i .
La première partie du travail de M. Kêraudreb ,
contient l’examen des motifs d'après lesquels on prétend
que la fièvre jaune n’est jamais contagieuse. « Les
» médecins de la Martinique et de la Guadeloupe, dit
s l’auteur, consultés en 1819, par S. E. le ministre
» de la marine , sur la question de savoir si , dans leur
» opinion , la fièvre jaune était ou n’était pas conta
gieuse, ont, pour la plupart, embrassé la négative (1)* .
\C’est à les réfuter que cette partie de l’ouvrage est
consacrée. Pesons la valeur des moyens de réfutation :
l .° Je ne conviens pas avec l’auteur que les noncontagionistes prétendent prouver que la fièvre jaune
n’est pas contagieuse, parce qu’elle est épidémique :
ce serait , en effet, fort mal raisonner , et il est im
possible de les en accuser sérieusement. Tous, au con
traire, ont pris soin , pour s’entendre , de distinguer
le contact en contact direct et en contact à distances ,
et ont dit que toutes les maladies qui , hors du foyer
où elles ont pris naissance , ne se communiquent ja
mais de l’une ou de l’autre manière , et qui attaquent
beaucoup de monde à la fois , sont simplement épi
démiques et non-contagieuses.
83
( 0 PaS« ta .
�( 3°4 )
2.
** Des tableaux destinés à prouver que la fièvre
jaune n’a pas régné épidémiquement militent en fa
veur de l’opinion des non-contagionistes ( i). Ils pré
sentent dans les mêmes hôpitaux des fièvres jaunes,
des phthisies , des dyssenteries et autres maladies va
riées , sans que la contagion se communique. Les
phthisiques , les dyssenteriques , meurent où vivent à
côté des pestiférés , sans qu’il y ait mélange de mala
die. C’est ce qui s’observe toujours et partout. A quoi
tient ce phénomène ? A ce que les hôpitaux ou l’on
porte les malades atteints de la fièvre jaune sont situées
ordinairement loin du foyer de la maladie et dans un
lieu sain ; en sorte que les malades peuvent
être
approchés, touchés et soigués impunément.
.
° De ce que la fièvre jaune borne assez souvent
ses ravages à l’enceinte d’une ville , même à un seul
quartier , ou à un établissement particulier, ou enfin
à un seul vaisseau dans une division navale , composée
de plusieurs , l’auteur conclut qu’elle n’est pas essen
tiellement épidémique, et que sa marche est plutôt
celle des maladies contagieuses (2). Je ne puis admettre
cette conséquence. La fièvre jaune s’attache essentiel
lement aux lieux qui la font naître ; elle est inhérente
aux causes locales qui ont servi à son développement.
Si elle était contagieuse , elle ne tiendrait ni au sol ni
au bâtiment, qui en forment le foyer ; et , comme la va
riole , elle serait transmise à toutes distances par les
choses et les personnes. Sans le vouloir , l'auteur fait
ici le procès des quarantaines et des cordons.
-° J’applaudis avec l’auteur à la sage précaution
que l’on prend aux Antilles de diriger les bâtimens
infectés de fièvre jaune vers le N ord, Terre-Neuve ou
y
3
4
( O Page 1 4
(a) Page iS.
�( 3o5 )
les îles Saint-Pierre et Miquelon (j). Mais , pour que
cette mesure fût plus efficace , il faudrait avant tout
les assainir ; autrement, iis portent en eux-mêmes les
causes locales du développement de la maladie jusque
près des régions boréales. Ce sont de véritables foyers
de fièvre jaune voguant , où les équipages puisent la
pestilence. M. Kèraüdren parle de cinq vaisseaux de
ligne arrivés des Antilles sur la rade de Brest, dans
l’automne de 1802, ayant encore à leur bord , avec
nombre de convalescens , quarante - deux personnes
atteintes de la fièvre jaune à l’état aigu. Ces malades
furent débarqués au lazaret de Triberon ; vingt-trois
succombèrent (a). M. Michelot, sous - lieutenant des
douanes, de service depuis plusieurs jours, à bord
d’un de ces bàtimens , le Tourville, y contracta la ma
ladie. Porté chez lu i, il fut visité par quatre médecins
de la ville , et mourut ( ). Ces faits, j’en conviens
avec l’auteur , prouvent irrésistiblement que la fièvre
jaune des Antilles peut régner sur les vaisseaux jus
qu’à leur arrivée en France , par une latitude de
48° 2b’ 14” } mais je ne conviens pas avec lui que la
population des places maritimes ait quelque chose à
craindre de la présence de cette maladie , qui s’éteint
d’elle - même , par l’éloignement des foyers et par
l’abaissement de la température ; car les malades une
fois débarqués ne l’ont communiquée à personne, et ,
pour que M. Michelot la prît, il a fallu qu’il séjournât
sur le bâtiment au milieu d’un foyer.
.° Si des bàtimens infectés de fièvres arrivent des
Antilles dans des latitudes boréales , et y séjournent
3
5
(1) Page 18.
(2) Page iy .
( 3 ) Page 20.
T . V I. Décembre i a .
83
-9
�( 5o6 )
quelque, temps , la maladie cesse ; mais, s’ils cinglent
de nouveau vers le sud , elle peut s'y renouveler.
L ’auteur en cite un exemple, et en infère que la cause
de cette fièvre a été engoutdie par le froid , et qu’elle
se réveille par l’élévation de la température ( i). Il en
infère encore qu’il importerait, pour fixer avec précision
la durée des quarantaines , de connaître combien de temps
cette cause ainsi engourdie peut conserver la faculté de
se reproduire. Il suffirait d’une expérience bien simple,
et que commande la prudence , pour démontrer le peu
de fondement de pareilles inductions ; ce serait d’assainir
parfaitement de pareils bâtimens avant de les remettre
en mer , de les munir abondamment de provisions
fraîches, d’y éviter l’encombrement et de soigner exac
tement le physique et le moral de l’équipage.
6.° Pour prouver la contagion de la fièvre jaune,
l ’auteur reproduit des faits nullement concluans et main
tes fois réfutés ; je ne Yn’y arrêterai pas (2). Il en rap
porte de nouveaux , qui ne me paraissent pas avoir beau
coup plus de valeur, faute de développement ( 5 ).
Un directeur de l’hôpital du Fort-Royal, des médecins,
des chirurgiens , des sœurs hospitalières , ont , à di
verses époques , contracté la maladie dans l’hôpital , et
en sont morts. Ces faits racontés par VI. G a u b e r t manquent
d’exactitude. Il aurait fallu rechercher si ces individus ,
q ui, par la nature de leurs fonctions , fréquentaient ,
suivant toute probabilité , les lieux où régnait la maladie,
n’avaient pas dû puiser le mal à son foyer plutôt que
dans l’hôpital. Un autre fa it, recueilli sur la gabarre la
D u r a n c e , partie des Antilles, le 4 novembre 18 16 , pour
( 1 ) Page 2 1 .
(a) Pages 2 a , i â et
(3 ) Page
24.
�5
( o7 )
revenir en France, est aussi peu concluant que ceux
qui précèdent (i).
Une passagère légèrement indisposée-', est prise de
la fièvre jaune et meurt dans la-chambre du chirurgienmajor qui lui donnait des soins. Ce dernier, rentré
dans sa chambre le surlendemain , est atteint à son tour
de la fièvre jaune et meurt le même jour. Ici plusieurs
questions se présentent à la pehsée. A quelle source la
dame passagère a-t-elle puisé sa maladie ? Qui pourrait
assurer que le chirurgien-major n’a pas puisé la sienne
au même foyer , puisqu’il s’était trouvé dans les mêmes
circonstances avant de s’embarquer î INe sait-on pas que
la fièvre jaune est plus ou moins prompte à se déclarer,
après qu’on a été exposé à l’influence des causes qui la
donnent ! Et méconnaîtrait-on assez la marche des
maladies épidémiques pour pouvoir affirmer que ce
chirurgien a nécessairement pris la maladie dans sa
chambre , le jour même qu’il est mort ! En fait d’obser
vation médicale , ayant trait surtout à un problème
d’une telle importance et dont la solution est si difficile ,
l’exactitude rigoureuse des détails est absolument néces
saire , autrement , au lieu d’éclairer la question, on
l’embrouille , et l’art recule.
7.0
Ces réflexions s’appliquent naturellement au fait
suivant : l’auteur (2) , après avoir dit que l’ouverture
des cadavres est quelquefois moins dangereuse que l’ap
proche de certains malades , rapporte, comme excep
tion , sur la foi de IVJ. J i o u g e m o n t , qu’en 1793 a SainteLucie , M. T h o m a s , chirurgien-major du 71.* régiment,
faisant l’ouverture du corps d’un capitaine mort de la
fièvre jaune, se piqua le doigt avec le scalpel dont il se
servait. Il fut attaqué, quelques jours après , de la même
( i ) Page
- ( î ) Page
26.
27.
�{ 3o8 )
maladie , et il en mourut. C’est le cas d’observer que
le raisonnement du p o s t h o c , e r g o p r o p te r h o c ne doit
pas trouver son application ici , car il doit être hors
de doute que M. T h o m a s ne refusait pas ses soins aux
malades placés dans le foyer de l’infection ; par con
séquent jcet exemple ne prouve nullement contre l’in
nocuité des ouvertures des corps en pareille circonstance,
puisqu’il n’est pas démontré que ce soit la blessure qui
ait produit la maladie.
8.° « A la Martinique (i) , pendant le premier se» mestre de 181g , la fièvre jaune a , dit-on , attaqué iso» lément et çà et là , des soldats casernés dans la ville ,
» au fort Saint-Louis, à l’Arsenal, et des marins à bord
» de quelques bâtimens de commerce et de l’É tat, sans
» que ces soldats et ces marins aient eu de communica» tion avec des hommes atteints de la maladie , et sans
» qu’ils l’aient eux-mêmes communiquée à leurs cama» rades. » L ’auteur pense que cette fièvre jaune n’a point
été contagieuse , parce qu’elle était sporadique et inter
currente. La vérité sur la non-contagion de la fièvre
jaune est tellement établie ic i, qu’on est forcé de re
courir , pour expliquer ces faits, à une supposition ,
bien imaginaire sans doute, celle d’une fièvre jaune
qui n’est pas contagieuse. Mais est-ce qu’une maladie
véritablement contagieuse , telles que la variole , la siphilis, la gale , soit qu’elle règne sporadiquement ou
épidémiquement, s’est jamais dépouillée de cette pro
priété qui en forme l’essence ! et à moins de tirer ,
comme le fait l’auteur , ses comparaisons de la peste et
du typhus , dont la propriété contagieuse est très-pro
blématique , on ne retrouverait pas dans la nature un
seul exemple d’une maladie contagieuse , q u i, dans
(i) Page 37;
�( 5°9 )
certaines circonstances , cesserait de l’être ? Dans ce
système d’ailleurs , il se présenterait encore une diffi
culté impossible à résoudre : si la fièvre jaune spora
dique n’est pas contagieuse , comment arrive-t-elle à
ceux qui en sont atteints f Ce ne peut être apparem
ment que par des circonstances environnantes qui
l’engendrent et la font naître d'elle-même. Voilà pré
cisément ce qui arrive toujours. Voilà la doctrine que
professent tous les médecins éclairés par une longue
expérience puisée sur les théâtres où règne cette ma
ladie.
9.0 L ’auteur admet , avec P o u p p è - D e s p o r l e s , une
fièvre jaune bénigne dont il semble faire une espèce
particulière , et que je ne regarde que comme une
modification de la maladie ; et il ajoute (1) : « La fièvre
» jaune ne paraît pas plus contagieuse lorsqu’elle est
» bénigne que lorsqu’elle est intercurrente». Prenant
acte de ces concessions , je dis : si la fièvre jaune ne
paraît pas contagieuse , lorsqu’elle est bénigne ou in
tercurrente , c’est qu’elle permet alors de bien l’ob
server , et de s’assurer qu’elle n’est point contagieuse.
Le contraire arrive , et tout se confond dans l’esprit
des contagionistes , lorsqu’ils la voient régner épidémiquement, se propager et étendre ses ravages avec
rapidité.
10.e Par des récits particuliers, l’auteur modifie des
faits sur lesquels s’appuient certains observateurs pour
assurer que la fièvre jaune peut se déclarer en mer sur
des bâtirnens partis d’Europe ; et , après avoir com
battu cette doctrine , il ajoute (2.J : « Supposons néan» moins que la fièvre jaune puisse se développer en
» pleine mer , sans aucune communication préalable ,
(0 Page 29.
�( 5io )
9 sur un navire parti de France ou d’un port dans l’état
» de santé le plus rassurant : qu’en inférera-t-on ? que
» la fièvre jaune serait susceptible de se manifester par* tout ».
La fièvre jaune ne peut se manifester partout ; et
celte conclusion ne dérive point de l’ouvrage de M.
Kéraudren. Jamais la fièvre jaune n’a existé et jamais
elle n’existera dans le nord de l’Europe. Il faut pour
son développement des causes locales et des circons
tances atmosphériques. Elle s’allume dans les régions du
sud, à certaines époques , et s’éteint toujours dans les
régions boréales. Des mesures sanitaires qui ne ten
draient qu’à éloigner les causes de son développement
seraient les seules efficaces , les seules dignes d’un gou
vernement éclairé ; les mesures qui ont pour objet
d’empêcher sa transmission sont tout-à-fait oiseuses ,
ordinairement nuisibles et souvent désastreuses.
Dans ce que je viens de dire , le lecteur a dû remar
quer que j'ai suivi l’auteur pas à pas, en admettant tous
les faits comme irrévocables ; et que , dans l’intérêt de
la doctrine que je défends , je n’ai eu besoin que de rec
tifier les inductions qui en ont été tirées. Dans l’exa
men que je vais faire de la seconde partie relative à de
nouveaux faits concernant la transmission de la Jièvre
jaune je suivrai une marche plus abrégée ; mais je dé
clare à l’avance que pas un des nouveaux faits ne pré
sente des censéquences favorables à la doctrine de la
contagion ».
( Ici , M. le docteur Devize cite le fait concernant le
brick l’Euryale , ainsi que nous l’avons signalé page 108,
tom. Y de notre journal ).
« Pour faire servir ce fait de preuve à la contagion ,
l’auteur ^i) en appelle à un rapport de chirurgien de
( 0 Page 37.
�( Si i )
jaàtiment, M. Pèan , au consei de santé du port d«
Brest. Suivant ce rapport, c’est un matelot , provenant
de la goélette le Messager , qui aurait porté la conta
gion sur l’Euryale : « Cet homme était déjà malade ,
* lorsqu’il passa sur l'Euryale le 2.3 janvier 1821
entra
» le
à l’hôpital du Fort-Royal, où il mourut le 27.
» Après cinq ou six jours de mer , 011 aurait procédé à
» l’inventaire des effets du mort , qui jusque-là étaient
» renfermés dans un coffre., Le temps était frais , l’équi» page, en bonne santé, jouissait de la satisfaction que
» procure toujours une navigation heureuse, lorsque la
» fièvre jaune éclata lotit à coup. En trois jours, les deux
» tiers des marins étaient sur les cadres , et quatre honv» mes , dont le chirurgien , M. Boursin et l’infirmier ,
« avaient cessé de vivre, avant la rentrée du brick au
» Fort-Royal ».
Qui a pu faire croire à M. Pèan que ce matelot ait
véritablement introduit la maladie sur l'Euryale, lui
qui n’y est resté qu’un instant , et qui a été porté dé
suite à l’hôpital du Fort-Royal ! Comment tout l’équipage
aurait-il été infecté par ses effets restés dans une malle
sur le bâtiment , effets qui ne lui avaient pas servi pen
dant sa maladie? Comment une si petite cause auraitelle pu faire naître sur l'Euryale , en si peu de temps ,
une épidémie si formidable, qu'on a été obligé de prendre
le parti de désarmer le bâtiment , et d’avoir recours ,
pour le purifier, aux moyens désinfectons Jusqu’à
quand opposera-t-on de pareils argumcns au témoignage
des hommes les plus recommandables et aux faits les
plus positifs l L'Euryale, sorti de la Martinique , était
resté sous le vent et dans les eaux de cette colonie,
pendant sa croisière ; tout son équipage n’avait , par
conséquent , pas cessé d’ètre environné des causes à
la faveur desquelles cette maladie peut se développer. Il
était devenu un véritable foyer d'infection , sur lequel
1
25
.11
1
�(
2 ,12
)
des hommes envoyés en corvée par la frégate la Gloire,
pour travailler au désarmement, ont puisé la maladie.
M ais, sortis de là , aucun n'a communiqué la maladie;
et ce bâtiment une fois purifié a pu remettre en mer,
et a cessé d’être foyer d’infection.
Mais qu’est-il besoin de m’appesantir plus long-temps
sur cette matière ? Tout en voulant prouver la contagion
de la fièvre jaune , M. Kéraudren cite des faits, et avance
des argumens qui démontrent le contraire. Voici son
texte (i).
» Les mêmes précédens sont toujours suivis des
» mêmes résultats. On a vu que la corvette l'Egèric ,
» partie de la Martinique , fut obligée d’y revenir au
» bout de huit jours , désolée par la fièvre jaune. Les
» progrès de cette maladie étaient si rapides , qu’on
» jugea nécessaire de désarmer ce bâtiment. On y en» voya , à cet effet, une corvée de trente-six hommes,
» dont dix furent bientôt eux-mêmes atteints de la
» fièvre jaune. Si ces dix hommes n’avaient pas tra» vaillé à bord de l'Egèrie, est-il probable qu’ils eusn sent été atteints de la maladie f
» Le désarmement de VHirondelle a encore donné lieu
» à de semblables accidens. D ’après ces exemples , peut» on méconnaître le danger d’employer au désarmement
« des vaisseaux en proie à la fièvre jaune des marins
» d’autres bâtimens exempts/de cette maladie? Le dé» sarmement des navires contaminés me paraîtrait donc
» devoir s’effectuer, lorsqu’il est possible, par les hom» mes de leurs équipages encore en état de sè livrer à ce
» travail, et dans les Colonies par les noirs du gouverne» ment ; on éviterait ainsi d’exposer à la maladie et à la
» mort des hommes trop susceptibles d’en être les vic» times.
(O Page 44 -
�( 5.3 )
» Cependant, continue l’auteur , les vaisseaux que
» l’on a successivement purifiés sont redevenus sa» lubres. Les causes de la fièvre jaune étaient donc inhé» rentes à ces bâtimensl Pour les assainir, on les dégrée,
!» et on en retire tout ce qui y est contenu. Alors on les
i» lave , on les frotte , on les desséche au moyen du feu j
» on fait pénétrer l’air extérieur dans les parties les plus
» profondes , on les fumige , soit au moyen du chlore ,
» soit par la vapeur du soufre en combustion , s’il est
!» des animaux qu’on veuille détruire ; enfin , on blani» chit l’intérieur à la chaux. Après cette opération , ces
»>bâtimens sont réarmés j ils retournent en croisière , ou
» reviennent dans les ports de France , et la fièvre jaune
v ne reparaît plus : donc elle dépendait , comme je l'ai
!» dit, de c a u s e s
in h é r e n te s
aux v a i s s e a u x , et elles
» ont disparu en même temps ».
Voilà bien la doctrine de l’infection clairement ex
pliquée ; voilà bien les causes locales inhérentes aux
vaisseaux sur lesquels la fièvre jaune s’est déclarée ;
voilà bien l’assainissement de ces vaisseaux qui fait
cesser la maladie, et sur lesquels elle ne reparaît plus.
L ’auteur aurait donc abandonné la cause des contagionistes ? En lisant ce passage , je l’ai cru; la lecture
du suivant m’a détrompé (i) , ou du moins a laissé mon
esprit en suspens sur ce point.
f
« Les médecins des États - Unis n’admettent pas ,
» pour la plupart , la contagion de la fièvre jaune ,
si néanmoins les habitans des villes où celte maladie
si se déclare prennent la fuite ; ce qui ne prouve pas
» leur sécurité ». Les non-contagionistes n’ont jamais
dit qu’il dût y avoir sécurité au milieu d’un foyer d’é-
( i ) Pa ge 4G.
83
T . V L Décembre r a .
4°
�( 5 i4 )
pidémie meurtrière ; au contraire , ils conseillent aine
habitans de fuir. Et c’est toujours dans les hôpitaux,
placés dans des quartiers sains et élevés qu’on porte les
malades atteints de fièvre jaune.
Plus loin , M. Kèraudren accuse les non-contagionjstés de méconnaître la contagion médiale ou à dis
tance , et de vouloir substituer à ce dernier mode de
transmission l’hypothèse de l’infection , en supposant
que la maladie ne se communique que par le contact,
mais au moyen de la-préexistence d’un foyer (î).
C e; médecin est beaucoup trop éclairé pour tenir à
cette, accusation, s’il se donne la peine de lire attenti
vement ce que j’ai écrit dans mon Traiié de la fièvre
jaune sur les foyers d’infection (2.) , et de la contagion
en général , depuis la page iao jusqu'à 1 o ; et encore
celui portant pour titre : La fièvre jaune est-elle une
maladie par infection , ou bien est-elle une maladie con
tagieuse ? page i 5 i et suivantes. 11 y trouvera établies
avec soin les distinctions les plus tranchées entre ces
divers modes de développement ou de transmission des
maladies en général, et de la fièvre jaune en particulier.
Enfin , il me reste à repousser une remarque gram
maticale que l’auteur nous adresse sur le mot injection ( ).
Il veut que ce mot soit synonyme d’absorption, et qu’il
ne puisse servir dans aucun autre sens. « Par exemple ,
» dit-il , lorsqu’après l’inoculation de lu petite vérole
ou de ia vaccine , l'un ou l’autre de ces virus a été
» absorbé , on dit que le système est infecté ». Cette
observation est juste ; mais , avec un peu de réflexion,
on voit que l’adjectif infecté n’est employé ici qu’au figuré,
puisque ces virus ne contiennent point de particules
5
3
( s ) Pa ge 48.
(a) Pa ge
(3) Page
118
49.
.
�( 3x5 )
infectes. De cette simple explication , il résulte que le
mot infection et ses dérivés sont employés par nous
dans leur sens propre , puisqu’ils peignent assez exac
tement la nature des émanations délétères qui contri
buent essentiellement à la formation de certaines ma
ladies , sans le secours d’un virus fixe transmissible.
Je termine ces considérations en disant que la plupart
des ouvrages écrits en faveur de la contagion sont enta
chés d’un vice radical : tous les faits qu’ils contiennent
ont été recueillis au milieu des foyers d’infection ; en
sorte qu'on ne peut distinguer ce qui appartient au
caractère épidémique , de ce qui est propre à la contagion.
Four procéder méthodiquement , et avec connaissance
de cause , c’est donc toujours hors de ces redoutables
foyers qu’il faut étudier la maladie , et pratiquer les
expériences d’inoculation que je ne cesse de recom
mander , comme le seul moyen de faire cesser lu con
troverse ».
8'23
( Journ. de Pharm. , mois de Novembre i
) — Pilules
anti - syphilitiques du docteur Sarrasin , de St .-Quentin.
— Prenez : protoxide de mercure ( oxide noir ) deux
gros ; extrait de saponaire ( soponarià of. ) quatre gros ;
extrait d’opium , dix-huit grains. Faites pilules n.° icto.
Une le matin , deux le soir.
On boit , en même-temps, une forte décoction de
saponaire ( deux onces pour trois litres d’eau réduits à
deux par l’ébullition ).
— Teinture de stramonium du docteur ZoUickojTer. —
Prenez : semences de datura stramonium , une once ;
aicohol aqueux à 32 degrés , deux livies. Faites macérer
pendant sept jours. La dose est de huit à onze gouttes
dans un véhicule approprié , matin et soir , jusqu’à ce
que le malade éprouve de légers étourdissemens. On
cesse alors l’emploi du remède pendant quelques jours.
�( ü>i6 )
Cette préparation a été utile contre le rhumatisme
chronique.
A cette même teinture faite avec les feuillet de stra
monium à la même dose, pour frictions sur la peau , l’au
teur ajoute : huile essentielle de pouliot, dix grains ; de
cannelle , dix-huit grains ; teinture d’opium , deux onces;
esprit de vin camphré , une once.
Il prépare encore une pommade de stramonium ainsi ;
prenez : feuilles de datura stramonium , deux onces ;
axonge purifiée , quatre onces ; cire blanche , une once ;
mêlez : faites cuire sur un feu doux et conservez dans un
vase de terre. Ces deux dernières préparations sont
usitées en frictions dans la même maladie.
— Nouveau pyrophore — M. le docteur Triedmann
Gobel , d’Iena , l’a obtenu du tartrate de plomb , en le
fesant chauffer dans un tube de verre.
» Si l’on projette , dit-il , hors du tube une partie de
» la masse brune foncée , elle prend feu à l’instant
» et des globules brillans de plomb métallique parais5> sent sur la surface de la substance en ignition ; plu» sieurs se changent par degrés en oxide jaune de plomb :
» ces phénomènes présentent un très-bel effet.
» L ’éclat dure beaucoup plus long-temps que dans les
» autres pyrophores , ensorte que celui-ci, à cause de
» la facilité de le préparer, pourrait fournir un moyen
» commode de se procurer du feu ».
C. P .
Journaux Italiens.
{Annal! imiversaH di medidna di Milano 1823 et Revue
medicale ). — Des bons effets d’une pommade composée
d!antimoine et de mercure , par M. le docteur [Vüccoli. —
« Il y a quarante-deux ans que M. le docteur Miccoli
voulant donner le plus d’activité et d’énergie possible
au mercure sur l’économie animale , eut l’idée de mêler,
dans une pommade faite avec une once de mercure et
�5 7
(
i )•
<eux drachmes de graisse moitié de cochon et moitié
de bouc , cinq scrupules de phosphate de chaux anti
moniale ( poudre de Pearson ) , réduits en poudre trèsfine. « Quelle ne fut pas ma surprise , dit l’auteur,
lorsque je m’apperçus que cette pommade ne produisait
pas la salivation ! Encouragé par ce succès , j’en fis
usage pour combattre les dartres , les douleurs rhuma
tismales , goutteuses et osseuses , les obstructions , les
ulcères anciens et calleux, la phthisie, l’ophthalmie ,
l’impuissance , les affections périodiques avec ou sans
fièvre , les engorgemens , la toux,l’hydropisie, l’asthme,
les tumeurs , etc. , soit que toutes ces maladies fussent
causées par le virus vénérien , soit qu’elles dépendis
sent d'une autre cause , et j’obtins les plus heureux
effets, surtout lorsque je fis employer cette pommade
selon la méthode du professeur Scattigna , qui faisait
faire les frictions sous les aisselles dans les affections
des parties supérieures , aux aines et au pubis , dans
celles des parties inférieures, Ce fut principalement en
employant la pommade de cette manière que je recon
nus sa supériorité sur toutes les autres préparations
mercurielles pour prévenir l’hydrophobie lorsqu’on a
lieu de la craindre ». M. Miccoli a même observé que,
de plusieurs personnes mordues par le même chien en
ragé et soumises à divers traitemens mercuriels, il n’y
eut que celles pour lesquelles on fit usage de la pom
made qu’il indique qui furent préservées de celte terrible
maladie.
L’auteur observe encore que le mercure éteint dans
la poudre de Pearson, et administré à l’intérieur de
puis neuf jusqu’à douze grains , deux ou trois fois par
jour , produit le même effet que la pommade. Cependant,
quand en emploie cette poudre , on n’est pas toujours
assuré de ne pas voir paraître la salivation , quoique
pourtant cela arrive très-rarement.
3
�Ce praticien dit encore que si l’on substitue aux graisses
qui constituent la pommade de l’huile de semences de
datura stramonium ( pomme épineuse ) et suffisante
quantité de cire , pour former un onguent, on obtient
un topique dont les heureux effets l’ont surpris lors
qu’il a eu à combattre des douleurs locales.
M . Miccoli n’oublie pas d’observer que, lorsqu’on a
à combattre une cause spécifique , on ne doit pas né
gliger de seconder l’action de la pommade stibiée mer
curielle par «n traitement intérieur analogue au vice
qui a causé la maladie».
3 .°
V a r i é t é *.
—* L e tribunal correctionnel de Marseille vient de
condamner un médecin , domicilié depuis peu dans cette
ville , à oo francs d’amende , et un pharmacien a ioo
francs seulement ; le premier , pour avoir annoncé avec
emphase et comme remède secret un sirop anti-syphili
tique connu j le second , pour avoir préparé ce remède et
participé à sa vente. Avis aux colporteurs des panacées.
3
— L ’école royale secondaire de médecine de Bor
deaux a tenu sa séance publique annuelle , le a août
1825. Comme l’an dernier , M. Brulatour, directeur ,
a ouvert la séance par un discours dont la bonté fait
regretter qu’il soit trop concis. M. le professeur Gintrac,
secrétaire , a ensuite présenté un tableau précis de l’en
seignement de l’école , avec cette supériorité de talens
dont il a déjà donné bien des preuves.
8
— Que fait l’École secondaire de médecine de Mar
seille ? Ses professeurs, non moins recommandables
par leur savoir que par leur zèle , devraient , ce nous
semble , publier annuellement leurs travaux. La science
y gagnerait assez et l’École y gagnerait d’avantage.
�( 3.9 )
— TJObservateur des sciences médicales continuera
d'être publié en i
, suivant le plan que nous avons
adopté cette année - ci. Celte annonce est nécessaire
pour déjouer des confrères officieux q u i, nous ne savons
dans quelle vue , se font un plaisir de dire que nous n’a
vons plus la force de poursuivre la publication de 'ce
recueil.
8'25
— La critique du docteur Gaultier de Claubry, sur
une observation de gastrite aiguë , insérée dans le journal
général, cahier du mois de juillet 1823, est injuste,
si l’on considère qu’elle a été faite en changeant et
en intervertissant le sens des phrases et même les
expressions de l’auteur de cette observation , mais M.
le D. Louis Valentin a obtenu réparation de M. le D.
Nacquart, secrétaire-général de la Société de médecine
de Paris , et cette réparation, nous nous plaisons à
la retracer ici comme pour servir d’avis à certains
censeurs : « la sortie nullement méritée et fort dépla
cée de notre rédacteur, dit M. Nacquart, m’avait
donné dans le temps autant d’humeur que de chagrin
et elle a même donné lieu à une correspondance ^ans
laquelle je lui ai reproché ce manque de justice et
d’égards. M. Gaultier de Cl. est peu maître de lui, et
lorsqu’une idée le domine , elle lui fait tout fouler aux
pieds , quoiqu’il soit au fond un honnête-homrne , un
bon confrère. En mon particulier, je vous fais donc
des excuses sincères et j’y joins le désaveu formel de
la Compagnie. Il lui est, en effet , interdit de mettre
aucune note dans la partie réservée à la Société , ni
d’altérer les pièces originales ou les rapports. Je veille
cependant de très-près à l’exécution du règlement ».
— Ce mois-ci a encore présenté un très-grand nombre
de maladies éruptives dont le caractère n’a pas été aussi
bénin que dans les mois précédens. On a observé
quelques croups , des rhumatismes , des dyssente-
�( 020 >
ries et , comme de coutume , on a eu généralement
recours aux anti-phlogistiques , comme aux moyens les
plus efficaces.
— D ’après le relevé des registres de l’État-civil de
la mairie de Marseille, il y a eu en Novembre i a ,
naissances j rg décès et
mariages.
P.-M . Roux.
343
5
4.0
C
83
85
o n c o u r s
a c a d é m i q u e s
.
L a Société royale de médecine de Marseille propose
pour sujet d’un prix consistant en une médaille d’or
de la valeur de oo francs qui sera décernée à la
séance publique de 182.S , la question suivante :
Déterminer quelle est l'influence que la doctrine phy
siologique doit exercer sur la marche et l'issue des ma
ladies aigues et chroniques.
Les mémoires écrits lisiblement en français ou en latin,
seront adressés dans les formes académiques et francs de
port, à M . Sue , Secrétaire-général de la Société , rue du
Petil-St.Jean , n.°
. Ils devront être remis le i . er
juillet. Ce terme est de rigueur.
5
36
L a Société royale de Médecine de Marseille déclare
quen insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser
vations , Notices, etc■ , de ses membres soit titulaires , soit
correspondons , qui lui paraissent dignes d être publiés,
elle n a égard qu’à l'intérêt qu'ils présentent à la science
médicale; mais quelle n entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
et qui n’ont pas ertsore la sanction générale.
�( 5ai )
BULLETINS
DÊ
LA
SOCIÉTÉ
DE
D
écembre
ROYALE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
1 8 2 3
. —' N . ° X X I V i
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rétentions d'arrière - fa ix , l’une pendant trenteneuf jours et l'autre pendant dix - neuf jours ,
expulsés par les seuls efforts de la nature , sans que
les deux accouchées aient couru de dangers ; par
M. Eugène F enech , D.-M. P. , membre titulaire de
la Société royale de médecine de Marseille , etc.
Deux
25
Première observation. — M adame P ,.., âgée de
ans y
d’un tempérament bi lioso-sanguin, d’une stature moyenne,
menstruée vers la quatorzième année, et mariée à l’âge de
dix-neuf ans , devint mère après dix mois de mariage ,
et eût un second enfant deux ans après. Elle nourrit
ces deux enfans èt tout se passa bien tant dans les
deux grossesses que dans les accoùchemetis. Mme. P ...
devint enceinte pour la troisième fois , eût une gros
sesse assez heureuse, et accoucha le 27 septembre 181
d’ un enfant mâle bien constitué. La sage-femmè attendit
une heure et demie la délivrance ét rie voulant rien
tenter de son chef, fit appeler un accoucheur qui
voulut en faire l’extraction. L ’accouchéé é’y opposa.
Bien que nul accident n’indiquât cette opération s>
ï‘on convoqua une consultation où je fus appelé.’
L ’opinion des coiisultans étant d'abandonner le travail
à la nature , l’on se borna à l'application d'è qûèitjûés'
T . \’ I. Décembre 1820,
gi
5
�(
332
)
topîques , tels que les frictions sur le bas-ventre , les
fomentations, les bains de vapeurs dirigés dans le
vagin et les lavemens émolliens. L ’accouchée rie voulut
pas même permettre les tractions du cordon ombilical.
Elle eût une légère lièvre de lait; les lochies coulè
rent. en petite quantité : les contractions utérines étaient
fort petites et fort rares. Tout se passa ainsi jusqu’au
quatorzième jour; alors , saris cause manifeste , on trouva
le cordon détaché du placenta; un suintement rougeâtre
assez, fétide sortait du vagin. Des injections dans l'u
térus furent faites avec une décoction de camomille
romaine légèrement animée avec le vinaigre camphré,
l e dix-huitième jour une portion de d’arrière,-faix fut
chassée au-dèhors après des contractions utérines assez
fortes ; elle pesait cinq onces , et avait une assez mau
vaise odeur; sa couleur était noirâtre , donnant sur le
Vert. De petits fragmens commencèrent à venir jour
nellement jusqu’au trente-neuvième jour , époque à la
quelle la dernière portion du placenta sortit après des
coliques très-fortes. Elle pesait quatre onces ; elle, était
un peu raccornie.
Cette malade, vers le dix-huitième jour’ de ses cou
ches , commença à ,éprouver , le soir, une fièvre légère
de type intermittent, qu’on fit passer par l’usage d’une
décoction de kihà prise dans la journée.
S e c o n d e O b s e r v a t io n .
M adame C..., âgée de vingtsept ans , jouissant d’une bonne santé et ayant assez
d’embonpoint, mère de trois enfans venus au monde
de la manière la plus heureuse. Au terme de sa qua
trième grossesse, Mme. C..., accoucha sans douleurs,
pour ainsi dire, d’une petite fille mal nourrie et sans
*ie, qui vint su monde parles pieds, le 12 juillet 1821.
L ’utérus se contracta lenlementetfinit pu; former,comme
d’ordinaire, une tumeur dure au-dessus du pubis j au
bout de deux heures, le placenta ne venant p as, la
�(
5a 3
)
sage-femme chercha à opérer sa sortie en faisant des
tractions sur ie cordon ombilical. Ayant été appelé, je
m'apperçus qu’en tirant sur le cordon , l’on voyait le
vagin suivre le placenta. Je fis cesser ces tractions ,
et j’abandonnai à la nature le soin de l’extraction de l’ar-»
rière - faix, l’accouchée ne voulant pas se laisser toucher,
Je mis en usage les moyens cités dans la première observation. L ’accouchée n’éprouvait rien d’inquiétant.
Le cinquième jour , le cordon qui était assez grêle ,
se détacha du placenta : les lochies venaient en petite
quantité. Vers le septième jour , leur écoulement com
mença à donner de l’odeur. Alors j’ajoutai à l’eau de
camomille qui servait à l’injection, du vinaigre cam
phré. Le onzième jour, une portion du placenta fut
rendue pendant que l’accouchée était sur le service.
Les injections entraînèrent au-dehors des petites par
celles du restant de ce placenta , et le dix-neuvième
jour , la dernière portion sortit après quelques coliques,
ffaccouchée, pendant ce temps, n’éprouva pas le moindre
dérangement dans ses fonctions.
liiflexions. Le vulgaire de diverses nations et même
beaucoup de praticiens pensent que lorsque le placenta
est retenu pendant plusieurs heures dans la matrice ,
l’accouchée court des dangers ; je pourrai citer une
foule d’accoucheurs qui partagent cette opinion , quoi
qu’ils aient peut-être exagéré ces dangers. D’un an
tre côté , souvent les accouchées refusent les secours
de la main des accoucheurs , sur - tout dans les pays
chauds, tels que l’Espagne et l’Italie , et cela avec
quelque fondement , peut-être , puisque les opérations
manuelles dans ces climats , sont souvent suivies ,
dans ce cas , d'accidens plus ou moins graves ;
qui tient sans doute à la sensibilité si exquise dont
jouissent les naturels de ces contrées. Aussi trouve-Lon
la plupart des praticiens de ces paj's partisans de la
�( 524 )
méthode expectante dans ce qui nous occupe, ainsi
<jue beaucoup d’accoucheurs français et autres.
Curieux de connaître autant que possible la vérité ,
j ’ai recueilli avec soin quarante-deux observations de
placenta retenus dans la matrice. Dix-huit furent ex
traits par des accoucheurs, eu les décollant des parois
de l’utérus moyennant l’introduction de la main dans
cet organe. Onze , sur ces dix-huit extractions , furent
suivies de métrites et de la mort ; quatre produisirent
un relâchement ou prolapsus de l’utérus. Ce dernier
résultat eut également lieu sur neuf accouchées dont
l'extraction du placenta se lit moyennant les tractions ,
peut-être trop fortes , du cordon ombilical.
Vingt-quatre autres cas de rétention de placenta fu
rent abandonnés aux soins de la nature , mettant en
usage les moyens cités dans les deux premières obser
vations. Ces vingt-quatre accouchées furent ainsi délivrées
dans un laps de temps plus ou moins long , c’est-à-dire (
dïx-sept dans les vingt-quatre heures , cinq dans le cou
rait des deuxième et troisième jours , et deux qui font
le sujet des deux premières observations les dix-neuvième
et trente-neuvième jours. Quelles sont les causes ordi
naires des rétentions du placenta , dans la matrice, pen
dant plus ou moins de temps ? La plupart des accou
cheurs pensent qu’une portion de l'arrière-faix restant
adhérente à la matrice , ne s’en détache qu’après un
Japs de temps plus ou moins long. D ’autres attribuent
cette rétention au resserrement spasmodique du col de
l’utérus. 11 me semble que .si cct organe jouit de toute sa
force contractile , l’adhérence d’une portion du placenta
ne peut pas être de grande durée , et dans ce cas , le
spasme du col de l’utérus est bientôt vaincu par ces
contractions utérines. La faiblesse de l’utérus , la gros
seur de l’arrière-faix et le spasme , quelques fois prolongé %
du col de la matrice me paraissent être les causes or
dinaires de ces rétentions.
�(
320
)
En résumé, je pense donc que toutes les fois que
l’accouchée n’éproüvera par les accidens qui indiquent
la prompte délivrance , il serait plus prudent d'attendre
que de pratiquer des manœuvres souvent nuisibles , sur
tout dans les pays chauds et généralement chez toutes
les femmes qui jouissent d’une grande sensibilité. Les
avantages de cette méthode sont reconnus par des pra
ticiens recommandables et sont démontrés par ces ob
servations , de la manière la plus évidente.
O b s e r v a t i o n d'un catharre utérin guéri par la teinture
d'iode, par M. J. S a b l a i r o l e s , D .-M .M ., membre cor
respondant de la Société royale de médecine de Marseille.
C ath erin e
P . , menant une vie sédentaire ,
et se livrant à un coït immodéré, fut atteinte, après
un acrouchement laborieux , d’un catharre utérin pour
lequel elle n’employa d’abord aucun moyen ; elle m’a
voua même que , dès le début , il avait augmenté ses
appétits vénériens ; ce qui ne contribua pas peu à aggraver
la maladie. Dans la suite elle se plaignit de douleurs du
dos et des reins avec chaleur vers la matrice. Le flux
devint si abondant , qu’il traversait les linges dont elle
s’enveloppait. So'n estomac était dans un état de débilité
extrême ; ses forces étaient presque épuisées , et elle
maigrissait continuellement. Elle lit usage de plusieurs
médicamens qui r>e produisirent aucun effeti Comme à
cette époque l’écoulement leucorrhéïque était si âcre que
les parties génitales en étaient excoriées , et que d’ail
leurs la malade éprouvait des douleurs atroces dans la
cavité abdominale , on me fit appeler pour lui donner
mes soins. Son teint était blême et altéré ; ses yeux
étaient cernés par une couleur livide d’autant plus ap
parente , que les fleurs blanches devenaient plus abon
dantes et plus anciennes j tous ses traits, en un mot,
portaient l’empreinte de la plus sombre tristesse, de là
plus noire mélancolie. J'eus aussitôt recours à la dé
couverte heureuse de M. Coindet, dont je n’avais eu
qu’à me féliciter. Je prescrivis , donc
la teintura
d’iode à la dose de dix gouttes , trois fois par jour ,
en suspension dans une potion mucilagineuse. Je dois
observer qu’avant de l’employer , j’eus le soin d®
«combattre , par des ptoyens appropriés , une légère ir-
�( 3a6 )
intalion inflammatoire. Comme je m’apperçus que l’arlion de ce remède n’était pus bien sensible, j’en portai
la dose à i gouttes , trois fois par jour. Dans deux
mois l’écoulement fut entièrement dissipé , et C. P.
avait déjà recouvré sa santé primitive.
5
SÉANCES
rE m M IS T
DE
L E M O IS
LA
DE
SOCIÉTÉ
l a .
NOVEM BRE
83
8 Novembre. — M. Sue fait hommage , au nom de
Fauteur, d’un exemplaire d’une brochure intitulée :
Nouvelles considérations sur la fièvre jaune, par Devèze ,
etc. ( Dépôt dans les archives). M. le Secrétaire-général
communique ensuite le prospectus d’un ouvrage qui
doit paraître incessamment sous le titre de : Biographie
provençale ou Dictionnaire historique , raisonné, des
Provençaux qui depuis la révolution jusqu’à nos jours
se sont distingués par leurs actions ou par leurs écrits ;
par une Société de littérateurs, de jurisconsultes , de mé
decins et de commerçons.
La Société s’occupe ensuite du renouvellement de son
bureau et d’objets d’administration intérieure.
1 Novembre. — M. le Secrétaire-général donne lec
ture i.° d’une lettre de M. Labric , membre titulaire,
qui regrette de ne pouvoir plus prendre une part active
aux travaux de la Compagnie. La Société admet par
acclamation au nombre de ses membres honoraires un
de ses fondateurs , qui a si puissamment contribué à
étendre sa réputation.
La Société s’occupe ensuite de la question (i) qu'elle
doit mettre au concours pour l’année 1825.
Le reste de la séance est consacré à la discussion
d’objets administratifs.
29
Novembre. — Après s’être occupé du renouvelle
ment des Commissions qui doivent être permanentes pen
dant l’année 1824» on consacre le reste de la séance aux
conférences sur les maladies régnantes.
T E X T O R I S , Président.
S « k , Secrétaire-général.
5
3
( ’ ) V oyct la page ao de ce Numéro.
�IjBSP.nvAtions météorologiques faites à ïObservatoire "Royal de Marseille,
en Décembre 1 8 2 3 , par M. Gam bah t .
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_ « to f >«•■ *. >S* « sd c-T d2 c«i d ’ n « ?•“
+
�749
RÉCAPITULATION .
— • * ♦ * ♦ * —*-----
33
Plus grande élévation du Baromètre . . . . .
767™“ ,
-, le
Moindre élévation...........................................................
» 28, le
HaulGur moyenne du Baromètre , pour tout le mois 759 , 19.
Plus grand degré de chaleur. . . . . . . . .
+i
°, 7 , le
Moindre
idem........................................ ..... + a , 6 , le
Température moyenne du mois....................................+ 8
°, 91,
5
f le jour . .
Quantité d’eau tombée pendanL <
( la nuit. . .
Nombre de ,jours,
i mm,g
o
3\
l
, 87 J
8 , à 9 heures du matin,
22, à
heures.
3
2, a midi.
10 , au lever dn soleil.
2ram, 80.
de pluie . . . . . . .
6.
entièrement couverts . . .
.
de brume ou de brouillard. x .
sans nuages.
. . . . .
8.
de gros vent..................... . 6 .
3
5
�(
32 g
)
L I S T E
Des Personnes et des Sociétés qui ont souscrit à ce
journal, ou auxquelles il a été adressé en i 8 a3 , indé
pendamment des deux cents (1) trente-trois personnes
et sociétés portées sur les listes des souscripteurs, pour
les années 1821 et 1822.
, docteur en médecine , à Montpellier.
Aillaud (
) idem , à Marseille.
Arnaud, idem , à Aix.
Batigne , chirurgien chef interne à lTIôtel-Dieu de Mar
seille,
CViapus , docteur en médecine , à Monte-Vidéo.
Délavai, ancien chirurgien des armées de terre et de
mer, à Saint-Jean-en-Royàns.
Félix-Pascalis , docteur en médecine, à New-Yorck,
Fenesch , Eugène, docteur en médecine , à Marseille.
Gamhard , directeur de i Observatoire royal de Marseillt.
Pallois , docteur en médecine, à Mantes.
Revest , Joseph , chirurgien , à Marseille.
Rieux ,
idem.
idem.
Société de médecine de New-Yorck ( les membres de la )
Société de médecine de la Nouvelle - Orléans ( les
membres de la )
Vial , médecin vétérinaire , à Marseille.
A bribat
( 1 ) Certain s souscripteurs , il est vra i , cédant
à
des circons
tances majeures , n 'o n t pu continuer leur abonnement. No us
nous permettrons quelques réflexions à cet égard , en publiant
vérs la fin de i8a5 la liste générale de M M . les Abonnés. A lo rs,
nous donnerons aussi la table analytique et raisonnée , que nous
avons promise , des dix volumes qui auront paru.
F IN D U
TOME
.SIXIEME,
�TABLE
D
es
A
uteurs
et
d es
M
TOM E
I.°
atières
contenues
dans
le
S IX IÈ M E .
A U T E U R S .
5
P. B arthélémy , pag. 263. Blondeau, r. Bourguet,
167. 171 276. P. H. Boutignj,
. Brachet, 177.
Braun, 261.
258
Cadel-de-Veaux , pag. 201. A. Chevallier, 16 0 ,2 5 4 ,
ComineUo ,
. Couret , o. 1 - 199. b « i .
Davies , pag.
J. D evèze,
58
5 55
24 36
5o. J. D avy, i 5g. Delpech , 4 2- 28g.
3oo.
J. F. Fauchier, pag. 267. Félix Pascalis , 206. E. Fenech , 209. 321. A. François, 204. Friedmann Gobel,
x .
36
223
Gambard , pag. 79. 127. 174.
. 279. 327. G a n d j,
73. Germain , 200. Gii aud-St.-Rome lils, (77. Gomea^
igg. Grœning , i , Gruel , 137. Guibourd , 201.
Heyheken , pag.
chinson, 2o3.-
5
2o3.
Iiufïeland , 205. 261. B. Hut-
55. Julia ,
55.
Im bert, pag. 1 rg. F. Jeromel, a
Krueger de Ilolzmindcm , pag.
120.
J. B. P. Laborie, pag. 196. Lavagna , ï>j. P. Lefort ,
io . Leize , x .
5
55
�Macléan , pag.
58.
Monfalcon , ig. Miccoli , 3i6.
N icl, pag. 8r. 129.
2.56. Pierquin
63.
Parent, pag.
269. P y ,
, g.
3 i. 225.
267. Pointe,
Quadri, pag. 264.
52
Rampai, pag. 272. Recluz ,
. Reimonet , ig. Robiquet ,
. J. N. Roux , 281. P.-M. Roux, - . g.
io . 116. «41.164.203. 204. 265. 289. 18. X . Roux,
19S.
256
5
3
4 55 5
325. Sarrasin , 3 i 5. Seisson , 5.
Thomas, pag. 14 r• Tinchant , 43. 45- Tourtual,
Sablairolles, pag.
P. F.
2o 3 .
Traill , 260.
1
Yaudin, pag. 162. L. \. Villermé ,
1 . xSg. 199. V o g e l, 267.
58
Zollickoffer, pag. 109.
256.
Yirey ,
52.
3 i 5.
2.0 M A T I È R E S .
A
de la chirurgie clinique de Montpellier,pag. 289.
— D’un essai pour servir à l’histoire des fièvres adynamiques et ataxiques , ig. — D’un essai sur la fièvre
jaune d’Amérique, 141. — D’un essai sur la scarlatine,
26.0. — D’un autre sur le même sujet , 267. -— Des
maladies régnantes , 60. 117. 1 . 206. 267.
. —
D ’un mémoire sur la non-contagion de la fièvre jaune,
io . — Des pronostics à'Hippocrate , commentés par
Piquer , 196. — De recherches sur les fonctions du
système nerveux ganglionaire, j 77. *— Du sang d’in
dividus affectés d’hépatite aiguë , 260.
nalyse
65
5
320
�Aperçu sur la peste de Malte , p. 209,
Avis de la Société royale de médecine de Marseille , p.
62. 1 i8 .166, 208. 268.
. — Sur un arrêté du conseil
royaljdel’instruction publique, 164.— Sur le jury mé
dical, 60. — Sur deux nouveaux journaux de médecine,
s.of. — Sur une nouvelle édition de la thèse de M.
François, 204 — Sur un nouveau formulaire , 267.
— Sur la séance publique de la Société royale de
médecine de Marseille , 60. 200.
320
Bulletins de la Société royale de médecine de Marseille,
p.
. 119. 167. 209. 2S9.
i.
65
32
Cérat de cèdre de Virginie, p. i
ple , i .
56
Concours académiques,
p. 61.
56 . —
Résineux sim
118. 166. 206. 268.
320.
Ecorce de la racine du grenadier ( son usage comme
vermifuge ) p. 199.
Éloge historique de feu Moïse-Abraham Joyeuse , p. 81.
129.
Emploi ( de l' ) du chlore dans l’eau , comme médica
ment, particulièrement dans la fièvre scarlatine,p. 261.
— De la gomme arabique, 162.
Essai d’une nouvelle classification des extraits , d’après
la nature des principes immédiats les plus actifs qu'ils
contiennent , p,
.
Évacuation complète du ténia , à la suite de l’ingestion
d’une pièce de monnaie en cuivre, p. 261.
52
Examen chimique du convolvulus arvensis , p.
Existence (d e !") de la marmite dans les feuilles de
céleri , p. 207.
�Extrait d'une lettre sur les solutions de gomme à froid,
p. a
.
56
Formule d’un sirop d’orgeat, p. 157.
Huile de poisson employée comme remède extérieur,
p. i g.
5
Kerfé { du) écorce du Sénégal , p.
5i.
Lettre sur la doctrine de M. Tincliant sur la reproduc
tion de l’homme , p. t\Z.
. — Sur un mémoire
concernant le morbus maculosus hœmorragicus WerIhofii. i. — Sur l’opération de la taille recto vési
cale , 42.
45
3
5
Manière d’enlever l’odeur d’une eau distillée , p. o.
Mémoire concernant quelques recherches sur l’iode,p, 9.
Mot ( Un ) sur M. B . , p. 60. — Sur une condamna
tion par le tribunal correctionnel de Troyes concer
nant deux charlatans, 116. — Sur une autre condam
nation par le tribunal correctionnel de Marseille , i l
— Sur une critique injuste du D. Gaultier de Claubry,
ig. — Sur l’École de médecine de Marseille , i . —
Sur deux lettres concernant l’élixir anti-glaireux , g.
— Sur un monument à la gloire des gens de l’art,
160. — Sur un établissement d’eaux acidulés gazeuses,
g. — Sur un ouvrage contre la doctrine de la con
tagion , . — Sur deux ouvrages de M. Félix Pascalis,
206. — Sur ^Observateur des sciences médicales, 019.
— Sur le remède de I.eroy, 69. — Sur une récom
pense, 1I7. — Sur un sommeil prolongé, 1 1 7 , —
Sur la séance publique de l’École royale de médecine
de Bordeaux, 18.
38
3
5
38
5
58
5
Note sur la préparation des extraits, p. 301. — Sur celle
�du sirop d’ipécaeuanha , a5 5 . — Sur l'emploi en méde
cine de la solution de cyanure de potassium p u r,
comme succédanée de l'acide prussique , 2 5 6 .
Notice sur l’emploi en médecine des plantes vertes de
préférence aux plantes sèches, p . 200. — Sur un nouveau
genre de fraude, 160. — Nécrologique sur Laborie, 22$.
Nouvelles considérations sur la fièvre jaune , p. Zoo.
Nouvelle manière de traiter le goitre , p . 264.
5
Observation d’nn abcès dans l’ovaire gauche , p. . —
Surune amaurose complète, guérie sans traitement, p.
1 2 5 . — Sur quelques aecidens et notamment sur des
couvulsions produites par l'imperforation du vagin ,
y 3 . — Sur les bons effets des injections faites dans le
vagin avee l’ammoniaque , pour produire le retour du
sang , dans le eas d’aménorrhée , 57. — Sur les bons
effets du sous carbonate de fer dans le tic douloureux ,
2 o3. — Sur un catharre utérin guéri par la teinture
d’iode , 3 2 b. — Sur le délirium tremens , 26g. —
Sur l’extirpation d’une tumeur cancéreuse au sein
gauche , 1 ig. — Sur une fracture du fémur au quart
supérieur du corps de l’os , par un coup de feu, 281.
— Sur une guérison , par l’opiuin , du diabétés mellitus, 2o 3 . — Sur une hydropisie ascite survenue à la
suite d’un rêve effrayant , 63. — Sur une inflamma
tion du cerveau, 172. — Sur une ischurie , 276. —
Sur une métrorrhagie , guérie par les sulfates de
quinine et de fer , 5 8 . — Sur deux cas de rétention
d’arrière-faix, 3 2 t. — Sur le soufre comme préser
vatif de la rougeole , 200.
Observations météorologiques, p . 7g. 127. r75. 220.
27g. 327.
Pentastome ( description d u ) p. 200.
Pilules anti-syphilitiques du docteur Sarrasin , p. 3 i 5 .
— arséniées, 167. — de poix , 107.
\
�P ie r r e s d e se r p e n t
( s u r le s ) p . i 5g .
P o m m a d e a n ti-h e r p é tiq u e ,
m e r c u r e , 3 i 6. —
p.
258. —
d ’ a n t im o in e e t d e
d e s tr a m o n iu m , 3 1 6 .
R a p p o r t s u r le r e m è d e
d e L e r o y , p r é s e n t é a u M in i s t r e
d e l ’i n t é r i e u r p a r l ’A c a d é m i e r o y a l e d e m é d e c in e , p.
i3 5 ,
R e m a r q u e s s u r l ’é p i l e p s i e , p . 1 7 1 . —
R é le v é d e s r e g is tr e s
s e ille , p . 60 .
ij
S u r le v a c c i n , 1 6 7 .
d e l ’E t a t - c i v i l d e la m a ir ie d e M a r
8. 1 6 S . 2 0 6 . 2 6 7 . 3 2 0 .
S é a n c e s p a r t i c u l i è r e s d e la S o c i é t é r o y a l e
de
m é d e c in e
d e M a r s e i l l e , p . 7 6 . 125 . 1 7 3 . 2 2 1 . 2 7 7 . 3 2 6 .
S e r m e n t d 'H ippocrate , p . 3 .
S i r o p d ’a i l , p. 1 5 7 .
S o lu t io n fé tid e e t a m è re , p r o p r e à d é tr u ir e le s in s e c t e s ,
p . 52.
X e in t u r e d e c a n th a r id e s e t d e p o iv r e lo n g , p . 1 5 7 . —
gayac
a m m o n ia c é e ,
i 5y .
—
d e s t r a m o n iu m ,
de
10 9.
5 i 5.
( sur l ’usage du ) d a n s
T h e rm o m è tre
la
d is t i lla t i o n ,
c o m m e a lk o h o m è t r e , p . S i .
T r a ite m e n t d e s
p.
m a la d i e s
s y p h ilitiq u e s sa n s
55 .
V a r ié té s , p .
Y m a ig r e
5g .
116 .
1 6 4 . 20 4. 2 6 0 . 3 i 8.
o p ia c é , p . 1 5 7 .
Fm
BE t a
TABÏ.E BU TOME SIX1EM S.
m ercu re,
I
�FAUTES ESSENTIELLES A CORRIGER.
Pag.
i l , lig,
lisez — o r f i l a .
et nos hom m ages — et à n os hom -
81 ,
35 , o r f i l s
85,
1 6 , l a g r é m e n t . d e — l ’a g r é m e n t d e 32 , s é p a r é e — s é p a r é e s .
2,
m ages.
89,
94,
95 ,
97»
98 *
98,
99»
1 5 , e n t ie r s —
d ir e c ts .
4 , y . e x p o rta — y en p o rta .
4 , ils p a s — e lle s p a s .
1 0 , q u ’il n ’ a u r a i t — q u ’i l s n 'a u r a i e n t .
2 6 , p u t — p e u t.
1 6 , H e llo t — H e llio t.
10 2,
3 i , v e n a it —
i
i
2 4 , a th ic is m e — a ttic is m e .
3 o , c o n n u e — q u ’o n e u t .
34 ,
56' ,
1Z7,
v e n a ie n t.
23
[
i 38,
, la — s a .
20 , a tta c h é s —
a tta c h é .
ï
22 , p ro grès
les productions utile*
39 ,
140,
140,
16 7,
i 5 ,
227,
8 ,
229,
v o u lu t.
i 5 , n o b le s — a im a b le s .
7 , B o u sq u et — B o u rg u et.
ï ?1 ,
i 85 ,
195,
228,
228 ,
—
aux p ro grès.
4 e t 5 , v o u la it —
B ou sq u et —
B o u rg u et.
7 , germ e — gran d .
1 , sa b r o c h u r e — s o n
n o tre
r é v o lu tio n
—
tr a v a il.
nos
p o litiq u e s .
4 , a p r è s Petit,
tr o u b le s
ajoutez —
de la tragédie, lisez —
d e la m u s e
tr a g iq u e .
5 , p a s s io n n é p o u r c e lle —
p a s s io n n é
19 ,
*3i ,
p o u r l ’é t u d e .
2 2 , e n th o u s ia s te —
2^1 ,
th o u s ia s te .
3 o e t 3 i , lisez —
C a b a n is .
c o m m e je
du
su ave
s u is e n
M e le n d e z
o u d e l’ é to n n a n t M a r c h e n a , m e s
m a l h e u r e u x a m is , n o u s t o m b i o n s s u r
le p r o fo n d H e r e n ia e t le s u b t il S o la n o .
b* pLf/^
6 d e l ’i n s c r i p t i o n —
o r . i x ii.
octob.
����
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/355/BUT-TP40137_Observateur-medical_1825-Tome-07.pdf
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PDF Text
Text
.
Din1:6
PAR
..l
HrPPOCRATF.,
P.-M. ROUX, Rédactenr-Général.
Descenda du haut des cieux , au3uste •éritâ ,
'Répands sur mes écrits ta force ot ta clartlt.
"V c1 T:r. Henr.
4.™v cduuéu.
Tome 7
T 0 ME
SEPTIÈME •
.
MARSEILLE,
I :\1 p
ru l\l E Il I E
DE R0
ucH 0
lwprimcnr <lu Roi, rue St.-Ferréol, N, 0 7.
--11&>œfll~~~Ctei~---
1824.
N'
���.
Din1:6
PAR
..l
HrPPOCRATF.,
P.-M. ROUX, Rédactenr-Général.
Descenda du haut des cieux , au3uste •éritâ ,
'Répands sur mes écrits ta force ot ta clartlt.
"V c1 T:r. Henr.
4.™v cduuéu.
T 0 ME
SEPTIÈME •
.
MARSEILLE,
I :\1 p
ru l\l E Il I E
DE R0
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lwprimcnr <lu Roi, rue St.-Ferréol, N, 0 7.
--11&>œfll~~~Ctei~---
1824.
N'
�Le premier N. 0 de chaque tome est revêtu
de la signature de 1l'Editeur.
�S C 1E N C E S
M É D 1 C A L E S.
P Il E M I È R E P A R T I E.
OBSERVATIONS Dl!: MÉDECINE-PRATIQÛ:E.
des membranes contenues dans le canal
yertébral, avec complication d'une entéro-gastrite ; par
.P.-M. Roux , docttur en médecine , etc.
INFL.AMM&TION
r~s maiadies de la n1oëlle épinière sont peu connues ;
non qu'elles soient très-rares , car ses fonctions S<>''"fent
réitérées l'exposent éviùemment à plus d'une lésion i
mais elles n'ont presque point fixé l'attention du médecin observateur. Delà , Je peu de données que nous
possédons sur leur diagnostic et les indications qu'elles
1 éclament. La Société royale de médecine de Marseille
sentit combien elles méritent d'être étudiées d'une manière spéc~ale , lor~que (il y a deu_x ;ms ) elle en fit
le sujet d'un concours académique. Non mohis pénétrée
de l'importance de ce sujet, la Société de médecine rie
Londres vient de le proposer pour cette année-ci, et
sans doute plusieurs athlètes descendront dans l'llrênct.
Mais, nous osons le prédire, celui-là obtiendra la palme
qui aura exposé le plus de faits pathologi_qnes cooduans
et qui les aura bien coordonnés ; or, le- nc,mbre de
T. VU. Janvier 1824.
I
�t
..
4'
cts faits n'est point encore tellement
considérable qu'on
"'ii-.se d.: jà se promettre une solution très-.s11ti11faisante.
Il convi ent donc d'en recueillir et de publier .surtout
t:" i q ui sont remarquables par quelques phénomènes
tic uliers.
\ lme . T ... , :'.! gé e de 5r ans, d'un tempérament .sangui n et ' n erveux , naturellement gaie, accoucha de dixn cuf en fa ns , la plupa1 t à terme , et n'essuya d'ailleurs
au cu ne mal adie sérieuse depuis son enfance> mais s'étant
ressc 11 1ie des tro nbles de la révolution française, elle fut,
pend ant vingt-de ux ans, en proie à des affections de l':'.!me,
qu e d€s chagrins dom sti ques presque continuels rendir en t plus O!l moi ns vi vPs.
E n 1822 affiigeP p<1r 111 mort de deux de ses enfans
.d'un i f! C avanlé, ellt: ép rouva des crispations n er \'euses,
p er dit de son embonpoint et fut presque t oujours valétutlinai 1 e.
En J b3 , ],,s menstrues diminuèrent d'abord, et elles
l!e su ppri mt-ren t t out-à-fait vus la fin de celle année.
D és- lors , vertiges , boull"ées de chaleur au visage tous
les soirs, sem in1cnt de gêne dans les membres thoraciques et abdominaux , tiraillement dans ceux-ci.
E n 1824 , elle fut atteinte d'un léger catarrhe pulmon aire , apre~ avoir passé brusquement d'un lieu chaud dans
un li eu froid. Ua régime doux, des boissons mucilagineu se~ , quelqu es loochs gommeux furent les seuls moyens
prescrits et le catarrhe tou chai t à sa ter minairn n, lo rsque
le 2 février, vers onze heures du matin et im médiati.'ment aprës le déj eüner , la malade eut de violentes
<"01wulsions qui durèrent pendant demi-heure. M. le
doct eur Bart.hdemr qui fut appelé , arriva peu de temps
• p1·és la cessatiou de ces convulsions et trouva la mabde dam l'état suivant : intellect parfaitement libre,
<'t\Jhalalgie intense , mouvement spasmodiÇiue ou mieux
c11pèce de tremblement de la tète et du cou 1 amas dc111s
�( 5 )
les fosses nasales de mucosités très-épaisses qui interceptaient le passage de l'air , langue hlanc;he à son milieu , un peu rouge vers ses bords , ~è ne dans la respiration , toux: , mais sans eKpectoration , abdomen un
peu tendu , nullement d0uloureux à la pression, chalem·
et espèce de formicatioo. vers la région des lombes ,
pouls .1erré , plein et égal. ( D écoction de lichen pou1·
tisane, looch blanc avec addition d'un gruin de kermès,
vésicatoire au bras). Vers onze heures du ~oir, convulsions de tout le corps comme dans l'épilepsie , qui durèrent un quart d'heure.
Le 3 au matin , puuls presque naturel , amendement
dans les symptômca , moins de gêne dans la respiration , ventre souple; mais le tremblement de la tête
persiste. ( Continuation de la tisane et du looch). V ers
midi , m~me état , de plus les yeux sont larmoyans, il
y a trouble ùans les idées. M. Barthelemy annonce que
la maladie est très-grave et demande une consultation.
Le soir nous visittunes pour la première fois Mme. T •.• ,
et après avoir eu connaissance des détaib qui viennent
d'être exposés; après avoir explore\ le pouls , la poitrine
et le bas-ventre , nous ne fûmes pas peu surpris de
ne rencontrer aucun signe sensible d'une lésion grave
de tel ou tel organe. Le pouls était alors naturel• la
langue assez humectée , l'intellect parfai ternent libre ,
la peau conservait sa chaleur ordinaire ; seulement le
bas-ventre était un peu douloureux; mais les yeux continuaient d'être larmoyans et le mouvement spasmodique
<le la tête était le même. (Petit lait édulcoré avec le sirop
de gomme fait à froid, lavement émollient, potion huileuse, gommée ). La nuit fut bonne.
Le 4 , au matin, pouls irrégulier , toux d'irritation ,
respiration dyspneïque, la tête paraît s'embarrasser. (Mêmes presniptions, de plus vésicatoire à la partie interne , et moyexme de la cuiue gauche ). Durant le jour,
�( 6)
agitation de l'esprit et <lu corps. Le 11>oir, pouls fréquent,
chaleur considérable de la peau, urine rouge. La nuit,
convulsions pareilles à cc:lles ob5ervées dans la nuit du 2.
Le 5, l'état. de Mme. T... est désespérant; poula
petit, acc-c'-lt!ré', respiration ~tertoreus!", soubressaut des
tendon~. (Potion antispasmodique). Durant le jour, mêmes
symptômes , de plus abattement général. Le soir , les
symptômes sont enco1·e plus allarmans : outre ceux
énoncés , yeux ternes, ventre météorisé, coma , respiration de plus en plus stertoreuse ; cet état continue
<iinsi jusques au 6, vers neuf heures du matin, époque
à laquelle la malade ,·enJ le dernier soupir.
Nécropsie (r) .faite 11ingr-six heures après la mort.
Habitude extérieure. •Émaciation notai.ile.
Encéphale et ses dependances. Le cerveau et le cervelet sont injectés et n'offrent d'ailleurs rien de remarquable. Le rachis n'offre également rien de particulier
vers la région cervicale; mais à partir de la premiere
à la derniere vertèbre dorsale, les membranes paraissent rougeâtres sur plusieurs points , comme si elles
~vaient été enduites de suc de framboise. Étant incisées dans le sens de leur longueur, on voit sortir une
quantité de sérosité tres-abondante, surtout vers la
queue de cheval. La rougeur des membranes est aussi
_plus fi·nr.ée à Cft endroit et la dure-mere y est évidemment moins phlogosée que L'arachnoïde et la pie-mere.
Toutefois, or. dirait que l'inflammation est, d1ms la
presque totalité des régions durs11!e et iombaire, comme
identifiée avec le tissu des trois membranes ; le cordon
(1) MM. Derbesy et Bertrand, chirurgiens très-intclligens,
firent l'ouverture du cadovre , en présence du D. Barlliclemy,
de M. Friz:. 011 , cbiruqrir.n , de plusieurs spectaleurs i l de
JI ous.
�{ 7 )
rachidien J e11t beaucoup injecté el: plusieurs nerrs
qui en partent , examinés allcntivemen t, présenteut
dans leur nénilème de11 traces de phlogose.
Thorax. La plèvre et les poumons sont parf,\itemcnt
sains; il en est de même du tissu du cœur, <l~s artères et
èes veines; mais il y a épanchement de sérosité dans le
péricnrde .
.Abdomen. Le foie et la rate assez volumineux , mais
dans un état <l'intégrité parfaite. Le péritoine nullement
phfogosé. La tunique interne de l'estomac est rouge,
enflammée , et cette rougeur est plus sensible dan& le
<luodenum et le jejunum. La tunique extérieure et la
muHulcu!e des intestins so)lt également phlogosées,
1;urtout vers le eœcum. L'inflammati on, en un mot,
est très-prononc ée vers la fin des intestins grêles et aa
commenceme nt des groa intestins et va en diminuant,
en se rappr(lchant de l'estomac, Les autres viscères
de l'abdomen , l'utérus et ses dépendances sbnt dans
l'état normal.
Rijlexioris. Il reste bien démontré pour nous que les
signes d'une affection de poitrine, que notre confrère
eut occasion d'observer dès sa première visite, étaient
purement symptômatiq ues de la lésion des membranes
qui enveloppent le cordon rachidien. Rien , en effet,
de remarquable ne s'est o!Tert dans le thorax qui constatât une altération des parties qu'il renferme , tandis
que l'on peut admettre avec plusieurs auteurs et non
sans beaucoup de fondement, l'influence directe que la
moëlle de l'épine a sur les organes de la respiration.
L'organe cérébral était aussi dans un état d'intégrité.
Ce n'est donc pas à son altération qu'il fout attribuer le
trouble dans l'intelligence , qui fut observé. Il est plutôt
à présumer que l'inflammatio n très-intense dt~ t1·iple
rempart de membranes qui entourent la moëlle épinifre
et qui ne sont que la continuation de celles dont le
�( 8 )
cerveau est recouvert , il est à présumer , disons-nous ,
que celte inflammation a agi sympathiquement sur l'encéphale. Il est donc permis de rapporter tout ou presque tout le désordre signalé à cetle inflammation. L'inflammation du tube intestinal a di1 participer aussi à ce
désordre; mais il par11ît qu'elle était elle-même un effet
de l'autre inflammütion; et l'une et l'autre, avouons-le,
n'étaient point caractérisées par les signes qui pouvaient
décèler leur e:xistem.e. Cette absence de signes pathognomoniques tend à justifier en quelque sorte l'application
des deux vésicatoires qui , hifm qu'employés comme
dérivatifs, ont exaspéré la maladie, si , toutefois , les
convulsions furent le résultat de l'irritation qûe produit
l'empliltre épispaslique. Il est souvent facile de juger
après coup du genre de médication auquel il fallait
avoir recours. On convie11dra , néanmoins, que celui
que nous avons suivi , était assez rationnel par rapport
aux symptômes observés. Il est à regvetter que ceux-ci
n'aient pas été suffisans pour conduire à la vraie con ..
naissance de la maladie. Nous soupçonnàmes bien la
lésion d'un organe. Mais quel était cet 01;gane? Nous
pensions bien qu'il s'agissait d'une affection nerveuse
émanée d'une irritation , mais où était le siège de cette
irritation 1 Dans l'incertitude, ne convenait-il point de
mettre en avant les antiphlogistiques , puis de faire ce
qu'on appelle la médecine des symptômes 1
Celte observation peut faire naître une foule de réflexions. Par exemple, que n'aurait-on pas à dire , 21'il
fallait démontrer l't'.tiolugie de l'inflammation qui en est
le sujet 1 Et si , comme nous aimons à le croire, l'influence morale a !!té sinon l'unique du moins la principale cause occasionelle de cette inflammation , de quel
avantage ne seront-ils point pour les progrès de la médecine morale les fait! pathologiques :malogues à celui-ci r
S:in~ doule ce qui mérite d'exciter l'attention du praticien
�( 9 )
observateur , d'exercer la plume des savaM , c'est l'inflammation latente-chronique dont ce fait est un exemple.
Ici, outre les peines d'esprit auxquelles nous avons
attribué la maladie, l'àge critique doit être regardé
comme en ayant singulièrement accru l'intensité. Mais
une telle maladie est encore susceptible d'être produite
par une foule de causes différentes parmi lesquelles nous
nous contenterons de signaler l'acrimonie humorale
(car il faut, tout en adoptant les excellens principH
de la doctrine physiologique, ne point rejeter tous ceux:
de nos bons ayeux). Oui, l'acrimonie humorale qui tire
son origine des dartres , de la syphilis , des scrofules,
de la gale, etc.; etc. , n'a que trop souvent une action
directe sur nos organes, en altère tes tissus , en change
le mode de vitalité , et cela , d'une manière à la fois
d'autaiat plus lente et latente , que le germe dont elle
est le résultat, infecte depuis long temps l'organisme
général. Née d'une semblable cause, l'inflammation latente - chronique ne fait :;ias moins le désespoir des
médecins , car, dans tous les cas , à quels signes peut-on
la reconnaître 1 D'ailleurs, une fois reconnue , est-il possible, facile même , d'en obtenir la résolution ? Quelles
.sont les conditions nécessaires pour qu'elle se termine
par suppuration /
Nous laissons au lecteur judicieux, à tirer de notre
observation ( 1) toutes les inductions qu'elle paraît offrir dans l'intér~t de la science ; nous dirons seulement
qu'elle est une nouvelle prelive des grands avantages
attachés aux nécropsies, pour éclairer la thérapeutique.
(r) On jugera par la précipitation avec laquelle il nous a fallu
rédiger cette observation , puiiqu'P.lle a été fait~ dao;; lei pre.
miers jours de fénier, de l'impossibiliré où nous Avons été d'étendre d'avanln~e nos réfle1ions. Du moins, n'avon•. nous p~int
omi,s les d.iLails les plus cssenLiels d'un fait dom l'rntétêt nous a
engagé à lui donner une prompte publication.
T. VII. Jan,ier 1824..
z
�,
{ 10 )
SE C0 N D E
P AR T 1 E,
MÉMOIRES, DISSERTATIONS, NOTICES
LOGIQUES.
N
É
c
Il. 0 L
0
G
NÉCRO-
1 l'i.
sut la yie de Pierre PONTIER, chirurgien et mldPcin à Aix , luP à la séance publique de la So&iéti
academique de cette yifle, le 22 mai 1819,dans la 6alle
de l'Um11ersité ~par son fils aîné.
NOTICE
L'Honuvrn dont la vie entière fot employée à tonserve:r
cPlle de ses conritoyens, et qui posséda llans interruption leur confiance et leur estime da1<1s le cours d'une
longue carrière , n'échapperait pas cependant à la loi
Eommune rn cess'!nl de vivre: il serait oublié, 11i l'amour
et la reconnaissance ne fournissaient à l'histoire les
dor urn ens propres à transmettre son nom à la postérité,
Le public qui m'honore de son attention , n'attribuera
point à la vanité cet hommage de la piété filiale, s'il
con id/>rr, que simple narrateur de faits connus, j'obéis
au vœu d'une Société académique, constamment animée
du désir de perpétuer la mémoire <les hommes recommanJah lcs ou célèbres , qui ont illustré notre patril'.
Pinn• Pontier naquit à Aix , le 10 février 17u. li
fit ses premières études au collége des j~suites de cet'te
ville, et les interrompit à l'âge de seize ans, pour suivre
le p.enchant qui le portait vers l'étude de l'art dans Je_.
quel il acquit tant de réputatio1·i.
�(
II )
Pendant deux années; il suivit lu cours du sieur
Davitl, chirurgien e11 chef de l'hôpital du Saint-Esprit,
à Marseille. Ce ma1tre distingué , pressentant les sucres
futurs de son jeune élève, lui proùigua tous les n oyens
d'instruction, qui étaient en son pou voir. Les pi 0 ~1ës
du disciple furent rapides. A dix-huit ans , il se rendit
à Paris pour acquérir de nouvelles connaisi<anccs ; à
vingt-deux, ses cours d'anatomie et d'opérations étai ent
terminés. Il demanda alors , et oLtint de l'emploi <l ans
les hôpitaux militaires. Nommé aide-chirurgien dans le
1·égiment royal étranger, il suivit nos arméi>s pend;i nt
la guerre en Allemagne , où ses tal .. ns ne tardh1en t pas
à être appréciés : il devint aide-miJjor , et ne l(IJÎ! t a le
service qu'à la fin de cette cam pugne , en 173S , honoré
des certi fi cats les p lus fl atteurs d u p rem1t:1· rh 11 urgiel'l
du Roi, La Peyronie.
De retour dans sa patrie , à vin l!t-cinq ans, il concourut pour la place vacante de ch iru l'gieu inte1 ne à
!'Hôtel-Dieu d'Aix , et l'obtint avec distinc~10n sur plusieurs concurrens.
Ce service était fixé à six années pour val oir à celui
qui le remplissait en eatier , la place de maitre; m uis
le collége de c,h irurgie voulan,t prouver à Pierre Pontier
l'estime particulière que lui avaient inspirée ses t<1l cns
pré<..oces, devança en sa fijveur de trois années son aggrégation , et l'tldmit dirns son sein en 1739. Dans le
même temps , M. de Brancas , archevêque et ch vnceli er
de l'Université d'Aix , le li.t pourvoir par brev et <je l a
Cour, de la plaoe de démonstrateur d'anatomi" , f'>..• r cée par Jacques Henricy son ami , qui s'en <lt,n.i, CQ
sa faveur ( 1 ).
(1) Jacque& Henricy ~ des droits trop bi en .: 1~ \>l i:; s1u larei!OllDaiuance des habitaos de cetie ville, pour ne pa ~ trouver jci
�·c
"'
12
>
L'aggrégation au corps des chirurgiens , dispensait
Pierre Pontier de continuer Je service de l'Hôtel-Dieu;
mais sa modestie et l'amour de son état le portèrent à le
prolonger jusqu'au terme ordinaire , et il allia ainsi aux
soins qu'il donnait eux pauvres, les démonstrations
d'anatomie dont il accompagnait les cours que faisait
annutllement à l'Université le célèbre Lieutaud, alors
professeur de cette chaire.
Des liaisons <l'estime réciproque s'établirent entre
ces deux hommes digne~ de s'apprécier, et lorsque plu$
tard , en r 75o , Lieutoud fut appelé à la Cour pour y
remplir la place de prernier médecin des Enfans de
France, le même chancelier de l'Université, réunit sur
la tête du démon$lrateur, les fonctions de l'habile professeur dont notre École venait d'être privée, Pour lél:'IÎ-
une mention que le temps ne me permet pas de d évelopper, et
que d'ailleuri; l'l1istoire a conservée clans nos annales (.z). n me
suffira de dire· qu'il était chirurgien de l'hôpital-général d' Avignon, et que le hasard l'ayant amenè à Aix ptu dl' temps avant
la peste de ipo, époque où la plupart des 15en& de l'art abandonnèrent la 1 ille , 1~ sieur Henricy, quoique libre de se sou&traire au danger en retournant à Avignon, se dévoua volontairement ak( senice des pestiférés , et remplit en même temps les
fonctions de chirurgien dans l'intérieur de la ville et de directcor d'une des infirmeries au-dehors.
En récompense des services sigoal.is qu'il readit à fa cité dans
eette circonstance périlleuse , M. de Vauvenargues , alors premier procureur du pays, sollicita pour lui la chaire d~ démonstrateur d'anatomie , qui lui fot accordée par arrêt du Conseild'.État, du l7 j1üllet i722: .: attendu, est-il dit dans cet arrêt,
» qu'il a pris soin des pestiférés, pendant tout le temps de la
» m11lad ie , avec toute la capacité, l'as11duité , le bon ordre ,
» l'économie' la charité, et le socces possibles,.,
(a) Voyes Re1meil de5 pièces sur la pe&te de 17:zo, Marseille
tom. 2, in-8. 0 ,pag. 95,
18110,
�(
1~ )
timer ce double titre , Pierre Pontier prit h grade de
licencié en médecine.
C'est ainsi , que pendant vingt-trois ans , et d.ans cette
enceinte même , il a tout à la (ois enseigné et démontré
l'anatomie à un nombreux auditoire, et développé notamment le germe des talens de deux chirurgiens (I)
qui lui ont succédé avec tant d'honnetff , soit dans l'enseignement, soit dans la pratique.
Après sa sortie de l'Hôtel-Dicu, en 1742 , il reçut de
la Gour le brevet de lieutenant du premier chirurgien d11
Roi ; et c'est à cette époque qu'il faut rapporter ses premier:; début.~ dans la pratique publique c,le la chirurgie :
il n'avait alors que trente-un ans.
Si ceux de mes cC>llègues qui l'ont connu étaient
chargils de faire son éloge , ils vous diraient avec plus
de liberté, que je n'ose le faire , que la nature avait
réuni en lui à une constitution saine et rnbuste, et aux;
formes physiques les plus attrayantes , une finesse d'esprit, une bonté d'âme, une rectitude de jugement, telles
qu'on les trouve rarement réunies dans la même personne.
Ils vous diraient que l'art chirurgical acquit dans nos
contrées, par son zèle, par l'émulation qu'il fit naître,
par l'instruction qu'il propagea, la dignité et la considér;;tion dont, jusqu'à lui, l'empirisme et l'alliage d'une
profession manuelle , et purement cosmétique l'avaient
privé. Les maitres sortis de son école 011t maintenn son
ouvraBe en suivant la route qu'il leur nvait tracée, et
leurs successe urs , qui de nos jours honorent si dignement l'art qu'ils exercent , ne s'en sont point écartés.
D<'s succès constans dus à ses lun1ieres autant qu'à
sa prudence , consolidaient autour de lui sa réputation;
(1) MM. Roccas et Rou.re.
J
�( 14 )
H voulut l'étendre au-dehors en disputant une palm&
académiq ue sur un sujet qui pouvait fournir de nouvclle.11 ressource s contre quelques infirmités humaines ;
il concouru t pour Je prix proposé en 1743 , par l' A cadémie royale de chirurgie de Paris , sur la question suivante:
f. Détermin er ce qui constitue les résolutifs ; expli:t quer leur manière d'agir; distingue r leurs différente s
» espèces ; marquer leur usage dans les maladies chi"' rurgicales >>.
Avant de résoudre cette question, l'auteur commenc e
par examiner ce qui se passe dans l'économi e animale
pour procurer la résolution : il considère les condition s
requises de la part des solides et des fluides pour l'exécuter; et à raison de ces condition s , il décide , que
non-seule ment les résolutifs ordinaires méritent ce nom,
mais qu'on doit encore le donner à toute substance •
quelques propriétés qu'elle ait d'ailleurs , qui peut à
raison de certaines eirconstan ces , dissiper une tumeur
humorale . Il parcourt ensuite avec ordre les différente s
classes de remèdes qui peuvent conduire à cette fin.
Ce mémoire, suivant le jugement des collabora teurs
de Frérqn , qui en dirent alors leur avis, est un ouvrage
bim fait, et contient u11e bPlle théorie (1). Il fut couronné .
Le 1 5 novembre 1767, les États de Provence nommèrent Pierre Pontier, l'un des chirurgie ns lithotomi stes ,
pour former des élèves dans cette partie si importan te
de l'art de guérir.
Son activi1é et son zèle ne se bornaient point à
l'exercice de son état; on le retrouvai t dans tout ce qui
avait pour objet l'utilité publique.
C'est <J.insi qu'on le vit s'intéres11er fortement à l'en-
(1) Voyez, Année littéraire, 1754, tom. 4 , p. 189.
�ΠI5 )
frepriiie du canal ~e Provence, dont il devint actionnaire;
et qu'il concourut à l'établisseme nt de l'Académie d'a, griculture d'Ai-.:, qui a été la base de notre institution•
Ce fut surtout dans la pratique <les accouchemen s
qu'il acquit une réputation san~ bornes. Dou ~ d'un coupd'œil juste , d'une main adroite et flexible, d'un i•5gement exquis, son pronostic se réalisait presque toujours
sur l'issue d'ua accouc!ien:tn t , et sur l'instant de la
ciélivnmce.
Un médecin, distingué, autant par l'univefsalité de
ses connaissance s que par les précieuses qu2lités dont
son âme est ornée , et dont le nom commande la vénér-ation de toW.. appréciateur de la science et de la
vertu 1 M. Gibelin, notre secrétaire perpétuel, rend~it
un témoignage non-équivoqu e auK talens de Pierre
Pontier, dans cette partie, lorsqu'en 1785 , il lui dé-diait sa traduction du Traité des maladies syphilitiques
de Swediaur: «vos sains 1 lui disait-il, vos soins vrai» ment paternels , m'ont rendu jusqu'à trois fois une
» épouse chérie à qui la nature n refusé la douceur d'être
>J mère , en lui imposant les incommodité: ; et les dan» gers de trois grossesses fâcheuses : vous l'avez déli» vrée à chaque fois , et je vous dois sa vie. Vous
:.> m'accordez une nouvelle gr!ice en me permettant de
),) publier un bienfait dont il m'est impo-ssible de m'ac,. quitter 11.
Dès l'instant oi'.t le collége de chirur~ic fut séparé de
l'Université , Pierre Pontier en devint le plus ferme appui,
et pour lui donner une constitution utile ;;iux progrès
de l'art , il sollicita et obtint de l'amitié du marquis
de Vauvenargue s, alors premier corrsul, l'établisseme nt
et le local d'une école dont il fit l'ouverture en I768.
Satisfait d'avoir ainsi rétabli les canaux de l'ini;truction,
il poursuivit son utile carrière dans la pratique d'un
art -dont îl connaissait foùtea ~$ ressource.\! 1 et fa sri-
�( 16 )
périorité de ses t.llens , unie à une extrème modestie ~
n'inspirait à ses collègues , dévoués comme lui à l'humanité, d'autres sentimens que ceux de l'estime et de
la vénération ; aussi s'empressaient-il.~ de le consulter
dans tous les cas qui présentaient quelque danger.
Une humeur égale , des saillies fines et spirituelle•,
l'art àe calmer les craintes de ses malades , et de leur
inspirer cette confiance , cette sécurité qui , en favorisant l'action des remèdes , concourent si puissamment
au retour de la santé~ ces rares qualités , il les posaédait toutes.
La pureté de ses mœurs , sa franchise , sa bienveillance , lui gagnaient tous les cœurs , lui conciliaient
tous les suffrages, Il fut heureux, il mérita de l'être.
Considéré des grands, n'employant le crédit qu'il avait
auprès d'eux, qu'à solliciter des g1àces pour ses concitoyens , ou des .secours pour les malheureux ; soulageant, aidant le pauvre dans ses maladies; ne fixant
jamais le prix de ses travaux; rentrant chez lui chaque
soir , fatigué de ses courses ( r) , mais puisant bientôt
de nouvelles foi ces dans le souvenir des sêrvices de la
journée, il trouva constamment auprès d'une épouse
vertueuse et de cinq enfans chéris , ce repos de l'âme
dont l'homme de bien est seul digne de jouir.
Il fut enlevé à sa famille inconsolable , par un accès de goutte remontée , à la suite de plusieurs mois
de souffrances, le 18 février 1789 1 après cinquant~
ans de pratique , âgé de 78 ans 8 jours
(1) J'•i conservé une de ses
è:e So malades,
cute~
de 'isiLes portant lei noms
�( ·17 )
T R0 I SIÈME
P AR T 1 E.
LITT.'.ÉRATURE MÉDICA L]!:, NOUVELLES
TIFIQUE S , MÉLANG ES, ETC.
1.
0
ANALY SE
n'ouvRA GES
SCIEN-
. IMPRIM ÉS.
de la méthode fumÎEatoi re' ou der emploi médiral
des bains de vapeurs , avec planches ; par T. R.APou ,
D.-M. P., r.tc. ,_ vol. in-8. 0 • Paris, Gabon et Comp.e,
1824. Prix : 1:i fr.
Tll.AITÉ
( Premier article )-
A quelles circonsta nces heureuses la thclropeutique
doit-elle Jes immenses progrès que des observate urs
judicieux lui ont fait faire durant les trente ann€es qui
viennent de s'écouler 1 De iou1 les points de savans expérimenta teurs viennent porter leurs tributs à celte
branche prétendtte de la médecine et qui n'est peut~tre qu'elle - même , comme l'observe judicieus emrnt
Galien. Lyon s'est déjà fait remarque r, dans le monde
médical, par le mérite de ses productio ns; mais dans
un court espace de temps , cette ville a vu sortir de se1
presaes deux . ouvrages justemen t célèbres par leur
utilité; l'un d'eux vient d'être porté à sun dernier point
de perfectibi lité et les vrais guérissea rs , dans l'acception honorable de ee mot, réclamen t à grands rris une
seconde é~ition du neuveau formulair e médical,
L'ouvrage que nous annonçon s aujou ra 'hui ·parut en
T :' VIL Janvitr I 824.
5
�( 18 )
9
1819 sous le titre d'Essai sur l'atmidiatrique, etc., in-8.
M1is l'auteur y a fait des changemens si considérables,
fies additions l>Î importantes, que c'est peut-être à tort
que nous avons regardé le second comme étant le premier per(ectionné ;· d'dutant plus que l'autre peut même
l!tr.:: regardé comme un complément, UD appendice à
celui-ci.
Rien de plus utile en médecine que les monographies
et rien de plus rare aujourd'hui. Sommes-nous devenus
encore plus légers qu'avant la révolution 1C'est ce dont
je laisse le jugement à ceux qui auront réuni plusieurs
observations analogues à celle-ci. Mais heureux les malades , qui ne confient le rétablissement de leur santé, ,
qu'à des médecins uniquement occupés de la lecture des
monographies! Mais abordom l'analyse de celle que nous
annonçons.
M. Rapou a adopté plusieurs divisions da1111 l'exposition àe ses travaux et de ses recherches. Dans fa première , sou11 le titre modeste d'introduction , il s'occupe
en premier lieu et avec un talent supérieur en anatomie
et en physiologie, des rapports sympathiques de la peau
et des membranes muqueuses , et je ' dois à la vérité de
dire. que c'est incontestablement le livre où j'ai trouvé
ces r<ipports le mieux exposé, d'une manière aussi rnmve,
aussi originale et aussi utile à la médecine - pratique.
Dans ces considérations générales , l'auteur voudrait
cacher la banni ère so"'s laquelle il s'est rangé , mais il
ne peut éviter l'inévit;ible doctrine physiologique, il faut
en convenir p~ut - être peu favorable à la propagation
de la méthode fumigatoire. Néanmoins toutes les considérations vraiment précieuses de cet article ne sont
pns seulement anatomiques et physiologiques, mais il
les rattache aux points les plus liligieux et les phis difficiles de la pathologie, sur laquelle il donne , ~n ce
cas, des vues à la fois neu\"cs et rcmarquubles par leur
�( 19 }
bonté ; M. le docteur Rapou pa!!se ensuite à l'exposition Jes' moyens de la méthode fumigatoire , et après
avoir déte(-miué avec précision et concision ce qu'il
entend par 11apeurs , l'auteur passe à l'exposition détaillée des substances médicamenteuses vaporisables ,
si l'on veut me pardonner cette expression, et pour offrir
une plus grande garantie à ses lecteurs , sur l'exactitude
de ses déterminations chimiques, il a associé à ses travaux l'expérien!le et le talent d'un pharmacien distingué
de Lyon. Ces précautions modP.stes donnent au lecteur
le thermomèts'e de l'estime qu'il doit 11ccorder à celte
matière médicale fumigatoire, puisqu'elles promettent
indubitablement non-seulement une grande somme d'intérêt par la nouveauté , mais encore la perfection qu'elle
a atteint sous les savantes mai11s rie ces deux expérimentateurs. M. Rapou pai;se ensuite en revue et d'une
manière non moins complète les di11ers modo d'application des vapeurs, leur usage dans l'antiquité d chPz les
diverses nations ou peuplades de l'Univers. Le médecin
de Lyon expose ensuite d'une manière suctinte mais suffüante , les principes généraux d'après lesquels doivent
être <ltablis les appareil.s fumigatoires el le:; di,·crses manières de s'en servir, A près avoir ainsi succe11$Ï vf'ment
parle des bains à vapeurs par encai.,semi:nt, des dom hes
à vapeurs etc., il ent1 e dans des détuils non moins précieux sur les effets physiologique» immédiats des différentes espèces de vapeurs. Il nous serait difficile d indiquer les parties les plus profondément et les plus
11oigneusemc11t traitées, car toutes offrent un égal degrés
da mérite , d'intérM et de nouveauté.
L'instruction immense que la lecture de cet ouvrage
num; force d'accorder à l'auteur du traité de 111 méthode
fumigatoire , nous faisait présumer avec juste raison qu'il
serait à l'abri de ces reproches qu'on adresse si souvent l':t
avec t~11t de justice à tous les rnonographes et surtout à
�(
20 )
ceux qui exploitent les ressources d'un agent thérapeutique
quelconque. Aussi n'avons-nous nullement été surpris
de voir les divers articles, que nous venons d'énumérer,
suivis d'un autre , iur que/'fues moreRS OU pratiques auxi •
liaires de la méthode fumigatoire , dans lequel l'auteur
donne amu;i d~s preuves de vastes connaissances en
matière médicale ; pratiques, moyens qu'il passe successivement et individuellement en revue en écrivain
maître de son sujet.
Comme on vient de le voir, M. Rapou n'a absolument rien négligé pout· porter son .superbe ouvrage à
la perfection dont il était susceptible ; et en médecine,
comme dans toute autre science , le premier ouvrage
écrit sur une matière quelconque est rarement au
point de perfoction dont on peut le croire susceptible ;
mais il en est quj font exception pour l'honneur
dt! l'intelligence humaine , et parmi ceux - là , on
peut cumpter quelques ouvrages d'Hippocrate , le de abcessuum ac,onditlt naturd de 'M . A. Severin et l'ouvrage
que nous analysons; aussi, rend-t-il parfaitement inutile
la lecture de ses prédécesseurs ; je dirai même qu'il a
porté cette perfection jusqu'à la minutie, mais toujours
d'une manière louable puisqu'el~e est utile, J'en citerai
en preuve l'artide sur le temps et l'lige propret à l'administration des vapeurs, celui sur la direction du malade
avant , pendant et après l'usage des »apeurs, etc.
La simple exposition de quelques matières traitées
dan.~ le long article intitulé introduction , a çomme on
l'a vu transformé en quelque sorte en panégyriste , 6elui
que sa position force d'c':tre critique, juste il est vrai,
mais sévère. Nous n'en dirons pas davantage sur cette
partie , puisque nous n'aurions que des éloges à donner
et nous allons nous occuper de l'a~alyse de la seconde
partie, de celle que l'auteur a consacrée à l'objet de la
méthode jumieatoire.
�( '.li
)
Cette seconde partie, consacrée à l'exposition des affections morbides traitées avec succès par la médecine
êltmidiatriq ue, est précédée par quelques considérati ons
générales du plus haut intérêt sui: l'emploi hygiénique ,
préservatif et thérapeutiq ue des vapeurs , considéré
toujours d'une manière ii.olée.
L'auteur , qu'une longue expérience
rendu trèsriche en matériaux, a dû nécessairem ent adppter une
cla5sification nosologiqu e , dans laquelle nous eussions
désiré trou\·cr l'experienc e des autres jointe à la sienne;
preuve utile à sa doctrine autant qu'à la science, omission
qu'un troisième volume de supplémen t peut avantageus ement répa1·er. Si nous avons lrouvé ce qui précède sans
taches , parce que sa perfection nous a étonné , peutêl re serons-nou s assez heureux pour en remarquer
quelques-u nes , aussi n'en laisserons- nous échaper aucune et nous commence rons par demander à M. Rapou
qui est Broussiste , mais Broussiste éclairé , quelle est
cette maladie qu'il nomme fièvre et qu'il a guéri par
les vapeurs r Quant à moi , je ne concevrai jë1mais l'existence d'une maladie quelconque sans une cause connue
dans son essence , daos son action , ou dans ses résultats; et comme il y en a évidemmen t des milliers , elle
ne 5era jamai5 qu'un sympt&me de l'action produite par
ces causes et dont elle sera la vraie expression : et dèslors qu'a donc guéri M. Rapou 1 ex nihilo nihil •.• Mais
le médecin de Lyon a prévu ·notre objection et il l'a
repoussée d'avance par une exposition claire et judicieuse de l'état actuel des opinions sur cette classe de
prétendues maladies : le fait important pour le praticien , c'est que M. Rapou a guéri par la méthode fumigatoire une foule de ces mah:dies fébriles, typiques ou
atypiques, nommées fièvres avant la révolution. Toutefois
ne pourrions-n ous pas avec plus de raison reprocher à M.
B.apou une autre -.erreur , non-seulem ent nosologiqu e,
a
�(
22 )
mais de fait; d'avoir pris encore un sympt6mo pour
une affection essentielle; d'avoir pris l'expression cl'une
]é.~ien organique profonde, n'importe en quel lieu , pour
une maladie , et d'avoir dès-lors donné place, dans son
cadre nosologique an marasmo ou amaigrissement ; il
faut convenir qu'avec des opinions aussi raisonnables
en médecine, aussi en rapport avei;; l'étude de la nttture,
cette classe est inadmissible.
'
Le lecteur prendrait une fausse idée de l'ouvrage du
médecin de Lyon , s'il se figu'î·ait qu'il a écrit deux forts
volumes sur un seul agent thérapeutique , et peut-être
le titre de cet ouvrage autoriserait-il cette erreur, mais
à coup sfu· leur lecture la réformera et l'on pensera, avec
nous, que c'est un véritable . traité de pathologie, au
niveau des Gonnais1anses actuelles· , dans lequel les maladies sont décrites avec le pinceau d' Aretée et l'observation d'Hippo6rate. Tel est le vrai point de vue sous
lequel cet ouvrage doît être considéré , et en ce genre
je ne lui connais de rival que celui de Barthèz sur les
maladies goutteuses. En effet, l'un et l'autre; dans un
caclre en apparence étrnit , ont fait entrer tout ce que
la pathologie et l'analyse m~dic.ale avaient de pius remarquable et de plus i ntéreBant pour le praticien et
si celui-ci est également un coup d'essai, il faut conYenir que les u11urpations sont beaucoup plus légales ,
plus natul'elles que celles de son prédécesseur; l'un voit
de toutes les maladies dans.111 goutte , celui-ci , au contraire , voit plusieurs exemples de toutes les m_aladies
guéries par le même agent thérapeutique diversifié cependant selon leur propriété 'médicamenteuse indiquée ;
car après tout ce ~·est qu'un nouveau mode d'administration, peut-être une branche de la f!1éthode ïatraleptique partie de notre école et nous le dirons , su
risque de chatouiller certains amour-propres , l'affinité
de toutes les maladies , dont parle l'imtnorld auteur des
�( 25 )
nouveaux Élémens de la science de l'hom!11e, avec la
goutte , est bien certainement moins naturelle , moins
probable que la pos8ibilité de la guérison de <livencs
maladies par des vapeurs chargées des principes médicamenteux plus ou moins actifs , dont l'efficacité est
d'autant plus assurée qu'elle frappe directement sur le
siège de la maladie et sur des surfaces préparées à leur
action , etc.
L'auteur, çomme nous l'avons dit, s'est surtout distingué' dans la partie graphique <les malaùies et malgré
la difficulté du choix , nous recommanderons surtout
à noe lecteurs, l'excellent article que M. Rapou a
consacré à la famille , si bien connue aujourd'hui et si
nombreuse des phlegmasies. On y verra de quelle utilité est la méthode fumigatoire contre ces affections
et il est probablement peu de praticiens qui a'11ient
eu lieu de s'en louer ; comme nous , ils auront certainement éprouvé l'efficacité des fomentations ou fumigations émollientes contre la péritonite puerperalc , la
métrite, le catarrhe pulmonaire, la laryngite , etc.
Ici nous avons encore un 1·eproche à adresser à l'auteur , dont il n'aura même pas besoiq de se di1culper
devant les praticien~ qui se séparent avec tant de raison
des nosologues. Pourquoi M. Rapou. , partisan de la
doctrine phy:;iologique , sépare-t-il sa précieuse description du rhumatisme , de celle non moins remarquable,
des autres phlegmasies 1 Notre observation est d'autant
plus juste que M• Rapou dit (p. 312) qu'en effet c'est
une phlegmasie. Nous pouvons étendre la même observation à son article sur la goutte , dans lequel on est
forcé d'admirer . la sagacité avec laguelle l'auteur a analysé , saisi , décrit les diverses nuances protheiformes
de cette effrayante infirmité.
�E s sAI sur la médecin1 du cœur, auquel on a joint les
principaux discours prononcés à l'o11verture des cours
d'anatomie, d'operations et de chirurgie clinique de
l'H&tel-Dif!u de Lron, par Marc - Antoine Pr:T1T ,
secC1nde édition , in-8. 0 Lyon, chez les principaux
libraires, 1824. Prix : 5 fr.
Misciût utile dulci.
JAMAIS homme ne réunit autant et à un plus haut
degré les facultés morales les plus diverses et en apparence les plus opposées. A l'imagination lu plus brillante , la plus fécondante il joignait le calme de la réfl exion la plus profonde et cette richesse d'idées et de
sentimens qui en sont les résultats nécessaires. Doué
d'une sensibilité exquise, il peignait chaleureusement ce
qu'il sentait vivement : il poui::suivait l'âme de seli auditeurs jusque dans ses plus profonds replis , toujours
avec la même grace et la même richesse d'élocution;
chez lui comma dans l'histoire de tous les peuples et de
tous les hommes, les arts d'imagination précédèrent ceux
de la réilexion; c'est même l'histoire physiologique aes
idées. Que de titres pour attirer l'attention et l'admi~
ration des lecteurs éclairés!
Pet!t a laissé après lui plus d'un souvenir glorieux, de
ses glorieux talens : le volume que nous annonçons
t:ontient tous ces opuscules échappés à la pluma du chirurgien de Lyon , dont la France s'énorgueillit et que
l'étranger nous envie. Le mérite de l'auteur est connu ,
nos éloges seraient toujours trop faibles et n'ajouteraient
rien aux sentimens du lecteur , notre ~âche est d'indiqaer rapidC'ment le titre de chacun d'eux. Un des travaux
dont l'éditeur a enrichi ce recueil et dont l'intér~t ne
devait point être purement local. est l'éloge de Petit,
tracé par la plume éloquente , pure , sensible de M.
Parat, son condisciple, son antagoniste 1 son con1pé-
�( 25 )
titeur et son ami fidèle. Pourquoi tous les hommes célèbres n'ont-ils pas une plume au~si douce , aussi profonde , pour recommander leur mémoire à l'admiration
de la postérité ! Cet éloge est suivi d'un hummage , en
vers , rendu à la mémoire de PETIT, par DumtJs et d'une
elésie touchante sur sa mort por M. Pitt , déjà connu par
' la facilité et la riches.lie de sa versification, ouvrages
où l'on retrouve les mêmes beautés de style et de sentimens, parce que c'étaient les mèmes vertus , les mêmes
talens qui les inspi1·aient.
M. Sainte-Marie, connu par des ouvrages à la fois
nombrèux et excellens , que l'on retrouve toujours lorsqu'il s'agit de sen.Li mens allectueux, de jt1.stice, d'honneur
et de science , a aussi consacré plusieurs pages au mérite de ce chirurgien célèbl'e. C'est immédi atement après
C\'.!s opuscules iutér~ssans que l'éditeur a pl;icé l'essai
sur la médecine du cœur.
Élève de la moderne C@s , l'infort11né Petit devait en
admirer le corps de doctrine , puisqu'il avait tout le
génie nécessaire pour l'apprécier et sa fertile imagination de1,ait nécessairement s'en emparer comme d'un
champ fertile en richesses poétiques et philosophiques ;
c'est ce qu'il fit, et comme le dit I\1. Parat , tm relit
toujours a .. ec un nouveau plaisir' dans ses epitres à "Jlorlis,
l'hommagP plein d'éloquencR et de vérité, qu'il a rmdu aux
hommes célèbres qui soutiennent si bien la gloire de celte
antique et fameuse ecole. Je n'ai point d'élogei; à donner
à cette série d'épitres , son succès mérite même d'en
retracer le plan , d'en foire connaitre les be11utés et de
prouver combien les médecins instru its ont raison de
regarder cet ouvrage comme leur manuel de morale. C'est
.surtout aux élèves en médecine que cet ouvrn(;e off fra
11n utile délassement et <les con~eiis excellen.~ : c'est
;,u.ssi_pour eux qu'il fut comp. sé : c'es~ pour ' u.:. que
4
T. YIT. Janvier I 82~f•
I
�( 26 )
dans In prem1ere épitre il retrace avec chaleur et poésie
]es difficultés et les chagrins attaches à l'exercice de la
médP.rine ; que dans 1..1 seconde , il traite en vers non
moins Leaux de la con(Ùmce considùù . dans l'exerci'e
de la mededn11; qne dans la truisième ' il peint avec
é~H'r~ie lu. reco rmaÙJance envers les médecins et que
dan s la qud trième , i 1 décrit mélancoli quement la douleur.
Épitre.~ dans le.~quelles il prouve , à l'exemple de Camille Brunoni ( 1) , que le génie de la poésie n'est pas
<lu tout étr.1ng1:c à celui de la médecine , et combien les
anr-iens avaient eu raison de faire Esculape fils d'A-
pollon.
Petit avait été l'élève du célèbre Desault et il fi,t de son
élo~e funèbre , l'objet d'un de ses discours d'ouvertu re,
remarqua ble par le double intérêt qui ressort et du
pané~yriste et du héros. Ce discours éloquent est suivi de
cdui qu'une savante avidité avait rendu si rare , sur l'injl.umce de !tt révolution fra.nçaiBe sur la santé publique , et
auquel, nous devons l'avouer , nous dùmes l'idée de
retracer dans . un carlre trop étroit, à la vérité , l'injl.uenre des gouvernemens et des révolutions sur la santé
publique, C'est dans cet ouvrage que s'élevant à une
hauteur incommens1:1rable , avant lui , il retrnce rapidement en médecin instruit , en observate ur profoud ,
en politique savant, en homme sensible , en citoyen
p<itriote les dés.istres qu'a éprouvé la santé publjque à
di verses époques historique s et surtout à 'celles de 93,
dont il faillit être une des malheure uses et innocente s
victi111Ps.
Ce discours est suivi d'un autre , sur Io manière
(1) Il me<lico poëla , overo 111 mcdicina espoHa ic vcrsi: con
una satira iufine coutro qQelli che biumauo la poësia ncl medico,
i11fol.
.
�( 27 )
d'uercer 111 bienfaisance dans les hôpitl'lux , dans lequel l'auteur a exposé avec candeur l'analomie morale
de son ,propre cœur; c'est à son école, c'est dans ce
livre que tous les médecins devraient étudier leurs devoirs ou se les rappeler par sa lecture journ.alière :
qu'on ne perde jamais de vue cette phrase d'une simplicité imblime , pleine de bonhomie et de mérite : le
bien est si aisé à faire ! il suffit de le vouloir.
L'érudition cachée dans l'excellente épitre sur la doul@ur , .dût indubitablement nécessiter de grandes recherches et c'est probablement à celte circonst<mre que
nous devons un discours sur cet apanage de l'homme ,
inséparable peut-~tre de son existence et cle ses plaisirs
et qui fera long-temps le déscs poir des poètes, de.s
médecins, des méthaphysiciens , qui parcoureront celte
carrière, et qui n'offrent que des tableaux incolnres ,
tracés par les deux Rousseau, Voltaire, Mollevoult etc.,
auprès de ceux que le pinceau brilfont de Petit nous a
lni~-;és. Si ce travail , plein d'érudition et d'une méthode
analytique aussi sévère que remarquable, étë•Ït moins
counu , nou1 nous abandonnerions au plnisir d'en cxpo.~er le plan et d'en rapporter quelques .fragmcns.
Après de nombreux succes, Petit vint aul';menter
le nombre de ces chirurgiens célèbres dont. s'enorgueillit
Lyon , et qu'elle doit à l'exercice intégri•ment soutenu
de la libre concurrence. Occupant en quelque sorte un
emploi public , chargé de la santé df:s pouvrcs, il eut
l'idée h~ureusc et juste de se croire di>s-lors un fonctionnai1·e responsable et ce fut à son \'l'ai juge , à celui
qui fait les réputatio11s et r{ui les déLr11it , au public enfin, qu'il soumit l'exposé de sa gestion, pendant les
mi.if années qu'il fut chirurgien en chef de l'HôtelDieu ùe Lyon. C'est encore dan~ cet ouvrllge qu'on
peut apprécier toute la gremdeur d'!ime , toute la candeur de ce chirurgien célèb1·e , avec lesquelles il e~pose
�( 28 )
et ses entreprises et leur inutilité, et ses succés et ses
revers ; il y prouve qu'il maniait le style didactique
avec la · même f.1cilité que celui des sentimens: ici tout
est sévére , parce que l'utile suffit à ceux pour qui il
parl;iit , l'exposé est rapide et simple et comme le dit
J\1. Parat : de tels OU>'rages sont les vrais mo!lumens
(if. l:z science et les sources pures où les .u,rands maftres
puiseront toujours les sujets les plus dignes de leur méditation. Ce travail excellent fut un pur élan du cœur , et
les :idminisLrHteurs rie l'l.Jôtel-Dieu en ont fait un juste
devoir pour ses successeurs. Si aprés avoir lu ce précieux recu l" il, il reste en notre àme un seul désir à
sati:faire, c'est dans l'intérêt de l'art et de l'humanité
qu'il vient de réveiller si vivement en nous, c'est, dis-je,
lle voir tous les médecins en chefa des hôpitaux français
publier annuellement et spont1mémcnt un semblable
compte rendu , dont ils feraient un éch1111ge mutuel , à
l'aide des autorités supérieures.
L'éditeur a terminé cette collection par une ode sur
l'anatomie, pleine de Leauté et d'enthousiasme , que
nous ne pourrions gueres comparer qu'à celle •fun autre
médecin que l'Allemagne regarde comme le premier de
ses poetes lyriques ; et s'il nous est permis de tout dire,
celle-ci est même supérieure, puisqu'elle parcourt une
carriére à la fois difficile , scabreuse, peu susceptible
d'inspirntions poétiques et point encore parcourue , tandis que le physiologiste Haller, célébrait les Alpes et
leurs bclics horreurs qu'il avait sous les yeux.
Viennent ensuite quPlques pensées détachées que l'on
pPut apprlcr le miroir de l'Ame de l'auteur. En effet,
tilles sont toutes empreintes de cette sensibilité exquise,
de cette douce compassion qui en assure le succès auprè:i des personnes sensibles.
En un mot, tout recommande cet ouvrage à l'attention , nou-s:ulement des médecins et des élèves en mé-
�( .29
J
decine , mais encore aux gens du monde, tant sous les
rapports de l'intérêt qu'il inspire , par l'importa nce et
1a supérior ité dito l'exécuti on de tous les su1ets qüe par
le luxe typograp hique. C'est enfin un vrai cadeau de
nouvelle année pour les médecin s.
C. PrnRQUIN .
2,.
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E V lJ E
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l\ N A
u ::x:.
Journaui Français.
Journ. de ph., suite du mois de Novembre 1823.-~ur la
nature de l'atmosphère des mers; par iYI. Voci:L , de Munich. - Les expérien ces faites par ce chimiste distingu é,
sur la mer Baltique et sur le canal de la Manche , lui ont
démontr é que l'•ir atmosph érique toujours identiqu e par
les proporti ons d'oxigène et d'azote , varie dans les corps
d'interpo.i;ition qu'il contient ; que l'atmosp hère du Continent est chargé d'acide carboniq ue, tandis que celui
des mer11 en est prc.i;que privé ; mais il tient en suspension des muriates en vapeurs.
L'auteur , en se résuman t, dit : 1. 0 que l'air de la
Manche , entre Dieppe et le Havre , contient des
muriate s; 2. 0 que l'air de la Manche contient aussi bien·
que l'air de la Baltique une quantité bien moindre de gaz
acide carboniq ue, que l'atmosp hère prise au continen t;
5. 0 que les muri&tei ne laissent pas dégager leur acide à
la tempéra ture capable de les porter à l'ébullit ion, mai'l
qu'ils se volatilis ent en partie avec les vapeurs d'c·: u ;
4.0 Qu'il n'existe pas un principe colorant parliruli er
dans l'air de mer; que la coloration en roup' par le
nitrate d'argent à l'aide du soleil est due plul t ; • x
muriate s; 5. 0 Enfin, que toute eau quc·lr(r
renferme quelques traces de muriate , pr;sscJ1;. t
11
t
Î
�( 5o )
]a propriété d'acquérir avec le nitrate d'ar.gent, et exposèe au soleil, une aouleur rouge de nit.
- Extrait de deux mémoires sur l'hrdrio(lure Je
carbonr. ; par M SERULL.AS , pharmacien en chef, pr&t'llier
professeur à l'Mpital militaire de iUetz, etc. - ApTès
avoir rappelé le procédé connu pour obtenir l'hydriodure
de carbone, M. Serullas en donne un qu'il a découvert,
au moyen Eluquel on peut, sans potassium, l'obtenir plus
ai.11ément et plus abondamment.
Nouveau moyen d'obtenir l"hydriodure de carbone.
« Ce procédé, dit-il, c0nsiste à diriger un courant de
chlore dans de l'aloohol contenant plus d'iode qu'il n'en
peut dissoudre , et en facilitant la dissolution de ce dernier p<>r l'agitation. L'iode disparaît promptement, et le
d,égagement de chlore est continué quelques instans encore après sa disparition,
La liqueur jaunâtre , qui est alors une dissolution alcoholique de chlorure et de sous-chlorure d'iode , e11t
3aturée pnr une dis~olution ;ilcoholique de potasse qu'on
y ajoute peu-à-peu jusqu'à ce qu'elle devienne légere1nent alcaline. Il se forme , dès le commencement, un
précipitt\ jaune , caillebotté, formé d'iodate acide de
potaâse et d'hydrechlorate. L'iodate aci,lc se neutralise
à mesure q11e la saturation s'opère.
Ainsi , en traitant le mélange de chlorure et souschlorure d'iode par l'alrohol et le saturAnt par la potasse
caustiq11e , on obtieut dans la même opération de l'iodate acide de potasse qui se précipite; de J'jodate neutl'e,
en !aturaot complètement la lierueur ; de I'llydriodure '
de carbone ; de l'hyàriodate de potasse provenant d'une
portion de l'iode du sous-chlorure; enfm de l'hydrochlorure de potasse.
La saturation étant complète et m~mc la potai;se un
peu en e:tcès , on laisse former le dépôt , on décante
la liqueur surnageaute qui contient l'hydriodure de ea~-
�(
:') [
)
bone et l'hydriodate de potasse ; on lave le précipité à
l'alcohol jusqu'à ce qu'il cesse de se colorer, on féunit
les liqueurs, on filtre et les fait évaporer pour en obtenir l'hydriodure par 1.a cristallisation . L'hydriodate
reste dans les eauic mères. Les cristaux: sont lavés à
l'eau froide jusqu'à ce que les eaux: de lavage ne précipitent plus par le nitrate <l' .wgent.
Le d~pôt, qui 6st composé d'iodate et d'hydrochlorate de potasse, est dissout dans l'eau afin de séparer
les sels par la cristallisation .
En employant la soude pure pour saturer la dissolutiori
alcoholi'{ue de chlorure d'iode , on ohtient également
de l'hydriodure de carbone, mais il ne se forme pas
d'iodate acide de soude;
L'hy<lriodure de carbone est solide , d'un jaune citrin, d'une saveur sucrée , très-sensible lorsqu'il est en
dissolution dans l'alcohol ; il cristallise en paillettes dont
l'aspect e&t très-brillant. Son odeur est aromatique,
elle approche de celle du safran. Sa pesanteur spécifique est à-peu. près le double de celle de l'eau.
Il est insoluLle à l'eau , soluble dans 80 parties d'alcohol à 33Q à la température ordinaire , et dans 25
parties à une température de 35 degrés. Il est soluble
dans 7 fois son poids d'éther; les huile~ grasses et votiles le dissolvent très-bien ; dans ces dernières, du
moins dans celle de citron , il éprouve une altération;
si on l'expose à la lumière, \du charbon est mis à nu
et ~e l'iode devient libre,
Les acides sulfurique, sulfureux , nitrique et hydrochlorique n'ont pas d'action sur l'hydriodure de carbone, non plus qu'une dissolution de chlore. Exposé à
l'.air , il disparaît au bout d'un certain temps ; une
chaleur de 100 d. le volatilise sans le décomposer , il
entre -en fusion à une température· de 115 à 1:w 0 , et
peu après se décompose.
�( 32 )
Lorsqu'on désire se procurer de !l'iodate acide de
pot;isse , il faut arrêter la saturation assez tôt pour
qu'il reste un granq excès d'acide, On décante la liqueur, on lave le précipité à l'alcohol, et pa1· la dis~
soL1tion et la cristallisation on le sépare de I'hydrochlorate qui reste dans les eaux mères.
Ce sel , dont l'existence n'avait pas encore été démontrée, a corn me l'acide iodique une saveur aigre et
astringente 1 mais moins intense; sa dissolution rougit
la teinture de tournesol, mais ne la détruit pas; il fu~e
sur les charbons incandescens, se fond à une forte chaleur, et passe à l'état de sel neutre en perdant son
excès d'acide qui se décompose. Il est moins soluble que
l'iodate neutre; ses cristaux , lorsqu'ils se sont formés
lentement, présentent des pyramides tronquées dont
la base est un parallélogramme rectangle , ou de petits
prismes à quatre pans très-transparens , terminés pa1·
une pyramide à quatre faces », ·
Journaux Américains.
- ( The ll'Iédical Repositorr, etc. , New-Yorck , I 820).
Cas remarquable d'un Mexicain, portant une Pxcrois:rance
cornée à la tüe, traduit de l'Anl{lais par M. Giraud-St.Rome fils. - Paul Rodriguez, de Mexico , emballeur ,
d'une haute stature et d'une constitution athlétique, avait
coutume d'aller toujours avec la tête soigneusement enveloppée d'un mouchoir , et l'on supposait que c'était
dans la vue de cacher une loupe volumineuse ou quelqu'autre difformité de ce genre. Un jour qu'il travai !lait
dans un magasin, auprès d'une grande pile de barils
de sucre , l'un <les plus élevés venant à rouler en bas ,
lui heurta violemment la tête et le renversa sans connaissance sur le carrca u, perdant beaucoup de sang sous son
mouchoir. Il fut aussitôt transporté à l'hôpital St.-André,
où l'on découvrit qu'il portait, sur le côté droit de la
�.7bm,.
7
��( 35 )
tête, un corpa dur gui n'avai~ pas moins de qu ato rze
pouces de circonf érence et qui , à quelqu es pouces de
sa base , se di visait en deux braoch es princi pa!es, formant deux grande s cornes recour bées en de dans , èt
descen dant plusieu rs pouces au-dessou.~ de · l'oreill e.
L'une d'elles , située en aniére et plus haut, était
rompu e vers l'union de son tiers inférie ur avec ses
deux tiers supérie urs , comme si le bout avait été emporté en éclats par un coup violent . De la branch e antérieur e et à trois pouces enviro n de son origine , descendai t une autre branch e beauco up plus petite, sur
le côté de la joue , recouv rant une portion de l'apoph yse
zigoma tique et de l'os maxilla ire. Son extrém ité n'était
distant e que d'un pouce de celle de la branch e moyen ne.
Celle- ai, longue d'un pied, était .séparé e de son 11ppen•
dice par un espace presqu e circula ire au travers S.uqu11l
~et homme pouvai t facilem ent touche r son oreille
.
Cette excrois sance était de nature. cornée , présen tant,
comme les cornes d'un bélier , de nombr enses n odosités et stries à sa surfac e, comme si elle eut été fo r mèe
de couche s success ives. On pouvai t la racler avec un
couteau ; et lG1rsqu'on en mettai t sur le feu, elle exhalait une odeur sembla ble à celle des parties cornée s
dei animau x.
La violence avec laquell e le baril frappa contre la
branch e postér ienre, non-se ulemen t. la rompi t, mais
ébranla la masse entiere et fit plusieu rs plaies aux tégumens du cr:î.ne , qui .saignèrent d'abord nbondamment~
L'exam en des partiell blessée s fit voir que cette énorm e
excrois !ance n'était nulle part adhére nte aux os, mais
que la peau qui l'avois inait avait acquis beauco up d'épais~eur et donnai t aux paupiérea et à la partie du front
du même côté une appare nce de tumefa ction, qu'aug mentai t encore l'impos sibilité où était cet holllme de tenir
cet œii aussi complè tement ouvert qqe l'autre .
T VII. Janvier 1824.
-- ~
�{ 5L~ )
Nous devons la connaissance
d~
ce cas elltraordinaire
à l'obligeance du professeur Cevallos, de .Me.i..ico. Ce
n'est pas, à beau4!oup près, le premier exemple de cette
espèce de difformité. C'est un jeu de la nature qui, bien
que rarn , n'en a pas moins été observé plusieurs fois ,
sur dilfùentes parties du corps et dans divers âges de
la vie. Nou~ pou1·ons dire cependant que, dans aucun
<les exemples connus , l'excroissance n'avait acquis le
volume énorme qu'elle pré.sente dans celui-Li.
Nous 1ù1vo11s p2s l'intention de rechercher iri la
cause physiologique , ou plutôt pathologique d'une
pareille végétation. Il est aussi difficile d'expliquer la
mani ère dont ont lieu ces combinai~ons organisées de
matière animale tit de substances osseuse e.t terreuse,
que la formr;lion des cornes, des écailles et des poils
des animaux.
Aldrovandus rapporte qu'un enfant de la campagne;
~gé de dix ans , qui portait sur la tête une corne du volume de l'index, se présenta à l'hôpitol de Bologne.,
en 1639, pour se la faire scier.
MM. De Thou et Bartholin ont consigné dans leur,s
_ouvrages , c1u'un français nommé Troui/Lon, portant
Je front une grande corne , dont la forme approchait
de celle d'un bélier, se fesait voir par curiosité , dans
Paris, en 1 599.
M. Planque, dans ses Nouvelles dt: la république dl!'S
lettres (juillet 1686 , page 790 ) , a ra.•semblé un grand
11ombre de faits et de monographies sur les cornes ,et
'l es ongles diff0rmes observés sur l'hummc.
Le journal de Trévoux (année 1707 page 11:i2) fait
mentioa d'une jeune fille qui portait , sur le pariétal
droit, uni} comt' longue de cinq pouces et demi , qui
fut extirpée avec succè~.
La onzième ob~e rvatifl:i a•rntomique de Cnhrolr, c~t
celle d'un homme, nommé Gas, qui pol'lait une co: ne
de neuf pouces sur le front.
sur
�( 55 )
M. Scudder, propriétaire clu muséum de New-Yorck,
certifie avoir en sa possession une corne , de sept pouces
de long , qui avait été enlevée , aprèl! la mort , de la
tèle d'une vieille dame de cette ville. Elle s'élevait de
l'apophyse mastoïde , le long de l'oreille et était le
rejeton d'une premièl'c exi;:roissance de cette nature ,.
qui avait été sciée.
Le docteur Chatari , da Baltimore, nous informe
q11'il a vu dans notre ville (où il a résidé plusieurs
années) une vieille femme qui portait sur le nez une'
corne longue de plus d'un pouce et ressemblant un
peu , par sa forme, à celle du rhinocfros,
Ces exemples prouvent suffisamment que cles e,;croissnnccs de cette nature ont été observées de temps en
temps ; mais aucune n'a présenté la forme trifurquée ,
ni le volume énorme de celle de l'homme de Mexico.
Journau1
Italiens.
( Annali uni11ersali di mùlicina di Milano. 1823 ). Cas de vomissement continuel , dans lequel on a tenté de
prolonl?er les ;01m; du malade en lui injectant du sang dans.
les veines; par James Blundell. - Des expériences faites
sur les anima11x ayant démontré au docteUl' Blundell que
la transfusion du sang , non de veine à veine , mais
d'abord versé dans un vase et ensuite dans la seringue ,
n'P.sl nullement dangereuse, ce médecin proposa , dans
le temps, cette opérati.on pour soutenir la vie, dans les
cas d'extrême langueur , et i 1 rapporte aujourd'hui un
fait qui p:.lraît prouver en faveur de son opinion.
Il s'agit d'un inùividu atteint d'un squirrhe au pylore,
qui vomissait depuis long-temps presque tous les alimens
qu'il pr('nait , et dont les forces étaient si épuisées poinrnnque de sanguification , qu'il attend:iit la mort à tout
moment. Dans cet état , la tr:msfusion du sang fut décillée , et douze à quatorze one.es de ce liquide furent
�( 56)
injectées à dix reprises , mais dans l'espace de 3o à
minutes, Pendant l'opération , faite vers trois heures aprés midi , le pouls est un peu élevé et augmenté <le trois ou quatre pulsations par minute. Aprés
l'opération, les mains sont un peu colorées, la voix
EtSt plus fQrte. Vers le soir, mieux sen s!ble , le corps
es~ plus chaud , la respir1o1tion régulière 1 le pouls d'une
él évatioR double et régulière, le nombre des pulsations
n'a pas augmenté , légère rougeur à la pointe du nez
e t aux lè vres, moins de faiblesse générale. Ce bon état
s~ soutint pendant cinquante-six heures depuis la transfosit> n. l\llais Ja langueur ayant reparu , le malade expira,
Suivant le docteur BluFZdell, peut-être la quantité de
sang injectée ne fut pas suffisante pour soutenir les
forces. Cette expérience proLLve du moins que la transfusion du sang humain n'est pas dangereuse et que
l'on peut y avoir recours dans les cas signalés par M.
Blundell.
40
Journaux Anglais.
( Edinb. phil. ,]. n. 0 12 ,et Rev. méd.) - .Antidote de
l'acide hydro-cyanique. - Le docteur Murra,r conseille
l'ammoniaque contre l'empoisonnement par l'aeide prussique. Après en avoir tenté l'expérience sur des animaux,
il en prit lui-même assez pour produire un étourdissement et une douleur de tête qu'il combattit bientôt en
respirant de l'ammoniaque étendue <l'eau• et en appliquant un linge trempé dans cette liqueur sur le front.
( Annals of Phil. 1813 et Rev. méd.) - Analyse àe
la poudre de .lames ; par R. Philips. - M. Phib'ps avait
trouvé, en r822, que la poudre antimoniale de la pharmacopée de Londres est composée de peroxide d'antimoine , 36 , 5 ; phosphate de chaux , 63 , 5. - Ces résultats l'ont décidé à rechercher ii l'oxide d'antimoine
de la poudre lie .fames était au même état que dans la
poudre antimoniale. Péarson avait' fait !_'analyse de la
�( '57 )
première; mais outre que ce travnil date de plus de
trente ans 1 l'auteur n'avait pas eu pour objet d'examiner
Ja f)ature de l'oxide. C'était donc des recherches qui
méritaient d'ètre reprises. Elles l'ont été, et M. Philips
a obtenu pour résultats : peroxide d'antimoine, 56, o;
phosphate de chau11: , 42, 2 ; oxide d'antimoine, impurct~s et perte , 1 , 8.
Journaux All"mands.
( .Tournal der chirur!Jie von Gvafe und Walther, 18·23
Rep. rnùlic.) - Teinture de "icotiane employée dans
J'ischurù:. - Le docteur WetzberB , de Halmstad en
Sui:de , a continuellement observé les bons effets, dans
l'ischuric et même dans la blennorrhée alors que l'urine
n e ~ort que goutte à goutte, de la teinture de nicotiane,
prise 1t la dose de vingt gouttes toutes les heures ,
dans une tasse de graine de lin.
f',t
. P.-M. R.
3. 0
VA.111ÉTÉS.
- M. le baron de Ferussac vient de créer Utle entreprise qui ne peut que faire sa gloire , puisqu'elle
doit évidemment tourner au profit de toutes les scicn~
ces. Le Bulletin universel des sciences et de l'industrie,
tel est le titre du nouveau et important recueil que M.
de Ftrus.wc publiera à dater de janvier 1824.• Ce recueil
sera di visé en huit sections dans !'ordre qui suit : r. 0
mnlhématiques, astronomie, physique et chimie; 2."
sciences naturelles et géologie; 3.G sciences médicale.!!;
4. 0 agriculture , économie rurale, domestique et forestière; horticulture , pêche , chas.se ; 5.o technologie ;
0
6. séoi;niphie' statistique' économie publique et voyages;
�( 58 )
7. 0 histoire, antiquités et philologie ; 8.o art militaire.
Ces huit sections seront réunies dans un volume in-8. 0
de 36 feuilles par mois , leiquelles disposée.~ par ordre
de matières formeront 17 volumes par an. LP. prix de
l'abonnemen t est de 120 fr. pour Paris, 142 fr. 5o c.
pour les départemens , 165 fr. pour l'étranger. On peut
liouscrire à une seule section ; le prix de celle des sciences
mé<licales est de 25 fr. 5o .c. pour les départemens et de
29 fr. pour l'étranger. Cette section formera trois vo4
lumes par an, Nous aurons aoin d'en signaler les articles dans notre revue des journaux.
- Le docteur James .Tohnson publiè à Londres un excellent journal sous le titre de Quater/y médico chirursical journal.
- Il paraît maintenant à Naples deux journaux de
médecine; l'un a pour titre: Giornale médico Napolitano,
rédigé par trois médecins. Jusqu'à présent il n'a pas obtenu un sufrrage général, parce qu'on y parle le langage
de la doctrine italienne {f'aujourd'hu i , quoiqu'un seul
des rérlacteurs n'en soit point partisan ; l'autre est intitulé : l'Osservatore medic& Napolitano, n'a qu'un rédacteur et ne contient li{Ue deli observations et des expéri ences.
"'
- Le docteur Giovanni Strambio de Milan , publie, à
dater du mois de janvier 1824, des .Anna li di médicina
fisiologico-pathologica ; d'après le prospect ns , qui a 16
pages, ce journal, modelé sur celui du P. Broussais,
présentera, en langue italienne toute sa doctrine. Il eu
paraîtra chaque mois u11 cahier de 6 à 8 feuilles. Le prix
de l'abonnement est pour l'étranger de r 5 livres· italiennes.
- L'exposé des travaux de la Société royale de méde•:inc de Marseille , pendant l'année 1ih3 ( broch. in-8. 0
de 92 pag. ) vient de paraitre. Ce travail sort de la plume
de M. le docteur Sue, c'est dire qu'il se fait remarquer
par beaucoup d'ordre et une bonne rédaction, Yo ilà
�( 5g )
pour les éloges. Quant à la critique , car il en faut un
peu, nous dirons que cet exposé , comme tous les précédens , ne donne des travaux qu'une idée tre11-succinte
et n'est, tout bien considéré , qu'une espèce de tableau
bibliographique Il ne sert donc qu'à annoncer une
fois l'an aux correspondons de la Société , qu'dle a
1·eçu leurs mémoires , ob.liervations , etc, Pourtant il
coîite plus de 300 fr., tandis qu'avec 5o fr. au plus , on
enverrait à chaque associé un tableau mensuel des aéances , lequel, semblable à celui que nous publions, suffirait sans doute poi.ir prévenir chez tous les memhres,
cette grande impatience que leur fait naitre l'attente
d'un exposé des travaux annuels , et comme nous insérons tous les mois dans notre recueil un bulletin des
travaux de la Société , le but qu'elle ae propose de
concourir aux progrès de la science serait par cela même
suffisamment rempli.
- M. le docteur Félz'x Pascalis nous a adressé un
rapport intéressant sur la police médicale de New-Yorck,
ayant pour titre : À system of medical ethics et qui a été
publié dans les transactions de la Société médicale de
New-Yorck pour l'année 1823. Nous donnerons la traduction de ce rapport.
- L'Académie royale des sciences, dite Bourboniqu•
dt Naples, vient d'enyoyer des diplômes d'associés aux
docteurs Devèu et Louis Valentin. La Société huntérienne de Londres s'est pateillement associé le docteut·
Loui11 Valencin.
- On n'a guères observé "e mois-ci que des maladies inflammatoires. Quelques cas de croup • dei> coryzas , des angines tonsillaires et laryngées , encore
des rougeoles ont été les affections le.~ plus fréq uente.!I.
Les anti-phlogistiques ont fait merveille. Toutefois, dans
certain cas d'angine où les -évacuations sanguines n'ont
pa;; même soulagé , les vomitifs ont été 2alutaires.
�( 40 )
-- D 'après le relevé de.'! registres de l'État-ci vil de
l.1 mairie de Marseille, il y a eu en Déceh1bre t8:i5,
401 naissances ; 4 ro décés et 56 mariages.
- Le relevé - général des m~mes registres pendant
l'année 1823 a présenté les résultats sui vans : naissances,
4,203; décés, 3,7'.i2; mariages , 935.
P.-M. Roux.
4..°
-
CONCOURS
AC.A.DÉ M IQUEI.
L'Académie des sciences , arts et belles - lettres de
Dijon n'ayant pas été satisf;iite des mémDi1·es envoyés
sur la question par elle proposée l'année derniere, vient
d e la remettre au concours de cette année. Cette question est ainsi conçue ;
Quels sont les progrès que la médecine a réellement fai/ç
sous Z'inJlutnce des nouvelles ductrines médicales , dans
le -traitement des maladies ai15ui!s.
Les mémoires, écrits en latin ou en fran çais , devront
~tre adressés , francs de port, au président de l'Académie, avant le 15 juillet.
AVIS.
-·~*ê*~·- ·
LA. Société royale de Médecine de M~arseille déclare
9u'en inJérant dans ses Bulletins les Mémoires, Observations, Notices, etc., de ses membres soit titulaires, soit
corre.<pondrms , qui lui paraissent dignes d'itre publiés,
tlle n 'a égard qu'à l'intérêt qu'ils présentent à la science
médicale; mais qu'elle n'entend donner ni approbativn ni
improbation aux -0pinions que peuvent émettre les a11teur.s,
et qui n'ont pas ent1ore /Il. sanction sénérali:.
�BULLETINS
LA SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECINE
DE MARSEILLE.
(1) extraordinaire sur uni erossesse ( 1)
hrdatideuse d'un genre encore inconnu; par MM. Roch
Bou11GOET, docteur en médecine et médeein opérant
d1 Montpellier , ci-devtJnt médecin principal des armées
françaises , chirurgien consultant des hospices de Bé:âen , chirurgien en chef desdit$ hMpices, médecin des
prisons de la ville, membre de plusieurs Sociétés savantes;.
et Jean GuY, docteur en médecine, ci-devant chirurgien
des armées , mé#ecin à Laurents-l•s-Bézier1 , déparle ...
ment de l'Hùaulf.
OllSJ!!ll.'Y..l.TION
trita brcvis ar~ aut1m lorrg11·, Mc~
HIPP,
UNE femme âgée d'environ 35 ana• nommée Marfo..Anne Riyemale , mariée à Pierre Combez dit Toco(ylou,·
agriculteur , demeurant à Laurents 1" lieu de ma rési-
(1) Les notes sont de M. Bourguet et le j-ourn·al de la m·afa&,.
a été fait par M. Guy.
f:l} Lorsqne M. Guy me eonsufla" ri'eJJ n"anllDnça:it la :ierfÎ9'
T. VII. Jany;er 18:z.4,
&
�t 4'.l)
dence , situé sur la grand e route entre Bézie rs
et Bédarieu x , dans le dépar temen t de l'Héra ult ,
mère de. quatre e1:1fans, dont trois mouru rent quelq ue
temps
apr{•s leur naissa nce et le quatri ème fut ei.;trai
t de l'utérus p;ir fragm ens , éprou va, deux ans après
cet événeme nt , tous les symp tômes d'une vraie grosse
sse , ex·cepté que le flux mens.ti;uel parais sait comm e
à l'ordi naire . Vers la fin du troisiè me mois de cet état
, le basventr e acqui t un très-g rand dével oppem ent
qui fut
:même en augm entan t jusque s à la fin du cinqu
ième
moi.or, époqu e .à laqu elle cette ampli tude 1füpa
rut t:omplètem ent, sans donne r lieu à aucun e évacu ation
sensible.
'
Deux ans s'écou lèrent encor e sans que sa santé
reçut
Ja moind re altéra tion. Ce ne fut que dans les
premi ers
jours de septem bre 1818 qu'ell e se crut de nouve
au enceinte , soit par la sensa tion intéri eure qu'ell e
éprou vait, soit par quelq ues accide ns s-ensibles à l'exté
rieur.
En effet , à cette époqu e son corps fut couve rt
de rousBeurs très-l arges , qui imitai ent parfai temen t
l'ictèr e.
Comm e dans les grosses11es antérieures. , elle
eut des
mal-a ises , saliva tion , anGrexie , nausé es , vornis
semen s
muqu eux, suppr ession des menst rues ; le sein
devin t
èoulo unux et augm enta progr essive ment de volum
e à
mesur e que le quatri ème mois appro chait. A cette
époqu e.
le bas-v entre acqui t ùne plus grand e dimen sion
, les
mame lles s'enflèrent égalem ent d'avan tage et uno
sérosi té
procha ine Jes -.ers; des symptôme.11, que j'avais
obsen-ti dan&
d'autre s cas d'hydn tides, m'en firent soupço
nner la présen ce
et me portl,r cnt à consei ller des lavem ens irritan
s , des forts
pmgai if,, de• anthelm intityu e11, des injecti ens
d'huile de rici.o ;
l'usage de cette huile intérie ureme nt ; ce fut
après cet usage
que la matric e agit. Au re&te , je laisse parler
M~ Gu1· 11Ai-
m4me ; son e:apoti tion e&L fxauch e_eL vérit11ble.
�(
4~
)
lactescente en coulait par la pression. Toutes ces probabilités firent croire à une bonne grossesse.
Au cinquième mois , le flux menstruel reparut et
continua à revenir ensuile périodiquement et sans interruption. Le volume du bas-ventre resta pr!!sque stationnaire jusqu'au sixième mois. A cette époque , il
acquit une plus grande amplitude et devint énorme au
neuvième, qui ét11it le mois de mai 1819. Dans les
premiers jou rs de juin, rien n'annonçant que la nature
trav:iill&t à sa délivrance, la mal11de, saisie eie frayeur,
m'appella à son secours. Je lui fis entendre qu'elle
pouvait 1e tromper sur le temps de sa gro~scsse et je lui
con8eillai d'attendre encore avec pati«nce. Quinze jours
s'écoulèrent dans la plus grande perplexité , cnr quoiqu'elle fut un peu rasirnrée par l'idée où elle était que
l'enfant n' était pas mort, parce qu'elle disait en ressentir
les mouvemens comme auparavant, je ne sais quel pressentiment sinistre venait obscurcir ce rayon d'espoir qui,
à son tour, s'évanouit bientôt, lorsqu'elle vit que le terme marqué pow· l'accouchement était passé depuis bien
long-temps , que le bas-ventre augmentait toujoun1 et
que les mouvemens devenaient de plus en plus moins
sensibles , sans qu'il survint la moindre douleur.
Cependant elle me pressaît vivement de prononcer
sur son état et sP.s chagrins ndoublant avec a;es ins-·
tances, je cherchai à calmer son imagination en lui
faisant croire que j'availi vù d'autres f.emmes ~tteintes
de la m~me maladie et qui s'en étaient fort bien tirées.
Craignant de porter un faux jugemant qui décide ordinairement de la réputation du médecin qui exerce dans
un théàtre peu étendu, je ne voulus pas donner une décision définitive, Je cherchai à m'assurer, par le touèher,
de l'état de l'utérus , et je trou vai son orifice vaginal
dans la situation naturelle, et comme si ce vi scère n'eut
rien contenu dans sa cavité qu'on sentait néanmoins ex-
�( 44)
tr11ordinairemtmt développée. Les deux lèvre
s étaie nt
parfa iteme nt égales , mais assez gross es et un
peu engorgées. Le col pouv ait avoir envir on deux
tiers de
pouces de longueur. Le ballo temen t anno
nçait bien
que l'utér us renfe rmait quelque chose , mais
était- ce
un enfan t, ott bien quelq u'autr e corps l c'étai
t là la difficulté ; aussi je tâchai de me mettr e à l'abri
par des
répon ses vagues , en laissa nt néanmoins entre
voir que
je n e croyais pas à une vraie grossesse,
Sur ces· entrefaites , la malade sortit pour aller
à la
camp agne sur une petite mont ure, qui la jetta
à terre,
et la traîna penda nt cinq ou six minu tes , parce
qu'ell e
avait eu l'imp ruden ce d'ent ourer sa main avec
le licol.
Cette chute eut lieu le 18 juin. Il en résul ta
une contu .
sion à l'yhp ocon dre droit qui dispa rut sans donn
er lieu
à aucun e suite fàcheulie contr e notre atten te.
Seule ment
il se déclara une doule ur vive à la régio
n ingui nale
droit e, qui fut calmée par l'usage de quelques
linirr;ens.
Cet état dura jusqu 'au vingt -neuv ième jour
de juin ;
alors survi nrent des coliques affreuses , qui
simul aient
les douleurs de l'enfa nteme nt, mais l'inde
x intro duit
dans le vagin • me fit voir qu'elles n'étai ent
pas expu l~ives ; le muse au de tanch e était dans
le mêo-1e état
dont nous avons parlé plus haut , et n'offr
ait pas la
moin dre dilatation , au contr aire, si je cherc
ha:is à y
intro duire le doigt , je sentais que ses lèvres
se coarc taien t spasmodiqu emcn t sur lui de mani
ère qu'il me
fut impossible de péné trer plus avant . Enfin
, ces doul eurs, qui durèr ent toute la journée , ne donn
èrent lieu
qu'à un écoul emen t sangu in peu abond ant.
Il fut suivi
d'un flux aqueux , guère plus copie ux que I.e
sangu in.
- Pend ant tout le mois de juille t suiva nt,
ces perte s,
ou mieux ces écoulemens sangu ins et aqueu
x, alternf!rent de huit en huit jours . Ces évacu ation s, quoiq
ue peu
abond antes , affaiblissant singu lièrem ent la
malade , je
•
�{.~5 )
la mi, , à l'usage de quelques pstringens internes et des
limonades végétales ou minérales. Ce1 moyens paraissaient avoir modéré l'hémorragie ,quand tout-à-coup .dans
les premiers jours dtt mois d'ao11t, la matrice, ;iprès
un petit écoulement sanguin , expulsa une énorme quantité d'eau, elle coulait tout d.'un ~rait comme si on l'eut
versée d'un va:ie et on en remplit deux grands plats qui
pouveipnt en contenir l'un dix livres, fautre huit, san•
co.m pter celle qlli fut répamlue à terre ou dans le lit.
Ces eaux- étai1mt blanchàtres et d'une odeu.r dout:eàtre.
Après leur issue , les do~leurs furent atroces, l'écoulement sanguin reparut et ceua bientôt, Noua · cri'.tmu
que la matrice allait se déharraner de ce qu'elle contenait, mais nous étions dans l'erreur; l'orifice vaginal
n'offrait pas la moindre dilatatioµ et était au contraire
resserré spasmodiquement.
Tous les efforts cessèrent dans la nuit sans avoir pu
obtenir autre ch'ose. !Après_ cette évncuation , le bas".entre diminua bien sensiblement de volume ; l'utérus •
quoique n'étant pas encore dans son état naturel , parais.
sait s'être rapetissé singulièrement, de sorte que nous
pensions que petit-être tout se bornerait là et que nous
n'avions eu à traiter qu'une hydropisie ,.térine. Qu'elle
était notr~ erreur! tandis que nous nous bercions dans
cette flatteuse espérance , des accidens nerveux les plus
singuliers vinrent trnubler le peu de calme que la malade
commençait à goliter, Ils se présentèrent avec cette
anomalie et cette irrégularité qu'on sait être le partage
de ce genre d'affections qui faii;aicnt dire à Srdenharn
que c'était un Prothù qui prenait une infinité de formes
différentt!S et un cameléon qui variait sans tin ses couleurs.
Cette maladie se manifesta d' abord sous la forme d'une
cardialgie. Elle était si intense , que je c;rus d'abord
avoir à traiter une gastrite dont j'attribuais la cause
�( 46 )
aux boissons spiritu euses dont on avait gorgé la malad
e,
la face était extrê111ement anim ée, les yeux à demi
ouverts , les paupi ères fixes et leurs vaisseaux inject
és ; la
voix était emba rrassé e , le pouls petit, fréqu ent
, dur et
conce ntré, mais égal ; le simple touch er augm entait
vivement la doule ur , il y avait tensio a de la région épiga
strique, vomis semen t des alimens qu'elle avait pris ainii
qum
des liquid es ingerés. Je voulus d'abo rd pratiq uer
une saignée, mais comme elle avait été affaiblie par les
pertes
antéri eures qu'(;lle avait essuy ées , j'aban donna i
bientô t
ce projet . La malade ne pouva nt pas suppo rter les
fomentation s émollientes , je la fis plong er dans un
bain de
même natur e qui ne produ isit pas plus d'effet. J'ordo
nnai
donc qu'on l'en retirâ t et qu'on lui donnâ t un
grain
d'extr ait gommeux d'opium et par - dessu s un
vcrre
d'infu sion de fleur& de tilleul avec une cuillerée
d'eau
de fleurs d'oran ger ; elle prit égalem ent quelq
ues
émuls ions nitrée s , avec de l'eau de poulet. Léger
amen deme nt. Encou ragé par cette amélioration et recon
naissant le carac tère nerve ux de la maladie que j'avai
s déjà
6oupç onné, je donna i encor e un grain d'opium une
heure
après , et enfin un troisiè me qui achev a de
dissip er
cette doule ur atroce . La nuit fut bonne .
A son révei l, la malad e est saisie d'un tremb lemen
t
convu lsif parfai temen t semblable à celui des fièvre
s intermitte ntes, mais sans faire éprou ver autan t de
froid ni
~tre suivi des autres périod es qui
accom pagne nt ordinairem ent le tremb lemen t fébril e, je veux dire
la chaleur et la sueur . Il .dispa raissa it, au contra ire
, comm e
il avait comm encé, c'est-à-dire , par des pandiculllti
ons.
Cet état dura trois heure s.
Dans la journ ée, la mamelle gauch e fut prise
d'une
doule ur aussi vive que celle qui, la veille , avait
affecté
l'épig astre; toux sèche et fréque nte , respir ation
trèslabori euse , mouvemens de suffoc ation, la malad
e croit
�( 47 }
eicpirer. J'administrai de nouveau l'oP,ium à la d~e de
deux gl'ains. Deux heures après , voyant que le mal
n'avait pas encore entièrement cessé, j'en ordonnai un
autre et la douleur disparut sans procurer du sommeil.
Le tremblement revint dans la uuit et fut calmé au bout
de quatre heures par les antispasmodiques ordinaires ,
tels que l'ether sulfurique, 111 teinture de castor, l'eau de
fleurs d'oranger , etc. Elle fut encore très-agitée dans
la nuit et sans pouvoir dormir, .
Le lendemain une céphalalgie des plus intenses se
déclara. La malade, naturellement patiente , poussait
des cris aigus. Tou.1 les moyens imaginables furent inutiles et je fus obligé de recourir encore à l'opium; il me
fallut en porter la dose à six grains, administrés en trois
prises de deux en deux heures et le mal de t~te cessa
entièrement. Point de tremblement ni de sommeil cette
nuit - là. En un mot , les quinze premiers jours du
mois d'aoi1t 1819 se passèrent dans une alternative dé
tremblemens et d'affections locales diverses , qui parcoururent successivement toutes les parties du corps
et firent souffrir à la malade des tourmens inexprimables.
Pendant ce temps-là, les forcf's de la malade baissai~nt
bien sensiblement, tandis que l'abdomen , qui dans la
première semaine du mois d.'aoi1t n'avait presque pas
changé , devint monstrueux dans la seconde , de sorte
que le quinze aoi1t , vers les six heures du matin , un
flux sanguin assez copieux se m~nifesta et fut accompagné d'une abondante évacuation d'eau. Deux plats
qui en contenaient, l'un dix livres, fut rempli et l'autre
qui en contenait huit fut mis à moitié , sans compti!r
celle qui se répandit dans le lit qui fut percé. Les jours
sui vans, elle fut en proie à des vomissemeos très-copieux
de matières muqueuses , mèlées de gros caillots de sang,
à'une _fétidité in.supportable. Ce vor.nissemcnt muqueux
�~
48 J
(car le sang cessa de paraitre au bout Je 3"6 heures y
dura près de trois jours sans que ni les antispasmod iques, ni les narcotiquea qui m'avaient si hie~\ réussi
jusqu'alors ., procurassent le moindre soulagement•
L'anti-émétiq ue de Hi11ière ne fut pas plus efficace. Enfin.
le mal céda à l'application des ventouses 11carifiées sur
le creux de l'estomac , à des boissons d'eau de poulet
nitrée • de limonade végétale , à quelques lavemens irritans et en dernier lieu , à ume purgation· douce ; mai.ri
quoique le vomissement fut calme , l'appétit ne revenait ·
pas , la bouche était p~teuse , la languP. sale avec des
rapports nidoreux et même encore des nausées. Alors je
la mis à l'usage de la compo&itiorr suivante, qu'elle prit
pendant deux jours de suite :
Confection d'hyacinthe 4 gros ;
Magn~sie calcinée••• 2 gros en trois prises délayée~
dans l'eau de rhubarbe miellée.
Le troisième jour l'appétit commença à revenir , les
nausées et les rapports cessèrent et elle eut été parfaitement bien,. si les accidens nerveux, auxqueli elle
avait été en proie auparavant, n'avaient point reparu.
Deux jours s'étaient donc à peine écoulés que la car·
dialgie fut comme la première fois , mais aveo une
telle intensité, que cette femme qui auparavant supportait le mal sans presque se plaindre, poussait du
cris perçaus. Cela arriva le 24 août. Éclai1'é par ce qui
avait précédé , et connaissant le caractère de la maladie,
je n'hésitai pas à administrer l'opium. Toutes fois comme
je savais que dans les crampes nerveuses de restomac
en avait employé avec succès l'oxide blanc de bismuth 1
je le mis en usage , mais ce fut en pure perte , et il
en fut ainsi de l'oxide de zinc et d'autres antispasmodiques qui m'avaient si bien réussi dans d'autres occasions. Je donnai donc de nouveau mon spécifique
à la dose de quatre grains en deux prises , et a11 boùt
�( 49 }
de trois heures et demie la douleur cessa complettement,
sans que le narcotique procurtlt du sommeil. La malade
fut fort tranquille pendant deux heures , après lesquelles
le tremblement revint et dura trois heures. · Pendant
ce temps, je prescrivis l'usage d'une potion antispasmodique, que je fis continuer après la cessation de cette
espèce d'accès, dans l'intention d'en prévenir ou d'en
éloigner le retour; néanmoins , il revint très-souvent
les jours swivans et d'une manière fort irrégulière, de
sorte qu'elle en eut jusques à cinq dans le courant de
la journée ou de la nuit , dent la durée allait toujours
en augmentant. Taut ne se borna pas à cela , ces espèces d'accès ne ceisaient que pour faire place à la
cardialgie , ou au point de côté et à toutes les affections
. locales <lont j'ai parlé ci - dessus; en un mot , la malade
était tourmentée par une foule de symptômes nerveux les
plus disparates , qui ne laissaient aucune partie à parcourir, et tellement liés et confondus entr'eux 1 qu'ils
ne donnaient aucun moment de rel~che à cette malheureuse femme et me réduisaient souvent à ne savoir
plus que faire. Je parvins pourtant à régulariser ces
accès de manière qu'il en paraissait ensuite un seul
vers les cinq heures du soir.
Cet état de souffrance dura du 24 au 29 aoM. Ce
.temps-là fut marqué par un grand nombre d'accidens
nerveux dont vn ne' saurait se foire une idée sans en
nvoir été témoin. La malade fut dans le plus grand
danger et craignant qu'elle mourut dans un état apoplectique, elle fut administrée. Heureusement pour elle
que la maladie perdit de son caractère allarmant , les
paroxismt!s qui dans le principe duraient trois ou
quatre hPures et revenaient jusqu'à quatre ou cinq fois
avec pri vation de l'usage des sens , froid glacial à Ja
surfau: de tout le corps, devinrent peu-à-peu plus cuurt.i
T. VH. Jan.,.ier üh3.
7
�( 5o )
et moins fréquens , de sorte qu'il n'en paraissait en-
suite qu'un vers les éinq heures du soir , accompagné
d'une douleur très-vive à l'hypocondre droit. Voyant
la périodicilé des accès, je ne balançai pas à donner le
quinquina afm d'enrayer ou d'extirper entièrement un~
maladie aussi cruelle. Cependant, comme la langue était
très-sale , je voulus , sanli perdre de temps , faire d'une
pierre deux coups , et, dans cette intention ,. je comb inai les purgatifs avec les anti-pyretiqu es, dont l'efücacité est bien reconnue en pareil cas par l'ébranlemen t
gélléral qui en résulte , et qui , du tube intestinal , se
répète sur toute l'économie. J'administrai en conséq_uence
l'apozeme suivant : follicules de séné, sel d'Epsom,
'
de chaque deux gros ; quinquina concassé , un gros
et demi ; sirop de chicorée composé, une once et
demie , en deux prises ~ à deux heures de distance
l'une de l'autre, La malade poussa quatre ou cinq
:selles et le soir le puroxisme
dura que trois quarts
d'heure.
Le 3o aoùt , elle prit la décoction de demi-once de
quinquina en trois prises , une à .llix heures du matin,
l'autre à huit et la dernière à dix. Le soir, il ne parut
que quelques m0uvemens convulsifs du tronc et des
extrémités sup.é rieures, qui ne durè,rent pas seulement
cinq minutes.
Le 3r , j'administrai la décoction de six gros de quinquina en quatre prises; le 1. er septembre, celle de quatre
gros seulement et rien ne se manifesta.
Les neuf premiers jours de septembre forent trëshons. Les forces revinrent un peu et la malade quitta le
lit pour se promener dans sa chambre. Nous augurions ,
m~me son prochain rétablissemen t , mais les accidens
nerveux vi1vent, le ro septembre , troubler notre tranquillité. Me trouvant ab.~ent ce jour-là, pan:e que j'avais été voir un malade à la Cilmpagne, où je restai jus-
ne
�( 5r )
qu'au soir , je ne pus lui rien donner au commencement
de l'attaque , comme j'avais coutume de le fairP. afin
de diminuer l'intensité du paroxisme , de sorte qu'elle
tomba, à la suite des tremblemens qu'elle avait éprouvés,
dans une syncope hystérique 0ù elle resta sept à huit
heures sans donner presque aucun signe de vie. On avait
inutilement prati<ifué tout ce que les bonnes feu,nies
avaient conseillé. A mon arrivée , je ne fus d'abord
pas plus heureux qu'elles, car voici dans quel état
je la trouvai : couchée horizontalement dans ~on lit,
elle avait la face livide, injectée; les paupières entr'ouvertes ne laissaient ap'pcrcevoir que le blanr des
yeux dont les vaisseaux étaient également engorgés ;
la lumière ne fai.i;ait aucune impression sur eux. Si
on l'appellait, elle ne répondait rien qu.oiqu'on la se~ouât
violemment ; elle m'avoua ensuite avoir entendu tout
ce qu'on disait autour d'elle à voix forte , et qu'elle
avait éprouvé le plus grand plaisir à <'ntendre annoncer mon retour, mais qu'elle n'avait pu former , en
étant dans cet état , aucun jugement !>Ur ce qu'elle
entendait ; la déglutition était impossible , parce que la
langue prodigieusement enflée remplissait toute la cavité
de la bouche et sortait de trois travers de doigts recouverte d'une écume visqueuse ; un froid glacial était
répandu sur tout Eon corps ; la respiration était imperceptible ' et fesait à peine vaciller la flamme d'une
chandelle ; le pouls était filiforme et extrêmement lE• nt.
La fumée de tabac, de papier et de plumes ne pruduisirent rien non plus que l'inspiration de l'éther et de
l'ammoniaque liquide.;J'introùuisis mème des bourdonnés,
i111bibés de cette dernière substance, dans les narrines ,
mais infructueusement ; enfin, pendant qu'avec la liqueur d'Ho[fmtlnn on frottait les tempes et les narrines et qu'on fesait des frictions avec des brosses sur
les extrémités , je fis parvenir dans l'arrière - b9uche,
�( 52 )
en abaissant la base de la langue avec une cuillére, un
peu de sucre trituré avec l'éther sulfurique, La malade
fit alors un léger mouvement du tronc, avala ce mélange,
fit une in.5piration profonde , ouvrit les yeux et s'assoupit- de nouveau.
Cependant, nous plaçames un haillon entre les dents
molaires de chaque côté , afin de préserver la langue ,
et nous Pssayâmes de lui faire avaler quelques cuille1·éc.s d'une potion que j'avais préparée ; nous y parvînmes, en elfet, quoique avec difficulté, et, peu-à- peu,
elle revint de cet état. Cette potion fat continuée afin
de prévenir les retours. Nous y réusslmes , mais la malade ne dormit pas de toute la nuit.
Le 11 septembre, elle éprouva quelques légers tremhlemens. (Continuation de la potion , bouillons , crêmes
de riz ) mais point de sommeil ni nuit, ni jour,
Le 12 et le 13 septembre, même état. Point de sommeil,
mêmes pre.11criptions.
Le 14, légers tremblemens de courte durée, (un grain
d'opium le soir ) mais point de sommeil.
Le 1 5 , la malade étant au lit et appellant à grands
cris le repos, je donnai deux grains d'opium , qui ne
produisirent aucun effet, de sorte qu'elle resta depuis
le dix jusqu'au quin'ze sans goilter une heure de
sommeil. Voyant, en conséquenee, que cette dose n'avait pas suffi, j'en donnai une de trois grains. Deux
heures s'étaient €coulée~ sans aucune envie de dormir,
A sept heures du soir j'en donnai deux autres grains,
je revis la malade à dix heures , elle ne pouvait pas
dormir et me demanda avec véhémence quelque chose
qui lui donnât du calme , ce qui me détermina à lui en
donner encore deux grains, Trois quarts d'heure
après, le sommeil s'empara d'eUe et dura jusqu'au
lendemain matin et cette femme qui , auparavant,
�( 53 )
était dans des angoisses inexprimables , retira de ce
repos le plus grand soulagement.
Entraîné par la deicription des phénomènes morbides
dont n·ous venons de faire l'énuméralion aussi rapidement qu'il nous a été possible , nous avons négligé de
parler pou!' un rnome11t de l'état de l'abdomen. Or, il
est bon de remarquer qu'étant resté presque stationnaire
depuis le quinze août , époque où se fit la dernière
évacuation d'eau , il icquit tout-à-coup et seulement du
dix au seize aeptembre une amplitude énorme ; et ce
jour où, après une insomnie des plus opiniàtres, elle
avait ~oûté un sommeil réparateur, qu'elle n'avait pu
obtenir que par des forte11 doses de narcotique , ce
jour , qu'elle croyait passer dans le calme après avoir
tant souffort, fut un de ceux que la nature choisit,
pour la troisième fois , afin de se débarrasser de
cette surabondance d'eau qui distendait l'ut é ru~. En
conséquence , des douleurs très -vives se déclarèrent
et furent suivies d'une perte en rouge très-abondante,
suivie d'une évacuation d'eau très - copieuse. Le plat
de dix livres fut rempli et celui de huit mis à moitié,
sans compter l'eau qui se répandit à terre et d;ms le
lit. Il n'y eut pas ce jour-là d'accidens graves.
Le lendemain, 17 septembre , vers les dix heures du
matin , retour des accès nerveux avec une intensité
surprenante; suffocation hystérique, gonflement prodigieux de la langue, vomissemens muqueux, etc. (Potion
antispasmodique). Retour du ealme vers les quatre heures
après-midi ; la nuit fut bonne.
Le 18, retour des accidens nerveuit , convulsions,
suffocation hystérique , vomissemens muqueux trèscopieux , sentiment insolite dans l'estomac et J'œsophage. (Tisane de fougère mâle, et potion suivanle,
donnée par cuillerées de qunt d'heure en quart d'heure:
ipécacyanha concassé, valtriane concassée 1 de chaque
�( 54)
demi-gros ; helmintoc orton , une once ; huile de ricin,
deux onces ; sirop de capillaire , eau de fleurs d'oranger, de chaque suffisante quantité) . A chaque cuillerée,
le vomissem ent reparaissa it et à l'aide de quelques verres
de décoction de fougère mtl.le, l'estomac expulsa une
douzai1<1e de vers lombricoides d'une grande dimensio n.
Le vomissem ent terminé , je fis prendre , de deux
en deux heurns, un bol fait avec quatre grains d'assafœt ida
et demi-gra in de camphre , afin de calmer les accidens
nerveux qui persistaie nt et en m~me temps comme anthelminth iques. Le soir retour àu calme.
Le 19, ll'lieux être sensible, (continua tion des bols
et de la potion , mais... sans ipécacuan ha.) Issue par lu
selles de sept à huit strongles . .f\etour de l'appétit.
Le 20 , rien de remarqua ble. La santé de la malad~
pllraît se rétablîr. Néanmoi ns, il s'en fallait bien que
je fusse pleineme nt rassuré sur l'é.tat du bas - ventre;
car depuis la dernière évacuation d'eau qui eut lieu le
seize septembr e, je voyais que l'utérus se développ ait·
bien sen5iblement et qu'il avait déjà acquis un volume
excessif. Je présumai dès-lors que bientôt il se présenterait quelque phénomè ne nouveau. Depuis le commencement que j'avais vu la malade , j'avais soupçonn é la
présence <le.s hydatides • mais ne aachant où puiser les
signes qui pouvaien t me confir1ner dans mon opinion ,
parce que les auteurs n'en donnent guère de pathogno moniques , mais de fort équivoques et communs à
une foule d'affe'1tions morbifiques des parties de la
t;énération , telles qu'hydrop isie utérine, molles , etc.;
j'exposai à M. Bourguet ( I) , savant médecin et praticien
(•)Plusieu rs fois , dans ma pratiq:ue , fai vu des grossesses
hydatideu ses , mais jamais de semblables à celle-ci , et si je
la jugeai telle , ce ne fut que l'identité des symptôme s qui me
la lit reconnaîtr e. J'ai vu une femme de Serignan- lès-Bézie rs,
�( 55 )
très - distingué de la ville de Bézien, tout ce que j'ub-
en rendre des million& après dix mois de faune grossesse;
mais ils ne pré1entaient qu'un chapelet continu, comme le frai
des crapauds ; la malade guérit très - bien , et des injections
dans l'utérus avec des &ubstanccs amères et ulines en ont pré'Venu le retour. Le même succès a eu lieu chez une dame de
Béaiers , épouse d'un pharmacien distingué et qui jouit de la
&anté la plus parfaite. Ces succèa et bien d'autres m'engagèrent
à en conseiller l'emploi à M.. Guy , ainsi que l'usage dei; anthelmintiqucs intérieurem~nt, car les hydatides s'accompagnent
toujours de diathèse vermineu&e particulière, entéritique. A11
reste, ce n'eat pu seulement dans la matrice que les hydatides
peuvent '8 former ; les observations ci-apre& prouvent le
contraire.
Obser11atio11 première. - Hydatides dans la poitrine et la
fosse ssus scapulaire. Le sieur Phi. Cor •.. , tonnelier de Béziers,
portait depuis long-temps une tomeuc contre nature qui simulait une gibosité scapulienne. Je fus consulté: ~a g~ne de larespiratien , la douleur sourde q1rn le malade éprouvait , me firent penser que la poitrine n'était pas sans jouer un rôle d:\m;
cette affection , surtout le voyant atteint d'une toux sèche et
inquiétante. Dès-lors, je portai mon attention sur cette tumeur
dont l'indolence et la mollesse me frappèrent. Bientôt je m'appergus qu'elle prenait naissance dans la fosse sous-scapulaire,
et j'en propos~i l'ouverture ; le maladc y consentit , cette
fausse gibosité le tourmentait, il lui tardait de s'en débarrasser;
j'ouvris donc la tumeur vers la base de l'omoplate ; mais à
peine fus-je parvenu dans la. fosse sous-scapulienne, que je
'Vis s'élancer une quantité étonnante de vésicules rondes pins
ou moins Brosses, que le mouvement de la toux projettait à
une distance très-grande. J'introduisis le doigt dans l'ouverture et à trners un e~pace intercostal ouvert; je 1'is que le
foyer principal partait de l'intérU:ur de la J.'Oitrine. J'excitai
le malade à tousser ; et à la faveur de quelques injectious
chargées de ruuriate de soude , il fut guéri sans presqtie de
1oppuration. Depuis , il n'a plua donné de signe de récidive ;
la gilrosité a disparu ainsi quci l'eiioufflement, et la santé s'es~
eomplèteDlent rétablie.
�( 56 )
servais chez la malade dont je lui avais parlé quelque
Observat ion deurièm e. - Hydatide s dans lajàsstl orbitaire •
Le sirur Joseph Plan ... , de Man ... , jeune homme de 26 an
au plus, sentait depuis quelque temps la faculté cle voir a"affaiblir de plus en plus dans son œil droit ; oo voyait le globe
de plus en pins proémine nt sortir peu à ptlu de l'orbite ; la vue
était presque perdue et l'œil offrait un aspect hideux quand
je fus consulté ; je l'examina i attentive ment et je reconnuli
que dans le food de l'orbite quelque congestio n particuliè re fesait effort contre lui , tendait à le chasser , en tiraillait outre
mrsure le nerf optique, et semblait le paralyser . La conjoncti ve
était couverte de phlyctène s assez étendues , et la pupille dilatée
sans presque de mouveme nt. Je vis qu'il n'y avait pas d'autre
parti à prendre que d'aller par-desso us le globe de l'œil jusques
dans le fond de l'orbite et de v uider le dépôt quel qu'il fut.
Le malade en sentit la nécessité et j'iociiai sous le globe même,
mais avec l'attentio n de ne pénétrer dans le food du foyer qu'avec un instrume nt rnous6e , pour ne pas incis~r les mu&cles moteurs de l'ceil, ni les filets nerveux qui s'y rencontre nt. Je me
servis à ce sujet d'une spatule d'argent et dès que je fus parvenu derrière le globe, il sortit avec de la sfrosilé une tren.
taine de petites Tésicules de la grosseur da petits pois qui formaient une grappe d"hydatid es assez volumine use, j'injectai le
fonJ de l'orbite avec une décoction de qui na légèreme ntanim ée
de sel ammonia c; je scarifiai la conjonct ive, je rentrai le globe
de l'œil dans sa position; le malade est guéri et la vue n'a
rre5que ras scuffe"rt de dommage .
OLservat ion troisième . - Hydatid es dans la vessie. Un
paysan d'un village ~ oisin vint me consulter , il y a cinq ans;
il me 1lit, avec la bonhomie paysanne , qu'il urinait dessèche s,
pissi de cepios , c'~,t-à-dire , qu'en urinant , il renilait des
sèches ( in~ecte marin) par le canal de l'urètre; il m'en montra
qu'il tenait dans un papier et se mit même à uriner devant moi,
pour me donner une idée de u maladie. Après queI,1ue1 efforts,
il me dit: en voilà une, et effectivem ent il expulsa aYeC force
11ne petite bourse vuide , frani;ée q'u11 côté et que je reconnus ,
,aiqsi que pluiieors autres riu'il rejeta de :rnite, pour du hyda-
�( 57 }
temps auparavant; mais très-confusément. Son avis fot
tides que la vessie contenait. Je le mis à l'usage de quelquu
.,!;mèdes amers , el après l'avoir sondé pour me convaincre de
la 1ituation de la ' ' essie, je lui fi& faire des injections de même
~•tore, avec l'huile de ricin et one décoction de fo11gère.
Bientôt cet homme fut d.ibarrassé de ses prétendues ièchei et
il s'en a pl us rendu depuis.
Obs~rvation quatrieme. - Hydatides sous le crâne. Une
fecpme de Quarante, près de Béziers , vint me consulter , il y
a à-peu-près diii: ans, poor une douleur de tête iatolérable qui
la tourmentait depuis long-Lemps, vers la bosse frontale du côté
droit. Elle avait déjà mis en usage , sans succès , un 11ombre
infini de remèdes; elle m'en fit l'énumér:lLion, eL, comme les
médecins q.ui les lui avaient conseillés, étaient tous du premier
nng , tels que les Bartliez , les Vernier el autres , je ' ' Ïs que
tout ce que la médecine pouvait iadiquer de bon avait échoué,
et je dis à celle feoome que je ne voyais rien èc mieuit que de
hasarder une couronne de trépan sur ce point , sans cependant
imaginer qu'elle étai1 la véritable cause du mal , que je croyai:t
n'être qu'une matière âcre, qui pouvait irriter la dore-mère
ou le cerveau. La malade refou et fut à Montpellier eonsulter
le célebre Fouquet qui, voyant co~me moi , qu'~I restait peu
de ressources à tenter, lui dit : "le conseil de M. Bourguet
n'est pas à négliger, allez et dites-lui que je l'approuve et priezle de m'instruire du succès» . La malade revint et me fit part de
l'opioion de M. Fouquet et du dessein qu'elle avait de suivre
me& His. Je fas à Quarante; je la trépanai, et", soit dit en
passant , voulant éprouver si le pliricràne ut sensible dans la
tact phy1iologique , je lui demandai , en le rui:in:int , si elle
souffrait; elle me répondit négatinme11t. A peine la couron11e
eut-elle pénétré àans le crAne, il ~e pré&enta un paquet d'hydatiùes du volume de la plus grosse grenaiUe. J'en fis l'extraction,
elle• étaient au no111bre de plu1 dt: deux cents; j'injectai ,après
les noir enlevées, une d§.coction d'absinthe e• de quina. La
malade me dit qu'il semblait qu'on lui ôtait le mal comme auc
la maiin, et elle fut tellement satisfaite, qu'elle ajouta , en pré-
1'. VII. Jan~ier 1824.
2
�r 58 ,
qu'il s'agissait d'une gl'Ossesse hydatideuse et qu'il fallait
insister sy1· les_ anthclmintiques, les bains amers , les
anlis .1asmodiques , etc,
Le 3 octobre ; vers les deux heures du matin , je fus
appellé : des douleurs lombaires et une perle en rouge
pP.u abondante vena·nt de se déclar!'l'., cessèrent vers les
.six heures, Pendant ce moment de calme, l'évacuation
d'eau se fit comme à l'c.>rdinaire. Il en sortit une quinzaine. de livres, alors j'essayai de dilater l'utérus , mais
ce f4t impossible; je.ne Gs qu'occasioner des souffrances
à la malade aa1}s r~tirer d'autre avant;ige que celui
de •m'assurer qu'il i·eslait encore quelque corps dans la
matrice ; qu'elle ne s'était pas complètement vuidée et
que ' lt:!s porois étaient plus dilatées que les autres fois
cela par quelque corps étranger qui devenait la source
dl' rette énorme quantité d'eau. Mais qu'elle était la
~ource extraordinaire Qe ce liquide/ Était-ce une hydropisie utérine 1 Quel corps. ea était l'organe sécréteur 1 Il
n'y a pas là de membrane sér~use, et à moins d'un ren·
versement de& lois de notre économ ie, la muquease
1
qui en• revet la cavité, n'est nullement apte à une semblable fon<:tion. Dans cette incertitude, je crus trouver
une expliêation de ce phénomène surprenant , dans
'l'existence des Hydatides que je soupçonnais depuis bien
1ong-teh1ps , existence qui m'avait été confirmée et par
un médeci_n doué d'un rare inérite et d'une expérience
acq•Üse par une ~ajne pratique, et pa.r cette alternative
d ,.. tlul} &anguins et aqu~.ux qu'on peut ranger aµ nornhre
de$ signes caracléri.stiques de cette terrible malt1die. Je
et
1
,!en ce de· m~s é!Pves , qu'e i~ ne serait rpa,s f;î.clit!ç de s'en' la issu
faire aulaJJl,,.Je l'autre côté , d . crainte qu'i~ s';y.,forn;ia de ces
.., "'"·La rna.laile fut .guérie el elle ne. m1rnrut que aep! ans aprèi
d'une malaLlie hi~n différente. J'ai conservé de cca h)da1ide1
dans mon petit muséum,
�it
~$
ls
e
n
'(
59 )
pe'llsai que cet épanchement extraordinaire de liquide
n'était autre cho8e que le supernu ou l'excédant de la ·
nutrition de ces animaux p;irasitcs, et seulement un
symptôme de plus, mais non une malilùie sui wnnis ,
et que pour parvenir à une entière guérison , il fallait
enlever la cause et conséquemment détruire ces vers. Je
voulus d'abord faire continuer les anthelrnintiques pris
intérieurement , mais je lîs 1·éflexion qu'ils n',, gissaient
qu'indirectement sur ce!! hùtes malfaiteurs elo1gnts du
tube intestinal et qu'il convenoit de les attaquer dans
leur repaire même.
L'exécution dé mon projet ne fut pas ajournée. Vers
midi du même joklr , je fis préparer une pinte de décoction de racine de fougèi•e màle et de mousse de Corse,
et à l'aide <l'une seringue à malri«e , je la fis parvenir à.
sa destination. Le liquide resta jusqu'au soir sans donn er
lieu à aucune douleur, Vers les huit heures , il s'en
déclara de très-vives et enfin l'utérus , pa-r ses cont1 ac ...
tions répétées , cxpulsoi un kiste assez volumineux. Il
contenait environ six onces d'un liquide sen::blable à. de
la lie de vi:1 blanc détrempée. II n'étuit formé que d'une
membrane mince , assez anal1.1gue à du pal'Ch~mia.
mouillé ; elle était exactement ronde et fermée. Je ne
l'ai pas à ma disposition, parce qu'un chien qui se tenait sous le lit l'avala.
Du 3 octobre jusqu'au 8 du même mois, plus d'évacuation utérine , mais chaque jour fut marqué par des
-accidens nerveux les plus singulir1's. Qu'on se fi gure
la réunio11 de tout ce qu'nnt écrit les auteurs sur l'histéricie et on am·a une idée de cc gui eut lieu chez 110tre
malade. On peut bien dire s:ins eirngératiou qu'il n'est
auc1rn symptôme nerveux qu'elle 11'ait épi ouvé. Je crois
pouvoir me dispenser d'entrer d ans de plus amples détails sur ce sujet , à moins de t0mber da11s des répétitions fastidieuses.
�( 60 )
Le 8 octobr e, nous revîmes dom: la perte rouge ,
symptô me précur seur de la blanch a qui ne se porta
ce jour-là qu'à huit à neùf livres; mais les coliques
forent si vives , que malgré tous les moyen s imaginables , elles persist èrent jusqu'a u soir , de sorte que
la malade ne croyai t pas y surviv re. Les bains ne firent presqu e rien , il fallut en venir à l'opium , qui ne
produi sit un effet notabl e, qu'en le portan t à la dose de
huit ~raim' , pri.~ gradue llemen t. La malade ne dormit
pas plus d'une heure , cepend ant les deuleu rs se calmèren t et la nuit fut bonne.
'Le 9 , au matin, sentan t la matrice volumi neuse et
bien qtt'il existât encore quelqu es tranch ées , je fis
une inj~clion de deux pintes de liqueu r anthelm intique .
Rien ne survin t de deux heures . Au bout de ce temps,
de.~ douleu rs sembla bles à celles de l'enfan
tement se
déclarè rent avec une violence excessive. L'expl oration
de l'utéru s me fit alors rencon trer un coPps mollasse engagé à son orifice , dont je fis l'extrac tion. Ce fut une
second e poche bian différente de la premiè re; beaucoup
plus volum ineuse , sa surface externe ridée , paraisM it
altérée et avoir souffert <le la part de l'inject ion. Elle était
l'onde , seulem ent un peu applati e d'un côté , où s'insèrent deux goulots d'un tiers de pouce de diamèt re et
d'un pouce et demi ou enviro n de longue ur , et situés
à un pouce de distanc e l'un de l'autre. Ils présen tèrent
quelqu es inégalités sur leurs bords, ce qui prouve qu'ils
avaien t fait corps avec un tube beaucoup plus long d'où
iJs hvaien t été arraché s. Je déchira i le kisle pour voir
ce qu'il conten ait et je le trouvai rempli d'une infinité
de corps spongi eux de la gross~ur d'une fêve de haricot , isolés ou bien réunis entr'eu x par quelques filamens déliés et peu longs. Leur substan ce était assez
analogue à celle du plaœnt a. La structu re intime de
la poche était bien différente de celle de la précéd ente.
�( 6r )
Elle est composée de trois membranes bien distinctes,
dont l'interne. assez analogue à une muqueuse, poate
des rides , ou des e&pèces de prolongemens très-prnnoncés.
A l'exception de quelques coliques , qui étaient sans
doute la suite des efforts violens qu"elle a'•ait essuyrs,
la malade fut:assez tranquille ( embrocatioas huileuses
camphrées , fomentations émollientes )·
Le Jendemain 10 octobre, rit>n de remarquable.
Le 11 , vers les cinq heures du matin 1 retour des
convulsions très-vielentcs, tremblemens, roideur tétanique ; le corps était arcqué de telle sorte , qu'il n'ap ..
puyait au lit que par la tête et les pieds ; de temps en
temps un moment de relâche arrivait et pendant cette
espèce de détente, le corps, par un mouvement cunvul1if des muscles, s'élançait en l'air à une certaine
distance du lit, comme s'il eut été élastique et s'arcquait de nouveau. La déglutition était impossible, les
sens suspendus; néanmoins les muscles de la mil.chaire
n'étaient pas pris. De temps en temps la malade poussait èes cris qui ne ressemblaient pas mal à des hudemens affreux. Je la fis plonger dans un bain tiède où
elle surnageait, phénomène que le docteur Pomme dit
avoir observé très-fréquemment. Il fallait ici la presser
fortement pour la retenir au fond. Au beut d'une heure
et demie le ealme reparut, et l'accès finit par des pendiculations. Je lui fis prendre ensuite des bola avec
l'assafœtid11, le camphre et l'extraiWe valériane alternés ave<: quelques cuil1er~es d'une potion anthelmintique.
Le soir , elle poussa quelques selles muqueuses où se
trouvèrent quatre ou cinq vers lombricoïdes. La nuit
fut bonne et je pensais que les convulsions ne reviendraient plus , parce que je les cro.}'ais uniquement
occasioaés par la préseRce des vers dans les premières
v.oie5 , mais il y avait encore une autre cause , comme
�( 62 )
on le verra, et l'accès nerveux ne manqua pas de re~
venir.
Le I 2., vers lei cinq heures du matin , l'accès parut
avec plus d'intensité que la veille. ( Immersion dans
l'eau tiéde), La roideur tétanique et les convulsions cessèrent au bout de deux heures. Je fis continuer les bols et
voyunt que ces paroxysmes revenaient périodiquement
à cinq heures du matin, je prescrivis, pour le soir,
]a décoction de deux gros de quina , combinée avcG
quelques antispasmodiques. La nuit fot bonne, mai~
pumt de sommeil.
Le r3 octobre, point de paroxysme , excepté quelques mouvemens eonvulsifs de courte durée. (Continuation de la po1ion fébrifu3e et des bols d'a&sefœtida ).
Le I .f , rien ne survint.
Les 1 5 et I 6 furent également sans paroxysme , mais
voyant que les forces de la malade étaient suffisantes ,
je fis une injection , parce que le bas-ventre était trèsdfreloppé. Elle resta et ne donne lieu qu'à quelquu
tran::hées qui , à la vérité, empêchèrent la malade de
dormir,
Le 17 , dans la matinée, tout était dans le même état
que la veille , ce qui m'engagea à faire une nouvelle
injection , mais aiguisée avec le sel marin et le vinaigre.
Un instant après, les contractions de l'utérus que j'a~aii
voulu soli ici Ler, furent si vives, qu'il expulsa spontané 1~en1 un troisième ki~te parfaitement &emblable au
premier et non a S.<4;0
c'est-à-dire , exactement
formé et ne contenant qu'un 1quide hlanchâtre.
Le I 8 , la journée fut bonne et à l'exception ,e._ qot'lqu 'S acci•lens nervt:ux 1 cet état dura jusqu'au 5o octobre,
La hoisson journalihe fut la tisane de fougère mâle ,
un peu acidulée avec le suc de citron ou l'acide sulfuri<pe , pour prévenir les hémorragies utérines , qui
parfois nous inquiétaient beaucoup. Elle prit enc,ore un
�( 63
J
peu d'huile de ncm et quelques bols d'assafœtida et
de camphre. Ce calme fut très-utile pour réparer les
forces épuisées et résister aux assauts qui se prép<1raient.
Le bas-ventre, qui dans Jes premiers jours était pres•
que dans son état naturel , acquit toltl- à-coup un trè~
grand <1i..croissement. Dans cet état de chose, je pensa i
qu'il n'y avait rien de mieux à ~11ire que de r eprendre
les injections que j'avais suspendues. J'en fis d'abord
quelques-unes (simplement avec Ja décoction d ~ fougi re
et d'helmintocorton, d.ms la crainte de trop irriter la
matrice) qui ne prnduisirent aucun effet sensible , je
concentrai un peu plus la décoction et l'aiguisai avec
l'hydro-chlorate de sodium et le vinaigre.
Le 3o octobre , je fis -celte injection ain-Bi préparée.
Un instant après les douleurs el 1es efforts furent trèsvifs et nous fîmes l'extraction d 'une quatrième poche
volumineuse, engagée dans le va gin. Sa couleur annon~ait que l'injection avait fortement agi sur elle ; elle
semblait avoir été mise en macération dans quelque
rnen,,Lrue et était c,onformée t.le la même manièf.:! que
la seconde des précédentes , 'c'est-à-dire, composée de
trois RJembrancs distinctes , surmontée de deux goulots
et renfermant également un grand nombre de corps
spongieux analogues à la substance du plucenta. Après
son extraction, un llux d'eau entraîna plusieurs fragmens de tuyau qui paraissaient avoir fsit pa1:tie des
goulots encore aùhérens à la poche. L'un d'entr'eux
était bouché à l'un des deux bouts et formait sans doute
l'extrémité du tube. Ces fragmens pouvaient faire en
tout une aune et demie ; leur capacité allait en diminuant
insensiblement depuis le goulot qui permettait l'introduction du petit doigt jusqu'au dernier fragment obturé
qui laissait à peine passer un tuyau de plume à écrire.
Ce qui me surprit le plus, ce fut de rencontrer parmi
tout cela un corps cylindroïde, du volume d'un gro,i;
�t 64)
lombric ouvert à ses dcuic extrémité s , dont l'une plus
grosse que l'autre ; composé de cercles cartilagin eux
formés , à leur ,tu~r, par quatre sections de cercle·
réunies entr'elles par une membran e interne qui en
forme la cavité et par quatre plans de fibres mu~culaires
dont dc::ux, c'est-à-di re , le supérieur ou dorsal et l'inftirieur ou abdomina l , sont plus prononcé s que les latéraux. Ils paraissen t destinés , ces plans mu5culeu x, à
faire exécuter certains mouve1"Hens aux: cercles cartiJagineux , à les faire entrer les uns dans les autres et
raccourci r par-là le corps du ver ( car je compris que
c'en était uu ) et à les étendre ensuite et allonger ainsi
ee ver , qui peut être comparé à un tuyau de pipe
élastique. Voilà pou1· ce qui concerne la descriptio n du
corps de ce yer extraordi naire qu'on peut regarder
comme nouveau ; la tête , dont nous parlerons par anticipation , puisqu'ell e ne sortit que quelque temps
après , est plate ; cartilagin euse et présente à sa partie·
inférieure une ouverture longitudin ale formée par . deux
espèces de petites mâchoire s placées une de chaque
côté et qui ont la propriété de se rapproche r l'une de
l'autre par l'action des m1Jscles, _lorsque cet animal
est en vie. Ces mâchoire s sont d'une sub;:,lnnce égalemen t
cartilagin euse, mais un peu plus dure , plus compacte
que les cercles qui servent à former le corps , et trè11analogue aux os des mtichoire s des poissons, Elles
sont surmonté es d'une petite éminence à leur base ou
extrémité postérieu re , qui a la forme d'une dent canine, leur extrémité antérieur e est dépassée par une
espèce de petit museau plat et qui fait partie intéwant e
du cartilage qui sert à former la partie i;upérieure de la
tête.
Du 3o octobre jusqu'au 8 novembr e, rien de particulier ne se manifesta excepté quelques symptôm es
n~rveux, Durant ce court intervalle , l'abdomen acquit
�( 65 )
un très-grand volume , ce qui m'engagea à faire dans
la mlltinée une injection aiguisée comme à l'ordinaire.
Vers midi, les douleurs fur.ent très-vives et l~s efforts
excessifs; expulsion spontanée d'une cinquième poche
un peu moins volumineuse que les précédentes , mais
parfaitement semblable à la dernière , et soit dit en
passant, une fois pour toutes, celles qui sortirent après
celle-ci furent exactement conformées de la même rnanière. Après elle, vinrent plusieurs fragmens de tuyau
qui faisaient ensemble deux pieds et demi de long. L'un
d'eux était obturé à une de ses extrémités. Un flux
d'eau entraîna encore un second fragment du ver cartilagineux.
Du 8 novembre au 16, rien de remarquable, excepté
les accidens nerveux, qui revenaient avec upiniàtreté.
Le I 5 nO\'embre , j'avais fait une nouvelle injection
· utérine simple qui fut sans effet.
Le 16, j'en fis une nouvelle , mais aigui!lée avec le
muriate de soude et le vinaigre. Deux heures après,
douleurs vives, efforts réitérés et expulsion d'un kiste
( iixième poche ). D'autres efforts chassèrent une abondante quantité d'eau qui entraîna trois fragmens de tube
d'environ deux pieds et demi de long, dont l'un bouché
à une extrémité ; un fn1gment du ver articulé vint aussi.
Alors , les douleurs et les efforts cessèrent et Je rnlme
dura pendant deux hewres , après lesquelles les efforts
reparurent et huit vers entiers, d'une nature particulière,
ou du moins bien différens ùes cartilagineux, furent
entraînés avec des mucosités; ceux- ci ne sont pas articulés; ils sont de la grosseur d'une aiguille à tricoter,
longs de deux pouces environ, aigus à leurs extrémités
et parfaitement blancs. Ils sont , ce me semble , de la
nature des as~arides , mais bien dilférens des lombricoides par leur petitesse et des vermiculaires , par leur
T. ~U. Janvier 1824.
9
�( 66 )
plus gro!I volume ; ils paraissent tenir un intermédia ire
entre les uns et les ~utres.
Du rG au 23 novembre, tout fut bien, moins de symptômes nerveux ; quelques coliques ai1sez vives d:ins cet
invervaHe; tension de l'abdomen. Le 22, j'avais ,fait une
injection aiguisée qui ne produisit rien, aussi le 23 je
la réiterai et je l'auimai un peu plus, Bientôt les douleurs se déclarèrent et les efforts fure11t trè•-violen s 7
de sorte que l'utérus expulsa brusquerne nt une grande
poche et un fragment de ver articulé où teuait la tête
que j'ai décrite plus haut, Douze aLttrcs vers du genre
des ascarides sortirent apres. Le r~sultat de cette journée était intéressan t, mais nombre d'accidens neneux
de la plus grande intensité accompagn èrent cette evacuation, et ils furent, ainsi que des coliques affreuses,
calmés par les antispasmo diques, les opiacés , de concert avec les bains tiédes , les fomentatio11s émolliente s•
les embrocatio ns huileuses, etc.; mais, malgré cela, elles
revinrent avec opiniâtreté jusqu'au 27 du même mois.
Cependant , le trente novembre , noua v1mes que
l'hydre terrible relevait ies têtes formidable s et n'nyant
en notre pouvoir d'autre arme pour lei. abattre que
celle que nous lui avions déjà opposée avec quelque succès , nous résvlô.mes , encourage par la malade , qui
peut être citée comme un modèle de patience et de
ftrmeté, nous résolô.mes , dis-je, d'auaquer cet ennemi toujours dans son retranchem ent, et par le même
moyen qui, disions-nou s, devait compléter la victoire.
En conséquenc e, je fis une injection légèrement aiguisée,
dans la crainte de trop irriter l'utérus. L'effet, quoique
long , n'en fut pas moindre pour cela et dans J'aprèsmidi, l'utérus expulsa une huitième poche très - volumineuse avec dix vers du genre des a1<carides , un fragment de ver cartihii:;ineux san11 têle et un groupe da
corps oviformes , semblables à des œufo de poisson
�'.
( 67 )
de la grossèu r de11 grains de millet , tous ~dhél'ens à.
une espèce de membr11ne ligament~use et trè~-rapprochés
)es uns des Butres,
Dans les quatre premier s jours de décemb re , des
11ccidens grnve11 (r) se manifes tèrent. Des coliques très(1) n n'e•t pa& étonnan t que du oorps étranger s pareils à
ceux que la matrice clc la molade contena it, donnass ent nais&ance à des accidens nerveux formidab les ; sans cr~se agacée
par
h préaence de cleux inseates d,un volume assez c.:imidé rable,
puisque le& fra;men~ remis donnent à .:hacnn au moins troit
q1rart1 de mètre de longneu r, elle ne pou,· ait qu'~tre excitée
pat
leurs mouvem cns , car il est probable qne ces Jeux parasite1
voyai;~~ient d'uné poche dans l'autre à l:t faveur
Jes coromuni~
c11lion6 établies par les Lubes qui de l'une 6e rendaien t dans
uné
autre , et qu'ils y déposaie nt 1oit l~urs excréme ns, ou leurs
œufv , d'où naissaien t les vers filiforme s qui s'y sont rencontré
&
et qui , ai la maladie ne se fut terminé e, eussent peut-êtr e
acquis le volume des nulre& ; ri est encore probable qu'ils se nourriuaient , dan& ces poches , des diverses matière& non-org
anisres -11.1e l'on y~ trouvée s; a.t dès-lors , soit par la dilatatio
n
~ontinuelle Jes parois de la matrice , dué à IR &Ûccessi
ve augmeatatio n des pochc11 , des vers et des sérosité1 que leur pré~cnce attirait et dont la q-uantité éYacuée · été
énorme , soit
qu'elle fut stimulée par l'~cl'ÎIOonie des ]c,•ains excréme nteux
,
la motric~ entrait dans des monveme n& con,•ulsi fs qui se répétaitnt sympath iquemen t sur toutès l•s parties. Enfin, il
est
prohoble c;ue les ovaire1 ne se sont trou,·és boTS des po,cl1e&
,
ainsi que les cotylédon& placentif ormes , qu'à oause de l'orgoni1atiAn spontané e des matières que le point d'allroct ion utérin
ne
cessait d'appde r. Ce qui prouve qnc ces vers voyagea ient d'une
poche dans l'autre~ J. faveur des tubes de commun ication,
c'est
que ces tube1 en cul-de-s ac ne sê refnmai~il't que par une
soùpape mobile et telle qu'elle pen'oetta it aux v~ù1 dè passer de
l'un
da°' l'autre, mais non àux di,·erscs matil-res de commun iquer
eotr'clll' s , •oil à' pourquù i tille po.-he ccntrnai t des vers ;
tells
autre, delmatit lre1 spongieu se''; tèlla' :i:utre·,- dcsiéro sitéi,
elc.
�( 68
l
vives firent place à une ménorrhagie copieuse , que
nous parvînmes à arrêter à l'aide des antispasmodiques,
des astriogens et des boissons acidulées, Les jours
sui vans, le calme reparut et l'abdomen acquit une grande
amplitude, mais moindre que lés autres fois.
Le 8 décembre , je fis une injection anthelrnintique
simple. Elle fut retenue jusque!' à midi sans donner
lieu à la moindre douleur; alors elles se déclarèrent
et augmenthent même progressivement et à un tel point,
que les convulsions en furent la suite. L!:ls efforts étaient
très-violens; je puis même dire que jamais femme enceinte
n'en a eu peut-être <le plus considérables, et rependant
ils n'aboutirent à rien. Je pensai dès-lors que l'utérus
ne ronlt!11dit plus 1 icn , car il ét.IÎt bien moins dévelor;.ié que les autres fois , de même que son col, qui
n'ofü ait pas la moindrll dilatation; ces douleurs et ces
efforts extr.wrdinaires ne tenaient, selon moi, qu'à
l'influence qu'exerce sur les maladies nerveuses ou Gonvulsives, la puissance de l'habitude. Cette idée me fit
mettre en usage les antispasmodiques qui ne produisirent aucun effet, il n'y out que l'opium ; à la dose
de deux grains , qui réussit en procurant un doux
sommeil.
Le lendemain, 9 décembre, à son réveil , cette pauvre
femme fut de nouveau en proie à des douleurs atroces,
qui augmentèrent jusqu'à midi. Je pensai alors que,
quoique beaucoup moins développé que les autres fois ,
l'utérus pouvait bien contenir quelque kiste, mais que
Quand aux deus poches isoiées, peut-~tre n'ont-elles paru telles
que parce que lei tube& de communicatioe en ont été arraché&
et ont ainsi laissé la soupape qui formait le cul-de-sac des tubes
tronqués, Je con&erve toutes ces piècea dan& de l'alcohol , o&
pourra les ,-oir quand on voudra.
�( 69 )
ne se trouvant pu rempli comme précédemment par
cet amas énorme de liquide excédant de la nutrition
de ces animaux parasites , ce viscère sollicité à ces
contractions soit par leur prtsence , soit par l'influence
nerveuse, ne trouvait, pour ainsi dire , à réagir qu~
sur ses propres parois 5ans pouvoir expulser les kistes
par le peu de prise qu'il avait sur eux , d'où résultaient 11es douleurs excessives qui tourmentaient la
malade jusqu'à la faire tomber en syncope ou dans des
mouvemena convulsifs. Dans l'intention de remplacer
ce que n'avait pM fait la nature , j'injectai trois pintes
et tiemie d'une décoction émolliente. Les douleurs furent
d'abord suspend11es , quelquei instans après les efforts
survinrent et une neuvième poche volumineuse avec
une grappe de petits œufs , semblables aux précédens,
furent expulsées sans le moindre accident et avec la
plus grande facilité. Quelques fragmeos <le tuyau , dont
un bouché à une de ses extrémités et présentant beaucoup d'aspérités , sortirent avec un flux d'eau. Cela fiiit,
tout rentra dans l'ordre jusqu'au 16 décembre.
16 décembre. Ce jou1·-là, le bas-ventre offrant un trèsgrand développement, je fis une injection aiguisée comme
à l'ordinaire , et ce ne fut ei:ue le soir que la matrice expulsa une dixième poche aussi volumineuse que les précédentes. Après c!'Ja, le toucher nous fit rencontrer un
autre grnupe de corps oviformes dont nous fîmes l'extraction ainsi que de quelques fragmens de tuyau, faisant
en tout trois pieds environ de longueur. L'un d'entr'eux
est bouché à un bout. Le groupe d'œufs est semblable
aux précédens avec cette différence que la membrane
ligamenteuse qui leur sert de pédoncule ou d'ovaire, est
beaucoup plus longue et s'étend au-delà. D'un côté , elle
est large et présente de loin en loin des espèces de colonnes charnues ou brides qui lui donnent l'aspect d'un
conduit-qui a été dilacéré. Du côté oppesé de l'ovaire t
�( 70 )
I
cet te e.~pèce de lig am ent
se bif urq ue dan s l'ét end
ue
d'e nvi ron deu x pou ces ;
l'un e de ces deu x bra nch
es n'a
rie n de rem arq uab le ,
ma is l'au tre l'es t assez.
en ce
qu' elle por te ver s son
mil ieu un cor ps ovoide
de la
gro sse ur d'u ne noi set te
, rec ouv ert d'u ne pellicu
le trèsM
mi nce , qui con tien t une
sub sta nce pul peu se , ana
log ue
à cel le que nou s avo ns
ren con tré e dan s les grn
nde1
poc hes qui offrent ici une
diff'érence bie n rem arq uab
le
ave c les pre miè res . En
effet , nou s avo ns dit que
les
hu it pre miè res ren fer ma
ien t un nom bre infini de
pet its
cor ps spo ngi eux sép aré s·
ou sim ple me nt réu nis ent
r'eu x
par que lqu es filamens dél
iés ; les qua tre der niè res
, au
con tra ire , c'e st- à-d ire ,
les neu viè me , dix ièm e ,
onz
ième et dou ziè me n'e n con
ten aie nt que deu x , ma is
bea
ucou p plu s gro s. Po ur en
don ner une idé e plu s jus
te , je
les com par e , ave c ass ez
d'a nal ogi e , à deu x pou
mo ns
<l'oiseau. On peu t les div
ise r en faces et en bo rds
; ces
der nie rs n'o ffre nt rie n
de par tic uli er, mais leu
rs fa~es
on t cel a de rem arq uab le
, que l'un e d'e lle s, qu'
on peu t
san s dou te app ele r ext ern
e est con vex e, pré sen te
qua t1e
rai nur es peu pro fon des
qui for me nt cin q pet its
10b
es ;
l'au tre , ou int ern e , est
lég ère me nt con cav e et offr
e des
tra ces de vai sse aux et de
déc hir ure s, Le ur sub sta
nce est
spo ngi eus e et diffère de
la pul mo nai re en ~e qu'
au lieu
d'y ren con tre r des tâc hes
ble uât res , on n'y rem arq
ur.
que des stri es en forme
de z.ig - z.ag. Un fra gm
ent
de
ver art icu lé sor tit éga lem
ent ce jou r-là .
23 déc em bre . Qu elq ues
dou leu rs par ure nt dan s
la ma tin ée et ces sèr ent bie
ntô t aprèli ; pen san t alo
rs que
l'ut éru s ava it bes oin d'u
n exc itan t pou r ,,;olfüi
ter des
con tra ctio ns un peu vig
our eus es, nou s fîme.~ l'in
jec tion
aig uis ée com me à l'or din
air e. Ce ne fut que le soi
r à hu it
heu res que les dou leu ri
fur ent plu s vives et l'ea u
inj ect ée
fut exp uls ée san s rés ult
at. Je ten tai une nou vel
le injec tio n qui i;ollicita viv
em ent l'ac tio n de l'ut éru
s et une
�( 7t }
onz.ième poche vo'lumineuse fut expulsée ; outre IP.s
deux corps .spongieux: , elle en contenait un autre de
forme olivaire dont la pellicule mince et déliée , renfermait une substance pulpeuse analogue à celle de.s
deux gros morceaux. Vinrent ensuite plusieurs fragmens de tuyau faisant en tout la longueur de deux pieds
et demi, dont l'un d'eux était bouché à une extrémité,
et deux fragmens encore du ver cartili1gineux , dont l'u1'
portait une tête. Peu de temps après, un nffiu~ d'eau emmena une autre espèce d'ovaire où la liissection m'a fait
rencontrer plusieurs cerclas cartilagineux semblables à
ceux qui forment le 1mrps du ver que j'ai décrit , ce
qui tendrait à faire croire que cet animal en avait été
aéparé pa~· quelque accident , coml!le, par exemple, par
les efforts répétés ou les contractions µtérines. En
p.oursuivant l'examen de cette grappe de corps, j'ai remarqué que cette espèce de conduit formé de cercles
cartilagineux se prolonge dans l'intérieur de cet ovaire ,
a'y divise et s'y subdivise de manière , sans doute , à
aller communiquer avec chacun <le1> petits œufo. Eit-ce
que ces corps étaient adhérens au ver ainsi que les deux:
j!spèces de poumons et en forrrniient-ib la queue 1 C'est
ce que je ne décide point, mais ce que je présume.
L'autre extrémit,é de l'o~·aire est terminée par un c011duit
assez large. Un corps de forme olivaire tel quP. ceu:ic
que nous avions rencontré précédemment, y était faib}em.ent adhérent entre l'ovaire et le conduit. Rien dct
particulier n'eqt lieu jusques f!U 3o décembre, à l'ex·
~eption de quelques accideni nerveux.
3o d~cembre. Le bas-ventre était voluminr.ux. Quelques tranchées me parurent ~tre un nouvel effort de la
nature , que je favorisai avec uqe injcctioq comme précédemment, injection qui resta jusqu'au soir et détermina
l'expulsion d'une douzième et dernière poche. Elle contena~t,. outre le.s deux col'ps spongieux , deuJ!: autre.s.
�( 72 }
corps. de forme olivaire, analogues à ceux déjà décrits ,
qui contenaie nt une substance pultacée dont l'entier
développe ment l'aurait sans doute rendue semblable à
celle renfermée dans les grandes poches.
Après la sortie du kiste, les douleurs persistaie nt et
étaient suivies de convulsio ns. Une injection émollient e
procura l'issue ~de plusieurs portions de tuyau '· dont
l'une bouchée , et de deux autres fragmens de tube qui
différaien t bien sensiblem ent des précédent es ; ce sont
deux espèces de trépieds d'une inégale grosseur. L'un
deux , le plus con sidérable , a sept pouces dè long ; ses
deux extrémité s sont ouvertes , l'une présente le diamètre d'un demi-pou ce, et l'autre celui d'un quart de
pouce seulemen t , parce que le tube va en diminuan t.
Du côté de l'1:xtrémi té, la plus grosse· à environ deux
pouces de sa longueur , ce tuyau donne naissance à deux
autres tubes qui, à leur origine , peuvent à peine admettre un tuyau de plume à écrire , ils vont ensuite,
réunis par du tissu cellulaire aesez lâche, en augmenta nt
de capacité pour diminuer de nouveau, en se terminan t
par un cul-de-sac , à environ un pouce et demi de la
petite extrémité du tube principal dont ils se trouvent
séparés distinctem ent en cet endroit. Le second trépied
est absolume nt &emblable au premier , si ce n'est qu'il
est beaucoup plus petit.
I ci finit l'histoire de cette maladie siugulière , qui
méritera sans doute de figurer parmi le& cas rares que
renferme nt les annales de la médecine . Le ver extraordinaire que j'ai -Mcrit peut ètre considéré cumme nouvellemen t découver t, car je douta qu'aucune helmintologie humaine fasse mention d'un animal semblable .
J'offre cette observati on aux savans , telle que je l'ai
faite et la sou.mets à leurs réfl.exions. Peut-être la trouveront-ils digne de leur attention et y verront-il s l'existence de cet état vermineu x essentiel qu'on s'efforce el'l
�( 73 )
vain de nier ; car, sans me permett~e de décider fa
question sur l'origine et la formation de ces hôtes ,
véritable Oéau pour l'humanité, il me semble qu'on
ne peut méconiuître ici une véritable diathèse vermineuse ( r), elle prouvera encore combien SORt in suffi.sans
lei signes qu'on a donnés comme caractéristiques de la
vraie grossesse. Je ne dirai plus rien des accidens nerveux qui vinrent compliquer la miiladie et nous entraver
dans son traitement, les anoma1ies de ce genre sont
assez connues, Mais avant de terminer , je me crois
(1) Si por diathèse vermineuse essentielle, on entend la tendance nnimaliscible vers l'organisation sponlanée, elle doit eiôster d 'après cet exemple et ceux que j'ai rapportés. Car comment
expliquer la formation de ces insectes extraordinairf5 da11s la
matrice , el des autres dans le crâne , la poitrine , etc. ? D'où
sont VCUUll leurs rroducteur&? Sont-ce des œnfs , des insectes
pareils introduits dans la matrice? Mais il n'en existe pas de
sembl•hl~& . Donc , il est à supposer , et ct•tte façon de penser
me parnlt la plus vraisemblable , <JUe toute matière vivante,
tendant à s'organi~er., la matièrn vermineuse répandue généralement parce qu'elle est analogue à tonte matière animaliscible,
s'•st spontanément organisée eta produit des insectes nouveaux,
foconnus cl qui , pent-êtr.e , n'auront pas de semblable•. Car on
a beau parler d'hydatides de la, grande esp~ce , si celles-ci en
étaient, il faudrait admettre que les hydatides ordinaires 5out
conformées comme celles- ci; que leurs 'ésicule1 sont en petit r.e
que lei por,hes de celles-ci sont en grand ; que leur enchalaem ent , sous form es de chapelet , présente en petit l'enchalne-menl des poches de celles-ci par les tubes de communieation en
grand. Mais en a-t-on vu de pareilles 'l Peul-être f'ohsen ation
a-t-elle été en d éfaut et dtijà des femmes ftlteintH de celle infirmité en sont mortes sans qu'on l'ait su. Vuilà un yaste chnmp
aux raisonnemons; mais quelque jour, p•·ut.être , aura-t-on
d es preuves certaines de ce que j'avance d ans mes revêries pos•
thurnes.
T. VII. Janvier 1824,
IO
�( 74)
ahiigé de pnler d'une affect ion non moins
donge reusl!
dont fut attaqu ée la malad e et qui dura penda
nt trois
mois , c'est- à-dire , depui s le moia d.e janvie
r jusqu 'à la
fin du mois de mars 1820. C'étai t un érysip èle
phlicténoï de, ambu lant , qui parco urut succe ssivem
ent toute
l'extr émité supér ieure gauch e jusqu es à la mame
lle et au
front en frapp ant de gangr ène les tégum cns
comm uns
qu'il affect ait. Je lui oppos ai ti'<1burd les vi.!sic
atoire s,
conve rtis en cautè re , dans l'inten tion <le le
fixer sur
cette partie , ce qui ne réussi t pas; ensuit e
le s~e des
plante s dépur antes , le petit kin11c.é , le quinq
uina même
én décoc tion furen t mis à contri bution penda nt
tres-lo ngtemps et ce ne fut 1 malgr é leur emplo i , qu'ap
rès trois·
tnois de traite ment que nous délivr âmes cette
malhe ureuse d'une tüalad ie aussi opiniâ tre. Les purga
tifs, car
j'avai s oublié de le dire, furen t donné s <le
quinz e en
quinz e jours.
Cepen dantt le terme des souffr;i nces n'étai t pas
encor e
8rriv é; à peine l'érys ipèle gangr eneux fut-il
guéri , qué
la malad e, à la suite d'un ~remblement convu
lsif, fut
saisie d'un ictère partie l de coule ur oJi vâlre ;
on eut dit
qu'ell e s'étuit frotté e le corps avec le htou des
noix. Il
n'y avait qire les yeux , le bas-v enll·e , et
les parlic j
qu'av ait occup ées l'érys ipèle gangr crieux qui
en fussen t
exem pts; en même - temps une doule ur des
plus vives
lie déclar a a l'li_ypocondre droit ' qui était trè1-l
endu ;
cette douk ur était beauc oup plus foi·te t.lu
côté de Ia·
vésicu le du fiel , elle était si inten se, qu'ell e
ne laisirnit
pas un mome nt de c;:alme à la malad e. Des vomis
semen s
atrabi laires tf'ès-abonr 1 ns survin rent aus~i
et la fati~uèrcnt ro11sidérabl eme1ü . D'iJl1ot<l
ce n'étai t que des
<:11illofs de sang ri.Jid1tre et trè:;~fët id~s avec
lies mnco Sités jaunâ tres trè~-amères. Elte s'en troul' ait
extrêm ement uilaib !ie; l<!! htuon adé hue froide , la décoc
tion de'
grand e conso ude; etc.; modé rhenl l'issue du
sa~1g qué
dispa rut aù bo1:tt de truis- joui's. Les ~elles étaien
t aus!ri
�J
( 75 )
três-fréquent<!I et de même nature. L01·11que le !ang
eut cessé de "ortir, le vomissement ne continua pas
moins. C'était une énorme quantité de glaires verd!itres
d'une amertume excessive , et on rencont rait 1111 fond
du plat une matière noire terreuse, que je pris pour
de la •uie; je croyais qu'elle y était tombée accidentellement et ce ne fut qu'après que la malade en eut vomi
en K1a présence , que je fus pleinement assuré qu'elle
Jlorta)t réelleJllent de son estomac- Elle était très-copieuse
et gagnait le fond du plat. Séchée et mise sur !es charbons, elle s'y consumait er1tièrement sans crépitation
et sans jeter de flamme en laissant une odeur animale
analogue à celle de la corne bn'.tlée. Je pensai que c'était ,
}'atrabile des anciens que quelques :<1uteurs modernes
ont niée; quoiqu'il en soit , si les caractères que j'~i
trouvés à cette substance ne suffisent pas pour prouvet•
que c'était réellement \'atrabile dont parle Hipp ocrate,
ils sant du moin1 trèi-favorables à l'opinion du vieillard
de Cas. Quant au traitement, le voici : voyant que le
vomissement soulageait la malade , je lui donnai quah·e
fois l'ipécacuanh.i , en l~issnnt un jour d'intervalle.
Les matières évacqées forent très-copieuses , et chaque
fois la couleur.de b peau diminuait pour revenir bientôt.
Quelq11es drastiques procurèrent aussi un grand soulagement et chassèrent un grand nombre de vers lombrics.
E11fm, elle fut mise à l'usage des bouillons gras avec le suc
qe citron , d'oseille , de patience, etc. , à l' usage de la
limona.de végétale et aurtout à celui de la plÎxture lithoJl.triptique de Durqnde , avec addition qu sirop de diacod e,
.f\.u bout d'un mois et demi ,. j'eµs lé\ satisfaction de
voir la malade guérie d'une affection qui pl'inspira au~
tant de crainte pour ses jours que la première ; 11ctucllement sa santé parait vouloir se rétablir , néanmpips ,
quoiqu'il y ait plus de six mois qu'elle n'a pas fa,~ d'h.,Y-..
datides , nous nous gardero!'\S bien d'affirmer qu'ell•
·
soit radicalement guér~e.
�( 76)
permanerttes de la Socz'été royale de
médecine de i~ar,seille, pmdant l'année 1~24.
COMMISSIONS
Zli4J&Le
Commission de i>accination gratuite.
1,re Sl'ction. MM. Beullac (J.), Biarnonti, Giraud.St. Rome fils, Picard , Rampal, lteyn10net, Sue.
Nota. Cette section s'as.,emblera le lundi de chaque semaine, dan-' le local de.s séances, de onze heures à midi.
2.e Section. YI,\t}. Antlré, Fenech, Forcade, Guiaud,
Ro uheau , Roux (P.- \!J. ) , Dio.
Nota. Cette section s'assemblera le jeudi de chaque
.!emaine à Ja lllême heure ,
·
La commi.~"ion recueillera tous les faits relatifs à la
vacc.ine. Elle tàchera de découvrir et de vérifier par
des épreuves , tous les <iccidens qui présenteraient des
doutes , tcndans à infirmer les a antages du moyen préservateur. l<JJp en étendra gratuitement la prntique sur
tou" les individus qui la réclamernnt,
Commission de consultatiuns cratuites.
1\1.\t Beullac père, Cauvière, Favart, Fenech, GiraudSt.-Ronie père, Guiaud , Magail, Rey, Segaud.
Not:.i . Cette commission s'assemblera le mardi de chasemaine , dans le locdl des séances , de onze heures
àque
rnidi.
Elle donnera ses conseil., à tous les habitans <le la viHe
du tt•tTitoire de Marseille, qui viendront les réclamer.
EJJe s'occupera de constater, par les tables de mortalité,
l'augmentatino ou la diminution progressive des diveu
genres de lllaladies qui frappent le plu~ communément
le/> habitans de la cité : de reche1·cher la nature présumée
de l~urs causes dans les cinonstanci>s dépendantes de la
localité,
dans
les vues d'a1 ri ver aux moyens d'en m11difier les clf~
ts.
i:t
Commisst'on des maladie1 réf?nantes.
MM. Aillaud, Aynaud, Bcnac, Bcullàc (T.) , J3oyer ,
Cauvière , Cavalier, Denan.~, Dunes , Fe~tc. 1''orcade ,
lhn1beau , Seux, Sigaud , Trabuc.
/
Nota. Cette commission s'assemblera le ' 'enclredi de
chaque semaine , dans le local des 1éance1 , de onze
heures à midi.
.
Elle s'occupera de thérapcuticrue générale , elle portera
spécialement ses rech<1rches, pendant cette année , 1ur
�( 77 )
les résultats des traitemeM fondés sur l'observation et
l'expérience, comparés avec ceux établis d'après les doctrines modernes. Elle fournira les sujets des discussions
médicales, dans lea conférences cliniques générales.
Commission de salubrité générale.
MM. Astoux , Favart, Flory, Gillet, Girard, Goullin,
Imbert , Lau;ens , Poutet , Reimonet ( Ph. ) , Sarmet,
Sue , Textons, Touche.
Nota. Cette commission s'assemblera le mercredi de
chaque semaine dans Je local des séances , de onze
heures à midi. '
Elle s'occupt:ra de l'hygiène publique, et spécialement,
dans le courant cie la présente année , de l'influence
du régime , de la variation et du choix des heures des
repas sur la santé des habitans de Ma1·seille.
Commission Je trJxicologie.
MM. Astoux , Beullac (Th. ) Cavalier, Chirol, Lau ..
rens , Poutet, H.oux ( P .-M.), Segaud, Sigaud, Sue,
Textoris.
Nota. Cette commission .est chargée de faire des expériences sur les animaux, pour constater les effets des
poisons sur l'organisme.
Commission de conservation du cabinet.
MVI. Boyer, Cavalier , Chirol , Gambart, Laurens ,
Péclet, Roux ( P.-M. ) , S.it, Sigaud.
Nota: Celte commission s'occuoera d'histoire naturelle
et de littérature médicale. Elle ~st chargée de sif:oa Ier
les découvertes et les progrès faits, dans toute~ le11 bn:mch~s de l'art de guérir , et de ncueillir les observations
météorologique~.
Commission de police intérieure.
MM. André, Rrnac, B1>ullac père. Boyer, Debcourt,
Girnu<l-St.-P.ome père , Picard, Seux , Segaud.
Nota . Cette commission veille à la cons1·rvatiun de la
mo1ule hippocr;ilique. Elle ramène à l'ouservance cle
l'abnégation in<lividuellc, d.e cette 1 èglc des actions privées qui , d:ins l'intérêt de la science , r<sppo1 te tout à
l'honneur et à la gloire de la 11ociùé et de la proft'ssion.
Elle est clrnrgée de scruter la conduite des candidats,
et d'en pr-0poser l'admission ou le rejet.
Commission de r#dai:tio~,
MM. Roux ( P.-M.), Sue,
�( 75 )
Nota. Cette commiss ion est chargée de propo~er 1
la Compa1-1nie les mémoire s , les observat ions , etc. ,
qüi olfrent le plus d'intérêt à la science, pour âtre in~
sérés, avec un tableau analytiq ue des séances parti ..
culieres , dans les bulletins de la Soeiété , ces bull~tins, publiés de mois en mois, ont pour but de sigualer en entier les bonnes producti ons , et de tenir les
membre s de la Société , ses correspo ndans surtout , au
courar)t de ses travaux , outre qu'elle publie annuelle ment un compte rendu , dont la rédactio n est spéciale ment confiée au Secrétai re-génér al.
·
..,.,...
----~....,..,, ------~~__....~
-----
~~~~~~
.!'ÉANCES DE LA SOCIÉTÉ l'ENDANT LE MOIS DE DÉCEMBR
E
1823.
13 D4cemhre; - M. le Secrétai re-génér al commun ique
une lettre de M. Nel, médecin à Marseill e , qui tait
hommag e de fa thèse qu'il vient de soutenir à l'école d11
Montp.el lier sous le titre de: Essai sur la peste ;et manifest e
le désir d'appart enir à la Société comme associé résidant.
La demande de M. Nel est prise en considér ation aux:
termes des. règleme ns , et le rapport à faire sur sa dissertation est confié à M. Forcade .
M. Sue fait e11suite hommag e , au nom de l'auteur ,
d'un exempla ire de l'ouvrag e de M. Ollivier, d'Angers ,
intitulé : De la moé'lle épinière et de us maladies ; 011vra15e COltronné par la Société rorale dt médecine de
Marseill e, dans sa séance publique du z3 octobre 1823.
Le reste de la séance est consacré à la discussio n
d'obj ets particuli ers.
27 Décembre. - Lecture est faite d'une oh!ervat ion
intéres$ ante sur une suppress ion d'urine par M. le œ
d<1cteur Ducasse , fils, laquelle a founü à son auteur i:.
m atière à de judicieus es réflexion s sur le danger de
cette pénible affection et sur les ressourc es de la nature pour parer dans ces cas auiç désordre s insépara bles du défout de secrétio11 du fltüde urinaire .
M. Segaud fait ensuite une proposit ion relative à la
vente des poisons et aux moyen.s de déco.u vrir les substances vénéneu ses introdui tes dans l'estoma c.
Cette proposit ion est favorabl ement accueilli e par la
Compag nie , qui nomme une Commis sion pour s'occupe r
avec zèle de cet objet qui intéress e tout à la fois la yie '"
àea cito.rens et la mc1rale publique .
~
TEXTO IU$ , Présid,nt. Sw1, S1erét1Zire-11ériéral
5
�--....
..A.
B arom .
MET RE., ,;
THE RMO
ac
~
1du B•ro .j Exté r.
"'
A
HIDI ,
ÉTA T DU CIEL .
uage nx·
Très -nua geux .
N. N. O. tr.-f. Q urlr;u cs nuag es.
N. N. O. au. f. S<' rein.
E. N. E.
Nuag eux; broui ll. le m.
s~rrin ; broui ll. le m.
S. S.E ..
ldem .
65
61
60
74
68
75
71
76
76
-+ 4,5
65
70
75
66
o,5
68
i,1
,::t
4,3
68
77
75
-+ 3,5
94
2,9
i,7
-+
-+
-+
2
-+ 5,3 93
-+ [015 89
-+ 8,3 67
-+ 7,3 68
-+ 7,0 67
-+ 7,S 96
-+ 9,5 79
-+ 5,3 So
-+ 2,9 76
-+ 3,9 71
N. N.O .
Jde111.
Idem .
Idem .
Nuag eu"'; brou il. le m.
Presq u'enL icr. couv .; br.
~.
Couy ert ; brou illard s·
E.
Quel ques nuag es.
S.E.
Quelc r. nuag es : vap. hr.
E. S.E.
Serc1 a ; broui ll. le mat.
S.E.
~~ ns n ua.g cs; broui ll.
idem .
:Elen<i. de nuag es; br.
K. O.
'frès -sua gcux ; broui l.
N. N. O.
Qudq ur.s nuag es.
N.
matin .
N.N . Q . bon fr. Sere in; brou il. le
s.
nu~ge
ques
Quel
N. O.
Très - nuag eux.
Idem .
Couv ert ; pluie .
E . N. E.
Cou\ 'ert ; pluie le &oir.
O. S. O.
N uo1;eux ; <Juel g. le s.
N.
rar.
N. N 0: très-f . Qurl q. nuag . ; mais
Q1Jelq. nuag es.
N. O.
S.rci n.
5. E.
Sans nuag .; mai1 troub .
S. O.
N. N. 0 gr fr. Ntrngcs fort rares .
N. N. O. très-f . Sere in.
Idem .
Jdem .
idem .
N. N. O.
.-,, .,,. ---- !
s.
Moy enne
-+ 4,94 73,8
�Plus grande é1évatîon dn Jfarométre
•
•
• .•
•
:i
~
Moindre
idem,
J Température
moyenne du mois.
• -
,
Ma.11:imum de l'hygromètre
=>
~
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-<
! Degré moyen.
.
•
• •
•
• • .
2
. + 5 °,
-< * Minirnnm.
..;i
~40
Moindre élévation,
• • •
, 84, le z3, à 9 heures du 1oir.
moyenne du Baromètre , pour tout le mois 759 , 72.
Plus grand degré de chaleur. •
+11 °, 8, le 27, à 3 heures.
Haul~ur
O
769111 m, ::i8, le r3, à midi.
99
5i
71
•
+Qu•ntité d'eau tombée pendant { le jour.
*r"
,
3
zonun, 19.
la nuit.
u
°,
o, le 18, à 6 heures du matin.
93.
le 23, an lever du soleil,
le 13 , il trois heures du soir.
de pluie •
~
~
Il
Nombre de jours, • • . • , .
3.
entièrement couverts •
• 3.
de brume ou de brouillard. 12,
de gros vent.
5.
sereins.
, Ir,
de gêlée,
�( 81 )
P RE MI È RE
P A R T I E.
OBSERVA TIONS DE MÉDECIN E-PRATIQ UE.
des membranes de la pessie, terminée
par suppuration ; par M. H. GAssiER • docteur en médecine , etc.
INFLAMMA TION
V 1cT01~E Brun , t!gée de 24 ans , d'une faible constitution, d'un tempérame nt pituiteux, fut atteinte en
avril 1809 , d'une gastro-enté rite qui se termina heureusement le vingt-unièm e jour.
Quelques mois après son rétablissem ent elle se mari~ ·
avec le sieur Boyer , d'Aubagne , et continua à jouir
de la santé jusques au mois d'octobre I 810. A cette époque, livrée depuis quelques jours à des travaux de la
campagne en tltant assise sur un terrain humide , elle
cessa tout-à- coup d'être réglée , devint languissant e ,
perdit l'appétit. Pourtant elle continuait ses occupation s
ordinaires et pour exciter l'appétit , elle mangeait jusques à une tête d'ail à chaque repas.
Vers le milieu de janvier 18II , elle eut une perte
utérine qui tarit après vingt-quatr e heures de repos , et
une chose remarquab le, c'est que l'appétit fut dès-lors
excessif, mais caractérisé par une intermitten ce, puisqu'il durait un jour seulement et que pendant quatre ou
cinq jours 1'1morexie était comme auparavant . Cette
espèce de boulimie (je dis espèce , parce que la malade
ne vomissait point après ses repas, comme on l'observe
ordinairem ent dans cette névrose de l'estomac) eut lieu
T. VII. Fsvrier 1824.
u
�( S:;i )
pendant quatre fois , c'e~t-à-dire , dans l'espace de vingt
à vingt-deux jours. Après ce temps, la région hypogastrique devint douloureuse , et les douleurs furent
toujours en augmentant pendant plusieurs jours , bien
que combattues par de nombreux remè4es des bonnea
femmes.
Appelé , le 16 février, je trouvai la malade dans cet
étr.t : maigreur extrême, teint p~le, pouls petit, fréquent
et un peu irrégulier , langue blanche et humide, frissons
de temps à autre, ventre balloné • dur et très-douloureux,
surtout vers la partie supérieure du pubis où était une
tumeur circonscrite de la grosseur d'une boule et qui
était le siège des vives douleurs. Les urines coulent
assez librement• occasfonent ùes douleurs cuisantes au
canal de l'urêtre, sont de couleur citrine foncée. Il. y a
Sllppression des selles depuis trois jours. A ces signes,
je reconnais uue cystite, mais était-elle primitive ou
secondaire 1 Était-ce à elle , à l'époque de son invasion , qu'étaient dô.s les symptômes nerveux qui se
manifestèrent, ou bien était-elle une crise de toute autre
maladie? aussi le traitement ne m'embarrassflit-il pas peu.
D'ailleurs , les forces de ln malade , su constitution ori·
ginaire , l'hémorragie utérine survenue depuis peu , ' la
langue chargée d'un enduit muqueux: étaient autant de
considérations qui ne permettaient gucré de prescrire des
moyens actifs. En conséque1 ce, application de six sangsues à l'hypogastre. puis fomentations émollientes sur
celte pilrtie , lav1:mens émolliens , abondante boisson
d'eau de poulet , diète sévêre.
Le lendemain i7, douleurs moins vives, mais l'état
du pouls , de la lang ue et de la t11rneur est le même, la
malade pousse plusieurs selles liquiùes dans le jour, les
uriues sont rendues sans douleurs et même)nvolontairement ( mêmes prescriptions que la veille).
Le 19 , même élat, excepté que les selles ~ont plus
�t
83 )
r:opieuses. La crainte que la tumeur de l'hypogastre
dépende d'un amas d'urine et que l'incontinence en soit
l'effet , me fait prendre le parti d'introduire la sonde ,
mais la malade s'y oppose obstinément.
Le 20, faiblesse extrême, pouls vermiculaire, selles
très-fréquentes. Aussi me parut-il convenable de substituer aux émolliens, une tisane de racines de symphitum majus, des fomentations anodines sur la tumeur et
quelques crèmes pour nourriture. Bientôt amélioration.
Le 22, douleurs très-supportables, pouls plus régulier, selles moins fréquentes, urines limpides et rendues à volonté, comme dans l'état physiologique; mais
dan·s la nuit du 22 au 2~ , elles soDt troubles et lactescentes , ont la couleur du café au lait; je ne doute
pas un instant qu'un abcès se soit formé dans l'interstice
des membranes de la vessie , et qu'il se soit ouvert dans
la cavité de cet organe. Peu après, les urines deviennent
plus claires, et dans trois jours elles ont repris leur
limpidité ordinaire. Alars l'appétit revient et les analeptiques, prii graduellement , augmentent les forces
de jour en jour ; cependant , le pouls est encore un
peu fréquent et il reste à la vessie une dureté légère , il est vrai , mais qui persistant pendant une
quinzaine de jours depuis la crise, je crus devoir prescrire des pilules fondantes , faites avec le savon de
Starkai, la gomme ammoniaque, l'extrait de ciguë et
le borate de &oude; je prescrivis aussi ttne infosion de
saponaire.
Le 25 mars, plus de tumeur à la vessie , la ma1ade
avait repris ses forces ; aussi cessa-t-elle de prendre
des remèdes ·et elle se rétablit bientôt parfaitement.
Réflexio11s. On ne s<iurait douter que toms les phénomènes de cette' maladie ont été l'efi'et d'une inflammation. très-cibst1.we· et profondément située. S'il ~ut été
possibl~ de la recônna"ltre , dès le début , les antï-phlv-
�{ 84 )
gistique s , mais surtout les saignée s général es et locales
auraien t prévenu cet énorme abcès dont il pouvait résulter tant de fâcheus es conséqu ences , s'il se fut ouvert
dans la capacilé du bas-ven tre. A l'époqu e où je vis
la malade , les grandes éva~uations sanguin es auraien t
été dangere uses et je pense qu'aucu n praticie n n'eut osé
faire plus que ce que j'ai fait moi-mê me.
Cette observa tion a cela de curieux que l'inflam mation
cachée ( 1) qui en est le sujet , a suscité des anomal ies
insolite s vers l'estom ac, et elle me paraît présent er plus
d'intérê t sous le rapport historiq ue de la science que
sous celui des moyens thérape utiques qui ont été employés , 9uoiqu e l'abcès ait eu une issue favorab le.
(1) Dao1nG tre dernier N. 0 , nous avons fait remarqu
er l'influence qu'une inflamm ation latente des membra nes contenue
s
dans le eanal rachidie n , a eue é•idemm ent sur les organes
de
)a respirati on. Oo voit encore ici l'influen ce d'une inflamm ation
latente de la vusie sur l'eitoma c. Oo peut déji1 conclure de
ces
deux faits que da os nombre de cas, il est impossib le de préciser
le diagnost ic de ces inflamm ations , et que l'on court risque
de
les aggrave r , en chercha nt à combatt re telle ou telle affection
puremen t symptoma.Lique dont elles auront éié la source , m~is
que l'on aura prise pour l'affectio n principa le. On ne saurait donc
trop recueilli r des observat ions qui tendent à nous éclairer sur
lei
inflamm ations la tentes chreni'!ue~ et noui devons exprime r
ici
· notre satisfact ion à M. le docteur Gassier , pour celle si iotéussante qu'il vient de nous commun iquer.
( Note du Rédacta ur-Génù al)..
�( 85 )
T R0 ISI ÈME
P A R T 1 E.
LITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES
TIFIQUES , MÉLANGES, ETC.
1,
0
ANàLYSE
D'OUVRAGES
SCIEN-
IMPR,IMÉS.
de la méthode fumigatoire, ou del' emploi médiral
des bains de vapeurs , avec planches ; par T. RA.Pou ,
D.-M.P., etc. 1 vtil. in-8. 0 • Paris, Gabon et Comp.e,
1824. Prix: 12 fr.
TRÀITÉ
( Deuxième arLicle }·
LE second volume en enlier est consacré à l'étude
et au traitement par les vapeurs de cette cohorte lie
maladies , qui fit de tout temps le désespoir ou des
médecins ou des chirurgiens et contre lesquelles la
méthode de M. Rapou nous offre plusieurs chances de
succès. On prévoit déjà que nous voulons parler des
maladies de la peau , celles , peut-être , plus nombreuses encore, dont la cause est duc aux désordres
du système lymphatique , dans lesquelles rentraient,
ce me semble, fort naturellement les maladies vénériennes, que l'auteur a mal-à-propos classées après son
travail vraiment neuf sur celle iliade de maux , si connus
sous les noms de vapeurs, de maladies nerveuses, de maux
de nerfs etc., et dont la méthode fumigatoire satisfoit,
à la fois et selon les cas, aux opinions très-prntiques,
quoique différentes ou oppoi;ées de J'Vith et de Pomme.
�( 86 )
Si l'humanité doit un remède de plu~ à M. Rapou,
ou du moins une méthode précieuse par l'extension qu'il
est parvenu à lui donner , la science lut doit aussi
une description plus exacte , plus fidèle, de plusieurs
alft:clions morbides et elle loi doit de plus la découverte de quelques autres , telles que , par exemple , la
darl'.ré !'hogoïde et la dartre tuberculéuse ou mamelonnée , etc.
A la page 138, l'auteur fait mention d'une maladie
cutanée que nul n'a décrite avant lui et que j'ai eu l'occasion d'observer deux fois seulement et à des époques
dilfl:r, n les et éloignées. Cette maladie désagréable consiste ( r) , selon nous , en une lésion organique congéniale du derme et assez curieuse pour nous autoriser à
1a décrire après avoir exposé notre opinion sur son
.siège. I 1 médiatement au-dessous d11 réseau ou du voile
inorganique humain est le tissu muqueux de Malpighi,
qui est composé de qu atre cou ches superposées. On peut
nommer la première couche albide tactile, ou superficielle;
la seconde , couche acuminée , parce qu'elle est composée de petits corps granuliformes bruns ou blancs ,
selon la colora tion ; la troisième couche , albide nouv .. le et la qua trième ou dernière couche est compoiée
de bo ur geons <l'un rouge légèrement foncé. dû à ]11
p résen cP. d u sang. La couche acuminée c'est du
m oins l'explication que je m'en donnai à l"époque
où je la vis pour la première fois, peut acquérir si
l'on veut, une espèce d'obésité , d'hypertrophie ,
j'ignore pdr quelle cause; la première dont les ma-
(1) J"ai depuis long-temps abandonné la carri<·re sédui5ante
des hypoth èses ou des e~plications, si nuisible à la roédecinepratiq11e; si je con,igne celle-ci dao& cet article , n'est un sacrifice fait à un souHnir dt> jeunesse, qui ne me paraît, même
pas aujourd'hui , dioué d~ toute vr<1Ïsemblancc.
�(< 87
)
melons seront plus développés que dans l'état sain,
aoulèvera le derme en mamelons blanchâtres, la seconde, en agissant de la même manière , produira des
mamelons ou rouges ou violets , et lorsque ces hypertrophies existeront simultanément , nous aurons une
peau dont les petits mamelons seront alterna li vement
bleus ou hlancs ; du développement inha:monique de
ces deux couches avec ces di::ux autres, n'aît donc
peut-êlre eette affection inapperçue jusqu'à M . Rapou,
et que nou3 v1mes pour la première fois , en I g I 5 , sur
1' épouse d'un avocat célèbre de Valence , femme d'une
rare 1Jeauté, sans enfans, et dont le corps, dans toute
son étendue était ·recouvert depuis sa naissance de petits
tubercu!C's de la cou ieur de 111 pea11 , <lont la blancheur
était éd11Lante , et qui lui donnait assez de ressemblance
avec ce que le peuple compare ou nomme chair ùe poule
et qui est dû à l'Ûection des bulbes des poils. L'autre,
en 1823 , ei;t sur l'épouse d'un directeur-général d€s
douane11 , chez laquelle la maladie me parut bornée à
la périphérie du cou, avec cette particularité , qu'à la
partie antérieure et le loug de la partie correspondante
à l'œsophage , les tubercules alternaient en couleur, les
uns étaient d'un blanc sale , quoique la peau fut généralement très-blanche et les autres bleuâtres , en sorte
que vus de prnfil on aurait pu croire à l'existence d'une
longue ecchymose surtout à l'époque menstruelle. Cette
maladie c11rieuse peut bien être héréditaire , comme le dit
M. Rapou, quoique la_dernière dau1e ait eu un enfant libre
de cette inf-irn1ité , mais en proie aux rovages des maladies lymphatiques, dont celte maladie est peut-être
aussi une fille de la même mère, c'esl ce que l'appréciation unique de la constitution de ces deux persom1es
nous porterait fatilement à croire. Quant à sa curabilité
par les vapeurs, je dois indubitablement m'en rapporter
à l'expéri.ence, mais il me paraît difficile que cet agent
�( 88 )
théra peuti que puiss e p~rvenir à détru ire
un vrai vice de
confo rmati on du tisrn muqu eux ; car il
n'est poin t de
savon pour blanc hir un nègre , et ce savon
merveilleux:
serai t donc trouv é : mais je n'ai jama is rien
répon du à des
obseJ 'vatio ns, à dea expé rienc es faites
par un homm e
éclai ré et aussi plein de bonn e foi que
M. Rapo u , et
en outre son ouvra ge fourm ille de tant
de guéri sons
miraculeu ses , pour 1' étroi tesse de nos
idées aGtuelles ,
qu'il serai t peut- être mêm e ridic ule d.'en
doute r un seul
insta nt.
Il est une fatalité presq ue exclu sivem ent
attac hée à la
méde cine; c'est qu'en géné ral les mala dies
sur lesqu elles
on écrit le plus , sont préci séme nt celle
s qu'on conn aît
le moins. Nous avon s une foule d'ouv rages
sur les malaùie s derm iques et jusqu 'à prése nt nous
n'avo ns d'aut res
m éthod es théra peuti ques ùonn ant l'esp oir
de quelq ues
succè s , qui> celle que M. Rapo u s'est
appro priée par
l'exte nsion qu'il a sçu lui donn er. Quoi que
j'aie quelq ues
preuv es à l'app ui de cette vérit é , qu'on
ne croie pas que
ma consc ience s'en laisse influ encer , car
j'ai aussi des
insuc cès : mais je crois ferm emen t en
l'efficacité des
vnpe urs dans ces mala dies dues évide mme
nt à une lésio n
dans l'orga nisat ion ou dans la secré tion
derm ique. L'ob serva tion suiva nte que je dema nde la perm
issio n de congner ici , parce qu'el le se rapp orte au doub
le poin t de
vue qui nous occu pe , me par11ît enco
re digne de remnrq ue, en ce que je n'ai trouv é d'exe
mple simil aire
nulle part , pas mêm e dans l'ouv rage
vraim ent neuf
du docte ur Rapo u.
M. C. B. , âgé de 26 ans , d'un temp éram
ent lymp hatique et bilieu x , d'une cons tituti on robus
tfl, avait été
en proie à plusi eurs mala dies syph ilitiq
ues, qu'il avait
droit de supp oser mal traité es. D'ap rès
cette idée de la
plein e autor isatio n et sans se mett re sous
la direc tion
&'aucune perso nne de l',ut, dans ile mois
de juille t J823 ,
�( 89 )
il se mit à l'usage des pilules anti-syp hilitiqu es , cornpo"'
sées d'un dixième de grain de sublimé. ( Per-chlo1 ure
de mercur e). Peu de jours après il voit paraître audessus du sourcil gauche un ulcère phagéd énique , de
forme ullongée , dont les bords , au niveau du derme ·
1
allaient en décrois sant insensib lement jusqu'à ~on fond,
1
dont le diamètr e était infinim ent petit, compar ativeme nt
à l'étendu e de l'ulcéra tion dermiqu e. L'ulcér ation était
cjrconvenue dans l'csprlce d'enviro n deux ou trois lignes
d'étend ue, d'une teinte rou~e-jatIDàtre assez vive. Le
fond de cette ulcérati on aiguë et les bords ou parois internes étaient d'un rouge de laque un peu foncée, trèsunis et très-lui sans, comme vernissé s. Dans peu de jours
cette affection herpéti que eut envahi une grande partie
de la peau de la paupièr e supérie ure du même côté
tout le sourcil et une partie peu étendue , à la vérité
1
du front , le teut forman t une circonf érence d'à-peu -pres
deux poaces • . Une au-tre ulcérati on , ou plutôt 1me autre
dartre ulcéreu se sembla ble, s'était dévelop pée dans le
sourcil opposé ; plus tard , une autre parut sous le
menton et une autre sous l'apoph yse maxilla ire gauche .
Cette phlegm asie cutanée avait une marche extrêm ement
rapide , elle restait infinim ent peu de temps à l'état de
tumeur inflamm atoire, et se laissait déchire r avec la
plus grande facilité , en faissant échapp er une sérosit.é
roussàf re corrosi ve, se durciss ant à l'air, peut- êtrê
même contagi euse , car c'est ainsi que furent provo- •
quées celfes du menton , et parvena it plus rapidem ent:
encore à l'état ulcéreu x ; eile allait ainsi dévoran t le
tissu dermiqu e , ne laissant après elle d<autres tmces
de son passage qu'·ane teinte d 'ùn rouge cuîvreu x tm
peu foncée èt qui dure enc01'e dans toute so~ inten:.iité
( }arwier 18z4 ). Cette affection était sans nulle QiD leur 1 mais la prompt:itu<le de son d évelopp ement ,, f1if
"'
T. VU. -FJvrie'l'
i~4-
ll'l.
�( 90 )
rapidité de sa marche, fesaient craindre avet: juste raison,
au malade , qui déjà n'osait plus sortir , qu'elle n'envahit en pttu de temps taule la fat:e. Nous parvînmes
c:ependant à arrêter ces ulcérations, à les faire retrograder, ?i. les guérir, enfin, par des douches de vapeurs émolli ~n te.~ dans lesquelles on avait mis du sous-acétate de
plomt~ liquide en suffisante quantité, et quelques lotions
dans le jour avec l'eau blanche tiédie. Nous n'employà!l'J.e•
absolument aucun traitement intérieur et les ulcérations
se recouvrirent dans trés-peu de jours d'une c;oûte
jaun&tre-rousse , que le malade arrachait souvent et
qui se régénerait bientôt à l'aide de la sérosité abon·
dante dont nous avons parlé plus haut. Qnelque temps
aprés , les vapeurs émollientes seules suffirent pour faire
tomber ces croùtes , en plaques superposées, pour ne
plus reparaître. Nous terminons en recommandant à
nos lecteurs l'acquisition d'un ouvrage qui réuni~ tant
de titres à l'attention des amis de l'humanité et des
progrès de la science , et dans lequel , malgré nGtre
désir et nos recherches , nous n'avons pu découvrir que
des erreurs dans les formes et aucune dans le fond.
C. PrnRQUIN.
VE la moè'lle épinière et de ses maladies ; ou1>rage cou·
ronné par la Société rorale de mldecine de Marseille,
dans sa séance publique du 23 octobre 18sI; par C.-P.
ÛLLIVIER , à' Angers, docteur en médecine de la Facultd
d1 Paris , membre correspondant de la Société de mèdecine de Marseille. ( In-8° de 404 pag. Paris , 1823 ).
a divisé son ouvrage en trois parties.
La pri:mière, relative à l'anatomie de la moëlle rachidienne , renferme quatre sections. Mais avant de
.i'occuper de la description anatomique de la rnoëHe, il
L'AUTEU!l
�( 91 )
était naturel d'examiner rapidement le développement
de cet organe chez l'homme depuis le momrnt où le
rachis commence d'être apparent jusqu'à <:'elui de la
naissance. En suivant cette marche , l'auteur laisse pres~
sentir qu'il a mesuré toute l'étendue du terrain où il se
trouve placé, Ses premiers pas annoncent un homme
profondément versé dans la connaissance des lois qui
président à notre organisation , et familiarisé avec !_'observation des phénomènes los plus cathés de la vie. Il
résulte de ses recherches sur l'embryogénie , que la
nature travaille d'abord à former b moëlle épinière avant
de s'occuper du développement de la moëlle allongée
ou mésor:éphale, qui n'est qu'une continuation de cet
organe 1 vérité que semblent démontrer d'ailleur s l'étude
de l',matomie comparéé et l'existence des acéphales.
L'esprit d'ordre et de méthode qui prévient en faveur
de l'auteur dès le début de son travail , se montre également dans la description 1matomique qtt'il fait de la
moëlle épinière.
Examen succint de ses ~nveloppes osseuse et membraneuses; exposition rapide de la distribution de ses
vaisseaux et des effets de la circulation dans cet organe ;
étude de sa conformation extérieure , de sa structure
intérieure et de l'origine des nerfs qui en émanent , tels
sonl les objets qu'il passe successivement en revue dans
les quatre sections qu'il a consacrées à l'anatomie de
la moëlle rachidienne. Quoique les détails dans les4111cli l'auteur est entré sur ces divers objets , fussent
susceptibles de plws amples développcmens, si pourtant nous avions un reproche à lui faire , ce serait de
Jle s'être pas renfermé dans des bornes plus étroites.
La Société, en effet , ne demandait à. l'anatomie que
la connaissance de la structure de la moëllc, c'est-àdire, de l'arrangement des parties qui entrent dans la
E>ompo.sitio~ de la .substance de la moëUe rachidienne ,
�( 92 )
parce qu'elle a présumé que cette connaissnnee pourrait
éclairer l'étude des fonctions de cet organe , qui doivent
conduire naturellement à celle de ses affections pathologiques. S'occuper de détails anatomiques étrangers ,
n'est-ce pas fatiguer l'attention par cela seul qu'on la
détourne de l'objet principal l Cependant les considérations auxquelles l'auteur s'abandonne présentent tant
d'intérêt, les points d'anatomie sur lesquels les écrivains
sont encore divisés, tels que l'existence de la vie centrale , les mouvemens d'élC:vation et d'abaissement de la
moëlle en rapport avec l'expiraticrn, le défaut d'existence
d'un canal intérieur, etc., etc., ces points intéressans,
disons-nous, sont discutés avec tant de précision et de
sagacité , qu'on oublie sans peine qu'il ne fallait parler
'que de la structure de la moëlle rachiclienne, sur laquelle
d 'ailleurs l'auteur fournit des notions précises et trèssatisfaisantes.
L'étude des fonctions de la moëlle épinière fait le sujet
de la dl'uxième partie du mémoire soumis à notre exa.
men. Nouni de la lecture des euvrages tant anciens
que modernes qui traitent de la physiologie animale , et
bien convaincu que ce n'est que par des expériences
répétées et les faits pathologiques , que la Tie peut dévoiler ses secrets , c'est aux uns et aux autres que l'a~
teur emprunte l'opinion que la moëlle épinière est le
si ège
mouvement et du sentiment , en même-temps
qu'elle est l'agent de transmission dans la manifestation
des actes volontaires , assertion qui place la moëlle so1:1s
la dépendance du cerveau ehez l'homme , et conduit
l'auteur à avancer, avec beaucoup de probabilités , que
plus l'animal est élevé dans l'échelle des êtres, plus 111
systéme nerveux doit être sous la dépendance absolue
d'un centre.
nu
'
C'est guidé par les mêmes principes qu'il reconnaît à
la moëlle épinière une influence marquée .sur la circu.
�( 95 )
fation et la respiration, Mais sévère pour tout ce qui
.n'a pas reçu la sanction de l'expérience, il croit, contre
l'opinion de Lesallois, que l'action du cœur ne dépend
pas toute entière de la moëlle épinière , assertion que
confirme la belle 0Qservatio11 de M. Rullier qui prouve
que la destruction de la moëlle rachidienne n'entralne
pas nécessairement l'anéantissement des forœs contractiles du cœur. Les expériences dilferses qui ont .été tentées sur ce sujet, le portent à cm1clure que quoique le
cœur puisse agir sans la moëlle épinière , son action
lui est subordonnée lorsque celle-ci existe.
Les faits pathologiques se joignent aux expériences
et à l'anatomie , pour démontrer l'in!luence directe de
la moëlle épinière sur la r<!spirntion. Aussi l'auteur embrasse-t-il cette opinion qu'il développe avec sa sagacité ordinaire. Il pense encore que cet organe n'est pas
étranger à l'exécution des actions de la vie intérieure.
A défauts de faits ou d'expériences capables de jeter
quelque jour .sur ce sujet , c'est dans l'anatomie comparée
1
qu'il va chercher les preuves de cette supposition, qui
ouvre un vaste champ aux conjectures dans lequel
l'auteur a craint de s'engager pour en venir aux découvertes récentes de MM. Ch. Bell et Ma,qendie ,- sur les
nerfs du sentiment et du mouvement. Observateur judicieux , il a répété les expériences de ce dernier phy,siologiste qui l'ont ~onduit à n'admettre que jusqu'à un
certain point , que les racines postérieures des nerfs
rachidiens président exclusivement aux phénomènes sensitifs , tandis que les phénomènes moteurs appartiendraient uniquement à leurs racines antérieure~. Le sentiment et le mouvement se manifestent toujours simultanément , à des dégrés ditférens , il est vrai , selon
qu'cm se borne à stimuler isolément les nerfa postérieurs
.ou les antérieurs ; il attribue , avec quelque vraisem.blance, ce défaut d'isolément complet de ces phén.o..
�( 94 )
mènes à ce qne les deux faisceaux gris de chaqu e meiilié
latéral e de la moëlle épiniè re sont entièr ement eoufonrlus à leur point de contac t.
L'aute ur termin e tout ce qui est relatif aux fol'lètions
de la moëlle rachid ienne par l'exposé de quelques points
des travau x d~s écrivains les plus moder nis , qui
se
sont oc:cupés d'une manière partic ulière de ce sujet
intéress ant. Il nous serait pénible d'avoi r à lui reproc
her
ici de n'avoi r fait nulle part mentio n des belles recher
ches de M. Desmo ulins. Le silence qu'il garde à
cet
égard tient sans doute à ce qu'à l'époque où son mémoire était termin é , il ne pouva it avoir conna issanc
e
des Recherches anatom iques et physiolo15iques sur
le systèm• nerf)e11x de ce iavant , envoy ées au conco urs
de
l'Insti tut, en décem bre 18:u , et dont l'exposition
n'a
été inséré e par l'aute ur, que dans les archiv es générales du mois de juin.
La physio logie de la moëlle sembl e march er à grand
pas : d'habi les et labori eux e:-.périmentateurs cherch
ent
à dissip er les ténèbr es qui couvre nt encore cette partie
de la scienc e. Riche des recher ches de ses contem porain
s,
des expéri ences de ses prédéc esseur s et de ses propres olHer vation s, l'auteu r prome t de march er dignement sur les traces des Flourens , llfage ndie, Serres
,
Fo11ille, Pinel- Grand champ , Dugès , etc., dont les
utiles
travau x laissen t pourta nt encore bien des doutes
à
dissip er pour fixer l'opini on sm· les fonctions de
la
moëlle épiniè re. L'aute ur a signalé tout ce qu'on connaît de plus posjtif sur ce sujet , rejeta nt tout ce
que
l'expé rience n'a pas confirmé , et n'adm ettant que
ce
qu'elle a rigour eusem ent démon tré. Nous devons pourtant regret ter qu'il ail omis de parler des belles et nomb reuses expéri ences de M. Floure ns , qui tenden
t à
prouv er que la moëlle épiniè re, essent iellem ent irritab
le,
est l'organ e dei sympa thies généra leli, ou , comm
e
�( g5 )
"'exprime l'auteur lui-même' le siège de la sénérolirstiori
des irritations. Cette omission est d'autant plus étonnante , qu'une pareille découverte promet de' grands
résultats, et que l'auteur d'ailleurs semble avoir médité
les écrits de ce savant expérimentateur. Plusieurs autres •
lacunes importantes rendent !incomplète celte seconde
partie du mémoire que nous examinons.
Nous arrivons à la partie la plus intéressante de la
question, mais aussi la plus environnée de difficultes;
nous voulons parler des maladies de la moëlle épinîëre.
dent l'auteur traite dans la troisième partie de son mémoire, divisée en dix chapitres.
- Si ' nous devons admettre avec lui , qu'un organe est
d'autant plu111 sujet aux maladies que ses fonctions sont
plus souvent répétées, pouvons-nous conclure de cette
proposition vraie, que les affections de la moëlle doivent
être peu fréquentes chez l'homme l Il nous semble que
l'auteur est peu d'accord ici avec le principe qu'il établit.
~bt-il en effet des phénomènes qui se répètent plus souvent dans l'économie, que cewx qui tiennent au simtilnent et au mouvement, ainsi qu'aux autres actes auxqueùi il a reconnu que ]a moëlle rnchidienne présidait r
Et si l'anatomie pathologique de cette partie est encore
lii peu avancée , ct:la ne dépend-il pas autant de ce
qu'on a trop néEJligé jusqu'ici l'examen du rachis , que
de ce que les maladies nerveuses laissent souvent fies
traces qui échappent à nos moyens d'investi~ation r
Quoi qu'il en soit à cet égard , c'est par l'examen des
vices de conformation gne l'auteur commence l'étude des
lésions pathologiques de la moëlle, en suivant, dans cette
partie de son travail , l'ordre tracé par M. le professeur
Béclard dans ses leçons orales sur les monstruosités.
L'auteur trouve ici l'occasion de fournir une nouvelle
preuve de son érudition , et des connaissances variées
qu'il po:isède i mais les détails qu'il con&acre à ce liujet
�( 96)
sont san·s intérêt réel pour la science , puisqu'il n'a pa•
cherché à faire servir l'histoire des imperfections de la
moëlle à celle de ses fonctions ni de ses maladies. Tant
qu'on ne s'occupera pas, en effet, de rattacher les phénomènes qui répondent aux diverses imperfections de cet
organe, aux symptômes qui représentent ses altérations
pathologiques , ou aux usages qui caractérisent leur état
d'urganisati·on parfaite , l'étude tfes monstruosités n'aura
d'autre mérite que celui de piquer la curiosité et de
fournir quelques pa·ges stériles à l'histoire de l'art.
Le deuxième chapitre est consacré à l'atrophie de la·
moëlle épinière. C'est sans doute ici le lieu de parler
de l'Grdre que l'auteur a adopté dans l'e~position de chacune des maladies de la moëllc.
Il examine : 1. 0 en quoi consiste l'altération coni;tituant la fmaladie; 2. 0 · ses symptômes et sa marche;·
3." ses causes; 4. 0 .ion traitement, Une telle méthode
annonce un esprit qui sent la nécessité de s'élever à desidées générales· et de remonter à la nature de la lésion ,
connaissance qui peu.t seule conduire à un traitement
rationel. PourqmJi faut-il que nous ayions à regretter
que l'auteur n'ait pas suivi cette marche naturelle et
qu'il se soit privé par là des nombreux avantages qu'it.
ne pouvait manquer d'en retirer l S'il avait étudié les
maladies de la moëlle dans cet esprit, il en aurait vu le
cercle se rétrécir, et aurait évité de considérer comme
maladi~s essentielles, des affections dépendantes entièrement d'une lésion. primitive, qui doit seule fixer l'attention du praticien. C'el>t ainsi,. pour ne pas sortiF
du sujP.t de ce chapitre, qu'il n'aurait vu dans l'atrophie de la moëlle qu'un résultat de la eompressiorr
exercée par un amas de sérosité ou toute autre cause ,.
comme le prouvent le.i; faits qu'il cite, re:latils. à cette
altération.
Les plaies et cgntusions de la moëlla épinière , sa com--
�( 97 )
pression, sn commotion , font le sujet d'autant de cha ..
pitres dans lesquels l'auteur fait preuve de connaissances profondes en anatomie pathologique , fruits de
Jongues dissections et de recherches laborieuses. Les
faits se pressent en foule sous sa plume : ils lui servent à tracer le tableau de chacune de ce!! di verses altérations , tableau concis qui laisse entrevoir les recherches qu'il reste encore à faire pour satisfaire pleinement 1
sur ce sujet épineux, un esprit sévère; mais un reproche essentiel que semble mériter l'auteur, c'est d'avoi1•
trop isole l'étude des lésions extérieures de la muëlle ,
de celle de ses affections internes. Il semble mécortnaitre que les résultats des premières doivent puissam ...
ment contribuer à éclairer l'histoire des secondes . N 1estce pas, en effet, aux phénomènes , déterminés par les
lésion.< de la substance rachidienne ou de ses enveloppes,
résultat de causes externes , qu'il appartient de dévoiler
la nature de ses affections irHérieures, ou en d'autres
termes, les symptômes en. 1·apport avec le genre d 1altération que tes parties peuvent suhir. L'étude <les unes
doit servir de transition à celle de l'autre. En tout isolant, l'auteur a laissé sur ce sujet la science au point
où il l'a trouvée, et les faits nombreux qu'il rapporte
nous montri>nt un homme possesseur de grandes rithcsses, qui les répand 11vec pr<lfosion , au lieu de les
distribuer de manière à ert retirer tout l'intérêt qu'on
était en droit d'en attendre.
Les épanchemens rachidiens sont examinés dans un
sixième chapitre. Tout ce qui leur est relatif est entaché
du même vice que nous avons déjà eu occasion de signaler.
Les épanrheniens sanguÎni constituent - ils, en eftet,.
une maladie primitive 1 Ne sont-ils pas toujours le ré~
sultat d'une au.tre affection t
T. YII. Fé11rier 1824.
13
�( 98 )
Les épanchemens séreux peuvent - ils être séparés
des alfections de l'arachno1de, et l'hydrorad1is est - il
11utre chose que l'effet <le la mala<lie de celle membrane
séreuse 1
Pour ce qui est des épanchemc~s gazeux, méritentils mieux que les précédens de former une maladie
particulière, et que doivent-ils prouver, sinon que lt s
fluides gazeux sont le produit de l'exhalation et sus•
ceptibles de résorption ! Vérité reconnue par tous les
physiologistes modernes.
Toutefois, à part ces objections , tuut ce que dit
l'auteur concernant les divers éparn.:hemens dans l<.1 cavité rachidienne , est loin •l'être sans intérêt : c'est un
recueil de faits bien observés qui pourront servir plus
tard à remonter aux alfol lions clout ils sont le résultut.
L'auteur semble ne consacrer un chapitre à l'arachnitis
rachidienne, que pour mettre en cloute l'existence de
l'inflammation de l'arachnoïde qui recouvre la moëlle
épinière. Les faits qu'il rapporte sont tous en faveur de
l'opinion de M. Ribes , qui place le siège de celte phlegmasie dans la. dure-mère et Je plus souvent dans la piem~re. Mais pourquoi, comme toutes les autres membranes séreuses , l'arachnoi le rachidienne ne ·serait-elle
pas susceptible d'i11fl..1m111ation 1 L'opinion que défend
1'au1·eur est d'autant plus ext1·aordinafre , que les altération; pathologiques que lui a, offi rl l'arachnoïde pl'Ou·
vent évidemment que si , dans ces cal>, cette membrane
n'est pas exclusi vemcnt enflammée , elk participe du
moins à l'inflammation des autres enveloppes rachidi<'nnes. Les caractères qu'il assigne d'ailleurs à l'arachnitis sont assez précis pour la faire reconnaître chez
le vivant, et tous puisés dans les faits qu'il a rerueillis.
Le mr8litis ' Oil inflammation de la moëlle épinière',
fait le sujet <lu huitième chapitre. L'histoire de cette affection est assez. complète: les symptômes ,généraux,
�( 99)
comme aux relatifo à l'affection des divers points principaux de la moëllc , sont présentés nvcc clarté , et
propres à guider, jusqu'à un certain point, le pr&ti<ien
dans cette étude d;fncile. Mais tant de phé1rnmènes particuliers, et même bizarres , se manirestent quelquefois
à la suite de cette phlegmasie, qu'on sera long-temps
encore sans pouvoir ]e.s rattacher à des notions exactes
ft précises. Il y aurait sans doute de l'injustice à attribuer au manque de talent de l'auteur, des lacunes qui
tiennent à l'état actuel de la science• autant qu'à la nature
du suj l'! t,
li ré.-;ulte dPs recherches consignées dans le neuvième
chapitre, relativem1:nt aux tis~us morbides qui peuvent
se développ er dans les membranes de la moëlle épinière,
ou dans l'épaisseur de su substance , qu'il n'ei.iste point
de concrétions osseuses ; qu'on a pi is pour telles les
plaques cartilagineuses qu'on rencontre ;;issez souvent
dans l' orachnoï<le ; que des tubercul e; peuvent s.e développer dans les enveloppes membraneuses de la moëlle,
comme dans la substance rachidicnnè même , et qu'il
n'est p<is rare d'y rencontrer l'espcce de ver~ vésiculaires
désignés par M. Lamnec sous le nom è.'acéphalocystes.
S'il est vrai que l'étude de ces <li1·ers tissus morbides
doive être considérée comme le ccxr1pleu;1ent de l'histoire
des affections pathologiques de la moëlle , pour rendre
Cl'tte étut!e profit;,ble à la seience , l\1uteur n'aurait-il
p~s dû s'occuper de la recherche des pht!nomènes Jl10rbides qui déterminent ces transformations? Les faits na
sont utiles qu'autant qu'ils conduisent à quelque vérité
générale: presel'ltés is0lément., comme l'a fait l'auteur,
d~ris la plupart des ch:ipitrcs de son mémoire, ils
Jals"sent toujours · désirer une main habile qui vienne
les coordonner, ptiur éltver un monument profitable"
11 la pathologie de la m.oëlîe épinière,
Des remarques sur · quelqués-unès des màladies qu'on
�(
100. )
attribue à l'altération de la moëllc épinière, renfermées
d;ms I<! dixième rhupitre , terminent le tableau des affections pathologi4ues de cet org;me. Cette dernière
partie se ressent de la fatigue que p1 ocurc à l'espril une
trop longue contention , ou <lr.s méditations trop longtPmps soult-nues. Forcé d';; n iver au terme de la longue
carrière qu'il "' pnrcourue , l'auteur ne présente ici que
quelques considérations ext1·êmemcnt succintes sur la
paralysie et les mouvem e n.~ convulsifs des membres ,
l'épilepsie , la chorée , le tétanos , l'hydrophobie et la
rage , etc., etc. 11 ne répand sur ces diverses affections
aucune clarté nouvelle , et luisse le . lectt"ur dans une
i11certitudc acrnblante sur le siège et le véritable caractère de ces alTcctions , ainsi que sur le traitement
qui leur convient.
Si maintenant nous nous résumons sur le volumineux
Jl)émoire dpnt nous venons de p1·ésenter une analyse
aussi fidèle que possible , nous verrons que l'auteur a
parfJitement saisi les questions posées par la Société;
qu'il a dfreloppé, avec beaucoup de soin , tout ce qui
tieqt à l'a ·rn tomie de la moëlle épinière; qu'il n'ignore
presque rien de tout ce qui a été fait relativement à la
physiologie de cet organe; mais qu'il n'a fait qu'entrevoir
les lacunes de ses fonctions sans les remplir, et qu'il
laisse he;iucoup à dé.~irer sur l'histoire de ses maladies.
Et pouvait-il en être autrement à une époque où tant
de difficultés environnent eucore le sujet qu'il avait
à traiter? Anatomiste consom1ué , physiologiste profond,
observateur plein de sagacité , il a plutôt préparé que
parcouru la roule épineuse qui lui était tracée. Il a
sr.mblé croire que toute sa t:iche consistait à entasser
dès faits. Aussi , si nous ne craignions que notre pensée
ne fût mal interprètée , nous pourrions lui appliquer
ce que il'lontaigne disait de ces écrivains " qui n'ap~
portent que le soin et la dilit;ence de ramasser tout ce
�)
1 OI
(
qui vient à leur notice , et d'enregistr!lr toute chose sans
triage ; nous laissirnt le jugement entirr. ~ Mais malgré
les imperfections qui le déparent, son ouvrage est celui
d'un homme de laient et de la plus haute espérance;
c'est un recueil de faits p réci eux , la plupart inconnus,
qui pourront servir à con<luire aux vérités nouvelles
que la science attend sur la physiologie et la pathologie de la moëlle épinière.
G.-A.-T. SuE.
-z. °
Co
R
nE s
P
o
N
o
A N
c
E
111 É D 1 c .4 L E.
par ll'I. le docteur Pierquin à M. 18
docteur P .-M. Roux, rédacteur-f{énéral de l'Observateur des sciences médicales, sur un nouveau réactif
propre à constater la présenie de l'iode dans les eau:.
minérales , etc.
LETTllE. adressée
Mon cher Confrère ,
J' j. 1 publié par la voie de votre intéressant journal
un extrait des notes que j'avais recueillies dans mon
dernier voyage sur les résultats obtenus en Allemagne
par l'emploi de l'iode, depuis 182l , époque à laquelle
je les rédigeai. Depuis lors je n'ai cessé de m'occuper de ce remède précieux dont on a trop exageré
les dangers et pas assP.z les propriétés thérapeutiques.
J'ai long-temps dirigé mes vµes vers un réactif qui put
d~couvrir sa présence dans des proportions que le calcul
peut seul représenter. Je ne sais si à la fin mes recher~
ches ont été couronnées de quelques succès: on en jqgera par l'étude refléchie des corollaires suivans, qui
sont l'expressiun rigoureuse du ré:;ultat des expériences
auxquelles ie me suis livré.
�(
10'.l )
1." Quel que granùe que soit l'affinité de l'iode pour
se combi11er avec la potasse ou la soude, elle l'est encore plus pour former un iodure d'argent.
0
2.
Qu'alors l'argent est .~uccessivement attaqué par
couches, lesquelles commencent par parcourir l'échelle
des couleurs offertes par la décomposition des rayons
lumineux et rtssemble assez ·alors à l'acier poli, soumis
à un feu anltnt.
3. 0 Que les cnuleurs primitives ou celles de l'iris sont
un trait caractéri stiq tlf',puisqu'il est constant 1 de l'action
de l'iode (car il y a décomposition et composition nouvelle ) sur l'argent.
4. 0 Que la coloration irisée des '10urhes versicolores,
résultat primitif de l'action de l'iode ne peut point être
confondue avec les résultats 1lu soufl'l'c sur le même
métal: cellli-ci le noircit visiblement, l'at1t1 e le bronze
d'une manière remarquable.
5. 0 Que dès que l'iode commence à agir sur l'argent,
celui-ci vu de profil est successivement recouvert dans
toute l'ttendue du lingot d'une teinte que les Espngnols
n@mment célage, expression qui manque à notre langue
si imparfaite des couleurs et dont notre langage astronomique et physique n'a pas moins besoin.
6 ° Que cette coloration ahandonne succéssiverr\ent
les couchés inférieures et monte jusqu'à ce qu'elle ait
attèlnt le niveau de l'eau, qu'elle d!lpasse ensuite dans
une étendue qui n'esi limitée que par la sphère d'action
de la v:apeur iodique , ou mieux: par la qu~ntité d'iode
mis à l'état libre et à son affiaité pour l'ar•gent.
7. 0 Que cc phénomène est nul ou inappréciable lorsque l'iode est en excès , ou qu'il n'y est que dans de trop
faibles proportions comparées à l'étenrlue de la masse
non cohcent'rée, et c'est toujours ainsi que j'ai opêré,
8. 0 Que l'action profonde des couches d'iode varie,
en raison -direcre de sa quantité , depuis la coloration
�( I05 )
du bronze foncé jusqu'à celle du gris ou cendré clair,
ce qui ne fait presque rien à l'étendue qui envahit, ni
à la couleur qu'il donne.
9. 0 Que la couleur de bronze est en raison directe 011
du temps ou de la quantité d'iode , mis à l'état libre
et surtout des deux , puis<.ju'alors son action est doublée.
ro. 0 Qu11 cette couleur bronzée ou mieux brouzonacrée ne s'efface que par le frottement soutenu et encore reste-t-il après une teinte grisâtre ou vaporeuse t
d'un trè~-joli effet.
u. 0 Que le cuiYre, l'argent et l'or (1) parfaitement
purs n'en sont nullement attaquéii et que l'argent monnoyé est un des meilleurs,
0
r2.
Que la plus petite quantité d'hydriodate de
potasse découverte , toujours. sans concentrer la solution,
est de I sur 1,000,000.
c.
3.. R lt
V
u
E
D E g
J
0
u
P1EllQUIN.
1\ N ,\ 1J X.
Journaux Français.
(Journal de pharm., décembre r 823. ) - Note Jur Tes dz'.
verses sottes d'essence ou huile volatile de térébenthine, par
.T.-.J. VinEY.- L'auteur avance que l'huile volatile de térébenthine obtenue des véritables térébenthines, de celle
rie Strasbourg surtout , que l'on relire du sapin de ce
pays (abies taxifolia L.) doit être préférée, pour l'usage
(1) Une soluLÎon de deus gr~ins d•hydriodate dP. potasse
dans deux o_nces d'eau disLillée , donne un précipité jaurrecaoari très-bfau, lorsqu'on y ajoute quelques gouttes de souiacétUe df plomb liquide,
\
�(
104
J
médical , à celles obtenues par distillation des dî,1erse3
parties de la plupart des arbres composant la famille
des con ni fèces.
Quuique puur les Hts toutes ces différentes sortes
d'essence aient un degré égal de Lonlé, celle que l'on
relire des véi'itilbles térébenthines est <l'une odeur plus
Yi ve, plus pénétrante , offre des q11alités plus énergiques. Elle n'est pas sit6t sujette à se résinifier ; clll!
pénètre plus rapidement nos tissus ornagiques , et communique plus forle{l1ent à l'wrine l'odeur de violette.
Observation sur l'huile de ricin, par M. CuERt:AU •
...._Elle tend~ prouve)· que l'huile de ricin à laquelle on a
reconnu la propriété de neutraliser ou d'enlever les
odeurs aux li4uides qui en sont chargés, a encore celle
de préserver la graisse de porc (axonge ) de l'état de
rancitlité.
Un peu d'huile d'œilletle ajoutée à la graisse , a fait
conlracter dans peu de jours cet état connu sous le
nom de rancidilc, tandis qu'un mélange de quatrP pnr·
ties de graisse et d'une d'huile de ricin n'avait pas, après
quatre mois , la moindre odeur de rance; il n'avait
pas même, dit l'auteur, cette odeur que porte quelquefois
avec elle l'axong ~ récente et purifiée.
- Notice sur la racine de guimtJuve du commerce ;
par Jiii. Ao.11M, pharmacien à Metz. - L'auteur a cru
donner du nouvenu en publiant que la racine de guimauve que les pharmaciens tircot du commerce , et
qui est cultivée parliculiêrement à Nismes, n'appartient
pas à l'rzlthea officinolis de Linné, mais au mal,.a alcea L.
On peut voir cela dans la matière médicale du c.o dex,
à l'article guimauve, et MM. Clarion et Bonastre le
citent dans le rapport qu'ils ont fait sur la nolice de
M. Adam..
Les auteurs du rapport relèvent l'erreur que fait
M. Adam d'attribuer au ma/va alcea L. la racine de.
�'( 105 )
guimaU\'e du commerce. Ils citent eneore le codex en
le rapportant à l'althea rosea ca11. , qui jouit des mêmes
propriétés médicinales que l'althea off L. , comme l'ont
observé les commissaires nommés pour prononcer Jà<lessus. Après divHses expériences, ils ont pense que
plusieurs malvacées peuvent fournir de la racine de gui mauve du commerce, et que suivant les localités l'une
peut remplacer l'autre.
- Extrait d'u~ mémoire su-r la propriétt odontalgi-·
que et anti-scorbutique du spilanthu~ olcracea L. , par
iltl. le docteur BAHI, mMecin honora.ire du Roi d'Espap,ne,
etc, trnùuit de l'espagnol par JJI. Julia Fo;-1Tr.Nr:LLE. ~ Le spilantlws ol«racea, originaire de l'Amé1 ique
» mtridionale , dit l'auteur , jouit d'une saveur :tcre ,
-t analogue à celle de la pyrèthre, qui lui a fait eUribucr,
' dès l'origine de sa découverte, des propriétés odontal" giques el anli-scorLutiques , et qui lui a valu le nom
" de cresson de Para , sous lequel il est habituellement
-vconnu'fJ.
Cette plante n'étant encore cultivée q•1e dans les jardins botaniques, n'est pas connue , comme elle pourra
l'être par le mémoire que vient de publier M. Bahi. Il
prépare avec cette plante l'élixir auquel il a donné son
nom, et dont voici la formule ;
Prenez feuilles récentes et contusées du spilanthus
oleracta , quatre onces; alcohol à 33 degrés, une livre,
Faites digérer pendant douze jours et filtrez.
On en donne huit gouttes dans du petit-lait ou dans
six onces de décoction de 'l~inquina soir et matin. On
augmente ces doses suivant l'état , l'âge et la constitu~
tion des malades.
~
On pourrait au besoin remplacer l'esprit de cochléaria
par l'alcohol distillé de spilanthus.
- Mémoire- sur la préparation du tartrate de potasse
T. VII. ~Février 1824.
14
�(
106 )
et de fer. Par JJl. BouTROJ>1-CHARLA110. - Presque tous
les pharmaciens qui préparent le tartrate de potasse et
de fer ont pu observer le peu de produit que l'on obtient;
mais personne avant M. Boutron-C!iarlard s'ét.iit renùu
une l'e ison c.l.iire des phénomènes qui en sont la cause.
Il semùluit qu'outre le tnrtrate de potasse qui fait partie
du tortrate aciclule de cc nom , on devait obtenir encore
une augmentation de produit de la combinaison du fer
avec l'acide tartrique libre ; et tout le contraire arrive,
ca1· , si on emploi pour cette ,opération 160 grammes de
tart,ratc accidule de potasse , on obtient à peine 96
· grammes de tartrate double de potasse et de fer.
De plus , le tartrate de potasse et de fer attire puissamment l'humidité de l'air , on croyait cette propriété
essentielle à ce sel; cependant le tartrate de potasse et
celui de fer neutres obtenus séparément et mélangés ensuite en les dissolvant et en les rapprochant à siccité,
n'out attiré l'humidité de l'air qu'à un faible degré,
L'auteur du mémoire a porté dans cette opération son
œil observateur et il a reconnu que c'est à la propriété
qu'a le fer de réagir sur le tartrat~ de potasse neutre ,
qu'il faut attribuer l'anomalie que l'on croy<1it trouver
dans cette opération. Car en prenant les proportions
consignées dans le codex et agissant sur 64 parties
de limaille de fer brillante , et 160 grammes de tartrate acidul,. de potasse, on obtenait d'une pait la moitié
environ de tartrate de fer insoluble formé de ee métal
avec l'acide t1ntrique soit libre , soit celui que le fer a
enlevé à la potasse , ce sel, sous le nom de précipité
restait sur le filtre et d'autre part on avait l'autre moiti{
de tartrate de potasse et de fer soluble imprégné de la
p~tasse restée libre , qui attirant fortement l'humidité de
l'air , rend ce sel dé,l iquescent.
Sans suivre l'auteur dans tou.t es les expériences qu'il' 11
faites poui· prouver ce qu'il avance , nous conclurons avec
�(
107 )
lui : u.1. 0 que chaque fois qu'on met en contact la limaille
de fer , le tartrate acidule de pota~se et l'eau , il se
forme, outre un tartrate double de potasse et de fer,
un tartrate neutre de fer insolul1le qui se précipite et
qui reste constamment sur les filtres lorsqu'on passe
la liqueur ; :z.O que c'est à ce tartrate neutre de fer
qu'il faut attribuer la perte considérable qu'on éprouve
lorsqu'on prépare le tartrate de potasse et de fer (tartre
martial soluble); 3. 0 qu'en combinant directement l'acide
tartrique pur avec le fer , on n'obtient pour tout produit
qu'un tartrate neutre insoluble de ce métal ; 4. 0 Enfin,
que la cause de la facilité avec laquelle le tartrate double
de potasse et de fer attire l'humidité , ne provient que
d'une p..!tite quantité d'akali produit par la réactjon de
l'oxide de fer sur le tartrate de potasse 'I>.
( Journ. méditso-clzirurgical du Var, ja-,iv. i8~4.)
Obseri•ation sur un anus contre nature , suite d'une hernie
gangrenee , guùi par compression ; par P.-.1. PoJ'ICTiT ,
médecin de l'h~pital civil à l!èurs (Loire). - « Phil1berte
Delorme dite Berton , journalière , âgée de cinq oante
ans , était affectée depuis huit ans d'u~e berni~ crurale
du côté droit. Elle sàvait bien que , depuis cette épo- '
que , elle avait dans cette partie une tumeur du volt1me
· d'un œuf de pigeon , mais elle en méconnaissait la nature. Le 7 avril 1822, elle ressentit tout-à-coup, dans
le bas-ventre, un tiraillement très-douloureux, la hernie
de\'int plus volumineuse ; des coliques atroces se déclarèrent, accompagnées de constipation , de nausées et
de vomissemens ; la fièvre , une soif intense , la météorisation du bas-ventre survinrent immédiatement: appelé
pour remédier à ces accidens , je prescrivis les fomentations , les cataplasmes émolliens , les bains tièdes, les
calmans à Pinté.rieur.
Malgré l'emploi méthodique et rationel de ces moyens,
•
�(
l
08 )
]a tuméfaction augmenta rapidement; elle s'étendit bientôt aux muscles abdominaux et aux parois ùu thorax : les
douleurs devinrent insupportables , la lan gue sèche, la
buuche bri'.tlante et pleine de matières verdùt res ; les vomisse mens , d'aburd purement bilieux , a111cnhent des
matières stercorales peu abondantes, mais rendues avec
beaucoup d'efforts; augmentation toujours croissante de
la t1-m1eur herniaire et de la m<itéorisation du bas-ventre;
pouls vif, fréquent et coneentré ; hoquet ; en un mot
réunion de tous les signes de l'étranglement intPstinal.
Au bout <le quarante-huit heures , suuhigement, cessulio n des vomissemirns , diminution de la tension et
du gonflemc1Lt, décomposition des traits de la face,
Slll'•trs froides , pouls misérable ; signes évidens que
l'dranglement n'existait plus , parce que la gangrène
de l'intestin était survenue. Alors, emp~tcment el fluctuation ' d'abord sourds ~t obscu1·s ' puis ma ni [estes ae
la tumeur , bient6t suivis de son ouverture spontanée
par laquelle s'écoule une énorme quantité de matières
purulentes et de portions sphacelées , mèlées de matières
stercorales et de gaz d'une fêtidité insupportable.
Cette ouvP1'ture est suivie de plusieurs autres secondaires , formant , par leur réuuion , uné vaste plaie dans
la direction du ligament de Poupart. Je la pansai comme
une plaie simple avec des plumassea11x enduits d'un
digeslif animé, me servant , de plus , de lotions et d'in·
jections antiseptiques et toniques. Les pansemens réguliers renouYelés deux fois tontes les vingt-quatre heures,
les soins exacts de propreté , une douce compression
exercée par les pièces de l'appareil , amenèrent progresllivcment, mais d'une manière sensible, la diminution
du diamètre de la plaie , qui laisse toujours , dans les
premiers temps ; éc>happer les matières fécales mêlées
du pus et de lambeaux gangrenés , provenant ; soit de
l'épiploon , soit du tissu cellulaire et des ligamens.
�(
109 )
Les parois du thorax; le ventre se dégorgent succes•
sivement ; l'appétit et le sommeil reviennent peu-à-peu ;
fos matières .reprennent insensiblement la continuité du
canal alimentaire , de telle sorte que l'ouverture extérieure se rétrécissant toujours de plus en plus, ~e trouve
réduite , au bout de huit semaines , à la largeur d'une
pièce <l'un franc, par laquelle s'écoule une très-petite
quantité de mucosités jaunâtres. Alors, j'exerçai une
compression plus exacte , au moyen de la pelote d'un
bandage herniafre qui n'appuyait sur la plaie qu'avec
l'intermède de plusieurs compresses ; quelques gouttes
de mucosité s'échappaient à peine pour salir l'appareil ;
les coliques se dissipèrent entièrement ; la totalité des
matières passa par le rectum , et ce moyen amena en
peu de temps , avec l'oblitération complète de l'anus
contre-nature , la formation d'une belle et solide cicatrice, Cette guérison, retardée d'abord par des symptômes gastriques , puis par l'œdême des extrémités inférieures, avec tendance imminente à une leucophlegmasie
générale , traitée par les diurétiques et les amers , fut
enfin complète au bout de 0117.e semaines , terme auquel
la malade put reprendre ses travaux ordinaires >>.
- Hernie inguinale, gangrenée, avec anus à taine ,
guérie ptlr la nature médicatrice : par M. H1PPEAU , médecin à Chizé (Deux-Sèvres ) ex-médecin militaire , de
plusieurs Sociétés médi;ales. -1< Louis Vinet, cultivateur,
demeurant au Vert , âgé de 70 ans , portait , depuis
plusieurs années , une hernie inguinale ou bubonocèle.
Dans les premiers jours d'octobre 1 8 20 , ep1 ès un effort
pour lever un fardeau , il y eut une irruption d'une
plus grande portion d'intestin qu'à l'ordin::1ire dans le
sac herniaire, et les moyens qu'employait ordinai rement
cet individu pour opérer la réduction , furent snn<: .surcès. Dès-lors, tous les symptômes de l'étranglement e
�(
110}
l'intestin se manifestèrent , bientôt l'inflammation t~
finalement la gangrène.
Le malade étant du nombre de ceux qui sont fol't
dur!' aù mal et peu aco11utumés aux visites des médecins,
r~ ,.ta plusieurs jours <luns cet élat, et jusques enfin qu'il
a;'.iperçu1 que ses e.i..crémens sortaient par la plaie. C'est
afor · 3eu!ement qu'on !e décida à m'appeler. Je le vi~ le
.;iuinze du susdit mois d'octobre • et je le trouvai dam;
la •Îtuation suivante :
Él., gangreneux de tous les tégumens de l'aine et
d'une pa1 ie du bas-ventre jusques auprès de l'ombilic;
anneau du muscle grand oblique dans une putréfaction
telle qu'il me fut impossible de distinguer l'intestin ;
pp:ireil du pansement imprégné d'une grande quantité
oil _ matières fécales, dont l'écoulement était , dit-on ,
resque continuel; point de selles depuis plusieurs jours;
puuls petit, accéléré et parfois intermittent. Aucun rél1me n'avait été observé.
D:ms cette occuiTeuce , d'autant moins favor:ible que
Ja gangrène n'était pas encore bornée , je prescrivis un
ré;:ime convenable et l'emploi du quinquina à l'intérieur
et à l'extérieur. Les pansemens furent faits avec la décoction de cette écorce, fortement animée d'alcohol camphré.
Les pnrens s'étal'lt contentés d'une seule visite du
médecin , je ne vis plus le malade pendant la durée de
sa maladie, et. ce fut avec étonnement que j'appris un _
mois après, par un de ses voisins , qu'il était mieux ,
qu'il avait commencé à aller à la garde-robe , et qu'il
sortait fort peu de chose par la plaie. Je pensai dèsIors que la D'llure opérait la guérison de cet individu,
En effet , Louis Vinet fut parfaitement guéri d'une ma}Jdie, dont beaut:oup de personnes en pareil cas périssent, nprès avoir eu m~me les secours de l'art les mieux
indiqués et les plus assidus. Je me suis assuré, par moimême , de sa parfaite guérison. J'ai su qu'il avait pu
\
�(
II l
)
encore se livrer aux travaux agricoles pendant plusiel' ..S
années , qu'ensuite il était <levenu aveugle , et q e
finalement il était (nort , il y a d11ux ans, octogénair •
Cëtte observation n'~st p:is unique dans son genrr,
les mémoires de l'Académie de chirurgie, et pr1:sque
tous les auteurs qui ont traité des hernies , f, nt eu.tion de bubonocèles terminés par gangrène avec sortie
de matières stercorales par l'anneau ; d'anus arhtiti~ls
établis ensuite , en procurant ou aidant l'adhérence de
l'intestin avec l'anneau ; de cas où, les matières ayant
repris leur cours p11r les voies naturelles, les malades
ont été guéris radicalement, comme dans l'observation
dont il s'agit ; mais je n'ai vu nulle part de guérison
de cette nature, aussi complètement opérée sans les secours de l'art, C'est pourquoi j'ai pensé que cètte observ11tion pourrait être considérée comme bonne à recueillir ».
Journaux Anglais.
/
(London médical Repositorr et Rev. médic. 1823 ). Effets du substances irritantes sur les intestins, quand
ces substances sont frictio1mèes sur la f)attie irférieure
de l'Jpine. - Le docteur VVight avait observé que l'application d'un synapisme ou d'un vésicatoire sur la 1·égion
dorsale excitait souvent l'action des intestins, quand lss
cathartiques les plus actifs n'avaient pu déterminer des
sellei;. Il avait vu aussi que les substances purgatives
mêlées avec le liniment volatil ordinaire , quand elles
ét~ient frictionnées sur le bas de la colonne ,épinière ,
entretenaient le ventre libre chez les individus qui
avaient été rebelles à l'action des purgatifs.
Le chirurgien James King , qui a repris en sousœuvre le travail du docteur Wigth , commence par dire
que si cette action des purgatifS ou des substances excitantes ainsi ~dministrées était constante , ce serait un
avantage immense pour la pralicrue , attendu qu'on
�(
I 12 )
11ur1it Une voie st1re pour procurer des selles toutes le:'!
fois que, soit par une excessive irritabilité de l'esto ..
mac 1 soit par toute autre cause, on est obligé de s'in~
terdire l'usage interne des purgatifs , ou bien que l'ort
ne peut compter sur leur action. Il rapporte deux ub•
servntions desquelles il résulte , sinon que la purgation
peut-être st1rement déterminée par les frictions sur la
colonne épinière, du moins que la propriété déjà notée
par TVight chez les purgatif.s , les vésicatoires et les
synapismes lui est commune avec le tartre émétique.
KinB dit ensuite qu'il a essayé les frictions avec ce
tartre sur plusieurs autres pal'ties du corps, telles que
la nuque, la poitrine , etc. , mais sans avoir jamais
observé qu'elles produisent alors aucun effet sur les intestins.
( The London médical and p'lzysical journal, et Re.-.
méd. I 823). - Nouvel appareil pour guérir certains piedshots. - «Les anglais désignent par les noms de erteil
ava11cé pointed toe , ce v΀e de l'articulation de la che~
ville dans lequel le pied est maintenu dans une extension
continuelle qui fait que le malade marche sur la pointe
des orteils. Le raccourcissement du tendon d'Achille
peut occasioner le pointed tal!; l'enfant peut aussi venir
au monde avec une pareille conformation : dans l'un et
dans l'autre cas, Joseph Amesburg se sert d'un appareil
di,iqucl il assure avoir obtenu plusieurs succès; il consiste en un étrier fixé , d'une part au-dessus du genou ,
et de l'autre vers la boucle du pÎed ou du soulier: ces
deux extrémités sont unies entr'elles par un écrou et
une vis. Cette machine permet de graduer journellement
l'extension et de faire reprendre au muscle du mollet et
au tendon d'Achille leur longueur normale sans les fatiguer et sans leur faire perdre leur éla11ticité ».
�{ 115 )
J 011rnaux Allemands.
(.Journal der cliirurgie von Gra/e und 1'Valtlier et .Rev.
rnéd. 182?; ). - Gale guérie au moyen d'une infusion de
fleurs d'arnica mnée.î avec du sel de cuisine. ~En 1821,
un médecin proposa • pour guérir la gale , une forte
infusion de fleurs d'arnica , dans laquelle il faut faire
dissoudre une quantité suffisante cie muriate de soude.
M. le docteur Durr, de Hall, fit 1 en conséquence•
usage de ce moyen dans plusieurs cas de gale et il dit
en avoir obtenu du succès ; seulement ce tr11itement
est plus long que celui par les moyens connus. M. Durr
a remarqué qu'il laisse çà et là de petites pustules qui
mettent beaucoup de temps à se dissiper. Il se propose
de continuer les recherches sur ce point et d'en publier le résultùt , quel qu'il soit ,;.
- Guérison d'une gangrène sénile. - « Waldwstrom,
dans Io Nordbotten, rapporte qu'il a été assez heureux pour guérir la gangrène sénile chez un vieillard
Agé di quatre-vingts ans, chez lequel la gangrène s'était
déclarée au gros orteil. Il parvint à cette cure au moyen
du kina et de l'opium , qu'il administra à de trèshautes doses à l'intérieur, tandis qu'il employa à l'ex~
térieur de la poudre de clous de girofle ».
4. 0 V ....
R T
É T É
.s.
- L'académie royale de Barcelone (r) a tenu. sa sêanc-'
(1) Estr~clo de las sesiones semanales que ha celebrado la re4
academin de medicioa pratica de esta ciudad en los meses de
noviembre y deciembre del aiio 1823. (Broch. j;.g,o de iept
pager, Barcelone, J 8114 ).
T. VII. if!'évrier 1824.
r!i
�( IIf~ )
publique le 18 décembre dernier, en présence des mèdecins et chirurgiens en chefs de l'armée française.
Don Raphaiil StP11a, premier secrétaire de l'Académie,
a donné leclure d'un aperçu sur la constitution météol'ologique du mois de novembre, et D. Raimundo Duran,
second secrétaire , a lu un aper<;u sur les maladies observées dans le courant de ce mois . Parmi les affections
sporadiques , on a signalé avec un intér~t particulier
le cas d'un empGisonnement occa~ioné par vingt grains
d'opium, deux de sublimé corrosif et une once et demie
de laudanum liquide. Le succés obtenu daas ce cas par
1a prompte administration de quatre grains de tartrate de
potasse antirnonié dans cinq onces d'eau, et d'une bois·
son acidulée après l'e)l,pulsion de la matière vénéneuse,
suggère des réflexions judicieuses qui portent à conclure
qu~ c'est une erreur très-préjudiciable de considérer
les acides comme antidotes de l'opium ; qu'il est indu•
bitable qu'ils en augmentent la force et l'énergie , donné&
avant le vomi11sement; que l'émétique a été évidemment
le souverain remède dans cetle occurrence , enfin , qu'en
considérant combien est grande ti perversité des hommes;
combien il est facile de compromettre la bonne fui d'un
pharmacien, il devrait être défendu de débiter la moindre
quantité de substance énergique &ans l'autorisation d'un
médecin.
Don Francisco Bahi lit ensuite un extrait du discours
que M. Gama , chirurgien en chef de l'armée française ,
a remis à l'Académie et qui a pour but de développer
les principes suivant lesquels on dirige l'enseignement
médical dans les hôpitaux militaires d'instruction.
0
L'extrait que nous analysons contient encore r. un
intéressant éloge du malheureux Mazet , prononcé par
M. Gama; 2, 0 les questions mises au concours par leeouvernement du duché d'Oldenbourg , concernant Ja
�( II5 }
fièvre jaune
1
questions que nous avons déjà publiées.
, juillet 1823, p. 6r ).
1
{ voy. notre 2 5.e n. 0
- Le médecin dont nous avo1ls signalé la condam•
nation ( pag. 318 <le notre 3 o.èm• Iivraison) vient de nous
annoncer qu'ayant fait appel de spn jugement, il a été
acquitté.
- M. le docteur Textoris , médecin de la marine ,
si capable d'apprécier les avantages de l'École de médecine navale de Toulon et pénétré de cette vérité qu'ils
émanent des talens qui distinguent le~ professeurs de
cette école , sentait trop combien il importe d'établir
des relations scientifiqu~s entre elle et la Société royale
de médecine de Marseille , pour ne' point proposer à
celte Compagnie, dont il est l'honorable président, d'entreprendre d'aussi utiles relations. Faite dans l'une des
dernières séances de la Société , celte proposition d été
vivement applaudie par tous les membres et nous nous
félicitons d'avance de ses résultats.
- Nous venons de recevoir de M. Paoli, de Pesaro,
une excellente brochure ayant pour titre : Memoria sulla
traspirazione pulmonare dont nous publierons la tratluc ..
tion. Nous avons reçu quelques jours auparavant un
Traité sur les fièvres bilieuses et deux brochures sur l'art
des accouchemens par le professeur ]Jlleli, de Ravenna ;
nous en reudrons compte dans notre recueil •
.- Le docteur Barzelotti , professeur à Pise, a publié
depuis peu son ouvrage sur les eaux minérales de la
Toscane , surtout êelles de Mo11tecatini.
- Comme en janvier, les maladies ont été ce mois-ci
presque toutes inflammatoires et les succès obtenus du
traitement-anti-phlogistique n'ont pas éti peu nombreux.
/
�( II6 )
-- D'aprés le relevé des registres de l'État-civil cile
la mairie de Marseille, il y a eu en Janvier 1824,
455 naissances; 473 décés et 74 mariages.
P.-M. Roux.
5.° C 0
N COURS
AC A. DÉ M 1 QU!: S.
La Société de médecine-pratique de Montpellier propose pour sujets de rleux prix, consistant chacun en
une médaille d'or de la valeur de 300 francs , les questions sui vantes :
I. re question , pour 1824. Quelle a ùé l'influence des
travaux de Guy-de-Chauliac sur le lustre et les progrès
de la chirurfjiC française ?
2.e question, pour 1825. Quelle a eté l'influence des
travaux de Rivière, de Chirac, de Bordeu et de Barlhèz
1ur le lustre et les progrès de la médecine française?
Les mémoires sur les deux questions, écrits en français
ou en lati:1 , seront envoyés francs de port avant le
15 avril 1824 et 1825 , à M. le dotteur Bonnet, Secrétaire-général de la Société , me du gouvernement, n. 6
:i.4.6, à Montpellier.
AVIS.
LA Société rorale de Médecine de Maruille déclare
'lu' en insérant d'ans ses Bulletins les Mémoires, Observations , Notices, etc. , de ses membres soit titulaires, soit
t:orrespondans , qui lui paraissent dignes d' ~tre publiés,
elle n'a i15ard qu'à l'intérh qu'ils présentent à la science
médicale; mais qu'elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteur1 1
« ,qui n'Qnt pas en1ore l4 sanction sénérale.
�(
117 )
BULLETINS
Il B
LA SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECINE
DE MARSEILLE.
FÉVRIER I
824. - N. XXVI.
0
0BSERY ÀTION sur
une taille anale, pratit1uée à l'hdpital
de la marine de Toulon, 111 7 sept1mbre 1823, présuitée
à la Société reyale de mUecine Je Marseille, par M.
SPER, chirurgien en chef de la marine, l'un de t es
membres correspondsns.
L'oPÉRATIOJI de la taille fut long-temps en France
comme elle l'est encore dans le Levant, le monopole
des opérateurs ambulans. Un 'instrument aigu et tranchant plongé dan_s la vessie , sans égard pour les parti es
qu'il devait intéresser , et des pinces grossières étaient
les seuls instrumens dont on se servait, et le principal
mode opératoire que l'on mit en pratique. Cependant la
taille de Celse était conntte et pratiquée sur les enfans
avec une sorte de sécurité, puisque l'opérateur touchait
médiatement la pierre et la rendait :;iisément accessible à
l'instrument tral'lchant. Mais sur l'adulte cette manœuvre
devenait Împo8sible. Aussi dans le 15. e siècle Laurent
Tolot pratiquait-il le grand appareil inventé par Jean
Desromains. Cette méthode , qui t:omptait plus de revers que de succès , fut suivie de la taille latéralisée dont
le frère Jacque; Beaulieu fut l'inventeur. Il eut l'heureuse
�( II8 )
idée de conduire dans la veuie un l!athéter, d'abord
non- canelé , qui lui se1·vait en quelque sorte de guide
pour conduire latéralement son lithotôme dans la poche
urinaire. On sait comment Dll11ernay et Méry lui donnèrent le conseil de faire pratiquer une canelure à son
conducteur, canelure qui s'est conservée jusqu'à nos
jours et qui donne à l'opération plus lie sûreté et une
précision mathématique.
'I ou Le fois Franco , dans le 16. e siècle , introduisit la
méthode d'ouvrir la vessie par aa paroi supérieure et
peu de temps après , Rousset et beaucoup plus tard le
frèr e Cdme , posèrent les préceptes de cette méthode
dont on ne s'est plus écarté.
Enfin Foubert et Thomas attaquèrent presque en
même-temps la vessie par sa partie latérale gauche et
'enrichirent la chirurgie de la méthode latérale.
Il était à présumer que toutes les méthocles de tailler
étaient épuisP.es et que le génie le plus inventif n'avait
plus rien à créer. En effet, un siècle s'était à-peu -près
écoulé depuis la publication des dernières méthodes ,
lorsque le doeteur Sanson s'est récemment convaincu
que tous les points par lesquels la vessie pouvait être ouverte n'a\·aient pas été essayés; et que ai son col, son
haut fond, ses parties latérales avaient été divisés pour
livrer avantageusement passage à un calcul , son Las
fond n'était pas moins un lieu d'élection, of!'rant toutes
les fdcilité.s désirables pour l'extraction des pierres,
môme les pl us volumineuses. Éh ! qui le croirait; cette
heureuse idée , fécondée autant qu'elle pouvait l'être, a
entanté trois méthodes : la première consiste à ouvrir le
bas fond de la vessie par la partie correspondante du
rectum ; ln seconde à fendre le col de cet organe en de~
d;ms de l'dnus , la troisième, qui n'est qu'une modification de la seconde due au professeur Vacca , consiste
à dîviser 1. 0 le sphyncter externe de l'anus et six Jisnes
�(
dù raphé;
2..•
I
19 )
la partie membranaute de l'ur~tre ; 3.•
le col de la vessie avec la partie correspondante du
rectum.
Cette dernière méthode est celle que j'ai suivie sur le
nommé Matalis ( Dominique ) matelot sur la corvette La
Victorieuse.
Ce malade,. âgé de 19 ans , d'une constitution faible •
ayant le teint pàle et le corps amaigri , éprouvait depuis
long-temps les symptômes qui dénotent la présence d'un ·calcul. Je m'assurai <le son existence par le cathétérisme , et , bien qu'il n'y eut pas de signes certains
pour en apprécier rigoureusement le volume , il me parut
avoir des dimensions au-dessus des calcula ordinaires.
Le malade fut mis à l'usage <les boissons gommées ,
des bains généraux et observa une diète modérée pendant une huitaine de jours.
Le 7 septembre , jour fixé pour l'opération , arrès
aveir préparé tout ce qui oonvient pour l'exécuter : un
cathéter, un bistouri droit, un gorgeret de hois , de:t
éponges, une seringue , des liens , le malade fut couché
et lié comme s'il eut dt1 être opéré par l'une des méthodes ordinaires. Le cathéter introduit et tenu perpendiculairement' je plaçai le bistouri à plat sur la purpe
du doigt indicateur et dirigeai l'un et l'autre dans l'anus ,
la face palmaire de la main tournée en haut, Je fis alors
subir 11u bistouri , un demi - mouvement de rotation
par lequel son tranchant se trouva en regnrd de l'urêtre , tandis que le doigt appuyait sur la paroi postérieure du rectum et aggrandissait l'anus dnns le sens
du cocdx , f'incisai le sphyncter externe et E:nviron six
lignes du périné pour metlre à nu la partie membraneuse du canal de l'urêtre. Cette première incision
faite , voyant que le doigt qui était dans l'anu.~ opérait
une dilatation de cette ouverture , telle qu'il n'y avait
rien à cr11indre pour la paroi postérieure du rectum 1
�(
l~O )
de la part du bistouri, je négligeai, avec intention, d'j
placer le gorgerct; je cherchai avec la pointe de l'ins ...
trument la canelure du cathéter , je traversai l'épaisseur de la partie membraneu se de l'urètre, à six: lignes
environ du ~ol de la vessie et je divisai (le tranchan• de
l'instrumen t étant tourné en bas et en arrière) l'uri\tre,
l e col de la vesaie et la prostate ; mais soit que les parties eussent fui devant le tranchant du bistouri 1 soit
que la main qui tensit celui-ci n'clit pas assez appuyé
pour diviser cellea-là , le doigt présenté devant l'incision nè put entrer dans la ve$sÏe. Il fallut replacer le
bistouri , lequel éprouvant quelques difficultés pour retrouver le passage qu'il s'était frayé, arriva pourtant
dans la vessie au moyen d'une sonde canelée et ce fut
â la faveur de ce nouvel instrument que je donnai à l'incision l'étendue qu'elle devait avoir. L'incision achevée,
j'introduisi s le doigt dans 104 vessie, Il servit de conducteur aux tenettes qui amenèrent une grosse pierre, du
poids de 48 grammes.
Après plusieurs injections dans la vessie , le malade
fut délié et placé dans son lit. Je lui administra i une
potion calmante que je prescris toujours après les grandes
opérations , non-seulem ent pour prévenir le spasme ou
tout autre accident nerveux, mais encore pour provoquer quelques heures d'un sommeil réparateur.
Dans l'après-mid i , il prit un bain. Le soir il éprouva
tous les symptômes d'une vive irritation. Quinze sang~me.~ appliquées rnr la région hypGgastri que , ramenèrent
le calme le phis parfait. Dès ce moment jusqu'au 19 le
malade n'éprouva rien de remarquab le. Les urines passaient dans le rectum et l'obligeaie nt à se présenter
trois à quatre fois par vingt-quatr e heures à la garde~
robe. Toutefois on ne négligeait rien pour évacuer l'urine amassée dans le rectum , soit que le doigt d'un aid«!
iilatât l'anus , soit qu'on y introduisit une canule j
�(
1.'.H )
!;urine ne demeurait guère plus d'une heure , ce qui
diminui!it de beaucoup la fréquence des ~ell e s.
Il e.~t presqu1: inutile de dire que ce mi!la<le n'a nullement été étrauger au traitement que l'on administre à
ceux qui subisscmt la lithotomie.
La plaie de lu velisÎe s'étant beaucoup rétrécie et
l'urine commençant à couler par l'urêtre , je me décidai
à introduire une .11onde de gomme élasLi1 uc d.rns la
vessie, ainsi que l'a fait M. Dupuytr<!n dans un Las sc mElable, afin d'accélérer la réunion des Jévres de la phi e
de le cloi.son recto-vésicale. Les urines coul èrent Lientul
en loti!lité par la sonde , et le malade 11e rend<J it qu'une
idle par jour.
Enfin , après urr mois de précautions assidues , voyant
que la plaie ne se fermait pas-, qu'elle consenait toujo11111 quatre à cinq lignes cl'étcn<l ue , crai gnant d',iilleurs que la courbure <le la sonde 11'cn écartât les bords,
je me décidai à l'ùter.
Depuis lors le malade a été régulièrement à 1a selle
trois fois par joui·. Ces selles sont p1·uvoquécs par une> ,
partie de l'urine qui continue à coul er Jans le rectum ,
ta11dis que /autre sort par les voies ordinaires. N éanmoins aucune fistule ei.téi·ieu1 e ne fatigue et n 'incommode le malade.
1,
Cette opfratiun offre une grande foeiliLé dans 1'1,xéculion
et n'exige qu'une certaine habitude que l'un doit av<>ir acquise à la deuxième ou troisième. Je me p4.opose. de la
pratiquer plusieurs fois pour m'assure~· si la plaie Je
la cloison recto-vésrcale ofü·e ~ chez. tous les sujels, la
111ème difficulté à se cicatriser que itl'I' le sujet de Cettf!
11bservation , et si l'état de maigreur ou d'embonpoint
influe isur la non ou p-..irfaite cic.atrisalioa.
T. VIL J/J.,,rier dh3.
/
/
�(
12:1 )
sur la taille 1 par JVf.. ,Bou11GUET, docteur
en médecine, chirurgien en rli'ef des hospices de Béziers;
médecin des prisons de la ,,,ifle, membre correspondant
de lti Société royale de mcdecine de iHarseille, etc.
REMARQTTES
1. 0 MALGRÉ la perfection que les hommes de l'art ont
donnée à la lithotom:e, il existe encore quelques objets à
cousidérer, et ces objets se sonl présentés plusieurs
fois dans ma pratiq ue; j'ai fait ensol'te de parer aux in•
com·énien s, j'ai réuss i; je suis à ma quatre-vi11gt-huitième
opé1 ation. Quatre seulement sont morts , lung - temps
api·ès avoir été opérés; ·deux ont eu des fistules urinaires
dans le principe. Quatre-vingL-deux jouissent de la meilleure santé.
I
2. o Le plus grand obstacle il l'extraction des cakuh
vient des tégumens communs ; les parties molles profonùes cèdent facilement; mais leur wnlusiun n'est pas
sans danger. Premier point à remanruer.
3. 0 Toutes les fois qu'un cale 1leux aura souvent teriùu
du sang par les urines, et que les hémorroïdes seront gonflées, l'incision des ·vaisseaux vurit1ueu'C tlu col de la
vessie est à• redouter; la conlusion qu'ils éprouvent au
moment de;la sortie <I.e la pierre 1 les crispe , et l'hémorr;;gic ne parait pas f mais vers le huitième joui· , quand lu
suppu·ràtion se fait, et que le spasme à cessé, l'hémorragie fait• érairidre potAr la vie du malade , et ses suites
I'erripùrtent souvent , en donnant naissance à des maladies
atoniqües funestes.
4.. 0 Ln ·déchirure des bords de la plaie de la vessie en~
trait1e les plus grands acciclens ; surtout quatrù un calcul
mural.es-t t'}:tniit avec force; il s'en suil tles infü:mmation.<t
de vessie, des Mpôts dans lepelit hà•sm et des fistules
ou la mon. C'est a ces im:onvén ens qu~ j'.ii ch<:rché fi.
parer et j'ai réussi~
�(
125 )
5. Je remplis la première indication en dirigeant l'in.
cision des tégumens dans une ligne circulaire , dont la
convexité .~e dirige vers l'anu.~ et la concavité fait face
à l'arcade du pubill ; cette ligne redressée donne un
~iers de plus en largeur, et aggrandit l'espace; dès-lors
JIJoins de résist~nce de la part des tégumens , et meins
de craintes pbur des suites fâcheuses; j'ai extrait des
calculs de la grosseur d'un très-gros œuf de poule sans
inconvénient ' et cette wét)lode peut daq.s bien des cas
faire éviter l'incision .suspubienne
6. 0 Le second accident , un des plus fkheux , je t 11i
prévenu en ouvrant, par le coup de maitre , le col de la
vessie t introduisant un instrument en tout semblaLle au
litho tome caché du frère C&m!!, mais dont la lame consiste
dans une tige de fer ronde , nullement tranchante et
propre seulement à dilater l'ouverture de la vessie ,
en éci:artant les vaisseaux variqueux sans les inciser , et
conséquemment sans aucune crainte d'hémorragie consécutive : on me dira , peut-être , que cette dilatation doit
entrainer des acoidens1,; les raisons· sont spérieuses ,
mais les faits parlent et je n'ai jamais vu !les accidens
graves en être la suite.
1
7.v Quand au troisième motif de crainte, il est facile
de l'éloigner, et pour évitér la déchirure contuse des
bords de la plaie de-la vessie, j'ai imaginé deux rr.oyens:
ou bien j'extrais la pierre murale , quand je l'ai découverte par le secours du doigt indicataur gauche , qui
est mon sell directeur , en le fesant glisser entre, deux
plaques de plomb courbées en gorgi:rct, que j'introduis
dans la vessie aux deux_ côtés de la te nette , ou bien je
me sers de pinces à boites que j'ai fa1t faire exp~ès ',
qui embrassent exactement le calcul , en couvren1litciu~:s
&es pointes; par ce moy~n den n'est décl)iré ; .c'ei: t
une surfa~ce lisse qui pas~e par . ia plaie , et Je calcp\
eat extrait avec facilité.
·
0
.
/
�( r24)
S.0
La ·forme de mes pinces à boîte est trlle qtte
chaque mors est c.reux et représente un cône allongé ,
rétréri vers la charnifre , évasé à ses extrémités , et
suffisamment creusé avec dentelures, pour saisir ce
corps avec plus de force.
9. 0 Je n'offre id rien d'abstrait, rien d'hypothétique·1;.
tout est basé sur l'expérienrc et trop sensible pour
pouvoir être révoqué en doute ; au reste c'est ma mé..,.
thode rt les succès soutenus que j'en obtiens tous les
jours font que je l'emploie constaml'nent.
SÉANCES
DE
LA
SOCIÉTÉ
PENDANT LE MOIS DE B.NVIE1\
10
.Ton11iP.r. -
1824,
M. le Secrétaire-général donne com,,.
m•1nicRtion: r. G d\rne lettre de M. le comte di! Villeneuve,
Préfet du dépal'tement, qui rem~rcie ln Société de l'envoi
du tabl eau ·des rom missions établiès dans son sein pour
l'année 182ff; 2 . 0 d'une l~ttre de M. le marquis de Montfjrand, Mair~ de Mnrseille, qui rend jµstice aux elfo1 ls
que fait la Compflgnie pour détruire le fléau <le la petite
vérole , et Lémoigoe la part qu'il ne ces.se de p1 encire à
tous les moyen.~ proposés pour en écarter la funeste
apparition dnns les €lasses ouvrière et agricole.
Lecture est (aite d'une notice., adressée pnr M. Brayer,
médecin à Constantinople , sur une nouvelle plante de
la famHle des rosacée•, employ.ée avec le plus grand
.succès en Abyssinie contre le tœnia.
J,\1. Goulin lit e!lsuite .son rapport sur un mémoire
�(
125 )
de M. Mer, médecin de Lyot) , port~t pour titre ;
Obserpations sur le , croup.
17 Janvier. - M. Th. Beullac lit, au nom d'unr. commission, un rapport sur les moyens nécessaires pour se
livrer aux expériences relatiV'Cs aux poisons végétaux.
Plusieurs circonstances réunies portent la Compugnie à
remettre ces expériences à une époque plus convenable.
Le reste de la séance est employé à la discussion d'objets de finance et d'administration intérieure.
31 .Tanvier. - M. TaParez adrei;3e un exemplaire c!e
la dissertation qu'il vient de soutenir à J' École de Paris ,
saus le titre de : Consùlérat:ons d'hrBiène publique et de
police médicale appliwbles à la ville de Rio-Janeiro , et
témoigne le désir d'être aggrégé à la Société comme membre correspondant. Le mérite de cette production fait
regretter à la Compagnie que. ses statuts l'empêchent
de prendre en considération la dem"nde de M. TaMrez.
Toutefois, M. Roux est chargé de foire un rapport sur
cette dissertation.
M. Seux, YÎce-président • en l'absence de M. le président, paie ensuite à notre infortuné colli::gue , M.
Bmac qu'une mort prompte vient de nous ravir pour
jamais , le tribut d'éloges dus à ses talens et à ses rares
qualités, et donne quelques détails sur la maladie funeste qui li privé la Société ù'un de ses membres les
plus zélés et les plus recommandables.
Un discours a été prononcé sur la tombe de ce mode~te
et savant collègue par M. Sue, interprête des regrets de
la S.ociété ; et _une notice , tJUi !ait sentir vivement l~
�!BI
(
126 )
perte qu'ont faite en lui la science et l'humiinité , a
été lue par l\'l. Reymonet, son élève et son ami particuli-er,
On donne lecture des observations sur le croup ,
adressées par M. JUer , et on s'occupe ensuite des
conférences sur les maladies régnantes.
TEXTORIS , Président.
Suz, .Sttrittûri-gJnir!Jl,
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idem. Idem•
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Tres-nuageux.
Couvert. et pluie.
Quelq. nnag. ; mai& tar.
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Très -ouag~ux.
Couvert.
Couvert ; brouillards.
Quelques éclair-des.
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idem,
Idem.
T;es -ouageux; brouill.
Quelq. nuages ; lég. br.
Très-nuageux.
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Moyennes .
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8,73 •l83,2J..
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�771wim, 98, le 8, à 9 heures du :soir.
Plus grande élévation <ha Barométre • • • • •
Moindre élévation. • • • • • • • '· • • • 738 , 33, le 14, à 3 heure!.
'Hauleu11 moyenne du Barometre , pour tout le rnoill 755 , 65.
+16 •, 4, le 26, à midi,
Plus grand degré de chaleur. •
idem.
Moindre
' 5 , le 4 ~au lever du soleil.
• -- I
9 o, 29.
,Z Température moyenne du nwis. •
100 0
le 16. à 3 heures.
Maximum de l'hygromètre • • • • • •
0
6t ,
l\1inimnm. . • . . . • • . . •
~
8
8z
~ . Degré moyen. • , • • • •
. .. . .
!
...:i
i
{le jour • 24min,41 }
78"'m, 18.
. • • 53 , 76
l a nuit.
de pluie ,
'•
entièrement couverts • . • 9·
10
très-nuageux
de brume ou de brouillard. 4.
N Gmbre de joure.
sereins.
• 3.
de gros vent. , •
z.
:J *Quantité d'eau tombée pendant
•
•
E-1 '"'
~f
Q
-f.l,l
--=
+
. .,.
. .. . ..
...
..
de tonnerre ,
1.
Nota. Le 17 au matin, les montagnes des environs étaient couvertes de neigé.
�(
129 )
P Il E M I È R E
P A R T 1 E.
GBSERV AT IONS DE MÉDECINE-PRATIQUE.
sur ·un malade en com•alescence d'un~
gastro - entérite et mort par suite d'une tumeur au
larynx , recueillie dans les salles militaires dl? l'H,&telDieu de Marseille, par M. BALLY , chirurgien interne.
0BSERV .ATION
ÜLLIV JER , ttgé de 2L~ ans , soldat au 63. ème régiment
de ligne , à cheveux blonds, taille ordinaire, membres
bien développés, avait éprouvé pendant quatre jours
un état
mal-aise avec perte de l'appétit, lorsque le
25 décembre 1823, il entra à !'Hôtel-Dieu. La langue
était rouge dans toute son étendue et déjà un peu sèche
et rugueuse, la soif vive, l'épigastre douloureux à la
pression ainsi que le reste de l'abdomen , une céphalalgie intense fatiguait beaucoup le malade, lassitude
ou état de brisement dans les membres , toux forte
avec expectoration séreuse; la poitrine était le siège
de douleurs vagues existant surtout à sa partie antérieure. (Tisane pectorale, vingt sangsues à l'épigastre
et dix selon le trajet des veines jugulaires externes)
dégorgement abondant procuré par ces appliratÎons ;
léger amendement surtout pour la douleur épigastriq1Je.
Le huitième jour , mêmes ~mplomes cérébraux ;
douze sangsue» aux tempes procurent un l;iien-être
marqué; 'te délire, qui depuis deux jours est survenu,
cède en partie , mais la langue est toujo_urs rouge et
seche , fa eoif vive, l'épigastre encore sensible à la presT. VII. Mars 1824.
17
de
�(
i
5o )
aion ainsi que tout le bas-ventre, le pouls est fréquent
et petit (nouvelle application de dix sangsues à l'épigastre ) l'effet n'en est point visible ; alors des vésicatoires aux jambes n'ayant pu détourner l'irritation de
l'en~é.phale, furent aidés dans leur action par un exu1
toire de même nature à la partie postérieure du cou
et par l'application de la glace sur la tête, répétée deux
fois le j1rnr. L'abdomen baigné sans cesse par des fomentations, émolientes ne présente plus celte sensibilité vive
qùc l'on observait auparavnnt, la làngue s'humecte bien
-et l'l'offrè plus cette rougeur écarlate des jours ?'récédéns, la soif est modérée, la toux presque nulle , .seu• lemeµt la céphalalgie semble résister, Dou1,e sangsues
aux jugulaires , la glace sur la tête en même-tEmp,s
que des sfoapismes sont promenés successivement sur
les extrémités 'inférieures , parviennent au second jour
(le 15.• de la maladie) à rendre insensiblement l'état du
malade calme et satisfaisant jusqu'au vingt-unième, époque à laquelle 'On fa'it prendre quelques crêmes de riz.
Cet état se soutient durant cinq jours, pendant lesquels tous les symptômes avaient disparu ; la langue était
presque naturelle , la toux nulle, les douleurs de la
tête et de l'épigastre tout-à-fait appaisées. A cette époque, c'e t-à-dire, vers le vingt - sixième jour de la
maladie, à la demande du malade, des camarades obligcans lt1i firent prend re des alimens solides, qui d'abord
le fatiguèrent un peu , firent reparaître la rougeur et
1a séçheresse de la langue et un mouvement fébrile
du pouls , sans cependant que l'épigastre et l'encéphale
se ressentissent de ce changement ; les vésicatoires des
jambes furent ranimés , ainsi que celui de la nuque;
rkmaigrissement devenait toujours plus prononcé ' les
battemens des artères étaient fréquens , les selles natureHes ; la peau qui recouvre le sacrum s'excoriait au
point de présenter des escarres.
�(
151
)
Le 34.• jour, à tous ces symptômes , s'en joignirent d'autres d'un fàcheux: augure : la respiration qui
jusque-là avait été libre, commence à devenir un peu
gênée , surtout à la suite de quelque mouvement. La
déglutition éprouve aussi une certaine gêtH' à s'effectuer;
le fond du gosier est le siège d'un sentiment douloureux.
Examinée :ivec attention , l':irrière-bouche ne présente
rien d'insolite. Cependant on prescrit un gargarisme
acidulé et un cataplasme émollient autour du cou.
Les symptômes de dyspnée et de dysphagie allaient
toujours en augmentant; ces derniers surtout parvinrent
à un tel point , que la malade se refusait à l'ingestion
du bouillon , des crèmes et de la tisane; à peine avait-il
introduit quelques-unes de ces substances dans le pharynx, qu'il exerçait des mouvemens violens de déglutition , mais celle-t:i ne pouvant s'effectuer , le liquide
était rejetté subitement, ou bien s'il en parvenait quelque peu dans l'œsophage , la respiration était interceptée
et le malade restait dans un état comme convulsif,
jusqu'à ce que les matières fussent parve1mes dans
l'estorriac. La respiration sans le moindre mouvement
devenant extrêmement difficile , au point de voir la suffocation s'en suivre à tout instant et le peu de substances
introduites dans l'organe gastrique , ne suffisant point
pour la nutrition néce11saire, Ollivier décéda le 2 février,
quarante-unième jour de sa maladie.
Nécroscopie . Etat extérieur. Amaigrissement extrême;
plaies aux tégumens qui recouvreht le sacrum.
Cavz'té encép!ialique. Elle n'a rien offert de notable.
Cavité thoracique. Le cœur était sain , ainsi que les
poumons , seulement le lobe inférieur de celui du côté
droit présentait quelques adhérences à sa partie postérieure. Une section qui divisait la machoire inférieure
dans la partie postérieure de son corps et la dissection
exacte du pharynx, de l'œsophage et ,du larynx, a
/
�{
132 )
permis de constater que la trachée-artérc , le pharynx
et l'œsophage étaient sains , mais qu'au contraire le larynx présentait à sa partie postérieure une tumeur bosselée , assez volumineuse , de couleur gris de plomb ,
comprimant l'œsophage en entier et oblitérant en partie pe larynx , de sorte qu'il existait une ouverture à
peine capable de donner passage à un pois de moyenne
grosseur. La tumeur comprenait les deux cartilages aryténoïdes et la partie postérieure du cricoïde; inffrieurement elle ne parvenait que jusqu'au premier anneau de
la trachée-artère , postérieurement et antérieurement la
membrane muqueuse formait ses parois ; incisée du côté
du pharynx , elle a d'abord laissé appercevoir une
matière noirâtre composée de lambeaux gangreneux ,
qui paraissent être les débris de la parlie postérieure
du cricoïde et de tous les aryténoïdes ; les muscles composant le larynx et le tissu cellulaire qui se trouve dans
ces parties étaient détruits complètement.
Ca~ité abdominale. Estomac .distendu par des gaz ,
ce qui n'avait pas lieu dans les intestins ; le ventricule
contenait environ une demi-verrée de liquide , on n'observait aucun signe d'inflammation , la muqueuse seulement était un peu décolorée. L{\s intestins grêles et
gros incisés dans toute leur longueur , on remarquait de
distance en distance des portions rouge&lres, tenant à
un état de phlogose; la terminaison de l'iléum examiné
avec soin , a permis de découvrir trois ou quatre points
ulcérés , qui tendaient à la cic11trisation . Il n'a pas été
possible de constater ce.s plaques blanchâtres, que !'tin
dit être les cicatrices des plaies résultantes d'escarres
dans les intestins.
Rijf,exions. Les symptômes d'une inflammation gastro-intestinale , avec réaction · forte vers l'encéphale,
avaient heureusement cédé à tous les l)'loyeos habilement combinés par M. Sue , médecin militaire à l'Hôtel-
�(
I
33 )
Dieu ; la gastro-entérite avait complètement disparu et
le malade entrait en pleine convalesceRce, lorsque la
renaissance de quelques symptômes et l'apparition d'autres plus fâcheux encore , inquiétèrent sur -.son sort
il n'était guère possible de croire à la réapparition
de la maladie des irtestins , puisque la plupart des
symptômes apparus en pareils cas ne se laissaient
point remarquer ; de tous ceux qui ont lieu alors , on
n'observait que la langue qui fot rouge et sèche ; la soif
se fesait bien sentir,. mais la déglutition, ainsi que
l'introduction de l'air dans la poitrine devenaient impossihles: A quoi attriLuer ces deux derniers symptômes
d'un si fâcheux augure , si ce n'est à la présence d'ulcérations plus ou moins étendues lilans l'œsophage l
Dans cette persuasion , quels remèdes fallait-il opposer
à cette affection ; par quels moyens pouvait-on soulager
le malade 1 Le cas était épineux ; la maladie fesait des
progrès rapides et était déjà hors des ressources de l'art;
quelques irritans appliqués sur les extrémités inférieures,
ne produisirent aucun effet et la mort eut lieu dans un
état de spasme effrayant.
Le désir de découvrir la cause et le véritable siége
de cette affection , nous engageà à examiner le cadavre
dans tous ses points. On a vu que les ulcères intestinaux tendaient à une cicatrisation prochaine , mais que
tous ceux déjà guéris ( s'il y en avait eu ) ne furent
point aperçus. On peut présumer iei que les ulcérations
étaient cause de la maladie ainsi que l'inflammation qui
avait précédé ; que dès que la cicatrice des points ulcérés commeni:;ait à se faire, le malade entrait en convalescence et celle-ci durait.tant que les plaies des intestins exist;;iicnt.
Je ne m'étendrai point sur les avantages qu'il y a
dans ce~ affections de donner des alimens aux malades ,
d'une manière graduée et avec toute la circonspection
�(
t
3~.
)
possible. Maintes et maintes foi.s j'ai vu des individus
atteints d'inflammation de l'estomac 011 des intestins ,
éprouver des mouvemens fébriles , pour avoir pris seulemi;nt une crême de riz , ou bien rechuter s'ils étaient
en convalescence , pour avoir mangé plus que ce qui
leur était prescrit. On ne saurait trop insister sur le régime que doit mener celui qui vient d'être affecté d'une
gastrite ou d'une gastro-entérite.
Jusqu'ici aucune lé~ion physique n'avait été suffisante
pour donner la mort d'une manière si subite , il fallut
exarniner les parties qui paraissaient en être le siège.
L'étonnement fut g~and à la vue de cette tumeur bosselée, rlu tolu me d'un petit œuf de poule •et il le fut bien
plus encore en reconnaissant que la matière qu'elle contenait : était lt>s débris du cartilage cricoïde, suite d'un
état gangreneux particulier.
Ce serait vouloir se perdre en raisonnement , que de
pnltendre expliquer la cause de celte maladie du larynx
et plusieurs autres points qui s'y rattachent naturellement. 'Tout ce que l'on peut faire , c'est d'apprécier
d'où vient qu'il s'était déclaré tel et tel symptôme. D'abord on comprend pourquoi la suffocation avait lieu à
l'ingestion de quelques substanc"es dans l'estomac et
pourquoi aussi la déglutition était presqu'impossible ; ici
il existait une cause toute mécanique : déjà la tumeur
comprimait tout-à-fait l'œsophage, cependant elle était
susceptible àe déplacement et la force des muscles du
pharynx: pressant sur' la col0nne de liquide , celle-ci
tendant à se faire un passa6e , la tumeur était refoulée
' en avant, et alors, nécessairemcnl, tant que la déglutition
ava\t lieu , le larynx était complètement oblitéré , d'où
s'en suivaient la suffocation et les mouvemens convulsifs
qui se déclaraient.
La pièce anatomique conservée dans l'esprit de vin ,
permet facilement d'apprécier l'étendue , la nature et lei;
désordres de la maladie.
�(
r 35
SECONDE
)
PARTIE.
MÉMOIRES, DISSERTATIONS, NOTICES
LOGIQUES.
D
1
s c o u
11
NÉCRO-
s.
sur la sobriété , par 1"1. Sr:GAUD, docteur
en médecine, président de la SocUté r"yale de méiletine
de Marseille.
DISCOUR.S
Messieurs,
APPELÉ, par votre bienveillance, à occuper de nouveau le fauteuil académique , je viens , dans celte séance
solennelle , vous présenter un aperçu sur un sujet qui ,
quoique simple et à la portee de tout le monde, m'a
paru néanmoins mériter quelques considérations particulièrès. J'aurais pu traiter une autre matière et soumettre à vos profondes lumières un point médical plus
digne de vôtre attention ; mais , depuis vingt-quatre ans
que vous êtes institués , dans les diH'érens di.sdours qui
ont été prononcés , en pareille occunence , fout a êté
épuisé , autant sous le rapport de la science que relaliV'emeot à l'exercine de l'drt : ainsi n'ayaht ' pa-s mêmè
trouv~ à glaner après les orateurs distlnguës .qui m'ont
précédé , je me borne à vous oJTril' qu-el'Cjues 'données
sur une des principales règles de l'hygiène; j'essaierai
de c!ernonzyer èoinbie:à l'observance tle cette rt'gle in..,
tlue· ..sur les fucultés physiques et morales ; je fournirai
les (ll'l!uves de ce que j'avancerai à cet égard, et je les
�(
I
S6 )
environnerai de tableaux dont vous pourrez facilement
apprécier les différentes couleurs. Je désire que la Société
daigne se contenter d'un si faible travail; je la prie de
m'~ccorder son indulgence : j'adresse la même prière à
toutes les personnes qui me font l'honneur de m'entendre.
En venant au monde , l'enfant a besoin d'une alimentation douce et légère , pour soutenir et développer les
organes destinés à entretenir et à répandre dans toute
l'économie le feu sacré de la vie. Depuis le sévragc iusqu'à la puberté , il est soumis à une manière de vivre
plus large, mais qui , par une surveillance continuelle,
ne saurait jeter le trouble dans l'organisme ; et rarement il s'écarte de cette règle salutaire jusqu'à l'adolescence.
Dans ces différentes périodes de la vie, il ne prend
d'alimens que ce qu'il faut pour son accroissement : il
n'en est pas de même lorsqu'il est devenu adulte;
alors en butte aux diverses passions qui se développent chez lui, il s'y livre avec plus ou moins de véhémence selon le tempérament dont il est doué et l'éducation qu'il a reçue : la raison qui devrait le rendre
modéré dans tous ses appétits , ne lui sert de rien, et
souv ent il est au-dessous de l'animal qui , guidé par le
seul instinct , s'arrête lorsque le besoin est satisfait:
aussi est-il plus sujet aux maladies que celui-ci.
Parmi les plaisirs qui séduisent le plus à cet ~ge , on
doit mettre au premier rang celui de la table : il a d'autant plus d'attrait, que l'on peut le renouveler souvent.
Il est bien difficile que l'homme riche , ou ctui se trouve
dans l'aisance soit sobre dans de pareilles jouissances,
et ne se laisse pas entra1ner à des excès toujours nuisibles à la santé. Celui qui ne sait point résister à une
aliment4tion trop abondante et qui l'accompagne d'une
grande quantité de boissons alcoholiqu.es , est exposé
�(
l
51 )
À une foule de maladies : en effet , lorsque l;estomac
s11rchargé d'alimens , le chyle étdut trop considérahie
ll'anrse avec peine les vaisseaux absorbans, les fonc•
1
tians des ganglions , si nécessaires à l exerri<-e des organes de la nutrition et aux opérations assimîlalriccs ,
sont truuLlées ; alors il s'établit dans toute l'économie
une excitation viol en le el une ext1béronce de vitalité dont
les résultats donnent n;iiss11nce à des fièvres de divers
caractères, à des apuple~ies el à <les cngorgemens dans
les principaux viscères ; affticlions morbidès qui , lorslju'elles ne tuent pas d'abord, laissent souvcut après
elles un état de langueur et rend\!nl par-là l'existence
pénible. Ceux qui ne sont pas alteints de pa1·eilles malndies 1 ne sauraient échapper à un grand nombre d'i nfirmités qui sont toujours funestes : \•oyez ce commensal
de "]j'filon de Crotone, avec son menton à triple élage
et son é11orme épiplooo.? Vous c1oyez qu'il jouit d'une
santé parfaite, vous vous trompez: asi;istez à son lcvel:
et vous scre:t. témoin de l'extrême Llifficulté qu'il éprnuve
à se débarrasser d'une grande quantité de gl<1ircs qui
vont l 1étoufl'er? Suivez-le dans le jour et vous l'entendrez se plaindre de douleurs alrnces que iui cause fa
goutte •••.•
Et ce zélé disciple de Bacchus avce sa face rubiconde'~
à quelles incommodités n'est-il pas condamné ? Fai~;int
dé son estomac une l11mpe ardente, qu'U a soin d'cnlre~
tenir et d'aviver continuellement, ic!t ii radiai.ions de
ce foyer vont enflammer, dassécher et ta1 ir les so11rces
de la vie!: de là des gastrites, des gastro-entérites chroniques , le marasme , l~s enflures et la mort qul 1.:st
ordinairement prémalurée; c<1r, il est bien reconnu que
de tels hommes ne poussent pas !Qin leur canière et
fJll'ils deviennent vieux: l1Jrs4u'ils sont encore ieunes
tl'années: si quelques-11ns surmontent le niveau commun;
18
T. VII. Jllars 1823.
�( 138 )
ils ne sortent de la foule que pour s'éteindre quelques
toises plus haut : que de maux n'e11traîne pas après elle
la science <le la gueule ! elle est plus meurtrière que le
gluive: plus occidit gula quam gladius.
Que nous importe , disent les gourmands , de compter
peu d'années , pourvu que nous jouissions du plaisir de
]a table 1Que la vie ~oit courte, ajoutent-ils , mais qu'elie
soit bonne ; mourir n'est rien, ce n'est que notre dernière heure , eh ! ne faut-il pas que nous mourions 1
Ce langage est tout-à-fait illusoire : car quoique la
plupart des gloutons vivent peu, ils ne sont pas pour
, cela exempt <le maux; ils ont beau crier, jouir ou mourir;
après avoir joui , il faut qu'ils vivent encore et qu'ils
souffrenl; tel est le chapitre des compensations.
Les excès de la table ne nuisent pas seulement aux
facultés physiques , mais ils portent encore une altération profonde dans les facultés intellectuelles , surtout
che:t, les grands buveurs , aussi sont-ils en général peu
propres aux travaux du cabinet et leurs productions se
rc!ssenlent-clles toujours de la presque nullité des perceptions de l't1me : comment, en effet, leur cerveau pourrait-il
enfanter quelque chose de solide et digne d'honorer leur
patrie et leur siècle, alors qu'il a perdu toute son énergie
et qu'il se trouve dans une espèce d'engouement: mens
sana. in corpore sano. Il est donc bien difficile qu'ils
excellent dans leur profession , ou qu'ils se fassent remarquer dans la république des lettres : il est également
bien reconnu qu'ils sont inconstans dans leurs affections
et qu'ils manquent de cette fermeté si nécessaire , pm.tl'
garantir le succès cl'une entreprise.
Si l'intempérance dans le boire et le manger , est
nuisible aux facultés intellectuelles, elle ne l'est pas
moins à la société et à la morale publique.
En jetant un coup-d'œil sur l'histoire, nous voyons
que la décadence des Romains a été occasionÇe, en partir,
�( 159)
par un pareil vice : ce peuple , qui avait vaincu et subjugué prE:sque le monde entier , devint lui-même esclave de la mollesse , il perdit par-là toute sa force et
sa répulation. Sous le règne des empereurs , la gloutonnerie était portée à un tel point , qu'il serait difficile
de le croire, si des faits authentiques n'en garantissaient la vérité . Vitellius , l'un des célèbres gourmands
de ce temps-là, dépensait des sommes immenses pour
sa table ; i 1 est rapporté qu'un seul plat lui coùta deux
cent mille fran cs Le trop fameux Héliogobale a été encore
plus loin ; chaque repas qu'il faisait coôtaît huit cent mille
francs à l'État : ce monstre gourmand , dont la vie est
un tissu d'horreur , faisait quelquefois ajouter à ses mets
certaines substances que j'aurai bien garde de signaler,
pour ne pas soulever l'indignation de l'auditoire. Vitellius et lui avaient mis à la mode la dtgol1tante habitude de se gorger d'alimeus, pour les vomir ensuite
e.t recommencer la gloutonnerie ; une pareille conduite
ne pouvait que nui1•e à l'état et à la morale publique.
Mais qu'avons-nous besoin de remonter à des époquf:'.S
~ussi rec.ulées pour démontrer cette vérité : ce qui se
passe journellement sous nos yeux ne suffit-il pas pçur
nous en convaincre : qui ignore les crimes qui se commettent à la suite des orgies 1 Aujourd'hui , ce sont
des assassinats envers des particuliers ; demain , des
complots ourdis contre la sûreté publique, et lorsqu'elles
n'amènent pas de pareils attentats , elles soulèvent ou
font nahre d'autres passions qui engloutissent les fortunes et jètcnt dans l'abrutissement.
Ce tableau , messieurs , que le temps me force de
rétrécir , n'est pas une utopie , et l'on pourrait citer
plusieurs de ces modernes Vitellius qui, ayant vér.u dans
la crapule, dévaré leur patrimoine et quelq1o1efois celui
des autres , n·ont laissé pour tout héritage qu'un assemblage de vices.
�(
I~O )
Nous venons clc voil' qne les excès de lJ. table sont
nuisibles à la santé du corps et de l'esprit , à la suciélt:i
et à la morale publiq11e; en détruisant l'unité d'ilclion
rl'organe& divers concoura!'lt à l'entretien <l'une même
vie d en soulevant les passions dont les resultats sout
l'oul1li qes devoirs et la corruption.
1
Maintenant il nous reste à démontrer l'heureuse rnfluence de la sobriété sous ces dilfercns rappurts.
L'hommP, en sortant des mains de la,, nature , se
trouve entouré d'une foule <l'agens qui tendtnl à détruire sa frêle machine , et , quoiqu'il se tie11ne en
rarde contre eux' il ne lui est pas facile d'éviter leur
influence nui~ible : comment peut-il, par exen.ple , se
soustraire entièrement aux changernens brusquPs de
l'atmu~phère 1 se sent-il assez fort pour supportel' sans
pâlir les revers d-e la tfortune 1 dépend-t-il de lui de
parer les coups que porte soudainement aui.. entrailles
une frayeur inopinée 1 et 11G reçoit-il pas de tout cela
une impression plus ou moins Htcheuse pou1· h1 santé ?
Cela ne saurait être autrement; et fut-il ('ouvert de
l'impénétrable égide de Minerve et imbu du plus pur
stoïcisme il payerait toujours un certain lribut à la
1
sensibilité.
Mais parmi les autres causes capables de nuire à la
santé , il en est que nous pouvons combattre efficacement ; telle est celle qui résulte de la trop grande
quantité d'alimens et de boissons : nous y pa1·viendrons
d'<iutaut plus facilement , que nous mell1 u11s 1ilus de
prix à ne pas déti·uire la bonne constltulion dont nous
sommes 1loués , ~ soutenir celle qui est m1turcllcment
ou acciùentclleme'nt débile et à jouir de toute la pléni. tuile de nos facultés intellectuelles.
Lorsqu'on voit les chnses comme elles sont réellement,
on est for<'é de convenir que le véritable bonheur consiste à jouir d'une bonne santé, à être doué d'un esprit
�(
i41 )
iuste, pour discerner l'erreur de la vérité et à posséder
<JUclque bien , c'est-à-dire , uiae fortune médiocre , qui,
comme l'a dit Hor~ce , est préférable aux- grandr.s richesses : aurf.a mediocritas. De ces trois choses 1 la plus
essentielle est , sans contredit , la santé qui ~épend
quelquefois de nous, tandis que les deux autre.s sont
très-souvent l'effet du hasard ;. il faut donc mettre en
usage les di vers moyens qui sont en 111otre pouvoir pour
la conservér, cl le meilleur de tous est la lemptrnnce
dans le l.iuire et dans le manger.
Quand on ne prend que la quantité de nourriture nécessaire , pour soutenir les forces du corps et réparer
les pertes qu'il éprouve journellement, on est assuré que
les digestions sont bonnes et que l'assimilation se fait
bien: alors les vaisseaux destinés à charier et à distribuer les sucs réparateurs , dans les différens organes,
ne sont ni trop irrités, ni trop embarrassés , et chaque
partie de l'économie ne reçoit que ce qu'il faut pour
remplir les fonctions que la nature lui a assignées : c'est
ainsi que l'organisme n'est point troublé et que les passions ont moins d'empire : c'était sous E:e dernier rapport que les anciens législateurs avaient défendu expres·
sément l'usage de certaines viandes el ordonné la tempéranl'e ; quiconque s'en écartait était sévèrement puni :
aussi les peuples d'alors avaient-ils des mœurs plus
régulières et étaient moins sujets aux maladies que les
peuples modernes.
Moïse, en prohibant , chez les Hébreux, les alimens
tirés de plusieurs espèces d'animaux , avait établi une
grande uniformité dans le régi me el forcé , pour ainsi
dire , le peuple de Dieu à la i;obriélé.
Chez les Grecs , Lycurgue, Pythn15ore et Platon , dans
les institutions qu'ils avaient données à ces divers
peuples, avaient mis au premier rang la sobriété, comme
devant contribue1· au maintien de la santé du corps et
�( 142 )
de l'esp1 il : ils en faisaient un des principaux points de '
l'éducation publique, non-seulement on e:lligeait que
le!> enfans fussent sobres , mais encore on les accoutumait à supporter la faim: par cette manière de vivre
frugale, les pri valions auxquelles ils étaient as~ujétis
et }'exercice qu'on leur faisait faire, on avait des citoyens
forts et robustes, formant une race de héros, tels que
les Spartiates qui , avec un peu de same noire , pour
taule nourriture, ont rendu leur nom à jamais célèbre.
Chez les Perses , la sobriété faisait encore partie de
l'éducation et était généralement mise en pratique; leur
p rincipale nourriture consistait dans le cresson et d11
p ain.
Plus tard, en Europe , lors de l'établissement du
christianisme, la sobriété était prescrite comme un
moyen capablz d'influer sur la santé du corps et de
l'esprit; elle est encore conseillée aujourd'hui , sous ce
douule rapport , par les ministres des différentes seëtes,
qui tous ne cessent de répéter : sobrii estote. Il n'est
aucune autre religion dans laquelle la tempérance ne
i>oit regardée et recommandée comme trcs-ulile au salut
du corps et de l'âme ; si , dans chacune t!'ellcs , on a
vu et on voit encore des prodiges de vertu , il fout les
considérer comme le résultat de la manière de vivre
simple et frugale qui y est ordonnée <:t observée rigoureusement.
Les philosophes de tous les âges et de tous les pays,
quoique regardant le rnende comme un point et les
'siècles comme un instant , ont conseillé et mis souvent
en pratique la sobriété , il n'en est pas ur> seul qui ne
l'ait préconisée comme un excellent moyen pour maintenir l'harmonie dans les facultés physiques et morales,
et pour exercer ces facultés avec le plus grand a\•antagc.
Il est donc prnuvé par le raisonnement et l'observation , l'un fondé sur la connaissance des lois qui l'égis-
�(
f
1.5 )
sent l'économie , et l'autre sur des faits fournis par
l'histoire .de to.us les t~mps, il est bien prouvé , disonsnous , que la sobriété a une heureuse influence sur la
santé; elle doit donc être observée :par ceux qui, ayant
reçu de la nature une h<mne c.onstitution , veulent la
consé'i·ver; par ceux qui , étant d'une complexion débile, désirent n.e pas la détériorer; par ceux q:ui , adonnés
aux ti;_avaux du cabinet, ou cu~livant les arts libéraux,
sont jaloux de se ·signaler dans leur partie et aspire~t
à la célébrité , et enfiu par les pors@nn~s infirmes çt
les vieillards qui, attachés li la ~·ie, tiennent à en reculer les bornes , à rendre ~e::ur CJ..istence moins péinible et à trouve1· quelques fleurs sur le reste du che...
min qu'ils ont à parceurir.
L'homme , naturellement bien constitué , et qui veut
couler des jours hem•eux et tranquilles , doit nécessairement êti-e sobre ; il n'a pas besoin , pour cela , de
suivre rigoureusement la maxime de M. Harpagon,
qui dit _, qu'il faut manger pour vivre et non pas vivre
pour manger. Les extrêmes se touchent : Je trop et le
trop peu ne- valent 1·ien : modus est in rebus , a dit le
prinr.e ly.r-ique latin; il faut se nourrir convenablement
et s~ion ses besoins.
Au reste , cette maxime, que l'on critique chez \ttl
avare, pourrait être trouvée excellente par celui qui,
n'ayant pas la passion d'entasser , tient à jouir d\mc
bonne santé ; car, enÎtn , il est selon la nature de
manger pour vine, et c'est s'en écarter que de vou.J.04.r
vivr'e pour manger, parce qu'alors on mange trop, au!flii
est-il d'observation constante que les bonrmes qui vivfmt
le plus long-temps et présentent le plus d'f' forces réetles,
sont <:eux qui ·prennent le moins d'alimens. Voyez les
Arabes, la nourritu1•e de la plupart d'entr'eux né pa·sse
pas dix onces par jour; cependant ils jouissent d'une
heureuse santé , d'une longue vie et d'une nombreuse
postérité.
�( I f14 )
S1il e~t avantageux pour l'homme bien const~tué d'êtr<!
sobre , il l'est bien plus encore pour celui qui est d'une'
faible complexion : celui-ci est déjà assez malheureux~
que la nalure l'ait mal servi , pour ne pas rendre son
état pire par une diète désordonnée ; il faut donc qu'il
s'observe à cet égard 1 car , la moindre faute pourrait
amener de fâcheux résultnts , tandis qu'en proportionnant la nourriture à ses besoins , il peut vivre assez
agréablement, et même à l'exemple du chevalier Cornaro,
pousser loin sa carrière.
Cc·lui qui est travaillé d'une infirmité , peut , quelque fois , s'en délivrer au moyen d'une alimentation peu
abondante et légère. Dans la terrible révolution que nous
venon s <l e traverser , n'avons-nous pas vu des personnes
qui nJant contracté des maladies occasionée3 par l'in1
temp(rance ' ('n avaient été guéries par la sobriété a
laquelle les circonstances les avaient forcées de se soumet'! e et ont joui ensuite tl'une excellente santé 1 'l'e! ce
gran<l personnage du Languedoc 1 que <les excès de table
avaient réduit aux abois par une gouHe cruelle q.ui avait
env;1hi presque toutes les articulations ; prévoyant les
malheurs dont la France était menacée ,. et qtwique perclus de tous ses membres • il résolut d'émii;rer; bientôt
après , un décret fut rendu par lequel tous les biënS
des Fnmçais qui avaient quitté leur pays étaient confisqu és; notre goutteux, se voyant privé de toute espèce
de secours , fut forcé de mettre de l'ordre et de l'économie clans ses dépenses; la frugalité dîLt nécessairement
préi<ider n tous ses repas; ayant vécu a:vec beaucoup
de sobriété pendant envirnn quatre ans, il recouvra la
santé et pGt revenir ensuite trouver ses dieux pénates :
quoiqu'on l'eut dép'ouillé de tout son patrimoine, il se
crut très-heureux et il le fu.t effectivement , parce q.u'il
était d€livré de sa goutte,
Les vieillards qui dés-irent rendt·e leur e:i.istence agréa•
�{ t45 )
hie et jouir de quelque bonheur ne sauraient y parvenir
sans uue stricte sobriété ; ils éviteront par-là les indigestions qui sonL si funestes à leur &ge , et, quoiqu'il
ne soit pas en leur pouvoir de jeter l'ancre dans le fleuve
de la vie, toutefois ils pourront éloignt:r le terme fatal
et, armés des agrémens de l'éducation , il n'y aura point
d'hiver pour eux.
Quant aux personnes qni se livrent aux travaux
cabinet , elles ne doivent pas non plus céder trop facilement aux plaiiirs de la tflbl e : elles s'exposeraient nonseulement à contracter des maladies, mais encore à perdre
entièrement les talcns que la nature leur a départis ;
en faisant un usage immod éré d'alimens et de boissons ,
leurs facultés qui paraîtraient d'abord en recevoir une
excitation avantageuse , finir aient par s'émousser toutà-fait et ne produire plus rien de bon : aussi est-il bien
rare de voir sortir de la pltJme de ces hommes -là des
ouvrages de génie et dignes de passer à la ros1érité.
Certes, la médecine ne jouirait pas d e::1 pr~cH ux lresors
d'Hippocrate, si ce divin vieillard n'ava it uhs~rv• la
sobriété : la chaire, de ceux de Bourdalnue, dr Jla.<sil/0 12 ;
la légiElation ne posséderait pas les chefs-d'œ un e de
Pllantesquie1t; le thé&tre , ceux <le Cameilll', de lliolière,
de Ra&ine, de Voltaire ; l'histoire naturelle et la philosophie , ceux de Bu_ffon, <le Bacon, de D f scartes, de
Newton , de Pascal, de Fénélon ; la peiutur.-: ne s'éno1·gueillirait pas des immortels tableaux de Rophaë'l et de
Michtl-Anec; non , ces grands hommes n'auraient pas
enfanté de pareils prodiges si , cédant aux attraits de
l'art culinaire, ils s'étaim~1constamment gorgés d'alimens
et livrés, sans mesure, aux fumées d'un vin généreux-.
Mais , il me semble entendre les grimds amateurs de
la ,gastrnnomie s'écrier ; comment peut-on êlTe toujours
snùre sans provoquer le désoût et l'ennui qui naissent
T. YU. Jv.Iars 1824.
19
ou
�t iM> )
de l'uniformité 1 et n'est-il pas a\•llntageux , pour la
santé ' de s'écarter quelquefois de cette règle monotone r
le père de la médecine l'a conseiilé ainsi.
Je réponds à crla et je dis : la sobriété ne consiste pas
à faire toujours usage de mê1t1es alimens , mais seulement à n'en prendre que la quantité né~e.ssai1:e pour
soutenir les forces du corps et réparer les pertes qu'il
éprouve continuellement : l'homme sobre peut varier
sa nourriture , mais le meilleur des plats , celui qui
lui manque rarement, est l'appétit , qu'il n'excite pas
par de moyens factices : autrement, il s'expose.rait à
franchir les limites au-delà desquelles il ne trouvera~t
que le désordre dans la santé : ce n'est pas qu'i:l doive
vivre comme un a 1achorète et qu'il ne puisse, de temps
à autre, outre-passer la règle ordinaire ; il est bon , au
contraira , qu'il s'en ·écarte quelquefois un peu , mai11
non pas <l.e la mani ère dont on le fait dire à l'ol'aclc :.le
Cos , dans les œuvres duquel on ne trouve nullement
la maxime que l'on prétend lui appartenir : en elfer,
comment est - il probable que ce sublime f!;énÎe, ce
profond observateur ait conseillé de jeter, une fois pa1·
mois, le trouble dans l'économie par. une ingestion
trop abondante de boissons alcoholiques et provoquer
ainsi des causes de maladies : il aurait reconnu par-ià
que les excès peuvenl être salutaires , tandis que danlt
ses écrits , il pres<;rit la modération en toutes choses ,
comme éta11t conforme aux: lois de lu nature ; cibus ,
potus , Venus, dit-il , omnia moderata ; ainsi une pareille
maxime ne doit point être attribuée à ce grand homme,
mais bien à quelques médica.i;lbres et aux zélateurs de
·
l'ivrognerie.
Oub·e les avantage~ que je viens de ~ignaler, résultant de la sobriété , je pourrais, si le temps me le per·
mettait , en citer un grand nombre d'autres. Je montrerais l'homme sobre dans certaines positions critiques
�(
1
/i7 )
oii les chances tla st1ccès doivent ètre en sa faveur:
par exemple , qu'il survienne une épidémie grave ; avec
sa ma11ière de vivre , il sera lnoins susceptible d'en être
atterrit• et s'il n'en était pas re.sper.té , elle devien<lrait
moins dangereuse pour lui. Qu'il éprouve un revers
de fortune , ou qu'une grande inj usEicc vienne essayer
de le faire sortir ile son caractère , jouissant de la plénitude de ses facultés, toutes choses égales d'ailleurs,
il supportera les coups de l'une avec plus de résignation, et il montrera beaucoup plus de courage et une
tranquillité imperturbable dans l'autre : de sorte que
l'on peut lui appl:quer ces deux vers du chantre de
Tibur:
Si fraclu1 illabaJur orbis ,
1111p.u1idum Jerient r"inœ.
Je le montrerais f'rrcore ay;rnt , si l'on peut parler
ainsi , des mœurs plus JittéraÎTes et étant plus propre
aux longues recherches; ses facultés physiques et morales présentant un concours réciproque d'action plus
conforme à l'unité et à la simplicité des lois de la nature , et goôant mieui.: le plaisir qu'il y a , dans les
nobles occupations de l'esprit , dans les affections bienveillantes et dans les jouissances de soi-même.
D'après ce qui vient d'être dit, il est facile de voir,
messiPurs , quels sont les nombreux avantages de la
sobriété , et qu'il est peu de professions dans lesquelles
elle ne <loi vc être observée par ceux qui sont jaloux
de les exercer noblement et avec succès; ainsi elle est
nécessaire aux magistrats et aux juges ; sans elle les
droits des cilOJ ens, leur tranquillité et leur vie peuvent être compromis. Les médecins, les avocats et ceux
qui ont des rapports directs avec le public ., ne sauraient
s'en dispeRser, s'ils veulent s'acquiHer dignement de
!Purs de;oirs et occuper un rang distingué dans leur
classe respective : enfin , tous ceux qui aspirent à jouir
�( 148.)
de la vie , y parviendront difficilement sans la sobriété ;
parce que la source du vrai bonheur étant dans l'absence de la douleur physique et morale , et dans la
vertu , il est impossible qu'ils le trouvent à la suite de
l'intempérance.
SoJons donc sobres , si nous voulons conserver la
s11nté, rendre notre organisation favorable à la pensée ,
contribuer au maintien de la morale publiquP. , et être
heureux : )a première deviendra inaltérable ; lrt seconde
acquerra de la perfection t et notre bonheur sera grand,
si nou.<1 ajoutons à la sobriété un exercice convenable,
beaucoup de gaîté et peu d'ambition.
( 1) •.. A peu de ]rais • amis , 11i11on5 confens ,
Il faut si peu pour l'homme et pour si peu de temps ;
Regardez ce cyprès : pourquoi sur le rù•age
Tant de vivres, d' apprBts pour deux jours de voyage 1
-•te-
(1) Ducis, sur Horace.
�\
{
1
49 )
T R 0 1S I È M E
P AR T 1 E.
LITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES
TIFIQUES, MÉLANGES, ETC.
1.°
C0
R RES P 0 ND ANCE
SCIEN-
MÉDICALE,
De l'état des médecins et
de la médecine chez les sauvages.
ÎlISTOIB.E de la médt!cine. -
Lettre (1) adressée en 18!7 à M. le docteur SA1NTE-MAP.1E,
à Lyon, par PIERQUIN , médecin.
Quid ride1 ! mutatio nomine
D1 te fabula narra:ur.
lloU.T.
l\!loNSIEUR ET caER CONFRERE,
J'.A1 'toujours beaucoup aimé les voyages : quinze
années de ma vie ont été consacrées à ce genre d'étude:
je puis dire m~me sans exagération, que je leur dois au
moins les trois quarts de €e que je sais et l'on excusera
(1) Nous n'eussion~ point inséré cette lettre dans notre recueil, si le sujet que l'auteur y traite n'était point encore aussi
neuf qu'à l'époque où il l'écriTit. D'&illeurs , elle n'a été imprimée nulle part et la satyre d"es divers systèmes qui ont
agit é la march e tranquille èt réfléchie de la vraie médecine ,
présentée sous ce point de vue , ne laissera pas de plaire .à nos
lecteurs et- de leur offrir un délassemenl à la fois agréable c:"t
instructif.
( Note du Rédacteur-aé11ùal ).
·'
�(
150 )
plus facilement encore, j'ose l'espérer, mon enthousiasme
.,_,. ( ;JOUr eUX , lorsque je dirai que je leur dois en
',. ·, •' eur Je vous cbnnaitre.
"!-H 'lui a très - philosophiquement dit : les
11c:nt la je'1nesse, a dit aussi, pour prévenir
•·nt de •.eux qui fécondent ce qu'ils llnt vu :
mt ntir q1:1i vient de loin. Cornthe voy:igeur et
L
:ste, on ne manquera pas de chercher à m'appliquer
1·
rité de ce proverbe dans toute son extension, mais
c .1.ne le doute même m'irriterait 1 je ne me bornerai
f •S à dire franchement ce que j'ai VU, mais j'appellerai
e.1 témoignage les autres voyageurs, qui peuvent bien
s,ins doute avoir menti, mais non pas du moins sur
ce q11e nous am ons vu ensemble et que personne ne
contrariera. Du reste , cette lettre n'a(Jpartient pas à
l'histoire des voyages, tnais bien à celle de la médecine.
Un grand nombre d'auteul's se sont occupés d'une
manière plus ou moins étendue li e l'histoire de l'art
de fjUél'ir; ils ont même porté une clarté , une lumière
imprévue , inespérée sur l'ét:it de la médecine dans les
premiers sièe:les de son existenoe ; ils out rapporté les
vicissitudes que la politique des temps barbares lui
out iniprimées , mais ils semblent tous 1>'~tre donné le
mot pour ne point nous patler de l'état des médecins
et de la médecine chez les peuples placés encol'e au
l>e1Teau cl6: la n atuN! et jouissaùt de leur force et de
-h:ur liberté. C'est cetLe lacuhe que nous allons remplir;
n~n avec l'espoir de vous rendre salisfoit , rMis avec
Cf'lui de fu "l'e aussi bie11 que possible et que probable
d ..ms une carrière où l'on passe le premier.
La médecine , comme toutes les autres branches des
:'•)~ qissances humaines , est étroitement liée avec la
p liti•{Ue, sous le rapport de son étude, et celle-ci agit,
i_,Juc sur tlle avec la même vigueur qu'ell.:. agit sur la
�.
(
151
)
santé. Un des indices les plus certains, pelit-~tre; des
progrès de la civilisation , de sa stase , ou de sa rétroces-sil)n , pour me servir d'un langage qui vous est
parfaitement connu et qui exprime beaucoup mieux:
mes id~es , parce que j'y suis aussi beaucc;up plus accoutumé, de la civilisation est la pratique et l'étude
plus ou moins philosophiques j c'est...à-dire, raisonnables
de l'art de guérir et sous ce rapport nous devons regarder l'époque à laquelle nous sommes placés comme
UDe ùes plus remarquables. Il me semble qu'un corps
politique, tout comme un corp,s scientifique , ne saurait
être tellement sain, tellement bien portant, qu'il n'ait
quelques taches qui le déparent. Ici la philosophie est
aux prises avec le fanatisme , de l'autre côté la vraie
médecine , celle de la nature, celle d'Hippocrate, enfin,
est en butte aux sareasmes d'une secte exclusive , fière
de quelques succès vraime.nt remarquables et qui ne se
soutient, qui n'en impo.~e que par la découverte éminemment utile qu'elle met sans cesse en avant et dont
elle exagère eacore les bienfaits et les résultats.
Si la civifüation ou mieux les lumières sont utiles
à la mor~le et à la liberté , il faut convenir aussi qu'elles
ont introduit , d11ns les sociétés, des maladies entière...
ment inconnues des sauvages qui ne veulent pas des
lumières et qui ne peuvent même point en acquérir.
Cette circonstance a fait faire de nouvelles décot!verte.~ en médecin.e et l'art de gµérir devenu plus
vaste a été séparé des autres sciences; et, ce qu'on ne
voit pas parmi les sauvages,, <les hommes nés avec de
grands taleos , se dévouent dès-lors nu salut de leurs
semblables , toutes leurs affections et tous leurs travamt:
eont dirigés vers ce point.
Dans l'état sauvage, les peuples sont cependant sujets
à des mal-adies , non pas de l'esprit , par exemple,
mai' du corps , et le plus souvent déterminée par de:t
�(
152 )
-causes externes; le premier besoin d'un sauvage 1 comm~
d'un homme civilisé , dès qu'il est malade est de. trouver
un remède : chacun travaille d'abord pour soi et par
la suite l'amour ou l'amitié confient au malheur, car
les sauvages y sont aussi exposés 1 les remèdes déjà
favorablement éprouvés et la collecfüm plus ou moins
abondante de ces formules traditionelles fait tout le
savoir médical des sauvages , espèce de savans qu'on
rencontre même :quelquefois chez. les peuples civilisés.
La médecine des premiers tiges des sociétés est la même
sous toutes les latitudes , elle doit être simple cClmme
la nature qui l'a suggérée ; elle est par conséquent peu
nuisible , toute expeetante. Le premier point indiqué
par la nature que les sauvages ne savent point apprécier ou interpréter, est le repos dès le début d'une ma·
ladie, le s11cond est la dièle. Un remède innocent est
ensuite administré par le charlatanisme , compagnon
ordinaire <le l'ignorance, et le sauva~e crie au miracle.
Voilà pourquoi les charlatans sont et seront encore
long-temps les meilleurs médecins pour la plèbe , avec
laquelle leurs connaissances sout toujours en rapport.
Aussi leur sont-ils parfaitement soumis , et cette docilité
irréfléchie , instinctive est d'autant plus près de l'adoration , que la reconnaissance est la première vertu de
l'homme envers celui qui n'est pas !!On supérieur. Les
esprits , avec lesquels ils ont des relations, non-seulement les protègent , mais encore les aident dans leurs
entreprises, -Si le succès ne couronne pas leurs faibles
efforts, ils ne sont sujet~ qu'à des reproches légers ,
fugitifs ~ quelquefois même nuls et aucun résultat avantageux à la prudenc'e des autres. Mais la religion , que
dis-je, l'idolatrie des sauvages , sert encore ces meurtres
à l'aide de la prédestination, et le voile le plus respectable ,!;l'autel dérobe l'assassin à la juste vengeance de»
parens ou des amis de la victime. Ces d'é sordrei fré~
�( 153 )
quemment renouvelé~ , finissent par introduire méme
che'l. les sau\'ages un principe de prudence et de philosophie : ils imposent alors \[Uelques conditions à ceux
qui doivent tenir dans Jeurs mains les plus chers inlérèts des familles; et quelque pénible , quelqu~ sévère
que soit ce noviciat , il sera toujours loin d'offrir toutes
les garahties nécess1ires ro•ir un sauvage et qu'un temps
moins long, plus philosophiqu!lment employé , donne
aux peuples civilisés.
Le sauvage des environs de Cayenne qui veut êt re
métl.ecin , passe d'abord dix ans (1) chez un ancien
Piaie; qui l'instruit et qui observe s'il a les qualités nécessaires. Quand le temps de l'épreuve esl arrivé , on
prescrit au novice un jeune si rigoure ux, qu ïl est bientôt
réduit à un état déplorable <l'anémie et d'athymie . C'e&t
dans cette position que ce p•·l!tre clu dieu .; 11lutaire la i
revèle les mystères de l'art ; q11i con siste tout simple ..
ment en évocations. On fait ensuite danse r le candidat
jusqu'à ce qu;il tombe sans connaissance 1 et pour le
rappeler plus sîirement à la vie extérieure , en lui ap-'
plique des ceintures et des colliers de fourmis noires
et on introduit ensuite dans le tube intestinal; à l'aide
d'un entonnoir, un gros vase de jus <l.Q tabac. Ce vio~
lent purgatif produit instantanément des effets effroyables
et se termine par une hémorragie anale très-abondante
qui dure pendant plusieurs jours. C'est après cette cruelle
et barbare épreuve qu'il est revêtu du pouvoir et de la
puissance de guérir. ;'\près ce grade si honorahlement
acquis et accordé, le sauvageon devenu savant et médecin
est obligé à jeûner pendant trois ans: la première année_
il ne peut manger que du millet et de la. callane; la se..r
(1) Et il doit avoir plus Je YingL-cinq ans; en Éurop·e,
n'en cxig<1 que seize,
T. VII. Mars Ilh3.
'.l.<i
iaiol
�(
I
5/i )
s à ce réconde , il lui est perm is de joind re des crabe
funes tes
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gime doux , si propr
petits
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de l'épre uve scien tifiqu
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emen
sévèr
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oliqu
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lique
oisea ux. Les
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des malad
interd ites et il n'est enfin appel é aupri s
(r).
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es ciIci nous voyo ns des préca ution s que des peupl
les
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vilisé s sont bien éloig nés de prend re ,
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attac
les
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douce urs dont ils jouis sent dans la
novic iat
à la vie d'une mani ère presq ue fanat ique : le
prene z,
vous
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est court : quatr e année s <l'ins
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UM Facul té différente
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l'obti
on
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bonn e vie et mœu
ntent , bien
l'acce pte et de tous lês candi dats qui se prése
m~me chez
pas
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n'arri
qui
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c'est
és,
peu sont rejet
e qu'elle
les sauva ges : et cette candi datur e toute sévèr
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sauv11
des
est , toute barba re qu'ell e paraî t , donn e à
liséM
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pies
plus de garan ties qu'on n'en accor de aux peu
r d'exe mple
et est susce ptible en quelq ues point s de servi
auJC école s de l'Euro pe.
ges ne se
Mais il ne faut pas s'vbuse1· , tous les sauva
sévèn is·;
aussi
tous
pas
resse mble nt pas, ils ne sont
école
ble
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chez la plupa rt d'ent re eux,
le
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méde
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de fourb erie et pour quelq ues
qui
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plus hippo crite est le plus
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trouv e un grand intérê t à agit- ainsi ne fait
e.
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qu'en charl atani sme
(1) Voyag e é<p1ino1ial de Biez.
m~mo ce trait n'eùt
(2) Ceci eat histor ique , mais quand bien
ment possible :
fAcile
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qu'il
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potol eu lieu, on conc,;o
le borde reau d'inssur
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on ne ferait pas mal
criptio n et 1ur lou1 les certificats; possibles
idu.
l'indiv
de
ement
d'y joindr e le signal
�( 155 )
Pour être médecin au Canada, il faut d'abord s'enfermer dans une cabane et y passer neuf jours sans
manger. Le candid·a t tenant uue espèce de gourdt; dans
la main, invoque l'esprit par des cris, des hurleme11s,
des contorsions épouvantables. Dès que sa retraite est
finie, il sort en disant q 11'il a reçu le don de guérir les
malades : le maître qui lui a soufflé toute sa science le
soutient aussi et en outre qu'il a même le pouvoir de
chasser les orages et de changer le temps : ce qui n'est
pas si bête puu1· des sauvages puisque cela preuve qu'il1
conçoivent déjà de quelle utilité doit être la météorologie
dans l'exercice de l'art de guérir. Mais ce noviciat offre
moins de garantie que l'autre et les sauvages ont
quelques raisons de ;'en plaindre, c'est au moins ce
que pensaient les Indiens d'Hispaniola : au~i demandaient-ils toujours au mort si c'était par la 'faute.
du médecin qu'il avait perdu la vie. L'esprit qui rùmvait bien répondre pou1· le cadavre, pouvait bien ég:ilement dire : oui, et les autres l'entendre. Lorsque cette
réponse , fàcheuse pour le charlatan, était doiremcnt
prononcée ou entendue, les His paniolais se jettaient
sur lui et le mettaient en pièces. Les sauvages ne sont
pas toujours justes , ils ve1dent aussi quelquefois, au
prix même de leur vie , voler le bien de leurs voisins :
ils payent leurs médecins qui les suivent jusque sur le
champ de l:.ataille et alors ils sont payés ~ux frais de
l'état ou de la communauté (1) et par exemple il n'en
coûtait rien aux Égyptiens pour se faire traiter lorsqu'ils étaient combattans ou qu'ils voyageaient ; chez
eux l'ignorance et la superstition donnaient à l'art am·
(1) Ceci prouH eacore l'existence d~s médecins militaires
dont on voit tant dt: traces dàus Homère , et qu'était don .. Ill
charge quéles Romains nommaient tribun us 11alatudinis? Que
ln antiquaires prononcent.
�( 156 )
bulant un caractère de barbarie qu'on ne peut compareri
comme le dit Demeunier (1), qu'à la médecine des sauva ges : les livres sacrés indiquaient tel ou tel remède
qui devait guérir ou tuer , je suppose , et le guérisseut•
en ce cas n'était responsable que lorsqu'il rendait-la vie
par tout autre moyen , daqs ce cas il était puni de
·
mort (2).
La médecine , dans cet état , dut nécessairement en.,.
trainer le mépris et la haine en raison directe des pro,
grès de l'intelligence. Les Babyloniens ne voulurent
point avoir de médecins; ils préféraient exposer les ma•
lades sur les plaues publiques , afin q11e les passans
indiquassent des remèdes utiles , s'ils en connaissaient
et une loi d'État astreignait le public à ne pas refüseI'
ce secom·s (3). Mais, si je ne me trompe, ce furent
encore des médecins que cette loi créait et des médecins
par conséquent bien plus igno rans , bien plus nombreux
que leurs prédécesseurs _et dès-l0rs bien plus dangereux.
Les Romains en agirent à-peu-près ainsi à une époque
où ils étalent loiii d'avoir acquis cette .célébrité si remarquable et si juste; rnai.s ils avaient vu aussi qùe
la médecine sans philosophie ' sans étude • n'était q1,1'un
pur charlatanisme et ils so1.1mireht les médecins à des
conditions plus que 'sévêres c4) ; ils chassèrent même
Archaf{atu's de leur capitale et la médecine fut bientôt
livrée à la classe la moins leUrée de la société (5). Il
f11ll1.1t que la méqecine · ;eviqt à I\ome , escortée de la
;
'
(1) Vasprit des usages et de's coutumes des différens peuplts,
1
etc.
~
lib. I, sect· 1 l , etc.
t ; r6, etc.
(4) Lex Cor.nelia. De sicarii;. Instit.lib. lV,tit, Ill. Dll
(2)
Diodore dt Sicifë
• (3) Hàodoté, lib. r. Strabo;,,,
lege
aq~ila
part , VII, etc.
!le :Médicis et ]Jalnéis , etc,
(§) La~rentizg
�(
I
57 )
philosophie pour que l'on dresstlt des autels à Esculape,
à Hippocrate, à Antonius !Yfusa, à Galien, etc, ; mais
Ghose remarquable, c'est qu'alors à Rome on ne pouvait ·
pas plus être reçu médecin sans être g1 ec (1) , que l'on
ne put I'~tre à la renaissance des lettres sans être juif.
Mais il fallut aussi que le Gouvernement l'honorât pour
la faire prospérer , sans cela l'art de la popula,tion aurait été à Rome ce qu'il est dans la Cochinchine ,
c'est-à-dire , qu'il n'est permis à ces ignares charlatans
d'entreprendre la cure des maladies que lorsqu'ils sont
certains d'en venir à bout, 11ous les peines les plus
graves. Les douceurs du langage, des formes, des manières , la juctanca d'une routine irréiléchie , le ton imposant , supérieur , réfléchi , de l'ignorance , etc. , ont
toujours eu beaucoup de poids chez les sauvages, mais
bien peu chez les civilisés.
Cette digression nous a un peu éloigné de l'objet
de notre. attention , cependant nous n'avons pas perdu
de vue que nous avons parlé de l'état du médecin, sous
le règne de l'ignorance universelle, nous avons vu que
l'art de guérir ne brillait qu'entouré de lurnières et l'on
pourra aussi juger que si la civilisation est utile aux:
m~lades , elle ne l'est pas moins à ceux qui doivent les
rendre à la santé. Voyons , maintenant , quel est l'état
de la médecine chez les. sauvages,
L'anatamie est la première des connaiss11nces du
médecin , c'est l'échafaudage sur lequel viennent se
g1•ouper les mala~ies : la bGtanique est indispensable à
la thérapeutique , quels seront donc les s-ec;ours à espérer de la pHrt du médecin qui ignorera ces élémens nécessaires , et s'il a la hurdiesse de se présenter au lit
d'un mala<le, quelle devra être sa récompense s'il en
(1) C'est ~P que pron\'e l'tit ud e p~lœogrnpbique et nuinisJllftLique de l'histoire de IA 1u édecine.
�( 158 )
est le bourreau 1 Ln médecine , ou plutôt les remèdes
qu'on dirige contre ces maladies ne sauraient d'abord
l:tre pris dans cette classe. C'est pour cela que les sauvages qui n'éturl.icnt point une sciet1ce qui n'existe
pas pour eux, ceux de l'Amérique septentrionale, par
exemple , et les Inrlicns , sec~uent fortement le malade
.et d'une manière brusque : ils le serrent , lui soufflent
dessus. Le village ou la bourgade et les devins s'attroupent, ils l'agitent encore en chantant et en faisant mille
bouffonneries; très-souvent le malade guérit et les sauvages croyent que cela prouve d'une manière péremptoire que l'étude de la botanique est parfaitement inutile,
ainsi que celle de la matière médicale en général.
Les sauvages sont exclusifs : ils ont vu qu'un~ indigestion , par exemple , était guérie par le vomissement,
et ils ont placé le siège de toutes les maladies dans l'estomac et dès - lors les médecins sauv-ages font vomir
dans tous les cas ; pour y parvenir , les sauvages de la
Floride , par exemple, respirent, avalent , hument des
fumigations qui lem· causent de violens vpmissemens (r),
D'autres sauvages 'avaient éprouvé et apprécié les effets
d'une forte commotion ou de la te,rreur , dès-lors ils jettèrent tous leu1·s malades dans l'eau ou dans la 'neige au
milieu même de l'hiver. Ils avaient remarqué que le plaisir guérissail 'luelquefois , les sauvages forcèrent les
malades à en prendre et on les obligeait, par.exemple,
à danser ou à co-habiter avec des filles qu'on leur prostituaient (2) Les Péruviens 5ont peut-être plus raisonnables , ils traînent le fébricitant dans la rivière et en
même-temps on lui do11:.ne le fouet jusqu'à ce qu'il perde
haleiqe, en courant autour d'un grand feu (3). C'est.
( t) Voyage de la Pollze rie , elC•
·
(2) Ibidem , ete.
(3) Voyage de Clzflmplain, etc,
�( 159 )
une médecine de cheval, mais il ne fout rien dire , elle
1·éussit. Toutes ces différences dans l'exercice de la rnédcc
. l' occJs10n
. d e remarquer que les -peup
I ' les
ci. ne nous 1ourmt
civilisés ont aussi peu de fixité à ce sujet que lea sauvages, dont même t1 ès-souvent ils adortent les systêmes
et les opinions' en médecine.
Une autr•e secte cles sauvages péruvien~ , qui donne
un peu dàns la métaphysique, pense l{U'un malade est
un homine dont la tristesse et la maladie qu'ils matérialisent se sont empllrés ; que s'il ne se lève plus,
s'il ne danse et ne rit plus, il fa'ut qu'il se remue, qu'il
danse et qu'il ait de la gaîté malg1é lui, et comme
de là ils n'ont pas loin à aller pour se persuader que
la mort n'est qu'un état de repos absolu, les sauvages
matérialistes ne croyent point à une autre vie et ils tGurmentent leur malade par de grands bruits afin de prévenir ce repos absolu (1). li arrive très-souvent eux
sauvages d'indiq.ue1· la danse aux paralytiques, la joie
aux méldn1:oliques , la grossesse dans la stérilité • la
fécondation dans le cas d'impuissance , etc,, et une
foule d'autres moyens infaillibles , à la vérité, et qui
n'ont guères d'autres difficultés dans leur emploi que celle
de ne pouvoir l'être : si ces essais ne réussissent pas;
ce sont les sorciers qui se chargent alors de la guérison.
Les jongleurs du Canada entonnent, d'une voix effroyable,
des chansons sur l'effi<iacité de leurs remèdes ; ils invoquent en sautillant l'esprit de l'air et des enfers et tirant
ensuite du fond du sac quelques morceaux de terre, de
feuilles et de blé malaxés ensemble, ils les .appliquent
SUI' le point plus particulièrement affligé. Si <'e topique
est sans effet , il est plus que certain que c'est le makide qui a tort et qu'il est ensorcelé , olors le jongleur
(1) l/,idcm, cti;.
•
�( 160 )
mal heur eux, il l'agitfl
se jete sur lui , il suce la peau du
le char me, il mon tre
oire
et le pres se forte men t pou r extr
sa bouc he et qufil dit
dè
tire
l
ensu ite quel que chos e qu'i
t-à-d ire 1 le char me.
c'es
,
de
mala
être la caus e de l'éta t du
nt pal' leur igno Che z des peup les dign es , seul eme
qu'il s mér iten t ~er..
ranc e , d'un e pare ille méd ecin e et
prêc hent cette mêm e
tain eme nt moi ns que ceux qui
moy ens médicatem·s
igno ranc e aux peup les civilisés , les
ns barliares. Ils se
ou prét endu s tels , sont soljvent moi
lorsq ue les sauvages
born ent à de pure s mas cara des et
, ils les noir eiss ent.
ne guér isse nt poin t leur s mala des
, se cont ente nt de
ple
Les nègr es d'Ys siny (1), par exem
nneu r de leur s
l'ho
en
les barb ouil ler de dive rses coul eurs
on adm inist re
,
me
régi
fétiches , et sans rien chan ger au
ier.
icul
part
tout simp lem ent un cord ial
finit par rais onn er·
Mais enfin 1 cc sauv age lui-m ême
carr ière du raila
dans
fait
rt les prem iers pas qu'il
its : il faut
adro
malours
touj
sonn eme nt sont pres que
cer à bien pens er : les
beau coup de tem ps pou r com men
ple , croy ent que
insu laire s de Mad agas car , par exem
ils char gent un prêt re
lout mala de a perd u son espr it et
dans le cim etiè re, et,
de le cher cher . Celu i-ci va la nuit
que , je supp ose , l'âme
tena nt son bon net ouv ert, il évo
ande où est l'esp rit de
du père , s'il est mor t, il lui dem
e ensu ite le bon net i
son fils ou. de sa fille : i\. ferm
ient qu'il a tout son espr it
~ourt vers le mala de et lui sout
peut -être pas. Mais
sous son bon net, il ne se trom pe
de , il le lui met
mala
du
afin qu'il rent re dans la cerv elle
plus mal d'avoir
que
ve
trou
sur la tète ; souv ent il ne s'en
ège. le pati ent
man
ce
s
aprè
si,
ains i reco uvré son espr it, et
de nouveau
est
rit
l'esp
que
meu rt , ce sorc ier sout ient
pas bien
l'a
ne
n
qu'o
:e
parc:
teve nu ehez son père ,
(1)
Voy~ge
•
de Loy er, etc.
�• (
1G1 )
gardé (1). 0 divin Ariosto ! où es-tu, pour embellir dè
tout le charme de ta poésie ces folies débitées aolennei..
lement et avec un air si raisonnable et si prétentieux l
Cependant 1es peuples f en 'profitant de 1'expérience
de leurs pères , font un second pas vers la raison : les
phénomènes nombreux et fréquens de la circulation lem·
servent à prouver que toutes les maladies sont dues au
fluide précieux qu'elle charrie; ils rapportent tout nu
sang et pour y rémédier, les sauva~es font mourir
leurs malades exsangues. Ua11s toutes 1es maladies,
comme dans toutes les cÎrcotlstances ; les Indiens
de la Terre. - Ferme, par exemple , asseyent leur
malàdc nuèl, devant un homme ; qui, à !;aide d;un arc,
lui tire, sur toutes les parties du corps et avec une
promptitÜd~ surprenante , une grande quantité cie petites
flèches qui sont rirrêtées par un cercle, de crainte q1a'elles
ne pénètrent trop avant; ies sauvages inventent aussJ.
des sangsues artificielles, non parce qu'elles i;ont devenues trop rares ; mais parce qu'ils nP QConnais.sent
probablement pas ces précieuses petites bête11. Lorsque
le sang jaillit , les partisans nombreux de cette méthode s'empressent d'applaudir ; de crier à la guérison !
et vont partout proclaRiant le mérite du physicien (2).
Cette doctrine une fois répandue ne pouvait pas t~1anquer
de trouver des prosélytes chez tous les sauvages Rt elle
ne devait plus varier que dans les moyens à emplcJyel'
pour extraire le précieux fluide. Les sauvages hémà~
tophiles de la Flm:ide, ouvraient le Iront du malade
avec une coquille et suçaient ensuite le sang par cette
plaie , tant était devenu grand et pressant le besoin de
tirer du sang, et nouvelle espèce de sangsues , iÎs dé.-.
(r) Drurf, histol)' J!laccurt , etè,
(2) Relation tle 1Vœjjer, etc.
T. VH. J.ltlars 1824.
�....
,
t
162 ) .
gorr;eaîent ensuite duns un vase (1). On rctrnu ·c la
mt:rne doctrine chez les Hottentots, dont l'esprit es~
pèut-~trc un peu plus que sauvage. Chez ce peuple on
couche le malade à tene , le médecin suce la partie affectée, il y pose enimite un cornet dont les bords sont
aigus , il le presse fortement , après l'avoir retiré il fait
deux incisions de la longueur du pouce et il y replace
le cornet, jusqu'à ce qu'il soit rempli de sang (2). Quelquefois les sauvages sont moins industrieux que cela
et plusieurs nègres, par exémple , se tirent du sang ,
tout simplement, en i;e donnant un coup de couteau ,
et 1.aiss~nt ensuite couler la plaie aussi long.temps qu'ils
le jugent nécessaire (3).
Les sauvages sont peu lettrés et conserve11t par conséq1 <:mt long-temps leurs préjugés, et leur médecine
ne \•arie guères ; cependant ou travers
cet état gros·
sier de raisonnement , on trouve quvlques indices de
1·aisonn:èment, rarement toujours juste, il est vrai. Les
13akkariens , par exemple, qui s'imaginent que dans teus
les cas ubi rlolor ibi spi ritus male/aciens , ne trouvent
jamais d'autres r.noyens de guérison que l'amputation,
si toutefois elle est praticablé, car les sauvages ne connaisl'ent pa-s d'autres boroes. Mais comme dans certains
cas l'incision est ou impossible ou dangereuse à la tête,
par exemple , alors ils se contentent du simulacre et se
ornent à passer , à diverses reprises , un couteau sur
les joues en prononçant quelques mots. Souvent cette
méthode 1~ussit et fait plus de bien que l'autre <4)•
L'action du feu est à-la-fois trop matérielle et trop
ae
(1)
'Relation de la Landonnière, collection de Dry, etc.
(z.) Kolù1J11 , etc.
(5) Artus , Villant, Bosmarin , Barbot et les Tonquùioir
en font autant. Histoire des Turc1, du :Mogoll, Abul1hui ei
Khan.
('t) La plupart det voyaccs en Laponie.
�( 1e3
& hl~ P
t Lr que les . a.uv11ges n'en e.;saynssent pas
1 en'• :J1 et ne finiss nl même pas par en abuser: dans
fJnc des CJdél<les > pa · exemple 7 on expose les malades à la fümée hrùlaote d'un volcan. Les Asglais (1)
Ol'lt vu tm pi:re qui lenait ainsi son enfant exposé à
celle chalèur. Les Lapons , qui n•ont point de médccius,
se contentent de brliler ou de scarifier eux - mêmes fa
partie malade (1). Les Tonquinois appliquent en différentes parties du col'ps des fruilles d'arbres séchées:
et humectées d'encre de la Chine 1 ayant un pouce de
diamètre, ils l'appliquent sur la partie malade et y
allument cc cube (3).
Les sauvage.Il parlant toujours d'après de~ raisonncmens faux , ont également cru <.J.Ue la compression , appliquée selon le besoin dans telle ou telle pa1'1:ie du
c11rps , guérirait infailliblc_ment le malade. D',1près cette
idée, les Siamois, par exemple , pensent qu'en comprimant le corps , on parviendra à faire sortir la maladie, tout comme en pressant une vessie on en fait
sortir l'air qu'elle contient ; d'autres proposent une théorie différente , mais la pratique est toujours la m~me pour
tous les sauvages, Le palient se couche à terre ; on lui
amollit le corps et on le foule aux pieds. On assure
ml:me que les femmes enceintes ont eu recours à cet expédient pour avoir une parturition moins difficile (4)•
Lorsqu'il se déclarQ chez les sauvages une maladie
pestile11tielfe, ils commencent par fuir les malades.
Les èorée1\s , par exemple, rélèguent leurs malades
dans de petites huttes en paille, placées au milieu des
champs ; mais il faut avouer que dnns ce cas les pa-
( 1)
Second 'l'oyage de Coole 1 et1.
(2) Vo_yage •R Laponie.
(3) Relation ùe Baron, daoa Churchiel, etc,
{4) Rclatioa de la Loubére , etc.
�t
,
164}
rPns ou les amis sont tenus d'en prendre soin ; et s'il
arrivait qu'ils fu••ent sans parens et sans amis, ils m~ur
rnient sans auc1,m <iecours ( 1), Telle est l'hospitalité des
sauv;igcs, d~nt le celèbre Areiula cite quelques exemples
z des peuples civilisés.
J'ai examiné l'état des médecins et de la médecine
a"ec fa mpidité que réclamait l'attention que vous
rm'accordi·n au dépens d'un temps qui aurait été beau·. coup mieux employé et que néces~itait la pauvreté
pitoyable du snjet : je crois que, comme moi, tout
le mo e pensera que l'état des malades est cent fois
pire encore , surtout si on les compare à ceux qui ont
le bonheur d'être traités par vous et qu'admire celui qui
c
1
a l'honneur
d'être
Votre dévoué serviteur et ami ,
c.
:z., 0
V AR
-
1 ÉTÉ
P1Ell.QUIN.
1;;.
S'1L fall(lit juger du mérite d'un ouvrage par le grand
nombre de ses pages , quelle haute idée n'aurait-on
point de l'Histoire médicale de la fiè11re ;aune, observée
~n Espagne et particulièrement en Catalogne, dans
l'pnnée 182r, par Ballr, François, Pariset! A la vérité,
çe traité it1-8. 0 de 664 pages , n'est volumineux que
parce que les auteurs ont senti le besoin d'entrer dan_s
les détails les plus minutieux , et ib ont eu sans doute
raison de ne négliger rlen <le ce qui pouvait _ tendre à
la démonstration d'une vérite. Mais leurs propositions
que , pour en pénétrer le lecteur jusques à satiété ,
(1) Rel1üoi:i
q'J:lamcl, c;tc.
�( 165 )
jls ont reproduites plusieurs fois, sont-elles toutes con•
vaincantes 1 Dans l'état actuel des choses • a'est-à-dire,
alors que des nouveaux .faits sont communiqués sur la
contagion de la fièvre jaune , par des illustres médecins , cte. , nous devons suspendre no.tre réponse, et
même , croyons - nous devoir laisser à un plus exercé
que nous le soin de la faire, mais avec toute la liberté
de conscience qu'elle réclame. Nous ne pouvons donc
qu'annoncer l'ouvrage de MM. Ballr, Fram;ois, Pariset,
el bie11 que nous résistions difficilemeut au plaisir d'en
faire ressortir toutes les beautés , nous. sommes en
quelque sorte réduit au silence ..•• , Qu'il nous soit
permis, toutefois, de faire une remarque qui sera goiltée
m~mé par les auteurs de ce grand oüvrage : quelques
faits publiés par MM. B1Jlly , François , Pariset ont
été accueillis avec reconnaissance et réputés d'un trèsgrand poids pour Caire triompher l'opinion de la contagion. Ne devons-.nous pas également de la gratitude aux
médecins célèbres qui ont produit une infinité de faits
en faveur de l'opiHfon contraire ! Oui , sans doute ,
oui. « car on a· mauvaise grace , disent MM. Ballr,
' François , Pariset ( pag. Sr ) , à traiter les assertions
» des autres comme autant d'assertions controuvées; s'en
» tenir des deux parts à ce qu'on a vu, c'est s'inter>1 dire toute comparaison , et se fermer, par consé-; quent , le chemin de la vérité ; imputer à ses adverit saires du mensonge ou de la crédulité , ce n'est pasit leur répondre; et enfin rejeter l'expérience de qui que
» ce soit, c'est autoriser à rejeter la sienne : sorte de
» représaille qui rompt tout». Qui le croirait! après un
raisonnement aussi juste , on a osé considérer comme
qp~urde la distinction enlre l'infection et la contagio11;
Qn a ainsi foulé a11x pieds l'expérience des plus grands
qbservateurs ; on a voulu ..••• Mais, gloire , gloire aux
illustres médecins qui se sont exprimés de manière i\
tout concilier dans l'intérêt de nos connaissances !
/
�( 166 '
- E'. noYemhre 1823 • un'! diisertation intitulé!":
Euai mr la peste ( in-4. 0 de 35 pages } a été présenté•
à la Faculté de médecine de Montpellier, par M. Nel,
chirur 0 ie1 , puur obteni1· le grade ac docteur en médeine. tt L'origine chronologique de la peste, dit l'auteur,
• se perd d:ins la nuit des siècles •· Aussi a-t-il cru
devoir consacrer la première section de son essai à l'exposé de nombn.:11ses recherches pou1· répandre quelques
lumières sùr la conoaissasce de cette affreuse maladie.
J..a 11econde section est destinée au diagnostic et au pro·
nostic, on y voit l'auteur adopter avec M. BP-rtrand, h
division de la peste en bénigne et en maligne, et d0nner
plus d\me preuve qu'il a su puiser à de bonnes sources.
Les trnis observations placées à la suite de cette section
.sont des plus importantes, et bien qu'il regarde la fion·
tar,ion de h peste comme un fait incontestable , il semble
donner une preuve du contraire·, en nous annonçant
qu'il a exploré le pouls et touché les bubons de ses
malades. La troisième section, sous le titre de thérapeutique, nous apprend que « la peste est une maladie
contre laquelle viennent se briser infructueusement les
ressources multipliées de l'art». Enfin, une quatrième
et dernière section contient 1m certain nombre de préservatifs de ce fléau.
Le candidat qui réunit tolJB ses efforts pour rempfü
une tâche imposée par la loi , est sans doute digne d'éloges, M. Nel a d'ailleurs assez fait pour mériter les
'ltllli·ages de la Faculté et il peut répondre que nttl n'est
infaillible ici-bas , si on lui reproche d'avoir fait pré~
celle q1ü termine son
cédel,'S:'troisième section,
essai, etc. , etc.
-
Le catéchisme de la médetine physiologi"que , ou
ilialogue entre un sa11ant et un jeune médecin , élè11e 4u
profeueur B11.ouSSÀIS ; contenant l'exposé succint de lo
nouvelle doctrine médicalt: 9 et la réfutotùm ilo objtttion1
�( 167 )
tu'on lui oppose; ov1>rage destiné à faciliter l'étmlè (!
,'.m: doctrine oux élèves en médecin: ' azu; o.ffid<trs a,
fi:mté , aux praticiens qui auraient négligé de s'en
ruper , et proprt à en donner une justt idée .1ux ëer.s
du monde. Tel est le tilre d'un volume in-8. 0 qui'! no 1s
recommandons avec plaisir, parce qu'on ne saul'ait tro~
faire de partisans à la médecine physiologique , mai'
parmi les gens de l'art seulement, car il est nuisible,
on doit l'avouer, d'initier les profanes dans les mystères
d'un arl <Ju~si difficile que celui ds, guérir. Et pourqt:o~
donc s'attacher à donner aux gens du monde une idée de
la méderine physiologiqoe r La nouvelle doctrine médicale est-elle plus facile que les autres 1 Nous ne le pensons
pas; et dans l'hypQthèse que cela fut, les gens du mond
la concevraient-ils aisément r Tel n'est pas notre avis.
- Le nombre des malades n'a pas été cons.idérable
ce mois-ci : des catharres , rles nnginea, encore quelques
cas de varioles ont été observés. On les a avantageusement combwus presque tous avec les anti-phlogistiques sagement administrés et des insuccès ont appris
ou rappelé les dangers des traitemens perturbateurs, etc.
- D'après le relevé des registres de l'État-civil de
la mairie de Marseille, il y a eu en Février 18::.4,
393 naissances ; 379 décès et 92 mariages.
P .-M. Rov:ir.
5.Q C 0
N C 0 U l\ S
i CÀ DÉ 1111 QU Il S,
P11.11c proposé par la SociJ.té rorale de médecirze d~
Bordeaux.
La Socï'été royale de médecine de Bordeaux met a
concours la question suivante :
Existe-t-il des maladies dans ùsquellcs lu propriétés
l'Îlales 1aient lésées -seulement, sans altération dei tissul
�'( i68 )
organiques 1 Ces maladies peuvent-elles bre reconnues et
démontrées par des caraetères positifs , et confirmées
ultérieurement par l'ouverture des cadavres 1
Un prix: de la valeur de 300 francs sera !lécerné t
dans sa séance publique de 1824, à :l'auteur du Mémoire
qui résoudra le mieux ces problêmes.
Un prix de la même valeur , pour la séance de 1825;
t'lera donné à l'auteur qui aul'a le mieux résolu les questions suivantes :
Pe11t-on se permettre d'foiecter des substances médicatnenteuses dans le système o1eineux de l'homme 1 Quels
6ont les médicamens qu'on peut introduire dans l'ét:onomie
animale par cette voie 1 Et quelles peuveni Üre les maladies
1fui exigent ce mode· de médication 1
Pour stimuler le zèle et l'émulation , la Soeiété ac~
corde chaque année une médai/IP. d'mcouragement à celui
qui envoie le meilleur Mémoire sur le sujet, au choix
de l'auteur , et relatif à l'art de guérir.
Les Mémoires , écrits très-lisiblement en latin ou en
français , doivent être rendus , francs de port , chez M.
DuPuca-LAPOINTE, Secrétaire-général de la Société, rue
de Trois-Conils, n. 0 9, avant le 15 juin.
AVIS.
-•e-•e..~LA Société royale de Médecine de Matseille déc!art
qu'en insérant dans ses Bulletins les Memoires, Obser11Gtions, Notices, etc., de ses membtes soit titulaires, soli
correspondans , qui lui paraissent dignes d' hre publiés,
elle n'a Egard qu'à l'intérJt qu'ils présentent à la 1cience
médicale; mais qu'elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent éthettre les a11teurs1
et qui n'ont pas encore la sanction générais.
�( 1G9 )
BULLETINS
DÉ
LA SOCIÉTÉ ROY ALE DE MÉDECINE
D E M ARSE I L L E.
MARS
1824. -N. XXVII.
0
d'une pneumonie chronique ( phthisie
pulmonaire) guérie par l'application du selon aux
environs de l'anus , Pt par le régime rliètétique ;· par
M. SAT ' D .-M.' membre de la Societé rorale de
médecine de 111arsfi1le.
ÜBSERVÀ'I'ION
M.m.1.ME R ..... , &gée de 26 ans, d\me consdtutiori
délicate , pendant ie11 chaleurs de li été dernier (c'était
au mois de juin ) eut l'imprudc.nce de se baigner au
bord de la mer, quelques jours avant l'époque de la
menstruation. Peu de temps après un froid intense l'oblige à sortir de l'eau et à rentrer à sa campagne qui
n'était pas bien éloignée ; aussitôt arrivée elle se fait
mettre dans le lit, on lui donne à boire du vin chaud
et une infusion de tilleul. Le froid diminue peu-à-peu
et disparaît, bientôt une chalem intense se développe;
la malade éprouve un sentiment de compression sur la
poitrine , la respiration est gênée , il y a des battemens
très-forts dans la poitrine et dans le cerveau.
Le lendemain la fièvre est intense, la gêne dans fa
respiration au_gmente la toux, se déclare, il y a quelques
crachats sanguinolens. Un médecin est appelé; il pres~
u
T. YII. Mars 18:z.4•
'
�(
170 )
crit de la tisane d'orge miellée, des bouillons et une
saignée au bras de huit onces.
Le trnisième jour, l'étr1t de la malade est le même 1
(tisane , bouillons , Cl'èmes , l•>och blanc).
Les 4.e, s.e et 6.e jours, même état, mèmes prescriptions
Le septième jonr , ·même état. Huit sangsues à la
vulve, pour rapoeler les men;trucs. Les sangsues coulent assez abondamment, les menstrues ne paraissent
pas.
Les jours suivans, la ch;ileur et la fièvre diminuent
insPnsiblement, la toux reste la même. ( Mêmes prescr iµtio ns ; on permet de ltgcrs a li mens).
Le onzième jour, une potion pur\~ative ordinaire est
prescrite , elle produit trois c.u quatre selles.
Le quinzième jour, la malade se lève , continue à
prendre des alimens , les remèdes sont supprimés quoiqu'il existe encore un lép.er catharre , toux sèche et des
tir;.iillemens dans la poitrine. Quinze ou vingt jours
après, à l'époque de la menstruation , Mme. R ... ..
éprouve encore quelques frissons irr,.:guliers, un peu
de ftèvl'e, des palpitations, une ch dleur dans la poitrine,
Ja toux augmente , les crllcha ts sont sanguinolens ; le
mé<lecin est rncore appelé, il prescrit des demi-bains
et la diète , les rn:mstrucs paraiss~nt le lendemain ; mais
elles ne oioule~t pre.~que pas , cependant la fièvre diminue; la malade se lève et prend des alimens. La toux
persiste et devient de plus en plu~ fréquente , la malade
maigrit de jour en jour, les crachats sont très-abondans,
l'appétit se perd, une petite fièvre se déclnre avec paroxisrnes le soir , sueur.'! iibondantes pendant la nuit.
Enfin , au mois de février dernier , comme l'état de la
malade devenait toujours p!us grave, le médecin , répondant aux sollicitations des parens , déclare que Mme.
R. ••.•• est atteinte d'une phthisie· pulmonaire. Le même
�( 17 I
)
juur ( c'était le 5 février) le mari , avec lequel je suis
très-lié, vient me p~·ier de donner mes soins à son
épouse. Je me rends auprès de la malade et je la trouve
dans l'état suivant: amaigrissement considfrable, p:ileu1•
!'xcessive de la peau surtout aux a~les du nez , sur
les côtés du menton , aux commissures des li!vres ,
rougeur très-vive aux pommettes ( ce contraste est
très -frappant, et ne peut échapper à l'œil le moins observateur); cohaleur incommode à la paume des mains,
pouls petit, fièvre légère .avec paroxismes le soir;
sueurs abondantes pendant la nuit , respiration 3ênée,
toux vive , crachats purulens , son mat sous les deux:
clavicules. La langue et toute la muqueuse qui tapisse
la bouche sont sèches et très-rouges , il y a douleur vive
à l'épigastre , diarrhée excessive , les alimens sont en
partie rejettés par le haut , le reste sort par les selles sans
être digérés. Ce cortège effoqant de symptômes me
fait craindre un instant pour les jours <le Mme. R ... .•,
cependant après avoir fait une analyse rapide du traitement qui \l été employé jusqu'à ce jour , je ne me
dissimüle pas qu'en soumettant la malade à un régime
sévère 1 en 1 employant les révulsifs , les exutoires , etc.,
je puis , sinon la guérir entièrement , du moins produire
une amélioration marquée dans les symptômes. En
conséquence , je eonseille une diète sévère , tous les
alimens sont supprimés, je ne prescris que de l'eau
gommeuse édulcorée , des demi-lavemens émolliens et un
Jooch blam:. La malade reste vingt-trois jours à ce régime;
bientôt la diarrhée n'existe plus , l'érethisme et la fièvre
diminuent insensiblement, les sueurs sont moins abondantes pendant 111 nuit, la toux est toujours fréquente,
les crachats abondans. Je prescris deux vésicatoires aux:
/.iras et un ~de1Tlère les épaules. J'applique un seton
profondément à la partie externe de l'espace qui sépare
ranus de i.a tubérosité seiatique.
�{ 172 )
' te vingt - quatrième jour, ces exutoires ont déja
produit un amendement bien sensible , la toux est
moins fréquente , les crachats moins abondan's. Je
pres :;ris de trois en Lreis heures des crêmes de riz lé.gères , édulcorées avec le sirop de gomme •
. Les jours sui vans , même boisson l loochs , cr&mes
de riz plus consislSntes.
Huit jours après, la malade est beaucoup mieux ,
(mêmes prescriptions, de plus lait d'ànesse à la dose
de trois verres par jour ). Le seton pansé avec la
pomm ade épispastique fournit une suppurrition très-abondante.
Au commencement du mois d'avril, il y a une amé...:
lioration sensible dans tous les sympt6mes : la respiration est libre, la toux peu fréquente , les crachats
moins abondans ( éontinuation des mêmes moyern; ) je
panse toujours le seton avec la pommade épispastique.
Le 19 avril , époque Je la menstruation , il y a 1
comme à tous les mois antécédens , un peu <le fièvre 1
la toux , l'expectoration augmentent. Je supprime les
soupes. J'applique des cataplasmes émolliens bien chauds
à la parti!! interne <les cuisses et sur la région hypogastrique, je prescris des fumigations aromatiques à la
vulve , des demi-bains chaudi;. Les règles pcrraissent
le 2 I et coulent a~sez abondamment.
Le 26 , plus de fièvre , respiration libre. (Eau gommeuse , lait d'ânesse , crêmes , loochs , je permets deuJ'
légères soupes faites avec le lait et la fécule ) •
Les jours suivans , la malade va de mieux en mieux;
de tous les symptômes qui m'avaient fait craindre pour
les jours de Mme. R ..... , il ne reste plus que la
toux , je continue les mêmes moyens , j'augmente de
jour en jour la consistance des soupes 1 je continue à
panser le seton avec la pommade épispastique qui en"'
tretient une suppuration excessive.
�( 175 )
Le 23 avril , les règles paraissent et coulent pendant
quatre jours. ( Continuation des mêmes moyens ).
Vers la fin du mois de mai , la malade est tout-à-fait
bien, les fonctions s'exécutent avec régularité, je prescris des soupes grasses.
Les jours sui vans , le bien-~tre contiAue et faugmente
insensibiement les alimens à mesure que la malade
prend des forces. Enfin, Mme. R .•... se trouve maintenant dans un état de santé parfaite , il ne lui reste de
sa maladie que l'incommodité du selon qui fournit toujours une suppuration très-abondante , que je n'ai pas
encore osé supprimer.
Cette observatîon , quoique très-incomplehtement ré.:.
digée, peut donner lieu aux réClexions suivantes :
0
Les affections aiguës de la poitrine doivent être
'ombattues le plu11 promptement poss~ble pa1· les moyens
connus que l1on modifie suivant l'intensité de la maladie,
la nature du tissu aff'ecté , etc. On doit prodiguer les
anti-phlogistiques dans le principe , au lieu de caresser
la maladie en attendant la résolution les bras croisés 1
car, si on ne parvient pas à calmer l'infiammation dans
le début, on voit bientôt se développer des productions
tuberculeuses qui se gonflent sous l'influence de l'irrita-<
tion. Dès-lors on peut conclure que l<i phthisie est une
irritation , or , comme toutes les irritations se rallient à
l'inflamination, on peut appeler cette affection 'fineuinonie
thronique et non pas phthisie qui ne signifie rien ; ce mot
ne marque que la période la plus avancée de la ma•
ladie , lorsqu'il y a un état de désorganisation incurable, mais si l'on détruit entièrement l'inflammation
'1ans le principe, on ne verra jamais la phthisie arriver,
T, VII~ l~ats 1824.
:z.3
i.
/
�( 17/.)
.Âu reste , ce mot fait croire à la désorganisation lors·
même qu'elle n'exisle pas encore, bien plus , il renferme une espèce de pouvoir magique qui fait que si on
le lance sur un individu,. c'est le dévoueî· à la mort la
plus certaine, quoique cependant le poumon soit encore
long-temps gu~rissable,. et si le médecin physiologiste
ne se laisse pas arrêter par le redoutable mot de phthùic 1
s'il met en usage des' moyens énergiques,. basés sui· le
degré plus ou moi1u· avancé de la maladie et sui· la
constitution· du malade, il parviendra' presque toujours
à guérir la pMumonie chroni</Ut , ou pthtisie pulmonaire;
cnr pe1·sonne n'esl destiné absolument parlant à être
emporté par cette mJladie; il est seufemcnt dei i~di
vidus constitués d'une certaine maniere qui rtçoivent'
plus ai·s émcnt sur l'appareil pulmonaire l'action des causes
irritantes capables de produire des phlegmasies pedopaJes
~.Q La destruction dt1 poum011 qui eutraîne.. hi mort
peut c0mmcncer par le catharre simple , par la pleu·
résie ou par la pneumonie : une personne conlracle un
catharre bronchique ; cette inflammation n'est pas corn•
battue €ompletlement, parce qu'elle est légère, il reste
une fluxion- permanente sur la muqueuse, le malade
continue à tousser, il vaque cependant ,à ses affaires,
le catharre pnsse à l'état chronique , les secousses produites par les eff'~rts continuels de la toux déterminent
'lm point d'irritation dans les poumons,, drs u1cérat!onsans les bronches qui .donnent lieu au développement
nlions dans les médiastins. Alors la diffi~·
d'énorme
culté de respirc~mente, le pouls s'accélère , il y a
tedoublemens le ~oir ,. le timbre de la voix est altéré,
les pommettes se colorent 1 · les sueurs nocturnes s'établissent , alors le parenchime du poumon paraît se prendre , la perrussion de la poit ·ne offre un son n1at sou.sles ·clavicules, parce que le sang . ~ui affiue ;.iux ·poumons'
�{
I
y5 }
pblitère ·les vésicules bronchiques , la fièv1·e augmente
tt la pneumonie dzronique .e.st établie ; si on ne parvient pas à l'arrêter, elle marche juliqu'à la déso rgarri..,.
sation et produit la phthirie. La pleurésie et toutts les
inflammations de la poi trine peuvent se terminer par
la p'l}eumonie chroniqu6 si elles ne sont pas vi~oureu...
sement combaUues dans 1e principe de -leur développe,.
ment.
3. 41 Nous avons dit que la phthisie pouvait ~tre pi'O"
duite par un simple catharre , on doit donc faire remonter la maladie à l'apparition de ces catharres chroniques et biea sa garder de croire avec les fatalistes
que la plztliisie est un ~tre qui assaillit tel .ou tel individu qu'il dcstinP. à faire périr , et ne faire dater la
maladie que du moment où la fièvre se déclare. Avant
cette époque, ils se contentent de faire germer les tubercules dans le poumon , parce 9.u'ils ignorent l'influence .de ces catbarres légers , de ces toux: sympathiques dépendant file l'irritation de l'estomac.
4. 0 La préexistence des tubercules est une chimère ?
on ne doit pas même en excepter les enfans qui en
apportent en naissant. Dans tous les cas , ih soLJt pré~
cédés et produits par un point d'irritation qui peut se
développer pendant la vie intra-utérine comme après la
naissance. Je pense done qu'en combattant de lionne
heure cette affection , lors même que déjà des ganglions
sont développés, on peut obtenir des guérisons-pmfa1tes.
5." Lr.s ouvertures de cada,vre$' ont démontré que
la déaorganisati~n du poumon eat curable quand elle
e,st limitée, il se forme dans ces cas une cicatrice ressemblant à du tissu fibro-cartilagineux; ainsi l'on ne
doit pas désespérir d'un malade qui crache du pus ,
l1ubservation que je viens de soumettre à la Société en
est une nouvelle preuve. Mme. R .•... présentait tous
Jes, symptômes 4e la désorganisation du poumon , qui 4
�( 176 )
éte comballue avantageusement pa1· un régime sévère et
par les révulsifs , que j'ai préférés aux év11.cuations sanguines, qui ne m'0nt paru dans ce cas aucunemenl indiquées, vu l'ancienneté de la maladie , la taiblesse du
pouls et l'absence de tout syniptùme intiammatoire intense.
6. 0 Le traitement de la phthisie , proprement dit,
r.onsistc à guérir complettement les catharres , les pleurésias , les pneumonies , etc. , par des saignées locales
et générales abondantes jusqu'à ce que l'irritation soit
entièr.ement détruite. Si la prédisposition du malade
fF1vorise le développement des ganglions lymphatiques,
il faut beaucoup insister sur les révulsifs , les exutoires
et la diète sévère , elle favorise la résolution ds ees
~ngorgemens en faisant vivre en partie l'individu aux:
dépens de sa propre substance , si tous ces moyens,
11agement combinés, ne diminuent pas en peu de temps
la gravité des symptômes , s'ils affaiblissent beaucoup
l'individu sans diminuer l'irritation générale, c'est une
preuve que la maladie est trop avancée et que déjà
]'irritation a réagi sur les différcns viscères ; dans ce
cas, elle est incurable, on doit en conséquence s&re1.rancher sur le régime et se borner à un traitement
palliatif.
7. 0 Les malades bien méiaagés du côté du régime arrivent à la consomption sans diarrhée : dès que l'irritritit>n l'éagit sur le.s intestins , on soumet le malade à
une diète sévère et lorsque par des boissons adoucissantes on a <:almé l'irritation intestinale , on permet
encore des alimens appropriés à l'état du malade ; par
ce moyen la diarrhée n'arrive jamais; ce symptôme
ne fait donc pas partie comme on l'a dit du cortège des
symptômes de la phthisie, c'est seulement un épiphénomène produit par la réaction de l'inflammation pulrrw
naire si.ir la muqueuse intestinale,
�(
I
77 )
g,o On a vu souvent dans la phthisie des
épiphéno~
mènes tels que des hémorragies, des érysipèles, des
abcès à l'anus; etc. , ralentir la marche de cette affection dans le commencement; on a même Vtl ces derniers terminer une affection chronique du poumon ,
lorsqu'on a favorisé leur développement. Voilà les
considérations qui m'ont engagé à employer le seton
aux environs de l'anus. J'ai cru par ce moyen remplir
les vues que la nature indique , en la secondant dans
une opération qu'elle n'aurait peut-être pas terminée , si
la médecine n'était venue à son secours.
SÉANCES
DE
LA
SOCIÉTÉ
PE.Ni>ANT LE MOIS DE FÉYlllER
1824.
5 Fé1m'er . ..,.. Celte séance a été entièrement consacrée
A des objets d'admini stration intérieure.
21 Février. -1\1. le docteur Lusardi , oculiste de .5. M.
l'archiduchesse de Parme , fait hommage à la Société
de deux brochures , l'ùne sur l'altération du cristallin
et l'autre sur la cataracte congénitûe, et témoigne le
désir d' être reçu au nombre de ses membres correspon1lans. MM. Giraud-St .-Rome fils et Sat sont nom es
rappQrteurs des écrits de cet oculiste, dont la demande
est prise en considération , aux termes des règlemens.
M. le Président .fait part d'une lettre de M. Sper,
chirurgien en chef de la marine de Toulon , qui adresse
une ohservatfon sur la taille recto - vésicale dont les
détails ont excité l'attention de la Compagnie.
On donne ensuite cpmmunjcatioq de l'ext~t de~
�( i .7~ )
_.séances hebdomadaires de l'Académie de médecfoe::pratique de Barcelone , tenues pendant les rnois d.•
.n ovembre et décembre 1823.
28 Février. - Les conférence11 ~ur les maladies rét-
gnantcs ont rempli en cn_tier cette séance.
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TE:XTOR.IS , Président.
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S.u.• , Setrétain-girsiral.
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N. O.
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Nuageux •
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Quelqu"~ nuage~.
Nu•gcs fort rares ; br,
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Q nelquu éclaircies.
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Idem. Pluie.
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Idem.
N. N. O. tr.-f. Tout-nu~gP,ulC; pl. le m.
Très- n>1ag.; 'J· I:· le 1.
Nu•geul<.
N. 0, fort,
N N. Q. tr.-l Idem.
N. O. i;r. fr:·is. Screi-n.
Très-nuageux.
N. O.
N uAgcux.
Idem.
N. O. bon fraie Ciel étendu de nua;es.
N uagnux.
O. N. 0,
Très-nuagemc.
O.
Noageu.i:.
O. N, O.
. 56 N. N. G. fort. Q nelques nuages.
Trc's-11uag ; q. g. le m.
76 Idem.
Quel<J.éclaircie1;p).les.
85 S.E.
Nuagcul<.
72 O. S. O.
66 N. N. O. fort. Trt&- nnageul<.
Idem.
68 N. N. O.
Ceuvetl.
75 N. O.
Nungeox.
37 O. N. O.
Idem.
61 N. N. O.
Très-nuagen:i: ,
7 c 0 , S. O .
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Mpy.cones.
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Serein ; lég. br. le mat.
Nuages fort rares.
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:Pl1:1s grande cflévatioH du Baromètre • • • • • ' 764mm,, 58, le 7., à 9 heures ·du soir..
739 , 80, le 2, à 3 heure~
Moindre élévation. • • . . . . . • • • .
Haul,iur- moyenne d~t Baromètre , pour tout Je - mois 753 , 69.
Plus grand degré de chaleur. .• • . • • • • • +15 ", 0 ~ le L, à midi.
idem • • • • . • . , • + 1 , 5, le S.,auleverdu ·solel3..
Moindre
Température mqyenne du mois. • . • • • • • + 8 °, 22.•
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M ax1mum
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Degre moyen.
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46 , le 19, fiu coucher du -soleil
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{le jour , • 13mm,17}
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17mm, 81.
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Nombre de
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de .~rume ou de brouillard.
ent1eremcnt couverts
•
sereins.
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très-nuageux
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de gros vent. , • • • •
.de .gêlée. ,
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1.
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I2o
z.
�P Il E M 1 È
r. E
P A Il T I E.
G>B~ERV ATlONS DE l\1.ÉDEC1NE -PRATIQUE.
d'obserMtions tendant à prouver que la
phthisie pulmonaire n'est pas contagieuse; par M.
FLAv.rnp ·' D. - 111. 111 • mcdrcin de l'H&tel - Dieu
d'Aubagne et d es prisons de la mtfme ;•ille ; membre
correspondant de la Société académique de médecine
FÀSCICUJ,E
,Je Marseille , etc.
Observnt icnt:s
Junt vt:ra fundamtntn ex
âu artt: mt d Î L"tt ''tritatcs t:lici pos.1.1mr. .
quil•us
rnxf. ad ohs. VV'EPSl:R.
Cr-: n'est que par l'ol.iscrva tion qu'on peut parvenir à
détrnire les erreurs qui existe:it encore sur la nature et
le traitement de diverses maladies qui affiigenl l'espèce
humaine ; ce n'est qu'à l'aide de son flam beau ( r) qu'on
(1) Oui , ce n'est qnc le flambe~u de l'observation , de celle
qui exprime 6dellement ce qui est dans la nature, qui peut
nous éclairer sur l'existence de telle ou t elle contagion, Or ,
on apprend chaque jour ;i,•cc plai&ir que certaines affections
réputées contagi eust ~ , ne le sonl point. Mai> ce qu'on apprrnd
avec doul eu r , e'e~l qu'alors que d e&mifliers de faits militent
en faveur de la non-contagion d'une maladie, des m éd ec ins
produisent encore d es faits entièrement opposés. L'observaLioa , nous ne dirons pas mensong ère bien qu'on en
profite quelquefois, mais qui cH fausse par cela seul qu'elle
n'a pas élt faite par un esprit judicirux , n'est é,•idcmroeni
propre qu'à entre ver les progrès de nos connaissances. Voilà
T. VU. Avril 1824.
24
�(
182 )
peut se convaincre si elles sont susceptibles de contagion.
J'entends dire , tous les jours , que la phthisie pulmonaire e~t une maladie ~onL;1gieuse, et. c'est même
l'opinion de plusieurs niédecius d'un mérite distingué ;
malgré tout 1e respect que je porte à ces grands hommes , une expérience de plus de vingt ans de pratique
méJ.icale ne me permet pas de partager leur sentiment.
Je vais mettre sous les y e ux ùu lecteur un certain
nombre d'observations que j'ai été à portée de faire ,
qui tou tes milit<:nl en faveur de l'opinion <"le j'adopte.
Première ()bser\lation. ~ En 1 80 1 , un homme de loi,
qui jouissait d'une réput ... tion méritée , fut moissonné
p ar la phrhi,ie . Ses sœurs l'avait soigné long-temps
avt· c toute l' affection et l'allachement qu'on peut porter
11 un frère qu'un chérit et qu'on estime. :\'J ulle précaution , pas même celle que la prudence exige , n'avait
étc prise pour se garanlir de cette cl'uelle maladie.
Qui plus Pst, elles se sont servies de certains effets
que le r.hthisique portait dès son vivant. La cadette
et l'autre mou11ut l'année dernière d'une
existe encore
'
fièvre adynamil{ùe.
Deuxième obser~ation. - En 1802, la mort enleva à
la science EJt à sa famille, Je docteur M. ; il paya le
tribut mortel à la nature à la suite de cette terrible
affectioh. li avait eu soin <le cacher à ses parens, dont
<lonts pourquoi tant de ~i~cles se sont écoulés depuili le
P 1 ri~rd1c de la médecine j sans qu'on ait retiré un nombre de
f.,uts proportion né à 111 longue litnde des phénomén~s de la
n!llu1 e. L'époque est enfin 3rrivée m\ l'on doit faire julitice de ce
q 11 ne repese point rnr la sain~ observation, tandis que celle-ci,
et t"lles nous paraissent les ob1ervations de M, le o. l!'lavard,
merite d'être accueillie avec reconnaissance et répandue nec
( Note d" Rtdacteur-5éiiiral >•
profusion.
IOM
�( 185 )
il était l'espoir et le soutien , surtout à son épouse;
la maladie qui devait le conduire au tombeau ; sa digne
moitié ne l'abandonna pas un instant, et partagea son
lit jusqu'à ses derniers momens. Sa santé n'a pas été
du tout altérée. Le malade av11it fait long-temps usage
du lait de femme. Si la phthisie était réellement contagieuse , comme on le prétend , sa nourrice, du moins,
n'aurait pas échappé à la contagion , tandis qu'elle jouit
de la mcilleul·e santé.
Troisième observation ..... L'épouse de M. ]}!. , n1ourut
phthisique ; ils ne firent jamais deux lits. Il vit encore
et rien n'annonce en lui la moindre disposition à la
phthisie.
Quatrième observation. - En 1 Sofî , les deux sœur5
E ..... , périrent à la suite de la phlhisie. Elles furent
soignées par une mere qui les adorait. Le chagrin de
cette double perte manqua la précipiter dans le tombeau.
Sa santé fut long-temps languissante , mais aujourd'hui
elle est des meilleures.
Cinquième observation. - Mme. 1 ..• , mourut de
tette cruelle maladie , en I 807. Son mari , qui l'aimait
éperdument et qui avait toujours partagé le même lit,
le matin , en s'éveillant, la trouva sans mouvement et
sans vie. Il est dans ce moment-ci brillant de santé
et d'un embonpoint rare.
Sixième observation. - G ••• fut enlevé par la phthisie, en i807. ll 1oge.iit avec ses parens dans un appartement extrl!mement petit et très-peu aéré. Son lit était
commun. Tantôt il était occupé par son père , lant6t
par sa mère, Ces infortunés ont perdu leur enfant ,
leur unique espoir ; mais ils jouissent d'une bonne
.santé.
Marie ls . .• , atteinte de
Septième observation. phthisie , fut soignée par sa merc, qui , non-seulement
ne tirenait aucune précautit>n pour se garantfr de la
�{ 18/~ )
contagion, mais elle mangeait encore les 1·estes de la
svupe qu'elle laissait, buvait dans le même verre sans
le rincer , et achevait la boisson qu'elle n'avait pu finir.
Elle succomba , en 1807, et sa mère se porte à merveille.
Huitième observation - P. P • •. , mourut , en r 808,
victime de la phthisie. Une misère affreuie avait réduit
sa famille à loger dans la même chambre , et sa femme
reposait toujours_ sur le lit nuptial, qui était devenu
celui de la doul eur. Dieu en lui enlevant son mari, lui
11 conservé la santé.
Neuvième observation. - S.,. fut victime de la phthisie , en 1809. Ses parens ne le quittèrent pas un instant. Ils lui prodif!uèrent leurs soins j:Jsqu'à son dernier
soupir; ils couchèrent même alternativement avee lui,
pour être plus à portée de lui administrer les remèdes
que son état demandait. Jusqu'à pré~ent, aucun d'eux
n'est menacé de ce fléau du genre humain.
Dixième observation. - Mme. D •.• mourut de phthisie, en r8ro. Les parens qui la soignaient sont toos
bien portans et la personne à qui l'on donna les vêtemens de la défunte , les a portés et usés , sans que sa
santé en ait été altérée. Il est bon d'observer que ces
dépouilles n'avaient pas été lavées , ni exposées à l'air.
li me serait facile de citer encore une foule d'observations qui me sont particuliéres; mai3 celles que
je viens cle rapporter suffisent, sans doute, pourprou·
ver que la phthi~ie n'est pas contagieuse.
En effet, si cette affection morbide était contagieuse ,
comme certains auteurs aiment à le croire , tous les
médecins et les gar es-malades seraient exposés à la
contracter , et les trois quarts périraient de phthisie;
cc qui n'arrive pas heureusement. Ainsi , les personnes
qui ont gagné la maladie , en soigmmt les phthisiques ,
en respirant le même air , en portant lew·s vêtem1mii ,
�( 185 )
avaient déjà en ellès une dispollition à cette consomp.!.
tion qui li. été developpée par i'efiet des circonstances
qui se sont présentées.
En réfléchissant , dit le dotteur Maygrier, ( Did.
des sciences médicales , vol. XLIÏ ; art. phthisie ) , à
ces diff'éi·entes circonstances où la contagion u pal'u
admissible, ne pourrait-on pas aussi la rapporter, pour
la plupart, avec: autant de fondement , à quelque autre
cause l Ainsi , lorsqu'une sœur ou ul1 frère ont vu s&
développer chez eux la funeste maladie qui leur a enlevé un frère ou une sœur auxquels ils ont plus ou moins
donné des soi·m1 pendant leur maladie , ne seraient-ils
pas qu'il.s portaient aussi en c11x la disposition à ceÜê
même c.onsomption ? Si lu phthisie du parént du défunt;
loin d'être constitutionnelle était la suite d'un accident 1
comme ufl effort, une plaie pénétrante de la poitrine;
la consomption pulii1onitÏl'e du frère ou de la sœur ne
~erait-elle pas due plutôt encore ~ une disposition jus-"
qu'alors ignorée ; mais qui se développe par l'effet de la '
fatigue gagnée auprès du malade , ou du chagrin qu'a
causé sa perte ?
Lorsque cette inaladie , continue lé même auteur 1 sê
.Jéclare chez des domestiques qui ont donné des soin~
plus ou mains assidus , à un maitre atteint de ia inêmé
affection morbide ; on peut mettre en doute s'ils ne doivent pas d'avantage leu1· malheur aux fatigues qu'ifsont supportées , aux éhagdns , aux contrariétés vives
auxquelles ils ont été exposés , à une dispusÎtion ign'oréê
dè la phthisie 1 etc.; qu'à la contagion.
il n'en est pas de la p'hthisie cèîmme cie ia peste i
le bubo1t de cellé-ci se tnonlrë souvent srir lé poiiiJ
inême du torpi; infec té des miasmes pestiientiels; rirai!J
si la phthisie est contagieuse, rie paraissant qù;a~e_t"
l'affection mo'rhide du poumon , iain·, par conséqlient; dd
p'bint totiché par les meuble3 ' par les couvertures '
2:5'
T. YU. Âvtil i824,
i!it'
�( 186 )
le corps même des phthisiques , qui peut décider olorJ
si la maladie du domestique est · gagnée p11r eontagion
ou si elle provient d'une cause externe ou interne
On ne manquera pas de rappeler l'exemple des religieuses de l3ilbao ( Luzoriatta, obs. insérée , en 1787,
dans la gazette de santé , pag. 39 ). Mais alors il faut
convenir avec le docteur Maygrier , " que les miasmes
contagieux de la phthisie sont d'une énergie bien reùoutable et presque incroyable , pour que deux religieuses succombent successivement à la phthisie du
poumon , parce qu'elles ont touché plusieurs fois le
corc!on à l'aide duquel une autre religieuse phthisique
ouvrait la porte de sa cellule. Pour se rendre compte
de la cause de la mort de ces reli gieuses dans la même
cellule, il suffit de penser à l'extrême fréquence de la
phthisie en général , surtout parmi les individus et
principalement parmi les femmes qui composent les
sociétés monastiquei , tant . à cause du célibat auquel
elles se sont condamnées volontairement , qu'à cause
du régime , du genre de vie, des affections tristes , etc ... ,
qu'il leur faut su pporter. Il est essentiel d'observer que,
chez. la seconde de ces religieuses, on <1vait soupçonné un
vice héréditaire qui s'était développé par les suites de l'âge".
M. IJanthois, docteur en médecine de l'ancienne Faculté de Montpellier , prétend que la phthisie pulmo·
na ire est due à la dépravation des ·h umeurs vivantes et à
leur influence suecessive de la lésion des tissus; c'est
dans les globules rouges du sang qu'il place · la première combinaison vicieuse qui s'opère , et il admet
que le principal effet de cette combinaison , est de les
0
rendre puriformes. Cet auteur met en principe , 1. que
la phthisie est le résultat à'une dissolution pùtride des
humeurs , lente ou active , engendrée par un vice scro·
fuleux, scorbutique ou syphilitique , ou &enfin par la
présence de telle autre humeur étrangère à celles qui
constituent la vie j :z,. 0 que cette dissolution humorale
r
�( 187 )
étant le véritable principe du mal , le tissu vasculaire
en est le siège , puisque c'est ce tissu qui sert de condui;teur aux humeurs; 3.<> que les liquides une foi.<>
corrompus , il est impossjble que les solides ne se corrompent, puisqu'ils empruntent des liquides leurs'quaHtés motrices et conservatrices (r). '
Benjamin Rhux, médecin à Philadelphie , partage la
même opinion, Il avance que la phthisie pulmonaire
n'est puiut une maladie locale, mais générale , due à un
vice quelconque qui infecte toute la masse des humeurs,
11 se fonde sur ce qu'en 18u, lorsque les habitans de
cette partie du Nouveau-Monde furent obliglis de prendre les armes , contre .les Anglais, pour défendre et
conserver leur indépemlance, aucun de ceux qui eurent
le malheur d'être blessés à la poitrine , au poumon ,
' ne mourut phlhisique.
Le cancer était autrefois du nombre des maladies
contagieuses ; rn11ls aujourd'hui , d'après les expériences
aussi hardies que décisives de MM. Alib1irt et Blejf, il
n'est plus permis de le regarder comn~e conlagieu:&..
On ne saurait trop ad~lrer le COUl'age de ces deux
savans philantropes. Ils se sont soumis à l'inoculation
du cancer pour s'assurer s'il jouissait de la faculté contagieuse. Heureusement, cett~ dégoî1tante imprégnation
·
a resté sans effet.
Si l'inoculation de l'ichor cancereux ne peut jamais
produire le cancer , comment se persuader que la phthisie puisse se communiquer par le contact médiat ou
immédiat 1 Y aurait - il plus de danger à recevoir l'impression de l'haleine d'un phthisique , ou la vapeur
que peuvent exhaler ses crachats, ou toute autre im ..
pression âcre , irritante par la voie de la respiration ,
que de s'inocule!." la matière ichoreu~e <!u cancer 1 Je ~e
5aurais le cfoire; je pense, au contraire, que le virus
(1) Annales cliniques
1 t,
XLiV, p.36o.
�( 188 )
cal'Jcereux introduit da~s le !=Qrps humain par la voie de
l'inoculation a plus d'énergie, plus d'activité que les mias.
mes qui s'élèvent soit des ëriichats purulens , soit des
11ueurs et de;; déjections cqlliquatives du phthisique.
Le ùocteur Bosquillon a dit avoir traité un millier de
phthisiques , et n'avoir jamais découvert qu'aucun le
soit dcve1Ju plJ.r contagion, ou qu'il l'ait communiquée,
quoique la plupart de ces malades habitasse!f.t et coui;:hasscnt avec des personnes saines qans des endroits
petits , malpropres , peu aérés , où toutes les causes
capables de donner de l'activité à la contagion se trouvaient réunies. Il a vu des personnes affectées de phthisie
au dernier degré , gui ont eµ pendant plusieurs mois
des n0unices saines, sans leur communiquer la maladie.
Cullen, q11i n'osait pas assurer que la phtpisie ne fut
jamais contàgieuse, assure que sur plusieurs centaines
d'exemples de cette maladie qu'il a vus, il y en aeu à peine
un où elle ait pu lui paraitre produite par la contagion.
MM. Portal , Maygrier et une foqle de médecin~
_ont examiné un grand qombre de cadavres de phthisiques,
sans gagner la maladie , sans q4'ils en aient ressenti
aucun mauvais effet.
Je crois avoir suflisamment prouvé, soit par mes
propres observations, soit par celles des médecin~ dont
l'autorité est du plus grand poids , que la phthisie ~e se
i:ommunique ni par la co-habitation, ni par 111 succion,
ni par la vapeur qu'exhalent les crachat:;, les sueur~
et les déjeciion!i des phthisiqucs.
Je conclurai donc avec Ant, Lizzari, Reid, An~.
Cocchi, Bosquillon, Salamandi, M. fortal, etc., etc.,
·que la phthisie n'est point contagieuse, et que si on
a vu quelquefois des parens ou des domestique!! attaqués de la consomption, pour avoir soigné ~n parent
ou un maître atteints de la même maladie, c'est qu'ils
~vaient déjà en eu)): la disppsition à cett~ cruelle ,.trecti()D!
�SECONPE
PARTIE.
:WÉ}f:OI}J.~S, DISSERTATIONS, NOTICTi:S
NÉCRO-
LOGIQUES, ETC.
N
0 T 1
c
E.
.
N{JTI{:E sur la sangsue officinale , sa reproduction au%
4ntilles, etc. , etc. , par JJJ.-J. Acano , pharmaeieJJ
du Roi, à la Martinique.
ÛN trouve à la Martinique , et sùrement dans les
autres iles de cet Arèhipel , une petite &angsue qui n'a
rien de commun avec celle dont la thérapeutique retire
partoqt de si grands avantages ; il y a aussi plusieurs
espèces de ces petites .sangsues indigèRes dont la principale se rencontre fréquemment sous les paupières et
dans les fosses nasales du crabier des montagnes ( ar' dea 1•irescens ) , et dont M. Guyon , chirurgien-major des
troupes de la Martinique, a donné la description (1).
On avait paru croire que ces sangsues indigènes pourraient remplacer, pour l'usage de la médecine , celles
qu'on fait venir de France à si grand.~ frais, Mais les
essais qu'on en a faits à diverses ép0ques et notamment
ceux que M. le docteur Lefort , médecin du Roi , a
vainement tentés dans ces derniers temps , ne laisseqt
désormais aucun espoir à cet égard , et mettent hor~
d-e doute que ces sortes de yers ne mordent point sur la
peau de l'homme.
(1) Voyez le ~~ier d~ la -1Jevue Encyclopédiq'.le, moi&
j•11yicr 18ll!l?
de
�(
190 )
Venu à la Martinique en 1814, je ne tardai point à
m•appercevoir combien il était difficile de conserver
dans ce pays les sangsues que nous apportons d'Europe. Je n'imaginais alors d'autres n10yens pour cela
q.,e de les t>;arder dans de l'eau, de ch&nger de tempit
en temps cette eau et d'y mêler du chiendPnt , de la
paille sèche , de la mie de pain, etc. , etc. Tout ~tait
inutile , elles mouraient quelquefois par centaines en
peu d"ii\stans , cela surtout dans •les temps orageux et
l01·sque les vents étaient au sud. Le temps n'a fait que
n1e confirmer ces premiè1·es observations ; et j'ai , en
outre , remarqué que ces animaux sont moins su~ets à
périr •au bout de huit à dix mois de Colonie que lorsqu'ils y arrivent.
Enfin , après bien des essais et des tf!tonnemens infructueux, je m'arrêtai aux moyen~ qui ont le -plus de
rapports et d'analogie avec les lieux et milieux ·dans
lesquels les sangsues naissent , croissent et ·se -multipliént en IEurope, et je commençai vers la fin de 1822,
de-concert avec M. le docteur Lefort , une série d'expériences dont je me contenterai de relater d11ns ce mo·
ment les principales.
Je pla~ai au foRd d'un grand vase de terre vernissé,
de la contenance de cinqmmte à soixante litres , une
qùantirê d'argile de ce pays , en consistance de -pate
molle , de manière à ce qu'il y en eiit environ 'dix centimètres d'épaisseur. Je choisis parmi les sangsues que
je vènais de recevoir deux cents des plus grosses ,
tiy:mt soin qu'il s'en trouvâ.t de grises et de vertes"( cette
dernière variété en plus grand nombre ) , et après les
avoir mises dans le vase , je couvris ce dernier d'une
forte toile ' ay:mt soin 'd'y verser un peu d'eau tous
les deux ou trois jours, afin d'entretenir l'argile dans
Je même ètat d'humidité. M'étant aperçu au bout de
quelque temps que ce moyen réussissait {l~rfaltemeq~
�{ 19r )
à la conservation des sangsues, puisque je n'en perdais
que quelques-unes par-ci par-là , je di visai dans des
vases garnis d'argile les autres sangsues que j'avais ju1>qu'afors tenues dans l'e11u , et plusieurs mois s'écoulërent sans que j'éprouvasse de pertes sensibles. En visitant régulièrement mes vases tous les trois jours , f y
trouvais tantôt 11ne, tantôt deux et quelq1rnfois troi
sangsues qui étaient venues mourir à la surface de l'argile , et preSliJUe jamais je n'en ai trcmvé dans l'intérieur
où je fouillais de temps en temps. Il paraît que lorsque
les sangsues' sont malades, elles viennent à la surface
de l'argile , pour y respirer plus -à l'aise, -et .c'.ellt à
qu'elles meurent le plus OT'dinairement , ce dont je ne
cesse de me convaincue journellement•
. Mais un objet qni m'était échappé et dont la lecturi:
de l'article élu Journal des Scienu:s médicales, du mois
d'avril dernier, par M. Noble, médecin ,èn chef de
l'hospice de Versailles , m"a fait apercevoÏI' , c'est œlui
de petits cocons , en tout conformes à ceux décrits par
ce médecin , que je trouvais quelquefois au milieu .et
même >.t la surface de l'argile , et que je jetais, cro.yant
qu'ils étaient formés par quelques insectes qui s'étaient
introduits d'ans mes réservoirs; et comme j'elil avais
ouvert plusieurs dans t:intérieur desquels je n'avâu
.tr~uvé qu'une matière · gélatineuse et une eau san~uino
lente , ·il ne m'était jamais· venu il l'idée que ces œufs,~1)
fus.sent produits ,et travaillés par le-i; sangsues que favai.~ toujours ,cru vivipaœs , d'après ce qu'en ont dit
les auteurs même les plus modernes. Je n'11us donc , rien
de ..p1us pr.essé , après avoir lu l'-arti-cle de •M. Nobk ,
..que d'aller visiter mes réservoirs, et j'eus la satisfactian -de trouver trois œufs dans l'argile du premier vase
(1) CJest ah11i ·que je. n•mmerai -dé~ormaia les cocon•.
�(
19'.l )
qui m'avait servi d'essai primitif. M. le docteur Lefort
yint les examiner, et , en sa présence , ces œ'uf~ furent
placés avec soiri dans un bocal à demi plein d'eau , et
tombèrent au fond au bo~t de quelques minutes ( c'était le 2ojuillet dernier). Je m'aperçus au bout de vingt.
cinq jours que l'extrémité d'un àe ces œufs s'allongeait
en forme de mamelon , et le surlendemain ; je vis en
sortir , par cet endroit; un filament qui paraissait se
mouvoir, Je retirai l\l!uf de l'eau , et t•ayant ouvert
avec soin par le moyen de ciseaux très-pointus , j'en
retirai trois sangsues très-petites de couleur de chair ,
transparentes , ayant dans leur plus grand allongement
trois centimètres de longueur et grosses à-peu-près
comme une forte corde de violon ; la matière adhérente
à l'extérieûr de l'œuf ressemblait à de la gélatine ; il
1'y trouvait, de plus , une eau de consistan·ce si ru.;
peuse , ayant une légère odeui· ammoniacaie; Les deux
autres œufs furent ou.verts , et je n'y vrs· qu,,une miltièrc
à l'odeur près en tout semblable à celle que j'avais
trouvée dans les œufs que je jetais en premier lieu.
Ces trois sangsues furen:t immédiatement après mises
dans l'eau, où elles nagèrent en s'allongeant et en se
raccourcissant à leur manièi-e. De ux vivent encore; et
n'ont pris qu 1un faible accroissemeut 1 elles ont cependant acquis la couleur verte de leur espèce. Je èonserve dans, l'alcohol celle qui est morte nri mois après.
Depuis lors , j'ai fait construi re une très-grande cuve
en bois , autour et au-dessus de laqueHe /ai pratiqu'é
des ouvertures grillées, où se trouvent réunies jusqu'à.
près de deux mille sangsu'es,1 et je voi5 . avec plaisir
qu'elles y multiplient considérablement. Il est à ob11erver que celles qui t ap·res ra s'ortle dé l'œuf ' demètirent dans l'argile, grossissent bea1icoup plus vite que
celle que je conserve dans' !;eau. Cela tient peut-êfra
à ce qu'elles y trouvent une nourritlll'e plus abon-
�( 195 )
dante , mais plus probablement un abri efficace contre
l'influenee nuisible du climat ; mais cela n'empêche pas
qu'il ne faille ~\:\ moins un an avant de pou\'oir les faii·e
servir. Je fixe approximativement €e terme par l'accroj~
sement de celles qui orrt déjà près de trois mois et qui
n'ont acquis que·la moitié de la grosseur qu'ç]le3 avaient
en naissant. Quoiqu'elles commencent à piquer la peau,
elles ne sont pas assez fortes pour remplir l'indication
qu'on se proppse en le~ em1)loyal')t.
Maintenant que la reprod11ction des saugsues par les
œufs est connue , la q.uestion est de savoir comment se
trouvent formés dans l'argile ces n1<:mes œu[..,. Le voici.
La sangsue rend d'abord un corps ovoïde d~ la grosseur d'un noyau d'olive, ayant la couleur du tissu musculaire, recouvert d'une pellicule si mine<', que le moindre toucher la détruit (r) . Ce corps se trouve immédiatement après sa sortie recouvert d'une bave d'un blanc
de neige que la sang~u c répaml t<;>ut autour , et qui , en
se desséchant, prend la consistance et l'aspect de l'éponge fine ; cette bave , avant d'être entièrement desséchée, présente à la loupe des mailles de forme hexagone , s'entrelaçant plus ou .moins régulièrement. Ces
œufs, ainsi recouverts, mettent Je germe de l'animal à
l'abri de tout danger, et ce n'est qu'au bout de vingt à
vingt-cinq jours que les sang .~ucs en so1'lent par les petits
trous pratiqués aux deux extrémités , que la natm·e semble avoir plus amincies que le reste du corps de l'œuf,
et qui se détruisent naturellement forsque l'époque de
l'éclosion arrive.
M. Repcy, chirurgien-major de la Vestale , qui est
(1) J'en conserve un pareil d~ns l'alcool qui n été retiré de.
mon réservoi:> en présenc11 de M. le che\'alier de J'lfaucroix 7
lft
uamiaé par MM. Lefort , Repey , <;uy<Jri, etc., etc. · ·
T. VII • .Avril t!:l-24.
'::.& •
�( 19!~ )
venu plusieurs fois visiter mon vivier (1), a vu extraire
six sangsues d'un œuf qui était déj'à percé à une de ses
extrémités , ce qui porterait à croire qu'une ou plusieurs
en étaient déjà sorties.
Le désir de mieux observer le travail des sangsues et
d'en suivre le développement , m'avait suggéré l'idée
d'en placer une douzaine dans ~n bocal de verre avec
une rertaine quantité d'argile , mais au bout de quatre
jours la paroi du vase était telleme11t enduite de cetlé
matière, qu'il était devenu impossible d'apercevoir ces
animaux, rnmme si l'instinct aussi leur imposait l'obligation de dérober à la lumière tous les aetes qui ont trait
à la reproduction. Quoi qu'il en soit , mai11tenant que les
résultats de me:. expériences sont bien cértains, que j'ai
trouvé le moyen de conserver aux Antilles les sangstles
d'Europe , que ce moyen de conservatidrr est en même
temps un moyen infailÜble de reproduction pour ces
animaux précieux, je me fais un devoir d'en publier le
procédé pour l'utilité publique, et pour mettre les savans
à même de vérifier aussi un point d'histoire naturelle
qui n'est plus douteux pour moi,
· Fort-Royal , le
11.
novembre 1813.
( i) C'est ninsi qu.e plu1iears personne~ onL 111. bon Lé de nom;..
mer mon !éservoir.
�( 195 )
T R0 I SIÈME
P A R. T I E.
LITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES
TIFIQUES, MÉLANGES, ETC.
1. 0
AN
.l L Y SE
n' 0 UV R AG E S
SCIEN-
J :M 1' l\ 1 111 É S.
A system of medical ethics , published by order of the
state medical society of New - York, c'est-à- dire,
.Système de morale médicale (ou code di;. police mé<licale)
public par la Socihe de médecinP. de l'Etat de NewYorck ( in-8. 0 de 23 pages, N ew-Yorck, 1813) traduit
par Jiii. GrnAUD-ST.·H.0111-e , fils, D.-M., etc.; a1'ec
cette ipiBraphe :
Testor, Apollinem medicum , et .!Esculapium ,
me quantum in me erit , et quantwn ingenium mettrn
valebit, (iœc omnia observ::iturum; vitam meam alque
artem meum puram atque integram servaturum.
E:x: Hippocratis jurejurando.
AvJ.NT de donner la traduction de cette brochure_;
nous devons observer qu'elle est précédée d'un avantpropos où l'on apprend que désirant assujétir les gens
de l'art à des règlemens sur la conduite qu'ils doivent
observer dans leurs relations journalières et les consultations , la Société de médecine de New-Y orck chargea,
en 1821 , les d0cteurs Nlanley, Steele et Paswlis de ·;.;i
présenter ..lin travail à cet égard. MM. les Commissaires
a'étant aperçu qu'un s-emblable travail n'offrirait qu'une
�( 196 )
petite pat tic des obligations morales des médecins et chirurgil'ns, s'allachèrent, pour rendre complet leur code ,
~1 colliger les préceptes et maximes de morale et de
police médicales , adoptés et sanctionnés jusqu'à cc
jour par lolt•s hommes dignes de foire autorité, et on
verra que pour faciliter l'adoption et l'c::xécution des
rcgle.s qu'ils ont tracées , ils les ont arrangées par séries
numén,tées , tandis que les miixi111. s <lo11t elles découlent les préd·dcnt sou~ fo1111e tie préambule explicatif.
On lit ensuite que le t1·avail de la commission a été
adopté p11r la Société et qu'1111e nouvelle commission,
composée des docteurs l\lanley et Pascalis , le fera imprimer au noml>re de millt exemplaires en y ajoutant
les notes et les citations qu'dl ju:~era couven<1ble. Cc
trav:iil est, en fffct, suivi de q •rlques notes explicatiVC"s qui indiquent la source ( Grégory, Fodéré, B. Rush,
T. P1:rrival), où les auteurs ont puisé , mais que
nous ;wons éru devoir suppril'ncr, ainsi qu'un petit nombre de passages qui n'ajoulent rien à l'intérêt de ce
travail.
Système de morale médicale , ou code de police médicale.
Un système de morale mé..licale comprend toûs les
principes de morale et règlemens de police médicale
qui doivent servir de guide à la conduite des hommes
de l'art, dans l'exercice des devoirs de leur profession , soit envers le public dans les cas particuliers
et confidentiels, soit dans les relations qu'ils ont cnti''cux, soit enfin lor ~qu'ils sont appelés devant les magistrat.~ et les tribu naux.
On peut rapporter nux cinq chefs sui vans les maximes
et préc>"plrs qui composeut ce traité :
0
charlatai. 0 Qualités personnelles du médecin; 2.
0
0
nisme ; 3. consultations; 4. application de la police
médicale à certains cas particuliers ; 5.u médecine légule proprement dite.
�(
1 97
)
Première section. - Qualites pt'rsonnelles du méduin. -'
Il est difficile de déterminer laquelle des lrois professions littéraires rle la soeiété exi~e le plus de vertu ;
de probité et de qualités personnelles (r). On ne peut
en juger que lor!iqu'(>ll connaît par expérience les difficultés que présente l'étude de la médecine et de la chirurgie, le travail et l'observation inl'atigables qu'elle
exige avant d'avoir mérité et obtenu la confiance dll
public. La vie du médecin est une lutte continuelle
contre les préjugés et les erreurs que l'habitude a eonsacrées, et souvent contre l'ingratitude ; sans compter
les dangers auxquels elle est exposée journellement, ni
la fatigue et les privations sans nombre que cette profession entraîne nécessairement.
§. I. Le médecin ne peut parcourir sa carrière avec
succès s'if n'est doué d'une Fàrande force d'âme , d'un
sentiment profond de toutes les obligations que lui imposent sa conscience, l'honneur et l'humanité. Ses qualités doivent donc être celles d'un homme bien élevé , et
surtout il doit être exempt de manières grossières, de
l'habitude de jurer, de boire, de jouer et de toute espèce de débauche et de mépris puur les pratiques et
les sentimens religieux.
II. Tout médecin qui a encouru la peine capitale ou
des peines correctionnelles pour crime ou inconduite ,
s'est rendu indigne de la confiance <lu public.
III. Quelle que soit la gêne dans faquelle se trouve
un médecin, il ne lui est point permis d'entreprendre aucune espèce d'affaire qui soit de nature à avilir sa profession; comme, par exemple, de tenir une auberge, un bu-
(1 ) Ces lroj~ professions ne sont point dé•ignées, mais nous
suppoioas tjUC l'on a entendu p~rler de l'étal eccl~sialilÎ'lue, du
barreau_et de la médecine.
I
�{ 198 )
reau de loterie, une maison de jeu , une vente de commestibles , un théâtre , etc. Toute espèce de trafic ou
d'occupation servile et mercenaire est incompatible avec
la dignité et l'indépendance de l'art de guérir. Un médecin qui s'abaisserait à la situation que nous venons de
décrire perd ses dl'G)Îts aux privilèges de sa profession.
De,uxième 5ection. - Charlatanisme. - L'importance
.de l'art de guérir exi5e qu'il ~oit exercé conforrriément
aux principes et taux doctrines généralement adoptés,
d'une manière honorable pour lous ses membres, et
avec justice et humanité envers le malade. Toute conduite qui s'écarte de ces préceptes constitue le charlatanisme , qui dégrade la profession par l'ignorane>e ,
l'artifice, l'empirisme et l'emploi <le remèdes dangereux
p@ur la santé et la vie.
IV. Tout médeci~1 ou chirurgien qui partage sa responsabilité avec un charlatan connu pour tel, et s'associe à lui soit dans des consultations où il recevra des
honoraires , soit dans la vente ou l'emploi de remèdes
secrets ou privilégiés , est coupable de charlatanisme.
V. Le droit de débitt:r des remèdes privilégiés étant
incompatible avec le devoir et l'obligation imposés à
tout médecin de concourir aux progrès de la science, il
doit être regardé comme cbarhitanisme et ne peut être
exercé avec honneur par un homme de l'art,
VI. Des avis au public , ou des adresses affichés et
distribués pour attirer des personnes affectées de certaines maladies ; pron1ettant une guérison radical~;
prévenant que l'on ne. paiera rien, si l'on n'est point
1ruéri; offrant aux .pauvres des conseils et des remèdes
~ratis ; produisant des artijieats et des signatures, même
de personnes respectables , en faveur de l'habileté et
des succès de la per~onne dont le nom et la demeure
sont indiqués au public , et autres choses semblables,
sont autant d'actes de charlatanisme que les Sociétés de
�( 1 99
)
médecine rlevraient toujours réprimer et punir, en refusant d'admettre dans leur i;ein ou en en expulsant
ceux qui les ont commis.
Troisième section. - Conmltations. - Tous les individus .qui composent les Collèges et Sociétés de médecine reconnus par les magistrats de cet État, ont le
titre de médecin et chirur~ien. D'après les lois, ces deux
professions sont confondues dans leur enseignement et 1eur
exercice : les c ·amens subis pardevant les censeuri. des
Sociétés de médecine po.u1· le grade de licencié. en médecine , et ceux soutenus pardevant les professeurs des
Collèges pour le grade de docteur , embrassant également
ces deux branches de la sciençe , établissent par cela
même l'aptitude des candidats à les exercer l'une et
l'autre. Il ne peut exister aucune différence dans leurs
titres et leurs droits , mais ils sont libres de se borner
a exercer la branche de l'art de guérir pour laquelle
ils se sentiront une propension et une aptitude particulières.
Ces remarques ont pour but de tnontrt"r que la distinction adoplée souvent dans la pratique et surtout dans
les consultations , entre les médecins et les chirurgiens,
et qui oblige chacun d'eux à se borner au traitement
des maladies internes ou externes, ne convien~ sous
aucun rapport, 11t si l'on y adhére , ce ne peut l!tre que
par des motifs d'intérêt per.~onnel. On admet, cependant,
que lorsqu'il s'agira de pratiquer quelqu'opération, on
devra donner la préférence à un chirurgien. Mais cetre
exception n'est applicable qu'au cas où le médecin ,
sous un prétexte quelco.nque , r.efo.sua. de fai.r.e. une
opéralion jugée nécessaire , et elle. n'".ffaib_lit en ijen le
principe établi dans l'État deNew-Yorck.
VII. Une i;;onsultation dans laquollc un ou plusieurs
médecins sont appelés est "une sorte de comité délibérant auquel le doyen d'àge ou d'expérience préside ,
�(
20-1 )
tou11 , cependant , étant également responsables de Ia
conÎlance qu"on met en eux pour la guérison ou le soulagement du malade. Le médecin ordinaire est exclusivement chargé de l'exécution du traitement, et il n'est
point permis à aucun des cunsultans de visiter le malade, ni d'exercer aucune inspection , à moins que ce
ne soit avec ses collègues, ·ou du consentement de tous,
·
ou enfin en r.as d'urgence.
Quand une opération chirurgicale est jugée 1!'écessaire,
elle est dévolue au plus ancien praticien de la èonsultation, ou à l'opérateur qui a élé choisi par le malade.
VIII. Une dissidence dans les opinions des consultans
peut avoir de graves inconvéniens (I), car elle occasione
quelquefois un long retard, avant qu'on ait pu trouver
un médecin dont la voix duit faire pencher la balance.
Il est inutile de faire remarquer ce que la délicatesse,
en pareil cns, dicte à un médecin que son opinion aurait placé du côté de la minorité, Jl devrait SC retirer
poliment de la consultation ; ou s'il est le médecin ordinaire du mf!lade , il devrait renollcer à son opinion
san~
opposition.
IX. Il est indispensable de garder une grande réserve et même le secret sur les délibérations d'une
consultation. Aucune communication ne doit être faiLe
au malade ou à ses amis sans le conscntemimt unanime
des consultans; ca~· il arrive fréquemment que des opinions émises , r épétées par le public , sont altérées et
même dénaturées en · passant de bouche en beuche,
et peuvent devenir une source de controverses peut-être
(1) Pour éviter les inconvénirns d'un part~ge égal d'opinions, redoutés par les médecins de Ne\T-Yorck, les médecin•
français onL soin de se réunir en nombre impair.
( Note dei Traducteur].
�(
201
)
'
injurieuses pour quelques'-uns des médecins qui ont
traité le malade.
X. Il est du devoir d'un médecin consultant de ne
pas multiplier ses visites sans nécessité. C'est à lui à
décider , en homme discret , du moment où il devra
les disconLinuer. Un médecin consultant ne peut être
renvoyé sans le consentement du malade et du médecin
ordinaire.
XI. Un médt'cin est repréhensible si, son malade étant
en danger , il n'en donne pas connaissance et ne demande pas du secours à temps. Quels que soient les
motifs de cette conduite , il peut exposer par là sa réputation et affaiblir la confiance que l'on a placée en
lui. De plus , un médecin ne s'acquitte· pa& de son devoir envers son malade , s'il ne lui procure les meilleurs consultans qu'il connaisse. La pauvreté et l'im~
possibilité où l'on serait de récompenser ma collègue
qu'il s'adjoindrait e' est pas une excuse admissible , car
celui qui ne peut trouver, parmi ses collègues , un
seul ami pour l'aider lorsqu'un de ses semblables est
en danger , mérite à peine le titre de médecin.
Quatrième section. - Cas particuliers. - XII. On n'a
pas l'intention, dans ce traité , d'instruire les médecins
et chirurgiens sur ce qu'ils ont à craindre s'ils se rendaient coupables d'actions criminelles, comme infanticide, meurtre , etc. , ils n'ont qu'à consulter les lois
et statuts de ce pays. Il est du devoir des autorités médicales d'examiner, de censurer et m&me de punir ,
comme criminels ., les ,a ctes des médecins qui blesseraient les bonnes mœurs ; cela doit s'entendre : 1.0 de
ceux qui, dans leur vie privée , abuseraient de la con•
fiance des familles et encouraient des peines et dommages pour.. inconduite, séduction, etc.; 2. 0 de ceux:
qui , sous le prétexte de guérir certaines maladies , ou
'J.7
T. VII. Â.fril 18z4.
/
�( .202 )
de corriger certains vices de conformation, proposeraient
des moyens contraires à la morale et à la paix du ménage.
La liberté de l'opinion individuelle peut sans doute
s ervir de retranchement dans ce cas , et les raisens
que l'on peut fournir pour pallier une telle conduite
peuvent être nombreuses, mais nous devons respecter,
comme un e chose sacrée, la dépendance où se trouve
le public , en nous confiant le soin de sa santé , et il
ne saurait accorder aucune confiance à une profession
qui permettrait à ceux qui l'exercent de violer l'hospitalité , de provoquer l'irr.moralité ou de s'associer à
d es actions coupables et vicieuses,
X III. L'honneur et la justice s'opposent à ce qu'un
homme de l'art porte atteinte aux droits et aux privilèges ~gaiement reconnus d'un autre , dont la réputation
ne serait pas tarée dans l'opinion publique , et de quel' que nation qu'il soit.
Il n'y a de différences , entre les médecins , que
celles que mettent entr'eux le talent , les connaissances
ecquises et l'expérience; c'es t au public à les juger
d'après les services qu'il en reçoit. P r obablement , tout
médecin recommandable reeevrait des gages nombreux
de la confiance publique , s'il n'y avait des personnes
qui en usurpent une partie par des insinuations astucieuses , la calomnie , et des intrigues contre les plus
rcspectobles praticie~s. Tout médecin ainsi molesté ou
injurié peut obtenir justice , en portant sa plainte pardevant la Société médicale de la commune où il exerce.
XIV. Un médecin ne doit pas visiter un malade auquel un de ses confrères donne des soins , sans le motif
bien avéré d'une liaison intime ou d'une affaire particulière, ou sans en informer le médecin ordinaire ;
alors , s'il juge à propos de donner des conseils à ce
malade , il peut le faire , mais il doit se conformer aux
rè~les prescrites pour les "msultations.
�'( 20'.l )
XV. Les invectives que des médecins s'adresseraient
dans des libelles sont soumises aux mêmes pei11es que
la loi inflige aux autres citosens. Nous regardons tout
libelle, contenant des faits de pratique ou de conduite,
vrais ou faux, ainsi publiés ou dé11011cés à des personnes qui ae peuvent pas en juger d'une maniere compétente, .comme écrit dans la vue cle nuire à la réputation du médecin qui en est l'objet,
"te même principe a été adop<é par la cour suprême
de Pensylvanie, dans le proces de Benj. Rush , contre
-iv.m Cobflett, Aliàs Porcupine. Par arrêt de la cour ,
une somme considérable fut accordée au demandeur en
dédommagement d'un libelle, publié par le défendeur, qui
tendait à ridiculiser méchamment la pratique du premier.
XVI. Si des discussions médicales publiées dans des
journaux- ou des brochures , par des médeci11s qui sont
en dissidence d'opinion , font naître ou contiennent des
assertions ou des insinuations injurieuses à la réputation
ou a11x titres des parties , nul doute que ces écrits déconsidércnt le corps auquel leurs auteurs :appartiennent;
car ceux qui devraient être les plus zélés pour la recherche de la vérité , devraient aussi être les derniers
à donner l'exemple de procédés peu généreux, de paroles grossières et même de sentimens vinrlicatifs, si op·
posés à ce qu'on a lieu d'attendre d'un homme qui cultive
les lettres et les sciences. De tels écrits doivent &tre remis,
pa1• lea censeurs , aux Sociétés médicales de leur département respectif et il sera infligé aux auteurs telle peine
que le cas pourra emporter,
Il est juste, nécessaire et convenable que les affaires
d'un médecin et d'un chirurgien soient toujours considérées comme confidentielles. Le secret est un devofr
dans quelques cir<>onstances , même pardevant les tribunaux. Dans le cours ordinaire de la pratique, le
boa sens , la décence et la délicatesse devrnient faire
�t
10·4 )"
bannir des entretiens familiers avec les personnes étrangères à l'art de guérir et surtout avec les femmes , des
sujets tels que malades , maladies ; remèdes, opérations, etc. L'étalage que l'on se plaît fréquemment à
faire , le plus ordinairement ad captandum, d'histoires
e ffrayant<'s et merveilleuses de maladies , de blessures,
d'onér.itions et de cures, ue produit le plus souvent
qu'une f.iible admiration pour le narrateur et prouve le
peu de connaissance qu'il a du cœur humain.
Les personnes étrangères à la science sont exposées
à tire1· des conséquences erronées et contradictoires ,
de ce qu'elles entendent dire sur ces sujets. Delà est
venue la supposition faite par beaucoup de gens qu'un
médecin est un homme insensible ; et on n'a pas craint
quelquefois d'assimiler un bon chirurgien à un boucher.
Par conséquent, plus on p1rle médecine hors du cercle médical, plus on s'expose à des interprétations ridicul es et plus aussi en éloigne la confiance et la
comi dération.
XVII •. Le médecin qui divulgue la nature d'une maladie qu'il est appelé à juger ou à traiter et qui peut exposer le malade à rougir publiquement ou à perdre sa
réputation , viole d'une manière impardonnable la morale
m édicale.
XVIII. « Les pauvres , dit Boerrhave , sont les meilleurs cliens , parce que Dieu payera pour eux ,,, Au
lieu d'honoraires , ils nous donnent , en échange , l'occasion d'accroître notre expérience, de faire des obser·
valions utiles et souvent la satisfaction d'obtenir des
succès , parce qu'ils suivent plus exactement nos conseils
que les riches qui, trop souvent, en empêchent les elfet1
par leur attachement et leur recherche pour les douceurs de la vie. La clientelle la plus riche et la plus
étendue loin d'être un prétexte honorable pour se dis•
penser de visiter les pauvre» , est au contraire , dan11
�( 105 )
ce cas, une preuve d'égoïsme et de peu d'humanité.
XIX. Dans les cas urgens , on duit voler au secours
de celui qui demande assistance , à moins qu'on ne pût
le faire qu'au cUtriment d'un a11tre malade. Il arrive
souvent dans ces sortes de cas que plusieurs médecins
se rencontrent auprès du malade- La bienséance veut
que le soin en soit confié à celui q1Ji est arrivé le premier et s'il a besoin d'être aidé , il a le droit de requérir l'assistance d'uu des mé<l..:cins ou chirurgiens présens , suivant l'exigence du cas. Mais si le médecin ou
le chirurgien de la maison est présent, les autres doivent lui céder la place.
Lorsque ce concours de plusieurs hommes de l'art a
lieu, ils ne peuvent rien exiger pour s'être seulement
déplacés , à moins qu'ils n'en aienl été requis par des
personnes qui y étaient autorisées ; car les lois de la
naturP. nous commandent de prêter assistance à ceux
rie nos semblables qu'un événement malheureux vient
de mettre dans un état de souffrance ou de péril.
XX. La fixation des honoraires des médecins est
établie, dans les dilfércns pays , d'après la valeur de
l'argent et le prix des choses nécessaires à la vie ; d'après les usages approuvés et établis par les praticiens
expérimentés et qui jouissent d'une grande considération.
Un sentiment de justice et d'égards envers ses collègues devrait empêcher un médecin de déprécier ses
services , en présentant des mémoires dont les articles
sont taxés au-dessous du cours ordinaire , dans la vue
de s'attirer dt:s préférences par la comparaison des hono·
raires, Chacun peut faira avec ses cliens les conditions
qu'il lui plaît, mais. p,ersonne n'a le droit de faire la loi ;.
ni de changer un usage établi, au préjudice de ses
confrères. Au reste , la réputation d'un docteur bon
marché n'esl ni honorable , ni à envier.
Il en es.t qui tombent dans l'excès contraire. Ils attachent
�( 206 )
une valeur excessive à leur temps et à leur travail et
exigent des sommes ex01htantes pour leurs services.
Uue pareille conduite porte préjudice aux classes les
moi us fortunées de la Société , qui de peur de s'exposer
à des demandes ruineuses, se privent des secours dont
elles ont besoin. Nous rappelerons à ces docteurs dispendieux que toutes lPs fois qu'une personne paye un
mémoire qu'elle croit extravagant et déraisonnable , elle
s'en dédommage , soit en satisfaisant sa vanité , et quelquefois son ressentiment, par la divulgation du prix
qu'elle a bien voulu accorder , soit en fesant connaître
eu public à quelle concussion elle a été exposée.
Quelques médecins , plus désireux d'acquérir des richesses que de la considération, tourmc:nlent avec acharnement leurs cliens pour le payement de leurs honoraires, ont souvent recours aux poursuites judiciaires,
et n'ayant aucun égard à l'état de gêne ou de dénuement où ils peuvent se trouver, ne craignent pas de
combler ainsi leur infortune. Une semblable conduite
déshonore le médecin autant qu'elle fait horreur à l'humanité. Comme ces extorqueurs font honte à la profession , un seul fait de cette P.spèce lem· mérite une réprimande publique , sinon leur prompte expulsion de
la Société médicale à laquelle ils appartiennent.
Toutes les fois qu'un médecin est réduit à employer
les voies de droit pour obtenir ses honoraires , il est
de son devoir de proposer d';;bord un arrangement
pardevant des arbitres.
XXI.' Parmi les obligations sacrées qu'Hippocrate imposait à ceux qui se vouaient à la noble licience de la
médecine, et dans le serment qui est encore le modèle <le
celui que prêtent aujourd'hui les candidats au titre de
docteur , il est enjoint aux jeunes médecins de respecter,
de seconder leurs maîtres, leuts doyens d'âge et d'expérience , et de contribuer, de tout l~,ur po1.1voir , à la
�( 207 )
gloire , aux progrés et à l'utilité de leur professio11.
D'après ce précepte, les médecins ont quelque c.hose
de plus à fail-'e que de se procurer une existence. Comme
ils sont redevables de tout ce qui compose le bel édilice
de la science médicale , aux travaux , aux talens et à
l'expérience de le4rs devanciers , les générntions pré.sente el futures atteadent d'eux aussi quelque perfoctionnement, quelque découverte , parce qu'il reste encore beaucoup à faire pour étendre l'utilité de leur art.
Cette obligation est journellement yiolée par des médecins qui prétendent à une haute réputation ; ils ne paraissent jamais dans les associations médicales, n'ont
jamais d'o9servalion ou de découverte à communiquer;
leur degré d'instruction et d'expérience est toujours
un mystère ; ils fuyent les travaux et les discussions
scientifiques , et, c:omme s'ils étaient étrangers à la
Bcience , ils ne contribuent par_ aucun effor l à son avancement. Ces praticiens , quoique souvent ~rés-répandus
et opulens, ne peuvent être comparés· qu'aux fi-êlons
dans la ruche à miel ; les Sociétés de médecine ne devraient jamais leur conférer aucun emploi, aucun titre,
ni même les créer membres des diverses commissions
qu'elles nomment, par la roison qu'elles n'ont reçu
aucune preuve de leurs talens, de leur zèle et de leur
jugement.
Cinquième section. - Médecine lé{{afr. - XXII. Il est
un grand nombre d'accidens et de délits dont la nature
et le degré de gravité sont déterminés par l'opinion des
gens de l'art. Les passions humain~s donnent lieu journellement à des actes de violence qui parviennent à la
connaissance de la justice; l'aliénation mentale, quelle
que soit la cause d'où elle provient , a aµssi sa part
sur le nomb;·e de crimes et surtout de suicides et de
meurtres qui se commettent. Des personnes criminelles~
exploitant cette mine féconde el:l crimes , pourraient
�{
IO~ )
s'en servir pour cache r les auteur s ou les moy sns em·
ployés pour les accom plir , si la consci ence des jurés
in
n'était éclairé e par les homm es de l'art, Un médec
quesdevrai t être toujours en mesur e de répand re aux
les
tions judicia ires , et de donne r une opinion sur
aux
mant
confor
faits soumis à son jugem ent, en se
doctri nes médicales et chil'Urgicales reçues , et au degré
de certitu de qu'elles présen tent. L'igno rance ou la conre
naissa nce imparfaite des matières dont peuve nt dépend
e&t
able
sembl
son
de
ence
la vie , l'honn eur et l'innoc
se
impar donna ble, et devrai t faire perdr e, à celui qui
sion.
profes
sa
cer
d'exer
droit
le
cas,
trouve rait dans ce
XXIII . Quan! aux médec ins instru its , nous nous
tes
conten terons de leur recom mande r les deux précep
ont
qu'ils
ite
condu
la
à
t
r;ippor
a
er
premi
le
:
sui.-ans
à tenir lorsqu 'ils sont appelés en témoi gnage ; le second
au
est relatif à la nature du secret qui leur est confié et
point auque l ils doivent garder le silence.
0
Quand les médecins , appelés pour décide r une
1.
questi on de médec ine légale , ne sont liés aux parties
és
par aucune espèce d'intér êt, et qu'ils sont bien inform
sousont
leur
qui
faits
de toutes les circon stance s des
es
mis , ils n'ont qu'à prono ncer , d'aprè s les princip
rd.
d'acco
nt
souve
plus
le
sont
et
adopté s en médecine
Il es;t de leur devoir de se procu rer les inform ations
les plus amples qu'il soit possible , et avant de donner
r
leur déclar ation , de discut er leurs opinio ns avec candeu
proen
,
s
erreur
des
éviter
à
re
maniè
de
,
et bonne foi
fitant mutue llemen t de leurs lumièr es ; par ce moyen
aussi ils éviter aient de faire des déclar ations 1contra
qui
ce
dictoir es ou qui les expos eraien t à se ,retrac ter ,
et
ne pourra it qu'affaiblir l'opini on qu'ils auraie nt émise
leur
da11s
dimin uer la confiance que l'on doit . mettre
décisi on.
0
Le second précep te est de garder 111 silence ~ur
:i..
�( ~209 )
des faits qui leur ont été confiés dans l'exercice de leur
profession , comme ; l'existence ou l'absence d'une
grossesse; la gestation et la naissance d'un enfant; quels
sont ses parens, sa couleur et son âge ; l'examen et le
traitement 0.'une maladie syphilitique ; l'éta t d'impuissance d'une personne par mauvaise conformation ou
constitution ; la défloraison et d'autres circonstances
dont l'aveu co tlle toujqurs plus ou moins à faire et entraîne la condition du secret,
Ce devoir a été wmparé au secret du confessionnal,
qui n'admet d'exception que dans le cas de trahison ou
de meurtre. Ce privilège <les médecins a été reconnu
par le tribunal de New-Yorck, ainsi que par celui de
Philadelphie, et la Société médicale des État,,; de NewYorck a adopté le même principe et l'a étendu même
aux cas qui entraînent la peine capitale i mais on ne
doil en user qu'nvec discrétion et lorsque un devoir
impérieux en dicte l'obligation ; on ne doit ' jamais en
faire usage au détriment de l'innocence et de la justice ,
ou lorsqu'il devrait entraîner le déshonneur d'une famiJle ou la plonger dans la détresse •
.Appendice. - Il arrive quelquefois que l'on exige du
médecin qu'il fa.~se connaître au malade le danger de
sa position et qu'il l'engage à foire ses dispositions religieuses et testamentaire.& ; mais dans les cas graves , les
secours de la médecine seraient souvent infructueux si,
au lieu de soutenir le courage du malade , le médecin
le plongeait dans l'abattement et le désespoir. De tels
offices sont incompatibles avec son <lcvoir , qui est de
soutenir l'espérance et le calme de l'esprit, sans lesquels plus d'un cas douteux deviendraient positivement
funestes.
C'est à un ministre de la religion ou à une p-ersonnŒ<
al\.torisée à cét effet, qu'appartient la ttlche de faire
T. VII. A~ril 182>4.
:i8
�(
210 )
àppercevoir au malade qu'il est dans un état alarmant,
et de le préparer à l'approche d'un évènement qui peut
paraître inévitable à ses amis.
Un médecin ne doit jamais s'immiscer dans l'arrangement des affdires temporelles de son malade, car il
ne pourrait Je foire sans s'exposer à être soupçonné d'avoir eu des motifs intéressés et à être accusé de sortir
du cercle de ses fom:lions.
Pour se mellre à l'abri de tout reproche , il doit :
~." informer, en temps opportun , ,de la situation du
malade, ceux qui ont le plus de droit de lui parler dé
0
ses affaires spirituelles et temporelles ; 2. leur faire
pressentir la possibilité d'un changement àvantageux
<lans son état, afin de soutenir le zèle et l'attention dè
ceux qui soul chargés de veiller sur lui, et de ne perdre
0
aucune chance de succès par leur négligence ; 3. continuer ses visites seion le besoin, même dans le cas
où la gêne dans laqudle se trouverait la famille ne
1ui permettrait pas d'espéier d'être payé de ses soins.
'J..o
fi.EV U E
DE S
J
0 U li NA li X.
(,Tourn. de pharm. , mois de ,Janvier rfh/1 ). - Notice
analytique sur les sources d'eaux minerales du parc Je
·Saint-Martl, departemtnt de Seine et Marne; essai ana·
lytique sur ces eaux, par MM. Massonfour e"t Chevallier.
- Ces eaux ont été traitées par les réactifs et par évapo1•ation ; elles sont composées , pour trois litres , ainsi
qu'il suit : hydro-chlorate de magnésie , hydro-chlorate
de chaux , 3o centigr.; carbonate de châux, 89; sulfate
de chaux, I gr. 20 c.; matière végéto-animale, perte, r1.
-
/1o
M. Boullay a lu un mémoire à l'Académie ·royale
�. (
211 )
~ de médecine sur l'analyse de la vie.lette , viola odorata L.,
., dm.rue) il ré.mite que la violette odorante contient un
~ pri11cipt: actif alr:alin , amer, âcre et vireux , sem» blable à l'éméline de l'ipécacuanha, que l'aureur
., propose de dislinguer par les dénominalions d'emé>i tine de la "iolette , emétine iru!igène , ou "ioline. Cette
» suhtance possède des qualités vénéne;uses très-éner» giques , qui ont été constatées par M. le docteur
» Orfila i..
--Examen des baies de laurier et de leur matièrl1 cr:istai;
~ine, par 111. Bunastre. - Après avoir traité les haies cl~
laurier par l'alcohol , l'eau, et \es avoir rédy;tcs rn cendres, l'auleur a reconnu que c,inq cents gn1mmes du fruit
du laurus nobi!i; L. sont composées de : h1.1ile vobtile ,
/f grammes; mati'ère cri~talline ( laul'ine ) , 5 gr. ; huile
grasse de couleur verte, 64 gr. ;stéarine,composée d'une
huile liquide et de cire, 35 g_r. 5 décigr. ; résine , composée ~'une résin~ soluble et d'une · sous-résine glutineuse, 8 i;r.;fécule, 129gr. ~Sdéc.; extrait gommeux,
~6 gr. ; subs~ance analogu~ à la bassornie, '.h gr.~ acide,
(quanti Lé approximative), 6 déc.; suci;e inciistall.isable,
2 gr. ; parenchyme de ba.ies , 94 gr.; humidité , 32 gr.';
albumine, <les traces; résidu salin, 7 gr. 2 déc.
- Rapport sur un mémoire intitulé: OliSP.rvations .relatives à l'extraction de la r;incho,nin,e , par JVL. CaUoud ,
pharrnac1~n à .A.rinec.r ;,par M. ~obiquet. - C'est surtout
pour séparer Id cinchonine de la quinine contenues ~n
même-temps dans les différentes espèces de quinquina,
que l'auteur propose un pro.cédé qui repose sur la · différence de solubilité des sulfates de ces deux bases. Ainsi,
quand on p1:épare le Sl.Jlfate de qu!pine , bi1m qu'on obtic1)ne une petite qµantité de sulfate de cinchonine , la
phrn gr;rnde partie de ce sel difficilem1mt cijstallisable ,
reste dans les eaux mères. « M. Calloud propose ,
' en c9'!sé~uence , de pi:endre ces eaux-mères~ de. les
�(
2 I2 }
~ décomposer par une solulion de potasse caustique,
,, ajoutée en léger excès , de laver et séchPl' ce précipité
» pour le traiter ensuite par qualre parties d'alcohol à
,, 36 ° , porté jusqu'à ébullition. Cette teinture alco~> holique , une fois filtré", est ensui le étendue d'une
~ quantitè suffisante d'eau pour la faire descendre à 20 °,
» la plus granrle partie de la cînci10nine se précipite.
w On abandonne pendant quelques heures au repos ; on
~ séparP le dépôt par le filtre , on lave avec un peu d'al» cobol faible, et pour obtenir enfin la cinchonine par» faitcment pure, on redissout le dépôt dans l'aleohol
" bouillant et on recueille les cristaux qui se forment
,, par le refroidissement ,. •
COURET.
3,0
VAlllÉTÉS •
...,.... ÛN lit dans le Journal des Débats que le tribunal
correctionnel, 7.e Chambre, vient de condamner à trois
mille francs d'am~nde, M. Guyot, pharmacien , dont
les registres constatent. qu'il a vendu , il y a dix-huit
mois , une demi-once d'arsénic à un inconnu qui a pris
le nom de R obert r:t qui a indiqué un faux domicile.
M. Guyot avait écrit sur son registre cette mention signée
par l'acheteur : «:vendu une demi-once de mort-aux-rats
0
à l\;'h Robert, demeurant rue Coquillière, n. 14, et
qui s'est engagé à en surveiller l'usage ».
Mais' il n'a pas satisfait à l'art. 35 de la loi du 21
germinal an XI, qui veut que le pharmacien; qui vend
des substances vénéneuses , fasse inscrire par l'acheteur
lui-même la quantité et la nature des drogues et l'usage
qu'il se proposP. d'en faire. Il a été reconnu au procés
qu'aucun mauvais usage n'a été fait de cette demi-onoe
�(
!Ho )
d'arsénic; mais M. le Procureur du R.oi a exposé que
le texte de la loi était impératif et qu'on ne pouvait
appliquer à une loi de l'an Xl , les dispositions atténuatives résultant de l'art. 463 du code pénal.
- Une réunion cles officiers de santé, au service du.
Roi et de la Compagnie des Indes , a eu lieu au i;:ommen&ement de mars I 823 à Calcutta, afin d'aviser aux moyens
d'établir une association médicale , sous le nom de
Socitté de médecine et des sciences naturelles de Calcutta:
Mùlical and physical Society of Caleutta. Le docteUl'
Jarne Hare a été élu président de cette Société , qui est:
organisée d'après les mêmes principes que celle d'An- ·
gleterre.
- Depuis le mois de novembre r 823 , il paraît à
Edimbourg un journal de phrénologie : The phrenologieal
journal , qui ne dépend en rj en <le la Soci été phrénologique qui s'est form~e dans cette ville. Le but des
rédacteurs est de détruire les préjugés répandus cont1•e
l'étude de la scimce , sujet de leurs méditations et de
leurs recherches.
- Après nous avoir fait part de son intéressante notice sur la sangsue officinale , etc. , M. Achard , pharmacien du Roi à la Martinique , nous a écrit qu'il avai!
recueilli de nouvelles observations et qu'il croyait pouvoir
affirmer entr'autres choses que c'est par la bouche que
la sangsue rend son œuf.
- Il nous est parvem1 une lettre da.n s Jaquelle on
nous témoigne le désir de connaître les rédacteurs de
l'Obser11ate11r des Jciences médicales. Nous croyons devoir
répondre que la r édaction de ce recueil est confiée à tous
les médecins, chirurgiens et pharmaciens qui ont des
articles inléressans à nous communiquer, et que c'est
uniquement au jirÎncipal rédacteur de ce journal, dont il
a toujours été sÈuL propriétaire, que les envois doivent
être adressés , a.fin d~ prévenir çcrtains abui, •••• ! ! !
�( 21/. )
- Une l ttre d'Italie nous apprend que le docteur
Basori n'est point mort, comme on nous l'avait écrit,
mais qu'il se porte fort bien.
- M. Bertliomé , doct ur - médecin à Argenteuil ,
Seine-<:t-Oise, vjent de r"cevoir de S. E. le Ministre de
Ylntérieur, une médaiDe p0ur lP. zèle q..i'il a moutré dans
la propagation de la vaccine.
- On nous a~nonce que le monument qu'on doit
~igrr à Jenner, coûtera environ 4.,000 pounds ou livres
sterling, c'est-à-dire. environ 96,000 francs.
- Des maladies éruptives , parmi lesquelles on doit
compter encore des varioles, ont été les maladies régnantes, ce mois-ci. Il est à présumer que sans la vacçinc que
nous propageons avec ardeur, Marseille eut été, depuis plu~ieur;; mois qu'elle offre conLinuellement qurlq\Jes cas de petite vérole , en proie aux ravages d'une
é.pidémie de cc terrible fléau.
relevé des registres de l'État-ci-vil <le
- D'après
Ja mairie de Marseil\c , il y a cu en Mars 1824 1
· 436 naissances ; 346 décès et 57 maria~es.
le
P.-M. Roux.
4,o
C
0 N C 0 URS
.AC A. DÉ Jn 1 QUE S,
LA Société hollandaise des sciences , dans sa 70.m~
séance annuelle , tenue les 8 et 9 juillet 1823 , a ~rouvé
bon de répéter les questions suivantes auxquPJ]es on
~·a point répondu et prn1r lesquelles le Lerme du concours est fixé avant le x.er janvier 1825.
1. 0 01,/elles sont les altérations salutaires ou. nuisîblN
à la santé de l'homme , qu.e l~s substances nourrissantes,
soit animales ou végétdes , subissent, dans la composition
tlP leurs parties constituantes, par l'action du Jeu; et quelles
règles peut-on en déduire pour modifier la préparation de
~ertaius alimens' oJin qu'ils soient le mieux adaptés aliJ
�(
215 )
71/us grande nutrition et à la conservation de la santé th
l'homme 1
1." Jusqu'à quel point connatt-on la nature et les propriétés de cette espèàe de champit;nons , qui naissent sou.s
lu planchers de bois , surtout dans des appartemens humides, quî s'r multiplient trè-s-s1!bitement, et cauunt, en
peu de teihps , la puiréfaction du bois. Peut-on déduire
de la nature connue de cette plante , tt de ha manière dont
elle accélère la putréfaction du bJJis , des mo_rens d 'm
pré11enir la naissance , de l'.e xtirper lntièrement oi'i elle a
lieu, ou d'en diminuer au moins les effets pernicieux l
3. 0 Attendu que, pendant le cours <les dernières années, plusieurs sarnns, et èntr'autrcs Buttlcr (1),
Réal (2) , Dobereiner, Rommershausen (3) , Barrr (4),
ont propose plusieurs manières de préparer les extroits
destinés à l'usage de la médecine , dans le but de con1erver le mieux les vertus qu'on y attr~bue , la Société
demande:
Qu'1lle est la meilleure maniète de préparer les extraits
àestinls à qutlque usage medical, et dani lesquels les propriétés et les vertus des plantes sont constrl'ees autant que
possible , et ne subissent aucune alteratlon 1 Entre les procédés des chimistes ci-dusus nommés, lequel mérite d'être
préjéré ici en général 1 Une manière encore plus propre ou
plus avantageuse peut-'elle ~tre imoflinée 1 Faut-il rejeter
entièrement le .procédé usité iusqu'ù:i, ou faut-il plut&t
donner la préférence, tant&t J l'un , tant&t à l'autre , selon
la nature différente des plantes 1 Dans le tas ajfirmatlj,
( i) Trommsdorf's Journ. der Pharm., XXV, B. z. St. 54:
(2) Schweiggeri Journ •. für Chemie, XV, 339. Gilber\"s
Annal. XXIV 14.
(3) Algemeenc Konn. en Letterbode, 1820. N. 0 6 en '9·
(4) Aunais of philosophy by 1'. Thompson , XIV, 3S7 .,
Scbweiggcrs Journal, XXVIII, 250.
�t
216 )
'uels sont les principes fondamentaux et les r~gles qui en
dérif!ent, et d'après lesquelles un pharmarien, dans chague
cas indiqué , puisse déterminer la meilleurB manière de
préparer les extraits 1
4.0 Gomme l'usage des sangsues, qui dom1ent au sang
des issues locales , a prévalu actuellement de plus en
plus, pour guérir certaines maladies, et comme ces animaux ne se trouvent pas prêts partout et dans tous les
temps, on demande : L'instrument , pour suppléer au
iiéfaut des sangsues , inventé par le docteur Sarlandièrc ,
et nommé bdellomètre , est-il porté au plus au dPgré de
perfection et d'utilité ; quels en sont encore les défauts ;
'Comment pourrait-on les prévenir, ou comment pourraientils 'tre é,•ités au moyen d'une meilleure construction 1
La Société propose pour sujet de prix la question
suivante, pour un temps illimité : Quel est dans ce pays
l'état des prisons en général 1 quels sont les defauts qu'un
examen physique pourrait y indiquer 1 et quels moyens
pourrait-on employer pour amélior11r le sort des prisonniers
relatÎflement a leur santé 1
Les mémoires seront adressés dans les formes académiques, au Secrétaire de la S0ciété , à Harlem.
AVIS.
-•~llfe"'~-
LA Sociüé royale de Médecùie de Marseille déclar1
fU'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Observations, Notices, etc. , de ses membres soit titulaires, soit
'orrespondans , qui lui parais unt dignes d' ltre publies,
elle n'a égard qu'à l'intérü qu'ils présentent à la Jcience
médicale; mais qu'elle n'entend donner ni approbation ni
improbatùm aux opinioni que peuvent émettre les 11ute1Jrs,
et qui n'ont pas encore la sanction sénérale.
�BULLETINS
LA SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECINE
D E MA R SE 1 L LE.
-.-.....~'"""""""'"""',,,,...._"""'...,,.,...,_~"""""""""~
AVRIL
'
1824. -N. XXVIJJ.
0
des eaux , par M. TIIXTORJS, méderin de la
marine , Chevalier de l'ordre royal de la Ll:giond'Honneur ~ Président de la Sociéti royale de medecine
de Marseille; memoire lu dans la séance du i3 mars
iTUDE
1824.
MESSIEURS!
LonsQUE nous jetons un rega:·d attentif sur l'eau qui;
dans ses trois états de solide, de liquide et de fluide ,
enveloppe tout le globe, nous nous assurons que r.e corps
inorganique est susceptible de heaucoup d'utiles et important~ recherches sous les nipporls de la prospérité
et de la santé publiques.
Les eaux, par leur nature, leur combinaison et leur
masse; par leur propriétés physiques et chimiques, soit
qu'elles s'élèvent dans les régions de l'atmosphère , soit
qu'elles s'enfoncent dans les profondeurs de la terre•
ou qu'elles circulent ~ sa surface , exercent sur tonte
la nature une action si ess.e ntiellement modifiante, qu'elles
influent d'urfe infinité de manières sur les phénomènes
nombreux: qu'elle offre à notre observation.
:i.9
T. VII. Avril 1824.
�(
218 )
L'eau es.t si généralement répandoe comme pl'Încipe;
dans toutes les parties constitu11ntes de la planète que
nous habitons, qu'elle paraît tenir au besoin de la coordonation des corps d'où résulte l'harmonie de l'Univers. Dans cette liaison harmonique des êt1 es créés par
laquelle la nature explique si majestueusement son objet
et son but , l'eau joue un si grand rôle , elle est si indispensable à la vie, que sans elle aucun pays ne pourrait conserver <l'habitons. Ses qualités plus ou moins
salubres influent si puissamment sur l'espè{;e ·h umaine,
qu'.elle doit être considérée comme un sujet d'hygiène
publique du plus haut intérêt. La force énergique de
cowbinaison qu'elle possède dans son état d'a~grégation
liquide lui permet de dissoudre un si grand nombre de
corps di!fé.rens dont elle favorise la conÙ)inoison réciproque ; sous ces diverses modiG.cations, elle présente
un nombre considérable d'ifgcns , aptes à . opérer dans
l'organisme vivant des médications si variées , qu'elle
mérite toute l'attention des médecins .
Mais avant de considérer l'eau comme mi.c substance
Susceptible de s'unir avec tous les corps fluides et fixes,
comme un agent puissant de combinaison ; avant d'examiner les phénomènes qu'elle peut ainsi opérer dans son
passage successif de la surface du globe dans l'atmo&phère et de celle-ci sur les montagnes , dans les profondeurs et à la surface de la terre , nous crO) sms essentiel de rappeler ici l'importante découverte de sa
nature et de sa composition.
Il paraît que toute l'eau qui existe a été primitivement
proportionnée à la quantité de gaz hydrogène qui s'est
rencontrée dans l'espace, lors du premier versement des;
corps qui composent le globe. Déjà N ewton ayant observé
que l'eau ne s'unit pe~ avec la lumii!re , qui ne fait q1:1e
la traverser, et qu' eile avait, sur ce fluide incoërcible,
un pouvoir réfringent, proportionné à sa densité , avaiC
�,
(
219 )
soupço11né que ce liquide devait contenir une substance
combustible. Un siècle plus tard , cette vérité fut pressentie par Schèele : ce savant ayant fait une première
expérience pour déterminer la natu1;e du produit de la
combustion de l'hydrogène , en conclut relativement à
Ia préve11ti011 avec laquelle il l'avait entreprise que
ce produit était la matière de la chaleur. Celte première
expérience sur le phlogistique mit sur la voie de la composition de l'eau.
En 177G , de nouvelles tentatives furent faites par
Macquer , Sigaud de la Fond, Bucquet, Lavoisier, dans
le dessein de connaître le produit de la combustion
de l'hydrogène. Plus tard-, les travaux de Pritsley, àe
J!Varltire, Cavendhis, lltfonws et Wat portaient à conclure que l'eau, qui avait toujours été regardée cemme
un éliment , était composée d'hydrogène et d'oxigène.
Le fuit remarquable de la combustion que l'eau favori6e
dans la lampe de l'émailleur, clans lei; huiles enflammées
et dans les grands incendies , avail foît penser qu'elle
pouvait se changer en air. Les recherches dirigées dans
ce but par MM. Lavoisier, De la Place, ~longe , prouvèrent dès 1784, la nature des composans de l'eau par la
combustion du gaz hydrogène à l'aide du gaz oxigène
qui produisait ce protoxide. En 1785 , Lavoisier et
Me.usnier ayant brûlé des volumes déterminés d'oxigène
et d'hydrogène, trouvèrent que le poids de l'eau formée
dans Cfltte combustion était égal à celui des gaz. Ils év;iluèrent les con1posans â. 85 parties d'oxigène et 15
d'hydrogène. Lefebure, Gina1tx , Fourcroy, Vauquelin
et Seguin confirmèrent ce beau résultat. MM. Gay-Lussac
et Humboldt, eR estim<int les proportions· des deux gaz
d'après leur volume , sont parvenus à prouver que ce
proto>.ide est formé de 88!, 9 d'oxigène et de 11 , I d'hydrogène.
1 La découverte de la composition de l'eau: a été une
I
�(
220 )
!ource féconde de nouveaux progrès dans les connaissances humaines et d'applications utiles à la médecine et
aux arts qui la secondent. Les moyens <le rendre lell
habitations salubres ; de les chautîer , de les éclairer économiquemt:nt; de préparer les vêtemens, les alimens ,
les boissons et les médicamens sont, par elle, devenus
plus faciles.
L'eau est uue des causes premières de l'existence de
la nature organisée. Nul être ne vivrait sur ce globe,
s'il ne s'élevait journellement de la surface immense dei1
mers une abondance considérable d'eau approximativement évaluée à 695,228,257,998 liliolitres et si au
moyen des vents et des nuages, elle ne pouvait se porter d.ins tous les points de la terre , pour y pourvoir
aux besoins de la nature vivante.
Lorsque nous observeus les phénomènes de la formation des eaux , nous voyons , ~ la surface des mers
et des terres , leur combinaison plus considérable avec
le calorique produire une évaporation qui les élève dans
l'air avec lequel elles se combinent soud.iinement par
une attraction expresse et conslituent à-peu-près la 142.•
partie du poids de l'atmosphère. Cette proportion p<rnt
varier plus ou moins suivant gue la température de l'air
atmosphérique est plus ou moins élevée et que sa densité est plus ou moins grande. Ainsi , un pied cube d'air
pur à une pression moyenne et à la température de o,
peut contenir et se saturer de 4 .grains d'eau en
'""peur invisible; à 10° , elle en contient 8; à I 5°, II;
à 20°, 13; ainsi de suite dans cette progression.
Si les vapeurs aqueuses se rerlconlrent dans ces proportions respectivement à celles de l'air , l'eau ~es~e
invisible dans l'atmosphère. !\lais si l'air saturé d'eau
éprouve un abaissement de tempér.ilure ou une diminution de densité, iÏ en résulte nécessairement qu'une
- portion des vapeurs invisibles, devient visible.
�(
.221
)
Les changemens , que les variations continuellei; d•
temp(kature et de densité font éprouver à l'aîr et ceux:
que l'accession . des vapewrs aqueuses , en plus ou moini;
grande quantité relative, y produit , doivent présenter
des différences dans les états · où l'eau existe dans l'at0
mosphère. Ces différences sie réduisent à trois: i . les
vapeurs invisibles et sèches ; 2. 0 l~~ vapeurs visiLles et
sèches ; 3. 0 les vapeurs visibles et humides.
Les premières forment avec l'atmosphère un tout
transparent et sec.
Les second.es indiquent · un premier degré de décomposition : dans cet état les vapeurs se con<.lensent en petites sphères vésiculaires au moyen desquelles elles conservent assez de légéreté pour se soutenir à la hauteur
de l'atmosphère; elles s'y ammoncèlent daJlS div-ers points,
troublent sa transparence et constitue11t ces corps aëriens
plus ou moins épais ou &Ombres qu'on nomme nuages.
Les troisièmes sont le dernier degré de décompositions des vapeurs ·invisibles ; elles indiquent en mêmetemps la perte du caloriqul' qui les tenait en Guide élastique et le manque d'attraction de l'air pour ks contenir.
Quand la décomposition de ces vapeurs vésiculaires,
en vapeurs humides et visibles , s'opère lentement; elles
tombent peu-à-peu ~ur la terre en surmontant gradativement la résistance de l'atmosphère ; elles la troublent , la rendent humide et se manifestent en une
pluie extrêmement menue qu'on appelle irouillards.
Lorsqu.e cette décomp.o sition des vapeurs aëriennes
vésiculaires s'opère avec quel(fUe rapidité, il en résulte
en proportion la pluie plus o.u moins dense , qui n'est que
le retour de l'eau de l'état aëriforme à celui de liquidité.
Ces météores aqueux ordinaires. ainsi que tous les
extraordinaires, sont les effets des degrés dive1li des
décompositions des vapeurs qui ont! lieu à des tempé·
�(
:;122 )
111tures et à des pr.essions diver!cs . C'est à cette attraction dont l'eau est douée pour l'air atmosphérique à
toute tcmpé1·ature que nous devons en grande partie
~'ordre des choses que nous admirons sur la surface de
la terre et une foule de phénomènes qui s'opèrent dans
l'organisation animale.
SelGin Duluc 1 l'air pu.r est plus pesant que l'air mêlé
cle vapeurs aqueuses. L'observation démontre que les
variations de la pesqnteur de l'atmosphère annoncée par
la bais!;e du baromètre qui dépendent , en grande partie,
de l'eau qui y est contenue en des proportions diverses
suivant sa température , modifient l'état physiologique
de l'organisme.
:r;>ans l'état habituel de sécheresse de l'air , un
hqmme d'une moyenne stature., présentant une superficie de quinze pieds carrés , supporte un poids
atmosphérique de trois-cent trente quintaux soixentetrois livres qui le presse dans tous les points de sa
périphérie. Cette pression de 1 g. r, 205 , par décimètres cubes, contre-balance l'expansion considérable
des fiuiJes contenus dans toutes les parties organiques
et conserve l'équilibre naturel au moyen duquel l'lJrganisation animale peut combine,·, entre eux, les principes
qui la constituent et accomplir les fonctions qui la
compètent. Ainsi lorsque l'air dans lequel notre corps
est continuellf:ment plongé est sec et par conséquent
pesant ' tout le ton de l'organisme est p_lus wononcé;
nos organes sont plus actifs et leurs fonetions s'exécutent plus facilement. Dans les temps pluvieux , l'afr
se trouvant surchargé de vapeurs aqueuses qui consistent
en de petites bulles , remplies d"un fluides plus élastique que lui , devient plus léger , relativement à la
quanlité qu'il en contient. Il produit alors une dimim1tion de pression relative et des effets , plus ou moins
marquans , dans téconomie animale.
�(
223 )
Ce dêfout de pression tenant les molécules de la matière animale moins rapprochées, offre moins de points
de contact avec les fluides en circulation ; il en résulte
1me lente'ur considérable des humeurs animales, la faiblesse générale des organes et de leurs fonctio11s. Dans
quelques points altérés ou plus affaiblis dans leur texture, l'expans-ion plus considérable des fluides produit
des ruptures ou des crevasses , suivies d'hémorragies
dangereuses et souvent mortelles, Dans les pays où.
la lièvre jaune est endémique , le maximum d'humidité de l'air e.;t une des causes les plus favorables à
son développement. Ce défaut de pression armospbérique occasione encore une foule d'eliets morbides si évidemment prononcés, qu'il entrnînerait la perte de tous
les êtres organisés , s'il venait à diminuer de moitié.
L'eau à l'étal de fluide élastique agit encore iudirectement sur le corps vivant. La décomposition des vésicules aqueuses dans l'atmosphère y verse en abondance
l'air vital. On voit souvent près des hautes montagnes
des nuages se dissiper sans pluie, sans vent et l'atmosphère devenir pure et sereine; on l'observe de mAme dans les brouillards de la nuit. Dans ces cas, l'eau
décomposée et rendue à ses élémens, donne en abondance l'oxigène qui augmente la proportion de ce gaz
dans l'atmosphère. Dès-lors, l'oxigène absorbé en plus
grande quantité, agit par une propriété chimique qui
change la composition animale. Sur les bords de mer~
où la décomposition des eaux, pro<luit une plus grande
quantité <le cet air vital , la vie commune est généralement plus longue que sur les hautM montagnes où l'azote
et l'hydrogène sont plus abondans. Dans les régions
les plus inférieures de ia terre , la quantité plus con~idérable d'o_xigène produit par les vapeurs aquwses,
se combine avec la matière animale et fournit à l'organisme un plus grund développement de vitalité contre
�{ 224)
les stimulan s habituel s qui tendent à l'épuiser . La vie
s'use moins et.on y trouve une plus grande longévit é el
un plus grand nombre d'octogé naires et de centenai res,
Toutes les vapeurs aqueuses que l'évapora tion absorbe
et élève des divers points du globe et qui fournisse nt les
météore s aqueux , retombe nt sur la terre et forment les
eaux qui existent à sa surface : ces eaux s'y rassemb lent
, par torrent , s'amasse nt sous formes de glaces naturelles
qui couvren t les hautes sommité s des montagn es , ou
filtrent dans leurs profonde urs et sourden t <le la terre
pour former les sources , les ruisseau x , les rivières et les
fleuves qui avivent la nature. Dans quelques contrées
privilégi ées , elles donnent les sources minérale s dont
les eaux sont chargées de substanc es combiné es qui
les rend propres à la guérison des maladies . Toutes ces
eaux suivant la pente inclinée de la terre aboutiss ent
aux dilférent es mers. En suivant ici les modifications
notables que les eaux subissen t de l'état gazeux et pur où
elles s'élève11t dans l'atmosp hère jusqu'à celui de composition hypermi nèrale où. on les rencontr e dans la
mer qui est leur dépôt général , nous nous formerons
une idée de ce grand dissolva nt de la nature, de ses
di ver; états de pureté, de ses combina isons avec les
différens corps, de ses propriét és et de ses modes d'action sur les êtres organisé s.
A cette époque 9ù , dans presque toutes les grandes
villes de l'E urope, on Yoit s'élever des établissemens
où un art moderne semb)P vouloir rivaliser la nature
dans la transform ation de l'eau en agent thérapeu tique,
il me paraît utile de ramener votre attention sur ce
protoxid e et de connaitr e par vos savantes discussions
jusqu'à quel point l'intérêt personn el, dirigé dans l'intention louable d'imiter la Providen ce dans -ses admirables desseins , peut se rapproc her de son but au plus
grand avantage de l'human ité souffran te.
�-·c
225 )
En vous soumettant mes études sur ce sujet , je le11
diviserai ei1 quatre sections. i. 0 Les eaux pures ordinairement potables , appelées économique.s. 2. 0 Les eaux:
de mer. 3. 0 Les eaux médicinales naturelles. 4.. 0 Les eaux
médicinales factices.
Eaux économiques potables. - 1. 0 Les eaux économiques où les sels alcalins et terreux sont en trop faible
quantité pour leur imprimer aucune saveur, ni prupriété
médicinale sont regardées comme pures el pulhhlcs. Ces
eaux, inverses immédiats de l'évaporation, uu résultats
accidentels de h.1 combustion de l'hydrogène atn1osphéri4ue, sont plus ou moins pures, suivant qu'elles s'éloignent ou se rapprochent de l'état de leur composition
binaire primitive. Les nuages qui se p1 écipitenl suc la
terre dans diverses circonstances , sous les formes de
brouillards, de rosée , de neige ou de pluie , forment.
en se ramassant dans divers points du globe, les sources , les ruisseaux , les fleuves et les lacs , ainsi qua
les glaces des hautes montagnes et celles des pôles. Les
eaux, qui en proviennent ont été considérées par rapport aux masses qu'elles présentent, aux lieux qu'elles
occupent , à la nature des roches et des couches de
terrain plus ou moi11s inaltérables sur lesquelles elles
roulent ou des autres corps pl us ou moins solubles avec
lesquels elles sont en contact. On les a divjsées en
0
quatre ordres: x. 0 celles de pluie et de neige; 2. celles
0
0
de sources et de rivières ; 3. celles des puits; 4. celles
·
des lacs.
x. 0 La neige, la ·grêle et la glace dépourvues de çorps
gazeux: et d'animalcules , ·ne ' contenant que de faibles
atômes d'hydro-chlorate de chaux et d'a.cide nitrique,
donnent l'eau très-pure. Celle de pluie , qui ne diffère
des précédentes qu'en ce qu'elle contient un peu plus
de ces corrs fixes et qu'elle renferme un peu d'acide
T. VII. Avril 1824.
3<>
�(
226 )
carbonique et d'air atmosphérique, lorsqu'elle est purgée
d'insectes , est , après elles, la plus pure.
2. 0 Les eaux de sources et de rivières sont la m~rne
eau de pluie fJUÎ , après avoir filtré à travers les terres,
se rassemble1.t à l'exlrèmité de quelque pente, au fond
de quelque cavité , sur des couches impénétrables aux
liquide11 et se font jour à la surface. Tant que ces eaux
n'ont été en contact qu'avec des roches .siliceuses , ou
qu'elles ont coulé rapidement sur un fond siliceux
où elles ont abandonné les matières qu'elles tenaient
mécaniquement en suspension , elles se rapprochent
p11r leur pureté des eaux pluviales. Mais lorsqu'elles
rencontreut dans leurs cours des matières solubles , des
immondices et 'autrns corps organiques, comme cela
arrfre tol.ljours et comme on l'observe dans celle de
Jarret et de l'Heuvaune qui , en peu de jours , fo1•mcnt
des incrustations noir&tres dans les vases qui les co~
tiP1rnent, dies deviennent insalubres. Ces ,Jiquidcs ,
même les plus purs , r enferment du carbonate de chaux,
d'hycrochlo1ata de souJe et même de chaux; du sulfate,
du carb•mate de soude et de silice.
3. 0 L'eau des puits est essentiellement la même que
celle des sources et doit présenter à pcu-puès le~ mêmes
varialions , puisqu'elles ont la même origine ; quelquefois, elles sont plus imprégnées des substances du sol
à travers duquel elles filtrent et où elles stagnent. Ces
sels prédominans sont alors du sulfate et du souscarbonate de chaux qui .les rendent crues et peu propres aux usages domestiques et surtout moins bonnes
à boire. Mais, en général , les eaux de puits sont plus
avantngeuses dans la fermentation des grains , parce
que contenant beaucoup de sous-carbonate de chaux,
elles renferment en excès l'acide Garboniql'le qui em·
pêche le liquide spiütueux de devenir acide ; aussi
obtient-.-0n plus ,d'akuhol avec la même quantité de
1
�(
~27
)
grains, lorsqu'au lieu d'eau de source et de rivière ,
on fait usage d'eau de puits.
4. 0 Les eaux des lacs contiennent à-peu-pi ès les mêmes
principes fixes que celles de pluie , de source et de
rivière qui s'y 1·endent, quelques-unes sont très-limpides
rt très-pures, surtout lorsque ces réservoirs sont avivés
par des sources qui sourdent à leur intérieur ou traversés par des fleuves. D'autres renferment des résidus
de suhstances animales et végétales décomposées , elles
sont alors , co111111e celles des marais , très-impures et
les moins potables de toutes.
Les eaux de rivières , de lacs et d'étangs ne peuvent
commencer à se congéler avant que la tempéra ure de
toute la masse du liquide soit parvenue à 4 °, l'<ibaissement de températw·e de ces ma~ses <le liquide commence toujours par la surface qui se trouve en contact
avec l'atmosphère , ce fait prouvernit une émanation
constante d~ calorique de l'intérieur de la terre à sa
surface, que le spectacle de la végétation clans les c&ntrécs
boréales semble confirmer. Dans ces froities régions ,
le bled se sème (1) et se recueille en deux mois ou
cinquante-six jours , tandis qu'il faut 1 en France, plus
de huit mois pour obteniv les mêmes résultats. Nous
observons , en effet , que toutes lP.s petites plantes qui
se gèleraient en plein air , végètent et vivent s llS la
neige comme dans une serre; que cetle neige se fond
·bien plus promptement sur les terrains nuds que sm·
ceux où il y a de l'herbe interposée et que cette fr nte
commence touj<rnrs du côté de la terre. Tous ces phénomènes tiennent à l'émanation d'une chaleur centrale ,
d'un calorique sensible qui s'exhale continuellement de
l'intérieur d.u globe et qui s'accumulant par de longs
Le bled i'Y sème en mai et se récolte en juillel et aotit>
(1)
,
�( 228 )
intervalles, sous des masses de neiges, favorise la prompte
maturilé des plantes qui y végètent en-dessous. C'est
à ce principe viv1fi.int qu'une grande partie de fa Provence doit la conservation des racines de ses oliviers
qui , ayanl survécu aux troncs gêlts dans l'atmosphère,
prometlent la régénératio11 prospere de ces arbres précieux.
Toutes ces diverses espèr:rs d'eau servent aux besoins
de la vie. Elles y sont d'autant plus propres , qu'elles
se n1ppruchrnt d'avantage des qualMs d'eau de pluie.
Elles <lni vPnt bien cuire les légumPS , di ~ou<lre le savon , sans produire beaucoup de flocon-; et ne donner
que de faibles précipités P'lr l'instillation des nitrates
d'argent et hydro-chlornte de barite. Les potaLlcs doivent êirP. frakhPs , limpides , inodores et presque sans
saveur. C'est à leur pureté et à la présence de l'air atmosphériq11e et de l'acide carbonique que les eaux doivent leur s,1veur agréable et que l'on doit attribuer
leurs bons effds chins l'économie animale.
La d.écouverte des parties composantes de l'eau , par
Jaquelle il a éLé démontré que les gaz oxigène et hydrogène se réunissant dans les proportions de deux
volumes d'hydrogène et d'un volume d'oxigène 88, 9
oxigène; r r, 1 hydrogène en poirl!> , forment ce protoxide , a éclairé quell{ues phénomènes qui ont lieu
dans les corps organiques.
L'eau , menstruc principnl des élémens du globe , unie
nu calorique , à la lumière, aux fluides atmosphériques,
fournit à ces principes un moyen d'union , elle sert de
matrice à ces émanations de la vie de l'Univers, à ces
~lobulrs cle la matière active et nutritive d'où résultent les matériaux immédiats qui composent les corp&
orgnnisés.
Les élémens de l'eau existent dans tous les produits
du règne végétal ; la nécessité de ce liquide pour la
�( 229 )
"égétation qui est anéantie par sa privation , avaient
fait conjecturer que ce protoxide était la seule nourriture des plantes. Il résulte des trav11ux et des expériences des phytologistes modernes que les plantes retirent leur nourriture de l'atmosphère et du sol et qu'il
n'y a qu'une certaine proportion d'eau qui soit nécessaire à leur existence.' Mais le végétal fixé au sol , ayaut
besoin de trouver sa nourriture dans le milieu où ses
organes absorbans sont placés , reçoit ses a1imens à
l'état de dissolution aqueuse.
Ainsi , aucune des quarante-sept substances simples
solidifiables qui, se combinant dans la texture organique
des plantes , deviennent les matériaux immédiats de leur
organisation, ne peuvent être absorbées p::ir elles , sans
l'action dissolvante de l'eau qoi leur sert d'excipient.
L'eau , chargée des élémens de la nutrition végétale,
tendant sans cesse à se mellre P.n équilibre dans les couches de la terre, établit un afflux de p1·incipes nutritif
dissous par é1 le , vers les racines des plantes et des
arbres. Dans un grand espace de terrain , quand les racines ont absorbé les liquides qui étaient en conta<:.!:_
avec les ouvertures de leurs vaisseaux sévi-[ères , la
couche de terre , ne se trouvant plus en équilibre d'humidité avec les couches voisines, celles-ci en eêdent à
la première et de proche en proche les végétaux absorbent la nourriture qui leur est nécessaire. Ain ~ i ce
protoxide d'hydrogi~ne dPvient le principal agen' de la
végétation. Il ne fournit p:.is , par ses sruls principes,
la nourriture aux végétaux; mai~ il ron t1ibue es~rn
ticllement à leur alimentation et constitue la majeure
parlie de Jl'!urs sucs.
Les prin<:ipes g az <' UX , i dla m mahl r·~ , mPlalli ques ,
qui engen<lrPnt l r s acides , les alcalis ; d'n'i 1·1•sull cr.I li~s
divers agr=:regnts binaires, ternaires , etc. , que fo rmen1 l "
terres , les sels, les extractifs des terreaux , la matière
�( 250 )
c:harhoneusc des engrais, la magnésie , la silice et l'alumine qui font aussi partie des matériaux des plantes ,
sont tous plus ou moins soluble.5 dans l'e;iu ou le devien1.wnt par i'action de l'acide carbonique. C'est à l'aide de
celle dissolution et de la combinaison organique, qu'il
~ développe dans le végétal , cette proportion préduminunte de carbone qui constitue presque tout le squelette
li6neux et qui est la hase principale de la composition
des végétaux •
.Mais, outre <.elle propriété dissolvanle de l'eau , une
grande portion de ce protoxide se décompose dans les
plantes et spéci<ilemcnt dons les feuilles frappées des
rayons solaires ; l':icide carbonique s'y décompose aussi
d dans cette double décomposition, la majeure partie
de I'oxigèae de ces deux substanc,cs devient libre et s'exhale. Il en résulte une grande proportion d'hydrogène,
une elus grande de carbone qui ' s'unissant simultanément dans les plantes à une plus ou moins grande quanti1é d'oxigéne fixé, aux terres, aux sels el autres prin' ipe ~ dissous et introduits par l'eau , peuvent former
toutP.s es matières solides el liquides qui constituent le
corps dt•s \'é~é taux , les feuilles , les fleurs et les fruits
qu'ils produisent.
f:'csl dinsi qn'au moyen de l'eau, ces êtres organiques,
in terni· di aires enlre les minéraux et les animaux, reçoi"ent, des premiers , les élémcns de la matière brute
et inorganique , l'élaborent, la. combinent, la c~nver
t;s·wnt en leur sub.5tance propre et la rendent, par cette
modifirnlion, apte à devenir matière animale.
Dans la réunion des principes auxquels les minéraux
doiVl'11t leer origine el leurs propriétés ; parmi ces éléffi"n:: gazeux , i ncoërcibles , solides et liquides que le
règne végétal retire des fossiles que la force vég.étative
combine trots à trois , qu'elle assimile et dispose à denuir matériaux immédiats des animaux 1 l'eau est le plus
�( ~31 )
11bondant de tous, elle est celui sans lequel il ne peut
y avoir d'être organisé et vivant.
La série des proc~dés par lesquels les corps solides
inorganiques sont décomposés ; par lesquels les substances étr~ngères s0nt ajoutées à la matière animale,
sont modifiées et converties en produits organiques , ne
consiste pas .seulement dans l'action vitale des organes;
elle est encore le résultat n'une foule de phénomènes
chimiques dus en partie à l'action dissolvante de l'eau.
Ce liquide , principe dans la formation de tous les
corps de la nature , est le grand moyen d'union des
atômes qui' dans les circonstances favorables ' comuinés
sous la forme de matière gélatineuse , constituent le premier échelon de l'organisation animale. Ce protoxide y
est si nécessaire, il en est un agent si puis~ant que ,
sans lui, la vie organique phénomènale est impossible à
concevoir. Toutes les substances qui constituent immédiatement les animaux tiennent leurs propriétés physiques
les plus distinctives d'une certaine quantité d'eau qui s'y
trouve dans un état indéfini.
Des expériences nombreuses démontrent que l'eau qui
entre pour les trois quarts dans l'organisaiion des corps
animaux se modifie aussi de manière à se combiner avec
les autres élémeas de ces corps : en perdant ses qualités fluides , elle se fixe et cbncourt à l'accroissement
des êtres organisés. Elle devient ainsi un grand moyen
de nutrition.
Les soupes à la Rumfort où cette forme d'alimentation acquiert une proportion de principes alibilcs , si
au-dessus de celle des corps solides qui entrent dans
ces préparations, que , d'après les expériences de Moscati, sept onces de riz en soupe donnent autant de
MU1Titure qu-e vingt-une onces de pain provenant de la
farine du même riz, indique11t que l'eau contribue à la
réparation organique.
�( 2'.>2 )
'.A.bernetlii et Fordyce on~ vu lalose et la jeune grc..
nouille vivre et prendre de l'accroissement dans l'eau
distillée. Rondelet rapporte que des poissons vivant dans
l'eau pure , y augmentaient de volume et y acl'luéraient
un poids considérable. Les sangsues devenues plus usuelles , nous offren t journellement un exemple de la pro.,.
priété nutritive de l'eau pure. Enfin , ces innombrables
races muettes qui peuplent l'immensité des mers, cette
infinie variété d'espèces d'animaux qui lie régénèrent
jndividuellement par- million dans ces vastes Océans
où les produits de nutrition sont si exigus , ne trouvent-elles pas dans la décompoliition de l'eau qu'elles
assi milent et convertissent en leur propre !ubstance une
partie des élémens qui les vivifie , les nourrit et les féconde.
Dans les animaux: des classes supérieures où les combimiisons sont plus difficiles à saisir, on ne peut suivre,
n i calculer ces prog rès de nu t ri tion opérés par l'eau;
mais on n e peut méconnaître son ac ti on sur l'extrême
embonpoint que pre nnent certains individus. Cet embonpoint for mé par la graisse , dont le principal éléme nt es t l'hydrogène , prouverait d éjà que la décomposition de l'eau se fai t abondamment dans les tissus vivans. Cette grande p roportion d'hydrogène qui entre dans
la compositio n <les substances animales, comparée à la
petite qu antité q u'en contiennent les alimens solides
dont on se nourrit, ne pe ut s'expliquer que par la
décomposition de l'eau. Elle prouve que l'hydrogène de
ce protoxide entre en quantité dans la mixtion ehimique
qui s'opére sous l'influ ence des organes pour produire
le! ~lémens- de la m<iti ère animale.
L'eau pure comme boisson , introduite dans les voies
digéstives , les humecte, satisfait le besoin que fait
naitre l'ingestion des alimens solides et appaise l'ardeur que fait éprouver la perte continuelle des liquides
�( 233 )
qui a lieu par les divers émonctoires <lu corps. Absorbée
par les radicules veineux méz<lraiques et par les divers
Jymph~Liques, elle sert de dissolvant et rie véhicule aux
élémens qui composent' le corps des ;11.imaux, et les
instille dans la masse générale '.des humeurs. L'eau
augmente le volume du sang , le délaye , diminue b.t
consistance ; elle favorise lt.s m1•U\'Cmens de cc fluide
identique , comme ce lui de toutes les humeurs, converties en liquides spéciaux dnns l<'s c:ipillaires qui forment le parenchyme des organes : elle del'ient ainsi l'agent général des compositions et des décompositions organiques animales.
L'eau facilite donc cette fluctuation par hiquelle lès
élémens de l'organisation se meuvent , pénètrent dans
tous les poinls <le l'organisme ; se co111bi nent et revêtent une infinité de formes qui se renouvellent saus
cesse, par une action qui n'est jamais su~pendue. Ce
pro(;éclé par lequel ces élémens saturés de toutes les
transmutations organiques sont convertis en matériaux:
immédiats de l'organisation , consiste dans la soustraction gradative d'une quantité excédante de carbone et
d'oxigène qui distin.gue les produits qui se ressentent
encore <lu caractère de substunce alimentaire, de celui
de liquides animalisés : elle consiste surtout dans la
fixation d'une quantité proportionnée d'hydrogène et
dans l'accessi~n et la combinaison progressive de l'azote
qui est la base de la Gomposition de ces corps et sans
lequel la nature animale ne pourrait exister.
C'est par cette continuité de mouvcmens fonctionnaires et d'inUuences vitales que les élémens des corps
animaux depuis l'état d'aliment et de boisson jusqu'à
celui de solide organisé , offrent les progrès successifs
par lesquels ils sont formés en matériaux immédiats
de l'organisation, montrent les nuances par lesquelles
T. VII. Avril 18:z.4.
31
�ils sont changés en gélatine , albumine, fibrine , matiére
colorante, mucus odorant et parviennent à ce haut degré d'élaLorJtion qui constitue la matière animale mobile dont l'eau forme la 900, millième partie.
Cette matière animale mobile , pi oduit de l'addition
des substances étrangères , modifiées par l'acte congrégatif des organes , résultat des exhalations lymphatiques , des émanations parenchymateuses ; mélange d'extraits des sucs pulpeux, glanduleux, fibreux, membraneux, ul'seux, etc. , auxquels l'eau sert d'excipient, parcourt tout l'organisme par un mouvement progressif et
continuel; elle traverse et pénètre dans les tissus les plus
fins el les plus reculés ; elle y dépose la molécule réparatrice qui leur est propre , qui par une dernière modification vitale , est convertie en tissu identique et devient matière animale fixe.
Dans cette tendance vers l'omogénéité ol\ les combinaisons sont si complexes , où les principes combinés
sont si al térés qu'ils ne retien.n ent plus rien d'égal,
rien de semblable aux substances dont ils proviennent,
la composition et la décomposition des tissus ne s'opère
que par des pertes et des acquisitions de principes centralisés. Dans ce passage par lequel la matiere animale
mobile prend la forme fixe , lors de cette condensation
organique identique où chaque molécule se classe dans
son systéme respectif et s'y coordonne dans le point
du tissu qu'elle est destinée à réparer, une partie du
calorique rombiné et latent qui la tenait en étal de liquidité se dégage , devient libre et produit cette cha·
leur animale i;ensible de vingt-neuf.d~grés et demi , en·
tièrrment distincte de la température ambiante.
C'est cette chaleur animale qui, réunie au mouvement,
à la synergie d'action rayonnante , dans les corps organisés , établit les conditions indispensables au développement de la vie et à l'exercice des fonctions.
�( 255 )
Ce calorique latent , principe cle toute composition ,
celte essence de la matière dérivant de l'immense atmosphère qui nous entoure et nous presse , ce fluide
électrique animalisé par l'influx nervculi. et l'u ction
moditiante Lies organes, d<'v1::nu libre par le passage ùes
liquides nutritifs à l'état de solide oq;aniqu<i s'interpose
dans les parties les plus tenues, les plus aqueuses et
les moins conrrescibles de la matière <inimale mobile ,
les vaporise et favorise leur transsudation par les tuyuux
vasculaires vers les superficies. C'est par celte transmutation dont on observe journellement le phénomène
d'une manière apparente sur les animaux récemment
ouverts et encore palpitans de vie que l'eau en état de
vapeut· animale traverse tous les points des tissus ou
parenchymes organigues , les lubrcfie et y entretient
cette chaleur haliteuse qui établit leur température habituelle, procure à quelques tissus l'élasticité et à tous
la flexibilité et la souplesse nécessaires à leurs fonctions.
La surabondance de ce calorique ellcitatcur de la vie ,
de ce fluide expansile atmosphérique qui s'insinue dans
l'économie par les voies pulmonaires , ~·y modifie, s·y
sublime et s'anime depuis son état de ~impie combinaison
avec le chile , jesqu'à celui d'albumine cérébrale , servant d'yppomochlsium aux opérations de la pensée.
Ce calorique, dis-je, continuellement dégagé dans tous
les points organiques pendant la condens.1tion de la
matière animale, a besoin d'être exhalé pour maintenir
la tcmpfrature des organes à ce degré indispensable à
l'exercice des actes de la vie.
L'eau, cette partie prédominante de l'humeur de la
transpiration , qui est en outre chargée du carhone superflu à la transmutation des matières végétales en
substances_ animales ; de la gélatine odorante ou oxide
animal individuel, du lactate de soude , du phosphate
de chaux et autres produits excrétés à la surface des
�( 256 )
tégumens , est encore destinée à émettre par cette voie
le calorique excedent. Cette perspiration aqueuse qui
s'exhale du corps sans interruption et dont la quant!lé
moyenne a été évaluée à 2 ki lugrarnmt's 798 par vingtquatre heures , est encore le véhicule que la nature
emploie pour débarrasser les animaux de la surabon~
dance de chnleur dont l'<.1ccumulation ne tarde .. ait pas
à leur être nuisible. L'eau devient ainsi la cause pt incipale qui s'oppose aux dangers que tous les êtres organisés vivans éprouveraient de la trop grande élévation
de température que. produit le dégagement continuel du
calorique dans l'organisation,
Le corps animal , vrai microcosme dont les organes
sont des foyers d'uctes compositeurs et décompositeurs,
est considéré comme un filtre trayersé par les divers
fluides qui se chargrnt de toutes les m<itieres inutiles
ou nui.-iblf's, se satu1·cnt des divers sels et autres substances terreuses dont la surabondance 011 le séjour prolongé ne tarderaient pas à altérer la mi:-tinn animale.
Sous ce rapport, la sécrétion urinaire dlint l'eau forme
les 933, oo peut être comparée à une sourre qui sourd
et émet, par les voies urinaires , les dilférens maté1 iaux
des dépurations et les dét1 ilus des décompositions organiques dont les corps animaux ont sans cesse besoin
d'être dépouillé.~.
L'eau est, comme l'air , une des conditions nécessaires et indispensables aux actes dl' la vie des êtres
organisés. C'est dans l'eau que le sphœrula, l'enchelis
viridis , le cahos redivivum, que toutes les molécules
végctales et animales qui ont acquis les dispositions à
vivre, développent leur vitalité. C'est par l'eau que les
lichens crustacés , les mousses , le tardigrade, le rotifer,
que le fraix de poisson , etc., qui cessent de végéter, de se
mouvoir et de vivre , quand on les désseche, reprennent leurs fonctions vitales, même des années. après
�t
.:157 )
qu'ils ont ainsi oublié de vivre. L'eau pure combinée
à des principes gazeux , au calorique, à la lumière ,
concourt encore à donner l'e:xistence à des bissus et à
des insectes. Enfin , c'est dans l'eau spéciale de l'amnios
de la femme que le fœtus humain se développe et accomplit ses organes.
1 L'eau , dans ses divers états de température, ingérée
comme médicament ou appliquée à l'e.xtérieur comme
topique, a aussi la prop1 iété de <léterminer des médications bien appréciées dans différens états pathologiques. L'eau glacée, prise casuellemerrt dans des tenips
opportuns par des sujets doués de beaucoup d'énergie
vitale, opère sur l'estomac une réaction salutaire qui se
communique ,sympathiquement dans toutes les parties
du corps et y produit un sentiment de bicn·être et de
vigueur agréable. Après Aretée et Celse, qui avaient reconnu l'ac tion s<ilutaire des affusions d'eau froide dans
divers états pathologiques, Cirillo , médecin de Naples,
est un d<>s premiers qui aient observé les effets curatifs de l'ea u glacée : il la prescrivait à la dose d'une
ou deux livres, toutes lt:s deux heures, dnns des fièvres
du plus mauvais caractèi'e, où C<' seul remi·dc se présentait comme l'ancre de salut. L 't au, à l'étal liquide ,
prise froide, est une boisson excilà nle lnniqu ". À•'enbrugger, médecin de Vienne en Autriche , a1!111ini.-tra1t
l'ean froid e très-pure à la dose d'une livre par h eure ,
pour condJ<illre rette forme de mélancolie qu'il appelait
rage intérieure, où l'en~o1>gement atonique rles viscères
hypocondriaques, développ;rnt chez les indi1·idus qui
en sont ;i[ecl{s, des mouvemens tumultueux, les idées
les plus sombres, le découragrment et le désespoir ,
prorluit, en eux, ce pt>ncbant irrésis1 1ble a11 suiride,
appelé spleer:l, ou maln<lil' anl'!laise. Au rapport dPs voyageurs, l'ingestion d' une quantité comidérable d'eau
froide appaise les symptômes alarmans des fièvres cha1:1-
�(
~58
)
des , promptement mortelles auxquelles sont fréquèmment exposés les habitan.; des climats voisins des trupiques. L'eau à la glace prise en boisson et en lavemens
calme les accidens nerveux de l'hystérie et de l'hypochondrie.
L'action de l'eau tiède, abondamment ingérée, favorise
)a secrétion de la sueur et celle des urines. L'eau douée,
par elle-même, d'une propriété essentiellemènt délayante,
diminue la consistance des humeurs et attenue leurs
qualités irritantes. Véhicule des substances ingérées ou
injectées, elle devient un agent essentiel de transmis$Ïon des corps médicamenteux introduits dans l'organisme, pour obtenir les changemens salutaires désirés.
L'eau appliquée à l'extérieur, opère non-seulement
une action primitive sur les tissus dermoides , mais, en
les modifiant, elle produit des effets indirects dans toule
l'économie.
On connaît les heureux effets de l'application de l'eau
iijlacée , dans les pertes considérables de sang , dans l'anévrism~, dans la hernie par eugouemcnl. Elle a élé
;ippliquée avec succès sur la tête , dans quelques apoplexies sanguines, dans des cas de céphaliLes intenses, et
d'hémorragies nasales; dans l'état de délire furieux. Elle a
aussi réussi en épithème sur le bas - venlre , dans des
gastrites, des colites, des hépatites, dans t'inerlie gazeuse
du tube intestinal; mais les avantages · les plus incontestables des applications de l'eau glacée sont ceux qu' die
produit dans les asphixies générales !':t parlielles.
Les frictions glaciales que Samoïlowitz prescrivait dans
la grande peste de Moscou et qu'il réitérait jusqu'à cc que
les forces euss< nt repris vigueur , fournissent un fait
marquant de la facullé que l'eau glacée, appliquée sur
les surfaces cutanées , possède pour déterminer la résistance vitale de toules les parties du corps. Le trouble
a;ubit que l'action de la glace produit sur la périphérie,
�( 239 )
détermine sympathiquement des médications dans lot1tes
les parties de l'organisme. Elles éprouvent une réactioa
extraordinuire par laquelle la puissance physiologique
parvient à dominer l'activité morbide du fü:au qui ies
oppnme.
Les alfusious froides qu'on fait avec une eau tempérée
de r 2 à r 5 degrés et dont on proportionne le nombre
aux forces du sujet et à l'intensité de la maladie, offrent
aussi un m-0yen perturbateur, apte à opérer une réar.tion
salutaire des forces vitales, nécessaires au libre exercice des fonctions organiques. Elles sont indiquées pour
dissiper par une bienfaisante diaphorèse celte chaleur
morbide, âcre au toucher, qui , accumulée et ne pouvant s'exhaler constitue souvent à elle seule les maladies
ou les tiggrave considérablement. En I 737 , ce mode
d'action de l'eau froide sur la peau fut tenté avec succès
par Dehahn dans une épidémie de tiphus contagieux. Il
a été ensuite heureusement employé par Gregory et
Brandeth. Les succès signalés obtenus par ce genre de
médications dans les premie1 s périodes des tièvres fruptives , par Currie , dans ta variole et la rougeole ; par
Gerard , de Liverpool, dans la scarlatine; par Gianr1ini.,
dans les fièvres miliaires et pétéchiales démontrent qu'oa
pourrait , dès les premier ou second jours, détourner 011
arrêter ces alfectinns dans leur cours naturel au moyen
des affusions ou immersions d'eau froide convenablement
11mployées.
M. le docteur Froelic!1 a constaté et confirmé par
une longue série d'expériences les effets avantageux de
l'application extfrieure de l'eau froi<le dans diverses maladies aiguës. Ce médecin de Vienne a reconnu que le premier et principal remède contre les affections thiphoïdes et
les éruptive11 pétéchiales était les affusions d'eau froide
dont il modifie la température nu degré de chaleur fébrile
qui l'exige d'autant plus basse que son intensité est plus
�( 2Lfo )
grande, Cette application doit être réitérée plusieurs
fois dans la journée suivant que la chaleur et l'aridité
de la peau 1·eparaissent plus souvent. Il démontre, ainsi
que Currie et Gerard , que la fréquente répétition de ce
moyen réfrigérant (:St surtout imrninemment utile dans
la scarlatine. M. le docteur Froelith a observé que l'action de l'eau froirle était nuisible dans tous les cas où la
chaleur du corps des malades ne s'élève pas au-dessus
du 99 ° degrés rle Fahenrhe.it et il recommande de s'en
abstenir complètement dans les états de s11ppurations et
d'altérations organiques.
S'il m'est permill de· placer ici une de mes observations
à la suite dP celles des médecins célèbres que je vien~
df: citer, je rel11terai un exemple bien notable des effets
promptement f'fficaces de l'immersion froide dans les
affrctions tipho'1des aiguës.
Le 27 juillet i797, une expédition navale partit de
Toul•rn pour Venise , sous les ordres du contre-amiral
Brueys ; j'y étais chargé de la direction du service de
santé du vaisseau de 80 canons le Tonnant. Pendant
le cours de celte missiun , qui dura environ huit mois,
les équipngcs ne furent exposés à aucune cause de mala~
dies qu'on eut pu attribuer aux influences du climat, de
la nourriture , des fatigues corporelles, des peines morales ; ni à l'encombrement d'individus. Ces équipages
furent néanmoins atteints ùu typhus gravior des vaisseaux , je n'ai pu rapporter la cause de cette épidémie
qu'à l'usage des eaux insalubres , saumâtres et putrides
d'un étang où , pendant deux longs relâches à l'isle de
Corfou , on puisa l'eau qui était nécessaire au service
de l'escadre. Cette maladie, qui se déclara en janvier
i798 et continua de régner à bord des vaisseaux pendant la traversée de Corfou à Tuulon, nikessita dei
ucours et des soins assidus.
Parmi les nombreux malades qui en. étaient atteintll
�( 2/~I )
à horcl du Tonllant , un matelot calfat éprouvait une
chaleur brC1hmte , âcre et mordicante au toucher, accompagnée de céphalalgie et de délire continuel. Le septième jour de la mufadie , après ma visite du soir, je
venais de le quitter avec les s.rmptômes qui annonçaient
_.,
le plus grand désordre des sens et ceux de la contractilité musculaire , exprimés par des rnouvemens désordonnés de carphulogie qui me faisaient craindre de
le perdre prochainement. Je m'étais à peine délassé quelques instans à voir l'escadre doubler le Cap-Corse , pa1·
une brise de vent favorable et une mer calme , lorsquç
je fus promptement rappelé au poste des malades , pour
secourir un homme qui, tombé à la mer, venait d'en
être retiré. Cet homme etait le même matelot calfat,
atteint de typhus, qui , dans 'le délire, avait quitté
son lit, plaeé au centre du vai~seau , à stribord de la
batterie de 36. li était nipidement passé sur le bord de
la grande écoutille , avait parcouru la batterie jusl{u'à
l'échelle de babord pour monter sur le gaillard d'avant
d'où il »e précipita dans la mer. Il y était reslé avec la
tête et les extrêmités pectorales et abdominales plongées 1!ans l'onde et ne paraissant que le dos, tout le
ten1ps nécessaire pour qu'une embarcation put aller l'en
retirer.
Ce malade fut promptement essuyé , seché et replacé
dans son lit. Dés ce moment , il ne présenta plus aucun phénoméne morbide , sa peau était fraîche et t1aturelle au toucher; le pouls avait repri,; son rithme normal; sa langue, auparavant sèche et r<iboteuse, ;'était
humectée , le délire avait disparu. Le malade qui ne
conservait aucu~ souvenir de son état précédeQt , répondait d'une manière lucide aux questions qu'on lui
adre-ssait, demanda à manger. Il entra dés-lors en pleine
convo.1lescencé et quitta le poste des malades hvit jours
après.
T. Vil • .d.yril i1h4.
32
�(
::242 )
La médecine retire encore des avantages réels de
l'application de l'eau tiède chauffée de vingt à vingtneuf degrés. Les fomentations d'eau chaude sont souvent
utiles dans les inflammations , les douleurs ei..ternes et
)es ;1[ections cutanées. Elles sont très-efficaces dans
les phlegmasies internes de la poitrine et du bas-ventre.
L'usage convenable des bains d'eau pure chaufiëe endessous de la température du sang, entretient la pr6preté du corps , adoucit la peau , rend la transpil-atioh
ins ensible plus libre , facilite le mouvement des hum eurs it l rnvers J.es réseaux vasculaires c1;1tanés et riroduit le cnlme. général dans tout l'organisme. Hippocrate
orùonnuit les bains chauds et les fomentations d'eau
tiède sur les lombes , dans les ulcères de'l> reins , pendnnt le puroxysme de la douleur et dans les souffrances
néphrétiques accompagnées d'un amns de graviers dans
les reins ou dans les conduits urinaires.
L'observation démontre que l'immersion dans l'cuu
tiède ralfraichit et répare les forces épuisées, lorsque
le corps est fortement échauffé p..ir •le viole11s exercices
ou les fatigues d'un voyage. En humectaat les frssus
et modifiant l'action irritante des liquidr• , l'eau rallentit
cctle rigidité, ce racùrnissement qai h·' te la viei1bsse.
Les anciens devaient en partie leur bonne santé et la
Jon€?évité à l'usage modéré des bains chaud·s , « srne~tu
7wwinum 1Jalnea calida, a dit Philastrate '" Les pois>ons
vivans dan.~ l'eau, comme le fœtus dan~ la liqueur de
l'amulos restent jeunes . et mous. Leurs -0rganes ne
durcissent presque jamais; les canaux de leurs fluides
nourriciers, s'obstruent difficilement et chez eux, cet~
sécheresse , cette rigidité de la vieillesse a peine à 'Se
montrer.'
L'eau modérant ainsi les mouvemens vitaux, retarde
cette concre'S'cibilité qui , dans l'àge caduc, tmd à opérer
la solidification de l'azote en cha11x qui eit le terme na-
turel de l'existence animale.
�( 245 )
Eaux de Marseille. - L'eau prise à la température de
l'atmosphère, est la boisson la plus naturelle à l'homme.
Dans son état de pureté , elle produit sur lei; fonrtions
de l'organisme de3 effets qui influent d'une manière marquée sur les habitudes de l'intelligence, sur les affections et les penchans des peuples , et sur leur longévité. Tous les principes qui l'éloignent de son état binaire conslitutif, ont enfin une action qui favorise ou dé·
range les fonctions de la vie et altèrent l'équilibre de
l'organisme vivant.
Il est d'une haute importance pou1· la santé des populations que les eaux dont elles font usage se rapprochent le plus possible de l'état de pureté qui les
rend transparentes , incolore& , s·a ns odeur , presque
sans saveu1· et de ce degré de légereté qui, exprimant
en gramme le poids d'un centimètre cube, él~tblit ce
liquide i;omme l'unité ou le terme de comparaison de la
pesanteur spécifique des autres corps.
Marseille était autrefois une des cités les plus favorisées du rpyaume par l'abondance et la bonté ries
eaux qui eoulaient de ses fontaines. Au rapport de l'histori.en de Ruffi , les soins paternels des évêques à qui
appartenait l'admini!>tration supérieure de la haute ville ,
avaient été particulièrement dirigés vers la recherche
des eaux vives p.ures et salubres dont le territoire abonde.
Pl!lsieu rs sources d'eau pure fi,1rent Lro)lvées et conduites
dans la haute ville par divers canaux qui :iffiuaicnt clans
le grand aqueduc , vulgairement eppelé les arcs , bâti
aux frais des h~hitnns , il y a prês de sf' pt ~iècles.
Les eaux d'excellente qualité qui coulaient des fontaines
provenait alors de ces diverses sources : m;iis depuis
environ deux cents ;,ms que ces canaux ont été successivement elJlbourbés et obstrués, la ville C'~t <:n p;irtie
privée de la quantité nécessaire de bonne eau qu'elles
fvurni.ssili~nt. On a été forcé de recourir au)( eaux d
�( 244)
l'Hu\·eaune et quelquefois de Jarret pour subvenir aux
he1>oins <les habitans.
L'Huveaune prend sa source dans le département du
Var , à quelque distance du village de St.-Zacharie 1
nu Nord-Ouest <le la chaîne de montagnes calcaires de
la StP.-Beaumc , au pied de celle de la .Sambuque. Celte
. rivière coule par la vallée gipseuso qui est entre St.Zacharie et Auriol , dans un · bnssin de poudinque limoneux, élevé de deux-cent-quatre-vingt-six mètres audessus du niveau de la mer. Ses eaux sont épanrhées
sur un plan incliné , dont la rapidité se i<outient à-pcuprès au terme moyen de sept mil!. , 91 par mètre , .jusqu'à son embouchure 11u golfe de Marseille.
Les scarpemens de la Sninle-Beaume et les terrains
sur lesquels les ruisseaux et les torrens qui affluen t
dans l'lluveaune , promènent leurs eaux , sol'lt tous de
nature calcaire et gipseuse ; aussi les eaux qui roulent
sur la surface <le la terre dans un cours de trente-six
mille mètres , sont imprégnées d'une grande quantité
<le chaux carbonatée que cette rivière rejette en partie
sur ses bords en forme de tuf.
Ces dépôts salins et terreux et l'abondance des eaux
qui y affiuent du Sud-Ouest de la Sainte-Beaume , par
]es ruisseaux du Merlançon et de ln Véde, modifieraient
beaucoup les qualités séléniteuses de l'eau que l'Huveaune donne à Marseille , si , au village de la Penne,
elles n'étaient rléviées pnr les canaux qui les dirigent
vers Saint-Marcel, la C:apellelle <'t SainL-Giniés.
Du village de la Prnne, la rivière n'est presque plus
nlimentée qui! p:ir l'écoulement des ruisseaux et des
ravins des montagnes crairuses cl f(ipseuses au travers
<lPsqu r lles elle coule jusqu'au quartier de la Pomme.
C'est dans ce point du terroir 1 distant d'environ six
mille mètres de la ville, qu'est prise , danstl'Huveaune,
la majeure partie des eaux qui avivent ses fontaiqes.
�{ .245 )
C'est de là qu'elles sont dérivées, par un conduit souterrain , dans le gl'and aqueduc public , qui a été reparé
et en partie rebâti par la communauté en 1449.
Ce canal souterrain, qui a déjà re<,< u un volume d'eau
de celui de la Bief, traverse au-dessous du lit du ruisseau tie Jarret (autrefois appelé ;errenus fluvius) sur
lequel Ôn a pratiqué , à la distance de 1500 mètres de
la ville , un conduit par lequel les eaux de ce ruisseau
sont versées dans le canal commun , quand elles sont
nécessair.e s au service urbain.
Toutes ces eaux sont dirigées dan11 la ville par le
grand aqueduc qui , après avoir traversé au-dessous des
propriétés rurales depuis la Pomme jusqu'à la ville,
s'ouvre à l'entrée de la rue du Bernard-du-Bois , vient
passer sur les arches de la Porte d'Aix et continue sa
direction jusqu'au lavoir de Sainl - Laurent, dans le
quartier de Saint-Jean. On retrouve encore qudqucsunes des anci1mnes sources qui s'ouvrent dans cet aqueduc qui , dans son trajet drpuis le Bernard-du-Bois ,
distribue aux divers quartiers la plus grande parlie de
l'eau potable nécessaire aux habitans de Marseille.
La grande quantité de carbonate et de sulfate de chaux,
jointe aux sables, aux dissolutions organiques et autres
immondices que les eaux de !'Huveaune et de Jarret
charrient, les rendent terreuses et il'lcrustantes. Elles
forment aux parois et au fond des vases où on les dépose, une croMe épaisse , noirtttre, quelquefois fétide
dans la saison de l'~té.
Ces eaux de la rivière qui avivent la majeure partie
des fontaines de Marseille, ainsi que celles du plus
grand nombre des puits particuliers, qui filtrent à traYcrs les cnurhes de terrains de form;ition gipseusc et
rraicuse SlJ.J' la nappe commune d'argile qui les rcti f" nt
et leur sei"t de réservoir sont toutes séléniteuses. On
les reconnoît au précipité blanc que produisent sm· elles
I
�( 246 )
le nitrate de baryte et surtout l'oxalate d'ammoniaque
L'usage des eaux ainsi chal'gées de principes étrangers, peuvent déterminer diverses maladies. Hippocrate
av~it ùéji1 remarqué que les eaux salines et dures, qui
cuisaient difficilement les légumes étaient nuisibles à la
santé.
Quoique l'habitude, qui modifie considérablement
l'organisation animale. puisse alîail.>lir à la longue et
rendre peu perceptible~ aux effets insalubres cle c12s espèces d'canx, elles agissent néanmoins quelquefois puissarinn,.nt sur €ertaioes .constitutions plus souples aux
impressions des a~ens nuisibles. L'observation démontre
que les eaux crnes et dures, chargées de dissolutions
organiques , de su!:>stances terreuses ou de sels calcaires
sont pesantes sur l'estomac et ngissent d'une manière
pernicieuse sur les organes de la digestion en altérant
leurs fonctions. Il en résulte souvent des extases, des
phlegmasies latent~s dan$ la plupart <les visr.ères du
bits--ventre; les sucs qu'ils sont chargés d'élaborer sont
viciés et leur absorption est gênée. Cet état morbide
des organes abdominaux a pour résultats secondaires
toute la série des exaltations anomales de la cœnesthésie
et cette variété d'accidens nerveux , .d'affections vaporeuses de formes prothées qui caractérisent l'hypochondrie et la mélancolie , si communément répandues
de nos jours. Hippocrate attribuait la fréquence des
alfeetions maniaques dans certains pays aux mnuvaiszs
eaux.
La ville infi!rieure a conservé les anciennes sources
qni lui donnaient de bonnes eaux concurremment avec
une partie de celles du grand aqueduc , qu'on avait
achetées .le la haute ville Ces sources locales sont :
1. ° Celle qui anciennement était appelée ]a fontaine
.TuJiève, aujourd'hui connue sous le nom de Grand-Puits.
Cette source sort d'un bâtiment .llouterrain de figure
'
�( 2f~7 )
carrée, situé au haut des Allées de Meilhan ,à l'angle
du Chapitre sur le chemin des Capucines. Elle donne
trois touràns d'.eau dont deux alimenteBt le Gr~11d-Puits
et les quarticl's voi s1ns , et le troisièrr.e va se rendre
au bord du qi.iai , à la fontaine des Augusûns.
z.<> Cél1e dite de la Fradie, dont l'eau -est exœllen\e; élie sort d'un puits situé au haut de 11:1 rue des
Dominitaines à s-0n etnb1'anchement du côté ·du NOl'd
de la rué de la F-are . s~s eau:x, ainsi que 'Celles du
Gran<l-Puits , sont distribuées dans les qffilrtiers des
Ilécolets , St.-Ma1;tin ~t les rue!; latérales du Cours.
3. 0 La sourcè dil:e tlu Puits Jl..louret , qu~ pœs& "11es
eau li: à a piàce extérieure -Oe la Porte d'Aix, a son
einLr,mohement à l'entrée de la rue du Bon-Pasteur.
4. 0 ll existait autrefois au bas de la me d'Aubagne,
vis-à-vis de celle -de St.-Ferréol-le-Vieux , une soune
-qui fournissait de la bGnne eau aux maisons de la 'rue
St.-Ferréol et aux environs.
5. 0 L'église de la Palud a, dails son en1placeme~t,
lin puits dont l' eàu <toulalt à la "!'Oe d·e, la D .. rce, d'une
'fontaine publique, qu'on appelait la Fontaine-d'argent.
6. 0 Un puits , situé dans la rOe Lafond., fournissait
-:iussi l'·e au à deux fontaines publiques qui coulaient à
la Place extérieure de Rome.
7.u A l'angle du Canal Ùll porl:, dit la Rütonde , roule
une sou1 ce du ''olume de plus d'un denier.
8. 0 'Au -Quai du port , dit le Juge-du-Palais, sourd.
une source qui coule dans la mer.
L'u'ne de ces dE!ox dernières sourcr.-s doit -être celle
d'un grand puits que les anciens Marscill&is àppelaient
pute~s j()rmigârius , dont l'eau était si abo1tdari~e qtt'elle
n'olfra'it jamais aucune diminution ·de V'olome , par les
plus graàde's sécheresses. •Ce puits fournissait ,l 'eau aux
navires qui y puisaient Ja prov}sion pour leur voyage.
'Cette ·ca;u qui , ~'trois ou ·quati:e jours après avofr ët-é eri.i..
�( 24e >
tonnée , s'altérait , devenait trouble, puante et restait
dans cet état pendant huit à neuf jours, reprenait ensuite sa transparence , sa limpidité et toutes les pro.priétés caractéristiques d'une eau de bonne qualité qu'elle
conservait alors plusieurs années de suite.
L'eau de la fontaine de l'arsenal de Toulon, où les
vaisseaux du Roi font leur provision de campagne , offre
l es mêmes changemens, J'ai remarqué les mêmes phénomènes à Constantinople , sur l'eau d'une fontaine du
faubourg <le Topana.
L'odeur fétide- que ces eaux exhalent dans les premiers jours q11'elle sont abandonnées à elle-mêmes , dans
les barriques, me paraît due à la présence de matières
azotées qu'elles contiennent. On les reconnaît par les
précipités Goconneux que produit sur elles l'instillation
du ch)ore et l'infusion de noix de galle.
Les nouveaux quartiers de Marseille possèdent encore plusieurs sources particulières qui fournissent aussi
des eaux de bonne qualité.
r. 0 Les maisons situées au Midi de la Canebière jouissent routes de bonnes eaux, qui proviennent d'un puits
particulier, situé entre la rue de !'Arbre et celle <lu
Thubaneau , à la hauteur de la partie inférieure de la
Place Noaille.
0
2. 0 Dans le chay de vin, situé rue Grignan , n. 65,
P.n face de la Place Monthion , existe une source dont
l'eau pure se perd dans un conduit qui débouche au
Canal du port.
3.U Au bas de la rue Sainte , est une autre source qui
se perd dans l'égout public.
La ville de Marseille possède , en outre , plusieurs
puits publics dans divers quartiers de la ville : tels que
ceux qui sont situés i. 0 au Couchant de la Place intérieure de la Porte d'Aix , et un second , au Levant de
la tnême place ; 2.e au Grand-chemin d'Aix , près l'au-
�(
2
Li9 J
berge dite des Treize escaliers; 3. 0 au local du Chapitre;
4. 0 sur la rue latérale des Allées de Meilhan , en face
des maisons n. 0 ' 6 et 8; 5. 0 dans la raffinerie de sucre
située au haut de la rue des Convalesceos; 6. 0 sur l'emplacement dit des Gr~nds-Carmes ; 7. 0 auprès de !'Observatoire , dâns la rue du Puits-Beaussenque; 8. 0 à
l'entrée de la rue de !'Évêché , vers l'angle Nurd de
la Place de Linche; 9. 0 dans la rue du Panier; 10.0 au
milieu de la rue Bouterie, quartier de Saint-Jean ; II. 0
dans la cave des bureaux deila préfecture , est un puits
trouvé récemment dans un canal qui traverse l'hôtel.
Ces puits , qui sont ordinairement fermés, pourraient
être ouverts et subvenir aux besoins publics dans ces
époques de grande sécheresse où la rivière de !'Huveaune
et la plupart des puits de la ville ont été à sec , ou que
leur volume d'eau a considérablement diminué.
Le fléau le plus grand et qui alfec.:te le plus communément les sociétés civilisées, est la sécheresse des saisons. La rareté, l'insuffisance ou le manque de nourriture qui en résultent , répandent la désolation , les maladies et la mort dans les contrées qui en sont affligées.
Les plantes dont les racines peu enfoncées dans la
terre ne peuvent puiser profondément les élémens nécessaires à leur végétation , périssent par la privation
d'eau. Ces plantes annuelles sont précisément celles qui,
dans l'état actuel de la civilisation, fourniisent la nourriture à l'homme; l'histoire des trop nombreuses époques
où le manque de pluies a causé le funeste spectacle de
leur destruction, se prdsente ici douloureuseiment à notre
souvenir.
Dans ces affligeantes circonstances , la mortalité s'est
pron(}ncée dans une progression plus ou moins alarmante
en raison~des degrés de la sécheresse quî faisait manquer plus. ou moins complètement les récoltes, qui enle-;
T. VII • .AvrW.
18~4.
33
�(
250 )
vait plus ou moins ces produits indispensables que l'industrie humaine doit altendre de la nature.
Les siècles précédens ont offert, de temps à autre,
dans Marseille et dans toute la Provenee , des exem.
ples de ces sécheresses considérables qui ont presque
toujours précédé de grandes calamités publiques, ou
coïncidé avec elles.
La sécheresse de l'année 1294 précéda l'épizootie des
années subséquentes; celle de 1348 coïncida avec la
peste qui affligea Marseille la même année ; celle de
1364 fit périr toutes les plantes , causa la famine et un
grand nombre de maladies les années suivantes. La sécheresse de 1501 fut suivie de la peste de 15o3 et 1 504.
En J 509, lfils sources tarirent dans toute la Provence
par une sécheresse de 80 degrés , la peste se manifesta
la même année. La sécheresse de 1639 f~t suivie du
même fléau. Pendant celles de 1654. , de 1655 et de
1656, la population de la ville souili·it de la disette et
de maladif:s graves qu'elle occasiona. La sécheresse de
1670 détermina beaucoup d'affections parmi Je peuple;
celle de 1708, fut suivie de la disette• et d'une grande
mortalité en 1709 ; celle de 1712, où toutes les
.sources tarire,nt, fit manquer toutes les récoltes , fut
.suivie de la famine, qui occasiona 1des épidémies et
des épiz_ooties. La sécheresse générale qui eut lieu clans
toute l'Europe, en 1719 , se fit ressentir à Mar1<eille et
y produisit une grande disette à laquelle succéda la
peste de 1720. En 1751 , les sources tarirent et on ob.serva , cette année , des lèpres et beaucoup d'affections
inflammatoires. A la sécheresse de 1770, succédèrent
les épidémies qui ont régné pendant les années 1771 ,
r772 et 1773. L'épizootie da 1793 coïncida avec la
grande sécheresse de cette année. Depuis cette épo·
que, le besoin d'eau s'est plus ou moins fait sentir;
mais il n'a jamais été porté au point de produire des
�~
calamités qui pussent in!luer sur la santé publique d'une
manière générale.
Des observations exactes ont démontré jusqu'à l'évidence que l'abondance ou le manque d'eaux potables ,
que leurs qualités pures ou altérées influent puissamment sur la santé des habitans des pays qu'elles avivent; que la régularité et l'abondance des récoltes
qu'elles fa'vorisent, ont des effets prononcés sur la diminution des malàdies , de la mortalité des peuples, et
sur l'augmentation de la propagatio11 de l'espèce humaine .
.M. le comte de Villeneuve-Bargcmont, dont l'intelligence éclairée est constamment dirigée vers l'intérêt
national qui repose sur la santé , la prospérité et l'amour des peuples, a , dans ces vues , conçu et suggéré ,
le projet de soutenir les eaux des rivières du département des Bouches-du-Rhône , de manière à pouvoir les
faire servir, à volonté , à l'irrigatioR des terres arides ,
avant qu'elles aillent inutilement accroître la masse
de celles de la mer. L'exécution dl' ce beau plan., en
augmentant la fécondité des terres et eu secondant la végétation des plantes annuelles , assurerait à jamais les
récoltes de ces contrées contre les sécheresses accidentelles et serait-un moyen bien sfrr de garantir dorénaYant le département des Bouches-du-Rhône des calamités que nous venons de relater.
Mais la ville de Marseille , considérable par les cent
mille habitans qui y vivent; par les nombreux étrangers
que son commerce et l'échange de ses productions y
attirent , par le rang qu'elle occupe parmi les grande~
villes du royaume , mérite aussi de fixer sérieusement
la pensée de ses magistrats sur un objet aussi important.
Les moyens d'assurer et de procurer en tout temps à
eette ville~ une quantité suffisante et peu variable d'eaux
potables très-pures , sont au pouvoir de l'homme.
Les meilleures eaux 1 les plus abondantes et les plus
(
251
..
�t
252 )
rapprochées de celte vilie sont celles qui sourdent de la
Sainte-Beaume, par le rocher de Saint-Pons. Elles sont
très-claires , très-Limpides , aucun corps étranger n'en
altère la transparence et elles ne déposent aucune incrustation. Leur saveur est vive et fraîche, elles sont
inodores et entrent facilement en ébullition. Elles cuisent les légumes sans leur communiquer aucune dureté,
la dissolution de savon qu'elles produisent est homogène,
sans flocons ni grumeaux. Pesantes sur l'estomac à leur
sortie du rocher, ces eaux perdent ce défaut dès qu'elles
ont subi le contact de l'air.
Parmi les améliorations aussi nombreuses qu'importantes que M. le comte de ,Villeneuve propose et sollicite
en faveur de ses administrés , celle d'un canal qui , à
l'abri des immondic~s et des dissolutions vé~éto-animalPs,
conduirait directement les eaux de Saint-Pons dans leur
état de pureté à la Pomme . dans le grand aqueduc de
la ville, .i;erait un des monumens qui signaleraient le
plus glorieusement sa bienfaisante administration. Les
anciens , les sages de la cité considéreraient ce monument avec ·un sentiment de respect, mêlé de reconnaissance , qui passerait à la postérité.
Il est à désirer que de si belles espérances conçues en
faveur de l'humanit_é se réaliseni ; elles gHantiraient
ces contrées des désastres qui sont 1a suite inévitabllj
des grandes sécheresses. En attendant, il vous 11ppartiendra , Messieurs, d'apprécier comparativement l'action de&
différentes eaux, plus ou moins salubres , sur les babitans des divers quartiers qu1 en font usage, d'évaluer
les dérang_emens physiques auxquels ils sont proportionnellement plus sujets et d'en dédtiire l'influence primitive ou .secori.daire qu'elles pi::uvent avoir, pour concourir à déterminor lcurs habitudes , leurs penchans
et les directions moral~s qui les caractérisent.
0
(La suite au N. 0 prochain.)
�( 253 )
jfoYEN d'admiRistrer le baume de copahu, sans que l'on
en ressente l'odeur , le g9rlt, et que l'on éprouve des
rapports et des vomissemens ; par Félix DENANS ,
docteur en médecine.
D1:ru1s <que le baume de copahu a été reconnu pour
le meilleur remède propre à arrêter les blennorrhagies
et que nul autre jusqu'à présent n'a pu lui t!tre substitué
avec avantage, les médecins ont cherché tous les moyens
possibles pour le rendre moins désagréable au goüt et
plus supportable à l'estomac. Ils l'ont uni au sucre, à
la gomme , à l'amidon et à diverses autres substances;
mai<J ces moyens sont inutiles, l'odeur pénétrante ressort toujours et l'huile ticre essentielle qui constitue en
grande partie le Laume oléagineux , se trouvant en
contact avec l'estomac, agite tellement cet organe chez
un grand nombre d'individus , que la moindre dose de
ces substances, imprégnées de copahu , provoque le
vomissement et des rapports si désagréables , que les
malades sont forcés , malgré leur bonne volonté • de renoncer à ce remède.
D'après les divers essais. qui ont été faits, il n'y a
pas de doute que le désagréable de ce remède ne réside dans son huile essentielle; mais l'on ne peut lui
enlever cette huile essentielle sans lui enlever ses propriétés ; c'est ce qui est arrivé, lorsqu'on a voulu
donner le copahu, réduit par l'évaporation sur le feu,
jusqu'à co~sistance pilulaire; on n'en a retiré pas plus
tl'effets que des pilules de térébenthine.
Puisque on est fo1'Cé, faute d'autre remède, de donner
�( 254 )
le baume de copahu et tel qu'il est , ne pourrait-on pas ,
me guis-je dit, au moyen d'une enveloppe assez résistante, lui faire franchir l'estomac, sens qu'il fut avec
lni en rapport immédiat 1 C'est ce que j'exécutai à l'aide
de la térébenthine cuite qui ~ert à la fois ù.'enveloppe
et de moyen auxiliaire. Après avoir fait faire une pâte
de copahu avec l'amidon ou la farine et di viser cette
masse en pilules de cinq à six grains , je les fis envelopper d'une couc;:he de térébenthine cuite; j'administrai à un malade qui était à l'usage <les pilules de
térébenthine, ces pilules qu'il prit, croyant prendre toujours celles de térébenthine ; je lui demandai, le lendemain, s'i l avait eu quelqùe rapport d'essence de térébenthine, il me répondit négativement et me dit que
son estomac supportait très-bien les pilules de téréb enthine , tandis qu'il ne pouvait supporter une seule
goutte de copahu. Ce fot alors que je lui avouai qu'il
a vait pris des pilules de copahu, ce dont il parut douter
j us.qu'à ce que je lui en eusse donné la certitude , en
brisant une des pilules; aussi , en c~ntir:.m1-t-il l'usage
sans répugnance , à la dose de cinquante à soixante
par jour, jusqu'à entière guérison, qui eut lieu deux
ou troi s jours après.
Ces pilules me paraissent séjourner dans l'estomac
sans que leur envelop pe soit très-alt'aquée ; ce n'•st que
quand elles ont franchi le pylore , le duodénum, qu'elles
passent par la fil iaire intestinale , que la couche de
térébenthine est abs.orbée ; mais alors le copahu mis à
découvert , se trouve à une distance trop éloignée de
l'estomac pour qu'il_ occasione des rapports et des vo-
�( 255 )
missemens. J'ai administré déjà ces pilules à plusieurs
personnes, sans qu'elle11 aient manqué leur effet, chez
une , entr'autres, qui , à cause de sa grande répugnance
pour le copahu, s'était procurée la mixture brésilienne
de Lepère ; remède qu'on lui avait 'vanté comme du
copahu , auquel on avait ôté son odeur et son goût par
un procédé secret. L.e malade, à la vérité , avait pu
supporter facilement la mixture solide qu'il a porté jusqu'à la consommation de trois poti; dans l'espace de
quelques jours , mais sans en retirer plus d'effet que s'il
avait pris des pilules de térébenthine. Quand à la
mixture liquide que ée pharmacien a soin d'ajouter , le
malade n'a pu répéter les premières cuillerées de ce remède à cause du mal-aise, des vomissemens et des rappoi:ts
que lui occasionait le copahu en nature dont il est composé.
On voit pur cet exposé véridique du malade et l'inspection du remède, que la mixture en ptite de M. Lepère n'est qu'une simple potion de copahu , renfermée
dans une fiole de forme particulière et désignée sous
le nom pompeux de mixture brésilienne liquide. Nous
ne pensons pas que la mixture solide. soit du copahu
réduit en consistance , parce que cette opération deviendrait trop couteuse, d'autant plus qu'elle serait toute .en
pure perte dans ses effets, comme le savenL fort bien
les médecins qui ont voulu 11dministrer le copahu sous
cette forme et comme doit aussi le savoir M. Lepère.
Moyen de _eonjectionner les pilules. - Prenez : copahu,
demi-once; farine, ou autre poudre inerte , q. s. pour
absorber le copahu.
�( 256 )
Autres 711'lules composées. - Pr.: Copahu, demi-<mce ;
c:ubèbe, deux gros; bol d'Arménie, q. s. pour absorber
le reste du copahu. Faites une masse , divisez en pilules de cinq à six grains; p1·enez-les, l'une après l'autre, au bout d'une longue épingle et trempez-les successivement dans de la térébenthine cuite liquefiée , ou
mieux , du mastic en larmes., Plongez immédiatement
chaque pilule dans l'eau froide et retirez-la de répingle.
N. B. Il faut bien observer que la térébenthine ne
soit pas trop cuite ; il est de rigueur qu'un morceau de
la résine employée , mis tlans la bouche , s'y ramollisse
par la chaleur et supporte la pression des dents san»
se briser. La dose est de 40 à 5o pilules p.ar jour.
SÉANCES
DE
LA
SOCIÉTÉ
_.,...._
l':t.NDANT LE MOIS DE MAllS
I8:i4.
6 Mars. - M. Sue donne lecture 1 •0 d'une lettre
de M . le comte de Villeneuye , Préfet , qui remercie de
l'envoi de deux exemplaires de l'Exposé des travaux de
la Société pendant l'année 1823; 2. 0 d'une lettre de Ma
Ollivier, d'Angers , qui accuse la réception du dipl6me
de correspondant et du prix que lui a décerné la Société
en même-temps qu'il fait hommage d'un travail sur la
propriété vénéaf;use du fruit de tanguin de Madagascar ,
dont M. Fenech est nommé rapporteur.
M. Blaud , correspondant à Beaucaire , adresse à la
Compat;nie un exemplaire de ses rechei:chea .snr la la~
�( 2;7 )
ringo-trachéite. M. Forcade est chargé de rendre coµlptede cet ouvrage.
M. Roux donne lecture d'une lettre de M. J.-N. Rou~,
tnédecin à Saint-Maximin, par laquelle ce médecin demande à être reçu membre correspondant, et , pour cela,
présente un mémoire sur le cancer des lèvres.
La demande de ce m~decin est prise eo considération
et c'est à M. Rampal qu'est confié le soin de présenter
un rapport sur sa production.
M. Flarr lit son rapport sur le mémoire de _,M. Taxil
( d' Auriol) concernant les évacuations sanguines e1;1 général et les saignées locales en particulier.
M. Sat lit un rapport sur deux observations de fiévre
cérébrale, communiquées par M. Serèrie , médecin à
Toulon.
15 Mars. - Lecture est faite d'une lettre de M.
Froment, correspondant à Aubagne , qui adresse un
mémoire sur l'emploi extérieur de l'eau froide dans le
traitement des maladies asthéniques.
M. Reymonet est désigné rapporteur de ce mémoire.
M. Pastré, D.-M. M. , fait hommage d'un mémoirè
Jur le mode d'actiorz du 11ésicatoire dans l'erysipèle phlegmoneux , désirant qu'il puisse lui servir de titre pol.(r
être aggrégé , comme correspondant , aux travaux de la
Société.
La demande de ce médecin est accueillie et M. Gillet
est nommé rapporteur de son travail.
M. Textoris lit un premier mémoire d'un ouvrage
manuscrit, ~intitulé : Étude des eaux. Ce mémoire sera
inséré en entier dans les bulletins de la Société.
T. VJI. Avril 1824.
�{ :i58 )
La .séance est terminée par le .scrutin de MM. Taxi!•
d'Auriol , Serene, Aubert et Rarnaud, médecins à Toulon 1 qui sout reçus membres correspondans de la
Société.
M. Denans fait une lecture .sur un nouf'eau mode d'administrer le bau ms dè copahu ilans les
l>lennorragi:es. Ce travail sera inséré dans les bulletins
20
Man. -
de la Société.
M. Textoris lit un .second mémoire de .son intéressant
cuvrage sur les eaux; consacré à l'étude de l'eau de
m11r.
TEXTORIS , Président.
Suit, Set:rJtair1-ginéral.
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S. S.E.
Trt·s-nuagcux.
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Couvert; pluie.
O. S. O. fort,
Quelques éclairc·ie5.
N. N O . fort. Quelq.ouages, IJ'I, rarca,
N, N. O.
Serein.
S. E.
Nuageux.
S, S. E.
Quelques légers nuages
O.
Très-nuageux.
S.
Counrt; pluie le 5oir.
N. O. trea.(art. Très-nuageu:s,
N. O.
SPreio.
S.
Vaporeux.
N. O.
Nuageux,
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Idem.
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Plus grande êtevation du. Baromètre • • • • •
Moindre élévation. • • . • . . • • . • • 744 , 18, le 16, à 3 heures.
Hauteur moyenne dù Baromètre , pour tout le mois 756 , 53.
Plus grand degré de chaleur. • • • • • • • • +10 °, 5, le 27. à 3 heures du soir.
idem. • • • . • . • • - o , 6 , le 1 , au lever du soleil.
Moindre
Température moyenne du mois. • • • • • • • +11 °, 24.
93 °, le 16. à 3 heùres du soir.
~ Maximum de l'hygromètre • • • • • • • • •
42 , le 3o, à midi.
Minimnm. • • • . . • • • • . • , . • • •
.., Degré moyen. . • • • , • • . • , · • • 72 , 3
{le jour •• IImm,27}
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25 111 m, 85.
* Quantité d'eau tombée pendant
la nuit. , • 14 , 58
:
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d e p1Ule
de brume ou de brouillard. z..
• 5.
1entièrement couverts •
sereins.
4.
Nombre de joursë
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très-nuageux
de gros vent •
• 7·
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de gêlée-••
1.
�T R 0 I S 1È M E
P AR. T 1 E.
LITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES
TIFIQUES, MÉLANGES, ETC.
J,° CORRESPONDANCE
SCIEN-
MÉDICA.j:.E.
-*e-•~+e>*-
du professeur Scarpa au professeur Maunoir ,
concernant l'operation de M. Adams , sur la cataracte
et sur la prunelle artificielle , traduites de l'italien par
le docteur Lus.i11<n1, médecin-oculiste de S. M. l'archiduchesse Marie - Louise, duchesse de Parme, etc.
LETTRES
( L,ure premierc ).
Pavie, ce 17 décembre 1817.
Mon ami,
Pu1 sQUE vous me manifestez le désir de connaitre les
réflexions qui se sont offertes à mon esprit, à la lecture
de l'ouvrage récent de M. Adams: ( Practical inquiry
into the cauu of the frequent fui/ure of the operation of depression". Recherches pratiques sur la cause de la fréquente
faillite de l'opération appùée dépression) je vous les transmets et les soumets à un jugement aussi impartial et
aussi sain que le '!Ôtre; cependant, je vous prie , avant
tout , de me permettre de vous entretenir un instant sur
un point qui me concerne personnellement.
M. Adams, quoique avec des expressions de poli.tesse et d'i.~rbanité , ne laisse pas de me refuser formellement et expressément dans son ouvrage , la gloire. ,
'1\ VII. Mai 1824.
35
�I
( 2fo )
quelle qu'elle soit, d'avoir été à pratiquer et publier
uu procédé opératoire réguliel' , et beaucoup plus 01vantageux que celui qu'employait Pott, pour la cur~, avec
l'uiguille, de la cataracte cristalline molle, et de la capsulaire , basé sur l'observation que j'ai faite le premier
sur l'action dissulvante de l'humeur aqueuse , considérablement plus grande dans la chllmbre antérieure , que
dans la postérieure et au fond de l'œil. M. Adams
prétend affirmativement que tout ce qui a été dit de
nouveau et d'utile en ce genre da choses, doit se rapporter entièrement à Pott.
La vénération que je nourris pour la mémoire de ee
grand maître , que j'ai eu le bonheur de connaitre de
très-près , m'aurait empêché d'entrer dans cette discussion, Mais, puisque votre amitié m'autorise et m'engage
à le faire, je crois qu'il ne sera pas inutile de déposer
dans votre sein quelques notions , non pour éloigner
de moi la taxe de présomption , dont on sait que je
suis très-éloigné 1 mais parce qu'elles pourront peuti!tre, un jour, contribuer à la vérité et à l~ précision de
~ l'histoire de la chirurgie moderne , sur le sujet ùe l'o·
pération de la cataracte, par le moyen de l'aiguille.
Voulant traiter ce sujet avec préi:ision et vérité , je
dois commencer par J.ii'e que le phénomène de la décompositior et de la disparition du cristallin cataracteux,
à la suite de l'opération avec l'aiguille, était connu bien
avant que Pott n'en écrivit , dès les temps même où
on n'avait que des notions très - insuffisantes sur l'essence et le siége p écis de la cataracte. Pott , en effet,
ne dissimula p11s que Read , en 1706 , et il pouvait
ajouter Bannister, en 1622, avait noté exactement
ce singulier événement à la s'uïte de l'opération de la
cata1·acte avec l'aiguille. Personne depuis , à mon avis ,
n'a disserté sur ce point avec raison nommé phénomène,
.avec plus de clarté et de précision que Barbette , :z.3 ans
�( 265 )
avant Read. ( Chirurg. Barbet. Genev. 163 , pag. 4-~
(quoique , écrit-il , cateracta non satis intra pupillœ rl!gionem sit depressa , dummodo in particulas sit diPisa ,
perfecta visio infra sex, aut octo septimanas, sœpi.<sim~
redit, licet tota operatio absqueullofractu peracta videatur;
quod aliquotiet experientia edoctus loquar.
Vous conclurez de ce passage que Pott ne fut pas le
seul ni le premier qui ait observé et décrit ce phénomène , mais que d'ailli-urs, dans sa pratique , il n'a exécuté, pour guérir la cataracte cristalline molle , rien de
plus que cc qui avait déjà été pratiqué , à dessein , 011
par hasard , par Barbette, savoir : de laisser, à .~a place,
la cataracte molle dépouillée de sa capsule et divisée en
plusieurs parti es ; dummodo in particulas sit divisa. Ce
qui fait que tout le mérite de Pott en toute cette affaire
se réduit à avoir rt:!clamé l'attention des chirurgiens sut•
la surprenante activité, en général, des humeil1 s <le
l'œil , dans la dissolution de la substance de la lentille
dépouillée de sa capsule, et à avoir, à l'aide des connaissances anatomiques et physiologiques moderne!! , sur
la merveilleuse activité du s,ystème lymphatique absorbant , donné la véritable et complcte explication, 011
le dth·cloppemrnt du ·phénomène en question.
Les recherches de ce dernier , d'ailleurs chirurgien
distingué , ne s'étendirent pas au-delà des horncs indi.
quécs aujourd'hui , et il ne soupçonna pas le moins du
monde la diverse activité de l'humeur aqueuse sur la
substance du cristallin , selon que les particules de ce
corps se trouvent dans la première , dans la seconde ,
ou dans la troisième cavité de l'œil ; il semhle qu'il
pensait que la fo!'ce de ce menstrue était partout égale,
soit que les fragmens glissassent dans la chambre antérieure , ~ ou qu'ils demeurassent dans la postérieure
ou à leur place naturelle. A moins d'erreur grava de
ma part, f ai été le premier qui ai remarqué que ij!s
�( 264}
morceaux de la cataracte se dissolvent et disparaissent.
beaucoup plus vite dans la chambre antérieure de l'humeur aqueuse, que dans la postérieure , et que cela
arrive plus lentement que partout ailleurs dans l'humeur
vitreuse. Le même M. Adams m'accord€ la prééminence
sur ce point important de la discussion : "' the professor
was the firth, as fur as Jam informecl, vvho remarkcd
the greater rapidity vvith wich the cateracte become absorbed in the latter humour , Lh~n in the former. Ce
professeur fut le premier qui , d'après les renseigncmens que j'ai pris à ce sujet, remarqua la plus grande
rapidité avec laquelle la cataracte fut absorbée dans la
premiére chambre que dans la dcrniérc », Ce fut de cette
observation que dérivèrent, comme d'une conséquence,
les préceptes fondamentaux du procédé opératoiré que
j'avais d'abord pratiqué , pour guérir avec J'aiguille la
cataracte cri.~talline molle et la capsulaire , trcs-diITérent
de celui que Pott nous avait enseigné.
Il me semble être autorisé à avancP.r que c'est faute
de cette notion que Pott s'est arr&lé à tout ce qu'en
avait écrit Barbette , et què c'est pour cette raisoll
qu'il n'a pas porté , comme il l'aurait pu , l'opération de
la cataracte cristalline molle à. ce dc~ré de perfectionnement dont elle était susceptible , puisque, quant à la
cataracte solide, ce célèbre chirurgi<'n la déprimait
constamment dans l'humeur vitreu~e et avec un heureux succès. Il n'y a pas le moindre doute que s'il avait
connu les avantages considérables qu'nn tire du procédé
de foire passer les fragmens de la lentille clans la chambre
antérieure de l'humeur aqueuse, il ne se ser;iit pns contenté, par maxime générale, de les \;iiss<'r dans la chambre
postérieure ; en arrière de l'iris, et, selon ses propres
expressions , dans leur nid.
Voici comment il s'exprime à ce sujet: 1c Afin de prou"' .ver que l'humeur aq1,1euse a la faculté de dissoudre la
�( 265 )
~
-substance du cristallin ; quand je rencontre une ca,, taracte mixte, soit d;ms la partie molle , soit dans
>1 la partie dure, au lieu de la déprimer, je me suis
~ toujours contenté rie lacérer la capsule, et fesant tour~ ner, e1üre mes doigts et le pouce, l'aiguille plantée
>1 dans le cristallin , j'ai laissé toutes les parties rom» pues de celui-ci dans leur position naturelle, où ellE's
11 furent ensuite fondues et absorbées. DanB les cas, el\
» petit nombre ( in a few instan1.:e~) , où j'ai eu occa» sion de faire passer dans la chambre antérieure, la .
,, partie solide du cristallin , j'observai qu'elle s'y dis» sout»; volume s.e' page 14.7.
De là il parait clairement , comme je J'ai mentionné
un peu plus haut, qu'il ne fcsait par la curr., à l'aide de l'aigui\le, de la cataracte cristalline molle et caséeuse, rien
de plus que tout ce qu'avaient fait "1Vant lui Barbette et
Reod, soit .?i dessein, soit par hasard.
Que M. Adams compare à présent la maniêre d'opérer
la cataracte molle de Pott , avec le procédé opératoire
que j'ai employé et décrit. Pour rompre et détacher de
la prunelle , la cataracte molle et caséeuse , je m'abstiens de faire tourner l'aiguillE'. entre les doigts et le
pouce , parce que cela ne peut se faire sur ' une lentille libre et mobile , sans s'exposer à égratigner la
fuce de l'iris. Au contraire , je ne foi;; ;i11tre chose, une
fois la capsule partagée, que faire passer le plus doucement possible , Io lentille du côté de la prunelle , pression sous laquelle la substance caséeuse de la cataracte
se rompt , et pas~e en morceaux dans la chambre antérieure de l'humeur aqueuse. M. Adams verra; qu'en
agissant ainsi , je ne me suis pas contenté , comme
Pott, d'attt:ndre l'occasion favorable (the fair opporttt11ity) , ponr faire passer les fragmens du mou cristallin
cataracteux dans la chambre antérieure de l'humeur
aqueuse ; mais qu'auparavant , je les ai toujours fait
�( '.i66 )
passer et insinué qu'on ùoit toujours le faire, ne manquant jamais cette favorable occasion , quand la lentille , dépouillée de sa capsule , est assez molle pour
pouvofr être rédttite en morceaux par la pressiun , bien
que médiocre , de l'aiguille qui la fait passer sur le
devant . .
· Ce qui vous surprendra à ce s0et, c'est que pendant que
M. Adams m'exclut de toute prétention , il désapprouve
hautement la conduite de Pott, et de ceux qui sui,·irent en
partie, ou en tout, sa pratique, comme Rey et M. Saunder,
pour la cure, à l'ai de de l'aiguille , de la cataracte cristalline molle, sans s'appercevoir que, par là, il m'accordait ce qu'il m'avait refüsé. Observez comment il
s'el:prime ( 356) : je désapprnuve, dit-il, la pratique de
ceux qui laisi;ent in situ, la lentille di visée en partie, afin
qu'elle y s01t ah5orbée, Il suit de cc procédé opératoire
que les fragmens de la lentille pressent contre la face
postérieure de l'iris , et occasionent une grave et dangereuse inflammation. Outre cela , ni la dissolution, ni
l'absorption de la cataracte ne se font dans la chambre
postérieure, aussi rapidement que dans l'antérieure.
Vous m'avez déjà prévenu sur ce que je vais vous rlire,
puisque le procédé opératoire que M,. A4ams approuve ,
n'est autre que celui de ne pas laisser in situ les fragmens de la cataracte molle ; mais, de les faire passer tous,
el à plusieurs reprises (s'il le fout) dans la chambre antérieure de l'humeur aqueuse. Tel est effectivement celui
que je fus Je premier à pratiquer et à déuire , et si
mo11 procédé est différent, comme il l'est évidemment,
de celui •le Pott , que M. Adams désapprouve, il est
évident que ce n'est pas à M. Pott, mais à moi qu'appartient ·la gloire d'avoir inventé et pratiqué le premier
un procédé régulier•, raisonnable et plus avantageux
que celui de Pott, pour traiter et guérir, au moyen de
l'aiguille, la cataracte cristalline molle caséeuse.
�( 267 )
Vous chercheriez envain dans les œuvres de Pott,
une règle rnisonrlable et sûre de guérir, par le procédé
de l'aiguille , une cataracte capsulaire ou membraneuse:
il ne nous a laissé sur cet important article, d'autre instruction que la suivante, savoir : d'avoir vu se dissoudte et disparaître la cataracte capsulaire , tantôt en
une semaine , tantôt en deux , tantôt en quatre et quel·qucfois de l'avoir vue résister à la dissolution, au point
d'obliger- le chirurgien à porter l'aiguille dans l'œil une
seconde.fois. (Page 193, notes). Du silence de cet auteur,
sur la manière de réduire en fragmens la capsule devenue
opaque , il rne semble qu'on peut inférer qu'il pensait
qu'on doit le ·faire par le même artifice dont il usait
pour dégager la prunelle de la lentille molle, savoir:
en fichant l'aiguille ·dans la capsule, et en la fesant
tourner entre les doigts çt le pouce. Mais l'expérience •
m'avait démontré que cette manière de foire tourner
l'aiguille droite , est insuffüante, tant pour partager
que pour réduire tm menus morceaux la capsule molle
rendue opaque et encore moins la cap~ule dnre. Il
faut la tirailler en différentes direction-~, et souvent
l'égratigner, pour ainsi di e , afin de la r~duire en menues parcelles et la détacher de la zône ci~iaire; j'ai
trouvé que, pour atteindre ce but, mon aiguille recqurbée
est. de beaucoup préférable à tme aiguille droite. Et;c'est
justement d'une aiguille parfaitement semblable que s.r:
sert M. Adams, dans les circonstances que je viens de1
citer. Lais'S~r la capsule détachée et coupée en morceaux.
en supposant ·qu'on puisse obtenir ce résultat avec un~
aiguille droite·., .afin de parvenir dans la chambre posté,.
rieure, comme-.le: faispit Pott, ne pouvait que retarder con;sidérahlemenJ: la gu.érison , puisque la dissolution dejJ
fragmens mei;nbraneux y est très-lente , et plus lente
encore celle des fragmens du cristallin mou qui y spot
retenus, Et il ..p~r.iiit pr~sque_quc. ,::es fragmens ·mell}bra-
/
�( .268 )
se gonfJ'ent
neux , avan t de comm ence r à se fond re,
bords d~
aux
nt
rocha
s'acc
et s'atta chen t forte ment en
et pour
ent
lètem
comp
sent
urcis
la prune lle , qu'ils s'end
opéelle
nouv
une
par
,
que
s
fort long- temp s , à moin
antébre
cham
la
dans
r
passe
fasse
ratio n , 011 ne les
chose s relatives
rieur e de l'hum eur aque use. Tout es ces
acte capsu à la meill eure cure , par l'aigu ille , de la catar
, qui ne se
laire mem brane use , prim itive ou secon daire
qui les
moi
fut
trouv ent pas dans les écrits de Pott , ce
fois.
ière
prem
expli quai et très- clair emen t et pour la
er?
ignor
les
Et comm ent M. Àdam s pouv ait-il jama is
la méth ode
Je soup çonn e que M. Adam s a confo ndu
n avec
ratio
d'opé
opér atoir e, ou une maxi me géné rale
ou
atoire
opéi·
ode
le procé dé opér atoir e, comm e méth
acte
catar
la
,
ille
l'aigu
maxi me géné rale de guéri r , avec
de l'axe visue l,
molle' et la capsu laire , en la remu ant
que l'hum eur
pour
es
parti
et la coup ant en menu es
; je conv iens
ent
aisém
plus
orbe
aqu~use la fonde et l'abs
, mai3 Pott
ndre
préte
à
rien
n'ai
avec M. Adam s que je
était déjà
dé
procé
ce
ue
puisq
,
moi
enco re moin s que
régul ier,
toire
opéra
dé
procé
au
t
Quan
conn u avan t lui.
et M. Adam s
raiso nnab le et avan tageu x , perso nne ,
la préféren<ie
enco re le moin s de tous , ne refus era
Cette vérité
à mon mode d'opé ratio n sur celui de Pott.
je vous
que
résul te , indép enda mme nt des argum ens
d'abo rd
qu'a
ai fourn is jusqu 'à prése nt , des effets
famé s,
s
rgien
chiru
prod uits mon livre , sur l'esp rit des
étaient
Pott
de
ages
à sa prem ière appa rition . Les ouvr
s des
main
les
dans
,
déjà , depu is plusi eurs anné es
de
sans
parti
les
,
ce
perso nnes de l'art. Nono bstan t
,
ches
repro
leurs
l'ext~action conti nuaie nt à reprodu~re
souà
stant
persi
,
ier
fortif
contr e la dépre ssion et à les
n de l'aigu ille,
tenir qu'on n'aur ait jama is pu , au moye
capsulaire.
une
et
lline
crista
guéri r une catar acte molle
le5 malasur
livre
mon
de
n
Ce ne fut qu'à l'app aritio
�( 269 )
<lies des yeux qu'on changea de langage. A cette époque,
plusieurs illustres chirurgiens lo1bandonnèrent l'extraction , pour adopter la pratique de remuer le cataracte
aveE l'aiguille. Voici ce qu'écrit Lheillé à ce sujet :
« JI y a dix ans, lorsque j'ai publié, à Paris , cette mé» thode d'opérer la cataracte selon S.arpa , les praticiens
» fort exercés à l'extraction ont traité de fabuleux et
» d'imaginaire tout le bien que j'avais été fondé à ell.
1 dire. Mais comme je ne parbis que d'après des faits,
» il a bien fallu m'en opposer ·de contradictoires. Qu'est~ il arrivé 1 Le temps et l'expérience ont jugé la cause
lll en t<1veur de la méthode de S carpa, à tel point, qu'au~ jourd'hui , les chirurgiens du premier ordre , parmi
» lesquels je me plais à nommer MM. Dupuis et Dup!:fy,, trui , adoptent cette méthode , de préférence à celle
» par extraction ( N ouv doct. Vol. 4. e , page 360 ) ».
Kt je prends ici occasion de vous faire observer que M.
Lèveillé, dans son intéressant mémoire, peu aprés la
traduction de mon livre : Mèthode d'opérer la cataracte
par déplacement et par absorption , a prévenu M. Adams,
en donn~nt, à l'opération de la cataracte .moyennant l'aigwlle , la dénomination de (absorbent Practice ) , pratique absorbante ( 295 ).
J'ai de grands motifs de croire qu'à la même époque,
ou ·après l'apparition de mon ouvrage , le même M.
Àdams a abandonné la pratique de Pott , de Hey , de
Saunder , pour se rapprocher de la mienne, con~me on
paraît autorisé à le déduire du passage suivant ( 357),
« Telle était , -Oit..il , en p,arlant de Pott et de Her, la
» pratique de Sounder , quand j'étais son associé et telle
>l était la mienne, jusqu'à ce que·.je fixasse mon domi, ciie à Exter. Mais ayant remarqué que l'inflamma.tfon
~ à laquelle cette pratique donnait lieu , était ti·ès'> fréquente , je me déterminai A opérer par le mqde
T.
vu. Mt1i
I
8!4·
36
�( 270 )
t.J que j'ai présentement adopté. Moyennant l'ac tion
» valide de l'humeur aqueuse de la chambre antérieure,
lll j'ourlens la àisparition des fragmeus de la cataracte ,
,, avec moitié moins de temps, en une ou deux opéra,, lions tout au plus , tandis que quand je laissais ces fragll) mens in situ, ou dans la chami)re postérieure, il fallait,
,, awnt qu'ils fussent dissous et absorbés , faire la
,, même opération à quatre ou six reprises 1). Cette époque
est po ~ lé ri eure à celle de la publicatit)n de mon -0uvrage
la malad ie des yeu'IC.
J e vous le répète, ma réclamation ne porte pas sur la
m axime générale de l'opération par absorption . C'e(it
été me monl:Per d'une ignorance crasse de l'hi stoire de
not1·e art , que de parler ainsi , et je suis assuré que
M. Adams ne me fera pus le to rt d'une pareille supposition. La discussion ne porte donc que sur la préférence que mérite mon procédé opératoire sur celui de
Pott, pour la cure, à l'.,ide de l'aiguille , de la rata:.
racte cristalline molle et de la capsulaire ; préf~rence
que m'a refusée M. Adams, que j'ai maintenant pro uvé
mériter, par les faits ci-d1..ssus ex\}O -és, et même par
le chan~ement de pratique de M. Adams , postérieur
a la publication de mqn ouvrage
Je vo•t~ en ai dit assez. , et peut-ètre trop sur ce sujet. Par le prochain courrier , je vous écrirai ce q11c
je pense sur la nouvelle opération poul" la cm·e de la
cataracte solide.
Je suis avec amitié et une estime distinguée , etc.
stM"
:i.0
B EV
U E
Dl!:
s
JOU 1\ NAU
x.
(.Tourn. de pharm., suite de Janvier 18:z.4 ). - Consi·
'i!r-r«vrins su,. la résine alouchi , et le rapport de son
prirzczp.e amer et dt sa sous-ri•ine avec les alcalis dits
L'auteur s'est moins
tl". amq• .ts i par 11'1. Bor;ASTRE, -
�( 271 )
.11ttaché à faire connaitre.la résine alouchi, qu'à renverser
les théories établies par M. Pelletier et par nos plus
grands chimistes sur les alcalis organiques.
Il considère la quinine , la cinchonine , la morphine.
etc., comme des sous-1·ésines et ne devant la propriété
qu'elles ont de [se comporter comme des alcalis qu'à
la chaux ou à la magnésie avec lesquelles on les met
en contact , quand on veut les obtenir isolément.
M. Pelletier, qui a senti l'attaque indirecte de M.:
Bonastre , l'a , dans un article qui suit ces considérations, réfuté victorieusement. Nous ne parlerons donc
plus du travail de M . Bonastre que pour donner le rést1mé de l'analyse qu'il a faite de la résine alouchi.
Sur deux onces six gros da résine alouchi brute , il
a trouvé sous-résine , 4 gros, 36 grains; huile volatile,
25 grains ; sel à base d'ammonidque , 6 grains ; extrait
amer , 18 grains; aC'ide, 3 grains; impuretés mêlées
de chaux , 66 grains ; perte , 62. grains ; ce qui représente la quantité totale.
- Recherches sur la nitrification, lues à l'Académia
les sciences de l'lrutitut, le 29 no<'embre 1823; par il'l.
Julia FoNTCNELLE. - L'auteur ayant pris l'expérience
pour guide , a pu établir qu'elles sont les circonstances
nécessai1;es pour donr1er naissance à un sel devenu
aujourd'hui d'une si haute importance.
En avril 1817 , il a mis sous un vaste .hangar , J 7 baquets de bois , chacun d'eux rempli de 20 kilo. de terres
di!J'érentes; dans les uns , il y avait du sable calcaire ,
du granit en poudre non lavés; dans les autres , étaient
les m&mes matières lavées ; dans les baquets restant,
c'était de la terre de nature argileuse, de la terre à pro~
<luire du blé, de cette terre avec un 173 du bon platras en poudre , la m~mc terre avec un dixième soit
de fumier de bergerie, de fumier de cheval, de fumier .
de vache , soit autant de tencau animal • de terreau
�{ :i.p. )
végétal, soit de tei-re de saule, soit de teneau \'é;;étoanimal, avec un 8.me de bons platras; enfin la même
·terre avec un dixième de sang de bœuf étendu de deux
parties d'eau.
" Ces leri·es , et ces mêlanges, dit-il , reslërent dans
baquets trois ans. Pendant ce temps, j'eus le soin
les
»
,, de les remuer tous les trois mois et de les arroser avec
:t un quinzième d'eau distillée , à l'exception de l'un des
» deux qui renfermaient le sable calcaire, et de la poudre
» de granit lavés , pour lesquels j'employai l'eau de
,, fontaiuo. Au bout de ces trois ans, je lessivai avec
» soin toutes les terres et j'en soumis les produits à l'a» nalyse chimique. Le résultat de ce travail me dé)) montrn r .0 que le sable et le granit lavés et arrosés
" aver \'f'au distillée ne contennient auc1,me trace de ni~' tralP.s; 2. 0 lc\sable et le l!ranil non-lavés'et arrosés avec
» l'eau distillée, de f; i!JJ,.s imlk"s de nitrates; le sable et
~> le granit lavés et arrosés avec l'eau de fontaine, 27500
» de nitrates; la terre argileu•e , 87Soo ; la terre de blé,
» I 51500 ; la même , avec un tiers de platras , I 97500 ;
:.> id. , avec un dixième de fumier de bergerie , 287Soo;
~ id. , avec autant de_ fumier de cheval, 247500; id. ,
>> avec autant de fumier de vache , 227500 ; id. • avec
,, autant de terreau animal , 307500 ; id. , avec autant de
'i terreau végétal • 207500; id. , avec autant de terre de
'i saule , 251500 ; id. , avec le terreau végéto-animal et
>J 175 de bons platras , 407500; id. , avec un dixièmede sang , 247500 ~.
D'après ces diverses expétiences , je çrois pouvoir
conclure: 1. 0 que l'air et l'eau ne font que coopérer à la
nitrification, et que ces deux agens réunis ne peuvent
l'opérër sans le concours des substances végétales et
animales en décomposition', qui en sont la base
fonrlamentale; 2,6 que si le granit et le sable calcaire arrosés par l'eau de fontaine en ont donnés quel-
~
�{ '.175 )
ques traces , cet effet doit être attribué aux sels qui set mu vent toujours dans l'eau, ainsi qu'aux substances
,·égétales et animales qu'elle parait contenir toujours,
comme le prouve sa putréfaction dam les barriques où
oil la tient long-temps renfermée ; 3. 0 que les terres
siliceuses sont impropres à .}a nitrification et que les
calcaires l'emportent sur les argileuses ; 4. 0 que les
débris végétaux et animaux sont les agcns indispensables
de la nitrification , et que le mêhmge des terres avec les
décompositions végétales donne des produits mnin<lres,
qu'avec les animales ; 5. 0 que le fumier de bêtes à laine
l'emporte sur celui des 1chevaux et celui-ci sur celui
des vaches ; 6. 0 que les meilleurs moyens de hâter
les nitrifications et d'obtenir de plus grands pro-duits,
c'est de mêler les terres vierges avec les substances
végéto-animales décomposées et les bons plutras dans des
proportions qu'une série d'expériences peut seule déterminer. Il est une foule de substances végétales qui
favorisent beaucoup la niti·ificaLion ; de ce nombre sont
les céréales. Dans le Midi de la France , MM. les négocians placent souvent dans des magasins bas ot humides
leurs blés. Lorsqu'ils y séjournent cinq à six mois , il
arrive qu'une quarantaine de jours après qu'on les ..i enlev(~, tout le sol se couvre d'une elHorcsccnce blanche qui
donnP. 807100 de nitrate, dont 12/roo de nitrate de potasse . Un mois après les mêmes effi •rP.~cences s'y reproduisent, ainsi que sur les parois inférirures des murailles. J'ai fait la même observation en EspagM , dans
les Isles,où l'on conserve le blé dans quelques contrées li>).
Cou111.n.
3. 0
VARIÉTÉS.
UN an !''est écoulé dP.puis que nous avons donné (voit·
tom. 5, pag. 271 de ce journ.) un exlrait de la notice
�( 27!. )
historique sur le docteur Jenner , et nous a~ons eu la satisfaction de nous apercevoir qu'on s'accordait généralement à dire que tout médecin devrait s'imposer le
devoir d'en posséder un exemplaire. Il était donc évident qu'une nouvelle édition de cette excellente notice
deviendrait bientôt indispensable. M. le docteur L.
Valentin vient de la publier , mais avec des changemens et quelques additions, dans les notes, principalement, qui sont d'une haute importance pour }'.histoire
de Ja vaccine. Non seulement les gens de l'art , mais
encore les établissemens de bienfaisance et de. charité,
en un mot, tous les amis <le la nouvelle inoculation
devn1ieot se pourvoir de cette édition 'Ji.UÏ , comme la
précédente, est mise en venle au profit des pauvres. Le
docteur Baron , savant médecin de Gloucester , qui a
assisté ·aux derniers momens de ,Jenner , et qui est
chargé d'écrire sa biographie, a mandé que la notice du
docteur L. VALENTIN, est un document intéressant et
a11thentique e:r:tr~mement e.xact , et qu'elle suffira pour
satisfaire la curiosité puLlique en attendant le travail
auquel il se livre.
- La Société académique de médecine de Marseille a
tenu une séance publique le 3o mai 1824.
Le discours d'ouverture a roulé d'abord sur les alimens et a présenté deux grandes classes d'hommes ,
les carni11ores et les herbivores . « Les uns aiment le gra~,
a dit l'orateur , les autres le maigre, et cela vient de
la différence des climats>>. 1\1. I.1oard a donc produit une.
nouveauté , puisqu'on avait soutenu jusqu'à ce jour que
l'homme est omnivore. Il a ensuite parlé des avant<1ges et
des inconvéniens de la gymnastique. Selon lui , l'esprit
ne gîl point dans les jambes ; proposition que justifient
pleinement les travaux <le la Société académique de médecine , qui a passé quatre ans dans un louable repos.
Après la danse , il a été question de l'escrime, de la
�( 275 )
natation , ùe la chasse , de la morale , des passions , et.c.,.
etc. Nous ne dirons pas tout ce que nous ont suggéré
les assertions de M. le Président , qui a fini par conclure (jU'après avoir mangé , dansé, sauté, couru , après
s'être fatigué soit par le travail du corps ou de l'esprit,
l'homme a une grande propension à dormir, C'est ici où
l'orateur a su le mieux pénétrer l'auditoire.
M. le docteur Allemand , dont on connaît le zèle
infatigable pour la prospérité de la Société académique•
a rendu compte de ses travaux d'une manière distinguée.
C'est avec le plus grând plaisir qu'on a entendu dire
au Secrétaire-général que les faits sont la base de la vraie
médecine. Aussi, en a-t-il cité deux ou trois comme travaux auxquels la Société s'est livrée sans rel~che depuis long-temps.
M. llù;ard , 0.-M., a lu ensuite quelques considérations sur le régime de l'homme jusqu'à la pubertl. Pris
dans le sein de la mère et suivi jusques à cette époque
où notre corps éprouve une grande révolution, l'enfant a été considéré sous le rapport ùes mouvemens
qu'il doit exercer et de la nourriture qui lui convient.
Dans quelques minutes, le discours de M. Ricard a
été. débité , de sorte qu'il a été assez long pour faire
plaisir, mais pas usi-~z pour entrer dan.s tous les détails
que réclamait son intéressant sujet.
1< Il n'appartient qu'aux Académiciens, etc., a dit
Cicéron ( de offic. lib. I , cap. 2. ) de nous pal'lel' sur nos
devoirs». Il étQit donc réservé à un membre de la Société
aradémique de médécine de traiter de la dignité du médecin, 1Je,· DEYOIRS qu'il a à remplir envers la société
en f?énéral et ses malades en par·tirulier . C'est 1\11. Chaston,
second chirurgien-interne à l'Hôtel-Dieu , qui a rempli
cette tâche, e'est-à-dire , qui a lu quelques morceaux
pris dans les œuvres de Boerrhaave et de l'immortel
Hippocrate. Et certes , il ne pouvait mieux faire , qu'en
redisaat quelques maximes de ces grands maîtres i maxi-
�( 276 )
mes q11 on ne saurait trop répéter. M. Chastan devait
recevoir des applaudissemens , par cela seul qu'il a
appris à ses confrèl'es combien il est facile de faire un
discours académique , en puisant à de bonnes sources,
sans que l'orateur s'expose , s'il a soin de les citer, à
être regardé comme celui qui, quœ ex aliorum scriptis
hausit , 11el aliunde didicit, a se in11enta es.se alfirmat.
- Des catharres , des coquduthes , des éruptions
cutanées anomales , ont été observés ce mois - ci. En
général , les antiphlogistiques ont été utilisés avec
succès, el quelques praticiens n'ont eu qu'à se louer
de la bt>lladonna, dans le traitement de la coqueluche.
-- D'après le relevé des registres de l'État-civil de
la mairie de Marseille, il y a eu en Avril 18'24 1
373 naissances ; 338 décès et 53 mariages.
P.-M. Roux.
4,o
C0
N C 0 URS
AC A Dl~ J\1 1 QUE S.
f_,a Société de médecine de Caen décernera , dans
sa séance publique de 1825 , une· médaille d'or de 1 'lO
francs à l'auteur du meilleur mémoire en réponse à la
question suivante :
Distin~uer les signes de la maladie appeléefiè11re cérébrale chez les en/ans, de ceux qu<: déte~mine la pré$ence des vers dans les voies digestives. Etablir comparativement le diagnostic de ces deux cas 1
Les mémoires seront adressés , francs de port, à ~.
Lafosse fils , D.-M., secrétaire de la Société.
AVIS.
-•e>lll~~~-
L.A. Société royale de Médecine de Marstille déclare
9u'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obserf!ations, Notices, etc. , de ses membres soit titulaires, soit
~orrespondans , qui lui paraissent dignes d'être publiés,
elle n'a igard qu'à l'intérêt qu'ils présentent à la scie'Rce
médicale; mais qu'elle n'entend donner ni approbatioll ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs,
Il qui n'ont p.as encore la sanction gJnérale.
�( 'J.77 )
BULLETINS
OB
LA SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECIN!
D E M ARSE 1 L LE.
MAI
I
824. - N. XXIX.
0
MUX, par M. TuxToR1s, médecin de 11:
marine , Ch1walier de l'ordre royal de la ]jfiionà' Honneur, President de la Société ro_yale de m4Jçrine
de MtJTseille ; memoire fo dans la seance -du 13 m"rs
ÈTUDE des
1824.
{ Deu1ième article ).
'Étude.Je l'eau de mer. - LA seconde classe d'eau naturelle forme cette masse de liqui<iles qui , par rapp0,1·t .à
nous, occupent la partie profonde du globe qu'on appeUe
mer, Ces eaux sont le résultat de la grande quantité d'hydrogène ·et d·oxigéne -qui , dans l'origine du Monde se
trouvaient répandus dans l'espace. Ces principes de
l'eau , obéissans à la force attractive de leurs molécules.,
se réunirent par une combustion primitive et· produi'Sirent cette immense coUection d'eau q-ui entoure notr~
planète.
La mer ·e st le réservoir ~énéral où la nature puise
toutes les eaux dont elle couvre la plus grande portion
du globe. Elle en opère la distillation par l'action du calorique du - soleil, par celle des vents et autres moyen-s
qui a-ctivent l'éw1poration par laquelle du masses de
liqai4es s~élèvent dç so.n ~ein 'Cil fluides <iëriformcs.
T. VII. Mai -1824,.
37
�( 278 )
ees Cluides condensés rendent ensuite à la terre ' toutes
-épurées , ces rn~mes eaux salées qui , par les qualités
salubres qu'elles ont acquises dans l'atmosphère, peuvent
alors servir aux besoins de la vie, procurent la fertilité à la terre et vivifie)lt le Monde.
L'aspect varié que l'eau de mer présente est dü à la
propriété particuliére qu'elle a de réfléchir les rayons lu·
mineux dans certaines circonstances ; elle paraît bleue
d'azur , verte , ou de couleur brune - verdtl.tre suivant
qu'elle est calme ou agitée. Cttte eau , examinée de prés
à la mer est d'un blanc grisMre, mais déposée dans un
vase de cristal , elle esl limpide et incolore comme l'eau
de sources.
L'eau de mer abondante en acide carbonique et autres
fluides gazeux, est distinguée par un caractére spécifique
d'onctuosité phosphorescente et par la prédominance
du chlorure de sodium qui est combiné avec elle. Elle
contient aussi du sulfate de soude; du chlorure ·de ma ..
gnésium , du chlorure de calcium et des matieres ex•
tractives,
Suivant Murrar, la pe~anteur 11pécifrque de cette eau
est de 1,029. Selon Stadh et Kirt1anri, elle varie de I ,0269
à r ,028:). Selon Wilck, cette variation a lieu dans la
Baltique pa1· le changement de la direction des vent~
de l'Est à l'Ouestdepuis 1,0039 à 1,0098. Celle de Mar.seille est de I ,29 à I ,:h, suivant qu'elle est prise à sa
~urface ou plus p)·ofundément
Les prop111rti6ns de chlorure de sodium et d'11utres sels
que l'eau de mer tient en dissolution , varient suivant les
di mats , les saisons , les latitudes, la direction des vents
et des courans depuis 0,041 à 0,009. Comme la pesanteur
spécifique depuis 1 ,0283 à 10,0040.
La table suivante présente la quantité des sels contenu~
dans Iü,ooo parties d'eau de mer, analysées par divers
çhimi11tes , pour en déterminer les parties constituantea.
/
�-
~'
1
j
\
Aride carbonique, .•••
Chlorure de sodium .••
Suifa Le de magnésie .••
Sulfate de soude .... • •
C:blorure dl" magnésium
Chlorure de calcium ••
':i11lfate de ch ;i ux ...• • .
Car·bnnate clc: m;:i~n és ie
Carbonate de r h fl ux ...•
Matière ex~racti vc •••••
VoGEi:.
JBEBGMAN
LAvo1s1ER eau pri-.se L1CH'fENDERG PsAFF LINK Bou1LLON LAGRANGE eau
eau eau prise eau prise prise
eau
eau prise
à la
eau prise
dans
dans
d1os
prise prise
à la
hauteur
à
la
I' Atlantiq,
la
à la
à la
Baltic1ue.
des
Dieppe,
Médit.
1813.
Bllltiq. Baltiq. Manche,
en 1772. Canaries
1813.
l8r3.
1777.
137, 59
6, 18
15, 62
38
3, 47
284, 19
6ï ,65
4.3 cent. cub Idem. ltlem.
72,9I 106,04
55' 75
IO,
41
20 ,
8,01
o,86
2,3
2 • 79
2' 08
0' 41
0, 83
0' .\ 1
7,81 48,17
31,25.
S,21
7,81
o, 23
25r
57, 8
251
57' 8
~5
35
l,
o, 2.3
5
1,
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0,11
:i51
62, 5
32, 5
5
1, 5
1,30
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Chlorure de sodium •• ,
Sulfate de magnésie .••
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1
Mer-Morte.
1, Marseille.
34,
49
9,
45
0,08
260, 0
7.2.0, 01
245,04
17,04_
2,66
28,63
51
7, 86
9, 99
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1036'
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0
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20,
917 2
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102.4, 6
392' 0
5' 4
5
. •.•.•
. . extractive
M al1ere
1
1
1
'
.
1
�(
281
)
y existe une action de mixtion partic1.1lière d'où résulte
la formation du chlorure de sodium dans les proportions
de chlore 59,5 , sodium 40,5 ; de sulfate de soude, dans
celles de acide 52,78, soude 47, 22 ; de chlorure de
magnésium 1 dans celles de chlore 7ô, magnésium 25;
de chlorure de calcium, dans celles de chlore 63, 16 ,
calcium 36;24.
La ditrfrence des quantités proportionnelles de ces
sels et particulièrement du chlorure de sodium qui
forme la partie prédominante de l'eau de mer, observée
dans les diverses régions , n'est pas très-considérable.
La salure varie selon les latitudes ; le point de l'Océan ,
où elle est à son maximum, est entre le x.er et le 2.me
degré de latitude Sud; elle y est saturée au-delà de 0,041.
Cette proportion décroit en se rapprochant de l'équa0
teur, où on la trouve à 0,040. De !aligne jusqu'au 14.
56 ' . de latitude Nord, cette. proportion décroit alterna0
tivement. De ce point, elle augmente jusqu'au 24. ,
où elle s'élève encore au-delà de 0,041. A partir de
ce tropique, la $al11re de la mer décroit encore progressivement jusqu'au 57. 0 18" de latitude , où la proportion des sels excède de bien peu le I o, o 37 de?
l'eau. La salure de la mer ou la saumure paraît avoir
été désignée par Cicéron sous le nom de muria , employé
par ce romain célèbre. La cause de la salure perpétuelle
des eaux de la mer est <lue à la comLinaison ternaire du
chlore, de l'hydrogène et de la soude qui , dans des pro·
portions déterminées, forme le chlorure de sodium.
La température des eaux marines présente encore des
anumalies dépendantes aussi des diverses latitudes, des
liaisons , des courans , de l~ur agitation ou de leur repos.
Elle s'élève de 10 à 20 drgrés. C'est à la grande proportion de chlorure de sodium que l'eau de la mer
contient, qu'elle doit la propriété qu'elle a de résister
T. VII. ll'Iai 1824.
38
�~ 282 )
rempératures froides de l'atmosphère, jusqu"'a célîe
de 33 desrés au-desseus du zéro centigrade., sans se
congêleP. A ce degré • elle pourrait prendre l'état d'aggrégation solide , si la masse du sol qui lui sert de ré·
servoir ne lu.i cédait continuellement la quantité de calorique contraire à cet effet. Irriwg, Foster se sont ns.sul'és par des nombreuses expériences que la chaleur
dans les profondeurs de la mer est non-seulement quelquefois supériem:e à celle de la surface, mais même à
celle de l'atmosphère.
L'abaissement de la température de l•eau des mers·
E:ommence, comme la congélation de l'eau des rivières
et des lacs d'eau douce , par la surface qui' se trouve en
contact avec l'atmosphère. Le dégel de la crntite glacée
plus ou moins profonde qui,. par les basses températures
atmosphériques se forme sur les mers polaires et de celle
qui s'opère da-ns les ports et les anses qui reçoivent de
l'eau douce à l'abri des vents· et de la haute-mer, lorsque le then11omètre descend de 1 z à 14 degrés au-dessous
èe zéro , a toujours lieu en sens inverse. Cette température moyenne qui, ne nriaut que du 13.e au :i.2.e.
degré depuis le s.e degré de latitude Nord jusqu'à l'équateYr, maintient l'eau de la mer liquide même- sous
les glaces- des pôles qui en solidifient la surface , est
donc l'effet et le produit essentiel de ce calorique central
qui émane continuellement de l'intérieur de la terre à
la surface du globe. Ce calorique , qui s'élève du fond
des eaux à leur superficie , entretient ces masses de liquides dans un degré de chaleur égale à la température
moyenne des diveFses latitudes. Ce même ehlorure de sodium et autt·es sels déliquescens qui abaissent le terme de congélation de l'eau , en
augmentant sa densité , lui donnent la propriété de
pouvoir conserver long-temps les quantités excessives
de calorique que les rayons solaires y concentrent et
iil'i'.I-::!
�( '.'285 )
içtii rendent quelquefois la chaleur de reau de fa mtt
bien supérieure à celk de l'atmosphère. Les eaux ma-rines de la Zône-Torride, pénétrées des doses e),cessivei;
:de calorique qu'elles absorbent du soleil , transportent
des masses de liquides échauffés dans les dimats tempérés où elles contribuent à adoucir ies rigueurs des
'hÏV"ers. C'est à l'influence de la température de ces eaux
qui , plus légères, affluent de l'Océ<m dans la Méditerranée par le courant supérieur d.u détroit da Gibraltar,
tandis que celles de ·cette mer plus froides en sortent por
l'inférieur, que l'on doit en partie la conservation des oliviers et des -orangers sur les points abrités du littoral
des côtes d-e Provence.
L'eau de la mer présente des dilférences suivant qu'elle
est puisée p11ofondément ou à la surface. Puisée à une
grande profondeur , P.lle n'est que sa·lée; prise à la superficie, elle est d'une saveur amère très-désagréable.
Cette amertume , qu'on peut enlever en grande partie
par une forte dis-solution alcaline., est due à l'l matière
grasse oléagineuse , produit des nombreuses décornp€1sitions animales et de l'acide hydrochlorique.
Les debris huileux de poissons et autres -corps ,animaux décomposé& ., formant de nouvelles combinaisons.,
produisent ·Cette matière onctueuse hydrogèno-oxigènée
qui surnage à la surface. de l'eau marine et se converùt
en sub~tanre bitumineuse .par l'acti.oa de I'ai:r atmosphérique qu'elle absorbe.
Lorsque dans f'obscurité de la nuit, la surface de ]a
m~r est agitée par une pression quelconque, 't'eau ma- •
-rine produit un jet lumineux qui s'éteint avec le mouvement qui l'a fa~t naître. Ce-s météores, produits de la va~
porisatiun, brillent d'un éclat très-vif, surtout dans les
·lieux qui abondent en fluides qui leur donnent naissance , tels que les latitudes qui se rapprochent de l'équateur, Par un temps sec et tres-chaud ou dispcné :à
�( !184 )
l'orage• lorsque l'air est saturé d'électricité, nous voyons,
vers la nuit , l'eau de la mer produire celle clarlé lumineuse sous la pression impulsive des coups de rames
qui meuvent le.~ btiteaux. Plus loin , ce météore est l'effet
du frottement vif de l'épéron d'un navire qui divise
rapidement les flots ; au large , ce sonl les vagues ellesmêmes dont les monticules mouvans deviennent lumineux, en se pressant fortement pour se développer. Les
mil-mes phénomènes de lumière nocturne sont !Es résul tats de la pression des eaux par la marche des bancs
de poi ssons voyageurs, tels que les thons et les sardines
qui, en mai et en septembre, aho rd cnt sur nos côtes,
Dans lu nuit, la mer est surtout très-lumineuse pendant les violentes commotions atmosphériques, lorsque
les éclairs d'été et les étoiles filantes indiquent dans l'air
une masse considérable d'électricité. Dans ces cas, les
gaz hydrogène et oi..igène continuellement suspendus
à la .surface des eaux, entraînés par la force de la vaporisation ou sollicités par une forte pression , sont mis
en contact nvec le fluide électrique de l'atmosphère, s'enflamment et produisent la clarté .l umineuse qui brille à
la surface des ondes. Quel specLacle plus majestueux
que celui de voir , par une nuit obscure , cc gouffre enflammé par la marche imposante d'une nombreuse flotte
dont chaque vaisseau laisse après lui un sillon lumineux
considérable, résultat de la pression qu'il exerce, effet
de l'émanaliun du gaz hydrogène - o.xigèné, enflammé
par le fl.uide électrique!
Nous dis~inguerons ici les phénomènes électriques de
l'eau marine (comme effets de la décomposition des matières ;inimales , d'où proviennent les fluides inflammables qui la causent ) , de sa phosphorescence qui paraît
due à l'existence d'une multitude innombrable de zoo-phytes qui y développent leur vitalité. L'obsei·vation a
tlémontr<l dans beaucoup de circonstances que la phos-
�( 285 )
phorescence de l'eau marine coïncidait avec la présence
d'un nombre prodigieux d'animalcules, mollusques, méduses , polypes et autres.
Ces espèces de vers luisans paraissent varier suivant
)es climats. Dans les mers boréales, la phosphorei<cence
a été attribuée au grand nombre de méduses qui flottent
dan.s ces eaux. Dans le 6.e degré de latitude Sud, on a
retiré des vagues phosphorescentes du Zaïre di verses
espèces de cancer dont la propriété lumineuse paraissait
émaner de l'albumine cérébrale. Dans les mers d'Italie ,
au golfe de la Spezzia, Spallanzani a 1'econnu cette lueur
phosphorique à plusieurs espèces d'animalcules, alcyons,
millepores , ratepores , madrepores, gorgines , plumes
marines. Il s'e.s;t assuré que la propriété phosphoresEente
chez ces zoophytes résidait dans leurs polypes, Cet observateur ayal'lt retiré un certain nombre de plumei
marines imprégnées de l'eau ne mer et ayant comprimé la partie plumée de leur corps, vit jaillir une sorte
de fontaine lumineuse qui teignait les objets de leurs
flots argentés. Sur la côte d'Espagne , entre Barcelone
et Taragonne, on rencontre un gros poisson lumineux
qui donne une vive lumière qui , dans l'eau , ressemble
à un charbon ardent. On a observé que ce ffuide lumineux
a une propriété délétère et que son impression sur l'organe de la vue produit instantanément la cécité. Dans la
Manche , sur la côte du Cap de la Rogue et fie Cherbourg, on a reconnu que cette lueur nocturne procédait
des globules transparens extrêmement petits, contenus
par myriades dans l'eau marine de ces p11rages. Ces globules n'avaient pas une forme exactement sphérique , ils
-0ffraient une substance f;élatineuse ayant un point r entra\ solide placé à l'ombilic du corps ainsi fi guré @.
Ces pefüs corps retirés de l'eau se desséchaient promptement et étaient alors réduits à la pa1 tie solide. Ces
diverszoopb;ytes dont l'eau de mer abonde partout et sur-
�( 286 )
<tout dans les c1imats intertropicaux , ont en général un
corps gélatineux orbiculaire radié , d'où partent des antenulles flexibles et percés de petits trous, il-s ont une
bouche sans dent et une peau molie , transparente et
percée de petits siphons par lesquels ils pompent l'en
m;irine . . Ils i'élahorent, la rendent phosphorescente et
la rejelte11t ensuite par l'extrémité percée de leurs antenulles qui formellt tout aulant de lampions de 'fl.amme
a.zurée. Cette clarté est d'autant plus vive, que le nombre
tl';mimakules est plus grand. Spallanz01û avait -observé
qu'elle était en raison de leur mobilit-é, qu'elle cessajit
de se manifester lorsqu'ils étaiènt en repos et qu'il suffisait
de battre l'eau pour la reproduire. L•eau de mer conservée dans des vases produit pendant plusieurs jours
les mêmes phénomènes~ mais l'intensité lumineuse di~
minue progressivement et s'éteint successivement à mesure que les aRimalcules ccssen t de vivre.
La matière huileuse grasse, ainsi que les globules phosphoriques àcres et irritans qui sont en suspension dan'ii
l'.eau de la mer, réunis à tous les principes salins qui
la constituent, rendent cette eau impropre à la boisson
habituelle et son usage nuisible à l'existence des êtres
vivans sur la terre. Quoique des animaux terrestres, tels
qu~ les lwn!juroo·s, puissent habituellement s'en abrcuye1·
sans danger; quoique d'après lPs rapports du capitaine
Cook, les ha hi tans de l'Isle-dc~Pt1que en fassent exclusi•
vement usage pour leur boisson ordinaire ; ce liquide
plus ou moins saturé èle divers sels tenant en suspension des animalculr~s et des substances extractives
végéto-animales EJ:Ui lui donnent cette saveur âcre, salino-amère, cette odeur nidoreuse et nauséabonde qui
le distinguent, ne peut êLre ingéré habituellement sans
produire des effets fU!1estes à l'économie animale. Ses
principes trop fortement excitans détermineraient des
okritalions sui v·ies d'inflammations plus ou moiBs m.-
�( 287 )
tenses es voies digestives, qui épuiseraient rapidemclll
le urs faci.. tés contractiles ou prnduiraient promptement la'
mort par l'irritation sympathique du ·système nerveux.
Cet effet délétère de l'eau marine a été confirmé par la
triste et décisi-ve épreuve ordonnée par Pierre-leGrand •.
- Cet empereur ayant soumis les enf~ns de ses matelots à
la boisson exclusiv:e de l'eau de mer, eut la douleur
d'apprendre qu'ils étaient tous péri P victimes de cetl;efon este tentative , imprudemment ex é{;utée.
L'autiquité avait recherché les moyens de rendre l'ea ~
de mer potable. Plutarque rapporte que les premiers
navigateurs avaient cru pouvoir parvenir a ce but eB
fi!.rant l'eau marine après l'avoir faite bouillir. St.•
Gregoire propose le moyen de foire bouillir l'eau dan-s
une vessie et de recevoir la vapeur qui s'en exhale sur
des éponges qu'on exprime quand elles en sont bien
chargées. Pline , dans son histoire naturelle , nous appre nd que les anciens avaient. commencé à mettre à
profit . l'observatioll du grand phénomène de la vapori11ation, opéré par la nature, et qu'ils en avaient déduit
les moyens de rendre l'eau de mer potable. Il s'exprime
ainsi: «-Quia sœpe navigantes defectu aquœ dulcù laborant,
hœc quoque subsidia demonstruvimus. Ex pansa circa navim
i,;ellera madescunt accepto halitu maris quibus hic humor·
dulcis exprimitur.
L'art de la navigation réclamait un perfectionnement
de moyens pom· imiter la nature d&ns l'épuration de
l'eau de mer et sa c0nversion en eau pure potable, pour
qu'elle put, dans certaines circonstaaces ,. être employée
en boisson et à la préparation des alimens des équipagcS:,
L'invention contestée de ce procédé appartient à la na~
ture ; l'honneur de l'application et du perfectionnement
est dù au'.S hommes qui ont successivement recherché les
moyens de l'imiter par des machines aptes à fournir des
résultats de plus en plus favorables à ce but iudi~ué_..
�( 288 }
celui d'obtenir à bord des navires une provision d'eaa
potable suffisante pour les besoins journaliers des
homm es qui sont destinés _à y séjourner et à les manœu vrer.
La nation espagnole paraît ètre la première , parmi
les européennes , qui ait tenté d'obtenir des quantités
suffisantes d'eau pure par l'eau de mer rendue potable.
Il paraît que dès 1 566 , le docteur Don A11dris de Laguna
distill a l'eau de mer dans un alambic. 11 en obtint une
eau potable qu'il rendit salubre et agréable à boire en
l 'exposant à l'action de l'air atmosphérique.
E n l'année 1600, le chevalier Ricard Hawkins, qui
manquait d'eau dans un voyage qu'il avait entrepris sut·
la fi n du règne d'Élisa"lieth, s'en procura en distillant
l'eau de mer à bord de son vaisseau. Cette distillation
exéc i'ée sans une consommation considérable )de comm e!!l.Ï .e , lui fournit une quantité d'eau très - salubre
pou r ses équipages.
Ferdinand Quiros fit, en i6o6, un voyage a1.1x terres
aqstrales , où il se procura de l'eau douce par le même
moyen .
Hauton entreprit de nouvelles expériences en 1660 ,
il aj outait de l'alcali fixe à l'eau de mer avant de la distiller. Il mettait le tube du chapiteau de l'alambi~ qui
conduit l'eau distillée au recipient , dans la mer qui
servait de réfri gérant; il mêlait ensuite une terre particulière à l'eau distillée pour lui enlever l'acide hydrochlorique dont elle était imprégnée. Vers la fin du 16.e
11iècle , Bacon de Vérulam proposa aussi une manière de
convertir l'eau salée en eau douce , par la distillation.
Gauthier , médecin de N~ntes ; présenta , en 1717,
une nouvelle machine au moyen de laquelle on pouvait
distiller à bord une quantité d'eau suffisante pour le
gervi~e des équipages ; mais les inconvéniens qu'ell~
effrait , la firent bientôt abandonner.
�( 289 )
Poissonnier , Conseiller-d'État et médecin-inspecteur
du si>rvice de santé de la marine royale de France ,
proposa , en 1765, un alambic de nouvelle forme avec
lequel on distillait l'eau marine pendant les plus grands
roulis, sans qu'elle passa de la cucu1 bite au chapiteau.
Cet instrument fut utilisé à bord des flottes françaises
et sur les vaisseaux de la Compagnie des Indes. M. de
BougainYille , dans la relation de son voyage autour du
Monde, atteste qu'il dut le salut de ses équipages à
l'eau distillée avec cette machine.
Le doeteur Lind, au moyen d'un alambic qu'il avait
perfectionné , distilla l'eau de mer à bord du vaisseau le
Dauphin et procura de l'eau douce aux marins qui
étaient confiés à ses soins , pendant une partie de ce
voyage qu'il fit autour du Monde, en 1768.
lrring présenta, en 1770 , une nouvelle méthode pour
obtenir de l'eau potable par la distillation de l'eau de
mer. Il résulte des expériences qui furent faites , en
janvier 1771, sur le vaisseau !'Arrogant, que les combustibles employés pour cuire les alimens des équipages
servaient en même-temps à distiller une quantité assez
considérable d'eau de mer pour en extraire soixante
pintes d'eau douce, et que quatre-vingt pintes d'eau de
me1· distillées dans la chaudière de campagne du navire à laquelle on adaptait l'appareil , pouvait donner
vingt-cinq pintes d'eau par heure. L'un de ces procédés
consiste à adapter un simple tuyau au couvercle de la
chaudière de campagne et à humecter continuellement
sa surface à l'aide de toiles mouillées pour condenser
les vapeurs qui le traversent. Ce moyen a été avantageusement mis en pratique par le capitaine Phipps, dans
son voyage au pôle Boréal ot par Coi!k, dans son deuxième
voyage autour du Momie.
L'appar~h indiqué par M. Rochon , de l'Institut, pour
distiller l'eau de mer dans le vide, exige un trop grand
'r. VII. Mai I 8z4.
39
�( 290 )
e11pace et une consommntiun de combustible trop considérnble pour être adopté avec avantage.
Mais les expérience!' faites par MM. Frercinet et
Clément avec un appareil composé d'un foyer fumivore
destiné au charbon de terre ou de bois , d'une chaudière
à vapeur et de deux comlensateurs , offrent des résultats
11i satisfais11ns qu'elles ne laissent rien à désirer.
Les produits de cette distillation démontrent que la
combustion de sept litres de charbon de terre pesant
cinq kilogrammes, six hectogrammes , fournit trentehuit litres d'eau distillée par heure , et que cette eau
est meilleure que ne l'est celle de source, après quelque
.séjour dans les barriques.
Les calculs comparatifs les plus exacts prouvent que
mille litres d'eau pure, obtenus de la mer par ce procédé
distillatoire perfectionné , coùtent environ dix francs
soixante six centimes> tandis que la même quantité d'eau,
prise aux sources> coûte, pour frais d'embarcation , dix
fi·ancs seize centimes.
D'après ces calculs, le litre d'eau de très-bonne qualité, qu'on peut se procurer par la distillation de l'eau
de mer, coûte un peu plus d'un centime, prix 'qui n'est
que 1e rlouble de celui de l'eau à Paris.
Ce nouveau mode de distillation présente encore
un avantage important au commerce relativement à
l'espace qu'il laisse libre dans le navire dans lequel
on le pratiquerait. La comparaison bien établie entre
l'espace exigé pour les barriques d'eau embarquée et
celui occupé par l'appareil distillatoire et le combustible
nécessaire pour l'activer , laisse au moins les quatre
cinquièmes de la place à disposer pour les marchandises.
L'eau potable provenant de cette distillation, comparée
à celle de source également distillée, n'offre aucune diffé·
rence ; elle en a toute la limpidité , elle dissout le savon
et cuit bien les légumes comme celle de source; l'eau
�(
291 )
marine distillée conserve le goût d'ignition, produit de
l'action du calorique , mais ce goô.t d'empireumt se dissipe , lorsqu'elle a été exposée pendant quelque temps
à l'air libre. Cetle <!listillalion adoptée à bord des vaisseaux , aurait une inCTuence heureuse sur la santé des
marins , sous le r:ipport de l'abondance et de la qualité
de l'eau et sous celui des dangers que courent les équipages souvent obligés à se mettre dans l'eau par des
temps froids et mauvais pour embarquer lP.s barriques;
il é1•itcrait les causes de maladies et de morts auxquelles
s'exposent les matelots qui sont obligés de faire l'eau
dans les rivières marécageuses et saum<'ttres. En l'adoptant, il serait possible de cultiver quelque3 plantes
potagères , toujours si utiles et si salutaires aux malades, il favoriserait le transport des plan les exotiques,
le plus souvent contrarié par le manque d'eau pure nécessaire à leur végétation.
Mais , en ne la pratiquant que dans des circonstances
accidentelles , aette distillation offre l'avantage de pouvoir
approvisionner d'eau pure et de bonne qualité un équipage de quatre à cinq cents hommes pendant les calmes trop prolongés et pendant le cours des longues
navigations où l'eau de provision vient à manquer.
Elle dispense en tout temps de la nécessité impérieuse
d'aborder des terres suspectes ou dangereuses , ou d'interrompre une navigation essentielle par des relâches
forcées , longues et dispendieuses. Les navigateurs les
plus célèbres , pendant leurs voyages de découvertes ,
ont distillé l'eau de mer , ils ont trouvé, dans cette
modification de l'admirable procédé qu'emploie la nature pour fournir l'eau au Monde, une ressource assurée
de salut pour subvenir aux besoins urgens et se préserver des -maux que fait éprouver le manque d'eall
potable.
Quoique le moyen perfectionné d'extraire du sein <}es
�( 292)
rners une boisson salubre , dépouillée de particules nuisiLlcs et semblable en tout aux eaux de pluie les plus
pures , soit un bienfait dt'.i aux progrès de l'expérience
et dP la raison, ce procedé a néanmoins encore suggéré une question d'hygiene: Qu'elle est sur la santé de
l'homme l'influence de l'eau de mer distillée , prise en 1
boisson et employée d~ns la préparation des alimens 1
En r741 , le docteur Morales d~ Prado avait déjà
élevé des craintes sur l'usage de l'eau de mer distillée,
employée comme boisson. Il produisit \ ce sujet une
séri e d'objections pPu marquantes et erronées , qui suffirei t néanmoins pour la faire prohibe1· à bord des flottes
espai:.-Îwles.
Depuis cette époque, ôn a émis l'opinion que les
substances huileuses , bitumineuses et alcalines dont
l'eau de mer restait imprégnée après la distillation 1
étaiPot susceptibles de nuire à l'économie ;mimalc. Cette
opinion me sera j~mais fondée que dans le cas où l'eau
m arine ne serait pas distillt!e avec l'attention et l~s pré·
cautions nécessaires et qu'elle ne présenterait pas après
l'opération les propriétés physiques analogues à celles
des eaux de source pareillement distillées.
Il est reconnu que lrs substances huilE'uses et bitumineuses ne se rencontrent que dans l'eau de mer ,
prise à sa surface ; celle qui est fi une certaine profon·
deur ne contient que de substances salines en disso·
lution. Lorsqu'on distille l'eau de mer puisée profon·
dément au-dessous de sa surface , le chlorure de sodium,
l'h.rdrochlarate de magnésie, de chaux, ainsi que 111
snfo lle de soude , s'attachent aux parois de l'appareil.
Si l'on a le soin de rejeter le premier produit et <le ne
pas continuer l'opération au point où racide hydrochloriql'le puisse abandonner ces sels et se combiner
av~c la vapeur, l'eau vaporisée par le calorique s'élève
dans toute sa pureté vers le chapiteau de l'alambic.
�( 293 )
Là, condensée par le réfrigérant , elle se résout en un
liquide pur et limpide qu'il ne faut qu'aërer pour le
rendre aussi salubre , aussi agréable il boire que l'eau
de source la plus pure.
Des expériences positives et convenablement prolongées, ordonnées par le gouvernement français , dans
le but de s'assurer si l'eau de mer distillée était propre
à la boisson de l'homme, ne laissent plus de doutes , ni
d'incertitudes à cet égard. En 1817, il fut établi dans les
ports de Brest , Toulon et Rochefort des <iommissions
qui , sous les ordres de MM. les Commandans et Tntendans della marine, firent distiller des quantités suffisantes
d'eau de mer, pour fournir, pendant un mois , à la
boi~son et à la préparation des alimens d'un certain
nombre de forçats, Quarante-un de ces individus , s'étant offerts de bonne volonté , forent scrupuleusement
abstraints pendant un mois au seul usage de l'eau de mer
distillée ; pendant tout ce laps de temps, aucun d'eux:
n'a souffert la moindre altération rle santé qui put être ·
attribuée à l'fogestion exclusive de ce liquide ainsi
préparé.
De pareils résultats, obtenus par trois comm1ss1ons
différentes où se trouvaient des chimistes distingués ,
opérant à de grandes distances sans se communique1·
leurs observations , démontrent que l'usage de l'eau de
mer distillée n'est pas nuisible à l'économie animale.
Le navigateur peul donc hardiment puiser dans l'élément qu'il parcourt ; il peut , sans appréhender de nuire
à sa santé 1 se procurer , à l'aide de la vaporisation de
l'eau de mer condens€e , la quantité d'eau pure, nécessaire à i;a boisson et autres usages économiques de la
vie. Il le peut au moins pendant un mois et plus encore ,
'Sans éprouver d'autres craintes que celle de manquer
de combustibles.
Dans celte malheureuse conjoncture à laquelle il est
�( 294)
souvent plus aisé d'obvier , par la facilité plus grande
qu'on a de se procurer sur les côtes, plus fréquemment
du bois que de l'eau potable, le marin trouverait encore
dans le liquide qu'il sillonne une ressource de salut
dans le procédé de la congélation artificielle de l'eau
de mer. Les navigateurs Weymouth, Cook et Phipps,
dans leurs voyages aux pôles , se sont approvisionnés
de l'eau potable qu'ils ont rencontré même par les 60
degrés de latitude Sud. Des expériences directes prouvent qu'on peut opérer en grand la congélation artificielle de l'eau de mer. Ce moyen pourrait encore fournir
une eau assez pure el potable, si les navires étaient aussi
approvisionnés des ingrédiens nécessaires pour obtenir
cHte congélation artificielle, importante à prévoir , surtout dans les voyages de long cours et les expéditions
de découverte.
La cause des mouvemens ondulatoirei. et fluctuans des
eaux de la mer dépend de l'impression des vents. L'agitation perpertuelle plus ou moins prononcée que l'eau
des mers s•Jbit, détermine une division considérable
de ses molécules. Les vents qui soufflent dans toutes les
directions à la surface des mers s'en emparent et les
portent dans l'air qui les tient en suspension. Les molécules interposées <laps l'atmosphère maritime et surtout pendant les grands coups de vent.li , sont en grande
partie composées d'hJdrochlorates. Des · expériences
directes prouvent que l'h,Ydrochlorate de soude dissout
dans l'eau commune à la dose de quatre onces dans un
vase évasé et exposé à tuus les vents , éprouve une perte
des trois huitièmes. Le goùt salé des exhalaisons de la
mer , les effiores€ences du sel marin sur les murs des
bâtisses situées sur ses rivages, la soude qu'on a trouvé
dans l'analyse du muriate de fer pris dans les arsenaux , prouvent que l'hydrochlorate de soude prédomine parmi les substances interposées dans l'atmosphère
�( 295 )
des côtes maritimes. M. le docteur Ké.raudren, ins-pecteur-général du service de santé de la marine fr:mçaise,
est le premier qui ait bien signalé l'interposition de
cette substance dans l'atmosphère maritime. Il a reconnu
que les vapeur5 aqueuses qui ' rendimt les gros temps.
s'élèvent du sein des mers , se condensent en goutelettes d'eau salée sur le·s voiles des vaisseaux.
Il est bien démont1·é que les salsola , les salicomia, et
surtout le salicornia europea , prospèrent et donnent
abondammen t la soude dans les terres qui sont situées
sur les bords de mer et dans celles qui, à peu de distance
de cet élément , sont exposées aux vents qui soulèvent
fortement les vagues. Dans les points éloignés de la mer
et dans une exposition différente, ces mêmes plantes végètent mal et ne donnent pas plus de soude que les végétaux ordinaires.
Sur toutes les c6tes , les salsola , le~ salicor~ia absorbent l'air maritime , séparent en si grande abondance la
soude_ des hydrochlorat e et sulfate, qu'outre la grande
quantité qu'elles en fournissent en produit , elles en saturent encore les terres dans lesquelles elles végètent.
La fixation de la soude dans ces plantes , dans les
terres, sur le fer et sur beaucoup d'autres corps, comme
celle de la chaux dans les coquillages et autres sub11tances calcaires , annoncent trne décompositio n considérable des hydrochlorat es de chaux et è.e soude.
Tout indique que dans cette décombinaison , le chlore
se sépare de l'hydrogène de la soude, de la chaux et
Ile rép11nd dans l'air. La rouille du fer , celle qui se
montre très-prompte ment sur les ohjets montés en acier,
offrent un état d'oxidati@n qui ne peut être rnpportée à
la simple humidité , puisque les mêmes objets , placés
près des-.cataracte s ou des étangs s'oxident bien plus
lentement que sur les bords de mer. [;'observation démontre que lei boutons des épées et des habits se
�( 296)
roui.lient plus facilement dans les golfes profonds, dans
les ports, que lorsque les bâtimens sont en pleine mer
et au large. Cette prompte oxidation des métaux et l'action de l'air des côteli sur les feuilles des végétaux et
des arbres qui jaunissent et se dessèchent spont;:inément
par l'impression éphémère de certains courans atmosphériques • prouvent que le chlore existe dans les régions inférieures de l'atmosphère maritime.
Le chlore exerce une influence bien marquée sur
les corps organisés. Le célèbre Humboldt ayant rempli
trois bocaux, mil dans le n." 1 de l'eau commune dans
son état naturel mêlée avec de l'acide carbonique, de la
0
potasse et quelques atômes de terre. Le n, z fut chargé
d'acide hydro-chlurique , étendu d'eau et assez faible
pour qu'on en put soutenir le goût sur la langue. L'eau
du 5.e bocal était imprégnée de chlore ; les trois bocaux
fort"nt ensuite remplis de la semence de cresson alénois.
Ces semences jetées dans l'eau pure forent, nprès un
quart d'heure , trouvées brunâtres et eouvertes de quelques bull es d'air Celles du n. 0 2. tiraient sur le noir,
mais celles du n. 0 3 étaient d'un jaune verdâtre, trèsenflées et cachées pour ainsi. dire sous une infinité de
bulles qui annonçaient une germination très-accélérée,
Après six à sept heures , les germes parurent dans le
n . 0 3 ; deux heures plus tard, les germes avaient poussé
de la longueur d'14ne ligne. Le cresson jeté dans l'acide
hydrochlorique devenait au contraire de moment en
moment plus noir ; les graines paraissaient ridées et
dessechées et elles ne produisirent jamais un :itôme de
germes. CPlles qui étaient dans l'eau du premier bocal,
ne poussèrent des germes qu'au bout de trente-six: à
trente-huit heures , et ils étaient bien plus petits que
ceux que l'eau du 3.e , imprégnée de chlore, avait dé·
veloppés en sept heures. Ce prompt développement de
germination occasioné par le chlore, qui devance pres·
�2
(
97 '
que toujours de trente heures celle produite par l'eau
or<linaire, observée sur une grande quantité d'espèces
d'autres végétaux , prouve déjà la grande influence du
chlol'e sur la vitalité des êtres organisés. M. Raymond,
médecin de Marseille, avait remal'qué que les arbres et
les plantes qui croissent sur les côtes ont la portion
de leur hémisphère, qui regarde la mer, desséchée, bd1lée
et consumée en grande partie et. qu'elles sont courbées
du côté de la terre-ferme. Il att1·ibuait cet effet à la bruine
salée, enlevée de la met· par les vents du Couchant.
Cette influence des molécules interposées dans l'air
des côtes , est très-prononcée sur les corps animaux:
vivans qui sont exposés à leur action. Le chlore, différant entièrement de l'oxigène ne peut , comme ce dernier , entretenir la vie des animaux. Un animal plongé
dans une atmosphère de chlore de manière à ~tre forcé
à respirer ce gaz à l'état de pureté, périt presque instantanément. Ceux qui , dans les fabriques de soude et
d'acide hydrochlorique, sont exposés à respirer les vapeurs du chlore , éprouvent, suivant qu'il est plus ou
moins concentré, une sensation d'étoulft!ment des plus
insupportables. Dans des circonstances moins défavorables , le chlore provoque des toux violentes avec expectorntions, suivies d'un très-grand degré de faiblesse , ou
il produit, à la longue , les effet5 plus ou moins sensibles d'une irritabilité vive, intense, qui abrège la vie par
le développement trop rapide de la vitalité.
C'est sans doute à la grande décomposition des hydrachlorates de l'eau de mer et à lu diffusion du chlore
qui en résulte dans l'atmosphère des régions maritimes
que doit être attribuée celle grande quantité de poitrinaires qu'on rencontre sur les b01•ds Je mer.
Le:s médecins de la marine, dans les grands ports
militaires-, ont souvent l'occasion de vérifier les effets
40
T, VII. ll!Iai I 824_.
�( 298)
· uisibles de cP.s exhalaisons que fournit l'eau de mer,
sui· les êtres qui , annuellement repoussés du sein de
la- société pour en avoir violé les lois , sont conduits·
de tous les points de \a France clans les bagnes des ports·
de Brest, Toulon et Rochefort. Peu de temps après leur
séjour sui· les galères , on voit 14 phthisie se d6velopper
chez ceux qui y sont prédisposés et faire des progrèstrês-n1pidement funeste_s •.
Raymond avait déjà observé de son temps <i{Ue la
plus fréqw>nte des maladies chroniques, à Marseille, était
la phthisie et il a assuré qu'il en mourait deux personnes sur neuf. Cette maladie organique de la poitrine , suivant cet auteur, se rencontrait aussi plus fréquemment dans les villes bt1tics sur la côte: Les habitaus rle Martigues , La Couronne, La Ciotat, Cassis
y sont plus sujets que ceux des villages situés dans
les terres.
Blak., qui a donné le relevé de la mortalité de Londres
1701 à r 777 ' a i;omplé la cinquième partie de phthi-
ae
siques .
Thoman qui a donné celui de l'Institut clinique de
1
W urtzbourg , présente les phthisiques comme formant
le quart de la mortalité et il faut observer qu'elle · parle
principalement sur les ouvriers des salines.
Ces effets de la combinaison particulière de l'atmosphère àes côtes maritimes , sont bien évidemment prononcés sur les malades atteints de maladies chroniques
avancées , qui y abordent sm' des navires , venant de
]a haute-mer. Leur organisme très-arfaibli , n'étant pas
disposé à l'impression de cet air trop actif et trop irritant , éprouve une action très-prompte de ce nouvel
jlgent. Cette variation atmosphérique , qui produit une
hilarité générale et une sensation agréable sur les personnes en santé, agite et donne de l'anxiété aux indi"iidus atteints d'affections chroniques. Elle est instan-
�( 299 )
!ianément funeste aux phthisiqucs, aux scorbutiques au
.troisième degré, ainsi qu'aux convalcscens très-affaiblis.
Ce changement trop subit est surtout nuisible à ceux:
que le désir <le revoir la terre porte à quitter i'ait
azoté de l'entre-pont , pour s'exposer inconsidérément
à l'action de l'atmosphère extérieure.
Les altèrages des flottes sont souvent annoncés et
signalés par la mortalité des scorbutiques et des infirmes que leur extr~me faiblesse retient depuis long-temps
sur les cadres (lu poste des malades. Ceux qui résistent
à ia première impression de l'atmosphère des côtes, sont
victimes de l'empressement mal-entendu qu'on a de les
déposer à terre. Les uns meurent dan~ le court trajet
de l'entre-pont sur les gnillards ; d'autres , dans celui des
vaisseaux aux quais. C'est ainsi qn'au retour de l'escadre aux ordres de M. de Guichen, on a vu périr beau·
coup de malades flans les embarcations , 4ui les trnnsportaient de la rade tle Toulon à l'hôpital de SaintMandrier.
En 1805, l'armée navale., aux ordres de l'amiral De
Villeneuve , dont j'ai été le médecin en chef , offrit., ?
son retour des Antilles , un exemple de l'action, promptement nuisible , de l'air des attéragP.s sur les scorbutiques et les phthisiques. A l'approche des côtes d'Espagne , les vaisseaux de l'armée si~nalaient journellement la perte de quelque homme de l'équipage. Le jour
du débarquement des malades au port de Vigo, fut
. remarquable par le nombre de malheureux qui p~ri
rent par suite de cette opération intempestive sous ce
rapport; mais commandée par des circonstances militaires pressantes et entreprise contre mon avis trèsprononcè.
L'eau de mer a été employée à l'intérieur par les anciens. Athénée rapporte que , parmi les ingrédiens par
lesquels on modifiait, de sen temps , les _propriétéG
�( 300 )
des boissons ; on mèlait l'eau de mer avec le vin,
parce qu'on pensait qu'elle aidait à la digestion et que ,
proportionnée de manière à ce qu'elle ne domina pas
trop , elle empêchait cette liqueur de porter à la tête.
L'nsage médi ci nal de l'eau de mer a été recommandé
comme un moyen énergique dans le traitement de
quelques maladies chroniques. Asclepiade l'administrait,·
de son tem p.~ , mêlée avec le vin dans plusieurs maladies et parti< ulièrE>ment dans l'ictère coma1e purgative.
Pline lui accordait la propriété de fondre les tumeurs et
surtout les parotides. Russel l'a recommandée dans
les affections des tissus i;landulaires; Buchan, Th. Hid,
contre les écrouelles; Treille l'a indiquée pour combattre
les tumeurs caneéreuses. Ce liquide , pris à l'intérieur à
&es doses convenables, e st un purgatif excitant; employé avec circonspection comme altérant, il peut être
de qu~lque utilité dans les affections caractérisées par
l'inertie du système lymphatique.
Quoique les expériences de Currie' et de Seguin prouvent d'une manière Lien décisive qu ~ la peau , dans l'état
d'intégrité de sa cuticule, n'absorbe pas, l'action que l'eau
de mer, llppliquée à la surface du corps , exerce sur
l'économie animale , a été généralement appréciée.
Dans Je3 cas déplorables d'une privation totale d'eau
potable , l'immersion appaise le sentiment douloureux de
la soif, en mobilisant et en levant du calMique à l'organisme. Cette eau agit aussi par les rapports étendus que
la surface cutanée entretient avec les tissus muqueux,
en trompant , par une excitation sympathique, le besoin
réel qu'ils ont d'être stimulés et rafrdkhis par Je renouvellement des liquide$. Des marins privés d'eau douc.e
ont modifié les tourmens de la soif qu'ils enduraient, en
humectant leurs hardes dans la mer, ou en s'y plongeant
eux-mêmes. Ce fut en ayant recours à ces immersions ,
que le capitaine Blig , dans son voyage à travers la mer
�(
501 )
du Sud , adoucit les souffrances que la pénurie d'eau
fesait éprouver à ses équipages.
Les affusions d'eau de mer ont été pratiquées avec
succès dans les climats intertropicaux par les docteurs
Wright, Jakson , !1-fac-leam , pour combattre et arrêter
les ravages de la fièvre jaune. On a vu des épidémies
de cette terrible maladie, céder, pendant le cours de la
navigation, au seul emploi des aspersions d'eau de mer.
Celse employait les lotions et les fomentations d'eau de
mer c.haude dans les maux de tête chroniques et rebelles.
Lt:s bains d'eau de mer , pris à la température de 12
â I 5 degl'és , excitent les vaisseaux cutanés et font
aborder à 11 périphérie du corps les humeurs superflues qui doivent êtrn excrétées. L'eau de mer , contenant, en grande quantité, plusieurs espèces de sels en
dissolution, détermine sur toute l'étendue de la peàu
une irritation marquée , dont l'identité , chez certains
sujets , se porte jusqu'à produire des phleglT!,asies érysipélateuses. Cette propriété, fortement stimulante, agit
généralement avec efficacité dans les atonies du système
dermoide, dans le prurit sénile. Les bai11s de mer peuvent être recommandés, avec espérance de succès, contre
les gales invétérées , quelques espèces de dartres, les
scrophules anciennes. Ils sont aussi avantageux dans
les flux chroniques des ·membranes muqueuses de l'urètre et de l'utérus , dans les catarrhes chroniques de
la vessie.
La densité plus considérable de l'eau de mer que celle
d'eau de sources , lui donne une action mécanique éminemment tonique dans les asthénies musculaires , dans
les débilité6 générales, les convalescences longues, lorsque l'affaiblissement n'11st pas trop considérable et qu'il
n'y a pas disposition ou qu'il n'€xiste pas de congestions
organiques.
�·( ·502 )
Les ondulations des bains de . mer , pris à la lmne,
>exercent encor!! par la percussion une influence active
·qui pourrait être avantageusement utilisée dans les ab('r·;rations de la tonicité nerveuse 1 telles que l'hypocondrie,
l'y hstérie, la manie , dans les obstructions du bas-v(mtre
·et autres affections du système lymphatique.
L'effet général de l'eau de mer, appliquée à la surface du eorps, est de produire une excitation sur toute
l'étendue du systéme dermoïde. En s'irradiant sur tous
les divers systèmes , oette médication opère wne réaction vitale salutaire, rétablit le ton normal et l'énergie des
fonctions or.gaoiques.
M. le docteur Kéraudren qui , dans l'article eau de
mer du Dictionnaire des sciences médicales , a tra'ité ce
.sujet aveo la supériorité qui le distingue , considère les
bains froids d'eau de mer comme très-salutaires aux: européens dans les régions équatoriales et comme ·susceptibles de -les préserver .<les maladies endémiques qui,
clans ces climats , leur sont si funestes ; il signale le!
contre-indications de ces sortes de bains dans les maladies inflammatoires, les phlegmasies cutanées_, l'érysipèle , les hémorragies, les anévrismes et la vieillesse,
etc. ll pense que la compression que le liquide -trèsdense exerce à la surface du corps pourrait , dans
ççrtaines dispositions organiques, produire des congestions sanguines et provoque1· des accès d'hémoptysie ,
des attpques d'apoplexie , etc. 11 -recommande de ne
pas se baigner lorsque le corps est dans un état de
moiteur, provoquée par l'agitation de la marcl1e, de ne
pas entrer dans l'eau trop tôt , après ~·voir mangé ,_et
d'attendre que fa digestion soit lerminée.
Les Anglais , passionnés pour les bains de m~r, ont
~ Margate et à Ramsgate, petites villes de l'Isle-du·
Thaoet , à l'P.mbouchure de la Stoux, des bai ni tresfréquentés ainsi qu:à Brighthelmston , sur la. Manche,
�( 5o3 )
Dans ces établissemens , les baigneurs sont iutrodui~
dans la mer sur des chars en bois , recouverts et montéS.
sur qualre roues. Ces voitures 13ont munies , par devanli
et par derrière, d'un brancard au moyen duquel elles
peuvent être promptement retirées et ramenées au 1·i~
vage. Les baigneur.., se déshabillenl duns la voiture et descendent ensuite dans l'eau par une échelle , qui peut leur
servir d'appui, les maintenir et les rassurer contre le.s
oscillations trop fortes des vagues. Le coffre de la voiture assure en outre une garantie à la pudeur du sexe.
Pendant les soirées d'été, sur tout le littoral de la côte
d'Espagne, on voit une grande partie de IJ porrnlation
et surtout les femmes , les filles et les enfans , se plo11ger dans l'eau de mer et faire leurs délices de ces bains.
En France , les villes du Hâvre et de Dieppe ont
formé dei établissemens de bains de mer qui offrent une
réunion d'avantages précieux. Il ne leur manque que la
disposition d'un nombre suffisant de chars bien conditionnés , analogues à ceux dont on s~ sert sur l'autre
bord de la Mand1e pour avoir acquis (ceux de Dil'ppe
surtout) les perfectionnemens désirables.
L'entreprise d'un établissement de bains d'eau de mer
qui 1 dans le Midi de la France; réunit toutes le11 res~oun:es que cet agent thérapeutique est stisceptible d'of~
frir, ne peut être ci.;écutù que par une grande ville~
Marseille ast celle qui , par sa position , son opulence
et l'indu.strie de ses habitans , peut et devrait posséder
un de ces monumens d'utilité ·publique. Cet établissement, situé sur un point agréable , commode et à portée
de toutes les conditions, devrait posséder tous les divers.
instrumens et appareils reconnu~ utiles et àptes aux:
diff'ércns modes d'application de l'eau de mer, indiqués
pour les divers états pathologiques. Un pareil édifice
construit au bord de la mer, à la moindre <listance
lJOS.sible de la vifür, disposé pour prendre et faire usag~,
�{ 3o4
l
de l'eau de mer iiOUS toutes les formes utiles, offrirait
<iux habitans de Mal'seille et à ceux des départemens
voisins des moyens de médications très-actives et capables de triompher de certains états morbides dont la
chronicité se montre rebelle à l'action des diverses eaux
minérales. Cet établissement bien dirigé et convenablement distribué sous le i:apport des soins , des distractions, des promenades et des agrémens , ne manquerait
pas de se soutenir et d'attirer un grand nombre d'étrangers qui concourraient à sa prospérité.
{ La suite au N. 0 pro&hain.)
-
d'un ulcère variqueux, à la jam'fle; par
M. ANDRÉ , docteur en chirurgie.
ANNE ll'I ••. , âgée de cinquante ans, domestique chez
un bourgeois de cette ville , d'un tempérament fort et
sanguin , n'ayant plus ses règles depuis cinq à six ans,
portant des veines variqueuses sur les membres abdominaux , depuis long - temps , reçut un coup de cep
sur la partie inférieure de la jambe gauche , au-clessus
de la malléole interne , il y a onze ans, qui détermina un engorgement inflammatoire et par suite un ulcère variqueux dans cette partie. La malarle n'y fit pas
assez !l'attention , se contenta d'appliquer sur l'ulcère
des feuilles de diverses plantes dont elle ignore le nom.
Sept ans après un traitement si peu méthodique, l'ulcère
faisant toujours des progrès, la malade me fit appeler
pour lui donner des soins •
. Je trouvai la peau des jambes couverte de veines variqueuses qui étaient comme parsemées sur sa surface.
La jambe gauche , monstrueuse par sa grosseur , présentait un ulcère variqueux, situé à la partie inférieure
de la face interne , fesant presque le tour de la jambe ;
des bords durs, épais cernaient cet ulcère duquel il s'éleyait un pus sanieux, abondant et de IJ!auvaisc odeur. La
Jambe considérablement engorgée dans le reste de son
étendue et d'un rouge violet ne servait plus que difficilement à la progression.
Le premier jour ~ j'ordonnai le repos dan.! le lit, uu
0BSERr ÀTION
�(
5o~
)
r.:gime convenable ; la tisane de chicorée amere , rendue purgarive , plusieurs fois dans Je cours du lr;1itement, avec une once de sulf.ite de soude. (Cataplasme
émollient sur la jambe gauche). Deuxième joui", rnèmes
moyens , plus, six sangsues sur l.i circonférence de
l'ukère pour en de gorger les bui ds et toute la jarnlrn.
Troisième et quatrième jours, mieux sens ule Huitii:me
jour, l'engf)rgernent, la duull'ur et Il.'. rougeur di111in11és,
suppuration de l'ulcère abonJante, d'un pus de meilleure
qualité. Dixième jour, suppression du cataplasme -émollient, application du b;mdage compressif.
Une bande roulée d'! douze aunl'S de Jung ,_ sur trois
pouces de lilq~e , entourait la jambe, par des circulaires,
depuis les orteils 'jusqu'.1u-d11s,~o us du ~enou. La jilmbe
comprimée pnr ce mu.yen a diminué sen,iblement de
volume, l'ulcère co uvert simplement d'un mun:e<1u de
linge fin, renouvelé , ainsi que l'<1pplication du bandage, une fois par vin~t-quatre heures , a marcht rapidement vers la cicat1·isation. Le quarante-huitième joui·,
elle a été complète et la jambe est revenue dans son état
naturel.
Pour pré1·enir la récidive _de <'Cite maladie, je conseilli1i à la malade_ de portrr habituellement sur l<-1 jambe
gauche, un bas de peau de chien , lacé, ce qu'elle a
obsPrvé de faire pendant deux ans et demi, et elle n'a
cessé de jouir d'u ne bo1111e sanlé et de se livrer à ses
occupations ordinaires, saRs ressentir aucune incommodité, dans la jambe malJdc.
Cette obse1 vation , quoiqu'elle n"offre ril'.n de pnrticulier, el que dans le tr.iitemPnt de la malàdie qui en
fait le sujet, on se .• oit conduit d'après lei; principes de
l'art, prouve durnoins qu'on ne doit pas toujour~ c-raindre de faire cicatriser les vieux uki>res, ain~i que le
ronseillent quelques aute111 s, dans la crainte , dise11t-ils,
qu'il ne s~rvienne une métasta~e funeste , ou urie ;iutrn
rnaladie pl11s dan1;ere u.~e que celle qu'on cherche de
J(Uérir. L'expérienr:c des homl!IPs ér lai ré:> dans la pratique chirurgic;,l e , doit nous r:i•surer sur ces prétendus
danµ-ers et nous enhardir à tenter la ~uérison des ulcères,
n'importe leur ancienn<'lé , en prcn<1nt né,mmoins le~
précaution11 que l'art prescrit.
T. VII. Mai 18:?-4.
4-r
�Si'.:ANCES DE LA. soc1ÉTÉ PENOA;"<T LE MOIS o'AVJ.\IL
1824.
-~"'~-
3 Avril. - l\1. le secrétaire-f;énéral communique une
lettre de 1\1. le d-Octeur ·valentin , de N«nC,Y, qui renferme entr'aut1·es deta1ls inté1 essans , l'opi111on de l'i mmortel .Tenner, sur la vertu in'lltérabl e <lu virus vacLin,
<i[Ui peut passer ~ dit-il, par des milliers d'individus
sans êl rc affaibli , ni perdre sa propriété préservatrice.
MM . Aubirt et SP.rène, médet'Ïn s à Toulon, transmettent Je11r reronn::i1~sance à la Société df' ce qu'dle a bien
vouh1 les adm"ttrc au nombre de Sf'S corrcspondans.
:M. le Pt és1dcnt dépose sur le bureau les tomes 1 et
2 des mémoires de la Sotiété des sciences , agriculture
et arts de Strasbourg, et fait homn1 ag" , au nom de
l'auteur, l\l. La.l'ille·de-Laplairrnr, doclc-ur-méc!.ecin,
d'un mt!moire sur ll'S eaux m:nùalts, dow hes et bains
minéraux artificiels et sur les bains et dou ches de vapeurs,
dont le rappo1 test c' nlié à M. Nel
1\11. Si(jaurl lit ~on rapport sur un mémoire de M.
Chabanon , fils , rnéùecin i.i Uzès, ayant pour titre :
C11up-1l'œil sur le mecanisme de la station. et la prt!ponàerance des muscles .fiechissrurs sur ln extmseurs.
17 A,1ri/. M. le Président f..iit p-'rt ù'11ne lettre de M.
Sper, t.Ot n'spondant à Toulon , qu• fournil d es détails
inléress;ins sur l'opération de Io taille anale _dont il a
adre~sé, dan~ le temps, J'(lbserv:ition.
Ltcl ure est faite d'une letLrc de M. Chardon , médecin
à Conctrieu , qui adresse une brochure intitulée : Remar'l"es-protiques sur la ronvales1ence ft les rechutes , suivies
d'une observation cu1·iruse de {!angrène sénile , et un fascicule d'observations pour être reçu memLre correspondant. La deman<le. de ce médecin est prise en considération et 1\'l. Magail est chargé du r<ipport à faire sui
ses productions.
Le reste de la séance est employé aux conférences
sur les m~ladies régnantes.
La séance est terirrinéc par lP. scrutin de M. Mfy,
médecin à Lyon , qui est reçt! membre correspondant.
Présid~nt.
$u r., Secrùaire-gt!nérnl.
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Très-n•iag en 'I,
TontconT .;'f. g.les.
Co 1.1vert, pluie.
Tr~s-nuageux .
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Idein ,
9uel_qucs nuages.
Srrein.
~nclq11es n ua~cs.
cou,·ert; pluie.
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Co 1ncrt.
Couvert ; pluie,
Nuai;eu~.
Quclq.lt·g .nu ag.,m,rar
~,/em.
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Suprrbe.
Tr0s-nuag e ux; brouil.
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�768mn•, '"51 , le z7 , à 9 heures du malln.
'l'Tus grande élévation du Baromêlre
749 , ·ll7, le 14 , à 3 heu.res.
Moindre élév<1lion.
tLiuleur moyenne du Baron1ètre ., pour loul le mois 7,,7 ' / 0 ·
-1 z3 °, 9, le 3r, à miùi.
Plus 11ranrl dt·l)ré Je -chaleur.
-t 1 1 , o , le 25, au levl:I' du soleil.
idem,
l\loin1lie
•
70.
I 5 o,
Tcmperalure moyenn,; du mois.
Z
le r4, au· lever du soleil.
°,
98
~ ~ Ma1dmum de l'hygrombtre
55 , le io, à 5 heures.
lVI inirnnm.
f-4
D .. t;ré 1110yen .
_..
7ï ' 9
le jour
• I 1 2. mm' ~..5
~.
27mm, 57.
~ ; Quantité d'eau tombée pen<lanL
{ la nuit.
15 , C'l.
~ -~<
... *
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~u f
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N-0mbre de jours.
.......
de pluie ,
6.
enfièremcnt couverts ,
7·
très-mrn.geux
sereins.
de lunncrre • •
?·
• 4.
•
1.
�S E C0 N DE
P AR T 1 E.
lllÉMOIRiS, DISSERTATIONS, NOTICES
LOGIQUES , ETC.
NÉGRO~
MÉMOl!tES'.
TOXICOLOGIE
végétale ( 1). -
légale , par
PmnQUrN ,
,
Consultation médicomédecin.
Le crime d'ernpoiioooeaHnt est le
plus coupable de tous lrs asMs&ioats ,
parce rp1ïl e>l le rlus làcl1e' le plus
facile à r·ommellr• comnte à carner; le6
lois doivent clone fll'~ plus attentives à
Je prcve11i1· et J i lu~ sôvè1cs dans leurs
peines.
SERVAN.
J'.Ar mesuré d'un œil calme la carriè-rc dans laquelle
je vais m'engager : j'ai vu sans crainte tous les lnconvéniens· y:ùi peu•·ent en résulter: je les brave , en m'esti-
(1) Les empoisonneruen• par des substances végo:talcs sont si
peu con nui , que lïntérèl de la scienM et de l'hurnanité nous
force d ' accu .. illir avec reconnaissance tout ce qui nou~ par' irndrait d'int éressant 5nr cet objet; c'est donc dans cctt,. unique
Înl<'nlion qur nous. p11.blions une coo.,1hation d ' un dè' e d" l' t111
des plus• rélrbr<'s médec10.J::sj.s1.ee de l'Europe. de M Prunelle, anciea professeur à l'F.cule de M ,) otpdlie1· et de l'illaslle
professeur M. I!'odere. Cr mémoir~ fait por un mo;decio qui s'est
beaucoup_ occupt~ cle méd ecine-l égale , offrira, ce nous sc-mbl-1!1,
plus d'un point remarquable à nos lecteurs.
( Nole llu Redacleur.gé11éral ).
vn. Juin i824.
T. _
47.
�( 5 ro )
mant eucor.: comme trop heureux d'a·<oir été choisi pour
pl aider la cause de l'humanité , de la justice , de la
socié:f <iul1vagées.
Deux hotnlJ IPS sont frappés du même trait; leur age'
leur ten1p;r ment, leur constitution , leur profession ,
enfin toutes l· s con<l.iLions physiques et · socioJes sont
entiér»ment differentes en tr' eux, cependant ils succombent sou s le mème coup et la mort prononce et laisse
sur tous deux cfos t races id entiques de la même cause.
NotrP rJ .. voir est •ie déterminer quelle est la source pro~
h ab le des acci 1ens prt'sentés durant la vie et des phén oii1(•nt:•s trouvés <Jprès la rn ort, sans nous aider, en
auc•J:1" maniere, des rrnseign (:;in ens qui nous ont été
comm1mÏ •[Ués. Nous puiserons donc l es fundemens de
n otre ronviclion ch1ns ll"s rnppnrts dressés et signés par
des 1• ·éd ·cins instru its P.t p;.i· <les ph armaciens di stingués.
c ~~ piict•S 1 Join d'ftre suffisan•ment déluilléf-S OU réfJéchÎtS f•Olll" déc ider une préventi0n 0 11 llll P. accusation
légdl ~ , 11011< fo urniron t les moyens d'.'. cl~irer lu con$cien ee des 1u;tr s, daw• un rnoment où il est impossible
de se procurn· J 'a.i tre.~ nnseignPmens.
Le point 1 pln s important, cel ui qui doit nous occuper en p1·emier l Î<' ll , comme étan l, en quelque sorte,
fa b a.~e de l' e<lifice et rnmme <levant rendre toutes pour-·
sui fe~ n nlles ou in considérées , est la cause de la mort
ati ri:,uée à l'ap<>pLxie . Pour y par veni r plus si'.trement,
nous cr0yons n écessaire de mr.:tln: à la fois sous les
ye~tx 1fo lerteur, le t;i l.1lea u rie la maladie de P. B ... et
d e Fh. C ..• , ainsi que les résultats de l'autopsie ou nécroscopie , nou s en ferons autant ensuite pour l'apoplexie
et tout le monde sera ainsi à portée de juger de la
différence ou de la ressemblance que présenteront ces
deux tableaux. Cette mar-:he réfléchi~, ce noes semble,
mettra les juges à m~me de venger en toute sécurité, si
nous y p<irvenons , la société entière compromise dans
�{ 5,,)
.tlPnx de ses mPmbrcs, <l'<1ppais•!r l'ul'inion publique
justement allarmée et <l'ôter à des f;im11les éplorées la
vue odieuse des Hssassi ns de ses 111cmbres : ainsi nous
arnns clone à recherchrr r. 0 ·Si f. B ... et P.C .•• sont
0
morts d'apopleli.ie ; 2. 0 s'ils ont été <'mpoisonn(s et 5.
dans ce eus, pa•· quelle suhstance. Notre charge n'est
point de rechercher l'intention tlcs criminels, ni de les
poursuivre : san~ trnuver des coupables , nous chercherons à constater leur existence par leurs traces. Nous
allons commencer par re~racer , d'après les rupports,
les symptômes qu'ont présenté les deux malheureux:
dont la cause de la mort fait l'objet de cette consultation.
Obser"ation première. - Le 4 mai 182 ••• Nous trouvâmes à la campagne du sieur C . •• , dans son grenier à
foin , le cadavre de P. B ... , âgé d'environ 1 q à -;..o ans.
homme de peine, Cc jeune homme était déshabi!té, une
ÉCUME lll,ANCITATRE ASSEZ AllONDANTE LUI SORTAIT DE LA
autour <le lui' nous reconnlimes des portions d'alimens secs et mêlés avec le foin,
ils avaient eté rejcttés par l'effet <lu von1is~ement, qui
s'était opére au moment de pPrdre la vie üU peu aupa•
ravant (premier rapport) - Nérrnsrop•'e. - J' .. i prié M.
A ... , étudiant en pharmacie et J\1. 1.. . , ph,\l'macien,
ùc m'aider dans cet exercice , par lenrs i:-onnaissances
chimiques et m'éclairer sur l'•Jllalyse des suh~t.mces délétères et vénéneuses que nous pourrions trouvl"l' dans
celte autopsie cadavérique , afin de con•t;:ter la cause
de la mort: ont été encore présens et aiclans dans ce
travai 1 , F. C . .. 1 L.-J. M. , . , élèves en chirurgie de
l'hôpil<tl, et M ..• , fils; J.-B F ... , V. C .•• , élèves
DOUCITE ET DES NARINES ;
cx!c
rnes en chirur;-:ie ·' etc.
J .e corps étant <lé, ·o uvf'rt, nous avons tous observés
<pie l'extérieur de la poitrine de ce sujet nr. orésentait
à l'œil 'aucun signe de marque ou tach !!angréneuse ,
ni de lésion partièulière. Une incision sur les t.'.gumens
�( 312)
a été pratiquée, dans la p.irtie supérieure du sternum
jusqu'.w pubis et une aulre transversalement sur les deux:
côtes ài's c.aL'lilai;cs cies c6tes. Les tégumens detachés,
:no.us avons- de nouveau ulJservé que l'état des mu~cles
ne [>résentait rieu y_ui put fu.:er notre attention. La ca"YÎlé abdominale , les v1sc.è\·cs intestinaux et principnle:went l'estumac ne nous uut encore rien fait voir d'extraor<lihaire. Ayimt alu1's soulevé l'estomac, naus avon.o;.
placé a''eC beauroup de soin deux ligatures , l'une à
~·orifice du cardia, l'autre à celle du pylore, pour que
1i'estomac étant séparé de ces parties p<1r une s.ect1011 ~
Jl>Ul E:onserver intact tout ce qu'11' contenait. Nous l'a'Yions déposé , dans cet état , dans un vase de terre , où
iiL a été ldvé et seché avec un linge , afin qu'aucune
s.tilistance étrangère ne se mêlât à son contenu. L\1uver!ure de ce viscère a eu lieu , il s'est déi.;agé beauc(JUp <le
~az , dont il éta~t rempli ; l'..1y>1r1t vutclé dans un vaisseau, nous avons recueilri environ une once et derr.ie
@'u.t1' suc gastrique épais et gélatineux de couleur vineuse , qui a été présenté à l'odorat des as.sistans , et
iÏ:S- sont tous unanimement conv1::m1 ne ~:econnaître
u•uNE ODEUR FADE ET PUREMEN 'l' ANIMALE. Nous avons fait
pporter un tison ardent , sur lequel a été versé une
~re portion de ce suc gastrique, afin que par l'ustion
on put sentir s'il se dégageait une odeur alliacée , qui
décè!Ut Ta présence d'une substance arsénicale. 'fous
~ont encore convenus ne ressentir €{U'UNE (.).DEUR.
_.N t11TALE ET SÉBACÉE. L'inspection. scrt:1puleuse des nitmhranes internes de l'estomac nous a présenté dans un
tiers environ de la capacité, t111 ÉTAT 1NFL.l.i\I!IUT01Rr:,
LES VAISSEAUX CAPILLA!l\ES, LJSGÈ RElllENT ENGORGÉ.i, ETLA MEMBRA"'IE MUQUEUSE:
UN
l'l·:U
BOURSOUFFLÉE,
SANS
:L'Œ!l/MOINS POUVOIR RECO 1'/AÎ'l'RE UNE ÉROSION, NI TAGHE
Les inte.tins ouverts
... OIBE. NI POINT GANGRThtrnX.
q.u·ua dégagement
presenté
n'ont
points,
dans divers
�{ 315 )
abondant de gaz ; ils ne p(ésentaient aucun signe d'inflammation , ni lésion quelconque, étant tds que dans
l'état <le santé, après une mort violente. Le !'oie , la
vésicule du fiel , les poumons étaient sains , sans adhérences aux côtes ; rien , enfin, n'a pu nous fair~ obsel'ver la trace de la plus petite lésion. L'ouverture du
cr:lne, foi te le len<lcmai 11 1 a n1011Lré les mêmes phénomènes
~uc ceux que nous verrons <lans l'autopsie suivante
( troisième n1pport ).
Il restait encore des expüir.nces à (aire sur ile reste
du suc gnstrique que nous avions conservé. '.VIM. les
pharmaciens , sus-nommés s'en sont alors occupés et ont
procédé ainsi qu'il suit : Comme la viscosité de cc suc
ne pouvait permettre sa filtration, on l'a liquéfié en y
ajoutant un peu d'eau dis~illée; on l'a placé sur un filtre
et après quelques momens on a pu en recueillir un
pl'ti t verre pltin , <lans lequel on a trempé une pièce
d'argent' mien nétoyée et qui , peu après ' en a été
retirée sans changement de couleur et sans aucune altération. On a fait alors dissoudre uri peu de sulfure
de potasse , qu'on a ajciuté à celle même liqueut , qûi
a conserve s~ limpidite, et n'a donne en résultat aucun
precipite et pour mieux faire remarquer combien les
substances corrosives peuvent attaquer sensiblement et
ostensiblement les membranes des viscères, quelques
gouttes <le sulrvre de potasse , versées su.r Ta pa1 tie interne de l'estomac , ont 'de suite présente une érosion
manifeste Pt une désorganisation rcmarquablè-. Le reste
du résidu gastrique est resté sur le filtre pour y être des:seché soit par le soleil ou le feu, afin de le soumet(re
à de nouvelles épreuves ~'il y a lieu. D'après ce narré,
nous s0mmes bien convaiucus qu? tout soupçon d'empoisonnement opéré par une substance corrosive, telles. .
'f.Ue arsénic , sublimé corrosif, acétate de plomb 01:1 de
43
T. VII. Juin 1824.
�( 3r4 )/
cUÎ\Te n\·xiste pas et que la cause de mort du sujet
est pur <.nient apoplectique et dont la cause , qui jusqu'à pl'ésent est resté ir:cunnue , peut appartenir a des
.mbstances vt!néne!1ses et detùères du rl!gne 1•égétal, qui
étant souvent inodord. , ne lai~scnt sur les org< nes
animaux, aucune marque sensible et reconnaissabie ,
en fait de quoi etc. , signés : B, . . , L. , . , etc.
Observation 11. - Étant arrivé , le 5 mai I 82 .•• , à
]a campagne du sieur C. Ph .•• , serrurier, né à A... ,
t!gé de 3G ans ( t ) , nous l'avons trouvé dans son lit
soutrnu sur son séant par <les coussins , à l'd!et de faciliter sa respiration , qu'il avait très-dilllcile ; il était
sans connaissance , dans un état <le souffrance horrible ,
one jouissant d'aucun sens cél'ébral, l' œil immobile, ne
pouvant répondre à aucune question , la respiration
conPulsive , les mâchoires ~errées , par un tri.~mus tétanique , la poitrine rendnnt des sons stertoreux, recevant avec peine les liquides qu'on cherchait à lui faire
avaler ; les membres pectoraux et nhduminaux étaient
flexibles et sans mouve mens convulsif~ ( '2 ). Une sueur
froide se faisait remarque1· sur toute l'habitude du corps,
et , d'aprt-s ce qu'on nous dit, le sieur C ... étnit dans
cet état depuis environ une heure du matin. Tout ce
qu'on a pu lui administrer n'a rien changé à une situation aussi pénible, qui paraissait être occasionée par
l'usage de quelque substance supposée vénéneuse. On avait
(t) L'âge de ce malheureux était trop remnrquable pour que
j'oubliasse d'en faire mention; du reste, c'e~t l'unique renseignement important que nou& ayon& ajouté aux ra pporl s, quoique
fort incomplets , quoique les autres documcns dont noua ne
faisons point us~ge corroborent noire opinion.
(2) Il aurait p~ut-~tre été utile de savoir &'il y avait paralysie
1oit nerveuse, soit œusculairc.
�( 315 )
fait avalf'r autant que possible <le l'huile d'olive et du
lait , sans succès. Je jugeai alurs qu'il pourrait convenir
d'aùministrer des secours opposc!s et à cet elfet, je fis
di ssoudre, dans trois onces ùc décoction de mauve • six:
grains de tartre émétique , cc qui fut do!rné au malade,
en lui serrant les narines pour prnvoquer la déi:,lntition 1
cc remède, en effet , agit a'·ec assez d'énergie et excita
un peu de vomissement , dans le,1uel on reconnut <lf:lllC
ou t roi.~ portions de subst:>nccs alimenta ires. L'inspecti on de la houche , autant qu 'on put l'observer, pal' rapport à la difficulté de la faire ouvrir , ne nous préscntJ
au c un point noir, ni aucune érosion gangréneuse, l'état
du ponl · était pito:yoble, maU\'<JÎs, petit, dur , serré et
presque nul , se rel evant bien peu de temps en. temps,
et cette anomalie était provoquée par les mouvemcn~
mu sc11!a i1·es rles forces vitales qui , seules encore, soutenaient l'cxis tenre physique dn mal ade , car le cerveau
ne présenta it plus qu'un état comateux et apoplectique
(prem ier rappnrt ).
Le 6 mai. - Nec roscopie . - Après avoir fait remarquer à l'assemblée que la poitrine du sujet ne présent ait aucun signe extérieur de lésion quelconque, on a fai t
un e incis,ion depuis la partie supérieure du sternum jusqu' au pubis et une autre tr;;insvrrsale sur le cart:l>ige
des côtes . La couleur des musc les , étanl découve1ts ,
nous a paru un peu terne , l'estom ac étnnt sou!Pvé _, o.n a
placé une lit;al.ure à l'orifice du cnrdia , du pylore et une à
l'i ntestin rcct11111, ailn que tout ce que pouv;iicnl conteni~
l'estomac et les visd:res ne put écb<i11per n nos rccher~
ches: la section a .sc:paré l'·~st 0 mac <les .intc:ilins et du
l11be t,rsoph«g!c< ; il a été plaré daes 11n vase de terre
et à son ouverture on a t·ccueilli en~·ir<>n rpl' lrc oncr1!,
de suc gaslriqae , portant une tc:inte hépé1tiy:.i~ e_t bilieuse, rjui a c;té placé <1vec min dans une au!l'f' cnpsule:
la membrane i llerne de l'estomac nous a la.is.oé voir
�( 316 )
quelqu'engorgrment des vaisseaux sanguins, sans boursoujfiurt> et sans érosion , et seulement sur des points
isolés. L'Puve1 ture des intestins,, faite sur des grandes
portions et de distance en dista111:e , n'a ri en présenté
de p;irticulier, sinon qu'un dégagement considérable de
r;az azt1fe , dont ils étai<'nt remplis. Le foie, la vésicule
du fiel , tout était dans l'état nalurd; les poumons nous
ont puru frappes de ll:sion particulière, et les mem- ·
branes inlerncs nous ont p• éscnlé df's adhérence:1
<:1t1X côtes: cet état ,,néanmoins, peut être ref)ardé comme
produit par une cause consécutive : par suite de la
sitm1 lion douloureuse et de la grande anxiété dans ]aqu f" lle se trouvait le sujet dont la rigidité des forces
vit.d es disputait un reste de vie à. l<l con!'estion apoplectiq tie du cerveau. Ayant ensuite procédé à l'ouverture
de la ravité cérébrale , n ous avons reconnu que tout
le srstème vasculaire du cervr.au Ctait fortement injecte '
et gorg/> dP. sang, que les enveloppPs membraneusn de cet
oru;rme l:taient ph'of!.osées, ce qui n'a mis a ucun doute sur
l'ét<1t apoplectique qni a cause la mort de l'individu.
Il restait encore à soumFtt_re aux expériences chimiques le sur gastrique recu eilli d;iu~ l'estomac ; MM. A •.•
rt f, ... s',,n sont occupés de la ndme manière et par les
m~m,,s réarti(s F.mplo_yes Io veille , sur ceux tirés de
l'e~tomac c!e P. B... Les résultats ont été les mêmes.
Nous disons Pncnre que nous restons convaincus que
tout soupr;on d'empoisonn eme nt opéré par une substance
corrosive , telles que arsénic , suolimé corrosif, acétate
de plomb et <le cuivre , ne s'e.~L point présenté à nos recherches et que la cause de mort est duc à une congestion sanguine et apoplectique du cerveau, dont la cause,
1:j11i jusqu'à présent est restée inconnue, peut appartenir
à dPs substances vénéneuses et délétères , tirée!! du règne
végétal , qui , ét;int souvent inodores , ne laissent sur
les organes animaux aucune trace , ni marque sensible
�( 517 )
~t reconnaissable. Signés L. B ... , H. C . .• , P. L ... ,
R ..• , A .•. , S ... , et P ... (Troisième rapport).
Après avoir lu celte masse incohérente de symptômes
et de phénomènes , on s'arrête : on doute : on se demande
comment on a pu se méprendre, à ce point, sur le nom
colleclif à leur donner, En effet, il était une foule de
maladies , non mortelles à la vérité , dont on aurait pu
emprunter la dénomination , pui~que quelques symptô1nes étaient analogues ou i<lenLiques , mais nul n'aurait songé à les désigner sous le num d'apoplexie et
dans ce cas je ne ferai point l'injure de demander à tous
les médecins s'ils eussent regardé cette foule de symptômes , comme appartenant à une simple iipoplexie ,
mais je le demanderais à tous les jeunes gens qui débutent, non dans \'exercice de l'art, mais dans son étude et'
leur réponse serait à coup-si'1r négative. Mais en supposant
que la nécropsie ou nécros!lopie eut r!!velé quelque chose
d'assez semblable aux résultats d'une affection apoplectique indubitable, que le médecin se crut bien fondé à le
croire et qu'il ne lui en restât cnfm aucun doute , il resterait encore à expliquer pourquoi dans cc cas il n'a pas agi
selon sa conviction. En effet, pourquoi n'a-t-il pas choisi
dans sa thérapeutique les moyens anti-phlogistiques et
dérivatifs les plus actifs, tels que les saignées, les sinapismes, les lavemens irritans, etc. , et surtout pourquoi
administrer un fort émétique daus une circonstance ou,
tlans cette suFposilion , il seraibdevenu mortel ,1 Mais
supposons .encore que la congestion cérebrnle existât,
qu'elle fut la cause de cette stupeur notée chez le sieur
C .•. , qu'on en eut même retrouvé des traces satisfaisantes, oµ la preu\'e totale de l'agent mécanique dans
les ventricules ; on ne serait point encore fondé à sou·
tenir , ce nous semble, que ces malheureux auraient
succombé en même-ten1ps à une pure apoplexie : ose~
rait-on encore l'ajfümer si, je suppose , dans un violent
�( 318 )
acc.ês-<l'épilep•ie ou de convulsions , on voyait le malade
mourir d'un épanchement dan;; le cerveau 1 On serait
t-0ut au plus fondé à dire que le tumulte de tous les organes, porté à un de!'\ré étonnant de force• perverties, a
pr-0d.uit ce résultat, asse;z: commun dans l'exemple proposé:
c'est iréellement tdut ce qu'on pourrait établir en bonne
logiq1,1e-pratique : ainsi l'on devrait dil'e : tel 1rnilade est
mort d'une apoplexie , déterminée par les efforts irréguliers de la nature dans une atlaque d'épilepsiè, tout
comme tel poison a déterminé la mort par folle circonstance, telle que la congestion sanguine du cerveau ,
par exemple, si elle existait; car , pour déterminer
une apoplexie essentielle , il faut une prédisposition in·
dividuclle, marquée , née non pas hier , mais avtc
l'indiv.idu et croissant en influence avec les années ,
et ensuite une cause occasionelle remarquable ! Les
rapports ne font mention d'aucune de ces conditions indispensables, tandis que dans l'exemp1e que nous avons
choisi, la prédisposition est très-souvent inutile et
l'épilepsie a même été généralement regardée comme
une cause déterminante ou occasionelle inévitable en
qut!lque sorte' pour peu qu'il y ait plethore chez l'ind~v~du. Mais en poussant la cho-se à l'extrême, quel est
le mécj.ecin qui ignorerait, par exemple 1 que , dans les
poison.s narcotiques, tels que l'eau distillée die laurier-cérise et autr~s , tuutes lc.s expériences, toutes les observations prouvent (1) qu'il y a toujours u.ne congestion
~nafogue dans les vais,~eaux des méninges et dans ceux
de la face du c.en·cau, e:tc. ,. quel est le médecin , dis-je 1
qui prononcera qu'il y a apoplexie lorsque le système
wisc11-lafre (lu cerveau sera .fortement injecté ? et surtout
dans des circonstances analogues à celles dont nous
~
(1) J!tfortimer, tran!;a.ct. philos. of, London. Ann. 1731.
�( 519 )
sommes occupés l Combien d'alfoclions très - simples,
très-hé ignes dans les~ueiles ce léger engorgement a
lieu! C'est l'hémorragie qui conslilue l'apoplexie sanguine,
cur:11he l'ont ti ès-bien <lémontré les pathologistes modernes et surtout le:. nécroscopes : mais la circonstance
anatomique , l'accident pathologique mentionné <lans les
rapports , était tout au plus suflisante pour pro<luire une
légère céphaltilgic sanguine et des vertiges, en accordant même le nl'C plus ultrà , ainsi que le délire , pui~
qu'on a trouvé les méninges r1ldot;osées. Mais ce dernier
symptôme , · dont l.i. tendanc.e actuelle des esprits me
fait un peu douter, est-il donc un phénomène anatomico-pathologique de l'apoplexi<i' ou de la dernière affection dont nous venons de parler 1 Et ces conditions sontelles donc bien différentes de celles que l'on retrouve
dans le cadavre , après l'empoisonnement par une substance nal'cotique l Un symptôme isolé ne constitue jamais
une maladie et surtout interne , il en faut une série.
Mais ~n outre n'existe-t. il dune qu'une espèce de poison?
Et ne peut-on en Lrouver que dans les substances qui
agissènt en désorganisant, eu corrodant les parties avec
lesquelles elles sont en contact , comme semblent l'indiquer les anal y ses employées , ainsi que la conclusion
que l'on en tire l Dans le contrnfre, pourquoi se borner
à l'ustion et à l'emploi d'un seul réac.tif dans les deux cas(
P0urquoi, par exemple, n'avoir pas donné à un chi~n
les substances trouvées <l.1ns l'estomac de l'une· ou de
l'autre des deux victimes 1 N'était-ce point une méthode
plus certaine et plus facile ? Ne devait-on pas varier les
réactifs, puisque ceux employé.! dans le premier cas
avaient été sans succès et n'avaient donc produit aucun .
résultat l Mais pourq1.wi , en outre , confier des recherches aus~i importantes par leurs résultats , aussi difficile par les connaissances cl l'exercice qu'elles réclament,
à un élève, à un jeune homme, lorsque la ville abonde en
�( 320 )
pharmaciens instruits et tres-propres à de semblables Îll'vestigations 1 Aurait-on déjà oublié que c'est à un élève en
chirurgie que l'on doit reprocher la mort de l'infortuné et
vertueux CtJla!i 1 Cet exemple malheureux et célèbre ne
devrait-il point autoriser à ~uspecter un peu l'expérience
et la science même des jeunes gens 1 La circonstance n'était-elle donc point assez importante pour engager -le
médecin à adjQindre à M. L. , . , d'autres pharrpacien!)
aussi instru}ts- que lui 1 Mais nous oublions que notre
tâche ne consiste point à signaler des erreurs, des
fautes graves , mais hien à rechercher si les deux malheureux, qui font l'objet des poursuites de la justice,
ont été empoisonnés ou non , et nous (\evons commencer
par prou ve1· que l'on ne doit point attribuer leur mort à
·
une pure atlaque d'apoplei.ie.
Si je n'avais à convaincre que des médecins, je leur
présenterai.s les rapports ; mais des juges doivent être
éclairéS, des jurés dtman<lent des élémens de conviG.tion~
le public veut des preuves ; je vais donc rapidement retracer les principaux symptômes de l'apoplex-ie.
La partiP. la .plus importante et la plus négligée de
notre art est l'étude soutenue des symptômes , c'est elle
qui constitue la connaissance , l'appréciation et la distinction des maladies , et sans elle tout est confusion ,
tout est erreur. La séméiotique d:es empoisonnemens est
encore bien plu~ négligée que la précédente , et l'on peut
même dire , sans crainte d'être démenti , qu'elle n'existe
pas plus que leur science diagnostique', tout cela est à
faire et réclame de nombreuses observations noTI sur
les animaux, mais sur l'homme , et à cette fin , H serait
à désirer que les gouvernemerrs accordâssent à des médecins éclafrés tous ]es malfaiteurs condamnés à mort,
qui deviendraient ;mssi utile à la société et qui ne familiariseraient point le peuple avec la vue et l'appréciation du dernier supplice.
"
�,
( 321 )
Dans toute maladie connue, il y a des symptômes accessoires ou indépendans et des symptômes constans
ou inévitables; c'est de ces derniers que nous devons
seulement nous occuper. comme vraiment caractéristiques des maladies.
L'atta<!{Ue d'apoplexie est ordinairement instantanée ,
elle est accompagnée dans tous les cas d'une paralysie
plus ou moins complète , plus ou moins étendue et
presque toujours musculaire. Lorsque le coup porté n'est
point subitement mortel , la tête se débarrasse peu-à- ·
peu et parvient successivement au point de liberté qu'elle
doit conserver jusqu'à une nouvelle attaque ; mais il
y a sur le moment perte absolue des facultés intellectuelles : les pupilles sont dilatées , le pouls est fort et
dur, la respiration stertoreuse , contispation , t::mission
involontaire des urines , impossibilité d'articuler une
phrase et souvent même les mots. Le système égestif
est également frappé de stupeur , il est le plus souvent aussi impropre à la motilité qu'à la sensibilité.
La fac'e est .fortement colorée , <lepuis le rouge vif jusqu'au violet ou livide. Le malade reste da11s cet état quelquefois plusieurs jours. Suivre la maladie jusqu'à l'issue
la plus heureuse à espérer, n'entre point dans nos vues;
nous nous arrêtons donc ici et nous allons décrire les
phénomènes pathologiques trouvés en ce cas , sous
toutes les latitudes , par <les auteurs prodigieusement ,
nombreux , tt qui autorisent à regarder comme un fait
des plus certains en anatomie pathologique , qu'il y a
constamme~t du sang épanché ou dans les ventricules,
ou dans le cerveau et dans des proportions plus ou moins
grandes, mais toujours suffisantes , pour déterminer
l'affaissement ou mieux la compression des nerfs cérébrau~ e'f de la masse encéphalique et d,é truire ainsi
la vie da~s sa racine , et on peut. ajoutér que cette
T. VII. Juin 1824.
44
�( 3'.ll
J
hémorragie cérébrale c:st le plus ordinai1·ement accompagnée de la lésion de la pulpe cérébrale , telle que le
ramollissement ou l'induration.
Il me resterait maintenant à rapprocher les symptômes
que nous venons de mentionner avec ceux relatés dans
les procès-verbaux , pour en foire mieux remarquer les
.différences tranchantes , mais ce tr vail nous paraît si
facile et nous comptons tant sur les lumières du lecteur,
que nous abandonnons ce rapprochemt'nt à sa perspicacité ; nous allons seulement nous occuper de ceux que
l'on retrouve dans les deux affections.
Si la substance que nous présumons avoir produit la
mort des deux indiviàus , a une propriété narcotique ,
nous devons nécessai1 ement trouver dans les réi;ultats
de son infh1e11ce sur la masse encéphalique, de l'analogie avec ceux que produirait l'action d'un liquide
épanché dans fa cavité idéogénique , aussi ne sommesnous nullement étonné de tl'Ouver dafls la nécrotopsie
de Pb. <.: ••• , entr'autres symptômes, la stupeur, la
perte de la parole, l'anéantissement de.s facultés intellectuelles, la constipation que l'on retrouve dans presque
toutes les affections cérébrales , et par la même raison,
je suis fondé à croire qu'on aurait dû observer la dilat~tion .de fa pupille ; mais ce que l'on observera de
non-identique, ce qu'il y a de plus important , ce qui
doit décider même les opinions , c'est l'absence des deux:
symptômes constans que rappelle ' a l'esprit du praticien , la signification du mot apoplexie , deux circonstance qui servent à la constater irrévocablement : ce
sont l'épanchement sanguin ou l'hémorragie et la paralysie. Si ces deux résultats essentiels d'une attaque d'apoplexie manquent , nous sommes en droit de soutenir
qu'elle n'a p~s' eu lieu.
Une tàche plus épineuse , peut-être, mais aussi facile
à démontrer, c'est l'existence d'un empoisonnement d
�{ :525 )
si nous ne parvenons pas à prouver ce dernier point d'une
( manière aussi irrécusable que le précédent ' il n'en restera pas moins pour nous hors de doute. Je sais que
pour décider sur l'existence d'un crime , il faut trouver
les corps de délits , des pièces de conviction , il faut
_ avoir sous les yeux des pièces irrécusables , telles que
l'analyse chimique ou celle que donne l'emploi des
réactifs , mais ils ont été omis , c'est sans doute une
grande perte. mais dans la circonstance actuelle sont-ifs
donc absolument indispensables 1 Les médecins instruits
qui ont procédé à ces recherches, n'ignoraient pas, par
exemple, <JUC l'acide hJdrocsanique ttai-t très-volatil,
éminemment évaporable, et qu'à l'exemple de la plupart . des poisons végétaux, il ne laisse absolument
aucune trace de l'événement fof!este qu'il a produit, des
symptômes commémoratifs, et c'est tout ce qu'il en reste.
Mais ces symptômes ont ou doivent avoir une valeur,
quoique comme nous l'avons dit plus haut la séméïotique
des empoisonnemens 'est encore à faire, car dans ce cas
le crime doit-il reste!' impuni, ou doit-on le condamner
sur des circonstances quelques fois terribles 1 à la vérité,
mais bien moins certaines encore que les symptômes d'un
empoisonnement 1 Non : en fait d'empoisonnement in. de sympt ômes constans
connu ou sans/ traces, une série
forment un tout , comme en géométrie, l'assemblage de
plu~ieurs lignes droites , forment une courbe ou un
cercle, comme l? réunion de quelques ruisseaux forment
un to1·rent. Mais, d21ns ce cas , quel est le moyen de
le dévoiler 1 C'est l'étendue soutenue et éclairée de cette
séméiotique des empoisonnemens, comme nous l'avons
dit, et qui na1t ou se forme de l'étude ou de la comparaison des symptômes notés dans des cas analogues,
moyen aussi certain dans ces cas que dans toute autre
affection interne , décrite par les pathologistes, et c'P.st
aussi celui que nous emploierons , pour parvenir à dé.
�noncer le crime, car je ne vois en ce cas aucune raison
de le cacher: l'ambition et la jalousie tourmentent Néron;
il est cruel et puissant : il peul, en toute sécurité, ordonner à Locusta d'empoisonner l'héritier des Césars.
Ce coup d'état ne permettait ni à Andromaque , ni à
Dioscorides de constater l'emploi du poison peut-être
de l'extrait aqueux du laurier-cérise , mais dans le cas
qui nous occupe , quel est l'intérêt qui peut empêcher
la justice de venger la mort de ' deux citoyens obscurs r
Apres avoir ar.quis la conviction morale que le poison
dont on s'est servi appartenait au règne végétal , nous
avons parcouru successivement la liste nombreuse que
ce règne en fournit. Nous avons bien étudié , comparé
leurs symptômes et un, entr'autres, a fixé plus particulièrement notre attention. Nous l'avons mieux
étudié , nous nous sommes livrés à quelques nouvelles
expériences , nous avons approfondi , nous avons mieux
connu ses effets , ses J'ésultats ; il en est résulté , pour
nous , une espèce de conviction ~ laquelle !1ous n'avons
pu nous soustraire , et que les lecteurs partageront
peut-être; nous allons , à cette fin, émettre nos recherches dans l'ordre qu'elles se sont présentées à
notre esprit.
Le laurier-amande ou impérial , ou cél'ise ( prunus
lauro-cerasus. Icosarid mono{ryn. Linn.) fut transporté
siècle : la culture de Get arbrisen Europe vers le
seau devint bientôt générale et surtout en Franconie ,
en Angleterre , en Irlande , en Allemagne , dans les
contrées méridionales de la France , et il .:'y. est naturalisé , il orne les jardins, il assaisonne nos mêts , il
parfume nos liqueurs , mais c'est surtout dans la Provence que son usage est le plus généralement répandu.
La beauté, l'odeur qu'il exhale , tout contribue à le
généraliser , mais semblable à l'arbre funeste du mancenillier, sa beauté est perfide, et pourquoi cet hyver cruel
xv1.e
'
�{ 525 )
qui détruisit dans nos contrées l'arbre. de la paix , n'a-til pas de préférence anéanti celui de l'assassinat! Et nous
avons lieu d•être étonnés que des gouvernemens civilisés
permettent la culture d'un poison aussi subtil et dont
les traces son~ aussi difficiles à constater , car jusqu'à
présent on est plus sévèrement ridicule en ce cas, qu'en
pathologie , puisque l'on conçoit qu'il existe des maladies sans lésions organiques et qu'on ne veut pas admettre de poisons ayant les mêmes résultats. Formons
des vœux pour que cet arbuste soit proscrit par les gouvernemens , qui mériteront ainsi les louanges si justement dC1nnées au grand duc de Toscan~ Léopold , qui
défendit sous peine de mort , de cultiver, de fabriquer
ou de vendre dans ses états ce perfide poison. Étrange
perversion des idées ! On défend la culture de quelques
plantes utiles, et on perm et cell e des poi~ons 1 Des peines
graves défendent au pharmacien de livrer indistinctement
et sans autor.isation (1) ceux que l'art de guérir convertit
en remèdes puissans et l'on expose le plus subtil sous
les pas de tous les malfaiteurs.
Le laurier aulair , dont l'usage est si général dans les
cuisines de Provence et dans les boudoirs des Proven..
çales (2), est rarement funeste comme aromate ou cos-
(t) 111 ne 1ont pu également tous aussi scn1puleux. à cet égard
et il n'y a point encore loag-temps qu'un goitreux auquel j'avais
ordonné l'iode , obtiqt quatre onces de teinture sans une ordonnance de moi, ni d'aucun de mes coufrèru : mais il faul
coavenir t!J:Ue la police médicale s'exerce d'une toute autre manière en France , qu'e" Allemagne. Nismd et Montpellier en
ont offert récemment deux exemple& remarquable&,
(2) J'ai connu une dame, en Provence, qui 1e ser·uit d'a.
cide pruliJique élendu d'eau , à titre de cosmétique; je le reconnus à l'odeur et elle m'au1ua que c'était un des meilleun
moyens qu'elle GOunut de conHner la fraicheur de ion teinc ~
'
�( 326 )
métîque : quoique dans le premier cas le danger de son
emploi dépend entièrement des proportions dans les- •
quelles il est employé. Introduit dans l'économie , il
s•annonce, comme toutes les substances qui contiennent
de l'acirle prussique , par l'anorexie , la cardialgie , des
douleurs intestinales , dt'.Lruit il'irritabilité, produit {l'abord des convulsions , ensuite la stupeur, etc. Un médecin ( 1) et son ami unirent à une tasse de thé , une
certaine quantité de lait, dans lequel avaient infusé trois
ou quatre feuill es d~ ce pe1 fide végétal, Le dernier,
convalescent d'une al!'cction fébrile éprouva bientôt une
syncope, tandis que le médecin en fut quitte pour des
pertiges et des anxi'étés précor.liales assez fortes. Si une
dose nécessair<'ment fort légère d'acide hydrocyanique
produit de semblables résultats , quels seront ceux que
déterminera une dose plus forte 1 C'est ce que nous verrons bie11t6t; mais il me semble que <le semblablf."s résultats devraient engager les personnes prudentes à
exclure ce venin de leur cuisine comme eiles en ont
-Oéjà banni les bassinf"s et les ustensiles en èuivre.
emploie le phls
Cependant la forme SOtlS laquelle
fréquemment en Provence l'acide prussique, est de l'étendre dans l'eau ou dans l'alcohol; il forme dans le dernier
cas une liqueur. agréable, mais perfide , dont j'ai moimême éprouvé les funestes effets et les proportions de
cet acide peuvent seules en garantir l'innocuité; mais
on peut dans tous les cas regal'der l'eau distillée de,.
laurier-cérise comme un des poisons le plus actif connu,
et dont on ne peut ;:ibsolument constater l'action qu'à
on
anssi en fenit-elle un secret, et d'ailleurs la pâte d'amande
dont le sexe se 1ert n'en contient-elle point auui dans certaiDel
proportions ?
(1) 17ater. Dissertatio de Lauro~cerat, ett, ,
P· &S,.
�I
( h7)
J'aide d'une symptômatologie bien étudiée, et, par tomé~
<[UE:Ut, avant que les médecins eussent dirigé leurs rec:1erches vers cet empoisonnement, combien de victime.!t
ont dû succomber sans compromellre en aucune manière
auprès de ceux qui veulent à toute force des traces d'un
poison qui n'en laisse poinL pour constater le crime ,
sans compromettre , dis - je , la tranquillité des assassins ! Des expériences nombreuses, des exemples non
moins fréquens nous ont appris , enfin , les symptl'.imes propres à le reconnaître , pourquoi le négligerions - nous? Lorsque la nécroscopie n'offre aucune
trace de l'hypocondrie , de la mélancolie , de certaines
fièvres, ce qui arrive presque toujours , dit - on 'lue
ces maladies n'existaient pas 1 Non : eh bien , puisqu'il
est des poisons qui ne laissent aussi aucune trac;c après
eux, agissons-en de ~me dans ces circonstances. Examinons donc les expressions de l~introduction de l'acide
prussique dans le corps humain , non sur nous, ou
d'après nous, mais empruntons ce que nous avonii à en
dire à des autorités lointaines ou étrangèrei:, afin 4u'elles.
ne soient point ilans le cas d'êt1 e recusées , et surtout
ne perdons jamais de vue les symptômes qu'ont présenté
les malheureux dont nous recherchons la cause de la
mort.
Le désii: d'un ample héritage perta un officier an{;lais,
nommé Donellan , à mêler de l'eau de laurier-cérise à
une médecine qne prenait un jeune-homme, son parent:
sa malheureuse victime ne vécut pas plus d'un quartd'heure, des convulsions, accompagnées de fixité des
yeux, de serrement des mdchoires, d'écume à la bouche,
précédèrent la mort (1).
(1) London chro11icle i78r , n.0 3797 et Dictionnaire do'&
#cÏences médicales. T. XXVII, p.. lh8.
�( 528 )
Il fallut , sans doute , une dose assez forte du poison
pour déterminer une mort aussi prompte; mais ce que
cette observation offre de plus précieux pour i'objet
dont nous nous occupons , est la série des principaux
symptômes de l'empoisonnement par l'acide prussique,
et tout le monde sera frappé de . l'identité qu'elle présente avec les symptômes consignés dans le premier
rapport. Si ce malheure~x feune homme qui fut victime
de la cupidité eut été ouvert, nous aurions sans doute
trouvé des traces semblables à celles trouvées sur B ...
et C ..• ; mais nous aurions recusé cette nécroscopie,
parce qu'il pouvait se faire , d'après la doctrine physiologique , que sa maladie antérieure eut laissé des traces
c;l'une gastrite.
Une femme-de-chambre et un domestique volent à leur
maitre une bouteille pleine d'eau de lauricr-cérise, qu'ils
présumaient être de la liqueur; ils se hâtent d'en boire
plusieurs gorgées , ils périrent presque sur - le - chamP'
dans les convulsions. A l'autopsie, on trouva l'estomac
légèrement enflammé et le reste dans l'état sain (r ). Ici on
voit une forte dose produire une mort prompte et cependant l'estomac n'offrit que de très-lègèrei; traces de phlogose et semblables à celles mentionnées dans le deuxième
et le troisième rapports. En voilà , je crois, plus qu'il
n'en faut pour établir l'identité des symptômes, d'autant
plus que toutes les obse:rvations que nous pourrions rapporter encore, n'offriraient pas une seule et légère différence de plus. Dirigeons maintenant nos l'echerches
vers un autre point.
Toutes les observations d'empoisonnement par l'acide
prussique ou hydrocyanique prouvent en outre que les
effets sont plus ou moins prompb en raison directe de
(1) Fodéré, wédecine-l égale, t. IV, p. 27, 3.• édition.
�(
~2 9 }
I
la quantité introduite dans l'économie. Des expériench
entreprises sur divers animaux ont offert les mêmes
résultats : ces mêmes expériences, ces observations ont
prouvé que ce poison agissait aussi en raison directe
de l'activité .de la circulation et de l'intensité des fonc•
tions de l'appareil pulmonaire. Ces diverses circonstances
expliquent aussi pourquoi C ••• , âgé d'environ 40 ans,
a résisté plus long-temps à l'effet ·mortifère du poi~on ,
tandis que B.•. est mort dans la nciit même, puisque
l'on a trouvé des matières du vomissement déjà dt>ssé.c hé es.
On a aussi gé11éralement remarqué que les convulsions se présentaient lorsque les doses étaient peu considérables ; que lt>s membres conservaient leur agilité
jusqu'à l'approche de la mort; que quelques-uns éprmiViliept des vomissemens , des flux d'urine ou de matières
fécales ; qu'en général la respiration était laborieuse et
que )es symptômes constans étaient la fixité de$ rP.uX;
le tétancls, l'ecume à la bouche et la stupéfactipp. l\']ais
un des caraçtère.s également le plus constant et le plus
remarquable que présente l'empoisonnement par !'ilcidé
prussique' est l'odeur sebtJcée, que l'un saisit très-faci•
lement, à l'autopsie surtout, et que les expérin:ient~tetirs
ont retrouvé , comme nous , sur tous les animau?" morts
de ce poison ( r ).
On voit avec, de pareilles preuves, avec de -sell}blal)les élémens de conviction, que, quoique ç.e poi~on
dans ce cas , comme dans tous les autres , n'ait laissé
aucune trace sur la membrane muqueuse de l'estom;ic +
Qn ne serait nullement en droit de conclure qu'il n'y a
pas eu empoisonnement. Non-seulemetit ce serait urt
apanage commun à tollll ks poisons végétaux, r1ui ren,dent par conséquent leur sérnéïptiq1,1e plµs indisp~nsa
blerpent néc;essaire , mais en Ol~tre n'a-t-on donc point
vu des poisons du règne mi11éral, des poiso\1S mên1e
torrosif~ ne lais er: aucnne trnce; quoique ay4nt produit
(1) Voyez Duhamel, 01.fila, Il<Iagendi.e, Cre.sdmone> ~le,
T. VII. Juin 1824.
.
45
�( 530 )
la mort. Nous avo.ns vu que C .•• était privé de s~g
facultés intellectuelles. Eh bien ! la même chose est arrivée au célèbre Lorry (1). Ce médecin ayant mangé
douze ;111111ndes amères , qui contiennent aussi , comme
on le sait, une certaine quantité <l'acide prussique ~
tomba dans un état de stupeur. Toutes les observations que nous avons rapportées prouvent combien les
toxicologues ont raison de ranger ce poison parmi les
11arcotiques ; aussi, devons-nous , comme nous l'avons
déjà fait remarquer, lui voir produire quelques-un~ des
symptômes de l'apoplexie (2). Enfin , tous les phénomènes si fidellement relatés dans ces rapports, sont absolument identiques avec ceux consignés dans toutes les
observations d'empoisonnement par l'acide prussique ,
tant sur l'homme que sur les animaux.
Il nous reste encore unè preuve à administrer en faveur
de l'opinion que nous soutenons , elle est trop imp·o rtante à n~s yeux puur ne pas en faire mention : elle regarde cette quantitt d'azote dont les pharmaciens irn;truits ont certifié le dégagement et dont nous sommes
];ien loin d,e nous étonner : c'est, en cHet , une des
preuyes séméiotiques dunt nou-s fesons le plus de cas,
parce que ce gaz rentre dau1' les élémens constitutifs de
l'acide prus.sique ou hydrocyanique, et que c'est encore un symptôme ,. ou mieux un signe de l'empoi.sonneonent , qui , réuni à tous les autres déjà mentionnés, nous autorise à croil'e à son existence.
Le célèbre Thompson, qui a analysé l'acide hydrocyanique , a obtenu les résultats smvuns : 1 \'olume de
vapeurs de carbone, tzi volume d'azote, 172 volume d'hydrogène. Ainsi nous devions le rencontrer dans sa décomposition et les pharmaciens pouvaient en constater la
présence.
Nous ne croyons pas de notre devoir d'indiquer ici
les moyens médicateurs qu'on aurait dCt mettre en usage,
ou !Ps réactifs dont en aurait dCt se servir pour constater la présence du poison. Notre tâche est remplie, on
ju~era si nous avons prouvé ce dont nous étions convaincu avant d'e prendre la plume.
(1) D-e verienis in hall. Hist. St.-HeLv. 10181.
(!lJ V· Journal d4r erflndunl1en , tl1eorie und Widerpûen~
~s. ~l
s. n5 et la
Lh~se
de M. Coulo11 sur l'acid-e prutsique, etc.
�{ 53 I
T R 0 I S 1È M E
)
P A R. T 1 E.
Lll'TÉRATUR"E MÉDICALE, NOUVELLES
TIFIQUES, MÉLANGES, ETC.
J, 0
ANàLTSE
D'OUVRAGES
SCIEN-
IMPRIMÉS.
-*~•e>•ei*-
pharmaceutique des médecins de Montpellier,
par C. PIERQUJN, médecin de Montpellier, membre de
Ja Société de médecine-pratique de la m~me ville, erc. ;
etc. (Un vol. in-32 de 6 à 700 pagel! , prix : 4 fr. So c.
Montpellier, 1824; chez Sevalle, libraire , et Mar&eille, chez Chaix, libraire ).
MÉMORIÀL
Sr les formulaires sont utiles, celui que nous annonçons mérite d'être connu. 1l est vrni qu'une st:mhlable
production sera peut-être considérée comme superflue,
autant parce que nous possédons un assez grand nombre
d'ouvrages de ce genre, que parce qu'ils ne parnissent
pas . devoir jouir d'un grand crédit à une époque où le
domaine de la thérapeutique est singulièremeut rétréci;
toutefois , loin d'être repréhensible , l'auteur est louable
pour avoir voulu , en mettant au jour son mémorial
pharmaceutique , justifier que les anciens médecins , que
l'on a peut-être trop maltraités, étaient comme les modernes le sont , assez riches en ressources médicamenteuses pour oser se promettre et obtenir de grands succès
dans la ~ure des maladies.
L'auteur est parvenu à son but en mettant à contribution les œuvres des médecins d'autrefois ; et celles
�( 552 )
des mt!decins du jour. Ses nombreuses recherches l~oni:
conduit à un résultnt assez satisfaisant et la multiplicité
des formules qu'il pouvait colliger était telle , qu'à i:noins
d'avoir la ,uaoie de faire de gros livres , il devait nécessairement élaguer celles que l'un a suffisamment répandues , e~ s'attacher donc seulement à donner ou reproduire celles qui n'étaient que peu ou point connues.
M. Pierquin a fait plus : il a eu soin , et on lui en
;;aura gré , de faire revivre quelques-unes des préparations énergiq4es ensevelies dans l'oubli , ~n les rattachant à l'état actuel de nus connaissances. Mais ce
qui rend surtout intéressant son mémorial pharmaceutiq e , c'est le tableau , sous le titre d'antidotaire,
dont il l'a fait suivre, et où il a donné les dénominations vulgaires et soientifiques des poisons, les sympmes généraux: E't particuliers des empoisonnemens, les
moyens médicateurs à leur opposer , enfin les résultats de l'inspection cadavérique.
Tel est en peu de mots le formulaire des médecins de
Montpellier. Si maintenant nous l'examinons avec plus
d'attention; si. nous l'analy,sons sans in·évention, avec
notre impartialité accoutumée , nous ne tarderons pa~
à le trouver plcin de formules , dont l'importance jus~
tille le choix qui en a été fait , mais qui , bien que
rangées par ordre alphabétique de leur dénomination ,
bien que présentée avec assez de clarté , ne parais.sent
pas toutes avoir été rédigées avec le soin que l'on
est en droit d'exiger d'un médecin-formuliste. En effet,
ici ( page 90 ) nous voyons un collyre composé de demigros de sulfate de zinc et de vingt grains de vitriol
blanc, comme si l'une et l'autre de nominations n'étaient
pas synonimes; là (page 163) c'est un élixir dont la
composition ne comporte que deux livres de liquide que
peurtant l'on recommande de faire bouilli.r pendant vingtquatt·es heures ~comme si toute la liqueur ne devait pain~
�( 553)
s'évaporer , par une ébullition aussi prolongée. Plus loin,
(page 209) en parlant d'un julep , on dit qu'elle est
utile , etc. Mais il est évident qu'il y a ici erreur typographique , car neus avons trop bonne opinion de
M. le docteur Pierquin, pour n'avoir garde de lui imputer des fautes que son inadvertence même ne peut
avoir fait naître.
Nous avons cru recônnaître encore des mots dont la signification n'est pas celle que l'auteur a voulu leur donner.
Exemple : on lit ( pag. 5o5 et 499) fleurs de roses por..
phyrisées, racines de ' fougère mâle porphyrisées. Or, la
porphyrisotion ne s'employe guères que pour les minéraux , les substances fragiles que l'eau ne pénètre
pas intimément : il est donc évident qu'ici l'adjectif
porphyrisées , devait être remplacé par l'adjectif pul"érisées, et c'est une éhose quê" M. Picrquin n'ignore
point. Nous pourrions signaler d'autres erreurs ou plutôt
des négligences de rédaction, analogues à celles-ci et
qui , comme elles, ne sont point tellement graves que
l'on doive se former une idée peu favorable de l'auteur. Celui-ci est connu assez avantageusement , et , il
faut le dire , son ouvrage , malgré quelques taches qui
le déparent , n'est pas moins le fruit d'intéressantes et
nombreuses recherches , et doit plaire à tous les médecins qui le liront, car ses g_rands avantages elfacent
suffisamment ses légères défectùosités qui , tout bien
considéré , étaient inévitables si l'on fait attention que
rien de parfait ne saurait sortir de la main des hommes. Aussi, sommes-nous .,sûrs que l'on s'empressera
de se procurer lè mémorial pharmaceutique des mé.
decins de Montpellier,
P.-M. Roux.
�{ 55/~ )
z. 0 V
A
1\
l ÉTÉ
s.
Uu concours pour la nomination de huit élèves internes
de l'Hôtel-Dieu de Marseille, dont quatre suppléans, aur4
lie.u le 16 du mois prochain. Nous dirons un mot des
copnaissances que les jeunes athlètes y auront déployées.
- Dans sa séance du 2 février 1824 , la Société médicale de T0urs , dont on connaît les importans travaux,
a décerné au docteur Ch.-F. Faulcon, l'un de ses asso-.
ciés correspondans , la médaille d'émulation qu'elle proposa en 1823, médaille dont il s'est rendu digne par un mé,,.
moire intitulé: Es5ai sur les phl.Pgmasiesdu tissu muqueux.
Nous rendrons compte de ce mémoire dans l'un de nos
pr-0chains numéros.
- La Société des sciences médicales du département
de la Moselle a tenu une séance générale le 6 mai
dernier et bientot après le comple rendu de ses travaux a été publié. La Société royale de médecine , chi~
rurgie et pharmacie de Toulouse a tenu sa séance publique annu.ellc le 15 du même mois, et c'est avec l'em..
pressement qu'elle a toujours mis à faire part de ses travaux, que leur exposé a été livré à l'impression. L'exameri
de ces comptes ren,lus nous occupera dans l'une de nos
livraisons subséquentes.
- La Société de médecine du Gard a aussi tmu
ime séimce publique le 10 du courant.
- Depuis le r,er janvier de cette année, il n'y a
plus qu'un recueil périodique pour la Société d'agriculture, sciences et arts , et la Société de médecine•
chirurgie et pharmacie du département de i'Eure. Ce
recu eil intitulé : Journal d'agriculture , de médecine et
des sciences accessoires, rem place les bulleti os publiés jusqu'alors par les membres des deux Compagnies , mais
il a les mêmes rédacteurs, traite des mêmes objets 1
paraît de trois en trois mois , et , en un mot, auiç
mêmes conditi.011s , bien qu'il soit plus vohunineµx.
�( 535 )
..;... On sait que, la Société d'émulation et d'ag.rit'ulture;,
3citnces et arts du département de l'Ain a payé un juste
tribut aux mânes de Xavier Bichat, en proposant son'
éloge pour sujet d'un prix qui, le 5 septembre dh2,
fut décerné à M. A. Miquel. Cette °Cornpagnie désire-aujourd'hui transmettre , par un monument durable , les
sentimens dont les compatriotes de Bichat et les amis d&
la science dans tous les pays sonl pénélrés pour la mémoire de celui qui en recula les bornes par une grande
et brillante i~pulsion. En conséquence, une souscription vient d·'être ouverte dans tous les départemens ,
et les dons seront faits près de M :\1, les Percepteun
des contributions, qui en verseront le montant dans la
caisse des Receveurs d'arrondissemens et ceux-ci le feront parvenir au Receveur-général de leur dépar,tement,
chargé.de transmettre , de 3 en 3 mois , à M. leur colfègue du département de l'Ain , ce qu'il aura reçu dans
ce laps de temps , pour le monument-Bichat.
- M. P. Lefort nous a écrit du Fort - .Royal un:e
lettre datée du 16 mars et qui nous annonce, entr'autres choses , que l'état sanitaire de la colonie est parfait.
« Il y a quatorze mois, ajoute ce médecin , que nous
» n'avons pas eu un seul cas de fièvre jaune ». .
......, On a observé, ce mois-ci , des maladies sembfables à celles du mois précédent , et de plus, des dysenteries; surtout chez les enfans, des convulsions, dont
on a assez généralement triomphé par le traitement
anti - phlogistique. Mais des purgatifs , des stimulans
donnés par des commèPes d même par des gens de
l'art ont exaspéré ces affections chez quF.lques individus,
et n'ont pas peu contribué à grossir la lislP. des décès-.
- D'après le relevé des registres de l'ÉLat-civil de
la mairie_ de Marseille , il y a eu en Mai 1824 1
l7I naissances ; 261 décès et 93 maria1.1es.
P.-M. Roulh
�( 556
O.o é
0 l'i C.: 0 URS
-
J
A.CA . DÉ 111 Î QU! ! S,
de Mar seill e
Société acad émiq ue de méd ecin e
suje t du prix
pour
,
s
prop ose les ques tions suiv ante
·
:
qu'e lle déce rner a en 1825
11ations clini ques , quelles
0
1. Déte rmin er, par des obser
lication des sangsues
l'app
elles
sont les maladies dans lesqu
.
rales
géné
ées
est pré[Crable aux saign
tions où ce dernier
affec
ltu
0
sont
2. Indi quer quelles
loca les, et les cas
mor en est plus utile que les saignées
moy ens thér apeu qui réclament l'emploi simultané de ces
tiques,
, de la vale ur
Ce prix cons iste en une méd aille d'or
rner a dans sa séan ce
de 300 franc s , que la Société déce
oire qu~ sera jugé
publ ique de 182 5, à l'aut eur du mém
dign e de cette réco mpe nse,
fran çais , latin ,
Les mém oires écrit s lisib leme nt en
être adre ssés ,
ont
itali en , espa gnol , ou en angl ais devr
ée proc hain e.
l'ann
de
fran cs de purt , avan t le 1. cr mars
t -Jau me1
Sain
rue
ral,
à M. Alle man d, Secr étair e- géné
n. 0 11.
LA
AV IS .
Marseille décl arl
LÀ Société roya le de Médeci11e de
Mém oire s, Obser9u'en insé rant dans ses Bull etins les
soit titul aire s, soit
vatio ns, Noti ces, etc. , de ses membres
es d' hre publ iés,
•orrespondans , qui lui para issen t dign
nt à la science
ente
qu'il s prés
~lle n'a ~qard qu'à l'int érü
approbation ni
ni
er
méd icale ; mais qu'elle n'entend donn
les aute urs;
tre
émet
improbation aux opinions que peuvent
.
rale
aéné
et qui n'ont pas encore la sanction
�BU·LLETINS
DE
LA SOCIÉTÉ ROY ALE DE MÉr>EClNE
DE
MAl\SEILLE.
des eaux, par ]li[. T•XTORIS, médecin de la
marine , Chevalier de l'ordre royal de Io Lét;ion'd' Honneur, President de la Société ro.ralc de médecin~
de f.laruille ; mémoire lu dans la séance du 19 juin
ÉTUDE
l824.
( Troisième article ).
Étude des eaux minér-ales naturelles. - LA tro isième
classe d'eaux naturelles comprend toutes celles qui
tiennent en dissolution des substances minérales salines
et autres en assez . grande quantité pom' les distinguer
des qu11lités qui constituent les eaux. économiques potables · qui , par la préiiominance' de leurs princi.pes,
leur température , la différence de leur composition et
leur saveur , peuvent exercer une action énergique Sllt'
l'organisme animal et y déterminer des médications.
diverses.
Tous les documens mythologiques indiq~ent q1.cte les.
sources d'eaux minérales furent connues et fréquentées
dès les premiers âges du Monde. Les Anciens, qui
avaient l'habitude de rapporter tous les mystères à des,
ôtr~s physiques , regardaient ce~ s<>unes comme Ull
46
T. VII. Juin 1824.
�( 338 )
second Apollon sur la terre , les appelaient très-sacrées
et le.~ honoraient comme un don divin.
L'histoire de l'antiquité la plus reculée atteste que les
eaux minérales élaient d'un usage très-répandu chez les
Athclantes , les É~yptiens et les peuples de la Grèce.
Hérodote , qui vivait peu de temps avant l'invasion de
la Grèce par Xercès , rapporte que la source d'eau
chaude , jaillissante des rochers qui terminent la chaîne
des montagnes , -connues sous le nom d' Œta , était
dédiée à Herculs Mélamprge. De son temps, on voyait
encore à l'eBLrée du défilé· des The.rmop.rles, à quelque
distance du bourg d' Alpenus, l'autel consacré à ce dieu
de la force, élevé sur le bord du courant d'e<Jux thermales qui traverse le détroit célèbre auquel elles ont
donné le nom.
Suivant Aristote et Strabon , l'Eubée , oujour1l'hui
Négrepont , avait plusieurs sources d'eaux minérales
chaudes propres à la guérison de diverses maladies.
Elles attiraient dans cette isle les habitans de !'Attique,
ceux du pays des Locrieas , ceux de la Thessalie et
surtout de la Béotie , qui n'avaient qu'à passer !'Euripe pour s'y rendre.
La Sicile possède , dans le flanc méridional du Mont·
St.-Calogero , un monument dent la construction , attribuée au fameux architecte Dédale. annonce que , plus
de douze siècles avant notre ère , les vertus médicinales
des eaux minérales dont cette isle abonde , avaient été
·
appréciées et utilisées.
Dédale , philosophe athénien , statuaire , célèbre pour
avoir, le premier , formé des statues qui eussent les
membres thorachiques et pelviens distincts du corps;
architecte très-renommé par la construction du labyrinthe de l'isle de Crète , où le roi Minos II l'avait favorablement accueilli , lorsqu'après le meartre que l'envie
l'avait porté à commettre sur la personne de son rival et
�( 539 )
neveu Talus , il fut forcé de s'expatri·e r d'Athènes. De·
dale plus l;élèbre encore par l'invention d'où datent les
pt'Dg1'ès réels de la navigaLion et qui, par elle, a ·tant
ajouté aux ava11tages de cet art, fu,Yait la colère de
Minos contre lequel il av::iit conspiré en faveur de
Thesee son compatriote, lorsque poursuivi ~ur mer,
au point d'être atteint par les trirèmes du roi de Crète,
il imagina d'augmenter l'impulsion des rames par celle
des toiles offertes à J'actiun du vent favorable qui le pouss~it vers la Sicile. li fut ainsi le premier qui soumit
l'atmosphère à i:mùustri·e humaine , en utilisant le déplacement des courans atmosphériques et fixant leurs
colonnes mouvantes sur des voiles. Dédale arrivé en
Sicile , reçut un asile chez. Cocalus, roi des Skan΀ilS ,
qui l'employa d'abord à la restauration du temple d~
Vénus Ericine et à la construdion de quelques édifices,
Mais plusieurs historiens de l'antiquité, tels que :Püusanias , Herodote, Strabon , Pline et autres s'llccordent
à signaler parmi les travaux tlê cet architecte athénien l pendant son séjour en Sicile , la vaste et sup~·be
1
grotte à vapeurs minérales qu'il tailla dans le Mor.t fumant dit Giumma1-re, aujourd'hui St.-Caloger1', où for<Cnt
établis les thermes de Selinonte. Diodore de Sicile rapportant ce fait s'exprime ainsi : « Dedalus tertio œdi» ficnvit in or.a selinuntina antrum , ex r;uo ita evapo11 rabat .ab ignejùmus, ut adstantibus paulatim sudor e:A:
» calore eliceretur, curarenturque cum 11oluptate adeun"' tium corpBra, nulla caloris percept a molestia _-;,. Le
même auteur rapporte que les Carthaginois fréquentaient depuis très-long-temps les bains thermaux situés
au pied de ce Mont ' du coté de la mer Lybienne Oil
d'Afrique , auprès de Sélinonte. Strabon en parle e11
ces terl!JeS ~ « Mons in mare procurrens , plures habet
n cavernas , 'llbi lutuoso sulfure , sale , i!Jnibus 'et calent .tibus O'fjUis abM"d1St ~t quidem sulfurnn lat.ex, .no1t
�( 5f~o )
mrsteriis est saluberrimu s '~.
Pàr.mi les monumens thermaux élevés par les Romains 9
dans les divers pays qu'ils ont conquis , les eaux de
Plombières avaient fixé l'attention de ce peuple et étaient
déjà employées à la guérison des soldats Romains , vers
l'an 428" de la fondation de 1\ome. Celles d'Aix 9 département des Bouches-du-Rhône , ét:iient connues depuis
pl usie1~rs siècles , lorsque , l'a11 I 2 I de notre ère , 'CaiusSextius Cal11inus y fonda une colonie romaine.
La •nature a présenté les eaux minérales aux hommes,
'Conduits par le hasard; l'observation et l'expérience leur
en ont révélé les effets énergiques. La superstition èt
la gratitude des personnes qui , affligées de maladies ,
en avaiimt été délivrées par leur ·usage en boisson ou
eu bains, avaient fait instituer une divinité tutélaire
qui ·présidait à la garde de leurs sources, el à laquelle
on 'i'apportait l'efficacité de ces eaux.
L'existence des eau~ minérales qui , <la.ns 'les temps
fabuleux, fut regardée '.comme un bienfait surnaturel.,
tient à l'enchainement ·continuel de causes et d'effets
t(llÎ ee ·succède~t dans l'ordre des phénomènes de fa
_ niture. Elles sont le résultat de la formation, de la
circùhition ., de l'échange, des déplacemens, des tram1·mutntions continuelles des JDolécules de la matière. A
part quelques chnngemens particuliers , opérés par de
grandes secousses électriques, l'histoire et l'observation
nous les représentent toujours à-peu-près sous le même
-volume , avec le même dégagement de fluides , lorsqu'il
a lieu ., la même odeur, la même saveur et probablement
Ja même température , la même densité, les mêmes
-principes fixes et gazeux qu'on observe en elles depuis
plus de 40 siècles. ·Cette continuité de phénomènes,
qui , à quelques ~ariations accidentelles près , ne ces·::ient <le se présenter , atteste que , comme toutes 'les
i· roductions da la ·nature , 'les ·eau;ii: •minérales suivent
:.> in uno loco arc anis naturœ
/
�( 54 ( )
une corélation , sont le résultat d'une chaine d'actions ,
propres à les constituer et à les maintenir dans l'état
actuel.
C'est ainsi que l'influence salutai~·e qu'ell~s ont toujours exercé sur les infirmités humaines , les ont recommandées ùe temps immémori~l à la vénération des
peuples comme une des plus belles productions de la
matière créée.
Nous allons rechercher ici la source et la nature des
•principes flui<l'es et fixes qui composent les eaux miné1·ales et leur donnent les propriétés médicamenteuses
dont elles sont douées.
Si nous remontons à l'origine de cette masse qui
con.~titue le tissu solide du globe et aux phénomènes de
sa formation et de sa conservation , nous appercevons
un échange perpétuel de principes , une transmutation
·continuelle de substances fluides et liquides en corps
solidifiés. La plupart de ces corps dissous derechef,
gazéfiés de nouveau , alternativement repris et rendus
à leurs élémens primordiaux , sont l'expression des
'effets que produisent les propriétés inhér..:ntes à la
·matière.
·L'observation exacte de ces phénomènes démontre
que l'atmosphère recèle dims ·son sein les principes de
tous les corps qui forment les matières fixes et solides
de la terre. Les pluies de pierres tombées à Rome ,
celles de fot et de mercure tombées en Italie, les pluies
de soufre, célèbres dans !'Histoire Sainte , IEs piuies sulfureuses de Copenhague en '1646 , celle de soufre qui,
en 1658, est wmhée en Allemagne ; celles d'une matière huileuse et gras1<e qu'on observa en 1695 en Islande
et à Arles; celle d'un fluide analogue à du sang qu'on
a vu en .Scanie en 1711 ; la pluie de feu aperçue au
· ~uemois, le 4 janvier ·1717, la pluie de sable tombée
d>endant ·qui0J1,e heures dans la mer Atlantique , le 6'
�( 5112 )
nril 1719; celle de soufre à Brunswic, en octobre r•72t..
Les pluies de pierres, tombées en Bohême, le 3 juillet
t753; aux environs d'A~en 1 le 24 juillet r790 el en 1814;
à Benarès, le 19 décembre 1798; à Barboutan, en juillet
1789; l'analyse des aërolithes tombées en diverses époques
dans différentes régicrns el surtout la description des
divers minéraux qui composaieot cdl es q·u 'un a vu
tomber à Wibor, en Finlande., Je 13 décembre 1822,
indiquent que ies élémens qui cortsliLueut <:et Océan
de fluides aël'iens peuvent s'y réunir et s'y combiner
pour former, même dans l'espace, des corps minéraux
de toutes espèces , chrome, alumine, bitume, quartz ,
magnésie , fer natif, nickel ., soufre, etc. La lumiére ,
le calorique , les .fluides électriques , magnétiques , les
gaz azote , oxig~ne , acide carbonique, hydrogène,
agissent sans cesse sur la surface du globe et pénètrent
dans les viscères profonds de la terre , y circulent dans
tous les sens, s'y mêlent aux diverses eaux souterraines dan3 certaines conditions et opèrent incessamment de nombreuses compositions dont l'infinie variété de combinaisons modifie de milliei·s de manières
l'intérieur du globe.
Lorsque nous examinoss la structure , la position et
la direction des montagnes qui., sur une étendue de
sept mille deux cents lieues, traversent et séparent les
diverses contrées de la terre , nous voyons leur sol formé
de couches de matières teneuses , salioes, métalliques
et bitumineuses. Nous voyons leur sommet appeler les
nuages dispersés au loin dans l'atmosphère , leur soutirer à grand flots l'électricité q1:1i les charge , condenser
les nuages et les con ver.tir en eau.
Dans ces montagnes, va2tes laboratoires , où s'opèr~nt des combinaisons s-i nombreuses , si importantes
à l'économie du monde physique, des torreRs de ftuides
·ilectrique et gazeux., cil-culant dans toutes les direc-
�( 31~3 )
tions, décomposent l'eau en contact avec les cMps c<'>mbustibles. Ils produisent des combinaisons d'acides , des
formations d·oxides et par suile d'abundans précipités
de i;els de toute espèce. Les eaux pluviales et autres
qui , com!ensées au sommet des montagnes , filtrent
lentement dans ces ca'lité;; tl\>iitc:rraines traversent des
cou ches de ti'rrains remplis ce minéraux ' de sel,,
et de subst;mces pyriteusL.,. s'y trouvent pénétrées
par le calorique , les tluides électriques , galvaniques
et divers gaz , et y sont soum;ses aux atlractions
électives des corps avec l~squels elles se rencontrent
dans leur trajet. Ces contacts de corps et de molécules
tlissernblables opèrent des réàclions, des décompositions
et des mixtions d'où résultent la fixation et ta combinaison des diverses substances qui minéJ"alisent les eaux.
Dans leurs cours sou.terrains, ces eaux dissolvent et se
chargent d'autant plus de principes inorganiques fluides
ou concrets , fixés ou libres que leur séj-Our dans les
di verses couches où elles se forment est plus long;
que les degrés de pression qu'elles éprouvent dans ces
canaux profonds sont plus considérables et que la force
de cohésion entre les molécules des corps qu'elles tou·
chent est moins prononcée.
Les qualités physiques et la nature des principes qui
entrent dans la composition des eaux minérales varient
suivant que le terrein d'où elles proviennent est plus
éloigné de la croûte du globe , ou plus rapproché du
point qui leur donne issue ; suivant enfin qu'elles out
à s'élever à travers un plus grand nombre de couches
dans la série de formations de terreins, qui se sont succédées depuis le granite et autres roches primordiales .
Les eaux qui proviennent des terrei~u..p rimitifs , ont en
général ponr principes prédominans, des sels à base de
soude , la silice, les gaz acidei hydro·sulfurique et
c;arbonique; elle".s sont presque toutes thermales.
�( 54!. ).
·plus supé rieur s
Les eaux qui prov ienn ent des terre ins
sier , ont pour
de furmation gipse use ou du calca ire gros
de chau x ; le
princ ipes plus abon dans les sels à base
tes de fer.
sulfa
sulfa te mag nésie m, les carb onat es et
pres que
sont
Ces eaux , dont quel ques -une s therm ales,
elles
d'où
!jeux
des
toute s la temp ératu re moy enne
aux
n
sitio
oppo
par
,
sour dent et sont appe lées froides
therm ales.
parm i les corp s
L'étu de des phén omén es qui ont lieu
en nous ins,
terre
la
de
inorg aniq ues dans le sein
lente déco mla
de
,
ation
form
la
truis ant des caus es <le
bitum es ; en
des
es,
pierr
des
,
posit ion des mini ères
ation s , les efflodéve lopp ant à nos yeux les crist allis
lutio ns de subs resce nces salin es , méta Hiqu es; les disso
s ; les défla gratanc es terre uses , ocreu ses , pyrit euse
niqu es et tous les
tions soute rrain es , les prod uits volca
le conc ours du
chan gem ens succ essif s qui attes tent
élect rique s et c!es
calor ique , de la lumi ère des (luides
que la natu re
gaz, nous a indiq ué les dive rs élém ens
emp loie pour miné ralis er les eaux .
ie des lieux où
La géognosie et la posit ion géog raph
carac téris ent
les
qui
elles se trou vent , les phén omè nes
les man i~u'el
ceux
dans l'inté rieur de leurs sour ces,
de l'atact
cont
le
par
terre
feste nt à leur ~ortie de la
donn e
qui
gaz
des
nt
geme
mosp hère , tels que le déga
ts
dépô
les
;
ons
inais
comb
elles
souv ent lieu à de nouv
giferru
,
uses
silice
,
ires
calca
,
de mati ères sulfu reuse s
qui (lolte nt à leur
neus es et orga niqu es ; les subs tance s
vivre dans leur
ent
peuv
qui
nisés
orga
surf ace; les êtres
once nt la natu re
sein sont auta nt d'ind ices qui nous annn
comp ositi on des
des subs tance s qui entre nt dans la
tion et les traeaux miné ralès . Contluits par l'obs erva
•dep uis le 16.e et
vaux: des chim istes célèb res qui,
expl ique r les eaux
surto ut le 17.e siècl e, ont cher ché à
tre ,appr oxim atimédi cinal es , fü'US avon s pu reco nnaî
�( 5!.5 )
vement' ·autant que l'induction et l'analyse qui vient' à
l 1appui de l'observation l·e pel'mettent, les divers p: inèipes que les eaux: minérales tiennent en dissolution'.
Ces principes sont le calorique, la mati·è rc électrique,
et autres fluides subtils insaisissables ; l'aznle, l'oxigène,
lè.s g'lz acides carboniq~, hydro-sulfurique, boriqùe, hy·
dror-hloril{ue, nitrique, sulfuriq.ul'; lP. sulfureux; la soude,
la silice et la chaux ; les· acide~ cvnibin'és à dt:s b .. s s
métalliques alcalines et tern:usrs qui y furment df's
carb1'nates i hydro-cblorates, sulfat1•s 9 nit1 alC's', phosphates, fluates , sous-burntes, liydro- sulfatts, hydriodates; de potnsse, de soude, t.l'ammoni;ique ;·de frr, de
cuivre, de manganèze; de strontiano, d" nrn:.:nP.sie , de
chaux, de baryte, d'alumine : plus de rn<itêè1;es extractives végéto-animales.
Les notions précises sur les élémens qui concourent
à la composition des ' eaux minér~les , sont d'l.lne h~ute
importance pour nous faire apprécier les ressources
thérapeutiques que peuvent offrir ces agréables et puisians remèdes, libéralement repartis sur lès divers points
du globe , où la nature les livre spontanément aux be50ins de l'homme infüme.
Hippocrate , dans i.on ouvrage de l'air , des lieux ét
des eauic , avait signalé des eaux qui tenaient en disso•
!ution assez de matières minérales , salines et' autres ,
comme nuisibles et impropres pour les usages habitueh
et la boisson ordinaire. Ci·nquante ans après lui, le
précepteur d'Alexandre le C:rand , le célèbre natura•
liste Aristote avait reconnu qu'il· existait dans les eaux
minérales , divers fluides gazeux de différente nature
auxquels elles devaient leurs principales propriété&.
Nous avons déjà remarqué une chaleur terrestre cerr'•
traie qui ne peut être attribuée qu'à cette matière swbfüe quî active toute la nature ; à ce principe de tous les
T. VII. Juin 1824.
47
�-
n , à ce
phéno mène s qu'ell e offre à notre obser vatio
planè te 9
la
cal uriqu e solair e qui s'irra diant sur toute
dans
ssive
succe
afil1.1e et pénèt re d'une ma11iere lente et
d~s ·
ffant
échau
oir
les viscè res profo nds du globe. Le pouv
et'
e
diurn
mens
e
.rayo ns solair es, p ouvé par les mouv
du
gnent
l'éloi
ou
t
annue l de la terre qui la rappr ochen
nté d.rns
centr e de transmi.<;sion du clllur ique, est augnw
ra) uns
de
re
nornb
grand
l'inté rieur du globe par un plus
his
réfléc
,
ce
surfa
sa
à
ent
qui , dardé s perpe ndicu lairem
irs
coulo
des
rs
trave
à
de
humi
et condu its pdr un air
s
mêmè
les
sur
fois
la
à
nt
porte
s'y
,
obscu rs et nibot eux
ce flui1ie
point s et y tienn ent les corps en infus ion dans
emen t
essiv
progr
nue
s'insi
st1btil
t
-ogen
Cet
·
qui l.i trave rse
s).
lieue
0
par tùus les pot 1ts de sa circo nfére nce ( 15,12
bue
distri
se
dans les diver ses couch es soute rrain es,
conce ntre
s'y
,
ostnt
comp
les
qui
corps
les
tous
dans
qui le
ns
inaiso
et s'y accum ule. li y subit des comb
s
forme
lles
nouve
modi fient et le recom posen t sous de
phyomie
l'écon
de
s
qui le rend, •nt apte à di vers usage
terre .
.sique et ~ influ enrer les créati ons de la
égale qu'on
-près
à-peu
La const ance de temp ératu re
, ne peut"
rales
miné
eaux
aux
obser ve dep uis des siècle s
e elle.
comm
iable
invar
cause
~ re r pport ée qu'à une
de la
illes
entra
les
dans
re
Le <'aloriqu.- qui les pénèt
de
rdiale
primo
e
sourc
la
qu'à
puisé
t rre , ne peut être
n'a
,
gore
Pitha
de
le
discip
le,
mopy
toute l.halé ur. Ther
, en nttri- ·
pas avanc é une opini on trop invra isemb lable
on du soleil .
huan t la chale ur des eaux therm ales à l'acti
t presq ue
Les eaux miné rales therm ales provi ennen
res éloig nés
toute s des terrei ns infér ieurs ou interm édiai
ces ande la eroût e du globe . Les eaux coërc ées dans
dans
sont,
tres profo nds , obscu rs , rabot eux et humi des
d'une
er
charg
de:; circo nstan ces favor ables , pour se
s fluides et
plus grand e quant ité de calor ique et autre
y renco ntre
les
pour les conse rver plus long- temp s. On
�·( 3L17 '}
....._
·dans des proportions qui exccdent de beaucoup ce
qu'elles p1mrraient contenir sous la pression ordinaire
de l'atmosphère. Ce calorique, accumulé en plus grande'
.abondance dans quelques points de la terre., qui ont
.plus de capacités pour le contenir , pénètre les eaux
en raison de la quantité proportionnelle qui est conkentrée dans l'ambiant. Ainsi , dansJ'isle de l'Archiprl ,
appelée de Milo, autrefois JllI.élos, la quantité considérable de soufre et d'autres miner<1ux G{lli sont répandus
dans le: sein de la terre., y entretient une chal«"ur trèsactive : aussi y rencoutre-t-on des eaux mint'.ra!P.s sulfureuses d'une température si élevée qu'dies .cuisent
les œufa qu'on y plonge.
Ce calorique s'ïnsirrne et s'interpose dans li>~ molécules
des eaux minérales , à des deg1 é.~ divers <l•·ns les profondeurs souterraines ; il s'y conserve suivant qu'elles
parcourent des canaux assez bien fcnnés pom' que le
.dégagement des fluides qu' elles contiennent n'ait pu s'opérer dans leur tr&jet. Les sa·lines thermal!!s des sources
de Bouri)onne-les-Buins qui marquent de 32 ° à 41) tJ aux:
.S(l{'faces d'oû elles sourdent , ont fait monter le ther,m omètre de Réau·m ur à soixante degrés, lorsqu'on le&
a observées .à 41 pieds et demi an-dessous du niveau de
fa terre.
Les ea1:1x ·minérales placées p'lus près de la surface
·de la terre ont 1me têmpùrature égale à celJe de l'atmosphère.
Dans l'économie physiqu,e , le calorique éprouve en-~ore des modificatious diverses. L'état particulier de
combinaison où il se troU:ve dans les eaux minéral~s leur
jmprime , par rapport à nos organes , des propriétés
'bien différentes de celles que son interposition opérée
,par nos moyens artificiels de chauffage peut communi:quer à rea12 pure ou clîargée des mêml!I principes fixes~
.Â. ,&.Î)( , dépade.ll'l.CD~ des B(,)uches-ciu.-Jlnôae , l'.ealo!. nl:i-
�{ 548 )
temp ératu re es!
néra-1" dl's bnin s de SPxt ius , dont la
quin ze verré es
à
cinq
de
tre
~
ni
d" 34 ° et qu ? l'on admi
ble sur nos
péni
ation
sens
me
;n1c1
p ,1r jour , n e caus e
affec tés par une
e I? 1n es <p•Î serai <' nt rloul oure usem ent
e degr é. L'eau
aut rf' eau arti.fi ciell c> ment chau ff.:'e au .mêm
réné es-O rient ales,
d'. Olt;r e , dans le Mpa •tem ent des Py
dr. mi de Réaumur.,
dont la temp ératu re est li 70 degr és et
ible et on la boit
n'occ asion e aucu11 c sens ation désa gré<
ali~ée avec les
1sans .~ ouffrir , tand is quf' i'eau minér
ffée à 25 dechau
t
rnên 1es Înf? rédie ns et a•tif icirll emen
et d.:ms le
e
langu
la
grés dl' moin .~ , prod ui ,·a1t ~111·
Les eaux
s.
gravP
~
n
nidc
?.
pal .. is llE's b rùl,ur"s ~uivi e s d'
chal eur
de
és
degr
67
à
s
H·
mi11é n les qui <lon ru:nt ju~q1
, nortse
Suis
en
,
l'Fuk
de
s
ceul igra de, tell es q ue celle
qui
ceux
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,
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t;;
végi
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pas
seule ment ne ruise11t
te,
ve1
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coul
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ndre
repre
y
t
'sont fan es paraissPn
n.
tatio
gie de végé
leur frakh eur et une nouv1dle enrr
et
enl
em
p ronip t
Les nosth ocs et les trémP! les végè tent
de
.urc
pùat
la te.m
vive nt dcms lc•s eau x sulfu reus.cs à
).
mur
R/au
(
36 degr és
degr é cons iLes eaux rni néral cs rléjà pour vues d'un
plutô t en
pas
déra ble de chal eur natu rr Ile n'en trent
idiss ent
refro
se
ébul lition que l'eau comm une ; elles
nt de
auta
avec
pas
t
plus lente men t et n'élb ando nnen
eaux
les
que
·
'
ées
satur
facilité les gaz dont elles sont
i e.
ératu
temp
de
é
deg.r
e
artif iciel leme nt élevé es au ·mêm
ne
ces
sour
ques
y-ud
de
eaux
L'eff icaci té reco nnue des
s-'y
ique
calor
le
où
r
culie
parti
para ît due qu'à cet état
qui ne cont ienn ent
trouv e intim émen t comb iné. Celle;;
sens ible ~ l'ana aucu ne subs tance activ e , aucu n princ ipe
, au pied du Canlyse , telles que l'eau therm ale de Vic
ératu re s'élè ve à
tal, qui est très- pure , dont la temp
de Lux euil , dépa rtem ent
~oo degr és centi~ades. Celle s
45 ° ; relie s de Ba..
de la Haul e-Sa ône , presq ue pure s à
es-Pyré17>éf,;;, à':'
(j;nères-de-Bigorre , dépa rtem ent des Haut
�( 5ft9 )
~u-près pures à 57 °, offrent néanmoins une efficacité
spéciale qu'on ne pourrait obtenir de l'usage des bains
d'eau commune chauffée au même degré. C'est aux divers
états_et degrés de combinaison où le calorique se trouve
mêlé et enchainé avec leurs autres principes constiluans,
qu'on doit attribuer les diffé rences remarquables qu'on
trouve entre les propriétés de certaines eaux qui prlfsentent à l'analyse les mêmes principes fixes et pr~sque
dans les même:< proportions •
.Les divers degrés de calorique qui sont à-peu-près
oonstans dans chHque source, déterminent la température des eaux: minérales qui en jaillissent. Ce ,fluide
s'y manifeste à l'état libre e.t sensible depuis le l 5 G jusqu'au lOO 0 centigra lle.
On prend en général la température des eaux minérales à leur sortie de la terre; on l'évalue en y tenant
un thermomètre ploragé jusqu'.111 sommet de l'échelle,
La manière d'être des eaux minérales éprouve en co re
des modifications notables et réelles par l'influence du
fluide électrique suivant qu'il s'accumule , ou s'échappe
plus abondamment du s ~in <le la t{·rre ' , qui en est le
réservoir. A la suite des violentes secousses géologiquei>
partielles , on a vu des sources thermales dispara.ître
entièrement, d'autres être changées er:i froides. Il y a
environ 14 ans que -la source thermale de Carlsbad a
perdu sa chaleur à la suite <l'un tremblement de terre ;
-la source de Pisciarelli , près <le Naples, connue ùepuis
long-temps , n'existe plus ; elle a été remplacée par les
fumarolles qui sont produites par la méme eau en état
de vapeur.
Outl"e ces changemens permanens , on a observé
dans les temps d'orages, des altérations mom.-ntanées
.dans la_ c.omposition, le cours et la tempé ra ture des
eaux minérales. Ces variations ne dureut que quel<1ues
~e1,1res ~ '}uelriues jQun , quelques semaines même,
�( 350 )
.après lesquelles ces eaux reprennent leur mode ordi.naire d'êlre. La grotte du Modt - St. - Calogero, qui
exhal<! habituellement des vapeurs à dix degrés audessus de la tempéra.tu1e atmosphérique, est quelques
fois très-froide. En 1660, la chaleur des eaux thermales de B1:1gnères-de-Bigorre , fut momentanément sus·pendue à la suite d'un tremblement Je terre. Le même
phénomène eut lieu, en i755, à Aix en Savoie: la chaleur.
manqua aux eaux thermales à l'époque .du tremblemen.t;
de terre de Lisborrne.
Les eaux ., devenues froides, déposèrent, pendant
.quatre jours , un sédiment bleuâtre. En 1782 , lors du
tremblement de terre qui eut lieu dans le Midi de
l'Italie, ces deux mêmes sources thermaies donnèrent
des eaux blanchâtres et trou.bles pendant plusieurs jours.
En 1810, penddnt la secousse de tremblement de terre
qui eut lieu dans le village de St.-Gervais en Savoie ,
on vit, dans le même instant, l'eau thermale s'élever
rapidemP.nt de la source avec bouillonnement et un bruit
tel, que les personnes qui se trouvaient aux environs ,
furent saisies d'épouvante et s'enfuirent. Par les temps
d'orage, l'eau de St.-Gervais ne çhange pas de température , mais leur saveur saline-amère est alors beaucoup plus marquée.
Dans les temps d'orage, les eau" <le la source de la
Charbonniere, située aux environs de Lyon, près d'une
mine de cuivre, sont chargées Je sulfate de cuivre, de
rnaniè1•e à causer des accidens à ceux qui en feraien.t
usa~e. Dans les temps ordinaires, ces eaux ne contiennent . p:is de ce méta! en dissolution et peuvent
1
être bues sans danger.
La iuatière électrique invisible, insensible au poid,
se renù manifeste par ses effets sur les corps. Ce .fluide
enflamme les n1i:ltieres combustibles , brl!le avec une rapidité étonnante et laiise après .elle u.ne fumée épaisse~
�( 55 I
)'
,:;,utfocante et d'odeur sulfureuse : la peau des personne~
atteintes par la foudre est q-uelquefois colorée en jaunê
par une couche sulfureuse qu'une simple lotîon fait disparaître. L'électricité met aussi en mouvement la matière organique qu 1elle pénètre. On a observé dans les
plantes un accroissement plus grand; ut e gern1inatioa'
plus prompte , plus vigoureuse pnr l'action dn fluià-e
électrique 0u celle du galvanique, qui n'est qu'une modification du premier.
Le célèbre Da11r a observé que les graines des végétaux plongées dans l'eau pure au pôle positif de la pile·
galvanique, germaient plus promptement que celles qui
n'étaient soumises à aucune influence électrique ; toui;
les agriculteurs connaissent l'influence heureuse des
pluies d'orage sur la végétation.
Le fluide électrique a une action telle sur le germe
animal, que des expériences directes prouvent que l'incubation est plus prompte et la coque des œnfs perce
plutôt sous son influence que lorsqu'on ne l'emploie pas.
M. Achard a éprouvé qu'un courant de tl.uide électrique
constamment s,outenu sur cl.es œufs fecondés , pouvait
les faire éclore , de même que la chnleur de 40 degrés
centigrades. On a aussi vu le mélange d'un courant de
fluide galvanique avec la fribriue du sang , récemmént
tiré de la veine , produire des tremoussemens , des oscillations et une espèce de palpitation dans ce fluide.
L'action du même co01·ant galvanique, traversant le corps
d'une cigale qu'on vient de tuer , y proùuit le mouve~
m~nt et le son. M. de Humboldt s'est assuré que lorsque
ce fluide est appliqué sur la fibre animale , celle - ci
produit des mouvemens plus prompts et des conlractions·
plus fo1 tes et Fontana a ~ou vent observé que celle qui
avait déjà été exposée à une forte actioo électrique , était
incap~ble d'agÎl' de nouveau et ne répondait plus au stimulus de cet al:lent.
�( !)!)2 )
L-e ftuide électriqu e produit donc sur l'organism-enimal des effets plus ou moins sensible s , selon les
circonsta nces. Dans celles où la matière électriqu e ternstre accumul ée tend à se mettre en équilibre , les eaulli"
minérale s qui lui livrent un libre passage , le saturent
et le surcharg ent de ce principe actif qui les traverse
et augment e mornent a n~E'nt leur p1·opriét é excitant e.
En observa nt les variation s qu'éprou vent les eaux minérales dans les sources on voit souvent , dans les temps'
d'orage , que ceHes qui sont chaudes sei;nblent y bouil:_
lonner E'l que leur action sur l'organis me est plus éner-·
gique. Les malades supporte nt alors fo douche avec plu~
de peine , l'eau donne une sensatio n de chaleur plus forte
et plus moi dicante sur la peau ; les buveurs la digèren~·
difficile ment; ils éprouve nt des maux de tête, un prurit
incomm ode, une accéléra tion du pouls, une aut;men tation de nloricit é , de mobilité , de furce muscula ire et
d'autres épiphéno mènes coïncida ns qui. à ces époques:,
indiquen t l.i surabund anc.: d'une matière hyper-st imulante dans les eaux minérale s·. Leur effet excitant se
prononc e dans le système nerveux et successiv ementdans les tissus où les nerfs vont se terminer . Pendant
ces trouLlcs atmosph ériques, les malades , surtout les
vaporeu x, les valét•Jdinaires qui prennen t les eaux éprou~
vent une augment ation anxieuse de sensibili té de relation.
Leur effet trop excitant et trop subit peut produire de5
accidens graves, tels que des convu}sions _, des rupt11res
et extravas ations cérébral es , pulmona ires , etc.
L'azote a été signalé pour la première fois .dans les eaux
minérale s , par le docteur Pr.arsorJ , qui le déceuvri t dans
celles de Buxton. Ce princ.ipe a été depuis lors reconnu
dans un gr-and nombre d'eaux. M. Monhirta pensait que
le gaz azote forQ:lait la partie prédomi nante des prinocipes gazeux des eaux d'Aix-la-ChapeH~. M. Gimll~rnat,
'{UÎ avait déjà observé la combina ison de l'azotfl avec le
I
�( 553 )
soufre dans plusieurs eaux minérales d'Allemiigne, où il
avait annoncé que ces principes exislaient à l'étut de
gaz azote sulfuré, a établi, à la source d'Aix en
Savoie, un appareil pneumato-chimique pour recut:illir
le gaz qui s'en exhale en bulles. Ce gaz est tout-à-fait
impropre à la combustion et manifeste toutes les propl'iélés du gaz azote. èet observalcur, pour s'assurer si
l'eau contenait le même gaz en combinaison , a fait
construire un appareil de fer-blanc qu'il a rempli et
huuché sous l'eau dans la source. Le bouchon portait
un tube recourbé aussi rempli d'eau et communiquant'
à l'appareil: il a mis sous 111 caffetière une lampe ~ l'e,sprit-de-vin, qu'il a chauffé très-lentement ; le gaz dégagé,
a constamment occupé la même capacité pour le même:
volume d'eau et a présenté les mêmes phénomènes
que celui qui est recueilli librement à la source. Cette
opération sur le mercure a donné des résultats tout-àfait analogues , qui dtmontrent que le gaz azote est
réellement combiné à l'eau d'une manière et dans des
proportio~1s constantes.
Le gaz azote se dégage ainsi pur de beaucoup de
sources. Dans celles de Hosich ( nouvelle Yorch ) , c~
gaz pur se dégage en si grande quantité, qu'en pressant
le wl d'où elles sortent, on le voit s'élever du fund du
~ravier, de manière à ce qu'on peut en recueillir plus
de deux pintes en moins de dix secondes.
La plupart des eaux sulfureuses de France , telle:I
que celles d'Aix , d'Ax, Bngnères' , Bagnols ,.Barrèges,
Bonnes , Cauterets , Plombières , Provins , Gréoulx el:
même Digne, contiennent 1:me matière azotée qui paraît
être une combinaison de soufre, d'hydrogène et d'.:zote,
dont le~ propriétés sont analogues. à celles de l'albuna~ne animale. Quand l'acide hydro-sulfurique se .trou~e
•insi intirnémenl combiné avec l'azote , les acides ni4~
T. VII. Juin 1824.
�l 554 )
treux et sulfureux ne le décomposent point , comnl_e_
quard on les verse sur de l'eau qui contient l'acide
hydro-sulfurique pur, dont le .;oufre se p1écipite.
Les eaux qui tiennent celle matière aninrnle en étaf
de combinaison intime sont limpides et ne sout pas
<lésagréables à boire. Mais lorsqu'elles sont parvenues à
I:extérieur de la sou1·ce, où les principes de mixtion intime Se rompent , ces eaux perdent leur transparence
el leur limpidité ; elles deviennent l<iiteuscs et troubles.
Elles sont alors gra•ses et onctueuses au toucher, comme
du bouillon ou de l'l'au dans laquelle on aurait délayé
èle la gélatine. La vapeur' condensée de ces espèces
d'~aux minéral,,s dépose aux environs et sur les parois des sources une substanc<! gélatineuse qui a tous'
{!!s caraclères de la matière animale. Elle se putréfie ,
l.orsqu;elle est exposée à l'air ; étendue en couche lé!;èrc sur du verre, elle s'y sèche et forme une subs ...
tance analogue à du parchemin. Elle brûle en se gripant t;t ell.hale une odeur de corne brlilée. Celte matière azotée donne aux eaux minérales qui la contien•
nent leur c.iractère principal , qui est l'onctuosité et'
la couleur laiteuse. On en déo1ontre la présence par
l'instillation du chlore et de l'infusion de Id noix de
galle qui y produisent un précipité floconneux. Elle se
manifeste aussi par l'odeur fetide que ces eaux exhalent'
quanrt elles sont abandonnées à elles-mt!mcs à la température ordi1nire. Ce gaz se trouve eri grande proportiou dans les e~ux de Lemingprior , de Tunbridge,
de Mo1f<1t, d'J-!?.rrowgale et surtout de Cheltenham.
L'oxi(:iène se trouve en petite quantitë dans les eaux'
minérales; il ne peut y exister en mêmc-t,mps que l'acide hydro-sulfurique et le fer. Les hydro-sulfates contenus dans plusieurs eaux se décomposl!nt par son
contact, ainsi q'ue le carbonate de peroxide de fer.
Bergmann l'a reconnu dans les eaux de Seltz , de
�( 355 l
S,eydschntz , de Seltzer; Carirck, dans celles de Ilristol;
fiabin{jton, dans celles de Tunbridge. Notre ronftère,
JVI. Laurens , dans celles d'Aix, <lcpartenit!nt des Bouches-du-Rhàn.e.
Le gaz acide carbonique est l'ingréclient gazeux qui
se rencontre le plus communément dans les eaux minérales ; il forme le principe prédominant des eaux:
acidules qui le contiennent, dans les proportions de siic
il quanmte parties sur cent. Ce g;1z forme le seul
principe minéralisateur des eaox de C<il"i, dan~ la plaine
de Capoue et de celles de Bùrlhfeld, en Angleterre. Il
leur donne la saveur acidule pit{uante.
Le grzz acide hydro-suijurique est aussi un des prin~ipes qui se rencontrent . le plus fréquemment à l'etat
de liberté dans les eaux minérales ; il est la partie cons·
tituanle princjpale des eaux appelées s4Jfureuse;. Quand
on agite avec 4u mercure )es eaux qui contiennent de
facide hydro-sulfuriq.ue libre , elles perdent la totalité
'de leur soufre qui se combine au mtlal, t<lhdis que
)'hydrogène qui lui était uni , est mis en 11 berté. Il
est le seul principe gazeux des eaux de Virny èn Piéµiont; de Swanlinbar en Irlande ; de la solfatare de
'fisciarelli et de lù plaine de Lacerra, p:·ès de Naples ; des
eaux de St.-Domingue , pt ès la baie des Gpnaives; d~
celles de 11} source qui est au pied de la montagne pêlée,
!].ans l'isle de la J.YiartiHiy_ue > de Mati.ira, (Amérique
µiéridioriale ).
'
L'acide borique n'a été trouvé , jusqu'ici, en combinaison qu'avec la soude. Cet ac-ide , qui se r< ncontr~
ljbre . danoi quelques lacs d'Italie , se dépose ()es eaux:
qui le conliennent par la conce11tralion ; il se cristallise
en petites paillètes brillant!"s , qul se dissolyent daqs
ralcohol et colorent sa flamme en vert.
L'acide ~ydro,-chlorlque est très-r~r~ dans le,s eaux
JllÎnéra~es i OJ:l ;\ rem~r~ué sa présenct7 dans celles de
�( 556 )
Valladolid, de la province de l\léchoacam; dans le· lac
de Cuisco et autres pays de la Nouvelle-Espagne.
L'acide sulfurique existe libre dans plusieurs eamc
ramassées au pied des volcans ; on l'a observé dans
une source du territoire de Popayan , ville située au_près du volcan de puirazé ( Amérique rr.éridionale ).
L'eau du lac situé au pied du volcan de Java en con-·
tient aussi une quantité notable.
La s1wde est le seul alcali non comhiné qu'on alt
rencontré dans les eaux minérales ; elle a été trouvée
par Blak dans les eaux therrriales d'Islande et par
Maisonjour , dans celles de Jouhe, département du Jura.
Mais pour que cet alcali pût existPr à nu , il faudrait
.que les eaux ne continssent aucun acide libre, ni aucun
_sel à base terreuse , si ce n'est le sous -carbonate de
<:h;ux. Cet alcali combiné _aux substances animale~,
dans les eaux minérales où on les rcncuntre, parait être
le principe 9ui les y retient en dissolution; mais plus
généralement la soude est combinée avec l'acide carbonique.
La présence de la silire a été const:itée d:rns div(•rses
eaux minérales. Bergmann, Blak, Klaproth, Hassen/raz,
Brezè , Thompson, Mojon, Humboldt, Vauqueltn l'ont
remarquée dans les eaux de Geizer , de Carlsbad , de
Pougues , de Lu ; dans les fomarolles de Monticl'lt<>
( isfe d'Ischia); d;ins h source bouillante d' Acgui ( Piémont); dans les eaux de Mariara (Amérique méridionale);
dans celles de Néris, département de l'Allier. La silice
.se dépose en incrustàtion dens les eaux d'Opolski , au
Kamtchatka.
JJa chaux est encore une _substance dont l'existencè,
non combinée , a été annoncée dans les eaux minérales
de \Vildbad , par Dubuch , mais la présence de cette
terre n'a été constatée par aucune expérience directe.
L'alumine n'a été trouvée à nu que dans les eaux d11
�( 557 )
Mont-d'Or , département du Puy-de-Dôme , dans celles
de Fouges et celles du Geyzer.
Le borax a été rencontré dans les eaux des lacs de
la Perse et du Thibet.
Pa~mi les sels divers qui entrent dans la cornpo~ition
<les eaux minérales , les carb,m&tes, les hydro-chlurates
et les sulfates sont ceux qui s'y trouvent le plus fréquemment et le plus abondamment, les nitrates y sont
les plus rares,
Le nitrate d11 chaux forme le principe prédominant
des eaux des sources du désert de la Syrie , qui ont
tant de fois désaltéré les Français qui les ont parcourus
du temps des croisades ; elles unt aussi adouci les
maux que la privation de ce liquide fesait éprouver à
l'armée française d'Égypte , dans sa trop malheureuse
expédition contre St.-Jean-d' Acre . Le nitrate de chaux
se trouve encore dans les eaux des déserts de l'Arabie
et de la Mecque, elles servent de boisson aux caravannes et aux hordes de Bédouins qui les travers nt.
On a aussi retiré du nitrate de potasse de quelques
sources de Hongrie,
Les hrdro-chlorates rle chaux et de morrnésie se rencontrent assez ordinairement dnus les eaux minérales,
mais le principe qui y est le plus généralement repan<lu'
est le chlorure de sodium. Il est le principe prrdominant des e~QX thermales qui sortent des terreins granitiques, telle~ que celles de Bonnes , Barrèges , Haf(nères, d' Ax , Chaudes-Aigues , N eris , Bourbon-!' Ar'Cbambau lt, Gréoulx, Bourbone - les - Bains, ChâteauSalins , la Ga1pa,rde, Mont - d'Or , Châtel - Guion en
France; de Wilsbad , Carlsbad, Aix - la - Chapelle ,
-de c.. eutznach, de Ems, Selterz , de Seltz , en 4zzemagne; d'Acqui, de St.-Didier, de Monte fa Icone· , en
Italie-, de Bath , en AngleterrP-.
Les Jiydro - chforate-s de pol.asse, à'aTflmoniaque , de
�( 558 )
.'/Jaryte, d'alumine et de mangantze sont extr~memen~
r?res.
. LP carbonate de soude est l'ingrédient fixe qui, aprè!J
le chlorure de sot,lium t 1.e carbol)ate de ch<1ux, se
trouve le plus {lénéral i> ment répandu dans les eaux e.t
su1Jout d.ins les thern1a1es. Il existe en abondance dans
ceÜes de B..ignèrcs, 1le Luchon_, Chaudes-,Aigues, V'ichi,
Néris, Pougues, Mont-d'Or, S 1int-Nectaire, en France;
de Warmbrunn, Wilb.id, Carlsbad, Aix-la-C}iapelle ~
Alfter , Tœplitz, Seltz, en Allema~ne; Gurgit<'llo, Cl)
Italie. Il leur donne la saveur alcaline et la propriété
de verdir le sirop de violette,
Le car·bonate de chau:x; entre dans la composition de
prl'sque toutes les eaux minérales , surtout Je celles
qu'un .1ppclle froides. Il qt urdi!'lairement tenu en dissolution par un excès d'acille carbonique Il pré•'oniine
d.ins les eaux d'Arçueil, d'Enguien , de Provins, de
la Ch;ipelle - Godefroy , de Forges 1 de Rhc·ims; de
St -J\ llyre, Hoye, St.-Mart, en Frrrnce ; de Rude , Offrn,
Glasshutten • Tépla, Pyrmont , Wisbad1~n , en Allemagne; de Bristol , Bath, en Anglete.rre ; de I\llme, d~
lac· de la Solf.. tare, en Italie; de la Trincher.a , dan~
·
l'Amérique mèrid1u11ale.
. En Sicile , sur la plage qui est entre la mer rl' Afrique
et le l\~ont-St.-Cal1 g Pro, ~n trouve de;> eaux n1inérales
chaudes lapidifiy:ucs, qui font tourner dt ux moulins.
Dans quelques sour~cs de Ceylan et du Pérou, on a
rencontré drs c:.u11. l.1pidifiques qui so11t si char~ées de
princi pc·s calcaires , qu'elles se p~lrifient spontanément
par l'acliun de l'il!r e11.térieur et qu'en les versant dans
des moules elles forment des pierres qui servent à
1
la construction ries maison$.
Le carbon,1tf! de magnésie est aussi très-cqmmun dans
l_es eaux minérales , il est presque toujours accompagn~
du carbonate !le chaux ? il est le principe fixe ~réqq.,
�( 359 )
minant des eaux d'Aix, dépdrLément de, l'louches-duP,hône, de Bar, département du Puy-de-Dôme.
Le t·arbonàte de fer est lrcs-commun llan~ les eaux;'
il est le principal minê ra lisnteu r de celles qu'on nomme
ferru 0i11euses, telles que le.~ eau.· de Campagne, de Bourbon - l'A rchambault, de ChâLel-Guion, de St.-Marst ,
de la Chapelle-Godefroy, de Sir<idan , de Laifour, de
nouen , de St -Pardoux, de, Bussang, d'Aumale , de
Tongres , ou fontaine de Pline , de Contrexeville , de
M1Jnt-Lignon, de Pornie, de Vals, en France; de
Schwalbüch·, de Spa, de Pyrmont, de Tœplitz, en
All1•nwgne ; d'Huléabor'g, en Suède ; de Tumbridge,
d e Cheltenham, en Angleterre; du Munt-Ecnia , de fa '
Mola, de Pise , de Monte-Cati ni , de Lucques, en llalie.
Le sulfate de soude se trouve dans les eaux d'une'
grande qunntilé de sources ; mais plus spécialement
dans cc: lles qu'on distingue par la dér.·tm1inalion d'eaux:
S'aléeî. On l'uhlient en abondance pal' l'évaporalion de'
l'eau des fünLaines salées d.e ld L':irraine·. Ce sel amer;
fbndant et purgatif, est un des principaux minéralisafeurs '
des eaux àe Cauterets, d' Ax, S .-Amand, Vic-le-Corn le,
Plombières , de Silvanes , de la Motle , en France ; de
Carlsbad, de Laudeck, en Allemagne ; de Ki!burn, de
Bristol et surtout de Chellcnham , en Angleterre ;
d'Ottaiano , d'Ombria , c n Italie.
Le wlfute de magnésie ci..iste dans presque toutes les"
eaux minérales caractéris·ées par des propriétés purgatives , les sRurces d'Epsom, dans le comté de Surrey;
én Angleterre; de S" id .~chitz et de Sedlitz, en Bohême;
cellrs de Modèqe, en Italie; de Pyrmont, dans le
Hanovre, le contiennent en abondance ; il est un des
principes actifa dans les eaux d'Engbien , de Cambo,"
de C;impagne, de Châtel-Guion, de Cransac , Sensac,•
d'Ussat, St.-Félix-de-Bagnères , en France. Ce sel ca- '
thartique , de saveur Jmère, s'obtient par l'évaporatiom'
de ces eaux.
�( 360 )
dans les eaux ,
L' sulfate de chau x est très - répa ndu
fréq uem men t
trèsi
auss
sous le nom de scle nite ; il est
sur l'hy droe
stJud
de
te
prod uit par l'act ion du sulfa
préd omin ans
s
cipe
~rin
des
un
chlo rate de chau x . Il est
rre, Uss at,
Bigo
-deères
Bagn
,
fixes des eaux de Cam bo
y , Forg es,
Pass
,
ns
Sali
eauChât
St.-F élix- d e-Ba gnèr es,
Leuk , en Suis se;
Rhe ims, en Fran ce; de Bade n , de
, en An glete rre,
de Brig thon et de l'isle de Wig th
e rare men t dans les
ontr
renc
se
mine
Le sulfa te d'alu
celle s de Cran sac •
eaux miné rale s; on le trou ve dans
l'eau de Pisc iarel li ,
de San sac, de Pass y, en Fran ce;
trou ve réun i à une
en Ilali e, où IP. sulfa te d'alu mine se
de sulfu riqu e , term e
forte dose dP. sulfa te de fer et d'aci
que la natu re four un des méd icam ens les plus préc ieux
nisse .
quef ois dans les
Le sulfa te de fer se renc ontr e quel
les eaux min édans
eaux volc aniq ues , il exis te auss i
de Ferr ières ,
s
celle
rales d'au tres sour ces , telle s que
ont , dans
Pyrm
;
ce
Fran
Pass y, Cransac , Sens ac , en
leter re;
Ang
en
,
th
VVig
de
le H ano vre ; Brig ton , l'isle
upe •
delo
Gua
la
de
;
e
Itali
en
de Pi sci arr lli , d' Asci ano,
tistyp
rend
les
cipe
prin
Ce
aux Ant ill es (Am ériq ue).
ant
suiv
,
âtre
jaun
ou
âtre
verd
ques et les colo re en
ent un préc ipité
l'éta t d'ox idati on du fer; elles donn
1
sse.
pota
bleu par le prus si atc de
dans les eaux:
Le sulfate de cuivre ne se trou ve qne
taux dange~euses
qui déw ulen t des mine s d e cuiv re. Ces
âtre et par leur sasont sign alées par une coul eur bleu
veur styp tiqu P naus éabo nde.
les mêm es asso On a rema rqué géné ralem ent que
à-pe u-pr ès touj ours
ciati ons de subs taur es se prés ente nt
iptio ns de terre ins
pare illes dans les mêm es circo nscr
mêm e souv ent des
et que les eaux miné rales n'y different
la plus gran de proeaux écon omiq ues pota bles que par
lit leur i qual ités
port ion de prin cipe s fixes , qui étab
médicinalel!_.
�( 56r )
On a l1Ussi observé des associations particuliires· d~
~ubstances salines remarquables par leur généralité ~
~elles que la soude et la chaux muriatée ; le fer et
!'alumine sulfatée; la magnésie et la chaux carbonatée ;
fa soude muriatée et la chaux sulfatéé•
La source min.éraie des Camoïns , située à deux }ieuei;
de Marseille , offre l';,issociation accidentelle particulière'
de chaux carbonatée et dr. chaux sulfatée. Ces eaux; qui
ont pour principes prédom:irians le gaz acide hydrosulfurique dans la proportion d'un quinz.jème de leur
volume et l'acide carbonique dans celle d'un dixième,a'élèvent de la roche primitive où elles ont été saturée.1>
de ces principes gazeux et se chargent d'une portion de
chaux carbonatée et su'Îfatéè , en traversant l~s terreins
~alcaires plus supérieurs pour venir sourdre à la 11urface.
Ces matières fixes· se rencontrent également dans les"
éaux économiques eotables de toutes les sources des
environs et forment leur caractère distinctif•
. Lorsque , dans. l'étude des corps , nous partons de
la simple aggr~gation d-es substances pour arriver à leurir
compositions les plus complexes , nous voyons que c'est
à la différence -de quantité et de forme des principes
élémentaires, aux degrés de densité, à l'innombrable diversité des combinaisons de ces principes primordiaux
qu'est due l'étonnante variété des corps. La différencede combinaisons des élémen!t associés dans la même
terre contenue dans un seul vase , placé sous la même
température ~t sous les mêmes infiuences at~osphéri•
ques, peut fournir aux productions diverses du quina
et du rathanià, qui agissent sur l'orgirnis_me eu opérant
un degré marqué de cohésion et de tonicité sur les tissus ·
vivans; à celles' du concombre el du mcfon d'eau qui en
produisent le relâchement cl la faiblesse. La même terre
-ùe ce vase peut concourir au développement des plantes
' 'F. VII. Juin 1824.•
49
�( 562
J
êaiei er, qui•
et' des fruits du canél ier , du giroflier et du
sur le
vives
s
moin
ou
produ isent des excitations plus
qu'à1
ps
e-tem
mêm
en
;
t
uffen
eystè._me organ ique et l'écha
gro-·
du
,
nier
citron
du
fruits
des
celui de.s plant es et
ans moseilli er , dont les sucs temp érans et ralfraîchiss
vitale s.
iétés
propr
des
tation
l'exal
uent
dèren t et dimiu
favoriser
Cette même terre peut encore simu ltané ment
fourn issen t
la végétation du frome nt et du haric ot, qui
de la corn~
en abond ance les sucs nutrit ifs répar ateur s
bella -dona
pa
posit ion animzile, et activ er celle de l'alro
, surto ut
res
délétè
et du laurier~érise , dont l'es SLICS
vitali té 9,
la
ent
ptem
l'acid e pruss ique , détru isent si prnm
ner-·
me
systè
d'un
us
princ ipale ment sur les êtres pourv
veux parfa it.
dans les·
Nous obser vons de même une grand e varié té
prindes
ns
inaiso
comb
les
propo rtions , le mélange et
eau?,C
les
t
ituen
const
qui
xcipes fixes volatils et gazeu
i•·
comb
de
té
varié
cette
à
C'est
miné rales natur elles.
dont·
rales
miné
x
d'eau
sité
diver
la
naiso ns qu'es t due
les prol'expé rienc e et l'obse rvatio n ont fait conna ître
que réelle
en
c'f:st
:
iques
chim
et
ques
priété s physi
qu'ell es
side cette faculté distin ctive et carac térist ique
diver ses.
possè dent, de déter mine r des mé1lications
princ ipes
Les sourcea d'eau x minér;ilcs ,.imp régné es de
liques ,
métal
fluides et guzet ix, de subst ances alcalines
et pas.
perm
ne
salin es, terre uses, elc. , à un point qui
abon s
moin
oup
de s'en servi r en boiss on, ~ont beauc
nées ,
Confi
les.
potab
dante s que les eaux économiques
conses
diver
des
s
pour ainsi dire , dans quelq ues point
rs,
odeu
des
par
guées
trées du globe ,.,,lies y sont distin
tant
iétés
prnpr
des
et
res
des coule urs , d!s temp ératu
chim iques que médi cales .
ralise nt
Mais toutes les diver ses subst ances qui miné
et dises
divisé
ent
tellem
sont
les eauJc médi cinal es,
d
ngent
mtlla
.se
(1ui
s
fluide
dei
e
tiOUtea par l'inte rmèd
/
�( ·355 )
e ooni'ondent diversement dans chacune d'elles, qµ'elles
perdent en partie leurs qualités propres , pour ne former
avec l'eau qui leur sert de véhicule , qu'un composé
identique , qui constitue les eaux minérales naturelle11.
Les modifications éprouvées par ces divers principes
·minéralisateurs, sont telles , que la figure des crisJ:aux
.<{UÎ proviennent des solutioas opérées par la nature ,
~e ressent des combinaisons qu'ils y ont subi, et que
~a dissolution des différ<!ns corps minéraux produit des
v:égétations métalliques diverses.
Les s~bstances minérales reconnues comme principes
.constituans des eaux médicinales , ne se rencontrent
.pas toutes ensemble dans la même espèce d'eau . Généralement , ces liquides n'ell contiennent qu'un nombre
déterminé, réparti cl.ans des proportions différentes no•
tables , qui s'élèvent rarement au-delà de huit à di~.
L'ordre exigerait ici l'exposé de la série des moyens
indiqués , pour faire reconnaître les substances con•
tenues dans les eaux médicinales et les procédés par
lesquels on peut déterminer la quantité qu'elles en
tiennent en dissolution; mais cet examen , purement
.chimique , dépasserait le~ bornes que nous nous smnmea
·
prescri~es dans ce travail.
La classification mé.thedique des eaux mînéral~s a été
.généralemet>t .établi.e sin· la, qualité des substances qui
-s'y tr-0uver<t le plus habituellement réunie~ ; sur la prédominance et l'activité plus énergique de quelques-unes
d'entre elles , qui leur donnent les propriétés qui leii
font le plus facilement reconnaître et le caractère principal qui les distingue. D'après cette prédominance de
leur principes saisissables, dét·erminée par les méthodes
d'ilnalyses , adoptées par les chin.istes, on les a di.visées
~en quatre ordres : 1. 0 les acidules ; 2.0 les ferrugineui;es ; 3. 0 les hydro-sulfureuses ; 4.0 les salines.
Les eau;; acidules sa~euses sont caractérisées par la
�( 564)
.présence de l'acide cal'.bonique libre qu'elles dégagen.t
'en grande quantité et surtout par l'agitation. Ell"s on.t
:une saveur aigre piquante et un pi'.tillern.ent analogu~
à celui du vin de Champagne, lorsqu'on en verse dans
un vase . Elles rougissent ·la teint ure de tournr-sol et
forment un précipité blanc par l'eau de chaux; elles
>varient de légéreté par l'interposition des molécules de
l'acide carbonique et quelquefois de l'azote qui s'y trouve
en plus ou moins grande quantité; elles ne contiennent
pns de quantité notnble d'acide h:y<lro-sulfurique , n,i
d'oxide de fer. Leurs principes fixes sont en général
une quant·ité de sels alc&lins et terreux tels que les
cnrbonates de soude , de magnésie , de chaux ; le muriate <1e soude , des petites quantités de sulfate et du
carbonate de fer et quelquefois des matières animales
gélatineù~es qui s'y présentent sous forme de flocons
hfancs , demi transparens et gluans , semblables au
fr;ii de grenouilles.
Ces e;iux sont les unPs thrrmales et lei! autres froide~.
Les thermales sont, dans le departemfnt de l'Allier,
celles de Néris, Vichi; dans /'Arriège, cellrs d'Audinac
et d'Ussat; dans celui de la Haute - Garonne , celles
d'Engausse; dans celui de l' Herault, les eaux de l~
f\llalou , de la so•irce Capus, de Foncaude ; Gans celui
de la Loire, celles de St.-Alban; dans cdui de l'Orne,
celles de Ba~nolles ; dans celui rlu Puy· de-D&me, celles
de Ch&tel-Guion , de Clermont-f P.rrancl, de IV1cmt-d'0r,
de St.-Mart, de St -Nectaire; d;,ns -l'isle d'Ischia,
ceJles de Gurgitelli ; en Bohême , celles de Ca1·lsb<1<l;
en Silésie, celles de '\Varmbrunn ; en S4voie, celles
de St.-Gervais ; en Suisse , celles <le Baden; en Angl~17
ir.rre , celles de Bristol.
( LQ suite au N. 0 proenaùt. ),
�~
S ,É ANCES
365)
D ,E
LA
SOCIÉTÉ
Pl!:ND.ANT LE MOIS DE Mll
18:i.4,
-9'/f<li>-
Leclure est faite 1. 0 d'une lettre de M.
Des-Alleurs, fils, Secrétaire ~e correspondance de la
Société de médecine de Rouen , qui accuse la réception
de l'Exposé des trav11ux de la Société pendant l'année
1823, lui fait hoi:nmage d\111 discours qu'il a prononcé à
Ja Société de charité maternelle de l\ouen , sur les avantages de la vaccination et lui témoigne , au nom de l~
Compagnie dont il est l'organe, 'e désir d'entretenir
des relations avec elle ; 2.-0 d'une lettre de M. .Reynaud, second chirurgien en chef de 1a marine de roulon,
qui transmet l'expression de sa reconnaissance pour le
titre de Correspondant qu'elle a daigné lui accorder;
3.o d'une lettre del' Académie des sciences , lettres et
erts de Marseille , qui invite la Compagnie à la séance
publique qu'elle doit tenir le 2 du courant. L.a députation d'usage est nommée 5 4.~ d' une lettre de M.
!Jarthelemr, médecin à Marseille , qui manifeste le désir
d;appart~nir à la Société comme membre -résidant et
lui fait hommage de la dissertation qu?il a soutenue à
!'École de Montpellier, sur la scarlatine. La demande
de ce médecin est accueillie aux termes des règlemens
,et M. Goulin est chargé de rendre compte de sa thèse.
M. R.,ux dépose sur le bureau un exemplaire de la
Notice sur la vie de P. Pontier, chirurgien et médecin
J'Aix; par son fil; aîné. ·.ry.i. Roux fait encore hommage!
DU nom de l'auteur, M. Achard, pharmacien à la Mar~inique, d'une brochure sur la sang -sue officinale et sa
reproduction , d.o nt le rappprt est confié à M. Gillet.
1.''
Mai. -
�( '566 )
M. Gz'llet lit son rapport sur le mémoire de M. Pnsfré~
~11titulé : Considérations sur le mode d'a~lion des vé.sica·
,toires dans l'érrsipèle phlegmoneux.
M. Rampal lit son rapport sur un mémoire relatif clU
cancer des lèvres, par M . J.-N. Roux~ médecin à St.·
Maximin-.
3 Mai. - Les entrepreneurs de l'établissement gymnastique , connu sous le nom de Montagnes russes, dési.reraicnt que la, Société voulut bien constater les avantag s de ce genre d'exercice sous le rapport hygiénique.
L eur deœ ande est prise en considération· et une commi ~ i;,i n est nommée poYr examiner leur établissement
et en rendre un compte détaillé à la Compagnie.
M. Sat lit u11 rapport sur un mémoire de M. Lusardi,
traitant de la cataracte con.géniale.
Les conférences cliniques remplissent le i·es.te de !a
séance.
29 Mai. - M. Rapou', médecin à Lyon, adresse
l'ou\' ag ! qu'il vient de publier sous le titre de : Trait&
ile la méthode fumigatoire et de l'emploj médicql dei
bair.I et do u~hes de vapeurs , désirant qu'il puisse lui
. ~crvir de titre pour êlre associé aux travaux de 11.t
Société . Sa demande est prise en considération et M.
Gillet est nommé rapporteur de son ouvrage.
M . Roux offrt: , au nom de M. Lefort , médecin dn
0
Roi à la Marli nique, deux mémoires intitulés : 1. Mé~
0
moire sur la non-contagion de la.fièvre jaune; 2. Quelques
remarques sur .ze mémoire de JU. Kéramlren, sur la fiè11r'
jaune, conûdérù principalement sous le rapports de sa
transmission , etc. M. Fort:ade est nommé rnpporteur
de ces deux écrits.
M. Goulin li,t son rapport sur la thèse de M. BartheJemy-; intitulée .: Essai sur la scarlatine.
TEXTORIS , Président.
Sul&, Secrüaire-f;b~ire/~
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V :EN T S 1 ÉTAT DU CIEL.
.A. n1nr.
N. O.
Gouv ert; piui ...
ldem; pluie; toccerre.
Presqu'cuLièr. couvert,
Tres-nuRgeux. pluie
87 N. N. O.
Quelq. écl.; pluie; t~c.
86 ~·faible.
Sereiu.
92 N. O.
Très-nuageux.
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Nuageux.
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Nuages·
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Très-nuageu11.
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83 S. O.
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Quelques nuages.
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Qu .c hi. éclaircies; pluie.
92 N O.
Nnagcux.
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Tr1·s.nu•geux.
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7o. N. O. au.-forL· ~uelqaes nual?es..
(.;ouvert; pluie le so1r.
89 S. O.
Pr. tout couv . ; pl. le m.
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Quelques légerb nu,ges.
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N. 0, fort. r-. 1rnges rares:
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Serein ·
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Nuageux; brouil. le m.
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Plus grand degré de ch;ileur. • , • • • • , •
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MAT iÈRES coi.'ITE~ui::s n. u1s
DES
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XOlliE SEPTIÈME·
1.0
AUTEURS.
A.cn_.1.no, pag. 189. 213. Adam , 104. Ameiburg, 1.1.2•
André, 304.
Bally, .pag. 129. 16~. Blunde11; 35. Boullay, 2n.Bonas..
tre, :u1. 270. Bourguet, 41. 1.22. Broussais, 166.
Caloud, yag. 211. Charlard, lo5. Chercau 1 104. Chevalier, 210. Couret_, 29. 3o. 210.
·n urr, u3.
Flavard~ pag. iS.1. François,
'
.164· Fontenelle, io5. 271.
Gassier, pag. 81. Giraud-St.-f,ome, fils 1 32 .. Guy, 41.
Hippeaa, io9.
King, pag. u 1.
Manley, pag. 195. Masson four, 210. Murray, 36.
/
Ollivier, pag. 90.
Pariset, pag. 164. Pasca1is, 195. Philips, 36. P.ierquin,
17. 24. 85. 101. rq.9. 309. 331. Poncet, l0.7· ·p an•
tier , fils, 10.
Rapou, pag. 17· 75. P.-M. Roux, l. 35. 37. 8q. ·103.
u3. 164. 2U· 274· 33-i:· 334.
Sat , pag. 169. Scarpa, 261· Segaud , 135 1 Serullas,
3o. Sper , 117. Sue , 38.
Textoris, pag. 217. 277.
7
Waldenstrom, pag. JI3. L. Valentin, '.174· Wetzberi.
._ 37. Virey , 103. Vogel , '.19·
�2." MA T 1 È RE S.
de l'essai sur la médecine da cœur, pag. 2 ,f.
- du mémorial ph,irmaceutique, etc., 331. --- d'an·
ouvrage sm· la moélle épinière , etc. , 90. --- d'un·
traité de la méthode fum igatoire , 1 '2· 85. --- des
liaies de laurier, :,1. I I . --- des eaux minérales du
parc de St.-Mard, 210. -·- de la poudre de james 1,
36. --- de la résine aloucbi , 270. --- de la VlOlelle 7 211.
ANALYSE
A~nonces de plusieurs ouvrages,
pag.
II
5.
2
13.
Antidote de l'acide hydrocianiqne, p. 36.
Bulletins de la Société royale cle médecine de Marseille;
p. 4r. 117. 169. 1.17. 277. 337.
Code de police médicale, p. 195.
Commissions permanentes de la Soc. roy. de médecine
de Marseille , p. 76
Concours académiques, p. 40. II6. 167. 214. 276. 336.
Consultation médico-légale, P• 309.
Discours sur la sobriété, P· 135.
Effets des substances irritantes sur les intestins, étant
frictionnées sur l"épine, p. 11 i .
Extraits de deux mémoires sur l'hydriodure de carbone,.
P· 3o. --- sur la propriété odontalgique , etc., dll
spilanthus oleracea, 105. --- sur la pré{;!araLioa da
ta·r trale de potasse et de fer, 105.
E tude des eaux, P· 217. 277. 377.
Lettre sur la cataracte, p. 261. --- sur les médecin~
et la médecine chez les sauvagee , 149. --- ·sur nn·
nouveau réactif {>ropre à constater la présence d~
·
l'iode dans le" eaux minérales, 101.
Mot ( Un ) sur les annales de médec. de Milan, p. 38.
--- sur le D. JJerthomé,
2
i5. -- rnr le bulletin
�universel ùes sciences , etc. 31. ·-- sur le catéchisme'
de la médecine physiologique, 166. -- sur on concoursd'élèves , 334. --- sur le D. Deve-ze , 39. --- sur
an essai sur la peste, 166. --- sur l'état sanitaire
du ForL-royal, 335, --- sur l'ex-posé des travaux de
)a Soc. roy. de méd. de Marseille,. 38. --- sor lei
D. Félix Pascalis, 39. --sur le giornale mellico- Napol.
38 ,- --- sur l'histoire médicale de la fièvre j.aune ,
en Espagne , en l 821 , l G4.• --- Sur le journal inédical de l'Eure , 334. -- sur les maladies régnantes ,
39. u5. 167. 214. 216. 335. -- sur un monument
à la mémoire de Bichat , 335. de Jenner , 214. __ _..
sur une nolice strr Jenner , ·274. --- sur l'observateur des Se. médicales, 2 i3. --- sur une proposition du n~ Textoris' l 15. -- sur -OO pharmacien,
212 --- sur le quarterly méd. ch. journal, 38. --sur le D. Rasori, 2 r 4. --- sur la sangsue officinale,.
213. -·- sur une séance puhlique de l'Académie ro•
yaLe de Barcelone,. 1 i3. -- de la Société académique
de méd.. tle Marseille, 274. --- des Soci~tés médicales de la Moselle, de Toulouse et 1lu Gard 1 33{
--- sur une Soc. médicale à Calcutta, 2 i3.
Notes du lléùacteur-géoéral ' P· 84. 14 9· 18 I. 309. ---sur les diverses sortes d'essence de térébenthine, 103.
Notice sur la nature de l'atn~osphère des mers, p. 29..___ s or la racine de guimauve , 104. - - sur la· sangsue officinale , 189- --- sur la vie de P. Pontier 1 10•'
Observation sur un. anus contre n ature, p. 107. --- sur·
une corne volumineuse, 32. --- sur la gale guérie·
par les fleurs d'arnica et le sel de cuisine , Il3· --sur nue grossesse hydaticleuse, etc.,. 41. --- sur la
guérison d'une gaftgréne &énile l 113. -- sur une
hernie gaugrènée, 109. ·-- sQ.r l'hu.ile ~ ricin, 1Q4•
--- Sur une infiammatiol) des memhranes cle l'épine,.
etc., 1. --- de celles de la vesiie 1 81. - sur la>
�'ffOn-contagi.on de la pbtbi.sîe pulmonaire, 181. -aur one pneumonie chronique, etc. , 169. -- sur
une taille ana1e, 117· -- sur une tumeur au larynx,
ug. -- sur on ulcère variqueux, 3oij.• --- sur on
vomissement continuel lldns lequel on a tenté d'injecter an sang dans les veines' 35.
Observ. météorologiques, P· 79· 137. 179. 259. 307. 367.
Procédé pour administrer le baume de copahu, p. 233.
--- ponr guérir certains pieds bots, 112. --· pour
séparer la cinchonine de la .quinine, 211.
Recherches sor la nitrification, P· 27'1·
Remarques sur la taille , p. 122·
Relevé de l'étal-civil, p. 40. 116. 167. 214. 276. 335.
Séances ordinaires de la Société roJale de médecine
de Marseille, p. 78. 124. 17']· 256. 306.1365.
Teinture de nicotiane dans l'ischu rie, P· 37.
Variétés, p. 37. 113. 164.
212.
273. 334.
:FIII' DE LJ. TABLE DlJ TOl:'IE SEPTIÈME·
CORRIGER.
Pag. 176 , lig. 3o, au lieu de: sa troisième section par
lisez : par sa tn.isième section.
:a , et que, -- ni que.
,53 ,
����
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/355/BUT-TP40137_Observateur-medical_1825-Tome-08.pdf
51db415490883b52dab5999d99c03f83
PDF Text
Text
Dio1É
PAli.
.A. H1:rPOCRATE,
P. - M. R 0 U X , Rédacteur - Général.
Desc~ods du haut des cieux , auguste •Critl: ,
Répau.d& sar mes l:crit1 ta force ot ta clartai:a
'
4.
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VOLT. lienr.
duuéÜ.
Tome 8
T 0 ME
H U Î ']' I ÈME-•
Imprimeur du Roi, rue St.-Ferréol, ~. 7•
~---~~~~~~----~
:t 8.24•
�lol-.r1·rr•. d.-.r J'c. _//e'r l.
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PAli.
.A. H1:rPOCRATE,
P. - M. R 0 U X , Rédacteur - Général.
Desc~ods du haut des cieux , auguste •Critl: ,
Répau.d& sar mes l:crit1 ta force ot ta clartai:a
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H U Î ']' I ÈME-•
Imprimeur du Roi, rue St.-Ferréol, ~. 7•
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:t 8.24•
�Le premier N. 0 d~ chaque lome est revêtu
de la signature de L'Éditeur•
.-.
�L'OBSERVA
D ll S
S C 1 ~ N C ~ S M É D 1 C A L E S.
S E C 0 N l) E
P A R T 1 E.
:rJ:ÉMOII~:ES, DISSEllTAT}ONS, NOTICE~
LOGIQUES , ETC.
1.•
N
0 T J
c
NÉC~O
E ••
No't'rcl!: sur Michel NosTRA.DA.MUli, par :1..-M. Roux.
Nous avons promis de placer au commencement d~
chaque tome l'effigie <;le l'un des médecins célèbres.
Or , comme tels, nous considérons et ceux qui se firent
un grand nom en cultivant avec fruit )es sciences médicales et accessoires , et ceux qui surent captiver )'attei;ition générale par une conduite extraordinaire. Sans
doute Michel Nostradamus n'a pas rendu de très-grand11
~ervice,s à la postérité , mais outre qu'il mérite une plac,e
dans la biographie des estimables et vertueux mé<lecin$
de la Provence , quelle réputation n'a-t-il pas eu de son
temps comme a.$trcùogue ! On saur{!, toutefois, que nous
ne donnons poi.nt ici le portrait de ce médecin , comme
un tribut de vénération pour ses connaissances astro•
logiques, bien qu'il leur doive la plus grande partie
de i;a .céJé,hri~é.
_ Michel de No&tredame (Nostradamus ,) n<\q1;1it Je i4
�( 4)
décembre 15o5 , à St.-Remy, petite ville de Provenee ,
de Jacques de Nostredame , notaire, et de Renée de
St.-Plerny. Son a'teul paternel était médecin de Jean,
duc de Calabre, fils du roi Re~é , et son bisaïeul maternel, qui avait été conseiller et médecin de ce bon roi ,lui
enseigna lC:s élémens du latin et des mathématiques.
Après la 1nrt de ce précepteur distingué , Nostradamus
fut envoyé à Avignon, où il fit sa philosophie et vint
ensuite étudier la méde<-ine à Montpellier , jt1sques en
1525, époque à laquelle une épidémie s'étant déclarée
dans cette ville , il fut d'abord à ·Narbonne , puis
à Toulouse , à Borrleaux , où il exerça la médecine et
retourna, en 1529 , à Montpellier, pour prendre le bonnet. Il réalisa bientôt cette intention, après avoir subi ses
actes propatoires d'ur.e manière très-<listinguée, et JulesCésar Scaliger , son ami , l'engagea à s'établir à Agen ,
où il se maria. Après quelques années , sa fomme et les
d<'ux enfans qu'il en avai~ eus , étant morts , il crut ne
pouvoir mieux 1douci r son affliction que par les voyages ~
aussi parcourut-il pendant douze ans , la Guienne , le
Languedoc C:t l'It~lie. Il vint ensuite à Marseille et de
là à .Ai:(, où il fut retenu pendant trois ans, pour donner
se~ soins à l'occasion de la maladie désastreuse qui eut
lieu dans cette ville, en 154.6. L'histoire nous apprend
que la bonne description de cette pestilence , qui a été
faite par Delaunay, dans son Thtdtre du Monde , est
fondée sur les observations exactes que Nostrodamu~
·recueillit durant l'épidémie et dont il fit part à cet auteur.
Si cela est vrai , comme tout porte à le croire , devait-on
pousser la critique jusques au point de ' nous représenter Nostradamus comme un charlaJ:an de médecine ( 1 )1
(1) Voyez le Dict. historique et critique cle
~om. li , pai;. 5i6 et auiv.
·
~onnepard~ t
�( 5 )
~on sans doute. Et bien qu'il ait employé des remède11
1
secrets , on n'a pe.s plus de raison de le mettre au rang
des charlatans , car ceux-ci font jouer tous les ressorts
jmag_inal;iles pour tromper le public, tandis qu'on nous
assure que le sucçès des 111oyens médicameQteux uti~isés par ce mé4e<'iP, répondait assez à soo attente et
à celle de ses mai.ades. })'ailleurs , on a eu , ce nous
semble , d'autapt plus de tort de mal interpréter son
intebti9µ , qu'il s'est empressé de publier la recette dl'
ses remèdes dans son Tr<fité ifp f ardements , ce qui
exclut l'idée qu'il iiit voulµ en faire de grands secrets.
Daµs tous les temps Je µiérite a eu des zoïles et des
détracteurs ; ne soyons donc point surpris qu'à l'époque
où il vivait, Nostradamus ait eu les si~ns. Mais pourquoi
long-temps après sa mort a-t-on médit pe ce médecin sans
justifier ce qu'on l_!-1i imputait 1 Ce qu'il y a de sûr , c'est
que par une délib~ration solennelle des autorités , il fut
appelé à Aix comme à Lyon , alors que des maladies
J!pidémiques régnaient dans ces deux villes ; et ce qui
fait surtout son éloge, car ~es faveurs des grands , seules 1
ne sont pas toujours un indice du vrai mérite 1 e'est qu'il
sut se concpier l'estime générale. C'en ét.ait assez pour
qu'il coul5t des jours heureux au sein de la société , mais
des co~frères jaloux le ~racassèrentau point de lui faire désirer vivement la solitude et furent ainsi, sans le vouloir,
la cause de la grande réputation dont il jouit quelque temps
après c-omme prophète. En effet, le désir de vivre isolé, le
Jit retirer à Salon, où il convola à un second mariage
et se li na avec ardeur à l'astrologie. Il y composa ses
centuries qu'il naignit d'aborà. de faire paraître , mais
~l finit par en publi.er sept, à Lyon , eu 1 SSS. Quelquesuns ne firent aucun cas de cet ouvrage , mais la majorité
crut l'auteur réellement doué du don de prophétie et
Catherine de Medicis et Henri Il , son fils , ayant
vpulu roir c~t homme extraordinaire , OI\ l'appela en
�( 6 )
r 556 à Paris , où il fut accueilli avec une rare dis ..
tinr.tion et revint à Salon comblé de gloire et de
présens. Le succès éclatant qu'il obtint, l'engagea
à donner, en 1558 , une nouvelle édition de son recueil , augmentée de trois centuries , et il la dédia
au Roi. Emmanuel, duc de SaYOie , et la princesse Ma~
guerite de France , son épouse , l'honorèrent peu de
ternps après d'une visite , et Charles IX , étant venu en
Provence, s'empressa de le voir et voulut voir ensuite
tous ses enfans ( 1) ; il lui donna deux cents écus
d'or , lui fit expédier le brevet de son médecin ordi•
naire et l'l}.onora du titre de Conseiller. D'autres gragds
seigneurs, des savans, etc, vinrent aussi rendre visite
à l'urade de Salon ; toutefois, les habitans de cette
petite ville le taxaient d'imposture, et plusieurs écrivains
se sont élevés contre ses prophéties. Le passage suivant
de G. JYaude ( 2 ) , donne une idée de ce que 1'011
pensait de ses centuries. ~ Les uns; dit-il, ne scachans
» que dire de leur rencontre quelquefois véritable, et
.. les autres les tenans pour fausses , mensongères et
» trompeuses , qui ne contenaient rien qu,e des resue.
» ries si diuerses et ambigues qu'il serait comme im'iJ possible de ne trouuer quelque chose parmy cette
» milliace de quatrains sur tel sujet que l'on se vou!O droit proposer : aussi fut-ce l'occasion qui esme1,1t
,, beaucoup d'esprit à se mocquer de ces mensonges,
'iJ entre lei;quels celuy là rencontra le mieux à mon
,, aduis qui sans faire des contredits , ou l'appeller
(1) Le& enfang que Nostradamus eut de sa seconde f'emme,
étaienl au nombre de six. Le premier des mâles, nommé César,
11ima fps arts , culliva la littérature , écriTit plusieurs ouvrages.
Voyez la biograph. univer~., tom. 5 1 •
/
(2) Apologie pour tons les grands personnages qui ont étê
f aussement sonpconnés de magie ; par· G. Naude Paris, Pclit
'n-S. 0 de 615 pages, Paris, 16.a!).
�( 7)
» monstre J'atus, et monstra damus, comme beaucoûp
,, d'autres, se contenta de lui envoyer ce distique:
Nostra àamus ,cum verba damus, nom falltre nostrum est,
Et cum verba àamus, nil nisi nostra damus.
Ce distique ainsi rapporté dans la biographie universelle, ancienne et moderne :
Nostra àamu1 cüm falsa dam us 1 nom fallete nostrum est;
Et cù111 falsa damus, nil nüi nostra damus.
vaut sans doute mieux que le précédent; quant à son
applicatio,n, on est forcé de convenir qu'elle est assez
juste , si l'on fait attention que nul ici bas ne saurait
être doué du don de connaître tout-à-fait l'avenir (1).
Nostradamus eut donc mieux fait , sinon de s'occuper
exclusivement des sciences médicales, du· moins d'en
faire l'objet spécial de ses études et sans doute qu'avec
les heuréuses facultés de l'âme qu'il avait , il nous eut
laissé des ouvrages immortels sur la médecine, tandis
que ceux qu'il mit au jour (1) sont morts comme Jui. ·
(1) La biographie uninrselfe nous apprend qu'aunt de plI'-
hliêr
lel
eent11ric1, Nostradanms avait mis au jour un alma-
n11ch contenant des prédictions, etc. , el Du11erdicr cite de ce
médecin dea OU'l'rages plongés dans le plus profond oubli : 1. 0
di11isé •r&
deuz parties : le Traité de.r fardt1mt1ns ( qui nait été imprimé séparément en J 552 ) et le Tl'aité des colifitures (qui
nait déjà paru en 1557 ), Lyon , t572 , ir1- 16. ::i.0 L.1 ll..IMEDE
~ll.:Ï:S-'O'TILll: CONTJl.I L.4. PUT.! :t:·r TOUTES FIÊVRES
·~8TILl!:NTI.ILL1!!5 ; &Tee la manière d'en guérir; aussi la
•ingulitlr1 recepte de l'oint dont usàit l'empereur Mazù11ili11n ,
premier du nom, Paris, 1561, in-8.0 3. 0 LA. PA•APH11..&st
J>i: GALIE1' J Sl711. L'llCXHOJl.T.4.TIOJf Dl: MENA.DOTE .i'O'X
l!TVD.il :oiu »Eaux-..lar1 1 trad, d- latin, Lyon, 155a,
0P'O'SCULI: D:E PLUIIE'O'RS J:XQUUEI ll.EC!:PTEB,
ia-1,0
�{8 )
Ce fut le 2 juillet 1566 qu'il cessa de vivre, et ii fut in.:
humé dans l'église des Cordeliers. On mit sur sari
tombeau une inscription latine, dont voici le sens :
Ici reposent les os de Michel Nostradamus dont la plumt
presque divine a étt! généralement recontwe digne de tracet
et d'annoncer aux humains, d'aprè$ l'astrologie, les
événemens qui auront lieu sur tous les points du globe.
ll est mort à Salon de Graux, en Provence, l'an de
grace I 566, le 2 juillet, âgé de 6z an.r, 6 mois , 17 jours.
Passans ! ne touchez point à ses ,endres ni n;enviei
son repas.
2. o M É M 0 l
-
li.
E S.
ToxzcoLOGIE. _. De la sémé~otique des empoisonne.:
mens (1), par P1ERQUIN, médetin.
Tola medicina e:& oLservationibus.
Hon111AN!i·
C'EST à l'aide d'observations multipliées que toutes
ies sciences se perfectionnent ; ce sont elles qui , bien
ré<ligé€s , servent par la suite à élever l'édifice scienti..;.
fique; telle est fa marche suivie dans l'histoire naturelle, en stratégie , en médecine, elc, ; c'est celle qu'on
devrnit a<lopter pour porter la médecine-légale au point
de perfection où les autres branches des connaissances
humaines sont parvenues, car des intérêts bien supérieurs à la santé , l'honneur et la sô:retê publique, té..;.
clame lit impérieusement une conduite analogue. Le crime
(1) J'enlrrids par ce mot le résullat de toutè catlse volon-
tair~ de mort, ear 111 verre n'est pas un poison et ecpendant
aval.i après avoir ét.i pilé, il agit de la m~me man~ère, et leu.r
traitemeut comme leur étude rentrent dans le domaine de la
médecioe-pratique , tandia que les toxiques gazeux, halitueux
sont du rt'Uort de la police-médicale ou hygiène publique, ainsi
que 1~ mor~ure des animaux vénéneux et n'appartient pu du
tout à .ta jurisprudence médrcale , division èèjà admi5C par lw
:Roma1os.-
�( 9 )
â'empoisorinement', dit Servan , est le pi us coupnble de
tous les assa~sinats, parce qu'il est le plus lâche, le plus
facile à commettre comme à cacher ; les Jt,is doivent
donc être plus attentives à le prévenir et plus .sévères
dans leurs peines. Teh sont les vœux du plus éloquent
de nos magistrats, tels sont ceux de la société entière;
mais à quel point en est la toxicologie 1 Des observations multipliées ont.elles établi une connaissaille certaine des symptômes de tous les poisons r A peine eri
connaissons-nous trois ou quatre, et sur les autres nous
n'avcms que des expériencès très-imparfaites, puisqu'elles
bnt été exécutées sur des animaux, Non-seulement malgré les travaux dispendieux d'Or.fila , malgré les re·
cherches de Frank, de Cliaussier, d'Unz.er, d'Hufeland,
de Bertrand , etc. , on ne peut point dire que la science
existe, mais une foule de circonstances semblent même
s'opposer à son perfectionnement. La première, c'est que
to11t médecin croit' après avoir étudié quelques lignes
d'une pathologie surannée , connaître !a toxilologie, et
de là la négligente pour son étude et le défaut de trouver
dans tous les cas des analogies fratricides entre tel empoisonnement et telle maladie , µarce qu'il y en a quelques-unes en effet, p•1isque les poisons sorit la cause
d'une série de phénomènes et d'effets semblables à ceux:
que déterminent des causes internes le plus souvent appréciables , mais avec une difiérence quelquefois trèstna r quée ~ une marche beaucolip plus rapide et une
issue toujours funeste. De ces circonstances dânières
<H de q11elques autres naît une séméïotique p·a rticulière
que les patllologistes ne reconnaissent pas et de là cette
érreur , malheureusement trop répandue et propngée
plutôt p?.r l'indifférence ou l'ignorance G{ue par la' réflexion
ou la science et qui terni à favoriser le crime pÎb'ir,)t qu'à
mettre l'innocence à l'abri, en exigeant constamment
_}es traces ph:ysiqtiês· 9 Jeg débris matériels de la ctlpidité
T. VIII. Juilltt i824.
:t
�(
IO )
ou de la vengeance; je veux parler de l'importance ac•
cordée par les gens ùu monde et par les méaecins même
à l'analyse chimique : sans elle, dit M. Marc (1) ies·
faits rel..1tiCs à la maladiè, à l'ouverture du co1·ps et les
raisonnern'!ns qu'on en tire seraient de peu de valeur,
Mais on remarquera que ce médecin instruit l'était tro?
pour dire qu'ils n'en avaient aucune, car, il faut le dire,
en bonne justice cette preuve ne peut guère être réclamée
que par l'argutie désespérée des avocats , c'est une
branche de salut, en quelque sorte , assez forte pour'
les fdible .• et très-faible pour les forts; d'ailleurs, plus
un crime est atroce, plus il importe de le venger et de
recueillir avec soin une mass':! de faits propres à le cons..
taler : ici les soupçons les plus simples suffisent pom·
recherche1· avtc sévérité les preuves en apparence les
moins décisives. 1-"fais à l'au lot ité sans doute respectable
q11e nou~ venons de citer , nous pourrions en opp1'>s-er
de plus respectables encore; maiA nous choisirons · de
préforence et pour p?usieurs raisons , celle de l'un de
no8 nHÎLre~. Quoiq 11e la présence ùu poison, dit M.
Fodùé, soit la perfection de toute preuve en ce genre,
cependant nous pourrons ,. dans beaucoup de cas ef dans
l\!tal de nos con naissances actuelles , en suivant pas à
pas h chaî11e des acci,Jens et des désordres occasionés
par le.~ rnalatlies , p.irvenir à dévoiler si elles ont été
produite~ par des cause.~ externes, lors même que ces
C'aùscs ont échappé à la recherche de nos sens. Voilà
l'opinion de tous ccu~ qui ont étudié et qui _saveot la
toxicologie.
Dans m<>fl tableau des poisons (z) , j'ai donné à l'ana-
· (1) Con111ltot. médieo.lég. lltr une acclj5~t. d'empoison•e~
l'arsénic.
(:i) Voyez mémorial pbarmacfutique des méè•cin1 d• Mo.tpellicr , etc.
ru~nl pir
�(
II }
lyse chlmique des poisons l'épithète de bouclier de i'as.
sas.sin: je ne l~ regrette pas, elle est juste et les contradicteurs même de l'opinion que nous soutenons en
conviennent tacitement à travers l'emportement•.,le Jeurs
d;scussions, puisqu'ils affirment que l'analyi:e chimique
n'est quelquefois d'aucun secours (r). Le poison i·etrouvé
dans l'estomac est sans doute une preuve <le plus,.
rrwis que de conditions pour qu'on ne le rencontre pas t
D'abord la cohorte nombreuse des poisons végttaux est
dans cc cas, à moins qu'il n'aient été pris en substance,
comme les champignons , par exemple , et de plus lorsqu'on ouvre une victime , ce sont toujours les liquides
contenus dans l'estomac que l'on recueille exc.lusivement,
tandis que tous les toxicologistes conviennent ~u'après
avoir cxtrcé ses ravagel> sur l'organe gastrique, ce poison
passe J , ns ses appendices dont on ne conserve presque
jllrn.iis les liquides et en outre encore de ce~ circons-t<mces irnport;,ntes, le traitement général, qui est ordinairement IP. seul qu'on aie le temps et qu\m puisse
employer ~ 1i'oppose à ce que l'on relroU\'e l'agent
vénéneux et rarement 011 est à m~me de recueillir
les matières du vomissement ou on les néglige. Voilrt
autant d'inconvéniens qui plaident fortement contre
l'importance accordée aux résultats de l'an;ily.se chin.ique
dans les cas d'empoisonn>)mens et qui 1nilitent t·n Î<i\'cur
de l'intér~t que doit inspirer l'élurle de la s1~11)éÏol ique
dont nous parlons: car on ne peut le nier: o>.i,gcr impt;rieusernent celle preuve, la regarder ml:n1e comme fondamentale, comme unique, c'est. demander lu présf:nce
du 'c outeau pour croire à l'assassinat, r'est même plu .~,
c'est vouloir le retrouver dans le sein de . la vidime ,
lorsqu'il en a déjà été arr;iché et enfoui soigneusement,
�(
12 )
Je déclamerais mpins contre l'oubli de ce.s vérités , si
chaque jour une foule d'assassins n'échappaient pas ,
par cette porte 1 à la vengeance de l;i société , puisqu'il
est généralement convenu, d'apr~!J ces idées , qu'après
l'analyse chimique sans r~sultats 1 toute poursuite et
même toute enquête ultérieures deviennent inutiles et
au moment où le toxicologiste étourdi tremble pour ses
jours cette seule circonstance suffit pour foire déclarer
l'empoisonneur innocent. C'est plonger la médecine-légale
dans le vague , favoriser les crimes clandestins, c'est
hl<1sser à la foi~ les lois de la Divinité, de la soci été ,
de la justice et de l'humanité; oui, il ei..iste une séméïotique , une science vraiment diagnostique du crime· et
la nier ou la céler c'est être son sicaire , c'est mériter
Je taliun. Je ne suis pas partislln de la peine de mort,
mais si Hlle que l'on inflige à l'assassin est considérée comme juste , celle de l'empoisonneur doit être
b iPn p'us forte , puisqu'il Llessè en ol!tr~ 4cs lois de
l'humanité celles de l'honne:ur,
C_pend.mt , nous d~ \ons en convenir, s'il est facile
de prqnoncer sur un 1.:mpoiso0 nement aigu sans le secour~
1nèmr <le la n~croscopie , il ne rest point autant de
cunst;.ter l'empoisonnement chronique , nommé leut par
q~elques auteurs; ici l'autopsie est indispensable et la
chimi e , comme <!ans l'autre cas, est.encore de toute
inutilité, parce que si c'est par des substances métalliques , les seules que la chimie puisse reconn<illre, le
poison , don~é à de très-petites doses,. est entraîné hors
d11 corps , ap1·~s avoir agi tout le temps que la nature
acr.orde à la dig ~tion et à l'excrétion des matières fécales i epfin, si l'a.plyse chimique était indisperisable .
po~ F croire à l'exist~nce d'un empoisonnement , cela
prp~ven1it que ~lt sém ei~tique n'e~isle pas plus , que
l 'étiolugie et q4e dès-lors k pratipie~ ne ppurrait jamais
~ip~ P!1 penser 4lu~ çe c+u'il ~rait~ est u~ eµipoisopne~
0
�( 15 )
Jnent et non Ull cbolera-morbus , une apoplexie , etc.
Que conclure de là ? Qu'il y a de tous côtés ou mauvaise foi , ou ignorance , ou délicatesse ridiculement
outrée. Sans doute les poisons ne laissent aucune trace;
mais le crime en a ·toujours , tout le décèle ) et si on
veut les chercher, on en trouvera mille.
Oui, nous le répétons encore , il est une séméïotique
des poisons et p!lr cela même que les symptômes générau.lj:
qu'ils présentent se ressemblent toujours , elle est constante : en effet , ils ont tous des symptômes généraux
qui leur sont propres, et si l'or_>. étudie beaucoup mieux
un jour la toxicologie, on pourra, peut-être, à l'aide de
quelques sympt0mes particuliers , déterminer même la
substance vénéneuse qui occasiona les désordres ; c'est
le point où nous sommes déjà parvenus pour le seigit
ergoté, pour l' agaricµs strang~latu', etc. ; mais une çirconstance précieuse et non moins constante , c'est que ,
quelle que soit la série des symptômes , ils apparaissent
toujours brusquement et sans prédisposition , tandis que
les maladies avec lesquelles on voudrait les confondre sont
toujours annoncées par des prodromes ou par une prédisposition quelconque , ou favorisées par l'âge, la constitution , le tempérament , le régi ml', le climat et la température; ce qui n'arrive pas dans la génération des symptômes
communs des empoisonnem~ns , qui sbnt toujours dus
à des causes externes , dont l'issue est toujours funeste
et dont les traces sont plus ou moins bien dessinées, sur
le cadavre , selon le genre de poison et la constitufüm
jndividuelle. Celui qui sait interroger la mort sui· sa
cause, le véritable nécromance, trouvera sans doute
bien des traces communei. avec d'autres maladies , mais
les dégats auront été si variés , si forts et si prompts, que
c'est là que se terminera toute la ressernblance;-condiajoutent encore plus d'importance à la
tions même
Dans tous les cas, il retroupoisons.
des
r1ém,éiotiqqe
qui
�c 14 )
\Vera la c:rnse !!econdaira des cardialgie,,, des coliques, <Ù!ll
convulsions dans l'inffami:nation b1·usq ue et violemment
aiguë, celle de la mort dans la gangrène , non moir.s
prompte, l'ulcération, la perforation du tube ;il;~en
taire, plus des colorations diverses ~es tégum<'ns selon
l'acide concentré , par exemple , dont on se sera scHÎ ;
il .retrouvera la cause de l'assoupissement el <les symptômes concomitans ordinaires dans une congesti on cér~
brale , dans un raptus assez prompt vers la tête et
quelquefois avec phlogose gastrique ; daw; un. troillième cas, lorsque les malades auront p1 ésenlé ces ÙP.lfS
ord.res de symptômes simultanément . on trouvera également à l'autopsie leurs deux causes secon daires 1 éunies. On voit combien l'Hippocrate <le la rnf.decine- '
légale a eu raison de dire : symptomata sine causi1 ad'lenientia, 11enenum assumptum indicant (r).
En réfléchissant un peu sur les vi!rités que nous
venons de faire entrevoir, nous réservant de les Gl!t'elopper ultérieurement, on est forcé de convenir qu'il
n 'est aucune maladie du cadre nosologique où on puisse
confondre donc cette sé!'ie de phénomènes soiL vitaux,
soit cadavériques , et de plus c'est qu'il est à remarquer
q.ue les arrtagonistes de cette opinion sont précisément
ceux d'entre les médecins .qui ne s'uccupent pas du tout
de toxicologie pour la plupart, et que les autres i;ont la
dupe d'uQ septicisme outré; je ne parle pas de la bonne
foi , je la suppose toujours , je me bornerai à demander si
de prime-abord un médecin instruit ne reconnai~ra pas si
les symptômes que présente un malade i;ont ceuii:: d'une
gastro-entérite essentielle ou d'µl). empoisonnement par
( 1) Z accliias , liL. r r , tit. II, quœst. 6, § JT. -- Carda Il,
J.e Cau.-is, signis, ac lacis morLorurn. LiL. 1 , P· 235 , lidit:
il• 1583; le mt!me de Ve11cni&, lift, 11 , etc., 1tc.
�( 15 )
Ües substances corrosives ou irritantes t Il n'y a 11uc1Hii·
doute.
Dans ces circonstances si douloureusement pénibles,
le médecin! honnête-homme est appelé à rempli!' deux
ordres de devoirs bien épineux et hien difficiles : le
premier es( de don.icr dès soi:11s presque toujours insuffisans et le second, bien plus douloureux encore , est
d'obéir aux lois de l'état et au cri de l'honneur et de la
conscience , c'est-li-dire , de dé\'oiler le crime sous peine
d'en être le complice , car le médecin appelé pour soigner un emp•,isonné assiste à la consommation de l'homicide; il en est le témoin tout camrr1e si un assassim1t
se commettait en sa présence, et, si je ne me trompe,
je ne \'ois aucune différence entre les objets de comparaison , si ce n'est dans le degré d'horreur. Cependant;
qu'on ne s'y trompe point, er' soutenant !''existence
d'une diagnostique et d'une séméïotique <les empoisonnemens , nous sommes loin de crcire que tous ceux qui
portent le titre de médecin soient capables de les posséder et cette ignoranc-:: presque 5énérale de la médecinelégale dont l'inforttJ.1é Calas est une des plus célèbres
victimes historiques , n'a que trop souvenC causé une
ruine injuste de l'honneur et des famiUes, ou l'acquittement dangereux des criminels. Ces diverses idées, peu
ou point ou mal entrevues par les toxicologistes , pourraient être appuyées par l'observation suivante.
Nososcopie. _.., M .•.• âgé de 80 ans , d'un tempérament pituitoso-nerveux, d'une constitution forte èt
robuste. d'une haute stature , parfaitement conservé ,
fesant beaucoup d'exercice , vivant sobrement, n'avait
éprouvé d'autres maladies qu'une hydrocèle et deux càtaractes dont l'un~ même avait été opérée , affections
dues peut-être aux occupations de son état. Depuis plusieurs années il_était dans l'habitude de se promener
lon1'-temps avant d'aller à la messe; l'un des premiers
�( 16 )
dimanches du mois de mars , il rentre chez lui et s'habille à neuf heures , pendant qu'une de ses filles met
auprès du feu le café au lait qu'elle a été chercher dans
un café voisin , et elle ne re.-;te point là pour le surveiller : dès que M. • •. a fini sa toilette , il le prend ; à
peine l'a-t-il dans l'estomac, qu'il est en proie à une car..:
dialgie atroce; un état de stupeur, de douleur, d'abattement très-remarquable ,q'y joignent. On envoie cher..:.
cher les docteurs P. et M. Le premier a1·rive à neuf heures
et trois quarts , il trouve le malade assis sur un ca.:
napé, dans un état d'abattement extraordinaire et de
prostration des forces ; les bras pendans , les jambes
étendues , avec alternatives de froid et de chaleur ; les
culottes déboutonnées, ainsi que la chemise et un gilet
de flanelle qu'il portait immédiatement sur la peau, la
face doulllurcuse , pâle et couverte d'une sueur froide
très-abondante , la respiration difficile , coliques ombi.:
li cales passagèrei , cardialgie plus vive , cris faibles et
plaintifs , soupirs profonds et fréquens , écume à la hou.;:
che , le malade ne parle pa;> , il est insouciant et inattentif, le cœur et les artères ne donnent :.iucune pulsa..tion. L'état agonisanl du malade fesait pencher le médecin vers l'inaction , cependant CPdant aux prières et
à la terreur générales , il ordonne l'eau tiédie en abon.:
dance ' pour favoriser les vornissernens un peu difficiles.
10 heures. A-peu-près dans le même état, le ventre
est dur, les paupières abaissées , mal-aise général;
anxiétés précordiales, le malade continue de vomir mi
liquide épais , d'un jaune tirant sur le blanc-mât, alternant avec d'autres verdâtres ou glaireux sans odeur. Le
médecin en recueille quelques goi;gécs dans un vase 9•
les met de côté ; on l'enlève pendant qu'il est occupé
auprès du malade. (Même prescription). La,·ement
calmant et émollient, pédiluve sinapisé , eau gommeuse.
11 heur1s. Même état , déjections fétides i copieuses,
�( 17 )
Involontaires. Le pédiluve était bouilla)\t , le rriaiade se
plaint qu'on a mis ses jambes dans de · l'eau glacée ;
peu de temps après le malade semble ràprendre ses
eens moraux , il demande sa montre qu'i. dit avoir
laissé sur sa commode , etc. ; sentiment de froid universel et réel, le malade s'en plaint; moiteur et sueur
.froides : le malade ressent enfin l'action des neuf onces
de moutarde , il fait des efforts pour sortir du bain ,
plaintes et soupirs continuels. Le cœur et les artères
ont recouvré leurs battcmens , la tête est encore un
peu plus libre; selles , vomissemens , alternativement à
des distances plus ou moins éloignées. Le lavement n;a
pu être administré.
midi. Même état qu'à dix heures , mais en pire , la
respiration est haletante, les coliques sont plus vives,
le malade demande à se coucher, décubitus sur le dos,
jambzset bras écartés, cardialgie moins forte,.déjections,
peu de temps après ho4uets , etc.
3 heures. Mort, l'agonie avait duré environ une heure.
La police de Montpellier, imitant en exactitude la
vigilance tutélaire de celle de Genève , par exemple 1
qui ne permet pas qu;o_J;\:enterre tin seul individu dont
la mort aurait été prompte ou sans causes connues 1
ordonne l'ouverture du corps , qui eut lieu vingt heures
après par MM. P. et E., chirurgiens, en présence du seul
docteur P., convoqué par le Procureur du R.oi et par le
Maire.
Nécroscopie. - Habitude du corps. La face n'avait nuÎlemcnt changé , elle était fralche , plus pleine que dans
l'état sain et bien moins alfais~ée que dans le sommeil,
le liOurire était sur les lèvres, on àurait dit que la mort
l'avait frappé dans l'épanouissement <l'un accès de joie.
La partie postél'ieure du tronc était recouverte d'une
écchy.mose rougeâtre et mieux d'un épanchement sanguin
ious-cuticulaire , ainsi que quelques points d<7s extré..i
5
.~ T. VIII. Juillet I 824.
�( 18 )
mités et de la poitrine ( phénomènes cadavériques).
L'abdomen était plutôt déprimé que développé vers la région ombilicale surtout et d'une dureté presque ligneuse.
Les membres inférieurs et supérieurs , le tronc et le col
étaient d'une rigidité inconcevable et résistaient aux efforts les plus violens : la situation du malade pendant
l'agonie a fait décrire au cadavre un véritable arc de cer•
de , que deux heures de recherches anatomiques n'ont
point fait changer : les extrémités supérieures étaient
fortement ployées sur l'abdomen ; nous n'avons pu ni
les renrlre à leur souplesse naturelle , ni faire changer
leur position, et après l'opération , le cadavre décrivait
encore une courbe dont les fesses étaient le seul point
d'appui ; du reste , le corps n'exhalait aucune odeur.
The. - Adhérences fortes et anciennes entre la
dure-mère et le crane ; les ventricules n'offraient pas le
]'lus léger épanchement ni sanguin , ni aqueux; la masse
encéphalique était très-saine.
Thorax. - Adhérences nombreuses , fortes et anciennes de la plèvre pulmonaire à la plèvre costale ,
surtout du côté gauche ; poumons crépitans et trèssains ; cœur sain, mais plus volumineux que dans l'état
ordinaire, ne contenant aucune concrétion, n'importe sa
n·aturc, ni aucun liquide; le péricarde était parfaitement
sai'n.
·Abdomen. - Le foie est presque dn double plus volumineux que d'ordi11aire, à ce point que la résistance
qu'offraient les côtes à son expansion a fortement imp1·imé , dans quelques points de sa surface convexe, les.
intervalles intercostales et les côtes par des pression.,
et des 1 enflemen& très-profondément dessinés. La vésicule du fi.el étaît aussi· plus grande et légèrement distendue par la bile.
L'œsophage mis à nud a été trouvé sain dan,s toule
1100 étendue ; sa blancheur naturelle se terminait circu--
�/
{ 19 )
lairement à l'"ouverture cardiaque et l'inflammation s_~r ce
point était déjà intense, mais elle acquerrait inse11sible.
ment une grande intensité : c'est surtout à la partie
postérieure interne et vers le centre de l'estomac qu'elle
avait une vigueur ineoncevable et dont il était fort dit:
ficile de se rendre raison : elle allait ensuite en diminuant , puis reprenait la même force vers le pilore. A
sa face externe , l'estomac avait p_résenté quelques bosselures , l'inspection de la face interne nous découvrit
qu'elles étaient dues à des ulcérations dont les plus
larges avaient la dimension d'une pièce de cinq sols, et
étaient au nombre de neuf; tous les vaisseaux étaie.:it
fortement injectés ; l'estomac et les intestins qui participaient aussi à l'inflammation et surtout vers le colon ,
loin d'être desséchés et rétrécis étaient distendus, ramollis et contenaient en abondance un liquide rouge-noi. ratre dans lequel flottaient en grande quantité des flocons muqueux ; la portion qui distendait l'estomac fut
seule recueillie et comme l'ouverture de ce viscère eut
lieu à sa p~rtie antérieure et moyenne, lorsqu'on mit
sa face interne en dehors , le dépôt du liquide se répandit sur les linceuils, accident qui n'aurait pas eu
lie4, si la ciselure eut été faite à sa courbure. Du reste,
toute cette opération fut faite sans verser une goutte <le
sang.
Le liquide trouvé dans l'estomac n'a donné aucune
trace de substances métalliques vénéneuses.
Conclusions. - Si nous réfléchissons un peu sur la
série des symptômes notés sur le vivant et sur le ca..davre, nous verrons; en effet, quelques-uns de ces traits
si connus, appartenans à diverses maladies et entr'autres à la colique ·saturnine , qui diffère autant de l'empoisonnement par les préparatious de plomb, qu'il j
a de différence , dans les deux cas , entre les doses et
les qualit.és des substances ingérées. Dans le premier
�{ 20 '
cas , c'est une tres-petile quantité de poison entr11ind
par l'eau qui passe dans des conduits en plomb, comme
cela a lieu à Madrid', par exemple; dans l'autre, c'est
une forte dose d'oxide de ~et agent vénéneux qui enlève
promptement le malade , et peut-être que !!individu dont
nous venons de retracer les tour mens a succombé à ce toxique. Je sais que la mauvaise foi peut ergoter, mais quelle
que soit la maladie dont elle invoquera les symptômes et
11.1 rapidité de la marche, il n'en est aucune qui puisse
simuler celle qui fait l'objet de ces réflexions: sera-ce,
par exemple , l'apoplexie 1 Mais il n'y avait ici ni héré..
di té de maladie , ni prédisposition constitutionnelle, ni
eau.se occasionelle , ni épanchement. Sera - ce la gastroentérite 1 Nulle cause prédisposante , nulle cause occasionelle , nuls prodromes et l'inflammation loin de
s'être propagée, à la longue, de proche en proche, elle
ne s'est montrée que brusquement et de loin en loin , et
dans une gastro-entérite essentielle , s'il était possible
de concevoir une marche aussi prompte , aussi forte et
aussi spontanément funeste , il est très-probable que
la terminaison n'aurait pu avoir lieu que par la gangrène
et Je cœur ainsi que les artères n'auraient dans aucun
de ces cas su~pendu totalement leurs pulsations, tout.au
contraire; sera-ce le choiera-morbus' qui n'est encore
qu'une variété de la précédente 1 Nous répondrons par
les mêmes observations et <le plus nulle prédispositioll
atmosphérique ou individuelle, puisque !'événemeJllt a
eu lieu dans le mois de mars, qui est ordinairement,
je ne sais pourquoi , celui des grands crimes. Cependant
un chirurgien fièrement armé des résultats de l'analyse
osé
chimique' si défavorablement servie d'ailleurs ,
assurer, sur la foi du serment, 'qu'il n'y avait pas empoison11ement et qui pis ei;t, qu'il avait très - souvent
wu des cas analogues dans sa pratique ; il est vrai qu'il
i!Nlli~ promjs de 11outeoir .son opinion eover;s et contrç
a
�( ~I )
tous et de courir les sociétés dans ce but, et qu'ils
n'avaient jamais été caqsés par des agens externes ingérés : l'autre chirurgien, plein de mérite, quoique jeune,
a pensé qu'il y avait plus que du louche dans la succession rapide de ces phénomènes , mais entraîné fi re-'
gret par le premier , il a néanmoins déposé dans le
même sens. C'est, ce me semble, porter bien loin de
part et d'autre les sentimens de condescendance ; cependant il est une excuse très-valable à offrir, la voici:
c'es~ qu'ils n'ont vu que le cadavre; mais M. le Procureur du Roi leur a fait rapporter , sous la foi du serment, les symptômes observés durant la maladie, il est
vrai , par un seul des médecins qui virent le malade ,
e~ peut-être leur coflscience q'a-t-elle point été suffisammeqt éclairée par l'opinion émise au lit de la victime
par les d.o cteurs Pougens , Massot et moi , auxquels je
pourrais ep joindre plusieurs autres ; rpais même dans
cette supposition , peqrquoi se déclarer pour la négative avec autant d'assurance et sans cette restriction l
Dans l'instruction , les chirurgiens et les analystes ont
seuls ~té e11tendus par M. le J µge d'in&truction ·, et je ne
sais pourqµoi celui d'entre les médeçins qui a assisté
juridiquement à l'autopsie , qui partageait une opinion
opposée, n'a point été entendu. Cette marche, pour rechercher un crime, dont je n'apprécie peut-être pas toute
la bonté , me paraîtrait fautive, puisqu'elle s'opposerait
à cç que le juge d'instruction s'entoure de tous les élémens propres à établir une culpabilité et elle met ainsi
un assassin , quel qu'il soit , à l'abri de la vengeance
des hommes , mais en proie à celle de sa conscit:nce,
ciui q'est certainement pas 1<1 moins terrible.
�(
( .22 )
T R 0 1 S 1È M E
P A R T 1 E.
J.ITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES SCIENTIFIQUES, MÉLANGES, ETC.
1.e  N .l L Y S E
D' 0 tT V Il A G E S
JM P
n 1 111 É .S.
CHIBUllGIE clinique de ltlontpellier, ou obser11ations et
rijlexions tirées des trar;aux de chirurgie clinique de
cette école ; par le professeur DELPl?CB , conseiller chirurgien ordinaire du Roi , chirurgien ordinaire de
s; .A.. R. Monseigneur le Duc n'ANGOULÊMB ' eher;alier de l'ordre roral de la légion-d'honneur' profe,.
seur de chirurgie clinique en la Facµlté de médecine Je
MontpeÜier, chirurgien en chef de l'Mpital St.-Éloi de
la mime ville , membre de plusieurs Académies et Sociétés sa11antes, ett!. ( l.ervolumein-4. 0 de496pages 1
orné de 16 planches gravées. Paris et Montpellier,
chez Gabon et Comp.e, 1823 ).
(
Troi~ième
artiele ).
l.' ARTICLE que nous allons donner paraîtra peut-être
un peu tardif, et il l'est en elfet. Nous pourrions, pour
justifier ce retard , dire , sans mentir, qu'il vient d'une
foule de circonstances qui ne nous ont pas permis d'examiner plutôt le mémoire ql!li termine le premier volume
de la chirurgie clinique de Montpellier 1 mais la meilleure de toutes les raisons est celle qui tend à prouver
du moins notre bonne volonté. Or , pénétrés , comme
�( 23 )
nous le sommes , que nos deux articles précéden! , el
f!Urtout ceux d'autres journalistes n'ont pas peu engagé les
gens de l'art à faire l'acquisition du nouvel ouvrage de
M. le professeur Dllpech , nous nous étions réservés à
publier un troisième jarticle dans la vue seulement,
ainsi que nous l'avuns déjà manifesté, d'enrichir notre
recueil. Le seul reproche que l'on puisse nous adresser
est donc de n'avoir pas , en fa~eur de ceux auxquels
il n'a point encore été possible de se procurer cet ouvrage,
de n'avoir pas, disons-nous' , fait connaître plut6t toutes
les richesses qu'il contient. Il nous est d'autant plus
agréable d'accompli; aujourd'hui cette tàche, que nous
n'avons que des détails intéressans à communiquer.
Le quatrième mémoire de la chirurgie clinique , intitulé : considérations sur les maladies vénériennes , est
de 208 pages et présente successivement des considéi'ations sur la gonorrhée et ses suites, dans l'homme 1
sur les chancres et les bubons , sur les infections syphilitiques par la membrane conjonctive , par la bouch~,
par l'anus et l'intestin rectum , par la surface exté•
rieure du corps et par des plaies récentes ; des réflexions générales sur les sympt6mes d'inoculation ;
l'exposé des sympt0mes d'infection générale, des symptômes consécutifs ; des considérations particulières relatives aux symptômes consécutifs ou secondaires; le·
traitement · de la syphilis dans la seconde période, 011
pendant les symptômes secondaires ou consécutifs ; la
description de la troisième période de la syphilis , et
conséquemment des ulcérations, sympt6mes de la vérole constitutionnelle , des rhagades de la paume des
mains et de la plante des pieds , de l'ûlcération dil
contour des angles , des douleurs syphilitiques , de la
périostose , de l'exostose syphilitiques ; le traitement
de la vérole confirmée ; des considérations sur l'alfecti~n mercurielle , sur la dégénération de la vérole par
�{ 24 )
ie temps ; enfin , le tableau des complications de la vl,,
role avec la diathèse scrofuleuse , le scorbut , le rhumatisme , la carie.
De la gonorrhée et de ses suites; dans l'homme. L'auteur fixe l'attention des praticiens sur la succession qu'il a souvent constatée de plu1>Îeurs foyers distincts d'inflammation dans divers points de l'urètre. La
phlegm asie gonorrhoïque a d'abor<d son siége vers l'orifice extérieur du canal , puis se propage souvent plus
ou moins en arrière , et d'une manière insensible.
)~ Ile peut parcourir ses périodes dans son siége primitif;
mais il arrive quelquefois qù'alu1·s qu'elle paraît ter..,
minée , elle se renouvelle sur un poirrt plus profond du
canal, en présentant la succession des mêmes périodes,
et s'étend jusques vers· la symphise du pubis et même
à la vessie. Bien plus, le cachet gonorrhoïque peut se
conserver, quand il n'y a plus qu'un suintement sé·- .
reux, même après la cessation de ttmt écoulement et
pendant un certain nombre de jours, A la vérité; l'é-·
coulement qui succède à une ancienne gonorrhée est
quelqueÇois três-innocent. Mais à combien de dangers
n'a-t-on pas exposé et n'exposerait-on pas l'humanité'
considérant comme dépouillé de la propriété contagieuse"
tout suintement urétral 1Il convient donc d'utiliser les
moyens qui tarissent la gonorrhée , au point de ne
laisser presque jamais subsister aucun sllintement douteux, Or , suivant M. Delpech , le baume de copahu et
Je piper cubeba (1) remplissent parfaitement cette indi·cation, et sont encore propres , si leur emploi peut être
adopté familièrement , à rendre bien plus rares les coarctations de l'urètre. Ces coarctations sont rangées par
eri
(1) Voyez la Revlle médicale, cAbiers d'avril et de mai 182%.
Voyez a1155i notre recueil pour les mois dt jaovier-fénier 18u.
�I
( 25 )
l;:iuteur dans ia classe des affections ihcunibles què
l'on ne peut que soulager passagèrement , car elles out
une tendance invincible R se reproduire. Mais <fepujs <pie
Th1:9dore 1Jucomp , qui n'était pas moii1s pénétré de
l'impossiJ:,ilité de les combattre avec succcs , à l'uide <les
caustiques , par exemple , est parvenu par une nouvelle
mjt11ode de traitement , aussi simple que certame , à
guérir des rétrécissemens plus ou moins compliqu <'. s J
le célèbre professeur de Montpellier a sans doutr:: ch1Jngé
<l'opinion et no us ne devons pas moins admirer çe qµ'il
dit d'intéressant sur la mnnière dont il a lr<iité les
coarct;itions et sui· les résultats qo'il a obtenus. Nous ne
le suivrons pas dnns tous ses détails à cet égard ; nous
dirons seulement qu'il a eu recours aux bovgies i au
nitrate d'argent, au cathéterisme de vive force.
M. fJelpech soutient encore i qu~nt aux proprfc!té$
du baume de copahu et du piper cubeba , que ctlJcs
de foire di$parnître en peu de jours la fluxion et .le.$
engorgcmens chroniques des testicules , sont inçontestal.iles. C'est s11rtout du baume de copahu don , ~l a
usé avec succès dans ces engorg~mens , en ayant R;oin
de l'associer à l'opium, afin qu'il n'ex.erçât pas sa . prn.1
pri été pu rgative.
Bien q11e ces moyens soient de grand11· pr~scrv;itifs -;
il est , n éanmoins, permis de redotrtcr l'infection g-é.
nérale, p;i1· l'effet d'une gonorrhée syphilitiq11~ q~'ils
auront ar:rêtéP, o·"~ le . début. Aussi , est-on da11 s J'usagc ,.
aprcs leur emploi , ri~ recouril' à celui int~r,ieur de
quelque oxide merc;uriel. Mais ce.~ nouyeaux _ pré-se·r-1
valifs l)'on-t pas toujqurs r.cn}pli ,le but éJ11e l'on sé
propos-ait, <'t M ..)Jttlpuli a élé conduit pdi' l'expéri-encé
à reconnaître leur inefficacité ,aqtant que }'irnport;;mc~
de ·C f> précepte fondamenta}: les préparatinns merrnritlll'r
doivent hr~ administrées p·ar lei m8mes voiu <Jue ce(les
VIII. ,Juillet 1824.
If
:r.
�{ 26 )
qui ont t!J servr'r à l'introduction da contagium. En
conséquence , après avoir fait tomber les phénomèneir
inilammatoires , par le moyen '1u baume de copahu ou
du piper , il fait pratiquer sur le founeau <le la verge des
frictions d'onguent mercuriel , à la dose d'un demi-gros,
le soir au moment du coucher , et bientôt une friction
semblable est faite auisÏ le matfr1 , jusqu'à ce qµe l'on
àit employé ainsi huit ou dix gros d'onguent.
Des chnncres et des bubons. L\iuteu1· cumnl'ence par
que,tques \·em'<l'rques propres au chancre qu'il réunit
avec le bubor1 da11s les même'S considérations gértérales ' ·
parce qu'ils servent l'un et l'autre , aussi bien que la
goMrrhée , à marquer l'invasion de }a syphilis.
Du ch1i11cre. Il offre quatre états dilférens: dans le 1 .er,
l'ulcération se manifeste sans acciderls,, est peu douloureuse et se mâintie,nt sans faire de grands progrès, tandis
que dans le '1..e , elle s'accroit rapidement sans être toujours bien douloureuse ;· dilns le troisième, elle s'étend
plus ou moins et est suivie d'un eng0q;ement considérable et de tôDS l'es symptômes d'une vive inflammation; dans le quatrième , elle est favot'isée par une
tendahce- manifeste vers la gangrène qui a souvent lieu
et peut même entrainer la perte du malade. Ces quatre
est)ccés de èhancl'è so·n t assez bien décrites ici, et op
nè saurait trop s'<1ttather à les étùdier avec soin, afin
d'en étaMir le ,lraiténieht sur des bases solides. En
effet, la cautél'isati'on , contre laquelle on s'est tantélevé , considl\'r•ée par M. Dtfpech comme pouvant être
três-utile dan!i là p1'elniére espèce , et d'une nécessité
indispensàfü'e dans la seconde, puisqu'elle est le seul
moyen d'éviter .des dégta'datitml!, quelquefois très-étendues et irtémédiablés ,'}a caUtêrisation , ilisohs - nous ,
11'est nullemeht admis·sfble dans la secohde espèce ,
;:Jfors que l'activité de l'ulcération est accompagnée d'une
réaction manifeste, cas où les •édatifs ; l'opium surtout,
�( ?.J )
à l'intérieur et comme topiques , sont ~rès-efficaees; la.
cautérisation n'est surtout point admissible dans la troi~
.sième espèce qui ne peut êlre combattue avec succés
que par la méthode anti-phlogistique. Dans la quatrième,
la rapidité de la marche du mal laisse rarement au pra~
ticien le temps de rien entreprendre.
La cautérisation étant indiquée, il faut encore faire.
choix de celle qui a Je mercure pour base 1 et c'est un,
des points ·importans sur lequel M. Delpech insiste particulièrement, JI a employé le muriate et le nitrate de
mercure , et celui-ci paraît préférable, en ce que son
actio11 est plus susceptible d'être réglée. Mais il est
d'avis qu'il faut nécessairement poursuivre dans l'ensemble de la constitution les conséquences du chancre,
de quelle espèc.e qu'il spit , vu . qu'il cs.t un des symptômes qui marquent l'invasion de la syphilis. Il faut
donc, s'il ne se présente aucune contre-indication , se
conformer au principe établi de faire pé,,étrer au plut&t
le spécifique par les mimes voies qui ont pu ou dit serrfr
d'introductfon au virus syphilitique. On poursuit ainsi
le virus eu suivant ses traces et l'on prévient ou l'on
rend bien moindres les symptômes consécutifs.
Du bubon. L'a11teur en distingue trois sortes : i . 0 Je
bubon sympathique, c'est-à-dire, ccl11i qui émane et de
l'irritation de l'urètre à l'occasion de la gonorrhée et de
l'irritation du prépuce ou du gland. à l'occasion des chancres. 2. 0 Le bubon essentiel, celui qui provient de l'actio.n
directe du principe syphilitique, et non de l'inflammatioJ,l
des parties sexuplles , marque · l'invasion de l'infoctioIJ
générale. 3. 0 Enfiu , le bijbon sympt.omatique est p1mduit
second.airemqnt p!ll' L'infection. SJflPÎlitique générale. Le
merc;u.re es-t indiq,ué dans· to;.J~ l~s <;q,s • mais· avee cette
les.triction que. dans fo premier , (il doit être précé4ft
p<ir les aqti-plilogistiques locao-x; et généraux dont l'emr
ploi lui. est subol'dp~pé da~s le second. On co11çoit
�( 2!3 )
qu'un traitement général est indispensable dans le troi.,
sième cas. Mais ce qui est à noter , c'est que les trois
.espèces de hubons, étant caractérisées par un état inflammatoire plus ou moins intense , qui tend à la suppuvalion , des praticiens ont prnsé qu'en obtenant
celle-ci, on élill)inerait, ou dénaturalisC'rait lè principe
contagioux; ce qui n'est nullement co11staté par l•,s faits
qui démontrent, au contraire, que la suppuration d\rn
bubon ne peut avoir que de grands inconvé11icns, Aussi
M. Delpech chercbe-t-il à faire avorter l'inflammation,
et ce n'est qu'alors que la suppuration est inévituble ~
qu'il conseille de donner ptompterncnt une issue a(J.
pus.
Infection syphilitiq•œ par la membrane cnnjonctive. Elle
est , suivant l'aut'"ur , plus fréquente qu'on ne pense
et c'est à tort , d'après tout ce qu'il avance sur l'ophthalmie qui accompagne la gonorrhée , que l'on a regardé cette ophthalmie comme une métas~ase de celleci. Sans nier entièrement cette opinion , 1\1, Delpech
fait assez pressentir qu'elle n'est point fondée , tandis
qu'il .Y a de gr;rndes raisons de croire que cette ophthalmie est un symptôme d'infection directe et primitive dont la cause est d'ordinaire un attouchement
par les doir;ts souillés a'rec le flux gonorrhoique. Il est
une autre espèce d'ophth<ilmie q11i a des rapports directs avec la syphilis , mais qui n'est :iutre chose qu'ùn
symplô111e co11sécµtif, indice de l'infection générale, et
-que Pon )le parvient à guérir que par l'emploi intérieur
de.s prépar<.tions mercurielles, tandis que l'autre ophthal~
mie est eomb<ittue aveo succès par les topiques spécifiques, seuls et tels qu'une solution d 1un grain de sublimé sur six onces d'eau distillée avec addition de
~uatre à six grain~ d'extrait gommeux d!opium , dont
pu injecte le~ paupières , ou plutôt dans laquelle on
PilÏP.ne Je ~iobe qe l'~ii? bie~ entendu que Fo)l déb~t~
�( 29 )
par une ou deux fortes saignées et l'administration d'une
dose d'opium.
Inoculation syphilitique par la bouche. Elle est souvent
le résultat de baisers sur la houche, donnés pa1· des
personnes infectées et elle se foi l alors par le bord de!!
lèvres ; ses effets se manifestent quelquefois à la langue,
aux jeues ou au voile du palais, mais mlll par un flux purulent, comme dans la gonorrhée: une ou plusieurs ukérations, sui vies ordinairement de l'engorge ment ;inffammaloire des ganglions lymphatiques correspondans, voilà
ce qu'on observe, Cau'tériser de bonne heure ces ulcérations avec le nitrate de me1•cµre , est la méthode la
plus rationnelle et même un moyen de suspendre le
développement d'un bubon qui avait commencé de paraitre , cl à décider la résolution de la tumeur. M. DelpfJc11 a souvent complété celle même terminaison par
des frictions mercurielles sur les tempes, la lèvre in•
férieure et au-dessous de la mâchoire.
Injection syphilitique pQr l'anus et l'intestin reclvm.
Elle a pour symptômes tous ceux que présentent les
parties sexueties. On conçoit donc déjà, quelle est la
conduite à tenir pour les comLattre avec suc<:ès. Cauté.,.
riser avec le nitrate de mtrcure les ulcérations, les
véritables chancres ; pratiquer des frictions me1·curielles
sur les fesses pour pou1 suivre le contagium dans les
voies q•ii l'onl admis les premières , telle est la march~
que doit suivre le prati::ien. Il faut , en un mot, prévenir autant que possible les symptômes consécutifs.
L' un de ceux-ci , la coarctation de l'mtcstin, qui sur"'!
vient à la suite de la 1;onorrhee anale , exerce la patience du malade et du médecin. Il faut voir le triste
tableau qu'en a tracé l'auteur; tableau qui fait a.i;sez
sentir combien il serait important de pouvoir réduire
à la plus courte durée possible la phlegmasie syphilil1!Juc dt: l'anus et du 1·ectum , puisqu'elle est li! plu~
�( 3o )
fréquente et peut-être l'uuîque cause de cette affreuse
maladie. li paraît que des injections avec l'onguJ!'nt
napolitain , délayé dans l'~uile d'olive , ou même ave,c
'Ul)e dissolution de sublimé , faites dès l'origine et pendant la durée de cette phlegmasie, rempliraient bien
l'indication. Mais si le rétrécissement de l'intestin a
lieu , il n'y a plus que des moyens mé(.aniques de dilatation, qui soient efficaces ; et c'est pendant plusieurs
années que cette dilatation doit être entretenue.
Infections syphilitiques par la surface extérieure du
corps et par des plaies récentes. Ce n'est que par le
tissu dermoïde du fourreau de la verge • du scrotum ,
des grandes lèvres , du périnée que le virus vénérien
pénètre dans les voies absorbantes , et encore cette ab,sorption ne se fait pas sans quelque difficulté. Mais rien
de plus facile et de plus redoutable que l'inoculation
vénérienne pratiquée fortuitement à la faveur des blessures récentes ; aucune vérole n'est plus difficile à
guérir que celle qui est contractée ainsi , sans doute ,
parce que la voie est insolite ou bien encore parce
que l'absorption est favorisée par une solution de continuité , tan,dis que l'on nÇglige de faire passer au pJut,6 t
du mercur~ pqr la voie de l'infection. Cette considéi:ation conduit naturellement à établir en principe de
s'abstenir de l'usage <les instrumens tranchans pendant
la durée des symptômes, primitifs , et si l'on est obligé
d'y avoir recours , il faut se hâter de désinfecter la
nouvelle surface contaminée.
Riflexions générales sur les srmpt&mes d'inoculation.
Ces symptômes , c'est-à-dire, les primitifs , ceux dont
,ious venons de donnc1· une idée, doivent être , ains~
i;rue nous l'avons déjà dit , bornés, de manière à éviter
~'iufection générale. Or , la c11utérisation et les frictions
Jocales ont été ricomman#es pqur arrêter la marche des
chancres , des bubons. M11is elles sont indiquées se.ule·
�( 51 )
rnent quand ils ne sont accompagnés qtie de œtté inflammation que M. Delpech appelle ulcératif!è et qui
diffère de la phlegmasie commune , puisqu'elle ne
se , montre que par l'ulcération et ses pl·ogrés , des
douleurs proportionnées à la rapidité de son e:i..'tensiott1
l'absence totale d'un engorgement diffus , ùne légere
intdmescence bornée à une ou deux lignes du contour
de l'ulcération , une l!gne rouge hrUnàhe rènfermée
dans les mêmes limites •
.S,ympt&mes d'ihfection généralè. M- Delpech les divise
èn ceux qui se manifestent dès que l'infection générale
s'opère, c'èst-à.i.di re, immédiatement après les sjlilptômes primitifs , et e11 ceux qui ne se montrent qu'à
1lne époque plus éloignée; souvent après nombre d'années pend'llnt lesquelles le malade a j-oui , en apparence,
~·une santé parfaite. Parmi les premiHS on rnmpte les
pustules de diverses sortes, les rhagades â ht marge
de l'anus ' les ulcérations dé la gorge 'fié la commissuae
des lèvres, des fosses nasales , l'infiarumation de l'iris
ou de l'œil plus intérieurement, les exc1·oissa11ces verruqueuses. Les seconds sont les ulcères de la sutface
du corps , ceox dont le siége est à la paumé des mains,
à la plante des pieds , d11ns l'int~rvalle d-0s ortèils èt
autour de la racine dè l'ongle, les douleurs o$téocopr! ~
les périosloses , quelquès exostoses et certaines necrosés
qee l'on confond encore avec la carie.
$_ytnpt&mes consécutifs. Cette Sèction cobtiertt des remarques particulières <l'un haut intérêt ~ sur quelque:<...
uns de ces symptômes ; et ils sont ensuitè considén~s
comme un groupe qui admet des principes généra11x.
Traitement de la syphilis dans la seèonde période, ou
pendant les s.yr'npt&mes sec<indaires ou consécutifs. J~n:
parlant des symptômes prir'nitifs , nous avons oh ervé
u'il convenait de leur opposer le mercure afin de prév..emr- une i_nfection générale. C'est encor'e le mercure,
�( 5'.2 )
ridministré en frictions, qui, dans la seconde période .J
parait au professeur de Montpellier êt1·e le meillcul' mode
de traitement. Il est à remarquer que les pl'emières frictions doivent être faites sur la p'1rtie contaminée et q•Je
l'on applique le reste sur les parties qui ont les plus grands
rapports a\•ec elle,
Troisième période rle la syphilis , ou srmpt&mes de .la
vérole constitutionnelle. La description qui se présente
ici de ces symptômes, que nous avons tnumérés plus
haut, est assez bonne , et nous regrettons que les
bornes de notre recueil ne nous permettent pas de 11.1
rapporter textuellement , ca1: son mérrte ne pourrait
qu'r: tre affaibli par notre analyse.
Traitement de la ,,,érole confirmée. JI diffère bien de
celui lies deux périodes précérlentes , où les frictions
mercurielles , avons nous dit, sont les moyens les plus
efficaces. Dans la vérole confirmée, 0 ,1.1 en d'autres termes,
d an la troisième période de la syphilis , elles ont été
p ratiquées sans succès, tandis qu'on ne l'a guérie qu'a1ors que les préparations mercurielles ont été administrées à l'intérie1.1r. Aussi , l'auteur insiste·t-il sur ce
mod~ d'ad ministration, et il a sans doute raison d'observer
que la différence des effets d'un même moyrn administré
par des voies différentes , tient à ce que les voies digestives le répandent plus aisément dans l'ensemble de la
con~fitution. Or , cela est évidemment nécessaire quand
le virus a pénétré profondément la constitution , parce
qu'il faut alors un moyen à l'aide duquel on puisse opérer
une saturation complette. Le deulo-chlorure de mercure est sans contredit ce moyen, mais une condition
difficile à remplir, par rapport aux résultats qu'on est
en droit d'en attendre, est la détermination de la dose
journalière à laquelle il peut et doit être porté : il paraît
qu'il existe à cet égard des convenances individuelles,
très-variables, et qu'on ne saurnit connaître à prz"ori.
�( 35 )
C'est de l'expérience seulement que l'on doit prendre
conseil; c'est elle qui a porlé M. le professeur Delpech
à établir les propositions suivantes.
Il est des individus très-sensibles à l'action du mercure, surtout du sublimé , et chez lesquels on extirpe la vérole , même ancienne, avec de très - petites
quantités. Cette sensibilité peut être telle que l'on soit
ebligé de recourir à des préparations beaucoup plus
douces, comme le mercure gommeux, lP.s pilules bleues•
le calomel , etc. ; que l'on soit lenu de n'employer que
de légères doses , et en somme de petites quantités. Il
est possible que l'on soit obli~é d'associer l'opium , ou
tout autre sédatif , à la préparation mercurielle dont
on a fait choix, pour diminuer la sensibilité, Il est
même des cas où le mercure sous toutes les formes et
avec tous les ménagemens possibles ne peut être supporté, et où la maladie serait véritablement incurable,
ai de pareilles dispositions ne pouvaient être changées. '
Enfin, il est des individus , peu sensibles à l'action
même du sublimé , et que l'on ne peut émouvoir ni dé~
livrer de la syphilis qu'au moyen d'un traitement actif
et long-temps soutenu. Lorsqu'on est sûr qu'aucune complication n'est cause de la résistance que l'on éprouve•
lorsqu'un commencement d'effet justifie le choix que
l'on a fait , on doit persévérer. Si l'excitation est raisonnable , si les fonctions se font bien , le traitement
n'est évidemment point nuisible et on a la certitude qu'il
est utile , quand il y a une amélioration progressive
dans les symptômes ; alors convient-il de persister
jusques à l'extinction de ceux-ci et jusqu'à ce que toute•
les traces en soient effacées. Cependant la persévérance
n'a pas toujours d'heureux résultats , ce qui dépend ou
de la co-existence d'une autre maladie , qui constitue
une complication avec la syphilis, ou d'un état d'exci-
T.
vm. .luillet. I 824.
5
�•
{ 54)
iabilité oxtraordinaire qui conduit aL1 développemei:;t &t
l'affection mercurielle.
Affection mer,urielle. On a eu tort de soutenir que le!)
bons effets di. merci.:re, dans la syphilis, étaient dus à
son action excitante. Cette doctrine , en engageant à
provoquer une exciti!tion surabondante , doii· nécessairement donner lieu à de graves inconvénfons. Il faut donc
éviter cette excitation , et par con~équent, n'élever les
doses du mercure qu'a,vec circonspection. Ü l' lrouve dans
l'ouvrage que nour analysons des règle3 qu'il faut suivre
et pour obtenir la saturaticn dès fluides , ca1· elle est
indispensable , èt pour prévenil· l'affection mercurielle.
L'auteur ne croit pas devoir donner ici la description
détaillée de cette atrection , mais il fait cette rema1 que.
que ceux qui se sont attachés à en signaler les dangers ,
aans doute, incontestables , ont répandu parmi les praticiens une timidité qui tient peut - être à un défaut
de principes bien arrêtés, mais qui nuit Eingulière•
ment au succès des traitemens les plus méthodiques.
La crainte de l'abus du mercure et de la maladie mercurielle , dit M. :Velpech , a fait plus de tnal que l'abus
lui-même.
Dégénération de la vérol1 par le temp1. L'auteur est
loin de penser qu'une anGÎenne vérole , combattue souvent et sans succès , dégénère en d'autre;> affections.
Rien ne prouve, comme on l'a avancé, qu'elle soit un
f!rothée. Elle conserve , a:i contrnire , dans tous les
cas, des caractères propres qui la font reconnaître , et
Mn principe est d'autant plus profondément empreint
dans la constitution que la maladie a subsisté plus
long-temps.
Complications de la vérole. En exposant les remarques- .
particulières dont ces complications lm ont fourni le
aujet, M. Delpech fait part des recherches auxquelles
il ~·est livré touchant l'administralion et la propriété
/
�( 55 )
"'ilnti-syphilîtique des préparation.> d'or et par\Îculiér~
ment du muriale. Il résulte de son ti·avail que ces préparations ne sm1t poini admissibles chez les sujets trèsirritables , ouxqµels ies moins actives , occasionent des
accidens nerveux de tvute espèce ; elles aggravent
même h -maladie ou la rendent incurable. Il est vrai
qu'elles pourraient ètre données à plus petites doses ,
mais alors elles n';;gi-r;;ient plus comme anti-syphilitiques.
Des faits ;:s~e~, no ..'l'breux o:'t du plus haut intérêt, rapporti'.s par le proresseur de Montpdlier , il résulte en·
col'e que ces pr...:parations ont t~·iomphé de quelques
cas de s;rphilis qui avaient rlsisté au mercure, mais
que !Jlus w;_1 eut c ·~lui-ci a été le remè le p::ir excellence,
alors qu'elks ont été infructueuses. Mais un fait, peutêlre uni'{ue dais lc:s annales de la science , est celui relatif ù m1 !follamia.is qui , atteint de la vérole confirmée , fut sot,mis alternative.nent et plusieurs foi.s
sans Sl'cd., ~ ~us&ge du muriate d'or et du mercure
sous diverses formes ; bien plus , la maladie principale
fut afü:1ravée et tout in 'litai. li en ar,·êter !es progrès.
Dan::. cette vue, M. Delpecn essaye l<J sublimé sous
forme ùe pilules et en ,obtient de hom effets. Des raisons particulières l'engagent bientôt à 1rnspendre ce
médicriment et à lui substituer le muriate d'or en
frictions sJr la langue. Mais le malade , qui comprit
mal la pl'e~cription , crut qu'il faHait employer l'un
et l'autre remède et consomma ainsi une vingtaine
de grains de murïnte d'or et plus de soixante grains
de sub.imè. Alors seul.ement on s'aperçut de la mé~
prÎ:le. Cepe:idant les ulcérations étaient resque· toutes
cicatriséc.s; le~ cicatrices accomplies étaient minces ,
blanches , sans engorgement , et plus solides qu'elles
n'avaient jamais été. Pour savuir auquel des deux trai.
temens on devait attribuer un résultat aussi avantageux,
;M-. Delpech les employa tour-.l~tour, et chaque fois , leJ
�{ 56 )
progrès de la guérison furent entravés ; mais dès que
les deux remèdes furent réunis et qu'ils agirent simult:mément , il s'opéra des changemens favonbles , et ce
ne fut qu'en suivant cette voie que l'on parvint à consolider la cure. Ce beau fait justifie évidemment qu'il
n'est aucune méthode l!xclusive , parce qu'il est des
mnlades dont les dispo11itions particulières éludent les
substances médicamenteuses les plus usuelles , alors
qu'elles ne sont point appropriées à ces dispositions.
Complication de la vérole al'eC la diathèse scrofuleuse.
Elle est commune et parce que les scrofules le sont
elles-mêmes et parce que l'action du mercure employé
contre la syphilis 1 ter.id à lE:s développer, en débilitant
l'orgnni~me et en <lonn;,nt lit>u à des irritations locales
plus uu moins vi Vf'S. L".rnteur fait sentir la nécessité
dE- reh:ve:r d'abord les forces , car une fois réparées ,
ell•·s se prl!t,.nl bien plus efficacement à l'action des méthodes de traitement que réclament les deux principes
murbifitpie~.
Complication Je la vérole avec le sc,,rbut. Elle précela Je particulier que l'ensemble de la . constitution est ploni;é dans une faiblesse profonde et que
l'excit..ibilité Pst obscure et difficile à mettre en jeu.
De là , la llifficulté d'obtenir du ~uccès et par les mercuriaux et par le muriate d'vr , etc. Si tous ces moyens
:n'1!choue11t alors que parce qu'il y a complication scorb1Jtique, il faut donc combattre celle-ci avant de ret·ouiir au traitement de la vérole. M . .Delpech cite un
fait assez remarquable et qui donne une idée de l'état
des choses en pareil cas.
.
C11mp/ù atipn de la vérole avec le rliumafisme. Elle est
une ries plui. fâcheuses. Le mercure et même les préparations d'u1· n'arrêtent point la syphilis dans sa marche,
vu que leur action est enrnyée par le rhumatisme
qu'ils exaspèrent d'ailleurs ; de sorte qu'il convient de
~cnte
•
/
�( 57 )
faire choix de deux médications particulieres et distinctes , capables d'agir sur l'une et l'autre maladie.
Co-existence de la 11érole et de la rarie proprement
dite. C'est surtout dans ce paragraphe que M. Delpech
s'est montré excellent observateur. La ùescription qu'il
donne de la carie est , c,omme il le dit lui-même , d'après nature et peut donc être facilement vérifiée. Elle
ne ressemble point à celle qui a été faile par d'autres
médecins qui ont avancé que la carie ~ouvant être produite par la syphilis , il fallait distinguer une carie
vénérienne. Mais rien n'est moins fondé que cette opinion : l'auteur soutient que l'état de carie est étranger à
la vérole alors qu'il existe avec elle.
Ici finit le quatrième mémoire de la chirurgie clinique
de Montpellier. Les idées neuves dont il est rempli,
nous les avons signalées , sans entrer dans tous les développemens qu'elles comportaient ; il nous eut fallu, pour
cela, rapporter un grand nombre de faits intéressans qui
corroborent les propositions principales que nous avons
exposées, ce qui nous aurait entraîné trop loin. D'ailleurs nous préférons engager nos lecteurs à puiser à la
source même ; ils pouaont plus facilement juger du
mérite de l'ouvrage; et sans doute le trouveront-ils étincelant de beautés , quant aux considérations pratiques
qui en sont évidemment le point essentiel.
P.-.'.\'.l. Roux.
z.0 R EV VE
D Es
JO U JI N À U X.
( Journ. de pharm. Mois de février 1824). - Sur le
tanguin de, Madagascar, par Itl.M. Henry, fils , pharmacien, aide à la pharm1Jcie centrale des h&pitau;,; civils,
etc; et C.-P. Ollivier, docteur en médecine de Paris. L'amande du tanguin ( tan1Jhinia Madagascariensis) de
�( 58 )
b famille des apocynées , est un poison végétal trh·
violimt; il tient lieu , dans le pays qui le fournit,
d'iustrumcnt de scipplice, que la législation barbare de
ces co~,trées emploie comme preuve de culpabilité ou
tl'innocer.::c sm· fa~ prévenus. Son action sur l'économie aLimde (;.:;t .<:i active, C!Ue pre ·que toujours les
ma~heu: eux soumis à i::eÜe crue ile épreuve en !>ont les
victimec. rm·:. Henri fils c~ Ollivic"? ent analysé l'amande
du rnnguin et oat recunnu qu'elle était formée 1. 0 d'une
huile fixe, limpide , douce , cont;élable à 1 o 0 ; z. 0 d'une
matière pa1.:.ict1lière , cristall.:is-:.ble , neutre , vénéneuse ,
etc. ; 3.0 d'un principe brun , v:i;;queu1' , légèrement
acide, amer, incri.slallisabJe , Yerdissant par les acides,
et brunissant par le.s a kalis; ~-·" de.; traces de gomme;
S.0 d'albumine yégét3Èe en grcnde quantité; 6. 0 des
traces de ci.aux , d'ol>ide de fer.
- Analyse Jes follicules de séné, par H. Feneulle ,
pharmaci.m
Cambrai. - Le rnoà~ d'analyse est le
mè:me que celui que l'auteul' a s1.,;ivi dans celle qu'il fit
des feuilles de séné, conjointement avec M'. l".iassaign1.
( .,-f.nnales de chimie et de physique , tome XVI. )
Les follicule!! de séné contiennent : un corps purgatif jouissant de toutes les propriétés de la cathartine;
une -matière colorante ; de l'albumine (en petite proportion), du muqueux ('abondamment) ; une huile grasse;
une huile voh<tile ; di; l'acide malique ; des malates de
potasse et de chaux; des sels minéraul>'. ( chlorure de
potassium, sultates de potasse et de chaux, sous-phosphate et $OUS-caroonate de la même base.
- Diverses observations par M. Jéromel, pharmacien il
.Âsmière (Ilaute-Vimne) - - I. 0 sur la prépara tian del' acide
henzflïque. ~ Ce produit 4. qu'on obtenait. ordinairement
par la voie sèche, c'est-à-dire, par sublimation, peut
~·extraire du benjoin par des combinaisons chimiques,
finsi que l'ont prouvé MM Suerson et Thén4rd; mais lea
a
�( 39 )
procédés de ces auteurs distingués étaient susceptîble6
de perfectionnement. M. Jéromel propase celui-ci : il
consiste à joindre au benj<rin pulvérisé sa m<Yitié en
poids de charbon <le bois concassé ; on trai~e ce mé~
lange par le carbonate de soude, le tout étendu d'eau ei
porté à l'ébullition; on fittrP. cnsnite et on sature l;t
.soude pa~ un excës d'acide sulfurique , et comme cette
.saturation se fait à une haute tempéra~ure, l'acide beli ..
zoïque se précipite p;...r e refroidissement ; on le sépare
par la filtration, et apr~s l'avoir' bvé d'un pen ù'eau froide,
on l'obtient ho:::\ cristallisé, très-blanc et d'une odeur
suave de dsiue de benjoin.
- :z.. 0 Sur /'ecéta te d'ammonitur:ze liq.;ide. - Procédé '.
cc on place sur l'obturuleur d·unc dol !1é assez grande
deux capsules, contenant l'une de l'ammoniaque ,liquida
et l'autre du vinaizr~ de bois, i parties égales en poids.
Le tout étant recouvert d'un rét;îpient, on abandonnè
l'appareil. Au ho ut de tlouze heure-' on enlève la cloche,
et on trouve dans la crpsule qui contenr.it l'acide , une
solution neutre d'acétate d'ammoniaque, limpide comme
l'eau diatillée qt•.i donne I'.2. 0 au pèse-i:els; on étend
cette liqueur d'eau distillée de manière à la réduire à
5 ° comme le 1'1;t le codex )!),
- 3.° Formule pour les pitules de Plenck. - Prenez:
mercure solt:ble obtenu par le procédé de Moscati , un
gros ; paudre fine de guimauve, quatre gros; extrait de
ciguë, UR gros. Faites selon l'art des pilules de demi:
grains.
M. L.-A. Planche, dans une note, observe judicieusement que le mercure soluble de Moscati que propose
M. Jéromel dans cette formule, étant un oxide au mini•
mum , ne doit pas être substitué au mercure dans un
état de simple division , et que ce nouvel état du mercure doit donner lieu à un médicament ayant des propriétés différentes; M. Planche modifie donc les pilulet
.
�l 40 }
de Plenck, comme il suit : prenez de mercure purifié P
une partie; de miel pur , deux parties; de poudre très4
fine de guimauve , deux parties; d'extrait de ciguë , une
partie. Broyez dans un mortier de marbre ou de porcelaine, avec un pilon à large surfuce, jusqu'à extinctiora
du mercure , ajoutez alors l'extrait de ciguë, puis la
poudre de guimauve. Cette masse ne se durcit pas
comme le mercure gommeux et le métal y est dans
le même état, mais mieux divisé.
-4..0 Empld.tre de savon. - FClrmule. Prenez : emplâtre simple, une livre; cire blanche , une once; savon
médicinal, trois onces. Fondez l'emplâtre av~c la cire ,
puis laissez refroiùir. P1·enez ensuite du savon tendre
et incorporez la pure portion avec la masse emplastique.
- Formule d'unu préparation de magnésie, par M.
Chi:vallier, pharmacien. - Pour masquer le goût terreux que laisse à la bouche la magnésie blanche , M.
Chevallier l'a incorporée dans un correctif très-agréable ;
voici sa préparation : chocolat, 2 onces ; sucre , 5 onces ; magnésie pure, 1 once, Faites des pastilles du poids
de 24 grains .
- Note sur la prlparatian de fextrait d'opium sans
narcotine, par M. Dublanc , jeune. - Tout le monde
.:onnaît le moyen de priver l'extrait d'opium de la narcotine qu'il contient en le traitant par l'éther à froid;
mais M. Dublanc a observé que l'extrait d'opium qui
ne donnait plus de traces de narcotine aux dernières
macérations éthérées, en contenait encore dont l'éther
employé à une température assez élevée pouvait le
dépouiller. A cet eftet, il suit le procédé suivant :
«J'ai pris , dit-il , 300 grammes d'elltraît d'opium pré·
» paré à froid, que j'ai fait dissoudre dans 15o gram» mes d'eau distillée ; j'ai vorsé ce solutum dans une
» cornue, et par-dessus 2000 d'éther pur ; j'ai monté
�•
( 41 )
» l'appareil de manière
à recueillir le produit de la dis-
~
tillation et j'11i chauffé doucement. Ayant retiré 500
,. grammes environ d'éther, j'ai démonté l'appareil <'t
:.> décaolé promptement l'éther qui surnageait l'extrait
» dans la cornue. L'éther obtenu par les di~tillations ,
)} m'a servi à laver l'e.li.trait encore chaud, et après
>1 ces opérations j'ai fait évaporer en consistance con» venable l'opium qui y avait été soumis >).
Pour avoir l'opium absolument dépouillé de narcotine , M. Dublanc fait di~soudre de nPuveau l'extrait
qu'il a obtenu , il filtre et il f..iit évaporer enfin l'opium
jusqu'à consistance requise ; il a apperçu sur le filtre
des petits cristaux de narcotine , mêlés à une matière
pulvérulente extractive , insoluble dans la petite quantité d'eau employée à reprendre l'extrait.
Co URET.
3. 0
VA.nIÉTÉs.
Quelle est l'influence de la protection dans les concours
publics 1 Rien , sans doute, n'int r . se davantage les
concurren~ instruits et modestes que la solution d'une
seml1lable question. Nous laissons à une plume facile, à
un esprit pénétrant, le soin de remplir celte tâche ; rl')ais,
~n attendant, nous fournirons , toutes les fois que nous
en am·onl' l'occasion , les exemples qui pourront guider
le candidat dans les luttes académique"S.
Le_concours pour la nomination de quatre élevcs internes et <le quatre élèves suppléal15 à !'Hôtel-Dieu de
Marseille , a eu lieu, le 16 de ce mois , cnmmP, nous
l'avons annoncé. Sept candidats se sont présentés et
ont eu à résoudre les mêmes questions. Voyons si
chacun d:eux les a traitées avec un égal intérêt.
La première question a été ver baie et ainsi conçue·
- T. VIII. Juillet 1824.
6
�r
t 4:i )
Décrive.c artère crurale , et lts mouvemens de$ muscles droit anterieur et crural 1
M. Re.rnaud paraît être sans prétention. Aussi, quelques omissions font-elles regretter que sa réponse oesoit que passable.
M. Gassier, intimidé pdr M. Ducros ( 1) professeur,
qui lui observe de ne pas dépasser les bornes de son
.sujet, ne dit pas tout ce qu'il sait , et la question ne se
trouve que passablement résolue,
M. Ardouin est court, mais tout ce qu'il dit a rapport à ln question dont la solution est passablJ.
M. Gillet est plein de bonne volonté; il réunit tout
ses efforts ; t11utefois sa réponse est médiocre.
M. Figuière répond passabl en1ent.
M. Lyons fait bonne contenance et rép:ind assez bien.
La réponse de M. Cavalier n'est que rnediocre.
Les candidats ont eu ensuite à résoudre par écrit
ces deux questions : De la hernie crurale chez l'homme,
et de l'accouchement naturel, l'enfant préseatant les pieds.
M. Gassier se conduit assez bien ppur mériter des élogu.
Le temps ne lui ayant pas permis de traiter à .fond les
deux questions , M. Dugas , professeur , lui dit : « on
» jugera fac.ilement de ce que vous auriez pu faire en» core de bon, par ce que vous avez fait ie.
M. Ardouin effleure la question d'accouchement ,
mais il résout fort bien celle de la hernie crurale et
.se fait remarquer par une bonne rédaction.
M. Gillet s'est retiré du concours.
M. Figuière e~t assez n1éthodique, mais soit manque
de temps , soit défaut de reminiscence , il est loin
d'avoir répondu entièrement aux deux questions.
M. Lyons ne dit presque rien et ce qu'il débite ne
tourne nullement à son avantage.
(1) En iete'rrompant un candidat da manière à l'intimider ;
11n j11ge agit-il co11ve11ableme11l?
�( 45 )
M. Ca11alier procède avec ordre, son style est facile,
mais il passe sous silence une foule de détails, ce qu'il
reconnait lai-même , en avouant que le temps ne lui
a pas permis d'exposer tout ce qu'il fallait.
M. Reyn,zud traite fort bien la question d'accouchement, mais touche légèrement la question sur la hernio
()rurale.
Après c~ concours, le jury accorde la palme à MM.
Reynaud, Figuières et Ardouin , et décide que· M :\1.
Lrons et Gassier ont répondu ex œquo ! ! ! de sorte qu'ila
doivent descendre de nouveau dans l'arêne.
Ils ont un quart d'heure pour résoudre cette question:
Indiquez les muscles qui agissent dans la Jractur1 du col
chirurtJical de l'humérus f'
11 ne fallait que deux minutes pour faire cette énumération. Aussi, M. Gassier a-t-il bientôt rempli sa lâche.
M. Lrons parle plus long-temps parce qu'il ne sait pas
s'il existe une dilférence entre col anatomique et col chirnrgical et que dans l'hypothèse il croit devoir faire
deux énumérations des muscles.
Après cette nouvelle épreuve, M. Lyons est reconnu
supérieur à son adversaire, par la plupart des m&mbres
du jury , et M. Gassier , considéré comme une nouvelle
victime par l'auditoire éclairé. Le mérite n'est donc pils
toujours Je seul titre à la recommandation ! Et pourquoi ,
même dans les concours publics , la protection est-elk
quelque chose r
- -Un ancien praticien ayant ouï dire (car il ne lit
plus les ouvrages de médecine) que la doctrine du jour
fesait d~s miracles , et ayant à soigner un jeune homme
robuste et sanguin, atteint d'une gastrite, eut recour.t
à l'application de trois petites sangsues sur l'épigastre
et pour s'opposer à la syncope qui , suivant lui , devait
résulter de l'hémorragie, s'empressa d'administrer le
lilium de Paracelse. N'ayant pas eu le bonheur de guérir
100 malade' notre praticien ne ces.se de déclamer conh·e
�( 44 )
Ja doctrine physiologiqu e et d'assurer que l'expérience
est un grand maJtre,
- On n'a eu guères à traiter , ce mois-ci , à Mar11eille , que des diarrhées dont on a triomphé par les
anti-phlogisti ques. Associés aux upiac~s , les mêmes
moyens ont été utilisés avec 11uccès dans quelques cas
de ch~lera morbus.
- D'après le relevé des registres de l'État-civil de
la mairie de Marseille , il y a eu en Juin 1824,
344 naissances ; 233 décès et 81 mariages.
P.-M. Roux,
4.o
C0
N C 0 URS
.AC .A DÉ M 1 QUE S.
La Société de médecine du Gard se propose de décerner , dans ~a séanr.e publique du mois de juin 1825 ,
une médaille d'ur de la valeur de 200 francs , à l'auteur
du meilleur mémoire sur cette question :
« Résulte-t-il des prinûpes , tant phrsiolol{iquts 'lue
l> pathologi9ues emis par quelques modernes sur le trai» tement àss fièvres en ~éneral, des motifs suffisans de
» renoncer à la doctrine des anciens sur la coction et les
l> crises »,
Elle accordera , en outre, des médailles d'encourage•
ment aux auteurs des meilleurs mémoires qui lui seront
adressés.
Les ouvrages de11tinés lt concourir doivent être adressé11
francs de port , à M. Phdip, médecin , secrétaire-gé néral de la Société, avant le premier avril 1825.
AVIS.
"'~·LA Société -·~*~
royale de Médeci11e
de Marnille déclare
11u'en inserant dans ses Bulletins les Mémoires, Observations, Notices, etc., de ses membres soit titulaires, soit
correspondans , qui lui paraissent dignes d"hre publiés,
elle n'a égard qu'à l'intérü qu'ils présentent à la science
médicale; mais qu'elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre les auteurs•
et qui n'ont pas encor& la sanctipn generale.
�( 45 )
BULLETINS
DE
LA SOCIÉTÉ ROY ALE DE MÉDECINE.
D E M ARSE 1 L LE.
JUILLET
1824. -N. XXXI.
0
1es eau.1, par M. TExTonrs, médecin de ltt
marine ' Che11alin· de l' OT'dre roral de la Lét;iond'Honneur, Prési'1ent de la ~nn'hé ro.rale de médecine
de Marseille ; mémoire lu dans la seance du 19 jqin
ÉTUDE
1824.
( Quatrième article ).
Lu eau:1; ac:dules gazeuses froides sont, datis le dé·
partemcnt du Bas-Rhin, celles de Seltz ; dans celui <le
la C~tr-d'Or, celles de Prérnaux et Ste.-Reine ; danJ
celui du Gard , celles de Vegèze ; dans celui du HautB.hin , celles de Swtzrnatt l dans celui de la Haute-Loire.
celles de Langeac ; dans celui de /'Hérault , celles de
Gabian, des sources Madelaine , Vernière , et SaintGervais ; dans celui de la Loire , celles de Mont..
brisson, de Sail-sous-Cousan , de St.-Galmier , de Vic~
le-Comte ; dans celui de la Niè11re, celles de Poague;
de St.-Pal'ise ; dans celui du Pur-de-D&me , celles de
:Bar , de Besse, de Châteldon , de Métlague , de St Myon; dans celui des Pyrénées-Orientale$ , celles de St.Martin de F cnouilla ; dans le pars de Colo8ne, celles
\i' Alfter ; dans l'Italie , celles d' .A.scian(j) , de Cilla , de
Rome; en Pilmo1Jt, celles de St.-Vincent, de Calvi; en
4ngleterre, celles de Barthfcld; en Sicil6, ccllc-J de Siacca,
T . VIH. Juillet 1824.
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0
Les eaux ferrugineust1s. Le fer est une suhstancti
très-a!JmHiante <lan.> le sein de la terre et fréquemment
répan .we dans ses couches. La nature prépare en divers
pays des eaux fer1 ugincuses dans lesquelles le fer est
dissout à l'd:it de carbou<Jte par l'acide carboniqu~, sans
que cc <lernic-r s'y trouve en cx r ès; elles sont alors appdtcs eaux ferrugineuses simples (I). Dans d'autres cas,
elles contiennent une quantité d'acide carbonique beaucoup plus grande que ce lle nécessaire pour neutraliser
les bases qui y sont c11 dissolution à l"état de carbonate ; elles d~gagcnL alors beaucoup de bulles d'acide
carbonique p.ir l'aisitation; elles sont aigrelettes et pi~
quantcs et sont appelées eaux ferrugitzeuses acidules (1).
D'autres fois, le fer est tenu en dissolution dans ces
e:1ux par l'.tcide sulfudque ; on les nomme alors eau.-r:
ferrugineuses suljatees (3).
On Jistingue fac:ilement les eaux qui contiennent le
sulfote de fer par J,1 propriété qu'elles ont de donner
une couleur noire avec Id teinture de noix de galle, même
après qu'on les a fait bouillir et qu'elles ont été filtrées t
tandis que par l'ebullition 1 le c:arbonate de fer se dé.compo~e et sa base se précipite. Toutes ces eaux sont
caractérisées par tme saveur métallique styptique; elles
contit nnent outre le fe1· à l'état de ca1 bonate , de sulfate e.t de peroxide, des carbonates et hydro-chlorates
akalins et autre3 sels à base terreuse. Exposées à l'air,
ces eaux se couvrent d'une pellicule irisée et déposent
2.
(1) Tell•s que les e~ux de Forgea, d'Aumale, de Condé~
de Contrexeville.
('.1) Tellt·s que lrs raux de Bourbon - l'Archambault, de Bussang , de Ptrruond., ti c Spa , d. Vals , de Vicbi.
(3) Telle.• que les raux d' Alais , de Passy , de Provins, <fe·
Sermaise • de Ferrii:res , de Sçgr;ris , celles de Bâghton et de<
l'islu de VVigh1.
�( i~7 )
à là longue des flocons muqueux, calorés en jaune par
l'oxide de fer. Traitées par la teinture rle noix de galle,
elles donnent un précipité purpurin , qui passe bic:ntot
au bleu noir el un précipité bleuàtre par les prusSietes
alcalins,
Les eaux ferrugineuses sont les plus communes de
toutes les eaux minérales. Jl est peu de pays qui n'en
aient une ou plusieurs sources.
Les eaux ferrugineuses sont aussi divisées en thermales et en froides.
Les tliermales sont, dan.~ le département ùe l'Allier,
les eaux de Bourbon - l'Archanib<Ault, de Vicht; dans
celui de 1'.Aude , celles de Campagnr. , de Rennes; en
ltalie, celles de Pi.~e , de Monte-Catini; celles -de l'isle
d'Amsterdam ; en Allemaf(ne , celles de Tœplilz ; en
Turquie , celles de Milo , du Mout- Oeha ., dans l'isle
de Négrepont.
LP.s froides sont, dans le département de l'Ain,.
celles du Pont-de-Vesle ; dans celui de l'Allier , celles
de St. - Pardoux , de la Fontaine~ de - Jonas ; dans.
celui de l'Aube, celles de la Chapelle-Godefroy ; dans
celui de l'Ardfiche, celles de Vals ; dans celui des Ardennes, celles de Laifour; dans celui de l'A1•eyron ; cr·lles
de Camarcz, de Crausac ; dans celui des Basses-Pyrémies, celles de Cambo ; dans celui du Calvados , celle~
de Brucourt , d;ins celui de la Dordogne , celles de Seneuil ; dans celui de la Dr6me , celles de Dieu-le-Filt;
dans celui du Gard, celles d'Alais; dans r.rlui du Gers,
celles de Castera-Vivent; dans celui du Haut- Rhin,
celles de VVatwciler 5 dans celui de la Haute - Marne,
celles d'Attnncourt; dans celui des Hautes-Pyrénées ,
celles de Bagaéres-Adour , de Siradan ; dans celui de
l'Oise , celles de Beauvais, de Tric-le-Château , celles
de Verbière; dans celui de l'Orne, celles de St.-Santin;
dans celui de la Loire-Inférieure, c!lles de l'Ébaupin,
�( 48 )
de la Plaine , ne Pornic; dan.~ celui du Loirt!t, celles
de Ferrières, de SPgreri, de Noyers , de SL.-Gundom i
dans celui de la Manche, celles de Brique-Bec; dans
eP.luîde la Marne, celles de Rheims , de Sermaise; dans
celui de la Meurthe, celles de Nancy ; dans celui du
1Vord , celles de Dindn , de St.-Amand ; dans cf'lui du
Pas-de-Calais, cefüs de Boulogne; dans celui du Rh&ne,
celles de Charbrinnière; dans celui <le la Sarthe , celles
<le Ruillé; dans celui de la Seine , celles de Passy;
dans celui de la Seine-lnferieure, celles d'Aumale, de
Bleville , de Forges , de Goumay , de Rouen ; dans
celui de Sdne-et-Marne, celles de Provins; dans celui
de Seine - et - Oise , celles d' Abbecourt, <le MontLignon; <l.ins celui de la Vendée, celles de Fontenelle ;
dans celui iles Vosges , rcl!es dP. Bussang, de Coutexev111e, de Plon1bicres ; dans les Pays-Bos , celles de Spa,
de Tongrc ; dans le I-lanoYre , •celles de P yrmont; en
.Al!ema5ne, cel IPs de Sd1wJlbark , de Sauerbrunn ; Cil
Suède, rtlles i..'Uhleabor!?; en lta/;e, celles de St.-Mau- '
.rizio-cti-Becaoro, della Colleta , della Molla, de la Valledel-Solc , et<:.
3, 0 Les eau :r: hrdro-sulfureuùs. Ces eaux minérales
naLurelles tin.nt leur pri1kipal caractère de l'hydrosulfote qu'elles contiennent et <lu gaz acide hydrosulfuciy:ue qui s'y trouve , tantôt libre, tantôt combiné
a'•ec un alcali; elles ont la propriété de dorer d'abord,
puis de brunir l'argent qu'on expose à leur action. Elles
noircissent lorsqu'on les met en contact avec l'acétate
acide tle cvivre; elles précipitent l'acétate de plomb,
ainsi que le nitrate <l'argent en brun plus ou moins
foncé; ces eaux ont une saveur amère et salée ; elles
.sont douces et onctue11ses au toucher ; on les reconnaît
à leur odeur analogue à celle d'œuf pourri. Les subs, tances salines qu'on trouve dans les eaux hydro-sulfureuse11, sont des hydro-chlorates , des carbonates et du
�I
( fig )
s1-1lfates li b11.se alcaline ; ces sels sont dans des propor•
tions différentes suivant les diverses wurces el presque
toujours unis ii. une matière pseudo-nnimalc : ces .-aux
bien analysées sous le rnppùt1: de leurs principes fi)(es ,
n'ont pas été assez étudiées sous le l'apport de lems
principes giw.eux. 01\ y a obsen"é de l'air atmt>sphérique,
de l'acide carbonique, mêlés à l'hydrogène i;ulfuré, comme
dans celles de Ba~nères , d'Evaux , de Luçon, de StSauveur. Pl1.1s récemment on a l'econnu que l'azote
était un de leurs élémcns constitutifs, comme dans celles
d'Aix-la-Chapelle, d'Aix en Savoie , d'Aix en Provence,
de Barèges , de Bonnes, dl! Gréoulx.
On a l'emarqué que la plupart de ces eaux prises à
leur saurcc ne donnent pas d'odeur hépatique d'abord ,
et qu-e ce n'est qoe peu de minutes après qu'elles ont
le contact de l'air, que l'odeur commence à se faire
sentir. Les réactifs teb que l'acétate de plomb et le mu- •
riate d'arsénic y dénotent d'une manière très-marquée
la présence du soufre; mais au bout de quelques heures,
il n'y a plus d'odeur hépatique et l'effet <les réactifs
est nul; ce qui prouve que le soufre y est contenu d'une
manière très-fugace, et que l'usage de ces eaux combinées avec leurs principes constitutif~ réels , soit en boisson,, soit en bains ne peut être l'fficace qu'à leur source.
Ces eaux sont presque toutes thermales depuis i 5
jusqu'à 71 °. Il ·en est aussi quelques-unes de froides,
L~s thermal~s sont, dans le département del' Arriège,
les eaux d' Ax; <lans celui des Ifasses-Alpes , celles de
Digne , de Gréoulx; dan~ celui des Basses-Pyrénées,
celles d' Aigues-Caudes , de lfonn~s , de Cambo ; dans
celui de la Creuse, celles d'Evaux; dans celui des Deux ...
SèPres , celles de Bilazai ; dans celui du Gers, celles
de Barbotan, de C\lstera-Vi vent; dans celui de la HauteGaronne , celles de Bagnères-de-Luchon ; dans celui
des f!autes-Pyrénées, celles de Barèges , de Bagnères-
�( 5o )
Adour, de Cauterets , ùe St.-Saoveur ; dan8 celui de
J;i. Loûre, celles de Bagnols; dans celui de la N1è11re,
celles de St-Honoré; dans celui du Nord, celles de St ..Amand; dans celui des P.rrénées-Oricntale.t, celles des
bains près d'Arles, de Molitz, <l'Olette, de Presle ,
de Vinca; en Prusse , r.ellts d'Aix - la - Chapelle; en
Allemagne pars de Nassau , celles de VVïsbaden ; dans
le pays de Salzbourg , celles de Wildbad ; en Saxe ,
celles de Wissenbad, de 'Volckenslein; en Souabe, celles
de Bade; en Suiue, celles de Lank, d'Alvenon, de
Pl'e!for; en Savoie , celles d'Aix ; en Piémont , celles
d'Acqui, de St.-Didicr, de Virey; en Italie, près de
Naples , celles de Pisciarclli de la Solfatara , d'Albano,
de Vinadio, de Viterbo ; celles de Bobbio , près de
Gênes ; dans l'i~le <le Sicile, les eaux sulfureuses des
bains de Siacca ; celles de la Fontaine de Vénus, près
du Cap Milazzo ; celles <le la plage et de la ville de
Messine ; c lies de Sagesle qui sourdent auprès d'un
ancien temple de Diane et se déchargt:nt dans le fleuve
Plalani , celles de C<tltavoturo ; en Portugal, celles de
l'Ascald11s , de M~ntegas ; en Espagne, celles d' Alhama,
d'Archem1 , de Fucnte-Sanla pri'!s d'Algésiras; en Tur-.
'luie, celles de .Milo dans l'isle de r.e nom ; celles c!e
l:kusc , de Techesnie, dans la Natolif! ; celles d'Anthéla
dans la Tlte!Salie; cd les de Tdlis, en Georf!Ïe; à SaintDominnue , celles de la Pointe-des-Y roi.~; à la Martinique,
celles de la Montagnl:'-pêlée ; dans l'Amérique-méridionale, celles de Mariara , de la Trinchera.
Les eaux hydro-suljureuses froides sont, dans le dépt>rtement des Ilautes-Pyrénées , celles de la Bassère ;
«!ans celui de Seine-et-Oise, celles d'Enghien ; dans cc..
lui de la Vienne , celles de la Roche-Pouzai ; dans les
Pyrénées 11allée Daure, celles de Cadiac ; vallée d'Ossan, celles de Savignac ; en Chalose, celles de Donzac~
en Italie, celles de la plaine de l'Acerra , de la colline
\ .
�( 51 )
cle la Sujo. de ca~tellamare , près de Nttples ; ceite~
de la Solfatare , à l'Est de Rome ; en Ecosse , cf:'ltes
.d'Edimbourg; en Irfonde , celles de Lucan, près de
Dublin , de Svvanlinbar; dans l'isle de Jaya, celles de
Sirang; en Asie , la Fontaine Escampie.
4. 0 Les eaux salines. On appelle eaux salines celle.S
dont les principes prédominans sont des sels prop1·ement dits. Elles peuvent aussi contenir <le L'acide car"'
bonique , de l'acide hydro-sulfurique, de l'oxide de fe1·
et autres sub.,tances ; mais ces corps n'y soot jamais
qu'en très-petite proportion , eu égard à celle des n:1atières salines non-fertugincuses, Certaines <le ces eaux:
ne contiennent en dissolution qu'une espèce de sel ;
d'autres contiennent un grand nombre de dilférens
11eh neutres qui font alors varier 1Lu1· saveur. EUes
sont tantot amères , tantôt piquantes , l.intôt fraiches.
Elles sont rarement odorantes , à moins qu'elles ne
ccntiennent du gaz hydrogène sulfuré en petite proportion. Ces eaux sont suscefltibles de se saturer d'u11e
grande quantité de calorique et <le le conserver longtemps; on les divise aussi en thermales et en froides,
Les thermales sont, dans le département de l' A.llier
1
celles de Néris; dans celui de l'Aveyron, celles de Sil ..
venès; dans celui des Bouches-du-llhdne, celles d'Aix;
dans celui du Cantal, celles de Chaudes-Aigues; da11s
cefoi des Hautes-Pyrénées , cd les de Bagneres-Atlom·,
de Bagnères-de-Bigorre , de Ste.-:\-'larie , de Capvern;
dan11 celui de l'Hérault, celles J'Av~nnes ! de Balaruc i
dans celui des Landes , celles de Dax, de Préchac, de
Saubuse 1 de Tircis; dans celui de l'Isère , celles -Oe
Lamotte ; dans celui de Seine-et-JYlarne , celles de Merlange; dans celui de Sadne-et-Loire , celles de BourbonLancy ; dans celui des Vosges , celles de Bains, de
Lux.eil, de Plombières, En SaPOie, celles de St.-Gervais;
en Italie, celles de Montefalcone ~ de Lucques, dC!I
\
�( Eh )
Nocera del Vcsuvio. En Ho118rit, celles cl~ Bude, d'OfÎen,.
de Glass-Hutcn, de Tepla , de Méhadia. En Silésie,
celles de Lanùeck ; en Anelelerre , celle~ ùe Bath ; en
Islande , celles du Geyser , de Vikum; en Sicile , dans
la Vallée de Muzzara, celles d'Accia, di Monte-Guliano,
de Sanvito , de Corleone.
Les eau.-r: minérales salines froides sont l dans le dép~rtcment du Bas - Rhfo , celleii de Niederbroon; cl.an$
celui du Jura , celles de Château-Chalins, de Jouhe j
dans celui des La11des, celles de Pouillon , de la Ga..
marde; dans celui du Lot , celles de Saint-Félix-d~
Bagnère ; dans celui di;.Seine-et-Marne; celles de Merlange; en Allemagne, celles de Creut:z.nach, de Ems •
de Selters ; en Boh~me , celles d'Egra , de Sedlitz , de
Seidichut:z. ; en Italie, celles de Mudène , de la Brandolla, d;Astromi, d'Oltaiano i en Sicile, l'eau saline de Siucca , dite ophthalmique; dans la vallée de
Marsala, celles de C;iltanis ·eta et de Trapani ; enfin
celles de Palerme, dans le quartier de Mondello , celle
du Molle, appelée Eau-Sainte ; et celle de l'intérieur
de la ville , près la paroisse St.-Antoine; en Angleterre,
les eaux magnésiennes d'Epsom ; en Turqui1 , celles du
lac des Alphalites ; celles des mers.
La clas~ification des eaux minérales naturelles, con ..
~idérée sous le point de vue de la prédominance rles
prÎ!lcipes qui concourent à leur eomposilion ollre beaucoup de difficullés. Une des meilleures serait celle qui,
établie d'après l'observation constante et exacte des ra{>"'
ports directs et bien appréciés qui doivent exister entre
ces principes qui les constituent et les effets salutarres
qu'elles déterminent sur l'organisme dans les divers
états morbides , serait fondée sur l'action thérapeutiqu,e
de la combinaison intime de ces m~mes priacip.es mé ...
langés et modifiés de la manière dont ils le sont dans le.a
sources , évaluée et constatée avant que le d~sagcment
�(
5~
)
des dlémens volatils alt rompu leurs aggrégatiom souterraines et que l'impression de l'atmosphère y ait produit des combinaisons nouvelles,
Si nous <levons déduire les phénomènes des corps,
des propriétés de la matière ; l'essence des qualités inhérentes aux eaux minérales provient sans doute des
substances que l'analyse y découvre ; sans doute que la
constitution de ces eaux, leurs variétés et leurs effets
spéciaux , résultent de la nature de chacun de ces élémens et des proportions dans lesquels ils s'y rencontrent; mais la réunion de plusieurs de ces subi; tances
apparentes et sensibles à l'analyse , probablement celle
de quelques principes occultes subtils, incoënJbles et
insaisissables, inti mément mélangés , confondus et combinés dans chacun des liquides qui leur servent de véhicule , donne seule aux eaux minérnles leur vertu la•
tente qu'on ne peut découvrir ni imiter , cette synthèse
seule donne Je pouvoir qu'elles ont d'opél'er des changemens salutaires , de déterminer des médications diverses. Ainsi le gaz animal odorant , ou fluide expansile,
l'albumine , la gélatine , la fibrine , la matière colorante 1
la soude , le soufre , le fer et l'eau sont les élémens
principaux dont la nature compose le sang, mais l'art
n'arrive pas avec eux à former cette liqueur animale
par excellence, le fluide identique dispensateur de la
matière ' animale mobile , assimilée et distribuée dans
toute l'organisation pour ses besoins , pour sa conservation et pour les usages et les fonctions de la vie. Ainsi
les pulpes mélangées de melons, d'abricots , d'oranges,
de framboises et de fraises dont l'ananas semble représenter la réunion d'impressions sapides , ne pourraient
donner les propriétés de ce fruit dont le suc corrosif
dissout et détruit en peu d'heures la pièce de fer qu'on
y plonge , tandis qu'agréable au goût et très-salutaire
g
T. VIII. Juilld I 8:1.4.
�{ 54 }
surto-ut dans les climats chauds , il produit Une exr1.ir
tatlon vive sur l'estomac sans l'échauffer, il facilite la
digestion sans la pl'écipiler , qui fournit, par expression•
une liqueur spiritueuse qui excite et fortifie, arrête les
nausées et provoque les urines.
Il est hGrs <le mon plan de présenter ici la description'
particulier" de chacune des principales eaux connues.
Pour remplir cette lacune sans fatiguer l'attention , j'avais le dessein de réunir ici , dans un seul' tableau, les
formules d~verses des c0mbinaisons de substances qui
pdraissen t les compo.,,er en des proportions déterminées pdr les analyses chimiques. Mais il résulte de ces
analyses des di~ers chimistes, des différences si fortes
dans la nature et la quantité des minéralisateu rs de chaque eau , què ce point de vue synoptique ne pourrait
encore n cn offrir de bien positif.
D'ailleur1>, cet examen des eaux minérales hors de
leurs canaux souterrains, comme celui du sang extrait
Ùt·s vaisseaux dans lesquels il cirr11fe, n'oll'rP. plus que
des membres épars qui ue peuvtnt dunner qu'une idée
imparfaite du tout qu'dles constituaient . La réunion
el id combinais<'n- intime de leurs élémens fl:i<es , gazeux:
e[ subtib, lOërcés dans les canaux qu'elles parMurent,.
fonr1f'nt les conditions de leu• ei..istence. C'est de cette
al-)g•é~ation ainsi mc.difiée que dépend leur état physique
et chimique, c'est d'elle que de1nent leurs propriétés
mcdicinales générales et spéciales.
Si , maintenant, nous cherchons à connaître quels sont
les rapports de ces agens rnédicateurs dans l'-o rdre ph.Y""
sique , nous verrnns que leur existence est aussi coor•
donnée avec celle des êtres organisés ; nous apercevroni>
que l'lntelligeuce qui règle l'Univers et le conserve, les
a l1béralernent repartis sur ce globe comme des dépôts
pré<..:ieux de substances propres à agir mécaniquem ent
et chimiquement sur les surface& animées et à
suscite~
�( 55)
leur réaction vîtale. Elles peuvent ainsi opérer la guérison des maladies auxquelles l'organÎsütion est sujette,
en y déterminant <les changemens salutaires.
En effet, le premier des corps dont l'organisation animale éprouve le contact et l'influence est une eau minéralisée. D'après les expériences de MM. buniva et V1wquelin, l'e<1u de l'amnios de la femme contient de l'é!lbumine , de la soude , du chlorure de sodium, du phosphate de chaux. Ces principes combinés dans l'eau amniotique (qui selon M. Lassaigne c0nlicndn1it aussi un
t;az respirable) donnent à ce liy_uide un ;;specl' laiteux ,
une odeur de sperme, une saveur salt!e et la prop1iété
de rougir la teinture de tourne-sol et de verdir celle de
violette. C'est par ce liquide analogue aux eaux .miné1 <.alP,s
que la nature a voulu rendre plus élastique , plus mou,
Je berceau primitif dans lequd le fœtus humai11 se développe, accomplit son organisation et acquiert l'iipt 1tude
à vivre.
Cette belle nature , si admirable dans son ensemble ,
si incompréhensible , mais toujours constante dans sa
marche et ses effets , n'üurait-elle pils ménagé sur les
divers points du globe , les eaux minérales qui en jaillissent c.omme des liquides dont l'analogie de prinoprs
et de mi:xtion .se rapproche le plus des conditions ùe
1a censtitution animale, a des rapports plus directs avec
cette excitabilité , cette force vitale qui est l'aggrégat des
forces de l'organisme, distribuée harmo11iquen1ent et
respcctivemeut dans les dilJ'érentes parties du corps,
dont les propriétés doivent produire, sur elle, des dfets
mécaniques et chimiques plus manifestes el plus ce1·tain(!.
Les eaux minérales naturelles forment une grande
classe d'agens mérlicateurs très-actifs. Dans l'état complet d'aggrégation de leurs principes ; dans celui de
synthèse parfaite qui les constitue , elles offrent à la
thérapeutique divers 01'dres de moyens curatifs aptes i.
�{ 56 )
susciter la puissance physiologique, à produire des chan.
gemeus or3aniy:ues , et susceptibles de se prêter à des
corn!>, ia1~ons chimiques, assimilatrices, qui déterminent
des médications capables de corriger les états morhides
dont l'organisme animwl peut être affecté et d'y ramener
l'ordre el l'harmonie des fonctions.
En général , les eaux minérales naturelles agissent ~ur
le corps vivant, 1. 0 par l'impression dynamique qu'elles
exeercent sur l'excitabilité dont est douée la mati ère
·animale fixe; 2." par les changemens qu'elle opè1 e dans
la composition et le mélange de la matière animale
.m obile. Leurs effets généraux se réduisent à des phénomènes d'excitation , de tonicité 1 d'absorption et de
combinaison de principes,
Une de leurs actions les plus incontestables est celle
par laquelle leurs principes, sur tous les volatils et les
gazeux agissent sur les membranes , les stimulenL et réveillent leur activité normale, pénètrent <lnns le parenchyme et le tissu propre des organes; ils y développent
la chalt' Ur , en augmentent le mouvement moléculaire et
y déterminent un surcroit d'excitabilité. Ainsi les eaux
acidules gp,zeuses sont utiles dans les afièctions où les
organes rligestifa out rnuffcrt à la suite de phlcgma.,.
sies légères. Dans les états de langueur des fonctions digestives, l'action de ces eaux prises en boisson et à des doses convenables, produit sur les organes
gastro-hépatiques et intestinaux qui se versent sur toute
la machine , une excitation lente, mais marquée, qui
se fait ressentir à tout le système organique et y produit
une réaction générale. Ces eaux , exerçant une stimulation modérée sur les membranes muqueuses, déterminent encore des méJicati,1ns dans diverses affections
devenues chroniques, t elles que les dispepsies , les catharres pulmonnires , les dyssenteries, les leucorrhées
et les affec~on.s de.s voies urinaires,
�( 57 )
Une action tout al!ssi évidente des eaux minérales ,
est cclJ.: p~r laqucil~ elles développent cette énergie niédicatrice. qui augmente la cohésion des sucs animaux et
ce degré normal de consistance et de fermeté qui , dans
l'organisme, est appelé ton ou force tonique. Ainsi , dans
}es états de débilité ou de diminution de tonicité dans
les fibres et les tissus vi vans , les eaux ferrugineuses ,
convenablement ingérées, relèvent la toniLité <les par.,
ties, activent les fonctions de la digestion, de la circulation et de l'absorption. Elles sont utiles dans tous
les embarras de la circulntion des vaisseaux abdominaux, dans ceux de la vc:ine porte qui donnent lieu au~
tumeurs hémorro'1dales et dans tous les dérangemens de
l'utérus et de la vessie qui dépendent de l'dLOnie de ces
organes . Les eaux où le fer est dissout à l'état de carbonate par l'acide carbonique sont surtout efficaces dans
ces aberrations de la tonicité nerveuse connues sous le
nom de tic douloureux. C lle efficacité du sou~-ca1 bonate
de fer dans les névralgies a été bien co11~tatée par le:t
:faits récens recueillis pnr les docteurs Hutcliinson ,
Simon Snow , Smiles et Marshall.
Les eaux minérales agissent aussi en qualité d'antispasmodiques el de sédatifs, en modifiant et régularisant
l'excitation. Elles deviennent des secours puissans dans
ces sortes de phlegmasies adynamiques que la diversité de
nature du tnivail inflammatui1 e a fait ap1H·kr nerveuses,
qui sont le résultat de la dil<1tation des molécules organiques et caractérisées par la faiblesse , les nberrations
de l'incitation, ou par l'altération des ti.>sus dans les
parties affectées qui y permettent ulors un peu plus
grand abu rd de fluides. Dans les di versc:s rilté;·ations où
l'excitation vasculail'c se trouve pervertie et irrégulière;
dans ces divers états de l'excitabilité daru; les systèmes
nrrveux, sanguins et lymphatiques ; daus ceux de
mixliog organique altérée ; dans ces a1feltion& locale1
�( 58 )
~ù l'irritnti.on destructive , faible , indolente et quelquefois inapperçue , mine sourdement le tissu des viscères,
le détruit lentement et insensiblement par la suppuration,
«:omme dans les étisies , les eaux hrdro-suljureuus sont
souvent administrées avec succès. En modifiant la nature et l'activité des molécules organiques, en favorisant leur concentration, en régularisant la mobilité des
vaisseaux, elles ramènent l'excitement à son état normal et tendent à rétablir dans l'éc<imomie l'ordre et cette
condition de la vitalité animale qui n'appartient qu'aux
parties qui peuvent régulièrement acquérir la proportion déterminée d'hydrogène et d'azote qui complette
leur intégrité organique.
Les rapports d'organisation , de propriétés , de fonctions que les membranes et surtout celles qui revêtent
l'intérieur des organes creux, tels que l'estomac , les Intestins, ont avec le système dermoïde, peuvent encore
rendre raison ties effets thérapeutiques que les eaux
hydro-sulfureuses , prises en boisson , produisent dans
les affections psoriques. Ces eaux, en excitant l'organisme et irradiant du centre à la périphérie où , à leur
abord , les humeurs animales sont encore modifiées par
elles , opèrent des changemens avantageux bien marqués
.dans les affections du système dermoïde.
Lorsque la faiblesse et le relàr.hement des organes
qui concourent à la digestion , laissent ~couler de lfours
parois ou de leurs criptes les fluides et les mucosités
qui les lubréfient, et que l'accumulation de ces sucs altérés y cause les dinrses affections saburrales muqueuses,
bilieuses , etc. , les eaux minérales salines déterminent
des effo1 ts critiques salutaires qui , par !'.expulsion des
sucs hétérogènes, préviennent l'établissement des phlegmasies intenses qui seraient la conséquence de l'irritation prolongée sur ces organes. Leur effet sur le foie
et tout le S)'alème ~a.stro-inte.stinal en augmente l'acli<l.Q
�( 59 )
•t les débarrasse des enduits glaireux, bilieux, viciée
qui y séjournaient. Elles pt oduisent des évacuation•
alvines qui d'abord de couleur noirâtre et poisseuse 1_
perdent peu-à-peu cet aspect et prennent la teintlli
naturelle qui annonce li'! rétablissement des fonctioni
digestives. Elles sont utiles dans l'hypocondrie, da1111
certains engorgemens indolens des glandes , des viscères parenchymateux , des tissus blancs , dans les tu..
meurs scrofuleuses , dans quelques par11lysies , etc.
Une action aussi certaine des eaux minérales est celle
qu'elles exerçent en opérant des changemens dans la
mixtion de la matiére animale par l'addition de nouveaux principes qu'elles y introduisent' et pa1· les nounlles combinaisons qu'elles y produist>ut.
Un grand nombre de raits démontrent que les subs..
tances ingérées peuvent avoir une action clirt:cte avec
la matière animale mobilP. , s'unir el former des combinaisons avec elle. L'odeur que prennent les sueurs
et les urines après l'usage de certains alimens; l'odeur
hépatique qu'exhale la transpiration de ceux qui pren...
nent le soufre; celle de la violette que donne les urÏ-<
nes de ceux qui usent de térébentine ; la couleur rouge
que contractent les os , après l'usage prolongé de la
garance ; la même couleur communiquée aux urines par
l'injestion de la rhubarbe , du bois de Cam pêche , du
curcuma; l'indigo donnant au chyle une teinte bleuâtre;
l'ail , le musc , l'assa-fétida , le camphre , communiquant aux diverses humeurs leur odeur particuliére,
prouvent qu'ils existe un mode de solution des substances médicamenteu.~es au moyen duquel elles pénètrent dans l'économie par les voies de l'absorption et
ae combinent avec la matiére animale,
Les changemens que l'organisme peut éprouver étant
dus aux combinaisons des substances élémentaires, une
cea princip<'s
"ariation ~003équente dans la quantit@
qe
�( 60 )
doit pro:luirc des résultats morbides marqués. 1lewsdn
a tenté <le.~ expé1iences q11i tendent à prouver <.J.Ue la
lymphe renferm ée da11-s les vnis3eaux et les cavités <lu
corps animal subit des modifications résultantes dell
élëmcns qui la composent. Il a observé que dans diVf'rses m-~h1dies; ce liquide sorli d s cavités ne se
cmw•·rtit p<•~ en gêléc comme cela arrive dans l'état de
sânte et que cPt. effd avait lieu surtout da11s l'état
de f.ii blt's~c. Haller a vu qne l'humeur qui circule
dnns lt>s lymphdtiqucs était L<lujours plus dissoute~
moins concrète et moins concrescible chez les animaux
carni,•orPs que chez bs herbiYores et les fru.givo1·es.
Berzr.lius pèn'e que le li rpidc secrété par les membranes
sén:uses dans les .:as d' 11yisopisies, peut être considéré
comme du sérum du san~ dépouillé d'environ les deux
titrs a x q11atre cin11uièmes Je soll' albumine. Une
variation conséquente d,m, l.i quantité de priRcipes
con~nt1Jans de l'organisatw n doit amener des lésitJns
dans les fonctions dont les produits soient trmtôt exubér:ms , comllle d ans les phlegmasies intenses ; tant6t
;iltérés , comme dans la chloro.s e , le scorbut , le marasme, elc.
Pendant l'us:ige des eaux miné~ales naturelles en
boisson , les veinrs tnh 1raiques qui se plong,.nl dans
l'intestin grêle , ;ib•orbcnt immédiatement ces liquides ;
ils pénètrent d;ios l'économie en conservant leurs qualités et font ainsi passer promptement d;ins la circulation leurs principes solubles non-altérés qui , se rapprochant de la nature animale, sont propres à produire
des changemens divers de composition dans la matière
-.ivante.
Ainsi , dans les maladies caractérisées par l''inconcrescibilité du sang et des humeurs qui en dérivent , résultantes d'un manque de principes élémentaires , ou
des travaux: morbides produits de l'anomalie de l'acte
�( eh )
nutritif ou de la me1:1vaise direction que prend la f'otct!
plastique, l'absorption prompte et directe de ces principes modifiés qui, dans les eaux sont à-peu-près ana ..
logues à ceux qui i-nt.rent dans la composition de la
matière animale, détermine des médications qui modifient avantageusement cette matière altérée par )i> manque de ces principes , ou par leurs combinaisons vicieuses~
Dans les pro~rès de l'ncr.roissement de l'organisme
animal , par exe111ple , l'ahsorption <l'une quantité de
chaux esl néi:essaire pour le développement et la solidification <les os ; ainsi l'oiseau domestique , la jeune
11érine ne pourront complé!t:r leurs œufs, si on ne leur
fournit cle la chaux, l\lùis quand l'homme a pris tout
son acrroissement, la même quantité de chaux introduite par certains alimens et surtout par les eaux séléniteL1ses , lui devient superflue. Aus~i la trouve-t-oll
abondamment dans ses urines et ses excrétioa11. Comme
cette terre , dans les différentes voies de l'animalisalion,
trouve des acides animaux qui se combinent avec elle et
forment des sels dont la plupart sont peu solubles , il en
résulte des dést>rdres organiques- tels que les concrétions tophacécs goutteuses , les dép.Jls et extases rhumatiques, produits par le phosphate de chaux. Dèslors • l'action des eau~ imprégnl\es d'acide carbonique et
de sels alcalins offrent un double secours thérapeutique.
Les principes minéralisateurs modifiés par la mixtion
qui forme les eaux médicinales , introduits en nature
dans l'organisme , y produisent encore des effets particuliers indépendans de l'excitation et de la tonicité.
Ainsi la matière colorante du sang qui 1 parmi les prin~
cipes qui la forment, contient une proportion consi..
dérable de fer' peut éprouver des diminutions consé..
quentes dans l'absorption ou la combïnaison de ce métal,
T. Vlll. Juillet dh4-
-
-
~
�6~
'
C.'Jt déJI en résulte des états pathologiqL1es ôÙ. l~ rmg
de
coloré comme dans la chlorose. L'usage contin ué
ution
dissol
en
fer
le
eaux ferrugineuses qui contie nnent
et dans un état d'extrême divisio n, introd uit direct ement
nte
ce métal dans le sang et fournit à la partie colora
uée
dimin
té
quanti
la
ou
ion
privat
ce princi pe dont la
manqu ait à sa composition intégr ale. Dès-lo rs les phé·
·nomènes morbides atoniques cessent ; ceux de la coloration du sang se prono ncent et se manif estent dan11
tœute l'habit ude extérieure du corps.
Dans les maladies dépen dantes de l'inaccompHssement
déou de l'altéra tion de la nutriti on, soit qu'il résulte de la
pas
nt
donna
ne
qui
tériora tion des substances alimen taires
la quanti té relative de princi pes alibiles , ne conco urent
qu'imp arfaite ment à la récomposition animale , soit qu'il
l'oprovie nne de l'affaiblissement, de l'obstr uction , ou de
af>..
les
ne
qui
ères
chylif
et
blitéra tion des voies digestives
.
insuf&
rtions
propo
des
qu'en
sorben t ou ne les assimi lent
de.t
encore
isent
produ
euses
-sulfur
santes , les eaux hydro
effets salutaires indépe ndans de l'action dynam ique.
Ces liquides riches en molécules sulfureuses , hsdro
paset
nables
conve
doses
des
à
es
ingéré
,
gèno-azotées
11ant direct ement dans la circul ation par l'abso rption
veineu se , fourni ssent à la matière animale mobil e, tous
prépar és , des princi pes analogues aux matér iaux im•
média ts de l'anim alisati on, qui sont propre s à être convertis en matière animale fixe et deven ir partie s organiques . Les eaux hydro -sulfu reuses déterm inent ainsi
des
des médications promp tes dans les maladies dues à
l'anéque
tels
on
nutriti
vices directs ou indire ts de la
mie , le scorbu t , le maras me , le rachit is , et dans
fé·
cette affection chroni que plus partic ulière au sexe,
rhémo
ée
tachél
ie
malad
de
nom
minin connue sous le
ragiqu e, etc.
Les divera princi pes fixes et gueux dea eaux min4•
�f
6!> )
rai.es, ~ntroduits en nature dans l'économie , pcuveRt en'
core déterminer d'autres heureux changemens de mixtion et de combinaison dans la matière animale. Les sels
alcalins et autres que le11 eaux minérales salines contiennent s'y trouvent extrêmement divisés par les gaz.
et surtout l'acide carbonique qui s'y rencontre libre ou
combiné. Absorbées et introduites dans la circulation
des humeurs , les eaux salines offrent une grande quantité de points de contact aux affinités électives qu'elles
peuvent y opérer. Ainsi, dans les affections graveleuses,
leur usage prolongé augmente la secrétion des urines ,
empêche la solidification de l'acljl.e urique qui forme lu
graviers, facilite leur évacuation ainsi que celle des
calculs. Il opère quelquefois leur dissolution et entraîne
par les urines les urates qui en proviennent.
Les infirmités humaines se présentent sur le canevas
organique sous une foule a'aspects si multiples , qu'on
peut à peine les grouper en classes , ordres , genres
et espèces. Elles affectent des distinctions idiosyncraaiques presque aussi multipliées que celles des figures
des individus qui les souffrent et se jouent souvent de
tous les systèmes théoriques d'où dérivent les inductions thérapeutiques.
'La variété dans l'organisation des parties produit la
variété dans la susceptibilité et l'action organique. De
même la grande variété que nous observons dans le
mélange et les combinaisons nombreuses des piincipe11
qui composent les eaux minérales doit produire , en
elles, des modes d'actions infiniment variés. La nature,
en les préparant dans son sein, semble départir aux eaux
des diverses so~rces des prop1•iétés particulières qui
varient presque autant qu'il y a d'excitabilités particu·
lières à mettre en jeu , de systèmes, d'organes à activer. Elle paraît avoir établi une multitude de nuances
dans ces propriété.1 et clans l'intem1ité de leur action. qui
�( ~4 )
()tl\-e, en elle11 , tout autant d'agens médicateurs diverst
applicables aux dijférens cas pathologiques, aux altérations , aux dérangemens particuliers dont l'organismo
peut être atteint. Elle paraît les 1:1voir proportionnés aux
formes et modifications sous lt.squellcs ils se manifestent.
En considérant ainsi les rapports qui peuvent e:.isLer
entre l'organisation et les eaux minérales destinées à
agir sur elle , nous devons examiner autarlt que possible les rnodiÎlcations auxquelles telle ou telle espèce
particulière d'eau donne lieu , suivant qu'tJ!e exerce
une action plus directe sur tel système , sur tel ou tel
organe.
Ainsi , les eaux de Bagnols, de Barrèges , de Bonnes
pénétrant dans le système des vaissrnux sanguins ,
communiquant leurs propriétés excitantes au fluide contenu dans leur intérieur , produisent un excilernent
'cardiaque et vasculaÎ1 e et par suite un mouvement de
fièvre qui se réitére à chaque passage. La dureté de
cet excitement se prolongeant au-<lelà de la sai~on,
réveille le mouvement organique et l'oscillation des ca-.
pillaires, facilite les sécrétions surtout celles des mem~
br<1nes muqueuses et rétablit l'ordre des fonctions des
organes qu'elles tapissent,
Les eaux de Bourbon-l'Archambault, de Vals, de
Sp.1, etc. , parcourant les voies de la circulation , mettent leur principe ferru:gineux extrêmement divisés en
contact avec Lous les tissus , toutes les fibre,s , en aug...
mentent la cohésion et l'énergie. Par leur usai:::e, le relâchement des tissus , l'atonie muscuh.1ire se dissipent ;
lEs malades sentent plus de vigueur, sont plus disposés
au mouvement. Elles sont suivies de succès dans les
cas d'engorgemens !JU bas-ventre , d'atonie de l' estomac
et des intestins , de fièvres intermittentes rebelles , de
paralysies, etc.
· Les eaux de Néris, de St.-Nectaire • qe Contrexe~
�( 65 )
.,me , de Vals Fontaine - Marie, sont principalement
utiles dans les affections calculeuses , graveleuses , dan•
les embarras des reins et les catharres chroniques , surtout c<'ux de la vessie. Comme elles et celles de Gurgitelli ( isle d'Ischia) les eaux Ge la Malou , de Mont<l'Or et de Vicbi dans lesquell es l'a ride carbonique et
le c<t1 bonate de mode p1·tdumin en t, sont efficaces dans
divers ét<its rhunwtiques f:t guult1 ux.
Les eaux de Dif>ne , !ie Greoulx, produisant <le bons
effets dans les di,;pepsies , les catbarres pulmonaires, les
dyssenteries chroniques, mais surtout dans les a/fec:tions
eutanées. Raymond avait reconnu de son temps que les
eaux des Camoins, près de Marseille, étaient très-utiles
contre les dartres et la gale.
Les eaux de Cauteret rieumiset paraissent agir en
modifiant l'exaltation des propriétés vitales et l'énergie
trop <:onsidérable des solides; elle opère en rompant le
spasme qui établit diverses formes d'~ffections nerveuses.
Ainsi que l'eau saline gazeuse de la partie méridionale
de la Vallée du Mont-Giurnmare, en Sicile, l'eau de
Cauteret rieumiset a une action ~péciale sur l'organe
de la vue , qui l'a fait nommer ophtalmique.
Bordeu avait remarqué que les eaux d' Aigues-Caudes
agissant directement sur les viscères abdominaux, appaisaient les tourmens des hypochonclriaques , et que
ceux à qui elles causaient une grande chaleur dans
les entrailles guérissaient radicalement, s'ils perséve'
11aient dans leur usage.
Les eaux de Vichi offrent aux troupeaux une boisson
saline qui les engraisse ~ elles suscitent chez le:; brebis
une secrétion de lait plus abondante. Dès que ces animaux ont bu une seule fois de ces r.aux, ils en devienpent très-frir.nds; leur instinct liia y ramène de fort
loin ; ils trnverseot la rivière de l'Allier sans boire ,
pQur alle5 se dé~altérer aux sources .d e Vichi.
�(: 66 )
Les enux de Sail-sous-Cousan font perdre le lait aux
brebjs et aux vaches , elles ont été administrées avec
1uccès contre les dépôts laiteux des femmes.
Les eaux alumineuses du Mont-d'Or , sources de la
Madeleine , à-peu-près pareilles à celles de Pisciarelli ,
offrent une composition médicamenteuse éminemment
utile dans les chutes du rectum et de la matrice, les
pertes de sang , les dyssenteries et les leucorrhées
chroniques.
Les vœux: des femmes privées des douceurs de la maternité, souvent réalisés par des conceptions survenues
après l'usage des eaux minérales , ont probablement
fait attribuer à plusieurs d'entre elles la propriété de
favoriser la fécondation directe ou indirecte. Une longue suite d'observations marquantes a fai( reconnaitre
cette vertu particulière aux eaux acidules de Chateldon 1
eux salines thermalei. de Luxe il , de Néris, d'Aix: département des-Houches-du-R.hone, de Bourbon - Lancy;
aux ferrugineuses de Bourb_on-l'Archambault, de Campagne , de Forges , de Camarez, de Vals, de Spa, de
Schawalbach ; aux hydro-sulfureuses de Cauterets-laVailliP.re , de Bagnols , d'Aigues-Caudes.
Mais il appartient à l'exp érience à venir de vérifier
r.i les eaux opérent des médications en suscitant la
puissance fécondante et de s'enquérir si elles assurent
la g~nération en déterminant une excitation propice
des organes ·généraleurs ; ou si modifiant la disposition
constitutionnelle , leurs principes absorbés cèdent à la
matière • animale , ces sels phosphoriques à base de
chaux et de magnésie qu'on rencontre également dans
)a liqueur focondante des animaux comme dans le pollen
Eles végétaux ; de rechercher si leur usage fournit ou
favorise la mixtion des matériaux qui sont les élémens
de ce mucus albumineux, rudiment de la structure
organique et de cette esseace subtile ; de ce principe
�excitateur qui s'insinue à travers les membranes de
l'œuf animal , s'y' développe et imprime le premier
branle vital au germe organique. Tuutefois il est dé·
montré que les eaux alcalines terreuses thermales de
la Fontaine d' Àl'or, située dans la paroisse de St.Vétérin-de-Gennes sur les confins de l'Anjou, exercent
un~ action spéciale sur les organes générateurs de certains animaux. L'expérience et l'observation ont constaté
que ces eaux rendent les canes et les oies infécondea et
que les grenouilles n'y croissent pas.
Toutes ces considérations sur la différence des propriétés et d'actions médicamenteuses des eaux minérales doivent nous conduire à ne les prescrire qu'à
temps et indications opportunes , suivant la constitution , le tempérament, l'âge, les forces, les habitudes
des maladts, la nature et l'époque de leurs maladies.
Il importe de bien établir, autant que possible, les
rapports qui peuvent exister entre la qualité des eaux
et les diverses affections morbides pour lesquelles on
en conseille l'usage; distinguer celles qui conviennent
le mieux aux cas pdthologiques qui les font prescrire et
.surtout bien apprécier et respecter les contre indications
qu'elles présentent dans certaines conditions organiques.
Les eaux minérales étant composées de principes
atimulans, de substances irritantes 1 doivent être prescrites avec beaucoup de circonspection aux sujets
pléthoriques, à ceux qui sont doués d'une grande sen. aibilité ou d'une constitution nerveuse et irritable.
Les personnes du sexe dont les règles coulent avec
difficulté ou péchent par défaut d'abondance , peuvent
continuer l'usage des eaux durant leurs époques ; dans
les cas opposés , elles doivent en susp1mdre ou en modérer l'usage. Les eaux tJ.UÏ sont trop actives ou trop
excitantes ne leur conviennent pas dans ce dernier ca.;
elle1 SO!lt nuiaibles aux femmes enceintes.
,.
'
•
�( 68 )
Èti général les eaux minérales sont contre indiquée!!
dans les maladies aiguës , dans toutes lès circonstance~
où l'éréthisme et les symptômes phlegmasiqucs prédominent ; eHes le sont surtout dans les étuts fébriles 1
dans les dispositions à la phlogose , aux congestions
vers la tête et les poumons. Elles sont nuisibles aux personne~ atteintes d'unévri.srne, de palpitations ou d'hémorragies actives, aux phthisiqucs qui onl la fi èvre lente ,
dans la phthisic et d.1ns l'étisie mésentél'ique ulcérées ;
dans toutes les ulcérations internes , dans les tumeurs
squirreu~es et certaines phlegmasies chroniques. On
doit les interdire aux mal.ides chez qui on soupçonne
d'abcès intérieurs et qui sont menaces d'ép:rnchemens
sanguins ou purulens dans quelques cavités. Il faut interrompre la boisso~ des eaux médicinales si, pendant
leur usage, il survient des épiphénornèrncs d'irritation
et de sur-exciternent tels que la fièvre , les douleurs
d'estomac ou les symptômes d'un état phlegmasique
prononcé, tels que l'anxiété générale , l'aridité et la
chaleur de la peau 1 la plénitude du pouls , la ,rougeur
de la langue, etc. Dans le cas où l'usage des eaux
acidules, par leur trop grande activité, occasionerait une sorte d'ivresse ou une . en1'Îe de dormir, il
faut, avant de les boire , prendre la p1 écautioo d'en
laisser dégager une portion du saz acide carbonique
pour p11évenir les maux de tête, l'oppression 1 l'état fébrile et d'autres accidens funestes qu'elles pourraient
produire.
Il est nécessaire de faire concorder l'époque où l'on
va prendre les eaux avec les circonstances qui peisvent
seconder leur activité et favoriser les résultats avantageux:
qu'on espère de leur usage intérieur ou extérieur. Lors•
que l'indication des eaux minérales a été bien déduite
d'après les causes de la maladie et la lésion des parties
affectées , il faut que ces moyens thérapeutiques soient
�è 69
)
où
à'.dmînlst1;tis de manière à se plier ~ l'état d'ato11iè
de débiliYé persévérantes; à celui d'irritation lentement
âestructive qui forme le caraclère de la plupart des
maladies contre lesquelles on les prescrit. Dans les
tnaladies chroniques , où les eaux de tnême nature sorit
indiquées, il c011vie11t de comn'lencer pa'r l'usage des
plus faibles et terminer par celles qui sont le plus chargées de p'i'incipes médicamenteux ; ainsi dans certaines
~lfectioris de poitrine , dans quelques névroses , on obtiendrait plus de succès si l'on commençait par les eaux
de Gréoulx et on terminait par celles de Digpe. Si
l'on débutait par de faibles doses en les augmentan't
tirogressivemerit et si l'ori en cessait l'usage en mêmè
proportio'n décroissante cians divers cas pathologiques,
il convient que les eaux dont l'énergie et l'activité
sont trop considérables , soient coup-ées avèc l'eau,
le lait , le petit-lait , ou des solution's mucilagineuse_s'.
C'est généralement du mois de mai àu mois d'octobre
qu'on prend les eaux minérales ; mais le temps dè
l'année on l'on doit espérer un concours de circonstances
plus favorables à l'us'a'ge de ces èaux à leur source et
où leurs bo'fls effets sorît plU's assurés, sont la fin dà.
printemps , tout l'été et le commeficement de l'automne'.
On détermine vulgairement des séries de· quï·nze , vingt
ou trente jours qu'on appelle saison pen'dant lesquelles
on prend les eaux médicinales sous diverses formes'.
Cette manière trop banale de les employer ne peut con•
venir à Lous les malades , 1ii à toûtes les maladies. On
serait bien plus à même d'espérer des succès de l'admi.:.
iiistration de ces liquides stimulans si , au lieu d'en· pré-·
cipiter l'emploi en en gorgea·nt les malades, on les' pres.l.
érivait à petites doses plus long-temps con!iuuéés, où
si l'on prolongeait la durée de l'excitation que cause ·
Îeur application extérieure. L' actîon plus lente, l'etfe~
10
'1' •.:vm. Juillet i8z4.
�( 70 }
plus tardif qu'elles produiraient sur l'organisme serait
plus en rapport avec l'état de chronicité des maladies
qui les requièrent. L'excitation générale qu'on se propose de déterminer serait plus continuée et les succès
seraient plus fréquens et plus durables. D'ailleurs, comme
dans l'usage des autres médicamens, le désir ·de hâter
la guérison en buvant de grandes quantités d'eau , peut
produire des effets tout contraires au but qu'on se pro. pose et amener souvent d'accidens fâcheux. Les eau)I';
minérales ne doivent opérer qu'en déterminant de petites secous-ses dans l'organisme; ce n'est que par le
nombre et la continuité de ces petits effets augmentés
de jour en jour qu'on parvient à des résultaks heureuM
permanens. Il est quelquefois nécessaire de suspendre
la boisson d~s eaux pendant quelque temps pour la reprendre de nouveau , surtout lorsque des affections opiniâtres en réclament l'emploi. Le véritable moyen d'obtenir des guérisons solides et parfaites est de fixer la durée
de ld ·cure d'après la nature et l'ancienneté de la maladie.
Les eaux minérales ne commencent à agir que lorsqu'on
les a prises pendant un certain temps et à de quantités
proportionnées à l'état du malade. En effet, l'observation démontre que leur action se prolonge longtemps dans les voies de l'organisation qu'elles pénètrent
avec lenteur et que leurs eJfet.s ne sont bien sensibles
_que quelque-temps après qu'on en a ces~é l'usage.
C'est le matin à jeun , lorsque les voies digestives
dans un état sain sont dans une vacuité complette,
que l'on doit boire à la source les eaux médicinales par
verrées de cinq à six onces, On en augmente journellement la dose jusques à la quantité qu'on peut supporter sans éprouver de pesanteurs d'estomac-, des envies de vomir; elles passent bien si elles ne causent
aucune gêne , aucune anxiété , ni douleur de tête ou
d'estomac et si après un quart ou demi-heure, gn ut
�( 71 )
disposé à en boire une seconde dose. Il est toujours bien
de laisser après chaque ingestion un intervalle de demiheure, qu'on peut utilement employer à un exercice
modéré.
Quand on fait usage des eaux, il ne faut prendre
d'alimens qu'une heure ou deux nprès avoir cessé de
boire les doses journellement prescrites et lorsqu'on
sent l'estomac entièrement libre. Le premier repas de
la journée doit être léger ; une panade , une crême
ou une rôtie au vin sucré suffisent. On peut à la rigueur permettre le café ou le chocolat, si l'habitude de
prendre ces substances l'emporte sur les contre indications qu'e_lles présentent.
Le diner doit être composé de viandes blanches et
tendres , boui llies, grillées ou rôties , plus généralement
de végétaux cuits au gras. Les fruits mûrs, les confits
et les biscuits offrent les seuls desserts convenables.
Le repas du soir exige surtout un choix d'alimens
de facile digestion et pris en assez petites quantités pour
faire espérer la prompte vacuité des voies digestives ,
condition nécessaire pour que les eaux passent bien Je
lendemain. Il est utile de faire ce repas avec <le simples
potages , des œufs bien frais , des légumes cuits ou des
fruits en compotes ou en gêlée.
Les eaux minérales provoquent quelquefois un grand
appétit auquel il serait dangereux de s'abandonner. Il
existe une relation si évidente entre le régime et les effets
prompts qu'il produit dans )'économie animale, qu'il faut
êt1e trës- circonspect sur la quantité et la qualité des
alimens dont on se nourrit pendant le séjour aux eaux
minérales.
Durant l'excitation produite11ar ces Dgens médicateurs
énergiques , les viandes noires qui , sous un petit volume , abondent en sucs nutritifs fortement échauff'ans ,
les fro~ages , les liqueur& alcoholiques sont susceptible1
�( 72
J
~·occasioner des pléthores et <les irritations dangereuses~
Les pâtisseries, les ragoilts épicés , les salades, donne11~
11ouvent lieu à des embarras gastriques et intestinaulf
qui 0bligent à suspendre l'emploi des eaux et de recourir aux moyens indiqt1és poµr les combattre. Un
régime trop nutritif en alimcns très-a1,otés , influant
trop liireelement sur la production ;ibondante de l'acide
urique, contrarierait chez les gravEcleux l'effet salutaire
des eaux. Enfin les fruits e~ les subst<)uees aciqes , pri~
en quantités, annihileraient ou neutraliseraient les heureux résultats qu'on est en drpit d'attendre des carbonates alcalins tians diverses affections morbides où les
eaux dans lesquelles ces sels prédominent, sont indiquées.
L'observance de plusieurs aqtres préceptes hygièni7
ques doit encore concourir aux effets salutaires <les
eaux. Les sources minérales sont généralement située&
dans des vallées pu les variations de la température
atmosphérique sont fréquentes- et plus vives, Il i1nporte
de s'y coucher de bonne heure pour éviter l'action nui~ ·
sible du serein et du froid humide sur des individus
plus accessibles à leur impression. Il faut se lever de
grand matin , soit pour prendre les ~aux, soit pour
profiter de l'air salubre et pu'r ùès belles matinées qu'oq
y rencontre. On ne doit porter dans ces lieux que des
habits d'hiver et s'y vêtir chaudement, surtout pendant l'usage des eaux thermales , soit pour favoriser
l'excentration des mouvemens vitaux vers la périphérie
du corps , soit pour ne pds s'exposer, aux accidcns fà~heux qu'e11tra1nerait la suppression de la tral1spiraration , qu'il convient d'entretenir dans un état normql
~t de liberté, de même que toutes les autres excrétions.
L'exercice convient beauco.µp dans toutes les µialadies chroniques. Les promenades sont un bon al!xiliaire des eaux; mi'!Ï.i il faut faire ces cqurses loin de!!
�( 73 )
~ 9 rrenS' wo1sins des sources où la fraîcheur· et l'humi:r
dité de rair peuvent devenir très-nuisibles' principalement dans les soirées. Les personnes faibles et d~1\cates doivent éviter, surtout après les repes , celles qui
sont longues et fatigantes • parce qu'elles arrêtent la
digestion ou 11). rel}dent difficile. Il est prud.e nt de les
i:lter<lire dans les cas de palpitations , d'hémorrai-;ie!f
actives, dans Jes faiblesses musculaires et les état.s
nerveux dépendans de la d.:îbilité célébrale. Le temps
le plus salutaire pour se promener est l'heure qui préctde le~ repas t
Il serait à désirer que b saine morale , . l'ordre et le
bon ton qui doiven~ présider aux réunions éphémère!J
qui se forment <lans ees refuges des infirmités humaine~
pussent bannir de leur sein tous sujets d'une forte exaltation, toujours éminemment nuisible. Les jeux de hasard , où l'homme cherche et rencontre presque toujours une victime dans la personne de son semblable
et quelquefois de son ami , doivent surt0ut y être reprouvés. Le noble caractère de l'homme dirigé par une
raison éclairée, peut-il lui permettre <le se livrer à de
honteux penchans 1 Le sentimenl sévère de sa dignité
lui commande d'être fidèle au juste et au bien. Peut-il
l'être en se livrant à ces hideux passe-temps, suscités
par la vile cupidite qui l'agite et le tourmente 1 Les
chances anxieuses que courent les joueurs passionné&
peuvent-elles tourner au profit de leur santé l Ne sontelles pas des obstacles puissans à leur rétablissement 1
Des récréations plus douces , plus honorables , plus
propices à la paix 'et à la tranquillité de l'âme , si nécessaire au maintien et au ret~ur de la santé doivent
être adoptées : les conversations agréables , les récits,
les histoires intéressantes , les danses , les jeux où la
décence, l'urbanité et l'expression d'une bienveillance
~.i~able concourent aux agrémens de la société , de
�( 74)
ltgères courscl! à pied, à cheval ou en voiture seraient
plÙs aptes à former une série successive de distractions
pendant la saison des eaux. Les malades doivent y
oublier leurs affaires , leurs intérêts , leur rang, leur
ambition, leurs peine$ , se monter à ce ton d'abnégation, se livrer à cette expansion de bons sentimens
qui leur permette de fournir leur contingent social ,
cette somme d'égards , de déférences, d'affabilité réciproque qui font le char me des réunions estimables et
qui contribuent si efficacement aux changemens salutaires qu'ils cherchent et espèrent rapporter de leur
·s éjour aux sources minérales.
fait par M. FENESCH , D.-M. P., ex-chirurgienmajor des armées' sur une dissertation écrite en onelais, oyant pour sujet une courte topographie médicale
de l' Ile-de-Malte et l'histoire d'une fièvre qui y régna
parmi les militt1ires du 56.e régiment de ligne anglais
qui et ait en garnison dans · cette ile en I 8I 9 ; par
M. Bourchier , chirurgien-major de ce régiment.
RÀPPOJiT
M. Bourchier parle d'abord des nations qui ont possédé
l'ile - de - Malte depuis les Romains et les Carthaginois
jusqu'aux Anglais qui l'occupent encore aujourd'hui.
Malte , dit - il , est située à l'extrémité Sud de
la Sicile; sa longueur est d'environ vingt milles, sa
largeur de douze et sa circonférence de soixante. Ses
rivages sont escarpés et inégaux; elle compte plus de
cent mille habitans qui savent faire produire un sol
de cet immense rocher dont un tiers seulement est
recouvert d'une couche de terre de dix à quinze pouces
Cl' épaisseur.
La plupart des productions d'Europe sont cultivée!I
'
�( 75 )
avec succès à Malte , ainsi qui' celles du 'rropique.
L'île ne produit pas assez de blé pour nourrir ses habitans le quart de l'année , mais elle reçoit en abon
dance tout ce qui est nécessaire à la vie , des pays
voisins, J'observerai ici à l'auteul' qwe les îles de Malte
et Goze produisent outre une très-grande cruantilé de
fruits de toute espèce , beaucoup de volailles et même
de viandes de boucherie , d'un meilleur goût que ceH~
que Malte tire de la Barbarie et de l'Italie ; que le
bœuf surtout , nourri de grainés de coton , donne une
chair blanche comme celle du veau et d'un goût exquis ; que la chair du porc , qui est d'une saveur ·'lue
l'on n'observe dans aucun autre pays , est légèrn et
de facile digestion ; aussi en mange-t-on toule l'année i
que Je poisson est très-abondant et sa chair délicate.
Les habitans de ces îles, continue M. Bourchier, sont
sobres , laborieux et obligeans. Le climat est en général
uniforme et bon. Le thermomètre n'est pas sujet à de
brusques changemens. La plus grande différence dans
la température du jour à la nuit excède rarement de
2. ou 3 degr·és de Farenheith; le mercure en hiver descend rarement au-dessous de So et en été il ne monte
guère plus de 88 degrés, La sécheresse et l'humidité
de l'atmosphère ont lieu comme partout ailleurs. Les
rosées ne sont pas considérables , excepté quand le vent
de Sirocco (Sud-Est ) souffii>, Ce vent règne d'o1·dinaire
en septembre et rend l'atmosphère chargé et humide~
il est accompagné d'une chaleur suffocante et il occasione une espèce d'apathie et d'inaction .:i:u'on ne saurait
décrire. L'auteur paraît avoir étudié avec soin les effets
de ce vent insalubre qui est ce qui nuit le plus à
Malte à la populatioa , aux animaux et aux végétaux
plus que dans aucun autre pays de la Méditerranée
appartenant à l'Italie et à la France , moins pourtant
qu'al!X pays placés entre Malte et l'Ég,Ypte. C'c$t d.-in~
4
\
�( 7G )
éette derniéte contrée que ce vent est le plus nuisible':
il y règne souvent pendant cinquante jours san3
discontinuer, aussi les habitans de cet Ancien-Mondé
l'appellent - ils Camsin, qui signifie cinquante. Ce
vent est tellement maladif en Égyple , dit M. Salze ,
médecin ordinaire de l;armée d'Otiellt, que si sa duréè
allait au-delà du troisième eu quatrième jou·r , il <leviend1·ait très-nuisible à la santé des hommes et des animaux. L'armée française d'Ol'ient eut beaucoup à souffrir du sirncco dans ses pénibles marches en Égypte ;
lorsque ce vent régnait, le nombre des en trans aux hôpitaux: était considérable. M. Bourch'ler fit entrer aussi.;
à l'hôpital, ju~qu'à i8 malades dans un seul jour de
sirocco. Qui pourrait décrire ' dit ce médecin ' l'état
d'altération dans lequel se trouvaient les malades et
les convalescens pen'dant la: da rée du si:rnccu ! J'ajouterai à ces jus tes réflexions, que ce vent nuit encore
plus aux étrangers du Nord arrivés depuis peu à Malte,qu'aux naturels d-e cette île et à teux qui y sont depuis long-temps élablis. La Vallette, capitale de Malte,
ést b&tie sur une langue de terre dans la direction du
S. O. •Ili N. O. ; ses rues sont bien percées et pavées·,
quelques-unes avec de la lave du Mont-Etna, qu'on
tire de la Sicile. La plupart des rues ont des trotoits
des deux c6tés ; j'ajouterai que toutes son't d'one pro:..
preté sans exemple. Les maisons , continue l'auteur ,
sont hi.en bâties ; leurs toits sont p1ats en forme dè ·
terrasses d'où: les eaux de la pluie sont conduites dans
des superbes citernes creusées dans le roc ef conservées ainsi pour l'es usages de la vie. EiJ outre , la villé
êst pourvue d'un'e eicetlente eau de Fontaine qui vient
du centre de l'île , d'où elle est conduite par un aqueduc
de cinq milles de long\ieur. Outre cela, on trouve' dan~
les villes principales de très-grandes citernes de ré:..
:Serve en cas· de séclleresse. L'auteur a omis de parler
�( 77 )
de la beauté des casernes 6ccupéès par les troupea dd
la garnison, de leur salubrité et de 1<1 grande quantité
d'eau de fontaine dont elles sont pourvues.
M.· Bourchier passe ensuite à la description de la
fièvre qu'il observa à Malte, en 1g19; sur les milita~res
de son régiment, fièvre qu'il compare à la synoque d.e
Cullm, maladie que nous connaissons sou.s le nom de
fièvre bilieuse inflammatoire , gastrique angioténiqul?
-Ou professeur Pinel ; causus d'Hippocrate, d'Aretée.;
d'Aë'tlus, d'Al•xandre de Tralles, etc.
En juin 1819, un seul malade du 36.e régiment- atteint de cette fièvre fut admis et traité à l'h&pital régi-'
' mentaire de M. Bourchier. Cinquante y furent reçus
~lans les six mois sui vans. Tous y furent traités et ren..
voyés excepté un s~ul qui y mourut.
Les causes prédisposantes de cette fièvre étaient la
haute température de l'atmosphère ( 80 à 88 degrès d.e
l!arenheitlt ) pendant les mois de rété et de l'automne
et la réverbération presque constante du soleil , les fati ..
gues et l'exposition continuelle à l'ardeur de cet. as~rt; J
qu'exigent les devoirs du soldat. On peut compter avec
raison parmi ces causes, observe judicieusement l'au1
teur , l'intempérance facilitée par 1 extrême modicit~
du ' prix des vins et des esprits, et surtoul de l'eau~de
'Yie.
Les sympt~mes étaient: une chaleur pénétrante,; un
pouls fréquent , fort , dur ; urine rouge ; les fonctio,ns
du sensorium peu dérangées; des frissons avec des pti...
leurs et altération des traits de la face ,;. nausées et
vomissemens bilieux avec perte de l'appétit. A ees s.ymp~mes succédaient la chaleur et la rougeur de la face.
Le redoublement avait ordinairement lieu vers le soir.
Pendant l'accès, le pou!!: était fréquent ; du11 et corn ...
primé ; mais il devenait plein et-fort , lorsque le redou•
T.
vm. Ju.iU'Alc18~4·
II
�( 78)
blement survenait ; la peau était quelquefois molte f
p~r fois piquante 011 âcre et e>1trêmemcnt sèche; elle:
_.i;embl.1it dure et tendue au toucher.
Chez d'autres , surto~t chez ceux d'un tempérament
sanguin, ri ans la vigueur de la santé, doués d'une forte
confo1·ination musculaire et d'un état de pléthore, vivant
dan~ l'inLempérance, la fri>vre prenait un caractère d'inten·sité plus grave. Dans ces cas 1 Iorsque tes malades
entr.1Îent à l'hôpital , les symptômes étaient un pouls
très-accéléré , souvent de I 20 à J 40 pulsations , la ~gure
se tum~fiait et contractait une forte rougeur; irt peau
dcvenAit fort sèche et âcre. L'afflux considéruble dn
.sang vers la tête était annoncé par des fortes douleurs
iaux orbites 1 un battement violent des carotides et cles
te111porales et l'injection des conjonctives. Les céphalalgies el les vertiges étaient si inten~es , qu'ils troublaient quelques-unes des facultés intellectuelles. La
bouche et la làngue étaient sèches, la soif immodérée,
et le ventre ordinairement constipé, Cette val'Îété de
la même maladie , dit l'auteur , peut être appelée la
synoque pléthorî<[Ue du doèteut' Cul/en.
Chez d'autres , qui avaient souffert des fievres d'accès
à l'Ile-de-Valrhei:cn , en Espa~né et en Portug;il et
dont le-~ visceres abdom-ioau:»' étaient dans un état morbide , la fièvre prenait un caractère lm peu dilféreut:
les évacuations étaient· souvent très-fétides , insupper"blea- et oujours mêléds dé pfus en plu-s de bile. Une
gêne ou une légère douleur dans l'hypocondre droit
augmentait par la pression et lorsque le malade respi•
ra-it'-a-Yec force. Tous ces phér;iqmènes hépatiques étaient t
suivant M. BourcnÙ!r, cN1sidéré~·comme symptôrnatiq.ues,.
mais non comme des signes pathognomoniques d'une'
affection du foie. Ayant soigm\ à Malte beaucoup d'étran•
ge1·s et de nationaux de la fièvre g-:istriqut qui est ,.
comme le' dit M. I$ourchier ,, la maladie la plu1 com-
�( 79 )
mune tians cette Ue , j'observerai à ce méqecin qu~
les phénomènes hépatiques ne se rencontrent pas seu~
lement chez les individus qui ont éprouvé ries fièvres
d'accès , mais aussi chez, ceux qont le tempérament
est éminemment bilieux. J'ei vu au contraire les symptômes cérébrnux prédominer sur les bilieux alors que
le tempéranient individuel tenait plus du ,sanguin qu"
du cholérique. Au reste , ces rernarque.s onl été faites
par les praticiens qui ont observé des épidémies de synoque , ou de fièvre gastrique inflammatofre, soit dans
les pays tempérés, d<ins le premier cas , spi.t dans les
contrées chaudes, dans le second. U11e lièvre. anall)i:;ue
à celle observée par notre auteur et à la même époqµe,
est celle d6crite par le professeur Méli- de R«venne et
étudiée par lui en 1819 et 18w à Castdlello sur Ticiuo,
en Italie , où elle régna pendant l'été et l'automne.
L'auteur n'a point ouvert le cadavre du sujet qu'il
a perdu; il ne dit rien par conséquent de l'état des
organes après la mort par suite de cette maladi~.
Le traitement que M. Bourchie.r mit en u .~age , était,
s'il n'existait pas de maladie organique évidente , un
émétique ; quelqùes heures après , quand les vomissemens avaient cessé , un purgatif était adniiuistré.
Lorsque le redoublement était très-fort le soir , une
saignée générale était immédiatement pratiquées; ~Jle
dimin-uait toujours la véhémence de l'action artérielle.
A la première saignée , le sang évacué formait souvent
une couenne et sa couleur était foncée. torsque l\'f,
Bollrchier fut obligé de répéter plusieurs fois la saignée sur le même sujE:t, il s'apperçut que la rnuenne
qui s'y formait devenait à chaque saignée plus mince
tt fiuissait par disparaître.
Dans le cas de sécheresse âcre de la peau, les lotions
ttvec l'oxicrat sur toates les parties du corps, étaient
touj;oura salutaires, aiQsi que l'µtfusion d'eau froide.
�{ 80)
Ees bai~s chauds étaient également beaucoup employés
pour relâcher la peau et afin de coopérer à l'action des
apéritifs èt des diaphe>rétiques. La limonade et l'eau
d'orge ou de riz acidulée étaient données à volonté. Les
a}'>éritifs et les diaphorétiques étaient administrés aprèsi
.f'évacuation -<l!s intestins par un cathartique.
L01·~que l'état pléthorique menaçait les organes de latête , du thorax: ou de l'abdomen et que l'émétiq1.1e était
contre indiqué, 11; 1ancctte était employée de suite et on
saignait le malade ad m1imi àeliquium.
' Lôi'sque de grandes douleurs àvaient lieu i:.u front ,
on rasait la-~ê~e pour y appliquer des sangsues , et desw13iques froids après la chute de ces insectes , ce qui
!'l'oduisaÎt Ull SOUlagemellt presque subit. Que\quefojs
M. Bourehier fut obligé, d;ins ce cas, d'ouvrir l'artère
tempo1 ale; mais l'application réitérée des sangsues était
préférée. L'hépaftllgle avait-elle lieu , les purgatifs mer~
éul'iels , les sangsues ou les ventoLLses scarifiées et les
vésicatoires étaient appliqués sur l'hypocondre droit.
" Les fièvres infe11mittentes et rémittentes n'e.xistent
paA à MalLe , dbntinue M. Buurchier , excepté dans
ttn saul village situé à la proximité d'un marais qui
diminue tous les jour? par les mesures que prend
le Gouvernement pour le combler. M. Bourchier n'a
-ras connu toutes les contrées de l'île. Celle appelée
la .itldleha où il existe d6S'" marais, occasione , surwut l'eté, dés fièvres d'caccès qui prennent quelquefois
le caractère per'Ilicieux. C'est en aMaot surveiller des_
""nrrages qu'il fesalt faire dans ces pa11ages que le VicePrésident <le ta cbur d'appel , Z'1n.·rnlt , Commandeur
de ·l'ordre dé St.-Geor.ges et de St.-· Miohel , dont les
talens étaient appréciés rpême par les autd1·ités anglaises,
y contracta l'an d'ernier une fièvre intermittente perliicieuse qui l'em'p'orta , dit-on , au troisième accès.
Le typhus; pq11rsuit l'au~eur, n'e~t pas connu à Malta.
1
�(Bi )
J'observerai à ce médecin que cette maladie n'est endémique d'aucun pays •et qu'elle esl presque toujours
due à l'encombrement d'un grand nombre d'individus
'à bord des vaisseaux , dans les camps , les hôpitaux
et les prisons où les affections tristes , le défaut de
propreté , la nudité et l.1 disette se réunissent si souvent ; que cette épidémie eut lieu une fois à Malte en
1798, lorsque les Français qui occupaient les villes
principales, pvur éc.onomiser leurs vivres et soutenir
le 'blocus et le siége plus long-temps , envoyèrent à la
campagne aux assiégeans, près de quarante mille âmes.
Ces malheurcul( logés les uns sur les autres , manquans
de linge, de pain et <lts choses les plus nécessaires ,
étaient dit plus fortement affectés par la peur , le chagrin et d'autres triste.~ idée.~ inséparables d'une pa.reille situation, Aussi le typhus se dédara-t-il , et en
peu de mois plus de do.uze mille habitans et soldats
assiégeans en furent les victimes.
Je termine avec M. Bourchier {I) par dire que la
fiévre que ce médcciri a si~bien observée «t décrite est
presque la seule qui règne à Malte dans les mois de
juin, juillet, aoüt, septembre et octobre.
(1) ?If. Fcn.esc!., qui a exercé b médecine à Malte et y a
connu M. Bourchier, a ajouté à la snite de &on travail, que
cc chirurgien militaire méritait, sous le double rapport iles
connaissancei solides en médecine et des qualités morales,
d'être signalé favorablement et d'ètre, par conséqnent, admis
au ~ombre des usocié& étrangers de la Socié~é ro.Yale de m.;decrue d.e M•r~e11le L'honorable Compagnie a •dopté les
conclusion• de M. le" rapporteur <'l en décernant à · M. Bourchier le titre qu'il ambiljonnait, elle ne pouvait lui dorner un
plus grand témoignage de &a sfttisfaction , puisqu'dlc l'a plac6
à côté de ses corrc~pondans anglais Astley Coope1 , Barrows,
Black , B ri.ra rd, B rodie, Cl1a11dle1 , Cline , Creu1>dle,
Lawrence , Jlilaccary, Randel. Humpson, Water/1oust1
'
.White , Williams et 1Villis.
P.-M. R.
�1824.
sacnht
---------------------------------Jui11. - M. BeuÜac père, présP.nte, au nom de
Sf.AnCES DE LA
12
PEnDAl'fT .t,E' Mors DE JUIN
ra uleur 1 pour lequel il demande le lilre de membr~
correspondant 1 un mémoire sur les affections nerveuse•
pai· M. Am1llion, médecin à Servian (Hérault).
Cetle demande est prise en considération et le rapport
à faire sur le ~ravail de M. Amillion est confié à M. Nil.
O n donne lecture d'un prospectus sur l'ouverture d'une
l OU scription pour l'érection d'un monument à la mémoire
de l'illustre médecin X. Bi,hat, par la Société d'émulatioq
1
et d'agriculture, sciences, lettres et arts du dép. del' Ain.
La discussion sur cet objet t.'til renvoyée à une séance
qui sera convoquée Ad hoc.
M. Forwd' lit son rapport sur la dissertation inaugu..
raie de M. Nel, intitulée " Essai .wr la peste.
M. Gillet fait lecture de son rapport sur une brochure
portant pour titre : Notice sur la sang-sue officinale, sa
r eproduction aux Antilles etc. par M~ ,A.chard , pharmacien du Roi à la Martinique.
M. A rhard est admis à l'unanimité au nombre des cor.
respondans de la Société.
14..Juin. -Cette séance a été entièrement employée à la
discussion d'objets de finam:es et d'admi nist. on intérieure.
M. Textoris donQe lecture de son troisième
J 9 Juin. JIJ émoire sur les eaux.
MM. Martin et .Rigord, médecins à Aubagne, commu~
niquent une observation d'accouchement rendu laborieuic
par la conforrm1tim1 monstrueuse du fœtus. La lecture de
cette observation est entendue avec le plus vif intérèt.
26 Juin. - Lecture est faite 1. 0 d'une lettre de la
Société de bienfaisance qui adresse quelques exemplaïres
de l'exposé de ses travaux pendant l'année 1823. (Dép-6t
dans les archives); 2.0 d'une lettre de M. Chabano11
fils , médecin à Uzès, qui remercie la Société de l'avoir
associé à ses travaux.
M, le Secrétaire-général dépose sur ltt bureau un
exemplaire de la :i.e édition de la notice historique sur·
le ~octeur Jenner, publiée par L. Valentin; et un exem.,
plaire de la séance publique de la Socjété royale de
médecine de Toulouse , tenue le 13 mai 1824. Lea
conférences cliniques remplissent le reste de la séance.
TEXTOR.IS , Pr.ésident. Sua 1 Se1rétaire-aénf.rql,
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ÉTAT DU CIEL.
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11\us grande élévation du Barométre , • • • ~ ,
Moind1' e élévation, • • . . •. . , • • • · . · .753 , 44, le 3o~ à 3 heures.
. ·
Haut11ur moyenne d11 Baromètre , pour tout le mois' 758 , 60.
Plus grand <leg·ré de chaleur. • , , • , · • • ~ · .+3o 0 , 1, le 16, à 3 heures, ,
• • • • , • , • +14 , 2., le 2.0, au lever du soleil'.
idem,
Moindre
,
i Température moyenne du mois. • • • • • • • of ~2 °., 57.
98 °, le 14, a,u rou~her du'.Sp~ÎI.
Max_ïmum <l«; l'hygromèt1·e • , • • • • • • ,
47 , le 26, a 3 he~.ll'Ç~.
l\'h111n.1nm. • • • • • • , • , • • • • •
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Deg1·e moyen. . , . • • • . • • , . • •
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T Il 0 I S 1 È M E
P A Il T 1 E.
LITTÉRATURE MÉDICALE' NOUVELLES
TIFIQUES , MÉLANGES, ETC.
r. 0
c 0 R RE s p 0
ND AN
cE
M ÉD 1
c
scmN·
 LE.
du professeur Scarpa au professeur MaundÏJ' ,
concernant l'opération de M. Adams , sur hl cataracte
et sur la prunelle artificielle , traduites de l'italien par
le docteur Lus.ARDJ , médecin-oculiste de S. M. l'archi·
duchesse Marie - Louise, duchesse de Parme, etc,
LJlTTBES
( Lcllre seconde ).
Pavie, ce z7 décembre 1817.
Mon ami,
la lecture de quelques pages des chapitres 2.e et
de la 1,re section de l'ouv;age de M. Adams, on voit
bien la diJféren~e qui se trouve entre la manière commune de guérir avec l'aignille le cataracte cristalline solide, et la nouvelle opération qu'il propose et pratique à
la même Jin.
Comme ceux qui opèrent la cataratlte par dépression ,
toutes les fois que je rencontre une lentille solide, sur
laquelle je puisse avoir pt ise , avec la pointe de mon
i!Îguille crochue, je la déplace avec faèili't~ de l'axe visuel,
et je n'ai qu'à me louel· de cette pratique. l\'!., .A.dams pré·
tend f!Ue cc mode à' opération est sujet li manquer souvent,
pour ne pas dire la plupart du temps, et que , pour ob~T. VIII. Aoüt 1824.
12
APRÈS
4.c
�( 86 )
tenir avec s1'.meté la guérison d'une cataraete solide ,
il faut la mettre en pièces avec son aiguille droite
coupant drs rleux cotés\ et fail'e passer les fragmens en
une ou plusieurs fois , dans la chambre antérieure de
. l'humeur aqueuse ; qu'alors , puisque la lentille est assez
dure pour ré.-ister au taillant de l'aiguille , il est bon
de la f;iire passer toute entière dans la chambre antérieure, pour ensuite l'extraire immédiatement par la
taille de la cornée , proportionnée au volume de la lentille qu'on y fait passer , de manière que la nouvelle
opération dans le cas de çataractc très- dure , ou ayant
dans toutes ses parties seµlcment le noyau , résistant
à la taille et à la dissolution dans l'humeur aqueuse ,
jl en résultr~. un composé de l'opération par dépression
et de celle par extraction'. Les motifs sur lesquels M.
~dam~ appuJ'e la convenance , la nécessité , l'.utilité
de sa nouvelle méthode , sont les motifs sui vans :
i. 0 Pai·ce que le corps vitreux , en son état naturel
a'élasticité et de répulsion
et sain • possède uil'e
( propelling power)' assez considérable quand il est
comprimé , pour faire remonter , la plppart du temps,
\a (!ure lentille que l'on tent;iit en vain d'y déprimer •
. 2. 0 Parce qye 1<1 cataracte so!ide ne demeure constamment dèprimée , que quand l'humeu1· vitrée est
force?
désorganisée et réduite ep eau.
5. 0 Parce que , quand l'humeur vitrée est dissoute
et fondue par maladie , la cataracte solide déprimée
dans le food de l'œil, s'appuyant à nu sur la retine occasione constamment des douleurs très-aiguës , une grave.
ipflammation , et enfin l'am11urose.
Si ces motifs , adoptés par l'auteur , étaient fondés
sur le vrai et confirmés par l'expérience , nul doute
qu'il ne fallut se désister pour toujou 1:s de la dépression
"àe la lentille solide ' pour ne ras exposer la plupart du .
iemps à .de si graves désastres lei> malades qui ~1e se
�( B7 )
borneraient pas à être frustrés ·dans leurs, espéranr<'s et
tenteraienl ensuite tout moyen de faire sortir de l'wil
cette calaracte qui serait alors restée en tout 011 en
partie , à la taille et à la solution dans l'humeur aqueuse.
Mais avant de rien déterminer à cet égard , il me
semble que l'on doit soumettre à un rigoureux examen
les motifs énoncés ci-dessus,
Pour démontrer la force majeure d'ilasticité que
possède le corps vitré dans l'étill sain, M. Adams
se contente de dire ( p. 88) que ce corps très-lucide ,
levé de l'œil et mis sur une table, pour peu qu'on le
pres~e , s'allonge çà et là , sans rien perdre de sa forme
Blobeuse; en outre , qu'après l'extraction du nistallin,
si les muscles de l'œil se contraétent , le corps vitré
t>e présente entre les lèvres de l'ouverture de la cornce
où , enfermé, il oppose une notable résistance. L'•rnteur cite le cas (89) d'une dame à laquelle le cristallin
a.Yant été extrait et elle étant transportée du lieu de l'opérai ion dans son lit, son œil se vuida par la violence des
contractions des muscl<:s moteurs de cet organe (93).
Notez que dans un autre passage il dit que la percus.sion subite n'est point capable d'allonger l'axe loagituc!innl de la 800.' pa r tie d'un pouce, comme s'il voulait
infél•er de là que l'humeur vitrée tente de sortir de
l'œil par sa propre force d'élasticité. Je ne crois pas
nécessaire de vous dire un seul mot quant à la nullité
de ces deux argumens dirigés par l'auteur, pour prouver
ce qu'il avance. Le corps vitré reçoit sa prétendue
grande force d'élasticité, selon M. A.da nu , de la membrane qui l'entoure , douée d'une tenacité et Ei'une fl exibilité considérable qu'aucun anatomiste n'y a rem arqué jusqu'ici. Tous les anatomistes savent , au contraire , q1,1e, cette petite membrane est !i subtile, qu'on
l'appelle araispée , parce qu'dle se rompt avec la plus
grande~ facilité. Dépouillez, de grace, le globe de l'œil
�( SS )
par quelques lignes de la sélérotique et de la chornïùe 1
de sorte qu'en même - temps l'humeur vitrée s'y pré.sente intacte; appuyez sur lui la convexité de mon aiguille, ou une laminette obtuse , et faites une petite
pression. comme vous feriez pour déprimer la cataracte,
et vous verrez qu'au premier mouvement de la convexité de l'aiguille ou de la lamincltc , la tonaca
oranrn se rompt, précisément comme le ferait une
toi le d'ar<.iignée; répétez la même expérience en y appliquant un crista11in solide et tentant de le déprimer,
vous tr0uverez que, sous une très-petite pression, la
ialoï:lw tonaca s'ouvre et donne entrée à l:l lentille
dans l'intime substan.ce caverneuse du corps vilré ;
rcn<>uH:lez la même expérience , en levant la cornée
et l'iris, ouvrez ensuite la capsule et déprimez le cristallin solide , en le fesant aller de haut en bas , et d'avant
en arrière , par un arc de cercle, vous verrez combien
doit être petite la pression, pour que la h_raloïde ou
l'aranca se rompe. Ne manquez pos d'observer qu'avec
un léger mouvement, vous rornpc:L, en mt!mc-temps et
la me111brane du corps vitré cit la calotte postérieure
de la capsule, laquelle , comme vous savez , est beaucoup plus fi êle que l'antérieure. A ce propos , il me
.semble que je ferai bien <l'attirer votre attention sur le
projet qu'a eu la nature en combinant une certaine gra~
dation de densité , tians les petites membranes internes
hicides de l'œil , en donnant , savoir : plus de densité à
la capsule antérieure , moins à la postérieure, moins
encore à la hraloi'de , tout-à-fait denière la capsule
postérieure, la plus pelite densité à la membrane même
de l'humeur vitrée, dans le fond de l'œil.
Une très-pei ".:e pression suffit même dans le vif et
dans l'état de plus grande consistance du corps vitré,
pour déchirer cette petite membrane, et déprimer dans
le fond de l'œil la 1entille solide. C'est pour cela qu'on
1
�( 89 )
donne à l'aig111lle ce mouvement p11r 11rc de cercle que j'ai
prescrit. Pourvu que ce mouvement soit exécuté comme il
doit l'être, la lentille déprimée ne remonte plus et ne peut,
selon moi, remonter parce que sa pesanteur spécifirJ ue est
plus grande que celle d'une ilgale portion du corps vitré:
c'est aussi pourquoi la lentille déprimée se trouve non c-uupée, pour ainsi dire, dans la substance cclluleuse intime de
ce corps et enfin pourquoi ,quel que soit le degré d'élasticité
que l'Ôn veuille accovder à la frêle aranca tonaca, du corps
vitré, elle ne peut réagir <'n aucune manière dans le lieu où
elle a été morcelée. Sur le cadavre d'une vieil !c femme affectée d'une cataracte solide, la dépresi.ion fut e:xécutée, il
y a quelques jours, avec une ai~uille et selon les règles de
l'art. L'œil étant opéré, il fut remis à sa place dans l'orbite, afin qu'aucun changement ne succéd.'tt dans l'intérieur de cet organe, outre ce qui avait été fait exprès
avec l'aiguille et avec une grande légèreté de main ; le
slobe de l'œil ayant été ouvert ' 011 trouva la le11tille
couchée entre la substance du corps vitré, sur le derrière et vers la tempe ; on ne pouvait donc douter que
sou.~ cette légère pression faite par l'aiguille et par la
lentille sur la ialoïdea , cette frêle membrane s'était
morcelée.
Quelque petite que .soit , comme elle l'est effectivement la résistance qu'oppose à la pression le corps vitré,
j~ suis pourtant d'avis que, si la lentille , libre de sa
capsule , venait_ à ~trc légèrement pressée de haut en
bas en ligne parallèle à la face postérieure de l'iris,
l'aiguille étant retirée , la rnt .. racte pourrait se relever;
ce qni n'an iverait point, si celte petite membrane était
rompt1e , et la lentille ùure ploni:ée dans la subsance
interne du corps vitré. Si la lentille solide, régulièrement et méthodiquement déprimée remontait, comme
le prétend M. Adams , il n'est pas vraisemblable que
'.C.. VIII • .{lottt 182-4-
J3
�( 90 )
Célse eût tenu caché un si grand nom~re de succès:
malheu reux , ou limités à un petit nombr e d'exem -plcs , et qui ne sont pas même revêtus d'une autht!n ticité suffisa nte, et il n'y a pas à croire que, si cela
fut arrivé , les St.-Yve s , les Maitre -Jean , les Brissa u,
Chesel den, Sharso n, Benevoli et une infinité d'autre s chinirgien s ancien s et modern es se seraien t , par cette
opérat ion, acquis la réputat ion d'cx.cellens oculiste!!.·
A. ce sujet, ce qui me paraît digne de remarq ue, c'est
qu'à l'époqu e où les chirurg iens comme ncèren t à fixer
leur attenti on sur la catarac te capsula ire et sur la membraneu se second aire à la dépres sion de la lentille solide ,
il est aussi fait mentio n de quelqu es cas de catarac te
cristall lne remont ée. Depuis cette époque , il n'a été
parlé, du moins la plupar t du temps , que de catarac te
membr aneuse conséc utive à la dépres sion ou de catarac te
capsul aire, En ret-ournant sur ces traces, il ne serait pas·
difficile de reconn aître l'erreu r dans laquell e sont tombés·
ceux qui 011t fait mentio n de i;atarac te solide remon tée ou·
du mu.ins de réduire à un très-pe tit nombr e et à quelq.ues rares exemp les seulem ent les cas qu'ils ont rapportés.
M. Adams écrit (p. 97) qu'il a· été rappor té par le
chirurg ien Este , qu'il avait vu remon ter la catarac te à
trois individ us que j'avais opérés , mais qu'une fois·
déprim ée , elle ne remoa ta plus , et que mon mode
d'opéra tion est ordina iremen t heureu x. Si ce jeune
homm e, qui comme nça alors ses études anatom ique$
el chirurgic<..Ies eu cette univers ité et en partit, a vu une
catarac te capsula ire second aire , ou une lentille dure,
devenu e opaque remon tée , je n'ose le dire. Je ne me
11ouviens pas· et aucun des nombr eux élèves de cette
école ne se souvie nt qu'il soit jamais remon té une cataracte solide de toutes celles que j'ai dé.primées , mais
bien des catarac tes capsul aires secon:dairns.· Mais dans
�( 9 ( ),
fhypothèse où cet inconvénient aurait eu lieu , dans
la circonstance dont on parle (puisqu'il n'y a pas de
motifs de douter que dans ces trois individus que j'ai
.opéré le corps vitré possédait toute la force de son propelling power ) non pas cependant aussitôt que j'eus
déprimé la lentille pour la seconde fois , et comme il
faut , après avoir morcelé la ialoïdea , la tonaca la moins
considérable , je déprimai la lenLille qui ne remonta
plus. Ce fait est un argument valide contre l'argument
.de notre auteur. Je regarde ensuite comme autant de
fable.~ ( 94) les récits qu'on lit de cataractes cristallines
solides , retoùrnées à leur place naturelle, trois , quatre
et même dix ans après qu'elles eurent été soi,gneusement déprimées dans le fond de l'œil, je vais plus loin
.e t ne balance pas à assurer qu'un gros fragment de
capsule dure, bien que de beaucoup plus léi)èr qu' une
égale portion du cristallin, résiste à la prise et à la
pression de l'aigujlle pour être plongée dans le sein du
corps vitré , i;ans en être rechassé vers la pupille par
la force de l'élasticité de ce corps.
Malgré la force considérable d'élasticité que M. Àdams
.r econnaît dans la frêle et faible tonaca du corps vitré ,
et qu'il ne fait pas difficulté de comparer à une .compr~sse molle, dans le moment que la lentille solide est
abaissée vers le fond de l'œil , il a cependant senti cette
difficulté que .constamment, quand la cataracte est dure,
elle se déprime avec la plus grande facilité ; il n'en est
pas ainsi quand elle est mixte, parce qu'une portion
.de cette cataracte, dans .le trnjet qu'on lui fait faire ,
abandonne l'aiguille et recule v·ers la pupille, sur quoi,
au lieu de délier le nœud, il a bien cru le trancher ,
disant que quand il se renco.ntre une si grande facilité
dans la dépression, au fond de l'œil, d'une caturade
.6olide, c'est parce que le corps vitré s'y trouve désor11an~sé et fol)du en eau, ce qui fait qu'y ap,puya1}t seu-
�( 9'.1 )
lement l'aiguille, la capsule se détache des procés
ciliaires (je devais dire de la zone ciliaire, parce que
les procés ciliaires n'ont d'union ni avec la capsule ,
ni avec la lentille ) et plonge avec le cristallin dans
le fond de J'œil, comme ferait une pierre , dit-il , jetée
dans l'eau. M. Adams ne balance pas à affirmer ce que
vous trouverez encore plus singulier que cette dégénération et cette fusion du corps vitré , sont une disposition très-fiéquente de l'œil à être malade et prin'cipalement chez les personnes figées, puisque, dit-il ,
la dissolution partielle ou totale de l'humeur vitrée est
en raison de l'àgP. ( 105. 327 ).
Dans la longue série d'années où j'ai occupé la chaire
d'anatomie, il ne m'est jamais tombé sous le couteau
ce fait qui, d'ailleurs, rlen1it être pour moi comme
pour tout autre , fort ordinaire. Je ne sache pas que
d'autres an atomis tes , plus diligens et plus exercés que
moi sur l'an atomi e de l'œil , ai ent rien remarqué de
semblable à l'égard du corps vitré. Dans ce peu de semaines, après la lecture de l'ouvrage de M. Adams, j'ai
fait examiner au moins quarante yeux de' personnes
mortes entre 60 et 80 ans, et dans aucun d'eux on n'a
trouvé le corps vitré ni en partie, ni en tout désorganisé.
On a remarqué seulement que dans les vieux le corps
vitré est moins transparent que dans les jeunes et qu'il
prend dans les premiers une légère teinte jaunâtre.
Personne ne disconviendra qu'il ne soit possible de
réunir une désorganisation du corps vitré à une cataructe; mais cette rare combinaison ne peut servir de
règle générale et on peut encore moins dire qu'elle
soit fréquente. Ceux qui recueillent les observations
anatomico-pathologiques n'en font pas mention. Dans
le siècle dernier et auparavant , quand on examinait
.avec lu plus grande exactitude les yeux des cataracteux
pou1· déterminer la véritable nature, et le siége de cette
�( 9~ )
infirmité , personne n'a noté que la cataracte marchf!
très-souvent de pair avec la liquéfaction du rnrps vitré.
11cl.rcit1io, autant que je le puis savoir , fut le premier
à mentionner cette maladie du corps vitré , ou bien la
dissolution <le l'humeur vitrée en eau, sans aucun
vestige de cristallin , <lans le cadavre d'un amaurotique.
(Dissertation ann. L'e, liv. 1.er, chap. r3.me, page 180,
an t656) Dissolution qui semLla si étrange à Gaspard
Olfmami, qu'il écrivit : qu'il ne pouvait exister pareille
chose, in terum na tu ra , du11s la nature des cho3es.
Long-temps après , Brisse.ou n1pporta avoir trouvc1 l'humeur vitrée fondue dans un œil attaqué d'atrnphie,
puis Petit dit avoir vu cc corps dissous dans un œil
oli le cristaHin était opaque et dur ; ensuite Eistera
o:issura d'avoir rencontré l'hurueur vitrée dissoute dans
un œil attaqué d'amaurose; je ne trouvai point J.'autres faits signalés à cette époque et le petit nombre
de ces observations patholcgiques atteste du moins
l'extrême 1 ai eté ùes cas de cataracte compliquée par
la dissoluliou Je l'humeur vitrée. 111orgogni, dans ses
nombreuses recherches anatomico-patholot;iq~es, écrivit
n'ovoir rencontré que deux fois dans les animaux l'humeur vitrée désorganisée , et quand il la rencontra, il
trouva toujours ce désordre de l'humeur vitrée compliquée , non de cataracte , mois des dispositions à la
malndie des touaches de l'œ il , particulièrement de la
sdérotique. li ajoute en outre que la couleur changèe
du corps vitré n'est pas un signe certnin de sa dissolution , puisqu'on trouve quelquefois l'humeur vitrée de
couleur non naturelle , bien que sa consistance soit naturèlle. L'oscillnlion de l'iris n'est pas non plus un signe
certain de la dégénéraLion de . l'humeur vitrée , comme
l'ont prétendu quelques-uns. La fusion <le cc corps dans
les époques poslérieures à l'époque sus-menlionnée ,
se tr~uva ordinairement jointe à l'hydropisie de l'œil,
/
�( 9!~ )
tJnt6t ,,an s opacité , tantôt avec opacité du cristalli n , li,.
malad'ie étant avancée . Mais l'hydro pisie de l'œil , et
les vices de la scléroti que n'ont rien de commu n avec
la doctrin e de M. Adams , et moins encore avec l'œil
catarac teux, qui a toutes les qualités requise s pour
~tre soumis à l'opérat ion.
M. Adams nous dit ( 106 ) que des trente-u n pen1ionnés de Greenwich , qu'il a opérés , il ne s'en est
pas trouvé moins de guatorz e où le corps était ou eQ
partie, ou en tout désorga nisé. Mais a-t-il mis quelque
note aux yeux de ces quatorz e individ us 1 Par quels sisnes a-t-iJ donc reconnu ceux de ces sujets en qui
l'humeu r vitrée n'était qu'en partie , ou était totalem ent
convert ie en eau l Peut-êt re aura - t - il vu filer le long
de l'aiguill e à deux coupan s , ou du petit couteau qui
sert pour l'incisio n de l'iris , plus d'hume ur limpide que
de coutum e ? Mais ce n'est pas là un signe certain de la
dissolut ion de l'humeu r vitrée , puisque en passant
l'aiguil le à deux coupan s , ou le petit couteau , à travel's la scléroti que entre les procés et la zone ciliaires , et ensuite par la chambr e postéri eure, jusqu'à
l'antéri eure de l'humeu r aqueuse , si cette humeur
abonde dans les deux chamb1 ·es, comme il arrive souven t,
l'opérat eur est obligé de faire des mouvem ens nombreu~
et variés en avant et en arrière , pour morcel er, la lent ille dµre , et pour couper transve rsaleme nt l'iris à petits
coups redo ublés, en remuan t le petit couteau , en façoq.
.de scie , il e~t possible que beaucou p d'hume ur aqueuse
s'échap pe de l'œil, le long de la la~e de l'instru ment,
.et fasse croire que cette humeur limpide soit pour l~
plus grande partie l'humeu r vitrée en fusion, quand ce
11'est en plus forte dose que l'humeu r aquellse , je dis
pour la plus grnnde partie , parce que, dans la travers ée
.q ue fa it l'a igu ille taillante de la scléroti que à la chambr e
un.e
,au~térieure , elle fend de toute nécessi té et ouvre
�( 9~ )
~ertaine quantité de cellules de l'humeut vitrée par J;t-·
quelle se répand une portion d'eau qui sort le long de
l'aiguille en même-temps que celle de l'humeur aqueuse
1ort des deux chambres.
Donc, l'opinion de notre auteur , sur la fréquence <le'
la désorganisation de l'humeur vilrée, spécialement dans
les personnes avancées en tige , et sur la fréquente
complication de la cataracte , avec la dissolution en eau
de cc corps , n'est qu'une hypothèse , de laquelle il
semble qu'il eut besoin pour donner <lu poids à son
objection contre la dépression de la cataracte solide ait
fond de l'œil. Pour donner de la valeur à cette objectioa, il a tracé un tableau épouvantable ,-copié en majeure partie de Wenzel,. des plus tristes conséquences
qu'il suppose devoir arriver de la lentille dure qui
presse l!!t froisse la rétine à nu ; comme douleurs trésaiguës, inflammation véhémenle et en dernière analyse
amaurose, et ce tableau est d'autant plus horrible pour
les initiés d'ans l'art , que 1\1 . .A.dams ne leur fournit
pas les signes pour connaitre si la cataracte est compliquée ou non par le vice du corps vitré , et y ajoute
plutôt que cette désorganisation du corps vitré succède
q,uelqucfois après l'opération la mieux faite par la raison
que la le:itille solide tardant à se dissoudre et à s'absorber, il en résulte que certain intervalle après , les
terribles symptômes ci-dessus se manifestent , et pour
comble de malheur, l'amaurose.
Vous aurez eu plus d'une fois occasion de connaître
que toule hsrothèse, quelque étrange qu'elle puisse
parailre•, conti1:nt toujours quelque chose de vrai; mais
ce vrai est ou trop généralisé , ou pris en sens contt·aire.
L'hypothèse de M • .Adams a donc, comme toutes les
autres , aussi du vrai, parce qu'il arrive dans quelque$
Cai des plus rares , qu'après la dépression de la lentille,
loi plu,.,. facile et la plus expéditive , le malade est pri,-
/
�( gG )
de dr>uleur tt <l'inflammation interne dans l'œil (non.
aussi véhémente pourtant que le prétend notre auteur)
par laquelle, après avoir surmonté ces symptômes par les
remèdes cnnvennbles, la pupille se trouve très-pure ,
mais plus dilatée qu'à l'ordinaire et immobile, et le malaùe se montre devenu , ou paraît devenu nmaurotique.
Ce triste accident m'est arrivé une seule fois dans ma
lnni;ne pratique. Je sais pourtant qu'il en a été observ~
par d'autres praticiens tres - experts , mais comme je
le disais , très - rarement. Il me semble vraisemblable
que c'est ce cas très - rare que M • .Adams a pris pour
mode le, pour le généraliser, ou au moins pour Je dire
fréquent. Il faut ob!'erver là-dessus que l'opération par
l'extraction a été exposée dans quelques cas bien rares, à
]a vérité , à ce. même accident; que c'est pour cela qu'il
ne peut être attribué à la pression de la lentille dure sur
fa n>tine à nu, On dit que quand l'amaurose arrive après
l'Pxtraction , cela dépend du tiraillement fait par la lentille à l'iris, ùnns son étroit passage par la pupille, ou
par la trup grau<le évac uation, tout à la fois , à la lentille, des autres humcms, avec lésion des membranes
de l'~il. Mais quelle relation a l'iris avec la rétine 1
ou par quels moyens ? et combien de fois ne voyonsnous pas h lésion des mcrnbranes de l'œil, par une ef,.
fusion extraordinaire des humeurs, sans que l'amaurose
en soit la conséquence 1 Faites attention que , quelquefois, l'amaurose succède immédiatement après une seL
cousse avec déchirement du nerf superciliaire de la
cinquième paire. Quelle relation a ce rameau nerveux
avec le nerf optique ? Personne de nons ne peut le dire
avec précision. Il existe donr, un secret rapport commun entre ce nerf éloigné de l'œil et 1'01 gane immédiat de la vue. Et parce qu'il ne peut en exister un
semblable entre les différentes autres parties qui composent le globe de l'œil el la rétine , lequel rapport
1
�( 97 )
commun s'exalte vivement et uniquement d~ins certaiues
circonstances très-rares , pendanl ou après la dépression ou l'extraction , chez des sujets doués d'une sensibilité extraordinaire , et après une certaine lésion
des ~embranes d~ l'œil , en apparence , de peu d'importance l Je ne suis pas bien porté pour les conjectures, mais si j'étais contraint à me déclarf'r pour quel'JUes-unes afin de donner une explication vraisemblable du phénomène en question , qui est très-rare ,
j'aurais recours à celle-ci , plutôt qu'à la pression de
la lentille précipitée dans le fond de l'œil, et pressant
à nu la ~ubstance molle de la rétine.
Au reste , puisque, comme je vous l'ai dit. l'amaurose
ne succède à la dépression de la lentille solide , que
dans quelque cas très-rare , même après l'extraction du
cristallin devenu opaque , M. Adams n'était pas autorisé à généraliser ce fait et passant d'hypothèse en
hypo\hèse, à faire dériver la cause dans la fréquente 'complication de la cataracte avec la fusion de l'humP.urvitrée , et ensuite dans la pression de la lentille dure
.sur le tendre organe immédiat de la vue.
Je me résj'?rve de vous parler, dans la lettre suivante,
de la nouvelle <?pération pour la cure de la cataracte
.solide.
Je s•Jis avec amitié et une estime distinguée ,
votre etc.
:i..•
R:1:vvi;
nx;s
JounN..tvx •
.Journaux Français.
( NottPelle bibf;othèque médicale, Mai 1824 ), Notice sur fépidémie de Bartelone , par J.-A. R.ocnou:x,
~·
.Aoilt 1lh4.
. 14
vm.
�( g8 )
t
a)frtgé à la Faculté de médec ine de Pari! , médecin adjaln"
royale
emie
l'Acad
de
t
adjoin
au 5.e dispensaire, membre
inede méder ine, associé intime de l'Acad lmie de médec
royale
s
Societe
des
t
o12dan
corresp
pratique de Barce.lone,
ux
et académique de mùlecine de Marseille - PEu désire
plumalgré
dé,
persua
et
,
public
le
moi
de
d'entr etenir
sieurs avis bicnve illans, qn'il doit préfér er à des détails
pour
privés un livre foit avec soin, je m'étai s propo sé,
one
Barcel
à
repou sser les calom nies dont ma <'onduite
assez
encore
a été l'obje t, d'atten dre la public ation
mie
éloign ée du travail étenclu que je prépar e sur l'épidé
e
nombr
au
admis
nt
de 1821 ; mais l'Univ ersité m'aya
par
,
Paris
de
ine
médec
des agrégé s de la Facult é de
suis
suite du conco urs ouver t en novem bre 1823 , je me
, eri
choix
son
er
justifi
de
cru dès-lo rs dans l'oblig ation
le ,
ochab
irrépr
ite
condu
d'une
s
fourni ssant les preuve
médede
émie
l'Acad
par
telle
jugée
et appare mmen t
la
cine-p ratiqu e de Barcel one qui , long-t emps après
perma
alors
ien
très-b
issant
conna
et
mie
l'épidé
fin de
ée
sonne et mon opinio n médic ale , entièr ement oppos
voula
bien
a
à celle de la ma1orité de ses memb res (r),
t,
me recevo ir parmi ses associés intime s. J'aura i attein
la
e
prouv
je
si
,
e
j'espè re , le but que je me propos
quoi
fausse té des imputa i ions qui pèsent sur moi ; après
x:
travau
eux
nombr
les
malgré
,
j'essai erai de montr er que
,
nce
naissa
d"Onné
a
one
Barcel
auxoi:uels l'épidé mie de
la
de
celles
,
tantes
impor
plus
les
les deux questi ons
es
nature et des causes du mal , sont loin d'être résolu
requi
ce
d
d'abor
s
Voyon
.
isante
satisfa
re
d'une maniè
garde ma condu ite.
On est parven u à faire croire généra lemen t que je me
es qui
(1) Dict. Acerc a, pag. 4. Sur les quatora e membr
Buccl ooe;
compo sent l'Acad émie · de m6deci11e -pratiq ue de
e.
huit H IODL prooooc:é1 p11ur l'importa-Lion d11 la maladi
�( 99 )
s.uis séparé de la Commission, 1. 0 pour fuir le danger
du scjour de Barcelone; 2. 0 afin de pouvoir exploiter
séparément les idées que je m'étais formées de l'épidémie de la Catalogne. Le rllcit suivant montrera d'une
manière incontestable combien ces deux inculpations
sont Join d'être vraies.
L'intention du ministère, en envoyant une Commission médicale en Espagne , était que la maladie fôt
observée partout où elle s'était développée (1). Ce fut
sans doute pour se conformer à ces vues pleines de
sagesse, que le 12 octobre 1821 , trois jours après no.t re
arrivée à Barcelone, M. Pariset nous proposa , _à ·M.
Mazet et à moi, d'aller observ er l'épidémie de Tortose.
J'acceptai pour ma part ce projet, et me mis dès le i3
en mesure de l'executer , comme le prouve le visa de
mon passeport (2). J'allai donc., le 14 suivant, coucher
à San Gervasio, sans cesser, en attendant l'instant de
mon départ, de venir à Barcelone voir quelques ma~
Jades. Cependant des obstacles indépendans de ma volonté s'étant opposés à mon projet de voyage , j'étais
dans l'intention d'y renoncer , lorsque, le 17 et le 22
du mème mois , deux personnes que je ne nommerai
pas, puisqu'elles paraissent avoir oublié cette circonstance , me prîèrent instamment de le mettre à exécution. Ce fut alors qu'ayant éprouvé une fi<':vre assez
forte, accompagnée de vives douleurs à l'épigastre ,
j'allai me lt1gcr à Surria , petit villiige à demi-lieu.e de
marche de Barcelone , où je .restai jusqu'au 7 novembre
(1) Le mηnÎslère gyajt iÏ bien pré,•u la possibilité dP la séparnlion momenta-0ée de la .Cowmissi<>n , quïl a"ail fourni à
.chacun de nous d~s hltre• de recomman1lation po.ur le consulg éneral de la Calalogne el pour celui du ro y aume de Val.nci:·
Voyez Pieces justificatives , n.0 I , png. 52.
(l) Voyez Piêces jt'stifù:iitives, n.o Il , pag. 33·
�(_ 100 )
suivant, sans rentrer à la ville , me proposant tout à
]a fois de raffermir ma ~anté et de satisfaire aux règlemens sanitaires alors en vigueur, qui permP.ttaient à
toute personne absente <i.e Barcelone depuis quinze jours,
de voyager ensuite par toute la Catalogne (1). Je comptais qu'après ce temps écoulé il me serait facile d'aller
à Tortose , où M. Pariset m'engageai t de nouveau à me
rendre (2'; mais lorsque j'écrivis au général Santo Gildes,
pour obtenir mon passeport et la permission . de franchir
le cordon (3), il me répondit que des changem€n s survenus récemment dans les lois sanitaires ne lui permettaient pas de me laisser passer , sans une quarantain e
de dix-neuf jours , dans une des maisons à ce destinées
par le gouvernem ent (4). Pensant, d'après cela , qu'un
voyage aussi retardé manquerait entièremen t son but ,
j'allai le 8 à Barcelone fait·e part de ma façon de voir
à M. Pariset , qui , en m'apprenan t que la Commissio n
avait fixé son départ au I 2 suivant ( 5) , rhe demanda
(1) Cualquier iudi viduo proce<lcnte de Barcelona que haya
permaoecido r5 dias, en alguno de los pu eblos silos d enlro de
la lioea, sin haber teoido novedad en su salud Io que acreclitarà
con certificado de la junta municipal, podra internarse libramento en la provincia obteniend o al' les passa porte del commandante general del cordon. ( Diario constitu.cio nal, 18 ~ep
tembre r 821 ).
0
(2) Voyez Pièces justificativ es, n. III, pag. 53.
sur la foi du JJ!Ioniteur
cru,
onl
personnes
de
(3) B&aucoup
du 9 novembre 1 8 2 r , que d(\s le i4 octobre j'a"l'als franchi le
cordon , el m'étais mis dans un lazaret a\•ec l'intention de
rentrer immédiatem ent en France. Le fait est que le i5 octobre,
je dtnai à Barcelone à l'hôtel des Quatre-Nati ons , et que je
ne suis jamais passé de l'autre côté du corrlon , puisqu'il a étë
' lavé bien long-temps annt mon départ de BArcelone.
(4) Voyez Piècesjusli jicutives, n . 0 IV, pag. 84.
(5) M. Jou.ary tomba malade , et 1:1 maladie a prolongé
�(
Iôl )
s1 1 e
voulàis rester seul en Catalogne , afin d'observe r
là fin de l'épidémie et de recueillir les matériaux dunt
la Commissi on sentait qu'elle était dépourvu e (r), ajoulânt qu'elle ne publierait rien avant ma rentrée en Frnnce.
Je rl'pr1s aussitôt des travaux que j'étais tout di, posé à
mettre en commun , lorsque le 2 5 novembre il parut dans
te Journal de Barcelone une lettre de mes ex-collèg ues,
q'ui émettaien t sur la nat'ure et l'origine de l'épidémie dc/J
idées que j'ai toujours crues erronées (2). Surpris d'un
procédé auquel j'étais si loin de m'11ttcn<lre , d'après
le.> démonstr ations de M. Pariset, il me fallut bien reconna1tre que , tout en paraissan t désirer ma coopératio n,
la Commissi on nvnit des motifs pour n'en plus vouloir.
/Je pefisai qu'il he me convennit pas de cherrher à
]a lui faire agréer , et regarclm1t comme rompus toui
les liens qui m'unissai ent avec elle , je m'engage ai dès
cet instant à foire partie de la réunion libre de médecins espagnols et étrangers , qt1i publia peu après un
manifeste rempli de <locumens très-nomb reux et fort
scrupufeu sement constatés touchant l'origine de l'epidémie de 1821 (3).
d'une semaiQe le séjour de la Commissio n à J.larcelone ; lors.
qu'elle partit le 20 novembre , il était en pleine convalesce nce.
( Rapport ad\dse à S. Exc. le ministre de L'intérieur ; par
MM. Bnlly , F,-a11fois et Paiùct, pag. 7 ).
t 1) Voyez Pie ces juslifical ives, n.O V , pag. 54.
(2) ••• Que!;\ enferme<la ha trntado y trata a un tan cruelmente la ciudad de Barcelona , es la verdcra fit·hre amarilla de
América,, ••• Que la liebre nm:1rilla h11 si do emporta da de
Améric,, a Barcelone , como Io !ta sido en la moyor parte de
epide.r nias anteriorcs Signés Pariset, .Frn11fois et Bal/y. (Extrait du Drnro de Barcelone , 25 novcrnbr<; 1821 ).
(3) Man~feste louchant l'ori,!jine et "1 proppgatio n de la
maladie qui a rég11é <i Barcelo11e
l'espagnol par J.-A. Rocliou':J:.
1m 1821,
etc. , traduiL de
�(
102 )
e•
n résulte de cet exposé et des p1eces justif icativns
patio
incul
deux
des
cune
qui l'acc ompa gnen t, qu'au
e. Ains i je ne
qui pèsen t sur moi n'est réell emen t fondé
missi on dans
me sui:! point sépar é le prem ier de la Com
mom entan él'inte ntion de trava iller à part ; et si j'ai
d'util ité pument quitt é Barc elone , c'est dans un but
d mêm e
quan
r,
bliqu e. Cepe ndan t, je l'avo ue sans détou
(r),
rtose
deTo
M. Pariset ne m'eô.t pas propo sé le voyage
ville
d'une
hors
je n'en serai s pas moin s allé me loger
t et contr e
où l'on était entré contr e l'avis de M. Maze
uea jour!J
quelq
le mien : seule ment , j'en serai s sorti
r de près
séjou
un
plus tard. Je pens e enco re qu'ap rès
non
étude
une
rès
qu'ap
de cinq ans dans les Anti lles,
au
jaune
fièvre
la
de
s
temp
inter romp ue pend ant tout ce
me
ais
pouv
je
,
(2)
re
cadav
le
lit du mala de et sur
tée par les
dispe nser de couc her dans une ville infec
égou ts ,
ses
de
et
port
son
de
exha laiso ns délét ères
de moi, du i5
(1) M. Paris et a pu conse rver une lettre
dem• ndais à être autor isé à
ooto~re 1821 , dans laque lle je lui
indiq uer que la propo lerait
partir pour Torlo sc ; ce qui semb
de loi. Une conde s'pas
rait
viend
ne
e
voyag
le
sition d'en faire
enir par écrit la confir "'
cenda nce mal enten due et l'envi e d'obt
ient porté à cette fausse
m'ava
l
verba
nt
matio n d'un arran geme
à sentir l'inco nvéni ent.
temps
longpas
fus
ne
je
dont
dénta rche,
du 51 suiva nt, au
lettre
une
Pour y remé dier, je revin s, dans
ble auteu r , qui,
vérita
son
à
t
buan
l'anri
en
,
proje t de voyag e
0 III, pag. 55 ) ,
n,
es ,
c.omme on l'a vu ( Piece .s justij icaliv
doue , lorsqu e le visa
JDe répon dit sans désav ouer le fait. Ainsi
et , les mienn es ,
Paris
M.
de
s
lettre
les
,
port
de mon passe
d'autr es cirfoule
une
que je crois inutil e de produ ire, et
été propo sé
m'a
1e
Torto
de
e
voyag
le
con•ta nces établi ssent que
que la chou
naître
recon
à
r
refu~e
se
peut
ne
on
et,
par M, Paris
,llC ;;oit réelle ment ainsi.
(2) J.-A.
e et
Roc aoux , Recliert!lu:s sur la Fievr ejaun
Auli/ Les. P.aris , i8:1.~.
Pre"' ves de sa non-conla[Jion dans le,s:
�( 103 )
Hns encouri r la censure d'un médeci n qui, craigna nt
apparem ment d'avoir laissé les esprits dans le doute
relative ment à ses répugna nces pour l'anatom ie pathologique , s'empre sse de confirm er l'aveu naïf qu'il en
avait fait (1), en proposa nt une méthod e vraimen t expéditive d'étudie r les épidém ies (2) , et qui bien plus,
s'il faut en croire un témoin oculaire , N'A l'AS TRAITÉ
UN SEUL MALADE PENDAN T TOUT LE TEMPS
QUE ce peu
compla isant historie n a llABITÉ LA CAPITAL E DE LA CA.T.iLOGNE
(3).
Chacur1 est assurém ent bien libre de cherche r à concilier ses devoirs avec le soin de sa santé. Mais tel
qui m'accus e d'avoir été couche r à la campag ne pour
éviter le typhus~ ne s'était-i l pas proposé le même but
en se condam nant à un entier isolemeHt 1 Resle à savoir
si , durant sa courte retraite , il s'est plus occupé de sa
(1) Je n'eu5Se jamais permis que M. JVlazet,
emrorté par 5f)ft
zèle, etll entrepri s des recherch es analomi qnes au~si dangeuu ses.
Nos amis ne !'Pussen t souffert ni pour 1ui , bien que foœiliari
sé
11vec ce genre de trav11il, ni pour moi, qui n'en ai pins l'habitude , et qui me r é ,• oh ~ ou lre m es ure à l'odeur d es cadovres
.
Observa ticins sur la Fiè vre jaune , faites à Cadi:r en 1819 ;
par 'MM. Pariset et Mazet, pag. 5~ .
(11) Le Diario de Barcelo ne, du 17novem bre t 8'Ac contient
nne lettre adress ée au Joctenr Àrejula par M. Pariset, et da
as
laqnclle , entre autres choses d'un bant intérêr médi cal. se trouve
le paua~e suivant : «Mon cher ami, le mal est ~i ;edoutab
le
>' qu'il n'est p•s pos~ible Je di sséquer aTee soin les cadavres
et·
l' de rester dans les -hôpitaux a~sez de temps
pour étudier al,. tentiHm ent les sy mptômes de la maladie. Le médecin est doae
» obligé d'en saisir à la LA te les principa ux caracthc 1 , qui se
» gravent dans sa mémoit-e d'une manière douloure use et înef» façable ».
(3) Aunoir .u.D , Relatiori histori9u"t: et médica le, etc.
~
pat;. L .! Il de la préface.
�( 10/. )
mission que je n'aïpu le faire pendant cinq moi· d' 't ude11 1
d'observations et de discussions médicales avec les médecins les plus instruits de Barcelone.
En voilà sans doute bien assez pour mettre le public
à même de juger une cause qu'il n'a jusqu'ici connue que
par mes accusateurs. Je laisse donc une discussion pu;rement personnelle et d'un intérêt fort limité, pour présenter quelques réflexions sur des questions médicales de
la plus grande impartance, et qui, ce me semble , méritent d'nttirer l'attention des médecins: elles se rappor,porlent toutes à l'idée que je me suis formée de la maladie de Barcelone.
Dans une petite brochure publiée en 1822 , j'ai avancé
que c<'tte affection, à laquelle j'ai cru devoir donner le
nom de typhus amaril , diITérait essentiellement de la
fièvre jaune (r). Depuis lors, des recherches continuées
avec persévérance ont confirmé de plus en plus mo~
opinion. Le lecteur jugera aisément de la confiance
qu'elle mérite, par l'exposé suivant , qui. je crois , fait
e:..actement connaître la disposition des esprits relativement au sujet en discussion.
Si d'un côté Savaresr assure formellement que la
maladie de Livourne el celle de Cadix ne sont pas la
fièvre jaune ( 2) , M. A.rejula n'ose pas drcider la ques-
(1) J.-A. RocHOOX, Disrertation sur le typl11JS ama1il
ou maladie de Barcelone, improp1eme1il appelé.fièvre jaune.
Paris , i812. Chez Bo<iheL jeune.
(2) Voici commcnts'e:cprime S!lvaresy ( De la.Fièvre jaune
ea général, elc. , p~g. 558), au sujet de la maladie de Cadix:
4( L'ouvrage d' .,drditi me fait voir clairement que l'épidémie ds
>I Cadii< de i804 n'était pas la lièvre jaune~,. Plus loin , pag.
559, il ajoute relativement à l'épidémie de Livourne , décrite
par Palloni, '< Il résulte de la description de la maladie et de
» l'inspection de& c~davres 1 q,ue eette fitvre a b.eauao.up d1
�\
-( 105 )
l'ion (1);
et lorsq ue MM . Port a et Pi{?uîllem
souti en•
nent l'opi nion de Sava resr (2) , ils sont
comb attus par
M. DeFèze (3). Je dois aussi avou er que
la plup art des
auteu rs de journ aux scien tifiq ues, en
rend ant comp te
de ma disse rtatio n, se sont pron oncé s
cont re ma mani ère
de voir (4). Mais un d'ent 1e eux ,
M. U. Coste, loin
)>
resse mblan ce
AV~c
la fil-vre jaune ; mais
diffèr e essen » tiellc menl par la conta gion; p•r la durée deellela enmala
die, elC·»
·
(1) Confieso que he \•isto y curad
o el vomi to prieto ha ce alguno s agnos ; mas en aquel la época
mis conoc imien los no
èran como se reqni ran pan una decis
ion de esta esper ie , ni
mi edad al propo sito para liacer .l as
ohse rhcio nes pratic as que
aesea ria ahora tencr . P~g. 147•
(2) Perio dico ·ile la Socie dad de Sâlu
d publi ea de Cata logn~, janvi er 1822. Le docte
ur Porl a se conte nte, pag. 214,
(l'ém ettre sous forrnt! de doute son opini
on relati veme nt à la dif.
féren ce de natur e qu'il croit existe r
enlre la 6.;vre jaune des
Antil les et la malad ie de Barce lone
; mais le profe 1seur Pi.
gui/l em , pag. ~i9 du même recue il,
résum e son opini on en
disan t: «Nou s prnso ns donc que la
malad ie oh•er vée à Barc e» !one en 182t était nn typhu s indig
~ne que l'on a confond11
,. avec la Gèv re jaune , en se laissanL
sédui re par de fausses ana.
li logies ».
(3J La fièvre jaune ..st parfa iteme nt
l" m~me mala die, clans
quelqYc pays , sous quelq ue clim at,
on quelq ue temp s qu'tll e '
àe moaLre. 1'rai té dela Fi~v1·ejaune,
pag. 5fi.
.
(~) A l'auto rité des journ aux , fopp osera
i i'opin Îon de M;
Bull y, 4ui .m'a dit, en rentr ant de voir
l'alca de don Gaet an
de Dou ' r,üè Sa malad ie éLait un typl1
us nerve u:r' resse mbla ni
à la fi~vre jaune de Saint -Dom ingue ious
quelq ues rapp orts,
mais dont en réalit é il différ ait bea1i
coup. Ce fait, sur leque l
j'aui s jusqu 'ici gardé le silen ce, ut
rappo rté ainsi qu'il suii.
dans le Jour nal de méde cine de Barc
cloll e: «Je me rappe lle
li très-b ien , t'l M, Bal/ y ne
pourr a pas dire le contr "fre, <jnc
jJ lorsq u'en plein e réuni on et en prése nce de
l\![. Pari set e.L d•
T. -VIII • .A.~ât 1824.
t :i
�( 106)
de la contester , pense que l'on a désigné sous le nom
identique de fièvre jaune des maladies fürt différentesles unes des autres (1). Il n'est pas que des particuliers
qui aient paru pencher vers celte opinion : une société
savante a proposé pour suj et dP prix , de déterminer si
)a maladie d'Espagne et des Antill es, également appelées fièvre jaune, sont également de la même nature ( 2 ) ; et tout récemment cette question , avec plusieurs autres qui s'y rattachent plus ou moins ~directe. ment , a éCé mise au concours par le duc d'Holdeinbout g (3).
Ces circonstmtces sont , il me semble 1 de nature à
montrer que l'opinion sur laquelle j'ai en grande partie
contribué à appeler l'attention, est d'une haute importance. En effet, si jamais il est bien démontré que la
maladie des Antilles et celle d'Espagne sont de nature
· entièrement différente, toute idée d'importation tombera d't:lle-même, comme on peut d'avance le pressentir , en songeant aux conséquences que doit avoir
» trois reFpectaLles praticiens de Barcelone , on en vint à clu,. si Ger 1~ rufod ie de l'alcade don Gaëtan de Dou , il n'héiÎta
» pas à la qualifier .dP typhu~ nerveux , assurant que , malgré
,. le i;rand nombre <le •Y 111ptàmes gra,•es qu'elle présentait ,
» aurun d'eux ne cauctéris"il précisément le typhus ictérodes
» ou fièvre jAunr. Le m~me M Bal/y ne pourra pas nier nou
,. plus qne qurlq•1es jours après !on arrivée à Barcelona , il
1> n'ait dit à un des médecins les plus dis\iugués de celle vilfe:
Mo11 clier ami, je 11e retrouve pas ici La fièvre jaune •·
Refutacio11 deL Paracer, etc.; par J. Porta, pag. 214.
1>
(1) Rien n·e~t m oin~ <l émontré que l' identité du maladie&
d ésignées 6ous le nom de lièvre jaune. Journal universel, dé~
cembre i822 , pag. 316.
(2) Nouveau journal de médecirze , etc.
(3) Journal complémerztaire des sciellces medicttles. Tom"
i6 , pag. 187.
�( 107 )
l'étude mieux: entendu e des causes de l'une et l'autre
maladie. Déjà la différence .q ui existe entre elles sous
ce rapport commen ce à être générale ment apprécié e •
.Ainsi peu de personne s sont disposée s à mettre sur
le même rang, relativem ent aux causes, la fièvre jaune
q.ui dans les Antilles devient très-nire et même disJlllraît quelquef ois entièrem ent, lorsque la tempéra ture ,
à son maximu m d'abaisse ment , atteint vingt ou d1x-huit
degrés plus zéro; et le typhus amaril qui règne à zéro
de tempéra ture , et même un peu au-desso us , pourvtJ
que l'exhalai son du miasme qui l'entretie nt se continue
encore. On ne peut pas non plus confund1 e deux maladies , dont l'unP. , le typhus , est commun icable ou
contagie use , et l'autre, la fièvre jaune, ne se communique dans aucune circonsta nce .c onnue. Or, une aussi
grande différence de causes suffirait seule pour fdire
admettre une différence non moins grapde dans lu na! ure
des deux maladies , si déjà elle n'était évidemm ent démontrée par le caractèr e des symptôm es du typhus
fort différent de celui des symptôm es de la fièvre jaune,
caractèr e que l'ouvra~e de M. Autloua rd ( r) et le livre
de la Commis sion (2) ont montré tel que je l'avais indiqué ( 3). L'époqu e où mon opinion sera ad1~ise
ne me parait donc pas fort éloignée ; je n'en veux
en garantie que la manière de voir de M. Auqoua rd,
qui , après avoir attribué le dévelop pement de la ma~ ·
ladie de Barcelon e à l'import; ition d'u.n pri11cipe contagieux, s'est convainc v par l'observ;:ition de l'épidémie du Passage , en 1823 , que l'jnfectio n développ ée
spontané ment dans la cale des nwir.e s , et sans le
concours d'.a ucune maladie contagie use a)ltécédent.e ,
(r) Relation historiqu e , etc. , pag. 54 et suiv.
(1) Histoire médical e, etc.• pag. 56 et &uiv.
7
(3) 1!.im:rt. sur Je 1'yphus amaril , pag. :i.9 et sui~..
1
..
�(
108 )
était la vraie cause de la prétendue fièvre jaune , c~est1
à-dire, tlu typhus amaril que l'on observait à bord dans
ces cas.
Tel est , ce me semble , l'état actuel de la scienc~
et la marche des idées , touchant la question sur laquelle je me suis déjà prononcé. Ces détails , qu'ap 7
pelait naturellement l'exposé de ma conduite à Barcelone , montreront , j'ose croire, malgré leur extrêm~
concision, que , sous le rapport des vues scientifique~,
je puis aussi nounir l'espoir de ne pas paniître trop au~
dessous de l'honneur que m'a fait la F'acµlté , en m'ac-:cordant sun suffrage.
Pièces justijicati.,es. - N. 0 I. (Voyez note 1. ~e, page
99 ). C!wcun des membres de la Commission était,
comme 1e l'ai dit, porteur <le deux lellres, une pour
le cunsul de Barcelone, l'autre pour le consul de Va-:
lence, chacune de la teneur suiv an te:
· « '1onsieur, M. Horhoux, docteur e11 médecine , se
rend en Espagne par les ordres du ministre de rintérieur, pour y observer la fièvre jaune.
~ Je suis persuadé qu'il trouvera auprès de vous toutes
les facilités qu'il sera en votre pouvoir de lui procurer
relativement à l'objet de sa mission , pour le succè~
de laquelle je vous invite à l'aider de votre appui auprès des autorités locales, at1tnnt qu'il pourra dépendr~
de vous. M. Rachoux donne dans cette t;rave circons:
tance une preuve de son dévouement peur l'humanité,
-et je n'ai pas à douter que vous ne vous fassiez un devoir de seconder , en cc qui pe~t vous copcen1er , 11e~
·
~lforts de tout volre _zèle.
» Recevez , Monsieur , l'.assllrance de ma parf<Ji~~
P ASQ"(.l IE!I·
considération }),
Paris, le z6 septembre l82 1.
N. II. Visa de mon passeport. ( Voyez pag. ' 99, ~ot<i
a.•) Vu au consulé\~ de .f~a~ce (~.~ 451 ~ pour ~ rer~df~
�( JOg )
~ Tortose. -'Fenu au visa de M. le chef supérieur de la
Catalogne, le 13 octobre 1821. Pour M. le consul de
france, Sigrié: J.oseph Boscn.
Presentose y pasa a Tortosa. El alcade 1.0 Const.
Jose !Yla riano de Cabanes.
N. 0 HI. (Voyez page 100, qote 2.e ). Lettre de :\1.
P,ari.set.
« Préparez tout pour votre yoyage ; arrangez-vous
po1,1r votre laissez-passer. Vous al't'Z raison d'aller 4
'J.'ortose ; (de vous à mqi) cela vous est et nous est nécessairc.
» Envoyez-moi après-demain votre commis~ionnaire?
je lui do!lnerai les lett1 es que nous vous ferons,
?> M. Baliy ne va gu èr; mieux ; je suis cnuci-couci :
M! BfJsch va bien, mais le pauvre Pierre s'en va ~.
A vo4s,
E, P.i1RrsET,
Barcelone, 31 ocl()bre 1821.
N. 0 IV. Lettre du genéral S.rnto CilJes, en réponse
à la demande que je lui avai .~ foite , de m'autoriser à
sol'tÎr du cordon pour me rendre à Tortose. ( Voyc'f
pag. 190 , note 4.e ).
·
Monsieur lloclibux,
'1' Muy segnor mio : sin embargo cuanto me mani~
festad V. en su escrito que a()abo de rccebfr , las termipantes instrucciones con que me hallo, no me p<>rmitten actualmcnte sin faltar à mis clevcres, e.xpedir
passaporte à niguna persona, sin distincion de circon·.1tancias, de las comprehencl'rdas dentro del cordo.(l t
~in que me haga constar ha hecho 19 <lias de <>h!lervacion' en las cas11s signaladàs a este cfecto por la
junta de sanidad' asi que puede
-dirigirse cil,, , para
que atendidas las extraordinarias causas que accurren
pie indique si pcvo libr~rle el exprcsado documento '.
• rsto supuesto devuel Ve:> a V. su pass.:iporle.
'1 Co~ el mayor senlimiento ~e no poder complace~
v.
a
�{
110 )
à V. y con deseos de tener ocasionu mas favorables
de realisarlo , tengo la satisfaceion de ofrecerme su seg.
JosE B. SANTO C1LDES.
Q. B. S. M.
serv ».
Aorta , 3 novembre 18z3.
N. 0 V. ( Voyez pag. 101, note 1 ). Lettre de M.
"/!ariset.
<c J'ai eu hier une singuliere absence avec vous,
J'avais oublié que dans une de nos dépêches nous
avions consulté le ministre sur deux points. Est-il nécessaire que M. Bally fasse le voyage de Palma, et
M. l'lochoux celui de Tortose? Nous _avons donc les
IJ)ains liées actuellement pour vous ; les ordres ne sau..
raient tarder : ils vous seront transmis de suite. Le mi..
nistre s'expliquera d'ailleurs sur les fonds qu'il doit
vous accorder pour ce voyage, qui vous menera à trois
mois pour le moins. En attendant, mettez - vous en
quarantaine du côté de Tortose ; je suis bien fâché que
vous ne l'ayez pas déjà fait. Le temps qui s'est perdu
ne l'aurélit pas été , et, à l'arrivée des ordres du ministre , vous auriez été tout prêt à les exécuter.
" Si le ministre rejette ces deux voyages , dans ce
cas, croyez-moi, rentrez en France par Bayonne. Passez
par Madrid; recueillez dans cette capitale les meilleurs
documens et les livres les plus recherchés sur l'objet de
la Commission ; c'est ainsi que vous utiliserez votre
voynge. Il faut renoncer à l'iJée de rentrer en France
par Perpignan ; c'est un conseil que je. vous donne
clans la sincérité de mon ttme.
~ M. Bal~r voudrait vous envoyer votre montre par
11ne occasion sûre. La viendrez~vous prendre jeudi , ou
enverrf"z-vous quelqu'un?
E. PAn1su T.
,, Tibi totus ••• ))
)3arcelone, 9 novembre 1821.
�(
I 1I
)
- ( Journ. de pharmaciP.; suite de Février et anafy·se
des N. 0 • de Mars et Avril) - Formule pour l'orieuent d~
laurier . Prenez : graisse de porc rérente , une livre i
feuilles de laurier sèches et pourvues de leur couleur.
trois onces. Versez sur les feuilles brisées la graisse
fondue et tenez le vase au même degré de chakm1
pentlanl douzE: heures. Passez et fondez avec cette graisse
colorée : huile de baies de laurier par expressio n, 1 livre.
( N. 0 de Mars. ) -
Analyse de l'eau minérale de
l'Épinar , hameau dépt11tlant d,e Fécam , départem ent
Je la Seine-Inft!rîeur11, par· M. Germain, pharmacien à
Fécam. - Cette analyse faite méthodiq uement a démontré
que vingt livres d'eau minérale de !'Épinay contienne nt :
chlorure de calcium, 8 grains; chlorure de potassium ,
4 grains; silice, 8 grains ; carbonate de fer, 12 grains;
carbonate de magnésie , 8 grains, et carbonate de chaux,
26 grains.
- Réponse à M. Pelletier , au sujet des considéra tions
•ur la résine alouchi et les alcalis organique s , par Ji-1.
Bonastre. - En répondan t à son adversair e ~ !'auteut·
soutient sa propre théorie sur les alcalis organique s tels
que la quinine , la morphine , etc. , qu'il considère
comme des résines qui ne doivent les caractère s de..s
alcalis qu'on leur attribue , qu'à la présence de I~ magnésie et de la chaux que l'on emploie toujours en ex-'
cès pour obtenir ces prétendus acalis organique s.
M. Pelletier persiste dans la doctrine qu'il a professée
jusqu'à ce jour sur la propriété alcaline essentiell e à ce.s
hases organique s , telles que la quinine , l'émétine , etc.
Soyons de l'opinion de M. Pelletier tant que la Société
de pharmaci e la partagera .
- Notes de botanique médicale sur l'origine Je la
gomme adragant . - Ce n'est pas du stragalus traga1anth:J L. , ni du treticum L. , ui même du 5umm1/er
�{ tr 2
)
de Labillardièr"e qu'on obtient la gomme adragant; mai~
bien d'après Olùier du stragalus verus , qui croît dans
J' Asie mineure, sur le Mont Ida, à quatre ou cinq cents
toises <l'élévation sur cette montagne. C'est de Smyrne
que le comml'.rce tire la gomme adragant et non pas
dP. Crète , comme quelques personnes l'ont cru.
- Sur la dégtnération des pro;1rihés medicales dû
plantrs. - C'est un fait reconnu que la plupart des
plantes cultivées dans les jardins ne joui.~scnt pas de!i
propriétés energicjues qui !eu t· sont propres, et qu'elles
acquièrent parfoiletuent <lans les lieux où la nature Id
fait naître. L';i uteur de cetle note cite l'exemple de la
jusquiame no!re cuÎlivée dans un jardin dont l'extrait
était presque ine1 te et la menthe poivrée qui après ur:î.
long séjour dans un lieu cultivé dégénère très-sensibleIDPJlt au point qu'elle prend le gottt et l'odeur de la
mentha viridis. On pourràit en dire autant de la ciguë
qui perd singulièrement de son activité étant cultivée;
et qui sait si l'on ne pourrait pas attribuer en partie
à cette observatiou la différence extraordinaire que le
profess eu r Orfila a reconnu dans les extraits de ciguë
pris dans di verses officines de la capitale.
- De la nom enclature pharmareutique. Addition aux
mémoirt•s précedcns , lus à l' AcarUmi e le 12 juillet 1822
par lVI. A. Chereau , pharmacien , membre adjoint de
!'Académie rosa le de méd•cine. - S.ms entrer dans le
préurnbule de l'uuteur qui a pour but d'apprendre à
ses lecteurs qu'il a étè du membre adjoint de l'Académie royale de médecine , en récompense de ses tra.::
vaux, nous donnerons son projet de nouvelle nbmen. -clature pharmaceutique , qui a été corrigé par M. le
" professeur Henri ainsi qu'il l'a annoncé dans ses leçons.
Les médicamcns sont divisés en deux grandes chrsses ,
en chronisoïques et en achronisoïqur:1. On reconnaft dani
chacune de ces deux classes deux s~ctions. Les médica-
�(
Il
3 )
tnens qui ont des excipiens et ceux qui en ·sont dépourvu!.
La première section des chronisoïqucs sans excipiens se
compose de cinq ordres.
1.0 Les opols-opolés , sucs végétaux officinaux; 2.e>
les opoltols-opostolés , extraits di visés en mous et en
secs; 3. 0 les amidols-amidolés ' ou féculle:o ; 4. 0 les
pulverols, ou les pulverolés ; 5. 0 lès spéciols , ou les
.spéciolés ( espèces ).
La deuxième section des chronisoiques avec excipiens
reconnaît neuf ordres , comme il suit :
1. 0 Les hydrohols, qui se divisent en hydroolés et hydroolats; 2. 0 les œnols , œnolés ; 3. 0 les hl'lltols , les
brutolés ; 4. 0 les oxéols, ou les oxéolés; 5. 0 les alcohols, qui se partagent en alcoholés et alcoholats; 6.<>
les éthérols , ou éthérolés ; 7. 0 les saccharols distribués en saccharolés et saccharidés ; 8. 11 les oléols et les
oléolés; 9. 0 les stéarols et les stéarulés.
L'ordre des saccharols est divisé en deux genres , les
saccharolés et les saccharidé!.
Le premier de ces deux genres se subdivise en trois
s'érits : 1. 0 les saccharolés liquides , qui sont les sirops ii
2. 0 les saccharolés mous, qui sont les gêlées , les pli tes•
les conserves ; 3. 0 les sacchar0lés solides , les pastille•
et les tablettes.
Le second genre qui est distinct du premier , en ce
que dans celui-ci (les saccharolés ) le sucre est prédominant, et dans l'autre ( les saccharidés) le sucre n'est
que comme intermède , ou tnèlé à d'autres excipiens ,
ie di vise en deux séries : 1. u les saccharidés mous •
les électuaires; :1.. 0 les saccharidés solides , les pilules.
Les médicamens dont Je miel est l'excipient s-0n't:
compris dans les ordres et les genres saccharols et saccharolés.
Les stéarolés sont aussi divisé.s en deux genres : lu
T-. VI lI. Aoât 1824.
15
�( r14 )
.stéarolés mous ou onguens , les stéarolés solides ou
empl<ltres (par mélange). M. Henri pl'opose de reporter
les emplâtres ( par· combinaison ) aux sels , sous le nom
de oléomargara tn.
Dans la deuxiè!'Ile classe de médicamens achronisoïques, M. Henri a arlopte les dénomination s d'hydroolites , de saccharolites pour les ordre» ; mais il continue
de faire usa~e <les anciens norni de tisane 1 boisson 1
apozème, potion et collyre •
.._:. Examen cqimique des fruits du lilas ( syringa-communi;i) et considérations sur l'emploi de l'a1ide carbonique
;et de l'éther acétique danr les anal.rses végétales; par
JVJM.. H. Petroz et Robinet. - Ces chimistes ont obtenu
pour résultat de toutes leurs expériences les substances sui0
vantes~ i . 0 une matiere ré~ineuse; 2. une matière .~u
;e1"ée; 3. 0 une matière qui précipite le fer en gris; 4. 0 une
matière amère; 5. 0 une matière insoluble , ayant l'apparence d'une gêlée; 6. 0 de l'acide malique; 7. 0 du malate acide de chaux; 8. 0 du nitrate de potasse ; 9. 0 quelques sels qu'on trouve ordinairemen t dans les végétaux.
( ,Ao1ril 1824) - Lettre de M. La.ssaigne adreJSée à M.
Virey, ,sur l'analyse chimi'lue du bois de Naghas à odeur
iJ'anl's, -M. Virey ayant donné dans le n." d'ottobre r 823
du journal de pharmacie , une note historique sur le
bois de Naghas, M. Lasmigne lui adrP.sse l'analyse chimique qu'il en a faite pou1· cumpléter l'étude de ce végétal. Voici le résultat de cette anal.rse : I. 0 une huile
volat~le , blanche , d'une odeur très-prononc ée d'anis;
z, 0 une résine aromatique ;. 3. 0 une matière colorante
brune; 4.0 une matière amère incristallisab le ; 5·0 de l'amidon ; 6. 0 malate acide-de chaux, de potasse > chlorure
de potassium, sulfate de potasse 1 phosphate de chaux t
oxide de fer et silice.
- Dissertations sur les euphorbiacées. ( Article communiqué par M.F. Cadet-de-Gassicourt ). Il s'agit de deux;
�(
XJ
5)
thèses souten ues à la Facult é de médec ine, l'une intitul
ée:
De euphorbiaciarum 15eneribus m1dicisque earum dtm tiiribus tentamen ; par lll. le D. Adrien de Jussie ù . - .A..prè.s
avoir passé en revue 85 genre s, soit déjà decrit s •'
soit
omis ou inconn us , l'auteu r traite ex-profess.o des
' euphorb iacées . Il expose quelle est la vettu comm une
aux
plante s de cette famill e, à quels princi pes il fa\J:I: l'attribuer, comm ent cette action s'opèr e·souv ent de différe
ntes
maniè res, etc. Dans cet ouvrag e , écrit en latin élégan
t
et pur, dit M. de Gassicourt, 'VI. le docteu r Adrien
de
Jussieu soutie nt la sloire d'un nom illustr e dans
lés
scienc es nature lles , et difficile à porter .
La second e thèse intitulée : Rech~rches sur les propri üés
médz'cinaln et l'emploi e11 médecine de l'huile de crotôn
tislium , par M. le docteur JV.-E .-E. Conw ell, offre
le
plus grand intérê t dans l'histo ire du végéta l qui produ
it
cette huile dont les vertus énergi ques fixent chaqu e
jour
l'atten tion des pratic iens.
Le troton tiglium ( Laure iro ed Wilde now) vulgai
rement appelé croton cathar tique ou ricil'l indien ,
de la
monœ cie-mo nadelp hie de Linnœ us , est un sous-a
rbrisseau des lndes- Orient alt!s. Sa tige, son bois, ses feuille
s,
ses fleurs renfer ment tous plus ou moins cette matièr
e
huileu se essent iellem ent purgat ive que l'on trouve
plus
abond ante, plus pure et plus active dans ses graine
s.
L'obse rvatio n médic ale a ensei gné que l'huile de croton
ti glium sollici te en même-temp11 les déject ions alvine
s
abond antes , la secrét ion des urines et la diapho
rèse.
Elle agit d'une maniè re d'auta nt plus avanta geuse
, que
son énergi e se dévelo ppe à la moind re dose , et
qu'on
l'admi nistre avec la plus grande facilité . Une goutte
o~
deux, au plus , placée s sur la langue suffise nt ordin
airemen t pour procur er une pu rgation compl ette ;
l'applicati on de quatre goutte s sur l'ombi lic produ isent
le
même ~ffet; dans ce dernie r c-as , elle occasi one
une
�( 116 )
petite éruption, ~on usage devient d'une grande impor·
tdnce dans les cas suivans : 1. 0 quand les autres purgatifs drastiques ont été administrés sans succès , comme
0
dans certains. cas de constipation opiniâtre ; 2. quand il
existe-des obstacles mécaniques ou moraux à l'emploi d'une
médecine ordinaire , comme dans le tétanos , l'hydrophobie et la manie; 3. 0 quand on a besoin d'un purgatif
dont les· effets soient prompts, comme dans l'apoplexie.
Des expériences faitt>s sur les animaux par M. A.-E·
Bennet, à Dublin , et répétées à Paris, par M. Magendie,
ont fait connaître le mode d'action de l'huile de croton
tiglium sur l'économie animale , en voici le résultat:
1. o à dose convenable elle purge sans occasioner l'inflam0
mation des membranes muqueuses ; 2 . elle est absorbée
et n'.igit sur le canal digestif qu'après avoir réagi , par
la voie de la circulation , sur le système nerveux , de
llOrte que son action est indirecte et générale sur l'estom ac et les intestins ; 8. 0 à dose trop forte , au con~
trai re, son action est immédiate et directe, elle irrite
et enfl amme vivement le c:mal. intestinal.
Pour C:viter les inconvéniens qui rés'ulleraient de
l'emp loi , par ~outtes , d'une huile très-visqueuge, M.
le doctellr Conwell propose la solution alcoholique
de l'huile <le croton tiglium. Comme il ne dit pas dans
quelles proportions cette teinture doit être préparée ,
nous devons supposer que c'est par saturation. Voici
le mode de p ré paration auquel il donne la préférence:
Solution alcoholique de croton, demi-gros ; sirop simple,
mucilage de gomme adrag•mt , de chaque , trois gros .
On fait prendre d'abord un peu de lait au malade; on
lui donne le mélange et après un peu plus de lait.
- Analyse des amandes du croton tyglir1m , faite par
M. Nimmo-de-Glascovv. - Les amandes des graines de
ce végétal , contiennent : un principe âere ou résineux ,
et un acide , 27 , 5 parties ; une huile fixe • 32 , 5 ; une
�( 117)
matière farineuse" 40 , sur roo partic11, L'huile retirée
des amandes par expression contient: principe âcre et
résineux, 45; huile fixe , 55 sur 100 parti es.
Les graines de tigli, qu'on nomme enrore grai1ts des
molusques , jetées dans l'eau , font périr les poissons ;
et douze ou quinze de ces fruits concassés et m ~ lés avec
du miel, donnés à des chevaux d'une stature moyenne,
ont excité une diarrhée violente à laquelle ces animaux
ont parfois succombé.
- Nouvelle formule de tP.inture de Digitale - Prenez :
feuilles sèches de digitale, un gros; illcohol nitrique
éthéré, une once et demie. Faites digérer pendant quatorze jours, passez. On en donne par gouttes dans un
liquide approprié. Elle produit de bons effets en Angleterre.
M. Boullay, dans une note, dit : ~Nous ne voyons
" pas de motifs pour préférer la liqueur éthérée nitreuse
,, à l'éther sulforique alcoholisé dont l'état est plus cons» tant 1>.
- Nouvelle méthode pour préparer l'hydriodate de
. potasse; par M. Taddey. - Ce chimiste propose la
méthode suivante, adoptée déjà dans plusieurs pharmacies et fabriques <las produits chimiques d'Italie.
On dissout l'iode dans l'esprit-de~ vin , marquant depuis
20 jusqu'à 2 S degrés de l'aréomètre de Baumé et l'on
verse à plusieurs n~ pr· ises , dans une teinture d'iode , de
l'hydro-sulfate de potasse ; le liquide se trouble , passe
de la couleur brun obscur 11u rouge m;;irron , laquelle ,
diminuant d'intensité , arrive p;ir degrés à la couleur
de chair, et i;e convertit ensuJe en Liane de lait. A
cette époque, la conversion de l'iode en acide hydriodique est déjà opérée , et si, p;ir l'addition de qu elques
nouvelles gouttes d'hydro-sulfate de potasse, le liquide
ne se trouble plus, l'opérntion peut ~tre regardée comme
finie . ~près quelques instan11 d::- repos , on s.épare , par
�(
1I8 }
décantation ou par le filtre , les flocons de soufre précipité.; , puis on distille pour retirer l'alcohol employé ,
et on évapore le résidu jusqu'à siccité dans un vase
ouvert pour en obtenir l'hydriodate de potasse.
Cou11ET.
3,o °V
AR 1 É T É 5.
ÜN se persuaderait difficilement que dans les concours
publics l'intrigue , les prétentions protégées fussent capables de nuire au vrai mérite. Mais les exemples à
0
cet égard ne sont que trop nombreux. Notre dernier n ,
en a offert un qui a autant déplu à quelques audacieux
et .fluets , qu'il a satisfait les médecins imstruils et les
jeunes étudians qui -ne connaissent que la voie de la
science pour parvenir. Nous allons donner un nouvel
exemple de l'influence de la protection dans les concours
publics , exemple sans doute bien digne d'être connu par
la sagesse qui a pré~idé à la dé11ision des membres du
jury et à la délibération de l'administration !
Le I. er juillet dernier, quatre candidats ont disputé
la place d'élève interne-chirurgien de !'Hôtel - Dieu
q'Arles.
M. Dumas entre le premier en lice et s'attache à ré0
soudre de son mieux les questions suivantes : 1. les
indications et les contr'indil'ations des amputations et
l'amputation du bras , '.2· 0 la description anatomique du
pied et les lésions qui exigtnt l'amputation d1 cttte partit.
Les réponses de M. Dumas ne sont que médiocres.
M. Goirand traite fort bien ces deux questions: 1." annorTCcr les parties musculaires et .fibreuses qui cencouren(
à la consolidation de l'articulation iléo-Jémorale , les di11trs
déplacemens de cette articulation et leur thérapeutique ;
:z. 0 Des différentes saignées; qui:lle est la plus dangereus•?
Que doit ·on Jaire r.n cas Je f dcheux aLûdens l
�( Il9 )
M. Rig al a pou r que stio ns
: I . 0 le cœur et la cirrulation ; 2. 0 la description anatom
ique de la vessie et l'operation de la tail le. La solu tion
qu'i l en fait est passable.
M. Ser ray er rec ule à la pre
miè re que stio n et n'ab ord e
la sec ond e (de l'ér ysi pèl e)
que pou r sign aler quelque.s
moyP.ns thé rap eut iqu es et
not am me nt les fleur.s de surea u, com me éta nt très -eff
icac es.
Le jury pro pos e ens uite
de réso udr e par écr it ces
que stio ns, qui son t les mêm
es pou r Lous les con cur ren s : D~scription ana tom iqu
e d11 l'œil. Descripti"n de
la cataracte. Instrumens néce
:JSaires pou f l'ex trac tion du
cristallin et l'exécution de
celte optlration 1
M. Du ma s don ne les mêm es
tém oig nag es de cap acit é
que dan s le pré céd ent exa
men . La man ière dist ing uée
ave c laq uel le M. Goirand rem
plit sa tâch e justifie qu'i l
a bea uco up d'in stru ctio n,
et M. Rig al , s'il ne déc rit
pas l'œ il d'un e man ière bie n
sati sfa isan te, trai te du mo ins
~upérieurement la que
stio n de la cata rac te. M. Ser
rar er
se reti re du con cou rs.
N'e st-i l pas évi den t que le jury
n'av ait poi nt à bal anc er
sur le par ti qu'i l dev ait pre ndr
e 1Cep end ant , il ne se pro nonce que troi s qua rts- d'h eur
e apr ès et, suiv ant lui (1),
les troi s con cur ren s ont rép ond
u ex œquo ! ! L'a dm inis tration elle -mê me les aya nt jug
és tou s les trni.~ éga lem ent
dig nes de la pla ce , a rec
our s à un exp édi ent fac ile,
qui doi t bie nt6 t me ttre un
term e à la disc uss ion . On ne
con sult era plu s le tale nt ,
c'es t par le has ard que la
chose sera déc idée . En con séq
uen ce, arm é d'u ne épingle~
cha que ath lète !!.'avance pou
r la plo nge r ent re les pa€JCS
d'u n livr e fermé et celu i qui
ren con trer a la p1;emière
ou l'une des pre miè res lett res
alp hab étiq ues , à la pre miè re ligne des deu x pag es
div isée s , ser a pro clam é le
vain que ur.
(1? No~s Jev ons à la véri té
de dire que le très -est ima
ble
ruri;1eo en che f, M. :Ferrier
, sut étab lir uue dini n<:l Îoo chiM. Goi r.m d cl les autre& can
eot r•
dida ts.
�(
120)
La lettre 1 , tris~ initiale , est pour M. Dumas·. M.
Goirand obtient la l<!llre C , M. Rigal tire la lettre L.
Ainsi a eu lieu ce concours mémorable qui , dit-on. ,
a été tenu à huis dos, bien que l'an euk annoncé qu'il
serait public.
Le tirage au sort d'une place qui intéresse la santé ,
paraitra fort singulier, et il l'est en effet. Néanmoins ,
il est préférable à ces délibérations suscitées par de&
démarches serviles , etc. , et il est prérérable , puisqu~
la Providence, croyons-le , dirigera toujours la main
de celui qui aura mérité la place dont on aurait voulu
le priver. Le concours que nous venons de signaler, est.
un exemple frappant de cette vérité.
- M.. le docteur Gas ouvrira, vers la tin du mois
prochain, une maison <le santé, située au Cours Goujfet,
n. o 7 , où il s'<:1ttache présentement à réunir tous les
moyens conven<Jbles qu'exige un pareil établissement.
- Comme dans le mois précédent, on n'a· eu guère!!
ce mois-ci que des diarrhées à traiter. Les sansgues à
l'anus , les tisanes et les lavemens émolliens ont suffi
pour guérir les les diarrhées plus opiniâtres.
- D'après le relevé des registres de l'État-civil de
la mairie de Marseille , il y a eu en Juillet 1824,
341 naissances ; 346 déct!s et 69 mariages.
P.-M. Roux.
AVIS.
-•~ ;~e"'e>•-
LA Société royale de Mi!decine de Marseille déclare
qu'en inserant dans ses Bulletins les Mémoires, Observations, Notices, etc:, de ses membres soit titulaires, soit
6orrespondans , qui lui paraissent dignes d'bre publies,
elle n'a égard qu'à l'intérù qu'ils présentent à la science
medicale; mais qu'elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuvent émettre leJ aut1urs,
et qui n'ont pas encore la sanction gén/:ralc.
�(
I 2 I
)
BU LL ET IN S
DE
LA SOC IÉT É ROY ALE DE MÉ
DEC INE
DE
- AO UT
I
MA RSE ILL E.
824. - N. XXXII.
0
OBSE RVAT ION
d'une gastr o-ent érite ; par l'VI. GrLL ET,
D.-M . , membre titulaire de la Société royal
e de méde •
cine de Marseille.
UN jeune hom me, âga de 18 ans, d'un temp
éram ent
sanguin et bilieux, après avoir éprou vé, pend
ant deux jours
du dégo lit, un mal-aise géné ral et une doule
ur de tête,
me fit appe ler, et je le trouv ai dans l'état
suiva nt :
( 1.er jour) . Face roug e, céphalalgie front
ale, langu e
assez hume ctée , mais blanc he au milieu
et ·r ouge sur
les bords et à la pointe ; bouche pâteu
se et amèr e ,
quelquefois naus ées, doule ur à l'épig astre
, chale ur de la
peau halit euse , const ipatio n , dimi nutio
n des urine s ,
las.situde dans les mem bres, pouls plein et
peu fréqu ent.
( Saignée du bras , eau de guimauve pour
boiss on ,
lavemens émolliens ).
( 2.me jour) . Céph alalg ie plus inten se,
soif; langu e
un peu sèch e, et sa roug eur augm entée
et rapp roch ée
du centr e , chale ur un peu âcre de la peau
, poul s moin s
plein , mais plus fréqu ent ; épiga stralg ie
plus forte •
rouse ur de la face dimi nuée , cons tipati on.
(App licat ion
de quinz e sang sues _sur l'end roit doulo
ureux , mêm e
boisson , lavem ens ).
'f.
.Aoât 1824,.
16
vm .
�(
122 )
( 3.me jour). Céphalalgie et douleur épigastrique moins
fortes , même état des autres symptômes.
( 4 .me jour )• Céphalalgie augmentée , soif vive, langue
sèche , rude~ très-rouge, douleur épigastrique plus
forte ' constipation ' peau sèche ' chaleur âcre • pâleur
la face , paroles lentes ' pro!'tration dea forces ' décubitus en supination ; pouls dur , -petit et fréquent.
u de gomme pour boisson, application de deux vési(
·
catoires aux jambes , lavemcns ).
(5.mc et 6.me jours), Même état de tous les symptômes.
( 7.me jour). Full!9inosité des gencives et des dents,
langue d'un rouge très-foncé , délire taciturne , affaiblis.sement des sens, regard hébété , somnolence , stupeur,
pouls petit, dur et fréquent, même état des autres
symptômes. (Application de vingt sangsues sur la région
doulourt:use , embrocations huileuses , vésifatoire à la
nuque , sinapismes aux pieds).
( 8.me jour). Point de délire, la douleur épigastrique
moins forte , la langue un peu moins sèche.
( 9.ine jour). La chaleur de la peau est moins kre ;
il y a un peu de moiteur.
( 10.me jour). Le malade , après avoir éprouvé quelques coliques, est venu huit fois à la selle et n'a fait
ac
que du sang.
( 11 .me jour). Le pou1s est moins fréquent et plusdéveloppé , la langue est moitis rouge , plus humectée ,
la céphalalgie et là douleur épigastrique moins fortes ,
la face est un peu plus naturelle , les urines sont rendues en plus grande quantité. (. Continuation de l'eau
de gomrne et des lavemens ).
( 12.me. jour). La prostration des forces est diminuée,
léger décubitus sur le côté, regard plus nat!Jrcl , trèspcu de somnolence et de stupeur , la fulliginosité des
gencives et des dents a disparu à moitié.
( 13.me jour ). Amendement de tous les symptômes,
le malade est venu à la selle.
�( 1~3 )
( 14.m e jour ). Le décu bitus a lieu
en tout sens , la
1.angue est légè reme nt roug e , trèshum ecté e , la paro le
est délié e, mais la dure té de l'ouï e
pers iste.
( 15.m e jour ), Poin t de fièvr e, état
natu rel de la face ,
tles genc ives et des dent s , chal eur
natu relle de la peau ;
le soir, légè re suem· , les uril'les sont
abon dant es et char gées , le mala de est venu à la selle
.
( 16.me ;our ). Disp ariti on. com plète
de tous les sym ptôme s , le mala de entr e en conv alesc
ence et com men ce
à pren dre quelque11 alim ens.
Réfl,exions. - Ava nt que la doct rine
phys iolog ique
nous eut dém ontr é la natu re des
fièvres esse ntiel les ,
nous aurio ns cons idéré la maladie qui
fait le suje t de cette
obse rvati on com me une fièvre bilie
use - infla mma toire
deve nue adyn amiq ue , tand is qu'il
est reco nnu qne les
sym ptôm es que nous veno ns d'ob serv
er indi quen t une inflammation gast ro-in testi nale parv enue
à un très- haut degré. En effet , la roug eur des bords
et de la poin te de la
langue , la doul eur à l'épi gast re n'ind
ique nt - elles pas
l'irri tatio n gast riqu e ? Et cette irrit ation
n'est .elle pas la
caus e de la supe rséc rétio n bilie use?
Fallait-il donn er un
vom itif pour déba rrass er l'est oma c
des mati ères sabu rrales 1 Non , sans dout e l'irri tatio
n était trop fort e;
1
le vom itif n'éta nt qu'u n moy en pert
ubat eur, on ne peut
l'em ploy er que lors d'un e irrita tion
légèr~; dans le cas
cont raire , on aggr aver ait la mala die.
On a vu cepe ndan t
des gast rites un peu inten ses guér ir
par l'em ploi de ce
méd icam ent, mais ce sont des exce
ption s qui ne déll'uis ent poin t la règle géné rale. En
cons éque nce je préférai une saigné~ du bras , et le
mala de fut mis à
l'usage d'un e bois son adou cissa nte.
Le 2.me jour , la lang ue devi ent un peu
sèch e, sa n>ugeur , -qui n'oc cupa it que les bord s et
la poin te, s'ava nce
vers le cent re , la doul eur épig astri
que augm ente , il y
.a de l~ soif , la ,hal eur de la peau
devi ent âcre ; peul -on
méc onna ître à ces sign es l'aug men tatio
n de l'irri tatio n!
.'
�t
124)
et les anti-phlogistiques ne sont-ils pas plus particulièrement indiqués 1 Aussi , quinze. sangsues appliquées
sur l'épigastre ont produit une diminution de la céphalalgie et de la douleur.
Du 4.me au 7.me jour', l'inflammation fait des nouveaux progrès et les symptômes de la fièvre adynamique se déclarent. En jetant un coup-d'œil sur ces
symptômes, nous verrons que la maladie n'a point
changé de nature par leur apparition , qu'ils ne peuvent point constituer une fièvre essentielle , mais qu'au
contraire ils sont étroitement liés à l'intensité de l'in-·
tlammation.
La sécheresse de la langue , la fulliginosité des gencives et des dents , qui nous annoncent l'aridité de la
membrane muqueuse digestive , par suite de Ia suspension de son action secrétoire , se rencontrent dans
les gastrites produites par l'ingestion d'un poison irritant.
La petitesse , le resserrement et la concentration du
pouls ne caractérisent point l'asthénie générale, puisqu'on les observe dans toutes les inflammations intenses
des voies digestives.
La chaleur âcre de la peau , la prostration des forces,
le décubitus en supination, attestent l'excès de toutes
les inflammations et principalement des membraneuses.
La somnolence des sens , le délire taEiturne, le regard hébété , etc., se rencontrent dans les diverses
maladies du cerveau, telles que les hydrocéphales ,
les épanchemens sanguins, les congestions , etc. , mai.~
souvent ces symptômes tiennent à une irritation sympathique de l'estomac ou de tout auti::e organe.
Tous les symptômes que je viens de passer en revue,
ne peuvent donc point servi1· à caractériser une fièvre
adynarnique essentielle. Aussi, ne m'ont-ils point einp~ché
de persister dans l'emploi des anti-phlogistiques et les
bons effets obtenus des révulsifs et de la stIBQllde sai~
gnée locale en ent justifié l'indication.
�(
125 )
. Le 10.me jour le malade vient à la selle. et 11c fait
que du sang. N'est-c e pas là une preuve éviden te de
l'engor gemen t sangui n de la muq;ueuse ÏQ'cstinale l La
à.iminution assez rapide de la maladi e n'est-e lle pas due
à toutes ces évacua tions sangui nes k la fail1lcsse généra le
n'a-t-el le pas disparu avec l'inl1ammation , sans l"administr ation du moindr e tonique 1
Je conc1us de là qu'on ne doit point perdre de vue
l'organ e souffi·ant, qu'on doit s'attac her à connai tre ses
sympa thies ; qu'on ne doit point regard er les symptômes de l'adyna mie comme constit uant une fièvre essentielle , ce qui déterm inerait à employ er un traitem ent
anti-ra tionnel , et c'est à quoi nous devons attribu er les
nombre uses victime s de la prétend ue fièvre adynam ique.
0BSER Y .ATION
sur une suppression d'urz"ne ; par M .
Duc.ASSE, fils, membre correspondant de la Socit!.té
royale de médecine de Marsei lle, etc.
S1 la gravité d'une maladi e est toujou rs en rappor t
avec l'impor tance de l'organ e qu'elle alfecte , ou la nature des fonctio ns dont elle dérang e le cours , il en est
peu , sans doute, qui doiven t inspire r plus de crainte s
que la suppre ssion des urines. L'abse nce d'une sécrétion aussi abonda nte tians l'état ordina ire , les quaÏité s
physiq ues et chimiq ues qui disting uent ce fluide , le
caractè re des élémen s nombr eux q11i le compo sent, flpporten t, en effet, un trouble subit et généra l dans
l'économie animal e. Il est peu d'orf?anes qui n'en res.scntent pas bientô t la pernici euse influen ce, et si l'art ou
la nature ne parvie nnent pas à rappel er cette i;écrétion , si les reins ne dépoui llent pns le sang des matériaux <le l'urine qui l'infec tent, la mort ne tarde pas à
surven ir avec le cortège doulou reux des symptô mes les
plus funeste s. Tel est le résulta t des observ ations consignées dans les écrits t:es pratici ens, que cette ma-
�(
I
26 )
JaçÎÎe fait périr ordinairement les individus qui l'éprouvent , dans l'espace de douze ou quinze jours.
Il arrive cependant·~ quelquefois, en vertu de cette
loi admirable qui prtfside à l'ensemble de notre systè01e 1
la privation de cette• sécrétion par une autre sécrétion ,
devenue plus abondante. Les principes physiologiques
de la concordance de nos organes , de leur mutuelle
réciprocité, sont fondés sur des faits analogues , et dans
le cas dont il s'agit, ils reçoivent une nouvelle et importante :ipplication. Ainsi, Marcellus Donatus; dans son
Historia medica , rapporte l'histoire d'une religieuse dont
l'urine se supprima pendant six mois , et qui eut de
temps en temps la diarrhée. Mais celle-ci disparut, et
le ventre se resserra dès que le flux habituel de l'urine se rétablit.
Ce n'est pas néanmoins dans des circonstances semblables la voie la plus ordinaire que choisit la nature
pour remplacer l'évacuation des urines. Elle dirige de
préférence ses mouvemens du c6té du système dermoïde,
et rétablit l'harmonie des sécrétions à l'aide de la transpiration cutanée. Qu'il me soit permis de rappeler ici
d·eux observations analogues qui sont consignées dans
les tomes IV. e et X.e dü journal de médecine de Paris.
La première a pour sujet une tille de 18 ans, qui, à
l'époque de sa menstruation et au milieu d'accidens
hystériques , fut atteinte d'une suppression totale des
mines et des selles, qui dura trois mois, Elle prenait
cependant sa quantité journalière d'alimens solides et
de boissons; mais la transpiration était extrêmement
abondante, et celle-ci ayant été arrêtée volontairement
par l'usage des bains glacés , dans lesquels on laissait
la malade plongée pendant dix: heures par jour , le
flux de l'urine et les selles se rétablirent au bout de
deux mois comme dans l'état naturel.
La seconde observation est relative à une femme
d'environ So ans, qui, sans cause connue, eut une
�(
12 7
)
aupp ressi on total e et subit e des urine
s et des maliér~
fécales. Les iliur étiqu es , les cath artiq
ues pris en lavemens et par la bouc he , ne protu rè1·e
nt d'aut res évacuati ons que des sueu rs copie uses. Pend
ant sept ans •
la mala de aban donn ée à la natu re ,
resta sans fièvre •
sans doul eur, et presq ue sans inco mmo
dité , ne t·e11'1ant rien , ni pa1· les selle s , ni par les
voies uri11aires.
Les sueu rs , qui para issai ent irrég ulièr
emen t tous les
deux ou trois jour s, etaie nt exce ssive s.
Elles ruiss elaie nt
de tout son corp s , et là mala de , auss
itôt qu'el le les
senta it arriv er , quitt ait son lit pour
ne pas le salir et
se jetai t sur de la paill e qui se pour
rissa it prom ptement . Enfin , cont re toute espé ranc
e, le vent re com menç a à s'ouv rir spon tané men t et les
urine s à coul er.
Les sueu rs cess èren t alors et ln mala
de reco uvra ia
santé dont elle jouit ensu ite pend ant
sept ans , pour
mou rir d'un e mala die qui n'ava it aucu
n rapp ort avec
cette inc-0mmodité pass ée.
. Le fait que j'ai l'hon neur de comm uniq
uer à la Soci été,
ne s'élo igne pas auta nt que les préc éden
s , des l-0is qui
régis sent notre systè me d'org anisa tion
et se prés ente
plus souv ent à la prati que. Il s'agi t d'un
hom me d'environ So ans, d'un e cons tituti on forte
et bilie use , sujet
depuis long -tem ps à la gout te , dont
les accè s répé tés
ont m~me défo rmé quel ques artic ulati ons
ging lymo ïdale s.
Depu is quel ques jours , d.es doul eurs
vagu es s' étaie nt
manifestées aux pied s et aux main s.
La tumé facti on d~
ces parti es n'en avait pas été Îa cons
éque nce , et 'l e
malade croy ait en avoi r été quitt e à peu
de frais , quan d
tout-à-coup les urine s se supp rimè rent
total emen t. Il y
avait cepe ndan t quelq uefo is des envi
es de les rend re;
mais elles étaie nt infru ctueu ses et le
mala de crut avoi r
l'.éellement une réten tion d'uri ne. Des
tenta tives inuti les
de cathé téris me faites par deux méde
cins appe lès anté rieurement~ indiq uaien .t assez
qu'il s avaie nt part<1gé
cette opin ion, et moi- mêm e, quan d
je fus. cons ulté,
�(
I
28 )
trompé pat• la doulem· hypogastrique et le besoin fré,~
quent d'uriner , j'essayai l'emploi de la sonde , qui*
du r este , ne pouvait dans aucun cas avoir des suite~
fùc heuses, Plus heureux que mes collègu.es , je parvins
dans la vessie avec assez de facilité ; mais quat1·e ou
cin4 gouttes d'urine s'échapèrent seulement à travers
la sonde , et ne m'offrirent aucun résultat satisfaisant.
J e la laissai cependant à. demeure ; mais je la retirai
le lendemain, les choses étant dans le même état.
T roi s jours s'ét;iient déjà écoulés sans avoir vu une
goutte d'urine. Le ventre était dur, tendu, douloureux
au toucher; un sentiment de pesanteur avait son siége
du côté des reins ; le pouls était petit , déprimé; la
soif violente ; quelques vomissemens bilieux s'étaient
même déclarés : je ne doutai plus alors du vrai caractère du mal que je considérais comme une suppression véritable: Mon collègue partagea mon opinion ., et
p résumant bien que le principe ~outteux jouait quelque
r ôle clans la production de ces phénomènes , nous cher-cMmes à le rappeler dans son si ége primitif à l'aide de
violens synapismes , el à diminuer en même~temps l'irritation abdominale , par l'application des sangsues, des
cataplasmes , des fomentations émollientes , des demi·
bains et d'une ample boisson appropriée.
D eux jours se passèrent encore sans résultat avantageux , les accidens acquéraient , au contraire , un
degré d'intensité plus grande. La face élait surtout trèsalté1 ée et les besoins d'uriner très-fréquens. Je me décidai encore à introduire la sonde, qui n'entraîna aucune goutte d'urine , et dont le contact fut, cette fois,
très-douloureux. La continuation des m~mes moyens
ne me laissait gueres d'espoir de guérison. Le vésicatoire aux lombes , conseillé par Raymond , n'avait pas
été plus efficace , et ïavoue que pour ma part l'état
du malade me s'f:mblait irrémédiable. Miiis qui peut calculer l'étendue des re&sol,\rces que la nature s'est mé-
�(
I
29 )
nagées 1 Quelque mépris que l'on atrecte aujourd'hui
pour elle , j'ai été tant de fois le témoin de ses efforts
conservateurs , C:tUe j'aime à lui attribuer la fl'.Oitié des
succès que ses belles opérations nou .~ procurent el qu'en
conscience je crois devoir lui rapporter 10 part entière
de la guérison dont je raconte l'histôÏl'e. Tout-à-coup,
en effet, au moment où la vie sembldit lui échapper, ie
malade est pressé par un violt. J '. désir de rendre les
urines. Elles s'échappent à gros jt:t, Pt cet infortuné
qui n'avait point uriné depuis cinq jours, remplit,
dans vingt-quatre heures, un vase qui en contenait huit
pintes, J'aurais eu moi-même la plus grande pein,e à le
croire , si tous les assistans et surtout le plieu.x sensible qui s'était déjà opéré, ne ·m'eu.~sent confi.rmé .cr.
phénomène. Les urines étaient cl ai 1<cs , transparentes,
presque aqueuses , et n'exhalaient i1urune odeur qésagréable. Depuis cette époque , l'état du malade, quoi~
que ayant éprouvé des alternatives de bien et de mal,
.se maintint assez bieu. Quelques amers légers rappelcrent les foret~s digestives; mais ·10 convale.~ccnce marcha
avec lenteur , et la machine d<tjà rdfaiblie, avait été si
profondément ébranlée , qu'elle .s'est resser,itie longtemps d'une si violente secou5se,
Tel p,qt le fait que j'ai oh~ervé et dont j'ai cru què
les détails étaient susceptibles <le quelqu'intérêt; nor,i
~eulement il est curieux sous le rappo1,t de la guéri·11on
qui s'en est suivie, et qu'on n'efit pas toujours assn.
heuremc pour obtenir; mais encore par l'ab!!ence d'un
.~ympt6me noté par tons les auteurs , et qu'on voit
même se manife.'ILer dans la simple rttention · d'urine
trop long-temps prolongée. Je 'eux parler de l'odeur
particulière et vraimtnt urineuse qui s'e.xh;.l!! de tout
le corps et <lont toutes les autrr-s sécrélio11s sont égali-ment rénétrées. ki' 1'111' ne s'est jamais ' produite.
Les désordres se sont hornés ~ Ir, cavité abdomin;ile , et
nulle autre fonction ne semblllit en(1ore dastiJ1ée à .remplacer celle qui ne se•fesait plus,
'.C. Vlll. Aout i824..
17
�{ 150 )
~~~~~------~~~~~~~~~~~~
1fb_f.
Juillet . - M. le Secrétaire-général dor.ne lecture
I. o d'une lettre de M. le docteur JY!dfre , correspondant
à Martigues , qui adresse une Ob.fervation .fur /'r.ffet
produit T'ar la transrnirsion de bras à bras des croutes
s~upt;onnees varioliques. Cetle observati911 sera soumi.~e à
l'atlention de la Société dans une de Sei prochaines reunions; 2. o d'une lettre de :\1. Dariste, corn· .~pondant à Bordeaux, ~ervant d'envv à un !Vlémoire sur la nrm-rontagion
de la fi~vrc jaune , sui.;i de conseils au:x; Européens qui
,prissent Jans les pays chauds et notamment aux Àlltilles.
M. Qlo est n 0 mmé rapporteur de cet écrit; 3 ° d'une lettre
de M. Jllariri , bandagiste à Marseille, accun1pagnée d'un.
ri1éme1ire.pour prouver le perfectionnement qu'il a fait subit ·ou.ic b, ridages à pi vol de Sa lmon. Une Commission est
lwintnée pour faire un rnpport sur les bnndages de M.
JYJarin; 4. 0 d'une letti·e de l\l. le Comle de Villeneuve,
..P1 e,l~ t, ~a?1 · laquelle ce m<>gi'Strot transmet la s;itisfaçtion
de S.E. le Ministre àe l'Intérie11r, sur le zèle que met la
'Sud été à p1>ur.•ui vr'e ses utiles travaux. Cette ltt.tre a été
tra~'.~crite .~11r les registf"es Je la Compagnie .
M . Ni!l lit un rapport sur un mémoire de M. Lavillejlr-Laploig11e . r<>latif aux eaux , douches et bains mipérnux · arlificipls , etc.
Les conclusi ons c.lu rapporteur, tendant à accorder à
M Laville le litre de membre correspoùdant, sont
adnntees ù l'un.mi rni té:
lin obji>t d'a1lministration intérieure remplit le reste'
de la sé;ince.
2'4 Jui/,f't - Lecture est faite d'une lettre de M.
':A.llemaTJ:d , Vice-Prési•lent de la Société académique
de n1edacinc, qui adresse deux exemplaires du rapport de»
travauX' de cette Compagnie pendant les années 1819,
·1820 , 1 82. r et I 822. ( Dépôt dans les archives ).
M, Ji'enesch fait hommage , au nom de 1\1. Bourc!iier,
chirurgien anglais , d'un mémoire sur la syncope de
Cullcn , dont le rappo1·t lui est confié.
l'effet produir par
On lit l'ob.,ervaliory. ·.e M. MPffre,
la tl'ansmiJ.Hon de hr,cs à bras des cro1'/es soupçonnees varioliques. Le reste de la séance est c\onsaeré aux conférences sur les maladies régnantes.
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ PENDANT LE MOIS DE JUILT,ET
JO
srr
TEXT0.1.US, Président. Sur:, Stiritaire-,lnéral.
�;j
~
I
LEVE R DU SOLEI L.
·r!J.~Rnf"OMÊTRF. .
B:irom .
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7ôo.i.)
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+2:\4 6r
761,81 . +14,2
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+26,:i 67
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Idem.
+:i.3,8 8ti
761,51
+25,Li
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+34i~ 88
759,95
+15,11
-1-22,8 9 2 N O.
Trèo-n uegeus .
+2.'.j,o ~6 760,Lj'l
+:1s,o
-+2 2,0 67 N. O. aes . fo~t. Quelqu es nunge• ·
+21,7 t!o 1760,9~
+14,5
-+12,4 ~ 2 'N 0 gr. frais. Idem,
+11,5 84, 760,0::>
+:i.4,2
-+20,0 8b ldem.
Serein .
+:i.0,7 85
757,81
+:i3,6
-+zr,2 71 ~N. O.
Nuageu x.
+18,7 72
756,6r
+::2,3
-+ 15,7 87 · N. O. fort.
Idem.
82 757,13 !22,0 -+17,8
. Tres-n uageus .
T21,9
759,03
21,8
-+18;2 8~
bon frais. Idem.
+2'.-,9 76 7~0,27
12,7
-+ 19 .7 78 • O.
Serein .
+13,: 90 ?~'.!.·~~
+:i3,•?
-+'.lo,2 ~7 l~- o.
fd~m.
+24,6 68 7b2,ob
+2::>,~
-+11,2 87 · "·
Tres-n uageux .
'±-:..6,1 71 1762,1 8
+24,0
-+::i, S 88 S C.ibleJ
Quelr1ues uuages .
2i1,8 82
:61,32
+ ~4,5
-+22 ,8 88 ;; S.
Très-n uageux .
27,3 69 760,22
+z5,o ....-:!...:±.:_:
+zq,88 74, c O760,09 + 2li,S41 -t21,82 180, +~
Moyen nes.
+2s,4
+28,1
+1~ 1 3
+ 2 6,i
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761,90
759,95
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+26,2
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+25,8
+26,o
+25,9
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+:15,o
+23,1
+z3,2
+23,8
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�111
~•
751Rl , 42, le 2. , à midi.
Plus grande élévation du Bâromëtre • .. .• • •
Moindre élévation. • • • . • . • • • • • 752 , 65, le 23, au coucher du soleil.
Haulaur moyenne du Baromètre , pour tout le mois 757 , 54.
Plus grand degré de chaleur. • • • • • • • • +30 °, 4, le n. à midi.
idem. • • • • , • • • +14 , 8 , le 26, au lever du soleil.
Moindre
. • • , • , • •
'
""
22 0 , Il.
i emperature moyenne du mois.
97 °, le 27, ~ 9 heures du soir.
•
•
•
•
•
•
•
,
,
l'hygromètre
de
M?x.imum
57 , le 5, a 3 heures.
M1mmnm. • • • • • • , . • • • • • •
. Degré moyen. . , • • • • • • • , • •. • 78 • z •
{le jour • • omm,79}
:
1mm, 46.
*• Quantité d'eau tombée pendant l .
h
3.
a nuit. • • \ode •;iuie
*:t·
o.
en.tièrement couverts •
l
,
8.
tres-nuageux.
8.
.
•
•
•
nuageux,
Nombre de jours•• • ••••
• 7·
sereins.
J,
de tonnerre • • •
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de gros vent • •
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�SE C 0 N D E
P A R. T I E.
l\'IizMOIRES, DISSERTATIONS, NOTIGES
LOGIQUES, ETC.
:NÉGRO~
I.O M É M 0 l R E S,
1ulla traspirazione pulmonare , c'est-à-dire ;
mémoire sur la transpiration pulmonaire , par D. Paoli,
n.ssocié-cor-respondant de l'Académie impériale et ·ro.rale
DE GEORGOFILE de Florence ; de l'Académie ra.raie du
1eiences de Turin ; de l'Académie des sciences M arts de
Marseille ; de la Société .fondatrice des écoles d'enseisnement mutuel de Florence ; de l'Athénée de Venise,
etc.; ( in-8. 0 de 20 pages, Pesaro, 1824.) traduit de
l'italien par M. Biamonti. D. - M. , etc.
MJtMOlU...4
MM. ,V, .Allen et W.-H. Pepys (1), qui, les premiers,
ayant vu que la proportion de l'acide carbonique contenu
dans l'air assujetti à un certain nombre de respiration~,
est égale en volume au gaz oxigène dont l'air lui-même
est privé, en conclurent la non-formation de l'eau dans
l'acte de la respiration , donnèrent lieu aux recherches
de M. Brotiie (2) et aux expérien~es de M. Magendie (3).
On sait que M. Magendie , faisant ses observations sur
(1) Bib. Brit. S. et A. T 42, p. 195. 306.
Bib, Brit, S. et A. T. 52 p. 301.
(3) Nouv. Bull. Phil. T. :?. , p. 253,
(2)
T: VIII. Septembre 1824.
1.8
�( 134 )
im homme qui pouvait respirer au moyen d'uue ouvertnre fistuleuse , située au-dessous du cartilage thiroïde,
-et sur un anim;il auquel il avait à tel dessein pratiqué
une ouverture analogue à la trachée artère; et voyant ,
comme il le dit, que l'air qui sortait des poumons par
ces ouvertures, n'était point chargè ùe vapeurs comme
celui qui sort par la bouche et les narrines, crut pouvoir confirmer J'obsenration des chimistes anglais, et
conclure que la vapeur dont l'air expiré est rempli ,
plutôt que d'être le résultat de l,\ GO 1binaison de l'hydrogène éma.né du sang avPc l'oxigène de l'.1ir, n'est
que le produit d'une exhalaison qui se fait sur toute la
mPm:mine qui tapisse les voies aél'ienn~s ; cc qne M.
Brodz'e restreint plus précisémPnt à la membrane muqueuse <le la bouch<~ et <lu pharynx. M. Magendie fit
de plus en.•orte qu'nn courant d'air introduit , intlépendamment de la respiration , dans l'ouverture de la
trachée, pratiquée sur l".intrnal, comme il vient d'ètre
dit, sortit par la bouche en traversant ainsi le larynx et
le gosier; et il s'apperçut q11e cet air était à sa sortie
chargé d'une quantité notable de vapeurs.
Ces observations, <lignes assurément de la plus grande
attention, à peine les eus-je signalées à mon ami J'illustre
professeur G. Re{inoli , qu'il se décide <le le.~ réïtércr sur
la jeune Thérèse A ... .. qu'il avait opérée de la trachéotomie; ausJi , est-il de mon devoir c!e rapporter
entiërement à lui l'idée <l'avoir fait de sembl;,Lles recherches. Et ce sujet qui d'ahord lui fit honneur, vu l'opération qu'il avait pratiquée (t) devient ensuite pour lui
le sujet d'observations intéressantes.
Je me bornerai ici à donner une idée des recherches
que nous avons _faites sur cette jeune personne , recbcr-
(1) Memorfa su di uua oper, di trac:héotomia. Pesaro 1825.
�( 135 )
ches qu'il a décrit es plus en détail dans son mémo
ire sul'
un tel objet.
La tempé rature étant au 4.e degré du therm omètr
eR ,
notre prem ier soin fut d'obse rver si l'hale ine
qui sortait par la canul e adapt ée à l'ouve rture faite à la
trach ée,
était visibl e. Et quoiq ue la tempé rature ne fut
pas trèsbasse , tandis que Mage ndie assure avoir fait
ses expérien ces par un temps très-f roid , nous vlmes
trèsbien l'air expiré . Afin de mieux nous en assure
r , nous
mîmes contre la can~ule susdit e , à la distan ce
de trois
à quatre pouce s. une lame de verre , qui fut à
l'insta nt .
ternie. AyaR t substi tué à ceile-ci un instru ment
d'acie r
bien poli , il se t8rnit bientô t à la distan ce d'env
iron un
demi-pied; Ces moye ns nous démo ntrère nt sans
répliq ue
la présen ce de l'eau dans l'air expiré sans avoir
traver sé
le larynx et le gosier . Je voulu s ensui te mesu
rer la
tension de la vapeu r qui accom pagne son halein
e. Ayan t
déterm iné premi èreme nt par la mélho de de D
allon la
tencion de la vapeu r exista nte dans l'air envir
onnan t,
je dirige ais l'hale ine qui sortai t par l'ouve rture
de la
traché e, sur les parois extéri e4res d'un vase
de verre .
conten ant de l'eau. J'aug menta is gradu ellem ent
la températu re de celle- ci , et j'attPn dis à chaqu e expér
ience
que le therm omètr e qui y était plong é restât statio
nnair e,
pour que la surfac e extéri eure du' vase se mil en
équili bre
avec la tempé rature du liquid e : j'o~servai que
l'hale ine
ne se conde nsa plus sur le même vase à 16 °
R o 20 °
cent. Ayan t ensui te dédui t la force de la vapeu
r de
l'air atmos phéri que, que j'avais déterm iné en
princi pe,
et que j'avais trouv é , delon la table de Dalton o, 20 7 2 ,
da o , 6337 , force de la vapeu r qui dans la
même
table corres pond au degré 20 cent. , on a lé nomb
re o ,
4265, qui repré sente Jà force de la vapeu r conte nue
dans l'air expiré par l'ouve rture de la traché e ,
et provenan t des poum ons ; j'ai répété les expér iences
indi-
�(
I
56 )
quées ci-dessus , en fermant entièrement tout passage
à l'air par la bouche et les n;irines, et tout se passa de
la même manière: nous n'observâme.'i pas pour cela aucune augmentation ni diminutaon sensible dans la quantité de vapeur qui accompagne l'air expiré. De cette
circonstance, jointe à l'observation qu'en laissant la
bouche et les narines ouvertes on voit sortir par elles
<}Uantité de vapeurs , quoiqtae la respiration ait lieu
entièrement par l'ouverture pratiquée dans la trechée ,
au point qu'on ne pourrait pas teuir fermée cette ouverture au-<lclii de ~8 secondes sans beaucoup de peine , il
me paraît qu'une grande partie des conclusions que 111agendie tire ùe ces expériences, soit confirmée. En effet,
on voit par là qu'une transpiration abondante a lieu par
la muqueuse qui tapisse Je larynx et le gosier, si
roalgré la très-petite quantité d'air qui passe par cette
voie , la vapeur paraît tant soit peu abondante. J'ai
la satisfaction, de voir que sur ce point nos observations
corcordent avec celles d'un physiologiste aussi distingué. Dans la partie de ces expériences et de ces
conclusions qui rt:gardent la transpiration pulmonaire
niée par lui, et la formation de l'eau par la respiration, il oublia peut-être de calculer quelques circon11tanrcs , qui l'auraient conduit à d'autres conclusions. Le
célèbre chev. Meli, mon ami, auquel ainsi qu'au professPur ReP,no/i, je parlais des ubservations de Magendie,
me fit observer que l'ouverture fistuleuse de l' ho mm&
sur qui on ii1stitua ces recherches, ainsi que la trachéotomie opérée pai: lui sur les animaux, développèrent une
irritation d;ns le système muqueux: qui de la bouche
s'étend aux bronches et aux cellules aériennes , irritation par laquell~ s'arrête même l'ordinaire sécrétion
muqueuse qui hume·ète la surface interne des vaisseaux:
aenens : on peut croire, dit-il, que celte iriitation ait
la cause d.e ce que l'air· expiré par l'ouverture de la
�(
r
37 )
tradtée ne s'offrit p:is au docteur Mage..,,die, chargé de
la quantité ordinaire de Vflpeur aqueuse. Et si les effets
de cette irritation ne se manifestèrent pas dans les expériences de M. MagenJie sur la muqueuse d11 go.~ier ~
de laquelle il vit se développer une grantfe quantité de
vapeur <iqueuse , on peut l'attribuer à la légère ir1 itabilité de la muqueuse , qui est moins su~ceptible de
contracter une telle irritation. En effet, le~ choses se
passèrent diQ'éremment chez la jeune personne qui fut
le sujet de nos recherches ; d<ins laquelle il parait que
!:Dut acte d'irritation avait entièrement cessé. Le dégagement de la vapeur aqueuse eut lieu abondamment,
quoique l'on puisse douter que l'air en arrivant aux:
poumons immédiate_ment , puisse produire dans ceux-ci
une irritation même légère.
Le profci;seur Regnoli voulut répéter en partie lt•s oh~
a;ervations du professeur Magendie, en faisant la trâchéotpmie sur nn chien, Introdui&ant da~s l'ouverture
pnitiqu.é une seringue el la dirigeant vers les bronchE?s,
on vit que l'air expiré par là même n'était pas tout-à.fait dépouillé d'humidité , car la température étant à
4 ° R. , un instrument d'acier présenté dans les fortes
expirations à l'ouvertùre de la seringue à la distance
de <J:uelques lignes , se ternissait de suite. On voit que
cette expérience ne coïncide pas avec celles de Magendie et que les circonstances que nous avons supposé
mndifier ses résultats, ou elles n'arrivent jamais à empêcher entièrement le dégagemt>nt de la vapeur aquPuse
par les poumons , ou elles n'eurent point lieu dans Je
chien opifré par M. Re1511oli.
De ce qui précède , il me paraît résulter : que J',.;iu
dont est chargé l'air expiré n'est pas le p1·oduit d.: la
combinaison de l'hydrogène dégagé du sarig par le puumon, avec l'oxigène de l'air, mais l'effet d'1...n ~é,gi;ge1mmt
'f ·~ VIII. Septembre .18:24.
19
�( 158 )
d'eau à l'état de ;-apeur, qui a lieu sur toute la surface
des organes de la respiration. En effet , si cette humidité qui vient par les poumons dérive de l'eau dont le
sang se dépouille dan& les mêmes poumons, ou si cela
provient de la perspiration de la muqueusP. qui recouvre
intérieul'ement cet organe , on verra bientôt , si l'on réfléchit, que si une telle perspiration s'exécute aur cette
membrane dans la partie qui recouvre le gosier et le
larynx , il y a raison de croire que cela arrive également sur· cette membrane qui tapisse la trachéP. , les
bronches et les cellules pulmonaires. La seconde opinion
doit donc prévaloir , et quand même par la suite on
parviendrait à démontrer que le sang dans son passage
par les poumons se dépouille de sa partie aqueuse , cela
ne suffirait pas pour exclure l'autre source de cette humi~ité; mais nous serions plutôt portés à. attribuer en
même-temps -à ces deul( causes la production d'un seul
effet. La conclusion que Magendie tire de ses recherches est que la vapeur qui accompagne l'air expiré est
le produit d'une exhalaiion qui a lieu sur tous les points
de la membrane qui recouvre les voi1s aë'riennes. L'expression de voie.< afriennes employée par lui est évidemment limitée à la seule portion des voies aëriennes, EJUi
sont au-dessus de l'ouverture fistuleuse de l'homme sur
leq1rnl il fit ses expériences et de l'ouverture qu'il pratiqua
artificiellement sur un animal; car il déduit une te\le
conclusion de ce que l'àir venant du poumon par la
même ouverture , n'était point chargé d'humidité. La
conclusion de M. Magendie , très-jus te quant à la formation de cette vapeur, nou~ paraît seulement inexacte
pour avoir borné à une partie des organes respiratoires
la transpirati0n , origine de cette même vapeur. La
conclusion de M. Brodie est également inexacte , savoir:
que la vapeur procède seulement de la membrane muqueuse de la bouche et du pharynx.
�( xog )
Si la vapeur, qui aborde dans l'air expiré , provient
d'une simple perspiration, l'opinion des physiciens, qui
croyent que la formation de l'eau n'a point lieu ùans
l'acte respiratoire , se trouve appuyée par ces observations.
Nous avons énoncé au commencement que l'opinion
sur la non-formation de l'eau dans l'acte respiratoire
fut 1mggérée en observant que le volume d'oxigène, qui
se consume dans la respiration est égal à celui du gaz
acide carbonique produit; vérité qui nous para1t suffisamment prouvée non-seulement par les recherches de
.Al{en , PtJp.rs et Brodie , mais par celles d<l Mm:::ies,
Cr11wford , Davy et Dalton. Cette observation , de laquelle il nous semble r"é sulter que l'oxigène qui se perd
dans la respiration sert seulement à la formation de
l'acide carbonique , conduisit quelquf!s c~mistes et
surtout Thompson (1) à une autre conclusion, savoir.: r1ue
l'union du carbone du sang avec l'oxigène de l'air ins- .
piré s'exécute dans les poumons, au lieu de croire avec
Bouillon-Lagrange, que l'oic:igène s'unisse au sang ,
en même-temps que le gaz acide carbonique ot l'eau ,
déjà formés , se dégagent du sang.
D'après la quantité égale de gaz acide carbonique ,
qui 11e retrouve dans l'afr expiré , et de l'oxigène qui se
consume dans la respiration, il paraît que celui-ci
est employé à la formation du premier et non à celle
de l'nau. Et quand même on voudrait soumettre au
calcul le àijicit d'air que !'ou voit dans les résultats obtenus par Allen et PepJ'S, plutôt que de l'attribuer à
l'impossibilité de vider toujours le poumon de la même
quantité d'.1ir, comme l'on pourrait crnire , fobserverais qu'un tel déficit e~t tr.o p petit pour donner
(1)
Syst. da Cb. trul. frang. iS1S. T. 4, pag 6911
�( 140 )
()rigine ~la quantité d'eau que n JUS expirnns. En rft'ét ,
M'\IJ . .A'len 1·t Pepys é~aluèrcnt une telle perte en ~ix
par mille d'apres un cert.iin noml11·e de re~pi1 ations l..,a
kgèrc diff<-'rence que Thompson trouva l'ntre le volume
de l'oxi1dne con.;umé el l'aride carbonique prnduit , en
répttant les expériences de Dalton ne saurait être suumise
ici au calcul, car lui-même rnn-idère cette perte <l'o~ igène
<'Omme étant duc plutôt à la sou.1trortion d'une purtie de
l'air par toute outre poie que par relie df' la respiration ( I ).
En outre , il <lit q•ie dans qudY.ucs cÎl'constances on
vérifi.i la n•rrrspondancr égale de voh1mes des deux gaz
dénommés. Les cxpé. iences Je -C.-f .. Berthollet (2) pré!'entent , il est vr11i, un déficit no l;tble d'oxigène , mnis
ses résultats peuvent avoir été modifiés pour avoir obligé
les anim~ux à re~pi rer dans un volume donné d'air , jusqu'à ce q11e celui-ci nt- fut plus apte à la respiration , de
manière que ~es résultats ne pourraient se rapporter
avec prérision à la respiration libre faite dans un air
toujours renouvelé. En effet, Allm et Pepys ayant fait
tniverser à une certaine quanti té d'air pendant huit à dix
fois le poumon d'un homme, ils 1 emarqucrent une perte
du six pour cent d'oxigène (3).
J'ai énoncé plu.~ haut que la corrfspondance entre
le volume de l'oi.isêne consumé dans la respiration ,
et celui du gaz acide carbonique formé, a porté quelqu('s-uns à croire que cet acide se forme réf-li, ment dans
les poumons , et c'est ce que j'entends examiner en m'éloignant un peu de l'objet de mon mémoi1·e. Afin qu'une
telle conclusion fut bien exacte, il faudniit que l'on
put vitier entièrement les poumons à cht1que expi-
(1) L . c., p. 681.
(~J Mémoir•• J• Arcueil , T. ~ , T'• 454.
(3) Bibl. Brii.. S· et A , T. 4:1 , p· 2iS.
�f J 41 )
·'ration , et etablir ainsi des expériences sur chaque ins.
piration et expiration. Si l'on voyait que le vol urne du
gaz acide ·carboniq11e de chaq11e ·xpi rd lion pnse isolé-·
ment, correspondit toujours au vol1.une de l'oxigène
con.mmé; alors seulement on pou1·rait c1·0ire que la
formation de l'<Jci.Je c:ffdonitiue a lieu dans les poumons
exclu.~ivement, rt comme 011 ne peut pas vider entièrement l'air des poumons, il e~t impossihle de t:.1re des
expériences à C"t égard , f't la condusiun ci-dessus ne
peut être que précipitée Je répéterai donc que l'oxigèoe perdu corrcspund.rnt au gaz acide carbonique
formé ne prouve pas que la con1binaison chirn1quP qui
donne 01 igine à cet acide , ait lit•,u dans les poumons.
Si les cxpéri.:nces de Alhr:i d Pepys ne sont pas en
faveur de la conclusion tirée par Thompson, quelques ré·
fl<'xions physiologiques paraissf'nl beaucoup la contredire.
L'objection foite à la théorie de Blark sur la respiration
par quelquP.s physiciens, prise de la température des
poumons presque égale à celle des autres p8rlies du
corps, nous porte à croire que la combinaison de l'oxigène a lieu dans les vaisseaux artériels et non pas dans
les poumons exclusivement, savoir : au moment où le
sang en traversant ce viscère SP réunit ou à l'air ou à son
oxigène et commente à se comhiner à la base de l'air pur,
en continua11t ce proc~dé dans toute l'étendue des vaisseaux artérit:ls. Je crois que cela doit se limiter aux seuls
vaisseauJ<1 artériels, car la couleur f.mcéc du snng veineux:
nous démontre éviriemment qu'il ne contient pas de
l'oxigène libre, ou seulement enveloppé dans .~es parties,
J'ai dit que cette combinaison commence à peine que
le sang est chargé d'oxigène, P.t je pense que cela a
lieu dans le ponmon même avunt que le sang ai t
parcouru la petite circul<ition. En outre, sPlon les principes de la chimie géné•·a/e , je crois que ce p1·octdé'
s'exécute pl1:!s lentement à mesure que le sang, dans soa
�{ r42 )
trajet , s'éloigne des poumons. En voici la raison : si
l'oxigénation du sang, de laquelle , indépendamment
de l'inlluence du systéme nerveux, doit avoir origine
une partie dé la chaleur animale, car l'acide carbonique
ne pourrait pas ~e former sans dégagement de calorique,
si l'oxigénation du sang, dis-je, était égale dans les
poumons e't: dans les autres parties du corps , ce viscère
devrait avoir une température plus basse , car le dégagement de la vapeur et de l'àcide carbonique doivent
produire un abaissement de température; et cela doit
être compensé continuellement. Je pense donc que cette
compensation se trouve dans la formation de l'acide carbonique qui , de i;ui~ , commeucc à s'y effectuer , et
qui doit être plus énergique là que dans les autres parties
du corps.
Afin <le faire mieux connaître que la formation de
l'acide carbonique n'a pas lieu exclusivement dans les
poumons ' j'ajouterai ici avec plaisir quelques observations <le <leux célèbres chimistes italiens , Carradori
et Bruf{natelli. Le premier (1) fit remarquer depuis I 784.,
que si le système de Lavoisier était vrai ,il devrait y avoir
dans les poumons uue chaleur 1>xccssi ve , cette réflexiou
d'autant plus remarquable par l'époque où elle fut énoncée,
reçut des amples développemens par le professeur Brugnatelli en y appliquant sa théorie tliermoxil!ène. S;ins
chercher à démontrer ici la solidité de cette théorie italienne, peu suivie parce qu'elle n'est pas bien comprise,
et qui ai;surément mériterait une plus grande considération pour la perfectionner; il est certain cependant que
le gaz oxigène ( gaz therrnoxigène de Br. ) contient une
grnnde quantité de calorique. Cette vérité n'échappa point
à Berthollet, qui reconnut dans la détonation du nitre
(1) Diu. sopr:i. la Teoria di Crawford, p. S:i.
�( 143 )
avec le carbone, que l'oxigène conserve dans quelque.!!
combinaiso ns la plus grande partie de son calorique , et
même indépendam ment de la théorie thermoxigène , fa
quantité immense de calorique qui se dégage d;ins les
différentes combustion s du charbon, quoiqu'elle s soient
accompagnées par un dégagemen t des substances aëriformes , nous fait connaître bientôt quelle grande chaleur devrait se développer dans les poumons , si la ~om
bustion du carbone du saag y avait lieu entièremen t et
surtout dans 1.1n espace de temps très-court.
L'acte de la respiration , dont tant de célèbres chimistes
et physiologis tes se sont occupés , est encore un des problêmes les plus intéressans de la physique animale , car
on peut dire qu'il y a sui· cet objet autant de théories
que des physiciens qai en ont traité. En attendant, il
me paraît résulter des recherches rapportées ci-dessus et
de mes considérati ons ,
1. 0 Que le dégagemen t de la vapeur aqueuse qui accompagne notre haleine , s'exécute sur toute la surface
des organes de la 1es pi ration ;
0
2.
Qu'elle a lieu par une simple perspiratio n de la
muqueuse qui recouvre ces même3 organes;
3. 0 Que tout le gaz oxigène qui se consume dans la
respiration est employé dans la formation de l'acide
carbonique ;
4." Que la formation de cet acide commence à :<'opérer dans les poumons et continue à se fai re en se
rallentissan t par degré dans les vaisseaux artériels, plutôt
que de s'exécuter er.tièremen t dans les poumons , ce qui
causerait dans ce viscère une €haleur excessive., bien
.&upérieure à celle que nous démontren t les observation s.
�T R. 0 I S l È M E
P A f\. T 1 E.
LITT:ftRATUt\"E MÉDICALE ' NOUVELLES
TlFlQUES, MÉLANGES , ETC.
c. 0 AN J.
L
Ys E
n' o u v
11. A.
c. Es
scrn1"-
11\1 P n I Mi a.
P.ll.ÉCIS élémentaire ae po7ice-médieal6, etc.' par Étienne
0
SA 1111TE·MARIE, docteur en médecine, etc; in-8. • Lyon,
1824. Premier cahier. Introduction.
L'nollfME ne voit guères que ses propres besoins : il
faut être plus qu'homme pour embrasser tous ceux de la
roultitude, et non seulement toutes les têtes ne sont pas
propres à ce genre de travaux , mais même toutes les
époques ne sont pas également favorables : en effet,
quelle mosse de co.nnaissances et de faits ne réclament
pas l'exécution d'un travail sur la médecine politique et
quel ne doit point être le courage de celui qui l'entreprend chez une nation où la médecine-légale est si peu
favorisée et si peu mise en pratique : il fallait pour porter
un excellent esprit vers cette direction , une condition
sociale qui nécessitât les recherches de ce genre , des
connaissances variées et l'étude de plusieurs langues
étrangères. C'est avec ces conditions seules qu'on peut
entreprendre et qu'on doit réussir : c'est avec ces conditions que M. le docteur Sainte-Marie entre <lans la
cari ière épineuse et aride que nul autre n'avait parcourue
avant lui. Nous ne pouvons préjuger sur la bonté de
l'ouvrage, puisque l'introduction seule nous est parvenue
�( 145 )
mais l'érudition dont elle est pleine , les connaissances
profondes que l'auteur y développe soit en législation,
soit en économie politique, soit en statistique, soit en
philosophie et en littérature , nous donnent des garanties plus que suffisantes pour nous empresser de lire
avec avidité un ouvrage qui manquait à notre littérature
médicale et dont les Allemands peuvent seuls nous
offrir un exemple , mais si peu en rapport avec les
.11ciences dénommées plus haut, que pour l'honneur du
praticien célèbre auquel nous le devons, il se1ait à
désirer que l'un put en oublier jusqu'au titre . Dans les
promesses d'un auteur, il y a un style · qui annonce
qu'elles seront exécutées : c'est une franchise , une universalité de connaissances qui placent l'autt-ur comme
dans son propre champ , tel est le caractère distinctif
de l'introduction à la police medicalP. de M. Sainte.:. Marie,
que tant de succès antérieurs nous rendent recorrrtnandable. Ce n'est point ici le lieu d'analyser l'espèce de
prospectus de ce magnifique ouvrage , nous le ferons
au fur et à mesure que les livraisons parai truat , afin
de montrer jusqu'à quel point l'auteur a mis d'exactitude
à remplir .ses promesses.
PmRQUTN.
2,o
C .o
R RES P 0 ND AN«.: E
M ÉD 1 C .4. LE.
Ju professeur Scarpa au professeur :v!aunoir,
cnncernant l'opération de M. Adams, sur la cataracte
et sur la prunelle artificielle , traduites de l'italien par
le <locteur LusARDI , méduin-oruliste de S. M. l'archiduchesse Marie-Louise, duchesse de Parme, e.tc.
LETTRES
( Lettre Lroi&ième ).
Mon ami,
Pavie, le
10
Jiinticr 18i8.
BJEJ'( qu'ils ne subsistent plus , comme je vous J'ai
rlémontl-é dans ma lettre précédente , les ttois motifa
T. VIII. Septembre 1824.
20
�( 146 )
pour le~quels M. Adams désaprouvc la dépression de la
cataracte solide , dans le fond de l'œil , et qui le portent
à conclure que la dépression de la lentille solicje , est
d'un succès incertain et fréquemment préjudiciable; lit
nouvelle opératiQn qu'il propose pour la cure ,de cette
espèce de cata;acte pourrait à quelques l\t1 es être avantageuse , au ,111oins dans certaines circonstances parti.culières. Si celii a .lieu , on le verra p11r la cour.te analyse de l'opération elle-même , que je vous transmets
~ci.
,« Qu:'lnd il 9rrive da,ns les vieux, dit M. Adams, que
,, le noyaµ de la lentille est assez dur pour que l'aigµille
» ne le puiss~ pe11forer , je taille la voie, tranche par
:it tranche les tail\es étant répétées autant que je le
» puis , de Ja lentille devenue opaque et de sa ca.p» suie ; j'exécute cette opération avec un petit couteau ,
» ellô1el , quant à forme , ressemble à celui qu'on eml> ploie pour la pupille artificielle , mais il est un peu
~ plus petit. En pratiquant cette opér11tion , je fais en71 sorte de ne pas foire passer la lentille hors de son
" siége , et de :pe ,pils déplacer la capmle , par les
» procès ciliaires. Lorsque les fragmens et de la lentille
>> et de la capsule aont passés dans la chambre antérieure,
,, il den11~ure un espace enl!·e le reste de la cataracte et
1> la face postérieure de l'iris , lequel intervalle se rem1> plit d'humeur aqueuse. Cette humeur opère non seu» lem<';ot sur le ré.sidu de la lentille solide qui s'amolit ,
~ mais tend d'ailleurs mécaniqu11ment à empêcher que
i> oe résidu de cataracte presse contre l'iris au point
» d'y exciter l'inflammation , laquelle aurait probable" ment lieu q11elquefois au soutien de l'iris , là où la
., capsule antérieure fut levée et empêcl~erait l'humeur
l> aqueuse de remplir son office. Si le noyau de la calait racte n'est p11s très-dµr, ni de gro,s.seur e)lltraordinaire
» ( après l'abso11,_ptipn , déjà con_sqmmée, des particules
�(
1
47 )
r> de la lentille et de la capsule qui, dans la pre-
»' mière opération passèrent dans Io. o hambre anté" rieurc) on pourra , moyennant une séconde opé_.
» ratiort 1 réduire entièrement en morceaux le noyau
» lui-même , et ensuite le faire passer dans la ch;m1bre:
» antérieure ou son abso1'ptiort est arcélérée. Mais si le
» chirurgien , en fesant cette tentative, voyait que la•
» grosseur et la solidité du noyau fussent un obstacle at.f
,, passage de celui-'Ci antérieuremeht!, il dévrait taille1•
» de nouveau ex. fragmens le plus qu'il pourrait la cata1..
» racte amollie et füire paS'sér comme cJa.ns la p~emière
» opération les fragmens am~nés dans la· chambre an# té!'ieure , où ils· ne tarde11ont pas à ~ti·e 11bso1<
bés. Ici
» l'on avertit 'lu'on ne doit pas laisse1· s'écouler bicni
" du temps entre les deux opérations , parce q-ue la cir» conférence de la lentille, étanv beaucoup plu); molle que.
» son centre , elle ~st la pPemière à· sé dis.:ioudre, comme
l> aussi parce que le noyau , ét>ant r.apetissé,. pourrait s~é
» chapper de soi-même, sans avoir été préalablement di_.
11 visé, dans la chambre antérieure
où , à éause de .!la
1
» frittion mécanique, contre l'iris, pourrait ocoasioner
» une douleur grav·e et ùne j.rritatiion danis l'œil; aussi·,
» cet accident doif êfre prévenù, moyenlrlanr.Ja r'élH\tition'
» des opérations Sùs-inri!quées, en temps oppor~uns.
" Mais si , malgré cela , cet accident an•ivait,. je ré" commanderais de faire une piqure dans la chambré
l> antérieure, afin d'en füire sorrir le noyau. ( Practica1.
l> Obser. on diseaes of eye , pag I 44 », L'aufieur, dans son
récent ouvrage 1ur ce sll'jet , ajoute que quand· la dureté
de la lentil1e est telle qu'oh ne peur la !'ac-Ier àvëc l'aiguill'e , ni aveQ le peti~ couteau , il fla ut< la faire p11sse11
toute ehtière par la pupHle daàs la chambt>e àllté1 ie.uPè
( afin , di't-il , que la• pupilfo s6if suillsan'tm!lntl dliJatéd)
pbür, ér\Suite, l~exli ait·e! de lli , moyen\!lant ù'lie taiil.te dû
l'a, cornée , propo1•ti'o nnée au volume de la -lentilile~
�( 148 )
Considérant attentivement cette exposition , il en résulte, en premier lieu, que M. Adams et tous eeux qui
vr11lcnt suivre sa pratique, s'apeliquPnt à guérir la cataracte solide , en la mettant en pièces, et rn en ch~s
.snnt les lr.igmens de la chambre antérieure; à connaître,
avant l'opération ' de quel degré e11t la lentille devenue
oparruP, afin de ne pas être obligé, si elle est trop dure ,
Q retirer l'aiguille à deux taillans pour y introduire le
p etit coute;,iu pareil à celui dont on se sert pour la taille
de l'iris.
Là-dessus, M. Adams me rtprend pour avoir dit ingénument que "à la réserve de la cataracte de naissance,
qut> je savais être t.o ujours membraneuse en son entjer ,
et pour la plus grande partie et de celle qui suit l_a dépression , ou l'extrartion du crii.tallin , qui we paraissait
au sûr n 'ètre ordinairt>ment que la capsulaire, je ne
,me trouV11is pas à portée de prédire avec slireté de
qµelle con~i s tanre elle serait pour êt1·e une cataracte
cristalline que j'entreprP.n drais d'ppérer. Surpris d'être
iiHtruit sur cet article de M . .Adams, je n'y ai trouvé,
à cet égard, d'autre renseigne)îlent que celui-ci : <' qu'un
» oculiste observateur exact, se trompe rarement sur
)} le cara~tère et le , degré de consistance de la cata,, 1 acte qu'il doit opérer , bien qu'il ne soit pas en état
» de donner, de vive voix ou par écrit, une idée exacte
Il i;ur le plus ou le moins de solidité du cristallin devenu
:n. opaque ~. Par banheur , je ne suis pas absolument
obligé de l'l')e procurer cette conn aissance exqui se , puisque quand j'iutroduis mon aiguille r ecourbée, si la lentille devenue opaque est fluide, molle , caséeuse , je
la rompt facilement, en la fesant pas!ler vers la pupille,
et dans la chambre antérieure de l'humeur aqueuse , si
elle .est dure et résistante à la prise et obéissante à la
pression de l'aiguille , je la déprime dans l'humeur vitrée et dans le fond de l'œil. Le jeune opérateur, dit
�(
I
l,g )
M. Adams, qui ne sait pas enéore prédire le degré de
consistancl? de la cataracte à opérer , procédera avec
précaution (241) savoir : avant de commencer à tailler
par tranches la lentille , il y fichera la pointe de l'aiguille pour découvrir de quelle dureté die est , mais ,
j'observe que. si le jeune opérateur trouve la cataracte
résistante de manière à ne pou 1•oir être mise en tranches,
à l'aide de l'aiguille à deux tai li ans , i 1 sera tenu de la
retirer, pour y substituer le petit couteau qu'on emploie pour la taille de l'iris.
Examinez avec moi maintenant la série des opérations qu'il faut foi l'e , se Ion les l'ègles de notre auteur ,
quand on rencontre une ca.taracte solide par la moitié ou
dans son noyau seulP.m e11t, et quand toute la lentille
est assez dure pour rendre inutile toute tentative dans
la vue de la mettre en pièces avec l'aiguille à deux taillans ou avec le petit couteau. Dans le premier cas, le
chirurgien ne peut faire autrement que de racler la
circonférence molle, et de laisser le noyau dur en
place , parce que , à mesure que celui-ci s'amolit par
r.rtion de l'humeur aqueus e de la chambre postérieure'
il offre , comme dans sa cireonférence , la facilité de
le racler ·, et en/iin , après des introduetions réitérées de
l'aiguille , d.ans l'œil, e.t pour délivrer le malade de
l'anxiétt! et de l'incertitude où il se trouve sur le succès de l'opération , il est indispensable de faire passer
tout d'un coup au-delà de la mol.le périphérie même le
dur noyau de la lentille dans la chambre antérieure, pour
l'en extraire de suite, par la taille de la cornée. Il est
d-0nc inévitable de faire deux opérations ou davantage,
soit qu'on veuille diminuer le volume du noyim par la
raclure in situ, ou qu'on veuille l'extraire de la chambre
antérie~re par 1a taille ,de la cornée. Si ens uite la lentille est dure même dans toute sa circonférence, au point
de ne pouvoir, en aucune façon , ni la racler, ni la réduire
�(
1
So )
en tranC'hes, les deùx opérations sont également nécessai rPs ; avec la condition en outre (qui ne se rencontre
pas toujours) que la pupille soit assez dilatée pour donner
aisément pas-sage à toute la lentille et sana que l'iris en
souffre un tiraillement excessif.
M. Adams , continuant dans son ouvrage à comparer
sa nouvelle méthode de guérir la cataracte solide avec
l.i manière --commune d'extraire le crilitallin devenu opaque, par la taille de la cornée , il a des motifs plausibles puur préférer son mode d'opérer à l'extraction,
qui se pratique communément; puisque, selon sa nouvelle méthode , on évite sans doute toute pression sur
le globe de l'œil, en fesant passer la lentille--de la
chambre postérieure dans l'antérieure, et on prévient
avec sl1reté la sortie de l'humeur vitrée. Mais , ces
mêmes lhotifs , eu égard à la cataracte solide , n'ont
pas une égale valeur, quand on confronte sa nouvelle m\ilhode avec la dépression du cristallin qui résiste
à la prise et à la présence de l'aiguille. Rien de plus
ê ident pour quiconque n'a pas été épouvanté par l'horrible taLlcau des symptômes occasionés par la pression
du cristallin solide sur la rétine mulle , toutes les fois que
la pointe de l'ai'g-uîHe recourbée , plantée au travers de
la capsule antérieure , et par suite dans la substance
solide du cristalli1i , un mouvement étant f<1it de haut
en bas et d'avant en arrière, la capsuli: antérieure et
la postérieure se partagent conjointement au cristallin.
Les cencio de la capsuk échappés de l'aiguille recourbée
sont en un insfaht t::.cilcment transportés hors de l'axe
visuel et plon 0 és dans la texture intime du corps vitré, laissant la pupille dégagée de toute opacité. Le malade, après cette facile et expéditive opération , jouit
imméùiatcment du· fruit de l'opération elle-même , et
ici je m'<irrête , pulsqu'il me semblle qu'en dire d'avan·
tage pour prouver la simplicité et l'utilité de celte pra-
�( I5r )
tique , en opposition à celle des deux opérations , par la
piqure de la sclérotique et par la taille de la co; née
pour la cure de la cataracte solide , cc. serait abu~t-r de
votre aimable condescendance , eu égard H incipalement à la nullité des troi~ motifs adoptés par l'auteur,
contre la dépression de la lentille !iolide.
M. Adtims a beau dire que malgré l'introduction réitérée de ses instrumens dans l'œil, et nonobstant tou11
1cs mouvemens qu'il est tenu cle foire pour racler et
m9rceler_ une cataracte solide, pour qu'il soit venu à
bo11t de !a faire pa11ser toute , ou en partie , dans la
chambre Antériem-e d,e l'humeur 11queuse, ou 1Hmobstant le.s d~ux ou .plus nombreuses opérations, savoir:
µpe certainement ou plus par l'aiguille, l':rntre p~r la
tai~Ic de la cornée, bien que proportionné 11ux frafo!;mcns
~- extraire, ,il a beau dire qu'il n'a pas de symptômes graves conllérutifs à combattre; l'expérience jour nalif.re nous
11pprend que l'importance des symptômes con,•écutifs à une_
opération q11elco11que,sont toujours 611 raison de l'impor·
ta.nc;e de l'irritation produite par l'opération .même , surtout, !orque l'opération tombe sur un organe aussi délicat
que l'œil. Et q1.1e le~ sympLômes qui .suivent la nouvelle
opérati.011 pour la cure de ln catanacte solide , ne soien•
pas de si peu d'importance, cela peut se déduire, outre
l'an<1logie, de la considération d'ailleurs des m11yens
énergiq1.1es que M. Adams emploie pour les abattre,
( PraQtical obser". , page r 49 ) 1tels .que les abondantes
saignées au bras , J'ouverture de l'artère temporale , .les
mi{?nattu _sous le c6té interne de l'œil , les vapeurs
opiacées , la teir:iture <le digitale ,pourprée prise à
l'.i!l~érieur à la dQsP. cle deux gouttes toutes les deux
heµr:es,juRqu'à ce iju'elle aÏ·t produit .des .nausées et d'au.
tres .sem41ables s~bsidiail'es très-puissans, dont je ne
me SQ\tviens .pas µ·avoir .jamais eu b,e11oin aprè.s Ja dépression d'.une -cataracte solide, à ~essein positivemoot , .de
�(
152 )
la facilitt de cette opération et pour éviter qu'il survienne
à l'œil la moindre irritation.
On lit , à ce sujet, dans la ( Bibliotek für ophtalmulop:ie <le M. Hymli , vol. 1 , pag. 1 et I 47) le morceau ~uivant, sur la nouvelle opération faite par le docteur Günther, <1; s'il anive, écrit - il, que M. Adams
li> ne puisse tailler en tranche la cataracte svlide , il ra» cle le plus qu'il peut de la substance de la lentille et
'» répète cette opération , à mesure que la lentille elle:.> même se ramollit. Mais frotter beaucoup l'œil et le tra» V di lier, est cause que par la suite il s'y allume une
» inflammation plus que médiocre; ce que M • .Adams
» refuse d'avouer, mais ce qui d'ailleurs est c1rrivé dans
:t toutes les opérations qu'il a faites en ma présence ».
Au moins il faut convenir que dans la manière d'opérer la
cataracte solide proposée par M. Adams , il ne se trouve
pas les conditions exigées par Celse , du cita, tuto, et
jucunde.
Vous ne serez plus étonné si , dans une si grande disparité d'opinion avec moi , M. .Adams ne trouve pas de
son goût mo1.1 aiguille recourbée , quoique , en certaines
occasions de cataractes capsulaire , il en emploie avantageusemeut une recourbée , et toute semblable à }a
mienne (~64), J'ai un motif de douter s'il cùnnait véritablement la forme originaire et la sollitie.rza de mon
aiguille , qu'il suppose obtuse ( l3lunt) tandis qu'elle est
très-aiguë, et non moins que la pointe d'une lancette,
mais je conviens avec notre auteur qu'il a raison de dire
que mon 11iguille ne peut convenir pour l'opération de
la cal.aracte solide, suivant sa nouvelle méthode, puisqu'il a besoin d'uné aiguille propre à réduire en tranches une lentille dure, et il ne faut à moi qu'une aiguille qui ait de la prise sur un cristallin consistant
et le tienne ferme, jusqu'à ce que la petite membrane
jaloïdea étant partagée , je puisse l'enfoncer dans la
substance de l'humeur vitrée , hors de l'axe visuel.
�( 153 )
Et pour ce qui conce rne h1 catara cte capsul aire , j'au1·ais de la peine à décide r s'il est p1us avant age ux
de
plant~r la pointe aiguë recour bée de mon
aiguill e , dans
la capsul e deven ue opaqu e pour la h1 cér~r et la détacher de la zône ciliair e, ou de la tailler en divers es dirt~
c
tions avec l'aigui lle faite à deux taillan s. Je sllis assuré
seulem ent que quand une portio n de capsul e manqu
e
derrièr e hors du soutie n de la le~tille, comm e il •li
rive
dans le cas de la catara cte capsul aire secon daire, il
vaut
mieux l'égrat igner avec la pointe de l'aigui lle croch
ue,
que de la tailler , puisque;, quand on veut la coupe
r,
elle échapp e en avant du t:iillan t, rend inutile toute
tentative pour la réduir e en morce aux , ou pour la détach
er
de la zône ciliair e.
Ce qui appell e partic ulière ment l'atten tion dans toute
cette affaire , c'est la maniè re dont M. Adam s-a soumi!
I
son procéd é opérat oire à son hypot hèse favori te de
la
fréque nte compl ication de la catara cte avec la füsion
de
l'hume ur vitrée. Il consid ère la conséq uence de
cette
complication , savoir : la fusion de !"hum eur vitrée
avec la catara cte, le d~Hachement facile de la capsu
le,
et par conséq uent de la lentill e de la zône ciliair
e
( 104 ). Et comrfie il craint beauco up ( quand elle
existe , selon son bon plaisir , cette compl icatlon
de
maux) que 1'une et l'autre de ces partie s att seul appui
de l'aiguille , se détach ent et plonge nt ail forld
df!
l'œil; d'où . ils ne puisse nt plus sorl:ir et devien nent'
ensuite cause de désord res très-g raves ; il enseig ne
de
ne pas détach er dans cette compl ication de maux
de
l'œil, dépen dant de la fusion de l'hume ur vitrée et
de
ln cal:!!racte ensem ble, de ne pas , dis-je , détach er
la
capsule tout d'un coup , dans sa circqn ré rence entièr
e,
mais d'en laisser une portio n en fa çon de bl'ide, laquel
le
reti ent ln ~apsule à son poste ' jusqu' à cc que ces
deux
T . YIII. Septembre 1824.
H
�( 154 )
parties soient morcelées et qut> la lentille ait été reployée en avant de l'aiguille jusqu'à ce qu'elle passe
toute entière , ou en partie, par la pupille dans la
chambre antérieure de l'humeur aqueuse. Ce détachement facile de toute la boursette membraneu se de
la lentille, de la zône ciliaire par le plus petit attouchement ele l'aiguille, est pris en wnsidérati on par
notre auteur , en conformité de sa théorie , comme une
occurrence si fréquente qu'il la regarde comme la désorg:inisation du corps vitré que j'ai démontré bien éloigné
d'é1tre un fait certain et prouvé. Moi , au contraire , je
l'ai rencontrée très-rarem ent , cette facilité de détachement, sans que jamais elle fut suivie de tristei conséquences , parce que la capsule s'est toujours prêtée
au~si bien que la lentille à se laisser éloigner de l'axe
visuel , et plonger dans l'humeu1· vitrée.
De cette comparaiso n succinte de la nouvelle opération avec la vieille , il n'en résulte pas pour moi des
titres suffisans pour me faire préférer la première à la
seconde, toutes les fuis qu'elle n'est pas , par voie de
faits cel'tains et nombreux, démontrée la dissolution de
l'humeur vitrée , principalem ent chez les personnes
ay11pcées en ~ge. Il ne se trouvera , je crois, personne
qui , sur l'assertion gratuite de la fréquente dissolution
de l'humeur vitrée , voudra rejeter une opératio~ facile
c;t heureuse , et préférer deu~ , trois opérations , par
le moyen de l'aiguille et du petit couteau , pour a~
teindre le même but , après plusieurs semaines , opérations qui exposent fi de graves symptomes consécutifs . Le
seul cas , selon moi, dans lequel non-seulem ent il pourrait être avantageux , mai .~ d'ailleurs nécessaire de mettre
en pieces la cataracte solide , c'est celui dans lequel elle
face postérieure de
s'est rendue bien adhérente à
l'iris; je qte réserve de vous entretenir encore sur cette
matière , dana la lettre suivante. Et quant aux registres
ra
�( i55)
de11 -mauvais sucl:ès , de la convenan ce et deTutilité de·
la nouvelle opération pour la cure de la cataracte solide, c'est une corde délicate , à laq.µelle· je me dispense
de toucher pour le moment.
J'ai l'honneur d'être , etc., etc •
. 3. 0
R
É C L J. M A T I o N.
1
d'une lettre àe M. Lepère , pharmaci en de
Pari1 , en réponse aux oiser1>ations ( I) de JJ!l. le D.
Denans, sur la mixture brésilienne.
El'.TllAIT
« AvANT de faire connaitn les inconvén iens des prépal'ations que M. Denans propose de substitue r aux
miennes , je vais examiner les principes qu'il pose. et
combattre les attaques qu'il me livre.
i. 0 M. Denans regard11 le baume de Copahu comme le
meilleur des remtdes tmti-gonorrhoïques et convient que d11
tous les moy11ns indiqués par les auteurs pour en rendre
la digestion facile , au11un ne remplit cette indication .
Ces deux points sont incontest ables.
0
2. 111. Denans dit : « D'après les divers essais qui ont
» été faits, il n'.r a pas de doute que le dtsa~r~able de ce
» re.m~de ne réside dans son huile essentielle ; mais l'on ne
'il peut lui enl11ver cette huik e,ssentielle sans lui enlever
ses
» propriétes : c'est ce qui est arrivé lorsqu'on a voulu
>1 dor.ner le copahu réduit par l' Ùaporatio n sur le Jeu jus» qu'à consistance pilulaire; on n'm a retiré pas plus
» d'effets qu11 des pilules Je térébenthine >1.
Tout cela est d'expérie nce , et par conséque nt· de la
plus exacte vérité.
3. 0 L'auteur propose un not1veau mode d'adminis trer
(1)
Vox.u notre n.q d'ATril; 101.11. VII, 11ai;. 253 et sui.·,
�( l56 )
le r.opanu. Je renvoye l'examen de son procédé à la fin
de cette discussion.
ft. 0 Jl'l. Denans ·rapporte qu'un malade orant pri-1 de
la mixture brésilirnne en pAte., n'a rpas été parfaitement
IJuÙi, et sans dire quel régir~ a suiPi. le malade, prétend
diminuer la juste réputation de ce remède.
D'abord, je ferai observei· à M. Denans, que cette
réputation est fondée_ sui· une .q uantité pr~sque innomhrables d'e>..périences heureuses faites sous les yeux de
tuut le ' pfrblic méd'ital ~et ·~m- le 5t11fragè d"hon'lmes on
rae p<'ut' pas plus rèctltll1h\lntlab-le's ; ilnsuite je l'engagerai ~1 procéder à <les èxpérir:t1ces ultérieu1'es, c'est
I~ meilleur moyen de le rarnener au sea~timeny général
de .ses confrères.
5. 0 M. Dcnans ~jpute : l< la mixture de l}J. Le.pèr~ n'~st
~ qu'une simple pot1:qn de copahu , renfenriée dans uri_e,
"jiole..fejorm,e p,articu!ière et dési1p1ée. soi1s le 1_10m por:i1> peuoc de mi;r;ture brt1.silienne liquide ».
J'invite ce ~édecin tÎu~ ne veut pils s'<'n rapporter à moi
sur la composition de rnon remcde à con~ultPr un phar..,
macien, il appr~ndra que la n•ixtur; brésilirnne liguide
est toute autre çhose que, du baume. de copa~u pur et que
son nom , loin d'être pompeux , est tout simple, puisque
l'un des ingrédiens de ~e composé porte le nom de baum&
du Brésil et que le tout est une mixture.
g." 111. Denans termine par rette , phrase: l< Nous ne
» pm wns pas que la mixture solide soit du copahu réduit
» en ronsùtance, parc~ que cet te opération tlerJiendraÛ trop
,, rnûteuse, d'autaat plus qu'p/le serait toute en pure
» - perte dans ses effets, comme le sa1JPnt Jort bien les mé» decins qui ont voulu. administrer le baume de copahu ,
l> sous cette forme et cemme doit aussi le sa11oir M.
>J Lepère »,
Je lui dirai pour toute Téponse : vous êtes dans un
cercle vicieux , parce que vou~ raisonnei, dons l'hypo~
�( 157 )
thèse que je n'ai pas d'autre moyen d'opére r que ceu:iç
qui sont connus ; si au lieu de faire des raiso1111emen11
en pure pei:te , vous eussiez fait des expérie nces comparativ es sur ma mixture en pAte , sur le copahu évaporé
et sur la térében thine cuite, ou si vous· eussiez pris
l'avis d'un pharma cien expérimenté~ yo.us voµs fussiez
cônvain cu que ce remède n'avait pas <\'analogue et que
j'avais réellem ent enrichi la thérape utjque , d'un médi~
cament nouyea u .
. Comme il ne serait pas impossi ble qu'on ti1•ât des raisonnern ens de JV.i. Denans cette charitab le conséqu ence
que je ve_nds d,e la térében thine cuite pour un médica ment,,,je suis hién ~ise ' avant de fermer cette discuss ion,
de déclare r à ce docteur que dans ma mixture brésilienné. il n'~ntre pas u? atôme de térében thine (t1rebenthina p,inea off. ) ~,ous que.Iq;.ie fi,1rme que ce soit.
Enjin , et pllisque M. !Jeflans s'occup e de pharma cie
opérato ire , je me foi~ un plaisir de lui apprend re que
j'ai trouvê Je .moyen de solidifie r instanta nément la téré~
benthin e liquide , en la mclt;mt en contact à froid avec
une autre substan ce liquide aussi , et que j'espère
pouvoir faire une applica tion utile de ce nouveau produit .
Examin ons acLuellemcmt les prépara tions que propose
M. Denam .
'
.
SÉRIE d'expériences faites le 26 juillet 18~-4- • pour répéter
les procédés de M. D ennns , et pour determi ner les
quantité s relatives df'.s ;ubstances nécessaires pour l'exécution des formules données par ce docteur .
r.re EXPÉR IENCE • .....,.. Copahu , une partie! farine,
trois parties. On obtient une rnasse très-peu liée , mais
suscept ible d'être roulée en pilules gui se ré.iuise 11t en
poudre à la moindr e pres ·ion.
2. 1"'e EXP E RIENCE . Copahu , trols parties ; d11lisse,
quatre parties. On obtient une masse qui ne se lie pas d u
tout et dont on obti nt avec beaucou p de peine <}es pilllle&
qui se clisgregent â la moindr e pre1>sion.
-
�( 153 )
s.me ExPERIJ!:NCE. -
Copahu 'deux parties ; cllfJ~oe,
une partie; bol d'Arménie, six parties. Masse homogène •;
assez liée et facile à réduire en piluld très-molles à la
vérité' mais se disgregeant moins promptement que les
·
précédentes fY<lr ]a pression entre les doigts.
• 4.me ExPÉR.IJ/dcE. - Immersion des pilules dans la .
térébenthine ou le mastic.
Une pilule avec bol d'Arménie de 6 grains, a pris 5·
grains de térébenthine cuite.
Une id. avec farine de 6 grains, a pris 6 grains id.
Une id. avec réglisse de 6 grains , a pris 6 grains iµ.
Une id. avec bol d'Arménie de 6 grains.apris7 grains d•
mastic.
Une id. avec farine , de 6 grains , a pris 10 grains id.
Une id. avec réglisse de 6 grains , a pris 7 grains id.
L'expérience m'a conduit à reconnaitre qu'on doit "
donner la préférence à celle de ces préparations qui consiste à mêler une partie de copahu avec trois parties de
farine et à revêtir de résine-mastic les pilules qu'on prépare av'cc cette masse; ch.aque pilule de six grains après
son énumération dans le mastic fondu pèse dix grains
de plus qu'auparavant , de sorte que le copahu n'est
que pour un onzième dans la niasse , et que par consériucnt un malade qui devrait prendre une demi-once
de ce baume clans la journée , ·se verrait forcé d'avaler
cinq onces et demie d.e masse, c'est-àdire environ 200
pilules chacune du poids de 16 grains.
J'ai l'honneur, etc.
4.0 RE V V li!
DE
s
J
0
u
1:1 N ... V
x.
Journaux Français.
(Journal de pharm. Suite du n ° d'Avril.) - Nouvelles
C.-J.-Th. Becker ( Dissertatio de acide
h.ydrocianici vi perniciosd in plontaL Jena;, 1823, in-4.0)
a fait plusieur11 expériences desquelles il résulle que
des sciences. -
�( 15g )
l'acide prussique , préparé d'apres la méthode de M.
Vauquelin , fait périr les végétaux, à-peu-près de la
même manihe qu'il agit sur les animaux. Les graines
trempées dans cet acide y meurent également ou ~relent
leur faculté germinative. Les végétaux les plus délicats
succombent plu!! promptement que les plus robustes.
- Sur l'acide sulfureux anhydre, et ion application tl
la liquéfaction de quelqur.s autres.fluides élastiques ; par
M. Bussy, préparateur des cours à l'école de pharmacie.
- C'est aveo un simple mélange de deux pal'ties de
glace contre une de sel marin que M. Bussy est parvenu
\
'
à liq~Jéfier cornplétemenl ce gaz acide.
" Voici , dit-il, l'appareil que j'emploie pour cela :
» Il se compose d'un matres, dans lequel je mets parties
» égales de mercure et d'acide sulfurique ; ce mélange
» sert à la production du gaz , qui passe d'abord dans
;, une éprouvette entourée de glace fondante , pom·
» condenser la majeure partie de l'eau qu'il pounait en» traîner; ensuite il passe dans un long tube rempli
li) de fragmens de muriatP de ehaux fondu ; enfin il se
1> rend dans un petit matras entouré du mélange réfri» gérant , et là il se condense en liquide à la simple pres" siun de l'atmosphère i>.
•
Ainsi obtenu , l'~cide sulfureux liquide jouit des p_ropriétés suivantes : il, est incolore, transparent , d'une
pesanteur spécifique plus consiùérable que celle de l'eau
qui peut être exprimée par 1,4.5. Il entre en ébullition à
la température de ro., au-dessous de zéro. Versé sur la
main , il y produit un froid des plus vifs et se volatilise
complètement. Versé peu-à-peu dans de l'eau, il 111 fait
congeler à sa surface. En fesant tomber quelques gouttes
d'acide sulfureux liqµide sur fo boule d'un thermomètre
à mercure, et en l'agitant d'ans l'air, on voit descendre le
mercure avec assez de régularité ju,squ'à 35 ou 36 o au- •
desso»s d,e zéro, mais anivé là, '1e mercure parcourt
�(
160 )
avec beaucoup de rapidité un espace de plus ,d e trente
degré~ et il rentre entièrement dans la boule où il se
solidifie.
Entin, l'auteur est parvenu à faire congeler l'alcohol
marquant justJ.u'à 53 ° degrés et au-dessous, et à liquéfier
plusieurs gaz tels que le chlore , le cyanogène , et [e. gaz
ammoniaque, par la grande quantité de calorique qu'exig~
l'acide sulfureux liquide pour passer à l'état gazeux.
EXTRAIT d'un mémoire de M. J. - L. Lassaigne ,
sur la possibilité- de reconnaitre, par les moyens chimiques,
la présence de l'acétate de morphine chez les animaux
empoisonnés par cette substance, par M. Blondeau. cc LES
débats affiigeans qui , l'an dernier, ont pendant plusieurs
jours occupé les audiences de la cour d'assises de Paris,
étant de nature à donner des doutes sur la possibilité
de reconnaître , chez les individus empoisonnés, les
trace.~ des poisons végétaux , et surtout celles de l'acé..
tate de morphine, M. L11ssaigne , sur l'invitation de M.
Dupus , professeur à l'école royale vétérinaire d'Alfort,
cl de MM. Deguise et Leuret, médecins de la 'maison
royale de Charenton , ~ entrepris une série d'expériences
consignées dans un n1émoire dont nous allon11 ~onner un
extrait.
Les premières recherches de M; Lassai'g~e se s-0nt
di.rigées SUI' les liquitles de l'estomac VOmÎS peu de temps
après l'empoisonnement des animaux par la solution, à
assez forte dose , d'acétate de morphine.
Le procédé suivi par ce chimiste consi~te à faire évaporer avec soin les li'qpides filtrés , à les traiter cnsujte
par l'eau distillée pour en séparer la matière grasse ; on
filtre et on fait évaporer lentement. ·
C'est en opérant ainsi que l'auteur a vu se déposer att
fond Je la capsule des cristaux prismatiques qui jouissaient
des propriétés suivantes :
Ils avaient une saveur amère.
�( IÔI )
Leur solution dans l'eau était précipitée p11r l'ammoniaque en flocons blancs.
Traités par l'acide sulfurique concentré dan~ un petit
tube de verre fermé par un bout, ils ont dégagé une
odeur bien prononcée d'acide acétique.
Dissous dans l'acide nitrique faible, celui-ci n'a pas
tardé à se colorer en jaune qui s'est foncé, par l'addition
d'une nouvelle quantité d'acide, jusqu"à l'orangé .. et a
manifesté ensuite une be1le couleur jaune rougeâtre de
sang.
To1.1s ces caractères appartenant à l'arétate de morphine , la présence de ce sel a donc été démontrée jusqu'à l'évidence.
L'estomac , les intestins , le cœur et le sang d'un
chat mort à la suite de I'administ1·atien de douze grains
d'acétate de morphine ont été soumis en.suite à un examen attentif, mais l'estomac seul, après avoir été bouilli
quelques instans d<ins l'eau rlistillée, et ce décoctum ,
soumis aux mêm,s expél'Îences que les liquide11 précé·
demment examinés, a été reconnu contenir une petite
portion du poison do11t les réactifs seulement et en particulier l'acide nitriq4e, ont décélé la présence, Ni 119
iai:ig retiré des carotides quelques instaos avant la mort;ni les intrstins , ni le cœur n'ont paru en contenir aucune tl'ace.
Les expériences consignées sous les n. 0 • 3 et 4 de cc
mémoire ont cela surtout de remarquable, que dans la
première ( n. 0 3) il a été impossible de retrouver les traces de douze grains d'acétate de morphine qui avaient
occasioné la mort d'un chien de chasse malgré les soio.!I
apportés rlans l'exameQ de l'estomac, du sang et des
intestins <le cet animal.
0
Le o, 4 indique les expériences tentées après la mort
de deux jPunes chil:t.s !lmpoisonnés, l'un par cinq grains
T.
$epttrnbre 18a.4.
22
yrn.
�( rlb )
et l'autre par huit grains d'acétate de morphine , et prés t' n~e ce foiL si11guliet que le poison n'<i pu être retrouvé
que dans J',,slomac de l'animal qui avait succombé à la
plus faible dose,
On a en.mite examiné le liquide contenu dans la cavitc' thorachique d'un chien mort dix minutes après l'injl'ctio n d'une solution de quatorze grains d'acétate de
morph ine.
Ce liquide était rougcàtre comme du sang étendu d'eau,
et de rnême densité que ce dernier li<.ruide ; la chaleut le
coagulJit, et il devenait limpide et incolore. Soumis
aux mêmes essais que les liqueurs précéftemment retirées
de l'estomac , les résultdts ont été les mêmes, c'est-àdire que la présence du sel de morphine y a été évidemment démor\trée.
L'in le ~ti n grêle d'un chat, le duodénum d'un chien ,
ont élé l'nbjet des mêmes recherches après l'injection du
p oison dans ces parties , et toujours M. Lassaigne y a
r etrouvé la morphine.
L'arélate de morphine , injecté à trcs-forte dose ( 56
grains) clans la veine crurale d'un chien, et à la dose de
.30 grains dans la ju gulaire d'un cheval, n'a point été retrouv é clans le sang retiré d'une saignée pratiquée sur le
.chien non plus que dans le sang obtenu de la jugulaire
du cht• val , opp0sée à celle qui avait subi l'injection.
Cette dernière saignée avait été faite cinq quarts d'heure
après l'introduction du poison. Cette même expérience a
été répétée avec cette différence que la saignée a été pratiquée dix minutes après l'injection. Alors l'acide nitrique
a indiqué la présence de la morphine en occasion.;int
d ans l'extrait alcoholique du sang une belle couleur
ora n ~ ée.
L'aut~ur a voulu s'assurer de quelle manière se comport erait l'acétate de morphine mélangé directement avec du
sang ; à cet effet une solution d'un grain et demi d'.icé-
�t
163 )
tate de morphine a été mélangée à six onces de sang de
bœuf. Ce liquide a été évaporé à siccité, soumis à l'action de l'alcohol aiguisé d'acide acétique , afin de reformer l'acétate de morphine qui avait dû être décomposé
par l'alrali libre contenu dans le sang.
Filtré et évaporé de nouveau en consi~tance d'ei-trait,
il a été repris par l'eau distillée , puis évaporé une dernière fois et lentement: alors il a fourni un'! matière cristalline d'un blanc j:>unâtre, facilement reconnaÎ.s$ahle
pour l'acétate de morphine , et pesant environ uo grain
et un quart.
Quoiqu'il n'y eut pas lieu de douter de la décomposition de l'acétate de morphine en raison, comme il a ,été
dit plus haut, de l'alcali libre contenu dans le "s'ah~,
M. Lassaigne, pourac<quérir une certitude plus entièr,e • ~
a versé une solution de deux grains d'acétate de .or~
phine dans huit onces de sérum de sang parfaitement
limpide, et a abandonné ce mélange à, lui-même dans un
grand vase conique pendant douze heures. Au bout de ce
temps, il s'était formé un précipité floconneux assez àl.iondant, qui a été recueilli et exnminé chimiquement.
Il était presque enLièrement so1uhle dans les acides
faibles, les alcalis le précipitaient ensuiLc en flocons
bl;rncs de ses dissolutions. L'acide nitrique le 1issolvait
en colorant d'abord la di.~solution Pn jaune, et celte coloration all~it en augmentant jn!<qu'au jaune orangé.
C •~ s caracLères ont donc démontl'é que ce précipité était
en grande partie formé de morphine.
Le liquide séreux surnageant ce précirité, évaporé à
si ccité, a été repris pnr l'alcohol et a donné encore •me
quantité de morphine assrz notalJle pour qu'après l'avoir
combinée à l'acide acétique 011 ait obLcnu quelques cristaux: bien prononcés d'acétate de cette base.
Dans les di vers essais dont nous venons de rendre
compte , M. Lassaigne a souvent éprouvé des difficultés
�t
164 )
pour parvenir à décolorer les extraits alcoholiriues. Il a
cependant employé quelquefois avec succès le charbon
anirnal ; mais ces extraits conservant toujours une légère teinte jaunâtre , il était difficile d'observer bien
cx:i ctement l'effet de la réaction de l'acide nitrique sur de
faibles portions d'acétate de morphine,
Po1ir obvier à cet inrnnvénient , l'auteur a eu l'idée
d'appliquer à ses recherches le procédé indiqué par M.
Pelletier pour extraire la strychnine de l'extrait alcoholique de noix vomique ( Annales de phrsique et de chimie,
tome X, p. 14 2 ). A cet effet il ye1·sait une ~olution d'acétàte de plomb dans la solution aqueuse de l'extrait alcoholique ohtenu de la substance présumée contenir de
l'acétate de morphine. Les maliéres colorantes cl celles
azotées sont précipitées ehsemble, et la morphme reste
dàns la liqueur surn,1geante avec les sels alèiJli~ indécompos&bles p:i r l'J cétate de plomb , et l'excédant tle ce sel
q11e l'on .~ epa re facilement par qu elLJ.ues bu :les de gaz hydrogène sulfuré.
Pour éviter de nouveau la coloration , relte liqueur
est ensuite soumise à l'~vaporation dans le vide sous la
maC'hine pneumatique , en 111eltant à côté un vase rempli d'acide sulfurique con centré, Les principes salins
fixes que l'on obtient par ce moyen ne sont pas altérés
par une couleur étrangère. C'est alors que par la coloration de l'acide nitrique en rouge {)rangé on démontre facilement la préseuce de l'acétate de morphine. On peut
m~me i.;ol er cette base, si l'acétate s'y rencontre en quantité appréci able.
D 'après l'exposé des faits contenus dans ce mémoire,
les conclusions de M. Lassaigne sont:
1 •0 Qu'il est possible dans beaucoup de cas d'empoison·
nement par l'acétate de morphine de découvrir, par les
:moyens chymiques indiqués dans ce travail, des traces
sensibles de ce poison végétal i
�( 165 )
z. 0 Que c'est toujour s dans les viscère s où ce poison a
été primitiv ,mt porté, qu'on peut retrouv er les restes
qui attesten t sa présenc e ;
5." Que les matière s rendues par le vomis•e ment , peu
de temps après l'injecti on de ce poison dans l'estoma c ,
en contien nent des quantité s considé rables ;
4·• Que tous les efforts qu'il a faits pour le découv rir
dans le sang des animau x qui ont succom bé à l'tffet de ce
sel, ont été infructu eux P.
C. , Ph.
5. 0 V
.AR 1 ÉTÉ
s.
LE jury de médeci ne du départe ment des Bouche s-du-
Rhône doit tenir sa session le 5r décemb re prochai n. On
verra , sans doute, briller plus d'un candida t ferré; mais
l'ignora nce ne sera-t-e lle point prot6gée 1
- L' Indicat eur médica l, intéress ant journal , publié
sous la directio n de M. le docteur A. Grimau d , paraîtra
à compte r du mois d'oct0b re so6s ct: titre : Le Propasateur de1 sciences médical es ; titrn que ce recueil nous
parait bien mériter , puisqu' il donne une analyse succinte , mais fidèle , des autres recueils de médeci ne ,
français et étrange rs.
- Le profess eur Tomma sini vient de publier une seconde édition de sea recherc hes sur la fièvre jaune. Le
docteur Palloni a encore publié un opuscul e sur le même
sujet ; mais il ne fait que dis11erter et il croit que la maladie a été importé e d'Amér ique.
- M. P. Lefort, médeci n du Roi , à la Martinique~
qui soutieu t la non-con tagion de la fièvre jaune , qui
la soutien t de convict ion et dans un sens absolu , c'està-dire , sans modific ation , ni compro mis quelcon que,
vient de publier une brochu re in-8. 0 de 39 pag., intitulée : Quelques remarqu es sur un mémoir e de 11-1. le docteur
KJ::n.AUD nf'.N, ect., ect., et qui a pour but de combat
tre ce
T. VIH. Sr.ptem&rt. 18:1.4.
25
�( 1G6 )
que ce médecin a avancé en faveur de la contagion de la
fièvre jaune. C'est avec des faits , aveo des pièce• authentiques, que M. Lefort a prouvé combien cette opinion
était peu fondée , et <Jombien M. Kéraudren s'est mépris
sur lïl val('ur des témoignages , d'après lesquels il a écrit
son mémoire.
- M. le docteur L. Valentin nou" écrit que le docteur
Eélix-PaJcalis l'a informé, de Nevv-Y.lrk, que l'on y a
remporté une grande victoire sur: les trois contagionistu
qui y restaient; que le plus redoutable , le professeur
Hosack , avait enfin mis bas les armes et que la réconciliation avec tous ses êonfrères était complète , ensorte
qu'il n'y a phis de médecin d11n1' les- États-Unis qui
croie à la contagion de la fièvre jaune.
- Dans le prospectus que nous venons de recevoir ,
du Voyage autour du Monde, etc., par M. le baron de
Frl'ytim~t, nous lisons qu'ayant jeté l'ancre à la baie des
Chiens-Marins , le commandant y établit d~ux alambics,
l'i.m à bord et l'autre à terre·, pour se procurer de l'eau
douce par l;i distillation de l'eau de mer. L'équipage ,
composé de r2o 'hornmes, ne but pendant un mois que
d-e l'eau fournie par l'alambic : personne ne se plaignit
, ~t ne fut incommodé. A la table du commandant , on en
servit même pendant trois mois consécutifs, sans lè
moin1lt·e inconvénient , et M. de Fre.rcinet préféra , plus
tard, l'eau de mer distillée à telle qu'il avait prise à terre.
Ce pa11sage vient bien à l'appui de ce qui a été écrit 11\11'
l'eau de mer distillée par notnbre d'auteurs et récem .11ent
.encore par M. le docteur Te:rtoris , dont la fin de l'intérr~sant travail sur les eaux est attendue avec impatit:ncc.
Nous observerons à ceux qui nous ont adressé des réclamations à cet égard, qu'une maladie grave n'a point encore
permis à M. Te:rtoris de se livrer à la rédadion d<!s a1·ticles qu'il doit nous donner , mais qu'aussitôt qu'il aura
res1rni.~i assez de santé, il s'acquittera de sa tâche avu
toute l'ardeur dont il est capable.
�( 167)
- Suivant une circulaire de S. Exc. le Ministre secrétaire d'État de l'intérieur, en date du 24 janvier i824,
les récompenses qui devront ~Lre accordées aux plus zélés
vaccinateur~, seront décernées sur la proposition de l' Académie royale de médecine , qui est d'ailleurs.chargée de
faire , pour tou$ les départemens , les envois de vaccin
qui foi seront demandés; et par une décision du 10 décembre dernier , le Roi a réglé qu'à dater de 1824 , il
serait accordé, chaque année, aux plus zélés vaccinateurs~
savoir: x. 0 un prix de 1,500 francs; 2. 0 quatre médailles en or; 3· 0 ce-nt médailles d'argent.
- La Société a"cadémique de médecine de ..Marseille a
l.'nfin rendu compte de quelques-uns de ses travaux. Nous
<:n dirons un mot dans notre prochain N. 0
- C'est surtout en Septembre que les médecins marseillais ont eu à traiter des dianhées. Dans quelques cas
de dyssenterie plus ou moins ir1ten~e, les échaufinns ont
été nuisibles. En général , on 1/a eu ce mois-ci que des
gastro-entérites et l'on a encore appris que le traitement
qui leur convient le mieux, surtout dès le début , consiste dans L'emploi des anti-phlogistiques.
- D'après le relevé des regisLres de l'État-civil de
la mairie de Marseille , il y a eu en Aoùt 1824 t
3;)3 naissances ; 309 décès et 54 mariages.
P.-M. Roux • .
6. O C 0
.N C 0 U J\ S
A C A DÉ III l QU J! S.
LA Société des sciences médicales du ditpartemtmt de
la Moselle, se pr0pose de décerner, en 18'.'. 5, une méd;iille
d'or de la valeur de 200 francs , à l'auteul' du meilleur
mémoire sur les questions suivantes :
0
r. La méthode anti-plilogistique ou débilitante est-elle,
s~ule , applicable au traitemr.nt de la gastro-entérite ,
pendant tout son cours , quel que soit la forme qu'elle
ait présénté à son dt!bNt, ( Consi<Urant comme telles iu
�( 168 )
.fièflres continues bilieuse , muqueuse , pututfe et maliiJnt!
des auteurs; méningo-gastrique, adéno-méningée, adrnamique et ataxique de JI{. Pinel ).
0
Dans le cas de la négative, déterminer, d'après un
2.
nombre suffisant d'obserJations complettes, l'époque à laquelle il deviendrait nécessaire, dans ces diverses Jorme1
de maladie , de rtll'ourir à un autre mode de trai:e.ment
pour ramener l'organisme à son état normal.
3. 0 Dire quels sont les signes qui caractérisent CBtte
epoque • el annonceraient la nécessitl de substituer aux
anti-phlogistiques uniquement employé.f jusqu'alors , les
toniques et les jtimulans, tant à l'intéri1ur fu'à l'extérù1Ur. Indiquer quels sont ceux de as agens thérapeutiquu
qui mt!riteraient la préférence, et l'ordre successif dans
le1juel on dr.11rait les emplorer.
Les mémoires seront adressés dans les formes académiques , à M. Chaumas , secrétaire de la Société , avant
le 1.e• avril t!h5.
Nota. La Société ayant cru remarquer que cette même
question posée en d'autres termes , pour le concours de
1824 , u'avait pas été parfaitement comprise de plusieurs
concurrens , n'a pas craint de l'étendre par des développemens explicatifs qui <levron t en faciliter l'intelligence,
AVIS.
-•e>:i<<e"'~-
Sociét~
royale de Médeci11e de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Obser11ations, Notices, etc. , de ses membres soit titulaires, soit
c:orresponrlans , qui lui paraissent drgnes d' Üre publiés,
elle n'a égard qu'à l'intére't qu'ils présentent à la science
médicale; mais qu'elle n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions que peuf!ent émettre lts a11te11rH
et qui n'ont pas encure la sanction gcnérale.
LA
�( 1G9 )
BU LL ET IN S
Dl:
LA SOCI ÉTÉ ROY ALE DE MÉDE CIN:!
DE MAR SEILL E.
SEPT EMBR E
1824,_ -N. XXXIII.
0
d'une ascite conrJ;niale , avec actpholie
tt d'autres 11ices de eonform ation; par MM MAnTI1 '
et fücono , docteurs en médecine , à Aubag_ne.
0BS.1Ul. Y ÀTION
BÀUDZ LOCQU lf (1), Gardien (2) et d'autres auteurs
ont
fait mention des hydrop isies congéni ales de la poitrine
ou du bas-ven tre ; mais ils font remarq uer qu'elles sont
excessi vement rares, Nous croyons qu'il est bien plus
rare encore de rencont rer une ascite congén iale • jointe
à l'acépha lie et à d'autres vices de conform ation trespropres à déconce rter un accouc heur. Ce11 particu larités
justifieront peut-êtr e l'embar ras momen tané dans lequel
nous nous trouvâm es au momen t d'achev er l'accouc hement dont nous allons parler.
Nous fùmes mandés le 9 juin , 1824, c.hez le
nommé Chabert , ménage r à Rocque fort , terroir de
Cassis. Il y avait q1.1atre jours que l'épouse dudit
Chabert était en travail d'enfan t , et depuis quelque a
( t) Ar1. des accoucb emens, Tome
(2) 5me. volume, pai;e 1~8.
T. :VIII. Septem /Jn 18:.i.4.
:z.,
pa'e 315.
2.4
�(
170 )
heures elle avait auprès il'elle M. Bérenger , habile praticien de Ceyreste, qui <îtait venu seconder une sagefemme , dont la nommée Chabert avait été assistée dès
les pn:rnières douleurs. Nous priâmes M. Rigord, notre
estimable conf1 êre , qui se rendait par hasard dans le
quartier , de nous accompagner, et de nous aider de
ses lumières, ayant appris par l'exprès que l'accouchement offrait quelque chose d'e~traordinaire.
M. Bérenger nou11 <lit à notre arrivée qu'il croyait à
l'existence de deux enfans ; que le premier s'était d'abord
présenté par les bras , et qti'une seconde poche s'était'
immédiatement montrée à l'orifice de la matrice , et peuà-pcu avait beaucoup augmenté de volume et glissé en
s' .. longcant jusques au bas du vagin, où nous nous empressâmes de la reconnaître , ainsi que les mains et les
hrils du prétendu premier enfant.
Qt1niqu'il n'y eut qu'un seul fœtus dans la matrice de
la femme Chabert, on verra bientôt que le jugement
porté par notre confi ère Bt!renger n'était pas dénué de
fow1 ement ; d't1ulant mieux 'lue les bras et une grande
partie du tronc de l'enfant ètaient engagés dans le petit
'bassin , et pourtant cette femme avait cnaore le basventre très-volumin eux etJOrt haut.
Nous résoltimes d'attendre que la poche s'ouvrit spontanément .•..•
Ceprndant le travail n'avançait que très-lentement, la
P<?"b~ ne se déchi1·<1it pas , la femme Chabert éprouvait
des douleurs :.iltoces ; elle ne sentait plus les mouvemcns de l'enfi,nt d"puis plt;s de 48 heures ; ses forces·
s'épuisaient g>.-a<luellem nt' par les efforts infructueux:
qù'elle Ces nit· pendant les douleurs ; il devint urgent de
hâter l'.1 rco11chenient , et pour cela, il fallait d'abord
percer la P.Ol'he.
Alors une nouvelle exploration et plus étendue et
plus atteuLive fut nécessuire ; elle nous apprit que la
�( 17 I
)
prétendue poche ltait le bas-ventre d'uri .~ul Jœtu1 auquel
appartcn.iient aussi les extrérniLés supérieures que nous
touchions postérieurement. Nos confrère.~ s'en assurèrent à leur tour, et il fut convenu que l'accouchement
ne pourrait peut-être jamais s'opérer naturellement; que
s'il avait li1·u sans le secours de l'art, ce serait sans doute
après un laps de temps assez grand pour que la vie de
ld femme Chabert fut comp.·omise , et enfin qu'il fallait
tenter de terminer l'accouchement par le.~ pieds.
Il y fut aussitôt procédé sans succès. Il était impossible
de trouver et de saisir lt>s extrémités pelviennes; on
verra que ces extrémités étaient si petites , qu'il était
difficile de les reconnaltre et de les atteindre. Le bas.ventre de l'enfant était si volumineux qu'il remplissait
toute la capacité du bassin ; partout on le retrouvait se
glissant dans la main, dont il gên;.iit les mouvemens ;
d'ailleurs les fortes contractions de l'utérus engourdissaient les doigts de l'accoucheur , de sorte que nos efforts et nos recherches furent iuutiles.
Il devenait toujours plus pressant d'opérer la délivrance. Plusieurs signes nun duuteux , el quelques raisonnemens que nous croyons inutile de détailler ici, nous
conduisirent à cette conviction que l'enfant n'avait plus
de vie, et que son expulsion ne pouvait avoir lieu
qu'autant que nous en aurions vi<lé le bas-ventre qui
pouvait contenir de l'eau ou des viscères malades.
A cet effet, nous nous armârnes d'un bistouri recouvert
tl'une band,,lette jusqu'à sa pointe , nous le plongd1mes dans le ba~-ventre de l'enfant. A peine l'instrument eut pénétré dans celte cavité , qu'une énorme
quantité d'eau en sortit, jôlillissant d'abord fort loin.
Tous les assist:ins et nous, avons jugé que le poids de.
l'eau s'élevait à enviro·n r6 ou 18 livres.
L'accouchement fut bienlot achev~, après cette opéra-
�( 1p )
tion. Nous remarquâmes que le plactnta était très-volu ...
mineux , mou , se déchirant facilement.
Mais ce qui nous jeta tous dans un grand étonne•
ment, ce fot la conformation monstrueuse du fœtus.
Il n'avait point de crâne , et portait à la partie postérieure et supérieure de la face un fongus hématode qui
pendait en arrière en forme de bonnet.
Le thorax ne présentait des côtes que du côté droit.
A gauche il y en av1iit à peine une. Les extrêmités pelviennes , fort cotJrtes , étaient d'un très-petit· volume ;les p ·eds applatis comme les mains ; les os du bassin
manquaient presqu'en totalité. On ne voyait aucune trace
de parties génitales non plus que de fondement. Deux
tubercules , un antérieur, plus petit , et placé au-dusu1
du pubis , l'autre ·postérieur , plus gros , semblaient
remplacer ces organes.
Les extrêmités thorachiques étaient dans un état de
développement naturel. Enfin , le bas-ventre présentait
encore une tumeur à sa partie inférieure , laquelle étant ,
ouverte, donna issue à environ une livre d'eau jaunâtre.
En portant le doigt dans ce kiste, nous y reconntîmes
une rugosité qui nous annonça que la- membrane interne
dont il était tapis~é se trouvait ossifiée dans quelques
points de son étendue.
Le fait dont nous étions témoins. nous paraissant assez
curieux et assez intéressant pour être communiqué à nos
savans confrères composant la Société royale de médecine de Marseille, le fœtus fut plongé dans de L' alcohol ,
afin de pouvoir le leur transmettre.
Au moment où, pour completter notre observation ,
nous nous disposions, avec M. Rigord, à ouvrir le basventre du fœtus dans toute sa longueur , afin d'examiner
et de décrire les viscères qui y étaient , contenus , M. le
docteur Sigaud, l'un des secrétaires de cette société , est
passé par notre ville. Nous nous sommes empressés de
\
�( 173 )
procéde r à l'exame n du bas-ven tre en sa pré.~ence , de
lui remettr e ensuite le fœtus, en le priant d'en achever
lui-m~me (1) la descrip tion anatom ico - patholo gique
,
bien persuad és qu'il s'en acquitte rait beauco up mieux que
nous.
Notre t~che se termine donc ici, sous ce rapport ; mais
quelques détails nous pnraiss ent encore nécessa ires.
La (emme Chtibert est âgée de 32 ans; elle Pst d'une
stature élevée , bien conform ée, d'une bonne constitu tion , douée d'un tempéra ment sanguin lympha tique.
Elle était à sa 4me. grosses se. Ses trois premier s enfans sont bien portans , et ont été nourris par leur
mère. Cette dernièr e fois , la gestatio n a été moi:is pénible que les autres. Point de dégoût , point de vomiss e•
ment comme dans les précéde ntes grosses ses.
La seule incomm odité nouvell e qu'l"lle ait eue , ç'a ét~
UnP tumeur molle , de la grosseu r d'un petit
œuf d'au' truche, indolor e, située au-dess ous de l'ombil ic, s'étendant vers l'hypog astre , qui se manifes ta subitem ent
quinze jours environ avant l'accou chemen t , et qui disparut après les premièr es douleur s.
La femme Chabert était venue nous consult er pour
cette tumeur , et nous la visitâm es, à la hâte, un jour qu&
nous étions pressés de partir. Nous crûmes que l'épiplo on
~'était glissé à travers un éraillem ent de la ligne blanche
,
et en attenda nt de mieux examin er cette tumeur , afin d'en
reconna ître fa véritab le nature , nous reco1Y1mandâmes
à la consult ante de porter une ceintur e jusqu'à l'époqu e
de la délivran ce.
La sage-fe mme et M. Béreng er nous assurêr ent que
la poche s'était ouverte , sans écoulem ent des eaux , et
(1) Ce médecin observ:. à h Soci•!té qis'il n'anit rien Airjon•
1•r à l'iDl~enan te descript ion de M. le docte11r Martin.
T. VIII. Septembre 1824.
2.5
�(
1
74 )
qu'une petite quantité de m'ltière mucoso-albur.;iaeu~"
,-échappa du vagin pendaat !..: tr<1vaii.
Nous pPnsons que cette circonstanc..~ e~t remarqucrble
et pf'ut conduire à des reflcx:ons importantes sur l'absorption.
ro us devons encote fa;re remnrquer m.:e la c:::vité du
b:ls-\'enlre du fœt us se confon1iant avec cel!e eu thorax, ll!s eaux ont pu s'y acc:umaler en plus g1·0nde
q u.inti té , rendre l'dCC0Uchement plus labo:'l"UX et [a
dispo.~iliun des parti es plu,.; difficile à reconnaitre ..:u
moment de l'accouchement.
Hydropisie a~ l'crtù:ulatio) tibio;.
/ùnorale gauche , et tumeur bicnd.e dt l'articulation
'T'orliorarpienne du même clÎte; par J.-N. I\.oux,
D .-fr/.à St.-Jlj.aximùi ( Va.r).
0BSERV ATION.
UN jeune berger, âgé de 16 ans• doué d'un tem::1~
rament lymph.; tico-sanguin, après avoir ~assé l_cs moi~ de
janvier et de février i S\22. exposé à tou tes les in~empéries cfe
la sa.ison , fut pris d'un unflement à l'articulation tibiofhnorale gau<:he , q_ui se développa lentement ~t ~cvint
le siè~e rie ·lo•.ileu rs assez fortes pour empêchei· la ~ta
tion et \., prngression. Ce genou , coniparé à celui du
côté oppo~é , paraissait beaucoup plus volumineux ; la
peau était pâle- et son pourtour était l~ siè~~ d'un empâtement bien m;irqué : en press,mt sur la rotule , on sentait qu'Plle était soulevée par un liquide et qu'e lle parcoura it un. inle.rvaUe de deu; ou trois lignes- avant de toucher la cavité inter-con<lyloïdienne qui la reçoi t.
L'état de h constitution était d'aitleurs ass~z satisfaisant. Cepencl~nt cet enfant avait la peau· blanche et
do uce , les ye1lx ~leu'>, les pommeli.cs colorées d:: rose ,
lei; cheveux très-blonds , les membres grouppés , attri..
�( 175 )
buts ordinaires du tempérament scrofuleux. On devait
être porté à croire qu'un principe rhumatique avait
contribué à l'apparition de cette maladie, mais on d,·v:iit
aussi teni r compte des symptômes scrofuleux. En même
temps que l'hydrupisie articulaire s'était montrée au {~e
nou, J',,,ticula 1ion radio-carpienne du même côt1~ a_vdit
été affectée d'une tumeur blanche dt's mieux caradérisees.
Lorsque je fus appelé ( au commenc .. ment Je Ma1·s ) les
choses en étaient au point, que les mvuvem ens de h
main étaient des plus douloureux , et que l'usage du
membre inférieur était impossible.
Ces deux maladies ne me parurent différel' que par
leurs symptômes , leur llati-J·.e rt>staut la même , el je
m'occupai aµssitôt Ju traittrnenl, en romniençanl par
la tumeur blanche d1-1 poignet. Deux moxas furent pl•1cés sur la peau qui recouvrait l'ai ti culation. lis suppurèrent abondammt-nt ; les mouvemens devinrent tou.~ les
jours plus grands el moins uouloureux; enfin au bout <le·
1 ~ jours la guérison était parfaite.
L'action des moxa~ fut secondée par l'usage long-temps
continué du vin de quinquina prii tous les matins • de
l'eau ferrée, dont on fosait un usage habituel t-t du régime ;mim;,l. J'éprouvai de plus srandes difficultés pout'
faire disparaître /'hydarthrus ; des vésicatoires vol~us furent promenés autour de l'ai ticulatiun; on les répéta jusqu'à dix-huit fois sans qu'il en résultât le moindre avantage. Un seton fut passé à la pilrtie antérieure et interirnre
de la cuisse , afin d'agir plus profondément dans le tissu
cellulaire comme moyen dérivatif, rr.ais enco1 e sans succès. Enfin le feu , ce moyen thérnpeutique qui offre t;.nt
de ressources à l'art v éterinaire , fut de nouveüu mis
à contribution ; des moxas furent appliqués autour
du genou et l'équilibre fut rét;iLli rluns l'txhalation et la
résorption de la membrane synoviale.
Ce jeune màlade avait emp.Joyé qu îque tnnps pour
faire ce~ trailement ; obligé de {\lll"d 1 ·lt. lit, il t. ail à la
�( 176 )
fin comme étiolé, aussi je m'empressai de le faire jouir
de l'influeiice salutaire du soleil sur tous les êtres animés.
L'insol.1tion sembla mettre le comble au bien-être , et je
pouvais, s;,ins trop présumer des ressources de l'art et de
celles rie la nature, faire espérer uue t;uérison durable ;
mais cet enfant ayant repris la garde de son troupeau ,
el ab.mdonné trop jeune encore à la i;olitude des montagnes, il contracta la funeste hdbitude de la masturbation , qui a'm,. na bientôt le marasme et la mort , sans
que l'on observât le moindre dérangement dans le bon
état des articulations.
R4flexions. - L'hydropisie articulaire est toujours une
mal.idie grdve, difficile à g1Ïéi'ir; mais elle est h eureusementassez.rare. Laco-e~iste nce d'une tumeur blanche avec
e e devait être bien reduut~ble, et je doute que j'eusses
obtenu le moindre avant>1ge, si la maladi~ eut été plus ancienne. Ces deull'. affections reconn,.iis.sai cmt également pour
cause le vice scrofuleux et le vice rhumatique: chez. ce ma. lade l'un et l'autre pouvaient exister, aussi le traitement
locol marcha-t-il de front avec le traitement général.
Mais ce qui me porte à croire à une prédominance de la
part du principe scrofuleux , c'est l'insuffisance de dix~
huit vtsicatoires pour fair'! disparaître la maladie du genou, tandis que les moxas furent suivis du meilleur
résultat. B oè'rhaaye disait que s'il avait un secret à garder en médecine , ce serait l'emploi des vésicatoires
dans les maladies rhumatisnwles, l'on voit cependant
qu'ils ont échoué ici , et que le traitement tunique et
anti -scrufuleux a mieux réussi.
La premièl'e période des maladies articulaires , celle
dans laquelle il n'y a pas encore de lésions organiques
formée.il , est, sans contredit , la plus avantageuse pour
le traitement; j'aurais pu me promettre un rétablissement durable, si un vice affreux. n'eût trop tôt mis fin a11
hon état des cho11cs.
�SÉANC ES DE
PENDANT LE MOIS
LA
SOCIÉ TÉ
n'A.oCtT 1824.
-Ci)* eii»17 Aoltt. -
est faite: 1.0 d'une lettre de M.
le docteur Hernand ès, correspon dant à Mahon , qui
adresse un exemplai re de la traductio n qu'il vient de
faire en eipagnol du mémoire anglais du docteur .dtull,
relatif à une nou\•elle i11ventio11 de bandages élastiques
herniaires . M. Fenech est nommé rapport\.u r de eat
écrit.
2.0 D'une lettre de M. Leptre , pharmaci en à Paris ,
con.t enant des réflexions !>Ur le travail que M. Je docteur Denans a lu dans le temps à la Sociéte, sur unnou vP.a u
mude d'adminis trer le baume de copahu • et des pl.;intes
sur la manière dont ce médecin a parlé de sa rnix lute brésilienne. M. Lepère désirerait que sa réponse fut insérée
dans les bullt:tins de la Société où a été imprimé le mémoire de M. Denans.
Comme la mixture brésilienn e est comprise dans la
classe des remèdes secrets , la socièté passe à l'ordre du
jour sur la demande de M: Lepère.
3.0 D'une lettre de M. Félix Pascalis, correspon dant à
New-Y 01 k , laquelle, enlr'aut1·e s objets interessau s ,
renferme des d4'Lails imporlan s sur une maladie éruptive
(la Varioloïd e) que ce méùecin recomrnd ndable 1cgarde
comme une modificat ion <le 1.i petite vérvle.
M. le docteur Savar8sy , correspon dant à Naples,
fait hommage de quatre aloges hislori'{u es du cdl.bre
méd.ecin Cotugno , publiés par les docteur.~ P. llfogliari,
A. Scotli, B. Vulpes et S. Falinea La Societé nrd, nu('" le
dépôt dans ses archives de ces éloges, ain:si que du :.. "'~ N°
du Journal de. la Société .des sc-ienees, a151·icullu1 ·e et
arts du dépar~ement du Ba.s-1\hin.
LE<;TURE
�(
t
78 )
M. Gillet lit un rapport sur Je traité d~ la m~thod&
fu111igat<1ire _de M. le doct ur llapou , dont les conclu~io s s0t1t adoplées.
M. Ne/ , membre associé résidant , aprés avoir donné
lecture d'une observali on i;ur un charbon èssenticl , est
1·c~u membre titulaire.
M. Fenech lit gon rapport sur la dis!ertntion anglaise
de M. Bo~rchier, relative à la fièvre que ce médecin
a observée à Malte en 1819 , sur les soldats du St.J.me
régiment de ligne anglais. Les Ç<.>11clusions en sont adoptées.
La séance est terminée par le scrutin de MM. Rapou
et Bourchier qui sont reçus membres corresponda,ns •
M. Gilly, pharmacien, à Marseille, adresse
.21 AoÜt -une lettre contenant quelques réilexions sur les dangers
des remèdes secrets et so!l opinion su· l'élixir anti-glaireux du doctcu1· Guil!it qu'il dit avoir rectifié d'une maniére arnntageuse. ~. Gilly désirerait l'approbation de la
Société pour rendre public son etixir rectifié.
La société ayant pris pour règle de ne jamais d!>nner rl'.ipprobation à des remédes destinés à être mis ii la
disposition du public , fait connaître à M. Gillr qu'elle
ne saurait accueillir sa Jemapde,
La séance est consacrée aux cqnférences sur les mala~
dies régnantes.
TEXTOIUS , Président.
Sviz., &crctaire-gér1éral.
�.l~ ,; I
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LEVER lJU SOLEI L.
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DU C>EL.
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\oou,·rr L; quel<f· gonll.
Quelqu rséclair ci-es.
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Quelqu e• édairci es; pl.
9"- 0 faible:
Qucl. ques nuages.
S. O.
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Couv.; prt. pl par_int.
97 S.
"'Quelqu es nuages.
92 O. N. O.
;::i ~92 S.E.bo nfrais. Nuage ux
!•ils-nu ag(•ur.
..Cr,~. . .
87 S~E.
fr.-nua g.;pl lem ett. ~~
.. 0
911el,q légen nuage!.
~ -Ci'
8~' ~ N. O.
<;.. ;;
Sert'tn.
86 S. S E.
;;:
Tri\~-n uageux,
93 S. faibl".
Idem.
77 ~· N. O.
oo~
Etea1fo dP otrng, et vap. +"- ~
92 S. O;
Qnelrr. n11•g•s ; hr_". uill.I
87 S. f:uble.
Et•ndn devap•u r.s
91 O.
Saosnu ages,m a1s -.ap. ,
9 1 Jd.,11.
VapPrt nx.
87 Idem. .
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Etenrln de nuages.
87 S. O . fa1bl11,
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Nua~rnx.
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-+l .J ,? 69
-+rft,6 88
-+t7,9 82
-+1~,<i
Nnageu11 et vaporeu x.
Très-nn ageux,
Tr<\~- n11~g.;pl.ab. lem.
S.
Cou'" ''; pluie.
E.
Quelqu es nuogesi solés.
N.O.fo rt.
. Nuagi:u ,,
Idem.
N Q. gr. frais . QuelqueA nu&ges,
Toul nu&geui;..
1 1!!..
Co11Hrt •
S. F. faible.
O.
S S.E.
-+····
.. IE.fon .
-!-",.
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+ .:i3,36 -1-19,5:.
ÉTAT
~
8'7,';I
Moyenne&.
Qt1el<Juesécl~ircies.
r
.
�Plus grand'e élévation du Baromètre • • • • • 764mm, 96, le 15 , à 9 heures du maqn.
Moindre élévation. • • • • • • • • • • .
750 , 86, le z6, au coucher du solejl,
Haul<!ur moyenne du Baromètre , pour tout le mois 758 , 70.
Plus grand degré de chaleur. • • • • ~ , , • +z5 °, 8, le 5, à midi.
• Moindre
idem.
• • • • • • • •
9 , 2, les 27 et z8, au lever du soleil.
Z Température moyenne du mois. , • • , , • • of 20 °, 02.
0 ' Maximum de l'hygromètre • • • • • • • • • 1 oo 0 , le 24, à 9 heures du soir.
~
Mini~nm. . • , . • • • • . • • • • •
{j6 , le 27, à 3 heures.
_,,
Degre mo:ren. • • . • • • • . • , • • •
85 , 5.
+
~
*
..J •
0
~
* Quantité d'eau
!
... f
tombée pendant
{le
.
JOUr •
• 2omm,21 }
.
la nuit. , • 52
1entièremc~t
U
ii:::
6.
de pluie ·
~
...:i
5 2 mm, 53.
; T2.
Nombre de jours•••••• •
couverts •
très-nuageux.
nu<i geux ••
sereins.
de tonnerre • •
de gros vent • •
..
..
• 4·
12 •
. 4.
1.
I •
• 5.
�( r3t )
P Il E M l È Pl E
P A R T 1 E.
OJJSERVATIONS DE MÉDECINE-PRATIQUE.
accompagné de quelque~ circonstances re•
marquables; par M. Sfabrn, tlor:teur en mtdecine ,
membre de plu1ieurs Sociétés savantes
ÀVOll.TEMBNT
LE [6 mai, à 6 heures du m:itin , je fus appelé pour
visiter la dame B . ... , âgée de 3o ans ; demeura. t r1,1e
des Boucheries. Depuis près de cinq mois, cette dame
éprouvait des pertes utérines considét'ables avec des douleurs très-fortes dans le bas-ventre 1 fixél!s tantot aux:
reins , tantôt à ht région hypogastriqur. Rien n'avait
pu apporter du soulagement dans son état. Les lavemens
et les foment;;tions émolliente11 , la décoction de ratania.
en tisane , les potions avec l'acide sulfurique , la saignée au bras el autres moyens indiqués , joints au repos
physique et mot·al , n'avaient point amélioré une position fàcheuse, n'avaient point diminué une hémorrabie
qui commençait à devenir <ilarmante, mais avaient seulement pallié les douleurs. La rnr.lade sen lait du mou vcment dans le :ventre , et quelques autres signes, leh 1ue
des nausées, des goùls dépravés .s'étant pronomés, la
grossesse ne me parut plus dout1mse.
Le i6 mai, quand je ta visitai , je la trouvai très- !onffrante, couchée dans son lit, elle épo·ouvait des doukors
parfaitement semblables à celles da l'accouch r.Hmt. Ces
douleurs s'étaient montrées <le puis la vcilk au ~l·Îr, !liais
à minuit, elles uvnient pris une force considérable et
T._ VIII. Octobre 1824,
z6
�{
182 )
une propriété expultrice non équivoque. Il y avait à peine
quelques minutes que j'étais présent, lorsque-la matrice
redoublant d'énergie, se contracta fortement et chas-~a au
dehors à-peu-près la moitié d'un placenta parta!;é en
morceaux. Après cette expulsion, les douleurs s'appaisent,
et comme la femme était tranquille, que le col utérin retréci n'offrais plus l'espoir d'une délivrance prompte,
je sortis pour faire mes visites. A dix heures du
matin je ret1Juroe auprès d'C'lle , la sage-f~ mme, que
j'avais laissée, m'assure que rien n'a plus paru, à l'exception des douleurs qui depuis une heure tourmentaient encore faiblement la malade. Comme j'éprouvais de la difficulté pour toucher Je col, à cause de sa position en haut
et en arrière , je la fis lever , et après l'avoir faite appuyer sur le bord de son lit, l'introduction de l'index dans
le vagin me fic découvrir non-seulement une ance de cordon
descendue d.rns ce canal, mais encore tout-à-fait en haut
une mam de · l'enfant engagée dans l'orifice utérin médiocremen t dilate et qui metti.it des obstacles insurmontables à ce que ce cordon fut repoussé d:ins l'utérus.
'L'.ibsence des pulsutions artérielle' m'.rntorisa à exercer sur la main qni se pi ésentail quelques tractions dans
la vue de cilanger la position de l'enfant et quoiqu'elles
ne fu~sf'11t pà11 extrêmem ent violentf's , je sentis une
sorte de u aquement qui aurait pu faire croire à la séparation du membre d'avec le tronc (1) La résistance me
paraissant trop forte , je lâchai prise , et la malade ayant
(1) JP. dois prévenir ici ceux qui pourraient ~tre effr•yés
JY.lr celle espèce d e erépitation 'Iuelquefois très-distinctemeni
~enlie , qu'P.lle résolte du glissement de la main de l'accoucheur sur les membrts du fœtus. C'est sans doute a 11 fluide one.
tueui qni lub1'G.e les surfa€cs fétale9, ninsi qu'aux ~utros liquiele5 s;ecrétés par la matric:e, q11'est di'te l'eiistence de ce singu-
lier
phénomèn~.
�( 185 )
éprouvé une synrope , je suspendis toutes mes mal'lœuvres. Après l'avoir faite coucher et -reposer quelque
temps, il me fut possiblr, non sans quelques difficultés et
de nombreus es précautio ns, de parvenir dans la matrice>
je fus chercher les pieds et j'opérai l'ext1 action du fœtus
par cette partie. ( Il était de cinq mois environ. ) Après
cette extraction , les douleurs recomme ncèrent , elles
étaient produites par le reste du placenta auquel tenait
encore le cordon ombilical et qui avait beaucoup de peine
à sortir malgré des tirailleme ni légers pratiqués sur eeluici ; quelques instans i'étant écoulés , je crus pouvoir
profiter d'un moment qui me parut favorable pour intfoduire de nouveau ma main dans l'utérus et je ne tardai
pas à retirer l'autre moitié du placenta , ce qui se fit
sans douleur et sans effort , vu que toute adhérene,-e
avait cessé et que le défaut de contractio n de l'organe
poU\·ait faire craindre un séjour trop prolongé de ce
corps dans l'intérieu r de la matrice. Le rèstant du jour
de cette opération se passa assez bien , des fomentati ons
émollientes furent faites, mais l'utérus ayant conservé une
sorte de relâchem ent et de mollesse qui ne lui per.mettait pas de se contracte r sur lui-même , le soir, à dix heures , il se déclara une hémorrag ie si apondant e, que cette
dame tomba presque dans les bras de la mort. La positioo
donnée à la malade, l'applicat ion du froid sur le bas-ventre et sur les cuisses avaient été inutiles. Alors frapPé par
la crainte de la voir périr, et sans être arrêté par l'idée de
faire naître une métrite , je n'hésitai pas à introduir e de
nouveau ma main dans le vagin et de titiller le plus profondément possible la cavité du col et celle du corps <le
l'utérus. J'avais fait appliquer en même-tem ps de grands
synspism es aux mollets dans la vue de fixer ailleurs
le mouveme nt fluxionnaire , et peu après minuit j'€us la
satisfaction de voir la cessation complete dé celle hémor·
ragie. Les jouri; sui vans, des soins bien ordonnés et
�( 184 )
une gué·un traite ment réguli er servir ent à conso lider
rison qui ne tarda pas à avoir lieu.
0
exRéflex ions. - D'où vient r. que celte dame était
enee·
comm
le
s
posée à des hémo rragie s opiniâ tres depui
0
ta est-il
ment de la grosse sse ; 2. pourq uoi le placen
0 comm ent se fait-il qu'il a ét~ exsorti le premi er ; 3.
orrag ie
pulsé pa1· morc eaux; 4. 0 à quoi tient enfin l'hém
un mot
s
Dison
1
ance
délivr
qui est surve nue après ld
ons.
questi
pour éclair cir ces divers es
et si
Si nous consu ltons les ouvrage» d'acco uchem ent,
notre
à
offert
s'est
qui
cas
le
sur
bien
nous réfléc.hissons
la pt·e·
obser vation , il sera peut- être facile de résôu dre
parèil
en
iquer
s'expl
peut
ne
ie
orrag
l'hém
mière . En effet
le col
sur
ta
placen
du
on
antati
l'impl
ttant
cas qu'en adme
ir
fourn
utérin ; à mesur e alors que le col se dilata it pour
dans
lieu
à l'amp liation de l'orga ne , la déchi rure avait
saireJe tissu du corps spong ieux, et le sang coula it néces
alors
peut
ne
ment ; c'est ai11Si qu'au cun moye n de l'art
rt au
rappo
par
nta,
reméd ier au mal. La positi on du place
est
ieux
spong
corps
le
fœtus , rend assez raison de cc que
et
us
l'utér
de
col
le
sur
sorti le premi er , car placé
luifœtus
le
sur
nt
agissa
ne
chaqu e contra ction de l'ol'ga
et l'oblimême , celui- ci pouss ait le placen ta avec force
lui était
qui
lsion
l'impu
suivre
de
geait nt:ccs sairem ent
t à sa
Quan
.
active
nce
puissa
comm uniqu ée par une
que le
ser
suppo
doute
sans
faut
il
,
sortie en fragm ens
que
nt
penda
ême
lui-m
sur
cté
contra
ent
col uté11n fortem
parn
sectio
la
ainsi
it
opéra
en
é,
engag
le plalli?nta était
encore
tiell.:. , s ction d'auta nt plus facile , qu'ell e était
ses lode
aidO::c d'un coté par une adhér ence forte d'nn
efforts
les
par
bes à la surfac e intern e utérin e , de l'autr e,
comp ressif s du fœtus lui·mê me.
orraNous avons déjà fait press entir la cause de l'hém
seule
tie
L'iner
t.
temen
gie surve nue le soir apré5 l'avvr
n'y
qu'il
it
conço
l'on
de l'orga ne a paru la produ ire , et
�( r85 )
avait que des f:Xcitans locaux (r) qui· pouvaient donner
dans cc cas comme d;rns d'autres analo~Uf'S , le de12ré
d'il'l'itabiJité nécessaire pour ùpércr la contl\ilction des
fibres utérines,
C.A. s présumé de {irossesse ; molle. Par A. Cpnn.aun ,
chirurgien à St.-Henry-dc-Séon ( Bouches-du-Hbone J.
MARGUFIHTE iVlourraille , â~ée de 3o ans , d'un tempérament lymphatique , ayant toujours joui d'une boune
santé , et mère de quatre ci.fans , éprouva, a~ n-1<Jis·
d'aoùt 1 \!23, les symptome.s de la i:;ross e .~se. To~s ces
symptômes existèrent jusqu'au cinquième mois, époqne
où ils diminuèrent.
''
Les vomissemens cessèrent d'abord ; le ventre 'devint
moins volumineux , et les seins s'dlI:1iss1~rent. Les gti rits'
dépravés, la pesanteur des extrémité.~ inférieures, l'abe1·ration du sens de l'odorat , ainsi que le cercle bleuAtrœ
qu'op remllrq1rnit au-dessous des paupières inférieures,
disparurent presqu'aussitôt. Il ne restait plus qu'un peu
de pâleur à 1a figure au commencement du sixième mois.
Le ventre allait toujours en diminuant , de sorle qu'a11
commencement du septième mois Marguer;'tt/ n'eH
avait plus ( pour me servir de l'expression vulgaire).
Alors elle avait bun app1;tit , elle pouvait faire de Ion·
gues courses sans se fatiguer , n'éprouvait oucui;i.e incommodité et vaquait à ses occupations ordinaires. V ers
'
(1) Nous savonli bien id que le mal est à côté du bien, et
en agaçant fortement les fibres dt la matrice , je n'ign~re pas
<jl•e l'on peut produire des aceidrns graves. Aussi nouli objAclcra-t-on, peut-être, que dans le cas dont il s'agit, nous ;ivous
<Lé bi~o pins heureux que sages.
T. \'HL Octobre rt>.:i.4.
27
�( 186
J
Ja fin du dixième mois , elle eut des coliqu es, suivie~
.
d'une perle en 1ou~e peu abond ante , qui les fit cesser
de
Le 19 juillet 1<5'14, vers les huit heures du soir,
occuses
de
nouve lles douleu rs Id surpre nnent au milieu
de
pation s ; elles sont violen tes et simule nt celles
ne
et
,
ée
appell
l'acco uchem ent. Une snge-f emme est
rs
douleu
Les
e.
matric
trouve auc.un chang ement dan• hi
,
peu
dans
ittent;
inlf!rm
eugmP ntcnt. et prt'mw nt le type
ends
j'appr
d'elle,
auprès
1a pati ente se tro uve m<1l. A1 rivé
nt
qu',,lle sent un eu t ps insolit e dans le vagin • .Au mome
douforte
une
e,
matric
la
de
l'état
où j'allais m'Jssu l'er de
de
leur se fait sentir , et il sort paa· la vulve. une masse
chair.
s;
Une perte abond ante se déclar e et dure cinq heure
elle
,
matin
au
,
juillet
20
le
et
,
peu
peu-àue
elle dimin
mme
est tout-à -fait suppri met. élle n'a plus r eparu. La fe
seLa
.
ne ,souffi·e plus el de~ ire des alimens. ( Soupe )
erz'tt
crétio n du l ~ il u e 'est point opérée. Le 2 1 , Margu
t , et
étqit fort bi en ; elle se leva , mangPa avec appeti
tarda
ne
qu'elle
depuis fut de mi e ux en mieux , au point
.
pas à repren<l1e ses lravau:i.: accou tumés
nescription anatom ique de la molle. - Cette masse de
au
(:hoir envelo ppée d'une couLh e de tissu , ressem blant
neuf
de
longue
,
rique
cellula ire , ét .•it de fui me cylind
et
poure s , et lar~e de cinq pouces el qupl,1ues li ues,
l'on
où
,
e
ei..l<•rn
e
surfac
sa
toute
était rougeâ tre vns
eau
voyait nombr e dt> petites vessie s, r emplie s d'une
1ble
sembh
e
matiè1
d'une
et
unes,
es
quelyu
cl.iire , dans
Une
au pus cl.ms qu d yues autre.~. Ce liquid e était inodor t.
,
masie
cette
de
dos
le
sur
faite
~
elle
fic
supe1
n
incisio
nsui
t
on disting ua qudqu es petits vaisse aux , laissan
ter un liquide rouge , et en enfonç ant le bi~tou1 i jusqu'à
Une
deux pouces , on apperç ut un tissu comm e lardac é.
muJE'
ei<pèce
de ses extrém ités éta it termin ée par une
ronde.
l
ten1cn
seau , et l'autre par une ouver ture pa1.fai
�( 137 )
La face interne , mis! à dt!couvert, par une incmon
pratiquée d'unP extrémité à l'autre , était de la couleur
du foie , et divisée à sa partie" rnoyl'nne p••r une rainure
p1ofonde dP den.i-pr uce, offrant des renH~n. ens de distance en disti.nce , au oombr<> de six. De chaque côté
de cette rainure on observait trois ei..croissantes chilrnues, de la grosseur d'une noix, et enveloppées pilr
une couche qui semblait étr e du tissu <elluldire trèsserré. Sur quatre de ces petites masses , on d1stinguilit
des fibres semb'ables aux libres mu~culaires, et si;\ parées
les unes des autres par <lu tissu cellulaire; on y voyait
aussi de petits cordons blancs , durs; sur lf's .deux autrf's,
on n'en voyait pas, ni mème de-fib1 es , comme dan.s les
précédentes , aussi , ét · ir· nt-ellcs jaunâtn·s.
Sur chaque côté de la rainure , on remarquait entore
huit vessif's , plus ou moins ~rosses , séparées par un
tissu cellulaire et contenant un sang rouge et vermeil
d'un côté, et un sang noirâtre de l' dUtl'<', forméf'.~ de
deux membranes; l'externe était mince , se détuchant et
se déchirant uve~ facilité ; l'interne , au contraire, plus
épaisse , très-ferme et ne se déchirnnt qu'avec dîfficnllé.
A la partie supérieure de la molle, du côté où existPnt
ces vessies donnant un liqui<le rouge et vermeil , était
une autre rnal'se plus volumineuse y_ue les autres, envPloppée pnr du tissu cellulaire. ·L\y;int ouverte , j'ai 9bservé une multitude innombrable de petits vaisseaux,
naissant de toute part , et en s'entre-croisanl , ks uns
donnant un sang noir , les autres, un .~ang très-rouge,
Au milieu de ces petits vaisseaux vraisemblablement arteriels et veineux , existaient ég..ilerncnt des pet•ls cordoni; blancs , difficiles à ronipre.
Je n'ai pu m'assurer si ces vaisseaux étaient. formé~ de
plusieun membranes , ni si les cordons blancs étaient
creux.
•
�( 188 )
===--'=========================~===.:=-==-==
SEC0 N DE
MÉMOIRES,
PA
n 'J' 1 E.
DISSERTATfO'lS, NOTICES
LOGIQ.UES, ETC.
I •0
N
NÉCRO-
0 T J G E ~.
du chevalier Dominiq11e f':oTUGN0 9
médecin 01dinaire de S . M. le Roi des DPux-Sùiles ,
l' UnivPrsité
art hiatre royal ' professeur d' anritomie
df'S études , mé.Jecin ronwltant à l'h&pital des incurables • président de l'instit11 eritral de varcint: , associé
de l'A adémie ro.yale des sciences et de beau1·oup d'autres , nationales et étranrrères ; lu dans la séance publique de 1' Arad émie médit o-du'rurgfrale, d" 19 dé umbre 18:... 2 , par Pierre MAGLIARI, sPcrétaire perpétuel de celti' AroJémie , traduit de l'ita lien , par l~u
gi>ne Fr.NFCH D. /If P . , membre de la Société royale de
médecine tlP. llltJrseille et de celle d'instruction medicale
ELOGF. HISTORIQUE
a
tle lafaculté de Paris.
Lt; plus grand aslre de l'anatomie <:t de la médecine
des 18." et rg .e siècle a disparn. Cotuµno, le granrl Cotug110 ,
l'::iuteur de la découvei t des aqueducs, a ressé de
vivre. Ses rechP.rches ne mettront plus la nature dans la
nécessité de lui révéler sPs SPcrets , mais ses ouHages
continueront à éclairer l'art d'Alcméon d d'IHippocra.te,
comme la lune éclaire la terre au déclin de l'astre <lu
JOUI'.
J'avoue , Mes5Îeurs , de n'avoir jamais trouvé ma tâ-
�( 189
J
che aussi supérieure à mes forces qu'aujourd'hui, où je
me vois exposé à être, à la face de l'Europe, l'interprète de
la douleur que les cœurs reconnaissans des Napolitains
ont éprouvé d'une perte aussi énorme; que maintenant
où je suis contraint de décrire des talens qui demeureront long-temps, peut-être, sans être égatés , des antiques vertus, et les larmes d'un peuple qui pleure en un
seul homme , le médecin , le bienfaiteur, son délice et
sa gloire.
Comment dépeindre , mes collègues, la grandeur d'un
génie qui , clans l'âge d'or de l'anatomie , en recula les
limites; qui, s'étant adonné à la médecine, fit <lisparaître
un grand nombre de ses lacunes , qui a été le précurseur
du galvanisme! Comment m'exprimer à l'égard de l'homme
érudit, de l'ami de Mazzocc!ii et de Martt1relli, d'un écri- vain qui .~urprit par la rigu eur du langage de Tullius et
enchanta pnr." les grâces de celui de Redi; d'un homme
enfin qui renfennait dans un petit corps une aussi grande
~me , que la lon gue et constante faveur dt la f'OUr n'a
jamais énorg1J1>illi , que l'humble chaumière n'a jamais
rebuté, et qui dans l'opulence, cons~rva toujours,
comme on a dit de Serao , un grand attachement à la
grande famille des indigens à laquelle il avait appartenu
lui-même.
L'éloquent Tlzomos disait que l'éloge de Descartes devrait être 1;1 si non par Newton , du moins aux pieds de
sa statue. H eureusement pour moi , qu'étranger aux:
1
grt1ces de l'éluquc>nce , dont l'orateur de René était orné,
il m'est permis de prononcer Cf lui de CtJt11eno aux pieds
de l'effigie de Marc - Antoine Sf11erin. Puisse la renommée d'un si grnnd homme supplét-r au défaut de mon génie et m'attirer l'indulgence que nul aut1 e molif ne pour1·ait me faire espérer.
Le 29 décembre de l'an 1736 , st.;Zi' lu~tres npr~,; la
mort de Séverin 1 eut lieu la naissance de .Cotuê1;0, <l.ms
/
�(
190 )
le ,.me de Ruvo,d'un seconc.I mariage de Mkhl"l ColUf{JIO et _
de Claire ÀJsalemme, de Te l'!izzi. Le morlique pafrimoine
des auteurs de ses jours le mit dans la néi:essité de comb;,ttre hmg-temps contre tous les obstacles de la fortune ,
qu'il eut pourtant la constance de supporter, la force de
vaincre, sons s'énor~u<'illir de ~on triomphe; et s'il convient de parler d'origine, l'or•qu'on décrit la vie d'un
philosophe, nous trouvons que la sie11ne fut la meilleure,
celle que donne le mérite pcrsonnd , celle qui éleva plus
d'une fois Cincinno.tus de la chnrrue à la dictature , qu~
éleva le fils d'un pauvre collecteur , le bon Vespasien ,
.sw· le lrône de l'Univers.
Mal15ré la pénurie de ses finanres, le père de Cotupie
ne manqml pas de l'acheminer dans l'étude des lettres.,
où , dés l'aurore de la vie il donnait à connaitre ce qu'il
ar rait vers le milieu de sa l'arrière . La ville de Ruvo eut la
{loir.- tle ui «>n fournir lei. premi ers germu ; mais ar·
rivé à l'âge de 9 ans , il se porla à M<1letta , où le savant
cb<>oome de Sa11tis lui ouvnt tous lei. trésors de cette lan·
i:ue. )-\ar le n10yen de laquelle notre associé fit croire qu'a·
p1·t--. 19 siècles q1.1elqut'fois son favori Celse était rea.susçîté ; l.ingue qu'il patla librem nl dè& l'âge de 9 ans.
Ainsi anmré dans le riant sentier <les belles-lettres,
il retourna, t1 ois ans après, sous Il' luit paternel pottr con·
tinu 1· sa marche dans le chemin épin·! UX de la philoso·
pbie. Le P. Piâlltt se charge ùc lui en enseigner la route,
et le n IÏiPnt dans ]t's détours embarrassans et tortueux
des doc trines des Po1'rcozio. Mais heureusement, les
ins tit utions philosophiques <le l'immortel Ge.no1Jesi , de
-eet hrureux génie , qui , secouant lt restant du joug aristotélique qui dominait encore d;ins nos écoles , avait
rendu à la raison tout son empire , venaient de paraître.
Un ami du jeune Cotugno, les lui procure. Il les parcourt
01Yec une grande avidité : un nouveau monde s'ouvre à
ses. rcgard1 , et bien qu'il se trouvlt à cette époque
�(
191 )
lie la vie, où l'on compre nd les choses à peine à moitil!,
il fut dans le cas d'ajoute r à ses institut ions des réflexi0 ns
qui sont pour l'ordina ire, de 111 méditat ion de l'àge mûr.
Il entrepr end ensuite , seul; l'étude des mathém atiques ,
et comme nce sous if: docteur J.-B. Guerra , à apprend re·
les princip es de la médeEine.
Parvenu , cepend dnt , à i'àge de 17 ans , l'horiso n de
Buvo se trouvai t déjà trop étroit pour ses lumière s. Il redamait un théâtre plus digne de son génie, et le père consent de l'envoy er à Naples , pour y étudier la 11cience la
plus sublime , par l'étendu e des lumière " qu'elle exige; la
plus pénible , pttr les - répugn antes fatigues qu'elle
requiert continu ellemen t ; la plus utile, par l'objet
que l'on se propos e; 111 plus noble, par la dignité de
l'homme qui en forme le but ; la plus bienfais ante, pal'
les c•insola tions qu'elle répand continu ellemen t sur les
mortels , depuis le plus puissan t monarq ue jusqu'au plus
petit sujet; la plus religieu se, parce qu'elle nous rappelle à chaque instant , que n0us ne somme s que poussière et ombre ; et la moins estimée par les ignoran s ea
les ingrats . Cette science , c'est la médeci ne.
Le duc d'Audrz'a.., seigneu r de Ruvo , le prit sous sa
protection , et un loïque jésui:e , qn'il et1l pour compagnon de voya~e, fut lon g-temp s ~ on M entor , contre -les
illusions qu'offre à chaque pas ] .. s~jL,ur emhant é des
.sirènes. Les plaisirs , le:-s faibiess es, les erreurs , funestes compag nes de la jeuness e , n'euren t jam;iis d'accèi.
dans sun cœur. Occupe sa1'h cesse dl' I:èludc d:. la médecine,.
il serait difficil e, M VI. , sans puaitre exagéré , de vous
donner une faible idée d e!I grands progrès qu'i Î fit en fort
peu de temps; mais H me suffira de yous le montre r a
l'âge de 18 ans non-rév olus , après nt>uf mois seulem ent
d'étude en médeci ne , triomph er à un concou rs public
't solenne l, dans le grand hôpital des incur,,b les , de la
leur des étudiao s en médeci ue ,qui ét-.1icnt venus dispute r
�(
192 )
l'honneur d'obtenir la place de médecin adjoint dans c<?
magnifique établissement de1'tiné à être le prix du vainqueur.
Y étant admis, il commença à éprouver ce plaisir que
doit naturellement sentir quiconque aime une science et
.se trouve alJ milieu des plus fJvorables circonstances pour
la cultiver. li habite au milieu des malades , vit, pour
ainsi dire, avec eux, et consacre tous les momens de son
exi~tence entre l'étude , l'observation et la méditation.
Loin de toute vanité • si commune à la jeunesse , surtout
après df's succès, il ne pense qu'à profiter de ce temps
précieux, et à mériter la bienveillance des supérieurs et
l'amour de ses collègues.
Une conduite aussi exemplaire ne resta pas sans récompPnse. Distingué par les gouverneurs ùe l'etablissement , il se rendit vîtc , pour ainsi dire, maître de la
grande bibliothèque dont on lui confia les clefs. Quels
trésors pou r un homme comme Cotugno 1
Ah! mCJn m.iitre , s'écria Serao , lur sque se trouvant
pour la première fois seul dans la vaste bibliothèque rie
Cirzllo , il se vit approché par ce grand homme. « Ah !
mon maître , tu m'as rendu heureux. Me mettant à la
source de toutes les lumiéres , tu m'as dérouvcrt Je
passé ; je te répondrai de l'avenir »· Et que ne dut-il
pJs dire Cotugno , voyant à sa disposition celte imméase
collection de livres! MM. , jettuns un regard sur ses
ouvrag!'s et nous nous convaincrons facilement qu'il ne
dut s'écrier que comme Serao: <1 Vous me découvre:z. le
passé , je vous répondrai de l'avenir ».
Celui qui , à 9 ans, parlait correctement le latin , qui,
bientôt après , fesait des observations sur les ouvrages
de Genovesi, dignes de l'dltcntion de cet illustre philosophe; qui, à moins de 18 ans , triomphait dans 1(1
grand hôpital des incurables , ne pouvait être regardé
que comme un génie , devant ler1uel tout <loil ~ e taire ,
�( 193 )
excepté l'admiration, le respect et les distinctions , ·pour
·Jesquels, après que la studieuse jeunesse l'eut déjà
ohoisi pour sou maître en rnt!decine , en 17 55, les gouverneurs de 1'hùpilal lui conférèrent la chaire de chirurgie.
On trouvera peut-être une lacune dans notre ouvrage;
celle de n'avoir pas parlé des précepteurs de Cotugno
en médecine. Mais que pourrais-je dire des maîtres d'un
homme qui ne fut disciple que pendant neuf mois 1Obligé
de si bonne heure d'enseigner, il ne fut que l'élève de ses
pensées e~ de ses .méditations. Nous savons néanmoins
que dans ce court espace de temps le docteur Pasqual
Pisciottana fut choisi pour être son maître en médecine
et que Félix Acri , profes~eur d'anatomie dans l'Université royale des études fut celui qtii lui enseigna la manière
<l'i11terroger la nature dans Je sein de la mort.
Oubliant que Pope écrivit un Lon poème à 16 ans; que
lorsque Le Tasse publia re lui de Rinaldo, il avait un an
de moins que Cotugno alors que celui-ci monta en chaire;
que les grands géniei; , enfin, ressemblent si peu aux:
autres hommes ; que le rnarquis de l'Hôspital doutait si
Newton fut une simple intelligenre, on ne se serait jamais
persuadé que la chrtire de M. A. Severin eût été dignement occupée par un jeune-homme d'un âge si tendre.
Mais vous qui eütes le bonheur de profiter de ses leçons,
vous qui en a1'ez transmis jusqu'à nous les doctrines importantes , vous qui avez vu de quelle manière l'éloquence embellissant la science y attirait la jeunesse,
vous dont les connaissances mettent aujourd'hui plus
que tout autre dans Je cas de juger combien Cotugno,
dans ce bas âge, s'était élancé au-delà des limites que
comportait son siècle , dites-le, oui dites-le à ces auditeurs instruits , comme le diront à la postérité la
plus reculée les institutions de cette science qui se
T. VIII. Octobre 1 82.4.
28
�( 194)
sont trouvées parmi tant d'autres précieux écrits qu'a
laissés Cotugno.
Tenant ainsi d'une main à la médecine et de l'autre,
à la chirurgie , Cotugno dirigea son génie \•ers l'anatomie. Thomas Cornelius, l'oracle et l'idole de son
siècle ; Lucas Tozzi, le senl que l'on crut di gne de
remplacer Malpir;hi à la ct>ur d'lnnocmt XI; Nicolas
Cirillo, l'admiration de Newton et François Serao ,
l'arbitre des contestations médicales en France, si
célèbres médecins, n'avaie1:it rien ajouté à l'anittomie
pendant 80 ans. Payer , Graaf, Lieutaud don-.
n.iient aux découverte.!! de Severin leurs noms et nous
ne savions qu'adn.irer. Mais Cotugno arrive, et l'admiration s'arrête sur nous. Les grands succès qu'il
obtint ne manquèrent pas d'exciter dans le cœur des
Demauro, des Semmtini , des Ceiro, des Amantea et de
quelque autre, dont la modestie me défend de prononcer
}P. nom, cette noble envie par laquelle les victoires de
Miltiade inquiétant Thémistocle , préparèrent à la Grèce
le vainqueur de Salamine , eii les brillantes journées des
Cimon et des Périclès.
Mais ce n'était pas seulemeHt la strqcture du cerps humain que Cotugno Fecherchait dan1a l'anatomie. L'usage
des parties de ce corps , le m·é canisme dont la nature se
sert pour le mouvoir el les rapports de ces parties, la cause
et le siège des maladies , \es eftets des remèdes , les erreurs d11 raisonnrme~1t entrai r nt dans ses recherches.
La nature, qui ne dédaigne pas d'être observée par
ceux qui savent la connaître , ne put se cacher à Cotueno quî ' pour la bien ex11miner ' s'était enfermé dan~
une triste habitation, 111.1 centre de l'hôpital , entourée
des exhalations les plus nuisibles et les plus tlégoî1tantes;
elle aurait fini par devenir sa sépulture, peut-èLre, si .une
épouvantable hcimoptysi-e à laquelle Cotuµ,no- était suiet,
n'avait pas éveillé la pitié de l'un des gouverneurs , au
,
�( 195 )
p'o int de lui faire occupPr un logement moins sombre et
de pourvoir à sa nourriture, qu'il ne pouvait bien se procurer, vu le manque de moyens et le modique traitement
de dix carlins par mojs que lui donnait son emploi.
Vous qui courez dans les solitudes de Montmorenry
pour VÎb;ter la retraite que la rnaii1 de l'amitié pr<ipara HU
philosophe de Genève, ou au centre de lu Suisse pour
voir le château que l'opulence construisit pour les délices
de l'auteur de Zaïre, venez à l'hôpital <les incurables viBiter la chaumière otl. Cotugno courtisa la mort pour lui arracher le secret de la Nit! ', et dites s'il existe une chose
plus digne de l'attention du philosophe.
Depuis que l'invention de l'imprimerie a établi un
commerce très-actif entre les nations civilisées, les hommes lettrés se sont cru dispt>nsP.s de ce genre d'élu.de
qu'on né fesait autrefois qu'en voyageant. Cotugno, pour~
tant , ne voulut pas se priver de celte instruction , et
après avoir publié l'ouvrage sur les acqueducs, il entreprit le voyage d'Italie, auquel deux autres succédèrent :
un , en Allemagne, à l'occasion du voyage que fit notre
très-aimé Souverain, pour y accompagner une de ses
filles sur le trône des Chars , et l'autre , en Espagne ,
quand l'amour, resserrant le double nœud entre les augustes neveux de Charles III , Cotugno accomp~gna de
Naples à Madrîd la princesse Antoinette , . destinée au
successeur de la monarchie des Espagnes et des Indes ,
que l'Europe vit avec douleur descendre au lombe'lu à
la fleur de l'tige, et de Ma<ll'id, il suivit aux nôces de
l'héritière du trône des De\lx - Siciles , l'infonte Elisabeth, dont les vertus l'ont rendue non moins chère au
mari qu'à la nation entière. Si les bo1:nes étroites de cet
ouvrage ne me permettent pas d'entrer d<tns aucune particularité sur les honneurs, que les hommes lettrés, l~s
académies et les personnages distin~ués lui prodi~unii-ot
partout,- qu'il me soit accordé au moins de rappeler les
�( rg6 )
témoignages d'estime qu'il re~ut rlu gran1l lJlorgaf{ni ,
marq1o1Ps de distinction dont le génie vieillissat1t honorait
le génie naissant. Juste appréciateur du mérite partuu~
où il le trouvait , Cotugno ne fut jamais ni ettlhousiasl~
ni dédaigneux du mérite étrange!".
Notre associé ayant préparé entre la langueur des
mourans et le silence de la mort les ressorts de S!Jll exaltation , à '.25 ans , presqu'en rnême temps qu'il fol connu,
il se trouva dans cette haute sphère , dans laquelle le
mérite même ne parvient que par la faveur du temps ;
spécialement dans l'exercice d'un art où , avec raison ,
l'âge donne un grand prix. Mais supérieur aux craintes
qui tourmentent les génies médiocres , il n'hésita pas à
soumettre ses opinion.& au hasard du Loncours , et celui
qui a prévu le galvanisme, celui qui a découvert les aqueducs et le nerf parabolique 'l'auteur du commentaire sur
la sciatique, le médecin enfin qui p0uvait mieux que tout
autre juger tous les médecins de son siècle , se soumet
plusieurs fois à être jugé et retire de sa grande modération un nouveau genre de gloire et la chaire d'anatomie
à l'Université royale des études. Ce fut là qu'il expliqua
pendant So ans toute la magie de l'éloquence , de cette ·
éloquence de choses et non de mots , qui instruit , persuade et souvent enchante : éloquence , qui, si elle avait
été à la connaissance du philosophe de Genève comme
l'étaient ses ouvrages , peut-être n'aurait-il pas dit que
Bnerrhaave pouvait être égal en tout, excepté dans l'art
difficile d'ense:gner.
Le souverain ne put pas ignorer tant de mérites, En
1763, une maladie grave de son auguste aîné porte la
constcru;;tion dans la cour et la capitale ; l'affection paternelle de S. M. ne veut pas se priver des lun1ières dont
tant de monde se louait. Cotug110 est appelé , tous les
regards se sont dirigés vers lui , et la guérison de cet
auguste prince, la consolation du Roi, et l'espoir des peu-
�(
1 97
)
ples, justifie la confiance qu'on avait dans les talens du
médecin.
Les aca<lémies les plus renommées de l'Europe se firent un devoir de l'admettre dans leur sein , les premiers
hommes lettrés "s'honoraient de son amitié, et la confiance avec laquefle les malades de la plus haute distinction, même les souverains, venaient de toute part chercher u·n secours dans la doctrine de Cotugno , rappelait
aux Napolitains les jours flatteurs de Se11erin. Mais, je
me crois dispensé .de devoir m'étendre sur toutes les distinctions qui furent prodigm"es à tant de mérite , comme aussi sur les" emplois et leshonneurs dont il fut revêtu et sur ceux qu'on lui aurait conféré, s'il avait été possible de foire' violence à sa modestie. Bien que ces distinctions, ces emplois, ces honneurs, soient d'un genre dont le
mérite s'honore, cependant, vu le peu de temps qu'il me reste, il ne parait pas que dans la vie d'un auteur, ils doivent occuper la place de quel11ues cuups-d'œil sur ses ouvrages.
Tandis qu'il n'existe pas <le partie de l'art difficile de
guérir qui n'ait été illustrt par l~s fatigues ou les éi;rits
d'un si grand homme , l'am1tomic , la physiologie 1:.t la
pathologie ont particulierement fixé son attention.
L'ouïe que Platon appelle de concert avec la vue , les
sens de l'âme ; cet organe que st. Pierre nomme l'organe de I'intelligmce, forma le premier objet de ses
opérations. Pdr ses minutieuses recherches, les difficultés qui naissent de l'extrême complication et de
la délicatesse de cet organe, furent applanies ; et la
vraie structure de l'oreille interne se découvre aux
regards de Cotugno.
Les aqueducs qu'il a découverts dans le vestibule
et le limaçùn, la lymphe qu'il a trouvée remplissant
le labyrinthe au lieu de l'air congénial qu'il a démontré
ne pouvoÎf' y pénétrer d'aucune maniêre ; la preuve
�( 198 )
qu' il a donne d'une espèce de circulation propre à
cr lle lymphe qui y est déposée par l'exhalation artérielle comme dans toutes le11 autres cavités du corps,
tandis qu'elles firent disparaitre les idées chimériques
que l'on avait sur le mécanisme de l'ouie , pour faire
place à une explication fond ée sur les faits anatomiques, elles donnent à une telle découverte après celle
de Jenner et de Gal;iano , le premier rang parmi tah~
d'autres qu'à faites notre art dans le dix-huitième si ècle.
Oo voit dans une excellente planche représentant
une section verticale de la tête , !>OO nerf parobolique
incisif ou nerf naso-palatin de Scarpa, qu'il découvrit
également avant d'avoir appris la découverte qui venait d'en ~tre faite par Cotugno. Sans quelques rxem'Plaires de cette planche , que notre anatomiste a\'ait
r emis à plusieurs médecins di stingués d'Europe , el
la sincère confession de Scarpa , lorsque Gaardi lui
en montra une copie qu'il avait eu de 1Uorgagni, la
modestie de Cotugno aurait fait passer à la postérité
c:etle intéressante découverte avec le nom , il est vrai,
non moins cé:ébre du professeur de Pavie. Italiens ,
Guillaume I:Iunter dispute avec . scandale à son frère
Jean l'antériorité de quelques idées sui· la structure
des vaisseaux du placenta , que ce dernier avait 11ublié dans un de ses mémoires. Cotugno et Scarpa font
preuve, l'un d'une générosité qui surprend, l'autre d'une
sincérité qui édifie. Qu'elle différence entre le caractère de deux grands hommes anglais et les deux
151·;inds hommes de notre Italie 1
Les découvertes peuvent être aussi l'effet du hasard,
mais alors elles restent sté~iles et ne fructifient qu'entre
les mains de l'homme intelligent , le seul qui en est
vraiment digne. Cotugno , qui avait su tant utiliser la
découverte des aqueducs 1 ne laisia pas périr celle
du nerf parabolique.
�•
( rgg )
cc M. Bullier, après avoir rapporté divers cas dans
Ie.~quels
l'éternument à occasioné l'hémorragie, la
hernie, l'avortement, la cécité et même la mort ;
ajoute : <1 la thérapeutique , qui possède C<1mme on
sait, dans la classe des stPrnutatoires des moyens particuliers de provoquer l'éternume-nt , n'oppose à ce
,phénomène accidentellement et vicieusement développé,
aucun agent spécial ''·
Graces au génie de Cotugno, la médecine napolitaine
n'est pas si pauvre. li n'y a personne parmi nous qoi
ne sache que depuis plus d'un demi-~iècle il a enseigné à le prévenir et à l'arrêter, en comprimant le
nerf-parabolique devant et denière les dents incisives
supérieures. Mais le petit opuscule , !'ontenant cette
doctrine, qui parut en 1764', et un ex Irait , ouvrage
du même auteur 1 consigné par le savant professeur
Magri, dans une note de la physiolo11ie de Calàani ,
paraissent n'avoir pas dépassé les Alpes, et nous
mettent en cela plus avancés des autres nations de
Jllus de 60 années.
La médecine offrait en ordre à la sciatique et à la
variole, des lacunes dans lesquelles un grand nombre
de praticiens s'étaient égarés. Cotugno, n·é pour tracer
aux autres le ('hemin et non pour suivre le leur, y
porte ses recherches, et ces vides disparaissent.
Les anciens avaient confondu ave~ la sci11tique toutes
les douleurs de l'articulation, et depuis 40 siècles, que
cette maladie occupait l'attention des médecins, personne n'avait pu obvier à ce nuisible désordre. Le
génie de Cotugno pénètre dans ce cahos , qui présentait la vérité mêlée à l'erreur ; et introduisant de•
distinctions émanées d'une connaissance profond~ du
mal, il y porte cette clarté dont on n'avait poiat
d'idée jusqu'alors. M~is ce qui importe le plus, eat
que ceux~ qui ne conviennent pas avec l'auteur que la
�f
(
200 )
cause <lu mal ctJnsiste en une infiltration séreuse de
la ga1ne du nerf , ne pr.uvent faire autrement que
<l'admirer et suivre sa méthode curative.
Et que ne devrons-nous pas dire de son autre estimée
monographie imr la petite vérole. L'art présentait en ordre à ce fiéau , contre lequel la tendresse maternelle, et
l'intérêt avaient déjà, 'avec l'heureuse découverte de .l 'inoculation, préparé dans le pays de la beauté les arme~
avec lesquelles ,Jenner devait la combattre dans les
campagnes de Glocester , l'art, dis-je , présentait un
vide, eu égard à son siège. Cotugno , par une série
d'observations pathologiques dignes de foi, a démontré
que son siège était uniquement dans la peau. Et si des
faits alors peu connus ont ensuite contredit une de
ses opinions émise comme par incident , c'est-à-dire,
C{Ue lt:s eaux dans lesquelles nage le fœtus dans la matrice ne l'en préservent point; cela ne détruit pai ~us
le siège du mal ne soit dans la peau , ce qui est le vrai
sujet de l'ouvrage.
Et quelle part n'a pas encore Cotugno dans la découverte du galvanisme 1 Puisque Magellan -a fait le tour du
globe, vous n'évaluerez rien, disait un grand penseur,
les fatigues de Golomb , parce que celui-ci n'a découvert
que les bords du Nouveau-Monde 1 L'observation publiée
par Cotutrno en 1784, concernant l'électricité animale,
lorsque l'iminortel Ga/.,ono ne songeait pas seulement
à la gloire qui l'attendait , lui fait mériter le nom de
Colomb du galvanisme.
Et comment passer sous silence le mémoire sur le
mouvement réciproque du sang, par les veines inteme•
de la tête , avec lequel Cotugno , faisant connaître les
fonctions inconnues des veines , il a relevé , pour ainsi
dire , ces vaisseaux de cet usage abject, auquel la découverte de la circulation , attribuant tout aux: artères,
les avait condamnés.
�(
201 )
Mais quel ouvrage se présente à mes yeux! L'esprit
de la médecine, argument' sublime , grand , utile ,
traiment dif:ne du génie <le Cotugno. Quel1p1'un se
plaigoÎL qùc l'Atadémie française n'a~ait pas fait
tout ce qu'il fallait pour le présider.il de Monlt'sqnieu,
parce <ju'e d'a ns ses funéfaill'es, l'on n'avait pas mis sur
son cer<.: ueil l'esprit des lois, comme l'on po~a vi'-àvis la bîè re de Raphaê'l le tableau de la tran :..fi'g11raLion,
le chrf-d'œuvre de ~on pinceau et de l'esprit lJ1Jmàïn·.
Cofügues, mai'n tenant que· la voïx de l'homme éloqnent
t\e rntentit plus sous celte vo.1:e, nous u'aari'ons d.6.faire autrê chose , nous n'aurions pÔ mieux honorer la:
mémoire ile notre Président qu'en plâçaut sur son fom-·
heai:; le livre snr les aqueducs et lire à hante voix fo
raisonnement sur Î'espri't de fa méêleci.ne.
Cet ouvrage' cfaus lequel , . moyenn'a nt la puissante
éloquence de la raison e~ ~e l'expérience <lu Momesq1ûe1t'
de notre art, sont exposés ées maux qne· l'a médecine
doit à l'orgueil des médecins :· de vouloir soumettre à'
tfes règles générafes-, nn art à. peine susceptible d~ lois
particulières, cet ouvti11ge faisant cônnaî'tre à la jeunessé'
Ies erreurs auxquef!es elle s''exposerait , substituant daris
Jeurs rècherches la fidèl'é escorte des faits an presli'ge
des sygtèrnes r èst l'ouvrage q1.d devrait ~Lre cor:1'ti'O.aellemeut entre les mafos d'è tous ce'o x qui cuhiventi une'
S'cience , d'ont la grande propension au'x systèmes,
l'expos-e aux hypothè~es plus que· tout.é· au(re branche de'
fa philOsopb'ie expérimentale~
Au milieu cl'e' sï grànd~s' connai~~an·ces· d:ans l;~re d~~
guérir , Cotugno n'ét<1it étranger· ~ aucune brimche'
des scienées nature lits , dont il raisonriait , nori pas avec
.!elle su1)erflcie d'un amateu"r ,. mais a.vec la vasle p,éné-"7
l•ration d'un proCesseor.
Cu·ltivant avec SllCf' èS l~s belles-leùrès ' iÏ a' su', pllls:
T. VlÎl;; @1:tobi·é âh4.
Z9'
�( 202 )
que tout autre, nnir l'utile à l'agréable. Sé,•ère dans le
raisonnement , sublime dans les pensées 1 noble dans
les phrases , fleuri dans l'expression , avec son style il
soumet la raison, il soulè,·e l'esprit, nourrit l'imagination et charme le cœur.
Et combien n'était-i 1 pas versé dans la numismatique! ...
Avec quelle sag<ci té ne l'avon~-nous pas vu déchiffrer
les mystères el les allégories que la fable et l'histoire
ont fou ·nis au'i anciens, pour célébrer leurs grands
événemens ! ! . . . Le musée qu'il posséd<1it en ce genre
était riche et choisi ; et deux mé<la·i lles qui· attestaient
l'ancienneté de Ruro, ,~on testée par Petrilli , y fesaient
re~pirer cet amour national qui fait le plus bel. éloge
"1-•
da cœar.
Si du côté de l'esprit, nous avons vu Cot1tgno se
présenter grand , inaccessible , non c~mmeot<.ateur des
ouvrages , mais l'interprète de la nature, nous le trouvons,
considéré du côté du cœul', généreux, sensible, humain,
compatissant et religieux,
Bienfaitéur, non par l'importunité d'autrui, mais par
al)ondance de cœar, il s'empresse d'aller trouver daus
_sa propre maison, la misèee timide, qui n'ose pas
recourir à sa philarHropie , et renvoit satisfait de lui
celle qui , rompant toute relenne, l'entoorait en foule
à' chaque instant!. . . . . . Ü]_)servez comme il met· en
sanve-garde , dans les cloîtres, l'honneur de l'indigente
vierge, assiégée par l'or de ces vils séducteurs qui cher·
cbent d'acheter d'une bouche ajJamée le baiser de l'amour,
et prêt à su -:comber; et romment, sans exiger le moindre
sacrifice de leur cœnr~ il dote avec la même générositè
. et celles qui choi~issent le célihat . et celle~ qui embrassent l'état conjugal. Lisez dans son tes.lament comIUPnt il laisse ( cent mille ducats ou euviroÙ ) . presque
tout ce qui lui res\e ,. après tant de laT:gesses, aus
pauv1·es du graml hôpital des incurables, desquels il
�( 203 )
acquis ses connaissances ,.et auxquels il fot~seulement
debiteor et de sa grandeur et de sa fortune, et dites
s'il f~t un,cœur pluG généreux et plus reconnaissant que
celai de Cotugno.
'Et vous qui n'avez d'autre Diet1 et d'autre loi que
l'argent, vous qui cro_yez que rien ne peut mieux
illustrer vos familles, que la splendeut' <les richesses 1
regardez Cotugno qui , puovant laisser ses n~veax dans
l'opulence, les constitue clans la médio~rité 1 pour lent'
apprendre que la noblesse du mérite ne se soutient pas
par la splendeur de l'or , mais por la pratique de .la
vertu et la cuhure de l'esprit.
Etranger à l'ambition et aux grandeurs, quel1e vie
exemplaire n'eut-il pas à la Cour ! Indifférent dans
tool ce qui ne regardait pas ~on anguste miuistè re, il
n'éprouva jamais aucune de ces crnelles agitations dans
lesquelles l'ambition fait constamment flotter les courtisans.
Juge non moins intelligent <JUe juste appréciateur des
fatigues scientifiques , dans les concours on dans les
antres essais littéraires, partout, enfin , où il intervint;
il fut l'écueil contre leqnel se brisa le flot de l'intrigue.
Et quel attachement sin L· ère ne montra - t - il pas
à- la Patrie, par ce 'coustaut refus atn: offres les plus
avantageuses que l'lmpératrice .Marie -Thi1 èse lui fit ,
poar l'engager à ac~epter à l'université de Pavie, la
chaire qu'il s'attendait à mé r iter lt Na pie~, par la voie
glorieuse du concour_s 7 Re fusant d'.:iccéder aux vives
instances du f1ère d'un souverain qui lui offrait des
ordres chevaleresques, beaucouf' d'argP.nt et diYers objets
rares et précieux , pon1· que Cotugno lui cé<lat na vase ·
très-rare 1 italo-grec, dont il a fait don au musée rc yal,
ainsi que d'un demi - buste en marbre représentant
Théocrite ·!
Doué naturellement d'un caractère doux et estimable,
en vieillissant, Cotùgno n'acquit rien de cette austérité
.3
�( 204)
de l'â ~e, qui ne pPrmettait plus de reconnahre ea
llaller le fidè le ami de Gi:sner et le tendre ·époux de
]lieu ir1n .1e. Ju~qu'aox derniers momens, il Pot les mêmes
C<indesceotlances pour le publi<' , le même altacheinent
p our sPs amis et une tend resse un iforme pour son
éi)ouse la ducbesbe de Bagnarci, qui régna toujours seule
clans son cœur.
Et la 1·eligion ~ oh a t-cUe eu un prosélyte plns zélé et
plus exemplaire que CoEugno~ ••.• 01.t est cet h..imme
qui, comme lui, u'a j amais démenti, par l'exemple,, .cette
moralti qu'il e nseignait à la jeunesse studieuse ?
Amateur passiouné de l'étude, il fut un de ces hom.
mE»S rares , qui, an milieu des grandes occupations de
l'a.r t, trouvent toujours le temps poa1· la lecture. Et je
pourrais d.re qu'en lui, la .ch 1Îne des ·connaissances
humaines ue se brisa qu'avec le .fil de la .vie.
Le cours régulier de la ~ie cle Cotugno, n'avait
j.ama is fo urni , aux na.p oli.i.1ins, l'occasion <le palpiter
p o1,1r le.11 •· bienfai.t eur.; mais malheureusement ce fâchirnx
inst:t0t se présen te .Ù.1I)~ la matinée du 29 n v,·embre
i8t8, ayant é ~é assailli l'a·r des forts vertiges, au moXl1 <'Qt qu'il était allé recevoir le pain des anges, dans
l'église de l'Etoile. La donleur en fait répandre la nou.,.
"elle avec l.i célérité de la foudre , l'amour en exagrre
le danger , et bientôt d evenu Je suj•' t .des .c onférPnces
et de l'inqniétude puh)iqnc, l'on ne vit que d es bo1nmea qui d :·mantlaie nt, et des hommes qui donnaient'
des nouve tlr s de .Cot11 grw.
H e ureuse .douleu1· qui pnl être sui.vie du plaisir de
5011 ··ét· bli •s1;nnent .; nni~ Cotugrw , né pau:vre et obscur,
ntllpris:i nt les richesses e.t la renommée , ne peut pas
em r êclier à son méritr. de le rendre 1·iche et Wostre.
CPL homme, dont les tale no. f,1rent admiré5 llans l't nfonce , firent concevoir cle g•·auùes espéranP.es dans sa
)e11uesse et· surpa;;:.èr.euL tou~e ai.tenl~ llans l'âge adulte;
�·(
~o5 ~
'<lai, né ponr vivre dans la sphère la pins modeste, affr\lachil l'espace immPn. e qui Io sépare de ceux q u1 fo1.1 1c1]t
.}e seuil, et fut admis daus la conversation el d;.us
la confiance des Bois; cf'l homme qui pi·irua P.u a 11atomie , qui ue manqua pas de découvrir en physiologie,
qui ent peu d'ëg:iux en médecine, qui a .fig uré d .. os
la découverte do galvanisme, qui n'a élé le sccoud de
persoune en éloquence ; cet l1omme chez q ui comme
nous disons d'Amantée, « faire le bien fut un be,oi_n
du cœar, compatir une propension plus que nature!le,
et l'exercice des vertus les plus difîiciles, son unique
ambition» , frappé de celte loi générale qui condamne
tous les êtres ''Ïvans à se renouveler, pour souteni1· un
,cercle perpétuel, frmdé sor les corruptions el les génér~.
,tionnlternatives , n!é,tait _plns le 6 octobre i8:i2.
�( :w6 _)
T R0
I S 1 È M :E'
P A R T 1 E.
LITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
MELANGES , ETC.
1.° CoB.BESPONDANj::E
111Én1CALE.
du prefesseur Scarpa_ au professenr Maunoir,
concernant l'opération de M. Adams, sm· la cataracte
et sur la prunelle arrijfrielle, tmd1âtes de l'italien par
le docteur LusARDr, méclecin-ocitliste de S. M. l'arc/ii.
duchesse llfarie-Làuùe, duchesse d e Parme, etc.
LETTRES
( Lettre quatrième ).
Pavie, le
10
Janvier i818.
Mon cher ami,
J'AI encore qoelqae chose à vous dire et sur la cataracte adhérente à la face postérieure de l'iris, qu'elle
soit m~lle ou dure, et snr la pupille artificielle.
Quant à la cataracte adhérente, de quelle consistance
qu'elle soit, je conviens pleinement , et vous partagerez
sans doute mon aveu , avec M. A dams, avec qai je
sois d'accord s11.l" la maxime générale , de JU<lrceler
la lentille adhérente, qu'elle soit nre ou molie , de la
séparel" enS1J.ite de l'iris , et d'eu faire passer le5 frag·
mens dans la chambre antérieure. Mais comme j'ai
observé j w1o'ici que la cataracte adhérente à la face
postérieure de l'iris, est toujours compliquée d'un res11errement notable au contour de la pupille 1 il me parait
�( 207 )
qae dans tons les cas de cataractes adhérentes qnelconques' il convient' toujours mieux d'user de ce partage,
et de pratiqaer, sans exceptions, le procédé ~e la pranelle artificielle, et en même-temps de morceler la
lentille , soit molle ou dore , qae de procéder par
la taille de l'iris. Je vous fais cette obse'rvation ,
parre que M. Adams a cité. une circonstance ( 266 ),
que les autres praticiens plas exerces que moi ,
el moi-mt!me , n'avons jamais rencontrée, savoir : celle
de cataracte adhérente assez dilatée pour pouvoir employer l'aiguille taillante entrée par la scJérotique, pour
l'en détacher et la rédui;e en parcelles. Ce que je
puis dire avec .assurance , et ce que vous savPz 'aussi
bien et mieux que moi , c'est que l'opération. de la cataracte adhérente, moyennant l'aiguille taillante ou recourbée, introduite par la sclérotique, comme on ~a~t ,
pour la dépression, est toujours infrûctueuse ; et
qu'iln contraire , l'opération dont on ose pour la pupille·
artificielle, remédie à ces deux maladies des yeux en
môme-temps.
Au sajet fle la pupille artificielle , on doit payer à
M. Adams le juste tribut d'éloses qu'il mérite, pour
nous avoir tirés de la pe'rplexité oh nous étions sur la.
possibilité des opérations de Cheselden, qua~t à la formation q'uue pupille permanente-; graces au zèle et à·
l'adresse singulière de M. Aclrims, i1 semJ>le qu'on ne
peut plus mettre en contestation sï. une taille transversale de l'iris, par les··deux ' tiers de son diamètre
est saffisante ou non pour
lais'ser une pupille assev
ample et. permanente.
y
Rien n'est pins simple, ni plus cl~ir qne l'exposition~
<Jue nous donne notre auteur, des raisons pour lesquelles l'opération dont on parle et qu'on suppose avoir
été exécutée par Cheselden, ne correspond pas dè nos
jours à l'intention ; savoir : pourquoi le petit couteau
�( 208 )
fegaTM. par les modernes comme pareil à celài cÎe'
ChPs Lden, n'a pas le taillant si fin qu'il le fa nt pour·
une opération si délicate; en seco11d· lieu , pout•quoi ,.
retirant comme on eo a toujonrs· eq. la co11t11me, dans·
les e"<:périences sus-ntentionnées, le petit couteau de
l'œil, en nn sP.u I· coup , d'avant en ar1 iè re ,- plutôt
que de conpPr l'i ri•,· on dé,ad1ait ci:'lle me111brone <l11
ligament ci;iaire; en trl)isiè·ne liPn , ponrr1uoi, ~i la taille
transver~ale de l'iris, se rron v:iit, c .1nme il est tou-·
j onrs ar rivé,. plus petite llPs O€' t!X tier:; l~U diamètr~ de'
ce:.te membrane, la nou:velle pupillesefennait. M Adams
rfit :irJ ces În<'onvéni ' ns, en su bstitnan~ au vct it conteall
cl'r Ch.Psf' Lden ( qllelqu'Ü fut) son C11rved~dged iris scalpis,
ét plus encol'~ en ne coupant pi.s l'iris,. en nu seul
coup, mais à petits coups , légrr.s cl t;Pdo•~hlé~, comJ'ne on fait quant on vem di,iser fibre p r1r fibre, ou:
les fibres les unes contre leb autres, et il en eut l'intention. Cepend«rnt" nonohstant tons ]es eclairrissPmens
qu'il nou~ a donnés récemment sur ce point c\P prJtiqae
chirurgicale , et quoique, il f~ut le dire , il ait enrichi
XJOtre art d'une méth ude d'exécution· pour h pupille'
artificielle ,. sur l'in1ttilité de h1qaelle on s'él~it définitivement prononré ; il reste, toutefois, à nous rlemanMr,·
si ce modèle, tel qu'il est décrit par M. Adams , peutêtre comparé an votrn , que je regarde conttne le pins
raisonnable· el le plns utile de tous ceux qni ont été
jusqu'à présent proposés et pratiq.1é:<, tant pour ';e qni
concerne la facilité et la sôreté de l'e-i<écution , que
par son application à toutes res circon~tances qui rendent compliquée la cloti'tre de la pupille.
Si mon assertton n'est pas fondêe snr la vérité des·
faits, voos la relevcrez ,. et pins· que tont autre, pau
la lecture des grandes clifficu.ltés et des dang,,rs, qui de
l'aveu m~me <le l!autenr,. se mouti:èreut tla•1<> l'exécution
de l'opéralion, mème si l>ien, quoique · si mii:rntieuw
�( rwg)
ment décrite. Dans l'examen "de cett~ inéthode et dans
sai comparaison avec la . vôtre , je ne fouroirai pasd'autres argumens que· ceux qui m'ont été fQurnii par
l'auteur lu.\-mêmel tant par son premier ouvrage ·q'9e
par ce dernier, · et que par une partie plus récente ,
qui est cette édition. «: Pon1· bien ré,ussir, dit-il , .clans
l'opéra.tiop. lite la ipopi.lle artificielle • il faüt q~!l le chi1;ur~
gien àit une singùlière délicatesse ,et dextérité '. de lq
trlaÎn, pàrce que si l'irjs n'est pas cou ré, Gomme On ff!rait
èo taillant fibre à fibre , il arr:ive que cettt: membrane
~e •détache plus. ou moins du ligament ciliaire , acGideot qui a liew d'ai1tant plµs facileme~~- • que la plnspart
tlù Jte·mps l'a.aion ·de l'iris , avec ~ ligament, :Jlst
assez faible , et j'ai vu qu.elqnefois cie désordre résu4~~
tle la seul~ applicaticm dn petit couteau sur l'iris, &i,
au moment de t'opération; on cha~s.ëhors · de l'œfl quel'que portion du .eorps vitré;· ce q°:Ï , a: " )i~u, malgré tou_t11s
les précactt~ons ,. quand. ce corps • se trouve en dissolutiob. Il vaut mieux en ce cas suspendte l'opération
jnsqu'à ·ce. "l)u'On ait remarginé la piq_îire faite dans lil
tclérqtiqde, et .. regagné ce qu'avait le globe de l'œil,
tlans sa plénitude naturelle., puisque, si l'on coptinuç
<l'opérer·, on ne parvient pas à coo per , l'.i_ris ., 1 et il se
détache aussi. 'pfoS ·qne d'abord du ligâmél.lt ciliaire, ce
-qui êHe entièrement à , l'operateur la commodité d'atteindre son but. Il résulte de ce désastre, , qu'il, ne reste
cl'autre parti 'il prendre , que de détac,be..r ultérieur~
ment 1'iris et d'y.- Juisser une p[tpille. sembJaMe à celle
Jlroposéè par Scarpa, ( il entend la marginale ) qui
}•imais n'est permanente. »
Ces difficultés que M. Adams, avec une lou:ihle ingénuité. ne nous a pas oachées, sont, à mon a\'Îs, capahles de décourager le plus habile opérolteur, bien que
doué de cette délicatesse et Je celle. de:ilérilé de la main
T. VIH. Octolire, ifüq.
3o
�( 210 )
qne i l'auteur exige de loi ; j,e vons avo.ue que, d'aprè&
quelqaes essais sur le cadavre , .j'ai senli plulôt s'accroîLre que diminuer l'importa1u:e· de ces difficultés.
Le petit couteau, comme vous n'aurez pas man']né de
le remarquer , ·pénèfre dans l'œil par la- ~clérot.ique,
à la distance d'une ligne de l'union de cette tonaca avec
la cornée ; de là " iL se porte en. avant , .et , perforant
l'iris clans le voisiua-ge de sa grande marge , du côté
dé la tempe , il 'entre· dans la ehamhre antérieure de
l'humeur aqu.euse. ;Dans celle position ' vour que le
taillant se porte en 1.igne parallèle à tiris , il est
nécessaire qne la' point'e en parcoruie ' un. arc de cercle
afin d'entrer clans la chambre antérienca,. souvent trop
resserrée au besoin , dont le centre cle mouvement se
trou-ve dans la sclérotique et au point de perforation
de l'iris. Mais puisque ce centre dans l'irjs est très111obile et céJant 1· il a~rive nécessairement qu'en retournant le couteau _d'avant en arrière , pour le conduire
en ligne parallèle à l'iris, cette memh.x:ane- se trouve
âu lieu de la - p.iqô.re Liraillée d'avant 1eil.i , ar~ière , et
en &nite facilement détachée de la marge te,mporale
du"' ilgament ciliakc; ce qui peut arriver d'autant plus
aisément.,, que · le, point de perfora,tio11 d6 l'iris, est
très-voisin de l'union de celte memhra.ne , avec le ligament ' ciliaire. Cette première difficulté , heureusement
surmontée', je le suppose , il faul faii:e en ~orle que
la pointe du vetit couteau ne presse que légèrement
tiûr la grande marge opposée de l'.iris ; ou bien du côté
du nez, car cette' tendre membrane étant trop comprimée, se détache: cle là.- n y a encore:, outre cela, un
point de la dernière importance, c'est; de cQuper cette
membrane molle et cédante, non d'un6 seule fois , mais
à coups légers, petits et réitérés, comme on fer.ait pour
diviser fibre à fibr.e; autrement ou risque, plus q\1'au~
p aravaut , de la détacher plus 011 IJlOÎus th1 lig<!meut
�(
21 I
)
'ciliaire. D'ailleurs , sans un certain degré de pression
sur elle , on ne peut la con per, et si ce degré de pression est par tro.p léger , le taillant ne peut l'atteindre.
En outre, ce taillant ne .peut agir qu'à la manière d'une
scie, soit en avant, soit eo arrière , en ligne parallèle à
l'iris, et s'il arrive que -l'opération soit trop longue ,
avant que - l'iris ne soit taillé par les cle11x tiers de son
·diamètre transversal, ·il s'en suit naturellement et néces11airement, que clans ces mouvemens de l'instrument en
façon de scie au (ledans et an dehors de l'œil, l'lm·me11r aqueuse des deux chambres s'écoule le long de
la lame du petit couteau, et laisse endommagé le glol>e
de l'œil , tandis qne l'iris devient plus cédant et flottant.
Si, ensuite, tons les coups petits et redoublés du
couteau, n'entref;lt pas 1'-na dans l'autre, l'incision de
l'iris reste irrégulière, ou moin~re que les deux tiers
<le son diamètre transversal, par oh la nouvelle pnpille
est supposée le fermer , malgré la précaution <l'interposer , comme fait notre auteur, entl'e les lèvres de la
fente transversale de l'iris , en .forme de coin , un fragment de cl' ista ll in,
Quand la clôtnre de la papille est compliquée d'une
cataract~ adhérente, il reste encore heaucoup à faire L1
M. Adams , avant <l'achever l'opération, après l'incision
transversale de l'iris, encore qu'il ait réussi à la faire
par les deux tiers du diamètre de cette membrane,
parce que, si le noyau de la lentille qui était adhérent
e't si dur, qu'on ne pouvait le couper en morceaux ,
la lentille étant détachée avec sa capsule cle l'iris, il
faut retenir le noyau de celte lentille dans son siège
naturel , en arrière de l'iris, pour la racler ensuite,
ou la fairè passer immédiatement dans la chamhre antérieure. Dans l'un et l'antre cas , il .faut plusieurs
autres opérations avec l'aiguille à deux taillans, et
avec le pétit couteau ; ou après avoi1· perforé l'œil
�( 212 )
clans la sc1érotiqoe , et l'avoir on peu froissé ,. il
faut recourir à la taille de la cornée, pour en extraire le noyau , et la lentille entière , si l'on n'a pu
la racler. ll se présente à M. Adams d'antres difficultés,
Qntre celles-ci , s'il a lien de soupçonner qo'à la clôture
de la pupille, avec adhérence de la cataracte à l'iris,
soient associées la désorganisation et la fosioB en eau
dn corps vitré ( 283 )· Eu ce cas, il se garde bien de
tailler l'iris dans son diamètre transversal , il le fend
plutôt au-dessus de cette ligne, et ensuite il se met,
avec la pointe du petit couteau , à détacher la capsule
avec la lentille , dans son segment supérieur, en la laissant attachée à la zône ciliaire dans son segment inférieur, pour empêcher, ainsi, que la lentille jointe~ la
capsule ne se planche de compagnie, comme ie vous
en ai déjà parfé , dans le fobd de l'œil, laquelle pierre
jetée dans l'eau, produit les plus funestes conséquences
pour le malade.
Qu'on compare maintenant la difficile et périlleuse
niéthode de pratiquer la pupille artificielle , que nou~
''euoos d"analyser avec celle trouvée et pratiquée par vous,
de facile e"l>écutioo, avec nue égale facilité app\icahle aux
différens cas de pupille rétrécie et close. Après avoir
fait une petite incision dans la cornée, vous introduisez
''otre petit ciseau fermé , qui n'excède pas en gros-·
seur une légère et mince aiguille , et aussitôt qu'il
est entré dans la chambre antérieure de l'hnmeur
aqueuse , il se trouve en ligne parallèle avec l'iris.
Après cela , vous faites pénétrer la lame très-aiguë
eL taillante du pe tit ciseau à travers l'iris, la capsule
da cristallin , et le cristallin lui-même, quelque dur
11u'il soit, et avec deux incisions divergentes l'une de
l'autre , sans presque changer l'instrument de place,
vous fendez toutes ces parlies en même-temps , laissanl clans l'iris un morceau triangulaire 1 au retirement
�( :>.r3 )
a
demeure nne ample et permade la pointe claquel
nente papille. L'i1·is reste coupé dans sa position naturelle , sa as qu'il ait souffert aucune espèce 'de tiraillement , et moins encore de détachemeut du ligament
ciliaire. Eufio 1 quand la clôtare de la pupille est
compliquée de l'adhérence de la capsule à la fa ce postérieure de l'iris , ou de la capsule tout ensemhle, et
de la !en Lille , vous avez toute la commodité, par cette
ouverture triangulaire pratiquée à l'iris, de faire passer
les fragmens de l'une et de l'autre de ces parties,
dans la chamhre antérieure de l'humeur aqueuse oil
ils trouvent déjà pr9mple la sortie de l\x:il , par la
même taille de la cornée par laquelle vous avez introduit
le petit ciseau. Et pour obtenir .cela, il iùist pas be~oin
cle presser le glohe de l'œil , il sufGt , au b esoin, du
passage spontané de la capsule de la lentille, de la
chambre postérieure dans l'antérieure, rP11du aisé par
la pointe émoussée dt1 petit ciseau , qui tient lien de
specillo ou de petit crochet, ou de tout autre instra.ment également simple , pour délivrj'!r promptement et
complètement la nouvelle pupille de tont .corps opaque.
Si encore à propos de la papille artilic:ielle, suiyaut
la méthode de M. Adams , il était fait mention de
succès heureux, poai; en prouver la snpériorité, vous
ne manqueriez sans don te pas, d'en présente1· un grand
n~mbre, sans compter ceux qui sont connus ei lumineux ; mais même eu égard à cette opération , j'aime
à préciser, par la comparaison des sneoès, quel arga~
gumeut est contre ou pour une méthode opératoire,
parce ce que je regarde cette manière de joger comme une règle reu Sttre, Tout ,~ mon.de sait qu'oa a
sonvent extrait 1a pierre de la yessie, par le petit et
par le grand appareil; cependant on donne la pr-éférence à la taille latérale. Les exemples de guérison -de
l'anêvrisme pôplité 1 moyennant }a spqccatur~du jarret
�( 214 )
et h ligature an-dessus et au-dessous de l'artère poplité, sont rares; en toute façon , cette opération est
préférée à celle Je Hunter. On a amputé par lambeaux
avec succès, mais on donne poartan t la préférence au
procédé d'Alanson. Je pense ensuite que la supériorité
d'une méthode opératoire doit être déduite en premier
lieu, des principes fondamentaux de l'opération même,
basés sur l'état sain et pathologique de.a parties, sur le1quelles elle doit être e:x.écutée , et en second lieu , des
heureux succès ; bonheur qui ne manque jamais de
l'accompagner, quand les principes sui· lesquels elle est
fondée sont justes , et que les moyens a,·ec lesquels on
l'e~écute sont simples et faciles.
J'ai l'honneur d'être, etc.
----------------z.0 V
.A R 1 É T É
s.
On nous annonce que le docteur Ckervin qui, comme
on le sait , nous prépare une ample mois5on de faits
sur la fièvre jaune , partira de Barcelonne, oil il se troute
actuellement, ponr se rendre a Marseille vers le milieu
cle décembre. Puisse cette nouvelle se réaliser ! le jour
de l'arrivée parmi nous d'un médecin si recommandable,
sera un vrai jour de fête. Tons les partisans de la vérité
et mème ceux de l'erreur salueront le philantrope 1 le
savant, l'infatigable et le modeste voyageur.
--- M. le docteur Louis Valentin est de retour de
son second voyage en Italie; il a cette fois amplement
causé avec le célèbre professeur Tommasini, à Bologae.
A Milan, il a vu travailler le fameux Rasori, a un
ouvrage consacré spécialement à l'exposition de sa doctrine et qui présenter.a bien le flanc à la critique du
professeur Braussais et compagnie.
---A partir de janvier 1825, il parahra le premier
de chaque roois un nouveau recueil intitulé: Joµrnal de
�c
215 )
Chimie Médicale, de Pharmacie ei de To;;ièologiè, 'par
cabie1·s de trois feuilles d'impression. Nous donnerons <lea
extraits de ce nouveau recueil.
••• La Société royale de médecine de Marseille, occupée
par de nombreux objets d'adn1inistration int~rieure et
surtout par son brillant établissement li la rue dea
Beaux-Arts, n'a pu tenir de séance publique cette
année-ci. Mais elle a pr~w~1dé à la formation cle son bureau:
M. Seux, Vice-;l!résident, '} ,été é.l u l'ré~ident; M. Favart
Lres membres da
a été nommé Vicè-President. Les au_
bttreau continuent d:être: MM. Sue, Secrétaire-général,
Sigaud, Secrétaite-adjbint; Roux, Secrétaire-archiviste;
et Cavalier, T résor~e~ . .La Sociéte a 1 en ou~re ~ nommé
conservateur de son muséum M. Fenech •
•.• La Société des ..Sciences, Arts et Belles,-Lettres du
departement du Var , séant à Toulon , (iendra une
séance public1oe , le i9 décembre prochain .
.•. Les maladies régnantes de ce mois-ci u~nt pas
elé nomhreuses, ni d'un mauvais caractère.--On a moins
observé de diarrhées que dans le mois p~écédeut. Q~el
ques hép<!litis, des gastrites, des gastro-enterites ont
été les affections les plus communes , et lrs an.li - phlotistiques que la ·plupart des médecins lenr on~ oppo~é,
~nt été aussi éfficaces , que· les éch<\uffons ,-,utilisés ;par
un petit nom·bre-i'le=praticÏgns nnt- _paru nuisibles.
--- D'après le relevé· dEii! r~gistres de l'État.civil de la
mairie de Marseille, ïl {a eu · Septembre 1824 1 367
nais&4nces; ~89-:Uécès ët 8&' ti1arlages.
'
5.° C 0
N
C0
~
P.-M. Roux. '"
J'
URS
AC AD
É n1
1 QUE S.
LA Société de m~d~çit~e , pratique ~e Montpellier'
avait proposé, poa;r sujet d'un prix., de la valeur dé 300, lfà
question suivante :
Quelle a été~ l'influence des travarix de Guy-de-Cbau,liac sur le lustre et les progrès de la Chirurgie F1'ançG(·~1
�( 216 )
· TroiS- méino~i'es lui ont éLé envoyés. Le troisième•
pdrta,n~ pour épigrapl1e ces paroles Lirées de P,aré: '
Ne soyons si simples de nous reposer et endormir
sur le labeur des Anciens , comme s'ils avaient tout scerl
et tool dit ; . sans tien excogiter el clire {i ceux qrri v~n
dront après• C!est ce que nous' enseigne le bon père Guidoo1
n'etaut. parlveÏlu à de la SociéLé <jl!'lljn mois après le terme
porté par l1' progFamme, n'a p~ p11endre p<1rt au concours
Les cieux autres n'ayanl point rempli les vues désirées, la
le même sojet est remis an criM:f>urs pour l'année 1825.
Quoiqu·e 1à Société n'ait pli s!! 1dêtéfminer à décerner
le- prix qu'elle avait proposé., elle s'est fait.. un plaisir d'ac.
corder un·e ; tnen1 ioq l1onorab.l~ à l'au~eu1· d11 mémoire
coté .0.0 -,. , eL di~Lit!goé par cette devise :
~
Ci-gît nn ipconnu qui cessera de l'être,
Si son faible talent peut le faité connaitre.
Les mémoires, écrlrs en fotin ou· èn français, con•
cerhant la quesLion précédente, et ceux qui sont re•
}ati fs à1 oollie-ci :
Quelle a elé t'influence des travaux «le Riviére, dt
A::Jiirao,.; dé ,-~,rqetJ.}C, . el de Harthez, sur le lustre et les
progrès. de..J.ci: M,-édecine Françp.~se 7
qui fp.t pr_epp$ée à la même époque , ma;s dont le prix,
p'une egale val~ur, ne devai.L être décerné que le 15
mâi i825, dtjvront'être envdyés, avant le · 15 avril, da11!
1es formes tr~-itées pour les concours , ,à M. le duoteu'r
Bonne{\ Sticrétaire-géuéraL de la Sociétê de médecine
'PraLique de .,Montpellier, rue d~ Gouvernement, n• 246.
"')
AVl-S.
-*~*@!*~*-
La Socié{é r'oyq,le de . médecine' de.JÜMarseiÙe declare
q1i'en insérant dans ses Bulleliizs les Mémoires, Ohser·
valions' /No_tices ' etc.' de se.s membres soit ,titulaires t
soit" corre$pondans , qui foi paraiSsenl dignes d:étre
"!(Ublié • 1 'elle , n'a égard q1i'à t'intél'êt· qu'ils presenten~
à •Ili sci't!hcl! niéclitdle i mais qu'elle n'entend donner m
approbation ,!!Ï improbatwn aux opillions qrie peri1•:11t
·é»rèttre lè5 auteurs, et qui n'ont pas tmcore la sm1ctw11
gé11Jr.ale1
�(
2 I
7 )
BU'LLETINS
DE
LA SOCIÉTÉ ROYA.LE DE
MÉDECINE
DE MARSEILLE.
ÜcToBrtE
18 24.
--- N.
0
XXXIV~
.mr une fracture dit calcrmettnt, par M.
docteur en chirurgie , membre titulaire de la
Société royale .de médtcine de Marseille.
OosE!lYATJOV
DuNÈS,
LE 19 novembre mil-sPpt-cent-qnatre-vingt-quinze, ver9
six be ores do soir, les deux fils de feu Monseignear le
Duc d'Orlé:ms, détenus clrpois long-temps prisonnirrs.
clans le fort St.-Jean, projetèrent leur évasion, après
s'être vréalahlement dégni:,és ; le cadet réussit dans ce
desse;n, et l'aîné, moins \1eureux, fut rencontré sur
le pont-levi~ par le commandant du tort, qui le consigna
de suite clans sa chambre , el là, quoiquP. livré à des
tristes r~flexions, il ne perdit point cle vue son plan ,
il se procura iles cordes poar c1escendre par la fenê .re
qai donne sor l'embouchure du Port ; à peine l'eut-il
franchie, que la corde cassa, et il tomba perpP1.diculairement snr cles rochers , ile la haoteor d'environ
trente-cleox pieds; prrn effrayé de sa chtîle, il se mit
h la nage pour attt-inùre la rive opposée, mais à peine estil parvenu au mi lien du trajet, . que ses forc<'S l'ahannent , son cour;ige fl.:chit, et il eut infoillihlcment péri
au milieu cl~~ eaux, s'il n'en eut été reliré par les mai.Ils
31
T. Vlll. Oct<;ibre 1824.
�( 2 t
B)
secourables d'un patron pêcheur, ' qui sortait da port
dans ce moment. Il fut débarqué à la petite patache .
oh étant reconnu, on le transporta dans le fort St.-Jean.'
Le lendemain, je fos appelé pour soigner le Priuce,
que je trouvais dans l'état le plus effrayant, · sous
deux rapports : i 0 parce qu'il était enfermé dans
une pièce étroite et mal-saine, et ga1·dé à vue, taudis
qu'aupi!ravant, il était lihre dans l'enceinte du fort; 2"
parce qu'il était privé de la compa~nie de son frère,
son unique consolateur. Heureusement que cette pri. vation fut de courte durée, et que cet événement malheureux étant parvenu à la connaissance du fugitif,
lui dicta la loi impérieuse de venir de suite se constituer prisonnier , pour prendre soin de son infortuné
frère.
Le malade, Agé d'enYiron vingt ans, doué d'on tempérament sanguin , se plaignit d'une douleur aiguë ·
qui régnait sur toute l'étendue de la jambe et du pied
gauche , accompagnée d'un engorgement considérahle,
qui rendit nulles les perquisitions que je pour découvrir s'.il existait quelc1ue fracture; la position la
plus convenahle d0nuée à la partie lésée, fut la première indication que je remplis; le malade fut mis
li la diète la plus sévère et saigné deux fois dans. la
journée; des cataplasmes résolutifs furent appliqués
•
sur Loute l'étendue du pied et cle la jambe.
Le second joui', la fièvre s'alluma, l'engorgement
prit un caractère phlegmoneux et s'étendait jusqu'à
la cuisse; la saignée fui encore répétée, le malade mis
à l'usage de l'eau de poulet et des émulsions nitrées 1
1
fut pansé avec les émolliens joints aux résolutifs.
Le troisième jour les mêmes symptômes s'aggravèrent
et la présence de plusieurs phlictènes sur les deux
malléoles,- me firent craindre un état prochain de
~ang rène; d\m autre côté, le cerveau parnt plus em0
�I
( ;ng )
\~rrassé ce jour-là , et il y avait engoordi5sement sot'
toute la région dorsale, symptômes induhitallles de la
commotion que ces parties avaient souffert. Alors la
decoction de quinquina camphree et aiguisée var le
sel ammoniac, fat employée en fomentations permanenlesi
sur tou!e l'extrémité inférieure, tan<li s que 1 porta ut auss
mes vues (lu côté de la tête , cieux saignees au pied furent
encore pratiquées, pour m''?pposcr aux progrès au mal.
Le cinquième jour, uu amendement sensible i.le tou'S
les symptômes se fit renwrquer .; le cervea fut beaucoup vlus lihre • l'engorgemen\ inflamntatoire de l'extrên1ité diminué, et le m alade se plaignit alors d'une
douleur plus prononcée au talon. Son état s'améliorant ton.jours plus , 'Je ncuv1eme j our je pus
faire de 11ouvelles perquisitions que la douleur dP talon
exigPait. J'examinai donc avec auention , et parcouranl;
toute l'extrêmité, je trouvai , à ma grande surprise,
une fracture au calcaneum sans déplacement des pièces,
~e qui me dispensa d'appliquer un bandage que la partie
·n'alo<lit P"'s cepembnt pû suppoeter encore, et la seule
situation de demi-flexion de L.1 jambe sur 1a cuis~
me suflit.
Le malade,· à celle m~me époque , se plaignit d'une
douleur qni dep1,1is les dernières vertèbres lornhaires,
se propageait jusqu'à l'occiput. Ayant de nouveau e~a
miaé ces parties , je trouvai une forte éccbymose qui
s'étendait depuis l'os sa crum jusqu'à la partie postérieure
du coll, ce qui semble indiquer que la commotion dlt
cerveau et de la moëlle épinière avait été plus forte qu'elle
ne l'avait paru d'abord; des li ni.mens anodins, employéi
quelques jours , r:>.menèrent le calme.
Enfin, l'améli 1.• r<itio11 progressive de tous les SJmpt~mes,
me permit d'appli,1uer llll bandage le villgtièmr jour·,
et je donnai une honne situation à la jambP; depuis le
roal:itle fut -parfaitement soulagé, et il passa son temps
�( 220 )
p~îsiblement, jusqu'au quarante-cinquième .jour, époc1uê
où le cal parut consolidé.
La situation de la fracture et le défaut de moavement articulaire mi> fosaif'nt craindre une ankilose
que je tàd1Ji de }l'e•eni ·, eu faisant administrer, sur
l'arLiraLtioa d11 pied, des douche~ <l'eau minérale artificielle. Ce moyen, rontiu11é quelque temps, parnt résoadre f'TI par:ie l'engorgement des capsules ligamenteuses
f:l PU di lllinuer la 1 UJrlc:ur : le mala<le ne resta pas i:noins
trois mois sa us pouvoir se servir de sa jambe, et ce qui
contribua sans :Ioule à eu retarder la guéri:;oa, fot qu'il
n'a,•ait p sassez <l'espJce pour pouvoir s'exercer à la pro~rrssion. CepenJ.int il_ent la ~atisfaction, au 11out de cinq
mois de trrlitPment , de ma r·cher ' lib remen t sans
aucune t>sf>èee clP gêue, et s.ins défa11t Je conformation.
Je prnse que le salut du malade, après une chûte
aussi grave sur les ta Ions , est dt1 à la fractnre du calcaneum, qui a diminne la commotion qn'auraient éprouvé
dP. pl us , le cerveau et la moëlle - épinière , en parla··
geant les effels <lu contre-cou p.
OnsEnr ATION mr nne fract:,re de la rotnle; par M. FESTP.,
clr.cteur en chirurgie, membre titulaire cle la Société
royale dtt méilecine de Marseille.
Nos anciens avaient des notions peu jostes sur la
fracture <le la rotule ; on en trouve les preuves dans
presque tous leurs éc1·its, oit l'on ne voit que des prono-;ti . ~s fâ. ·henx porcés sur cette maladiP.. Je ne ferai
poiut l:t l't>chtfrehe _9.es causes qui ùnl pu r,erpétuet• ainsi
chez eux u11e errf'Lff ~i contraire à l'experieoce, je
dirai senlt>menl c1ue nous dr.voas aux progrès de la
chirurgie mudet'oP, opécé3 par le savoir et le zèle infa.tt_pa1le des Petit, des Valentin, des Loiâs, etc., etc., cos
I
�(
22 I
)
connaissances positi ·es , qui demontrent évidemment
que celle eo;pèce de frac ture peut être réduite et
guérie aussi hieo que les fractures ùes autres os,
en suivant les indicalio11s qu'elle peut présenter. On
sait qqe le praticien ja::licieax. doit ;ivoir toujours pour
objet d;ins toutes ses opérations, l'application des principes et des règles, que l'élude lai a fait cnnnaître;
mais il arrive sou vent, qu'il est ohligé de déroger à ces
principes et à ces r~gles, qui sa!ls celle pré( aution, ne
manqueraient pas de le conduire clans cle faux résultats.
L'observation que j'ai l'ho11neur de présenter, offre
cette nécessité d'exception des principes, el .ce n'rst
que sous ce rapport , que j'ose lui accorder quelque
mérite, dans un temps,, surtout, 0(1 toutes le!I perso11aes
de l'art sont convaincues que la fracture de la rotu :e
n'est pas iocurahle.
M. Medar, pharmacien de celle ville , âgé de trentecinq ans, demeura nt à la place de Linche , tomba sur
le genou droit , en montant l'escalier de sa maisoo,
le 21 pluviôse an XLI, à 7 heures <lu soir. Ceu.e cht'.1te
donua lieu à la 1racture de la rotule, et dans le mème
iustaot il ne put plus se relever; il appella du seco.urs
et fut porté sur son lit. On réclama aussitôt mon ministère; j'arrivai, et au senl aspect <lu g . nou, je' soupçonnai la fracture, et je la reconoos avec beaucoup
de facilité, à un éc:ll'tement que les lleux pièces
d'os laissaient sentir entr'elles. t1Elle ét:iit transversale,
et nn peu oblique cle dedans en dtl1nrs, l..1 jamhe
formait avec elle
~tait fléd1ie sur la cuisse, et
un angle droit. Je me hornai , dans ce moment ,
à redresser la. jambe, et comme je n';ivais rien sous
la main pour composer un appareil , et qu'on était
même incertain sur le lieu ol.t le lit du mal;ide serait
placé, pour y passer le temps <le sa maladie, je
renvoyai la_-réùuclion à dcm,i~heure, en ordonuant d'ap"-
�{ .222 ~
•pliqncr snr la partie un cataplasme ~e mie de pain
;1nec l'eau végéto-minéralr.
Je fis con,•oquer M. Vanès , pour m'aider de ses
.rnoyens. A près avoir prévu et cfüposé tout ce qui
pouvait nous être n~essa!re , nous nous approchâmes
,<lu malade pour opérer la récluction, alors nous dé~
.c ouvrîmes que la jambe était dans une triste situation 1
c'esl:-à dire que cette jambe, quelques. années anparavnnt, avait .été frappée vers sa partie moyenne et inférieure, d\rn coup de pied de cheval, qui avait f<1it
.une plaie de longue étendue. ·Le peu de solidité de la
cieatcice , était cause qu'à la moindre fatigue cette
partie s'engorgeait , et il s'y forpail cle nouvelles
ulcérations, toujours d'ifficiles à cicatriser. Ce fut précisément dans cet étal que se trouvait la jambe, lorsque le dernier accident arriva. Alors, nous snspendîmP.s un mol\1eat notre manœn·vre, pour mienx réllé.,ehir sur les moyens que nous avions à prendre, san&
nous dissimuler les ohstades que cette complication devait
nous opposer, dans l'application dll bandage que nous
a.vions projeté; cl'autaat mieux que nous prévoyons
q1:1e 6011 action devait être d'autant plus forte, que la
.portion supérieure de la rotule était plus éloignée : -en~
.fin nous travalllâmes an rapprochement des deux pièces
fractnrées, ou pour mieux dire, .. nous tâGhames de ramener la pièce supérieure , pour la mettre en contact
avec l'infé1·ien.·e : y étant parvenus, nous appliqoâmefi le bandage dit le Kiastre, sans perdre de vue
l'amortissement de l'action muscuhire rles extenseurs
cle la jambe, que nous obtînmes par l'application d'une
.bande en ci!"cuhires, sur les deux tiers de la caisse.
Nous donnâmes une sitaation convenable aux parties~
en les plaçant entre deux fanons mollement garnis,
évitant 1 toutefois, de gêner l'inspection de la jambe, qui
_causait. seule notre embarras, parce r1ue no\ls pensions
�(
225
J
que cette partie ne pourrait pas résister long-temps à fis.
compression dn lJanùage, compression cependant ahso}uruent nécessaire pour la coaptation cles pièces fracturées. Le malade fut mis à une cliète rigoureuse, etsaigoé deux fois dans l'espace de dix heures. La première journée fut calme , il y eut peu de douleurs;
mais la seconde ne lui ressemhla pas, car il survint des
douleurs vives , la fièvre s'alluma , la jambe devint'
livide, et parsemée de phlictènes : dans cet état de
choses , nous ôtames aveo précaution no-tre bandage,
auquel nous snhstitf&mes !eulemfnt une compresse Ion-'
guelte, placée au-dessus ·dn bord de la· portion supérieure
de la rotule, contenue par plusieurs tours de bande,
prolongés jusqu'au milieu de la caisse. Entièrement
occupés de l'état de la jambe , nous la pansâ~es de suite
avec le vin aromatique, aiguisé par l'esprit de vin camphré
et le sel ammoniac. Et soit que nous considérassions la
maanise issue que cette fracture pouvait avoi1·, par rapport à cette complication , soit que nous considérassions le
danger imminent que notis présentait cette jambe,
nous ne pouvions présager qt1'un sort sinistre pour le
malaùe. Cependdnt ,- nous concltunes que rien ne serait
plus favorable à la fracture et i. l'eugorgemen t de la
fambe , que de relever graduellemen t toute l'extrémité,:
ce qui nous engagea à mettre en pratique , le moyen
que conseille exclusivement M. Valentin, qui est que la
seule situation de l'extrémi té, sans le secours d'aucun
bandage, suffit pour obtenir la guérison. Pour remplir
cet objet, nous n.:>ns proc~râmes une planche de la.
longueur de toute l'extr~ité, de la largeur d'un pan et
quart, et de huit lignes Q'épaisseor. Cette planche fut
placée dessous le matelas, et poussée près cle la tnbéroiité ischiatique , correspondan t par le centre de sa
longueur , av.ec la cuisse et la jambe: après cela, nous
relevâme• doue ement le bout de celte planche
�( 224 )
abonLissant au pietl, à la hauteur d'un pan et demi 3pec-près. Elle fut fixée soliclenwnt a ce point. Nous
eô.mes encore l'attention de r,11uenPr le tronc un pe1I
en avant, ce 9ni mit Lou tes les p;1rties tians no plus
grand relâchement. Celte situation ainsi donnée r sem1>lait dev<?ir nous rassurer sur la crainte d'une désunion cles pièces fracturées; cependant, tlll peu méfiant sur lès conseil; des auteurs ( surtout quaocl c'est
JlOUf }a première ,fois qu'on \es elCpérimE>nte ) UOll9
imaginâmes de corn poser un band 1gP. , qui , sans heaucoup comprimer, put, néanmoins , maintenir tl'ane
manière assez solide, le . •contact parfait des pièces
fracturées.
I\e,·cnons 3 la jambé, ou toute notre sollicitude se
portait; nenaccfo de gang'rène, com"Tlc nous l'avons ditJ
nous la ranimâmes avec les fomentations ci-dessus dés.ignées; nous paas:hnes les ukères q•1i existaient déja,
et les escharrrs qai y survir1reul , avEc l'onguent de
S;yra.x:, ren!lu an pelt m >ins consistant, p:ir l~ad1\ilion
de l'huile d'hypcricnm, de la tcininre de myrrhe et
d'aloë:i, et en s<'pt à hnit jou"s, nous obtînmes une
amélioration rem.1rqu1hle qni ch..iugra n~ crainte~
en espér'trn:es flatteuses et fit tfopar:1Îlre t.ont danger
subsé11nent. Dn côté de la fr:i ctnre lout se pas,ail
selo:1 nos désirs; le nonvf'an ha1..1c! · 3r. ff' iplissail trèshien le hut ql1e no•1s Ul!H étiono. prnposé, ile sorte
que cet ét~t nous comlai~it gr;d1Le lemeot à l'euLière
ç;aérison de la fracture et <le l2 fl 1ube , en cinquante
jour~. Le malarte commenç:i alors de se lever tot.1s les
jours et cle faire un peu Ll'f'xercicP. Il garda pendant
quelques temps assez de roi<lem· à l'articulation d11
genou; m:iis elle se dissipa entièrement dans la ~uite;
et depuis M:. Mecfor n'a cessé tle jonir de la liberté
absolue <le tous les monvemens <le sa jambe.
�SÉANCES DE
LA. SOCIÉTÉ,
PENDANT LE MOIS DE SEPTEMBRE
1824.
q.. Septembre, - L'Académie royale {).es sciences,
lettres et arts de MarseiUe, invite la Société à veuir
assister à la séance publique qu'elle doit tenir. La
députation d'usage est nommée.
M. Fouillat , médecin à Marseille, fait hommage de
.sa disserlation in.augurale, intitùlée : Dissertation sur la
division con géniale des lèvres et dn voile dei palais, dont
M. Magail est nommé rapporl'eur.
Ce mèdecin est admis an nombre des mernJ>res associésrisidans. La séance est employée à )a discussion d'objets
d'adrninistratiun intérieure.
18 Septembre. - M. Ducasse, fils, adresse an mémoire , ayant pour titre : Réflexions et observations sur
les hernies étranglées, avec inflammation. M. Gillet est
nommé rapporteur de cet écrit.
M. Charpentier, co; respondan t à Guérigny , fait
parvenir un mémoire intitulé : Quelques recherches propres à déterminer les l'éritables causes du caractère de
périodicité qui distingue éminemment les .fièvres interniittentes. Rapporteur , M. Fouillat.
M. Cayol, professeur a l'Ecole ile médecine de Pari11,
présent à la séance, développe, d'une manière claire
et précise , la doctrine actuPlle de ]'Ecole de Paris,
concernant les fièvres essentielles. li donne ensuite des
détails sur le contre-stimulisme que cherchent à apprécier à sa juste valeur plusieurs praticiens distingués
de la capitale.
T,... VIII. Octobre 1824.
371
�( 226)
)fotre savant et modes;te compatriote a répondu, dans
~ette circonstance , de la manière la plus satisfaisante,
à l'attente de la Compagnie , qui se fait nn devoir de
lui exprimer ici les sentirneu de haute estime et de
considération que lui inspirent ses profondes connais..
sauces et ses rares qualités morales.
M. Magail lit nn rapport sur l'opuscule de M.
Chardon , médecin à Condrieu, intitulé : Remarques
pratiques sur la convalescence et les rechutes.
Les conclusions du rapporteur, tendant à accorder le
titre de memIJre-correspondant à l'auteur , sont adoptées
à l'unanimité.
TEXTORIS, Président.
Sv E., Secrétaire-général.
--
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1
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17,2 98 E . S.E.
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19, 5
16,9 97 . N. O.
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•......... 752,81
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19,5
18,2 82 N.
20,2
20, 1 90 752 ,66
20,9
94 752,00
~ 9.4
17,4 92 O. faible.
20,3
19,5 92 753,41
20,9
94 7:.1,56
19,4
17,0 89 N. O. fort.
:i.o,o
20,2 73 756,08
87 753,90 . 21,1
19,3
15,2 87 N. O.
19,4
17,9 78 751,71
:i.o,6
86 ' 7:.2,42
18 ,0
18,0 89 Idem.
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19,4 85 745,51
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~o,o
16,o 72 O. N. O.
19 12
16,9 77 751,56
19.9
82 ~ 749 ,08
19.4
16,4 87 S.E.
19.2
18,7 86 7~3,61
19.3
77~7~~,71
18.8
.
16,5 79 N. O.
19,3
19,4 66 7:>5,47
19,8
87 gp:i ,o3
18,8
q 7 ~4.71
' 1 ~ 753,51
16,0 98 E.
19.5
98 753,61
l 9•4
• 9·9
97 75z. 37
19,2
12,6 89 N,
l 7,4
15, 4 84 7.54. 18
18,8
94 751,86
19 , 2
16 752.71
8,7 74 N. O.
13,8
10,~ 77 758,81
1S,5
86 756,90
16,0
1 755, 56
7
8,7 81 Idem,
15 ,o
13,o 68 765,61
r5.4
79~764,0 8
13,6
r8 762,00
10.9 81 idem.
15,8
i4,7 78 768,27
1fi, 1
79 i'. 767..,76
14,2
19 7S6 , 56
87 E. S.E.
l 1,2
l 5,o
15,2 79 767,76
16,3
91' 768,00
15,o
20 7 68,56
12,4 86 S.E.
15,ll
16,9 73 ~66,66
16,3
9r. 766,86:
13,o
2 1 766 .95
·
14,4 85 Idem.
16,4
16.8 79 766,37
17,0
86 !865,81
15,3
22 7 66,56
E.
l 5,2 94
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16,7 88 765,42
16,5
96 •· 76~,47
23 766. 001 16,0
18,1 ll7 ldem.
17,4
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1.1 763,37
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18,8
18,0 95 759.86
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Moyennes.
15,04 866
18.08
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Co~ri;-plilio.:.
Quelques éclaircies.
Nuageux,
Couvert .
Couvert; pluie.
Quelques éclaircies.
Nuage~x.
Très-nuaœeux.
0
Quelques nuages.
Nuageux.
Très-nuageux.
Nuageux.
q11elqueséclaircies.
Couvert.
Couvert; petite pluie.
Presq. tout couv. pluie.
Très-ouag.; pluie le m.
Idem.
Serein.
Nuageux.
ldem.
Quelques éclaircles.
Couvert.
Presq. t. c.; un p. d.p.
idem.
Quelques légers nùag.
Tout nuag~ux.
Nuageux.
Idem.
Quelques nuages.
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. . . • . . . . • . . . . • • ?66"'"'-", 9"1:, le
. •.•...•............•• 74'2
Haute111· moyenne du Baromètre, pour tout le mois. • • 155
Moiodre élévaLioo. . . . . . . . .
, 80, le
2
o, b 9
11,
beo.res- da. m::..t:in_..
au lever du soleil
66.
.
Plus grand degré de chale11r ...........•••... 2 . •• 20 °, 2 , le ~' à 3 heures.
idem ...........••....•...• . (1) 6 , 5, le 18, au lever du soleil.
Moindre degré
. Température moyenpe ,du mois •.•••.•.•••.••.. •• •• 15 , 19·
,,
~ 1'Maximum de l'hygromètre: ••.•.. • .•.• • •. • · • · • • · · · 98.
Mioirnnm . . . . , •..•....•....••.•.• • •. · .• • • • · · • • · 62 •
5
E-1
< D egre. moyen .....••..•...•.•..••..•• • · • . · • . • . • • • 85
{le jour...... i3mm,84
~
j x36mm, 96.
~ Quantité d'eau tombée pendant
la nuit., ••. • 123 ,n
E-1
•.••••..• • •
\
<
.
d e p·1u1e.,
entièrement couverts •..
•
u
tres-nuageux•••••••••
~
·~
.......
l
.
1
;:
Nombre de jour$., .••.•••••.
nuageux............ .
sereins . ..... . . .... ·.•.
de tonnerre . ........ .
de gros \•ent•••••••••
lt) Au - dessous tlc aéro,
6
6
1:1
9
1
1,
3
le
s.
�( 229 }
P lt E M I È R E
P A ll T I E.
OBSERVA.TIONS DE MÉDECINE-PRATIQUE.
rl'ane plaie pénétrante de la poitrine par
un coup d'épée; par J. N. Roux , docteur-rnérlecin à
Saint-Ma:r:imin ( Var),. membre de plusieurs Société$
de médecine.
OosERYATl"ON
Lli'. traitement des plaies pénétrantes de la poitrine
paraît encore obscur ;· dernièrement une Société célèbre
a proposé pour sujet de prix., de déterminer par
l'observz1tion, l'expérience et le raisonnement, qu'elle est
la. méthode préférable pour le traitement de ces plaies.
Il est étonnant qn'après les guerres sanglantes que
notre France a eues à soutenir , cette question soit
encore un problème .. On dirait qu'il a- fallu un crime
qui a effrayé le monde, pour donner l'éveil. Je ne
vais point concourir avec les sa vans qui aspirent à )a.
couronne proposée par l' A~adémie royale , section de
chirurgie, mais one observation que j'ai recueiltie avec
soin , tombe sous ma main , et je me fais un devoir
de la faire connaître. Un militaire nommé Mandon,
dgé <le 25 ans, d'u-n temi>érament sanguin et athlétique ,
fut blessé en duel, le 2 mars 182 r , par un coup d'épée
qui pénétra entre la troisième et lâ quatrième vraie côte
droite, e_t fut dirigé vers le milieu de la poitr.i ne, ( je
ne pas pas savoir à quelle profondeur avait péaélré
l'instrument vulnérant). Une douleur très-vive suivit
le coup ; , Mandon fut soutenu par ses camarades
33
T. VIII. Novembre 18'.14•
e'
�transporté dans une maison de campagne vo1sme du
lien du combat. Il ne sortait point de sang par la
petite plaie qu'avait f"it l'épée, mais après de légers
efforts de succion , il sortit par un jet très-fort et eu
grande quan1iié. La plaie était cependant fort petite;
elle était triangulaire et ressemblait parfaitement a
une piqûre de sangst1e. Quelques heures après , l'hémorragie s'était arrêtée, mais le malade ayant fait uu
effort pour tousser, elle se renouvella. Le sang était
vermeil et rulllant par le m.é lange de l'air qui sortait
en même-temps par la plnie venant de l'intérieut· d11
poumon. La peau était froide, la face décolorée, le
malade éprouvait des frissons universels et des lypothimies, !.il respiration était très-laborieuse , une sueur
visq,ueuse et gluante couvrait tout le corps, le pouls
était misérahle : à. tous ces symptômes se j,oign~it un
crnchement de sang aho:-idant . .l\'.Ldgré cet état de faihle~se , une saignée fot pratiq_uée et la poitrine put se
dilater d'avantage. Il survint ensuite un vomissemen.t
qu'ï <lébarrass<1 l'~stomac des alimens qu'il contenait.
Des compresses tr,empées dans le vi1iaigre froid et ensuite ,Lans l'eau à la glace, forent appliquées sur la
plaie, afin de. déterminer un élat, de spasme capable
d'arrêter l'hémorragie. Le soir, le pouls se releva, une
seconde saignée fut pratiquée, et la nuit fu,t aussi honne
qu'on put l'esvérer; le mdlade d9rmit pendant quelques heures.
Le trois-au matin , calme parfait , la petite plaie
était fern:ée , il y nvait un peu de tuméfaction au tour
d .1 teton droit avec sensihilité. Cependant , malgré ces
.difficu \,és pour le diagnostic , la percussion fit connaître
que "le côté ga\1che de la poitrine élait sonorè ; que le
côté <ll'Oit l'était ''ers le haut, tandis que le bas
donnait un son mat <l<.1ns toute l'étendue des faussei;
eûtes. Comme 011 avait lieu. de pensi.:r que l'hémor..
�(
251
)
ragie interne était arrêtée, les applications froide#
"furent suspendues. La face était colorée , les yeux
hrillans, la peau plus chaude qu'à l'ordiDain: , le pouls
fort et plein, la respiration suspirieuse; une troisième
saignée fut pratiquée sur le champ. Pre.'ICriptions:
eau d'orge miellée pour boisson. Le soit', le malade
était frappé de sou état; Il eprouvoit des pesanteurs
vers la partie inférieure droite de la poitrine; le pouls
s'étant relevé , la saignée fot pratiquée pour la qua...
trième fois.
Le quatre, ·c inquième saignée , looch Mane , infusion pectorale miellée, crê:nc. Le crachement de sang
cessa.
Le cinq, le malade était tranquille, il parlait sans
douleur et n'éprouvait plus de pes:intyurs sur le côté
droit du diaphragme , son état s'était amélioré presque soudainement. Des bouillons furent ordonnés et
pris avec répugnance.
.
Le six, même état. ·Prescription~: tisane pectorale,
looch , crême, vermicelle.
.
Le huit, légèrr. augmentation des forces, la voix était
sonore , point de difficultés ponr respirec. Soope, riz,
tisane el looch.
Le di-s:, par la percussion la partie postérieure droite de
li poitrine ne fot point troi1vée sonore, la partie anté:.
r!eure l'était vers le haut, mais en s'.1pprochaot du
diaphr'1gmc, on ohtenait un son de pins en plus mat.
L'c:tploration, an moyen da stéloScope, vint à l'appui de
ce premier moyen. Le côté gauche était dans un état
satisfaisant. 'tout me portait à croire qu'il y avait eu
un épanchement peu considéral)le dans la partie inférieure da côté droit de la oi:rine. D'ailleurs, la position
11orizontale avait été 1a seule supportahle , et depuis le
premier jon.r, lorsque par hasard lllrmdon ch ingPait
de position, il éprouvait des tiraillemens et des douleurs
�( ~32 )
.dans le lieu .qu'occupait l'épanchement. La résorption
-s'ei;t opérée peu-à-peu , on pouvait suivre ses progrès
.en explorant tous les jours la cavité thoracique qui se
dilatait grandement et sans aucuue douleur. Le malade
.etait en voie de guérison, il reprenait des forces, lorsque,
le dix-huit ( seizième jour ) , s'étant gorgé de viande et
d'autres alimeos indigestes, il .eut de la fièvre et des
douleurs dans le côte affecté.
Le 19, une sixième saignée fut pratiquée, la diète fot
ordonnée , et la guérison füt complète le 25.
Réflexions. -- La réunion immédiate des plaies pénétrantes de la poitrine, est à mon avis , la premiere chose que
l'on doive tenter. La succion pratiquée par beaucoup de
médecins et dans ~ette observation par les camarades
de Mandon , ne me paraît propre qu'à enlever le
<:aillot de sang qui peut boucher l'l)tl\'erture des vaisseaux
<mverts, et donner liet1 à un épanchement plus considér.1lJle. Dans tous les cas, absolument dans tous, je
crois que l'on doit prosc:rire cette manœune téméraire.
Les saignées abondantes et 1·éitérées peuvent suffire
pou~ tliminuer l'afflux sanguin vers la cavité pectorale
et diminuer la colonne de sang. Le repos le plus ahsoln
au physique et au moral préviendra l'accélération des
mouvemens du cœur et des gl'Os vaisseaux . .Les réfrigéran& en topiq.ues, unis aux styptiqnes, auront la pro}>riété de seconder parfaitement l'action des .S••Îguées
~énérales, en rendant le11 parties moins propres à recevoir
un épanchement. Lonque la maladie est ]Jornée, on doit
sonhaile1• et provoquer la résorption en donnant pen
d'alimen~ el en affamant 1 pour ainsi dire 1 le système
Jymphatique.
-=-----
�(
~55
)
OnsEnrATTON d'un coup de sabre reçit à la partie supé~
rieure de i'avant-bra11; par J. N. Roux, docteur~
médecin à Saint-Maximin (Var), membre de plusieurs
Sociétés de médecine.
J"ou1s Catalan, cultivateur, âgé de 23 ans; d'un
tempérament bilieux et d'une constitution athlétique,
eut une querelle, le 10 mai 1821, avec un soldat qui
lui porta un coup de s:1bre sur la tête ; il n'avait point
d'armes , et il leva le bras droit pour se parer. ll reçut
une blessure de quatre pouces environ d'étendue qui
pénétra très-profondément dans la face palmaire et le
Jiord cubital cle l'avant-bras, s'étendant de haut en has,
et de dedans en dehors depuis l'extrémité inférieure de
l'humérus jusques vers le milieu de l'avant-bras. Les
mascle~ qui s':.ttachen t li l'éminence épitrocJé forent
divisés dans presque toute leur épaisseur. Catalan poursuivit son adversaire · pendant troi~-quarts d'heure, et
il perdit beaucoup de rtang. Le lendemain, lorsque
j'eus occasion de le voir, les muscles offraient une
rétraction considérab!e , il coulait du sang du fond de
la plaie , qui fut dilatée avec soin pour voir si l'artère
brachiale n'avait pas été intéressée, et croyant qu'on
n'avait plus rien à craindre pour l'hémorragie consécutive, des points de suture rapprochèrent les lèvres
ile la plaie , en respectant le!j muscles , et des bandelettes agglatinati ves unirent d'une manière plus exacte,
les endroits sur lesquels ne po-rt<iient pas les points
de suture. Deux saignées furent faites peu d'instans
après, diète absolue , boissons rafraîchissantes.
Le douze, le pouls étant "encore dur et fréquent;
troisième et quatrième saignées.
J,e treize, cinquième saignée.
Le quatorze, sixième saignée.
Le quinze-, le premier appareil ayant été levé, les
�( 2 5!~
)
lèvres de la plaie se trouvèrent rapprochées, la suppu.
ration etait médiocre. Les points de suturP. furent supprimés , mais l~s bandelettes agglutinatives furent
conservées. Le bras présentait du gonflement, l'avant•
}Has paraissait être le siége d'une inflammation profobde' ; on couvrit tout ce membre, jusqu'au deltoïde,
d'un cataplasme émollient; le pouls était encore fort.
Une septième saignée fut pratiquée. Le malade se
plaignit d'nn engourdissement daus les deux derniers
doigls de la main, ce qui me fil venser que le nerf
cubital avait été compris dans la solution de continuité.
Les mouvemens de ces deux doig ls étaient cependant
asse~ faciles.
Le seize, l'écoulement da pus était moins al1ondant,
l'intumescence ne s'étendait plus jusqu'au poignet
comme la veille; tont fesait e~p ·~ rer qu'il ne se formerait point d'abcès sous l'aponévrose anti-hrachiale. Les
cataplasmes forent continués.
·
Le dix-sept, la plaie paraissait formée d'nne manière
solide ; on appliqua d'autres handeleltcr, pour plus de
sûrclé. Les cataplasmes furènt continués. Le malade
prit quatre bouillons.
Le dix-huit, les bandelettes avaient déterminé la
formation de petites phlyctènes, sur la peau, et avaient
ranimé l'inflammation profonde. J'attribuai tout cela a
la trop grande quantité d'huile essentielle de téréhentbine quelles contenaient. Ces b andelettes forent supprimées, et les cataplasmes furent mis plus grands qa.'a
l'ordinaire.
Le dix-neuf et le vingt , les vésicules de la peau ,
qui contenaient de la sérosité, se remplirent de matière puriforme, mais le malade se trouvait bien, il
n'éprouvait point de douleur dans le hras, l'inflammation paraissait se terminer toat de bon, malgré one
éruption miliaire qui gagna du côté_ de l'épaule, qui
�( 235. )
était due sans doute à la même cause que les phlyctènes
et qui se termina bientôt.
Le 4 juin, Catalan était tout-à-fait rétabli, quoique
)es mouvemens de la main fussent lents et bornés. La
sensibilité semblait éteinte dans les deux derniers doigts,
auxquels va se distribuer le nerf cubital que je soupconne avoir été coupé.
• - Je crois cette observation do nombre de celles
qui peuvent prouver les avantages de la réunion immé.
dia te, malgré les légers inconvéniens dos aux principes qui composent les bandelettes agglutinati\•es, et qui
ne &urvienncnt pas lorsqu'elles sont bien préparées•
.
1
./
�( 256)
T R 0 1 S l È ME
P A R T l E.
LITTERATURE MÉDICALE, NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
MELANGES , ETC.
1..
A NA L Y S E
D' 0 UV.RAGES
I J4 P .RI M É s,
rendu des travaux de lâ Société des sciences medicales dit département de la Moselle, depuis le 28 1101Jembre 18n jusq1i'ari 6 mrii 1824, par M. Cuu111.&s
'
secrétaire. ( In-8" de 68 pages, Metz , 1824 ).
COMPTE
M. Willaume, Président, a ouvert la séance vuhlique
qui a été tenue le 6 mai, et en a indiqué les motifs.
M. Chaumas, Secrétaire, a ensuite rendu un compte
sommaire des travaux de la Société pendant l'année médicale qui vient de s'écouler , et il a fait voir combien ils se·
rattachent à l'utilité générale. Il a d'abord parlé cles maladies régnantes, et des moyens qui ont été mis en avant
pour les comlJaltre. On a eu génél'alement à se louer de la
méthode anti-phlogistique ~ mais il a fallu recourir aa1
excitans, et surtout à l'écorce clu Péron ,dans les maladiesà type intermittent, qui furent les plus.fréquentes. La po·
tion du docteur Peysson leur fut aussi opposée, et voici
les observations que le docteur Moizin a faites à cet
égard:
" Nous avons employé, dit-i-1, ce médicament en potion, et souvent cette association du laudanum et de l'émétique, prise à des doses infiniment petites, a suffi pour
supprimer des fièvres intermittentes, sans donner lieu an
moindre accident; mais quelquefois des nausées, des'
�\
missemens, on un sentimt>nl de doulenr à l'épigastre,
nous ont forcés de ienoocel' à la potion s1ihio-opiacée.
Ces phénomènes, qu'on ne pPul attribuer qu'à la petite
qaanLité de tartrate de potasse f>t cl' .. 11i111oioe qui entre
dans la compO$Îlion <le ce spécifique, nous ayan! obligés
à en suspendre l'usage, nous avons eu l'idée de la sop-.
primer el d'employer alors le laudannm senl, à la faible
dose de six à huit g·mttes, dans une potion gommeuse.
,, Celte potion nous sembl.;it devoir être sans action
fébrifuge, et pourtant, dans un grand nombre de cas~
nou! avons été fort surpris d'en obtenir des effets au
moins auss~ prompts que lorsque l'émétique lui 6tait.
associé . ..•..
» S'il tallait expliquer un résultat aussi: extraordinaire,
obteuu par l'us<•ge d'un moyen aussi innocent, nous serions, sans doute, dans un grand eéiina rras, et M. Peysson:
lui-même partagPra d'autant plus notre étonnemen!, que
c'est à i'éméLique contenu dans son spécifique t qu'il rapporte son aclion principale .•••. »
Une observa Lion, digne assurément de toute l'attention
des praticiens, est celle que fait M. Chaumas en ces termes;
iles gastro. entérites, qui n'avaient présenlé que des symptômes peu effrayans dans l'invasion, prirent, presque
subitement, sons l'influence de la méthode anti-phlogistique, poussée trop· loin, l'"spect Je plus fâcheux.
M. Charunas dit ensuite an mot d'une épidémie de rougeole, qui commença en octobre 1823, et fat assei. tenace
pour se montrer en avril 1824. Il fait remarquer que
lo.rs de l'apparition de la maladie. on vit une ferme isolée
ou cinq enfans <le la même f.trnille eurent l'éruption sans
avoir fréquenté d'autres malades.
M. le Secré1aire d nne e)lsaite l'abrégé d'une épitlémie
th.vphoï<le, qui a régné à Villers - l'Orme, en juin et
juillet 1823 ~ et qni fut observée par M. le docteur lbre-
lisle fils.
T. "VTJT.
Nn,.,,,,,,,1-. ~-
t824.
~4
�( 258 )
Dans une section consacrée à l'hygiène publique, on
voit avec plaisir la SociéLé s'élever contre le remède du
sieur Leroy, et contre une foule d'arcanes que l'on débite
.
a\'ec audace.
Dans une section subséquente, on n'apprend pas avec
moins de satisfaction que les médecins de Metz sont de
zélés vaccinateurs.
Enfin, M. Chaumas pa&se en revue les ouvrages manuscrits ou imprimés présentés à la Société, dans le cours de
l'année.
M. le docteur Scoutteten a fait ho01mage d'an mémoire
sur le rapport qui existe entre l'ii:.ritatiou de la membrane
muqueuse du canal intestinal et celle de la méningine du
cen·eau.
M. Iienot a communiqué l'observation d'une fracture
comminutive de la partie iotërieure du tibia, chez un
vieilldrd de 71 ans. Plusieurs esquilles forent enlevées facilement lors de l'application du premier appareil. D'aat.res nécessitèrent des dilatations; mais les parties ne
purent êLre contenues entièrement, qu'après avoir procédé· a la resection du fragment supérieur. L'opération 1
quoique difficile, fut exécutée bahilement, et les symptômes inflammatoires qui survinrent, furent arrêtés par
une méthode anti-pblo~istique sage, adaptée à l'âge da
malade et aux parties aflèctées.
Le traitement des ahcès par congestion en général, et
celui de plusieurs dépôts enkistés 1 en particulier, dans
lesquels l'évacuation du pus, au moyeu d'une simple ponction, a suffi pour amener la guérison, ont fourni à M. le
docteur Desoudin le sujet de plusieurs observations. Ce
médecin pense qu'une compression expulsive contribue il
la cure de ces tumeur~; il condamne les grandes ouvertures employé~s jadis pour favoriser l'évacuation des abcès
qu'on appelait chauds; il cite des cas oi1 celte pratique 1
en ajoutant une nouvelle irritation à celle qui était pro-
�( 259 )
Juite par la maladie, détermioe des inflammations sympathiquPs snr l';ibdomen et ~ur l'encéphale.
M. Stocl;, officier de santé , ayant à combattre une
phthysie r1ui faisait craindre pour les jo!lrs <lu malade,
se rappela qu'elle était consécutive à plusieurs irritations,
sous lesquelles il crut reconnaitre la syphilis. Eu conséquence, il eut recours aux pilules de Moscati, et triompha
par ce moyen de cette maladie grave.
M. Stocl; a de pïus rapporté un exemple remarqnabla
des symptômes singuliers que détermineut les sympathies
nerveuses: une demoiselle de 25 ans, d'une constitu.tion forte, d'un tempéra meut sanguin, fut prise, en
1818, à la suite d'un ])al, d'une toux extraordinaire.
A chaque instant il se fesait, par le larynx, une eli.plosiou si bruyante, qu'on l'entesdait à 400 pas, semblable
au son que produit un grand effort de .vomissement.
Les contractions étaient si vivlentes, ·que des vêtemens
légèrement serrés étaient rompus. A celte toux étaient
jointes des douleurs d'hystérie qui amenaieot les spasmes
des muscles abdominaux. Emain les anli-phlogistiques ,
les l1oissons pectorales et mucilagineuse!\, lt>s antispasmodiques furent employés. Il n'y eut pins tard que
le~ bains pris au nombre de cinquante , et à une température de trentc-lmit clégrés de Réaumur, qui rame.
nèrent le calme désiré.
M. Despoiet, Qrticier de santé, a f.iit part cle <lr..nx
observations sur les hons effets cle la digitale pourprée
dans les hydro-péricardes.
M. Dolivera , fils, docteur en médecine, a soigné un
enfant atteint de gastro.entéro-cv,lite , avec irritation
i:érébrale, chez lequel des remèdes excitans avaient
produit des mouvemens convulsifs. Ce médecin eut recottrs aux anti.phlogistiques et le: malade guérit.
M. le docteur lbrelisle, fils, a communiqué un cas
de croup donl un enfant de huit mois fut atteint. La
�'( :.i40 )
·respiration èle ce jeune ma.Jade devint sifflante, la suf.
-fo<'atioo imminente , et ces accidens résistèrent à une
-Oéplétion sanguine employée <l'a·h or·d ., ainsi qu'11 des
3>ois><rns convenables, <les pédiluves , des ·cataplasmes,
:des syn apismes, Mais, le troisième jour , un vésiuatoire
est appli ( ué sur le cou , et dès-lors, rémission dans
-les accidens. :ce1Jendant la toux est touj ours hruissante.
Une potion éméti~ée foit sortir un fragment de fausse
membrane, et procure un mieux ;nstaolané. La toa1
repar•<ît et l'le cède qu'à un nouveau i'ubèfia11t. On donne .
nne pu i·gation douce; avec d'autres matières elle en.
-traîne un lamheau mernbraniforme, <l'un pouce carré,
inégal sur ses bords et d'une contexture, molle. Dès
.cet instant l'enfant est gmiri.
Enbat•cli par les avantages que ·dans plusieurs -circons.
:tances la chi·rurgie a ietiré de l'idJ,;nunJ tioa adhésive,
.au muyeo de la resection , des excitans, m~me des caus.
tiques, M. Romain Gerardin propose de cautériser on
d'exciser den'\. points opposés de la partie inférieure
du Cûuduit -vaginal, pois de r;ipprocber les parties
.afin d'e.o obtenir la contiguïté. Il espère , par une
-0ccl·usi011 qui ne serait que partielle , remédier à la
oe\11'tle de l'utérus et du vagin , cbei les femmes qai
ont p~ssé l'âge critique • maladie qui ' ab:rndonnée a
elle-même, .d evient re~loulahle , mai3' contre laquelle
.cependant l'art possède des moyens co~tt:nsifs dont
l'1i;1teur f><traît redouter l'nsa-ge.
M. Richon, docteur-médec in à Strasbonrg, a présente
1111 mémoire sur l'emploi médical de l'iode. Après des
considérati-0ns prélimiuaires , l'auteur rapporte plusienrs
faits <le~qu<'ls il résulte que l'iode administré en teintur<', à la d0se de 3o à 4o gouttes, est devenu un
l'é, ulsif trèf<-prompt p0ur combattre l1urétrite, après
avoir e1nployé les auti-phlogistiques, ·surtout les clé-plé tiuns locales pour faire cesser les accidens întlam.
matoires.
�( 241 )
1\i. le docteur Fristo, "rapp"rle plasiPars (l?s~rvation~
J':1 ffcctions slrume1.1ses ," d~ns lesqlielles l'iode, aùi1ii-nis~rë
·en frictions, eut des 'effets" sen'il~les sur tout le' svstème ly1irphatique: Dans ·un cles cas ciiéS , soli ' ;;ction
·se commu11iqoa ni~me à celui qai fesait les fric ti,•us.
Mai~ 'M. F;·islo D (" r etira ;;u 1· 1111 avantage de la tei.n lure
d'hydriotlate de pota~•e , che7 1Îf'111{ en fa ns scro'p huleux.
1
M. Duchâtem1 , doc t'e or - :• é.le•îu, 1.. Ar fa~ , a fait
hommage <le v pl11sie ors oh ~e \ a1ions dP phLl1îsies 8croJlhal~uses con s~c u tives de p h ;e gm:1,ies de mêll:e u ... ture
~
de 1'urie d ~s g randes art icula.tions.
Enfiu , M. Chau,mas a o'rfert l'obscrvatiQn cl'une pbic
sur le poign et 11vec l1émorragie de l'artè r.c cubitale;
celle-ci 11' a y-ati l pu ' être liée' , vu q-a'c ' le '} p.,ras .,était
'
fortement tuméfié, et d'aill êars, le saug f9urni ~~r les
anastomoses de fa racli ~ lê, p~raiss;qt au moi~Mê' mo~
vement, I).1algré la coinpresJ!iou sur l'art~i·e ouverte,,
M. Chaiimas fut ' évidemirie~t dans l'obliga.tion de pra~
'
" '
tiquer la lig.1ture de l'artère brachiale.
Oco peut j ugt:'r .par \esq_uis~e ri1pide qne nous ven.o~s
tracer , combien la So.ciété des scien.ces mMiéales
~u département èle lâ M~selle réunit ses efforts pour
l~
souteriif 1a. réputation. ~u'ellë s'est . a.cqnise , ~epuis
1
.PuhlicatÎÔil ~lu premier cornp.le rendu de ses lt a'vaux.
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P.-M. B;ou.~ .
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SùrvcE piibliqtie . tle 'l~··· isbcféfü rnyalé de médecine,
raulçu_s~ , ' tenu'e le 13
. ~ltirulgie et pl;'arm;;ie,
1
mai i824. ( iu.:.s•' de '90 pii'g~ sl 'foulouse 1 ifhq.')
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M. ·eaGiran, Président; .a !.> foit 2l'oirvertùre 1de celle
séance par un discours sur l'état actuel des sciences ' ,
et Sttr les a·vantâges. qu'elles a-.;a,ent retirës de la · roarche philb$opbiqu-e ét expé'rimen~â.le imprimée à leur
l
'
�( 242 )
étude. Après cêtte lecture, ·qu'on a écouté avec intér~t 1
M. Ducasse , ~ls , a expo.sé les travaux de la Société,
,depuis Je 15 mai 1823 1 jusqu'au 13 mai 1824.
Nous ne suivrons pas M. Ducasse, dans t nutes les
considérations, d'ailleurs intéreasantes, auxquelles il s'est
livré. No9s devvns nous atlacher, dans notre analyse,
à fixer plus spécialement l'attention de nos lecteurs
sar les ; faits remarq11ables que renferme l'exposé des
travaux de cette illustre Société.
M . Benaben, docteur-médecin, à Carbonne , a, rap.
porté quelques faits où l'emploi cle l'iode lui a parfaiteme(\t réu~~i : 1° une tun1eur {ymphaûqzte du poignet
'gauche , chez un. enfant de 9 an~ , d'abord combattue
avec ,qn~~9ue succès par les anti-phlogistiques, ayant
x;eparu, résista à ces moye?s, comme au liniment toniFages, et ne céda qn'à
que '} et résolutif clu professeur
.. ,,
l'usage. de 66 frictions d'iode , sans l'roduction de phé",'.lomèoés i ~cliques ; 2 ° on .' ~é:g'ime convenable et l'aclminis~ratio9 à l'iatél'Îeur:,de la ,t 'çi/1tur~ 'd'iode, ' d.on_t la ,dose
é t;iit successivement augmentée~ dissipèrent tous les
'
l
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sy1~ ptômes d'une mése;1(erique c!trqniqi1e ; 3° dans un
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cas d e.rworgement tr~s dur _de la glan4e mammaire,
l'iode produisit les meilleurs effets et rrévint la dé~é
1
'nérescénce cancéreuse "dont ·~e·l o:r gane Jtait ~enacé;
4" enfin; · dJ ns lé qaatriè me cas, l'auteur sonpçonnant
que les deu~ obstacles placés à quatre ou cinq ponces
pouvaient
dans l'urètre , chez ,on' • ancien\ • militair.e,
...
' lt \
••
)
dépendre d'une cause scrofalease 1 emplo.y a ' les , frictions d'iode et obtint lenr résolution. Les urines, jusqu'alors gênées dans leur cours ; reprirent leur liberté
premi.~i::e , et l~ · sonde p~~viqt fac;il~iµent dans la
vessie.
1
M. Larrey, Auguste, a · guéri. avec la potion d11
docteur Peysson, uµe ,fiè1-re inter~iL_tente JlBP,tidienne
qui avait résisté aux évac11ans , aux amers' , au sulfate
.
1
~..
�( 243 )
de quinine. Dès la première cTose de la potion etibioopiacée, le paroxisme fut . tellement affaibli, qu'à
peine le malade s'apperçu t de son retour, et qu'une
autre 1lose le prévint complètement.
M. Larrey a encore guéri avec le même remède : 1°
une dame atteinte d'une névrose périodique qui, existait
depuis six semaines, se manifestant on quart d'heure
après les repas, par un tremblement des e:-$trémités inférieures, nne agitation violente, et l'impossibilité de
se tenir debout sans s'exposer à faire one chûte; 2 ° une
dame qui depuis douze jours était en proie à des
accès nerveux à la tête , suivis de douleurs intolérables.
M. Latour a produit une observation sor des ulcère8
calleux avec douleurs nocturnes qoi accompagnaient
surtout l'engorgement de la jambe SUI' laquelle il& avaient
fixé leur siégc. Eovain , plusieurs traitemens furent ntilisés par des geus de l'art qni avaient méconnu la
nature de ces u lcères. Les ayant considérés comme
' produits par la syphilis, M. Latour, fit prendre le
sublimé corrosif et dès le sixième jour , l'améliora..
tion était complète et la cicatrice parfaitement rétablie.
<t Une pièce extrêmement curieuse d'anatomie pathologique a ~té communiquée par M. Rollanâ, médecin
a Ax, département <le l'Ariège, ainsi que les détails
circonstanciés qui ont précédé et accompagné sa formation. Le sujet qui l'a présentée, est une jeune
femme de vingt-cinq ans, d'un tempérament sanguin,
qui reçut no coup de pied sur le bas-ventre, et chez
laqoelle les mauvais traitemens de son mari et des
chagrins domestiques , occasi<!mèrent on avortement au
quatrième mois de sa grossesse. Devenue enceinte pour
la seconde fois , les douleurs dan& le côté gauche de
l'abdomen devinrent plus violentes ; une tumeur fort
dure, rénitente , qu'on prit d'abord pour le développement de la t;ompe de Faloppe et pour une grosses~
�( 244)
txtr:i-ntérine, se dessinait dans cette région et s'accom.
pagnait de la plénitude do. pouls, de la coloration de
]a face, de céphalalgie et de la sécheresse de la langue.
Lf~s saignées, le traitement anti- phlogistique calmèrent
cetté série de symptômes; l'enfant fut reconnu par
le toucher dans la cavité de la mali ice; le travail
de l'accouchement se fit au terme ordinaire et le fœtus,
"' dont la tumeur portait forteti1ent la tli-.e sur la fosse
iliaque droite, fut e:x:trait par les pieds aprè~ ùn travail
· penihle 'd e trois heures. »
tumeur examinée alors, était bosselée, dure
>J
comme nue pierre , immohile , et s'étendait depuis
l'aine gauche jusqu'à l'épigastre, et de la région lom]>aire gauche jusqu'à la ligne blanche , où elle paraissait
jouir d'un peu clé mobilité~ Les traitemens que l'on
mit eu usage furent inutiles , et, deux mois après, la
malade succomha au milieu d'horribles souffrance~. A
l'ouverture dn cadavre, oo trouva la tum1mr occupant
tont le côté gauche de l'àhdomen , a<lhéraot fortement
au iiéritoioe , à la région lombaire et à la fosse
iiîaqne, oh el!e a'•ait fait corps avec l'os coxal. Le foie,
restomac' la rate ' le rein droit' la matrice' Ja. vessie
élaient clans leur état naturel, ainsi que les intestins,
dont la masse était déviée à droite; le sein gauche
n'existait pas, ou du moins n'en trouvait-on point de
trace. Surmontée de petits tubercules granulé.;, la
tumeur avait de haut eo has vingt-quatre pouces de
circonférence , et ''ingt d'un côté à l'autre ; son poids
était de seize livres; sa figure un spheroïde allongé;
sa coosistanr.e était larddcée , et son centre contenait
Ùn verre environ ile matière purulente, de couleur
grisâtre et d'une extr~me fétidité ; elle était parsemée de divers points de matière solide, d~ la
gro~senr de petites noix, que l'on prit pour du phosphate de chaux. >1
La
�( 245 j
lJoè commission ayant été· chargée d'examiner atren.:.
tivcment , cette Llimenr, y ri>connut_ trois parties bien
distinctes : l'u'ne ' pins abondante ' renfermant le;;
deux antres, de couleur grisâtre, de . co~sistance h.rdà.cêe, ayant plusieurs cavités dont la pins grande c~rr
tenait la_ maLière pnrnlente, peut-êtœ appelée squirreuse. L'autre, moins volumineuse, disséminée dans
l'intérieur de la tnmenr , était cartilagineuse. La
troisièmè enfin , réunie en petites masses, mêlée am•·
précédentes , surtout en arl'Ï"ère et en haut, d'an
aspect terre!J:X., peut-être désignée sons le nom dé
substance tophacée. Soumise à l'analyse cfiimique par
M. Magne , elle a paru formée d'ttn ti:ers de phos:;.
phate de cbanx , et de denx tiers de matière!!' animales
combustibles, sans acide urique ni aucune tra~e d'ammoniaque.
La Société a reçu: de M'.. Igounet , aide-major àl'hôpital de la Grave, nne pièce anatomique, relative·
à un cas d'acéphale incomplet. L'enfant était à· terme ;
il était venu par les pi:ecis ; des mouvemens avaient
tn:irqaé sa sortie du sein maternel. La main droite
était sans pouce , le pied gauche contourné' en dedans, -la face plantaire regardait la malléole inte rne
du côté opposé. A la place de la tête s'élevait! nne
excroiss<1nce dure, inégale', recouverte d'une· pellicn~
mince et grosse comme un· œuf de poule.
M. Cochiarallo, élèfe interne a l'hôpital-de là Grav~ ,.
a f .. it part d'an cas de maladie cérébrale dont le nommé
Jean Bro1met commença d'être· atteint P'ar le 'chag1·in·
que lu'i occasiona la perte de sa fortune'. Il fut perrllant hait mois tourmenté· par une céphalalgie intense,.
1
et entra 1>ieulôt après à l'h~reital d'ans un· étàt qui rie'
lui permit pas de raconter ancune citconstaâce de sa.
malatlie. Alors sa figure étilit pâle, 11on aj.r triste, ~
'\
T. Vlll. Novembre 1824.
· lS'.
0
'
�( :;i~.6 )
pp1,11s petit et- fréqoent , la céph,-ilalgie sns-orhitaire
ioten~e; les i:épon~es leµtps et l'indifférence la plus
!!llso\~e au~ qoestioqs qa'otdai adressait. Les sangsues
11111:: 1~ trajet de~ jugulaires , le vésicatoire et le séton
~ la nu..que ne prpdL1is.ent aucun effet. Les symptômes
:sqpt les mêmes pendant trois mois ; seulement le m.1lade
piaigrit et s'affaiblit scn~iblemenl. Tout-à-coup le pools
;levieot fréquent Ill dar, 1'1 face se colore , !es artères
~mporales battent avec force , le malade est privé
de l'usage fles seµs, et meui;t dans 24 heures, auJ,nilieu \\es acci4e.n!\ de l'a.uop.lexi.e hiep caractérisée •
• .(( Deux f~yl'!f~ . 4e . supp!lr-?LÏOn occupaient la v~rtie
~ni~vieure des Mmispbères \lu cerve.au ; re droit avait
un pà\\Ce et demi cl:étendµe ~qr six lignes de profondeur
et renferro~it a~e 1:nat,Çre de la copsistance d'une houillie;
le gauche était aussi profond , n'avait qu'un ponce
d'ét~nd,ue, ·et éta\t remP.li <l'a.ne matière puriforme;
les Vl'!l,ltricules latérau-x contenaient 1,1ne grilnde quantité.
de ~érosité. Ainsi \a. plûpart des altérations cérébrales se
1·es~mb~ent par leurs faQestes effets. Le sang, la sérosité,
le p,us, 'a formation des kistes, en exerçnnt une compression plus ou moins forte sur l'encéphale , y annoncent leo.r prés,cnçe par cles açcidens <1nah1gues, et y
déterminent ces dérangemens profonds dont la mort
est la suite presque inévjtahle. »
M. Alliés a décrit une épidémie qoi régna en 1821
et 1822 r à Léza,t et dans les communes circonvoisines ,et qui a\•ait uu caractère que l'auteur· n'hésite
pas à appeler contagieux. Mais la Société cle médecine
de Touloyse fait remarquer avec raison que da11sl'étal actuel de la science , il· ne fartl pas confondre les
1Jlaladies prçduites par la seule INFECTION, avec celles
qtti sont le résrtltat de la CONTAGION, e~ que d'après la
connaissance de Ntiologie des fièvres que l'auteur a
observées , l'épithète de CONT.~GIEVS.E n..e paraît pas
applicable.
�.(
21~7
)
Il 1·ésulle d'une oJ)servatlèin .a~; M. Dédëbant , décténr;.
médecin, à Eoux, que dans lès ' cas d'ouverturé-cUunl!
artère <l'un cel'lain calibre , il falt't en <faire prompte.:.
meut . \a li galure , la co01p1•èsslon locàle , surtout . roll".:.
tinuée pe mlaot long-temps•" P11ll'VanL occasioneil" tl-eà
accidens~ A la suite d'une l~siôti de t'a-rtère pél:lièose,
on se horua à arrête1· l'hémorr~gie par la compression.
Mais celle hémorragie se te~onvela plusieurs fois et
le netH•ième jot1r , une tumeur 'ànévrismaÎé se mànifesta;
Consulté pour reméaier aux fréqnèutes 1lémorragiès , :M.
Dédébant lia l'artèrë et les accidens s'évanooirerit.
Le même médecin a fait part d'un cas de fractnrê
du cat:Lilage de la sixième• celle gauche, prodUite p#
une cau!>e ·directe , et gnët'ie .d ans vingt jours; cas
assez rare , mais ~ui ne doit point nous surptendre',
si l'on Fait atlenli. ob qU~ le sujet qui l'à présebtd ètai.t
âgci ile 70 ans : on sait combien les cartilages s'erlcroCttent' de phosphate de èhatix dans un âge inabb~.
M. LaMnne a comrouttlt}né onzé obset·validrls · qui
teuoettt à prbuvèr que 'loi_n th! prodHire dè fâchèui
r~sultats .; le nitrate' de potasse, ddministré à <le~ doses
assf-17. considérables , a élé très-salutaire. C'est dans des
hydropisies, et en portant successrvement la close tlll
uître jüsqu'à une- once et <lemie et deux onces pal"
jour , dans une , assez grande quanLité de boisson mncilagin~use , qi?-e M.Lf:ilahne a obt_!l nn ces heureux effets,
Le compte rendu que i;ious analpons, contient encore tles extraits de mémoires· qrti sont parvenu~ à lii
Société tians le cours de l'année médicale. Le mémoire
de M. Jo1irdain mérite surtout de fixer notre attention
il est relatif à l'appariti01i de la fièvre jauné qui a rigné
en 1823 , à iSàint-J'ean· dit port ti.u .Passage, pt~s Sainl~ébastien, en Espagne. L'auteur pense que la inalddie
qui a régné au Passage , a été la fièvre faune ; que
·l'une de #ses causes productrices a été un· foyer d'in-
�'~48)
.fectÏ'Gn ' l'!é -Oans' le brick Donpstierra ;. que cette cause
~nie, à ().'antres ,ca11ses ~ générales ou focales, telles que
l'exposition des mi,asmes délétères à l'air lihre, la
tempé.r.atµr.e ~levée de l'atmosphère , l'pumidité, l'encombrement des personnes, la position topographique
<du lien , ont développé la fièvre j.aune, qni, par sa
nature, est une véritable gastro-entéri te , présentant
p.ne forme et une physionomie particulière, enfin, que
.çette mala,die n'a point été contagieuse au port du Passage.
De.nx hons i;apports ., l'ap , par M. Cany, secrétaire
<lu _prima mensis , sur la constitution médicale ohservée
.à Toulouse ; l'antre, par M. Ducasse, sur le concours
(lavert par la Société, termin.ent cet exposé des trq.vau:i;:.
Nous yoyons avec :plaisir qae la .:iociélé royale de
;médeei.ne de Toulouse, se distingue toajo1;1.rs par la
ponctualité dans l'exer.ciee de ses fon_ctions, et nous
;sommes pénétrés qae c'~st ,spécialement à .son digue
.secrétaire-gé néral, qu'elle doit cette grande -exactitude.
Heureuses les Sociétés qui ont des inierprè'tes aussi actifs
,et aussi estimables ! ellei; p13 peave1Ù manquer d'at..
.t eindre le but qu'elles se · proposent. Il n'en .est pas
Ae m~me des Compagnies dont les efforts .sont paralyséi
par l'inso1,1.ciance e.t l'apathi~ cle leurs secrétaires.
P.-M. Roux,
lforrcB des travau:x de la Société royale de médecine de
• Bordeaux , depuis sa dernière -séance publique jusqci'au 31 août i824 ; par M. Dopuch Lapoiote,
.secrétaire-général~ (in-6° de 51 pages. Bordeaux, 1824)·
CETTJ! notice est pr.écédée dn procès-verba l de la séance
publique tenue par la Société, le 31 ao.frt 1!:h4. Elle
;a ité .communiquée immédiateme nt ag:rès le discoors
.que M. de Saincri.c , président , a prononcé, et dans
J e91;1.e.l il i1 in.diqa.é les .service$ rendus p:.tr fa Société et
�( '24g:
\
y,
que retiren ,_ ses memhres ,1 9~ ..,leur,
~ssociation.
,
M. D11puy a lu 11n dis~ours sur les a[ll§li~rl/-tÎoJ?I
.sa.nitaires qu~a subi la ~Ile de J3ordeaux, pendant et
depuis r ~wnioistratioo de l'iptendant de Tourny. i "
M. Mestivier a terminé les lectures par; des réfie~ions_
sar l'abus de la civilisation .à l'égard de la santé.
La notice de M. DJ1p1tch Lapointe , est r~diM11 aveç
-0rdre ; huit sections ·o:nt été cons:tcrées à. l'e,.fposé d_es
travaux <le la Société , et ai µsi .qu'il suit : . X: , pia\adies
régnantes; 2 ° commission <les consultatiom gratuite~;
3" comité de vaccine? 4.0 travaux des mempres . résidaas.;
5" cpaf.éreuces spéoi'llles _; 6° relations. a:v<:;c lle~ Soçiétés
~vantes et les membres cor:1:esponcffi.n~;..,~t elMio1;1.~
avec les magistrats ; 8° nécrologie, N.ous ne · Pr!'i.§~r_ons
.point en revue tontes ces sections; .nous :ll1[iqn:i ).>e<).Q.oy
coap li dire. Mais, avides de fait&, nous.allqr;i.s.ar o;J>tBS.e f
ceux qui offrePt quelque intérêt.
, . 1" .
Parmi les cas r.ares, .o n a cité a~ éWph,a~tja~is I\~
m;i.rqual>le_ et a.n v.ice .Oljjaniqu~ ~ans ]a; copfo\'tpa~igQ;
.da cœur, .chez ~a e,nfant .qui ~1'a. ,·écu que x3 .mois•,
~t dontt Jes tégameµs Qffotie_nt J.a cqlon\ti·pn hlcne. A
l:OQverture du c<).d.a,v,i;~ ,, on , .reç.ouno,t )a v::opserv~~iou
du tr;lt , cle botal , ~Bas conséquent :.i libre cP,~qP,{;
.cation des _,de~x or~ifü~ues et, une ,ouverture· ronP:; · de ·
demi-pouce ~e diamè!_ce à 1)l3 • c]oi~~q ,des ~ventcicule~
-près de leur hase; de sorte que l't sang poir pa,s~ai~· im
médiatement des cavités 4f.oite_s dans les cavité~ gauches,
L'artère p,u lmonaire étai~ petit~ , et . ne _pou'.Vait ri:cevoir dans son calibre qu'u~ç faible colonne de, s~g ,
laquelle , soumise à l'hématose , entretenait sans' doute
la nutrition
.et la. vie,
'
. •
•
•
1
« M. Carrié a fait cesse:r; ~ei; fièr.re~ ii;i.term.~ttentei;
rehelle~ . d'automne, e.n a.ssoc~~nt. l~extr;i.it ,d e q';linquin:t
.an sulf?-t~ ~e- quio~~e. Il a t~·.aitt.i un · cholera-morhm;
les
avo.nta.ges
�( 250 )
6uMlenn èhez on homme sujet aax épistari:t, gai céda
à l'usage des délayans, des bains et des opiacés. Il a vu
un enfant bègue, depuis -plusieurs années, recouvrer
la· liberté de la parole apr~s one rongcQle assez intense.
«M. Dupouy , appelé auprès d'une jeune <lame de
dix-sept ans, en mal d'enfa~t , observa des convulsions
si violehtes , qu'-ilerut devoir terminer l'accouchement
par l'application du forceps: Cette opération fut suivie
d'un moment de calme. Mais bientôt les .convulsions
revinrent, le délire et ou état èomateux les suivirent
de près ; el après plusieurs jou~·s de soins appropriés,
une aliénation mentale se déclara , et a duré plusieurs
mois. Un ·jeune· homme de dii-huit aus, est mort du
tétanos proàu1t par la rétr'ocessidn de la rougeole ».
· Urte fille de 26 ans, accouchée ·prématurément, est
morte â' la ·suite d'accidens cérébraux dus à l'action de
médioaroé'-6s qu'elle prit pour provoquer l'avortement.
M. Barres , le père, distingua p~r le toucher, au fond
du ge1sier d'un · enfant atteint du croup, nue tornenr
â:u•desso~· de l'épiglotte. Cèt enfont étant mort, l'examen
du larynx · fif voir d~s ~ortions de membranes couen~enses qui fesaient saillie · à travers l'ouverture de la
glotte , Jet d'autres qui se prolongeaient le 'long ùe la
tracfléé-artère. Un demoêsêlle" de 26 ans avàit un
polipe · ~utérin énorme , que l'on ne put détruire en
entier qu'après l'av~ir lié ' à deux reprises.
M. Dupont à guéri une pleurodynie très-aiguë , par
un~ application de sangsues sur la }1artie affectée.
· M. Guitard a guéri par les anli-pblogistiques et les
1mti-spasmodiques , une rougeole compliquée à-la-fois
d'épistàxis, cle déjections involontaires et d'une toax
très-vive. Un rbumatisi:_n.e aigu gé6él"al survenu a la
;suite ! d'an frbid vif; fut coml>attu avec sucèè3' par le
repos absolu; les délayans ef les fric tions calmante&
Un enfant de ·deux ans, devenu muet après la rétro·
�( :25 I
)
cession de la tongeole , eut spontanément l'usage de la
parole deux ans après.
M. Gardey a vu une femme devenir maniaque aprè.s
la ~uppression d'une dié\rrhée habituelle et guéçir <\i!s
que le flux intestinal fut rétabli par les drl>.stique~
l\'I. Dou.meing a commu,niqué deux fails ! ~· Çf>l"i
d'une dame de22 ao.s, qui, accouchée dçpo,is.qua,tre ~i,s
et n'ayant pas. allaité son enfant, ei\t une érQp~i o~
j)l'OÛteuse cutanée sur le sein et l'élhtjomefl!, av.eQ u.l!I~
galacîirrhée, sans une ~nervation proporti1>.tlil\ée à ce-Ue
évacuation ; 2° celai · d;un enfant ado.nné à la mastuli·hatiou ' qui' tombé dans le tabes. dors,ali$i, ra~ ~ü5$Î
atteint d'une ascite. Le scro\1m1 éta.n \ très-ei,\(lé ~ on y
pratiqua des mouchetures' et le ljquide ~p;an.cb!l dar.is
l'abdomen s'écoula par cette voie. l/<1-sçit~ gwirit e~
snite par l'emploi de quelques purg1;1Jifs.
M. Anthony a cité plasiears C(!S : d~u:x: ~nf~,Q,S. morts
dn croup ont offert, à l<t nécroscopie , l'Qn ]es bords
de la glotte très-gonflés. et. enOamn;i.és; l'ao~re deiHsç_aq-~s
gangréneuses assez étendu.es sur la muqu~se du l~rynx
et de la trachée, Un enfant atteiot du eroup~ fat sauvé
par l'expulsion cle ]a, fausse membrane ~ l'aide des vomitifs. Une dame ayant été plusieurs heure& dans une
maison fraîchemeut peinte r-!u. prise d'une ''i:olente colique qui résista plus de lmit jqurs , à otr \raitemettt
convenable et cessa après une mt!oorrhagie spontanée.
M. Br.ulatour a tran~m,is ces ohservalio.Ds: 1,0 Les
adoucissans et le sulfate de quinine, a.rrêtèreut une
fievre tierce et une hémoptysie dont une f'emrne enceinte de quatre mois fut atteinte ; 20 nne douleq.r
atroce à l'index de la main gauche, dont un jeune
homme fut tourmenté et que l'on combattit &ans succès
par di1•ers moyens , céda apuès une app\i.e;i~ion de
sangsues sut' le lieu douloureux, et l'imme11si@n Je
la main dans l'eau froide pe.ndant tre.nte-six heures.
�/
( 252 )
tin homme· indisposé depuis quelques joUTS, fut pri-&
subitement de délire et d'une• évacuation sanguine
abondante par les selles ; Je sulfate de · quinine avec
l'éther et les lotions d'eau froide firent cesser ces
accidens. Une femme fut saisie ,. deux jours apres
avoir ét~ opérée d'une hernie crurale,. de délire et
d'une dyspnée alarmante que les anti-phlogis~iques et
des lavcmens laxatifs firent disparaître. Un- enfaut,
mort dn croup , a présenté la fao.sse membraue !rèsépaisse d'un gris noirâtre , et une espèce d'éruption
miliaire sur le péritoine de plbsienrs portions de l'intestin grèle. Une femme morté dn tétanos , n'a offert,
à la nécroscopie, rien qui puisse expliquer cette mort
violente. Une fièvre pemicieuse avec délire , a céde
à l'emploi combiné du quinquina et do sulfate dP. quinine, aidés des moyens contre l'irritation cérébrale.
Suivant M. Dupuy, l'état d~aue phtbffiique a été
amélioré par la diète lactée , et le séjour pendant un
an dans un étable à vaches. Une demoiselle fat so~
le point d'~tre asphyxiée par la vapeur du charbon,
1'étant mi.se dans un bain, tandis que le cylindre·
qui l'avait chauffé était encore dans la: baignoire.
Deux cas de coxalgie ont été traités a\'"ec succès
par M. Dutronilh ~btn ; par aes· applications réitérée1
de sangsues ,- l'autre, par plusieurs moxas et un séton
appliqués sur l'articulation de la hanche.
M. Guerùi, fils, fit cesser des accès· épileptiques chez une
demoiselle, par l'usage des pilules dn D: Méglin. Mais
une céphalalgie in~ense qu'elle conservait ne ~écla qu'3:
l'usage de l'acide hydrocyaniqne au quart, à- la dose
de cinq gouttes pendant dix j-ours.
M. Lamothe a fait connaître l'efficacité de la- fumee
cln tabac introduite d·ans le conduit auditif, ponr en
faire sortir des vers qui occasionnaient une violenteatalgio et qui paraissaient pro-veni.r -des larves de- l~
�( 253 )
moti-cbe ordinaire. L'osage tle l'eau distil1ée de lanriercérise a · fait cesser les symptômes de l'hystérie. M.
Lamotliè rapporte encore le cas d'une femme qui , en
dînant , étant saisie dn spasme du pharynx et de
l'œsovhage , croit qu'un cm·ps étranger est arr~té dans
ces canaax. On y introduit une sonde de gomme
élastique , on fait ·des saignées générales el locales, des
applications réfrigérantes , et la dysphagie continue
peodant trois jours. Elle ceùe tout-à-conp , après une
application <le sangsues à l'anus.
M. Révolat a fait part d'on cas.·de croup, chez un
, enfant qai guérit par l'expectoration <les fragmens de
la fausse membrane.
M. Caniach a produit plusieurli faits tendant à démontrer qtte Pémétiqae au débat de la rougeole
1
régularise la marche de cette maladie et amène une
prompte et sûre convalescence. Un choléra - morbus a
guéri par un clystère contenant. deux grain~ d'opium.
M. Bourges a employé avec succès l'acide bydro 7
cyanique au quart dans un cas d'asthme convulsif très'..
intense , et dans une hémoptisie alarman~e chez un
phtbysiqae.
M. De Saincric a fait .Fessorlir dans une notice les
avantages de la découverte de M. Labarraque, in sa jet
de l'emploi <les chlorures de chaux et de soude, comme propres à détruire l1odeur infocte qui se dégage des
sahslances animales en putréfaction, et MM. Gintrac,
j,iaubon et Brulatour ont confirmé par fohservatioa e~
l'expéri€nce, la propriété de cette découverte.
M. Bertet a cité les cas : 1° d'un jeune homme, ~nr
le point d'être suffoqué par une angine tonsillaire, qui
.fut guéri par des vomissemens provoqués pendar;it deux
jours de suite , et le clévelqppement d'une érnptioq.
cutanée; 2° d'un bommr. frappé d'apoplexie , que des
T. VlII. Novembre 18'.l4·
36
�( 254)
saignées copieus~s et des rubéfians -réta'hlirent 'l>ientôt·1
'3° d'une <lame qui, épro.u-vant a-Io-fois nne céphalalgie,
one d ypsnée et une ménorrhagie, fot soulagée par l'émétique. en fange ; 4° d'un homme atteint de manie avec
tenaauce au scii~iüe , qui a été calmé par les saignées
gënérales , l es 'hàins îroids, •les •affusions d'eau 'froide
'la ti!te ~ les otii-acés; 5° d'un homme de lettres·1
sur
•
~gé de 60 ans, •qui, ·marië depuis peu, ·devint aveugle
et mourut d'une a-ffection céréh: ale. On trouva un
dépôt purulent dans ·le 1lobe postérieur du cerveau,
la cloison des veritrieoles·élètruile, la conèhe des nerfs
~ptiqoes affais'sée, ' et les nerfs qui en pai::tenit oortuni!
·
d~séchés.
:M:. ]')upuch - Lapdinte · a ··pr~senté à fa •Société one
excroissance cornée considérahle , extirpée sur le poignet
d'une femme de 60 ans. La maladie , légère dans le
principe ; avait ëté exaspérée par •les ·caustiques.
D'après 'M. Azam , des ·coavnlsions "Yiolentes sur-venues chez o'ne- femme ·~ii venait d'accoucher ,
cessèrent après 'l'expulsion d'un •ver lombric par ria
'bouche : au -seizi'èrne jour des couches, cette malade
éprouva nn spasme douloureux des muscles gastrocné'miens , -qnî céda à éles bains érnolliens et narcotiques.
Un ec~lésias.tiqne eut un àhcès a la partie interne
-au piea 8.roit , 1J-ol:tt il sot·tit uu crin long de
deux pouces. ~ne névralgie -sus-oI'hito.ire périodique a
'Cétlé an sulfate de ·quinine. •Un maniaque âge de 5o
ans , fot pris tout-à.-coup d'une -cons~lpation si opi·niâtre 1
qu'elle persista penda'nt 26 jours et fü pl')rir le màlade,
malgré tons les moyens qu'on lni o]>pôsa. (i)n trouva
une àilatation énorme dq. •cœcnin et · de la portion
~scemlante ·au col6n , tlaquéllé contenâit des matières
atercordles non ~ durèies.
M. Gin.trac a cité les cas sui vans : un enfant de·trQil
mois offrit pendant trois joun les symptômes du .croupi
�G 25'5 )
, one saignée locale, an vésicatoÏJ'e s11r la région sternaîe
et l'émétique. çn lavage le rétablirent. Un jetme homme•
atteint tle .la. rougeole, fot suffoqµé le troisième jour
par un croup que dé\leloppa la rétrocession de l'exan-·
thème. On trouva la membrane croupale très-épaisse,
remplissant la ca\lité du larynx et formant l'ouvertur!'
de la glotte. Un homme eut au troisième et au quatrième
accè& d'une fi~vre intermittente quotidienne , qes symptômes cérébraux. , dont il moµrul malgré l'usage <l11
quinquina. On oln;erva, à la nécroscopie, un épaµchement
séro-purulen• d;;ns la cavité de l'arachQoïde et des
ve!ltricules- du cerveaQ, et la 111aquea:se gastro-intestinale;,
comme échy.inosée dans presque to11~e spn étenque.
l,Jn enfant conseJ:ve sans inpommoilité uQ enfoncement
de l'os pariétal, qui eut lieu à la suite d'une çhû.te.
sur le ca_rreau. Une juive , de Strasbourg, ap,r~s 1111
accouchement labo1'Îeux qui enflamma les surfaces d11.
vagin., a éprouvé un~ occlusion complète <le ce canal>
la paroi anlél·ieure étaJlt uuie transve1:saliiment 11vec l~
paroi posté1•,eui·e à op pouce d,~ JjstaQce de la vulve ;
l'effort· ménstruel se manifest.e ; m;iis- le sang ~e sort. .
pas. Cette ipfirmité a été r.ei:;~.edée comme ineq.rabl~
·
par d'habiles chirurgiens.
M. L(lfon a communiqué de,ux ca~ de choléra - morbus, guéris par les opiacés, et le cas d'une.péritonite
chez un enfant de quatre ans à la snite de laquelle
l'abdomen s'étant beaucoup gonflé, il se fit à l'ombiliç
une perforation spontanée qui donna issue , pendant.·
douze jours, à une grande quantité d'un liquide séropurulent , et le malade guérit.
M. Burguet a cité le cas d'une fille qui , asphyxiée
par la vapeur du charhon , mourut quatre jonrs après
d'oue violente irritation des bronches; et d'µn enfant
convalescent d'une rougeole mort d'une gas~ro-entét'Ïte
qui simula~ les sy.mptômes de l'hydrocéphale aigu. La
necroscopie a constaté la lésion des voies gastriques.
�\
( 256)
M. Parenteaii a rapporté qu'un homme , atteint d'une
fièvre tiei·ce pernicieuse avec délire, a été guéri pal'
une potion contenant 36 grains de sulfate de quinine ,
prise , par inadvertance , en une seule fois.
De deux faits de croup , communiqué<> par M. Liaubon ,
l'un 1 résultat de l~ répercussion de 1a rougeole , a été
guéri par l'emploi des saignées locali:s et d'une potion
stibiée qni a fait Fejetér des fragmens de la fausse memhrane.L'autre,coŒhattu avec succès par les mêmes moyens~
a été suivi d'une gastro-entérite qui causa la mort et
qu'on a attribué an taFtre émétique. Une hémoptysie a
été arr~tée par l'acide hydrociauique au quart. Une
jeune femme , accouchée depuis sept jours , a été
frappée d'une apoplexie qui céda à. d'abondan.tes saignées
généràles et locales.
· M. Levaclier de Boisville a guéri une apoplexie pres.
que foudroyante par les saignées générales et les ru hé~
fia us. Le malade eut ensuile une vive épi~ast1•algie avec
-vomi~sement, que trente sangsues loco dolenti combattirent avec suceès. Une Mmorragie obligea de recourir
au tamponnement.' mais bientôt après lé sang jaillit par
les points lacrymaux : -une saignée du bras fit cesser cet
accident.
M. Mestivier a guéri une pneumonie aiguë , par
l'usage de l'émétique à haute dose , après, toutefois,
les sàignées générales et locales. Une femme mourut a
fa suite d'une ivresse occasionée par l'eau-de-vie ; les
poumons et le foie étaient profondément désorganisés ,
et pourtant, celte femme ne. se plaignait de son ''ivant
d'aucune incomrnoclité. Uoe femme, atteinte ù•une violente
colique, ayant avalé par mégarde la décoction d'un
lavement avec addition de deu:s gros de laudanum,
dormit pendant six heures , et la douleur cessa.
1\1. Dariste ayant opéré une mulâtresse d'une hernie
Cf'urale Ê!\ranglée '· les accideus persistère1;1t et la xna..
�Ja<Je mourut. La nécroscopie fit. déconv.ti-r u~ étranglement interne qu'on ne soupçonna ~as sur le vivant.
M. Pareira a retiré <le bons effets de -l'acide nitrique
étendu et donné en hoi~son dans les leachortées chroniques. ~o enfant, alleinl du croup et soulagé par
les auti-phlogistiques, est guéri par }'µsa~e continué
pendant plusieurs jours d'une potion st,ibiée. Ul.l hQmme,
affecté d'un squirre ~ l'estomac, avala par .mégarde
et à-la -fois vingt-quatre grains d'extrait de ciguë,
sans éprouver aucun symptbme d'empoi~<>nnement . Une
anasarque , survenue ~ la .sui~e de la rougeole est ••ggravée par des vésicatoires qui 1 d'aillt>urs, occasionnent une irritation gastrite et cérébrale. Ces accidens
cédèrent aux anti-phlogistiques ~l à . des nwuchetures
pratiquéés so'r ie scrotum.
.
.
Telle ~St en racc?urci la, série de la plûp<)rt des
faits dont cette notice èSt' enrichie . .M. ~upuc(i-Lapointe.
y a déployë les conn'aissances· d'un · Boil 1 seèrétai_re·
général;' mais nous aurions voulu y troi;i.ver un pe11
pins de développemèrit, surtout pour · quelques-no~~
des observations 'import~D'tes. fqui y·; so'.rit sigo<\lées: A
la vérité, ce reproche' est app~icable a,toutes l~s · Compagnies .savantes qni 1 ne poblrent qa'anè analyse trèsaacciate de leurs travaux.. Il est à désir.e r que, c;.oinme
notre Soèiété médicale,' toutes âie~t uti ' journal pour
donner'' en entier leurs mémoires, leurs observation~
etc. I.e journal médical1 de . la Gironde, pourrait 1 ~é.
nons semble, contenir les · bulletins de la SociéLé de
médecine. de Bordeaux. 1
P .-M,' lfoui.
�111ÉDICALP..·
:f,d Co1111tSPONDANCE
· -*~*@~*-
• l
LMt-RBs du professetir Scarpa aci professeur Maunoir,
éonl!ernaJlt l'ope'tation de Jr1. Acla1J!ls, sur la cataracte
et 3l1r ld pru~lLt! art!fttiell<!, t1•àtt4ites de l'italien par
, Il! doelé&,1' Li?s'u'î>r, rtlédecin'-octdïste de S. M. l'ardu~ duf/le~se Mtirie~Louim!,
~. ~et!re
duche-sse d e Pai'me 1 eu:.
'
-'tlavïe'.
-·
.
M:Qri
-
<lj_rq;uièjl1J1 ret demiè,11e ).
élu~t· ami~
,11
.,
fe
i.5. Février
•· 1
1~1!f.
l
• 1l&Pu1s la derniÙe Îettre q!1e je vous ai aclressée 1 it
s'est vrésen.té à lllOÏ· an l\Uj.et ayant, de naissance, les yeux
4r'une si étrânge conformation, qpe je n'ai jamais riea ~If.
Je .se~hlal{le. ·Je 'vais v..ous en donnel' la description,
! , t
> -·
P.arce c~u'elle ~e .paraît nq~ c)iose digne de votre curiosité,
e} parce qt~'~lle é?ntdhu~ra,, . autant qu'il me le pa·
l'J!t? à oJoign,ê r daYaP,tai:;e la Crjlin,te que noqs av~it, fait
conc~voir M. Adarµs 11nr le$ ti:istes conséquences d'un
~rî~talliu' s~lide déprimi, à· traye~s PU: corp~ vitré., ,désor.. ,
S:}ri~ ~t r~~ui~ .en eanr .
M. lattuada.deune·homme de 25ans, halljtant de Rosate, dans le' Milanais, louche depais,sa plus te.ndre en"
f~nce, mon_trait nn perpétuel mou,vement d'yeux, à la
man'ih-e des aveagles - nés. Avancé en âge. , il ent
beaucoup de difficulté pour apprendre à iire et à- écrire,
parce qu~ c~t·.exercice lui remplissait les yeux de larmes; la tête lui tremblait, et ses yeux se tordaient
avec des moavemens plus rapides d'abord. Cette maladie
ne fut regardée que comme .un simple spasme , et
pour y remédier, on prescrivit des calmans internes 1 et à l'extérieur , les stu pélilns 1 tel que lei feuil·
i
~
�( 259)
les et l'extrait de bellà-clonna ~ le tout irrf'rnctoeunment, et, :si L'on · ·veut ajouter foi au snj.et dont Ü e~t
ici qoeslion' à scm détriment.
L'œil droit présente acl!_lellement les p1ht!nomènes
suivans:: la cornée, dans cét œil 1 <est nn peu_'plns proé.
minente que <:elle de l'aut-re. H n'y a pas le moin.dre
,estige d'ii'is , ce qai ·ne laisse pas d'~tre très-;singu·
lier à -voîr. •La lentille fermée dans sa .capsule et devenue
opaque, principalement -vers son centre , est dégagée
et libre tle 'toute àttaque avec 'le corps vitrë, et se
ment dans les -cavitës de l' œil en di_fférens sens, quel:.
-qnefois àvec beancoll'p de rapidité, 3 proportion des
mouvemens plus on moins vifs du _glO'be de 'l'œil, des
1laupiêres l't <le lia tête. Quand ce jeune homme baisse
la tête, la lentille, renfermée dans sa petite 'bourse
i'avance presque au contact , et quelquefois jnsqu'.\
un contact parfait avec la cornée. Quand ll inéline
la tête en arrière, ce 'Corps parah blanchâtre; 1Ia 'lentille volumineuse comme enveloppée de son sachet ,,
.descend dons le fond d~ l'œil , par un plan incliné d'avant en arrière. Dans la 'position perpenditulaire lie la tête, fa 1lentille tantt>t se montre par un
-<le ses segmens, tantbt disparaît de -nouveau , .comm.~
je 1'ai tlit, selon :les mouvemens du glo~e de l'œil, pl.us
'Ou moins forts ou rapides, et le 'battement <les paupières; jamais cc corps opaque ne s'arrête à l'axe
visnel, -et jamais il n'intercepte entièrement le passage
~e la lumière •an fond de l'œil. Quand la tête est in.
·dinée en arrière , :la lentille descend très-visiblement
au fond de l'œil, avec autant de faGilité qu'elle ferait
si elle clescenilait à t-ra\•ers un fluide faible et aqueus.
Pendant tout le temps que •la lentille réside et se tieu.t
au fond de l'œil, 'Ce jeune 'homme dit qu'il voit µn
corps •jaune obscur, pointé de noir. Quand il est long·temps couch{, comme pendant la nuit, et couséqueui-
�( 260 )
ment avec ta lentille appuyée sur le fond de l'œil , il
n'a jamais éprouvé aucune incommodité provenant lie
la pression de la lentille sur la rétine, ni ne s'est
trouvé attaqué de douleul'. ou d'inflammdtion d'yeux.
Dans l'œil gauche, 1e désordre est moindre que dans
le droit. Il y a dans ce dernier œil, nn fragment de
l'iris ~ frange du côté de la tempe. La lentille avec sa
capsule devenue opaque cataractée , se trouve comme
suspendue ,à sa place par une petite attache qn'elle
a conservée avec la zône ciliaire, en haut et du côté
~e la tempe i indices' a ce qu'il paraît ' que dans cet
œil, le corps vitré n'est nullement désorganisé ni réduit
en ean. Dans tout le cercle de son contour, la capsule,
ainsi que la lentille est libre de toute adhérence, et
pendant les monvemens du globe de l'œil et de la tête,
elle oscille un peu d'avant en arrière, conservant ce.
pendant toujours sa place naturelle dans son petit point
d'union avec la zône ciliaire , en haut, comme il a
été dit, et à l'intérieur. Ce jeune homme voit assez
bien . tous les objets , et il les voit mieux qu'ils ne sont,
à une petite distance de lai; en lui prescrivant l'asage
cl'm,ie lentille convexo-convexe, ou tant soit peu plus
forte que celle qui s'adapte aux opérés de cataractes,
il distingue assez bien les petits objets, et les voit
plus grands qn'ils ne sont. Lui ayant mis devant les
yeux nue masquerine , ayant à une distance convenable deux petits trous co'I'respondant à la pupille, comme
si elle avait été de l'un et de l'autre œil , celle dont on
se sert poar corriger le strabisme , ~hez les petits en.
fans, et cela poar- qn'il reçat la lnmière c9mme par
la papille naturelle plutôt rétrécie , il distingua les
petits objets. avec plus de précision que d'abord , comme
les petits caractères d'imprimerie , et , à une grande
di~tance , mieux qu'avec ce secoors. En outre, il les
-,oit plos grancls qu'ils ne sont effectiv.ement, comme
�( 261 )
fil avait en devant le9 yenx la lentille conv-e~o:..coll'\'"eie:;·
tl n'en fut pas ainsi cle la mê'u1e expérience répétée·
li l'œil gauche , avec leqrrel , bien qu·e la masquerine'
ef1t été· appliquée avec préciirioa, et de manière que·
le petit troa correspondit à l'axe visuel dP cet œil, il
ne voyait cependant rien. Paurquoi cela ?: C'e~t qae le·
petit filet de lumière qui entrait par le petit troa ;touchait précisément sur l'a lentille devenue opaqaecataracteuse, tandis que, sans la masquerioe, la lrrmière ;•
va le manquement presque total de l'iris, trouvait lechemin du fond de l'œil, par le côté extérieur ell intérieur de la lentille , devenue opaque, suspendue ert
haat et du c&té de la tempe ..
A. ce fait , que toat fait croire ne p:rs êlre l'effet:
d'une mauvaise conformation, j'ajoute les réüexiong
suivantes : parmi les nombteuses suppositions faites par·
M. Adams, à l'égard de fa fréqnente· complicatron,.selon:
lai, de la camracte av-ec la: désorganisation dn corp!1~tré , il y a celle... cÎ : que la lentille devenue opaqu~
avec sa oapsule , peut demeurer à· sa place naturelle ,.
malgl'é la conversion en eau du corps vitré. En affir.·
m1nt cette chose,. non-seulement il s'est trompé, mais
il a d'ailleurs commis une erreur grossière en anatomie•.
Quelquefois le corp11 vitré se trouve complétement dé··
sorganisé et fondu , comme dans le cas relaté ci-dessns,.
la lentille avec sa capsnle ne. pent en ancone manière>
consel'ver sa place naturelle, à moins qu~ii ne soit
survenu quelque lésion , par laqueUe sa capsule aill.
contracté adhérence aveC' les procês-ciliaires , Oil' av-eeo
la face postérieure de l'iri-s ; l'erreur dans faquellel'
est tombé M. Adams, est provenue de ce qu'il a crœ
la capsule clu , cristallin n:ata-rellement adhérente aux:
procés - ciliaires, ce qui est notoirement faux, auprès
des anatomistes. La capsule da. cristallin ne s'unit.
T. V-III. Nov~mbr• 1824,.
J?
1
�(. 262 )
qu'avec la zône ciliaire, aa-clessoas et ao.tonr de l'aqaelle zbne , réside le canal de Petit; ce qui est<
comme si · l'on disait : la .lentille avec .la capsule n'ad'autre naturelle connexion qu'avec la fletiti:! merrthranlt
du corps vitré , laquelle membrane surmonte la" capsule dans son plus grand disque. Maintenant , si le
c.ristallin afec sa capsule n'a d'anion· qù'avec le coTpr
,.itré , quelquefois ce col'ps se désor~anise, et se con.
,.ertit en eau , et la petite membrane dont il est
etitoùré se resserre naturellement sur elle-même , se
déchire en plosienrs morceau,c et disparaît. Le cristallin avec sa capsule , manquant de p:oint d'appui par
derrière, et d'union, doit , par une égale nécessité 1
ahàndbnner sa ptisition naturelle , et apparaître entre
l'œil, précisément comme dans le cas ci-dessus décrit.
Au contraire de .tout cela, M. Adams , dans la persnasion qne la lentille avec la càpsule , fat natrlrellement attachée aux procé.Y - ciliaires 1 en tira cette
conséquence qoe la lentille , nonobstant.- la fasion da
corps vitré , pilt demeurer à son poste. Et cette con.
séquence me surprend d'autant plus, que clans un autre
endroit , ll'antenr dit : ( 106 ) , que Ja ·capsule avec la.
lentille en pareille circonstance , se détache facilement des procés - ciliaires; parce qu'ell~ manque de la
tonaca aranéeuse , par · le défaut du corps vitré 1 laquelle tonaca- aranéense 1 en son état naturel 1 tient
ferme la. capsul~ avec la lentille à son poste; << Front•
» the s1Lperior gravity of the opal:e lens , it tlierejore·
,, sinks 1mmediately to the bottom of the eye ou being de
» tached Jrom . the ciliary processes·, .like a sto1ze
» throv.>n entowate.1 1 there benig . no tanica aranoni to
» assist asis naturaly · the case· , in seCitring it in ist
situations. » .
D'après cette ré{lexion . cle M . . Adams , comment
pouvait-il se persuader et persuader aux autres et aax
».
�( 265 ~
personnes inst;ru}~es en an<;i,t.o,mie ., qu'il qonpe un ~~
de ca~aracle, qui deme9re à son po~te , pialgré . lt
désorg:;misation du corps ·vitré ? E_t . Pou..v~L-~l jama~
ajottte,r, que .da.os ce oas, au pl~s l~ger a~toucp.eç:ien,t
de. l'aiguille, la !en.Lille avec sa c;i.psule a,l;>i;t°'donn.e
so111,1,nion a~ec les pro és-cil,i.a,ires, et se précip,ite di.lu'".s
le fond de l'œil; la.ndis qu.e, tout atl'Contx:aire, qua.1j1dl11 désorganisation .c\\l corps vitrét,s'opère, la le.n,tille <;Lve,c !Ill
capsule est libre même de toµLe atlac.h e , et i;lilt fiot:-tantie entt:e 1'œil 1 Comm'11lt pouvait-il, en iu~ista,i;i.t Sllf
calte même err~u~ ( de l.t ~atar<1cte qui deml!ive .à .son
poste , bit\n que .fa.i,~lè_ment att11chcie aux. procés-?i.liaiœs~
établir le diagqofitic ~ la catar~ole comp~ill\lée pli[
la désor{5i1UÏ~a.tion ,et ,fusion en eau du corps ,·i.tré ?
Mais le clétaohement de la capsule de ~e,s coi;rnexion,ll
na1urelles, q~i,, Eln effet , se r!jµcontre quelquefois .dans
la .pratique de ila catar.ac.te par abaisse!llent , 11eut ar:1•iver
égalei;nent, Jtien gue le corps 1Citré se tro11ve cl;i,ns uo.
état parfaitement ~ain , parce qull ce facile \iét~che
Jll~nt peut avoir ,li~u chaque .fois que -la meq!bran~
;tr;in~euse dan,s le tour, qh ,elle sui;moote sa capsule du
cristallin , est plu~ mir!_ce que de coutume , et e,nsuile
.vlus susceptible ,d'étre dE1chirée par la preSliioo d<:
l'~igpilJe , sur pn cr_ilita_lli.n solide. .Richter, ( facs. 2 ,
page 96. ) ·éci:i1'it avoir opéré par extractiop. ,quatre
suj11ts , dans lesquels la cataracte sDrtit renfermée .dans
capsule sans qu~il y eut dans <:es .sujetil la plus petite
~P,parence de .désor;ganisalion ., .Qu de fosion en ,eau du.
corps vitré , fusion qQi , ·si 111le eut eu ,li~u , se
~era~t ~ans doute ,man.ifeslée , ;après une taille de la
cornée, taille qui ·DP. ,devrait pas êlr~ petite , pour
donn.e.r une (acile Ïis\}e ;à .la l~ntillf:l e11veloppée dans .sa
cap.suie.
En réflécbis~ant ~nsnite un pan , sur •le .cas q~e je
vous ai rap.po1·té , qup ùiriez-voCls à to~t au~re oculist~
sa
�( 264 )
.ecxpert , éle ces tristes conséque nces da cristallin sotid.e
.déprimé entre un corps vitré converti en eau , tant
redoutée s par M. Adams? Selon 'lui le dur cris:alli11
.déprimé ne manque jamais de détruire ta molle ré tine,
.au milieu des douleurs les plus atroces, et l'i.:iilarnma!tion de l'œil la plus intense ; cependa nt daus le cas
.ci-dessus rapporté , il n'est rien arrivé dt: tout cela
pendant vingt-cin q ans , et "il n'y a point d'appare nce
"lu'il ne puisse jamais rien arriver. Si ensuite , le
phénomè ne eut élé constant ( ce que je ne prends
sur moi ni d'assure r, ni de nier ) que la lentille déprimée , daus ces circonst ances, se meuve selon les
111ou-vemens de l'œil, des paupière s et de la t~te, il me
paraît vraisemb lable que ce phénomè ne se serait offert,
en ces cas multiplié s, d'an détachem ent facile el d'nne
dépressi on expéditiv e du cristallin solide ; cas dans les'luels M. Adams suppose qae la fusion da corps vitré
cataracte . Mais ; aucun opérateu r 1
~st jointe à b
jusqu'à présent, n'a fait men tian <le ce phénomè ne consé,catif à la dépressi on, avec facile détachem ent de tonte
la capsule avec la lentille , de la zbne ciliaire. Ce
iraisoune ment que je fais ici , est, comme je vous
Je disais, appuyé sur le fait que je vous ai exposé.
:Néanmo ins' si' après cette lettre ' il vous venait a
i'es_pcit de me fai r e ehserver , que , comme M. Adams,
pour n'avoir pas affeclé de note au quatorze pensionnés
.<le Greenwich , n'était pas en droit d'assure r , qu'en
~me le corps vitré y était désorgan isé en tout ou en
panie , de même que moj , pour n'avoir pas fait de
marque au'K yeu-x: du jeune Lattuada , je ne sais point
~utorisé à <lire, qu'en lui le corps vitré e&t totalement
.con-vert-i en eau dans l'œil droit , et particuli èrement
il..rns le gauche ; je me bornerai s à vous répondre i
,daignez seuleme nt me tenir bon compte de ce cas
):,a-,:e e~ ,si.n,gulie r ., et tll'in:>troirn t:11suite coJUmeiit ,
�{ 265 )'
dans ce sujet , il arrive que le corps vitré se troa.:.
vant sain , consistant , globeux 1 le cristallin renfermé
dans sa capsule , libre de toute attaque dans l'.œil droit,
"il puisse être mû clans tous les sens entre le globe de
l'œil, et , ce qui plus est, se plombe par l'avant dans
1e fond de l'œil, manifestement, toutes les fois que le
jeune bomme en question incline la tête en arrière.
Le cristallin dégagé , flottant sans être cha~sé forcément
ôans
tC:i.ture caverneuse de l'humeur Titrée , sain
et consistant, après la rupture de la petite membrane
extérieure, ne se porte jamais en arrière , par sa force
<le gra.vité , au-delà de la chambre postérieure de l'humeur aqueuse, et si , tantôt il se lève , tantôt il
s'abaisse , sans les mouvemens du globe de l'œil et des
paupières, il .le fait .en ligne parallèle à la face postérieu1·e de l'iris, et tente quelquefois le passage clans
la chambre antérieure; jamais, de la chambre anté:rieure, il ne va se mettre dans le fonds de l'œil •
.Je sais avec la pins grande affection et amiiié, etç•
la
3.0
V
~ R 1 ÉT É
s.
lL y a déjâ quelque temps que plusieurs médecins,
chirurgiens , étudi.rns en médecine et en pharmacie
se sont engagés pour cinq ans au service du Vice-roi
<l'Egypte, et qu'ils sont partis de Marseille pour
.Alexandrie. IL cloit en partir encore dans le courant
<le janvier prochain , vu que le Vice-roi d'Egypte
est , dit-on , pi'Otecteur éclairé des sciences et de&
arts; qu'il accueille favorablement ceux qui les culti.veot, et qu'il estime surtout beaucoup les français.
N'allons pas , toutefois, envier le sort de nos collègues'
llCcompagrrons - les plutôt de nos v.œux et désirons·
�( 'Z66 ~
qu'ils éprouvent enfin le .besoin de •revoir leur patrie,
car le plus grand de tous les avantages st, sans dont,e
celui de servir son .pays. Le génie d'Hippocraze n,e
fut j;u:nais plus su'l>lime que quand il re.fusa les présens des ennemis de la ~rèc.e.
- Ainsi que nous l'avons annoncé dans no~re dernier TI.°, M. le doctéur Chervin arrivera ~ Mars<:ill~
vers la fin du mois procha_in.
- Le docteur .Anniba.l Omodd 1 cle l\Jilan, ,,ient de
nous ·adresser ses e:;cellenl.cs annales universelles de
médecine. Nous en donnerons des exti:oits.
- ~ons atlendous de New-York, de Philadelphie,
de aaltimo~e de la NouveJle- Orléans diver&e.s produc~
tians médicales. Nous les sign;lerons 1 .aussitôt q\1'elles
nous sero.xit .parven11cs; il ~e -vrépare de \101nbr:eux et
excellens matériaux pour notre Observatez;r; en .182q.
. - M. Valerius , bandagiste .orthopédiste, hréveté
du Roi, vient d'établir , chez M. 8.oit;$l W , ·phar,ma;;en , à Marseille, un dépôt de bandages s'appliqupot
d'eux-m~mes, sans courroies ni sons-cuisses; bandages
qu'il ne faut point co afoodre avec les bandages anglais. Ceux-ci sont évidemment bien ioférieuri à
ceux <le M. Valeri"us, qui ont éLé admis à. l'exvosition des produits de l'industrie française en 1823,
et qui , d'ailleurs; ont valu à leur auteur ,un encDuragement accordé par son Excellence le .M.inistr-e de
l'intérieur.
- Bibliothèque médicale , nationale et .étrangère.
Tel est le titre d'an nouveau jo11rnal ( in 8.°, qt1i a
paru 1 cette annêe, à Bruxelles , et anqµel on a réqni
les annales de la médecine physiologique de M.
Broussais, ainsi qu'une revue des journaux fra~is 1
anglais et allemapd11.
- Sllr sei~e individus , atteints de la µè.vre .jaµne,
auxquels Je docteur . Cliassmann de PhiladelpJ1~
�(' .267 )
c acfmini~t~é· rbuîle de thèrébenthine
a la close de.
plnSieurs• gros- pà;r jour, douze ont guéri. Ces détails'
sonl consi~nés .clan.s,Ie med~~o-chirurgical Review, (décembre 1823'. }
...... Le Propagateur annonce qu'un médecin italien a.
reconnu q~e la fumée produite par -la combustÎon des
Ha'ies fraîclies de Id. morelle ( Solanum nigmm ) est
lin remède três-efficace contré l'odon1algie. Ou imbibe
de auc de more.lie une ~~chq cle . c?tqn' , et .tandis
qu'on la falt brâler à la flamme d'une lampe, on ·r e •.
cueille la fumée an moyen d'un entonnoir don~ on
dirige l'extrémité vers le point malade, en inclinantr
la tête de ce côt-ê.
- Plusieurs maladies érnptiv;es, des gastro-entérites,
encore qu~lques cas ' cle diarrhées ont été observés ce.
mois-ci à Marseille •. Les anti-phlogistiqaes bien dirigés
ont été lés moyens les plus efficaces.
-- b•a'près le relevé des registres de l'Êtat-civil de la
mairie "de Marseille , il y a en en Octobre 1824., 388·
11aissances; 299 décès et 109 mariages ...
P .-M. Roux ..
La Société de }Jh~rmacie de Paris pr:opose ,. pour
premier sujet de pt·ix, consistant en une médaille d'or
de la valeur de 5~o fr., les qt1estions suivantes :
1.° Trouver des . méthodes analyti.ques pour isoler les
acide1 q11i peu11enl se trorwer réuni/; dans les végétaux;
.
2, Rechercher l'acide citrique d1.1ns le~ fru f: rs de notre
sol autre 'que le citron ; ·.
•
3.° Déterminer si cet acide peut en être extrait avec
avantage ponr les arts et pour la pharmacie.
0
�( 268}
4.
S'assurer si l'on ne pourrait pas produire et fa-briquer cet acide en grand· par un procédé puremen&
chimiqlle.
La Société prop·ose pour' sècond sujet de prix,.
consistant en une médaille d'or de la valeur de 300
fr. , ces deux questions :
Déterminer les caractères comparatifs de la:
1 .°
gélatine , de l1albumine et du mucilage contenus dans
les 11égétaux.
2.° Rechercher les réactifS> propres à Jaire connaître
il
ces ài11ers produits.
Le terme de rigueur pour fos deux prix 1 e~t fixé
ail 31 décemnre 1825. Les mémoires seront adressés,
francs de port et sans lettre d'envoi , à M. Robiquet,
sP-créLaire-général de la Société, rue des Fossés-St.-Ger ...
main-l1Auxerrois, n. 5.
Les auteurs y joindront une dévise qui' sera répétée
sur un billet cacheté , contenant lenr nom et leur
adresse. Les billets dont les auteurs auront remporté
les prix seront seuls décaclietés en ~éance générale.
par M. le Président , immédiaetment après la lecture
de la Commission du coucours.
0
0
AVIS.
'--~8~-
La Société royale de médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Observations , Notices , etc., de ses me,;,bres soit titulaires r
soit correspond.ans , qui lui paraissent dignes <!être
publiés , elle n'a égard qZL'à l'intérêt qu'ils présentent
la science médicale ; mais qu'elle n'entend donner ni
approbation ni improbation aitx opinions que pellvent
é"'.et;re les auteiirs,, et qµi 11,'ont p,as encore la sanction
ient1rale•.
a
�( 269)
BULLETINS.
DE
tA. SOCIÉTÊ B.QYAIŒ DE M·ÉDtC11~g
DE MARSE1LLE.
1
de l'est017?ac , d11 grand épiploon, d1.t do/o'ft
transverse et d'une partie cf.ri d11ode1111m , daµ.s la,
poitrine ; observation communiqu~e par ]Jtl. ~ŒYN.AUD.,
D. 111., P., .vecon.d chimrgien en ch~[ de let JI.farine,
membre corre.wondan,t de la Sqciétê royale de 11'/éde""
cine de Marseille , etc.
H1iRNIE
LE nommé Philibert Ma,u dillon, ~1omme 1k conlettr v
1165, matelot sµr le vaissen.a
ùe S. M. le Sai11(-P~rre., mort asphix,i~ p~r suhmersion,i1
le 26 juil 'et 1812 , à 6 he11res da soir, f~t appo.r;té
Je lendemain à. l'hôpital de la marine. J'en fis- l'ouvf)rtore,
vingt-quatre ·11eures api:è~ soi;i déc~s.
Cet homme était d'aoe taille avantage1,1Se ( cil'J.q p,1ed_~
sept pouces ) ; il ava~t de l'emhonpoint; ses memhre'
étaient bien ~rono~o~s et annonçai.eut I~ force e~ fa
1iguenr 1 il avait la poil ri ne large; les deux co(é> étaient
égaux. li portajt une c~<'atrice , d'enviro~1 deui:. pouce~
de lon~ueur, <,toi répo.ndait à l'intervalle de la. sixième
ét de la septième côtes ~a côté gau,che. L'ahdoroen était
e~cessivemeot ba\loné.
L'abdomen ouvert, je trouTai le tuLe intestfoal tri.,.
l8'f. Vlll. Novembre i8'.l4·
iié à l'île de la Grenade, en
�( 270)
vofomineœ et dislendu par des gaz. L'estomac manqllüÎi~
ÇiÎnsi que I? graod épiploon et le colon traos\'erse.
Je découvris la poitrine. ~orsque le sternum eut élé
.enlevé, j'aperçus une mas~e graisseuse qui occupait
le cpi.é gdud~ et qui s'étendait depuis le sqmrnet jusrpù
la hdse de celte c~vité. Je fus eµipressé d"en connaître la
pature et avant tl'aller plus loin, ·je pratiquai une ouverture el j'.e11 fis sortir one partie. Je reconnus bientôt le
~r.aud é piploon, dont les ''aisseaux.étaient comme inj~ctés.
J·'culevai dVec soin les côtes de3 deux côtés. La Lranspareoce
Lie la pli\ vre nie laissa voir plusieurs circonvolutions
d'inte~tin et me donna lie u de penser que les viscères
11-hdomiüaux déplaêés, n'avaient point entraîné avec
.eux le peritoine : opinion c1ui fut bientôt cuufirmée par
}';nspection cles parties.
L orsque j'eus fendu la plèvre, j'aperças le gram\
ipiploon étendu sur l'eslomac, qu'il dépass-.il en haut,
DÙ. il se 1 amas~ait en un paquet étroit qui recouvrait
Je sommel du poumon gauche. L'estomac, très-ùisteudu 1
était placé de la manière suivante : la face poslét'ieure
répondait au ct1é ~auche de la poitrine, l'antérieure
touchait le péricarde et le mécliast,iu. il remontait jusqu':iu ui1ean de la secomle côte. IL décrivait à-pen-près
les 11uatre cinquièmes <l'un ovale. Le grand cul-de-sac
occupait la part:e postérieure ùe la. cavité tborachique 1
et le pe~it, q"i se terminait trois pouces au-dessus du
srautl, étjit pla;;é à la partie aoterieure.
La portion du thoJ enum contenue daas la poitrine,
qui était d'env iron trois ponces, paraisfiait être la
continuation <le l'estomac; on n'apercevait pas, entre
ces de ux viscères, ce rétrécissemeut circµlaire qui le~
sépare et qni. réponcl à la rnl1ule pylorique. Celle
de rn ière était très-dilatée et aµrait pu permettre le
p assage d\1u i;orps cylii;iùriclue ~e si;s: pouce~ t~e cirpon.
# re11ce,
·
'
�( ~71 )
Le colon transverse était étendu sur la face postérieure <le l'estomac ' que j'ai dit répondre à gauche :
il remontait au tant que l'estomac, d en descendant , il
~e dirigeait vers la partie postérieure.
Ces viscères avaient pénétré dans la poitrine par
une fente ovaldire, d' euviroo trois pouces d'étendue,
dont le gra1}<l <lia mètre ét.iit cl'avant en arrière, qui
était située sur le côté gauche <lu ceutre phréuique.
Le colon et le tluodennm aYi.lient contr<1cté <les adhérenci;s avec les lèvr.es de cet)c ouiverture.
Le poumon nauche s'était retiré à la partie supérieure de la poitrine. Antérieurement, il ue descendait
que jusqu'au bord inférieur <le ' la deuxième c9te;
postérieurement jusqu'à la sixième. Il présentait plusieurs adhérences a\·ec le thorax. Le poumon droit était
sorgé de sang et de çouleur violette.
Le cœur avait été repoussé # droite. ll avait son
Yolume ordio11ire, mais ses c.1vités étaient totalemeut
rides ; ce qui me parût étonnant , vt1 le genre de
mon auquel ce maria <tvait suceombé.
Le colon lombaire droit ne suivait point sa clirection
ordinaire; de la partie inférieure des lomhes, il se portai~
obliquement à gauche , passait sur la colonne vertébNle,
sur le pancréas et le duo<lenum, et all~it s\rnir au colou
transverse.
Les autres Tiscères abdominaux n'étaient poiot déplacés. La vessie était v;de. Les intestins 6taient distendus par des glZ. Vestomac renfermait aussi Jcs
gaz ; il contenait une assez grande quantité de ._
liquide• ainsi que quelqlles aliinens aoo encore digérés,
Je me rendis au Conseil de santé pour lui faire
part de ce cas intéressant, et M. Leclerc , premier
chirurgien en chef, qui s'y trouvait, voulut bien luimême venir préûrler a cette autopsie. l'lusieurs de me.s
tionfrères y assistèrent.
�( 272 )
tes informations qne j'ai prises sur le nommé Maudil fort;
m'ont procuré les renseignemens suivans: il avait reçu
un coup de poignard sous Le teton gauche, dans le courant
de 1804. Depuis cette époque, sa respiration était gênèe.
snrtout 3près le repas. Il vomissait fréquemment; il mangPait avec modération; il buvait beaucoup et quelquefois
jusqu'à l'e"llcès. Il était sonvent obligé de suspendre ses
occupations. Lorsqu'il prenait trop d'alimens ; il éprouvait des douleurs violentes au }Jas 'fentre et à la poitrine,
Il mangeait de préférence du fromage et da poisson. II
ne pouvait point digérer la soupe , ni les légumes
secs et s'il essayait de se nourrir avec ces alimens, il le!
vomissait aussitôt. Il . éprouvait par fois des difficulté&
d'uriner; il avait été plusieurs fois dans les hô,Pit.aux
1
sans y trouver. du soulagement.
C"s de rétention cf1irine ; corde à bnyau dans la wssie
exp1.jlsée par les seuls ejforts de la 1u1ture , et à
l'aide d'une dilatation du canal urétral; observation
communiquée par feu Joseph Bcruc, D -M., M-., membre
titulaire de la Société royale de médecine de /Ylarseille.
LE sieur F .. 1 ex-premier cler de feu Etienne Seytre;
avocat de cette ville 1 avait pris, en l'an 8, deux hlennorrbagies très - cordées 1 la clernière surtout fat Si
aiguti, que peu de jours après , les ori nes ne p3ssaient
que goutte-à-goutte avec de grands efforts et mêlées'
de s11ng. Malgré les soins réguliers et bien entendus
que lui administrait 'a lors feu notre esttlriahle cotlègue
le docteur Odrax, il se forma un abcès urineux au
périnée , qoi fot ouvert. Le malade fut ensuite traita
et guéri de sa lllenoorrhagie dans l'espace de deux mois:
mais il lai resta nne fistule urinaire avec un retrécissement notable du canal, ai~si que cela arrive fréquemment lorsque le catarrhe de l'urètre a été fort
et avec hemorragie 1 en sorte qu'il ne renduit ses urinet
�( 273 )
~·avec beaucoup de temps et de peine. Il faisait nsage.
depuis lo1·s d'une bougie de corde il ]Joyau qu'il retirait quand il voulait uriner et la reli1etlait aussitôt après.
Le six frimaire an 13 , ayant laissé trop long-temps
séjourner ses urines , par suite de ses occupations
multipliées, la vessie se remplit. Un violent stimulus
le presse, il veut retirer la hongie et ne la trouvant
point, il ne doute pas qu'elle ne soit entrée dans la
vessie. J ostement effrayé du danger de sa situatioa,
il me fait appeler. J'explore attentivement le trajet dCl
canal pour m'assurer si la bougie n'y serait point encore engagée ; ayant reconnu le contraire , je lui propose le cathétérisme , il m'observe alors que M. Odrax,
avait souvent recouru à ce moyen ; mais qn'il l'avait
fait beaucoup saigner et souffrir en pare perte. Je lai
persuade que je serais peut-être plus heureux, je le
sonde et vide la vessie. Je laisse la sonde en p1aceet loi conseille de garder le lit.
Je revois le malade à 6 heures du soir, (je l'avais sondé
àgheuresdu matin) ses souffrances s'étaient accrues, quoiqu'il eàt uriné plusieurs fois clans la journée. Imaginant
qu'elles étaient occasionées par la présence de la sonde,
il me pria de la retirer. Comme j'avais eu beaucoup
de difficulté à l'introduire, je ne cédai à ses désirs que
pour le détromper : mais à pçine fut-elle ôtée, qu'il
éprouva nne d0uleur des plus vives et aussitôt la
hoagie sortit spontanément du canal sous la forme
et la grosseur d'un ver lombric, qu'elle avait acquis
en séjournant dans la vessie. Les accidens cessèrent
comme par enchantement, le malade urina dPpnis
lors avec facilité, la fistule s'olJ!itera et M. F ... n'a
plus ressenti aucune incommodité.
Il est évident que la sortie de la corde à hoyau
devenue épaisse et d'une dimension peu proportionnée
i celle du canal ' est due en grande partie à la dilatation de l'urètre produite par le séjour de !'algali
dans ce cond11it pendant netû heures.
�( ~74)
~__...~._.._,.....,....-...-.-..--.---------
DEL~ soe1ÉTÉ PENDANT Lit MOIS n'ocToBRE 182q·
Octobre. - Lecture est faite d'une lettre de M.
Chardon , médecin à Lyon , qui :témoigne sa reconnal.ssarice pour le titre de correspondant qu'il a reço.
M: Giraud-St.-Rome, père> lit, au nôm d'une commission' un rapport sur le bandage heroiaire perfec-.
du sieur .Marin, bandagiste à Marseille.
23 Octobre. - M. Fodéré, professeur à la Faculté
de méclecine de Strasbourg, est complimenté par M.
le Président et prend place à ses côtés.
La Société de médecine de Bordeau"S: aclresse la notice
de ses travaux depuis sa dernière séance publique.
M. P.outet, fait hommage de deux écrits qu'il vient
de publier , intitulés: l'on, Notice s1L1· l'emploi d'un tar·
trimètre.; le seconcl, Considérations générales siir la fermentation vineuse. ( Dépbt dans ]es Archives. )
~· Latire , c\1irurgien en chef de l'hbpital civil de
Tou1on , adre·sse un Mémoire sur /,es nwnstruosités humaines , por.r obtenir le titre de membre corr~spondant. ( lVI. A ilhaud rapporteur. )
M. Charles Otto, médecin à. Stuttgard, fait hommage
de deux. ouvrages; l'on écrit en allemand, relatif a
la doctrine de Broussais; l'autre, portant pour titre:
De actione hydrargiri medicà. (M. Sarmet rapporteur.}
M. Fodére parle de la réforrne salutàiTe qui s'es} introduite en, méi.lecioe dans le traitement des couvales·
cences et des systèmes qui se sont tonr-à-toor disputé
le sceptre de la médecine, et fiait par rendre bomUJage
à la doctrine hippocratique qui est celle que sLlÎt l'école
de StrMbour g. La Société a admiré l'érudition de M.
f'odéré, un de ses illustres fondateurs, et s'est faite au
devoir de payer- un uihut mêrité d"éloges au"ll connaissanees profondes et à la. môllestie de ce savant distingué.
Ori procéde au renouvellement du bureaa : M.. Scit.X
est porté à la Pr~sidence. M .. F'avart e'st élu Vice-pré~
sident. Les antres membres du hureau sont continués
dans leurs places. M . .Fenech e~t nommé Conser\rJteur
SÉANCES
• 20
t~ooné,
museum.
duM.
Sigaud présente le diaphragme d'un jen~-bomme
mort subitement , ay ant à sa partie gauche et -po'Stérieure
une ouverture ovalaiœ con o-éniale dont le grand diamè·
. 0 pouces' de longueur.
re est au moi. ns de trois
t.
SEUX Président. Sui::, Secrétaire-gé11eral
0
1
�.
__
Ü•=
. . ·ne.
.
::.0
l
·~-1~=
- ~~,
l\.l\'1.0 .M".IIO'J:' U.,g.
'l.'IU.'.
~ ~ Ba.ro m. ~
"J. 111:.U!l' lt.>l\'lEJ .
i!l, r '-1?1755,:i;:.
,;;,4
8j 1?5,76
14,4
759,61
18,7 7" • · .,. ·
18,2
0
7:>6,9
92
14.,9:
16,o
2 756 51
18,Ô ~5 75g,86'
18,4
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1z,6
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u,2
D,8
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16,11
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Nua!?eux.
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Serei n.
· · N.N.O. fort.
96 N. O. bonf rals. .~nageux.
• · N.N.O . nssez fo. frès- nnag eux.
q.gou 1.
97 O.N. O.bo nfr • .Quel q.éol .quel
;eux.
Nuai
14,0 82 N. o..
Quel ques nuag es.
• .,. · • O. faibl e.
•. ,.
~uelques éclai rcies .
1s,4 86 E.
17,0
Couv ert; plui.: .
n?2 97 Calm e.
16,3
10,2 8::t N.0. assez fort. Nuag eux. mati n.
15,1
le
r3,7 97 N. O. gr. frais. Nuag eux
1'6,9
.Nuag.eux.
-14,4 82 O. S. O.
16~2'
Très- nuag eux.
. . ·N. O. fort.
•. , •
gu,el ques uuag~s.
13,7 87 IN. O.
1'5,9
eux.
u,2 ?2 N.O. bonn e br. ires- nuag es.
14 16
Lége rs nuai;
6, 4 73 N. N. 0,
13,9
Nuag eux.
.• S· E.
.. ,,
Couv ert.
13,2 9::t Idem .
15 ,d
Quel ques éclai rcies .
q ,5 97 ~ E. S E.
15,3
.
Couv ert.
15.4 97 • S.E.
16,1
/dem ;unp eude plu1 e
.
Ldcm
.
'J7
::t
16.
16,6
1:rês.~nuageux.
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r~,~ , u.,8, 8~ ,N. O.
Couv ert; quelq . gout.
14,8 94 S.
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Quel ques éclai rcies .
fort
assez
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N.0
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15,o
Nuag eux.
11,2 82 Irlem.
14,7
Couv ert.
n,i 91 Calm e.
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12,2 86 N.O. bon frais. Très- ouag
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9,::t 89 N.N. O.b. frais • .Se1•ein.
14 ,7
i'resq .toutc ouv.p l:g.1e .
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".
�Pins ~rande élévation d11 Baromètre. • • -;-•••• • •• -;- ..•• 767"'.., 85, le 17, à midi.
Moindre élévation . .............................. 745 , 54, le 24, au lever du soleil
79.
Hauteur moyenne du Baromètre, pour tout le mois...• 758
°
18
,
Plus grand degré de chale~r·: ;: •••..•. • •. . ••.••.•
1 7, le 2, à 3 heures.
idem. {, '. ..................... ( 1) 8 , :;a, le 29 1 au lever d11 soleil.
Moind~e degré
• Temperature moyenne du mois. . • • • • • • • • • • • • . . • • . • 13 , 34.
~ Maximum de l'hygromètre:~ •....•.••• ,.. . • . • . . . . . . 100. le 6, au lever d11 soleil.
,.... Minimum • . ••••••••••••••• • ••.••••••.• . •••••••• . 64. le 15 1 à 5 heure~.
1
~ Degré moyen •.•... , .••.. • , • • . . • • . • • • • • • . . • . . . . . . 86 1
-c1
llejour •••.••
~
P Qaantité d'eau tombée pendant
t
la nuit., • ·. •
p"'m,191
6
13mm, u;
,93
i:i..
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·~
R:t
Nombre de jonrs ..... I: • •••••
(1) Au -
de pluie ..••.•••..• , .
entièrement cou•erts .•.
très-nuageux.•. , •• , • •
1o
nuageux .... . ....... •
sereins . ..... . ..•... ·
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de gros vent. , •• !
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deuu.• 9e zéro.
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5 ====p
P R E M I È R E
OBSERVAJ.'IONS DE
P A R T 1 E.
MÉDECINE-PRATIQUE.
-*~*il*~*-
C,is de .ftè1>re -jaune, présenté à l'ex-Société médie'ale
d'émulation de Marseille , le 25 Octobre i8io, paf
<Charlès BEM'l\AND, chirurgien .& lllarseiLle.
HENBI Sch1dtz ., capitaine da brigantin1lnédois l'Amitié,
fut envoyé an Lazaret, dans l'enclos dit le St.-Roch.,
.à _qnatre henres dn soir, le 26 brumaire an 12.
Il fot confié aux soi~s du matelot prussien Riijfé,
.adressé par le Consul suédois.
Son mis 'à mon examen, je remarquai les symptômes
snivans, le premier jour de la maladie : douleur trèsiutense à la région lombaire ., correspondant au basventre par une tumeur dore comme dans la passion
iliaque, pouls développé et fort, visage rouge, sans douleur de t~te; conjonctive enflammée, langne sale dans
ses dP.nx tiers postérieurs, douleur assez vive à la région épigastrique, constipation depuis quatre jours,
soif, nausées , vomituritions, oppression légère ,1angoisses
générales , pulsations des carotides, crampes aux gras
des .jambes, douleurs anxépaules, tension du bas-ventre,
insomnie, suppression d'urine.
Prescription.. Tisane commune pour hoisson ; le soir,
infusion de thé de suisse édulcorée , avec addition de
quatre cuillerées d'huile d'olives, lavement émollient,
fomentations sur l'abdomen pendant la nait.
Ces rel!.lèdes produisirent l'effet que j'en attendaif;
VIII. Décembre z824.
39
•r.
�( 278' )
ils dim\nnèrent la tension du bas-ventre et prodnisiren~
trois petites selles glaireuses et de matières qui paraissaient avoir séjourné· dans les intestins.
Deuxième jour. Les médecins et cbirnrgiens dn Lai:aret, accompagnés des conservateurs de la santé, dl!'
capitaine du T~azaret et de l'interprete , examinèrent
le malade; je leur fis part cles symptômes que j'avais
observés la veille et que j'ai relatés ci-dessus; je visitai
eelon l'usage les aines- et les aisselles · du malade, maÎ'i
aucun engorgement des glandes n'existait.
La fièvre avait diminué , et il était facile d'appercevoir une amélioration sensible dans les symptômes.
On prescri,·it la tisane de veau , les bouillons aux
berhes, cle nonYelles fomentations et un lavement.
Le résultat fut cleux petites selles verdâtres. Les douleurs étaient plus( modt!rées , le ventre plus souple et
le malade demanda à manger une soupe.
Il urina abondamment vers midi; les urines étaient
iumenteuses et safranées ; il y avait toujours des nausées et quelquefois des vomissemens glaireux.
Vers quatre heures du soir , les médecins revinrent ; je les instruisis de ce qui s'était passé dans la
matinée. Interrogé sur l'état da pouls , je- répondi& que
la fièvre ét<iit beaucoup moindre. Ils ' ordonnèrent de
répéter le lavement et de faire une saignée, s\l y avait
clu redoublement dans la soirée. Le lavement produisit
trois selles bilieuses.
A hait heures da soir , le redouhlement se fesait
à peine sentir. A neuf heures, il avait augmenté, et à
dix heures , la face était rouge sans céphablgie, le
pouls était fort et plein ; je voulus pratiquer une saignée , le malade s'y rpfusa.
A. onze heures, la fièvre était plus forte , le malade
se plaignait du mal de tête;. je le trouvai plus decile
et je pratiquai la saignée; le sang offrit une aoalcuc
�(
2
79)
el"on ronge pile. Le malade "Yomit la heisson qu'il ve...
nail de prendre et re_sta dans on état d'accablement
toote la nuit. Le lendemain , le sang parut couënneux
et de couleur verdâtre; il avait peu de sérum.
Troisième fouF. Fièvre moins vive, abdomen plus
souple,. douleurs aux régions lombaire et évigasLrique,
langue toujours sale et humide, continuation des nausées
et des vomissemens qui se montraient encore quelquefois.
Aprés un nouvel examen et dans l'état actuel des/
choses, les médecins jugèrent à propos d'administrer 25
grains d'ipécacuanha dans 4 onces d'eat,1 •. Dix minutes
après 1 fo malade · vomit à-peu-près deux livres cl'un
fluide noid.t.re atrahilieux ressemblant à de la poix liquéfiée; l'eau tiède que je fis passer pour faciliter le
yoruissement, provoqua. des déjections supérieures et al.
vines de la même matiére.
Le malade était dans un état d'accablement extrême;
ses forces étaient prostrées, il ne pouvait rester assis
lorsqu'on le soulevait pour que les médecins pnssent
l'examiner, tout espoir de salut était évanoui pour lui,
il répétait souvent à son garde ces paroles qui annonçaient le plus profond découragement: demain je ne serai
pliis. Et il me clisait q,u'il se trouvait mieux deux 011·,
trois minutes et eosoite plus mal.
Il buvait avec répugnance la tisane et refusait absolument le bouillon, ou n'en prenait que de très-petites
qoantités. Son état devenait plus fâchenx d'un moment
à l'autre' le!! forces vitales perdaient de vlus en plus
de leu.r énergie. Cependant, des douleurs très-vives se
firent sentir, des gémissemens et des cris en signalaienc
la violence, les sueurs 1itaient abondantes et visqueuses,
le hoquet se joignit aox autres symptômes.
Les médecins presr:rivirent ·une décoction tonique acÎ-·
du{ée à pr~ndre en deux fois dans la soirée , s'i:I' n'y
avait pas de redoublement. J'en administrai la ~remière
�( 280 '
dose snr le champ; qnelqnes iustans apr·ès , le ga'llde
me rapporta que Je malade avait vomi du sang , mais.
je m'assurai que c'était une partie de la décoction de
quinquina que je venais de donner. La seconde dose
que je lui fis prendre cinq heures après fut vomie tout
de suite. Dans la soirée, je m'apperçus que la poitrine se
.colorait ell jaaoe' quoique d'une manière pea sensible.
Quatrième j1lUr. Exaspération (les symptômes, pouls
petit, faihle et irrégulier, face décolorée et jaunâtre,
la conjoncti,·c qai a,•ait toujours été enflamm,ée même
.avant la maladie devint pâle ., la poitrine et le cou
étaient plus jaunes, les ongles devinrent livides, la langue
sèche, la parole était à peine articulée , la déglutition
.difficile, la soif se fesait vivement sentir , le malade
·me fit demander par l'iDterprèle nn morceau d'alun
pour l'appaiser ; je loi présentai de la li lllonade qu'il
but avec avidité quoique avec peine. J'acidulai les
bouillons. Les médecins prescrivirent une décoction torti.
1ue avec la serpentaire de Virginie, à prendre par cuillerées de quart cl'heare en quart d'heure; mais elle fatiguait
.l'estomac.
Le malatle montra alors beaucoup de résignation à
prendre les i•eniècles qui lai était prescrits, il s'efforçait
de ''aiocre j1Jsqu'à l'impuissance de la nature, puisque
la déglutition éLant très-pénible, il plongeait ses doigts
dans sa bouche pour la facililer.
Cependant, tout annonçait une destruction prochaine,
la nature luttait en-vain contre nne maladie aussi redo(l.o
table (1), ses efforts étaient vains et les nonveanx symptômes qui parurent ne permirent plns de donter de
sa defaite. En effet , la prostration des for.ces était ex·
( r) Et sans doute con Lre les stimulans à l'usage desquels
·le q1alade fut soumis.
Note du Rédacteur-général.
�(
281' )'
t'r~'me' là couleur jaune <le la peau s'cltendait et d~v'e':..
iiait pfos foncée, le pouls était misérable, le malade'
fut en proie aux convulsions, au délire , à' des soubresauts dans' lt:s tendons, à de la gêne dans la respiration, ensuite, sueurs abondantes et visqueuses, carpolo...
gie, extl'émités froides , yeux saillans sortant presque·
des orhites.
Enfin, à dix hearés du soii·, la mort vmt mettre mr
terme aux angoisses de cet infortuné. (1)
Le lendemain, à trois heures après midi , je- procédai a'
l'ouverture du cadavre en présence des docteurs en mé- ·
decine et en chirurgie, attachés au Lazaret, des comer•'
vateurs de la Santé et d'un pharmacien de cette ville.
Le foie nous présenta des caractères d'inflammalion•
Bien évidens, la vésicale du fiel était extrê'mtment ré...'
trécie et contenait un peu de matière jaune et très-vis~
queuse. J 'incisai l'estomac d'où je retira[ environ den'lt
rerres d'un fl~ide bilieux alkl)lescent, il en resta· à-peu--près la même quantité dans cet organe. La vessie conte-nait une petiLe quantité d'urine 7 de · la• nature de· celle-'
qui fut rendue le second jour de la maladie . .Les autres viscères ah<lominattx nous parurent dans leur étafi
naturel. Nous ne pouss.lmes pas plus loin nos recherches,•
parce que nous ne cri'1mes p:.is devoir trouver rien <l'ioté~
ressant dans les alttres cavités splanchniques.
(1) Le malade ne commnniqua point sa m alad ie allx ind iv idus
qui le soignè rent, et il est à rein a rcp1 er qne plusieurs p ersonn e!'
le tou ch h ent souvent pour le soulever; qu e ·le chirnrgi en prati• ·
qua une saign ée , toucha les aines et les aisselles pour s'assurel"·
s'Ü y avait quelque engorgement glandulaire, enfin qu' il explora'
!butes les i"trties du corps pour rl!connaître, comme un mt:.·
~ecin doit le faire, l'état de sori malade.
]Soie du R.iidacteu1·-s i néralo'
'F. VUI. Décembre 1824.-
4.4·
�( 282
j
t'analyse chimiqne des fluides recueiÜis cl~ns l;estomalf
et dans la vésicule du fiel, n'offrit rien de particulier.
A la marche insidieuse de la maladie qui fait le suj~t
cle cette observation , aux divers phénomènes qui se sont
11uccéd1is et à la rapidité de la terminaison, il est facile
de reconnaître un vrai typhus icterodes : affection gravê
qui sem11le puiser ses principau'X caractères dans les or..1
dres cles fièvres adynamiques et ataxiques. Quoique la cou.r
leur j.aune de la peau ne se soit montrée que le troL
sième jour de l'invasion ,_on ne sa11rait mettre en doute
11otre opinion, puisque le professeur Berthe rapporte'
que clans l'épidémie funeste qui désola, il y a quelques
années, quelques contrées de l'Espagne , cette fièvre sévis:
sait quelc1uefois sans manifester une couleur jaune bien·
prononcée, si ce n'est dans les derniers momens, oti
très-peu de temps avaot l'extinction de la· vie.·
miliàii·e, compliquée d!ajfection 1Jerrri.ineuse ,masquée au début sous l'apparence d'une otite interne,
douleur articulaire , mauvais effet de l'ipécacuanha;
par M. Fn1zoN , chirurgien , à Mnrseille.
E11uPTION
Mll•, Marie J: .. , :1g~e de 23 ans , taille tnoyenné,
formes arrondies, embonpoint médiocre, peau brune,
cheveux noirs, sujette dès l'enfance à l'engorgement
des glandes cervicales et à une éruption cr'oôtease
au cuir chevelu, éprouva, le 20 avril 1822·, des fris:.
sons alternans avec des bouffées de chaleur, et 11ne
douleur à l'oreille : le 23, elle réclama mes soinsr se
pfaignit alors de céphalalgie, de tintemens d'oreille et
particulièrement d'une douleur vive a l'oreille. interne
gauche 'e t à l'amygdale du m~me côté; la déglutition
~st difficile, la respiration genée, la langue hlànche ·
�·( 2fi3 )
,flt p:îteuse ., avec rongeur et chaleur à l'ardère-houcbe t
80.uleurs contusives dans les membres, moiteur à •la
peau , diarrhée, pouls plein , fort et accéléré. ( Saignée
·du bras droit, cataplasme émollient autour clu con,
injection de lait dans l'oreille , diète sévère; ) demi·heure après la saignèe , rémission de tous les symptômes,
mais douleur intense et intei:mittente à l'articulation
~capulo-hcimérale droite, ·laquelle n'est pas sensible au
toucher, pouls moins fol·t, mais toujours accéléré. (Liniment anodin sur l'articülation malade. )
24, douleur moins vive dans l'articulation, cépbalaigie
frontale . g~oanle, diarrhé.e , rémission des antres symprômes. ( La limonade exèitant des nausées, est remplacée par l'orangeade, compresses .sur le front, trempées
dans l'oxicrat, frictions, cataplasme, injections.)
25, la malade prend à mon insçu six piisLilles d'ipécacoanha , dans l'intention de débarrasser l'estomac ·;
plusieurs vornissemens de matières ·bilieuses et la
cessation de la diarrhée en sont le résultat; le soir,
douleur vive et chaleur mordicante à l'épigastre, langue
ro~ge e.t ar,ide, soif ardente, céphalalgie frontale trèsîntense _, revasserie presque continuelle, pouls tendu,
serré et irrégulier. (Eau gommée légèremen.t .acidulée,
dix sangsues sur l'épigastre , gui coulèrent trois heures,
la partie fat recouverte apr·è s, par un cataplasme émoi.lient. ) Dans la nuit, la malade eut ses menstrues.
26, mêmes symptômes; de plus, doulenrs violentes
anJ qiemhres, surtout au bras gauche , rougeur érysipélateuse sµr toute la surface cutanée, qui est recouverte pr\néipalement aux avant-hras de petits boutons
ronges, intiomnle , mal-aise. (Fomentations émollientes
~ l'épigastre,, eau -g9mmée. )
27, peu de douleur à l'épigastre, langue moins rouge,
nn peu humectée, peu de soif, constipation , toux,
pouls toujour-s accéléré mais plus régulier , les boulons
�-( 284 )
qui n'occupaient que les avant-bras , apparaissent s11r
.ia poitrine, et le tronc , présentant à leur sommet
;une vésicule contenant un Ouide jaunâtre ; cessation des
règles. (Eau gommée, looch blanc, lavement. )
28, mieux sensible, constipation ( .Continuation de
;l'eau gomqiée, potion gommeuse par .cuillerées , lavement émollient avec addition de miel mercuria l 2 onces,
;bouillons accordés . ~ l'importunité de la malade. )
29 1 pouls moins fréquent, le mieux continue, la
.dessication cle plusieurs boutons a lieu , et ils sont rem!}>lacés par de petites croûtes. ( Potion huileuse, ) de ai;
~elles sans coliques, sortie de deux lombrics vivans.
3o, la malade est sans ,fièvre. ( Soupe légère. )
1 mai, douleurs intestinales ·' surtout à la région om;bilicale. ( :H nile de ricin, eau de menthe , de chaqne
.2 onces, sirop de limon 1 once.) cinq selles, sorties
,de trois lombric$ dont deux vi.vans,
Do 2 au 5 , les douleurs cessent , ( usage de la mousse
,de Corse eJ1 i,nf\ls.ion , au~mentation des al~ens par
~radation , )
.6 ~ 11A µialade .est de nouveau purgée avec la m~me
potion, quatre selles en sont le résultat, ( convalescen ce.)
· ~é.ftex,ii;11is : ,cette observation est une preu:ve de )a
,manière ,.11 vec )~quelle les fièvres dites éruptives, se
p1anife~tent à leur début par des symptômes étrangers
,.aa~ p rodromes prdinai.res de ces phlegmasies ; il est
donc y rai ~e <-lire que lors d'une fièvre d'invasion on ne
1
..peut déterminer ~ priori, qu'elle sera la nature de la
,maladie qui doit .se déclarer; toutefois, il est permis
;Ùe l'entrévojr lorsqu'il i:ègne une épidémie , .et que le$
,symptômes qu'on observe ont quelque similitude avec
,.ceux <le l;i maladie régna1;1te , mais dans le bs que je
.viens de rapporter , quand même il eôt existé une ép)·
pémie de miliaire, la maladie se ,pr:é~entant sous l'appa/te~c,e g'l.Ule o~~to-amy.gdalite .co.qi?li~uée de ·c.oli~e, ,e'S.r
�( 285 }
,cortée de symptômes indicateurs et dé:pandans.de .cette
.complication , était il présumable que ces différentes
,p hlegmasies, elc . , fussent les signes précurseurs d'une
.éruption miliaire "J Ne paraissait-il pas plus raisonnable
de considérer ce désordre, comme l'effet du refoulement
des forces vitales sur les lieux. irrités, qui en y établissant
no centre de fluxion attiré par l'irritation elle-même,
porte le plus ordinairement le trouble dans toute l'éco,nornie, et développe des phénomènes SJ mpathiques aussi
variables qne les constitutions individuelle~? La doaléur
scapulo-humérale qui se développa après la saignée,
.en , fo •-elle le ré·m ltat, ou fut-elle due à l'effet sympa,thiq ue des organes primitivemen t affectés? Je crois devoir
la seconde question coosicléraat
.me déci1br en faveur
,cette doulenr comme un symp tf>me sympathique dû
à l'irritation du foie.
flipécacuanha pris le pren:tier .j oar de la maladie, r.en.clit très-aiguë lïrritation gastrique qui , j asques là, subordonnée à la colite, ..n'a.vait manifesté son ex istence ·f1ue
par des phénomènes peu importans _,les sangsnes à •l'é.pigastre modérant son intensité, permit à l'éruption <le
se manifester et parcourir les périodes ordinaires ; la
suppression de la diarrhée est encoFe due à l'irritation
de l'estomac qui , -en "Surmontant celle ilu colon, a fait
avorter la colite. Cette dernière e-xistant d"<îhord à un
degré modéré et n'a)'ant prodait -ancmie 1lésion du tissu,
.o pu être sn_ppritnée par la gastrite; c~est hieo là l'application de ..cei .axiome qui , pour être très-ancien ,
n'en est pas moins véritable : dudbu~ dtJloribus simul
.abortis , v.ehementior obsr:1crat allerum.
Reste à savoir si les ·vers dans le tune intestinal ,
.doivent .ê tre attribués 3 la tendance animaliscible ·vers
1'organi~atjdn spontanée qu'offrent ·certains inlliviHus, '·l!t
si c'est a lei;i.r présenée qn'on doit attribue'r la co~ite ", d11
.si celte [rritation >\es ~ •forn.iés; ce · que je ii.'e.oltrepren-
ae
4rai ~oint de çlécider.
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T R 0 1 S 1 }j: M E
P A R T 1 E.
'ITIFIQUES,.
J.ITTÉRA.TU.EŒ MÉDICALE, NOUVELLES $ÇIE:!:
MtLA~GES , ETÇ.
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ANAL YSE
D'OUV RAG-E S
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de la niême ville, et de la Société de médecine, chirur
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de l'Athénée de n;i.édecine de PÇt.ris et des Sociétés
, etc·
.'f'ozirs
ille,
Marse
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Toulo
,
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Montp
.cales de
(un vol. in-8° de 317 pag~s ; :Paris , ,1824. )
ar
TouT le monde aime qu'on Jni .dii;e l;t véri.té. Vaate
soit
ne
tient avec raison à ce que rien de ce qu'il a écrit
liste.
tronq ué , défiguré on mal interp1 · é~é par le journa
a
ouvrage don_c
~elui qni se mêle de rendr e coll)pte d'un
médibesoi n, aV'ant tout , de le lire , de le relire , de le
pent
l'on_
ter et d'en opére r ensuite !a dissection, si
la plus sé_.a'e~priw,er ainsi.; il s'e:xposerait à la censure
�( :.i.S-7 )
<lê're , s'il osait faire la critique d'an! livre , après s'iHre'
f)orné à en parcourir la table des matières ou seule-·
tnent à en lire le titre· C'est pourtant ce que des ana•'
lystes font assez souvent, et nous pouvons en citer unexemple à l'occasion' de l'ouvrage que nous- allons ana-·
lyser : M. Gintrac , ·d it l'auteur d1ot1·peti1 article inséré
dans le Bulletin des sciences médicales , a dècrit ; d'aprèrles auteurs, les symptômes de cette·maladie ( la cyanose J
qu'il n'a pas eu , à ce qu'il paraît , occasion d'observer
par lui-même' car il ne cite POINT D'OBSERYA.TION qui lui
§oit propre. Déjà, en 18i7 , M. Gintrac fit insérer dan&
la Bihl.iothèque médicale ,'(t'Ome 58, page 220), une oh....
servation qu'il recueillit à Bordeaux, en 1·815; et qui est la
quaraote-cioqoième de son ouvrage, page 164. En ..-oilà
suffisamment pour détruite la'proposition que nous venons
de rapporter textuétlement, ét pour justifier notre assert'ion sur certains analystes.
L'oun'age de M. Gintrac est savant. C'est là monogra4
phie la plus complète q11e nous possédions sur la cyanose·,
et l'auteur a eu sans doute une excellente idée, en s'at'"
tachant à déduire des nombreuses observations qu'il rapporte et de sa propre expérience , tontes les proposition~
qui constituent son excellent travail. Il le divise .e n deux
parties. Dans la première , il expose cinquante-trois observations faites par Morgagni, Sandijort , Tacconi ,
Hunter , Pulteney, Jurine , Baillie, Nevin, Abernethy,
Wilson ,. Sprr, Tupper , Standert, Ring_, Corvisart, Ri·
cherand , Cailliot, Obet, Burns, Patois , Langstaft , de
Hause , llowship , Moreau, Laennec , Fizeau, Farre,
English, Cooper, Travers, Ribes, Knox, Hein, Thom·
pson , Alibert, Poli:zière , Gintrac , Maréchal, Olivry;
Herrier, Grégory, Bonnissent 7 Pinel , Holmsted , Bertin,.
Lordat et Delmas.
Dans la deuxième partie , il fait l'histoire de la cyanosadilns l'orclre que nous allons su.iv·re. _
�( 288
j
(fduses: Bien que la cyanose se soit mauifestëe cl;ez· d~~
eufans dont les frères étaient morts-nés, ou avaient péri;
peu de tem1>s après leur naissance , et offe1 t des lésions·
or~aniquesr du cœur, elle n'es~ point ordinai rement
héréditaire; elle n'a pal! été non plus auribuée h des ac-'
cidens notables, lorsqu'elle a atteint les enfaos dans le
sein maternel, puisque les grossesses ont été bonnes et
lils accoO:Cbemens natqvehr., Elle s'a!>t p,lu.5 souve.nt mon-"
trée chez les individus miles , et de préférence che1'\ les
enfans; ebez cemt. d'uue ox:ganis.üion, délicate et d'une
appaTence sërQphuleuse , comme chez ceux qui paraisll«Îent dopés d~une bonue constitution.
li.a cyanosé a été pri-ncipalement observée en Angle-'
terre ; souvent en: Allemagne et en France: plus rarement en Italie, en Hollande et en Prusse. Elle est produite , on son cléVeloppemen~ favori sé par les circonstances qui rendent difûcile le trajet du sang à travers les•
poumons., et teUes qu.e la fâiblessc du·nouveau-oé , l'inertie des puissances inspiratrices f l'étroitesse naturelle d11
tl\or.a;i;;, la tairdi,·e explication. Ùll ti.si;n pulmonaire; elle '
es.t encore produite par les altérations des poumons' par
les efforts des muscles expirait:eurs, une toux vive, opi•
niâtre, ctes cris aigus et réi térés. Surve~111e à la suite de
percussions , de chüt:es qui avaient occasioné une commotion générale, nn éh.ranlement pr ofpnd, elle pourraitêtre évidemment le résultat de nioQ.vemens brusqu.es et
violens. Une doulC?.a,r forte , les ~pasmes, lesconvohions,,
nne· affection ~norale v.ive·,. ont également c<Jntribué à'
sa production Mais toutes ces causes ne la. produiraient
point si les p11inci.paux or.ganes de la circulation n'of··
fraient les lésions de stru.ctures., pro-pres à favoris~:i; la·
déviation d.u sang noir vers les cavités artérielles.
Symptômes. La pean , dans ]a cyanose , ei;t livide ;'
bleuâtre , q~elqaefois d'an violet pourpré , mais plus
aouvent noirâtre, et dans certains ea~, . Q\le offre det'
�( 289 )
stries plus foncées, des taches plus ou moins étenclues.
Plus intense au visage , cette lividité l'est ;iussi aux
partie!! génitales, aux fl.lains et aux pieds , surtout à
l'extrémité des doigts et des orteils. Elle devient plus
marquée par !a succion , pendant la digestion, par
l'usage des etimulans , la toux, les cris , la marche ,
le froid, la chaleur vive , mais principalement dans
les accès Je suffocation. Elle climinue par le repos ,
pendant le sommeil, ce qui est sensible au début de
la maladie ; la teinte devient plombée , pâle et comme
cadavéreuse; quelquefois, après une forte crise, elle
reprend son état naturel.
La peau est ordinairement fine; les cheveux sont bhmds;
·les yeux quelquefois saill<ms , 110mides, en général les
vaisseaux de la conjonctive injectés d'un sang noirâtre;
les pupilles peu mobiles; les ailes du nez, chez quelques
sujets, écartées; les narines larges ; les lèvres , surtoo,t
l'inférieure, grosses, livides, noirâtres; les gencives fon.
gueuses, saignantes et de m~me couleur. La langue
est inégale et volumineuse ; le visage tuméfié , bouffi 1
sur.tout pendant l'action lles causes qui augmentent la
conlenr bleue.
Les malades ont parfois des tintemens d'oreille, sou·
vent une douleur compressive, gravative , pongitive ;
ou suivie de vertiges , au front, aux tempes , ou au.
sinciput.
Les facultés intellectuelles ont offert un certain dé"l'eloppement. L'esprit est calme, le naturel bon , pai·
sible; les passions sont modérées. Souvent aussi les souffrances continuelles, et l'impossibilité de prendre part
aaxamusemens de leur .1ge, rendent les enfans chagrins,
acariatres , irascibles , tristes, pusillanimes.
Le sommeil est , dans certains cas , troublé par des
mouvemens... convulsifs; il est léger et ne s'obtient poin~
T. VIII. Dt!cembre i824·
4-i:
�( 290 )
<lans une position horizontale , ni par le coucher surfe
côté gauche. La t~ te doit êtl'e élevée et même le trone
i·e~lressé, p'.lur faciliter les inoovemens dn thorax.
L'Jction musculaire marn1ue ù'éuergie. L, s memhre9
inférieurs sont surtout affaiblis. De là, la tendance
an repos, la nonchalance, ch2z ces <.i<liviùus. Leur
marche est lente, pénible, surtout en monta ut, souvent
''acillante et hientôt suivie ù'nne · fatigue pfofonde :
alors les forces manquent et la suffocation devient immiuente. Il survient parfois des mom•emens convulsifs
et des convulsions.
En général, l'appelit est hon et les mala.des ne marquent pas de préférence, qt1ant aux espèces d'alimens.
1\Iais ils choisissent ceux qui fatiguent le moins l'estomac , et qui céùent le plus vile a son action. Les fruits,
les ,·égétaux ont été l'ohjet d'une prédilection spéciale 1
les spiritueux causent facilement l'ivresse et sont lrèsnuisibles. La soif est plus ou moins vive. J,a sùccion
est souvent dif6cile; la déglutition, dans quelques cas 1
très-pénible; la chimification parfois l;,boriense. Il sur~
vient Iles nausées, des vomissPmens; iJ y a constipation,
diarrhée. Souvent les évacuations alvines sont naturelles.
Rarement libre, la respiration est le' plns souvent
accélérée , difficile , gênée, fohorieuse, haletante, irrégulière avec oppression plus ou moins forte, menaces
de sdfocation, douleurs dans la poitrine, cris, anxiétés,
soupirs, haillemens, toux sèche ou suivie d'expectoration sanguinolente, purulente ou simplement muqueuse.
Tous les efforts musculaires augmentent la dyspnée.
La voix est faible, La gène de la respiration s'oppose
au libre exercice lle la parole.
Le cœnr est agité de violentes palpit1'tions; on les
sent avec la main. Ou a lm les apperceYoir et même
entemlre l'espèce de bouillonuerneut qu'dles déterminent. 11 s1ù-vient quelquefois des lypothimies.
�(- 291 )
Le pouls est rarement naturel; presque toujo~1rs
faible, petit' mou, tantôt reguliet'' tantôt irrég1ilier'
parfois iotnmiltent. Il offre en général de la fréquence
et donne 80, 90, ioo, 120 pulsations par minutes.
Les veines de~sinent leur trajet au dessous de la peau
et deviennent vaTiqueuses, surtout vers le cerde supérieur.
Le sang extrait par la saignée a paru noir , épais;
la séparation du c .. illot ne s'est point faite.
L'urine n'offre ordinairement aucuue altération, est
copiense ou rare, et) dans ce cas-ci, a une couleur foncée.
La pean, tantôt est sèche, tau tôt couverte de sueur.
La chaleur offre à-pen-pr~s constamment uoe diminution très-marrpiée. Les malades ont un froid hàJ1ituel,
surtout aux extrémités, en hiver, et mt!me en été. lis
1
recherchent, da~1s toutes les saisons , les lieux chauds,
mais ils perdent bientôt l'augmentation de chaleur qn'ils
se sont aiosî procurée. La tci;pérature intérieure ,
sui\'anl les expériences du docteur Farre 1 esl plus élevée
l1e deux degrés que celle de la surface. Elle a offert
dans la main 98 clegrés du thermomètre de Farenheit 1
et 100 degrés, lorsqu'on a placé la houle de cet instru~
ment sous la langue. Dans un essai analogue, on l'a
vu s'anêter à 96.
La chaleur augmente , lorsque la fièvre se manifeste.
L'accroissement en longueur a paru' dans vlusieurs
circonstances, se faire avec 1égularité. La stature a
parfois acquis des dimensions plüs qn'ordin&Îres. D'autres fois le développement a été ret~rdé, surtout vet's
le cercle inférieur. Ceti individus semblent être délicats,
faibles, conserv;rnt long-temps les apparences du premier âge. La tête est quelquefois volumineuse; ou a
vu les sulares du crâne encore ouverles à six mois.
J.. a dentition est lente. J.. e développement du lliorax
l'este incomplet, sttr'tout à sa partie supérieure 1 tandis
que sa bll:se s'élargit et que le ~lcnrnm · proémine. Oa
�( 292 )
p. vu aussi le diamètre vertical du thorax être diminué
par le rapprochen;ient des côtes. Les membres sont
grêles , amaigris , les supérieurs ont acquis une longueur plus qa'ordinaire. Les doigts sont d'ordinaire
longs , tuméfiés à leur dernière phalange , cle sorte
qu'ils présentent une extrémité renilée, arrondie. Les
ongles sont longs , larges, épais et recourbés. Leur
couleur est violacée.
Le:; organes génitaux se développent lentement. La'
puberté a été le plus souvent retardée. La cyanose n'a
point emp~cbé la réproduction ; mais la constitution
des enfans a porté le cachet de l'inertie et de la débilité.
Paroxismes. L'auteur se sert ici de ce mot pour
désigner l'exacerbation non-fébrile des symptômes de
la cyanose , et l'état violent de spasme dans lequel tombent souvent les malades.
Ces accès, ordinairement produits par des mouvemens
rapides, des efforts, uu trouble moral , ont lieu après
le repas , pendant le sommeil, ou au moment du re"Veil, et cela subitement ou après des indices, tels que
des cris aigus, une oppression plus forte, une soif plus.
intense , ou l'apparition d'une tâche rougeâtre sur le
'Visage.
Le retour est irrégt1lier, parfois périodique. Leur
fréquence augmente ou diminue ; ils se manifestent
par une grande <lyspnée , an violent état de spasme
des muscles da thorax; les palpitations sont très-fortes'
ou les mouvemens du cœar suspendus, il y a syncope•
faiblesse profonde, insensibilité aJ>solue, comme dans
l'asphyxie. Le pouls est petit, irrégulier, intermittent,
accéléré. Parfois des convulsions sont excitées. La peau
se couvre d'une sueur froide et visqueuse, sa lividité
augmente ou diminue, les déjections alvines sont in'Volontaires, l'excrétion de l'urine ~st parfois saspenclue·
J,e paroxisme dure plus ou moins 7 pendant son cours
�( 295 )
il survient quelquefois des rémissions. Sa cessation est
graduelle. Des sanglots , des haillemens , des soupirs
ont lieu et des plaintes réitérées uccusent la profonde
et douloureuse lassitude du malade.
Variétés. La cyanose paraissant dès la première époque
cle la vie, on observe les moJiGcations ci-dessus signalées de l'accroissement et de la nutrition, mais elles
n'ont point lieu, si l'altération du cours da. sang survient après l'enfance.
Son invasion est soi:went marquée d'ahord par la
lividité des tégumens; d'autres fois, par la faiblesse
musculaire on b gêne de la respiration. Sa marche est
tantôt lente ou graduelle, tantôt très-rapide .
La cyanose ne semble sonvent qne modifier la constitution, la rendre faible et vicieuse. Alors, le malade
peut se livrer à de légères occupation s, prendre un
état; quelquefoi s, elle bisse vivre long-temp s: phis
souvent, elle est très-intec1se et devient bientôt mortelle.
Les malacles se trouvent mal en hiver , mieux au
printemps et en été. Mais la chaleur extrême leur est
presque aussi insnpporta hle que le froid rigoureux. Les
accès se rapprochen t en antomne et sont touiours
plus intenses par les temps lmmides et froids. Cette
intensité oa. Jenr frérruence n'est pas plus grande le
jour que pendant la nait. Mais les sujets sont en gé~
ntjyal mieux avant qu'après midi.
0,or(lplications. On doit les ranger en deux classes:
clans l'une, se trouveut les maladies qui ne sont r1ue de
simples coï~ciùences; dans l'autre, se placent celles qui
sont cles effets ou des suites de la cyanose. On a va.
se mauifeste1· des phlegm:isies cutanées , des inflammations parenchym ateuses , la pleurésie, le croup, la
dyssenterie , des hémorragie s. On a surtoa t observé
l"épistaxis, l'hémoptysie. Des hydropisies sont survenues,
ainsi q.ue les fièvres intcrmiLtentcs 1 les affection_s ver-
�( 294 )
miueuses, les scrophules. Un enfant est né avec un ic-i~re; un homme est mon avec un calcul vésical.
Terminaisons, La cyanose peut offrir un successif
décroissement , une sorte de retour vers l'état de santé.
Mais c'est le plus ordinairement ,·ers une fàcheuse i~sue
qu'elle tend. La mort a souvent été déterminée par des
affections accidentelles survenues Ilendant son cours.
Lorsque celle maladie parvient à son dernier période,
la faiblesse augmente; les membres deviennent plus
livides et plus froids; l'œdème s'étend; le corps se
couvre de sueurs froides et visqueuses; il y a douleurs
en divers points, augmentation des anxiétés, embarras croissant de la respiration; le pouls devient petit,
faible , à peine perceptible; des convulsions, des syncopes ont lieu ; la mort arrirn subitement, ou après
une agonie de plusieurs heures; elle est survenue à un
:îge plus ou moins avancé, depuis le douzième jonr
après la naissance jusqu'à l'<îge de 57 ans, et aussi
souvent en été qu'en bi1•er , quelquefois au printemps;
on ne sache pas qu'elle se soit effectuée en automne.
Anatomie pathologique. Parmi les lésions, l'une des
plus simples est la conservation ou le rétablissement
du trou <le botal , auquel à coïncid~ presque toujours
l'épaississemeu t des parois du ventricule droit, ou quelque ohstacle au passage du sang, soit dans ce veu.tricule , soit dans l'artère palmonaiee. D'où résul\!e1H:
nécessairement la déviation du fluide ' 'eineux ver§-"l'breillette gauche, et son mélange avec le sang artériel,
On a va le trou ovale et le catial artériel conservés ;
la circulation .devait être, dans la plûp<0rt des cas , fort
analogue à celle du fœtas. Elle en différait néanmoins,
lor~qae l'artère pulmon.iire, o~litérée à son origine, ne
i·ecevait le sang que cle l'aorte , par le canal artériel. La
cloison qui sépare les ventricules a souvent été plus ou
moios perforée. Dans l'un cle ces cas , le sang passait ù11
I
�( 295 )
ventricule gauche dans le droit. L'artère pulmonairé
très-dilatée le recevait et en transmettait ensuite une pattie à l'aorte par le canal artériel. Le mélange des sangs
rouge et noir avait lieu, mais en petite quantité. Le
plus sou\'ent, l'ouverture du septum des ventricules a favorisé le passage du sang de droite à gauche. A la per•
foration cle la cloison in terventriculaire se joignent la:
conservation dn trou de hotal, celle du canal artériel, 011 •
la persistance de ces deux. voies cle communication , ainsi
que le retrécissement 011 même l'ohli tération de l'artère
pulmonaire. Dans nn cas, les deux oreillettes , imparfaitement séparées, s'ouvraient clans le ventricule droit :
celui-ci, fort large, communiquait librement avec le
gauche , lequel , étroit et sans orifice oriculaire, offrait
l'origine de l'aorte. Dans un autre cas , les artère aorte
et pulmonaire tiraient leur orit;ine du ventricule gauche;
le droit était presque effacé; la cloison interoriculaire
perforée. Dans un troisième cas, le tron de ]JOtal était
conservé , l'aorte se terminait, après avoir fourni les
troncs céphaliques et brachiaux ; l'artère pulmonaire ,
recevant le sang des deux ventricules, formait l'aorte
descendante. On a vu naître l'aorte du ventricule droit ,
et l'artère pulmonaire du gauche, avec conservation dn
trou intéroriculaire et du canal artériel, ou de celui-ci
seulement. On a vu le cœnr n'avoir qu'nne oreillette et.
nn ventricule. Un seul tronc, émané de ce dernier ,
fournissait les artéres aorte et pulmonaires.
Le cœur, le plus souvent volumineux, plein de sang,
a para cl' one- forme pae fois régulière, offrant quelques
lésions. L'oreillette el le vent1·icnle droits sont communément dilatés; leurs parois ont été plus ou moins épais,
surtout celles du venl1;icule dont la cavité a été retrécie
tlans quelques cas. On a trouvé l'orifice auriculo-ventricubire rétréci, la valvule tricuspide altérée, endurcie,
volumineuSC'j les valvules sygmoides de l'ilrtè1·e pulmo-·
�( 296)
Daire , quelquefois an nombre de deux seulement , réunies , adhérentes par leurs bords, cartilagineuses , osseuses, ou recouyertes de végétations charnues; l'artère
pulmonaire dont les parois sont le plus souvent minces et
faibles a été plus ou moins rétrécie, oblitérée même, et
alors ses branches recevaient le sang par le canal artériel. Les cavités gauches du cœur ont été moins spacieuses que les droites; sur les borùs de la valvule mitrale,
étaient des points enclurcis ou ossifiés. L'aorte est souvent
dilatée. En général, les vaisseaux sont remplis de sang,
surtout les cardiaques , et ont offert des aberntions;
telles que l'existence de deux veines caves supérieures et
]a terminaison de l'une d'elles dans l'oreillette gauche.
On a trouvé plus ou moins de sérosité dans le péricarde ,
les plèvres, lesquelles ont offert des adhérences. Rarement
les poumons ont été volumineux, plus souvent petits, affai~
sés. Leur tissu en ~éoéral assez sain, a paru parfois tuberculeux , suppurant , elc. Le thymus et ses vaisseaux
ont été très-développés. Les sinus de la dure-mère et
]es vaisseaux de la pie-mère et de l'encéphale ont parn
pleins de sang. La distinction des deux substances du
cerveau, corticale et médullaire , a été quelquefois difficile. Les viscère6 ahilominaux ont été livides, noirâtres,
leurs vaisseaux étant injectés. On a trouvé nn épanchement séreu~ dans le péritoine; l'épiploon dépourvu 011
chargé de graisse; l'estomac plus ou moins ample ; des
rétrécissemens dans le tube intestinal; des tnùercnles
dans le mésentère et le vancréas; la rate petite ou
développée; en général le foie volumineux et sa vésicule pleine de hile. Les membres étaient grêles, amaigris; les muscles peu prononcés , poisseux; les os minces;
les phalangettes plns développées qu'il l'ordinaire; le
tissu cellulaire assez dense , qui sou lient l'ongle, épais
et parsemé cle beaucoup de vaisseaux. Les tégumens
communs offraient une teinte livide moius foncée qua-
�~
2
97 )
pèndant la vie, et des ecchymoses, <les t:tches ht'une$
étaient répandues sur divers points ùe b surface du corps.
Physiologie pathologique. Dans ce chapi tre, qui n'est
pas moin~ intéressant que les précédeus,. l'auteur dém0t1tre d'abord que les sa jets chez lesquels le trou de
hotal ou le canal arté11iel ne sont pas oblitérés, peuvent
vivre sans btre attcims de la cyanose; qu·e des perforations plus ou moins grandes de la cloison des oreillettes
ou da septum des ventricules , loin de produi·re cette
maladie ont donné lieu à an résultat inrcrse de celui
qui la constitue; que son apparition tardive che;-; ce1·tains enfans, vient de ce que les flui<les al'.tériel e~
veineux. diffèrent peu dans les nouveaux-nés, et que si
elle se montre, dès l'instant de la naissance , avec toute
son intensité, elle est due à ce que l'.air n'agit snl' le
saug, clans les poumons, que d'une manière iucomplette,
imparfaite , presque nulle. Ainsi do~c, lès lésions organiques des principaux instramem; de la circitldtion,
Jle constituent, ne déterminent point par elles - mêmes
la cyanose; mais cette affection reconnaît pour cause im~
mé<liate, essentielle, le changement qu'éprouvent le cours
du sang noir' la déviation de ce fluide, son introduc,.
tfon dans les vaisseam: artériels, et cela, par un ohstacle quelconque qoi s'oppose lt .son libre trajet dans
les voies qui )ui sont naturellement· destinées.
Les lé5Îous organiques qui constituent les conditions
premières' du développement de la maladie Meue sont
I'apportées par llaµteur à ces quatre chefs : des vice.s
de eonl'ormation du cœnr ou des principaux troncs vas.
eu1aires j la persistance des moyens de communication
que présente le sys~ème circulatoire du fœtus ; leur rétablissement ; la production des voies accidentelles.
M. Gintrac examine ensuite d'une manière générale
les modificat.ions relatives à l'étal cle:t or~a.nes, présentée~
T. VHI. DécJJJnûre
18~4.
h
�( 298 }
par la circulation du sang, daDs la cyanose. fi f.1it'voi1•
que toutes les fonctions ne sont pas égalemeut inflneni:ées; rlue chacune , selon son rnoJe el ses rapports ,
éprot"'e drs clrnngemens \'ill'iés; que ~i La cyano'ie offre
un état liabitnel de demi-asphyxie, c'e~t parce que le sang
e:1t · privo de son ·escitant nalurel, la cause immédiate
de ~on altératicn clm!'.istanl en une diminution ll'oxigèue.
L'auteur se demande si ce n'est point à la conserva1io11 du trou tle hotal qn'il {Jut aurihuer la facili1énvec laquel!e c'ertains ;rnimaux séjournent sous l'eau
'Sans périr. Après plusieurs recherches à cet égard, il
-est porté à soutenir la négative. EDttll , i.l retl'ace des
faits qui tendent à justifier que si le s.ing veineux s'in·trorluisait seulen1e11t du11s une portion du sys1ème artériel·, il en résulterait une C):.mose partielle.
Diagnostic. La CJanose n'a poiut <le signe exclusif et
pathognomonique; mais elle offre une réunion de 5ympciônies coastans, 1els que la cQlor;ition livide' hleuâtre
tles 'tégumeos el des memhrnnes mu(j11euses, la dyspnée,
les palpitations du creur , la climinu Lion de Jn chaleur 1
la faiblesse des muscles, l'altération de ia forme dP.s
doigts. D'ailleurs, dans certaines circpostances, son
diagnostic offre lEP plus. grand degré de certitude, et on
peut même eù vertn cle' données pos}tives, considérer
comme appartena-nt à cette rnahclie p\Hsiénrs histoires
à la rnite desquelles on ne ·lit cependant point Les dé·tails de la néci·oscopie. A nn grnn1l nombre de faits qoi
viennent à l'appui de cette vérité, l'auteur en ajoute
trois qu'il a lui-même observés; ce qui prouve encore
que ce n'egt JlOÎnt uniquement d'après les auteurs,
·mais aussi d'nprès sa propre expérience, que M. Gintrac
·
a traité de la m;iladie bleue.
Cel estimahle m.é decin considère ensuite les maladies
nvec lesquelles on pourrait confondre la cyanose. n
0
passe successivement en revue : 1. L~s anévrismes cln
�( 2
90 )
cœar, avec rétrécissernens clcs ouverlurcs.anriculo-ventricu:aires et <le~ orifices artériels ; 2. l'ohlitéraLion
pré111aturt:!e du trou iuter-oricalaire ; 3.0 les ahéraLions
orgaui<jucs tics poamous, avec lésious des phénomèucs
res1:-iratoires; 4-° la coloration bleue par suppression
du Üt1x menstrurl; 5.0 la coloration })!eue par l'effet
<l'uue chaleur intensP.; 6.° la coloration bleue par l'action du froid; 7. la coloration livi<le da scorJJUt, d1L
typhus ; 8.° l'ictère noil'; mélancltloros , mélasicturus.
9." la coloration bleuâtre par l'usage intérieur d11 nitrate trargent.
Pronoslic. La cyanose est toujours une maladie trèsgrnve qui amèoe une mort prorupte, ou se prolonge jnsqu'après l'àge viril, et tlont le prnnostic est facile, lorsqu'elle est suivie de phénomènes alarmaus.
Tfté, apeulique. L'art u'off re que des ressources très])oroées contre celle maladie. Toutefois, l'autear examine ce qai peut en pré,•enir le tlé,·eloppement, la comhattre, si elle existe, oa en diminuer les effets. Il expose
ensuite le traitement que les accès réclament , et les
modificatioas qu'exigent Jans leur mode de curation, les
malndies qui peuvent la compliquer. Il regarde comme
moyens prophylactiques de la cyanose, lorsqu'elle ne
clépcud que de la permancoce des voies naturelles de communication entre les systèmes vasculairef, à s3ng rouge et
à sang noir, tout ce qui est capable de <letruire cette
permanence, comme, par exemple, les saignées, les
errhins, la toux , l'expectoration des mncosités, les frictions aromntiques et chaades; en un mot, les mu) ens recommandés J3os l'asphixie des nouveaux-né:>.
Quant au traiLement, il est presque entièrement hygiéuique : l'auteur conseil!~ uo air pur, renouvel..i ,
sec, ccloi de la campagne et dont la température est
assez élevée pour diminuer le froid h;tbitucl tloot se
111.aigneot 1es malades. Leurs vêtemtins 1 11 joute-t-il , d.;i.
0
0
�\
'( 500 )
:vent conserver la chaleur, prévenir l'humidité, soutenir
tl'une manière égale, uniforme, toute l'hahitude <lu corps.
La laine sera, dans toutes les saisons, maintenue sur la
peau, principalement aux membres. Les frictions sèches,
chaudes, aromatiques, ont été em1Jloyécs et pe uvent être
utiles. Les bains froids ont été essayés <1uclquefois sans
i:uccès; d'autres fois, ils ont amélioré ]'état du malade.
Il faut donner avec 1110Jération des alimeas de houue qm1lité1 de facile d igestion, tirés des substances animales , ou
èles vég~ taox ami lacés, toniques, lrgèrement aromatiques.
Le vin vieux, généreux, convenablement étendu <l'eau,
pourrait être employé <iux repas, mais les eaux gazeuses
sont bien préférahles. On doit favorjser la liberté des
évacuations alvines, conseiUer le re,pos, si la faiblesse
est très-grande , et un exercice modéré, si elle le per·
met. Enfin, on donnera des consolations morales, on insistera sur les moyens de distraction.
M. Gintrac s'élève contre l'usage des voniitifs et pense
tftte les purgatifs seraient moins dangereux ; il ne partage
pas l'opinion de Lentin qui soutient que le srjoar clans un
air plus oxigéué que ue l'est ordinairement l'atmosphère,
poulTait avoir d'heureux résultats; il croit plutôt que
dirigé vers la peau, le surcroît d'oxigène serait préféraMe, tandis qn'antrement il exciterait trop les poumons, etc.
L'autrnr Goit par dire a~ec raison que les moy€ns
trop débilitans nuiraient infaillibJ,,.ment dans ]es cas de
complication de ceae maladie a\·P.c les phlegmasies, vu
que cellc5-ci ne sont point aiguës comme chez les individus rnhu~tes. Les hémorragies n'étant point favorables
doi,·cnt être réprimées ou modérées. Les hydropisies, le
pins souvent symptômatiques, n'offrent f.[n'un cercle
étroit d'indications particulières, et les af'fecti-Ous qui',
1e~de11t it l'adynamie réclament les toniques.
On voit pal' cette analyse que l\'I. Gintrac n'a pas été
iicu méthodique. Son ouvrage, il est vrai , présenu:
�,( 50.1
)
qoeiq11es répétitions , mais on ne saurait ·les ccmsi<lérer
comme des superfluités , si l'on fait attention que la
manière dont le sujet est trilÎté e:i-igeait qne l'a\lleur retraçât certainP.s propositions. Le style e.st clair et concis et
]es recherches nombreuses auxquel.tes M. Gintrac s'est
livré ont eu ponr but et pour résultat de bit> n faire
connaître les car.ictères d'une maladie sur laqueHe, ne craignons pas de l'avouer, la majeure pllrtie des médecins
ne possédaient point de notions ou n'en avaient lpe <le
très-oonfuses, de ''3{;ttPs. Aussi, ne sanrions-no11s trop
recommande1· l'acqui~ition de l'ouvrage q11e nous venons
d'examiner.
P .-M. r.oux.
~. 0 -REVUE
DES
J 0 UR NAU X.
Journaux Français.
(Bulletin des Sciences Médicales, n'' 9, septembre i8-i4. J
-Opération de la pierre, faite par le malade lui-même.
Les détails de celte opération ônt été fournis par M. Clever
foi- même , chirurgien sons - aide - major de la garde
royale, qui, ayant, dès sa plus tendre jeunesse, presque
continuellement souffert de la pierre, se trouvait pour
la sixième fois atteint de cette cruelle maladie, dont jusqu'alors on n'avait pu le guérir rallicalcm-0nt, malgré
cinq opérations qu'il avait déjà su hies. Fatigué des ·S onffr<1nces auxquelles il était en proie, e::xa péré par les
douleurs que lui causait la présence du nouveau calcul
qu'il portait depuis un · an, il a eu la force , dans un moment où rintensité de la douleur lui rendait sa position
insupportable, de tâcher lui-même de se dé li\' re1· de la
cause de ses souffrances.
<< Ferme ~fans mon dessein, dit-il, après arnir fait les
yr<.!1,laratifo nécessaires, je me plaçai con\<e11a.Memenl de-
�( ~0'.2 )
'faut Ùne gloce , je relevai le scrolum avec la main gauche qui Lendait en même-temps la peau du périoé, et,
(lans la région ol1 se pratique ordinairement la laille,
j'enfonçai perpendiculairement la pointe d'un hisLouri
jusqu'à la rencontre de la pierre, qui était enchatonnée
au col de la vessie. Celle poucLion faite 1 je me reposai quelques ~econJes, puis j'incisai !es tégumens et
portai le doigt dans la plaie , pensant alors toucher le
corps étranger ; mais la poinLe llu bistouri n'ayant coupé
qu'en mourant, vers l'extérieur , la division n'éLait
qu'imparfaite. Après un instant <le repos encore , je re·
portai l'instrument dans la plaie et achevai la section.
Alors, 11 l'aide d'un doigt d'abord, puis de cleux, ( l'index et le médius ) , je fus chercher et parvins hienLÔt à
arracher un calcul, du volume d'une grosse noix.
L'opération terminée , l'urine s'écoul,i en abondance,
je me pansai avec des compresses trempées dans une décoction émolliente, et parfaitement soulagé , je m'enclormis d'un profond sommeil. Le lendemain, j'étais
;iussi calme , aussi gai, que si je n'eusse jamais souffert.
Plusieurs médecins , mes amis , mes collègues et: un
grand nomlHe de personnes qne je ne connaissais pas 1
surpris cle cette nouvelle, accoururent chez moi pour
s'assnrer d'un fait qui leur parais~ait étonnant. M. le pro·
fessenr Béclard loi-même m'honora de sa visite et exa-
mina lu pierre. »
M. Clever, depuis cetle époqne , marcha rapidement
vers une parfaite guérison, et aujourd'hui il est entière·
ment rétabli. Le calcul qu'il s'est extrait, devant sa for·
,mation à un petit morceau d'éponge préparée , qui était
resté au fond cle la plaie, dans les pansemens qui suivi·
rent la dernière opération qu'on loi a foi te, il espère
})eaucoup cette fois ne plus voir se renouveler la cause
des tourmens qu'il a endurés jusqu'li ce jour.
..Ce jeune chirnq:;ien militaire est l.'ioycuteur cl'Ull prcr.
I
�( lo3)
çétlé perfecLionné pour la lilhotomie, qu'il d<>it soumellrc incessamment à l'Académie royale de chirurgie.
( Archives genérales de médecine , et bulletin des
sciences médicales )· - Nouvelle méthode pour l'opération de la taille; par le professe1ir DuPUYTREN.
M. Dupuytren vient de faire l'opération de la taille
suivant une nouvelle méthode et à l'aide d'un instrument nouveau. L'une pourrait êLre appelée taille transversale, et l'autre lithotome caché double ; ce dernier
porte en effet deax lames, disposées de manière à collper en même-Lemps à droite et à gauche en retirant
l'instrument de la ' 'essie. On introduit le Cll.théler, ori
incise la portion membraneuse de l'urètre, on introduit
le Jilhotome dans la vessie, on l'ouvre, et en le retirant,
on divise la prostate de chaque ~ôté , tle manière à la
partager en deux moitiés, l'une antérieure et l'autre
postérieure. Par cette méthode, l'opérateur doit éviter da
blesser les canaux déférens , le reelurn et les artères
trau~verse du périné et honteuse. M. Dupuytren a opéré
nn enfant, il y .a peu. de temps : il ne s'est développé
aucun accident.
( Bulletin des Sc. méd. ) --- Analyse 11.ii rapport fait
à l'Académie (les, sciences, par M. le baron PERCY, et
par M. le chevalier Cu.rnssn:n, s1ir le procédé employé
par M. le doctwr C1v1ALE, poi1r l'extraction des calculs vésicaux , sans employer d'instrumens tranchans:
" A la séance de l'Académie royale des sciences cle
l'Institut, du 21 de ce mois, M. le baron Percy a la,
en son nom et en celui de M. le chevalier Cliaussier <1
un mémoire très-détaillé sur la destruction de la pierre,
dans la vessie , par des moyens mécaniques, et sans
recourir à l'opération de la taille , découverte aurihuée
à M. Civiale, docteur de la Faculté de médecine de
Paris, et q~i \'Ïent cl'êLre éprouvée avec un entier succès.
sur trois . calculeux , e11 pré•ence d'une foule:! de geai
�(
~04
)
de Part atti1:és par la 11onvendté de l'ittivention, ainsi
que par le Mûr de la voir r6ussir et prospé~er.
De tout temps ou a cherché à se délin.:-r de la pierre
sans le triste secours crane opé1·ation qui ' dès son ori~
gine extrêmement aucienoe, fut l'effroi des malades ,
comme dt! nos jours elle en est encore la t-en•eur,
qttolque la ch1rargie· rübderne· l'ait l'ortée au plus l1'aut
deg1•é t!e perfection-.
Après une énnmération historique très-c11rieme de!J
.aivers t11oyens auxcruels ou a en successivemeo-t recours;
pont se déroher à Ih désespét•ante nécessité lfo su1)it'
une opér:ition dont on s'exagera· toujours et la doulem'
~t les pPri1s; après avoir :rappelé les tromperies del!
anciens empiriq,ües, qui. se flattaient de n)ettre eu fusion la pierre dàu:<> la vessie, par Jes remèdes Ùé t<>utès
s·ort'es, et les vaines protnesses des alchimistes et de
tons ces j'ongtears qui, 5Ï long temps , out infesté la
domaicle de la médecine; M. Percy s'arrête, avec sennotre temps, pa'I' les
isibilité', ·à ces tebttltives faites,
Feurcroj et les P"ctuqneliri , dans la vue de rendre à
l'humanité sonffran~e le plus graml service qu'ellè pfiti
rece,•oir de la science dl'rigee pa.1· une active philantropie.
Il re~race les essais èlectrique-s qui eurent' lieu du te-mp9
de la célèbre Soci~té royafo de médecine , et il· arrive
a l'époque ou le galv.misme , qui &emhlait faire présa.ger plus de succès que tout ce qni l'avait précécM i'
n'en a pas moins été t'enté avec aussi peu· de frrtit.
· Il ne resfait donc d'esp~'ir aux pauvre·s· calèuleUT, què
dans' quelqu'expé<lîent nouveau' agissant in'unédiaremen~
sur la pierre; pouvant, not1 °la foudre- ni la dissoadre'
( ce rêve était passé ), mais la morcelel', la hriser, la'
moadre, et la mettre' en état de swtir de la vessie pati
}larcclles et sous la forme de limon; et v-0ilà ce à qt\oi
:nr. Civiale est parvenu, et ce dont ont été témoins let
.i;nédecins les pli1s disLiogués cle la capitale, à la t~'
de
�( 5o5 )
desquels étaient MM. Percy et C!uws~ier qni , en fe!
citant, n'oat pas oublié le docteur Souberbielle, le lithotomiste le plus exercé el le plus habile qu'il y ait
en Europe.
Voila de quelle manière M. Civiale a procédé dans
les nombreuses expériences qu'il a faites publiquement,
d'ahord sur le cadavre , et eo511Îte dans les trois opérations qu'il a pratiquées si heureusement sur des per..onnes vivantes, qui les ont supportées sans douleurs,
sans aucun accident 1 et même sans nul cootre-temps.
Après s'~tre assuré cle l'existence de la pierre, il introduit dans le canal de l'urètre one sonde dl'oite , d'assez;
gros calibre, qu'il fait glisser dans la vessie j asques sur la
pierre; quand il les sent en contact l'une avec l'autre, il
pousse et fait marcher, du fond de la sonde qui est creuse,
une autre sonde concentrique qui porte une pince à
trois on quatre branches d'acier tres-élastiques, lesquelles,
resserrées sur elles-mêmes dans la première sonde, ne
paraissent point; mais une fois mises en liberté <Ùln9
la cavité vésicale, s'y épanouissent et forment comme
une serre, comme une cage d'acier, ou la pierre vient, .
au moyen d'une certaine manuduction se jeter pou.r y
étre bientôt captive , par le retrait de second instrument. Celui-ci , qui est creux aussi , contient dans
tiOn intérieur an fort stylet qui s'y meut et peut y
tourner lillrement , et dont l'extrémité, du côté de la
~essie, est armée d'une ragine à pointes multiples trèsacérécs, on de toat autre moyen capallle d'user, de
faire éclater 1 de comminuer la pierre, selon l'intention
lle l'opérateur 1 qui préalablement s'est rendu approximativement compte de la grosseur, de la forme et de
la consistance dn calcul. Le stylet touchant d'aussi près
qne possible, · ia pierre sar foqoelle il doit agir , on
adapte cet appareil à on tour d'horloger un peu fort;.
4~ ·
VIU. Décembre 1S:i4.
·r.
)
�( 506)
on àispo~ un long archet à corde de boyau , snr fa
1ron\ie en cuivre dont est pourvu lê stylet lithoolriptear,
à son. extrémité extérieure ; deux mains soutiennent ,
d'une manière ferme et égale, cet ensemble d'instruJI1ens, et dans cet état, l'archet joue, le stylet tourne,
la rogioe agit , et il est facile aux assistans, et surtout
au patient, d'entendre le bruit phls on moins sonore
du llrisP.ment, on da broiement qu'éprouve la pierre.
De temps en temps le stylet est rapproché clu corps
étranger que , sans celle précaution, il ne pourrait
bientôt pins atteindre. Un moment de relâche est donné
à l'opérateur, que l'action de l'archet ne lais5e pas
de fatiguer, et au malade, quoiqu'il sonffre à peine,
et qu'il ne se plaigne riullement. On recommence aa
hout de qtlelqaes mi notes, et la séance se termine par
c1es inj ections d'eau tiède, qui se foot dans la vessie ,
e1 dont la sortie entraîne une multitude de fragml':DS
et de detritu~, et heaucoup de sédimens qu'on recaeille
avec soin, tant pour juger cle la na t-ore chimique de
la pierre, que peur -se_ faire nue idé e des dimensions
dont elle jouissait avant d'être attaquée.
La· se'conde macœuvre peut a-voir lieu dès le leridern:.iin; mais il vaut mieux1'ajourner longuement, et faire
prendre pencfant l'intervalle , quelques bains de siége
au ma1ade , et même , par surérogation ; liti appliquer
quelques -sangsues an périnée. Les procédés de cette
tïéance sont les m~mes que ~eox de la première-, et
BÎ l'on en dénue une· troisième, et même une quatrième
c'e.st par ex~ès de ·prudence , et pour prévenir jusqu'a11
plus léger accident.
L'exploration itérative • et sérnpulense dè fa Tessie t
c1ohne i~assa.rance qu'elle ne contient pla.s ni pierre ;
ni frag~ertt ; ·et cette recherche e~ereée , dans les trois
belles opérâtions ..dont nbns ·avons parlé , par M. So1triJebelle lui-même , doit ne · iaisser at1cune incerütude
�( 507 )
snr la parfaite délivrance des hommes intéressans qui
's'y sont spontanément soumis les premiers, el tlont
l'exemple va être suivi par beaucoup de calculeux ,
tlont un est cité comme l'un cles personnages les plus
~minens en dignité et eo mérite personnel de notre temps.
Il n'y a donc pas lieu à c~isputer sur la honlé,
snr l'utilité , sur les précieux avantages de la méthode
proposée par M. Civiale. Mais les commissaires cle
l'Académie ont bien eu soin de clire que cette méthode ne devait pas être incléffniment exclusive; qu'elle
etait susceptible <le nombreuses restrictions; qu'à de
grands avantages elle joignait quelques inconvéniens,
à la véri lé faciles à prévenir , et qu'il importait surtout qu'elle tombât en de bonnes mains et qu'on ne
se pressât pas trop de lui donner cles perfectionnemens
que l'usage et un usage réfléchi et éclairé peut et
doit seul lui donner.
M. Percy a terminé par les conclusions suiv-antes :
« D'après ce qui précède , et ''culant garder un juste
milieu entre l'enthousiasme qui exagère tout , et la
prévention contraire qui cherche à tout rabaisser, nous
pensons qae la méthode proposée par M. le docteur
Civiale, pour détruire la pierre dans la vessie, ~ans
le secours de l'opération de la taille, est également
glorieuse pour la chirurgie française, honorable peur
son auteur et consolante pour l'humanite; et que nonobstant son insuffisance dans quelques cas, et la difficulté de son application dans quelques autres , elle doit
faire époque dans l'art de guérir , qui la regarde1·a
comme rune de ses ressources les plus ingduieuses et
les plus salutaires; nous estimons enfin que M. Cù,iale,
qui a bien mérité cle sa noble profession et de ses
semblables, a acquis des droits à l'estime et à la hienveillance de l' .lcadémie, dans le sein de la.quelle la
l1l1ilantr~pie a son cuhe 1 comme les sciences y ont leur
anlel.
�(
5o~
)
\> A présent devons-nous parler des contestations,
iles rivali~és, des réclamations qui s'élèvent contrè M.
Civiale, lequel n'y oppose qae de lit modestie, et le
liage parti da silence, laissant au temps et à de noaTeaux succès à prononcer entre lui qui, depuis sept
ans, combine sans relâche, calcule, mûrit son mécanisme, el ceux qui, à peine entrés dans la carrière,
et n'ayant encore à offrir que des projets, sans aacnne
exécution, s'efforcent cle partager , de conlrehalancer,
d'envahir les titres de leur aîné à tous égards?
Toutefois, nous ne passerons pas sous silence qu'il
existe dans cieux numéros tle la gazette médicale allemande cle Saltzhourg de l'an 18i3 , des traces d'une
inventiou qui a quelque apparence de conformité et
à'analogie avec celle dont on dispute l'antériorité à
M. Civiale, qui très-certainement n'a ni connu ni lu
ces feuilles périodiques absolument étrangères en France.
De tels vestiges sont un hien faible aperçu d'une méthode qui pouvait si facilement se passer d'eux, et de
toute autre ébauche clans le même genre. Ce n'est pas
que l'idée et la théorie exposées dans la gazette médicale cle Saltzhourg maaquen t de génie et d'intérêt
mais l'une et l'autre n'ont eu aucune suite, n'ont été
accueillies ni développées par personne; et ;iprès avoir
été , pendant onze ans , dans un oubli complet , elles
y seraient perpétuellement restées saus l'éveil qu'a donné
le travail très-distinct et bien autrement conçu el exécuté de M. Civiale, qui, nous ne pouvons gnère en
d,outer, l'a tiré tout entier de son propre fonds, et
ne soupçonnait même pas qu'il y eût une gazette médicale à Saltzbourg.
(Journal de pharmacie, Mai 1 Juin, Juil., A oiit et Sept.,
i824. ) -·- Analyse d'une écorce apportée du Brésil , dési.gnée sous le nom cle FJdégaso. E x trait d'une notice lue à
r'A cadémie royale de rmltlecine 1 par J',J. Henry , d1ej
�( 509 )
Je la pharmacie centrale des Hôpitaux civils de Paris. )
--- Cette écorce appartient à la famille <les Legamineuses; elle est emploJée au Brésil comme fobrifoge•
l\f. Henry, )'a traitée l'ar les dissolvans ordinaires :
l'alcool, l'ether, l'eau ; et ensoi te p:i r l'eatL acidulée
<l'acidule sulfurique, la saturant après, avec de la chaux
,·ive, et re:)renant le précipité par l'alcool, comme
pour obtenir la quinine du quinc1uina.
Le résultat <les nombreuses expér·iences que l'auteur
à faites, est que l'écorce de fédégaso renferme : 1.
une matiére cireuse; ?.. 0 une matière résineuse, amère,
nauséabonde, qui paraît être le principe amer de cette
écorce; 3. une substance colorante jaune, devenant
rooge-hrone avec l'ammoniaque, la soude , etc. !j·. un
peu de gomme; 5." nne petite quantité de ma til?re sucrée,
point de fécule amyldcée; 6.° un peu d'acide gallique;
7. 0 ligneux et plusieurs sels , tels que le sulfate,
l'bydroch!orate , l'acétate cfo potasse , le phosphate .et
l'oxalate <le chaux, de la silice et du 'fer.
--- Recherches sur la composition chimique de la
racine de fougère mâle, pofypodium .filix mas. ( Lin. )
0
0
--- Cette raci11e est co1nposée 1. d'huile volatile : 2.
ll'une matiè ce grasse composée d'élaïue et de stéarine, 3.
des acides gallique et acétique ; 4-° de sucre crisLal0
lisahle, 5. de tanin, 6.0 d'amidon, 7. d'une matière
0
gélatineuse insoluble dans l'eau et dans l'alcool; 8. de
0
ligneux, 9. cendres composées <le plusienrs sels.
--- Une autre espèce de convolvulus, le sœpium, a été
soumise à l'analyse , mais ainsi que le convolvulus ar11ensis, il n'a pas donné une résine que l'ou puisse comparer à celle du jalap.
·-- M. Julia Fontenelle, a donné une notice sur
ragou' ou sagou <les uègres 1 et sur la naturalisation
<le cette ct!réale en France.
L';igoQ. semé eu .mars ou avril> fleurit en juillet et
0
0
0
0
0
�( 310 )
-!lie· récolte en octo1>re. Sa racine est fibreuse, sa tiié
et ses feuilles sont semblahles à celles du roseau, et
le fruit en chantons a c1e 3 à 4 pouces de longueur,
sur 3 cle circonférence. Il appartient à la . poligamie
monœcie de Linné; c'est l'lwlcus spicatus de Linné,
que Dalechamp à décrit sons le nom de panicum de
l'Inde , Clusius sons eelui c1e panicum alJlericanum et
Theophraste sous celui de panicum indicum.
» Les semences cl'agoii ressemblent à celles du petit
» millet; leur couleur est d'un gris bleuâtre avec un
,, point jaune à leur attache. Les nourrices. en font un
,. grand usage; on le mange de la même manière que
,, le riz; redoit en farine on en fait de petits gâteauic
11 et des crêmes qu'on aromatise avec la canelle. Il est
• très-employé comme analeptique , et c'est en raison
• de cette propriété que les Tunisiens l'appellent sagou ·
» des nègres.
M. Julia Fontenelle a se,mé l'agon aux environs de
Narhonne , dans la plaine dite l'Etang-salin , et celte
culture lui a parfaitement réussi, " car, dit-il, une des
plus helles plantes m'a donné huit épis en rapport, den~
d'avortés et den" que les gélées empêchérenl de murir.
l'en séparai 6,959 graines. "D'après ce que nous venons
1' d'exposer, ajoute l'auteur, en terminant sa notice, il
» y a tout lieu de croire que I'holcus spicatus réussirait
1> très-hien c1a11s l'intérieur de la France; j'ignore s'il
» en serait de m~me dans le nord.
--- E x amen chimique d'un calcul urinair·e trouvé sur un
sujet mort quelques jours aprés l'opération. par JJ.f. Langier•
--- Ce calcul soumis au chalumeau, traité par l'eau'
par la potasse, par l'acide hydrochlorique, et après
avoir éprouvé tous les genres d'analyse connus, a donné
pour résultat la composition suivante, sur dix parties:
Substances solubles dans l'eau. Acide urique, 1 partie;
arate d'ammoniaque, 4 parties; phosphate d'ammoniaque 1
.,
�( 5JI )
112
partie. Substances insolubles dans featt. Oxalate de
chaux, 1 partie et demie; matière animale, :1 parties;
perle et humidité, 1 partie.
-- M. Henry a donné l'examen chimique du macis;
c'est l'enveloppe qui se rencontre E'lus le brou du muscadier et qui entoure one coque brune cassante , qui.
renferme la muscade. Cette substance contient :
1. 0 Une petite quantité d'huile volatille ; 2. 0 one assez
grande quantité d'une huile fine odorante , jaune, soluble clans l'éther, insoluble dans l'alcool bouillant; 3.d
nne quantité à peu près égale d'une autre huile fine,
odorante, colorée en rouge 1 soluble dans l'éther et
dans l'alcool en toutes proportions; 4.° nne matière
gommeuse particulière, ayant des propriétés analogues
à l'amidine et à la gomme , entrant pour au moins
un tiers Jans la composition do macis; 5.0 d'une très.
petite quantité de fibres ligneusell.
--- La racine de pivoine ( pœnia '!if. Linneus )· appartenant à nne plante bien connue par les botanistes, et
dont les propriétés médicinales sont constatées dans
toutes les matièn~s médicales, vient d'être analysée par
M. Marin. Le résultat du travail chimique auquel s'est
livré l'auteur est que .500 grammes .de racine fraîche
de pivoine contiennent : eau, 339 gr. 70; amidon 1 6g,3o;
oxalate de chaux , 3,8o; fibre ligueuse , 57,30; matière
grasse, 1 ,3o; sucre incristallisable, 14,00; acides phosphorique et malique, libres, 1100 ; malate, phosphate de
chaux 4,90; gomme et tanin, 0,60; matière végéta-animale, 8,oo ; malate de potasse, o,3o ; sulfate de potassé
0,10; principe odorant, o,oo.
--- M. Vauqulin ayant, en 1808, analysé des thymelea
alpina et g1âdium , crut appercevoir une matière qui
ae comportait comme tm alcali ; mais il suspendit soa
j ogemeot par la nouveauré du fait. Aujourd'hui que
les belles eipérieuces de MM. Pelletier 1 Boufla:r, Las..
--
�( 512 )
Raigne, ont démontré l'existence des alcalis-végétatn:,
le savant autear de celle analyse à repris son travail
sur les thymelea, et par l'application cl'un nouveau
mode analytique, il a justifié ses présomptions, a y ant
trouvé dans ces végétaux une matière jouissant dei
propriétés alcalines, puisqu'elle agit sur lrs couleurs
"égét:i les, comme telle; qu'elle sa tare les acides et forme,
an moins avec quelques-uns, des sels cristallisahles.
--- Le Gay de chèae, très-vénéré par les anciens, et
dont la recherche était l'objet d'un culle religieux,
passait pour nn antidote contre l'apoplexie; on ne
lui attribne plus des propriétés si grandes et, en le sou_
mettant à l'analyse chimique, on est parvenu à connaître
tontes les parties qui le constituent; c'est d'après le
travail qne M. Henry a fait sur le fruit de celte plante
que nous allons donner l'énumération des diverses substance~ qui entrent dans la composition du fruit du Guy
de cliène, 5avoir: i. De la cire, en grande quantité;
0
!2.0 de la glu, id.; 3. de la gomme, id.; 4: une matière
0
,.isqaeuse insoluble , 5.0 de la chlorophylle ; 6. des sels
0
0
à ]Jase de potasse ; 7. des sels~ bases de chaux; 8. des
sels à bases de magnesie, 9.° de l'oxide de fer.
--- M. lllitonart, memb1·e honoraire de l'académie de
médecine, a analysé l'écorce de la racine da. grenadier sauvage, pimica granatum , et il a trouvé qu'elle
contient, du taain, one matière analogue à la cire,
une substance sucrée dont partie est solo lJle dans l'alcool, l'11ulre dans l'eau, la première cristallisahle , la
seconde ay:rnt les caractères de la manitc , et enfin
de l'acide malique dans des préparations très-marquées~
-- La partie corticale de la racine do vernis du Japon,
aylantluts glandulosa ( Desfontaines) cultivé en F.rance,
vient d'être analysée pae M. Payen, qui en a obtenu
0
les prolluit~ suivan.s: savoir : i.° ligneu:t, ?,. eau, 3,•
·gélée végttalc, insoluble dans l'eau et d..ins l'alcool frais
0
�( 51!>)
éi llm.1illant, soluble dans l'ammoniaque qui s'y coml>ine~.
précipitée par l'acide sulfurique; etc., et un peu so..
lubie par un petit excès cl'aeide sulfurique; 4. subs-·
tanc~ amère, soluble Jans Feau et dans l'akool; 5.~
amidon ; 6. gomme ; 7." l'ésine aromatique et matière
verte ; 8. maJière aromatique, soluble dans Veau,.
!~alcool et l'é ,l1er, ayant l'odeur de la vanille tl'ès...
0
llrononcée; 9.0 matière grasse; 10. matière azotée soluble dans l'eau , imoluble dans l'alcool; 11. matière:
0
azotée ,. analogue à l'albu1nine, mais peu étudiée; 12.
substance végétale analogue à. Li. fnuguie; 13. matière'
colorante j.aune; 14. traces d'huile essentielle d'une'
0
odeur forte , vi.rnuse , désagréable; 15. H•aces· d~acido·
0
citrique; 16~ silice el q1ielques sels..
-- M. Henry , a donné un. ex.trait. des recherches qu'ir
faites M. So11beiran , pharmacien! en chef de l'hôpital
de la Piété, sur la nature chimique de la crème de tartre'
soluble par l'acide borique. Il propose le pr-0c~de suivant
pour obtenir la crème de tartre s.oluhle :' 011 prend.ra 1 dit...
dt!crème cle tartre, et·
» il, une partie d'acide borlqne,
» 24 d'eau, on.opérera la di;solution à la chaleur de l'éhul'...
» lition, et .l'on entretiendra la. liqueur bou:Uante }usqu'li.
,,. ce qu'elle soit tFès-concentrée, à· celle é'poqne on mé.." nagera le feu ' et l'on agitera. la matière jusqu'à ce·
,, qu'elle soit devenue solide et presque cassante ; dans
" cet état,. on l'essayera par l'eau froide; si elle s'f
" di'ssoat en entier, on regardera l'o1Mratitm co1mhe
,, términée; on achévera la dessi·cation à l'étuve, el!
1r l'on rednira la crème <le tart1·e soluble en pondre'
11 pour l'usage. S'il arrivait que le produit ne fut paS'
» entièrem'e nt solnllle , dans l'eari' froide, il fatidraiï
»' le délayer dan&' llen'X fois. son' poids de ce liqaide ,;
». filtrer, évaporer d'e non veau à siccité~ La matière res··
» tée !Jill' le filtre serait àe la crème de tartre ordinaire·..
44.
T. VUI. Djcernbr.e ;rS24,~
0
0
0
0
0
0
4
�( 5r4 )
5t1ns en.trer dans le détail des nombreuses expériences
,({ni ,o nt été faites dans les 1 echerches auxquelles l'auteur
s'est livré , nons citerons l'explication qu'~l donne de
la manière d'agir de l'acide borique dans la crème de
"artre soluble.
"' La manière naturelle, dit-il , pour se représenter
P l'état de combinaison des élémens de la crème de
» tartre soluble , consiste à la considérer comme tar" tl ate neutre; l'acide borique salure l'excès <l'acide
~ tartriqae 1 il eu résulte u,n sel dans lequel l'acide
» borique remplit les fonctions de base; le nouvea~
~> composé s'unit an tartrate neutre de potasse. Cette
» opiuion àcquiert beaucoup de certitude en consi<lé» rant que l'oxigène de l'acide borique est égal à l'oxi" gène de la potasse , et se trouve .à celui de l'excès
·» d'acide tartrique dans le rapport de 1 à 5 .comme
» les tartrates neutres-; si le composé conserve des pro" priétés acides 1 c'est qu'il n'y a de ~atoration corn.,.
.t plette que dans le sens que l'oxigèue de la ·h ase est
» à l'oxigè ne de l'acide dans le m,~me rapport, qu,e
·» dans les tartrates ;neutres formés par des hases plus
P.. - M. R. el CouaET.
;, p~er.~i~ues~ >l
s. v .. a 1 É T É ~r
0
LE clocteur Cliervin est arriv.é à Marseîlle, comme
~oµ~
l'avons annoncé. Les félicitati7ns que ce savant
de tout le monde ~ prouNenL combien il a mérité
~ la science et des hommes. La Société royale de
médecine se :propose de lui donner une sé1'nce, et
J' A-ca4émique !IOCiété . ne manquera pas d'en faire au~ant, pourvu que l'on I).e redoute point cl'enlendre
~~s ;vérités bien dot\ces pour le pbilantr-0pe, mais
P-,Qj> dures ponr certains contagionistes.
N.o~s ,éL~ops ,ac,c.outpµiés !t- voi,r .distripuer pu;bli~
~eçu il
'•
�(
~1 '5
)
.qoement les récompense s qne l'on décerne anx plus zélée
vaccinateur s. Cependant , -On nous assure que M. Ducros,
Président tle l' Ac;idé1nique société, a reçu clPu-s. ou trois
médailles, nous ne dirons pas clandestine ment, mais sans
:bruit; ce qu'il faut aLLribuet• à la modestie de ce médecin , plutôt que de croire li l'intention de faire valoir toutes ses médailles, alors qu'il en aur~ assez ponr
.o]Jtenir coram populo le gr and prix propos! par le gon·v ernement, et quelc1ue puisse être le nombre des vaccinations pratiquees.
- On parle d'uoP nouvelle organi$alio n de la mé.decine, d'un couse il de disci pline dans clwque dépar,tement, qui serait chdrgé de surveiller la Cùoduite des
gens de l'art. Puisse ce p rojet se r éalise r, si sur!ont le
conseil ne doit êLre composé que d'homme~ doués de
,tontes les quaiités morales !
En terminant la quatrième année , depuis Ill
publication de notre recue il, qu'il nous soit permis
.d'exprime r ici notre gratitude à MM. les médecins,
.chirurgien s et pharmaciens qui ont secondé notre en,treprise, littéraire. Leurs nom s ser ont proclamés, l'an
prochain, à la suite de la tab le ana l) tique et raisonnée
,des dix volu nies r1ne nous auront fait paraître.
-- On a moms observé de maladies éraptives ce
~ois-ci que dans le mois p recé<lent. Des dyssentérie s,
quelques cas cle crnup, d'hydrocép halite, des gastro..'
.entérites, des phleg111 as1cs cùéh r-i les ont été les affec.tioos les plus fréqu en tes. On a eu recours aux antiphlogistiqu es; et il a été observé lJUe quand ils ne suffi.saient pas pour faire av orter l'inflammat ion, certaines
maladies, dont elle était le principal caractère, deve·
~aient plus graves et presque toujo~rs mortelles.
--- D'après le relevé des regisr res cle l'État-civil de la
mairie de Marseille, il y a en en Novembre 1824, 325
naissances 1 265 décès et 1 ro mariages.
P.-M. Roux.
�( 516
4!
CONCOU RS
J
ACADiMIQUE~
La Société libre d'érnulalioa pour l'encourag ement'
des lettres, des sciences et des arts 1·à Liége Pays-bas· }
avait mis au concours la question suivante :
Parmi les phlegmasies locales oit générales des tissus,
e~ existe-t-i l qui exigent un traitemen t attire que celui'
des antiphlc.gistiques r
Aucun des mémoires parvenus au comité ne lui a
paru digne d'êfre couronné : En. conséquen ce ,-le comité
maintient au cooccurs la même question, dont- le prix
sera une médaille en or .de 200 · francs.
I1Académie- royale clt>s sciences, lettres et· arts de
Toulou•e propose pour suji>t de prix de la valeur de
5oo francs, qui sirra· décerné en 1817, la question suivante:
Déterminer la manière dont les réactifs anti-ferm rntescibles et antiputrides connus , tels 11Le le caTJ1plire ,.
l'ail , les perflxide et percloru1·e de mercure, le gai:.
acide su{fiireux , etc., mettent obstacle à la· dicomposition sponlanée des substances végétales et animales ,.
et pr:é11iennent ainsi la formation de L'alcohol dans les
premières ,. et le développement de l'ammoniaque dans
les deuxième v.
Les mémoires , écrits en français ou en latin, seront
• ad rtôssP.s dans les formes acadéi.niques, et francs de port.
à M. D'Aùb1Lisson cle /Y oisins , ingénieur en chef des·
mines.
AVIS .
L.4 Société royale de médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Observations, Notices , etc., de ses membres soit' titulaires ,
soit corresponàans , qui liti paraissent dignes d:étre
publiés , elle n'a égard qn'à fintérét qu'ils présenten~
it la science médicale ; mais qu'elle n'entend donner ni
approbation ni impmbati on aux opinions que peuvent
émettre les auteurs, et qui n'ont pas encore la. sanctio1'1
sénérale..
··
�( 5I
7)
·~···-..°'!"'* :
BULLETINS
JJ E
LA SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECINE
DE MARSEl LLE.
DÉCEMBRE
1s24. --- N. xxx·v1.
0
sw· les bons effets de la saignée chez une
femme alleinte de convulsions quatre heures après
un accouchement très-heiireux ; par M. S1mx , docteur
en médecine, membre titulaire de la Société royale
de médecine de Marseille.
OBSERT' ATION
MAGDELEINE Chailan, âgée de 23 ans 1 clonée d ne
constitation robuste, épouse d'an berger an quartie~
de Château -Gombert, accoucha de son premier enfant
le 25 juillet dern~e :· , à quatre heures du matin , sans
épronyer de fortes douleurs. Sa famille se réjouissait
de cet henreo~ événement, mais sa joie ne fat pas
de longue duréa; quatre heures après la délivrance ,
l'ar.conchée fut saisie de violentes convulsions qqi entraînèrent la perte des sensations et la suppression
des lochies. M. Cartier, chirurgien tlu vifüge, fat
appelé dans l'après-mitli. Frappé da danger que courait la malade , il demanda nn conseil , on vint chez
moi dans la soirée. Après m'être fait rendre an compte
e::rn ct de la situation de l'accouchée , je prescrivis une
saignée au pi11d et one potion anti-spasmodiqne pour
la nuit et je conseillai all mén:iger de retourner chez
moi à la pointe du iour. Il revint, en effet, à quatre
heures du matin, et m'apprit que la saignée ani t été
pratiquée à'onze heures du soir j ciue la pution n'avait
'f. Vlll. Déccm/Jre i8:i4.
1-5
�,
( 518 )
pn ~tre aclminislrée , parce que l.1 malade n'avalait point;
que les com utsions étaient plus rJ pp rochées el pl as
fortes. Sur cet exposé , je me décidai ii l'aller visiter;
j'arrivai chez ·elle sur les sept heures du matin. Je
la trouvai, en effet, sans connaissance et sans mou'\'f:ment, la face éLaiL injectée et de couleur violette; la
langue hors la houche et d'une grosseur démesurée_,
ue permettait l'iutrodudion d'aucun liquide. Je ne pus
méconaaîLre un éttlt apoplectique et je le }ugeai oc·
casioné par le refoulement <lu Ilang, que les convulsi:ons produisaient sur l'organe encéphalique. Un accès
cobvùlsif qui survint en ma préseace me confirma
dil'ns cette {)pinion. Je fis, et1 conséquence; pratiquer
\lne large saignée; des sinapismes furent appliqués
à la plante des pieds ; je restai encore une demi}1e e an µl'ès de la malùtle et }e m'a pperçus que
le gonflement et la teinte violeue de la foce avaient
céclé ; je prei;crivis une Lro1s1eme saignée
u11 peu
pùnr deux heures après midi et l!De quatrième pour
lu soirée, des embroca'!ions d'huile camphrée sur l'ahtlomen et le Laut tles cuisses, ce qui fut exécuté.
Le 27 :m matin, j'appris. que les accès convulsifs
elétaient éloignés; que dans leurs iotermittences l'accoucbée poussait lles soupirs qni manifestaient le sentiment
tle ses douleurs; qu'-elle avait rendu beaucoup de
19ang par la bouche ; que te gonflement de la laugue
étnit enc-Ore le même. Je prescrivis , sur cet exposé,
l't1ppli0lltion cle six san~sues à 1a vulve, je fis répéter
~elle des sinapism-es et fis laver la langue avec de l'eau
fn.khe aiguisée d'afoohol. Je conseillai de faire teter l'ac·
(louchée par de pt!LÏts chiens. Dans la journée du 27,
les convuloions disp:œureut, les loapies s'annoncèreul
le lendemain 1 la monte clu lait se fit et la malade a
im allaiter so.n enf-aut. J'ai vu depuis ceue femme chez
moi, et j'ai appris d'elle-wêine qu'elle n'avait a van
�ç 519
)
convulsive·
sajeue à aucaae maladie
été
cette én9cme
\ ,, l
,
,
r
~ ;t,
q_u'e 1le ~vait toujours joui d'une honne santé.
Cet exposé prollve sans doule que la fe~1me qui fait
Je sujet de ce~le ~hservation, duit la vie aux' rnignée~. ~
1uc ce rf'mètle seal pouvait la guérir, e~ qu'il cloit avoir
· '
·
·
'
toute la gloire de cette cure.
()BsEnr.ATION sur une Zura{ion par une cause ext.erne de
l'os ilù11n avec le sacrum da côté droit, ou de la symphise sacro-iliaque; par M. füuLué 1 pèr~ 1 D.-M. 1
membre titulaire de la Société.
IL n'appartient sa!1s doute qu'à des ho~mes célè]Jres,
doués d'un génie u·ansrendant, de changer la face 4e l~
science d"un trait de plume; cle renverser un système
en en créant un autre qui est renversé à son !OU~ p~:
nn seul effort de l'imagination; de faire oublier pour
~oujours no procédé opératoire par l'inveolioo d'un autre avoué m~illear? Mais, à l'exemple d'IlippocratP,ile~t
du devoir de tous les méqecins, d'oh~erver la natu:e, ~~
la suivre dans sa marcpe sans la lronl)ler, et d'~n prés~n
ter les résultats ~els qu'ils ont été rècueillis . Discipl~
soumis et fidèle aux préceptes dll père de la médecine~
sociétaire jaloux de remplir ma tâcpe, je viens fairé
part d'un fait de pratique qne j'ai rédigé à Bézie!s,
département de l'Hérault, oh j'exerçai la 1né<lecine,
après un second exil de la ville de Marseille.
La maladie c;lont je vais parler s'observe rarement ;
le célèbre Jean-Louis Petit, qai a vi~illi clans le~
hôpitaux civils et militaires , n'en parle pas dans son
excellent traité des maladies cles os. DtLverney, t1·ès-vers!!
clans la théorie d'un art qu'il a professé et qui l'a mi:>
dans le cas de faire beaucoup de recherch.es, n'en fait
pas mention dans son trailé complet des maladies <hl
système osseux. L'immortel Bevin, à qui rien n'a échappé
dc1ns une longue et heureuse pratique~ n'en dit pas qn
mot dans son ouvrage de pathologie. J\i· Louis, professeu!'.
�( 320)
clistiogné , tout à la fois éloquent et profond dans tontes
les parties de l'enseignem ent médical, est le seul à ma
con .mi sance qui ait enseigné one observation semll!dble
dans one dissertation qu'il a consignée à la tête du
<JUatrième volume des mémoires de l'Académie de chirurgie. Le malade mourut; a -l'ouverture du cadavre ,
on trouva plu~ieurs abcès clans le h as.·in. M. Louis ol>serve qu'il ne fut appelé que le quatnème jour, et
que le malade n'ava it pas été encore •aigué.
Marie N .... , âgée de vingt ans , bi en constituée,
d'une taille au-des~us de la moyepne , d'un tempérament sanguin, domestique chez M. Bizet, propriétair e
à Béziers , revenant de la campague de son maîu e,
montée sur un âne, rencontra .dans an ~enlier trèsétroit one charrette chargée de bois , ( le conducteu r
était absent) et s'engagea entre le horcl du sentier et
l'essieu de la charette ; ces deux puissances agirent en
sens contraire, et an point qu'il en résulta un déplacement de la symphise sacro-iliaq ue droite.
Marie N .... éprouva aussitôt une douleur aignë des
plus vives, et resta immobile sur le pavé; elle fut
plii.cée sur un lit volant, couchée sur le ventre, et de
la transportée à la ville chez son mahre. Mandé trois
heures après, je reconnus à la saillie du bord postérieur
de Fos ilium du côté droit, et à l'enfoncem ent du sacrum,
une luxation complette de la symphise sacro-iliaq ae.
Symptômes primitifs. Douleurs très - vives, au point
de troubler les facultés intellectuel les à memre qu'on
'foulait explorer les parties souffrante s; tuméfactio n des
parties malades aagmentan t à vue d'œil ; immohilité des
membres abdominau x; agitation, insomnie, fièvre, etc•
Symptômes consémtifs : tension du ventre, suppression d'urine , rétention des matières stercorales .
Pronostic. Il rue paraissait fâcheux, fondé sur la nature
de la maladie, sur la lésion dts partie~ blessées et surtoul
de la proximilé des Tiscèrei> importa.os à la vie.
.,
�( !>2 t
)
Traitement anti- phlogistique. La malade fut saignée
copien~ement penJant six fois dans l'espace <Je quatre
jours; elle fut mise à la tliète la plus rigoureuse : les
boissons rafraîchissanses tirées Jll règne végétal, furent
administrées à grandes doses.
Applications locales. Les cataplasmes émolliens, les
fomentations de m~me nature , rempla<'èreut les résolutifs, vingt-quatre heures après la chute. Les <lemilavemens et le c;,lhétérisme, fureot tour-à· tour employés avec un ég:il succès. Les S) mptômes i11flamma1oires
ayant cédé vers la fin dt1 second septeuaire, j'eus recours
cle nouveau à l'application des résolutifs que ie contiunai
j usqu'ao quarantième jour. A cette époque , les jours
cle la malade n'étaient plus eu dduger; mais e1le arnit
encore long-tem ps it souffrir. Le délabremenl ch s ti>sus
ou liens qui unissent l'os sacrum aux os du ]Jassin ,
a\•ait été ,i grand; les propriétPs vitalrs, et la contractilité propre de ces tissus, avaient été si fortement lésées,
que la réduction e~ le maintien des pièces osseuses,
étaient devenues impossibles.
La maladie étant purement locale, je me contentai
d'appliquer un hantlage à bande roulée, que je renonvelai chaque fois qu'il devenait lâche, et auquel je fis
succéder , après un certain temps, un handage mécanique, que la malade pl>l'ta pendant no au : apl'ès
ce temps, j'eus la satisfaction de la voir guérie et re1ircndre son service ; seule ressource qui lui restait
pour ne pas vivre et mourir dans l'indigence.
Conclusions. La clédnction des os clu 11assio, qu'elle
dépende d'une affection morbide, soit qu'elle su'rvienne
à la suite de l'extraction d'an enfant par le forceps, ou
qu'elle ait lieu par une cause extern", est toujours aue
maladie grave, et souvent mortelle , comme je l'ai
avancé. Si j'ai été plus heureux que M. Lou,is, je le
dois aux nom hreuses saignées que je fis avant le 4.me
jour, et à la diète, etc. Toutefois, ma malade a souffert
pendant long-temps et n'ia été gtlérie qu'à la fin de l'année.
�0
----------------------------------- -- --(
522 )
&É~l'ICES DE LA SOCIÉTÉ, PENDANT LE MOIS DE NOVEMIJR.E 1824.
M. le docteur Alb. Schônberg ,
6 Novembre. -
conseiller royal à Naples , adresse plusieurs ouvrages
poar, obtenir le titre de membre correspondant. Ces
ouvrages, dont M. Fenech est chargé de rendre compte,
sont les soivans : 1. Sopra un nuovo methodo di
migliorare il vino , trattato inedito di Sœmmel'ing 1
tradutto del tedesco dal Alb. Schônlierg 2." Regguaglio
di una macchina di vibrazione ad 1tso medico; ect. 3. 0
.Sulla reslituzione del naso. 4. 0 Sistema medico dal
, tlo.ctpr Sam. Hahnesmann, espoyto all11, ruile academia
·
delle -îCÏenze di Napoli, ect.
I\i. le docteur Pascal, médecin militaire en E~pagne,
fait parvenir un mémoire portant pour titre: Observations de colique dite cle Madrid Oil nevralgie splrmchnique , recueillies à l'hôpital militaire de ./11adricl. Ce
µiédecin maoifoste le désir que ce tr~vail puisse paraître ass.ez intéressant pour lui valoir le titre de membre correspond:mt. (M. Flory, rapporteur.)
M~. Gas et Rosso/in, médecins à Marseille , sont
admis parmi les membres associés résidans.
i\1. Rouz: fait hommage de la part de l'auteur, M.
le docteur Gintrac , médecin à Bor<lt>aux, d'uu ou'l'r')ge ÎL}Litulé ~ Observations et recherches sur la çya11ose, ou maladie bleue. ( Dépôt dans les A.rchivt!s. )
· 1\1: Nel, lil sou rapport sur l'ou\'r,1ge de M. Amilhon,
intitulé : J11émoire sur les qlfections nerveuses.
Ce rapport, ayanl dooué Jieu a une assez longue
discussion, il est fait lecture d11 mémoire, el M. 4mil·
~on e ~ t reça mcmb:·e correspondant.
13 NoPembre. - Cette séance est entièrement consacrée
à des objets de finances et d'administratien intérieure.
-io Noi-e11zbre. - M. Rossolin, médecin de la marine
~ M:lrse,i lle, expri,me dans un discours écrit, la reconnaissance dont il est pénétré pour la faveur qu 'il a
reçue, el trace les devoirs du métlecin de la marine
d'une manière qui promet un cligne successeur an modeste et savanl médecin qu'il a été appe,lé à remplacer.
Après uue courie discussion, la Société vole un abonnemenl à dive.rs jquroaux scient:fü1ues. La reste de la
t>éauce est employé a11x conférences cliniques.
SE U X, _Président. Su E, Secrét~ire-r..-énéral.
0
,,
�-l~c..~--u,i"
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Idem . . . . . . • • • •..•.•••...•.•••••••• 751 , 83, le 2 1 à 3 heures du soir.
Mciindre
75.
Hituteur moyenne du B,1romètre, pour tout le mois . . •• 76r
Plus grand degré de chaleur............. .. • .. • . 17 °, 5 1 le 6, à 3 heures.
Idem . .•••.....•.••..•••••..•.••••. (*) 3 , 1 , le 24 , au lever du ioleit
• Moi 11dre
~ Température moyenne du mois. . • • • . • • . • • • • • • . • • • • 10 , 8.
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Plu_s granil <legré de l'hygromètre:. • • • . . • . • • • • • • • . . 98 ,
Idem • • • • • . • . • . • . . . • • • • . • • 58, le 24 a 3 heures.
Moindre
Degre moyen ••.•• , •.••..•.•.•••.••••••• ·.•. , . , . • 85,
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(") A11-clessus de zéro.
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sereios. ..... . . , • . . . . 5
de gros vent. • • . • • • • • • 4
de tou oerre. • • • • • • • • . 1.
�( :b5 )
L 1 STE
Des Personnes ·et des Sociétés qui ont souscrit à ce
jonrnal ou auxquelles il a été adressé en 1824, indépendamment des deux ce1Zts qua1'ante-huit Personnes
et Sociétés portées sur les listes des souscripteurs, puur
les années 182.1, i822 et 18i3.
Acn.Al\D, Honoré• clâmrgicn, à Marseille.
Achanl, J., plzarmacit:n, à la Martinique.
Aodibert-Caille, docteur en médecine 1 à Brigpol\es.
Boarguet , docteur en médecine, au Pont St.-Espr~t.
Caùassus, étudiant en méclecine , à ~'larseille.
Cha tard, docteur en mùlecine , à Baltimore.
à -Paris.
idem
Chervia 1
irPa1is~
Cloquet, Jules, idem
Férnssac ( le baron de ) , clirecle11r dit bulletin universel
des sciences, etc. , 1t Pai:i'is~
Grimi1ucl , A. rédacteur du propagateur de'S Sciences médicales, à Paris.
I.Jefort, docteur en mé,lecine, à la Martinique.
I.Jepère, pharmacien, à Paris.
Lusartli , docteur en chirnrgie, à Machiel.
Milhot, rloctwr en médecine , il Loriol.
QuLJdri, Jean-Baptiste , docte1w en médecine et professeur
à Naples.
Société des Sciences, lettres et arts tTu dépa-rte·men-t da
Var ( les membres de la )
Société de métlecine de Philadelphie. (les membres de-l'a)
Vidal , chirurgien, à Maugnio.
FIN
DU TOME IIUITIÈME•
.,
�TABLE
DES AUTEURS ET
DES
MATIÈRES'
TOME
1.
0
CONTENUES
D.A-NS
u:·
IlUlTTÈM.E.
AUTEURS.
'pag. 272. Bertrand, 277 , Beullac ,. père 1 319·
Biaroonti, 133.Rooastre, III· Boullay, 117. Bussy, 159.
Cadet de Gas, icou rl, F., pag. II4· l t5 Chaussier, 3o3. -chereau, 112. Chevallier, 40. Clever, 301.
Delpech, pag. '22. Do blanc 1 40. Ducasse, 125. Dunés..1
217. Dupuytren, 303'.
Fenech, pag. 74: 188· Feneulle, 38. Feste, 220. Frizon 1
282.
Germain, p. nt: Gillet, 121. Gintrac, 286. Gueyraud, 185.
BEN'AC,
Henry,pag. 37. 309. 311. 312.
Jeromel, pag. 38. 39. 4.cx Julia Fontenelle, 309.
Lassaigne, pag. ll4. i6e. Laugier, 310. Lepèr.e-, 155>
Lasardi, 85. 14_5. 206. 258.
Magliari, pag. 188. Marin , 3u~ Màrtiu, i6g. Mitouart1 312.
Nimmo-de-Glascow, pag. 116.
Paoli, pag. 133. P ,1yen, 312. Percy, 3o3. Petroz, l 1q.
Pierquin, 8. 144. Planche, L.-A., 39.
Reynaud, pag .. 269. Rigorcl, 169. Rohinet, 114. Rochoux, 97··
Roux, P .-M., ). 22. 4.x. nS. i65. 214. 236. 241. 248,
265. 286.
füinte-Marie, pag. 144. Scarpa,,. 85. 145. 206. 25&
Serene, i8c. Seux, 317.
Tadtley , pag. n7. Textoris , 59•
Vauquelin, pag. 3u.
�2.
0
M A. T 1 É R E S.
des amandes du croton tyglium, pag. n6. -·"'
dn hois de uaghas,. 114. --- d'un calcul urinaire,. 3fü.
--- de la chirurgie clinique de MontpeHier, 22. _.__,
du compte rPndu des travaux de la Socièté médicale
de Metz , 236. de Toulouse ; 241. de Bordeaux,.
24S. --· de l'eau minérale de !'Epinay, 111. --- du fédégaso, 308. - de.s follicules de séqé, 38. -- du goy
de chêne, 312 --- des fruits du lilas, n4. --- du macis,
311. --- d'un précis élémentaire de police médicale,
144 --- de la racine de fougère mâle, 309. de 'PÏ'-'
voine, 3u. du grenadier, 3u. du verois du Japon ,
3:ri. --- d'un rapport sur un procédé pour l'extraction des calculs vési eaux sans employer d'instrumens
tranchans , 3o3. --~ du sœpium, 309. --- du litnguin.
de Madagascar, 37. --- d'une topographie de Malle,
74. -·d'un traité sur la cyanose, 286. --- des tnymelea,.
312.
Annonces de plusieurs récompenses pour les vaccina"'
nateurs, 167. -- de nouveaux journaux, 215. 266.
165. --- d'une séance de la Soc. de5 se. de Toulon,
215. --- de nombreux et excellens matériaux, pour
l'obs1rvateur , en i825 , 266.
Concours académiques, P· 4-l· r67 215 267. 3'16: --ponr la nomination de plu sieurs élèves à l'flôtel-Dieu
de Marseille, 4-1. d'Arles , 118.
Eloge historique de Cotugno , p. 188.
Etude des eaux, p. 45.
Formule de l'emplàtre de savon., 4.0. --- de l'onguent
de laurier, n1. --- des pilules de Plenk, 39. 4.0. -d'une préparation de magnésie, 4.0. --- de teinture
de digitale, t17.
Lettres sur la cataracte p. 85. 145. 206. 258. --.,, sur la
mixture brésilienne, 155.
Mémoire sur la sémPÏotique des empoisonnemens, P· S:
-·- sur la transpiration pulmonaire, 133.
Mol ( Un ) sur nos abonnés , 315. --- sur l'acide prus..siqne, 158. --- s01· les alcalis org<111iques, 1n --sur les
annales univ. de Milan; 266. -- sur les bandages Valérius , 266. --- sur le D,. C!tervin; 214.. ~ 66. 3r4. --sur un _çonseil cle discipline, 315.. -- snr des coulagioniste9, 166. -·-sur la crème de tartre, 313; -- sur
Â.NALYSE
�le D. Ducros, 315. --- sur les eupborbiacées, u4. --·sarl'lmih~ ·de croton tigliunl, 115 de tbérébentine dans
la fievre jaune-, 267.•--- sur la fièvre jaune , i65. -- sur le jury médical, 365. --- sur une maison de santé ,
i20. --"sur les mi>.latlies régnantes, 44. r20. r67. 215.
267. 315. --- sur des médecins, à Alexandrie, 26 S.
--- sut' un ontologiste ,43. --- snr un prospectus, i60 .
.--- stlr la Société royale de médecine de Marseille,
215. --- sur le solau.um nigrum comme anti-odontalgiqae, 267. ~--sui· le D. Valentin, 214.
:Moyens de reconnaître l'acétate de morphine, dans les
cas d'empoisonnement par celle substance , i6o.
Notice sur l'épidémie de Barcl:'lone, p. 97. -- sur Nostradanms, 3. --- sur L'agou, 309.
Notes da rédacteur-gé'néral, p. 280. 281. --- sur la
gomme adragant, III.
Nouvelle nomenclature pharmaceutique, p. n2.
,Observations sur L'acétate d'a1nmoniaque liquide, 39. --sur l'acide sulfureux: anhydre, 159.,,:-- sur une ascite
.congéniale , 169.- --- sur un avortement, 18t. --- sur
nn coup de sabre, 233. --- sur la clégénération des
pr<'priétés métlicales des plantes, 211. --- sur une
éruplion miliaire , 282. --- sur une fausse grossesse, 185. --- sur une fracture du calcanéum, 217.
de la rotule, 220. --- sur la fièvl'e jaune , 277. --sur une gastro-eutéi:-ite, i21. --- sur une hernie cle
plusieu1's viscères dlrn'3 la poitrine , 269. --- sur une
hydropisie de l'articulation tibio-fémorale gaucl1e, i74.
-·- snr une luxation tle la symphise sacrb-iliaque, 319;
--- sur une plaie pénétrante de la poitrine 229. --- - sur la préparation de l'acide henzoïque, 38. de
l'extrait d'opium sans narcotine , 40. de l'hydriodate
de p~tasse, 117. --- sur une rélentiou d'urine, 272. -Sllr une taille faite par le nulade lui-même, 301.
-Ohserv. météorologiques, p. 83. x31. 177. 227. 275. 323-.
Procédé nouveau pour }'.opération de la taille, 3o3~
Relevé de l'État-Civil, p. 44. 120. 167, 215. 2G7. 315.
Séànces ordinaires de la Soci.é~é royalfil de- méùecine de
Marseille, p. 82. x3o. 177. '..n5. 274. 3-i2.
Variétés, P· 41. 118. i65. 214. 265 286.
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P.-M. ROUX, Rédacteur-'1énéral..
Descends du haut' des cieuz: , auguste vérit'é "
Répands sur mes écrits ta force et ta clarté:.
VoLT.,
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Tome 9
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MARSEILLE,
llMPRIMERŒ MILITAIRE DE MADAME ye ROCHE, .
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DU
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DU
PAVILLON
N°
zo.
�,'
Le premier N. 0 de c-haque tome est .revêtUJ
de la signature de l' Éditeur.
�P lt E M l Ê R E
OBSERVATIONS . DE
P A. R T l E.
1\1,ÉDECINE-PRATIQUE.
.et ascite con géniales, compliquées CI'hé1;atite.,
de néphrite, de splénite, de pér:itonite, obseri>ècs· en
janvier 1824, sur imfœtus dont la mère fut atteinte
d'une gastro-entérite, pendant les quatre derniers mois
de la gestation.; par P.-.M. Roux, Rédacteur-principal.
ÀNASARQ.UE
MADAME*
* *, &gée de 33 ans ,, cl'un tempérament
~anguin , très-susceptible
et pourtant d'une humeur
douce, acconcba, il y a neuf ans, d'un garçon mort.
:Elle avait éprouvé pendant presque tout le temps. cl~
ofia grossesse, des douleurs abdominales plus 011 moins
-vives, attribuées à des chagrins continuels que lui cau11ait son mari.
Devenue veuve et s'étant :remariée , elle mit aa
m onde une fille , aujourd'hui âgée de sept ans, · 'JUÎ a
.t oujours joui d'une bonne santé. Enceinte pour la
troisième fois, elle ressentit hientôl, comme dans la
première gestation, des douleurs au bas-ventre. Aas3Î .,
.consnlta- t-elle de bonne heure son oncle, M. le doc:t_enr T ... , médecin distingué , qui lui conseilla un
l'é(:;ime doux, l'usage des bains tièdes , un exercice
modciré et la plus grande tranquillité de l'âme. Heu:reuse, si elle eut suivi ces conseils hygiéniques, mais
;auit ~ue !'.inappétence ou plutôt qu'une fatale prédi-
�,._
( 4)
Iection l'engigeax-:â prendre da café , à se' notirri'l''
d'alimens salés et épicés, soit qu'elle ne put maîtriser"
sa susceptibilité que d'ailleurs sa position augmentait ,.
les douleurs persistèrent et devinrent même plus· ai-·
guës. Une saignée du hras les fit cesser.
Cependant, toujours livrée à ses écarts de régime,
à l'insçu d'e l'estimable médecin d011t les infirmit.és étaient'
un obstacle à ce qu'il fit exactement ses visites, Madame" " ", ne tarda pas à être tourmentée tle nouveall'
par des dbuleurs violentes qui· nécessitèrent une large'
saï.guée du bras. Je la pratiquai moi-même, va que la
malade, qui demeure f dans la maison ou j'ai établi
mon cabinet de consultations gratuites , m'en témoigna
le désir. Je la "\llS alors pour la première fois : elle était
an 5.• mois de ~a grossesse et prééntait les signes sui"Vans: langue sèche , rouge vers ses bords et surtout à sa
pointe, soif inextinguible; nausées, ''omissement des
alimens solides ou liquides immédi atement après leur
introduction dans l'estomac ; douleur déchirante à la
région épigastrique , qui se propageai~ dans tonte fa
eapacité abdominale, constipation opiniâtre;: pouls plein,.
dur, arcéléré; chaleur mordica-n le à la peau ;. tonie.
d'irritation.
La malade se trouva mieux ilepuis la seconde saignée-.
:mais elle conserv:iit un mal-aise continuel, et des don ..
leurs-sourdes la tourmentaient de temps à- autre. Aussi,..
se soumit~ elle V{)lootiers à. l'usage llu· petit-- lait, de
la tisane de veau , de qoelqµes loochs blancs. Loin de,
faire des pro{!;rès, la gastro-entérite ne se manifesta plos·
que par cle légers symptômes et tout annonç,ait à Mar;
tlame • " " une hear.ense délivrance.,
Mais vevs le g.m• mois de la gestation, (1ij. j1mvier 1824).
elle s'emporte contre une personne,. et qµelques minutes après, elle sent son fruit s'agiter dans tous les sens,.
cu.mme s'il était atLeint de violentes. convulsioos,, et eUS:
�(; )
éprouve elle-même des monvemens spasmoctiqnes genéra1.ti
:auxquels on oppo6~ one alJOndante hoisson de décoctio~
de tilleul. Cet état dura aL1 moins deux heures.
Cédant ensuite aux sollicitations de quelques honnelfemmcs, la malade fait on léger repas et se coucha
tnut de suite comme pour favoriser la di.gestion. Elle
était clelluis un quart-d'heure dans son lit, lorsqu'elfe·
commença de vomi!! les alimens qu'elle avait pris. Ùes
commères, pins rassurantes, en pareil cas, que les médecins physiologistes, ne voyant dans ce vomissement
qu'une faiblesse d'estomac, font prendre plusieurs foi•
il la malade du café et de la décoction de tilleu1,.
et le tout est rendu comme les alimens;. hien plus 1
la face devient rouge 1 la pean l>ri'ilante , la langue
sèche, le pouls s'agite, les douleurs abdominales se
font tout-· à- coup sentir avec une violence extrême,.
la respiration est courte , difficile, la malade ne peut
re5Ler couchée, passe , en un mot, la nuit dans les
tourmens les plus affreux, et le café et le tilleul foi sont
prodigués, chaque fois qu'elle jette les hauts cris. Pauvre
lmmanilé ! jusques à quand seras-tn victime de lamédicomanie?
Le jour suivant, quoique très-souffrante, M. ;; ,; "
persiste à croire cle n'avoir qu'une faiblesse d'estomae 1
et, à mon arrivée, au bureau des consultations, elfe ne
me fait "ppeler que ponr connaître enfin le fortifiant dont
elle doit faire usage. Je la treavai dans l'état q.ae :i.e vién!J
de décrire et qa'eUe m'a~sura avoir été contiou€llemeo.t.
le même pendant la nuit. Une large saignée ù"" bras est!
pratiqnée sur le champ, et des fomentMions étnollientes;
sui' l'abùomen, des lavemen,~ de lait suivent de p1·éseette opération ; je ne recommande pour boisson- q.ne le
petit-lait. Ilorage se diss~pe ;. le vomissement est ho'm:Jé.,,
les douleurs s'évaDouissen.t ,. etc. La. 11ail! fut encorill
a-"itée , mais hi~n moins- que la précédent.e ..
:f,.
T~ IX. Janl'J:ier 18<J.51
�( 6 )
Le 16 an matin , saignée du bras de douse onces i,
fomentations émollientes et lavemens de lait; petit-lait
pour hoisson. Le calme renah.
Quatre jours s'écoulent , et la malade n'a plus que de
légères douleurs fogaces, à diverses parties de l'abdomen, mais qui ne troublent point son repos. Seulement,
s'affiige-t-elle de ne plus sentir les moavemens de l'enfant. Elle désire des a]imens. (Crème de riz )•
Le lendemain, même état.
Le 22, à trois heures du matin , les douleurs tle
l'enfantement se déclarent. Une sage-femme est appelée
et la / délivrance a lien vers neuf heures , non sans
beaucoup de . peines et de souffrances. L'enfant était
mort et paraissait 1'ètre depuis quelque temps. C'était
une fille , toute infiltrée, dont le ventre était énorme.
A notre arrivée, nous trouvâmes l'accouchée (1)très-faihle,ayant une perte abondante, el pourtant nous insi stâmes sur les aoti-phlogistiques. Nous exami1aâmes ensuite
l'enfant: l'habitude extérieure était rougeitre, infiltrée ,
l'épiderme manquait à plusieurs endroits, comme ·à la
suite de l'application d'un vésicatoire. Nous proce<lâmes
d'abord à l'ouverture du bas'-ventre. Il contenait plus
de deux pots d'une eau rouge un veu sanguinolente. Le
foie avait deux fois son volume ordinaire et était adhérent
rar toute sa surface convexe au diaphragme , au point
qu'on ne distinguait pas le ligament suspenseur. La
rate et les reins étaient également plus volumineux que
dans l'état naturel. Tous ces viscères présentnient des
traces de phlogose çà et là, mais le péritoine était surtout très-ronge sur presque tous les points de son é tendue.
La vessie, l'utérus, les intestins ayaut été incisés ne nous
parurent point avoir participé à cet état inflammatoire.
Le thorax fot examiné: il ne nous offrit rien de
particulier. Nous n'ouvrîmes point la tète, vu que
(l) Elle est aujoul'd'hui, J er fév1·i.er, dani un état très-satifaispaf.
�notre nécroscopie fut faite avec précipitation et qne
nous ne crûmes pas y rencontrer d'avantage que dans
la poitrine, bien que les convulsions auxquelles le fœtns
paraît avoir succombé, invitassent à examiner l'encéphale·
Rijlexions. Cette hydrophlegmasie congé!liale est
évidemment an effet de la phlegmasie gastro-intestinale
dont la mère fut attéiote, et du mouvement de l'âme
qui cau<a le principal désordre. A-t-on jamais cité un
cas analogue-? Et d'après ce fait, qui pourrait méconnaître l'inlluence cle l'état du physique et tlu moral de la
mère sur l'enfant? Il est vrai que de bons physiologistes
ne croyent pas, par exemple, que l'imagination des mères
influe sur le corps des fœtos; il est vrai que le célèbre
lllorgagni, qu'il faut consulter toutes les fois qu'il s'agit
d'anatomie pathologique, ne s'est expr imé qu'avec rese1·ve à cet égard , quoiqu'il paraisse ne point douter
de cette influence. l\his si nous convenons que , bien
que le fœlus dans la matrice soit comme dans un
li<·n Î5olé, il puisse néanmoins participer à l'état physicop athologique de la mère , pourquoi l'état moral de
celie-ci n'aurait-il aucune influence sur l'âme du fœtus 'l
Concluons du moins de notre observation que la
transmission de telle ou telle affection de la mère à
son fruit est incontestable ; qu'en soignant la mère
en pareil cas on concourt et à son salut et à celui de son
enfant; ce qui conduit comme naturellement à soutenir
cette autre proposition qu'une sévère prophylactique
ne saurait être trop recomman,dée aux femmes enéeintes.
nerveuses diverses , rétention d'urine et
sortie de plusieurs corps par le canal de l'urètre;
observation communiquée par JJJ. H. GASSIER ,
docteur en médecine , à Marseille.
ÂFFECTIONs
M..1.GDELAINE Anselme de la commune de Gordes;
département de Vaucluse , née de parens saîos-, en-t
�( 8 )
tane dévlatîon congéniale de la colonne verté1Jrate,
effet <hi rachitis qu'elle conserva dans son enfance,
~t resta boiteuse. Elle fut réglée à. 16 ans ; à. 22 ,
G.es règles se supprimèrent subitement à la suite <l'ua
.effroi. : dès-lo1·s, elle fumit tantôt des m ntières sabur,r,ales , tantôt les alimens qu'elle prenait; et tous
les .mois, à l'.é poque oh ses mep.strnes devaient paraître, .elle vomissait le sang, si, peu de jours auparaWJ1.nt ~ elle n'avait pas eu la précaution de se faire
-.aigner du bras ou clu pied. Des attaques cle nerfs
l.a tourmentèrent souvent, affectant différentes forJDe& :elle éprouv.a successivement et à diverses repri~es,
le tétanos, l'épistbotonos, l'emprosthotonos, la catalepsie .
.J>e.m \ant :ringt ans que dura cet état, ne laissant que
.Ç.e .courts interv.a1les de repos, tout fut mis en usage
pour rappeler les règles à leur type normal, pensant
"iue c'était à leur suppression qoe ces accidens étaient
.dus. Ce fut ·après ce long espace de ~emps que j'eus
l'occasion da donner me& soins à la malade , soins
'iue j'ai continué depuis messidor an 6 jusqu'en ni,ôse
,a-q. 11. A. mon tour , je tls des tentatives pour rappelei'
l.es règles , mais je ne fos p<1s plus heureux que mes
prédécesseurs , el hientôt je me bornai à pr.a tiquer des
~aignées chaque mois, afin d'éviter l'hématurie dont j'avais
~té plusienrs fois témoin pour avoir négligé ce moyen·
Après un an ùe trai temeBt , les cboses changèrent
'L,ien de face; une rétention d'urine surviaL .; le caLhé,.
,_érisme fut jugé inùisper;isahle et pressant, d'un avis
,t,i_na11ime ..:i.vec mon frère a~né ~ à cause d'nne énorme
,4istensio11 ,de l"- vessie .; la malade s'y soumit et it
tor.tit -ua po~ e.t demi. d'urine. Vers la fin de l'é..,.
.C<71>lel]lent de .ee liquille, ayatit senti un cectain poids
~nr la b1,mde, je l'attribuai li. une pression des intest..ins
fu' ~Jl.e ~ ,et je l\l laiss.ai à d.emenre pendant la nuit~
~ t_ep<JllwaW. , ~ ~o1J,~~ i~ait ~ µiohié, _1io.r.ti.e à,11 c\ii:,i.al,
�( 9 )
je vonlus la retirer enLièrement 1 mais j'éprouTaÎ
tau t Je résistance, que je fus un moment déconcerté.
Cepeudan t après plusieurs trac Lions un peu fortes,
j e parvius à la retirer et je trouvai à travers ses
yeux uue esquille d'os de la lougueur de 4 à 5
li gues et d'une bonne ligue d'épaisseur; la sortie de
cet instrument causa beaucoup de douleur, des convulsious, ninsi qu'une légère hémorr-.gie; la malade fut
mise claus on bain peu cle jours après; toutefois, la
réten tion d'ùrine ne discontinua point peudant quatre
mois et :m uvent j'eus recours au cathéterisme deux
ou trois fois par jour. Deux fois ayaut encore laissé
la sonde à demeure, le soir , pour éviter de me
Je,•er la nuit , je trnnvai le leudemain les yeux
de cet ,i nstrument traversés par cles morceaux d'os
comme la première fois et il y eut aussi convulsions
et hémorragie. Lorsque les occupations de la cam;pagne m'empêchaient <le sonder la malade, elle reud aiL ses urines par les vomissemens ; ce fait est
incontestable , quelque incompréhensible qu'il soit,
puisqt1e indépendamment de ce que la vessie restait
vîtle après le vomissement , le liquide rendu' par
,c ette voie, avait le goût de l'urine et l'odeur ammoniacale q1Ü la caractérise. Cependant, les convulsions
devenaient .de jour en jour plus fréquentes et chaque
.accès était suivi de l'expul>iou par le canal de l'urètre d'un fragment osseux, ou d'une pierre , ou de
.morceaux d'ivoire , de deux vers lomhricanx vivans et
.d e poi·tions cle silex. Cinq morceaux de cette dernière
,substance furent rendus par la houcbe et suivis de
.convulsions et d'hémorragie , mais ces convulsions
~vaient évidemment leur siége aux muscles d11 cou ;
la tê l~ était portée de droite tl · gauche et PÎce Yersa
.a.vec une telle force, que l'on entendait à une certaine
.distance le bruit que le frottement des ,·ertèbres c.ervr,icales fesa,î.ent en~r'elles.
�(
I0 )
Témoin de tant de choses extraordinaires , ayant
moi-mt:me e:ii:trait quantité de corps étrangers · qui se
présentaient au méat urinaire, j'en fis part à plusieurs
médecins, mes amis. Agricol Gaussen , médecin fort
instruit, à qui j'en écrivis, crut d'abord que je
m'en laissais imposer , mais il fut bientôt di>soadé en donnant ses soins à cette malade , qui fut passer
qoelques jours chez une amie, à une campagne prèS"
de Cavaillon oil M. Gaussen exerçait la médecine.
Les corps étrangers étaient de toutes grosseurs, depuis le poids de 4 ou 5 grains jusques à celui de 6
gros; à plusieurs fragmens d'os tenaient encore des
portions de chair vive : un morceau cylindrique de la
forme et de la grosseur d'une double plume à écrire
fendue par le milieu , contenait dans sa cavité une
lentille , et la malade avoua avôir mangé de ce légume depuis pen de jours.
La collection de ces corps était si grande, que mon ·
frère Agr·icol, aujourd'hui chirurgien-m11jor de l'hôpital militaire d'Aj:iccio, dans un voyage qu'il fü à
Paris, en l'an 10, en présenta plus d'une livre a11
conseil de santé qui considéra le fait comme trèsest~aordi naire.
Après quatre mois de tourmens , tons les symptômes
11'amendèrent, les urines reprirent leur cours , il ne
reparut plus de corps étrangers , les convulsions forent
moins violentes , et ne se montrèrent qu'à des époques
fort éloignées, le vomissement cessa ( je pense que
ce fat l'époque oh les règles auraient discontinué de
paraître si elles avaient coulé par les voies ordinaires )
et la malade ne conserva qu'un peu plus de difficulté
pour marcher, obligée dans la progression cle décrire
un quart de cercle de droite à gauche et vice versâ.
Jamais elle ne présenta des signes de suppuration.
Cette personne vit encore aujourd'hui 1 janvier 1825;
elle est âgée d'environ 66 ans. Elle éLait fort pieuse
�(
Il )
la regardaient comme
une sainte, vu les extases prolongées qu'elle éprouvait
et pendant lesquelles elle prétendait avoir eu des e~
tretiens avec la Sainte-Vierge.
On conçoit que celle pauvre malade a dô. être bien
tourmentée et par la marche de son affection et par
les traitemens auxquels elle fut soumise pendant longte1nps. Le célèbre M. Pamard , qoi eot connaissance
de ce fait, témoigna le désir de savoir les recherches
que je pourrais faire ultérieurement à cet égard. La
nécrapsie fera un joor connaître les parties qui ont
été expulsées do corps de celle infortunée de la manière qoe nous l'avons observé.
et les bonnes gens de Gordes
pendant neuf mois; lésion du rectum :;
observation communiquée par M. le D. Louis V ALENTIK
de Nancy, chevalier des ordres royaux de St.-Miclzel et de la légion -d!!wnneu.r, membre de plusieun1
Sociétés savantes, françaises et étrangères, etc.
CoNSTIPATION
Lons de mon passage (1)à Genèye, MM. Coindet, père
et fils, m'invitèrent à assister à une ouverture de cadavre, dans un village nommé Plein-Palais, à un quart
·de lieue de la ville : le cas était assez singulier ,
c'était une femme, ~gée de 63 ans, morte d'une constipation qui avait duré pendant neuf mois. Pendant
les trois premiers mois, cette femme avait encore quelques évacuations peu abondantes, provoquées de temps
en temps par des pn!ègatifs; mais dans tout le reste
de sa vie elle n'en a obtenu nucnne. Des douches ascenclantes, dont l'impulsion était Je 15 et jusqu'à 20 pieds
de hantellr, ne produisirent aucun effet. A l'ouverture
d11 cadaVl'e, faite par le docteur Coindet, fils, en présence d-On médecin et d'un chirurgien de la cam(1) Extrait d'une leure dans laquelle M. le docteur L. Valentin
Mus l'arlait de wn Second l'oyage en llalie.
�( 12 )
p:i.gne qui avaient soigné la malade, du cloctenF iam-et
Claré, anglais , d'un médecin écossais, le doctPur'
Sl:irwing, et de moi. Nous trouvâmes 1. l'ahdomen
très-distendu ; 2. tout le colon dans une direction
perpendiculaire , boursouflé, dur, ayant deux fois
son volume ordinaire et de couleor rosée dans toute
son étendue ; 3.° le cœcum également très-large, était
entraîné et n'occupait plus la fosse iliaqne droite ,
mais son appEmdice vermiforme avait conservé les dimensions naturelles; q." ayant porté les doigts autour
du rectum, nous sentîmes un bou.rrelet en forme d'anneau, qui semblait étrangler cet int"'stin 1t environ
cinq pouces de l'anus. On fit, à deux ou trois ponces
au-dessus une ligature et l'on fendit le colnn; il en
sortit une graucle quantité d'e:x.crémens demi-liquides-,
pultacés, couleur d'épinards; 5.'' l'inR pection attentive
ciu rectum, que l'on enleva fit découvriT que le
bourrelet annulaire avait été, seul, la cause de l'obstacle au pas~age des matières; il pouvait à peine admettre le bout cl'nne sonde cannelée : on le fendit,
on trouva la moitié de sa circonférence clore et <le l'ép:iisseor de près d'une ligne. L'épaississement était formé
0
dans les tuniques propres de l'inte!'lin. 6. Il y avait
au-dessous de ce bourrelet, des fongosités variqueuses;
rougeâtres' flottantes, longues d·une à deux lignes.
Nous jugeâmes que ces espèces de p1·ocess11s formaient
valvule sur l'ét1·oit canal, et empêch;tient qu'aucune
portion des fluides poussés· par les làvemens ou par
les douches, entrât clans le gros intestin·.
L'estomac un peu entraîné· vers le bas , était nean._.
coup plus petit, que dans l'état naturel. Pendant les·
cinq ou six derniers mois de sa vie, la malade n'avait
vécu que d'alimens liquides. Elle n'a pu rapporter il'
aucune cause connue l'origiue de la lésion q~i ai
0
0
t;erminé ses j,ours.
�t
13 )
SE C0 ND E
P A R T I E.
MÉ:\lOHlES, D.ISSERTATlONS, N011 lCES NÉCROLOGIQUES,
ETC.
r. 0
M ;É M O• l R )!. S.
des pasrions. - Coup-d'œil sur la grammatoscopie ; par l'rl. P1ERQUIN, doeteur en médeci11e.,
iuembre de plusieurs Sociétés savant.e,s, etc.
Vuc!'OS7'IC
Le cœur a ses travers, !:esprit a ses débauches.
C. P., Epitre.
LA plus beMe étude de l'homme, on l'a répété mil~
lois, esr i'lwmme coosidb·é co-mme être pensant. Aus:;i
les philoso.phes de tous les siècles ont-ils dirigé leurs
-recl1erches, leurs travaux, leur investigation vers cet
ohjet important et d'une aussi digne ohservation. Toutes
.fos sciences ont été mises 11 contribution et rien n'est
plus obscur encore que fa sciP.uce tle l'homme moral.
Dans l'antiquité, Aristote', Platon , Socrate , Théophraste , et parmi les modernes, Porta, Lachambre, Lavater , Camper, Gall~, Spurzheim etc., se sont alternalÏ·
'fement occupés de l'étude et de la recherche des signes
physiques des passions, l'ime, libre de sa nature , et
-daus son essence, a toujours échappé aax sollici ca tions
les plus sévères : mille difficultés instantanées, inatten<luea entravaient leurs expériences et gênaient leur
-étude; de ces mêmes difficultés est née une foule de
T. IX. Janvier 1825.
3
�( 14 )
eontradictiom, iojuslement attribuées à.. l'étendue e!
à la difficulté du sujet , tandis qu'il aurait été
bien plus raisonnable d'en accuser le vice , l'imperfection des instrumens employés. En effet, mille
accidens peuvent rendre méconnaissables ou contrarier,
par exemple, les merveilleuses découveJ'tes du docteur
Gall et par conséquent induire fâchelisemem en erreur
l'ohservateur instruit. Le système physiognomonique de
Platon, de Socrate , d'Aristote , de Lavater offre mille
fois plus d'inconvéniens encore, parce que les fondemens
sur lesquels on base tout j ugement, tout diagnostic des
passions sont tous accessibles à la volonté et à la
nolonté, puisque l'individu peut a!Lernativemenl simuler
et dissimuler, selon son intérêt , le ton , la ''érité 1 l'expression, le coloris des diverses passions qui l'animent
ou qui ne l'animent pas , en faisant mouvoir ou reposer
tel ou tel muscle facial= quelle est la puissance ter. restre capuble d'empêcher une coquette de détendre
-se~ muscles hyperorhitotarsiens ( releveurs des paupières)
pour simuler la modestie et dissimuler ainsi un trouhle
que ses yeux ne représenteraient même pas 7 Mlle.
]lfars, ·Talma , Joan11y, Perlet, etc., ne nous ont-ils
donc pas appris jusqu'à quel point de perfection pou-vait parvenir l'art mimique , lorsque son étude est
long-temps soutenue , et que l'indnlgente nature a
fait quel1pes avances) Ainsi donc, il suffit aux partis:ins t1i (:C;l système , d'avoir appris à -varier avec
plas ou moins d'hahûeté la pose <le tel on tel muscle
de la face, pour leur donner une idée vraie, juste,
irrécusa'Qle, induhitabie du caractère des mœars de
l'esprit, de h forLune même des individus et un médecin fécond en 1)aradoxes et en idées ridicules, le
docteur B . . . ponssP. cette connaissance si Loin , qu'il
désigne mêm ~ 1a ûclélité et l'inconduite des épouses
d'après la physionomie des iuaris. Voilà cependant ea.
�( 15 )
quoi consistent l'art , le mérite que nous admiro~
dans les artistes célèbres que nou.s admirions tout-à...
l'heure et que nous remarquons chaque jour à nn
degré plas ou moins fort de perfection chez cenx
qui ne montent point sur les tret.:iux pour faire valoir
leur talent mimique. On ne saurait le nier; pour obtenir quelques résultats heureux dans l'exercice de l'art
des Aristote et des Platon il faut surprendre l'homme
naturel, le saisir an moment si fugitif oh fatigué du
voile pesant de l'hypocri8ie , la violence de ses passions
est mise en jeu et laisse ainsi momentanément un coin
de son âme en dehors. Mais ce moyen est-il donc
suffisant dans tous les cas? N'y a - t - il pas des
gens tellement habitués à feindre, qu'il n'y a de lisible
sur leur physionomie , comme dans les paroles et le
style des individus , que le calme et la donceur tandis
que leur intérieur est en proie aux plus viole'ntes
agitations? Les passions les plus fortes ne font pas
m~me dérider le calme foi nt de leur face: Eh! le crime n'a.
t-il i.lonc jamais l'attitude de la vertu on de l'innocence,
et n'arrive-t-il donc pas aussi que celles-ci se trouvent
placées dans des conditions morales et physiques qui
ne llli appartiennent pas du tout? J'ai été pl11s d'une
fois la dope d'une trop grande confiance dans ce S}9tème ; car, après avoir depuis long-temps éttidié ceue
seméiotiqne morale, je me suis efforcé de l'c1ppliquer
au dingnostic des passions, et après avoir passé ea revue
toutes les personnes d'a~ cercle nombreux , i'ai toujours été dans l'erreur: cela provenait-il de mon igno1·ance ? j'aime mieux le croire , mais cependant pvul"
me disculper en partie d'une accusation qui trouverait
certainement plus d'un approbateur , je veux pour ma
jnstiJication, citer deux faits à l'appui, de mes insuccèsJ'ai en l'occasion de ' 'oir dans le monde un hom::ue
plein. de mérite et parlaut comme Mercure lllelliloque:
�( 16)
c""éta'it al'enlendre le meilleur homme da monde' 'le
plus affable, le plus indulgent , le moins égoïste , le
t>lus libéral et le, moins hypocratique , sa figure pei.gnait très-bien ses qualités de l'âme, son style a
même la bonhomie <in'el!e accompagne : j'ai longtemps été sa dupe et j'interpr-étais sa conduite toujours
fill sa faveur et à son détriment ; je me trouvai bientôt
En. contact a·,ec quelques autres de ses 'l'ictimes et
j'examinai son écriture, elle me frappa : ce sont des
lettces informes et comme exquivant l'attention, ce sont
des traits durs , peu hardis, ch.ancellans , sans harmonie, tracés avec mollesse, enfin me représentant
parfaitement l'homme hypocrite que j'a,•ais étudié et
1lont on 'Venait de me dévoiler le caractère. Voici
l'autre : j'ai eu la plus granJe peine d'aborder nn
antre homme de mérite , clans rintention de l'étudier ;
!a physionomie n'::ivait pas cette douceur des traits,
;cette tran~p1illité que la natu'r e donne à cea:J: qui étudient beaucoup et à laquelle on reconnaît les hommes
,àe lettres : son abord âpre et rude me glaçait, ~à
physionomie était empreinte à .perpétuité d'une sé~-é
rité imperturbable et que le sourire n'adoucissait
ntême jamais; sa conversation était rare, monosilla.l>ictue peu polie , froitle laconique , enfin la pose rade,
raboteuse, difficile, pénible même de tons les muscles
de la face me faisait souffrir et tout annonçait -::iue cet
·homme devait être aussi ours au moral qu'au physique~
puisque ce dernier, dans le langage ridiculement byper-holique des physiognomonistes n'est que la sailfie de l'autre. Mais que l'on joigne maintenant à cette physionomie
peu engageante, à cet ahortl si repoussant, une constitution grèle, faible , très-irritable , enti.n ce que les anciens appelaient bilioso-nerveux: et vous devinerez l'homme
qui voile ce qu'il a tle pins beau , de meilleur, de
plus recomnunùable , l'a\'are enlia , qui cache un
�( 17 )
.trésor de peur qu'on le vole , l'homme sensible qui
ne peot plus ~tre ·la dupe <l'un cœur trop facile ~
éUJoovoir. P •.r la suite j'eus l'occasion de voir ·'"So'll
écriture , c'ét<1it un simple compte avec son relieur,
j'y vis quelques traits cle celle <le Fénélon et de Lafontai11e , caractères graphiques tranchans et fort remarqualJles, je revins entièl't:ment de mon premier
jugement et elle servit à me prouver, ce qne j'avai~
déj1 soupçonné, que la dureté €1' tériehre n'ap.par1ien.t
point à l'âme et que c'est puremeot on travers _d,~
l'esprit el je me dis : l'âpre écorce qui l'envf'loppe ne
'\'aut rien , mais l'intérieur est ex • ellent; si l'on sir
fie à b rigidité extérieure, cet homme est on méchanti
qu'c.n étudie son écriture , c'est le meilleur que }e
connaisse. Ce dernier jugement me fit d'autant plus
de plaisir , qu'il se trou "a en parfaite harmonie avec
la connaissance intime que certaines personnes instruites
nv~ient acquise de son cœnr ; je me promis encore,
pour la centième fois, de ne plo.s juger ,cles gens
par le vi sage et ce nouveau succès dli'ns une science
<le fo.1its, d'ohsenations, et si pen commune, n1e fit revenir
à l'étude approfondie de la grammatoscopie , 'que jusqu'alors, je n'dvais qu'effleurée et qui cependant,. ne
m'avait poiot encore trompé. Voilà que sl!-ns y penser,
je viens cle faire confidence au lecteur de ce qu.e le~
auteurs anciens nommuient occasio oper:is.
· , '.
Il existe une science propre à dévoiler les passion9.
et qui consiste dam les formes diverses des caractères
graphiques des paroles et des idées ; en nier l'authenticité, c'.est refuser implicitement d'admettre l'influence
réciproque <lu moral et dn physique et qui plus est,
jl 111e semble même qu'il ne fau<lrait 'ne savoir ni
lire J'.IÎ écrire pour sontenir que l'écriture de rottnire
n'offre aucune différence de ccUe tle DJrat, auquer
T· LX.. Janvier 1825.
4
�'·
( 18 )
.
'
'1n reste ou ne rend pas toute la instice qu'il mérite~
oque celle de l'atrahilieux Boileau, que l'on place au
contraire heanconp trop haut parmi nos poètes , ne
diffère vas du tout de celle du bon Lafontaine, oa
àe celles de Molière, de Fénélon, de Gilbert, etc., etc.
Mais, qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est point aa
détriment des systèmes ingénieux de quelques hommes
justement célèbres, que nous voudrions faire valoil:'
le nôtre : c'est un moyen honteux que de s'élever sn~
les ruines des autres , nous n'avons eu que l'intention
de faire entrevoir combien il serait dangereux de
juger tous les hommes et dans toutes les occurrences
sur la simple iu~pecti1m de leur habitude physique :
le crime qui seul est, et a besoin d'être hypocrite, y
gagnerait trop, et l'homme honnête qui n'a rien à .
cacher, y perdrait souvent. Les reproches énoncés plus
haut, peuv1mt également s'appliquer à ces recherches,
vraies dans lleaucoup de cas , qui plaçent la connais..
sance du système intellectuel de l'l~onime dans des
accessoireii, tels que la coiffure, les vête1nens, leurs
couleurs, leurs formes, leurs poses etc. Mais sans nous
arrêter a démontrer' à prouver les vices, les cléfectuo"~
sités , les incohérences des règles données à ce sojet ,
examinons, au contraire , jusqu'à quel point on peut
accorder une confiance moins limitée au% formes de
l'écriture cursive, comme symptômes de ces diverseS'
affections comprises sous le nom générique de mé'tapbyséoses, telles qae les passions et Tes aliénations'
mentales qui ne sont que celles-ci portées à un plus
haut degré : partie importante de leur séméïotique·
et de lenr diagnostique , qui constitue , à lproprement
parler, l'art qae nous nommons grammatoscopie. ( 1)
(1)
De f'e"-f"f""·T"-,
ettres , caractères
écriture, et d<:>
~"o?l'1c.1, je considère, je regarde, j'apprécie, je devine;~
�( 19 )
/
On ver1·a , je l'espère du moins , jusqu'à quel point .
celle recherche l'eut contrihuer à les reconnaître, à
constater irrécusablement leur existence et l'on conviendra même que le degré de certitude sera plus
~raucl , et ql1'avec son aide , sans toutefois rejetter ,
s'il était nécessaire , les conMissances critiquées plus
haut, on pourra parvenir à déterminer positivement
non -seulerii.ent les caractères ou œieux les diverses
passions continues on momentanées auxquelles !'écrivain présent est en proie, mais même celles de celai qui
serait à des dU.tances très-éloignées : et certes , consic1érée sous ce point de vue, l'invention ùes signes grapl\iques de nos idées est ce1·tainement la plus belle
offrande faite à l'humanité « mais on peut dire qu'on
n't>n a point encore sen.Li tout le mérite» (1). On s'est
horné à admirer l'invention des caractères et l'art·
ù'écrire en lui-même, et l'oa n'a rien vu en dessous ;
aussi Platon , qui étudiait la nature un peu plus que
ne le font les modernes, a-t-il dit de l'inventeur des sigq.es
graphiques sive Deus aliquis fcterit, sive homo divinus.
Et si je voulais mettre ici plus d'esprit que de rai'onnement , je prendrais le peuple même à témoin
en faveur de la grapbomaocie. (2) Ses expressions triviales et journalières déposent constamment en sa faveur : n'exprime - t - il point l'impression désngréahle
qu'il reçoit cle la vue de telle ou telle écriture mauvaise, en la. comparant à celle des personnes qu'il a
en aversion oa dont il a jugé l'ignorance ou le caractère : c'est, dit-il, une écriture tle procureur , de
médecin, de cuisinière, de procè&-verhal , etc. Et n'est~
(1)~ Voyez l'alphabet raisonné
1,
par l'abbé Moullard, tome
préface.
(2) De rp"~<ll' j'écris et de M"VTEI"'
divination-.
�( 20 )
ee poînt par une . métaphore des plus heureuses qu'il
tépèle sans cesse: j'~ lis le caractère de cet homme
sur sa figure. Eh hien ! ces traits eux' mêmes , qui
œnsriturnl la science physiognomonique, qui, lorsque le
crime ou l'art ne les a point torturés, dénotent si
heureusement les pahsions pour certaines personnes
privilégiées, sont l'é riture de Dieu : oit cet homme
est un coqiiin , disait un honime d'esprit , ou Die1t
ne sait pas écrire. On a ']leau dire, chaque ouvrage
porte le caracJere de son ouvrier ; celui-ci fut-il
homme , Dit!u ou démon ; plus l'ouvrage est le produit
immédiat de l'organisation, plus il l'atteste par. des
preuves évidentes et palpables, j'en pourrais citer mille
exempt s. (1) Sans doute, c'est avec bien plus de raison
que R-!ffon, lorsqu'on voulait lai faire connaître quelqu'un , disait: montrez-moi ses papiers, et que M. de
Barante qui rapporte cette anecdote, a dit, dans son
excellente histoire des ducs de Bourgogne, que les
mœurs el la r.oulear du temps se montrent en action
dans les papiers des XIV et XV.• siècles.
Da os l'étude de toutes les sciences, en général•
on doit procéder do simple au composé, de l'étude
de l'individu à celle des masses : ici , comme en économie politique, c'est une marche inverse qn'il faut
suivre; il faut -étudier les massrs, qui sont tout pour la
nature et passer ensuite aux individus : et avant de
prouver qae toutes les écritures cursives diffèrent ;
comme les caractères et les passions d'individu, à inôi.vicla, prou vous d'abord qu'elles ne sont pas même semblables de na-\ion à nation et de siècle à siècle chez les
n1êmes nations. Ici, se présente one difficulté .insurmon-
(1) Lavater, l'art cle connaître les hommes 'p'ar la phJ-,
4Wnowie, in 8. 0 tome HI , page 63,
�( 21 )
table, et qui se reproduira da us tout ce travail, parce qde
pour le moment, nous ne pouvons pas mettre sous les
yeux du lecteur les d1\·erses preLnes qni servent de fondement à nos assertions; nous ne pouvons parler qu'aux
personnes qui out une correspondance très-étendue, puisque, pour les autres, il faudr.iil publier les fac-simile de
nomhreases éc1 itnres, ou du moins d'une bonne partie
de celles que contiennent notre leurier: nous essayerons
de remplacer cette lacune énorme, autant qu'il sera en
notre pouvoir, p~r des descriptions dont la fidélité sera
poussé~ jusqa"à la minutie, et nous réserverons celle preuve
dispendieuse de notre art, pour la publicdlion d'un plus
grand ouvrage. Po:;ons dont: quelques fai ls, et l'on s'assurera de leur fidélité chez des personnes que leur état
mettait à même de correspondre avec des personnès de
diverses nations.
Ne rPmarqae-t-on pas chaque jour l'existence irrécusa])lc d'une physionomie nationale 7 Eh hien ! je puis
assurer que les traits phy:.iqaes du caractère, des mœurs
et des passions de ch4cun de ces peuples se retrouvent
dans leurs écritures, hie a plus que clans leu-r physionomie:
oui, je puis l'uffirmer, il existe une écriture nationale
parfaitemeot distincte , et son dernier cleg1 é de perfection n'est que le samrnum ·de l'hypocrisie, el 11oi ne suffit même pas pour la Yoiler enlièremenl. A,·aot que la
France eat épousé les mœurs anglai:.es, avant que l'anglomanie ne pénétrât partout, l'écriture anglaise y étai.t
déjà, et infectait la première éducation, à ce l'oint'lnême
qu'elle est devenue générale , comme les idées dont elle
est le cachet. Ici , sa marche est franche parce qu'elle éSt
hardie, audacieuse, libre; et un Anglais transplanté en
France, par exemple, dès sa première jeunesse, conserve
sôn êcr~rure anglaise, pa:-ce qu'il n'a pas perdu sdn caractere. Qael est l'homme, pour peil qu'il soit habitué î1
til'e -<les éc1·itures, qui ne puisse diitinguèr, de prime
�( 22 )
abord, une lettre écrite par une main allemande, espasnole, française' anglaise, chinoise' turque, israélite' etc.?
~ans doute, chacune de ces écritures est différente; mais
~quoi tient cette différence, si ce n'est point à l'influence
des mœurs nationales 7 Pour nous, comme pour bien d'autres, l'écriture de chaque individu d'une <le ces nations
nous paraît parfaitement identique, vue d'un ceil léger et
superficiel, à ce point que n.ous dirions même que c'est
une même main qui l'a tracée, tout comme nous croyons ·
que la figure de tous les nègres est dans tous les cas
absolumeut la même. D'après ce. que nous venons de poser
en principe, ceux qui sei·ont à mêu~e.d'ohserver, d'approfondir de semhlahles écritures , seront surpris maintenant <le leur dissemblance , non d'individu à individu , il faut bien plus d'étude pour cela, mais de
nation à nation, et ils finiront par être certains que les
écritures de chaque nation sont aussi tranchées, aussi
distinctes que les physionomies nationales , et que si
çelles-ci reçoivent quelqu'iniluence du climat, des localités, du mode -de gouvernement, etc. , il est aussi plus
que certain que l'écritur·e est soumise aux mêmes influences, ou à ses effets les plus directs, parce que
l'homme imprime son esprit sur tout ce qu'il fait, surtout
anc ses mains. Qu'on compare l'esprit galantin et chevaleresque des Maures avec leur arcbitectare et leur écriture; on ne sera nullement étonné de leur homonymie,
partout mt:me traits. A-présent qu'on compare à ceux-ci
les mt:mes travaux manuels des esclaves qui s'endorment
sous le dais du despotisme oriental, ici tout est apathique,
lâche et gros. L'Espagnol courbé sous le joug de SaintDominique et d'un despotisme absolu, a , si je puis
m'exprimer ainsi, une écriture hypocrite , ses traits
aemhlent fuir sous ses doigts, il craint de les terminer,
ils se soutiennent, ils s'enchaînent , comme vour offrir
plus de rés~stance , les liaisons sont nombreuses
�(
2~ )
ét hrnsques ,
mais peu réfléchies , 'elle est donci ;'
comme on le voit , parfaite ment différente de celle d11
peuple libre de la Grande -Bretag ne ; la premiè re est
calculé e, étouffée , comme har.ardée, en qnelqne sorte
arrondi e, liée ; l'antre est :comme le cèdre du Lil1an, il
domine tous les arbres de la forêt, elle 1!St svelte, hardie,
déliée, grande, majestueuse et harmonieuse, très-régu~
Jière et parfaite : celle des Allemands diffère encore
bien plus cle celle des França is; la premiè re annonc e,
en général , une plus grande aptitud e à ]a réflexio n,
à la constan ce, à l'opini&treté , à l'habitu de de pènser s
elle est, comme la langue, éminem ment philosophique e&
parfaite ment en harmonie avec le caracté re et la langue
faite et parlée par le people le plus penseur de l'Univen~,
tnais elle a conservé une teinte de cette rudesse primi•
tive de la nation qui est encore conservée dans les·mœ ura
peu polies, mais très-ho spitaliè res, noies à une bontô
d'àme naturel le aux climats tempéré s; enfin une origine
barbare se cache à côté des signes qui dénoten t l'étude
âssidne qui vent l'efface r et échapp er à l'infiuen~
oppressive de cette premiè re source. La dernièr e, au
contrai re, c'est-à-dire la Françai se, montre la légèret é,
l'améni té, la gaîté, l'esprit que les Allemands nômme nt
-tivitz, et qui n'est pas précisé ment le bel èsprit, mais
qui s'en approch e ÎJeaucoup ; enfin tout a~once qu'elle
à hérité d'an état éminem ment civilisé, et qu'elle n'a
el\
qu'à perfect ionner, car l'alphab et oa l'abécéd aire, puisque
nous n'avons poiut cl'e~pression propre à rendre mon
idée, n'a été lui-m~me perfect ionné qu'avec les siècles ,
et a suivi tontes les chances de la ci vili~ation ( r) , à ce
point , qu'on pourrai t faire ~ne histoire politique de~
progrès de l'esprit , de la civilisation , et de la liberté
(1) Hug<J, de prima tcribenrli origi11e traje-lit. ad il.hm.
e~
17i18. iii·S. 0
'
�(. 24 )
d'nne n;ition a~ec les . seuls manoscrÏL/l · autographes èle·$
contemporains. A après de ces quatre écritures, que oousvcnons de dépeindre, d'analyser , toutes tt'anchantes,
toutes différentes, que l'on place acluellemeot . celle des
Italiens, et que l'on dise si cette nation se rapproche
des antres, et par quP.ls points 7 ou si elle s'en e ioi.goe,
par q~1e l .point de vue 7 Un caractère physiognomonique
et principal de l'écriture italienne est d'être serpigir-111.se:
Je retrou,•e quelque chose d'analogue dans le car;..c tère
moral de la nation. Veut-on voir 'luelles traces '.ai sse
dans l'écriture, une â.me fone, éle'l'ée el s-nsc<ptih !.e des
plus grandes (hases ' qu'on regar<lP. une le ur~ anthograpbe de Cathérioe de B ussie ; ( 1) qu'on. l~ compare
à une autre d'Amédée dt! S.i rnie, ( 2) p ;,r PX Cm ple, et
gu'on me dise qu'elle cli ~ t~nce i ncnnrn 1 r n~.ur11hle les
sépare; qu'on meLLe à cô té ce\ lr s ~le l'i mpé ra tri ce M ai:ie:1
de l'A.r~hiduc Cha i les, le Maréchal de Be ll efond , de
Mazarin, de Louvois, etc. l\fdi uten .~nt, qn'il a nive ane
révolalion durµble qui metle les chosPs et les homme!t
dans une toute autre position 1 et vous ''errez l'écriture
nationale entièrement modifiée , quoique · consenant
toajoars son type primorcliaL·
. Si l'on veut suivi e cette différence admirable entre
les écritures njltionales, si l'on poursuit celte distinction
entre les écrunres des divers étais, qu'on compare m aintenant celle des .Grecs avec celle des B.ébreax:, et l'on
jugera jusqu'à quel point de civilisation ceux-là devaient
parvenir, et à quel degré cepx-ci clevaien:t s'arrêter fi
perpétuité; Le voyage est cot1rt lorsque les moyen_s de
transport sont défectu11nx, la plume va toujours plus
Jenlement que la Lêlc ~on devinera même sans coo!rnître
• (1) et (2) Voyez les fac simile qni suivent chaqn e -.·olirrne
des intécessans mémoires pour servil' à l'histoire ~e la JUaÎSOR'
de Condé. ili-13. 0 Paris i8:i.o.
�(
~5
)
l'histoire politiqne et littéraire de la Grèce , qq:el sera
chez eux l'état des science& et des arts, et ce que l'oa
en con ~ lura pourra se transpçrter aux descendaus de
Romulus, en y changeant très- peu de choses , c'el<t-àdi re, en tenant compte toujours de la di fféreuf!e des
signes phooétic1ues pour me servir d'nne expression d11
savant Champollion le jeune. (2) Quand a celle des
Hébreux, il ne faut pas l'e-x:aminer long-temps ponr y
découvrir tonte la pesanteur <lu turban et d'un costume
superbe mais fatigant, d'une liuératare peu spirituelle,
mais grandiose, et qu'on dise ensuite si on aurait été
fondé à attendre autre chose de ce peuple que ce que
nous en possédons: leur écriture est an dcsseiu des plag
minutienx,c'est un paysage ( 3) plein d'arbres, de vallée9
et de montagnes, même état moral et graphique chez les
sauvages Scandinaves. Qu'on compare maintenant ces
écritures avec les hiérogliphes ( 4) Egyptiens , ayec ceux
des Plieniciens , 5), et que l'un désigne la<ruelle de ces
deux n;,tioas doit avoir sur l'autre uae sopériorité
marqnée. Il me semlJle que l'on peut dire de ces <li fféren!J
peui}les ce qu'on peut hardiment avancer snr !ei1
Goths ( r) les Visigotbs, les O~trogoth$, etc. 1 dont Ia
lülérature et les mœurs sont tellemen t en harmonie
avec les lignes graphiques des idées, c'est-3-dire, qu'ot1
reut dire du peuple juif' par exemple ' seus le rapport
des heaux-arts ce que Lacondamine a dit des Caroeo~
qu'ils ne pouvaient complet' que jusqu'à trors pirrcè'
qu'ils se servaient du mot Poettarrorincouroac pou.li"
(r) Lettre à l\1. Dacier etc., ùz-8.0 1~. Didot 1823.
(:.!) .Naturœ et scriptiwœ co11corriia. Leipz. 1754 i11-4"'.
(3) Cha mpolLio-n, l'Egypte sous les Pharaons, Kfrcher Œdi'pztg
.rE{!J'f'liucus el Pierius Va!erianus-, Tabula, lsiaca, etc.
(~) G" Pristclli commenca1iuucula de fœnicum litleris pllri.s-,
x552, in-8. 0
(5-) Commentariolus ;,. tilleras 5.;ilucas. iri-i~.
�( 26)
e-xprimer ce nombre, la langue fatiguée de la pesanteu·l"
et de la longueur de ce mot, ne peut aller plus loiB
et se repose T la main fatiguée de tracer, de dessiner ce1>
montagnes, une fois embarrassée• g~née, s'arr~te pour
toujours de même que chez ce peuple, la science des
mathématiques est enrayée pour toujours par l'unique
influence de l'étendue radicale de ce mot, et certes,.
quoique on n'aie pas osé le dire, si le physique a une
influence incommemurahle sur le moral, celle des signes
reprèsentatifs des idées u'est vas.moindre sur les progrès
des lumières et la perfectibilité humaine,. et de plus, si
quelques autenrs veulent que la figure soit le miroil' de
l'âme, l'écriture en est le panorama: ouvrez- un tr.aité de
diplomatique, celt1i de:: Germon ( 1) ou des deux Bénédictins ( 2) par exemple, et pFenez l'histoire civile,. littéraire et politique, dans peu de temps, en grapbomancier·
ha.b ile, vous reconnaîtrez du premier coup-d'œil les.
passions générales dominantes, l'état des lumières et d11
gouvernement,. et après cela quelques traits du caractère
particulier <le l'individu. Il est encore une remarque
importante à faire sur les écritures et qui a échappé'
presqu'entièrement au-s. myopes moralistes comme aux
diplomates mécaniciens, sans en. excepter même les
auteurs qrii se sont exclusivement liHés à ce genre d'étude,
tels que les Pf. Toustain et Tassin,. Lemoine, Walther,
Mafjèi, etc.: c'est que chaque siècle, chez- les modernes.
comme chez tous les peuples de l'antiq_u ité, a une
écriture très - distincte de celui q,ui l'a précédé et de
celui qui le suit, et qui, dans tous les cas, est subordonné à l'état moral de la , nation dont une partie
( 1) B, Ge1'mon, de vete1'ibus regum francorum diplomatibwt·
clisscl'tationes Paris J 703. 3 vol. in-12.
(2) Nouveau traité de diplomatique par deux religieux:,
Bénéùictins, Paris 1760. in-4. 0 · 6 voh
�( 27 )
~t due aux évéoemens du siècle et à l'inOuenee parti.
culière du monarque. Remontons un pea. vlos haut dans
l'antiquité, examinons les divers papyri trouvés à Herculaontn , par exemple, nu graphomauciel', peu habile
même, ne peut-il point, avec un peu cl'habitode , déterminer positivement l'époque de leur édification? Le
cachet du siècle n'est-il point dans le moindre linéament?
Et si celte circonstance très·-remarqoable est si tranchante, comment l'expliquer sans ado pter l'existence de
-quelqu'inOuence que nous appercevons thnschaque trait:
en s'éloignant ou en s'approchant des siècles barbares
et clu despotisme absolu1 du bas-empire et de ses agitations révolutionnaires, on trouve l'écriture espagnole
des temps motlernes dans les lieux mêmes ou quelques
siècles aupara,'ant chacun s'enorgueillissait cle tracer
d'une ma;u libre_l'écriture majestueuse du Peuple-Roi.
Comparons-les en beaux caractères graphiques retrouvés
dans les fouilles faites en Grèce avec ceux cles temps
modernes dont nous trouvons de si noml)remt exemples
de différences tranchantes, clans le palœographia gTœca (1)
de llfonifar1con. Qu'on ouvre ensuile le tt·aité de l'e
diplomatica (2) du P. Mabillon , et en suivant jusqu'a
nous, à l'aide de supplémens , ''ous ne pan•iendrez
qu'inseosiblement et à pas lents à 'cette perfection graphique\ €t morale, par conséquent, ni distingue, qui
caracté1·ise notre époque. J'attache une telle foi à la
~rammatoscopie que , comme je l'ai déjà dit , on
pourrait raconter facilement l'histoire· niorale d'un
peuple , sans autre secours que ceux que donnerait la
connaissance graphique dont il s'est servi.
Si, comme on l'a va, chaque nation a non-seulement
(i) Sive de octu et progressu litterarum Grœcarum etc. Pansii.<,
iiz-fol. 1708.
1
(z) Lib, m. Paris 168. in-fol. et le supplément 1756 in-4-
�( 28 )
une écriture particulière, mais si celle qni Ienr appartient
est puissamment modifitie par l'état des lumières, pourquoi
n'admettr.iit-on pas cette même proposition en l'appliquant a l't-cri:urt' de chacun des individus qui composent
)a masse 1 laquelle, néanmoins, ~erait taujours soumise à
l'autocratie des signes phonétiques généraux 7 Cbaqnesiècle est donc, on ne peut en douter, remarquable par
telle ou telle élévation dans telle on telle espèce d'idées,
et dont les esprit~ communs ne dépassent jamais le cercle.
Supposons que, ùans cet état de choses, un génie privilégié,
appartenant aux siècles sui vans, naisse dans celui-là : eh
)Jien , dans ce cas, malgré' l'empreinte temporaire, la
scedu!a tempornlis (1 ) sera un des caractèrPs principaux
de son écriture, parce que les plus )Jeaux génies paient
toujours no tribut, quelque léger qu'il soit , aux erreurs
ou aux opinions dom~mmtes de leur siècle, •mais on y
retrouve la pureté, l'élégance graphique des siècles
sni11aris. Qne l'on comp~t·e, par· exemple , l'écriture ile
/
Baco11, de Tasso, d'.Ariosto, etc., avec celle du commuu
des poètes s.eicentitite ; que l'on fosse soutenir la même
épreuve à celle de Racine, de Boileau, de Voltair:e, de
Fontenelle , d'Artrctc , de Chyrac , ùe Lapeyronie , etc.
Vent-on ensoite prendre nue idée juste de toute la
méthode el du géuie de Barthez, qu'on la cherche d<tnll
l'étude de ses signes graphiques. Voltaire regardait
comme. un proch e que le manuscrit de Thélémaque fut
sa.ps ratures : comme l'autear et l'ouvrage , il ét::iit sans
tâches; nous anrious nn exemple analogue à citer, et
pris parmi les professeurs de l'école de Montpellier:
:phénomène vraiment extraordinaire pour moi, et in.
croJal>le pom· quelques autres qui ne trouvent aucune.
liaison, aucune affinité entre l'écriture d'un homme et
( I) G. c. Troml>elli rarte di. co'noscere l'età de codici laJ:irii
~ .ilali411l-Bolog11il 1756 ia-4.0
�-c 29 )
son caractère, quoique ces conditions morales établissent
une conformité des signes, vraimem étonnante, soutenant. la coinpar.ii~oo , la dissection la pins sévère
et la plus rig·m reose; je pou r r ais en citer nombre
d'exemples puisés dans mon lett.rier , mais quelques
personnes pourraient les révoquer en doute, parce
qu'elles ne ser,1 ient po~nt à portée d'en vérifier l'authenticité. Je 1ne conleni.erai donc de leur rappeler
cette phrase expressive dont ils se servent journellement
en parlant d'un homme dont. l'écriture frappe agréalilement la vue : cet homme peint bien; que peint-il? son
~aracrère.
Que de choses échappent à l'appréciation et qui
ont des résult&ts physiques dont l'inOuence s'impri{Jle
profondément dans le moral ! On n'apperçoit pas, OQ
sent: Les voyag s, par exemple, ont des effets moraux,
t1nique11, et L'écriture en est empri:inte. L'habitude de
voir des écritures, de les étnùier, ai a si q11e les nombreuses
lettres que je reçois, a donné à mon écriture une teinte
de cosmopolisme dont la nuance se confond presque avec
l'inconstance : tracée sa os nulle précaution, sans nul
acppr:êt, elle n'a point de caractère national propremen+
dit, maÎi cependant mon long séjour en France y
prédomine :i.utant presque que l'influence de mes voyages.
Ce sont encore ces mhnes couclitîons o!1 plutôt l~ur
;ilrn~nce qui fait que les peuples sauvages n'ont point
d'écriLare et que cet art est inimitable , c'est-à-dire 1
qne le cachet qu'y met l'homme ne saurait être contrefait:
JJ.n anghis cliercherait envain ~ imitei: l'é.criture fran,
çais~, fut-il .peintre, la dessina-t,.il, il ne · sera jamais
capabJe de Mguiscmeot pour que le suhtcrfu_ge ne S(}it
facilement xeconnu; c'est l'histoire de la peiotuœ el l e~
,Jnême, drnrio.e artiste a nue touche, un coloris, etc., qui
lai sonJ, particuliers; la m('llesse de l'albane ~'est pas-celle
de Jllignard, mnis lç_s peintres profo11ds, les amateurscoQ;0
�( 5o )
1ommés et réfléchis sont seuls à même de distingu er par
ces différen s tons, à qo.el peintre apparti ent tel on tel \
tableau , si ce t;ibleao. est de Rubens ou de Raphaé ï,
si cette statue est de Michel-Ange on de Cenora. Un
sage, Epictete, a dit : l'homm e doit être un et sons ce
rappor t je n'en vois point qui l'ait été davantd ge que
SalCJator Rosa; étudiez son écritur e, réfléchissez sur ses
tableau x, lisez ses admirable11 satyres , _apprene z l'histoir e
de sa vie, et vous verrez partout la même teinte. Le
caractè re a doue détermi né chez cet l1omme extraor-dinaire et le genre et la touche qu'il devait adopter ,
tant dans ses poésies que dans ses tableau x et son écriture; la chose est irrécus.1hfo : car leur différen ce avec
celle des autres prouve encore qu'il y a du qaid divinum
en dessous. Supposons que cent personn es en bas-âge
wient élevées dans les mêmes princip es d'écritu re, et
qui plas est par le même maître, à moins que , par cas
fortuit, ou même caractè re se rencont rât parmi eax, on
trouver a toujour s autant d'écritu res différen tes que
d'indivi dus , mais poussons plus loin encore , une pro]Jahilité bien naturel le; ne pouvon s-nous pas m~me assurer
que pa• une seule n'aura les mêmes formes ~ D'oh vient
donc cette multipl icité de formes graphiq ues, si elle n'est
point due au caractè re, au moral de l'écri,,a in?
Si cet art est vrai, il faut que la grapho mancie s'étende
égalem ent à tous les signes représe ntatifs des idées. Eh
bien! que l'on suive les progrès de l'imprim erie depnis
son invention jusqu'à nos jours; qu'on en fasse autant pour
l'art de la gravure , on aura dans ces deu:t cas les mêmes
résulta ts, on verra la hizarre rie auprès de la barbari e
et la perfecti on se laisser entrevo ir au fur et à mesure qu'on s'appro chera de la perfect ion sociale. Mais
dans cette étude, qu'on ne mette point la difform ité,
l'hétéro généité des caractè res graphiq ues , da dessin 1
de l'écritu re etc., sur le compte de la matière façonnée~
�.( 31 )
et l'on verra hientbt qu'il est une philosophie séculaire, universelle, générale, qui imprime invisihlement,
involontairement, son cachet sur tous les travaux manuels du siècle. L'écriture du bas-empire, dans toute
l'Europe, était illisiblement barbare, elle s'est perfectionnée à mesure que la morale s'est dérouillée, ensorte
qu'on pourrait dire que le papier est dans tous les
cas un eoq.1s opaqne propre à réfléchir fidèlement les
rayons émanés de l'âme. Trop de personnes perdraient à.
la propagation de nos idées sur la grammatoscopie,
mais j'aime à croire aussi qu'un plus grand nombre
y gagneraient : ceux qui n'auraient qu'à perdre à .son
étude, riront sans doute en lisant ce léger aperçu,
écriront même peut~être contre mon système. Riez,
écrivez , mes chers contemporains , votre rire et votre
écriture sont physiognomoniques et m'appaFtiennent.
Mais je dois avouer que si je n'avais point été précédé clans la carrière épineuse que je suis, je n'aurai
point écrit; je ne suis point l'inventeur de cette découverte , je n'ai que le mérite de l'avoir étudiée et
de l'enseigner; l'idée était d'ailleurs trop naturelle
pour qu'elle ne fut pas. venue à quelqu'un. Le système
pouvait paeaître ridicule , lorsque Lavater en fit le
premier la remarque, mais le serieux a d.1 prendre
la place de l'ironie, lorsqu'un homme célèbre , on.
médecin érudit, publia également ses importantes observations; du reste , trop de personnes partagent m~me
involontairement, d'une manière irréfléchier·ce préiug~ •
si toute fois c'en est on , pour que j,e n'aie pas cherché
à l'estimer à sa juste valeur. J'aime les rieurs , mais,
lorsqu'ils sont de bonne foi, car il est de la grammatoscopie comme de la botanique, la diversité innom._
hrabl~ des plantes qui re·c ouvrent le sol dt\t nécessairement fioÎL' par frapper l'attention <le l'homme et
il entreprit de les cannaître ,. il yoyagea pour ls.-.
�( 52 )
colliger, les isola, les classa, et donna des règles
propres à les distinguer sur toutes les 1acitades~
La composition , l'incohérence du globe a ttir;, l'attention du minéralogiste; le nombre infü,i des ètr·es
animés donna naissance à la zo ologie; la découverte
des fossilles, ces médailles de la nature, créa la palontographie etc. Enfin, toutes les sciences ont eu pour
cause une heureuse et savante cnriosité. Cette di ftërence remarqui>hle entre les plantt•s, les auimaux ,
ces études etc., fut retroa,vée dans les traits de l'homme
et forma une autre science cultivée avc:: enthousiasme.
Eh bien ! cette même différbnce , }e l'aï' retrouvée
dana les traits graphiques de l'hommP, j'ai ''oulu en
recherclier la cause et je sais parveuu à détermïner
que, de même que tel trait de la ph. siouomie appartient à telle passion , de même tel trait graphique
appartient à tel autre. L'admirab!e génie de Mirabeai'
avait entrevu la possiJJilité de ce sy.tème, comme
Téritable, aussi a-t-il dit dans une de ses lei tres ~ Sophie,
en lai parlant de sa mère : elle ne me cl'oit pas fou,
parce qu'enfin j'écris et je peins un pPu mi1rnx que le
père éternel des petites-maisons. ( 1) Cet orateur ayaft
même poussé la conuaii;sance <le cette science si loin 1
à ce qu'il paraît, qu'il avait calculé ce que pouvait
produire chez les autres les résultats rles etudes grammatoscopiqaes ,' aussi termine -t-il la plus éloquente, la
plus sentimentale de ses lettres par cette phrase touchante . , : Hélas ! tu ne verras qLrn trop qlle c'est la
main appuyée sur ma plaie que je cherche à guériv
la tienne. (2) Il n'était point sûr de l'effet consolant
de ce chef-cl'œuvre et pour prouver combien lui-même
(1) Lettres à Sophie, édition in 12, tome IV, page 35,
(:1.) Id. id. Sur la wort de- sa .fille, page
•
2 78,
�( 33 )
était douloureusement affecté de leur malheur , il
attire les ret-irds de son amante sur les formes de
son écriture. Mirabeau savait trop bien que dans tous
les cas c'est l'esprit qoi lit et jamais l'œil , c'est l'âme
qui profite et non le raisonnem ent : mais nol1s nous
éloignons , en apparenc e, de notre hot, rentrons ici
par les considérations suivantes ;
En morale, ce que l'on nomme ordinaire ment le caractère d'on individu, n'est autre chose que telle ou telle passion dominante et tonjoars en jea, comme en médecine
le tempéram ent n'est que la prédomin ance de tel organ~
sur tous les autres. Les médecins n'ont qae trop souvent
besoin de bases pour former le diagnostic de certaines affections de l'âme, j'en publie un élément importan t, car
après tout, on n'a pas toujours un pouls agité ou agitahle :·
llippocrat e fat assez heureux pour le rencontre r, d'antres
ont eu ce bon beur; mais par cette même raison que
le corps est étroiteme nt lié à l'âme , celle.ci peut être
tellement tarée et parvenir à un tel point d'hypocri sie on
d'immora llté, qu'on p1mt les ranger an nombre de ces
personnes hardi~
Qui goûtant dans le crime une trnnquille paix
Ont sçu se faire un front qui ne rougit jamais.
Corvisart n'ap11erçut aucun signe d'émotion dans rinterro ..
gatoire da furieux de Schœnbru n: eh bien! c'est jusques
dans leurs derniers retrancbe mens que je poursuis le
crime et les passions : pour apprendr e mon secret an lecteur, je n'ai que deux condition s à lui imposer, sî ce qü'il
a vu jusqu'ici l'engage il continuer . Parmi ces condition s;
je n'exige point la foi, je laisse leur conscience libre; je ne
veux que leur offrir quelques élémens cle convictio n et
voici simplement ce que je réclame : l'indulgen ce et point
cle prévention ; l'indulgen ce, parce qae mes talens ne me
permPtlPnt pas de porter dans l'esprit du lecteur l'entièrw
T. Xl. Janvier 18'.25.
i
�( 34)
.ionviction que mérite mon sa jet et dont ·e suis pénétré:
point de prévention , parce que c'est de tous les états de
l'âme le plus funeste ( c'est elle qui causa la mort de Gallilée et de tant d'autres )et que le plus communément elle
cherche à jeter une horrible défaveur sur ses victimes.
( La suite au Numéro prochain. )
2.
0
N0
T I
c
E
s.
JVoTicE sur Antoine AUBERT, docteur en médecine ,fondateur de fhôpital du Sauveur; par P.-M. Roux,
Rédacteur-principal.
C'était bien li\ an •éritablc ami de l'humaniti.
J,.V.-H.
GANDY·
LE secret d'exciter les hommes à bien faire, consiste ·
à leur offrir des modèles. Malheureusement, ces modèles
ne sont que trop rares , parce que le sage ne cherche
point à se faire connaître, tandis qae l'égoïste a tant
d'intérêt i.le paraître en couvrant de plusieurs voiles leS"
fatales passions qui le tourmentent. Aassi, l'hypocrite,
celui qui ne redoute ni les remords, ni le tribunal
de la conscience, parvient-il souvent à prédominer icibas et même à recevoir les honneurs de l'apothéose.
L'homme de bien , an contraire , s'il vit ignoré,
éprouve du moins la conviction intime qu'il recevra le
prix de ses bienfaits, et celle idée l'accomp:igne jns·q n'an moment où , après avoir rendu le dernier soupir,
il est admis an nombre des élus. Qui pourrait I1alancer
dans le choix de ces deux situations, si tout le monde
en était bien pénétré ! Mais il est tant d'individus à.
�( 35 )
sensibilité factice , que les 1lécider à faire retour sur
eux-mêmes , ce serait rendre un très-grand serviGe à
l'humanité. Il nous semhle que ce qui peut conduiœ à..
ce but , c'est l'éloge de ceux qui firent consister le
bonheur à 1 s\1imer dans leurs semblables. Tel fut le
médecin Àcibert.
Sans doute, l'histoire de la vie de ce philantrope,
considérée comme un moyen sûr de faire des imitateurs, mérite d'être proposée pour le sujet d'un concours académique et réclame des panégyristes éloquens >
capables de suivre M. Aubert dans son vol vers l'immort<1lité.
Pour nous, qui ne jouons présentemen t que le rôle
devoir
de . journaliste et qui nous sommes imposé
tribut
un
périodique
recueil
notre
dans
9e payer
1
peine
à
pouvons
nous
,
vertu
la
à
et
mérite
an
' d'éloges
sentonsmême,
et,
,
légère
esquisse
une
permettre
nous
nous combien elle serait imparfaite, si la faiblesse de
nos moyens ne devait pas être voilée. par l'importance
des détails (1) qui se rattachent à la vie d'un héros
vertueux.
Antoine ( 2) Aubert , naquit d'une honnête famille
le
(1) Nous devons à l'obligeance de M. Cunle, estimable secrétaire-général de l'administratio n de !'Hôtel-Dieu, la connaissance de presque tous ces détails, nous ayant autorisé, au nom
de l'administratio n, à faire des recherches dans les archivei
de l'hospice du Sauveur.
(2) Et non pas François, ainsi qu'on l'a écrit dans la big graphie universelle, ancienne et moderne, qui, d'ailleurs , donn~
des détails très-inexacts sur ce médecin, le faisant naitre en
1692 et mourir en 178i.
M. Lautard a lu une notice historique sur M. Aubert, dana
la séance publique tenue par la Société académique, le 17
mar 1818. Cette notice, insérée dans le compte rendu des,
travaux de cette Compagnie, pour les aunées 1S~G et 181;i:
�( 36 )
4 OJliog.les;
département dn Var, le
21
juillet 1693:
est intéressante sous différens rapports , mais prin ci paiement
'ous le rapport chronoiogique. C'est que l'historien à su évidemment puiser à de bonnes sources , c'est-à-dire, dans les ar.cfiives de l'hôpital du Sauveur. Ne se trompe-t-il pas, toutefois, lorsqu'il p.rétend être le preipier à consacrer à la mémoire de M.
'Aubert, les louanges que l11i prodigue l'humanité? Ce fut aussi
Jans une séance pubtiqu6 de la Société royale de médecine, le
~nze septembre i814, que fe11 M. J.-V.-I-I. Candy, secrétaire;adjoint, clans une i1otice nécrologi<[l•e sur les membres de la
.Société, décédés depuis l'époque de sa fondation, eut occasion
de faire l'éloge de M . ./lubcrt, dans les termes sui vans :
Après avoir parlé des nombreux services rendus pat· la com~agnie et du bien que ses membres out fait aux pauvres:
« ils avaie-nt arraché, clit-il, au désespoir et à la mort un
" grand nomhre de ces infortunés. Que n'ont-ils les moyens de
" les réunir tous dans un même local, pour leur prodiguer
» tous les secours de l'art et de la chari!é? Que ne peuvent-ils
'1 suivre 1.'EXEnIPLE que leur cœur compatissant regrette tant de
., ne pouvoir imiter, de ce m'é decin auquel Mars eille fut re·• devable du plus beau monument de philantropie qui existât
» jamais, et qu'il était réservé au temps de barbarie , qne
» ~ous ne nous rappelions qu'avec horreur, de faire dispa,, raître, mais que nous espérons devoir rétablir sous le règne
>; du meilleur des Rois.
» Vous m'avez compris, Ml\'I'., et vous vous rappelez tous
» cet lio•P.ice que M. Aubert avait fait bâtir pour y recevoir
» ces malheureuii; qu'~ne ~aladie crnelle et Jtideuse éloign<l:it
'i du reste de la société, et qui n'ét'\ient point reçus à !'Hôtel» Dieu. Leur position fâcheuse et désespérante toucha Je cŒUf
1> .il~ c~ médecin respectable, et sa ~Drtune devi'.1t leur pa~ tnrnorne.
" Que le pinceau .et le b,urin transme1tent à 1.a postérité
» les traits de leur vie qui immortalisent les grands hommes.
l' En v.oyan.t l'édifice élevé par M. Aubert, la postérité recon~ na.issante répétera ce que nous disons aujourd'hui :
» C'Ciait bien là rm véritable ami rle l'humanité ».
,Pn voit 1 d'aprè~ ce passage, qne M . Robert n'a pas ea
.1.ai5on de souieni:r ( voyez ' les iwmntes rendui; précités
~
f,
�( 37 )
li fut élevé
a Marseille
a après de son frère consanguin,
cnré de la paroisse St.-Martin , et fit ses premières
études dans le collége des Pères de l'Oratoire de cette
cité, auxquels il dut les sentimens de piété qu'il conserva pendant toot le coors de sa vie. Il étudia ensuite
la médecine a Montpellier, et y prit le bonnet l'an
i724. Il revint dans sa patrie et s'y livra à l'exercice
de son art jusqu'en 1730, époque oh il fut agrégé au
collége des médecins marseillais. Il était SJndic de ce
corps respectable, lorsque, en 1734 , le Roi le nomma
médecin royal des galères à Brest, il s'y rendit et y
passa environ dix-neuf ans. Rappelé à Marseille, en
1753, il y vint conservant le même titre et précédé
d'une réputation qui lai valut la confiance générale.
Déjà avancé en âge et fatigué par ses travalix, Aubert
renonça à la qualité de médecin agrégé, et se retira
hors les murs de la ville. Mais il ne tarda pas à reprendre ses exercices , la confiance du pnhlic l'y 11yant
pour ainsi dire forcé , et le collége de médecine eut
toujours pour son ancien confrère la déférence que
son âge et ~es talens commandaiP.nt.
Aubert avait l'abord sec, mais sou corps renfermait
nne belle âme , un excellent cœur , et si l'on pouvait avoir le moindre doute à cet égard , que l'on
page 58
qu'aucune société de wédecine ou de bienfaisance
n'avait encore payé un tribut public cle larmes et de regrets ,
à ce vertueux ami de l'humanité. D'ailleurs , l'administration
de l'hôpital du Sauveur 1 véritable societé cle bienfaisance,
fit insérer une notice sm· M. Aubert dans le supplément du
·second volume clu Dictionnaire des ltummes illustres rie Pro,,e11cc,
pages 409 et 410 (Marseille, chez Jean Jlllossy, père et fils,
,a:rné•: i 787.
On trouw aussi une notice sur M. Aubert , clans l'ancien
'Almanaclt marseillais, (mai.li l'auteur de cet article pèche do
-et>t6 de l'exactitud.t.
�( 58 )
fasse attention à son amour pour les pauvres , au zèle
avec lequel il les visitait quand ils avaient besoin de
son ministère , et que l'on dise ensuite quel fut son
caractére.
Dans le cours de ses visites , il s'apperçut que les
·pauvres atteints du scorbut, du cancer , des scrofules
et de la syphilis qui ne résultait point de la débauche,
ne pouvaient être traités dans les hôpitaux. Touché
du sort de tant de malheureux , il forme le projet
de leur prépa1'er un asile oii ils trouveraient l'adoucissement à leurs maux et souvent même la guérison. En
t 765 , il obtient des lettres-patentes qui autorisent ce
nouvel établissement et l'hôpital dit Sauveur du ll1on4e
est ensuite fondé sous ce titre: christo in œgrotis derelictis.
Aubert s'était engagé à fournir sa maison, les meubles
nécessaires pour un hospice et cent mille livres placées
sur la communauté et sur quelqa es corporations, mais
il lui fut permis de recueillir , pour la même destination, les legs qui seraient faits par des personnes
charitables, et quatre sœnrs de la maison de Nevers
devaient en a\·oir la direction.
Il sentit par la suite son cœnr palpiter à l'idée de voir
faire sons ses tyeux le bien qu'il se proposait. En 1771 , il
6t bâtir, aux allées de Meilhan, l'hôpital du Sauveur et
ayant obtenu des nouvelles lettres-patentes , en 1772, il
consomma sa fondation par la dotation de plusienl"S
contrats de rente produisant des revenus suffisans ponr
l'entretien de la maison et de plusieurs lits. D'ailleurs,
bieu convaincu, avec raison, de l'esprit de charité de
ses concitoyens, il se promit qu'ils ne tarderaient Point
~ le seconder dans ses bienfaits. En conséquence, il
conçut le dessein de recevoir dans son hô·p ital des fondations de lits , et d'y établir un bureau d'administration composé d'un des fondateurs de lits et de six
directeurs choisis parmi les citoyens notables, indépen·
�( 59)
damment des qnatre aclministratears à vie, nommés par àe
troisièmes lettres-patentes da mois de novembre I'J77·
Ces lettres l'autorisaient à changer l'ordre intérieur de
son hospice. Aussi, reconnaissant l'incapacité des sœurs
et l'inconvénient d'avoir choisi les administrateurs parmi
les magistrats , il se mit à leur place , et proposa
ceux qui devaient lui succéder en leur laissant la faculté de se remplacer et de nommer les employés
de l'établissement.
On conçoit déjà combien M Aubert dfit mettre de
:zèle ponr assurer la stabilité et contribuer a l'accroissement <l~une œuvre aussi intéressante ; mais il fot
amplement ,dédommagé , en voyant bientôt prospérer
l'asile des pauvres , par .les dons successifs qui leur
étaient consacrés.
Aubert n'avait pas d'antres passions que celles que
les moralistes appelent qualités da cœur : sensiblé ,
bon ami , tendre , complaisant , humain , serviable,
ere., il fit, des œuvres de la charité , un exercice journalier. Ses richesses l'aidèrent à donner un libre cours
à ses pl'écieuses passions. L'or qu'il gagnait , il le recevait d'une main , et de l'autre il le distribuait aux
pauvres avec effusion de cœur. Quelle pensée plu.s su·hlime et plus généreuse que celle de faire tourner an
soulagement des malheureux sonffrans, le hie!! qu'il
acquérait en travaillant au soulagement des riches malades 1 Jamais , non jamais, la fortune ne fat plus favorable à l'humanité qu'en accordant ses faveurs au.
philantrope que nous admirons.
Il vivait heureux; sa réputation fat toujours en
augmentant, parce que son mérite fut enfin connu ,
hien que la modestie l'empêchât clese répandre. Etranger
à ces C-Oteries qui ne connaissent d'autre voie pour
parvenir que l'intri gue, il ne dut qu'à ses talens les
placei qu'il occupa , et n'en cumula point; tandis que
�( 40 )
nous voyons aujounl'hui le même médecin obtenir ton tes
les places lucratives, )Jien qu'il ne puisse en rem pl~\·
dignement les fonctions: c'est qu'il a le clos très-flexible,
qu'il est audacieux et maniéré , que les démarches serviles
ne lui coûtent rien et q1t'il sait colorer ~vec art le
fiel que sa bouche distille. Aussi, parvient-il assez souvent à tromper la bonne foi des 8clmioistrateurs m~mes les
plus éclairés. Sa turpitude sera·it bientôt dévoilée f si au.lieu
de lui prêter one oreille attentive et de fermer les
yeux, les administrateurs fesaient quelquefois le contraire!
On nous pardonnera cette digression en faveur du
motif qui nous l'a inspirée : nous avons voulu faire
sentir la distance immense qui sépare certnins philantropes de nos jours de ceux du tllmps passé. Né dans
ce temps-là, Aubert fut un cle ces hommes que la
mort aurait dû respecter, s'il ne fallait pas que le
juste jouit enfin de la gloire éternelle. Doué d'une
bonne constitution , sain de corps et d'esprit , il eût
poussé sa carrière physiologique j asques à la plus gra1..Ie
vieillesse, sans uae chute qu'il Îlt le 3 juin 1779, en
allant aux vêpres à St.-Martin, chute à laquelle il succomba quelques heures après.
Tout le moncle fut consterné de cette mort. Les larmes
des pauvres attestèrent assez qu'ils avaient perdu leur
père et les gens de l'art eurent à regretter un confrère
savant et sans prétention, pieux et compatissant, le
modèle d'u1i médecin vertueux.
Par son testament fait l'année précédente , il léguait
son bien à ses pareas et à son hospice. Mais, comme
on l'a dit avec esprit, il ne laissa d'autre ouvrage que
son hôpital. Ses consultations étaient précises et lumineuses et le célèhre Fizes les voyait avec plaisir.
Artbert conserva toujours la dignité de son état dont
il exerça les fonctions jusques à la fin de ses jours , autant que ses forces le lui perme ttuient. Respecté de
/
�( fyt )
ses inférieurs, chéri de ses nomhren1t amis, regretté de
ceux qu'il avait secourus pendant sa vie , poun1uoi futil aprf>s sa mort en ]rnlle aux traits de la jalousie 1
Pourquoi fit..-on insérer dans le Dictionnaire des hommes
illustres de la Provence une notice qui ne contenait
que des faussetés sur son caractère, sa conduite, ses
aisposiLions envers ses parens et son étahlissemeot ?
C'est que l'homme lle mérite et de bien a toujours de~
détracteurs et que les zoïles ne craignent pas de troubler le repos de sa cendre.
Mais La mémoire du médecin Aubert sera toujours
précieu~e et chère aux humains. Les administrateuu
de son hôpital l'ont lavé des imputations trop-légèrement
hasardées contre lui, en en obtenant la rétractation la
plus formelle (1). Ils déli]Jérèrent ensuite ( Je 14 juillet
l j83 ) cle faire faire on service &olennel le jour anni,•ersaire de sa mort; d'élever dans une des salles
de l'hôpital (2) son buste en marbre que Foucou, sculpt eur du Roi, avait exécuté un an auparavant d'après
un masque de plâtre ; de faire graver sur le piédestal
do buste le nom du fondateiu: , et de placer sur la
partie la plus apparente du monument, cette inscription:
PATRI PAUPERES.
Nous devons également à l'administration le portrait
(3) en grand de ce bienfaiteur , fait par .Arnrdphi le
père. La modestie de M. Aubert l'avait empêché de
se faire pein<lr..e pendant sa vie.
L'hôpital da. 5auvea.r exista penclant vingt ans. Que
(1) Voyez le itupplément du second volume du Dictionnaire
cles hommes illastres de la P1 ·ovence,
(3) Ce buste et ce portrait décorent aujourd'hui deuic
(2)
salles de l'admin is tration de l'Hôtel· Diiu de Maneille.
et
T. IX. JanPier i8'.l5,
7
�( 42 )
l'ombre de ~on pieux fondatrnr clôt s'y complaire durant les quiuze dernières années ! mais aussi, combien
21e dut - elle pas gtlmir à l'époque où celle œuvre
intét essante fut rem•ersée p .r la tourmente révolu tiouwlirc ! Elle n· a pu ensuite et ne peut anjourcll1ui qu'avpliiudi r à l'usage auquel les dignes administratenrs des hôpitaux de MarsPille ont consacré et
conlinuent de ~1) consacrer les restes de son héritage.
Au début de celte nofüe, nous avons fait sentir
que l'éloge du médecin Aubert devrait ~tre proposé pour
le suiet d'une lutte académique, sujet bri liant et capable
d'e:x.citer La verve du pe>ète et de l'oratPar. Nous fiairomt
par dire qae nous ne saurions mieux honorer la mémoire de ce bienfaiteur, qu'en exprimant le vœu que ce
qui fut l'ohjPt de sa sollicitude fixe vivement l'attention
du goavernemf'nt, on de quelque riche médecin qni ne
se borne pas à donner ses soins gratuits à l'indigent'\
ainsi que le prescrit le pP.re de la médecine , mais qui,
com111e Aub1 rt, bien pénétré de la doctrine.du Sau1•eur du
Monde , s'attache constamment à faire des richesses la
ressource du malheuretu.
(r) En effet. on traite à !'Hôtel-Dieu autant d'iniligens at·
teints de syphilis, scrophales, etc., que le comportent les
ilébris de l'héiitage de l\l. Aubert.
�( 45 )
T R0 I SlÈ ME
P A R T 1 E.
LITTÉRATURE i\IÉllIC,\LE, NOUVELLES SCIENTIFIQ'!JES,
i\1ÉLA.NGES, ETC.
I.°
ANALYSE
D'OUVRAGES
IMPRIMÉS.
Su le Jebbri biliose, c'est-à-dire, sur les fièvres bilieuses, par te docteul" MELI, ( l vvl. in -8. de 3.{3
pages. di l:in, 1822.) - Sa la cowliûone patologica
delle febbri biliose; mwvi fa :i esposti etc., c'est-à -dire,
sur fa condition patho!ogi1ne des JièFl'l:'S bilieuses ;
nouveaux faits exp1,sb par le chevalier Dominique
l\li:LI , docteur en philosophie, en médecine et en chirnrgle de dive1 ses Facultés d' ltcdie , prnfesseur d'accouchement à t'enst:igneme11t public de Raven11<', membre
du comité de santé, associé correspondant des Académ~es
de Ti rin et de Naples, de tri Société géorgique de
Tnija, etc. ( lu-8. 0 <le 53 pages. l\ldau, i824 ).
0
( Premier Article. )
M. le docteur Meli, de Ravenne, eut occasion d'observer pendant les étés de 1819 et 18io, à Castel·
letto sopra Ticùio, une épidémie de Ïiè\'re hilicllse.
L'auteur , d'après le contenu de sa préface, comptait
fournir simplement qatlqt•es pages à l'un des journaux <le medccine <le l'Italie , mais les recherches
multipliées qu'il fut à même de faire et les rrfle~ions
sans oombl'e qui l'occupe r cnt, gros.irent ' tel!P. rnent son
opuscufe, qu'il se détermina, eu 1822, à publier une
monographie sur celle fièvre.
�.
( 44 )
Cet ouvrage est di"isé en ùeux parties composant
en embh~ quatorze chapitres. Le premier est consacré
à la description de cette maladie. Quelques jours a\'ant
le développement décisif de la fièvre, dit l'an leur,
les malades éprouvaient une espèce de lassitude et
avaient une tendance involontaire au repos et à se coucher, l'appétit diminuait, la bouche devenait ari<le, par
fois inondée d'une salive amère et ils crachotaient souvent. Tous éprouvaient an sentiment de constrictiou
à la gorge , surtout dans les fréquens réveils de la
nuit. Beaucoup d'eux avaient des nausées, des éructations et une tension à l'épigastre : la wif était presque
universelle et plus gênante dans les après-midi.
Parmi ceux qui buvaient beaucoup pour s'en débarJ"asser, il y en avait qui éprouvaient une oppression g~naete
aux hypocondres. Hien que dans un tel étal ils fussent
accablés par une somnolence continuelle, il ne leur était
pas possible de dormir ( agripnia ) , el quelqlles,.. uns
seulement demeuraient , mÊ,me le jour, clans an état
soporeax. Des pensées incohérentes et pour l'ordinaire
tristes be succédaient chez ei::x a\'ec tumulte et désordre.
~ls fesaient d ans la nuit des songes épouvantables, ce
qui annonçait une activité aogmentée d es fonctions
cérébrales, qui inclinait à l'état morhifique. La tête
d evenait peu-11-peu lourde et chez· quelques-uns même
doulourèu~e autonr du front : la face était souvent
d'une légère couleur jauni::. D ans certains individus,
au lieu de ces / symptômes précurseurs , l'on observa
Jme force extraordina ire , une · gaîté insolite , un
appétit insatiable, enfin le degré le plus haut de
santé. Tous ceux qui se félicitaient de ce J,ien - être
étaient le plus promptement attaqnés de la fièvre épiclérni'lue. Beaucoup de ces malades allaient consulter
l'anteur chez lui et d'autres le rencontrant dans la
r ue, lui demandaient des conseils. Av<1nL de se faire une
�(
~5
)
Idée de la nature épidémique de cette fièvre, M. Meli
ordonnait des moyens convenahles contre les indispositions qu'on lui accusait. Il prescrivit les émétiques
et les purgatifs, mais la nature de 1.1 maladie une foi1t
conuue, notre auteur fesait précéder ces évacuans par
une saignée. Beaucoup d'individus atteints des symptômes préc1U'seurs de cette maladie, ne voulurent pas
se soumettre à cette opération : chez eux' aussi' la iièvrc
fut plu~ véhégienle et plus grave, tandis que chez ceux
qui se firent saigner , elle fut nssez légére. l'endant
une quarantaine de jours , clans le moment de la force
de l'épidémie, l'auteur épronva trois fois ces symptômes
précursrrnrs de la maladie qui n'eurent pas Je suites,
vù la diète végétale qu'il mit en usage. li finit pourtant par avoir cette maladie, et, dit-il , le traitement
actif dont je me suis servi, me la rendit hénigne et
dans pell de Lemps je m'en suis tiré. M. Jlieli qe dit
pas s'il se fit saigner.
Après les nausées qu'éprouvaient les mahdcs, des
vomisse mens de matières visqueuses, jaunes et omères
avaient lieu. Bien de fois la diarrhée 5e joign'1it au
vomissement. La bouche et le gosier devenaieut aritles
et la soif était intolérable. L'issue des matières ne fesait pas cesser le vomissement; au contraire, elle le
rendait plns fort et plus fréquent. Le pouls était tantôt
lent et -profond, tantôt accéléré et délié , et tnntôt
inégal et un peu Lt'emblanl. Les muscles s'affoissai,eot
el la peau se ridait, ce qui allongeait la physionomiè
<léja pâle. Les frissons qui duraient environ tleux heures,
étaient succédés par la chaleur. Céphalalg:e trrs-grave,
respiration anheleuse et difficile, hattemens accélérés
et très-forts des carotides et d'antres arrères superficielles, formication à toute la peau, surtout à ceïe des
extrémités , t~ct obtus , tension du h~s-ventre, plus
- -- .. ' rente à l'hypocondre droit. Cei nouveaux symp-
/
�( 46 )
l~mes caractérisaient la
SI' ·oode Jlériode de la fiène.
1..a mal 1die co11·1 <1uan1, ces sy 11ptÜ mP.~ croissaient
d'une mauicr~~ démé,u rée Les ye ux devt uait>nt ~itein
cell..ns , les pup !!es se d i l,1taii- nt et tes vaissPaux de
la cor11ée s'iajectaieut. CheL certa ns m la<lt>S, il y <ivait
one ~ ran<le confusiou d'idées Cliez d'autrr.s, délire 1uélancoliqu t> , ou bi en taciturnité et assonp,ssemeut La
la11g1rn de,•enail â i,re, •antôt noirâtre, tatHÔl très-jau ne
au cP.ntre, el tantôt très-rouge avec des profonds sillons lougitudindax , lèvres pâles, puis noirât··es el éc,i ilIées ; hourdonnement d'or!"illes, chal eu1· âtore et mordicante de la peau, ch"'leur insu pp 1rt.1ble in tér ieurement , mouvement continu el ries mnnbres. Dans une
époque avanccie de cette pé1iu1le, le pouls deveu dit
profond, obscur , tendu et l~at avpc soub resauts d~s
tendons. La 1mladie arri,•ée à CP. p oint commençait à
décliner peu-à-peu, huit, di x: ou dou i e heu res après
et moyenn .. ot la mitig.1tion dr•s symptômes, la malarlie
parvenai t à sa troisième période. La peau exhalait alors
cette chaleur âcre et deven ait molle et moite. Des
malades avaient des grandes sueurs partielles; <l'aulrr·s,
de~ urines abondantes dP. cou leur s<1franée. L'auteur
a o_bservé qne presque tous cer!x qui dans les frissons.
a,·ec V'l missement étaient pris <le dianhées , dans
cette dernière pé riode de la ûè1•re av:i ient de grandes
sue urs. Enfin, qui d'tme manière, qni d'nne autre, toas
rent raient daus le calme et dans l'état apyrectique.
Toutefo is, le ponls se soutenait avrc une telle célrrité
qu'il fesai t clouter d'une p ~ rfaite apyrexie; la tête res·
tait un peu lourde et doulour euse.
L'auteur p rétend que cette fièVl'e avait chez les uns
nn typr tierce et chez les autres un type double tier ce.
A joutez à cela tous les symptômes qu'une par eille épi.
démie peut susciter dans un climat assez chaud et
duns le fort de l'été , chez des malaùes qui savent oh•
�( 47 )
ll!"rver une diète et foire usnge des choses convenable'!
en pareil c,1s, ou chez ceux qui, méprisant Lout , se
<:t•• d11isent d'a11e manière tout-à-foit opposee. Considérez
la diversité des tempéramrns, des âges; le rôle plus
ou moins fort que joue l'appareil biliaire chez les divers sujets, leur manière de vine, la manière plus ou
moim facile avec laquelle les fonctions nalorclles s'exécutent chez Po'X , etc., etc. , ~t vous aurez une idée
de l'irrégularité que l'auteur a observée dans le début, la marche et la fin de cette fièvre épidémique. Ces
irrégularités ainsi que les symptômes extraordinaires et
les complications sont l'ohjet de son second chapitre.
Dans le troisième, il est question de la <l y a thèse, que
M. Meli considère avec raison comme inflammatoire ,
les reüe:xions que contient ce chapitre, ne laissent aucun
d•)Ule à cet égard: il a exercé dans un pays oit pendant
six ans l'auteur n'eut presque jamais l'occasion d'ordonner des remèdes stimalaas : on pays où toute la
série des fièvres inflammatoires revêt nn caractère si
aigu, que si l'on n'a pas prom plement recours à one
méthode débilitante double de celle q11'on employerait ailleurs, elles pass'ent r.1 pitlement à la gaDgrène ,
ou du moins à ces autres su ites qui out lieu lorsque
)es inflammations n'ont pas été assez domp!ées. L'autPur
avoue, toutpfois, que dans le début cle la maladie, quelques cas très-graves le mir~at pour un moment daM
le doute , observJnt cJ,.s défaillances fréquentes, des
vomissemens et des diarrhées Pxtraordmaires , pouls
petit, faible et presque imperceptible. Mais il re. ô
,.,
connut b1enl t que ces symptômes cachaient , pour
ainsi dire , et ne changeaient pas l'es8ence de la dyathèse qui était purement inflammatoire~ et à cet eÙet
·1
,
1 n'eut pas besoin de recourir au jugement qu'on retire a juvantibin· et ledentib11s dont on &e iert en pra-
�C ~s
)
fiqne quelquef..iis, dans des cas d'incerltlade pont dis.
sipcr les doutes.
D' .. près cela, le traitement a cllt, dans une fièvre
de cet te naturr., ê1re mixte, c'est-à-dire, êvacaant des
premières voies et de la circulation. Aider par l'arlmi.
ni sl ration de l'eau tièdf', les vomissemens que la uature
1m1voqun it elle - même; faciliter en même-temps les
évacnations alvines, c'éti.it donner un libre cours à
cette bile irritant l'e>toma.c et les intestins . Les saignées
plns ou moine répétées étaient d'abor.d pratiquées pour
diminuer !a plénitude du système veineux abdomir.al qui
reuaissait quelquefois peu de temps après cette opération
avec tnrçr,e~cence bilieuse, tension aux hypocondres et à
l'épigastre, surtout 1ht côté du foie, et souvent m~me avec
hépa talgie. ll n'était pas rare d'ajouter aux saignées générnles les sangsues tantôt à l'anus et lanlôt snr l'hypocondre
droit. ChPz certains malades qui a ~aient un appareil de
sy m plô :nes peu alarmans, M Meli s'ab~tint des saignées;
dans des cas graves, il fut forcé de les répéter jusqu'à
sept fois, mais pour l'ordinaire il saigna_i.t trois fois.
Lorsque la nature était insuffisante pour déterminer
le vomissement, il se servait d'émético-cathartiques, de
catbartiquef, tantôt de boissons gommeusPs, et tantôt
d'amères, et som•ent il ::i joutait quelque cathartique à l'une
de ces boissons, voici comment il s'exprime dans son
:XXVHJ.• paragraphe. Tandis que par les évacuations
sa nguiues , on a buttait d'un côté la diathèse inflammatoire,
de l'autre il était urgent encore cle débarrasser les
secondes voies des sa barres que la hile gâtée y avaient déposées, et, 1lans quelques cas, tle la même hile tenace et
porra~ée qui s'y était arrêtée : il était nrgPnt de lénifier,
de délayer et de chasser doucement ces matières irrit,rntes,
dont cette bile se mêlant avec elles, avait enduit peu-.\pen les circonvolutions des intestins, et stimuh1ient leurs
parois; d'où résultaient ensuite tles coliques, des douleurs,
�( 49)
lies borhorigmes, des diarrhées, des dyssenteries, e;
d'autres flux de mauvaise nature ( 1 ). Telle esL l'analyse
du 4.c chapitre qui d'ailleurs renferme des réGexions sages
et des idées j uclicieuses sur le traite meut.
Des observations sur le sang tiré dans cette épidémie,
composent le 5.e chapitre. L'auteur fut tenté par les
caractères physiques de ce fluide, d'examiner ses qualités
chimiques; il y observait toujours peu de sérosité, et celleci, séparée de la masse, avait une couleur entre le jaune
et le vert, un peu onctueuse et amère. Là couenne dense
et compacte éLait de couleur tirant snr le noir. M.
Meli ayant eu recours aux procùlés de MM. Oçftla,
Deyeux et Clarion, pour reconnaître sïl existait de la
hi!e dans le sang de ses malades, il obtint quelques
grains de cette matière huileuse que d'autres retirèrent
de la hile, cl'oLt il a cru pouvoir conclure que ce sang
contenait de la hile.
Quatre ohsenations avec la nécroscopie des sujets
composent Je 6." chapitre et terminent la première partie.
Nécroscopie de la l.'• observation: femme de cinquante
àns, couleur ictérique de la pean. Le bas-ventre ouvert 1
( r) Si les intestins sont considé rés ici comme partie des.
secondes voies, il faut supposer que cette erreur ne vient pas
de l\I. ll-leli, et qn'ell~ est une de celles qu'il croit avoir pu se
glisser clans l"impression cle l'ouvrage. L'avis suivant placé à la
~n de la monographie, le mettrait à l'ab ri cle tont soupçon 1
s'il n'était pas connu de toute l'Italie pour l'un de ses pins grands
écrivains en médecine et l'un de ses 01€illellrs professeurs.
Des combinaisons imprévues, dit 1\1. LWeli dans cet avis,
nous ayant enlevé le temps cle noter les erreurs encourues dans
i'impressio n de cet ouvrage et d'y porter les corrections né ces,.
saires, nous prions les lecteurs de ne point nous les attribuer 1
n"ayant ?as tié commises, bien sûrement, par un défaut àe',
BOIO de notre part(
T. IX. Janvier 18::iS.
S
�( 5o )
\
·on troa.va les intestins dilatés par des gaz, oa rempli 9
dans quelques-uns de leurs replis d'une bile porracée ; on
"oyait dans le duodenum des taches foucées , ainsi
que dans l'estomac. Le foie était très-engorgé et augmenté d~ volume ; sa couleur était presque violette et
les vaisseaox lymphatiques vers sa surface injectés d'un
fluide safrané. Les conduits biliaires regorgeaient d'une
bile épaisse. La vésicule d'un volume double de son état
oaturel, était remplie d'une hile dense et filamenteuse.
Le système de la veine porte fut ensuite examiné; il
était tendu , comme étranglé et dOT, ainsi que le tronc
,mésentérique eb le spléniqoe Ces veines ouvertes, on les
trouva remplies de cail 1ots d'un sang très-uoir: leurs membranes étaient endurcirs, et l'interne enflammée; fieu de
particulier aax organes thoraciques, si ce n'est que la
'\'eioe cave ouverte, il en sortit du sang grumeux mêlé à
une sérosité jaunâtre. Les vaisseaux de la dure-mère
étaient très-injectés d'un sang noir, et les ventricules du
cerveau remplis de beaucoup Je sérosité jaunâtre.
A peine l'auteur eut-il découvert ces lésions dans la
'\'eÎne porte, que de suite il ch,mgea d'idées sur l'étiologie
cles fièvres hilieuses. Il commença à penser que c'était
dans le systèrue de la veine porte même que pouvait
siéger la cause prochaine et se former la condition
pathologique de ces fièvres; de-là, ajonte-t-il, la chute
de l'opinion qu'une pareille maladie dérivait d'une
}!hlogose de la membrane interne du système gastroeritérique qui h:ii a donné 1jusqu'ici le nom de fièvre
gastrique; ce qui con1hat encore l'idée que les fièvre•
bilieuses ne sont que des hépatites chroniques.
La nécroscopie de la 2me. ohservation démontra, outre
une grande quantité _de hile qui regorgeait de !l'estomac
et des intestins, une déchirure <les tuniques gangrenées
de la veine porte hépatique, que l'auteur attribue à
la force de la circulation, à !~distension de l'estomac
�( 51 . )
et du colon, à la compression du di.aphr.agme, à la fonction accélérée et désordontiée du fo•e lui.même.
Deux autres nécroscopies avec des résultats à-peu-près
égaux li ceux des deu1 pr.écédentes, toujours avec lésion des veines porte et hépatique éclaircissent deux
v.érités imp6rtantC's. L'une, toute norrvelle, parœ qu'il
croit, qu'elle n'a point é!é ohservée, c'est - à - dire,
que la condition pathologique des fièvres bilieuses
consiste essentiellement dans l'inflammation du système de la veine pot'te, ce qui aurait pu l'engager à
ne plus lenr donner l'éplthè te de hili.enses et même à
les exclure du tableau des pyrexies, pour les classer
parmi les phlegmasies et les appeler partites. ' L'antre
vérité ne lui paraît pas tout-à-fait neuve, mais pent&re pas assez appréciée : les inflammations <lu système
de la veine porte sui,•ent les progrès et .les résultats
de toutes les antres phlogoses. Cc que l'auteur découn:it
dans tes quatre cadavres soumis à .ses recherches, démontre assez cette seconde ''énité.
E.
Fr.NECR.
proveru;ale, ou description avec figures co·
loriées de to11s les oiseaux qui habitent constauwtent .la
Provence ou qiti n'r sQnt que de passage; suivie d'un
abrégé des citasses , d'une table cfrs noms vulgciires, et
de quelques instructions de Taxidermie. Par Polydore
Roux, conservateur du, cabinet d'histoire naturelle de
l!farseille ( prospectus in-4,0 de quatre pages,. avec
µne gravure, Marseille i8':i.5. )
On Nrx110LOG!E
DE toutes les parties de l'histoire naturelle dont l'étude
est si attrayante et qui s'est enrichie de nos jo11;'rs d'lme
multitude d'observations, il n'en est sans doute pas de
plus iiltéressante que l'ornithologie. C'est donc nne
heureuse idée de publier nn ouvrage en ce genre,
.l,.,~ uue Provin•'" ., .. : - 'r.. ~ à l'ornithologiste un champ.
�( 5!2 )
féconr) à exploiter. En effet, la Provence est, par sa
silua11on lopographique, peuplée d'une foule d'oise;mx
qu'on ne retrouve nulle autre part en France, pt1isque
pli1sieurs cl'entr'eux s'y reproduisent et y meurent sans
s'éloigner du lieu de leur naissance. En hiver , nos étangs
abondent en oiseaax du Nord, et au printemps, beaucoup d'e~ pè ces arrivent des côtes d'Afrique pour nicher
d <1 us les quatre départemens qui comprennent l'nncienne
Provence et dont ils ne dépassent guères les limites.
Qui mÎPax qlle l\'.l. P. Roux, pouvait entreprendre
ce travail? Naluralisle profond et ayant toujours fait
de la peintn re sa principale occupation , directeur d'un
c..J)inet qui renferme un grand nombre cle raretés ornithologiques et ayant des rélations très-étendues, M. P.
Roux, ne possède-t-il pas tout ce qai est capahle d'as~·
snrer le succès de sa louaJ,le entreprise ? Le prospectas
que nous a\•ons sous les yeux en est encore un sûr gaJ'iJnt. L'aut eur se propose de décrire soigneusement,
de dessiner d'après nature les caractères distinctifs des
sexes, les diffé rences d'âgl's; autant r1ue pos~ihle, de
représenter de grandeur naturelle les espèces et d'ex.,.
poser fidèlement ce qu'offriront de plus piquant leurs
mœars et leurs h abitudes ; de réunir quelquefois dans
la m~me planche le mâle et la femelle ou le 'j eune ,
eu du moins les parties qui serviront à les distinguer
du premier ; cle figurer et cle colorier avec ane scrupuleuse exactitude, les œufs et les ni<ls des espèces
les plus remarqu ables. La classification adoptée sera celle
clo célèbrP. ornithologiste Vieillot, et la synonymie comprendra ordinairement les noms donnés llar JJri~son 1
Bz1fon Vieillot, Latham et Tlz~nrnincf;.
On vQiL <léjà que cet ouvrage mérite cl~ figurer dans fa
}li~lio~hèqae du savant , du n&taraliste, clu médeçin,
Qu phaqn;icien; et ;;i }'on fait 11LieuiiQn qµ'il peu~ être
t:H1 °iMr~ çomme l~ comrl~.meqt ~e çe 'l.qi a ~~é puhli'
�( 53 )
eur l'ornithologie dans la statistique du Département
des Bouches-du-Rhône, par M. le comte de Villeneiwe,
on verra qu'il mérite également une place dans la bibliothèque du magistrat. Il ne peut aussi qu'être trèsutile aux chasseurs qui y trouveront uu abrégé des
chasses et une table alphabétique des noms sous lesquels les oiseaux sont généralement connus en Provence;
les taxidermistes y puiseront des instructions sur la manière de conserver les oiseaux clans les collections. Eu6n,
il n'est pas jusques aux gens du monde qni ne doivent
applaudir à cet ouvrage , eu le consultant avec plaisir
comme recueil iconographique. La mésange charbonnière qui est jointe au ·p rospectus, donne one idée de .
l'excellence des presses lythographiques de M. Beisson,
auxquelles M, Roux a confié ses clessius, et il paraît
que sous le rapport typographique , cet ouvrage ne laissera rien à désirer. Il ne nous resle plus qu'à parler
dll p1·ix de la souscriplion qui est généralement regardé comme le point essentiel. Or, on saura qu'à la
réception de chaque livraison composée de huit planches
sur papier velin et d'une feuille de texte de huit pages,
oo ne payera que 6 fr. à Marseille, 6 f. 3o c. pour
les Déparlemens et 6 f. 5o c. pour l'étranger. L'ouvrage
se compo~era d'environ 300 planches et de 4oo pages
de texte. La liste des souscripteurs sera publiée avec
une des premières li vrai sons, On sooscri t chez l'aat1mr
et les principaux libraires.
P. 1\1. }loux.
0
2.
R
E V
u
E
D E
s
J 0
u
R N A
u x.
Joumau;x: Américains.
( The New-Yorck médical and plzysical journal, jull.
iept. J824.) ..-- Notice; sur u1i nouvel instrument
8Ul:JlS&.
�( 54)
pour la ligature des artères profondes , inventé par A.
E. HosACn, D.-M. ; communication faite au prefesseur
André DuNCAN de l'Université d'Edimbourg, par Ddvid
BouCK, D.-M. etc. de New-Yorcl:, ( avec une planche)
traduit de l'Anglais par Eugène FENECn D .•111. P.
New-Yorck, lez juin 18:1.4.
/
Mon cher Moasieur.
Dans le dernier numéro de vos nouvelles séries ainsi
que dans le seizième volume de la première série du
journal médical et chirurgical d'EJimbourg, vous avez
mentionné divers iastranrnns qui ont été inventés dernièrement pour la ligature des artères profondément
situées. Je sais éngagé à vous !'<1ire parvenir ci-inclus,
le plan d'an autre instrument , qui vient d'être proposé
ponr le même objet, par mon fils , le docteur A.-E.
Hosack. Comme vous le verrez par le dessin ci-annexé,
cet instrument est simple, et, par sa construction, propre
à être appliqué au vaisseau profond, et il garantit les
fils à une distance telle , qu'en liant le second nœud,
le premier reste exactement intact. Je prends la liberté
d'ajouter q'u'il a reçu l'dpprohation des professeurs de
chirurgie des écoles de médecine de Philadelphie et
de New-Yorck.
M. lVilliamson, d'Edimbourg, qui me fait la faveur
de vous transmettre cette note , est anssi le porlenr
de l'instrument. Je vous prie lorsque vous l'am·ez examiné, de le présenter à notre ami et compiignon d'études, le docteur Thomson, pt•ofesseur de chirurgie
militaire de votre Univet·sité.
Je suis 1 etc.
D. HosAcK.
Journaux
Allemands.
( Journ. der praktisch heilkande, 1824 , cah. 9 et
Jmll. des Sc. méd. ) Un rapport sanitaire d'un médecin pru6sien adressé pendant le mois d'août aux au-
\
�,vom-·el instnune1tf"pour f,7_,l;igazzn'I" tle.5 Rdc:re.s p.ro/Ùndc,s,
,",m:nàpar lt! .lJ .E..Hozadi. de,Vew-J'Urk.
��( 55 )
t<Jrités, porle ce qui suit: à Medebacb, en Wetsphalie,
une j~une fille de 20 ans, dort depuis 451 jours. Ou
ne la réveille qu'avec peine pour loi faire prendre de
la nourriture, et elle se rendort immédiatement après.
Depuis le commencement de son sommeil , elle ne s'est
éveillée spontanément qu'une fois. Tontes les fonctions,
l'évacuation périodique même, se font régulièrement:;
la chaleur et le pouls n'offrent rien de particulier. On
n'a pu découvrir encore aucune cause de ce sommeil
extraordinaire, si ce n'est nnc lésion reçue auparavant
à la tête. Deux médecins observent illlentivement. ce
•
cas particulier.
3.° V
A. R I
É T É ••
ul'( concours pour la nomination de plusieurs élèV$
internes, aura lien à l'Hôtel-Dieu de Marseille, le 10
dn mois prochain. - Nous en dirons an mot.
-- Pourquoi faut-il que des gens <le l'art, heureusement
en petit nom]Jre, nous empêchent de réaliser l'idée que
nous eûmes de faire l'éloge de tous les médecins qui exercent à Marseille? Toutefois, ce qni nous console, c'est
que la lJiographie de nos confrères sera mieux goûté~
après leur mor1. C'est alors seulement que commence le
iriomphe de l'homme de hieù.
--- M. le docteur Cher11În, pendant le trop court
éspace de temps qu'il a passé parmi nous , n'a eu qu'à
dérouler une partie de l'immense tahlean qu'il possède
snr la nature de la fièvre jaune, pour convertir les incrédules contagionistes et faire pâlir. les cootagionistes
de mauvaise foi. Le temps viendra où la voix du médecin int~re ne se perdra plns dans le désert.
--- Dans sa séance du 4 de ce moill", le C()[~ité
médical des dispensaires de Marseille, a adopté à l'una--
':
? , •·
• •
�( 5"6 )
nimilé la proposf tion que lui a faite son Secrétaire d~
pnhlier, tous les trois mois , nne notice de ses travau'îf
et l'administration du bureau de Bienfaisance , a considéré cette publication comme un moyen d'exciter l'é..
tnulation des médecins des dispensaires, de concourir
à la propaga1ion des sciences médicales et à !a collec•
tion cle tout ce qui peut tourner au profit de l'homme
souffrant. En consér1uence , nous ferons paraître, dans
la livraison suivante, un extrait dn rapport général des
malades traités dàns les d,ispensaires pendant l'année
t824, et nous donnerons ensuite, de trois en trais mois,
,
un précis des travaux du comité .
- Ainsi que nous l'avons annoncé, la Société des
sciences, arts et belles-lettres du département <lu Var 1
séant à Toulon , a tenu une séance publique le 1~
décembre dernier.
--- L'Analyste et Journal médico-chirnrgical dn P"ar
et des Alpes. Tel est le nouveau titre que portera,
cette année, le recueil de M. Audiberl-Caille.
--- L'Asclépiade devait se composer de douze livraisons
et former trois gros volumes par an. Il n'en parut que
sept livraisons en 1823 , une en t824 , et ou en promet
au moins deux en 1825.
--- Des apoplexies, des pneumonies, des gastro-entérites, des coryzas, des angines out été les affec ...
tioos lf's plus fréquPn les ce mois-ci. On s'est générale"
meut bien trouvé des anti-p\1logistiques, mais surtout
des évacuations sangnine.s gé né rales f't locales , et l'ou
n'a gaères employé le tartrate de potasse aolimonié que
daus certains c~s d'angine.
--- D'après le relevé des registres de l'Ètat-civil de la
mairie de Marseille, il y a eu en Décembre 1824, 371
naissances; 277 décès et 79 mariages.
Le reb·é général des acles de l'État-civil, pen ...
clant l'annre 15h4 , pré~eute les résultats smvans :Naiss;..nces, 4514; Décès, 3goj; Mariages, 967.
--r
,
P.-M. RovJ1:.
�( 5j)
~.°
C 0 li' C 0 URS
AC AD É Mt QU!!" S•
----------------
LA. section de médecine de l'Académie royale de Pàris;
àans sa séance pohliqoe de i~h5 , dclcernera
un prix de'
Ja valeur de 1,000 franc s, à l'aute ur du meill
eur mé'...
moire sur la question soivante :·
Fai~e l'histoire des tuher colés , sous le rapport
d~
leur origine, de leur structure dans les dive'rs
organ ei
ozi tissus d'organes; indiquer, par d~s obser
vations et
des expériences, si l'on peut s'assurer de leur
existenct!
et s'opposer au d~veloppemen.t, ainsi qu'au x
dégéntfres_;
cences qu'ils éprouvent oit qu'iÙ peuvent produ
ire.,
Les mémoires écrits en français ou en latin
devro nt
chre adressés francS' de port, et selon les forme
s aca~·
démi ques, an secré tariat de l'Académie royal
e de mé-·
decine ,. rue de Poitie rs , n." S, à Paris .
La Commission provinciale poor les reche rches
mé~
dical es, séant à Arnh eim en Gueld re ,. avait
proposé
et reme t au concours pour suj.et cle prix de
la valeul!
de 35 ducats , qui sera décerné eu décem
bre 1825 ,i
les questions suivantes :
« Depuis quelque tem'ps plusie'urs méde
cins ùist'ingué!r
donnent , dans le traite ment des fièvres, la
préfé rence'
à la méthode antiphlogistique sar la stimu
lante , et cette
préfé rence paraî t avoir été' j-astifiée en partie
pa:r leSJ
incom•éaiens apparens de la méthode stimo
lante , ainsi
que par la décision des plus grand s homm
es de l'art ;
au lieu que, autan t qu'on peut voir par l'hislo
ÎTe de}a méde cine, la méthode antiphlogistique a été
remp lacée.
par la méth2de stimulante. La commission dema
nde- d'ond ?'
1.0 Le traitement anti-phlogistÎ<{ue
employé: dan:; lef>
jièv-'res , s<>it pendant tout le cvrmr Je la. mala
di'e' 1 soi!.
T • IX. Jarwier l S.:ii1
�( 58)
à wu! seule époque , est-il le seu,l traitement convenable,
et fondé sur la nature de la ma!.adie ?
.u Dans le cas crtfirmatif, faut-il considérer comme
2
des erreiirs et méprises médicales ce qui s'éloigne de
ce,tte méthode ·!
3.° Comment expliquera-t-on les succès que beaucozip
de médecins disent avoir obtenus de la méthode stimulante, ou prétendue fortifiante ?
4.° Ces succès pourraient-ils s'expliquer aussi par la \
différence des caractères de la maladie , tels qii'ils ont
été observés par les gens de l'art, de manière que la
différence totale des caractères demanderait que l'on
adoptât tantôt l'une des deux méthodes, tantôt l'autre.
5.° Or, laquelle des deux mérite d'être généralement
pratiquée d'après le caractère qui se manifeste ?
Les réponses pourront ~tre écrites en hollandais ,
français, latin ou allemand, et devront être adressées
au secrétaire de la commission, O. de Ruuk; à Arnheim.
LaCommission se réserve d'accorder un acces;it de 15
ducats s'il y a lieu. Le mémoire couronné sera la
propriété de la Commission.
AVIS.
LA Société royale de médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Observatio11s , Notice11 , etc., de ses membres soit titulaires 1
soit correspondans , qui lui paraissent dignes d:être
publié$ , elle n'a égard qu'à l'intérêt qit'ils présentent
à la science médicale ; mais qu'elle n'entend donner ni
approbation ni improbation ac1x opinions qiie peuvent
émettre les aule1tr.r~ et qui 1i'ont pa11 encore la sanctio11
'énérale.
�( 59 -)
BULLETINS
DE
LA SOCIÉTÊ ROYALE DE
MÉDECINE;
DE MARSEILLE.
JA~VIER 1825. ---
N. XXXVII.
0
NoT ro Ns sur la fièvre jaune, communiquées par !If. lt
clvcteur CuERVlN , à la Société royale de médecine de
MC/./ sà lle , dans sa seance du 15 janvier 1825.
« LonsQUE j'arrivai à la Guadeloupe, le 15 décembre
1814, dit M. Cfzervin , l'état sani taire de la Colonie
était satisfaisant, et l'année 181 ;:, s'écoula sans qu'il y
eol un seul cas de fièvre jaune oaractérisée, bien que
le nomhre des Europeens récemment afl'ivés dans celte
île fut très-considérable' et que des causes physiques et
mor..tles , dé terminées par la révolution ,des cent jours,
dussent les prédisposer à cette maladie.
» L'étal météorologique du premier trimestre cle 1816
prtlsenta de grandes anomalies : il y eut <les :pluies et des
fraîcheurs extraordinaires qui firent place tout-à-coup à
de fortes chaleurs ' et dès le commencement du mois
d'avril on observa quelques cas sporadiques de fièvre
jaune. Ces cas augmentèrent en nombre et en gravité,,
et vers la fin de juillet, la maladie prit nu caractère
épidémique parmi les gens du nord non acclimatés, et
fit de nombreuses victimes jusques vers la ~n de z817.
le me livrai entièrement pendant tout ce temps à
l'étude de cette terrible affection : je recueillis au lit d11
�( 60)
maiade un très-grand nombre d'ol1seryations p.a;rticnlièr.e!,
.et ,fis cinfJ .c ents e.t qa.elques ouvertures de c;1.davre; et
j'eatirue que j'ouvris à peine le tiers des su)ets qui furent
:enlevés par la fièvre jaune; ce qui fait voir clairement
,qne ~s .noa~e{l~X :venus ne sont pa~ en aussi petjt 1;1.omhre
.à la Guadeloupe qn'on a bien voulu le dire, d de plus,
i'JU'ils ne se dispersent pas tous dans la Colonie , ainsj.
.qu'on l'a prétendu, puisqu'ils ont été moissonnés en
,aussi ~rand nom1>1'.e dans la seule yille J?ointe-à-Pjtre
~ui Be r-enferme pas trois milte hlancs.
'> .L ei .n ombreuses nécropsies que j'ai faites m'-0nt offert
~on.s.tamment des traces d'inflammation sur divers organes
de ·}',appareil digestif, et dan.s certains cas, sur les mem'1rane_s .d u cerveau elles-mêmes: ce qui m~a conduit à
,c<mihattre la fièvr-e jaune par les antiphlogistiques, et à
rejeter ent.ière.ment les toniques dont les médecins de la
Pointe-â-Pitr:e fes~rien.t usage lor~ de mon arrivée dans
~eue ville. J'a:voue que je n'ai point examiné ia moëlle
:épin.ièl'.e dont on a tant parlé dans ces derniers temps,
parœ q1;1'il ne m'est jamais <venu dans l'idée qu'elle dttt
~lr~ le siége de la fièvre jaune, et les détails que plu,.
.sîeurs médeci~s de Phil\ldeiphie, qui se son~ occupés de
'9,examen Cie cet organe en vrais an~tomistes, ont en l.a
,bopté .de me çomm.n niquer, lors de mon passage clans
1e,ur v}tle., pe me font nullem.e nt regretter cette omission,
f.arrrii .Ce$ médecins se tqiuve :fyl. le docteur Barlan ,
.;profess,eur d'anatomie comparée à l'Université de Pensii"an.i.e oi~ il fait ente,ndre de sa vantes ieçons.
11 'En me livrant à des recherches sur la fièvre jaune,
je ne pouvais p;is oubiièr ce ~ni a rapport ~ son origine
.e.t à !i.On m.ode de propagatiqn. 'Je r;n'oc~npai donc pârt'Î-::
t::nl\èrei;nent,, dès 'le pi'incipe, ~ recueiHir des faits propre&
~ ~taJ.11jr \e caractère contagieux ou non:-contag:eux de
~,eu." ~~la,4.ÏJl, ~t j'ep rencontrai d.e sî nom'b reàx ~t d~
fi. ~~2-Mi 1u~ je ~e t&n'!.aJ pa~ ~ fe~ IJu'.cl~~ p.ç $t;
�( 6I )
propagea it pas par contagion , comme l'ont avancé·
jieaucoup de médecins , d'ailleurs très-recommandables.
Des milliers de faits dont j'ai eu connaissance depuis ,
n'ont fait qae me con'flrmer dans celte opinion que je
lll'adoptai d'abord qu'avec une extr~me réserve.
,, Parmi les faits favorables l1 la doctrine de la noncontagion de la jièvre jaane qui me frappèren t le pins
durant mon séjoar à la Pointe-à-Pitre , se trouvent les
sui vans~ sept officiers de santé , médecin , chirurgie ns et
pharmaciens arrivant de France , forent chargés du
~ervice à l'hôpital militairn de la Pointe-à- Pitre, an
.commencement dn mOis d'aol'1t i816. Ils se trouvèren t
journellement en rapport avec les militaires atteints de
la fièvre jaune, sans qu'un seul d'entr'eux la cou tractât.
Cependant, à l'exoeption du médecin , ils étaient tous
dans la fleur de l'âge et n'avaient jamais habité les
Colonies avant cette époqu.e.1
» Trois médecins civils qui étaient dans la Colonie
depuis em'iron dix-huit mois~ donnèren t des soins à un
très-grand nombre de malades de la fièvre j aune, sans
en avoir jama'Îs été atteints eux-mêm es. On ne dira pas
qu'ils en furent exempts parce q11'ils avaient eu le temps
,de s'acèlima ter, puisque, un grand nombre de personnes ,
.arrivées dans 1a Colonie à la même époque que ces
méde cins, périrent de la fièvre jaune en i816 et même
en 1817. J'étais an <le ces mé<lecias, et j'avais une de-s
constitutions qui favorisent ie plas le développe ment de
~ette fatale malad1e. Je µt'exposa i, sans aucane réserve,
comme sans crainte, 3 sa prétendue contagfon ; et ma
~oaduite ne fut suivie d'aucun résultat fâcheux.
» La question de la contagion ou de la non-conta gion
~e la fièvre jaune m'ayant para, dès-lors, une des plus
importantes d~ la médecine , j'ai eu spécialem ent pour
.objet <lans mes recherche s nhérieare s, de rassembl er
~ t~ fournir .; mx mé4ecin~ e~ aux -Sociétés sav.autes de~
�( 62 )
.
deux Mondes , nn nombre de faits snffisans pour la
faire décider une fois pour toutes, car c'est uoe question
purement de faits, qui ne peut et 11e doit, par conséquent,
se résoudre que par des faits; mais l'ar des faits bien
constatés, bien avérés, bien positifs, recueillis, autant
que possible, sur 1les lieux mêmes, et non dans les bruits
populaires, comme on l'a fait si souvent.
,, C'est dans la vue de former un pareil recueil que
j'ai visité Cayenne, les GuyaMs française , hollandaise
et angl<1ise, toµte la chaîne des An.tilles ( à quelques
exceptions près) depuis la Trinité espagnole jusqu'à
la Havane, les villes du littoral des Etats-Unis d'Amérique,
depuis la Nouvelle-Orléans jusqu'i1 Portland dans l'état
dû Maine, et enfin tout récemment les diverses pro'finces du Midi el de l'Est de L'Espagne oh ce fléau s'est
montré.
· " J'ai obtenu dans ces différentes contrées l'opinion
motivée des médecins les plus recommandables par leurs
connaissances et leur grande exvérience, sur la contagion
on la non-contagion de.la fièvre ja1rne, et j'ai fait légaliser
la signature de ces mêmes médecins par les autorités
locales, poui· donner aux documens qu'ils m'ont délivrés
sur cet important sujet, avec une libéralité qui fait le
plus grand honneur à notre profession, tout le caractère
d'authenticité qu'ils méritent et que l'on peut désirer.
Parmi ces documens , il en est quelques-uns qui sont en
faveur de la doctrine de la contagion, prise dans nn sens
plus ou moins limité; mais les faits que les auteurs
invoquent à l'appui de leur opinion, sont loin de l'établir
sur des bases solides; ils conduisent m~me, dans plusieurs
cas, à des conclusions diamétralement opposées à celles
':la.'ils en tirent. Par exemple, sur 54 docnmens que ''ai
obtenus defi médecins de Philadelphie , six se ement
admettent l'importation et la contagion. de la fièvre
iaune ious certaines conditions. 5ur quarante - sept 'lui
�( 63 )
m'ont été fonrnis par les médecins de New-l'orck, il a'1
en a qoe trois de favorables à la contagion, et de même
que les six de Philadelphie, ils sont loin d'établir que la
fièvre janoe puisse se propager par cette voie.
• Les médecins de la santé de New-Yorck auraient p11
enrichir ma collectioc de quatre docnmens précieux en
faveur de la non-cont:.igion de cette maladie. Mais la
crainte de perdre leurs places les en a empêché, ainsi
que deux d'entr'eux me l'ont confessé avec une franchise
Jont on doit leur savoir gré, parce qu'elle montre
jusqo'à quel point l'homme peut trahir ses devoirs
et sa conscience dans des vnes d'intérêt personnel.
Les discussions que j'eus à cette occasion avec ces
Messieurs , dans les papiers publics, ont été oon·
nues dans tons les États-Unis, oil l'on n'a pu voir
sans étonnement la conduite des docteurs Baley,
Harrison , Quacl:embos et Dicl:man à mon égard.
• Ainsi, tant aux Antilles qu'aux Etats-Unis d'Amé.
riqoe, la grande majorité des médecins regardent donc
actoellement la fièvre jaune comme one maladie prodoite par des causes locales, et entièrement privée dn
caractère contagieux qu'on lui a attribué; mais il n'en est
pas de même en Espagne : le plus grand nombre des
gens de l'art y considèrent encore aujourd'hoi cette maladie comme importée et propagée par contagion : ce
qoi ne surprend pas quand on sait que pendant les vingt
premières années de ce siècle, il n'a pas été permis aux
partisans de la non-contagion d'élever la voix pour éclairer
Cautorité et leurs concitoyens sur le véritable caractère
du fléau qui a ravagé les popolations de leur malheureux ·
pays: mais depuis quatre ans l'opinion de la non-contagiq_n y a fait de rapides progrès. D'ailleurs, en parcoa.rant'ies di vers points des proYinces de Cordoue, de
Sé,,ille, de Cadix , de Malaga, de Mo ri ce, de Valence,
d'Arragon et de Catalogne , oh la fièvre jaune a régné
�( 64}
depuis 1~année 18oct; ie me suis convarncu que les f'aftt
.qu'on nous·cite chaque jour comme preuves du prétendtl'
caractère contagieux de cette maladie, sont tout-à-fait;
inexacts : c'est ce que j'ai particulièrement remarqué'
d.ans ce qu'on a écrit des épidémies cle BaFcelone,
Tortose, Asco et Meq.ainenza , en 1821. De sorte que'
je dirai, sans craindre de me tromper, que tons les•
faits .allégués jusqu'à· ce jour, et dont j'ai connaissance,.
en faveur de l'importation et de la contagion de la fièvre·
j.aune , tant en Espagne qu'en Amérique , sont ou
controuvés, ou altérés dans quelques-unes de fours parties
ou circonstances essentielles; ou que, s'ils sont exacts, on
en a déduit des conséquences forcées et tout-à-fait con-·
traires à celles qui en dérivent naturellement. Loin de
moi, cependant, la pensée que les partisans de la conta-·
gion, parmi lesquels se t~·ouvent des hommes aussi recommandables par leur àmour de la vérité que par leurs.
talens, aient voulu propager sciemment une erreur
aussi préjudiciable à· la société, que cc:::lle qu'ils sou-'
tiennent avec tant d'opiniàtreté depuis vingt-cinq ans,
Leur égarement prouve seulement j·asqu'à quel point le·
sentier de la vérité· est d-ifficile à suivre, et qu'il y a des•
hommes tellement 'préoccupés 1 qu'i'ls nieraient jusqu'à
l'évidence même, ainsi que nous en avons toas les jour&
des exemples.
» Je regrette vivement; Messieurs, que le temps ne
me permette pas d'entrer ici dans des détails sur la prétendue contagion de la fièvre jaune, dont on cherche à'
nous épouvanter depuis si long-temps; car c'est princi-·
paiement par des faits détaillés que l'on sape les fondemens ruineux de cette doctrine erronée. Je craindrais•
même d'avoir abusé de la complaisance de la savante'
:réunion, qui a la honté de m'entendre, si ' je ne'
connaissais jusqu'oh va son amonr pour la Térité, et tout
llintérêtq,u'elle prend à la grande question qui- m.'occupfi•,i
�( 65 )
oie't pour laquelle plusieurs de ses membres ont combatta.
avec autant de cou,r age qne de talens. »
Ces ·c ommunications ont été entendues avec nn vif
intér~t par fa Société, laquelle , jalouse de donner à
M. le docteur Chervin, une preuve du p.rix qu'elle attache
à ses importantes recherches , et un · témoi.gnage des
seutimens que lui ont inspirés son zèle peu commun
et son louable dévouement, lui a <lécern~, par acclamation, séance tenante, le titre de membre correspofüfant.
SuE, secrétaire-général.
SÉANCES DE
LA
SOCIÉTÉ,
·P ENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE
182f.
4 Décembre. - M. Seux fait hommage du troisième
Yolnme relié de !'Exposé des travaux de la ~ociété.
Ce volume contient les comptts rendus des années
1819, 20, 2 I, 22 et 23. ( Dépôt dans les Archives. )
M. le docteur Rapou remercie la .Compagnie de
ravoir associé à ses travaux.
M. Gillet lit sou rapport sur le mémoire de M. Ducasse, correspondant a ToulouRe , ayant pour ' titre :
Réflexions et observations sur les/ hernies étranglées avec
inflammation.
Ce rapport est adopté dans tout son contenu.
M. F1::n1::ch fait lecture ,ü'un rapport sur l'essai de
la fièvre jaune d'Amérique , adressé par M. Thomas ,
médecin à la Nouvelle-Orléans.
Les conclusions du rapporteur tendantes à ce que
M. Thomas soit placé sur la liste de nos associés
itl'angers , sont un.inimemeut adoptées.
T. IX:. Janvier 18.25.
10.
�( 66 j
18. Décembre. - M. Giraud-St.-Rome fils, cie retont'
c1'un voyage qu'il vient de faire en Italie, fait bominage,au nom de leurs auLeurs, des ouvrages suivaos:
Sumrna observatiomim anatomicarum ad physico-chymicarwnqrie usque ab anno MDCCXCII expositœ
prœcurrerunt, nova elementa physicœ corporis humani
aud. Steph. Gallini.
· Les Comptes-rendus en italien des tra,,aux de la.
Société de médecine ·de Venise ( aujourd'hui Athénée
vénitien ) pendant les années J810, 12, '13 , 14, 15
et 16. Le règlemenl de la même Société.
Ces écrits sont offerts de la part du docteur Aglietti
de Venise.
Della maniera più aua a cumre radicalmente le
varici ed impiagamen.ti variwsi dell'estremita infériori.
Memoria di R:.inieri cartoni, méd-chimrg. Pisa.
Ce médecin est propgsé par M. St.-Rome pour ~tre
admis au nombre de nos membres correspomlans Y
ainsi c1ue le doctear Omodéi de Milan , qui adresse à·
cet effet un onvra;;e intitulé : Del governo politicomedico del morbo petechiale. Les demandes de M. St.Rome sont prises en consi~lération pa.r La Société qui f
sur lci proposition du même membre, accorde, séance
ti!naote , le titre d'A.ssocié à M. Vacca-Berlinghieri ,.
professeur de clinique chirurgicale à l'Uni,.ersite de Pise.
M. le comte de J7illen~11 ve , préfet, annooce de la
part de S. E. le Ministr~ de l'intérieur, .qae l'adresse
de la Soçiélé au su jet de l'avènement tle C1IA~LES X
~u trône , a élé mise sous les yeux <lu Ro1 e~ qae Sa
Majesté a daigoci agréer les seotimeps qui y snn~
·
~xprimés;
La séance est employée aux conférences sur le~
·
maladies régnantes.
SEU X, Président.
Su E )Secrétaire-général!
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N. N. U. fort.
N.N.o. b. frais .
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8,3 92 E.
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N. O. fort.
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1,8 81 N. O.
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3.o 84 ~. N.O.
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3~ 79 N. O.
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~6 79 N. O. faible,
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ÉTAT DU CIEL.
brUU-ilfard.
Quelc[ues légers nuag.
~uelque; nuages.
Nuageux.
Serein.
Quelques éclaircies.
.Serein , brouillard.
Ser.: il a plu un inst. l.s.
Quelques uuages •
.Serein.
Serein , brouil. le m,
Idem
Idem
Très-nuageux.
Serein, bro uil. le m.
Quelques n., br. 1. m.
Nuageux.
Trés-nuageux.
ld.em, quelques gout.
Nua&eux.
Serein.
Serein, brouil. le m.
Serein.
Quelques nuages.
Serein, brsuiL le m·
Q• n. mais f, r.; br. l. m,
Nua&es le matin.
•
Serein.
Quel. lég n.; mais f, r.
Très-nuagellx.
Sans nuages.
Serein , brouillard.
Moyennes.
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Idem . . .. . . . • .......... . .. . •.•..• ;/i8 ,
Moindre
H auteur moyenne du B •l'omètre, pour tout le mois. . • 162
Plus grand de~ré de chaleur ......••.....•.. . , • . 13 °,
frlem . . . . ... . ........ (1) .......... * t ,
M•mHlre
Ternpéralure moye nne du mvis. . . . . . . . . . . . • • . . • • • . 6 ,
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Quantité d'eau Lomb~e pendant
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l le jour. • • . • •
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nuit......
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70. le 1.e'' 9 hPores da matin.
04, le 21, à 3 heure&.
27.
le 4, à 3 henres.
2,
o, le 7, au leve~· llu. soleil.
16.
1 o, 5.7
mm
o,57 .
1:--t
.....
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Nombre de joara, ••••.••••••
de pluie••.•••••••••. !il
entièrement couverts ..• 0
très-nuageux.••• ~ ••• 5
nuageux ..••...••.•.• 3
sereins. • • • • . • ••.••• i4
de hrame ou 1>ronillard 10
de gros vent •••••• ·•• • • r
de gelée •••.•••••••• · 9
Les.1ewpératures au-deuoua cle zéro, eeront désorJ.I1aia ~récédÇea. d'un a1téri'.lue,
\
�( 69 )'
SE C0 NDE
P A R T I E.
~1Él\10IRES, DISSERTATIONS, NOTICES NÉCR-OLOGIQUES
ETC.
0
1.
M ÉM 0 I R E
s.
des passions. - Coup-d'œil sur la gram.met.;.
toscopie ; par M. P1ERQUIN, docteur en médecine,
membre de plusieurs Sociétés savantes, etc.
/)IAGNOSTIC
Le cœur a ses travers, l'esprit a ses débauches.
C. P., Epitres.
( 2. e
Article ).
P .Ali. cela senl qu'nne science est nonvelle , elle ne
mérite le mépris de personne et surtout des hommes
instrnits : comme travail , on doit des encouragemens à
l'auteur, comme science, on doit la cultiver, vt'\ l'agrément et l'utilité qu'elle présf.nte. Ceux qui ne voient
la médecine que de loin, la critiquent ; il faut avoir pénétré dans ses plus profondes retraites p1>ur en connaître
tonte la magnificence et tonte la certitude. Il me
reste nn aveu à faire, pour désarmer ane sévérité mal
entendne, la l'oici : je n'ajoute pas pins de foi à la grammatoscopie que l'on n'en accorde ordindirement à la
physiognomonie, à la craniosropie, etc. Dn reste, je recnse
pour mes juges tous ceux qui n'étudieraient pas plus
ce système qn'ils ne le font do celni ·de Lavater 01.1
de Gall, qnoiqu'ils le condamnent aussi.
u
T. IX. !lévrier i8:iS:
�( 70)
Je l'ai déjà clit: l'idée première cle celte connaissance,
comme propriété morale, ne m'appartient point, j'e
n'ai que le faible mérite de prouver aux hommes essentiellement méchaus et hypocrites, qu'il est encore un
moyen infaillible de les démasquer et j'aurai rempli une
tâche assez Onohle en concourant de tous mes efforts
au maintien de la morale publique ; le manteau de Diogène ne potirrait plus cacher son orgueil, son cynisme
est découvert, l'hypocrisie n'assurera plus la vie d'un
mistirahle.
Scdptura q11a11li constcl et tom11s •vilis.
l\Lmr1,1L.
Je ne sais si ce que j'ai dit jusqu'ici tend à pro_uver
l'existence d'un art aussi utile; mais je sais disposé
à le croi e, en voyant déjà que la route a été frayée,
que Les esprits out été prépàrés ])ien ii l'avance et
ensuite tout récemment par les rédacteurs des victoires et conquêtes qui ont avoué puhliquement qu'ils
ne croyaient pas pouvoir mieux faire connaître le carnctère de nos héros qu'en y joignant leur écriture
afin de le~· montrer dans li:s cléüiils les plus familiers
de leur vie. Je vois chaque i?ur des personnes ~tu- ·
<lieuses avides cle connaître le caractère de tel ou tel
auteu1· qu'elles idolâtrent, perdre un temps précieux
à lire de volumineux recueils oh l'on a fLilteusernent
relaté leurs belles actions, et oh l'on a soigneusement passé
sons silence leurs vices et leurs défauts : ne serait-il
pas plus simple, plus prompt et surtout plus sûr d'é.
tudier ce que l'on veut connaître non dans des ér.rits
mensongers , mais clans la propre écriture de l'homme
lui-même ou dans celle de son panégyriste insolent,
dans lesquelles chaque trait serait empreint cles pastiions diverses qui les agitaient et sur lesquelles on ne
pourrait jeter aucun doute.
Qu'on y réfltlchisse bien , ce n'est point un vain
�( 71 )
laxe qui a engagé les imprimeurs modernes à placer
eu tête de tous les ouvrages des fac - simile de leur
auteur : ils ne ressemblent pas du tout à l'ignorance
orgueillellSc quî achète a graùds frais des lettres autographes de. nos plus célèbres écrivains pour la seule
ostentation ou pour l'amour unique qu'elle porte à
l'auteur; ce sont des hommes instruits qui ''ealent
donner au littérateur réfléchi les moyens de connaître
'le moral d'un auteur. Mais ce hut serait bien mieux
rempli si, au lieu de mettre une seule écriture qui est
celle de telle époque de la vie, on en mettait deux
ou trois des différens périodes, conune on le fait des
portraits, de Voltaire, par exemple, dent on a recueilli
les portraits à différens âges, Les éditeurs d~ ces on''rages a,•ec fac - simile étaient bien persuadés que
le style n'est que les paroles écrites et que dès-fors
ou ne peut pas plus juger du moral d'un homme
sur ce qu'il écrit que sur ce qu'il dit : car nous
sommes prufundément persuadés qu'on ne peut nullemeut juger des passions d'on homme d'après son style,
si ce n'est peut-être lorsque celui-ci n'est pas dn tout
prén1édité, c'est-a-dire , qu'il est en dehors de sa volonté ou de sa puissance , ce qui est excessivement r~re
ponr ne pas dire introuvable : c'est tout au plus lorsqu'il est en proie à une violente affection de l'itme,
et peut- être même y a - t- il e11core une très-grande
différence entre une lettre écrite dans cette circonstance, p.1r un homme brnt ou peu instruit et celle
qu'aurait écrite dans la même situation, J.-J. Roussemi,
par exemple. Dn reste, le style s'imite parfaitement et
jamais l'écriture. Celle-ci est placée en de•sns de l'hypocrisie , c'est le cachet innpprrçl1 de la nature muet.le;
:mssi, Dien , sur le Mont - Sinaï, nous donna - t - il
.sa divine loi, écrite de sa propre main, afin que mtl
Dtl put la recuser 1 ni la nier, et que l'honùne p11t
�.
( 72 )
v vt>ir en traits de fen
toute sa grandeur et toute lia
.
munificence. Outrer une idée , c'Pst la rendre ridicule:
qu'on y prenne garde , je, ne nie pas absolument qne
le style ne poisse dans quelques circonstances morbides
donner une idée <le l'aliénation mentale , avec fûrenr,
par exemple, parce qu'en ce cas, corn me clans bien d'autres, il représente les paroles irréfléchies émisPS dans
Ja conversation ; ici, sans doute, c'est un miroir, mais
les signes gmphiques n'en sont-ils pas aussi un autre
et cent foi!. pins certairi 7 D:ins ce cas, l'imagination
déréglée court sans être balancée, enrayée , arrêtée
par l'inspection d'nne froide raison; mais dans une
métaphyséose beau oup pins simple, dans le llélire
partiel ou momentané, par exemple, la raison ne parait abolie que dans cette circonstanl'e, n'est lésée que
sur tel point, et, certes, ce n'est point alors le moment
d'écrire. Tout le monde sait différencier une écritnre
d'avec une autre ; n'entend-on pas souvent dire : voilà
nne écriture qui ne me plait point, celle-là est sans
t;race, elle est dore, etc, mais personne ne pense à rechercher pourquoi elles produisent ces diverses impressions.
Je sais que rien n'e~t plus rare qne le génie d'observation et surtont en France; aassi , était-ce chez cette
'llation que devait naître l'idée que le style était l'homme.
Marivaux avait trop d'esprit et trop de jug11ment snrtont pour oser soutenir ce priu<'ipe. Il a préféré dire
nvec pins d'espl'Ît et <le raison qrie le style a un séxe.
En effet, si le style peut sen ir à quelque chose __.c'est
seulement à faire connaître si l'écri,•ain est instruit 011
non, et n'est en ce cas pas plus utile que l'orthographe,
mais croit-on francbement qu'il puisse servir à connaître
les passions diverses dont \'écrivain est la victime? v .. iton le caractère d'Esmenard dans son poème, celai de
l'Aretin dans ses lettres, etc. 7 Retrouve-t-on l'empreinte
de la misère et du malheur dans la I.usiade, le Ro.land
�{ 75 )
furieux, l'Illia(le, la
Jéra~alem ,
la Renriacle, le Paradis perdu, etc. ? Rf>trouve-t-on celle du lJOnhenr et
d'une constitution maladive dans l'Enéide? O thi>ll<>
agité p-er la jalousie et l.i vengeance pent dire · jt suis
tranquille! •. Qu'il écrive, on verra le contraire. Néron,
attendri pour la première fois , ne veut pas cepencldnt
laisser entrevoir sa sensibilité Pt refuse de siguer une
coudanm' tion capitale, de peur qoe ses bÎgries graphiques rel ra"Cent :es seotimeos qui l'animent : Veiiern,
s'écrie-t-il, nescire Litteras ( c) !
Le style n'étant donc qne les paroles écrites, est
rmsceptible de revêtir le même degré ll'hypocrisie ~
il n'rn est pas ë1Ïosi d'une main pure, innocen.e, inattentive, a,·eugle, chargée de trdnsmettrn sa us reflex ion,
sans malice, des sentiu:ens honteusement faux, mais
plus ou moins bien imités ou fiessinés: on ne soigne
point son écriture , parce que l'hypocrisie trouverait
cette contrainte insoutenahle, mais on cultive son style:
on n'attache aucune importi:f.nce à _ la premièr€, on
met tout son intérêt, tonte sa vanité, on dirigP toutes
ses vues, toutes ses étades vers l'autre. Lorsqu'on écrit,
c'est avec le plus gra~d abandon , l'esprit n'est occupé qlle du style , il est entièrement préoccupé -de
la réd~ctioo brillante d'idées vraies on fausser. et la
main court au hasard, tandis que l'esprit vise à l'effet
par les mots; c'est dans ses écarts on dans sa marche
qu'elle trahit le maître 1ui la guide, qu'elle sert, dont
elle reçoit des ordres spoolanés : cle même on voit l'aurore trahir par son éclat l'arrivée prochaine du soleil
1mr l'borison , ou que l'oiseau cln ciel annonce à perpétuité l'arrivée cln printemps, oa de même encore
qu'un_ animal laisse l'odeur de son passage. C'est envain
(t) $mqa' a~ dementiil lib.
11.
�{ 7/i. )
qu'il se fie à sa prudence et à sa vitesse; un chien
bien élevé sent, dévine, suit ses traces légères, parcourt
les mêmes détours, parvient au gîte et le dénonce au
' cruel chasseur.
Comme je l'ai dit, j'ai été étonné, après un pen
de recherches el de réflexions, <le la prodigieuse diver.
sité que j'observai clans les physionomies graphiques;
chariue jour, elle me frappait, car je n'en trouvais jamais deux <le parfaitement analogue tot capita tot ~na
nus , ces differences étaient même en quelque sorte,
plus nombreuses que celles qu'un physionomiste habile
distingue dans les figures : ces variétés se retrouvent
partout dans l'étude de l'homme n'importe sous quel rapport on veuille l'envisager : quelle foule de nuances etde
degrés différens n'y a-t-il pa~ depuis l'inflammation erythématique la plus simple jusqu'à la phlegmasie gangréneuse; la même distance n'existe-L-elle pas entre la _passion la
plus modérée et la manie la plus furieuse? Dans tous les
cas , les symptômes sont plus aigus, plus prononcés,
plus à Ja portée de l'œîl yulgaire ; ces mêmes nuances
différentes, un regard savant les retrouve dans l'ècriture
et conclut à l'existence <les sy mplômt::s graphiques de
chaque passion, et comme celles-ci ne sont que des mé·
tapbyséoses au minimum , on étndie encore le diagnostic
des aliénations mentales dans cette application rdléchie.
Ceux qni ne lronvent aucune différence dans la cons.
truction et la forrn!l des divers signes graphiques , ne
doivent point en remarquer non plus dans le timbre de
leurs voix, et pour se ranger dans les partisans de celle
dernière opinion , il faut n'avoir jamais entendu parler,
tout eomrne il faut n'avoir jamais sa lire pour épouser
l'ignorance de l'antre. L'on a heau clire : le visa ge offre
bien moins de diversités, parce qu'il est moins franc , il
n•y a pas même jusqu'à la voix, qu'on ne puisse con.
l.l'~faire~ le crime suppliant son juge 1 u'a-t~il. pas la voil
�( 75 )
de la doucenr et cle la vertu ? La: vertu indignée n'a..
t-elle point le timbre du crime 7 Cependant il faut en
convenir , hors de ces circonstances pénibles, on cherche bien rarement à dégui~r sa voix 1 et une fois les
modifications diverses de l'organe des sons très-constatées,
il ne s'agit plus que d'en rechercher la cause dans cff
cas-ci, comme dans l'aulre. Etudiez le timbre vocal cles
différentes passions, et vous trouverez ce timbre cliirahle
chez 117 individus qui seront enclins a telle ou telle ,
l'homme naturellement colère ne parle jamais avec douceur, l'homme ignorant a un timure aigre et désagréable. Eh bien! c'est de là que je partirai : j'en ai fait de
même ponr les écritures , quoique j'aie été plus loi11
ddoS l'élude de la phonoscopie, parce que j'ai entendu
beaucoup plus de voix que je n'ai vu d'écritures, car je
vais jusqu'a donner l'âge des individus soumis à mon audiliou, Cependant, comme les paroles 1 le timbre de J,.
voix est sous la dépendance cle la volonté, l'écriture
seule se dérobe à sa puissance oligarchique, et l'on peut
dire qu'elle a plus de franchise clans ses expressions ~
qne toutes les autres traces des connaissances de l'homme
moral. Je suis cependant loin de soutenir qu'un Lomme
ne puisse parvenir à force d'essais et c1 'habiLucle, s'il y
a quelqu'intérêt à imiter j asqu'à illusion , plus ou moins
complète, l'écriture .le quelque~ personnes; mais, pour
ce moment, cette science mimique est moins cultivée
moins connue, moins soupçonnée que la physiognomo-7
nique, par la.quelle le scélérat se donne à volonté une
figure d'homme pieux, d'homme franc , d'homme loyal>
cl'homme honnête , et ce que je dis ici est encore basé
snrdes faits : en 1598, par exemple, il parut à Venise,
un frippon, qui se disait être Sébastien, Iloi de Por-.
tagal: son écriture examinée avec soin par des experts•
fut trouvée absolument conforme à celle da Roi; mai&
je dois ajouter qu'il aurait éLé possible qu'un grammatoscope profond n'eut point ité pris ~ ce piège.,
�( 76 )
Les règles et les fondemens de toute science d'obser.
"YaLion sont malheureusement 1ntra~1smissibles : les vues
(léncrales sont très-faciles à J.onner; 1l n'en est pas de
même des p1éceptes et il eu est tout autrement encore
de la pratique : ies differeus signes dont je voudrais an·
jourd'hui déterminer la valeur, sont comme lrs autres
fort J.1fficiles à s;iibir pour des : eux non habi1ués; tout
lé monde n'entend pas ce qui s'adresse à l'esprit. Mais ré·
cap11 ulous un peu nos idées ,ar notre science : qne fait un
médecin a pp,. lié prf>s d'un malade? Il l'observe, il étudie,
il compare, il dislingue, il sépare, il réun;t <.lt>s &y mptômes,
en Conne cle~ signes et conclut d'après ces données qne le
patient est atteint de telle ou telle affection : eh bien ! il
en est de même des recherches grammatoscopiqaes,
c'est une vraie séméiotechnie ( 1) très-fertile en heureux
résultats et malheureusement trop négligée : mais ne
nous élevohs pas au-Jessus de notre sphère , hornons..
nous à attirer l'attention sur une science de faits, cl'e,;·
périence, d'obsenations; que ceux. qui n'ont d'autres
occupaLions que le commerce des Muses , s'occupe
après, à mieux en retracer les règles, si toutefois il soal
aptes à celle étuèle. Quant à moi, je vais réduire briève·
ment en principes ce qu'une longue habitude a pu
m'apprenclre.
Non seulement, il y a une lunette particulière pour
tous les oh jets , m~is il y a Je plus une position plus fa.
vorahle que telle autre : d'ici, on voit mal, de là, on verra
mieux. Avant d'étudier une· ecriture, je me place daas
la po-ition physique de celui qui l'a tracée et je me dis:
si je voulois imiLer cette écriture, ou du moins si je
l'avais faite, comment m'y serais-je pris? Il faut observer
m~me que dans la plupart des cas, deux lignes suffisent
(1) lie 'Lr,µ.m1, je nonne des signes et de TEj(;Vll
de& figues (/U l'a1·t de les avprécier' .de s'en jCrvir•
c'est-à-dire
�( 77)
pour cet objet. Je sois tons les jamb:iges et je dis : · 'flonl'
telle , il faut nne main appesantie par la réflexion , telle
aotre, au contraire , demaude une main anssi légère que
la téte qui l'a dirigée et semblable alors à Thomas Campanella, qui était si bien exercé à deviner le caractère
des ir.clividus d'après leurs gestes et leurs usages, je sens
momenrauément et comme par inspiration , naître eq
moi, en les imitant de mon mieux, les idées , lP.s affections,
les penchaos, etc., des individus : de même que le jeune
élève en médecine ressent altern:itivement tous les symptômes des maladies qu'il étudie ef à ce point même qu'il
est probable, je ne suis pas da moins éloigné de le croire,
qll'en prenant à liche d'imiter le plus ']u'il serait possible
et toujours l'écrirure de cet homme dont on préférerait
le caractère, on pourrait corriger on modifier jusqu'à
uo certain point, on changer même à la longue tout-àfdit le sien. (1) Je me citerais ici volontiers pour exemple,
si mon témoignage n'était pas suspect et si je voulais
faire l'aveu public de mon caractère passé, mais je ne
tne sens pas le courage d'un Jean-J11rq11es.
Lorsqu'on s'est bien exercé à l'étude des signes graphiques, ·tracés par des pe:·sonneii dont l·e caractère moral
nous est connu, on étudie celle des étrangers et l'ott
passe ensuite à la synthèse grammatoscopir1ae qui est oie
sommom de la science' et qui consiste à imiter, ou pour
m'expliquer avec plus de justesse, à désigner quelle doit
(r) Un de mes amis auquel je lisais cet opuscule, s'écria ave~
plus d'esprit que de raison, lorsque ·nous fùmes à ce passage :
ainsi, pour former son caractère, au lieu de prendre on professeur d'éloque.Pce ~t de morale , il faodra un màltre d'écriture·!.
Il oubliait, sans doute, qu'avec une belle écriture on peut n'être
pas fort moral , mais cependant, si ce maitre devait l\tre un,
./i'éiu!lon, s.~ns doute, on obtiendrait ce pré-cieux résultat.
T. l::X:., Février 18lS.
12' .
�( 7~ )
étre la forme de l'écriture cursive de telle personne dont
le caractère est connu._ J'ai donné plus d'une preu,·e,
clans des ce1·cles différens, de la possibilité de celte
opération sinthétiqne, qui a quelque chose de merveilleux
pour des personnes totalement étrangères à cette science,
Avant de chercher à déchiffrer le caractère des personnes inconnues, on étudie les lettres des personnes avec
)esqoelle!i; on est i1iti01ément lié : on se représente celle
d;un ami dont on n!a jamais vu l'écriture, el l'on compare
ensuite l'idée qu'on· s'en était faite avec la réa lité. Il m'est
l\rrivé souvent <l'indiqu'er qu'elle <levait la forme des signes
hiéroglyphiques cle la pensée de telle ou telle personne,
et, par e'l(emple, je n'ai jamais vu l'écriture de Sophie
Rujey, je n'ai vu .que son portrait, et l'histoire de ses
passions el de ses ~mours, etc:., m'a seule ser\'i à présumer
con1ment elle dev.~ i t écrire; ses lignes étaient spaciées,
ses c~ractèoes mal formés, de construction fougueuse,
de liaisons ~ombreuses, le tout .f ormant un tableau ass~i
semblable a~x. griffes égyptiennes ou à la cécla!e da Sahat,
Si je me trom.pe, ce que j'aurais peine a croire, que
l'ôn n'aille pas trouver dans cette conjecture une arme
~ontre ce système; comme la médecine, la science•existe;
celui qui la c1,1hive !,peut être an ignorant, mais elle
n'en est pas moins infaillible , j'ose le clire.
Nous a.vous clit . qçie non-seuleme1Ù chaque homme a
'tlne éèr1.~pre particulière, mais mê~e chaqne siècle. EJi
bien ! .51ou_s pouvons en dire autant cles diverses périodes
de la vie de l'homme , à moins que son caractère soit invari"ahle, ce qui est iwpossihie. Qae l'on compare cdle
~·un jeun·~ homme de ~ingtaos, qui est sans cesse battu par
l'orage des fortes passiom, avec celle d'an vieillard, chez
leq_uel la raison a remplacé l'impétuosité du jeune âge;
à coup sûr , en trouvera une différence totale. Que l'on
compare ensuite l'écriture du même individu à des âges
différens : on verra des changemens inconcevables. Je
�( 79 )
possède clans le quatrième volume de mon lettrier· , ·<tt_
l'-écriture d'une femme celèbre, dans une villP. voisiue,
par ses déborde111eos : a quinze ans, avant que ses dégoûtantes passions se fus~ent développées par conséquent , elle.
copia nnP. pièce de vers assez longue, dans laquelle cha11ue·
trait dénote la caQdeur et lcl vertu; à vingt-quatre ans,
elle m'écrivit et l'on ·y voit toutes les trjlces d'uµe femme
qni sue la lubricité ; on y voit d'une manière horrible meµ~.
distincte que la plus grande tache de son épussoi;i est
l'ahsen<'e de bonnes mœurs.
Le peuple qui, sans s'en douter, a des élémens de toutes'
JP.s sciences, a également les rudimens d!l celle-ci; en effet,
l'homme du monde le moins lettré devine si celle écriture
est d'un homme oo d'une femme : nn autre un pen pl~s,
exercé, distingue ao premier coup-cl'œil si l'écrivain a nn
naturel doux et facile, ou s'il est d'an caractère lé~er, hras,~ >
que, emporté, colère, et à pa·rt la perfection que l'hahitutle, peut donner aux signes gra pbiqaes, il, y a toujour~
quelque chose en-dessous qui la rend agréllhle ou désa;
gréahle, sans que l'on puisse dire pourquoi, de même
que telle figure à laquelle on ne peut refuser .uGe .beauté
réelle n'a pas toujours le don .cle nous plaire , tandis
que noas raffollons de telle autre beaucoup moins belle:.
dans toas ces cas' on vojt une grammatoscopie et une
physiognomonie instinctives. Da reste , si toas les fourbes écrivaient avant de se montrer, ils feraient hien
moins de dupes par leur: pbJSfOno.mie et leurs. discours
si honnêtes et si franc!\. Les intentions écrites même
de tons les fripons ne résisteraient tloint à cette épreuve:, .
que d'hommes que l'on croit bons juges d'après lenr style,
seraicni bi~ntôt démasqaés par leur écriture qu-i prouverait que toute leur gloire, tout leur mérite appartient à
des protes, et que d'hommes jugés physiogno~.oniqae~
ment méchans gagm;raient à une , paljeill~ e~ploratioo.
Ou a cru long-temps que .'!tachiavel e& Na{idé 7 Mitton et
�( ao )
Mira'1cau Jtaîent des monstres. Pourquoi! Paree qu'on
les a jugés d'après leurs armes, d'après leurs écrits, leur etyle : on se dispute m~me pour savoir si les écrits des
deux premiers doivent être pris an pied de la lettre :
ponr terminer ce débat, c'est dans leurs manuscrits qu'il
faut chercher la véri ré tonte entière. Ah! si je publiais
les Jac-simile de l'écriture de quelques-uns de nos bons
l1ommes et de nos grands hommes avec clés notes sur la
dissection morale de leur cœur à L'aide de leurs traiti; graphiques, combien de turpitudes et cle vices ne dévoile··
rais-je pas! Mais comme leur bonté ne me le pardonnerait
jamais, le temps de dire la vérité n'est point encore venu,
puisque Voltaire a dit qu'on ne la tlevait qu'aux morts , et
d'ailleurs on a trop sotïvent tort d'àvoir raison trop tôt.
Il faut pour j ager snr les hiérogh phes , attendre
que l'individu ait un caractère, de même qu'il faut
en physiogn9monie qu'il ait un visagP.; car chose fort
remarquable, c'est que dans un âge tendre, à l'époque
où l'on ne voit nnlle démarcation de sexe, les caractères graphiques sont identiques : à l'époque de la puberté, au conlt aire ; ceux tle l'homme sont plus libres,
plus hardis, pins fran~s , tandis que ceux·de la femme
commencent à devenir timides, hypocrites, et ce dernier
cnractère se retronve loajours, grâces au:x préjagés de
Ja civilisation , et qaelqnefois même ce caractère . est
porté à on tel degré que les passions deviennent indécbiffrahlP.s, Je me rappéle qae dans one société nombreuse, on me présenta aue ·trentain& de lettres de
personnes différentes dont je déterminai as•f'z promptement et assez facilement le caractère et les passions,
lorsque nous en trouvâme~ nne qui m'arrêta fort longtemps et sans aacun fruit Eofin , dépité et mon amoarpropre nn peu veJ<é, je dis re doit être l'éc:-iture
d'une femme , et la plos fausse, la plns f'onrhe de
toutes , 11yau.t néanmoiw des formes ~lérieure1 trèi-
�. ( 81 )
prévenantes; un il!dividu prtisent , plus étonné de ce
j 11 gement qne des :1iuLres, ne p9t contenir l"espèce
d'admiration qu'il rel\sentait et donna sqr cette dame,
dont j'ai toajoors ignoré le nom, des renseiguemens
parfaitement en rapport avec mon jugem1mt et il ajouta
que depuis trente a nnées il la voyait journellement et
qu'il ne la co1~n .1 issait poiol encore, mais que, comme
je l'avais dir, elle recouvrait ses défauts des dehor•
les plus affa '11es.
J'ai cil" qoelc1aefois mon recueil de lettres, il est
iuclispeosablP pour celui qui veut étudier la grammatoscopie, d'en filrmer on semblable. Que ferait oo hotani~te sans hPrhier? En~a, de mê me qu'il faut des
portraits ou des croquis poar le physionomiste ou <le
ru~mr que pour le vulg:iire, il fout pour acq uérir noe
cor11nissance parfaite du caraclère des individus des
liaisons in times et sou renuPs, qui la plupart. du temps
ne sont même pas suffi~antes, de même pour la graphomancie, il fout one correspondance soutenue pour
parvenir aux mêmes résulta ts , •n~is ils seront hiPu plus
certains; depuis plus <le qualorze an~ , je n'ai pas és..rê
une seule lettre que m'ait fourni ma cGrrespondance
étendue dans cette même vae.
Un philosophe
1'11 otiquite <lisait: parle pour que je te
connaisse ; il serait , ce me semblP. , bien plus r:J i son~
nable de dire, écri~ pour que je t'apprécie mieux et
plutôt. C'est si vrai, que l'ou rhercher·ait peut· être en.
vain à étudier sou propre car.ictère d'après les règles
tracées par Aristote, Porta, Lavater et Gatl; ou y
parviendra plas stlrem"nt en le cherchant dans son écri.
ture. Mais pour convaincre nos lecteurs, supposons an
l1oo\me occn.pé à écrire., au moment où i.l Pst agité
par la fourberie ou la crai-'te : à côté de lui, pl. çonsen un autre dont la sincériLé de l'âme laisse sa main
allisi libre qa.e sa t~te. Croira..t-011 de bo.11oe foi , que
ue
�( 82 )
lenrs.écritares, qooiqoe semblables ordinairement n'of.
frirons dans cette circonstance aucune différence ?
Je ne crois pas qu'un être raisonnable pût avoir cette
idée : Eh bien ! de même qu'il est des passions momentanées qui se réfléchissent sur le papier, il en est
de continues et c'est ce qu'oa nomm~ caractère, c'est
ce dont ou retrouve toujours l'empreinte dans les caractères hiéroglyphiques de !'écrivain : car on ne peut
pas nier l'application aux cas particuliers lorsqu'on l'a
accordée en général. Certainement on ne 'croira pas
que l'homme qui a plié son caractère sous le voile
de la plus infâme l1ypocrisie, aut·a les mêmes signes
~raphiques que celui dont la vie entière se distingue
par les bienfaits et la franchise la plus illimitée : c'est
il:i que je pourrais facilement faire voir le contraste
de l'écriture de ces deux caractères, si l'on ne devait
pas dn resl",ect, c'est-à-dire, de la crainte , aux puissans: on verrait combien leur style est en contradiction
manifeste avec leur écriture ! On y verrait ouvertement
la même distance qu'il y a entre leur bouche et leur
cœnr qu'ils cachent avec tant de succès. Car l'éloignement de ces deaK points importans est immense
chez beaucoup d'individu s. Je pourrai·s même leur épargner une partie de la honte qu'ils méritent en ne mettant
point leurs idées, leur conduite en oppos;tiou avec la
vérité bles ·ée, mais eu laisanl juger ce lecteur, sans
dénon cer le coupahle à sa juste io<ligaation , il suffirait de gra,·er la suscription de lenrs lettres, parce
qu'en la traçant l'esprit est bieo moins occupé encore , qu'il est parfaitement libre , qu'il n'est pins
ten<la , quoique je préférerai toujours une ou deux
lignes de l'intérieur de la Jeure et surtout du milieu,
mais jamais la signature.
J'ai dit que non-seulement chaque individu avait une
écriture différenLe, mais même chaque âge. J'euLre dans
�( 85 ) '
'
un Lycée, mille jeunes gens m'offrent mille écritures
clifferentes qui elles - mêmes varient chaque fois qu'ils
prennent la plume. J'attribue ce résultat à l'inconstance
ou plutôt à la mobilité physique et morale de l'enfance:
j'entre dans une Faculté, je retrouve ces mêmes en fans,
ils sont devenus avides d'instruction, ils s'enrichissent des
travaux pénibles de leurs maîtres et je ne trouve pas une
écriture qoi soit semblable à celle que j'avais vue dans l'en.
fance , elle est tout i1 fait méconnaissable, pourvu toutefois qu'un caractère nouveau et de nouvelles passions
se soient dé"eloppèes. Cependant, les personnes auxquelles on parle pour la première fois de ce système,
paraissent irrévocablement persuadées de sa fausseté,
par·ce qu'elles croient que celai qui Jmrine est par cela
même supposé être parfait : car, dans ce cas, un bon
peintre devrait écrire très-bien, paisqa'écrire n'est autre
chose que dessiner des idées et l'écriture étapt le dessin,
je ferai remarquer en passant qoe dans un système d'édacatioo bien raisonné, l'étude de celai-ci devrait précéder celle de l'autre. Bependant, les bons peintres
n'écrivent pas mieux que toute autre personne; ainsi,
ce n'est pas. c~la, mais sous la mauvaise comme sous
la bonne écriture, 'on ret~on~e le caractère. Est-ce que
telle forme _de lettres ne dénote pas à tout le monde la
prétention? Sans changer d'écriture pense-t-on qu'une
lettre adressée à un ministre et celle dirigée à un ami
véritable, soient écrites avec la même franchise, avec Ié
m~me abandon, la même llonhomie, quoique par la même
personne 7 Non sans doute : et pourquoi 7 parce que
ce même individu est agité momentanément par deux
passions bien différentes. Les sauvages qui habitent
au milieu -de la civilisation écrivent-ils donc comme
les jennes courtisans -dont la principale étude est l'art
de plaire : ou bien telle prude, écrit-elle comme telle
coqtle~te 7 Est-ce que le prodig.ue écr.ira comme l'bomn:ie
�( 84 )
rangé qui se distingue par \'orclre et l'économie ? La
jeunesse ou plutôt une tê e légf>rP formera-t-elle ses
letltes comme l'homme âgé ou .age? Qu0:IP. est l'écriture d'un homme auquel une affection morlJide vient
d'enlever tout ce dout la nature avait cloté son système
intellectuel? Un procurPur (1; de la cour de Paris
nommé Enaut, auqllel on ne peut refuser une granJe
bahitude de griffonr.r, est aueint d'une -paralysie corn.
piète; par les soins de l'a r i il en est gu<!ri , il veut écrire 1
ce n'est que son nom qu'il peut tracer, et ses lettres
loin de res~embler à celles qu'il fesait habitoellemPat,
étaient maigres, sèches, et très-allongées et semblaient
vides comme sa têlh Le célèhre Broussonet et GraridJean de Fouchi n'étaient-ils po-int réduits au ruême point?
L'ho111me d'un carartère aigre, acal'iâtre , iritsi~ihle,
aura-t-il la même écriture que celrii qui se <listiogne
par une excessive philanLropie . L'ignorance , firai
même jusqu'à dire la stupidité, u'est-elle point empreintè
dans l'écriture du prince B .... 'l N'y a-t-il point de
l'écriture <lu duc de R .• • d'a ns celle d'Augereau 1 Et
qu'elle est de toutes celles que l'on trouve dans la conron:ie poétique ce I.e qui a quelque cont<ict avec l'écri·
tnre du grand homme dont le caractère moral est aussi
Înexplicahle pour l'ob .ervateur et l'historien que les ca·
ractères graphiques pour le grammatoscope.? Ne reconnaît-on pas le vice à sa démarche à ce discincta
zona des Romains? S'il y a une démarche pour chaque
caractère, pourquoi l'écriture, qui n'e-st à proprement
parler qu'un geste, (2) n'aurait-elle point la même pro1686, art. IV. , P• ~i.
pourrait à la rii:;ueur con sidérer le dessin
-des signes hiérogliphiques , c,otn me un vrai geste , el dès-Ion
on pourra croire à leur v-aleur séméiotique, lol'squ'on se rappe~·
lera que l'éducation , l'âge , le tempérament iufluent iatinl•
ment 'sur les résllltats de la yolonté.
(1) Journal de medecùw, Avril
(2) Oui , l'on
�'{ 85. )
priétë séméïotique ·1 Mon lettrier contient one pretive •
vraiment remarquable de ce que j'avance : une dame
dont nons avons déjà fait mention pins haut• célèbre
par ses g.1laoleries qui révoltent tbute la ville d'Avig .. .m'écrivit : je fus frappé en entrevoyant ses caractères ·
graphiques; ils sont comme dissolus, .si je pois m'exprimer·
ainsi1et ue conserventqne faihlernent la teinte hypocrite qui•
accompagne toujours la plume des femtne~, etc.; plus \ard .
j'appris sa conduite et je n'en fus nullement étonné.
Je la connus par la suite et j'ohtins d'elle la-- pièce ·
dont j'ai fait mention et qui retrace la vertu. Je vou-·
cirais pouvoir mettre ces dPux pièces sous les yeux
du lecteur, il· appercevrait bientôt le cotllraste frappant..
qu'elles fo l'ment:
L'écriture de Racine et de Fdnélon tombe s61ts mes"
yeux, jP. cherche et je découvre bientôt quelque res-•
semblance graphique que l'histoire de leur vie con- ·
firme pour leur moral. Une autre vient imn{èdiatement
après, la diffërence m'étonne et je m!écrie :- cet homme ·
était foocièrement méchant: on nomr11e l'aateu.r C!lè la•
satyre du XVIII'.• siècle :· les deux premiers étaient
faibles et bons : on me nomme l'auteur d'Athalie et
dè Teléinaque. Je m'écrie :· Eh ! oui, sans doute ', une
cause incoonne dirige tontes les mains danS' l'ioscrip-tion des idées et si là cause n'est point dans-le caractère··
des ·persoones, où · la trouvefois-je 7
J'ai dit· plus haut que souvent l;instincr,
preS'sentiment remplaçait les élémens de notre science ,
mais alors il faut q.u'un- grand intérêt en soit le· mo-·
hile:. une atnante étu<lie et reconnaît trè•-1lien l'écrit ore'
du hien'-aimé, elle ne la confond jamais•avec uue aa tce ',,
mais toute sa science · se' horne à distinguer, sans pouvoil' '
en rendre raison, s'il étdit pressé d'aéhever S(p lèttre Il"
1111 s'il se plaisait en l'écrivant. La. forme des : caractère~
le
T. IX. Fé11rier i825•-
J.i}.
-
�( 86)
les lignes plus ou mO'Ïns spaciées ( r) lai ·parlent d'anemanière favorable Qn déf.i vorab\e ;- Héloïse reconnaît
les traits hiéroglyphiques tl'Abeillard ,. elle s'empare de
la lettre, l'ouvre, parce qct'elle élait de luî (2) et qu'elle
voit sur l'a· sascrip~ion même les stigmates du malheur
de son époux: elle ne s'est point trompée; L'écriture
d'une personne aimée parle toul différemment an cœur
que celle d'une personne indifférente, parce qu'elle revaille des souvenirs.
Nec redit alternn pollice ducla salus ?
Scribend/110 labor ? • • • • • • •
Cum fiuat illgenium, cum sit qui dicta reporlet
_Quœ uisi co1Llenmo1: , causa relicta tibi '? (3)
Tout le monde croit reconnaître l'écriture d'un savant:
et, en effet, c'est qu'il y a une di:>tance inconce"~ble
m~me entre l'écritui:e d'un homllle médiocrement instruit el celli: d'un sot, et dès-lors il devient très-facile
de distinguer si une le.ttre a été dictée par un savant et
écrite par un sot : c'est ce qui m'est arrivé en recevant
les leures du s~irituel marquis de s~*". Il est aussi sapérieur à son sécrétaire par son génie qu'il est placé audessus du peuple par ses vertus et son rang. Que l'on
demande également à un expeFt, a ppellé pour déterminer
l'e'l.istence cl'un faux, dans une écriture parfaitement
imitée , à quoi il le reconu-ait : il ne répondra rien et
cependant il arrive qu'il dit souvent la vérité. Jl1irabea11
devina seul~meilt a.ux traits graphiques de Sophie qu'elle
(1) 'Jl;lù·abcau , loco cilato , tome III. etc.
(z) Voici le début de cette lettre chaleureuse ·d'Hiiloise: mis·
sam ad amicum fJI'<> consolaliolle epis(olam, cltanssime, vestram
a.l me fort(! quidam nttper nttr.lit , quam ex ipsa statim ti~ili
fronte vestrnm esse considerans, tanto ardenti.us eam cœpi legert
quanta scriplol'em ipsam charius amplector , ut cujus rem perdidi,
ve,.bis saltem , t.anquam ejus quandam imagùif! rc11iel',
(3) Clii11d. epist. ad ot1·brium.
el,.
�( 87 )
était malade; c'est un engagement formel, lui cli~-il'
que de me dire exactement toutes les variations de
ta santé; l'as-tu rempli? oh ! non. Et les caractères épars,
sautillans , tremblans, inégaux de tes trois dernières
pages et la précipitation du style des deax dernières et
la gaîté forcée que j'y remarque, m'apprennent. trop que
tu souffres beaucoup. (r) 11 aimait trop Snphie pour ne
pas la prévenir et lui rendre compte des variations inu·oduites à son insçu dans ~es caractf>res graphiques; il
savait que son amante pouvait anssi lire ses souffrances
dans chaque trait,. <Juoiqn'il prit de rnème grand soin à
les lui cacher. Aussi, lai dit-il, clans une de ses lett1·es:
ma bonne Sophie, ne (étonne point de ce que j'écris si inégalement et si mal aujourd'hui (?.) caractères graphiques
qui a11raient certainement porté la llonleur clans le sein
de Sophie, puisqu'ils indiquaient la légèreté, le réfroiùissemen L , l'ennui, etc.
·
Certaines personnes objectent qne l'on oe peut rie11
angarer de leur caractère, parce qu'ils changent de
forme d"ns les signes graphiques chaque fois <J.u'ils écrivent. Eh bien ! mais celle circonstance n'est-e!ie point
phisioguomoniyue? A-t-elle hesoio de coi;nmeotaires? Il
est bÛr que l'on est rarement jnge impartial de ses p:;-opres
actions , mais que l'on s'en rapporte à ceux qai vous
voient journellement, e,L l'on apprendra ce que l'on ignore,
c'est-a-dire, la v<1riabili1é extrême', l'inconséquence naturelle du caractère. La colère d'an holnme natarellemeot doax et bon n'est certainement pas la m~me que
celle d'un cholérique atra]Jilieux.
Il y a plusieurs choses à considér~r dans l'écriture,
comme moyen diagnostic des passions l'écriture la plus
(1) Loco citato. p. 62,
(2) Ibid. p. 107.
�{ 5B ')
~ivilisée comme la plus barbare , que l'on me pardonne
!ces expressions, offrent toajoors l'empreinte da caractère,,
·plus celle rle l'ignorance ou ·de l'instruction , mais on
•ne peut les saisir qu'après l'avoir cherchée; alors selon la
, différence des cara:-tères, on 1 eronoaît des symptômes
!·graphiques trè§-distincts , on diflërencie .i!galemdat bien·
;tôt la forme ·ronde, allongée, couchée, o·b lique, droite.,
-la sahsta~ce on mieu·x one ·autre variété de la forme, la
·maigreur, la corpulence, ·la sécheresse, l 'âpreté, l'ari.dité, etc., la liaison ou ,l'isolémcnt, soit des lettres, soit
-des mots. Les :lignes ·p euvent également ~tre spaciées 1
droites , montantes ou descendantes; l'écritare et le papier pfinvent ètre sales on nets ; la main .paraît l'avoir
\racée -en se jouant; dans d'aul:res circonstances, on croirait gn'elle guidait ane plu.me de plomh, etc. Si chacan
,de ces .caractères -qu'on découvre dans diverses écritures
ne sont point -<le.s saillies du moral , ne sont point cle~
symptômes des VÎCeS du SJSlème intellectuel, qaP.SOnt·i~
,donc :et comment -<loi.vent-ils èt~e interprétés\' S'fl étai~
poss\hle qu'ils offs issent quelque obose .d'amphibologique,
je les traduirais, mais je veux m'épargner one véritable
injure envers les lecteurs, auxquels je suppose toujours
p.ne:perspicacité digne d'un ·hon;ime civilisé; je dirai m~mc
un '}1on sens, car il ne faut qne cela. , bien sapérie.nr
., an mien. J'en ai,, ce me semble, a~sez dit là-df'ssus pour
.convaÎnCFe lPs personnes de bonne foi et "les P,ngager à
ëtudier ;un ·peu ce système, car ·comme l'a dit Tacite:
.cmmia scire; non -omnia exsequi , et je renverrai pour ce
;Jnomeul le .lecteur an 1.roisiè.me voinmf' de Lavater (r)
œoar étudiPr CjOelqa('S fac si:mi/e d'écritures clo11l Jes lll"
,<lications mor:iles :Qnt été assez 'bien appréciées, el on
........_ {1) l,'.lition de lf.forcau de !a Sarthe et "P°i1ZcenJ. ·' P_aris 1806 ~
'f· S:i. ~t lf ~.~:
�( '8 9'
!l'on .retrouvera quelques-ans des signes que nous venons ·
d'énumérer; à la couroaµe poétirp1e <les victoirPs et
conquêtes, oü l'on en trouvera de la plupart des héros
;de la revolution' etc.
,
Si la graphumancie est utile à presque toutes les
classes de la so..:ié1é , elle est certainement indispensable
an médecin; non-seulement les lellres qu'il reçoit chaque jour, les consullations qu'on lui demande offreDt le
reflêl ,du carac:tère, mais même do tempérament, je
:dirais plus souvent même de la. maladie , surtout si c'est
noe métaphyséose ou aliénation mentale, ou une lésion
01 ganique de quelgue or,gane principal, tels que le foie,,
la rate, les .poumons., etc.
1
Voilà à peu près tout ce que l'on peut transmettre pal!
écrit ou v.erJJalement sur la science pratique qui nous
occupe, le reste ne s'acqui.ert que p dr l'usage et l'étude long-temps sou:enue, à moins qu·ane grande perspicacité n'y ~upplée ·' comme j'ai en lieu de l'observer
chez une demoisef.le de N*·" *, qui possède à un degré
vraiment s~périenr te ,génie d'ohbcrvation et qui saisit
toat ce gu'on lui présente avec une fioessf' étonn ante :
deux ou trois leçons out suffi pour lui faire croire à
l'existent.e de la &cie.nce 1 à lu.i _en <l,in,uer les premi-ers
.élémens et à lai foire <lésigner quelques caractères simples, c'est-à-dire, peu compliqués Peut-être qu'en étudiant eoco~e ~'avantage, qu'avec [';iirle de quelques c<;>opératenrs alleu tifs, je puurrai quelque jour salisfair8
un peu mieux l'avide instruction ùe mes lecteurs ; aujonrll'hui je donne tout ce que j'ai 1 c'est peu de chose.,
,niais c'est suflisan-t pour attirer 1'attenüon des ol>ser~<iteurs et cela me suffit.
�•
I
( go )
T R 0 1 S 1 È M E . P A R T 1 E.
LITTÉRATURE MÉUICALE, NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
MÉLANGES, ETC.
1.°
ANALYSE
D'QUVRAGES
IMPRIMÉS.
6u le febbri biliose , c'est-à-dire , sur les .fièvres bilieuses, par le doctettr MEL1, ( 1 vol. in -8.v de 343
pages. Milan, 18:n. ) - Su la condizione patologica
delle febbri biliose; mwvi fati esposti etc., c'est-à-dire,
sztr la condition pathologique des fièvres bilieuses,
nou11eaux faits exposés par le chevalier Dominique
MELI, docteitr en philosophie, en mé.lecine et en chirurgie de diverses Facultés d'Italie, professeur d'accouchement à l'enseignement public de Ravenne, membre
dit comité de santé, associé correspondant des Académies
cle Turin et de Naples, de la Société géorgique de
Tréja, etc. ( In-8. 0 de 53 pages. Milan, 1824)•
( Deuxième Article. )
LA seconde partie de l'ouvrage de M. Meli, composée
de huit chapitres est tonte consacrée à des réflexions
sur- les ouvrages qui ont été publiés snr cette malâdie'
~t>uis Hippocrate jusqu'à Tissot et Stool, et les progrès qne la science a faits depuis ce dernier.
Dans le septième chapitre, l'auteur fait nn grand
êloge de l'ouvrage de Stool et prétend que depuis Hip·
pncrate jusqu'à ce médecin célèbre, 1 ien n'a été fait
pool' les progrès des connaissances de ces fièvre&. Le
�( 91 )
fondateur de la méaecine, ·dit-il, nous décrivit avec une
rare exaclitnde tont ce qne l'on observe dans cette
maladie. Mais la différence des climats· -et des tempéramens, ainsi que d'autres circonstanc es hygiénique s•
dans les divers pays ont ùû varier les symptômes , et,.
par conséquent , cette maladie, sous la plume de tant '
d'observateurs iUusli:-es, dut éprouver des changemen s' I
si notables que ch~un d'eux en a fait un ordre qui:
diffère de celui 'd'IM antres· et qui s'éloigne plus ou .moins
de la vrai nature de ces fièvres.
« DüDS des turgescenc es bilieuses ave.c ·évacuation s ·
par le haut et par le bas de cette •hile altérée; la
rnalaclie fut considérée commç on choiera. D'après
type continu, remi1tent on intermitten t, etle fut placée
dans l'un de ces ordres respectifs. Dans le cas cl'un
type continu avec chalenr intense portée au plus haut:
degré, on forma une espèce de fièvre partiéulièr è qui fat •
appelée Causus par Hippocrate et par ses partisans : par
d'autres écrivains elle fat ·nommée fièvre ardente et elle
continua jusqu'a nous à recevoir cette dénominat ion.·
Par la suite, quand des symptêmes vinrent· annoncer
quelque désordre dans les voies digestives •et · assimilatrices , ils furent considérés comme idiopatique s et
l'on finit par donner le nom de fièvre gastriqcte à notre
m,dadie, et ainsi de suite.' Considérée s en général, que
d~ noms ces •fièvres n'-0nt-elles pas reça-s 7 Jebres ·bilio~
de Sthal , cle Tissot, de -Stool , de SeUe , de IFinke , .
de Vogel, ete. Synoc!tus biliosus dè SennêFt; synoéfta
arde11s de Sauvages : synocha causodes de Mangeti : w;
nochus causonides de Gilbert, febris cholerica de Fré-déric Hçffmann : synocha biliosa de Ferflel : :febrîs·
gastrica <le Baillo1t >- de "Lentin et de heaucoap cl'autres-:eafin, fièvre meningo-gastrique lie Pinel. Il est hibn·
l".'u de maladies qui aient ·rel!a. tant de nams â-ifferens j •ce qui prouve l'inœr.Litude des aotious ·que- ·
son"'
�( 92- )
foon · a ·sor la natùre essentielle de ces fièvres. Néanmofns.'~1
noos pouvons ac'juérir par les épidémies d'H ippocrate·
une idée ex.1cte des fièvres bilieuses 1 rapprocher leurs ·
variété> disp .rates "·
L e génie de l'obsr.rvation éteint a.vec Hippocrate 1
l:;t dectrine dt's, fièvres bilieuses resta à ce point oh il
l'avait portée. Et ni his élu.des de Ce~Ùf~ A iireliantts, ni
celles d'Oribase, d1A {ex,indre de Tr'!Jf.es el d'autres anciens, ne purent réveiller ce génie ..)~<f~S les treize siècles cle b arb arie et d'ignorance qui vinrent après, les
meilleµ1 s méde1·in.s d'E11 rope ne firent que recopier aveuglement· et commenter fasticlie~semenl les ouvrages des
Grec~ et des Latins déj~. copiés par les -A.i:abejl , négligeant cle suivre Le chemin qu'H ipp;icrate leur av.a it ouvert.
Ce qui fü que la théorie des fièvres en g ·nér:,,[ et spécialement celle des fièvres bilieuses dut attendre jusq.u'a11
18.• siècle pour acquérir qu elqpe avancement. Al 1rs la
mécleçin~ d'observation ressuscita dan~ l r•s école: de Boerlutave, de Sthal et d"H !l fmann. Mais La pathologie des
fièvres bilieuses ne marcha pas du ,même pas , et presque
les trois quarts du siècle dernier durent s'écou Ier <ivan t t 1oe
Maximi lien S toot ne donna le développement qu'on
aurait peut-~ t re attendu long, temps des autres . Si; qit M.
M eli, l'on excepte Tissot q 1i pré..:èd<t ce gra.n 1 génie
de vingt années, tous les autres errèi·ent d'hypolhèses
en hypothèses; tantôt ils limitèrent trop l'influence de
la bile à leur nature co!'.llme Sydenham, Slhal, ou ils
ex,agérèrent le pou voir, tels qi1e /( oker , Bianchi, Scliroe·
der, Garant ,.etc;
Le Ratio Mu iendi de Stool oil il est question de l'épi-·
démie de 1777• à Vienne, paraît à M . .11-ft:li un ouvra.ge
an-des.,us de tout él••ge, et c'est ce qui est traité avee
un rare talent dans le 17.• chapitre.
Le 8.• contient des réflexions sur l'examen des vues de!médecins ulLi;.imoutains sur la fièvce bilieuse et- de»'
�( 93 )
nouvelles obscurités et confusions intl'Olluites par les plaii
renommés parmi eax daos la doctrine de ces fièvres ; et
.commençant par c:elles de Pinel, de Prost et d' Alibert,
il finit par celles de leurs successeurs français , jusqu'au moment de la publication de l'écrit de l'auteur.
Dans le 9·" chapitre, l'auteur continue à traiter la
même matière et prouve l'habilité des ouvrages des médecins modernes allemands , à nous acheminer dans
une bonne théorie cles fièvres bilieuses , et fait quelques
réflexions succintes sur les ouvrages des m<lclecins italiens concernant le m~me objet.
J..e 1 o.• chapitre. traite de la nature de la fièvre
bilieuse d'apr_ès de ses principaux caractères et ses
symptômes précurseurs; il contient également l'étiologie de ces fièvres et les modifications des causes
occasionnelles, propres à les rendre épidémiques oil.
sporadiques.
Le u.• chapitre est consacré à expliquer la manière
d'agir des c~uses occasionnelles sur le système secréteur
de la hile, tant pour donner origine à la fiène hilieusf#
.épidémique, qu'à la sporadique; il contient aussi des recherçhes sur la condition pathologique primitive de la
fièvre.
Le n.e chapitre, assez long, renferme des considérations snr l'anatomie pathologique. Il traite également ds
l'insuffisance de tant de découvertes que l'auteur a faites sur
les lésions du foie et du système lJiliaire, pour éclaircir les
maladies de .ce système, et particulièrement pour fixer la
condition pathologique des fièvres bilieuses , il contient
en clernier lieu les motifs qui conduisirent M. Meli à.
connaître cette condition.
Le i3.• chapit~e est employé a là considération des
monvemens morbifiques qui augmentent la secrétion de
la hile et font dégénérer le prod~ü t de cette secrétion; au~
T. IX. Février• 1825.
i4.
�( gf~ )
œffets de la }Jile dégét1érée sur la muqueuse de l'estomac
et des intestins, et il la manière dont elle dévie de l'appareil gastro-eatérique pour se transporter aux organes
secréteurs ou entre le système Jerrnoïcle, dans le~ fièvres.
hilieu~es.
Enfin, les caractères qui distinguent la fièvre bilieuse
cle la gastrite et de l'hépatite chronique font le sujet d11
1 4.• chapitre; on y trou.ve également des observation&
pratiques sur ces trois sortes de maladies.
Pour faire son ouvrage, M. ll1eli a mis à contribution
tous ceux qui ont parlé des fièw:es, cle celles qui avaient
surtout quelqu'analogie avec les hilieuses ; il n'a pas
moins consulté et cité les histoires des maladies da
système biliaire el des affections gastriques et rntestina!es. Les Grecs, les Ard bes, les Latins, les
Frânçais, les All~mands et les Anglais figurent en notes
dans tontes les pages de sa monographie et la rendent
propre 'à donner une juste idée des progrès que l'étude
de cette pyrexie a faits 1lepuis Hippocrate jusqu'à nous,
enfin , l'auteur tlonne · une exacte description de celle'
qu'il a observée, ayant trouvé sur les cadavres de ceux
qui en ont été victimes, des lésions con!!tantes dans
le système de la -Yeine 'porte hépatique.
F'Errnc:;a , D.-M.
ZssA1 mr les phlegmasies du tissu muqueux; mémoire
<]UÎ a ol,teuu la médaille d'émulation proposée en
i823 par· la Société médicale d'Indre et Loire, et
décernée ùans sa tié• nce du 'l fév1 ier 1824 ; par Ch.
F. Faulcon , doc• .ilr en médecine, associé correspondant de cette Société, à Preuilly. (In - 8. 0 de 23
pages. Tours, 1824. ) ave.c cette épigraphe:
l1ijlammatori.'l! febres 1·ecirlù,antes sunt periculosœ
ac plerumque letlwles. ( KLENIUS. J
BIEN que M. F 'ulron se soit borné à ieter an coup.
{l'œil général sur les ioflammations. du liss11 maoueux..
.
�( g5 )
et à présenter qnelqnes remarqu'f's saggerees_ par des
faits pratiquPS intéress:rns, son · travail ne devait pas
moios fixer l'allention de la Société au jugement de
laquelle il a été soomis, les écrits de ce genre étant
assez importans dans l'état actuel cle la science. Le
même motif nous engage à en donner une analyse
suivant l'ordre adopté par l'auteur.
Et d'abord, des considérations physiologiques démontrent qoe le tissu rriuqneax n'est poiot et ne saurait
être partout identique dans son organisation, puisque
chaque portion a, pour !linsi dire, une sensibilité propre
et tout-à· fait différente des autres. Cela posé, il est
évident que, dans l'étal pathologique, les propriétés vitales présentent de nombreuses variétés qui doivent nécessairement influer sur la thér<1peutique, dans la mulliplicité
d'irritations dont ce tissu est susceptible.
De l'inflammation du tissu muqcieu:r: considerée err.
genéral. Cette maladie n'est autre chose que l'effet d'une
accélération du sang des vaisseaux capillaires de tel
Oll tel organe, déterminee par l'aogmentatiou soutenoe
( car il peut-y avoir turgescence sans inflammation )
<lu degré de sensibilité dont le tissu muqueux est na- ·
tnrellement doué. Lorsqoetcet engorgement des vaisseaux .·
capillaires sanguins se prolonge long-temps, ils ne peuvent plus se déparrasser du sang qui les o}Jstrue et
qui y circule mal; il en résulte alors ce qu'on appelle
phlegmasie chronique.
Le tissu muqueux est son vent le siége d'inflammation,
à cause de ses fréquentes relations avec les agens extérieurs, et, de toutes ses parties , celles qui ont le
plus de vaisseaux sanguins, sont les plus expo~ées aux
pblcgmasies.
Des causes de I'injlammation du tissu nwqneux. Elles
varient suiYant les âges , les sexes, les tempé1·amens,
le3 professions , les saisons, les climats , etb.; ;iiusi;
�( 96)
tontes choses égales d'aillenrs, dit M. Faulcon, les deux
extrémités de la vie sont pl as exposées à ces maladies que
Je milieu, les femmes plu~ que les hommes, les lempéramens IJmphatiques plus que les antres tempéramens.
L'hiver et le coma1enceme1'lt du printemps favorisent
plus qae les autres saisons le développement · de ces
maladies, alors sai·toat que la température est froide,
}iamide ou lorsqu'elle est très-variable. La transpiration'
souvent répercutée dans ce:i circonstances , devient alors
une source féconde d'inflammations muqueuses. Celles.
ci peuvent être produites encoro- par tous les irritans,
soit solides , liquides on gazeux, qui, introduits dans
1
nos organes , sont capables d'e.o accroître la sensi.bilité
ordinaire; elles sont différemment produites, suivant
les professions: ainsi, elles sont la suite ou de l'action
des ''apears métalliques, ou des effo1·ts extraordinaires
<le la voix. Elles reconnaissent aussi p&'ur causès les
coups, la répercussion d'une maladie cutanée, goutteuse,
etc., la suppression· d'une saignée ou d'un exatoire
habitaels, la rétention cle la hile , <les matières fécales,
cle l'urine, les c)lagrins, les veill es trop long-temps
prolongées, les contentions excessives tl'e~prit , l'abus
de la honne chère, des liqueurs alcoholiqu.es, etc.
Symptômes des injlammations du tism muqueux. -··
" ETAT AIGU. Quoique la sensibiliré de l'organe qui
nous occnpe soit en général très-vive , la douleur que
l'inflammation aiguë y détermine est dans le plas grand
nombre de cas, o1ltuse et sourde , et varie d'aillears
soi1•ant la sensibilité naturelle de la partie malade.pans
le coryza, c'est une sensation de pesanteur, plus pénilile
que douloureuse; d.ms l'angine, c'est un picotement
désagréahle co mrne dans le ·catharre pulmonaire; dans la
gastrite, la douleur est plus '.intense; il en est de même
d.ans la dyssenterie ; les douleurs, dans l'inflammation
de la muqueuse génito-urinaire , sont en génél'al gra-
�( 97 )
vatives ; elles ne deviennent ai·guës que par les causes
excessives d'irritati<m : dans tous les cas , la douleur
est continue et ne présente pas d'intermittence comme
• dans les inflammations du tissu fibreux , musculaire ,
etc. >> La chaleur ne laisse pas d'être très-forte dans
ces phlegmasies : âcre et m01·dicantc dans l'ophtalmie ,
ardente dans les angines, hrftlante clans les dyssenteries
et cuisante dans les catharres du vagin et de l'urètre ,
elle varie, tl'ailleurs, suivant ,l'intensité des causes productrices de la maladie. La tuméfaction est très-considérable d~ns quelques portions de ce tissu' ·comme
dans le coryza , certaines angine.s et des ophtalmies.
La rougeur est d'autant plus intease, que dans l'état
naturel les muqueuses sont plus pénétrées cle vaisseaux
sanguins. Le produit de la sécrétion des parties enflammées est liquide et presque nul an début; il devient
ensoi le, dès que la phlegmasie diminue, et plus épais,
et plus copieux. Les mouvemeus fébriles sont en raison
directe de l'intensité de la maladie ; il peut donc se
faire que, celle-ci étant violente, il se déclar~ un état
phlogistique qui, livré à lui-même, se propage bientôt
rapiclement au:x. organes les plus importa us de la vie,
d'oil peuvent naître de · grands désordres. L'inflammation de la pituitaire ne produit gaères comme phd..,.
nomènes sympathiques, que la contraction spasmodique
du diaphragme, avec une pesanteur sus orbitaire pénible,
tandis que dans les inflammations un peu intenses de
la muqueuse gastrique, l'encéphale est bientôt irrité
sympathiquement. Il est des cas oh l'irritation gastrique se propage à la muqueuse-pulmonaire avant <le
se transponer au cerveau, qui, quelquefois, ne se prend
que peu de temps avant la mort. L'auteur se contente
cle citer à cet égard uoe obse1·vation qui lui est propre • .
Eu général, la marche cles phlegmasies muqueuses
esl assez lente et s'effeclue presque sans intermission;
�( 98 )
la durée moyenne varie, suivant le siége, depuis cinq
jouri jusqu'au vingt-unième et plus.
La terminaison de ces maladies peut avoir lien par
résolution , suppuration , ulcération, incluration , gan.
(;Tène, inflammation chronique ou par la mort.
Rare , la résolution s'annonce par le retour de la
sensibilité à son type normal et n'a guère lieu que
dans les cas de légère phlogose.
La terminaison la plus commune est la suppuration;
ella est annoncée par une diminution graduée des
symptômes inllammatoires, suivie d'une abondante sé.
crétion d'une substance plus ou moins analogue an
pus ordin~ire, et qui varie en qualité suivant la sensi.
bilité naturelle cle la muqueuse dovt elle émane. Cette
terminaison n'est pas ordinairement dangereuse , le pro.
duit de la suppuration pouvant être facilement expulse
au-dehors, excepté d.ans le cas de croup.
L'ulcération est toujours accompagnée de phlegmasie
c-hronique et détermine des accidens d'autant plus graves,
fJUe la partie affectée est plus importante.
J)induration est souvent une terminaison que l'on
rem.arque surtout aux voies génito-urinaires.
Mais la gangrène est une terminaison rare dmi.t on
De trouve guère d'exemples que dans certaines aogiaes
et des phlegmasies gastriques et intestinales, et qui
cause' promptement la mort , après avoir détruit une
portion plus ou moins grande dn tu1>e digestif enflammé.
Lorsque la mort termine les inflammations muqueum,
elle est souvent moins le résultat de la maladie primitive que des irritati.ons subséquentes d'organes plus ou
moins importans a~ec lesquels sympathisait la muqueuse
d'abord phlogosée. Un point quelquefois très-peu étendu
. commence par s'enflammer, la semihilité y est augmentée , et si la nature ou l'art . ne rétablissent bieolôl
l'équilibre , le mal se propage parfois avec une ef.
�( 99 )
frayante rapidité jusqu'aux premièPes sonrce11 de la vie~
L'int1amm<1tioo aiguë des membranes muqueuses passe
11ouvent à l'état chronique, et, ce qui est positif, depuis
M. Broussais , c'est que dans une foule de cas , elle
est essentielle ou primit.ive, dès le débat; opinion que
l'auteur partage entièrement.
A moins qu'elles ne soient latentes, les inflammations
chroniques des membranes maqaeases seront toujours
facilement reconnues par des symptômes moins ap parens, toutefois, qne ceux des phlegmasies aiguës. M.
Faulcon expose ici le tableau de la gast1·ite et de l'entérite chroniques, et finit par quelques considérations
snr les :phlegmasies chroniqI,.1es des vQies aëriennes et
de la muqueuse génito-urinaire.
Traitement des inflammations muqueuses. Il se compose
iletroismoyens principaux: 1 . des évacuations sanguines;
0
2. des excitans directs, c'est-à-dire , agissant immédiatement sur la pJ. rtie malade; 3." des excitans révulsifs
-agissant au loin snr les part; s avec lesquelles le tiss11
enflammé est susceptih le de. sympathiser.
Les saignées méritent d'occa per le premier rang,
alol's qu'il y aura irritatiou extrême de la partie malade.
Mais l'auteur ne pense pas que , dans tous les cas , la
saignée locale soit préférab)e à la saignée générale ,
ayant fait cesser par le moyen de celle--<:i cles inilamDlations internes qui s'annonçaient ~e la. manière la
plos violente. M. Faulcon soutient encore que ce moyen
doit ètre bien vite mis en usage , ya que son succès
n'est point aussi constant au bout de quelques jours
qu'au débat. L'âge, la force et le tempérament _du malade, l'intensité de la phlegmasie sont autant de considératidns d'après lesquelles on doit régler l'a1Jondance
desévacnations sanguines. L'auteur ne se dissimule point
que ce n'est que le plus souvent qu'il faut l'ecourir
t'ahord _ce moyen., vu qu'il est diJs c as qui en. contr 10
a
�( 100 )
imliqaent l'usage. Il donne pour conseil de su~pen<lre
autant que p_ossible les foucüons de l'organe malade,
et par conséquent de faire observer la diète la plw
sévère dans les inflammations gastriques, tandis qne l'on
insistera sur les boissons émollientes, les injeclions 1
les bains généraux ou locaux,. etc. , suivant la partie
muqueuse enfiam1née , etc., etc.
Aucun moyen, suivant M. Faulcon, n'exige, plus de
1agacité de la part du médecin , que celui qui consiste
dans l'emploi des excitans directs. En effet, comme
dans ce cas , les médicamens agissent sp&cialement snr
les extrémités ca li'illaires; et que , par l'irritation qu'ih
déterminent, ils tendent à les clébarrasser clu sang qni
les obstrue, on conçoit que s'ils manquent lenr effet,
ils ne font qu'ajouter à l'inflammation. Mais bien ad .
.ministrés, et dans les· cas de phlegmasies récentes et
faibles , ils deviennent très-salutaires , tandis que l~
anti-pblogistiques et les adoucissans ne sont alors d'an·
cane efficacité; e~emple : on guérit très-bien les opl11a~
mies chroniques par la pommade de Dessault on celle
de Janin, les angines faibles, les catbarres de l'urètr~
du vagin, par des gargarismes toniques, etc. , etc.
J.. es excitans révulsifs , qui constituent le troisième
grand moyen proposé, trouvent leur application dam
les phlegmasies chroniques des membranes muqueuse>
Ainsi, les frictions sèches, le séton, le cautère, lt>
vésicatoires et même le vomitif ramènent à son éUl
primitif de sensibilité l'organe muqueux enfla~1mé. Mai! 1
souvent ce moyen ne saurait hie~ remplir l'indicatio~,
s'il n'<llait précédé dn premier , c'est-à-dire , .des saigoeru
générales ou locâles , tandis que chez les vieillards,pll
exemple, et chez certains tempéramens extrêmement
mollasses, les vésicatoires peuvent et doiyent même être
les seuls moyens principaux à utiliser clans les cas de
toux opiniitre, sam expectoration 7 etc., etc.
�(
101
)
L'essai de M. Faulcon annonce Oil llon praticien ,
bien pénétré cle la doctrine physiologique et q11i s'est
par conséquent rendu digne de l'attention lle la Société
médicale de Tours. Mais, si , comme il le promet, il
ùoit foire part de ses idées sur les inflammations intermittentes, il ne pourra qu'ajouter à l'intér~ t de son
travail en apportant un peu plu.s de soins, qu'il n'en
a mis dans la rédaction cle son essai.
P.-M. Roux •
...,. ,,,.,..,..,...,..,._,...,.. .,..,.
2.
0
R
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D E
s
J 0
u
R N A
u x.
( Annriles de chimie et de physique. I,cr semestre 1824.) ·
Procédé de M. Fahroni pç_ur obtenir le sous-carbonate de
potasse à l'état cristalün...-- On prend de la potasse fobri~
quée en Toscane, on en fait la sol11tioll dans reau , et· on
procède à l'évaporation jus~u'it ce que la liqueur encore
tiède, mal'que le cinquante-troisième deg1·é de l'aréomètre de Beaumé. A. ce point de densité tous les sels
étrangers au sous-carhonate de potasse alcalin précipitent par le refroidissement , le i;ous-carhonate de.
potasse y compris, s'il y en a quelque peu. Alors
on décante , ensuite · on pousse la concentration
par le feu au - delà de 55.0 de Beaumé , et Oil
verse le liquide, qui ~st lég~rement verdàtre, avec
nne odeur vénétrante d'11lcali ' dans cles vaisseaux
ayant heaucoup de profondeur. Le sous-carbonate se
forme bientôt en longues lames rhomlrnïdales, blanches 1
placées parallèlement entre elles dans une position verticale. Elles s'appuienr d'une de leurs extrémités sur l~
fond du vase, et s'attaéhent par le bout snpériëur à
nne croüte &q}ine couvrant la surface du liquide. Après
que la cristallisation s'est accomplie dans la liqueur
froide, l'eau-mère se trouve ramenée à 55.0 , il faut alors
8oncentrer de nouveau, et d.es cristaux semhlable.s au.x
T. IX. Fé11rier 1825.
~5
�(
I02 )
premiers reparaissen~ aussitôt qu'on a atteint la densité
convena1Jle et qu'on a refroidi. Celte opération peut se
répéter avec le même résultat jusqu'à la cristallisation
totale du sous-carbonate alcalin, qui possède d'ailleurs
les caractères généralement reconnus à ce sons-sel. (t)
Nous estimons, avec M. Fcibroni, que ce fait mérite
d'être ajouté à l'histoire de la potasse et de ses sels,
et qu'on peut en profiter poar avoir un sous-carbonate
pur et toujours Joué des mêmes propriétés.
-- De la préparation du kermès minéral par le tartre
b,rut; par 111. Fabroni --- La proportion du tartre peut
èltre de trois ou quatre · parties contre une de sulfure.
Les matières-doivent être bien pilées et mêlées ensemble;
on r<: tire le creuset du feu lorsqu'il est rouge , et que
la cessation de la fumée vient d'annoncer la décomposition t~t~le du tartrate acide.
La quantité du produit est beaucoup plus considérable
que par les antres méthodes, et la couleur en est trèsfoncée. Pour en aider le dessèchement , qui par sa
promptitude en conserve la lleauté, on le presse, après
l'a,•oir enveloppé de papier bronillard, entre des briques
qu'on a eu soin de renouveler souven·t. Il est à prés-umer que les élémens de l'acide tartrique disposent le
sulfore antimonial et l'oxide Je potassium à se convertir
en hydro-sulfate. Le résidu insoluhle dans l'eau hooillante, contient beaucoup de globules métalliques, da
charhon et du sulfure d'antimoine. A.près l'avoir épuisé
en le chauffant avec la liqueur alcaline qui a déposé
le kermès , on peut par l'adùition du tartre, en retirer
tinc<>re de l'hydro-sulfate rouge.
Ce procédé est très-économique, surtout da.os les pays
vignohles comme la Toscane. L'abondance du produit
(r) Tout le monde sait que le carbonate de potasse cristal·
füe en pl'ismes à huit fa ec:s et est inaltérable à l'oiir.
�( 103 )
rre
ne nait point à la quantité ni à la teinte du son
doré, qu'on pent précipitereosuite de la manière ordinaire.
--- Nouvean procédé pour extraire l'acide tartrique de
la crème de tartre, et du composé à la formation duquel
il a donné lieu. --- M. Fabroni , perstrndé qoe l'emploi
immédiat de l'acide sulfurique pouvait servir à la séparation de l'acide par contenu dans la crème de tartre,
a fait des expériences d'o[1 il réstilte : qae l'acide sulfurique décompose le surtartre de potasse, et que, comliiné à l'acide tartrique, il forme avec la ]Jase alcaline
un nouveau sel, qui paraît êlre analogue à celui produit
par l'addition de l'acidé borique au même surtartre,
pour en faciliter la solution dans l'eau ; ~qu'en faisant
agir l'alcohol sur ce èomposé nouveau, formé de a, 72
acide tartrique et o ·, 2$ sulfate acide de potasse , on
peut obtenir tout l'acide végétal de la crème de tartre,
par un procédé plus expéditif que cehii de Scheele;
que dans plusieurs circonstances ce nouveau sel, que
l'auteur appelle t.artri-sn lfate acide de potasse, peut être
employé à la place da. vérital -l e acide tartrique.
M. Fabroni pense qa.e des :phénomènes presque semblables se passent dans la réaction de l'ar.ide sulfurique sur le sur-oxalate de potasse.
·
--- Procé~é indiqué par le même pour la préparation
de l'éther hydriodù7ue. --- On prend da pbosplrnre d'iode
préparé dans les proportions de 8 d'iode eL de 1 de
phosphore, on le concasse prom.Ptement pour l'introduire
dans une petite cornue tubulée, oh déjà on a n;is de
l'alcohol à 37 degrés, deux fois et demi le poids du
phosphore que l'on <loi t employer; on ajoute dans C':!t
alcohol one c,ertaine quantité d'iode que Je contact du
phosphore fait disparaître de suite en le convertissant
en acide. On adapte le récipient et l'on chauffe à f ea.
na pour porter à l'ébullition. Le liquide alcoholique
étant entièrement passé, on opère la séparation cle l'éther
�(
104 )
'lu'il tient eu èlissolation, par l'addition d'eau froide
et les lava ges, etc., ainsi qu'il est prescrit.
Le premier alcobol é ta nt épuise, on peat en verser
snr le résiùa de la cornue une nouvelle quantité équi.
valenle à un tiers de ce qu'on a mis la première fois,
on continue la distillation , qui produit encore une cer.
tainc quantité d'éther.
Ce procédé plus expéditif donne beaucoup plus d'éther;
il a le grand a'•antage d'éviter la préparation préalable
de l'acide hydriodique, qui se forme immédiatement
par le contact du phosphore d'iode avec l'alcohol. Celai.
1
•
•
avantageuse par 1a d'eun~ concentrat10n
ci• eprouve
composition d'une portion de son eau dont les élémens
sont nécessaires à la formation des deux acicles.
-- De temps 1t antre , on annonce comme jouissant de la
"!'ertu anli-hydrophohique , telle ou telle plante ; mais
'peu conservent une réputation qui les mettrait justement
au rang des médicamens ]1éroïques; c'est ainsi que l'Anasellis, l'Alisma plantago ont été annoncés et oubliés. Il
s'agit en ce moment dn • Scutellaria Lati.flora ( L. ) el du
Ginesta Tinctoria ( L . ) Le premier aurait fait des mira.
cles dans les Etats-Unis d'Amérique , et le second en
Rassie.
On a constaté la ''ertu anti-hytlrophohique du Scutelfa.
ria Lali.flora , en admettant qu'il a pré&ervé par son asag~
plus de huit cent cinquante personnes, qai ayant é1e
mordues p ar des animaux hydrophobes, n'ont ressenli
aucun sy mptôme de rage , excepté dans trois cas
et ajoutant que pins de onze ceut ]Jrutcs ont éle
également guéries par le même mo_yen. On cite encore
l'expérience suivna te pour montrer la puissance de la
scutellaire à feuilles latérales; elle fut faite par le
nommé Daniel Lewis, tisserand, dans l'état de Neir·
York, qui avait été lui-même gu é ri par cette plante,
ayant été morda par uu chien atteint cle cette cruelle ma·
�(
105 )
}aclie. « Il 6t un jour diviser en deux bandes nn troupeau
» de cochons qui avaient été mordus par un chien eni> ragé, et toute la .portion à laquelle il ,administra la
» scutellaire guérit , tandis que l'antre, qui n'en prit
point, mourut. »
Les propriétés anti-hydropholJiques du Ginesta Tinctoriasontamloncées par M. Michel Marochetti, médecin opérateur à l'hôpita,l Galitzin, il dit qu'étant dans un village
de l'Ukraine, en Rassie, quinze personnes furent morùues
par un gros chien hydrophobe; il fit placer ces quinze
individus dans une maison p articulière , et là il reçut
une députation de vieillards qui vinrent le prier de laisser
traiter ces malheureux par un paysan des environs qui
en fesait son état depuis nombre d'années avec un constant succès ; le médecin acquiesça à cette demande,
sous deux conditions : la · première , qu'il seraitprésent à tout ce .que ferait le paysan ; et la seconde ,
que pour s'assurer si véritalJlement le chien qui avait
mordu ces gens était hydropholrn, il traiterait par les
moyens de l'art l'un de ces individus. Il choisit une jeune
fille de six ans; les quatorze malades con fiés aux soins
cln paysan, qui leur administra pendant six semaines .
de la décoction de ginesta, guérirent, tandis que la jeune
fille fut victime de cette Gruelle maladie; elle mou rot
le septième jour, dans un accès dt') rage affreux.
A l'usage de la décoction de ginesta, le paysan ajoutait cette pratique: il regardait sons la langue de chaque
ia<lividu, et lorsqu'il y trouvait des houions , qu'il montrait an. médecin, il les ouvrait et les cautérisuit ave_c
uae espèce de grosse aiguille rougie à la chandelle.
Cette analogie dans la vertu de ces deux plantes a
donné à M. Félix Cttdet de Gassicourt l'idée de les analyser, pour voir s'il rencontrerait des principes de
même nature.
On trouve , dit M. Cadet , dans la sc'utellaire : une
�( 106 )
.ha ile fine, jaune-verdâtre , soluble clans l'étlier seulement ; des traces d'un principe amer , soluble dans
l'éther, dans l'alcohol. et dans l'eau chaude; de la chlo.
rophylle ; une matière en partie volatile d'un brun clair,
délisqaescenle, solable da as l'alcohol et dans l'eau, remar.
qaable surtout par son odeur et sa saveur semblables à
celles des plantes anti·scorb1ttiques. (Cette matièrn, entière.
ment i~aperçue dans la substance naturelle, n'est mise en
évidence que par suile des opérations chimiques;) une
huile essentielle; de l'alhumine; une matière muqueuse
et sucrée; un principe astringent particulier) arie substance ligneuse et fihreuse.
Deux-cents grammes de scutellaire, br&lées et calcinées,
ont donné dix-sept grammes de cendres d'an gris foncé;
c'est près de deux tiers en sas de ce que fournissent la
plupart des substances végétales. On a reconnn dans les
cendres le chlorure de soude , en quantité notable; le
chlorure , le sulfale et le sous-carbonate de potasse; le
phosphate et le sulfate de chaux ; le sous-carbonate de
magnèie et des traces de sons-carbonate de fer.
Le même chimiste a trom•é que les fleurs de génis·
trole ginesta tinctoria ( L. ) contiennent : une matière
grasse, jaune-foncé, aromatique, soluble clans l'éther;
'une matière colorante, j .une-serin, soluble dans l'eau,
dans l'alcobol, et peut-être même dans l'éther; une
matière brune, soluble dans l'alcohol , et très-solulile
dans l'eau, caractérisée par l'odeur et la saveur des
plantes anti-scorhatiques exprimées; des traces de chlorophy Ile ; de l'albnmine ; <lu mucilage ; une ~ matière
sacrée; de la cire ; un principe astringent particulier;
un osmazôme végétal dans la composition duquel entrent
plusieurs <les substances précédentes ; une huile essentielle concrète; une matière fibreuse.
Deux•cents grammes de génestrole hrtilée et calcinée
ont donné douze grammes et neuf décigrammes de cen-
�( 107 )
dres composées de sous-carbonate, de sulfate et d'hydrochlorate de potasse; quantité notahle de phosphate d6
chaux , silice et traces de carl>onate de fer.
En comparant ces deux analyses, M. Cadet conclut qua
~ans parler de la cl1lorophylle, de l'albumine , des
principes muqueux et sucrés ou même des matières grasses
solubles seu lement dans l'éther, il a agalement trouvé
dans la scutellaire et dans la fleur cle génestrole : x.0 une
matière soluble dans l'alcobol et dans l'eau , douée de
l'odeur et de la saveur remarquables cles plantes antiscorbutiques; mais que la matière provenant de la scutellaire les possède à un degré plus éminent et tranché ;
0
0
2. une huile essentielle; 3. un principe a_
s tringent ahondant, précipitant par l'bydrochlorate d'étain, mais , ne
possédant d'ailleurs aucune des autres propriétés chimiques qui caractérisent le tannin de la noix de galles.
COURET.
3.° État actuel de la Faculté de médecine de Montpellier.
Ordonnance du Roi.
Cn!RLES ,
par la grâce de Dieu , Roi de France et•
ùe Navarre.
À tons ceux qui ces présentea verront, salut.
Sar ce qu'il nous a été exposé que la Faculté de
l'Académie de Montpellier présente dans son organisation des irrégularités et des imperfections également
nuisibles à l'enseignement et à la discipline;
Voulant assurer à cette école les moyens de soutenir ,
son antique renommée, et la faire participer aux améliorations qui ont été introduites dans la Faculté de médecine de Paris, par l'ordonnance du 2 février 1!h3 ;:
Vu les ·lois t ordonnances , décrets et règlemens re ..
latifs à l'instruction publique en général et à l'ellseigue:menL (le la médecine en partic11lier;.
�( I08)
Sur le rapport de notre m inistre secrétaire-d'état au
llépartement des affaires ecclésiastiques et de l'instruc.
tion pub lique;
Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
Ar t. 1.<' La chaire de chimie de la Faculté de mé.
decine tle Montpellier est réunie à celle de pharmacie.
2. La chaire qui a pour titre: Instituts de médecine
et hygiène est supprimée.
3. ·La chaire intitulée : Nosologie et Pathologie est
restreiute à la pathologie interne 011 médicale.
4. L'enseignemen,t de la pathologie externe on chi.
rurgicale est réuni à la chaire de médecine opératoire.
5. ll est créé dans la Facullé trois nouvelles chaires,
savoir : nue chaire spéci~le d'anatomie , une chaire
spéciale .d'hygiène, et une chaire d'acconchemens et
de maladies des femmes et des enfans.
6. Nous nous réservons de nommer, p our la première
fois , aux nouvelles chaires, comme aussi de pourvoir
à une répartition convenable de l'enseignement.
7. Soul attachés à la Faculté vingt et nu agrégés, dont
u n tiers en stage, deux tiers en exercice, eL un nombre
indéterminé d'agrégés lihres.
La durée du stage est de trois ans, celle de l'exercice , de iÏ.x ans, ceux qui ont terminé l'exercice deviennent agrégés libres.
Néanmoins, notre ministre secrétaire -d'état des affai·
res ecclésiastiques et de l'instruc tion publique nom·
ruera, pour la première formation , quatorze agrégé1
qui entreront immédi ate ment en exercice , et dont
une moitié désignée par le sort devra ~tre renouvelée
après troi> ans.
Avant la fia de la présente année scolaire, la nomin11 .ion cles sept a1.ttrP.s ag'"égés sera faitf' an coneours,
dans les formes qu.e réglera , à cet effet , le conseil
royal de l'instmction publique.
�(
109 ' )
D.1ns la suite , les renouvellemens continaeront à
s'effectuer tous les trois ans, de manière qu'à chacune
<le cas périodes, sept agrégés enlrent en stage, sept
passent d11 stagt à l'exercice, et sept ùevienoeot agrégés
libres.
Les délais fixés par le pré~ent article ue courront
qu'a dJter de la prochaine année scolaire.
8. Après la première formation , le grade d'agrégé
ne sera donné qu'au concou1·s; néanmoins, notre ministre secrétaire-d'état dt' S affaires ecclésiastiques et de
l'instruction public1ue pom·ra sur l'a•is favor<ible de
la Faculté, du conseil académique et du conseil royal,
conférer le titre d'agrégés lihres à des docteurs en
médecine on t:n chirurgie, âgés de quarante an~ a11
moins, qui se sernient distin3ués par leurs ouvrage:t
ou par des succès dans leur profe:;sion.
Le nombre des agrégés libres ainsi nommés ne pourra
f
jamais être de plus de si>., et ils n'auront droit de candidatu1·e que pour ies chaires cle clinique.
g. Provisoirement, el jnsqu'a ce qu'il en soit autrement
ordonné, les agrégés en exercice pourront obtl'nir de
nolre ministre secrétaire d'état <les affaires ecclé,iastiques et de l'instruction publique la dispense cle résider.
M.is, daos ce cas, lorsqu'ils .reviendront /i MonlpeUier,
ils ne pourront prendre part aux actes de la Faculté,
et recevoir <les droits de préseu'ce, qu'après deux mois
consécutifs de domicile.
10. Les seuls agrégés peuvent être autorisés à faire des
cours particuliers à Montpellier . .Né<snmoins, les docteurs en médecine ou en chirurgi·e qui <iuraient déjà
commencé des cours particuliers, et qui ne seront pas
nommés agrégés, pou1•ront être autorisés à les continuer jasqa'à la fiu lle la présente snuée scolaire.
11, Toutes les dispositions de l'ordonnance du z
T. IX. Février 18'.15.
16
�( IIO)
Février 1823 , qui ne sont pas morliflées par 1es articles ci-<le~sus et qui ne sont pab contraires, sonl apP if'ahks à la F.io:ulte de méd r cinc de l'.tcaJemi~ de
:Moutprllier, 3 l'except ion des articles i, 11, iS, 19,
2 1 de ladite ordonnance.
Noire ministre <le l'instruct ion publique et notre
con~eil royal di· l'llniversité feront tous uouveaux réglPrr.ens et donuero.i t tontes instructioüs rendues oéces-
20
et
1 •
2
&aires pnr Li prés~nte ordonnan ce .
13. "Notre ministre secréL<1ire-d'état des affaires ecclési'a--tiq\les et de l'iostrucLioo publique est cb1rgé
cle l'rxécution de la présente ortloonance , qui sera
insérre au Bul)t>tin c\ps lois.
D,111né eo notre château des Tuileries, le 12.m• jour
du mois de Décembre, de l'an de grâce 1824, et de
notre règne le premier.
CHARLES.
Par le Roi:
Le ministre -
Sr:'CI
étaire d'état
ait
département
des ajfu.ir-es ecclésiastiques et de l'instruc-
tion publique.
t
D. Ev.
n'HERMOPOtts.
Par onlonnance du l\oi , en date du même joor,
sont nommés professeurs en la Faculté de médecine
de l\l<intpPllicr : MM. Dubreuil, p•·ofesscur <l'anatomie
à l'hôpiral d'instruction tle la marine de Ton Ion, pour
la ch.1irP d'anatomie; Bémnl, J .:iseph-Fr édéric, àocleor
cle la Faculré de métlPcine de Mot\lpcllier, pour la
cb.i1re d hygiènP; Dugè~, agrégé eu st,1ge près la Faculté de méJecine de P.iris, pour la chaire d'ac·
coucl1emeus.
La répartition '\le l'eosPignement entre les différcni
prof~sst'nl'S a été fixée ain~\ qt1'il suit:
Chaires d'Aoalomie, 1\1. Dubri:uil; de Physiolosie,
�(
11 1 )
M. Lordat; de Chimie médicale et pharmacie, M. Du.portal; de llotaniqnc, M. Rcdfenaut de Lille; d'Hygiène,
M. Bérarcl ; de Patholo(;ie chirurgicale, opér:itions et
appareils, M. èl'llveil!âer; de Pathologie médicale, M.
Baumes; de Thérapeutique et matière médicales, M.
·Caisergues ; de Clinique chirurgicale, MM. Delpech,
Lallemand; de Cii11iq11e médi cale, MM . Lafabrie, Brousson11el; de Médecine légale, M. Anglacl1t ; cl! t\.ccou1
cbemens , maladies <les femmes en couches e\ des eufans nouve~D-nés, M. Dugè$.
Le directeur de l'i~struction publique,
PETlTOT.
4.
0
V
..l R l
É T :É s.
Li concours que nous avons annoncé dans notre dernier n.°, n'a pas eu lieu , faute de concurrens. 1\1.
Girard, qui remplissait par intérim les fun<"tions a'élève
iatel'lle à l'Hôtel-Dieu, ayant demandé d'être confirmé
dans celle place, a subi un examen et a mérité les
suffrages de l'adpi.inislration et du jory.
--- M. le docteur L. Valentin nous éc1it que depuis
clix ans la petite yérole a mit disparu de Nancy; elle
y est rev~nue en aoC1t 1824 <'t y a régné épiclémiquement,
de sorte que \•ers la fin de décembre, 492 individus
en ont é1é atteints. 39 en sont morts, 5 estropiés dont
3 ont perdu nn oeil et un autre a PU une carie à la
mâchoire inférieure, suite d'un dépôt varioleux. Il y
a eu en outre 80 sujP.ts affectés de la vaticelle on va~
riole bâtarde. La popuLtiou cle Nrncy est de 3o,3oo;
on y a vaéciné, en 1824, surtout depuis · l';,pparition
de la petite vérole, '2 ,960 indivitlus. Cette mahdie n'a
atteint que ceux qui avaient nég'igé la ' 'accination
au qui avaient refusé ce bienfait. Parmi les variolés
�(
I f 2
)
4 011 5 avaient été vaccinés depuis 21, 17 et 8 années. Mais M. f/ alentin observe que chez eux les cicatricules de l'inoculation n'avaieut point l'ilspect qui
prouve la légitimité d'une vraie ''acùne. el que celle-ci
n'a)'ant pas suivi une mai che réguliè re ne pouvait être
préservative. Notre estimable conespomlaul aioute r1ue
le comité de vaccine Je Nancy , dont il est vice-président, a pris des mesures <le pré:crvation el qu'il o'ew.
ployc, selon l'inten tion du gouvernement, que les moyens
persuasif~, tandis que d<i ns les étals de l'Autriche, en
Italie, les mesures sont coërcitives: lorsque la variole
existe dans une mai~un, on place au-des~us de la por1e
un écriteau qui anno nce celle peste , on met les indivitlus eu quarantaine; un 'garde empêche d 'entrer et
de sortir de celte maison, et les pcrsonues qui l'habitent,
obligées de le payer, ne sont li !Jres que lorsque le médecin a certifié que la m.,ladie est entièrement terminée
et que tout est pur;fié.
- Milan est la ville qui fournit le plus souvent du
vaccin à toute l'Italie , comme Paris et Londres bOnt
deux Capit:1les oh brûle saos cesse le feu s<acré, et d'où
il se répand dans tous les pays.
L'un des secrétaires de la Société médicale de
Londres annonce qu'eu 1820, il était mort daos celle
Capitale 792 persounes de la petitë vérole ; en l8·u,
508; en 1821, 604 et en 1823, environ 774.
- Marseille compte de zélés vaccinateurs qui le plus
souvent ne sont récompensés que par la satisfoction
d'avoir fait le bien; tandis que de vils intrigaos savent
usurper les récompenses du philantrope ! ! ! ....
- Le tableau des maladies qui ont régné ce µiois.ci
à Marseille, esl le même que celui du mois précédent.
-- D'après le relevé des regis1res de l'Etat-civil de la
mairie de Marseille, il y a eu en Janvier 1825, :165
11aissances ; 345 décès et 86 mariages •
.P.-M. Roux.
/
�( I15 )
NOTlCE des travaux du Comité médical des dispe11saz'res
de Marseille. (Année 1825. -
N.o 1.)
LA proposition que nous Hmes au Comité de puhlier
ses travaux , a été adoptée le 4 tle ce mois, et non le
4du mois de janvier, comme uous l'avons annoncé par
anticipation et par iua<lv11rtence dans notre dernière
livr . . ison. Nous ne donnons aujourd'hui qoe le rapport
du secrétairt> qui noos a préc6dé, mai~ oons joi'ndron!' à
notre prochaine notice un ex' rait des règlemensdu Comité~
pour que ]'on puis~e se faire une idée juste du but de
son institution. Nou« publierons aussi le tableau cles
membres de cette Compagnie.
P.-M. Roux.
général sur les malades qui ont été traités dans
les dispensairPS, pendant !'am.ée 18'24, p1ésenlé au nom
du Comité médical il t'Administrotion du bureau de
~ienJàisa11ce; par Jltl, BEULL1.c 1 père, Secrétaire-général.
JIAPPOnT
Messieurs,
l'année qui vient de s'écouler quatre mille
deux cents soix'ante et dix-lmir. malades ont été soignés
par les médecins attachés à l'administration ;
PENDANT
Savoir : mal:ides en traitement au
1.er
Janvier
182if..... .. . . . . • . . . . . . • . . . . . . 584.
inscrits en 1824.. • . . 3',64 6.
guéris ...••..•..•... 3,316.
morts....... . . . . . . 199.
envoyés à l'ht:ipital. . . . . . . . I 4.0.
vaccinés............ 20.
variolés .... : . .••... · 28. ·
en traitement au 1.•r janvier 1825.. . • . . • 575~
C'est nec la plus vive satisfaction que le Comité
méùical anno:ice à l'administration qae pendant l'année
miLhuit-cent-vingt·quatre, il n'a eu à traiter aucune
maladie éridérnique, ni contagiense, si l'on excepte
pourtant vingt-boit varioles benigues.
T. IX. Février.i8:i5.
17
�( IILJ. )
Le Comité s'étant réuni exactement le premier de
chaque mois, sous la présidence de M. le docteur Ulo,
s'est vivement occupé de l'hygiène et des doctrines rnéllicales. Le rP.suhat de ses conférences a eté à la fois
de contribuer au perfectionnement de notre art et de
combattre, autant que possihle, promptement et avec
eflicacité les mau:ot qui affligent l'humanité, et de sou.
lager surtout les malades qui nous sont confiés par une
administration dont le nom seul fait l'éloge.
Avant de terminer ce léger aperçu de nos travani
de l'année , nous devons signaler _!!n particulier, les
membres qui ont consigu'é dans nos procès-verbaux,
cles faits de médecine pratique, qui sans avoir le mé·
rite de la nouveauté, ne sont pas ~ans intér~t.
M. le D. Aynaud a communiqué l'observation d'une de.
moiselle, âgée de vingt-cinq ans, sujette à des douleurs
rhumatis;nales, qui fat frappée d'une attaque d'apo·
plexie , avec hémiplégie du côté droit. La malade éprou.
vait dans les membres paralysés one vive sensibilité qui
alternait avec <les douleurs intolérables; elle avait passé
quelques jours dans cet état, lorsque des voleurs s'étant
introduit dans sa chambre, vers le milieu de la nuit,
l'effrayèrent à un tel point qae les douleurs disparurent,
les facultés intellectuelles se troulllèrent, il survint la
perle de la vue, de la sensibilité et de l'usage des muscles locomoteurs. Envaiu, les déhilitans , les stimulans
révulsifs, les évacuans, etc., forent employés, la malade
succomha quelques jours après ( le 3 septembre 1824.)
Cette ohservatio~ sur une maladie qui avait évidem·
ment , son siége dans les systèmes sensitif et moteur,
confirme l'opinion émise par MM. Charles Bel, Jlfagenclie, etc., sur un nouveau point <le physiologie, ré·
sultat cles expériences faites sur la moëlle épinière des
animaux. C'est avec de semblables observations qu'on
fait de bons ouvrages de médecine pratique.
�( 115 )
M. le docteur Allemand a fait évanouit· comme par
enchantement, une douleur atcoce qui avait son s1ege
ddns l'articulation iléo-fémorale <lroiie , par la seo!e
application de la glace sur la partie malade.
M. le docteur Sue a guéri une hydropisie de l'articulation fémoro tibiale du côté ùroit, par l'application ù'ua
large vé~icatoire sur le genou. On sait que ce remède :t
été souvent d'un grand secours dans <le cas semblables,
entre les mains d'habiles mtidecins qui, comme notre
confrère, ont saisi l'occasio prœceps.
M. le docteur Roux ;;. parlé des J1ons effets qu'il a obtenus de l'usage à l'intérieur et à l'e:o.térieur du mercure
doux et de l'application réitérée de sangsues, dans un cas
ile tumeur squirreuse à la région latérale droite du cou ,
affection contre laquelle l'art n'a le plus souvent pour
toute ressource que l'extitpation à opposer. Une connaissance profonde cle la médecine physiologique a, d'ailleurs,
autorisé notre confrère , à recourir dans nombre de
circonstances, aux moyens préconisés pal' le docteur
Broussais, moyens dont lièfficar.:ité a été souvent confirmée par des médecins distingués.
La pratique de MM. les docteurs Forcade, Ulo ,
lsoardet St1e leur a fourai de fréquentes occasionsd'oll&erverleshons effets de l'application des sangsues et de l'usage
en même-temps des hains Ghauds d'eau douce , chez les
jeunes filles qui ne sont pas encore \rnbiles , atteintes de
la chorée ou <lause de St.-Wit.
M. le docteur J. Beullac a fait part des faits sui vans :
1". Un homme, âgé de trente ans, 1lien constitué, d'un
tempérament sanguin, a an abcès considérable au fondement avec désudation en partie ile l'intestin rectum.
D'apres l'avis de Faget, chirurgien distingué, on doit se
horner à ouvrir le boyau, mais Foubert, chirurgien non
moins célèbre, ajoute qu'il faul l'inci&er, si l'on veut
prévenir Ulile fisLule. M. Beullac a mis en pratique le pr·o-
\
�( 116 )
cédé de Foubert, et après un mois de pansemens .assidus 1
le mal.:lde a éLé guéri radicalement.
2°. Une frmme, &gée de cinq11ante ans, jouissanl d'une
bonne ~anlé en apparence, sc fait, avec une aiguille à
coudre , au doigt médius de la main g .. ache, une plaie
qui , étant négl igée, fait p11sser le doigt à l'état carcioomatem. , avec nécrose de la trcisième phalange, L'amputa lion du doigt est pratiquée, et la blessée est rendue
à la santé, après deux mois de soins.
3. 0 Un pauvre père cle six enfan~ en Jms âge, habitant la ville d'Allallch 1 se présenta au comiLé cles consultations gratuites cfo midi , et annonça que depuis quaranle jours ou «nvirou, il était atLeint de la tumeur
qn'il portait à la commissure des lèvres du côté ~anche,
tumeur qui avait grossi à vue d'œil. A près l'avoir hien
examinée et a1•oir pris les renseignemens nécessaires,
]es médecius présens , MM .. Boyer, president, Giraud
St.-Rome, Magail, Beullac, père et fils, décidèrent que
celte tumeur était can•:éreuse et qu'il fallait l'enlever
le plutôt pos~ihle par l'instrument tranchant. M. J,
Beullac, a<"compagné de son père, exécuta cette opéra Lion, et six mois après, l'opéré se présenta de nouveau
au comité 1J.ui constata sa guérison.
Ja'oux de 1·emplir le devoir qn'il s'est imposé; non
moin• 13loux de mériLer l'e~time et la confiance d'ane
A rlminisLration s~ge el édairée, le comité médical sera
])Ï <> n • é.-ompensé, s'il y a réussi.
AVIS.
L.4 Sflriété royale de médecine de Marseille dérlare
qrt'f'.'1. insér'nnt dans ses Bulletins les Mér.wires, Obset·
vatio ,..ç , N otices , etc., de ses membres soit tiwlaires'
so•t 1·01.,.,·sp'hnrlans , qui lni paraissent clignes d'être
p11blih, ,.//e 1i'rt égar-,l q•i'à l'inté1 ét qn'ils prései.1te11I
à ltt ç1.:e11ct' •n,Hir:ale ; ma.is qn'elle ri'entenrl donner,111 a,uproi1ation •ii imp ·0'1u,tion a.1.c opi•iirms qtte pe1we11t en~ettre
les autecirs, et q:â ,n'ont plis encore la sanction i;é11era/e.
�(
I 1
7)
BULLETINS
DE
LA SOCIËTÊ ROYALE DE MÉDECINE
DE MAii.SEILLE.
FtvRIER 1825. ---N. 0
DnAGONNEAU
XXXVIII.
chanterelle ( gorclius aquaticus, Lin. ) rend1i
par une fille de quatre mois, observation communiquée
par M.
PEI1llEYMOND
fils, dorteur en médecine , médecin
·cVar. )
de l'hospice civil et militaire de Lorgues,
LE 23 jaillet 1810, je me trouvais à Vidanhau, où
j'avais été appelé pour soigner un malade. Le sieur
Bernard· Sarret, fermier du bac établi sur la rivière
cl'Argens ayant appris mon arrivée , vint me prier <le
voir sa fille âgée de quatre mois et malade 1lepuis huit
jours. Je me rendis chez cet homme avec · M. Bernard
chirurgien de Vidauhan , qui avait déjà '\'Û la malade.
On m'apprit que cet enfant vomissait beaucoup de matièfes glait'euses; que ses nuits étaient fort agitées et
trouhlées pardes--<:ris presque continuels; que cles convolsions avaient eu lien. J~a.u!ai la face un pPu lJouffie,
les panpières étaient livides, les yeux creux, ]Jrillans,
la salive sortait continuellement de la bouche, le hoquet
se montrait de temps en temps et la respiration éLnit
gênée. Le p;uls me parut fort iuég:il, j'y rcmnrquai
des intermittences, cles sueurs froides cC1nV1".0ient le
corps par intervalles, les déjections étaient muqueuses
el le ventre était notablement météorisé. Cet ensemble
�(
Il 8
)
de phénomènes me parut fort grave; cependant, je
ne pel'dis pas entièrement espérance. Je prescrivis pour
le moment quelques légers calmans, et soupçonnant
la présence des vers , malgré l'àge fort tendre de la
malade, je fis donner ensuite quelques cuillerées cl'in~
fusion de mouase de Corse. Ces moyens furent employes
assiduement pendant trois jours sans aucun succès. Les
signes allarmans continuaient d'exister, et la jeune ma.
Jade dépérissait à vue d'œil. Je persislai dans l'idée que
je m'étais formée de la nature vermineuse de la maladie,
et je donnai clu sirop de chicorée composé avec addition
<le coraline, de semen -contra et de racine de fougère
mâle. Après plusieurs doses de ce médicament, je fis
passer nn lavement avec dn lait et du miel; les douleurs parurent se calmer, le vomissement n'eut plus
lieu, l'enfant était moins inquiet, et le 29 juillet, nous
ne fûmes pas peu surpris , M. Bernard et moi, lorsque
les parens nous montrèrent un ver rendu par les selles,
semblable pour la grosseur à une chanterelle de violon,
de treize pouces de longueur, d'un hran tirant sur le
noir, et parsemé de quelques petits points blancs en
fort petit nombre. Ce ver avait beaucoup ùe vivacité,
je le mis dans de l'eau fraîche; il s'y agita avec véhémence , et il ,vécut pendant plusieurs jours; je l'examinai avec nne loupe pour découvrir quelques uns de
ses organes, mais je ne pas rien appercevoir, le corps
èle ce ver est très-lisse · et égal; ses deax extrémités sont
parfaitement semblables et se terminent en pointe
mousse. Je l'ai mis dms de l'espl'it-de-vin, et l'ayant
montré à plusieurs médecins et chirurgiens instrnils,
aucun d'eux n'en ~ vû expulser de pareil da corps
humain. Après la sortie de cet hôte singulier , la santé
de la jeune fille s'est rétablie et j'ai eu l'occasion de
la voir parfaitement bien portante.
Réjle.·cions. Ce ver, du genre des cylindracés, ne me
�( II9 )
paraît pas du nombre de ceux destinés par la nature
à vivre dans les intestins de l'homme ; l'espèce cle.
gordius qne Rosen (1) dit se trouver chez l'homme, et;,
qoe Rolandson Martin a soigneusement décrite dani
les mémoires de l'Académie de Suède (2), est nn ver
qui se trouve dans différentes sources des climats trèsfroitls. Le corps de ce gordius est tout blanc, les plus
)ong1 ont un ponce suivant Rosen lui-ml!me, et leur
éorps .n'a pas plus d'épaisseur qu'un crin de cheval.
Bloch (3) fait mention d'un ant1·e gordins ( gordius intestinalis ) qui a trois ou quatre pouces de longueur.
Mais ce ve1· est encore blanc et filiforme comme le
précédent, il ne se trouve que dans les intestins de différens oiseaux et poissons, et la description que cet auteur en doune ne se rapporte point an ver que je possède.
Linnée (4) a décrit le ver rendu par cette jeune
fille, et il l'appelle gordius nquaticus. Voici ses propres
paroles.
<< Corpu$ teres , œqitale , leve , fuscus ; habitat in vivis , aliisque
aquis, fundi poiissimùm agillacei, quem uti piscis aquam tranal,
» opacus, sœpè in spiram variè se coniorquens. »
l'
M. Bruguière en a donné la mème description dans
l'article vers de l'encyclopédie méthodique , et il lui a
donné le nom de Dragonneau chanterelle qGe j'ai cru
devoir adopter par sa grande exactitude. On en trouve
la figure dans les planches d'histoire naturelle de l'encyclopédie·, 49.e livraison , planche 85, figure 1. C'est à
ce même genre qne se rapporte l'espèce connue sous
le nom de dragonnean de Médine ( vera medinensis
araburn. ) qui se loge dans le tissu cellulaire de l'homme
tians les pays fort chauds.
(1) Maladies des enfa11s, pag. 387.
(1) Année 1771 , vol. 32. tom. Ill. art. 10.
X (3) De la généi·ation des vers des i11Cestins; ·pa g. 73. plan.
figures 8. 9.
W Systema naturre , toi!\, 1. pars. VI. , pag. 3o. 82 •
• 1
�(
I 20 )
Sonccini et les autres réddcteurs cla- nouvPan die.
tionnaire d'histoire naturelle, out ajouté quelques détails a ceux qui n ous :wdie nt déj.'t été do~nés sur ce
"er par Linnée et M. Bruguière. Le corps da dragon.
nean, diseat-ils, offre pour uniqu e ca r<1clère dêtre
na , lisse, égal dans presque toute sa loug11eur; il se
contourne de toutes manières; son orgailisation iuicrienre est peu compliquée, elle ne consiste qu'en un
c-~nal qui s'étend <l'une extrémité à l'aulrl!. La bouche
et l'antH ne sont point ;ipparr ns san s microscope, et
sont les plus simples possibles. Les . ckagonneaux communs "iveot dans les eaux des fontaines st.aguaales;
des étangs d'eau ''ive, des rivières tranqnilles, il1
fuyPnt les eattX trou hie;;, pa Lréfiées, et en con,cquenœ
on les trenve hien pins rarement dans les pays de
plaine que dans les · pays montag :1eu'. On les voit
JlPnrlanl. les grandes ch..tlenrs cle l'été, nager à la rna.
nière d<>.s aognillP-~ et des se:·pens, c'est-à-Llirc, en contournant lenr corps alternativement en sens contraire.
011 ne peut imaginPr, eu les voyant, qnels sont les
moyens qne la nalnre leur a Ùùonés pour se mouvoir
avPc tant rle vélocité , ponr se diriger vers an bat
avec tant d'exdctirude. PP.mlant l'hiver, ils se cachent
dan~ tlPs t;oas très profomls qu'ils sP fabriquent dans
l'argille du hord d»s eaux qa'ils habitent, ou dans la
vase qui en tapisse le food. On ne s;tÎt rien sar leur
génération.
Les Mtaih précédens m'autorisent donc à penser qne
le ver rendu par la fille du sieur Bernard Sarret, a cté
introduit dans les inte~tins par quelques ltfgers alimens,
ou drs lJoissons qné l'on avait donné~ à cP: enfant;
ou mieux encore qu1>. cet animal à pu ~'introduire lui·
même IJ:lf la houchf', lorsque les varPnS OCCUp~S a
clivers travaux , laissaient lenr fille couchée dans soli
berpeau sui· les hor<ls de la rivi~re ll'A.rgens.
�(
12 I
S Ê A. N C E S D E
)
L A.
S 0 CI É TÉ,
PEND-\NT LE MOIS DE JllYIEI\
1825.
8 Janvier. - M. A liez, n1é<lecin à Lez,at ( lia'1te..
Garonne ) adresse trois observations d'essère, et Si,\ ~li sser..
talion in 1ugurale, inti talée : Q uelq.11es considératior,zs et
observations .r nr un~ maladie ép idémique qui a régné èL
L· zat, Castagnac et quelques comm,1111es 11oisines pendarrt
l'automne de 1821 et L'hiver de } 822. La ~le.mande du
ti1re de memhre c orrespondant qne (ait ce mqlle.cin ~
tst prise en consi dération et la lecture de son travail
est fixée à aue <les prochaines réunions de b Société. /
M. Forcade lit son rapport sur l'ouvrage Je M. Blaud,
corre~pondant à Beaucaire, intitulé : T~·aité sw· ltilaryngntrachéite, etc.
M. R·ymo11et donne lecture d'u,Q T,apport sur la hro ..
chure <le Mettembel'g, ayant pour tit1e: Appel jt -l'administration publiqr1e et au.x hommes de L'art sur une
découverte e.xpérù11 entale très-importante pour le gouver·
nement, l'lw111ani 1é et les prog1 ès de la médecine , etc.
le, condusions du r~pport pell ·fdvorahles à l'an leur et à-.
l'ouvr;1ge, obtienneoL l'asseutimenL unanime de la Société.
i5 Janvier. - 1\:1. le docteur Chervin, médecin <1ui
drpuis longues ann ées 1 voyage pour recueillir des docum··ns rebtifs à la fièvre jaune, est complimenté par M~
le Président et invité à prendre pl~ce à ses côtés.
La séance a été enLièrement remplie par les notiom~
que cet infat-igable voyageur a communiquées snr la
maladie <les Antilles, etc, lesquelles ont été insérées ùam>
les· hulle lins de la Société ( Voyez tome IX. page 59)..
.29 Janvier. - l\'l. Roux dt:pose sur le bureau une
r
T. IX. Fév1iflr 1825.
18
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1~2)
trtotice ~r l'''épidémie de Toulon ( sur mer ) da~is les
premiers mois de l'année 1824, suivie d'un aperçn physiologique sur l e phénomène des contagions, par l\1. le
.docteur Serène, correspoml'ant à Toulon. M. Goutlùi
.ei>l nominé rilpportenr de ce travail.
M. Chervin exprime dans uoe lettre, tonte la reconrnaissancP. dont il esl pénétré po ,1r le ténioigoage d'estime
.que fui a donné la Crn1pag'lie en 1', ssociarit à ses tra'Vaux, et proLtste de ·ses e'fforts pouL' se rendre tli~ne
,de cette distioct ion flatteuse.
M. L. Vale'ritin écriL à M. Cirand St .. Rorne, pè re,
~n'il craint q"le notre savant corresponda:ll M. L. Fumck
me soit atteint d'un s'1oirre au pnlyre, el lP prie de commn'niquer cette triste nouvelle à la Société donl la do111cur
ne penf se mesuL·er que par le mérite de ccL1i qui en
est l'objet.
M. Ulo lit son rapport sur la brochnre de M. le
ilocteu_r Dariste 1 intitulée : Jltlémoire sur la non-contagion de la fièvre jaune, etc. Ce rapport est adopté.
Le reste de la sé<1àce est consacré à la discus~ion d'un
Phjet d'administration intérieure.
SEU X, Président.
Su E , Sec1 é1aire-général.
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Léa<· rs nua .tes.
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1'111age ux.
Serein.
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~ans n., brouil. d. la m.
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Très-1111ageux.
Co11vert.
Tre,-1111agetix.
Ld.pl11i~rlansla~oirée.
Qu f> l. éclair.,1111p.d c p.
Qu elqu e> nuag ~s.
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Id.
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PrPscl'1elo11tcouverl.
Q11<•iq11es _n•iages.
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Serein.
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Idem . . . . . . . • • ••••..•..•..•..••• ; •. '749 , 53, le 28, à g heures clu soir.
Moindre
4.0.
Hauteur moyenne du B .1romètre, pour tout le mois••• 762
Plus grand degré de ch~leur............. • • . . • . • . 14 n, o, le 13, à micli.
o , 2, le 9, au lever du soleil.
Moindre
Température moyenne <lu mois. . • . . • . • . • • . • • . . . . • • ? , 4·
Idem......... .......................
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Minimum de l'hygromètre •..•..• : •••...•.•.••••• . • 39 , le 24 à 3 heures.
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Quantité d'eaq lomhée pendant
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la nuit., . • • •
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Jiorµbre de jours .•.••.•.••••
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entièrement cou•erts.. •
très-nu .1geux. . • • • • • . •
nuageux . •••.•..•• • •.
sans nuages . • . • . . • • .
de gros vent. . • • • • • • • •
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les montagne& voiaines.
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P A 1:t T 1 E.
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OBSERVATIONS DE
MÉDECINE-PRATIQUE.
Ossrnl' A'I'rnfl s11r une jluxio11 de poitrÎlle , terminée przr
1111e
encéphalitP mortelle; par M.
FL.A.VARD ,
D-M. , ~J.,
membre correspondant de la S ociété de médecine de
lllarseille , etc.
N on est iti merlico $etnper r elevetur ut œg e'f' , interdùm,
clocta plus valet arle m alum.
Û Y!D.
LA fluxion de poi 1rine est one affection toujours grave
et fâcheuse , et ses suites exposent au plus grand da11ger,
quand elle ne se lermine point par résùlution. Cette
mal.1die se propage quelquefois j usqa'au ce neau par
sympathie , donne naissance à L'e ncéphalite et frappe
souvent du coup mortel celai qui en est atteint, commec
le démontre l'observation suivante:
1 e 12 février 1825, Aoguste. Cailla, àgé de II ans,
soupe à son ordinaire et sans se plaindre de la moindre
incommodité. A. min nit, il se sent mal . se lève et descencl toat nu du troisième au se cond étage oh sa mère
se hâte de lui ouvrir la porte el de lai demander le
motif qui l'a engagé à se lever ainsi pendant la nait.
li répond qu'il est malade ; qae la tête> le cou et la
poitrine lui font beaacoap de mal ~ il était transi de
froid. Sa mèi:_e &'empresse de le mettre Jans son lit
et de lui faire avaler quelques tasses cl'infasion de tilleul pour rappeler l a chaleur naturelle qu'il avait lJerdne
1!11 ilesrendan t, sans a voir eu la précau.lio.n de s'habiUer.
T. IX. Mars 182$..
i9
�(
I
.2Ô )
Elle y parvint facilement; il transpira même e\ dormit
un pcn, mais d'un sommeil très-léger.
A om;e heures da matin, ie fus 11ppelé pour le voir,
et je le trourni se plaignant d'une gram!e céphalalgie,
ayant la face ronge, le pouls plein, dur, toux violente,
oppression considérable, douleur aiguë à la poitrine,
surtout Vèl'~ le cûté gauche. ( saignée, tisane atlour:issaute et pectorale et . looch approprié à la maladie. )
A trois heures de l1après-midi, on m'appelle de nouveau pour \•oir de suite le mabcle qui venait d'être
frappé d'une allaqae. Je me rendis aussitôt auprès de
lui <1ue je trouvai effectivement dans un état déplorable : il était extraordinairement agité' avait des monvemens convulsifs difficiles à dépeindre; deux hommes
vigoureux ne pou,·aient le retenir dans son lit qu'avec
peine; il était dans un délire furieux, avait perdu
l'usage de la parole et .de tons ses sens; sa face était
allumée; à la suite d'une quinte de toux, il avait expulsé un crachat sanguinolent, mais l'expectoration était
el! lièrement supprimée et le rale existait déjà.
Ce changement subit et inexpéré m'annonça une irritation cérébrale dépendant de la propagation .de l'état
phlogistiqae du poumon sur le cerve;iu.
C'est principalement par le moyen des sympathies
qu'ont entr'ellc>• les parties du tissu cellulaire qui pe·
nètrent les viscères et celles qui sont aux extrémites
du corps, qu'on peut ex1Jliquer les métastases que le
médecin rencontre dans sa pratique.
. J'aurais voulu faire ouvrir la ,•eine; mais la saignée
dans ce moment était impraticable. Je prescrivis l'application des sangsues aux tempes et un vésicatoire sur
le thorax. Le soir, la saignée du bras fut ·pratiquée,
sans changer l'étal du malade. A.lor5 j'eus recoors at11
<lérivatifs et <lux révulsifs.; je -fis faire des fomentation~
5ur les e)>trémités inférieures avec une décoction de
�(- r 27
)
moutarde , et j'ordonnai en même-temps des sinapismes
à ]a plante des pieds, 1lans la vue de détoumer de plus
en plus l'irritation de l'eucéphale.
La nuit ayant été très-oragP.use et le malade ne lais5ant aucun espoir de salut, je fus bien aise de m'entearer des lumières du docteur RigortL Il partagea
mon opinion sur la nature de la maladie tle cet enfant
et sur les moyens qu'il fallait employer. Il fut convenu
d'insister encore sur les déri,·a tifs et sur les révulsifs,
sans négliger l'application de la glace snr la tête, mais
ce fut envain: le malade succomba à troi~ he nres de
l'après-midi , vingt - quatre heures après l'invasion de
cette cruelle affection.
AuTOPSIE. Cavité encéphalique. Les membranes qui
tapissent le cerveau étaient extrêmemeut enflammées et
avaient contracté des adhérences, tous les vaisseaux qui
rampent sur la superficie et qù'on trouve dai;is sa propre
substance, étaient prodigieusement injectés.
Cavité tlzo rachique. La plèvre et les poumons, surtout
le gauche, étaient attei>1ts d'ane forte inflammation av'ec
adhérence , le cœur présentait une espèce de fibrine
de polype, qui était collée à la paroi du ''entricule droit,
immédiatement au-dessous de l'oreillette du même côté.
Ce corps insolite avait un pouce et clemi de longueur,
sur nn cle largeur ; son ép.:isseur ét[lit d'environ une
ligne. Il offrait une texture très-fo1·te et ce n'est qu'avec
peine et à regret que le docteur Martin parvint à la
déchirer.
Cavité abdominale. L'estomac était dans l'état naturel.
li est à tirésumer queJa maladie ayant été très-courte,
l'inflammation- n'a pas eu le temps de l'atteindre, il
contenait seulement un demi-verre de liquide. Le foie
avait un volume énorme , les intestins étaient sains.
On serait tenté de croire que la mort a été occa.:
sionnée par la présence de la fibrine qu'on a trouvé
�( 128)
èlans le ventricule droit. Ce corps a dô. nécemire.
ment gêuer la circulation du sa ng, et , par son séjour
1)rolongé, irriter l'orgaoe pulmonaire et le cerveau,
Cependant, de deux choses l'une , ou celle fausse
membrane existait du vivant de l'enfant, ou sa formation n'à eu lit:u que da,ns le cours de la maladie. Dans
le premier cas, l'enfant aurait en de!< palpitations, aurait été suffoqoé, oppressé. Or, il ri'a jnmais éprouvé
la moindre inconimodité qui pût faire soupçonner l'exis..
tence d'une pareille concrétion. S'est - elle formée pendant le court espace ae temps qu'a duré la maladie?
Cela est possible et même vraisemhlahle, d'après ce
que j'ai dit. A jot tera-t-on '\u',elle a pu se former après
la mort"! Il nous est permis d'en douter.
Il me paraît que la maladi e ét.ait tbns le principe
une fluxion de p oîtrine; que l'inflammation de l'organe
pplmonaire s'est propagée jusqu'au cerveau au moyen
des lois de la sympal hie et a clonné naissance à l'encéphalite qui a enlevé ce pauvre enfant.
Autrefois, ce transport nous aurait surpris , parce qne
nos prédécesseurs igooraient parfaitement les voies dont
la nature se sert pour' faire passer les différentes hu·
meurs d'une partie du corps à l'autre.
I~e prince cle la médecine avait reconnu an rapport
llatarel entre toutes les pârties : conjluxio una, co11spiratio nna, consentientia onmia. Il avait observé que
toutes les parties du corps jouissaient d'une permea·
b1:lité, au moyen cle laquelle les humeurs en certaines
circonstances, pouvaient passer directement d'au organe
à un autre. Plus sage qne tant d'autres qui sont venus
api:ès lui, il en avait r.1pporté la cause aux .soins de
la nature prévoyante: aclinvenit natura sibi accessus, dit-il,
Mais il était reservé aux célèbres Bordeuet Fouquet 1
mettre 'clans IOlll leur jour la structure et [es usages
d'une partie du corps animal aussi importante. « C'11st
ae
�(
129 )
daos cet organe spongieux , dit Bordeu ( Recherche$
sur le tisSzt nrnqueux ), ainsi cou formé, que sont placées les différentes parties : les viscères, les musclrs et
les glandes; Plies sont , pour i'linsi dire, plan Lées dans
cette substance parenchymateuse, dans laquelle elles vé.,
gèlent, en se couvrant cle plusienrs couches, elles s'y
étendent et s'y ar1 an gent par la force de leurs ~ermes,
ou des extrémités des nerfs qui leur sont propre~ etc.,,
1
cette substance cellulaire se prolonge, se plie, se replie
pour s'accommoder à la place que doit occuper chaque
organe.
Les expériences cle ces deux illustres médecins ont
prouvé qu'il y avait dans l'interstio.:e des fibres à travers le tissa cellulaire, des voies ournrtes dans lesquelles
les humeurs pouvaient aller et venir en tout sens.
Cependant, il peut s'opérer des métastases sans le secours de la perméabilité; il en est qui se font au moyen
des vaisseaux sanguins et Iy mphatiques, comme on le
foit dans la suppression des hémorroïdes, et plus souvent dans celle des règles. Dans la suppression des
règles, la matière se porte sur le poumoD , et donne
lieu a une hémoptisie; on J,ien clans an notre organe,
et y excite quelque dérangement. Les affections du
système glanduleux, qui se succèdent si souv~ut d'une
glaode à une autre glande, .s ont une preuve clu trans. port des humeurs au moyen des vaisseaux lymphatiques.
Au reste, je terminerai cette observation par dire (1)
(1) A l'époque actuelle de la science, il n'est pas toujours
aussi difficile qu'on le pense de donner des explications satisfaisantes sur tels 011 tels phénomènes' morbides. La médecine
physiologique, si généralement répandue, mais qui pent-etre
ne l'est point encore assez, ne nous apprerrd-elle pas que
telle irritation d'un organe, n'est con~écutive à une phleg11asie de telle autre J:13rlÏe du CQl'pS 1 qu'à cause _de~ relations
�(
I
5o )
qu'il n'est pas tonjours facile d'expliquer d'une manière saLisfaisante, les phénomènes qoi ,se passent dans
le corps humain, et de reconnaître la véritable cause
qui enlève si soudainement le malade.
sympathiques entre cette partie et cet organe? Et cela étant posé,
fa ut - il faire dépendre certaines affections du passage dei
fluides d'un lieu ddns un autre? D'ailleurs, la transmission cles
humeurs à travers les mailles du tissu cellulaire, ne doit-elle
pas être considérée en pareil cas comme une explication un peu
1mrannée? !'ious voyons avec plaisir, toutefois, que tout en
adoptant le transport humoral comme cause d'une phlegmasie
secondaire, M. Fla1,ard a été pénétré de cette vérité, que dam
le cas qu'il rapporte, la lésion pulmonaire s'est prçpagée sym·
pathiquement jusqu'à l'organe cérébral. Mais quels motifs
fempêchèrent cle pratiquer la saignée générale dès le premier
moment qu'il vit le malade offrant les signes de l'irritation
encéphalique? On sait que dès le début de telle ou telle phleg·
masie, ce moyen remplit souvent bien l'indication , tandis qn~l
ne faut guère eompter 5ur lui, si l'on y a recours un peu tarn.
(Note du Reclacteur-général.)
�(
151 )
T R 0 I S1È M E
P A R T 1 E.
LITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES SCIENTIFIQUES ,
MÉLANGES, ETC.
J, •
AN AL Y S E
D' 0 U V RA G ES
I M PR I ni É 8·
dn département des Bouclies-du-Rhônes, a4'1!e
atlas; dédiée ac~ Roi par M. le comte DE VrLLENEUVE 7
maître des Requêtes, Prifet des Bouches-du-Rhône ,
membre de l'Académie royale de Marseille 1 de la S0ciété d'agriculture, sciences et arts d'Agen, de la Société royale des antiquaires de France, de la Sociir.é
des amis des sciences , des lettres 1 de l'agriculture,
des arts, séant à Aix, correspondant de l'Académie
royale de Turin ; publiée d'après le vœu du Conseilgénéral du département ( tome second, in-4." de 1·.n~
pages. Marseille, 1824. )
STATISTIQUE
LE public a pn jnger par la lecture du premier volume combien les avantages d'nne bonne statistiqne sont
considérables, et l'analyse qne nons en avons donné a
montré le talent qne l'auteur a déployé dans l'exposé
de r.e qui concerne la topographie physiqne et l'histoire
naturelle cln département. Le second volume , non moins
important, intéresse snrtout par les détails historiques
sur notre pays. 11 se compose de deux livres : le premier 7
qui est le troisième de la statistique , est relatif aux antiqaités el divisé en quatre sections dans l'ordre qui suit:.
Première section. Histoire. M. le comte de Yiileneuve
�( r52 )
/
son tient avec raison que la vérité est le caractère em11tit:l d~ L'histoirP: mais la vérité a ses phases, ajoute-t-il,
et souvent même elle est totalement éclipsée par l'erreur.
Oui, e:ouveut elle est édi!'sée par l'erreur, et ~i, pour
le prouvPr, nous retracions les motifs sur lesquels ont
été foodees certaines doctrines médicales, on verrait
également qae _l'intrigue , ( 1) qui se tlonna toujours
tant de mou 1·emt>nl, et qui joue un si grand rôle
à l'époque actuelle , ne pouvant gu.è re parvenir
qu'à l'aide do mensonge, le plus souvent l'histoire doit
être nécessairement !ra vestie, défigurée , et heureux les
hommes lorsqu\ls n'en sont poiut victimes !
M. le Comte a su puiser aux meilleures so01·ce1
pour répandre clu jour sur l'histoire de notre pays et
rétahlir les faits inexacts d'après des autori1és respectables.
Il a divisé l'histoire de Provence en dix chapitres, dont
voici l'énumération: 1. les Liguriens, de 1500 avant
J.-C. à 600, e~pace de 900 ans. 2. Les Marseillais, de
600 a 49 avant l'ère vulgaire, espace de 551 ans. 3.'
Les P.omains, de 49 avant J.-C. à · 416 après J.-C.,
0
0
( 1) Qu'il nou~ soit permis de consigner ici une anecdotr. qui vient
à l'appui de celte vérité : un médecin passionné pour le vrai,
mais que quelques esprits ont regardé comme un réprou1~
par cela seul qu'il est partisan de la non - contagion de la
fii·vre jaune, remontrait on jour à deux administrateurs com·
biPn il était révoltant que deux médecins qne l'on vil sans
cesse s'agiter en tout sens, pour obtenir des places lucralives,
etc., ne SOlltinssent avec chaleur la contagion de la fièvre jauni,
quoique pénétrés de l'opinion co?Jtraire, qu'afin de bien mériter
de certaines personnes qui les avantageairnt. " Il faut, dit l'un
de ces administratenrs, voir tm1! en noir, quand il s'agit de
mesures sanitaire!<, ,, Fort bien , repliq11e Je médecin, c'eit
ainsi qu'on finit par n'y point voir dn tout. L'a11tre aclroinistratenr
piqué de cette réponse, s'é c ria : sachez , mon~ieur, que nous
1
verrons toujours avec les yeux des méd ecins qui saurol)t iil ~ •·
form~r
à Pesprit d" siècle.
F<at lux!/'!
�(
1
33 )
4.· de 476 à 536, esvace de 60
ans. 5,• Les Mérovingiens,
ans. 6. Les Carlovingiens, de 751
à 855, 104. 7·" Les Rois d'Arles, de 855 à 926, 71.
0
8.' Les Comtes de Provence, de 926 à 1fi86, 5tio. 9.
Les Rois de France , de 148G à 1822, 336. Durée to.
tale de l'histoire . de Provence, 33n ans.
Le 1 o• chapitre comprend les tables chronologjques.
des Rois Liguriens, des Gouverneurs romains, des Souverains étrangers qui ont régné sur la Provence, des
Rois d'Arles , des Comtes de Provence, de F'orcalquie1·
el de Toulouse, des Vicomtes de Marseille , des Gouverneurs vour les Rois de France , des Archevêques
d'A.rles et d'Aix, des Evêques de Marseille, enfin
àes principaux dignitaires de la Province et du Déde 536
a 751,
0
215
partement.
On conçoit qu'il ne nous est point possible d'entamer
ici les détails de tant de chapitres, sans en affoiblil'
Yimportance et ou'tre-passer les hornes d'un article de
journal. D'ailleurs, nous ne saurions guère insister que
sut· les points qui concernent plus spécialement le&
sciences médicales.
Denxième section. Géographie ancienne. Cette section,
considérée ;1 vec rai sou par l'aule1H' comme la partie à
la fois la plus importante et la plus difficile de la statistique, a été traitée avec un talent vraiment supérieur.
li suffit de jeter un coup-d·œil sur les titres des chapitres
et sur les subdivisions cle chacun cl' eux, pour juger des
nombreuses recherches qu'il a fallu foire. Après avoir
àemontré combien la géographie ancienne présente de
lacunes, sans doute parce que celui qui s'occupa avec..
le pins de soins de la topographie de la Provence, ne
fut point pénéLré de cette vérité, que la géographie est
sœnr de l'histoire et qu'elles s'éclairent mutuellement,
ai elles marchep.t enseqib\e ; M. le Comte i). eu égard à
T. lX. Mars
x82~.
~o
�(
1
54 )
l'union intime qni doit r(gaer eotre elles , et a par
consrqoeot sui,·i daus celle section les divisions princi.
pa!es élablies dans la p:irtie hisloric1ue, en réunissant
se nit-ment b 5" période a vire la 6•, e( la 7• avec la 8•,
parce rp1c les mouvcmens de la population l'exigent ainsi.
En r é>amé, cette section contient sept chapitres:
J ' . cc:fl~rrtplâe ligurienne (ce chapitre e~t subdivisé rn
~ puragraphes: le premier, p1~ys des Saliens ou Cel!oLyr;ie occidentale, conlÎPnt une description générale de
celte contrée donl les chan3emens <lus à l'action des
eaux nir les terres , ont · mis l'auteur dans l'obligation
d'examiner l'état <lu pays sous le double rapport des
eaux co.urantes et des eaux de la mer. Ce paragraphe
est terminé par un aperçu de l.-1 surface dn sol. Le
second , peuples Lig1irie11s ou Saliens, l'Sl d'abord consacré h l'examen de hnit penplf's distincts, dont le lien
d'bJbitation peul être fixé clans l'étendue des Bouches-du·
Rhône, et qui sont les Liguri , les Salyes , les Tri·
colli, les Des:wiates , les Anatilii , les Avatici, les
Commoni et les Albici. L'auteur nomme ensuite les pea•
plades limitrophes du département et termine ce pa·
ragr:ipl1e par des réflexions sur les lieux d'habitation de
tous ces peuples. )
2 °. Géograp'âe marseillaise. ( Elle se présente soai
deux rapports : le premier est le pays territorial des
ftfnrsei/lais , el M. le Comte y décrit d'abord la 11ille,
ensui le son territoire. Le secoud paragraphe esl destiné à
l'examen des établissemens commerciaux qui étaient de
deux espèces : les colonies marseillaises et les marchés.
30. Géographie romaine. ( Ce chapitre, subdivisé en
cinq paragraphes dans l'ordre qni suit, est un exrellent
tableau de l'état de notre pays pPndant qu'il a été sous
la domina.Lion des Romains : § 1••. Passage d'Annibal:
l'auteur hol'Lle ici ses recherches à déterminer le lieu
où Annibal passa le Rhône. § 2. Étabüssement jo11de
�( 135 )
pttr Sextius-Calvinus : il résulte Je ce qui est dit sur
l'emplacement c!e la ,·ille d'Aix , au te111 ps de Se:~lius,
1 ue celai-ci hâtil , non un,e ville, mais une forteresse
1
an voisinage cles bains, dans laquf'lle il mit une forte
garnison. § 3. Opérations rniLitaires de /11,irius : pendant
trois ans que Marius séjourna Ùans la provioce , il se
livra à différens ouvrages que l';mtcur range en trois
cl"sses, savoir : les travaux d'utilité publiqne , c'est-à<lire, trois cantonuemens t1ui assuraient toute la ligne
le long de la Durance ; les travaux militaires , c'està-dire, ceux que réclamaient la sareté des hah1taos et
la défense du pays. On trouve ici l'énumération de toutes
les positions militaires , en désignant leur i111portance
et leurs des!ioations respectives ; canal oit fosses de
Marius, c'est-3. dire, le canal destiné à approvi~iooner
le camp des Romains. A près avoii- donné ninsi une connaissance exacte de l'état des lieux, M. le Comte explique
les événcmens de la guerre dans un quatrième arl· cle
intitulé : marrhes et combats de' llJarius. § 4. Opérations
militaires de Jules-César : durant les dix anuées qu'il
mit à conquérir les Gaules, J.-César ne changea rien à
l'ordre établi; il tira heaucoap de secours des Marseillais et les en récompënsa. Mais la guerre ri vile <1yan t
éclaté, amèna des événemeos qui forment deux séril'S:
èaus la première , l'auteur comprend le siége de Marseille, et dans la seconde, les dispositions administratives.
§ 5. Topographie de la Province romaine depuis Auguste
jusqn'à la clwle de l'Empire d'Occident, en 476 : les trois
villes principales du département ayant eu chacune leur
juridiction, qui a peu varié, non - seulement sous les
Empereurs romains, mais aussi dans les ~1ècles sui vans,
M. le Comte a r.ru devoir divi~eL· d'abord la topographie de la province romaine·, en trois artides qui ~e rapportent aux trois diSll·icts de Marse1lte, d'Aix eL d'Arles.
].)ans chacun de ces articles, après avoir tracé les limites
�(
,
I
36 }
tlu <lisLrict , il a décrit le chef-lieu et les différenter
'Villes ou aulres lieux dont les noms sont parvenus jnsqu'a nous, et à ces trois a~ticles, il en a ajouté trois
autres, l'an pour les canaux et li:s aqueducs, le second pour
les voies romaines, et le troisième poar l'itinéraire maritime,
4°. Géographie gothique : ( Durant la domination des
Goths, il se fit peu de change mens en Provence sous
les rapports civils el politiques, et les seules mutations
dignes de quelque attention qui aient eu lieu alors, se
rattachent plus parliculièrement à la géographie ecclésiastique. )
5". Géographie francique : (L'auteur comprend soa1
- c;e titre nne période de 34 3 ans , l'une <les plus affligeantes pour la Provence et des 1ilus stériles pour la
géographie. Toutefois, ayant eu à sa disposition uu g~and
nombre de manuscrits qui lui ont signalé des docomens
iotére{;saos, il en a fait le snjet de ce chapitre, qu'il
a divisé en deux paragraphes, savoir : la province d'Arles
e~
la province de Marseille. )
6°. Géographie provençale : ( Suivant M. le Comte, il
est difficile de fixer les divisions de celle géographie, a
cause du régime féodal qui détruisait toute espèce d'unité
clans l'administration. Cependant ce chapitre est sah·
divisé en deux paragraphes : le premier, pays de Provence, nous enseigne que ce pays était tlivisé en vigueries
tlont deux seulement, celles d'Aix et de Tarascon, étaient
dans le département des Iloa ches-du--Ilhône. Dans le
second parographe, terres adjacentes, on voit que ces
terres étaient Arles, Aureille , les Baux, :Notre-Dame
de la 1\Ier ou les Saintes-Maries , Salon, Marseille et
ses dépendances , et , soas les rapports géographiques,
elles sont rangées ici dans les deux divisions principales
d'Arles et de Marseille, que l'auteur désigne sous le
nom ùe républiques , parce qu'en effet ces deux villes
<>nt eu un gouvernement républicain. )
�( 157 )
7°. Enfin, Tables géographiques: (Ce chavitre est snh-divisé en quatre paragraphes et contient un même
nombre <le tables présentant dans un ortll'e méthodique
les itinéraires et les divers ~oms des villes , cles lieux
et des objets remarquables. )
Troisième section. Archœologie. Dans celle section,
destinée à tracPL' l'histoire et la de&cription cles monumens, l'auteur a suivi autant qu'il le pouvait la marche c\ironoJor;ique adoptée pour la varLie historique
proprement dite. Il a en consél1uence divisé cette section
en cinq chapitres, oh il a successivement passé en revue
0
les monumens grecs ; 3"
1' les monumens liguriens; ?.
les monrimens romains; 4° les monwnens di' moyen âge
( Ce chapitre est subdivisé en trois paragraphes pou1·
l'examen des momunens religieux, c!es monumens civils;
des monumens sarrasins. ) ; 5° les monumens de la renaissance.
Quatrième sertion. Ancienne administration. Celle section est ùivisée eu cinq chapitres, qui traitent des États
de Provence et des assemblées de la pro11ince , de l'arlministration intermédiaire ,· des impositions , du régime
municipal dans quelques villes municipales , et de l'organisation judiciaire.
Telle est la division du 3• liHe qui constitue a lui
seul plus de la moitié du second volume. M. le Comte
de Villeneuve passe ensuite au 4e livre; mais avant
!ont, il a soin, pour l'intelligence du lecteur, de récapiluler en peu de mots ce qu'il <J. déjà avancé, suivant
le plan qu'il s'étnit tracé : il rappelle que le premier
volume fait connaître l'état physique du département
et toutes ses productions naturelles, et que le domaine
de l'bomm.. , divisé en deux parties distinctes·, ce qui
a été et ce qui est , se trouve réuni , quant à la première parlie , dans le troisième livre , que l'on peut
rrgarder comme la collectioQ de ce que l'ancienne ad-
�(
I
58 )
n1iuistration offre de plus Înléressant et de . pl as authen.
tique. Ce qui est , c'est-à-dire, la. 2m partie du domaine
de l'homme, renferme doyic tout ce qui reste à decrire
et à spécilier pour cornpletter ce g~aud ouvrage. San1
~foute , l'état naturel da département et son histoire
devaient figurer en première ligne, ufiu d"en tirer des
docurnens essentiels dans les recherches suhséqurntes,
recherches qui comprennent l'état social avec ses dé.
peaclances , les moyens qui le fout exister et prosiiérer,
tels que l'agriculture, l'industrie et le commerce, et en.
0
.fin,
~a ~ituation
financière.
En résumé, dans ce quatrième livre , intitulé Topo.
graphie admiriistrative , l'au tenr se horne à la partie
parement administrative, qu'il divise en deux sections:
la première s'occupe des différentes administrations at.
tachées au département , cle leur hiérarchie ·, de 'teurs
attribut~ons et des rapports qu'elles ont, soit avec le
gouvernement, sQit avec les administrés, soit entre ellesmêmcs. La seconde a pour objet l'administration dépar.
tementale prop1 ement dite , ou , en d'antres termes, ce
qui est du ressort de la préfecture, en y comprenant
les statistiques communales. L'auteur a séparé ce qni
appartient à l'titat social considéré comme corps existant par lui-même, ainsi que ce qui concerne les éla·
blinernens et les travattx publics. Ces deux parties, quoique liées à l'aclmini,;tration, doivent être traitées <lanl
les livres ~a'ivans. Mais afin de donner une idée pins
claire encore des ;,rticles de ce volume, nous allons
les exami11Pr en détail, ainsi q tte nous l'avons fait pour
les articles des livres précédens.
La première section ( administrations et directions
générale&· ), est di 1•isée en six cha'p itres.
1° Cultes. ( Ce cliapitre a quatre paragrapbe& .oii l'on
fait connaître successivemen1 ce qui se rattache ~o culli
cat/iolique 1 au culte J;rec, au cuite réformé, au culte israélite•
�(
1
39 )
Organisation judiciaire. ( Ce chapitre e".':pose l'état
de l'orgo1uisation judiciaire depuis 17P9 , et l';rntPur
r<' nrn1L à la fin de l.1 sec Lio a pu 1r les tableaux <lL~la i llés
de cette organisation et de Sl .- dép1°11 llan ces ).
3". Administratio1i militaire. (hi 1Etat-major, lPs conieils de guer1·e el de révhiou , les ca,eraes et autres é tablisseruens 111iliu1ires, les ga rnisous, le génie, les fortifications, !J garde nationale sout ~ucce:.,iv e ment examines.)
4•. 'Administration de la marine royale. ( L'auteur
examine les quartiers mari1 imes de ~ Bouches- dn f, hône ,
qai sont : Mai seille, la Ciotat, Martrgues, Arles.)
5". Directions on Arlministrcttions spéciales. E .Je, sont
au nomhre cle seize , dont ciuq sont dépendanft·s du
mini,1ère de l'in!ériettr, savoir : la bergn·ie rryale die
mérinoi, le haras royal, le~ mines , les pü11ts et chaussées, les télégraphes , les contributions directes et le
cadas/re. Dix autres administrations : les co11lributions
iiulirecte.v, les douanes , l'enregistrement et les dumaine:r,
les forêts, les loteries, la mo1111aie , le payeur des dépenses diverses et la recette générale dépendent du ministère des finances , enfin, il n'y a cla ns ce clrpartement
que la direction des poudres el salpêtres qui dépende
du ministère de la guerre. )
6°. Tableaux administratifs. (Ce chapitre en pré,;ente
dix, dont un pour les cures, succursales, annexes, ermilages du département ; un pour les communautés religieuses, un concernant les brigades de gendarnterie et
leur situation , un pour les lieux d'étapes situés sur le:r
routes militaires dct département , a1>ec leurs corresponda11s dans les départP.mens limitrophes, un concernant
la division des eomnumes des Bouches-d11-R.'1 ône en arro11disscmens de perception , un sur l'organisation des
contributions indirectes , un relatif aux bureaux des
doua11et et des brigacles qui leur sont affectées, un pour
'lo,
�(
ILj.O )
les bul'eaux des postes , un pour les l'elais et nn relatif
an perso111iel des administrations et des directions.
Deuxième section. Administration clépat tementale et
statistiques communales. "'Cette section est divisée en
c;nalre chapitres, clans l'ordre snivant :
1". Arlministratio1l départementale avant le régime des
préjec(11res. ( Ce chapitre a quatre paragraphes contenant
uoe relation ahrégée de l'administration supérieure du dé.
parlement, lle l'adniinistration de clistl'ict, clesmunicipalitb
et communes, des modifi,cations successives dans le ré.
ginze de l'administration départementale. )
2°. Administration départementale sous le régime d11
pr1(ect11res. (Ce chapitre a quatre paragraphes, ou il est
tr;iité succes~ivement de la prefe<'litl'e, <lessous-prifectures,
tles commrmes et des colléges électoraux. )
3". Statistiques communales. ( Ce chapitre est sobt\i.
,·isé .in trois paragraphes, on pour chaque arrondieysemenl
cle sous-préfecture. § i••. L'auteur a fait quatre coape1
'clans ce paragraphe, savoir : les cantons de Marseille
( au nombre de six et qui comprennent deux communes,
lllarseillc et Allarich ); le canton d'Aubagne (qui a quatre
communes: Aubagne, Cuges, Cemenos et la Penne); le
canton rlc la Ciotat (qui renferme quatre communes:
la Ciotat, Cas!lis , Ceyreste et Roquefort ) ; le canton de
Roq11e\laire (qui a six communes: Roquevaire, A11riol,
Belcodine, Greasque 1 Peypin et St-Savournin ). § z.' Le
llleuxième arroudissement se compose de dix cantons dont
deux dans l'enceinte de. la ville d'Aix, comprennent lei
commu~es ll'.rlix, d'Eguilles, de Meyreuil, de St.-Marc,
Tholonet, VaHvenargues et Venelles. Vient ensuite le
canton de Berre ( qai a six communes : Berre, Lttfare,
1fognac , P-elau:x:, Ventabren et Vit1·oles ) ; le canta11 d!
Gardane (qui a sert communes : Gardane, Albertas,
Cabrit!s , les Pennes , Mimet , Septèmes et Simiane); le
canlon d'Istres (qui comprend quatre communes: Jsmi,
�( 141 )
Fos , St-Chamas et St.-Mitre ~;le canton de Lambesc (qui
renferme six communes: Lambesc, Charleval, La RoquecïAnthr.ron, Rognes , St.-Cumial et St.- Estève-Janson);
Je canton de Mcirtigues (qui se:icompose de six communes:
Martigues, Carri-le-Rouet, Château-Neuf, Gignac, Marig11ane et St.-Victoret) ; le canton de Peyrolles ( qui a
cinq communes: Peyrolles, Jouques, Le Puy-Ste.-Reparade,
Meyrargues et St.-Paul-lèz- Durance); le canton de Salon
(qui comprend huit communes: Salon, Auroi1s, Cornillon,
Grans, Labarben , Lai1con, Miramas et Pélissane); le .
canton de Tretz (qui a neaf communes : Tretz, Beaurecueil, Château-Neuf-le-Rouge, Fuveaii, Peynier, Puy•
loubier, Roque -Hautes , Rousset et St.:. Antoine ). 5 3. On
compte dans le 3c arrondissement hait cantons, dont deux
sont dans l'enceinte de la ville d'Arles et comprennent la
Crau, le Trèbond, Fontvielle, le Mas-Blanc, le fauhourg
Trinquetaille , la Camargue et le Plan-du-Bonrg. Viennent ensuite : le canton de Château-Renard ( qui a cinq
communes: Château - Renard, Barbentane , Graveson,
Noves et Rogrwnas); le canton d'Eyguières ( qai a six.
communes: Eyguières, Alleins , Aureille, Lamanon, Mallemort et Vernègues); le canton d'Orgon ( qui comprend
huit communes : Orgon, Cabanries, Eygalières, Eyragues, Mollègés, St.-Andéol , Sénas et Verquières); le
canton des Stes.-Maries (qui ne renferme , quoique assez:
vaste, qae la comma ne des Stes.-Maries); le canton de
St.-Remi ( qui a six co~munes : St.-Remi , les Baux ,
Maillane, Maussane, Mouriés et Paradou); le canton de
Tarascon ( qui a trois communes : Tarascon, Boulbon et
Mezoargues ).
4.• Tableaux administratifs. (Ce chapitre est consacré
atous les docnmeus administratifs ou géographiques' qui
étaient de nature à être classés, généralisés oo. comparés.
li contient cinq tableaux : un pour le personnel de l'ad·
TIX. Mars 1815.
:n
..
�(
142 )
ministration départementale ; nn comprenant Je nombre
des Électeurs, avec distinction par classes de qc1otités de
contribt•tions; un offrant la synonimie des conwmnes; an
pour les longitude, latitude, distances et hauteur au... dessui
du ni venu de la mer; un, enfin, indiqnant les population,
snperjicie, recettes et dépenses communales.
Nous ne suivrons point l'auteur dans la description des
communes du département, etc. Nous dirons seulement
pour justifier certaines lacnnes qu'il sera traité daas les
livres suivans de ce qai a été omis dans ceux-ci. Nons
devons donc nons attendre à un aperçu sur l'état sanitaire
de chaque commnne et snr les moyens d'entretenir on
d'améliorer cet état; nous verrons, dans le livre de l'in.
dustrie, qu'elle est l'influence délétère de quelques fahri.
ques, telles que celles de Septèmes; nous devons méme
nous promettre des considérations morales qui se lient
si étroitement aux considérations physiques. Et, par
exemple, en variant des jeux, des loteries, ne convien.
drait-il point de faire sentir le mal qui ea résulte pour
la société? Nous pensons que M. le Comte devait se ren.
fermer dans de jastes bornes et que ce qu'il n'a pu dire
ici trouvera sa place ailleurs, car rien ne paraît avoir
~chappé à l'investigation de ce savant Magistrat. Il faut
donc connaître l'ensemble de son grand ouvrage, pour
bien l'apprécier, ét sans doute nos lecteurs gagneront-ils
beaucoup à se le procurer, car notre courte analyse ne
saurait en donner qu'une faible idée. Qui sait même si
l'on ne nous reprochera point la monotonie née de la
lo1~gue série d'articles que nous avons signalés. Nous observerons à cet égard que si nous ne p~uvions point in.
sister sur les sujets contenus dans un volume de i212
pages; que si nous ne devions pas m~me les effleurer
tous, car ils ne se rattachent pas tous à la médecine, il
;pous fallait au moins retracer le plan qui avait été suivi.
Noui ne finirons pas sans faire une remarque qui
�( 143 )
prouve assez que nos bons aïeux y voyaient clair, quant
à J'origiae de certaines maladies: on lit à la page 812 que
les fièvres causaient de tels rav~.{;es à Anhagne, que toutei
les années on faisait des neuvaines à St.-Pierre pour obtenir la cessaLion du fléau. le hon roi René y porta nn
remède efficace : il ordonna le dessèchement des marais,
et ce travail fut terminé par les soins des Évêques de
Marseille. Ainsi , on parvint à se garantir d'une sorte de
pestilence, en désinfectant l'atmosphère .. A ujourd'hn~, on
croirait faire mieux: des médecins qui seraient chargé!
d'opposer une digue à de tels ravages , commenceraient
par soutenir mordicus une contagion imaginaire, et agiraient ensuite d'après leurs bons principes. La fièvre jaune
n'a-t-elle pas été et n'est-elle pas encore regardée par
on très-petit nombre de médecins, il est vrai, comme une
fièvre contagieuse, tandis qu'elle ne reconnaît pour cause
qu'une infection spéciale qui émane de la chaleur combinée avec les substances végétales et animales en état
de décomposition? Dessécher les marais , éloigner , en
un mot , tout ce qui peut occasioner des émanations
putritles" etc., voilit le moyen le plus sûr de tarir la
soarre de bien des maux. 1\1. le Comte de Villeneuve
en fournit encore des preuves aux pages 817 , 883,
892 , 933 , 938, etc. Nous nous contenterons d'ajouter
ce qu'il avance à la page 976 : depuis que les hahitans de Marignane enlèvent la grande quantité d'algues et de fucus qui causaient beaucoup de maladies;
depuis qu'il est défendu de faire du. fomier dans les rues
du village, du 15 aot'.1t au 15 septemhre, et qu'un balayeur
puhlic, payé par la commune , passe tous les jours et
tient les rues t~ès-propres , les fièvres ont disparu et le
pays jouit d'un air salubre. Aurait-on obtenu des résultats aussi satisfaisans par la séquestration ou par
tout antre moyen noa moins ingénieux que proposent
P.-M. Roux.
1~1 contagiornanes 7
�(
1
44 )
Su le feLbri biliose, c'e;t-à-dire, sur les fièvres bilieuses
( 1 vol. in-8" cle 343 pages. Milan, 1822 ). Sei /a'
condizione patologica delle febbri biliose, etc.; c'est.
à-dire, sur la condition pathologique desfièvres bilieuses;
nouveaux faits expos_és par le docteur Dominique l\fo1•
( ln-8° de 53 pages. Milan, 1824. )
( Troisième et dernier Article.)
Nos deus articles précédens ont été consacrés à
l'examen du premier traité des fièvres bilieuses , publié
par M. -Jl1eli. Il ne nous reste donc pins qu'à rendre
compte de l'opuscule sur le m~me sujet qni a paru
l'an dernier; il renferme l'histoire d'une fièvre biliense,
avec nécroscopie, communiquée au Dr llfeli par le chevalier Brera, de Padoue , et trois autres histoires que
l'auteur dit avoir recneillies après la publication de son
premier ouvrage. Dans les quatre nécroscopies, on
trou l'e à peu près les mêmes lésions que M. Meli mit
observées sur les sujets morts pendant l'épidémie. li
s'est empressé de publier ces quatre observations
afin de donner plus de force à ce qu'il av:iit émis
et engager <iiu si les praticiens à faire des recherches
sur ce point <l'anatomie pathologique duquel, <lit-il,
on peut tirer lf's conséquences de pra_tique les plus
utiles pour le traitement <le cette maladie.
· L'au.Leur se plaint ici de ce que .les journaux scien.
tiliques accrédités de toute l'Italie, et même étrangers,
ayant longuement parlé de son ouvrage sur les fièvres
bilieuses , personne , jusqu'à ce jour, n'a ~mbrassé sa
théorie autant que l'exigeait l'importance du sujet. Un
sort parl'il et plus triste , ont eu et ont peut-être en·
core en France les belles recherches cle Prost, de ce
sage praticien dent l'ouvrage clas:!Îque nous guida pour
parcourir le bon sentier cle l'océan ohscur de la constitution épidémique des fiêvres bilieuses , qui nous présenta un champ vaste d'observations utiles 1 en ifüo et
'.'
·.
�( 145 )
182 1. Ces re.c herches, éclipsées var des écrits qui portaient des noms enchanteurs , dès leur apparition, ne
forent pas appréciées comme elles le méritaient, et maintenant les sectateurs ardens cle l'école de Brou~sais les ont
plongées à peu près dans l'oubli.
Plus ]Jas, l'auteur continue ainsi a : une des grandes
erreurs, est celle de l'affection immodérée que portent
quelques-uns à l'antiquité et quelques autres à la nouveauté; et que cette erreur ait troublé le cours des
sciences médi~ale!>, surtout, vers leur perfectionnement,
c'est uae chose que tout le monde connaît. Ici , il y a
fanatisme, préoccupation, déférence aveugle aux idoles
semeurs de nouveaux systèmes, et une tendance stupide
à former ùes partis ( qui est passée actuellement, . je dirai
presque,du système politique au système scientifique); là,
il n'y a ni talent de bien observer, ni moyens de se convaincre que la médecine doit tout aux: observations justes, et
ql1e c'est à celles-~i qu'on' est redevable cle tout ce
qu'elle contient de vrai. Il y aurait peu de mal i.i•cette
calamité · scientifique ne nous tenait divisés que pour
nos affaires particulières : mais le pire est qu'on tente
aujourd'hui d'emprunter des différends pour des objets
ultramontains, qui certainement ont été originairement exportés de notre sol, et qui déguisés par des
manièr-es françaises, nous sont présentées comme ùes
doctrines nouvelles . et étrangères; et par quel moyen
veut.ou nous les faire digérer 7 0 déshonneur éternel
pour nous l. . • . . par la violence. L'on commence
par les p1'êchee sous la bannière de la diseorde, et
on lance des injnres contre la pathologie italienne
dominonte , ne faisant aucune distinction de ceux
qui l'honorent et l'illustrent , qui en rectifient les
principes avec la philosophie d'Hippocrate, d'avec ceu-x
qui la flétrissent et l'avilissent, d'avec ceux qui la professent à 1a manière de Paracelse! Ainsi l'art divin de
.guérir, alléché sur ce sol par une philosophie saine 1 tan-
�( 146)
dis qu'il commençait a briller sar l'horison italien, et
.dire, regardant au-delà des Alpes:
Da quesli maghi trasmutata fui. ( Plutarque. )
il se voit, par une main ennemie, effeuiller le ~aurier
dont le génie italien avait ceint son front ''·
Ici M. Meli se plaît à mêler son style poétique à an
autre vers de Plutarque en se déchaînant contre les
Broussistes à peu près dans ces termes: " Tout le monde
sait que les Broussistes ne sont pas d'accord à l'égard du
siége des fièvres bilieuses, aver. les vues pathologiques
dn très - illustre professeur Tommasini , plus parti.
culièrement démontrées par nous dan• notre ouvrage
précité. Ceux-là continuent à prendre la condition
pathologique secondaire de ces fièvres pour la première
et essentielle: ils continuent à regarder les effets
de puissances irritantes et stimulantes sur la moqueuse
de l'appareil gastro-entérique , comme un état morbide
idiopathique constituant la forme de ces pyrexies, et non
Ja phlehite du système vasculaire spécial à sang noir du
même appareil ou bien du système de la ,·eine - porte,
Une telle condition pathologique , <lésaprouvée aujoard'hui par un grand nombre , reçoit la confirmatioa
d'un des premiers cliniciens qui honorent l'Italie, de
l'excellent conseillC'r Brera. M. Meli défie ceux de
ses compatriotes qui voudraient soutenir ce qu'on
appelle la noiwelle eioctrine médicale française, de
cette doctrine , dit-il, qui est déjà rejettée par un
!lrand nombre de praticiens dans les mêmes contrées
ultramontaines oh elle s'est répandue ; comme s'il man'}Uait en Italie des disputes sur des théories nouvelles,
et comme si l'histoire de notre art ne fournissait pas de
preuves propres à clémontrer à qui que ce soit 1 qoe
ceux qui se laissèrent séduire por les brillantes apparences de systèmes rhés, se trouvèrent par la suite égarés
an mi lien d'une lueur i;nensongère et de cette lumière incertaine et passasère qui reluit au milieu dei météores
�(
1
47 )
noctarne5 , se repentant, mais trop tard, d'avoir abandonné fa voie rendue sûre par l'expérience , el c'est
d'eux qti'Eraclite disait : quœrunt veritatem in microscopis mis , non in mundo majori.
L'auteur finit par jeter un coup-d'œil sur l'organi9ation, l'usage et la clisposilion du système vasculaire
,eineux abdominal, et tire cles conséquences des his.
toires précédentes. Il traite physiologiquement ce système
d'après Haller, A. Portal et Bichat 1 et donne une idée assez
étendue du rôle important qu'il joue dans l'étal de santé
et dans divers états pathologiques; il se plaint de ce que
le~ praticiens n'y font pas assez d'attention , malgré
ce qu'en ont dit Bonnet , Morgagni , Lieutaud 1 Prost,
Robertwhyu, Lorry, etc.
Dans ces deax ,oavrages, comme dans tous ceux qu'il
a publiés, M. Me li donne des preuves d'un j agement
sain, d'une érudition très-étendue et d'un esprit observateur.Mais ne pourrait-on pas lui reprocl1er de décéler
souvent dans sa diction des idées d'une animosité outrée
pour certaines doctrines françaises, quoiqu'il rende justice aux bons ouvrages de médecine de cette nation aa
service de laquelle il paraît avoir puisé une partie dé'
E. FENECII.
4on éducation médicale?
2.
0
V
A. R 1 É T É
s.
U11 projet de loi relatif à la création des Ê'.coles secondaires de médecine et de pharmacie , des chambres de
discipline, età l'inspection des eaux minérales artificielles,
a été présenté aux Chambres par S.E. le Ministre de l'intérieur, et nous le publierons tel qu'il aura été adopté.
Rn attendant, qu'ilnous soit permis d'exprimer Je vœa qae
le~ membres qui eomposeront les chambres de discipline
soient dignes sous tons les rapports de remplir leurs importantes fonctions ; qu'ils n'oublient jamais, surtout,
que, conformément à l'article 10, titre :i, de la loi, lea
�( 148 )
chambres ne pourront intervenir en aucune manière dans
'les disw~ions de doctrine, et qu'il est donc facultatif aux
médecins de faire entendre· le langage de la vérité.
--- La Société académique du dé parlement de 1a Loire.
Inférieure vient de former dans son sein one section de
médecine, composée des médecins , chirurgiens et phar.
maciens qui eu sont mephres. Cette section publiera, toos
les trois mois , le résultat de ses recherches dans un re.
coeil ayant pour titre : Jo1trnal de la section de médecine
de la Société académiq1te de la Loire-lriférieztre. Le I."N.'
<levait paraître dans le courant de ce mois. Ainsi donc, le
désir q.ae nous avons manifesté de voir publier dans cha.
que département on recueil périodique de médecine,
paraît se réaliser.
- M. Felix Pascalis nous apprend que pendant l'hiver
et le printemps ùe l'année 1824, les praticien• de New.
York et de Philadelphie ! ont été témoins d'une espèce de
petite vérole qu'ils appellent varioloïde et qui a fait de
graocls ravages depuis plus d'.un an, en dépit de la vaccine
et m~me de l'inoculation de la petite vérole. Cette maladie
est plus souvent tolJerculeuse que purulente et la fièvre
éruptive est touj.ou1•s très-violente. M. Félix Pascalis
n0us promet lle plus amples détails sur ce sujet , mais,
en attemlant, il no?s fait entrevoir qu'une maladie artη
.ficiellement produi.ie ne saurait être le propliylactique
d'une malaclie épidémiqzte.
--- Les maladies qui out régné ce moi.s-ci: des catharres,
des 'Pleurési~s, des pne11nwnies, des rhumatismes aigus
etc., ont été traitées de manière il nous faire reconnaître
d'une .parl le.s bienfaits de la n1ié decine physiolosiqae, et
de l'antre , les inconvéni~ns de quelques vieilles méthodes
curative auxquelles on n'a encore que trop recours.
--- D'après le relevé des registres cle l'État-civil cle la1
mairie de Marseille , il y a eu en Février i82 5, 4ï
naissances ; 3'.l.3 décès et '79 mariages.
r.-M. Roux.
�(
49 )
1
BULLETINS
DE
LA SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECINE
/
DE MAllSEI LLE.
MARS 1825. --- N. 0 XXXIX.
ÉTUDE DES EAUX, par M. le docteur TExTon1s, médecin de
la Marine, ~chevalier de l'ordre royal de la Légion
d'honneur , etc.
( Cinquième Article. )
LEs eaux minérales naturelles et surtout les thermales
sont encore employées à l'extérieur en haios d'immersions liquides, de vapeurs, en douches et en lotions. Nous
avons déjà remarqué que les sources d'où elles jaillissent, offrent sur les divers points du gloJJe des phénomènes trop sensibles pour n'avoir pas d'abord fi'xé l'attention des premiers habitans de la terre. L'homm&
naturellement porté à approprier à son service, à rapporter à ses besoins, les corps qu'il rencontre ou qu'il
découvre , aura dès-lors tenté de les faire servir à sou
usage. D'abord, la crainte d'introduire des snlJstances
inconnues dans l'organisme aura fait essayer l'application ile ces eaux. à l'extérieur. L'histoire des fables, qui
est la tradition allégorique du plan profondément médité cle la civilisation du peuple primitif; qui est, en
style emblématique 1 la transmission du système régulier des institutions salutaires, des inventions utiles,
de la sagesse, des mœurs et des usages domestique~
des premières nations 1 nous indique que les bains thermaux et le étuves ont été le premier mode sons lequel
les ea~s mi~érales forent employées. La théocratie de
T. IX. Mars 1825.
'.)3
(
�( 150)
ees heareoses époques', qui <léjà avait associé la médecine
<ia sacerdoce, et cherc~ait dès-lors à réaair tout ce que
la révélation divine et la philosophie humaine peuvent
offrir de plus propre et de plus convenable au genre
humain , les accrédita. Plus tard, elle fit consigner dans
ses annales que Minerve a,·.: it fait jaillir sur les hord5
de la mer les eaux des thermopyles pour res.tanrer 0 11
rétablir les forces d'Hercules, affaiblies ou épuisées par
ses grands travaux. Tous consacrés à quelque divinité,
la plupart des lJains. thermaux, tels que ceax de Falchemherg, dan6 1a Carniole ; cle Méhadia dans la D.. cie;
. ceux de Vit fat tel, dans la Boh~me ; ceux du Palatinat
de Craco,•ie en Pok1gne et plusieurs autres furent con,,. sacrés à H ercules. Selon S11idas, l'expression de balnea
Hacnlea était synonime de bains cbauàs.
l.es Egyptiens qui, d'après St.-Clémenl d'Alexandrie,
tenaie~t la plupart de leurs coutumes des peuples hypeil>0réens, avaient des sources . minérales très - fréquentées; plusieurs de ces eaux étaient si abondantes
en vapeurs sulfureuses' si rrches en gaz hydrogène'
qu'elles s'allumaient au contact d'une bougie : parmi
ces sources qae le phénomène naturel de l'inflammabilité faisait consïclérer comme miraculeuses, ils avaient
en vénêration la fontaineDord'onnée. Tite Lucrece, parlant
de ces eanx, s'exprime ainsi ~
Est e11ùn fons qucm siia sœpe stupajlammas, concepto protinus
i;onsim i~Z l'atio11c accensa per wulas conducet, eta.
ig11e totaq1ur
Hans 1~tinérai.re d'Antonin, les eaux de Bath en AngleteTre sont nommées aquœ salis, eaux consacrées au
soleil. Diodor~· de Sicile, contem1lorai.n de Cé>ar Auguste,
rapporte que les ]Jains et les étuves de Selinonte non
seulement très en usage parmi les Siciliens., étaient enc oTe fréquentés de temps immémorial des peuples da.
continent et principalement des Grecs et des Latins.
Du temps des guerre& pLrniques ~ les baius d'eaux ther•
�(
151 )
males sulfureuses qu'on rencontre dans les cavernes de
la chaiue des Monts-Croniens, étaient très-accrédités des
colonies que les Romains ayaient établies en Sicile sur
le~ bonls de la mer d'Afrique pour observer les Carthaginois, Baccius, dans son traité des bai us , dit : nobile
s11datorium seu q1iiddam publicwn œstiwriwn vaporibus
calidarum aquarum temperawm habet siciliam ad thermas
quœ roloniœ olim romanornm ex setumntinœ ttrbis reliquis
edita ad orom maris a1tstralem xacca lwdiè appellatur.
Dans la grotte de Dédale, formée par la nature Jans
les flancs da Mont-Giammare, et considérahlement aggrandie par l'art, on trouve à droite et à gauche par
one étendue de 40 pieds , un granc! nomhre de siéges
de pierre, pratiqués par le ciseau dans les parois de la
caverne. Au-dessus de chacun de ces siéges étaient gravés
des caractères inconnus aux âges modernes. Les restes
apparens de ces caractères d'an dialecte sacerdotal des
Bracbmanes ou des A..rimaspiens dénotent la plus haute
antiqnitcl et attestent matériellement que l'époque oil
le genre humain a mis à profit les bienfaits que la nature lui offrait dans les sources d'eaux minérales , est
trèS-ancienne, et que les 1lains thermaux étoient déjà en
usage dans les temps vrimitifs. Les inscriptions placées
an-dessus de chaque siége de la grotte de Dédale indiquaient les vertus qu'on avait attribuées à chacun
d'eux. Il paraît que, dès-lors, on avait observé que h:lrnption plus ou moins concentrée des vapeurs chaudes
qui s'élevaient des &ources minérales 1 produisaient des
effets diversement prononcés snr l'organisme et que les
modificationi que les fluides subissent en se répandant
du point de l'éruption dans la circonfére~e, pouvaient 1
suivant les diverses directions qu'elles affectent, les rendre
propres à la guérison d'un grand nombre de maladies
différentes. Celte obsei:vation fut utilisée et dès-lors la
crédulité publiq11e fut aussi exploitée au profit de l'in-
\
�( 152 )
•
térêt particulier dans les sources d'eaax minérales, et
p1·incipalement dans celles de Pouzoles près de Naples
et celles du Mon1-Giummare en Sicile.
Dans celles de Dédale , les siéges doaés de vertus mé.
dicamenteases s'éLendent par un espace de 40 pieds dn
fond de la caverne jusqu'à son entrée. Au point le plas
reculé, se trouve one ouverture d'environ 4 pieds de
diamètre d'où s'élève avec impétuosité une vapeur épaisse,
chaude et lmmi<le, qui. , après s'être répandue dans l'in.
tériear de la grotte, s'exhale au-dehors sons la forme
d'une colonne de famée visihle à clenx milles de distance
et dont la chaleur est encore sensible dans l'élévation
perpendiculaire à cinquante pas au-dessus de l'oo~erture .
Savancirola, dans son ouvrage sur les bains, parlant des
propriétés et des vertus que chacun dès siéges possédait
suivant. qu'il était plus on moins rapproché de l'autre,
d'oh s~lèvent les vapeurs sulfureuses, dit : insu/a tinacria
plurimis gloriatur balneis in diversis locis situatis, at
inter cœtera unum famosus est 1uod xaccam civitatem 110.
minamus apud sinwn montis gemmariorum situm sit a
natura productum, in quo sedilia posita fuerunt, virtutts
ac proprietates libr-is grœcis in eis sc1tlptis indicantibus,
qiiœ quirlem literœ viri sancti! authoritate scriptœ Juere.
Hoc a1ttem tempore hœ literœ minime legi q11e1mt, quas 1
rtt aiunl, medici avaritià ducti, aboleveriint.
Il est biPn plu~ convenable de penser que le laps dn
temps, l'action des vapeurs auront altéré ces caractère~
ou que des hommes doués de cette haute dignité mo.
raie qui distingue le médeciq. philosophe, rencontrant
ces traces évidentes d'une antique erreur, auront essayé
èle les effacer.
Les bains thermaux, ainsi que les bains domestiques
chauffés par nos mo)'ens artificiels, agissent en vertu de
leur calorique qui s'y trouve plus combiné, de leurs divers degrés de température , de sa combinaison et des
�( 153 )
sobstances qne les eaux minérales natnrelles tiennent en
dissolution. La nature les présente sous deux états différens gui les font diviser en deax sortes: les nns simples
et les antres composés. Les premiers sont ceux qui, n'ayant
presque aucune substance minérale active, soit parce
que les coaches de terre qoe leurs eaux- parcourent et lep
lieux oh elles se forment ne contiennent pas de minéraux,
on qoe ceux qui s'y trouvent , n'y sont pas dans des ci1·:constauces favorables à leur solution , doivent leurs principales propriétés au calorique qui y est combiné.
Le mécanisme mystérieux par lequel l'étal de com]Jinaison des eaux minérales s'opère dans l'intérieur de la
terre, imprime au calorique dont elles sont chargées,
des modifications qui le rendent plu& actif et le font différer de la chaleur donnée aux bains domestiques. Les
eami: de Bour]Jon-l'Archambault dont la température s'élève à 48 degrés font une impression agréa1lle à la peau,
et comme celles de Baden, elle~ ne fanent pas les fleurs
et les feuilles des végétaux qu'on y plonge. Les baliitans
de Cbiindes-Aignes, pour économiser leurs combustibles.
y suppléent en utilisant le calorique des eaux thermales
et les emploient à chauffer leurs maisons 1 à préparer
leurs alimens et à laver leurs linges.
Nous avons déjà remarqué que le calorique et les autres
principes qui comti!nent les eaux minéralrs, s'y trouvent
dans nn étal de mixtion .pa1 faite; ils y sont plus intimément fixés et s'en dégagent on s'en séparent moins promptement el avec plus de difficultés.
Dans divers points de la terre , la nature fournit à la
comnlation du calorique dans les eaox, des circonstances
et des dispositions telles que leur chaleur égale celle de
l'eau bouillante. Varenius en cite des exemples dans l'Islande et le Jappon. Dans l'Amérique méridionale, on
trouve auprès de la ville de Togayma, une source d'eau
bouillante entre deax tori·ens d'ea11 très-froide.. Les eaux
�( 154)
d'Olette , département des Pyrénées-Orientales , qui:sont
les plus chaudes de tontes les sources de France, mar.
quent 70 degrés du tbérmornètre àe Réaumur.
C'est à l'élévation cle température et à l'état de combi.
naison particulière du calorique modifié qui chauffe lei
eaux minérales, que les bains ·t hermaux simples doivent
leurs principales propriétés. Tels 80nt les bains de Bagnè.
res de Bigorre, de Bains, de Luxeuil, de Vic, de Molitx en
France; ceux de la fontaine Giovani ; ceux de la campa.
gne de Lacque , de Pise, de Sienne et de Cornetto dans
la Toscane; ceux de Cattara et de Lacco, etc.
Il est d'autres eaux thermales qui, imprégnées de prin.
cipes minéraux, n'en présentent aucune trace à l'analyse;
telles que les eaux Carolines, celles de Wishad, celles
d'Empors, qui ne paraissent agir qu'en vertu de leur ca.
lorique.
Les bains minéraux composés sont ceux des sources ou
la nature a· combiné dans les eaux, diverses quantit~s de
substances minérales qui agissen( surtout en raison des
principes fluides des gaz et des sels dont ces eaux sont plus
ou moins saturées et qui servent à caractériser leurs pro.
priétés médicinales et leurs vertus. topiques. Les plus
marqua os sont ceux de Mont-d'Or, de Vichi, St.-Nectaire,
Barrèges, Bagnères, Cauterets, Digne, Gréoulx, Bourbon.
l'Arch<!._mbault, Bourbon - Lancy, Rennes, Plombières,
Balaruc , Néris , Chaudes - Aigaes , Lamotte , Dax en
France. En Italie, ceux cl'Agnano, de Castellamare, de
Pouzolli, d'Ischia, de Pisciarelli, Gurgitelli; ceux de
Termini , de Siacca en Sicile; de St-Gervais, d'Aix en
Savoie; ceux d'I verdnn, de Bacle en Suisse; ceux de
St.-Cbarles, de Tœplitz en Bohême; de Bade en H~ongrie;
d'Allersdo1·f en Moravie; de Willemsbad, de Bade en A0•
tric e; de Burgllerhim, d'Adelholtz en Ba\"ière; ceuxda
duebé de Bade ; ceux de Burscheid , d'Aix-la-Chapelle en
·Pruss · ceux de Pyrmont dans le Hanovre ; ceux de Bath
�( 155 )
en Angleterre ; de W alhi en Darinemarcl.; d'Uléahorg ~
d'Upland en Suède ; en Turquie, ceux de Téplis dans la
Géorgie; de Lisle, Thermia, de Bruse, de Tchesmé
dans la Natolie; d'Anthela eu Thessalie.
Les bains thermaux consistent dans le séjour plus
ou moins prolongé, dans l'immersion partielle ou entière
du corps à no. ou légèrement couvert dans une eau
minérale chaude. Com me tous les ant res, ce bain doit
ètre pris le matin à jefm , c"est le temps le plus fa_
vorable à son action ; on ne doit pas s ellposer après
les repas aux effets énergiques qne la composition <les
eaux minérales plus denses par h qoa.nti lé de m<i tières
salines qu'elles contiennent, peut exercer à la surface
du corps.
0
Quoique la chaleur des eaux thermales égal~, dans
quelques-unes , celle de l'eau lJOuillante, la températu1 e
de 25 à 2.8 degrés , proportionnÉe à la sensibilité plus
ou moins exaltée des llaigneurs ' est ce lle qui est la plus
grlueràlement conven.lble. Le calorique modifié qui cha~ffe
les eaux thermales naturelles , ainsi tempérées, offr.e
une immersion ag réab le et donne une chaleur douce
qni suffit pour les rendre , bien plus actives et plus efficaces que les eaux douces élevées aux mê mes dPgrés
par des moyens artificiels. En général, la tempér:iture
des bains thermaux doit ~tre an peu au-dessous de la
chaleur du sang, et ne jamais la dépasser. Il est pea
d'exception à c~tte règle , établie · par le père de la
médecine. L'infraction de ce précepte est souvent la
principale cause de l'inefficacité des e~ux thermales et
Peut çauser des événemens mortels; surtout lorsque l'eau
des liains est à une température très-élevée. On doit,
comme cela se pratique à Barèges, à Bagnères-de-LuÇlln, à Arles, etc., diminuer la chale'ur <lu bain ya:r
le mélange de l'eau froide ~ ou laisser refroidir.. l'e.ati'
thermale ius<J.a'à la tempérahire de 23 à 26. degré • La.
/y ·
�( 156 )
t:11aleur des bain!, ainsi établie, les rend plus salutaires,
le baigneur y éprouve une sensation plus agréable, et
leur action loin d'affaiblir, ranime l'énergie vitale et donne
one vigoeur soutenue.
Quoique , dans quelques sources, les baigneurs pas- '
sent une partie du jour èl.ans l'eau; que d'autres y aient
passé toute la saison ; la véritable durée du bain roi.
néral cloit être d'une à deux heures. L'action prolongée
de l'eau therma1e sur la périphérie du corps, soit par
la nature particulière du calorique qui \es chauffe, soit
par l'état ùe combinaison oi1 il s'y trouve avec les au.
tres suhstances, ne produit pas même à une tempe·
rature élevée , cette anxiété , cette prostration graduelle
cles forces, ce sentiment d'accablement que fait éprouver
l'usage journalier et réitéré des bains domestiques. Mais
lorsque les eaux indiquées se trouvent chargées de prin·
ci pes actifs et sont très-énergi qnes , on doit, 1artout
pour les sujets faibles et clans certains états pathologi·
ques particuliers , réduire la durée de l'immersion de
quarante à vingt et mêine quinze minutes.
L'utilité thérapeutique cles bains d'immersion dans lei
diverses eaux tl1ermales, est appréciée sons le rapport
de leurs propriétés chimiques et physiques. C'est sans
doute aux divers principes fü;.ides et fixes que les eanx
minérales contiennent, à leur température élevée, à la
nature partÎcDlière de l'agent qui la produit, à leor
densité , au p·oids et à l'effort cle la masse du liquide
minéralisé, qoe sont dus les effets géoérau't d'excitation
vive et de tonicité plus 011 m~ins considérable qoe ce
genre de médication déterminé clans l'organisme. faa·
minons ici quelle est leur manière d'agir.
La première question qo; se présente sur le rnode
ù'a;;ir rtes bains naturels, est celle cle déterminer si l'action des eaux minérales et des principes qu'elle tie~t
en ~fo~oluiion , se borne à des effets particuliers exerce•
�( 157 )
sur la' sarface du corps , ou si , pénétrant l'organisme
par les voies de l'absurption , elle:. peuvent agir sur le
système universel et y opérer <les médications diverses.
Quoi11ue \,1 prop1 iété absorb,mte de la peau ail été
reconnue d'a p1·ès cle nombreuses expériencf-s, un trèsgr.iod nombre de faits fotiroissenl des donoér.s pour la
contester. L'ahsorpti ·in de l'organe cutané soumise à un
nouvel examen, à des recherches plus multipliées et plus
récentes, a permis de tirer , des nouveaux faits observés, cles conséquence5 a1iles aux progrès de la sci.ence,
et de mieux fixer les iJées sur les voies par lesque:les
les particules fluides répandues dans l'atmoophère s'introduisPnt dans l'organisme.
L'opinion vulgaire prt:tait à la peau la propriété d'absorber \ps suh~Lances dans lesquelles le corps se trouve
plongé. Celle opinion a été successivement corroborée
par celle cle sa vans illustrt's , tels qufl Degorter, Kiel,
Fa/canner , Alexander , Dar~>,Jin , Brera , Piron , et
récemment par MM. Chaussier el lllagendie. Mais les
expenences très-décisives de Lavoisier, Sr·guin, Rotto,
Gerard, et surtout de Curric , qui démontrent , par
le fait , que l'eaa n'est pas ahsorhée par l'organe cutané dans sou intégrité pbysiologique, ne portent pas
à admettre que les effets des bains thermaux soient le
résultat de · l'introdaction des diverses partif's constituantes des eaux minérales dans l'économie animale, par
l'ahsorpti90 de la peau.
C'est cependant à l'immersion forlnite dans l'eau saturée d!ls débris du végé1al pérnvien , qu'est due la
découverte <les propriétés fébrifuges da quinquina. L'observation des nombreuses guérisons de fiëvres intermittentes opérées p.1r les bains sur lei ha hi 1ans du Péron,
médicateurs
fit . placer le 1uina au nombre des aoen;
n
qat 1 introduits 1lans l'organisme , sont . les plus propres
T. IX. lliars i825.
:i4
�( 158 )
à y produire des cliangemens salutaires. dans diverse'
affections, Depuis cette heureuse découverte , l'expérience journalière nous alleste que la médecine fonde en
partie ses espérao.ces de succès sur ce précieux végétal,
et qu'elles sont très-souvent réali:;ées , surtout dans le&
maladies à type intermittent.
Mais la guérison des fièvres intermittentes, opérée sur
les rives de l'Océan Pacifique, oa. sur les bords des fleuves
du Pérou , par l'action seule des bains d'immersion dans
la teinture du quinquina qui s'y forme par la macéra.
tion des débris da. bois de ce végétal , qui y sont entraînés ·et accumulés, ne doit pas nous porter à conclure
que l'effet salutaire des bains de quinquina soit le produit de l'introdnction de cette substance fébrifuge dans
'économie animale par l'absorption de la peau.
J'ai moi-même ohlenn la guérison lle diverses fièvres
intermitlent~s par la seule applicati&n de quelques onces
de poudre de. quinquina sur la sµrface cutanée-de plusieurs en fans ( 1) qai éprouvaient une répugnance insurmontable pour l'ingestion de tonte sorte de méclicamens,
Des tentatives faites dans le dessein de m'assurer par
qaels moyens le quina avait, ilans ces cas , produit son
action fébrifuge , m'ont démontré que le ·poids du quin·
quina, loin d'~tre diminué pendant qu'il est resté appliqué
sur la peau , avait un tant soit peu ~ugmenté par l'addition de la matière de la transpiration.
L'action que l'écorce du Pérou exerce en même-temp$
,sur toute l'étendufl da. système nerveux da tissu dermoïde,
ac?roît lïnflaence nerveuse, augmente snccessivement la
tonicité de ~outes les parties, et dissipe l'état morbide
(r) Je citerai, parmi ces enfa~s, le fils aîné ( alon très·
jeime ) de :\J, le baron Aurran , ex-député d11 d~partrllltnt
du Var · au Cwrpi; Lég,i slatif,
�{ 159 )
en déterminant un degré plus considérable de col1ésion
dans les molécules de la matière organique.
Ainsi, une quantité déterminée d'opium appliquée à la
pean sur le trajet d'un nerf souffrant, modifie son excitabilité, diminue la ~ensibilité des parties où il se distribne , et la douleur est calmée sans qu'on observe des
pertes de sa suhstarice sédative.
D'après les expériences de MM. Krime,. et Magendie,
l'absorption de petites doses de tartrate de potasse antimonié, introduites dans le système vivant par les plaies,
les incisions on les injections, excitent le vomissement
et peuvent produire la mort. Mais des onces entières de
tartrat~ de potasse antimonié 7 incorporé clans l'axonge ,
qu'on tient appliquées sur la peau; des bains partiels
dans l'ea11 saturée de la même substance, n'ont pas
produit le vomissement, ni déterminé les autres accidens f$.chenx qui résultent de l'absorption de celle substance par des surfaces on des points dénudés. Ainsi, le
lapin 1 le chat dont on ne rase pas le poil , sont ·impunément placés dans une vessie remplie de ga:t hydrogène , si leur t~te est isolée et à l'abri des effets
délétères du gaz. Ainsi , les nrines de l'homme dont le
corps est plongé dans les vapeurs concentrées cle la té..
réhenthine, n'exhalent pas l'odeur de la violette, si Sil
tête est entièrement isolée de l'action de la vapeur.
Les effeti é,·idens da mercure pénétrant dans l'organisme par l'acte des frictions, se présentent i"i comme
une objecti1>n puissante en faveur de l'alJsorption cutanée. Je ne saurais mieux faire que de leur opposer
l'expérience très..décisive de Seg1ân. Ce savant, ay'!nt
fait baigner une personne dans one eau chargée de sels
mercuriels, observa que cette -immersion ne produisait
aucun effet sur le sujet de l'expérience , tant que la
peau r.on~ervait l'intégrité de sa cuticule. Mais lorsque,
par un frottement continu, on eut enlevé une portioa
�(
160 )
de la cuticule; la solution merrurielle pénétra clans l'é.
oonomie, el les phénomènes de l'<ihsorption du mercure
se manifestèrent.
La peau, par sa texture, paraît éminémment conformée ponr l'excrétion et l'exhalation; Lous les faits bien
mai qaans portent à la faire. considérer comme l'emonctoire principal des particu les qui, apl'è~ a'•oir fait partie
intégrante de l'organisme., en sont séparées et doivent
être eliminees de l'économie aninrnle. D'après les expériences de Srmctorius , de Kiel, Dorlart, Robertson, Lining, Cruilts!za11l:s , la peau d'un homme de mo) enne
stature émet de quatre iu~qu'à douze livres de matière
dans les vingt --quatre henres. Les expériences plus directes et plus exo"otes de La11oisier et Seguin , pour
déterminer la qaa-nlité de matiere tr:inspirée par la peau,
l'ont évaluée à 1643 gr.1mmes par 24 hPures. CPtte matière de la transpiration est no fluide composé, tres·pe!i'ant, donl. le poitls surpasse celui de l'eau cle chaux.
L'odeur d'ail, l'odear spécifique à chaque individu, à
chaque animal qoe les chiens distinguent sur les traces
cle leur maître, oa à la piste da gibier, la couleur jaa.
nâtrP~ ou diversement colorée, en vert, rouge, orangé,
-qn'otfre la matière de la· transpiration ; l'odeur animale
·forte . et désagréable qoe e<>ntracte L'eau d'un bain ordinaire après unP heure d'immersion; la facilité et la
·promptitude avec laquelle elle se corrompt, prouvent
qae le fl<,iide transpiré entraîne inc1mamment hors da
corps le détritus des décompositions animales, calorique,
car ho ne; hydro. chlorates cle potasse et de soude, phosphate de chaux, oxiduled'azote, gelée animale, urée etc.;
et que les principales fonctions cle la peau consistent
dans un travail d'excrétion , dans l'importante fo,;iction
de purifier continuellement la matière :rnimale mobile
des parties altérées", corrorripoes on snrabondantes, dont
la rétention ·ne pourrait avoir que des suites funestes.
�( tfü )
Cette enveloppe générale du corps doit être considé.rée comme une cloison interposée entre l'orgauisjltion
et les particule hétérogènes extérieures qui sont susceptibles de lai noire.
Si tons lt>s principes clélétèrf's <les di ' ' f'rS O.u ides aëriformcs dans lesquels le corps peut être accideutr.llemrnt
plongé; si toutes les paissances nui>ibles qui, cLns dive">es circonstances , sont' en rapport avec le lissa
dermoule et agissent sur lai, parven,1ie1:t librement dans
l'iatél'ienr de l'organisme, pouvaient y circuler y exercer
oae ·ar tion immécliate et se trouver en contact avec le sensorium, la vie serait presque Lou jours en danger. La n~tare
prévoyanie a plus Si.lgemPnt mém1gé les voies qui donnent
accès clans l'i111érieu1 du corps ' 'ivant : elle en a c;onfié
la garde aux agens de la volonté, et ]es a pl as ou moins
soumis a son empire , clans le )Jt1t de sa consel'vation.L'étendue de la peau , le grand nombre de nerfs
dont elle est pourvue, la grande excitabilité doot elle
est douée , la, prédominance d_e sensibilité· qu'elle a stn•
les autres tissus, les immenses rapports qu'elle entretient
avec presque tous les points de l'organisation, nous portent à u'adniettre que des phénomènes primitifs d'excitation, de tonicité et de dérivation sympathiquement
eiercés comme produits des médications ou des chnnge.:.
gemens opéré~ dans l'organisme par les bai os d'immersion
daas les eaax minérale;;.
Les divers états pathologiques de la pt>au, tels qne la
gale, les dartres, la teigne, la lèpre, etc., offrent né8nmoins des cas OLl il est probable que les principes qui
minéralisent lPs eaux péaèt-rent profondérnent et produisent des changf'mens de mixtions salutaires.
Les eaux minérales; dans des circon&tances particuliéres, peuvent aussi être 1.:ha , gées de principes dont les
particules vo!atiles pénètrent clans les milieux les plus
denses. Ainsi, dans les temps d'orage, le flûide électrique
�( 16.2 )
dont les eau-x sônt plus chargées, prodo.it des pbéno.
mènes d'anxiété' d'agitation vive, qui dénotent la pré.
eence d'on . agent très-actif qui , ayant pénétré dan1
l'organisme, en a copsidérahlement augmenté l'excita.
hilité; de même pendant l'immersion dans l'eau thermale,
re calorique ' qui pénètre dans le système ' s'interpose
dans les molécules de la matière animale , agit snr elle
dans tous !es points, y détermine une excitation géné.
raie et des dispositions différentes plus favorables a
l'exercice cles fonctio.ns.
Les phlegmasies latentes , les phlegmasies asthéniqaei
dépendantes d'uR vice de l'excitabilité des parties, pea.
vent ainsi être résoutes par l'usage des eaux thermal~,
judicieusement administrées. Le docteur anglais WilsDll
voulant connaître la vraie · natnre de l'inflammation, a
tenté des expériences quî sont hien propres à éclaircir
~eue question importante de pathologie. Cet expérimen.
tateur, après avoir retiré des poissons clu sefo des eaux,
a remarqué que les trachées, les vessies natarellesde
ces Mres privés de leurs stimnlans naturels et exposés!
l'action cle l'atmosphère , s'enflammaient. Wilson sai.
Tant les progrès de cette inflammation, a constamment
vu , à l'aide de bons microscopes , qu 1elle débutait par
le relâchement et la "dilatation des rameaux capillaire!
des bronchies, et qu'elle s'établissait par l'accumulation
et la stagnation du fluide sanguin clans les capillaires
dilatés qui , relativement trop affaiblis, ne pouvaient
réagir contre le fluide qui les ohstruait. Ces essais réi·
térés sor divers autres animaux, lui o.n t toujours offert
les mémes résultats. Cet aoteur affirme qu'il dissipait
les ioOammalions en favorisant la circulation du sang
dans les points engorgés , par des lotions d'esprit-de·
vin, de légères frictions, ét surtont par l'action des
rayons solaires qo'il concentrait sur les points enilaru·
més , ~q, moyen de 1es yerre11 lenticulaires.
�( 163 )
Nons tirerons de ces faits la conséqnence que les
bains d'eaux thermales simples peuvent être administrés avec espérance de succès dans quelques états phlegmasiqoes, et que ·ces eaux agissant par leur seul calorique
Daturellement ~odifié, peuvent de même favoriser la
circulation du sang dans les points engorgés , et dissiper les états inflammatoires en ramenant l'excitabilité·
des parties à son ri th me normal.
Les eaux thermales, appliquées à la surface du corps,
produisent divers effets qu'il e~t important de considérer
avant d'en prescrire l'usage.
Des bains thermaux pris à one lempératnre éle~ée,
agissent eu communiquant ,au corps un degré de chaleur; il exalte ses forces. D ès-lors , l'angmentalion d11
mouvement circulaire produit des combinaisons plus fréquentes dans la matière animale moLile qui se trouve
plus souvent en contact avec l'air dans l'org;ine pulmonaire , qui arrive aussi plus fréquemment dans le
système capillaire ; il en résulte des phénomènes cl'nne
expansion considérable , exprimée par le gonflement des
Taisseanx, le battement violent des artères, la rongeur
intense de la peau , des yeux , la gêne de la re,spiration, les étourdissemens, les vertiges, etc. Cette action
des bains thermaux à one hante température , est dangereuse pour les sujets qui ne sont pas assez robustes
pour la soutenir, et est toujours nuisible lorsqu'on la
pousse trop loin. Mais, dans certains cas, elle présente
des médications très-avantageuses, qu'i parviennent quel- _
quefois à changer l'ordre v.jcieux des mouvemens établis
dans \'organisme. Les sueurs abondantes qui en résultent, entraîuenj quelquefois avec elles les causes de
maladies très-opini'âires et très-rebelles aux autres agen&
nuldicatenrs indiqués pour les combattre.
Les bains d'immersion dans les eaux thermales tem-
péréü a11-deHou.a de la chalegr du sang , ont aussi.
�( 164 )
la propriété de ralentir le pouls. On olJserve surtout cel
effPl dans les affpc ,ious < hroaiques ot1 l'état d'atonie,
d'inPrLie el le <léfaaL de réaction s'annoncent par une
respiration atcelcrée el par la wande fré11ueuce du
· pouls qui est, aloi s, le symptôrne priw::ipal de ces
malodies , lentement destructives , qui minent le prin.
cipe de la vie. Dans ces cas, le système vasculaire se
trouvant tr<"s-uffaihli , l'exp:insion du sang est à peioe
sensible , le cœur le lance par petites ondees daus les
vaisseaux; l'artère se conlr<tèle en parcourant un es.
pace moins grand et dans un temps déterminé donne
deux battemens pour nn.
Dès-lors , l'effet stimulant des bains d'eau minérale,
en produisant un surcroît· d'action dans les organes,
clétermi oe un surcroît d'énergiP d.1ns les sucs vivans, le
pouls reprend son rith~e no~·mal , , el les fonctions organiques se · rétablissent.
En effet , les malades, après être entrés dans le liaio
liquide minéral, éprouvent assez souvent an espèce de
frisson, qneique la température de l'eau soit même très.
élevée. Au l)O\lt de qnelque temps d'immersion, la p•an
iie contracte , se rPsserre à peu prè~ comme si l'ean
était froide : les forces vitales se roncent rent instaofa.
nément; IDrlis bientôt la réaction ~'établit, la circulation
est accélérée, le pools se développe ·, devient moios
fréquent et J1lus fort , la face se colorP, et une sueur
géuerale , plus ou moins abond<1nle 1 !>'écoole de la sur.
face du C1>rps.
C'est en r mimant ainsi la faculté de procluil'e la <'haleor,
en so~1-it~nl l'action des stimulans internes, en rompaut
la toq.1Pur <l.Ps forces vitales dans toos les systènws o•ga·
niq•1es que IPs bains ther111anx. offrent des médications
pni•sanles dans les fiè\Tes intermiLLeutes et diyerses ao·
tres affection•.
Ces a gens médicateun opèreuL directement sur !a sur·
�( 165 )
face tlu corps par les principes volatils et gazeux qui se
trouvent comhinés dans les eaux minérales. Les immersions du corps dans ces diverses eaux, continuées pemlant
plusieurs jours nettoyent , détergent et entraînent les
souillures de la peau, empêchent qu'elle~ ne soient an
obstacle à l'exhalation cutanée, surtout chez les per~onnes
faibles ou malades et chez les vieillards. Elles favorisent
le renouvellement de l'épiderme , ramollissent lP.s callosités des mains et des pieds, les disposent à être enlevées
par le frottement et rétablissent les fonctions de la peau.
Les eaux minérales, surtout les bydro-su\fureuses et
les azotées onctueuses 1hermales , rendent la peau plus
souple et plus douce au toucher; elles produisent sur cet
organe des effets immédiats qui se prononcent d'une ma.
nière évidente dans diverses affections cutanées chroniques, telles que les dartres, la gale, la teigne, la lèpre,
les ulceres invétérés, fistuleu,x, les La meurs œdématem;es,
les engorgemens scrofuleux, les caries, etc. En étendant
leur action nerveuse sur les tissus sous-cutanés, elles ~s
&oopllssent les ligamens, les fihres tendineusei et faeili.
lent les moqvemens des mem.bres.
Les eaux thermales, appliquées à l'extérieur, agissent
aussi par leurs principes gazeux et fixes sur les nerfs qni
se rencontrent en grand nombre dans le tissu dermoïde,
le~ stimulent et provoqu.ent des phénomènes d'excitation
qui s'étendent aux parties internes et les associent aqx
changl"meps salutaires qu'ils produiseut. Ainsi , les eaux
de Digne, de Gréoalx et les analogues rétablissent l'é~
n°rgie des mouvemens organiques, révelllent la vitalit..é
devenue plus obscure dans les tissas blancs, les cartilages,
etc. Les immersions prolon~ées dans le~ eaux hydrosulfnreuse<> sont très-avant"!geuses da os les gonflemens et
les rigidités articblaires, les ankiloses incomplè.tes, et les
rétraction~ mu~culaires , snrloat c~llei qui sont lil suiti
T. IX. Mars 1825.
:a5
�{ 166 )
des plaies d'annes ~-à feu. W"ous signalerons ici, à ce sujet,
nn phénomène partienlier aux eaux hyclr~-sulfureuses de
Digne. Une ohservalion presque constante a démontré que
leur usage, qui est si éminemment utile dans les afféctions
des membres, qui sont la suite dei plaies d'armes à feu,
èhëz les sujets eX:empts de toute infection syphilitique,
devient nuisible et dangereux dans ces mêmes cas, à
ceux 'loi ont éprouvé les atteintes de ce virus. Les bains
dont les eaux thermales sont chargées de principes hydrosa lfurenx, azotés, sont e.ncore très-utiles dans les cachexies,
les ècr on elles, les gonfiemens des glandes, les empâte.
mens du tissu cellulaire et toutes les congestions lymphatiques.
Les immersions dans les eaux therm:.iles chargées de
principes gazéux acidules combinés aux diverses substances fix-es, offrènt encore des secours précieux dans
les douleurs arthritiques, dans les sciatiques, les lumliago
et les rhumatismes· crroniques, les tumeurs blanches, les
paralysies, etc.; quelquefois aussi la résolution de ces
affections s'opère· par des sueurs critiques très-s:.ilutaires.
Dans les hains thermaux, dont les eaux sont chargées
àe principes gazeux, une partie de ces fluides est aspirée
ilans les ponmous en même-temps qo.e toute la mixtion
liq~ide àgit sur la surface de la peau. L'action modér~e de
ces fluides aëriformes, pénétrans dans l'organisme par les
poumons, devient un auxiliaire poissant des immersions.
~ais, comme on l'a remarqué, à Aix en Savôiê et au Montd Or, elles peuvent exposer à di vers accidens fâchen1 :
tels que les vertiges, les moovemens féhriles, les anxiétés
dans le sommeil, l'assoupissement, l'ivresse, l'asphixie e~
même la mort. ·u est toujours prudent de laisser évaporer
une partie des gaz a\'ant d'entrer dans ces sortes de bains
et de les 'administrer avec circonspection, surtout an1
individus disposés aux congestions organiques.
Des expériences nombreuses s_ur les médica.men11. appli~
/
�( 167 )
qués a la peau pro1,1vent que leur action snr cet organe
estpuremeat nerveuse. Dès-lors, il nous paraît raisonnable
de cooclare que les substances fixes qui entrent dans la
mixtion dont li1s eaox minérales sont composées, n'agissent qn~ par tles effets analogues, lorsqo'clles sont appliquées a la surface extérieure da corp~. Comme le quinquina etle1 substances aromatiques, etc., les selsi fcnugineox
alcalins et autres qui sont dissou5 dans les eaux thermales,
n'op..èrent ans~i que par l'action nerveuse qui , produite
sur une vaste étendue , se réfléchit cle tons les points de
la périphérie do corps sor les parties internes et y détermine des phénomènes d'excitation et de tonicité qui sont
plus ou moins promptement suivis da retoa r à la santé.
Ainsi, les bains d'eaux thermales salines, ferrugineuses,
·àeviennent utiles dans l'aménorrhée passi,•e , dans les
Mmorragies utérines, la chlorose, dans les débilités qoi
sont la suite cles grandes hémorragies, de la masturbation;
dans les maladies convulsi,•es, les asthénies mosculai-res,
les affeetions scorbutiques; dans l'hystérie, l'hypocondrie;
clans diverses affections do système lymphatiq11e, clans les
hydropisies passives, dans la lenccphlegmasie résultant
de la débilité générale, clans l'anasarque produite par l~
suppression de· transpir:ation, etc.
Les hains d'immersion dans les eaox ·minérJles, ont
une action mécanique de compression plus considérable
que celle des bains liquides ordinaires 1 résultant de la
densité pins fort~, produite par la présence <les substances fixes dont ces eaux sont chargées. Ces liquides
sont hait cent fois plus pesant que l'air : l'organisation
ne po1m:ait en supporter le poids, si elle y était .plongée
ala même hauteur que dans l'atmosphère. La compression
prodaita sur le corps par les ea tn: thermale·s étao.t en
raison de la masse et de la densité du liquide , on doit
preforer, surtout dans certaines <lispositioos organiques,
des hassins qui ne contiennent pas on grand volume d'eau•
�( 168 )
Îl est toujours prudent d'employer des baignoires, lors.
qu~ des affections internes, telles que des congestions
organiques, des ruptures ou des altérations des tissas
font redouter le défaut d'équilibre qui pourrait résulter
d'une trop gr-an.le compression. Il impor.te clone "de fim
autant que possible, le volume d'eau dans lequel certains malades doivent prendre les bains naturels aux
sources.
L'effet compressif qui résulte de la clen°.:té plus cr.insidérable des eaux minérales chargées de principes fi~es,
rend les bains thermaux une médication très-toniqae,
d,rn& les grandes faible sses générales, dans les asthénies
musculaires considérables, ec dans toutes les maladies
gui tiennent au manque de cohésion des parties organiques.
Quelquefois les bains liquides, fortement compressifs
par l'interception du contact lle l'air, entraînent la gêne
de la respiration chez quelques individus. Cet' effet n'est
souvent qu'instantané et de peu de durée 1 mais lorsque
la dypsnée ~e prolonge par la grande faiblesse et la
difficulté qu'éprouvent les muscles thorachiques à surmonter la plus grande résistance du liquide, il convient
d'en abréger la durée.
Les eaux minérales naturellei, contenant plosieor1
espèces de sels, offri>nt encore, dans ces principes fües,
des agens médicateurs donl l'effet doit être bien appré·
cié par la propriété qu'ils ont de produire des éruptions
salutaires sur toute \'étendue de la peau.
Pendant l'usage pro_longé des bains thermanx , il se
manifrste une irritation plus ou' moins intense sar toute
la snrf,1ce tln corps. Cette irritation se borne , chet
quelque~ ï"ndividus, à une simple démangeaison; chei
le plus gr .. nd nomb re , elle est suivie d'éruptions partielles ou f!;énérales qui se présentent sous différentes
formes. Tantôt, elles offrent l'aspect de plaques rouges
�( 169 )
superficielles , tantôt, celui de pustules miliaires; d'autres fois, l'action irritante des sels pénétrant plus profondément, occasione des furoncles ou des phlegmons.
On a assez généralement rèmarqué que ces ellanthèmes
étaient d'on augure favorallle ; qu'ils étaient presque
toujours suivis d'un soulagement marqué, ~t qu'ils annonçaient les succès de la médication emplo~ ée.
Ainsi, dans les cures bien suivies , l'immersion continuée plnsieurs hPures par jour dans les eaux thermales
détourne, déplace et appelle vers la périphérie da corps
le centre du mouvement d'irritation dont le giége tix-é
sur quelque viscère ou organe essentiel , forme , clans
heaucoDp d'affections graves, dans plu sieurs états morbides, chroniques et rebelles, le caractère principal de
la maladie.
Pendant l'usage de ces bains, ainsi prolongés, la peau
devient très-sensible; elle est quelquefois si douloureuse,
que les malades sont forcés de pa ~ ser une µartie da jour
et souvent tout le jour d.ins le bain. L'expérieuce a démontré que l'action continue des eaux rend la cure plus
efficace et plus certaine et que les malades pendant l'immersion sont à l'abri iles souffrances que leor occasione
l'impression de l'atmo~pbère.
L'effet irritant des eaux, ainsi soutenu et prolougé sor
la peau, détermine l'éruption qui se montre le plus· souvent apl'ès trois et quelquefois quatre semaines et va
en augmentant jusqu'à un certain point, di01inue ensuite
et disparait au hoat de six, sept et.. même hait semames.
'
Dans les rhamatalgies rebelles, dans ces di.vers cas
d'aberration_considérahle de la tonicité ne r veuse oà par
nne sensibilité excessive, les malades é prouvent uue -11ugmentation de douleurs au moindre cùaogement de températnre, ces éruptions parviennent à modifier l'excitemeo~ morbide du système nerveux, le rendent moius.
�(
J
70 )
impressionnahle à l'action des vicissitudes atmosphériques
et les douleurs se dis~ipent.
Dans les cas plus graves oit des affections goutteuses,
rhumatismales se portant tout-à-coup des articulations ou
des muscles volontaires il . l'intérieur , sur l'estomac, les
intestins, les poumons, le cœur ou le cerveau , laissent
avrès leur guérison un état de débilité qui dispose ces
organes à ~tre de nouveau attaqués; les éruptions à la
peau, produites par l'usage des bains prudemment admi.
nistrés et soutenu avec toute la circonspection convenable
changent l'ordre des mou,•emens floxionnaires vicieuse-'
ment établis et procurent souvent la guérison inattendue
de maladies dangPrenses et opiniâtres. Elles sont aussi
très-efficaces contre les répercussions de la gale, des dartres
et antres affections psoriques.
Cette cure, aussi ·érrtinemment avau tageose qu'elle e~t
pénible, doit être suivie avec persévérance : il est facile
de prévoir etJ'ex périence à démontré qu'il serait très.
dangereux de l'in'tertompre, avant que l'éruption fut
terminée.
Dans les cas ordinaires et moins graves où souvent la
résolution des affections s'est opérée par des sueurs cri-·
ti'Ioes et salutaires sans éruptions, et oit cependanl elle&
ont suffi pour faire disparaître promptement les symptômes de maladies anciennes , il imp orle de prolonger
l'usage des ])aiqs pour rendre ces go érisons plns solides
et plus durables. Dans que lqnes maladies fort anciennes
dans certaines constitutions icliosyncrasiqoes, les effe1 5'
des bains sont insensibles' l'amélioration
se prononce
qu'avec lenteur el ce n'est que par Faction réitérée des
bains dans plasienrs sais0ns que la guérison s'effectue.
Il itnp0rte à tous les malades, quelle constitution qu'ils
aient, de·qoelle maladie-qu'its soient atteints, de s'assurer de
l'action de l'eau sur leur orgo.nisme. Les infinies 'ariétés de
~ladies eL de tempéramens obligent de modifier l'énergie
ne
�( , I
7I
)
des eaux de manière à les meure en rapport avPc 1a constt..
tution, les degrés de force et les divers états modJides des
baigneurs. Les tempéra mens pléthoriques, ceux qui ont la
peau très-irritable 1 ou qui suent difficilement, se p épareront aux immersions minérales par un régime doux, des
boissons délayantes 1 des bains tièdes d'eau ordinaire ou
mêlée à l'eau them1a le. Dans les états de congestions ou.
de ruptures organiques et surtout au cerveau, on diminuera la pléthore par des saignées générales ou locales
et on préférera les eaux d?nl la composition abonde
en principes fixes et sont chargées cle gaz. Dans ce
dernier cas, il eit toujours urgent de laisser échapper
les vapeurs qui remplissent le cabinet, avant d'entrer
dans le bain , et d'en diminuer la température lorsqu'elle est trop élevée. Des professeurs célèbres de l'école
de Montpellier , ont observé que l'usage des eaux de
Balaruc, en immersion , était nuisible aux malades atteints da paralysie, suite d'apoplexie.
Dans le cours de la saison , lorsque des embarras gas_
triques, des agitations, des · ins~mnies, des mouvemens
fébriles, etc. fatiguent les mal ad es, il convient de snspeD!lre l'usage du bain j asqn1à ce que ces symptômes soient
dissipés ou considérablement amendés.
Les personnes du sexe , don;. les règles sont peo abondantes et coulent avec difficulté, peuvent avec confiance
contiauer ùe se 1>aigner. durant leurs époques, en ayant
b précantion <le faire diminuer la température da bain,
Celles dont l'écoulement sanguin s'opère facilement et
en abondance , doivent s'interdire les eaux minérales
!Oui toutes les formes> pendant la durée périodique du
On menstruel.
Le baigneur doit, an sorlir da J1aio, prendre quelque
repos et se livrer ensuite an mouvement et à de légers
tiercices. Il doit toujours être vêtu de manière à en- ·
mellir el coruerver la tr.:mspiratio11 durant tout le
�( 172 )
trait.ement. Il est surtout essentiel de ne pas le cesser,
ni lj_llÎtter les bains pendant le temps de la pousse ou
érupli<.1n cutanée, la suppression dè cet exao·hème expo<aot à des dangers , et étant toujours nuisible au~
succès de la cure.
Briins de vapeurs. Les étuves clans les sources miné.
raies sont des grottes oi1 des vapeurs chaudes et hu mides
s'exhalent nature\lemPnt cle la terre. Dans quP.lques
sources , ces haios fluides se prennent dans la caviti
même d'où la vapeur s'échappe; dans d'autres, les Roides
aëriformes sont dirigés et coërcés dans des voûtes oa
ca~linet~ construits ad hôc. Ces exhalaisons très-chaudes
s'élèvant de la source , pénètrent à travers des ouvertures pratiquées à dessein au plancher des cabinets, et
les rrmplissent d'une va peur très-épaisse. C'est là que
les m .1la,les, Mpouillés de leurs ,·êtemens, restentplas
ou moins long-tem11s plongés dans des fluides gazeux
qui se trouvent en contact avec toute la surfjlce de la peau,
agissent sor elle par leur température et les propriét~
médi· ·amenteuses di_verses clont elles sont clouées.
La nature offre ces sortes de bains dans den~ éta~
tlifférens. Les ans sont formés par le seul caloriqae
intel'posé et comhiné avec l'eau qu'il vaporise. Ce sont
le~ simples : tels que CP.'UX qo'on rencontre dans l'ile
Di~chia, à Licco, à Citava, Testaccio; à Tritoli prb
de Naples; à Bagnères de Luchon , à Bourboo-Lancy,
à R,1ias, i1 Luxeuil, à Plombières, etc. Ces vapenn
ne co11tiennent aucune antre substancfl que l'eall ené1at
de vapeur à diverses températures, depuis 40 josqn'I
60 clPgrés cle Réaumur. En entrant clans ces bai11s,oo
ne srnL _a urnne odrnr qui puisse indiquer l'existence di
1
principes minéraux. Si l'on espose des linges à la ' '
peur qni s'élève de ces antres, ils s'imbibent de l'ran
de la vapeur qui s"y condense, et eu les pressant OI
n'obtient que reau pure.
�(
I
75 )
D'antres bains d'étaves naturelles sont formés , dan11
des grolles, de la réunion des principes gazeux à l'ea11
yapori.ée par le calorique. Ce sont les composés : tels
que ceux de St .. Calogero, de Termiai , de Castellamare,
thermes de Ségeste, en Sicile; ceux d' Agnano, tle
00
la Fumarole de la Solfatare , de Pisciarelli près de Na.
pies; ceux des sources chaudes de Hurscheid , d'Aix-laChapelle, de Pyrmont, de l'abbaye de Pfeffers, de
Baelen, d'Ax, de la Preste, de St.-Hm1oré, Digne, etc.
Les anciens nommaient les hains de vapeurs sudato#
ri11m. Celse recommandait les étuves de hains d<1ns l'hy~
dropisie et dans certaines maladies nerveuses oh il avait
l'intention d'exciter la sueur pour purifier les mauvaises
humeurs ·et cl1anger totalement l'état du corps. CelÙ.t$
Aurelianils , parlant des étuves , dit : Locorum natura
spirantium , qrio sadores moveuntur.
Les effets des bai111.s de vapeurs naturelles, simples ou
composées, par leur réunion on leur mélange avec les ,
gaz oxigène, azote , hydro-sulfureux, acide carbonique,
etc., se bornent aux modifications que ces agens thé~
rapeutiques produisent sur la surface de la pean, lonquelles sont seulement en contact avec elle.
Le vulgaire croit encore assez généralement que l'eau
vaporisée et les substances gazeuses dont elle est imprégnée , pénètre le tissu. dermoïde d'une manière plus
active que lorsqu'elle est à l'état liquide , et que les
bains de vapeurs offrent , sous ce rapport , ~es médications plus énergiques que les bains d'immersion dans
l'eau
Mais les expériences qu'un savant distingué parmi les
médecio5 qui honorent leur profession par un mérite
réel et des talens supérieurs (le docteuv Hernandez )?
a communiqué, en 1808, à l'Aca-Oémie des sciences de
Toulon; cPlles que le célèbre Cruicl:sanks a pnbliées plu~
T. IX. Mars i8:l5.
26
' .
�(
1
74 )
tard, prouvent qne les fluides gazeux ne sont pas ab.
sorhés par l'org<1 ne cutané.
Dans des expériences entreprises avec l'intention d'é.
claircir ce point de doctrine, le mercure fut choisi
comme n'ayant aucune action sur les gaz. On plaçait
sur le mercure un vaiss€au de verre rempli d'eau, et
ôn y plongeait la partie soumise à l'expérience. Ou la
remuait €n toi1s sens pour que l'eau enlevât les gaz
qui pt>uv3ient y ~tre adhérens; ensuite on la plongeait
dans le· mercure.
La main et le poignet forent plongés clans un vaisseau ·de verre ( qui aurait contenu cinq onces d'eau)
rempli d'air atmosphérique. Ils y restèrent trois heures : le volume de l'air ne fat pas diminué. L'eau de
~baux n'y opéra aucun changement ; passé sur l'eau
dans un eudiomètre avec le phosphore , -l'absorption de
22I1 oo fot complète. L'oxigène ne fut donc point ab.
sorh.é dans cette expérience.
Pour mieux s'en assurer , on plaça une mesure de
cinq onces de gaz oxigène de 4ojo de pureté , dans nu
vaisseau de vene renversé; on y plongea la main et
le poignet pendant trois hem·es, La quantité de l'air
ne diminua point, l'eau de chaux ne se trouhla pas par
son passage, et en l'essayant dans l'endiomètre de Bertholet, l'oxigèoe était de la même pureté qu'auparavant.
L'azote, ni l'oxigène de l'air atmosphérique, pas plus
que l'oxigène seul ne sont donc point abso1'!1és par la
peau.
Pour s'assurer s'il en était autrement du gaz acide
carbonique, on plongea et on laissa :pendant trois heure&
la main et le poignet 1lans un vaisseau <le verre qui
èontenait une mesure de cinq onces de ce gaz : il n'y
eut qu'une seule diminution de demi-gros; mais comme
la main était fort humide qna.ncl on la retira de la cloche,
J.a transpiration avait pu prendre celte faible quantité ..
�( 175 )
De pareils essais tentés sur le gaz hydro-sulfarenx, onl
offert l~s tnêmes résullats •
.~ Mais si , .d'après ces expériences , l'eau et les gaz
ne sont point- absorbés par la peau, d'autres substanc~s
plus tenues et plus volatiles ne pe,uvent-elles pas l'êtr~?,
Il fout nous en assurer par des données posit~v~s. ,
'
Dans des ouvrages très-récemment publiés, oti a cit&
en favenl' de l'absorption des substances volatiles pa,r,
la peau , l'odeur de violette que prend l'urine par les
frictions avec l'huile de térébenthine , '1;odeur d'ail des
différentes excrétioias après l'application. de ce végétal
sur quelques parties du corp!>. Mais,, .dans ~es .c as, l'aspir~tion pulmonaire p .1r laquelle les émanations peuvent
être introduites clans l'organisme 1 militent toujours en,
fovear de la non-absorptio~ cutanée. Consultons encore,
a cet égard ' l'expérience.
Après avoir fixé un chien sur one tallle , on ouvrit
la trachée-artère à sa pàrtie inférieure , de manière à
pouvoir f,: rmer par_une ligature, sa partie! supérieure,
ce c1u'on fit eu intercep tant toute communication entre
la bouche et les poumons de l'animal. On introduisit dans
l'ouverture de la trachée-artère le bout d'un long tu~~
qui allait se terminer dans une chambre "oisine, en,
passant clans un trou h~rmétiquemcnt feri~é a~~
tour do ta be. Ce tu he resta. ainsi fixé pen~lant deux
heures, pendant lesquelles on remplissait la boa'che <le
'
1
l'animal de vapeurs de térébenthine; après avoir détaché
le chien et coupé la ligature, on le porta de s~ite dans
!'.autre chambre; il y respira ~ l'ordinaire pendant six
he11res. On plongea alors un canif dans la rno~lle épinière; l'auim~L périt sur-le-champ. L'urine reteuue dans
la vessie par une ligature qu'on avait passée avant de commencer l'opération, ne donna aucune odeur de violette.
Dans les inspirations des vapeurs de l'huile de téré1cnlhine , ce ne sont donc point les absorhans de la
�(
I
76 )
pe:iu , de la bouche et de l'arrière-1louche qui font
pénétr~r la substance volatile dans l'économie animale.
La conséquence était que l'odeur de violette ne pro.
venait que de l'absorption pulmonaire : on s'en assura
par une expérience spéciale.
, On pr~para un chien de la même manière que clans
l'expérience précédente; le tube dont l'extrémité est dans
· la trachée-artère, fut plongé dans.le goulot d'une hou·
teille· remplie d'esprit de térébenthine, bien fermée autour da tube avaÎ'lt de commencer l'expérience. Le chien
y inspira pendant deux heures : on procéda alors comme
dans l'autre essai et le chien respira dans un air bien
pnr d'exhafoisous de térébenthine pendant six heures pour
donner le temps à l'urioe de prendre l'odeur de violeue.
L'urine examinée présenta, en effet, fortement cette odeur.
Cette expérience ne laisse aucun doute sur l'introduc·
lion Iles vapeurs de" \'ln;ile de térébenthine par les ahsor.
hans des poumons. On voit, dès-lors, combien sont équi.
"\loques toutes les expériences sur l'absorption cutanée
lorsque les voies pulmônaires restent ou~enes.
Mais il était possible d'appliquer l'huile de téréhenthine
sur 1~ peau, sans qu·il pt\t en arriver des émanations dans
les poumons: c'est ce qu'on pratiqua dans les expériences
sï.1ivantes:.
, On plaça de l'essence de térébenthine dans an bocal
rq1ve_fsé sur di;i mercure ' on y plongea la main el le
poignet apr~s les a~oit frictionnés à plusienrs reprises.
lis y furent tenus pe~tlant une heure et quart; alors ou
Ja.va bien la par1ie et on fut se promener à la campagoe,
L'nrine rendue une heure après, n'avait point d'odeur
de violetté. li en fut de même pour celle renLlue pendant
•
- - et 1e 1our
- suivant .
l e 1our
.Pour eulever toute possibilité même d'aspiration f'l1'
lès pouriloos et pou voir augmenter les surfaces d'abso'P:
tion pat la peau, on se servit d' un whe pareil 1t celui
�(
I
77 )
des e1périences snr le11 chiens , relatées ci-dessus. On
respirait ainsi l'air d'un appartement absolument isolé
de celui oh se trouvait l'essence de térébenthine; les narines étaient exactement fermées. On plongea la main
et J'avSJt-bras entier dans L'eisence, en luttant le vase
qui la contenait --.""actement antoor dn bras, de manière à ce qu'il ne put s'6chapper aucune émanation de
térébenthine. Pour augmente1· la sécrétion des urines et
les rendre en plus grande ahonJauce, on avait pris auparavant oo diurétique. Une heure api:ès, an assistant
examina l'urine rendue et n'y trouva pas l'odeur de
violette; m~me ré~ultat pour la transpiration et l'haleine. On prit un autre diurétique et on prolongea
l'immersion dans le bocal; mais après demi-heure, la
douleur devenue très-vive. ne permit vas de la continuer; le gonflement du bras devint considéra1lle; la
cbalear et la clonleur ne diminoèrent que gradativement, e~ quatre jours après, il restait encore une rougear écarlate et une grandè sensibilité , preuve de la
forte action de la térébenthine. L'urine, la transpiration
et l'haleine restèrent néanmoins sans odeur de violette.
Pour confirmer ce fait 1 on prit nne pl as grande
surface , en employant une moindre excitation plus
analogue à ce qui se passe dans les cas oh l'on a admis
l'absorption. Tout étant disposé comme dans l'e:it périence
précédente , le corps entièrement nu , ou se fit frotter
le tronc et le5 extrémités supérieures avec une éponge
imhihée d'essence de térehenthint-'- La sensation agréable
de la friction contre-balançait celle de la térébenthine,
el on put la prolonger. Après trois quart-d'heures cle
ces frictions • on reçut l'urine qui ne présenta aucune
odeur. Ensuite , on lava le corps , et en fermant la
h4ncbe el les narines, on se rendit précipitamment dan.i
l'appartement voisin. Aucune excrétion n'offrait l'odeur
de lioletle , ni alors a. ni dans les ving.t-quatfe beu1:e& ,
�(
I
78 )
qui suivirent. Ces expériences prouvent évidemment que
l'essence de téréhenlhine n'est point absorbée par la pean.
Quand une substance clont l'odeur est si pénétrante
1
n'a pas cet effet , 011 pourrait déjà conclure vresqne
avec !>areté qu'il doit en être de même des autres qui
oe po>sèdent pas cette propriété à un degré si émi.
nent; rn<iis continuons de pré:.enter les faits; ils valent
toujours mieux que les analogies.
011 a avancé que l'ail appliqué sur la peau, communiquait son odeur aux excrétions et on sait que la chair et
le lait des animaux qui en mangent, en prennent le goût
et l'odeur.
Nous rapporterons ici une expérience , tentée pour se
former une opinion fondée relativement à l'absorption
des émanations de l'ail par ]a peau.
On prépara une forte infusion d'ail donl on remplit
nn bocal qu'on renversa sur du mercure. Cet appareil,
qui est le même dont on s'était servi dans les expériences
précédentes , était disposé de manière qu'on y pouvait
facilement plonger la main et le voignet' sans qu'il J
eut communication établie avec l'air ambiant; le poignet
et la main bien frictionnés y restèrent plongés pendant
one henrn. A près les avoir retirés; ils furent lavés avec
soin clans l'eau savonnée. Oo fil ensuite une promenade
anx champs, l'urine et l'l'ialeine n'eurent aucune odeur
d'ail, pas plus que dans le reste de la journée. Les ema11alions <le l'ail ne pénètrent donc pas dans l'organisme
par la peau.
_ De pareilles expériences, tentées de même sur diverses
sabstauces, telles que Le camphre, la décoction <l'asperge,
cmt offert les mêmes résultats. Dans toutes, nons avons
vu que la peau se i;-efme constamment à leur absorption
et que c'est par les poumons qu'elles pénélrent dans
l'organisme. Certes , ces substances pré:.entent des Cl·
citations lrès-di\'erses, el les vaisseaux absorbans au-
�(
1
79 )
raient troa'Vé là l00$ les dPgrés d'excitation propres a
Jcs1neLLre en action, s'ils s'ouvraient sur la peau. Cette
enveloppe générale du corps est doue réellement une
barrière élevée entr'eux et les agens extérienrs, pour
garantir l'organisation de leur influence clirecte. ·
Les effets des bains de vapeurs se bornent à des modifications locales sur l'organe cutané, et à une excitation nerveuse sur ce tissu clont l'action , se propageant
dans l'intérieur de l'organisme, peut y déterminer des
changemens salutaires.
Dans l'étuve naturelle ( sudatorium ) , tout le corps
est plongé dans les vapeurs aqueuses qui s'exhalent de
l'antre, et se trouve en contact immédiat ~vec elles.
L'action de ces fluides chauds et humicles sur toute la
mface catanée, en relâche d'abord le tissu , l'épiderme
se ramollit, devient plus souple , se soulève ; les pores
se dilatent et la per~piration s'accroît. La température de
ces bains naturel> étant égale au moins à la chaleur d11
saog et s'élevant , dans le pins grand nombre, de 40
à 5o degrés de Réaumur , augmente la sensibilité de la
pean au point de rendre l'impression de l'air ordinaire
pénible et presque insupportallle L'action continne de
ces vapeurs titille le tissu dermoïde, produit la rongeur, le gonflement et la chaleur; l'exhalation s'aciroît et la transpiration devient abondante.
Dès-lors , l'augmentation de la chaleur dans le système, réveille l'énergie vitale , avive la mobilité des
Ouides, le pouls s'élève , devient moins fréquent, plus
grand et plas mou ; la respiration est plus ample; une
1\ouce tendance au sommeil présage le retour du calme
uu •entimeot de hien-~tre, de quiétude remplace l'anxieté, les tirailltrnrnns, les souffrances et les douleul' s
l'activité organique se déploie avec plus d'aisance et phu
ie régularité.
l'i11te11si 1t: plua granclede la chaleur 1 l'action plas
�(
180 )
forte des vapeurs chargées Je principes volatils et gazeux
-stimulans, mettent en jeu l'excitabilité cellulaire et activent la mobilité nerveuse du tissu cutané. Elle y détermine des iITitations vives dont l'action s~ propageant aux
organes et aux divers systèmes, leur transmet l'aptitude
à recevoir et à continuer les effets de la stimulation. Elle
augmente ainsi la contractilité vasculaire des divers appareils, provoque l'expansion des fluides , mobilise forte.
ment les sucs animalisés stagnaos dans la plupart de leurs
couloirs et suscite celle réaction générale du centre
vers la périphérie qai fait affluer vers la peau des torrens
de sueurs , qui entraînent au-dehors des produits animalisés, surabondans on altérés, sources des phénomènes
morhides. C'est à ces exhalaisons éventuelles et critiques
que sont dus les étonnans succès de ces médications.
Les bains de vapeurs minérales qui dans les étuves
naturelles enveloppent toute la surface du corps, four·
nissent des secours prompts et énergiques dans les cardialgies les vertiges, les affect.ions de poitrine et géné1
ralement dans tontes les irritations internes rése.ltantes
de la diminution, de la suppression de la transpiration
ou tle celle ùes sueur~ excrémentielles. Ils sont surtout
utiles llan~ les cas ou les bains liqaides ont été insuffisans, ou qu'on a à craindre les effets cle la compression.
Dans les <li verses névralgies, ces vapeurs laissant pé·
nétrer beaucoup de calorique dans l'organi,me, opèrent une stimulation puissante sur les nerfs en rani.
mant leur excitement et l'activité des -yai ·seanx qui la·
pissent le tissu de leur tunique; en y mobilisant et réla·
bliss;rnt le cours des 6.uicles qui , par une- circulation
lente 01i leur stagnation, les engo1· gent, les pressen!, le!
tirai\IPnt, les irritent et protlui,.ent les diverses formel
d'affections douloureuses.
Dans les rbumatalgies partielles, clans celles où ces
phénomènes morbides s'exercent sur les articulalions,
�(
181
)
si l'on approche la partie souffrante do lien d'oh la
vapeur s'élance, ot1 si l'on dirige la vapeur sur elle,
ce courant de fluide élastique produit une percussion
sur le point affecté , qui y détermine des phénomène1
d'une excitaliùo plus ou moins intenie et one augmentation sensible d'exhalation, suivie de soulagement.
Ces courans de vapeurs, dirigés et soutenus snr diverses parties malades , sont, par l'effet de cette per·
cussion, un des meilleurs remèdes , lorsqu'il s'agit de
ré;oudre des extases invétérées, des tumeurs anciennes
indolentes. Ils sont très-efficaces dans les engorgemens
et les enclurcissemens des glandes 1 dans les épai,sissemens , les contractions et les roideurs des articulations; dans les sciatiques chroniques; dans les exo>toses.
Les femmes qui, n'ayant pu nourrir leurs enfans ou
qui les ont sevré en négligeant le, soins hygièniques
nécessaires dans ces circonstances, sont souvent atteintes
d'affections vagues qu'on a atlrihuées à la déviation, à
l'altération du bit , ou à sa mi:s.tore vicieuse avec le$
hoinenrs. Ces affections , d{penclaotes <le diverses modifications morbides de l'excitation moléculaire des parties , se montrent sons les f6rmes de douleurs aux
membres, d'engorgemens aux articulations; de céphalalgie> intenses; d'oppressions, d'irritations à la poitrine;
de diarrhèes , de douleurs au bas-ventre; de spasmes 1
de flux chroniques de l'utérus. Ces états maladifs sont
&fficacement combattus par les bains de vapeurs, soit
généran'.'I., soit partiels.
En R.u~sie, l'usage et l'expérience ont consacré l'emploi
cl.es bains de vapeurs pour les femmes nouvellement
accouchées , comme propres à prévenir les incommodités auxquelles les conehes les exposent. En effet, lors
de l'accm1chement, l'affaiblissement subit qu'éprouvent
les membranes et les toniques dei vaisseaux du péri-
.T. l:X.. ·Mars i8'l5·
').7
�(
J
82 )
toine, par le défaut tle pres~ion qn'exerç:1.it la présenco
cle l'enfant, donne souvent lieu à <les dilatations plus
ou moins considérables. Dè,:;-lors , ~i les forces générales des systèmes sont comme trois, et que celles <les
membranes et des tuniques des vaisseau:s. du péritoine
aient été réduites à dr>ux , l'abord des fluides qui s'y
portent en plus grande abondance, les dilate, les engorge
et détermine des inflammations pins 011 moins graves. D'autres fois , le défaut de ré~ction dans les parties, lei
tlispose à devenir le centre des fl1:xions qui dépendent
de la suppression de l'exhalation cutanée, on des autres
mouvemens rétrogrades qui peuvent avoir lien.
Quantl un des premiers m;,Îtres de l'art, quand un pro.
fcssenr aussi cé!èhre que M. Cllaussier , s'est décidé à
administrer les hains de vapeurs dans la péritonite purporéalc, il a sans doute pensé que cette phlegmasie était
etc nature asthénique , et que l'action stimulante des
vapeurs pourrait la combattre avec av:rntage. Les effets
qu'il a observés et décrits d'une excitation modérée, introduite dans les fonctions; ceux d'une tonicité lente,
mais progressive, produite par l'nsage des vapeurs, seml>lent indiquer que cette phlegmasie est de nature asthénique. Les succès qui suivent l'emploi de la médication
le confirment.
Les bains composés, les bains de vapeurs n_atarelles
oh divers gaz sont mélangés et combiné~ à l'eau vaporisée, s'offrent encore en divers pays comme de puis.
sans agens de la thérapeutique.
Ces sortes de vapeurs, dont le sonfre est le principe
gazeux dominant, fournissent on reméde éuergique contre les diverses affections psoriques chroniques : telles
que la gùle, les dartres, la teigne, la lèpre, les eadarci:ssemens de hi peau. On les administre avec avanta~e
dans les de,organisations des tissus cutanés, les ulcères
inn!lérés, lea éruptions si pbilitiqnes, les pustules 1 les
�(
I
85 )
crot1tes de <li verses natures; dans ces bains, les vapeurs
minérales OLl le soufre est décomposé, dis:,out et corn.
biné, étant 11ussi aspirées par les poumons, produisent
une excita•iou vive dans l'organisme , eu mèmc-temps
qa'e\les agissent sur la surface du corps. Ces deux effets
-éuni> tendent simultan<lment à irradier par leur pro1
priété éminemmeut stimulante et sudorific1ue, l'excitatiou
da cenLre à la périphérie OLl l'ahord considél'ahle des
fluides modiftés et devenus moins âcres concoureut à
protluire des changemens salutaires plus prompts sur le
système dermoïcle, le détergent, le ramenant 11 son état
de fermeté el de tonicité normale, de cohésion etd'iutégrité
complet te, et le rétablissent dans ses importantes fonctions.
Dans les temps reculés, on avait établi lies léproseries
auprès des sources bydro-mlfureoses. On trouve au sud
des ]\fonts Croniens en Sicile, une étu\'e qu'on appelle la
Caverne du lépreux : la tradition do pays rapporte qu'un
lépreux chassé de la grande étuve naturelle ou la multitude se réunissnit pour prendre les hains de Yapeors, se
réfugia clans cette caverne, située à deux cent pas de
l'autre. Les vapeurs de même nature qui la remplissent
le guérirent de cette affrem;e maladie. Dès cette époque,
l'antre hos11italier et salutaire devint célèbre sous le nom
de spelon~a clel leproso qu'il conserve encore. Ces sortes
de bains >ont encore avantageusement employés contre
la gQulte chronique, la siphilis invétérée , les maladies
lymphatiques et glandulaires; dans le marasme, etc.
Le séjour dans les bains de Yapeurs doit être proportionné à l'état des forces des malades, à la nature de
leur maladie. Leur da rée peut généra lemeut se prolongel' ~
d'une à deux heures . suivant l'intemité <le l'effet qu'on
veut produire. Les constitutions déhiles , les personnes
atteintes d'affeclions organiques doivent eu abréger la
durée; la sensibilité naturellement trè~-g raudedes femmes
en augmentée .par l'action de ces bains, elles ne pel1vcnt
/
�( 184 )
et ne doivent pas les prolonger pins d'une heure; ils sont
nui,ihles aux femmes enceintes.
D ouches. Un troisième mode d'application des eanx
minérales à la surface du corps dans laquelle une colonne
d'eau agit par la force de son impnlsion sur les parties
qu'elle frappe , a été appelé douche. Les effets de cet
agent méd1cateur sont proportionnés à la température de
l'eau , à la densilé et à l'impression des substances qui la
minéralisent, à la force et à la vî1esse avec lesquelles la
colonne du liquide frappe les parties malades. Cette im.
pulsion t-st en raison directe de la hauteur de la chute,
du diamètre des tuyaux, de la forme simple ou multiple
de leurs orifices, de leurs directions; de la rapidité et
du volume des liquide·s ; de la charge qu'on donne an
réservoir.
Lorsque, dans les diverses affections locales, on dirige
un courant d'eau sur une partie déterminée, on la voit
éprouver une dépression plus ou moins forte , selon la
rèistance que sa texture peut offrir à l'action du liquide;
elle dévient bientôt rouge, tout autour à une distance tln
point central et se couvre ensuite de petits boutons.
Si la percussion s'étend dans les tissus sous-cutanés et que son action se propage sur les petits vaisseaa1 profondément sitnés, elle y produit une stimulation énergique, y ranime l'excitemeut nerveux, augmente le ton
organique de la partie, opère le mouvement des fluides
stagnans et parvient à résoudre et à dissiper les engorgemens indolens.
Les douleurs articulaires opinii\tres oh les bains d'immersions liquides et de ''apPurs sont insuftisans, cèdent
qoelquefoib aux percussions violentes et réitérées , opérés snr les points affectés par des courans d'eanx minérales volnmineox et ra pi des.
L'acrion stimulante de la douche journellement continuée ou. réitérée plu~ieurs fois par jour 1 se propage
�( 185 )
qnelqaefois dans tont le système et y détermine un excitement génér3l qui, transmis sous son i11fluence nerveuse à tous les points de l'organisme , y ramène le ton,
la forée et la vigueur, régularise les fonctions troublées
on perverties et rétablit l'ordre normal.
La stimulation énergique de la douche développe quel·
quefois une reaction vive et prompte> suivie de sueurs
critic1ues, éminemment salutaires.
Les douches d'eau thermale sont principalement efficaces dans lesengorgemens lymphatiques, les articulaires;
dans les fausses ankiloses, les 1·humatismes chroniques
bornés; les anciennes douleurs arthritiques, la paralysie
et l'impotence des menrbres, qui sont la suite d'affections
rbomatismales, de lnxatious, de fractures , d'entorses ;
dans la danse de St.-Guy; dans les affections chroniques
des viscères abdominaux , les obstructions , l'hypochondrie, etc.
les cardialgies , les coliques périodiques qui sont la
~uite des mauvaises digestions, sont dissipées par l'action
des douches que l'on laisse tomber sur l'épigastre et l'abdomen. Ces divers conrans de fluides modifient la sensibilité des parties et les rendent moins susceptibles d'éprouver les récidives des attaques douloureuses.
Les douches d'irrigation on ~'injection d'eau thermale
&ont très-utiles dans l~ maladies de l'oq;ane auditif; dans
celles du vagin , de l'utérus et du rectum.
Les lotions d'eau thermale deviennent des tepiqaes
très-efficaces dans les ophthalmies entretenues pdr des
irritations fortes de l'organe de la vue ; dans les divers
~lcères cachéctiques; dans ceux qui proviennent d'affections scorbutiques; dans les ulcères fistalenx. Les eaux
minérales et s;rtont celles qui abondent en princiJ;leS
gazenx, fortifient les vaisseaux de ces parties, activent le
mouvement des liquicles stagnans dans les tissus engorgés,
mGdifient l'âcreté q1&'ils y avaient acquis : les fibres re-
�( 186 )
prennent peu à peu leur ton naturel , repoussent l'aliord
des fluides ; les gonflemens se dissipent, les bords calleux
d.es ulcères s'affaissent, les chairs se régénèrent; ces
i:olutions de continuité s'effacent et les parties rcntrrnt
dans leur intégrité physiologiriue.
Le régime, les soins et les précautions hygièniqaes
qui sont recommandés pour les personnes qui prennent
les eaux minérales à l'intérieur, deviennent aussi très.
nécessaires à celles qui prennent les bains.
Les eaux minérales naturelles éprouvent des variations
dans leur composition et dans leurs divers degrés d'énergie d'où résultent des modifications marquantes dans
leurs pfQpriétés médicales. Ces variations tiennent en partie
à de grands phénomènes chimico-physiques, à ces jeux
d'échange qui existent entre l'immense atmosphère et
l'intérieur du globe.
Mais ceseanx subissent aussi des changemensaccidentels
suivant les saisons, les divers degrés de pression atmosphériques, les révolutions solaires et lunaires, la sécbe·
n~sse , les plaies, les infiltrations plus ou moins consideral>les que produit la fonte des neigl's et les inondations.
Les froids prolongés ou accidentels pE'ndant ia saison des
eaux, influent encore sur les propriétés physiques des
eaux minérales naturelles, en augmentant ou diminuant
la quantité des principes fix.es, des volatils et gazenx qoi
s'y trouvent combinés, et déterminent des ruodi6cation1
essentielles dans leurs propriétés médicales.
Aux inconvéniens de ces variations fortuites que présente l'usage médicinal des eaux naturelles, à celai de ne
pouvoir être employées avec probabilité de succès qu'a
leurs sources, nous en signalerons un marquant relatif a
leur état permanent et déterminé de mixtion naturelle.
Leurs propriéLés bien appréciées comme nue médication
utile dans certaines maladies n'opèrent souvent que d'.s
soulagemens mQmentanés, ta.ndis qu'elles pourraienL offrir
�(
I
,87 )
des chances de guérisons durables, si les principes predominans qui n'effectuent que des demi. succès, s'y trouvaient réunis en de proportions plus fortes et si les modifi.cations qu'elles peu vent imprimer aux propriétés vitales
étaient plus eu rapport avec les dérangemens morbides.
D'après ces considérations fondées sur l'observation
des faits, il e;t reconnu que les eaux minérales naturelles éprouvent d'une année à l'autre, de la saison d11
printemps à celle de l'automne, des chaagemens dans
leur composition et leurs propriétés.
I.eurs principes toujours les mêmes clans chaque espèce
mienl en qnantilé et dans leurs degrés d'énergie suivant les altérations et les perturbations que subit l'ordre
physique de la nature. Dès-lors, leurs effets sur l'é1:0nomie animale sont aussi variables e t les changemens salutaires qu'on en attend par induclivn des succès obtenus
par elles dans des maladies analogues, sont souvent incertains.
Qaoiqae la guérison des maladies qui ont cédé à l'usage
des eaux minérales naturelles, ait été le plus souvent
attribuée aux iofh1ences hygièniques du changement
d'air, de température, de climat , de régime, d'habitudes et d'occupations mentales, leur action médicamenteuse ne peut être revoqnée en doute; l'observation
et l'expérience ont cbnstaté que les eaux ( pour la
pl., art) hues loin de leurs sources , ont aussi fourni
des métllcations très-efficaces et évidemment salutaires
dans beaucoup d'affections morbides hieu caractérisées.
Si maintenant nous dirigeons nos idées de manière
l étalilir des rappor.ts réels et à évaluer les différences
telles qa'elles :l'ont, nous continuerons d'accorder aux
eaux minérales naturelles , la c onfiance qu'elles n'ont
cessé de jastifier par des succès éviilens et soutenus;
:oas consenerons pour ces précieux refuges, toujour~
.ecourables aul mau-s: qui afflizent l'humauité , cettlf
�( 188 )
reconnaissance que la raison commande , nous non.
blierons pas surtout que l'art de les suppléer partout
où la nature s'est montrée avare de leur bienfait,
est sorti de leurs sources et que l'essence du principe
qui préside à leur composition est inimitable.
(La suite à un des prochains numéros.)
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ 1 PENDAl'iT LE MOIS DE FÉVRIER 1825,,
I 2. févi·ier. Lecture est faite de trois observatio11s d'essère, re•
cueillies par M. Aliès, médecin à Lezat.
M. Gi,.aud-St.-11.ome fils lit un rapport sur le mémoire de M.
Cnrtoni, de Pise, intitulé : Della maniera più atta a curare radical·
mente le varici ad impiagamenli val'icosi d' elL'esll'emita ùifèriori.V.1
conclnsions, favorables à l'auteur, sont adoptées, et M. Cartoni
est admis au nombre des membres associés étrangers.
23 février. M. le O. Amilhon remercie la Compagnie de l'avoir
associé à ses travaux, et lui adresse un Mcmoire sur l'usage dulau
de vache et de chèvre pour la nourriture des enf'ans nouveaux-nés.
Le lecture de cet éerit sera faite dans une dl' nos procbain11
.réunions.
M, le Comte Je Villeneuve, Conseiller· d'état, Préfet, etc.', com·
munique une lettre de S.E. le Ministre cl~ l'intérieur, qui di.sire
connaitre la valeur en grammes ou en poids de marc, de la hne
médicinale de Marseille, et sa division en onces, gros et grains,
el si cette livre est différente de celle communément employle
dans le commerce de cette ville.
Une commission, composée de MM. Fenech, Poutet et Sue,1!1
nommée pour fournir à M. le Préfet les renseignemens qu'il de·
mande.
M. Gouli1t donne lecture d'un rapport relatif à la Notice surl'I·
.
7>idémie de Toulon, etc., par M. Serène.
Sont proposés, par M. Roux, pour être reçus mc•onres associet
,
'trangers, MM. Magliari et Pulpès, médecins à Naples. .
Ces propositions sont prises en considération par la Soc1ité qui
~6
en ajourne la discussion.
février. M. StLe fait, au nom !l'une Commission, un rapport
relatif à la demande, adressée par M. le Prefet, sur\~ conCversio~
en grammes, etc. , de la livre médicinale de Marseille. e rap
.
port est adopté dans tout son contenu.
Lecture est faite dn mémoire de M. Amilhon sur \'osa!(c dulail
de vache et de chèvre pour la nourriture des nouveau1'-nis.
SEUX , Président.
SU~,
Scc,.étaire gé11ll'lil.
�( 189 )
$ E C 0 N D E P A R T I E.
-il*ilMÉMOIRES, DISSERTATIONS, NOTICES NÉCROLOGIQUES,.
ETC.
---~~!l!!J-1!!!1!----···
I.
0
M É M 0 1 R E S.
sur l'anencéphalic. el sur quelques ar~tres monstruosité.- ; par J.-N. Roux, D.-M. à Saint-Maximin
(Var J membre correspondant de la Société médicale
d'érmtlation cle Paris , de la Société cle médecine-pratiq1Le
de Lyon, de la Société royale de médecine de Mar4
seille , etc.
HJiMOIRE
U1Œ jeane femme des plus jolies et des mieux con ...
formées que j'aie jamais vues, Madame E. T ... , fat
mariée au milieu d'avril 1823, et bientôt des symptômer.i
de grossesse se manifestèrent. Vers le deuxième mois,
son beau-père, homme plaisant et irréfléchi , sacl1ant
qu'elle éproa.ait la plu.s grande frayeur à l'aspect
des crapauds, en prit un des plus gros et le jeta sut'
le lit où. cette intèressante personne était couchée ; un
autre jom• , il répéta à peu près la même scène et l'on
juge bien que ce fut de la manière la plus désagréable.
Ce ne fut depuis lors qu'un enchaînement pénible d'indispositions et de terreurs jusqu'au septième mois. A
cette époque, Madame E. T .... se rendit chez sa mère
qui habite Bras, village très-pittoresque . aux environs
de St.-Maximio, et ce fut là qu'elle se crut à l'abri des
brutales plaisanteries du père de son époux. Les pr~T. IX. Avril 1825.
28
�( 190 )
mières journées passées dans son nonvean séjonr, forent
assez calmes; l'air natal était respiré avec délices, le
toît paternel offrait la tranquillité tant désiré~. Toul à
coup des symptômes d'avortement survinrent : douleurs
~ux lombes et au pli dès cuisses, diminution de l'ap-.
pétit, craintes continuelles; tons les moyens de l'art
furent saus effet, les .douleurs s'exaspérèrent et le hui.
tième jour, la malade voulant s~ placer pour recevoir
un la\'ement qui lui avait été ordonné, on entendit
fort distinctement et à une grande distance un bruit
sourd qui fut suivi de l'écoulement aliondant des eaux.
Ce ne fat qu'alors que Madame E T .... abandonnant
one pudeur mal entendue 1 qui avait privé jusques là
de la c.vnnaissa-0ce des parties, consentit à laisser pra.
tiquer le toucher par M. Arlaud, chirurgien à Bras,
qui reconnut aussitôt que l'enfant présentait les pieds
dans la position calcanéo-antérieure gauche et qui en
fit l'extraction.
Je me trouvai dans le village au moment de l'aTortement; j'avais été appelé par une femme de quarante·
ciuq ans, atteinte d'affection spasmodique de la poitrine,
à laquelle le cyanure de potassium apporta quelque amen·
dement. M. Artaud me fit prier de me rendre aaprè1
de la malade et lorsque j'entrai clans l'appartement,
il venait de recevoir le monstre anencéphale dont je
donnerai bientôt la description. Le placenta offrait en·
core de la résistance, nous att1mdîmes quelques instans,
après quoi je le détachai du lieu de son insertion. Nous
enlevâmes ie triste fruit de cette première grossesse ,
afin que la mère ignorât son malheur, nous donnâmes à
celle-ci tons les soins nécessaires et peu de temps après,
elle fut reudoe à la santé.
Examen du Jœtus anencéphale. Fœtus du sexe fé.
min in ayant c1ooze poo·ces et deini de long, physio-.
1
11omie de crapaud , monstre à trait:. bidea:x-, ill tête
�(
191 )
est renversée en arrière et enfoncée dans les épaules;
ses yeux, sont saillans, ouverts, d'une · couleur bleucendré, opaques dans toute leur étendue ; la langue
énorme remplit la bouche et fait saillie au- hors; le
crâne est déprimé, rompu et concave; le cou manque .;
le dos -est large, un énorme lambeau de peau semble
en avoir été arraché pendant l'extraction par les pieds;
ce lambeau, s'étend de la tête où il est encore attaché
jusqu'à la région lomllaire, ses bords sont minces ainsi
que le milieu, arrondis et légèrement saignans. Audessoas de ce lamhea11 .déchiré et dans l'endroit ou il
s'adapte, on remarque une légère g_~mttière formée à la.
têtè par le coronal, les pariétaux et l'occipital, applati1
inégalement et que leur position seule peut faire reconnaître. La colonne vertébrale vrésente la continuation
de cette gouttière formée sur Ier. bords par quelque
chose qui ressemhle aux apophyses tranverses, tandis
qu'au milieu on croit reconnaître la face postérieure du
corps cles vertèbres: les apophyses épineuses et les lames
de ces os manquent. La colonne vertébrale, qui, vue de
profil, offre plusieurs courbures tantôt en avant, tantôt
arrière' ne' décrit ici qu'un arc de cercle dont la
connexité est en avant. L'anas se trouve un peu haat ,
à cause sans doute de la faasse direction de la colonne;
il laisse sortir da méconium. La poitrine est bomlJée ;
l'abdomen un peu volumineux; les memlJres Lhorachiqoes bien développés et bien faits sont con verts de poils;
les membres abdominaux également bien développés,
ont les pieds fortement déviés en dehors. Des phlictènes que remplit one sérosité limpide se remarquent
çà et là snr le corps, elles sont petites en hdnt plus
larges ver~les pieds ( 1 ). Ce fœlns ane1tcéphale paraît être
en
(1) Voyez lei deux dessins q11e j'ai faiti d'après natu ' e et
'lue je joins il ce mémoire.
�( 192 )
mort dèpuis peu de temps : les parties osseuses et irrégaliè res qui forment le erâne furent soulevées · avec le
manche d'un scapel et il ne fut trouvé au-dessous aucnn
vestige d cerveau. Le placenta était moins volumineux
et plus ramassé sur lai-m~me.
J'ai pensé , dans l'intérêt de la science, que je ne
pouvais faire an meilleur usage de l'observation qae
ma pratique m'a fournie qu'en la communiquant à M.
le professeur Ge'!ffroy-St.-Hilaire , auteur du meilleur
ouvrage que nous possédions sur les monst.raosités ha.
maines : je lui ai enrnyé aussi mon anencéphale afin
de contribuer, pour ma part, à entourer ce savant de
tous les matériaux propres à éclairer sa nouvelle théorie
sur la formation des êtres incomplets.
Il a été publié plusieurs observations de fœtus 11ne11céphales et elles ont toutes donné lieu 11 de profondes
rèfle:xions ( l): je ne fais connaître celle-ci que dans la
vue de fixer de nouveau l'attention des physiologistes
sur un sujet aussi curieux. PVinslow et Bichat ont les
premiers reconnus que le système nerveu:t du grand
sympathique préside aux fonctions de la vie organique,
:sans que cette vie organique soit tout à fait indépen.
clante clu système cérébral et de la moëlle épinière.
Le développement des fœtus privés de ces organes 1
est une bien grande preuve de ce que ces deux hommes
illustres ont avancé. Ces êtres incomplets vivent dans
le sein de la mère' parce que la nutrition se fait sous
l'influence des ganglions; ils vivent comme les végètaux:
vivunt et cresczmt, on mieux, comme l'a dit un savant
(1) Voyez Morgagni, épis!. 48 n. 5o. Wepfer, sur les acé·
phales. Liure, histoire de l'académie des sciences. Laltema11d1
dissert. in au. Ollivry, etc., etc.
�����( 195 )
contemporain, à la manière des poissons, n'ayant. reçti
des conditions organiques que JlOur exister seulement
dans an milieu aquatique. Us me"urent avant ou pe11
après lear sortie de l'utérus. l.orsqu'ils meurllnt avant
de sortir du !iein maternel , c'est le plus souve1't da.
sixième aa huitième mois de la gestation ; rarement
ils sont portés jusqu'au terme ordinaire, plq.s rarement
encore ils viveut pendant quelques instans ( c).
Les fœtus anencéphales sont privés , indépendamment
du cerveau et do cervelet, do prolongement rachidien,
et M. Geqjfroy-St.-Flilaire en faisant un genre particulier, conformément an:: cloqnées étymolq_giques, ne veut
pas qu'on les confonde avec l'hypernacéphale, etc. On
a vu cependant à la hase du crâne de petits ta])ercules
occupant le plan des organes absens.
Des travaux intéress1ns et qui doiveni fixer notre
attention sont ceux de MM. Legallois et Lallemand de
Montpellier ; le premier a prouvé par des expériences
(1) Mb:y et Fanvd en ont vu des exemples; M. le profes1eur Lordat cle Montpellier, ce digne successreur de l'illustre .
Banlwz, a cité cles faits analogues dans ses leçons de 'physiologie pour l'année classiq11e 1820--:1.1. Le monstre .conn~
lous le nom d'Ancnceplwlc de Putare, né le 26 septe~bre 1824
a l'hospice cle la Matt>rnité de Paris, termina sa vie, après
quelques mouvemens spasmodiqlleS. Sav;ar·d et Rouhault ont
chacun vu un fœtus a11enc~pluile vivre pendant six heures ;
UD autre VCCUt huit heures ' un autre quinze heures, un tro-ÏiÎème vingt-quatre heures. L'anencéplwle de Scltcltlwse atteignit
la fin de son deuxième jour; celle de Jacobeus parvint à son
1roisième. Sm,ia1·d a vu un anencéphale, dont l'existence se
prolongea jusqu'a u quatrième jour; pendant tout ce -temps, il
remua, cria et prit le sein de sa nourrice. Heyslta1i en a
rn un parvenir jusqu'au sixième jour. Celui de Ray-le vécut une
semaine et vint au moncle avec deux dents à la mâchoire
supérieure.
Ces faits
doivent être fort mres, la. vie de I'a11cncéphaùi
liant purement végétative.
�(
1
94)
exactes, que la moëlle épinière n'emp~cbait qae fort
tard les animanx de vivre tandis qae la mort arrivait
aur le champ, si la destraction de cet organe était
snl>ite. Le second de ces auteurs éclaire avec ~a!(acité
la physiologie par fa pathologie el nous montre so~•ent
un travail lent détruisaat les organes de la vie de ré.
lation, sam nuire aux fonctions ds la vie organiq~e.
L'application de ces principes peut être faite à l'anen.
céphalie.
Deux opinions avaient été émises sur la formation
des fœtns an.encéphales ou autrement monstruenx,
avant que M. Geo.ffroy..St.-Hilaire fut venu nous éclairer
sar ce point en pQ.hliant sa philosophie anatomique. Je
vais passer en revue ce qu'on a dit le plus récemment.
Selon un grand nombre d'auteurs parmi lesquels je ci·
terai M. le professeur Du{,oès (1), c'est à une hydropisie du cerveau et du rachis qae l'on attribue celle
monstraosité. Cette malaclie peut, disent-ils 1 dilater 1
animer la boîte osseuse et le canal vertébral de même
qne les tégamens ; les portions d'os et de memhranei
les plus faibles sont désorganisées dans les eaax de l'am.
nios, tandis qne les plus consistantes résistent ala ma.
cération, qn'elles s'affais5ent ensnite snr la hase do crâne
où elles se sou<lent solidement. Le crâne se trouve alor1
applati et le dos arqué, par la coosofülation des parties
qui restent.; de là, la ressemhlance des monstres hnmain1
avec des crapauds, des singes, etc.
, Dans la seconde opiuion, qui est celle entr'antres medecins célèbres, de :M. Frédéric Meckel et de M. le
iirofessear Dupuytren (2) ce vice de conformation se·
.
(1) Mémoire publié dans la Revue médicale.
(:i) M. Dupurtre" admet aussi les monstruosités, tenant a
des dllfvrmités survenues par l"effet des maladie' auxquelles
le fœtus est exposé même dans le sein maternel. et pu
conséquent la perte de l'encéphale à. la suite de l'hydrocéphalii•
�( 195 )
rait dô à un retardement de développement ou à on
développement en moins : ainsi, un vice peut exister
dans l'organisation de l'embryon , si c'est le canevas
inr lequel doit se former un os, un ma.scie, oa tout
autre organe qui vienrre à manquer, le fœtus one fois
formé aura un os, un muscle ou tout autre organe de
moins. Les exemples de ce défaut d'organisation ne
sont pas très-rares , je vais en citer quelques-uns de
curieux et qui ne seront pas déplacés dans ce mémoire.
En i811, M. A. Duc!uiteau, chirurgien de l'hôpital
militaire d'Arras, consigna dans le journal comp!émen.
taire du Dictionnaire des Sciences médicales, l'histvire
d'an fœtns qui n'avait , pas les enveloppes osseuses d11
cervean complètement formées; les pariétaux, une portion da coronal et la partie supérieure de l'occipital
manquaient; le cœur était hor~ <le la poitrine et dépourvu de péricarde; le poumon était représenté par
nu tubercule <le la grosseur d'une noix. Dans le has1entre, il existait aussi le plus grand désordre.
M. Astley-Cooper conserve la préparation d'un enfant qui vécut huit jours et chez qui la déglutition était
impossible; le pharynx était terminé en cul de sac et
l'estomac n'avait point· d'orifice cardiaque; les évacuations
alvines avaient lieu comme à l'ordinaire ( London méd.
gnd phys. repository. J anTier 1823 )
M. le docteur Claret , médecin de l'hôpital civil et
Dlilitaire de Vannes, adressa , il y a deux ans, au cercle
Dlédical de Paris, deax dessins et le squelette d'un fœtus
àqui les pariétaux manquaient totalement; la face offrait quelq~es défectuosit~s dans les os maxillaire!i
1opérieurs; les _quatre premières côtes gauches n'existaient qu'en vestiges, les antres étaient appuyées les
unes sur les aulres ; le sternum était simulé par un
ltroit cartilage auquel venaient se joindre les côte•
droites trèa-bien conformées. A. la place de l'omoplat@
�( 196 )
gancl1e on trouvait un tn]Jercule osseux trianguhire.
Le membre thorachique gauche manquait completement. Avec ces difformités, l'on voyait à nu la masse
encéphalique, le cœur et le poumon gauche, ainsi qoe
les viscères ahdom;naux recouverts par une membrane
séreuse qui s'éteuùait aussi snr les viscères thoracl1iqnes, on n'apercevait que' quelques vestiges de diaphragme.
On me présenta, il y a deux ans, un en fa nt mâle
chez qui la verge était remplacée par un tubercule
recouvert d'une peau très-ridée et au milieu duquel on
voyait un méat qui permettait la sortie de l'urine:
rien ne represeutait les bourses et les organes qu'elles
contiennent. La mort survint et je ne pus pas faire
l'ouverture du cadavre.
Je ne finirais pas encore si je voulais examiner tons
les foits les plus remarquables d'organisation en moio!1
que les auteurs de medecine légale out compris dans
la classe qes monstres par défaut. Mais à quoi peut
teni1· ce défaut d'organisation ? Il est des secrets qui
n'échappent pas facilement à la nature, et celui de la
formation des êtres animés, est an des moins connm
malgré les effo ts réitérés d'un grand nombre de savans.
On commence cepenclant à s'accorder surquelques points:
en A.llemagne , Meckel et Tiedemann, en France, M~f.
Serres et Breschet admettent comme une loi générale
« que la formation plas on moins rapide, plus ou moins
complette des parties, dépend du développement pins on
moins par ü;it des vaisseaux destinés à ces pq,rties "·Si le
système vasculaire , dit M. Breschet , se forme moins par
en haut que par en bas, on observe selon la variété de
<lévt>loppement du système , l'anencéphatie, l'lzémicépfwlie,
l'aproscopie ou absence de la face ; et si le développement
du système vasculaire ne s'éteml pas an delà du tborat •
l'embryon n'offre plus qu'un tronc saus tête et sans 1nem-
�(
1
97 )
bres(1).Cependant, M.le professeur Béclard n'est pas de cet.
avis: dans les bulletius de la Faculté de médecine de
Paris, on trouve un de ses mémoires sur les Acéphales
( Anencephales ) , dans lequel cet auteur fait coïncider
l'absence de certaines parties extérieures et de certains
organes internes avec la privation plus ou moins étendue
des centres nerveux. Voilà donc encore deux opinions
sur la cause de la non forma.Lion de certains organes;
il a été apporté en faveur de chacune d'elles de trop
lionnes raisons pour que je veuille prendre sur moi de
décider la question. Espérons que le temps et l'observation rigoureuse des faits, aideront un jour à arr~ter
nos idées et que la nature pourra ~tre prise sur le fait.
· Ces diverses explications, quoique ingénieuses, ne pouvaient satisfaire celui qui, avide de connaissances exactes
et plein de subtilité, a toujours cherché à soulever le
voile dont la nature couvre. ses mystères: M. G ·qffroySt.-Hilair·e voyait coïncider trop souvent la formation
ù'an monstre avec un grand effroi ; une grande surprise ou un autre grand événement, survenu pendant
la grossesse, pour ne pas se livrer à des recherches
(1) D'après ces principes du développement du système
vasculaire, il est assez facile d'expliquer la formation de beaucoup d'autres monstrnosités telles que Je bec-de-lièvre, l'hypospadias, l'épispadias, le prolapsus vesicœ, l'h ermaphrodisme ,
etc., etc. La formation des vai sseaux est le premier effet de
la force formatrice, selon les anteurs que j e vi ens de désigner.
Nous savons que le dé,•eloppement organique s'irr•die de l'abilomen vers les extrémités et que la lêle exigeant une activité pins grande de la force formatrice et des matériaux de
nutrition plus considérables, l'extrémité céphalique . du tronc
doit offrir plus fréquemm ent une formati on imparfaite de
l'exlrémitê pelvienne. L'embryon considéré au point d'insertion
dn cordon ombilical. est la graine de laquelle partent la plumule
tt la radicule ( Y. BrPsch. )
TIX. Avril 1815.
29
�( 198 )
qni eussent pour résultat l'explication de ce grand pro.
hlème. Entouré de matériaux. remarquables, il éleva
sa philosophie anatomique et di:s mémoires précieax sortirent de sa plume. Le genre anenréphale occupa la
principale place dans sa classification et il offrit cons.
tamment pour type le manque absolz' de substance médullaire, spinale et cérébrale. Si l'événement qui vient
troubler la marche de la grosse~se, ;1 lieu dans le principe, il prétend que la matrice dvit y preudre une part
active; elle se contracte avec force ( 1), ks enveloppes
fœtales sont dilacérées par les eanx qui suintent ensuite à
travers ces ouve1·tures. Lorsque la matrice est re\'euue
sur elle-même, l'embryon en contact a,·ec les fibres des
enveloppes déchirées contracte des adhérences solides,
et les adhérences uue fois formées amh1e11t bientôt la
monstruosité, en empêchant le développement des organes mauquans. Le dos et la partie de la tête a<lbérenle
dans l'anencéphale, sont larges, arqués, servant de J1ase
à une éoorme tumeur pleiue de liquide plus on moins
altéré. La partie postérieure de la Lête et de la colonne
vertébrale ne forme qu'un plan osseux, large et simulant un écartement oulre mesure des apophyses transverses, comme on le voit dans l'exemple que j'ai rapporté.
L'auteur de cette uoavelle théo1·ie , quoique plus sé-vère que ceux qui l'ont tlévancé, utilise leurs recherches;
mais au lien , par exemple , <le dire que tel organe
manque parce que telle artère principale n'a pas eté
( 1) Il ne faut qu'une surprise, à un mornen t donné de
la gestation , pour occasioner le genre rl'a11encéphalie que
vous avez observé ; si la surprise a été aussi vive qu'inopioé'e,
elle a pu donner lieu à un sursaut général de la femme en·
ceinte et par conséquent à une c:ontraclion museûfaire qui
aura été ressentie par l'uté"rus. ( Lettre de M. le professeur
Genffi·oy-Saint-Hilaire à !II. le docteur J,. N. Roux, à Sa4it·
i}1axirnin. )
�(
J 99
)
formée dès le ·principe de la conception, il nous montre
cette artère se déviant accidentelif~ment, et ·passant par
l'effet des adhérences , de l'embryon aux parties qui
ne dJivent que l'envelopper. Quant à l'influence des nerfs
dans le développement des parties, ce fait n'a pas encore été bien examiné pae lui.
Une énorme tumeur formée a la partie postérieure
du dos du fœtus, a mérité beaucoup d'attention ; elle
a été appelée poche dorsale ou allantoïdienne , et elle
est occupée par un liquide qui remplit les mêmes
fonctions que celui de l'amnios. Suivons un instant M.
Geofjroy-St.-Hilaire : « Les fœtus anencéphales , adbérens à quelques parties de leurs membranes arnhiantes,
existent iatermédiairement entre les poches cle l'amnios
et de l'allantoïde , fesant face à la première de ces poches et ayant l'autre à clos. Étant , quant à la pins
grande partie de son être, baigné par les eaux cle l'amnios,
l'anencéphale y prend tous les développemens des fœtus
irréguliers : il y croît sans obstacle sons l'i niluence
de la force plastique , par le concours cln cordon ombilical et dr~s fh i•lrs noa tTi ciers au-s:quels ce cordon
sert de véhicule. 1Yl..1is, tout au coutl'aire, présentant
tout on partie de sa foce dorsale à la poche de l'allantoïde, dans laquelle ne sont plus que des eaux viciées,
poar la plupart, ancien produit des secrétions intestinales ou urinaires, il tomhe nécessairement, quant à
cette partie de lui-même qui s'est ainsi fourvoyée, clans
les cas de non développement. >1
Si deux poches existent, il doit nécessairement se faire
deux écoulemens cles eaux; ce qui a été ohservé dans
l'accouchem~nt de l'anencéphale de Patare, à la Maternité de Paris. Le premier de ces écoulemens a lie11
lorsque la pocl1e de l'amnios crève; lè second , loi ·sque
la poche dorsa[e est déchirée dans l'expulsion cle l'enfant.
La mère, clont le moral a été assez viTement affecté,
,<
�(
:200 )
pour qae la contraction musculaire ait élé ressenlie par
la matrice, n'éprouve plus les mêmes sensations que
clans les autres grossesses : celle qui mit au monde
l'anencéphale de Cornieville , croyait avoir une bête qai
gravissait dans son corps. En effet, le fœtus vivant 1
mais fixé par le d0s , doit faire éprouver cette sensa.
tioo, par les mouvemens des pieds et des mains 1 ordinairement libres.
En considérant attentivement mon anencépliale de
Bras, on ne peut s'empêcher de reconnaître de grandes
vérités dans la nouvelle théorie de la Philosophie anatomique. Notre jeune femme a été effrayée plusieurs
fois par des objets hideux. Les sensations éprouvées
peuùant la gestation n'étaient pas naturelles; c'étaient
.des terreurs continuelles , et quelque chose qui n'était
pas ressenti par les autres femmes enceintes, ses amies.
pans l'accouchement , les eaux parurent en une seule
fois , cfü-on , et ks membranes se déchirèrent avec un
bruit sourd qui fut entendu au loin : mais c'est peuthre aux difficultés que l'on eut pom· bien considérer
les choses , que l'on doit de ne pas avoir observé les
deux écoulemens des eau:i;:. Je suis persuadé qae la
présentation des pieds et la nécessité d'extraire l'en·
font par les extrémités inférieures , n'étaient daes qa'à
son adhérence avec les enveloppes fœtales. Le lambeau
énorme , mince , à bords saignans , est pour moi ane
preuve convaincante de l'existence d'une poche à dos,
j aRqu'al1 moment de sa sortie du sein maternel.
Je regretterai toujours d'avoir examiné le placenta
av!'c aussi peu d'attention; je me souviens cepend~nt
qu'il était phis petit que d'ordin-aire au septième mois,
qu'il etait moins épanoui et plus ramassé sur lni-m~me.
Si un pareil fait se présentait ·de nouveau à mon oh·
servation, je garderais avec soin le~ membranes et tout
ce qui serait expulsé avec l'arrière-faix , pour m'assa-
�(
201
}
rer dans quelle partie des enveloppes de l'œuf', ont
existé les adhérences. J'ai l'intime conviction qu'a\•ec dll.
soin et de la patience, on obtiendrait des ré.mltats qui
changeraient en certitude ce qai n'est encore que hasardé, les principes établis par le SJVant professeur da
jardin du Roi, n'étant pas encore généralement connus.
De profondes méditations m'ont porLé à adopter les
idées dont je fais aujourd'hui profession de foi ; les
rapprocbemens que j'ai cru entrevoir entre l'observa...
tion el le~ explications données , ont porté la conviction
dans mon esprit. Pu~e le fait que je publie , attire'r
des soins délicats aux femmes enceintes, en prouvanl
combien les secousses morales peuvent porter aLteiute à
la réprodoction , sans contredit , le plus bel acte de
la nature !
L'intéressant mémoire de M. J.-N. Rou~ était composé et
allait être imprimé , lorsqu'un praticien recomrnanrlable de
Marseille, M. le docteur Dunes, à qui nous ven1on" d'en
parler, nous a communiqué un fait crue nous nous em pi essons
de relater ici, bien moins pour remplir l'espace qni reste dans
cette page, que dans la vue de satisfaire à notre rle>oir: le
4 mai 1805 , la 11ommée Vial, demeurant rue Lance1 ie , accoucha de deux jumelles : sur la dernière on ne voyait point
de pariétaux, et des portions du cororal , de l'.occipital et
des temporaux manquaient exactement, comme après la coupe
horizontale que l'on est convenu de pratiquer de la protubérance occipitale à la bosse nasale, afin de se faire une idée
de la capacité du cràne. On ne trouva aucun vestige de l'eacêphale 1 seulemeat deux corps irrégulièrement conformés et
semblables à deux petites amandes , occupaient la base dt1
cràne. Cet anencéphale, né viva11t, fut baptisé el vécut quelques heures; il a été ensuite conservé (lans de l'alcohol et a
fixé. long-temps l'atlentioa de plusieurs médecins marseillais ,•
Bien que des faits analogues aient été observés, ils sont
pourtant. assez rares, pour qu'on ne doive point reg;arder la
commumcatiol'f de celui-ci comme une superfluité, et pottr que
!'on s'em.presse de signaler ceux qui, tels que ce fait, viendront
a l'appui des propositions avancées par d 'excellens auteurs et
soutenues dans le mémoire que nous publions aujourd'hui.
Note du Rédacteur-t;é11éral,
�(- .202 )
T Il 0 1 S I È M E
P A R. T I E:
LITTÊRATURE MÉDICALE, NOUVELLES St:IENTIFIQUES,
MÉLANGES, ETC.
1.•
Di
ÂN.ALYSE
D'OUVRAGES
L'EsPitIT DE SYSTÈME EN MinECINE,
0
( in-8. de
épigraphe:
47 pages. Montpellier,
llllPRIMÉS.
p. Camille Tua1Es;
1822. J avec cette
Ooinionum commenta delet dies , natura judicia conformat.
Cie.
Tao1s motifs me déterminent à parler ici d'une thèse
très-remarquable , soutenue, avec éclat , à Montpellier,
en 1822. Le premier est l'absence du trop mode:te
auteur ( M. C. Turles ) ; le second est cette considération, qu'il est des vérités importantes sur lesquelles
il ne serait jamais intempestif d'éveiller l'esprit hamaio,
toujours distrait et oùhlieux ; Je dernier , et j'avoue
qne celui-ci me presse plus que les antres , est tout
simplement nn on dit. M. le docteur R..... , jeune
médecin plein de savoir et d'~sprit, aurait, je ne sais
quand, attaqué la thèse en qaestioa dans le sein d'une
docte Compagnie ; et comme je porte intérêt à cette
matière, je voudrais franchement , soit poor en profü~r ' soit pour y répondre' que le censeur académique
se décidât à publier ses observations. Res non est parva!
I:.a manie des systèmes est une maladie incurable de
�( 205 )
l'homme intellectuel , à laquelle M. Turle1 attribue une
double ol'igine.
1°, La nécessité d'expliquer les faits épars dont se
compose la médecine , pour s'élever par eux à un ensemble de principes généraux qui mérite le nom de
science i
20. Le caractère même de l'esprit humain, qui s'indigne du doute, qui se passionne et s'égare à la recherche
tle la vérité, divine inconnue, qu'il rencontre bien plus
rarement qu'il ne pense et que son aveugle amour 011
son impatiente curiosité loi fo~t si souvent confondre
avec une erreur qni lai sourit.
Telles sont, selon M. Turles, les causes anciennes et
permanentes de toutes les hypothèses , de tontes les théories, de tous les systèmes passés , présens et futurs.
Enfans éphémères de l'amour-propre on de la faiblesse,
vaes particulières de quelc1nes imaginations fourvoyées,
le temps en fait justice , et l'opinion egénérale à qui
seale appartient le choix des matériaux propres à constraire l'édifice d'une science , ne laisse snbsister de ces
creations imparfaites' que les fragmens impérissables:
c'est-à-dire, les ''érités que le ciel a révélées au génie.
L'auteur après avoir indiqué les causes que produisent les systèmes, signale tour-à-tour celles qui les accréditent. « L'erreur, dit-il, devient surtout dangereuse
• lorsqu'elle s'introduit à la faveur d'un grand nom.
• Parée des coulenrs dn génie, elle surprend alors
• la critique mème la plus sévère, qui l'accueille sans
• défiance, éblouie qu'elle est par le prestige d'une ré~ pntation illustre. Quant aux esprits faibles , rien n'est
• pins commode pour enx que de jurer snr les paroles
1
du maître. Bien pen ont assez de force afin de résister
1
au torrent et de soumettre tout à la coupelle d'1111
1
sévère examen. . . Il y a en outre dans chacnn de
1
nous, une inquiétude vague qtü ne pea.t 1100.s laisser
/
�•
( 104)
• stables m~me dans la possession clu vrai. Il 1wur
o faut dri nouveau n'en fut-il plus aii monde .... et cet
>> axiome philosophique, bien applicable à tous les homme>
,, en général, l'est surtout à nous jeunes gens dont les
» sen,;itions ont toute ·la fraîcheur comme aussi Loule
,, l'inconstance et la mobilité cle notre âge. Si voas
,, ajolltez à cela que le paradoxe porte avec lui qael·
» 1.1'1e chose qui plaît par son étrangeté même, unl
» sorte de hardiesse qui flatte cet · nstiuct cle destruc.
,, tion qui est encore on des élémens de notre mauvaise
» nature , vous oons expliqllerez facilement pourquoi
» des novateurs bardis.. • • exercent one influence si
» magique et font de si ardens prosélytes ,,,
Un moyen qui favorise singulièrement ces canses
exerce an merveilleux ascendant sur la multitude et
agit même sur les esprits éclai1·és, c'est le langage des
novateurs. « Hpmmes d\tn caractère bouillant, d'un
» amour-propre irascible et d'un esprit frondeur; pos.
:i sédant une élocution facile, l'art de séduire et d'en·
)) traîner et par-dessuc; tout cherchant a en imposer
>• par un ton affirmatif et tranchant qui s'allie à one
» intolérance absolue pour tout ce qui contrarie leurs
,, opinions ,,,
Tel est l'auteur de la nouvelle doctrine.
Qnoit{ue jeune et ardent admirateur du génir, qnoiqa'il
ait long-temps suivi les leçons de M. Broi.s.wis, M. T11rlt1
a su résister à l'entraînement presque génél'al et se ga·
rantir cle l'esprit de prosélytisme dans une école oh il
s'agite dans tou5 les sens. li ne con teste à l'auteur de la
doctrine pbysiologiqne, ni son talent remarquable, ni le
mérite d'avoir épeillé l'attention des praticiens sur d11
points d'un haut in térét , ni la gloire d'avoir imprimeà
la médecine une dtrection nouvelle , mais il condamne
cette sorte de pr·oscription q11'11n ~hrf dt secte exerCI
dans la science en dictateur absolu , et lui reproche avst
�( 205 )
~nergie le
ton tranchant qu'il adopte, q11oiqu·it soit trop
souvent le .frul propre à obtenir ce qui n'est q1te juste
et raisonnable.
M. Twùs adressant ensuite sa critique aux analystes
el aux classificateurs, les accuse d'embrouiller les oh jet~
au lieu de lc5 éclaircir , de vouloir ramener de fo1·ce
tous les phénomènes aax lois qu'ils ont imaginées, de
mettre les faits à la torture ;;fin de les faire cadrer
avec leurs opinions préconçues ou leurs idées exclusives,
et pour instr11ire par leur exem1)le ceux qui seraient
tentés de les imiter ou de les suivre. Il fait remarquer
assez à propos que « le siècle qui a d'abord accepté
,, avec empressement ces classifications si compassées,
» a souvent l'insolence de ne pas attendre la mort de
« Je
» leur auteur pour les ou hlier sans retour. » ,, ne venx point, ajonte-t-il, hl:\ mer les classifications
,, en elles-mê111t:s; je leur reconnais an contraire des
,, a\'antages très-réels, lorsqu'on ne les donne pa~ comme
n l'expression fidèle de la nature; c~ soul des méd1odes
» philosophiques qui maltiplient les forces cle notre
• esprit, corn me les leviers en mécanique multiplient
" nos forces l'hysiques. »
Mais quelle ureur Zl'&voir cru qn; lrs maladies
pouvaient être rangées cfons le même ordre que les
animaux et les plantes ... ! Comment nue science cle
faits, d'actions, <le mouvemens vitaux f.i i::ornpliqués et
encore si peu connus poor la plupart, pouvait-elle suJ1i1•
les lois de la règle et du compas? Cette inconveoance
n'arrête pas l'esprit du système, il poursuit son entreprise, ne s'attache qu'l1 ce qui est apparent et snperficid, prend les effets ponr les causeti el clans l'impui$sance de clas;er iles maladies considérées comme des
êtres à peu près inconnus , il se met à grouper de~
ymplômes. Qu'en e<,t-il advenu 7 C'est que les médecins
3o
T. lX. Avril I8'.l5..
�( 206 )
accoutumés par les nosologistes à ne rien voir an delir,
avaient fini par perdre totalement de vue l'étude la
plus importante, celle du .mal lui-~ême; c'est encore
que ne songeant plus à rapporter les symptômes observé!
au siége de la maladie, mais à un cadre nosologique
à une série de phénomènes inexpliqués , réunis sous t~
nom arbitraire dans telle classe, tel ordre , tel genre,
telle espèce, il pôuvait en résulter dans le diagnostic des
méprises funestes. Ainsi l'on pouvait confondre la pé.
ritooite avec l'iléus nerveux, la pneumonie avec le catarrhe pulmonaire, la céphalite avec l~ frénésie, etc.
déplorables erreurs qu'évitera, hien plus sûrement,
1e médecin familiarisé avec l'anatomie pathologique.
« L'altération des organes est , sans comparaison, ce
,, qu'il y a de plus fixe , de plus positif et Je moins
» variable dans les maladies locales : c'est de la nature
,, et de l'étendue de ses altérations que dépend toujours
» le danger ou .la curahilité de ces maladies; c'est par
,, conséquent ce qai doit les caractérise1· ou les spé» cifier ». (1)
Il faut le dire pourtant , tout en avouant que nous
lai devons de belles découvertes, l'anatomie pathologique ne marche que bien lentement vers son but,
et soit défaut de patience dans la recherche des lésions,
soit obstination de la part de certains observ.iteurs à
vouloir isoler celle étude de celle de la physiolo3ie,
elle e.st encore bien loin d'avoir accompli ses magni·
fiqaes promesses. D'ailleurs, ne s'attache- t-on pas trop
anx caractères exterieurs de nos altérations? Suil-on
assez ces altérations dans la composition intime de nos
tissas? Et surtout l'esprit de sys1ème ne s'est-il pas
glissé avec ses entraves dans cette "étude comme dans
les autres 7 Il n'y pas j usqa'aux expériences sur les
(1) G. Brescliet.
�(
207 )
animaux considérées par M. Turles comme un autre
grand moyen de hâter les progrès de la médecine, qui
ne soient malheureusement iuflucucées par cette fatale
manie. Duhamel, Haller, Dethlej, Troja, Scarpa, après
des vivisections multipliées n'expliquent-ils point chacun
selon ses vues particulières , les mystères de l'ostéogénie 7 - Lesquels des vaisseaux lymphatiques ou cles
veines effectuent les absorptions internes? Sont-ce les
vaisseaux lytHpflatiqaes seuls, ou les deux ordres à la fois?
Vous avez consulté sur ces questions des expérimenta.
teurs également fameux : les llunler, les A lard, les
Ribes, les Magenclie; vous avez péniblement étudié lei
résullals cootradictoires de leurs travaux; que savez-vous
de pins 7 Rien qne des idées systèmatiques et les procéllés suivant lesquels ils ont égorgé <les chiens et des
chats, victimes innocente_s et inutiles d·uue ingénieuse
larbarie !
Les e-z:périences tentées pour éclaiii r les phénomènes
sympathiques, les causes du vomissement, celles de la
prngres,ion du ~ang tians ses vaisseaux, sont dans le
même cas. Elles ne nous ont rien appris que des hypothèses et des théories plus on moins vrobables' et
mieux eut valu que leurs auteurs moins téméraires
eu~sent conclu pa1· un modeste -que sais-je 7 Mais, do ..
minés par l'esprit <le système et le désir de prouver
une idée préconçue , one proposition avancée, il n'est
que trop vrai ql!'ils ont vu dans des entrailles palpitantes et à travers des !lots de sang , -.tout ce qu'ils ont
loulu y voir.
Le néologisme dans les nosographies et l'anatomie, le
matérialisme- dans la phJsiologie transcendante , la
vieille manie <le séparer la chirurgie de la médecine
dans l'étude et l'exercice de l'art de guérir, la crimincl)e inllrlélité des observateurs systématiques dans
l'histoire des m.ilaclies , sont anssi, selon 1\1. Turles,
�( .:w8 )
des émanations dangereuses de celle source impure.
To:.tes les erreurs, toute, les irnpostùres, tous les préjagés auciea; et modernes, les sectes de tous les temps
el de tons les lieu , so;1t oés de l'csp-ril de systf.me .
C'e~t encore lui qui enf.iute tous ces co111brzts à coup dr.
plume, où la politesYe est 1·arement la muse qu'on in.
poque, toutes ces divergen ces tl'opiuions , toutes ces
val'ia rio1H de doclriues, tous ces contl'asles de pratique
qui ont sc ... TJdalisé Lous les dges, ex posé le médecin aux
s.1rca ·mes des hcanx-espri ts, et jeté la médecine elle.
même dans un cliscré .lit qu'elle n'a pas mérité.
L'e>p it de système e~t encore pins fooeste que l'ignoraure. C'est nue iguoraoce nctive, aidée des re.isources
l'i:r:;ig;n:ition, des arme> t1u raisonnement el des appart·r:ces Je la vérité. C'est un fl<lan iovi sib!e qui désole
et rav 'f:\e su r tous l1•s points le domaine de l'intelligence : c'e;t un ·~y 1'.rn b po · riLe qui ievêl le ma >que
de la véritP., ari.i de pouvoir rég .1er il sa plac~ avec les
tén èb· PS j !\Lli donne Je ch.inge a Cet ardent et noble
am •u1· cle notre âme pour L'immortelle étrangère; qui
~rr~te 1e g611~e dao~ s•">o es or, lui conpl' le. ailes et le
plo11ge cLrns le deJale ,1bicur des conjectnres ..... Et
C"pendaLJt il ne faut p1s ~c' j P-te r à corps pertln dJus uae
roule sem~e d'écueils el d'abîm ~ s : il fout hieLJ une règle de cont! ni e d'où l'on ne dëv ie jam;iis. A qnel chef
tle .ec te, 4 (1uel systèrne s'alla c hcr, si , lrncuu d'eux peut
nous éf(arrr, si l'a utori té d'an seul rsl.loujours plus 011
moins mfnsonp,èrP? M. Turles semble se décider pour le
d1ute mé !!n~lique ou l'éelectismc>; je ne crois p<•S pourtant 11u'il ,,dople cet édecLisn1earhitr<ilree1 p .1 r co115eqnent
sy>témnt ir;·«', 1p1e M.. Broussais a combauu clans son
eXQl/b "I. , rn ,}S \'éclectisme le plus éclai ré , le pfns pur
CJUi P' i'S" . ê t r f• couçu Ll .ns l'é tat actuel de nos COOL~:l.ÎS
~(lllÇt!S , celu i qni da us le 'ours des dges et au md1ea
ae
d.ea 1•êvolu~lons iutellectuelles p1<ébide il l'éïminalion de
�( 209)
l'erreur, à la formation des sciences et à l'étahlisseme11t de,; prio cipPs invariables dont elles se composent:
celui qui se dcfi~ d•' s iùées particulières , qu'elles lui
soieut propres ou non , le~ sou 111et à la raison générale
avant de les admellre, et prlrcède à es investigations
tenant d'une m.tin la balance d.e Montaigne (1) et de
~'antre le flambeau de l'autorité.
M. Tnrles, dont la plume n'est pas novice, a semé
dans sa précieuse disserlalion tous les chann~ s dont elle'
était st1>ceptihle. Son style est toujours pur, clair, élég.1 nl et souvent élevé. On me saura gré <l'en transcrire
ici nu fragment que je prends, sans choix, à l'endroit
oh je me trouve , c'est-à-dire, à la derniere page; il
parle cle la digoité de son art. Pnrtageons son enthou1
.
s1asme.
" L'exercice de la médecine est n ne sorte cle saci>r» doce qui demande , pour être rem nli avec dignité 1
» uae vie sévère et toute en Li ère consae; , ée à l'élude, un
»esprit élevé et une âme tout ù la fois douée d'une
n sensibilité exquise et de heaucoup de forr.e morale.
1 Que celui qui se dévoue à son culte se pénètl'e donc
» bien de la sainteté de son miùistère, et que semblable
»au Législateur des Chrétiens, son passage sur la terre
» ne soit marqué que par des bienfaits. Si les cris de
• l'envie, si les refus de l'ingratitude ne respectent point
• sou repos, le témoignage de sa conscience et les hé" néùictions de !'in fortune sauront bien le consoler <le
• quelqL1es peines passagèr~s. Peut-être même qu'un jour,
» si sa grande âme trouve à se signaler par un géné• reux dévouement, la gloire aurn pour lui des palmes
» et la patrie-de, autels. »
p
ELACY·
fi ) On représente le philosophe 1Uo11taig11e les yeux fixés sur
les bassins d'une balance en équilibre, avec ces mots pour
devise : Que sais-je • .• ?
�(
210 )
LI lopcgrapltia di Palermo e siioi contorni; per il sig"ore
Dominico Sc1NA, projessore di .fisica experimentale
neli'U1tiversita di etc. ; c'est-à-dire , Topographie de
Palerme et des environs, pe1r le D. Serna, professeur
de physique expérimentale dans la même vill_e ( Imprimerie royale. Palerme 1818, in-8" de 292 pages.)
lx. y a peu d'années que la France voyait éclore
chaque jour une on plusieurs topographies de chacun
de !es départemens, ce travail aussi utile aux gourer.
nans qu'aux gouvernés est totalement abandonné, aussi
deYons-nous de grands éloges à ceux qui ·en surmontant
les dègotrts et les recherches nombreuses qu'exigent de
tels o~vrages', nous enseignent toutes les sources des
richesses nationales, Le mot de topographie est assez mal
a ppliqué à on travail de cette nature; c'est celui <le
natistique qu'il f;nt· employer, on à l'imitation de fen
le savant Oberlin, celai de chorographie, parce que non.
seulement l'auteur doit s'occu·per du sol proprement
dit, mais encore des richesses scientifiques ou productives
C)l•'il renferme, des animaux qui ne sont point la moindre
Iles propriétés, des monumens publics, de& établissemens d'industrie, etc. L'habitude a heureusement dépassé
le.o> limites posées par l'expression de topographie qui
devrait être résenée pour le chapitre d.ms lequel on
décrirait les lieux, le cours des eaux, etc.; celai de chorosraphie employé par Oberlin , exprimerait la collection
de tous les points traités par l'économiste. C'est dans
fouvrage de M. Scina qae l'on peut facilement remarquer ce contraste des dénominations avec l'etendae des
matieres. En effet, la physique, la minéralogie, la geologie , l'agriculture , etc., rendent son ouvrage d'an inté1·êt fortn étendu et nous devons avouer que c'est peutêtre le seul reproche bien fondé que l'on paisse lui
faire. Nou! allons jeter ?n coup-d'œil rapide sur chacun
�(
21 I
)
des articles en respectant le plan àe l'auteur , afin de
permettre à nos lecteurs de saisir plus facilement l'ordre
de son travail.
La célèbre Palerme est connue de la plupart de~
P"rsonnes qni ont voyagé en Sicile, ou de celles qui ont
profité de leurs écrits. Cette ville superbe est placée sur
la côte septentrionale du royaume de Sicile : l'une de
ses faces est opposée à la mer au nord-est. Si l'on peut
justement compa rer Madrid à un cercle parfait, l'on
peut dire que Palerme est on carré qui ne l'est p:n
moins, sa situation est des plus pittoresques; elle est
dans une plaine entourée cle montagnes qui sont u11
embranchement des Ne1'rodes , aujourd'hui Madoris.
Ce pays est rempli des déhris de la grandeur romaine
et<le Palerme même, si l'œil de l'antiquaire parcoort9
ce magnifi,1ue amphithéâtre , on voit à l'est un mont
recouvert des ruines de l'ancienne Solventum édifitk
par les fondateurs de Marseille , si tu t ~ion que nous
comparons avec assez de j ustes~e, peut-être , à celle de
Sagonte auprès de Munviedro. Vers le snd, est le mont
Grifone, d'oü l'œil découvre le spectacle le plus enchanteur et de tous les côtés. Vient ensuite le mont
Falcone 1 dont les formes rappellent assez celui d'Atlas,
elles arrêtent un moment la curiosité des voyageurs~
peat-être plutôt par la prévention que par sa hizar.
rerie, parce que le peuple le nomme tête de César.
Au su<l-ouest, on voit la petite ville de Mont-Réale célebre par la fertilité de ses campagnes, la beauté de
les sites, et le nombre de ses Yilla : on pourrait la
considérer plutôt comme nn fan bourg de la capitr1le ,
q1e comme uue ville parfaitement distincte, puisqu'elle
e;t réunie à P.rlerme par une chaussée magnifique,
lre;-droite et ornée de plusieurs fontaines.
Entre le mont Caputo, qui domine Mout-Réale et le
Mant.Cuccio, est une vallée enchanteresse au - dessus
�(
2.12 )
d.u ni veau de la plaine; au nord-ouest, est le Castel ..
hccio et a11 nord le Gallu , celLC dernière montagne est
très - remarqU<1blr. P'' r le gra11tl nornhre de grottes
qu'elle renferme et dont r1uelques-uues servent c.'asile
à de familles paunes; j'aimerais assez 11 comparer eelle
nouvelle ville à un village situé en l'roveoce , dont
les maison;; sont bâties on mieux t.Jil iées dans le roc
et qui para1t êlre des plus anciennes; elle fot aperçue ou
découverte il y a quelques anr.ées par lleux élèves cle l'école poly1heenique envoyés par la préfecture .au Hhôoe
clans l'iutention de rechercher dPs monumens 11ntiques:
Je ne sache pas qu'ils en aien~ puhlié la description, mais
lè mérite de ces savans nous en garantit la vérité et
l'inté1 êt.
Entre le cap Gallo et Mont Réale s'élève l'Ercta des
anciens ( Monte-Pclegrino ), célebre par des souvenirs
militaires (1) et religieux (2). M. Scina donne )à hauteur de chacun de ces monts , d'après les mesures an·
glaises. Telles sont les. matièl'es qne nous nous plaisons
à rar.g~r dans la topograpoie proprement dite. Ce qui
suit est ce que neus uommerous statistique et mieux
dy r::imistatistique.
Cet.te zôue de montagnes n'offre point cette aridité
horrihle de la majeure partie des monts en Espagne;
c'est la fertilité des. n1tioo' civifüées. Elles sont toutes
]10isees à leur uaisrnnce , bien cultivées sur tons les
p oints oi.1 les moines n'ont aucune propriété.
L eurs anses est à pe11 près comme tontes celles des
monts Kérites ; elles sont en général recouvertes de
.hruyeres, etc. , et forment aiu si on aliment à·la richesse particulière des travailleurs, et par suite au
Gouvernement.
(1) Pyn·hus v livra une ha taille aux Car1haginois.
de ces
(:i) Sainte Rosalie, patrone de Palerme, habita une
gl'ottes.
�( .21~ )
Les descriptions minéralogiques renferment une n~
tice sur une chaux carbonatée , dont l'emploi était
très-fréquent dans l'ancienne médecine ; et dont l'usage
n'est point· entièrement perdu de nos jours; elle fot
connue tour-a-tonr sons les noms tle magnetifère pulvérulente ' de voudre catholique' d'élixir vitre' etc.
Les montagnes , comme la plupart de çelles que l'on
a observées jusqu'ici, semblent pour quelques personnes
attester l'existence da déluge universel; M. Scina, qui
ne partage point cette opinion calculée , présume que
les eaux de la mer les ont long-temps recouvertes. A.
chaque p as on trouve des bancs de coquillages.
L'ouvrage de M. Scina n'est pas moins remarquable
par les détails économiques, statistiques, topographiques,
etc., que par les connaissances en antiquités on en histoire. Dans sa description des Madoris, il désigne deux ri·
vières que les anciens confond aient sons la dénomi1tatioa
d'Himera , et dont les cours suivent on sens parfaitement opposé ; elles servaient autrefois aux deux quartiers de la Sicile, et aujourd'hui elles font les limites
de deux divisions de l'île.
L'auteur passe ensuite a un examen très-réfléchi sui;' •
femplacement de l'ancienne Palerme { Panormus ) ; il
prouve qu'elle est de formation sous-marine. D Jns tout~
la plaine, la terre végétale est peu profon?e ; la, l'eau
de la mer apporte la terre pour y construire une ville;
ici, elle engloutit une cité superbe. Les recherches géologiques prouvent que le terrain le pins récent de l'île
est celai sur lequel les Phéniciens assirent Solventum.
Des sources nomhre~ses combattent avaatagensement
l'uridité que devrait entra.îner l'état habituel de l'atmos.
phère. Tout concourt à faire de P alerme un vrai
paradis terr-estre; aussi tout respire l'aisance et l'industrie cle la civilisation. Les sources ne sont pas moin1
lr
T. IX. Avril i8'la.
�( ~ 14 )
abondante11 dans la ville que dans les r.hamps; ell~s y
ver3eat contiuuellemenl u11e ean saÎnf', 1impi<lr, grca·
}>le et ll'nae tempér<1tu1·e i.i peu prAs eon.st.iote.
M. Scina n'a point ouh 1ié d'e11r1chir son ou1ragp de
tables thermométriques, empruntéPs à l'ohservatoire de
Palerme et éwblies p.1r le prort::~s~ur fllr1rabiti : Pn
sorte qu'il conste que cldns Les ch,11np~, la chalPur atm ,s.
phé1·iqae est ile 14 clegréb 88 cf.n tiè1nes, et cellP de la 1·ille
de 15 J ... grés28 ceutièm.,s. L,1 t<::mpér.iture la plusélPvee,
depuis 1795 ju~qu'en 1815, a été de 34 Jegrés, et
la plus hasse d'un degré au-llessus de zérv.
Des détails botaniq11es très - iutére;saos sur un pays
oh ni la neige ni la gelée ne foot point di,,paTaÎlre lei
fleurs les plus variée3, n'ernpêcheut point l'auteur de
Se livrer à l'énumération Jes plantes exotiques qui poar•
raient être naturalisées sur uu bül .tUSbl fertile et aussi
magnifique.
A près avoir examiné la tempéra tare , le flux et le
rfflux de 111 mer, il passe à l'etude des êtres vivans qui
peuplent le sein des eall'X; il s\)crupe surtout des vegétaux eL dei animaux aquaLiques reniarquahles ou
utiles.
Nous 1lé>irons que les lJornes étroites dans lesquelles
mous sommes obligés de nous renfermer, u'uieot poinl
nui à· l'intérèt que doit inspirer une éta<le sembl.ihle,
et en particulier l'ouvrage de M. Sdna. Si nos applau·
di s~etnens pouvaient servir d'encouragement pour ces
recherches vr.iiment nationales, nous serions plu~ que
récompens1is d'avoir fdit conol!Îlre à nos lecteurs un ou-
yt·age aus~i remarquable.
PIEB.Q"CIN '
D .• M.
�(
12• R:tVUE.
215 )
DES JOURNAUX.
( Journaux F1ança,is. )
( !011mal de pharmacie , etc. Suite dri m('is de septembre et mois d'octvb1 e 1824 ) - M. livttot p · opose un
nuuve.1u proeédé pour ex1r;ii1·e la morphine; il consis•e
dans l'emploi <le l'ammouidque au lieu de la m.1gnésie ,
pour précipiter la 111or 1ihine <les solu1ioo~ aqueuses
que l'ou a fa ilé> de l'opium du commerce. A cet
effel, 11 donne le procédé suivant : prenez : opi111u
du commerce un kilo. Faites macérer a froid dan~ eau,
quantité suftisdnte, pour épuis~r le marc; Tam2sSPZ les
liqueurs; évaporez jusqu'à ce que le liquide marque 2
degres en~irou ; versPz clans le liquide à demi refroidi,
ammoniaque, quaotilé suffisante, pour tiue la liqaeul' soit
neutre ou très-peu alcaliue, en,·iron 8 grammes; laissez
deposer la matière gras'e, décantez, ei ajontPz de uou ..
veau, ammoniaque liquide, qnanlité suffi. ante ( 64 ·gr.),
laissez déposer 12 heures, j etez le précipité sur un
filtre, lavez-le à l'eau froide, pais LraiLPz par alcoliol
a3.f degré ·, 3 kilogrammes, charbon animal 64 grammes:
faite, clldoffer au bain-marie , el lor,que l'alcohol sera
lumillaal, filtrez; par le réfroi<lissement , la morphine
se precipite en cristaux dont le poids sera eri,·iron de
6 a 8 grus.
L'•lcohol rectifié servira pour les opérations ultériPUres.
--- M. R ·1binet propose de prévarer le sirop d'ipécacuauha privé des pri11cipes gomlneu~ Pt am}lacés qui
contribuPnt simu :tanémPut et à trouhler ce produit
ph .. rmaceui iq~e et à en fworisrr la fermentation. En
sni1an1, dit-il, les propo rtions données par le codPx,
ie concas~e 8 onces <l'i pé ·acuanba , jP ve1»e dessus 7
livres ll'eaa, eL je faiit bouillir un quarl-tl'heure. Je
�(
216 )
passe an travers d'an tamis de crin, et laisse refroidir.
Alors j'ajoute à la décoction 3 pintes d'alcohol à 360;
par cette addition , tonte la gomme et l'amidon sont
précipités , se séparent da liquide sous forme de floc.o ns, et permettent de filtrer avec une grande fai:iUté,
La Jiqneur obtenue ainsi, parfaitement limpide, je l'introduis d.,ns le bain-marie d'an alaruhic , et je distille
j1,1sq11'à ce que le produit passe presque insipide. D'nne
autre part , je fais fon~re 12 livres de sucre dans
peu d'eau , je clarifie avec le blanc d'œaf, j'écume et
je verse çlans le sirop le résidu de la distillation contenu
dans le bain-marie. Je cuis au degré convenable et je
passe sur une laine.
-- Parmi tant de substances proposées poar remplacer
le café , M. Vogel, de Munich , signale ]es graines de
l'astragalus bœticus L. l\Liis moins enthousiaste que })ien
d~antres, ce savant pense que cette légumineuse ne peut
être employée qu'avec , partie égale de café; ce qui offre
toujours une économie réelle, si, toutefois, le goût n'a
rien à regretter.
On doit torréfier les deux semences séparément, I'astragalus atteignant bien avant le café le degré de torréfaction convenable.
--- MM. Payen et Chevallier ont iodiqué deux procé.lés pour appré<1ier la saleur des soufre• de Sicile que
l'on emploit dans la fabrication de l'acide sulfurique.
1 Le premier consiste à priver de l'humidité un échantillon donué ,•pesant cent grammes; on le pulvérise et
on · le fait dessécher à l'étuve, sur un bain de sable 011
sur la tahle d'un poële. On pèse de nouveau l'é~ban
tillon et on tient compte de sa di~inution ; ensuite on
le . so1unet à une combustion complète, à l'air -libre,
d11ns nue capsule de ter.re cuite 011 de platine, placée
sur des charbons ardens : on observe de ne pas élever
la température jusqu'a11 roDge-hrun. ~près le iéfroi-
�( 217 )
dissement , on pèse le résidu de la combustion:, et ·
addiLionnant cette quantité à celle reconnue par la
perte de l'humidité, on obtient un total qui, soustrait
des cent grammes, donne pour résulu1t touLe la quantité de soufre capable de fermer l'acide sulfurique.
Le second procédé, moins simple , consi5te a sublimer on échantillon de soufre dans un appareil convenable , et à le priver ainsi de son hllinidité et de ~ei
impuretés , et à les soustraire de l'échantillon sul' le·
quel oo a opéré.
-Nouvelles d'histoire naturelle. -- M. Virey donne une
notice sur une nouTelle é corce aromatique , fournie par
l'alixia aromatica, introduit en Angleterre sous le nom
Reinvardtia ojficinalis ; elle ressemble à la canelle
blanche, elle est assez mince, roulée sur elle-même, cl'nn
blanc jaunâtre en dedans, d'un tissu presqué subéreux.
Le liber intérieur est roussâtre , l'épiderme pen épaia
est cendré , jaunâtre et lisse.
-- On obtient par la distillation des sommités fraîches de plusieurs espèces d'arthemisia et de santolina,
une huile volatile connue sous le nom d'huile de barbotir1e, qai est presque blanche, limpide, d'une odeur
moins forte que les fleurs ou les semences de ces
plantes, moins déplaisante, mais pl1_1s térébenthinacée.
On l'emploie comme vermifuge, et possédant celle vertll
sous un petit volume ; on peut la substituer avec avantage aux plantes qui la fournissent.
··- Dans. un traité zoologique et physiologique sur
les vers intestinaux de l'homme , par M. le docteur
Bremser , traduit de l'allemand par M. 111 docteur
Grunler, on trouve l'énumération de plusieurs espèce5
de vers qui s; rencontrent dans les diverses parties du
corps humain. Tels sont : le .fttaria medinensis , ou
dragonoeau da tissu cellulaire de l'homme; -- le tritOcephalus dis1:ar 1 dans le cœcum de l'homme ; --·
�( 2
i ~ )/
l'oxuris vermicularis, dit a~c -i ride vermicnhire clo rec.
tu ni 1 chez le, eufaas, ·urtuut ; ••• le spÎI optera, qu'on
a trouvé dans la ve,~ie uri1wire de l'homme ; --- le
strongilus gigar, le> si ron~IP g<'anl des reins de l'hommp;
--· !'ascaris l11111bricoï 1es, le lurnhricoïde des intestins de
l'homnH•; --· le distoma hPpnticum , la douve clu foie
de l'homme et des ani maa'X ; --- li> po!ystoma pinguicola, dans les ovaires de la femme; --- le bothrioœph.:lt.s
latus ( tamia lata ) , le ycr solitairf' large, d"ns les
i111estinR 1 hahite surtout en Fr.ioce, Suisse, Russie;--·
le tœnia so{it,nz, le cncn rbitain , hi. bite sur tout en Al.
leruagne, Augleterre 1 Hollande. l'Orieut, etc; ··- le
cystic. 1·cus ceUubosus du tissu cellulaire cle l'homme, esi
l'h_vdatide ; --- l'echinococcus homini$, trouvé qan~ le
ceryean de l'homme.
M. de Blain.ville, qui a : jouté un appemlice à crt OO·
,.ra~e tout réceniment publié, a déci it un vers inte:-tinal
de l'homme· soui le nom de m·thorhynque.
(
phy>i•1Logiq11e, mars 1825 ).
- Tl'aductio11 de L'éxtrait d'un mémoire intitulé: c:nNr i .1TACIO .v, etc, c'est-à-..-lire, réponse a11xque1"tio11s refa.
lives aux épidémit's qui ont rég11ê à Xùè~ d~ la Frontéra
durant lt's anné<s , 3.,0 el 18:u , ad1 essét: par AJ,
le Consul francais à Cadix, mt n om de son Go11vrr•
tzement, à l'illrtstre j uite constituti.nnnelle de cette "f?i//e
A..•NACEs de la médrrine
{ Xérè.r J pn.r l'organe de son prPrnier alcade; par
don Jt1an-Antonio FERRAN, D.-M. à Xé1 ès de la Froa·
tél-a : pièce communiquée par M.- le D'. Cnrnv1N,
« APRÈ.~ beaucoup dP -détails snr l'or:gine el les progrès
de ces épidémies, dit M. Chervin, l'au1eur termine >OD
intéressant mémoire par uu huitième paragraphe dont,
pour pins d'authenticité nous allons donner l'e:1;trail e.11
J.,ogue espagnole ( 1 ). o
_(1) L'auleur se livre ici à des considérations lrès-inlérmant~
�( 2
rg )
Nous nons bornerons à reproduire ici la tradrtctiott
exll'ait et les judicie1t>es réflexion~ qui la ~aivent.
« Q11elle est l,1 méthode la plus st'1re pour sa guérison
(la fièvre jaune ) ? J'avoue ingé ooment que, ju,q~'à
celte dernière épidémie, j'avais cru que la fi êvre était,
dans celte maladie, le mal essentiel; que les épouv<li;ttables phénomè nes qae l'on y ob~erve avaient lieu en
conséqDea ce de la disposition des mal:.des et des iofluencrs de la ~ais on, e~ j e les consi<lPrais comme des symptôme• de la maladie. Le plan de traitement que j'adoptai,
fut le même pour tous les cas : je s .ignai; quelq11efois;
je prescrivais des émé tiquPs , Leancoup <le purgatifs,
et, ~bez tous les ma lades indistinl'temenl , j'admini~trai1
le quiuquipa avec plus ou moins de profusion •••• Lei
ré,olta ,s étaient. cons tamment les mêmes : le nombre des
morts étdit toujours excessif, eu égard aa µombre de
crnx qui tomhaient m alades et de ceux qui guérissaient.
Ces fâcheuses conséquences, si souvent répétées, me
firent chauger d'idée. L'op '. nion qui classe cette maladie
parmi les phlegmasies, et qui considère les symptômes
qu'elle présente comme un résultat de la lésion intlamrnatoire que les dis: ec lions ont manifestée dans l'appareil
gastrique <le ceux qui ont succombé , était parvenue
jnsqu'â moi. Je me proposai de faire, à ce sujet, des
observations décisives; et, pour y meure la plus sé,·ère
exactitude je me cba1:geai d'an petit nombre de malades.
de cet
1ur la natu_re de la, fièvre ja~e qu'il regarde, avec heauco·tp
ie raison, comme une phl gmasie des voies digestives, 011
une g1slro-entérite, qui contre-indiqu<' l'emploi de s remèdes
1limulans, et exige un traitement anti -phlogistiquP, Comme
te sont des vu-es gé11érales, on les suppl'ime pour passer de
luile à ce qn'il dit, d'après sa propre pratique, qui a pré senté .
des resnltats lei pJ l!S heureux qu'on ait peut-ê tre jam ai< obtenus d.1ns le lra~lei;u,~ut de cette terrible malad.ie ( Nute de
~J. Chervi11. )
/
�( 220)
Pendant toute la dorée de cette dernière épidémie (18 21 )
je ne soignai que trente-sept malades. Le premier fat
traité suivant l'ancienne routine ; il monrnt le septième·
jour, avec tous les symptômes de la dissolution, de la
gangrène et dans un état de désespoir. Des trente-six
restans, trente-quatre furent sauvés, et deux moururent:
$ur ces deux, l'un avait été guéri, mais, ayant commis
des excès durant la convalesoencP., il éprouva one re.
chute et il péril: l'autre succomba ati.x suites d'une
parotide qui avait jugé la fièvre, mais qui ne prit pa1
tout le développement que cette maladie Hige.
Le plan curatif que je suivis chez ces malades fut
anti-phlogi~tiqoe dans tonte la rigueur de l'expreb1iou:
évacuations sanguines locales répétées selon le besoin 1
boissons délayantes, tempérantes, gommeuses, très-légèrement acidulées; diète extrêmement legère, sina·
pismes souvent répétés sur les extrémités , lavemens de
même vertu que les boissons, c'est-à-dire rafraîchissans
et tempérans 7 fomentations analogues sur l'abdomen, habitation bien ventilée et d'une température toojoars
fraîche; soin constant d'entretenir la propreté dans la
ch&mbre du malade , dans son lit et autour de sa personne.
Les résultats ont été telleme.nt heureux , ainsi que
ie l'ai déjà dit, que si on les compare avec les étal!
nécrologiques qai précèdent, on trouvera qu'en 1820 lé
nombre <les morts était de trente-cinq sur cent, et
qu'en 18:1.1 il s'élev~it jusqu'à ciaquante poor cent( en
suivant l'ancienne méthode ) ; tandis que sur les malades
dont je m'étais chargé dans cette dernière année, les
décès ~e réduisent à un peu plus de cinq poar cent.
Celle différence remarquable cle trente sur cent dans
la nremière de ces deux années et de quarante-cinq
'
'
['
dans la seconde , en faveur de la méthode auti-phlogis.
tique , paraît devoir lever toute espèce de doute et fixer
�-( 22 1 )
défiaitivement l'opinion des praticiens sur le traitemen'
qui mérite la préférence. Je conclus que l'anti.phlogistique doit être considéré comme le plus sftr, le plus rationnel et le mieux approprié à la nature de la fièvre
jaune.
Xérès de la Frontera, le
20
février
182:1..
Cette copie est conforme à la réponse qui fat faite
aax questions que M. le Consul français, résidant à
Cadix, adressa à la municipalité de Xérès, par ordre
de son gouvernement.
Signé : Ju.A.N-Â.NTONIO FEl\RA.N.
" Il résulte de ...cette pièce intéressante que la fièvre
jaune, traitée suivant les préceptes de la doctrine physiologique, ne serait pas plus menrtrière que nos épidémies les plus communes et même que nos maladies
aiguës sporadiques les plus ordinaires ; car quelle est
celle oh l'on ne perd pas cinq malades sur cent ? .. ,
Et que penser cle ces commissions que notre gouvernement a envoyées à grands frais observer la fièvre
jaune à Cadix, à Barcelone, etc.? L'orgueil avait emp~ché les membres qui les composaient cle prendr:e co11naissance, avant leur départ, d'une doctrine qne tous
les élèves étudiaient depuis long-temps, et qu·une foule
de praticiens honorables s'empressaient cle soumettre au
creuset de l'expérience. Arrivés sur les lieux , ils ont
surirrité lenrs malades de toutes les m ;:nières; sulfate de
kioine à l'inté:-ienr, moxas à l'extérieur, etc.; et l'on
trouve ponr résultat des rar ,·orts qu'ils ont pullliés '
que la fi~vre jaune est une maladie contagieuse , ter.
rible, dont le siége n'est point déterminé et dont Jes
remèdes ne sont point connus. Comparez à ces hommes
<le coterie un honnête praticien des colonnes d'Hercule ,
qui, snr le simple brait qu'on a classé la fièvre jaune
T. IX. Avril
18~5.
31 *
�( 222 )
an rang cles phlegmasies, croit sa conecieuce et 500
honneur intéressés à véi'ificr les effets clu t!'aÎltment
anli-phlogistique: et vous jugerez de Ljad cûté es, l'a.
mour de la scieuce et la philantropie .•.. l\foiHomment
le rapport dont nous n:nons de donue:· un extrait, n' .. t-il . été cité par perwnne '? •••. Le rne<lecins charges
d'éclairer le gouvernement sur le,; qur-•,tic;us de saluliri1é
JlUhlique en onl-:ls eu connaissance? .... Gardons-nous
de pousser plus loin ces questions. Les gens de. bien
nous entendront et les juclicieux essnis cl les l~Îscussioos
impartiales du savant el modeste Fermn ne seront point
perdus pour l'humanité.
Nous· ne pouvons terminer sans ajouter qu'ayant ha.
bité Xérès en· 1B10, 181 c et J 812, nous avons connu
le vénérable docteur Ferran, le doyen des médecins
de cette ville, et celui sans contredit, qui joui~sait alors
de la plus haute réputation. Tels sont ponrt:int les hommes
auxquels de frivoles libellistes po risieos adressent cles
invectives pour mériter les bonnes grâces des chefs de
la coterie à laquelle ils se sont dévoués.
--·· ( Le propagateur des Scie11ces médicales, 1825.)
«< C'e5t par er11eur que dans le compte rendu de la der.
nièœ séance de la Sociét~ de pharmacie, les réclocteurs
du journal de pharmacie ont qualifié de remède secret
la mixture brésilienne de M. Lepère. En eu puhliant la
formule, d'après la Gazette de santé, nous croyons faire
plaisir à nos lecteurs, qui sans don Le àimeront à connaître un médicament iostement estimé.
Mixture brésilienne lir4 .ide : ban me de la Mecqne dn
commerce, réduit en consistance de manne, 120 parües;
ban me de copahu très-par, 360 parties; extrait ,pilulaire de safran, une partie; F. S. A.
Mixture brésilienne en pâte: mixture brésilienne liquide,
112 parties; bau me de la Mecque réduit en consistance
de manne , 224 parties; F. S. A.
�(
225 )
No~s croyons également ~tre utile en..-donnant la composition d'un autre médicam{'l11t <fU~ prépare M. Lepère,
et qui est dt'puis lung-temps emplo.~é avec succès contre
ks fleurs blanches : résine de cu])èbe, deux scrupules;
huile volatile de cuhèbe, 2 goutte::; poivre noir, 2 gros;
baume de copahu, 1 once; baume de canada, 2 onces.,.
Journaux Danois.
( Biblioth. for. lœger, 1~h4, cahier 1, et Bullet.
des Sc. rnéd. ) De l'emploi de l'huile de ricin, en petites
doses, parie chirurgien HoLMER. -- « Pencbnt son séjour
anx latles- Occidcntales et dans l'Amérique méridionale
en 1822 et 1823, l'auteu1·, chirurgien de vaisseau, s'est
convaincu de l'u Lili té de l'huile de ricin. Aux J ndes, cette
huile esl d'un usage général , non-seulement au commencement cles traiterut>ns pour toutes sortes de maladies, mais
au1si périodiquement, par exemple tous les mois, pour obvier aux efi'ets pernicieux de la chaleur da climat sur
les organes digi>sti fs. On s~it que presqne tous les nouveaux débarqu.!s éprouvent ces effets; que che1. eux la
constipation el !;1 diarrhée altenwnt avec la c0lique, ou
y sout jointfs; qu'ils penknt l'appétit, qu'ils oot des
maux cle tête, des vertiges, etc. Quelqnefois le~ douleurs se concentrent au cardia et deviennent si aiguës
que le moindre mou \•eme nt du corps ou le plus léger
attouchement les auglllente: il en r ésulte pour les Européens 11011-acclimatés, une gastrite qui se transforme
quelquefois en hépatite et termine rapidirn1ent tes jours
tlu malade. D'autres fois le désordre causé dans les orsanes cligestil's, se manifeste 'fJar une coustipdtion qui
ré,iste à tous les lave mens et purgatifs! . .. Contre tous
ces accidens,- l'huile Je ricin, donnée par cuillerées 'à
thé, 2 à 5 fois par jour, a paru très-efficace. Sur 120
homme~ qui formaient l'équipage de la corvette cldnOÏ5e
la Naïade, plus des sept buit ièmes forent attaqués <le
la ..iiarrhée après un séjour d'une huitaine à St.-Do-
�(- 224 )
mingue, sons 88° à 92° Fahr. de chaleur. Dans les cas
où les malades étaient d'abord constipés, et rendaient
ensuite du sang et, point d'excl'émens, M. Holmer commenç;iit par donner une close entière, afin de produire
une évacuation convenable; il la faisait précéder d'une
saignée, Lorsque Le malade était sanguin, avait une
forte fièvre, et épronv<1it des douleurs opiniâtres. li
prescrivait ensuite l'huile de ricin par cuillerées toutes
les -2 heures , ou 5 à 6. fois par jour, soit seule, soit
alternativement avec 20 à 3o gouttes d'Hoffman; il diminuait successivement la dose jusqu'à deux cuillerées
par jour. Quelquefois les douleurs et aut1·es accidens
disparais~aient, mais la diarrhée ne cessait pas complètement. Dans ce cas la teinture de rhub arbe avec la liqueur anodine ou la décoction blanche ( selon la pharmacopée de l'hôpital Frédéric ) avPc la teinture de
rhubarbe oo quelque chose de semblable , remédiaient
à tout. L'auteur eut deux cas d'une constipation opiniâtre à traiter. Dans l'un , les lavemens et l'huile de
ricin prise intérieurement à dose ordinaire, furent sans
effet, les douleurs continuaient, ce ne fut qu'après une
~aignée que l'huile se montra efficace. Le second individu fut guéri après une saignée préalable, par l'emploi
ahernatif de l'huile de ricin ( jusqu'a 2 drachmes) et
de l'opium. M. Elolmer eut lai-même une affection des
organes digestifs, compliquée d'une fièvre ne'J',•euse et
d'une oppression de poitrine assez considérable qui, négligée d'abord, fut, par suite des accidens survenus,
traitée avec plus d'attention; néa1;1moias, dans l'espace
de 3 à ,l semaines, l'ir~itation du canal intestinal fil
dégénérer l'oppression en un asthme complet. A la suite
des symptômes indiqnés il se déclara enfin one cardialgie; mais l'huile de ricin ne contribua pas moins
que les sangsues el les autres remèdes aoti-phlogistiqoes
à faire disparaître la maladie. Pour ôter à l'huile de
�(
225 )
ncm son gottt ordinaire, qui répugne à beaucoup de
personnes, M. Holmer propose de la déposer doucement
3l'aide d'une cuillère, dans un verre d'eau froide, sur
du sirop blanc, et de couvrir la surface de quelques
gouttes d'esprit de lavande, en sorte qu'en avalant la
boisson, on ne goûte que le sirop el l'esprit. M. H olmef
laisse aux médecins à décider jusqu'à quel point, da us
les contrées du uonl , l'huile de ricin pourra servir
de reinède contre la diarrhée et la d vssenteric. »
241. el Bul.
·-· ( Nye I:lygœa, niars , 1824 ,
des Sc. méll. ) Emploi de L'luàle de c;yp_rès contre les
vers. --- « L'emploi qui' l'on fait cles fen illes de f')'près dans la France méridionale , en les m ellanl dans
le linge et entre les habits pour les pré~erv1H des vers,
fit penser à M. Lichte:istein, négocia ut à Montpellier,
que le cyprès contenait une huile '!olatile mortelle pour
les insectes. En conséquence, il distilla les feuilles, et
en obtint une huile d'une odeur très-forte qui fut lJ'Ouvée
en effet mortelle pour les vers. li envoya ile celle huile
à son frère, le professeur Lichte11slein, direcleur <lu
cabinet d'histoire naturelle à Berlin, qui essaya d'en
faire usage pour conserver les objl'ts empaillés, et la
lt'ouva très-utile pour cela ; il condat de cetle expérience que l'huile de cyprès pouvait ~tre égalemrot
efficace pour chasser les vers <les intestins. Il r<'mit
nue bout~ille de cetté huile à M. Hufeland. 011 asrnre .
que ce médecin en a conslalé l'efficacité contre plnsieurs sortes de vers; mais jusqu'a préseut M. Hufrland
n'a rien publié à ce sujet. M. Otto, à Copenhague, a ,
reçu une petite fiole d'huile de cyprè> : par la forte
odeur qu'elle_exbale, elie paraît à ce méllecin ressembler
à l'huile anglaise warm.seed-oil, spécifique qu'on obtient
par la distillation du chenopodium anlhelminlic11m; mais
elle a une couleur plus foncée comme l'huile de L'origan
crétique i enfin, pour l'effet î M. Otto la compare à
iiag.
�( 226 )
l'huile cfolillée de valériane , llont l'efficacité contre
les vers a été constatée depuis plusieurs années pa1·
le professeur danois We1uit. »
0
3.
V
..!. .R l
i
'f
É S.
- Il vient de paraître une brochure ayant pour titre:
Obse1 valions sur le projet de loi relatif Ir, la création des
écoles secondaires de médecùle el de pharmacie, de,
chambres de discipline, et fi l'inspectiun des eœix minéral~s artijù:ielles; présf'ntées aux deux Chambres et à
S. E. le Ministre de l'intérieur par la Société de phar.
macie de Paris. La Société ayant cru remarquer dans
ce projet de loi des lacunes et des équivoqurs, propose
de les f,JÎre disparaître au moyen de quelques amendemens. Elle voudrait 1. 0 qu'on spécifiât dans le texte da
la loi qoe les écoles secondaires de médecine seront
composées de professeurs choisis clans les trois profes·
0
sions; 2. que la loi fix.àt les allrÎIJnlions des chambres
de discipline dans les villes oi1 se lroovenl des écoles
spéciales; 3." que les chamllres de dis;cipline fussent
appelées à former dans toute5 les ville~ ot1 elles se trou·
veront, des conseils de salubrité; 4. 0 que les chamhres
de discipline choisissent an président clans leur sein;
5. 0 qL1'i1 ('avenir 1 [a préparation et la Ven le des eaux
minérales artificielles fnssent exclusivement résèrvéesaux
pharmaciens, qui, ponr cet ohjet, seraidnt .soumis à
une ioopection de la charnb re cle discipline oh se tron·
verait 1'et;,b lissemeut. La Société pense, toule fois, qae
les p1>rsom1es autorisées à l'effet de fahriqaer des eaux
millérales au mument ou la p1'ésente loi sera p11hliee,
11ourrait continuer de les préparer sous la sun•eillaace
d'un inspcctenr nommé ad hoc par !'autorité. Eafio,
la SC>ciété de pharmacie soulicnl que le nombre dei
pharmaciens doit être limité, et que cette 1imitatiou i
�( 227 )
attendue comme un hieufait et réclamée comme une
justice, est possible c~ juste suivant nos lois.
_ Il faut croire que plus d'une compagnie fera des
observations, quant à la création prochaine des é ~lf'E
de médecine, des chambres de-<lisciplines, elr; 11 ut
cl'oire aussi que les jo_Ernaux de médecin " ùf ~ lerünt
point le silence et mê1Pe IJn' i 1~ "no it e11 t.1>11ure u11
CClh:el't unanime cl!' J1 o<l'g•', a ('c•C.JS 00 Oe Ja loi
pr0püséc, cal' elle doit "de-1 v "H l<1tJ1 uer à l',.v.wtaga
de tout !e monde. ;\1.1i~ le pi 01et <le cPt P loi ne serait-il point susr.eptihlcde 111otJ 1G0;,tÎon, '!Et, parexl'mpie,
neconvicnd rai.t-il pas de supp1 imer la da,~e des <>lhci J'!
de saoLé; d'affranchir les gen, 'tle l' .. n du droit ·d'ex_ercice si peu compatible avec la dignité de leur profes:.iou;
de ne douner le grade de médecin, cLirurgicn et pharmacien qu'à des candidats lettrés 7
--- Les maladirs printmmières n'ont pas été observées
en avril <le cette année comme à pareille époque des années antécédentes. Seulement, s'est-il présenté qur.lqnes
cas de variole, de scarlatine. Mai~ les catarrhes hron.chiques et d'autres phlegmacies du tissu muqueux n'ont
pas été pen nomhreux et de tous les moyens qu'on lear
aopposés, les anti_-phlogistiques ont été lesylus efficaces.
--- D'après le relevé des registres de l'Etat-civil de la
mairie <le Marseille , il y a eu en Mars 1825, 446
naissances; 341 décès et 55 manages.
P.-M. Roux.
0
4.°
CONCOURS
ACADÉMIQUJ::S.
LA Société médicale d'émulution de Paris, ayant
résolu <le soumettre successivement aux méditations des
médecins une _série de questions liées entre elles pal"
un l>ut commnn, et susceptibles d'embrasser l'ensemble
de quelques parties importantes de la physiologie pathologique, a pensé que, clans l'état actuel de la science,
l'histoire complète des r;latious sympathiques des prin-
�(
228 )
cipaax viscères frappés de maladie, est an des points
qn'il importe le plus d'approfondir , et qu'il est dn
noml>re de ceux qui peuvent jeter le plus de lumières
sur l'étiologie et le traitement d'une {oule d'affections
morbides ; en conséquence , elle met au concours \a
question suivante :
Déterminer , par des observations cliniques, des ou.
J'ertiires de cadavres et des expériences :
•0 L'injfoence du système nervezix cérébro-spinal et
1
de ses membranes, dans l'état de mc.Iadie, sur les autres
organes:
2. L'injfoence de ces derniers organes, également
dans l'état de maladie, sur le système nerveux cérébrospinal et ses membranes.
La Société ne se dissimule point combien cette question est vaste et présente de difficultés; aussi ne se
flatte-t- elle pas d'ohtenir une solution rigoureuse et
parfaitement satisfaisante sous tous les rapports. Quoi.
qu'elol.e demande un travail d'ensemble, elle <lésire cependant que l'on s'attache principalement an premier
membre de la question; le seconcl offrant moins de
points obscurs et controversés, depuis les discussions
publiques qui se sont élevées dans ce_s derniers temps.
Du reste, en souhaitant que les concurrens donnent
surtout les résultats cle !tors propr!!s observations ·et
de leur expéri1mce personnelle , elle n'entend pas lear
ôter la faculté de. mettre à profit celles de leurs pré·
décessenrs, pourvu qu'ils y appliquent les règles d'an
$cepticisme éclairé et d'une sage critique.
Le prix, consistant dans une . médaille d'or de la
valenr de 300 francs, sera décerné rlaos la ~éaoce pu·
bliqoe du mois d"' févrie1· 1826. Les mémoires, revèrns
des formes académiques, seront adressés, port franc,
avant le premieu janvier prochain , terme de rigueur,
li M., le docteur Jourdan , secrétaire-général de la
0
Société , rae cle Bourgogne , n.°
4.
�(
22~
)
NOTICE
DES TM VAUX DU COMITÉ MÉDICAL DES DISPE,NS,'\ll\E~
DE MARSEILLE.
Année
1 825.
N. li.
0
-
J/AnonT sur l'état des nu1ladies traitées dans le~ ·dis-
pensaires , pem:lant le premier trimestre de l'année
iS 2 5; présenlé au nom du Comité médical à l'Administmtion du bnrea~ de bienfaisance ; par /Jl. P.-M,
Roux., Secrétaire-général.
Mi::ss11::uRs,
DE toutes les études, celle des constitutiom médicales
et des maladies régnantes est sans c_o ntredit la plus
importante po11r le médecin. C'est elle qui rend excellent praticien et qui fournit cle fréquentes O!'Casions de
méditer sur les misères humaines, en offrant sans cesse
de nouveaux tableaux. Mais, subordonnée à certaines
conditions que la plupart des médecins n'ont pas toujours
pu réunir, cette étude ne fat sans doute pas assez cultivée,
et ce n'est pas ce qui a contribué le moins à rillentir la
marche cles sciences métlicales vers leur perfection : il
faut, entre autres choses, un champ fertile à exploite!."
poor pouvoir recueillir des fruits. Les rnétleclns altachés
à votre Administration jouissent de cet avantage: <le nombreux malades sont confié& à leurs soins. Aussi 1 le~
dispensaires sont • ils généralement considérés cQmme
le thermor:1ètre des maladies qui regnent à Marseille ,
tt avez vous eu raison d'e~iger que le Comité médical
vous pr.é sentât .tous les trois mois et à la fin de chaque
année, one notice de ses travaux.~
T. IX. Avril 1825.
.
la
�(' 250 )
Sans doute si cette tâche eut été constamment rem.
plie, depuis la fondàtion des dispensarres, on posEéderait
aujourd'hui one masse del faits assez imposante pour faire
pencher la balance en faveur de telle on telle doctrine
médicale. Mais, nous ne devons pas le taire, trop souvent
on· s'est traîué clans un chemin battu par les dévanciers,
par respect aveagle pour l'antiquité, ou trop enthousia;te
pour les découvertes modernes, on n'a point recherché
l'or qne renferment les écrits de nos prédécesseurs.
d'autres fois , on a omis de tracer le tableau des cons..'
titntions médicales et des maladies régnantes, ou on
ne l'a pas toajonrs faü avec le soin qa'exigeait an pareil
travail. Cependant, Stoll avait" dit depuis long - temps
que la collection de toutes les maladies épidémiques
décrites jusqu'à présent apporterait un des plas grands
avantages à l'art C?édical et immortaliserait son autear,
Quel aiguillon pJus capable d'exciter l'émulation qae
lès prédictions du célèbre profess~nt· de Vienne! La Corn.
pagnie dont je' me félicitd d'être aujourd'hui l'interprète
en est si pénétrée, Messieurs, qu'elle ne manquera point
de réunir ses efforts pour concouri1· à les réaliser. Mais
la chose est-elle hien facile 7 Peut.on calculer an juste
et le nombre et le genre de maladies , et les résultats
-0btenus de cli. verses médications 7 Non , Messieurs; de
la mnlLiplicité des ma_lades, ou plutôt du lléfaut· d'erdre
auquel la conduite de la plupart _.entre eux donne lien 1
on voit naître une foule de difficultés qui doivent
nécessairement s'opposer i1 la meilleure volonté. En effet,
tel qui a reçu un dispensaire ne se présente point assez
tôt au médecin chargé de le soigner ; tel antre qui
s'est présenté ne reparaît plus el laisse ignorer ainsi
l'époque de la terminaison de sa maladie; il en est qui
se droguent suivant leur pr·opre mouvement ou d'après
les conseils des commères, outre qu.'ils sont traités par
vos médecins; quelques-uns réclament les secouu clt
�( 2?1 )
votre hien(aisante Administration, alors qu'ils sont voi;iés
à une mort certaine , état dans lequel ils se sont pl?p,gés
pour avoir suivi une marche thérapeutique que des :m~~
dicastres leur avaient indiquée ou qu'ils s'étaient tracér
enx-mêmes; cl'ai;itres ..•• Mais nous ne finirions pas, sfll
fallait tout clire, et il suffit d'observer que du cop~(t
de tant cle circon&tances, il en est résulté 1. 0 que .la
médecine des dispensaires n'a pas toujours été faite avec
tonte la rég11larité qu'elle réclame; 2. 0 que la mo~t:ilité
'
ne fut jamais une conséquence directe des traitemens
l
aaxquels les malades ont été soumis par vos médecin$;
' l
3.0 que le nombre des maladies a été augmenté par tel~e
on telle médication proposée par des profanes, etc. :
Pour obvier à ce dés.o rdre , il est plus d'un expédient
qu'il nous serait facile de signaler. Mais en parlant à des
Administrateurs éclairés et dont l'esprit d'investigatio11
est tel qu'ils peuvent mieux que personne discerner le
hien et inùiqner les moyens de le faire, votre Comité,
Messieurs, croit devoir borner ici ses réflexions, qu'~l
n'a soumises à votre jugement qu'afin de justifier son· rapport, si les détails q~'il contient ne vous sont donnés
que d'une manièrP. approximative.
Si nous ajoutons aux 5;5 malades en traitement ;iu
1."ianvier de .cette année les J 034 qui ont été inscritsilans
le trimestre, nous aurons un total de 1609 malades dont
900 ont été guéris' , ·
48 sont morts,
3 1 ont été envoyés à l'hôpital ,
et 630 restent en traitement au 1.•~ avril.
Dans ce trimestre, le frO'id n'a .pas été rigoureux. ·
De temps à autre, cependant, le vent du nord s'est
fait sentir._Aussi, la température a-t-elle été moins hdmide que sèche, quoique l'atmQspbère ait été par fois
chargée de J>rumes et de 'rouillards et que nombre de
jours aient été très-nuageux.
Dan1 les maladies obsl:lrvées, il n'a pas été reconJu1
�( !l!b )
8e caractère l!pid1rniqae' ét si presqae tous les •rap.
ports· a1'ltécéJens b'ont fait m1mtion d'aucune maladie
-~11tit'len1ment ·éjontagieuse, dè l'a,•eo ' m~mc de ceux qui
:WrôyÀient le pJus ~ l'e:iisle.nce de ' certaines contagions;
1
u es~( bien satisfaisant ·pdur nous aujourd'hui de teuir
)e' m~mè 'la~~agé et; d'ajotlle~ qu'à l'exbept io~ de quelques
~f~btÎon tèlles que· lâ g~lE!, la p~tite vé1•0Ie, on n'aura
'.P~\ft-êtr~ ).i'mais ~ tditer d~ns les dispensaires de maladies
j1,.àptetn'ent dità con;agieuses. Vos médecins sont pleille'th"Çrit convaincus que de 'toa:tes les contagions, la plus ter<hiile es·t 1~ éontagion morale et qu'on ne la verra jamais
' ~égner parmi les malhe'ur~a~ qr1i fol")t l'objet de votte
s6llicitucle paternelle ; tant les soins que vous leur proJBigaez sont pnissan's et des pins consolateurs.
" .'Maü pour \'éms donner une i Me plus juste des ma1\~dies qul, dans ce trimestrtl , se sont offertes à la pra.
~iqne '<le v'os médecin~, nous a lions les passer en revue
' en 'ifü so.~patànt fü bÔ1iibljle ·d'après lès hulletios qui
Mit étê téodus et eri les présen.tant drns un ordre suc.
-~e~sirf 'de manière <jlle les premières signalées soient
' jWéciséml!tH les plus noml>reuses. ·
Et d'alJOJ'(t t nous avons à voos annoncer que les
<'atal·rhes hr<?ncliiqoes et pl11monaires ont formé presqae
'hi quart <llt · nomhre des malades. On a observé el!
inùirl<lre qaàntitê des g1strites, des gastro-entérites; dont
qnelques-unes ont été le résultat de l'usage intempestif
de purgatifs drastiqqss, pris à l'insçu des médecins, ou
de l''!h11s tl'un . régiq1e trop écha,~.fr~nt. , Oo .a eu a
VaÏ li!·(' il'.\.jSSÎ :bqn nombre de coqueJnches, des érysipèJes,
·dC'~ (?p\;thalmies ,' ,des. affections rhumatismales, des cè_phalites, des hydr.0Ù1Qrax, des pleurési.es, .des périp·
..ueomonies, tles hemopthisies, des a pop lexies; le no~hre
des affections qu' il nous reste à designer a éte eosoile
en décrois.~ int j tl sques an n. 1 ; ces affo<'Lions sont des
.hernies, ·<las ét'uplious cutanées anomales 1 des scarlatioèsi
0
0
�{ .2 !>3
)
. '
.,
.
.
'
'
des rougeoles, des maladies nervenses, des céph!ilalgies,
des ménorrhagies, des amenor.r~~e~~· '<les scrophules,
desgasfrodinies, a~s alJcès, nde;· infr~·mmdtions gutturales
des fracturi:s cl'u tilf\a. , des . affec'tio~s dartreuse;, des
sciatique~, des coliques, des u!c'èrcs, des fluxions, de~
coavulsioos, d.es dél)ilités, générales, des choiera morbus, des arachnitls, des h~matémé,;~s, des péritonites,
dei laryngites , etc., etc.
'
Parmi ce·s maladies, Il n'en est point qui ait présenté des phénomènes extraorùiuaires. Seulement quelques-unes ont-elles été caractérlsét·s p :\r diverses particqlarités que nous forons connaître dans' notre 'rapport
générdl ; nous ~notts contenterons de dire ici que M. le
secrétaire ayan.t> réduit
uoe fracture complète à la partie
•
moyenne de la jambe droite' dont le pied contrefait
était contourné en dedans, le snjet de cette olJs~rvation
ne fut p,as ..peu surpi:is d'éprouver plus de facilité dans
la pr-0g1:~s~i~n, âprès la. consolidation du cal, le pied-bot
J 1
ayant été redressé en partie ,.à la.suitè de cet événement.
Tel e~~, Messie~1rs, l'exposé succint de l'état 'des maladies oh~ervées dans le t.rimestre qui virnt de s'écouler.
Le Comité ose se promettre que si vous n'y vo.~ez pas
tous les détails capables de justifier l'importance de
ses travaux, il vous rei;tera clu moins ,pour démontré
que VOS médecins SaDS distinction sont animés de beaucoup de zèle,. et du désir de vous seco~der de mieux
en mie,nx tlans vos -œuvres si pieuses et si bienfaisantes.
0
,J
du Comité médical - Extrait des registres
des délibérations de t'Administration, séance du 19
Octobre i 8-< 6.
11.ÈcirnENT
ÂRT. 3. Tous les médecins et chirurgiens titttlait'es
iles dispensaires se. réuniront en Comité médical pour
se concerter sur le meilleur mode de traiter les maladies qu'ils auront observées dans leurs divisions et
,
�( 254 )
ponr éclait·er l' Ad_ministration snr le sort des malades
confiés à leurs soins. ,
Art. 4 Pour régulariser ses travaux, le Comité aura
un hureau qui se composera d'nn pr.ésident, d'un vice.
présiaent, d'u·a secrétaire général et d'un ,secrétaire
adjoJnt _, nommés pour an an et .rééligibles.
Art. 5. Le Comité médical s'assemMera nne fois cha.
qne mois, et ses séances pourront an besoin être rapprochées. L' A.dministration se réserve en outre la facalte
de le faire assembler extraordinairement Jor,que le bien
dn service l'extgera, et d'y appeler Messieurs les mé·
ùecins et chirurgiens consultans.
Art. 6 Le président convoquera le Comité médical 1
par l'organe dn secrétaire.
Art. 7. Le président pourra pommer des commissions
pour s'occa perdes olljets spéciaux qui exigent des rapports,
Art. 8. Pour délib~rer, l'assemblée devra ~tre composée de la moitié de ses membres, pins an.
Ai·t. g. Le secrétaire du Comité mèdical sera chargé
·de la ié,laction du verbal de la séance, qui sera la
.à la tenue cle la séance suivante; de tenir les archivu
tlu Comité ; de rédiger la correspondanèe, el de faire
les rapports des trimestres -et annuels.
Art. 10-. Le vice-président et le vice-secrétaire rem·
:pla!:ent en tout le p;ésident et 1'3 secrétaire en cas <le
maladie, on d'absence.
Art. 11. Chaque trimestre, le Comité fera panenir
à \'Administration, un rapport cle toutes les maladies
imp_o rtantes ob'SerYées dans la pratique des dispensaires,
et lui signalera celles qoi en raison de lenrs caractères
contagieux ou malins pourraient se propager parmi le
peuple.
Art. 12. le Comité médicai rend~a compte à la On
de chaque année à l'A.ilministration des travaux des
·dispensaires et du Comité. Les ob:servatioas particu-
�( 235 )
Jieres el intéressantes fournies par les memhres .des
dispensaires y seront mentionnées,- et cet exposé général et snccint ne sera remis à l' Administration qu'après avoir été 111 et adopté par le Com ~Jé.
Art. 13. I.e Comité médical recevra les rapports de
tontes les maladies graves observées soit anx Comités
de consnltations gratuites, soit dans des con sultations
particulières, faites chez les indigens malades.
Art. 14. Le Comité médical doit avoir en vue la
propagation de la vaccine, et donner à cette utile découverte ponr l'humanité toute l'extension possible ·dans
la classe du peuple.
Art. 15. L'Administration convoquera pour l.a première fois les titulaires pour organiser les bureaux,
Pour extrait conforme, pour être transmis à MM.
l~s membres du Comité médical.
L'administrateur-Secrétaire , Signé : Bin.u1D.
CATALOGUE
DBs Médecins des dispensaires de lJJarscillc en 1825.
-*e>*~*ell*MEMBRES DU . COMITÉ MÊDICAL.
Bureau.
MM. fü:uLuc, père, Président.
AYNAUD, vice-Président.
Roux, P .• M. , Secrétaire-général.
FoacADE, Secrétaire-adjoint.
Titulaires du Nord: MM. ALLEMAND, àoct. en chirurgie.
B11EMOND ,
F ABBE, père,
idem.
idem.
Adjoint dit Nord : M. F ABBE, fils, doct. en médecine.
Titulaires du Midi: MM. BEuLuc , pére , doct. en méde·
MAGAIL, docteur en chirurgie.
Arm11É ,
idem.
�( 256 )
Adjoints du Midi: MM. G1Lt..ET, lloctenr en mr>decine.
J. BEULLAC, tloct. en chirurgie.
Tittdaires de l'Est: MM. FoncADE,doctenr en medeciue.
idem.
. ULO,
AYNAU.D '
Titulaires de l'Ouest: MM. IsoA r<D ,
· Roux. , P .M.
SuE,
~djoints de l'Ouest : MM.
NEL ,
SAR!l1ET, cadet,
id.
id.
icl.
id.
id.
id.
Nota. Le Comilé médical tient ses seances ordinaires I~ pr1"
mier vendredi de chaque mois , dans la grande salle dt
l'Aclminislralion du bureau de bienfaisance.
M. L. REY MONET' vbarh1acien du bureau de l)ienfaisance.
..,. , .,,.. .,,..., .,,...,..,,.._,..,, .,,...,
MÎ'.'.DECJNS
CONSULTANS DES DISPENSAIRES.
Act Nord: MM. AtLLAYD, LAUTARD, DEN ANS, docleors
en médecine, FESTE, doct. en chirurgie.
Au Midi: MM. Grn.1..uD St.-RoME, père, BoYE11.,Guuun,
fils, FLoRY, RossoLIN, docteurs en mtldecine, DELA.COURT, doct. en chirurgie.
A l'Est: MM. REY, Rouuun, FAYARD, foUILLOT, doc·
Leurs en méd., CAYZEllGUts, doct. eocbi.
A l'Oue~t: MM. DuGAS, LABBIC, Borrn1Ln, J.fü:JMO~ET,
docteurs en métl. , Dul'!És, Mouuun,
docteur;. en chirurgie.
!fora Il est à remarquer que parmi les médecins consnllani
il en est qui ont rendu cle lo!lgs et bons services comme
membres du Comité tl]érlical, tandis qne d'a111res aspirenl :u
titre de membre du Cumité. lls se réunissent tous les mardi!.
dans leurs bureaux respectifs qui sont an nombre de qualr<,
silués au nord, au midi , à l'est et à l'ouest de la Ville. Les
Ir
membres du Comité assistent à ces séances , chacun
da~s
burean de la division dont il fait partie.
1,
Un étudiant en médecine est attaché, en qualité d'agenl111
ç]rnque bnrean, et ce sont pour celle année i\}\I. l\hRSEILLE
nord, MoNGEi_au midi , ULo, fils 1 à l'est, et Lo~& à l'ouesl.
�( 2'57 )
.BULLETINS
DE
·LA. SOCIÉTÊ ROYALE DE
DE
MÉDECINE
MARSEILLE.
AVRIL 1825. ---
N. 0 XL.
sur une rupture de l'utérus survenue durant
le travail de l'accouchement, et à la suite de laquelle
fopération de la gastrotomie a été faite avec succès;
cornnumiquée par 111. le docteur Lo1tis Frank, premier médecin de S. 111. Marie-Louise, Duclresse de
Parme , et son conseiller intime.
OBSER'l"ATIO!f
ANGELA Grossi, ligée de 114 ans, native de Parme,
avait déjà henrensement mis au monde cinq enfans ,
lorsqu'elle redevint enceinte ponr la sixième fois; elle
avait même atteint son neuvième mois sans avoil'
éprouvé aucun accident pendant sa grossesse. Dans la
matinée da 9 ao&t 1817 , les doa,leurs de l'enfantement
la prirent tout-à-coup. Cette pauvre femmé se trouvant
auprès de l'accoucheuse qui l'assisklit, s'évanouit dans
ses bras et eut un grand vomissement : son mari et
l'accoucheuse la placèrent snr un 1it ; au m~me instant,
elle ressentit un fort tiraillement clans . le v.entre , et i!
lui semblait qu'elle y avait de IX fœtns.
Dans ilne telle conjoncture~, on appela un chirurgien
qni cléclara qu'un effort de vomissement avait poussé
le fœtus vers la partie supérieure et qu'un second l'en
fairait redescendre; qu'elle devait se tenir tranquille: mais
raccour.hease qui voyait le ventre se gonfler, Je vomi»-'};.IX. Avril 1825.
33
�( .258 )
..
semen'.t augmenter et la respiration devenir fort g~
nante, fit appeler un médecin-accoucheur, M. le docteur
Joseph Rossi, qui ayant examiné cette malheureuse femme
reconnut en elle une rupture de l'utérus; il consulta~
cet effet son père le docteur F. Rossi et d'autres professeurs qui proposèrent unanimement la gastrotomie.
L'opération fut pratiquée deux heures après la rnp·
ture, par le professeur Cecconi, à la région hypogastrique du côté gauche là l'ou on sentait les pieds de
l'enfant, et cela toajouri en présence des docteurs Rossi
père et fils et Piz-:.etti. Les extrémités inférieures se pre·
sentèrent par cette ouvertut'e, et l'enfant fut retiré vivant avec le placenta et le cordon ombilical. ·
Quarante jours après l'opération, Angela Grossi bien
rétablie put sortir de sa maison ; ses menstrues repri.
rent leur état naturel, et environ trois ans après elle
accoucha heureusement d'un enfant de sept mois.
ll est à remarquer qu'à l'endroit de ia cica!rice' il
est survena. une hernie du volume de la grosseur d'une
gr-0sse pomme, qui ne l'incommode pas beaucoup, puisqu'elle pea:t la cacher. Cette inûnnité est la suite ordi·
naire de toutes les blessures au bas-ventre, ainsi que
l'ol1servent les meilleurs praticiens.
; lL me parut si important de faire connaître ce fait
~nx médecins sa:vans, qne "déjà dès i818, (1) je me·
s_u)s empressé a'en faire pa1·t à la Société rople <le
médeciqe, de Marseille, à laquelle je me fais gloire
ù'apparteair llepuis cinq lustres. l\'l.1is ce faiL n'ayant pa1
(1) Ce fait a été communiqu~ à la Soci~té, et la Société en.a
rendu un compte détaillé (Voyez l'E:J.posé des t..a.,aux ,etc., aonee
1818, pag. 35 et Jtti1,antes )· Cependant, on lit daos le .Jo1wnal
unii•et·sel des Sciences médicales, que ce fait n'a été publié nulle
pafl. ( Il a été consigné d'ailleurs dans les A1111ali w1ù•e~·sali d'O·
modei ). Si le rédacteur d'un journal universel se tenatt ~" co_u·
rant des travaux des Sociétés savantes , il ne deversera1l poinl
s111· elles un blàme qui 011 pent que retomber sur lui. l'.-111. R.
�( 239 )
en tonte la publicité qu'il méritait, je crois faire qnelque c110 ,e d' •gréalJle et d'utile à l'Europe cultivée en
le publiant aujourd'hui : je le fais avec d'autant plus
de raison que je ne trouve pus dans l'histoire de la
chirargie que cette opération délicate .ait été pratiquée
avec succès plus de deux. fois, et cela par M. Lambron ,
célebre chirurgien à ~Orléans; la première fois, dîxhnit heures et la seconde deux heures après la rupture de l'utérus, ainsi qu'on peut le vél'ifier à l'article
rr1ptu.re de l'utérus du Dictionnaire des Sciences médic"ales, tom. 49., pag. 249, article que devraient avoir
dam les mains, tout chirurgien et tout accoucheur;
puisqu'on y trouve réuni ce qui a été observé et pratiqué
depuis un temps immémorial sur ce faneste accident.
sur quelques moyenS' pour détruire le ténia
et l'expulser du corps hwnain ; par le docteur Louis
Frank, premier médecin et conseiller-privé de S. M.1
Marie-Louise , duchesse de Parme.
MALGRÉ le grand nombre <le remèdes qui ont été
recommaoclés et dont on a reconnu l'efficacité poul'
détrnire et expulser les différentes espèces cle vers qui
se rencontrent ddnS -le canal intestinal de l'homme,
tout médecin expérimenté conviendra qa'assez souvent
aucun ne correspond à l'attente, surtout lorsqu'il s'agit
d'an ténia. Cette circonstance me détermine à palllier
aajourd'hai qCTelques observations à ce sujet, qui sans
avoir le mérite d'une nouveauté a]Jsolue, pourront être
1\e quelque utilité au médecin-praticien.
En i8!4- , étant à Vienne en ,Autriche, j'appris dn
célèbre helmiotologue , le docteur Bremser, que depuis
deux ans il se servait, de préférence et avec nn succès
constant, pour expulser le ténia, du remède de i\-1.-i
Chabert, dont j'ai donné connaissance, én Italie, dans
le Repertorio medico - clârurgi,co T01ino 1 1824.
J'ai eu l'occasion de traiter par ce remède avec le
REMARQUES
�( 240 )
1uccès le pins complet, deux malades tourmentés depoi~
plusieurs années ; car les ayant revus après un an, je
les ai trouvés dans un état de santé parfaite , et sans
aucune de leurs précédentes incommodités. J'ajouterai
que si j'ai en le bonheur de guérir ces deux malades,
je le dois )Jeanconp à leur constance et à leur courage
yraiment héroïque, de prendre pendant plusieurs moia
le remède le plus désagréable que ie connaisse.
Ayant en pa1· ta suite à traiter deux autres maladet
tourmentés par le ténia , lesquels étaient moins résolas
et moins conragen:ot que les premiers , je me suis décidé pour l'emploi de l'huile de térébenthine, à forte
dose , d'après fos ohservatiœJs des médecins anglais.
Instruit des succès que M. Bmirdier et d'autres médecins français ont obtenus de l'éther sulfnrique , soiL en
potion, soit en lavement, j'ai cru que l'huile de térébenthine ne pouvait que gagner par l'addition d'une, portion
à'éther ; mais je ?'ai pas tardé à m'apercevoir que l'eslomac italien ue tolère pas aussi facilement ce qae
peut supporter celui d'un anglais. Par suite de celte
observation , }e me suis décidé à prescrire cette potion : demi-once d'huile de térébenthine , deux gros
d'éther sulfurique , demi-once de gomme arabique en
poudi·e mêlée avec une line d'eau distillée de fleurs
de ca.momille; à prendre 11 la dose de deux. caillerees
matin et soir. Quatre potions ainsi composées, prises
successivement , firent. disparaître les symptômes occas;iooés par ces br>tes importuns; et j'eus la satisfaction
de revoir , après deux ans, les deux malades jouissant
qe la plus parfaite santé. Il n'en fut pas de m~me chez
un cinquième malade, épuisé par de longues senffrance•
causéP.S par le ténia. Cette potion ' quoique en moindre
quantité, loi occasionait constamment des nausées, cles
. vomîsseruens. ; j'ai , par conséquent , dû songer à un
autre moyen pour le débarrasser de ses incommodiLes.
�( 241 )
Je lui. prescrivis donc les bols suivans : semence réduite en poudre ( semen santoniœ ) , demi-once; racine
de jalap, sulfate <le fer, de chaque nn gros; huile de
corne de c~rf, huit gouttes, et · du sucre, q. !!· , pour
former vingt bols dont il prit un le matin et un le
soir. La dose entière de ces bols étant répétée six fois,
le malade fut délivré de ses incommodités, reprit peu
à peu meilleure mine et m'assura après un an qu'il
était dans un état de parfaite santé.
Il n'est pas sans intérêt d'observer que chez aucun
de ces cinq malades le ténia n'est sorti entier, mais
par morceaux , et surtout à moitié putréfié, ce qu'a vu
egalement et assez souvent le docteur Bremser.
Bien avant Buchanan et Berton, médecins anglais, le
docteur Lebreton assure d'avoir employ1é l'écorce de la
racine do grenadier ( punica granatum ) avec le pln'I
grand soocès contre le ténia, comme il résulte des
transactions médico-chirurgicales de Londres. Le célèbre
médecin portugais Gomez rapporte également quatorze
cas sur l'expulsion du ténia par ce moyen, et déjà
plusieurs médecins piémontais l'ont mis en pratique
avec un égal succès. Ce remède n'a été jusqu'ici emplo)•é
à Parme qu'une seule fois ; mais le malade affaibli
par dix années de souffrance , n'aya~t pu continuer à
le prendre pendant quatre ou cinq jours, n'en a éprouvé
au_pun avantage. Cepe'ndant je pense qu'il ne faut pas
~hercher toujours dans le malade même la non-réussite
d'un remède : car quoique le mode de prescription et
le mode d'administration aient été ceux des médecins
précités, la manière de préparer cette décoction pourrait entrer p9ur quelque chose, puisque j'opine avec le
savant rédacteur du journal de pharmacie, année 1814 1
octobre, pag. 502, qu'il est important de faire macérer
et gonfler cette écorce dans _l'eau froide a·v ant de la
lOumettre à l'ébullition. Il faut enc~re examiner si
�( .2!~2 )
l'écorce du fruit ne partage pas les propriétés de celles
de la racine, puisqu1en général il est plus facile de
. 11e procurer la première que la seconde.
Quoique j'aie pratiqué la médecine pendant huit lustres,
sans avoir jamais employé aucune préparation arsénicale,
.J}éanmoins, connaissant les grandes diflicu !tés de se délivrer
du ténia, je ne serais pas absolumeut éloigné de tenter
comme dernière ressonrr.e de l'art, l'arséniate de potasse,
on mieux encore la teinture arsénicale de Tawler, a
Ja dose de vingt a vingt-cinq gouttes' d'autant plns que
j'ai appris que ce moyen a parfaitement réussi ~ un
médecin anglais. Mais , quoique disposé à le tenter avec
toutes les précautions que le remède et les différentes
circonstances du malade exigent, néanmoins, je me crois
obligé d'obsen•er aux jeunes médecins, à ceux orùinai·
rement trop hardis, trop confians dans leur savoir, de
s'abstenir cle ce gem~e d'essai, cr<\ignant qu'aq lieu d'em·
porter le ténia, le remède ne puisse emporter le malade. Il est vrai que f ai connu un empirique qoi donnait impunément vingt-cinq gouttes d'une forte solution
d'arséniate de potasse pour guérir les fièvres iutermil·
tentes rébelles; que lui-même prenait une dose égale
de sou spécifique pour dé1)arrasser son estomac et ses
intestins d'un allias d'impuretés ; mais je douterai toujours, quoiqu'il en ait dit, de quelques victimes qui
11ont si souvent oubliées par les hommes hasardeux.
C'est un fait assez connu et j'ai observé moi-m~me,
qu'à la suite d'un purgatif drastique , ou de quelque
vermifuge et surtout après une dose médiocre d'huile
de . térébenthine , une portion du ténia plus ou moins
considérable sort de l'anus. Si l'on voulait ie retirer
avec force on ne pourrait en avoir qu'une partie in·
11ignifiante , et d'autres fois la portion sortie de l'anni
y rentre de nouveau. Cette circonstance a cléterwine
le docleur Cagnola a proposer en 182 c , ( voy. Omodei,
�( 2fi_3 )
annali di medicùia , ) de toucher cette portion clu ver
avec l'acide hydro - cyaniqae, persuadé que l'action
n.citante de cet agent sur tout le ténia peut le tuer.
Cette proposition que j'ai approuvée et recommandée
à la même époque , dans le Repertorio medico-chirurgico di Torino, vient d'être publiée en Allemagne et
d'être' pratiquée avec snccès par le docteur Garleke ,
en usant de ce procédé sur une portion de quatre pouces
dn tt!nia sorti de l'anus. A peine cela fut fait, que le
ténia chercha à rentrer, mais étant retenu il s'agitait
beaucoup, et fat rendu mort après une heure. ( Voy. ·
le journal de Hufeland publié. )
Ne pourrait-on pas dans un cas semblable employer
one secousse électrique pour tuer le ténia 7 La tentative,
il est vrai, a été faite à Vienne en Autriche, sans
succès, mais n'ayant du reste produit aucun mauvais
effet, cet, essai pourrait bien être répété dans d'autres
cas, puisqu'il serait possible que le ténia fixé plus près
de l'anus pat éprouver plus énergiquement la secousse
que celui qui se trouvait plus haut.
Je termine ce court exposé, sur les moyens â employer pour faire sortir le ténia des intestins, en rap.:.
portant le procédé ingénieux d'un chirurgien à St.Pétersbourg, qui trouvant que le sphincter de l'anus
sur one portion du ténia était très-serré, eut l'idée
heureuse de passer cette portion dans une canule qu'il
introduisit dans le rectum, et en procé<lant de la même
manière que cela se pratique lorsqu'on veut extraire
avec sa.ccès le gordius, il parvint à extraire le ténia
entier. Ce procédé peu connu, ne me paraît pas moins
mériter l'attention particulière des personnes de l'art.
Comme tons les remèdes que l'<m a jusqu'ici recommandés pour l'e:i.:pulsion du ténia, sont pins ou moins
violeus ;comme on est assez généralement persuadé qu'il
faut <les remècfos et une méthode très-active poar expnlser le ténia; qu'en dépit de cela on y réussit , on
pourrait clire que c'est par L'effet da hasard, ainsi que
le prouvent les observations du docteur Bremser.
�----------------------.SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, PENDAJS"'E LE MOIS DE MARS
1825.
M. Picard, membre titulaire, réclame
12 Mars. le titre de membre honoraire . Cette demande est motivée
sur l'âge et les infirmités qni empêchent ce collègue de
,participer d'une manière active aux travaux de la Société.
La Compagnie fait droit à la demande de M. Picard
et M. le Secrétaire est chargé de lui transmettre l'avi;
et la réponse de la Société.
M. Volpilières, médecin à Arles, adresse un mémoire
aur les effets avantageux de l'applica.t ion dn feu dans
plusieurs cas pathologiques, avec la demande du titre de
membre correspondant. La lecture de ce mémoire sera
entendue dans une séance consécutive.
M. Cliatarcl, correspondant à Baltimore, fait hommage d'on nouveau tribut académique sur la fièvre jaune,
sujet qu'il a métllté et étudié sur le théâtre de ses ravages.
M. Fenech donne lectnre ·de son rapport sar1a notice
de M. Ollivier , d'Angers , concernant les propriétés
vénéneuses du fruit de tanguin. de Madagascar.
M. Fouillat fait son rapport sur le mémoire de
M. Cha,.pentier, correspondant 'à Goerigny, relatif à
de nouvelles recherches propres à déterminer les .véritables- causes da caractère de périodicité qui distingue
éminemment la fièvre intermittente.
' 26 Mars. - M. le D. Richelmi , de Nice, fait hommage d'un ouvrage qu'il vient de publier sons le titre
de : Essai sur le~ calculs biliaires, dont M. Roux est
chargé de rendre compte à la Société.
M. le D. Rqyer adresse : 1 o l' Histoire de l'épidémie
de Sllette n~ili;iire qui a régné en 1821 dans les dép~r
temens de · l Oise et cfo Seine .et-Marne , etc. ( M. Gonllm,
rapporteur); 2" une observp,tion s11r une anginecouenneu~e,
pharyngienne et laryngée, chez un enfant de neujmo1s,
suivie de quelques observations sur le croztp; 3° cas ~ort~l
d'entérite et de péritonite déterminés par zm dzvertrcule de l'iléon. M. St.-_Rome, fils, présentera no rapport
anr ces deux demières hrochure:;.
La séance est employée aux conférences sur les maladies régnantes.
SEUX, Pré~·iclent. Sui;:, Secrétaire-gé11él'al
0
�P ll E 1Vl 1 È R E
P A .ll T I E.
~
OBSERVATIONS DE
MÉDECINE-PRATIQUE.
-*~*~*~*PLEuno PNEUlrIDNIE chronique, ( 1) guérie par un ves1ca.
t01re exlranrdùictire; par P. - J.\'l. Roux, docteur en
médecine , elc.
RttN ne prouve <l'avantage que la nature et par conséquent la thérape utique ùe la phthisie pulmonaire ont
inu· ilemeuL excité pt: n l..ial loug - temps l'investigation
1nérlieale , que la multiplicité d'ouvrages qoe l'on a
.
proJnits. à diven.>s époqnes sur ce sujet.
1\ était réservé à la médecine physiologique de démontrer que celle terrible maladie, considérée dans son
état d'acuité oo rlau~ l'etat chro:1ique, est le rés1ihat
1l'une phlegmaoie du tissa. pulmot aire, et ne peut être
bien combattue qne par le5 anti-phlogistiqoes. Il est vrai
q11e l'emploi de ces moyens est susceptible <l'une foule
de mod.fications, et, par exemple, d'autant de modification• que la lé~ion organique peut subir elle-même,
ce qui, dJDS certains cas, rend la cure plus ou moin!à
ditticile. Mais il faut convenir que, celle-ci étant dirigée ·par une main haJ,i(e, la phthisie ne saurait lui
résister r.ussi souveol qu'à l'u~age des remèdes sans nombre que l'on préconis~it atttrefois et qa.i , basés sa.l'
11oe prétendue expérience, mais non sur la connaissance
(1) Celte obs enalion vient d'être communiquée à la savant"
Société méclical ~ ' l11 d,lpa • tement d'lndre-e~-Loire.
T. lX. M,ii 18::15.
34
�( 246 )
ml1me de la nature de la maladie, étaient presqu~
toujours infructueux. Oui, infructueux, puisque le pra.
ticieu se voyait le plus souvent réduit à n'entoul'er que
de fleurs le peu de jours que les pbthisiques avaient
à vivre.De là, l\1Lusdes médicamens qui, commel'opium,
abrégeaient l'existence de ces malheureux, s'ils la leur
rendaient plus supportable. Des calmans de ce genre
sont réprouvés par la médecine physiologique, et il vaut
encore mieux que le malade achète sa santé par quel.
ques grandes souffrances, alors que les premières res.
sources, la saignée, les rafraîchissans, etc, n'ont pu
faire avorter l'état phlogistique. Pénétré de cette vérité,
connaissant, d'ailleurs, les observations qui ont été faites
sur nombre de guérisons de phtbisies par l'-;ipplication
d'un ou cle plusieurs moxas sur la poitriue, nous eD.mes
recours à an dérivatif non moins puissaut, dans le ca•
que nous allons rapporter.
Bonasse, âgé d'environ 43 ans, d'un tempérament
nerveux, d'une taille avantagease, exerçant la profession
·de tanneur depuis deux ans seulement, éprouve vers le
milieu de l'année 1820, une expectoration et bientôt
un ''omissement de sang, qui dure un quart d'heure
et se renouvelle une douzaine de fois daus l'espace de
trois jou.rs.
Effrayé ~le sa position , Bonasse présentait à notre·
première vi~ite ( dans la matinée du troisième jour,
·depuis l'invasion de la maladie ) les signes du plus
profond. ahatlement meral, et les syrnp1ômes d'une hé·
.matérnèse allarmarlte (large saignée du bras, limonade
pour hoisson , diète rigoureuse. )
Le soir, l'hématémèse paraît bornée, puisque le ma·.
Jade ne crache que peu de saug, mais une vive douleur se fait sentir vers la région latérale gauche de la
poirrine ( saignée <ln bras de douze onces et applicatiou
de vingt sangsues loco doLcnti. )
�( 2
47 )
Le lendemain, ortbopnée, surtout pendant les accès·
de toux qui sont fréquens ( nouvelle saignée do bras
de douze onces, looch blanc selon le codex, le petitlait remplace la limonade et la diète est toujours sé,•ère.)
Le jour suivant, amendement notal>le. Le malade a
beaucoup sué la nuit clerniere, il est faible et demande
des alimens ( crèmes de riz, petit-lait, looch blanc. )
Ce bon état se soutient pendant quelques jours, et
l'amélioration devient ensuite sensible au point de permettre une nourriture capable de relever les forces da
malade qui dans un mois, depuis notre première visite,
fut entièrement rétahli. Mais , six . mois après, s'étant
remis au travail, Bonasse ressent une douleur vers le
milieu da sternum et ne s'en plaint à personne. Bien
pins, il continue d'exercer sa profession à laquelle, toute·
fois, il e~t obligé de renoncer , l'hémopthisie ayant
reparu, en septembre 1822. Confié aux soins de M.
Guiartd, médecin des dispensaires, le malade dut encore
son saint aux auti-phlogistiques sagement admioistré1
par notre confrère.
Quelques mois s'écoulent , pendant lesquels Bonasse
ne se livre qu'aux plus légères fonctions cle son état;
il travaille ensuite avec beaucoup d'ardeur, afin cle se
procurer autant que possible des m<':,·ens d'existence,
et ce fut, sans doute, un malheur pour lai., car sa
profossi<m ne pouvai; que nuire à son état physiologique, si l'on en juge p ar les deux maladies dont i.l
paraît qu'elle fut la principale cause. Aussi, one toux
tl'irrit~tiou , un mouvement féhrile, surtout vers le
soir, one ch ale ttr mordicante à la peau, etc. , annoncèrent bientôt une lésion organique. Néanmoins, le malade passe plusieurs mois dans cet état sans consulter
aucun médecin.
En mai 18!3, il se décide à nous faire appeler et
aous offre la réunion des symptômes qui caractèrisent
�( 248)
la phtbisie pnlmonaire. Euvain , cette fois ; le anti ..
J•lllogistiques sont utilisés : la maladie deviént de -plus
en plus grave el des douleurs ioLoléra.hles ont leur ~iége
à diverses parLies de la poitrine. Nous proposons l'ar•pli.
caLion successive de plusieurs moxas qui boni refusés l
nous n'hésitons point alors à faire appliquer nne large
ceinture vé;icanle sur la presque totalité de la surface
du thorax et nous exhortons le m .. lade à en :H.: pporter
les effots pendant six heures. Il était quatre beures de
relevée et nous ne devions faire notre prochaine 1 isite
que dans la matinée du lendem:iin. L'épouse de ,Bonasse
croit que notre intention est de laisser l'emplâtre épis·
pastique jusqu'à six heures <ln matin. Cette méprise qui
pouvait compromettre les jours de son mari, a, ce nous
semble, contrilrnti singulièrement à les lui sauyrr. En
effet , si les douleurs occasionées par on semb1ahle
topique forent aLroces :pendant tonte la nuit , /u'étaient·
elles pas une excellente révulsion 1 Il est de fait qu~ la
vessie qni résulta de ce moyen, ressemhLrnt assez à
une hésace autour de la poitrine et dont il sortit au
moins un pot de sérosité, ne fut pas peu salutaire.
Cependant, one excitation générale invitait il recourir
aux tcmpérans. ( alwnclante hois~on de petit-lait, loochs
blancs, crèmes. )
A l'aide de ée traitemebt, continué pendant trois
semaines, nous somrnes assez heureux pour voir l'orage
entièrement conjuré : plus de doulenrs; les symptômes
de la phthisie se sont évanouis comme par enchantement.
Toutefois, le malade a besoin d'ohservPr long-temps
encore un régime doux et même de ne se nou1 rir que
tle lait de vache, coupé avec une ctécoction d'orges.
Au inois d'1Mût 1823, il jouissait d'une parfaite sante,
ét elle s1est ainsi soutenue depuis cette époque, Bonasse
ayant changé ùe profes~ion et suivi, d'ailleurs 1 les con•
:ieilé hygi~niqaes q~e nou8 lui avoni; donnés.
�~===================================-
SE
C0 ND E
P A R T 1 E.
_.,*.,_
!IÉ~101RES, DISSERTATIONS, NOTICES NËCROLOGIQUES,
ETC.
t.°
PnoPOSITIONS
Mi.
M 0 l R E 8.
aphoristiques sur l'hémacélùiose : par Mr
docteur en médecine, etc.
P1El\QU1N 1
Ego e11im è:rperi111e11la quœro et colligo
a:riomata.
B O ER RH.
1.
L'nÉllucÉLINOSE n'est point une maladie noo'"elle,
isolément nosologique seul est récent; voila la cause
des dénominations nombreuses qo'elle a r eçues et qo'elle
peut receToir encore ( 1 ).
Il. Les caractères essentiels qui constituent l'hémacélioose, sont le calme général, l'a pyrexie absolue jus•
qu'a la mort, l'intégrité des facultés intellectuelles, de
lJ mo~ilité et de l'étal phy~iologiqoe de tous les organes,
100
(1) Voici quelques autres synonymie> qui m'avaient échappé:
miliaria sine fèbre chronica , sine scorbutica di da. Hnjf:--- flnxions
scorbutiques, Le Roy. -- Jlllorbu•· miliarius apyreticus, Rw·serius de
Ca11ifelr/, -- Phenigmus apy1·cta, Sauv. --Petcchiœ spuriœ,pctechiœ
me11daces, sujfitsion ltemorragique plaquée, biblioth. med. tom. z5.
pag. 245. -- Scorbutus altio1· H ildenb1 ·and , Zuinger. -- Pa1112us,
Âl'11a1ul rie Pille11euve. Opera omnia, pag. 1158. --- S c01·but a.igu,
Co:e.--Convolvulus sanguineusi Kepp. --Purpnra !temorragica fVhithfuck Niclwll, -- Petechianosis licmorrhea Duncan. -- P {Jliosis morbus
hemo1,.agicus ( FVudrœw·) -- !Jlorbus maculosus hemorragicus sin~
febre Bellef'ands. -- Epistaxis avec éruption de pétéchies saos
m: Pinel. -· Hémacélinose, Pierqum.
nè-
y
�( 250 )
avec apparition, disparition et renouvellement de p ltùhiei
de forme et de couleur variées, et hémorragies par toute1
les ouvertures naturelles; elle peut se renouveller.
III. Dans tous les :cas, les hémorragies et hémorrées
sont sans douleurs.
IV. Les forces agissantes sont intactes jusqu'à l'agonie,
les forces vitales se perdent à tous momens.
V. L'hémacélinose diffère essentiellement du scor.
bat, et peu de maladies reconnues comme distinctes
entr'elles ont aussi peu de rapport d'analogie.
· Dans le scorbut les organes de la vie de relation sont
asphyxiés ainsi que les facultés intellectuelles. Les phlo.
goses naturelles ol!-artificielles tendent à l'ulcération de
mauvais caractère ou atonique 7 etc, ce qui n'arrive ja.
mais dans l'hémacélinose.
VI. L'hémacélinose IJe saurait être rangée parmi
les hémorragies ni parmi les affections exanthématiques, fébriles , non fébriles, ou contagieuses : elle a
cependant des points de ressemblance avec plusieurs
d'entr'elles.
VII. L'hémapèdese n'est point une maladie distincte
de l'hémncélinose : elle n'en est que le summum, comme
le prouvent les observations que nous avons recueillies
sur la première et celles que nous connaissons sar la
seconde.
VIII. · L'hémacélinose peut être sthenique et asthénique, directe ou indirecte; ces divers éta-ts impriment
au traitement quelques différences importantes.
IX. L'hémacélinose est sporadique, rarement épidémique, jamais contagieuse, très-souvent trauscurreote,
quelquefois critique.
L'hémacélinose apyrexiqne peut être influencée dans
sa marche par le génie intermiltent et offrir le carac·
tère classique cles maladies périodiques fèbf'iles ot1 non
fébriles. Dans ce cas, le médecin doit a voir recou 1" a
�( .25 I
)
one toute antre méthode tbérapentiqne, que celle qne
réclame ordinairement cette maladie.
X. A part les causes occasionnelles générales, comme
l'apoplexie et d'antres maladies, son développement réclame des conditions particnlières.
XI. On l'observe sous tontes les latitudes , et le,s
extrêmes de température et de tempér;uneos l'occasionent volontiers.
XII. Les personnes qui y sont le ·plus exposées et en
sont le plus fréquemment atteintes sont les enfaos, et sur,
tout les filles, ensuite les femmes et puis les hommes.
XIII. Comme da ns tontes les maladies, ieur division
en trois périodes distinctes, est admissible et n~cessaire
dans celles-ci.
XfV. Les causes occasionnelles sont externes ou internes. Elles dép1mdent toutes d'un excès --de force ou
de faiblesse, et de tout ce qui peut accélérer l'action
du cœnr' la sospern:lre on la ralentir.
XV. L'invasion de la maladie est brusque et sans
apparence de danger, à son existence sléniqne : sa
marche en est plus lente, lorsqu'elle est asthénique.
XVI. Les taches ne s'effacent jamais par desquammation, ne laissent aucune cicatrice et se résolvent
par absorption.
XVII. Le patient et le médecin croyent àvec peino
al'existence d'une maladie , et ce n'est qu'alors qu'elle
passe à l'état d'asthénie indirecte qu'on la soigne.
XVur. La . maladie n'est nullement dangere.!!_Se e~
lou triomphe avec facilité, n'importe à quel that, lors·
11J'on la reconnaît à temps.
XIX. La mata.die n'est dangereuse que par les corn ...
ilicatioas : le médecin doit en ce cas la réduire à Si\
iareté essentielle, à ses simples élémeus.
XX. Toutes les observations que je connais prou..
11
nt que l'hémacélinose apyrexique a toujours e1& u.o.e
�( 252 )
Issue mortelle, traitée par les médecins qui ne la éon.
naissent pas, à moins que la nature n'ait été assez forte
pour latter contre eux et contre l'affection.
XXI. Le danger e:lt toujours' en raison directe de
la détermination du sujet et de l'existence prolongée
de là maladie.
XXII. J,a rétrocession métastatique lles pétécbiespect
occasioner une mort prompte.
XXIll. La tuméfaction du foie ou de la rate n'est
jamai~ d'un augure favorable.
XXLV. Le poumon est l'organe qui paraît s'affecter
de préférence en ce cas.
XXV. La variété &théoiqne réclame la méthodeantiphlo~istique, dans toute son étendue.
XXVI. Q11elques symptômes particuliers fesJnt soup·
çonner une cause intérieure d'irritation, exigerait qu'on
la combatth.
XXVII. La variété a5théuiqae réclame impérieose·
ment les acides minéraux, les astringens, les styptiques,
les toniques, parmi lesquels ou choisira de préf~rence
le quinquina.
XXVIII. I.e traitement de l'astbéoiqne indirecte est
absolument le même (plus des analeptiques et des restaurans , des toniques , etc. ) que celui de la rariété
stbéniqne directe.
XXIX. Le traitement doit être intérieur et extérieur.
Le premier tend à corriger l'état général des solides el
tles fluides ; le second à s'opposer directement à l'on
et à l'antre, par tons les moyens qn'elle pos,è<le.
XXX. Le traitement varie encore selou le mode
d'existence aigu on chronique, sthénique ou asthénique
de l'hémaceliuose. '
XXX[. Àu traitement connu et si bien détermine
r an ridicule
,
.
.
ne pourrait on pas proposer sans s expose
nne méthode vieillie et condamnée . qui reparerait le
�( +53 )
l)léfaits de l'ignorance , et ret~rderait on empêcherait
la mort, si voisine lorsque dans l'asthéniqqe, le traiiement a été ignoré? Je veux parler de la ~rarisfosioq.
XXXII. L'auwpsie ne II)on~re aqcq.ne lésion çle tis~u,
ni d'orgme.
XXXIII. li parait que le siége de la maladie est exclnsivemeut et toujours dilns le tissu mnquenx de Mal..,
pighi, et immédiatement sous la cuticule blanch,itre inorganique externe ou épiderme.
XXXIV. Les innombrables auteurs qui en ont parlé,
n'ont rien dit cle ~Qutenable sur le mécanisme de la
maladie.
XXXV. J'en excepterai Yalescus de Tarente qui a
dit : causam este tenuitatem sanguinis et pororum raritatem ( parag. VJ. lih. 11. chap . 111.) opinion renouvelée plns tard par Schlichthorst.
, .
XXXVI. La masse du sang n'éprouve ;i.ncnn changement si célèbre parmi les apciens : elle est seulemeqt
djminuée .en rq.is9n tfirepte de L'al~ondance et cle la fréqnence cl.es héll)orragie~ e~ sa consistance naturelle ~Il
éprouve les mêmes influences.
XXXVII. Pour autoriser ce que nous venons de dire
et employer des notes amassées avec peine, nons joindrons ici un article hibliographiq~e et pour ne pas foire
un double emploi, nous n'y mettrons que )es ~uteurs
qni opt éc}iappé à nos recherches.
,
Il faut heauconp de te!J)ps pour peu ' é.c rire; car
l'j1omme qui parle h.eaupoap, a peu à dire. Il me resll!
à souhaiter en terminant 1 qne ces axiomes poissent
n'~tre que la pure et la véritable déduction des fai~s
~énéraux que je n'ai pas Je temps d'exposer, ~t qqe
leur collection, lPur clà <sement méthodique prouvent
à me~ m~îtres, combien j'ai été soumis à lea~.s po~p11es
et le partisan respectueux de leur doctrine.
',f. JX. Mai 18'.lg,
3~
�( 254 )
Bibliographie. Acta Nat. cur. Vol. III. Ohs. 79 Vol. 1.
ohs.97.Vol.VIII.ob. 7.---Eph. N. Car. Dec. 1.anVI!.
oh. 313. an VII. oh. 122. dec. 11an1. ob. 166. dec. nr
ansVlletVIIl.oh. 196. ans IX et X. oh. 221.déc. 1u.ob.79.
Acta medica Berol. dec. 1. vol. VII. pag. 72.
Actuarius, lib. 1. cap. XXIII. dec. 1. an IV. pag. 69.
Al~ert,( Salo.)de sudore cruento. WitlembergI59oin8'.
Ahbert , Nosol. nat. 1.
Alberti, obs. pract. Vol.XII. p. 1. parag 1. Vol. lV.pag.
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Pïerqui.n acl cak. observateur des sci. méd. ann.
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pag. 203 bist. VII, P· 232. sect. cadat. 11. j44 sect,
ëadat. xm.
Richter 1 rned. and chirurg. Berrierlmngen, P• i4.•
Ruiscl1 . acive1 ·S1i anat. med. clâr. déc. itI.
Salle (<l r 1.1) ad cale. journ. de méd. t. XXXVIIi, P· 134 1
Salius cliver us Cpetrus ) de Jebre pestilenti in 6°. Bar•
tlésslcl, Hî56. ciAp. XIV. pag• xoa a to4·
m.
0
s.
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Saporelli, cent. 1. 2. p. 71.
Seipm, syLloge observat. varii argumenti.
Selle, observ. de méd. Paris, 1796. in 8°.
Schewei·cher,appendix consilior rnontaniBasil. 1583, p.39.
Stoll, ratio medendi, t. 1, P• 199. seq. II, p. 405.
Sauvages, nos. meth.
Schwed , annalen 1 Heft. p. 203.
Sainte-Marie ad cale. journal cle Lyon dn 16 juil. 1812.
Srinc, ( J.-A. ) meilicor. files specimen, n1.
Schierwansser ( vide mich. alberti. )
Stoll, ratio medendi. p. r, p. 199 seq. t. I I p. 4o5.
Stalil, in diss. de pMsionibus animi corpus humanum varie
alterantibus, Hallœ 16~)1·
Starks, Klinische Bemerkungen.
Strobelherger ( J. A. F.) epist. dissert. super variis quest.
feb. malig. petus.
Strack, (car.) obs. med. defebre interrlÛttente et quœrrtt.
eidem medendisit,in 8° Ticini 1792. lib. u1,cap.1n p.124•
Swediaur, novum médicinœ rationalis systema. Paris 1819.
class. IV. cachex. et cacochymie. O. J7, Dischrocie G.223.
Vogel, diss, de cas. obs: pliys. med. chir. Goett. 1768.
Id, diss, de rariorilms quibasdam morbis 1 Goiitt. J 762.
Id. ( St.-Gottl. ) Boebattungeen, n. 0 8.
Wepfer, exercit. de apoplex. p. 230.
Werlhof, op. om. commercium noricum, parag. XLVIII p.
748 et 749. de variot. et anthrac. cap. Ill parag. XV.
note 65, 2.• col. p. 540.
Willis, de ~corbuto, cap. IV parag. 5. cap II ,obs. 11. 11 r.
Verheyeu ( Ph. ) vera historica de sanguinis exoculis, auribu.s, nariims fluxa etsanatione per interces,ionemji·an·
cisii Xaverio. Lotanis 1708. 12.
Vaidy.
Vestphal ( and. ) de magna laxantiam imprimis exan.,_
tlu:mate cutaneo stipatis malignis et gryphis, i771.
�( 258)
T R0 I S1È ME
P A R T I E.
LITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES St:IENTIFIQUES,
MÉLANGES, ETC.
J,•
ANALYSE
D'OUVRAGES
IMPRIMÉS.
provençale, ou description avec .figures
coloriées de tous les oiseaux qui habitent constamment
la Pro11ence ou qui ny sont que de passage; suivie d'ttn
abrégé des chasses, de quelques instructions de Taxidermie et d!rme table des noms vulgaires; par Polydore
Roux, conservateur du cahinet d'histoire naturelle
de la ville de Marseille ( I.r• livraison, de 8 pages
in 4." avec 8 gravures, Marseille, i825. )
OIINITIIOWGIE
EN rendant compte du prospectas de cet ouvrage,
nous n'en avons dit que le bien qu'on pouvait en dire.
Il est impossible, en effet, de donner de grands éloges
à une simple annonce, qu'elles que soient les promesses
d'un auteur et encore que son caractère bien ' connu
soit un sûr garant qu'elles seront réalisées. Cè n'est
qu'après la publication de l'ouvrage, que l'analyste est
capable de rendre à !'écrivain toute la justice qu'il
mérite. Il est vrai que, devant examiner chaque livraison
de l'ornithologie provençale, et par conséquent obligé
de revenir plu5ieurs fois sur ce travail, nous n'en atten·
drous point la fü1 pour l'apprécier à sa juste valeur.
Mais outre que les détails que nous en donnerons .à
diverses reprises ne nous dispensent i>oint d'en con 51 •
�( 259)
dércr l'ensemble alors que nous le posséderons en entier, il est à remarquer que chaque livraison devant
renfermer des articles séparés, Oil se formera liient&.t
une idée générale de ce grand otivrage par les analyses particulières que nous en aurons publiées.
M. Roux a joint à sa première livraison tme circn~
!dire dont nous rapporterons textuellement ce qui le ..
justifie de n'avoir pas accompagné les gravures du texte
qu'il avait annoncé devoir s'y rattacher : cc je m'étais
proposé, dit-il, de joindre au texte de chacune de
mes livraisons des planches s'y rapportant. Mais la nécessité de commencer par un avant-propos et une introduction qui serviront à faire connaître le plan de mon
ouvrage et quelques élémens d'ornithologie convenables
à \'intelligence de mes descriptions, m'a obligé à puiser
dans ilifférens ordres et genres les oiseaux: qui font
partie de ma première division. Il en sera probablement de même de la seconde et de la troisième. Mais
alors parveune aux premières pages cla texte clu premier or<lre, les planches s'y rapporteront sans aacaoo
iaterruptiou, et celles dont je viens de parler trouveront
tour-a-tour leur place dans la continuation de l'ouvrage.u
M. Roux prévient ensuite ses souscripteurs <ju'il lui sera
, l1ieu1ôt possible de leur offrir, par mois, dea:i;: et peut,.
être troi.> li1Taisons. Celle-ai ne contient que l'avantpropos, dont nous a!lons dire nn mot et huit gra,•ures
représentant le Bourreuil proprement dit, Pyrrulla europa ( petite race mâle); !'Echasse à con blanc, Hi.
mnl!lopus albicolis ( mâ:e ) ; Je Loriol proprement dit,
Oriolus galbula (mâle); la Fauvette à tête noire, Sylvia
atricapilla ( le mâle et la femelle ) ; le Gaépier proprement d;t ,-ll1aops' apiaster (mâle Ji la l''auYctte des
fragons, Sylvia ruscicola (le mâle et la tête de la femelle);
le bec croisé commua , Lo.xia curvirostra ( mâle ) ; le
Sterne hoys, Sterr.a boisii ( mâle ).
�,
( 260 )
L'auteur débute avec tant de modestie qoe le lectenr
se trouverait comme entraîné à lire attentivement tout
l'avant-propos, quand même il n'y serait pas engagé
par l'intérêt ed'importance du sujet.
Le but de .M,. Ro1'x, en ajoutant une nouvelle pro.
duction au. nombre assez considérable de bons ouvrages
d'histoire naturelle qoe nous possédons, ne pouvait qu'être
dicté par de louables motifs. Une étude approfondie de
l'ornithologie n'aurait pas été une raisqn suffisante pour
le décider à publier l'ornithologie provençale, mais s'étant
aperçu que peu d'auteurs d'ouvrages de zoologie se sont
jmposé la tâche de faire connaître les pr0ductions de
leurs pays, de manière à ne laisser que le moinspos,
sible de doutes sur la distinction des animaux dont ils
ont fait mention, il .i. senti la nécessité de s'attacher ~
la représentation fi.delle et à fa descriptiQn exacte des
oiseaux de la Provence, afin de ne point confondre
entre eux des espèces SOllvent noyées dans une synony·
mie désespérante. Il serait à désirer qu'un tel exemple
eut de nombreux imitateurs; il en résulterait des avan·
t11ges qu'il est facile de pressentir. Aussi sommes nou~
sûrs que l'ouvrage qni ·nous occupe, aura, quoiqu'en dise
l'auteut·, le mérite cle la nouveauté autant qµe celui de
l'11tili1é, et c'est ce dont on peut iuger par le plan qui
a été adopté. ,Ce plan, nous l'avons fait counaître, en
parlant tlu prospectus tlont l';ivant-propos ne paraît être
qu'un développement, avec cette différence qu'ici nous
rencontrons quelques additions auxquelles nous <levons
seulement nous attacher, pour ne plus revenir sur ce
qui a été tléjà exposé.
M. Roux mettant à profit les idées de nos plus savans
naturalistes, en retracera même quelquefois le style
brillant et gracieux; la vérité sera son guide, c'est dire
qu'il ne crain tlra voint de signaler les erreurs de ses
dev'a nciers, quoiqu'il ne se ,dissimule point que l'hu111me
�( 261 )
aage doit, autant que possible, ne point s'armer de•
verges de la critique. « l'ai fait tous mes efforts, ditil, pour décrire exactement les oiseaux dont je fais ·
mention , de manière à ne point confondre le mâle avec
)a femelle ou le jeune, sous leurs différentes livrées.
Je parle de leurs mœurs, par conséquent, de leur accouplement, de leur nid, de leurs pontes , de leur chant,
de leurs migrations, des différentes époques auxquelles
elles s'effecLuent dans nos départemens méridionaux ,
de la durée de ce passage ou des circonstances où il
n'a lieu qu'accidentellement. 1>
En donnant la préférence à la méLhode de M. Vieillot,
il fallait encore pour meltre l'ornithologie de la Provence
à la hauteur de la science, adopter quelques-uns des
genres nom•eaux de M. Tli.emminck et des sous genres
de M. Cuvier. C'est ce qui n'a point échappé à M.
Roux qui , en un mot, a su puiser aux meilleures
sources. En effet, il n'a pas seulement mis à contribatiou les savans naluralistes, mais encore il a interrogé
le braconnier, l'habitant des champs, l'homme, enfin,
qui s'instrnisit sur le théâtre de la nature.
L'explication de ..toutes les espèces de pièges qu'on
emploie en Provence pour prendre les oiseaux, sera
placée à la fin de l'ouvrage, oh se trouveront également
les noms divers de chaque oiseau , réunis dans une table
qui en facilitera la recherche. Enfin , M. Roux promet
d'indiquer des perfecLionnemens dans un art auquel il
a toujours été adonné; d'ajouter à ces notions sur l'aviceptologie de Provence, quelques instructions de taxidermie relatives à la manière de conserver les oiseaux,
leurs nids et leurs œufs , et de faire connaître la préparation à- laquelle il est nécessaire de soumettre les
uns et les autres avant de les admettre dans les collectioos.
36
T. IX. Mai 1815.
�( 262 )
On 1'0it d'après cet exposé combien nous aurions i
dire encore en faveur de l'auteur et de l'ouvrage, mais
devant revenir sur les autres livraisons, nous finirons par
témoignet· notre satisfaction pour la manit:re dont les
boit planches contenues dans celle-ci ont été dessinées,
coloriées et lytogra1Jhiées. Qu'il nous soit permis, toutefois, d'exprimer le vœu que le papier des planches snh.
Eéquentes soit aussi conforme que llOssihle. au papier dn
itexte de l'ouvrage.
P.-M. Roui:.
NurrcE sur l'épidémie de Toulon ( sur mer ) dans les
premiers mois de l'année 1824 ; suivie d'un aperçi1
pliysiologiqlle sur le phénomène des contagions. Par J.
S. SERENE , ex-officier de santé des armées, docteur
en médecine, chiru,rgien accoucheur et membre de
plusieurs Sociétés savantes. ( in 8.0 de 46 pages, Toulon,
1824 ,· ) avec cette épigraphe :
.••.•• fas sit milii visa referre.
Cvm.
IL n'est pas de productions médicales plus importantes
qae celles qui roulent sur les maladies épidémiques;
c'est dire que de tous les médecins qui écrivent, ceuxlà méritent surtout la reconnaissance générale, qui
s'appliquent à l'hi11toire <les épidémies qu'ils ont observées.
Quelque soit donc le mérite ûe cette nom'elle Jirochure,
noas ne pouvons, même avant de l'examiner, qu'en dire
dn bien. Voyons si nos éloges seront soutenus jusqu'à
la fin de notre analysé.
L'auteur recueill it un assez grand nombre de faits,
pour qu'il lui eut é té facil~ de ccmposer un gros volume,
!>'~l én avait eu l'idée. Mais, comme il l'a bien senti,
le génie dominant étant presque toujours le même, la
'marche des maladie& doit être uniforme, et par consé-
�( 265)
fient le but de l'historien ne doit pas être d'entasser
observations sur observations: il ne fant qn'ajouter à l'histoire médicale, les faits qui ayant présenté quelques
anomalies, ont paru s'écarter par des points uillans
et donné lieu à cles indications nouvelles pour les maladies futures de même espèce. Tel est le but que s'est
proposé M. le D. Serelle. Sa llrocbare renferme deu:x;
parties bien distinctes. I.a première est divisée en trois
paragraphes et a pour titre : fièvres dites exanthématiques. Gastro-entérites avec inflammations à la peau. La
seconde partie est un aperçu physiologique sur le phénomène des contagions. Poursuivons notre analyse suivant
cet ort!re.
§. I. Des petites véroles. Elles se sont déclarées les
premières et, au commencement de l'année 1824 , on
en observa presque dans toutes les rues de Toulon;
beaucoup de personnes qui par leur âge semblaien~
~tre à couverL de leurs atteintes, ne forent pas épargnées
et quelques-unes furent dangereusement malades. En
général, la maladie n'a pas été meurtrière , peut- être
parce que le viras variolique aurait perdu un peu de
son caractère pernicieux, ou parce que cette disposition
heureuse tiendrait à la nature de cette épidémie. Mais,
ce qui est plus probable, c'est que ce résultat avantageux a dû être une conséquence de la médecine moderne.
En effet, les anti-·phlogistiqaes seuls triomphèrent toujours, qu'dle que fut la forme sons laquelle la maladie
se présentât, tandis que des praticiens pour qui l'aéfynamie et l'ataxie sont encore des maladies réelles ont
avec l'emploi des excitans échoué an assez grand nombre
de fois poa.r qu'ils fussent enfin autorisés à adopter les
principes de la doctrine physiologique, si .•.•
L'auteur se contente de rapporter trois observations:
la première est relative .à une jolie demoiselle qui, le
lroisième jour de l'apparition des pustules , eut tout le
�( 264 )
corps convert de boutons en sappnration' nne fièvre considérable, des saenrs abondantes, an gonflement extrême
du visage, l'occlusion complète des paupières. Aux
divers anti - phlogistiques connus , M. le D. Serene
joignit l'administration d'nn mélange dont il s'est bien
trouvé dans p1usie.urs cas de gastro-entérites, et que
'Voici: gorn. adrag. gr. XII, acid. citriq. crist. gr. IV,
nit. de pot. gr. V, suc. pulv. gr. XV. Divisez en quatre
prises. An bout de 10 à n jours la dessication des
pustules était très - avancée , la fièvre dirninaait par
degrés et la gaérison (eut bientôt lieu. M. '. Serene avait
eu la précaution, suivant le conseil de plnsiears auteurs, d'ouvrir les postales avec la pointe d'une lancette
afin de prévenir les difformités du visage. Malbeurease:tnent , la malade était à an âge ( 23 ans ) ott les tissus
ne se renouvellent pas d'une maniere complète et active comme dans l'enfance, par exemple, et les cicatrices du visage de cette jeune personne ne s'effacèrent
point. Il n'en fat pas de même dn sajet de la seconde
observation, âgé de deux ans, qui soumis à an traitement analogue, n'eut, peu de temps après sa guérison, aucun vestige de cicatrice an visage.
Une nouvelle remarque découle de celte seconde observation : la crainte de voir deux frères de cet enfant
prendre la maladie, décida les parens à les faire vac·
ciner de saite. Le D. Serene qui d'abord applaudit a
cette idée, changea bientôt d'avis, craignant à son tour
de s'exposer à rendre nals les effets du virus ''accin
au développement daqael il lai parut que l'absorption
du miasme varioleux pourrait ètre un obstacle. D'aillears, en admettant qae le virus fit naître les pustules,
&a propriété -préservative ne pouvait-elle pas ~tre alors
enlevée? Sans doute, si, en pa-reille occurrence, l'on
ne devait redouter que l'inutilité de la vaccination, ruieo1
uudrait pratiquer cette opération, puisqu'elle offrirait
�( 265 )
au moins une chance favorable. Mais l'auteur ne voulut
point courir le risque de fournir une occasion de
décréditer le précieux prophylactique, et, deux jours
après, il se déclar'a chez les deux enfans une variole
bénigne dont la guérison ne fut pas long-temps attendue.
La troisième observation présente cela de particulier
qu'une inflammation du gosier chez une fille cle dix
ans, atteinte de la variole, était très-inteme et les amygdales devinrent si engorgées qu'il n'y eut que la ré.>ectio11
d'une partie de celles-ci . qui s'opposa à une suffocation
imminente, et rien n'eut plus entravé la guérison solide
sans an engorgement considérable de la glande sousmaxillaire droite, lequel , combattu cl' abord par les antiphlogistiques, ne céda au bout d'un mois qu'à l'usage
des frictions avec l'hydriodate de potasse en pommade.
L'auteur finit par faire cette remarque générale bur les
petites véroles, que la contagion paraît n'avoir jamais
lien qu'a l'époque de la dessication.
§. Il. De la roiigeole. Elle a été, surtout eri mars et
en avril, proportion gardée, plos meurtrière que la petite vérole. Les individus qui en ont été victimes,, el le
nombre en a été assez grand, ont succombé ou à l'inflammation cérébrale, ou à celle de poitrine, ou tmfin
a celle des intestins. De sept observations qui sont
rapportées , il résulte 1.0 qu'il y aurait des rougeoles
éphémères, puisque la durée de cette maladie n'a été
que de trente-six heures chez nn enfant, et de quarautehait heures chez nu autre; 2.° que la mortalité des
enfans est souvent augmentée par leur indocilité et leur
ob!lination à ne point prendre les remèdes nécessaires;
3." qu'il faut_poor que l'invasion de la maladie ail lieu,
que l'économie soit l1ahituée à l'impression du génie morbide pour lequel elle peut n'avoir d'abord aucune attraction marquée; 4. 0 que les fièvres cérébrales pourraient
être avantageusement combattues par le sulfate Je qui-
�( 266)
nine associé à d'antres moyens convenables, tels qnel'application da froid sur la téte en m~me-temps qu'on
élève la température des autres parties clu corps et
surtout celle des e"S:trémités. Enfin, l'auteur s'élève contre
cette facilité avec laquelle les pharmaciens se chargent
do traitement des maladies les plus difficiles et exigeant
des qonnaissances âassi variées qu'étendaes. " Sans dou1e,
dit M. le D· Serene , nous rendons hommage à ieur
mé1·ite, à lear philantropie; et en app1andissant encore
à lear louable intention, nous n'avons pa& l'it!justice de
les confondre avec ces charlatans médicastres abusant
de tant de manières de la credulité publique et disséminés partout pour le malheur des hommes. Mais puis.
sent-ils, n'oubliant jamais la dignité de leur ministère,
se décider enfin à demeurer sur le terrein honorable
où leur profession les a placés et à laisser a une classe
aassi nombreuse qu'ignorante, l'odieux privilège d'es·
tr<;>pier des formules et de faire des victimes. »
§. III. De la scarlatine. Considérée comme une va·
riété des gastro-entérites, la scarlatine a été observée
avec la même attention que les maladies précédentes. Les
observations à cet égard se ressemblant toutes par un
point particulier, l'auteur se borne à en produire trois
qui l'ont porté à faire les remarques suivantes : que la
scarlatine s'est développée chez deux sujets avancés•en
Sge ; qae che7; tous deux ]a maladie a eu de commun
un engorgement à l'une cles grandes lèvres simulant
un abcès; qce l'un de ces eugorgemens s'est terminé
par suppuration, l'autre par résolution; que ces abcès
n'ayant été qu'un symptôme de l'irritation des voies di·
gestives, ne méritaient qu'une attention secondaire; qu'il
vaut donc beaucoup mieux dans ce genre de maladie,
voir survenir des inflammations aiguës dans le tissa cel·
lulaire que ces engorgemens lymphatiques produits pH
l'irritation des vaisseaux blancs, tels que l'œdème, l'hy-
�( 267)
dropisie , suites frèqnentes de la suppression hrnsqne
des exaathèmes et qui compromettent si souvent la vie
de ceux qui les éprouvent. L'auteur fait encore remarquer que chez les femmes les organes génitaux devenaient le siège du transport de l'irritation , tandis que
les oreilles é taient le point que la nature choisissait
ile préférence chez les sujets mâles.
Aperçtt physiologique sur le phénomène des contagions.
Celle partie du mémoire qui nons occupe ne nous a pas
paru présenter autant d'inté'rêt que la précédente; nons
croyons en trouver le motif en ce que la médecine
étant une $CÏe~ce de fdits , il est tout naturel que nous
nous attachions de préférence au récit historiqne des
maladies, qu'à l'exposition d'une opinion fondée snr des
probabilités, et bien que celles-ci soient assez nombreuses
pour la faire regarder presque comme certaine. Or ,
da~s cette seconde partie, le D. Serene s'est attaché à
Oémonlrer qu'il n'existe point de contagions absolues
et qu'il n'y a que des conta~ions relatives, on en d'autres
termes, qt1'il faut, pour que la transmission d'une mal~die de même nature ait lien d'un individu malade à
un individn sain, que celui-ci possède une disposition
ad hoc, une idiosyncrasie, véritable émanation du principe vital.
Cette idée n'est point neuve; elle n'a point échappé
observateurs, à ceux qui soutiennent la contagion
comme à ceux qui corn battent sous la bannière des noncontagionistes. Elle ne saurait donc servir précisément à
coacilier les sentimens oppoi;és sur un sujet aassi imJilrlant que celui de la fièvre jaune, par exemple.
On sait que la .fi èvre jaune reconn aît ponr causes
~i circonstanc~s locales nne atmosphère élevée comrinée avec l'h umidité et' on concoit ce que peut le
.
'
'
principe vital quant au développement de cette qialadie 1 daus le lieu seulement oh elle sévit. M ... is hors
101
�( 268 )
dn foyer cl'infeetion, qn'èlle influence ce principe peut.
il avoir? Devons-nons croire qu'alors un individu sain mis
en conLact avec un sujet atteint de la fièvre jaune con.
cela n'est point soutenable 1
tractera celle fièvre? Mais,
•
puisque, on ne saurait trop le répéter, la maladie ne
se prend qu'an foyer d'infection , et qu'il est' assez démontré que la formation <le celui - ci n'émane point
d'un on mt!me de plusienrs individus, mais bien de
certaines conditions locales. Reconnaissons donc à la
fois deux sortes de dispositions, et s'il est vrai, comme
on n'en peut douter, que la fièvre jaune, ainsi que d'au.
tres affections non moins terribles , résulte du con.
cours des causes locales avec celles qui sont inhérentes
aux individus ( 1), n'allons pas faire jouer au principe
vital un rôle plus grand qu'il ne ·joue réellement; nous
tomberions, si telle était notre opinion, dans un excès
non moins blarnable que celui dans lequel sont tomliés
cellx qui ont voulu plonger entièrement le principe vital
dans les ténèbres.
En résumé, cet opuscule contient des vues utiles,
quant à la narration de l'épidémie de Toulon, en 1824.
Et l'auteur mérite des éloges autant pour s'être livré a
ce travail avec tout le zèle d'un praticien qui désire
concourir aux progrès cle la science, que pour s'êtl'e
exercé un instant sur le phénomène des contagions, bien
qu'à cet égarcl nous ne puissions admettre ses propo·
sitious que jusques à un certain .. point.
Amicus Plata, amicus Socrates, sed ma gis arnica veritas.
P.-M. Roux.
2
(t) Voyez notre Co"!' - 1l'œil sur la fièvre jau/le, pag. 7 et
•uivantes. Marseille, 18:1.l.
�( 269 )
balnéo-sanitaire. Bains et douches de va ..
penrs, tenus par J .-F. BEAUMELLE, ancien chimrgien
0
major (les armées françaises, etc. ( Prospectus in 8.
de x3 pages, Montpellier 1825.) avec cette évigtaphe:
ETABLISSE1'IBNT
, •••• exudat irmtilis humor,
GEl>RG.
Ori est assez généralement d'accord sur ce point qu'il
est :Peu de moyens thérapeutiques plus utiles et dont
on puisse faire un plus. fréquent usage que les bains de
vapenrs. Ce n'est pas seulement pour guérir nu trèsgrand nombre de maladies cutanées qu'on les a admi..
nistrés, mais encore pour annihiler une foule d'affections qui, bien qu'ayant leur siège dans tels ou tels
organes des trois grandes cavités , réclament la médication même sur l'organe cutané; c'est qu'il existe entre
cet organe et ceux-là des relations sympatbiqnes..telles
4ue les bons effets des remèdes se prepagent du lieu
oh ils s~nt appliqués aux parties cachées de l'organisme.
Les bains fumigatoires ont aussi la propriété de faire
diverger les forces, d'agir par conséquent comme révulsifs, et ce n'est pas là le moindre motif qui doive
engager les partisans de la médecine physiologique ~
y avoir recours. Outre les actions directe, sympathique,
révulsive que l'on obtient d·e ces moyens, ils deviennent de puissans auxiliaires dans plus d'une affection;
en sorte que la série des maux contre lesquels ils ont
été employés avec ·succès, étonne presque par son
étendue. Nous ne l'exposerons point ici f assez de médecins silvent à quoi s'en tenir à cet égard et nous devons nous ahstenir cle passer en revue la multiplicite
d'ennemis que la méthode fumigatoire peut combattre
avantageusement, parce qu'on a toujours mauvaise grace
à recommander comme des panacéçs les remèdes même
T. IX. Mai i8'15:
37
�( 270 )
les plus héroïques. Mais ce que nous ajouterons Tolon.
tiers en faveur de la méthode fumigatoire, c'est que
. les étahlissemens dont elle est le bat se sont singulièrement molli pliés depuis quelques années, sans doute
parce que l'on a bientôt apprécié leur utilité. Ils· ne
sont pas 1 toutefois, tellement nombreux qae l'or. doive
désormais regarder comme superflue toute nouvelle
entreprise de ce genre, et, d'ailleurs, pourrait-on
. trop répandre les méthodes les plus saiutaires 7 Aussi,
:sommes-nous sô.r que M. Beaumelle verra prospérer
son . établissement, et pour le moins autant, nous
aimons à l'entrevoir, que ceux de ses devanciers, car
le prospectas qae nous avons sous les yeux fait assez
pressentir tout ce qu'il est capable de réaliser.
Après avoir rappelé saccintement, mais avec clarté
et précision , ce que la méthode fumigatoire peut offrir
d'essentiel, d'auxiliaire ou d'a~réahlc, l'auteur rend
c~mpte des avantages de l'établis~ment et de la distribution des appareils.
•• Situé, dit-il, au centre de la ville (Montpellier),
dans la position la plus agréable , jouissant de deux
entrées, cet établissement n'offre aucun des inconvéoieos
qui rendent dangereux ou indiscret l'emploi des bains de
'Vapeurs. Formé d'après le modèle des appareils perfectionnés des docteurs Rapou et Paganini, on y a
réuni tout ce que la chimie moderne, appliquée aux
arts et à la médecine , a de plus uLile. Un co!'ps-delogis séparé offre en outre an · logement non moins
agréable que facnltat.if aux malades étrangers qui peuYent ponctuellement suivre l'ordonnance du médecin
dans tout ce qui se rapporte à la méthode fomigatoire,
que l'on peut divi~er en vapeurs sèche~ et en vapeurs
humides, en bains généraux et en bains locaux ».
L'auteur parle ensuite de la situation du bain à la
Russe, du bain à l'Oriental~, des. bains par encaissement,
�{ 271 )
des douches, etc. Nons ne le snivrons pas d'avantage
dans ses détails, parce que nous sommes pénétrés qu'il
fant se rendre à Montpelller. voir le nouvel établissement balnéo-sanitaire poor s'assurer de son importance,
et c'est l'invitation que tout médecin doit faire aux
malades dont la situation demande la méthode fumigatoire. Sans doute, ils retonrneront a;sez satisfaits
pour pouvoir proclamer les bienfaits de cette méthode •
et les avantages de l'entreprise de M. Beaumelle, bien
mieux que parce que nous pourrions en dire encore
d'3près le prospectus, et bien que celui-ci soit écrit de
manière à faire des prosélytes.
P.-M. Roux.
2~
R:i::v u E
DES
Jou RNA ux.
( Journaux Français. )
(Journal de pharmacie. Novembre 1824.) --- M. Boutron-Charlard a la à l'Académie royale de médecine,
les expfriences qu'il a faites pour servir à l'analyse
complète de la civette.
• La civette , dit-il , est one matière demi-fluide,
onctueuse, d'une couleur jaua&tre qui passe au hnm en
vieillissant et qni s'épaissit par son contact avec l'air,
d'ane odeur très-forte 'et désagréable en masse, suave
et agréable lorsqu'elle est étendue, elle est produite par
deux mammifères carnassiers, nommés viverra civetta
et vivêrra zibetha de L. Ces animaux sont originaires
des contrées hrtilantes de l'Afrique et de l'Asie.
• Cette matière est contenue dans une poche située
, entre l'anus et les parties de la génération. Les deux
~ sexes eo sont également pourvus. »
Cette matière soumise à une analyse méthodique, •
�( 272 )
donné pour résultat l'énumération des snbstancei suivantes: 1." de l'ammoniaque libre.; 2. deux matières
grasses, l'ane liquide et l'antre solide, ( élaïue et stéarine);
3." du mucus; 4. 0 de la résine; 5.0 de l'huile volatile; 6.'
une matière colorante jaune; 7.° des soui-carhonate et
sulfate de po~asse; 8. du sous-phosphate de chaux et
de l'oxide de fer.
Cette matière qu'on a cru pouvoir assimiler an castoreum en diffère principalement par l'ah.senee de
l'acide benzoïque.
--- Du principe médicamenteux de la salsepareille ,
ou PARIGLINE, nouvelle base salifiable végétale découverte
par M. Galileo Palotta, professeur de médecine.
Le procèclé suivant a été employé par M. Palotta pour
obtenir la parigline pure: on coupe l..t salsepareille, on l'écrase à l'aide da pilon. On verse sur "une quantité donnée
de celte racine six fois son poids d'eau commune bouillante; on <:ouvre le vase pour empêcher que les vapeurs
aqueuses n'entraînent avec elles quelqu.es portions de
parigline-; on prolonge l'infusion pendant environ hait
heures; on passe ensuite la liqueur à travers une toile,
on verse sur le marc une quantité d'eau houillsnte
égale à la première, en suivant le même mode.
Les déux infusions réunies ont une couleur amhrée
foncée et sont légè1·ement amè1·es et nauséahondes. On
y verse assez <le lait de chaux. pour que le papier <le
cucurma rougisse sensiblement, ·en ayant la précaution
d'agiter fortement le liquide avec une spatule de bois.
On ol>serve quê les eaux. changent de couleur et deviennent brunâtres; il s'en précipite ensuite une snbs·
tance pulvérulente <le couleur grise; on recueille ce sédiment sur nne toile très..!serrée, on le mêle, encore
humide, avec de l'eau saturée d'acide carbonique, pais
on le fait sécher au soleil, et l'on réduit la substance
en poudre fine. On l'introduit dans un matras avec de
0
0
�( 273 )
l'alcobol à 40. B., et l'on soutient l'ébullition pendant
deux heures, ou filtre la solution alcoholique. Le résida
e»t traité par une nouvelle quantité d'alcobol, en observant les mêmes précautions.
Les solutions alcoboliques étant réunies, on introduit
le tout dans one cornue de verre, on recueille l'alcohol
par la distillation au };ain marie jusqu'à ce qu'on observe que le liquide de la cornue se trouble sensiblement; on verse celui-ci dans une capsule et on l,.ahandonne
au repos. Peu de temps après on voit une substance
blanche pulvérulente se précipiter et s'attacher aux parois du vaisseau. On sépare le liquide surnageant, on
place le vase dans une étuve chauffée à 25. R. Lorsque
le tout est suffisamment desséché, on recueille la substance et on la conserve d.rns un vase convenable. Cette
substance est la parigline . Le liquide , décanté et évaporé, à une douce chaleur jusqu'à siccité, fournit une
substance solide, compacte, légèrement déliquescente,
d'une couleur obscure; c'est de la parigline impure ;
elle est combinée avec une matière colorante particulière; on pe·u t la purifier par pn moyen facile et connu
0
0
de tous les chimistes.
Les caractères de la parigline peuvent se réduire
aux sui vans : hlancbe, pulvérulente, légère, inaltérable
à l'air atmosphérique ; saveur amère, très-austère, peu
astringente et nau§éeuse ; odeur particulière, pesanteur spécifique plus grande que celle de l'eau distillée.
La parigline pure est insoluble dans l'eau froide'
peu soluble dans l'eau chaude , peu sg]uble dans l'al~ohol concentré et à froid , soluble dans l'alcohol
bouillant. !,;a parigline impure est insoluble dans l'ea11
froide, soluble dans l'eau chaude, soluble dans l'alcohol
concentré à froid et à chaud.
La parigline rougit faiblement le papier <l.e cuc1ir~a.
Mise sur 11ne lame de fer chauffée au rouge, elle
�( 2
74)
se décompose à la manière des substances végétales non
azotées; si la chaleur n'excède pas 100° R., elle se
fond, devient noire en se décomposant en partie, mais
laisse à nu son amer.
L'acide sulfurique concentré décompose la parigline.
L'acide sulfurique affaibli est neutralisé par cette
base, avec laquelle elle forme on sulfate.
· Tous le& acides s'unissent à la parigline, et forment
des sels.
Dans plusieurs expériences qoe l"aoteor a faites snr
lai-même' pour coastater l'effet de la parigline snr
l'économie animale , il a reconnu qu'elle n'a rien
produit à la petite dose de deux grains , si ce n'est
une saveur amère et one sensation de constriction dans
l'arrière-bouche. Mais lorsqu'il a .augmenté les dose61
comme celles de six, hait, dix et jusqu'à treize grains,
pris après deux jours de diète, il a éprouvé que le
popls s'affaiblissait et que les pulsations diminuaient;
sentiment de mal-aise à l'estomac, pois nausées et vomissemènt même par les hantes doses; one sueur abondante demi-heure après avoir pris une dose de dix
grains; one défaillance générale, enfin une faiblesse
telle qa"elle nécessita de recourir à l'usage d'on cordial,
le jour de la plus . haute dose.
L'auteur a reconnu par ces expériences que la parisline est un médicament débilita.nt ' ou qoi agit en
général en affaiblissant l'activité vitale.
. Sachant en outre combien la parigline l'emporte en
force sur la salsepareille , on en retirera de grand&
avantages dans les cas de rhumatismes chroniques, et
non de ceux produits ou ~occasionés par le virus si·
pbylitiqae. Il en doit être de même dans les affections
herpétiques, etc.
· -·- Considérations physiologiques sur les sangsues, et
notice sur les mqyens emplqyés pour consert1er cei ani·
�( 275 )
m1mx. Par M. J. L. DERBEIMs, pharmacien à St ..Omer.
Nous ne citerons de ce travail très-intéressant que la
partie qui traite des moyens propres à la conservation
de ce ver devenn si important par l'usage indispensable
qu'en fait journellement la médecine physiologique.
Ces petits animaux, comme ou le sait, ont one faculté
locometive générale ; la première chose à observer est
donc de ne point gêner leurs mooven1ens. Les vasea,
ordinairement petits en raison dn nombre de sangsues
que l'on y met, ne contribuent pas peu, je pense, à leur
destrnction. Quand on est borné à les conserver de
cette manière, il faut avoir soin de les changer d'eau
fort souvent, et avec précaution, pour ne point les
hlesser; de bien laver leurs vases, et surtout de lei
débarrasser des matières qu'elle5 exsudent, de couvrir
les vases avec une toile qui ne soit pas trop serrée.
la rareté des sangsues en Angleterre a fait qoe l'on
s'est beaucoup occupé dans ce pays des moyens de leur
propagation et de leur· conservation ; les expérien~ei
relatives à la propagation (1) n'ont rien offert d'avantageux. Pour leur conser-ration on a fait de grands
réservoirs dans lesquels elles peuvent nager librement.
Ce moyen aussi u11ité en France , n'offre point encor~
de résultats assez avantageux. A la vérité ces animaux
sont moins exposés à s'entre-sacer que dans des vasea
petits oh ils .sont très-rapprochés les uns des antres.
L'exportation considérable de ces animaul:, l'emploi
médical journalier que l'on en fait, sont les considérations qui m'ont porté à chercher les moyens les pins
(1) A ce suje-t- nous dirons que M. Achard, pharmacien du
Roi, à la Martinique 1 est parvenu à démontrer la possibi·
li1é cle propager les sangsues ( v. la pag. 189 . tom. Vil de ~
i~1rnal.)
Note du Réda"eur-t;énérlill.
�( 276 )
convenables de les conserver ; voici c1ooc l'exposé sncciot
du procédé qui me n!nssit le mieux:
Dans le food d'un bassin de marbre on dispose une
couche de six à sept pouces d'un mélange de mousse,
de tourbe et de charbon de l)ois en petits fra~mens,
on parsème cette couche de petits cailloux , qui par
Jeor poids doivent retenir la mousse sans trop la compt'imer, afin que l'eau puisse la pénétrer en filtrant à
travers. A l'une des extrémités du bassin , qui doit
être oblong de préférence, "et vers le milieu de la hauteu1· des parois, doit être assujettie une table mince de
marbre, percée de petits trous en plus ou moins gran1l
nombre. Cette tahle doit être rrcouyerte d'une canche
de mousse, sur laquelle au,si l'on met des cailloux,
mais en plus grande quantité que sur la couche du
fond, afin qu'elle soit plus fortement comprimée.
Le réservoir ainsi disposé , l'on y met de l'eau de
rivière qui ne doit l'emplir qu'à moitié, et en telle quantité que la mousse et les cailloux qui recouvrent la table
de marbre ne soient que légèrement mouillés. De cette
manière la mousse du fond est entièrement recouverte
ô'ean , celle do dessus est en partie à nu. Le bassin se
recopvre d'une toile de crin à mailles serrées, aulonr
de laquelle sont attachés des plombs qui, par leur propre
poids, tiennent la toile très-tendue; celle-ci ne permet
point alors aux sangsues de s'échapper.
Les sangsues que l'on dépose dans des ré~ervoirs de
ce genre, peuvent à volonté se promener sur la moasse
extérieure ou nager dans l'eau. Si , d'une part, l'on
considère que ces sortes ll'auimaux, clans leur étal de
liberté, rampent souvent sur la mousse horni1le, el de
l'autre, qu'ils aiment à s'enfoncer dans la terre, l'on
sera porté à juger utile un réservoir de cette espèce.
Chacun sait que les. sang~ues produisent sonvent en
grande quantité de11 mucosités ; que cette exsudation fort
�( 2 77
)
souvent recouvre les sang5aes : c'est 1 )e crois, l'agent
le plus puissant de leur destruction. L'observation me
permet d'assurer, et chacun peut se convaincre de cette
vérité, que cl.ans les temps nébuleux ou durant les o.rages,
cette mucosité se contracte tellement, que les sangsues
qui en ont autour d'elles ne tardent point à être étranglées en diff,érentes parties de leur corps, ce qui les
fait périr, ou ce qui ·concourt singulièrement à l'annihilation de leurs facultés. L'on conçoit que cet inconvénient,
le plus grand peut-être auquel les sangsues soient assujetties, doit dis par-aître en employant les réservoirs en
question. Eu effet, ces insectes, en traversant la mousse
( soit celle du fond , soit celle de la table de marbre ) ,
sont légèrement pressés de toutes parts , et se débarrassent de cette mucosité filamenteuse ; ce qu'ils ne
peuvent faire dans de simples vases ou pôts de terre
ou de grès, dans lesquels ils ne trouvent qu'une surface lisse sur laquelle ils glissent sans vouvoir abandonner
ce qui les gêne.
Nous e~ployons de la tourbe en fragmens pour offrir
aux sangsues des points plus résistans que la mousse;
nous mélangeons du charbon à cette tourbe , pour pré:veuir la putréfaction de la matière animale. N~anmoins
il est indispensable de changer ces réservoirs d'eau de
temps à· autre, ainsi que de mousse ; quant au renouvellement de cette première , il doit s'effectuer ·assez
souvent : un robinet , convenablement adapté à une
paroi vers la base de celle-ci , suffit po1:1r vider librement le bassin.
Disons maioteoant nn mot de l'efficacité du charbon,
particulièrement du charbon animal, pour prévenir ou
détruire certaines des maladies ordinaires des sangsues.
Il y a peu de temps qu'une personne, qui fait le
commerce des sangsues avec l'Angleter.re, m'écrivit que
T. IX. M,ii 1825.
38
�( 278 )
depuis quinze jours elle perc\.1it jclurnellcment r5o à
2 00 sangsues d'on réservoir qui en contenait primitivement 10,000, tandis que les sangsues d'un autre réservoir de même grandeur, qui en contenait vlus de
25,ooo , ne mour.d ient qu'en fort p etit nombre chaque
jour. " Je ne sais, disait-elle, re qui peut être la cause
» de cet a ccident, je ne change pas plus souvent l'eau
» des unes que celle des autres, j'emploie la même
» eau pour les deux réservoir . » Sans rechercher cette
cause, je conseillai à la personne l'emploi du charbon
animal, en lui reeommanclaot de laisser les sangsues
dans une petite quantité <l'i;au et d'y mêler du charbon;
de laisser les sangsues dans cet état pendant quatre on
cinq heures et d'ajouter alors une grande quantité d'eau;
le tout fut ponctuellement exécuté, et quatre jours
après la personne me manda qu'elle s'était on ne pent
pas mieux trouvée de mon conseil. « Le premier jonr
» je fis l'essai, me dit-elle 1 et le lendemain, à mon
» grand étonnement, on ne trouva que neuf sangsues
» de mortes. Je fis bien laver le bassin on y remit
» Ïes sangsues , de l'eau fraîche et du charbon, et le
» sµrlendemain on- n'en trouva que trois. Je fos émer.
» veillé, et je vous sais pour ce service toute la re" connaissance possible , etc. »
COURET.
( Ga::.ette de santé. ) --- CompMition rle la poudre dite,.,
cle Laeyson. -- Cette poudre a été vendue à Londres et
à Paris, comme ayant la propriété de fortifi,er la vue.
On verra, par sa composition, que ses propriétés se
bornent à produire une légère dérivation en agissant
sur la membrane pituitaire, lorsqu'à la soi te d'un long
tra,·ail les yeux sont fatigués ; car la manière de s'rn
servir consiste à respirer la vapeur qui s'échappe d11
flacon.
�(
2
79 )
Cette pondre consiste dans an mélange d'ane partie
de sel ammoniac et de deux parties de carbonate de
potasse; on bien de carllonate d'ammoniaque avec une
poudre aromatique colorée.
( JoDrnaux Italiens. )
t
( Antologia n. 0 41 et annali univers. di med. 1824. )
-·- Nouvelle manière de traiter l'odontalgie; par M. Luc
F'ATTORJ, chirurgie n à Pontédéra. ---Cette méthode est
fondée sur le principe incontestable de la sensihilité
nerveuse et sar le fait qai démontre que, quelle que
soit la cause des douleurs d'une partie, elles s'évanouissent par la rescision du nerf de cette partie,
comme p;1r tout ce qui arrête l'iniluence et l'action de
celui-ci. Il fallait donc pour com])altre l'odontalgie,
trouver le moyen de coaper , cle retrancher le nerf
qui se distribue à chaque dent. M. Fattori a atteint
ce but, en imaginant an trépau à arc avec la pointe
dnc1uel il opère la resci;ion du nerf dentaire, et après
une longue pratique, ayant pu s'assurer en général du
passage ordinaire et de la situation dn nerf de chaque
dent, il adapte an besoin à son trépan des aiguilles
plus ou moins longues et plus ou moins gt·osEes et parvient
ainsi sans peine et promptement à remplir l'indication
qui doit pour toujours foire cesser la douleur dentaire.
Le D. Balbiani, de Pontédéra, assure avoir va un grand
nombre d'individus opérés cle cette manière, chez lesquels la douleur a disparu comme par enchantement ,
et s'il est arrivé d'abord que, pour n'avoir pas saisi et
par conoéquent coupé le nerf, elle ait persisté il a
toujours fallu qu'elle cédât à une nouvelle application
de l'instrnrnent.
·- ( L'osservatore médico, gennajo 1825. ) -- Le D.
Placide PùRT AI. , de Palerme, rapporte qu'une femme ,
Aane Pin, de la m~me ville, déjà mère de plusieurs
�( 280)
enfans bien conrormés ' parvenue an huitième mois de
la grossesse, le 27 septembre i824, mit au monde,
après beaucoup de souffrances et les secours de l'art,
deux enfans qui cessèrent bientôt de vivre. Ils se tenaient pdr la partie antérieure du thorax et de l'abdomen, ayant chacan les membres, le con, la tête et
·la colonne vertébrale pufaitement séparés, les côtes
articulées a'fec leurs vertèbres respectives , se réunissaient à on sternum commun, Tons les organes étaient
séparés et distincts t excepté qu'il n'y avait qu'un estomac et un tube intestinal jusqu'à l'S da colon, où
il se bifurquait et d'où s'en saivaient deux rectums;
il n'y avait aussi qu'un cordon ombilical et un placenta·
(Journaux Américains.)
( '1'/ie american medical recorder, januar. J 823 et ann.
univ. di med. ) --- Histoire d'un priapisme qui a duré
26 ;ou,rs; par James MooRE, médecin à Shelbyville dan11
le Kentucky. --- Un homme, âgé de quarante ans, qoi
eu atait quinr.e de mariage , père de quatre ou cinq
enfans, souffrait depuis environ un an de l'estomac
avec trouble des fonctions du foie. Les mercuriaux,
l'oxide de bismuth, un régime convenable et un exercice réglé lai redonnèrent bientôt la santé, si ce n'est
que dans sa convalescence : ipse narravit, se cum uxore
coeuntem, quum fecondari eam noluerit, penem, ut semen extra vaginam punderet, subito retraxisse, deinde ,
ad somnum se composuisse 1 brevi autem experrectum
d.oloriji,c;a pertis erectione, prœ ingenti molestia et tumore urinam vix mittere potuisse. Ita per integros
-viginti se.X dies misere confiictatus est, sine ulla jere
intermissione. Au priapismë se joignirent une fièvre
ardente , de l'iuqniètude , la constipation et le dégoût.
Des saignées réitérées jusques à défaillance , l'incision
Ùes veines superficielles du pénis, les bains locaux d'eau
�(
281 )
froide (on n'avait point de glace ) , lei; bains chauds df!J
tout le corps, les fomentations froides aw• c l'eau, le
vinaigre et le sel de saturne , le s injections dans l'urètre
1
d'huile opiacé, les lavemens .~tibiés et rendus pui·g<1tifa
avec le sel de Glauber, les vésicatoires aux jambes, aux
cuisses, au périné, etc. , fureut envain employés, et on
désespérait presque de pouvoir souluger le malade ,.
lorsque le médecin pense devoir réitérer les foment:1tions
froides ( 36 à 38 de F. ) lesquelles faites pendt1 nt trois
jours et trois nui ts , produisent enfin le relâchement
désiré, et à la suite de celui-ci, il sort de l'urètre une
mucosité subtile, comme dans les émissions de semence
qoi résultent d'une faiblesse des parties génitales.
( Journattx Anglais.)
( Medico-chirurgical transactions of the medical und
chirurgical society of London, vol. XI part. II. et ann•
univt r. 1824. } --- Cas de mort subite dans lequel on a
trouvé une hydatide dans la substance du cœur. --- Un
petit jeune-homme, sain et joyeux, qui n'avait jamais
éprouvé de palpitations du cœor, ni aucune clifficnlté de
respirer, meurt subitement en se rendant de l'école chez
lui. A l'ouverture du cadavre , on n'observa rien de
particulier, si ce n'est que le péricar<le avait un point
d'adhérence aa cœur et qu'il conienail environ <leux
onces d'une sérosité de couleur somf)re, et que l'on
trouva dans la suh:.tance musculaire du cœur une grosse
hydatide, phénomène peut ê!l·e unique dans l'histoire
de l'art, qui nous offre, d'ailleu rs, plusieurs cas d'hydatides adf1érentes au cœur et au péricarde, comme on
pent le voir -daus les éphéméri dfs <les curieux de la
nature, et dans les œuvres de Portal , Morgagni 1
Bonnet , Roifùik , etc.
P.-M. Rou:s:.
�3.0
V
A R I
ÉT É
s.
-- IL para7t que la Chambre des Pairs ne s'occupera
pas cette année du projet de loi relatif fi la création
des écoles secondaires de méclecine , etc., et même que
\e gooveroement le retirera pour en vré.>cnter un autre
li la session prochaine, si, comme on nous l'assure,
le rapport qoe doit faire M. Chaptal, au nom d'une
commission, change entièremen L ce projet.
-- Le journal clin!:_que de l'association médico-chirur.
gicale franc.comtoise, rédigé par MM. les médecins et
chirurgiens des hospices de Dole, est on nouveau recueil
que l'année 1825 a vu éclore. Ce petit journal, car il
est !composé d'un petit nombre de feuilles, est bien
rédigé, contient des faits assez intéressans et paraît
modelé sur les annales du P. Broussais. Nous en donuerons des extraits.
--- Si 1 depuis quelques années , plusieurs journaux
de médecine ont été créés, combien n'en a-t-on pas
Til disparaître peu de temps après leur naissance ! Il
en est même qui , comme les Annales de la Société de
médecine pratique de Montpellier, par cela même qu'ils
comptaient nomllre d'années de succès, méritaient une
plus 1ongue existence. On sait que de la Bibliothèque germanique, il ne parut que quelques n. 0 en 1821 ; qu'il en
a été de même de la Gazette de santé de Lyon; un
pareil sort était réservé au Journal médical du Var;
et on n'apprepdra pas sans peine que !'Asclépiade a
également terminé sa carrière.
--- Comme Astruc qui composa on ouvrage sur les
accouchemens , bien qu'il ne fut pas accoucheur, [PD.'
Robert a enseigné l'art de procréer de grands hommes,
quoiqu'il n'eut jamais donné des p • eU\·es de sa capacité
procré.ilrice, et , qui plus est, on assure qu'il se pro·
�( :A83 )
pose d'enseigner bieµtôt à l'Europe entière les moyens
de se préserver des contagions. Des idées aussi gigantesques ne sauraient être le fruit d'un esprit rétréci. Mais,
cette fois, l'auteur>'éta yera-t-il de sa propre cxpérience7
--- Le docteur D., aussi patelin que maniéré, et qui
6ait se replier cle tant de manières pour obtenir wu.
tes les places lucratives, cherche , dit - on, à se faire
nommer membre de l'une des chambres de discipline,
croyant pouvoir ainsi se soustraire à la vigilance de
cenx qui doivent être chargés de maintenir le bon
ordre dans le monde médical.
- - - Des .c:i.tharres hroncbiques , des inflammations
gutturales, quelques cas de scarlatine et de rougeole
ont été les maladies les plus fréquentes ce mois-ci. On
leur a opposé avec succès, suivant l'usage, les moyens
que prescr.it la saine doctrine , tandis que quelques
insoccés ont encore appris les inconvéniens des méthodes
perturbatrices.
.
--- D'après le relevé des registres de l'Etat-civil de la
mairie de M;rseille , il y a eu en Avril 1825, 34z
naissances; 279 décès et 85 mariages.
P.•M. Roux.
4:
CONCOURS
ACADiMIQUEL
1
Une médaille d'or de ]a valeur de trois cents franc11
sera décernée, en 1826, par l'Académie des sciences
sur la question suivante :
Déterminer av~c précision les changemens qu'éprouve
la circulation du sang chez les grenouilles dans leurs
différentes métamorphoses.
Les mémoires doivent être adressés a-çant le premier
janvier 1826, au secrétariat de l'institut.
�( 284 )
La section de chirurgie de l'Académie royale de mé.
decine, dans la séance publique de i 826, décernera un
prix de la valeur de mille francs, à l'auteur du meilleur
mémoire sur la question suivante:
Déterminer par fobsef'mtion , l'expérience et le rai1onnement, qu'elle est la méthode préférable dans le
traitement des plaies pénétrantes de la poitrine.
Les mémoires écrits en français on en latin, seront
envoyés, francs de port, avant le premier novembre prochain, P.t selon les formes ordinaires des Académies 1
au secrétariat de l'Académie royale de médecine , rne
Poitiers, n" 8.
L'A thénée de médecine décernera, llans sa séance
~énérale du mois de janvier 18'.!6, one médaille de
trois cents francs, à l'auteur du meilleur mémoire
sur la question suivante :
Etablir sur des faits positifs les rapports anatomiqnes 1
physiologiques et pathologiques qui existent entre la peau
et la membrane muqueuse.
Les mémoires devront être adressés dans les formes
ar.adémiques' avant le premier décembre prochain' a
M. Jolly, secrétaire • général de la Société, rue d11
Temple, ' n.0 13.
AVIS.
LA Société ro,yale de médecine de Marseille declare
'fu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Observations , Notices , etc., de ses membres soit titulaires,
soit correspondans , qui lui paraissent dignes d'être
publiés , elle n'a égard <{ll'à l'intérêt qri'ils preseatent
à la science médicale; mais qzi'elle n'entend donner ni ap~
probatiori ni improb1ttion anx opinions que peuvent émettre
lei autc1,rs, et qui n'ont pa $ enc9re la sanction ~énérale.
/
�( 285 )
BULLETINS
DE
LA. SOCIÉTÉ ROYA.LE
DE
MÉDECIN~
DE MA.RSEJLLE.
..
sur une fièvre anon'iale qui avait beaucoup
d'analogie avec le tiphus icterodes, fièvre jaune des
modernes, par M. NIEL, D.-M., membre de la Société
royale de médecine de Marseille, etc.
OBsBRYATION
Si'1L est des circonstances oli le médecin ne doit pas
dissimuler 4 ses concitoyens les maux qui sont prêts à.
fondre sur leur tête, il en est d'autres oh la prudence
lui ordonne une s;J.ge retenue et de suivre la filia ..
tion d'un certain n9mbre de faits avant que d'éveiller
la sollicitu.de des magistrats. L-e cas dont je vais avoir
l'honneur d'entretenir la Société, m'a paru être de cette
dernière e&pèce, en raison des rapports infinis qui l'ont
lié avec une maladie dont le nom seul répand la ter.,.
reur, et dont la contagion semble encore être un proJJlème.
Un matelot espagnol, âgé de 49 ans, embarqué sur
une corvette de son Souverain, sortie depuis peu de
quarantaine , épl'ouva à neuf heures du matin une violente céphalalgie, suivie quelques instans après de vomissemegs de matières vert.es. Ces symptômes se soutenant
ou s'aggravant, le malade fut porté vers les midi à l'hôtelDieu. Quelques heures après son arrivée dans cet hospice,
je remarquai en lui les phéuomèqes sQ.ivans : vomisse39
'!'. IX. Mai l825.
�( 236 )
mens tels qu'ils viennent d'être indiqués et parsemés de
quelques stries noirâ.tres, douleur de tête plus sensible
vers les tempes, chaleu1· âcre de la peau, face animée,
langue très-n:iug e, pouls élevé et irrégulie r J . spasmes
fugaces des muscles de la fa ce et des membres , soubresauts
des tendons, douleurs et tension de l'liypocon dre droit.
( Boisson délayante , légèreme nt acidulée, potion saline de rivière , prise à cuillerées de quart ll'heures en
quurt d'heures, lavemens , fomentations sur la région
hypocond riaque. )
Dans le courant de la nuit, diminutio n des forces,
vomissemens spontanés ton t aussi rapproch és , mais
moins ahondans que la ve~lle , légère teinte jaune répandue sur la face et la poitrine.
Le lendemai n au matin, prostratio n complète des
forces et do pools; couleur jaune répanduP- sur tout le
corps, plus intense aux conjoncti ves; tremblem ent des
membres , délire vague , vomiturit ions d'une matière
verte obscure et bulleuse; langue sèche, rouge ·, super.;
ficiellement gercée; hypocom lre toujours tendu, mais
peu sensible au toac_:her; uriues colorant le linge en jaune.
( Suppressi on de la potion de rivière; bols nitrés;
camphré s, musqués et donnés de trois en trois heures;
vésicatoire sur la face interne des cuisses. )
Daus le courant de l'après-m idi, la matière des vomi~semens devint noire et resta toujours JJnlleuse;
des ecchymoses de la la rgear d'un écu de trois livres,
se manisfest èrent sur différente s parties 1lu corps, notamment vers le tronc ; la langue se gerça plus profondémen t, devi ut an pen saignante et resta touj ou 1·~ sèche.
(On ajoute un scrupule cle poudre cle quinquina au
mélange cle nitre, de cam]Jhre et de musc. )
Les ecchymoses s'étendire nt singulière ment clans la
nuit du deux au trois; le trois au matin le pouls était
pre,que nul, l'hypocon dre insensible ; les vom'itaritions
�( 287 )
plus rares, moins abondantes et ressemblant à 'do mare
du café; les facultés intellectuelles entièrement abolies.
Uue soeur visqueuse decoulait des membres supérieurs,
du corps et de la foce, il découlait aussi des gencives
et de la langue qui était d'un rouge très-fo.ncé, un sang
épais et noirâtre: le malade mourut vers le soir.
Autopsie. L'ouverture du cadavre présenta le poumon
droit carnifié et adhérent fortement à la plèvre costale;
l'estomac phlogosé et parsemé de taches brunes, le foie
très-volumineux, mollasse et inondé d'un liquide jaune,
tirant sui· le brun; la vésicule biliaire remplie d'une
liqueur n?ire et gluante, renfermant quelques concrétions biliaires de la grosseur d'un pois chiche; il y avait
aussi des petits calculs dans le canal cholédoque : les
muscles étaient mollasses et comme macérés.
La marche rapide de cette maladie, lea traceS' profondes qu'elle imprima sur les organes de celui qui
en fut atteint , l'analogie que les symptômes affectaient
•avec la fièvre qui venait de régner depuis peu en Espagne et en Etrurie , me firent hésiter un moment sur
le parti que j'avais à prendre. Je communiquai mes idées
a M. Reydellet, alors ~édecin en chef; celui-ci autorisa
mon sentimeut et il fut convenu mutuellement qu'en
prenant adrnitement des mesures pour prévenir la contagi~n, nous ·g arderions le plus scrupuleux silence. Ce
qui nous détermina plus particulièrement à ce parti, ce
fut l'espèce d'alarme que la maladie de Livourne avait
r~pandue dans tout le Midi , alarme qu'augmentaient
encore les faux bruits que se plaisaient à répandre des
hommes toujours intéressés à grossir les objets. Une
autre circonstance fortifia encore notre manière de voir,
c'est que la- maladie dont je viens d'exposer les détails;
était sporadique; que l'individu qui en fut frappé avait
joui d'une parfaite santé pendant sa traversée et sa
quarantaine; qu'aucune maladie épidémique n'avait régné
�( 288 )
1
à bord de son bâtiment qui l'avait apporté , et qu il
n'existait plus en Espagne de traces de la fièvre qui
l'avait ravagée une année auparavant.
Il est assez difficile de remonter à l'origine des causes
qui ont pu produire la fièvre qui fait le sujet de cette
observation, car l'on sait que lorsque la contagion n'en
est pas le principe ( en supposant qu'elle soit contagieose1
ce que je n'admets ni ne rejette, ) elle est communément déterminée p_a r l;actidn des miasmes délétères qui
&;élèvent des marais et des corps organisés , en pntré"
faction; ou _bien par ce qu'on appelle passions de l'ame,
telles que la t.e rreur , le découragement , etc. Telle est
tlu moins l'opinion des docteurs Miller, Devèze, Valentin, Dalmas, 13éguerie et Schoeler. Mais ce dernier qui
avait observé en homme habile, la fièvre jaune ; à Surinam, affirme aussi dans une clissertàtion publiée ~
Goettingue; eti 1781, qu'elle peut être déterminée par
la nature des alimens et la manière de vivre : inducitur
abesu carniitm pinguiurn et corruptarutn , larda, sale con•
aj oate ailleurs' tnultos ex nautis hune inditarum.
morbum incidisse memini, qui in navibus ingenti solis
interdiu et nocturno tempore Jrigori attt-.. e tiam plui•iis et
rori se exposuerant. Or, si toutes ces causes n'avaient
pas eu lieu relativement à l'individu qui fait le sujet de
l'obser,•ation\ il est du moins certain qu'elles a''oient
existé en partie puisqu'elles sont communes à tous les
navigateurs de .sa vrofessiob. D'oh l'on peut conclure;
ce me semhle , que si ses causes ont agi sur lui d'ane
manière aussi énergique, vu certaines prédispositions
liées à l'idiosyncrasie ou à l'état particulier da moral,
cettè maladie doit sévir sporadiquement plus souvent
qu'on ne le pense, pendant les longues traversées; mais
t:{n-ê rlirernent bien observée par les chirurgiens navigans 1 ellé est probablement confondue avec .des fièvres
n
d'un autrê genre•
�( ~sg )
par affection dartreuse 1 par PERREYMONt>
fils , médecin à Lorgues ( Var ) , membre correspondant de la Société royale de médecine de Marseille.
HiMICnANI'f!
M. BÉRARD , notaire à Flayose , était doné cl'nn
tempérament ardent , d'une constitution nerveuse , et
il avait fort peu d'embonpoint. Il y a cinq ans qu'il eut
la gale , et cette maladie fut traitée assez légèrement. A.
la suite de son traitement, le malade eut les deux
jambes et le bras droit couverts cle dartres croC1teuses.
Cette éruption dura ~uelques mois , et elle disparut
après l'usage des bai~s et dn petit-lait coupé avec le
lade souffrait
suc de fumeterre. Depuis trois mois, le
de temps en temps d'ùne douleur vi~: a la tête . . Le
siége de la douleur fut croissant peu-a-peu, il débuta
par un point fort pen étendu de la partie postériem·e,
et il occupe aujourd'hui la moitié de la ~ête, toujours de
la partie postérieure. Le front n'avait jamais été douloureux. Le malade disait que le sentimenl de sa douleur
~tait ~xterne. tl se plaignait d'une douleur extérieure a11
milieu .de l'épine- clu dos, qui redoublait par la toux,
l'éternuement , qui n'avait été constante q11'a.n temps, et
qui ne se fesait sentir depuis deux mois que dans les
concussions de la poitrine.
Appelé à Flayose auprès du malade qui souffrait horriblement', les signes commémoratifs me firent accuser
le vice dartreux; mais l'indication la plus urgente était
de calmer la doulenr dont le malade était déchiré. Je .fis
;ippliquef huit sangsues derrière les oreilles , et cet
état d'angoisse fut un peu souli:igé. Je conseil!ai des
bains tièdes de tout le corps , et douze onces de petillait avec vingt gouttes de laudanum liquide de Sydenham, malin et soir. Ces moyen~ commandés par la
souffrance ne soulagèrent que temporairement. Les dou1!urs ne tardèrent pas à reparaître el pour eu · prévenir
�( 290 )
les retours, je dus attaquer le principe dartreux. Les
Lains et le petit-lait forent continués pendant environ
un mois, en ayant soin de purger légèrement, en les
commençant et en les terminant. Deux vésicatoires fo.
Tent placés en sautoir, et celui de la jambe fot remplacé par un cautère. P endant l'usage des bains et du
petit-lait , la boisson ordinaire était la décoction de
racines fraîches de patience , et après les bains et
-l e dernier purgatif, le malade prit les pilules reformées
de Belloste, sans addition de diagrede ·et cle jalap. Ces
pilules furent continuées pendant environ un mois et
demi , et elles ne produisirent sur la bouche qu'une
légère ~émangeaison avec un sentiment de douleur
modérée anx gencives. A la suite de ce traitement,
la douleur à l'épine du dos disparut , celle de la tête
diminua beaucoup d'intensité, et elle finit par cesser
complètement.
SÉANCES DE
LA
SOCIÉTÉ,
PEND.A.NT LE MOIS D'AVRIL
18'.15.
9 Avril. - La Société . de Bienfaisance de Marseille
invite la Compagnie à sa séance publique annuelle. La
députation d'usage est nommée.
M. Segaud communique une lettre de M. L. Frank,
médecin de la Duchesse de Parme. Cet estimable correspondant donne sur sa santé des détails qui intéressent vivement la Compagnie. Il adre~se en 'outre des
remarques sur quelques moyens pour détruire et expulser
du corps humain le té nia et un rapport sur une rupture
de l'utérus guérie par la gastrotomie , et propooe pour
être associés étrangers les médecins recommandables
dont snivent les noms.
�( 291 )
Speranza, professeur cle médecine clinique à Parm..
Le D. Meli, professeur à Ravena.
/
De Matheis, professeur de médecine clini'l,Ue à l'Université de Rome.
Canella , médecin et chirurgien à Trente.
I.e D. Rema, professeur de chirurgie à Venise.
Quadri, professeur de tïécole clinique ophtalmologique
a Naples.
Acerbi, médecin da grand hôpital à Milan.
Et Je D. Puccinotti , médecin à Orhino.
La Société s'occupera des propositions fai~es par M.
, Frank, dans nne de ses _séances ultérieures.
Lecture est faite des observations sur l'efficacité du
cautère actuel adressées par M. Volpilière, médecin à Arles..
M. le secrétaire géuéral donne lecture du mémoire
de M. Chatard, correspondant à Baltimore, ayant pour
titre : quelques idées sur la fièvre jaune.
A la fin de la séance M. Volpilière est scrutiné et
reçu membre correspondant.
23 Avril. - MM. ,Vacca -Berlingliieri et Cartoni,
médecins à Pise , expl'imeut par nne leltre le9 sentimens
dont ils sont pénétrés pour la Société qui a daigné les.
associer à ses travaux.
M. Ros tan, médecin de la Salp~trière, remercie la
Compagnie do titre qu'elle lui a accordé et adresse nu
nemplaire de la deuxième édition de son ouvrage sur
~ ramollissement du cerveau. M. Gillet est nommé rapjlO rteur.
M. Lantairés, correspondant à Aix, fait parvenir l'ob-
~rvation d'un cas rare, dont la lecture sera faite dans
~e dP.s prochaines réunions.
M. Dariste, correspondant 11 Bordeaux, fait hommage
Ion nouvel écrit lutitnlé, Recherches pratiques sur la
fivre jaune. M. Flory est désigné pour en rendre compte.
it Giraud-St.-Rome fils lit une observatiou sui· Ull
/
�( 292 )
cas de convul!ions d'un côté du corps, chez une femme de
84 ans ,
terminées par la guérison.
M. Flo1y lit un rapport sur les observations de colique
dite de Madrid, oii névralgie splanchnique; recueillies à
l'hôpital militaire de Madrid; p:ir l\'1. Pascal, médecin or.
dinaire des armées. Les conclusions tendantes à accorder
à ce médecin le titre de mewhre çorrespondant sont
.acloptées.
SEUX, Président.
Sm:., Secrétaire-général,
AVIS.
Pour prévenir la surprise que pourrait faire
naitre chez nos abonnés la privation depuis truis
mois des observations météorologiques de M.r
de !•Observatoire !'oyal de
Gambard-,
Marseille et membre de la Société roya~ de
médecine de la même Ville, nous devons annoncer que cet astronome distingué , qui\ comme
on le sait, a découvert naguèi;-es une comète,
est parti pour Paris depuis peu ayant coufié morpentanément ses travaux à un astrouorne non
moins recommandable. Mais les observations faites
pendant son absence , ne nous seront doi:inées
qu'à son retour donl l'époque nous paraît être
prochaine. Alors nous rublierens le~ obse~va·
Dir~cteur
tions en retard et les suiv a~ltes,
�/
SE C0 NDE
P A R T I E.
MÉMOIRES, DISSERTATIONS, NOTICES NÊCROLOGIQUES_,
ETC.
1.
0
M
É M 0 1 li J::
s.
P1IrsroWG1E. - De l'excitabilité dit flax menstruel che'.lli
les femmes' ou de la cause veritable de la menstruation;
par P. R1caELMI, docteu·r en médecine de la Faculté
de Turin, membre associé de la Société royale de mé.
'àecine de Marseille, associé correspondant de l'Acad6mie royale des sciences de Turin 1 de la Société de
·médecine-pratique de Montpellier et suppléant de la
Représentation 'du Protomédicat à Nice.
LEs phénomènes naturels les plus singuliers et les plus
importans pour l'homme, ont sans cesse conduit la curiôsité et l'activité infatigables de l'esprit humain, à la
recherche des causes qui les déter_m ineut ,et s'il est arrivé
que ce dernier ait rencontré des difficulLés insnrmontahles à les bien connaître et à les indiquer, impatient des
ohstacles, il a cru se suffire à lui-même oa à sa vanité,
eu en rêvant des approchantes, et en en indiquant de
celles qui, si par leur apparence elles peuvent entraîner
le suffrage cte la multitude, sont bien loin de captiver
celui du petit nombre de personnes qui raisonnent. Il
était donc hien naturel qu'il en fut de même à l'égard du.
Oux menstruel, phénomène si singulier par la qualité de
l'évacuation qui le constitue, par la période régulière dans
laquelle il se reproduit , et si importanl }lOUl' so~ objet el
T. IX. Juin 1825.
·
4o
�. ( 294 )
11ar les conséqnence~ qui dérivent de sa suppression, de
son excès oµ cle ses anomalies. En effet, les physiologistes
des temps les plu!i reculés, n'ont pas manqué d'en faire
l'ohjet de leurs méditations et l'ont fait dériver .des influences de la lune (1); d'autres des temps moins reculés,
en ont fait de même et l'ont attribué à un ferment utérin;
ceux des temps postérieurs ont in sis!é·dans cette recherche
et ont rapporté ce -f lux, les ans à un resserrement tonique
des plans musculaires de la matrice, qui exprime de la
suhsLance lâche et spongieuse de ce viscère Il~ sang qui ·
s'y est accumulé dans l'intervalle des époques; d'autres à
l'effet du superflu de cette lymphe de l'éeooomie ~oimale
chez les femmes , laquelle étant, avant la puberté, empk>yée à l'accroissement du corps, s'accumu'é après cette
époque , chaque mois, dans les Tais&eaux vermiculaires, ou
ap}Jendices cœcales de la matriee, ou en compriment les
vaisseaux sauguins à côté au point que la circulation s'y
arrête, forcent le sang y cir~ulant à s'élancer dans la ca-vité de la matrice, lles _vaisseaux la'l.éraux des troncs veineux qui vont s'y ~uvrir. Beaucoup de physiologistes des
temps qui nous approchent out préféré atLribuer ce flux
à la pléthore.
Quant à l'opinion des premiers, je dirai qu'il est impossible de concevoir le rapport direct cle la lune sur les
organes de la génération cles femmes de préférence 'l toas les
autres du microcosme, et de deviner, si ce rapport existait,
la cause pour laquelle toutes les femmes n'auraient pas
simultanément leurs règles, à l'aspect de cet astl'e qui
_ymirrait exercer cette action emmé11agogue. J'ajouterai~
cela que, quoique les divers aspects de ia lune paissent
prollnire dans l'atmosphère , des changemens qui, coïnci·
d~nt avec la menstruation des femmes , pourraient
(1) Aristote, de generat. animal. l.
4 , c.
2.
�( 295 )
ensuite indirectement par la i seule association des tle'n~
impressions, amener l'évacuation da flux menstruel·, on1
ne saurait par cet unique moyen, donner raison de la .
peine arrivées . à
menstruation tles filles qui, · étant
la puberté, n'ont point eocote cor -acté .cette associa_,,
tion, et nori pins <l'e celle Ms"femme1nréglées cHedesquèlles, soit par tle longues aménorrhées , ou par .des
allaitemens prolongés elle serait'el:itièreme.nt di&Sipée;D'ail:,
leurs, si cette opinion était b;en fondée, quelle cause s'opposerait à ce que .sous la zêsne torride oh cette évacuation
chez le se~L est presque nulle, oh l'influence des astres
doit être et est ( v. la page 136da vol. 18 du journ. de M.'
Corvisart) beaucoup plus- forte que dans nos conmies:;
quelle cause s'opposerait, dis-je, à ce que la menstruation ·
ne fut très-abondante 1-et plus abondante mê1ne que cfons
.
nos climats?
Pour ce 'qui èoacerne l'opinion des fermentistes, jl?
d~rai que <;:ette hypothèse n'est•qu'an produit da systèmedes paracelsiStes, ima'giné pour l'explication dè la·pfupart:'.
~es phénomènes de l'économie .animale, et •qu'elle doit
~tre aujourd'hui rélégaée avec les principes dolll. eilè a
tiré la source; j'ajouterai que, d'ailleurs, il ne peut y avoir:
aucun rapport raisonnable entre la période marquée de :
la marche rég'u lière de cette évacuation, et la continuité·
des mouveme'ns d1ane fermentation quelconque jusqu'à
l'extl"ncLiun totale, ou à la cessation totale du contact
des causes qui l'ont produite (1 )·
(1) Je ne trouve pas plus de vraisemblance à l'opinion de
Clurl'lèlon qui attribuait cet écoulement à la fermenU~tion du
sang nouniciér dans la matrice ; à celle de Tevenzon qui la
fesait dépendre de la dilatation des vaisseaux ntérins par l'effet
de l'impression cl'une humeur remplie fl.'ignicoles; à celle de
Santor·ùi qui la croyait résulter de l'irritation de la semence sur
lM fibres utériius; à celle de Wcrlhof, qui l'attribuait alllt par~
�( .2g6 )
A l'égàrd de la 1roisrëme opinio~ ,. mon avis n'en serait
point éloigné, quant an principe de ce . r~sserrement.
supposé, devant toujours, pour l'explication de cette contraction des plans muscnlaiJ;es de la matrice, avoir recours li l'irruption sur. cet organe d'une plus grande
masse dé forces ; mais il'll'~ • t' st' pl!s de ,même, quant à
la différence dri . modè .. d'influencè on d'action de ces
fo~ces; car autrement le , ·re~errement qui arrive au
corps de la matrice par l:ef'f.ét dn frÔid, par celui des
passions tristes ou des , affections hystéeiques , par l'application externe ou interne des su bstan.ces astringentes,
( moyens qui , d'après l'expérience de tous les jours,
a~taqnent sous nos yeux si décidément- la liberté du flux
menstr,qel.) serait dans <;ettf! supposi.tion le plus propre à
oonO;ibner. an .rét~füse.ment de .ce . flux. D'ailleurs 1 la
matrice a trop peu de volume et d'étendue; et le sang
qm en sort à chaque,époque par.la menstruation est trop
abondant pour laisser accroire que to1;1t ce liquide qu'elle
~nd ii . cèlle ocoas'i on, ne soit que celui qui se serai&
aJ::cumàlé dans. son: ti&&n pendant l'intervall~ des époqnas,
qui ·aurait précédé ce resserrement qui seul, dans cettè
htrpo~hèse,. le co~-s:ituerai.t. Si l'on comparait le volume de
la 111atr.i~e des femmes qui fnenrent à !'~ poque de leur évacuation menslraelle, à la totalité da sang qni en doit sortir
à {}De seule des époques, ~art~ut ch~z... ees ' femmes qui
ticules du sang', exaltées me'nsuellement par le mouvement de
ce lictuide, comme p;ir une prétendue os cillation périodique de
l'air, et à une certaine ténuité el élasticité de cette humeur
pl'opte à l'ouverture des vaisseaux utérins; enfin â celle de Lister
qui en ;iécusait le chyle «!t la séparation mensuelle du suo
nourricier tlans les glandes de la matrice et sa coction dan,t
ce viscère. Quand même tous ces principes , plus ou moins
singuliers , ou que!ques-unS d'eux seulement, pourraient de
qnelque manière contribuer à l'éc.o ulement du flux menstruel,
on ne saurait le considérer , ainsi que la pléthore , qut
comme des causes accidentelle1 de cette évacuation.
�(
2
97 )
ont des règles fort abondantes, l'on verrait que ce der.
nier est plus grand que le premier. Il est donc clair que
la matrice donne non-seulement à chaque époque le sang
qu'elle renferme dans son tissa , mais aussi celai qu'un
pouvoir inconnu lui fait aborder, dans ces mêmes époques,
de toute la constitution; ce qui est incompatible avec
l'opinion que les règles ne soyent que l'effet de l'expression de la matrice , qui résulterait de son resserrement.
Quant à la quatrième opinion, outre que les appendices
cœcales cle l'utérns ( pour lesquelles Astruc prenait les
débris des cotyleclons, qui, clans la grossesse, atta~hent
le placenta a la matrice' débris qu'il n~avait 'fil que sur
l'utérus des femmes mortes de leur couche) ne sont,
pour le temps ordinaire dù ses.e, qu'un produit de l'imagination de cet auteur , et que l'évacuation m~nstruelle
se fait très-souvent par~' déviation sur d'autres org~nes,
auxquels. on ne peut attribuer absolument cette espèce
de product.ions, il est à noter que l'idée de la congestion
de la lymphe nourricière dans ces appendices n'est
prouvée par aucun fait, et que quand même elle le serait, elle ne suffit point pour donner une rllisou plausible ni de la menstruation, ni des accidens qui l'accompagnent.
Relativement à la cinquième opinion, qui est celle qui
a compté et qui compte peut-être encore un plus grancl
nombre de partisans, j'observerai (en avouant qu'il est
effectivement vrai que le sexe est, autant par tempérament que par genre de vie ' éminemment disposé a la
pléthore; qu'il réunit toutes les conditions qui font que
le sang aborde en grande abondance a la matrice, savoir :
la voûte plu)! grande du bassin, la position avantageuse de
l'utérus, entre la vessie et l'intestin rectum, au milieu
d'un tissu cellulaire mou et très-abondant ; le calibre
plus grand de l'aorte descendante; la mollesse , le grand
uombre, la capadté et la faiblesse de tous les vaisseaux
�( 298)
artériels de la matrice, leur direction perpendiclllaire ;
le pelit nombre, la résistance et la direction serpentine
d,es veines de ce viscère, dépourvues de valvules; en convenant anssi que les règles n'arrivent ordinairement la
première fois qu'au maximum de l'accroissement de la
taille (1) de plusieurs filles, et que l'inanilion y porte
bien des fois un coup fort sensible; que les femmes qui
se livrent anx travaux rudes de la campagne, qui, par
conséquent, exhalent plus abondamment par transpiration,
ont quelquefois un flu:s. menstruel presque nul, ou n'en
ont point du tout, et que les parties génitales du sexe se
trouvent souvent engorgées de sang à l'époque de la
menstruation (2) ) j'observerai, dis-je, que le sang et
la pléthore, quoiqu'ils soient bien soul'ent au noml>re .cles
causes occastionnelles ou déterminantes de cette évacuation, n'en sont pas pourtant la cause principale, perpétuelle et efficiente. En effet; on voit souvent des femmes
plé1horiqrtes qu'il faut; malgré cette évacuation régulière>
1;oulager de la pléthore ad rasa ou 'acl molem, par des
moyens artificiels, sans que la menstruation ait, oo par
le rapprochement de ses époques, ou par la plus grande
ahondance de l'évacuation 1 prévenu la nécessité de les
employer (3); on voit que le plus souvent les saigoéei que
(1) Cela est vrai chez plusieurs , mais non chez toutes. Je
vois tous les jours , clans ma pratique , que cette règle est
bien loin d'être générale. M. l7an-Sw;eten eut ( v. § 1284 et
1309 de ses corurueniaires) l'occasion de le remarquer. M •
Roussel dit, page 108 de son Système physique et moral de
la femme : nous avons déjà dü que dans b;en des filles l'Jvaeuarion menstruelle dévance l'entier accroüsement du cor11s.
(2) Liure, Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris, de
observé sur le cadavre
1702' pages 280 et 281 ' dit qu'il
d'une femme morte pendant ses règles ' la' matrice enflée et
gorg~e d'uu sang rouge et caillé.
(3) On pourrait prouver cette assertion par un nombre in-
a
�( 2 99
.)
l'on pratique; et les hémorragies qui surviennent dans l'in.
tervalle des époques, ne diminuent, ne retardent ni n'arrê4
tent point ( v. Denmann. Traité cles accouchemens, version
française, vol. 2) cette évacuation; qu'au contraire ( v.
fini de bonnes observations. J'en tire une excellente , fort
propre à cet objet , d'une thèse de M. Pingault sur la cessation des règles : « Une femme , dit-il , encore jeune , d'une
,. faible constitution, mais d'une sensibilité portée au plus haut
,. degré, avait toujours été bien réglée, mais en petite quan•
accès hystèt'iquea
M tité; elle vint à !'Hôtel-Dieu pour des
n qu'elle éprouvait depuis quelques jours : il y en avait alors
» quinze qu'elle avait eu ses règles. Pendant le même espace
,, de temps qu'elle avait demeuré it l'hospice, elle fut saignée
,, huit fois, et pris cles bains de deux jonrs l'un, joint à un
• régime très-peu substantÎel. Tout cela n'empêcha pas que le
,, quatorzième jour de son entrée à l'hospice , elle n'eut ses
,, règles et en aussi grande quantité qu'à l'ordinaire, puis,, qu'elle fut fort affaiblie par toutes ces évacuations répétées.»
Non-seulement toutes ces évacuations artificielles ne font pas
souvent cesser le flux menstruel, mais une quantité décuple
de sang, tirée de _!Oule autre partie que1 la matrice, n'apporterait, à ce qu'observe J\'l. Denmami, le même soulagement que les menstrues ; on voit surtout cela chez les malades indisposées à la suite des anomalies de ce flux. Une dame
juive, âgée cle 3o ans, d'un tempérament très-irritable, que
je vois encore aujourd'hui dans sa co•walescence , plon&é&
dans le malheur, fut surprise, à la fin de mars dernier, d'un·
rhumatisme nerveux à la tête, compliqué d'une fièvre intermittente gastrique. Les menstrues qui duraient ordinairement
chez elle une huitaine de jours , se présentant clans ces cir- .
constances , furent d'abord arrêtées le second jour de leur
apparition par la violence d'un redoublement un peu fort de
sa fièvre; ce qni fit que la prern ière maladie fut éteinte par
la survenance d'une afiection hystérique très-pénible et trèsvariée, qu'aucun moyen ne put arrêter. Je lui opposai surtout
une saignée d-;; bras et une autre du pied, par lesquelles j'availi
fait tirer le triple- de sang que °l'on aurait pu avoir dans cette
darne , de la totalité de 'celte époque ; · il a fallu pour la' faiioe
cesser, l'éeoulewent 1uenstruel de l'époqu~ suivante.
�( 300)
P'an-Swieten. lbicL §. 1284. Hqffin. medic. syszhem. vol. 2,
pag. 464) elles l'accélèrent quelquefois ; que des personnes consommées par de longues maladies et par la
phthisie pulmonaire ont souvent ( v. Ramazzini, chapit. 18
de morbis artijicum) exactement leurs règles ( 1); que chez
1es femmes d'un tempérament lâche et spongieux, et d'une
constitution lymphatique , on ne voit souvent ( v. Van..
Swieten, Comment. § 1284) qu'une menstruation aqueuse
et décolorée; que des femmes qui sont réduites à un état
extrême d'exténuation et qui ont le sang très-appau"ri,
pa~ l'effet de l'aménorrhée, ne se rétablissent quelquefois
qu'à l'apparition de leur menstruation (2); que malgré que
(1) Cet auteur illustre nous dit : lltilzi c11im non semel, 11ea
sine magnâ admiratione obser1101·e licuit nwlieres diutissimis morbis conjècias, et ad marasmum feré deductas , menstrua pati, ac
rrœcipuè nobilem Monielem per decemiium in lecto decumbe11tem
p1·ors1'ts et ltausatm, cui quoli/,et mense ~lar.is diebus menslrua quam•Ù in modicâ qllantilale ad pattcas slillas apparent. Haller, prœlect.
in institut. 665, dit: nam etiam inediâ conjèclœ tabidœ, debtles el
exsangues virgin.es menses sœpè patiu11t1w. Ainsi al!estent Clim·Ïelon, Schurig, Warlzeyen, Parthenol, Stahl et lVerlhof. Renevoli
a vu une femme continuer à avoir ses règles, quoiqu'elle fût
exténuée par une suppression de matrice à la suite d'une couche,
cl par une fiène qui l'attaquait par intervalles. Roussel dit dans
son système physique et moral de la femme: 011 mit tous les jow·'
iles.femmes e:rténw!es, qui ne laissent µas d'ètre réglées et même de
· l'ét.re trop·
(2) A ce propos je puis citer une fort bonne observation
de M. J. Gliinion, que M. le D. V, Ronni;t rapporte à la pag~
lOO du t. :,me de la seconde série des Annales de Montpel.
« Uue fille était devenue, à cause du défaut de menstruation,
" cl'nne telle maigreur qu'elle n'avait que la peau collée sur
" 1es os: c était un véritable squelette vivant à l'âge de 18 ans.
» Elle ~~ignait quelquefois au nez, et son sang était d'un tel
" appaul'l'Îssement et dans une si grande dissolntion, que les
» linges qui en étaient mouillés , n'en étaie~! pas tachés. Ell~
., n'a dû SOll rétablissement qu'à. l'éruption des meos.tr.ues qqi
�( 501 )
fon veuiile tirer la source des règles des dispositions qu'a
la matrice à une pléthore particulière. L'on voit tous les
jours des règleé déviées de préférence vers qoelqu'autre
organe oh cet arrangement n'e:siste pas; que les femmes
sont souvent sujettes à l'action de plusieurs causes
telles que des spasmes à la circonférence de leur corps,
ou des bains universels qui, pat· l'effet de la compression
des colonnes de l'eau, etc. , refoulent le sang à l'iutérieur,
à des congestions considérables de sang à la matrice,
sans que cela suffise l)oor amener l'évacuation menstruelle;
que les symptômes pénibles qui rrécèdent ou qui accompagnent les premières menstruations des filles à peine
pubères, disparaissent souvent quelques jours après sani
conséquences , ou n'ayant produit aucune évacuation
sanguine , ou n'ayant évacué que quelques gouttes de
sang , dont la présence ne pouvait qu'être imlifférente à l'économie et n'était pas faite pour exciter
l'orage 'lui a préludé à leur sortie ; que quelquefois ces
efforts critiques s'observent aussi sans aucun résultat chez
les femmes qui sont depuis long-temps alleintes de l'aménorrhée, sans que pour cela elles éprouvent, dans l'intervalle, le .moindre trouble des accideos qui viennent
de la pléthore ; que les nourrices livrées :à on régime
trop enchime et à une vie excessivement sédentaire ou
qui éprouvent un resserrement de vai11seaux ou une raréfaction trop considérahle cle rnng, sont très-souvent, si
l'allaitement n'nrrive point à la fin , forcées de recourir
.aux évacuations sanguines artificielles (1) saus que, sauf
»
vinrent arrêter la vie au moment où elle était prête à 11'en-
., voler. "(1) Ses observations en sont fort communes. J'en ai, parnlÎ
les autres , une ~ous les yenx qui est très-frappânte. Une ieune
fe»•me du Castellet , village situé sur le sommet d'une col·
T. IX. Jui1& 18:15·
41
�( 302 )
quelque exception particulière' le flux menstruel vienne a
leur secours : c'est ce que nous voyons arriver à peu
près dans la grossesse. Ce que nous venons d'observer de
contraire à l'opinion que la pléthore soit la cause des
règles, trouve sall'S doute une nouvelle preuve dans la
line, était depuis long-temps dans l'habitude de se fail'e saigner
tous les six mois. Elle avait un enfant à la mam elle dont elle
était accouchée depuis huit mois. A pause de la couche rt
de l'allaitement, elle avait rnis de côté l'habitude de la saignée. Elte était une campagnal'de robuste et d'un tempérament
sanguin. Cette femme se plaignant depuis quelque temps d'une
douleur forte à la tête avec chaleur, ayant le pouls dur et
fréquent et la pe.au sèche, el se trouvant agitée par cet excèi
d'action artérielle crue donne la température du commencement
du mois de juillet, eut des convulsions affreuses qui furent
accompagnées cl' une demi - paralysie clu bras droit. Je ne
vins à bout de tous ces accidens que par l'usage des antiphlogistiques et .cles saignées abondantes du bras et du pied,
sans que la menstruation ait fait le moindre mouvement pour
guérir ou ponr soulager la- malade. Pout'quoi, si la pléthore
e§t la cause de la menstruation, pourquoi chez cette jeune
campagnarde, où cette plénitude était si bien établie, ne s'estclle point offerte pour prévenir tous ces accidens avant
qu'ils paNssent, ou pou1· les porter à leur fin après s'ètre
présentés! Cette opinion que la pléthore soit la cause des
i·ègles, est si erronée, 'que ses partisans sont toujours exposés à rencontrer quelque fait inexplicable pour eux qui
la dP.savoue. M. Fotli.ergill, qui la suivait, observe, en disant
de n'en pas con cevoir la raison , que quelques femmes, après
avoir été valétudinaires une grande partie de leur vie, savoir
tout le temps qui est destiné aux époques menstruelles, parviennent à recouvrer insensiblement et sans secours, lorsque ce flux a entièrement cessé , cette vigueur et ce1te santé
qu'elles n'avaient pas auparavant. C'est ainsi que la révolutio<i
-qui s'opère chez l es femmes, à l'époque clé la cessation des
;règles, devient un bienfait pour celles qui sont d'une complexion délicate, d'une fibre relâchée, et sujet~es à des men~
truations trop abondantes. La pléthore n'e~t done pas cue;r;
.d lc5 la cause de c,es év:1.cuations.
�( 5o5 )
différence des phénomènes qui résultent des év~uations
menstruelles, de ceux qui ne sont que l'effet d'une hémorragie quelconque que tlonne l'excès du sang. Entre-mille
exemplesq'hémorragiesqui résnltentd'uo état cle plétl;iore,
l'observation ne nous en fou1·nit pas cinq ou six qui aient
une véritalJle periocle mensuelle, et lorsque cellerci existe,
comme elle n'est que l'effet <l'un concours fortuit de
circonstances, elle est d'abord troublée et intervertie
pal' la moinclre cause et, parmi mille cle menstruation
naturelle ou par déviation, le mt!me raisonnement ne
nous en offre pas dix oh la période mensne'lle "Ue soit
plus ou moins observée, à moins qu'elle n'éprouvr quelqu'ohstade dans telle ou telle maladie. Il n'e,t peut-t!tre
aucun praticien un peu observateur, qui, dans ces diverses évacuations, n'ait pas été maintes et maintes fois
témoin de ces différens résultats. S'il y a par hasard
quelque personne <le l'art qui n'ait pas eu l'occasion d'en ~tre frappée, elle en trouv'era uue preaye lwmineuse dans
la surprifie qu'éprouva ( v. le §. 1288 de ses commentaires ) M. le baron de Van-Swieten à ce suj et : sed
id non pa.tet evidenter, dit ce praticien à cet endroit, en
parl ant des é \•acuatioos menstruelles dans les déviations,
qaare in pletlwra a suppressis hoc contingit frequenlÙtS
( la l'évolution péri odique) quam si ab aliis causis nimia
eopùi sang11 inis accumrdatus in corpore : remarque d'autant plus conclnaute qu'elle surprenait an observateur
qui paraissai1 suivre de préfé;·ence l'opinion de la pléthore
pour la cause de la men struation.
Une autre donnée qui doit nous faire apprécier la différence qu;il y a entre le11 hémorragies que produit
la plé1hori:;_ et les évacuations sanguines, résultat de la
menstruation, et combien, par conséquent, il est absurde
d'attribuer les règles à la seule plénitude da sang, ce
soot la facilité avec laquelle les évacuations spontanées
de ce liquide qui viennent de cette cause, et qui n'ont
�( 5'04 )
rien de commu n avec la menstr uation , ont de céclèr à
l'usage des saignées abonda ntes, et la-- résista nce que
l'effusi on du sang qui vient du fiax menstr uel, oppose
a ces moyen s. ' Quelquefois les saignées pr~tiqoées à
l'occas-ion de l'époqu e menstr uelle non-se ulemen t n'ar-~~n• pas le flox périod ique qui a lieu par
la voie de
la matric e , mais ellf<s sont aussi inutile s contre ces
déviati ons de menstr ues qui se font par tout antre organe ; ou si ces déviations cèdent à l'action de ces
moyen s, ce n'est jamais avec ce bien-ê tre , que procurent les remècles qu1 tenden t à ramen er l'excita bilité
désirée sor le siége que la nature lui a assigné ; tandis
que non-se ulemen t la plétho re , mais aussi les hémorragies qui en dépend ent, se guériss ent aiséme nt et avec
on soulag ement marqu é par ce11 év.!lcuations. M. ranSwiete n , dont l'autor ité n'est pas saus doute irrécusable , se plaît à relater ( comme nt. § 1286. ) de la
manièr e suivante , on f,iit de cette nature , dans une
déviation des règles qoi s'était faite sur one aine : Plethora , dit-il, licet per sanguinis missionem tolleretur
tamen fluxus menstruus solitem servabat periodum , unde
sanguineœ tales evacuationes per insolitas vias jactœ.
Ob suppressa menstrua vix obediunt v;r;.œ sectionibus,
sed tamen curantur. Si solito tempore per 1ttaum denuo
ea:cernatitr sanguis. Camerarius fut aussi surpris d'un
fait à peu près sembla ble' (1). « Urie dame, dit-il, de
» qualité , d'une constit ution sangui ne, qui avait
vingt
)> ans de mariag e, et qui
est à présen t ven ve, est su" jette depuis ce temps à on vomiss ement de sang
» très-ab ondant , qni lui revien t plusieu rs fois
chaque
» année, t:t qui ne l'incom mode point, et cela,
quoique
» l'évacu ation des règles ( que le vomissement.
sanguin
(1) V. Tismt, observa i. et dissertai. de médec.
pratiqu e,
tom.
1.
pag. uS.
�( 5o5 )
» partageait ) se fasse convenablement; mais dès que
» ce vomi, sement cesse, soit <le lui-même, soit par l'effet
» des remèdes, elle se trouve mal et sent une grande
1> lassitude par tout le corps : ce qu'il y a aussi d'é• tonnant, c'est que cc vomissement ne soit pas arrêté
» par la saignée à laqu elle elle a quel~efois recours. u
M. Pasta, qui avait aussi l'opinion que la pléthore fût
la ca~se de ' la menstruation, avait été de même frappé
dans sa clinique, de ces phénomènes singuliers contraires
à la prévention dont il était imbu ; car, à la page 39
de sa belle dissertation sur les règles , en essayant de
donner une explication quelconque de ces singularités, il
observe qn'il n'est pas étonnant que la. saignée ne supplée pas toujours à l'évacuation du sang menstruel, puisque, pour qu'en ces cas l'on recouvre la santé, il ne
suffit pas, dit-il, que l'on évacue le sang arrêté, mais _
il faut encore que ce liquide s'évacne par les voies naturelles; et, it la page 193 de celle dissertation, iJ
ajoute , qne quand même l'on appliquerait contre l'aménorrhée des sangsues à l'intérieur de la matrice,
d'oh coulent ordiuai rement les règles on ne soulagerait
pas plus le malade , que par tontes . les autres évacuations sanguines artificielles que l'on voudrait substituer à la menstruation.
Une antre preuve que la pléthore n'~st pas la cause
de la menstruation, et qae ce flnx est plus directement
le ré3nltat cle l'action de tout antre principe, consiste
en ce qae les hémorragies que donnent les déviations
des menstrues, ces11ent d'a]Jord après la conception. Dans
la supposition qae la pléthore soit la cause des _règles,
elle devrait plutôt augmenter dans cette situation, ainsi
que l'hémorragie qui vient de la clé,•iation, puisque ce
nouvel état et la grossesse qni le suit disposent et conduisent d'eux-mêmes à une pléthore qui fait non-seulement face aux besoins <le l'accroissement des ra<limens da
�( 506 )
fœtus , mais qni produit fort sou~ent un excès de sang
nuisihle à l'économie animale, qui se manifeste par les
signes ordinaires' de l'exubérance sanguine , et que l'on
est bien souvent dans la nécessité de combattre par
des saignées. Celle diminution des hémorragies par.déviation, par la conception, plusieurs observations la confirment, et particulièrement celle-ci du D. Hoffmann
( v. medicin. systhem. de sanguinis ftuxu e pulmonibus ).
-Ce grand médecin parle d'une femme qai , à la suite
d'nne frayeur qu'elle eut pendant ses règles, tomba dans
l'aménorrhée ; il ajoute que le flux menstruel ayant
pourtant reparu chez elle à l'1;poque suivante , il vint
én partie de la matrice et en partie des poumons, et
que cela continua de même pendant 9 ans; mais que
la malade étant devenue grosse , les règles el l'hémopthysie cessèrenC simultanément ( 1 ). Ce n'est clone pas
de la pléthore que dépendait, chez cette femme , l'évacuation mensuelle du' sang qu'elle a,•ait de la matrice
et -des poumons, mais de tonte autre cause qui, à l'époque de la conception , s'est vraisemblablement repliée
et concentrée dans l'utérus même , pour la nouvelle et
importante fonction de la formation et du développement du fœtus.
Je ne m'arrêterai point à l'opinion de ceu~ qui veulent attribuer les règles à l'activité propre du sang,
supposant, a ce fluide , une vie et un mouvement indépendant du jeu des solides, parce qu'ils les voient
(1) M. le docteur V. Bonne_l donne aussi une observation
semblable à la page :z.12 du t. 5 de la :z.• série du Journal de
Médec. de Montpellier , par laquelle l'on voit qu'une· déviation
de règles qui s'était faite sur une fistule établie au côté droit
de la poitrine, cessa d'abord par l'effet de la conception, et
qu'après la couche de cette femme qui en avait été le sujet, le
sang menstruel se dirigea sur leé voies naturelles.
�( 507 )
se .conJenser et se dilater ( v. Ja page 265 du vol,
14 de la hihlioth. médicale ). Celte condensation et
cette dilatation du sang ne sont qu'un effet de la condensation et de la raréfaction cles gaz qui circulent avec
ce liquide. Ces deux diverses maniëres <l'être de ces gaz
ne peuvent effectivement que produire des moavemeris
correspondans dans les vaisseaux de l'économie qui les
renferment , ainsi que dans ceux de la matiëre de;qael1
se fait l'éroption menstraelle; mais comme cetie' condensation et cetle raréfaction de la partie sanguine ne
sont que l'effet des quantités accidentelles et · variableli
à tout moment du calorique de rayonnement dont l'amhiant est pénétré, il est imposiii1lle qu'elles paissent
répondre aux apparitions régulières auxquelles se trouve
assujetti le flux menstruel, quand rien ne le trouble dans
sa marche. Lorsqu'on se prête à la réflexion de tons
les faits que je viens de mettre sous les yeux du lec~
leur, et que l'on passe en revue tous les accidens qui
accompagnent la pluralité des époques de la menstruation , et surtout ceux paraissant aux filles pubères qui
sont surprises par les premières éruptions de cette évacuation, on ne pent i.'empêcher de convenir que la
pléthore n'est pas la cause efficiente du flux menstruel,
et que l'établissement et l'exercice de ce llux ne sont
dus qu'à une ;séparation de toute la constitution, d'un
principe d'action , peut-être particulièrement modifié 1
qui, en se jettant mensuellement en partie sar les seins,
en relève la forme et le volume, et, en s'élançant simultané.
ment en plus grande partie sur les organes de la génération, y produit on excès de vie et d'action d'oà dérive, de
tontes les parties du corps, un excès de forces et un
concours de sang à la matrice qui i'exbale de sa cavité
dans la forme des hémorragies actives. En effet, pen..
\lant l'ahord des . règles, tandis <lue la résistance do!i.1r
�( 308 )
lourense, l'augmentation manifeste (rî, la plus gramle
1eosibilité des seins et la dém~ngeaiso•1 des bouts de ces
parties~ annoncent l'irruption <l'nne ma~se plus grande
de forces à ces organes , la lassitude douloureuse <les
cuisses el des hanches, la sensibilité pénible du basventre , l'augmentation de toutes les dimensions de cette
(1) Mammœ, dit Haller, ( S· 6G5 de ses leçons sur le11
institut.) eo tempo1-e elevantur , q1to uterus turget : mense•
prodeunt puellis , quando ubera duobus digitt.< elevantur, Et §
656, ibiJ. : Inde omni feminœ ! quinque antè diebus quam menses
patiatrir ' marnmœ turgent' inaxime vao eo die quo mense, p1·0di.Yunt. Postquani enim menses desierant .fiuere concidrmt eadem
die ad primam gracilitalem, post terliam seetimonam de11uo in
tumo1·em redditurœ. Les seins devraient se relever par degrés
et insensible~ent, à compter de la dernière époque, si leur
élévation et leur vohnne n'étaient que l'effet de la quantité
du sang qui se serait accumulée dans l'intervalle. Ceux qui
attribuent la 'menstruation à la pléthore' n'ont pas beaucoup
de peine à déduire le gonflement dn sang, du transport du
sang des vaisseaux de la matrice à ces organes par les anastomoses des vaisseaux "de ces deux différentes parties. Ils obaervent qne dans la menstruation et dans la grossesse, où la
matrice est gorgée de sang, et qu'après la couche où elle
s'exprime en abondance de ces parois, les mamelles acquièrent
un pins grand volume; ruais si les ana.<tomoses des artères
et des veines épigastriques avec les artères et veines mammaires
existent réellement , elles sont fort rares selon Wal11e1·de, et
d'ailleurs, il n'y a pas là de raison bien concluante pour ne
pas croire que le sang qui engorge le tissu de la matrice, ne
puisse aus<i se diriger sur quelcrue autre organe interne ou
externe, qui sert d'abontissant direct ou indirect aux vaisseaux
utérins, organe peut-être moins résistant et moins sujet à la
pression que les mamelles. D'ailleurs , quelle est la cause du
gontlement du sein que l'on observe aux femmes pendant
l'allaitement , temps dans lequel la matrice est rentrée dans
ion état d'inaction, à l'égard de la menstruation , si ce n'est
pas cette ma5se de forces qui , fluant dans les temps ordinaires
périodiquement sur la matrice, s'est dirigée, dans ce cas, sous
forme de continuité , sur les seins pour y prod1,1ire la sécrétion
du lait.
�( 509 )
région, la chaleur ( 1) prurigineuse da pubis, des pa;-ties
naturelles, des caisses et des jamh es, et la plus grande
di5tension des vaisseaux de la matrice par un sang
abondant (2) , eu marquant l'abord. d'une plus grande
quantité de ce liquide à ces organes , prouvent aussi
une irruption sur eux d'une plus grande masse de forces
qui l'y entraîne et qai le fait suinter des vaisseaux d11
fond intérieur de la matrice , et quelquefois de ceux d11
vagin; etc. Sans cela, quelle pourrait-elle jamais être ( si
ce n'est pas l'abord d'une plus grande qu<!nlité du ·principe des forces, flovitalique (3) , probablement moùifié
(1) Cette chaleur e.i;t, il est vrni, nn signe de la présence
du sang; mais elle l'est aussi bien davantage de cette action
augmentée qui conduit ce fluide. Elle est le résultat de la cause et
de l'effet. Elle est à la matrice, à l'occasion des règles, remarquable
dans l'utérus, au point que M. Leroi dit, clans son traité sur les
perles rie sane,· , que lorsque l'on a acquis l'habitude du toucher
de l'orifice de la matrice, on reconnait quelquefois, à la chaleur
de cette partie , que les règles sont .. très-prochaines.
Nous avons déjà pronvé cela à la 4me note. Sowasini
{~)
a observé que les parties génitales de certaivs animaux s'enflent
et se gorgent de sang aux époques où ils entrent en chaleur;
qu'ensuite les testjcules, les épididymes et les vésicules séminales
changent de coulenr, de figure et disparaissent entihement à
l'automne et dans l'hiver. La puberté de l'espèce humaine donne
plus de saillie aux parti~s de la génération, et augmente Je
diamètre des v~isseaux qui les composent: le tout s'e.fface à
l'âge ile retour. Il paraît que l'époque mensuelle chez le sextt'
concentre, dans un pè it nombre de jours, mais d'une manière
plus énergique, les changemens qui anivent sur les organe!;
de la génération, à une gnrncle partie des tiges de la vie.
Les parties natnrelles prennent plus de saillie et se gorgent de
sang par une plus grancle abondance du principe cle la vie.
(3) Principe qui, selon Chaptal, clolt avoir ses a,tlinités, ses
lois physiques et chimiques, moyen nécessaire de tQl'I t sentiment
et de tout mouvement ; principe qui est la cauie des facultés,
T. IX. Juin 1825.
4i
~
�( 5IO )
d'une manière pa1·ticulière ) la cause de ce violent et
prompt orage qui précède ou accompagne si souvent
les premières menstruations , et qui se termine d'ordinaire si heureusemeut par l'issue de peu de gouttes
de sang (dont la présence, à cause de la mo<licité, ne
pouvait qn'êLre indifférente pour l'économie , ou qui
finit si souvent sans aucune évacuation ? Quelle estelle , enfin , si ce n'est pas une aberration du hut et de
la direction à laquelle ce principe était destiné par la
voie de la matrice, la cause de ces nomhreuses. et fréquentes dé\'iaLions , vers des parties autres que ce viscère, ce que nous rencontrons à chaque pas dans la pratique? Quelle est aussi la cause de tous ces phénomènes varié', irrégnliers, versatiles qoi trouhlent , ,dans
la pfopart des aménorrhées , simultanément ou successivement , les fonctions des nerfs de plns~eurs organes
de l'économie, si ce n'est pas ce principe fugace, trèsmobilc et diffusible , qui ne pouvant, par quelqne cause
qu~ ce soit , au temps des époques, de toute la constitution agir sur l'appareil génital pour lequel il est des-
comme les facultés sont la cause des fonctions ; principe qui
s'altère pa~ l'exaltation des passions: ce qui fa.it qu'une nourrice
empoisonne son nouriisson chéri en lui donnant le lait, après
une vive colère; principe qui , par celle passion, donne plus
de malfaisance aux poisons des a<:iirn:tux; celui, peut-être, qui
'ne la torpille , de l'anguille de Surinam et du n.étaphore
électrique irrit és ( v. De la Roche , anal:),.se des .fonctions du
système nerveux , vol. z•, pag. 304. Dumeril, Just. 1wtw·elle,
§ 29 et 85 4. ) passe, par un contact médiat ou immédiat
da1Js la main et dans le cotps du pêcheur , el y produit un
engnunlissernent remarquable : ce n'est peut-être que ce
principe , que Le,.oi appelle mépliitisme , qui , selon lui 1
empêche la coagulation clu sang ( v. Denman, traité des
acco>U;hemens ) el qui rend stupide la main de l'opé1 ateur ( v.
ks annales de Mu11tpell. pag. 14 , an 1807.) clans !e travail des
w..:l!Qllcliemen~~
�( 5I 1
)
tiné, on en étant répercalé sans s'y être épuisé, le s
parcourt et les agace d'une manière prompte , irrégulière et variée , pour donner lien à cette variété
d'acci<lens morbides, qu'Hyppocrate sign ale si hien dans
ce peu de mots : Virgini si s110 tempore menses non
appe1·eant nmltwn et febricitat et dolet , sitit , esurit,
'vomit, insania vexatur et rursus ad menlern v enit : accidens que le D. Frank le père, ce grand flambeau de
la médecine de la fin du siècle dernier , désigna de la
manière suivante 11 la page 388 du vol. X de son ChoiJO:
d'opuscules de médecine : irritabilitas periodica cui quœ• .
vis Jemùia, non ipso quidem prœgnationis tempore excepta. Sitbiicitur , Jacit ut latens in corpore ad hune vel
ilium morbum dispositio : hoc ipso facilius , quam alio
eundem evolvât stadio , atque nunc spasmos, conrmlsiones, he1izicranias, nunc vornitus , a11t icterwn, aut abortus
cum naturali periodo quam maxime cohœrente producat.
Cette variété étonnante , cette multiplicité et célte
anomalie d'accidens morbides que l'on observe particulièrement sur les nerfs de di,·ers appareils ou de
divers organes se montrent pendant l'aménorrhée ,
surlout dans les affections symptôm:itiqaes de éelte
~ffection, et dans celles qui , par l'effet d'an pur hasard, s'y trouvent compliqaées, et m~me dans celles
qui, ayant, et par la qualité de l'excitation des solides,
et par la qu antité de sang qui les anime, un caractère inflammatoire, ont dans tout autre cas. une marche
coorclonnée et uniforme , et sont ordinairi>ment libres
des disparates et de l'incohél'ence ordinaire des accidens des névroses. Une foule d'exemples s'1m présent1mt
à chaque irrstdllt dans la pratiqne. J'en citerai no bien
frappant que j'ai tiré de la p age 2om• di> l'E1·sai sw·
l'aménorrhée, de M. Rorer· Co:tard. Il est q u es~ion d'llne
dyssenlerie sa11gu.ine à la suite d'une suppression des règles.L'invasion du mal, diL cet auleur, fot remarquée par
y
�(
51'.J )
cles coliques et par nn flux de sang très-abondant, mais
accompagné de syncopes fréquentes : le ténesme ne se
présenta que le 3me jour : douleurs violentes et coliques
atroces parintet·valles, qui se terminaient souvent pa1· des
syncopes; mouvemens el suffocation hysté rique; le pouls
ne· s'éloignait pas de son état naturel, et le malade n'éprouvait pas de fièHe. Le Sm• ionr, la scène changea
de face : les d.uuleurs , exc~ssivemept aiguës, fore.nt
1mivies d'une synco1>e et d'une perte de sentiment qui
dura plus de deux heures ; et lorsqu'on, fut parvenu à
en retirer la malade , celle-ci fat so.isie à ! 'instant de
ces symptômes : horripilations vagues, rongeur clp ,•isage,
yeax animés , chaleur halitueuse, pouls da r, fréquent
et développé , fièvre angiothénique très-prononcée à
compter de cette époque : les sy1nptômes de la dyssenterie s'effacent graduellement 1 les coliques diminuent,
le ténesme disparaît , les évacuations revienn,en t à l'état
n·aturel , et au bout de trois jours la maladie fut jugée
par une menstruation incomplette.
Oa peut aussi voir à découvert cet excès de vitalité qui , en se séparant de mois en mois de la constitnti~n, se jette, à des époques déterrni11ées, sur l'appareil
génital pour y exciter la menstruation , ou sur quelqu'autI'e organe pour y établir une cl~rivation. Voici
éncore un exemple de ces aberrations de ce principe
sur des organes autres que celai sur lequel le sang
supprimé, à la suite cle l'aménorrhée, se trouve déposé
(voyez page 54 de l'ouvrage cité cle M. Royer-Collard).
naos ce cas d'aménorrhée ' le sang supprimé s'épancha
dans le tissn cellulaire d'une cuisse et ·Y produi>it des
taches bleuâtres de la largeur d'une main, tandis que
la vitalité qui aurait dû porter ce sang sur la matrice
et s~y êpuisel' dam son évacuation, répandue simultanêment sur les vaisseaux capillaires de la pean, ainsi
qüe 1mr le système des nerfa , produisit 1 sur ceUt:
�,;c 515 )
enveloppe, des pustules rouges d'oil s'échappait un sang
âcre et séreux, et nue sensibilité extraordinaire, et sur
les nerfs, l'insomnie, et bien d'autres symptômes nerveux. On voit aassi ce principe à découvert lorsque,
dans le traitement de l'aménorrhée , l'on parvient , par
de~ saignées ou par d'autres secours analogues, à isoler , du sang arrêté par la suppression , l'excitabilité
déviée sar quelque organe. L'observation 4me du recueil
de M. Royer-Cotla,.d, nous présente un cas d'une démangeaison si terrible et si violente, à la suite d'une
sappression des menstrues , que la malade, qui en était
affectée, était obligée de jeter promptement ses hahillemens pour se déchirer la peau, jusqu'à ce que le sang
y arrêté coula en abondance. La femme éprouvait
alors , dit M. Royer - Collard , un peu de soulagement, mais l'écoulement avait à peine cessé que la
démangeaison , hientôt aussi atroce qu'auparavant ,
la forçait de nouveau de recourir aux mêmes moyens.
La pléthore enlevée aussi par les apéritifs, par la
saignée ·du pied et par des sudorifiques, il ne resta
plus à la partie qu'un prurit ( l'excès des forces vitales
isolé da sang supprimé, et élancé sur les organes. de la
sensibilité animaJe , ) que l'on attaqua ensuite heureusement par un puissant moyen sédatif : un emplâtre de
minium sur la partié. Nous pouvons lire à la page 4m•
da vol. 23 du Journal de M. Corvisart, l'ohserv:ation
d'une suppression des règles , arrivée par l'effet d'un
chagrin violent, et voir que cette aménorrhée donna
occasion à une douleur périodique singulière de la · tête
qai , à cause cle l'âge de retour, près duqûel se trouvait alors l~ mal<1de, céda à l'usage de l'opium et
des pilules de llféglin, an temps où l'époque mensuelle aurait cessé tout naturellement, si elle n'eut pas
été supprimée. Ces douleurs nerveuses auraient probablement résisté à ces moyens, si la malade euL été
�,
( 314 )
Il nn Age où la nature aurait sans cesse fourni l'excitab1111é qui eût Loajuurs pris la route de la partie affectée.
Outre cela, si l'on fait attention à la nature de plu&ieurs oauses de la suppression dn. flnx menstruel , aux
effets de l'application des ventouses au sein pendant la
ménorragie, à celui de l'application, pendant le dehut
011 dans le cours des règles, des vésicatoires ou de quelque autre irritation locale sur cles parties du corps éloignées de' la matrice, telle qu'un coup de poing sur le
&eia ( v. Royer-Collard, ibid. , page 15. ) ) l'usage imprudent des émétiques, des purgatifs , etc. , moyens
qui augmentent la vitalité de la peau 1 de l'estomac, des
intestins , etc. , irrités par ces causes au dttriment de
celle qui doit porter le rang de l'économie sur l'utérus, pour y produire le flux menstruel , en convenant
que ces diver;;es causes peuvent bien porter de préférenee à la partie irritée une portion du sang qui est
de5liné à la matrice pour la menstruation, mais non
pas à cette g1·a11de quantité à laquelle il s'évacue au
moment des époques 1 à moins qu'il n'y ait déviation, j~
euis dans la nécessité de conclure que, quelqu'iniluence
que puisse avoir ce fluide , comme cause déterminante
et comme un des stimulus accidentels ( 1) de l'action
des vaisseaux sur la menstruation, la cauoe efficiente
et prochaine cle cette évacuation , n'est qu'un abord
mensuel et abondant d'une masse de forces , peut être
particulièrement modifiée sur les nerfs et sur les vaisseau;
sanguins des organes de la génération et surtout soi:: la
mat1ice.
(1) Le sang n'opère ici sur la menstruation que comme un
1timulant accidenld de cette évacuation, comme la joie , les
idées érotiques, l'a kohol , les bains tièdes des jarr.bes et les
emménagogues : de plus, il fourn it la matière sur laquelle
l'excitabilité agit ordinairement poul' produi1 e ce flux.
�- ( 515 )
S'il est des observations qui viennent à l'appui de
ce p1·incipe , c'est surtout un cas rapporté par M.
1l!tena11ce, que je tire de la page 1 06 dn volull)e. Il
de la bilJliothèque médicale : « une demoiselle, dit-il,
• de l'âge de 20 ans, éprouva , pendant l'écoulement
11 des règles, une grande frayeur qui lai supprima
" cette évacuation ; alors doµleur~ atroces à la région
" hypogastrique, qui, au bout de quelque temps, sont
» remplacées par une hémiplégie du côté gauche, et
» pas <les mouvemens convulsifs fort fréq.uens au côt.é
» droit avec perte de connaissance; cinq mois s'écoulent
» et M. Thenance qui voit ensuite la malade, observant
• qu'à chaque accP.s convulsif, elle porte la main droite
., vers le sommet de la tête , près les sutures sagitale et
• coronale d11 même côté oh s'était élancée l'excitabilité
» déviée , et qui ne peut déterminer les mêmes convul» sions par une pression exercéesurcette p~rtie, la divisa
» par incision en T jusqu'au crâne , qu'il mit à décoo,, vert. Il . ortit beaucoup de sang de l'inci~ion : le 3.rnc
» jour, l'hémiplégie disparaît; le t 5.m•, paroxisme con» vulsifqui se termine par l'apparition des règles» (savoir
~principe de l'excitabilité mensuelle dérouté, fixé d'abord
avec le sang supprimé sor la partie douloureuse, mis
en libe_rté par l'incision , et dégagé de ce liquide par
l'évacuation qui en fot la suite , rentra encore dans
l'ensemble de la constitution , oh il excita par l'ébranlement qu'il donna au système nerveux, un orage
mensuel un peu 1>rusqae, qui le jetta sur le siège
que la nature lui a assigné, où par un effet de sa,
force normale , il mit, en remplissant le but de cette dernière, toutes les f1.1nctions du microcosme en état de calme
par l'éruptio:1 de5 règles ) : «au bout de trois mois
» rétablissement de la santé, à l'exception de quelques
u paroxi smes convulsifs, qui, par l'habitude contractée,
• '\forent encore de temps en temps , se faire voir
�( 516 )
• sous l'influence de quelqu';;ffection de l'ime. » Cette.
cause active <liffnsible et énergique , qui se sé11arant
par une loi de la nature (1) mensuellement, chez
teutes les femmes, Jepuis l'époque de leur puberté
jusqu'à celle <le q5 ~' 5o ans, excepté au temps des
gro,·sesses et dés allaitemens, pour se jeter d'abord
en plus petite partie sur les seins et y exciter un
changement sensible; s'élancer ensuite 11n plus grande
partie, sur les organes de la génération , et y produire
par l'effet des stimulus naturels on accidentels une
excitation singulière, d'oh résulta un suintement sanguin
de plusieurs jours, est la cause véritable, perpétuelle
et effic~nte des règles. La reconnaissance <le cette vraie
cause cle la menstruation , doit, d'après tout ce que
nous venons d'observer, être un point de doctrine suffisamment démontré, et cette démonstration très-féconde
en bons réstiltats de thérapeutique, doit nous faire
connaître., qu'il est impos<;ible de bien entre~rendre le
traitement cle la suppression et cle la déviation des
règles, si l'on n'envisage pas le genre de ces maladies
sous trois points généraux et différens de vue, savoir sous
ceux d'aménorrhées d'inexcitabilité et d'aménorrhées cfi-
(1) Si l'on me demandait quelle ~st la cause de ce principe
chez les femmes, je ne saurais pas plus répondre qne si l'on
me faisait la qnestion snr celle cle ces lois primordiales ile la
nature humaine qni ont assign é au sexe une .figure, des formes
et des penrh ans diffc'rens de cenx iles hommes, et, dans ce
sens, d ,•s fonclions dirigées au grand but de la conservation
soit d'institution
de l'e~pèce. Qu'ensnile la menslrualion
naturelle , plulÔt que l'efl et de la manière de vivre et de
l'habitude, c'est une qne stion décidée ( v. la page 199 du 5me
de la seconde série des a1111ales de la Société rnédirale de
Montpellier.) par 1\1. Je D. V. Bonnet, jndiciQux rédacteur
des annales de cette Société , contre l'éloquent auteur du
système physique et moral de la femme.
�( 511 )
ne~citation , deux espèces de celte maladie, dans les•
quelles on ne doit avoir pour but que les moyens qui
relèvent, augmentent et dégagent l'excitabilité mensuelle,
et ceu:s. qui rétablissent les stimulus qui la mettent en
acte et la déterminent sur le siège que la nature lui
. a assigné, et en aménorrlzées d'opposition, 3.m• espèce
de suppression des règles, dans laquelle on ne doit
~onger qu'au:s. moyens de faire disparaître toutes les
causes qui peuvent fermer rlaos l'utérus, le passage au
dehors du sang et des humeurs sur lesquels s'exerce
cette excitabilité: ces causes sont la dilatation excessive
des vais~eaux de la matrice , par l'effet de la pléthore,
la phlogose, le squirre, le cancer, les polypes, les hydatides, les concrétions, les spasmes essentiels ou sympathiques, l'obliqnité et l'hydropisie de ce viscère et !'imperforation : cette matière intéressante a jadis été l'objet
de mes méditations et a fourni les rudimens <l'an ouvrage
que je composai sur l'aménorrhée , et que je n'ai ja_mais
publié, mais qui me sert de boussole dans le traitement
de ces maladies ....• Mais je m'apperçois qa'insensihlemeot
la plume m'entraîne malgré moi au-delà des bornes de
mon sujet , '.ll qu'en demandant grace au lecteur , il eut
te1;nps que je fini~se.
..
•'
43--44
�T R 0 I S1È ME
P A R T 1 E.
LITTÉRATURE MÉDICALE , NOUVEJ..1LES S<.:IENTIFIQUES,
MELANGES, ETC.
'I·"
AN.ALYS ·E
D'OUVRAGES
lMP!.IMÉi.
sur les travaux de la Société academique de
rnédecine rie llfarseille, pendant les années 1819, 1820,
1821et1822 ( in 8 ° de 15o pages. Marseille, 1824.)
llA#l'IJRT
Nous avons promis de dire nn mot de cet opuscule
avant de le connaître; mais nous avons dû changer d'avis,
quand, après l'avoir e~aminé, il ne nous a paru présenter
que peu ou point d'intérêt. Il faut pourtant que nous
tenions notre promesse , c.1r on nous a défié éle la remplir t par cela seul que , suivant un oracle, nous ne saurions trouver à redire aux travaux de l'académique
Société. Voilà comment on raisonne quand on est prévenu en sa fa\<eur et porté à hlâmer ceux-là même qui
nous épargnent. Serait-ce le Doct. D. qui intÙpréterait notre conduite avec tant de sagacité? Peut - on
décemment nous imputer une espèce de partialité, tandis
que, craignant qu'une Jllste critique n'effarouchât. la
Société au point de paralyser ses efforts, nous n'avons
pas voulu relever des erreurs grossières 7 La Société
n'a pas été plus laborieuse pour cela et il est évident
que son feu n'a été qu'au feu de paille.
96 pages on t été consacrérs à l'exposé de ses trnvaul>,
pendant les années 1821 et 1822. Ces travaux sont assez
connus, ayant été déjà presque tous publiés, de sorte c1u'il
ne nous resterait plus qu'à -parler da style, mais chacun a
Je sien et , pour donner uoe idile de celui-ci , quelques
citations suffiraient, Nous préférons ensager nos lecteurs à
�(
~tg
)
li1·e tout le rapport et nous borner à payer an D. Al!emanc'l
un juste tribut d'é loges pour soo zèle infatigable, zèle
auquel il doit sans doute les ti tres de membre de la
S ,)( iété de médecine de Londres et de l' .\radé mie de
mécleciue de Naples. Ce qui prouve son activité, c'est
l'empressement. qu'il a mis à publier son cornptf' renda.
à la suite duquel il a comme traîné clt>ux autres productions des secrétaires qui l'ont précédé.
La première de ces productions est du D. Robert:
rimm teneatis amici. On jugera des dispositions et ~e
la bravoure de ce docteur p:ir ce passage : « ••••• A.
» quelqoes pas . de l'enceinte de celte grande ville,
» dit-il, était enchaîné le monstre horrible ( la contai) gion)
q ui a dcyoré tant de vic times ~or les côtes
11 brôlaotes de l'Afriqne. Pres5é et comhattu dans 'Sa
» fosse , il a été réduit à l'heureuse impuissance de
11 faire . de nouvelles victimes et il est mort terrassé
l> par les couPs DE MAssu11 qne nous lui avons porlés
» ( à une distance télégraphique ) , avec mes honora11 hies collègue<: , avec cette NOBLE ARDEUR qu'inspirent
» le désir d'~tre utile à ses semblables et la GÉNÉREUSE
» résolution de braver (à travers les barrières sanitaires)
» tous les dangers pour accomplir ses devoirs. »
Le re.s te de ce discours q11i n'est· qu'une espÎ=ce
d'avant-propos, ne &ignifie rit!n. Aa liea de si gnaler
les travaux de la Société, pendant l'année 1821 , le
~ecrétaire se contente de dire : « votre compte reoda ,
» qui sera bientôt imprimé, les meotionnera avec détail»,
et c'est ce qui n'a pas encore éLé réalisé.
Vient easgite l'exposé des trav<.1ux, pour l';rnnée 1820,
rédigé par le D. Ducros qui a 0111is plusieurs lectures et
qui a imité en cela, comme en bien d'au11·e~ choses, son
collègue le D. Robert. M11is il a eu unn singulièrf' prédilection ponr lui-m~me · ; ce qui lui aura fait négliger les
productions d'autrui. Déjà, en 18i8, s'é!ant chargé d'a,•
�( 520 )
nalyser sa tbèse et la nôtre, il eut grand soin de ne faire
un errata que pour son analyse ( v. le 1·app. des trav. de
la Soc. an. 1811 et 1818. ) , tandi.; qu'il nous fit dire, en•
tr'autres inepties, que nous avions ordonné l'usage d'un
collyre avec deux gros d~ sulfate de ·zitic dans quatl'e
grains d'eau commune; que les rapports entre le tic douloureux et le rhumatisme nous avaient été indiqués )lar
un médecin: ce qui est faux. Nous ne nous fussions pas
arr~té à de telles minuties, si M. Ducros n'avait pas
cru, dans son exposé, se permettre encore de dénaturer
l'obsenation d'une hydropique qui, suivl}nt lui, fut guérie
après une évacuation d'urine provoquée par le sel d'epsom.
Telle n'a pas été l'action de ce sel : donné comme éva·
cuant, il ne servit qu'à faire couler_ llbondamment des
'Vésicatoires qni avaient été appliqués et de cet écoulement
dépendit le succès de la cure.
Que désormais le D. Ducros soit plus réservé et qu'il
sache que les erreurs , volontaires ou non, sont relevées
tôt ou tard 1! ! N.>us terminons ici nos remarques, ]Jien
décidé, pourtant, -à revenir sur les travaux 3cadémiques,
P.-M. Roux.
ei l'on nous en fait naître l'occasion.
'.1. 0
V
A R 1
i
T É
s.
- L'ouvrage du D. Clzervin qui doit terminer la lutte entre
les contagionistes et les partisans de l'opinion contraire, est
vivement désiré. En attendant, le nombre des non-contagionistes
.s'accroit tous les joul's.
--- " Je persiste à sout~nir, a dit M. Hyde de Ne1.wille, à la
séance du t3 mai de la chambre des députés, que la fièvre jaune
n'est pns contagieuse. Nos établissemens sanitaires ne servent
qu'à entraver les relations de notre commerce maritime. Les Anglais sont plus hardis et le sont impunément .... • (Journal des débats.)
--- Nous n'avons qu'à tracer, quant aux maladies régnantes
du mois de juin, le même tableau d~s maladies observtles dans le
mois précédent.
-- D'.après le rélevé des registres de l'État-civil d~ la mairie de
Marsei~le, il y a eu en l\'lai 1825, 344 naissances: 1.77 décès ot
P.-M. Roux.
95 manages.
�( 5:zr )
BULLETINS
DE
LA. SOCIÊTÊ ROYALE DE
DE
.
MARSEILLE.
Ju1N 18~5. ---
MÉDECINE
N. XLII.
0
de combustion spontllJlée dont deux femmes..
ont été atteintes étant couchées l'une sw· l'autre; par
M. CnARPENTIER, D.-M., membre correspondant de
la Société médicale <Nmulation de Paris , de celle
de Liége et de la Société royale de médecine de
Marseille
DBsEnr ATTON
Détails de la combustion de Mm•
et de sa servante , événement arrivé à Nevers
dans la nuit du 12 au i3 janvier 1820.
LE ~2 janvier 1820, à di1 heures du soir, plosienrs
voisins sentirent une odeur particulière à laquelle ils
trouvaient de l'analogie avec celle de matières animales
grillées et de laine en comhoslion , mais qui lenr semblait plus clésagréahle, infecte. Ils ne virent ni fumée
ni au ire ,·apeor s'échapper d'aucune maison eD-VÎron'nante,
et, s'accordant à croire qoè cette odeur venait de ce
qu'on brûlait les dépoui~les d'une vieille religieuse
carmélite morte dans le 1oisi11age le même ·jour, sani
ft,.ire d'antre perquisition.
Le i3 au matin , une femme voisine 1 qui avait on~
double clef cle la .maison parce qu'elle y \'enait toua
T. IX. Juin 1825.
45
Sr;CTION l'REMIÈRK. -
P0 *
�( 522 )
les jours aider la servante à donner des soins à la.
maîlresse ' ouvrit la porle poar al:er remplir ses fonc
tions b<1hiluelles. Eu entranl dans la ch;i.mbre elle se
trouva saisie par une fumée donL l'odeur iosapponahle
et l'épaisseur faillirent la suffoquer. Elle sortit sur le
champ en pons;ant les cris les plus aigus pour appeler
â son secGurs. Les voisins accoururent et , après avoir
laissé pendant un moment échapper celle fumée épaisse
qui empêchait leurs recherches, ils examinèrent tout
ce qui était dans la chambre. Ils · ne trou,•èrent ni la
clame ni laser.v ante, ne virent d'abord aucune apparence
de cadavre~, mais s'assurèrent que le lit de la dame
était entièrement brûlé. Ses différentes parties avaient
cependanl conservé leurs formes; mais, au premier
attouchement, tout s'est affais sé et est tombé réduit
en cendres : bois de lit, paillasse , malelats, lit de
plumes, clr.1ps, couvertures, rideaux, ciel de lit. (1).
Avant de remuer les· cendres, on a examiné l'état
cln foyer de la cheminée dans lequel on n'a trouvé
aucune parlie de hois ou de cl1arhon allumé; le feu
n'y avait point été couvert et s'était prohablement
éLeint faute cle bois. Un flambeau on chandelier était
sur la cheminée et un autre à terre au milieu de la
chambre. Il n'y avail de chandelle ni clans l'un ni
dans l'autre.
En passant ensnite à l'exame n des cendres ou débris
de la combustion, on a trouvé , 8ur le dev,int de la
place qu'occupait le lit, l'exLrémité ~l'une jambe re,•êtue
de son bas, ayaut le soulier au pied, et qui _a été
reconnue pour la jambe droite de 1a sen ante. C'est
la seule partie du corps de cette femme qni n'est pas
été réduite" en cendres.
La hoîte osseuse du crâne de la maîtresse, dégagélil
(1) Lcis co1wertures
t:il
le• rideaux étai1111t en la~he,
�(
?.2 5
)
du cuir chevelu et de la pean qui avait été hrtilée , a
été trouvée à la phce où celte dame· avait sa tête
quand elle était cou <hée. ll n'y a eu que celle portion
du corps de la maîtresse qui n'ait pas été anéantie
par la comhustion, excepté cependant un petit fragment
dn col ou plutôt de la peau du col qui s'est trouvé
enveloppé d'un mouchoir rouge lequel prohahlement
avait servi de cravate et dont il restait quelques débris
immédiatement collés sur cette peau du.col conservée.
Le lit de la servante , qui était assez près de celui
de sa maîtresse, a été intact, ainsi que les chaises ,
tables et autres meubles , excepté une pendule de bois
accrochée au mur à côté <lu lit, laquelle ayant conservé sa forme, e;t tombée en cendres au premier
mouvement.
Quoique la chamhre ne fut pas plafonée, les poutres
et les solives qui étaient très-près du ciel de lit, n'ont
pas été embrasées, mais elles étaient noires et donnaient une chaleur ardente. Tout ce qui se trouvai~
dans la chambre, surtout près du lit, était extrêmement humide , ce qui était dt1, sans doute' à la condensation cle ces vapeurs épaisses dont la chambre était
.
pleine quand on y est entré.
Comme il n'y a~ait, dans la maison ,d'antres ind'iYida1
que ces deux femmes; qu'on ne s'est · aperçu de l'acciden_t
que !e lendemain matin, personne n'en connaît positivement la cause.
Pcmla1ù la nuit du 12 ~p 13 janvier ( relle de l'accident) le temps était serei.n, l'air sec et le froid trèsvif, puisque lé thermomètre marquait 10 drgrés auclessous de zéro.
La dame était âgée de go ans, la servante de 66.
Elles étaient toutes deux d'une faib'fé conslitution,
maigres., <lé charoées. Elles se nourrisqaient mal , quoique
la dame jouît de 6000 fr, de rentes. Cette dernière,
�( 524)
..
."
pendant quelque temps t avait fait usage avec grand
excès de l'eau de Cologne à l'intéri~r. On <lit que
depuis deux ans , d'après l'avis el les remontrance s
de son médecin, elle s'était restreinte à une moindre
dose qui lui était cependant indispensable pour soutenir
ses forces défaillantes, d'autant plus que depuis cet
abus habituel d'eau de Cologne , elle ne mangeait
presque pas. La servante mangeait peu aussi, elle buvait
rarement de l'e~u-de-vie, mais sa nourriture consistait
principaleme nt en bon vin vieux chaud et bien sucré. Elle
en prenait souvent à dose asse:i forte pour se griser.
On croit même que le froicl excessif de la soirée. du
n jànvier l'avait excitée à en boire avec excès.
SECTION SECONDE. -
Examen des causes de cet événement •
APRÈS avoir bien réfléchi sur tous les faits énoncés
dans la relation précédente , je ne puis m'empêchera
d'être persuadé que la mort de ces deux femmes et
l'anéantissem ent complet de leurs ~orps ont été l'effet
d'une com1Justion i'htérienre et même spontanée. La
rareté, la singularité de ce genre d'affection morbide
; empêchent souvent le vulgaire de croire à sa possihilité,
mois le médecin in:HL'uit qui sait que l'histoire <le la
médecine nous en offre des exemples hi.en constatés,
ne doit éprouver aucun étonnement quand if s'en présente un nouveau; son devoir est d'aller à la recherche de
tontes les circonstances qai accompagnen t cet événement,
de les discuter, de les apprécier et de les classer ou de
les exposer dans leur jour afin qae chacan y- découvre
la vérité. Toutefois, il y a ic · de plus que dans les exemples déj a connus, nne particularité qui mérite de piquer
la curiosit.é,"c'est qae deux individu5, se touchant, éprouvent ensemble cette même affection et en soient les vic\imes clans le même instant.
Il est inutile d'em loyer beaucoup de raisonnemen t
�( 325 )
poar combattre l'opinion générale des haJ1itans de Nefers
qui pensent qoe la cinérificati<Jn de ces deux femmes est
dne à un accident ordinaire, suite de migligence on d'im·
prévoyance, à un incendie causé par la llamme d'une
chandelle qui aurait communiqué le fea à quelque partie
du lit, ou par qùelqu'autre corps inert embTiisé, comme
un for trop chaud mis dans le lit pour se garantit· de la
riga.ea.r du froid. Ils disent que, si les llifféreatPs parties
da Lit et de la pendule ont été réduites en cendre sans
s'enflammer, c'est que cela est dû à la rareté cle l'air qu'il
y avait dans l'appartement qu'on avait eu soin de calfoa.tre"r, aussi hien que possible pour se préserve1· du froid;
je regarde celle explication comme i naclmissible surtout
par le vent de bise et en raison de la température qui régnait alors. D'ailleurs, quelle que soit la cause du phénomène, il est impossible, suivunt moi, que ces femmes aient
été ainsi consumées entièrement par le seul effet de l'application extérieure de cette combustion lente et latente.
Ponr réduire complètement en cencl;es ces deux corps
humains, non-seulement il ent fallu une chnleur pins ardente que celle d'un feu sans flamme , m<1is encore il eut
été indispensable que les snbstances chJrgées de fonrnit•
ce degré de ch.ileur en brûlant lihœment · l'air, enssPnt
été entretenues en quantité saffisauLe et dans un tel ét«t
d'ignition pendant tout le temps nécessaire., que ri en
n'éclia p11àt à leur acticm. destructrice. Et cle plus, il est
peu raisonnable d'adopter la ven.ion du vulgaire qui croit
que la servante faisant tous ses efforts po1tr donner du
secours à Mn1e. P*'*, toute occo1iée à lui pr-odigner ses
soin s , s'est laissée étouffer là pdr la foméP, est tombee
morte rnr le 9orps de sa m<iÎtresse et y a été ~lin~i cl:lnsumée.
Cela n'est poiut supposable; l'étonffemt ut cau:.é pat· la
fumée diffère de l'asphyJ.ie qui provient du charlhlll; de
quelque intention qu'ait dù ~tre animée fa servante, qaelqu'empressement, quelque dévouement même qu'on veuille
�( 326 )
bien lui donner , il n'est pas croyable qu'elle soit restée
là au milieu d'on lit en feu ; elle n'étai~ pas percluse de
tous ses membres comme sa maîtresse qui, par celle rai.
raison , eut dt1 être la seule qui n'eut pî1 quitter le théâtre
très-circonscrit de l'incendie, et périr dans ce lieu-même.
Je suis donc, je le répète, convaincu que ces femmes
ont été les victimes d'une comhastion intérieure et spontanée; et je crois que le feu , qui a dévoré sourdement
tout ce qui composait le lit, provenait de la communication immédiate du lit avec la ilamme particulière qai
acr.ompagne ordinairement les combustions spontanées.
Car, ce genre de flamme, par sa nature, étant eonLinuellement enveloppée d'une vapeur extrêmfomen t épaisse et
humide , ne peut se communiquer qu'aux objets qui '
sont en contact a1'ec elle, ou qui en sont très-rapprochés;
et ces objets eux-mêmes, à cause de cela, se tron1•ant
environnés d'une atmosphère aqueuse, c'est-a-dire, d'une
couche très-dense d'eau en baporation , lloivent nécessairement brûler lentevie.ut, sourdemenr, comme cela arrive
toujours quand an obstacle quelconque empêche l'air de
circuler librement autour de la chose en comhustion ,
lorsque e feci esl couvert.
Il est p1·ohakle que Mme, pu• aura été affectée la
première et qu'alors a servante effrayée aura couru 3
son· secours, se sera jete~ar sa maîtresse pour étouffer,
pour détruire celle flamme ioe"i..tiogaible qui la dévorait
et que c'est précisément à cet instant là qu'elle aura été
elle-même atteinte d'une seml>lahle affêction.
Recherches sur les cd11ses et für.Za
nature des combustions spontanées.
M.u s pour justifier complètement mon opinion, je dois
entrer dans quelques détails de physiologie, de pathol,igie,
et même de chimie au moyen desquels je puisse expliquer comment j'entends que le phénomène singulier Je .
la combustion spont:mée peut avoir lieu quelquefois dans
SECTION TR01s1ÈME. ---
�( 327 )
le corps d'un ani!llal vivant, comment dans ces cas par~
ticuliers un être organisé sémble se comporter à la manière d'un corps inert, en paraissant privé de la faculté
de résister, par son énergie vitale, à l'action nnisible d11
feu, _de · 1a repousser de toutes ses forces et d'empêcher
par la que le feu, qui a atteint une partie, ne se communique à cf' lies qui n'ont pas été attaquées.
En général , une maladie interne ne se déclare qu'après qu'un certain nombre de circonstances, égalemènt
nuisibles malgré les différences qui peuvent les caractériser sons d'autres rapp01·ts, ont, par une acti?n plus ou
moins prompte et forte, concouru à modifier certaint
organes importans, gêné et même troublé certaines fonctions essentielles à la vie, et amené peu a peu l'économie
animale a un état douteux de santé, à une disposition pathologique telle qu'une affection mor bifique se développera
infailliblement à la première occa, ion, laquelle occasion
est ordinairement quelque secou~se physique ou morale,
En terrµe de l'école, on appelle causes disposantes d'une
maladie, ce concours cles circonstances antécédentes dont
je viens de parler, et cause occasionnelle ou excitante l'événement qui détermine l'apparition de la maladie. Ainsi,
chez chacune de ces deux femmes, il y avait, depuis une
époque plus ou moins reculée, une disposition à la combustion, une condition de combustibilité telle qu'il ne
m<mqnait plus que l'action ou l'influence subite de certaines substances pour déterminer l'emhrâsement total.
En santé, âocune partie du corps d'un animal vivant
n'est réellement coi:nJmstible. Quand le feu est appliqué
à. l'une d'elles, toutes les forces de la ''ie s'y porteQ1 ponr
la secourir er surtout pour garantir les voisines. La disposition a la combustion est donc une condition différente
ùe l'état sain.
Cette combustibilité dépend-elle cl'nne altération vioiense qui a·nrait lieu peu à pe11 dans la compQsition élê-
�( 528 )
mentaire des organes , dans leur ti~.su? ou ]Jien provientelle de l'importation et du dépôt des matières éminemment
inflammables qui, introduites insensiblement du dehors,
se seraient répandues peu à peu dans les interstices des
, différentes parties du corps 7 Poiir répondre à ces questions, il faut ahsolument rappeler ici les principes fondamentaux clu mo<le sui,•ant lequel la nutrition s'exécute
dans tous les individus qui jouissent de la vie.
Tons les organes, dont l'assemblage constitue un corps
'\'Îvant, s'usent sans cesse par l'effet même de leur e.xercice.
Il faut donc , pour entretenir la vie, que les portions détruites soient remplacées , renouvelées. Cette ré1i.aration
des diverses parties de l'être organisé, toujours proportionnée, dans l'état <le santé, aux pertes non-interrompues qu'elles éprouvent , ne peut se faire que par une incorporation à leur propre substance d'élémens qui lui
soient homogènes, de molécules parfaitement semblables à
celles qni la constitueo~. Pour parvenir à cette fin, no'!
organes extérieurs explorent les corps étrangers q_ui nous
environnent, ils reconnaiss~nt au moy~n d'un instinct
particulier, ceux d'entr'enx qui, ayant une an3logie de
composition avec celle de nos corps, sont capables de les
réparer, de nous nourrir , enfin; et , parmi ceux-ci, ils
cboisi~sent décidément, pour les ingérer dans nos viscères,
les substances qui sont suseept.ihles d.e subir un mouvement intestin au moyen duquel les molécules alimentaires
puissent se tléplacer , s'isoler, et se rapprocher dans de.
nouveaux rapports, sous une combinaison spéciale qui
leur permette d'être admises comme · parties intégrante!>
de not1e économie. Aussi cette incorporation, ou plutôt
cette transnhstantiation n'a lieu qn'3près que les instra·
mens i1arfaits dont la nature nous a doués ont soumis à
nne .série d'analyses les plns délicates les corps étrangersque nous nous sommes 3ppropriés, pour en extraire la
matièreéminemmeut réparatrice. La nutc·i1ion est, comme.
�( 529 )
on le vGit, le résultat d'opération5 admirables dQtlt sont
chargés différens .systèmes d'organes ; l'entretien de la
santé dépend de l'énergie et de L'ordre- avec lesqo.els elles
continuent d'être exécutées.
Les diverses recherches faites par les savans snr la
nature da principe alimentaire 1 de l'aliment, proprement
dit, ont fait connaître que les substances dans lesquelles
il se trouve pat• excellence sont principalement composées cl'hydrogène et de carbone unis à une petite
portion d'oxigène dont la quantité varie suivant ces dif.
férentes sabstances. On sait, à n'en pas douter, que le
dernier travail que les organes chargés de la nutrition
font subir à la matière 11limentaire, que le fait essentiel à
la nutrition, le phénomène sans lequel cette matière
alimentaire ne pourrait point devenir partie intégrante
de notre corps et surtout le réparer, c'est l'acte par le,.
quel nn nouvel élément qui se produit "dàns l'économie
anima\e, est introduit dan,s la matière alimentaire et s'y
fixe , tandis qu'en même-temps une certaine quantité
d'hydrogène et de carhone en .sort unie à l'o:x.igène et se
dégage hors du corps sons forme d'eau et d'acide carbonique. Ce nouveau principe est l'azote, c'est donc aci
moyen de l'opération finale qui l'y fait entrer qoe la substance alimentaire s'assimile à l\\ substance animale.
Mais qu'on on plusieurs des organes qui concourent à
la nntriti.on viennent à éprouv61' quelque altération, la
fonclion qu'ils ont chacun à remplir en sera modifiée ,
l'action de chimie organique sera différente de ce qu'elle
devait être, les prqduits ne seront plus les mêmes que
dans l'état sain, la nutrition sera dérangée, et pour peu
que cela dure , le trouble devie11dra géuéral , toute l'éco·
nomie ani male prendra part à cette affectioti', emploira
tons ses moyens pour expulser au-de·h ors, comme inutiles
et nuisibles, les produits vicieux dont je viens de parler.
~i, après an certain nombre d'efforts conservateurs,l'é.co·
T. IX. Juin x8:i5.
46
�( 530 )
nomie animale ne peut conserver une énergie suffisante
pour éonlilluer à effectuer ces crises salut:iit·es au moyen
des'luelles e~le se .déhar:asse des ~u~stances. qt1i ne lui
étant plus nccessa1res lm sont permc1euses, s1 les secours
que'l'art lui apporte pour la seconder dans ses vues, sont
impuissat'is, si l'organe affecté est Lelleruent altéré qu'il
ne soit plus capable de recouvrer Gomplètement l'exécution dè ses fonctions, la nutrition se fait de plus en
plus ma!, le corps dépérit et se trouve disposé à éprotiver
toutes' sortes d'afféctions mor.bi'flques.
Dans toute espèce de recherches sur les su jets les plus
ollscurs, la déoonverte de la Yérité ne peut être que le
résultat de séries d'vbservatious qui ont été faites en
suivant·une méthode anal:}'tique sévère, avec une exactitmle rigoureuse, par des hommes doués• d'un excellent
jugement, préparés par une solide instruction préliminaire, et mus autant par la passion de la science que
par un amour ardeut de L'lmm.anité. En ré1rnis,anl ces
conditions, ce qui malheureusement ne se rencontre pas
assez souvent , on remonte1·ait presque toujours aux
principP.s les plas cachés des maladies surtout à ceux
de., ma ladies chrouiques ; on pourrait, après eu avoir
dé.:ouvert Les pt·emières sources ( qui ne sont ordinairemeut que dP.s phénomènes peu importans en apparence J
suivre ces cause~, les voir ,'angmeuter, se compliquer;
on pi;iur;ait en quelqae sorte calculer leur açtion délétère et déterminer les effets permcieux qni doivent en
résultP.r à la fin Prenous-en pour/ exemp.'e les diffë_l'f'Dles espece~ d'hydropisies, soit que l'altérntîon des
org· nes es~entiels à là vie qui les caractérise soit due
à une fo;' le:,se de constitution origi11aire, ou à des
eL'reu1·s babitaelles de régime, comme des excès de
boissons, etc., soit que les deux genres de causes soient
compliquées ou réanies. E~ procédant suivant le mode
que je viens d'indiquer, il sera facile de concevoi1:
�( 331 )
iromment, dans cette maladie, il se fait qae cles matières aqnellses, véritables col'pS ét1·angers eL nuisibles
à l'économie, au lieu d'être expul,ées par des én1onctoires 011 voies ord:u,.ires <l'excrétion, restent c>n stag•wtion dans différen1es parties, et s'y accumulent à an
tel point qu'il faul souvent invoquer l'énergie et la
promptitude des secours de l'art pour les évacuer. Ne
pourr;i-it.:on pas aussi, de la même manière, expliqner
la formation du genre de la maladie qui fait le sujet de
cette noti ce '! Rien ne répngne à l'idée d'une sécrétion
coutre nature de matiè res éminemment combustible;, qui
se ferait par des organês atteints d\rn mode · spécial
d'altération , et du dépôt de ces m.itières clan~ tontes
les parties du corps , princip.a lement dans celles où le
ti~su cellulaire plus abondant lPnr livre un passage
plus facile. L'état de gaz soiis lequel se trouve prohalJlement ces matières, leur donne une fluidité, une
di ffusihilité qui les rend hien plus faciles à se répJndre
dans toutes les parties du eorps que ne l'est l'eau
clans l'iofiltrotion de l'aoasar1•1e. Leur facilité à s'enOammer est telle .qu'il ne faut qu'uoe é tincelle pour mettre
en an instant le corp~ entier en état d'ignition la plus
complète; leur 11:i 111re r;irticnHre de co!Tihustihilité est
telle qu'a'.1cu11 des lir1uides de3 animaux :l''ec le~quels
elles sont en contact ne peut :inêter ni n1ême diminuer
la rapidité .et la voracité extrême qui caractérisent. ce
singu ~ ier incendi e. Les causes éloignée~ et générales ou
disposantes de cet état anomal si fâcheux seraient la
vieillesse, la· vie sédentajre et toute autrP. circonstance
pouv:int amener 1~ perte .de l'énergie des forces vitales;
on lni recgnnaî1rait pnnr canse excitante par·ticnlière
un ex cès hahitnel de liqneurs spiritueuses porté à an
point tel chez certains individus qu'ils ne prennent point
d'autres alimen~.
· Ex:amiuous un moment qu'elle est la c:omposition de
�53~ )
l'alcohol qoi fait la hase de ces hoisson5 no~sihles et
noas verrons qu'on peut, d'une manière assez satisfaisante, se rendre compte des phénomènes de la combustion spontanée, en supposant que , l'alcohol étant décomposé par one action particulière et erronée des organes
qui ne sont point dans leur état sain , ses principes se
trouvent presque mis en état de liberté. En effet, ses
élémens constitoans sont l'hydrogène en très - grande
qnantité et le carbone comhi11é avec no peu cl'oxigène.
Si une action chimique quelconque, que nous ne pouvons pas déterminer précisément, vient déranger cette
combinaison, vient détruire l'affinité qui, dans l'alcohol ',
tient l'oxigène fixé avec l'hydrogène et le carbone, ces
derniers, au lieu de se fixer dans la substance animale
en s'unissant à l'azote, an lieu de s•y incorporer pour
réparer les pertes qnoticliennes, comme cela a lien quand
les organes sont sains et qae la nutrition se fait bien,
l'hydrog~ne et le carbone, dis-je, se trouvant dégagés,
sont alors des corps étrangers et par conséquent nuisi'bles; et le m.I qu'il; sont exposés à faire dépend des
propriétés chimiques et mécaniques ou physiques dont
ils sont doués . En effet, quand on se rappelle la couleur,
la lP.gèreté, Ja volatilité de la fl amme qui accompagne
le~ combustions spontanées; quand on cherche à savoir
d'ot1 provient· l'atmosphère aqueuse qui enveloppe cette
flamme et qu'elle produit elle-même ; lorsqu'on veut
déterminer le caractère particulier de l'odeur pénétrante
et fétide qu'elle répand au loin , tout porte à croire
que les combustions spontanées du corps humain sont
d..1es à l'inflammation du gaz hydrogène plus ou moins
carboné l::'lquel , étant produit par uue opération organique vicieuse qui résulte de l'état d'altération des organes, s'est, an moyen de son expansibilité , répandu
à travers tous les interstices qui séparent lea différentes
parties du corps humain. Cette théorie, d'ailleurs, s'ac.-
(
�( 555 )
corde bien mieux avec les lois de l'économie animale
que l'espèce d'iafütration ou d'imprégnation alcoholique
qne certains auteurs ont imaginé~, à laquelle le vulgaire
est disposé à croire, parce qu'il juge toujours , pour ces
cas, d'après ce qui se passe dans les corps inerts, mais
qne ne peuvent décemment, admettre dans les corps
organisés vivans, les homlnes qui ont acquis des notions
saines sut· les procédé~ organiques de la nutrition !
Mais, l'état de co111bustibili1é étant arrivé à son dernier
point, la disposition du corps à la combustion se trouvant
porté an plus h aut degré, le fen ne peut-il pas se prendre
spontanément? ou bieu pour déterminer la matière combustible à s'enflammer, une circonstance particulière estelle décidément nécessaire? faut-il absolument une étincelle pour occasioner l'incendie ? S'il en est ainsi , dans
l'événement arrivé à Nevers , celle cause occasiooelle
est inconnue ou ne tombe pas facilement sous les sens,
puisqu'il paraît y avoir eu absence de tout objet enflammé visible, d'une matière quelconque en ignition. Oa
ne pent en accuser qu'on monTement électrique; et dans
ce cas, nos soupçons se trouvent fortifiés par toutes les
circonstances environnantes; car, pendant la nuit dn 12
au 13 j.mvier, l'air sec , pur et serein, un froid rigoureux, tout dans l'état de l'atmosphère offrait les signes
d'une électricité surabondante. Ce qui '·ient encore à
l'appui de cette ·opinion , c'est qu'à la m~me époque,
dans des lieu:t clifférens, mais sous l'infl.nence de la même
tempéra tnre 1 plusieurs exemples de combustion spontanée
(phénomène ordinairement très-rare) ont· en lie a chez
des individus qt1i se trouvaient dans des dispositions assez
analogues.: et, d~aillenrs, j 'ai lu quelque pa"'.'t l'histoire
d'un homme a tteiot de combustion spontanée qui, quoiqu'ayant déjà une main réduite en cendres au moment
oh arrivèrent les gens qu'il <>vait attirés par ses cris,
avait eu le temps, avant de µioarir, de leur déclarer
�(. 354 )
fJfte, comme s'il avait ét/ pris par 1,m coup de f1m,lre,
il avait ressenti dans le bras une commotion sui1ile ,
une secousse <.ihsolument semblahle à celle qu'aurait produite la décharge d'une )30uteille de Leyde., que cette commotion avait été accompagnée d'une étincelle suivie
au même instant d'une petite flamme bleuâtre et légère
qui en un instant avait consume sa main.
Ne peut-on pas penser aussi qu'une disposition morbide
spéciale', telle , par exemple, que celle des personnes en
étal de combustibilité, puisse quelquefois mettre le (·01·ps
humain dans un véritable état d'idio-électricile se1;i1JlaMe
à celai qui affecte certaines espè ces d'animaux comme
.les chats? Et quelqu'un de ces animaux même, ne pourrait-il
.pas , par des frottemens accidentels, être la c11use déterminante d'une combustion spontanée? L'é,·énement arrivé à ·Nevers offre encore une question nournlle à résou,dre qui · e!it celle-ci : la flamme qui accompagne une
-combustion spontanée n'est-elle pas le moyen le pins propre à déterminer, à oééasiouer cette affection cliez une
personne qui y est éminemment disposée ?
Voilà ùes points importans encore obscurs à éclaircir.
La lumière ne peut y arriver qu'au moyen d'ohse1·vations
faites avec la plus grande exactitL1rle el le plus grand soin.
On ne saurait trop engager les personnes instruites que
le har,ard aura rendu témoins de semlJlahles accidens, à
,recueillir: toule3 lf~s circonstances qui y on l quelques rapports, et de pnl>lier leurs observations afin de les soumettre aux reflexions des savaJ:!S. Quoiqu'il en soit, ce
qu'il y a de plus extraordinaire et de plus fâcheux dans
la catastrophe de Nevers, c'est que deux individus aient
été en mê_me-temps victimes du même phéu9mène. En
réflé<'hissant à toutes les circonstances énoncées ci-dessus,
et surtout à la position de l'extrémité inférieure de la
j ambe droite qui a été retrouvée intacte, on peut présumer que Mme. p•u ayant été prise la première, la
�•
( 535 )
servante se sera jetée sur le corps de sa maîtresse ponr
étouffer la flamme inexriuguible qui le consumait, et qu'à
l'instant elle aura été elle-1uêrne également atteinte, soit
qu'étant dans les mêmes dispositions, sa maître:>se lui a1t
communiqué la même affection , soit qu'elle la doive,
comme sa m:iîtresse , à une action électriq ne, ou à celle
d'une autre cause inconnue,
SÉANCES DE LA S ~ C 1 ÉTÉ,
PENDANT LE MOIS DE MAI
1825.
7 Mai. - M. Pascal fait connahre par one lettre le
désir· qu 'il a de mériter la faveur que loi a faite la
Société en lui décernant le titre de membre correspondant.
M. Roux fait hommage an nom de M. Félix Pascalis,
associé correspondant à New-Yorck, du n. 2 d'un journal
0
de médecine publié à New-Yorck et d'une brochure intitulée : an inaugural address tlelivéred bifore the medical
society ef the county of New-Yorl:, etc., hy David Hosack, Président ef the society. Dépôt dans les a~chives.
· M.' le secrétaire donne lecture des remarques de M.
L. Franck, sur divers moyens pour détruire le ténia et de
l'opération de gastrotomie pratiquée avec succès· dant
Ûn cas de rupture dit l'utérus ..
M. Fonrreatt de Beauregard, médecin françai~, qui
a exercé pendant plasienrs années à Florence, présent
à la séance, donne des détails intéressans sur l'efficacité
�( 556 )
du rhatania dans les hémorragies pas~ives ·, et fait part
qu'il s'occupe d'un travail snr la fièvre jaune , qu'il
-0onsidèœ comme une maladie hémorrhagique , contre
laquelle il conseille, par induction, l'usage clu rathania.
21 Mai. -- Lecture e8t faite d'une oh •t:t•vation pratique
considérée pal' l'auteur, M. lantairés 1 membre correspoutlaut , à A.ix, comme un cas rare et peut-être sans
,
exemple.
M. Reymonet lit nu rapport sur le manuscrit de M.
Froment, médecin a Aubagne , relatif à l'emploi ex-
térieur de l'ea1i froide dans le traitement des maladies
asthéniques.
Le reste de la séance est cousacré aux conférences
:tur les malaùies régnantes.
SEUX , Président.
SuE, Secrétaire-général.
AVIS.
LA Société royale de médecine de Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires; Observations , Notices , etc., de ses membres soit titulaires,
saft Jcor!;espondans, qui lui para~ssent dignes cfétre
publiés , elle n'a égard qu'à l'intérêt qu'ils prbentent
q la science médicale; mais qu'elle n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions que peuvent émettre
les aute1irs, et qui n'ont pas enoort: la sanction générale.
�TABLE .
Du
AuTli:uns
p·
DEs
MATIÈRES
TOME
1.
BuuMELLE,
0
CONTEN1111
D.lNS
1.w
l'ŒUVIEMEo
AUTEURS.
pag. '269. Boutron Charlard, 271. Bremse r
217.
Cadet de Gassicourt, Félix , p. 105. Charpentier, 321•
Chcrvin, 59. '2 18. Chev;tlier, 216. Couret, lO 1. 215. 271.
Derheims, p. 274·
Fabroni, P· 101. 102. lo3. L. F .1 ttori, 279. FaulcoQ,
94. Fet1ech, 43. 54. 90. 144. Ferran, J. A. u8. Fla•
vard, n5. fl'anck, L. 237. 239.
Ga:;sier, p. 7·
Holmer, p. ·u3. Hosack, .D. 53 Hottot, 21S.
•Me li, p. 41. go. 144. Moore, J, 280,
. Niei, p. 285.
Palotla,p.271.P;iyen, 216.Pelaoy, 202.Perreymond,
fils, 117. 285. Pierqttin, d 69.210.249.l' Portal,2j9.
Riohe~mi, p. p- 293. Rubiaet, 2l5. Roux, J-N. 1~9·
Roux., P.-M 3. 3 ·~· 51. 55. 94. I I I . 113 131. 147.
'226. ng. 245. 25~. 26'2. 269. 278. 282. 3~8. 320.
Roux, Pol. 51. ?58.
Sei na,, p; 'l 10. Srrf'ne, 262.
Tcxtoris, P· 149. T11rlf's, C. . '20'1·
Valentin, p. 11. 111. Vi lleneuve (le comte de ) 131.
Virey, 217. Vogel, 216.
�:i.
0
1\'.I A. TI Ê RE S.
chimiqae de la scatellaire et de la génistrole
pag. 104 --- de la civPlte, 27 f.
Analyse de deux brochures sar les flèHes J,ilieases, P•
43, 90. 14.4. --- d'une brochure snr le projet de loi
relatif à la créàtion des écoles second. de mP.<l. 2'.1 6,
--- d'une dissertation sur l'esprit de système en méd.,
202. ---d'un essai i.ur les phlegmasies tin tissu muqueux,
94. --- d'une notice sur l'épidémie de Toulon, 26:z. --de l'ornithologie provençale, 51. -·- d'un prospectas
sur un étahlis&ement de bains, 269. --- d'un rapport
sur les travaux de la Sor. acad. de 111éd. de Mars., 3 18.
--- 1lu tome second de la Statistique du défi·' des Bouc.du-Rhône, 13 I. --- de la topographie de Palerme, 210.
Annonces sur les travaux du Comité mécli l'al de~ dis peu~.
de . Marseille, p. 55. --- sur ane sraot:e publique de la
Soc. des Sciences de Toalon , 56
Bulletins de la ~oc. roy. de méd. de Mars., p. 59. 117 .
. -I·4S· a37. 285. 021.
Ca~alogue des médecins <les clispensair·es de Mars., p. 235.
Î:onc:ours académir1ues, p. 5;. 227. 283.
Etude tles edux, 149.
Formule (le la mixture brésilienne tle M. Lepère, P•
222. '4:le la poudre de Laryson, 278.
Manière de 1.r..iiter l'odontalgie, p, 279.
Mémoire sur l'anencéphalie, etc., p. 189. --- sur la cause
véritable de l.1 menstruation, ?.93. -- sur la grammatoscopie, t3. 69. - sur l'l1émacélinosè, 249.
Mot ( Un ) sur un abcès à l'anus , p. 115. · -· sur l'am·rmtalion <l'un doigt, 116. --- sur une apoplexie avec
-hémiplégie du cô' é droit, l 14. --- sur l'astr••galus, 216.
--- sur les bons effets de la glace commP, calmanl, u5.
'des sangsues et des bains chauds d'rau douce, dans la
-<:hal'ée, I r5. --- sur le D. Chervin, 55. --- sur un concours, 55. 111. --- sur le D . D. 283. --~sur une nouvelle é(:orce aromatique, 2 17. -- surl'huile tle harJ1.,tine,
217. --- sur une hydropisie <lu genou, 115. --- Sllr des
joa_rnaux de médecine, 56. i 48. 282. --· sur les mala<l1es régnantes. 56. 112. 148. 227. 283.320. ---sn~
les médecins à Marseille, 55. --- sor le projet de 101
relatif à la création des écoles secondai1·es de médecine
Â.1.tALYsr:
�14?· 221.2Eh.·-9ur le D Rober·t, 282. -·-'Sar un traité
dt>s vers intestinaux cle l'homme, 211. -- sur one tunwnr can·céreu,e, 1_16. -·- ~ur une t- lllf'ur ~qail'l'euse.,
115. --- sur la v11cnne, 112. --·sur les v-accinatPars,
11 2 . ~-- sur la variuloïde, 148. --- sur la pelite vérole
à Nancy, 111.a Londres, 112.
"Noti.::e historique sur A. Aubert, p. 34. --- sur un nom•d
instrument pour la ligature des ;1rtère~ profondes,
53. --- sur le~ ~ang>ues et les mo} ens de le., conserver,
214· -·-sur les travaux du comité médical des diipens.
de Marseille, 229.
Notions sur la fièvre jaune, p. 59.
Notes du réclal'leur-général, p. g9. 132. 201. 275.
Observation sur différentes affections nerveu~es, avec
rétention d'urine et sortie de corpi étranµers par
l'urètre, p. 7. --- sur une ana•arque et snr une ascite
congéniales avec des complications, Pte. 3. --- sur une
constipdtion pendant neuf mois avrc lésion du rP.ctum,
11. --- sur une combu~tioa spontanéP. dont deux femmes ont été alleimes, 321. --- sur un dragonnrnn chanterelle, i 17 --- sur l'cmplcii dr l'huile de ricin, 223.
--- sur une fièvre <jui aiait beauconp d'anal ogie avec
la fièvre janne, 28 ;1. --- sur une fluxion de poitrine,
125. - -- sur une hémicr11aie par affection dartreuse,
:i.8g. --- sur l'huile de cyprès comme VPrmifuge, 2?.5,
-·- sur une hyd.itide dans la ~ub1tanee du cœur, 281.
--- sur une mo11,1ruosité, 279. --- sur une pleuropneqmooie chronique guérie par an vé;icatoire f'Xlraordi naire, 265. --- sur un prùipisme qui a duré 26
jours, ?.80. -·-- s11r nne rupture cle l'utérus, 237 - sur
un sommeil prolongé, 54. --- sur la vertu <rnli-hydrophohique du scutellaria latijlora et du ginesta tinctoria1
104.
.
Observ. mé1éorologiqoes, p. 67. 123. (avis sur les) 29?..
Organisation ( nouvelle ) de la faculté de médecine de
Montpellier, p., ro7.
Procédépou1· app1éciPr la valrar des soufres de Sicile
216. -·- pour extraire l'acitle. tartriqur de la. r~ème
de tartre, etc. 103, la morpbme, 215. la pangl1ne,
272. --- pour ohteuir le sous carboniile de pot.1sse ÎI
1
l'éLal c ristallig 1 101. --- pour lil préparation de l 'éther
�hydrloJique' 103.·du kermès minéral, 102. du sirop
dïpécacnanha, 215.
'Règlemeul dll comité mé,lica l des dispens. de M.J rs. p. 233 •
.Relevé de l'éta t-civil,p. 56. 112. i48. 227. 283, 320.
Remarqnes sur quelques moyeus pooc déq·uire le ténia,
etc. p. 239.
Séance~ ordin. de la Soc. roy. de méd. de Mars. p. 65.
121. 188. !44. 290. 3 ~ 5.
Tr.1uuction d'un mémoire relatif 4 des épidémies de
fièvre j au OP, p. :i.18.
Variétés, p. 55. 111. 147. ·n6. 282. 320 .
. Fulf
DE 1,A. T .ULJI DU TOME
NEUVIÈME,
FAUTES ESSENTU:LLES A CORRIGER.
3 li. 8 <iu lieu de 1824, lisez 13~5
1824., --- 182~
4 3,,
8
24
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10
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38
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l'hematurie -·- l'hématémèse
poids sur la sonde, -- un poids
tomht>r sur la son fie,
.
peu de jours -- peu d'i nsta11s
les oceupations de --- les visites a
savoir lt's --- d'assister auic:
je pourrais --- je me proposais de
hardi --- hardies.
cbristo --- Christo
fonrlation par-- fondation, en r774, par
supprimez le mot dès lors
un
libris -- l:ueris
JI
18
,a
sa combinaison --- la combinai5011
.d 't> n•pors -- - c\'t>mpor,
d'isrhia ·-- rl'echia,
teplis --- tœflis
la composi1io11 --- la compression
Piron -- - Ptlron.
la snrface cula née de plruie nrs --- la surfaot> rutan~e clu bas-ventre de plusieursnaturelles --- natatoires
il exalte --- ils exal te nt
circulaire --- circulatoire
étuves de bains --- bains d'étuve•
mixture --- mixti<)n
spelonca -·- sp.,!anca
et ce fut li, qne ··et ce fut liueulemen t que
le plan --- la place
animer --- amincir
����
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/355/BUT-TP40137_Observateur-medical_1825-Tome-10.pdf
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Text
DÉDIÉ
,PAR
...
H1PPOCB.ATE,
P.-M. ROUX, Rédacteur-Général.
J)escends du haut des cieux , aagane vérité.~
Répands. sur mes écrits ta force et 1a clarté•
Vo!.T., Htnr.
Tome 10
T 0 ME D 1 X 1 ÈME.
MARSEILLE,
IMPRIMERIE MILITAIRE DE M.m•V.• ROCHE,
Dirigée par DuFORT, rue du Pavillon, n° 2e.
���L'OBSERVATEUR
DES
SCIENCES MÉDICALES.
��DÉDIÉ
,PAR
...
H1PPOCB.ATE,
P.-M. ROUX, Rédacteur-Général.
J)escends du haut des cieux , aagane vérité.~
Répands. sur mes écrits ta force et 1a clarté•
Vo!.T., Htnr.
T 0 ME D 1 X 1 ÈME.
MARSEILLE,
IMPRIMERIE MILITAIRE DE M.m•V.• ROCHE,
Dirigée par DuFORT, rue du Pavillon, n° 2e.
�' -
1.
Le premier N. 0 de chaque tome est relJêtu ·
de la signature de l'Éditeur.·
i
��IPo.u )(.
�SE C0 ND E
P A R T I E.
titËMOlRES, DISSEI\.TATIONS, NOTICES NËCROLOGIQUES,
ETC.
1.0
1
•
N0
T 1 C l~ S.
sur le docteur L. GERARD;
Roux, Rédacteur principal.
1for1cB , HISTOilIQUE
par
P.-M.
· S1 les médecins et les naturalistes auxquels la Provence
1'.éuorgueillil d'avoir ùonoé le jour, ont droit à nos éloges,
bien yu'ils n'aient point fait de leur p;;ys l'objet de leurs
travaux, il nous faut, à plus forte rai>on, p:iyer une dette
.aus~i rncrée en«er; la mémoire de celui qui pendant presque tout le. cours <l'une longue carrière s'f·st attad1é et C'st
parvenu à découvrir nue très - grande partie des richesses que \a Provence ri:.oferme <laas sou sein.
Louis Gerard u:•quit à Cotignac , département du Var,
le 18 juillet 1733. Dès son premie1· sPptrnaire, on conçut de grarnles e,pé1·ances des di s position~ p1écoces qu'il
montrait. li :icqait bienlut des notions sur l'hi,toire e\
sur la géographie, et à l'âge si tendre oh Grotiu, Hugues
et Boerlwwe étaient déjà savans 1 Gerard samit comme
eux le latin.
Son père, médecin de l'Univrrsité de Montpellier, capal>le sous tous les rap11orts <le le di riger dans ses études
préliminaires, fut son précepteur et eut la clouce satisfaction de lui voir foire des prog1ès as~Pz rapides pour qne
~es class~s fu;sent terminées en pe11 de temps el bien avant
�( 2
)
l'époqu e où les jeunes gens les finissent ordinai rement.
Aussi, s'étant rendn à Aix ait près du célèbre Lieutau d,
il répondi t si hie a aux question s que lu.i fit ce profess eur;
il déploya tant cle connais sances, que Lieutau d, étonné,
l'engage a à s'enrôle r sous les bannièr es d'Esc11lape, prévoyant déjà ce qu'il pourrai t faire pour la science . Docile
à la voix d'un maître si digne d'être écouté, Gerard ,
gradué à Aix, n'hésita point à aller p1·endre le bonnet
à Montpe llier, et il l'y ohtint à l'âge de 20 ans , après·
avoir subi avec distinct ion' ses actes probato ires.
Ce fut pendan t le temps qu'il passa dans celle ville
qu'on s'apper çut de sa vocation pour une science à laquelle il s'adonn a clepuis d'une manière particu lière et
avec tonte l'ardeu r d'un ho111me qui désirait en reculer
les limites. Gouan, le doyen des ]Jotaoistes françai s, était
alors suivi ,par des étodiau s en médecin e qoi s'eorich is-·
saient antaot pat' les leçons de ce vénérab le profess eur
que par leur propre travail. L'un d'eux, Commersan,.
passion né pour les scienc es et surtout pour l'histoir e na.
turelle, se sent comme naturel lement porlé a s'appro cher ·
de Gerarcl qu'il ne connais sait point encore ; Gerard de
son côté éprouve la même inclinat ion. Ainsi , existe-t -il
des moavem eos d'attrac tion parmi les homme s d'une
m~me trempe. Gerard et Commerson donnen t ]Jie.ntôt
l'exemp le (si rare) de deux vrais amis. Entraîn és pa1· le
même pencha ut, ils se livrent ensemb le à des recherc hes
aui environ s de Montpe llier et ?écouvr eol des espè~es qui
avaient éch appé à l'itHesti gatioo de leurs prédéce sseurs.
Qu'elle dût être pénible la séparat ion de ces deux amis!
li était ré~ervé a Commerson de s'illustr er par un voyage
;iutour du Monde 1"t par une immens e et magnifi que col•
lcction de plantes et d'ani ma ux la plupart inconnu s. Mais
la Parque d~ vait u·anche r le fil de son existenc e à l'rle<lr-Fran ce, le 1 3 mai 1773, avant qn'il eut te1·mioé ses
lrnv<wx e t juui de sa célébrit é. Plus heureu x, Gerard 1
nprl-s deux aus de ~ éjour à Montpe llier , revient en
�( 3)
Provence qai , borr.ée au nord par le Dauphiné, an
midi par \a mer MJditerrunée, à l'est par les Alpes
et le Var, à l'ouest par le Rh≠ soumise à l'influence
d'on beau ciel mais variable : tour-i1-Lour froid el c\hud;
ayant un sol inégal, t rès-prodoctif sur nomhre de points,
agreste, rnarécag~ux, inculte sur d'antres; traversée par
des montagnes plm ou moins esc arpées , boisées ou
arides, etc., doit nécess:iireme nt renfermer des prodoils
très-variés et celle diversité ne ponv:iit échapper à an
esprit aussi pénétrant qne ce1ni de Gerard. Aussi, n'éprouva-t-il pas le besoin de voya ger comme son ami dans
des contrées lointaiaes pour poursui,·re ses ini·ércssantes
recberehes. Il voit, dans sa province, naître l'arbutus uva
ursi, l'arbiit1ts alpina dt>s Lapons, fleurir l'agave americana,
le myrthe,et frucLifier le palmier de l'Inde. Surpris qu'une
contrée aussi fertile n'ait que peu ou point fixé l'.'lltenti<lll
des naturalistes distingués qu'elle a produits, il prenrl la
résolution de traiter poar sa parl la partie botanique. Avant
lui, il est vrai, Gari delle avait décrit 15 0 0 plantes nées
ou cultivées en Provence , mais si l'on en ~oastrait les
variétés des plantes naturelles du pays el les plantes exotiques, le nombre fixé par Garidelle, se troave réduit à
1 ooo. D'ailleurs, il n'a fait le plns souvent, comme \'oh. serve le réd,.cteur de\' Avant-coureur de 1761, que copier
·Magnolte, el plus littérateur que hotani&te, il donna plus
à l'agrclment qu'à l'instruction. A]Jan<lonnant de tels guides, Gerard commence , en 1754, par visiter et fouiller
toas les lieax même les r.1oins accessibles de la Provence,
arrive jnsques an Mont-Genèvre, et descend par Le MontCenis sur Turin oh il i'entretient avec Altiani, auteur de la
· Flore du Piémont. Il lui fallut quatrè années consécutives
pour diriger ses regards investigateurs sur tons les_points
de la Provence. Mais aussi, le résultat de tant de peines
fut une collection de 1700 plantes dont plusieurs ne pa.ra(ssai:eot point indigènes et dont quelques-unes n'avaienL
pas encore été décrites.
�(4)
S'chant rendu à Paris, en 1 759, il fit graver les pria~
cipales et les disposa toutes dans l'ordre des affinités
natul'elles, or<lre que Berncird - de - Jussieu venait <l'établir, en 175 1 , dans le jardin de Trianon el qui
fut suivi en 1763 par Arlanson. Ainsi disposées , ses
pbutes formèrent un ouvrage in-8.", qui, imp1·imé,
en 1760, sous ce titre: Flora-Gallo Provincialis, parut,
en 176r , dédié à l'illusLre et vertueux Malesherbes qui
estimait Gerttrd el l'aimait. Cet ouvragP. écrit en latin,
comme les ouHages de Celse on ceux de Cicéron' remarquable par clPs descriptions claires el précises et par
des observJlions exactes, fit le plus granc.l plai~i1· au
mo11de savant. Toutefois, il présentait un vuide que
l'doteur se proposait de remplir dans une nouvelle édition. En dfet, on eut désiré trouver en regard de cbqque
plante le nom spécifique dont le botaniste suédois les a
caractérisées.
Il est à regretter qne ·cette nouvelle édition de sa
Fl0re qoi devait être considéral>lement augmentée, n'ait
J>OÎnt été publiée. L'auteur s'arrêta lorsqu'il ne lui
restait fHS beaucoup à faire, seulement, à ce qu'on a po.
présumer, parce que le plaisir que lui procnrait ce tranil avait été contre-balancé par les difG•:altés qu'il avait
rencontrées, surtout dans la cryp1ogamie. D'ailleurs,
depuis pins d'un quart de siècle , la science a fait tant
tle prog 1·ès, qu'à mesure que le botaniste de Cotignac
ava11çait, il était encore devancé par d'autres plus à portée
que lui <le communiquer avec des savans et de coosulte1·
tous les ouvr~ges nouveaux.
Gerarcl préluda à la Flore de Provence par des prodac.
tfons moins importantes, il est vrai, mais qni donnèrent
déja la mesure de son savoir et de son excellent esprit
cl'ob,ervation. Il présenta 1l'ahord à l'Académie royale
des sciences on mémoire sur le genre et les espèces de
caucalis, et cette production fut insérée dans le 6.e volume
des mémoires des savans étraugers; il cont1·ibua aussi à l>t
�(5 )
réllaction de ceux qne Bernard publia sur l'histoire naturelle fie l'olivier, et fournit au P. Papon une inté•
ressaute dPscription des arbres et des plantes les plus remarquahles qui sont cultivés ou qui naissent d-.ns la Provence. Ce travail a été consigné dans le 1Y volume de
l'histoire de cette _Province. Gerard n'écrivit ensuite
pre sque plus que pour traiter des snjet5 qui lui étaient
demandés , parce qu'il ne cultivait la botanique que
par goî1t ou pon1· mieux dire par passion 1 sans viset'
1
à la célébrité que pourtant il n'.a point manqué tl'acquérir..
Cependant , ay ant fait cles ob servations sur la nature
de la follt~ avoine, avenq ste,.ilis l. et sur les moyens de l'e:s.tirper, il les pré:.enla à l'Académie royale des Rciencesqui
approuva le rapport avantageux que fii-ent les commissaires
chargés d'en rendre compte. Ces observations sont, ainsi
que le rapport, inséréesdans le prt>mier volume du recueil
des mémoire5 l'our sprvir à l'histoire de Provence.
En 1788, Gerard communiqua à la nrêmf' Cumpagoie
un mémoire concernant deux 1·lantes ( la Pïcia amphica,.pos; Ger. e~ le lathirus amphicarpos) long-temps confondues, qu'il avait trouvées aux environs de son pays et
dont la fructification .s'exécute complètemPnt au-dessus et
daos l'iotériear de la terre. Celle dissertation a été imprimée tlaos le magasin encyclopédique ùu 6 thermidor an 8.
Enfin, le journal du Var el les mémoires de la Société
d'émulation de ce département contiennent diverses obser1
•
d e notre b otamste,
.
'
.
et notamment la
econom1ques
vallons
(lescription de ce lichen (lichen niger leprosus, ater, tu.berculis subrotundis conr.oloribus, L. syst. veget. pag. 957)
qui dégrade les statues et les monumens en marbre.
Le digne Malesherbes, protecteur éclairé des sciences,
des arts et de tous les genres de talens qui pouvaient tournet'
au profit de sa patrie, ayant con\~U le projet de faire traduire et commenter l'histoire naturelle de Pline par des
savans dont chacun aurait été chargé de la partie la plus
analogue à ses connais&ances, jeta les yeux ,sur Gerard
�( 6)
pour lui confier la partie botanique. Mais ce projet , le
seul capable de nous donner une version exacte de Pline,
ne fut pas réalisé, et la traduction de M. Poinsinet de
.Sivry ayant paru, Gerard releva no trè~-grand nomhre
d'erreurs que ce traducteur avait commises et-adressa ses
-observations à l'A~adémie rovale lles sciences. Cette Société
approuva le rapport favorable que firent à cet tigard-les
commissaires qu'elle avait nommés.
Des observations qai tendaient à jeter le plus grancl
jour sur la botaaiqlle <les anc:iens, en ayant pour ]JUt le
seul ouvrage peut-être oh elle soit bien expos<le, méritaient assez d'être liYrées à l'impression, et elles eussei:it
formé un grand volume in-4. Malheureuse.meut, la ré:volution, qui vint entrav~r tant de choses, fit cesser les
relations de la France avec l'Allemagne oh l'on avait.envoyé le manuscrit pour être imprimé, et il fallut ajourner
nn louable projet qlli ne s'est plus réalisé.
La correspondance de Gerard avec les savans de l'Europe : Lin.né, Barman , d1fo10ustrateur du jar1lin des
plantes d' A.msterdam, Sc/unidel 1 éditeur des œuvres de
Gesner, l'anglais Smith, Roesner, f/Vagner, les Jussieu,
Adanson, Gouan 1 des Sauvages, Altioni, A. Broussonet,
· Desfontaines, etc. Celle qu'il entreti11t avec d'autres médecins, des holanistcs distingués : MM. d'Anthoine de
Manosque, Minuty et Robert de Brignoles, Jmwy de
··Grasse , de Suffren, auteur d'un traité oor le Îlguier, le
<:hevalier de Go11fé-Lacour, directeur du jardin royal des
plante& de Marseille, le frère Gabriel, capucin de cette
v.ille et botaniste renommé, Artaud d'Arles, etc., etc.
Celle qu'il eut avec les nombreuses Sociétés savantes qui
· s'étaient empressées de l'accueillir dans leur sein, le délassaient et le consolaient , surtout dans la vieillesse, des
privations auxquelles il était as.mjetti. Mais on conçoit
qoe tant de relations ont dû le détourner des travaux auxquels il aurait pu se livrer encore dans l'intérêt public.
Hodeste, comme il le fat touj.oors, souvent il cherchait
0
�à s'instruire, en écrinnt à de nombreux savans que, sanf
qu'il s'en doutât, il leur communiquait plus qu'il ne re..:
cevait d'eux. C'est dire combien peu il rapportait à luimême et cette Yérité est encore anestée par les productions dont il a enrichi les archives de l'Institut, les archiveJ
de l'ancienne Société royale de· médecine de Paris, celles
de la Socié1é.de médecine-pratique d'e Montpellier, celles
de la Société royale de médecine de Marseille , celles
de la Société linnéene de I.ondres, celles de l'Académie
cles sciences, lettres et arts de ToufoD',.enfin· les archives
de plus~urs autres associations savant'es, françaises ou:
étrangères dont il était membre· correspündant.
Il n'éprouva jamais plus de satisfactiou qu'en recevant
dans son humble retraite, la visite des savans de l'Ea'rope , qui se rendirent en Provence , moins peut-être
par raison de santé ou tout autre motif, que par le désir
de faire 1la connaissance clu botaniste de Ootignac. Nous
ne. citerons que Smith et A. Bro11sosnnet parmi ceux qui
vinrent voir Gerard. Gerard les accueillit avec infiniment
de déférence et d'affabilité et ils retournèrent bien pénétrés qu'il réunissait autant de talens que de vertus.
Loin du tumulte des grandes villes , à l'abri tles tracasseries auxquelles ou n'y est que tmp exposé-, &erard
cultivait la science dont il fesait ses délices et qui le mettait journellement à même de méditer ~ur les merveilles
du Créateur. Il dédaignait la gloire, la célébrité et l'a.,.
venir, 11ans doute parce que son unique ambition était de
mériter la vie éternelle par ses bienfaits. Aussi, n'a-t-il
laissé aucune not~ sur la carrière qu'il a parcourue ici-has
et fallait-il en quelque sorte deviner sa pensée. Mais ou le
reconnaissait facilement à ses actions : bon père, bon
époux, ami sincêre, compatissant, donnant sans cesse
des conseils et des secours aux malheureux, exerçant son
etat sans exiger aucune rétribution, d'une douceur ad.
mirahle, d'une patience à toute êprenve, tel fut Gerarcl;
Malgré tant de précieuseli qualités personnelles, et hiea;a
�( 8 )
f!U'il pe se fot jamais occupé qoe de science, il n'échappa
point aux effets de nos agilations politiques ; il devait
suhir la commune loi, car l'homme souffrait alors tl'autant plus qu'il était vertueux: le Moniteur du 23 décembre
;i819 et le Courrier du 24 de ce mois nous apprennent
que Gerard fat persécuté par ceux mêmes qu'il avait
guéris et q.o'il S?igna encore après le rétabtissemeni de
l'ordre et de la tranquillité.
. Médecin profol'l:d , il sut toujours mettre à profit les
sages préceptes de l'hygiène. Par l'exercice qu'il prenait
dans ses herborisations , il fortifia son faible tempérament, .parvint à une heureuse vieillesse, et devint ainsi le
~ous doyen cles botanistes françllis , le professeur Gouan
étant seul plus :îgé que lui. 11 conserva pendant seize
lustres l'intégrité de ses facultés physiques et morales,
mais lorsque son grand Age ne lui permit plus de se livrer à des courses continuelles, son corps s'affaiblit insensiblement et son esprit en partagea la décadenèe.
~foutefois , il parlait souvent de ses intéressans travaux,
trouvait en leur souvenir un puissant corroborant et toujours son âme fut élevée par les senti mens religieux, au
point que s'il a para dans ses derniers momens ne plus
.se mettre en rappo1·t avec les choses de ce bas monde ,
c'est qu'il n'était alors occupé que du . honheur attaché à
·
la demeure du i 11ste.
Gerard est mort, le ·19 novembre 1819, Agé de 86 ans
et 4 mois; mais il vivra é1ernellement dans la mémoire
des amis de la Sllience et de l'hamanité. Ajoutons q';le sa
JDaÏSOD est devenue l'objet de la vénération de ses concitoyens et des é~rangers, et cela , aut3 nt par les souvenirs
qui s'y rattachent , que- parce qu'elle est occupée par
l'héritier de ROn mét·ite et de ses éminentes qualités, son
fils aîné, maire de Cotignac et l'un des administrateurs.
les pllli· distingués de la Provence.
�( 9 )
T R0 I SI È ME
P A R T I E.
LITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES S~IENTIFIQUES !
MÉLANGES, ETC.
t.°
ANALYSE
.n'ouvnAGEs
1MPRIMÉ&.
manièra pià atta a curare radicalmente le Mrrci
ed impiagamenti varicosi deU'estrimità inferiori, c'està-dire, de la manière la plus propre à guérir radicale.ment les varices et ulcères variqueux des extrémités in_,
Jerieures; par Jiil. llanieri CAR'l'ONI , docteur en médecine et en chirurgie , à Pise. ( ln-8.° de 93- pages, Pise,
DELLA
1821 ).
Lt.s varices sont une des maladies chirurgicales dont
d'li s'est occnpé le plus et peut-être a''ec le moins de succès.
Depuis Hippocrate jusqn'a nos jours , les gens de l'art se
sont efforcés de trouver, à force d'expériences, les moyens
les plns propres à les guérir radicnlement , et les résnl~
tats qu'ils ont ohtenus ont fait voir qne le plus souvent
ils n'avaient fait que pallier le mal. De nos jours, le zèle
des chirurgiens français a été nn peu rallenti par les iuites.
fâcheuses des expériences hardies de leurs prédécesseur&
on de leurs contemporains étrangers et aussi par des exemples de lésions accidentelles des veines qni ont donné lien
à l'inflammation de leur memhrane interne, inflammation
qui a été presque toujours mo1·telle.
Dans l'état indécis de la pratique , rel~tivement à la
cure .d'une· maladie aussi commune, le docteur Cartoni ,
de Pise, a cru devoir publier dans an mémoire, qu'il a
2
T. X. Jaillet 1825.
�( 10 )'
enrichi de détails préc,ieux sur ce qni avait été dit et écr•t
de plus important, avant lni, vingt observations de varice11
et ulcères variqneux, pour lesquels il a employé ou vu
employer, le plus souvent avec succès, différentes mé~
thodes ou procédés opératoires don! nous donnerons plus
ha:s la description et le~ résultats. Ce mémoire renfermant
cles faits el des observations intéressantes, et se trouvant._
d'ailleol's écrit dans une langa.e étrangère, nous avons cru
devoir en donner une analyoSe assez étendue;
J,a n1arche la plus rationneITe à suivre pour tl'ouver
le traitement le plus convenable à une maladie , est sans
cootredit !'.examen attentif de sa nature et cles causes qui
_ront pro(luite. C'est aussi par là que commence le docteur
Ca,.toni. Après avoir établi que les varices consistent dans
la clilatation des parois des veines, il regarde, d'après
l'opinion de la majorité des auteurs, les causes méi:a.niqnes qui retardent ou arrêtent le cours du sang èlans ces
vaisseaux, comme préclisposantes et même déterminantes,
et aussi comme les plus importantes à con~idérer. Ainsi
)a structure des veines,. lear situation, la. marche du sang.
contre son p.ropre poids' la station abusïvement prolongée, les engorgemens et tumeurs situés dans l'abdomen,
l'état Je grns5esse, enfin tout ce qui met obstacle à la libre
circulation du sang veineux, sont autant de caus.es qu.i
contribuent, selon leur degré d'action, il la formation des''arices et ulcères variqueux.
Ces causes agissant plus particulièrement sur les veines
dE's extrémités inférieures, ce sont auisi ces extrémilélf
où l'gu observe le plus souvent la maladie qui nous
gccupe.
L'auteur passe ensni-te en revue les traitemens recommaontlés et employés par les auteurs ancie.11s et moderrws.
11 divise les moyens dont ils firent usage, en palliatifs et
curatifs.
Parmi le~ premiers sont les astringens, tels que la- glacet
�(
Il
)
la neige, les solutions alnmin-eases, le band~.ge de T!tederi,
la bottine de Dionis , le bas lacé , etc.
Les seconds consistent en <les opérations <li verses, pratiquées poar vuider la veine variqueuse et pour obtenir
son ohfüération.
Hippocrate fesait la·ponction des varices et les vuidaienf.
ensuite, au moyen de pressions et de frictions réitérées. Il
recommandait de ne pas faire une trop ,grande ouverture afin d'éviter la formation d'un ulcère.
Celse s'exprime ainsi: 11ena omnis quœ noxia est, aut
adusta tabescit, aut n~mm exciditur. Après avoir décrit
la manière de mettre la veine à découvert, cle La brûler
et de penser la plaie, il recommamle de faire la même
opération sur t~ute l'étendue de la varice, en ayant soin
de mettre un intervalle de quatre ddigts entre chaque ustion. Si cependant la veine est tortueuse et forme des
agglomérations, il dit qu'il est préférable de l'exciser.
Aetius, à son exemple, extirpait les tumeurs variqueuses, après les avoir isolées entre deux ligatures.
Paul d'Egine et Fabrice d'Acquapendente, après avoir
placé une ligature à cha1ue extrémité de la farice, fendait celle-ci et attendait ensuite la chute spontanée de la
portion comprise entre les deux liens.
Richter ne conseillait l'extirpation des--varices que lors.
qu'elles avaient résisté aux aatres moyens employés et
quand les malades en éprouvaient des inconvéniens graves.
Il l'exéc':ltait après avoir compris la tumeur entre deux
ligatures. Dans quelques cas il n'enlevait que la paroi
antérieure de la veine. Il recommande de ne pas employer les ligatures lorsque la veine est située sur un os
qui en facilite la compression.
Les moyens que noas venons d'énumérer, dit le docteur
Cartoni, doivent être rejettés à cause de leur insufîisauce,
plus encore que pour les dangers qu'ils entraînent. Par
eux ,9n ne ee11t guérir que séparément et 6D multipliant
�(
1 .2 )
les opérations autant de fois qu'il y a de tumeurs on· de
veines variquenses, ce qui devient alors- dangereux en
raison du nombre.
L'idée de traiter les varicès comme les anévrismes, c'està-dire, de lier, dans un seul point, le tronc principal du
vaisseau affecté pour y intrrcepter la circulation, paraît
due au chirurgien anglais sir Everard Home. Il y a seulement cette différence entre son procédé et celai adopté
pour la ligature des artèr9s, que dans le premiet· la ligature est placée au-d~ssous de la tumeur , par rapp9rt au
cours du sang , tandis que dans le second dle est placée
au-dessus. Il recommande de ne l'employer que lorsque
la petite saphène et ses divisions se trouvent dans un état
sain.
Il exécute cette opération de la manière suivante:
après avoir fait marcher un pen le malade pour faire
~onfler la Yeine, il le fait placer debout, le dos appuyé
contre le bord d'une table sur laquelle il a fixé one chaise
dont le dossier est tourné du côté do malade et au .niveau
du bord de la table; puis il fait soutenir le mem]}re affecté, par un aide, à one hauteur convenable et de manière que le jour frappe le côté interne du genou. Dans
Je point oil la saphène interne est plus superficielle, il
forme an'.1'. tégumens un pli , dont les extrémités sont te-nues par lui et par on aide, perce la hase de ce pli, avec
un lJistouri dont le dos est tourné lln côté de la veine,
qu'il évite de blesser par ce moyen, et achève l'incision
en portant l'instrument de dedans en dehors. J-'e vaisseau
une fois mis à découvert et isolé des parties qui l'entourent, il passe autour de lui- une ligature qu'il ne noue
qu'après <!Voir fait coucher le malade dans son lit. Il termine en recouvrant la plaie de charpie sèche, après en
avoir rapproché les bords au moyen de bandelettes agglutînatives, et eo appliquant un bandage contentif. Pour ac·
célérer la guérison de la plaie, il enlève souvent la liga ..
�( 13 )
tore llês le 5° jour, ne voutant pas attendre sa chute spon•
tanée, qui 'a généralement lieu du g.e au 12.e ·
Dans neuf cas d'ulcères variqueux que ce chirurgien
traita par cette méthode, les plaies pri rent on meilleur
aspect dès le troisième jour, et les varices qui les accompagnaient diminuèrent sensib~ement cl.ès le leoclemain <le
l'opération. Il ohserve que le premier effet de la ligature
est de faire gonfler les varices, mais que bientôt apr ès
elles diminuent peu à peu, à mesure que le nouveau mode
circulatoire s'établit, et que les branches de l a petite
saphène augmentent de capacité pour suppléer à la grande,
dans laquelle la circulation vient d'être interceptée.
Le professeur Volpi, de Pavie, qui s'est occupé particulièrement ·de cette maladie et qui a fait connaître en
Italie la méthode de Home, dit que celui-ci en a exagéré
les avantages, et il cite à l'appui de cette opinion des
observations tirées de sa pratique et de celle des profesfienrs Scarpa et MonteggiC1', dont M. Cartoni donne une
analyse et <lesquelles il rérnlte que la guéri~n ou l'amélioration obtenues d'ahonl , ne fut que temporaire et que
dans q~elques cas le .m alade mourut des suites de l'opération ou courut P.e grands dangers.
Les professeurs Cairoli 1 de Pavie, et Rima, de Venise,
ohtinrent des effets bien différens. Dans les observations
fournies par ces chirurgiens, la ligature ne fut suivie d'aucun acciùeot alarmant, les fils tombèrent du 3.me a11·
n.me jour et les malades furent tellement soulagés qu'ils
fie reg11rdèrent comme guéris.
Dans un de ces cas-., le professeur Rima employa un
moyen qui nous para1t avantageux pour ;issarer le succès
de la méthode de Home. Au moment de fai re la lioature,
"
il appliqua, sur le trajet de la saphène , une compresse
>'l onguette un peu épaisse qu'il contint par on bandage
roulé depuis les orteils j asques au point de l'opération,
ay~nt eu soin de vuider la veine au moyen de frictions
�( 14 )
faites de bas en han t, à mesure qu'il
appliquait le band age.
Mal gré les avantages qu'il en avai
t reti rés, M. Rim a
dou tant qu'on pût obte nir par cette
méthode une gl'lérison radi cale , proposa de lier les
prin cipa les ram ifica tions de la gran de saph ène, sur le
dos du pied , ou au
voisinage de la malléole inte rne, c'es
t-à-d ire, entr e la tumeu r on l'ulc ère variqueux et la colo
nne de sang qui y
arriv e. Dea x fois il mit cette méthode
en usage. Dans un
de ces cas, il obti nt la disparition
complète des vari ces;
dans l'au tre, les ta meurs ~ariqaeases
ne firent que dim inue r lent eme nt, sans jamais s'eff acer
enti èrem ent, mais
le malade pi\t mar cher ensuite sans
gêne et sans dou leur .
I.e même M. Rima proposa plus tard
de subs titue r à
la liga ture des veines, leur section com
plèt e, avec inte rposition d'an corp s étra nge r entr e les
bord s de la division,
pou r en prév enir la réun ion. D'ap
rès lui, cette méthode
fat mise en usage avec succès par
M. Sale ra, à l'hôp ital
civil de Man toue . L'op érat ion fut
prat iqué e en deux endroi ts , sur la saph ène, et eut pou r
effet la guérison perman ente - du mem bre affecté.
Le professeur Volpi lui-m ême la
reco mm ande avec
cha leur , à cause de la facilité qu'e
lle prés ente dan!> l'exécuti on, du peu de dou leur s qu'elle
occasione et surt out
do peu de dangers qu'elle entr aîne
. Il s'en servit sur an
hom me qui port ait des varices et
des ulcè res vari queu x
à la malléole inte rne , et obti nt prom
ptem ent la cica trisation de la plaie et des ulcè res, et
la disparition des varico sités , de man ière que l'op éré
n'eu t pas même Lesoin
de cont inue r la compression aprè s
la cure .
En Ang lete rre, Royston, dans son
esquisse des prog rès
de l'art de gué rir, année 1809, dit
que le résu ltat dès
observations faites pend ant· cette
ann ée, para ît prou ver
plei nem ent que la liga ture des vein
es entr aîne les plus
.~rands dan sers , et as11ez soov
ent la mor t .
.M. Cha rles Bell, chir.nrgien en chef
de _l'hôp ital .de
,
�( 15 )
Midtllcssex, à Londres, sans se dissimuler fos suites f'ad
l:lesr.es que pent avoir cette opération, la conseille cependant comme le moyen le plu8 efficace de remédier aux
affections dont nous traitons.
M. Brodie, un des chirurgiens de l'hôpital Georges, à
Londres, ayaut observé les mauvais effets de la ligature,
surtout lorsqu'on l'applique sur le tronc principal du vais.seau , préfera plusieurs fois inciser la peau et la veine
dans l'endroit même de la maladie et obtint par ce moyen
l'ohlitération du vaisseau sans occasioner ni autant de
lloulenrs, ni des accidens aussi formidaflles. Plos tard il
apporta à cette méthode one modification très-avantageuse, selon lui, à la sureté et à la promptitude de la cure.
Ayant remarqué que l'étendue de l'incision faite à la
peau nuisait à la prompte cicatrisation de la plaie et à
l'oblitération de la veine, il imagina de ne faire aux tégamens qu'une ouverture suffisante pour introduire entr'elle
et la veine un histouri à lame étroite, terminée sn pointe
et tranchant sur sa convexité. L'instrument est introduit
à plat dans l'endroit qui correspond à one extrémité de fa
tumeur ou de la portion de veine que l'on veut ouvrir, et
quand sa pointe est parvenue au point d'oi1 l'on veut faire
partir l'incision, on tourne la lame de champ, de sorte
que le tranchant tombe perpendiculairement sor le vaisseau qu'on incise en retirant le histour.i d~ns cette position. Le malade éprouve quelquefois dans cette opératioa
une douleur très-vive , mais elle est de courte durée. On
réunit la plaie par première intention et le d1!faut de pa~
rallélisme des deux ouvertures offre le précieux avantage de pouvoir arrêter l'hémorragie par une compression
modérée. M. Brodie insiste sur la nécessité (ÎO repos le.
plos parfait pend<1nt les 4 ou 5 jours qui suivent l'opération et sur 1-'attention de n'enlever le premier appareil
~o'avec beaucoup de précaution.
Dans ~lCUn des ca5 oi.l il a employé ce procédé,
a
�( t6 )
ne l'a 'fU suivi de l'inflammation de la tonique interne de
la veine. Il assure avoir toujours ohtenu par ce moyen
l'oblitération du vaisseau, la diminution permanente des
varices si tuées au-dessous, la cessation presque instantanée
defi douleurs qui avaient leur siége dans les ulcères variqueux et la cicatrisation successive de ces derniers. Lors·
que l'incision a été faite sur une varice située au-dessous
d'un ulcère variqueux, elle a été plas avantageuse que
lorsqu'on l'a faite au-dessus. Comme la plupart des auteurs, il recommande de n'y avoir recours que dans les
cas d'ulcères variqueux opiniàtres; lorsque la douleur est
intolérables.; lorsque la rupture de la tumeur est immi-·
nente , etc.
A près avoit• rapporté ce qu'on avait dit et fait de plus
important jusqu'à ce jour, M. Cartoni donne la relation
détaillée des vingt observations dans lesquelles les méthodes
on procédés employés ont en pour but d'ollteoir l'ohlité- ·
ration complète de la grande saphène, pour guérir des
varices avec ulcères situés à la partie inférieure et in0
terne ùe la jambe. Trois méthodes ont été employées: 1.
la ligature; 2. 0 l'exci;ion d'une portion de saphène; 3." ia
récision. ( Voyez. le tableau ci-joint).
De ces vingt observations, il tire les conséquences suivantes:
I. L'interruption du cours du sang dans la grande
saphène, opérée par une des trois méthodes indiquées
plus haut, est suivie le plus souvent de la cicatri•ation
des ulcêres variqueux et ùe la disparitio11 ou de la
diminution considérable des varices.
2." La récidive des ulcères et des varices peut avoir
lieu et a lieu, en effet, quelquefois.
3.° Qnelqne méthode ou procédé qu'on emploie, il peut
survenir des accidens plus ou moins graves et même la
mort.
4.0 L'excision d'une portion de veine est, de tontes les
0
�le JJlémoire du Do~ 2 1
)
:icatrisalion
ÉTAT DU MALADE
df!
dans
LA PLAIE.
LA CONVALESCEl':CE.
NOI\I
SES
de
RÉSULTAT S.
L'OPÉRATEUR.
1 Les Varices effacées ne[ 1
1 8 .e
our.
gonflent pas en marchant.
1
Le Docteur
l'AR'rONI .
��( i7 )
méthodes mentionnées, celle qui mérite la: pl'éférencé.
Les vingt dernières pages de ce mémoire sont consa..
crées à des remarques et réflexions dont voici les plns im...
portantes.
liorsque le cours du sang est interrompu dans la grande
saphène, ce liquide reflue dans les ramifications de la petite;
les veines malades étant moins pleines, re\·Îennent sur
elles-m~mes, reprennent leur ton, diminuent de capacité,
surtout si la phlogose en épaissit les parois. C'est par ce
mécanisme que les varices se dissipent ou diminuent. La
faiblesse on l'état déjà maladif de la petite saphène, ses
fréquentes communications avec la grande, chez quel-<
ques sujets, rend inefficace· l'oblitération <le cette deruière
et entraîne la récidive.
Des accidens plos on moins graves viennent quelque·
fois entraver la cure. L'inflammation des bords de la
plaie, suivie d'érysipèle avec fièvre, symptômes gastriques,
la douleur et la tuméfaction da membre, sont ceux qu\
ont été ohsenés le plus souvent. Il!!· out cédé chez quelques-uns aux purgatifs, émétiques, sangsues, cata,plasmes
émolliens , etc.; chez d'autres, il ont été suivis d 'abcès
profonds et répétés, et t dans un seul cas, de la m-0rt. Les
symptômes énumérés ayant toujours pFésenté ane in,tensité relative à l'état de la plaie' est clair qu'ils étaient
dépendans de son inflammation et inflammatoires eax•
mêmes.
La phlébite est le plus retloutable des acciclens qui peu··
vent suivre l'opération. l\'I. Brechet en a très-bien décrit
les signes: dou"kur le long de la •eioe opérée ; érysipèle
phlegmoneux partant de la plaie et s'étendant autour
surtout sur le trajet da vaisseau i la veine enflammée fait·'
éprouver au H>acher la seni;a-tion <l'u11: cordon tendu; i:l
sort cle la plaie un sang altéré et pl us ou moins dense; unyfièvre intense accompagne cet état et se complique tôt on
3
_T. X . .lui/let 1825-·
a
��(
J
8 )
tara des signes du typhus. Si la phlogose du Taisse:m s~
maintient il uu faible degré, le m11lade périt au bout d'un
temps plus ou moins long , d'une fièvre lente, avec marasme, vices organiques, hydropisie, dyssenterie, etc.
Il n'est pas indifférent de se servir de l'une ou de l'autre
des trois méthodes employées.
0
1 , La ligature,entraîne plus de longueur dans la marche de la plaie, à <:ause da séjour du fil ; la présence de
ce corps augmente l'irritation, l'inflammation; sa pression
sur le tube veineux peut être accompagnée d'aecidensfort graves.
0
2 , La récision ou division complète ·de la veine, sans
avoir tons les inconvéniens cle la ligature, en a cependant
quelques-uns; ainsi on est o]Jligé à'interposer un corp11
étranger entre les extrémités <livi>ées pour en empêcher
la réunion; ce corps séjou~nant assez Ion g-temps dans la
plaie peut y appeler une inflammation dangereuse et s'oppose d'ailleurs à sa réunion par première intention.
3.0 L'excision 011 ablation d'une portion dn tube veinen:s:,
dans toute son épaisseur, n'entraî'rie point ces inconvéniens,
et offre des chances plus favorables. Dans plusieurs cas, la
plaie a guéri sans suppurer et les malades ont pu marcher
au bout de quelques jours. Il est vrai cle dire que la réunion par première intention n'a pas eu lieu 'toutes les fois
qn'oil l'a provoquée et que tous les opérés n'ont pas été
exempts de complications pendant le traitement. En ré·
sumé le nomhre de ceux qui en ont éprouvé a été moindre·
que par les antres méthodes, et les accidensont offert moins
d'intensité. Le docteur Cartoni n'hésite pas à lui donner la
•
p~fürenc~
A près avoir expos'é les inconvéniens et les avantages des
diverses opérations pratiquées vour la cure radicale des
varices e~ ulcères variqueux, l'auteur exatnine si les incommodités et les dangers qn'entraîoe cette maladie, autorise
.à pratiquer des opérations aussi importantes ponr les guérir.
�( 19 )
Ces affections, portées à un certain degré , entra~nent
la perte de. l'usage du membre affecté, cles clou leurs souvent intolérables 1 des hémorragies qui peuvent amener
la mort 1 des suppurations qui minent les jours de celui
qui les "fl3Tte. Voilà bien 1 dit-il, de quoi. justifier l'emploi
des opératioz:s. Celles-ci se trouvent , quant aux dangers
auxquels elles exp~sen t, dans la même catégorie que celles
dites majeures, telles que celles de la tail1e, de la hernie,
de l'anévrisme, etc., que l'on n'hésite pas à pratiquer
&outes les fois qu'elles sont indiquées.
Tous les sujets ne sont pas opérables : tels sont ceux
qni portent de nomhreases varices aux faces interne et externe clu membre malade; ceux chez qui la petite saphène
offre de nombreuses ou grosses branches de communication avec la grande au-dessous. du lien d'~lection on de
nécessité. L'état général de santé du sujet, etc., doit être
également mis dans la balance. Il est bon de préparer le malade quelques jours d'avance. Un yurgatif, on émétique,
une saignée, des sangsues, des bains, cles cat:ivlasrnes t
le repos peuvent être employés avec avantage 1 selon les
circonstances.
L'auteur agite ensuite one question importante : l'inflammation de la veine étant étahlie et ·reconnue, que
devra faire le chirurgien pour en arrêter les progrès 7
Indépendamment des moyens anti-phlogistiques , Guill.
Hunter, Re il , et Abernethy, en Angleterre , ont conseillé
d'exciter l'inflammation adhésive dans deux endroits du
vaisseau, éloignés du point de départ de l'inflammation et
près de ses limites, afin de s'opposer à la circulation du
pas dans toute l'étendue de la veine et par suite dans celle
avec lesquelles elle communique. Ils proposent ponr obtenir cette inllammation l'emploi de la compression. M.
Brechet rejette ce moyen 1 comme devant manquer so11
hot, attendu qu'il est très-diflicile de produire à volonté
et par )a campression ~eole l'oblitération d'une veine. Il
�,
(
20 )
propGse la division transversale et complète du vaisseau
dans les poims indiqués. Le docteur Cartoni n'approuve ni
l'un ni l'autre de ces moyens. Cansidérant les progrès de
l'inflammation comme dépendans, non de la circulation
du pus , mais d'une sorte d'expansion, d'irradiation qui loi
est propre, et qui explique sa prop;igation'facile on rapide
amc parties voisines , surtout quand elles sont du même
tissu, il ne voit pas de moyens plus r.11tionuels à employer
que les anti-phlogistiques. Ainsi, la saignée diminuera la
masse du sang; les 1l0issons délayantes en diminuant sa
consistai:ice le rendront moins irritant pour les tissas èuflammés; les contro-stimulans rallentiront la circulation
et abattront la force des pulsations.
Tel est, en abrégé, le contenu de ce mémoire. Le
sujet qui y est traité ayant pris daQS ces derniers temps
une couleur nouvelle, il n'eut pas été sans intérêt, sans
doute, d'établir une discussion sur la validité des raisons
apportées en faveur de tel ou tel procédé , sur l'efficacité des méthodes employées, sur ce qui a pu en entravP-r la réussite, et ce qui pourrait la favoriser, mais
un pareil examen nous eût entraîné trop loin.
Nous nous bornerons dobc à un petit nombre de ré~
flexions qui formeront la partie critique de cette analyse.
Les varices sont-elles toujours dues à la compression
et aux autres causes mécaniques mentionnées 7 M.
nelpecli est pol'lé à croire qu'oue cause générale
inconnue et probablement constitutionrielle les détermioe le plus sonvent et que les causes mécaniques
ne f.rnt qu'<>n favoriser le développement. D'oh il conclut
que les opérations sont le plus son vent inutiles, attendu
que le nial doit se reproduire. (Voy. son Précis das
malatl. 1"épr1tées chirurg. ) Nous croyons avoir observé que
les personnes qui, par état, ont fos pieds et les jambes
plongés clans l'humidité, en même-temps qu'ils restent
long-temps debout, y sont plus sujettes que les autres.
�( !H )
Du reste, il fa nt déterminer si rétat de la constitution
a amené les varices et ulcères, ou si ce ne sont pas
plutôt ces derniers qui ont affaihli la constitution. Dans
tous les cas, les opérations ne nous paraissent justifiées
que in extremis, c'est-à-dire , dans .les cas d'ulcères
rehelles au traitement par le meyeo des bandelettes
agglatinatives roulées autour cle la jambe et comprimant
la plaie, dans le cas de douleurs intolérables, occasionées
par des ulcères ou des tumeurs variqueuses, et autres
acciùens graves qui compromettraient l'existence du malade , ou le rendraient impotent.
L'e:s.tirp,ation des tumeurs variqueuses devrait ~tre
préférée à l'excision d'une portion de saphène , s'il n'en
el:istait qu4 une oa deux et san3 ménace de s'en ét.iblir
autre part.
La méthode de l'incision avec défaut de parallélisme
des deux plaies, exécutée par M. Brodie, ne nous
paraît pas à rejetter; mais on pourrait la modifier
;;ivantageu~ement dans le cas oit la veine serait trèsroulaute , en déplaçant celle-ci, par une pression latérale, incisant sur la peau et sur elle , perpendiculairement, de sorte qu'après l'opération, la veine
revenant à sa place, détruirait le parallélisme. L'opération serait plus simple , moins douloureuse el le .but
·serait rempli. La vlus grande simplicité possi~le étant
tolljoars un perfectionnement dans les opérations, nous
donnerons la préférence à l'excision, parce qo'eJle dispense d'introduire un corps étranger dans la plaie et
de l'y maintenir. !?opération de l'anévrisme, n'a-t-elle
pas gagné considérablement à la suppression des ligatures
d'attente et do presse-artère'!
Deux exemples d'inflammation des veines qne nous
avons vus en Angleterre, n ons font penser que le pus ne
circule pas dans les veines. Il est grumeleux comme
· le lait - que rejettent les enfan& , adhérent aux parois
�(
:22 )
't'eineuses et il ne s'~tend pas au - delà des point4
enflammés. Il s'accumule avec le temps au point
d'obstruer le vaisseau et d'y intercepter la circulation
da sang; la théorie fondée sur cette circonstance pour
al;'rêter les progrès de l'inflammation nous paraît donc
basée sur une observation fausse , et par conséquent
à rejeter.
G1uuo-ST.-Ro111E fils.
d'hygiène publique et de police médicale,
applicables à la ville de Rio-Janeiro, capitale du Brésil;
par Joaô Fernandes TA.VARES, de Rio-Janeiro, al6
Brésil, docteur en médecine, ex-professeur royal de
langue latine,. membre émérite de la Société d'instruction médicale de Paris , ( in-4. de 55 pages, Paris,
11ovemhre 1823. ) Avec cette épigraphe:
CONSIDÉRATIONS
0
Soit instinct, soit reconnaissance,
l'homme, par un penchant secret,
chérit le liea de sa naissance.
GRESSET , ode sur l'amour de la pairie.
•
TEL auteur a la manie de parler de la Grèce et de
.Rome, d'étaler des considérations suF le Mississipi ou la
Cochinchine , de faire briller, en un mot, une vaste érudition sur les pays,étrangers, qu'il ne connaît pas m~me
11a patrie. D'oh peut provenir celte indifférence pour ce qai
touche de si près, si ce n'est le plus souvent de l'idée de vouloir se donner, an moyen de compilations historiques, pour
de&autenrs universels 7 Il importe peu que la gloire que l'on
acquiert alors résulte de l'erreur pabliqne, on est satisfait: on voulait en imposer et le bat est rempli. Malheureusement, des écriv~ins de cette trempe ne sont pas
rares. Enfantés par l'égoïsme , celui-ci est ass.ez général
pour que ceux-là ne soient que trop nombreux.. Mais
aussi , que de droits n'ont-ils pas à'notre reconnaissance,
à notre estime, les hommes qui s'ad.onnent à des. travanit
�( .25 )
Traimeot utiles et qui s'attachent sartont à· fafre tonrner
leurs efforts au profit de leur pays. Tel est sans doute
M. Tavares. Eu effet, les sentimens qu'il manifeste en
dédiant sa thèse inaugurale à sa patrie , donnent déjà la
mesure de son noble r.aractère , étant de nature à faire
regretter q1te ce médecin ne soit point français. Car
pourrions-nous ne pas désirer que les hommes vertueux
appartiennent tous à notre nation 7 Mais s'ils se trouvent
dispersés, en trèS-petit nombre, sur la surface du globe,
il est bien consolant pour nous de les considérer comme
étant de tous les lieux.
Après avoir puisé en France son éducation médicale,
M. Tavares a fait one application de ses connaissances
à la ville qui lai donna le jour , du moins pour ce qui
est de quelqués considérations d'hygiène publique. Dans
son avant-propos, il trace à grands traits la topogra.
phie de Rio-Janeiro et la manière dont il remplit cette
tâche mérite, bien que son style soit ici un peu ampoulé,
que nous rapportions ses propres expressions.
« Rio-Janeiro, dit-il, située presque sous le tropique
clu capricorne, sous 45 ° 37' 5g" long. occ. do méridien
de l'Ile-de-fer, et au 22 ° 54' 22 " lat. mérid., est la
capitale et la plus belle des villes de l'empire brésilien.
Participant déjà à la douce influence des zônes tempérées,
tous les tlons d'un climat heureux se sont réunis pour
faire de cette contrée le séjour le plus agl'éahle et le
plas salubre. Rien n'égale la beauté majestaeuse <le son
ciel, la pompe de ses horizons, fiers des hrôlans nuages
cle l'Orient, et la lumière éhlouissaate qui remplit la V?Ûte
azurée. La lune ]Hilie ici tl'an éclat moins pâle ; les
rayons de Vénus sont plus vifs et plus purs; la voie lactée
répand one clarté plus scintillante. Ajoutez à ce tahlean
enchanteur la douce température <le son atmo5phère, .la
régularité et la fraîcheur des brises alisées , la s.é réuité
tle l'air l Je calme des flots, le luxe· de la vé~étatiQn , RU
�( 24)
/
prlnteltlps éternel, toute la nature enfin plus grande et
plns animée, .•.• telle est ma patrie "· A cette descrip~
tion rapide, nous devons joindre quelques détails pour
servir au complément de la topegrapbic de Rio-Janeiro,
détails que l'auteur donne à la page 22 de sa dissertation.
llio-Janeiro fut fondée par Mem de Sà, gouverneur
au Brésil pour D. Seb,istiaô, roi de Portugal, en 1567, et
bâtie à deux lieues de l'entrée d'un bdvre mag·n iGque, sur·
le bord occidental du fleuve on rade de ce nom. Son assiette fut choisie dans one belle plaine, entourée au
nord et au sud-ouest par des montagnes val'iées et entrecoupées. La ville a été d'abord divisée en trois parties ou
étangs : la première, sur les hauteurs appelées Castel<J;
la seconde à demi-côte et la troisième qui s'étencla-it sur le
rivage voisin de la rade. Eu peu de mois, la nature brute
fot animée et fertilisée par la main de l'européen qui
creusa <les lits a u~ ri,·ières qui y venaient se perdre dans
la mer 1 dessécha ou tarit quelques petits }Jassins d'eaux
stagnantes, mai s les nouvea x dorninateurs négligèreni
d'arnéliorer l'état d 11 terrain à quelque distance clans l'intérieur et supportant , sans en accuser la véritable caose 1
les maladies do pays, ils s'en prenaient aux fatalistes et
se guérissaient avec des remèdes indiens et le!< prières et
les }Jénédictious des jésuites A nchieta et Nobrega.
Érigée cleox siècles après en métropole de l'Amé/ique portugaise , Rio - Janeiro fat <le pois beaucoup
augmentée et compte aujourd'hui près de 120,000 habitans. Deox vents , réprimés dans leur violence par leS'
collines qui renferment la ville, mo(tèrent jour nellement
la température et lni assurent la salah t ité. Les brises
n'apportent cle loin aucun principe mal-faisa-nt ,- venant
l'une de la haute-mer, et l'autre passant sur une }Jaie
trèS-vaste et parsemée d'îles assainies et cultivées, mais·
le marais salant qui , situé à l'oae~l de la ville 1 lui est
contigu el a nue étendue d'une ùemi-lieue de ioog soF'
�( 2S )
nn quatl de lieue de lârge, ne compr<întet pâS peu la
santé des habitans. L'auteur expose ici ce qu'on a fait
inutÎlement ponr dessécher ee Taste foyer d'infeclion et
passe successivement eu revue les diTerses sources d'in.
salubrité, telles que la décomposition cles immondices,
d'une étonnante ahomlance de crustacées qui vivent et
périssent dans ce marais 1 les émanations reponssap tea
résultant du résidu des digestions et des animaux morts
jetés tons le& soirs à la mer on sur ses bords et rejetés a
terre par les marées. Plus loin ( p. 47) M. Tavares, en
parlant des cimetièr~s 1 fait remarquer qu'il D'en est point
de public â Rio-Janeiro, excepté celui attenant à l'hôpital
de la Miséricorde, oh sont inhumés les décédés dans cet
hospice, quelques esclaves et les restes des suppliciés, et;
qui a les grands inconvéniens d'être situé dans un terrain
has et humide, an sud des habitations 1 et dans la villemême. La brise du large, passant sur lui ainsi que sur·
l'abattoir? lieu infecte , voisin da cimetière~ et; comme'
loi, vers le sud, ne peut qu'emporter sur la ville des exhalaisons malfaisantes. C'est dans les églises qu''o n donne
la sépultm-e aux morts; il y a prè·s de plusieurs d'entre
elles de petits endroits fermés par les maisons voisines,
oh sont enterrés les esclaves et les personnes qui ne peu~
'fent payer des sépultures clans les niches et les caveaux.
Ces fosses sont le plus souvent mal remplie~ cîe terre. Les
os dépl1u:és sont ammoncelés à l'air libre dans ces petit1t
cimetières, ou svrrés dans nne pièce contiguë à l'église ,
appelée ca.M des ossos. Enfin, les causes d'insalubrité sont
telles quefsuivant M. Tavares, il fa nt que l'air soit rafraîchi
et remrnvelé tons les jours par les deux brises dominantes,
pour que füo-Janeire ne se v<tit pas dévastée par la peste;
abandonnée des étrangers et réduite à un désert.
On conçoit quelles mesures hygiéniques il convient de
prendre dans on pays oh la nature est par elle-même si
4
T. ~. Juillet 18:iS.
�( 2&)
puissante pour le maintien cle la salubrité générale. C'est
en puisant aux meilleures sources, en citant tour-à-tour
le célèbre P. Franel:, les Fodéré, Hallé, Nysten, Ramel,
Bonnin, etc .• que ]'.rnteur a atteint le but qu'il se proposait. Nous pouvons ajouter, sans crainte d'être démenti,
qu'il a donné à sa dissertation une physionomie assez
intéressante. Mais, soit que, comme il le dit lui-mê.m e, il
se soit vu forcé lie se circonscrire dans la-sphère des corn,.
pilat•mrs, il n'a rien ajouté à ce qui est généralement
connu. N<>us nous bornerons donc à iignaler l'ordre
qu'il a adopté, certains points essentiels el le ~exte de
qoelqoes passages qui donneront, mieo-x qne nous ne le
ferions uous-mhnes, une idée do ityle et de l'esprit de
M. Tavares •
. Ce médecin commence par des considérations généra les qui font senüi· qne si l'on ne peut donner aux
vastes enceintes qui contiennent les grandes réunions
d'hommes, la simplicité et la propreté de la vie champêtre, on doit du moins en rendre l'air pins salubre r
les maisons plus saines , les alimcns et les boissons le
111oins détériorés possible, et, sans doute, on ne saurait
mieux servir la patrie qu'en lui fournissant les moyens·
cle conserver une nombreuse.et brillante population. C'est
c1ans cette vue que l'auteur c<?nsacre cinq chapitres au.
développement de l'hygiène applicable à Bio-Janeiro.
Il traite des marais et des eaux: stagnantes, da~s le chapitre premier, et démontre à l'exemple du D. Ramel comhi.en ils sont funestes à l'agriculture, à la population et à
la santé. ll est vrai qu'il ne se borne qu'à des' généralités,
mais elles suffisent pour lui faire remplir sa tâche, et
entr'antres vérités, il eu est une qa.e nous nous plaisons
à reproùuire, parce qu'elle est une uoa.velle preuve de
ce qu'on s'ohsline à nier encore, hien que des observateur~ profonds se soient assez bien expri~és à cet égard:
11 lVI. ù'0/1°i't'im, médecin portugais, dit-il , est parvenu à
�( 27 )
fail'e cesser fo "omito piétro, à New-York, au moins parmi
les hahitans du rivage, en faisant dessecher les magasins
et encombrer les espaces qui' entre les jetées, étaient
couverts par la marée montante et laissés à sec par la
basse-mer,.. De tels faits, dont les annales de la science
fonrmillent aujourd'hui, ont réduit au silence une foule
, de contagionistes , et sans doute il n'y a, parmi le petit
nombre de ceux !JUi soutiennent enco.re avec opiniatreté
la contagion. de la fièvre jaune, que des hommes qui
opinent sans se donner la peine de refléchir, ou, ce qui
malheureusement est possible encore , que des hommes.
de maavai~e foi.
N'est-il pas à regretter que raoteur n'ait point tracé
l'histoire des maladies endémiques de Rie-Janeiro, ainsi
que de celles qui doivent émaner d'un marais salant si
étendu et si infect '1 A la vérité, ce qui le justiîie sur
ce point, c'est que n'étant pas médecin, alors qu'il
habitait dans sa ville natale, M. Tavares n'a pu porter
un œil observateur sur ces affections.
Le second chapitre fait d'aJ1ord sentir qu'il est de la
tlernière importance de s'occuper du Jesséchement des
marais, et de cuhiver les lieux qu'ils occupent; l'auteur
expose eomite quelqoes moyens de détruirn ou de diminuer les effets de l'influence de ces marais sur l'éco11omie animale. Il est pénétré, et avec raison, qu'une
fois l'air vicié par cles principes malfaisans on s'efforcerait envain de lui opposer des clignes.
I.e chapitre troisième est consacré à certains <lé ta ils
snr la nature, la fréquence et le caractère des maladies qui règnent dans les prisons. Il n'y a pour le civil
qu'une seule de ces demeures à Rio-Janeiro, et c'est bien
assez 1 tandis que les détentions militaires ont lieu dans
les casernes. Celle prison civile n'est que très-médiocrement agrandie et le malheureux détenu n'y j'luit d'aucun
des bienfaits que l'arrivée du. souverain de la capitale <lu
�( 28 )
Bréi;il p.onvait lui procurer. Cependant les avantages d4
la Société, dit Beccaria, doivent être également partagés
entre tous ses membres.
L'auteur jette ensuite un conp-d'œil sur les cimetières,
et ce qu'il en dit constitue le quatrième chapitre. Nous
ne reviendrons point sur ce sajet, dont nous avons parlé,
en réuoi6;ant les causes d'insalubrité qu'on observe à Rio.
Janeiro.
Un cinquième et dernier chapitre a pour ilot l'eumen
des inhumations précipitées. L'auteur voudrait que tout
ceux que l'on croit morts restassent, au Brésil, au moins
\'iogt-quatre heures dans leur domicile, et d'avantage 1
dans les cas doutPax , et ne fassent pas Pnterrés avant
putréfaction
d'avoir présenté des signes bien évidens
commençante. Il ne nous parait pas moins fondé,.lorsqu'il
condamne le cérémonial encore religieusement observé à
Rio-Janeiro, de fermer portes et fenêtres, et d'empêcher
ainsi le libre accès de l'air, de doubler les salles de tapis.
series épaisses, de couvrir le corps, déjà enseveli , d'un
drap le plus souvent de lai.ne, d'allumer autour du cercueil, no grand nombre de ciergps , de tolérer et mJme
de solliciter la présence de beaucoup de personnes an près
des morts , et, ce qui est encore plus fâcheux, auprès de
ceux que l'on eroit morts. Sans doute ce sont la précisé.
meut ùes moyens capables d'entraver la libre circulation
de l'air frais si nécessaire pour produire une excitation
générale dans les cas de morl apparente.
On voit, d'après tout ce que nous venons d'exposer 1
que M. Tavares, qui, pour l'observer en passant, avait
avant même d'écrire sa dissertation, présenté aux peuples
du Bré. il de3 considérations hygiéniques, n'a point étudié
eovain leG bons principes de la médecirie française, et
qn'il sait en faire tourner les conséquences au profit ·
de ses compat1iotes. Espérons que cet estimahle collègue, qui exerce aujourd'hui dans son pays, et qui ~·y
de
�( 29 )
liqre, dit-on, avec ardenr à l'observation des maladies
endémiques et épidémiques, répandra un jour dans le
111onde médical qoelqne prbduction sur ce snjet, et qu'ilparv·iendra ainsi à la fois à remplir .la lacune q{)i dépare
,a thèse, et à donner de nouvelles preuves de son mérite
comme médecin et comme écrivain.
P.-M. Roux.
-*e*e*e*_._
2~
l\ E
V U E
D E S
J -0 U Il :N J. U X.
( Journaux Français. )
( Journal de pharmacie. Décembre i824. ) -- M.
Yuaflart, pharmacien, prépare one eau verte peu altérable aux. rayons de la lumière, en m~lant une dissolution de chromate de potasse à une dissolution de
sulfate de enivre ammoniacal ( eau céleste ) ; il s'est
convaincu que cet.te belle couleur est le résultat d'un
chro~ate de enivre tenu en dissolution par l'ammoniaque.
--- Formule d'une pilte de Lichen d'Islande, proposée
par M. Harambourg jeune, pharmacien à Manleon. -·Prenez : Lichen, lav.é à l'eau bouillante, une livre; eau
pore, cinq livres; gomme arabique, deux livres et demie;
sucre, idem; eau de llenrs d'oranges, quatre onces.
Faites une décoction de Lichen concentrée au .point
qne pa~sée à travers un linge, elle se prenne en g~lée
par le refroidissement; faites à part one dissolution de
la gomme concassée , faites y dissoudre le sucre, et
cuisez en consistance de sirop; ajoutez alors la décoction
de Lichen, sans discontinue~· l'agitation, jusqu'à ce que
la pâte aromatisé.e soit réduite au point de la couler
sur te marhre.
Dans une note, M. le rédact.eur dn journal dit que la
pi\.te de Lichen, dont les proportions sont ici convenablement établies, est plus agréable lorsqu'elle est évaporée, sans agitation et terminée il l'étuve comme la
pâte de jujubes,
�( 5o )
·-- M. Boissel, pharmacien, a fait fanalyse de la
Lobélie anti~vénérienne, Lohelia syphilitica, L. --- Cette
plante, trop négligée en France est fortement recommandée dans la syphilis par plusieurs médecins distingués. On lit dans la matière médicale de Pe.yrilke,
concernant la Lobelia srphiJitica, à l'article appréciation:
cc excellente, précieuse, peu connue et point usitée en
11 France. · Elle mériterait d'être c-nltivcie avec soin;
o puisque, au rapport des médecins qui ont vécu an
» Canada, les sauvages de ce pays se servent d,e cette
,, pl.in te, comme spécifique du mal vénérien, avec nn
" tel succès, qne, quoique les accidens de cette maladie
,, y soient très-graves, il est sans exemple qaè quelqu'~n '
11 en ait usé sans être guéri : »
Cette plante est de la syngénésie monogamie de Linnée,
de la famille des lohéliacées de Jussie1i, et M. (;irard fils,
professeur de botanique à Paris, l'a laissée dans les campanulacées; ce genre porte aussi le nom de cardinale,
par les belles fleurs rouges que portent quelques espèces; celle-ci ayant des fleurs bleues, a _été appe.llée
cardinale bleue. C'est la racine de cette variété que
l'on trouve dans le commerce; elle est grosse à peu près
comme le petit doigt; il y en a de plus petites; son
épiderme est <l'on janne grisâtre, composé de stries circulaires et longitudinales, rapprochées symétriquement
les unes des autres, ce qui lui donne an aspect grénu et
luisant, en sorte qu'il ressemble un peu à la peau d'an
lézard, comme l'a fort bien 0)1servé M. Guibo11rt dans
son traité des drogues simples. Intérieurement, e1le
offre des lames O!l feuillets d'un blanc jaunâtre, qai
partant da centre à la circonférence et laissant entre
eux des interstices, reôdent cette racine souple et susceptible de s'aplatir quand on la co~prime; elle est
donée d'une saveur légèrement sucrée et d'une odeur
aromatique peu pronon_cée.
ll résulte , dit l'auteur , des exphiences· qui font
�( 51 )
l'objet de ce tr!lvail, que nous avons extrait de cette
0
racine par les moyens analytiques: 1. Une m~tière grasse
0
de consistance hutireuse; 2. du sucre incristallisable
0
fermentesciMe; 3.0 une matière mucilagineuse; 4. da
0
malate acide de chaux; 5. • du mal ate <le potasse; 6. dea
traces d'une matière amère très-facilement altérable; 7.0
des muriate et sulfate, phosphate de chaux, des traces
de silice et d'oxide de fer; 8.°. du ligneux.
Note additionnelle. Un gros d'.extrait de racine de
n,bélie, délayé dans l'eau distiHée, administré à un jeune
chat, lui a causé one légère inflammation da tube intestinal qui a déterminé des déjections alvines blanches,
avec one matière onctueuse semblable à l'huile d'olive
figée. Quelques heures après, cet animal ne se ressentait nullement de l'effet du méd-icament.
Un gros et demi d'extrait, administré à un autre chat,
n'a pas agi de même : cette fois il a exercé son action
sur les voies urinaires, <l'une manière digne de remarque;
mais il n'a causé ni vomissement, ni évacuation de
matière stercorale.
Deux g1·os de la matière sucrée, donnés quelques
jours après à un antre animal, n'ont pas changé son
état habituel.
Enfin la matière grasse , placée clans la même circonstance, n'a exercé aucune action.
Il est à remarquer que l'extrait de lobélie n'a produit aucan vomissement, ce qai se trouve en contradiction avec quelques traités de botaniques qui assignent
à celte plante des propriéLés vomitives.
L'extrait qui a servi à nos expériences, a été préparé
avec la racine et l'eau distillée. Deux: onces de racine
ont fourni cinq gros d'extrait mou.
--- Sous le titre cl'obserpations et essais sur- les plantes..
nommées chelidonium majus. et clielidonium glaucium.
( grande chélidoine , et chélidoine glauque, autrement
pavot cornu. J 1\1, Godefroy fait d'abord observer la cli
�{ 52 )
férence qui existe- dans le jugement porté S'lll' fe91
vertus de ces plantes , par plusieurs auteurs depui'I'
Dioscoride, Pline, jusqa'a Lemery, f/almont de Bomare,.
Swediaur, etc., et par nos auteurs le> p1U'S moderne·s
comme MM. Orfila , Virey , Guibow Z. Les premiers conseillent l'usage à l'intérrenr, de ces plantes, et l~s seconds les signalent comme très -nuisibles à l'économie
et même comme des poisons.
M. Godefroy e:xpliqne cette dtssiùeqce· d'opinions par
la manière différente d'user de ces plantes. Les anciensr
en recommandant l'usage à l'intérieur de la chélidoine
ou d'une seule de ses pàrties, prescrivent toujours de·
la faire bouillir. ( Radi,x acetabuli mensura cocta in
duobus sextuariis ad dimidias. ) Ils prescrivent égale-·
ment, lorsqu'il s'agit du smr de la plante, de la faire:hoaillir. Les auteurs qui interdisent l'usage de cette
plante à l'intérieur· ne parlent pas des expériences qui'
les ~nt décidés à proscri·re- son usage, et je crois que·
la sevérité d011t ris ont usé à son égard est due à ce·
qu'ils ont employé dans leurs essais le suc propre de
la plante ( succus croceus è· 1mlnerâ taherbti ) 1 suc résineux, très-différent du suc aqueux, que l'on obtient en
pilant la plante, et le suc aquemdui-m~me tiré à froid,
qui différe beaucoup du suc aqneux soumis à l'action
de l'ébullition. Cette ohservation a coudaiL M. Godefroy
à chercher quels sont les principes qui rendent le decoctum aqueux de ces plantes moins énergique que leur
suc propre, et il a trouvé dans la grande cl1élidoine
un principe volatil et une résine l'un et l'autre très-âcres.
Le premier s'évaporant par l'ébollition, et la seconde
n~étaont pas soluble dans un véhicule aqueux, manquent
toujours dans les décoctions et les rendent ainsi bien
différentes dn sac propre de la plante, extrait à froid.
L'auteur se propos'ant de pousser plus loin ses expériences , nous rendrons compte de son nouveau travail.
Cot1RE'f,
�( 35 )
( Journaux Italiens.)
( Qçse1·palo1"e medico di Napoli, juin 1824.) - Fœtas
expulsé par l'anus i;wec l"Uplure de L'utérus et de l'intestin
rectcm1. - Appelé, le 15 aoûl 1822 , pour donne~ ses
soins à une femme :îg1~e cle 22 ans, qui était depnis quelques heurPs eu Lravail d'en font, le docteur Harison ne
trouva pourlant poinl de <lilalation an col de l'utérus, et
s'absenta un instant; m;1is le fœtus fut tout-à-coup expulsé par l'anus; bientôt le placenta sortit avec des caillols
de sang, el les lochies coulèrent par celle voie insolite,
sans qu'il en ré,ult:ît aucun accident fâcheux pour la
femme. L'anus fol déchiré en trois endroits; le vagin
n'a~ail qu'une très-petite ouvcrtul'e, et le col de l'utérus,
cartilagineux, avait contracté des adliér{'!lces avec les
petites lèvres. IotrodaisaiL-on uu doigt clans l'anus, on
péDétrait aisément clans l'utérus. Sept jours après l'accoucbement, cette jenne femme éLait entièrement rétnblie. Elle avait déjà wbi an accouchemcnt laborieux qui
nécessita l'application du forceps avec lequel l'accoucheur
amena au-<lehors le col de l'utérus, celui-ci n'ctaut pas
tout-à-foit dilaté, alors flue l'iustrument fol appli11né.
(Journaux Allemands.)
( llufeland Journal , mai 1!h3 et Bull. des · se.
rnéd. ) - Le doctenr Durr a observé que les lotions, avee
one décoction d'écorce d'orme et de r,1ci11e de tormentille
dans du viu, à lar1uelle on ajoute du sacre de saturne, de
la cigt1ë et de l'essence de foormi, 1 étaient uu remède
très-efficace contre lrs varices doulou1 t>nseo;.
- (H11J.joCLrn. déc. 1823. )-Le D. Fris«hde Nybord a
administré avec succès le sulfure de cuivre <laus l'angine
r.nembranense ou croup, recommandé dans un anicle du
journal cl'li11jeLand ( fév. 1821.) Quatre malades traités
par M. Frisch éprouvèrent les heureux effets tle ce
moyen. Chez l'un ll'enx parvenu au troi~ième <legn$ de
T. X. J1iiflet i 825.
.5 .
�( 34)
la maladie, il fùllut y joindre on petit vésicato·i re ;. mais
chez les trois autres, on n'eut pa> mC:me hewin de
recourir aux évacuations sanguines. Le D. Frisch donnait, dans ces cas, le sulfure de cuivre comme émétique
à Ja dose de ~ ou 4 grains, puis à celle d'un qaart à
demi-grain dans one potion composée d'iufu,ion desureaa,
d'acétate d'ammoniaque et de sirop <l'dl1hœa. JI provoquait niosr nne transpiration et des vomis~emens s<ilutaires.
--- ( Altgm. Anzeiger jiir Donou-lfreis. juillet 1823,
et bul. des Sc. méd.) --- L'eau duos 'aqurlle on a fdit
macérer de l'écorce de citron, de l'huile q'<lil, dont on
fait pre11clre de noc à huit g~nttes, snivant 11âge et la
conetitutio11 des personnes, pan.issent trè"-effi r aces piour
détruire lt>s vers; une infusion d'ail d~ns >ix livres cl'eaa
ne doit pas ùonuer pltts d'un cinquième de celle huile.
Journau:>' Anglais.
(London lilt. Gaz., 29 mai 1824 et Bull. des se. méd.)
Surie diable an corps. d l'iméraclâsme. - «Ûn trouve,
cbos le voyage tin c ,1pitaioe Cochrane en Rni.sie, une
-
courte notice ~ur denx particuliel's désignés sous ces
n0ms, affections a11xqoelles 31,raicnt sujets les liabitans
<le Kolyma, en Siberie. La pi'eruièrr de ces infirmités tire
son nom de l'idée , générale111eat accrt:ditée parmi les
l1ahitaus du pays, que l'individu qui en est alleiut se
trOU\"C possédé d'un ou de p!u,ieurs démons, et qu'i1
ne sanr<1it jamais jouir d'une bonne santé tant et aussi
long-temps qoe ces êtres mal-faisans n'ont pa~ é1é expulses. Celle maladie se manifeste par iles hoquets continuds. Elle affecte particulièrement les constitutions
délicates, et il est rare <1ue te ITidla1le en relève: <'hez
les femmes, dit-on, elle va même jusqu'à empêcher la
grossesse; le peuple la regarde comme héréditaire.
L'imérachisme, maladie qui affecte également les hahiLans des pays situés plu~ au nord; est <l'une nature
�( 35 )
non moins indéfinissahle. Loin <l'exriter des accès aussi graves 'lue ceul> qui caracic•isPuL la première, elle> purle au
contraire un ce r tain c .rartère de jo,iali1è. Elle n'.,lti're
en aucune manière la santé du patient, bien qu'Plle le
rende parfois snjf'l à de violens accès de fureur, de
frayeur et <l'abalterneot m0ral. Cette maladie a ce la de
particulier qu'elle ·porte à l'imitation. Toul ce qui se
dit ou se fait eu présence d'un i mérach, quelqu'indécent,
ou inconvenant que ce puisse ê tre, il ''a le répéter à
l'instant. J'ai vu, dit l'auteur de la uotice, le piqueur
de l'expéditΕ)O du h.iron de rVrang~l se comportrr
cl'uue manière à effrayer .une persom1e avec laquelle il
caus;1Îl. Un petit coup frappé à h cloison de la chambre
oh il se trouvait, suffit pour le porter à des voies cle
f ,,its envers cet individu, el ce sans intention autre que
celle de sa propre défense. 011 raconte, a ce st1jet, une
anecdote assez plaisante, dont ce même piqueur fut le
principal héros, el dont l'exactitude me fut confirmée
non seulemeut par lui - même personuellemcnl, mais
encore par M. Cederstrœm qui commandait l'expédition.
La ~cène se passa sur l'O céan glacial. Les chiens de
l'imérach et leur narte ou gardien se trouvaient en avant.
Un mHin ils rencontrèrent un grand ours hLnc. Les
chiens se lancèrent anssitôl sur l'animal, le pit1ueul'
resta prudemmeut avec ceux qni pouvaient le défendre.
Dans leur ar<leur, les chiens s'en · rPmêlèi·e nt de manière
à t'eo<l • e lenr allaque sans effPt. Dans la 1•osition critique oh il se trouvait, il se déw,la à attarl'H'I' l'ours
avec son ostal. ( gros bâton ferré t;arni dr> clochett e$)·
L'ours furieux, se re<l1 essant sur ~es deux pa ttes de
derrière , ~e mit à pousser d'horribles rogis~e111~·us, et
l'imérad1 cle l'imiter, sur ce l'ours se mil à tlau,er 1
et le piqueur d'eo f1i1·e tout autant , jusqu'à ce qu·cufin
les autre, uarte~ su rvenanl a~seuèrent sur la tê t f' de l'ours
des couys de leurs osteb t1ui l'etend(rent à terre.
�( 56 )
Il paraîtrait, si l'on en croit !'écrivain, que le mal
s'aigrit par l'irritation que produisent sur le moral du
malal{e les mauvaises plaisanteries et les sarcasmes auxquels il est exposé. ,,
P.-M. Roux.
····--@--3."
V
â R l ÉT É
s.
On lit dans le Moniteu.r universel dn I3 juillet 1825:
"Une iles questions les plus importantes de toute~ celles
qui intéressent la salubrité publique, est celle de sav,>ir
~i la fièvre jaune est ou 'n'est pas contagieu~e. Un
incident fort interessant s'est élevé à cêlle occa>iou dans
uo rapport fait tout récemment par M. Costa à l'Académie des sciences. En rrésence de cette compagnie
savante, M. Costa, qui tient pour l'opinion qae la fièvre
jaune n'a rien de contagieux, et au dévouement duquel
se sont associés MM. Lnssis et Lasserre, a fait une
proposition qui prouve combien il est convaincu de fa
· cause c1u'il soutient. Il desirerait: 1. 0 que le minislre
de l'intérieur dcnn;Ît df's ordres pour faire prendre
aux Antilles, oh règne hahitnellcmcnt la fiè,•re jaune,
des effets appartenant it des sujets qui auraient succomhé 11 cette •naladic; 2. que ces effets fussent déposés dans des lio1tes hermétiq11emrot ferméeg, et qu'ils
fussent envoyés it Mar~. eille Clll dans tout antre port;
3. Enfin, que des i11dividus en parfaite santé se cou'VrÎs>en t de ers vêtemcos, et qu'ils les gal'ILisseot pendant qa:irante jours, sur la surveillance la plus sc:·uFuleu>e <l 'une commi~ > ion composée des médecins les
plus persuadés du systèn1e de contagion.
Pensant IJicn 11 la difficulté de trom•er des hommes
disposés à suhir cetre grande épreuve et désirant entre1·
dans les vues de M. le D. Lassis, il se propose ainsi
que M. le D. Lrzssërre, comme sujet d'expérience.
__ Dans sa séan ce du 13 de ce mois, le trihnnal de
0
0
�I
( 57 )
police correctionnelle de Marseille a condamné à 500 fr.
d'ameode et aux frais de la prucédure le 1wmmé Caire
pour avoir illégalemeol exe1 ce la medecinP . LPs 1\ébats
de ce procès ont presenlé une circoustanre a11s,i ioattenJoe que plai:;aole : c'est Po invoquant l'al'is au peuple
de Tissot, qn'il tenait à la main, que IP prevenu •'e,L <l15fendu; c'est au moyen des notPs explicative~ Je c<'l ouvrage (mis à la porcée d~s gen~· du monde) que I.e f.1nx
Esculape, suivi, d'ailleurs, d'une foule. clc corn plai;;rns
gc1éris par lui, croyait pouvoir se foin• acq11i11 r 1. Si S gn norelLe se fit battre pour s'avouer médecin, Caif""e a payé
cher la prétention de L'ê1 rP ! ! !
- Taudis que 1.1 France a le loual>le projer d'organisrr
d es écoles secondaires de médecine pour pt·opager drs
connaissances solides, et de créer tles conseils de discipline pour régulariser et mainleuir l'ordre qui do·t
régner par111i les gens de l'art , nous voyons a1·ec
plaisir que dm1s un antre royaume on s\11taclie à procurer une bonne iustraction aux d1irurgi ens : le Roi <le
Portugal vient de rendre un décret pour assurer de meilleures études aux chirurgiens, en étahlis8ant des CO'urs
qu'ils devront soivre, el donl la durée sera de cinq ans.
--- Depuis l'année dernière un journal <le médecine
légale intitulé : Zeitsrhrist Jïir die sl·•ats-Arsneikunde,
etc., est pnhlié par le p!'ofesseur Ad. llrnke il Erlangen.
Il se compose de quatre cabif'rs par an , cl, ut un paraît
tous les trois mois el est clf' n .1 t5 feuill<'s (l'impression au moins, format in 8." Ce journal est clPstiné à
traiter de tout ce qui -se rattache il la méJr.ciue légale
et de tenir les médecins légi~te~ an courant de ce qui
se pnsse de remarqual)lc daus cell e pa1 Lie des sciences
rnéd ica les.
--- Le D. P. D "e wers de Philadelphie emploit la
teinture sai\'ante dans les cas de rnenst ruations di fficilPs:
prenez: PuJv. gum. gai"ac. une, 8; carbonaJ. sod. vel potas.
�( 38 )
<lrac11m. 3; pitlv. piment. une. 2; alcohol di/ut. libr. 2.
On ajoute un lrachme d'esprit '\lolatil de sel ammoniac
par 4 onces de teinture. Ou Jonne uoe cuillerée à café
de cette teinture dans on "erre de Madè1 e ou autrn
vél1icu le.
--- On trouve dans le Î)ulletin des sciences médicales, cahier de mars 1825, l'analyse de la poudre de
Laexson, pat M. Geiger, article qui a été eJtrait du mag.
fiir pharm. oct. 1824. p. 71. Il résulte de l'analyse de
M. Geiger qu'un flacon de 4 onces de celle poudre,
usitée es Angleterre dJns les maux d'yeux consiste en:
16 ~ros 58 grains de cha!1x vive; 13 gros 18 grains
hyclrodornte d'ammoniaquf'; r gros 4 grains charbon ;
26 grains oxide de fer trituré avec le sel ammoniac;
18 grains canel!e, conpée en petits morceaux. On observe
que cette composi1ion e>t plus exacte que celle qui a
été donnée par la Gazette de santé ( v. la P· 2;8. T. IX.
de 11otre journal ) qui l'av.1it donnée ell.a-rnême d'après
le /!eues lmnst und g~ wer-blatt. jan1ier 18·.(5. p. 8.
--- Oo lit dans le mag. der pharm. nov. 1823, p. i63,
que le D. /IJeyer a guéri un cas de ti<: <loulonreux qui
&l'ait résisté à tous les moyens recommandé.s jus<1u'à
ce jour, par l'aLlministration 6 fois par jour et pen. dant une quinzaine d'une poudre composée de quinquina,
rhu])arbe, racine dé benoite et 3 grains de muriate sur·
osigéné de potasse.
- Les maladies les plus nombrenses qui ont régné à
Marseille, dans le courant de ce mois, sont celles qu'on
ohserve ordinairement dans la saison de l'été: des diarrhées, quelques cas de d ysioenteries opiniâtres, des gastrites, des duoJénites, des gaslro-entérites, telles sont
ces maladies auxquelles on a génér~lement opposé avec
succè~ les moyens que prescrit la médecirre physiologique;
mais on a remarqué. chez certains individus, qu'alors
que ces affections sont deW:nues chroniques, les anti-
�( 3g )
phlogistiques ont dô céder la place à clivers moyens préconisés par nos bons aÏf'nx.
--- D'après le relevé des rf'gistres de l'État-civil de la
mairie <le Marseille , il y a eu en Juin 18·..i5, 296
naissances; :i92 décès et 68 mariagPs,
P.-M. Roux.
4:
Co~couas
ACADiMIQUEL
L'Académie royale de médecine, section de pharmacie,
prop 0;e pour su jet du prix qui sera décerné en 1826,
la question suivante :
Rerherc/1u par l'expérience si les d!fférentes substances
des sécrétions se trouvent toutes formées dans le sang de
fhomme et des animau..x ca1 nivores et herbivores ?
Les anciens regardaient le sang comme la source commune oh la nalt1fe puisait toutes les matières qui constitoent les êtres organi~és. Plus tard on a pensé que le
sang n'en contenait que des élémens, qu.i ~nsuite étaient
rassemblés el élaborés par les divers orgar.,es. Dans ces
derniers temps, les belles expériences ~le M. Brande sur
le prrncipe colorant du sang, et de MM Dumas et Le
Royer sur l'existence cle l'urée clans le sang des animaux
auxquels les reins avaient été enlevés, semblent donner
quelque crédit aux. opit1ions des anciens. L' Aca,démie
pense: i. Que c'est principalement dans le cas cle maladie chez l'homme oh les fonctions des organes sont
snspendnes, trnublées on ralenlies, que l'on l'ai vienclr~
plus aisément à résoudre la question.
2. Qu'a l'exemple de MM. Dumas et Le Royer, r.'est
après avoir enlevé aux animaux certains e>rganes dont
la privation n'1mtraîne pas une mort prompte, qu'il
convient d'examiner le sang.
3. 0 Q·1'une analyse préliminaire approfondie <lu chyle
des animffil:s. herbivores et cai:.oivorts pourrait être
0
0
�( ~o )
d'un grand secours poul' arriver à une connaissance plus
pa1 f.t ite.
4·" Enfin, qn'il serait utile d'examiner le sang lorsqu'après :ivoit· parcouru toutes le~ p:.i rties du corps, il
revient au cre ur pour pa sser aux: poumons, et après
qu'il a reçu l'infl ue nce de l'air, et rentre dans les artères. L'on pourrait voir alors si le premier contient
<l r l'acide carboniq11e ou de l'oxiùe de carbone, et si
l e dernier r PnfP.1-me de l'oxigè ne lihre. L'on pourrait
aussi chercher les rapports qu'il y aurait entre la' nature
du chyle et cPlle des alimens qu'on aurait donnés aux
animaux. Ce serait peut-&,re le cas de ré~JP.ter l'expérience
cle M. Magenclie, en nourrissant les animaux carnivores
avec des sub>tances privées d'nzote.
Le prix sera une méclaille d'or de la valeur de mille
francs. Les mémoires seront écrits en français oµ en
l J IÎn, et devront être remis au secrétariat, rue de
P oiLi ers, n. 8, à Paris, en la foi me ordinaire 7 avant
0
le prr.mier juillet 1826.
. D'ap• ès l'article 91 do règlement, les membres 110110raires et titulaires de · l'Académie sont seuls exclus des
concours.
AVIS.
LA Soc_iété royale de médecine de Marseille déclart
1J11'en insérant dans ses ·Bulletins les Mémoires, Obser·
varions , Notices, etc., de ses membres soit âtulaires,
soit correspondans , qui foi paraissent dignes cfétre
publiés , elle n'a égard qn'èt l'intérêt qu'ils présentent
à la science médicale; mais q1.'elle n'entend donner ni ap·
probation ni improbation aux opi11ions que peuvent émettre
les a11le11rs 1et qui n'ont pas encore la sanction générale.
�( 4r )
BULLETINS
DE
LA SOCIÈTÊ ROYALE DE MÉDECIN:&
DE MARSEILLE.
JUILLET
i825. --- N. 0 XLIII.
de plusieurs cas rares; par M. MAR TIN, D.-M.
à Aubagne, membre corre.spondant de la Société royale
de médecine de Marseille.
R1sTOIRE
L'n1sToIRE des cas rares en médecine·, qui, au premier abord, semble devoir font au plus satisfaire l'avide
curiosité de l'esprit bnmain, ne me paraît pourtant Pl!S
sans intérêt pour Je physiologiste, ni sans utilité pour
la science. Aussi quelques auteurs estimahtes n'ont-ils
pas dédaigné cl'en faire le sujet de leurs sérieuse&
méditations.
En effet ·, nul doute que Ta connaissance de toutes les
monstruosités 1 de toutes les bizarreries de la nature ,
relativement à l'organisation des êtres vivans, et l'étude
de l'influence directe que ces diverses anomalies de
structure exercent sur l'intégrité, OO le degré d'imperfection et de désordre des fonctions essentielles à la vie,
ne poissent conduire à des aperçus lumineux , qni
répandraient le plus grand jour sur le mystère de la
génération et sur la viabilité probable de cbaqoe individu. C'est par le désordre que l'on connaît l'ordre.
L'ohservation des maladies sert à r.oieox faire connaître
l'état physiologique qui constitue la santé• . Les écarts
6
T. X. Juillet i825.
�( 42 )
de Ta nature à. l'égard du plan génénl et régafieir
d'après lequd la matière vivante est organisée, éLa~
Llisseut cl'une manière plus positive les conditions
organiques sans lesquelles uu être animé quelconque-.
ne peut subsrster.
Ainsi la recherche de ces cas eitraordinaires peut
concourir puissamment aux progrès futurs de la science,.
si les médecins qui s'en occuperont à. l'avenir, loin de
se ~orper à leur stérile contempfation, ont soin de les
envisager sous diverses faces, tle les comparer entr'eu11<
et avec les cas qui l'entrent dans l'ordre naturel, afilb
d'en tirer des inJuciions propres à éclairer les phénomènes de la ,•ie.
Ces réflexions m'ont été suggérées par deu'.l ou tITois.
cas curieux que j'ai eu occasion d'observer dans un court
espace de temps. Je vais les faire connaître le plas.
lirièvemeot possible. J'y joindrai deux on trois autre:.
observations. ;Heureux sr ce petit mémOU-e peut offrir:
quelqu'intérêt 1 s'il peut être regardé par la Société à
qui j'en fais hommage, comme un très-faible témoignage du respect que m'inspireot to\l·s les honorables
membres qui la compo.sent !
r .er Cas. -- C'est celui du fœtusanencéphale que j'ai envoyé à la Société en son temps. Je n'ai rien pu. recmeillir
de particulier sur la mère de cet enfant. Elle a toujours joui d'une honne samé. Sa grossesse fut heureuse.
·Aucun accident physique, aucune circonstance remarquable, quant au moral~ ne peuvent rendre raison de
.
ce , phénomène.
2.m• Cas. --- Il s'agit de l'enfant du sieu·r Reynaud ,
'
·d ont l'œsophage s'ouvrait dans la trachée - artère,_ et
dont j'ai eu l'honneur d'adresser l'observation à la Sa.
~iété. ( I)
(1 ) Une analyse de culte observatio11 a ·été consignée dan
�4~ )
3,m• Ca.f. --- ta femme du sieur Cucur111'., charcutier
de cette ville ,_ âgée de 3o ans, d'an lempéramrnt s,anguin, d'une constitution originairement robuste , d'une
sensibilité excessive, ayant fait plusieurs eufans qu'elle
a allaitéi elle-même, livrée depuis qyeJquei années à
de grandes fatigues, et supportant des chagrins domestiques qu'elle çst obligée de concentrer, perd un enfant
des suites d,.nne · petite vérole conflucnte, et se met aà.
li.t elle-même, peu de jours après , le 7 avril 1819 1
avec une fièvre inA.ammatoi1•e catharrale ( comvlication
du 1.•' ordre cle Pinel_ a,·ec le 3! ) qui cède le 1/4.• jour,
à la sai~oée, à l'usage des temp~rans et ll'autres moyens
convenables, et présente pour crises principales, une
éruption miliaire générale au g.• jour, des évacuations
alvines abondantes vers lrs 13.• et 14.· jours' un sédiment considérable dans les urrnrs.
Durant le cours de cette maladie, la dame Cucurni,
qui. depuis long-temps est sujette à des palpitations cla
cœur 1 accompagnées d'une douleur assez vive . à l'épigastre, se plaignit de l'augmentati-0n de ces symptômes.
Elle e(1t quelques lipothymies, et pendant sa convalescence les jamhes restèrent plusieurs jours infiltrées.
Toutes ces circonstances me firent soupçonne!' l'exis-
(
_ l'exposé des travaux de la Société pendant l'année iS~o. n Un
enfar1t nouveau né rejette toute tspèoe de boisson, et meurt a11
bout de 36 heures. Frappé de ce phénomène, M. Ma1~ùi procède
à l'ouverture de son corps : l'estomac est mis à découvert; on
essaie de le remplir d'air au.tnoyen d'une sonde, introduite dan•
lP pharynx; efforts inutiles, la sonde est alors placée dans la tra~
cbée-artère, Je· soufle y <litige rair; mais qu'on juge de l'étonnement de M. Martin; l'air pénèlre dans l'estomac qui se gonfle
par l'insuflation en ϐme-temps que les r,oumons. Une dissection
5oignée est alors mise en œuvre. On c 1erche vainement l'œsophage; il 'tl'existe pas; un cul de sac long de quelques lignes le
ren>place 1 un stylet est alors porté dans la trachée-artère, l'étonnem< nt 1·edouble, à la hauteur et dans l'espace cl es deux broncl1es,
ce stylet pénèt1 e dans un tuyau membran eux, élastique, du calibre
d'une p-etite plume. et va se rendre à l'estomac. Les deux tuyaux
b1·011chiq11e~ i;ont d'ailleurs librei; clans toute leur étendue.
\
�{ 44)
tence d'un anévrysme du cœur. Une tisane de chiendent
légèrement nitrée fit disparaître l'œdème.
Cette dame, parfaitement rétablie, ap,rès quinze jours
de convalescence, reprit ses occupations ordinaires. Mais
1ientôt elle épr~uva du dérangement dans ses menstrues,
qni venaient irrégulièrement , et quelquefois avec une
telle abondance qu'elle en était extrêmement affaiblie.
Elle a un prolapsus de la matrice. Un pessaire fut proposé, l'eau de riz légèrez:nent acidulée avec . le snc de
citron administrée, ainsi qu'un régime approprié,
L'évacuation sanguine parut revenir moins souvent
en juin; puis se régt1lariser en juillet et aolit. Elle vomissait alors chaque màtin, après avoir pris une soupe
de riz , des matières glaireuses.
Cependant, depuis la fin de juilJet , époque de la der.
nière hémorragie, elle était tombée dans une sombre
mélancolie. Tous les symptômes de la plus complète
l1ypocondriacie se développèrent chez elle. La crainte ·
de la mort la poursuivait partout. En proie aux plus
noirs pressentimens, rien ne pouvait la distraire de ses
funestes pensées. Bientôt tout loi devint insupportable.
Cette cruelle situation porta une atteinte si profonde à
son moral, et étouffa tellement dans son cœur les seutimens les plus naturels, qu'elle avait en horreur ses
propres enfans. Sans cesse occupée à conserver son
existence, qu'elle croyait menacée à tout instant, par
l'influence des moinJres sensations, tout fesait naître
eo elle une terreur panique. Chacun s'empressait clans
sa maison d'adoucir son sort et de lui prodiguer les
plus tendres consolations ; les promenades ne fureut
pas négligées, mais son état maladif ne s'amendait pas;
enfin, le 25 ao1ît , un mois après la dernière perte
utérine, elle eût one nouvelle hémorragie abondante;
et, pendant cet interYalle, un flnx séro-sangnin lége1•
n'avait pas cessé d'avoir lien par la vulve.
�( 45 )
Le premier septembre suivant , elle ressent des douleurs violentes aux reins et au bas-ventre; enfin , les
signes cl' an avortement prochain se manifestent, et
madame Cumrni expuls~, vers le soir , une môle grosse
comme le poing, dont les parois sont épaisses, offrent
la consistance et la couleur d'on placenta , et dont la
surface extérieure est enveloppée d'une couche albumineuse frangéé ( · espèce de toment am ) prêsentant
une foule cle filamens blanchâtres qui se détachent avec
la plus grande facilité. On verte avec des ciseaux, sa
cavité laisse échapper environ deux on trois onces d'une
sérosité sanguinolente, qui n'a aucune odeur particulière. Cette cavité est tapissée par une membrane blanche,
luisante, séreuse, au-dessous de laquelle on voit ramper
des vaisseaux sanguins fort gros, se ramifiant en divers
sens. Sur un des points de cette membrane est attaché
un cordon délié, Mane, avec cle légers renflemens dans
sa longueur, et ce cordon va aboutir à l'ombilic d'an
embryon bien f0 rmé, qui paraît avoir 40 ou 5o jours.
La dame Cucurni garde le lit pendant quelques jours.
L'écoulement cles lochies a lieu comme clans les avortemens ordinaires. Des symptômes d'une fièvre muqueuse
surviennent. Do 2 au 5 septembre, une éruption semblable à celle observée · clans la première maladie 1 se
manifeste; la douleur épigastrique et les palpitations
prennent encore de l'inten~ité. Les moyens les plus
simples sont d'abord employés, mais la malade ne s'en
contente pas, et sur la proposition d'une commère, elle
se fait appliquer snr la tête , préalablement rasée , un
cataplasme très-froid de petite joubarbe, et l'on applique·
en même temps à la plante des pieds une herbe vésic:mle qui pro<lait l'effet des cantharides. Tout cela dans
l'intention de mettre tin aux anomalies nerveuses et
mor~e~ auxquelles elle restait toajoors livrée. Elle ressentit pendant plusieurs jours un froid glacial sur le
,
�( 46)
cdne et nne douleur intense daus la tête. Le froid disparut après l'application de quelques fomentations émollientes, mais le mal de tête persista as:r..:iz long-temps. ( 1)
Mais ce qui prouvera mien:.i. que heauconp de raisonnemens souvent spécieux , l'influence directe et puissante <ln moral su.r lé physique, et peut-~tre de l'imagination .de Ja mère sur son fruit ·, c'est la circonstance
'Singulière qui a précédé l'expulsion de la me,le. La darne
C11curni avait consulté Belion , oracle de Bandol, snr
son état maladif. Celui-ci avait recommandé à la malade de boire soir et matin ' pendant vingt jours <:onsécutifs, une écuelle d'une forte décoction de racines
<le consoude, el avait annoncé avec le ton d'un inspiré,
que vers le vingt-unième joui· jl se passerait chez la
consultante quel.que chose d'extraordinaire. Cette prophétie avait vivement frappé l'imagination <le la dame
Cucurni, et l'impression se fortifiant chaque jour, ée
fut en effet le vingt-unième jour que les douleurs des
(1) Voici un aperçu des symptômP.s qu'éprouvait la dame
Cucurni : ordinairement le mal de tête était précédé par la
~ensation d'une espèce de vapeur ( aurà) brûlante, qui montait de l'estomac, comme d'un foyer arrlent, à la tète, et
donnait lieu en passant au gosie1· à une sorte rle stranf(tÜation.
Alors, me disait la malade, je sens ma tète se gonfler sul>i·
tement, Je S)'nciput clevient très-douloureux, et aetà partent
<les ray-ons de rloul.eur·, qui s'étendent vers les tempes. Il me
semble que le cervean est comprimé vers son centre; que plu·
~ieurs cordes partent de toute sa circonférence et vont aboutir
à ce point, et que qne!qn'un les tire Ioules er>sembles et me
fait éprouver de violentes douleurs clans le trnjet de chacune
d'elles. Dans l'intervalle de ces crises, qui sont plus ou moins
longues, viennent à d~s heures rlijfërentes, surtout vers le soir,
et qui ne sont pas précérlées de frisson sensible, la malade
a seulement un cercle donloureux au front, et son pouls est
développé, lent el régulier. Pendant les crises, le pouls était
lent. petit, concentré, irrégulier; l'imagination, pins exahé.e
'1"e jamais; les idées, sombres; les plus légers symptômes
eveillaient l'idée de la tuort. Cependant la malade n'était p~s
dans le délire. Elle fesait des ra1sonnemens s1>ivis l'l rilpond;nt
av~c précis~on aux questions qu'on lui adressa!t, pot'.rvu toutefo1& que rien ne lui rappelât
sa funeste idée à une mort
prochaine.
·
�( 47 )
lombes se firent sentir, et que la prophétie s'accomplit.
pour -les crédules.
Enfin, le six septembre, tout le corps de la malad6
était recouvert de larges plaques rouges surmontées
d'une infinité tle boutons miliaires. Dès-l<>rs, les paroxysmes furent moins inlenses; le huit, la malade étaie
beaucoup mieux , la fiè-ne avait disparu, et fe pus
permettre quelques alimens, mais les symptômes uerveus
subsistaient et la mélancolie était à son comble.
Des sangsues forent appliquées à l'épigastre. Le petit.
lait• l'eau tle poulet, d'autres tempérans, des anti-spasmodiques , le casloreGm , le mu.se , l'assafœtida sont
tour-à-tour mis en usage; j'y joins les analeptiques.
Cependant la maigreur et la faiblesse cte la malade
augmentent, les paroxysmes nerveux suivent toqjourj
one sorte de périodicité, et je · suis autorisé à ~ tenter
l'effet du quinquina. Les symptômes en sont exaspérés,
de même que par l'emploi de la rhubarbe ; alors i~
m'en tiens aux analeptiques, aux promenades, etc.
L'écoulement séro-sanguin de la vulve, qui était de•
nnn tout-à-fait jaune, fut remplacé, du 16 au 26 septembre, pa_r un. liquide 'Juelquefois blanc ou d'un janœ
foncé, ayant une mauvaise odeur.
Du 12 an 16, madame Cucurni avait été'évacuée avec
la manne . et- l'huile de ricin. Un v.er lombric vivant
fut en.tratné avec les matières j.au.nes évacuées par ha~,
_et c'est le seul qu'elle ait renclu dans le cours de sa
Jongae maladie.
Le 23, la malacl~ avait eu une hémorragie utérine
un peu abondante.
Le 27 septembre, l'appétit revient, mais Je vague des
idées, la crainte constante de la mort persistent, ainsi
que l'écoulement puriforme de la valve , accompagné
de quelques. douleurs dans les lombes et les cuisses. La
malade 1:st fatiguée après le plus léger ex.ercice. Une
�( 48 )
famée hri\lante s'élève fréqnemmcnt de l'estomac ao
gosier; il y a parfois de la fièvre, et si la malade·, qui
se refuse à porter an pessaire, n'avait pas an prolapsm
cle matrice, qui semble rassurer, malgré la natnre de
l'écoulement , les douleurs et les tiraillemens ressentis
dans cet organe, i'aurais craint l'existence d'un ulcère
· à l'utérus, ou du moins les dispositions les plus prochaines
à cette craelle maladie.
Les choses se passent dans cet état, à de petites va.
riations près, jusques an 12 octobre ü~xg, sans qu'aucune
hémorragie n'ait lieu par la ,-ulve. Il arrivait pourtant
que la matière de l'écoulement hal>itnel lle cette partie
était légèrement colorée en rouge pendant deux jours.
Dans cet intervalle des bains d'eau simple furent
employés sans soulagement bien sensible. '
Le 12 octobre, un flux de sang par la vulve se montre
<le nouveau.
Le 13, le flux augmente; il s'y joint des douleurs
lombaires et au bas-ventre.
Le 14, la fièvre se déclare, quoique légère; l'hémorragie devient plus al>ondante encore , et vers le soir,
la malade expulse une nouvelle mble , à peu près sem·
blab!e à la première. La seule différence que j'y observe, c'est que fembryon qu'elle renferme, sans étre
plus petit, est plus mollasse, plns mucilagineux; le
cordon en est plus faible, moins consistant, (1) mais
la t~te, la bouche, les yeux, etc. , les extrémités sonL
fort distincts.
Cette fois-ci, les suites de l'avortement sonl moins
longnes; dès le 16, l'hémorragie a cessé; quelques ali·
· mens sont permis à la malade.
(1) En voulant laver la môle dans l'eall, le cordon se rompit;
l'embryon se divisa en deox portions, se fondit, se dissout en
quelque sorte, Je fais remargner qu'il fallut multiplier les Io·
· tions, ce lle môle étant plus 1mhibée de sang que la p.remièrr,
l'nne et l'aull'e se1·opt soumises à la Société.
·
�( 49)
.Îasqaes au 28 janvier 1820, celte dame est .toujours
dans le mêmê état, tant au physiqoe qu'au moral, c'està-dire, qu'elle éprouve les mêmes vésanies nerveuses : .
la suffocation, les palpitations, un sentiment de strangulation, surtont lorsqu'eJle se couche sar le côté gauche;
les fumées tle chaleur, des douleurs à l'estomac , aox
reins; l'écoulement pari forme, comme fœtide, les mêmes
aberrations morales. ll loi survient à cette époque one
toux fatigante, suivie de l'expectoration cle crachats visqueux. La langue est belle pourtant; il n'y a point de
fièvre. Les selles sont irrégulières, sans dyarrhée. La
nourriture cle la malade est saine et succulente. L'exercice, les distractions ne sont point négligés.
En février , la t~le est on peu plus calme. L'emlJonpoint renaît. En mars, le mieo:t est sensible.
Vers le milieu d'avril, aprês trois mois de suppression, un flux sanguin peo abondant a encore lieu par la
vulve.
"' ~
---.
·
En mai, des symptômes d'une bonne grossesse se
font appercevoir. En juin, le moral est tout-à-fait bien;
le physique se répare. En juillet, la malade a repris
son embonpoint ordinaire; son teint est bon. La palpitation n'a pourtant pas totalement dispai:a. La dame
Cucurni se croit enceinte de six à sept mois, malgré
l'hémorragie d'avril, et le développement de l'abdomen
fait soupçonner qu'elle a raison.
Tel est le précis, peut-être déjà trop étendu, malgré
le soin qoe j'ai mis à être succint, d'une maladie longue et douloureuse, qui semble avoir disparu sans retour, si ce n'est la palpitation, dont la persévérance
fait toujours craindre une lésion organique da cœur.
Le développement des môles dans l'utérus me parait
être la seule cause des phénomènes nerveux que j'ai
observés chéz la dame Cucurni dan$ le cours de sa maladie,
T. X. Juillet 18J5.
?.
�( 5o
r·
Je veu:oc bien croire que la violence et la durée de
certaines passions, que la superstition , une complexion
délicate, une très-grande susceptibilité nerveuse, l'bistérie et beaucoup d'autres affections maladives auxquelles
les femmes sont exposées, portent quelquefois leur influence pernicieuse sur la su:ucture intrme de l'embryou,
lorsque ses premiers rudimens se forment dans, le germe
ou l'œuf qui le contient. Ma.is je ne saurais être <le i•avis
des auteurs qui supposent que l'embryon,. d'ailleurs bien
conformé dans son germe, éprouve des altérations,. dc11
transpositions de parties, quelquefois une sorte de dis.
solnti-On plus ou moins complète, à une époque plus
ou moins éloignée de la copulation, par l'effet de ces
dispositions morbides, d'oh résullent >- selon eux,. les,
monstres el les mGles.
N'aurait-ou pas pris, d.-rns ces cas, reffet: pour Ia
cause? L'embryon., une fois formé, créé, si j'ose m'exprimer ainsi puis d·éraché de l'.:.vaire, se développan!r
et 110n se .formant successivement, da.us la. matrice, par
suite cle l'impulsion vitale qu'il a reçue lors de l'imprégnation, peut-il I'.éellern.ent y. subir des changemens
assez notables, pour que la disposition , l'arrangement
de ses parties, leurs rapports réciproques, tels qu'ils
· existaient déjà dans le moule ou genne., se trouvent
totalement ou en partie intervertis 1 on. pour qoe des
- parties déjà existant~s, soien,t dissoutes, déformées ou
multipliées, au point de déterminer soit la formation d'un
nouvel être monstrueux soit d'une môle, en produisant
nn changement cle configuration, de direction , enfin
en opévant une véritable rétroversion du placenta?
Ce qui avait accrédité cette opinion, c'était, sans.
cloute, parce que jusqu'aujourd'hui, au moins que je sache,
on n'avait tr~uvé dans les môles que de la sérosité, ou
des portions d'em}Jryon, ou enfin des vestige~ de fœtus,
tels que des cheveux , des os , etc. Maia un embryon
�( 5r )
-entier, presentant tons les rudimens d'une org~nisation
<:omplète, ayant pris un certain accroissement au milieu
d•un placenta routé sur lui-même, pour remplacer en
-quelque sorte l'amnios et le chorion, qui semblent manquer, ou avoir été impropres à remplir leurs fonctions,
renverse, je crois, la lhéoeie d'une lésion subséquente de
l'embryon, pour expliquer la formation des mtles , et
m'autorise à faire quelqlles réflexious, présentées avec
candeur et sans aucune prétention, données au reste
pour ce quelles valent, sachant fort bien qu'il eu est
du mystère de la conception comme de tant <l'autres
opérations secrètes de la nature, que l'auteur de toutes
clios€s a voulu tenir cachées sous un roile impénétrable
à l'entendement humain.
Pour bien concevoir la formation des môles et des
monstres, l'infinence des parens sur les en fans, la ressemblance plus ou moins parfaite de ceux-ci avec les
premiers, l'hérédité des maladies, il faut admettre qae
Dieu a doné chaque être organüé tl'une faculté fécon•
dante et réprodactive, mais plus particulièrement chaque
femelle d'11ne faculté vérüahlemt'Jtlt .:réatrice.
Le phénomène admirable de la réproduction, considéré en grand, rious prouve l'exisLence dans chaque
être organisé, de cette faculté précieuse que leur a départie le grand être. Mais chaque individu ne concourt
pas cle la même manière à cet acte imporLant. Les uns
jouissent d'une faculté d'impulsion , de fécondatiou ~ tels
sont les mâles dans chaque espè<:e. Les auLres oui et\
partage one sorte de faculté créatrice : telles sont les
femeHes. Enfin, quelques-nus r.éuuissent en eax-m~mes
ces deux facultés ensembles : tels sont les hennaphrodites et tous les gemrniprires.
La femelle pt'oduit, élabore, crée, par uue sécrétion
dont les ovatres soat chargés , les g13rmes q•1e l'im prégnation doit réveiller, pour <iinsi dire, par une impul-
�( 52 )
sion fécond ante, vitale, qu'elle leur commu nique. Celle
idée d'une sécrétion des germes e~t conforme ' à celle
émise par le D . Jo1irdan, dans l'article germe , da Die.
lionnai re des sciences médicales.
Cela posé, nous pourro ns expliq uer comme nt il peut
y avoir des germes imparf aits 1 monst rueux, ou absoment nuls; nous pourro ns êtahl~r une ligne de démarcation plus fi:s.e ent1·e l'influence de la mère et celle da
père sur l'embr yon; nous verron s en quoi peut consister cette influence.
Une foule de causes physiques et morale s, relatives
à la mère , apport eront des modifications essentielles
dans l'embr yon au momen t de la formation dn germe,
au momen t de sa sécrétion , et c'est alors, sans doute,
que le mari on on objet chéri, dont la mère est coos.tamme nt préocc uppée, peuven t avoir une influence
médiat e sur les germes . Ceux-ci une fois créés ne
peuven t plus recevo ir aucune modification , quant au
moule sur lequel ils sont formés , soit de la part d.u
pt:re, soit de la ,p art de la mère m~me, c'est-à -dire,
qàe rien ne peut plus faire que le bras, le foie, la
ràte, le cerve;l ll, qui existen t en petit clans tel ou tel
germe , manqu ent totalem ent, ni que le bras se déplace
pour aller s'attac her à la cuisse, le foie pour passer
de droite à gauche , ni enfi11 qu'un doigt, qu'un pied,
qu'un œsophage qui manqu ent soient produi ts après coup.
faLtt croire qu'au momen t Olt le Créate nr a formé
l'Univers et les êtres organi sés, il a péaéLré ceux-r.i
de cette force réprod uctive dont nous venons <le parler ,
et a jeté, pour ainsi dire, chaque espèce clans un certain moule, type primor dial sur lequel doivent être ,
moulés généra lement tons les individus qui doivent apparten ir à cette espèce , cl~ to.;ite éternit é par leur création successive. Mais il n'a pas telleme nt astrein t les
êtres qui san t. doués de cet te faculté créatri ce, à celte
n
�( 53 )
règle générale, qu'ils ne pu~sent en dévier par suite
des circonstances physiques on morales au milieu desquelles ils vivront. Ces variations appartienuent à L'indivitlo, et qae l'on me permette cette comparaison ,
qai sans être hien juste, peut-être, rend au moin~ ma
pensée : ld force créatrice e~t au physique ce qu'est le
libre arbitre au moral.
Ainsi la graine, le germe, l'œnf, renfermeront le ·
canevas tout formé cl'em]Jryons complets, ou imparfaits.
Qnelques-uns pourront rnêm!l être nuls, c'est-à-dire,
qu'ils manqueront de toutes les condition~ essentielles
à leor développement, et des parties in tégrantes qui
doivent les constituer; même celles qui leur sont accessoires ne jouiront pas de la faculté dP. croî tre. Qnelquefois ces dernières parties seules réuni ronl les conditions propres à favoriser leur développement : telles
sont les môles, oh l'on ne t.rouve aucun vestige cl'embryon on de fœtus.
D'autres germes seront tronqués ; ceux-là auront en
plus ce que ceux-ci ont en moins. Il y en aura qui
ne recevront qu'une dose mesurée de vitalité, et ne
parviendront qu'à un certain degré de leur accroissement; quelques-ans, enfin , ensuite d'une fausse direction
imprimée aux parties qui doivent les constituer en propre, ou à celles accessoires, qui doivent les accompagner et servir à leur premier développement, se trouverout vicieusement conformés; cle là, toutes les déviation•
d'organes possihles , les piecls-hots, etc., les môles.
Ainsi, la môle de la dame Cucurni appartiendra · à la
classe cles germes dont il est question dans ce dernier
paragraphe, où la fausse direction a été imprimée aux
parties acœssoires de l'emhryon. Car l'on conçoit facileme.> t que par suite de cette mauvai se direction des
vaisseaux sanguins du placen t.a, lors de la formation
du germe, cet organe doit prendre une forme a rrondie,
�( 54)
au lieu de la forme applatie qu'il devait avoir; mais il
'Sera toujours bien difficile d'expliqo er et de comprend ri!
commeut le placenta, déja eu partie développé dan.J
rutérus' sous une forme plate et circulaire ' peut toutà-coup, ensuite de causes inconnues , prendre unaforme ronde, se r<>ulant sur lai-même , pour envelopp er
un embryon , qui éprouve des changeme ns accidentels
dans sa structure , etc.
On voit donc quelle influence peut avoir la mère sur
la conformation de l'embryo n, et comment les monstres,
les môles existent déja dans les germes produits par les
ovaires. On a vu encore comment l'affection vive que
porte la mèr;e à Ùn mari, on â tout autre objet chéri,
peut détermin er l'influence indirecte cle ceux-ci sur
les germes, et sur les ressemblances que les enfaus
peuvent avoir avec les pères ou les autres objets qui
ont profoo<lément frappé, ou préoccup é l'imagination
de la mère On devine eucore comment opère l'influence
de celte dernière sur les dispositions maladives , les
temperam eos, les idiosyncrasies des individus qui lui
doivent la vie.
Actuellem ent je vais parler de l'influence do père au
moment de la copulation. Ici, l'œuf reçoit une sorte
d'impubi oa vitale de la part de la sémence, ou de l'auraseminalis. Mdis cette impqlsion ne se borne pas seulement à éveiller l'action de cette force réproducl ive et
organisat rice qui est déj1t en paissance dans l'œuf, de
ce 1Jis esséntialis, de Wolf, du nims formati1Jcts, de
Blumenba c, à monter cette force sur un certain ton, à
la mettre en jeu; elle exerce encore sur l'embryo n
mou et flexible , très-impr essionnab le , one influence
profonde qui donne lieu aux res&emblances. physique s,
exttrieure s. De ce que l'on ne conçoit pas bien .:eue
action pai·ticuliè re du sperme do mâle sur l'emhryo o,
il n'eu faut pas couclare qu'elle u'ei;.iste pas. Mais celle
�( 55 )
action n'ira jamais à faire an embryon parfait de e~lai
qui ne le sera pas dans le germe, ni à détruire les
premiers lioéameus de l'être complètement formé dao5'
ton moule.
J'ai déjà dit qu'il faut remonter plus haut qu'à l'époque de l'imprégnation , pour expliquer certaines r essemblances physiques de l'enfant avec le père, c'est-àciire, à cette inüueuce indirecte sur la formation première de l'embryon dans le sein de la mère. li faut
encore ·se reporter à des causes subséquentes,. telles
qu'a l'étlucation familière et domestique, aux habitudes
des, enfans auprès de leurs parens' a la puissance de
l'imitation, etc., pour se rendre raison des ressemblance•
c1e caraclè.re, de mœurs, et m~me d'attitude extérieure
du corps, comme la marche, la voix , etc.
L'influence de la mère s'étend }Jeancoup plus loin
que l'a première époque de la formation du germe dans
l'ovaire. Personne ne peut ignorer les effets immédiat•
cle la nourriture , cles passions , des habitudes, des oeca pa tions journalières de la mère sur ses propres· ni:t.
meurs, et par conséquent les résultats que ces cireon~
tances diverses peuvent avoir sur le germe d'aborJ,
puis sur la nourriture de l'embryon, sur celle de l'enfant , et enfin sur l'éducation de celai-ci.
·
Cette idée d'une faculté créatrice inhérente aux être~
cloués de la vie, aggrandit celle que l'on doit se faire
de la puissance de Dieu, et explique comment les gemmipares remplacent les parties qu'gn leur a soustraites,
ou se· reno-aveUent par bouture; elle nous fait aussi
mieux concevoir le pouvoir q.u 'a l'homme de créer cfe
nouvelles espèces par la culture : telles sont les fleurs
doubles, ·etc. ou p,r le mélange des races : tels sont
les mulets.
Si , chaque jonr, l'acte admirable de la création ne
se renouvelait pas 1 en verta. de celle faculté, on ver..
�( 56 )
rait toujours an ~rain ch• blé, ne donner que le ~ême
11ombre de grains dans l'épi qu'il produit; chaque es·.
pè< e 11e ferait jamais qu'on nombre déterminé de petitsi
enfin la nature serait soumise a une sorte d'uniformité
que dement la contemplation de ce qui se passe sur
celle terre , et sProit restreinte dans un cercle étroit
·de dimt>osions, ile nombres, de types absolumen t sem.
hlahles, qui supposerait des bornes dans la puissance
de celui qui n'en peut avoir.
Mais cette faculté créatrice n'a pas été donnée aux
corps organisés au moment même de leur naissance.
Il fout, pour en jouir, qu'ils aient déjà acquis un cer.
tain degré de consistance et d'accroisse ment,. et j'en
tire un nouvel argument en faveur de l'opinion oh je
suis qlle les germes ne sont formés que par une espèce
de sécrétion, lorsque l'organe qui duit opérer cette fonc·
tion essentielle est parvf'nn au degré de développement et
de perfection convenable s; ce qui rend raison encore
de la stérilité chez la femme' dans les cas oh les onires
existent, mais ne possèdent pas les conditions requises,
et de la possibilité qu'il y ait des femelles, comme celle5
de certains oiseaux , qui pondent en l'absence des mâles.
Si l'-on adopte cette opinion , enfin , il n'est pas néces~aire d'avoir recours à one création uniquè et eriginaire, comme le pensait Sennebier, ni an système ab&nrde tle l'emhoîtPm ent, pour expliquer la préexistence
du germe à la cop11lation, et pour admettre le système
de l'évolution, ÎJeaucoup plus probable que celai de
l'épigénèse, ou du mélange des semences, on celai de
Buffon, ou encore celai des animalcules.
4.m• Cas. --- Le 5 mars 1820, la femme dn sienr Rey,
cnltirnteo r' âgée de 3o ans, bien constituée, met ail
momle un enfant à terme, de sexe mâlP, petit, maigre.
La sage-femme le visite et ne lui trouve point d'anas.
Le même ]oor, M. Masson, officier de ioanlé, est appelé.
�( 57 )
n
désire qne l'on me consulte et laisse entrevoir qn'i1
faudra faire nue incision. Les parens ont une répugnance.
extrême pour celle opération et négligent l'enfant
pendant deux jours. Cependant tous les symptômes de,.
l'inflammation <lu bas-ventre se développent. M. JJ1asson
est <le nouveau mandé, ainsi <1ue M. Ri gord et mci.
Quoiqu'ancnne fluctuation, aucun signe n'anuoncent bien
positivement que le rectum descende jusques au liet1
ordinaire , et que le succès de cette petite opération
nous parainse dès-lars très-incertain, l'inci~ion cruciale
est pratiqnée par M. Masson, aiusi que les règles .àa..
l'art le prescrivent. C'est en vain ; le doigt indicateur
introduit dans l:i plaie ne peut atteindre l'exll·émité de
}'intestin. Alor4 il est proposé aux parens d'établir un
anns artificiel, selon le procédé suivi en pareil cas. Le
père et la mère s'y opposent obstinément.
L'enfant succomlJa à l'inflammation abdominale, le 7
mars, pemlaot la nuit.
L'autopsie fut faite le lendemain. Tous les viscères
du bas-ventre présentèrent des traces de l'inflammation
la plus aiguë. L'intestin colon n'était point distendu ,
mais le rectum plus court que dans les cas ordinaires,
déjeté un peu à droite vers son extrémité inférieure,
était très-tlistenclu par le meconium qui s'y était accu·
mulé, et se terminait par un cul de sac , dont le dia ...
mètre allait en diminuant considérahlement, au poin&
que le bout n'en était pas pins gros que le canon d'une
plume à écrire et avait en cet endroit la consistance
d'un cartilage; quelques rides longitudinales, plus mar.
quées ;ntérieurement, descendaient, en convergeant, jusques à la petite extrémité clu.. rectum, qui ne descendait
qu'à un pouce et demi an dessus du raphé, et ne pré.sentait aucune apparence de sphincter, ni aucune ouTerture.
8
T. X. Juillet 1825.
�( r;a )
5.rn• Ca!J, -- Invité à me rendre à l'Hôtel-Diea: dt;
ceue ville, le 26 avril 1819, j'y trouvai mes collè~ues,
qui, comme moi 1 avaient été appelés :rn sujet <l'une
jeuDe femme de 28 à 3o ans, robuste, gr.mde, lrèsgrassc , qu'une hémorragie utérine considéra])le venait
de faire périr. Elle était enceinte de neLif mois en11iron.
L'opération césarienne fut aussitôt pratiquée. L'enfant,
assez gros pour faire présume~· qu'il ~tait de terme,
d'une couleur vio.!ette ,. 11e donna aucun signe de vie,
malgré les soins qui lui forent prodigués. Le placenta,
fort gros, détaché vers un point de sa circonférence,
couvrait entièrement l'orifice de la matrice et avait
pris son insertion tout autour du col de cet organe•
.~ous ue cherchùmes pas d';iu Lres causes de l'hémorragie
et <le la mort <le celte malheureuse.
La sage-femme qui avait été cha11gée de cet acco11~
ehement, nous dit que ce~te femme a'•ait depuis quinze
jours, une perte de sang , qu'aecompag11aient <les signes d'un accouchement procllJiu. Elle se horoa à lui
Elonner quelqnes conseils, et l'hém0rragic parut diminaer~
.mais elle augmenta le 24 avril, et celte femme ayant
lavé du linge à la rivière, le 25, le lenaemain au matin,
;i6, le sang coula si abondamment en peu de temps.,
que la malheureuse expira. Celui de nos collègues qai
av<l.it été appelé quelque temps avant, n'avait pu procéder à l'accouchement.
Un placenta attaché à l'orifice de la matriee n'est
pas un fait bien ex..traordinaire;. né<lnmoins i.I rie se
rencontre pas fréquemment dans la pratique. Je n'en
fais mention ici que pour. donner une idée de f:.. manière
dont la partie des ' accouch~meos est exercée p~r les
sages-femmes dans IP.s camp11goes. L'impéritie de ces
n'l.'.ltrones est quelquefois si grande, que dans des cas
extrêmement sim-p les, elles agissent en sens opposé des
vrincipes les plus clairs et le11 plus naturels. Enfin,
�( 59 )
mitr1autres cas, j'ni ,été appelé plusieurs fois dans lei
villages circonvoi:sins, pour faire l'extr'.tction d'on placenta qui entretenait une hémorn1gie dangereuse çlèpais dea.s: ou trois jours, anque1 on n'osait pas toucher
et qui se trouvait cependant entiè1·ement déta.ché, 011
très-légèrement adhérent par qnelqnes-uns de ses points,
cle telle sorte qu'il aurait fallu employer de bien légères tractions pour en opérer la sortie.
6.m• Cas. - Celle réflexion me rappelle que je fus ap..:
pelé chez le sieur Grimauct, ménager d'.-\.uriol, dix-huit
heures après· l'accouchemeot de sa femme, pour faire
une semblable extraction. Je vais eu parler 1 à c.ause des
particularités que présenta ce placenta.
Lorsque j'arrivai, l'accooehée 1 âgée de 45 ans, d'une
eonstitaLion très-délicate, qui, depuis 7 ans, n'avait plus
été grosse, était dans un étal de prostration extrême. Sa
voix était très-affaiblie , son pouls misérable. On loi
fesait prendre depuis le .matin quelques cuillerées d'une
potion tonique.
En visitant la malade, je fus d'abord surpris de trom-er
dans le yagin no corps qui était encore en partie engagé
dans la matrice, et qui n'avait pa, la forme d'un pla.
centa ordinaire. J'hésitai un instant poor l'mnener auclehors , ma;s en me dirigeant sur le cordon, je me convainquis bientôt que je pouvais l'extraire S3DS crainte.
Ce qui fut exécute avec la plus grande facilité; car
lii faib !e;-;e seule de la malade 1 et l'état d'inertie Ott
était tombé l'u t~rus pouvaient empêcher l'expulsioil
naturelle de ce corps devenu étranger.
Voici les dimensions et la forme de ce phcenta,
examiné en présence de M. le médecin d'Auriol ;
arrondi sur· ses <leux bords les plus longs, trèsépais dans route son étendue, il représentait one espèce
<l'ovoïde allongé, légcremeot a pplati sur Jeux. faces.
Sa plus grande lougueur était Je six pouces et ùemis;
�( 60)
largeur, excepté vers les extrémités qui étaient
ntrécies et arrondies' ét.'.lit de 3 ponces à peu près;
sa moindre épaisseur était d'un ponce et quelques
lignes. On remarqu;1it vers son milieu et dans le sens
de la longueur, deux haades larges d'un demi-ponce
environ, séparées par une rainure peu profonde. Sur chaque bord latéral , une pareille haude était séparée des
antres par une semhlahle rainure, de sorte qu'on aurait
dit que ce placenta , qui présentait pins d'un pouce et
demi d'épaisseur, dans ses points correspondans aux bandes, avait été replié sur lui-même, de manière à former
quatre plis ou reofle111ens. Son parenchyme était molasse
et Pogorgé d'un sang très-noir.
Lé cordon, très-petit, était implanté snr le milieu de
l'un des bonls latéraux <le ce placenta, et l'enfant excessivement maigre, ayant la figure ridée d'un vieillard,
'Vivait encore pourtant 20 heures après sa naissance. (Il
mourut quelques heures après ).
Gelle conformation vicieatie de l'arrière-faix permet
cle penser que la fe·mme Grimaud ne pouvait pas porter,
son enfant à terme. Il est même surprenant qu'elle a.iç
pu le conserver jusques à sept mois et quelques jours ,
car il ~st difficile de concevoir comment le fœtns poavuit recevoir une nonrriture suffisante, le placenta présentant une si petite surface, et ne pouvant guètes d'ailleurs se prêter à l'exlensÎQn progressive de l'utérus, d'oh
(.levaient résulter son décollement, l'hémorragie et l'avortement. Si tontes ces circonstances n'ont eu lieu que tard,
-c'est parce que le fœtns, prenant peu d'ai.:croissemen~
lui-même, la distension de la matrice n'était pas assez
considérable et s'opérait avec lenlenr.
Comme qu'il en soit, je crois pouvoir placer cette_
espèce de nn~fiement du placenta au rang des ca11~e
naturelles et inévitables cle l'avortement.
Je ferai observer que la femme Grimaud avait eu une
s:i.
�( 6I )
grossess.e pénible, pendant tout le temps de laquelle elle
avait resseati des douleurs sonrc{es et continuelles dans
les reins et dans la matrice. Immédiatem ent après l'extraction de l'arrière-faix , elle se trouva beaucoup mie.ux.
et les soins entendus de M. le médecin d'Auriol suffirent
ponr la rétablir entièrement en peu de jours.
Paisqne j'ai parlé de l'ignorance de nos sages-femmes;
je ne venx pas terminer ce mémoire, au risque d'être
trop long et trop ennuyeux, sans citer encore denx o]Jsel'•
valions qui en seront une nouvelle preuve.
Le 25 mai i820, je fns appelé à St.-Zacbarie , ponr
terminer l'accoucheme nt de la femme du sieur Dol, âgée
de 28 ans, robuste, enceinte pour la . quatrième fois.
L'enfant s'ét:iit .préseuté par nn bras. La sage-femme avait
&ercé sur celle extrémité des tractions si fortes , qu'elle
ne tenait plus an reste du corps que par quelques lambeaux de peau, et qu'une partie de l'épaule et da côté
de la poitrine était engagée dans le Tagin. Je jugeai qne
l'enfant était mort depuis quelque temps. Ce ne .fut pas
sans beaucoup de peine, que, repoussant un peu l'enfa.nt1
j'en allai chercher les pieds , et que je délivrai celle pan~
''re femme, qui allait presqu'expire r lorsque j'arrivai auprès tl'elle. Il y avait plus de soixante heures qu'elle était
dans cette cruelle et dangereuse situation. Quelques jours
après,, j'appris qu'elle était parfaitement rétablie.
Daus l'espace de plusieurs années de pratique, j'ai
rencontré beaucoup de cas , tous à peu près semblaLles
à celui-là, . et deux fois le bras avait éLé fractnré par. les.
efforts de la matrôae.
Le 23 juin, même année, on m'appelle encore à St.-Za- • ·
rl1arie, auprès de l'épouse du sieur .. , dit 111aou lava, âgée
de 22 ans, fortement constituée, tempérament sanguin,
taille petite, laquelle était en travail d'en font depuis plus
de trois jours. L'enfant se présentait par la tête et bien.
Il est proh<1:Ule qu'à. iieine la sage-femme put atteind_re
�( 62 )
cette parlie, elle pratiqo a des manœu'\'I'es violentes dan~
le v~.gin' ainsi que la plupart d'enlr'e lles sont dans ru:
~age de le faire, croyan t, sans doute, hâter l'accoac
bement. Précisé ment le contrai re arriv«, et l'on sent bien
'pourqani. Ce ne fut que très-len temeut que la tête se
présent a à la hauteur d'un travers de doigt au-dessus de
la vulve ; mais alors l'irritat ion du v:igiu était si grande,
le gouflcmcnt des ~!=!S lèvres si extraor dinaire , c:iue
les efforts de la nature dèvP.-aai~nt infruct ueux, et q'ue
l'accouc hement ne pouvait plus s'opére r que par le secours
dn forceps, l'enfant , d'ailleu rs, étant mort probablement
depuis pl!ls de trente-s ix heures, lorsque j'arriva i, puis-.
que l'épider me se détacha it pariout et que l'odeur fétide
qui s'exhala du vagin, après son extracti on, était insupportabl e et faillit foire évanou ir un des assistans.
J'éprou vai quelques difficultés pour termine r l'accouchemen t. Cepend ant je n'eus a-agir avec le forceps que
sur la tête de l'enfant . Le placent a sortit sans ollstacle et
je partis, aprè~ avoir recomm andé la diète, on tra.itement anti-ph logistiq oe et les antres moyens convenables.
Le 23 juillet, cette malheureuse femme vint me consulter sur l'étal déplora ble oi1 elle était réduite . Elle
m'appr it que depuis ma visite elle avait ressenti des douleurs vives dans le fond du vagin; qu'il en était sorti
tout-à-c onp, qnelqoes jours aprè3, une grande quantité
de pus; que M. le chirurg ien du lieu lui avait fait prendre
le q~inquina et s'en était servi pour des injectio ns, la
gangrèn e étant survenu e clans cette partie; qu'ensuite le&
· matière s fécales sortaien t par cette voie et cessèrent
pen à peu de pa5ser par l'anus; enfin, qu'outr e cette incommodité très-dég oûtante , elle avait encore celle de ne
pouvoir maîtrise r ses urines.
Eu explora nt les parties malade s, voici ce qu'on observe:
~i l'on introdu it le doigt indicate ur dans le rectum
, on
déplisse cet intestin , que l'on voit blanc/tir dans le vagin,
�( 65 )
ronge~tre , très-mince~
qni tapisse le dernier conduit. Arrivé à la hauteur de
qa.itre travas de c!o'.gts enviro~, on troa;e une. ou~er.tar?
ronde, oit pa•se aise ment le doigt, que 1on fan arns1 penétrer dans le vagin, en l'inclinant un peu d'arrière en
avant et légèrement de haut en bas.
Ensuite en intmduisant le doigt dans le vagin, qui est
retrécÏ dans toute sa longu~ur, mais beaucoup plus supérieurement qu'iaférieurement, on rencontre à pP.u près il
la hauteur de qnalre travers Ùt> doigts el demis, uue espèce
de cul de sac, de bride, po;térieuremP11t, et c'est m1 pe11
en dP.ssous que oe trouve l'orifice antérieur de l'ouverture fistuleuse du· rectum. Enfin, en portant le <toigt à six:
)igues environ .iu-clessas de CPt 01·ifice, et en le courbant
na peu d' .irrière en avant, on reconnaît le museau de
tanche. La matrice est adhérente, bridée, indinée ea
arrière, vers l'endroit du cul de sac, dans la partie pos-térieure du museau cle tarrche.
JI sort habituellement beau-coup de vents Pt avec clonleur par la fistule' et lorsque le besoin <l'a.lier a la garderobe se fait sentir, c'est après de grands efforts et qaelc1uès douleurs, que la malade expulse par le vagin des
matières presque toujours très-endurcies.
Celle affreuse maladie, résultat d'an abcès .qui a snccédû à la violente inflammation provoqa:ée par les manœuvres imprudentes de la s.:ige-femllle, me paraissant
presque tput·à-fait a~1-dess.us des ressources de l'art, mais
exigea ut, selon moi. une opératiuG très-dispendieuse, en
cas qu'il soit possible cle la tenter·, j'ai engagé le~ parens
à faire des démarches ponr faire recevoir la lmalacle à
l'hôpital de Marseille. J'ignore si elle y a été admise •
à travers la membrane maquease
...,_..,,,,,,.._,,...._,__,....~...,,,,.......,,..........,,_....,,,.........,,,........,.,..,.. .,,,,,,.._,..~....-...
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ PENDAl'iT LE MOIS DE JUIN
1825.
4 Juin. --- M. le D. Pointe, correspondant à Lyon, fait hommage d'un exemplaire de .l'éloge de Janin, etc., qu'il vient de,
pubiier. ( Dépôt clans les archives. )
l\I. Sigaud fait une lecture relative à la deuxième édition du.
formulaire pratique des Hôpitaux de Paris, par M. Ratier.
La séance est 'l.llStJite employée aux conférences cliniques-.
18 .l1.1iti. -- La Société de Bienfaisance de Marseille adresse
plusieurs ex€'mplaires de son compte renœt1 pendant l'exercice
~824. ( Dépôt dam les· archivei;.)
�( 64)
M. Seisron, méclecin à Marseille, fait l1ommage cle la cîi5seT•
tation q11' il a son tenue à l'école de Montpellier, ayant pour
titre :aperçupl';)'"siologique sur la phtliysie pulmonail'e ,.et témoigne•
le dé~ir d'appartenir à la Société en qualité de membre associé
résidant. M. J:i'Lory est chargé de faire un rapport sur la thèse
de M. Seissan dont la demande est favorablement accueillie.
M. Laq1terbe , médecin à Paris, adresse une observation inti•
tulée : a11é1'1'isme de l'aorte thora cique, h,ype1·t1·opkie du ventr·icule
gauche "" cœur, emph;rséme d1t poumon gat1che, g1·artulatio11s miliaires cl ld1,atisntio1t l'ouge du pownOJ• droit , pour obtenir le
titre de membre conesponclant. La demande <le ce médecin
est prise en considération et Son observation fixera l'attention
-de la compagnie clans une séance ultérieure.
M. Gillet lit un rapport sur la deuxième édition de l'onvrall'e
de M. Rostan, médecin de la Salpetrière, portant pour titre:
recl1erdies ..,,,. le r·ailiollissenzent du cerveau.
M. l!'ouillot, membre associé resiclant, donne leclnre <le deux
()bsen•ations: la première est relative à une grenouillette accir ,
dentelle. La seconde est nn cas de fracture de la malléole interne, p1·od11ite par perC11s.,:on dire,:té. Ces deux faits .orft fourni
à l\'l. Fouillot des réfiections judicieuses qui ont obtenu l'approbation de la Société.
La séance est terminée par le scrutin de M. Fouillat, qui esl
reçu à l'unanimité membre titulaire.
SEUx, Pré.çident.
SuE, Secrêtafre-général,
RÉSULTAT des observations météorologiques faites
l'Observatoire royal de Nl<trseille pendant les mois dé
Mars.
f plus grancle élév. 769
moindre.
752
Barom.
moyenne.
76r
Thermo.
grande élév.
tp-lusmoindre,
,40
moyenne.
9
Anéll)om. .• .......•.•.• -s o et l'IN o.
pins grande élév. It5
80
moindre.
1-Iygrom.
90,5
moyenne.
I
pl nie.
6
très-converts.
'5
nuageux.
Nombre
18
sereins.
de
0
brouillard.
Joun de
I
gros vent.
0
i;elée.
t
l
Avril.
768
749
750
20,9
IO
•4
SS
o.
u3
75
98
Mai.
Juin.
765,r4
747,€>8
756,u
763
75!>
759
z5
IO
i3
SE·
117
70
96
0
:z
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0
I:I.
2~
1 .
20
N.
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i8
0
0
0
0
0
0
a
�( 65 )
P lt E M 1 È R E
OBSERV A.TIONS
DE
P A. ll T 1 E.
MÉDECINE-PRATIQUE.
d'une tumeitr enl:ystée de la mamelle gauc!ie
présent,mt les caractères du fongus hématodes; par !If.
REYMONET, D.-M., membre de La Société royale de médecine de Marseille.
ExTTRPATION
M.m• Cayol, âgée de so'ixante-sept ans, d'une constitution assez h<mue, qaoiqu'atteinte d'un catharre chronique,
portait one tumeur qai comprenait tout le sein gauche
et qui avait augmenté par gradation jusqu'au volnme
d'un œuf <l'autru,·he. Elle était le résultat d'un coup
reçu à cette partie quatre ans auparavant, son développement datait de ccLte époqne ainsi que des doaleurg
lancinantes qai ne durèrent qne pendant les six premiers
mois. L'affection commença par une glande roulante audessous da mamelon. La peau qllÎ la recouvrait était
ecchymosée, de couleur ros'!cée et d'an rougP. noir dans
· qaelques poi11ts de sa surface , le mamelon effacé, le
reste du sein bosselé et parcourn par des veines dil<1tées,
sa pesanteur égale à celle (lu cancer; le tissu cellulaire
ambiant paraissait emlurci et dans un état pathologique,
no seul des signes du cancer manquait: les douleurs
laacinaotes qoi contre l'ordre cles choses arnient cessé
pendant les progrès rapides de la maladie, mais ce qui
pouvait en expliquer l'absence, c'est qne la tumeur était
présumée appa rteuir :m fongus hém:1to<les ,et, comme on
le sait, l\n<lolence c;:iractérise as:,ez ce gC'nre de lé,,ion
orgauiqae qunn1l surtout elle est parvenue au degré de
r;imollissemcnt. Tont co ucourait, <l'ailleurs , à accréditer
9
T. X. Auiit i8:.5.
�( 66 )
cette erreur: les causes, Je siége, la marche, les symptômes , leur succes iion, l'aspect ph)'sique et plus encore
cette sensation d'élasticité à la portiou de ]a tumeur
n,ne recouvrait un réseau vasculaire, seusa.tion qui différait esse ut iellemeat de celle proclui Le par la fluctuation
et qne donne au Loucher la présence d'un corps erectile,
spongieux, qui cède et revient du moment que la pression cesse. Ces caractères avaient été appréciés par la
plu part des gens de l'art consultés auparavant; ce qui.
airait fait dire anx uns tle procéder le plutôt possible
à l'opération avant que la peau ne s'ulcérât, et de prévenir par ce m oyen les .hémorragies mortelles qui s'en
suivent, tandis qne d'autres plus timides et plus prucleus avaient conseill é à la malade un régime doux, une
lie tranquille et la résignation. Fidèle au précepte <le
Celse, je crus devoir me rauget· du côté de cenx qui
opinaient pour l'opération ; comme Lous les médecins
qui avaient exploré l'état de la tumeur, je partageai
leur croyauce, je crus au fongus hématodes, j'entrevis
pour la malade de lo11gues souffrances et une mort
certaine, je lni fis part <le mes craintes, de l'espoir que
me laissait l'opération et je la décidai.
Opération. - · Le 5 j nin r I 825' après l'avoir préparée
par qu elqnes jours de régime et de repos, je cernai
la tumeur par deux incisions semi-ell iptiques qui s'étendaient du sternum au crenx de l'aisse lle da ns la direction
olJlique des fibres du muscle graatl pec toral, elles fu_
rer.t pratiqnées un pouce :m delà, eu haut et en bas, de
la saillie formée p a r la mamelle de m1;uière à ne pas
être exposé L1 opérer sur des tissus malades, je la détacl1ai dn muscle sous-jacent en anticipant même sur ses
fihrcs qui a1•aie11t contracté des adlicrences a1·ec elle.
Le nombre de vuisseaux à lier ainbi qm~ lea1· caliJlre
furent ordinaires; j'en fus fra r pé, Cdr je m'attendais à
trouver des vai, se aux uomht·eux et tlilutés pour nourrir
nue tumeur de ce vuiume et d'une telle nature. Le tissll
�( 67 )
graisseux aréolaire était sain, j'en nng11rai nne prompte
guérison, il s'agissait seulement d'obtenir une . cicatrice
solide et rapide par l,1 réanion immédiate; mais la pel'te
cle substance était considérable, j'y parviti> en étahfusant d'un ponce de distance à l'antre des points cle sature entrecoupée. L'écartement dPs l>ords, qlli é! ait a.u
moins de sept a huit ponces, fut réduit par ce procédé
en une plaie liuéair.! ohliqne tle has en k10t de la région sternale moyenne an creux de l'aisselle. L'extensil>ilité de la peau permit cet exact r11pprochement des
lèvres sans avoir à redouter le gonflement. Des handeletles agt;lutinatives, un gâte<rn de charpie, dPs corn1•resses longuetles et an bandage composaient l'appareil.
Le v1·emier pansement eut lieu quatre jours après;
la réunion était presqne complette; il fut répété emuiLe
tous les deux ou trois jours selon la <p1antité de pus sécrété. Neuf ont suffi pour ohtenir une cicatrice solide
.cn 28 jours sans qae rien ne soit ' 'enu en eutraver la
marche. Les points de suture s'éta11l relâchés, 011t été
coupés vers le 12m•. alors que cles adhéreoces solides ne
permettaient plus 'àux parois repportées de se décoller.
Examen de la tumeur. - La tumeur avait pertlu la
teiate rouge, l'Îolacée , qu'elle avait avant l'opération ;
incisée crucic1lement, il s'échappa , en jaillissant avec ·
force, une quantité de sérosité l>runàtre évaluée approximativement à dix onces. Le kiste qui la contenait était
formé par une membrane très-forte IJ.Ol avait la texture
d'une séreuse, mais beaucoup pins deuse et parsemée
de granulations; ce k y 5te adhérait fortement il la graisse
environnante , cette dernière avait été ·comprimée i1 un
tel point par l'acoumnlation clu liqnide et l'extension
du. sac, que ses cellules eomplettement effacées constituaiel!_t un feutrage de ce tissu qui en avait imposé au
tact pour de la substance lar<lacée. Divers poiuts d1.1
sac étaient endurcis et de consistance demi-cartilagineuse.
La glande mammaire déviée à droite et presque atro-
�( 68 )
pbiée, était sa1v1e de quelques tubercules qui se pro.
lo11gaient vers l'ai~seUe.
Réflexions ...... 1." Des douleurs lancinantes au début
1
de l'indolen..:e ensuite, la teinte rosée et <l'an rouge
noir sur certains points de fa tumeur, dépendante <le
l'iojection d'tm ré~eau capillaire, l'inégalité <le sa surface, sa pesanteur spécifiy:ue , son mode de développelUent, le lieu qu'elle occupait, la présence d'un liquide
contenu clans un sac ré.si5lant, offrant la sensation d'un
corps spongieux renfermé sous la peau, di> plûs l'aspect
commun aux tumeurs des mamelles, tels que l'effacement du mamelon , les varices des veines fiexneuses qui
parcourent ces organes, tl es glandes et des tissus parais~ant endu~cii;, ne sont-ils pas des caractères propres
à faire confondre cette dégénérescence organique avec
le fongus hrimato<les ? ...•
2. " L'opénllion u'aurait-elle pas été indiquée lors même
que l'existence du kyste aurait été reconnue avant? ..•
Pouvait-on sans chnger exposer une femme de soixante.
sept ans, un pen valétudinaire, aux résultats de l'ouverturedu sac, c'est-à-dire, à son inflammation par l'accès
de l'air, par le tamponnement ou par des caustiques
même, à la suppuration ahondante qui aurait été la suite
d'une cicatrice intermiuahle? La transformati'on caucé.
reuse ne pouvait-elle pas succéder aux granulations et
à l'épaississement calleux d'une portion du sac; si on
eut cherché à les enflammer par <les irritans?
3." L'opération pratiquée selon les règles ,et avec les
précautions qu'elles prescrivent après, nne cicatrice solide et prompte ohtenue par la suture entrecoupée ont
épargné sans dotlle des douleurs tout aussi vives et de
plus longue durée. En pareil cas, l'extirpation ne méJ'iterait-elle pas la préférence sur l'inci:.ion du kyste
et les procédés doulonreux qu'elle entraîne? Ces qnestio ns en fa v1mr de l'extirpation semblent résolue , alors
même que le succès ne l'aurait point couronnée.
�( 69 )
T R0 I SI È ME
P A R T 1 E.
LITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES Sl:IENTIFIQUES,
MELANGES, ETC.
1.°
AN.~LYSE
D'OUVRAGES
IMPRIMÉS.
ou d;scription avec figures coloriées de tous les oiseaux qui habitent constamment la
Pro1>ence ozi qui n'.r sont que de passage; suivie d'un
abré0é des chasses, de quelques instructions de Taxidemiie et d'itne table des noms vulgaires; par Polydore
Roux, conservateur du cabinet d'histoire naturelle.
( 2.•, 3.• et 4_.e livraisons, in 4.°, de 8 pages la :;i.eme,
de 16 pages la 3.• et de 23 piïges la 4.• avec 25 planches, Marseille 18~5. )
ORNITHOLOGIE PROVENÇALE'
Nous avons dû attendre la publication de la 4.• livraison
avant de rendre compte des deux précédentes, afin de
présenter à la fois une analyse de tons les détails relatifs
à l'introduction de cet important ouvrage.
M. P. Roux commence par jeter un coup - d'œil rapide sur la topographie de la Provence et fait sentir
que par cela même que le sol et le climat y sont trèsvariés , il n'e~t p"as étonnant que l'on rencontre une
grande diversité d'animaux, et non seulement presque
tons les oiseaux des autres parties de la France, mais
encore un bon uornbra d'espèces qui ne se voyent point
dans les- autres départemens, ou qui ne s'y montrent
qu'accidentellernent et comme égarés. L'auteur signale
ensuite les oiseaux dont le nombre augmente ou diminue
�( 70 )
selon les saison' et examine les points snivans : la nature
des oiseaux; le11r organisation intérieure et extérieure;
leurs sens et leurs facultés ; leur chant; lectr nourriture;
leur généra!ion; leur ponte el leurs migrations.
Rien de plus intéressant que les considérations sacces.
sivement exposées ici. No us regretlons beaucoup de ne
pouvoir eu do!lner qu'un e très-f"ihle idée. La physiologie
des oi ~ea ax nous apprend qo'i ls cloi veut ii lrnr organisatioD
leur agi lité et 1a fa ci lité qu'ils onl cle se sou•tn1ire , en fr a a.
chissant les espaces, aux pièges qui leur ~ont tendus; ils
ont le sens de la vue e:s.quis, celui de l'odorat et de l'oaie
fort sensibles; mais ceux clu goût et du tact n'ont chez eux
pas beancou p d'extension. li es t à ol»ervt>r qne leur cerveau
surpasse par sa grandeur pr oportionnelle celui des autres
animaux. Aussi, sont-ils en général assez intelligens. Leur
chant ou leur ram age n e doit pas être confondu 3\'ec
leurs crjs d'appel. Leur nourriture se compose pour les
nns. cle substances animales , p nur les autres de végétau:1:;
il en est qui se nourri ssent in,distinctemen t de chair et de
plantes, et c'est Je la forme du bec surtout que dépend
le régime qu'ils sont obligés de tenir. Ici, l'auteur passe
en revue les cantivores , les reptilivores , les vermivores, les insectivores, les piscivores, 1esfr11gi"ores, Tes
melli.rngrs , les baccivores, les écorceurs de graines , les
trilltrateurs granivores, les herbivores et frugivores, enfin
les omnivores.
L'auteur· parle ensuite des facultés génératives des oiseaux, voici comment il s'exprime: «l'accouplement ne
se fait que d'oue seule manière ; la femelle reçoit le mâle
sur son <los en r elevant la queue. La copolatioo est très.
prompte et a lieu par la seule justa-position ~le; anus.
Cependant les canards et quelqnes espèces de palmipèdes
ont one verge creusée en sillo11, le long de laquelle s'écoule la liqueur prolifique qni va féconder les œuf;, et
il y a chez eux. une véritable intromission. )) Le printemps
�•
. ( 7I
)
est poar les oiseaux l'époque des amonrs. Il en est de polygames toujours disposés à de nouvelles amours, ce qai
· les rend emportès et jaloux , les monogames ont des
mœllrs pins douces, s'attachent à leur compagne qui
les paie de retour. Il faut lire ici les détails consacré3 à
l'œuvre et au résultat <le la réproduction , chez les dif.•
férentes espèces d'oiseaux ; à leur ponte, à leur émigration. On peut dire qae si l'ornithologie prête beaacoap ,
quant a l'intêrét de la description , M. lloux a s~ ajoatel'
à cet intérêt par un style par, fleuri et l>ien ad;ipté à son
su jet.
Il consacre ensuite six pages à l'explication de quelques termes d'ornithologie dont on se sert pour désigner
direrses parties exLéric~res du corps des oiseaux, et
liait par l'explication d'une planclie représentant le squeleue d'un bec croisé.
La 2.e livraison renferme huit planches qni représentent l'Alouelle calandrelle, Alanda arenaria; la Mésange
bleue, Parus cœruleus; !'Oie d'Egypte, Anser varitts(mâle);
le Torcol proprement dit, Yunx to"Jnilla; le Picchion
de muraille , Petrodroma muraria ( mâle ) ; le gros ])ec
proprement dit , Cocothraustes vulgaris ( mâle ) ; I' Alqne
pingouin, Alca torda ( 1.0 le mâle en plumage d'hiver,
0
2. tète clu jeune de grandeur naturelle ); le Rollier
proprement dit, Galgulus garrulus ( mâle ).
Les huit planches que l'on compte dans la 3.• livraison
représentent le Ganga cala, Anas cata ( mâle adulte ) ;.
la Mouette rieuse, Larus ridibundus ( 1. 0 le mâle en robe
de noces, 2. têle do même passant au plum;,ge d'été),
le Martin-pécheur proprement llit, Afredo iopida (mâle);
le Troglodyte d'Europe, Troglodytes Europea; le Phénicoptère flamman t, Phœ11.icopterus mber ( mtile adulte ; le
Coulicoa noir t:t Mane, Coctysus pisa1111s ( mâle adulte);
la Chouette effraie , Strix flammes ( très-jeune, dans Io
Die!); le Pygarque propremeut dit, llaliœtus nisus( jeune).
0
�( 72 )
Ontre le sqnelette do. bec croisé dont nons avons parlé,
l'anteur donne clans la 4.• livraison la lithographie do
Cygne domestique, Cygnus olor; du Roitelet happé, Re·
gulus criscatus ( 1.0 le mâle, 2. 0 t~te de la femelle); <ln
Rouge qaeue, on Rossignol de muraille, Sylvia phœnimrus ( mâle ) ; dn même rossignol ( femelle ) ; do. Traquet proprement dit, Ananthe rubicola ( mâle); du
Bouvreuil proprement clit, Pyrrhula europœa ( femelle
petite race ) ; de la Becasse commune, Rnsticola vulgaris;
llri Bihoreau proprement dit, Ardca nycticorax ( mâle
Qdalte )·
TellPs sont les trois dernières livraisons qui ont paru,
Nous nous empresserons de rendre compte des subsé-quentei; et nous nons ferions nn vrai plaisir <le recommander nne production littéraire qui honore autant son
auteur que la province qui la voit éclore, si elle n'était
pas assez recommandalJle par elle-même, el n'avait <lès
son commencement fixé ''ivement l'attention générale.
P.-M. Roux.
météorologiques et constitution médicale de
0
0
1820 ( in-8. de 12 pages); de 1821 ( in-8. de 15
p. ) ; de 1822 ( in-8. de 23 p. ); de i8:i.3 ( in-8." de
23 p. ); .de 1824 ( in-8." de 24 P· ); par Cl. Antoine
Barrey, docteur en médecine de la Faculté de Paris,
Ot1sEnr.a10Ns
0
médecin des épidémies à Besançon , et membre d'au
grand nombre de Sociétés savantes.
ÛN dirait que les médecins qni s'attachent à Pétnde des
maladies régnantes sont ou peu nombreux ou, en général,
peu disposés à faire jouir le public dn résultat de leal'S
observations, pni~que parmi le torrent cle livres dont la
Fi:ance est tous les jours inondée, il n'en e.>t pas hcau·
&oup qui aient pllur sujet ceLte partie iÎ intéressHnLe de
�( 7!)
)
]a médecine. En effet, on ne trouve qne quelques ·détails à cet égard tlans les comptes-rendus annuels de plusieurs Compagnies savantes, et à part l'excellent précis
des constitntions médical«>s que la Société cle médecine de
Toors publie tous les trois mois , il ne paraît de temps à
autre sur ce sujet que des opuscules, la plupart perdus
pour la science, lorsqu'il:; ne parviennent point_ a la connaissauce des journalistes médecius. Nous pensons que l'oo.
devrait tourner d'avantage ses vués <ln côté le plus fertile
en résultats pratiques et qui intéresse le plus la santé po]>lique. Nous ne pouvons -donc qu'applaudir · au médecin
qni paie artnoellement son tri but, comme étant cbargétl'observer lf's maladies qui règnent dans le "département
du Donb;,, et sans doute aurions - nous plutôt rendu
compte
ses excellentes observations ' si nous les eussions connues immédiatement après four pulJ\ication.
Le zèle et les talens de M. Barrey soot aosez com;,1s ,.
mais il ne nous aurait pas éLé facile de décitler son opinion relativement aux doetrines sur lesquelles sont fondées les diverses thérapeutiques. En pareil cas , nous nons
fossion borné à faire entrevoir qu'un praticien aussi sage
que M. Barre.r ne devait pas être systématique , mais qu'il
devail être bien pénétré qnc toos les moyens médicamenteux.
sont autant cle ressources sur lesquelles on peut avoir recours pour remplir telles ou telles iodications. Nous ne.nous
serions point trompé. En effet, on voit avec o;plaisir que
1
l'auteur n'est point exclusif; ainsi, par exemple,
la _
page 4 de la 1.'• brochure, on lit , au sujet des maladies
régnautes do mois d'avril 1fho, qoe quelques individus.
qni en étalent atteintq, ressentirent de mauvais effets des
évacuans sup.é rieurs et qu'ils furent . guéris par les sangsues à l'ano5, les délayans, les bains 1 etc. Mais l'autear
ajoute- qoe les maladies ayant pris un caractère hilieulli
dans le mois de mai, les év •Cmllli supérieurs et in.eT. X . .4.oilt 18'15.
~o
ae
�( 74 )
t-icurs forent employés avec succès. Les fièvres hilienses
ayilnt. eu un caractère plus décidé dans le 3.• trimestre,
ou eut r.ecours et aux évacuaus, èt au kina et aux antispasmodiques, etc. Eafiu, dans les épidémies que l'auteur
décrit, on remarque eocoi·e que les remèdes ont été vaL'iés
et que leur emploi a été su}Jordonné à la marche des
symptômes caracté1·istiques des maladies. Nous n'insisterons pas d'avantage sur des exemples capables de faire res.
sortir l'esprit philosophique de notre savant confrère de
Besançon. Nous nous contenterons d'extraire des brochures
que nous 1:t unon<:on.s quelques - uns des faits intéressans
qu'elles coatiennenL et nous ferous cles vœux pour qu'il y
ait un mé,!ecin des épidémies cl.ins chaque départemènt et
qu'il marche SHr les tr11ces du docteur Barrey.
Une )enne femme avait pris deux grains d'émétique le
second jour d'une gastrite, et souffrait horriblement lorsque M. Barrey la vit pour la première fois. Douze sangsnes à l'épigastre fa soulagèrent beaucoup , mais elle fut
ensuite l>ien calmée par l'application de la glace sur la
même partie,· et ce moyen et l'usage du petit-lait pris le
plus froid possihle la guérirent dans l'espace de dix jours.
Entr'autres descriptions de maladies épidémiques, mms
avons st1rtout remarqué celle de l'épidémie qui parut
sur la
de février 1824 ; dans la commune de Mathay, et qni dura pendant fout le mois de mars. C'était
one gastro-entérite vermineuse qai n'attaqua guères qae.
des femmes , et an nombre de 24. Six de ces malhenrenses fnreol victimes de l'impéritie du nommé Léger
Berceot, charlatan, qui les ayant traitées par des moyen11
échauffons, fut ensuite conda.mné correctionneliement
par le tribunal dt! Montbéliard ; mais qui, ajoute M.
Barrey, oe conlinuP.ra pa~ moins d'abuser de la crédulité
cles liahitans dr; la campagne!!!
nu
On a , d'aillenrs, dans le coarant de mai, ohservé
dei i11f101mmaLions de11 viscères du has-
~énéral.epica~
,
�( i5 J
et
yenlre 1 ' pTus OU . motns' longaes
'd-aügPreuscs 1 mais
doot ' beaucoup se sont tehiiinees' l1eureuseme,1t. Parmi
les malades qui y ont s~ccom]Jé, on cite un jPuoe homms
tle 19 ans qui , après l'asage de hoissons éch11offoates >
eut des coliques très-fortes , suivies de tension de l'abdomeh, d'une fièvre très-irrtease'; de bouche 'sèche ·et de
constipation. Dè!I san'gsut;s ·a l'épigastre , 3 ·deux reprise~
et an nombre de i5 chaque fois; une saignée générale ,
l'eau de veau , le petit-lait, les làveÎ:llens , •les fomentations ' les bains el- la <liète la plt1s sévère ne . jn'o.::
daisirent' pas d'amélioration se,n~ibl~. Le 'malatle' eut, dès
le second jour, des nausées, et le 'troisième, il V"ornit
des matiÛes mucoso - bilieuses , an milieu tlesr1neiles
étaient cleux vers ; et hientôt tous les l~lJuides j)l'is en
boisson furent rendus de n1êtne. Un troisième ve1· foc
ensuite vomi , et l'état dn malade devenant tous les jotirs
pins désespérant, 'une consultation décida de confl'.f1\ier
les délayan~ à l'intérieur et au dehors. Un essaya poar..,.
tant une once d'huile de ricin , qui fut vomie. Enfin ;
un vésicatoire fut appliqné sur le veni.re. Les vomis.,.)
semens· aetinrent fétides, le pouls s'11ffaiblif, taJJdomen1
s'affaissa et le malade périt.
A la nécroscopiè, faite '24 .heures àp11ès, on trouva
un épanchement de liquide odorant dans l'estomac, qui
-offrait de légers points d'inflammation; le petit intestiu
était lé~èrement phlogosé en ha nt, et l'était davantage
en descendant ; de sorte que le siège Je l'inflammation
"bien prononcée était vers son milieu , mais ·elle s'était
propagée aux "autres viscères , puisqu'on observait des
taches gangréneuses dans plusieurs endroits, des points
de suppuration au foie et à là rate, et des adhérences
avec le péritoine. L'intQstin grt:le avait été en suppuration et offrait une perforation telle que l'on poUl'ait y
introduire trois doigts. f,a phlogose se continuait dan&
le gros intesLin.
�( 76 ) '
M. Barrey ne décrit 11as, avec -moins . de talent d'observa[ion, une épidémie 'qu~ e'.$.f)rça ses ravages dam la
commune de GPvrecin , pendant le mois d'août. L~s uns
avaient une ioUammaLioo des memhr~pes du cerveau;
d';autres dt1 poumon e,t de la · plè_vre; quclq,nes antres
cles viscères dµ has·-venlre; enfin ,. .chez quelques-uns,
plusieurs organes forent atteh1ts ; ce qui ét;ihlit di,•ers
9nlres d'affl)clion dont l'auteur trace le tableau avec
beaucoup cle . c~r1f!, ma i~ qa~ nous ne croyons pas devoir
retracer ici, puisqâe ~e rraitemept fÔt presque: le même
chez tous les malaclt:s,-quoiqru::le.siègedu, mal fut tliffércnt:
les saignées locales. fur.eqt,squvP..nl e,mployées: Q uelqaefui~
la lang\le , après ,<leu}( oµ trois jours de mabdie , éla(lt
devenue Sfl burr<!le avec :n!lusées ; on crut pouvoir faire
vomir par l'emploi de lïpécâc.oanlia, et M. Barrey assure
qne cee ne fut pas sans soolager les rµalade~. Tous les
~uo:;el! moyens ntifoés. l'ont été suil'anl les préçe.Ples ~e
la saine médeçine et il est à noter qne çe ne fut pas sans
l:>eaucou.p de circot1speqtion que , les alimens furent ordonnés dans la poov} lescence. On .cowmepça cl'al]o;d
par de légers ho~,Ullons de viande ; 7 puis on:p~mit an
pea de soope, e<des alimens :;olides. ne forent doopés qu'après huiL .ou dix jours. L'~é.cna~ie ~nt comhàl ' ne par de
légcr.s: apéritifs , mais surtout par Je nitrate de potasse
d:fns la tisane de <lent de lion.
L'auteur a utilisé avec succès le sulfate de guinine
contre les fièvres intermillentes , el l'iode contrf?les goitres. Il a vu des -goitres considérables clisparaître en~ièrcment par l'hydriodate de potasse c1u'on emploi~ le
plas ordinairement.
Enfin , les hrocb.nres qui nous occupent .~e distingneut par des rapports excellens , fait~ par 1\1. Barrey
à M. le préfet du département du Doubs , sor la vac<:ÏDP. et la petite vérole dans ce département, pendant
plusie/urs années. On ne ''oit pas sans plaisir les efforts
0
�( 77 )
qne ce médecin a réunis pour propager la vaccine et
foire de nomhreux partisans à la découverte de Jenner,
de sorte qu'il est permis de di.r e que si des récompenses
ont été, comme oo sait, données au :z.élé vaccinateur et
au savant médecin de Besançon , elles ont été sans doute
hieu méritées, au lieu d'~tre 1 comme plusieurs de celles
que nous avons vu accorder, ou que l'on a décernéei
clandestinement , le fruit de l'intrigue , de l'adulation
P.-M. Roux •
et de la turpitude.
.A PERÇU physiologique sur la phthisie pulmonaire; pa_r P.-F.
SnssoN, docteur en mérlecine, ancii;n clâmrgzen des
p.rrnées e11 Rcissie et en Allemagne r in-8. de 77 pages,
Montpellier, 1825.) nvec cette épigraphe :
0
Morborum om11ium un11s et idem modus e•t •
Locus ve1·0 ipse eorum dijfèrentiamfaci.t.
Ji
HIP.
fü1 général, les dissertations inaugurales se composent
d'ouvrages qui n'étant pas tous savans, deviennent la
source de composés informes, auxquels pt)Urlant certains
lecteurs attaehenl beaucoup de prix, pourvu qu'ils soient
remarqnallles par cles expressions pompeuses, de nombreuses périphrases et une modestie simulée. Ne vau•
dr~it-il l'as mieux que· les aspirans au doctorat se fissent
nue loi <le présenter une monographie sur tel ou tel
sojet de médecine 7 Sans .doute, la science n'y gagnerait
pas toujours sons le rapport de l'expérience ; mais , clu
moins, elle s'enrichirait de recherches qui , à la longue, finiraient p ar devenir immenses, et dont les écrivains célèhres tireraient le plus grand parti , en les
tioordonnant ensuite clans des ouvrages didactiques.
Parmi quelques bonnes monographies que l'on a soutenues anx Fncultés cle médecine, nous devons comprendre la thèse que nous annonçons. L'auteur, après
un conrt avant-propos, divise son aperçu en quatre chapitres, où il ·traite successivement i 1° <le l'e.rcitabilith
�de l'irritation, da. tempérament lymphatique , de l'idio.
syncra~ie; ·2° de l'étio!ogie, des causes prédisposantesel
accidentelles ; 3° des symptômes et de la marc/ie de la
maladie ; 4° da traitement. Il tf'l'miae sa dissertation
• par trois observations pratiques qui ·vienoent étayer sa
manière de considérer la phthisie , et lai fonraissent
quelques réilexions sur la symptomatologie.
Tel est l'ordre adopté par M. Seissan. Voici ce que
nous avons plos particCilièrement remarqué dans son
travail : il a eu évidemment pour bat de jeter qa.elqae
jour sur son sujet , à l'aide da flamheau de l'anatomie
et de la physiologie moderne. Réduisant toDtes les pro.
priétés vitaies a une seule ( l'excitabilité ) ' qu'il regarde
comme élémentaire et génératrice de tous les phéno.
mènes vitaux compo;és, il pense que les sensihilités ani.
male et orga~ique de Bichat, ne sont que des résultats
fonctionnels et aon des propriétés générales de la trame
organique.
Par des considérations physiologiques sur le tempéra ruent lymph11!:que et snr l'idiosyncrasie pulmonaire,
il ' éta1llit les disposiiion~ organiques à la phthisie, d'une
lnaDière conséquente à l'étiologie. Or , dans celle-ci,
les qualités physiques des diverses dégénérescences organiques pulmonaires ne sont considérées que d'une manière très~seconclaire, ayant toutes l'irritation pour cause
primordiale, et, contre l';nis de M. Laè'ttnec , an seul
el même ré,ultat ( la phthysie. ). L'auteur· cherche sommairemP.nl l'origine des tubercules dans les modifications
que l'irriU1tion éprouve, soit des agens qui la provor1uent, soit ' <les tissus qu'elle attaque, soit enfin de sa
durée et de son intensité, et il soutient que les dégénérescences org1niques font partie intégrante de l'histoire
de l'irritation. Il répond ensuite à quelques objections
cles parti>ans de l'inuéité des tubercules , telles que la
présence <le cenx-ci daus les poumons de certains fœtus,
d:ins cecu d'iodiviù11s mort-s de toute autre mala<l.ie, et
�( 79 )
Jeurs formations dans toutes les parties du corps. Il ne
fait dér.iver les prédispositions à la phthisie que de l'influence de l'idiosyncrasie pulmonaire, traite sommairement la cprnstion de l'hérédité , et 1Jasse à l'étude des
principales causes capables de développer celte maladie , et telles que le froid , l'humide , les variations
brusques de la tempér~ture , les professions , etc.; après
avoir dit on mot <le l'influence d~s vêlemens quunt à la
température, il parle ainsi de leur construction vicieuse:
« l'usage <le se comprimer certaines parties du corps
pour eu foire ressortir d'autres, est aussi meurtrier que
ridicule ; en contrar·iant le développement des belles
formes de la nature, il gêne aussi tontes les fonctions
les plus importantes à la vie. Il est encore la source
la plus abondante des conformations vicieuses qui sont
si multipliées de nos jours. La cÔrrection de ces abus
dangereux de la mode ne serait pas incompatible avec
le désir de plaire : on vêlement simple , aisé, peut
dessiner élégamment les formes qnand elles sont régulières, et les cacher si elles sont défectueuses. ,,
Pénétré que les espèces de phthisie ne dérivent que
de l'organisation ioclivjduelle, l'auteur les comprend eo
deux grandes séries, suivant les deux principales variétés des sa jets que cette maladie attaqu.e. Les ans sont
doaés d'une grande sasc1~ptihilité jointe à la prédominance des capillaires rouges des poumons ; chez les
autres, au cont1·aire , le système des vais~eanx hluncs
est seul prédominant , et cenx-ci sont d'une insensibilité et d'une apathie remarquables. M. Seisson faic
ressortir l'utilité <le cette division, clans la symp!Ôma~
tologie et la marche de la maladie.
Les trois périodes de la phthisie, assez géné1·alement
adoptée.;, pahisseot inadmissibles à l'au Leu!', vu qu'il
existe le plus souvent dans les poumons, à la fois, <les
portions hé 1,,1Lisées, des tubercules commença os et d'anti·es eit supp11ratiou.; de sorie CJ,ue les sii;;;nes <le ce• trùÎ.S,
�( 80 )
~ètats clifférens doivent se confondre et être le plus son,·ent inséparables .
. Comme Cullen, l'auteur pense que le peu de succès
llu traitement de la phthisie tient plutbt au défaut d'imperfection de notre art, qu'à la nature incurable de
la maladie; il s'élève contre les stimolans diffusibles 1
et soutient que tous les spécifiques vantés contre cette
affection, à l'exception des narcotiques et des médica.
mens qui, comme la digitale, ralentissenl les mouvernens
circulatoires , n'ont pu être de quelque utilité qu'en
agissant comme révulsifs. M. :Seissan propose les anlirhlogistiques seuls ou combinés avec les révulsifs, comme
le seul traitement rationnel. J,es bornes de son travail
ne lui permettant pas d'entrer dans des détails a cet
égard, il se contente d'exposer quelques considérations
générales sur la saignée, la révulsion en général, la
diète, la chaleur et l'exercice : sobre de la saignée géné1·ale, il Lui préfère le plus souvent les sangsues. Il énumère
ensuite les conùitions favorables au succès de la révulsion.
La diète, soit comme sédative, ou comme acti\•ant l'absorption , lui paraît très-utile et il recommande le régime lacté, féculent, sans mélange capahle d'imprimer
des modifications profondes dans l'organisme. Il considère
la chaleor comme un moyen curatif trop négligé de nos
joors, dans les affections pulmonaires ol.1 il ne peut être
que d'on très-grand secours. Enfin , passant à l'influence
de l'exercice, il s'étaye de la saine physiologie pour mon·
trer combien il est nuisible dans une foui~ de cas où généralement il n'est pas regardé comme tel et l'exclut
par conséquent du traitement de la plupart des affections
chroniques de la poitrine.
On voit par cette analyse , et on verra bien mieux en·
core a la source ~&me, combien le D. Seisson est à la
hauteur des connaissances du jour et comJ1ien grands doi·
.
•
1es avantages
•
que l'humanité souffrante retirera
vent elre
de la pratique d'un médecin aossi instruit. P .•M. Roux.
�( 81 )
Pnr±cis ciesdt'iptif des instrumens de chiruT'gie anciens et
modemes ; contenant la description de chaque instrument , le nom de ceux q1à y ont appo,.té des modifications, ceiix préférés aujonrd'lwi par nos meilleitrs
praticiens, et l'indication des qualités que l'on doit
rechercher dans chaque instmmenl ; par Henry, coutelier de la Chambre des Pairs, fabricant d'instrumens
de chirurgie ( in-8. 0 de 26 r pages, avec planches, à
Paris, 1825, chez l'auteur, rue de l'École de médecine,
n.0 24· Prix : 'J f. et 8 f. par la poste. )
ouvrage ne se reco~mande pas seulement par
titre qai, comme on le voit, promet beaucoup, mais
encore pal" les descriptions assez claires et précises et
même par certains détails biographiques dont il est
CET
ie
eu rie hi.
L'auteur <léhate par one courte introduction, expqse
ensuite son précis descriptif et finit par quelques consi•
dérations générales sur les instromens de chirurgie. Denx
tahles de matières, dont une par or.d re ll'opération>,
l'autre , par onlre alphahétique des instrumens , favorisent singulièrement la recherche des articles. On peut
dire qne si dans l'intérêt de l'homme souffrant pour
le soulagement ou la guérison duquel la chirurgie nous
offre tant ll'instrumens ''ariés, il convient que l'artiste
sacl1e répondre aux intentions de l'opérateur , il convenait 1\galemeut qu'ils fussent dirigés l\m et l'autre pal'
un guide fidelle. M. Hen1y vient 1\e remplir les différentes vues à cet égard. Dans un c;idre rais.onnahlement
restreint, il : .-ésente au chirurgien sinon la longue série
des instrumcns innsiié.s de nos jours, ce qui n'aurait
r,nères servi <p1'à l'histoire de l'art, du moins la descrip- '
lion de ceux qui sont re:.tés dans la pratique t suivi~
T. X.. Aoal 1825.
Il
�( 82 )
des noms des inventflnrs, d'une courte notice sur quel~
ques célè}Jres chirurgiens d'entr'eux 1 de l'indication
de l'usage auquel chaque instrument est prin1·ipalement
tlestiné et <le la qualité spéciale qu'on exigeait de chacun
d'eux en particulier.
Par la lecture de cet ouvrage, l'artiste ne saurait
manquer <le se former une idée juste de la figure, de
Ja force, des dimensions des instrumens de chirurgie
eu ég;1rd ?1 leur usage que sans doute il saisira facilement.
Tel est donc le double avantage du précis descriptif
de M. Henry, qu'en étant entre les mains d_es chirurgiens et df's fabricans d'instrumens, il doit en qoelq.ue
sorte entretenir one espèce de corrélation sans laquelle
ni les uns, ni les au,tres n'atteindraient qu'imparfaitement leur but. En voilà suffisamment pour engager
nos lecteurs à faire l'acquisition d'an livre dont nous
pourrions encore faire ressortir les avantages en parlant dtt nombre assez cousidérahle de planches qu'il
contient et qui se distinguent par la manière dont elles ·
ont été gravées.
P.-M. Roux.
:a.° RE Vu E
DE
s
l 0
u
RN A.
u x.
( Journaux Fran'çais. )
( Joumal de pharmacie. Jan11ier 1825.) - La propriété
drastique et même corrosive de l'huile de croton, et la
faible dose à laquelle elle possède encore cette énergie, a
fait désirer~ M. Recamier qu'on trouvât la possibilité de
ùiminuer l'extr~me âcreté de cette huile , afin d'en
rendre l'usage médical moins dés~gréahle et plûs doux.
C'est M. Ca11entou qui a recherché ce moyen, et par
une ~uite J'expéricuces qu'il a faites à ce sujet, ce
�( 83 )
savant chimiste a reconnu qu'en é.liminant l'foreté, on
diminuait la propriété purgative; il a couçu dès-lors
la pos,ibilité d'arriver à un résultat tel, que tout en
conservant à l'huile de c:oton sa propriété purgative ,
à un degré toutefois moins violent, on pourrait diminuer beaucoup son excessÎ\'e âcreté. Mais il e~t résulté du tra\•ail de M. Ca t•entou une découverte non
moins importanle : c'e st qu'il a reconnu une parfaite ·
analogie entre l'huile tle croton tiglium et celle du
pignon d'Inde. :Des renseigo<:;mens qu'il a pris d'un cultivateur éclail'é de la Martinique, et surtout l'analyse
chimique l'ont porté à avancer qne l'huile ùe pignon
d'Inde peut être employée pour celle de croton, et
qu'il est inutile de nous re1Jdre tributaire des Anglais
po~r un médicam ent que nous pouvons nous procurer
nous mêmes et avec heaucou p plns d'avantage et de
sûreté.
M. Caventoit, en fdiirnnt entrevoir que l'acide iatropbique pourrait être la cal1se de la vertn drastiqùe de
l'huile de croton, ( p11isque, en sapouiflnnt cette \mile
si on la retire après, par la décomposition clu savon
préalablement <,lissant dnos l'eau, on s'assure facilement
qu'elle a perdu cétte excessive âcreté qui ('St le prineipe
de son activité, et l'on retrouve la propriété irritante
an contraire et pbnr la plus grande partie, dans la
solution aqueuse Çonceotrée d'acide iatrophiqne ). Ce
chimiste, dis-je t en attribuant l'activité \le cette huile
à l'acide iatrophiqne , se propose de faire de nouvelles
expériences pour assurer ce fait.
La note de l'auteur se termine par une observation
très-intéressante relativement a l'âcreté que l'on rencontre quelquefois dans les huiles de ricin p1·éparées
_dans no!l-colonies; je vais transcrire ses propres expressions.
.·« M. J)eyeux a rapporté , ùit-il, il y a plus cle vingt
�( 84 )
ans, que les natur'lls inùiens font boaillir l'huile de
ricin sar l'eau, afin d'en chasser une substance â cre
1
volatile, qai irrite les yeux et toute la figure il tel point
qu'ils sont ol>ligés de s'envelopper la tête de linges
mouillés : on a mis ce fait en doatE:, depujs qae l'ori
prépare en France l'huile de ricin , parce qoe cette
opération ne présente rien de semblable. M. Deye11.x
;'lvait cependant raison ; mais il ignorait 'lue les nègres
ne se font point scrapul_e dans les mauvaises années
oh leur ricin est mangé en grande partie par des milliers de pucerons, <le mélanger avec les débri~ de leurs
semences une assez bonne dose de graines de médicinier
catltartique ( iatropha curcus) et même cln pignon cl'lndP
1
ils emploiPat aossi fréquemment la graine de galba,
fruit oléogiueax d'un grand arbre qni croît abondamment à Saint - Domingue et il la Martinique, et qae
Jacqttin a désigné sous le nom de calopltyLL1.nz calaba.
L'huile qu'on retire d'an tel mélange e5t très...,âcré ,
~ais' ils la puritient en partie par l'ébullition prolongée,
et alors il n'est pas étonnant qa'ils se préservent de
l'action irritante de la V<A penr qai enl~ve l'âcreté. C'est
ce que j'ai vérifié moη-même ici sur l'huile de croton
tigltum; l'ébullition prolongée sar l'eau fait di-paraître
~n partie son âcrelé et la rend plus douce, tandis que
1!1 vapeur qni se dégage enflamme le nez, les yeux et
toute la ligure. Dans les aanées productives, au con.,.
traire , les nègres n'-emploient qne le ricin , et ;i]or&
leur huile est douce; telles "sont les causes anxquelles
on peut natorelle!11ent rapporter les différences qu'on
observait dan~ les huiles de ricin d'Amé rique lor~qu'on
les tirait de ce pays; huiles qni étaient tantôt douces
et tantôt âcres sans qÙ'on ait pu long-temps en Cl)Dnaître la véritable raison.
--- NouPelles des sciences. On n déjit emplo) é avec
succè.s comme un doux hynoptique à la dqse d'un oq
�( 85 )
deux grains, one nonvelle préparation connne sous le
nom <le thridace; c'est un extrait formé du suc des
tiges de la laitue ordinaire, pilées; ce suc est réduit
en extrait à l'étave, 1~nr lente év:iporalion à moins de
40• de tempéniture. M. le D. Frrtn<;ois a fait dériver
le nom de la thridace du nom grec de la laitue.
-·-Les Allem1mds, croient que l'acide hydro-cyaoiqne
fourni naturnll rmeut par lrs végétau:s, est plus avan~
tageax dans l'nsa~e médical que cet :icitte, formé par
des procédés chimiques. Voici L'ncùle hyclro-ryaniqiie
végétal selon la formule d<' Schratler.
Prenez: huile vJlatile d'amandes amères rectifiée,
on gros ; alcohol rectifié idem ; eau distillée neuf
gros. Mêlez.
L'emt fiyrlro-cyanique végétale, qui peut remplacer,
selon Sc/irader, l'eau distillée de laorier-cérise, se prépare ainsi : Prenez : huile volatile d'amandes amères
rectifiée, un gros; alcohol très-rectifié, une once et demie; eau distillée, une livre, qnatrc on ers et demies.
Il est difficile de se persuader que ces préparations
aient la même uniformité de composition que l'acide
hydro-cyaniqne, obtenu par des moyens purement ebimiqaes; elles n'inspirent pas la même confiance.
--- Bulletin rles travaux de l~ Société de pharmacie
de Paris~ ( Extrait du procès-1•erbal. ) --- L'Académie
appronve 1m rapport dans lequel M. Daméril admet
comme satisfaisantes !es réponses faites par MM. Pelletier et Hnzard fils aax questions suinrntes :
Quelle e~t 1.1 caase qui détermine quelquefois les
pl.1ies produites par les sangsues 3 s'envenimer 7
R. Cet accident dépend du temp~rament des malades
ou de la nature de leur maladie.
D. Pourquoi les sangsues refusent.elles quelquefois
de mordre snr la peau ?
R. C'est que quelquefois au lien d'employer des sang-
n.
�( 86 )
soes qui ont des dents, on applique sur la peau les
saugsues qai en sont privées.
- Essai sur les cryptog,mzes utiles; par MM. Des.
chaleris et A. Clie1eau, pluirmacie11s. ( Première partie.)
--- Cette classe, établie par Linnée, comprend les plaates
dont les organes de la fructification sont dif~ciles à
connaître. Sous ce rapport elles sont d'une étude d1ffi.
cile; et il n'est pas rare de trouver des amateurs de
.botanique qui, rebutés pa1· celte difficulté, lais,enl de
côté toutes les plantes de cette famille. Les auteurs de
l'ouvrage qui nous occupe, ont lâché de diminuer l'éloignement que l'on a pour l'étude de ce> plantes en
sigualant les cryptogames utiles soit dans les arts, soit
c.n médecine, soit en6n comme alimeas.
Nous allons indiquer avec eux le nom, la synonimie 1
Je renvoi des figures et la propriété.
Première famille, les Algues. --- ULva umbilicalis, ulve
omhiliqnée. Flore fr., tom. 2 page 9. --- Cette plante
croît dans l'Océan; on la mange sur les côtes d'Angleterre
avec du poivre, du vinai.gre et du heurre; on la sale 1
afin de la conserver l'hiver. Dillen, tome 8. fig 3.
-- U!va laclitca. Tremella lactuca. Samuel Gmelin, 215.
nlve laiLue, pag. 9· Cette espèce se mange sur les côtes
d'Ecosse , comme · salade, Dillen, tom. 8., fig. 1. On
lui attrihae ane vertu anodine; on s'en sert appliqaée
sur le front et les tempes pour calmer les douleurs.
--- Ulvri palmata, ulve palmée, Fior. fr., pag. 12•
Fucus palmatus , L. Samuel Gmelin, tab. XXX, pag.
202. Cetle espèce sert à la nourriture des pauvres ha·
hi Lans du nord de l'Ecosse et de l'Irlande;' d'un e:Icellent usage comme engrais pour les champs et les arbres·
--- Ulva edulis, ulve comestible, FI. fr., pag. 12. S,
Gmel., tab. XXI, 6g. 1 , pag. 176. On mange cette plante
sur les côtes des pays ci-dessus indiqués.
- Ulva ciliata , ulve ciliée, F l. fr., P· 13. fucus ciliatuS1
�( 87 )
L.-S. Gmel. Fisc., p. 176. Les Irlandais la mangent avec
le jumr scolicus. L'ulve ciliée se rencout1·e près de11
huîtres. Ostreis aclnascere amat.
-Utvesaccharina, ulve sucrée, FI. fr., p. 15. S. Gmel.
Fucus, t. 27 et 28. p. 149 et 197· Fucus saccharùws,
L. Celle immeme plante porte vulgai1·ement le nom de
)Jauclrier de Neptune; elle sert à fumer les terres; on
peut la manger, dit-011, cuite dans du lait; après l'avoir
lavée à l'eau donce et desséchée, elle se couvre <l'a.ne
effloreuce qui est douce comme du sucre, il est certain
que ce prétendu sucre n'est autre que du sel marin.
Qaand on le goû te légèrement il imprime sur la langue
une sensation légère, mais il produit ensuite un effet
purgatif. Sa constitution chimique est très-compliquée.
Elle ne renferme pas moins de vingt-une substances;
on y a trouvé de la manne, de l'hydriodate de potasse,
de la matière mucilagineuse, etc., ( selon Gaullâer de
Claubry,)
- Ulva digitata ,fucus digitatus, L. FI. Danic; t. 392 ..
Employée à fumer les terres ; donne du sucre comme
l'ulva ci-dessus.
-Marchantia polymorpha, L. dilJ., t. 76, fig. 7. Cette
plante nommée hépath'ique des fontaines, croît entre
les pavés humides 011 elle forme des espèces de parasols,
et an-dessus de petits godets verdâtres; vantée pour les
maladiès da foie el dn ponmon. Les Ecossais l'emploient beaucoup comme engrais, constitution chimique
apen près semblable à la précédente, contenant moina.
cl'hydriodate de potasse.
- Fucus vesiculosus, seu quercus marina, L. FI. fr.,
p. 8. Ce varec se coupe deux fois l'été pour fumer les
terres et en faire de la soude. Son nom lui vient d'un
~· à
certain nornliré de vésicules pleines d'air, destinées
f"ire flotter la pl.mte. Réduit en char]lon, il donne l'éthiops végétal regardé comme anti-scrophulenx, analysé
�( 88)
par Zohn, qui. y trouva no acide particuiier, urie rtiit~
tîère glaireuse, une résine, il contient moins d'iode que
les précédens.
- Fucus serratus, L. FI. fr., p. 20. Gmel p. 157.
On le coupe deux fois l'été pour en fumer les terres
et en faire de la soude. Il contient plus d'iode que les
précélleos et plus de carbonate de soude, crvît presque
toujGurs suus l'eau. Gunner observe que dans le Norlaud,
le fucus serratus mêlé à la farin·e sert de fourrage âUX
hœufs. Les écrevisses qu'on transporte en Belgique sont
toutes envelopl'ées avec le fucus serratus pour qu'elles
conservent leur humidité.
- Fucus helminthocorton ( la tourelle ) Fl. fr., p. 3·)·
Ce fucus, connu sous le nom de mousse de Corse, est
employé avec succès contre les ascuricles lomhricoïdes.
- Co11Jerva helminthocorton, Gmel. syst. uat. 1394.
Analyoé par Bouvier; Srhwilgué eu a retiré de l'extractif.
- Fucus sitiquosus 1 Gmel. syst. nat. i 381. tab. 2 ·. Sa11mel;
fig. 1. p· Sr. Hemarquahle par ses fructifications en
forme de siliques aplaties, peu d'iode ; mais desséché,
il se recouvre d'une quantité notable de sucre-manne.
- Fucns filum, Ceramiwn jilwn. Décaml. p. 47· FI.
fr. ,fucus Jilum. Lin. Fl. dan., t. 82 r. Ce fucus ressemble
à une corde à hoyau; les marins le nomment J.acet.
neaucoup · de mucilage, ill3ÏS pea d'iodP.
- Ceramiwn catenatum, ceramiltm châmette, FI. fr.
42. Dillen. 2, 5, fig· 7 conferva caienata, L. Cette con·
f1:;rve se trouve mélangée en assez graude quantité avec
la mousse de Corse.
- Chantransia rivularis, conjerva ri1mlaris, L. FI.
fr., p. 51. Flora danica 2.· 881. M. Colladon est parvenu
à faire d:i papier avec celle plante, qu'on trouve <laul
les ruissraux.
- Conferva loiireil·o. Dillen , 2., 6, fig. 37. Celle
conferve, dont il est fait mention dans la Flore de li
�( 89 )
Cod1inchioe, est employée à f.lire des tablettes portatives q11i, mêlées avec du sucre, sont très-noorrissantes 1
agréah les et utiles poor les voyageurs qu'elles rafraîchissent. Oo eu fait un grand commerce dans la Chine
dans la Cochinchine.
- Fucus eclulis, Rumph., Amb. 6, t. 74, n. 3. Ce facns
qu'on nomme varec des cuisines , croît dans l'iode; il
sert à la · nourriture des h _. mmes. Le commandeur Sriffren, de ~lorieuse mémoire, en avait apporté une cargaison à Paris poor son osage, et les fesait employer_
à la confection des mets ·q u'un servait sur sa table. On
le la\re dan~ l'eau, on l'exprime pour le débarrasser de
la pins grande p_:irtie de la matière mucilagineuse et salée.
On le mange ensuite avec l'atsiar, ou one préparation
el
de suc de limon et un peu de gingembre.
--- Fucus giganie1Is. Voyez le nouveau dictionnaire
d'histoire naturelle au mot varec. M. Bosc, rédacteur
ùe l~ partie botanique , y fait mention d'un fucus qui a
une lieue (le long.
--- Fuc1ts natans, varec flottant , Samuel Gmel. , p'.
1
9'2· FltCllS- sargllsso, Rumph. 76, fig. 2 1 Fl. fr. P· '.l6.
Il se trouve eu qLrnntité immense sur la mer Atlantique,
près clu trol;lirine, entre les mers des Indes et du sud.
S. Gmelin rapporte que ces varecs forment quelquefois
des bancs si serrés· qu'ils g~aent la navigation. Bon a
n1aager, les ,\ llem11ods le foot macérer dans l'eau et
l'emploient contre les rétentions d'urine.
--- Ful!.l.tS rcsa marina, S. Gmel. rab. 5, fig. 2, p.
toG. Pdala coni•ofota pidchre reprœsentcms flores polypetales 1it rosam anemonem. On trouve la rose merinè daosles éponges près le Kamtschatka. Nous citons ce fucus
en rai son c.le la beauté cle sa prétendue fleur.
--- Tremellci nostoch, nostoch commun, Fl. fr., p. 3.
S. Gmel., \'· 222• Plante ou substance mucilagineuse et
'f. X. ,Aout
1825.
12.
�( 90 )
cartilaginease regan1ée par quelques naturalistes comme
un polypier, et par d'irntres comme le frai de la gre·nouille. Cette plante verte ou orangée disp;,r«ît pre,que
dans les temps secs, et reparaît dam les temps humides.
Elle passait pour merveilleuse, guérissait les douleurs,
même le~ cancers et fistules. Analysée par M. Braconnot
qui y Lrouva de la cérasine, du phosphate de chaux;
d'antres sels, du mucus, etc.
--- Fucus tendo, S. Gmel., p. 133. Les soies de ce
fucus longues de 6 à 7 pieds sont tenaces. Les Chinois les
filent en trois, ou s'en servent comme de petites cordes.
Linnée remarque qu'elles out tant de force, que l'homme
le plus robuste ne saurait les rompre. Produit singu-lier
-cre la mer, qu'il semble que la nature ait elle-même
placé lit pour servit· de fil.
--- Fucus corneus, varec corné, S. Gmel. 144. tab.
146. fig. 1. FI. fr., 2. p. 52. Propre à amender les terres,
les terrains maigres. Il croît dans la Méditerrilnée et
sur les côtes d'Angleterre.
COURET.
-· ( Ga:.ette de santé, et bulletin des sciences médical,•s,
1824. ) Quelques détails sur l'autopsie du Roi Louu
XVJll. - cc On a remarqué que les os de la partie anlérieure du crâne étaient très-épais, tandis qae ceax de fa
partie postérieure étaient plus minces qu'à l'ordinaire.
Le cerveau très-grand dans toutes . les dimensions,
érait cependant plus développé à gluche qu'a droite.
(C'est une circonstance assez rare, et qui a été ohsene:ie
sur le cerveau de Bichat. )
Les poumons out été trouvés parfairement sains.
Le cœur était gros, peu consistant el vide de sang.
L'estomac d'an très-graud volume, distendu par des
gaz et des mucosités. Sa surface interne offrait deux
peliles pla< lH'S rouges.
Les inle~1io& n'ont présenté ni rougeur ni ulcération;
�( 01 )
mais on a tron vé, dans la du plicatore du mésentère, une
tumeur stéatomateuse assez considérable, qui n'avait
occasiooé aucune douleur pend.ml la vie, et dont l'existence n'avait été indiquée par aucun signe sensible. (Des
tumeurs cle celte nature se i:encontrent sonvenl clans
le mésentère, sans avoir même été soupçonnées. Au ,
reste, à moins d'un développement extraordinaire, elles
ne troublent pas d'une manière sensible l'exercice <les
fonctions. )
Les autres viscères étaient en hon état. I.es extrémités supérieures et inférieures très-amaigries. L:i. cuisse
gauche offrait à la face interne la trace cl'un ancien
.,é,icatoire.
Les deux jambes, depuis les genoux. j osqu'it l'extrémité des pieds, présentuient une sohstauce lardacée,
jaune, dans laquelle les tissus cellulaires musculeux, et
même o~seux, é taient confondus. L'instrument pénétrait
avec facilité jusques dans -les os même.
Le pied droit et le bas de la jambe, jusqu'à la hauteur du mollet, étaient sphacelés 1 les os en étaient
ramollis, quatre orteils s'en étaient détachés successivement par les progrès de la mala<lie.
Le pied gauche était aussi sphacelé, mais seulement
j a squ'au tarse.
Quelque temps après la mort, et au moment Je l'embaumement, on a fait des lotions avec le chlorure de
M. Labarraque, qui ont détruit à l'instant toute espèce
de mauvaise odeur.
L'embaumement a été fait aux moyens de ces chlorures et du suhlimé. »
--- ( Journal de la Société des sciences, agriculture et
al'ls dn ~éparlement du bas Rhin, n.° 4. 1824. ) --- M.
le professeur Masnyer écrit au directeur de ce recueil,
M. le professeur Fodéré, une lettre relativement à l'utilité de l'acétate d'ammoniaque confre l'ivresse 7 il soutient
�( 92 )
qne ce sel dissipe tons les accidens de l'ivresse de la
manièr e la plus douce et la plus heure a se, sans donner
lieu anx inconvénieos de l'ammoniaque pur, que l'on
a employé à Lyon. C'est d'après sa propre expérience
qoP. parle lV1 Mas11yer qui, d'ailleurs, a en la satisfact;{Jll d'ap prendre de plusieurs chirurgiens-majors aa:xtju - ts il avait conseillé ce médicament, qu'ils en ont
ohteou les p lus heureux succès.
( J ouroaux Allemands.)
( Mag. der gesammt. Heilk. et Bull. des Sc. méd. 1824.)
R'Jmède de Brùhl-cramer, contre l'ivrognerie. --- « M. le
D . R 'th , de S 1{"i nemande, a fait plu sieurs expériences
l:ienrf!t1se de l'Pmploi du remède de M. Brühl-cramer
contrp l' iu ogllerie : après avoir fait prendre pendant
qui nz P. jur ·r~ à trois semaines de l'acide sulfurique étendt1
d 'c;;u el des s1.1 h>ta nces amères et toniques, les personnes
qH\t lC.JÎ t a i t éprouvaient ordinairement de la répugnance
con trn tou te espèce d'eau-de-vie. Chez deu1' de ces mala-ie ; , une crise se détermina le quinzième jour, ils
v u inir~ nt et éprouvèrent un sentiment de lq.ssitade et
d'anxiété. o
(Journaux Italiens. )
( Osservatore medico. et Bulletin des Sc. mécl. ) Expériences sur la guérison du charbon au moyen dtt mercure;
par le D. Ferramosca, de llfttro. --- «Les deux:,premières
expériences eurent lieu sur deux paysans d'une constitutiou roh u&te; ils présentaient tous deux un charbon à
la mâ choire inférieure. L'auteur les cautérisa d'abord,
et admini~tra eusaite le quinquina et le camphre; les
symprôrnes étant augmentés il recourut à l'onguent mer·
curie! et ordonna des frictions autour de la tumeur,
_ b. la dose d'une demi-drachme , pois de deux et t!e trois
d ral'hmes. Après quelques jours de traitement ces malades
furent guùis.
�( 95 )
La troisième a rapport à un garçon cle neuf ans sur
lequel on pratiqua la cauléri3ation, puis des frictions
avec trois dragmes d'onguent mercuriel, on les répéta
deux fois encore; des sueurs parurent et le m;;lade gnérit.
La quatrième fut faite sur le D. F~1 ramosca lui-même,
~L réussit complètement.
La cioqnième offre le mêllle traitement que les précédentes.
Daus la sixième et la septième l'onguent mercuriel
sen! fut employé, et snivi des mêmes r ésultats.
La huitième fot faite sur ou enfaut de huit ans; la
dose d"onguent fut portée à une demi-drachme. Même
résultat, aiu;i que pour la neuvième.
Daus la dixième, il y eut une érysipèle ph l ~gmoneux qui
occopait la tête, la face, le cou , les épaules, la poitrine,
et fièl'l"e très-intense; les frictions forent faiLes d'abord
avec une demi-once; puis avec trois onces et la fièvre
el le phlegmon disparurent après trois jours.
Dans aucun de ces cas la salivation ne se manifesta;
<1uoique les doses de mercure eussent été fortes. »
P.-M. Roux.
3." V
À
R 1
É T É
s.
- Le jury médical des Houches-du-P.hône <loit s'assemMer encore cette année. C'est dire qu'il se présentera
un très-grand nombre tle candidats, et cela, sans doute 1
parce <1a'on sait de quelle manière les jurys reçoivent et
que l'on ignore comment les réceptions auront lieLt alors
que le projet de loi relatif aux écoles secondaires de
medecine aura été adopté. Espérons, toutefoi s , que la récolte de l'ivraie ne sera pas trop abonddnte : parm\ ceux
qni aspirent au grade d'Offi cier de santé, il en est, diton ,·qui , une foi~ reçus , sauront hien par leur pratique,
~outre-balancer les heureux résukats de la vaccination
\•
�( 94 )
et fastifier ainsi que le système des compensations n'est
point une chimère ! ! !
-
.
Un docteur ayant appris qu'il suffisait d'être ou de
paraitre contagioniste hien prononcé pour être admis
au nombre des membres d'une célèbre Académie, com.
posa un mémoire pour démontrer la contagion de la scarlatine et atteignit son lmt en aSSlll'ant qu'un colportwr
avait apporté la maladie contagieuse au milieu d'une po.
pulation de 120,000 àmes. On demande comment ce
1locteur a pu snvoirque la scarlatine n'avait pas eu d'autre
ori11ine. On répond qne nous somme> au siècle des ]u.
miè res. Le docteur clair-voyant a été reçu membre de
l'Académie ; o tempora !
- Des jouroau.x ont signalé trois médecins marseillais
tj ui se sont offerts comme sujets <l'expérience au cas où
le gou\'ernement voudrait s'assurer par des faits si la
fiè,•re jaune est ou n'est pas conta5ieuse. Nous pou,•ons
affirmer que si jamais ce fléau se d1iclarait à Marseille,
prt~sque tous les médecins qui exercent dans cette cité,
instiCTeraient par leur conduite qu'ils partagent, d'une ma·
nièrc hieo décidée, l'opinion de la non-contagion.
- Les apothicaires ont juré une haine implacahle an
doc teur Broussais, ils ne lui pardonneront jamais cl'ayoir
fait diminuer le débit des remèdes et voici comment a
cru poa,•oir se venger un pharmacien de notre ,,itle: il a
fait écrire, en gros caractères, dans le lieu le plus appa·
l'ent de sa houtiqae ce:. mots latins: arsbrevis, vita Longa.
Et pourquoi traves tir ain si deux helles propositions du
vieillard de Cos'? Pour faire sentir, répond M. l'apothicaire, que l'art est cleven~ conrt depuis que les mé<.lecias
ne prcscrÎYent plus ou presque plas de remè.des. Fort
:bien. Mais n'est-ce pas faire l'éloge de la m édecine da
j our que d'annoncer que la vie esL longue depuis que
l'a;· t est court 7
�( 95 )
••• On nous annonce que quelques chirurgiens frattcais qui s'éraient engagés an service du Vice-Roi d'E..
gypLe, doivent retourner sons peu dans leur patrie.
lié! que ne pouvons nous espérer de revoir Derbery
et Bretté, l'un et l'autre morts peu de temps après
leur arrivée au Caire! Bretté, de Marseille, jeune encore,
donnait les plus belles espérances. Derbesy, marseillais,,
notre ami, ancien chirurgien de la marine, s'était signalé par ses opérations dans p!usieurs combats. Fait
prisonnier de guerre par les Anglais, il fot chargé da
senice d'un grand hôpital et étonna par les succès
qu'il obtint dans sa pratique. La plupart des malades
confiés a ses soins, atteints du typhus des prisons., rie
dûreat leur s lut qu'à de larges et fréquentes saignées
pratiquées dès le d.éhut de la maladie. Sa conduite lai.
mérita bientôt l'estime et la J)ienveillance cles méc.lecios
anglais, et soit que parlant très- bien la langue du pays,
il se fut familiarisé avec eux, soit qu'ils eussent du plaisir
à converser avec un homme qui leur paraissait et qui
dans le fond était si instruit, on le traitait comme s'âl
avait été originaire de la Grande-Bretagne. Cependant
Derbesy essaya plusieurs fois de s'évader et ayant fait
résistance toutes les fois que l'on voulut l'arrêter, il reçu11.
plusieurs coups de feu et plus de viugt coups de hayonnettes.
Lorsque le repos des armes permit à Derbesy de rentrer dans ses foyers, il se prit d'amour pour une demoiselle qui, devenue sa compagne, le dédommagea,
par ses vert11s, des peines qu'il avait endurées. Aussi ~
noas disait-il souvent, qu'il ne respirait que pour eHe et
les deux e'nfaas qu'il en eut.
Désirant pre3<lre le bonnet, il ( l) se livrait avec ar-
(1)
Dcrb~sr était un de11 zélé& , somcripteun à notre rec ueil
�( 96 )
.Oenr à la praliqae et à l'étude des sciences médicale&,
.et sans doute peu cle personnes étaient pins aptes que
lni au grade de docteur; toutefois, connaissant l'etendae
-de la médecine, il voalait acquérir de nolions profonde!
..:!ans- toutes les parties qu'elle embrasse 1 avant de se
présenta· a une Fac~ltë.
· Derbe-y c0ulait des jours heureux et il vivrait peat·
~t.re encore, s'il nous eut écouté. Mais app.renant
le
Vice- Roi d'Egypte demande des chirurgiens françdis,
..et que ceu.,._ qui preo<lront du ser,,ice feront infail!ib\e.
ment fortur e en peu de te111ps, il ne pense plus, quoi .
.qu'il jouisse d'une h <mnête aisance , qu'à 3m:wser du
]Jien pour sa famille : louable pro}et, puisq,u'il fol <lieu!
que
'.Par l'amour paternel !
A.rri\'é au Caire , il est placé à la tête da grand
)lôpital d'Abou-Zebel et devient la consolation des Egyp:tien~ qu'il esl cbargé de traiter. Mal\Jeureusement pour
.eux et pour sa famille il devait être bientôt moissonné.
Atteint d'une inilammation cérébrale , il n'a que le
-temps de justifier, par sa conduite 1 combien il esl pé·
:nétré des vérités évangeliques et expire le 14 janvier
'!825 , âgé de q2 ans.
Les Français, les Anglais, les Arabes et les Turcs
-qui l'ont connu déploreront long-temps sa perle.
Ami, repo5e en paix dans le berceau des sciences et
' -des arts ! que tes mânes soient lranqoilles sur le sort
-cfo tes enf,ms ! outre le soin qu'ils reçoivent de lsur mère,
ils auront toujours de nom hreux soutiens l
--- IJes maladies rrgnanles cle ce mois, sont, comme
en juillet, des cfüirrhee , <les gastrites, des dno1lénite1,
des gastro-f'ntérites et les m~yem avec leF.qoels on les
a combattues, llrc5qoe tonjoul's antiphlogistiques, ont
été plus ou moins couronnés de sncces.
M
se tena\ t an courant de la science, eu lisant les
journau,:g: de médecine.
,
aulrt!
�( 97)
·-- D'après le relevé des registres de l'État-civil de la
mairie de Marseille , il y a eu en Juillet 1825, 353
·
naissances ; 369 décè~ et 68 mariages.
P.-M. Roux.
4:
CONCOURS
ACADiMIQUEL
Prix proposés et décernés par la Société de médecine
pratique de Montpellier.
Pour la seconde fois, la Société de médecine pratique
de Montpellier avait proposé, pour sujet d'an prix coasi~tant en nne médaille d'or de la valeur de 300 francs , à
décerner dans sa séance solennelle du 15 mai 1825, la
question sniv-ante :
Quelle a été l'influence des tra11a11x de Guy de Chanliac
sur le lustre et les progrès de La chirurgiè française?
Deux mémoires out été le produit de ce concours ; les
'ues de la Société n'ayant encore pu être satisfaites , elle
s'est déterminée à retirer cette question. Né.inmoios, voulant honorer le mérite respectif do travail de leurs auteurs,
elle a délibéré :
1. Qu'elle décernait, à titre de prix d'encouragement,
une médaille d'or de 1 oo fr. à l'auteur da mémoire coté
n." 2 , M. Bri.;t , professeur à l'École seconda ire de médecine de Besançon, chirurgien en cbef de l'hôpital de la
même ville;
2." Qu'elle accordait également, à titre de prix d'encouragement 1 _one médaille d'or de 5o fr. à l'au ten r cla mémoire in~crit sous Je n. 0 1, M. J.,.-J.-Alexandre Valat 1
élève de la Faculté de médecine de Montpellier , ancien
aicle-pros-:cteur, et ancien premier élève à l'école pratique
d'analomie de la mê1ne Faculté, ex -premier chirmgien
i3
Aout i825.
T.
0
x.
�( 98 )
externe à !'Hôtel-Dien St.-Êloi, de cette ville, auteur dQ
mémoi~e, qui, au concours de 1824 , obtint la mention
honorable décernée par la Société, et lequel était distingué
par celte devise :
Ci-git un inconnu qui cessera de l'être,
Si son faible talent peut le faüe connaitre.
0
3. Enfin, que sons la direction spéciale de son Secrétaire-général, les deux mémoires, <lonl il s'agit, seraient
imprimés à la suite du compte-rendu de ses travaux,
pendant les années 1823, 1824 et 1825.
I.e même programme de l'année dernière offrait aussi
au concours, poar cette année , cette autre qnestiou
conçue en ces termes :
Qrtelle a été l'influence des travaux de Rivière, de Bordeu
et de Barthez sur le Lustre et Les progrès de la médecine
française ?
Un seul mémoire sar ce sujet, distingué par cette
épigraphe, in media veritas, a été envoyé à la Société.
Trompée clans son attente, elle déclare le m~me concours
ouvert jusqu'à !';innée prochaine, accorde à l'auteur de
ce mémoire une mention honorable , et propose, en
outre, pour les années 1826 et 1827, les deux questions
ci-après:
( Deuxième question mise au concours pour l'année
t8·26:)
Quels sont les ejfds des émét0.ues et des purgatifs
1
quels sont ceu:c des saignées locales et générales, e_t quelles
sont les maladies 1ui indiquent oit contr'indiquent spécialernent L'emploi, seul ou combiné, des uns ou des autres
de ces moyens thérap_eutiques?
(Troisième question mise au concours pour l'année
i827: )
Les préparations d:or doivent-elles être préjéréts à celles
de me:cure da1ts le traitement des "!_aladies syphilitiqu~.s:
�I
( 9g )
quels sont les cas où les unes et les autre.r de ces préparations métalliques peuvent être employées en même temps ou
alternativement, et ceux où on peut les administrer seules
et combinées avec un autre médùament ?
Pour stimuler le zèle et l'émulation, la Société distrihoant, outre le prix, sur .le résultat do concours, d'une .,
médaille d'or de la valeur de 300 fr. ponr chacune des
trois questions proposées, des méilailles d'eucoura'gement
an::; auteurs des meilleurs ritemoires qài lui sont envoyés
annuellement, déclare, 1.0 qu'elle décerne deux médailles
d'or de 5o fr., savoir : une ii M. Desgranges, docteur en
médecine, membre associé de 1a Société de Lyon ; et
l'autre, ii M. Gondinet, docteur en médecine, membre
assçcié, et sous-préfet à St.-Y ricix , déj1artement de la
Haute-Vienne ; 2.. 0 que parmi les membres dont la correspondance lui a été des plos honorables, elle s'est plu
adistinguer M}'l. Louis Valentin, doctenr en médecine à
Nancy; Ozanam,' docteur en médecine à Lyon; Gintrac,
docteur en médecine à Bordeau:s; Lafaye , docteur eu
chirurgie à Bordeaux; Richelmi, docteur en médecine à
1
Nice; Bourdelle, docteur en médecine à Péguilh~n.
Les mémoires, sur les questions proposées , écrits lisiblement en latin ou en français, ne seront reçus que jusqu'au 15 avril de chacune des année~ pour lesquelles le
concours est ouvert; ils seront envoyés, francs de port,
dans les formes usitée's pour les coocoars, comme tout ce
qui concerne la correspondance de la Société de médecine
pratique, a M. Bonnet, secrétaire-général de la Société
rue du Gouvernement, n. 0 2.46.
�( 100 )
NOTICE
J>ES TRA VAUX DU COMITÉ MEDICAL DES DISPENSAIRES
DE MARSEILLE.
Année
I
825. -
N. 0 Ill.
sur l'état des maladies traitées dans les dispensaires , pendant le second trimestre de l'annee
1825, p1-ésenté uu nom du Comité médical à l' Administration du bureazi de bienjàis1ince; par P .-M. Roux 1
Secrétaire-général.
Ii.APPOnT
CONFORMÉMENT à l'article 11 da règlement da Comité
médical , nous avons l'honneur de vous rendre compte
des mal.a.dies traitées dans les dispensaires, peudant le
second trimestre de celte anriée.
Si , comme nous le verrons bientôt , tontes ont été de
nature à ne point vous inquiéter sur l'état de la santé
générale, c'est clans la constitution atmosphérique qu'il
faut en réchercher le motif: le temps , il est vrai, a été
pendJnt nombre de jours de ce trimestre , très-couvert
et surtout nuageux, tandis qu'on n'a compté que trois
jours de pluie ; ce qui a dû apporter quelques changemens dans l'é tat physiologique <le l'homme, comme dans
celui de certains végétaux auxquels l'eau est aussi nécessaire que les brouillards leur sont souvent nuisibles. Mais
plus de la moitié des mois d'avril et de jnin et 12 jours
'de> mai ayant été remarquables par la sérénité et la douceur ile la tempéralare quelle cause eut pu donner naisl!Jtrice à lies a ff ctions de man vais caractère '! C'est, en
effot, d11 ho u état de l'atmosphère que dépend en général
la sanLé des individus, et l'invesLigation médicale ne sera
0
�( 101 )
jamais moins en défaut, dans l'examen de l'origine de
telle ou telle affection morbide , qu'en étant di1 igée de
ce côté. Hippocrate, le père des vrais mé<lecins, ne nous
a-t-il pas appris que c'était la voie la p1os sûre pour parl'enir à la connaissance intime de la natu1·e des maladies
populaires ou épidémiques 7 Rien , au contraire , n'est
pins inextricable, parce que c'e.st évidemment un fruit
de l'imagination , plutôt qu'on résultat de l'étude des
phénomènes de la nature , que l'explication cles germes
ou principes a l'aide desquels on cherche à se J'eQdre
raison de la transmission de diverses m~ladies.
Les médecins des di~pensaires n'oublieront jamais qne
l'oliservation est la hase fondamentale de la médecine,
et qu'en la prenant pour gnide' ils auront toujours a vous
présenter sinon des relations fleuries, mais embrouillées,
sar le résultat de leur pratique, dn moins des tableaux
fideles, clairs et dont on puisse retirer quP.!que fmit dans
l'intér~t des malheureux qui excitent votre sollicitude pa. 1
teroelle.
Nous avons annoncé, Messieurs, que 630 malades restaient en traitement au 1•' avrll; ajoutons à ce nombre
celai de 954 malades inscrits dans le trimestre et nous
aurons un total de 1584 malades dont
946 ont été guéris ·,
38 sont morts,
22 ont été envoyés à l'hôpital,
et 578 restent en traitement au 1°' iuin.
Si une ligne de démarcation bien tranchée pouvait ~tre
établie entre les maladies aiguës et les maladies chroniques, nous aurions à vous faire remarquer que celles-ci
se sont élevées à 256, tandis que les autres sont au nombre
de 590, non compris 93 cas de hernie·s et 7 cas de teigne.
Mais cette énumération n'étant ni bien distincte, ni médicale, nous suivrons l'ordre adopté dans notre précédent
rapport, c'est-à-dire, que nous allons e:i>pose1· d'une ma-
�(
102 )
nière générale les maladies qui ont été traitées, en commençant p:u· les plus fréqaentes : les catharres hroncbi.
ques et pulmonaires ont formé un peu plus du huitième
du nombre des maladies. Des gastrites, des gastro-entérites, des entérites ont formé un peu plus du dixième,
et des affections nerveuses, scrophaleuses, dartreuses ·,
vermineuses, des cépbaldlgies ou cephalées ' des coqueluches , des aménorrhées, des érysipèles, des hémopb.
thisies, <les rougeoles, des rhumatismes, des ophthalmies
ont ensnite consritaé le cadre des maladies les plus orcli.
naires. Le nomhl'e des maladies snivantès parmi lesquelles
se trouvent plnsieni:s cas de chirurgie ont été en dimi.
nuant jusques au n, 0 1. Ainsi, a-t-on traité des abcès,
des a"1gines, des é.pigastralgies, des fièvres intermittentes,
des gales, des hydrothorax des leucorrhées, des ictères,
des ulcères atoniques. des plaies, des furoncles, .clea
caries, des syphili~, des débilités générales, des luxations,
phrénésie, phlegmon, tympanite, œdème ,chlorose, squirre
de l'utérus, pustule maligne, hydrocéphalite , épilepsie,
arachni.tis, exostose , etc, , etc.
Quelques-unes de . ces maladies ont fait le sujet d'obser.
vations particulières que nous signalerons à la fin de l'année,
Toutes ont é té génér.ilement traitées en concilianL les
moyens thérapeuLiques préconisés par les anciens et ceux
'Yan tés par la médecine moderne ; c'est voos dire, Messieurs , que les médecins des dispensaires ne sont point
exclusifs; que tout en rendant hommage à la doctrine
physiologique , ils croiraient s'égarer s'ils ne prenaient
pas quel1aefois pour guide telle on telle doctrine de nos
pères , et ils pem•ent vous assorer que s'ils se trouvent
hien dé cette maniêre cle procéder dans le traitement
des malades que vous leur confiez, ceux-ci éprouvent sur-·
tont les heureux bienfaits d'une marche aussi sage el si
évidemment conciliatrice.
�( io5 )
BUL.L ETINS
DE
LA. SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECI.NE'
DE MARSEILLE~
AouT 1825. --- N. 0 XLIV.
-
sur une masse de cheveux trouvée dani,
festomac; par M. le D. DESGB.ANGES, médecin.à Lyon •
associé correspo11dant de la Société royale de médecine
de Marseille , etc.
QBSEil.1' ATION
UNE fille du Bourg-Argental, âgée de 16 ans, avait
dès son bas âge , la funeste habitude, ou, si l'on veut,
le goilt bizarre d'avaler des cheveux, ce qui lui occasiona différentes incommodités, lesquelles se montrèrent
plos variées et plns intenses à mesure qu'elle prenait
des années , ce qui fit que bientôt on les attribua à une
affection chlorotique causée par l'époque prochaine d~ .
la menstruation, ou par les appr~ts ùe cet écoulement
périollique. Elle éprouvait surtout on grand besoin de
boire, et chaque jonr, a-t-on rapporté, elle bavait dans
son village j nsqn'à hait ou dix pots de lait. Son appétit
pou1· les cheveux et les mal-aises qo.'occasiouait leur·
présence ( dont !a m~sse augmentait chaque jour de_
volome ) s'accroissant, elle se décida à ,·enir à Lyon
ot1 elle avait nue tante, et à entrer à notre hôpital ;;
elle fut placée dans la salle d'un de nos collègues fort
in•truit. .•. Les symptômes exista as, joints à l'exploration attentive de l'extérieur du bas-ventre, lui firent pré-
�(
104 )
snmer nue altération organique de l'estomac, dont il ne
pot déterminer l'espèce.
La jennt: personne était blonde, délicate, d'une cons.
titntion faible en apparence depuis sa naissance, avec
un air extrêmement souffrant; elle ne pouvait recevoir
qne des nourritures liquides, désirait vivement de boire
du lait et ne paraissait un pen tranquille que qaand
son estomac était distendu par des boissons; chaque soir
elle vomissait ce qu'elle avait pris dans le jonr; le lende.
main elle recommençait et la même terminaison avait
lieu •.. On ess<iya différens remèdes dirigés d'abord contre
une trop grande irritabilité de l'estomac, puis contre
nn amas ~alrnrr:il, un engorgement blanc de quelque
point de ce viscère, l'embarras du pylore, sa squirrosité,
etc. Mais ils forent tons constamment inutiles; les donleors devenaient habituelles, la maigreur et l'émaciation
extrêmes, et la fièvre se mettant de la partie, la malade
ne tarcla pas à succomber (ça été dans les premiers jours
de décembre i8I 1 ).
Autop:Jie. Le cadavre était dans nn état d'étisie réelle,
la région de l'estomac an peu affaissée, mais présentant
en tact, dans le centre, uue tumeur comme trahsversale
s'allongeant dn côté droit et no peu en bas , ce qui
dessinait la direction de l'organe et sa continuité avec
le duodénum, etc.
Le teint de la malade était pâle et blanc, mais non
jaune, ou jannâtre, desséché et terreux, comme dans
les cas bien vrais d'affection organique de l'un des viscères
servant à la digestion; elle avait des cheveux .clair semés
et courts, quoiqll'on assure ne les lui avoir jamais coupé.
L'estomac inci~é _dans sa longueur, on y a découvert
une tumeur chevelue, ovalaire, de Luit à dix pouces d'étendue, formée par cles cheveux en.tortillés d'une manière
inextricable, A son sommet était un lrnuqoet de cheveax,
gros et long comme le pouce, lequel s'avauçairdans. l'œso-
�( 105 )
pliage, et y gênait le passage des nourritures qui. n'étaient
pas très-liquides, y arrêtait celles an pen plus épaisses
]usqu'au soir qne le tout ensemble était vomi ; aussi le
cardia et la portion du conduit œsoplrngien ''oisine, ou
attenan'-, étaient -ils dilatés et aggrandis notahlemeut.
Inférieurement, il y avait un allongement cle la même
natare, de plus d'un pied de longueur, en fo1·me de queue
ronde et d'nae grosseur décroissante , de 18 lignes de diamètl'e à son origine, <le 15 et 12 dans son étendue pour
finir par 8 environ à son extrémité ihférieure ... La région
da pylore était marquée par une dépression circulaire;
les inflexions et courbures du doodeaum se reconnais~
saient aussi par des impressions particnlières et le reste
flottait dans le jéjunum. Le tout ensemble a'Vait deux
pieds de loogaèur, et pesait deux livres trois onces,
18 à 20 jours après son extrac:tioo du corps et avant
d'être placé dans de l'eau-de-vie ou on le conserve.
La partie principale de celle masse de chevenx ou
la stomacale ayant été fendue dans 9(1n grand diamètre,
on y a trouvé une pelure de chatai~.oe au centre qui
a servi de noyau <iutoar duquel se sont arrangés et entrelacés les cheveax d'une manière iain,itable et que
pe poarrait sû1·emcnt atteindre la main des hommes.
La petite portion œsophagienne, comme la h·ès-loogue
intestinale, étaient de même formées par un en.'('ecroissement de cheveux, de sorte qu'il ne faut pas se .représenter les che"Veux, déployés pour former clans leur· longueur les deux productions ou appendices qui par~ent
de la ma~se principale. Des sucs bilieux et sales avuiètit
baigné le tout trop long-temps pour qu'on n'en ait pa:i
retrouvé beaucoup comme extravasés dans les mailles de
ce Lissa chevelu.
Les parois de l'estomac et des viscères adjacens, n'avaient point souffert , elles n'étaient point phlogosée~
el ne présentaient que leur épais~enr natnre1le.
;14
T. X. Août 1825.
�(
106 )
On trouve un fait semblable dans l'ancien journal de
médecine, tome 52, cahier du mois de décembre 1779,
p. 507. Le sa jet est un garçon de Verdun, âgé aussi de 16
ans, mais la masse chevelue était beaucoup moins étendue
et moins volumineuse: au sortir de l'estomac , elle pesait
~eux livres et une once, et sèche, r 1 onces et demies seuler-pent. La Société royale de médecine, dans le volume
pour les années I"J77 et 1778 en a o.ffert sar deu'.' planches , la gravure de grandeur naturelle (part. hist.·p. 2fo )·
Voib l'exell\ple d'un corps étranger hien rare et bien
extraor<liu;iire formé par gradation dans l'intél'iear d'au
viscère principal, ( réservoir des alimens et organe essentiel daus la digestion ) dont les matériaux ont été
avalés succes,ivemen t saus qu'on puisse dire en combien
d'espace de temps. Peut-être était-ce dès le plus has
âge cle cette fille, comme à trois ou quatre ans, ainsi
que cela est arrivé au. jeune garçon de Verdun? Les
accideus qui ont eu iien appartiennent aux tumeurs
ou cougestions froid1r.s, aux bandes calleuses, aux squirre!
pen étend•.1s forivés clans l'épaisseur de la muqueuse
.gastrique, à l'im'.iuration du p.vlure, etc. Aucun symptôme ne s.'esL ?résenté pour sigualer plus particulièrement celle affection chronique on faire présumer tout
au moius Pespèce da corps de délit qni, à pas sûrs, a
conduit ·notre malade au cercueil le 26 décembre 18n.
Continr.1ai t-elle à manger des cheveux, on depuis quanti
avnit-1~ile renoncé à satisfaire, an goût aussi dépravé'/
C't:/L ce qu'on ne satt pas.
OINEB.rA'!l'ON d'un empaiso1111ement prodicit par l'application
èt trop forte dose dct lai1dcuwm; sur un érysipèle phlegmo11e11x; par M. le docteur Guu.uo fils, n1t:mbre tillllaire de let Société royale de médecine de Marseille, etc.
Ru:N n'est mieux prouvé que l'allsorption qui s'exerce
li la 5urface de la peau; c'est à elle que le médecin confie
�(
107 )
souvent l'intreductiou à lwute dose de certaines substances
médicamentea;es qui, portées à celte close élr,•ée dans
l'estomac, y exerceraient une action trop ,-ive, on seraient
expulsées par cet organe avant le tleveloppement de leùrs
effets thérapeutiques. Il est an phénomène qui a été moins
remarqué, parce qu'il se manifeste moins sou,•ent aux
regards du médecin, c'est L'énergie qu'acquiert celle
absorption dans les différentes parties de l'organe cutané
et du tissa cellulaire sous-jacent quand ces parties deviennent le siége d'une phlegmasie intense; les douleurs
vives qni accompagnent ces sortes de phlegmasies réclament fréquemment l'application lccale des calma~s et
spécialement de l'opium; maîs qu~lque grande que puisse
être la dose du calmant emploJé dans ce cas , le médecin
doit toujours la' proportionner à l'intensité des douleurs
el à la constitution da malade; si elle tlépasse les bornes
qn'ane sage thérapeutique lui a prescrit, si le médicament
1
précieux au moyen duquel l'homme de l'art panient à
calmer la douleur se trouve placé dans des mains inhabiles,
son application extérieure, faite à trop haute dose sur des
parties enflammées, peut prnduire les effets les plus funestes; un événement fâcheux arrivé sous nos yeux à
l'bbpit~l St.-Louis, à Paris, vient à l'appui de ces réflexions.
Jean-Augustin Barbier, soldat dans le 21."" régiment
de ligne, âgé de 32 am; cl'une con , titntion si·che, d'an
tempérament nerveux, entra à l'hbpiial St.-Louis, le 20
septembre 1815, affecté d'un érripèle phlegmoneux qui
occupait la partie anlérieure et externe de la jambe droite•
Le gonflement était considérable, la rougeur trè~-m .1rquée,
la surface enflammée, tend ne, lui~ante, la .douleur trèsforte, la chaleur vivement ressentie par le malade , l'était
aussi beaucoup au toucher; le pouls, sans être fort, était
plein et fréquent, la langue légèrement chargée, le basVefcllre médiocrement t-endn ; le malade éprouvait des
I
�( 108 )
borborygm es et n'avait pas été à la selle depuis dent
jours. Chargé provisoirem ent dtt service de ]a salle dans
laquelle ce malade était placé, je prescrivis l'application
d'un large cataplasme fait avec la farine de graines de
lin cuite dao'! l'eau de guimauve, en recommand ant à
l'élève chargé des panse mens d'y verser 15 gouttes de
laudanum liquide; la constitution nerveuse de l'individu
jointe à quelques symptômes d'embarras intestinal m'engagèrent à donner pour boisson deux pintes d'infusion
de tilleul et de feuille5 d'oraugr.rs , dans chacune desquelles
je fis dissoudre un grain d'émétique ; ie joignis à cela
l'administr ation d'un lavement émollient ; ces prescriptions furent faites le soir à six heures, peu de temps après
l'arrivée du malade. On jugera quelle dut être ma sur.
prise, le lendemain matin , de le trou;ller dan~ l'état
suivant : face pâle, pan pi ères tremblante s, ne coan.1nt
qu'à moitié le globe de l'œil agité en divers sens, papille
resserrée, frémisseme ns spasmodiqu es de tous le5 muscles
de la face , distorsion des lèvres , mouvemeos convt1lsifs
des membres supérieurs et inférie.urs remplacés par un
as~oupissement profond ; perte de la par·ole, pouls petit,
serré, refroidissem ent des extrémités ; au premier abord,
je ne vis clans l'ensemble de ces symptômes qu'un état
nerveux que j'attribuai à la douleur de la partie enflammée
vivement ressentie par le malade naturellem ent très·
irritable ; mais une forte odeur opiacée et la couleur
jaune de la bande qui recouvrait la jamhe fixèrent mon
attention et m'engagère nt à faire découvrir celle-ci; quel
fat mon étonnemeu t eu voyant toutes les parties de la
bande ainsi que les compres~es imbibéc_s de laudanum
et ce liquide s'écouler assez abondamm ent Ju cataplasmr,
lorsqu'on l'eu)e,'a de la partie malade! L'absorptio n énergique qu'exerce la surface de la peau enflammée se présenta à ma pensée, dès-l9rs plus de dout~ que les symptômes ci-dessus meutionnés ne fossent déterminés par .le
�( 109 )
)andannm appliqué extérieurement à nne dose beaitcoap
plus forte qne celle que i'avais prescritP; je pri~ à part
l'élève du ,rang 1 je l'iotei·rogr>ai et il ne tarda pas à
m'avouer que se trouvant chargé d'un g•aod nombre de
pansemens, il av<1il prié un infirmier d'appliquer le cataplasme et de l'arroser avec le lauclanun1 , ~ans lui indiquer la dose; celui-ci ne crut pouvoir mieux calmer
les souffrances du maladf' qu'eu vrrsant sur Je cataplasme
ane très-grande qoantiré de l<1u<lanum liquide ; il en
employa demi-once à cet effet; une autre demi-once lai
servit a imbiber la compresse el la bande; écl.iiré sur
la véritable cause de l'état du malade , la gravité dea
symptômes me laissa un espoir d'autant plus faible , qoe
je ne pouvais compter sur les effets clu vomissement et
l'emploi du vinaigre, le narcotique aj'aot pénétré dans
l'économie par l'absorption cutanée; j'eos .cepencldnt recours aux auti-spasmotliques employés en potions , dans
lesquelles je fis entrer l'émétique à dose vomitive, dans le
dessein d'établir des points de clél'ivation ; d_es larges si.
aapismes furent placés an:i.: pieds pour remplir la m~me.
indication , mais ce fat en vain; l'action de ces di fférens
moyens ne put surmonter celle heaocoup plus énergigue
de l'opium ; les mouvcmens convulsifs augmentèrent, le
pouls s'affaiblit, le refroi1lissemenl d1iviot général et le
malade expira à 5 heures du soir 1 23 heures après son
entrée à \'hôpital.
L'autopsie ne présenta rien de remarquallle: aucune
trace de lésion, soit dans le cerveau, soit daos les mem ....
liranes qui l'enveloppent ; seulement quelques -po1nts
ile l'ararhnoïde me parurent roug11s et a~sez fortement
injectés; rien de particufrer dans lt> cœur; la muqueuse.
gastrique eonservait son .état naturel ; une fortP odeur
opiacée s'e::rhalait de toutes les parties soumises à notre
examen, saps cependant p:ouvoi_r troo,·er dans les v~ie ..
seaux aucune traoe du narcotique ahsorb~.
�(
I 10 )
J'ai cra que cette observation ne serait pas indigne d'être
présenté~ à la Société; elle m'a paru remarquable en ce
qu'elle prouve d'une part l'énergie de l'absorption qui
s'exerce à la surface de la peau euOammée,; de l'autre,
fa rapidité avec laquelle se développent et marchent les
symplômes de l'empoisonnement par les narcotiques chez
les iodiv_idus d·un tempérament nerveux; elle nous montre
de pins que le vom1s5ement si avantageux pour l'expulsion
des poisons pris à l'intérieur quanJ toute cette expulsion
peut être provoquée de bonne heure, ne produit ancun
effet dans les empoisonneinens qui ont lieu par l'absorption
cutanée.
L
------------~--SEANCES DE LA SOCIÉTÉ,
PENDANT LE MOIS DE JUILLET
1825.
'
2 Juillet. --- M. le D. Amilhon, correspondant à Servian , adresse un mémoire sur l'analyse de la fontaine
connue sous le nom des eaux et bains d'Avène. Cet écrit
sera soumis à l'attention de la Société dans une de ses
prochaines réunions.
M. Aillzaud lit an rapport sar le mémoire de M.
Laure, chirurgien à l'hôpital civil de Toulon, relatif
aux monstruosi1és.
M. le Secrétaire-général fait part qu'il a reçu trois
mémoires, .e n réponse à la question mise au concours
pour l'anDée 1825.
Celui enregistré sous le n.° i. porte poar épigraphe
cc vers de Virgile : Felix qui potitit rerum cognoscere
causas. Ce vers cl'Horace: ln vicùim ducit culpœ Juga,
sert cl'épigrapl1e au mémoire coté n." 2. Le mémoire n.'
3. a pour devise ·ces mots de Lucain : servare modum
fincmque tenere.
�(
l II
}
J,a lecture cle ces mémoires est fixée vers la mi-juillet.
M. Vailhen, propriétaire d'un établisse1 6 Juillet. ment de mer, annonce par une lettre, qu'il vient de faire
construire un nouveau bain, disposé <le manièr~ à exposel',
aux moavemeus et à la percussion de la vague la personne
qui en fera usage. M. Vailhen désii·erait avoir l'avis de
la Société sur l'utilité de ce nouveau b,iin.
Une Commission, composée de MM. Beullac père
Giraud-St.-Rome père, Magail, Seux et Sue, est nommée'
pour faire un rapport sur le nouvel établissement de M.
Vitillten.
M. Rayer, D .•M. P., fait parvenir un anvrage intitulé:
Somnuiire d'une histoire abrégée de l'anatomie pat!wlogiqlle. ( Dépôt dans les archives. )
Lecture est faite d'une observation , adressée par M.
Laq11erbe D. - M. M., ayant pool' titre: Anévrisme de
l'aorte thoracique, hypertrophie dit ventricule gauche dct
camr, emphysème dit pownon. gauche , granulations miliaires et hépatisation rouge dtt poumon droit.
M. le Secrétaire - général donne lecture ensuite dn
manuscrit de M. Amillwn, concernant l'analyse des bains
d'Avène.
M. Laquerbe est reça membre correspondant de la
Société.
3o Juillet. --- M. Froment, correspondant à Aubagne,
adresse : des observations clini11ies sur quelques hernies..
11vec étranglement. Ce travail fixera l'attention de la
Société dans une séance ultérieure.
M. Roux fait hommage an nom de M. Méli, médecin
a Ravenne, de trois mémoires dont suivent les titres :
0
1. Sul modo di ottenere dal pepe nero il peperino 1:
l'olio acre e sit l'azi.one Jebbrifuga di queste sostanze,
nuove l'sperienze ed osservazioni.
2. Su la condizione patologica delle ft>bbri bilioie,
nugvi faui espo sti,
0
�(
112 )
0
3. Della conrlizione patologica delle fobbri hiliose, dis.
apnlogetico. ( Dépôt dans les archi,•es. )
M. Go11llin lit son rapport sur l'ouvrage cle M. Rayer,
iutitnlé : Hi~toire rle l'épidémie cl.~ la suette miltm:re qui a
régné en 1th 1 dans les Départcmens de L'Oise et de Seine
et Oise:.
Org~ne dP. la commission nommée pour éxaminer les
nouve:m x J,aias de mer de M. Vailhen, M. Sue lit un
cors~
un ra ppo rt riui e.• t aopronvé tians tout sori conl1;ma.
M. n~rmonPt fait lecture d'une observation relative à
l'e;rtirpat1.0n d'une tumeur enkistée de la mamelle gauche,
présP 1tant les caractères du fongus hematodes.
1V. Fodù é, professeur à la Faculté de médecine deS1 :·ashoarg , adresse les na méros 1. et IV. du journal
de la Soriété <les sciences, agriculture et arts dn Dé.
parte rne nt du Bas-Rhin, année 1824. ( Dépôt dans les
;irchives ).
·
SEUX, Président.
SuE, Secrétaire-général.
AVIS.
L.1 Société royale de médecine ck .Jl1_arseille déclare
111'en insérant dans ses Bullr'lins les J\.1émoires, Obser' 11ations, Notices, etc., de ses membres soit titulaires,
soit correspondrzns, qui lui parai.•sent dignes d'être
puhlié9', elle n'a égard qu'à L'intérêt qu'ils présente11t
à la science médicale; mais qu'elle n'entend donner ni approbation ni improbation att:r opinions qiee peuvent émettre
les auteurs, et qui n"ont µas encore la sam;tion générale.
�(
Il
5 )
T R 0 1 S1È M E
P A R T 1 E.
LITTERATURE MÉOIC~LE, NOUVEL~ES SCIENTIFIQUES,
MELANGES, ETC.
I.°
D'OUVRAGES
ANALYSE
IMPRIMÉS,
sur les médecins-poètes; par Étienne SAINTE·
1"1A.RIE, docteur en médecine de la Faculté de Mont~
petlier 1 etc. ( in-8. Paris, 1825.)
DrssEBTATION
0
Hic el'ato cum meclicis , musù conjungit amena$.
Vous avez bien fait de commencer à vous exercer en
écrivant des vers, car il est bien difficile qlle celui qoi ·11e
les a point aimés et qui n'en connait ni l'art ni le charme
puisse jamais parfaitement écrire en prose; voilà ce que
l'homme le pins remarquable du i8.me siècle, le poète.,
le pins sublime, le prosateur le plus pur et le plus
fait, l'auteur, enfin , du siècle de Louis XIV , de 'l'hi~
toire de Charles XII , tle Zaïre et tle l\'lahomet , disait au
lpiritufllcomte de Segur, alors très-jeune. C'est le conseil
d'un maître que nul ne recasera, c'est cette idée-mère en
éducation comme en littérature que M. Sainte-Marie a
cherché non seulement à justifier var des preaves, d;rns
une brochure parfaitement écrite et raisonnée, mais qu'il
prouve être la porte des sciences : ici, tant l'intimité est
grande entre loi poète et les méuecins, c'est un méllecin
qui devient poète, et là un poète qui devient médecin.
En effet, étudiez les hommes dans toutes les positions
15
T. X. Septembre · 1825.
par-
�(
I
r4 )
sociales, dans-toutes les conditions intellectuelles, remar.
quahles; ils paraissent toojours médiocres lorsqu'ils n'ont
point obéi à l'âge des vers : le poète est à l'esprit ce
que sont les fleurs aux fruits, ce qu'est l'imagination à
la philosophie; ce sont autant de degrés naturels par
lesquels on doit passer, on l'éducation est incomplète;
et lorsq!1'on· a payé· le tribut ordinaire aux progrès de
l'intelligence, lorsqu'on a jeté la gourme de l'adOlescence,
on ne doit plus y revenir; c'est un âge oublié, dont on
ne doi.t conserver que des souvenirs , et n'y accorder
que les minutes de délassemens, de même que le vieillard sourit qnelt1uefois aux amusemens de l'enfance. C'est
ce qu'ont fait la plas grande partie des médecins poètes
cités 'par notre illustre confrère : il prou\•e que jamais
chez les médecins instruits ou célèbres , la poésie ne fat
considérée que connue an agréable délassement. La
preuve la plus remarqaahle est dans les travaux im..
menses cle Haller, qui lui permirent encore de publier
trois volumes cle poésie9 qui le placèrent à la tête d'une
révolution littéraire sublime. C'est, en effet, à lui que
l'Allemagne doit la poésie philosophique et le romantisme
raisonnable : voila la marche des nations et celle des
individus. L'âge de la poésie est l'époque cle la chevalerie
<le notre existence morale. Le premier mot prononcé par
un penple ou par un individu, fut sans doute une inspiration, un élan du Cœllr; le second seulement appar.
tient a la réflexion , à la philosophie. L'édncation est
fertile lorsqu'elle n'a point oatre • passé les lois ' de la
nature. Quel est le jardinier insensé qui oserait deman·
der des frnits a son jardin avant la saison des fleurs,
ou qui demanderait des fleurs après la saison des _fruits?
Qu'on cite maintenant na médecin on un philosophe
célèbre qui n'ait qtielquefois été inspiré par les merveilles qu'il admirait? Mais malheur a ceux dont la tête
w1J.lorle le cœur , dont l'es11rit exclut toute autre oc·
�(
Il
5 )
copation : ahandonner les autres sciences ponr s'attacher
exclnsivcment aux belles-lettres , c'est , disait Basnage,
avec beaucoup d'esp.rit, brûler une ville pour en con!
server les portes. Il faut, au contraire, à l'exemple dtt
savant abbé de longuerne, apprendre, lire, connaître,
imiter les poètes dans l'âge d'or de l'existence , et les
exclure même de chez soi lorsque la raison a succédé
aux illusions : dès l'aurore des sciences , la médecine
fut ainsi associée à la poésie : Apollon lui-même ne futil point surnommé Pœon? et, par une ingénieuse allégorie, il fut le père d'Esculape surnommé Masagète ou
protecteur des Mnses: et le divin Orphée n'enseigna.t-il
pas , dans ses vers sul>limes , l'art de composer des
poisons et de connaître les simples , au rapport de
Galien lui-même? Et l'ami, l'esclave de Diogène, Diagoras, ne fut-il ppint aussi et médecin. et poète?
Le D. Sainte-Marie passe d'abord en revue les noms
célèbres au Parnasse , échappés au temple d'Epidanre:
au premier rang de rhistoire moderne ' comme du
génie , se trouve Dante ; viennent ensuite Schiller,
Goldsmith, etc. Il parle immédiatement après de ceux
qui, sans avoir desservi les autels d'Esculape, y sont
arrivés par one roule opposée. Ici se présentent Scevole
de Sainte-Marthe , Quillet , La Fo11taine, Saint-Peravi,
Voltaire, Lucé de Lancival; mais on n'y voit pas le sage
Snlon1on , connu chez les Hébreux par un poëme didactique sur les plantes, qui , à ce que nous apprend
)'histoire, commençait à l'hysope et finissait an cédre,
et qne les autres poèmes didactiques nous antorisent à
regretter, aotant que l'i otérêt de la science. On n'y voit
pas non plus Ovide, Lucrèce , Dorat, l'abbé Roman,
Gartthier, Des Ysœs Bnchanan, Lactance , Ale, Soumet,
etc., etc. Mais ce n'est pas un froid cataiogue que notre
illustre confrère désirait offrir an pnhlic ; c'était des
raisons et des exemples. Mais le Télémaque n'est point
�(
t
16 )
en vers , et c'est nêanmoins un poème supérieur à là
Henriatle , etc., et notre confrère, partant de ce principe,
1oit de la poésie dans la prose de ce1·tains de nos
çonfrères . Il cite , à l'appui , Barthez, Grimaud , /7anflelmont, Stahl, Haller, Lin11ée, Alibert; mais j'y voµ.
drais voir. Arétée !
L'auteur passe ensuite aa.x médecins qui , parmi les
modernes , ont cultivé avec les médecins anciens, la
poésie latine ; et dans cette longa.e énumérat ion , des
omibsions légères seules pea.vent être remarqué es , parmi
lesquelles nous nous p~aisoos a noter les poprtlaria epigrammata-médica , du 'médecin Aiala; les satyrœ medicœ
de Franc de Frankeneart; Almetové ex, Parti d'Egine,
Celse , Lotichins, dont les poésies sont pleines de frai.
cbea.r et de grâces; Scaliger, Spon , Wormius et qnelqa.es autres plus obscurs.
L'auteur parle aussi des médecins qui ont traité,
en vers f'rançais , quelques sujets tirés de leurs objets
de méditatio n ordinaire ; ici, l'on remarque bien moins
d'omissions, et il pal'court avec érudition tons les Parnasses
étrangers , oh il oublie de mentionn er le Tassoni qui
éta.dia l'anatomi e sous Aldrovan de, et dont le poème,
traduit en vers français, avec aa.tant de gotlt que cl'é1,e'gance , a ell trois éditions dès long-tem ps épuisées.
L'auteur, en parla ut de Bâcon, dit que ce penseur est
sou\'ent poète; il fut aussi médecin, si l'on en juge par
plusieurs de ses écrits, mais il fut poète également, et
publia une traductio n en vers des pseaumes .
C'est avec juste raison que le D. Sainte-Marie, connn
déjà si avantageu sement par de nombreu x ouvr.ages,
regarde comme impropre s aa.x accords de la lyre, l'a·
Datomie, la partie technique de la pathoiogi e, la matière
médicale et l'alchimi e, etc., qa.oiqne toutes ces parties
offrent aussi des médecins poètes : Ellinger , Hr:benstreit, Balamio Bremoni 1 etc. pour la patholog ie; Spon
1
�(
11
7 )
Quarre, etc. poar la myologie; Bimer , etc. pour l'05•
téologie, Augllrelle etc., pour l'alchimie : Durante, Sideta, etc., poar la matière médicale.
Le poète et le médecin ont trouvé, dans M. SainteM,1rie, un vigoureux défenseur, un heureux panégyris.t e,
riche dans ses citations, juste da·ns ses réllexions, noble
dans ses idées , entrainant dans son style; enfin , c'est
à lui seul qa'on devra l'abolition d'un préjugé répandu,
soutenu par l'ignorance; son ouvrage est, enfin, un ouvrage à offrir aux amis comme aux ennemis iles médecins, et qui prouve encore que Rouss11au ne fait que
leur rendre j ostice en prononçant les paroles remarquables conservées par Bernardin de St.-Pi.erre,
PumQUIN.
De l'insertion du placenta à l'orifice utérin. tribut acadimique présenté et publiquement soutenu à la Faculté
de médecine de lllontpellier, le 10 août J825; par
J•. M.-A.. P .H\DIGON , Doctew· eii médecine. ( in-4.• de
,
28 pages, Montpellier 1825.)
CnTÉ dissertation est aassi intéressante sons le rapport des recherches auxquelles l'auteur a dû se livrer,
que rélativement à la méthode avec laquelle il a présenté
ses considérations. Après avoir consacré une page à
l'énumération des auteurs qu'il a cru devoir citer comme
autant de bonnes sources oil il a puisé, il expose dans
plusieurs paragraphes : 1.0 les signes de l'insertion d11
placenta à l'orifice utérin; 2.0 le diagnostic; 3.'' le pronostic; 4.0 le traitement qu'il divise en prophylactique,
palliatif , c1Lratif.
Si l'auteur n'a fait qne retr.acer des idées connaes,
on doit du moins loi savoir gré de n'en avoir choisi
que de bonnes et de les avoir exprimées avec autant
de clarté que de · précision. Le fait qu_,il communique
�( n8 )
à rarticfe diagnostic offre quelque intér~t et doit par
cela même être relaté ici en entier.
Issue du placenta avant le fœtus. Présentation de l'épaule
droite, troisième position. Version. ( 1)
«Mm•. B.*u, d.gl'ie de 19 ans, d'un tempérament nerveux
et sanguin, au septième mois de sa grossesse., éprouva,
le 18 août 1824, une douleur très-vive dans tout l'abdomen; celui-ci était très-dur, douloureux; hémorrbagie
11térine très-légère, pouls fort et fréquent. ( Saignée
du hras de 8 onces, position horizontale, diète, tisane
adoucissante froide, potion calmante.)
Le 19, l'abdomen est moins douloureux, souple; l'hémorragie a presque entièrement cessé; pouls naturel.
Le lendemain, Mm•. B.*** était parfaitement J;ien.
Le 2 1 . septemhre, après beaucoup de mouve mens que
eette dame s~était donnés , renouvellement cîes mêmes
symptômes que le 18 août. Même traitement qu'à la même
époque.
Ces moyens. ne déterminèrent aucun soulagement; au
contraire , le 22 , les douleurs augmentèrent et étaient
semblables li celles de l'accouchement. rs:me d'une quantité de sang égale à celle que les accoucheurs désignent
sons le nom de marques. Le toucher fit reconnaître la dilatation de l'orifice; le col avait encore quelque longueur.
(r) Ce fait s'est passé sous les yenx de M. le doctenr Boyer,
aussi (*) recommandable par ses qualités morales que par ses
eonnaissan ces.
Nr;te de M. Pa1·digon.
("•) Oui, recommandahle sous tous les rapports, et nous ne
croirions pas trop dire en avançant que , s'il fallait chercl~er
nn médecin qui, par sa conduite envers les malade; comme
~nvers ses confrère~, méritât d'être donné pour modèle, en le
trouverait dans M. le docteur Boyer.
Note du Rédacteur-général.
�( ng }
A midi, les dcmleurs deTiennent plus intenses, la di1~
tation de l'orifice devient de plus en plus considérahle~
l'hémorragie est nu1le , les membranes sont tendues, soot
volumineuses et empêchent de distinguer la partie présentée. A deux heures, rupture de la poche amniotique,
sortie Ù'ane pinte d'eau de coulem· d'un vert foncé, annonçant l'issue du méconium.
Le toacher fait sentir un corps mon, spongieux, rempli
d'inégalités, que je reconnus aussitôt pour être le placenta, et qu'une contraction utérine pousse hors du vagi.a.
Je cherchai de suite à reconnaître quelle partie l'enfant
présentait au détroit supérieur. Je sentis la main dans l'excavation, le ponce tourné en arrière , le dos de la main.
vers la cuisse gauche de la femme , le coude clii-igé .â
droite. De nouvelles recherches me füent sentir le cl-Os
de l'enfant en devant, l'omoplate en travers des pubis,
l'acromion ii"gauche, et je conjecturai par conséquent qoe
les pieds étaient à droite et en arrière. La présentation
était donc la troisième de l'épaule droite de . Baudelocque.
Le cordon ne faisait point sentir de battement. La versi.on
était indispensable; aussi je me décidai de suite à cette
opél'ation, afin de prévenir le resserrement général de
l'utérus, et avant qu'il se fttt moulé s1ir le corps de
l'enfant. J'introduisis la main droite à droite du bassin, je
soulevai le tronc pour le fixer an-dessus du pubis, et .et\
suivant la surface antérieure de l'en fa.n t, je parvins .aiS<hnent aux pieds. L'évolution et l'extraction forent faites
avec assez de facilité. Le fœtns ne clonna, comme on .en
était parfaitement assuré, aucun signe de vie. Après
celle opération , l'utérus se ressena, il ne survint pas
la moindre hémorragie , et les couches ont été des plus
heureases.
Voulant mé convaincre de la justesse cle l'observation lle Baudelocque, je trouvai en examinant les secondines, que la rupture de la poche amniorlque avait
�(
130 )
en lieu à pe11 près à deux pouces da placenta. Mais le
v.olume des membranes et leur saillie expliquent pour.
quoi leur ouverture n'était pas plus rapprochée de ce
corps yasculaire.
Je regrette de ne m'être pas assuré, en pl.'atiquant le
toncbel.' pour la premièl.'e fois, si le placenta adhérait
à l'orifice. Mais commé il n'y avait absolument point
d'hémorragie, je ne pouvais présumer que ce corps pût
y être implanté, puisque ce cas était tout-à-fait en con.
tra<liction avec l'opinion des auteurs. »
On trouve une oàservation à peu près semblable dans
Baudelocque, et M. le professeur Caiwière, ayant appliqué
le forceps pour un C3S d'inertie de matrice, fut surpris,
en amenant la tête, de voir lé placenta glisser sur la
forceps et sortir avant le fœtus sans qu'il survint la
moindre hémorragie.
M. Pardigon pense avec Portal , Smellie, Levret,
Baudelocque, les dames Boivin et Lachapelle , M. Gardien et les accoucheurs modernes, que toutes les fois
que le placenta se présente à l'orifice avant le fœtns,
il était implanté sur le col utérin oit à son voisinage.
P.-M. Roux.
ou description a11ec.figures CO·
loriées de tous les oiseaux q1ti habilent c.onstamme11t la
Provence ou qui ny sont qne de passc:ge; sui11ie d'un
abrégé des chas!es, de quelques instructions de Taxidermie et d'une table des noms viûgaires, par Polydore
Roux, Conser11ateur du cabin,.et d'histoire naturelle. ( 5.•,
6.• et 7.• livraisons, in-4 .0 cle 8 pages et ayant 8 planches ch3cune. Marseille, 1825. )
OllNJTIIOLOGJE PROPEN ç.nE 1
C'EST toujoors avec salis faction que nous annonçons les
livraisons de l'ouvrage si important de M. P. Roux. NJus
avons vu dans les livraisons précédentes la marche qu'il se
�( 12 I )
propose de suivre; il commence par e:s:écnt~r son plan
dès la 5.• livraison, et on s'aperçoit avec beaucoup de
plaisir qu'il ne s'en tient pas seulement a ce plan, mais
qu'il réunit ton t ce qui peut accroître de plus eu plus
l'intérêt de son ornithologie, de sorte ql(e nous ne craignons pas cle dire de la manière dont il travaille qu'elle
ne ressemble en rien à celle de tant <l'autenrs aussi fertiles
en promesses que stériles en moyens d'exécution.
01·dre premier. - Accipitres, Accipitres. Les oiseaux
dont cet ordre se compose tiennent le même rang que les
carnassiers parmi les mammifères. L'auteur en donne
d'abord une description générale et fait remarquer que
les uns ont la vue très-perçante pendant le jour et les autres ne voient distinctement que dans l'obscurité ou le
crépuscule; ce qui a conduit les ornithologistes à former
deux tribus clans cet ordre : la tribu Accipitres diurnes et
celle Accipitres nocturnes. La première renferme trois
familles, savoir : les f/autourins, les Gypaëtes et les Accipitrins. M. P. Roux ne croit pas devoir parler de la seconde famille, parce qu'il n'est point encore panenu à sa
connaissance que le Phéne des Alpes ( Hypaetus barbatus)
ait abandonné les hautes mo11tagnes de la Suisse. Il ne s:at.
tache donc qu'à la description de toutes les espèces des
genres qui appartiennent aux deux aotl'es familles et dans
ces trois livraisons il décrit successivement le genre VAUTOUR, vultur; le Vautour noir, Vnltur niger; le Vautour'
griffon , Vultur fulvus; le genre NÉoPunori, Néophron; le
Néophron percnoptère, Néophron percnoptérus; il passe
ensuite a la fai:nille des Accipitrins, Accipitrini, et il examine le genre AtGLE, Arptila; l'Aigle commnn, Aquila
fiilPa; !'Aigle plaintif, Aq!tila plan{;rr; le genre PYG AlWUE,
Haliœtus; le Pygargue d'Europe, Haliœtcts nisus; le genre
Buuusun i.. Pandion; le Balbusard d'Europe, Pandio"n
fluvialis; le genre C1RCJ.ETE, Circaetus; le Circaete JeanT. X. Septembre 1825.
16
�( U2)
11!-Bl:inc., Circrinis gallicus; le genre Ruunn, Circus,
le {3u~ard de marais, Circ11s œruginosus.
Les planches de la 5.• livraison représentent le Vautoar
noir, f'îdtur nig(fr; le V3utour griffon, Vîtltur jidvus;
l~ Néophron pfrc~optère , Néophron percnoptércis ( vieux
mâle); le Néophcon percnoptère (jeune); l'Aigle commun ,AquiLa fulva (mâle); l'Aigle plainlif, Aquila planga
(mâle jeune) ;l'Aigle plaintif( fomelle jeune); le Pygarque
propremem dit, Haliœtus nisus ( femelle)•
D.;os la 6.• livraison , on voit représentés le Balbuzard
r\'Europe, Pandion fl1wialis; le Circaë:e Jean-le-Blanc,
Circnë't1:s gallicus (mâle adulte); le Bazar de marais,
Cirms œruginosus ( 1 •0 femelle; 2. 0 tl!te de jeune) ; le
Busard harpa ye , Circus rrifzts , mâle a<lo !te); le Busard
la.1rpaye (jeune ); le Busard de Montagu, Circus montagni,
( mille vieux); le Busard soubnse, Circtts gallinariu.s ( m51e
vienx) ; le Busard sou buse ( femelle).
Enfin, la 7.• livraison offre les tableaux suivans: le
Busard de Montagu femelle; la Bnse bondrée, Buter api0
1·or·11s ( 1 .° femelle, 2. tête d'un jeune mâle); la Buse bondrée (jenne de l'année) la Buse à poitrine barrée, Bucer
fasciatus (mâle adulte J; la même (jeune de l'année); la
Base changeante , Bute_r mtttans; la Buse patue, Buter
lagopus ; le Milan royal, 111ilvus regalis ( mâle, adulte).
Les bornes d'un journal ne nous permettant point de
suivre l'auteur dans tous les détails auxquels il s'est livré,
nous ne pouvons qu'engager nos lecteurs à juger par
eu~·-même& de l'intérêt que son travail présente, et ils
y parviendront s~ns doute mif'ax que par une courte
analyse dont le premier inconvénient seniit d'affaiblir le
mérite de ces trois livraisons. Nous ne terminerons pas
s;in~ payer à M. Beysson, imprimecir lytographe, le tribut
d'éloges qui lui est dû pour la manière dont il continne
. d'eJlécnter les planches de l'ornithologie provençale, d'ailleur.:1 si bien dessinées par l'autecr de cet ouvrage.
P.-M. Roux.
�2.
0
V
A. R I
É
'f
É
s.
si
La Société royale de méd~cine de Marseille tiêndra
vingt-cinquiè11~e séance publique annuelle, le 6 novembre
_
prochain.
- C'est décitlément le 26 décemhœ que le jury de
médecine des Bouches-du-Rhône commencera se's séunces;
- On parle beaucoup de la création d'un conseil de
salulirité publique pour le dépàrteh1ent des Bouches-doRhûne. Nous faisons tles vœùx poùr que l'autorité s'occupe
sérieusement d'on semhlahle éta1ilissetnent dont l'ùtilité
ne saurait ~lre contestée.
- M. le docteur Valentin prépare une nouvelle édi.:.
tion de son excellente notice sur l'immortel Jenner.
- La collection des Mtlmoires sut les eaux , par M.
le docteur Textoris, paraîtra lnces~amment, elle fonrlcra
on volume de 300 pages ou environ , in-8. caractère
petit-romain. (Prix : 5 fr. à Marseille et 6 fr. 70 cent.
franc de port par la poste )·
- La Société de médecine de Louvain a décerné à M.
le docteur Gintrac , profesgeur à l'École de médecine de
Bordeaux, la médaille d'or pour le prix qu'elle avait proposé sur le meilleur mémoire sur les Diagnostics des affections thorachiques, tant aiguës que chroniques. ·
- M. Bacon jeune a lu à l'Académie des sciences de
C.1en un Mémoire renfermant l'analyse de la racine de
guimauve ( althœa ojficinalis) d'oh il a extrait on ôel qu'il
croit nouveau , mais dont il ne peut encore assigner la
base : il a poar caractère one cristallisation octaédre
rhomboïdale , brillante , demi-transparente, de couleur
verte , inodore et rougissant la teinture du tournesol. On
a encore-retiré de cei.te analyse: de l'amidon, du sucre
incristallisable, one gomme on plutôt unt: matière mu.cilaginense, et une huile jaune.
0
,
�( 2-24 )
- Des gastrites, des gastro-entérit es, des ophthalmies,
encore quelques cas <le diar~hées, telles sent le~ maladies
que l'on a plu~ particulif>rement observées dans le courant
de ce mois, et elles ont été traitées avec d'autant plus de
succès par les anti-pblogisti ques, quelles étaient moins
éloignées de l'époque de leur i11vasiorf.
.
- D'après le relevé des registres cle l'État-civil de la
mairie de Marseille, il y a eu en Aoât i825, 328 naissances; 301 décès et 53 mariages.
P.-M. Roux.
3.°
C0
N C-0 UR S
A C A DÉ M 1 QUE S•
.,,...,..,..,....,,...,.,...,.~..,,...,,..
La Société libre d'émulation de Liége a deux fois de
suite mis au concours le snjet suivant: parmi les phlegmasies lo.::ales ou générales des tissus, en cxiste-t-il qui
exigent un traitement autre que celui des anti-phlogistiques.
N'ayant pas reçu de Mémoire satisfaisant sur cette qaestion, elle l'a remplacée par le sujet suivant:
Indiquer· la manière d'agir des moyens revulsifs; dans
quelles maladies, et à quelles époques ils doivent être employés.
Les Mémoires devront être envoyés avant le 1 .e' juillet
1826. Le prix sera une médaille de la valeur de 200 fr.
La Société accordera aussi pour la même époque one
médaille d'or de la valeur de 300 fr. au meilleur Mémoire
en réponse à la question suivante :
Quels sont les rauses , les symptômes et le traitement du
cancer , conridéré d'une manière générale 7
La Société désire qu'en traçant l'histoire de cette maladie telle qu'on la demande , on examine aussi et d'ane
manière étendue 1 • si le cancer est une maladie locale
Qu s'il n'est qoe le symptôme d'one maladie affectant toute
l'écùnomie, et que l'on appelle cancérnuse; 2.° dans le cas
oh l'on regarde celle affection comme locale, déterminer
si le traitement anti-phlogisti qoe peut faire obtenir la cure
radicale d'un canc~r constaté; 3. si ce même traitement
n'est pas surtout très-efficace comme moyen prophylactique; 4." si le cancer .est contagieux. On demande aussi
que les réponses à ces questions soient accompagnées
d'observation s tirées non-seuleme nt des ouvrages qui ont
été publiés sur celle maladie, mais encore de la pratique
des concurrens 1 ou de celles de leurs confrères.
0
0
�'(
1
.'.l5 )
NOTICE
DES TB.AVAUX OU COMITÉ MÉDICAL DES DISPENSAIRES
DE MARSEILLE.
Année 1825. -
N. 0 IV.
sur l'état des maladies traitées dans les dispensaires, pendant le troisième trimestre de l'année
à l'Admi1825, présenté au nom dn Comité médical
nistration du bureau de bienfaisance; par P .-M. Roux 1
Secrétaire-général.
RAPPORT
LE rapport qui vous est adressé tons les trois mois par
'otre Comité médical, ayant pour but spécial de vous
tenir an courant de l'état s:rnitaire des dispensaires , nous
devrions, sans doute, entrer dans tous les détails que
comporte l'exposé des circonstances qui se sont présentées
à la pratique de vos médecins, pendant le troisième tl'imestre cle cette année. Mais, puisque un tableau trèsconcis a toujours suffi pour vous éclairer sur les maladies
régnantes de chaque trimestre , vu que vers la fin de
l'année, un compte détaitlé vous est rendu à cet égard ;
puisque ~ous êtes habitué ~ juger de la multiplicité des
affections insolites ou du dévelop.pement de quelque épidemie, par la longueur des rapports du Comité, nous ne
saurions ètre prolixe dans l'exposé que nous allons avoir
l'honneur de vous faire. En effet, rien de bien particulier n'a caractérisé la constitution médicale , et parmi les
maladies, il-n'en est pas qui se soient éloignées de leur
marche habituelle, eu égard à l'état atmosphérique et
au1 circonstances de localité. Quelques-unes seulement se
/
�(
126 )
sont écartées par des phénomènes asst>z singuliers, mais
ce que nous aurions à dire à ce sajeL, Lrouvera sa place
dans le rapport général qai vous sera adressé vers la fia
de l'année
Dans ce trimestre, on a compté hait jours de pluie, et
le temps a été couvert pendant douze jours, nuageux prn.
da nt un mois et demi et serein peoda11t vingt jours, tandis
que l'on n'a eu que quatre jonrs de brouillard et dcnx
jours de gros vent. Ce.t état de l'atmosphère a dû nécessai.
rement imprimer certains caractères dans notre orgaai.
sation, et sans doute que plusieurs des affections différente:s dont nous parlerons bientôt, en ont été une consé.
quence directe. Mais cet état n'a évidemment pas été tel
qu'il dût en résulter an plus grand nombre de malades,
ni moins encore des maladies capables de vous allarmer
par lear mauvàis génie. li e•t même à note1· que le nomlire
des malades a été dans ce trimestre ]lien inférieur à celui
observé dans le trimestre antécéclent.
Noo.s avons dit, Messieurs, qu'il restait en traitement
au x.•• juillet 57'8 malades; dans le courant des trois moii,
on en a inscrit 825, ce qui donne un total de 1403 ma·
lades dont
848 ont été guéris ,
4o sont morts ,
32 out été emoyés à l'hôpital
et 483 restent ea traitement au 1 .• • octobre.
D'après notre suppntation faite avec toute l'exactitmle
11ossible, et suivant 1a division des maladies en aiguës et
en chronique&, nocts pouvons avancer que le nombre de
celles.... ci a été de '236 et que le nombre de celles-la s'est
élevé· à. 49.5, non èompris 110 cas de hernie et 7 cas de
teigM.
jettons maintenant un conp-,d'œil sur les divers genres
d'affections , ce qui constitue le point essentiel de ce ~a~·
port, si P?on considère qn'ils peuvent vous donner une 1dee
�( i.27 )
de l'esp6ce de relation qui existe entre les divers genres de
vie, les constitutions individuelles, etc., etc., les observations météorologiques, et entre les maladies régnantes.
Vous n'apprendrez pas sans étonnement que, comme dans
les deux trimestres précédens, les catharres bronchiques
et pulmonaires ont été, dam le courant de celai-ci, les
maladies les pl as fréquentes. Les gastro-entérites, les
entérites, les colites, les érysipèles, les ophthalmies,
les cliolera-morbus, les dyssenteries ont été ce qu'on pourrait appeler, vu le nombre qui s'en est offert, les maladies
de la saisou; celles qui ont été ensuite les plus ordinaires sont des dartres, des scrophules, des syphilis traitées
pkr dérogation , des rhumatismes , des lumbago, des
sciatiques 1 des ulcères, des affections nerveuses, vermineuses, des céphalées, des ménorragies, des apoplexies,
des hémophtbi;ies , de.> névralgies, des convulsions, des
fluxions, des tumeurs , des hydropisies. On a observé
quelques cas cle scarlatine , de rougeole, de scorbut, de
pleurésie, de phlegmon, de manie, d'hématemèse, de
fistules, d'hectisie, de squirres, d'asthmes, de fractures
et de luxations, etc., etc.
Variés suivant les individus et les genres d'affections ,
les traitemens n'ont pas moins été anti - phlogistiques,
pendant la période d'acuité. Toutefois, quand par des
écarts de régime on toute autre cause analogue, on n'a
pas éré assez heureux pour faire avorter telle ou telle
phlegmasie, telle ou telle affection commençante, il a
fallu renoncer à cette marche thérapeutique si préconisée
par la pratique du jour; on s'est YU forcé souvent de la
modifier, d'invoquer la médecine ancienne , et, en y
tronvant des ressources capables de ramener à l'état
normal les fonctions interverties de l'organisme, on a pu,
du moins mi«;ux qu'on ne le fesait àutrefois , se re;idre
raison da mode' cl' action de chaque moyen employé,
puisgu'il n'était n~is en avant que suivant la connaissance
�( 1.'l8 )
des monvemens vitanx, ou en d'autres termes, que d'a.
près lea lois de la saine phpiologie.
On est donc forcé d'avouer, Mr.ssieurs, que la méde.
cine a fait des progrès incontestables, tlans ce sens qoe
l'on sait aujourd'hui assez à quoi s'en tenir dès l'invasion
d'une maladie, tandis que l'on est souvent si embarrassé,
alors qne la marche de celle-ci est désordonnée, et qu'il
en résulte ce qu'on appelle l'état chronique. Malheareo.
sement, tout se réunit pour rendre cet état le plus orcli.
na ire, dans la pratique des dispensaires. Anssi, Messieurs,
vos médecins ne diffèrent-ils pas nn instant de visiter les
malades qui leur sçnt adressés. Ils peuvent vous assurer
qu'ils ont été, ce trimestre, plus d'une fois témoins des
salutaires conséquences pour l'humanité, de leur empressement à répondre à vos vues si louables et ils ont trouvé
dans ces heureux résultats une hi en rlouce récompense,
ca.r ils seront ton jours assez i·écompensés par le té moi.
gnage de leur conscience, et autant que par la sali>fac.
tion que vous éprouverez à les voir remplil' dignement leur
devoir.
AVIS.
LA Société royale de médecine cle Marseille déclare
qu'en insérant dans ses Bulletins les Mémoires, Observations , Notices , etc., de ses membres soit titulaires,
soit correspondans , q1ti lrti paraissent dignes d'être
publiés, elle n'a égard qu'à l'inté1êt qu'ils ·prése11te11t
à la science médicale; mais qu'elle n'entend donner ni ap·
probation ni improbation aiix opinions que peuvent émettre
les auteurs 1 et qui n'ont pas encore la sanction générale.
�(
129 )
BULLETINS
DE
LA.
ROYALE
SOCIÉTÉ
DE
M~RSEl
DE MÉDECI~Ë
LLE,
·,
SEPTEMBRE
18z5. -"--' N. 0 XLV .
lJES EAUX, par M. le.docteur Tex1·001s, rm!decin dé
la Marine, chevalier de l'ordre royal de [,~ légion
d'honneur, etc.
Êrun:r.
( Sixième AI'tide. )
Eaux minérales arti.ficl.elles. Nous devons à la chimie'
pneumatique les perfectionoemens progressifs <l'un art
lnoderne, utile à l'humanité par les ressources importantes qu'il peut fournir a la m~deci'ne : c'est celui tle
Composer des eaux rninéralec;.
!>ans le 17m• siêcle, on avait ctéjà tenté d'imi rer par
i'arL les eaux minérales natureiles. Sous Charles 11, roi
d'Angleterre, Howari èt Jenning obtinrent cle ce prince'
une patente polir fabriquer ~es eaux ferrées. Boyle ,.
Duclos, Bnulcluc, Yenel, Pallerius, C!artheuser, /lfar.;;
gra:f, leroi, Monnel a\•aient soccessi verne nt dirigé leur'!i
techerchrs vers la connaissance des priaci,PëS, èllntenüs
dans les eaux cles ·sources minérales et 'plusieur·s chimistes
avaient proré.dé à <live·rs essJÎs poor les reèomposèr.
Dès 1771, on fit usage ea Suède cl;eaux artificielle·!f
doot les ]J!:'Îacipes flxes et g;ueux é1aieot aaalogoés it
ceux que l'analre découvrait dans les eaux ualurcllesde Selt1., s,)'I el Pyrmonl. Lane et Priestley' s'ét ... ier'lt-
T.. X,
Septet1zbre 182-5.
1
7
�( 130 )
occupé~, en 1772, 1:les moyens divers pour charger
l'eau d'acide carbonique que ce dernier avait découvert
dans les eaux mioéniles. Bergman qui, avec 111onnet,
avait trouvé le gaz hydrogène sulfuré dans quelques eaux,
présenta, de i 773 à 1775, plusieurs mémoires à l' Académie de Stockholm sur l'analyse el la recomposition
des eaux de Seidschutz, de Seltz, de Spa , de Pyrmoat
et sur les moyens de saturur l'eau pure <l'air hépatique, etc,
Duchanoy fit aussi. d~s recherches exactes sur la nature de différentes eaux minérales et publia, le premier en Fran-ce, an ouv!'age où il fit reconnaître la
possibilité de les imi ter.
Mais toutes les méthodes pour arriver par la. synthèse
i.t des combinaisons artil'icielles qui formassent des eaux
minérales, analogues à celles cles sources, avaient été
fautives jusques en 1772.
Dès-lors, l'exactitude exll ~me des expériences et des
raisonoemeus; celle des instrmnens présiclèreut à- la création tl'uue nouvelle doctrine, fondée sur tous les faits re.
latifs aux fluides élastiques. J_,a découverte de ces divers
f1;1ides, de leur nature et de leurs propriétés, le renou•
vellement extraordinaire d'idées, de vriucipe~ et tons les
grands chaugemens opérés dans la chimie sous les auspices et p ar le gP.oie du grand Lavoisier, ont été une
source féconde d'applications heureuses dans les procédés
de la fabrication Jes Paux minérales. La théorie pnea.
;matiqne et toute:; les découvertes snccessivement dues
aux travaux des Monnel , Bergman, Kirwan, Gioannet,
ft1orvea11, Bayen . Fourcroy, et f7auqrielin, ont considé 1~blement influé sar les progrès qu'a fait l'art de corn·
pos~r \es eaux minérales.
S'il ne s'agissait réellement que de hien reconnaître '
tous les çorps divers que lP.~ eaux minér.iles naturell~i
retitées de leurs sources présentent à l'analy8e; de dé·
terminer la proportion exacte dans laquelle ci;s rroduits,
�(
I
3I
)
.iinsi plac~s hors de leurs canaux son terrains, s'y trouvent combinés; sans doute, la décomposition de chacun
de ces principes saisissables, la co11naissaoce de leurs actions réciproques, la facili lé de les dissoudre, de les foer
cle nouveau dans l'eau ,pure el de les y rétablir dans leurs rapports ideulir1ues , de manière à ce que ce liquide ait
la même saveur, la même odeur, la même pesanteur et
les m~rnes phénomènes de réactiou , présenterait une réunion d'élémens constitutif, avec laqu elle l'art aurait atteint
à un haut degré la pos~~bi!ité de composer des eaux minérales, analogues à celles que la nature nous- accorde.
Mais quelque grande que soit l'étendue des connaissances sur la nature des corps; quelque degré de certitude et de précision q11'on retire des mé1h1)des d'analyse
cles eaux, instituées eu 1778 par Bergman, rectifiées
en 1779 par lürwan, succe~sivcrnenL modifiées et perfectioaoées par les chimistes motlernes ; quelque complète qne soit l'union de.; diverses sub.;tances , opérée
d.ins l'eau par la dissolution et l'effet cles appareils cle
compression d'un mécallÏ$me supérieur, le secret des
procédés syi.1lhéti4ues que la nature cn1ploie, n'a pas
encore été surpris , ni dérolJé.
Les houorahle; scrutateurs de cette es~ence de tous
les corps, de ce vaste el pui;saut agent de compositions
lullerout encore vai-nemenl par cfo louables efforts da11s
le grand dessein de dévoiler ses mystérieuses opérations;
dans ceiui d'alleinclre par elles à 1.1 réalité, à la perfection de ses produits. Le génie élevé par la contemplation,
l'esprit juste, dans l'émotion du sentiment de vérité et
de reconnaissance s'humilieront toojour·s devant J'ouvrage du Créateur.
La nature, cet assemblage de toutes les matières primitives 1 cette réunion des forc;es, des mouvemens et des
phénomènes qui leur sgnt iuhérens, ce grand tout, résultant de leurs essences . primordia~es, conserve, retient
�(
I
52 )
fn son pouvoir les masses, le temps, l'espace et la fürctt
nni ve r~elle. Le3 molécules primordii.!les de tous le3 corp11
qui, renfermés et élaboré~ dans son sein, sont aptes à
la productiop des eaox µiinérales, forment des mixtes,
Ùes agg rég:\tions par l'anion et la comhin aison des principes ana logues et similaires que leur e'tience rend propre~
P. se rassembler pour former les cliver~es eaux minérales.
L:i grande différence de ces moyen5 comparés à ceu~
<les lahoratoires borne l'homme à la faculté d'analyser,
'de connaître les corps que la nature forme sans qu'il
puisse les _reproduire p~r la synthèse . L'art ne peut imi1er
la nature ! dans quelques circonstances seulemeill 1 il
il -1e po uvoir de l'application d e la force d'attraction.
Tous les produits de la nuture sont caracté1·i,és par
des propriétés spdciales, doués cl'one vertu latente qui
ti ent au genre <le leur combinai:;oo. Ainsi, avec les
µiême s élémens qu'elle emploie pour produire la pomme,
la poire, le rai~in, l'olive, l'ari n'arrive pas à former
ces fruit s, ni à combiner des mixtÏOIJS liquides qui aient
des propriétés analogues an cidre, au vin , à l'huile, etc.
Les eaux minérales ar tificielles diffèrent des naturelles
l]U'on a l'intention d'imiter parce qu'on ne peul jamais
en ba sPr La récompositioo d'après les analyses toujours
imparfaites, iudéfioimen~ variables et nécessairement fan·
tives qu'on en fai~. Les résnltats des décompositions <le
ces eaux , hors de leurs sources ne donnent jamais qu'en
"partie les élémens réels de leur composition' et toujours
en des proportions différentes, parce q~e l'union de leurs
principC's est rompu par le contact atmosphérique. Il
~n résulte l'ahso~ption des fluides gazevx et la transmn•
talion d~ leurs ha.ses e~ d'antres corps. Dès - lors, la
formation des sels qoi en provienn ent sont aa moins
r.n :partie le produit de l 'opér atinn par les échanges
et Tes comLioaisons nouvelles qui ou t lien entre les acides
(lt leurs bases : on ne reqt ras plus év11luer les rropor.
�(
I
55 )
tions et les modes de mixtions des Ouilles iocoërcihles qui
ne se renconu;ent que dans l'intérieur des sources. Ces
fluides sont le medùim junclioni.r <les principes des eaux,
réellement comLioéa par la nature et ces combinaisons
sont modifiées de manières si variées et si iodiscernables
que l'art ne p1mt ni les saisir, ni les reproduire. Toutes
ces causes nous voilent la vraie nat1:1re ~s eaux qui
s"nr<leot des sources minérales et s'opposent à leur parfaitP. imitation.
En effer, nous avons cléjà remarqné qne l'état particulier dans lequel le calorique et le fluide électrique
sr, rencontrent dans les eaux minérales; que les modifications qu'ils leur impriment, les combinaisons qu'ils
forment avec les autl'es principes fixes et gazeux compressibles, sont an"-dessus des ressources, des moyens
de la chimie, di ffèreot des effets mécaniques même
les plus puissans. Il est hien reconnu que le calorique
et tous les divers gaz qui entrent dan5 la composition
des eaux minérales artificielles, y sont hien moins combinés et qu'ils s'en échappent, toutes circonstances égales
d'ailleurs, bien plus promptemen~ que des naturelles.
Ainsi quelques eaax hydro-snlfur~nscs, prises dans
leurs sources, ne dor,rnent d'odeur hépatique qu'après
avoir ~nhi le contact de l'air. Dans les eaux thermales
de Witfatel, de PVivbad et d'Empon, le soufre est si
volatil qae l'analyse la pins exacte n'a pu y découvrir
aucaoe trace de ce principe qni entre rédlement dans
leur· composition. Dans d'antrés, telles qoe celles d'AiX:
éo Savoie, les réactifs qui, à l'instant de leur sortie
de la source, y dénotent d'uue maniél'e très-marquéé·
la pré:;ence du soufre, ne produisent plus cet effet
quelques mi.nules après. La plupart des eau'\ ferrugineuses, qui ont été exposées à l'air, laissent plus 011
moins promptement précipiter le fer qu'elles contiennent.
La substance oléagineosr., produit des décompositions
�( 134 )
'Végétale:s, ce hitome qu'on trouve dissout dans certaines
.eanli. thermales, telle~ que celles de Bourbon-La1·chamhanlt, etc., se précipite par le seul refroidissement.
EnGn ce corp5 onctueux végé10 - animal, celle matière organique, réunion de globules mournns qui sem.
hlent doués de vitalité dans le g ,z a~ote, p.H·aît êLre
l'élément prédominant qui caractér:se et distingue d'uue
manière si essentielle un grand nombre d'eaux minérales;
telles qne celles d'Aix, cl' Aix en Savoie, d'Ai x-la-CJia.
pelle, de Barèges, Bonnes, Gréoulx, Plombières, Um1,
etc.; · tient à an coriconrs de prop!·iétés, de combinai.
sons, de mouvemrns d r s moléculi>s de la. matière, à
l'arrangement et à la production de laquelle, l'œuvre
précipitée da chimiste ne peut pas participer.
Tons les principes constitllaas d'es eaux dans les soarce1
minérales sont mélan~és, coordonnés par ane énergie
propre, par une série~ de procédés, de réactions conLi·
nue lies, par cles efforts, des impubions et des résistances
non-interrompues, aux moyens desquelles ils se comllinent dans l'eau qui leur sert de mellstrue. Dans ces
combinaisons multiples et très - complexes, les molecales constituantes réllnÎes eu grande masse, se confondent entièrement et s'enchaînent de manière à ce
qu'elles perdent leurs qualités propres pour former des
produit~ identiques nouveaux, doués de propriétés caractéristiques spéciales. Dans les eaux minérales arti6oielles, les principes dont on les compose sont réunis,
dissobs et interposés dans l'<:iau par uue impulsion déterminée, n'y forment qu'on mélange de principes distincts et toujours pins ou moins semblables aux sulistances dont ils proviennent.
Certes, on ne peut surpasser la nature dans la production des eaux minérales, on ne peut pas même l'égaler.
Mais l'expérience a démontré que l'usage des eaux minérales artificielles peut influer sur la guérison d'un
�(
J
55 )
~rana nombre de maladies. La raison commande de
leur assigner les propriétés qu'elles tiennent des suhstauces dont on les compose. Le temps, l'observation.,
les résultats de leurs effets comparés à ceux produits
par les eaux des sources feront juger de la prééminence
du rang qu'elles méritent d'occuper dans fordre thérapeutique.
Quelques faibles que soient les analogies, les rapports
f!llÎ existent entre les eauli minérales artificielles et les;
naturelles; quelques considérables que soient les différences qu'il y ait entre elles, les eaux minérales artificielles forment nne classe précieuse d'agens thérapeutique& qui ouvre one nouvelle branche de secours à l'humanité souffrante Y p:ir le nombre de médications trèsactives et très-variées dans leurs effets qu'elles peuven'
· déterminer dans l'organisme pour le soulagement ou la
guérison des infirmités humai.nes.
Nous devons a,pprécier l'art moderne de préparer des
eaux minérales factices• par le service important qu'il
rend de pouvoir suppléer d'une manière plus ou moin~
parfaite les eaux médicinales naturelles 1 et de fourni·r
des secours à peu près semblables claQs les régions le&
plus éloignées et dans tous les point.s les plus distan:t
·
des sources minérales.
Nous ne considérerons <lonc les eaux médicinates artifi ...
ciclles que comme une nouvelle classe de moyeas thé•
rapeutiqucs, qui sont aux eaux des sources minérales 1
ce que la l>ière et les autres liqueurs fabriquées sont
aux autres liquides fournis par la nature; tels qne le
vin, le cidre, etc. Nous ne les regarderons que commedes préparations hygièniqnes ou médicinales composées
<le différens principes que l'analyse a démontré faire
1)ar1ie des eaux minérales naturelles, lorsque le contact_
de l'air lihre a rompu la coordill.'.ltion de leurs aggréga.ts
réels.
"
�(
t
36 )
Les moyens tle découvrir et de reconnaître ap11ro~i·
mativemeut la présence des différens corps saisissables
qui restent dissous et combinés dans les eaux des soarces 1
ceox de ppuvoir déterminer le~ proportions daas les.
quelles, ils s'y trouvent, lorsquelles sont soumises aux
investigations de l'art, ont mis sur la voie d'en composer
de semb!abfos.
Les eaux. minérales artificielles s'obtiennent en incorporant dans l'eau pure des ingrédiens autant que
possible anal0gues aux substances qui, jusques à ce jour 1
ont été reconnues faire partie des eaux minérales naturelles. On les compose avec cles principes acides, al•
calins, métalliques, salin~, terreux, gazeux, etc., dan~
le dessein d'en former des combinaisons pareilles à celles
qui paraissent constituer les eaux minérales naturelles
ou dans le hut d'en préparer d'autres qui n'ei;istent
pas dans les sources.
Le pooToir cle comprimer dans l'eau pure des masses
de gaz suivant le deg1:é de compressibilité dont les fluides
sont susceptibles , et celai de ll'ur affinité plus ou moins
srande pour ce protoxide' celui surtout de condenser
ces flui~es élastiques eu liquides qui offrent la facilité
plus grande d'imprér;.ner l'eau de divers gaz porte l'art
de combiner les produits perceptibles et sai,issahles
q•ie la nature emploie dans la formation des eaux mi:iiérales à un des points les plus élevés qu'il puisse al•
teindre sans rivaliser cle .}H"océ<lés a,·ec elle. Il arrive
à un tel deg.ré de précision qu'on pent, d'après lape•
santeur spécilique des en-nx, évalL1er la proportion de
leurs iagrédiens ir un ou deux, centièmes près. D'après
ces · données rigoureuses, on récompo,e, non seu.lemenl
les eaux acidules simples, mais les gazeuses composées
et toutes celles dont on est à po1'tée de reconnaître les
principes.
Honneur aux savaos qui out conc1rnru par leurs tra-
�{ 157 )
vaax et leurs <lécouverles à la fond:,ition et aux progrès,
de cet art! Honneur à ceux qui le .cnltivent. avec succ~s,
et tendent à le perfectionuer pour le.ylu~ grand avantage de l'humanité! Encouragement et prote,ction a nit
francai~ citoyens qui en font une branche d'économie
"-'..J'
politiqae et d'économie privée en faveur de la monar-.
chie et des habitans des villes oh ils étahl~ssent l~urs
l
t'
laboratoires !
D'après ce qne_nous avons ohservé sur la nat~i;e , des
eaux des sources minérales, sur leurs varia~ions dàes aux
iniluences solaires, lunaires, atmosphériques, aux cha'Çl;
gemens cle saisons, aux inconvéniens de leurs distances,,
elles ne peuvent être prises avec une grande espérance
de succès qu'à leur source même et à Ms époques déterminées.
L'art de suppléer ces agP.ns médicate,~-rs par des pro-:
cédés factices dispose de la partie, des .moyens qu'il a
rnrpris à la nature et qu'il a pu :•S'approprier. Le chimiste gnidé par l'analogie et le ca1~~j purifie l'eau commune qui doit lui servir de véhicule. Il y dissout les
principes qui sont reconnu.s faire p.artie des divers~s _
eaux minérales uaLurelles; il en modifie les proportions
selon qu'elles ont été évaluées pour eu étahlir les espèces;
il peut encol'e en varier le nomhre , la qualité et la
qnautiLé ~uivant la nature des m,.1ladies, la force et le
tempérament des malades; il lave l<'s gaz qui tienneut
les p1·incipes fi~es en dissohtti on et ajoutent à leurs propriétés; il les mêle et en saltH'P- les e<inx. an point fixé
pour qu'ils ne soient tJas nuisihles et clans le nomhre
et les proportions jugés couvc;nahh:s anx états pathologiques pour lesquels ces eaux sont prescrites; il peuÇ
réunir dans une eu le compo~i t ion, des principes séparés
dans les di~·erses eaux. minéL·a1es naturelles; il a le soin
de ne jamais rapprocher ceux qui ne i1euvent se trouver
i8
T. X. Septembre 1825.
�(
1
58 )
enseml>le sans se décomposer: tels que les calcaires avec
les carbonates alcalins.
Les eaux minërales foctices présentent encore l'avan.
tage qne leurs propriétés médieina!es ne sont pas ahe.
rées, comme celles cl~s eaux des sources, par la pré.
sence des carbona~es et sulfates cle chaux; par des sels
cdivFeux et d'autres particules nui~ibles qn:on a la fa.
cuité de supprimer dans leur compü~i : ion.
' L'art met les · e11ux minérales artificielles a la portée
de tous les genres d'infirmités, de toutes les clasm
de t~· ,_société ; dans tous les temps, toutes les saisons
èt pe.ut toujours les offrir aux degrés et proportions
précises qu'on veut leor tlonner. On peut ainsi ma ni.
puler sons nos yeux, varier selon nos besoins, corn biner
d'après nos formoles, diverses espèces d'eaux minérales
et exécuter à i:ibtre volonté des prescriptions aptes à
déterminer dans l'o~ganisme des chatigemens salutaires,
basés d'après tes focl!éat ions, déduites des causes des
mal~dies et des lésions des parties affectées.
:Nous ne préconiserons pas ici comme une panacée
universelle l'action salutaire des eaux. minérales artiuci~lles; nous ·ne généraliserons pas trop les conditions
pathologiques oh elles peuvent. être employées avec avantâge. Nons nous bornerons ·à signaler seulement qnelqnes mo<lificatiôns à apporter à leurs coml)in~isons, et
quelques états morbides oh ce genre de moyens curatifs
peut offrir des succè·s marquao~, autour desquels pourront ensuite se grouper des analogies sctggérées par
une iu<luction légitime et éclairée.
On a classé les eaux minérales naturelles en quatre
ordres, d'après les substances ~rédomimmtes qui les
composent, nous di stinguerons de même les eaux minérales nrtificielles et nons les diviserons en alcalines,
O\t acidules gazeuses, ferrugineuses; sulfureuses, et
salines.
�(
I
39 )
1." Eaux alcalines Olt gazeuses. Ces eaux sont artificiellement préparées d'après l'analyse de i::elles qu'oa
retire des sources. Comme toutes celles de cet ordre,
elles doivent contenir des · principes analogues et dans
les proportions déterminées p our en établir les différentes espèces. Toutes sont plus ou· moins chargées de
gaz acide carbonique qui en est l'élément prédominant,
de manière à ce que cent parties d'eau en contiennent
de six à quarante fois le volume. Leurs principes minéralisateurs fixes doivent être des car])onates, des hydrochlorale~, des sulfates, de soude , de magnésie, etc.,
diversement com'hinés. Ces eaux ainsi composées doivent
être caractérisées par un goût aigrelet, piquant, légèrement alcalin et quelquefois un peu salé. Elles doivent
être mousseuses , roogir la teinture de tourne-sol et
former un précipité blanc par l'eau de chaux.
Les eaux clu Mont-d'Or, de Néris, de St.-Nectaire,
de Vichi et celles de Seltz paraissent avoir le plus d'énergie ap·rès celles de Gurgitelli. La réunion et la proportion des principes fixes et gazeux qui constituent
ces eau'.\ devraient servir de proto-formnle à la compositio_n de toutes les eaux miuérales acidules gazeuses· artificielles.
On ne peut imiter que les eaux gazeuses acidul€s
froides; pour les composer, on prend poo.r excipient
une quantité déterminée d'eau pure à la température
de l'atmosphère, on y dissout du carbonate de soude
depuis dix gr.rios jusqu'à deux gros; d'hydroçhlorate de
soude, depois dix à cinquante grains; do. sulfate de
sonde, depuis trois jusques à' vingt grains; du carhonate
ùe magnésie, <le deux grains à un gros; do salfate de magnésie, de dix grains à o.n gros. Les eaux acidules gai:euses con.J;iennent encore plus ou moins de carhonate
et de sulfate de chaox, substances reconnues nuisibles
daus les eaux naturelles, lesquelles sont probablement le
�( ,.40 )
produit tle leurs . décompositions, et par conséquent a
6Upprirner dans la composition des eaux factices. On
varie les proportions de ces principes fixes suivant les
différentes eaux qu'on se propose d'imiter. Au moyen
des appareils de compression Jes gaz, ou des liquides ob.
tenus de leur conclensatioa, on peut les saturer d'acide
carl>0nique de six à quarante fois leur volume; de quel.
que peu d'oxigène et d'dzote dans quelques-unes.
Ainsi ou peut préparer pour l'usage intérieur, one
bonne eau médicinale acidule gazeuse dans les propor.
tions suivantes :
Prenez : eau pure, vingt onces; carbonate de sonde,
duqaanle grains ; hydrocblorate de sou rie, dix grains;
carbonate de m:ignésie, qoa1·ante grains; sulfate de soude,
seize grains. On fait dissoudre ces sels dan s l'eau par
cinq à six fois le volume de gaz acide carbonique, qu'on
y ii:itr·oduit par le procédé mécanique de la compression.
Toules les di verses eaux acidules gaze oses; ainsi préparées par l'art, d'après l'analyse des eaux retirées des
sources, présentent des · propriétés médicinales aptes à
suppléer les eaux naturelles qu'on aurait l'intention
tl'employE>r.
Comme tous les autres médicamens, les eaux médicinales factices agissent sur l'organisme et sont propres
â y opérer des cl1angeme11s salutaires et utiles à sa
conservation.
Les eaux fo briqut~e s d'après l'analyse ~e celles d'Ax,
tle Mont-d'Ül', cl' A ng:iusse, de Neris, St..Nectaire, St .•
Mact, Vicbi, Seltz, Gurgitelli, etc., ont produit, ainsi
que celles <le ces sources, de très-hons effets dam le
rhumatisme. Examinons comment elle$ peuvent déter·
tniaer cles médications évidemment salutaires €lans cette
tnaladic} comm ent leur administration rationelle peut
til1 opérer la guérison.
Le. rh1u11:itisme est une affection qui le plus onli·
/
�( 141 )
n~i1•ement à
son siége dans les tissas fibreux et liga...
menteux des muscles qui sont placés directement sous
la peau, à la superficie du col'ps et dans d'antres parties de structures analogues. Il survient à la suite d'une
impression l>rusque de froid, après que l'organisme se
trouve échauffé par on exercice violent -ou une forte
agit3tion; après un voyage oa une course par an temps
froid et humide' après que le corps a été exposé a
des coarans d'air ou an support plus on moins longtemps prolongé d'habits mouillés. L'anatomie pathologique nous a démontré que dans cette affection, on
rencontre souvent une matière calcaire dure, déposée
dans l'interstice des .muscles et des tissas fibreux et ligamenteux des su.jets péris à la suite ou pendant les
atteintes du rhumatisme.
Jusqnes à présent, l'analyse des sal1stances animales
n'a offert que deux seules terres parmi les parties constituantes de l'organisation : la chaux et la magnésie. Suivant Désarme, elles ne sont qu'une m~me terre distinguée
par le plus ou moins d'azote. Cette analyse démontre ·
que le corps animal est en grande partie formé de terre~
( q11ia pzilvis est et in pulverem reverteris, liber Genesis,
cnput 3, vers. 19.) et que la chaux entre dans la composition de toutes les parties de l'organisme. Elle constitue la base du système osseux: la fibre solide, ainsi
nrganisée est la parlie la plus animalisée du corps, elle
e>t une suhstanr.e -fortement trempée, saturée et cimentée de vapeur animale phosphorée. Ces substances
terreuses calcaires tenues en dissolution dans la gélatine
de la matière animale mohile, s'y trouvent dans divers
états de combinaisons, opérées pa.r l'action du calorique
et des gaz et fo1·ment avec l'acide phosphorique le
phosphate calcairP.. Elles circulent aussi avec les éldmens
liquides de l'organisation, dans tous les points de !;économie animale et y conccwrcnt à la répJration des dé-
�(
142 )
perditions continues qu'elle éprouve. Elles fournissent en
de proportions plus ou moins considérables à celles des
os, des muscles, et à celle5 de beaucoup d'autre~ parties
organiques, depuis la glande pinéale jusques aux on.
gles qui en sont formés. Toutes ces diverses parties,
par une attraction élective, séparent de la circulation,
ces sels terreux qui font partie des molécules mobiles
qui doivent les réparer, les élaborent par leur énergie
propre et les convertisse.n t en une substance identique
qui les caractérise, os, muscles, ongles , cheveu:x 1 etc.
Les résidus moins complets de ce travail de l'animalisation
rentrent aans le torrent circulatoire.
Dans diverses aberrations physiologiques, ces seb ter.
reux dévient de leur marche réglée vers leurs émonctoires
et forment accidentellement des dépôts de concrétions
morbides , des amas plus on moins grands d'une consis·
tance plus on moins ferme, dans presque tontes les parties
·
du corps.
a démontré qn'ils
terreux
amas
ces
de
La décomposition
biliaires et
calculs
les
que
nature
même
la
de
ne sont pas
vésicaux' mais que les vrincipes prédominans qui les
forment dans les proportions de 82 parties sur rno sont
le phosphate de chaux et le sulfate de chaux. Ces prin.
cipes terreux sont la base des concrétions morbides qu'on
rencontre dans le cerveau, les poumons, l'estomac, le
<:onduit digestif, le foie , la rate 1 le pancréas; cle celles
qu'on apperçoit dans les glandes lymphatiques, daos les
'Conduits salivaires, lacrymaux, les caroncules lacrymalei;
il.es dacriolithes , etc. Lieutaud, Bilger, Ruisch, Portal
-et d'autres célèbres anatomistes cn ont trouvé daüs l'estomac; llfonro, Copeland en ont rencontré d;rns les intestins. Weikard a retiré du tube digestif d'an daim une
pierre ronde de cette nature , dont le noyeau était on
morceau d'écorce d'arbre. On a va de pareils amas de
matières terreu i.es ou osseo - calcaires clans les glandes
�( 145 )
lymphatiques ; Baillie en a rencontré dan~ le _pancréas.
Mekel a décrit des calculs de ce genre qui, formés
dans les poumons, avaient été rejetés par les crachats.
Rioland, Morgagni, Haller 1 Cowper, Portal ont Vil
des incrustations calcaires aux valvales des oreillettes
du cœar, aux parois des ar~ères aortes et pulmonair_es
et d'autres artères principales. Bai/lie, Hodgson ont
rencoutré fréquemment de ces dé_pôts de ~el terreux in..
crn(ilanl l'intérieur du système artériel. L'autopsie des.
iodividas qui ont été affligés de rhamatisme pendant
leur Yic, offre souvent de pareilles concrétions, de
1emblables amas calcaires dans les tissas Îlbreax et ligamenteux. Le naturaliste Codon en a trouvé an dans
les muscles lombaires d'un cerf qui avait une hale de
fosil pour noyeau.
Les anciens avaient déjà reconnu que la cause malerielle do rhumatisme, n'était autre chose qu'une ma~
tière catarrhale altérée proveniqll de la rétrocession de
l'humeur perspirahle de la peau, suhitement déposée par
l'effet du froid sur les différentes enveloppes musculaires,
snr les extrémités des muscles et sur les ligamens articulaires principalement des grandes articulations. D'autres
pensaient qu'elle était due à l'épaississement de la lymphe
perspirahle et de la synovie qui formait (selon eux.) la
matière rhumatismale. François lJome dit : que la cause
prochaine du rhnmatïsme est un sérum visqueux, âcre
ohltruant les vaisseaux séreux et lymphatiques des muscles et principalement des membranes et des ligamens.
TVeikard et CLopton, attribuent la cause de la rhuma""I
talgie qai succède au rhumatisme aigu , à la prrlsence
<l'un coagulum calcaire formant une couenne sur les surfaces mascuh1ires 1 et résultant d'une anomalie des fonc~
lions org~niques. Après le rhumatisme aigu , dit le
célèbre Darwin, souvent un mucus épaissi ou une matière _semblable à la !erre calcaire recouvre la surface.
des muscles.
�( 144 )
Quoique la chaux combinée avec l'acide phosphorique,
constitue essentiellement la base du système osseux,
le phosphate calcaire entre aussi, comme nous venons
de le remarquer , dans la composition des muscles et
de heanconp d'autres parties do. corps où il est eu
dissolution par les fluides animaux; ainsi les phlegmasies des tissus fibreux, !J.es tissas vasculaires sont quelqo.efois suivie:. d'ossifications. La peau elle-même émet
par la transpiration eL la sueur ce sel terreux qni forme
une cle leurs parties constita:rntes, le deutoxide d'azote
qui entre aussi dans la composition de la matière perspirahle, donne à cette excrétion concenLrée an aspect
onctueux et muqueux. Elle sert de véhicule au phosphate de chaux qui y est tenu à l'état de fluidité par
une chaleur de vingt-oeuf degrés et demi.
J,orsque la transpiration est abondante et qu'il y a
sueur, les vaisseaux capillaires clermoïdes sont gorgés et
dans un état d'expansion. Si dans ces circonstances de
prédisposition , dans le~ surfaces membraneuses, ligamenteuses, le sytème cutané est tout-à-coup exposé à
l'action d'une température froide, aux variations et au
passage hrnsque du chaud an froid, au froid continael,
ao. séjour hahitnel dans des lieux humides, il y a débilitation organique, parce qu'il y a enlevemeot de calo.
rique. Les fluides perspirables circulent dans les vais·
seaux capillaires on s'exhalent des sn.rfaces sous-r.ntanées,
éprouvent une condensation suhite, une rupture d'affi·
nité de molécules, one décombinaison des principes,
séparation des substances gazeuses qui les constituent
et par suite .les précipités, cles dépôts et d'amas plus
on moins grands de matière mucoso-calcaire dans l'interstice des tissus fibreux des muscles sous-jacents. La
présence de ces substances hétérogènes interposées et
concrétées sur ces surfaces musculaires y produit an
état de forte pression , la diminution d'énergie el
�( 145)
d.'acti1ité d11 système vasculaire sanguin; l'affaiblisse.
ment da ton organique et de la réaction des partie&
affectées y permet un plus graml afflux de sang et de
là l'établissement des phlegmasies miolites générales ou
partielles , aiguës ou chroniques qui ( comme Dumas
l'a observé ) exercent une influence sur le rhumatisme,
mais ne le constituent pas. L'accumulation du sang ,
celle des matières calcaires compriment les nerfs de~
partiiis affectées et y font éprouver des douleurs dilacérantes.
Dans nn pareil état morbide, l'emploi des saignées
locales et ·générales et des applications de topiques
chaads et calmans est d'abord indiqué pour modifier
la distension extraordinaire des parties ; diminuer les
forces générales de l'organisme, et par là , l'afflax da
sang vers les points affectés, distendus et engorgés. Dans
quelques circonstances heureuses, ces premiers secours
combinés avec les ·de1ayans, tels que les boissons mucilagineuses, le pcitit-lait, l'eau commune chargée do
six à sept fois son volume de gaz acide carlloniquc , les
bains, etc., rétablissent l'équilibre entre l'impulsion générale et la réaction locale; parviennent à délayer les.
concrétions rhumatiqaes, à le:1 dissoudre et les disposer à
être résorbées et entraînées dans le torrent de la circulation d'oh elles s'étaient accidentellem1ont déviées.
Mais soit que l'affection primiti,·e persiste et passe da
l'état aigu à celui de chronicité, soit que le i·humatisme
chronique se déclare d'une manière spontanée, cette
nouvelte forme de maladie, due à la même cause maté•
rielle, présente des phéuomènes d'uu autre orùre qui requièrent des moyens curatifs différens. Dès-lors, la prédominance des sels cakaires dans la matière animale
mobile ,- l'affaiblissement de l'énergie dans tont le sys~me organique, résultat pia~ lent dei <.'auses nuisible4
19
·T. X. Septembre tfh5.
�( 146 )
déjà sign:ilées, altè1'ent l'ordre des fonctions et produisent
- l'état valétudinaire rhnmatalgique. Les articulatious, les
tissus blancs étaùt des points éloignés du centre de vit:ilité,
éprouvent, dans les atonies générales , nne débilité, relativement plus grande, ces parties comme les membres
qui auraient. été le plus exposés à l'effet des ageos nuisibles, sont les points oh les dépôts mucoso-calcaires se
forment principalement et de\'ieooent ainsi le siége des
inflammations, des douleu~·s et d'autres symptômes qni
accompagnent le rhumatisme aigu: l'étahlissement lent
de ces dépôts calcaires dans les parties affaiblies, angmeate leur déhilité, comprime, tii-.iille les nerfs et fait
ëprouver des douleurs rongeaotes plus on moins étendues,
augmentant par le mou verne nt él le froid, modifiées par
la chaleur et le repos; determinaot sou,•eot l'immobilité des
membres; quelquefois les parties restent roides et froides.
Cet état chronique douloureux qui, chez les malades
doués d'une grnude susceptibilité nerveuse, varie aux
moin<lreschaugemens dans la température fic l'atmosphère,
est le plus ordinairement sans fièvre, si l'on en excepte
le temps du paroxysme, oit le pouls est convulsif et an
peu agité. Il preml divers noms suivant les régions q11'il
affecté.
Quelque résistance opiniâtre que cet état morhidalgique
oppose aux efforts •<le l'art consolateur, il ne doit pas être
abandonné aux seules ressources de la nature. 11 réclame,
au cou traire , les secours· thérapeutiques les plus actifs,
parmi le:sqnel:s l'usage intérieur et extérieur des eaux
minérales acidules· gazenses, a été reconnu des plus efficace. Lenr principal ingrédient, l'acide carhonique, est
le <lissol~ant par excellence des sels, it hase cle chaux.
Lorsqu'un fluide est saturé ~e cet acide, il de\'Îent susi=ept1hle tle dissoudre une quantité de sels calcaires, égale
à son propre poids.
L usage continué des eaux. acidules gau.euses en boissôn,
�(
1
47 )
~ l:i close cle d~x à vingt onces par jour, S•' it par 1eur
action délayante qui suffit pour augmenter l'activité des
sels ale.alios; soit par l'action dissolv~nte de l'acide car. ho~iqoe, offrent à l'économi~ . animale une substance
mooicameuteuse subtile ·e t pénétrante , donl le mode
de solution et de mixtion dans les liquides animaux est
facile. Ces liquides ainsi ingérés 1 pénétra.nt par l'alJ..,
sorption ve.ineuse , circnlent clans tout l'organisme : arrivés successivement aux points oit les amas ou dépôts
cal~aires forment la cause matérielle ùe la rbumatal.
-gie, les vaisseaux qui les charrient, exhalent aussi sur
les snrfaces des tissus _a ffectés ces fluides plus imprégnés de principes .alcalins qui dissolvent, délayent et
-Oéc.(>ml'ose.nt les substances morhittqnes.
L'affinité plu~ grande de l'acide carbonique pour les
terres animales_, (ait qu'il ~'en empare: celle des alcalis
pour l'acide phosphorique qu'elles ont . laissé libre, prodilit des solutions et des combinaisons nouvelles par lesquelles les principes <le la m.atière m.o rhide, cédans ~
des affinités élecÎ.ives , se délay eut dans le muc~s de:>
fluid~s animaux et circulent de nouveau dans leur masse,
soit ponr f~mrnir derechef cles matériaux aux secrétion:1
qui retiennent les molécules nécessaires à l'organisation•
soit pour porter aux. excrétions celles qui doivent êLre
éliminées et expulsées de l'organisme qn'elles altéra1ent
et dont elles lé~aieot lEts parties musculaires; les dôaleurs
qui sonde signe pathognomonique de la rhnmatalgie se
distjnguent de toutes les autres, parce qu'elles sont aug-'
mentées et exaspérées par le mouvement.
Les principes qui minéralisent les eaux acidules gazeuse~
-présentent encore des moyens curatifs , bien efficace!!
contre les altérations morbides qui forment la cause matérielle de la goutte et de la gravelle.'
Buc~er, Scroéâer, Murray, Baglivi ont considéré fa
g1rntte et la graYelle comme deux maladies de même na-
�( 148 )
tnre et dues à des causes analogues. Quarin compte parm~
les causes de la néphritis , le transport aux reins d'une
ma:iè1·e arthritique; Darwin croit que les calculs des reins
t>ont de même n.1tnre que les concrétions qui, dans la goutte,
se déposent clans les articulations. Le docteur Scudamore
affir me qoe les goutteux' à une époque de leur vie, sont
toujours affectés de la gravelle et que uomhre d'individus
eu épron,•eot les atteintes dans l'intervalle des paroxysmes
de goutte. Rougnon dit : quœ sernnda materies critica reconditum imprimis gerit virus arthriticum illud què cont11giosum , haud secùs ac seminium sui generis assidet puri
variolosa ; eaque insuper onusla est multo principio terreo
facile crystallisabili , exquo calmli renum mutuantur natales SltOs et tan sœpè générantur in arthriticis.
Ces maladies périodiques d'étiologie constitutionnelle
~den tique se ck!veloppeut ·sons l'influence principale des
puissances nuisibles, directement et ir.directemeot déhi-,
li tantes, telles que le froid, l'humidité, l'oisiveté, la vie
sédentaire , la diminution on la suppression de la pers.
piration des antres excrétions ; les affections tristes; les
·hémorragies, les grandes évacuations, l'abus ~u coït, le
sommeil prolongé, l'usage des fruits et des boissons acides,
un régime succulent avec des substances animales trop
azotées; l'intempérance dans le boire et le manger, l'usage
des vins généreu~, les fortes {haleurs, les exercices vioJens , les contentions d'esprit, etc. ,
Pour se formPr une idée de la cause de ces affections,
il faut d'.:ihord aclmeure one raison suffisante de leur caractère essentiel. Déjà Fourcroy avait montré des rapports
existans entre l'humeur goutteuse et celle qui forme les
calculs rénaux.
Les transactions philosophiques de 1797 présentent à
la soi te des analyses ~himiques des concrétions goutteuses
par Wollaston's, une formule par laquelle, en triturant
ensemble de l'acide urique 1 de la sonde et nn pea d'eau
�(
1
49 )
chaude, 'il se forme nne masse qui , après avoir élé lav~
pour séparer l'-excès de soude , a tontes les prop1·iétés
chimiques des concrétions goutteuses. M. Magendie a attribué la formation de la gravelle à l'augmentation dans
le ri•pport de l'acide urique à la quantité totale de l'urine.
Des observations nombreuses portent à croire que la
snral>0ndaoce de l'acide urique , diversement modifié ,
forme la cause matérielle de la goutte et de la gravelle.
Pour nous faire des · idées justes à ce sujet, examinons
d'abord les opi.nious des médecins célèbres sur l'existence
d'une matière terreuse dans le sang des goutteux.
Boerhaave avait déj 1 attribué la goutte à la présence
d'un principe âcre, salin, tartareux, dans le sang. Après
lni, l'idée que la goutte était une affection générale du
système et qu'elle dépendait d'une m<itière morhifique ,
existante dans les hamenrs et déterminée, par des causes
uriées , à se porter sur les jointures, on sur d'autreJ
Jiarties, fut généralement adoptée.
Haller rapporte des faits ot1 l'on a vu le sang des goutteux
contenir en al1ondance une matière gélatino-terre11se qui y
nageait. Il cit~ le cas 0~1, à l'ouverture de la veine basilique
d'an gozttteux, on vit couler an sang m~lé de petits graviers.
Quelques jours avant les attaques arlhritiqoes, on
observe des cbangemens dans la matière de la transpiration, qai annoncent qae le levain goutteux existe et
fermente d.ins le sang, avant de faire explosion vers
les articulations. H<!ffinann rapporte avoir connu on
goutteux qui avait coutume d'annoncer l'approche des
paroicysmes par le changement de con leur de son annean
qni devenait noir et conservait cette couleur jusqu'an
déclin de la maladie. Rougnon s'exprime ainsi : quandô
tot11 materie~ arthritica prius formata in sanguine valuit
tl.eponî Î71. uno (antùm articulo arthritic11s ab hoc unico inl11lt1t liberat1tr mediante prœdictâ expulsione criticâ.
T iedemann dit: on ne saurait douter que dans la goutte,
�( 150 )
la masse du sang ne renferme en excès de substances ter.
reuses. Cet auteur a observé que les concrétions qui, dans
celte affection, se forment dans les veines, existent tou.
jours an centre des caillots d'un sang noir, épais et con.
11istant.
Walter, Sœmering, Scarpa , Langstqff, ont sonvent
rencoqtré des concrétions tophacéesdans les veines. Syde1i.
ham q~i pensait que la matière de. la goutte était dans le
sang, regarJait le par9xysme a1:thritiq11e comme .un ins..
trament dont se sert la nature pour le dépurer.
Le célèbre Barthez a dit : l'état goutteux du sang est
un vice de sa mixtion qui intercepte à des degrés différens
la formation naturelle .de ses humeurs excrémentitielles,
de sorte · qoe ces humeurs plus on moins altérées subis.
sent une décomposition spontanée qui y fait prédominer
la substance terreuse.
Le sang des goutteux extrait des veines hémorroïdales
ou des points douloureux par les sangsues, offert à notre
e:x.a.men journalier sur les linges qui l'ont reçu' nous présente un fluide noirâtre, épais 1 mêlé et recouvert d'un
enduit terreux friable.
Ces faits nous démontrent l'existence de la matière
morbide dans le sang. Recherchons maintenant les causes
de sa formation et de son développement dans cette homeur vitale. ·
Musgmve, Sydenham, Vanswieten, Hoffmann, Murray
ont vu l'affection des reins préc6der les premières attaques de goutte.
L'illustre Berthollet a ohse.rvé q~e l'urine des goutten1
per,dait de son aridité' quelques jo~~s ava~t l'aècès de
goutte; Trampel, Hrf[eland ont constaté le même phéno•
mène.
D'autre part, Hippocrate et Galien avaient assigné ponr
cause ~sscn~ielle de la goutte le transport dé la bile sar
·
les ·articulations. ·
---
�(
J
51 )
Darwin dit qae le premier siége de la goutte est au foie
qui est affecté d'abord d'ane torpeur qui précède ~on
eulement les paroxysmes arthritiques annuels, mais même
ceux qui changent de situation en passant d'un membre
dans un autre. Ce savant avait remarqué que la jaunisse
00 du moin:. une teinte ictérique et une douleur au creux
de l'estomac vers le point oi1 le conduit cholédoque se
termine au doodenum, avec des phénomènes de dispepsie
et <le flatuosités , accompagnaient généralement le commencement de l'inflammation de chaque paroxysme goutteux.
Stoll, Grant rapportent des cas pathologiques qui
manifestent une relatioa évidente entre le flux bémorroidal
et la goutte. Sydenham note les donleurs aux veines hémorroïdales parmi les signes précurseurs de cette maladie.
Tiedemann dit que la formation des concrétions tophacées dans les veines paraît être surtout fréquente dans le&
affections hémorroïdales qui alternent avec la goutte.
St1tdcmzore pose en principe que la goutte est une maladie dépendante d'une surabondance de sang relativement aux forces de la circulation, affectant particulièrement le système de la veine. porte et les fonctions du foie,,
d'ob. il résulte un changement morbide dan8 les produits
des secrétions du canal alimentaire et des reins eu particulier.
On a très-généralement observé que ceux qui étaient
atteints, à la fois, de calculs rénaux et de calculs biliaires.,.
étaient tourmentés cle la goutte.
Si nous rapprochons ces faits et ces opinions de ce que.
l'observaticm journalière nous présente , nous verrons.
dans lt!s phénomènes précurseurs des attaques de goutte,.
l'expression d'une lésion primitive dans les fonctions des
reins et du foie: et dans la matit:re gélatina-terreuse-qui
snraboodant dans le sang , forme l'élément de la goutteet la gravelle, le produit morhid~ de l'altération des fouc\ions de ces organes.
�(
152 )
te foie et le rein paraissent destinés par la nature a
opérer des changemens importans dans le sang. Ce fluide
les traverse en totalité, ou du moins en grande proportion.
Les artères rénales qui sont des premiers gros tr~nc9
de l'aorte descendante puisent le sang dans ce tronc pri.
mitif et l'attirent en grande masse ( émulgentes) dan!
les reins.
!,es cbangemens quf' le sang subit ne se bornent paa
à la simple soustraction d'une certaine quantité d'eau
et de sels. Outre la formatien de l'urée et de l'acide
urique qu'ils produisent par leur action organiqoe
vitâle, ce fluide éprouve encore dans les reins d'autres
modifications qui concourent au complément de, sa crase
et lui donnent une partie des perfectionnemens qni
conviennent aux usages auxquels il est destiné.
Le sang veineux, résnltat des exhalaisons organiques,
est aussi po1·té en grande abondance dans l'appareil
h~patique par les veines spléniques et mésentériqaes.
Dans cet appareil , l~ sang ne se dépouille pas seulement des matériaux propres à la formation de la bile.
J,es élémens qui le constituent y reçoivent nne dernière
empreinte organique qui le converti t en une masse'
plus homogène, par une plus grandé proportion d'hyd rogèoe et d'azote qui ajoutent aux degrés de gélatinosité, d'alhuminosité et de pl:isticité qu'il a acqui~
par sa circulation à travers les parenchymes et les tissus
des organes, el qui ont dispo~é ses molécules à prendre
,
les formes fixes et organiques.
Les veines réuflles et hépdtiqaes, ramènent ensuite
dans le centre de la circulation, l'humeur vitale ainsi
épurée p;.r la soustraction gradati,•e df"s produits excré.mentitiels , et perfectionnée par les progrès de l'::rnima·
lisation.
Lorsqu'une exhu hérance tles sucs hétérogènes, produits mal éLahlis d'une alimentation trop natriLÎîe et
�Î
( 155 )
cl'ane suppression on diminution considérable des excrétion s , ont amené la pléthore, le sang se porte en
une surabondance relative plus forte, plus directe vers
le système vasculaire des reins et du foie, eng'lrge ,
distend ces org:rnrset modifie vicieusement leurs fonctions.
Qaoiqae Ja scie~ce ne soit pas assez avancée pour
que nous puissions déduire les phenomènes des maladies
iles conséqaei;i.ces chimiques, l'expérience nous apprend
que . IPs snhstances qm entrent clans la composition de
la malière animale ont une infü1ence sur la prodnction
de ces phénomènes, par suite des change mens complexes
qui résal1ent de la normalité, ou de l'irrégularité de
leurs proportions.
DèS-lors, une variation conséquente dans ces proportions et les qualités qui doivent e:s:ister entre le fluide
sanguin qui parcourt et traverse le foie et les reins et
les fonctions de ces organes , trouble et intervertit les
actes d'élaboration que la matière. animale mohile doit
y éprou,•er , modifie l'état normal de la co-existence ·de
ses principes constituans, altère leu:r nature et y détermine des combinaisons nouvelles. JI en résulte une
dégénérescence dans les sucs réparatem·s qui consiste
dans la production conséquente et irréga li ère d'un~
substance terreuse, blanche, rude au toucher, insipide,
qui s'ugglutine a la sérosité du sang et circule avec elle
dons l'organisme. Cette matière mucoso.terreuse y établit l'ét<tt morbide sous les deux molles goutteux ou
gravel\eul:, qui s'annoncent par des symptômes particuliers à chacun d'eux et par des phénomènes généraux
on partiels plus ou moins marquaus, plus ou ruoim1
reproduits suivant que les influences hygiénique~ favorisent ou enrayent la production des élémens qui constituent cetté dégénérescep"ce morbide.
Ce critérium des affections goutteuses et gravellcuses,
~o
T. X. Septembre x8'l5·
0
'
�( 154 )
détermine des modifications profondes dans l'organisme,
et le frappe d'une débilité considérable. Celle débilité
s'irradie dans toutes les parties do corps en proportion
de leur distanc~ du centre de vitalité.
C'est en raison de celle débilité relative, plus pro. noncée , qoe les petites articulations devienfient le plus
. ordinairement le siége de l'arthritis, qui a pris d'elles
le nom de mal articulaire : de même les reins, quand
ils sont frappés de torpeur et qu'ils sont aussi trop
faibles pour expulser la matière morbide , deviennent
le siége de la néphritis calculeuse. Rougnon dit : quando
nimirùm venes nimis debiles sunt ad illud prùzcipùu11
terreum expellendum una cum lotio.
Il est cons até par les travaux de Tennant, Harq,
.Pearson, Prout , Fourcroy, P auquelin, que les dépôts
arthritiques sont formés d'urate de soude quelquefoi1
uni à on peu d'urate et de phosphate de chaux.
Wollaçton's qui a aussi soumis les concrétions des gont,
teux à l'analyse chimique, les a troové formées d'acide
urique el de soude.
Scudamore cite deux cas extraordinaires d'inflamma·
tion~ arthritiques terminées par une sécrétion purulente
mêlée avec l'urate de soude.
Le professeur Baumes a annoncé depuis long-temps
qne l'acide urique, son transport et ses dépôt~ dans les
articulations paraissaient être la cause immédiate de la
goutte.
D'autre part, les recl1erches cle Scliéele, Fourcroy,
de MM. Mugendie et Bérard ont donné des résaltats
qui indiquent qne les graviers sont aussi formés par
l'acide urique nni à une petite quantité de mucus animal.
Ainsi, l'acide urique, cette production animale de
composition ternaire carbo-hjdrogèno-azotée, comhiaé
à l'oxigène, seul ou uni à la soude, forme principale·
1nenl la cau3e des affections gouueuses et graveleuses.
�( 155 )
les
Ce résultat d'une élahoration anomale surcharge
1
liquides vivans et suivant les modifications qlt'il subit
et l'impulsion qu'il reçoit, détermine la ~érie de ]:>hénonomènes qu'on observe dans ces maladies et établit les
analogies de causes et de lésions qu'il y a entre elles.
Vers le temps des équinoxes ou '.des sobtices, à ces
époques oh les causes qui, opèrant les troubles périoèliqoes qu'éprouve la nature', agissent aussi sur l'espèce
humaine ; lorsque sons l'inlluence des puissances nuisibles, les élémens cle ces malaclies se sont formés et développés, ils circulent dans tout l'organisme et y produisent des phénomènes géuéraux qui pré.c èdent de quelques
semaines, de quelqnes jonrs les accès arlh1·itiqoes 011
néphrétiques : cet état général s'annonce par un manque
d'appétit, -les digestions sont pénibles, le malade éprouve
.des mal - aises, des crnclités sur l'estomac. Il reEsent
des lassitudes générales, une pesanteur, un gonOement
incommode. Tous ces symptômes augmentent de jour en
jour, jusques à ce que le paroxysme éclate. Morbisensim
ftunt ac genel'antul' de repente vero adorùmlur.
Comme nous ne devons ici emprunter à l'histoire de
ces maladies que les documens relatifs à .la cause matérielle qui les proclnits, pour dtmner à l'application
des moyens de leur gnéri,on. par les eaux minérales,
tout le degré de fixité possible, nous nous bornerons
à 1es considérer dans leurs rapports gén~aax, et nous
n'étudiernos la goutte que dans son état · d'artbritis
aigu, chronique. et de gontte remontée."
La goutte offre des faits nombreux et très-multipliés
ou les produits de la dégénérescence morhide constitutionn-e\le, oh les grains terreux qui roulent agglutinés
ao sérum dn sang qui circule dans les vaisseaux, sont
dans des -circonstance_s déterminées , déposées dans les
petites articulations , tantôt sons les apparences d•un
auc gélatineux épaissi ou d'une s~rosité filante et limo-
�( 156 )
neose, tantôt sons celle d'un enduit très-mince d'ane
matière gipseuse; plus tard, dans les. cas graves et invétérés, ces dépôts sont plus abondans, plus consistaas
et formés en concrétions tophacées.
Cullen, ce praticien célèbre qui, par aue longue expérience, a été à même de constater que l'affection néphréti11oe succède alternativement aux attaques de goutte,
dit q11e la cause matériellP de ces mabdies est due a
la présence d'une substance qui paraît d'abord à l'exté.
rieur dPs jointures sous forme fluide, qui se dessèche
ensuite el se clurcit en concrétions terreuses, friables,
plos on moins apparentes. Ces concrétions causent en.
suite l'i1Jflammation , l'affaiblissement et la perte des
mouvernens des parties lésées.
James Moore a observé que la matière topbacée se
trouve épanchée dans les mailles cellulaires qui envi.
ronnent les tissas fibreux et m~me dans les cavités des
articulations; qu'elle fuse quelquefois à travers les tissus
et qu'elle se fait jour au dehors entre l'épiderme et '1a
peau.
Marrgat a va que, chez les incliviclus qui depu'is longtemps souffraient de la goutte, les petits vaisseaux des
articulations se fendaient et qu'il en sortait une matière
craieuse qui se déposait sur les surfaces articulaires.
Morgagni, .T,ieutaud, dans leurs recherches anatomiques, ont presque toujours o]Jservé que chez les personnes qui avaient été sujettes à la goutte imétérée,
les divers tiss~s articulaires étaient incrustés et remplis
àe muco5Îtés de terre craiease.
Portal a vu, après des arthritis longs et douloorea_x,
les os du pied écartés par des concrétions qui ressem·
hlaieat à des coin:; interposés pour le.s séparer.
Le$ petites articulations, surtout celles des pieds, sont
le sitige le plus ordinaire de l'arthritis régulier ou aigu,
principalement chez les personnes avancées en âge. In
.
�( 157 )
IJl!nibus liumores ut plurimum Jaciunt impetum versus inJeriol'a. H.
Ces articulations participPnt à la faiblesse générale
de l'orgaoi ~ation et l'éprouvent à un pins baot degré ,
eo raison de leur distance da centre de la vitalité. Cette
sitoation périphérique extrême rend leurs tissas moins
aptes à la réac tion; les liquides, contenus dans leurs
vaisseaux plus relâcliés . plus riombrenx, et d'une capacité réunie pins considét'ahle, y circulent plus lentement
qne dao~ les troncs d'oh ils p ·oviennent, dès-lors, si le
cours du sang, chargé dfl principes gélatina - terreux,
s'opère clans l'organi! me avec une .vélocité comme 9 et
qu'il éprouve, tians sa marche à travers les points articulaires, un retard de deux ou trois degrés; s'il .y sm·vieot surtout on refroidi•sement subit, une diminution
de calorique, une concentration des forces vitales, les
circonstances s'aggravent : il y a stagnation considérable
des liquides, dissociations de le urs principes, souvent
précipités, dépôts de matière ~élatino-terreuse et l'accès
arthritique se décl.1re. Senis si a sitmno sudor Jrigidiusc11l11s accidat minac juxto perspirant, et tempore cursu
si accidat idem, fùuit podagrici.
Quelques jours avant l'accès, les sueurs, ]es urines
diminuent, les selles se suppriment; les malad"Cs vomissent qnelquefoi:> des matières très-acides, .;\s se plaignent
de las•itudes générales , ressentent des douleurs au
colon, des tumeurs doulonreuses a:ux Yaisseaux hémorroïdaux. La matière morhide semble s'accumuler dans
le système v~sculaire abdominal et s'y appuyer pour
faire irruption sur les points menacés. Les malades éprouvent an:c membres inférieurs nue torpeur, ou une sensation qui ressemble dU passage des gn qui descendraient llu hds-ventre au travers ùes chairs des caisses;
à ces phénomènes se joint lm état de spasme; les veines
&es parties oi.i doit se porter le mal se gonfleni ei,sont
I
�(
I
58 )
distendnes. Cette intamesceoce des veines est le signe U!
plus général et le plus caractéristique de la prochaine
innsion de l'accès et le précède toujours.
Hippocrate avait remarqué la liaison obscure, ce con~ensus pr~sqoe occulte qui existe entre le systt:me vasculaire alidominal et les articulations. Vira c1âdam dolo1•
erat in dextrâ calli parte et quando dolar ad articulo1
dijJ!uebat cjalar calli quiescior ercd ( De lmmaribus )· Ar.
- thritis rnutatur interdùm in calicam, et calica in artllritidem. Hii>P·
L'état primitifqni constitue le paroxysme de l'arthritis
aigu est dû à l'afflux, ex laxitate ninl"·èt salidorum, à
la stagnation d'un sang gélatino-terreux tians les vaisseaux
capillaires des articulations dont la distension considérable produit la congestion et 'par suite la constriction,
le tiraillement des nerfs et des douleurs vives souvent
intolérables.
L~ veille du jour de l'invasion, le gonttenx ressent
uoe so1·te d'hilarité et de bien-être, l'appétit est très-vif
f!t contre nature, il se couche avec les apparences de
la santé. Ce calme t~ornpeur di\ aa déplacement de la
matière clout la sun1hondance cl.ms l'ensemble du système déterminait des phénomènes névropathiques, u'esl
pa11 de longue durée : pendant le sommeil, l'accès arthritique débute ordinairement p~r une donleur tensive
au sros orteil. QlLi padagrici .fiunt iis à magna pedis
tligito ferè semper primâ vice incipit morbits. Bipp. Cette
douleur est accompagnée de frissons, de trem1Jlemens
et de fièvre. Hic dalor, dit Sycienham, ewn refert qui ossium dislocationem .camitatur, cum sensu aquœ tantum nmi
frigidœ partis affectœ membranis ajfusœ; max se<Juitur ri.
~or cum horrore et febricitatione aliquali. Dalar autem lzic
primo remissiar gradatim intenditur ( él pari passu rigor
·atque horror redewzt ) , idquè in singulas horas donec
·tandem sub noctem ad apicem perveniat.
�( 159 )
Le paroJ:ysme se déclare aussi pendant le jour et
lorsque le malade est éveillé, si des incidens imprév11s,,
tels qu'une frayeur, une surprise, an chagrin, o~e
triste nouvelle , une contusion , une chute , dévaacent la
débilité périodique que l'organisme éprouve \'ers la nci.t,
époque où la douleur se fait ressentir.
Cel te ~ouleur s'àccroît. par degrés jusques au le"\'er du
1;oleil oh elle e~t parvenue à son maximum d'intensité,
elle s'étend au tarse et au métatarse qu'elle envahit avec
une sensatio~ dilascérente, parei:Ùe à celle que ferait
ressentir un animal qui rongerait la partie _m:ilade. EUe
continue ainsi le jour suivant, de même que la fièvre.
Pendant ces souffrances qu'on compare à l'effet d'une
brlilure ou d'une distension violente , le malade ne peut
supporter le poids des couvertures sur le pojut doul-<>u1·eux, ni les mouvemens indispensables pour en varier
les positions dans le lit. Toute la nuit se passe . ~fans
l'inquiétude et l'agitati'1a cln corps et de la partie affectée, dans le hesoin de trouver une position moins douloureuse. Enfin vers une heure (}U deux du matin ,
environ vingt-quatre heures après l'époque de l'invasion,
la peau qui était sè~he et brûlante , s'humecte et se
couvre d'ane moiteur _haliteuse; la duulear s'appaise
et le malade s'endort. A son réveil, les souffrances continuent d'être moiuclres, mais le sang gélatino-terreu.r
s'étant épanché des vaisseaux dans les mailles des tissus
fibreux euvironaans , a produit un gonflement avec chaleur et rougeur de la partie affectée. .
Après ce premier paroxysme d'invasion de l'arthriti: ,
la douleur locale continue à se faire sentir. Les jours
sui vans , il s'établit une suite de paroxysmes arthritiques,
toujours _pl'.éparés par des mouvemens généraux et tumultueux de la matière morbide, annoncés par des frisions fébriles et marqués par une augmenta~ion de la
doulellr qui 5'eJ.aspère à la nllit et s'appaise vers l'aurore.
·.
'
.
�(
160 )
Cette rémission des paroxysmes artl11·itiques paraissent
tenir à la diminution de l'ir.flueacc solaire et à la soustraction de l'excitation diarae qu'elle procure, au reaouvellement d'ac tion des paissances a aisihles, à la lentlaace
qu'a la oatore de r epou;ser au loin la matière morbide.
Vers la soirée , il y a concentration des fo r i;:es ''iLales; les
membres r surtout les ahdorniaaux, sout frappé> de torpeur, de fùur~illemens, de refroidissemens, quelquefois
de crampes; la stagna tion des liquides vivans qui y affinent, devient plus considéralJle que durant le jour et
reproduit les phènomènes morbides locduX qui accompa.
gnent le paroxysme quotidien, · pendant la durée de
l'attaque.
C'est ainsi que dans les premiers accès de podagre,.
les paroxysmes se correspondent quant à l'invasion et
à la périodicité. L'accès comple t se termine dans l'espace
de sept à quatorze jours, chez les su jets 11ans la vigueur
de l'âge; souvent de vingt à quarante chez les vieillard&
poda151·ici nzorbi intrâ diem quadra.gesimunz, sedatâ inftamm atione, subside nt;; ( Hi pp. aph. ) Qae!quefois, cependant, ces accès , à raison des aberrations hygiéniques,
se prolongent pendanl plusieurs mois, surtout chez les
vieillards que la débilité prédïspose aux attaques réitérées d'arlh1·ilis chronique~ principalPment en hiver.
Quand l'affection goutteuse s'est étahlie, les paroxysmes.
ne con,E'rvent pl us de relation; cependant dans tous•
on ohscrvc commuuément les phénomènes morJJid~s se
reproduire vers la nuit et s'am ender au jour.
Les pal'O:xysmes de l'arthritis aigu de.v iennent de jour
en jour moins douloureux et plus courts. Les principe~
morbides de la 3outte, long-temrs entraîné ~ ~ans fo
torrent circt:latoi re , y ont partici f é a ux actes <l'élaboration qui s'y opère incessammeut ; après avoir subi
les décompositions tt les comhinai sons nouvelles dout
ils étaient susceptibles , et ne trouvant aucune molécule
�( 161 )
iaentlqoe à la réparation de laquelle ils passent contri ...
hoer dans le travail de l'animalisation , ils sont cependant devenus moins hétérogènes, par leur mixtion ·p lui
intime avec les produits excrémentitiels. Lorsqu'ils se
trouvent dans les conditions favorables pour être absorbés et expulsés de l'organisme par les excrétions , .l a
colicodinie , oa goutte des intestins, se reproduit ; et
après chaque paroxysme nocturne de fièvre , on voit
l'arthritis s'amender par de légères sueurs haliteases,
hydrogénées qui souvent noircissent 'les anneaux ou a1Jtres matières métalliques portées par les goutteux, el
en contact immédiat avec leur peau. La ];ouche devient
amère, la muqueuse digestive secrète en abondance des
sucs qui sont expulsés par les selles. Dysenteria sanat
podagram et aliœ eliquationes valde prosunt ; quœ ad
inféras sedes repunl. Sennert. ( 1o praxi de arthrit. )
Les urines très-rouges déposent nn sédiment briqueté
mucoso - sablonenx. Le gonllemeot érysipélateux de la
partte affectée se résout par l'ahsorption et la transsadation locale d'un liquide visqueux d'une odeur forte
qui se dessèche sous une apparence terrease et tombe
eu écaille avec prurit iacommo~e à la peau. La douleur s'efface, l'appelit revient avec les indices d'une
santé parfaite.
La maladie disparah ou se régénère , selon que le
régime et les soins hygiéniqaes su]Jséquens contra1·ient
ou favorisent l~ réproduction des élémens morbides.
Dans ce dernier cas , le!! attaques se renou'fellent annuellement vers les équino~es de prin :emps 'et cl'aatomne, sévissent avec intensité 1 deviennent plus fréquente&
/
et de plus longue dorée.
Les ac_çès qui, le plus généralement, se font ressentir
d'abord sur le gros orteil d'un pied, plus rarement des
deux, affectent ensuite les articulations des pieds , des
21
T. X. Septembre t825.
�( 162 )
tarses, <les laloos; celles des poignets , du clos des mains-,
tles doigts, cln coade , clu genou, etc. Tantôt ces articulations sont. alleÎules séparément, tantôt plusieurs à la fois.
Lo rsque , après des atta ques muhipliées, l'organisme
s'est progress ivement affaibli par l'effet de la maladie
et so11s l'ioUucnce de ses causes productrices réitérées
qui l'ont. rendu e chronique, la matière morbide qui a pris
de plus grautls cléve!op pemens , trouve un plus grand
Dombre de pa rties disposées it lui donner accès. l.'impnlsion que les efforts salutaires de la nature lui donyaient vers les articulations du pied , la facilité qu'elle
rencontrait à s'étab lir Ù?.·-.1s ce~ points les plus recolés
et relativement plus fai bles du corps, sont changées 011
perverties.
Par l'affaiblissement général qu'a successivement éprouvé l'organi sation , les points proportionnellement plus
débilités devienuent alternativement le 'siége des accès
chroniques. Les paroxysmes varient alors dans leurs phé·
nomèrIBs d'in,.asio11, dans les symptômes <1oi les accompagnent , dans leur durée et leur mode de solotfon.
Dans l'a r thritis cbronique, les élémensrmorhides sont
Jilas nombreux , plas généralement répandus dans la
mas-se des humeurs ; cette matière mucoso-terrease,
dont alor s les glandes et les vaisseaux lymphatiques sont
q uPlqnefois gorgés et incrustés, éprouve une plus grande
d ifficulté à circuler dans les vaisseaux dilatés des articulaüons; il en résulte des e11tases plus considéraliles,
des transsudations 1 des. épand1emens, non-seulement à
travers les tissus fibreux et tendineux, mais snr tous
les tissus séreux ,. sinoviaux , etc., des articulations
qu'P.1te envahit alternativement. C'est ainsi que les accès
chroniques s'étalJlissent; ils sont précédés par des phénomènes généraux, tels que des lassitudes aux membres , dr s tensions , des gonf.l.emens douloureux an basvenlre, des ea~?rgemens et des douleurs aux vaisseaux
�( 163 )
J1émorrho"idao"ll'.; le malade éprouve one grave inappétence toute la superfi1:ie du corps et principalement
le dos sont affectés d'an prurit incommode, sartout
vers 1a nait.
Les accès sont alors tt·às-mnhiplîé:1 et durent des semaines ou des mois entiers; quelquefois, les i:routleux:
~D sont tourmentés lOIHe l'année à rexceptioo des trois
mois d'été.
Les paroxysmes particuliers de l'arthritis chronique
déhotent aussi le plus souvent dans la nuit, le malade
est éveillé vers le matin par d~s t11·aillemens e. des
douleurs aux ligamens du tarse et <lu métatarse, on par
de foNes comp-ressions on des contractions 11 ceux dP- la
main oa des autres articulations affecté<'s. Qaeltjtle foi~, lors<.1u'il se livre au sommeil, il est so i d;iiuement sa;si d'une
douleur pareille à cel!e que p1·ori.uirait un Cl'·În qu'on
enfoncerait entre les O:i du carpe on des tarse;. • endant
ces p.iroxysmes, les altératio~1s des fot'.ctio_ns cli-;eetives
wnt -.plus marquées; l'a-ppétit mauque eatièrement, les
digPstions :1ont très-laborienses et ne dunuent qr;,s des
produi ts rnal él<ihorés et uid0teux; les uriries gont nl:wn daotes, peu colorées et à-pea-près semblab!es b celles
des diahétiqoes. Le mala<le est en proie à la crr.i:.;~e,
aax inquiétudes et à tontes les affeclions tristes. H est
tourmenté de crampes, de tiraillemens tians les n ascles
des membres affectés, les •eodons des extenseurs de la
jambe sont souvent frappés de spasmes a\'ec des douleurs l1orribles , capables d'émou,,oir l'impos;ibilité réfléchie du stoïcisme, Un a]Jattetncmt 'meral et · diverses
souffrances internes très-variées s'associent à ces maux.
Ces paroxysmes ne se' renouvellent et ne finissent plus
dans l'espace de 24 heures; ils se prolongent le plus souvent de -douze à qaator:z.e ïonrs et se terminent quelquefois par des transsa<htions d'une substance gélatinotr.iieuse qu'on voit sortir par les pores dilaté~, sous
�( 164 )
forme cl'un liquide froid, visqueux, chargé de petites
granulations d'urate de soude et d'une odeur particulière,
Lorsque les attaques d'artbritis cbrnnique ont été trèsfréqaentes et de longue date, la matière morhifique
s'accumule en plas grande :abondance sur les anciennes
incrustations des sui·faces articulaires considérablement
relâchée>, elle les distend outre mesure. Par suite de
l'exhalation ou de la résorption de la partie liquide,
celle partie se coug ale, il en résulte des élévations,
cles nœuds remplis d'urate de soude concret qui en altèrent et dérangent la conformation. Par les progrès du
temps ces concrétions usent et percent les tis~as cutanés, se font jour à travers les tégurneus, ()t on les
voit sortir des jointures par morceaux qui ressemblent
à du tuf.
Les effusions , les épanchernens successifs et trèsréitérés de matière topbacée peuvent , par le laps ·
de temps, donner lieu à des concrétions volumineuses.
Fernel, Sydenham, Severùws rapportent en avoir vu du
volume d'un œuf; la p!'atiqae des grandes villes offre
journellement des goutteux dont les articulations sQnt
toutes couvertes de tumeurs et d'aspérités qui rendent
lears pieds et leurs mains difformes. Le village de Belg1mcier près Toulon sar mer, a compté an nombre tle
ses principaux habitans , un savant distingué, le célèbre
Peiresc qui, malgré ses longues courses, fréquemment
dirigées par des recherches d'histoire naturelle, avait
lf's pieds chargé~ de ces tufs dont le poids était bien
plus considéra)Jle que celui des pieds eax-mêmes.
L1 goutte se forme par ane série d'actions qui, en
même-temps qu'elles concourent à développ1er la dégénérescence qui la constitue , déterminent aussi la faiblesse
de l'organisme; la présence de cette matière hétérogène
dans le système produit cles phénomènes mor]Jides qui
&ollicitenL la nature t1 la repousser par nn consenscs de
�( 165)
réactions organiques; aussi la voit-on, fe plus ordinairement, ré léguée vers les petites articulations des pieds et des
mai os, dans les petits vaisseaux les plus éloignés du cœur.
Outre que dans l'état nati'irel, ces parties sont douées
d'une force vitale moindre qne les antres, les causes <lùbi.lilantcs qui agissent sur toute l'économie les atteignent
aussi d'avantage.
Dans lii diathèse goutteuse> le fleuve artériel gonGé de
pléthore parcourant avec une vélocité donne son cou r s
à travers l'organisme , entraîne les molécules terreuse §
divisées dans ses flots, jusqu'aux ramifications artiC'ulaires.
Dans ces ramifications nombreuses , relativemen t plu s
foihles et d'une capacité plus considér;.hle que les artères
il'o[t elles naissent, le cqurs accéléré do sang se ralentit
tont.à-roa p, les \'aisseaux articulaires qui ne peu vent opposer qu'une force comme 5 à une impulsion comme 7 •
se dil:itent, s'engorgent, les fluides stagnent, le li mou
mucnso-terreux que le sang cc;>ntient divisé dans sa masse,
se réunit et se dépose en plus ou moins grande abondance
sur les bords des vaisseaux ou dans les divers tissus articulaires eavironnans il s'épanche comme dans des mares.
Cette prédisposition organique et YÎtale des points articulaires, les établit ainsi le siége des accès, des paroxysmes de
goulle et cles phénomènes morbitles qui les accompagnent.
Mais les liquides \'ivans, i;oit sanguins, soit lymphatiques, dans Jeurs cours <lepuis les sources de la Yie jusqu'aux extrémités les plus reculées du. système, peavent
aussi rencontrer des points dont la faiblesse accidentelle
ou constitutionnelle offre un retard, <les obstacles à leur
progre>siou normale. Dès-lors, ces liquides s'arri:tent et
séjouroent tlans les tissus relâchés et y produisent (même
avant tonte atteinte d'artbritis) cette série d'affections
internes g(;oueuses souvent méconnues , mais toujours
annoncées par <lPs dépôts ordinaires cle sédiment comme
craieuli:, dont lïllostre Stoll aYait composé sa nosologie
ou
�( 166 )
tles maladies de nature goutteuse. Nous vovons journelle.
ment de pareils étals pathologiques s'établir de même
cépb:·l es, de m,mi<'s, de vertiges,
sous les apparences
d'ophtalmies, d' Jmauro,is, ùe catJracte..,; de calharres,
d'angine, 'de péripnenmonie, de pleuré:iie, rl'hémop'tisie,
de phthioie , d'asthme, d'hydr'lthora-r.:, de dispPp5ies, de
colicodynies , de diarrhâe 1 de drsPntetie , d'bipochondria~ie , d'épilepsie et d'autres t:iévroses; d'érysipèles, de
prnri30 , de dartres , de tâches scorhaliqnes , d'efflo.
rescences cutanées , etc.
Lorsque, dans diverses circons~ances, les points ?rganiques oh ces affections goutte11ses se sout «iosi établies
sans altér:::tions de tissu, reprennent' eur ton norm(ll proportionnel edeur force de réacti on , la matière morbide
exbuhérante rentre clans le torrent circulatoire , se porte,
par une lendance déterminée, vers les points articulaires,
l'affection interne disparaît et hienttJt L'arthritis se déclare. D'antres fois ces affeclions internes s'effacent et
se terminent par des évacuati-0ns critiques, sans donner
lien à l'arthritis.
Dans des cas plus malheureux, l'ariectiou qaitte les
points articulaires, primitivement envahis, pour s'établir
tout-à-coup sur les voies ir:testina!es, sur les organes
thoracbiquës on cérébraux. Soil qu'dle ait été repoussée
des articulations par (!es applications r<'percussives cootr'incliqnées, soit qa'~près une perturbation générale
cle l'économie oa qu'à !a suite d'impressions moralPs
vives, quelque organe essentiel ait tté soaclaioemeut
frappé d'une atonie considérable, la matière rnorbifique
s'y porte et y établit des extases et des lésions de fonctions très-souvent mortels.
Soit que les accnmnla1ions de lymphe mucoso-terreuse
ou les dépôts cle cette matiere morbîfique snr des voinls
org 1 nique, essenliels , y déterminent des compres ·ions,
des spasmes 011 autres accidens nen-enx alarmans et
de
�( r67 )
aouvenl funest. es : soit que les transsudations, les épn1chemens d'un sang- mucoso-terreux y établisseut des
congestions iuflam ma toire~, qui n'ayant pu ( comme
dans les phlegmasie s ordinaires ) s'org;•uiot:r en concrétions or1;aniqoes , fibreuses, excentriques, el s'étendre
assez pour s'aboucher aux -pnrois deo Vdis~eau:s. et être
résorbées ou ré.>oute3, se terminent par gangrt':ne; ces
affections ah articulaires , graves, dangereuses et le plus sonvent mortelles, sont toujours le produit d'une matière macoso-terreuse dont les effets morbidessont évidemment constatés par sa présence et ses degrés de
coagulation plus ou moins prononcés sur les parties lésées.
Ainsi Portal a trouvé dans les ventricules da cerTeau de personnes mortes d'apoplexie à la suite <l'une
~ontte répercutée , des concrétion s blanchâtres ; Lieutalld en a aussi rencontré dans le cerveau , d,ms les
poumons et le cœur cle personnes mortes de la goutte.
Sauvages rapporte l'observation d'an homme sujet à
la goutte , quoiqu'il ne but qoe de l'eau et qu'il
fit beaucoup d'exeri:ice à la chasse , qui avait cou tome
<l'être délivré des paroxysmes arthritiques par un crachement ahomlant d'une-poudre sableuse, grenue, semblable à du tartre, qui crépitait sous les doigH et que
le malade mouchait en abondance. Baglivi a vu cette
matière arthritique rétroeéder sur l'estomac et s'évacuer
par des vomissemens : Lieutaud parle des foies grumelés,
remplis de concrétions que l'autopsie a découvert sur
1\es cadavres <le goutteu-x; Haller a vu un mésentère
tont pierreux; .Morgagni rapporte que des accidens
très-gra,•es, causés sur les voies intestinales par la goutte
remontée, cédèrent à l'évacuation de matières craie uses
par le rectum. Stoll cite le fait d'une goutte ah articulaire qui rétrocéda •Sar les vaj.ssaux hémorroïdaux, les
dilata et il en résnlta un suintement, un €panchement.
de sang noir dans les tissus _euvironnaus de l'a.nus qui
1e termina eu gangrène.
�( 168 )
1
Dans la gra,•elle ou néphrite calculeuse, qui n est·
qu'un mode lle i'affection goutteuse et qui alterne Soa"Vent avec l'artbritis, les deux états pathologiques aigus et
chroniques résultant de l'action des influences nuisibles,
à peu près semblables, auxquelles nous ajouterons l'ha·
hitude d'un décubitus prolongé sur le dos et l'affaiblis.
cernent constitutionnel des tissus rénaux, se manifestent
sur les reins par de phénomènes primitifs d'infl_ammation
et successivement par des congestions des dépô\'s' de ma4
tière morbide et des concrétions plus ou moins volumineuses, 1 produisant des accidens toujours graves, douloureux et quelquefois suivis de résultats funestes.
L'acide urique seul ou combiné à l'urate de soude, uni
au mucus anirna , peut exister en abondance dans les sucs
Tivans: Zacutus, Haller, Sœmœring, Samœring, Scarpa 1
Walter , Tiedemann , etc., ont constaté sa présence dant
le sang. Morgagni, Mascagni, Hewson, Cruiksank, Bichat
l'ont vue dans la lymphe incruster les glandes et les vaisseaux lym 1)hatiques. Une multitude d'auteurs l'ont ren~
contrée dans tous les divers points du corps. Elle s'y
trouve souvent _en telles proportions , qu'on a remarqué
des individus qui la rendaient en si grande abondance
que, réunie en masse, elle aurait été suffisante pour les
ensevelir.
Cette matière anomale développée dans l'organisme 1 y
'eanse une affection toujours grave, toujours nuisible à la
constitution, soit sons le mode goutteux, soit sous le mode
graveleux. Elle mine les forces vitales , altère et trèssouvent désorganise les tisrns oh elle se fixe ; elle fait le
tourment de la vie des malhenrenx qu'elle affecte el en
abrège la durée.
En entreprenant la cure de la goutte ou de la gravelle,
il convient que le médecin établisse le but de tiOD traite·
ment P.t qu'il le dirige dans les vues de prévenir et de
' modifier les effets morbides qui résultent de la formation
�( 169 )
<le l'acide urique et Je ses comhinaisons et de s'opposer
aux conséquences l'uuestes qu'ils penvent :imener; il doit
encore étahlir les cliaagemens complettement Salutai1•es
qu'il veut produire dans les vues de dl:composer, détruire
la matière morbifique et de l'expulser de l'orgauismc;
aanscelle de prévenir et contrarier sa formation. Ejusdem
est scienliœ morborum causas nosse et morbos ipsos medica-
menlis curare.
Dans la prem.ièrn vériode Je la mal<1tlie (sons lequel cle
ses deux modes qu'elle se manifeste ) les signes précur..
seors doivent .~tre comhattus par des soins hygiéniques;
le goutteux doit éviter l'effet de toutes les influences
nuisibles que nous avons signalé. Slil )' a des signes
évitlens d'accumulations sahurrnles, on administre, avec
a1•antage, un léger émétique composé d'une dose suffi,
sante de poudrn d'ipécacoanha, délayée clans l'infosior1
de sureau, ou suivan-t les indications pfos directes, un .
leger purgatif composé de quelques gros de magqésie '
aélavée dans la même. infusion.
D"ans l'état aigu, peu'dant ]f!S parox. ysnies J surlo.u\ dans
les premières attaques, l'afflux aniculair'e ou rénal, la '
congestion sanguine qui engorge et dilate les vaisseaux
doivent être diminués. Si cet état est immi~~'nt! on app1iquera des sangsues sur les points enflammés. Lorsque la
fièvre concomilanle est forte avec pléthore. considérallle, ·
on peut aos~i la modifier par l'application des sangsues à
!'anas. Sthal qni. ne croyait pas à l'existeoce d'uoe ma-_
tière mod)ide cl<1 os la goutte, pensa.il que le flux hémorrvïdal , la , fréquente application des s111:1gRues al,\X
veines hémorroïdales pourraient guérir la goutte. Il peut
,,f
.
en être de même. d~ la gravelle.
D3l1s le cas où l altar1ue commenc;ante est v10leute
et très-dgulourense, ot1 l'urgence des évacuations san- ...
suiues est reconnue pour diminuer la cougc~tion et la
22
T. X. Si:ptembre 1825.
�( 170 )
tami>ner à nn degré convenable, il est prudent qu'elle~
ne soient pratiquées que sur les points attaqu,és ou dans
les parties inférieures , et toujours avec l'assurance
qn'cllt's n'ob:vient que momentanément à an symptôme
présent, et qu'en affaiblissant l'orgauisme, ces é1 acuations peu vent augmenter le mal.
I,0rsque l'arthritis se déclare, qn'an affaiblissement suc.
ces, if a eu lieu el se prooom:e sur les vai;seaux articulaires
de points ;.ffectés, le sanK y afnue, les dilate, il y a
stagnation et C • ngestion du liquid~, rougeur , tumeur,
cbleur et douleur. Ces phénomènes offrent cles résultats analogues à ceux qui suivent l'application des
ventonse~, ou qui ~urviennent à la suite cles fortes
contusions. La diminution du roi<l5 de l'atmosphère, la
pèrte d'une partie cle la vitalité des points contus, dans
le second cas, clé1erminent l'afflux clu sang sur les points
cleveD11s IPs moins rési stans, les plus affaiblis.
Cet afflux, celle stagnation, cette congestion d'uu fluide
chargé de la ma1ière morbide dans les points articulaires,
est essentiellement ce qu'il y a à cons:dérer pendant le
paroxysme arthritique pour en modifier les conséquences.
C'e~t ordinairement sur les points les plus affaiblis, sur
les vaisseaux engorgés et distendus qu'agit avec plus d'intensité la matière morbide; c'est dans ces v<iisseaux, dans
leurs tissas environnans qu'on voit s'opérer un plus graml
développemeut de calorification; qu'on apperçoit le g0nflernent, la phlogose et la <louleor qui en est le résultat
mécanique.
Dès-lors, l'emploi des moyens locaux qui peuvent exciter les vaisseaux, relever leur tonicité, tliviser et roohiliser les fluides stagnans, sont l'indication principale à
remplir.
Les médf'cins célèbres de l'antiquité appliquaient des
topiqnes alcoholiques fortifians sur les articulations enfü1mruées et surlout des cataplasmes vineux-aromatiques
�(
171 )
et toniqaes. l:lq/fmann se délivrait cle ses attaqaes d'arthritis par des frictions avec l'alcohol; TVeikard recommande celles d'éther salfuriqae; Werlqffinsiste sur l'usage
des flanelles; Stevenson, Mnrray out p:·éconi5é l'apvlica.
tion des vésicatoires sur le point eullammé, ils en retiraient des ré~ultats avantageux, co111me M. Dupuytren
parvient à arr~ter, dans leur principe, des vastes érysipèle;; erratiques, avec de brges vésicatoires appliqués a11
centre du mal. D'autres ont essayé le moxa. Srndamore
conseille l'emploi de compresses pliées en huit ou dix
doubles trempées dans une lotion tonique, composéecl'une
partie d'alcohol et de trois parties d'une mixture camphrée, rendue simplement tiède par l'addition d'une quantité snfllsante d'eau bouillante. D'autres enfin recommandent l'application de cataplasmes chauds, émolliens, toniqaes, alcoholiques, etc.
Mais la méthode géuérale~rnnt adoptde est d'envelopper
chaudement les parties affectées dans des vues diverses.
Telles soul les envelcppes de tissus de laines recouverts de
taffetas cirés, les cataplasmes alcoholiques, les aromatiques et toniques.
Tous ces moyens thérapeutiques concourent à rempli,r
l'indication vraie, reconnne la plus généralement utile,
celle qui tznd à concentrer le calorique qui se dégage en
abondrnce dans l'inflammation locale.
En effet, dans la rhlogose arthritique aiguë, la chaleur
prodnite, comme clans les autres inflamm<1tio11s , est ;cuvent trè>-consiclérable. Là, comme le docteur Gozipil l'a
obserré daus l'érysipèle, le thermomètre appliqué sur la
partie affectée monte quelquefoiide 34 à 35 degréJ, tandis
qu'on ne trouve que 29 degrés et demi sur les autres points
<le l'orgal}isme.
li est bieu démontré que toute inflammation développe
heaucoup de calorique: la chaleur qui en résulte s'élève
souvent jusques à 6 degrés à l'air libre. Cette chaleur dé-
�( 172 )
sagée clans la phlogose arthritique' présente nn double
effet salutaire : i .0 celui c1·exciter vivement les vaisseaux,
d'augmenter four tonicité et de dissiper la conge~tion; 2.'
celui cl'opcre r la di>solntion de l'acide urique et de l'urate
de soude qni ne se clissolvenl qu'à une haute température
et de rcn<lre ainsi la matière morhiùe vins fluide, plus
susceptiMe d'être· expulsée par l'exsudation locale. On
voit alor~ le lluide ei;.:rndé, chargé d'une substance palvérnlentc blanchâtre, ex halant une odeur très-fétide dont
l'évacuatiou amène un soulagement sensible; cette odeur
cesse de s'exhaler da fluide exsudé, dès que le mal s'appai~e. Dans ce cas, la chaleur concentrée dans le point
élffecté oh elle se développe (comme les rayons solaires
dans les expériences de rPilson) rétablit le cours du sang
stagnanl, l)issipe l'inflammiJlion et les autres phénomènes
locaux qui accomp~gneut le paroxysme arthritique.
Pour guérir les inflammations, livrées à elles-mêmes,
la nature n'emploie pas d'autres moyens qne le calorique.
A son imitation, des praticiens très-distingués, tels qnr.
Frank, le père, à Vieune. Horn à Berlin, Marcus à Bar:herg, Hern.andès 11 Toulon~ ont o])tPnn des succès c m.
parés singulièrement remarquables dans les infla ·..1ma·
tions pneumoniques, en favorisant le développement du
-calorique et ses effets sur les points euflammcs, par une
excitation ]Jien dirigée.
Voyons comment clans l'arthritis et la néphritis la chaleur peut être concentrée dans les points affectés et prodnire des effets salutaires dans ces maladies.
Les expériences de Rumfort nous apprennent qn'un
corps chauffé à 70 degrés de Réaimml', exposé à l'air,
descend à io de~rés en 516 secGndcs. Ce même corps en·
veloppé de charpie ou entouré de toiles fioes ne tombe a
lo tlt'grés qu'en 1 032 secondes; ce qui est près du double.
Les plumaceaux de clrnrpie retiennent clone fortement le
calorique liUr les ~aisseaux. enflammés. La différence de
�( 175 )
la charpie à la toile donne près d'an quart de plus de faculté conservatrice du c«loriqae, il la charpie. Si on observe que plus on met de doubles linges plus on augmente
cette faculté de confiner la chaleur dans le point enflammé, :on sentira comlJien an appareil placé dans ces
vues est propre à accumuler le calorique sur la partie et
à Je forcer d'agir fortement et continuellement sur les
vaisseaux enOammés.
Dans les inflammations arthritiques, les anciens et les
modernes ont employé avec des succès marqués et soutenus des cataplasmes épais préparés avec des farines,
de la mie du pain et des suhstances aromatiques, sur lesquelles on verse des liqueurs alcoholiques vineuses ou
cles teintures toniques et aromatiques et qu'on appliquait,
aussi chauds que possible, sur le point enflammé.
Quel est ici l'effet de ce catapla!me 7 La chaleur l'empêche cle s'emparer du calorique que fournit en abondance la partie malade ; la farine, la ruie de pain sont
cle très-mauvais couducteurs du calorique et l'eau à ~a
quelle elles sont jointes, les rend aussi moins propres à la
transmettre au dehors; l'épaisseur du cataplasme concourt
encore à produire cet effet.
Rien u'esl donc plus propre que les cataplasmes chauds
et souvent renouv~lés, h accumuler• une grande quantité
de caloriqne sur les vaisseaux articulaires ou rénaux enflammés, à les exposer à son action excitante forte et continue; rien n'est plus apte à rétablir le cours des fluides
stagnans et opérer la rsolntion de celte inflammation
complexe, à faire cesser les douleurs et terminer plus
promptement les paroxysmes.
Lorsque les clou!enl's arthritiques on néphrites se font
ressentir .avec violence, les bains partiels, les bains généraux de l'eau cl1aude à une température au-dessous
de la c11aleur tiu sang, doivent alterner avec l'application des cataplasmes.
�(
1
74)
Ainsi, nous voyons journellement, clans les panaris les
plns aigus, les dùuleurs les plus Înlolérables se calmer
de s111te par l'i111mcrsion dans i'eau chaude, se renouveler
l .1rsqu'on retirf' la p:irtie affectée cle l'eau chaude, et
l' i111111e1·sion cont inuée dissiper bientôt la douleur et le
p ana ris par l'eftf.t du calorique concentré.
JI Pst l'onven~ble de seconder l"ac1ion de ces moyens
locm1" par un hou régime, oue diète tempérante et
de, l1oi,sons legèremPnt toniqu es , parmi lesquelles je
pr,)po3erais l'info ,io n des fr11i les tl<> l'i/ex aqui jolium.
M"i~ uue remarque es,en 1 ielle est celle de sopp1imer
les acides des h.. :s, •ns clélayantes et an!i phlogistiques
qu'on emploit ll.u1s ces c:i'. DcjJ Jliusgrave avait observé
qne les acides cl<.1Ï<'n t uuisihles a11x goutteux. Weil:ard
a vérifié que leur u'agP provoque les ?.ccès de goutte et le
docteur t'gan de L·mdres, qui a aus i fai1 des expériences
sur la nature des concrétions goutleases et gra,·elleuses 1
en a conclu que lrs acides sont nuisibles dans ces m.ilnrlies,
en favorisant la sépanllion de l'11cicle urique contenu dans
les humeurs et dc1ns l'urine et en donnant lieu a sa cris..
tallisation et à la formation des concrétions.
Sur la ûn des accès et pendant ses intervalles, les ma.
fades doivent se garautir de toutes les infl r1eb ces, signalées comme nui,ibles et prendre toutes les précaution~
possibles,sons ce rapport, pour se préserver d 'un nouvean
retour. Le régime doit ~tre un peu plus tonique, l'inf11>ion
de l'ilex aqui fulùun serait alors rernplacée avec avantage
par une teinture aqueuse de quinquina, foi Le à froid et
aiguisée de quelques grains de carbonate de potasse dont
on donnera une tasse toutes les trois ou quatre heures,
ou par l'usage des eaux acidules gazeuses magnésièues.
Baglivi di L : pottts aqiumim mineratium calculos peÛit et
ab iisdem preservat.
A celle ~poque de la maladie , tonL indique de son·
tenir les forces; une aberration de régime, l'action dtl
�(
I
75 )
froid, nn chagrin vif, un purgatif débilitant snffisent
ponr ramene r une Pou v1- 1!,, alt;,q11e.
Les maladies ·goulleu . es "'' gr.1vt>lensPs , devenues
chroniques, p1esenrent un caractère de dt:hiii ,é géuérale
et locale, beal'<'c>up plus mH4ué qni 1éci:.111e le~ 11 • ~
mes secours que nou~ avons iudi<i •e 1laus l"éLal aigu;
mais les phénomènes nnrl>i tles •fans l elle périuùf.', se
fcsaat ressentir d'une manière bien plus rnleci,e , exigent
des moyens plus ét1ergiques et plus actifs. On obsPrve
qu'après l'usag-' des remèJPs aff..oihlissans qui énervent
l'estomac, les accès qui r evienneul S'l nt insupportables.
Les flatuosités incommodes, les symp:ôrnes int<'n~es de
clispepsies, les cardialgies , la langue ur géDérale sont
efficacement combattues par les teintures aronl'atiqnes,
l'eau de menthe,' les infosioos cle v.1lériane, <l'arnica alcoholisée5; un régime tonique, les eaux aci<lu les gazeuses qui tiennent da carhonate <le soude, de pota :;se
et même de fer en dissolution doivent ensuite êlre soigneusement atlministrées. Di!nS cet ét'1t Scudamore conseille la teinture de henjoin avec la magnésie comme
uo stimulant sofr:lsaot et an correctif des acides développés dans le canal digestif. Nous verrons bientôt que
celte prescription réunit encore des avantages plus di.
rects et d'un succès plus certain.
Penclant les paroxysmes d'arthritis chronique, clans ces
inflammations atoniques, dans ces engorgeinens, dans ces
gonflemeos articulaires, l'excitation <les vaisseaux et des
tissus, la concentration du calorique sur ces points affectés deviennent toujours plus éminemment utiles. Dèslors, les frictions spiritueuses , l'application des cataplasmes alcoboliques saupoudrés de l) copodi um, l'application des cendres, des farines on cle la poudre de
lycopodium ...chauffés à one hante tempénture, offrent
des sr.cours très-salutaires.
Nous avons vn dans les expériences de R11mjort, qu'un
�(
I
76)
corps chauffé à 70 degrés' exposé à l'air' tombait a to
degrés en 5j6 secondes; qu'envcloppé de linges, de charpies on de farines il ne passait par ces degrés de l'échelle de Réaumur que dans 1032 secondes; la poudre
de lycopodium qui offre d'ailleurs le~ mêmes arrangemens que les farines et les mêmes effets pl'atiques ne
donne cette différence thermométrique qu'en 14 78 secondes. Le soufre végétal, le lycopodimn, chauffé à nue
haute températnre est donc un excellent moyen de retenir, de coocentrerlecalorique sur les points enfl<1mmés.
Dans l'al'thritis, cet effet est d'autant plus à apprécier,
que le calorique, dans ces extases articulaires, agit sous
le double rapport de rele"er l'énergie des vaisseaux clistendns et relàchés ; de rendre la matière morbide soluble
et de favoriser la fluidité et la circulation <les liquides
visqueux qui les engorgent, Dès-lors la matière stagnante,
atténuée sort par la peau sous forme de sueur viscosocraieuse gravéolr.nte; les embarras articulaires el les dou·
leurs sourdes se dissipent et disparaissent.
C'cs~ prohahlement dans ces vues que Cœlius Aurélianus
recommandait les l1aius d'eaux minérales qui, à raison de
leur température et de la nature particulière <le leur ca•
lorique, sont éminemment aptes à procurer une excitation
générale, à r elever l'énergie clu système nerveux, et sont
propres à dissoudre les obstructions formées dan& les
vai sseaux et à résoudre les congestions articulaires.
L'usage de ces eaux comhiné à un régime analeptique,
à l'exercice , à \'administration de remèdes toniques , tels
qnc le quinquina, soulagent considérablement les malades
et rendent leur organisme moins disposé aux atteintes de
la maladie.
D.rns les cas de rétrocession sur des organes essentiels,
les moyens les plus énergiques, les plus prompts d'actil'er
la force vitale, d'opérer une excitation générale, une réaction interne capable de repousser au loin la congestion in·
�(
1
77 )
térieare, doivent être employés en même temps que les
dérivatifs puissans. Les irritans placés d'ahortl sur les
points les plus rapprochés de l'organe frappé.et successivement ramenés pal' de' dérivations , des irritations intermédiaires aux articulations qui étaient primitivement le
siége de l'affection, :lux points d'oi1 elle était remontée,
présentent aussi une iodication urg•rnle. Ainsi l'ammoniaque unie aux essences de citron , de henjoin; l'éthersulforique, le camphre ; les teintures aromdtiques, les
!miles essentielles , le castoreum, convenablement administrés à l'intérieur; les sinapismes, les vé,icatoires, les
rubéfians appliqués aux surfaces rapprochées des organes
Jesés, et varcourant successivemt!nt les points intermédiaires jusqu'aux extrémités; les frictions irritantes sur
la périphérie da corps , les cat:i plasmes alcoboliques et
ensuite sia:ipisés sur les articulations, sont les secours
topiques les plus efficaces pour rappeler la goutte aux extrémités. Lorsque cette heureuse deutéropatbie s'opère ,
que les accidens internes sont amendés et qoe tout est
rentré dans l'ordre, il faut se bâter de donner le qoina
à <les doses et des heures déterminées pour fix:er l'état de
l'organisme et le soustraire aux rechùtes.
A.près avoir reconnu que les accès arthritiques et néphrétiques peuvent être soufogés et même ahrégés dans
leurs durées, e:rnJTiinons comment les principes morbides
qui forment l'élément constitutionnel de ces deux mode!;
de maladie peuvent être influencés par l'art d'une manière avantageuse el complète.
Existe-iÎ des moyens d'empêcher ou de modifier la for- ·
mation de .l'acide urique de ses comhioaisons et les concrêtions auxquelles il donne lieu dans l'économie anim;ile?
Peut.ou am1ihile1· les effets de cet acide en le neutralisant,
en opérant sa dissolution et son expulsion de l'organisme?
L'opinion rénnie de presque tcus les auteurs attribue la
23
T. X. Scptemlire 1825.
�( 178 )
principale cause des affections gonttenses et gravelenses ~
l'influence d'une nourriture trop succulente dont les pro.
duits allérés dans les é!aborations sr.coud..iires, fa,•ori>ent
le développement de la matière morbide, au défaut d'exer.
cice qui, diminuant la perspiration et les antrr.s sécré.
tions empêche qu'elle ne soit expulsée de l'organisme sous
ces inOuences, le sang éprouve des chaogemens de mixtion dus à one exhubérance de principes récrémentiels,
cette humeur vitale par excellence contient alors en surabondance des principes carbo-hydrogèno-azotés qui, sous
l'action organique des reins et du foie, deviennent acide
urique, urate de sonde, etc. On a observé que l'urine des
goutteux contient ·beaucoup moins d'acide phosphorique
que celle des personnes en santé ; d'antres ont vu la
transpiration des goutleox manifestant les effets de la
présence de l'hydrogène carboné, etc.
Les animaux domestiques, nourris de sol)stances animales, sont très-sujets aux concrétions arthritiques.
Lei nombtenses expériences de Péarson sur les concré.
tions animales ont démontré que l'acide urique lie se trouve
jamais dans les concrétions des animanl!. herbivores, tandis
qu'il se rencontre toujours dans celles <les hommes 1 soit
exclusivement , soit comme partie domiaante.
M. Magendie a observé que l'acide urique est naturellement abondant dans l'urine des animaux carnassiers et
que cette excrétion en est entièrement privée, lorsque ces
mêmes an,imao:s. ont été nourris pendant quelque tempi
avec des alimens non-azotés.
Cette relation évidente entre le régime animal et la
production on l'augmentation de l'acide urique, indique
l'abstinence des ali mens trop nutritifs, ou du moins celle
d'nne uonrriture habituelle avec dei substances animales
azotées, et Je b remplacer par une diète légèrement tonique associée à l'c•er$:Îce motléré el aux frictions ~éaé-
�(
I
79 )
rales et partielles sor la peau pour prévenir les attaques
de goutte et les affections calculeuses.
Ces vues thérapeutiques avaient conduit le docteur
Home à penser qu'il serait pos~ihle cl'obvier à la production des maladies occasionées par l'acide urique, en
introduisant dans l'estomac des substances capables de
s'opposer à la forma tien de cet acide. Il proposa de s'assurer si quelque terre savoneuse, telle que la mngnésie, ne
rfmplirait pas ce hut à raison de son insolubilité dans
l'eau qui la ferait séjourner sur l'estomac jusques à ce
qu'elle fut saisie par quelque acide et entraînée dans le
pylore avec les alimens.
Des expériences très-soignées sur lPs orines tentées à
cet effet par MM. Home, Brande, Hachelt, ont démontré
que toutes les fois qu'il y avait augmentation de formation
d'acide urique, elle était diminuée par la magnésie à un
bien plus haut degré que par l'usage, même à fortes
doses, des alcalis, chez les mêmes malades.
Les essais <le celte méthode de traitement ont offert à
ces sa vans cles résultats t1ès-importans. lls ont été si satisfaisans, qu'ils les ont porté à croire que la magnésie, prise
intérieurement , agit sous plusieurs rapports d'une n1anière différente des autres alcalis, lorsqu'il y_a, chez les
malades, des dispositions tendantes à la formation d'une
quantité surabondante d'acide urique. Pour s'en assurer,
ils ont fait des expérieuces sur les urines <les personnes en
santé, et dans les mêmes circonstances, les essais tentés
avec la soude, la soude avec excès d'acide carbonique, la
chaux, l'acide carbonique el la magnésie sont toutes en
faveur de cette dernière.
D'après ces faits authentiques, on peut être aolorisé à
conclure que l'usage intérieur et long-temps continué de
la magnésie, celui d'une eau minérale artificielle plus ou
moins saturée d'acide carbonique, qui tiendrait cette terre
alcaline savonense en dissplution et l'introduirait en cet
�(
I
80 )
éLat dans la circalation, modifieraient la formation de
l'acide urique et de l'urate de soude, sartoi;it dans les
circonstances oh il y aurait dans l'organisme par suite
d'aberrations dié'.étiques one accumulation dispropor.
tiounée d'alimens hydrogène - azotés propres au déve.
loppement surabondant de ces principes.
Les ohsel'valions de Mascagni, de Brande, de Guiton.
JIJor11eau, de Guiton-d'Autun, constalent aussi les bearea:s
effets dPs carbonates alcalins et snrlout du carbonate de
potas,e d11m les affections oit l'acide urique et l'urate de
soucle sont recouuus c0mme la cause matérielle cle la
mah1die.
G11iton-d'A1ttun rapporte an grand nombre de faits ou
l'emploi dn carbonate de potasse a produit de guérisons
remarquables.
Kl'ime1· a vu qu'après l'usage du carbonate dè potasse
ou de sonrle, l'urine des animaux c..irnas.iers dévient plus
cloire el un pr.u plos l)esanle qu'auparavant et que l'acide
nri<1ue en disparaît entièrement.
f7an-luisciits s'est conv..1incL1 par ses expériences que
le carbonate de 'pota sse, long.temps continué, commence
par Ûler aux urines leur excès d'acide; qu'ensuîte , il les
rend alc',ilines, et qu'enfin, il opère la dissol~tion des
calculs et des concrétions .
. Uu fdil bien remarquahle de l'action des sels alcalins,
est la 1lissolution on la suspension des urates el des phosphates dans les nrines de ceux qui font usnge des eaus:
chargées de carbonates de potasse ou de soude. On les
voit alors journellement former pellicule à la snrfoce de
l'ut iue par l'évaporation pro~ressive de l'acide carbonique
à l'état de gaz.
De~ expériences sur les effots de l'ingestion de diffO.
rentes suh~: tanr.es, telles que la garance, le musc et l'indigo, dirigées dans des vues diverses, ont prouvé qu'il
exisle des hol'ues aux facultés de3 organes assimilateurs
�(
1
Sr )
et qu'il est des sn'bstances qui, introcluites dans les voies
digestives , n'y subissent pas les changemens de l'aisimilatioo; il est même démontré c1ue, dans heancoup de cas,
ces substan ces iodécomposées éprouvent nn mode de sohition au moyen cle laquelle elles pénètrent tout l'organisme par les voies de l'absorption, y opèrent des cbangemens de mixtion ou y déterminent de• combinaisons
nouvelles. Ainsi des ohservations faites sur des vieux gal•
linacés et autres animaux domestiques atteints de concrétions articulaires , ont montré que la garance avec
laquelle on avait nourri ces animaux pendant un certain
temps, avait non seulement" pénétré le tissu de leurs os,
mais qu'elle était aussi panenoe à s'interposer, à se mêler
avec la matière des concrétions arricnlaires qu'ils portaient
et qu'elle les avdit colorées en rouge aussi fortement que
les os.
Si l'énoncé" de ces faits nous permet d'admettre qne le
procédé chimico-animal de la formation de l'acide urique
et de l'urate de soude poisse être dérangé par l'ingestion
de substances qui surmontent l'affinité trop forte des élémens qui les produisent; s'il est reconnu que les carbonates de magnésie, de potasse et de soude aï'ent cette
propriété; qu'ils soient capables de s'opposer à la forma•
tion de l'acide urit1ue avant qu'il passe dans la circulation
et clans les reins; qu'ils soient aptes à le dissoudre et à le
neutrnliser, lorsqu'il s'y trouve formé; l'idée que les affections goutteuses et graveleuses peuvent être influencées
par l'o~age des eaux minérales composées dont les carbonates de magnésie et de potasse seraient les principes
<lominans, acquiert un plus grand degré de certitude.
Chez les goutteux et les. gl'aveleux, lorsque la circnlation se trouve ralentie dans les points articulaires affaihlis, les-petits grains d'acide urique ou d'urate de soude
&gglutinrs à la sé1·osité ''isqueuse du sang dans lequel ils
roulent 1 se dissocient et forment peu à peu dés eréci-
�(
\
I
82 )
pités dans ces parties oh le sang , arr~té dans son mouvement progressif ,;vient à stagner; sa sérosité limoneuse
se ~épose par couches et produit les concrétions t~pha.
cées. Ces concrétions formées par j uxta-position sont
généralement molles et friables ; elles se dissolvent complettement dans La pot.asse à l'aide de la chaleur.
Dès-lors, l'ingestion continuée d'une eau alcaline ga-zease fait pénétrer dans le sang les principes qui la minéralisent, les met en contact avec les molécules d'acide
urique et d'urate de soude dont la surabondance altère
l'homogéneité de cette humeur vitale. Ces sels alcalins
arrivant successi\'ement aux veines et aux points articulaires qui sont le siége des concrétions graveleuses et tophacées, attaquent la matière morhifique, la dissolvent,
la neutralisent et la disposent à être éliminée par des
excrétions locales ou générales.
Ainsi les eaux de Mont-d'Or, de Vicchi , de St.-Nectaire, de Seltz, de Gurgitelli , ont produit de bons effets
dans l'arthritis chronique et la néphrite calculei:ise. En
Angleterre 1 on compose une eau artificielle alcaline
très-chargée d'acide carbonique, qu'on minéralise avec
deux gros ( 7 grammes 643 milligrammes) de carbonate
de potasse; celle eau est très-recommandée clans ce pays,
oi1 le climat humide et nébuleux, ou le régime animal
succulent et très-azoté des Anglais les exposent, les rendent plussajets aux deux mode5 de maladie qui dépendent
de la production suralJOndante de l'acide urique et de
l'urate de soude. On connaît l'usage fréquent et presque
habituel que ces insulaires font du soda-water 1 même en
voyage.
L'excitation, la tonicité que les eaux alcalines gazeuses
déterminent dans tout le système organique par leur principe volatil·; les cbangemens de combinaisons de principes que les carbonates alcalins dont on les compose
peuvent produire dans les fluides vivans , présentent cei
�( 183 )
eanx comme des agens thérapeuliques, hien propres à.
opérer des effets salutaires dans la goutte et la néphrite
calculeuse. Les eaux alcalines ou acidules gazeuses doivent,
dans ces cas , être minéralisées cle préférence avec les
carbonates de magnésie , de potasse ou de soude.
On pourrait ainsi faire préparer des eaux minérales
artificielles dont chaque bouteille renfermerait vingt onces
d'eau chargée de sept fois le volume de gaz acide carho.nique qui tienclrait en dissolution deux gros de carbonate
de magnésie ou de potasse, selon qu'il y aurait indication ùe prél-eoir ou de combattre la formation de l'acide
urique ou de l'urate de soude.
Une eau artificielle où le carbonate de magnésie serait
tenu en dissolulion par une quantité d'acide carbonique
assez grande pour qu'elle pot être saturée de cette terre
alcaline savoneuse , fournirait encore, en to'llt temps,
on médicament précieux dans ces circonstances.
Le~ eaux minérales artificielles, ainsi préparées, ne
doivent être administrées que dans les intervalles des accès <le ces maladies , lorsque l'état de spasme est totalement dissipé et que tous les phénomènes morbides qui les
accompagnent ont cessé. On doit les donner alors à la
dose de dix à vingt onces par jour et les continuer longtemps.
Ces eaux n'agissent que d'une manière dooee et avec
lenteur; il imporle de n'en ce55er l'usage que lorsque
tout le système organique a été ramené a sou ton naturel
et que toute débilité partielle est disparue. Il faat surtout
s'assurer que, sous leur influence, toute tendance à on
développement surabondant d'acide urique ou d'urate
de sonde a été arrêtée et que ces élémens morbides sont
eotièremept ne11.tralisés et expulsés de l'organisme.
Les eaux alcalines gazeuses appliquées à l'extérieur en
bains, en <louches, sont encore employées avec succès dan11
le 1humalisme, la &outte et la gravelle. Ce11 haiu5 chauds
�( 184 )
eont des ;remèdes fortifians très-énergiques, lorsque le.s
./'
parties en.gorgées et tuméfiées restent roi<les, contractées
et froides; lorsqu'il reste encore des embarras et aue
douleur sourde dans les articulations. Ils sont aussi très.
actifs pour résoudre les calculs et les concrétions tophacées qui causent les accidens locaux.
Lorsque, dans ces maladies, la peau des malades reste
rude ~t sèche; qae les jointures sont attaquée> avec opiniâtreté et que les dépôts morbides se montrent rebelles
aux bains d'immersion, il faut alors employer les baias
de vapeurs généraux ou partiels et surtout la douche qui
heurte violemment la partie affectée et concourt puissamment à dissoudre les matières dures, les tufs qui engorgent les surfaces articulaires.
Les eaux acidules gazeuses, composées d'après l'analyse
qu'on· a fait des naturelles, ont aussi été reconnues effi.
caces dans les maladies où l'usage de ces dernières a
produit des effets salutaires; telles qae les dispepsies, les
catharres pulmonaires, les maladies des voies urinaires,
les énarèses, les leucorrhées, les suppurations des reins,
celles des tuniques de la vesiie, les suppurations des
glandes du mesentère, les ulcères sordides et inYétérés,
les ulcères des narines, des oreilles , de la gorge, ies
caries, etc. Elles sont aussi très-avantageuses dans les affections générales oh il faut réveiller la sosceptibilité
nerveu!!e et déterminer l'excitabilité des solides vivaos.
La suite à un N.O prochain.
----------------------- ----- -----SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ PENDAIS"T LE MOIS D'AOUT
1825.
13Aozît.-M.Xanthus,médecin grec,présent àla séance,
commanique des détails relatifs aux pustules sublinguales
qu'on ohserve dans la r:ige, et rapporte dellx faits qui
appuyent les avantages de l'excision et de la cauLérisatio·1
des lisses.
�( 185 )
M. le D . Schoenberg, médecin à Naples, adresse deux
ouvrnges portant pour titre : trattato sopra il nervo accessorie deccorenle all'attavo pajo de nervi cerebrali del
ca1•alière Scarpa, lradutto dal tedesco: l'autre, Ragguaglio rli alcune delle ultime scovcrte e ricerche nclla storia ·
1111 tarale, medicina e chirurgia, communicato al reale
istituto cl'incoraggiamento di Napoli. MM. Feneclt et Gi1'a11d St.-Rome fils rendent comvte de ces deux écrits.
Lecture est faite d'un mémoire concernant des observaiions cliniques sur quelques . hernies avec étranglement,
communiqué par M. Froment, correspondant à Aubagne.
On lit ensuite l'histoire d'1me anasarque guérie par la
'
diète sèche, par M. d'Astros, correspondant à Aix.
La séance est terminée pal' le scruiin de M. Rosso/in ,
membre associé résidant, qui est reçu membre titulaire.
MM. Schoenberg et Magliari, médecin's ,à Naples, sont.
aùmis au nombre des membres associés étraugersi
Lecture est faite: 1. 0 d'une lettre de M.
20 Aoi'tt. Rossolin, qui exprime toute sa gratitude pour le titre
qa'il a reçu de la Société et proteste de son zèle po!1r
coopérer à ses travaux; 2. 0 d'une lettre de MM. Costa
et Lasserre, médecins à Paris, qui expriment le désir
d'appartenir à la SociéLé en qualité de membres corresponclans. Leur demande e~t prise en considération.
M. Roux lit son rapport sur la dissertation inaugurale
de M. Tavarès ùe Rio-Janeiro, ayant pour titre: r:onsidérations d'hygiène publique et de police médicale, applicables à la ville de Rio-Janeiro , capitale dti Brésil.
M. Giraud St.-Rome fils lit, en son nom, un rapport
sot· an opuscule du D. Schoenberg, écrit en italien et
relatif à une machine vibratoire.
Cette séanr:e a été entièrement employée
22 Août. à la discussion d'objets d'administration intérieure.
27 - L'Académie des Sciences, etc., de Marseille,
in"ite la Société à la séance publique qu'elle doit tenir le
28 <lu courant. La députation d'usage est nommée.
M. Giraud St.-Rome fils, lit ses rapports sur deux observation~ aclressées par M. Rayer, médecin à Paris, et
dont l'ane· a pour titre : angine couenneuse, pharyngienne
el la1;y11gée , chez 1ui enfant de g mois , siiivie de quelques
réflexions sur le croup des en.Jans à la mamelle. L'autre
24
T. X. Septembre 1825.
�( 186 )
est intituléé: cas mortel d'entérite et de péritonite, déter.
miné par un diPerticnle cle l'ilèon.
M. Th. Beullac lit au nom tl'une commission , son
r<ipport sur l'ouvrage de M. Favart, memhre titulaire,
inLiLulé : de l'en.tenrlement médical suivi d'une nouvelle
méthode pour apprendre la médecine.
' L'importance de cet ouvrage pol'le la Société à en
renvoyer la discussion dans ga prochaine réunion.
SEUX, Président. SuE, Secrétaire-général.
AVIS.
Au mom1mt oh nous allion,,. terminer la présente li.
~r.1ison, nous avons TPÇU une demande· que M.. le D.
Fenech a traduite de l'italien , et dont l'importance nous
engage à la placer ioi, Lien qu'elle diit figurer à l'arLicle
correspondance médicale de ce 1ournal.
Padoue, le 28 mai
18~5.
DEMANDE.
LEs rechercbRs étemlues qui donnèrent occasion à
l'argnmeut du qui na-madré ou bicolorié, firent sentir dav.:i.u~age combiPn nos connaissancps sont imparfaites snr
l'origine des écorces qui se déhitent sous le nom de
quioa, et combien il importe de confronter avec }Jean.
coup de SOin et de diverses !Oanières, les espèces ÎD•
nombrables et les variétés de ces écorces , ainsi qae
les degrés de. chacunr, , telles qne le commerce nous les
a fouruies et nous l~s fournit encore, en diçers temps
et clan~ diverses régions. C'est uniqnrment avec de pareils
échantil1011s, dont l'origine sera il hien connue, que je
<lésirer<1Îs élever l'édilice de la UOll\elle quiuulogie que
je pré pue, et dont le but principal serait de réduire
à s:t juste valear la nonirnclature très-obscure et trèsembrouillée <les quinas. Je suis mainteuant conv<iincu que
l'un déhite , sous clivers uoms, <les v:oriélés et des g1adations d'une même espèce .; ta ndis que sous Je même uom
( par exemple sous celui de Cnlisajn) il en cirf'ule dans le
commerce qui sont de àiffpreutes eFpèces. Ici, on ne
pourra jamais calculer la r<-marque r1ui m'a été faite par
1e célèbre M. le baron de Humhottlt, d;;ns &on estimable
eure du
1 'J
avril dernier : Qu'il Jiwt se méfier des nom&
�( 187 )
bolflniques d'espèces, donnés aux dijférentes espèces Je
quina; atte11du que si ces écorces sont de dijférens âges,
sécltées plus ou moins rapidement; si l'arbre a eté exposé
différemment dans les vallées ou sur les sommets des Cordilières, leur aspect n'est point le même.•
A[iu Je me procurer le plus grand nombre possi.LJe
d'échantillons de qninas pour établir l'examen indispeos~blc des rapprochemens physiques et même chimic1ues,
il me faut les matériaux des médecins, des pharmaciens,
des hotnnistes et des co1t1merçans en drogues ver:;és Jans
l'etude de cette matière, et possesseurs des plus rarns
especes de ces écorces. C'est à eux donc que j'adresse
mes instances particulières pour que, parcourant les deux
catalogues ci-joints des quinquinas que je possède et t1e
ceux qui me manquent, ils aient la corn plaisance de me.
faire rarvenir, à Padoue, les quinas qui me manquent,
ainsi que les variétés et gradations de ceux que je p~
sèdc et qui seraient à leur pouvoir; comme aussi t-0ute
e~pèce ou ''ariété rare non comprise parmi celles que
je n'ai pas. Je !eur offre en édiauge, ou quelqu'un des
qoinas quf! je possède, ou bien toute autre compensation
qu'ils me demanderont. Je prie seulement ceux qui vondront me favoriser , d'unir à l'expédition un coup-d'œil
relatif à l'origine et aux effets médico-cbimiques, s'ils
en ont la connaissance , de chaque espèce et variété à
m'expédier, et de permettre aussi que mon ouvrage soit
honoré de leurs noms et de leurs observations.
lo QUINAS QUE JE POSSÈDE.
Blanche de Zea; ovalifolia de lllr1tis; grandif!ora, obtnsifolia
<le Ruiz; macrocarpa de Pa/il (sen. cosmibuc1ui ). z. Madré on bi- .
l'Dlor;é du commc1'!;e de Lia'ollr11e, outre La notre, 5, Brésilien de
Wildenol't. fr. Calisaja ou de Cadix ( 012 est 1•ré1•enu que beaucoup
rl'es(ièces diverses sont ainsi appelées dans le conuiwrce ). 5. Roul!f_
6. Capricorne du commerce. 7. Caribé cle Jacquin ( gen. e:xostema ).
8. Condaminée de Humboldt e\ Bompland; officinale de Limule:
loja des Espagnols et Portugais; loxa du co11:mcrce. 9 Jaune royal.
1.0. Fibreux ou filamenteux de Carthagcne. 11. Jaune mou el g~n
hl.12. Solide <l., Carlliagène. 15. l·ris de Lima (il semble àw1e ''it1·iété rllL scl'obiculé ou afosseltcs qui ressemble beaucoup an comlami11é. 14. Guoj.achillegua du commerce espagnnl. 15. Hu~rnalis du,
même. 16. 1-luanucco, nommé aussi dans Le commerce Gumwcco,
1u1111cco. 17. Luisant du commerce. i8. Nouveau ou duSurinam.19.
Nova selva (della ). 20. Péruvien superfin, dit a1tssi duni le commerce péruvic1i l11wi 1 péravùm d'Espagne 1 luisant, coriace (il doii._
1.
�( 188 )
•ppart.enir au condanùné ). :i.1, Pseudo. !2.2. 'Pitaya du comm~rce
milanais. Antre pitaya dite blanche, maculata du commerce vi.e11 nois. :i.3. Espagne ( d' ). 24. Orangé; luisant de Ruiz. 25. Royale.
26. Rouge de Santa-Fé. 27. l:'seuclo. ~s. Ténu, dit aussi délicat,
(;eiitil : hùissé.
II. QuINA.S DÉSIRÉS OU MANQUA.NS.
1. Aigu ou pointu de Mutiz. 2. Aigu eu pointu de Rrtiz ( gen,
Cosmibuena ). 5. Acutifolià; hoja aguda de Mutis; cascarilla negrilla du commerce espagnol-américain. 4. Amarilla de Tafalla. 5.
Augustifolia de Rui.z e~ rie Swarlz (le kina nouveau peut- être.)
( gcn. exostema ) . 6. Boba etc Ruiz; pourpré; cascarilla violet ou
pourpre. 7. Brachycarpa de /7alil et Lambe1·t (gcn. exostema ). 8.
Caribé longiflora de Lambert ( gen. exostema ). 9. Caroliniane de
Poiret (gen. puik nega ). 10, Chahuagas de Tafàlla (dénomination
indienne). 11. Colorie ( colorada) rie Tafalla. 12. Conlarea beau
( speciosa); kina de la nouvelle f'arl\lagène ( gen. portlandia),
13. Coryrnbifère de Li.nnée fils el rie Forester ( gen exost.mia.),
14. Corimbosa de Ruiz (pour l'o1·di1iairc mélé au quina rie Lima).
(..gcn. macr·ocnemum ). 15. Crespilla ahumada ( oufùmt!) de Tafatla. 16. Crespilla rnala de Ta/alla. 17. Dichotoma rie Tajàlla.
18. Dissimiflora rie Mutis. 19. Excelse de R.oxburg. 20. Philippique
de Cavanilles (il approche beaucoup du prwtlandia.gen. exostema).
21. Giabra de Ruiz. 22. Glandulifera rie Ruiz. 23. Hérissé rie /7al1l
(variété rlu ténu). 24. Lacifère rie Ta/alla. 25. Lampiaa; lanceolata de Ruiz. 26. Lineata rie /7a!tl ( gen. exostema ). 27. Lucma de
Tafalla. 28. Macrocarpe de Tafalla. 29. Magnifolia; amarillolulescente de Ruiz. 5o. Mauriliana de Stadtmann. 5c. Micranlha
de Ruiz et de Tafatla; "cascarille dn commerce espagnol. :h Mi·
crocarpon de Rui:z ( gen. macl'ocnemimi ). 53. Microphylla de Ta·
falla. J4. Noir de Tafàlla. 55. Olivare à feuilles d'olive rie Ruiz,
36. Pàle; pallescente ovata rie Ruiz. 57, Palo bianco rie Tajàl/a.
38. Palton (con hojas de) rie Tafalla. 5!l· Parviflora de 11'lutis. 40.
Pata de gallirioza rie Tafalla. 41. Peluda-cascarilla ries Espagnols;
Cinchona ovalifolia de Humboldt et Bompla11d. 42. Portland1a coryrnbosa de Ruiz ( gen. port lanrlia.) 43. Porllandia grandiflora de
Linnée, Swartz et Jacqiiùi ( gen. port lanrlia ). 44. Pitaya ( toute
écorce qui porte ce nom). 45. Piton; monta na; de Sainte-Lucie de
Yahl, /7irey, Môretli ( gen. cxostcma ). 46. Rosea ( coulenr de
rose) rle _Ruiz. 47. Rnbiconda ( rouge de Tajàlla. <JS. Rugosa de
Ta/âlla. 49 Scandente de Tajàlla. 5o. Scorbicolata de Humboldt
et Romplanrl. 51. Serrana; montana rie 1àjàlla.. 52. Spinosa de
Lambert el Vahl. 53. Tecamez rie Brown et /7ahl. 54 . De TerreNeuve ( toutes les éeo1·ces qui 1101·tent 'ce nom dans le commerce)•
55. Thyrsifl dra de Calcuta rie Roxbt1rg. 56. Triflora de rVi·i~/11. 57.
Ugnas de gatto (ongles de chat ) de Tt~fàlla. 58. Vauillodora de
Tafalla. 59. Velludada rie Tajàlla. 60. Ven osa de Ruiz ( gen.
mac1•oc1ie111um.
V. L. BRERA,
Conseiller du Gouvernement de S. M. 1. R. aut. et p1'ofcsseur P. O.
rie thérapeutique spéci.ale, et suvpléant aux . chaires vacantes de
.pa1.lwloBie et de matière médicale 1 à l' U11iversité de Padoue.
�(
I
89 )
P 1t E M l È R E
OilSER VAT10NS
OBSEIIY AT ION
DE
P A H T I E.
MÉDECINE-PRATIQUE.
d'liydrocéplialite ; par M.
à Marseille.
GASSIER,
D .• /11.,
L'nYDROCÉPIIALiTE, qui naguère était un de~ fléamc
de la médecine , a été si hien étudiée par le profes>cur
Lallemancl, qu'aa-jourd'hui tous les praticiens qui traitent celte maladie d'après les préceptes que nous a
donnés ce célèbre professeu1·, guérissent la majeure partie
de leurs malades; mais il i;'est pourt:mt présenté eucom
peµ de cas oh cette méthode de traitement ait été couronnée d'un succès plus marqué que clans l'oJJservation
suivante.
Servy, âgé rle ig i~ois, demeurant halle Charles-de/a-Croix . fatigllé depuis quelque temps par le travail de
la deatition, vomis5ait <lepuis huit jours des matière_s poracées, était fort abattu et tetait avec peine; sa mère_,
cédant aux instances de maintes personnes, me fit appeler,
le 3o aoilt 1825, vers les 8 heures da soir. Je trouvai cet'
enfant assoupi, ses lèvres vermeilles, son ventre sen~ible,
à l'épigastre surtout, par la pression ; il était fort altéré et
a1•ait an mouvement féhrile. lleconnaissaµt dans cet état une
gastrite vive avec disposition à une réaction vers le cerveau,
je prescrivis la limonade gommeuse, six sangsues à l'épigastre, des fomentations sur le ,·entre et un lavement
émollient. Le 31 au m:1tin, rien n'avait été employé, soit
par négligence, soit par empêchement, et le malade était
dans le même état . que la veille, l'encéphale seulement
T. X. Oct., Nov. et Déc. 1825.
25
�( 190 )
"
était plus menacé; je persistai sur mes prescriptions, qui
forent exécutées ponctuellement. Le soir à 6 heures,
quoique les sangsues eussent donné abondamment, l'enfant se trouvait le même;. je fis sopprime11 le lait et continuer les mêmes moyens, moins les sangsues.
Le x.•• sept"8mhre, à 3 heures du matin, convulsions
de tout le côté gauche , ainsi que refroidissement, et
sueur, strabisme; ( potion légèrement anodine ajoutée
aux autres prescriptions)· Vers les cinq heures, ces.
sation des convolSions , paralysie du côté qui était convulsé , coma profond , face plombée , pouls accéléré,
yeux ternes; ( application de 14 sangsues soit aux tempes,
soit sur le trajet des jugulaires, synapismes à la plante des pieds et embrocations "huileuses sur le ventre), l'hémorragie produite par les sangsues fut très-forte. Denx
l1eures après, amélioration des symptômes , monvemens
des membres paralysés, lorsque je les pinçais fortement,
coma moins profond, figure plus animée, ralentissement
du pouls, etc. Je fis enlever les synapismes qui furent
remplacés par des fomentations d'eau chaude synapisée
et je fis appliquer sur la tête de la glace pilée. I.es fomentations et l'application de la glace forent continuées penùant one benre et renouvelées de cleux en deux heures;
aprês six applications la paralysie et le coma furent complettement clis5ipés; l'enfant teta, vomit encore deux fois
dans l'espace de vingt-quatre heures, et ensuite le calme
le plns parfait se rétablit ; six jours après il ne restait à
cet enfant qu'un étal langoureux c1ui ne tarda pas à disparaître entièrement.
Je pourrais (1) reprolluire vingt a\1tres observations
de guérison c1'hydrocépbalite , toutes obtenues par le
(•)Nous pourrions ajouter qu elques observations quiJnous sont
propres, qui viennent à l'appui de celles de M, leD. Gassier, tandis
que dans tous les cas d' hydrocéphalite, nous avons échoué alors
que nous avons eu recours à toute antre méthode curative.
(Note du Réilacleur-général.).
�(
191
)
même mode cle traitement; mais comme une Société de médecine de cette ville, à laquelle j'en ai fait part , en
a elle-même parlé dans l'un de ses comptes rendus, je
ne crois pas devoir y revenir.
d'une péripneumonie suivie <lune vomiqtte
dont l'issue œ eu lieu heiireusement par l'expectoration ;
par M. DuNÈs , docteur en chirurgie, à Marseille.
011si::nYATIOJ.V
M. Barthélemy Signoret, capitaine marin, dgé de 28
ans, d'un tempérament bilieux, demeurant a Marseille,
rue cle la Prison, oit, étant retourné de la campagne par
un temps froid et humide , le 3 décembre 1815 , il fut
prit d'une douleur au côté droit de la poitrine, douleur
qui fat pins vive tous les soirs, jusques an 8 da même
mois, époque à laquelle· je fus appelé.
Pouls acceléré et plein, langue sale, toux 1 crachement
de sang, gêne dans la respiration, douleur profonde et
pongitive vers le côté droit de la poitrine, urines ronges.
(Tisane de poulet, looch blanc selon le codex, saignée au
bras pratiquée deux fois dans le jour.)
9 Décembre. ExacerlJation des paroxismes. (Encore
deux saignées an bras, vésicatoire sur le point douloureux,
.
mê.mes boissons que la veille ).
Le 10, moins de fièvre, crachats moins sanguinolens ,
urines abondantes et claires, amendement notable.
Le 11, m~me état (une pinte de petit-lait stibié qui
produisit plusieurs selles bilieuses).
Le 12 , évacuations bilieuses ( petit-lait simple, potion
lénitive , même boisson que les jours précédens ).
Les 1 3 et 14, pouls élevé, 'mal-aise général , oppression,
douleur -;Jn côté plus intense , crachats muqueux teints
en rouge, difficulté de respirer, de se coucher sur le
côté gauche (vésicatoire aux jambes).
Le x5 , à ma visite d11 matin, j'apprends que Signoret
�(
i92 )
a eu un frisson qui s'est prolongé clans b. nuit. Oppression
plus forte, douleur gravative au côté, figure animée, le
malade est o1Jligé d~ rester couché sur son séant pencbé
dn côté droit. J'annonce ami: parens une suppuration
interne et que le danger est imminent.
Du 16 au 28 , fü:vre continue avec exacerhatitm pendant la nait; oppression , soeur généra!e, rougeur des
pommettes surtout du côté droit, toux coutinoelle, crachats séreux , difficulté absolue de se tenir couché sur
le côté gauche. (Tisane de guimauve, looch gommeux
légèrement kermétisé , potion calmante le soir, alimens
légers , je fais respirer la ,·apenr cl'nne décoction émolliente , du reste médecine expectante ).
Le 28 au matin, en entran,t dans la chambre , je fus
saisi d'une odeur infecte , et j'appris que dans la nuit
le malade avait été tourmenté par des quintes de toux;
qu'il avait rendu par la houche des flots de pus. Je vis,
en effet, dans le pot de nuit, une pinte de pus verdâtre,
Après cette évacuation, L'oppression avait singulièrement
diminné, mais l'état cle l'individu devint plus pénible:
fièvre , toux, haleine et crachats puan;; , langueur, maigreur extrême , sueur de la poitrine , insomnie forent
les symptôrnes consécutifs. (Lait d'anesse penJant quelque temps, puis usage de ce même lait avec addition
<l'une once de sirop de baume de Tolu, bouillon pectoral
fait avec des limaces, julep anodin le soir. Je prescrivis de
mettre en fusion de la, cire jaune, pendant deux heures,
clans l'appartement ,. moyen qui à été préconisé dans
les maladies chroniques de la poitrine et dont j'ai retiré
cle bons effets dans des cas semhlahles ).
Après cinquante jours de traitement et un régime analeptique , le malade a repcis ses forces, son embonpoint
et les fonctions de son ~tat(•)·
(1) L'observation rapportée rar M. le D. Dunès, sans doute
très-intéressank, n'est pourcaul pas upique duus h:s ann<lles de la
�(
1
g_3 )
suivie de mort; par M. CnATABD, doctwr
en médecine , à Baltimore, etc.
PATIACENTIIÈSE
QuorQUE la chirurgie ne fasse pas partie de mes occupations en médecine, j'ai été, plus cl'oue fois, forcé de
l'exercer. De tontes ses opérations, celle de la paracentbèse
m'a le plus occupé. En disant que je l'ai faite cleux cents
fois, ce n'est pas trop dire, puisque sur un seul sujet, je l'ai
pratiquée 76 fois. (Voj.leMédical-repository, vol. 7,p. 492,
nonv. série)· Il s'agit d'une dame, âgée de 27 ans, laquelle
a été sous mes soins pendant deux ans et cinq mois, et c'est
clarant cet espace de temps , que l'opération a été nécessitée ce nombre de fois, qui a produit 1742 livres d'eau
d'al>ord très-claire et limpide, mais si trouble et si puante
vers la fin de la maladie, qu'il m'était presquP, impossible
d'en supporter l'odeur. Il ne sera peut-être pas hors dè
propos d'ajouter que cette dame est devenue enceinte
pendant la maladie et que j'ai été obligé de pratiquer
trois fois l'opération sur la régi ou da foie, dans la craintè.
de blesser la matrice, en la faisant en tout antre entlroit.
Venfant venu àn monde au terme de hait mois, n'a vécu
que huit jours. L'opération a été pratiquée 73 fois sur la
ligne Manche à un demi-travers <le doigts de l'ombilic, et
c'est toujou1·s sur cette partie que je l'ai pratiquée, quoi~
que plusieurs praticiens la fassent au nombril même.
Au surplus , ces deux procédés ne sont pas nouveanx;
pnisque Paul d'Egine opérait sur la ligne Manche et
qne l'expérience avait pu instruire les anciens des motifs qui devaient leur faire donner la préférence à la ligne
science. La nature a fait ici ce que l'art peut opérer dans des ca~
analogues. Nous avons guéri d'une péripneumonie suivie de vomi<J.ue, uné poissunnièi·e qui était évidemment vouée à une mort
rertaine, en ayant o~é administrer quatre grains de tartrate de
potasse antimonié ql!i déterminèrent le vomissement d'une trèsgrande quantité de pus.
(Note du Rédacteur-général).
�(
1
94 )
blanche sur toute autre partie ; puisque dans l'opération
latérale on peut blesser des artères, et que' pratiquée a
l'ombilic , elle n'est pas exempte de dangers. Néanmoins,
dans le cas suivant, quoique pratiquée sur la ligne blanche, l'opération n'a pas laissé d'être funeste , et de contribuer sans doute à la mort du malade.
M. N., libraire de cette ville, homme respectallle sons
tous les rapports sociaux, pour se console!' de quelqnes
revers de fortune , s'adonna à la boisson des liqueurs
fortes. L'affection du foie, d'abord , et ensuite l'ascite
forent les conséquences de cette mesure aussi al>surde
que fréquente dans ce paJs-ci. Les remèdes d'usage ayant
été employés sans succès et le malade s'affaiblissant chaque
jour de plus en plus, il fut décidé d'app1>ler un consultant
qui , malgré l'état désespéré du malade, proposa la para.
centhèse sans délai. En conséquence, après l'avoir vlacé
sur une chaise et soutenu les flancs au moyen d'an drap
plié en plusieurs doubles , je fis l'opération au lieu déja
cité, et ret:rai de 16 à 20 livres d'eau sans qu'il parut en
être plus affaibli; mais en retirant la canule , au lien
d'eau, il sortit du sang pur, avec un jet égal, et aussitôt
il s'opéra un changement funeste chez le malade. Larespiration devint gênée, le pouls s'anéantit et la syncope
et la mort terminèrent la scène.
A l'ouverture du corps , nous vîmes que Je trois qaart
avait ouvert une très-grosse veine , située très-profondément et dont il était impos~ible dt soupçonner l'existence. L'épanchemen't de sang qui avait continué a ~e
faire dans la cavité abdominale pendant le peu de secondes
que le màlade survécut a près la sortie de la canule, pouvait
à peine être évalué à une livre et par conséquent ne paraitra pas suffis11nte pour qu'on puisse lui attribuer celte
mort. Je pense, néanmoins, que cette perte de sang,
jointe a la faiblesse naturelle qui dut nécessairement être
augmentée par la position dans laquelle il fut opéré et qui
�( 195 )
n'était pas la meilleure , ainsi que la déplétion soudaine et.
considérable de l'abdomen, forent des causes qui pouvaient
hien être plus que suffisantes pour hâter la fin du malade
laquelle, du reste, ne pouvait pas tarcler à avoir lien.
En lisant ce rapport , on dira, peut-être , que j'aurais
dfi cherçher à arrêter l'hémorragie 7 C'était, en effet, la
première chose à faire, et je l'eusse arrêtée en un clind'œil, si ma trop grande confiance dans le mode d'opération et dans mes nomhr.e nx succès , ne m'eut pas
aveoglé an point de me faire négliger de me pourvoir des
choses nécessaires pour cela. C'est pourquoi j'ai en pour
bat principal, dans cette observation, de démontrer i.''
qne le médecin ne {loit jamais oublier les préceptes dictés
par la sagesse et l'expérience de nos maîtres ; 2.0 qu'il
doit se rappe~er surtout que dans l'ascite , des veines natarellement petites et insignifiantes peuvent acquérir une
ampleur des pins considérables et occasioner des hémal'l'agies funestes.
d'une fracture de l'apophyse zigomatique
droite; par M. RoLLAt'ID, docteur en médecine , etc., à
Arles-
OosEnrATIOR
LILLAMAND, jean, âgé de 39 ans, portefaix , se présenta à l'hôpital de cette ville (Arles ) avec un enfoncement à la joue droite. Interrogé sur la cause de cet état,
il nons dit qne chargé d'au sac de cbarhon, il avait fait
une chute, de manière qne la joue droite avait porté sur lé
pavé, tandis que le farde,il.u qu'il avait sur l'épaule gauche était toml>é snr la joue opposée. Examiné avec attention, nous lui reconnûmes une fracture de l'apophyse
zigomatiqu_e droite vers sa partie moyenne , avec enfoncement des extrémités fracturées sans autre déplacement.
Voyant que pour corriger cette difformité, il fallait seulement r-elever les pièces enfoncées, nous y procédâmes
�( 196 )
cle la manière suivante : M. Ferrier, chirurgien-major,
commença par inciser les tégomens dans l'étendue de trois
lignes environ, après avoir eu la précaution de raser le
bord supérieur de l'apophyse à l'endroit de la fracture, ll
essaya ensuite de relever les fragmens avec la petite extrémité d'une feuille de myrthe. Mais ce fut envain. Ayant
fait aussi la même tentative , je m'apperços que , vu son
attache au bord supérieur de l'apophyse zigomatiqoe, l'aponévrose externe du muscle crotaphite nous empêchait
d'introduire notre levier, et qu'il était indispensable de
l'inciser, ce que M. Ferrier fit sur le champ avec un bistouri à lame étroite et en se servant de la spatule pour
conducteur. A peine l'aponévrese fut incisée que la spa.
tale pénétra avec la plus grande facilité, et loi ayant fait
exécuter on mouvement de bascule comme à un levier,
les extrémités fracturées furent aussitôt relevées sans
beaucoup d'effort et tout fut remis dans l'état naturel. La
partie fut immédiatement couverte d'un cataplasme, quelques heures après; le spasme étant dissipé, le malade fut
saigné et mis à la diète des maladies aiguës, pour prévenir la congestion cérébrale qui pouvait résulter de la
commotion que le cerveau devait avoir éprouvée nécessairement, commotion qui, heureusement, ne pftt qu'être
singulièrement affaiblie par le peu de résistance qu'avait
offert l'apophyse zigomatiqae. La petite plaie se cicatrisa
promptement; aucun accident ne s'étant manifesté, on
fermit au malade, deux jours après, quelques soupes,
mais des soupes seulement , craignant que des alllnens
solides ne produisissent un déplacement quelconque , en
nécessitant l'action da muscle masseter.
Le septième jour de l'accident, Lillamand, ennuyé dn
régime de l'hôpital , voulut absolument sortir, malgré
nos instances , et avant la_ consolidation de la fracture.
·: ~éanmoins, j 3 l'ai vu quelque temps a près; .rien n'avait
contrarié la formation du cal.
�(
1
97 )
SE C0 ND E
P A R T I E.
MËMOIRES, DISSERTATIONS, NOTICES NECROLOGIQUES,
ETC.
t.0
M É 114 0 I R E S.
I
Des entités, de l'ontologie , des ontologistes et d'e l'irritation de !If. le professeur Broussais; par M. FA v ART,
médecin à Marseille.
Di::s ENTITÉS (1). -Au milieu de l'anarchie féodale da
um• siècle , le clergé forme one espèce de république.
divisée pal' ordres religieux. Cette république théologique gouverne les états par la puissance de l'opinion;
elle ne reconnaît ni distinction s, ni priviléges de naissance; l'individu le plus obscur parvient aux fonctions
les plus éminentes, par ses succès dans l'étude et dans
l'enseignement. La hiérarchie du sacerdoce fait aug-
(1) M'.
BnoussArs ayant déclaré que toute sa doctrine était ren-
fermée dans le livre de l'EXAMEN , je me suis borné à l'étude de
ce livre, soit pour analyser, soit pour connaître sa doctrine. Il
est bon de prévenir encore le lecteur que, dans cet article,
tout ce qui est en caractères italiques, représente les propres
expressions de l\1. BROUSSAIS' extraites de l'EXAll!EN DES DOCTRINES
MÉDICALES, etc., édition fle i821; que les numéros à la suite des
lettres italiques indiquent les pages de ce même livre, et que les
numéros précédés d'un double P.P. , indiquent les propositions
de M. BROUSSAIS. Il ne sera question dans cet article , que des
entités, de l'ontologie, des ontologistes , et de l'irritation-
T. X.
Oct., Nov. et Déc. 1825.
26
�{ i98 )
menter le nombre des pr&tres et <les moines ; les
abbayes se multiplient : une sorte de rivalité s'établit
entr'elles; c11aq11e ordre religienx veut obtenir la prééminence, en attirant à lai les sujets les plus habiles; en
exerçant l'ardeur de ses élèrns. Les nations de l'Europe
se trouvent en contact avec les peuples qui ont conservé
quelques lumières. La France communique avec ces
Maures qui cultivent en Espagne les arts , la littérature
et les sciences. Soit par émulation , rivalité ou ambition,
on introduit peu à peu dans la théologie l'étude de la
logique, de la dialectique, de la physique , de la métaphysique, des mathématiques, etc., etc. La théologie
eut dès - !Ors des sciences accessoires , comme la médecine en a aujourd'hui.
Cette collection de sciences accessoires à la théologie
prit le nom de philosophie; et soit qu'on l'enseignât dans
les écoles de théologie, soit qu'on voulût la distinguer
de l'étude spéciale de la sagesse, on qualifia celle philosophie de scolastique, de sorte que tocs les théologiens
devinrent philosophes, et tons les philosophes forent
théologiens.
La théologie traite de Dien et de ses attributs, des
dogmes et des mystères. Les mots pour enseignet' comme
pour apprendre la théologie , durent nécessairement
signifier des choses réelles , quoiqu'elles ne tom1lassent
·pas sous les sens; sans cette condition rigoureuse, la
théologie eut été une science illusoire. Ceux qui dans
les mêmes écoles s'occupaient moins de Dieu que
de ~es œnvres , et qui par conséquent se livraient
à l'étude des sciences physiques , s'aperçurent sans peine
que les mots de leur langue n'expl'imaient pas toajour!
ùes réalités ; que les qualités communes dans les indivi1lus d'un même genre et d'une même espèce, n'étaient
qlle des êtres ab,traits, sans existence réelle, et que les
mots pour les <lésiguer n'étaient que des sons pour
�(
1
99 )
rappeler les conceptions de l'esprit. De celle clistinction
dans la formation des idées et du langage , naquirent
deux partis ou deux sectes dans la philosophie scolastique , que l'on d6signa par les noms de réalistes et
de nominaux.
La secte des nominaux donna la qualification d'ENTlTÉ
(ENS ENTIS) aal. conceptions de l'esprit, aux résultats
de l'imagination. Il fallut désigner les créatenrs de ces
êtres abstraits par un mot particulier. J_,a langue latine,
peu souple dans ses désinences, ne se prêta point à cette
nomenclature ; on se servit alors des racines grecques.
ÛNTOI veut dire aussi ÊTRE comme ENS ENTIS. LOGOS vent
dire discours, raisonnement ; ONTOLOGIE dans l'origine ne
voulut dire que science ou traité de i'ÊTRE en général
en tant qu'1hRE ÛNTOLOGUTE ne voulut dire que celui qui
apprend ou enseigne la sciences iles ÊTRES.
Les réalistes avaient en recours en plusieurs occasions à l'autorité da Souverain , pour convaincre les
nominaux sur la réalité des entités. Les nominaux pour
se venger de leurs oppresseurs , attachèrent un sens
ridicule à l'expression d'ontologiste. De là naissent deux
sortes d'idées sur l'ontologie et sur les ontologistes.
DESCARTES parut sur la scène du monde savant ( 1630 );
il voulut fonder sa doctrine sur les ruines de la philosophie scolastique. Toutes les sectes philosophiques
d'alors, quoique differeotes d'opinion , se réunissaient
pour regarder ARISTOTE comme l'autorité la plus irréfragable. DEsCAR.TES ne distingua ni réalistes, ni nominaux;
il les rendit les uns et les autres l'objet de la risée publique. On n'envisagea plus dès - lors l'ontologie que
comme un dictionnaire philosophique barbare.
WoLF ( 1729), qui n'avait pas à se prémunir oontre
la tyran~ie des réalistes, ni à favoriser la faction des
nominaux; WoLF, qui n'avait pas comme bEsCARTES l'ambition de régenter les savans ' examina l'ontologie sons
�( 200 )
tous les points de vue. Ce grand homme, méditant snr
les moyens de former on système de philosophie certain
et utile au genre humain , se met â rachercher l'évidence des démonstrations d'BucLYnE; et après de longues
méditations, il conclut que la certitude des mathématiqoris procède de l'ontologie. Passant ensuite aus. théorèmes
de la philosophie, et s'efforçant de démontrer la convenance des attribut:; avec le sa jet, il s'aperçut que toutes
les espèces cle vérités étaient dans le même cas que les
mathérnatiqne's, c'est-à-dire, qu'elles ténaient aux notions
ontologiques. D'après ce court eitposé, on peut clone,
à la manière de DESCARTES, considérer l'ontologie on la
science aes êtres , comme une science ridicule et digoe
de mépri~; ou hien, suivant WoLF, considérer l'ontologie
comme une science très-grave et très.profonde , digoe
de toute notre attention et <le notre admiration.
1\'l. BnoUSSA IS' dans son EXAMEN DES DOCTRINES' a présenté l'ontologie dans le même sens que ceux de la secte
des nominaux, et dans le m~me sens que DESCARTES,
Quel peut en avoir été le motif? Nous ne pouvons rai.:.onner que par conjectures ; cependant' tout porte a
croire que si 1"1. BnoussA rs est hiea loin d'avoir autant
<le génie que DEsc.rn TES, on peut lui supposer an moins
a a tant d'ambition, en cherchant à détruire la philosophie
médicale régnante. Il a marché sur les traces de RENÉ,
en voulant plonger dans le mépris tous les médecins
sans exception; il a cru qu"en les qualifiant tous par
un nom auquel il attache du ridicule, il parviendrait à
détruire la haute opinion que l'on avait d'eux, et par
ce moyen établir son système , ou fonder sa doclrioe
sur la ruine des ouvr:iges de ses prédécesseurs.
M. H&ousSA.1s a-t-il trouvé la médecine dans le même
état de harbarie qne DEsc.rnTES a-vait trouvé la philosophie
scolastique? A.vanl de poursuivre cet examen, commen·
çons {>ar savoir ce que M. Baousu1s entend _par ENTITÉ;
�(
201 )
afin d'être bien d'accord avec loi snr les m&ts et sur les
choses, voici ce qu'il dit pag. 646 de son EXA.JIŒN. Ces
GROUPES DE SYMPTOMES sont des ENTITÉS ou
êtres abstraits entièrement factices l ontoi , ces entités sont
[aimes, et le traité que l'on en donne est de l'ontologie. Les
mots on toi, entité, être abstrait , entièrement factice ,
ne présentent jusqu'ici rien cle ri<licule, et en cela M.
BHOL'SSATS est parfaitement d'accord avec tous les philosophes, m~me avec une secte de philosophes scolastiques, puisque ceux que l'on appelait nominaux, jugeaient ainsi des entités.
" Tout ce qui existe étant des chos~s particulières ,
» on pourrait peut - être s'imaginer qu'il fondrait que
» les mots qui doivent être conformes aux choses, fussent
,, aussi particuliers par rapport à leur signification. Nous
» voyons pourtant que c'est toot le contraire, car, la
» plus grande partie des mots qui composent les di,, verses langues dn monde , sont des termes généraux,
» ce qui n'est pas arrivé par négligence oo par hasard,
»mais par raison en nécessité»· Locl:e, liv. 3, §. 1.
» Ce qu'on appelle général et universel n'appartient pas
» à l'existence des choses réelles, mais c'est un ouvrage
» de l'entendement qu'il fait pour son propre usage ,
» et qui se rapporte uniquement au:s;. signes, soit que ce
» soit des mols ou des idées. Les mots sont généraux,
» lorsqu'on les emploie pour être signes d'idées géné» raies , ce qui fait qu'ils peuvent être indifféremment
» appliqués à plusieurs choses particulières ; et les idées
» sont générales , lorsqu'elles sont formées pour être
,, des représen~ations de plusieurs choses particulières.
» Mais l'universalité n'appartient pas anx choses mêmes
» qui sont toutes particulières dans leur existence»·
LocKE,liv:3, §. 2.
Comme ce langage de LoCK.E pourrait fort bien n'~tre
pas c;ompri5 de tous les médecins, je vais prendre dans
�(
20'.l )
nu exemple pour confirmer cette règle. « Je
trouve un corps , et je vois qu'il est: 1." étendu; 2 .'
0
figuré; 3.0 divisible; 4. solide ; 5. 0 malléable; 6.° fort
0
pesant ; 7." dur; 8. capable de mouvement et de
repos; g.° jaune; 10.° fosiMe; 11.0 ductile; 12.0 fixe;
I 3.° soluble dans l'ean régale , etc. Il est certain que
je ne puis pas donner tout à la fois à quelqu'un une
idée de ces qualités, je ne saurais me les rappeler à moi.
même qu'en les faisant passer en revue devant mon esprit; mais si, voulant les emhra~s1::r tontes ensemble, je
Toulais ne penser qu'à une seule, par exemple à sa
couleur, uoe idée aussi incomplète me serait . inutile
et me ferait souvent confondre ce corps avec ceux
qui lui ressemblent par cet endroit; pour sortir d'em.
barras, j'invente le mot OR, dont j'ai fait le dénomhrement des qualités. Ce mot OR n'est donc pas on
i:TRE par lui-même , etc.» ( Orig. des conn. hum. 1 pag.
CONDILLAC
"
»
»
»
»
»
,,
»
»
»
»
»
»
»
,,
»
•
l'.23 ' 124 ).
L'oR est donc une ENTITÉ qni prend la qualitê de nominale, puisqu'elle ne présente qu'un nom qui rappelle
à l'esprit et d'un seul trait 13 al>stractions, ou un concours de x3 qualités abstraites. Voilà la manière de
raisonner des philosophes modernes et même du pins
grand nombre des philosophes scolastiques , puisque
lin 14,me siècle, ceux qui rnisonnaient comme ceux d'~u.
jourd'hui étaient appelés NOMIN.!VX. Les philosophes
pensent donc comme M. BnoussAJS ; el l\i. B1wusS.1.1s
raisonne comme eux, puisqu'il definit les ENTITÉS
des êtres abstraits , entièrement factices, ( P· 646}
Les médr .~ ins anciens, aiusi que les médecins modernes,
out-ils méconnu celte manière de philosopher?
Consultons !es historiens cle la médecine. LECLERC est l'auteur qui a le mieux analysé les doctrines des anciens médecins, voici ce qu'on lit aux pages 34.5 et 546 de son
J1tsT01 lli:. DE LA MÉDE«;INE: «pour ~tre sûr, par exemple, si
�( 203 )
, nn homme avait la pleurésie, ils (les anciens médecins}
• examinaient s'il avait : 1.0 de la toux; 2. 0 des crachats
0
• sanglans; 3. de la difficulté de respirer; 4.0 de la
» douleur au côté; 5." une fiè,-re continue, etc. "Lorsque
• tous ces accidens concouraient à se montrer ensemble,
• il n'y avait pas de doute que ce ne fût la pleurésie.
» li fallait que tous ces accidens se montrassent pour
» fo rmer le concours pleurétique ou la pleurésie .•· ..•
t C'est là proprement ce qu'ils appelaient concours ea
» on seu1 mot». Le concours des accidens, suivant les
aociens médecins , est donc synonime de groupe c{es
symptômes de M. BRoussus, et depuis la secte empirique jusqu'à la secte physiologique, on a regardë le
concours des accidens ou les groupes des symptômes,
comme des entités ou des ètre11 abstraits entièrement
factices. Le mot pleurésie , qui embrasse tous les accidens de cette maladie· à la fois, et les présente à l'esprit
par un seul mot, n'a jama_is été admis cemme un ÊTRB
réel, mais ])ien comme une ENTITÉ pore et simple.
Des médecins anciens passons à ceux de nos jours.
J'ouvre le livre de CABANIS , où il dit : « quand na
0
0
• homme I. tousse; 2. crache du sang; 3.° respire avec
0
• peine; 4. ressent une do.a leur vive au côté; 5.° a le
0
» pools vîte et dur; 6. la peau pfos chaude que dans
• l'état ordinaire, on dit qu'il est alteint d'une pleurésie.
» Mais qu'est-ce donc qu'une pleurésie? On voâs répli• qnera que c'est une maladie dans laquelle tous ou
1 presque tons ces accidens se troavent combinés .••• •1
» C'est donc le concours de ces accidens qui la cons• titue, Le mot pleurésie ne fait que les retrac~r d'une
1 manière plus abrégée. Ce mot n'est pas un hnE var
» lai-même ; il exprime une abstraction de l'esprit; il
1 réveille p;r un seul trait toutes les images d'un assez
a grand tableau, pag. JO ( Du degré de certitude de la
» médecine ) ,,.
�( ~04)
•
Vous voyez que CABAl'llS n'a fait qcrappliquer a la
.médecine la métbo<le de pbilosopher de LocKE et de
CONDILLAC , et qu'il a copie les anciens médecins.
Comment M. Baotrsu1s a-t-il pu dire à la pag. 391 de
son EXAM:tK, que C..1BANIS a été lui-même aussi ontolo•
giste que ceux qui l'ont précédé, qaaml CABANIS dit
trè.s-positivement et très-clairement que la maladie n'est
point un i:TRE? M. Bnoussus eu imputant faus!ement la
qualification d'ontologiste à CABANIS, cherche à le rendre
ridicule, parce qu'il sait que le ridicule affaihlit et détruit
m~me le respect et l'admiration.
Si M. BROUSSAIS met au rang des ontologistes ceux
qui gronpent les symptômes pour en former des entités
ou êtres abstraits entièrement factices, M. BROUSSAIS doit
prendre rang parmi les ontologistes, et se couvrir du
même ridicule dont il vent couvrir les autres. tisons
sa 99.mc proposition, pour lui. dé.montrer qu'il est aussi
ontologiste que les médecins qu'il blâme. Lorsque: 1.'
L'IRRITATION accumule le sang dans un tissu avec: 2.'
TUMEUR; 3.° ROUGEUR; et 4: CHALEUR extraor·
dinaite capable de désorganiser la partie irritée, on lui
donne le nom d'INFLAMMATlON.
Le mot ou le nom d'INFLAMMATJON est donc
évidemment une entité, qui. n'a d'essence que dans le
nom; l'JNFLAMMATION de M. BRoussus n'est donc
rien par elle-même qu'un groupe de symptbmes, tels que
0
0
1.0 irritation pour douleur; ?.. tumeur ; 3. rougeur; 4-'
chaleur. L' IN FLA MM Al'IO N de M. Bneusu 1s, comme la
pleurésie des empiriques, n'est qu'dn concours aes accl·
dens. L'INFLAMMATION de M. BROUSSAIS, comme la
pleurésie de CAB.uns et de tous les m~decins, n'est point
nn ÊTRE réel ; elle n'exprime qu'une abstraction de l'esprit, et réveille par un seul trait toutes les images d'an
assez grand tableau. Nous pouvons donc dire à M,
Bnouss.us : votre INFLAMMATION est one ENTITl
�(
~rn5
)
comme la dyssenterie est une entité ( p- 226); votrè
INFLAMMATION est un ÊTRE comme la pthysie pul~
monaire est un étre (p. 284); votre INFLAMMATION
est one ENTITÉ pathologique comme les entités pathologiques des auteurs (p. 235, 340, 386); vos INJ'LAM11uTIONS comme ces groupes de symptômes sont des êtres
abstraits entièrement factices ( P· 46 ). En réunissant
la dortleur , la tumeur, la rougeur , la chaleur , vous avez
fait comme ceiix qui ramassant des symptômes en
groupes en ont fait des entités dépendantes des organes,
(p. 564). Quand vous êtes parti de la douleur , de la tumeur, de la rougeur et de la chaleur, qui sont des phénomènes réels, pour en faire votre INFLAMMATION,
vous avez fait comme ceux qui sont. partis de faits trèsréels pour en Jaire des entités chimériqueJ et illusoires
(p. 598 ). Votre INFLAMMATION est donc une chimère et une illusion.
En comparant la méthode de philosopher de M.
Bnoussus avec celle des médecins tant anciens que modernes , on ne voit entr'ellés aucune différence. Cependant M. BROUSSAIS assure, pag. '} de sa préface, qu'il a
fait la découverte de l'ontologie , et par conséquent des
entités. On pourrait prendre cette assertion pour une
niaiserie; mais M. BROUSSAIS est un médecin qui a infiniment d'esprit; on ne peut lui contester ni instruction,
ni érudition ; il est praticien habile ; auteur supérieur
sur les phlegmasies ; dialecticien subtil et très - adroit
surtout à relever les défauts- des auteurs, en démontrant
les vices de leurs méthodes. A pr~ tontes ces qualités
de l'esprit de l'auteur , on se demande pourquoi M.
BaoussA.IS a été exhumer des disputes scolastiques mortes
et ensevelies depuis long temps ? Pourquoi il a préféré
entrer -en concurrence de réputation avec les AunAUD
et les LEROI pour faire débiter des sangsues , comme
27
T. X. Oct., Nov. et Déc. 1825.
�( 206)
AILnAuo a débité ses poadres purgatives et LE1101 ses
vomitifs. Ponrqaoi il a voulu se placer en tiers avec
P ..i.nACELSE et BnowN, quand il pouvait être supérieur
aa:s. médecins de son siècle : puurqnoi il a préféré
une réputation momeutauée et tumultueuse qui tend
au décroissement , quand il a\"'aÎt déjà fondé une réputation qni eut été toujours en augmentant : pourquoi il
a écrit différemment éLant aux armées que lorsqu'il est à
Paris : ponrquoi il s'e11t créé lui-même procureur-général
ou mieux encore accusateur puhlic de tons leM médecins
sans exception : pourc1noi il s'est constitué lui seul tribunal
compétent pour ju~r et condamner tous les médecins
passés, présens et futurs, etc., etc. Je suppose que ••...
arrêtons-nous ici« en h'mne philosophie, il ne faut jamais
rien supposer». ( M. DESTUTT DE TnAcY, Idéol., p. 22 ).
DE L'o1<Tot0Grn ; DES ONTOLOGISTES. - Veut-on savoir
ce qu~ M. Br.oussA ts entend par ontologie , écoutez-le
parler. Voilà ce que j'appelle ONTOLOGIE, c'est-à-dire,
DISSERTATION SUR DES ÊTRES ABSTRAITS
IMAGINAIRES, qni ne représentent rien de bien déterminé ( p. 4rg); par conséquent l'-0ntologiste , suivant M.
BRous~.us , est celui qui disserte sar les êtres abstraits
i m:iginaires, etc. Tout cela est fort simple et surtout
bien conna.
Vent-on savoir maintenant en qaoi consiste la découverte qu'a faite M. BnousSA1s, suivant cc qu'il dit pag. 7
lle la préface de son EXAME!O: '.l Vous n'avez qu'à cber:cher
lf>s pages qae j'infliq_ae, et vous y verrez que l'ontologie
est tantôt une th éori~~ (p. ~8), tantôt nne classification
{p. 57), tantôt nne mdthnde (p. 490, 737 ), îe plus souvent
une méthode thr-lrape 11tique ( p.219, 326, 529), sans en
excepter l1>.s romans •p i ~ont flncore <le l'ontologie (p. 219 ).
M. Rnouss us entend par ontologie les foux principes ,
~utrcment dit les principes qui ne sont pas les siens
�( 207 )
(p. 704 ). Il appelle même ontologie un avis donné en
Espagne clans une consultation particulière, dam laquelle
on n'a pas conseillé l'application des sangsues (p. 330). L'ontologie de M. BRoUssus est tantât une étude des divisions
(p.671), tantôt la division et la séparation tout ensemble
(p. 441 ), d'autrefois ce n'est pas la division mais le sujet que
l'on divise (p. 185 ). L'ontologie est l'ignorance de l'œthiologie avec l'inconséquence de la nature humaine (p. 338) ;
elle est aussi l'ignorance ùes rapports des divers ohjets
(p. 302).
M. BROUSSAIS fait de l'ontologie nue école (p. 765 ) , et
quand cela lui plaît, il découvre l'ontologie dans les
remèdes ( p. 239 ).
L'ontologie est prise par M. BRoussA is pour inattention (p. 575) , pour imagination obsédée par une seule
idée (p. 5o-r ), pour compréhension difficile (p. 534 ), pour
incohérence et contradition (p. 172 ) , que1quefois aussi
elle est un langage obscur ( p. :i.88 ).
L'ontologie, suivant M. BRousu1s, est une dissertation
sur les êtres ahstraits imagin3ires (p. 419 ); elle est ensuite
une aclmissi• n et adoption des êtres réels (p. 497 ) , et ensuite une-création de ces mêmes êtres ( p. 223 ).
L'ontologie , suivant M. BRouss.ns, est un empêchement pour rép-imdre (p. 543), ou un obstacle pour raison
ner ( p. 653): il ia trouve dans ane objection (p. 58) et
lui fait si gnifier incertitude dans les mêmes choses ( P· 442 ).
D'après M. BRouss_us l'ont6logie est nne tendance à
l'ontologie ( p. 327); elle est . t<:.- ujours synouiroe de Browuisme (p. 8u4), d'empirisme (p. 241, ·2~3, 336 ),de vitalisme (p. 275 ) , d'humorisme ( p. 807 ) , et,tl~ toutes leurs
comhinaisoos; enfin , l'ana tom~ pathologique est l'ontologie ( p..672 ).
M.. Bi1oussA1s qualifie du nom ll'ontologiste celui qui
muhiplie les chimères el qui a une théorie artificielle
( p. 335 , 336 ) ; celui qui e5t inconséquent et sujet à se
�(
208 )
contretlire ( p.6r4 ); celui qui prend l'effet ponr la cause
{p. 253 ); celui qui se combat lai-même (p. 391); celui qui a
l'esprit obtus et mal adroit (p. 567 ); celui qui est plagiaire
( p. 567 ) ; celui qui oublie les souffrances de son malade
( p. 537 ); celui qui n'accorde pas à l'estomac toute !~impor
tance qui lui est due dans la formation des chimères
( P· 537 ).
M. BaoussAIS appelle ontologistes les empiriques (p.
325), les browniens ( 805), les empirieo-hrowuiens (p.
804) , les bumorico-browuiens ( p. 807) , et toutes leurs
alliances.
M. B.aoussArs donne le nom d'ontologistes à ceux qui
parlent mystérieusement ( p. 24 7 ), à aeux qui lui opposent
des objections ( p. 580) ; enfin , sont déclarés ontologistes
renforcés', et sans e;xception , ceux qui ne sont pas ·de
son avis (p. 296), ceux qui sont opposés à ses principes
( p. 7 o4 ) , et qui n'adoptent pas aveuglement sa doctrine
( p. 294 ' 296' 524 )·
Tel est le résumé des découvertes que M. BnoussArs
a fait sur l'ontologie et les ontologistes : je laisse à chaque
médecin le soin de discuter sur leur valeur.
DE L'IRRITATION. - S1 nous voulons prendre une
connaissance complète de l'irritation de M. BRoussAis, il
faut bien saisir ses pensées à ce sujet, et analyser les mots
dont il se sert pour les exprimer: de cette manière nous
arriverons eusemhle aux n1êmes résultats ; alors nous
pourrons juger si la doctrine tle l'irritation est avantageuse, ou naisil>le, ou inutile dans l'étude de la médecine.
On pourrait bien , en commençant , adresser il M. BRoussAIS les m~mes reproches sur la définition de l'irritation
en général qu'il a adressé à M. PIN.EL sur la définition
de la fièvre en général ; on n'a qn'à changer le sujet dn
reproche, et les mêmes expressions peuvent lai convenir.
Nous!allons examiner ( l'irritation) • • •. , mais auparavant
�( :mg )
il faut signaler le premier tort cfo l'auteur, celui d'avoir
11égligé de traiter de (l'irritation) en i;énéral, (p. 3~ )·
Je m'abstiens tle donner des torts à M. IlnoussA1s ni de
lui faire des objections: en coml™' açant je vais parler de
quelques-unes de ses propositiona, pour arriver à l'irritation (genre Oil en général ).
Certains corps de la natrtre . .... augmentent la sensibilite et la contractilité . .... C'est la stimulation ou irriwtion. Ces corps sont des stimulans, pp. 7.
Dans toute stimulation il y a donc appel ou attraction
des fluides, PP· 11. C'est la congesti°F , PP· 78.
Dans ces propositions on trouve trois séries d'idées
hien distinctes :
1. 0 L'action de certains corps ou des stimulans;
,,,• L'augmentation de la scnsibililé et de la contractilité ;
3.0 L'appel , Oil i:attraction des fluides; Oil la congestion.
I.es deux premières périphrases peuvent être comprises sons l'expression de stimulation; et en réunissant
la stimulation et la congestion, on forme l'irritation
(non morbide).
On peut rendre cette combinaison d'idées encore plus
sensible par une forme algébrique , ainsi :
Action des stimulans, pins augmentation de la sensibilité et de de la contractilité égalent stimulation.
Stimulation , plus congestion égalent ÎJ:'ritation ( non
morbide).
L'irritation de M. Broussais exprime donc à la fois et
par un seul mot 1 1. l'action de certains corps on cles stimulans ou des modificateurs; 2 . 0 l'augmentation de la
sensibilité .et de la contractilité ; 3." l'appel on l'actraction
des fluides ou la congestion.
Si l'EXALTATION DE LA 171TALJTÉ ou l'augmentation de la sensi}Jilité et de la contractilité , SUP0
�( 210 )
POSE TOUJOURS rme action des modificateurs, pp. 77·
L'action de certains corps ou des stimulans on des
modificateurs 1 est de l'aven de M. Baouss.&.1s une snpposition.
L'augmentation de la sensibilité et de la contractilité ,
est ègalement de l'aven de M. BROUSSAIS une supposition.
Si l'action des modificateurs cles stimulans on bien
l'excitation on LA SUR EXCITATION, SUPPOSE
TOUJOURS un appel trop considérable des fluides ou
LA CONGESTION, PP· 78.
L'appel des fluides ou la congestion n'est encore de
l'avèu même de M. BROUSSAIS qu'une supposition.
L'irritation de M. BROUSSAIS n'est donc que l'expression
et le résultat de trois suppositions bien distinctes.
Quand hien même on ne voudrait pas admettre cettte
conclusion , si l'irritation n'est point accessible ·aux sens
du médecin, elle n'est pas évidente; tout ce qui n'est pas
évident ne peut donc qu'être supposé; vous voyez que de
quelque manière que l'on arrive à }!irritation , on trouve
toujours dans l'irritation de M. Bnouss.us nn résultat de
trois suppositions, var conséquent: une conception de son
esprit, un produit de son imagination, une idéalité,une
}1ypothèse.
M. BnousSA.15 a divisé ses propositions en deux sections:
la première a en tête le mot PHYSIOLOGIE , el l'autre le
mot PATHOLOGIE.
La P11Ys10LOGIE est la science qui traite lle l'homme
en sauté.
La santé suppose l'exercice régulier des Jonctions ,
PP· 67.
On suppose les fonctions régulières qoaod il y a
ÉLOJGNEMFNT DES CAUSES DESTRUCTl//ES,
et la reproduction, et les mouvemens qui exécutent tout
cefo , pp. n.
L'éloignement des causes destructive est donc la con-
�(211)
dition physiologiqae , comme la menace de destruction,
PP· 69, est la condition pathologiqae. L'éloignement des
causes <lestrnctives devient synonime de non morbide.
Puisque M. BRousu1s admet en pathologie une congestion morbide et une irritation morbide, pp. 83, en parlant
physiologiqaement, noas dirons (tout au moins mentalement) action des modificateurs NO!' MOl\1llDE, aagmentation de sensibilité et contractilité NON MORBIDE, appel
des fluides on congestion !'ON MORBIDE , par conséquent
IRRITATION avec éloignement des causes destructives ou
NON M_QRBIDE t OU PRYSIOLOG1QUE t OU DANS L'ÉTAT DE
SANTÉ,
M.·BRousH 1s confirme notre manière de raisonner, en
disant : les sympathies morbides s'opèrent de la même
manièl'e que LES SYMPATHIES DE L'ÉTAT DE
SANTÉ, pp. 85, et il la confirme encore en disant,
L'IRRITATION offre des intermittences naturelles
DANS l'ÉTAT DE SANTÉ,pp. 217.
M. BnoussAIS admet donc bien évidemment nne IRRITATION DANS L'ÉTAT DE SANTÉ.
QaelqQ.e qualification, telle qae non morbide on pl1ypbysiolo3ique, on dans l'état de santé que l'on ajoute
au mot IRRlT-~TION. L'irritation ne change ni de nature
ni d'es~ence, ni de caractère; elle reste toujours une
supposition, une conception de l'esprit , nn produit de
l'imagination, une idéalité , une hypothèse, etc.
PATHOLOGIE, - La maladie résulte de l'irrégularité
des fonctions, pp. 67.
Les fonctions sont irrégulières lorsiJtt'une 011, plusieurs
d'entr'elles s'opèrent avec trop ou trop peu d'énergie,
pp. 68.
L'énergie _cl'une fonction est excessive . ... , de manière
plusù~w·s des organes qni sont chargés des fonctions exagérées .•.. , SOIENT MENACi;S DE' DESq11'u11 Olt
TRUCTJON, pp. 69.
�(
2 I2 )
~i l'éloignement des causes destructives, pp. 11 , forme
Je caractère essentiel physiologique , la menace cle des.
truction, pp. 6g, formera le caractère essentiel potholo.
gique. Nous avons exprimé la première périphrase par le
mot NOi<~MORDIDE; nous désigneront la menace cle cles.
truction par le mot MORBIDE·
La nature de l'exaltation . ••.. C'est toujours l'augmen·
tation des phénomènes qui attestent l'état de vie , PP· 74 ,
sensibilité et contractilité sont donc lea témoignages ou les
preuves de l'état de vie , PP• 7•
L'exaltation de la vitalité suppose toujours une action
des modifications stinmlans supérieure à celle qui convient
art lfiaintient de la santé, c'est uue super-stimulalion ou surexcitation , pp. 77.
La supa-stimulation 011 mr-excitation snppose toujours
un appel considérable des fluides; il y a donc congestion
préj11diciable à l'exercice des Jonctions dans toute surexcitation; c'est une congestion morbide, PP· 78.
D'après ces propositions, on trouve trois séries d'idées
bien distinctes avec la condition de menace de destruction
ou morbides.
1 ." L'action supérieure des modificateurs ou saperstimnl11tion, avec menace de destruction on morbide.
2. E:ialtation de la vitalité avec menace de destruction
0
ou morhide.
3.0 Appel ou attraction des fluides, ou congestion avec
menace de clestraclion ou morbicle.
Les deax premières périphrases peuvent être comprises
sous l'expression super-slimulation ou sur .. excitation; et
en réunissant la snper-stimnlation ou sur-excitation aveo
la congestion ( mor1Ji<le), on forme l'irritation ( morbicle}
Soumettons notre raisonnement à une méthode algébrique.
Action supérieure des modificateurs, plu~ exaltation de
la vitalité , égalent super-stimulation ou sur-excitation.
�( 215 )
Saper-stimnhtion on sax-excit:ition , plns congestion
(morbide), égalent irritatiori (morbide) pp. 83.
L'irritalion (morbide) de M. Bnouss.us exprime donc
à la fois et par un seul mot, 1." l'ac~ion supérieure des
modificateurs ou super-stimulation ou super-excitation;
2.° l'exahation de la vitalité; 3. l'appel ou l'attraction
des fluides ou la congestion ( morbide ).
Si L'EXALTATION DE LA VITALITÉ ••.••
SUPPOSE TOUJOURS UNE ACTION des modifica,.
teurs SUPÉRIEURE à celle qui convient au mailllien.
de la santé, PP· 77.
L'action supérienre des modificateurs on la superstimulation ou la sur -excitation est de l'aven de M.
·BsoussAIS une supposition.
L'exaltation de la vitalité est également de l'aveu de
M. BRoussA1s une supposition • .
Si la super-stimulation ou la SUR-EXCITATION
SUPPOSE TOUJOURS un appel trop considérable des
fluides ou la CONGESTJON morbide, pp. 78.
L'appel des fluides ou la congestion morbide, n'est
encore de l'aveu <le M. BnouSSAJ.S qu'une supposition.
L'irritation ( morbide ) de M. BRousu1s n'est donc
que l'expression et le résultat de trois suppositions
bien distinctes , quoique la condition morbide soit boJ!lmone à toutes.
L'irritation de M. BROUSSAIS ne tomhe pas sous les sens
do médecin , elle n'est donc pas évidente; toul ce .qui n'est
pas évident ne peut être rangé que cl<ms ·la.clJ.1,sse ,des
suppositions; de quelque manière que.. l'o1t, arrive à
l'irritation, soit par induction, soit pur raisonnement, on
trouve touj"Ours dans l'irritation de M. Bnoussus, un
résultat c!e trois suppositions , par conséquent, une con~
ception de l'esprit, un produit de l'imagination , une
idéalité, une hypothèse.
28
T. X. Oct., Nov. et Déc. 1825.
0
�( 114 )
1" Si M. BRoûssAIS admet une action des modi.ficate.. r9
supérieure èi celle qui convient au maintien de la santé,
pp. ·n; l'action supérieure des modificateurs on la saper.
stimulation 011 la sua-E.x.CrT.\TION est MORDIDE. Si la sur1:1xcitation est morbide, l'EXALTATION DE LA VITALll'ti doit
4tre également MORBIDE. Si M. BnoussAis admet une congestion préjudiciable à l'exercice des fonctions, PP· 78, ou
uae .congestion avec menace de destruction, pp. 69, LA CON·
GESTION est HORDlDE. Or, l'irritation qui représente à la
fois et par un seul mot 1 •0 la sur-excitation ( morliide);
2.0 l'exaltation de la vitalité ( morbide); 3.° la congestion
.(morbide). L'irritation, dis-je, doit être également qualifiée
de i110nnrn11, ce qui est pleinement confirmé par M. BBous·
SAIS, lorsqu'il dit que la cong~stion morbide étant toujours
compagne de la sur-excitation ou sur-irritation , il suffit
de nommer cette dernière pour être entendu ; on peut
même , pour être plus bref, se contenter du mot IRRJTAT ION, pou1·vii que l'on y attache le même sens qu'à ces
deux expressions ; mais il faut sous- entendre le mot
MORBIDE, PP· 83.
Quelque qualification, telle que morl1ide ou pathologique,
ou dans l'état de maladie , que l'on ajoute ?U mot IRRI·
, T ATlON: l'irritation de M. Baouss.Ais ne change ni de
nature, ni d'essence ~ ni <le caractère, elle reste toujours
une supposition, une conception de l'esprit, une hypothèse , etc. , etc.
Nous voilà aonc avec M. BnoussAIS en possession des
· deux espèces ou sortes d'irritations. L'une dans l'état de
santé ou physiologique on non-morhide , pp. 7. L'autre
<lans l'état de maladie ou paLhologiqne 011 morbide, pp.83.
,Chacune d'elles part d'un point; chacune d'elles s'étend
.. dans son domaine ou de la santé ou de la maladie; ce sont
les sympathies, PP· 8. De là vient que LES SYMPA-
THIES /IJORBIDES s'opèrent de la même manière que
les SYlJ}PATHIES DANS L'iTAT DE SANTÉ,
PP· 85.
�( 215 )
Chacone de ces irritations spéciales ne pouvant pnsser
de l'état de santé à celui de maladie et VICE YERH sans un
intermédiaire, chacune de ces irritntions spèciales formant
deux points isolés distincts et sépares, ne pouvant se marier sans un lien qui poisse les unir ensemble; M. BRouss.m a imaginé une méthode de philosopher tonte simple,
il a généralisé le mot IRRITATION 1 alors l'irritation
genre comprend les deux espèces : 1." l'irrltacion clans l'état
de santé ou physiologique ou non mor]lide; 2.° l'irritation·
dans l'état de maladie oo pathologique ou morbide, et c'est
vraisemblablement aprèj avoir généralisé l'irritation et
par ce moyen avoir trouvé on intermétliaire entre l'état
de santé et celui de maladie, qu'il a donné à sa médecine
le nom de physiologique , on physiologico - pathologique,
ou doctrine physiologique de l'irritation (p. 707.) 011 simplement doctrine cle l'irritation l p. 212 ).
Avec l'irritation ( genre ou en général) M. BROUSSAIS a
établi un intermtddiaire entre la santé et la maladie (p. 530);
avec (irritation ( genre ou en géné1·al) il a formé un lien
entre tous les phénomènes de la santé et ceux de la maladie (p. 386 ) ; avec l'irritation ( genre ou en géneral ) il a
établi un point central sûr lequel roule sa théorie (p. 780)
el qui sert de f,ase à sa pratique ( P· 481 ).
Si j'ai démontré que l'irritation physiologique ou non
mprbicle, comme l'irritation pathologique ou morbide, sont
des suppositions, des hypothèses , etc. 1 l'irritation généralisée et ahstraite des deux précédentes sera bien mieux
encore one conception de l'esprit, un produit de l'imagination, une supposition 1 une hypothèse', enfin nne cl1imère; c'est de celte création obimériqoe que résultent tant
de contradictions dans le livre intitulé EXAMEN DES Do·c TRINEs, etc. Je n'en ai relevé qu'un petit nombre ; elles
suffiront ;u lecteur pour lui faire apprécier la doctrine
de l'irritation ( P· 212) ou la doctrine de M. BaQussAis
~ P·
4).
�(
216 )
L'irritation est commane à tontes les inflammations
(p. 338) , PP· 483, 498. Elle est l'inllammation (p. 549 1
587) Elle n'est pas l'inflammation (p. 3o5, 483 ). Elle
Elle est un mode d'inflammation (p. 409 ). Elle est une
qualification de l'inflammation (p. 549 ). Elle se rapproche
de l'inflammation (p. 359 ). Elle développe l'inflammation
(p. 559, 696 ). Elle ahoatit à l'inflammation (p.498, 676).
Elle est dans nn tissu sans inflammation ( p. 341 ).
L'irritation est commune à tontes les phlegmasies (p.498),
Elle devient phlegmasie ( 452 ). Elle n'est pas la phlegmasie ( 52.~ ). Elle se convertit en phlegmasie ( 522 ). Elle
est supposée dans la phlegmasie ( 481 ).
L'irritation est la douleur, pp. 99. Elle n'est pas la dou.
leur ( P· 44, 2 77, 445, 4 70 ). Elle est un effet de la douleur (p. 2 78 ). Elle est caus~ de la douleur (p. 377 ). Elle
est indiqnée par la douleur (p. 44 ).
L'irritation rougit les tuniques intestinales ( p.650).
Cependant elle n'est pas la rougeur, pi>· 99, 650, 656.
Elle est vive (p. 508, 527, 696.) Elle est anémique( p.696).
L'irritation a un ~eul siége, la membrane muqueuse
intestinale ( p. 258, 263). Cependant elle occupe trois
grandes cavités (p. 290 ). Elle réside dans divers tissas (p.
509) Elle réside dans les vaisseaux, puisqu'elie est vasculaire (p. 283. ). Elle réside dans les nerfs, puisqu'elle est
nerveuse (p. 309 ). Elle est inégalement répartie (p. 528 ).
L'i1·ritation est fixe dans la membrane muqueuse intestinnle ( p. 23q, 263 ). Néanmoins elle se déplace ( P:
246 ). Elle se transmet (p. 377 ). Elle parvient aax organes ( p. 5 06 , 525 ). Elle a des sympathies, PP· 8, PP· 85.
Elle se tra9sporLe aux extrémités (p. 276 )· Elle se décharge sur là peau (p. 449 ).
L'irritation est seule et simple (p.437 ). Elleestdooble
(p. 7~9). Elle est multiple (p. 498 ). Elle est en plasieors
points (p. 525, 528 )·~·
.
L'irritation .est cause de l'adynamie ( p.:u8, 309, 414,
�( 217 )
545 ). Elle est le dernier terme de l'adynamie (p. 775}.
Elle co-existe avec l'adynamie (p. 67 )· Elle produit des
efforts ( molimen) ( P· 518 ).
L'irritation s'élève jusqu'à la fièvre (p. 311 )·Elle est
fébrile (p. 428, 445, 533 ). Elle n'est pas la fièvre ( l» 445 ).
L'irritation est permanente ( p. 562 ). Elle peut étre
suspendue pour quelque temps (p. 562 )· Elle est intermittente (p. 156 , 448 ; 452 , 456 ).
L'irritation attire les fluides et forme congestion (p.
:i34, 656 ). La congestion entretient l'irritation (p. 67 ).
L'irritation et la congestion existent ensemble , pp. 83.
L'irritation est toujours la même et ne produit pas les
mêmes effets (p. 519 )· Elle occasione tontes les maladie!J
(p. 707 ). Les maladies ne 60llt pas tontes le résultat de
l'irritation ( p. 707 ). Quoiqn.e l'irritation soit toujours la
même , elle diffère <lans l'hémorragie ( P• 524 )· Elle dif;.
fere dans l'inflami'nation (p. 519 J·
L'irritation est évidente puisqu'elle est elle-même un
phénomène (p. 278, 386, 481, 498, 537, 580, 710 ).
Elte n'est pas évidente, puisqu'il faut dei signes pour la
découvrir (p. 8 1 44.9, 481, 684 ). Elle n'est pas évidente.
puisqu'elle est cachée dans l'intérieur des voies gastriques
(p. 182 )'et que les symptômes sont ses enfans ( P· 8, 182)..
L'irritation est considérée comme c:rnse (p. 537, 588t
738, 777 ). Elle est considérée comme effet (p. 55, 210,.
278, 537 , 676, j3o, 7 58 ); Elle dépend des causes physiques (p. j3o ). Elle clépend des causes morales (p. 537 ).
L'irritation produit de~ désordres ( P• 509 )· Elle a des
réactions (p. 284 )· Elle a des lois (p. 8, 49, 736, 807 ).
L'irritation se forme progressivement PP· 7 , PP· 77 ~
PP· 78. Elle est spontanée ( P• 90, 529 ). Elle a divers.
degrés (p.! 776 ). Elle petit avoir divers modes ( P· 569,
776) et pourtant le trailement est toujours le même ( P•
770 ).
.
L'irriLation cesse avee la vie. Cependant on ne la dé.,
�( 218 )
couvre qn'après la mort (p. 3o5, qog ) el dans le cadavre
on n'en voit que les traces ou les résoltats (p. '.292 , 404 ).
L'irritation est occasionée par les modificateo rs (p. 72 3).
Elle est détournée par les modificateurs (p. 257, 278 ).
L'irritation est divisihle (p. 210, 498, 528 )•Elle est in.
divisible (p. 386, 530, 644 ) , puisqu'elle est un point de
ralliement sur lequel roule la théorie (p. 780, 78x) et que
ce point sert de hase à la thérapeutique (p. ;81 ). C'est un
intermédiaire (p. 530 ). C'est un lien (p. 386 1 644 ).
L'irritation est le dernier terme de l'analyse et le premier élément de la composition (p. 525 ). Elle est primi.
tive (p. 158 ). Elle est secondaire, pp. 78, pp. 83, (p. 528).
Ellé est déterminante ( P· 46 ). Elle est déterminée (p.
528, 676, 73e ). Elle est géoérale (p. 325 ). Elle est locale
{ P· 155 )·Elle est fixe (p. 258J. Elle est mobile (p. 276).
Elle est un point de fait (P• 125 ), Elle est une supposition Cp. 481 ). Enfin, l'irritation pré-e.riste (p. ll74,470J.
Elle exis.te (p. 278, 481, 637 ). et elle n'existe pas (p.
707, 77° ' 777 ).
Si j'ai démontré que l'irritation de M. BRoussA1s n'est
qu'une conception de son esprit, un produit de son imagination, une supposition, une hypothèse, une chimère,
l'on peut dire aussi que l'irritation de M. BRo~ss.tis est
an vrai farfadet que l'on croit voir partout, que l'on croit
rencontrer partout, que l'on poursuit toujours et qne
l'on ne peut jamais atteindre.
la vaccine; par M. JACQUIN, D.-M.,
médecin dn Roi, à Valence.
CoNSIDÉRATIONS sur
UNE grande question se plai<le encore aujonrd'bni,
non seulement en France, mais dans les principales parties de l'Europe; il •'agit de savoir si la vaccine préserve
réellement de la petite yél'ole • .Bi.en que la vertu spécifique
�( 219)
ile b vaccine contre cette cruelle maladie soit très-démontrée à prése.nt, soit pat: trente années d'épreuves, de
contre-épreuves , soit par toutes sortes d'expériences;
cependant quelques esprits enclins à la controverse font
toos leurs efforts pour chercher à prouver le contraire ,
parce que, disent-ils, quelques sujets ont été attaqués de
la variole plus ou moins de temps après avoir été vaccinés.
Qo'il me soit permis de joindre au procès quelques observations de faits pour démontrer la fausseté et le danger
de cette assertion.
D'abord, si ces esprits inquiets étaient bons observatenrs des phénomènes de la nature, ainsi que des symptômes qui caractérisent une maladie quelconque, ils sauraient que toutes les maladies sont susceptibles de plus
oo moins d'intensité , et leurs périodes d'une plus oa
moins longue durée, et que ce qu'ils appellent aujourd'hui varioloïde, n'est qu'un ~tre msignifiant, un mot vide
de sens, et n'est autre chose qu'une varicelle plus intense
dans ses symptômes. Ces symptômes deviennent d'autant
plos graves quelquefois, que les sujets sont plus âgés,
plos disposés et d'une telle constitution de préférence ;
mais si la marche de la maladie est plus longue ou plus
intense pour quelques-uns, elle ne perd rien de la nature
qui la constitue , bien quelle se montre par fois différente
dans ses symptômes internes ou externes; d'ailleurs elle
peot se compliquer quelquefois par tout autre dérangement des fonctions normales.
li n'y a pas deux siècles encore , que des médecins
prirent les postule~ de la varicelle pour une seconde petite
vérole bénigne chez des sujets qui avaient essuyé cette
dernière; car alors comme aajourd'hoi, quelques-uns ne
donnèren~ le nom cle varicelle qu'aux pustules légères,
d'nne plus courte durée et dont les symptômes n'avaient
rien de dangereux, et celai de petite vérole à celles qai
se montraient plus rebelles; de manière qu'à présent que
�( 220 )
le temps et l'~bservation ont démontré que ce sont de111
:iffections différ~ntes elles ne sont plus confondues. Dans
la petite vérole, l'expérience fait voir qu'elle se montre à
nous sous deux degrés différens par rapport à l'intensité
des symptômes qui la caractérisent en se ~utrant pins
simple et plus bénigne dans la variole discrète, pendant
que le contraire a lieu dans la variole confluente, oit elle
.détermine quelquefois des accidens graves et souvent mor.
tels; mais ce sont deux degrés d'une même maladie.
D'ailleurs, beaucoup d'observateurs s'attachent moins
anx symptômes internes qu'aux pustules qni se montrent
.à eux sur le tissa. cutané des malades, et comme les hou.
tons de la •aricelle se trouvent caractérisés par une érnption de petites pustules disséminées sur toute la surface
du corps en offrant quelque analogie avec celles de la
~ariole , elles peuvent être facilement confondues ponr
peu qae les symptômes de la varicelle soient graves et
que ses périodes se prolongent ou qu'ils se trouvent com·
pliqués, comme on le remarque chez quelques sujets
sortis de l'enfance ; mais dans ceux qui ont essuyé la
petite vérole ou qui ont été vaccinés, on ne remarque qoe
très-rarement quelques dépressions sur la peau 1 et jamais
an.cane trace de l'existence de cet ennth~me. Ainsi le
nom de varioloïde sous leqnel on veut désigner un nouveau genre de pustules, n'est qu'une varicelle plus prolongée et plus intense dans ses symptômes. C'est donc ii
fort qu'on vent chercher à surcharger la mémoire par un
~tre qui n'existe. pas et n'a jamaii; existé. Qnelqnes remarques et ohs.ervations viendront à propos appuyer
cette vérité.
An mois Je mars dernier, je fus envoyé dans la commune d'Êtoile par M. le Préfet de ce Département (Drôme),
-ensuite d'a.ne lettre du Maire de cette commune, pour Y
visiter vingt-deux: individus &gés de dix à trenle ans, de
l\m et de l'autre sexe, qui. venaient d'essayer 1 disait-il,
�ç
221 )
)es phénomènes de .la petite vérnle, bien qu'ils eussent
été v:tcdnés t1epuis quelques a1fnées. Dans l'examen que
je fis eu présen:ce clu Mail'e cle tcius ces individus dont
quelques-uns avaient été gravern!!nC malades l~s premiers'
jours, je vis qu'auèun 11".ivait succombé ni (!té estropié;
111,ais dans a11cun je ne reponuas les suités ni la tracé
Jes impres~io,n~ que la:ssei;it d'ordin~ire les pubtu!es de la
petite vérole ' 1 tous avaient été rétablis en moins de
quinze jours • .Te ne vis donc dans cette malactiè épid'é..
miqoe que les suites de la varicelle dont les symptômes
avaient été plus ·intenses pour <fUélqueS-nns, et rien de
pins que ce que j'avais déjà remarqué ailleurs daris· les
mêmes circ'onstances.
Mon petit-fils, allaité par sa mère et vacciné par moi
al'âge de dix-huit mois' n'eût qu'un boulon à chaque
liras, et ces hou tons soi virent leur marche naturelle. Au
huitième jour <les piqûres, je vaccinai d'autres enf11ns
do fluide de ses boutons et ils eurent des pustules de
même nature. Agé de cinq ans, rrtori 'petit-fils pri-t la varicelle avec plusieurs de ses camarades d'école ; mais
aucun ne fut _Inalade à tenir le lit. Deux ans après , je
le conduisis chez le menuisier Pillon où trois de ses en.i. •
fans qui n'avaient pas été vaccroë5 avaient la petite vér8le
à iaquelle deux ont succombé, je lui fü mettre }ea ,bras
nos dans le lit et sur le ventre de l'on de ces deii-~,
il n'en fut nullement incommodé. Déux ans après,~ êia~t
11 la campagne, il essuya une seconde varicelle nussi hé:.
nigne que la première et de laquellé il porte sar le"ttez
la dépression légère de den x de ces postulés qui se f!Oil!l l
plus prolongées que les autres. A ·dix ans'" je lui fis tro~,
piqûres à chaque bras a~ec nné' hmcette chM'géedu fJnîdë ,
d'one <les 11ustoles varioleuses doat une jeune fille de -sept [
ans était1<;.ooverte. Les pu~tulc3 qui ell résu.Jtèrent trois.,
jo11rs après étaient devenues au si:s:1ème jour :pintes, inéga29 '' ,, . "l
T. X. Oct., Nov. et Déc. 1825.
�( 222 )
:·et tpmhèrent en desqoammatioo dès le huitième jonr, ne
laissant après elles aocune trace ni impression. J'ai répété
on très-grand nombre de fois cette expérience , il n'en
est jamais rien résulté de plus fâcheux, et le plus souvent
1·ien ne s'est développé.
Plusieurs fois j'ai inoculé des en.fans avec le fluide de
pustules de la varicelle ; chez le plus grand nombre , il.
y a eu rougeur dès le lendemain , on peu de jours après
des croôtes qui se sont prompteme nt desséchées , pendant
que chez d'autres il n'en est rien résulté.
Il y a quelques années , je traitai on enfant de sept
à huit ans, qui avait tous les symptômes primitifs de la
variole t et je-lui portai d'autant plus de soins et d'attention
que je l'avais vacciné quelques années auparavant. Fièvre
avec délire et révasseries ' la tête douloureus e, la peau
sèche et hrCilante , envies de vomir et vomissemens, épistaxis et pendiculations. Six sangsues appliquées à l'épigastre et l'usage du calomel calmèrent ces accidens, et les
faibles r<1Ugeurs que j'observai dans plusieurs endroits
de spn corps prirent , dès le lendemain , one telle pléni.
tuJe que je reconnus la varicelle par des houtons rem·
pljs,"{i'one liqueur diaphane. Au cinquième jour de l'érop~ot;t '1~ pustules de la figure et de la ·p oitrine qui s'off~nt.. Jes premières, se desséchère nt pour tomber par
écailles farfurncées peu de jours après, pendant que d'au•
lres' se dtlveloppaient ailleurs en suivant la m~me marche;
de fl'l:tnière que le huitième jour, sixième de l'éruption,
les 1pustules n'existaient déjà plus. Tout fut terminé le
llànxiènié., et le quinzième l'enfant retourna à son école.
Si -tes syJ»f>l:bmes se fussent prolongés encore quelques
intensité, on n'aurait pas manqué
jQUl'll avec lai m~me
1
de regar\ler .aette varicelle comme une petite vérole .
•rU y· fi ·tl~\ll :;ms , qu'en septemhre , me trouvant à la
campag11~ pour voir un malade, je visitai dans le village
un enfant <le six à sept ans, qui avait une très-J>elle petite
�( :225 )
,érole confiuente ; il n'avait point été vacciné. Je profilai de cette occasion pour inoculer du fluide dé>llèes
boutons une domestique d'environ vingt-cinq ans qui ~'vaii
été 'l'accinée dans sa jeunesse , ainsi qu'un jeune gài·Çtlrt
de seize am qui l'avait été à treize ans ; chez l'un Jt
chez l'autre il n'en est résnlté que des pustules éphémères.
En octobre dernier, j'inoculai de la variole un enfant
de seize muis, encor$! à la mamelle et que j'avais vaccind
dix mois auparavant , d;abord sur le bras droit par trois
piqttres, et sur le gauche par autant de piqtires ave·c le
fluide d'un écoulement qui avait lieu derrière lus oreilles
d'un enfant voisin , et qui portait également au front et
aux tempes des croôtes · laiteuses; il n'en résulta autre
chose que des pustule~ irrégulières qui se desséchèrent
incontinent et bient~t tom]Jèrent par écailles forforacées • .
Il n'est rien arrivé de plus fâcheux chez nn enfant vacciné
que j'ai inoculé avec le pus d'un phlegmon en suppuration.
Dans le courant d'octobre dernier, deux demoiselles
de cette ville , âgées de plus de vingt ans , qu'on assuré
avoir été vaccinées dans leur enfance, furent couvertes
de pustules tellement semblables à celles de la variole ,
qu'il fut déclaré 'que ce ne pouvait être que cet exan~
thème à cause des symptômes qui forent assez intenses
pendant les trois premiers jours. Cependant ces jeunes
malades ont été parfaitement rétahlies en moins dè
quinze jours 1 el sans qu'on puisse déclarer positivement
qu'elles eussent eu la variole, puisque ni l'.une ni l'antre
n'en sont marquées par la trace et l'impression que
laisse ordinairement la petite vérole. Nous pensons, d'après leur examen, qn'elles n'ont été affectées que de 1a
varicelle avec des symptômes primitifs pins intenses.
Je crois , qu'en général, on donne trop facilement !e
nom d'éruption varioleuse à des pustules qni surviennent par fois chez des sujets qui ont essuyé . les p)iéno-
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( 224 )
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ll)~~es de la vaccine• ti~m;i.~si.l'on mplysail d'avan~age Lous
les phénomènes qui les ~ccompagnent, on vei:rait bientôt
Ql!e lt) développement de cette.éruption n'a pas suivi,comme
régolari1é
PllD:s la vraie variole, ni les péri où es, 11i
qui lui· est natm·elJ.e, et que sa dessii:ation a presque toujours lieu du huitième an <lon~ième on au quinzième
j-0w: , pour le plps tard.
En effet , la ''ariole et la va_J\icelle ont leurs carac1.i;r~s et des symptômes qui leur sont propres et particuliers; bien que ces symptômes s.oient par fois_ graves et
a.ssez prol~rigés dans cette dernière pour être confoudus
avec .ceux de l'autre, pour peu que ceux <le la variole
pie.~t simples et henins, -mais aveç quelque attention, on
voit hientl)t la différençe qui bs sépare.
· On observe aujourd'hµi en France ce qui a été observé
en Angleterre , ou l'on a remarq~é des varicelles <loot
le caractère et les SJinplômes ont été confondus par
quelques médecins, comme très-analogues ~ ceux de la
petite vérole, en fesant naître des doutes sur l'eflicacité
de la. vaccine. ' Mais en France, comme en Angleterre et
ailleurs, on finira par reconnaître la différence qui existe
~ntre les ' symptômes propres de ces deux affections, et
rqQ rendra à cette précieuse découverte tonte la vertn
gui lui est particulière contre la plus cruelle des maladies
qui affecteut le ger.re humain.
« li y a deux caractères surtout qui ne présentent que
de légères variations, et qui forment une opposition hieo
marquée; ce 'sont J • la suppuration dans la variole et
l'ahsence de ce phénomène dans la varicelle; 2. les épo.
ques de la cessation de ces deux maladies, qui ont lieu,
pour l'une (la varicelle), au cinquième ou sixième jour
de l'éruption et très-rarement plus tard, et pour l'autre,
du quinzième au vingtième. Nous ne connaissons auoun
exemple ou cette différence dans les époques de teriJ!i·
naisou n'ait pas été suffisamment marquée pour faire
la
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225 ) .
ressortir la diversité de nature des deux ex:mthêmes dont
il s'agit, ou en d'autres termes , de tous les faits dont
noos avons connaissance 1 il n'en est aucun qu'on ne
pni~se rapporter a l'une ou a l'autre ( 1).
Si les pustules de la varicelle ne doivent pas être confondues avec celles de la variole, celles de ces deux maladies ont bien moins d'analogie avec celles de l'hydroa
et du pempbigns avec lesquelles des autem·s estimés leur
ont trouvé quelque ressemblance ; mais les pustules de ces
dernières sont tout-à-fait différente s; car dans l'hydroa
ce sont des plaques plus on moins larges et non toujours
régulières, formées par une accumula tion de sérosité diavhane qui a son siége plutôt sons l'épiderm e que dans le
tissa cutané. Le pempbigus se montre sur la peau par des
vessies irrégulièr es pleines d'une sérosité jaunâtre-, lesquelles se décbitent peu <le jours après laissant la peau
fort ronge, se recouvran t de croûtes qui tombent pour
se renouveler. D'ailleurs les vésicules qui campo.sent ces
deox exanthèmes sont beaucoup plus volumineuses et
pins transparentes que celles de la variole et cle la varicelle, bien que tontes les érnptions aient quelques rappor~s d'analogie par leurs symptôm es, mais bien plus taraîfs et dangereux pour la variole.
D'après ées considérations et beaucoup d'antres qui
sont à la connaissance de tout le monde et surtout des
médecins observate urs , je puis avancer sans crainte
d'~tre démenti , que la vaccine est le plus si\r spécifique
qui ait existé contre la variole et que si elle iie préserve
pas toujours les sujets qui doivent l'avoir deux fois, comme
il est quelques rares exemples , du moins je puis assurer
qu'alors la variole est infiniment bénigne dans ses symptômes 1 qnoiqu'elle parcoure toutes les périodes -qui lui
( 1) Pin.cl et Brichetcau, Dict. de& ·se. méd. 1 tom. 57 , pag. 3o.
�( 226 )
t1ont parliculiêres. Comme également tous les individus
qui auront eu une bonne vaccine accompagnée de tons
les phénomènes naturels qui la caractérisent seront préservés de la petite vérole ; mais non de la varicelle .qoi
peut ~tre d'autant plus intense quelquefois dans ses premiers symptômes que l'individu s'éloignera davantage de
sa vaccination; que la petite 6èvre vaccinale aura été
moins sensible et prolongée à cett~ époque et que le sojet
sera de telle constitution de préférence à telle autre; qne
la varicelle sera compliquée soit par toute autre fièvre,
comme la vermineuse, celle de la dentition ou tel autre
dérangement des fonctions naturelles, soit par une constitution atmosphérique, une épidémie régnante, etc.
La varicelle est d'autant plus susceptible d'en imposer et d'~tre prise pour la vari-0le, que les pustules ressemhlçnt à cette dernièr~ affection 1 surtout dans le principe, et si le plus gran,d nombre de ses ·pustules se dessèchent cdès le huitième jour' il arrive par fois que quelque~ .. une:i prennent \a forme de la variole d:ms sa dessiccation eu l~issan~ d~s traces légères de leur impression .
.A.io11i, pour peu que les prêmiers symptômes de la varicelle soient gravei; et que ses périodes !ie prolongent, il
est facile de se méprendre, en ayant une parfaite connaissance de ia marche et des phénomèaes de l'une et d,e l'au·
tre de çes affection~.
t\.insi • toutes les éruptions qu'on dit variolen~es, survenues chez des enf~ns bien vacçinés • sçiit chez. Jes paissances étrangères, soit en France · ~t à Paris, cqmu1e en
prqvipce, n'ont pqint eu une marche régulière, puisque
leii ohservateQ.rs déclarent avec non~ que le développement
des .pus~ules n'a pas suivi, comme cellc~s de la variole, ses
pério~\es ordinaires , même chez ç~qx qui ont été graV€ment malades ; qu'il n'y a point eu de fièvre de suppurat;on ; que la dessiccation de ces pustules· s'opère du
hailième au do1,1~ième joa.r, pour le plus tard ; qu'eHes
�( 227)
ne tombaient pas en une seule croàte , mais hien cornées, ni en laissant à la peau des impressions régolièr1,1s,
des u·aces plus on moins prononcées cemme dans la petite
'érole.
Enfin, je terminerai par opposer à tons ces hrillans
raisoonemens, à tous ces écrits éphémères répandâs dam
le public contre la vaccination, la plus précieuse découverte, que · la vaccine a la vertu spécifique de présèrver
la petite vérole d'une manière-4 certai~e, et. que les pustules
qo'on regarde aujourd'hui commè la variole et la 'v arioloïde chez les enfans et de grands sujets qai ont essayé
la vraie vaccine, n'est autre chose qae là varicelle, quelquefois plas intense dans les symptômes , comme plas
prolongée dans ses périodes. 11 faut donc né point différer
de propager la vaccine autanl que possible pour le bien dè
l'humanité et de la société, en attendant que la nature ,
toujours occupée à rétablir le désordre dans notre économie, puisse par la suite nous préserver des effets de
la variole , ainsi que le fait le virus vaccin hien employé.
De la manière irélever les enfans; extrait do Traité de
médecine pratique ( pag. 782 ) do D. Robert Thomas ;
t'l'aduit de l'anglais, par P.-M. Roux.
pendant les premiers inois de sa vie, doit
être nourri du lait de sa mère, pourvu que celle-ci j~nisse
a•ane bonne santé; que ses mamelles soient bien. formées
et qu'elle n'ait aucun vice notable constitutionnel. Celle
noar,rilure est préférable à toute antre et même au lait
d'une antre femme.
Durant l'allailement, la nourriture de l'enfant sera
ré{;lée de manière qu'elle ne trouble point les fouctions ële
l'estomac ., tant par sa qualité qoe par sa quantité. Les
alimens préparés par l'art seront clairs , liquides et teL'El'IFANT,
�( 228 )
nonvelés tons les jours, et il convient d'en donner ~oa.
vent, mais peu à la fois et à des intervalles convenahle9.
N'allez donc pas imiter la plupart des bonnes qui toute;
les fois que les enfans confiés à leurs soins, s'éveillent oa
pleurent, les suffoquent en les gorgeant.
Servez-vous , au lieu d'une cuillerée pour introduire
les substances alimentaires, d'une -bouteille couverte de
parchemin perforé, moyen qui, imitant la m~melle, ex·
citera l'enfant à teter et à ne prendre qu'une quantité
modérée de nourriture ; c'est-à-dire , qn'autant qu'il en
aura besoin.
D'abord, on ajoutera nl'usage du lait de la mëre celui
d'on peu de lait de vache , mêlé avec de l'eau chauffée
à la même température que celle do lait maternel, et
avec addition d'un peu de sacre. Ou en donnera de temp&
en temps à l'enfant. On peut remplacer ce lait par du
gruau fait avec l'orge perlé ou do riz , mêlé avec nn tiers
· lle lait de vache , et auquel on peut également substituer
une légère crème de pain et du lait ; mais l'une et l'autre
doivent être passées à travers un linge fin ·ou tamis de
soie pour être sCtr qu'il n'y a point de grumeaux.
A l'âge de cinq ou six mois, la nourriture doit être
plos consistante et telle que les bouillons de poulet, de
mouton oo de hœnf, légers et dégraissés.
Au huitième mois , il sera permis de donner une légère
quantité de nourriture animale, surtout si la nature en
montre la nécessité par une dentition avancée. Cette
nourriture, qu'elle soit cbaode ou froide, rôtie on bouillie,
doit être bien cuite et il faut éviter les potages rechauffés
qui se digèrent moins bien.
Si la dentition commence de bonne heure et qu'elle
ne soit pas pénible, l'enfant peut être sevré a l'âge de
ne-o f mois. Mais si elle est tardive, orageuse , suivie
d'irritation , il continuera de teter un an pourvu que la
santé de la mère le permetle oo que celle-ci ne soit pas enceinte.
�( 221 )
les phénomènes <le la petite véi'ole, bien qu'ils eussent
clé vaccinés depuis quelques années. Dans l'examen qt;t'e
je fis en présence da Maire de tous ces individus doht
quelques-uns avaient étd gravement malades les premiers
jours, je vis qu'aucun n'avait succombé ni été estropié ;
mais dans ancnn je ne reconnus les suites ni la ttace
Jes impressions que laissent d'ordinaire les pu~tnles cle la
petite vérole 1 tous avaient été rétablis en moins de
quinze jours. Je ne vis donc dans cette maladie épidémique que les suites de la varicelle dont les symptômes
avaient été plus ïntenses pour quelques-uns, et rien de
plus que ce que i'avais déjà remarq~é ailleurs dans les
mêmes circonstances.
Mon petit-fils, allaité par sa mère et vacciné par moi
à l'âge de dix-huit mois, n'eût qu'un bouton à chaque
bras , et ces boatons suivirent leur marche naturelle. An
huitième jour des piqC.res, je vaccinai d'antres enfans
du fluide de ses boutons et ils eurent des pustules de
même nature. Agé de cinq ans, mon petit-fils prit la varicelle avec -plusieurs de ses camarades d'école ; ma.is
aucun ne fut malade à tenir le lit. Deux ans après , je
le comluisis chez le menuisier Pillon où trois de ses
fans qui n'avaient pas été vacciné.> avaient la petite vérole
à laquelle deux ont succombé, je lui fis mettre les bras
nus dans le lit et sur le ventre de l'an de ces derniers-,
il n'en fot nullement Încommodé. Deux ans après, étant
à la campagne , il essuya une seconde varicelle aussi bénigne que la première et de laquellé il porte snr le i:l~z ·
la dépression légère de deux de ces pustules qui se sont
plus prolongées que les autres. A clix 'a ns, je lui fis troi!I.
piqtires à chaque bras avec une lancette chargée clu fluide
d'une des pustules varioleuses llo_ut une jeune fille de sept
ans était~couverte. Les pustules . qui en résultèrent trois
jo11rs après étaient devenues au si:oi:ième jour plates, inèga•
:i9
T. X. Oct., Nov. et Déc. 1825.
en-
�( 222 )
~et tomMren~ en <lesqnammation dès le huitième jo11r, ne
laissant après elles aucune trace ni impression. J'ai répété
.un très-grand nomhre de fois cette expérience , il n'en
est jamais rien résalté de plus fâcheux, et le plus souvent
rien ne s'est développé.
PJasieurs fois j'ai inoculé des enfans avec le fluide de
pustules de la varicelle ; chez le plus grand nombre 1 il.
y a ea rongear dès le lendemain, on peu de jours après
des croôtes qui se sont promptement desséchées , pendant
qne cher. d'antres il n'en est rien résalté.
Il y a quelques années , je traitai un enfant de sept
à huit ans, qai avait tous les symptt>mes primitifs de la
variole,, et je lui portai d'autant plus de soins et d'attention
que je l'avais vacciné quelques années auparavant. Fièvre
a\·ec délire et révasseries, la tête doulou1·euse, la pean
sèche et hrttlante ·, envies de vomir et vomissemens, épistaxis et pepdiculations. Six sangsues appliquées à l'épigastre et l'usage du calomel calmèrent ces accidens, et les
faibles rou.geu.r s que j'observai dans plusieurs endroits
cle son corp.s ~prirent , dès le lendemain ,yne telle pléni.
tad; .qae je reconnus la varicelle par des boutons remP.Jis d'une liqueur diaphane. Au cinquième jour de l'éruption ,, las pustules de.la figure et de la poitrine qui s'of~çipent les -premières, se desséchèrent pour tom]}er par
écailles farfaracées pende joars après, pendant que d'an·
tres ~e développaient ailleurs en suivant la même marche;
de,pla,TiiÇre que le huitième jour, sixième de l'éruption,
le11 ..pu.st.P,~ .n'existaient déjà plus. Tout fut terminé le
dquxiènH~, et le quinzième l'enfant retourna à son école.
Si ces synwtômes se fussent prolongés encore quelqnes
jours ayP.c la . même intensité, on n'aurait pas manqué
t
c\e rega1,,ler cette varicelle comme une petite vérole .
. Il y a tlenx ans , qu'en septembre, me trouvant à la
campagne pour voir un malade, je visitai dans le village
un enfant de six à sept ans, qui avait une très-belle petite
�(
225 )
vérole confluenle; il n'avait point étê vacciné. Je profitai de cette occasion pour inocnlcr du fluide de ceè
Jioutons nne domestique d'environ vingt-cinq.ans qui ava1t
été vaccinée dans sa jeunesse, ainsi qu'un jeune garçon
de seize ans qui· l'avait été à treize ans ; chez l'up. et
chez l'autre il n'en est résulté que (les pustules éphémères.
En octobre dernier, j'inoculai de la variole un enfant.
de seize mois, encore à la ma~elle et que j'avais vaccin'é
dix mois auparavant , d'abord sur le bras droit par trois
piqtires, et sur le gauche par autant de piqtires avec le
fluide d'un écoulement qui avait lien derrière fos oreille~
d'un enfant voisin , et qui portait également au front et
aux tempes des croôtes laiteuses; il n'en résulta autre
chose que des pustule~ irrégulières qui se desséchèrént
incontinent et bientôt tombèrent par écallles furfuracdé's.
Il n'est rien arrivé de plus fâcheux chez un enfant vacciné
que j'ai inoculé avec le pus d'un phlegmon· en sappara·1
·
.
· .•
lion.
Dans le courant d'octobre dernier; deux demoiselles
de cette ville , âg~es de plus de vingt ans , qu'on assure
avoi1· été vaccinées dans leur enfance, furent couvertes
de postules tellement semblables à celles de la variole,
qu'il fut déclaré que ce ne pouvait être que cet exantMme à cause des symptômes qui furent assez intenses
pendant les trois premiers jours. Cependant ces jeunes
malades ont été parfaitement rétahlies en moins dè
quinze jours, et sans qu'on pnis5e déclarer positivem1ent
qu'elles eussent eu la variole, puisque ni l'une ni l'autrè
n'en sont marquées par la trace et l'irnpression ,.que
laisse ordinairement la petite vérole. Nous pensons, d'après leur examen' qu'elles n'ont été affectées' que de la
,·aricelle. avec des symptômes primitifs plus intenses. ·
Je crojs , qu'en général, on donne trop facilement le
nom d'éruption varioleuse à des pustules ·qui survi,r-nnent par fois chez; des sujets qui ont essuyé les phéno-
•
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( ni~ )
piènes de la vaccine, et que si l'.on analysa il d'avanLai;e tons
les phénomènes qui l~s ~ccompaçnent, on Yerrait bientôt
gue le dév~loppemenl de cette éruption n'a pas suivi, comme
dans la vraie variole, ni les périodes , ni la régul.iriLé
qui lui est naturelle, et que sa dessi1;ation a presqt1e toujours lieµ du huitième au <louûème 011 au quinzième
jonr, pour le plus t3rd.
E11 effet , la variole et' lo varicelle ont leurs caracJ~res et des symptômes qui leur sont propres et particuliers; bien que ces symptômes soient par fois graves et
assei prolongés clans cette dernière pour être coufoadus
;:ivec ce px de l'autre, pour peu que ceux de la variole
soie.ut simples et henins, mais avec quelque attention, on
l'Oit 1>ientôt la différence qui les sépare.
On obsene ac,ijourd'hui en France ce qui a été observé
eJ1 Angle.t erré, ·où 'l'on a remarqué des varicelles dont
le ca~actère et 'les symptômes ont été confondus par
quelques •né\1ecins, comme très-analogues à ceux de la
petite vérole, en fes_a nl naître des doutes sur l'eflicacit~
de la vaccine. Mais ei1 France, comme en Angleterre et
ailleurs, on finira par reconna1t1'e la différence qui existe
entre les symptômes propres de ces deux affoctio11s, et
l'on rendra Il cette précieuse découverte toute la vertu
qui lui est particulière contre la plus cruelle de$ maladies
· .. r. •
qui affectent le genre humain.
« Il y a deux caractéres surtout qui ne présentent que
de légères variations, et qui forment une opposition bien
Jllarquée; ce sont 1.0 la suppuration dans la variole et
l'absence de ce phénomène dans la varicelle; 2. les époques de la cessation de ces deax maladies 1 qui ont lien,
pour l'une (la varicelle), au cinquième ou sixième jour
de l'éruption el très.rarement plus tard, et pour l'antre,
du quinz.ième au vingtième. Nous ne co.nnaissons aucan
e;iemple ou cette différence dans les époques de termi·
naison n'ait pas élé suffisamment marquée pour faire
0
1
�( 235 )
ressortir la diversité de nature d\5 denx exanthèmes dont
il s'agit, oo en d'autres termes , de tous les faits dont
oous avons connaissance , il n'en est aucun qu'on ne
poisse rapporter à l'une ou à l'autre (1).
Si les pustules de la varic~lle ne doivent pas être confundues avec celles de la variole, celles de ces deux maladies ont bien moins d'analogie avec celles de I'bydroa
et du pemphigos avec lesquelles C:les auteurs estimés leur
ont trouvé quelque ressemblance ; mais les pustules de ces
dernières sont tout-à-fait différentes; car dans l'hydroa
ce sont des plaques plus ou moins larges et non toujours
régulières, formées par une accumulation de sérosité diaphane gui a son siége plutôt sons l'épiderme que dans le
tissu cutané. te pemphigus se montre sur la peau par des
vessies irrégulières pleines d'une sérosité jaunitre, lesquelles se déchirent peu de jours après laissant la peav.
fort ronge, se recouvrant de croi\tes qui tombent pour
se renouveler. D'ailleurs les vésicules qui composent ces
tleux e:i:anthémes sont. heaucoup plus volumineuses et
plus transparentes qoe celles de la variole et de la varicelle, bien que tontes les ·éruptions aient quelques rapports d'analogie par leurs symptômes, mais bien plus tardifs et dangereux pour la variole.
D'après ces considérations et henucoup d'autres qni
sont à la connaissance de tout le monde et surtout des
médecins observateurs : je pois avancer sans crainte
d'~tre démenti , que la vaccine est le plus st1r spécifique
qui ait existé contrê la variole et que si elle ne préserve
pas toujours les sujets qui doivent l'avoir deux fois, comme
il est quelques rares exemples , dn moins je puis assurer
qu'alors la variole est infiniment bénigne dans ses symptômes 1 quoiqu'elle parcoure toutes les périodes qui lui
(1) Pi11el et Brichcteau. Dict. dei se. méd. 1 tom. 57, pag. 3o.
�( 226 )
sont particulières. Comme également tons les individ~s
qni auront eu une bonne vaccine accompagnée de tous
les phénomènes naturels qui la caractérisent seront préservés de la petite vérole ; mais non de la varicelle qui
peut être d'autant plus inteœe quelquefois dans ses premiers symptômes que l'individu s'éloignera davantage de
sa vaccination; que la pr.tite fièvre vaccinale aura été
moins sensible et prolQngée à cette époque et que le sujet
sera de telle constitution de préférence à telle autre; que
la varicelle sera compliquée soit par toute autre fièvre,
comme la. vermineuse , celle de la dentition ou tel autre
dérangement des fonctions naturelles, soit par une constitution atmosphérique, une épidémie régnante, etc.
La varicelle est d'autant plus susceptible d'en imposer et d'être prise pour la variole, que les pustules ressemblent à cette dernière affection , surtout dans le prin.
cipe, et si le plu!t granll nombre de ses pustules se dessèchent .()ès le huitième jour, il arrive par fois que quel·
quei-oues prennent la forme de la variole dans sa dessiccation eu laissant cles traces légères de leur impression.
Ainsi, pour peu qne les premiers symptômes de la varicelle soient gra•es et que ses périodes se prolongent, il
est facile de se méprençke, en ayant une parfaite connaissance de la marche et des phénomènes 4e l'une et de l'an·
tre de ces affections.
A.insi, toutes les éruptions qu'on dit varioleuses, survenues chez des enfans bien vaccinés, soit chez les pois. s:mces étrangères, soit eu France et à Paris, comme en
province, n'ont point eu une marche régulière, puisque
les observateurs déclallent avec nous que le déve)oppement
des vustules n'a pas suivi, comme celles de la variolt\, ses
périodes owlin&ires , même chez ceux qui ont été gravement malades ; qu'il n'y a point eo de fièvre de suppn·
rat:on ; que la clessiccation de ces pustules s'opère du
huiLième au clouzième jour, pour le plus tard; qu'elles
�( 2':J7 )
ne tombaient pas en une seule crol\te , mais bien cornées, ni en laissant à la peau des impressions régulières,
des u·aces plus ou moins prononcées c0mme dans la petite
vérole.
Enfin, je terminerai par Ôpposer à tons ces brillans
raisonnemens, à tous ces écrits éphémères répandus dans
le public contre la vaccination, la pln'i précieuse découverte, qne la vaccine a la vertu spéci6q11e de préserver
la petite vérole d'nne manière certaine, et 'que les postales·
qo'on regarde anjourd'lmi commè )a variole et la vario-·
loide chez les enfans et de grands snjets qni ont essayé
la vraie vaccine, n'est autre chose qne la varicelle, quelquefois plus intense dans les symptômes, commè pins
prolongée dam ses périodes. Il faut donc ne poin't différer
de propager la vaccine autant qne pos$ible pour le 'b ien de
l'humanité et de la société, en attendant que la nat11re ,
toojonrs occupée à rétablir le désordre dans notre économie, puisse par la suite nous préserver des effets de
la variole , ainsi qne le fait le virus vaccin bien employé.
De la manière d:élever les enfans; extrait du Traité de
médecine pratique ( pag. 782 ) da D. Robert Tltomas;
traduit .de l'anglais, par P .-M. 'Roux.
L'EftFANT, pendant les premiers mois de sa vie, doit
être nourri da lait de sa mère, poorvu que celle-ci jouisse
a·one hoooe santé; que ses mamelles suient bien forméeset qu'elle n'ait aucun vice notable constitutiounel. Cette
noorritnre est préférable à toute autré et même au lait
d'one antre femme.
.
Dnraot l'allaitement, la nourriture de l'enfant sera
reglée de manière qu'elle ne trouble point les fouctions de
l'estomac, tant par sa qualité que par sa quantité. Les
alimeus préparés par l'art seront clairs, liquiùes et re-
�( :xl8 )
nonvelés tous les jours, el il com:ient d'en donner soa..
vent, mais peu à la fois et à des intervalles convenables.
N'allez donc pas imiter la plupart des bonnes qui loute 1
les fois que les enfans confiés à leurs soins, s'éveillent ou
pleurent, les suffoquent en les g.orgeant.
Servez-vous , an lien d 1nne cuillerée pour introduire
les substances alimentaires, ll'ane bouteille couverte de
parchemin perforé , moyen qui, imitant la mamelle, ex·
citera l'enfant à teter et à ne prendre qu'une quantité
modérée de nourriture , c'est-à-dire , qa'autant qu'il en
aura besoin.
D'abord, on ajoutera à l'usage du lait de la mére celui
d'un peu de lait de vache , mêlé avec de l'eau chauffée
à la même température que celle dn lait maternel, et
avec addition d'un peu de sacre. On en donnera de temps
en temps à l'enfant. On peut remplacer ce lait par du
gruau fait avec l'orge perlé ou dn riz, mêlé avec on tiers
ùe lait de vache, et auquel on peut également substituer
1;1ne légère crème de pain et du lait; mais l'une et l'autre
doivent être passées à travers un lingé 6n ou tamis de
soie pour être sûr qu'il n'y a point de grumeaux.
A l'âge de cinq on six mois, la nourriture doit être
plus consistante et telle que les bouillons de poulet, de
mouton on de bœnf, légers et dégraissés.
An huitième mois , il sera permis de donner une légère
quantité de nourriture animale, surtout si la nature en
m'ontre la nécessité par une dentition avancée. Cette
nourri tore, qu'elle soit chaude ou froide, rôtie on bouillie,
doit être bien cuite et il faut éviter les potages rechauffés
qui se digèrent moins bien.
Si la dentition commence de bonne heure et qu'elle
ne soit pas pénible, l'enfant peut être sevré à l'dge de
uenf mois. Mais si elle est tardive, orageuse , suivie
d'irritation , il continuera de teter un an pourvu que la
santé de la mère le permette on que celle-ci ne soit pas en·
ceinte.
�(
229 )
Après avoir été sevré, l'enfant mangera une fois par
jour de la viande légère, quelle quelle soit, mais jamais
en ragoût, et avec une quantité modérée de végétaux,
consistant principalement en farineux, tels que les fleurs
ùe farine , de riz , sagou , etc.
Par une idée singulièrement erronée, J,eaucoop de
pmonnes donnent deux .üu trois fois par jour une nourriture animale aux enfans débiles,. croyant de les fortifier de celle manière.
La meilleure boisson pour les enfans est l'eau pure.
Quant à la manière ùe les vêtir, il ne les faut couvrir·
que du nécessaire pour les tenir chauds, et faire attention qu'ils ne soient ni serrés, ni gênés. 11 convient de
les changer souvent, lorsqu'ils sont mouillés. Le linge
sale n'échauffe et n'écorche pas seulement leur peau ,
ruais leur donne aussi une odeur désagréable et peut
produire des maladies cutanées, sinon de la vermine,
tandis que la propreté, de légères frictions faites, matin
et soir, avec la main sur tout le corps, des ablutions d'eau
chaulle et même froide, tendent beaucoup à consolider
la santé ùes enfans et leur procurent une douce transpiration.
Le nourrisson étant lavé et hie;n essuyé , la garde ou
la nourric-e saupoudrera avec on peu de poudre d'amidon,
et en se servant pour cela d'une houppe, les légères rougeurs qu'elle aurait apperçues sur la peau, Si les rougeurs
étaient considérables , r.onune on en observe quelquefois
al'époque de la dentition ' particulièrernenl chez les enfans gras, et par la chaleur el l'âcreté Je l'urine, il faut
recourir a des ablutions d'un mélange ·d e deux tiers
Ù'eau el d'un tiers d'esprit-de-viu rectifié, avant de sau~
poudrer les rougeurs comme il vient d'être dit , et on
n'oubliera pas de ne jamais employer de repercussifs
contre les lruptions cutanées qui se développeraient durant le lravail de la dentition.
3o
T. X. Oct., Nov. et Déc. 1825.
�( 250 )
On doit amuser l'enfant et ne pas le laisser beauconp
dormir pendant le jour, afin qu'il dorme mieux la nuit,
et quand il sera couché 1 on aura soin de ne pas lui couvrir entièrement la figure, soit par un cerceau ou par un
rideau, afin que sa respiI'ation soit libre et facile.
On l'accoutumera de bonne heure au grand air; car la ·
-vigueur du corps fait celle de l'esprit, et comme il est encore incapable de se livrer par lui-même à aucun exercice , la nourrice s'attachera à le faire sauter de temps
en temps dans ses bras.
La saison le permettant , on le baignera souvent dans
l'eau froide et ces bains ne contribueront pas peu àle
1·endre fort et vigoureux.
Enfin, il convient que l'appartement de la nourrice soit ,
s.eacienx, tenu extrêmement propre, sans odeur, et que
l'air en soit souvent renouvelé.
- ~
�T R 0 l S1È ME
P A R T l E.
LITTÉRATURE MÉDICALE, NOUVELLES Sl:IENTIFIQUES
MÉLANGES, ETC.
1.0
ANALYSE
n'oUVRAGES
IMPRIMÉS.
LzçoNs 1m· les épidémies et l'hygiène publique, faites à la
Faculté de médecine de Strasbourg, par Fr.-Emm.
professeur à cette Faculté (tom. 2 , in-8° de
565 pages; tom. 3, de 518 pag. et tom. 4 !le 518 pag.
Paris et Strasbourg, 1823 et 1824)·
FooÉRÉ ,
(Deuxième article.)
Nous avons dl\, comme journaliste, annoncer avec empressement le premier volume des leçons du professeur
de Strasbourg et recommander alors , par anticipation ,
l'ouvrage en entier. Depuis notre annonce, faite en avril
1823, nous avons acquis la certitude que nous n'avions
point fait ae dupes par nos éloges et que nous n'avions
pas trop dit, en écrivant que cet ouvrage méritait d'occuper une place distinguée dans la bibliothèque du saYant,
et, comme les ouvrages d'Hippocrate et ceux des médecins célèbres qui ont marché sur les traces de ce grand
homme, d'être sans cessé sons les yeux du jeune praticien.
On ne nous fera donc pas on crime d'avoir tant tardé de
rendre compte des trois volumes suhséquens , quand
surtout nous étions bien convaincus que le nomhre des
. souscripteü"rs n'avait pas besoin d'an nouvel artide de
notre part, pour devenir considérable. Cependant , nous
�(
252 )
avons senti , alors que noas avons ea l'idée de cesser la
publication de notre recueil, que ce serait manquer à nos
abonnés si, avant de les salaer, nous ne leur donnions
pas au moins an précis analytique des volumes qui corn.
:plettent les leçons sur les épidémies et l'hygiène publique
du professeur Fodér:é. Commençons par le 2.e volume, et
avec l'auteur, par la snite de la troisième section dont le
1."' ordre relatif aux épidémies par le fait des alimeoset
des hoissons est divisé en plusieurs chapitres.
Le chapitre 3-;", car nous avons clit un mot des deux
précédens, dans notre premier article, compi:end deux
espèces, savoir: la raphanie et l'ergotisme.
La raphanie est une maladie caractérisée par la contraction spasmodique des membres, agitation convulsive,
clouleur périodique ou anomale , sensation de foarmille.
l':lment sous la peau; souvent boulimie ou faim canine;
quelquefois rougeur et chaleur érysipélateuses avec phlyc·
tènes , et même fièvre ataxique ou nerveuse. L'auteur a
consulté tous le~ bons écrivains qui ont traité de cette
maladie et l'écrit des méclecins de Marhourg lui paraît
encore ce qui a été publié de plus satisfaisant. L'altération
· des blés a été reconnue pour la cause principale de la
raphanie , et bien qae Linnée n'ait fait dépendre cette affection que du raphanistrum, on n'ignore pas maintenant
que plusieurs autres plantes qui croissent parmi les céréales, telles que le-brome multiflore, l'agrostème, l'ivraie sont
plu~néneuses encore que le raphanistrum. On peut placer
ces causes de maladies au nombre <les poisons narcotico·
:1cres et considerer les épidémies qui en émanent comme
des empoisonnemens en grand. La rapbanie a rarement
une terminaison heureuse, surtout qoand elle est trèsaiguë. On a observé que ceux qui avaient une fièvre rive
se rétablissaient plus promptement au moyen de sueurs
ahondantes et générales ou d'une éruption cutanée. On
pourrait faire dans la ra phanie une médecine à priori 1
�( .255 )
comme Jans l'empoisonnement, si l'on était appelé à temps.
L.es médecins de Marbourg proposèrent d'évacuèr la matière vénéneuse et de fortifier le genre nerveux.
La saignée n'a pas été beaucoup utilisée ; elle a réussi
dans certains cas et a été nuisible dans d'autres. M. Fodéré
pense que souvent les sangsues à l'épigastre pourront être
d'autant plus utiles, que la cause morbifiqne a débuté
par one vive irritation à l'estomac , et il convient
qu'avec quelques restrictions et additions la pratique dè
Taube serait celle qu'il suivrait dans une maladie sem-blable. JI raisonne enfin de manière à faire croire que
loin d'être exclusif, il puiserait les moyens curatifs dans
différentes méthodes de traitement , suivant les indication~ convenables. Heureux donc les malades qui seraient
confiés à ses soins!
Ergotisme. M. Fodéré témoigne sa surprise de ce que
l'on a confondu cette maladie avec la raphanie dont elle
diffèr.e si évidemment, puisqu'elle n'est point caractéris~e
par de mouvemens convulsifs; il rappelle les nombreu~es
épidémies d'ergotisme qui ont régné à diversf's époques
et après avoir dit que l'usage du pain fait avec le seigle
ergoté en a été surtout cause ' il fait remarquer que ce
poison semble contenir plus de principes narcotiques que
de principes âcres ,puisqu'il ne produit pas les mêmes phénomènes d'irritation que dans la raphanie. Le traitement
de l'ergotisme est encore très-vague et bien difficile à déterminer. Tl doit être le même que dans la ra phanie , si
l'on est appelé à temps; il faut se hâter d'expulser, par le
vomitif et les minoratifs, les causes délélères et prévenir
la gangrène; on donnera quelques cuillerées d'an vin généren:s;de bons bouillons, on évitera l'humidité de l'air et
des habitations. La saignée qui a été préconisée ne doit ~lre
pratiqoëeqa'avec infiniment de réserve. Il faut plutôt suivre
l'exemple de M. François qui a eu recours à l'opium et
aun régime alimentaire tonique et analeptique. Eufin,
�( 234)
il est inutile et même nuisible de recourir à l'amputation
des membres gangrenés , car la nature se suffit toujours
seule pour s'en débarrasser et c'est alors que commence
la convalescence.
M. Fodéré traite ensuite la question de savoir si <les
épidémies de mal des ardens, feu sacré , feu St.-Antoine
qni ont ravagé depuis le H>e siècle l'Isle-de-France, la
Lorraine , le Dauphiné , etc. , n'ont pas en pour causes
ceJles qni ont fait le sujet de ce chapitre, et il répond
affirmativement.
CHA.P. IV. 5.• Espèce. Diarrhée épidémique. Définir la
diarrhée, faire sentir que la division de cette affection en
un très-grana nombre d'espèces est pen rationnelle; ré·
doire tontes ces espèces à celles-ci : saburrale , vernziueuse , bilieuse, séreuse et muqueuse; donner les signes
et les prodromes généraux de la diarrhée; passer ensuite
en revue les espèces qu'il en a admises ; exposer lenr
étiologie et faire sentir que les causes sont si multipliées
que l'on ne saurait prétendre à un traitement qui con·
vienne à toutes les espèces , qu'il en est qui réclament
les délayans , les adoucissans , les narcotiques ; d'autres
que l'on guérit avec les toniques et les analeptiques; d'an·
tres aoxqoelles il faut opposer les évacuans , les sudorifiques; qu'il en est même que l'on combat avantageusement par les drastiques, etc., insi~ter sur un régime convenahle , tel est le canevas de ce chapitre.
CnAP. V. 6.• et 7.e Espèces. Dyssenterie et.fièvredyssentérique. Ici l'auteur s'attache 1. à l'examen des symp·
tômes, de fa marche, de Ja dorée de la dyssenterie qa'il
distingue bien de la diarrhée et qu'il regarde toujours
comme une maladie inflammatoire plus ou moins intense;
2.° à la descripti.o n de la fièvre dyssentériqae , des causes
de cette fièvre et de la llyssenterie ; 3.0 à la solution de la
question sur la contagion de la dyssenterie, et il soutieut
qu'elle est contagieuse; 4. à résoudre d'autres questions
0
0
�( 235 )
non moins importantes, celle!? de déterminer le siége, la
natare et la cause prochaine de celte maladie , car c'est
d'après la connaissance de ces points essentiels qu.e le traitement doit être tracé et c'est ce que M. Fodéré explique
avec le talent d'un profond observateur et d'un bon écrivain. Il dit donc que le traitement de la dyssenterie doit
varier selon les degrés et les complications. Quant au pronostic de cette affection, il est plus ou moins 'fâcheux suivant la condition des personnes, la nature de l'épidémie,
la saison et la dorée du mal. L'auteur ayant admis la contagion de la dyssenterie ne termine pas sans indiq:uer des
mesures de préservation.
Cn'-P• VI. S.• et 9.• Espèces. Scorbut et ojfections scorbutiques. Nous ne suivrons pas l'auteur dans les longs mais
intéressans détails auxquels il s'est livré dans ce chapitre.
Il uous suffit de dire qu'il a su puiser à d'excellentes sources
et que les idées qui lai sont propres ne cadrent pas mal
avec celles des illustres médecins dont il a invoqué l'autorité. Il définit le scorbut; un état où les li,quides aont
altêrés dans leur composition normale, et où les solides
sont frappés de stupeur , ont perdu leur cohésion et leur
faculté contractile. Il s'élève contre la division qui a été
faite de cette affection en plusieun espèces, vu qu'il lui
a para que c'était partout le même mal. Il pense que la
contagion du scorbut, surtout des ulcères scorbatiques,
est incontestable ; qu'on ne saurait le guérir par un spécifique ; qu'il faut lai opposer suivant les individus 011
des remèdes rafraîchissans et peu stimulans, ou des antiscorhuliques âcres et échauffans ; q e le régime fait la
plas grande partie du traitement, etc. , etc.
LA 4.• SECTION est consacrée à l'étude des épidémies
par miasmes ou effluves, ce qui constitue le 2.e ordre
et il y est- traité des 1.re 1 2.•, 3.e et 4.• espèces, sous
le titre général de fièvreJ intermittentes simples , par
miasmes ou sans miasmes ,fièvres masquèes et- névroses
'/
�( 256 )
périodiques. M. F.odéré décrit successivement, toujour1
avec beaucoup de talent, 1.0 les fièvres accès ' avec un
interpalle régulier , sçins complication , et il démontre
que cle toutes le.a rs causes, ce sont particulièrement les
exhalaisons çles marais qui sont regardées le plus généralement comme causes dèterminantes. Cependant il penche à croire qu'il pourrait y avoir quelque chose de con!,agie1;1.x dans les fièvres d'accès , alors que plusieurs indiYjdus qui en seraient atteints seraient réunis dao~ un
cr
même lieu.
Fièvres sari~· miasmes. L'auteur décrit leur étiologie el
dit qu'il est plus que probable que leo.rs causes, quelles
quelles so~ent , ont pareillement agi de prime i!hord sur
le système n,erveux; mais que ce système peut être affecté
par sympathie, c'est.à-dire , par des causes qui ont d'abord agi s,q.r d'autres organes. Ainsi , nous avons des
fièvres d'accès inflaQ.lmatoires, catarrhales , pitniteuses,
etc., etc., qu'il fau.t savoir bien discerner pour fai;re une
juste applicatio!} des n;ioyens curatifs à le11r opposer.
Fièv.res masqv-ée~. Ce sont celles que l'on ne recoi;rnaît
pas aux sisnes oi;4inaires. M. Fodéré en cite plusieurs
exemples qui ne <léposer,il pas en faveur des anti-phlogistiques; il passe ensuite au pronostic des fièvres intennil·
tentes qu'il consjdèr,e et d'après la saison dans laquelle
elles règu,ent, et.d'après leur type et le.ur marche; il veut
avec raison que les remèdes que l'expérience a proclamé
comme de bons fébrifuges, ne soient employés qu'après
que le jugement en a assigoé l'à-propos, les eas oy ils
swit 1,1tiles, et ceux où il c9nvient cle les mêler ou c;l.e le~
substituer les uns aux. .a utres. Il iodique les mes\ires a
prendre dans la convalescence , et dans le ~ettoie1,ueut
des canaux et d~s µi.a,rais pout· prévenir la m;lla<lie. li
t.ermir;ie par quelquew c9n_sid~rations sur les névroses
périodiques.
Les coopiues 2 et 3 Ju secor;id o;rd..re roulent d'abord
�( '.257 )
snr les fièvres subintrantes et les fièvres d'une nature
insidieuse , puis sur les fièvres rémittentes, et spécialè1
ment sur celles des pays chauds. Nous regrettons que le
plan de notre recueil ne nous permetté pas d'analyse11
tout ce qui est dit ici avec le même degré d'intérét qub
tlans les chapitres précéllens. Observons seulement qheièê!
fièvres peuvent, suivant M. Fodéré ,devenir contagieuses,
qu'il faut opposer aux pernicieuses non seulement le qùiirqaina, mais encore les cordiaux, le vin, le· camphre, le laudanum. l1 fait voir ensuite l'analogie et la différence qui
existent entre les fièvres rémittentes et la fièvre jaune.
L.1. 5.• SECTION, qui renferme les maladies par le fait
seul des variations de la température, de l'état sec ou humide de l'air, est surtout fort. bien traitée. Les trois premièl'es espèces sont les fièvres i11flammatoires ou synàque, ·
fièvre ardente et inflammation des c/i..tférens organes. Le
siége général de l'infl.ammatiou est dans le sang. Nau~
avons lu avec le plus grand plaisir la description de la
péri pneumonie, de la pleurésie et de la pleurodynie.
Mais au sujet des 4.• et 5.• espèces (fièvre bilieuse et ardente
bilieuse) l'auteur ne devait-il pas consuh~r l'ouvrage dè
M. Méli sur les fièvres bilieuses, ouvrage dont il a été
rendu compte dans notre recueil? Nous ne voulons pas dire
que M. Fodéré n'a point montré ici cette érudition qu'on
lui a reconnu depuis long-temps. Mais l'ouvrage de .M.
Il1éli renferme quelques idées neuves dont il târaît ph
tirer parti. Il faut dire cependant à la louange de ·M.
Fodéré qu'il indique le traitement le plns rationnel: ies
antiphlogistiques et les sédatif:;, surtout dans la 1.•• période.
Le cholera-morbus d'Europe et cl ~s Indes, et les diverses
espèces de coliques sont examinés dans le chapitre 3(6.•,'). 0
el 8.• espèces). Les 9 .• et ro.• espèces, fièv_re et a:ffections
catharrales simples sont décrites dans le 4.• chapitre, et le
5! chapitre est pom· les 11.• et 12.• espèces, c'est-à .. dire-,
31
T. X. Oct., Nov. el Déc. 1825.
�.. .
poor la, fièvre
'
( 238 )
\
1!i~e nmqueu.oe, pit11ite11se, mésentérique,
etc., simple et compliquée. Enfin, les rluunes, le catlwrre
p1Jlmonaire et lq pththysie catarrhale soul développés dans
>e.rhap)Lr~ ~.sans doute l'un des plus iatéressans , surtout
fœ,antà la phthysie,oh M. For.Léré a tracé des cunsidérations
}~y,gién:q_ues qu,, pour n'avoir pas no rapport très-direct
!\_\'"eC celle cruelle maladie , ne figurent pas moins hien
dans c~ dernier chapitre.
~e tome troisième çontient deax sections : la )3! et
une partie de la 7.•. Cf-Ile-là concerne le quatrièn)e ordre
quj, sous ce titre général : des maladies par le fait de
fair tr.ansportant des miasmes déléti':res, est divisé en
.hu,it chapitres ,dans l'ordre qui suit.
. Ç1uP. 1.•• De l'opl11li.almie épidémique. Oo voit claireme'n t que l'!lir humide et miasmatique, c'est-à-dire, chargé
de molécules irritantes, est capable de produire l'ophthalmie, Cependant , elle peut ê~re occasionée par tme
ch~leor sèche , un froid sec, des nuages de sable ou de
,pqussière, une trop vive lumière, l'abus des liqueurs alcooliqoes, les fréquentes indige~tions , les vices vénériens,
scorbutiqlleS , etc., etc. M. Fodéré parle I • de l'ophthalmie d'Egypte, qoi loi, parait s'être naturalisée dans
plusieurs coins de l'Europe et dont par conséquent il
0
admet la transmission , pa1• contagion ; 2 • d'une oph·
... ,thaJmie épidémique manifestée dans des vaisseaux négriers et tlont les causes étaient l'air chaud et humide des
Tropiques, le mauvais air, l'en comhrement des nèg1·c·i.
. ..Cu Al'. Il. De la to 1.1 x co1wulsive oit de la coqueluche.
L'<1uteur la regarde comme une maladie de nature nerveuse; il s'élève conséquemment contre ceux qui l'out
c~ofomli,ie av.e c la hronchite et ne voient jamais llans
elle qu'une phlegmasie. Le caractère périodique de la
coqueluche, les succès des vomitifs, de l'opium , du qoin·
quina, etc. , démontrent qu'elle n'est pas toujours une
0
inflammation.
�( 259 )
CnAP. III. De l'angine polypeuse ou dn croup. Il en est
<le même de cette affeclion dont Î'infiammation ,''suivan~
M. Fodéré, ne saurait être la cause prochaine primitive,
bien que cette cause panisse évidente et que la saignée
locale soit presque toujours néc~ssaire. Toutefois, notre
eslimahle auteur sou1ient qu'on a sauvé bien moins d'in~lividas par ce moyen , que par les vomitifs, les pnrg~
i!'s, le quinquina et les sédatifs , puis, i1 aborde ]a qucsiion de la contagion de la coqueluche et do croup et
conclat. pou,r l'affirmative.
Cn.u. lV. De I'angine dite gang1'éneuse épidémique. Le
nom de gangréneuse ne ~onvient pas toujours à cette
angine, vo qu'elle est le pins souvent aphthell.se. 'cette
maladie est surtout occasionée par un air froid et humide,
chargé de miasmes et, d'après l'auteur, elle se transmet par
contagion. Ces propositions sont étayées de l'expérience
qui a appris encore que cette angine est avantageusement
combattue tantôt par les anti-phlogistiques, tantôt par on
traitement tonique.
CnAP. V. Des fausses pleurésies et péripneumonies épidémiques. On leur oppo8e a\•ec succès les vomitifs. Néanmoins, il faudrait J)ien se garder d'exclure de leur traitement la saignée et les toniques. L'auteur fait voir le tort
que l'on a eu, fondé wr l'utilité de l'émétique dans les
fausses péripneumoni es , de l'employer, à haute dose,
dans les péri pneumonies vr;11es, en éloignant de ce traitement la saignée, méthode qui n'a pas été peu pernicieuse.
CnAP. VI. De la suette et des miliaires épidémique:;.
Parlant d'abord, quant à l'twigine des épidémiques-' dJJ
suelte, de la suette ou ép-hémérc hritannique du com:mencement clu i4 ." siècle , l'auteur démontre que-.oe.Lte
affection a~ touj out's pl as ?u moins régné en Picardie, et
que sa cause est miasmati(pte. U parle ensl1Îte de l'exan,
thème miliaire , comme d'un exanthème qui suit touj.ou.cs
�'
1
les succès dont il est rarement indépendant, qui quel'Juefois est essentiel, mais le plns souvent symptômatique
,et provoqué par une m~dicatio~ échauffante.
CnAP. VII. Des fièvres épidémiques des femmes en cou.
ç_he. L'auteur défiait la fièvre puerpérale simple, un état
_éminemment nerveux, un spasme abdominal , durant le_quel les fonctions sont inter'verties , et où les phénomènes
s.çconèlaires à l'accouchement savoir, l'ascension des 'lm.
meurs blanches vers les mamelles et l'écoulement des lochies, cessent ou sejont mal. Il décrit avec soin les fièvres
puerpérales compliquées et fait ''oir qu'elles ont souvent
régné . cip)démiquement avec indices de contagion , et
qu'elles qnt été très-meurtrières ; que celte maladie mé;rite de fixer l'attention des médecins plns qoe ne le pensent ceax qai ne la regardent que comme une phlegmasie du péritoine.
CnAP. VIU. De l'érys'i;pèle et des fièvres érysipélateuses"
On apprend dans ce chapitre qae si l'érysipèle n'est quel.
qaefois qu'on accident local, d'autres fois, et c'est clans
certaines espèces d'érysipèles épidémiques, cet exanthème
est précédé de la fièvre, deax, trois à quatre jours auparavant , de sorte qu'il est alors, à ne pas en douter, le
résultat d'une lésion gé11érale de l'organisme.
LA, 7.e SECTION, 5.• Ordre, est, relative aux épidémies
par infection et 'présenle quatre chapitl'es dont le 1." a
.été destiné à l'histoire de la fièvre p11tride vraie et de la
fiiusse. M. Focléré déclare ici ebtendre par maladies par
in:f~ion, celles qai naisseqt d'un foyer llarticalier tout
prèll;de produire son effet, dont les émanations sont
.' i'resqne·J toujours sensibles . ~t sJccasionent des sensations
.désagr.éa·b les et ( pourrait,-on .d ire) qui sont toujours le
résultat cles décompositions anima\es fo;·maut la cla~se des
poisons ~eptiques. Telle est la fièv!'e putride, dont on trouve
<plnbLCUl'S cxemvles Jaus ce chapitre et que l'auteur a fort
�( 241 )
bien démontrée , en signalant les moyens corat\fs qu'il
convient le plus d'employer ponr la guérir.
CnAI'. II. De la fièvre pétéchiale épidémiqire. ÉU~ :rppar•
tient, comme les miliaires, à certaines localité\;, let a
paru à l'auteur dépendre, jusqu'à un certain point de l'infection. La description qu'il en fait est excellent-e èt dé>n'n'ê
éo partie la mesure de la candeur avec laquelle H ràconte
ce qu'il a vu. En effet 1 bien que la fièvre pétéchiale ai\ été
i·egardée comme contagieuse par plusieurs auteurs, èt quê
M. Fodéré soit assez partisan des contagions (on a pà ën
juger par ce que nous venons de retracer concernant diverses épidémies)· Üe"J>endant, il avoue n'avoir jamais Vt1
personne, atteint de la fiè\'re pétéchiale, communiquer1enr
maladie, et s'~tre convaincu que ceux qui l'ont ga~née~
l'ont fait parce qu'ils se sont trouvés susceptibles de l'aè1ioo des causes communes au milieu desquelles ils étaient
Ions plongés. Il est vrai de dire, toutefois, que M. Fodére
ne nie point la possibilité de la contagion de cette fièvre
dilns certaines circonstances.
Cu.u. III. De la pustule maligne, des charbon et anthrax et de la pourriture d'hôpital, L'auteur s'attache à
démontrer que la pourriture d'hôpital émane de l'infection
el devient ensuite contagieuse. Il avoue, quant à la cause
<le la pustule, da charbon et de l'anthrax, qu'elle est
obscure et qu'il n'a pu émettre à cet égard que des p~o
babilités, de sorte que l'on serait en droit de demamlP.r
pourquoi il a placé ces aifections dans le 5,e ordre. Mais
il vient au-devant de la question en observa~t qu'il n'a pas
cru devoir les séparer de la pustule maligne, parce que,
comme elle ,elles paraissent résuiter d'un ferment septique
qui agit avec promptitude, et pa;ce que ces quat.re maladies admettent un même traitement curatif et préservatif.
CaAP. l-V. De la.fièvre jaune considérée en Amérique.
Ce chapitre , qni termîne la 7 .• 8ection , commence le
\ome 4.• et dernier et mériterait une longue analyse 1 vu
�( .'.24.'.l )
l!importance do sojet, s'il nous élait possible, bien que
noas ayon9 ton jours vn sans prévention, <le partager
l'opinion de l'auteur, snr la nature del~ fièvre jaune. li
redit ici ·ce que nous avons fait connaîlre dans notre 1."
article ; que cette fièvre , née de l'infection, est susceptible de prendre an caractère contagieux. Mais nous
sommes sûrs que M. Fodéré , avec Ja franchise que nuas
lui connaissons, le jugement, le bon esprit·qu'il possède,
reviendra de sa manière de voir lorsque toutes les pièces
do grand procès lui seront connues.
1..a 8.• et dernière section, ordre VI , a pour but
l'étude des épidémies par çontagion, et elles sont passées
successivement en revue dans huit chapitres. Le premier
Jraite da typhus d'.Europe simple et compliqué avec la fièvre
putride, et les fièvres muqueuses. L'auteur s'aLtache à dé.
montrer que cette maladie, comme tontes celles de l'ordre
qni nous occupe, tire son origine de corps vivans malades qui propagent leur même état, soit par des élémens vivaus eux-mêmes, oa de toute autre manière. De
sorte que le typhus est sans contredit éminemment con·
tàgienx, et il faut hien que M. Fodéré soit sfrr de ce q;'il
avance pour soutenir celle opinion, puisqu'il appelle
absurde et ridicule.l'opinion contraire soutenue, d'ailleurs,
par des médecins éclairés et recommandables.
CuAP. IL Dn typhus oriental ou de la peste. Il n'est
pas de sujet plus digne de fixer l'attention do médecin,
da magistrat, que la connaissance tle ce fléau el dts
moyens de s'en préserver. · Les ravages étonnans qu'il a
eausés si souvent, alors que l'on nE lui opposa il presque pas
de barrières, indiquent assez combien il faut se mettre
en garde contre ses atteintes et, certes , si nous avons tou·
joors f\crit en faveur de la non-contagion de la fièvre
jaune; parce que tout nous y invitait, nous sommes loin
de parlager la m~me opinion quant à la nature .de là
peste , ou du moins nous suspendrons notre jugement ~ur
0
�( 245 )
ce point, jusqu'a ce que l'ou parvienne à détruire la
validité des faits si nombre ux et si concluans sur lesquels
les conwgionistes s'étayent. S'il faut en croire M. Fodéré,
les cadavres m~me conservent la faculté de transme ttre
la contagion. Aussi, après avoir décrit cette terrible affection, d'après les meilleurs auteurs , indique -t-il lec
mesures hygiéniques qu'elle réclame .
CnAP. III. Du typhus d'Amérique ou de la.fièvre jaune
en Europe. Nous avons vu l'auteur parler de cette fièvre
clans l'ordre des maladies produites par l'infecti on; il la
considère ici comme le produit de la contagion. Que penser
cle cette manière de voir 7 On a dit assez pourla combat tre,
sans qu'il parut possible de rien répliqu er et pourtan t
cle nouvelles objectio ns ont été faites. En voici one?
par exemple , qui ne nous a pas peu surpris. M.
Ji'odéré, 11 qui l'on a appris que le mistral , vent (nord
nord-ouest) très-violent, éloignait tous les miasmes de
Marseille, soutient que le port de cette ville qui est malsain et qui , par cela m~me, est un foyer d'infect ion, est
entièrement à l'abri do mistral. Mais est-il un seul coio.
de la ville qui ne ressente plus 011 moins l'influence de ce
vent lorsqu'il soufne? Et le port, qui présent e une large
surface à découve rt , est-il bien calme dans le temps où.
règne ce vent du nord? Ne suffit-il pas alors de le traverser ce port, ou bien de se rendre de la rue Beauva11
au quai des Aagust ins, ponr ressent ir la bourras que,
sans que l'odorat soit frap!lé d'aucun e émanat ion, etc.?
CH!P. IV. De la petite vérole et de la varioleue. L'.hdtoire de ces deux maladies mérite cl' autant plus cl'~tre bien
connne, qu'on ne les a que trop confondues, au point de
douter souvent de l'entière proprié té prophylactique de
la 1•accine, lorsque la variolette s'est développée chez tel
ou tel sujet-vacciné. Aussi l'auteu r s'est-il attaché à tracet
cette histoire, et a-t-il rempli supérie uremen t sa tâche.
Cun. V. De la vaccine, et de la manière ile la pratique~
#
�( 244 l
pour qii'elle soit présen•ative. L'autenr tlonne les moyens
de dis!(inga.er la vraie cle la fausse vaccine ; il fait cette
remarque que pour qu'elle soit préservative, la vaccine doit
prod,Q;ire des symptôJDeS générau.x qui indiquent qu'elle
~st dEl_venue coustitqtionnelle, et il rappelle le procédé du
doc~e.~r 6?'çe,, pour atteindre ce hut, p rocédé qui consiste
à n'opérer d'abord que sur un hras, ensuite sur l'autre :
le c_inql!oième jour de la vaccination, si l'état est devenu
copstitµtio,n~I., le_s vésicules de l'un et de fautre bras
auein4-ront leur maturité et se dessècheront e1i même-temps.
CuAl1· V,I e,t VII. De la rougeole bénigne et de la rougeole compliquét;, de lq, scarlatine bénigne et de la scarlatine c;ompliqu~•."Pan$ c_es 4eux chapitres, M. Fodéré s'est
pro,\)o~é d'apr.~e~dre qu.e ces maladies, qui sont générales,
oet nq., çapc_tè1:e ~nfla,rm:natoire et se jugent par des
erÎSllS· Il çroit qn~ l~ rougeole peut se m~ntrer sporadi.
queJllent ~ m~is que c'est presque toujours d'une manière
_!!pî_Mi;ni,co-contagieose- H regarde la scarlatine comme
étant p;u:eillen;ient cqn.ta.gieuse; il dit que les dangers de
l'ul!e el de l'autre maladie mériteraient bien qu'on lenr
u;o~vâ,t des préservatifs, el parle de quelques essais fails
à cet ég<i rd.
Enûa. dans le CuAP. 8, de la syphilis épidémique, M.
J?orJ.éré a t.rl!iité. ce ~uj.e t a' ec concision: il parle d'aho1d
des atteir;it,es que ce mal. porte à la po ; ulation; il donne
une uqtice de plusieurs épidémies de cette nature, présente un sommaire des affect~)ns et <les symptômes qui
.sont vraiment syphili~iqqes, examine l'origine de npuveaa mise en question de celte maladie ' et ce qui' de
111- pa,rt dei! rnagisirats et des m~~\ecins, en a si fqrt favorise
l<l pro.pr:i,gatio.n , reprend l'e~aroen de la question de savoir
si ~il l~lei,rn~n;~ie, i;t les. cl~anp·es, sonl toujours syphiliti·
ques., ou !(ils n~ le soi;it p,as11 exi]ose le danger et le vagne
tles opinions snr l:in.~ti.lité du mereut:e dans cette 111ala<lie
et mi:t en garde s11i: c~rt-aiQeS métho<l.es du traitement
�( .'.!45 )
dn traitement mercoriel loi-même, qui rendent la guérison
incertaine; enfin , il propose le~ vues prophylactiques
dont on ne devrait . pas se départir poor restreindre la
propagation d'une si honteuse et si cruelle maladie.
Après cette courte analyse, il ne nous resterait plus
qa'à jeter on coup-d'œil sur l'ensem1lle de l'oavrage, pour
en dire da bien ou pour en faire la critique. Mais nous
nous sommes assez expliqué à cet égard , au débat de cet
article et dans l'article précédent, pour n'avoir plus qu'au
mot à ajouter : nous comparons les leçons sur les épidémies et l'hygiène publique de M. Fodéré à ces plats substantiels, qui, s'ils ne sont pas très-délicats , abondent d11
moins en matières nutritives, tandis que certains ragoûts
n'excitent l'appétit que par les agens ou pour mieux dire
les poisons qu'ils récèlent , outre qu'ils ne servent guères
d'aliment. En effet, ces l~çons ne sont peut-être pas des
pins fleuries, mais combien n'11pprennent-elles pas! et.
sans doute nous est-il impos'sible de les regarder comme par_
faites, puisque rien de ce qni sort de la main des hommes
ne saurait l'être et que nous ne pouvons pas les goûter
tontes. Mais elles q'aononcent pas moins le médecin laborieux, savant et profond observateur , surtout alors qu'il
s'agit des maladies qu'il a lui-même observées.
P.-M. Roux.
•etc.; par Polydore Roux,
Conservateur du cabint:t d'histoire naturelle ( S.• et 9."
livraisons, in-4. 0 de 8 pages el ayant 8 planches chacune , Marseille 1825 ).
ORNITHOLOIHE PIIOYENÇALE,
Srl'ornitbologie provençale n'éLait point indispen;ahle
au médecin, au pharmacien, an naturaliste, etc.; si elle
ne réunissait pas ponr les bahitans de la Provence, surtout, une masse de détails d'autant pins précieu~ 'in'ils
32
T. X. Oct. 1 Nov. et Déc. 1825.
�( 246)
sont aussi utiles qn'agréables, nous serlorrsmoins empressés
d'en signaler J.es livraisons. Nous allend'rions que llouvrage
fiit terminé avant d'en rendre compt~, ·afirr de' n-e''po1i1t
ha,sar.J er nos éloges, mais il est assez é-vicrent que nous
ne saurions jamais nous comprometl'x:e en dhant du Bien
P.ar anticipation de l'ornitholog~e de notre savant compatrio.te_, pa.rce qu'i~ est très-si1r que cet: ouvrnge ne sau-rait,
VU. !!On importance'· jamais être condarnn~ à·-pas-s-er brusqueJnent ' comme t,a nt d'autres erod'u ctions:, 4u typo·
§raehe 4 répi"cier.
L'auleui; continue la description clu B_usai:d de m?rais
qp'i.l n'avait point terminée; il décrit ensui Ce le Busard
harpaye., Circus rujûs; le Busarcl soubose, Circus gallinr.zrius; le,Bosard Je Montagn, Circus mont.agui; il examine
ensui!e ·l e gi:nre BusE, Buteo; la Base à poitrine bar-rée,
Falco fasciatus; la Buse cl1angeante, lfute<J mutans et 'la
Buse bondrée , Buteb apivorus.
Les planches de ces deux livraisons représentent le
Mi.Jan royal, Milvus re~alis (femelle, 113 cle grandeur
nature1le) le Milan étolien , Milvus œtolius ( 1j3 de gr.
nat.); le Faucon commun, Falco peregrinc1s· (jeune, tJ1
de gr.nat.); leFaoconbohrean(2\3clegr.nat.). Falto
subbuter; le raucon émérillon, Falco lithofalco {-vleirx,
J \2 de gr. nat.); le même (jeune, '213 de gr. nat. ) ; le
Faucon kober( 2\3 de gr. nat. ). Falco vespertinus; le même
{ 1." mâle adulte, 2.0 tête d'un jeune mâle. cle l~a.nuée, 2.[3
de gr. nat) ; le même (mâle jeune passant à l'état adulte,
2\3 de gr. nat.); le même ( femelle- vieit-le~ 21.3-<le gr. na,t. );
le même (femelle jeune, '213 <le g.r. na~); le Faucon c:.m ·
serel!e, Falco tinmmculus (mâle adulte, 2\5 de gr. nat.);
le même (femelle adulte 213 de gr. nat. ). Enfin, les deu1
dernières planches représentent les œnfs de divers oi1eaux.
P -M. Rovx.
�(
2
47
)
NOTICE
DEi TRAVAUK OO COM!TÉ 1MÉDIGAL DES DlSPENSAll\ES
'DE MARSEIL[;È,
RAPPORII'
sur l'état des maladies traitées dans les dispen~
saires., et sur les trav.amr dii Comité médical , pendant
l'an11ée 1825, présenté à l'a}iministration <Ût bureau de·
bÏ-enfiiisance; par P.-M. R.ou.x ., Secrétaire-général .
.M.l:SSIE.URS 7
S.1 le Comité roé.dicàl aes dispensaires était inoîns pénétré do .zèle 'qui voûs .anime dans la recberche de ce qui
peut contribuer au bien des malheureox ~ooffraos; si
vous ne lui aviez pas recommandé, par un arLicle régle.mentai1·e, de vous éclairer sur le sort éles malades confiés
à ses soins' if c_raindrait de renare fastid!enx l'exposé annuel ae ses 'travaux, en le fesant précéder ou· suivre de
'réflexions. Mais, puisque c'est aller au-devant de vos vues
bienfaisantes, que d'indiquer tout ce qui ·peut tourner l.t
l'avantage de la médecine des· dispensaires, nous allotJIS
avoir l'honneur de vous entretenir sur les causes, les traiteméns des m~ladies en général, et sans doute saisirezvoas alors les moyens qu'il conviendràit de mettre en
avant pour améliorer autant que possihle le service ·m é(\ical ae votre admiuistration.
Avant tout, cepenùant, nous devons vous donner nn
précis analytique <le~ maladies ollservées dans le derni er
trimestre.", et une récapitulal~ on de ctille5 qui ouL élé
ti·ailées dans 'le courant de l'auuée 1825.
�·c24s )
Vous savez, Messieurs, qu'il restait en traitement au
l."' octobre 488 malades; si vous a)outez à ce nombre
. celùi de 880 malades inscrits pendant le trimestre;
vous aurez un total de 1203 malades dont
782 ont été gl}éris ,
44 sont morts ,
25 sont entrés à l'ht>pital
·et 352 restent en traitement au 1."' janvier 1826.
Observez encore que 479 maladies aiguës, 210 maladies chroniques , 88 cas de hernies et 5 cas de teigne
forment nn total qui est précisément le nombre des individus guéris. Les catharres bronchiques, les phthisies
aiguës, les catharres pulmonaires chroniques, les gastrites,
.les gastro-entérites, telles sont les maladies les plus nomJ,renses et qae l'on a oh~ ervées en nombre presque égal.
On a en ensuite à traiter beaucoup d'érysipèles, de néTralgies, de rhumatisme et d'ophthalmies, et les affections les plus ordinaires après celles-ci ont été des pleurésies, des pleuro-péripneumoniei , des dartres , des en.
térites , des dyssenteries et diarrhées 1 des inflammations
géné1·ales, des hydrocéphalites. Enfin 1 on a compté qaelqnes cas de coquelnches, d'angines, d'aménorrhées, d'hydropisies, de sciatiques, de scropbnles, d'hématémèses,
d'hémoptysies, d'apoplexies 1 d'ictères, de gastrodinies, de
lumbago , de petites véroles 1 de scarlatines 1 d'hépatites,
de péritùnÎtes , d'otites, de choiera-morbus~ etc., etc.
Sans doute , de toutes les causes déterminantes de ces
clifférentes affections, l'état de l'atmosphère doit être
regardé comme l'une des plus énergiques. Or 1 nous
avons eu, dans ce trimestre, dix-huit jours de ploie et
le temps a été tout couvert pendant vingt-trois joars •
nuageux pendant seize jour3 , serein pendant treize
jours, et nous avons compté douze jours de brouillard.
Les maladies ont été tnitées, dans C(l trimestre, comme
daus les trimestres préeédens, c'est-à-dire, en mettant à
�( 249 )
contriliation tantôt les moyens préconisés par la médecine
da jour, tantôt ceux dont l'efficacité a été sanctionnée
par l'expériènce de nos bons aïeux, ou en d'autres termes,
en employant dans certains cas les débyans, les adoucissans, les anti-pblogistiques, en un mot, et d'autres fois,
les toniques, les excitans, les analeptiques, etc. Ce système de médication , sans doute le plus philosophique ,
car il a ponr but de subordonner la prescription des remèdes à la connaissance intime des symptômes des maladies, ce système, disons-nous, compte an tant de sectateurs
qae de médecins parmi les membres de votre Comité ,
Messieurs , et s'il est vrai de dire qu'ils ont eu de fréquentes occasions d'en reconnaître les avantages , on peut
ajouter qu'ils le verraient tendre plus souvent encore a11
profit de la souffrante humanité , sans certains motifs
qne nous allons es: poser , en embrassant d'un seul coapd'œil les travaux du Comité médical des dispensaires
pendant l'année qui vient de s'écouler.
En 1825, quatre mille cent soixante et dix individus
ont été soignés par les médecins des dispensaires ;
Savoir: malades en traitement an 1.•' janvier 1825, 575
entrés pendant l'exercice 1825,.. 3595
3476 cnt
été guéris ,
qo sont morts,
I I o sont entré& à l'hôpital,
6.i ont été vaccinés ,
et 352 restent en traitement au 1.e' janvier 1826.
Une chose digne de remarque, c'est que les maladies
les plus générales ont été les mêmes dans tous les trimestres , bien que l'état de l'atmosphère de chaque saison ait présenté certains caractères particuliers. En
effet, lés catharres hronchiq11es et pulmonaires, aigns
et chroniqnes , ont toujours figuré en première ligne,
et le~ gastrites , les gasti-o-enLériLes , les entérites se sont
dont
�( 250 )
ensaite montrées le .plos soovent à notre ohservalian. Ce
n'est-donc- pas .préci~ément · et nniquement des constito.
lÎODS atmosphériques '{Ue ces affections sont émanées et il
est evident qu'elles ont anssi tiré leur origine de causes J0 •
pales, individuelles et même accidentelles à l'étude des•
.quelles le Comité ·a senti que les praticiens devaient se
Jivrer avec ardeur. On conçoit que cette étnde n'est pas
.des ·plus faciles , et ce n'est pas lorsqu'à peine l'on
s~st ·apperçu d'une particularité qu'il est possible d'en
>Saisir tout œ qui s'y rattache. Ce qne nous avons cro
,rerionnaître à cet égard , et cela depuis quelque .temps,
<!'est que dans nne ville où règne assez fréquemment le
"'Fent ·conna sous le nom de Mistral et oh par con..séqaent on passe brusquement da chaud au froid, on
'élit en hutte b. des infl.ammations des organes Tes:pira-toi'l"es ou de leurs dépendances, et on y éprouve effecti"\'einent des catbarre5 simples qui 1 pour peu ~u'ils soient
négligés, dégénèrent ·en .phthisies.
U est de .plus à considérer que ·les hahitans <les qnar~
tiers voisins de la mer, re5pirent ·on air s~lin iJni Be con·
ib-îhue :pas .peu à determiner, <Surtout s'il& y sont prédisqro~s, des it"ritations bronchiques el pulmonaires.
-Si, d'on autre côLé, nous nous arrêtons à la singulière
ptéHilec'tlon que les panvres ont pour les alimens échaoffans , épicés et salés, ainsi que pour les boissons alcoholiques, nons aurons déjà ua·e réunion de circonstances
favorables au dévl!loppeinent des phlegmasies, non seo.Jement .des poumons' mais des voies digestives et même
àe l'organisme général, alors que les indigens ' malades
diffèrent de recourir aux secours de votre charitable
administration.
. Ce ·n'est pas senlement ·au régime a'l imentaire, à l'in'{Juence de l'air, qu'il faut attribuer ces maladies.' Eo' tr'aufres causes, Messieurs, il en est une qui mérite sur. tout 'd'être connue : il n'est pas rare d'en tendra parler
�(
25·1 )
médecine dans chaqne rne, cbaqne maison, etl de"°~·
administrer suivant l'avis clee commères les. p1n1 accréw
ditées, des purgatifs ordinairem ent drastique&. dont lp
moindre inconvénient est de bouleverse r les fooatrons
organiques, mais qui n'ont pas moins de vogue parce
que les évacuations innomhrah les qu'ils produisent" sont
regardées comme autant <Pennemis terrassés. Ajoa.tez â
cela \"insalubrité des vieux quartiel.'s, d'autant pins grande
que les tubes intestinaux. sont plus souvent· nettoyés. pu
cette médecine populaire; ajoutez encore l'air imp1111 que
l'on respire dans des appar-temens la plupart b~ides el
froids, on brûlans et resserrés, etc., etc., et voa.s. pour.
re1 é~ablir en principe que l'espèce d'épidémie, perpétuelle des maladies que nons venons de si'gnaler, n'étant
procluite que par des causes dont nous venons également
d1i.ndiquer les principales , ne saurait être enrayée que
par l'annihilation de ces mêmes causes , annihila1ion qne
vous seuls , Messieurs, pouvez entreprend re , tandi_s, que
les membres du Comité seront constamme nt d.es auxiliaires· qui s'empresse ront de répondre à votre cou.6apc.e.
Nous avons dit que les Membres du Comité ne sont
point exclasifs ; qu'ils puisent aux sources les plas fécondés en moyen de gaérison. Nous pourrions, po11r.j.ostilier çette assertion , reproduire nn grand nombre de
faits de même nature qui ont été communiqu és dans lea
conférences cliniques du Comité. Il nous suffira, d'en citel"
quelques-n,us. pou.r donner one idée de l'esprit philoso~
phique qui préside an service médical des dispensaires.
Comme les maladies aiguës ont été les plos communes ,
on a généralement utilisé les an li-phlogisti ques, et il s'est
fait dans le commence ment de l'année one si grande
consommation de remèdes adoucissan s, tels qae solution
~ommeuse_, loochs blancs, gommeux, etc., qoe vous en
fû~s snrpris. Mais le Comité eut l'honneur, Mesoi-eun ,
ùc vous anu9ncer qu'alors presque touLes les maladies"
�(
252 )
toux, maladies de poitrine;
régnantes étai ent des rhn mes ,
uco up de sangsues, c'est
si l'on a également ordonné bea
urs dans plusieurs .malaqu'elles ~nt été d'un gra nd seco
ont rer cett e vérité.
dies et le fait suivant ten d à dém
avec érysipèle observée
n s'agit d'une gastro-entéritedisp
ensaire dn Midi: nue
par M. le doc teur Gillet dans le
constitution oss u délicate,
femme, Agée de 56 ans , d'un e
rs nn mal-aise général, da
éprouvait dep11is quelques jou
re dou leur à l'épigastre,
dégoi\t pou r les alimens, une légè
tuméfaction à la joue gaulors qu'i l se déc lara un peu' de
Gillet trouva la malade
che ; appelé le len dem ain , M.
à la fac e, n'occupant qae
dan s l'ét at suivant : érysipèle
e de ton t le cor ps, langue
le côté gauche , chaleu1· bril lant
, nausées , constipation,
bla nch e, ame rtum e de la bouche
it, douleurs à l'épigastre,
pouls fréq uen t et un peu pet
née de hui t onces, décocurin es dans l'éta t nat ure l ( saig
, lavemens émolliens 1
tion de guimauve pou r boisson
diète absolue ).
pointe de la langue sont
Le 2. e jou r, les bor ds et la
iqu e, soif , nausées plas
ron ges , même dou leur épig astr
vers son milieu. L'érysifréq uen tes et langue cha rgé e
dro ite ( saignée comme la
pèle s'est pro pag é à la joue
es snr l'ép igas tre, l'écouveil le, application de 15 sangsu
pen dan t six heures par des
lem ent du sang est entl'etenn
cataplasmes de farine de lin ).
ni de soif , épi gastralgie
Le 3.• jou r, pins de nausées,
elop pé, érysipèle moins
moins forte , pouls pins dév
édulcoré avec le sirop de
intense. (Pe tit- lait pou r boisson
gomme," lavemens ).
sangsues sont appliquées
Le 4.e jou r, même état ( 15
res ).
snr le traj et des veines jug ulai
il>le de tons les symp•
sens
n
atio
lior
amé
r,
Le 5. • jou
tômes ; la constipation a cessé.
maladie (prescription de
Le 8.• jou r, terminaison de la
légers alimens ). .
�( 255 )
Le célèbre Stoll a dit avec raison que q\ielque petile,
quelque peu conséquente que soit en apparence un,_e
observation , elle peut encore coutrihuer ·pour quelque
chose à étendre les limites de l'arl. C'est ce que confirme
notre confrère M. Gillet, par les réOexions judicieuses dont
il a fait suivre son observation. li fait remarquer l'analogie
qui a existé entre l'érysipèle et la gastro- entérite, soit dans
leurs progrès , ou dans leur terminaison. En leur opposant avant tout la saignée générale, son but a été de les
combattre simultanément et de prévenir la transmission
d'une trop vive irritation au cœur ou à tout'autre orga~.
Les saignées locales étaient indiquées, d'abord sur l'épigastre, afin de borner les progrès cle la gastc·ite qui se
manifesta la première, ensuite sur le trajel <les jugulaires
pour agir plus directement sur l'érysipèle. Étayé de ce
fait et de beaucoup d'autres analogues, M. Gillet s'élève
contre la doctrine qui fait dépendre l'érysipèle de l'élément bilieux. et qui prescrit en conséquence les vomitif-1
pour expulser la prétendue matière peccaute. Il ne pense
pas non plus que la théorie de la révulsion, dans le sens
qu'elle a été prise, soil plus· digne d'attention.
Une observation non moins intéressante est celle que
M. le docteur Allemancl a communiquée: une femme âgée
de 32 ans, tourmentée depuis one vingtaine {le jours par
un rhumatisme à l'arlicuiation iléo-fémorale droite, se
propageant du cô :é interne jasqa'à l'extrémité inférieure
de la jamhe, fut mise à une dièLe sévère et 5"igaée arl
pied du cô1é malade. La don leur s'évanouit, mais se ma_
nifesta à l'antre membre infériem·, avec la même intensité et occupant le même trajet. Saignée de nouveall
au pied do membre affecté. La malade se plaignit 24
heures après que la douleur avait envahi tout le bras
droit, ui;ie saignée est pratiquée do cô1é malade et dé.
place encore la douleur qui se porte enllu .sur le bras
33
T. X. Oct , Nov. et Déc. 1825.
�( 254 )
gauche. ,M, Allemand, résolu de la poursuivre dans ses
dernier.s ,-ret~anchemeus, pratiqua ane quatrième el
demière saignée qui fut couronnée d'un entier succès.
Notre confrère termine cette observation par qaelques
réflexions ten<lantes à prouver que l'application de sangsues , dans ce cas, n'aurait point remplacé convenable·
ment un moyen aussi énergique que la saignée.
A i~si clone, Messieurs , vous voyez que les mecfecins
des dispensaires u'utilisent le.s sangsues que dans les cas
~ni en réclament impérieusement l'a pplicatio~, et qu'ils
.S-J.vent substituer à ces insectes, des moyens curatifs,
ltloins di;pendieux et pourtant aussi salutaires.
L'émétique contre lequel tant de pra•iciens du jour
s'élèvent avec force, a poarlanl réussi entre les main;
de plusieurs membres du Comité, comme vous pouvez
en juger par les faits suiva~:
M. Site , a fait part <l'une observation concernant un
jeune homme , âgé tle 20 ans, qui se plaignit d'un point
douloureux .à la partie latérale gauche de la poitrine,
avec clifficulr.é de respirer et tous les symptômes caractéristiques de la pleurésie ( 3o sangsues loco dolenti, dièle
sèvère , tisane adoucissante , loochs).
Le lendemain , même état, une large saignée du bras
est pratiqué~ et réitérée ensuite plusieurs fJis, ainsi qne
l'application des sangsues, sans améliora lion seusible. La
phlegmasie a de plus éviJemrnent gagné le parencb~ me
du poumon. M. Sue prescrit alors huiL grains de tartrale
de potasse antimonié dans nue pot ion appropriée qu'il foil
prendre par fractions de doses. Le.; iin::mières ayant pro·
duit quelques selles, on suspend le remède pendant quelques heures, on le continue ensuiL.e et le lendemain la
même potion est réitérée. Voya n t ce que Rusori appelle
la tolérance dans l'éiat de la maladie , 1\1. Sue iu~isle sur
un moyen qui lui paraît si efficace , et hieutût il le mit
enchaîner tous les symp tômes a!a1·mans et conduire le
~lade à la convalescence .
•
�( :i55 )
1\1. Fabre fils, cite également l'exemple d'une femme '
âgée de 70 ans , atteinte L. une pleurésie , qn'il panint à
guérir par six grains de tartre stibié dans huit onces de
liquide. Ce remède ne produisit qoe des sueurs abondantes. M. Fabre ajoute avoir appri~ de ·M. Re.ymonet,
pharmacien, que depuis quelque temps il a vu employer
Je tartre stibi~ dans des cas analogues par 1.\1. Roux, q-ui
lui a dit s'en être souvent bien trouvé.
M. Roux convient, en effet, d'avoir utilisé avec succès ce moyen dans plusieurs cas de pleurésies , de péripneumonies , d'angines , etc. , mais toujours après
avoir fait saigner les iudiüdus, s'ils étaient ·jeunes ou
pléthoriques. C'est spécialement chez les personnes ' avancees en âge qu'il en a retiré de bons effets, sans quelles
eussent été préalablement soumises à <les évacuations
sanguines. M. Roux a encore observé que si le remède
provoquait Le vomissement, contre son intention , il aggrayait l'état maladif; que pourtant cet~e exaspération
u'était que peu ou point sensible chez les vieillards, bien
que le tnrtrate de potasse antimonié, donne à la dose ,de
quinze grains par jour, les eut quelquefois fait vomir beaucoup.
Le faible des médecins en général est de publier les
succès qu'ils ont obtenus· dans leur pratique, et de taire
bien soigneusement leurs insuccès, comme · si l'art ne
devait pas gagner dans les deux espèces de communication. On ne fera point ce reproche à M. Beullac père
qui s'est empressé ' de fixer l'attention dn Comité sur
une maladie dont trois nonrrissor.s étaient atteints et dont
les caractères étaient, dès l'invasion, nausées et vomisse-·
mens; puis , convulsions , face grypée, plombée, re~pi
ration difficile , pouls accéléré , froid des extrémites ,
tête chaude; en un mot, les symptômes qq.i indiquaient
one affection grave dont le siége paraissait être dans la
têle. Envain le& révulsifs , les potions anti-sp;.isroocliques
�( 2-56 )
et tou:qoes , les excitans, etc. , forent mis en usage.
Ce11 1trois n_borrissom ne survécurent pas long - temps
ap,rès l'invàsion de la maladie dont les signes se succédèrent avec tant dè rapidité qu'il ne fut pas facile à M.
Beullae de la caraclériser. Il crut do moins de son devoir
d'en .signa.Ier le.s traits principaux , afin que ses confrères
pus~ent se prémunir contre cette terrible affection.
M. Ro11:x: a fait part d'une observation qui a donné ocCR.sion de penser relativement a l'étiologie de la maladie
qui en a fait le hoiet : on garçon, âgé de I I ans, atteint
d'un ictère chronique , et sa sœor, âgée de 8 ans, prise
de la mêm'Q maladie, ont été traités pendant quelques mois
dans le dispensaire de l'ouest. La recherche des causes
déterminantes de leur état morbide, n'a pas eu de résultat
satisfaisant, si ce n'est la certitude que le garçon fut attàqoé de la maladie presque immédiatement après avoir
perdu sa mère qu'il aimait beaucoup et dont il était chéri.
Il et-ait alors âgil de 8 ans. Sa sœur qui ne sentit pas toute
l'étendue de la perte qu'elle venait de faire, ayant alors
à peine 5 aus, était àssez gaje et atteignit sa 7.•. année
clans rrn bon étlit de santé. Mais vers cette époque, Pile
devint insensiblement morose, tacitnrne comme 5on frère
et fut dans peu ile temps affiigée de la même maladie. M.
Roux à posé lm ·question de clécider si l'affection mordle,
entr'aotres; cavses, n'a pas déterminé ces deux cas de
jaunisse, ou s'il faut considérer le second cas comme ayant
'été tr11n~mis p11r le premier. Une discussion intéressante
·a eu lieu à cet égal'd et il en est résulté que l'ictère a pu
ëmaner de plusieurs. causes physiques ou morales, seules
0:1 réunies' en surposant la prédisposition individaelle,
mais qu'il n'y a pas eu transmission de cette maladie, cln
frère à sa ~œur · et qu'ici des c11uses d'une même natnre
prises hors des individus ont pu produire les ml!meseffets.
C'est ainsi qu'on gagne la fièvre jaune au foyer d'infection et qu'on ne saurail jamais la communiquer, dans aucune circonslance.
�( 257 )
S'il est vrai de dire que les saignées générales et locàles
constituent presque toute la thérapeutique du jour, il n'est
pas moins con~tant que ce système de médication , s'il
n'était soutenu d'aucun autre moyen, réduirait l'art à un
état de pauvreté dont l'humanité ne se ressentirait pas
peu. Nous avons vu que le tartre stibié était d'un puisM
saut secours, dirigé par des mains habiles ; nous allons
parler cle l'efficacité de l'opium , etc., et si nous passions
en revae les propriétés effectives de toutes les substances
qui figurent au premier rang dans la matière médicale,
uous jastifieri-0us de plus en plus que les grands saigneurs..
ne sont pas les seuls qui guérissent beaucoup de malades.
M. le D. Aynalld nous a dit avoir calmé comme par
enchantement, avec l'opium , un ouvrier atteint de douleurs abdominales si alroceg, que le ventre était comme
collé an-devant de la colonne épiniére , et pourtant cet
individa présentait qnelqaes signes de phlogose. D'autres
membres, MM. Isoard, Beullac père , Nel, Sue, Gillet
et Roux ont ég~lement employé avec succès Le même
remède dans plusieurs cas de choiera-morbus.
M. Sue a fait part d'une colique des peintres dont
on individu rachitique, âgé de 40 ans, fut atteint sans
cause connue. Son venlre était dur; il y avait constipaIÎon et des signes tle phlegmasie intestinale , m&is pas
assez marqués pour autoriser à hien càractériser cet-te
affection. A.ussi , plusie'urs médecins forent partagés sur
la nature de la m .. ladie ; les uns la prirent pour unè
gastro.-entérite ; les autres, poar une lésion du système
nerveax ganglionai1•t>. Dans cette incertitude, M. Sue se
décide à purger avec l'huile de ricin son bossu rachitique,
lui admiaisu•e les opiacés et fo guérit en 48 heures.
Il nous reste, M-essieurs, à vous parler de c1uelques cas
Je chirurgie qui, sans être extraordinaires, ne méritent
pas moins' de fixe1· l'attention générale.
M. le D. Atlemcmd a rap11orté qu'un scieur de long,
�( 258 )
souffrait cruellement d'une ophthalmie, la cornée trans.
parente étant fort iiljectée et présentant beaucoup de
vaisseaux 1•ariqueax. C'était le aas de recourir aux sang.
sues , mais notre confrère juge convenable de faire la
rescision des varices avec des ciseaux coar)Jes préparés
·pour cela, et une parfaite guérison est le résultat d'une
opération aussi hardie que bien imaginée.
M. le D. Gillet a fait part de la guérison d'an kyste an
globe de l'œil droit, obtenue par la cautérisation de ce
kyste, au moyen da nitrate d'argent fondu.
M. Sue a parlé du laudanmn comme d'an moyen tres.
propre à faire disparàître les taies, ce qn'il a observé plu.
sieurs fois, el a cité, ainsi que M. Gillet, des faits qui prou.
vent que dans certains cas d'ophthalmie opiniâtre , les saï.
gnées locales, c'est-à-dire , des sangsues appliquées sur
la conjonctive sont bien plus utiles que les saignées aux
parties environnantes.
MM. les DD. Aynaud et André ont donné les détails
snivans: on enfant, âgé de 6 ans, avala une graine de
pastèque qui s'introclaisit dans le larynx et y séjourna
pendant seize niois et six jours. Durant les tr.ois pre.
miers mois, cet enfant fat en proie à des convulsions
et à une sa ffocation imminente. Convoqués, à celte occa.
sioo, les médecin& consnltans de l'Est et dn Midi , décidèrent, qaant à la conduite à tenir, de temporiser et
au cas oh l'état de l'individu réclamerait une opération,
de pratiquer la trachéotomie, au lieu de la laryngotomie,
'\'a le5 avantages qui en résultent et qui consistent à avoir
moins de parties molles à diviser et à pouvoir se promettre
qne l'air expulse le corps étranger. Vers Je 4.• n1ois, le
larynx parut s'habituer à la présence de la graine de
pastèque , puisque les symptômes, devenus alors moins
alarmans, diminuèrent d'intensité pendant on au que dura
cet état. Tout-à-coup nne toux violente &arvient et la graine
est expuhée. Depuis cette époque tous les symptômes se
~nt évanouis. Sttblatâ causâ tollitur ejfecllts.
�( 259 )
Cette ohserv ation en a rappe lé d'antr es citées par
M.
Beutlac père, conce rnant des indivi dus morts presq
ue
sabitement ou affect és de phthis ie laryng ée , après
avoir
introduit accid entell emen t des corps étrang ers
dans le
larynx, et qui auraie nt pu être sauvés si la traché
otomi e
avait été pratiq uée.
Mais une observ ation curieu se, par la rareté du
fait ,
il!t celle comm uniqu ée par M. le D. lsoar d : un
enfan t
ayant avalé un grain de raisfo dont l'intro ductio n
dans la
glotte eut lieu à l'insta nt, fut frapp é d'nne apopl
exie; il
était alors dans la rue et un marin qui passa it,
soupçonnant la cause de l'évén emen t, suspe nd l'enfa nt
par les
pieds, l'agite en tons sens, et celui- ci, à la suite
de tant
de secousses, et oprès avoir renda le corps étrang
er, se
trouve rétabl i comm e d'nne maniè re mirac uleuse .
Enfin, M. le D. lsoard nous a entret enu d'on gonfle
ment consid érable du pied et de la partie inféri
eure de
la jambe droite . Des catapl asmes émoll iens, ayant
été appliqués sur ce gonfl emen t, penda nt quinz e jours,
le font
beaucoup dimin uer , et on recon naît une luxati
on d11
tibia avec l'astrn gal et une fractu re du péron é dont
notre
confrère n'a point cru devoi r opére r la réduc tion,
ayant
redonté les incon vénien s qui pouva ient résult er en
pareil
cas de l'extension et de la contre -exten sion.
Nous pomT ions, Messi eurs , ajoute r à tant de faits
une
série d'observations moins intére ssantè s, il est vrai,
mais
qni, considérées dans leur ensem ble, devra ient être
mentionnées, si nous avions pour bat d'étay er telle oa
tellé
doctrine. Mais, outre que nous dépasserion& les borne
s de
notre rappo rt , nous pou vous réduir e à peu de mot:t
ce qae
nous aurions i1 dire à ce sujet. Or, le résult at de
la praliquc des médec ins des dispen saires fait voir qae
toutes
les doctrines.. médicales sont autan t de mines dont les
gens
de l'art reLire ront toujou rs de grand s avant ages,
alors
qu'ils auront ai.sez de disce rneme nt, pour faire une
ap-
�( 260 )
plication convenable des moyens qu'ils y auront paisés.
·La meilleure de toutes les doctrines est donc dans l'esprit
de chaque médecin, vraiment digne de ce nom, et c'est
ee que les membres clu Comité ont assez justifié par les
résultats qu'ils ont obtenus. N'allons pas, toutefois, pour
démontrer cette vérité, nous baser sur le nombre des
morts comparés à celai des malades inscrits dans le cou.
rant de l'année. C'est à une multiplicité de circonstances
indépendantes du service médical (et nous eu avons in.
diqué quelques-unes dans notre premier rapport), qu'il
faut attcibuer en grande partie la mortalité-; mais comme
rien ne saurait échappeir à votre vigilance, nous ne ferons
aucune représentation à cet égard ; nons craindrions,
d'ailleurs, de vous fatiguer par de longs détails, auxqneh
du moins vous reconnaîtriez des médecins zélés et dignes
sous tous les rapports de seconder des administrateors
instruits , bienfaisans et justement' regardés à Marseille
comme les anges tutélaires des pauvres souffrans.
~*~*S~9*~*~
CATALOGUE des Médecins des dispensaires de Marjeille,
en 1826.
Noia. li 0.:a été apporté aucun changement an catalogne (Voy. la
pag. 255, T. IX de ce journal) de 1825, si ci: n'est parmi les
membres du bureau.
BURE Â U.
MM- AYN! UD , Président.
Houx, P.-M. , Vice-Prés-'dent.
FoaCADF., Secrét1rire-gé11ùal.
NEL, Secrétaire-adjoint.
A V J S.
lA Société royale de médecine de Marseille décfdre
qu' e1i inséraµ.t dans ses Bulletins les Mémoires, Obser·
vations , Notices , etç., de ses membres soit titcdaires,
soit correspondans , qui lcti paraissent dignes d'être
publiés , elle n'a égard qct'èt l'intérêt qu'ils préserzte11l
à la science médicale; mais qu'elle n'entend donner niap·
probation ni improbation aux opinions que peuvent émettre
les auteurs, et qui n'ont pas encore la sanction gé11érn/e.
�BULLETINS
DE
LA SOCIÉTÉ ROYALE ·DE MÉDECINE
DE MARSEILLE •
.
•\,;\,'\.'\.'\.""'" "'\/\.'\.'\,'\.'\.,, \."'\.'\."'\"'\Il\.\.'\."\.'\.\.'\.""'\.'\."'"""""""'\.'\.'""
l'
•
OCTOBRE , NOVEMBRE
N.
0s
et DÉCEMBRE
i
825.
XLVI ;XLVII et XLVIII.
ux, par JI{. le docteur TExToms , médeciii
de la Marine; chevalier de l'ordre royal de la Légion
·
d'honneur, etc.
iruDE DES EA
( Septième et dernier Article.)
Eaux minérales ferrugineuses artificielles. - IJE fel'
est le métal qoi se rencontre le plos fréquemment
dissoot dans les eaux minérales naturelles. Les sonrces qui fournissent ces eaux sont aussi les plus multipliées; elles sont généralement situées dans des pays
froids, humides et marécageux qui les rendent peu propres à seconder les pffets toniques qu'on attend de leur
usage. Ces eaux oh le fer est amené à l'état salin var l'acide
carbonique, le sulfurique et même par le muriatique sont
exposées à de grandes variations dans l'énergie de leurs
propriétés médicinales , par l'inconvénient qu'elles ont
de ne pouvoir toujours conserver le métal en état de
dissolation.
Quoiqu'on découvre sonvent qu'elles contiennent de
faibles partions de fer. plus souvent encore, on le~ trouve
T. X. Oct., Nov. et Déc. 1825.
34
�( 2th )
inattaquables, même à leurs sources, par les réactifs <l'~.
ci1le gallique ou d'hydrocianate de pot_asse. Le contact
de l'air opère promptement sur elles, l'acide carlioniqoe
s·évaporant, le fer s'oxigène, se précipite en o:xide. La
même décomposition, quoique moins prompte, s'observe
aussi dans les eaux oh le fer est tenu en dissolution par
l'.1cide sulfurique; l'action de l'air, oxigène le fer qui,
abandonnant l'eau acidule , se précipite de même en oxide
et la propriété due au minéral est annihilée.
Cette facilité cle décomposition des eaux minérales ferrugineuses à lenrs sources, plus encore par le transport,
jointe aux influences nuisibles des climats d'oh elles sourdent, donne une supériorité d'avantages à l'emploi des
eaux martiales artificielles.
fu tout temps, on avait cherché de communiquer ii
l'eau les propriétés médicinales du fer. Déjà, l'art avait
obtenu cc produit, en faisant rougir au feu du fer oo
des clous qu'on plongeait dans l'eau, en réitérant ce pro.cédé jusqu'à ce que l'eau eut acquis la saveur da fer. On
préparait de même une eau ferrée en mettant à digérer
de l'eau froide sur des clous jusqu'à ce qu'elle eut un goi'1t
styptiqm'!. On obtenait encore one eau rouillée en ver.
saut ile l'eau aérée sur des morceaux de fer déjà recouve1·ts de rouille.
Aussi les premières eaux minérales fabriquées à l'imi.
tation des naturelles, dès le 17.e siècle, ont été IP.s ferrugineuses; plus tarJ, dans le 18.• siècle, le doctenr Priestley avait donné la manière d'imiter les e:mx de Pyrmonl,
Un plus heureux rapprochement de faits, dû aux progr~s <le la chimie, a ensuite fourni des moyem pour composer des eaux ferrugineuses plus analogues a celles cles
snurces. De nos jours, les eaux ferruginenses factices
offrent une préparation où l'art peut à son gré déployer
tous ses avantages.
L'al"liste e:.t maître de diminuer , d'augmenter 1 de
�( 263 )
préciser à volonté les principes minéralisateurs fixes qui
les constituent, tels que les carbonates el hydro-cblurates de soude , de magnésie , sulfates de soude el de
magnésie, d'alumine , de potasse et de chaux, et surtout
le fe1· à l'état de protoxide, de carbonate , de sulfate et
de tartrate, etc. ; il peut s'assurer des proportions el des
!lllantités de fer et d'acide c3.l'bonique et d'autres gaz
!Ju'elles contiennent, et les modifier de la manière la plus
convenable aux maladies qui uéeessitent leur emploi.·
Dès-locs leur usage, dans des lieux salubres et agréables,
dans une atmosphère chaude et sèche, promet des suc~cè~
plus assurés. ·
La quantité plus ou moins grande d'acidE' carbonique
et l'état du fer employé permetten! ainsi de préparer plusieurs sortes d'eaux ferrugineuses artificielles. Ces minéralisateurs doivent y être combinés aux sels alcalins dans
des proportions telles qu'ils forment une eau ferrugineâse
dans laquelle le fer s'y conserve en état <le dissolution,
sans qu'il s'oxigèae, et que la saveur d'ancre n'y soit pas
prononcée au point qu'elle ne puisse être hue sans trop
de répugnance.
Les e,.aux ferrugineuses artificielles, comme tentes les
préparations martiales pharmaceutiques , n'offrent pas
un égal mode d'action. Comme dans ces dernières , le:1
minéralisateurs doivent y être combinés de manière à ce
qu'elles possèdent les propriétés immédiates des divers
oxides ou sels ferrugineux. Le 1.;himiste peut dissoudre
dans l'eau distillée les différentes so]Jstances qu'on a retirées de l'analyse de celles dQnt on a examiné le résidu et
produire par la synthèse les diverses sortes d'eaux ferrugineuses connues. A. l'imitation des nalurelles, !"art peut
en former trois ordres : les excilanles, les toqiques et les.
astringentes. _
Oan11E [.er les excitantes. 1.'aual yse des eaux oh le fer
est tenu en dissolution par l'a..:ide carh~nique a toujours
..,
�( 264)
présenté des doses trop minimes de ce métal. L'évapora.
tion de ce gaz dissolvant, en occasione ane prompte
précipitation, bien évidemment prouvée par les dépôts,
les incrustations ferrugineuses, les graviers et les houes
n oires qo'oa r.encontre aux environs des sources. Celte
<lécomposiLion ne permet pas de s'assurer de la quantité
réelle du fer qu'elles peuvent conl~nir.
Les eaux de Pyrmont, de Spa, de Vichi, Châteldon,
etc. , qui n'offrent à l'analyse qae de bien faibles qnalltités de fer, ne pourraient produire, à la proportion d'un
grain , d'un demi, ou d'un dixième de grain, les effets
marquans, qni leur ont acquis la célébrité dont elles
jouissent. Il est probable qae, dans leur état synthétique
naturel, ces eaux contiennent ce minéralisateur en pins
grande proportion et dans un degré de mixtion identique
qui ne les Tend pas plus sensibles, pas plus désagréahles
au goût.
Les eaux imitées de celles de Spa, Fontaine-Pon hou,
de Pyrmont, de Vichi, Châteldon, Bussang et la Dominique du Vals, préparées de manière à ce que le fer
qui y est dissout avec d'antres carbonates alcalins, s'y
trouve avec surabondance d'acide carbonique, sont des
eaux excitantes toniques.
Les compositions suivantes peuvent servir de protoformnle aux eaux ferrugineuses excitantes.Eau pure, vingt onces ; acide carbonique, six fois le
volume ; carbonate de soude, trois grains; carbonate de
maguésie, cinq grains ; carbonate de fer, cinq grains.
- Eau pure, vingt onces; acide carbonique, cinq fois
le' volume; carbonate de fer' trois grains; hydro-c.:hlorate
Je soude, deux grains; carbonate de magnésie, dix grains;
sulfate de maguésie , six grains.
ÜBDRE U.e Eait:x: ferrugineuses artificielles toniques.
èet ordre coml'rencl les eaux martiales simples ; le fer y
est dissout par l'acide carbonique sans que ce gaz y soit
en excès.
�( 265· )
Les eaux martiales imitées de celles d'A11male, <le-Gondé,
de Forges, de Boulogn~, <le Goarnai, deProvios, ·el<:.,
préparées de manière à ce <1u'elles contiennent da carbonate de fer sans excès d'acide cnrho.niqoe, forment les
eaax martiales artificielles toniques. Elles peuvent être
composées d'après la formule suivante:
Eau , vingt onces; acide carbonique, ·de deux à trois
fois le volume; car1Jonate de fer, trois-grains; sulfate de
soude, huit grains; bydro-chlorate de soml-e, trois grains.
oii - Eau pure, vingt onces; carbonate <le soude, cinq
grains; gaz acide carbonique , deux fois le volume.
ÛRDRE III.• - Des eaux ferrugineuses artificielles astria•
gentes. Cet ordre comprend les eaux martiales minéralisées par l"l prolo-sulfate de fer et le tartrate de fer.
1'elles sont les cani> de Passy, de Segr.ay, <le Sermaise,
d'Alais, de Vals, de Cranssac; celles de la Guadeloupe,
etc. Les eaux naturelles minéralise:es par Je sulfate ou le
tartrate de fer sont ordinairement combinées avec des
carbonates et des 8nlfates calcaires et de <lifférens sels
hydro-chloriques. La préparation suivante présente la.
combinaison la plus propre pour former une eau minérale martiale astringente: eau distillée, vingt aoces; sulfate de fer , cinq grains; sulfate de magnésie, un gros -et
demi; tartrate de soude, demi-gros.
Dans la riunion de ses pTiocipes minéralisateurs, l'aciJe
sulforique du sulfate de fer se combine avec 1-a soude du
tartrate de soude et forme du sulfate de soude; l'acide
tartarique qui , dans ce cas , reste libre, s'unit au fer et
forme le. tartrate de fer, combinaison -qui ne se décompose pas dans l'eau. On peut y ajon'ler, selon le besoin,
du sulfate d'alumine.
On administre cette solution en en mettant nne cuillerée à bouche dans an verre à boire qu'on remplit en•
suite d'eau tiède commune. On en administre plusieurs
verrées dans la matinée 1 suivant les indica1ioos. On peut
�( 266 )
aussi préparer une eau ferrugineuse artificielle astringente en faisant dissoudre dans l'eau pure par le moyen
du gaz acide carbonique, des sulfates d'alumine, de fer
et de chaux et en y :ijoutant de l'acide sulfurique.
Eau distillée, vingt onces; sulfate de fer, quinze grains;
sulfate d'alumine, huit grains; sulfate de chanx, six grains;
acide sulfurique, cinq graius; gaz aciùe carbonique, une
nu>itié de volume.
Les eaux ferrugineuses artificielles doivent être limpides, imprimer au goût nue sensation cl'astriction et de
stypticité; ces eaux traitées par l'alcohol gallique, donnent
un précipité purpurin qui passe bientôt au bleu noir;
par l'instillation de l'hydro-cianate de potasse : elles forment un dépôt hleuâtrP.
Les eaux ferrugineuses préparées av.ec le seul métal
qui, n'ait rien <le nuisible , offrent à la médecine un
moyen thérapeutique très-énergique, auquel elle doit
souvent les plus grands succès.
Le fer comme partie intégrante de l'organisation animale, est une substance importante à considérer; ou le
trouve dans le chyle, dans le sang et dans les solides qui
sont vivifiés par le fluide. Galéati et Menghini ont fait des
expériences qui prouvent que ce minéral se rencontre
dans le sang d'une personne saine et de moyen âge, dans
les proportions de deux scrupules par livre. Déyeux et
Parmentier ont ohtenu les mêmes résultats <le leurs ohservatior.s. D'après les expériences de Rouelle, Fourcroy,
Véyeux et Parmentier , la partie colorante du sang séparée de la fihrine, semble être une dissolution d'alhomine el de gélatine , à laquelle est mise une grande quantité
de fer. Fourcroy a réduit cette quantité de fer de la
matière colorante à un millième; llfengliini assure avoir
obtenu un scrupule de substance ferrugineuse de deux
onces de résidu de la partie coloranle du sang après
l'évaporation de l'eau. Cette matière ]Jrûlée dans on
�( 267 )
creoset onvert , par Berzelius, a lais~é one qnantité con-,
sidérnble de cendres rougf's plus ou moins riches en peroxide de fer.
-Ce métal se pr1;sente comme un médicament fort analogue à l'organisme; il est une des substances dont on doit
croire plus particulièrement l'absorption par les voies
digestives, à raison des phénomènes qne son osage pro·
duit sur le sang. Quoiqu'on observe dans l'organisme des
produitsnonveanx, tels qne l'ammoniaque et le phosphore
qui se développent dans la composition des ani.manx sans
qu'on lrs rencontre dans les ·substances végétales dont
ils ont été nourris, ces phénomènes, 1lus an fer, semblent
ne pouvoir exister sans la présence effective de ce métal;
ils résultent trop évidemment de son emploi immédiat ,
pour que nous ne nons occupions pas d'abord de l'application de ce médicament sur les voies digestives , sans
nou~ enquérir auparavant, s'il peut être un produit de
l'organisation.
Le fer comnmniqne one couleur plus vermeille au sang
des personnes qui en font usage. Si l'on rapproche de ce
phénomène l'opinion des chimistes , tels que Brande et
autres, qui croient tirer de leurs expériences sur la
nature dn sang, la conclusion légitime qne la matière
colorante de ce liquide est formée d'une substance animale en comlJinaison avec le peroxide de fer, il semble
en résulter que l'usage des prép11rations ferrugineuses
dépend .de ·ce que des parcelles de fer ont pénétré clans
le sang et ont augmenté les proportions de cette partie
constitaante cle la. matière colorante. Cette conclusion
analogique deviendra no résultat deg faits directs.
Menghini a vu le sang contenir réellement plus de fer
après l'usage de ce métal. Lorry, Gmelin , Tiedeman ,
ont observé qne l'urine des personnes qui prennent le
fer ùans nn état cl'extr~me division, se colorait en noir
par une infusion cle noix de galle.
~,
�( 268 )
D'antre part, Mayer noos apprend qn'arrès avoir
nourri on chien pendant cinq jours :ivec du fpr, il tua
ce chien à la suite d'un fort repas, le cinquième jour.
A son ouvercure • il irencontra assez de chyle pour en
retirel' un gros' a. soumit ce chyle à l'action des réactifs
et une préparation mt:me de soufre, ne put lui fournir
àucun indice de fer. Il en conclut que le fer , pris par
les voies de la dige~tion , ne passait pas dans le sang.
Tflrige-, après avoir. fait prendre une once et demie de
sol:fate de fer à un chien, ne put découvrir aucun alôme
de ce métaJ dans· le canal thorachique.
Dans l'indécision néces~aire entre ces deux ordres de
faits, également attestés , il ne reste qu'à chercher la
vésiLé par de nouvelles expériences.
Expérience 1. - On mêle dans les alimens donnés à
un chien , an gros de sulfate de fer hien pulvérisé; une
heure et demie aprèi. l'ingestion , léger vomissement. Il
était probable qu'après ce temp~, le vitriol n'avait pu
être rejeté ï mais on injecta de sui te par l'anus quatre
l;l'dS de J.a, même substance dans du lait, il y eut évacuati~n alvine demi - heure après ; alors' on fit clissoudre
encore une once cle sulfate de fer dans du lait~ ou l'in.
jecta par l'a11us et on empêcha son évacuation. Une
lieure et demie s'étant écoulée, 'on tua le chieo. On
olltint cinq gros de cbyle· du concluit tboracbi'Iue. Ce
chyle fut divisé en deux portions, à la première desquelles
on ajouta d'hydro-cianate de potasse , et à l'autre de
Y.alcohol de noix de galle. Il ne s'y manifesta aucun
chomgemeot de- couleur : l'urine et 16' sérum se comportèrent de m~me.
Pour juger de la présence du sulfate de fer dans le
.chyle , on mit un sixième de grain de ce sel dans
cliacune des portions. Le mélange le découvrit de suite.
Expérience U. - On laisse jeûner un chien pendant
plusieurs jours ; on lui fait prendre deux scrupules Je
�( 269)
solution de sel de mars par la bouche , tanJis qu'on en
injecte demi--0nce par l'anus en les mêlant avec suffisante quantité de lait ; dix-huit minutes après , légers
voinissemPus ; le chien éprouve un violent tenesme sans
pouvoir évacuer ce que contient le rectum. On tue ce
chien une heure et demie après , et on lie le canal
thoracbique. Quand ce canal esl rempli , on l'ouvre et
on reçoit une quantité assez considéralrle de chyle, aucun
des réactifs dont nous venons cle parler ne donne de
changement de couleur au liquide , il n'y eut qu'on
coagulum blanc , déformé par l'alcohol de noix de
galle.
Mais en prenant les glancles mésentériques de ce chien,
en les ouvrant et en les plongeant dans les réactifs
indiqués , lles changemens marquans sont produit~.
L'alcohol de noix de galle les rend noires, et l'bydrocianate de potasse bleues. Première preuve qne ces
glandes contenaient du fer ; mais ce fer pouvait provenir
de l'instrument avec lequel on les avait ouvertes , de
qu~lques atômes de sel de mars mêlé avec l'eau. Les
mppositions sont détruites, parce que la substance interne
seule de ces glandes présentait ce changement, et d'ailleurs, six fois ces glandes_ ouvertes sans instrumens métalliques , ont offert les mêmes phénomènes.
Ces faits semblaient indiquer, que l'expérience sur le
chyle avait été commen.cée trop tôt et avant qne le frr
eût le temps Je pénétrer dans le canal thorachique; il
fallut tenter de nouvelles c-:\périences.
Expérience III. - On fit jeiîner on chien pendant
deux jours. Demi-gro~ de sulfate de fer fut dissout dans
le lait et donné au cbien qui n'en prit qu'nne partie.
On injecta demi .. once de la même substance dissoute
Ùaos le lait, par l'anus. L'animal ne fat tué que trois
heures et demies après. l .e cbyle fut ramassé cornn'e
35
T. X. Oct., Nov. e~ Déc. 1825.
�,
( 270 )
clans l'expérience précédent e , et les mêmes réactifs
employés ne donnè1·ent aucun changeme nt de couleur.
Les glandes mé~entériques, au contraire , présentèrent
les mêmes changemens que ceux du chien précédent 1
et on obs,erva une coulenr plus foncée à la partie du
mésentère placée entre la glande et les intestins. La
Jiqnenr obtenne du canal thoraehique n'était point d'une
couleur blanche bitense comme dans ]es autres expériences ; elle ressemblait à du sérum légèreme nt teint
de cruor.
Dans ces expérienc es , le chyle du canal thorachiqne
n'a jamais paru contenir du fer à quelque époque que ce
_fut. Mais il fallait encore s'assurer si le fer dont l'exis.
. tence était reconnue dans les glandes mésentériques, y
venait par absorptio n ou s'il n'y était déposé que par
transsud.'.ltion.
Expérienc e IV. - On injecta de nouveau demi-once
de snlfate de fer dans le rectum d'un chien; il fut tne
deux jours après. On enleva de suite et avant qu'aucune
transsudation put avoir lieu , les glandes mésentériques,
Plusieurs forent mises dans les réactifs, tandis qu'on en
mettait d'antres dans l'eau pour servir de terme de comparaison. L'alcobol de noix de galle donna anx premières
,une coulenr noire qui néanmoins n'était pas si foncée que
dans les expériences précédent es. L'hydro - cyanate de
potasse n'y produisit aucun changeme nt de couleur 1
'excepté à une légèrè portion du mésentère qui adhérait
à une glande. Le .chyle pris du canal thornchique ne
paraissait contenir aucunem ent de fer.
ll pouvait se faire que la couleur noire provint de
l!actio~ de l'alcohol de noix de galle , indépendam·
ment de tout fer. On prit plusieurs glandes ruésentériques d'un chien qui avait servi à d'autres e~périences,
mais qni n'avait pris ancnne préparati on de fer , elles
n'offriren t pas de changem ent de couleur par l'alcobol
de noix de galle.
�( 271 )
C'était donc bien do fer qni existait dans les glandes
mé;entériques.
Mais il résulterait lle tontes ces expériences que lé fer
ne va pas plus loin que ces glandes; qu'il n'arrive pas
an c3nal thorachique, et surtout qu'il ne pénètre pas
dans la circulation par l'appareil chylifère.
Cependant Autenrieth ayant répété les mêmes exp~ ....
riences sur le chyle du canal thorachique , en avàit
obtenu les mêmes résultats, mais Autenrieth poussa soa:
travail plus loin : il prit clu sang 'q u'on sait co1itenir a
peu près la vingtième partie de son poids de fer , il l~
soumit à l'action cles mêmes réactifa , et ne put reconnaître la présence du fer dans ce liquidé. Il pensa
dès-lors que le fer ne se manifestait pas à l'action dei
réactifs les plus puissans, parce qu'il était trop intiifH!·
ment uni à l'alkali du liquide ; il y versa un acide 1 et
";
obtint la préseqce du fer.
Cette application faite au chyle détruit l'opinion qn'on
aurait pu tirer des expériences de rVig~h et de Mayt!r,
qu'il n'entrait point de fer dans le chyle. L'incinér~tion
du caillot du chyle a d'ailleurs fourni quelque.s tra~es
de fer, qui, à la vérité, pouvait y être parvenu par des
couloirs d'un ordre différent. En effet, des expériences
prouvent qn'il est d'autres voies par lesqnelles le' fer
peut pénétrer dans l'organisme et parvenir au canal
thorachique. Gmelin , Tiedeman , apnt administré du
carbonate de fer à des animaux, cette substance fut
immédiatement ahsoFhée par les nombreuses veines
qui plongent dans le mésentère, et ~ à l'ouvertu'.re des
animaux, ils la retrouvèrent dans le sang des veines
spléniques et hépatiques.
Des recherches exactes ont plus récemment annoncé
qu'une flareille absorption de composition animale pouvait encore s'opérer par d'antres voies. Selon Everard
Home, la rate est formée de · vaisseaux sanguins dont
..
'
�( 272 )
les interstices sont remplis de sérum ét de maLière colo.
1·ante du sang qui s'échappe de l'orifice des veines, sur.
tout pendant la digestion, lorsqu'elles sont dans an état
<le turgescence et de distension. Ce sérum tenant eu
!>uspension des particules coloranles est ensuite imméiliate,ment porlé au canal thorachiqne par des vaisseau1
lymphatiques qui de la rate se rendent directement à
ce conduit.
· La dissectio1' du -pancréas des haleines a aussi montré
que cette glande est composée de petits :mes dans lesquels se rendent des vaisseaux lymphatiques doot les
afférens s'y portent de tous les points des premières
voie$ , et les efférens se rendent directement au canal
thorachi,qne.
Les vaisseaux sanguins et les nerfs qu'on ~ trouvés
dans ces petits sacs, les ont fait comidérer comme des
est<>macs secondaires , destinés à élaborer les socs chimeux
que leurs radicules lymphatiques, au moyen de leurs
suçoirs, puisent dans la spongiosité des premières voies
pour qu'ils soient ensuite transmis , ainsi animalisés, au
réservoir du chyle par un autre ordre de vaissrnux
lymphatiques.
Ces observations ana~omiqoes concordent et sont analogues ave<r celles que MM. Gmelin et Tiedeman out fait
snr la rate d'une grosse tortue oh ils ont bien évidemment remarqué que, tous les vaisseaux lymphatiques de
l'al}domen aboutissaient d'abord à la ra le, ponr aller
ensuite se rendre· at1 canal thqrachique ; ces expériences
réitérées leur ont démontré que , peada·n t la digestion
et la chylose , les vaisseaux lymphatiques <le la rale
étaient tous gorgés d'au fluide roaged.tre qu'ils trauspor·
taient immédiatement dans le canal thorachiqae.
Pendant que l'appareil chylifère paraîtrait en qnelqne
sorte se refuser plus ou moins à l'absorption des matièrei; qui ne peuvent acquérir l'homogénéité qu'il re-
�( 273 )
quiert que par le rnélaage et l'élal>oration c~mbiné'é
ai·ec d'autres sucs; pendaat qotils se refu~ent à Ji verses
absorptions acci<lcutelles , les rt'lalières qui péaèt'rent
l'organisme sans subir les complé\nens de l'assimihtiun
chimeuse, et conservent plus ou moins \en'!' 'nature, v sont
introduites, soit par l'absorption veineuse mésar;ïque,
soit par celle des lymphatiques de la rate et tlo pancréas. Ces vaisseaux se chargent plus spécialement ·des
produits des ahsorptions externes qui doi'l'ent servir à
la réparation des pertes diurnes on évealltelles qu'éprouve
la matière colorante do sang. Ils en paisén't lr.s pt"incipes
et surtout l'abondance iles molécules ferruginenses (1)
dans toute l'étendue du système digestif; Ù les élaborent,
les comhinent en un 'fluide d'apparence gélatirreuse 1 tenant en suspension des corp·uscules sphériques , réguliers, gélatineux, de couleur rosée. Ce fluide qui pat:dt
être l'éfément primordial de la matière colotii'nte -dà
sang, est versé par les lymphatiques nffét>ens de ·ces organes dans le canal thoracliique oh son mélange pet'fectionne le chyle et commence à foi donner l& couleur
rosée.
Quoique nous ne puissions décoavi'ir aucun rapport
entre le sang et les ' matériaux avec lésquels ce liquide
vivant est fait; quoique, dans· ce produit fond:unental de
l'organisation il n'y ait rien de conforme ,aux fois de la
chimie , il est certain que le fer qui entre en grande
(1) M. Cadet ayant fait des observations sur l'analyse chimique de quelques alimens, reconnut que les cli'vé-rs chocolats
contenaient une assez forte proportion cle fer. Il réiti!ta ses
expériencP.s avec soin pour savoir quelle était la proportion
de ·ce métal que la fabrication introduisait dans le •ohooolat:
il s'assura qu'une livre <le chocolat contenait trente six grains
de fer; cette p;oportion l!t!jit le minimum. ~insi , une personne
qui prend tous les jours Ûbe tasse de chocolat , a ingéré , au
bout de l'année, deux onces deux gros de for.
�( 2
74)
proportion dans la composition de cette liqueur animale
par excellence , a une influence essentielle sur sa crâse,
snr les qualités des matériaux du développement du corps
vivant, sur celles des sucs réparateurs qui en sont secrétés pour son entretien et sa conservation. Ce métal
influe surtout sur le développement et l'énergie des
fluides divers qui émanent du sang et dont la distribu.
tion et les courans étalJlis dans •tons les points de l'organisme, y produisent l'évolution de la chaleur, y dé.
terminent le mouvement, qui sont les conditions qui
constituent la vitalité.
Le fer à l'état métallique n'est pas même un médicament; il n'offre ancnne propriété thérapeutique, capable
de déterminer des médications. Les préparations martiales
ne paraissent agir qne par l'impression corroborante
qu'elles font sur les tissas vivans. La couleur noire
que leur usage donne aux excrémens , atteste qu'elles
se prêtent faiblement anx solutions des 6i;ics digestifs qui
en faciliteraient l'absorption.
Le fer, ingéré en état de dissolution dàns les eaux
minérales, présente des rapports plus étendus ; tous les
points de l'estomac , et surtout les bouches des vaisseaux
courts, sont pins en contact avec ses molécules; les sucs
gastriques et intestinaux ont moins de difficultés a agir
snr elles , à les mélanger , modifier , à lenr imprimer le
premier cachet de l'assimilation qui les rend aptes à
pénétrer les diverses voies d'absorption et les prépare a
se combiner intimément avec les liquides vivans, el Y
produire des cbangemens de mixtion très·-salutaires.
Lorsque par l'usage prolongé des eaux minérales fer.
rngineases artificielles, le fer entre ainsi clans le mélange et la combinaison des matériaux étrangers qui'
soumis à l'élahoration dé11 organes, sont chang•;s en fluides
animalisés, sa présence accidentelle dans les liquides
'7ÎYans coopère-li:ce degré de consistance qui établit leur
�( 275 )
mode normal. Dans divers états pathologiques , les effets
marqaés de ces eanx , en cédant an sang les principes
qui les minéralisent , sont de rétablir dans tontes le.:. molécules organiques , ce degré habituel de cohésion et de
fermeté qni a été appelé force tonique, Cette propriété,
iodividaalisée dans le système moteur, a été caractérisée
par le phénomène particulier, nommé activité, énergie,
musculaire.
Dans la chlorose , le fluide vital, qui , chez tous les
animaux à sang chaud , a une couleur rouge plus oa
moins intense, est décoloré. Le procédé morhifique de
celte affection consiste dans une altération de la mixtion
du sang, dans un vice de cohésion , dans un manque de
principes dans la combinaison da per-oxide de fer et
de la substance animale qui constituent la matière colorante de ce liquide d'oit résultent la pâleur de la peau,
la faiblesse, l'inertie et la langueur des monvemens des
oïganes , et par suite, un moindre développement de
chaleur et une diminution de vitalité dans l'efüemble de
l'organisme.
Dans cet état pathologique , les meilleurs moyens curatifs sont ceux qui tendent à faire pénétrer et fournir
a la masse da sang les proportions de substance ferra- ï
ginease dont elle est privée. Ici les eaux minérales artificielles offrent tous les avantages des préparations
pharmaceutiques martiales, et les dépassent en ce que
elles peuvent plus facilement f aire pénétrer dans les
secondes voies des doses suffisantes de fer dissout par
l'a cide carhon.iqne , et dont les molécules soient extrêmement divisées. Ces molécules ferrugineuses y sont
élaborées, réduites à l'état de per-oxide et réunies anx
autres principes qn i ct1nstituent le cruor do sang. Elles
se mélangent avec l'éther électrique ' le phosphore' le
roufre, le calcium, etc. Dans cette combinaison , ces
priocipes s'unissent entr'eax en .différentes dispositions
�( 276 )
et suinnt des proportions diverses. Ils sont convertis
pal' le mouvement organique en une masse homogène,
hydrogèno~azotée, qui ne retient pins rien d'égal, rien
de semblable aux. élémeus dQnt elk provien~, et forme
la combinaison intime et globlllaire qqi rcitalillt 111 matière
colorante dn sang dans son élat normal de composition
déterminée. :Dès...-lors, la pâ\eiir • le froid des parties se
dissipent , l'énergie vitale , le développement de la chaletir s'établissent gr:id11ellement, en raiRon de l'augmentation et de l'abondant~ formation des particules rouges
du sang; une c1>loiiation marqné.e se prononce, et tous les
phénomènes de la chlorose dispa11aissent.
Spallanzani a observé qqe la 11areté des pal'!Ïpules glo.
bulaires rouge11 du sang était en raisop du manque
d'énergie des animaux soumis à ses expériences.
Le~ effets évidens· de la mixtiOfl du fer opérée par l'a11imalisalt'ion sont, dans ce cas, indépendan~ de \'action
stimul~nte de ce· minéral, ils repdenl l'emploi des em
ferrugineuses très-salutaire après le& grapcles perle~ ile
sang, dans l'anémie , chez les personnes affaibli!!.S par de
Jon&ues maladies; chez celles qui ont un sang appauvri
et Jétérioré; mais pendnt1t l'iugestiqn de ces ~;iqx ain~
mi11é1•alisées, le fer à l'état libre, .avant ll'.être co1Dhiné
pvec la ma~1ère apirnale, ex.erce des phénomènes thérapeuiiqµes snr les tissus vivans qu'il est essentiel de dis·
tinguer.
Les eau:x: martiales oh le fer est di~soot par une soral>on<l~nce d'acide .carhonique sol)l trM-excitantes. Elles
.po,rt.ent à l;l t~l;e, .c~usent une sorte d'hilarité peu de temps
après .qu'on les a i>r~ses, et el)sui.te des ve'rtiges et m~me
l'asso.upissement. Op les boit à .la do.se dit trois ou qoal!ll
verrées et pn J!ogmente .graduellement cette quantité selon
les circopstançes. Ces eaux, en agissant sur \es membra·
nes villeuses, sur le~ nerfs pneomato-gastriques et inter·
costaux "de l'est-OJnac et du tube intestinal, en susciteol
�( 277 )
la mobilité cellalai.re e,t mo~~Sttll\i[~,.,, raniment la sensibilité et L'activité de l'aP.parail digestif, excitent l'appétit
et Les fonctions des Qrganes assirnilafenrs; elles conviennent au;K estomacs ,faibles par les degr.és de dissolnhilité
qu'elles peuvent leur imprimer. Elle~ sont utiles dans les ,
langueurs des digestions , dans la Jisphagie, les aigreurs
des premières voies, ,le hoq.u et, Jes .v.omissemens nerveux
et chrooiques, les éructations nidoreuse.s, les borgborismes, les coliques venteuses, les diarrh°Ëles invétérées. '
Ces eaux pftSSant des , vpie:~ dige.stives daWJ~ torrent
circulatoire .y motivent l'.eX:~jte1').\~2t. carcliaq~1e et celui
des tissu~ vasculaire~ ; les retiqmt de l'inertie dans laquelle ils sont s1;1sfep~i-bles d~ tomber ·; augmentent la
force da pouls; le développe,nt et le r~ndent moins fréquent
et plus régulier • .déterminent,. s.n.8cit~nt one pins grande
évolution de chaleqr ,,et dissipent la -faiblesse universelle.
En activant la vitali~é. èe l'app~reil utérin, elles deviennent
utiles dans l'aménorrp~e, elles so9t aussi recommandées
dans les débililés des membranes muqueuses, Jans les
fleurs blanches, les catarrhes chroniques de la vessie, dans
l'énurèse des enfans , qu'un vice de sensibilité et de contractilité de la vessie empêche de percevoir l'émission in'l'olontaire de l'urine, pendant le.sommeil; elles conviennent encore dans le~ cas de grav.e}le e.t de goutte invétérées ; Çans les sappnrations du foie, des reins, de. l.a
vessie et dans les convalescences accompa.gnées d'un éti,t
de langueur.
Ces eaux factices toniques oh le carbonate de fer u~i ai:carhonate ùe sond~ et autres sels alcalins, est dissout paf
l'acide carbonique sans excès de ce fluide, offrent uQ gen1;e
de médication, dont les effets plus lents et plus fixes, s'.a ccommodent d'avantage à la chronicité de cer.lains Jtats
morbides.
Lorsqoél'influence rle di verses canse" nui~ibles continuê
T. X.
Oct., Nov. et Déc. 1825.
,.
~6
�( 278 )
telles que la s~;ppt,e_ssfoir,de.la tfaô~piration et de la soenr,
1es mou vern~ns rétrdfràlt~J ~fü t!~s m·a tfères de la péri phéric
sur l'estorttàc et lès iot~!ttins, qu'une mauvais.i nourriture'
èl~s aff~ctions dél'à'me tristés,• eté.", Ont frappé ces organes
d'atonie, et a me.né I.e r~lâcpêment'lfe leàrs'criptes muqueux,
il ' s'y Eltahlit des Jmas de matières épaisses, gluantes, in;fpid~s g_Üi s0âttagfié'nt':1 X' pa'tois •cl'ê ces viscères, ces eanx
nlartia1es e~ sciscitani directement le ton organique des
voies digestives, clÎssblv~nt · e.n favorisant l'éjection, déta.
chent, erile"veut les muc-Ôsités qtri les tapis'sent'et rétablissent
f
1
~
leurs fonctions par l'us'agé, contioo.é de dès eaux toniques;
le carbonate de fer et 'autrbS sels alcalins avec lesquels on
1'ês prépare, pass~n(dans les voies de la ·circulation,
excitent l'énergie ~asèu.laire ' corroborent lé tissu débilité
et llÎsteodu des. · ~fi i~ilux de~ , organes tuméfiés et en1
g'orgés, y favorl~ent lë nl:~oveme'nt 'des liquides stagnans,
et s'opposent anx é'pdnHi'etnens sér1Mx:' qu1 pourraient
en résulter. Ainsi , c'e's ' éaux conviebrient clans les ohs'trhptio~s du foie '; êle. la rate, dab'S t6us les engorge~riêos des visêêr'es' ," alldominaux et · autres infarctus
"gi.indg!aires. ·"
_._ L'action des' màlécules de fer, en ,fortifiant · ainsi les
-ti~~us', l-eod à · tous les organés leur toni~ité , et rétablit
:'fonctions séc~ét~h·es ~t e~halante~. Leur effet ~ur le
sy~tême lympbauqne active l absorpt10n et produtt des
ch~ngemens marqnés chez les malâdes atteints de bouffissures générales , d'anasarques; dans les · hydropisies
~gsen(ielles , les œ<lèmes invétérés, les' às'cites confirmées;
.elfes sont son vent employées avec succès dans les écroue].
'é~ ; la tympanite , dans les fièvres inteTmittentes, l'asth-me, etc.
' Les changemens de composition dans l'organisme sont
rée\lemeut produits par les eaux ferrugineuses. Leur
'ubg'e côntinné produit bien évidemment ce degré habita.el c:\é fermeté et de consistance 1 celle augmentation
;ys
�~
2
79 )
d'action nerveuse qui raµiène l'ordre normal des fo.o,e~V,µ11
orgauiqae3 ; il est ·éminemment salutaire dans lès }aihlesses générales , dans divet·ses névroses , dans le~, tremhlemens des . membres, dans les débilités des extrêmité~
qui résalteQ~ des ·grau.des évacuati~ns et de celles ~?:\:
suçcèill;ln,t à )a paralysie; dans, l'anaphrodysie , la ~té,ri)j,tÇ,
r
1
le tic dguloureux i etc.
. lies eau_;ito·feffugi1~eas~s . a~trùigentes ~inér~lisé.~~ rJ'.~~
\e,,pro~o-sulf~t,e, cl,e Jer ou ~e tartrate de fe.r ; ·n;iêi~i; a'-.1,~
§l!lfo.teull~~uD,)in~. , de magnésie, de -potas5e, de ~b~ux:,,
à J'àci9~· s,uJ;(µriqt~è, présentent an ordre de fl?oyen~
thy~pei,i~iqq~ JJ..ui, agissent sur les organes en a,ugnw~.;
tant le re,sscr.remient fibrillaire cle leurs ,ti~sus et cel~i,
1,
,
deJ> vaisse~GJ.1 , qui.~~ s , p~nètr~ot.
Ces eaux ferr.uginéuses sulfatées , te.Ues que la nawi;i:,
les· four.nit da~s les sources d!'l. Passy , A.lais , Cransac ,
Segna.y 1 SPrn aise 1 Vals, etc., sont quelquefois un i j?~ll.
trop fortes pon,r être prises en boisson. Si ~lies n;~lajti~f.
pas modrfiées . par l'épuration, elles . agiraient à la1ll. maJ ,J.h
, i·ir.·i • 1
..,1
nière des a.stringens .actifs,
La composition basée d'après les proportio.t;ts ~'oi;y~p~~s
rte principes minéralisateurs, peut fournir., pour, l'~~,ge
interne , U!ltf eau ferrugineuse astringimtE(. •tB~H ii0fHP15 .
plir è!i~erses.. .inqic.ati?ns. L'artiste peut, d'aill~ur!! eqtout temps, a1:mqrter dans la prépara~i~n de ces .e~g~
les modilications convenables,, d'aprè~. li:s.Lf.ormu~e~; g~
,
médecin et les différens états des r maladies.
• .deux,
fo~
de
sulfate
;
onces
vingt
pure,
Prenez : eau
grains et llem~ ; sulfate de magné~ie, vingt grains; sulfate
cle chaux, ''ingt-cinq grair.s; s~lfated'~\umiM, huit.grai1,1s;
muriate de soude , di:s:: grains ; aci~e sulfurique,,. cinq
grain~; gaz acide ca~·boniqu~, q_l)~ ,(ois I.e volnme~ On
hoit une ou· plusieurs ''errées dti..,cette eau l~ matin à
_
jenn 1 selon-les .indications.
Les eaux martiales. aslringi:,n{es fa'ciices p~avent être
•
.,J
'
t'
�( .280 )
f>~ployées avec snccès dans toutes les affections qai dé-
pendent d'nn vice de cohésion moléculaire c!es solides.
Elles éonviennent dans les grandes faiblesses du système
vasculaire , qui n'offrant pas assez de résistance à l'imptrlsion des fluides ' cède à l'extension, se tonipt et
tfonùe lieu aux hémorragies passives : leur usage est
utile dans les flux hémorroïdaux exce~sifa, l'hématurie
c'b~oil\ ~ue, ia ménorrhagie, etc. dans' le, pjrosis,.. le scor.
Ha't , 1à "c'oliqae des peintres, la dyssè'nteri~ ' chro'l'liqM,
1
ââns· t 6ates les maladies produites par ÏW • relacl'i'em~ttt
<1es voies urinaires et des org.mes séminaJ~ 1;'- dans l'in.
ë<Yn'hnence d'nrine, le diabètes , les gbno11rh~ès ditës
sebondaires, les fleurs blanches' les pollnctions nôct~rnes;
dans les fièvres intermittentes à type-quarte; dans ·les
c?~n'~liles?ences prolongées.
·
'
'On recommande encore les eaux ferrugineuses as~rin ~
sentes. à l'extérieur ' en lotions ' en. injections et en
d&a~h~s' , dans les engorgemens indolens des gencives,
avl!î! \{émorrhagies. passives; dans les ulcères scorbutiques,
les variqueux et les atoniques; dans les fleurs blanches'
fes clfates de matrice, du rectum.
~fès .eaux ferrugineuses artificielles exigent une grande
cir'êonspectiori élans leur préEaration et dans 1eur emploi.
ta mixtion de leurs principes minéralisateurs doit êire
orlionnée d'après les iodicaticus déduite:; des divers
ë;ats morb.ides. Elles sont généràlement uuisihles aux
tem péramens secs èt bilïeux, aux p létl~oriqués, aùx femme~
enceintes, ~ux per~oori~s dont la poitrine est·clélicate. Ces
eaux excitant vivement les mouvemens circ~latoires, sont
contre-indiquées dan_s les h~matémèses ou hémoptysies,
dans la fièvre Hectique, dans la phthysie et dans toutes les
lési<?nS de tissu deb organes. •
'
,
· Les 'J>ersonnes· doâées-d'un excès de sensiJ,ilité, les hystériques , les hypocondriaques doivent ne les prendre
qll'avec précaution' ~t en cesser l'usage dès que les phé-
pr6
�(
28l )
11 omènes d'excitation vive qu'elles produisent assez souvent,
·
commencent à se manifester.
Eaux /iytlro~fuljureuses artijici~lles. - LE soufre et
l'hydrogène en l'ètat de sulfure alcalin , sont les deux
principes qui caractérisent principalement les eaux hydro-su)foreuses.
Le soufre s'unit rapidement à l'hydrogène, et fornte
avec lai une substance composée <l'un atôme du premier,
et tl'un atôme du second, appelée gaz hydrogène sulfuré
on acide hydro-sulfurique. On obtient ce fluide pur en
faisant digérer du sulfure d'antimoine en poudre, dans
l'acide hydro-chlorique.
L'eau absorbe rapidement le gaz acide hydro-s.ulforique.
lOo volume de liquide prennent environ 253 vohtme de
ce gaz à la température de 10 degrés centigrades.
La préparation des eaux hydro-sulforeuses simples-, s'opère en chargeant l'eau distillée de 1jS ou de 11•~ de volume de gaz acide· hydro-sulfurique. L'eau ainsi imprégnée de ce fluide e;t sans couleur ; elle a l'odeur fétîde
du gaz, qui ressemble à celle de l'œuf pourri, et une
saveur douceâtre, nauséabonde; elle rougit les couleurs
hleues végétales, etc. Lorsque ce liquide est 'exposé a
l'air, le gaz !Peri dégage par degrés.
Dans la corupositiôn des eau:x hj•dr.o:.snlforeuses, la
comhinai:so_n de l'hyl\rogeue sulftlré1, eixigc ~né grande
circonspection-; l'hydr@gène co.Ùstitlre lé principe. acti1 ,.
ou excitant de taus Urs .·corps de• la. nature. 'l'.ous les
corps· extérieurs à l'aotion desquels l'organisme est
soumis, agissent en stimulans positifs, lorsqae. l'hyd~
gène y prédomine. · Plu'S· ils. fournissent' d'bJ.dl'ogène,
plus ile. agi:ssent vivement' sur l'excitabilité,, plus ils
aclivent l'exercice des opérations. vitales. Les eillipérieoo.es
lle Fontana,_de Caldanv, de Yeratti, de Zachirali démon ..
trent que l'instinction et l'abolition de l~exoitabifüé sont
le. résultat de l'action de l'hyd1·ogène· sulforé.sur Uorgamsrne.
�(
282 )
. Ainsi, plus les substances médicamenteuses telles qae
l'ammoniaqae, l'alcohol, l'éther, l'huile de tbérébentine
et les huiles volatiles surabondantes en hydrogène, les
substaqces narcotiques 1 le principe odorant des plantes,
. feuilles, fleurs et frnits contiennent d'hydrogène libre,
moins cette substance élémentaire y est condensée, plas
elles sont aptfls à accroître l'excitement des parties organiques, soumises à leur influence , plus elles agissent sur,
elles d'une manière prompte et vive; plus des ·doses trop
fortes de ces subst;uw.es seront susceptil>les d'épuiser le
principe vital.
Bordeu le père, avait déjà observé cette forte énergie
du principe actif de~ eaux bydro-sulforeuses aux eaux de
Barrèges.
Dans les ea~~ hydro-sulfnreuses factices oh l'hydrogène
et le soufre !IC peqvent ~tre aussi intimément combinés,
aussi fortement confondus et enchaînés que dans celles
qne la nature prépa.re, l'acide byclro-sulforiqoe ne doit
étre µiélangé à l'eau et aux. sels de soude, de magnésie,
de potasse ~t de cbanx q1lÎ ·en forment les principes fixes,
qu'à des quantités limitées 'et toujours à des doses propor- '
tionnées ,de manière à ce que cette nnion puisse y former
des hydro-sulfotes·~ Sans excès d'hydrogène sulfuré.
Si ce prinèipe se trouvait dans les eaux. minérales factices à des prop?rtio.ns trop.fortes pour n'être pas absorbé
pàr ces substances fixes ·, et qu'il y restât à l'état libre
en trop grande qµantité , l'in{;estion de ce.s eao:x déterminerait promptement des phénomènes d'excitement
morbide.
L11s- expêrienoes de MV.C. Cha1J,1;sier, Nysten_ ,.The11ard,
Dttpurtren, Or.fila' , cte Frank , ont prouvé jusqu'à quel
point extraordinaite cette substance élélllentrore peat
changer promptement l'activitë de )à force vitale et prôduire des effets délétères sur _les parties organiques.
On doit surtout se prémunit· de l'action de sa comhi-
�\
( 285 )
naison avec l'o::s:igène sur les surfaèes mnqnenses aveè
Jesqaelles il peut être en contact.
Mais la nature nous offre dans les sources d'eaux
byàro-salfureuses de St.-Saaveur, de Cauterets, d'Aigues
Caades, de Bagnères, q~ Luchon , de Digne, Gréouli ,
de Spa, il'Aix en Savoie<:>n,'.Aix la Chapelle, Naples, etc.,
nne combinaison ·d'acide carbonique a l'hydrogèhé sulfuré, qu'il est avantageux d'imiter dans la préparation
des eaux factices. Elle réunit an.x avant11ges · de '.Jes rendre
moins désagréables à boire , et d'augmenter leurs pro:i
pPiétés médicalès , celui de permettre d'incorporér l'hydrogène sulfuré à plus hautes doses et en loi donnant
on degré pins considérable de· combinaison , modifier -son
action stimulante , la .rendre moins prompte et de plus
loogae durée , en en faisant one snbstance moins animalisée par l'addition d'une portion de carbone.
l'onr préparer l'eau hydr0-salfureuse , on charge l'eau
pore de gaz acide hydro-sulfnriqa.e at-ec les précautions
convenables de demi à trois fois le vola.me; on la sature
d'une égale quantité d'acide carbonique, et on y ajoute
ensnite la dose indiquée des carbonates, hydro-chlorates
et sulfates <le soude , de potasse, de magnésie et de chaux.
Si l'on désire obtenir l'onctuosité animale qu'offrent la
plupart des eaux hydro-salfureuses, il serait bon d'y
ajouter one certaine quantité d'azote.
On peut ainsi , dans ton.te saison , obtenir une eau
hydro - sulfureuse arLificielle chargée d'autant de gaz
acide bydl'O-sulfurique que les eaux naturelles en contiennent dans les fortes cha.leurs de l'été ; tandis que,
pendant l'hiver, les eaux 1 à leur source, conservent une
bien faible quantité de 'ce gaz qui constitue leur principale propriété médicinale.
La combinaison de l'acide bydro-salfuriqnc avec les
sels alcalins on. terreux, produit les hydro-sulfates qui
sont tous solubles dans l'eau, et le11r dissol11tion dans
�( .284 )
ce liqoiùe est incolore. Les eaux hJdro - sulforeuses 1
soigneusement préparées, doivent~tre limpides et claires,
conserver one odea.r fétide , semblable à celles des œufs
pourris , une S:\veur douceâtre et nauséabonde. Elle~
doiven~ roogir les con leurs bleues végétales, noircir l'ar•
l e sou f re ;ffl
. . .
.,;ir l e sen l contact de l'air
gent, et prec1p1ter
ou par -~!;lddilion des acidè's sulfurique et bydro.
chloriqui:.
On peut fabriquer diverses eaux hydro - sulfureuses
dans les proportions sui vantes :
_ Eau pqre·, vingt onces; dissolvez-y car1>ooate de soude,
clouze grains ; carbonate de magnésie, huit grains ; faites
passer ensuite un courant de gaz aciàe hydro-sulfuriqoe
à travers l'eau dans la proportion d'un tiers de volume,
et satorez-la de deox à trois fois son volome de gaz
acide carboniqoe; gaz azoté, un huitième de volume.
J;:au pore , vingt onc'es ; bydro-ch:lorate de soude,
demi-gros; hydro-chlorate de maGnésie;, .cinq grains;
sulfate calcaire, cinq grains ; carbooat~ de chaux, boit
grains; gaz acide hydro-sulfnriqoe , un tiers de volume;
g<iz acide carbonique , trois fois le v.olume ; azote, un
hoitième.
Eau pure, vingt onces; acide bydro-solfnriqne, un tiers
de volome; gaz azote , un qoart de volume; hy<lro-chlora~e de potasse, 3 grains; hydro-chl'-lrate de soude, trois
grains; sulfate de potasse , deux grains; carbonate de
chaux, un grain.
Eau pore , vingt onces ; hydrogène sulfuré 1 demi
du volume ; hydro-chlorate de sonde , uu grain ; carbonate de magnésie·, un grain ; sulfate de magnésie, dent
grains; azote , ·un quart do volume.
Les résultats de l'analyse finale des substances solides
et tloides des corps animaux offrent , dans ces matières,
tout aol<lnt de composés quaternaires, tésultans de
'union de l'hydrogène , du carbone , de l'azote et de
�c2s5 r
au
l'oxigène qui sont associés en différentes proportions
soufre, an phosphore , à la soude, la maguéitie , la chaux ,
etc. Les substances animales mains riches en carhone ,
contiennént aussi ])eauc'ou'p plùs d'hydro~oe , de soufre,
de phosphore; et surtont d'azote.
·
Ces principes, éminemment nécessaires à la production
des matériaux constitutifs de l'org11ni!.aüon, y sont apportés par l'eau et une foule de mati'ètes alimentaires
qui servent de p<1ture aux. animaux , et que les actes
digestifs , les fonctions assimilatrices convertissent suc.J
cessivement en gélatine, alhumine et fibrine.
Le soufre, l'hydrogène., l'azote, le phosphore, principes constituans des anim'aux , sont ceux qui se trouvent
combinés en plus grande proportion dan~ les matériaux
immédiats de l'organisation. C'est de ces proportions que
dépend l'ordre des propriétés qui s'établit dans les parties organiques.
Ainsi les proportions diverses de fluides, de particules
colorantes, huileuses , salines, etc., expliquent les différences qui ex.i~tent d'un liquide à un autre ; l'abondance
<lu glutcu, l'addition d'un acide aux pri-ncipes calcaires
expliquent la solidité et le degré de compacité de quelques parties ; l'excès de fibrine augmente la résistance
vitale des solides; la prédominance de ta géf.atine 1 y détermine l'état morbide , etc.
' "
Le soufre comhiné dans le sang avec l'ammoniaql!e,
y rxiste à l'état d'hydro-sulfate d'ammoniaque •. Ce sôufre
ainsi dissout par l'hydrogène accompagne toujours l'albumine, à quelque partie du côl·ps qu'elle appa.rlienne
comme constituante. Cette albumine, substance prédominante dans le sang, entre d,1us la composition d'un.
grontl nombre de di~;ers ti~sus de l'organisme animal.
Elle constitué' ceux du cerveau, des nerfs , des parenchimes, des viscères ; elle forme en grande partie ceux
T. X. , · Oct , Nov. et Déc. 1825.
37
�( 286 )
:\es ten,lon9 , des mnscles, des os , des cartilages, des
p11gles, .des poil~ , etc.
Cei.te ~lhumine ,est Gne des snhstance.s les plus répan.
dues et les plus i.mportaotes de l'organisation; ses parties
constituantes sont, savoir : carbor.e 1 iooo; ~az oxigP.ne,
I"]O ; gaz hy.d rogène, 810; gaz azote, 12') ; .soufre, phoSphore. qqaot, , ir,H1ppréc.
Cette substaJ}'C~ ~oumise à l'actio~ d'1:in feu violent
'
donne de l'amrnoniflqoo , du èarhonate t.l'11mmoni;ique, de
~huile féLi,\e 1 du g<.:t hydrogène sulforé, et 11!11 charbon
llans lequel .O» trouive de l'hydro-chl1>na.te • du phosphate
~t da carb.onale cle soude. Lorsqu'on tra~te l~ sérum tlu
su.ng à o o feu lent, on en retire eJlc"re du soufre.
Dans les composé~ animaux il n'est quasi :P~ de partie1
qui ne contiennent une quan.tité plu.s ~1,1 moill!i grande
èe ~oufre. _, d'hJtlrogène et d'azote fixes, qui concourent
à communiquer Je3 propriétés remarqna,h.les, telles que
la comhustibili:té ; Ja -voJali.lité , l'onCIU.OJ\~W• , Jt semlJle
que les clivers degrés de proportions dans iesq.nels ces
rubstanoes eptr,e nt Jan.§ la combinaison de$ matériaux
immétlia.ts (ht çorp_s vivant, modifiant dai:rs les parties
f)i-ganiqlles l'étal cle mollesse qui s'allie au d.~ré de solitfüé q.ui leur est n,écessaire, facilitent en .elles l'action
yitale , sont la source des propriétés qui les distinguent.
Ainsi , dès qoe la pulpe nerveuse acquiert un certain
degré de solidité , la seusihilité diminue et même tlil'paraît. De même les parlies dures da coi-ps humain,
presqQe iD~ensibles, deviennent d'une .sensibilité très.
vive , lorsque , dans cei·tains états pathologiques par
tlé.faut de cohésion , elles ont acquis un degré de mo\e11:>e conséquent.
L'examen des progrès de la vie daJJS les animaux mi!
eroscopiques, celui des phénomènes qu'ils présentent en
passant de l'état végétal à celui d'animal , démontreut
qu'ils sont toujours suivis d'un dégagement d'oxigène.
�( 2157 )
Si rtoos distinguons ensuite dans la digestion des 1111meas ingérés, la promptitnde de l'assimilatioo. des suilut~aces animales, de la lenteur et de la diHkulu! q.u'éprouve
celle cfec; végétales ; si nous obser\'ons queo toutes les
substances animales ont en génél'a!l urre grande \'.>l'oportioa d'hydrogène, nous voyons que c'est en lai cédant
al'organisme qu'elles clevie111nrent érnine1mnent nutritives.
Noas nous assurons ainsi qoe le procédé de la nature
par lequ:el l'es ftmtériau'X étrangers sont convet'tis en
substance animale· , c·ons.Ï5te da us la soustration gradative
du carbone et <le l'oxigène, et dans la combinaison progressive de l'hydrogè.oe et de l'azote.
Les matériaux extérieur11 portés dans l'organisme y
prodai5ent aussi des effets ftt<11'qnés, suivant qn'ils se
rapprochent davaitJtagf" de la nar.ure animale.
Ainsi le~ boissons acidules, les limonades végétales ne
produisent JJOÎnt de chyme; une grande quantité d'acide
al~mioistrée à un mala<le qui a on os frach1ré, empêche
le cal cle se former; de même: l'oisean dome3Lique ne
peut compltlter la coqn.~lle: de ses œuf.7 , si 0"D ne lui
fournit de (g chaux. Ainsi•, dans les combinaison~ opérées
pa(le règne an~n1al, qai sont les p!as composées et cellPS
qui altèr-ent I~ jplu.s les principes combinés, les acid,cs
des sub~tauces ingérée& disparaissent da>us· l'aoÏ'mal : ée
sont les horoei Je la combinaison.
Ces faiLs clémonlree.t que l'assimilation des substances
ingérées est d'autant plus facile, qu'elles se rap-prochent
davautage de la nature' des paraieS> qui eompMent l'organisation animale. Pins; ces. snhstancec;. sont soluhles,
pins elles sont ab~ot'bées ·sa11s altération~; plus. elles sont
facil'ement a$Ociées ao-x m,ou.vemen!> pe.i:pé.toel, qoi agi Lent
les liquides vivaos, ploS> elles partici·pent au tra.vail de
com·eTslon qoi ]es auima:Ti-se.
Les prin~ipes consl~'nans cles eaux 'h)·tlro-sulfareoses,
dans la variété de leurs combinais-0ns , son~ à peu prè~
�• ( 288 )
les mêmes que ceux que forment le sérnm du sang , l'al.
bumine animale. L'hydrogène sulfuré, dam les proportions
de 32 parties de soufre , sur ane d'hydrogène , est le
principe actif .de ces eaux. La combinaison de ce fluide
avec les substances alcalines terreuses qui en sont les
principes fixes, forment un genre de médicamens des
plus énergiques, dont les effets thérapeutiques doivent
être appréciés dans diverses maladies, soit par les modi·.
fications qu'ils opèrent dans le mélange cle la matière
animale, soit par l'excitement vif qu'ils suscitent dans le
système organique.
Ces eaux sont principalement utiles dans le scorbut,
le racliitisme , le marasme , l'étisie et toutes les maladies qui sont le rémllat d'une nutrition altérée ou
imparfaite, soit que ces maladies proviennent de la
privation plas ou moins complète d'alimens 1 de l'exiguïté 1 d'un manque plus ou moins considér11ble de
principes alibiles, devenus plus rares par la dé.térioration des suhstances alimentaires ; soit qu'elles ·Soient
l'effet de l'inactivité morbide de l'appareil digestif, de
l'ohstruction des glandes , de l'inertie des vaisseaux et
autres ,organes destinés à absorber, élaborer et assimiler les matériaux alibiles qui, dénaturés et convertis
en substance animale 1 servent à réparer les pertes continueUes qu'entraîne l'exercice des fonctions, et constituent les élémens solides 1 liquides et gazeux, etc., do
corps vivant.
D.ms les affections où les sucs nutritifs sont a peine
absorbés et circulent avec lenteur dans les extrêmiti's
des vaisseaux , oh le calibre de ces vaisseaux diminue
peu à peu et s'oblitère, oh le chyle et la lymphe s'arr~tent
dans les glandes et $'y condensent, oh les glandes
s'obslruent, s'endurcissent, s'ulcèrent; enfin , clans ces
circonstances contraires à l'assimiiation et à la nutrition,
oh l'addition et la conversion des matériaux aliliiles
�( 289)
étant empêchées ou considérablement modifiées, l'orga.
nisme est livré à ses prnpres moyem de restauration
et de récomposition, où la réparation de ses pertes
continues ne s'opère plus qu'au moyen cles liquides récrémentiels, chargés des débris absorbés des .divers
organes cle la fonte et de la décomposition des molécnles ~lémentaires qui constituent ]es différens tissus ;
l'emploi bien dirigé des eaux hydro - sulfarenses peut
détr.rminer immécJiatemcnt cles médications réparatrices,
qui modifient l'altération <les sucs vivans; et par une
excitation douce, réveiller l'activité du système chylifère, changer l'ordre vicieux ·de ses mouvemens , rétablir son cours, les fonctions de la chylose, et successivement ramener la santé , si les phénomènes morliides n'ont pas été exaspérés an point de produire des
solntions de continniti, des altérations dé substance organique. Les eaux hydro-solfureuses offrent, clans ces
cas, des secours prompts et efGcaces. Les principes
qni les composent , admis dans le sang par l'absorption
veineuse et Iy mphatique, fournissent à b masse des liquides une addition abondante des matériaux étrangers ,
aptes à former la combinaison qui les convertit en
albumine animale, et les transforme en socs réparateurs.
C'est ainsi que la classe indigente du peuple de Naples,
exposée à la privation d'alimens de nécessité urgente ,
ou insuffisamment nourrie par des substances de mauvaise qualité, trouve dans l'ingestion a])ondaote de l'eau
hydro-sulforeuse un supplément d'alimentation qui lui
procure une restauration soudaine , soutient ses forces,
el la préserve qaelquefois des maladies auxquelles le
manque de noarriture dont elle a fréquemment à souffrir, la rendrait su jette.
'
Comme to.Ptes les préparations pharmaceutiques de
soufre, les eaux hydro-sulfureuses bien composées , où
tous les principes minéraux sont parfaitement dissous
�( ,'.JgO )
pat' les flaides élastiques , conviennent dans la phthisie
pulmonaire, dans l'asthme, les toux chroniques. C'est
à l'excitation douce, opérée iwr le:1 tissus pulmonaires
et au~ modifications imprimées aux produits de l'acle
respiratoire , qu'on tloit rapporter les succès qu'on en
obtient da.os ces differentes affections de poitrine. La
principa-le ca:use Je la célébrité <les eaux snlforeu;es de
Na>pleS', de. Sicile, d'A.ix-la-Chapelle, d'Aix en Savoie,
de BuxEon, de Bath, de Barrèges , de St. - Sauveur,
ete, , e'St sans dottte due à çes changemen~ . salutaires 1
qu!elles opèrent sur les organes et les fonctions de la
resp~ration.
De. même que les sacs des pl<intes anti-scorbatiques
où le soufre se tronve en diverses proportions , les eaux
hydro-s'Olfureuses ont une action puis~anle sur le systèm·e lymphatiqae, et produisent de hons effets dans
tonte9' les affections <le ce systP,me , qui reconnaissent
pCJnl' cause la lenteur et la stagnation des fluides qui le
tl"~V"ers'ent. Elles conviennent aussi dans diverses maladies
provenant de l'engorgement des viscères al1dominaux,
teile.;1 qne les différentes jaunisses, dans l'hypocondrie ,etc.
Pil'F l'ingestion suffisamment continuée drse:mx hydro ..
sulfureuses ' le soufre parfaitement d~ssout rar l'hydrogèm~, el répandu avec lui dnns tout le système vasculaire,
agit en excitant les ti~sns organiques de toute l'économie,
et en irtalliant celte excitation du centre vers la périphétie oh il active les sécrétions et la transpiration, et
oh traJ}Orù des Ouitles modifiés par l'effet de ces eaux,
produit cles changemens salntaires sur le système d~r
moïcle, Elles sont très-efficaces clans les affections
cutat1ée11 chr'éniqaes , telles crne' les dartres>, les ulcères
scorbutiques, la gale,· la teigne, le pemphigus, la conpe·
ràse, lell éroptioM léprettses, et sQrtot-tt lorsqu'on associe
lc61' uSilge interne aux · application~ utérienres par les
bains d'imn)ersion dans l'eau ou vapeqrs sn}foreusei·
�( 2'gl )
Les eaux · hydro·-sulfureuses factices .command~ni une
grande circonspection dans leur mode d'11clministration, e~
ne doivent être employées qu'avec heaucoup de diseernement. Leur dose peut varier depuis de11x verré,es ,
,
jusqu'à une pinte par jQ!Ir.
Eaux salines artificielles. - Quoiqu'j[ existe une distinction bien tranchée entre les propriétés physiques e~
chimiques cles efox minérales naturelles et celles.des a.rt.i-,
ficielles qui en établit one prononcée dans leurs vertus mé,.
dicinales, les élémens constitutifs cles eaux salines étau.li
des substances fixes, l'art peut en composer qui soieQt.
conformes à celles des sources. Le chimiste peut même
modifier les proportions de leurs se's d'une manière plus.
avautageose en les appropriant aux indications tirées del>'.
1livers états morbides qui en nécessitent l'emploi.
Les eaux salines artificielles sont formées par la disso- ·
lution d'une quantité de divers sels neutres, assez considérabie pour qu'elles agissent <l'une manière marquée s.ur
l'organisme. On clissçmt ces sels dans l'eau pure, ilUKi
mêmes ,pr1uiortions q~e l'analyse a relirées des dive~es
eaux salio,es Daturel.lcs qu'on se propose tl'imiter 1 ou.011 en
forme des boissons médi.caroenteuses dont ou augme11t,e
ou on adoucit l'activité selo~1 le besoin et qu'on rend à vplonté tooiqoes, ex.citantes et pur.gatives.
Ces eaux se préparent avec des hydro.chlo.rates 1 des
sulfates et des car )lonates de soude, de potasse, de ma..
goésie et de cqau~. On les. charge d'une ou de deux fois Je
volnme de gaz acide carboniq:;e, ou de 118 de voioma
de gaz acide hydro-sulfurique. El!es doivent être clail'es
et limpides, leur saveur varie suivant les principes q1.1i·
prédominent. Elles so,nt amères et purgatives quand le
sulfate de magnésie y est en excès comme dans les eaox
imitées de celles d'Egra, Sedlitz, Sedichulz en Bohêll)e;
de Cheltenhan, d'Epsom en Angleterre; de Modène en
ltalie; de Bagnères, Adour, St.-Félix en France.
�( 292-)
Les ~u'i: oh l'hydro-cblor ate de soude domine se recon.
naissent gérniralement à leur saveur salée. Elles doivent
contenir des sels magnésiens et calcaires comme celles ile
la mer , et celtes des sources de Niederbronn , de Balaruc,
de Lamothe , de Pouillon , de Bourbonne-les-Bains, etc.
Quand le carbonate de sonde se trouve en plus grande
abondance que les ,a utres sels dans les eaux de cette classe,
comme celle de Plombières, cle Luxeuil, on les nomme
salines on alcalines et on les distingue aisément par la
propriété qu'elles ont de ellanger en vert les couleurs
hleàes végétales.
Les diverses combinaisons factices d'eaux minérales
salines ne doivent ~trè considérées que comme des solutions médicinales dont on peut varier le nombre de principes ex-ci tans, toniques on purgatifs selon la nature et
les symptômes des maladies, suivant l'âge et le tempérament des mal~des.
J.es compositions suiv.antes vrllsentent les prolo-formules des variétés principales d'eaux salines.
Eaux amères et'purgatives. - Eau , vingt onces; sui.
fate de magnésie , 97 grains; hydro-chloraté de magnésie•, i5 grains ; hydro - chlorate de soude , 17 grains ;
carhon'ate de chaux, 65 grains; sulfat:e de chaux, 3o
grains ; gaz acide carbonique , denx fois le volume.
Éau"de S~dlitz, Sedic!wtz. - Eau pare, vin gr onces;
snlfale de magnésie, 144 grains; liyclro - chlora le de
magnésie , -18, grains ; gàz acide carl10nique, trois fois
le volume.
Dans cette composition, les sels magnésiens . en pfas
grande quantité et rarfaitement dissous par l'acide
carbonique , donnent un purgatif cl'un effet plus sûr et
moins Üésagréable à boire que les eaux: naturelles.
Eau magnésienne. - Eau, vingt onces; carbonate de
magnésie , demi-once ; gaz acide carbonique , six fois
le volume.
�( 293 )
Cette ean cle couleur laiteuse a une sa,•ear aigrelette,
piquante; cette solution donnée par cuillerées.aux enfons, evucne les nrncosités acides dont ils sont. quelquefois
tourmentés. Elle est à plus forte dos.e un doux. évacuant
pour les personnes â.gées, fa1iguées par des ~laire~.
L'usage habituel de celte eau est propre ( comme nous
l'avons déjà remarqué ) à empêcher la formation de
\';1cide urique et <le l'urate de soude dans l'org1nisme ;
elle peut être administrée avec succès aux personnes ,
prédisposées à la: goutte et à la gravelle, ou qui sont
alleintes de .-:es affections.
Ermx salùs. - Eau, vingt onces; bydro-chlorate de
soude, 5o gr. 80 cent.; bydro-chlorate de chaux, 8 gr.
?6 ceot.; carhonate de chaux, 1 gr. o ; sulfate de chaux,
8 gr. 88 cent.; gaz acide bydro-sulfurique, un huilième
ùu volume.
- Eau, 20 onces; hyùro-chlorate de soucle, 36 grains;
sulfate de magnésie, 12 grains; sulfate de chaux , 4
grains ; hydro-cl1lorate de chaux , 1 grain ; gaz acide
carhouique , trois fois le volume.
-Eau, 20 onces; hyclro-chlorate de soucie, 12 grains;
carlioua.te de soude, 2 grains; sulfate de soude, 6 grains;
sulfate de cùanx, 2 grains ; carbonate de chaux, 2 grains;
gaz acide car]Jonique, deux fois le volume.
Eaux salines alcalines. - Eau pure , 20 onces ; carbonate de souclr., 12 grains 1 \6 ; sui fa te <le soude , 2
grains 1\3; byclro.chlorate de soude, 1 grain 1\4; gaz
~zote, 1 \3 <ln volume.
- Eau pure, 20 onces; carbonate clesoude, 5o grains;
hydro-cblorate tle soDde, 6 grains; sulfate de soude, 10
grains; gaz acide carlJOnique , deux fois le volume.
- Eau, 20 onces; carhonale de soude, 1 gros 1j2 ;
gaz acide carhonigue, cinq fois le volume.
- Eau , - 20 onces; carbonate de potasse, '.2 gros ;
gaz acide carbonique , cinq fois le volume.
T. X.
Oct , Nov. et Déc. 1825.
38
�( 2 94)
Les eanx · salines artific.ielles composées de snl>stances
toutes minérales, toutes organiques, ne fournissant que
peu de principes assimilahles, n'ont qu'une action to.
nique plus on moins stimulante , dont l'effet immédiat
est d'agacer les surfaces digP.stives. L'ingestion de ces
eaux minéralisées par le sulfate de soude, par les sulfate et carl>onate de magnésie , dans les proportions
d'une à deu:s. parties sur cent , provoquent l'excitation
de la muqueuse intestinale, augmenteut l'action secré~
toire dn foie et de tous les viscères abdominaux. Elles
fortifient et stimulent ]es voies digestives, et empêéhent
les produits des digestions viciées d'y séjourner, pro.
eurent un afflux plus considérable de mucosités gastriques, intestinales et · d'autres suc• altérés, et en déter.
minent l'éjection alvine. Elles offrent l'a\lantage d'être
purgatives et ·de ne pas trop fatiguer les personnes qui
en font usage. Elles conviennent aux sujets faibles, délicats, aux en fans, et dans le cas oh l'on ne veut obtenir
qu'une purgation légère.
Ces eaux amères sont indiquées dans les aigreurs d'es..
tomac, les dégoûts , les amas de glaires; dans les engorgemens des viscères du bas-ventre, les constipations opiniâtres, dans l'hypocondrie, la mélancolie, etc.
Les eaux salines factices oh, à l'imitation des naturelles,
l'hydro-chlorate de soude doit prédominer sur les autres
sels magnésiens et calcaires , dans les proportions d'un
cinquième sur le poids total, sont plus énergiques qae
les précédentes. Ces eaux, prises en 'petites qnantités,
pro.c urent un surcroît d'activité aux voies digestives, propre à dissiper les emlJarras gastriques et iatestin~nx. Administrées à plus forte close, elles sont un purgatif éèhauf,
font qui excite une soif vive, et s6uvent un trouble général dans l'exercice des fonctions, elles peuvent aussi agir
secondairement sur l'encéphale,' les organes locomotear3 1
les .membranes séreuses , les systèmes glandulaires et
'
�( 295 )
lymphatiqnes, déterminer des excitations, des <lériva1ioni;
sala ta ires el amener des changemens avantagea x dans
les colapsus et les débilités générales.
Ce$. e;iux produis~nt. de bons effets dans !'inappétence,
}es dégoûts opiniàtres ,. les affections gaRtriqnes par les
amas de glaires acides , de matières hilieuses; dans \iictère, les migraines, les douleurs de t~te habituelles: dans
les maladies lymphatiques , dans certaine~ paralysies :et.
les affections vermineuses des enfaos.
Pendant la hoissoµ de ·ces eaux soit amères ou salées,
les matières des premières déjections alvines sont visqueuses et filantes et ont assez onlinairement une couleur
noir~tre qui se perd au hout de quelques jours de leur
usage.
Les eaux salines oh le carbonate de soude prédomine,
soat éminemment toniques et excitantes; elles augmentent
l'énergie des systèmes vasculaires sanguin, lympbalique
et activent la circulation des {lui<\es. Elles convienn.e nt
dans toutes les aberrations ùe l'ordre des fonctions secré·toires. Elle~ sont administrées avec succès à l'intérieur
dan~ l'atonie de l'appareil digestif, dans la lenteur des
digestions dans les obstructions du foie , de la rate , du
1
mésentère , contre;. les concrétions biliaires , la jaunisse,
l'aménorrhée chronique , les hémorroïdes, la néphritis,
la goutte invété1·ée, le rhumatisme chronique, la le;icorrhèe , l'hydropisie , les engorgemens glandulaires et les
fièvres quartes.
Les propriétés excitantes et touiqaes des eaox salines,
sont surtout bien évidentes lorsque leur nsage intérieur
est secondé de lem:: effet stimulant, sur toute l'étendue
da systè~e dermoïde. A.llministrées en bains d'immersion, /
ces eaox produisent une réaction plos ou moins prompte,
plns ou moins intense dans l'économie animale qui les
rend très-efficaces. dans les déh~lités génerales , l'atonie
musculaire , certaines paralysies, dans les engorgemeos
�( 296 )
articabires, les tamears blanches, les rétractions des
membres.
Mai), il faat convenir que les eaax salines artificielles
prises en douclres, en ]Ja~ns <l'immersion, ·sont inforieures
aux naturelles. C'est sans cloute parce qu'on ne peut les
pourvoir de ce calorique, particulièrement modifié, qui
est le principe actif de leur com]Jiuaisou intime et le
principal agent des propriétés des.eaux thermales naturelles.
Toutes les n'ations da monde ont reconnn les eaux
minérales comme des ageo~ éminem111ent salutaires dans
un grand nombre d'affections. L'affluence considérable
et successive des infirmes il leurs sources, atteste leur
efficacité continue, et les précieux secou1·s qu'elles ont,
de tout temps, offert à l'humanité souffrante, préconise
annuellement lenrs vertus rnéilicinales et les guérisons
merveilleuses qu'elles opèrent.
Déjà, les peuples civilises de ·l'Europe ont adoptè
l'heureose idée de -suppléer ces bienfaits naturels par la
composition des diverses eaux minérales artificielles.
Convaincus de la possibilité de le 'faire avec succès, ils
ont favorisè l'art qui produit ce nouvel ordr.e d'i!gens
thèrapeutiques. Presque toutes les grandes villes ont
apprécié l'avantage de posséder dans leur s·ein des étahlissemeos oh l'on fabrique extemporanément les eaux
minérales artificielles, et où elles peuvent être admioiStrées dacs toutes les saisons, et être appliquées sons tontes
les formes indiquées dans les diverses affections qui en
nécessitent l'emploi. A ces considérations se joint l'importance industrielle de ne ]>as être tributaires des pays
d'où ces villes retiraient à grand frais les eaux minérales,
soit naturelles, soit factices, le plns s~uvent altérées 011
décomposées. ·ces établissemens <l'utilité puhlique, dos
aux progrès de ·la éhimie, fondés et entretenus par
l'industrie privée, méritent la protectioudes geuve?nemens.
�( 2 97
)
Il (,'1Jnvie-nclr"it , sous divers r~ppotts, à l'intérêt natioual, que 11es graniJ.:> ports iüllit.ii1•es et de commerce,
servis et -acfrvës ·par Ues popul~iion11 maritimes, vlus
fréquen'1ment exposëe'S 't!t (llus s~jettes aux maladies qui
réclameut 1l'osage des ·e aux Jnédicinales ' obtinssent de
la rnuriificence souveraine ,·un <le ·ces ihalilissemens de
S'àluhfüé 'géuerale~
Onse11r ATTONs sur la '1tote lftte 7V'I. Moreau He Jonès a lite èt
l'Académie française, tians la séance du t6 août dernier;
par lf:l. ·sEGAUD, docteur en médecine et en chirurgie de
la Facùlté de 111'/onlpellier, n:ncien mëdecin cles armées
françaises, 111ëllecin des prisnns de ll!arsdlle, l'un des
fondateurs de 'la\Société royn.le de médecine de cette ville
tl m~mbre de plusieurs -Âcadénâes de médecine T'ègnicoles
et ét1'angères.
·EN ·lisant, cfons •le 11\'.foniteor, ce qni ~'est passé clans' la
séance cle l'l\.cadémie française du 16 ·adtrt, la note commm1iquée par M. rJl1orean de Jonès, sur Jes enqu~ es officielles constatant la contagion de la, fièvre jaune, a fixé particalièremellt mou attention. 'L'auteur tle r.et article fait
remarquer qae la question de 'la-contagion cle cette maladie qu'on paTàÎt voulofr acrjourU'htii présen1er comme
neuve est ·une ·question depuis 'long-temps jugée de ·Ia
manière la plus solennèlle; les jugemens, ajoute-t-ll ,
ont été en faveur de l'existence <le cette contagion : pour
prouver ce qu'il avance, il iodique 'les différentes époques
où cette maladie .:a pirru , depuis 1802 'jusqu'à t822 , et
rapporte llnstiite ·l'opinion de plusieUTs autorités médicàles q1ii, -consoltî!es sur la qtrestion He fo CODtagion de
la fièvre jaupe , ont , après ~e enlJuête , rm exarhen , 11n
r·apport, et.une ·discussion appreforùlie, répondu aj}ù mntiveme11t. ·Parmi les faits ·qu'il signale ·comme-ûevaul rr-. u-
..
1
�( 298 )
Ter la contagion de celte maladie , il en est nn qoi se
tronve tont-à-fait contraire à cette opinion, el dont, par ·
conséquent, l'enqnête officielle est plus que douteuse; je
veax parler de la fièvre jaune qui, en 1802, se déclara ~
Ma_rseille, à bord du navire américain appeléla Colombia:
comme témoin oculaire et ·acteur principal, je peux, je1
dois même, en faveur de la vérité, rétablir les faits et le s
rapporter tels qu'ils se Bont -passés; ils ne seront certainement pas favQrahles à la contagion : voici donc en peu
de mots l'histoire fidèle de cet événement mémorable.
Vers le commencement du mois d'août de l'an i802,
arri.va à Marseille le bâtiment ci-dessus dénomm~; après
avoir fait la quarantaine d'usage, et ne paraissant avoir
aucun malade à bord, on lui permit de communiquer
avec la terre : le jour même <le sa sortie de quarantaine,
je -fus appelé pour ''isiter le capitaine en second, que je
jugeai être atteint d'une maladie graYe; je fais transporter
le malade dans une maison particulière et je provoque
une consultation qui décide que cette affection morhide
est une fièvre }Jilieuse très-intense ; le malade meurt dn
sixième au septième jour. Le lendemain, le second officier
tombe malade, je suis mandé; son état me présente des
symptômes alarmans; une antre consultation a lien: dans
le rapport que je fais aux consultans, je dis un mot de
la ressemblance de cette maladie avec la fièvre jaune; on
décide que c'est une maladie de la saison, le malade suc- '
combe du sixième an septième jour. Trois jours après la
mort de ce second officier, un matelot se plaint, je le
visite et je reconnais de~ signes qui annoncent le typhas
ictéroïde: je demaride one consultation plus nombreuse,
elle a lieu; alors uuanimité d'opinion des consultans, qui
décident que ce troisième malade est atteint effectivement
de fièvrejaoneL'élite des praticiens de cette époqoe ay4nt
constaté le caractère"de cetté maladie, et étant persuadé5,
1ilors, qu'elle était ~~ntagiéuse, délibèrent sur la conduite
�( 2 99
)
qn'il faut tenir en pareille occurrenc e : i.l est arr~té de
do~rierconoaissance à M. Charles-de-la-Croix, alors préfet
du départem ent, de ce qui se passait et de lui faire part
cles craintes qae l'on a sur la contagion de cette maladie.
Ce vertueux magistrat fait remettre de suite le bâtiment
eu quarantai ne, et envoie an lazaret ce troisième malade
dont l'affection morhidc se termina heureusem ent du on·
zième ao douzième jour; i.l prit ensuite un arrêté par lequel
je fos chargé, conjointe ment avec un autre médecin{ 1);
de visiter journelle ment les maisons où les deux officiers
étaient morts, ainsi. que les :)utres lieux que pouvaient avoir
fréquentés les autres personnes de l'équipage : ces visites,
exactement faites, n'amenèr ent aucun mauvais résultat. A11
bout d'une dixaine de jours, le bureau de la santé publique ayant consult~ ses médecins pour savoir si l'on pouvait{
sans danger, permettre la libre pratique à ce bâtiment, .
dont le reste de l'équipage paraissait bien portant ; i.l est
repoodu affirmativ ement, et le voilà sorti une seconde fois
de quarantai ne. Le jour m~me de cette seconde sortie, un
matelot tomhe malade ; il est traité à terre secrèteme nt
el meurt du sixième au septième jour de la maladie. M. le
Préfet instruit de cet événemen t, ordonne qne le bâtiment
sera remis en quarantai ne pour. la tr:oisième fois , que
l'ouverture du cadavre sera faite en présence de tons les
médecins qui ont fait partie.des diverses consultations qui
ont eu lien et qu'ils lui communi queront', par un rapport
écrit, leur opinion sur le caractère eLla nature de cette
maladie; il fait mettre en quarantai ne toutes les personnes
qni habitaient les maisons où étaient morts les denx officiers et le ID<ttelot. A la fin du même jour de la troisième
mise en qtrnrantaine dn bâtiment, un autre matelot tombe
malade:, i.l est transRort é au lazaret. Tous les rapports que
(1) M. Delacourt,
�I
(
3.QQ )
l'on fait, soir et oiatiJ4.,s.u.r.. l'.étau cle .ce lJlala'tle son: .satis...
fai~ans et annonce11t..tu1e fièlv.i:e.hilfonse .simpJe. ;,c.ependaot
fo malade. meorb ù.u s.i:xièrne au :s.epü.èw.e ioull'- M.. le.PJ:.éfà
ordonne encOJ'f'4 qne l,'.ou;ve~tun. dr. ce cadaw<i sena1faite
"" pr.éseucEi cle.i 11ui1lec.ù.1! CHJÎ a;vaiaut été <:oo.sultés pollJ)
les trois vremier.s 1)1ala,les,, Catte. seconde ourertuce: cirifavérique in:éscnte.. des, i;és.W.ta.ts .semJ,lahles. à·. ceux: de là
première ,.c'est.-1l-dir.q;, ClJlfl 1!on ti:euva tme. gnaode,qua11..
tité cle mati.èi:e, n,oi..rg dans l:est-0mac, e;t-, les iut.estin5i, et
une gr-ancle pnr.tie, de. 1.1. r.trnqiunisBr dfu ce.a· vjscèr.ü pré:.
5entant 1;n 1e c<mle,ur mt4&eAtr.e. Le le•1clemairu cleda1mort
de ce. cinquième maln de 1, UJl au.tve·matefot se plainlJ ril est
tr~nsfévé aux foffrmeJ;ies,; les.na11pol'l.5' juutlnalie.r~·stW· suw
état sor.it les rnêmes . qur., les: 1•r.éoéâans ,. a!est.enaore one
malnclie légère~ wp:x;t.tlu,sixièm(M.ll se~ttième jGor.. Ou;\'.er:ture du cadavr~. ,. 1J1ê,iue résultans .. Le jrmi:. de- lll! mort du
sixiè1-11e malacle ,. un noir.,, fcs.'lnt par.Lie. <le ·l'oquipa13e, se•
trouve indisposé, ile.St enY.OJié a11 lœza11e.t. Les,i:appo:rt.B,qµe:
l'on fa.it sur sa mafadie_ ne .ili(fèi:a11L. pas. de&.auu:es,. et il
menrt égale.rnent.rlu si:xièn1e au. sepLiè.mc jouTh. ,:b'oovertava
c~lavériq11e présente le.s:i11taues.1ié1iuhats c1ne·leS:pr.écédenll'l
Arrès Ta nwi:t de ce 1wi~~ ' on ohlige:t le lJâhiment, dbn.t l'&
qui page cle trejae. ét<iit.récluit à sept hommes,. de cµiittell
Marsei Ile et de pa1~t.ir avec patente h.rute. On d:it4u~ihtUlll1i
Barcelonr· }lOllI'.. cornvléte.r le nomhre des, IIl'aJ.~lot&,, q~il
lni fallait et dont il.ne J?Oµ:va.it.wi.s,se; passer. po'tlllle. stmvice
clu Mtiment.
Ici se termine res.qpisse ,(les ra'ltagflS,.qpe. fit la· fièvre1
jau.oe dont la cnnse duit êtr.e attril>Jlée à l'infection clo hâ!ti ment. qni, éta.nt. eus.uita . couvenahleJI1ent. pur:ifié,, cess-.
enfin tl~ donner la rn.ort,
Penclant tout le temg.s q,,ue. tlo-ra. cette. épidémie locale, aacuae des personnes qui eurent des communications directes. avec les maltltles, ne contracta la maladie i
ainsi les médecins qai visitèrent les malades, les infü·-
�( 301 )
miers qui les soignèrent, tant en ville qu'an lazaret 1 et
les chirurgiens qui firent l'ouverture des cadavres, tout
le monde jouit d'une bonne santé dorant et après l'épidémi~. .
Il est facile de voir par l'exposé de faits qoi, au besoin, ponrraientêtre attestés par plos de dix mille témoins
de notre population de 1802, il est facile de voir, disonsnoos, que dans ce cas-ci la fièvre jaune n'a pas été contagieuse et que ce qui s'est passé à cette époque est entièrement en faveur de la non contagion : ainsi M. Moreau
de Jonès peut effa~er de la liste des enquêtes oJJicielles
constatant la contagion de la fièvre jaune, celle qui est relative an navire américain la Colombia, à bord duquel cette
maladie se déclara en 1802. Quelle que soit la source à
laqnelle cette enquête ait été puisée, je la tiens pour impure. Je suis bien persuadé qu'en r.ipportant cette enqu~te, rt'J. Moreau de J onès a cru exprimer la vérité; aussi
je rends la justice la plus éclatante à la bonne foi et aux
connaissances de ce brave militaire littérateur. J'aime à
croire que , de son côté, il ne trouvera pas mauvais que
j'aie rapporté ce que mes yeux ont vu et ce que ma
conscience m'a dicté. Eu agissant ainsi, je n'ai eu en vue
que le triomphe de la vérité et le perfectionnement
de' l 1art. Hoc cur, philete, scripserim, pulchre vides.
SÉANCES DE
PE~DAl'iT
LES MOIS
LA
DE 'j•b 1·e t
SOCIÉTÉ,
n'8,bre
ET DE g.bre
1825.
3 Septembre. - M. le D. Boyer , fait hommage 1 au
nom de l'auteur, M. Pardigon, de la thèse que ce médecin vient de soutenir à l'école cle Montpellier, sur
l'insertion du placenta à l'orifice de l'uterus , et le pro~
pose pour ~Lre reçu membre associé résidant.
39
T. X. Oct., Nol'. et Déc. 1825.
�(
502 )
Cette demande est favoraplement accneîllie,
M. le D. Rcinieri-Cartoni, correspondant à Pise, a(lresse
one }Jrochnre intitulée: Lette ra su d'un a resezione parziale
della mascella inferiore eseguita dal prof /7acca-Berlingfâeri nella clinica chir1irgica dell' universita di Pisa. M.
Saint-Ronze fils est nommé rapporteur <le ce travail.
La séance est employée à la discussion sur l'ouvrage de
M. Favart.
MM. Costa et Lasserre sont scrutinés et reçus membres
correspondans.
10 Septembre. - Cette séance est consacrée à la continuation de la discussion sur l'ouvt•age de M. Favart 1
après laquelle la compagnie vole des remercîmens à
notre savant collègue, et délibère qué son ouvrage ori.
ginal sera placé honorah1<>ment dans ses archives.
17 Septembre. - M. le D. /Tan de Keere , médecin dt:
Paris, demande an nom de M. Thomas, médecin à la
Nouvelle-Orléans, un duplicata du rapport qui a été fait
à la Société sur l'ouvrage de ce médecin, et qui est intitulé: Essai sur la fièvre jaune d'Amérique.
Cette demande est accueillie.
, Lecture est faite d'une lettre de M. Girou, médecin à
Lunel, servant d'envoi à un mémoire sur l'emploi de la
chaux dans les maladies rhumatismales aiguè's et chroniques.
La demande que fait ce médecin du titre de membre
correspondant, est prise eu considération , et le rapport
3 faire sur son mannscrit est confié à M. Roux.
M. le secrétaire - général dépose sur le bureau one
brochure adressée 1>ar M. Foddré , portant pour titre :
Articles de police médicale; opérations. chi'.rurgicales dan1
les maladies de l'utérus ; petite JJérole ; vaccine , etc.
( Dépôt dans les archives )·
M. Dufour, correspondant à Livourne , communique
par l'entremise de M. Saint-Rome fils , une observation
d'apoplexie , compliquée de délire furieux, et terminée
�( 5o5 )
par la guérison. Cette observati.on sera lue dans une
''
séance ultérieure.
M. Fenech lit ses rapports sur deux ouvra~es d~ M.
Sihvenberg intitulés , l'un : Uber die p.est zii noja , in den
jahren 1815 an 1816 ; l'autre, Soprd un Jü.ovo metodo
'
·di migliorare il 11ino.
24 Septembre. - ·M. A6toux, pl1armacien , membre
titulaire , regrette de ne pouvoir plus pré~dre une part
active aux travaux de la Société, et sollicite le titre de
membre honoraire. Sa demande est accueillie à 1•unanimité.
M. Fmech lit un rapport sur l'ouvrage de M. Omodii,
intitulé : Del governo politicu medico del morbo petechiale , etc.
On donne lecture de l'observation d'apoplexie communiquée par M. Dufour , correspondant à Livourne.
1/
SEUX, Président.
SuE, Secrétaire-général.
t3, 14, i5 , 16 et 17 Octobre. --- Ces séances
été employées à la lecture des mémoires admis au
concours ouvert par la Société po11r l'année 1825, et à
leur discussion.
Le mémoiie côté u" 3, portant pour él'igraphe: Servare modum finemque tenere, a valu à ses auteurs, MM.
Boulland et J7an de Keere, médecins à Paris, une médaille
"d'or de la. valeur de .100 fr., à titre d'encouragement.
M. Beraud, naturaliste , membre titulaire , fait hom·
mage <l'un mémoire sar les poisso~s de la mer de Marseille
et ceux d'eau dortce de la Provence, dont M. Pardigo11
esl chargé de reud1·e compte.
M. A. Menard , médecin à Lunel, adresse un mémoire
sui· la psoïte puerpérale , qui sera soumis à l'alleolien de
~a 'Société aans une séance ultérieure.
21 et 24 Octobre. - M. fiaff1me.a11.Delille, professeur
12,
~nt
�( 504 )
3 la faculté de ,Montp,i=:llier , adresse one notice imprimée
ayant ponr titre : Avis sur les dangers de l'usage des
·champï,gnons sauvages dans la cuisine. M. Flory est n!lmmé
rapportènr de cet écrit.
·
La lecture de l'èxposé des travaux de la Société pen.
\1
'"
"'
dant les années 1824 et 1825 par M. Sue, secrétaire.
général, a rempli ces deax séances.
29 Octobre,
--- M. Roux lit an apercu sur la gaîté
).l
'
'
..
,considérée SOttS ses r,apports physiologique et hygiénique,
qai est admis .parmi les lectures qui doivent être faites à
la séance pabliqae.
M. Yulpès, médecin à Naples , est reÇu membre
corx·espondant.
SEUX, Président.
S11E , Secrétaire~général.
3, Novembre. - M. le Président comD)nnique une lettre
de M. le Marquis de Montgranà, Maire de Marseille, qui
invite le bllreau de la Société à assister : 1. à l'inaugu·
ration du buste .e!1 bronze de S. M. Cn.ARLES X, laquelle
aura lien le 4 novembre, à l'Hôtel-de-Ville; 2. 0 à la pll~
qui sera faite immédiatement après, à Ja Porte d'Aix, de
la première pierre de l'Arc de triomphe , prêt à être
érigé en l'honneur de Monseigneur le Ilau.Fhin, généi-alissime de l'armée française , pour perpétuer la mémoire
llu glorieux événement de. la restauration d,.Espague.
M. le Président lit ensuite le discours qu'il . doit pro.noncer à la séance publique. Ce discours est adopté.
Le reste de la séance est consacré li la lecture du
rapport de la commission, chargée de recueillir et de
prése1ùer nue série de questions, propres à être proposées pour le concours académique de 1.827.
6 No1Jembr'1. -- Séance publique.
M. Seux, présideut, a ouvert la séance par un discour1
su1· les systèmes en médecine.
0
�( 5o5 )
M. Sue , secrétaire-général, a ln l'exposé des travan"I:
de la Société , pendant les années 1824 et 1825.
Cette lecture a été suivie d'un Aperçu sur la gaité con.
sidérée sons ses rapports physiologique et hygiénique.,
par M. Roux, seerétaire-archiviste.
M. Sue a communiqué ensuite les notices nécrologiques
de MM. Benac,Gerard, Guiaud père, Lully etL. Franch,
médecins.
La séance ·a été terminée par la proclamation des noms
de MM. Bouland .et Van de Keere 1 médecins à Paris, qiii
ont obtenu des récompenses de la Société, et par l'annonce
do prix pour l'année 1827.
12 Novembre. - M. le ' secrétaire fait lecture 1." d'une
lettre de M.· Dunés, membre titulaire 1 qui regrette que
son ~ge ne lai permette plus de coopérer aox travao~
de la société , et demande de passer dans le ra~g .des
membres honoraires. La compagnie fait droit à cet~
demande, en inscrivant M. Dunés parmi les membres
honoraires; 2. d'nne lettre de MM. Bouland et Van
de Keere, qui acquiescent à la proposition qui leur a
ét.é faite de diviser en dea:x. la médaille accordée au
mémoire n. 0 3 , dont ils sont les auteurs; 3.° d'une
lettre de M. le docteur Chapeau , médecin à Lyon,
qui adresse deux observations sur des tumeurs enkistées,
désirant que ce travail paisse lui valoir le titre de
membre correspond ~ nt. Cette demande est prise en considération , et 'le manuscrit de M. Chapeau sera soomia
au jugement de la Société dans une séance ultérieure.
L'ordl'e da jour est le renouvellement du hareau.
M. Favart est élu président ; M. Sue vice-président;
)i. Roux secrétaire-général; M. Giraud ."ai nt- Rome fils
sec.l'ètaire-ad joint; M. Fenech secrétaire-archiviste; M
Magail trésorier.
19 Novémbre. --- M. .le Marquis de MontgranJ.,
Maire de Marseille., adresse trois exemplaires du procès0
0
�( 506)
verbal des cérémonies qui ont eu lieri le 4 nc11embre 1825,
à l'occasion de l'inauguration du buste de S. M. Clfarles X,
à l' Hôtel-d e-Yi/le, etc. La Société les reçoit avec reconnaissance, et en vote le dépôt dans les archives. ·
L'ordrè du jour est la lecture d'une notice sur la
fièvre jàane, par M. Segaud. Elle a pour bat de relever
·une inexactitude ~ui s'est glissée dans )a note comma-.
niqaée · le 16 aotlt 1825 .à l'Académie français e, par
·M. Moreau de Jonès. (Voyez la pag. 297, tom. X de ce
journal) .
Cette notice a vivement intéressé la Société qni, so'l'
la proposition de M. Rey, a deciùé qu'elle serait publiée
•dans les bnlleti~s annexés au journal !'Observateur.
Le l'este de la séance est consacré il des objets d'administra tion intérieu re.
26 Novembre- 7- La correspo ndance offre plosieors
:Objets: 1.0 one léttre dn D. José Fernande:. de Noceda •,
médecin espagn;ol, de passage à Marseille , qui prie la
:société de l'admett re an nombre de ses corresponclans,
"et' fait hommage de •rois observations , sur lesquelles
M. Flory. est chargé de faire un rapport ; 2.• one leure
·de M. le D. Castagny, qui exprime le désir d'appartenir
à la compagnie , et présente sa dissertation inaugurale
s.ur l'épilepsie. M. Rampal est chargé de 1'endre compte
·dè cett1l producti on , et M.· Castagny est reçu associé
.,_-ésidant aux termes da régleme nt; ·5. sont déposés sur
ile bureau , par M. le secrétaire , les brochures suivantes:
d~ahord les 'annales de la Société royale des sciences,
belles lettres et arts d'Orléans , tom. 7 , n."• 4 et 5 ;
'ensuite le journal de la Scciété des sciences, agriculture
~t arts du département du Bas-Rhin , n: '2, année 1825.
'( Dépôt aux archives ).
Ou passe, immédiatement après la correspondance,~
ks objets· d'administration intérieure .
. FA V .ART, Présic/,f:nt. ·
P .-M. Roux; St:crétaire-générai.
0
�c ln..
"O
OaSBRY.ATIONS méléoroloGiques/alles à l'Ol>servalolre royal de Marseille,
pendant les mois de
t"-...
_o
-
Barom,
Thermo,
t(')
Hygrom.
Nombre
de
Jours de
Juillet. Aodt.
pl os grande élév. 762 23 762 02
moindre.
752 39 752 09
{ moyenne.
757 54 758 15
plus grande élév, 3o 0 1 28, 0 6
moindre,
16 J
14 3
{ moyenne~
.
22 90
21 6a
plusgrandeélév.
49
moindre.
52
moyenne,
pluie.
2
icrn t oouverts
6
1
nuageux.
5
8
sereins.
8
5
brouillard.
2
5
gros vent.
0
gelée.
0
0
Septemb.
764 79
Octob. Novemb,
769
736
44 765 3&
750 6:z.
757 78
2!)0 8
, 760 49
!n° ·5
14
6
3 -7
20
27
14 37
01
744 86
756 29
18° 5
4
10•
5
77
Déeembre.
765 118
735 07
752 48
16° 3
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AD IEU X
À MES SIEU RS LBS Sous cRIP TBU RS.
ervatenr
VoTl\E -empressement à souscrire à l'Obs
, nous
ncé
anno
fot
qu'il
dès
des sciences médicales ,
rés
pénét
t
autan
étiez
vous
autorise à soutenir que
sés
dispo
que
aire,
littér
prise
de l'utilité de cette 'entre
e
encor
it
n'ava
rién
tant
pour
que
à seconder notre zèle
sentir
fit
nous
ur
flatte
aussi
t
justifié. Un enco urag emen
lir pour rétous les devoirs que nous avions à remp
plas, s'.il
faire
pour
m~me
et
,
te
pond re à votre atten
encomm
Nous
is.
prom
ns
n'avio
était possilîle, que nous
eurs
borat
colla
ues
quelq
de
choix
çàmes donc par faire
pour supdont les talens nous paraissaient indispensables
ibuer
contr
pour
et
ns,
moye
nos
de
pléer à la faible~se
s
succè
au
lis
remp
s
étion
nous
dont
té
avec la bonpe volon
, tout nous
dura ble de notre recue il périodique. D'ail leurs
comptions
nous
que
e
Outr
s.
succè
fesait présa ger ce
vous ne
re
d'ent
eurs
plusi
car
ux,
beau coup sur vos trava
ue,
pratiq
leur
de
fruit
du
part
faire
tardè rent pas à nous
scorre
d'une
ages
àvant
s
grand
de
nous nous promîmes
ées,
contr
ses
diver
de
vans
sa
eurs
plusi
pondance suivie avec
faciliter les
correspondance que devaient singulièrement
avec les
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Mars
de
les
ercia
comm
nombreuses relations
·
de.
Mon
quatr e parties du
osé, nous
Tout efois , le but que nous nous étions prop
sans
voulu
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l'auri
vous
e
comm
nt
ne l'avons pas attei
C'est
.
désir~
e
-mêm
nous
ons
l'auri
nous
doute et ainsi que
tout genre,
que nous avons éprouvé des contr ariét és de
en parler
que nous ne pouvions ni prév oir, ni éviter. Vous
ls bien fastiici , Messieurs, c'est vous donn er des détai
silence, vu
sous
r
passe
ons
pouv
ne
dieuw, inais qae .nous
les proqu'ils sont assez justificatifs pour que nous
,fait pour réduisions, alors que nous n'avons pas assez
�( 309 )
pondre à votre confiance. Nous avons publié dix volumes,
il est vrai, mais tous les articles qu'ils contiennent sont-il11
de la plus haute importance 7 Avons-nous fait connaitre
toutes les nouveautés en médecine ? Avons -nous, en un
mot, joué le rôle d'observateur cles sciences médicales~
comme le titre de notre journal semblait l'indiquer 7 Examinons ces ,trois questions. Quant à la première, et commençant de répondre négativement, nous dirons que si
des hommes à la fois nos amis, nos confrères , nos collaborateurs, ne nous avaient pas, à l'instigation de quelqaes mauvais génies, non-seulement ahandonnés, dès la
seconde· année, mais encore opposé mille obstacles, nous
eassions eu le temps de rechercher les morceaux les plus
saillans et d'élaguer avec soin tou"te espèce de remplissage.
Par les mêmes motif;, nous avons été dans l'obligation
de renvoyer à l'année i826 l'analyse de certains ouvrages
ou mémoires qui portent on caractère de nouveauté. Ainsi,
n'avons-nous point encore parlé cle l'excellent tra\·ail
sur la staphyloraphie par le profess~ur Roux; du nouveau
procédé pour la guérison cles rétrécissemens du can:>I cle
l'urètre , par Duchan; des observations sur les maladies
des organes génito-urinaires et des lettres sar les maladie!
de l'encéphale, par le professeur Lallemand; de i;ilusieurs.
travaux récens sui· l'acupuncture, etc.
A l'égard de la 3.• question, Messieurs, la réponse dé.
coule de ce que nous venons d'exposer. Au reste, nous
n'avons jamais eu la prétention de concentrer dans ·notre
r,épertoire toutes les lumières médicales, llOUS aurions l'U
trop à faire,et m~me n'aurions-nous pas été capablesd'~t- ,
teindre ce hut., ~ur le petit théâtre où. nous figurons •.
puisqu'à P;iris, centre commua de toutes les connaiis;mces , on ne trouve pas de journal médical vraiment
·
universel. _
On nous reprochera peut-~Lre cl'avoir supprimé du Litre
40
T. X. Oct., Nov. et Déc. 18.~5.
'
.
�( 510)
dit ·notre teca·eil l'adjec tif provençal qoi 'exprim'ait ·a'5~
fes 'moae'siés vu'e s que nous ·avfobs. Heure ti.di lês ré~rt>
1
dieltt
ches atixqüeb ·n·o'a s .00113 soinmes exposés ne de'v
éltUplus
rrt
cl'airta
s
serion
Nous
rouler l{he sur dés mots!
1n.o tre avis·,
à
~sour,
achrès
logoin
les
~nés lte 'rfpo'Î!têr, qcie
1
âa§si fàtlgitlitës'iJuê pea profitables à la scitlriièe. Toutefois,
'du
M'é-~tiédrs, r1h'tis 'vohs devons une explicati:cih' quant
üfü
:ii:re~f
a~ja'dol
a
ssion
~lippre
la
t
fuot (t~Jt ' h s;agU, ·er<lon
·ml:lt
'le
·qtie
sààrez
vohs
Or,
n.
à plus d'uhe intérprt!t'atio
proven çal cfut disp'ar aîre parce qu'il lfèpfaisait à l'lin.'de
DOS éollat5'orate~:1's, p1\)vençal lai-mê me' à qùi obus t'duJcimJs 'ifoi'iii&r ainsi 'rin témoignage de noti·'e ïféférei'lc.e
'de
pour sès é'6o}eifs, et ql\i pourla ot eut ensuit e le projët
dont
l
joàrna
un
nt
opposa
nous
paraly sÙ nos efforts en
ne fit
l~ tili<'è, 'îl est vrai, plus pompe ux que le nôtre,
fait
pa~
n
~·a.t-o
que
e,
époqu
même
pol~t sa fortun ·e. Vers la
't
injdrit
moins
on
plus
és,
harcel
été
~outre noris ! Nous avons
foHibles
miséra
de
à
s
jusque
pas
n'est
! par des atioriy mes; il
ives,
culair es qui ne se soient vermis je vomir des invect
notre
de
crime
un
fesait
nous
qu'on
e
et puurqu oi ?·Parc
icousla nl atiach ement à la vérité. «Vos vérité s, noùnl
les
t
disaien
liste,
journa
n
uU
".
dures
trop
aaient lès a··n s, sont
r,,,
antres , doit presqu e lou jours menti r, s'il veut réussi
es
absurd
moins
non
ons
eotati
r~prés
$
d'autre
et une foule
afin
et
,
it-on
assura
ur,
cande
a\.ec
ées
a<lr!!ss
t
n'ous étaien
de nous voir sui\'l'e l'espri t du siècle , comm e si not1·é
i;ècle étà:t le siècle des ténèbr es!
Malgré tan.t de tracas series , u'ltre zèle ne contin ua pas
de
moins d'être infotig ,1Lle. Nou~ sentîm es que le moyen
et
érance
persév
la
dans
tait
consis
rivaux
nos
tàïrei pâlir
.
même da ris une sorte <le perfec tioµne ment de notre recueil
ation
,Âassi ' àprès al'oir établi un nouveau mode de propag
r la
ajoute
d'y
s
promi
nous
avonsales,
01édic
es
de3 lamièr
biogra phie et le~ portra its des s:ivanb médec ins de notre
pays, aoJatl.t ~oar payer à lenr'"!ntlrùoire un ju~te tribut
�( 3ll )
ill~~. onl m~rité par le11rs talens et leurs Tertns, que dan~
l'inten.tian de les présenter pour modèles , eo ne nous di!lshnula,nt poi,nt qu'ils ne fureQt pas tous également recomAl.MJ..d~bles. En effet, quelques-uns excités par lle nobles
p,l,\S>iO,nS , désirant beaucoup faire pour la postérité 1 se
liv;r.èrent s.an.s relâche à de pénibles travaux qui , s'ils \eux;
tlrçnt II\Îeux su,ppo.rter le fardeau de la vie, ne contribuèrent pas peu à les x;approcher trop tôt du terme 911~
devait les en décharger.. D'autres retenus par l'idée que
les fruits précoces n'ont ni maturité ni saveur, ou arr~té~
par la modestie , ·cette vertu des grands hommes, proçédèrent dans leurs travaux d'une manière assez leatq
po~r qu'elle ne les empe~bat point de pousser b\en loin
!eur carrière, mais souvent la mo1·t vint les frapper qu,'il~
~".~i~.n~ ~ peine ébaµché leurs ouvrages. On en a vq ~i;iflq
11ui, ~loignés cles foyers de iumières, c'est-11-dire, rélégltés
dans <le petits pays où ils étaient privés de l'espèce Q.~
stimulus moral que procure la réunion des savans qu!
concourent à un rn~me bot, ont cessé d'être avant d'avoi(' ,,
pu réaliser les belle~ espérances qu'ils avaient donaét's. _
Il ne serait nullement oiseux de chercher à détermiuei;lesqueh de ces hommes ont été le pl as utile à la société e~
aont par conséquenl les plus digues de nos homm:iges· c~
sujet bien traité et considéré dans toutes ses faces con~uirait à cles résultrtts importans: celui qui ne croit acgµérir de la célébrité qn'en produisant une foule d'ouy.rages, modérerait son ardeur en fes:int <!ltention qu!il
P.'a faJlu que quelques ;vers pour immortaliser Virgile.
L'homme, an contraire, trop modeste, 5j l'on peut avoiL·
trop de morte.slÎf!, qui se péuélrerait comme cet illust~·~
poète, que l'on trouve cle bonnes choses, même dans les
misérables productions, redouterait moins ou s'empr~s
serait , pour peu qu'il fut ilUÎmé du dés:r de tra~ailler
fl'lns l'iuttfi·êt de ses se,nhlahle~, de publier l~ fruit di;:
Jei; repherches <;_l <le ses. ,1u~clitations. Et!.fi.11, le sayant sor0
�. ( 312 )
tirait <le tion village pour faire briller sur un grand
théàtre les talen~ auxquels les palmes sont données. Dans
l'espoir qu'un sujet aussi i~téressant fixerait un jour l'attention de quelque écrivain, nous avions pensé que nous
rf'ndrions service à ceux qui s'en occuperaient d'une maniére spéciale , en préparant <l'avance à cet égard autant
ôe matériaux qu'il nous serait possible, et ce motif;Messieurs, était encore un des motifs qui nous engageaient
à nous acquitter d'une dette sacrée envers la mémoire de
nos savans compatriotes.
Bien que la médecine physiologique jouisse aujourd'hui
de la prééminence et que nous traitions nos malades d'aprés les principes qu'elle dicte, néanmoins nous n'avons
jamais dédaigné les ohservations et les réOexions des écriv11ins qui s'élèvent contre elle, en cherchant à démontrer
les err~urs dont elle est encore enveloppée,. et nous avons
mis autant d'empressement a défendre le vrai, que nous
avons montré d'impartialité alors qu'il a été question de
11igualer des 3rticles peu conformes aux saines doctrines.
Atlssi, notre conduite nous concilia votre estime. Le succès
de l'Observateur des sciPnccs médicales répondit à votre
attente, et, par cela même, finit par imposer silence à nos
détracteurs. Parvenus à triompher de tontes les difficultés,
noas étions hien résolus de poursuivre à perpétuité la pu1>lication cle notre répertoire et de nous rendre de plus en
plus dignes de vos suffrages. D'ailleurs, de nombreux et
importans matérianx devaient paraître en 1826, de noo''eanx souacripteors s'étaient 1iré~erités, et toul nous invitait à coctinuer nos travaux an moins pendant nne seconde pério<le qainquennnle ; mais notre hvnne volonté
devait être entravée par des événemens d'autant plus
cruels , que o~us pouvions Lien ne pas nous "'j attendre. Pouvions-nous •, en· effet , prévoir que la fortune
s'attacherait à nous persécuter comme elle l'a fait en
}>tm de Lemps? Aneints peuclant hait moi~· d'un vomis-
�( 313 )
semenl presque continuel , nous n'étiona pas peu. inqtiiets,
puisqu'il nous mit dans l'obligation de, suspendre nos relations les plus intimes et de vous faire éprouver, par conséquent, des retards dans· l'envoi de nos livraisons, vers le
milieu de l'année qui vient de s'écouler. Rétablis par les.
soins de l'un de vous ( i) médecin recommandable autant par
ses talens que par ses vertus, nous noos remettons à nos
occupations habit~elles , ·que bientôt nous sommes forcés
d'interrompre de nouveau, cae ce n'était pas assez d'avoir
traîné près d'un an une vie languissante, il fallait encore
qoe peu de temps après notre rétablissement, nons
eussions le cœur navré par le coup le plos terrible : il
était écrit qu'un fils uniqne, seul objet de notre espérance,
tomberait malade vers le ~ommencement d'octobre 1ih5
et que la mort nous l'enleverait à l'âge de sept ans et trois
mois. Cher Emile, enfant bien-aimé, tu ne devais donc
paraître que pour nons quitter à Lon aurore ! ... Que
nos regrets sont amers! .•. Ab! du moins, perdent-ils
beaucoup cle leur amertume par l'idée qo.'ayant disparu.
à l'âge de l'innocence, tu es monté au Ciel! ..•
Vers celle époque, nous ignorions qo'un frè1·e chéri,
notre cadet, âgé de 31 ans, marin consommé, officier d'on
mérite distingué, était mort depuis un mois et cela onz~
jours après son arrivée au Fort-Royal, Martinique.
Cher Etienne , tu disais en partant : « puissé-je, à mon
retour, retrouver mon frère!» Ainsi , tandis qne tn étais
occapé et affligé de notre état maladif, arrivait promptement le terme de ta destinée! Pins malheureux que
toi, puisque nous te survivons et que notre cœor est déchit'é, tandis que ton âme brille dans la céleste patrie,
du moins le chagrin ne nous consumera point, car nou1
saurons toujours nous nourrir de l'e~péraoee-Oe Le r~voir.
Sans doute l'.espoir de revoir ses meilleurs parens,_aes
1\1. le doc leur Cau l'ièl'e.
�(
)
~14
bie 0 beure~x, e,1 la premi~~
des
amia ~ _d;l.DS le -4éjour
rions
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de. tou.te11 les consolation Sans lui nous ne résiste
:
érans
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plus
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l'un
,
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poin~ à no troisiè~e
en
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enfans
elle-m.ême par la doule ur de voir presq ue tons ses
grave
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malad
d'une
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attein
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tombe
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la précé der dans
cai::sa
ne
termi
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fils,
notre
de
mort
la
trojs Ù\ois après
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penda
,
ances
souffr
de
jours
huit
rière. au bout de
granq
d'un
ple
l'exem
r
donne
nous
de
quels .elle n'a cessé
<:onrage et d'une entièr e résignation.
avec
Qne le froid moraliste nous appre nne à suppo rter
tre
démon
nous
il
même
que
;
sort
dn
es
calme les capric
for~
C'est
.
revers
s
grand
plus
aux
és
les llfantages attach
"endent évilij~n. ~o.os devons admir er se's effort s qui
ille de maî 7
conse
qu'il
Mais
bot.
le
louab
nn
tlentm ent à
e an cri d'
silenc
oser
d'imp
t,
emen
mouv
er
Jriser lé prem_i
e non~
comm
é
frapp
est
me
l1bom
que
alors
la natur e ,
un
c'est
t,
plutô
ou.
,
facile
chose
pas
n'est
Ce
l~avons é~é.
és,
-conseil dont il est impossible de profiter. Alors atterr
ennos regard s ne se porten t plus sur les objets qui nous
r; nous désiron'
tonren~; rien ici-lJas ne saura it nous flatte
noas
wivre isolés. C'est dans une pareille conjo nctur e que
de
nous sommes décidés à disco ntinue r la publication
avoa~
l'Obs ervate ur des sciences médic ales, et que nous
cela.
pour
saires
néces
itions
pris les dispos
à
Cepen dant revenus à nons , nous n'avon& pas tardé
itee
1entir comh ien notre résolution avait é1é précip
~
l'•m
que
alors
c'est
car
,
te
péran
.et devenai_t déses
soui
des sujets de méco ntente ment que les distn1ctious
agréaplus
de
ver
éprou
en
ous
ons-n
pouvi
péces saires , et
l,
bles qu'en corre spond ant, an moyen de notre journa
.avec d~ nomb reux savans ; de v1·ais amis , etc ?
bl~
.Pour reméd ier, s'il était possible, à one sembl~
et!'nir
d'entr
s
jamai
que
plus
nt
détira
et
dé.l.ermination
l'idée
dea relatio n! avec TOUS ' Mes~ien1:s ' nuu~ ;ivous eu
�( 315 )
'lte
dè rédtgï'r . un nouveau· journal qhi
nona emp!~ldt
point de nous livrer avec autan:t ·d'ardelfl' et à notre·prw;.
Cique qui est immense (puisque senlement-dàns. leii tli1pensaire1 nous traitons 2 à 300 malade!I' par trimestrel~•
à la théorie.
Appelés à remplir les fonctions·d'interprète d!!!lwSooidté
royale de médecine .de Marseille, nous ·ne nous sommes
point dissit11tilé tout ce que noua avions ·~ fair.e •pour répondre à 'la éoilfi'allce de cette ·honoi"ahle- Compagdie..;
notis sayioôs que, èlës sa :fondation, elle eunoujour- s -llne
allitiide têllément imp~sante , que les premières Sociélb
de :}a Fràlice s'empressè rent de se l•affilier. Mais ·nolis
nolis·étiom aperçus 9ae si eile avait su soutenir ·son· n"Om,
en sot1tenant sa dignité, elle n'avait sans doute pis âH~
fait pour figurer avec distinction quant à ses produotioôs
littéraires, eu égard au nombre toujours croissannle ses
membres. Déjà en 1824 (Voy. le 'tom. 'VIl,pag.•3 gderee
journal) nous observAmes que l'exposé annuel de ses tnvaux, ne suffisait pas, non-seulem ent pour pl!ouver totttrce
dont elle est capable comme Société saval'lte, maininl!ol' e
pour satisfaire ses nombreux associés, qu'il ne ten'airpoin~
au courant de ses actes et de la science, car ool"T" qu'il
p:lraissait trop ta rd, il ne présentait qu' ne simple annonce et rarement une très-courte analyse des mémoires,
etc., que les correspond ans avaien adressés. ·
En conséquenc e, nous. :nons proposé à l'honorable
èompagn\e de! publier par trimestre un cahier intitulé:
Builetîn des· l:'tttii:zux de la Société royale de médecine de
Marseille ,tete.; etc. , pour faire suite à ceux insérés dans
notre jonr11al. Cette proposition ,·après avoir été discutée
dela'tnanièr e l& plus ·conve11ahle ,-a été d'abord adoptée à
l'aoanimité· quant'ân fond, et nne·con\.mission a été chatgée
de présenter iln rapport relatif à la forme du -nonveaD.
mode· de publica(ion .dès lràVâüx 'de la Société. Ce rappbrt
ic!lé'également ·adopté· et on_a décidé de donîrer la 'ëe·1n~u-
�( 31 6)
Société ro.ral• d~
•éau journal le titre de Recueil de la
.
médecine de Marseille 1 '"etc.
e
.........__,_
sieurs, que votr
Nous aimons à nous pe:rsuader 1 Mes
erva teur sera le
Obs
e
'é mpr esse men t â souscrire à notr
vous intéresser
doit
mêm e pou r un nouveau recu eil qui
est le fruit
qu'il
tion
bien dava ntag e, si vous faites atten
science et
la
r
pou
zélés
d'un gran d nom bre de médecins
de l'art
ent
nnem
ectio
animés du désir de con tribu er au perf
n1
uctio
prod
es
leur
meil
méd ical par la propagation des
ce
de
lité
l'uti
de
rez
juge
don t ils auro nt fait choix. Vous
emêm
en
vrez
rece
vous
recu eil par le pros pect us que
t
poin
vous
rezn'au
e
dout
temps que nos adie ux; · et sans
a
on
ent
souv
que
ble
vora
·\le cell e entr epri se une idée défa
tres entreprises. En
raison de se form er de beau coup d'au
les aute urs ou les
,
us
pect
effe t, bien que par les pros
és d'un trés-grand
anim
sont
s
édit eurs nous assurent qu'il
ons tort de croire
zèle pou r l'in,t érêt pub lic 1 nous auri
eussent pou r hut
s
raire
litté
que toutes les prod ucti ons
qui sous prétexte
ins
riva
d'éc
l'uti lité générale. Il est assez
, ne font que
mes
hom
des
de trav aille r pou r le com mun
ap_porter à eux-mêmes.
l, discerne bienLe blic , juge sévère mais imp artia
qu'en appal'est
ne
qni
i
tbt le vrai pbil antr ope de cela
mes faux et
hom
des
ce
justi
i;en ce; il ne tard e vas à faire
de beaux
tré
mon
t
ayan
qui,
à acco rder son estime 11 ceux
ser.
réali
les
de
on
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'in
sent imen s, ont eu an moins
été
Soci
la
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égar
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à
oche
1
Au-dessus de tout repr
s
mpio
pas
ra
resse
~·ad'
ne
e
seill
royale de médecine de Mar
et nous sorpmes sûrs
au tribu nal de l'opinion pub liqu e
douce récompense,
plus
sa
~tre
que , si faire le bien doit
aux dans l'approtrav
ses
de
elle trou vera enco re le prix
rage s des savans
suff
les
bati on du goa\ 'erne men t 1 dans
et lans l'estime générale.
ux déjà trop longs
Il serait tem,,ps de lertn iner nos adie
avons fatigué d11
vous
noos
el .même .fast idie ux, ·puisque
�( 517 )
récit de nos malheurs, mais sana doute encore u·op courts,
puisque c'est pour la dernière fois que nous nous entretenons avec vous. Permellez. Jonc que nous ajoutions
quelgues mots qui méritent bien Je trouver place ici:
il nous re~te à exprimer le vœu que les gens ùe l'art
de tous les lieux, et surtout ceux qui ne sont que trop
divisés, se réunissent dans ùes vue3 ù'utilité publique; que
tous fassent consister la félicité à s'aimer dans leurs frères
· et var conséquent à se conduire d'après l'observam;e de
l'abnégation individuelle; pour le dire en i1eu de mots,
ils n'ont qu'à vous prenJre pour modèles, et la science et
l'humanité seront satisfaites- Il est vrai que parmi vous il
y en a eu qui , cédant à l'influence , aux pressantes sollicitations de certaines coteries , ont d'abord cessé de
souscrire a notre journal, et se sont ensuite attachés à faire
jouer tous les ressorts imaginable~ pour nuire à cette entreprise. Mais leur conduite, du 111oins celle de l;i. plupart
d'eutr'eax était évillemroent très-innocente, puisque, dès
qu'ils ont reconnu qu'ils ne fesaieul que seconder la malveiUance, nous les avons vu, pour ainsi llire, capituler.
ont demandé de figurer de nouveau. au
En effet,
milieu de vous. D'autres auraient désiré faire la même
demande, après avoir été pénétrés de l'insuffisance de
leurs loua}les efforts, s'ils n'avaient pas craint de montrer qu'ils étaient revenus de leurs égaremens.
Si nous retracions les raisons qu'ils nous donnerent
comme ne leur permettant plus tle continuer leur abonnement, vous en trouveriez. de fort bounes, saus dout.e ,
qui justiGrnt plusieurs d'entr'eux; mais vous disti11guerie1'
également celles qui ne servirent qu'à couvrir la turpitude
de la plupart de ces zélés sousc1'Îpteurs.
Nous avions promis de lei signaler et de nous permettre
quelques r~tlexions sur leur caractère. Nous avons changé
ù'avis, surtout après avoir exprimé le vœu que l'union
41.
T. X. Oct. 1 Ni:w.etDéc. 182$.
a,
�( 518 )
)fi plat intime règlile parmi tous les médecins, on du·moin1
parmi ceux qui exercent à Marseille. Or, nous noas garderons bien de découvrir ce qui, étant connu , deviendrait
nn obstacle à celle harmonie. U'aillears, ayant pardonné
les offenses de vils intrigans , et même respecté des
concl1J>i.ons dictées par la mauvaise foi ... ; nous devons
à plus forte raison taire les mênées de quelques bons sons.
criptenrs.
Nous avons annoncé qu'une liste gén éraie de MM. les
eonscripteu rs serait placée à la fin du dixième volume.
Tout bien considéré, celle liste serait justement regardée
comme one superfluité , oufre qae no us a arions à passer
sop.s silence les personnes qai , par circ on stances, oa sans
motif légitime, ont cesi;é de se ranger de votre côté. Il
nous suffit donc d'indiquer ici les personnes qui nous ont
honoré de lffUr souscription pendant l'année 1825 , indépendamme nt du très-grand nombre de celles portées &ul'
le11 listes consignées à la fin des 2. •, 4. •, 6.• et 8. • volumes
de l'Ohservate ur des sciences médicales.
Toutefois noas ne termiueron s point san!I redire au
moins les noms de ceux qui ont le plus contribué au
succès de notre entreprise ; les voici suivant l'ordre alpha·
hétiqae: Achard, vharmacien du Roi, à la Martinique ;
Acli.ard , Honoré , chirurgien , à Marseille ; Aillaud ,
docteur médecin, à Aix ; Aibanelli , chimrgien , à
Marseille ; Allemand, d. clr. , idem ; Annibal Omodéi, d,
m., à Milan; Amaud, d. m. à Aix; Barrey, d. m. à
Besançon; Boissin, pharmacie n, a M~rseille; Boyer, d.
m., idem ; Broussais , professeur da Val - de - Grâce , à
Paris; Calmes-Moncet , chirurgien , à Marseille; Camoin,
d. c., à Odessa; Cauvière , d. m. et "·, à Marseille; Cavalier, d. c., idem; Cazals, d. m., à Agde; Chapus, d. m.,
.à Monte-Vid éo; Châtard , d. m., à Baltimore; Chervin, d.
m. , à Paris ; Couret , pharmacie n, à Marseille; Devèze, ,
J:; d. m., à Footaioehl eaa; Favari, d. m., à Marseille;
�( 519 )
Fauchier, Louis, chirurgien, à A.ix ;Féliz:-Pascalis ,d. m. ,
à New-York; Frizon, chirurgien, à Marseille; Gadelius,
J. m., àStockholm;Gassier, d.m., à Marseille;GaudibertBaret, pharmacien, à Carpentras; Gay, d. m. 1 à Marseille ;
Gillet , d. m.; idem ; Ginnochio, chirurgien, idem ; Gintrac , professeur à l'Éco\e de médecine de Bordeaux; Giraud-St.-Rome père, d. m. et c., à Marseille; Giraudy,
d. m. etc., idem; Grimaud, A.., d. m., à Paris ;Gueit, d. m.,
à Marseille; Jacquin 1 d. m., à Valence; Krapp, ch.-mojor,
àStockholm ; IJ1agail, d. c. ,à Marseille; Martin, d. c., id. ;
le marquis de Montgrand, maire de Marseille; Nel, d.
in., à Marseille; Olive, pharmacien, idem; Palois, d. m.
à Nantes'; Paoli, Dominique, naturaliste, à Pésaro; Pel-'
len, J .•Bap., passementier, à Marseille; Pennesy, docteur
chirurgien 1 à Marseille ; Peyron, d. m. , idem ; Pierquin ,
d. m. 1 à Montpellier; Poutet, pharmacien, à Marseille ;
Reimonet, pharmacien 1 idem ; Rey , d. m. , idem ; Revest ,
Dominique 1 étudiant en droit 1 idem; Revest, Jn .• Ant.,
administrateur de la santé publique, idem; Revest, Jh,
chirurgien , idem ; Rieux, chirurgien , idem ; Roc/toux,
d. m., à_Paris; Rolland , ~·m . , à Arles; Roux, E., pharmacien, à Marseille; Roux, J .-N., d. m., à St.-Maximin;
Roux, J .-L•• chirurgien, à Marseille; Salvat, d. ~,· etc .._
à Pernes; Segaurl, d. m., à Marseille; Seissan, d. m., id.
Seux, d. m. 1 idem; Sue, d. m., idem ·; Tyran 1 pharmacien,
idem ; Textoris 1 médecin de la m3rioe, à Toulon;
To1tche, d. m., à Marseille ; Trabuc, d. m., idern ;.
Valentin, Louis 1 d. m. , à Nancy ; Vial, médecin vétérinaire, à Marseille ; le comte de Villeneuve 1 Préfet da tlépartement des Rouches-du-Rhône.
Recevez toas, 'Messieurs, l'e11pres~îon de ma sincère
estime et de ma vi,•e gratitude, et comptez sur mon empressemeot i} vous servir toutes les fois qne je pourrai
vous être utile.
Et vous , rayés de la liste des vivans plutôt c1u'il n•
�( 3::w)
falla-it, souscriptenr8 qui deviez à vos qualités morales et
à vo' talens l'estime de tons ceux. qni vons connaissaient,
jouissez dans la demeure des jnstes. Benac, Daulioulle ,
Derbesy, Gandr, Girârd, vos noms inscrits sur le tableao
<les noms précédens ne peuvent qae l'embellir , et parce
qa'iols rappellent des hommes chers à l'humanité et parce
qu'ils sont retracés par la reconnaissance.
P.-M. Roux.
J,
L 1 STE
Des Personnes qui ont sollscrit à ce jollrnal, ou auxquelles
il a été adressé en 1825, indépendamment d'un trèsgrand nombre des Personnes et Sociétés portées sur ta.
Liste des Souscripteurs pour les années antécédentes.
rédacteur des Annales universelles, à
Milan.
Fla va rd , docteur en médecine, à Aubagne.
à Marseille.
idem ,
Guiand ,
Joly, J.-B., éditeur du Journd! de médecine du Jura, à
Dole.
Laroc1iè, R., docteur en médecine, à Philadelphie.
Léon Marchant, l'un des rédacteurs du Journal médical de la Gironde, à Bordeaux.
Magliari, Secrétaire perpétllel de l'Académie médico-chi-·
rurgicale de Naples.
llicard, Charles , directeur du Bulletin de l' Annonciateur,
à Rambouillet.
Richelmi, docteur en médecine, à Nice.
Robin , chirurgien , à Ma1·seille.
Roux, J.-L. , clâmrgien, idem.
Roux, Polydore , conservateur du muséum d'lustoire naturelle , idem.
Arl!'nDA L ÛMODEl,
FrN nu
'l'OMJ!:
n~x1hn:.
�TABLE
Du
AvTEURs
l!.T
ois MATIÈnEs CONTE?'IUEs D.A.1'S Lr;
TOME n1uj.; 11u!.
l.•
ÂLL!!MAND,
AUTEURS.
pag. 253. 257. Aynaml, 257. 258.
Bacon jeune, pag. 123. Barrey, 72. Beullac père, 255.
Boissel , 3o.
Caventou, pag. 83. Chatard, 193. Chereaa, 86. Couret,
29. 82.
Deschalery, pag. 86. Desgranges, 103. Devers, 37. D11nès, 191. Darr; 33.
Fabre fils,pag. 254. Favart, 197. Ferramosca, 92. Fodéré,
231. François, 85. Frisch, 33.
Ga8sier, pag. 189. Gillet , 252. 258. Giraud-St.-Rome fils,
9. Godefroy, 31. Guiaud, 106.
Haramhourg jeune, pag. 29. Harison, 33. A. Henke, 37.
Henry, 81. Hazard fils, 85.
Jacqain, pag. ·218. Isoard, 259.
Martin, pag. 41. Masoyer, 91. Meyer 38.
Pardigon, pag. 117. Pelletier, 85. Pierqoin, u?i.
Ranieri-Cartoni, pag. 9. Rèymonet , 65. Rob. ').'homas ,
227. Rolland, t95. Roth, 92. Roux Polydore,., 69. no.
245.Roax, P.-M., 1. 22. 33. 36. 69. 72. 77• 81. go. 93.
100. 117.120.123.125.227.231.245.247. 255.256.307.
�Sainte-Marie, pag. n3. Segaud, '.197· Seiuon, 77. Sue,
254. 257. 258.
Tavarès, pag. '.12· Textoris '- 1'.19· 26x.
· Vnaflar•, pag. 2g.
2.
0
M A T 1 È R E S.
de l'éditeur de !'Observateur des sciences médicales à MM. les A.honnés , p. 308.
Analyse d'un aperçu physiologique sur la pbthisie pulmonaire , P· 77. - d'une brochure sur la manière l~
plus propre à guérir radicalement les varices , g. ~
de cinq brochures sor des observations météorologiques
et constitutions médicales, 72. - d'une dissertation sur
des considérations d'hygiéne publique , etc., applica. bles à la ville de Rio-Janeiro, 22. - d'une dissertation
sur l'insertion du placenta à l'orifice utérin, n 7. d'on traité contenant des leçons sur les épidémies et
l'hygiéoe publique, 231. - de l'ornithologie provençale, 69. 120. 245. - d'on précis descriptif des instrumens de chirurgie, Si.
Analyse chimique de la lobélie anti-vénérienne, p. 3o. de la poudre de Laeyson, 38. - de la racine de guimauve, 123.
Annonce d'un journal de médecine légale,p. 37.
Autopsie do roi Louis XVIII (quelques détails sur l')
ADIEUX
.P· 9°·
Catalogue des médecins des dispensaires en 1826 , p. '160.
Concours académiques, p. 39. 97. 124.
Êtude des eaux, p. 129. 261.
Formule de l'acide hydrocianique de Schrader, P· 85.
--d'un., décoction contre les varices, 33. - d'une eau
Terte , 29. - d'une pâte de Lichen d'L;lande , 29. cl'un remède contre le tic douloureux , 38. - d'on•
�teinture emenagogue, 37. - d'nn vermifuge,,, 34.
lettre du professeur Brera qui demande diverses espèces
de quinquina , p. 186.
Liste des Abonnés, P• 320.
Manière d'élever les enfans (de la) p. u7.
Mémoire sur les entités, l'ontologie, les onto)pgistes et
l'irritation de M. Broussais ,p. 197. - Snr la vaççiqe;
218.
Mot (Un) sur on contagioniste simulé, p 94. - sur
un décret concernant l'instruction des chirurgiens d11
Portugal, 37. - sur Je jury de médecine de Marseille,
93. n3. -- sur les maladies régnantes, 38. 96. u4.·
-- sur un prix décei:né , 123. -·- sùr les sangsues, 8~•.
--- sur one séance publique de la Société royale de
médecine de Marseille , 123.
Notice nécrologique sur Bretté et Derhesy, chirurgiens,
p. 75. --- Sur le do.ctear Gérard, 1.
Notice des travaux du Comité médical des dispens;iires <le
0
Marseille, n. 111, p. 100, n.• IV, u5, n.0 V, 247.
Observations sur l'dcreté de l'huile de ricin des Colonies,
p. 83. -- sur ]'analogie entre l'huile de croton tiglium
et celle da pignon d'Inde, 82. - sur plusieurs cas
rares, 41. -- sar des convulsions, 255. - sur des
corps étrangers dans le larynx, 258, 259. - sur les
criptogames utiles, 86. -- sur le diable aa eorps , etc.,
34. -- sur des doa leurs abdominales guéries par l'opium,
257. --- sur l'efficacité da snlfare de enivre dans le
croup , 33. --- de l'opium dans le choléra-morbus, 257.
do laudanum dans les cas de taies, 258. --· sur on em..
poisonnement par le laudanum appliqué sur on érysi.
pèle, 106. -- sur l'extirpation d'une tumeur enkystée
de la mamelle gauche, 65. - sar on fœtus expulsé par
l'anus avec I"Upture de l'utérus et do rectum, 33. -sar une fracture de l'apophyse zigomatiqoe , 195. -1ur .one gastro-entérite avec érysipèle à la face, 252.
�·-- sor la guérison do charbon au moyen du mercure,
9'1· --- sor une hydrocéphalite, 189. --- sur un ictère
chronique, 256. - sur un kyste au globe de l'œil, guéri
par la cautérisation, 258. --- sur une masse de cheveux
trouvée dans l'estomac, 103. -- sur une note concernant la fièvre jaune, :i97. --- sur une ophthalmie, 258.
--- snr une paracentbèse suivie de mort. 193. -- sur
une péripneomonie suivie d'une vomique terminée heu·
reusement, 191. --- sur plusieurs cas de péri pneumonie,
255. --- sur une pleurésie, 254· 255. -·-sur un rnumatisme à l'arLiculation iléo fémorale droite, 253. --- sur
la thridace, 85. -- sur l'utilité de l'acétate d'ammoniaque contre l'ivresse, 91.
Observations météorologiques, p. 307.
Remarques sur la chélilloine , etc., P· 31.
Relevé des registres de l'Etat-civil, p. 39. 97· ~24· 307·
Remède contre l'ivrognerie, p. 92.
Séances ordinaires de la Société ravale de médecine de
Marseille, P· 63. uo. 184. 301. 3o·3. 304.
Variétés, p. 36. 93. 123.
FtN DE LA TABLE DU TOMB DIXIÈME·
(
FA UTES ESSENTIELLES A. COllRlGER.
lisez: cinÏ
l'ag. u6 , lig. 5. au lieu de : huit
neu
douze
6'
id.
19 jours
un moÎi et demi
id.
7,
sept
Jualre
8.
id.
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GiowmeU.i
Gioan11et
28,
;30.
dont
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135,
cédant
céduns
19,
élabor~s
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établis
35,
151,
Hei":Y
Harq
14.
Manyat
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l'rlurraat
ltl,
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Minus.
Mina&
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opèrent
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18,
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,
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�TA'B.LE
1\1 AT I È R,E S
DES
OON'lENlJES DANS
LllS
DIX
VOLlJMES
DE
t'ol!SERVATl!Ull.
DllS SCIENCES MÉDICALES.
NO'rA. L'idée de donne!' tous les ci11q a11s u11e table analj·tique et
n1iso11111fe nonsful suggfr,:e µa1· le désir ile faciliter la l'eclierche des
unndweux 11Lat1;riaux publiés , et de prCsc11lcr dans un.. cadre 1·aiso11.-
nribtement circonsc1·it, la subst.wce de di:r volumes •.li-Jais arl'Ctés dans
notre f/La1·che, 1wécisé111e11t à la fin des cinq 111·emière< années depuis
la publiccliinn de notl'e 1·ecueil , nous nous croyo11s di •pensés d'entrer
.lal!stous les drtnils d'une table telle que nous l'avons annoncée, puis</ILC r.otre collection n'est /'°int au.<.<i r,onsirlérablc qu'elle a1.1·ait 1m le
devenir .t q11e !""' conséquent il est aisé d'en trouver les nwufres par
la table f1lacée ù La. fin de chaque volume. Cependant, nous cl'où·ions
mw1q1te1· en quel</'"' sorte à nott·e p1·nm~s·se, si nous Ile fesiu11s pas a.a
moins ln réct1pitulalio11, da11s un o1'rlre plus p1·écis, plus dist111cl , rie
to11s les articles contenus dans not~e 1·t!pe1·toir·e. La table suù1a11te,
e11core qu'elle soit plus courte que celle que nous voulions faire, ( cnr
llous 11'r mentionnons pas mème les aµtew•• donr. les noms se tr·oiwent
ù la Jin de chaque tome) 11ïwliq11n'a pal moins bie" les matières qui
composent les dix volwnes de l'Observateur des science> m~dicales,
ct•s matières ayant eu! réduites assez méthorliqueme11t et ass~z brièvement, quoique le temps que nous avons mis à la faire 11 'ait pns été
<usez long/'°"'' nous 11ermettre de rlo1111e1· d ce travail toute la per.fec•
tinn désu·t..ble. ll 11ous l'PSte à annoncer pour l'inlelli[!,ence de celle
table i. 0 que le d1{ffi·e romain i11tliq11e le volume, L'arabe , la page;
2. 0 que tous les mots ou 1dwases entre rle1tx pm·entki:.;PS, 'fttOit1ueplacés les u11s à c;Oté ou. an-des3ous des a11.t1·es, n.'Dnt aucun rap71or~ e1J,tr'eux et se11lemc11r. au p1·emier mot én·it en italique qui les dépasse
d'an quodl'lllllt; 3. 0 que GnnsJquc111nient ces mf>ntes nwts nu ph1·a.-~es
11e se rn/'l""'tent 11où1t à ceu.~ évrils aussi en ital1que, a11xquels le lecteur· est r"'"'O) e par le mot Voyez; 1t·" qu"11n tiret 1·emplace le mot
général itat:7ce , lo1·sl/Ue celtti-ci dei •ait èlre répétP élant aui11i cl'mle
épithète ou d w1 wlie"tifq11i liû don11 e un autt·e sens. Ainsi• l'ar exemplc,.ipl'èsle mol acir!c benzoïque etl01·s4u'il _,'ngitde l'ncide nitrique,
"" tir·et l'e'),'l'l"ce le mol acide ettl n'.r a que l'adject~·nitrique.
A.
ABCÈS (à l'anus) IX.115.(dans
un lobe da cerveau) 1 195.
( Cl'itiques) lV. 6. i 15. (guéris pal' de sirn11les ponctio11s)
I
VlJI. z5S. (à l'ombilic) VIII.
2~5. (dans un ovaire) VI. 5.
( à un pil'd ) VIU. 154.
Abdomen (inflammation desvis-
42
�bèTes- de 1°) X. 75. (: tr.ànsposi lion des viscères de l') III.
144.
Abeilles (notice sur l'aiguillon
des) r. 186.
Al,011111Js (adieux de l'éditeur de
l'Observ:iteu'r des se. méd à
MM. les_) ~ · 3n8. ( compli315.
n1en't à MM. lès )
( liste de MM. les } II: a38.
vm.
IV. 336. VI. 3:9. VIII. 3:5. X.
320.
AbsintT:c maritime ( est vermi93.
' fuge)
Abstuw1t e (son utilité) I. 174
Aoàrlémie 1·oyale de Bctrcetnne
( séanC'e· publique de I') VII.
rr.
VII.
i'13.
Acci-dent (a1'rivé à un cx-ha1·bi ·-r)
- 11. l ;9;
Âcc1:Judœme11l ( labo~-ieux. ternl.) né heuréuscmentau moven
d'incisions faites a l'oriÏîre
de l'utérus ) I 87. (rendu la. horieux par la position du
èbrdlln ombilical ) I. 193.
Aci.Jcs: Voy. Cirè.
Acitlebènzoiql1e( expérienèes sur
lès' trois es)'èoos d' ) I. 3 1 6.
( ~h~et'v . sur lâ pré1\a:ration
~'e
r
) -VIH.
3~.
- nirriqriè. Voy. lettcon·liPes.
..::.. prussù1ue ou lr,ydrocianique.
Voy. asthme co11v11lsif, bro11cldtt's, (J.((f.liar1•e pul111.onaire ,
-cëpli:allûgie, luinwpthi<ie ,phthi- siè ,· •à.ign1!e ( nouYeile prrpation de f' ) V . 2~3. (tue les
végétaux) VIII. 158 (l'ammo- 11.iaqueestantidote del' J VII.
36. la solution du cyanure
de p<lùtssium est succédanée
dé' t 1 ) VI. 'lô6.
~s11 l/i11·er1 x anhyd1·c ( obs. sur
l') VIII\ tb!J;
- s11lfiwiq1>e (son action sur les
muri a tes ) H . ~ fig ( utile contre l'iv ro p 1erie) X. 92.
- tal't.-iquc. Voy tartre .
4Jrou (notice sur l1) YUI. 309
4il ( formule d'un sjrop d' )
VI. i 57. ( prqiriétés de l' )
e
IV. 29.
Ai,.. Voy. veines.
Albinos ( exe1nples d') III. i 58.
Alcali. Voy. lll'J re.
Alcalis 01·ga11iques ( leur propri été essentiel' e contestée )
3.
2 7 0.
Alcoholi11lètr c . Voy. t liermry111.è11·e.
,4.lié11.ar.in11 mentale (essai sur I')
II. 1. 251 ( c1: s d') VHI 2 :'> 0.
Alüma 11laniago O</Wllica-( eslantidotede ia rage cauine )Il. 37.
Alow;h i. Voy. reswe.
.dmanrles amiwes ( leur huile
volatilees 1 un r ois on •Il. "67.
Ama.tl'nse ( formule de WARE
contre l') I. z34. ( guérie sans
tr .t ilement) VI. 125. ( obs .sur
u11c) L z52 . ( produite par
une go •tlte de datura arhorea) lV . 10.
Amem .· (de 1 500 fr. ,/, laquPlle
un herboriste a éLé condamné,
pour âvoir en rliez lui des
drogues composées de substances véné1 cnscs) IV. 204,
( cle 3 0 0 fr .. qui a été infljg,:e
à un m édecin qui a annoncé
comme serret. un sirop connu) VI.5L8- (ile 500 fr ., à Jaqnelle une personne a été condamn ée pour avojr èxercé illé11alument la médecin~ ) X.
37. (de zoo fr ., infligéd deux
personnes qui ont préparé un
remède secret ) VI. 1 16. ( de
100 fr., à laquelle un pharmacien a été condamné pour
avofr préparé et vendu comme secret un sirop connu ) VI.
318. (de .ï oo fr., infligée à
un phdrtnncien qui a vendu
de l'ar~enic sans s'être conform é a la loi ) VII. 21 2. (de
::iooo fr., qu'un pl:armacien
a él.é obligé Je l''t>"er pour
avoir vendu d e l'ac 1.~c sulfurique à une femme qui s 'en
est servie pour se suicider)
vn.
vm.
IL 95.
Amena1·1·/ié.e (l'ammoniaque injectée dans lcvagin 1 utile dam;
l' .l VI. 57.
Ammoniac (sel ) Voy. liui/e.
�Ammoniaque. Voy. mor;t1re de
ta vipère ( utile dans l'amé-
Ârttclmoïdé ( inff8\ntnatfoa de
l') IV. 6. 177.
norrhée) VI 57. (antidote de Araignée ( espe-ce vésicatoiré')
l'acide prussi'Iue) VII. ;,6,
lV. 27.
(gufritl'inesse)lI.105. (son Are,1uier (analyse del') V. 47.
ac .: tate utiie contre l'ivresse) A1-istol0Glua ser11,,11!.,ria ( anaX . 91. ( ob., erv. sur son acély>e de l' ) 1. ?.86'.
tate ) vm. 59.
Arnica ( ses Oeurs sont antips~
Amnio, . Voy. eau.
.
riques ) VII. 1 15.
.Am11utatious Voy. doigt (con- Arrière-faix. Voy. plar-enta•
s1rlfrat1ons sur les ) IV. 92.
A'·senic. Voy. porarsa (le éarbo./l11!n;r1ati~ . ( a nécessité la lanate rle magné11ie est contreryngo :om1e) IV. 170.
poison de l') V. 5o.
.Aualomie de l'homme (ouvrage Artères ( obs. su'r la ligaturé des
écrit en turc ) 1. 530.
principales ) V. 3.14, (nouvel·
- patlwln,t;ique ( pièce d') VII.
mstrument pour la ligature
?.45 . ?.45.
des) IX. 55. ( le~r Ù~ature
véteruwù:e ( analyse d'un
préférable à la compression,
tra ;Lé d') I. 75.
lorsqu'elles sont ouverte5' t
Anc111011e pa1,o,.ina ( succédané
VII~. 247. (_hém?rr~g:ïp de \:i
du quinquina ) IV. 6.
cubitale qui a necess1té fa liAncncé11hatie ( ruémoire sur l')
gature ?e la' brachiale) ~:
IX. 189.
24 .. ( hgatnre de la carotide
An~vrism es ( mémoire sur ceux
P.rim!tive à un ad•:lte épilepdu cœur) I. i 55. ?.87. III. 229.
tique , etc.) V. iog. (' 0881Angù1e (suhilemrntsupprimée)
fiées ) II. 107.
i. 308. ( guérie par les sang- Âr!ériotomie ( avantages d1r la
sues. les dérivatifs el les mitemporale) 1. 191. . .... .
noratifs ) III. 250.
Asarum.europœllnf (analyse des
- ga11;;rene11se (considérations
racines de l' ) I. 28,5., .
sur l' ) X . 259.
Asphalte (son utilité) IV. 27;
- P.olypeuse. Voy. croup.
Asphy-:rie Voy.élea1 ic11é(pi:esque
- io11sitlaù·e ( guérie par des
d~terminée par la vapeur du
vomissemeus ) VIH. ?.55.
charbon) VIII. '152. (occaA11gr1stt.ra (d ifférences ent1 e le
sionéc par la vapeur du chai-faux et le vrai) I. 1 oo.
bon) VIII. 255.
Animnux ( regardils comme mé- Assaisonnrmens (remarques sur
decins ) IV. 31,
.
l'emploi de• ) 1. "5 t5.
Ânnolalion (avis sur une) 1. 5'19· Asthme convulsil( e•>mbattu a:o-pc
Antimoine. Voy . pommade.
1 succès par l'acide hyclrociaÂnll'a:r: (considérations sur l')
nique) VIH. ?.55.
.
x. 54 ..
As11•a.t;àlns (ses graines prc110Anus. - Voyez abcès, seton.
sées pour rtmplacer le café)
( èonlre nature guéri par la
IX. 'l16.
compression) VU. 107.
Atmo<plw1 e ( notice sur celui
Ani t~ ( dé 1:1énération squirreuse
des mers ) VU. ·~9.
d~ l') I. 282.
ArrJJf flT A. (notice historique
Apho111e ( note sur l' ) III. 85.
sur) IX. 3.;.
Apoplexie (heureusement com- .L111tocla1 ·es (un moi sur les ma~
battue) VIII. 205 . 256. (avec
miies) I. 1 09.
bémiplegie dir côté droit ) Âulopsie (quelque~ Mtails sur
LX. i 14.
. celle de LQu:s XVIII) X. 9"·
Âpy7·e (nouvel alcali) l. ·315.
A-vortemeJJl (la mort a .été le ré-
�tances remarquables ) VIII
181.
eultat de médicamens pris \
' pour provoque r l') VIU. 250.
, (suivi de quelques circons-
B.
Bains. Voyez cliorée, S/Hl.<mcs ,
IJ'plws . 1'0missemen1 ( cl'eJ nx.
minérales nalurelles ) IX.
149. (d'eau pure) VJI 2.;.2.
( analyse d'un prus r ectus
sur uu é1ablissement cle )
· IX. z69. ( de 111er) I. 122.
VIII. 3oi. 3o3. ( de vapeurs)
Vil. 17. 85 . IX. 172.
Ra,.dages ( po'ur empêehe1· la
masturbation ) I. 33·i . ( herniaires de M. ÛDY.) V. 331.
(de VALÉRIUS ) VIII. 166.
Rarbotù1e t son huile est vennifuge) IX. '.117.
IJarracurla (poisson vénimeux)
1. 97·
Baume (emploi de relui de copahu d1ns la gonorrhée)VIII.
24 ( procédé pour a•hninistrer celui de cop ~ hu) VII.
' 253. (formu le et effets de celui de Salnar) III. 29. ( 1111
mot sur cd"i des Iles-deFrance et de Bourbon ) 1 :l 13.
BelLarlona (son extrait préserve
de la scarlatine) IV. 00:1.
Bibliogmpltie ( articles de ) I.
74· 83. 101. 109. 190. 220.
222. 2:lo. 282. 298. II. '.:.fo
278. HL 3u. 31. 2~+ 3~o.
V. 98. VI. 206. VII. 115. c:.t3.
X. 5. 98. r 25.
BICHAT (monument à la mémoi.re de ) VII. J j 5.
Birgrn11fzie mPrlicnle ( nn mot
Slll" la ) J. 7f>.
B ouclte (ulcération de la) II.
2'8.
Rouillons (tablettes de) HI. i54.
Bouleau. Vôy. huile.
lloulimic (histoire d'une )V. 1 s4.
Bourses (muqueuses ou culanées ) 1 295 2 ~ 6. ih9.
Bras ( amp11té heureusement)
II. Ji~. ( gross ~ u r énorme et
dégénérescence de la peau
cl'uu) IV. 81. (coup d•· sabre
à la partie supérieure d'un
avant-) Vlll 2~5.
B1·oncldis ( traité avec snccès
pnr !'ac.de prussique) III. 13Q.
Bronchotomie. Voy. tracl1ée artèr·e.
Brulures. Vo1•. Pa ... .froirle.
Bubon ( considérations sm· le)
VIII. 27.
c.
CAnET DE r..4ssrcounT (extrait
d'une n otice sur) III. 87.
Café, Voy. t) plws , astraffalus.
Calca11eum ( fractu 1e du ) VIII.
.
217.
Calculs. Voy. pierres.
Campan11fo graminif'nlirt ( est
anti-épileptique) IV. 31.
Camplll'e (cristaux de) l. .~16.
Campl1rir.r (nouvelle espèce de
sumatra ) 1. 219.
Canrer. Voyez œil.
Canelle ( "nalyse cle la blanche)
III. 270.
Crmtlwrùles ( formull1 d'un.e
teinture de poivre long et de)
VI. 107. '
Carapa (analyse .Je l'écorce de)
n . '2 07. ( rlescription du )
163. ( notice sur le pri ncipe
amer de l'huile de ) U. ~5.11.
Carbone ( métal de) I. 315.
( extrait de mémoires sur
l'hydriodure de ) VII. 5o.
Ca1·cùione. Voy. p11his.
Ca1·e.t: ar·é11aria (est anti-syphi·
lit1qt1e) III. 152.
CtLrissa b01·bo11ica ( est stoma·
cLique et vermifuge) IV- 95.
Curotu(e. Voy. artèras.
u.
�·C1nrttres (bist.deplus.)X. 41.
Caslratio11 (opérée par un jenne
homme sur lui-même. ) IV.
504.
Cataracte (lettres sur la) VII.
261 . VIII. 85. 145. 206. 2 08.
( manierc tl'opérer la) I. 105.
(opération de ) IV. 165.
Catlwn·e ( méder.ine e xpectante
appliquée au) 1. 71. X. 237.
- pulmo11aire ( un mot sur le)
X. 258. (traité par l'acide
prussique ) III. 139.
- utPri11 ( guclri par la teinture
d'iode ) VI. 525.
Cautérisatio11. Voy. œil.
Céiéri (existence de la mannite
dans les feuilles de) VI 207.
CéphalaLtrie ( compliquée de
ilypsnée et de ménori'hagie ,
soulagée par \'émétique) VIII.
:i54. (guérie par l'acide prussique ) VIII. 252.
CtphaLée (guérie par le sublimé
corrosif) I~. 58.
Céfhalite ( obs ù'une) 1. 19~.
Cerat (formule de celui de cèdre de Virginie et du résineux simple) VI. r56.
Cerveau ( abcès dans un lobe
du ) I. 195. (dépôt purulent
dans un lube du) VIII. 254 .
(épanchement séro-purûlent
danslesventrieules,etc., du)
·vm. 255. (épingle dans le)
III. s4. (inflammation du)
VI. ip. (phénomènes pathologiques qni ont resul té d'une
maladie ·clu ) Vill. 245. (pro··
duction dans le) II. 150. (rapport entre l'irritation <le la
muqueuse intesti11ale et la
méningine du) VIII. 'l3S.
ChanGre (eonsid.!rations sur le)
VIII. 26,
Charbn11, maladie ( consi<l<!rations sur le) X. 141. ( guéri
au moyen dn mercure) X . 92.
Cluu·bnn. Voy. nspf1ù1e(sesbons
effets daBS-la gangrène par
brùlnrc) fV. 12. ( considhé
comme substance déc .•lornu·t:e) IV. 95.
C!UJrlatanisme (annonce d'u~
mémoire sur le) V. 2 2 6. (un
~ot sur le) 1. 325. 326. 5 •
27
334. 53!i. II. 108.
Chaux (est désinfectante\ V. 92.
(propriété désinfeetan t.i des
chlorures de soude et de)
VIII. 253. (nouvel usage dtt
P,h osphate acide de) II 256.
Chelidu111es, grande et glauq,,e
(remarques sur les) X. 3 1
ChJne (analyse du guy <le) VÎU.
312.
CIIERVIN (un mot sur le cl.)
V. 109. VIII. 214. 266. 514.
IX. 55.
Chicoree (note sur le sirop de)
IV. 310.
Cl1irella (Analyse du) II. t04.
Cltirnrgie11s (portugais leurs
études ) X. 37.
'
Clitore (étendu d'eau, efficace
dans la scarlatine) VI. 261.
( inco?véniens du) VII. 29 7•
(son rnfluence snr les 4'0rps
organisés) VJI. 296.
Choiera mu1·b·1s (consid~rations
sur le) X. 238. (guéri par l'opium.) VIII. 253. 255. X. ~57.
( rcmi' cl e contre le ) III. 90.
Clio1·ee. Voyez te(tfne ( gnérie
par les san~sues et des bains
chauds.) rx:. 115.
Ciguë. Voy. em1wiso1111eme11i (empl àtre de) V. 18-;i. ( obs. sur
I'cmplàt1e de) IV. 513.
Ci1tchr,11.ine. Voy. qui1ti1te ( employee sur des chiens ) I. n8.
Cil<' (recherches sur l'arti cm
des ncidcs sur la )
265.
Ci•.-eue (analyse de la ) IX. 27 1.
Cli1ti7U<J ch1 I' "'.f?icuLe ( un mot
sur celle de Montprllier) If.
280. III. 2i5. (an~ lyse d'nit
ouvra i;e sur celle de Montpellier) V. 31:1. VI. ~sg. VIH.
22
Corhlém"a (cristaux de ni lre
cl.lns les) II. w5.
Co:1u· 1 anéHismr.s du) I. t 55.
287. Hf. 229. ( liyclatidc da us
la suhstnnce du) IX. 281.
( hypertrophie du) V. 3. 78.
n.
43
�(inflammation du ) V. 5 r.
(lésion organique du) V. 75·
(analyse d'un traité sur ln
mécle~ine du) VII. 24. ( rupture rln ventricule gauche du)
v.
201.
Colique (espèces de) X. 257.
rie.< peint1·es ( guerie par
-
étranger. Voy. nm·ine, 11rècre
(dans le larynx et la trach<'e
arlèr?.) III. 1 58.
CotP; l fractu,re du cartpa~e
cl une ) VII .. 2fi7 ·
Coruo,vo (annonce cl " la mort
de) V. 98. ( floge ltistol'ique
de) Vlll. 188.
Co11. Voy. s11e11r, tumeu1·. ( exti rpa ti 011 d'nne tumeur au) I .
?.9. ( tumeur squineuse au)
IX. i 15 .
Courie. Voy. hyrlrol'isjc articu-
-
l'huile de ricin et les opiacés) X. 257.
- l'iolenle ( a cessé après une
rnennorrliagie a·h ondante )
• VIII. 251. (a été calmée par
lail'e.
deux gros de laudanum )
Co:ml,:{ic (guérie par des moxas)
256.
VITI. 252. ( guérie par dei
Combustion .<ponlanée ( deux
sangsues) VIH. z52.
femmes en furent atte~ntes)
CuzE P. (notice nécrologique
IX. 3:ir.
sur) V.57.
Concour.< ( annonre d'un) IV.
248. V. 1 os. r 8~. VII. 334. Crc:ne (fractures du ) IV. 1 1.
(globules de mercure dans le)
IX. 55. ( détails d'un ) V.
II. 106. (hydatides sous le)
;;74· VIII 41. 11 S (résultat
VIL 57.
d'nu) II. ~si. IX. 111.
.Conseil de discipline ( un mot Crise . Voy. peau •
Critit;ue (injuste) VI. 5rg. .
sur nn) Vlll. ::1t5.
Constipation ( opini5tre) VIU. C1·nl111n ti,'jlnan (analyse de ses
amandes ) VIII. 1 16. ( son
254. (avec lésion du rectum)
huile est purgative) V. 107.
IX. 11.
VIII. 115. (analogie entre son
·Consti.lution médicale ( un mot
huile et celle du pignon dinsnr celle de Toulou'e ) IV.
de) X. 83.
12. VIII. :t48.
Cnn.mltation ( médico légale ) Cm11p ( aigu observé sur un
homme de 26 ans) I. 298.
vrr. 309.
(considérations sur le ) X.
Conla{rifJns ( étaient inronmH•s
239. Eeffif'acité du sulfure de
anx' ancicns) VI. 5S. ( caraccuine clans le) X. 35. (extères des pestileutielles1 IV.
trait d'un mémoire sur Je)
ujo .
IV. 7. ( fausse membrane
.Co:;ta!!_ionisles (un mot sur d~s)
expulsi:c efficacement par les
VTII. 166. (un simul<') X. ':!4·
vomitifs dans des ras cle)
Cmot1·n .<timnli (un mot sur la
VIII 251. (guéri pal' )'expuldodrinc des) III. 14~.
sion de la fauss~ membrane)
CnnvfJli-11ht.< m·v~llsis ( analyse
VlII. 253. (moyens à J'aide
du) VI. 25!,.
des'Tuels on a obtenu la r<-~
Cni""tl.<inns. Voy. l'nfàns (viosolntion du ) IV. 172. ( ob~.
lentes , rnhnérs a prt\s l'ex2.":$9. ( orcnsioné
sur le)
pn lsion d'un ver) VIII. ~5/i.
par la rét1·occssion de la rouCnpa/,, , . Voy. ln11111e.
·255. , 56.) rc:g"ole)
Cru11œlur.lw ! considérations sur
la
S\lllats nécroscopiqncs
.
la) X. ·.3R.
suite du ) VIII. 251. zS5.
Cnrn;,a1 ( fractnrP rl u ) rr. ~ r.
( snivi d'une gastro-entérite)
Cnr1'><. Voy. 1.tcl111ric l ohs . sur le
VITI: 'i.56. (traité avec ~11cces)
diahle an ) X. 3(i. (Nil de
VIII. 255. ~57 . (tumeur aumer à la surface du) VU. 302.
vm.
vm.
vm.
a
�l
dcs~ns de l'ipiglotlc dans uu
cas de) VlII. z5o.
Cr) ptoç;ames ( essai sur les )
x. 86.
Cuisse. Voy. grnou. (plaie par
instriimeul piquant à la) I.
z35. (s uture faite par le malade 1ui-même pour une plaie
à la) IV. rr
Cuivre ( efficacité de son sulfore
dans le croup.) X. 55.
Cra nnse ( cas de) VIII. ,,49.
(analyse d'un traité sur la)
vm. 286.
Cy11rès (son huile est vermi·
fuge) IX. 215.
D.
JJ1111.se de St.-Guy. Voy. chorée.
D11rll es. Vo;r. !11imicranie (manière de. les traiter) VI. z58.
Tk.11,, ra m·bo1·eu Voy. a111a11rosc.
DAflLJOULLE (notice biograpbiqne sn r le d.) IL 246.
·
D é11icacc. I. 5 .
DeL:r'um t1·emens (observation
snrle)Vl.269.
De/li.• ( composition chimÎque
des I. gu.
DMlltli.<Y (notice nécrologique
sur) X. 95.
DESSAU!T (note sur la pommade de) 1. 51-i.
DFrJ.:Z.F. (un mot sur le d.)
VII. 59.
!Jiab1:1és ( mellitus, guéri par
l 'opium) VI. 205. (observa.
tion d'un) IV. 80.
Dim.,./i ce . Voy. manie. ( considérations sur la) X. 234.
Dic1irm11atre ( un mot sur un)
I. 3o5. (un mot sur celi!i des
se. m1:dical es ) I. 553 .
D iètc lactée. Voy. 11htltisie.
D~~italrpourprrie( formuled'une
teint"1·e cle) VIII. 117. (son
utilité clans la dyssenterie,
l'hémopt.hisie , l ' bydropéricar de, la manie) III. 82. VIII.
· 259.
/Jispensaires de Lyon ( analyse
d'nn rapport sur les travaux
de la Société des) Ill. 249.
- de Mar· seille (catalogue des
médecins des) IX. 235. X.
260. (un motsnr les travaux
du comité m<:dical des) IX.
55 . ( no tices des trav. du
corn. méd. qcs) IX. i 15. 229.
X.100.125 247.(reglement
d 11 comité médical des) IX.
255.
DistiLLation. Voy. thermomètre.
Docleur <paroles remarquables
d'un)Il. 110.
Doigt ( amputation d'uf!-) IX.
116.
Dos. Voy. t11me11rs.
LJ011c!tcs (ce 9."e c'est ; celles
d'eaux mine1ales) IX. i8q.
Douleur. Voy. sangsues.
Dragonneau (un mot sur un) I.
104. IV. r T.
- chaatereLLe (observation sm
un) IX. 117.
Dy"Spliaf.fie (causée par la constriction de l'crsophageet guérie par J'ahstinence, etc.) I.
ip. (guérie par l'application
de sangsues à l'anus ) VIII.
253.
, Dyspnée. Voy. céplwlalfiie.
Df"se11ter1e. Voy. d1g1lale. (~onsitlérations sur la) X. 234.
E.
En11 de l'amnios (analyse de]' )
VIII.:55.
fi·nirle ( efficace contre les
brûlures) I. 22'1.
- distillée. Voy. odeurs.
- ,/e mer. Voy. pl1t/u,;e. { appli-
-
qué.c à la surface du corps )
VII. 5o~. ( clà1·té à la surface
de 1') VII. 285. (congélation
artificielle .de l' ) vrr. 294.
( diffi:rences ne l') VII. 283.
(distillée) VII. :t88. VIII.166.
�( ~tude de l') VII. z77. ( im_propreà la boisson habituelle)
VII. 286. ( moyens de la ren287. (pal'dre potable)
ties constituantes de l') VIL
278.(phénomènesélectriques
del') VII 284 l température
de l') VII. 281. (son usage
médicinal à l'intérieur) VII.
2 99·
- pure. Voy. bai11s.
- ve1·te (formule d'une) X. 29.
Eaux acidules gazeuses ar·lificielles( étude et formules des)
X· 140. (efficaces contre le
rhumatisme, la goutte et la
gravelle) X. de i4o à 184.
(établissement à l\iarseille
d') VI. 59.
- acidules gazeuses natur·elles
(leur étude , sont thermales
et froide•, caractérisées par
l'acide carboni'Iue, etc.) VII.
364. VIII. 345,
- rie l'epùwy ( analyse des)
VIII. 3.
ferrugineuses m·liflcielles
(histoire des) X. 261. (étude
et formule des astringentes)
X. de 26 5 à 28 t . ( é tucle
et prolo-formule des excitantes-'.) X. 264 (étude et formule des toniques) X. 265.
- ferrugineuses 11al1l1'elles (leur
étude , so~ simples. acidules,
wlfatécs, thermales et froides , 1ieux où on les trouve )
de 46 à
- de forges ( analyse des) II.
255.
- hydro-s11 lf'hureuse.< m·ûficielles
(étude des) X. 281 (formules
des) X. z84.
- hydl'O-sulpltureuses naturelles
(leur étude sont thermales
et froides , lieux ou on les
trouve) VIII. de 48 à 51.
- •alùies m·tificielles ( étude et
formule des) X. de 291 à 296.
- salines natw·elles (leur étude,
sont thermales et froides ,
lieux pÙ on )eb lroYve) VIII.
~· 52.
vn.
vm.
4s.
-
-
-
minérales ( 11oun11.u Té~ctif
propre à constater la présence
de l'iode dans les ) VII, 1o1,
mi11émles art{fiâelles ( eu
quoi elles diffèrent des naturelles) X. 129. (leur composition ) X. 136. ( considérées comme une nouvelle
classe de moyens thérapeutiques) X. 135. ( divisées eri
quatre classes) X. 138.
minérales naturelles ( acides
borique, carboni'Iue . bydro~
chlorique, hydro~sulfurique,
sulfol'ique; alumine_; azote;
borax; carbonate de chaux ,
de fer, de magu~sie, rle sou•
de ; chaux ; hydro-cblorate
d'alumiue, d'ammoniaque ,
de baryte , de chaux , de
magnésie , de ruanganèze ,
de p0tasse; nitrate de chaux;
oxigène; silice; soude; sulfate de chaux , de cujvre,
ùe fer , de magnesie , de
soude dans les ) VII. de
3 52 à 36t. ( calorique qui les
pénetre ) VII. 3ft6. ( classification des ( VlII. 52. ( consi·
dérées sous le rapport théra·
peutique) VIII. 5~. 711. ( étude des ) VII 337. (influence
ùu fi uiJe électrique sur les)
VII :549.
TYinérales de Molitz (analyse
des) J. 285.
minérales tle Saint-Nectaire.
anfrlyse des) II. 10'2.
minél'fJles du parc deSt.-Mard
(analyse des) VII. no.
mi11érales de Pontivi et tle ltr.
Perrière ( analyse des ) II.
z66.
minérales de Yicliy (analyse·
, des) m. z7.
Ecoles de médecine ( analysci
d'une brochure sur un projet
cle loi relatif aux ) IX. 226.
(annonce des travaux de celle
de Marseille) IL 1 1o (un mot
sur celle de Marseille) VI.
318. (un mot sur un J'roje~
fie loi relatif auJ;.) IX. •47·
-
�227. 282. ( nn mot sul' une
. sibilité de l' ) V. gS.
séance publ iqne de celle de Epilepsie, Voy. artères, campa.
Bordeaux) IV. i57. VI. 318.
11ula (calmée par lès piluÎes
Écrivassit·1·s ( rapsodie à l'usage
de Méglin ) VIII. 252. ( mé. des) m. 161.
moire sur l' ) V. 206. 2 49•
Electl'icité. Voy. eau rie mer,
. ( remarques sur l' ) VI. 1~1,
aaux mùi._frales ( utile pour Epine ( eJfets des suhstanc~s j rrappeler à la vie les noyés et
ritantes sur les intestins étant
autres asphixiés, etc.) III.
frictionnées su,. l') VII. 1 l l .
(inflammation des membta86.
Ë;Lcmi. Voy. ré.<ine.
. nes de l' ) VII. T.
Ete·µf.anthiasis ( observ. d'un ) Epif'hfses ( disjonction des )
III. 225,
VIII. 249.
Eüxir ( polémique scandaleuse Ergotf.<me (considérations Slll'
à l'occas'ion d'un ) VI. 59.
. l')
233.
Ellebore noir (analyse des raci- Er1L11tion miliaire ( obs. sur nne)
. VIII. 282 .
. nes de l') U. 270.
E111iltiq11e. Voy. céphalalgie ,fiè- E1ysipèlP. Voy. fiice, frenésie
vres inle1·11ullenles, pleurésies,
( consid~rations sur l') X.240~
pCrip neunzonws , l'ougeole.
Escha1·res. Voy. peau, pien·es.
E11IPEREUR ( notice biographiEscula11e l. ( mémofre sur une
que sur le d.) 1. r 5o.
médaille représentant ):\". 17.
Empoiso1111emens. Voy. acide Estomac. Voy. plcimb ( intlamp1·,,ssiqu.e. laurla11um , mormation de l' ) X. 74. (irritaphine , saignée , saucissons
tion de l' ) I. 283. (lézards
vivans contenus dans l') I.
fumés ( un n'a pas eu lieu
328. (masse de cheveux trouaprès l'inii:eslion dans l'estovée da:is l') X. 105. (signes
mac de 24 grains de c;guë )
qui annoncent la présence
VICI. ~57. (mémoire sur la
séméïotique d0s ) VIII. 8 .
d'un os garni d'aspérités dans
( prnduits par l'eau de laurier
. l')I.195.
Etablissemeiis thermaux ( à Bacérise) VII. 524. 327. 328.
E11céphnle .( un mot sur des regnères de Bigarres , etc.) I.
che1·cbes re~atives à l')I. i70.
, 69. (. de bains Vnr-. ce mot).
E1!fàns. Voy. médecine (a l teints Etat civil ( relevé des registres
de celui de Marseille) IV.
de convulsions, elc. )X. 255.
32. 112. 165. Zog. 250. 318.
( manière de l~s élever) X.
V. 5fi. 110. 187. 227. ~so.352.
227.
E11ic1·n cystnrèle rt1"a11glé ( ol5serVI. 6o. 11 S. i65. 106. :i.67.
520. VII. 40. 116. 167. 214.
vation tl'un ) l. ~84.
EutJro-~ast1'ile. Voy. é; i11e.
276. 355. VIU. 44. 120. 167.
215. 267. 315. IX. 56. 112.
E11tites (considérations sm· les)
l 48. 227. 283. 320.
59. 97·
X. i97.
F;perlun ( al'alyse rlc l' ). III. 1 51.
. 124. 307.
Epidi:m :<'s. Voy. petite vel'ole (ex- Etat st11t:"taù·c (un mot snr celui
de Fort-lloyaf) VII. 535.
trait d'un rapport sur les) Ill.
149. ( hi<toire d') X. 74. 76. Ether. Vo~'· <1piuni .
( lecons sur les) V. 21 B. X. Ether lq·driorlique ( procédé
pour la prèpar. <le I') IX. 1 o.l.
z31: ( nn mot sur des) VIII.
237 . 246. ( notice sur une de E11plto1·biacé"s (un mot sur le,)
VIII. 114.
13a:rcelone) VIU. 97· (notice
sur une de Toulon) r:<, z62. Excrémens du Dauplti11 ( leur
a.ualyse ) II. 104.
Épiderme (organisation et sen-
x.
1
x.
.
4+
�Extraits. ··Voy. opirim (note sur
la préparation des) VI. 201.
1
'(nouvelle c!~ssilicati0n des )
VI. 51..
F.
Face. Voy.pntasse,te~irne (plaie~
de la) I. 300. ( érysjpèle à la)
X. 252.
Facultés ùtlellect.uelles ( aherrations des ) 1. 3o3.
Faculté de médecine cle llforztpcllier (un mot sur la) V. 185.
(organisation de la) IX. 107.
' - de médecine de Paris (un
mot sur l~s cours de la) V.
iS5. (un mot sur un discours
prononcé à la) I. 186. (organisation de la ) V. 159.
Falcadine ( espèce da syphilis )
Ill.
14r.
Fébrif.,ges. Voy. fer, kerfé, d.
PEYSSON , quina , Sll~fàte de
qllinine , sy1·inga vulgaris ,
ta1'Lre émétù7ue.
Fedegaso (analyse du) VITI. 308.
Fiux PASCALJS (un mot sur le
d.) VII. 39.
Femmes en couclze (fièvres épi.
démjques des) X. 240.
Femur .fi·acturé (vers son col)
Il. 93. (vers son col, et rétabli par un procédé peu
~nnu) JI. 95. (au quart supérieur de son corps par un
coup de feu .) VI. :1.81.
Fer (son carhonate et son so•1s
carbonate efficaces contre le
tic douloureux) IV. 51. VI.
203-. (son prussiate est fébrifuge) V. 108, (son sulfa:e
utile dans la métrorrhagie)
VI. 5$. (préparation du tartrate de potasse et de) VII.
)() 5.
Fen. Voy.' maxillaire.
Fièv1·es (doctrine des) 1. 333.
( réfutation des objections
faites à la nouvelle doctrine
des) ~· 307. (analyse d 'un
mémoire sur les) IV. :1.89.
- ady11amiques ( essai pour
servir à l'histoire des) VI. 19.
( considérat. sur les) J<:. !i4o.
(signes qui indiqucntoucontr'in.liquent la saignée dans
les ) II. 1 6 r.
- ardl!nles ( considérations et
obs. snr les) II. 37. X. 237.
- ata~iques. Voy. ad.ftutflûques
(une a été guérie pa r le sulfate de quini r e) IV. 332.
- bilieu .îes (analyse de deux
brochures sur l es) IX. 43 . go.
144. (un mot >nr les) X. 237.
- épidémi<7ucs. Voy. j~mmcs en
couche.
- iflflammntoires ( considérations sur les) X. 237.
- insidieuses ( considérations
sur les ) X . 237.
- ùztermillenlcs (lettre sur les)
I. 111. (un mot sur les) III.
85. ( ~ uéries par I~ qniuquina
associé au sulfate de quinine)
VIH. 21!9. (traitées par le
tartl'e éru ét•que et. le quina)
III. r:;4. (procédé d11 d. l'e; sson pour traiter les) HL :!56.
( trni1écs d'après le procédé
du cl. Pepson VII!. 24:1..
FièPre in.ter11iilte11li!Ùtfla1111natoire
(ohscrvatious sur la) III. 57.
- jaw1.e. Voy. plnmb. ( ape•«i;u
sur la) II. 115 (avis snr la)
IL :53. (considérations sur la
Vf. 300. X. '-'4 t. 2113. t coupd'œi I sur la) IL 115. (courte
description de celle qui régna en Andalousie en 1800 ,
etc.) I. 291. II. 77. (détails
sur la) III. 135. V. 91. 95.
96. ( rliscours de celle ol»ervée à New-York etc. ) V. 94·
136. (dissertation sur celle
d'Amcrique) II. t44· ( d;ssertation sur celle de la Guadeloupe ) l. 160. (dissertation
sur celle de Livourne) Ill.
277. IV. 33. 525. (essai. sur
celle d'Amérique). VI. 14.1.
(examen critique d'un ou?
�yrage snr la) Ill. 10. °( expé1·iences sur la) III. 146. ( eK·
trait de mémoires relatifs à
des i'p 'démies de) VIII. 247.
IX. 218. (faits faux et assertions hasardées sur la ) IV.
r 58. ( lettres sur la) III. 3.
177. 185. 197. '209. IV. i3.
(mémoires sur l.a) II. i5o.
III. 7. 289. VI. 105. ( monographie historique de la) I.
83. (un mot sur la) Il. 280.
IV. ~o3. V. 49· "'·VIII. 165.
(un mot sur l'histoire médicale de celle ohserv6c en Espagne en 1821 ) VII. 164 . (notes sur la) Il. 157. (notice
&Ur celle de Baltimore) V.
333. ( Ilùtions sur la) Ill. 43.
z34. IX. 59. (nouvelle édition
d'une thèse sur la) VI. 204.
( ohserv. sur une) VIII. 277( observations snr une fièvre
et une a11tre maladie, qui
simulaient la) IV. 323. 327.
( ohserv. sur une fièvre qui
, avait beaucoup d'analogie
avec la) IX. 285. ( observ.
sur une note concernant la )
X. 297. (opinion <lu P. B.1.uMES sur la) I. 44. (opinion
du d. LpORT sur la) I. 42.
( opinion du pr. LORD..H sur
la) IV. 84. (proposition sur
la) X. 36. (rapport snr la)
J. 297.
19:5. ( relation
abrégée d'un voyage en Andalousie pendant. une épidém ie de) I. 66. (relation historique sur la) V. 93. (remarques sur la) III. 93. 224. 273.
274. ~21. ( usa_!?;e de l'huile de
térébenthine dans la) VIII.
267.
Fièvres malignes Voy. ataxiques,
pemphigus.
- masquées ( considérations
sur les) X. 236.
- 1nése11téri1ue3 (consid. sur les
X . .238..- muqueuses ( consid. sur les)
258.
- des pays chauds :C considéra-
ru.
x.
' tions sur lès) X: z5i.·
- pernicieuses (guéries par la
q11inquina et le sulfate de
q:.iinine ) VIII. :z.5'2. 256.
- pétecltiales ( consitl. sur les )
X. 241,
~ /lÜuiteuses ( consid.
X. 238.
sur les )
- put,.ides Voy. adynamiques.
- quarles (guéries parle sulfate
de quinine) IV. 33 1.
- remiucntes ( consid. sur les)
X. 237. (analyse d'un traité
sur le3) III. 7z. i 2i.
- sans mias111as (consid. sur le.1
X. 237.
- subintrantes (considérations
sur les ) X. z37.
Fistule. Voy.joue (rectova~n.ale
~uérie par les seules forCe6
de la nature) IV. 261.
Fœtt,ts. Voy. hfdl'océplw.lc,monstruositt!s ,
ovaire ,
testicule
(expulsé par l'anus a'Vec l'llP"
ture de l'uLéru11 et de l'intestin rectum) X 33.
Foie (contenait dans une poche
fibreuse 5o vers acéphalocistes) V. 227. (mémoire sur
son altération et son infl uence dans plusieurs maladies)
II. 44.
Folie. Voy. manie (considérations sur la) I . ,181. Il. 83.
Fol'm.ulaire (analyse d'un) IV.
299. VII. :i3 r. (annonce d'un)
II. r 11 . (avis sur un) V. ~67.
FRANCK P. (aoticenécrologique
sur) V. 86.
Fou.ijèl'e mdle (analyse de la)
VIII. 309.
Fou1'1Jii biè11i11euse (nid fongueux
de la) I. 313:
fi'l'aeture Voy. cl'IÎne, fcmur,
.pa,.iét<Il, peroné, rotule, sco1·but, zigomatique.
Frénésie (survenue à la suite de
la disparition d'un érysipèle
phlegmoneux) IJ. 42.
Frictions. Voy. épine.
Pl'omcnt ( son glule11 détruit
les effets du sublimé corrosif) III. 92,
�1
Fruit$ ( de la matoratfon des )
11. 97·
Fumigations ( un mot sur êelles
d11 d. GoSALBES) 1. 105. (cel-
les de soufre et de nitre re~
gardées comme anti-pestilen·
tielles ) IV. :i.19.
G.
des) IV. 161.
Gaine tendineuse ( hydropisie
Glande mammaire ( engorged'une) III. 24.
ment trè s-dur de cette glande
Galactirrliée. (cas c\e) VIII. 251.
guéri par l'iode) VIU. :i. 42.
Gale (guérie par les lle_urs d'arGoftl'e. Voy. iocle, iocline. (guéri
113.
. nica, etC. )
par des sétons :\ 1m demiGalvanisme (théorie du) I. 94·
pouce du corps thyroïde) VI •
Gangrène Voy. charb(Jn.
264.
...: sénile (guérie par le quina ,
Gomme adragant ( note sur la )
115.
l'opium , etc.)
VIII. 5.
Gara1tce ( eau-de-v1e de) I. 31 S.
- ammoniaq<Le (remarques sur
Gastrite (analyse d'une thèse
les semences des plantes qui
- sur la) IV. 107.
fournissent la) I. 2 19.
Castro-colite rémittente (guérie
par les anti-phlogistiques ) - arabique ( de son emploi en
médecine ) VI. 162. ( lettre
IV. 7.
sur les solutions à froid de)
Gastro-entérites ( une devenue
VI. 256.
:i. 55 . ( observ.
mortelle)
sur une) VIU. 111- X. 252. Gono1·rhr.e (considérations sur
la ) VIII. 24.
( remarques nr des )
Goutte. Voy. eauxacididesgazeu:?.57.
ses a1·tijicielles. ( considéraGastro-entê.ro-colitc (guérie par
tions sur la) X. 147. ( emplàles anti-phlogistiques) VIII.
tre contre la) 1. 109.
,,59.
noir·es de LANCASTER (ce
Gayac (formule d'une teinture Gouttes
que c'est 1 V. 49·
ammoniacée de) VI. i57.
) mémoire sur
Gaz. Voy. acides. ( hydrogène Grammato&copie
la) IX. 15. 6g.
stannnré )_I. 316.
Gravelle. Voy. eaux acidules gaGenou ( ankilose d'un) ID. 21.
zeuses (considérations sur la)
(cuisse amputée avec s" ccès
X. 177.
à la suite de l'état déploraGrenatlie1'. Voy. tamia. (analyse
ble d'un) II. 4•. (hydropisie
de la racine du) VIII. 5 1 2.
d'un) IX. i 1 5.
( l'écorce dr. sa racine est
Gentiane ( analyse de la racine
vermifuge) VI. 1 99•
d~) 1. 5 r 1.
(guérie par l'inGe11t;a1ut clurayta (note sur la ) Grenouilleue
flammation adhésive dukiste) Il. 96.
III. 17 1.
Géographie (considé rations sur
VIII. 185.
celle physico - médicale du Grossesst? ( fansse)
( hyddtideu se, ~te.) VII. fi 1.
Bassigny) I . 1 54. 175.
54. (méconnue ) II. 56. ( to.1GERAl!"D (notice histo rique sur
baire ) I. 552.
le d.) X. i.
(analyse de la racine
Ginesta tincloria ( analyss du) GuimaL1ve
de ) X. 123 ( notice sur la)
IX. 1 o5 (est anti-hydropho104,
bique) IX. r 04.
moderne.< (réflexions
Glace (son utilité) Ill. 83. (est Gyomases
physiologiques et hygiéniqut1»
sédative ) lX 115.
sur les) 1. 177.
Glaires (un mot sur un traité
vn.
vn.
vm.
vm.
·vn.
�H.
Ht!madlillou (lettre snr ]')VI.
51. (mémoire slôr l') lX. ·it,9.
( oh· crv. sur l' ) iV. 28~.
Hrmirl'onie ( prove11ant d'une
nfi'eC'lion dartreuse) lX. :i89.
Hémipl1!r;ie. Voy. pnl'nly,ie.
Hémop!his•e. Voy. rligitnle. (compliquée cle fievre tierce guérie
par les adouciss;ins et le sulfat e de quinine ) VIII. 2.51.
(guérie par l'acide pruss_ique)
~e l~~11 .(mém?ir~ sur les
vices oe 1 or:1 amsation des)
I. 3o 1. (organisation des) II
86.
. •
Ho11blnn ( r11lture en France et
analyse du) IV. ::.<;.
Hon:r ( anah-sc du) IV. 89 (est
féhrifuge IV. 88.
'
H11ile. Voy. barboiine, carapa,
0
)
crotou tigLiu.m, 1•ici11 1 semen.
cono·a, tPrril1enihine .
.
- 011imale (considérations sur
celle des fa briques 'de sel
m. 15 9. vrn. 253. 256.
Hémol'ragie. Voy. ca·ières, mens·
trualio11, , opitun.
Hépntisatioll 711.Lmonail'e ( considérations sur l') 1. :z.89.
HP.pni1tis. Voy. sang.
Herrrwpl11'orliw ( un mot sur un )
III. 82. ( réflexions sur un)
V
266.
ammoniac) 1. 3c 5.
1'rrogé11éc de bouleau (son
usage) III. 151 .
Huiles ( analyse des) I. 57,
1-lumérus ( fractures de l') YI.
-
'2
•
94·
E{rdatules. Voy. cœur, r.râJ:ic,
grossesse , orbiiair·e, poitrine
1-Iernie. Voy. poitrine, vess:e.
- crurale ( accidens survenus
à la suite d'une) VIU. :z.52.
(opérée sans succès et pour·
quoi ) VIn. ~;6.
- ing.uinale éil'anglée ( ohserv.
sur une ) r 94.
- i11g11ùwle gangrenée ( guérie
par la nature médicatrice )
scapu.laire, vessitJ.
'
1-Iyrlriorlaies. Voy. iode , pnlasse •
1-lplrocèlc ( guerie par l'excis.ion cl' une parti.on de la tunique vagi na le épaissie)II. 42.
Hydrocrlf}lrale ( at·conchemenl:
d'un fœlus) I. 2~8 . (cie ux c.bservatioris d') II. 36.
'
Hj'tlr·océplwliie ( observ. d') X.
VII. 109.
ombilicale épiploïque ( ohser.
189.
'
&ur une ) I. 509.
Hrdropéricarde. Voy. digitale. ,
HIPPOCRATE ( analyse d'un
traité des pronostics d' ) VI li.J ·dropisie.Voy.gai11etenrlineusf!',
196. ( l'ûhservat. des se. mr(tl.
genou, péricarrle, ( g11érîe par
dédié à ) 1. 5. ( serment d' )
un remède contro-stimulant)
VI. 5.
I. 095.
Homme (analyse d'un ouvrage - anasarque ( suite de la rougeole)
ur la réproduction de l') IV.
257.
- a11asa1·111;e et ascite ( guérie
J 41. (lettre sur ttne doctrine
par le sulfate magnés',en)_ I . .
concernant la reproduction
1 :z.o. ( congéniale a,,-ec dês
de l') VI. /13. 45.
Hopital (considérations sur la
complications) IX. 3.
·•
pourr iture d') IV. :h4. X. - m licula,,.e ( arJ j?r:nou et au
coude J!;aucher.i) VIII. 174. 1/1 r. ( avantagçs dt; celui de
- n<-ÎlP (résulfcatdela masturRaton eau) III. ~ · 2.
lf6pita1t:i (analysed'unmémoire r hation, etc. \ VIH 251'. (s11rvenue à la ~uite d'un rèvé ef-.
suries ) UT. 128.
fravanr ) "'n .. 6'.\.
·
- rl'ltabe- ( considérations sur
les) m. 81. §2. 85. ,34, 138. - a<;,ice co·•1!{é111al.e ( observat.
d'une) VIII, 169, ' •
139. 140.141. 1é2. 11i5.
.
-
vru.
•r.
I
-
•
45
�sur P ) V. 225. 21G.
l:ljgit!niste ( tm mot sur le pruà
jet d'un) lX. 282
Hrperlrophic. Voy. "œ111·.
JI1po.<podir1s ( 1·ellexions sm· un
·cas d') V. 166.
Hj ·sté1·ie ( s-0s symptômes calmés par l'eaL1 distillée de
laurier céris~) Vlll 25.i.
Hxdropnoumonr.: (obsei·. <l'une)
IV. 5.
Ifygiène des dames (un mot sur
l') III.
~!P··
-navale (créaf ion d'une chaire
d' ) I. 33 l. lf. 1 07.
- publique ( 11ppfo·al1lc à RioJaneiro) X. 12. (leçons snr
l') V. 218. X. 231. (un mot
'Ictè1·e, Voy. sco1·b111 (observation ,[orle. Voy. cothapre utél'in., MUx
minérales, glande 111a11unaire.,
-d'un) X. :i.56.
n1e'scntériquc, pnign.tl . ' {1'é~rile~
'Jmérachisme. Voy. co111s.
( eŒcace contre les affections
Impe1foration. Voy. l'agiri.
strnmeuscs) vru. " 4 1 ( t.ffiInscription (condition pour obcace cont1e le goitr•• ) l. t'fo,
tenir la ir•) IV. 162.
( rech e rches sur l' ) VI. 9·
'Insectes (formule d'une solution
( résulta ls ayan nge nx de
fœtide qui détruit les) VI. s~.
l emp loi de l' i Ill .• 51. (la'Insensés. Voy. manie (manière
LIMu des mrd1rame s prode les trai te1·) HL 83. 8~.
venant de!' ) Ill. 11.
•4t. 143. V. 99. ioo.
'Instruclio1t publ;que ( arr1;té du ladine ( efficac e contre le goitre) V 5o.
, conseil royal del') VI. 164.
'Instrwnens de chirurgie (analyse lpécacurmlw (.prépa1<1tion du sirop cl' ) VL z,!}. IX. 11 '"
d'un précis d-esc~·iptif des)
lrrif .1!ion ( mémoire s1.r l' ) X.
81.
208.
J11teltigencc luunaine (·essai sur
lsclwrie (guérie -par l'eau froide
l') I. 308.
de puits, etc, à l'extérieur
'.Intestins ( invagination des )
-<lu corps) VI. 2· 6. ( ~ '":rie
Ill. 139.(rccberchesetobscrpar la teinture de nicotiaue)
• vations sur les maladies des)
VII. ?i;
I. 79· 187. 2.80.
1>Jtriwmt (un mot sur un) IX. Ivresse. Voy. r1mmnniaque ( accidcns survenus à la suite de I'.)
. 285.
Vlll 256.
Inti·iguc (un mot sur celle <le
quelques médecins) VIII. 242. liwognerie, Vo:t. acide s11 ifuriqu,;
ll}trod<1ct<01L l. 5.
x.
J.
'Jt.1mlic ( f;'Uérison pnr le sn1limé
corrosif d'un ulcère callcu.x
;). une) VIII. :z43. ( obs. d'un
'u lcèrc variqu1>ux à la) VIL
504.
'Ja_mbe al'tijicielle ( notice sur
1me) I. 197.
'JÂllTES ( poudre de ) III. 82.
VII. 36.
.
Jaui:iisse Voy. iclèr·e.
JENl.ER ( ailIJ,oncc de sa mort)
V.
109. (monument à la mémoire de) VII. 2t4. (notice
historique sur ) V. 269. Vll.
.
274.
Je1rne prolongé ( observatioa
d'un ) III. 223.
Joue ( fistule salivaire à une)
Il. 40. ( :'stule à une) IV. n.
Journaux cle médecine ( annonqes
de) II. i.58. 159. 281.III.,<iz.
159. 12:1.. z75. iV. x6i. V. 5S.
�·i d>.
vr. .,.04.• 316. vm.
165.
philèdotographiqne, la revue
médicale et sur d'autres journaux ) I. 328. 529. 335.
31. 52. 256. l5g. IV. io5 . 159.
248. 316. V. 529. VI. 519. VII.
266. ( un mot snr les
Annales cliniques de J\fontpellier, celles de médècine
de :Milan, -celles ùe la médecine physiolo~ique, lei; ar·chives de médecine , la bihlioth·èque germanique, le
'.bulletin univ ersd des Scien·ces, le giornale medico 'llapolitano • l'observateur des
-se. médi cales, l"osservatore
deHe sciences, etc, le journal
·215.
m.
38. 213. 554. VIII. 266. IX.
55. q8. 2fh. X. 37.
JoYJ:.r1sE ( notic-e historique
sur le d. ) VI. 81. 129.
Jw:r médical rie Marseille ) un
mot sur le) II. 108. IV. 24s.
VI. Go, VIII. 565. X. 93. 123 ••
K.
Kc1:fé ( est une 1'corce clu Sé-1 Kermès minéral ( procédé pour
néµ;al, .fébrifuge ctpurgaLive)
la pré1 at·ation du) I. 51/1• IX·
VI. 51.
182.
L.
l~~TJIJRJE ( not.ice nécrologique
sur le cl. ) VI. ::.2'.>.
LAEYSON (poudre de) IX. 278.
X. 38.
Uique ( histoire naturnll., de
}n ) 11. '.:.7L
LaJ•iugite ( trachéot0rnie pratiquée dans un cas de) IV. 172.
LarpzgnLOmie( Voy amygdalite.
Larynx ( observ. d'U'lle maladie
du ) III. 97• ( tumeur au )
VII. J29.
Laudanum. Voy. calique , laies
( appliqué sur un érysipèle a
·cansié l'empoÏ'sonnemcnt) X.
io6.
La11r;e1· ( analyse -Oes baies de )
VII. 211. ( formule de l"ongent de ) VIII. 111.
Laurier cih'ise . Voy. empoisonnemens, hystérie.
Lazaret ( 11n mot sur celui de
Ratonneau) IV. 207. (projet
_d'.un nouveau ) IV. 3x3.
Lepidoptères ( histoire èl.es)
r.
170.
Leucoplilcgmasie ( obs. d'une)
I. 126.
Leuco,.,·hées cl11·oniq11es (guéries
par l'acid·e nitrique étendu)
VIII. 257.
Lèvres ( gCH1.0ement énorme de
'l'in.féri-eure-,_ opéré avec succès ) IV. 45. ('tumeur cancéreuse à une commissure des)
IX. i 16 ( ulc~re carcinoma.tell)' des ) II. 109.
,
Lichen d'Islande ( for·111ule d une
pâte de ) X. 29.
Ligature. Voy. a1·ièr~s, varices.
Lilas ( analyse des fruits du )
VIII. 114.
Lobi:lie anli - ,,énéricnne ( ana~
lyse de la ) X. 5o.
L11puli11e ( préparations et propriété~ de la ) IV. 152.
Luxation. Voy. /Jicrl (de la symphyse sacra-iliaque) VIII.319.
M.
Macis (--0nalyse du ) VIU. 5 r 1 •
Ma~ncsie.Voy. arsenic (formule
·d'une préparation de) VIll 110.
l son sulfate efficace coutre
1llfu.gnetisme
l'hydropisie ) I.
( un mot sur le)
120.
I. 74.
.
Main ( les sangsues et l eat1
�de ) V. 120. ( eoncourg pour
froide ont guéri une douleur
une chaire de ) II. 28 " ( déatroce à l'index d'un c ) VIII.
tails d'une polémique en) II.
251. ( tumeu1· cancéreuse à
159. ( uu mot sur celle .les
la face dorsale d'une ) V . 119.
enfans ) IV. 104. ( enségneL1'la:1s ( analyse du ) JL 2~8mcnt mnlucl de la) I. 103.
( maniere d'obtenir la zeine
V. 187. (analyse d'une thGsi:
du) III. 91.
aur l'esprit ùe systi·me en)
Mal vertébr-il rle POTT ( guéri
IX. '.!.02 . ( un mot sur celle
par le ptyalisme ) IV. 12.
de J3olo?;n.e ) III. 138. ( conMalades .( m!lnière de les traisidérations sur celle des Alter ) IV. 32.
pes maritimes ) II. 230.
i1'1nladies e11démiqucs( celles des_
de P,nou.<SA.IS ( inscription
Alpes m::iritimcs) II. 229.
à laquelle elle a donné lien )
- n erveuses ( dont un individu
X. gq. (lettre sur la) IV. 145 .
a été atteint avec certaines
( uu mot sur la ) II. rog . III.
complications) IX. 7 .
3o. ( nn mot sur une lettw:
- régnanles ( un mot sur les)
.
contre la) IV. rnr.
III: 272. :52.3. IV. 11 ~· ifü .
208. ,50. 317. V. 53. 109. 187. - physirilog1q11e ( un mot sur
lecatéchismcdela)VU.1 66.
227. 280. 331 . VI. 60. 117.
275. 206. 267. 320 VII. 5g, . - des Saw,ages ( lettre sur la)
VlI. 149.
165. 167. 214. 216. 33!i. VIII .
44. 120. 167 . 215. 267. 515. Médecins (un mot sur des) Il.
109. V. 226 . VIII. 265. IX. 55,
IX. 56. 112. izj8. 2-:.7. 283.
( intrigue et savoir faire de)
320. X. 38. 96 . 124.
V. 1 SG. VIII. :?.11 ·2. ( projet de!ffamelle gauche ( extirpation
souscription pour. élever un
d'une t~meur enkislè11 de la)
· monum :~n t ~ la mémoire de
X. 65.
ceux morts i:;loricusement
~ianic. Voy. digitale. Fqlie(essai
aux armées ) IV. 1()0. 207~
sur la) I. 22? . ( bcurensemcot
24g. 316 . V. 61. 1 11, u5. VI.
combath1c) VIII. 25fi. ( obs.
165.
d'une) V- 9. (survenue apl'l::;
]a suppressiop d'une diarrhée - poèles (analyse d'une clisser·
tation sur les ) X. 113.
halJituellc) VIII. 25i.
llfùlicamens . Voy. 11apeur.
Ma1111ite . Voy. célfri.
lrla1'ltln verum · ( détruit le po- Ménm;rlwgie . Voy. céphalalgie•
colique.
lype) V. 108.
l}iensm1atio11 ( cau~e vt!ritalJle
·MASCAGNI (monument élevé à
de la ) IX. 295. ( fo.rmule
la mémoire de ) II. J 60.
d'une teinture rfans les ca:i\
Jiasturbation. Voy. pmidages, hyde diJlicile) X . ~7· ("h~mor
drovi sic ascite, tabes clorsalis .
ragics par toutes los onver?ilacière crayeuse (un individu
tures, à la suppression de la),
en a expc.ctoré) ll. 38.
III. 140.
-mêrlicale ( anal~se Cj'on traité
Mercure. Voy. charbon; çrâm•.
· • '
de~ i. ·191.
( introduit dans le corps peut
11fairic;,. Voy. uti!rus.
se revivifier) II. 106.
l-Iaxillail·e i1.1Prieu1· ( guéri~on
par Je feu rl'une tumeur lym- - coulnnt (expériences sur le )
1. 334.
plu:itique ùans l'os ) V. 189
MAZET ( homp:t'!g!l à la :u;ié- - rlou:r. Voy. rougeole (décom~
posé au moyen du kermès e~
:qioi re 'de) IL 220.
du soufre doTé ) III. 262.
ZJiJdecine ( l'art <l'opérer en )
( pou1ruatle d'antimoine qt
Iij. ~o. ( çoJlége universel
�vr.
de )
516. { tton:velle prtparation du) V. 179.
l'J.t1sentJriq11e chronique { a tlté
guérie p·a r l'iode ) VIII. z4 2.
Mèlrorrf,apœ. Voy. fer, qui11i11e.
Miliaires epidémtques ( ccmsid.
Sllr le& ) X. 23'g.
Mixture brésilienne (formule de
la ) IX. z22. ( lettre sur la )
VIII. 155. (remarques sui· la)
VII. 255.
Moëlle épiniére ( analyse d'un
traité sur la) VII 90. ( structure, fonctions et mal udies
de la) 1. 255. II. Sr.
Monomanie. Voy. artè1·es.
Monstruosites ( observ. de fœtus
présentant des ) I. 174. IX.
279.
~!ONTEGIIB ( tom.Jieau du médecin de) I. 221.
Moral. Voy. scorbut.
eus. Voy. 1,;macclinose.
Morelle (base organique retirée
de la ) II. 265.
Morphine ( moyens de reco~"'
naitre son acétate, dans les
cas d'empoisonnem ent pàr
cetle substa .. ce ) VIII. iôo.
( procédé pour e:ir.tràire l'a )
IX. 215.
Mnrs11re. de la vi11ère ( guérje par
l'ammoniaqu'e, etc . ) JI, 90.
MoscATl. Voy. pli,iltisio.
Mo11ssil (racine bulbeuse) 1. 5'14:
Moxa. Voy. coxalgie ,paraly·sie,
phthisie.
Muriates. Voy. acide snijùrique.
il'f1wiate de baryte. Voy. scropltales.
11-lusèum a11àtnmique ( un mot
sur celui de Strasbourg )'II.
106 III. 157. ( un. mot sur
celui de V.irone) HI. 158.
Morbus mac11losus hœrriorragi-
N.
Na~has
(analyse du bois de )
VIII. 114.
Narcotiqllcs. Voy. vape1<rs.
Narine ( uoycau d'olive extrait
d'une ) II i 5.
Nec1'1Jse ( réproductions osseuses après la ) Il. 31.
Né,,,.algic . Voy. sà atiqlle.
- fàciale (observation sur une)
1. •l)6.
•
- susnrbitaire ( !(Uérie par le
sulfate de quinine ) VII[. 2;4.
lYévro.-es (aunonce de mémoires
sur les) HL 1 59.
.
..._ périorliq1tcs ( gnéries par la
· potion du d. Pq'Sson) VIII.
243.
.
Nez ( guérison par les sanirsues
d'un nkère cancéreux à l'aile
droite du \ V. i55.
.Nicotiane. Voy. i s"lw 1-ie , tabac.
N i trai-< <( .< tr[<e:it ( note sur son
emploi à l'inté.ieur lIV. 155.
]17,u·e. Voy. cochléw-.a.,fumiga-
Nitrijicatiorl ( reclierches sur
,la) VIII. 271.
Noix vomique. Voy. 11aralrsi~.
Nomenclature 11/uwmaceutique
(nouvelle) III. SS. VITI. 112.
No11·contagion. Voy.fièvrcjau11e.
phthisie.
Non·contagùmistes ( sont nom-
bremr à Marseilie) X. 94 ,
( notice sur)
NoSTRADA .lfUS
VIII. 5.
}lotes dll Rérlactew·-gén.t!ral. I.
5 o. 46. 55. 89. 97· u7. i31.
r35. 140. 207. :?.2q· 259. 241.
:i.44. 2Ljô 148. 25t .. 271. 296 •
299. IL 16. 112. Ill. 4. 184
208. 2 :i5. 18~. 317. IV. 3. ILÎS.
146. 148.177.V.46-61.81.
85. 94. i35 '5 ~J · :io5 . .V!. 8.
1, 2.
,3~. 198 . .,50: 255.
VII. 84. 1t. 9. 181. 5v9· VHI.
280. :?.8 1. IX. L9 '32. 201.
'•4.
275. X. Il~. >90. 191.
NoJ es. Voy. élect1'1cité.
. Cions.
45
---
�.·O.
varices au globe de l'œil) X·
2.58. ( guérie par les sangsues
à la face interne de la paupière inférieure) IV. 9. (,produite par la présence d'un
ver sur la conjonctive ) 1.
151.
- épirlemique ( considérations
sur l' ) X. 238.
Opium. Voy. choiera mor·bus,
coliques , rliabétP.s , gangrêne
(employé à haute dose dans
les douleurs abdominales )
I. r92. ( douleurs abdominales guéries par l' ) X. :i. 57.
obs. sur la préparation de
son extrait sa us narcotine)
YJU. 140. (procédé nouveatt
pour la pr~paration de l'extrait ·d' ) Il. 95. ( pnri ·é par
l'éther ) IV. 312. ( retiré du
parnt indigène) IV. 28. (utile
dans un cas d'hémorra~ie
utérine spasmodique) II. 36.
Or ( faits pqur servir à l'histoire del' ) I. 91. (observat.
sur les chlorures d') III. 287.
( recherche, et observations
sur les effets des préparations
.
d' ) II. 243.
Orbiwir·e ( hydatides dans la
fosse ) VIL 5b.
01·geat \ formule ponr la préparation d'un sirop d' ) Il. 2.60.
VI. 1 'J7.
Orwtholol!,ie prnvençale ( analyse ùe I') IX. 51. X. 6g. 120.
Os ( découverte de quelques
uns de :Mammuth ) V. 186.
( rncherches pour retrouver
ceu>. de M .!J elzunce) Ill. 2:u.
011tnlng1e et 011rolngistes ( co~si
- maxillmre. Voy. !rimeur.
dérations sur les) X. 206.
Ophllwlmie ( efllcacit;! des sJng- Ossificalinn. Voy. 11ei11es.
sues sur la conjonctive dans 01,aire. Voy. abcès. ( fœtus dan•
158.
un)
les ras il' ) If. y2 X. 268.
( guérie par la rescision de
Oburvatiom (avis sur des) V.
55.
- météorologiques. V. 71. 127.
199. 247. :1.95. 544. VI. 79·
n7. t 75. :1.23. :i.79. lh7 VII.
79; 107. 179. :i.59. 307. 367.
VIII. 85. 151. 177. :1.:1.7. 27!> ·
525. XI. 67. 123. 292.. X. 64.
307.
Odontalgie. Voy • .!olanum nigrum , s11ila11thu,, oler·acea ,
' (nouvelle manièTe de la traiter) IX.. 279.
Odeurs ( considérat. sur les)
IV. 275. ( manière d'enlever
celle d'une eau distillée )
VI. 5o.
Œil. Voy. ophtlUilmie. (cancer
de l'. ) II. 19. ( découverte
d'une membrane del') 1. 171.
( kyste à son globe, guéri
par la cautérisation) X. 2[..8.
( analyse d'un traité des maladies de \' ) IV. 85.
- artïficicl (un mot sur un traité
dei') J. 191.
Œnante c>'ocata ( notice sur l' )
IIJ. 268.
Œsophage ( manquait sur un
enfau t de naissance ) 1. 1 7 4.
Œso1,hngotomie de l' ) I. 281.
Œ11fs ( anall'se des enveloppes
de ceux de Séche ) IV. 507.
(expériences snr la conserva-:
tion des) Il. :1.67.
Ombilir. ( poils extraits d'une
tnmenr à I') II. 17.
Omhilical ( accoucJ1ement rendu
lahorieux par la position du
cordon) I. 193.
m.
P.
Palpi1atin11s (mémoire sn1· les)
I. 155.
~s i .
1Parar.ent.hèse (
X. 195.
suivie de mort}
�îles évacuationg alvines bili•
euses ) II. 36. (dont l'issue a
eu lieu heure1•sement par un
dépôt ,etc, à l'ombilic) VIII.
:i.55.
m . ,3s.
Pérorié ( fracture du) I. 309.
Pareira. brava ( analyse des )
259.
· II. 2fo.
Pesle (aperçu sur celle de Malte)
Pa1·ietal (enfoncement accidenVI. '09. ( analyse d'un ei;sai
tel non. incommode d'un )
sur la) VII. 166. (causes de
VIII. 255. ( fract. du ) II. 41.
sa propagation dans le LeParigline ( procédé pour obtevant ) V. 283. ( dissertation
nir la ) IX. :i.72.
sur la) IV. io6.
Pa,.ol~ (son usa<?,e revenu s_pon ..
Pétrifications ( un mot sur des)
tanemen t d eux ans après avoir
I. :i.23.
été perdu ) VIII. :i.51.
Pe11plier noil' (analyse des bour·
Parties génitales ( plaies consil;eons de ) IV. 311.
dérable aux) 1. 1 !lG.
PErssoN. Voy. 11évl'oscs ( samaPar·tul'tlion ( mécanisme de la)
niere de traiter les fièvres in1. i 78. :i.90.
termittentes) Ill. :i.56. ( ohs.
Pa11piè1'e (plaie à une) II. fir.
sur l'efficacité de la potion
Pa.,ols. Voy. opù11n (analyse des
du d. )
242. ( observat.
feuilles de ) I. 317.
sur son procédé) VIII. 236.
Peau. Voy. bras, scammonPe,
Phimosis ( obser. d'un) 1. 308.
(abré,e;é pratiq11edes maladies
de la) I. 306. ( escbarre de Phlegmasies. Voy. potasse (essai
sur celles du tissu muqueux)
toute celle d'une jambe reIX. 94·
gardée comme une crise faPhthisie catharrale ( considéravorable ) IV. 6.
tions sur la) X. 238.
Pellagre ( description de 1a )
- lmyngée ( guérie par des
m. 142.
lai tances de harengs crus )
Pemp11i.gus (chronique et comIV. 211.
pliqué d'une fièvre maligne )
-p11lmorwi1·e ( apperr;u physioIV. 1.
logique sur la) X. 77 ( lraiti'e
Pentnstome ( description du )
avec l'acétate de plomb ) III.
VI. :i.oo.
8z. ( traitée aHC l'acide
Pe1fr,ratin11 Voy. utérus, ui·ètre,
prussiquP. ) HI. 159. ( nonPerica,.de (hyd1 opisie et. ouvercontagion de la ) VII. 1Sr.
ture du ) I. 332.
( heureux effets de la diètor
Perinée. Voy. pier1'es.
lactée dans la ) VIII. :i.521·
Perip11eumn1tic ( aigue compli(guérie par le moxa) ' . 5r.
quée d'une tumeur emphysé(produite par les ex ha ' " sons
mateuse) IV. 11. (guérie par
de l'eau de mer ) VII. ~g8.
le tartre stibié) X. '.!55. ( obs.
X.
d'une) I. 108. (suivie d'une
vomique terminée heureuse- - scroplutle11sc (considérations
sur la ) vrn. 241.
ment par l'expectoration ) X.
- syplulitiq11e ( guérie par lef.
19i. (traitée par les vomitifs)
pilules de MoscATI ) VIII .
ll[. 1'54.
239.
- épfa~r:uque ( considér. sur la)
Plq·sinlogie ( de J'influence de
x. :l..)9.
q uelqnes sciences naturelles
Pfritoriite (chronique devenue
sur la ) 1. '9. u3.
aiguc) IV. 7. ( terminée par
Pcrralysie (guérie par un cour
de tonnerre ) V. 183. ( guérie
par l'emploi du moxa) J. 78.
(phénomènes d'une) V. 15.
( trai téc par la noix vomique,
x.
vm.
�Phtr~ionomÎit• (prt!tention d'un)
III. 161.
Physique ( annonce d'un conrs
de) IV. 105.
Pied. (crin sorti d'un abûs à
r
·· un )VIII. :i.54. (gonflé et luxé
à l'articulation tibia tarsi-enne ) X. 259. ·
Pieds bot.r ( mémoire sur lei
VI. ~o. ( moyen de g.u érir
eertains) Vil. 1 12.
Pée,,.res ( examen chimique de
plusieurs) 1. ..41. 3 10, VIII.
3.110. { oh,erv. sur l'extraction
de deux) 1. 107. ( procédé
pour extraire. cellés de la
'Vessie sans employer d'instr11mens tranch ans)VIII. 3o3.
{ une qui pesait deux onces
et cinq gros, sortie par une
cscharre gangréneuse au péri'llée ) I. 3.29. ( une a été refirée de la région du périnée)
L 25g. ( ohservat. sur une du
poids de seize onces et demie
dans la vessie) V. 297. (une
du poids de on.,,e oIJc~s rempl·issait toute la cavité de la
vessie) II. 158. (phénomènes
développes dans leur traitement par le chalumeau) IV.
":.07.
- .de Serpent ( sortes de Bezoards analysés ; VI. 159.
Pilules. Voy. PLENCK. srpliilis.
- .Lfrséniées (formule des ) VI.
157,
de poi:r (formule des) V. 157.
.
Pipen1i. Voy. 7,oi1'f'e.
-
Pistache de terre ( extra1 t d 'un
mémoire sur la ) lV. 9).
Pivoine ( analyse de la racine
de) VIII. 311. .
Placenta ( de son insèrti on à
l'orifice utérin) X. 117. ( obs.
sur sa r étention dans l'uté·rus) III. 163. VI. 381.
Plaies. Voy. br-as, cu.:Sse, face.
parties genilales , pau11iire ,
pojlrine, réginu. lo1nbaire, 1·eirl.
Plantes. Voy. gnounc nrnnioniflque (sur la d<'~énération des
propriét'éi rru!dicalc. da-s )
VFII. 21 r. ( de l'emploi "n
médecine de celles qni sont
vertes de préférence aux sèches ) VI. 200 (des semences
cles ltlgumineuses conten•nt
un princi pc amer et purgatif)
IV. 196.
PLE.'.CK (formule des pilules
de ) vm. 59. 40.
Pleu,.ésies ( guéries par le tartre
stibié ) X. 254, 255. ( guérie
par l',.mploi simultané de l•
saignée et d'un vésicatoire )
II. 57.
- fàusses ( considérations sur
les) X. :i.39.
Pleurndi11ie ( guérie par · les
sangsues) VIII. 250.
Pleuro - pé1·ip11cumo11ie ( {;Uérie
rar un vésicatoire extraordi'naire) IX. 245.
Plomb. Voy. plit.lu'sie p11lmrmai1·e
(son aaétate calme l'estomac
menacé du vomissement noir
dans la fi èvre jaune) II. 280.
Pneumnnie. Voy. plllhisie laiguë
combattue avec succès par
les vomitifs ) VIII. 25 >.
(chronique 1 guérie par l'appli'cation d'un selon aux en169.
virons de l'anus )
chronique , terminée par suppuration) IV. :i.57. ( observ.
d'une) 1 108.
Poignet ( excroissabce cornée
extirpée sur le ) VHl. 254.
( plaie sur le ) VIII. 241.
( l'i ode a guéri une tumeur
lymphatique du ) VIII. 2fi2.
Poisons . Voy. amandes amères,
bm'l'llcuda , empoisonnemens ,
remrr/P. rie /.,emr' végétaux.
(mémoire sm· d es ) I. 94.
Po'iss011 ( son huile employée
comme remède extérieur )
· VI. 159.
Poitrine. Voy. pomme épineuse,
( dépôt par congestiun à la )
III 25 n. ( efficarité du làrt~c
stibié dans les inllammations
de ) rv 316. 517. ( berme de
plnsieurs viscères dans la)
VIII. :.69. (hydatUles dans la)
vn.
�Vll. 55. ( obs. sur une fluxion
de) IX. 125 .. ( plaie pénétraute de la ) VII.l. 2i9.
Poivr·e ( aualyse du ) II. 259.
extraction d'un nouveau sel
neutre d .•us le ) I. 270. ( formule d'un électuaire composé
de) IV. 152.
- c"bobe ( emploi du) I. 5o
VIII.
2+.
- e1tlier ( résurué d'expériences
faites pour constater l'effiça. cité du) I. 175.
- lo11g (formule d'une teinture
de cantharides et de) VI. i57.
Police méd icu le ( analyse d'un
précis élémentaire de ) VIII.
i44. (code de) VII. 195. (lettre sur la ) I. 554.
- pha1·maco-légale ( considérations sur la ) I. 518.
Po/;)'pe. Voy. mwwn verum,
uté1·us.
Pommade. Voy. TIESACILT (anti-herpctiquc) VI. 258. (d'an-
timoine et de mercure, son
utilité) VI. 516.
Pomme é11i11e11•e ( son utilité
dans les affections spasmodiques de la poitrine ) II. Sg.
PoNTHI En, P. (notice sur la
vie de) VII. 10.
Pop11lalio11 ( analyse d'un ouvru 'l;e sur la ) llI. 24 r.
Poµul e11 m ( observ. sur la prépardtion de l' onguent) V. 47·
Potasse. Voy. peripneumonie,
pleu resies, poitrr'ne, sr.rophules,
trate de fer tt de ) VII. 105.
( prncéc!P pour ohtenir son
sous-carbonate à l'état -cris
tallin) DL 101 . (son tarlrale
utilisé dans la tei.;ne de la
face) V. 52 ( usa he dans les
p!Jlegmasies cxte"nes du t"l1latre antimonié de) V. 183.
Poia .<sium (alliages du) TI. 2ti5.
(emploi eu médecine de son
cyanure comme succédané
de l'acide prussiq ue ) VI. 256 •
Pourlre. Voy. JA~I F,., 1-AEYSON.
- detitifi-ice ( formule d'une)
4
III. 2S.
Po1t1non. Voy. lranspirtttion.
Poussière atmospl1ériq<Le ( considérations sur la ) l
100.
PrP.servalion ( un mot sur une
me;;ure de ) V. 52.
Priapisme (qui a duré 26 jours)
IX.
180.
Prisons ( analyse d'un ouvrage
sur les) IV. 183.
P1ù· déœ1 ·nes I. 317. IV. 15. V.
109. VI. 117. VU'..~" 4. VIU.
315.
-
x.
115.
pl"Of'Osés. ll. 33. 43. 256. ::83.
284 UI. ;b. 9 11 • '.!.27. :h3. IV.
3. 163. 2 0 9 518. V 5~. 110.
1S8.2'!.7.281.5:h.VI 61.118.
lG6. lo6. 268. 5~o. VII. 40.
116. i6ï. :.14. 27G 556 VIII.
44. 167. 215. 267. 516. IX.
57.217. ::.85. X. 39 . 97. 124.
P1·os11ecl11s. Voy. santé et
IL
285. Ill. 118. IV. 188. 519.
Proslale ( analyse d'un traité
snr le traiteruent des mala( son chromate est. un réactif
dies de la ) I. 84.
pour reconnaitre l'a1" enic )
V . 184. (notice sur la prépa· Pruna mahaleh (un mot sur ce
frnil) I. 513.
ration de l'hydriotlale de )
Ill. ~61. ( nouvelle prépara- Pubarui ( un enfant de 18 mois
a donné rles s·gnes de ) I. 76.
tion de l'hyd riodate de ) V.
lOq. ( son nitrate donné à Pubis (extirpation d'une masse
carcinomateusc vers le) III.
haute dose , eJficace contre
250. ( opération de la symles hydropisies) VIII. 247.
phise dn ) Ill 80.. , .
( observ. sur la préparation
de S•lll hydriodate) VIII. 117. P1t.'lule malig11e. ( cons1dcrah ons
sur la ) X. 24 r. ( analyse
( pommades de son hydriod'une dissertation sur la)
rlatc doivent être préparées
lll.5ll.
llvec des graisses récentes )
V. 106. (préparation ~u tar- Pi rophore (nouveau) IV. 5>6·
47
�Q.
Quassia amal'a ( analyse des
semences de ) V. 306.
Quini11e. Voy.fièvl'es ataxiques,
hémop!lusie , fièv. ù1termille11les, névralgie,fièv. pel'nicieuses,
quartes. ( employée sur des
chiens) I. 218. ( analyse du
sulfate neutre de ) 11. 262.
(bons effets du sulfate de )
II. 273. 274. IV. 304. 331. 332.
V. 108. (note snr la phosphorescence du sulfate de ) III.
~9· ( observ. sur les divers
procédés pour la prO:par«tion
du sulfate de) II. 65. V. 105.
(procédé pour ohtenir le sulfate de ) II. 255. ( procédé
pour séparer la cinchonine
de la) VII. 21 1. (rapport sur
un mémoire qui roule sur
J'emploi du sulfate de ) II.
96. ) son sulfate efficace contre la métrorragie ) VJ. 58.
(son sulfate utili sé en ltalie)
x. 97·
Quinquina. Voy. anemone pavonin.a , ~·angrP.nc ,fièvres intc1·..
mille11tes, vcrn.icteuses, ( de-
mande d~ plusieurs échantillons de) X. 186. (examen
raisonné des principales pré~
parations pharmaceutiques
ayant ponr base le ) I. 213.
( succédanés d11 ) I. 215.
- ca1'll.agène (analyse du) 1.
211.
- gris (analyse du) 1. 202:
- jaune ( analyse du) I. 206.
- noo•a ( analyse dn ) 1. 2i '.!.,
- rouge ( analyse du ) 1. 207.
- de Ste - Lucte ( analyse du}
J. 212.
Quinquinas ( genre de fraude
exercée sur les ) VI. 160.
(observai. sur l'emploi de~
bases salifiables des ) l. :1.16.
R.
Racliitiq,,e ( portrait d'une naine) III. 81.
Rage. Voy. alisma plantago ,
ginesta tinctoria ( nouveau
traité sur la ) 1. 86. 182. 293.
(un mot sur une thèse sur la)
iV. 110.
Raphanic ( description de la )
X. 232.
Rate (extrait de recherches sur
la) m. 9Ll·
Rect•1m. Voy. co11.<t1)1ation,fœtus,
(hernie congénitale du )lV.
10. (guérison par le caustique
rl'nne tumeur dans le) 1. 1 ;j z.
RegiolL lombaire ( plaie à la )
I. 195.
Rei11 ( plaie d'un ) I. 89.
Reinvardtia 'lfliânalis (nouvelle
écorce aromatique) IX. 217.
Remède de Lero.r ( analyse chimique du ) IV. lOq. ( considéré comme poison) III. 27 r.
(ses effets) !. 78. 3i5. ( ne
peut être délivré Mns ord'!nnance d'un médecin) VI. 59.
( tapport su r le ) VI. 235. ( remarques sur le ) IV. 205. 206.
VIII. 238.
- de Seme11tùti (ce que c'e&t)
IV. 155.
Remèdes secrets ( un mot sur les
dépositaires de ) V. 186. VI.
60. ( réllexious sur les ) !.
143. 318.
Repas CO(Jieu:J:. Vo_y. saignée.
Resine ( répon5 e de M. d'HollTES aux auteurs de l'article
· in~éré dans le diction. des se.
méd. sur la) I. 211 . 218.
- alo1wh.i. ( f1ndyse de la ) VII.
270,
-
élémi ( analyse de la ) IV.
1 99·
Rè"e effi·aya11t. Voy. !tycb·ovisie
ascite.
Rltinoplastiquc ( opération de
la) IV. 65.
�Ir.humalisme. Voy. eaux acitl11les
ga;:,euses. ( -combattu avec
matière colorante de la) II.
succès par le repos , les débyans et les frictions calman 1es) VIII. 250. ( considér.
sur le ) X. 140. ( guéri par
des saignées générales ) X.
:z.53.
Ricùi ( âcreté de l'huile de )
X. 83. (emploi Je l'huile de)
IX. 2:i.3. (extraction dcl'hnile
de ) V. 49· ( propriété de
l'huile de) VII. 1(>4. X. ~57.
( séparation de la stéarine
dans l'huile de ) IV. 199.
Rose de provi11s (essais sur la
Rot11le (fracture de la )VIII. 220.
Rougeole. Voy. anasarque, tétanos ( ses accidens comhat.-
271.
tus avec succès par le calomel et des dérivatifs) Ill.
250. ( considérat. sur la) X.
244. ( épidémies de ) VIII.
:z.37. ( guérie par les antiphlogistiques et les anti-spasmodiques) VIll. 250. (soufre,
préserva li f de la ) VI. 205.
(utilité de l'émétique dani
la ) VIII. :i.53.
Rupture. Voy. cœur, utérus.
S.
Sai!{nce. Voy. rhumatisme (utile
après un repas copieux) IV.
77. (opposée avec succes à
l'empoisonnement par l'acide prussique) V. 183.
S.-•leb1é des Persans (un mot sur
le grand) I. 314.
Salivation. Voy. hJdrodpliale ,
mal de POTT.
Salubrité publique ( un mot sur
les) IX. :z.74. ( raisonnement
d'un ancien praticieu au sujet
des ) VIII. 4::l. (réflexion; critiques snr l'emploi des ) II.
19~. (remarques sur l'emploi
des ) m. 88. 89. ( réponses
sur des questions concernant
les ) X. 85. (utilité des ) V.
29!i.
San1P. (annonce d'une maison
de ) VIII. 1 20. ( prospectus
an sujet d'une maison de) IV.
188.
Sarcocèle (nouvelle méthode de
traiter le ) 1. 189.
un comité de) III. 275 (conseil de ) X. 123. ( creation
d'un comité de) IV. 156. (un
mot sur la ) III. 319. 320.
( opinion <JU'on a eue d'une
instruction émanée d'un co- Saucissons .fumés ( co~sid<'rés
mité de ) III. 160.
comme rause d'empo1souneSang (analyse de celui d'indimeut ) 1. ioo.
dus affectés d'bépatite aiguë Savon ( formule d'un emplâtre
VJ. 260. ( évacué ahondamde ) VIII. 40.
ment par les s.elles ) VIII. Scammonée de Montpellier· ( ir:z.52. (transfusion de celui de
rite la peau sur lâque\le ou
l'homme dans un cas de vol'applique ) IV. 1 o.
missement continnel) VII. 35. Sca1,,tlaire ( hydatides dans la
.Sangsue mécanique l nn mot 'lrnr
fosse sous ) VII. 55 .
la) I. 107.
Scarijjcateu1· (un mot sur celui
- 'lfficinale ( un mot sur la)
de l\'I. DEL'EUIL) V. 331.
. VII. 213. ( notice sur la ) ' Scarlatine. Voy. belladone ,
VII. 189.
chlore, ( considérat. sur la )
Sangsuef.: Voy. coxalgie, chorée~
X. 244. ( l!Ssai sm· la ) VI.
· dysphngie , nez, oplùlwlmie ,
:i.15. 267. ( ohserv. sur la)
ple11ro1linie , ulrères , ( un mot.
III. 272. 2 73.
sur la consommation des ) 1. Sr.!tel'liem ( un mot snr le) III.
104. ( moyens de couserf~r
140. .
�Sciatiq ue ( obs. d'une névral gie)
1. 89.
royale de mêrfecin.e de
/11a,.seille ( cliscours d'inst a l-
1 Soriété
lation de la) III. 35. (expos é
des travau x de la) Il. 26, VII.
56. ( memb res du bureau de
la) VIII. 205. X. 3o5. ( séances ordina ires ae la ) III.
55. ll6. i 75. 239. 287. 535. IV.
65. 119. 174. n1. 271. 554.
V. 70. 124. 198. z45. 2g4. 54fi.
VI. 76. 125. 175. 221, 277.
316. VII. 78. 124. 177. 256.
506. 365. VIII. 82. 130. 177.
2 !5. ;i.74 . 522. IX. 65. I'.AI.
188. 244. 290. 335. X. 63. i 1 o.
i!<5 501. 5o3. 304. (séan ces
publiq ues de la 1 IV. 79. 208.
V. 45. VI. 60. 205. X. 1 2-3.
III. '.!5t.
( tablea u des comm ission s
Scutella1·ia latiflo ra ( analys e
perma nentes de la) VII. 76.
' du) IX. 10S: ( est ant1-h y- de To11lri11.-e (séanc e publiq ue
droph obiqu e) IX. 104.
de la) II. 3/i. IV. 3. VII. 5 1 4.
Sein ( tumeu r cancé reuse au )
s ile Tnuln11
J. 86. ( extirp ation d'une tu- Société des science
(séanc e pnhliq ue de la) VIII.
meur cancé reuse au) VI. 119.
~15. IX . 56
Semen co11tra ( observ ation sur
les chloru1· e~
l'emp loi de son huile ) IU. Sodium ( obs. sur
. de) m. 287.
26.
se du) VIU. 309.
Séné (analy se dn) III. z7. (ana- Sœpiu m (analy (est anti-o don1
lyse des follicn les de ) VIII. Solanr tm 11ig1·w1
talgiq ne ) VIII. 267.
38.
(prolo ngé ) VI. 117.
Scl'pe ntaire de Virgin ie ( ana- Somm eil
IX. 5.j.
lyse ile la) I. 286.
Soufi·e s. Voy.fi um:t;a tions, 1·01tSelon. Voy. p11e11monfo.
gcule, vi,!{étau:r ( procéclé pour
Simaro11ba (analy se du) III. 1 So.
appré cier la valeur de ceux
Si1·ops. Voy. ail, chicor ée, syphili s
de Sicile ) IX. 216.
( classi licatio n des) IV. 200.
e ( a cédé à des bains
Spasm
VH.
la)
sur
urs
(disco
ié
Sobrié
iens et narco tiques )
é-moll
155.
254.
vm.
ta
Calrut
de
ine
médec
de
Société
Spasm odique (extra it rl'!ln m~
( créati on de la) VIL z 13.
moire sui· un;! afi"ection ) UI.
de
ue
pubti,1
srance
(
- du Gm·d
la) VII. 534.
11m uter·i ( un mot sur le)
- de Lym• (un mot sur une Specul
107.
II.
286.
I.
la)
de
ue
séance publiq
ie (sirop anthe lmint ique
- rie Met-. (analy se des travau x SpiKél
IV. 151.
de)
236.
de la) V. 42. Vllf.
olerac ea ( propr iétés
Société académ ique de r111i1/ecine Sf1ilantl111s
,anti-o donta lgique s du) VII.
de Motl'seille (un mot sur la )
to5.
lV. 248. V. 1 !i5. ( séance pu( analys e de celle de~
blique de la ) Vil. ~7'•· ( des Statist1{111c
l'oucl 1es-du -Rhàn e) V. 160.
rravau x de la) l. 3.'•1 HI. 521.
IX. 13i.
(analy se d'un rappo rt sur les
1 Stéari ne. Voy. ricin.
travau x de la) IX. 318.
Scorbu t ( aigu, précéd é de jau-
nisse) 1. 161. (caus e de deux
fractu res) I. 127. ( consid ér.
sur le) X. z35. (prod uit pu
une cause mora le) V. 229.
( traité avec succès par le suc
de verju s) III. 141.
Scribo manie ( accès de) III. 15o.
Scropl udes (analy se d'un traité
sur les ) I. 72. ( emplo i de la
soluti on de potass e contre
les) II. Sr.1 (guér ies par Je
seul emplo i du muria te de
baryte ) II. 92. ( gnérie s par
des traitem ens appro priés )
�Stramo11ium. Voy. pomme épi11euse, ( pommade de ) VI.
159. 31~. :i16.
S11yclmine ( nouvelles recherches sur la ) IV. i4g ( procédé pour ohteni r la) IV. 245.
Sublime COl'l'osif~ Voy céphalée ,
}10111e11t, jambe, 1dciwe.
Sucre ( considér.tlions sur le
brut ) 111. 152.
Suette ( consid. sur la) X. 239.
Sueur (locale permanente de la
moitié latérale droite de la
tête et du cou ) V. 283.
Seflisa12t ( conduite d'un ) V.
329.
Synovie humaine ( analyse de
la) Ill. 270.
Sfplufü. Voy. carex arena1·ia
( manière de la traiter sans
mercure ) VI. 55. è un mut
sur un sirop contre la) V.
330. (ohserv. d'une affection
dégénérée de ) IV. 225. (pilules contre la ) VI. 515.
( traitemen~ arabiqlle contre
la ) I. 41.
- épiclérnique ( considérat. sur
la) X. 244.
Syringa vulgal'is (est fébrifuge)
Ill. 31.
Sy.tèmc nerveux ( discours snr
la prééminence du ) I. 185.
( recherches ~ur les fonctions
du ganglionaire ) VI. 1 77.
T.
Tabac ( sa fumée a été utile
pour faire sortir des vers .du
conduit auditif ) VIII. ~53.
( sa teïnture efficace contre
l' ischurie ) VII. 37.
Tahes dorsalis (produit par la
masturh <• lion) VIII. 2'>1.
To ies (guéries par l'application
du landaoum ) X. 2~8.
':l'aille (faite pRr le malade luimême) VU[. 5o 1. ( procédé
· nouveau pour l'opéra1ion de
la ) VllI. 3o3. ( remarques
sur la ) VII. 1 22.
- ltypogast1-ir1ue ( inconvéniens
· de la ) V. 300. 5o3. •
- re<ln-vesicale ( avan1ages de
la) V. 3o4. ( lettre sur la)
VI. 42. (ohserv. sur la) VII.
117.
de Marla.q ascar (analyse du.)
37.
Ta,,ioka ( ·fa lsi!ication du ) I.
Ta11fiUÙL
vrn.
3, s. II. Hl5.
Ta1·entisme ( considérat. sur un
nouveau ) IT. 28.
Tm·tre (procédé pour extr~ire
l'acide tartrique de la creme
de) IX. t o3. ( procédé pour
obtenir la crême soluble de)
VIII 315.
Tarlrimétr<J ( ce qu.e c'est )·III.
::120.
Teigne. Voy. polasse ( analyse
de l'humeur de la) II. 272.
( sa repercussion a p~odqit la
chorée) V. 51.
Témpéramens ( division naturelle des ) I. i54.
Testicule (ru di mens osseux d'un
fœ.tus renfermés dans un )
IV. go.
Tétanos (mémoire sur le) IV.
I 21. ( nécroscopie à la suite
d'un ) VIII. 257. ( produit
par la rétrocession de la rougeole ) VIU. 250. ( guéri par
l'huile de térébenthine ) V.
184. (guéri par les saugsucs,
etc. ) I. 295.
·
Tête. Voy. sueur ( corne voln.mineuse a celle d'un 1\lex.icain)
32.
T exron1s ( proposition du d.)
vn.
VIL Il;,,
T11,;ébcnÇlii11e . Voy. fièvre jar111e,
tc1a.1tos (diverses sortes d'essence èle ) VII. 103. ( · u~age
de l' esp1·it de ) II. 280.
Thér-ia'/''" (cmplatre de) HI ig.
Tkrowmb·e ( de son usa .<e
conn;,è· alcoliolimèhe daus
la di:;i:l]Jtion) VI. 51.
·
Thè se ( s1;jel de ) II. ':;9.
1'hr1âuce (un mot snr la) X.
48
s4.
�celle du poumon) VIII. 13!5.
(ses effets sur le corail) 1. 314.
Tmnspositio11. Voy. vücères."
Tumeurs. Voy. con, croup, la1ynx, lèvres, mamelle, main,
ma:rillail'c , ombilic, poignet ,
périp1Zeumon.ie , reclunf, sein,
vessie. ( deux qui s;mulaient
un double sarcocèle, guéries
par les friction s mercurielles)
III. '.15:i..
Tumcu1· anomale (de 28 pouces
de ci rconfél'encc sur 9 de
hauteur, au dos et au cou)
V. 55.
- biliaire ( obs. d'une) IV. 8.
Turbith ( analyse du ) III. :i.62.
Tympanite ( observ. d'une) II. 8.
Trphus (guéri par le café)V. 51.
- amaril (analylie d'une dissertalion sur le) III. 187 (lettre
sur le) III. 516
- rl' Europe ( consid. sur le)
X. 24 ~.
.i;ravior (guéri par un hain
de mer) VII. :i.40.
- ictérodes. Voy. fiè.,1·e jaune.
Tliymelca ( analyse des ) VIII.
5u.
Tœnia-{efficacité de l'écorce du
grenadier contre le) IV. 193.
( évacué à la suite de l'ingestion d'une pièce de monnaie
en cuivre) VI. :i.61. ( remarques sur quelques moyens
pour détruire le) IX. ~59 .
Topog1·aphie de Malte (analyse
d'une) VIII. 74.
- de Palerme ( analyse d'une)
IX. 210.
Tortue des Indes (analyse d'une
liqueur de la) II. 261.
Toux ( observ. d'une extraordinaire ) VIII. :i.39.
Tl'achéalite. Voy. c1·oitp.
Trachée-artère. Voy .co1·ps étrangers ( bronchotomie pratiquéc heureusement à la suite
d'un noyeau de prune dans
la) II. 11 1. ( mort occasionée
par un noyca u de prune logé
dans la ) II. 40.
Trachéotomie. Voy. laryngite.
Transpi,.ation ( mémoire sur
1-
V.
Voy. b?uche, jambe, Urine (rétention. etc,d') II. 39.
ne~ , utP.rus.
VIII. :i.72. IX. 7·
Dtérus. Voy. catlwrre utrrin, plaUrètre ( crévasse de !' ) IV. 9.
centa ( "nalyse d'une thèse
( guérison par l'iode de deux
sur l'ulrèrn cancéreux de l')
obstacles dans!') VIII. 242.
IV. 20. (extrait de recherches
(perforations de J' ) lII. 51.
anatomiques sur l' ) UI. 51.
11 i.(réflexinns sur les fausse~
( incisious faites à l'orifi ce
routes del') IV. 83. (sortie
de l' ) I. 3.,, ( moyen de rede divers corps étrangers par
médi er à la chule du v•gin
l' ) IX. 7·
et d~ l' ) VUI. 240. ( obsen·.
Urèt1·ite (analyse d ' une dissertation snr l' ) IV. 10 8. ( em- _ 5ur un po 1 ype del' )VIII. 250 .
( perforatiou ulcèl'euse de l')
ploi des injections dans le
traitement del') I. 135. ( uti-1 V. 43, (rnpture del') IV. ll5.
IX. 237.
lité de l'iode dans l') VIII.
Ul~res.
levres ,
2~0.
V.
/7accin. (remarques sur le ) VI.
i67.
/7acc;1r.ateurs ( un mot sur des )
IX. Il~
/7accùwtions ( pratiquées ii.
Rome ) V. 280.
Vaccine ( considérat. sur la) X.
218. 243. (son état en Angle-
�terre et en F rance ) 1. 251, Pernis du lapon ( analyse de la
(son état a Marsei ll e) H. i6o.
racine du ) VIH. 5 1 2.
( un mot sur la ) II. 230. IX. Pérole ( considérations sur la
112. ( un mot sur un comité
petite) IV. ro. 194. X . 245.
de ) IV. 3 r 5. ( ob<erv. sur la)
( épidémie de petite) I. 1~5.
III. 22. 27i. 272. 3o5. IV. 10.
( petite observée à Londres )
( rapports sur la ) X. 76 .
IX. 11z. ( petite o]Jservéc à
(triomphe de l a) IL :ni.
Nancy) IX. 11 i.
PagiJL. Voy. u(él'lls ( accidens, Pers. Voy. oonvulsiol!s , Joie,
convulsions prodnits par
01•hthalmie, i·crmifu,t;es ( ana}'imperforation du) VI. 73.
lyse d'un traité des) IX. 217.
( oc-cl us ion complète du )
( 1emède contre les ) X. 54.
VIII. 255.
/7c1·tèbres ( ca1 ie sèche des 2.•
//ALENTI .v ( un mot sur le d.)
et 5 .• cervjcales ) Il. 276.
VIII. 214.
Pésicatoire. Voy. araignée , lirPapew· ( son application sur
drocéplwle, pleul'ésie , plew·oquelques médicamens) V.1 81 .
péripne11mo1ue.
Papeurs ( analyse d.'un traité Pessic. Voy. pierres, (hernie de
sur l'emploi médical des
la) III. 14~. (hydatides dans
bains de ) VIL 17. S~. ( emla) VfI. 56. ) inüa~mation
ploi des uarcotiques en îorme
des membran eS" de la ) VII.
de)IV. 3o5. (bains de) IXaÎ2.
8 r. ( tumeur sarcomateuse
Parices. Voy. nphthaLmie (anadans la ) IV. 82. V. 191.
lyse d'une brochure sur la Pices de con/or-mation ( établis··
manière la plus propre à guésement pour les p;uérir ) III.
rir radicalement les ) X. 9.
253.
( guéries par la ligature de Pie ol'gmiique ( notions généla veinepriucipafe ) Ill. 158.
rales sur les lois de la ) 1.
( lotions contre les ) X. 53.
i6g.
(tab leau analytique de vingt. /7ieiltarrfs ( plan de retraite
observations de ) X. 16.
pour les ) V. 5z.
/7c,,-ioLoùle ( utl mot sur la) IX. Vinaigre opiacé (formule d'un)
i4s.
VI. 157.
P4!ô'<'tr.w:r (l'acide prussique les Pioleae ( analyse de la ) VII.
tue ) VIII. 158. ( antidote
'.2. l l.
contre les puisons) IV. 193. Fiscères. Voy. abrfomen.
( existence du soufre dans Pomiqae, Voy. pfripneumonie .
les)IV . 197.
Pomissemellt. Voy. a11g111e tonsilPeines ( ent r.Se acciilentelle ile
lairc , plomb, sang. ( guéri
l'a;r dans les ) I. 555. ( ossipar les bains tièdes) IV. 75.
fication des) Il . 107.
Pomiti/s. Voy. cr·mip, pne . .rnomc,
Pératrine (son action sur l'écopé1·ip11eun1ollie.
Foyat;c n:i:r Alpes mm·itimcs
nomie animale) II. 105.
rcrjus. Voy . .<CC)l'bl!t .
( a1;alyse d'un traité i]ltitulé:)
Fermi/i1ges. Voy. absinthe mm·ili. 225.
tinze, barbotine 11 cn1·issa bor- - mrôdical c11 fuilie ( analyse
d'un ouvrage sur un } Ill.
bonica , ")]ll'ès , gre11adie1· ,
tabac, spir;élie.
135. 179.
z.
Zigomatique ( fracture de l'apo- Il
de) III. 39.
physe 1 X. 195.
Zoogène ( unroot sur la) l. 315.
Zùto ( elfots de l ' hydro-clorate
FIN DE LA T.A.llLE GÉNÉR.!LO: DES MATIÈllES.
�N. B .- Parmi les Souscripteurs qui ont contribué au sucds
de }'Observateur des Sciences médicales , nous avons omis p:tr
inadvertance :
;MM. Flory, docteur en médecine, à Marseille.
f;inouvier ( T) , homme de lettres, à Paris.
à Marseille.
Girod et Clarion, avocats,
id.
Cuiautl , doct.-méd.,
id.
R eymonet, doct. en méd.,
ùl.
Rossolùi, médecin de la marine ,
Roux, Polydore , conservateur du cabinet
id.
naturelle,
id.
Thumi" , pharmacien,
d'Histoir~
����
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
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Title
A name given to the resource
Observateur (L') provençal des sciences médicales
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote TP40137
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Mossy (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1821-1825
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252284828
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-TP40137_Observateur-medical_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
10 vols
Tome premier-5e année, tome dixième = Première année, premier numéro (janvier/février 1821)-n° LII/LIV (octobre/décembre 1825)
21 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/355
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Observateur (L') provençal des sciences médicales (1821, Tomes 1 & 2)
Bulletins de la Société Royale de Médecine de Marseille
Abstract
A summary of the resource.
Publiée entre 1821 et 1825, cette revue médicale, d’abord un bimestriel, puis devenant un mensuel à partir de 1822, comporte dix tomes de trois cent à quatre cent pages chacun. Il s’agit du premier journal de médecine publié à Marseille, fondé par le docteur Pierre Martin Roux. A partir de 1822, la revue contient également le « Bulletin de la Société royale de médecine de Marseille ». Cette publication donne un aperçu des travaux des médecins provençaux mais contient également des comptes rendus des principaux articles parus dans la presse médicale parisienne.
Les rédacteurs principaux en sont les docteurs Daulioulle, membre de la Société royale de médecine de Marseille, décédé en 1822, Guiaud, directeur d’un établissement d’aliénés de Marseille, Pierre Martin Roux, secrétaire perpétuel de la Société de statistique de Marseille, Sigaud, directeur du Journal de médecine, chirurgie et pharmacie de Marseille à partir de 1823, Sue, Forcade et le pharmacien Poutet ; de nombreux autres médecins ont également collaboré à la rédaction en publiant des articles ou des mémoires. On apprend, à la fin du deuxième volume, le nombre d’abonnés de cette publication médicale soit moins de deux cent noms.
Résumé Zoë Dubus
Notes : le Tome 10, dernier paru en 1825, contient une note finale intitulée "lNos adieux à Messieurs les souscripteurs" qui explique les raisons de l'arrêt de la publication
Publié avec "Bulletins de la Société royale de médecine de Marseille", paraissant du n° 1 (1822, Tome 3) aux n° 46-48 (1825,Tome 10)
Un avis avertit que la Société royale de médecine de Marseille déclare qu'en insérant dans ses Bulletins les mémoires, observations, notices, etc., de ses membres, elle ne s'engage nullement.
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Subject
The topic of the resource
Médecine
Description
An account of the resource
Tout premier journal de médecine publié à Marseille, l'Observateur des sciences médicales présente les travaux de médecins provençaux et le compte rendu des principaux articles parus dans la presse médicale parisienne
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Roux, Pierre-Martin (1791-1864). Fondateur
Société Royale de Médecine de Marseille
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
<p><strong><u>Sommaire</u><br /><br />1821 - Tome 1</strong></p>
<ul>
<li>Introduction, par P.M. ROUX (p. 5 à 18)</li>
<li>De l’influence de quelques sciences naturelles sur la Physiologie, par M. GUIAUD, premier article (p.19 à 29), deuxième article (p.113 à 119)</li>
<li>Extirpation d’une tumeur volumineuse à la région jugulaire et sur le trajet de la carotide, par P.F. REY (p.29 à 35)</li>
<li>Notice sur la Fièvre jaune, la Peste et le Typhus considérés comme non contagieux, etc. par M. SEDILLOT (p. 36 à 46)</li>
<li>Manière de traiter les maladies syphilitiques anciennes ou dégénérées ; tirée d’une dissertation de M. Jean-Victoire-Honoré GANDY (p.47 à 50)</li>
<li>Notice sur l’emploi du poivre cubèbe dans la blennorrhagie, par le Dr. MARTIN (p.50 à 57)</li>
<li>Observation de M. POUTET, sur le rapport de M. PELLETIER, relatif à l’analyse des huiles, au moyen des divers nitrates de Mercure (p.57 à 65)</li>
<li>Analyse du journal complémentaire du dictionnaire des sciences médicales, janvier 1821, par G.A.T. SUE. (p.65 à 79)</li>
<li>Analyse du journal universel des science médicales, janvier 1821, par FORCADE (p.79 à 89)</li>
<li>Analyse du journal de pharmacie et des sciences accessoires, janvier 1821, par POUTET (p.90 à 102)</li>
<li>Observation sur la guérison d’une hydropique, par le sulfate magnésien, par M. P.M. ROUX (p.120 à 126)</li>
<li>Observation sur deux fractures causées par une cachexie scorbutique, par M. AYNAUD (p.127 à 130)</li>
<li>Quelques considérations sur l’emploi des injections dans le traitement de l’urétrite, par G.A.T. SUE (p.135. à 142)</li>
<li>Réflexions sur les remèdes secrets, par M. POUTET (p.143 à 149)</li>
<li>Notice biographique sur le docteur Empereur, par M. REYNAUD-LACROZE (p.150 à 154)</li>
<li>Analyse du journal complémentaire du dictionnaire des sciences médicales, par P.M. ROUX, février 1821 (p.154 à 175), mars 1821 (p.175 à 187)</li>
<li>Analyse du journal universel des sciences médicales, février 1821, par M. FORCADE (p.187 à 197)</li>
<li>Analyse du journal de pharmacie, etc., de février et mars, par M. POUTET (p.197 à 220)</li>
<li>Essai sur la manie, par M. GUIAUD (p.225 à 232)</li>
<li>Observation sur une amaurose de l’œil droit, par G.A.T. SUE (p.232 à 235)</li>
<li>Observation sur une plaie par instrument piquant avec lésion présumée d’un nerf, par M. Jean-Bapt. AUBAYE (p.235 à 239)</li>
<li>Observation sur une pierre, retirée de la région du périnée, à la suite d‘un dépôt urineux, par M. FESTE (p.239 à p. 248)</li>
<li>Observation sur un accouchement d’un fœtus hydrocéphale, accompagné d’hémorragie utérine et de l’issue prématurée du cordon ombilical, par J. REIMONET (p.248 à 251)</li>
<li>De l’état de la vaccine en Angleterre et en France, par J.X.F. SIGAUD (p.251 à 255)</li>
<li>De la structure, des fonctions et des maladies de la moelle épinière, par Vincent RACHETTI et J.X.F. SIGAUD (p.255 à 260)</li>
<li>Dissertation sur la maladie dite fièvre jaune qui règne à la Guadeloupe, par M. J.E.A. AVIENY-FLORY et P.M. ROUX (p.260 à 265)</li>
<li>Lettre sur la contagion de la fièvre jaune, par M. AUDOUARD et P.M. ROUX (p.265 à 270)</li>
<li>Notice sur l’extraction d’un nouveau sel neutre contenu dans le poivre, par M. POUTET (p.270 à 280)</li>
<li>Analyse du journal universel des sciences médicales, mars 1821, par J.E.M. GUIAUD fils (p.280 à 286)</li>
<li>Analyse du journal complémentaire du dictionnaire des sciences médicales, avril 1821, par D. (p.287 à 299), mai 1821, par G.A.T. SUE (p.300 à 310)</li>
<li>Analyse du journal de pharmacie, avril et mai, par les rédacteurs réunis du journal de pharmacie (p.310 à 324)</li>
<li>Galerie médicale, par J.X.F. SIGAUD (p.330 à 334)</li>
<li>Lettre au rédacteur général, Avis et Errata (p.334 à 336)</li>
<li>Tables des auteurs et des matières contenues dans le tome premier (p.337 à 346)</li>
</ul>
<br />
<p><strong>1821 - Tome 2</strong></p>
<ul>
<li>Essai sur l’aliénation mentale, par M. GUIAUD Fils (p.1 à 8)</li>
<li>Observation d’une tympanite intestinale, par M. SIGAUD (p. 8 à 15)</li>
<li>Observation sur un cancer de l’œil, recueillie à la clinique de l’hôpital St. -Eloy, de Montpellier, par M. ROUX (p.19 à 26)</li>
<li>Séance publique et Exposé des travaux de la Société royale de médecine de Marseille, pendant l’année 1820, par M. FORCADE (p.26 à 33)</li>
<li>Séance publique de la Société royale de Médecine Chirurgie et Pharmacie de Toulouse, tenue le 24 mai 1821, par M. ROUX (p.34 à 44)</li>
<li>Mémoire sur les altérations et l’influence du foie dans plusieurs maladies et sur les moyens curatifs qu’elles réclament, par M. REGNAULT (p.44 à 51)</li>
<li>De la structure, des fonctions et des maladies de la moelle épinière, par Vincent RACHETTI (p.51 à 65)</li>
<li>Observations sur les divers procédés pour la préparation du sulfate de quinine, par M. POUTET (p.65 à 76)</li>
<li>Revue des journaux, par M. ROUX (p.77 à 95)</li>
<li>Analyse du journal de pharmacie, suite du mois de mai et juin, par POUTET (p.95 à 106)</li>
<li>Coup-d’œil sur la fièvre jaune, par P.M. ROUX (Seconde édition intégrée p.113)</li>
<li>Aperçu sur la fièvre jaune, par M. TEXTORIS (p.115 à 143)</li>
<li>Dissertation sur la fièvre jaune d’Amérique, MM. Les Docteurs PIGUILLEM frères, REVERT, LOPEZ, RIERA et CANO (p.144 à 150)</li>
<li>Mémoire au Roi en conseil des Ministres et aux Chambres, ou protestation contre le travail de la commission sanitaire centrale du royaume, par M. Jean DEVEZE (p.150 à 157)</li>
<li>Mémoire sur les signes qui indiquent ou contre indiquent la saignée, soit dans les fièvre intermittentes, soit dans les fièvres continues, désignées sous les noms de putrides ou adynamiques, de malignes ou ataxiques, par M. JOYEUSE (p.161 à 191)</li>
<li>Réflexions critiques sur une observation qui a paru dans le journal général de médecine, le mois d’avril 1821, par M. D’ASTROS (p.192 à 211)</li>
<li>Nouveau triomphe de la vaccine, par M. FROMENT (p.211 à 219)</li>
<li>Voyage aux Alpes Maritimes, par M. FODERE (p.223 à 231)</li>
<li>De la mélancolie, par M. GUIAUD fils (p.231 à 242)</li>
<li>Recherches et observations sur les effets des préparations d’or du D. CHRESTIEU, dans le traitement de plusieurs maladies, et notamment dans celui des maladies siphylitiques, par J.-G. NIEL (p.243 à 246)</li>
<li>Notice biographique sur le docteur DAULIOULLE, par P.-M. ROUX (p.246 à 253)</li>
<li>Analyse du journal de pharmacie, cahiers de juillet, août, septembre, octobre et novembre, par FORCADE (p.254 à 272)</li>
<li>Revue des journaux, par P.M. ROUX (p.273 à 278)</li>
<li>Liste des personnes et sociétés qui ont souscrit à ce journal, ou auxquelles il a été adressé pendant l’année 1821 (p.288 à 292)</li>
<li>Table des auteurs et des matières contenues dans le tome second (p.293 à 297)</li>
</ul>
<br />
<p><strong>1822 - Tome 3</strong></p>
<ul>
<li>Lettre sur la fièvre jaune, adressée au Rédacteur-général de l’Observateur des sciences médicales, par M. le docteur J. DEVEZ (p.3 à 7)</li>
<li>Examen critique des observations sur la fièvre jaune, par M. ROBERT (p.10 à 21)</li>
<li>Revue des journaux (p.21 à 26)</li>
<li>Journal de pharmacie, analyse des principaux articles du n° de décembre 1821, par FORCADE (p.26 à 29)</li>
<li>Bulletins de la Société Royale de Médecine de Marseille - janvier 1822, n°1 (p.35 à 96)</li>
<li>Discours prononcé à la séance d’installation de la Société royale de Médecine de Marseille, le dimanche 15 mars 1818, par J.V.H. GANDY (p.35 à 43)</li>
<li>Notions sur la fièvre jaune de Barcelonne communiquées verbalement à la Société royale de Médecine de Marseille, le 30 janvier, par Mr. Le docteur BALLY et recueillies par M. GUIAUD fils (p.43 à 50)</li>
<li>Observations sur les perforations de l’urètre et de l’intestin rectum, par M. MAGAIL (p.51 à 54 et 111 à 116)</li>
<li>Observations pratiques et réflexions sur la fièvre intermittente inflammatoire, par J.-F. FAUCHIER (p.57 à 72)</li>
<li>Traité des fièvres rémittentes et des indications qu’elles fournissent pour l’usage du quinquina, par J.-B.-Th. BAUMES (premier article p.72 à 79 et deuxième et dernier article p.121 à 127)</li>
<li>Voyage médical en Italie, fait en l’année 1820 par le D. Louis Valentin (premier article p.79 à 85 et deuxième et dernier article p.133 à 143)</li>
<li>Analyse des principaux articles du Journal de Pharmacie de janvier 1822, par FORCADE (p.87 à 91)</li>
<li>Bulletins de la Société Royale de Médecine de Marseille – février 1822, n°2 (p.97 à 162)</li>
<li>Observation et recherches sur une maladie du larynx, par M. Elie GINTRAC (p.97 à 111)</li>
<li>Mémoire sur les hôpitaux et les secours distribués à domicile aux indigens malades, par M. le docteur POLIXIERE (p.128 à 133)</li>
<li>Observation d’une transposition générale des viscères, par M. OMER (p.144 à 146)</li>
<li>Revue des journaux, par P.-M. ROUX (p.146 à 150)</li>
<li>Analyse des principaux articles du Journal de Pharmacie de février 1822, par POUTET (p.150 à 157)</li>
<li>Bulletins de la Société Royale de Médecine de Marseille – mars 1822, n°3 (p.163 à 228)</li>
</ul>
<br /><strong>1822 - Tome 4<br /></strong>
<ul>
<li>Séance publique de la Société royale de médecine, chirurgie et pharmacie de Toulouse, tenue le 9 mai 1822, par P.M. ROUX (p.3 à 13)</li>
<li>Lettre sur la maladie de Barcelone adressée par M. F. PIGUILLEM à M. LASSIS (p.13 à 20)</li>
<li>Recherches sur l’ulcère cancéreux de la matrice, par M. REIMONET (p.20 à 24)</li>
<li>Analyse des principaux articles du Journal de Pharmacie de mai et juin (p.25 à 29)</li>
<li>Bulletins de la Société Royale de Médecine de Marseille – juillet 1822, n°7 (p.33 à 112)</li>
<li>Suite de la dissertation étio-symptomatologique sur la fièvre qui régna à Livourne en 1804 (p.33 à 63)</li>
<li>Observation sur l’opération de la rhinoplastique ; précédée de quelques réflexions, par J.N. ROUX (p.65 à 75)</li>
<li>Observation sur un vomissement et des coliques survenant après le repas, guéris par les bains tièdes, par M. RICARD (p.75 à 78)</li>
<li>Séance publique et exposé des travaux de la Société royale de médecine de Marseille, par D.M. FORCADE (p.79 à 84)</li>
<li>Traité des maladies des yeux par Ant. SCARPA (p.85 à 88)</li>
<li>Revue des journaux, par P.M. ROUX (p.88 à 93)</li>
<li>Analyse des principaux articles du Journal de Pharmacie de juillet (p.93 à 101)</li>
<li>Bulletins de la Société Royale de Médecine de Marseille – aout 1822, n°8 (p.113 à 164)</li>
<li>Observation sur deux abcès critiques, formés par congestion, à la suite de la fièvre étique, par M. GIRAUD (p.113 à 115)</li>
<li>Observation d’une rupture de la matrice, par suite des efforts de l’accouchement, par M. IMBERT (p.115 à 119)</li>
<li>Propositions générales et observations pratiques sur le Tétanos, par J.-L. ARONSSOHN (p.121 à 141)</li>
<li>Doctrine nouvelle sur la reproduction de l’homme, suivie du tableau des variétés de l’espèce humaine, par M. TINCHANT (p.141 à 144)</li>
<li>Analyse des principaux articles du Journal de Pharmacie de juillet (p.149 à 156)</li>
<li>Bulletins de la Société Royale de Médecine de Marseille – septembre 1822, n°9 (p.165 à 210)</li>
<li>Observation sur une opération de cataracte, suivie de quelques phénomènes intéressants, par M. GUIRAND (p.165 à 170)</li>
<li>Observations sur un cas d’amygdalite, de laryngite et de trachéites, par M. CAZALS (p.170 à 173)</li>
<li>Observations sur l’inflammation de l’arachnoïde, par J.-N. ROUX (p.177 à 183)</li>
<li>Notes recueillies en visitant les prisons de la Suisse et remarques sur les moyens de les améliorer, par Francis CUNNINGHAM (p.183 à 188)</li>
<li>Maison de santé pour les aliénés des deux sexes, par M. GUIAUD fils (p.188 à 192)</li>
<li>Analyse des principaux articles du Journal de Pharmacie d’aout (p.196 à .202)</li>
<li>Bulletins de la Société Royale de Médecine de Marseille – octobre 1822, n°10 (p.211 à 250)</li>
<li>Observation et remarques sur un remède nouveau contre la phthisie laryngée, par M. DESGRANGES (p.211 à 219)</li>
<li>Observation d’une affection vénérienne dégénérée, compliquée avec fièvre périodique algide syphilitique, par M. PIERQUIN (p.225 à 240)</li>
<li>Caractères propres, préservatifs et remèdes des contagions pestilentielles, par G.-G. LAFONT-GOUZI (p.240 à 245)</li>
<li>Analyse des principaux articles du Journal de Pharmacie de septembre (p.245 à 247)</li>
<li>Bulletins de la Société Royale de Médecine de Marseille – novembre 1822, n°11 (p.251 à 322)</li>
<li>Observation sur une fistule recto-vaginale, guérie sans opération et par les seules forces de la nature, par J.B. SILVY (p.251 à 256)</li>
<li>Observation d’une pneumonie chronique, qui s’est terminée par la suppuration, par M. RICHARD-CALVE (p.257 à 271)</li>
<li>Considérations physiologiques sur les odeurs et les sens de l’odorat, par M. GUIAUD fils (p.273 à 281)</li>
<li>Fascicule d’observations sur l’hémavélinose par M. PIERQUIN (p.282 à 289)</li>
<li>Mémoire sur les fièvres en opposition à la nouvelle doctrine, par H. DARDONVILLE (p.289 à 299)</li>
<li>Formulaire de Montpellier, par M. BORIES (p.299 à 303)</li>
<li>Analyse des principaux articles du Journal de Pharmacie, suite du mois de septembre (p.307 à 314)</li>
<li>Bulletins de la Société Royale de Médecine de Marseille – décembre 1822, n°12 (p.323 à 338)</li>
<li>Observation d’une maladie simulant celle appelée fièvre jaune, recueillie à Marseille dans le mois d’octobre 1821 par M. FLORY (p.323 à 326)</li>
<li>Observation sur une fièvre qui a présenté de l’analogie avec la fièvre jaune, suivie de quelques réflexions cliniques, par M. FORCADE (p.327 à 331)</li>
<li>Observations sur une fièvre ataxique et une fièvre quarte guéries par le sulfate de quinine, par M. REVOLAT (p.331 à 333)</li>
<li>Table des auteurs et des matières contenues dans le tome quatrième (p.339 à 343)</li>
</ul>
<strong>1823 - Tome 5</strong><br />
<ul>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.3 à 16)</li>
<li>Observation et réflexions sur l’hypertrophie du cœur, par J.-N. ROUX (p.3 à 8)</li>
<li>Observation de manie avec délire, compliquée de nymphomanie, par M. GUIAUD fils (p.9 à 15)</li>
<li>Observation sur une hémiplégie, par M. RICARD (p.15 à 16)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.17 à 41)</li>
<li>Mémoire sur une médaille de Cos, représentant Esculape, par A.M. SAINTE-MARIE (p.17 à 37)</li>
<li>Notice nécrologique sur Pierre COZE, par M. PIERQUIN (p.37 à 41)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.42 à 54)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - janvier 1823, n°13 (p.55 à 110)</li>
<li>Observation sur l’ablation d’une tumeur anormale, par M. REIMONET (p.55 à 61)</li>
<li>Projet de souscription pour élever un monument à la mémoire des Médecins, Chirurgiens et Pharmaciens morts aux armées, par M. SEGAUD (p.61 à 69)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.73 à 85)</li>
<li>Observation d’une lésion organique de l’estomac, etc., par M. SEISSON (p.73 à 78)</li>
<li>Observation d’une hypertrophie du cœur, par M. FRIZON (p.78 à 82)</li>
<li>Observation d’une fièvre intermittente guérie par le sulfate de quinine, par M. CALMES-MONCET (p.82 à 85)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.86 à 90)</li>
<li>Notice nécrologique sur Pierre FRANK, par M. PIERQUIN (p.86 à 90)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.91 à 110)</li>
<li>Extrait de correspondance étrangère du docteur Louis VALENTIN (p.91 à 103)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - février 1823, n°14 (p.111 à 188)</li>
<li>Rapport sur le projet présenté à la Société royale de médecine de Marseille par M. SEGAUD, par M. SUE (p.111 à 115)</li>
<li>Rapport sur le projet d’élever un monument à la mémoire des médecins, chirurgiens et pharmaciens morts glorieusement aux armées, par M. TEXTORIS (p.115 à 120)</li>
<li>Projet tendant à former un collège universel de médecine, proposé par le D. Félix PASCALIS et communiqué par M. le D. L. VALENTIN (p.120 à 124)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.129 à 135)</li>
<li>Observation sur une tumeur cancéreuse, opérée par J.-N. ROUX (p.129 à 133)</li>
<li>Observation d’un ulcère cancéreux, guéri par l’application réitérée de sangsues, par M. NEL (p.133 à 135)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.136 à 159)</li>
<li>Discours lu à la Société de médecine du comté de New-York, le 11 novembre 1822, par M. Félix PASCALIS (p.136 à 159)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.160 à 188)</li>
<li>Aperçu sur l’état actuel de la science aux facultés de médecine, en France (p.169 à 178)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - mars 1823, n°15 (p.189 à 228)</li>
<li>Tumeur lymphatique développée dans l’épaisseur de la branche horizontale de l’os maxillaire inférieur et guérie par l’application du feu, par M. BARD (p.189 à 191)</li>
<li>Observation sur une tumeur enkystée ou sarcomateuse dans la vessie, etc., par M. PLEINDOUX (p.191 à 197)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.201 à 205)</li>
<li>Rupture du ventricule gauche du cœur, causée par le ramollissement du tissu rupturé, par M. ROCHOUX (p.201 à 205)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.206 à 217)</li>
<li>Mémoire sur l’épilepsie, par M. FODERE (p.206 à 217)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.218 à 228)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - avril 1823, n°16 (p.229 à 282)</li>
<li>Observation d’une affection scorbutique, causée uniquement par des affections morales, par M. CHARPENTIER (p.229 à 238)</li>
<li>Observation sur une sueur locale permanente de la moitié latérale droite de la tête et du cou, par M. B. ROQUES (p.238 à 245)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.249 à 265)</li>
<li>Mémoire sur l’épilepsie (deuxième et dernier article), par M. FODERE (p.249 à 265)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.266 à 282)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - mai 1823, n°17 (p.283 à 332)</li>
<li>Causes de propagation de la peste dans le Levant, observées par M. LEGRAND (p.283 à 293)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.297 à 305)</li>
<li>Observation sur un calcul d’un volume et d’un poids extraordinaires, trouvé dans la vessie urinaire d’un marin, par M. COURAL (p.297 à 305)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.306 à 311)</li>
<li>Examen chimique des semences de <em>Quassia amara</em>, par M. TREMOLIERE (p.306 à 311)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.312 à 328)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - juin 1823, n°18 (p.333 à 344)</li>
<li>Notice succinte du typhus ictérodes qui se manifesta à Baltimore, au mois de juillet 1819, par M. Pierre CHATARD (p.333 à 343)</li>
<li>Table des auteurs et des matières contenues dans le tome cinquième (p.345 à 349)</li>
<li>Fautes essentielles à corriger (p.350)</li>
</ul>
<strong>1823 - Tome 6</strong><br />
<ul>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.5 à 8)</li>
<li>Observation d’un abcès dans l’ovaire gauche, par M. SEISSON (p.5 à 8)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.9 à 18)</li>
<li>Analyse de quelques recherches sur l’iode, par M. PIERQUIN (p.9 à 18)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.19 à 62)</li>
<li>Essai pour servir à l’histoire des fièvres adynamiques et ataxiques, par J.B. MONFALCON (p.19 à 31)</li>
<li>Lettre de M. PIERQUIN à M. GOLFIN, sur un mémoire de M. BRACHET, concernant le morbus maculosus hoemorragicus Werlhofii (p.31 à 42)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - juillet 1823, n°19 (p.63 à 118)</li>
<li>Observation d’une hydropisie ascite, survenue spontanément à la suite d’un rêve effrayant, sans maladie préexistante, par M. PY (p.63 à 72)</li>
<li>Observation sur quelques accidents, et notamment sur des convulsions produites par l’imperforation du vagin, par M. GANDY (p.73 à 76)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.81 à 104)</li>
<li>Eloge historique de feu Moïse-Abraham JOYEUSE, par Jean-Gabriel NIEL (p.81 à 104)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.105 à 118)</li>
<li>Mémoire sur la non-contagion de la fièvre jaune, par Pierre LEFORT (p.105 à 109)</li>
<li>Procès-verbaux des expériences médicales qui ont eu lieu au Fort-Royal, sur la personne de M. GUYON (p.110 à 112)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - aout 1823, n°20 (p.119 à 166)</li>
<li>Observation sur l’extirpation d’une tumeur cancéreuse au sein gauche, par M. IMBERT (p.119 à 122)</li>
<li>Anecdotes médicales par J.-S.-E. JULIA (p.123 à 125)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.129 à 140)</li>
<li>Eloge historique de feu Moïse-Abraham JOYEUSE, deuxième et dernier article, par Jean-Gabriel NIEL (p.129 à 140)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.141 à 166)</li>
<li>Essai sur la fièvre jaune d’Amérique, par P.F. THOMAS, précédé de considérations hygiéniques sur la Nouvelle-Orléans, par J.M. PICORNELL (p.141 à 155)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - septembre 1823, n°21 (p.167 à 208)</li>
<li>Remarques sur le vaccin, sous la forme d’aphorisme, par M. BOUSQUET (p.167 à 171)</li>
<li>Remarques sur l’épilepsie, par M. BOUSQUET (p.171 à 173)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.177 à 208)</li>
<li>Recherches sur les fonctions du système nerveux ganglionnaire, par M. BRACHET (p.177 à 196)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - octobre 1823, n°22 (p.209 à 268)</li>
<li>Aperçu sur la peste de Malte en 1813, par M. Eugène FEWECH (p.209 à 220)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.225 à 234)</li>
<li>Notice nécrologique sur J.-B.-P. LABORIE (p.225 à 234)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.235 à 268)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - novembre 1823, n°23 (p.269 à 320)</li>
<li>Observation sur le délirium tremens, par M. POINTE (p.269 à 272)</li>
<li>Observation d’inflammation du cerveau, par M. RAMPAL (p.272 à 276)</li>
<li>Observation curieuse sur une ischurie, par M. BOURGUET (p.276 à 277)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.281 à 288)</li>
<li>Observation d’une fracture du fémur au quart supérieur du corps de l’os par un coup de feu, par M.J.-N. ROUX (p.281 à 288)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.289) à 320)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - décembre 1823, n°24 (p.321 à 329)</li>
<li>Deux rétentions d’arrière-faix, l’une pendant trente-neuf jours et l’autre pendant dix-neuf jours, expulsés par les seuls efforts de la nature, sans que les deux accouchées aient couru de dangers, par M. Eugène FENECH (p.321 à 325)</li>
<li>Observation d’un catharre utérin guéri par la teinture d’iode, par M.J. SABLAIROLES (p.325 à 326)</li>
<li>Table des auteurs et des matières contenues dans le tome sixième (p.330 à 335)</li>
<li>Fautes essentielles à corriger (p.336)</li>
</ul>
<p> <br /><strong>1824 - Tome 7</strong></p>
<ul>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.3 à 9)</li>
<li>Inflammation des membranes contenues dans le canal vertébral, avec complication d’une entéro-gastrite, par P.-M. ROUX (p.3 à 9)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.10 à 16)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.17 à 40)</li>
<li>Traité de la méthode fumigatoire, ou de l’emploi médical des bains de vapeurs, avec planches, par T. RAPOU (p.17 à 23)</li>
<li>Essai sur la médecine du cœur, par Marc-Antoine PETIT (p.24 à 29)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - janvier 1824, n°25 (p.41 à 116)</li>
<li>Observation extraordinaire sur une grossesse hydatideuse d’un genre inconnu, par MM. Roch BOURGUET (p.41 à 75)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.81 à 84)</li>
<li>Inflammation des membranes de la vessie, terminée par suppuration, par M.H. GASSIER (p.81 à 84)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.85 à 116)</li>
<li>Traité de la méthode fumigatoire, ou de l’emploi médical des bains de vapeurs, avec planches, par T. RAPOU (p.85 à 90)</li>
<li>De la moelle épinière et de ses maladies, par C.-P. OLLIVIER (p.90 à 101)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - février 1824, n°26 (p.117 à 168)</li>
<li>Observation sur une taille anale, pratiquée à l’hôpital de la marine de Toulon, par M. SPER (p.117 à 121)</li>
<li>Remarques sur la taille, par M. BOURGUET (p.122 à 124)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.129 à 134)</li>
<li>Observation sur un malade en convalescence d’une gastro-entérite et mort par suite d’une tumeur au larynx, par M. BALLY (p.129 à 134)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.135 à 148)</li>
<li>Discours sur la sobriété, par M. SEGAUD (p.135 à 148)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.149 à 168)</li>
<li>Histoire de la médecine – De l’état des médecins et de la médecine chez les sauvages, lettre adressée en 1817 à M. SAINTE-MARIE, par M. PIERQUIN (p.149 à 164)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - mars 1824, n°27 (p.169 à 216)</li>
<li>Observation d’une pneumonie chronique (phthisie pulmonaire) guérie par l’application du seton aux environs de l’anus, et par le régime diététique, par M. SAT (p.169 à 177)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.181 à 188)</li>
<li>Fascicule d’observations tendant à prouver que la phthisie pulmonaire n’est pas contagieuse, par M. FLAYARD (p.181 à 188)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.189 à 194)</li>
<li>Notice sur la sangsue officinale, sa reproduction aux Antilles, etc., par M.-J. ACHARD (p.189 à 194)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.195 à 216)</li>
<li>Système de morale médicale (ou code de police médicale) publié par la Société de médecine de l’Etat de New-Yorck, traduit par M. GIRAUD-ST.-ROME (p.195 à 210)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - avril 1824, n°28 (p.217 à 276)</li>
<li>Etude des eaux, par M. TEXTORIS (p.217 à 252)</li>
<li>Moyen d’administrer le baume de copahu, sans que l’on en ressente l’odeur, le goût, et que l’on éprouve des rapports et des vomissements, par Félix DENANS (p.253 à 256)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.261 à 276)</li>
<li>Lettres du professeur SCARPA au professeur MAUNOIR, concernant l’opération de M. ADAMS, sur la cataracte et sur la prunelle artificielle (p.261 à 270)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - mai 1824, n°29 (p.277 à 336)</li>
<li>Etude des eaux, par M. TEXTORIS (p.277 à 304)</li>
<li>Observation d’un ulcère variqueux, à la jambe, par M. ANDRE (p.304 à 305)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.309 à 330)</li>
<li>Toxicologie végétale, consultation médico-légale, par M. PIERQUIN (p.309 à 330)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.331 à 336)</li>
<li>Mémorial pharmaceutique des médecins de Montpellier, par C. PIERQUIN (p.331 à 333)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - juin 1824, n°30 (p.337 à 368)</li>
<li>Etude des eaux, par M. TEXTORIS (p.337 à 364)</li>
<li>Table des auteurs et des matières contenues dans le tome septième (p.369 à 372)</li>
<li>Fautes essentielles à corriger (p.372)</li>
</ul>
<br /><strong>1824 - Tome 8<br /></strong>
<ul>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.3 à 21)</li>
<li>Notice sur Michel NOSTRADAMUS, par P.-M. ROUX (p.3 à 8)</li>
<li>Toxicologie – De la séméiotique des empoisonnements, par M. PIERQUIN (p.8 à 21)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.22 à 44)</li>
<li>Chirurgie clinique de Montpellier, par le professeur DELPECH (p.22 à 37)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - juillet 1824, n°31 (p.45 à 120)</li>
<li>Etude des eaux, par M. TEXTORIS (p.45 à 74)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.85 à 120)</li>
<li>Lettres du professeur SCARPA au professeur MAUNOIR, concernant l’opération de M. ADAMS, sur la cataracte et sur la prunelle artificielle (p.85 à 97)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - aout 1824, n°32 (p.121 à 168)</li>
<li>Observation d’une gastro-entérite, par M. GILLET (p.121 à 125)</li>
<li>Observation sur une suppression d’urine, par M. DUCASSE (p.125 à 129)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.133 à 143)</li>
<li>Mémoire sur la transpiration pulmonaire, par D. PAOLI (p.133 à 143)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.144 à 168)</li>
<li>Lettres du professeur SCARPA au professeur MAUNOIR, concernant l’opération de M. ADAMS, sur la cataracte et sur la prunelle artificielle (p.145 à 155)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - septembre 1824, n°33 (p.169 à 216)</li>
<li>Observation d’une ascite congénitale, avec acéphalie et d’autres vices de conformation, par MM. MARTIN et RIGORD (p.169 à 174)</li>
<li>Observation : hydropisie de l’articulation tibio-fémorale gauche et tumeur blanche de l’articulation radiocarpienne du même côté, par J.-N. ROUX (p.174 à 176)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.181 à 187)</li>
<li>Avortement accompagné de quelques circonstances remarquables, par M. SERENE (p.181 à 185)</li>
<li>Cas présumé de grossesse ; molle, par A. GUEYRAUD (p.185 à 187)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.188 à 205)</li>
<li>Eloge historique du chevalier Dominique COTUGNO, par Pierre MAGLIARI (p.188 à 205)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.206 à 216)</li>
<li>Lettres du professeur SCARPA au professeur MAUNOIR, concernant l’opération de M. ADAMS, sur la cataracte et sur la prunelle artificielle (p.206 à 214)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - octobre 1824, n°34 (p.217 à 268)</li>
<li>Observation sur une fracture du calcaneum, par M. DUNES (p.217 à 220)</li>
<li>Observation sur une fracture de la rotule, par M. FESTE (p.220 à 224)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.229 à 235)</li>
<li>Observation d’une plaie pénétrante de la poitrine par un coup d’épée, par J.N. ROUX (p.229 à 232)</li>
<li>Observation d’un coup de sabre reçu à la partie supérieure de l’avant-bras, par J.N. ROUX (p.233 à 235)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.236 à 268)</li>
<li>Lettres du professeur SCARPA au professeur MAUNOIR, concernant l’opération de M. ADAMS, sur la cataracte et sur la prunelle artificielle (p.258 à 265)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - novembre 1824, n°35 (p.269 à 316)</li>
<li>Hernie de l’estomac, du grand épiploon, du colon transverse et d’une partie du duodenum, dans la poitrine, par M. REYNAUD (p.269 à 272)</li>
<li>Cas de rétention d’urine ; corde à boyau dans la vessie expulsée par les seuls efforts de la nature, et à l’aide d’une dilatation du canal urétral, par Joseph BENAC (p.272 à 273)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.277 à 285)</li>
<li>Cas de fièvre jaune, par Charles BERTRAND (p 277 à 282)</li>
<li>Eruption militaire, compliquée d’affection vermineuse, masquée au début sous l’apparence d’une otite interne, douleur articulaire mauvais effet de l’ipécacuanha, par M. FRIZON (p.282 à 285)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.286 à 316)</li>
<li>Observations et recherches sur la cyanose, ou maladie bleue, par E. GINTRAC (p.286 à 301)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - décembre 1824, n°36 (p.317 à 325)</li>
<li>Observation sur les bons effets de la saignée chez une femme atteinte de convulsions quatre heures après un accouchement très-heureux, par M. SEUX (p.317 à 319)</li>
<li>Observation sur une luxation par une cause externe de l’os ilium avec le sacrum du côté droit, ou de la symphise sacro-iliaque, par M. REULLAC (p.319 à 321)</li>
<li>Table des auteurs et des matières contenues dans le tome huitième (p.326 à 328)</li>
</ul>
<br /><strong>1825 - Tome 9<br /></strong><br />
<ul>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.3 à 12)</li>
<li>Anasarque et ascite congénitales, compliquées d’hépatite, de néphrite, de splénite, de péritonite, observées en janvier 1824, par P.-M. ROUX (p.3 à 7)</li>
<li>Affections nerveuses diverses, rétention d’urine et sortie de plusieurs corps par le canal de l’urètre, par M. H. GASSIER (p.7 à 11)</li>
<li>Constipation pendant neuf mois, lésion du rectum, par M. le D. Louis VALENTIN (p.11 à 12)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.13 à 42)</li>
<li>Diagnostic des passions – Coup d’œil sur la grammatoscopie (1<sup>er</sup> article), par M. PIERQUIN (p.13 à 34)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.43 à 58)</li>
<li>Sur les fièvres bilieuses, et Sur la condition pathologique des fièvres bilieuses (1<sup>er</sup> article), par Dominique MELI (p.43 à 51)</li>
<li>Ornithologie provençale, par Polydore ROUX (p.51 à 53)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - janvier 1825, n°37 (p.59 à 116)</li>
<li>Notions sur la fièvre jaune, par M. GHERVIN (p.59 à 65)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.69 à 89)</li>
<li>Diagnostic des passions – Coup d’œil sur la grammatoscopie (2<sup>ème</sup> article), par M. PIERQUIN (p.69 à 89)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.90 à 116)</li>
<li>Sur les fièvres bilieuses, et Sur la condition pathologique des fièvres bilieuses (2<sup>ème</sup> article), par Dominique MELI (p.90 à 94)</li>
<li>Essai sur les phlegmasies du tissu muqueux, par Ch. F. FAULCON (p.94 à 101)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - février 1825, n°38 (p.117 à 148)</li>
<li>DRAGONNEAU chanterelle rendu par une fille de quatre mois, par M. PERREYMOND (p.117 à 120)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.125 à 130)</li>
<li>Observation sur une fluxion de poitrine, terminée par une encéphalite mortelle, par M. FLAVARD (p.125 à 130)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.131 à 148)</li>
<li>Statistique du département des Bouches-du-Rhône, par M. le comte de VILLENEUVE (p.131 à 147)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - mars 1825, n°39 (p.149 à 236)</li>
<li>Etudes des eaux, par M. TEXTORIS (p.149 à 188)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.189 à 201)</li>
<li>Mémoire sur l’anencéphalie et sur quelques autres monstruosités, par J.-N. ROUX (p.189 à 201)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.202 à 236)</li>
<li>De l’esprit de système en Médecine, par Camille TURLES (p.202 à 209)</li>
<li>Topographie de Palerme et des environs, par le D. SCINA (p.210 à 214)</li>
<li>Notice des travaux du comité médical des dispensaires de Marseille - année 1825, n°2 (p.229 à 236)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - avril 1825, n°40 (p.237 à 284)</li>
<li>Observation sur une rupture de l’utérus survenue durant le travail de l’accouchement, et à la suite de laquelle l’opération de la gastrotomie a été faite avec succès, par M. Louis FRANK (p.237 à 239)</li>
<li>Remarques sur quelques moyens pour détruire le ténia et l’expulser du corps humain, par Louis FRANK (p.239 à 243)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.245 à 248)</li>
<li>Pleuro-pneumonie chronique, guérie par un vésicatoire extraordinaire, par P.-M. ROUX (p.245 à 248)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.249 à 257)</li>
<li>Propositions aphoristiques sur l’hémacélinose, par M. PIERQUIN (p.249 à 257)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.258 à 284)</li>
<li>Ornithologie provençale, par Polydore ROUX (p.258 à 262)</li>
<li>Notice sur l’épidémie de Toulon (sur mer) dans les premiers mois de l’année 1824 ; suivie d’un aperçu physiologique sur le phénomène des contagions, par J. SERENE (p.262 à 268)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - mai 1825, n°41 (p.285 à 320)</li>
<li>Observation sur une fièvre anormale qui avait beaucoup d’analogie avec le tiphus ictérodes, fièvre jaune des modernes, par M. NIEL (p.285 à 288)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.293 à 317)</li>
<li>Physiologie – De l’excitabilité du flux menstruel chez les femmes, ou de la cause véritable de la menstruation, par P. RICHELMI (p.293 à 317)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.318 à 320)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - juin 1825, n°42 (p.321 à 336)</li>
<li>Observation de combustion spontanée dont deux femmes ont été atteintes étant couchées l’une sur l’autre, par M. CHARPENTIER (p.321 à 335)</li>
<li>Table des auteurs et des matières contenues dans le tome neuvième (p.337 à 340)</li>
<li>Fautes essentielles à corriger (p. 340)</li>
</ul>
<strong>1825 - Tome 10</strong><br /><br />
<ul>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.1 à 8)</li>
<li>Notice historique sur le docteur L. GERARD, par P.-M. ROUX (p.1 à 8)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.9 à 40)</li>
<li>De la manière la plus propre à guérir radicalement les varices et ulcères variqueux des extrémités inférieures, par M. Ranieri CARTONI (p.9 à 22)</li>
<li>Considérations d’hygiène publique et de police médicale, applicable à la ville de Rio-Janeiro, capitale du Brésil, par Joaô Fernandes TAVARES (p.22 à 29)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - juillet 1825, n°43 (p.41 à 102)</li>
<li>Histoire de plusieurs cas rares, par M. MARTIN (p.41 à 63)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.65 à 68)</li>
<li>Extirpation d’une tumeur enkystée de la mamelle gauche présentant les caractères du fongus hématodes, par M. REYMONET (p.65 à 68)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.69 à 102)</li>
<li>Ornithologie provençale, par Polydore ROUX (p.69 à 72)</li>
<li>Observations météorologiques et constitution médicale de 1820 à 1824, par Cl. Antoine BARREY (p.72 à 77)</li>
<li>Aperçu physiologique sur la phthisie pulmonaire, par P.-F. SEISSON (p.77 à 80)</li>
<li>Notice des travaux du comité médical des dispensaires de Marseille - année 1825, n°3 (p.100 à 102)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - aout 1825, n°44 (p.103 à 128)</li>
<li>Observation sur une masse de cheveux trouvée dans l’estomac, par M. le D. DESGRANGES (p.103 à 110)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.113 à 128)</li>
<li>Dissertation sur les médecins-poètes, par Etienne SAINTE-MARIE (p.113 à 117)</li>
<li>De l’insertion du placenta à l’orifice utérin, par J.-M.-A. PARDIGON (p.117 à 120)</li>
<li>Ornithologie provençale, par Polydore ROUX (p.120 à 122)</li>
<li>Notice des travaux du comité médical des dispensaires de Marseille - année 1825, n°4 (p.125 à 128)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille - septembre 1825, n°45 (p.129 à 260)</li>
<li>Etudes des eaux, par M. TEXTORIS (p.129 à 184)</li>
<li>Première partie : Observations de médecine-pratique (p.189 à 196)</li>
<li>Observation d’hydrocéphalite, par M. GASSIER (p.189 à 191)</li>
<li>Observation d’une péripneumonie suivie d’une vomique dont l’issue a eu lieu heureusement par l’expectoration, par M. DUNES (p.191 à 192)</li>
<li>Paracenthèse suivie de mort, par M. CHATARD (p.193 à 195)</li>
<li>Observation d’une fracture de l’apophyse zygomatique droite, par M. ROLLAND (p.195 à 196)</li>
<li>Seconde partie : mémoires, dissertations, notices nécrologiques (p.197 à 230)</li>
<li>Des entités, de l’oncologie, des ontologistes et de l’irritation de M. le professeur BRONSSAIS, par M. FAVART (p.197 à 218)</li>
<li>Considérations sur la vaccine, par M. JACQUIN (p.218 à 227)</li>
<li>De la manière d’élever les enfants, extrait du Traité de médecine pratique du D. Robert THOMAS, traduit par P.-M. ROUX (p.227 à 230)</li>
<li>Troisième partie : littérature médicale, nouvelles scientifiques, mélanges, etc. (p.231 à 260)</li>
<li>Leçons sur les épidémies et l’hygiène publique, par Fr.-Emm. FODERE (p.231 à 245)</li>
<li>Ornithologie provençale, par Polydore ROUX (p.245 à 246)</li>
<li>Notice des travaux du comité médical des dispensaires de Marseille - année 1825, n°5 (p.247 à 260)</li>
<li>Bulletin de la Société Royale de Médecine de Marseille – octobre, novembre, décembre 1825, n°46, 47, 48 (p.261 à 307)</li>
<li>Etudes des eaux, par M. TEXTORIS (p.261 à 297)</li>
<li>Observations météorologiques faites à l’observatoire royal de Marseille (p.307)</li>
<li>Nos adieux à Messieurs les souscripteurs, par P.-M. ROUX (p.308 à 320)</li>
<li>Table des auteurs et des matières contenues dans le tome dixième (p.321 à 324)</li>
<li>Fautes essentielles à corriger (p.324)</li>
<li>Table des matières contenues dans les dix volumes de l’observateur des sciences médicales (p.325 à 352)</li>
</ul>
<br />Sommaires sélectionnés et retranscrits par <span>Hugo Luczynski (2020)</span>
Médecine -- France -- Histoire -- 19e siècle
-
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Association des Amis du Patrimoine Médical
de Marseille (A.A.P.M.M.)
Hôpital Salvator -13274 MARSEILLE CEDEX 09
Tél. : 04 91 74 51 71 - Courriel : yves.baille@ap-hm.fr
Site web : http://patrimoinemedical.univmed.fr
L’Ecole de médecine est née à l’Hôtel Dieu
par le Professeur Yves Baille
Il y a plus de 2000 ans Massalia, ville grecque, possédait une Ecole de médecine, la première des Gaules,
qui rayonnait sur tout le bassin méditerranéen.
Au Moyen Age, l’Ecole disparaît, Marseille tournée vers le négoce et la navigation laisse Montpellier
acquérir un prestige sans pareil, et l’Université de Montpellier restera célèbre pendant des siècles.
Il faudra attendre le début du XIXe siècle pour qu’une Ecole de médecine, de chirurgie et de pharmacie
soit créée. C’était en 1818 et l’Ecole ouvre à l’Hôtel Dieu.
La transformation de l’Ecole de médecine en Faculté ne sera obtenue qu’en 1930.
C’est sur cette période de 1818 à 1930 que nous voulons apporter quelques précisions.
L’Ecole secondaire de médecine de l’Hôtel Dieu
L’Hôtel Dieu a été le berceau de l’enseignement de la médecine à Marseille. Au XVIIe siècle un collège
de médecins donne un enseignement ; au début du XVIIIe siècle Jacques Daviel enseigne l’anatomie, et
fin XVIIIe les chirurgiens fondent un Collège dont les statuts sont reconnus par Louis XV. Après la
Révolution, le Cercle Médical rétablit un enseignement de la médecine tandis que l’enseignement de la
chirurgie est fait par le Collège des chirurgiens. Les écoles de médecine, de chirurgie et d’apothicairerie
restent séparées jusqu’en 1818, date à laquelle ouvre l’Ecole de médecine de chirurgie et de pharmacie
qui dispense un enseignement unique pour tous les étudiants. Auparavant les enseignements étaient
séparés, ce qui traduisait dans les faits le peu d’estime que les médecins de l’époque portaient aux
chirurgiens avec lesquels ils ne voulaient pas être confondus.
En 1808, le décret de Bayonne signé par Napoléon porte création d’un « enseignement de médecine, de
chirurgie et de pharmacie à l’Hôtel Dieu » .
L’Ecole de Médecine est née à l’Hôtel Dieu, par le Professeur Yves Baille
1/4
�Cet enseignement était en principe destiné en priorité à la formation des
Officiers de santé. En fait, cette école ne fonctionna que de manière très
irrégulière et ce n’est qu’en 1818, que par un arrêté du Ministre, les
professeurs de l’Ecole seront nommés. Le 3 novembre 1818, l’Ecole
secondaire de médecine et de pharmacie est inaugurée à l’Hôtel Dieu
par le Maire, le Marquis de Montgrand (photo ci-contre).
L’enseignement consiste en cours théoriques et pratiques de médecine,
de chirurgie, de chimie et de pharmacie. On y adjoint un cours
d’accouchement pour former les sages femmes. Pour la première fois,
les futurs médecins, chirurgiens et pharmaciens sont réunis dans une
même école. Cette école comprend six chaires, et en 1821 sur
proposition du Conseil d’Administration des hospices, le Conseil royal
de l’instruction publique ajoute une nouvelle chaire « d’hygiène navale
et des maladies des gens de mer ». Marseille, grand port ouvert sur
l’Outre Mer, témoigne ainsi de l’intérêt qu’elle a toujours porté aux problèmes des maladies exotiques qui
se sont manifestées cruellement au fil des siècles par les épidémies venues des échelles du Levant.
L’enseignement de la pathologie exotique restera une des caractéristiques de notre Ecole de médecine.
Dès l’ouverture de l’Ecole, un conflit éclate entre la Commission Administrative des hospices et les
enseignants de l’Ecole. En effet, l’Ecole a été créée à l’initiative de la Commission des hospices, elle se
trouve dans les locaux de l’Hôtel Dieu, et les frais de fonctionnement sont portés au budget des hôpitaux.
Les administrateurs des hospices vont donc tout naturellement vouloir garder un pouvoir sans partage sur
l’organisation des études et sur la nomination des professeurs.
Dans un rapport la Commission souligne que « les rapports intimes qui existent entre le service de l’Ecole
secondaire de médecine et celui de l’Hôtel Dieu, exigent une unité de direction sans laquelle ces deux
services se froisseraient mutuellement.
L’administration s’occupe, sous l’autorité du Préfet et du Ministre de l’Intérieur, de l’organisation des
cours, de la nomination des professeurs. » Mais les étudiants et les professeurs seront placés par décision
ministérielle sous l’autorité de la Commission de l’instruction publique et se retrouvent donc dans le
giron de l’Université d’Aix Marseille dont elle dépend.
La suite de l’histoire est émaillée de conflits périodiques et souvent sévères entre l’Ecole de médecine et
l’administration des hospices.
La première année de fonctionnement l’Ecole accueille 150 étudiants dont 33 se destinent à la médecine
et à la chirurgie. Les autres seront pharmaciens, officiers de santé, herboristes ou sages femmes.
En 1819, c’est le chirurgien Joseph Thomas Moulaud
qui est nommé directeur de l’Ecole (photo ci-contre).
Le destin de cet homme est extraordinaire car il s’agit
d’un enfant abandonné à l’Hôtel Dieu, élevé comme
enfant de l’hôpital. Les recteurs le placeront à
l’apprentissage de la chirurgie et il deviendra interne
gagnant maîtrise, puis chirurgien chef de l’hôpital et
enfin directeur de l’Ecole.
A l’époque, les études médicales durent quatre ans.
Les étudiants font leurs trois premières années
d’études à Marseille, l’Ecole secondaire les préparant à
leur entrée en faculté. Ils doivent donc quitter
Marseille pour aller faire leur 4e année de médecine et
passer leur thèse dans une ville de faculté. Ce sera le
plus souvent Montpellier. En 1875, l’Ecole secondaire
devient Ecole de plein exercice, cela signifie que les
étudiants peuvent effectuer les quatre années d’études
à Marseille mais ils doivent toujours aller passer les
examens de fin de 4e année et leur thèse à Montpellier.
L’Ecole de Médecine est née à l’Hôtel Dieu, par le Professeur Yves Baille
2/4
�Les locaux de l’Hôtel Dieu ne suffisent plus à assurer à la fois les soins des malades (car à l’époque,
l’Hôtel Dieu est le seul hôpital de malades de la ville) et la réception des étudiants en médecine toujours
plus nombreux du fait de l’augmentation de la population marseillaise.
C’est alors que la ville de Marseille va mettre à disposition de l’Ecole de médecine le pavillon
Daviel.(photo ci-dessous) Ce bâtiment situé juste en face de l’Hôtel Dieu avait été l’ancien Palais de
Justice.
Dans les quartiers de l’Hôtel Dieu se trouve ainsi réunis, l’enseignement théorique dispensé au Pavillon
Daviel, l’enseignement clinique à l’Hôtel Dieu, et l’anatomie dont les démonstrations se font dans un
amphithéâtre situé à la Monté des Accoules.
L’école de médecine va au Palais du Pharo et se transforme en Faculté
En 1893, le nombre des étudiants est de 360 dont 153 se destinent à la médecine. Les locaux s’avèrent à
nouveau insuffisants. (photo ci-après) C’est alors que la ville met à la disposition de l’Ecole le Palais du
Pharo et l’Ecole de médecine et de pharmacie s’installe dans ce Palais qui avait été construit pour
Napoléon III. Elle y restera jusqu’en 1958, date à laquelle elle rejoindra les terrains de la Timone.
C’est le 1er mai 1930 que l’Ecole de plein exercice de médecine sera transformée en Faculté. Les
étudiants peuvent dorénavant faire toutes leurs études et passer leur thèse à Marseille.
En 1930 il y a 1300 étudiants inscrits à la Faculté et parmi eux il y a 84 étudiants étrangers, ce qui
témoigne de la réputation de notre Ecole au-delà des frontières.
On peut s’étonner que Marseille, qui a été, il y a plus de 2000 ans, la première Ecole de médecine des
Gaules, n’ait obtenu sa Faculté de médecine qu’en 1930. Dans le rang d’ancienneté, elle vient après Paris,
Strasbourg et Montpellier qui date de la Révolution et après Lyon, Nancy, Bordeaux, Toulouse et Alger.
L’Ecole de Médecine est née à l’Hôtel Dieu, par le Professeur Yves Baille
3/4
�Dès 1860, la Commission des hospices, avec l’appui du Maire, du Conseil Général et de la Chambre de
commerce avait entrepris les démarches pour la transformation de l’Ecole en Faculté.
En 1891, le Conseil Municipal prenant acte de la mauvaise volonté du Ministère décide de créer, à ses
frais, une Faculté de médecine communale. Le Ministre s’y opposera.
Finalement, c’est en 1923, que le Président Millerand signera le décret de la création de la Faculté de
médecine. Le texte est cosigné par le Ministre de l’enseignement et par le Ministre des colonies. Il faudra
attendre encore 7 ans pour que s’ouvrent la « Faculté de médecine générale et coloniale et de
pharmacie ». Le Professeur Léon Imbert, premier Doyen écrira « la plus vieille ville de France possède la
plus jeune faculté de médecine de France. Si Marseille a eu sa Faculté si tard, c’est parce que Paris ne
voulait pas que l’on porte ombrage à Montpellier ». Dans un rapport ministériel on lit que « créer une
Faculté de médecine à Marseille serait frapper à mort la Faculté de Montpellier ».
De son côté, Montpellier savait défendre ses intérêts.
En 1890, alors que le Ministère était sur le point de céder à la demande des Marseillais, la totalité des élus
de l’Hérault menacèrent de déposer le même jour leur démission si l’on ouvrait la Faculté de Marseille.
En 1929, les universitaires et les politiques de Montpellier tenteront une ultime démarche pour faire
rapporter le décret que le Président Millerand avait signé en 1923.
Mais cela sera en vain car la Faculté de Montpellier a beaucoup perdu de sa superbe. Les deux tiers des
étudiants qui passent leur thèse à Montpellier sont originaires de Marseille et ceci explique que les élus de
l’Hérault se soient mobilisés avec tant d’énergie. Les étudiants marseillais représentaient en effet une
manne pour les commerçants de Montpellier.
Nous avons limité notre présentation à la période 1818,à 1930, c’est à dire de la naissance officielle de
l’Ecole de médecine de Marseille à l’ouverture de la Faculté.
Actuellement, les facultés de médecine, de pharmacie et d’odontologie sont des composantes de
l’Université de la Méditerranée. Les rapports entre les facultés et l’administration de l’Assistance
Publique sont régis par convention. Hôpitaux et Faculté ont des intérêts communs. Le prestige des
hôpitaux rehausse la réputation de nos facultés, le rayonnement des facultés ne peut que profiter à la
renommée des hôpitaux.
L’Ecole de Médecine est née à l’Hôtel Dieu, par le Professeur Yves Baille
4/4
�
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Ecole (L') de médecine est née à l'Hôtel-Dieu
Subject
The topic of the resource
Médecine
Histoire de l'université
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Baille, Yves (1937-2017)
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Association des amis du patrimoine médical de Marseille
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Date
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Format
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1 vol
4 p.
Language
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fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/429
Abstract
A summary of the resource.
Nous remercions ici le Pr Jean-Louis Blanc, président de l’Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille (AAPMM), d'avoir autorisé la présentation de l'article du Pr Yves Baille consacré à l'histoire de l'enseignement de la médecine qui nous mène de l'Antiquité jusqu'aux plus récentes années de l'Université d'Aix-Marseille.<br /><br />L’AAPMM (loi 1901) a été fondée en 1996 par le Pr Yves Baille et a pour but de « réunir, conserver, mettre en valeur, exposer et ouvrir largement au public spécialisé ou non le patrimoine culturel et matériel, médical, pharmaceutique et odontologique de Marseille ». Elle est à l'origine, <span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">dans le cadre de l’AP-HM, </span>de la création en 1998 du Conservatoire du Patrimoine Médical afin de réunir un centre de documentation et de recherches historiques et des collections muséales. <br /><br />L’AAPM publie également des ouvrages, des articles, des fiches didactiques sur l’histoire médicale et hospitalière de Marseille et alimente une base de données biographiques et bibliographiques.<br />
<p>Site internet de l'association : <a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/index.htm" target="_blank" rel="noopener" title="AAPMM">http://patrimoinemedical.univmed.fr/index.htm</a></p>
<br />Article d'Yves Baille : <a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/ecolemedecine_hoteldieu.pdf" target="_blank" rel="noopener" title="Ecole de médecine">http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/ecolemedecine_hoteldieu.pdf</a><br /><br />Archives des articles de l'association :
<p><a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/articles_archives_sommaire.htm">http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/articles_archives_sommaire.htm</a></p>
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Association des amis du patrimoine médical de Marseille (Marseille)
Description
An account of the resource
L'Ecole de médecine de Marseille ouvre ses portes à l'Hôtel Dieu dès 1818 mais ne devient la Faculté de médecine générale et coloniale et de pharmacie qu'en 1930, après son installation au Palais du Pharo
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Marseille. 18..
Marseille. 19..
Enseignement médical -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecins -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
-
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A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
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Title
A name given to the resource
Institut (L') Colonial de Marseille, 1906-1926
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Colonies françaises
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An entity primarily responsible for making the resource
Baillaud, Émile (1874-1945)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille), cote BUSC 65095
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Institut colonial (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1927
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Format
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1 vol.
XI-189 p.
28 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/484
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
L'histoire des 20 premières années de l'Institut Colonial, créé en 1906 par la Chambre de Commerce de Marseille sous le statut d'une association au service des entreprises locales. Document illustré de photographies de l'époque, parfois peu connues
Colonisation -- France -- 20e siècle
Institut Colonial de Marseille -- Histoire -- 20e siècle
Institut français d'Outre-Mer -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/507/RES-7858_Arnaud_Manutention-grains.pdf
6ab22ffe8fe6d0fc00d7636f745a786c
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Manutention (La) des grains et le port de Marseille : rapport présenté par Lucien Arnaud et adopté par la Chambre de Commerce de Marseille dans sa séance du 29 Novembre 1921
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Arnaud, Lucien. Auteur
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1921
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/24538622X
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-7858_Arnaud_Manutention-grains_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
13 p.
27 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/507
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Dans ce rapport, la Chambre de Commerce conclut que l'outillage utilisé pour décharger le million de tonnes de céréales débarquées annuellement au port de Marseille est suffisant et n'exige pas d'aspirateurs à grand débit comme ceux de Rotterdam ou de Gênes
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 7858
Subject
The topic of the resource
Commerce maritime
Transports aériens, maritimes et terrestres
Céréales -- Transport -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Manutention portuaire -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/520/Conferences-avocats-Marseille.pdf
c07ff360ab44d8b81f979428441b443c
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Séance solennelle de rentrée de la Conférence des avocats de Marseille
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Legré, Ludovic (1838-1904). Auteur
Milanta, Louis. Auteur
Chataud, Léopold (18..-18..? ; avocat). Auteur
Roux, Jules (18..-18.. ; avocat). Auteur
Escarras, Alfred (18..-19.. ; avocat). Auteur
Chanot, Amable. Auteur
Artaud, Émile 18..-.... (avocat). Auteur
Rolland-Chevillon. Auteur
Latune, Charles. Auteur
Ordre des avocats (Marseille). Éditeur scientifique
Conférence des avocats de Marseille. Éditeur scientifique
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245408320
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245408770
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245409599
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245414398
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245414606
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245414894
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245415106
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245415394
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/Conferences-avocats-Marseille_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
8 vols
47 p., 57 p., 18 p., 58 p., 57 p., 61 p., 69 p., 87 p. (504 p.)
34 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/520
Abstract
A summary of the resource.
Le discours de rentrée prononcé est soumis au vote du Conseil de discipline de l’Ordre des avocats de Marseille : selon sa qualité, il sera ou non imprimé. Les différents volumes sont donc ceux qui ont paru, aux yeux du Conseil, les plus « dignes de cet honneur ».
Source : L. Legré, De l’influence des anciennes lois marseillaises sur notre législation commerciale actuelle, Barlatier-Peissat, Marseille, 1862, p. 47, Cote RES 33942
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Contient 8 monographies :
- De l'Influence des anciennes lois marseillaises sur notre législation commerciale actuelle : discours prononcé, le 8 janvier 1862, à la séance solennelle de rentrée de la Conférence des avocats de Marseille / par Me Ludovic Legré (1862)
- Éloge de Guillaume Du Vair : discours prononcé le mercredi 3 décembre 1862, à la séance solennelle de rentrée de la Conférence des avocats de Marseille / par Me Louis Milanta (1863)
- L'avocat Seytres : notice biographique / par Me Léopold Chataud. précédée du discours de Me Jules Roux (1868)
- Étude sur le Parlement de Provence au XVIe siècle : discours prononcé le mercredi 29 novembre 1871, à la séance solennelle de rentrée de la Conférence des avocats de Marseille / par Me Alfred Escarras (1872)
- Maupeou et Beaumarchais : séance de rentrée de la Conférence des avocats de Marseille / par Amable Chanot (1881)
- Le barreau français au XIXe siècle : discours prononcé le 14 décembre 1888 à la séance solennelle de rentrée de la Conférence des avocats de Marseille / par Me Émile Artaud (1889)
- L'enfance devant la loi : discours prononcé le 9 décembre 1893 à la séance solennelle de rentrée de la Conférence des avocats de Marseille / par Me Rolland-Chevillon (1893)
- Les lettres de cachet de famille en Provence : discours prononcé le 20 février 1905 à la séance solennelle de rentrée de la Conférence des avocats de Marseille / par Me Charles Latune (1905)
Subject
The topic of the resource
Doctrine juridique française
Oeuvres des juristes provençaux après 1789
Avocats
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES-33942, RES-40727, RES-260082, RES-260016, RES-33944, RES-260098, RES-33945, RES-260015
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier-Feissat et Demonchy (Marseille)
Barlatier-Feissat père et fils (Marseille)
Barlatier et Barthelet (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1862-1905
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Lors de ses séances solennelles de rentrée, à l'issue d'un vote, l’Ordre des avocats de Marseille sélectionne les discours qui mériteront d'être publiés, ici les 8 meilleurs prononcés entre 1862 et 1905
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Provence. 18..
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Beaumarchais, Pierre-Augustin Caron de (1732-1799)
Droit commercial -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 19e siècle
Du Vair, Guillaume (1556-1621)
France. Parlement de Provence -- 16e siècle
Lettres de cachet -- France -- Provence (France)
Marseille (Bouches-du-Rhône) – Histoire
Maupeou, René Nicolas Charles Augustin de (1714-1792)
Mineurs (droit)
Ordre des avocats -- France -- 19e siècle
Provence (France) – Histoire
Seytres (18..-1868, avocat)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/562/BUSC-12956_Heckel_Notice-Musee.pdf
e0bd5d67dbf689101e917c5ed9a4d0d0
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Institut (L') et le Musée colonial de Marseille
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Colonies françaises
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Heckel, Édouard (1843-1916). Auteur
Jumelle, Henri (1866-1935). Auteur
Jacob de Cordemoy, Hubert (1866-1927). Auteur
Laurent, Louis (1873-1946). Auteur
Erbelin. Auteur
Exposition universelle internationale (1900 ; Paris). Colonies et pays de protectorat. Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille), cote BUSC 12956
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Impr. typographique H. Roberge (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1900
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/249160269
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-12956_Heckel_Notice-Musee_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
108 p.
23 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/562
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Colonies françaises. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Exposition universelle de 1900, Les colonies françaises (Titre de couverture)
Notice sur le Musée & l'Institut Colonial de Marseille publiée à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900 (Titre de couverture)
Description
An account of the resource
L'histoire de l'Institut et du Musée colonial de Marseille de 1893 à 1900 marquée par la conviction de son fondateur, Edouard Heckel, qu'il faut mettre en valeur scientifiquement l'empire colonial français
Abstract
A summary of the resource.
A l'occasion de l'Exposition universelle internationale qui se tient à Paris en 1900, les personnels scientifiques du laboratoire de l'Institut Colonial rédigent une des premières histoires de l'Institut et du Musée colonial de Marseille de 1893 à 1900, marquée par la farouche conviction de son fondateur, Edouard Heckel, que c'est par la science qu'il faut mettre en valeur l'empire colonial français et ses immenses ressources
Exposition internationale (1900, Paris)
Institut Colonial de Marseille -- Histoire -- 19e siècle
Musée Colonial de Marseille -- Histoire -- 19e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/609/RES-7503_Bulletin_Societe-etudes-eco_1896.pdf
741b079f224e7a02853e402663545da2
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/609/RES-7503_Bulletin_Societe-etudes-eco_1898.pdf
df7ee39c8bffb0b18ef4ccda465b73d5
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/609/RES-7503_Bulletin_Societe-etudes-eco_1899.pdf
f183c4e6caec5ef40c852c6a873db83f
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/609/RES-7503_Bulletin_Societe-etudes-eco_1906-1907.pdf
5da19652f5de6a108444a69e362e2dd3
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/609/RES-7503_Bulletin_Societe-etudes-eco_1907-1909.pdf
8574ea520d2dd01c4cf20429d91fe84b
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/609/RES-7503_Bulletin_Societe-etudes-eco_1922-1923.pdf
c0c02dc96b40ba856cb9b8162b975035
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/609/CCIAMP-D-11954_CR-Etudes-eco-Mrs_1926-1927.pdf
2f0d2a4ea3cb76c46987046656a1965a
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Bulletin de la Société d'études économiques de Marseille
Subject
The topic of the resource
Économie
Économie politique
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Société d'études économiques (Marseille). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 7503
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote D 11954
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barthelet et Cie (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1896; 1898-1899; 1906-1909; 1922-1923
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252626478
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-7503_Bulletin_Societe-etudes-eco_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
7 vols
661 p.
27 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/609
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
France. 18..
France. 19..
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Abordant les questions les plus controversés et animé par la foi dans une économie politique libérale, la connaissance des faits économiques et l'étude de leurs lois constituent une science sûre qui amènera prospérité et progrès social
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Compte rendu des séances de la Société d'études économiques de Marseille
Conditions économiques -- Périodiques
Économie politique -- Périodiques
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/4/614/BULA-12904_Massbeuf_Viris-illustribus.pdf
04e9f647e7977f7eaf93a810d9e76bfd
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Dessins
Description
An account of the resource
Quelques rares documents purement graphiques (aquarelles de plantes, par ex.)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
De viris illustribus urbis massiliae
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Mass'beuf (illustrateur). Illustrations / Graphisme
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote 12904
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1900
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252776615
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BULA-12904_Massbeuf_Viris-illustribus_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
27 caricatures
41 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
dessin
drawing
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/614
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Des hommes illustres de la ville de Marseille (traduction française du titre en latin)
Abstract
A summary of the resource.
Avertissement
L'authentification des personnages caricaturés a été réalisée postérieurement à la parution de l'ouvrage (2nde moitié du 20e siècle ?). Son auteur, érudit apparemment bon connaisseur de la société marseillaise de la toute fin du 19e siècle et du début du 20e siècle, est malheureusement resté anonyme. Les noms ajoutés en bas des personnages ne peuvent donc pas être certifiés sans une expertise historique approfondie. A l'époque, plusieurs de ces caricatures avaient également été reproduites et diffusées sur cartes postales : ces dernières pourraient constituer une précieuse source de références pour l'identification et la datation de ces personnalités locales.
Au niveau de la présentation numérisée de ces planches, la transcription des noms manuscrits qui légendent les personnages n'est pas totalement certaine compte tenu de la difficulté de lecture, le crayon gris étant partiellement effacé.
Notes
- les planches 4, 8, 12 et 22, ne sont pas signées de la main de l'auteur
- les dessins ne sont pas numérotés : ils ont été numérisés dans l'ordre où ils sont rangés dans leur classeur d'origine
- la présentation numérique reproduit ce même ordre
Subject
The topic of the resource
Histoire de la Provence
Description
An account of the resource
Dans un recueil de 27 planches de dessins en couleur, les caricatures peu corrosives d'une cinquantaine de notables et de personnalités du Marseille mondain de 1900
Caricatures et dessins humoristiques -- Marseille -- 19e siècle
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1853-1854.pdf
802acc48db3b9253819ebbb76f646ebd
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1855-1856.pdf
71516899b9b45d862f8e6f5337b5b610
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1866.pdf
ee77e2c403cfbe3e39af27a57f3c5941
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1867.pdf
b008b9caeb93c0287a01f5aa9f2e07a1
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1868.pdf
7396234629e01d05fab1e712817c5ab7
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1869.pdf
35a9a69ebcb9b5b288beb28da1505567
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1870.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1871.pdf
cd28bf7bb09632b5be295c5425112bac
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1872.pdf
0837143b171b73b326341f4bfeb1c0a0
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9e1ed0a139b598edd74c5350c5a63992
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1877.pdf
fe462b84acffe9e3a80fb7f32d3eb8df
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1878.pdf
7fe1dfea09c3752f410500b6ebef3a0d
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1879.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1880.pdf
4f1f96e6752c742d08ee45147cbd5170
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1881.pdf
0438ebdf06ac648740318923baffd2bb
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1882.pdf
8c7013522f9e705b9b6f3c4bc0022dd5
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1883.pdf
b58f97076703051005cfa0b0eeb1960a
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1884.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1885.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1886.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1889.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1914.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1915.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/638/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1917.pdf
fab607d5e2d63d4b4efec39f0478b18b
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Compte-rendu des travaux / Chambre de commerce de Marseille
Subject
The topic of the resource
Économie
Histoire de la Provence
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote BUSC 50418
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Chambre de commerce de Marseille (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1854-1939
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252786300
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
35 vols
21 040 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/638
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Bouches-du-Rhône. 18..
Bouches-du-Rhône. 19..
Provence. 18..
Provence. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Travaux de la Chambre de commerce de Marseille (Autre titre)
Compte-rendu des travaux de la Chambre de commerce de Marseille (Autre titre)
Travaux de la Chambre de commerce de Marseille (Autre titre)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
La Chambre de commerce de Marseille joue un rôle moteur dans l'économie provençale et traite de tous les dossiers stratégiques : transport maritime et fluvial, tissu industriel et commercial, aménagement du territoire et commerce colonial
Abstract
A summary of the resource.
Les années 1853 à 1882 sont en cours de traitement (année 1896 inccomplète).<br /><br />La Chambre de commerce de Marseille joue un rôle moteur dans l'économie provençale et traite de tous les grands dossiers stratégiques de l'infrastructure utile et nécessaire à l'économie locale et au-delà : transport maritime et fluvial, tissu industriel et commercial, aménagement du territoire et commerce colonial.<br /><br />Chaque livraison de la revue présente le bilan de l'année précédente (le volume de 1884 donne la synthèse de 1883) et le budget de l'année en cours ou de l'année suivante qui correspond à l'année d'édition.<br /><br />Exception : pour l'année 1914, sont édités en 1915 le bilan de 1914 et l'année suivante, en 1916, un bilan spécial consacré à l'effort de guerre durant l'année 1914. A partir de ce volume, les bilans présenteront un chapitre supplémentaire dédié aux conséquences de la guerre sur le commerce.
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Chaque volume annuel présente un sommaire régulier de 6 rubriques principales, certaines développent des sous-rubriques thématiques (à quelques variantes près, cette structure devient définitive dès 1869) :<br />
<ul>
<li>Renouvellement partiel des Membres de la Chambre - Séance d'installation des nouveaux Membres</li>
<li>1ère partie - Questions maritimes et de navigation intérieure</li>
</ul>
I. - Chemins de fer<br /> II. - Postes, Télégraphes, Téléphone<br /> III. - Douanes françaises<br /> IV. - Douanes étrangères<br /> V. - Législation fiscale<br /> VI. - Légisation commerciale et industrielle<br /> VII. - Questions coloniales<br /> VIII. - Queslions diverses
<ul>
<li>2ème partie - Questions commerciales, industrielles et économiques</li>
</ul>
<p> I. - Chambre de Commerce<br /> II. - Bourse et Condition des soies<br /> III. - Enseignement technique<br /> IV. - Ports, Docks, Outillage des ports<br /> V. - Chemins de fer, Tramways, Postes<br /> VI. - Questions diverses d'intérêt local<br /><br /><br />Les rubriques de la 2nde partie s'étoffent au cours du temps :<br /><br /> I. - Chemins de fer<br /> II. - Postes, Télégraphes, Téléphones<br /> III. - Douanes françaises<br /> IV. - Douanes Étrangères<br /> V. - Législation Fiscale<br /> VI. - Législation Commerciale et Industrielle<br /> VII. - Législation civile el administrative<br /> VIII. - Questions coloniales<br /> IX. - Questions diverses</p>
<ul>
<li>3ème partie - Questions intéressant Marseille et sa circonscription</li>
</ul>
I. - Chambre de Commerce<br /> II. - Bourse et Condition des soies<br /> III. - Enseignement technique<br /> IV. - Ports, Docks, Outillage des ports<br /> V. - Chemins de fer, Tramways, Postes<br /> VI. - Questions diverses d'intérêt local<br /><br />Conséquences du conflit, le plan de l'ouvrage s'enrichit d'une nouvelle partie exclusivement consacrée à l'impact de la guerre sur les affaires et développe l'ancienne 3ère partie à partir de 1915 :<br /><br />
<ul>
<li>3ème partie - Problèmes commerciaux posés par la Guerre</li>
</ul>
<ul>
<li>4ème partie - Questions intéressant Marseille et la circonscription</li>
</ul>
<pre> I. - Chambre de Commerce<br /> II. - Bourse le Condition des Soies<br /> III. - Enseignement technique<br /> IV. - Ports, Docks, Outillage, Main-d'oeuvre, Camionnage<br /> VI. - Reprise du travail et des affaires<br /> VII. - Subsistances et Ravitaillement<br /> VIII. - Émission de Bons de monnaie<br /> IX. - Comité de l'Or et des Bons de la Défense nationale des Bouches-du-Rhône<br /> X. - Emprunt national<br /><br /></pre>
<ul>
<li>Budgets de la Chambre de Commerce : exercice année 19xx</li>
</ul>
<ul>
<li>Table des matières</li>
</ul>
<pre> Table analytique<br /> Table alphabétique des noms de personnes citées dans cet ouvrage (à partir de 1904) </pre>
Aménagement du territoire -- France -- Provence-Alpes-Côte d'Azur (France)
Chambre de commerce et d'industrie (Marseille)
Économie régionale -- France -- Provence-Alpes-Côte d'Azur (France)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/639/BUT-8539_Service-sanitaire-maritime-Mrs.pdf
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Service (Le) sanitaire maritime à Marseille, de sa fondation à nos jours
Subject
The topic of the resource
Santé publique
Epidémies
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Druelle, Edmond (docteur). Auteur
Ribot, G.. Préface
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-odontologie (Marseille), cote BUT 8539
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1923
Rights
Information about rights held in and over the resource
soumis à copyright
restricted use
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252786424
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-8539_Service-sanitaire-maritime-Mrs_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
112 p. : . 8 fr.
In-8
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/639
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Impr. marseillaise (Marseile)
Description
An account of the resource
A part les marins, les Marseillais, qui ont déjà oublié les ravages de la grippe espagnole, ignorent l'existence et le rôle du service de la Santé : empêcher l'entrée par les navires des maladies contagieuses, comme la peste et le choléra.
Abstract
A summary of the resource.
A l'exception des marins, la plupart des marseillais, qui ont déjà oublié les ravages de la grippe espagnole et qui ne pensent qu'à leur intérêt personnel, ignore l'existence même et le rôle du service de la Santé : empêcher l'entrée et la propagation des maladies exotiques ou contagieuses, comme la peste, le choléra, la fièvre jaune, le typhus, la variole ou encore la fièvre typhoïde. Toutes apportées par les navires, notamment en provenance des colonies, leurs équipages, leurs cargaisons et les rongeurs qui pullulent dans les cales...
Hommage autographe de l'auteur (22 mai 1923) en page de garde
Épidémies -- Prévention -- Marseille (Bouches-du-hône) -- 20e siècle
Médecine navale -- Marseille (Bouches-du-hône) -- 20e siècle
Médecins de la marine -- Marseille (Bouches-du-hône) -- 20e siècle
Santé publique -- Marseille (Bouches-du-hône) -- 20e siècle
Service sanitaire maritime -- Marseille (Bouches-du-hône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/641/BUT-40044_Revue-medicale_1927_Oddo.pdf
2a89c2f74cc5de0b296d9f4faf1409a8
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
tradition (La) clinique de l’Ecole de Médecine de Marseille
Subject
The topic of the resource
Médecine
Santé publique
Histoire de l'université
Description
An account of the resource
Depuis Néron, l’Ecole de Médecine de Marseille a toujours privilégié l'approche clinique et l'étude directe et exacte des malades comme en témoigne le dévouement du corps médical durant la grande peste de 1720.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Oddo, Constantin (1860-1926, médecin). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote BUT-40044
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1927
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252786777
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-40044_Revue-medicale_1927_Oddo_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
10 p. + ill
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/641
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Cet article a été publié dans la "Revue médicale de France et des colonies : recueil mensuel de travaux originaux de revues critiques (1923-1931), numéro 4 paru en avril 1927, p. 183-193.<br /><br />En son hommage, article posthume illustré du portrait de son autuer, Constantin Oddo (1860-1926).<br /><br />Depuis l'époque de Néron jusqu'au début du 20e siècle, l’Ecole de Médecine de Marseille a toujours privilégié l'approche clinique et l'examen concret des malades comme en témoigne le dévouement du corps médical durant la peste de de 1720. L'éloge de cette tradition s'appuie sur l'évocation des grands clinicens qui ont oeuvré à Marseille comme Crinas et Charmis (Rome antique du 1er siècle), Peyssonnel (18e), Girard (19e) et Fabre (20e).
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Enseignement médical -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecins -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/642/BUT-40044_Revue-medicale_1927_Pieri.pdf
da440efd0290efddde0bece28af8dced
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Evolution (L') chirurgicale à Marseille
Subject
The topic of the resource
Chirurgie & chirurgiens
Médecine
Histoire de l'université
Description
An account of the resource
Depuis la fin du 19e siècle, la qualité de l'enseignement de l'anatomie et le perfectionnement des matériels ont permis à la chirurgie marseillaise d'accomplir d'énormes progrès. Des succès restés le plus souvent très méconnus
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Pieri, Félix. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote BUT-40044
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1927
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252786777
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-40044_Revue-medicale_1927_Pieri_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
5 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/642
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Cet article a été publié dans la "Revue médicale de France et des colonies : recueil mensuel de travaux originaux de revues critiques (1923-1931), numéro 4 paru en avril 1927, p. 194-198
Comme sources de publications dans le domaine de la chirurgie, l'article fait référence aux trois grands périodiques de médecine locaux : Marseille Médical, Sud Médico-Chirurgical, Revue Médicale de France et des Colonies qui attestent, dans leurs pages, du développement de l’activité du milieu chirurgical marseillais, progrès qui se font sans publicité tapageuse.
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Chirurgie -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Enseignement médical -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/643/BUT-40044_Revue-medicale_1930_Faculte.pdf
6f54c4304b9174cffe17094c773ef5ea
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Faculté (La) de Médecine Générale et Coloniale et de Pharmacie de Marseille
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Médecine
Médecine tropicale et coloniale
Santé publique
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote BUT-40044
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1930
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252786777
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-40044_Revue-medicale_1930_Faculte_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
5. + ill
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/643
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Cet article a été publié dans la "Revue médicale de France et des colonies : recueil mensuel de travaux originaux de revues critiques (1923-1931), numéro 6 paru en juin 1930, p.211-215
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Description
An account of the resource
En 1930, après 70 ans de blocage financier, l'Etat crée la Faculté de médecine qui s'installe au château du Pharo. La reconnaissance de la médecine et des hôpitaux de Marseille qui accueillent tous les malheureux de la Méditerranée
Enseignement médical -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Facultés de médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Histoire
Universités -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/647/BUSC-49782_Cahiers-coloniaux_1931_Hopital.pdf
48ffc23960f5babaa08d20afec906008
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Enseignement (L') médical colonial : création d'un Hôpital Colonial à la Faculté Mixte de Médecine Générale et Coloniale et de Pharmacie de Marseille
Subject
The topic of the resource
Médecine tropicale et coloniale
Santé publique
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Institut colonial de Marseille
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote 49782, 1931, n° 617
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Institut colonial (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1931
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252906780
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-49782_Cahiers-coloniaux_1931_Hopital_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
4 p.
27 cm.
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/647
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Colonies françaises. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Cet article a été publié dans "Les Cahiers coloniaux" (1918-1951), numéro 617 paru le 2 mars 1931
Un an après la création de la Faculté de Médecine de Marseille, le Ministre des colonies, prenant en compte par les recommandations de l'Institut Colonial de Marseille, lui attribue les 2/3 des crédits affectés à la santé publique des colonies pour son Ecole d'application du service de santé colonial, son Institut de médecine coloniale et crée du même coup un nouvel Hôpital colonial
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
Un an après sa création, la Faculté de Médecine de Marseille reçoit les 2/3 des crédits affectés à la santé des colonies pour son Ecole d'application du service de santé colonial, son Institut de médecine coloniale et crée son Hôpital colonial
Enseignement médical -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Facultés de médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Histoire
Universités -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/649/BUSC-49782_Cahiers-coloniaux_1935_Musee.pdf
77eb98ab534bd34b49d45f52aafca28b
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
nouveau (Le) Musée des Colonies à Marseille
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Histoire de l'université
Colonies françaises
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Prax, Félix. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote 49782, 1935, n° 742
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Institut colonial (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1935
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252906950
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-49782_Cahiers-coloniaux_1935_Musee_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
5 p.
27 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/649
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Colonies françaises. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Abstract
A summary of the resource.
Cet article a été publié dans "Les Cahiers coloniaux" (1918-1951), 1935, numéro 742 paru le 16 septembre 1935
Lors de la commémoration du troisième centenaire du rattachement des Antilles et de la Guyane à la France, une salle du Musée colonial présente de la documentation communiquée par le Comité du tricentenaire et par la Chambre de Commerce. Par un bref historique, le discours inaugural rappelle qu'après la mort de son fondateur en 1916, Edouard Heckel, le Musée colonial, installé rue Noailles suite à la 1ère Exposition Coloniale de 1906, est réclamé par l'Université qui obtient son transfert à la nouvelle Faculté des Sciences
Description
An account of the resource
Après la mort de son fondateur en 1916, Edouard Heckel, le Musée colonial, installé rue Noailles suite à la 1ère Exposition Coloniale de 1906, est réclamé par l'Université qui obtient son transfert à la nouvelle Faculté des Sciences
Colonisation -- France -- 20e siècle
Faculté des sciences (Marseille)
Institut Colonial de Marseille -- Histoire -- 20e siècle
Institut français d'Outre-Mer -- Histoire
Université d'Aix-Marseille -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/650/BUSC-50418_Compte-rendu_Chambre-commerce_1907_Musee.pdf
92027da691112670218db0d84d71cd39
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
De l'Exposition coloniale de 1906 au nouvel Institut Colonial Marseillais
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote BUSC 50418 - 1907
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Chambre de commerce de Marseille (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1907
Rights
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domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue :http://www.sudoc.fr/252907000
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-50418_CR_Chambre-commerce_1907_Musee_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
5 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/650
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
Pour pérenniser le succès de l'Exposition de 1906, l'Institut colonial comprend désormais le Musée colonial, les Cours coloniaux (assurés par des professeurs de l'Université d'Aix-Marseille), un Musée commercial et un Office de renseignements
Abstract
A summary of the resource.
Cet article a été publié dans le "C<em>ompte-rendu des travaux / Chambre de commerce de Marseille (1854-1939)</em>", 1907, pp. 23-27<br /><br />L'Exposition coloniale de Marseille de 1906, qui a eu les honneurs de la visite du Président de la République Fallières, connaît un tel succès qu'il est décidé d'en faire une oeuvre "<em>définitive et durable</em>".<br /><br /> L'Institut colonial est pronfondément transformé et étendu : il comprend désormais le <em>Musée colonial</em> qui conserve un caractère résolument scientifique avec les <em>Cours coloniaux</em> assurés par des professeurs de l'Université d'Aix-Marseille, et, nouveautés, un <em>Musée commercial</em> et un <em>Office de renseignements</em> dédié aux besoins documentaires des industriels, des importateurs et des armateurs. <br /><br />Pour pérenniser le projet et offrir à l'Institut un budget stable sans devoir se soucier de chercher constamment de nouvelles recettes, la Chambre de Commerce lui octroie une allocation annuelle en complément de la subvention qu'elle donne déjà aux cours coloniaux et au jardin botanique du Parc Borély.
Colonisation -- France -- 20e siècle
Exposition coloniale (1906, Marseille)
Faculté des sciences (Marseille)
Institut Colonial de Marseille -- Histoire -- 20e siècle
Université d'Aix-Marseille -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/652/BUT-40044_Archives-medecine_1932_Societe.pdf
c8847548fee9d0530e1bdb6fceb167da
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Création de la Société de Médecine de Marseille : réunions préliminaires du 5 octobre et du 5 novembre 1931
Subject
The topic of the resource
Médecine
Médecine tropicale et coloniale
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Société de Médecine de Marseille
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote BUT-40044, 1932, n° 1
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1932-1950
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252907167
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-40044_Archiv-med_1932_Societe_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
8 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/652
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Description
An account of the resource
En 1931, un an après la transformation de l'Ecole de Médecine de Marseille en Faculté, sous l'impulsion du Comité de rédaction de la Revue Médicale de France et des Colonies, les professeurs de médecine fondent la Société de Médecine de Marseille
Abstract
A summary of the resource.
Cet article a été publié dans la revue "<em>Archives de médecine générale et coloniale / Société de Médecine</em>" (1932-1950), 1931, dans sa totue première livraison, pp. <br /><br /> Après la transformation de l'Ecole de Médecine de Marseille en Faculté de médecine en 1931, à l'instigation du Comité de rédaction de la Revue Médicale de France et des Colonies, les professeurs de médecine de la nouvelle Faculté fondent la Société de Médecine de Marseille.<br /><br /> L'article de 10 de son réglement intérieur prévu dans ses statuts, publiés dans ce document, stipule que pendant trois ans, à dater de la fondation de la Société, les publications de la Société seront assurées par la revue "<em>Archives de Médecine générale et coloniale</em>", prenant la suite de la "<em>Revue médicale de France et des colonies</em>" publiée de 1923 à 1931.
Facultés de médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Médecine -- France -- Histoire -- 20e siècle
Médecins -- Associations -- Bouches-du-Rhône (France)
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/654/BUSC-49782_Cahiers-coloniaux_1941_Institut.pdf
29371f1f70cf9a0d39f3aba1e14fa508
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
organisation (L') et l'activité de l'Institut Colonial de Marseille depuis sa fondation
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Histoire de l'université
Description
An account of the resource
Le 3 mai 1923, l'Institut colonial de Marseille est reconnu d'utilité publique : une consécration pour le centre de recherches et de documentation de la Chambre de Commerce tout entier dévoué à la cause coloniale
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Baillaud, Émile (1874-1945)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote 49782, 1941, n° 829
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Institut colonial (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1941
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/25290754X
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-49782_Cahiers-coloniaux_1941_Institut_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
8 p.
27 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/654
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Cet article a été publié dans "Les Cahiers coloniaux" (1918-1951), numéro 829 paru le 12 avril 1941, pp. 58-64
En 1941, la question de la réorganisation de la documentation et de la recherche coloniales est posée : à cette occasion, le Secrétaire d'Etat aux Colonies demande à la Chambre de Commerce de Marseille une note sur le travail de l'Institut colonial, association qui étudie, défend et développe les intérêts généraux de la colonisation française et les intérêts particuliers de la région marseillaise avec les colonies.
Cette note rappelle le statut d'utilité publique accordé à l'Institut après 15 ans de bon fonctionnement et son rôle économique et technique qu'il joue auprès des entreprises coloniales (importateurs, armateurs et négociants).
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
- L'organisation et l'activité de l'Institut Colonial de Marseille depuis sa fondation (1906)
- Décret en date du 3 mai 1923 de reconnaissance d'utilité publique de l'Institut Colonial de Marseille fondé par la Chambre de Commerce de Marseille en 1906, signé par A. Millerand, Président de la République Française
- Statuts, annexés au décret de 1923 (24 articles)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Colonisation -- France -- 20e siècle
Institut Colonial de Marseille -- Histoire -- 20e siècle
Institut français d'Outre-Mer -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/668/Bibliotheque-Faculte-sciences.pdf
b31e73827cad1abdf674a3df04faa76b
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
bibliothèque (La) de la Faculté des Sciences de Marseille
Subject
The topic of the resource
Histoire des bibliothèques
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Billioud, Jacques (1921-....). Auteur
Université d'Aix-Marseille (1409-1973). Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote R 9266
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote 23806*BUSC
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Université d'A̕ix-Marseille (Aix-en-Provence)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1960 (ca)
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252918010
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/Bibliotheque-Faculte-sciences_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 fasc.
[20] p. : ill., plan.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/668
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
Créée sans moyens en 1880, bombardée en 1944, la bibliothèque des sciences occupera des locaux provisoires jusqu'en 1958, année où elle intègrera ses locaux actuels, dessinés en 1951 par l'architecte de l'université, Fernand Pouillon
Abstract
A summary of the resource.
<a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/BU-St-Charles_1960.jpg" target="_blank" rel="noopener" title="BU St Charles"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/BU-St-Charles_1960.jpg" alt="BU St Charles" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /> <br /></a>
<div style="text-align: center;"><em>La BU Saint Charles à la fin des années 1950<br /></em></div>
<br />Créée en 1880 mais dotée de peu de moyens, bombardée en 1944, la bibliothèque des sciences occupera des locaux provisoires jusqu'en 1958, année où elle intègrera ses locaux actuels, dessinés en 1951 par l'architecte de l'université, Fernand Pouillon.
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Bibliothèque universitaire -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/678/BUT-24062_Bibliotheque-Faculte-Medecine.pdf
040cd90984a1e22f57083a900b21cce3
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Bibliothèque (La) de la Faculté de médecine et de pharmacie de Marseille
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Perrin, Colette. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote T 24061
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Impr. du Rhône (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1960
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252920031
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-24061_Bibliotheque-Faculte-Medecine_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
32 p.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/678
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Description
An account of the resource
A cours de l'été 1958, la nouvelle bibliothèque universitaire de médecine et ses collections intègrent le bâtiment général de la Faculté de Médecine et de Pharmacie : un réel progrès attendu alors depuis 30 ans par les enseignants et les étudiants
Abstract
A summary of the resource.
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/BU-Timone_1960.jpg" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>La Faculté de médecine à la fin des années 1950</em></div>
<br />Après des années très difficiles de pénurie et de manque chronique de moyens de fonctionnement et d'équipement ainsi que des locaux suffisants et adaptés, la nouvelle bibliothèque (devenu section) universitaire de médecine et ses colletions enfin rassemblées intègre en juin-juillet 1958 le bâtiment général de la Faculté de Médecine et de Pharmacie.<br /><br />Un réel progrès espéré depuis plusieurs années par les enseignants et les étudiants de médecine, bien avant la Guerre 1939-1945 qui appauvrit la bibliothèque et dispersa les collections, et qui s'inscrit dans un grand mouvement de rénovation des sites universtaires qui bénéficia, dans les années 1950, aux autres facultés d'Aix et de Marseille (Droit & Science économique, Lettres & Sciences humaines, et Sciences).
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Bibliothèque universitaire -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/703/ARCH-BU-1_Registre-deliberations.pdf
5ecfee799173b1b61d7ddccdc8641a65
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/703/ARCH-BU-2_Registre-deliberations.pdf
f5a1c1e40f1cee4c2930faac3a3386c2
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Manuscrits
Description
An account of the resource
Plusieurs dizaines de manuscrits des 16e-18e siècles, principalement juridiques, conservés dans les réserves des BU de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Registre des délibérations de la Commission de la bibliothèque de l'Université d'Aix-Marseille
Subject
The topic of the resource
Histoire des bibliothèques
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université d'Aix-Marseille (1409-1973)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote ARCH-BU-1/2
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Aix-Marseille Université (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1881-1959
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/253167345
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/ARCH-BU-1_Registre-deliberations_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
2 vols
295 p. ; 251 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
manuscrit
manuscript
document d'archives
archival material
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/703
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Aix-en-Provence. 18..
Aix-en-Provence. 19..
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Abstract
A summary of the resource.
Avertissement : les quelques correspondances sur feuilles volantes trouvées à la fin des deux volumes ne font pas partie des manuscrits originaux. Par souci de cohérence, elles ont été intercalées dans la chronologie des PV.<br /><br />
<pre style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/BU-Droit-Lettres-1929-Saporta.jpg" /><br /><br /><em>La bibliothèque de l'université d'Aix-Marseille (19e sièle)</em></pre>
<p>A première vue, on pourrait croire que les bibliothèques (universitaires) sont incapables de résoudre leurs propres problèmes : durant des dizaines d’années, les mêmes personnes se posent les mêmes questions formulées en termes identiques : le montant des crédits, la quête de subventions, l'acquisition des ouvrages, le renouvellement des abonnements, le comblement des lacunes, l'augmentation des heures d'ouverture, en particulier le soir et le samedi, le règlement intérieur, les droits d'inscription, le manque régulier de personnel qualifié, l'appel au bénévolat étudiant, l'étroitesse et l'inadaptation chronique des locaux, sans oublier leur entretien et leur nettoyage….<br /><br />En réalité, toutes ces questions récurrentes ne sont pas un aveu d'impuissance mais, bien au contraire, constituent la vie même de ces institutions : la réponse qu'elles peuvent y apporter configurent leur physionomie et leur fonctionnement. Pour y parvenir, la plupart d'entre-elles ont adopté un régime de réunions régulières, souvent dénommé <em>Commission ou Conseil de la bibliothèque</em> (<em>Conseil documentaire</em> aujourd'hui) où tous les grands arbitrages sont adoptés collégialement et consignés dans des procès-verbaux selon un ordre du jour longtemps resté très ritualisé.<br /><br />Il n'est guère possible de résumer fidèlement les 500 p. de PV qui jalonnent la vie de la bilbiothèque de l'université, quasiment depuis sa naissance (instructions ministérielles publiées en 1878 et 1879 de J. Ferry) jusqu'à sa renaissance (nouvelles constructions de la fin des années 1950) : on peut seulement mentionner quelques faits marquants, parfois hors du champ bibliothéconomique stricto sensu, qui illustrent l'histoire de cette institution, comme cette brutale interruption de 5 ans imposée par la Guerre 14-18 ou ce projet, ô combien prémonitoire, de créer un Musée de l'Université qui recueillerait tous les documents qui concernent l'histoire de l'université, comme tente de le faire, un siècle plus tard, la bibliothèque numérique que vous consultez à présent : </p>
<ul>
<li>lettre [probablement de Capdenat, bibliothécaire] adressée au Maire [d'Aix ?] le 17 mars 1883 sur l'état de la bibliothèque Méjanes (constat très sévère)</li>
<li>demande d'installation d'une porte tambour pour protéger la salle de lecture du froid durant l'hiver</li>
<li>question des attributions réelles de la BU par rapport à la bibliothèque de la Faculté de Droit</li>
<li>séance du 16 nov. 1909 : rivalité avec le Service des Beaux-Arts qui réclame pour le Musée de l'Art Chrétien le Salon Jaune de l'archevêché alors qu'il est déjà convoité par la BU pour en faire une nouvelle salle de lecture idéale</li>
<li>1ère Guerre mondiale : les participants à la séance du 26 mai 1914 ignorent alors qu'ils ne se reverront que 5 ans plus tard, lors de la séance du 18 mars 1919</li>
<li>années 1920 : projet de création d'un Musée de l'Université, une première en France, qui accueillerait tous les documents qui concernent l'histoire de l'université. Appel aux savants collectionneurs pour faire don de tout objet en relation avec "<em>la vieille université provençale</em>"</li>
<li>séance du 11 juil. 1927 : le recteur signale que de plus en plus d'industriels et de commerçants consultent et empruntent des documents et propose d'exiger le versement de droits d'inscription</li>
<li>1927 - discussion de l'achat d'une reproduction d'un manuscrit de René, duc d'Anjou</li>
<li>30 mai 1945 : profitant de la Libération, demande de bénéficier d'un grand nombre de périodiques et d'ouvrages allemands abandonnés par l'occupant (notamment à Paris)</li>
<li>10 déc. 1945 : envoi par solidarité de livres aux étudiants de Nice qui ne disposent d'aucun ouvrage pour étudier</li>
<li>séance du 10 déc. 1945 : demande en faveur des étudiants pour qu'ils puissent travailler à la bibliothèque parce qu'il n'y a pas de chauffage dans leurs chambres</li>
<li>1951 : invitation de Fernand Pouillon, architecte officiel, pour une présentation de ses projets de construction de bibliothèques universitaires (3 seront contruites à la fin des années 1950, voir liens)</li>
</ul>
Description
An account of the resource
Durant ses 80 premières années, la bibliothèque de l’université d'Aix-Marseille n’aura connu que trois bibliothécaires : une remarquable longévité qui n’a d’égal que la persistance des problèmes qu'elle doit résoudre et qui sont sa raison d'être
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
<p><strong><span style="text-decoration: underline;">Composition de la Commission au cours des années 1881-1959</span></strong></p>
<pre>Liste abr. : (D)roit, (L)ettres, (S)ciences, (B)ibliothécaire<br />Le nom des membres présents aux réunions consécutives n'est pas sytématiquement rappelé, sauf pour le bibliothécaire qui est obligatoirement présent.<br />Quand un membre est nommé, on précise le nom du membre qui est remplacé, quand l'information est disponible</pre>
<p>Recteur Belin (1881-1907). Particularité : préside toutes les séances, à l'exception de la période du 8 mars 1900 au 13 février 1901</p>
<ul>
<li>1881-1884 Laurin (D), Joret (L), Figuières (théologie), Capdenat (B)</li>
<li>1885-1887 Jourdan (D), Guibal (L), Charve (S), Capdenat (B)</li>
<li>1888-1891 Depéret (S) rempl. Charve (S), Capdenat (B)</li>
<li>1892-1893 Joyau (L) rempl. Guibal (L), Capdenat (B)</li>
<li>1894-1895 Clerc ( ?), Capdenat (B)</li>
<li>1896-1897 Brenous (L), Capdenat (B)</li>
<li>1898-1901 Jourdan (D), Brenous (L), Fabry (S), Fleury (B) rempl. Capdenat (B)</li>
<li>1902-1904 Moreau (D) Bonafous (L) rempl. Brenous (L), Fabry (S), Fleury (B)</li>
<li>1906-1907 Moreau (D), préside, Bonafous (L), Fabry (S), Fleury (B)</li>
</ul>
<p>Recteur Payot (1908-1923). Particularité : signe tous les PV</p>
<ul>
<li>1908-1914 Fabry peu assidu à partir de 1910. A partir de 1912, son absence est de moins en moins souvent mentionnée, la Fac. des sciences n'est donc plus représentée</li>
<li>1914-1919 Moreau (D), Bonafous (L), Bourget (S) rempl. Fabry (S). La Commission ne se réunit plus durant tout le conflit</li>
<li>1919-1921 Perroud (D), Fleury (B) </li>
<li>1921-1922 Sauvaire-Jourdan (D) rempl. Moreau (D), Fleury (B). La signature du recteur disparaît progressivement, la Fac des sciences, à nouveau absente, disparaît totalement des réunions</li>
<li>1922-1926 Sauvaire-Jourdan (D), Toussaint (L), Fleury (B)</li>
</ul>
<p>Recteur Padé (1923-1934) Particularité : délègue parfois la présidence au doyen ou à un Pr.</p>
<ul>
<li>1927-1928 Mme Kuhlmann (B) rempl. Fleury (B)</li>
<li>1928-1934 Dumas (D), Tournade (B) rempl. Mme Kuhlmann (B)</li>
<li>1934-1935 Dumas (D), Toussaint (L), Tournadre (B)</li>
<li>1934-1935 Boursilly ? (doyen L) préside la Commission, Tournadre (B)</li>
</ul>
<p>Recteur Sorre (1935-1937). Particularité : à partir de 1936, le recteur se fait systématiquement excuser de ne pouvoir assurer la présidence de la séance et de fait, ses successeurs semblent ne plus jamais y avoir assisté.</p>
<ul>
<li>1936-1937 Dumas (D), Audinet (D), Tournade (B)</li>
<li>1937-1939 Dumas (D), Lapradelle (D), Toussaint (L), Seygond (L), Tournadre (B)</li>
</ul>
<p>Recteur Jan (1938-1942) Particularité : délègue parfois la présidence au doyen ou à un autre Pr.</p>
<ul>
<li>1939-1940 Dumas (D), Obret (D), Tournadre (B)</li>
<li>1940-1941 Boursilly (doyen L), Tournadre (B)</li>
</ul>
Recteur Martino (1941-1946)<br />
<ul>
<li>1941-1942 Brun (L), Clavel (L), Tournadre (B)</li>
<li>1942-1948 Michel (L) rempl. parfois Clavel (L), Tournadre (B)</li>
</ul>
<p>Recteur Blache (1949-1959). Particularité : se fait systématiquement excuser</p>
<ul>
<li>1949- 1950 Durand (D) préside la Commission, Tournadre (B)</li>
<li>1952-1953 Durand (D), Kayser (D,) Rostaing (L), Tournadre (B)</li>
<li>1954-1959 Duby (L), Tournadre (B)</li>
</ul>
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Bibliothèque universitaire -- 19e siècle
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Bibliothèque universitaire -- 20e siècle
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Bibliothèque universitaire -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/710/CCIAMP_RK-0435-JO-expo-coloniale_1.pdf
40cd104c597949bb6b8c4131d47f068f
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/710/CCIAMP_RK-0435-JO-expo-coloniale_2.pdf
7c124f084879549b804b8ee7f6b33092
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/710/CCIAMP_RK-0435-JO-expo-coloniale_3.pdf
82c59cd86cc1fa45be50893cca350463
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Journal officiel de l'Exposition coloniale, Marseille...
Subject
The topic of the resource
Colonies françaises
Histoire de la colonisation
Économie coloniale
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Exposition coloniale (1922 ; Marseille). Auteur
Millaud, Albert (Directeur)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote RK-0435
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Commissariat général de l'exposition colonial (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1913-1922
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/253169542
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIAMP_RK-0435_JO-expo-coloniale_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
61 fascicules
562 p.; couv. ill. en coul.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/710
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Colonies françaises. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Journal des colonies (Absorbé)
Journal des colonies illustré, ex. Journal officiel de l'Exposition coloniale, 1915-1937 (Devient)
Abstract
A summary of the resource.
Après le succès de l'Exposition de 1906, pourqoui ne pas organiser une seconde Exposition pour fêter dignement son 10ème anniversaire ?<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/image_0014.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" />
<pre style="text-align: center;"><em>le destin national d'une exposition locale</em></pre>
<br />
<table tbody="">
<tbody>
<tr>
<td style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/CCIAMP_RK-0435_1pierre-1913.jpg" />
<pre>de la pose de la première pierre<br /> (R. Poincaré, 12 oct. 1913)</pre>
</td>
<td style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/CCIAMP_RK-0435_inauguration-1922.jpg" />
<pre>à l'inauguration officielle<br />(A. Millerand, 7 mai 1922)</pre>
</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<table tbody="">
<tbody>
<tr>
<td style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/CCIAMP_RK-0435_couverture_1913.jpg" /><br />1913</td>
<td style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/CCIAMP_RK-0435_couverture-1919.jpg" /><br />1919</td>
<td style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/CCIAMP_RK-0435_couverture-1921.jpg" /><br />1921</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<br /><br />A partir du n°14, couverture monochrome, puis, à partir du n° 41 (mai 1921), couverture illustrée en couleurs. - <span class="highlight">De</span><span> septembre 1914 à avril 1919 absorbé par : "</span><span class="highlight">Journal</span><span><span> des colonies : organe des interêts français". - Mensuel (1919-1922). - Bimensuel (1913-1914) (Notes)<br /><br /><br /></span></span>
<p>En 1913, la 1ère grande Exposition coloniale de 1906 est encore très présente dans la mémoire des marseillais qui se souviennent encore comment elle avait été conçue : un Grand Palais de l'Exportation complété de deux annexes : la section de l'art provençal (Musée Longchamp) et le Palais de Marseille et de la Provence (Art et histoire). Y était présentée l'histoire de la matière grasse sous tous ses aspects, scientifique, industriel et commercial, sachant que les corps gras constituent depuis des siècles <em>la source principale et traditionnelle de la richesse industrielle locale</em> : huileries, bougies et glycérines.</p>
<p>Convaincu de l’action humaine et civilisatrice quelle mène dans ses colonies, la France veut montrer à ses nationaux et aux étrangers tout ce que les colonies lui apportent : elles sont donc invitées à participer à une seconde Exposition, beaucoup plus ambitieuse que la précédente, et basée sur une double organisation géographique et thématique qui sera confiée à Jules Charles-Roux qui a déjà présidé celle de 1906 (il décèdera en 1919 et sera remplacé par A. Artaud).</p>
<p>Le JO proposé ici est un authentique journal de bord, quasi au quotidien, de la conception et de la construction de l’Exposition, de la première pierre jusqu’au denier jour précédent sa fermeture, des meilleurs jours jusqu’aux petits différends : destiné à faire connaître au plus grand nombre l’état de l’avancement des travaux (chaque grande colonie se voit construire un véritable palais en contrepartie d'objets d'art ou quotidiens), il est imprimé sur un papier glacé de luxe et illustré de très nombreuses photographies (monochromes de qualité), loin du standard de la presse classique.</p>
<p>Avec ses 10 millions de km² (presque 25 fois la surface de la métropole), l'Empire colonial permet aussi à la France de rappeler à l’Allemagne, dénoncée comme étant « pangermaniste », qu’elle n’est ni défaitiste ni sur le déclin démographique (de fait, sa population double). Ne pouvant oublier l’engagement des troupes coloniales, Albert Sarraut rendra un hommage appuyé aux locaux (1921) «<em>Pour nos Frères de Couleur</em> » en faveur des indigènes qui représenteront leurs territoires respectifs ou qui viendront visiter l’Exposition (par chance, le calendrier la cantonne aux plus beaux mois de l’année).</p>
<p>Parallèlement à l’Exposition, sont ouverts des stands et des salons plus spécialisés et se tiennent des congrès coloniaux consacrés à quatre grandes thématiques : Santé, Production, Outillage et Organisation. Une synthèse révélatrice des préoccupations majeures de l’administration française.</p>
<p>L'agriculture coloniale y tient une place de choix (le JO rappelle la crise du caoutchouc de 1914) et c’est tout naturellement que l'Institut Colonial de Marseille, qui s’était illustré par la création d'un Laboratoire d'Études des Céréales et Plantes Féculentes (1914) et ses travaux sur le palmier à huile (1921), se voit chargé par A. Artaud (commissaire général de l'Exposition) de l'Exposition du matériel agricole.</p>
<p>L’Empire colonial couvrant de grandes surfaces océaniques (suite au nouveau mode de calcul de 2018, la France revendique aujourd’hui le second domaine maritime avec ses près de 11 millions de km², juste derrière les États-Unis), un Palais de la Mer Coloniale s’imposait et fera dire à ses organisateurs : « <em>l'Exposition Coloniale doit être la source d'un enseignement colonial permanent. Il faut que dans tous les ports français, des musées coloniaux soient créés, rappelant la richesse de nos colonies et les débouchés qu'elles offrent à notre commerce et à notre industrie</em> ».</p>
<p>Le JO étant d’abord un organe de presse à destination de la presse, de nombreux journaux couvrent l’évènement : le journal leur rendra hommage en toute fin d’exposition en offrant au public une galerie de portraits des directeurs de publication présents sur le site. La publicité n’est pas un accessoire et c’est elle qui assurera le retentissement de l’évènement : une véritable propagande est organisée, jusque dans les écoles, et, progrès technique oblige, l’Exposition promeut un <em>Cinéma lntercolonial</em>.</p>
<p>L’Exposition connaîtra un très grand succès, local, national et même international, auprès des autorités belges, par ex. : les politiques doivent s’y montrer, les Présidents de la République française n’y manqueront pas, et les maréchaux héros de 14-18 en feront tous la visite, très largement médiatisée et relayée dans le JO, entourés d’officiels, sinon obséquieux, tout au moins très déférents.</p>
<p>Inquiets de son futur succès, les organisateurs alertent très tôt la ville de Marseille sur l'accueil des visiteurs et la possible crise du logement. Les accès ne sont pas en reste : l'Avenue du Prado, chaussée défoncée et pleine de fondrières tant redoutées par les automobilistes même les plus intrépides, est entièrement refaite et reçoit un revêtement d’un bleu du plus bel effet.</p>
<p>L’Exposition prend alors des airs de fête et à côté des animations, des tables populaires gratuites sont installées pour permettre aux moins fortunés d’y organiser leur propre pique-nique et de pleinement profiter de l'abonnement qu’ils ont pu prendre pour toute la durée de l'Exposition.</p>
<p>Une nouvelle offre apparaît : le tourisme. Mélange de technique et d’audace, on propose alors des croisières en hydravions jusqu’à Monaco. Le tourisme exotique aux Colonies pourrait aussi séduire les classes plus aisées et aventurières : la France a les moyens de vous faire voyager aux quatre bouts de monde : ne seriez-vous pas tenté par une croisière aux Antilles ou dans le Pacifique ?</p>
<p>Comme l’Exposition pense à tout, les tables à manger en témoignent, elle n’a pas oublié les Français plus modestes qui n’ont pas la possibilité de partir dans les îles : un stand propose donc des articles de camping (le tourisme à la ferme !) et le très fréquenté stand du tourisme, qui fait la promotion de nos belles régions de province, souligne, en feignant de ne pas en saisir toute la possible ambivalence, combien la France métropolitaine est assurément « <em>la Maison du Bonheur</em> ».</p>
<p>Peu avant de fermer ses portes, naissent déjà les projets d'une foire coloniale et d'un jardin colonial. A suivre…</p>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Description
An account of the resource
En 1913, Marseille pose la première pierre de la future Exposition Coloniale Nationale prévue pour 1916 : du fait de la Guerre 1914-1918, elle n'ouvrira ses portes que 9 ans plus tard pour devenir l'évènement majeur de l'année 1922
Colonies françaises -- 20e siècle
Exposition coloniale (1906, Marseille)
Exposition coloniale (1922, Marseille)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/719/CCIAMP_RK-0435_Guide-commercial-expo.pdf
15b6133b95a12e4e7c4ce9e16f9768d3
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
guide (Le) commercial de l'Exposition nationale coloniale de Marseille : avril-novembre 1922
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Exposition coloniale (1922 ; Marseille). Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote RK-0435
Publisher
An entity responsible for making the resource available
impr. Berger-Levrault (Nancy-Paris-Strasbourg )
s.n. (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1922
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/253177960
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIAMP_RK-0435_Guide-commercial-expo_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
76 p. : illustrations, plans, couverture illustrée en couleurs
37 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/719
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Colonies françaises. 19..
Abstract
A summary of the resource.
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Expo-1922-cargo.jpg" /></div>
<pre style="text-align: center;">Les paquebots à vapeur, moyen le plus sûr pour se rendre dans les colonies</pre>
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Expo-1922-plan-tramway.jpg" /></div>
<pre style="text-align: center;">Le tramway, transort le plus rapide pour se rendre à l'Exposition coloniale de Marseille de 1922</pre>
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Expo-1922-palais-export.jpg" /></div>
<pre style="text-align: center;">Le Palais de l'Exportation, un rôle central dans l'économie coloniale</pre>
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Expo-1922-publicite-sucre.jpg" /></div>
<pre style="text-align: center;">Saint-Louis Sucre, une marque toujours en activité et présente à toutes les expositions<br />(universelles, internationales et coloniales)</pre>
En 1920, le port de Marseille a reçu plus de 4 millions de tonnes de marchandises et en a exportées plus de 2 millions : assurant 1/3 du commerce colonial français, la ville n'a jamais autant méritée sont surnom de <em>métropole coloniale</em>.<br /><br />A la sortie du conflit mondial et en pleine reconstruction des pays meurtris, les besoins mondiaux en matières premières et en produits de toute sorte sont de plus en plus grands. Si la France peut obtenir de son riche domaine colonial les innombrables produits qu'elle se procure bien souvent à l'étranger au détriment de son change, ce commerce maritime n'est pas qu'une simple affaire franco-française : il se fait dans un contexte de tension et de concurrence internationale forte, notamment celle des produits allemands qui profitent de la fin de l'aide des États-Unis à certains pays européens, notamment à la France, pour "<em>envahir toute l'Europe</em>". Pour dynamiser et populariser cet avantage, rien de mieux que de grands évènements porteurs d'optimisme et de patriotisme : les expositions, déjà bien connues dans leur prétention universelle ou nationale, en sont les parfaits vecteurs et les français en ont déjà montré la maîtrise.<br /><br />Parallèlement à cette grande fête exceptionnelle, plusieurs publications périodiques sont lancées pour faciliter, sur le plus long terme, aux commerçants et fabricants français l'écoulement de leurs marchandises à l'étranger, et, inversement, aux étrangers la vente de leurs produits et matières premières en France.<br /><br />Les enjeux et les objectifs de cette grande exposition nationale coloniale sont donc très importants, autant au niveau de la ville qu'au niveau du pays : <br /><br />- présenter les multiples ressources des colonies françaises<br />- démontrer la puissance de la France à travers son immense Empire colonial<br />- faire découvrir aux français, et en tout premier lieu aux marseillais, la diversité des produits coloniaux et susciter leur curiosité<br />- expliquer aux commerçants, aux industriels, aux hommes d'affaires et aux capitalistes qui souhaitent investir tout ce qu'ils peuvent attendre exactement des colonies<br />- montrer l'atout décisif qu'offre le port de Marseille pour le transport des marchandises dans l'axe stratégique nord-sud Paris/Lyon/Méditerranée.
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Description
An account of the resource
Comment profiter de tous les services que propose la métropole coloniale et préparer sa visite de la grande exposition prévue pour 1922 où une trentaine de colonies présenteront leurs richesses ? En suivant le guide...
Exposition coloniale (1922, Marseille)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/720/CCIAMP_RK-0540_Economiste-colonial-illustre.pdf
9f24ef2b0b4181532950f57c36241e13
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
economiste colonial illustré (L')
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Colonies françaises
Histoire de la colonisation
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Murry F. (directeur de publication)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote RK-0540
Publisher
An entity responsible for making the resource available
éditeur inconnu (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1921-19??
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/253178096
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIAMP_RK-0540_Economiste-colonial-illustre_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
60 p.; ill.
37 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/720
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Colonies françaises. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Economiste colonial : journal hebdomadaire (paraît sous ce titre en 1922)
exposition (L') Coloniale de Marseille - Colonies et Protectorats (titre de 1922)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Description
An account of the resource
L'Exposition de 1922 ne présente pas seulement les richesses d'outre-mer : elle offre une occasion unique à plus de 2 000 exposants de toutes les régions françaises de proposer leurs produits dans un cadre prestigieux
Abstract
A summary of the resource.
L'Exposition coloniale nationale de 1922 est l'occasion de montrer les produits coloniaux et les produits régionaux : la Section métropolitaine compte le plus grand nombre d'exposants et s'est installée dans le Grand Palais, le bâtiment le plus vaste situé au centre du Parc de l'Exposition. Ce symbole fort rappelle que les colonies françaises ouvrent un marché au potentiel immense et constituent une nouvelle opportunité pour les exportations de produits nationaux, prioritaire même par rapport aux débouchés des autres marchés étrangers.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Section-metropolitaine-expo-1922.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<pre style="text-align: center;"><em>Le hall d'exposition de la Section métropolitaine (Grand Palais, 1922)</em></pre>
Contrairement à d'autres publications parallèles et publiées à la même époque, les nombreuses illustrations présentées dans l'édition de 1922 du journal "<em>L'économiste colonial illustré"</em>, montrent davantage de photographies prises sur le terrain que de clichés des palais ou des stands de l'Exposition. Elles en font un témoignage intéressant et complémentaire aux publications plus officielles.<br /><br />La France, inquiète du développement économique de certains de ses voisins européens et de leurs colonies respectives, voit dans son Empire colonial un avenir prometteur capable de l'aider à résister à cette concurrence multiple et investit dans la formation des populations locales pour assurer une production suffisante de produits qui lui manquent.
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Guinee-apprentissage-ConaKri.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<pre style="text-align: center;"><em>Un centre d'apprentissage à Conakry (Guinée)</em></pre>
<br />Malgré les difficultés liées aux transports sur de longues distances (tonnage, conservation, durée), la France organise progressivement un circuit complet et cohérent qui va de la formation professionnelle aux marchés locaux et nationaux.
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Ouagadougou-vente-coton.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Un marché de coton à Ouagadougou (Haute-Volta, Burkina Faso)</em></div>
<br />Après la Première Guerre mondiale, la métropole est avide autant de matières premières industrielles de base (minerais, houille, bois, textile, caoutchouc,...) que de produits alimentaires (huiles, céréales, légumineuses, fruits, ...)
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Senegal-Lyndiane-export.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<pre style="text-align: center;"><em>Un quai d'embarquement de marchandises à Lyndiane (Sénégal)</em></pre>
Colonies françaises -- 20e siècle
Exposition coloniale (1922, Marseille)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1861.pdf
4798221a51c82f23670bed94da7f051b
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1862.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1863.pdf
357a32f1cf0c015909541709bdd1845f
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1864.pdf
519314212d9a244adfd22c0c75b51719
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1865.pdf
74ad84d59894e5aeca84d1636facc129
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1866.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1867.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1883.pdf
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9ca73792974958b097e20f2c18c4229f
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1888.pdf
5f45f2f0c52c5855e81e36a38b2c1187
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1889.pdf
87da011b7d5ea4d74cb1f1f16bcf07cc
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1890.pdf
25465d94a8564b5f6fa62d8193c49afe
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1891.pdf
eb3097bec1c5d09bd8c138feed8ec471
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d97c95340148d5558af84336fcf52027
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/742/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_1893.pdf
99a5d238a2db1e0507001350348a92f1
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Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Compte-rendu de la situation industrielle et commerciale de la circonscription de Marseille
Subject
The topic of the resource
Économie
Histoire de la Provence
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote BUSC 50418
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Chambre de commerce (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1861-1938
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/253513367
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-50418_CR_Situation-industrielle_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
n vols
xxx p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/742
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Bouches-du-Rhône. 18..
Bouches-du-Rhône. 19..
Provence. 18..
Provence. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
En 1861, le Ministre de l'Agriculture, demande aux chambres de commerce un bilan des affaires locales et de tout ce qui a pesé sur le prix des produits fabriqués et des denrées de consommation : ça ne pouvait pas tomber plus mal...
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Compte-rendu de la situation commerciale et industrielle de la circonscription de Marseille (Autre titre)
Abstract
A summary of the resource.
Numérisation et chargement des années numérisées en cours.<br /><br />Quand en 1861 la plus vieille Chambre de Commerce du monde (créée en 1599) reçoit du Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux Publics, la demande d'un bilan semestriel de l'économie locale, c'est un coup dur qui ne pouvait pas tomber plus mal : cette année là est l'une des plus mauvaises enregistrées depuis longtemps. La cause ? : le conflit américain qui a fermé les débouchés les plus rentables, des récoltes médiocres, l'instabilité récurrente de la législation commerciale et, si cela ne suffisait pas, diverses autres menaces extérieures (échec de certains emprunts, faillite de la Turquie, situation incertaine de l'Italie,...). Les 3 années suivantes ne seront guère plus brillantes.<br /><br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Chambre-commerce-Marseille_19e.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<pre style="text-align: center;"><a href="https://www.cciamp.com/" target="_blank" rel="noopener" title="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Chambre-commerce-Marseille_19e.jpg"><em>La Chambre de commerce de Marseille 19e siècle</em></a><br /><a href="https://www.cciamp.com/" target="_blank" rel="noopener" title="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Chambre-commerce-Marseille_19e.jpg"><em>(aujourdhui, CCI métropolitaine Aix-Marseille Provence)</em></a></pre>
<br />Complément local et marseillais des "<span><em>Compte-rendu des travaux / Chambre de commerce de Marseille</em>", les "<em>Compte-rendu de la situation industrielle et commerciale de la circonscription de Marseille</em>" proposent un b</span>ilan très détaillé des mouvements portuaires : à elle seule, la liste des produits qui entrent et qui sortent du port de Marseille donne une idée précise de l'économie locale et du rôle de la ville dans l'économie provençale et nationale. Une véritable radiographie de tout l'import/export maritime.<br /><br />Dans la toute première édition, on apprend que dès 1861 les navires à vapeur ont déjà toute leur place à côté des navires à voile.<br /><br />La liste des produits donne une idée des besoins de l'économie française : denrées alimentaires (céréales, fruits, légumes, huiles, sucres), matières premières minières et énergétiques (charbon, pétrole), produits indutriels de base (sels, savons) et textiles (laine, cotons, soies).<br /><br />Son évolution est toute aussi pleine d'enseignements : engrais, cuirs, produits chimiques, etc... La nomenclature des produits doublera au cours du temps, autant par souci statistique que pour rendre compte de la diversification des échanges. A partir de 1891, apparaît à la fin du CR une section spécifique "<em>Rapports de Marseille avec nos colonies et pays de protectorat</em>" analyse la place de Marseille dans le commerce colonial et fournit des statistiques coloniales détaillées.
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Chaque fascicule présente les rubriques, apparemment laissées à la discrétion des Chambres de commerce, dans un ordre identique :<br />
<p>Navigation</p>
<ul>
<li>Marine à voile</li>
<li>Marine à vapeur</li>
</ul>
<p> Mouvements des Ports de Marseille<br /> Importations / réexportations</p>
<ul>
<li>Sucres</li>
<li>Cafés</li>
<li>Graines oléagineuses</li>
<li>Soies</li>
<li>Cotons</li>
<li>Laines</li>
<li>Blés</li>
<li>Huiles</li>
<li>Huiles d'olive</li>
<li>Huiles de graines</li>
<li>Huiles de coco</li>
<li>Huiles de palme</li>
<li>Charbons</li>
<li>Bois de tonnellerie, de construction et de menuiserie</li>
<li>Os d'animaux</li>
<li>Savons</li>
<li>Raffineries de sucre</li>
<li>Minoterie</li>
<li>Industrie métallurgique</li>
<li>Tourteaux</li>
<li>Mélasses</li>
<li>Produits chimiques</li>
<li>Poissons salés</li>
<li>Fruits au vinaigre</li>
<li>Fruits secs</li>
<li>Vins & alcools</li>
</ul>
<p>Ateliers mécaniques<br /><br />Dès 1863, les sommaires s'allongent et la liste des rubriques ne cessera de s'étoffer au fur et à mesure de sa publication.<br /><br />Exposé préliminaire</p>
<ul>
<li>Marine à voile</li>
<li>Marine à vapeur</li>
</ul>
<p>Tableau du mouvement général des Ports de Marseille, en 18..</p>
<ul>
<li>Céréales</li>
<li>Sucres</li>
<li>Cafés</li>
<li>Cacaos</li>
<li>Poivres</li>
<li>Graines oléagineuses, huileries</li>
<li>Tourteaux</li>
<li>Cotons</li>
<li>Soies</li>
<li>Cocons</li>
<li>Laines</li>
<li>Tissus</li>
<li>Commerce du bétail</li>
<li>Cuirs</li>
<li>Huiles d'olive</li>
<li>Huiles de graines et huileries</li>
<li>Huile de palme</li>
<li>Huile de coco</li>
<li>Saindoux</li>
<li>Pétrole</li>
<li>Vins & Spiritueux</li>
<li>Raisins secs</li>
<li>Riz</li>
<li>Légumes</li>
<li>Droguerie, teinture</li>
<li>Graiises</li>
<li>Bougies</li>
<li>Métaux</li>
<li>Charbons</li>
<li>Céramique</li>
<li>Bois de tonnellerie, de construction, etc.</li>
<li>Morues</li>
<li>Savonnerie marseillaise</li>
<li>Minoterie</li>
<li>Tannerie</li>
<li>Ateliers mécaniques</li>
<li>Industrie métallurgique</li>
<li>Produits chimiques</li>
<li>Sel marin</li>
<li>Affaires de banque et de finances</li>
<li>Rapports de Marseille avec nos colonies et pays de protectorat</li>
<li>Annexe - Documents statistiques</li>
</ul>
Dès son introduction, la dernière rubrique financière bénéficie d'une attention particulière.<br />A partir de 1891, l'apparition d'une nouvelle rubriques "Rapports de Marseille avec nos colonies et pays de protectorat" met en lumière l'importance que prend le commerce colonial dans l'économie de la ville.
Aménagement du territoire -- France -- Provence-Alpes-Côte d'Azur (France)
Chambre de commerce et d'industrie (Marseille)
Économie régionale -- France -- Provence-Alpes-Côte d'Azur (France)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/745/Personnel-Fac-Sciences_1898.pdf
51e33a65fadb44dc223d7980545bd261
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/745/Personnel-Fac-sciences-portraits_1.tiff
01666eb558572b951a2093b128ad2ce8
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/745/Personnel-Fac-sciences-portraits_2.tiff
63920ff251d7eec19a470a1c62d8afea
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Title
A name given to the resource
Manuscrits
Description
An account of the resource
Plusieurs dizaines de manuscrits des 16e-18e siècles, principalement juridiques, conservés dans les réserves des BU de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Personnel de la Faculté des Sciences de Marseille (octobre 1898)
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Sciences & techniques
Source
A related resource from which the described resource is derived
Cellule Patrimoine Scientifique de l’Université d’Aix-Marseille
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (s.l.)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1898-19??
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/253802997
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/Personnel-Fac-Sciences_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
122 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
manuscrit
manuscript
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/745
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
La date de 1898 mentionnée en 1ère de couverture correspond à l'ouverture du registre : il a été poursuivi pendant plusieurs années, les entrées les plus tardives datent de 1904 pour la plupart, quelques additions de 1906. Cette date la plus récente a été retenue pour la datation du document.<br /><br />Pour constituer le sommaire du fichier pdf en ligne, quatre informations ont été retenues :<br />
<ul>
<li>le nom et prénoms de l'enseignant</li>
<li>sa date de naissance et de décès : compte tenu de l'âge du document, la date de décès pour la majorité des personnels a été complétée pour rédiger cette présence notice</li>
<li>sa spécialité quand celle-ci est précisée dans le manuscrit ou corroborée par d'autres sources dignes de foi comme les référentiels type Data BnF ou IdRéf</li>
<li>sa date d'entrée à la Faculté des sciences ou de sa nomination dans un poste technique ou scientifique</li>
</ul>
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Blavette_maquette_St-Charles.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<pre class="legendeillustration" style="text-align: center;"><em>1<sup>er</sup> prix – M. Blavette, Architecte. <br />Les Concours publics d’architecture, 1896, pl. 59-63. Élévation, coupe, plans.</em></pre>
<span class="text"><span xml:lang="fr" lang="fr">Quand en 1898, l'auteur (anonyme) débute ce répertoire, la Faculté des Sciences de Saint-Charles telle que nous la connaissons aujourdh'ui n'existe pas encore et fait l'objet de projets sans cesse reportés. L'un des plus aboutis (et primés) est celui de l'architecte Victor Blavette, daté de 1897 (1).<br /><br />Ce répertoire anonyme consigne, par ordre de leur arrivée (2), les enseignants nommés à la Faculté de Sciences en précisant leur CV : une étonnante galerie de professeurs au nom bien connu et qui, pour la plupart, marqueront l'histoire de la Faculté, et pour quelques uns, l'histoire de l'université compte tenu de leur notoriété, parfois même de leur célébrité. La hauteur des contributions et l'importance des résultats de certains d'entre eux laisseront une trace dans l'histoire des sciences et techniques. La fin du répertoire mentionne l'entrée des personnels techniques.<br /><br />Ce mansucrit, conservé jusqu'alors au Musée Fabry, nous a été communiqué par Nicolas Claire, vice-président responsable de la cellule Patrimoine et Culture scientifiques d'AMU, que nous remercions ici.<br /><br />Nous avons complété ce registre par deux planches de portraits de la vingtaine de scientifiques dont nous avons pu trouver une photographie certaine (aucune n'est cependant datée). Ces portraits sont librement accessibles sur internet, la plupart diffusée par Wikipédia dans ses articles consacrés à ces auteurs, quelques uns proviennent des différentes Annales scientifiques qui relèvent aujourd'hui du domaine public.<br /><br /><br />Réfs.<br />-------<br />(1) Florence <span class="familyName">Marciano</span>, <span dir="ltr">« La faculté des Sciences saint-Charles À Marseille : le grand œuvre de Victor Blavette »</span><span>, </span><em>Livraisons de l'histoire de l'architecture</em><span> [En ligne], 13 | 2007, mis en ligne le </span><span dir="ltr">10 juin 2009</span><span>, consulté le </span><span dir="ltr">19 février 2021</span><span>. </span><span dir="ltr">URL</span><span> : http://journals.openedition.org/lha/412 ; </span><span dir="ltr">DOI</span><span> : https://doi.org/10.4000/lha.412</span><br /><br /><span>(2) Françoise Huguet et Boris Noguès, «<em>Les professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au XIXe siècle (1808-1880)</em>», juin 2011 [en ligne] </span><a href="http://facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/">http://facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/</a><span> (consulté le 19-02-2021)</span><br /><br /><br /></span></span>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Aix-Marseille université (Marseille)
Description
An account of the resource
Un personnel resté anonyme tient le registre des enseignants nommés à la Faculté de Sciences : galerie d'une cinquantaine de professeurs qui ont marqué l'histoire de la Faculté, et pour certains d'entre eux, l'histoire des sciences et techniques
Faculté des sciences (Marseille) -- 19e siècle
Faculté des sciences (Marseille) -- 20e siècle
Université d'Aix-Marseille -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/746/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies-illustre_1915.pdf
0f993e1d4af2a1913b84bc16f2a58425
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Journal des colonies illustré : ex Journal officiel de l'exposition coloniale
Subject
The topic of the resource
Colonies françaises
Histoire de la colonisation
Économie coloniale
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Exposition coloniale (1922 ; Marseille). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote RK-0540
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Commissariat général de l'exposition colonial (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1915-19??
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/253803306
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies-illustre_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
1 504 p.; ill.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/746
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Journal officiel de l'Exposition coloniale, Marseille..., (Suite, par absorption)
Journal des colonies : Organe de politique coloniale et de défense des intérêts français. Ex Journal officiel de l'exposition coloniale (Devient)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Abstract
A summary of the resource.
Lacunes : n°1253 (fev-1925) ; n°1254 (mar-1925) ; n°1277 (fev-1927) ; n°1308 (sep-1929) ; n°1310 (nov-1929) ; n°1316 (mai-1930) ; n°1319 (aou-1930) ; n°1326 (mar-1931) ; n°1328 (mai-1931) ; n°1336 (jan-1932) ; n°1338 (mar-1932) ; n°1342 (jul-1932) ; n°1355 (sep-1933) ; n°1364 (1934) ; n°1370 (dec-1934) ; n°1386 (1936) ; n°1387 (1937)<br /><br />La parution du titre dans sa nouvelle maquette partage une très forte inquiétude face à l'expansionisme de l'Allemagne et l'optimisme de nouvelles alliances rassurantes, comme en témoigne celle de la Grande-Bretagne qui mobilise son propre empire colonial contre un pangermanisme particulièrement agressif et encouragé par la Triple-Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Journal-colonies-illustre_carte.1.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<pre style="text-align: center;"><em>Journal des colonies illustré - Carte de l'Empire</em></pre>
Le nouveau frontispice de la revue, qui a remplacé l'ancien représentant des monuments tropicaux hautement symboliques, annonce sans détour que la France se situe bien au coeur de son empire colonial. Coïncidence, le planisphère la situe aussi au centre du monde : les biais de la cartographie, sans doute...<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Journal-colonies-illustre_frontispice.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<pre style="text-align: center;"><em>Journal des colonies illustré - Frontispice</em></pre>
Paradoxe, à l'heure où la revue paraît avec un titre enrichi du terme "illustré", la gravure haut en couleur fait place à une version monochrome assez assombrie, conforme aux restrictions du moment et très éloignée des chaudes tonalités exotiques.<br /><br />Dans cette période assez pessimiste, la revue évoque le projet déjà débattu (depuis 1901) de transformer l'étang de Berre en une vaste prolongation des ports de Marseille : au delà du dynamisme économique qui reviendra après le conlfit, cela permettrait de créer un port de refuge et mettre à l'abri la flotte française contre toute destruction.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Journal-colonies-illustre_pont-Caronte.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<pre style="text-align: center;"><em>Journal des colonies illustré - le pont de Caronte (cliché 1915)<br />Assurer la liason entre l'Étang de Berre et la Méditerranée aux navires à haut tirant d'air</em></pre>
<div>Malgré les difficultés de la Guerre, le Journal continuera de paraître mais adoptera un nouveau sous-titre annonçant un engagement plus national. Il restera cependant attaché à sa mission première et annonce dès 1915 que l<span>e succès <em>des foires des échantillons coloniaux</em> qui se sont tenues à Lyon et à Bordeaux devrait à l'évidence inspirer Marseille : et si elle elle organisait la sienne en 1919 ?</span></div>
Description
An account of the resource
Le premier conflit mondial n'embrase pas que l'Europe et s'étend aux territoires colonisés : tout comme l'empire britannique, l'empire colonial français est menacé mais apporte aussi la promesse d'un précieux soutien
Colonies françaises -- 20e siècle
Exposition coloniale (1922, Marseille)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1918.pdf
446ff64a7e7abc33990331e9902a9a4b
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1925.pdf
23c634f66ce9a2012ba3311d44c203fd
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1926.pdf
ada4021759538c0cdb865b7a923878c3
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1927.pdf
ec40d2d3766ea594847eca0caeeb67d1
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1928.pdf
ee10a28ae11bfa84fc82a29e3ed0660a
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1929.pdf
076cd82749849c55052748070b6be7fd
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1930.pdf
54158a0137fb880f091d4506f6acf776
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1931.pdf
cee2494ab2761261cdacddaaf72360b0
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1932.pdf
444b85e2596308504e59eec2db6bd9a4
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1933.pdf
30cf218fe7d3add58088996a337a9eda
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1934.pdf
4b5211fb45f25962a75548e2f2494616
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1935.pdf
8db0ae440d3cd7d3d7f07ec84b009f76
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/747/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_1936.pdf
1294e8f74b9d9c4e1c84e763b8400a89
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Journal des colonies : Organe de politique coloniale et de défense des intérêts français. Ex Journal officiel de l'exposition coloniale
Subject
The topic of the resource
Colonies françaises
Histoire de la colonisation
Économie coloniale
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Exposition coloniale (1922 ; Marseille). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote RK-0540
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Commissariat général de l'exposition colonial (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1918-1939
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/253803306
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIAMP_PK-0540_Journal-colonies_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
28 vols
1 460 p. : ill.
27 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/747
Abstract
A summary of the resource.
<span>Journal des colonies illustré : ex Journal officiel de l'exposition coloniale (Suite)</span><br /><br />Six mois avant l'armistice de 1918, le décès de Jules Charles-Roux, industriel et homme politique, fait la <em>Une</em> du <em>Journal des colonies</em>.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Charles-Roux_1918.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<pre style="text-align: center;"><em>Jules Charles-Roux (1841-1918)</em></pre>
À l'Exposition universelle de 1900, Charles-Roux avait créé une section des colonies et en 1906, il avait organisé la première Exposition coloniale de Marseille dont il fut le commissaire général, assisté d'Édouard Heckel, son adjoint. L'énorme succès de l'évènement (la seule grande exposition bénéficiaire) lui vaudra de nombreux honneurs et une très grande autorité en matière coloniale.<br /><br />Dans l'Entre-deux-guerres, le <em>Journal des colonies</em>, se limite à traiter les grandes questions coloniales et leurs thèmes associés récurrents (souvent une pleine page), sans y apporter une grande originalité : on trouve sans peine des articles de même ton et de même teneur dans d'autres publications locales, avec une sensibilité plus ou moins grande selon leur ligne éditoriale respective : le <em>Supplément économique du Sémaphore</em> (infrastructures, point de vue économique et financier national et international), les <em>Alpes et la Provence </em>(produits agricoles), les <em>Cahiers coloniaux</em> (production industrielle dans ses aspects scientifiques et techniques).<br /><br />Il reprend sans recul les discours dominants qui s'imposent à la sortie de l'effroyable 1er conflit mondial : plusieurs pages sont consacrées à "<em>notre Afrique blanche</em>", "<em>notre Afrique noire</em>, "<em>notre Afrique orientale</em>". On notera moins de distance avec "l'<em>Océanie française</em>", "l'<em>Amérique française</em>" (Antilles-Guyane) et, plus franchement encore, "<em>notre France d'Asie</em>" !
<div><br />La disparition du qualificatif "illustré" n'est pas qu'anecdotique : les illustrations se limitent à une photographie par bulletin, s'atténuent davantage à partir de 1928 et disparaissent totalement à partir des années 1930. Seules la 1ère de couverture et la page de titre conserveront leurs illustrations tout au long de la vie de la publication. Elles resteront par ailleurs toujours identiques : modeste concession, un médaillon changeant à chaque numéro affiche le portrait d'une nouvelle personnalité liée, de près ou de loin, à l'Empire colonial.<br /><br />Au rythme des manifestations, le thème des expositions vient rompre cette monotonie éditoriale (les nouvelles liées à la future Exposition coloniale sont dévolues à la publication parallèle <em>Journal officiel de l'Exposition coloniale, Marseille...</em> ). Ainsi, on apprend que pour l'Exposition coloniale internationale de 1931 qui se tiendra à Paris, au détriment de sa rivale marseillaise, la Chambre de Commerce de Marseille, qui mène des voyages d'études en Afrique du Nord, inaugurera bien son pavillon.<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Marseille-Exposition-1933_1938.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" />
<pre style="text-align: center;"><em>Une promesse de la Chambre des députés (1933)</em></pre>
A l'opposée des années 1920, pleines de confiance dans l'avenir, les années 1930 amènent leurs lots d'inquiétudes et d'interrogations face aux périls du monde extérieur et se traduisent par une question pleine de pessimisme : avons-nous réellement une politique économique, que l'on peut comprendre également comme : avons-nous réellement une politique coloniale ? <br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Europe-Colonies_1933.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" />
<pre style="text-align: center;"><em>Une Europe des colonies : une proposition jugée peu sérieuse (1933)</em></pre>
<br />A côté de propositions jugées utopiques, des voies s'élèvent pour prôner une nouvelle organisation des marchés nationaux et coloniaux, non plus basée sur la concurrence mais sur la coopération et la complémentarité (Pierre Mendès-France, 1933).<br /><br />L'année 1933 et son atmosphère politique de plus en plus pesante marque un tournant dans les commentaires critiques du journal envers le pouvoir (ce même virage se retrouve dans les journaux déjà mentionnés). Le journal fait état d'une rumeur selon laquelle les actuels dirigeants français auraient l'intention de s'occuper activement de la mise en valeur du Domaine colonial français : "<em>Tous les vrais coloniaux se réjouiront de cette « Nouvelle Politique Coloniale Française » si conforme au programme qu'ils ont toujours préconisé et il faut espérer que cette fois il ne s'agira plus seulement de discours ou de conférences qui n'ont donné naissance qu'à des velléités bien vite oubliées</em>". La conscience qu'une crise plus profonde touche tout l'Empire colonial se fait jour.<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Crise-coloniale_1933.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" />
<pre style="text-align: center;"><em>Une prise de conscience tardive malgré de nombreux signaux d'alerte</em></pre>
Si des crédits supplémentaires peuvent résoudre temporairement les déficits budgétaires, ils ne suffiront pas à endiguer un malaise grandissant et qui dépasse le seul cadre économique.<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Afrique-Nord-feu-couve_1935.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" />
<pre style="text-align: center;"><em>L'Afrique du Nord : un révélateur de l'état d'esprit de l'Empire colonial ?</em></pre>
<p>Pendant que l'Académie des Sciences coloniales tient des conférences sur la "mission civilisatrice" de la France et que la métropole poursuit ses investissements dans les infrastructures lourdes (routes, électrification, lignes de chemins de fer, radiophonie, hôpitaux, etc...) faites pour le long terme, le sénateur Manfroni rappelle cette définition qui a été donnée des colonies : « <em>des fruits qui se détachent de l'arbre qui les a nourris, à peine ont-ils atteint la maturité </em>». Et d'ajouter : « <em>Aujourd'hui prédomine chez ces peuples un sentiment croissant d’intolérance de la domination européenne, plus ou moins vivement ressenti et exprimé, mais dont les symptômes sont assez préoccupants</em>" (n° 1352 du 15 juin 1933).</p>
Notre collection s'achève sur l'année 1936 (le <em>Journal des colonies</em> cessera définitivement de paraître en 1939) qui fait une large promotion de l'Exposition Internationale de Paris de 1937 au titre enthousiaste "<em>Exposition des Arts et Techniques dans la Vie moderne</em>". Et qui rappelle que dans un idéal commun, "<em>la France totale est faite d'infinies nuances...</em>".<br /><br />___________________________<br /><em>Cette collection a été numérisée avec le soutien financier de la Bibliothèque Nationale de France qui en assure une diffusion nationale sur sa bibliothèque numérique Gallica. Qu'elle en soit ici grandement remerciée.</em></div>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Description
An account of the resource
Au cours de la Guerre 1914-1918, l'organe de l'Exposition annonce dans son nouveau sous-titre qu'il est d'abord au service d'une véritable politique coloniale qui doit servir les intérêts du pays : une mission affichée jusqu'à sa disparition
Colonies françaises -- 20e siècle
Exposition coloniale (1922, Marseille)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/760/BUT-14033_Reglemens_intendance.pdf
d04784cd285244add883c267de188443
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/760/Francois_Lazarets-Marseille.pdf
65063a721e5c423c7b70f5a90dc84afe
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Reglemens à l'usage de l'intendance sanitaire de Marseille : suivis des loi, ordonnances, instructions ministérielles et autres documens concernant la police sanitaire
Subject
The topic of the resource
Santé publique
Epidémies
Description
An account of the resource
La crainte des épidémies conduit Marseille à mettre en quarantaine tout ce qui provient d'un port soupçonné d'abriter des cas infectieux : l'isolement se fait au Lazaret, établissement au copieux règlement de 747 articles !
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote BUT 14033
Publisher
An entity responsible for making the resource available
imprimerie de Marius Olive (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1836
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : https://www.sudoc.fr/022488383
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-14033_Reglemens_intendance_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
328 p.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/760
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Règlements à l'usage de l'intendance sanitaire de Marseille : suivis des lois, ordonnances, instructions ministérielles et autres documents concernant la police sanitaire (Titre modernisé)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Marseille. 20..
Abstract
A summary of the resource.
<div>A partir du 16e siècle, la France redoute les pandémies et établit un cordon sanitaire le long de ses côtes méditerranéennes : le Lazaret de Marseille, créé en <span>1663 au lieu-dit Saint Martin d'Arenc (il sera parfois appelé le L</span>azaret d'Arenc) est un établissement qui accueille, pour observation, mise en quarantaine ou traitement, les équipages, passagers et marchandises qui débarquent et qui descendent de navires provenant de ports soupçonnés d'abriter des foyers épidémiques, au premier chef, la peste.<br /><br /></div>
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Lazaret-patrimoine-medical.1.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/article_lazarets.pdf" target="_blank" rel="noopener" title="Plan du Lazaret, patrimoine médical Marseille (Pr Georges François, Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille)"><em>Plan du Lazaret, patrimoine médical Marseille (Pr Georges François, Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille)</em></a></div>
<br />Sur la page de titre figure une inscription au-dessus du fronton de l'entrée principale qui affirme la fonction centrale d'isolement de l'institution "<em>Hic provida cura ! Dum lue infectos medicatur Morbi contagia ab integris arcet = Ici le soin est prudent : tandis qu'on soigne les malades de la peste, on détourne des bien-portants la contagion de la maladie</em>" (trad. Rémy Burget, 2021).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Lazaret-porte-Joliette.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>La Lazaret de Marseille : la porte majeure, côté de la Joliette.</em></div>
<br />Pour éviter la contagion de la ville, un sévère et imposant règlement de près de 750 articles définit le rôle de chacun (personnels administratifs, soignants et confinés), les règles de vie commune jusqu'au moindre détail et le contrôle très strict de tout ce qui peut entrer ou sortir de l'établissement.<br /><br />Le Lazaret fonctionnera pendant près de 2 siècles mais, impératifs économiques obligent, face à l'extension des installations portuaires de la Joliette, le Lazaret doit céder la place en 1850 : il est alors transféré au Frioul et reçoit en affectation l'hôpital de Ratonneau, l'éloignement de Marseille apparaissant comme la meilleure assurance contre les risques de contagion. Il fonctionnera jusqu'en 1928. De nos jours, le quai du Lazaret est le nom donné à la voie de circulation surplombée par le viaduc de la Joliette.<br /><br />Références : <a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/" target="_blank" rel="noopener" title="Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille">Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille</a><br />--------<br />- Pr Georges François. <em><a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/article_lazarets.pdf" target="_blank" rel="noopener" title="Les Lazarets de Marseille">Les Lazarets de Marseille</a></em> (Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille)<br />- Pr Georges François. <a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/article_hopitalcaroline_v2.pdf" target="_blank" rel="noopener" title="L'hôpital Caroline"><em>L'hôpital Caroline</em></a> (Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille)
Santé publique -- Droit -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 19e siècle
Services de santé -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 19e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/11/762/CCIAMP_Exposition-coloniale-1906.pdf
269977eb11759a34316635c3b8879366
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Exposition coloniale de Marseille 1906 : Album commémoratif
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Histoire de la colonisation
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Charles-Roux, Jules (1841-1918). Éditeur scientifique
Heckel, Édouard (1843-1916). Éditeur scientifique
Exposition coloniale (1906 ; Marseille). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Phototypie Berthaud Frères (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1906
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/254526632
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/Exposition-coloniale-1906_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
[non pag.] : 60 p. de pl.
50 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
image
image fixe
still image
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/762
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Description
An account of the resource
Paris a conservé de ses Expositions universelles de 1889 et 1937 la Tour Eiffel et le Palais de Tokyo. De l'Exposition coloniale de Marseille de 1906, peu de chose a survécu : au moins peut-on feuilleter ce magnifique témoignage photographique
Abstract
A summary of the resource.
Bien avant et bien après les 2 grandes expositions internationales coloniales organisées à Marseille en 1906 et en 1922, Paris a tenu plusieurs grandes expositions universelles : de celle de 1889, elle a gardé la Tour Eiffel, et de la seconde le Palais de Tokyo (à l'époque, il longeait le quai de Tokio). On dit que la première a été sauvée par l'installation du plus haut mat de la toute récente TSF et que le second a survécu parce qu'il abritait <span>le Musée d’art moderne de la Ville de Paris et le Musée national d’art moderne.<br /><br /></span>Les merveilleux pavillons bâtis pour les deux grandes Expositions coloniales de la cité phocéenne n'ont pas eu cette postérité : après avoir connu un succès considérable, tous les bâtiments, du plus petit pavillon au plus grand palais, pourtant construits en dur, ont été démolis : pour Marseille, l'important était de récupérer les 20 hectares du Parc Chanot (en très grande partie propriété de la ville) encombrés par des constructions, certes somptueuses et exotiques, mais devenues totalement inutiles.<br /><br />Ne restent aujourd'hui que d<span>eux témoins architecturaux : le portail situé au rond-point du Prado et le Palais des Arts avec sa façade en albâtre. A cet héritage matériel, il faut ajouter la notoriété du Parc des Expositions qui acueillera par la suite de très grandes manifestations au retentissement national et parfois davantage.</span><br /><br />L'édition d'un album luxueux et de très grand format permet heureusement de prendre la mesure du faste et de la démesure de cette manifestation dignes de tous les superlatifs. Une invitation à arpenter une page de l'histoire de Marseille, en oubliant jamais que si cet évènement avait pour ambition de montrer la stupéfiante richesse de l'Empire colonial français, émergeait en même temps la conscience que les colonies offraient la promesse d'un marché "d'exportation" au potentiel vertigineux. Que le bâtiment principal aux dimensions imposantes (12 000 m² bâtis contre 18 000 m² affectés aux colonies) et en position centrale soit le "<em>Grand Palais des Produits de l'Exportation</em>" en témoigne.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Grand-Palais_Expo-1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Trouver des débouchés aux produits de la métropole, la priorité<br />(Le grandiose Palais des Exportations)</em></div>
<br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Caids-Algerie_Expo-1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Représenter son pays<br />(délégation des très officiels Caïds - Algérie)</em></div>
<br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Cavalier-soudanais_Expo-1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Montrer sa puissance<br />(défilé des soldats soudanais devant le Président de la République Armand Faillières)</em></div>
<br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Indo-Chine_Expo-1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Affirmer la splendeur et les valeurs d'une grande culture raffinée<br />(le Palais de l'Indo-Chine)</em></div>
<br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Rue-Hanoi_Expo-1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Découvrir l'authentique et goûter au dépaysement<br />(une rue de Hanoï reconstituée, avec ses véritables habitants)</em></div>
<br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Kiosque-Semaphore_Expo-1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Informer et s'informer : économie et tourisme<br />(le stand au style très fleuri du journal "Le Sémaphore")</em></div>
<br /><span>L'Exposition coloniale de Marseille de 1906 connaîtra un succès si considérable qu'il sera décidé d'en faire une oeuvre "</span><em>définitive et durable</em><span>" : ce sera la mission de l'</span><span>Institut colonial (subventionné par la Chambre de Commerce) qui sera alors profondément transformé : il comprendra le </span><em>Musée colonial</em><span> pour sa mission scientifique avec des </span><em>Cours coloniaux</em><span> assurés par l'<span style="text-decoration: underline;">Université d'Aix-Marseille,</span> et, nouveautés, pour sa mission documentaire auprès des industriels, des importateurs et des armateurs, un </span><em>Musée commercial</em><span> et un </span><em>Office de renseignements.<br /><br /></em>En 1913, l'idée de créer une seconde édition pour fêter son 10<sup>ème </sup>anniversaire prendra forme : l'histoire en décidera tragiquement autrement et l'Exposition de 1916 n'ouvrira qu'en 1922 mais avec une ambition encore plus grande : la surpasser sur tous les plans. Pari tenu.<br /><br /><em>L'AMU tient à remercier la Chambre de Commerce et de l'Industrie métropolitaine Aix-Marseille-Provence et Sylvie Drago, responsable de son service de documentation et de ses archives, du prêt de ce document exceptionnel.</em>
Colonisation -- France -- 20e siècle
Exposition coloniale (1906, Marseille)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/774/BUT-RES-22587_Imbert-Souvenirs.pdf
c81625ae8f9fdbe099111a20fd5f1086
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Souvenirs personnels
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Médecine tropicale et coloniale
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Imbert, Léon (1868-1955). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote BUT MS in-4°-21 (RES 22587)
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote BULA 82138
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n (sl)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1938
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/255071396
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-RES-22587_Imbert-Souvenirs..jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
113 p.
In-8°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/774
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Dédicace manuscrite "Offert par l'auteur à la bibliothèque de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Marseille. Signé Imbert" (Notes)<br /><br />Mention autographe de l'auteur sur la page de titre "<em>Ce petit volume pourra être consulté par tous ceux qui s'y intéresseront, mais je désire qu'il ne sorte pas de la bibliothèque</em>" (Notes)<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Imbert-Leon_1868-1955.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Léon Imbert (1868-1955)</em></div>
<br /><span>Dans le milieu médical marseillais, Léon Imbert est connu pour son double engagement dans la recherche et la pratique : en 1906, il fonde la Société de Chirurgie de Marseille et devient directeur du journal </span><em>Marseille médical</em><span>. </span><br />
<div><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/hopital_1914-1918.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Un hôpital au cours de la Guerre 1914-1918</em></div>
<br /><span>Il est nommé directeur de l’École de Médecine de 1927 à 1930 et occupera le poste de doyen de la nouvelle Faculté de Médecine Générale et Coloniale et de Pharmacie de 1930 à 1937. C'est donc peu de temps après la cessation de ses fonctions qu'il prend la plume pour rédiger, en forme de mémoires, l'histoire de la Faculté de médecine dont il est indissociable mais qu'il ne connaîtra pas en tant que doyen.<br /><br /></span>Son ambition d'une véritable Faculté de médecine à Marseille, et dont la création s'est faite dans les plus grandes difficultés, et ses espoirs déçus, expliquent une certaine amertume et des propos fort peu diplomatiques : ainsi au détour d'un détail sur cet historique, il observe que "<em>Dans l'espèce, la Ville de Marseille, qui ne se souciait pas plus des Hôpitaux que de la Faculté, tenait surtout à récupérer les terrains de St Charles</em>". Remarque à corréler au constat sans équivoque du prix du m² en plein centre ville ! Ou encore, du fait de l'opposition de ses collègues à son projet de nouvelle Faculté, la perte du crédit de 25 millions de francs qui lui était pourtant promis (p. 93).<br /><br />Le milieu médical universitaire n'est pas non plus épargné, et les remarques plutôt acides sur ses confrères se concluent sur un jugement sans appel : "<em>Le petit parlement que constitue un Conseil de Faculté, s'il peut rendre d'incontestables services, est trop souvent impuissant et par conséquent malfaisant</em>" (p. 94).<br /><br />En adoptant le titre très neutre du simple témoignage subjectif "<em>Souvenirs personnels</em>", Léon Imbert à l'élégance de ne pas revendiquer "<em>la véritable et triste histoire de la Faculté de Médecine de Marseille</em>" mais après la lecture d'un tel manuscrit, on mesure toute la malice de cet ancien doyen qui en fait don à la bibliothèque et en recommande la lecture mais pas son emprunt : on comprend bien pourquoi !<br /><br />Réfs<br />- Notice biographique sur Léon Imbert / <em><a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/rues/rues_imbert.htm" target="_blank" rel="noopener" title="L’Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille">L’Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille</a></em> <br />- "Misère de nos hôpitaux" : une enquête à Marseille en 1938, par Marina Bellot, <em><a href="https://www.egora.fr/actus-pro/histoire/46307-misere-de-nos-hopitaux-une-enquete-a-marseille-en-1938" target="_blank" rel="noopener" title="Retronews le 16-02-2019">Retronews le 16-02-2019</a></em>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Un témoin direct de l'histoire de la création de la Faculté de Médecine raconte son combat mêlé de réflexions désabusées sur la ville de Marseille, uniquement soucieuse du prix du foncier, et sur l'impuissance du Conseil de la Faculté Médecine
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Création (La) de la Faculté de Médecine (Contient)
Histoire (L') de l'Institut de Médecine Coloniale et celle de l'Hôpital Colonial de Marseille (Contient)
Projets (Les) Projets de Construction d'une nouvelle Faculté de Médecine) de Construction d'une nouvelle Faculté de Médecine (Contient)
Enseignement médical -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Facultés de médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Histoire
Universités -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/776/RES-8777_Politique-douaniere.pdf
c66b7993e76eda8ee8aafed15e947bcb
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Politique douanière et contingentements : rapport présenté / par Jean-Baptiste Rocca ; Chambre de commerce de Marseille
Subject
The topic of the resource
Économie
Commerce maritime
Description
An account of the resource
Au début des années 1930, les droits de douane ne suffisent plus à contenir les importations de marchandises en France : il faut les contingenter. Mais cette dénonciation des accords commerciaux est-elle pertinente sur le plan économique ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Rocca, Jean-Baptiste. Auteur
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 8777
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Société anonyme du sémaphore (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1932
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/255071744
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-8777_Politique-douaniere_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
36 p.
28 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/776
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Abstract
A summary of the resource.
Avant toute prétention culturelle, les Etats politiques se définissent d'abord par une revendication territoriale symbolisée par des frontières terrestres, maritimes et aériennes.<br />
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/douane-logo.2.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /><em>La douane : la ligne imaginaire d'un intérieur et d'un extérieur</em></div>
<br />Les États fédérés et les organisations internationales ou supranationales, au désespoir des pensées radicalement universalistes, ne sont jamais parvenus à rendre caduque l'attachement à un espace physique irréductible. Mais au cours du temps, les États, plus ou moins fondés sur l'idée de nation, sont devenus essentiellement des zones administratives où telles et telles règles s'appliquent ou ne s'appliquent pas et qui se résument à 4 actes élémentaires : on autorise ou pas l'entrée des personnes, des services et des biens, on les contrôle ou pas, on les limite ou pas et on les taxe ou pas. Ces mécanismes ont pris une si grande importance au cours des siècles qu'elles sont devenues des questions majeures qui ont agité, souvent dramatiquement, tout le 20e siècle.<br /><br />Mais pour quelle raison la France des années 1930 se sent-elle menacée par les importations de produits étrangers alors qu'elle administre, à son avantage, un empire colonial 20 fois plus grand que le territoire métropolitain ?<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Mouchin-AUBETTE_Douane.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>La frontière franco-belge traverse les champs, les villes, les rues et parfois même les maisons !</em></div>
<p>Pour l'auteur de ce rapport rédigé 3 ans après la grande crise financière de 1929, c'est la structure même de l'emploi en France qui est responsable de cette situation : avec 40% de sa population active dans le seul secteur agricole, la crise des produits frappe plus durement la France que ses voisins européens qui affichent un profil plus industriel.</p>
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Musee-national-douane-Sud-Est.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;">Contrôler toutes les marchandises qui entrent et sortent du premier port français<br />(douanier à Marseille, années 1930/1950)</div>
<br />Mais plus grave encore, un protectionnisme renforcé pénaliserait particulièrement Marseille qui se place en tête de l'import/export français. Pour la Chambre de Commerce, la position des tenants ou de droits de douanes dissuasifs ou de quotas limitatifs est intenable et aboutira à une escalade qui conduira le pays à la ruine : la France a besoin d'importer des matières premières vitales et a aussi besoin d'exporter certains de ses produits, notamment ceux issus de l'industrie du luxe, la balance commerciale excédentaire en témoigne. Elle adopte donc, à l'unanimité le rapport qui défend un vrai libre-échange, garant de la survie économique du pays.<br /><br />En denière instance, l'oppostion aux politiques de quotas des marchandises n'est pas vraiment d'ordre juridique (violation des accords internationaux) mais d'ordre économique : un siècle plus tard, le protectionisme est toujours une arme de rétorsion largement employée par tous les grands États et les alliances régionales.
Contingents d'importation -- 20e siècle
Tarif douanier -- France -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/777/RES-8609_Rocca_Zones-franches.pdf
ce4a4d23d050ed073edadd1be0e886ca
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Zones franches : rapport présenté / par Jean-Baptiste Rocca ; Chambre de commerce de Marseille
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Commerce maritime
Droit fiscal
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Rocca, Jean-Baptiste. Auteur
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 28346
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Société anonyme du sémaphore (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1930
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/255072236
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-8609_Rocca_Zones-franches_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
21 p.
28 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/777
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
<p>Le 12 décembre 1929, le Ministère du Commerce adresse à toutes les Chambres de Commerce et aux régions économiques une proposition de loi sur la possibilité de création de zones franches dans les ports, proposition déposée par le député Gratien Candace. Déjà posé sur le bureau de l'Assemblée en 1927 et 1928, ce texte sera connu sous le nom de "Projet Candace".</p>
<br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Gratien_Candace-1929.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Gratien Candace, député radical indépendant de la Guadeloupe (1929)</em></div>
<br />Le rapporteur Rocca, chargé de présenter et d’expliquer ce projet devant la Chambre de Commerce de Marseille, n'est pas particulièrement tendre avec un texte qui n'apporte rien de substantiel, comporte des erreurs techniques, exclut le secteur industriel et prône des mesures de facilités douanières totalement inadaptées aux besoins réels.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/J1-Joliette-Marseille.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le quai J1 de la Joliette - port de Marseille (env. des années 1930)</em></div>
<p>Mais il présente l'intérêt de ne pas suivre l’hostilité de l'administration aux zones franches (raison du double rejet de ce texte) pour qui la prospérité de Hambourg, Copenhague, Trieste ou Gènes n’a rien à voir avec leur statut de ports francs mais à leur situation géographique, au perfectionnement de leur outillage et au développement de leur arrière-pays. Et inversement, Anvers et Rotterdam, qui ne sont pas des ports francs, sont parfaitement prospères.<br /><br />La vraie question est donc celle plus politique de la conception protectionniste du commerce que partagent l'Allemagne, l'Italie et la France : la Hollande, l'Angleterre et la Belgique n'ont pas de ports francs ? La belle affaire, ces pays sont tout entier des zones franches ! Pour la Chambre de Commerce, la cause est entendue : ce qu’il manque à la France, et à Marseille en premier lieu, ce sont ces zones franches portuaires, libérées de contrôles douaniers contraignants, véritables outils des réexportations. Sous réserve que la France soit toujours intéressée par le commerce extérieur...</p>
<p>Si l’histoire n’a pas démenti cette vision très libérale, les ports francs, aujourd’hui transformés en gigantesques zones d’entrepôts, renforcés pour certains de coffres-forts abritant des collections de valeur, ne vont pas sans soulever des questions au sujet de leur opacité et de leur support possible aux trafics illégaux.<br /><br />Réfs<br />- Port franc, <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Port_franc" target="_blank" rel="noopener" title="Port franc">Wikipédia</a></em><br />- Port franc, <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/port-franc/" target="_blank" rel="noopener" title="Port franc"><em>Encyclopædia Universalis</em></a></p>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Dans les années 1930, le Ministère du Commerce prône un protectionnisme dur, à l'opposé de la Chambre de Commerce qui juge que le salut du port de Marseille passe nécessairement par une zone portuaire franche
Candace, Gratien (1873-1953)
Zones et ports francs -- France -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/785/BUT-20517_Rousset_Cours-zoologie_T1.pdf
b7c4c246804ce157e008c44fa69ad27b
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/785/BUT-20517_Rousset_Cours-zoologie_T2.pdf
8006bd5e2bda804549a58096e206b120
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Manuscrits
Description
An account of the resource
Plusieurs dizaines de manuscrits des 16e-18e siècles, principalement juridiques, conservés dans les réserves des BU de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Cours de zoologie. Notes relevées au cours de M. le Pr Gourret (décédé le 19 mars 1903), par Jrb Rousset, étudiant en pharmacie, préparateur des travaux pratiques.
Subject
The topic of the resource
Zoologie
Histoire de l'université
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote BUT MS in-4°-7 (RES 20517)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (sl)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1902-1903
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/255445067
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-20517_Rousset_Cours-zoologie_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
2 vol.
202 p., 138, p. : ill.
in-4° (30 cm)
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
manuscrit
manuscript
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/785
Abstract
A summary of the resource.
2 vol. reliés rouges. Polycopié, encre violette. P. de titre ill. 2 vol. (148 f., puis p. 41 à 100). <br /><br />Dédicace du Tome 1 "<em>A mon ami Boussin, préparateur en chef, en échange des nombreux renseignements que je suis souvent obligé de lui demander, Marseille, le 19 janvier 1902, signé Rousset</em>".<br /><br />Mention manuscrite en tête du vol. 2 : "Don à la bibliothèque 24.1.1906". 30 cm.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Paul_Gourret.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Paul Gourret - zoologiste (1859-1903)</em></div>
<br /><span>Paul Gourret, disciple d'Antoine-Fortuné Marion, alors titulaire de la chaire de zoologie de l’École de Médecine depuis 1876 et qui deviendra ensuite directeur du laboratoire de zoologie marine situé sur l'avenue de la Canebière, est considéré comme l'un des "<em>pionniers de l'océanologie marseillaise"</em> (1).<br /></span><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Laboratoire-Endoume_1897.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>La station marine d'Endoume (1897)</em></div>
<br /><span>Nommé en novembre 1886 professeur auxiliaire de zoologie à l'École de plein exercice de Médecine de Marseille, hébergée pour quelques années encore à l'Hôtel-Dieu avant de s'installer au Pharo, il devient directeur-adjoint de la station zoologique de Marseille, plus connue sous le nom de <em>station marine d’Endoume</em> (2).<br /></span><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Gourret-cours-zoologie.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>En position inaugurale, l'homme ne s'exclut pas du domaine de la zoologie</em><br /><br /></div>
Jrb Rousset, l'étudiant qui nous a laissé ses notes, ignore probablement que le cours auquel il assiste ce 15 mars 1903 sera le tout dernier qu'assurera son professeur, décèdé prématurément à 44 ans quelques jours plus tard, le 19 mars 1903.<br /><br />Au delà de ses évidents talents de dessinateur, l'auteur fait preuve d'un grand humour qui n'a rien de macabre : le squelette humain qui a l'élégance de nous présenter "<em>en personne</em>" le cours de zoologie nous rappelle malicieusement que, malgré tous les symboles qui affirment ostensiblement l'étendue de ses connaissances, l'homme n'est pas un animal au dessus des autres et appartient bien à la classe des mammifères terrestres.<br /><br />1. <span><span>Daniel Faget. - </span></span>Paul Gourret, pionnier de l'océanologie marseillaise. - <span><span><br /></span></span><em><a href="https://www.laprovence.com/article/mer/4819334/paul-gourret-pionnier-de-loceanologie-marseillaise" target="_blank" rel="noopener" title="Paul Gourret">Paul Gourret</a></em><br />2. Paul Gourret, 1859-1903, <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Gourret" target="_blank" rel="noopener" title="Paul Gourret">Paul Gourret</a></em><br />3. Antoine-Fortuné Marion (1846-1900), <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Fortun%C3%A9_Marion" target="_blank" rel="noopener" title="Fortuné Marion">Fortuné Marion</a></em>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Description
An account of the resource
Pendant l'année scolaire 1902-1903, un étudiant suit les enseignements de Paul Gourret : des prises de notes attentives illustrées de croquis assez réussis. Mais sait-il qu'il suit le dernier cours donné par ce grand spécialiste de zoologie marine ?
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Rousset, Jrb. Auteur
Gourret, Paul (1859-1903 ; zoologiste)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Zoologie -- Étude et enseignement -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/787/ANOM_31003_expo1906.pdf
5df642ed2b51a5452144300e8c3b6ebe
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Exposition (L') Coloniale de Marseille 15 avril - 15 octobre 1906 (Journal des colonies)
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/255807309
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/ANOM_31003_expo1906_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
3 fascicules
108 p. ; ill.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/787
Abstract
A summary of the resource.
<p>Lors de l'Exposition universelle qui se tient à Paris en 1900, Jules Charles-Roux, président de l'Union Coloniale Française, obtient un espace dédié aux colonies. Cet espace limité et organisé en très peu de temps ne permet pas de recueillir le succès espéré. L'idée d'organiser à Marseille même une exposition purement coloniale, après celle de Rouen en 1896 et celle de Rochefort en 1898, fait alors son chemin et le projet est confié au docteur Édouard Heckel, fondateur de l'école de médecine du Pharo et spécialiste des maladies tropicales. En 1902, son projet est retenu par le conseil municipal de Marseille, dirigé par le maire Jean-Baptiste-Amable Chanot, et deux ans plus tard, un décret présidentiel entérine la tenue de l'exposition, nomme Jules Charles-Roux Commissaire général et Édouard Heckel son adjoint. Son site sera situé au croisement du bd Michelet et de du Prado sur des terrains cédés par l'armée (24 ha) et par le PLM (12 ha) qui formeront le futur parc Chanot, site relié à la place Castellane par un tramway.<br /><br /></p>
<img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Delegues_expo1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" />
<div style="text-align: center;"><em>Les délégués des colonies et le Comité de l'Exposition (avril 1905)</em></div>
<br />Peu après, un comité de personnalités est chargé d'organiser et de veiller à la bonne marche des travaux qui doivent s'achever dans des délais très courts. Dans le J<em>ournal des colonies illustré</em>, le comité rend compte de l'avancement du projet par le biais de nombreuses photographies des protagonistes et des pavillons.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Palais-exportation_expo1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Chantier du Palais de l'Exportation (1905)</em></div>
<br />Marseille n'est pas seulement la porte d'entrée des produits coloniaux : elle a également l'ambition de devenir la plateforme d'exportation/réexportation des produits français vers l'Empire colonial et s'en donne les moyens, comme en témoignent la position centrale et les dimensions du Palais de l'Exportation. Ce schéma sera très largement repris par l'Exposition coloniale de 1922.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Charcot-Le-Francais_expo1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le navire d'exploration océanographique Le Français, Dr Charcot, 1903</em><br /><em>(Palais de la mer, section océanographique)</em></div>
<br />Si les pavillons sont majoritairement tenus par les délégations des différentes colonies, quelques uns échappent à cette logique territoriale, comme le montrent le <em>Palais de la mer</em>, avec sa <em>Section internationale d'océanographie, des pêches maritimes et des produits de la mer</em>, et la <em>Section des corps gras</em>, secteur stratégique pour les industriels marseillais. Ces pavillons thématiques, en apparence marginaux, traduisent à quel point, dès sa conception intitiale, ce premier évènement commercial intègre des préoccupations scientifiques et techniques qui aboutiront, l'année suivante, à la création d'un Institut de recherche et d'une collaboration durable entre la Chambre de Commerce et l'université d'Aix-Marseille.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Palais-anciennes-colonies_expo1906_.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le Palais des Anciennes Colonies (1906)</em></div>
<br />Les <em>vieilles colonies</em> (possessions du 1er Empire colonial, comme les Antilles françaises, la Guyane, l'Inde Française, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, ...) ne sont pas oubliées et sont abritées dans un pavillon qui leur sont réservé.<br /><br /><br />
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Camion_expo1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /><em>Camion Dufour de 2.8 T (1905)</em><br /><em>Palais de l'industrie automobile (1906)</em><br /><br /></div>
<div style="text-align: left;">Le numéro spécial consacré à l'Exposition de 1906 s'achève sur le <em>Palais de la Section de l'Industrie automobile</em>, pavillon qui présente en réalité tous les moyens de transport (à l'exception des trains), qu'ils soient terrestres, maritimes et aériens, et qui souligne l'importance croissante des aspects logistiques particulièrement cruciaux pour les produits coloniaux (tonnage, conditionnement, conservation des produits périssables, délais d'acheminement).<br /><br />_______________<br />Note : <em>les Archives nationales d'outre-mer et la Responsable de sa bibliothèque, Sylvie Pontillo, ont prêté ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.</em></div>
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Description
An account of the resource
Après Rouen et Rochefort, Marseille inaugure en 1906 sa première grande exposition coloniale sur un parc de 40 hectares : une dimension à la mesure d'une ville et d'un port qui ambitionnent de devenir "la Métropole coloniale"
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Source
A related resource from which the described resource is derived
Archives nationales d'outre-mer (ANOM, Aix-en-Provence), cote 31003
Publisher
An entity responsible for making the resource available
éditeur inconnu (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1905-1906
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Archives nationales d'outre-mer - ANOM (Aix-en-Provence)
Colonisation -- France -- 20e siècle
Exposition coloniale (1906, Marseille)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/808/RES-31034_Batard-Razeliere_Port-Marseille.pdf
c5ffa901608590610927adaa7876463b
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Chambre de commerce de Marseille (La) et le port de Marseille en 1905
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Batard-Razelière, A.. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 31034
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Typographie et lithographie Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1905
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/257270221
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-31034_Batard-Razeliere_Port-Marseille-vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
184 p., [2] f. de pl. dépl. : tabl., graph., cartes
26 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/808
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Subject
The topic of the resource
Économie
Commerce maritime
Description
An account of the resource
Le port de Marseille doit tout ou presque à la Chambre de Commerce : nouveaux bassins, larges quais, entrepôts et docks de très grande capacité, outillage moderne et puissant, voie ferrée, canal de jonction avec le Rhône...
Abstract
A summary of the resource.
Jusqu'en 1853, le port de Marseille ne comporte qu'un seul bassin : le Port-Vieux. Quelques décennies plus tard, il compte 6 bassins supplémentaires : ceux de la Joliette, du Lazaret, d'Arenc, de la Gare Maritime, le bassin National et celui de la Pinède.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Port-Marseille_1905.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>La configuration du port de Marseille en 1905</em></div>
<br />Les coûts de construction et d'aménagement de ces extensions ont été en très grande partie supportés par la Chambre de Commerce de Marseille. Mais ses investissements ne s'arrêtent pas là : ils soutiennent la construction de giganstesques docks (capacité de stockage de 150 000 tonnes) assortis d'une voie ferrée dédiée et financent tout l'outillage nécessaire aux opérations de chargement et déchargement des navires et stockage des marchandises.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Grue-hydraulique-1905.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Nouveau modèle de grue hydraulique (Marseille, 1905)</em></div>
<br />Pour compléter cette infrastructure portuaire très industrielle et qui tourne le dos en grande partie au centre ville, un pont dit transbordeur est constuit (1903-1905) à l'extrémité du Port-Vieux, reliant les forts <span class="ILfuVd c3biWd"><span class="hgKElc">Saint Jean et Saint Nicolas.</span></span><br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Pont_Transbordeur-Marseille_1905.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le pont transbordeur de Marseille, aujourd'hui disparu (cliché de 1905)</em></div>
<br />Un ouvrage d'art à vocation purement pratique : via une plateforme suspendue, les marchandises enjambent le port sans gêner le trafic maritime, même celui des navires à grand tirant d'air. Une galerie supérieure permet aux piétons de traverser le Vieux-Port sans devoir en faire le tour complet. Craignant un débarquement par mer, il sera saboté en août 1944 par les Allemands et définivement détruit pas les Américains l'année suivante. En 2008, un projet proposera de le reconstuire mais restera sans lendemain malgré un vote favorable du Conseil municipal en 2013 (1), probablement faute d'intérêt économique et logistique indiscutable. Le Vieux-Port a donc retrouvé en partie sa physionomie qu'il avait au tout début du 20e siècle.<br /><br />1. Pont transbordeur de Marseille - in<em> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pont_transbordeur_de_Marseille" target="_blank" rel="noopener" title="Pont trnsabordeur">Pont transbordeur</a></em>
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Chambre de commerce de Marseille (La) et le port de Marseille en 1905<br />- Feuille <i>Marseille</i> ; 4d ; 1945 ; Institut géographique national (France), ISBN : 3145_4D_45. <br />"Levé en 1902-04 ; Tirage d'octobre 1945"<br />- Lien vers la page : <a href="http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=51343" target="_blank" rel="noopener">http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=51343</a>
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Port de Marseille -- 20e siècle
Ports -- Conception et construction -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Transports maritimes -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/812/BULA-RES-45473_Inauguration-musee.pdf
6ca8db74bed07ae8074a779e13d80c09
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Inauguration du Musée des colonies à Marseille, et commémoration du Tricentenaire des Antilles et de la Guyane [...] : catalogue de l'exposition du tricentenaire
Subject
The topic of the resource
Histoire de la colonisation
Colonies françaises
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote BULA RES 4573
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Sémaphore (1935)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1935
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/25751791X
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BULA-RES-45473_Inauguration-musee_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
69 p.-[9] f. de pl. : ill.
24 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/812
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Exposition. Marseille. Musée des colonies. 1935 (Titre de forme)
Inauguration du Musée des colonies à Marseille et commémoration du tricentenaire des Antilles et de la Guyane... [Discours de MM. Félix Prax, Henri Tasso et Louis Rollin. Rapport de M. Auguste Giry.] Catalogue de l'Exposition du tricentenaire (Autre titre)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Antilles françaises. 19..
Guyane française. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Après les Expositions coloniales de 1906 et de 1922, des séries d'échantillons de produits coloniaux et une collection d'ethnographie indochinoise sont rassemblées par l'Institut colonial de Marseille. Ces objets sont ensuite réunis dans le Palais construit pour l'Exposition de l'Algérie de 1923 : mais il fut lui-même démoli en 1932 pour céder sa place au nouveau Palais des Congrès de la Foire de Marseille. L'année suivante, ce fut le tour de l'Institut Colonial de devoir quitter le parc Chanot pour s'installer au Palais de la Bourse.<br /><br />Soucieuse de préserver ses collections, la Chambre de Commerce décide alors de construire un Musée des Colonies "en dur" dans le double but d'apprendre l'épopée coloniale, aux jeunes comme aux moins jeunes, et de montrer le rôle de Marseille dans la constitution de l'Empire colonial. En accord avec la ville, le projet est piloté par une commission représentant la Chambre de Commerce, la Foire de Marseille et l'Institut colonial, ce dernier se chargeant de garnir les vitrines d'échantillons des principaux produits du domaine africain.<br /><br />L'inauguration du Musée des colonies est l'occasion de commémorer les trois cents ans de rattachement des Antilles et de la Guyane à la France, mais une seule salle, par ailleurs assez sinistre, est réservée à cet évènement.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/salle_Antilles_1935.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Salle des Antilles-Guyane (Musée des colonies, 1935</em>)</div>
<br />L'espace consacré à l'Afrique bénéficie d'installations plus élaborées et d'une grande vitrine centrale en couronne qui contraste avec la froideur du vide de la salle consacrée au Tricentenaire.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/salle-Afrique_1935.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Salle d'Afrique (Musée des colonies, 1935)</em></div>
<br />En plus des échantillons et des documents, la salle africaine présente des sculptures d<em>e types d</em><em>'indigènes coloniaux</em> des différentes possessions réalisées par l'artiste marseillaise Fabienne Bérengier (1900-1975).<br /><br />
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Mil-AOF_1935.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Pileuses de Mil en A.O.F. (Fabienne Bérengier, 1935)</em></div>
<br />Le Musée ne présente pas d'authentiques oeuvres créées par les artistes africains : le regard est exclusivement européen, il s'agit de "<em>montrer le génie colonial français</em>", pas le génie des colonies.<br /><br />
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Soudanaise_1935.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Soudanaise (Fabienne Bérengier, 1935)</em></div>
<br />Le contexte est déterminant car après la grande Exposition nationale coloniale qui s'est tenue à Paris en 1931 (en concurrence avec la cité phocéenne), c'est le tour de Marseille de présenter la sienne : elle est déjà prévue pour 1939. Funeste millésime qui n'est pas sans rappeler le destin de la 2ème Exposition coloniale qui devait s'ouvrir en 1916 !<br /><br />Malgré les témoignages attestant de sa réalité, le Musée des Colonies semble s'être effacé dans les mémoires ainsi que ses collections depuis dispersées. L'histoire paraît n'avoir retenu que l'existence de l'ancien Palais de la Porte-Dorée construit à l'occasion de l'Exposition coloniale internationale qui s'était tenue à Paris en 1931 (2) et conçu comme un nouveau rouage de la machine propagandiste (3). Devenu le Musée des Colonies, il sera rebaptisé Musée de la France d’outre-mer en 1935 (aujourd'hui, Musée national de l'histoire de l'immigration). Par la suite, une partie de ses collections rejoindra celles du Musée du Quai Branly (2).<br /><br />1. Le Musée des colonies, palais de la Porte-Dorée - <a href="https://www.palais-portedoree.fr/fr/le-palais-de-la-porte-doree-apres-1931" target="_blank" rel="noopener" title="Palais de la Porte-Dorée">Palais de la Porte-Dorée</a><br />2. Palais de la Porte-Dorée - <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_de_la_Porte-Dor%C3%A9e" target="_blank" rel="noopener" title="alais de la Porte-Dorée">Palais de la Porte-Dorée</a><br />3. Les apothéoses impériales (1922-1940) - <a href="https://www.achac.com/colonisation-et-post-colonialisme/exposition/images-et-colonies-itinerante/les-missions-religieuses/" target="_blank" rel="noopener" title="Les apothéoses impériales (1922-1940) ">Les apothéoses impériales (1922-1940) </a>
Description
An account of the resource
Entre deux expositions coloniales, les échantillons et les objets d'art présentés au public sont stockés au gré des espaces vides des anciens palais : seul un vrai musée peut accueillir et montrer des collections permanentes
Antilles françaises -- anniversaires (1935) -- expositions
Guyane -- anniversaires (1935) -- expositions
Institut Colonial de Marseille -- Histoire -- 20e siècle
Marseille. Musée des Colonies -- 20e siècle
Musée Colonial de Marseille -- Histoire -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/820/RES-8774_Prax_Service-renseignements.pdf
9a3735db34c18f4491dd6ea8033a62fe
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Création d'un service de renseignements sur les institutions d'enseignement professionnel destinées aux jeunes gens se préparant aux carrières commerciales et industrielles : rapport présenté par Félix Prax... ; Chambre de commerce de Marseille
Subject
The topic of the resource
Enseignement supérieur
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Prax, Félix. Auteur
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 8774
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Société anonyme du Sémaphore (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1932
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/258693088
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-8774_Prax_Service-renseignements_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
10 p.
28 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/820
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
La faiblesse de l'enseignement technique et professionnel n'est pas nouvelle en France : dans les années 1930, la Chambre de Commerce de Marseille proposait déjà ses propres outils documentaires pour tenter d'améliorer l'orientation professionnelle
Abstract
A summary of the resource.
Au début du 20e siècle, l'enseignement technique et la formation professionnelle ont du mal à intégrer l'évolution technique des métiers, ceux de l'industrie, de la construction et du commerce notamment. L'inverse est vraie également : les jeunes méconnaisancent nombre de métiers et de formations qui y conduisent. Cette inadaptation est d'autant problématique qu'à Marseille, avec son ambition de rester une ville portuaire active et concurrentielle, commerce et industrie sont intimement liés et exigent des outils de commercialisation, de production, de manutention, de transport et de stockage modernes.<br /><br />La Chambre de Commerce de Marseille est bien consciente de cette faiblesse structurelle : ne subventionne-t-elle pas elle-même depuis 1900 des cours d'enseignement colonial, cours donnés dans une salle du Palais de la Bourse (commerce maritime, logistique, réglementation, tarification douanière, assurances du fret, etc.) ?<br /><br />Le contexte s'y prête aussi : en 1924, sont créées les Chambres d'agriculture et l'année suivante les Chambres des Métiers (aujourd'hui, Chambre des Métiers et de l'artisanat) dont les 2 premières ouvriront en 1929, traduisant bien le besoin que ressentent les secteurs professionnels de se structurer et d'organiser une offre de formation, de conseil, d'aide et d'accompagnement aux membres de la profession. C'est à elle que la Chambre de commerce à confié la documentalion se rapportant aux professions manuelles.<br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/CMA-PACA.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Les Chambre des Métiers: former et informer (création de 1925)</em></div>
<br />Le rapport que commande la Chambre de Commerce ne se contente pas d'établir un rapide état des lieux de l'offre et de la demande en matière de formation professionnelle : il présente des propositions de solution avec comme première piste, la création d'un service de renseignements sur les institutions d'enseignement professionnel destiné aux jeunes gens qui se préparent aux carrières commerciales ou industrielles et qui ignorent jusqu'à l'existence même de ces métiers.<br /><br />De nos jours, la CCIAMP est toujours engagée dans l'enseignement professionnel et gère plusieurs établissements dont les programmes sont définis en fonction des besoins des entreprises :
<ul>
<li>le CFA Interconsulaire Méditerranée (CFAIM)</li>
<li>le Groupe école pratique (GEP)</li>
<li>l'Institut supérieur du Bâtiment et des Travaux publics (ISBA-TP)</li>
</ul>
Enseignement colonial -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20 siècle
Enseignement commercial -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20 siècle
Enseignement technique -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 19 siècle
Enseignement technique -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20 siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/825/BUT-MS-018_Reglement-inventaire.pdf
4f292525e5739201579f95d1b9d2ea67
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/825/BUT-MS-19_4_Divers-bibliotheque.pdf
4ddb04c9bff6fd608a8b8884c9d527ae
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Manuscrits
Description
An account of the resource
Plusieurs dizaines de manuscrits des 16e-18e siècles, principalement juridiques, conservés dans les réserves des BU de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Règlement pour le service de la bibliothèque (1894) et inventaire (1898-1930) / Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille
Subject
The topic of the resource
Histoire des bibliothèques
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie (Marseille)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote MS 18-4° (BUT 230407)
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote MS 19-4° (BUT 230408)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1894-1930
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/258308656
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/258693231
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-MS-022_Reglement-inventaire_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
39 f.
29 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
manuscrit
manuscript
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/825
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Abstract
A summary of the resource.
Créée en 1875, l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille quitte l’Hôtel-Dieu et le pavillon Daviel en 1893 pour s’installer dans le palais du Pharo, agrandi pour l'occasion. L'année suivante, le nouveau règlement de la bibliothèque est approuvé par le Conseil de l'École dans ses séances des 13 juin et 2 août 1894, pour une application à la rentrée universitaire de 1894-1895.<br /><br />Le premier inventaire qui figure après le règlement établit qu'en janvier 1898 la bibliothèque détient déjà plus de 12 000 volumes (ouvrages, périodiques et thèses confondus), vraisemblablement déménagés de l'Hôtel-Dieu. Les inventaires suivants (plutôt appelés <em>récolements</em> de nos jours) sont organisés en fin d'année scolaire, ici en juillet, et montrent un accroissement régulier des collections, malgré les difficultés budgétaires, pour atteindre près de 40 000 volumes en 1930.<br /><br />
<div style="text-align: center;"><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Faculte-medecine-Marseille_1930.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /><em>La Faculté de médecine de Marseille inaugurée en 1930</em></div>
<br />On notera l'absence totale de l'état des fonds entre les années scolaires 1912-1913 et 1919-1920, période du premier conflit mondial. Après l'inventaire de 1929-1930, consigné le 31 juillet, le manuscrit s'achève brutalement sur les traces de pages volontairement arrachées : la nouvelle<em> Faculté de Médecine Générale et Coloniale et de Pharmacie</em> de Marseille, tout juste créée par un décret du 18 avril 1930, fonctionne officiellement depuis le 1er mai, mettant fin à l'existence administrative de l'<em>École de plein exercice de médecine et de pharmacie</em>.<br /><br />A ce document, est joint un second manuscrit "Divers. [Registre répertoire de la bibliothèque universitaire, 1908-1927]" qui apporte quelques informations complémentaires relatives aux acquisitions, au travaux de reliure, à la gestion des collections et au budget de la bibliothèque.
Description
An account of the resource
Après son transfert au Pharo en 1893, la bibliothèque de l'École de Médecine de Marseille met à jour son règlement et dresse un inventaire annuel de ses fonds dont le registre s'arrête en 1930, année de la création de la Faculté de Médecine
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Divers. [Registre répertoire de la bibliothèque universitaire, 1908-1927] (manuscrit associé)
Bibliothèque universitaire -- Histoire
Université d'Aix-Marseille -- Histoire
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Bibliothèque universitaire -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/828/BUT-MS-17_4_Commission-bibliotheque.pdf
85fe21c72191df2743f2c5b72244e54a
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Manuscrits
Description
An account of the resource
Plusieurs dizaines de manuscrits des 16e-18e siècles, principalement juridiques, conservés dans les réserves des BU de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Comptes rendus des réunions de la Commission de la bibliothèque
Subject
The topic of the resource
Histoire des bibliothèques
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Commission de la bibliothèque
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), MS in-4°-17 (BUT 230 402)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (sl)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1907-1966
Rights
Information about rights held in and over the resource
conditions spécifiques d'utilisation
restricted use
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/258528338
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-MS-17_4°_Commission-bibliotheque_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
233 p.
29 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
manuscrit
manuscript
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/828
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Abstract
A summary of the resource.
Registre manuscrit relié, comportant 350 p. numérotées, et écrites jusqu'à la p. 181. Encre noire. A la fin, un répertoire.<br /><br />L'intérêt d'un tel registre, d'une remarquable continuité, est de condenser toute l'histoire d'une bibliothèque médicale du début du 20e siècle à la veille de mai 68. Si les questions débattues et les décisions prises relèvent du fonctionnement trivial de cette bibliothèque académique, elles l'ont souvent été par des personnalités qui ont marqué l'histoire de l'université comme les médecins Charles Livon, Henri Alezais, Constantin Oddo...<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Professeur_Charles-Livon.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Professeur Charles Livon (1850-1917)</em></div>
<br />Les grands évènements du 20e siècle ont parfois bousculé la monotonie de cette longue histoire : la réunion suivante à celle du 11 nov. 1914 (ça ne s'invente pas !), dirigée par Ch. Livon, son dernier conseil avant son décès, n'aura lieu que le 25 mai 1918 et la séance du 9 décembre 1927 est l'occasion pour le Dr Léon Imbert d'annoncer qu'il a demandé au Ministre de l'Instruction publique que les 11 périodiques allemands reçus par l'Ecole avant la Guerre et interrompus faute de crédits, soient complétés au titre des réparations allemandes. Ou encore, ce professeur qui s'excuse de son absence à une réunion de juin 1942 parce qu'en jury d'examen à Vichy... (contrairement aux années 1914-1918, la commission continuera à se réunir pendant la Seconde Guerre mondiale, sauf en 1944).<br /><br />Plus anecdotique, un personnel de la Faculté recoit un blâme en 1932 pour avoir soudoyé un employé afin d'emprunter plus de documents que stipulés par le règlement et pour en avoir emporté un sans aucune autorisation. Plus intéressant et signe d'une certaine modernité, en 1946, la bibliothèque demande l'acquisition d'un appareil de lecture de microfilms (l'utilisation des microfiches se répandra dans les bibiothèques françaises au cours des années 1970).<br /><br />Après une interruption des séances (ou de la consignation de leurs comptes rendus ?) de 1948 à 1966, le document s'achève sur le compte rendu d'une unique séance de mars 1966 suivie d'une page arrachée et d'un index des matières à onglets alphabétiques.
Description
An account of the resource
Du début du 20e siècle au milieu des années 1960, les réunions de la commission de la bibliothèque de l'École puis de la Faculté de médecine sont consignées dans un registre : une institution peu sensible aux années qui passent
Bibliothèque universitaire -- Histoire
Université d'Aix-Marseille -- Histoire
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Bibliothèque universitaire -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/832/T31AIX20017_Guglielmi_Cas-peste-Marseille.pdf
2fb9f81a3489613a6d81dd5e67e0810a
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
A propos de quelques cas de peste observés à Marseille : 1921-1930
Subject
The topic of the resource
Epidémies
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Guglielmi, François-Marie (1903-....). Auteur
Université d'Aix-Marseille (1896-1973). Organisme de soutenance
Université d'Aix Marseille. Faculté mixte de médecine générale et coloniale et de pharmacie de Marseille (1930-1959). Organisme de soutenance
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote BUT T31AIX20017
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie M. Leconte (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1931
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/258693843
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/T31AIX20017_Guglielmi_Cas-peste-Marseille_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
76 p.
24 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/832
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Thèse de doctorat : Médecine : Aix-Marseille : 1931 (Thèse)<br /><br />Depuis le début du 20e siècle, la peste, qui avait laissé un peu de répit à l'Europe au siècle précédent, réapparait fréquemment dans les ports méditerranéens. Sa présence quasi permanente à Marseille justifie l'intérêt des doctorants en médecine qu'ils soient de Paris, de Lyon ou encore de Montpellier : Guglielmi soutient donc la cinquième thèse déjà défendue sur cette question depuis 1901.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/epidemie_1900-1929_BnF.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>BnF - Vaincre les épidémies (1900-1929)</em></div>
<br />L'originalité de son travail est qu'il fait grand cas des données fournies par le Bureau municipal d'Hygiène de Marseille, ce qui l'autorise à soutenir une assertion peu triviale concernant la ville portuaire :<br /><br />- les cas nautiques, i.e. les cas importés par les navires, sont sans intérêt épidémiologique : ces bateaux ont bien pu accoster dans des ports sains autant que suspects mais ils sont souvent eux-mêmes infestés de rats porteurs du bacille et sont déjà particulièrement surveillés sur le plan sanitaire.<br /><br />
<div><em><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Rue-Peyssonnel_1930.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></em></div>
<div style="text-align: center;"><em>La rue Peyssonnel, un habitat pauvre et insalubre (Marseille, 1930)</em></div>
<br />- les cas sporadiques sur le territoire sont plus intéressants à étudier mais beaucoup plus difficiles à analyser lorsqu'ils sont totalement isolés : leur origine mal identifiée ne permet pas de comprendre comment ils ont pu franchir les barrières sanitaires.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Camions-roulotte-Marseille_1930.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Habitat précaire : camions et roulottes (Marseille, 1930)</em></div>
<br />Il y a bien un problème méthodologique fondamental : il faut plusieurs faits voisins suffisamment rapprochés dans le temps et dans l'espace pour émettre des hypothèses crédibles. La quarantaine de cas survenus entre 1921 et 1929, suivie d'une micro-épidémie locale, répond à ce postulat et permettra de comprendre s'il s'agit de cas sporadiques exogènes, faciles à combattre, ou s'il s'agit de foyers autochtones, donc hélas endémiques et sans espoir d'éradication définitive. L'étude montrerait que Marseille relève du premier cas de figure et ne connaît que des cas importés que le service sanitaire de la ville peut contenir efficacement.<br /><br />Les quelques illustrations photographiques (rues de Marseille proches des bassins de la Joliette), qui témoignent de la misère et de l'insalubrité de certains quartiers et qui sont reproduites ici, sont extraites de la thèse originale : leur apparition dans un mémoire académique de ce type est assez exceptionnelle pour l'époque. <br /><br />1. Agnès Sandras - Vaincre les épidémies (1900-1929) : isolement, masques, sérums, ... - <a href="https://histoirebnf.hypotheses.org/10485" target="_blank" rel="noopener" title="Vaincre les épidéméies (1900-1929)">Blog BNF 2020</a>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Description
An account of the resource
Deux siècles après l'épidémie de 1720, la peste menace-t-elle toujours Marseille ? L'étude des cas apparus dans les années 1920 montrerait qu'il n'y a pas de foyers endémiques grâce à une ligne de défense sanitaire efficace
Peste -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Service sanitaire maritime -- Marseille (Bouches-du-hône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/848/BUSC-8588_Tableau-activite-CCIMP-Marseille-1914-1919.pdf
82a0382a2f6fdfe0f85af66531ecff3a
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Tableau sommaire de l'activité de la Chambre de commerce de Marseille pendant la guerre 1914-1919 (4 août 1914-24 octobre 1919)
Subject
The topic of the resource
Économie
Commerce maritime
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Brenier, Henri (1867-1962). Auteur
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote 8588
Publisher
An entity responsible for making the resource available
typ. Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1919
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/259878316
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-8588_Tableau-activite-CCIMP-Marseille-1914-1919_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
V-163 p. ; gr.
in-8°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/848
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
De 1914 à 1918, Marseille et sa Chambre de commerce doivent s'adapter à l'économie de guerre : le ravitaillement, les transports, la monnaie, les taxes, les voyages, les relations commerciales,... tout se décline sous un jour nouveau
Abstract
A summary of the resource.
<div>Quand un pays entre en guerre, sa vie économique et sa vie sociale sont profondément bouleversées : même éloignée des tranchées et des combats qui ravagent le Nord et l'Est du pays, Marseille n'échappe pas à la transformation forcée de tous les secteurs qui assurent la vie quotidienne de la population ou qui participent activement à l'effort de guerre ou le subissent : le ravitaillement en denrées alimentaires et en énergie des civils, les transports pour les acheminer, l'impôt sur les bénéfices de guerre et les diverses taxes pour la financer, la monnaie, les emprunts et la fiscalité, etc. deviennent des questions centrales.<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Port-Joliette.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le port de la Joliette (vers 1910-1930 ?)</em></div>
<br />Compte tenu de son activité portuaire, les questions du transport maritime prennent une importance toute particulière : assurances contre les risques de guerre, réquisitions de la flotte, confiscations maritimes, agrandissement des bassins, liaison ferroviaire et liaison avec le Rhône... Un travail de dépouillement et la synthèse de près de 5 000 pages de comptes rendus et de procès-verbaux commandités pour un simple exposé destiné au renouvellement de la Chambre.
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 1914-1918 (Guerre mondiale)
Commerce maritime -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 1914-1918 (Guerre mondiale)
Ports -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 1914-1918 (Guerre mondiale)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/854/MJ-9.1.0.1_Cours_1895-1937.pdf
83e053fca7a0488ef21e9377d2bce2a3
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Manuscrits
Description
An account of the resource
Plusieurs dizaines de manuscrits des 16e-18e siècles, principalement juridiques, conservés dans les réserves des BU de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Cours coloniaux du Musée et de l'Institut colonial de Marseille : correspondances échangées entre 1895 et 1923. Archives de la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Musée colonial de Marseille. Auteur
Heckel, Édouard (1843-1916). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote MJ-9.1.0.1
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1895-1937
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/260258628
pas de notice calames
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/MJ-9.1.0.1_Cours_1895-1937_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
96 pièces, 304 p.
multiple
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
manuscrit
manuscript
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/854
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Cours coloniaux, Musée et Institut colonial de Marseille
colonial de Marseille 1895-1910 1895-1923)
Abstract
A summary of the resource.
Ce document correspond au dossier d'archives du Musée Colonial de Marseille conservé à la Chambre de Commerce et d'Industrie Métropolitaine Aix- Marseille-Provence (CCIAMP), enregistré sous la cote MJ-9.1.0.1, et intitulé "<em>Interventions et rôles divers, organismes fonctionnant avec le concours de la Chambre, Institut Colonial de Marseille, cours coloniaux, Musée et Institut colonial de Marseille, 1895-1937, 103 pièces</em>".<br /><br />Ce dossier contient aujourd'hui 96 pièces, en majorité des correspondances manuscrites, complétées de quelques documents dactylographiés ou imprimés, datées de 1895 à 1923. Les 4 pièces finales, publiées entre 1925 et 1937, sont de simples coupures de presse ajoutées postérieurement. Pour davantage de clarté bibliographique et souligner la spécificité de ce dossier, d'autres étant plus généralistes, nous l'avons intitulé : "<em>Cours coloniaux du Musée et de l'Institut colonial de Marseille : correspondances manuscrites échangées entre 1895 et 1923. Archives de la Chambre de Commerce et d'industrie de Marseille</em>".<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/CCIMP-correspondance_1895-09-23.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Projet de création de l'Institut colonial de Marseille (courrier daté du 23 sept. 1895)</em></div>
<br />De 1895 à 1916, Edouard Heckel est le principal auteur de ces échanges épistolaires : la réponse du Ministre des colonies de l'époque au Président de la Chambre de commerce est l'un des plus anciens écrits qui atteste de l'intention de créer un Institut de recherches coloniales et d'un Musée colonial commercial à Marseille en 1895. E. Heckel, alors professeur de botanique à la Faculté des sciences, dirige également l'Institut botanico-géologique colonial de Marseille. Peu après la demande de financement de ces deux structures (1896), il sollicite à nouveau la Chambre de commerce pour financer un cours d'<em>Histoire des produits naturels coloniaux</em> qui sera assuré par H. Jumelle, son assistant, également professeur de botanique (1897). Nous en connaissons le programme détaillé qui porte, notamment, sur les matières grasses, les essences, les gommes, les résines, les vernis, les caoutchoucs, les matières colorantes, le bois, les matières alimentaires, les cannes à sucre, le café, le cacao, les fruits, les produits utiles en pharmacie et en médecine, les roches, les minéraux...<br /><br />Les cours coloniaux sont nés et ne cesseront plus d'être une des missions majeures du Musée colonial et l'objet d'une recherche de financement permanente. Ils débordent rapidement de leur périmètre initial qui devient si vaste qu'il est urgent de recruter des professeurs compétents pour traiter les matières premières selon leur nature (végétale, animale et minérale). Ils s'étendent aussi aux questions médicales (pathologies exotiques), géographiques (climats), économiques (commerce et exportation), législatives (histoire de la colonisation - Paul Masson), juridiques (aspects réglementaires, tarifs douaniers...). <br /><br />En 1899, la mairie de Marseille s'implique aussi dans leur financement (inaugurant une configuration de subventions plus complexe que celle de Lyon ou de Nantes) rejoignant l'université "<em>Le conseil de l'université est prêt à étudier, de concert avec la Chambre de Commerce de Marseille, les moyens de s'associer, dans la mesure possible, au projet relatif à la création d'un enseignement supérieur colonial à Marseille</em>". Créé en 1900, cet enseignement fera appel à des enseignants des diverses disciplines (les juristes et économistes d'Aix, comme H. Babled, un cours sur les exportations de Marseille par un avocat, ...) et, après, le succès de l'Exposition de 1906, aboutira à la délivrance de diplômes d'études coloniales. En 1907, à la demande d'E. Heckel, les cours sont déplacés du Palais de la Bourse dans les nouveaux locaux de l'Institut plus adaptés (au 5, rue Noailles).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Cours-coloniaux-Marseille_1907.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<em>Salle des cours coloniaux, 5 rue Noailles (Marseille, 1907)</em><br /><br />Peu après une période de turbulences en 1914 où la suppression de l'enseignement colonial est évoquée, la disparition en 1916 du fondateur de l'Institut et du Musée colonial ne va pas entraîner la fin des cours mais aura une toute autre conséquence : l'Université d'Aix-Marseille réclame et obtient le transfert pur et simple du Musée dans la toute nouvelle Faculté des Sciences.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Avis-deces-Heckel-1916.1.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Annonce du décès d'Edouard Heckel, le 22 janvier 1916</em></div>
<br />Ce déplacement conforte la place centrale accordée aux matières premières qui deviennent autant de thématiques de revues spécialisées que publiera le Musée colonial : le Bulletin des céréales et plantes à fécule (1914-), le Bulletin des matières grasses (1914-), le Bulletin des caoutchoucs (1921-), en essayant de ne pas l'enfermer dans la seule sphère du scientifique et technique : mais l'intégration d'un cours de langue arabe en 1918 ne durera que deux ans.<br /><br />Pendant près d'un demi-siècle, les cours coloniaux formeront la pointe d'une pyramide où quatre institutions, un musée, une université, une chambre de commerce et une ville, s'uniront dans l'aventure d'une formation professionnelle assez inédite.<br /><br />_______________<br />Note : la Chambre de Commerce de Marseille et la responsable de son Service d'archives et de documentation, Sylvie Drago, ont confié ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette très grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Éducation
Enseignement supérieur
Description
An account of the resource
Trois décennies de correspondances montrent que la création, l'organisation et le financement d'enseignements coloniaux ont toujours été au cœur des préoccupations de l'Institut et du Musée colonial de Marseille dès leur création en 1892
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Enseignement colonial -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 19e siècle
Enseignement colonial -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Institut Colonial de Marseille -- Histoire -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/855/BULA-ZK0000002121_Expo-coloniale_1906_Tome_10.pdf
a0e87f5dd9dad76a6eb4bb0985777748
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
enseignement colonial en France et à l'étranger (L')
Subject
The topic of the resource
Éducation
Enseignement supérieur
Économie coloniale
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Heckel, Édouard (1843-1916). Auteur
Mandine, Cyprien. Auteur
Exposition coloniale (1906 ; Marseille). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote ZK 0000002121
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1907
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/260258792
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BULA-ZK0000002121_Expo-coloniale_1906_T10_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
208 p.
28 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/855
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Exposition coloniale de Marseille 1906. L'enseignement colonial : en France et à l'étranger
Abstract
A summary of the resource.
<p>Exposition coloniale de Marseille, 1906 ; 10 (Appartient à la collection)<br /><br />Qu'est-ce qui différencie la colonisation des siècles passés (16e-18e siècles) de la colonisation moderne (19e-20e siècles) ? Une seule chose : l'enseignement colonial, seul garant d'une colonisation rationnelle et humaine. Et pas seulement celui très spécialisé et professionnel proposé aux futurs colons : non, celui très général destiné au plus grand nombre, celui qui va de l'école primaire à l'enseignement supérieur, celui qui éduque la jeunesse, celui qui montre ce que sont réellement les colonies, celui qui explique comment produire, exploiter et profiter plus intelligemment, davantage et mieux ce que l'outre-mer peut apporter, au profit de tous.<br /><br />Le directeur du Musée colonial, E. Heckel, ne s'encombre pas de périphrases édulcorées : "<em>Puisque l'éducation nationale actuelle va tout à fait à l'encontre de la colonisation, nous devons, sans hésiter, y apporter les réformes nécessaires. Sapons les vieux préjugés qui éloignent tant de jeunes gens des carrières utiles (commerce, industrie, colonies) pour les lancer à la poursuite énervante des fonctions administratives !</em>".<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Institut-colonial-Marseille_1907.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<div style="text-align: center;"><em>Les nouveaux locaux de l'Institut Colonial (5, rue de Noailles - Marseille, 1907)</em></div>
<p>Pour y parvenir, un seul remède : la science, qui a pour but de faire connaître l'histoire, la géographie, l'agriculture, le commerce et l'industrie des pays d'outre-mer. Et pour réussir, une seule méthode : revoir l'organisation et le contenu de ces enseignements si indispensables aux nations colonisatrices et s'appuyer sur les outils, les lieux et les institutions qui ne manquent pas : les écoles, les musées de l'éducation nationale, les musées d'histoire naturelle et, bien sûr, les musées coloniaux qui ont fleuri dans toute la métropole : Marseille, Nancy, Lyon, Bordeaux, Nantes, ... <br /><br />Le détail des cours donnés par ces instituts nous indique qu'E. Heckel se tient bien informé de l'offre existante et pas seulement en France : davantage sources d'inspiration que sources d'inquiétude, les formations à l'étranger sont moins des concurrences menaçantes que des expériences intéressantes : Angleterre, Allemagne, Belgique, Anvers, Congo, Vilvorde, Mons, Hollande, Haarlem, Italie, Naples, San-Demetrio Corona, Turin, Florence, Russie, Portugal, Espagne. L'enseignement colonial, une idée pas toujours partagée, mais qui s'impose à tous les pays colonisateurs...</p>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Colonies françaises. 19..
Description
An account of the resource
La rationalité et l'humanité, ça ne se décrète pas, ça s'apprend : si la France veut développer ses colonies avec intelligence et respect, elle ne peut faire l'économie d'une éducation coloniale. Bien des villes et bien des pays l'ont compris...
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Enseignement colonial -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 19e siècle
Enseignement colonial -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Exposition coloniale (1906, Marseille)
Institut Colonial de Marseille -- Histoire -- 20e siècle
-
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/864/BUT-45138_Sud-medical_1949-2.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/864/BUT-45138_Sud-medical_1950-1.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/864/BUT-45138_Sud-medical_1950-2.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/864/BUT-45138_Sud-medical_1951-1.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/864/BUT-45138_Sud-medical_1951-2.1.pdf
02008cb2c3e54ce46ddc05bea1cd16e8
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Sud médical et chirurgical
Subject
The topic of the resource
Médecine
Santé publique
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote BUT 45138
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1868-1969
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/260633712
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-45138_Sud-medical_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
60 vols
38 178 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/864
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Sud médical (Le) : moniteur de la santé publique (1868-1921)
Sud médical et chirurgical, 1922-1969 (Devient)
Corse-Méditerranée médicale, 1962-1973 (Absorbé par)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Abstract
A summary of the resource.
<em></em>Note : 2ème semestre 1937 manquant. Pour les années 1942 et 1943, la numérotation des bulletins est hypothétique, les pages de sommaires ayant été retirées.<br /><br />Quand elle a été publiée sur une longue période, l'histoire d'une revue prend les aspects d'une revue de l'histoire. C'est le cas du <em>Sud médical et chirurgical</em> qui durant son siècle de parution a connu trois guerres et a dû s'interrompre à trois reprises : de septembre 1870 à mai 1875 (Guerre de 1870-1871), puis d'août 1914 à juin 1919 (Première Guerre Mondiale) et enfin de septembre 1939 à juin 1941 (Seconde Guerre mondiale).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Sud-medical_Guerre-1870.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le Sud médical, suspendu pendant la Guerre de 1870-1871</em></div>
<br />Le parallèle entre cette revue et l'autre grande revue d'information médicale locale s'impose : <em>Marseille médica</em>l. Toutes deux naissent la même année, 1868, et pour cause : la grande publication existante (1864-1868), l'<em>Union médicale de la Provence,</em> cesse de paraître cette année-là et le <em>Sud médical</em> est le premier à s'en désoler dans son éditorial de janvier 1869. D'autres revues basées sur un périmètre géographique verront le jour (le Sud-Ouset médical, le Centre-Est médical, ...).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/arret-Union-med-Provence_1869.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Arrêt de l'</em>Union médicale de Provence<em> et naissance d'une nouvelle revue (1869)</em></div>
<br />Mais on peut difficilement parler de concurrence : Marseille médical est une revue puissante, à forte pagination (près de 2 000 pages annuelles à partir des années 1930/1940), très en prise avec le milieu de la recherche médicale et universitaire, très attentive aux solutions thérapeutiques et pharmacologiques. Sud médical n'est pas étranger à ce milieu, nombre de ses directeurs de publication proviennent du milieu facultaire et hospitalier mais, se réclamant tribune libre et indépendant, il se veut proche du clinicien et du praticien de terrain, de la médecine de ville et des médecins de campagne : pour les confrères, l'abonnement est gratuit et l'unique source de recettes est la publicité des laboratoires et autres acteurs du monde médical (équipementiers, instruments, ambulances, etc.).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Cereossine-pub_1937.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Céréossine : publicité des Laboratoires Dehaussy, sponsor <span jsslot="">indéfectible</span> du Sud médical durant des dizaines d'années (1937)</em></div>
<br />Mais ce modèle économique montre ses limites : l'indépendance par rapport aux abonnés se paie du prix d'une forme d'obligeance envers les annonceurs qui attendent bien un retour sur investissement. A <em>indication thérapeutique égale</em> (on dirait aujourd'hui à <em>service médical rendu équivalent</em> - SMR), pourquoi prescrire un médicament plutôt qu'un autre ? <br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Sud-medical-recettes_1920.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Recettes sur ordonnance ? (encart sept. 1920)<br /></em></div>
<br />Comme toutes les revues médicales, elle publie des articles originaux (singulier article de 1876 sur la mort par pendaison, pas vraiment instantanée et pas si indolore que ça !), des analyses de revues, des informations pratiques et professionnelles, des bibliographies et annnonces de soutenances de thèses, des nouvelles de sociétés savantes (la même année, la Société de médecine de Marseille cède toute sa collection de livres à l'Ecole de médecine et de pharmacie de plein exercice).<br /><br />A partir des années 1920, les numéros mensuels sont consacrés à des thématiques particulières qui suivent un calendrier cyclique annuel :<br />
<ul>
<li>janvier : Méthodes de laboratoire. Hématologie</li>
<li>févier : Pédiatrie</li>
<li>mars : Obstétrique et Gynécologie</li>
<li>avril : Neurologie</li>
<li>mai : Radiothérapie, Cancer</li>
<li>juin : Chirurgie Infantile, Orthopédie</li>
<li>juillet : Hygiène et Médecine Coloniale</li>
<li>août : Oto-Rhino-Laryngologie, Ophtalmologie, Stomatologie</li>
<li>septembre : Tuberculose</li>
<li>octobre : Urologie, Syphilis</li>
<li>novembre : Chirurgie générale</li>
<li>décembre : Médecine Sociale, Accidents du Travail</li>
</ul>
<br />Ces thèmes récurrents désignent les questions qui agitent le monde médical : au début sous-titré "moniteur de la santé publique", <em>Sud médical</em> s'intéresse aux pathologies liées au conditions de vie et au manque d'hygiène de populations ouvrières (diphtérie, tuberculose à partir de 1922, alcoolisme, syphilis) mais aussi aux progrès liés à l'imagerie médicale (rayons X), au radium et à la radiothérapie (photographies à l'appui à partir de 1927).<br /><br />En 1928, le thème colonial et son corollaire, les maladies coloniales, rebaptisées tropicales, apparaissent dans les colonnes du journal et ne le quitteront plus : "<em>Tandis que pendant la guerre, l'énorme apport de contingents coloniaux donnait l'occasion d'observer en France la plupart des affections tropicales, l'après-guerre a été caractérisée par le reflux inverse d'indigènes rapportant dans leurs contrées d'origine nombre de maladies des pays tempérés et surtout par le départ aux colonies d'une proportion plus élevée de femmes, d'enfants, de vieillards européens dont la vocation coloniale a été principalement conditionnée par les difficultés de l'existence matérielle métropolitaine</em>". Les maladies, comme la misère, s'exportent aussi facilement qu'elles s'importent. Ce thème déborde le strict cadre des maladies tropicales et ira jusqu'à aborder la neuro-psychiatrie coloniale en 1939. <br /><br />L'actualité et l'évolution de la société française sont évidemment perceptibles à travers l'émergence de nouvelles techniques qui nous sont aujourd'hui familières (opération de la cataracte, 1922, par ex.) et de thèmes liés au bien-être ou à la détente : les bienfaits du thermalisme médical (1920), du naturisme (1923), du tourisme - avec leurs revers comme les accidents de ski (1935).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Evonyl-foie-colonial_1935.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Evonyl : recommandé au foie colonial, indispensable en cas de paludisme (1935)</em></div>
<br />Après avoir intégré dans son titre la dimension chirurgicale en 1992, l'approche des maladies n'est plus seulement médicale à partir des années 1930 et prône une médecine sociale : la reconnaissance du rôle des agents pathogènes et des substances toxiques, notamment cancérogènes comme le goudron, dans l'apparition de certaines maladies professionnelles devait amener à la création d'une véritable médecine du travail vingt ans plus tard. Un siècle après, les médecins et les biologistes doivent toujours mener des études solidement documentées pour trouver et prouver l'origine réelle de certaines atteintes à la santé publique...
Description
An account of the resource
Avec son siècle de parution et ses près de 40 000 pages, Sud médical et chirurgical nous invite à parcourir l'histoire vécue et pratiquée de la médecine des années 1860 aux années 1970
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Typographie et lithographie J.-B. Bertin (Marseille)
Imprimerie spéciale du Sud médical (Marseille)
Médecine -- France -- Histoire -- 19e siècle
Médecine -- France -- Histoire -- 20e siècle
Médecins -- Associations -- Bouches-du-Rhône (France)
Santé publique -- France -- Histoire -- 19e siècle
Santé publique -- France -- Histoire -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/880/BULA-ZK0000002125_Expo-coloniale_1906_Tome_14.pdf
0db850721426e9414f166c9e2de91878
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Exposition coloniale nationale de Marseille (L') : 18 avril - 18 novembre 1906. Rapport général
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Colonies françaises
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Charles-Roux, Jules (1841-1918). Auteur
Exposition coloniale (1906 ; Marseille). Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote ZK 0000002125
Publisher
An entity responsible for making the resource available
typ. Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1907
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/261944649
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BULA-ZK0000002125_Expo-coloniale_1906_T14_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
413 p.
28 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/880
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Rapport général (Autre titre)
Abstract
A summary of the resource.
- En avant-titre : Exposition coloniale nationale de Marseille, 15 avril - 18 novembre 1906 (Notes)<br />- Exposition coloniale de Marseille, 1906 ; 15 (Appartient à la collection) <br /><br />Après 7 mois de grand succès, l'Exposition coloniale de 1906 ferme ses portes le 18 novembre 1906. Pour Jules Charles-Roux, Commissaire général de l'Exposition, il est temps d'en dresser le bilan qui s'annonce très positif. Occasion également de présenter un historique complet des travaux d'infrastructure et de l'organisation administrative et financière d'un évènement particulièrement ambitieux et difficile à planifier dans tous ses détails tant il y avait de défis logistiques à surmonter.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Jules-Charles-Roux_1841-1918.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Jules Charles-Roux (1841-1918) Président de l'Union coloniale française de 1903 à 1918</em></div>
<br />Si l'Exposition en elle-même est bien connue pour avoir été très largement présentée dans la presse coloniale et l'information publicitaire, ce bilan présente certains aspects parfois moins documentés dans les synthèses qui ont suivi l'évènement comme le montre, dans les coulisses, la rigueur imposée dans les fiches signalétiques qui accompagnaient chaque produit exposé.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/fiche-expo-1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Fiche signalétique préparée par l'exposant (Exposition coloniale de 1906)</em></div>
<br />J. Charles-Roux ne peut évidemment faire l'impasse sur les mondanités, les visites officielles et autres festivités : après tout, la raison d'être de l'évènement est d'ordre promotionnel. Mais ce qui peut paraître comme très anecdotique n'occulte jamais l'essentiel, comme le menu du banquet inaugural du pavillon de la Cochinchine où la richesse de la gastronomie annamite ne manque pas d'impressionner les convives.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Menu-annamite-Cochinchine-Expo_1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Menu annamite (Palais de la Cochinchine, Exposition coloniale de 1906)</em></div>
<br />L'Exposition n'est pas seulement une succession ludique de fêtes et d'attractions populaires : les colonies sont un enjeu industriel et commercial majeur et quoi de plus motivant et valorisant que des récompenses attribuées par des jurys compétents et reconnus.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Palmares-medailles-Expo_1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Palmarès des médailles, exprimé en % (Exposition coloniale de 1906)</em></div>
<br />Pour les palais d'exposition, chaque médaille est un label et une carte de visite à faire valoir auprès des investisseurs et des importateurs/exportateurs. Le palmarès donne une idée de la perception relative de chaque colonie : les deux-tiers des médailles sont décernées aux trois premières colonies ou protectorats (l'indo-Chine est celle qui a fait le plus d'effort financier) et du rapport de force, ici au quasi équilibre, qui s'instaure entre Marseille et la Métropole. La distinction pourrait soulever une certaine perplexité mais l'Exposition réussie sera pour Marseille un levier pour réclamer la part <em>qui lui revient</em> (dixit) dans l'économie nationale.<br /><br />Si l'Exposition peut afficher une balance bénéficiaire (l'important est de ne pas être déficitaire, cas fréquent pour ces grands évènements de prestige), l'essentiel est que les trois objectifs principaux ont été atteints : sur le plan général, le gain de popularité des territoires et des exposants, sur le plan scientifique (présence d'universités étrangères et françaises, dont Aix-Marseille engagée dans des études d'expertise) et sur le plan commercial (chaque palais a installé ses bureaux commerciaux qui concluent ou projettent des contrats).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Balance-Expo_1906_.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Bilan financier de l'Exposition coloniale de 1906</em></div>
<br />Fort de son expérience (expositions de 1900 et de 1906), Jules Charles-Roux espérait poursuivre cette <em>success-story</em> avec son fidèle collaborateur, Edouard Heckel, alors directeur du Musée colonial, caution scientifique et technique de l'évènement. L'Histoire en décidera autrement : prévue 10 années plus tard, l'Exposition suivante n'aura pas lieu en 1916. Entre-deux, E. Heckel disparaît en 1916 et J. Charles-Roux deux ans plus tard. L'Exposition de 1922 leur rendra hommage en reprenant intégralement l'esprit de celle de 1906 et en lui donnant une dimension encore plus exceptionnelle.
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Petite fraîcheur de novembre : la fête est finie, les stands sont fermés et les palais vidés. L'organisateur est comblé : les délégations sont ravies, les visiteurs repus, les colonies et la ville récompensées et les comptes équilibrés.
Colonies françaises -- 20e siècle
Exposition coloniale (1906, Marseille)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/882/Doyens-Faculte-sciences-Marseille.pdf
5086f4bb6349afbbe277f2c18c22a025
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Faculté des sciences de Marseille : portraits des doyens en poste de la création de la Faculté en 1854 à 1969
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Enseignement supérieur
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Faculté des sciences (Marseille). Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines. (Marseille), Réserve
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
19?? (postérieur à 1969)
Rights
Information about rights held in and over the resource
conditions spécifiques d'utilisation
restricted use
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/26194875X
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/Doyens-Faculte-sciences-Marseille_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
12 f.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
image fixe
still image
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/882
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Dans une mise en page très soignée, l'étonnante galerie de portraits photographiques des onze doyens qui ont présidé aux destinées de la Faculté des sciences depuis sa création en 1854 jusqu'au séisme de mai 68.
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Si les doyens restent en poste en moyenne huit ans (aujourd'hui, le directeur d'UFR est élu par le Conseil de Faculté pour une durée de cinq ans, renouvelable une fois), la Faculté des sciences de Marseille présente les cas extrêmes d'un intérim de quelques mois (Abbé Aoust en 1870) au record de longévité de 21 ans remporté haut la main par Pierre-Edmond Reboul, professeur de chimie, doyen de 1878 à 1899.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Doyens-Faculte-sciences-Marseille_vignette.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>L'ancienne Faculté des sciences de Marseille, Allées de Meilhan, haut de la Canebière (1854-1919)</em></div>
<br />Le premier doyen, François-Auguste Morren, un physicien, est <em>nommé</em> en 1854, année de l'ouverture de la toute première Faculté des sciences créée à Marseille. Son doyennat s'achève brutalement après son décès en 1870.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Doyen-Morren_1854-1870.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>François-Auguste Morren (1er doyennat 1854-1870)</em></div>
<br />La nouvelle Faculté des sciences, ouverte en 1919 sur le site Saint-Charles élit son premier doyen, Paul Rivals, chimiste spécialiste des matières grasses (savons) et défenseur d'une étroite collaboration entre la Faculté des sciences et le monde industriel. Autre record, il sera <em>réélu</em> quatre fois jusqu'à sa retraite en 1934.<br /><br />La nouvelle Faculté n'a oublié aucun de ses doyens, autant pour leurs actions au cours de leurs mandats que pour leurs travaux scientifiques : si les chimistes et les physiciens sont très bien représentés, on y trouve aussi des mathématiciens, un botaniste et un géologue. En hommage, le nom de certains d'entre eux, fondateurs ou simple professeurs, a été attribué à des amphithéâtres, historiques ou modernes (Antoine Marion, Léon Charve, Joseph Pérès) côtoyant d'autres scientifiques plus illustress (Charles Fabry, Antoine Lavosier).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/amphi-Charve.2.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Faculté des sciences de Marseille, l'amphithéâtre historique baptisé Léon Charve (1899-1910)</em></div>
<br />Pour commodité, les signets vous proposent de suivre cette série de portraits soit dans l'ordre historique des doyens par date de naissance, soit dans l'ordre chronologique administratif des doyennats.<br /><br />Note : de 1854 à 1969, la Faculté des sciences a connu en réalité douze doyens et non pas onze : de 1935 (1934, année de départ en retraite de Paul Rivals) à 1938 (1939, année d'élection de Georges Corroy), Monsieur Marchand a dirigé la Faculté, les <a href="https://odyssee.univ-amu.fr/exhibits/show/sciences-techniques/item/340" target="_blank" rel="noopener"><em>Procès-verbaux de la Faculté des sciences de Marseille</em></a> en font foi. Son portrait manque donc, impossible de déterminer s'il sagit d'un oubli du rédacteur des portraits (très peu probable) ou si le cliché a été égaré par la suite.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (sl)
Faculté des sciences (Marseille) -- 19e siècle
Faculté des sciences (Marseille) -- 20e siècle
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/889/RES-40483_Masson_Marseille-guerre.pdf
7d41b97129dca164821adc196b9583e4
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Marseille pendant la guerre
Subject
The topic of the resource
Histoire
Économie
Description
An account of the resource
En raison de sa situation géographique exceptionnelle, Marseille, cité cosmopolite, maritime, commerciale et industrielle, a su s'adapter aux nécessités du conflit et y a joué un rôle de premier plan : le front est loin mais la guerre est proche.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Masson, Paul (1863-1938). Auteur
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Presses universitaires de France (Paris)
Yale University Press (New Haven)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1926
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/262089343
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-40483_Masson_Marseille-guerre_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
XII-77 p.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/889
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Publications de la dotation Carnegie pour la paix internationale. Section d'économie et d'histoire, Histoire économique et sociale de la guerre mondiale. Série française (Appartient à la collection).<br /><br /><em>L'ambition de la Dotation Carnegie pour la paix internationale n'est pas d'écrire la chronologie historique exhaustive des évènements qui se sont déroulés durant la Première Guerre Mondiale mais de présenter le bilan synthétique et analytique des conséquences économiques qu'a eu le conflit sur la situation et le destin économique des pays belligérants.</em> <br /><br />La situation particulière de Marseille, trait d'union entre le front occidental et le front oriental d'une part et entre la Métropole et ses colonies d'autre part, a amplifié les répercussions économiques de la guerre non seulement sur la navigation, le commerce et l'industrie mais également sur le port, la ville et le climat social local : difficultés de ravitaillement, vie chère, crise du logement, troubles sociaux, bouleversement des fortunes, changements dans les mœurs. P. Masson évoque même, sans tabou, la question de l'impact que la guerre a pu avoir sur <em>l'hygiène sociale</em>...<br /><br />L'impact majeur du conflit est d'avoir accentué le caractère industriel et la dimension coloniale du port, en témoigne l'Exposition coloniale de 1922. Si la guerre a globalement diminué l'activité portuaire (hors secteur militaire), les importations de certaines denrées alimentaires d'origine coloniale ont mieux résisté (céréales, vins, sucres, huiles) que les matières premières pondéreuses.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/importations-port_Marseille.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Importations du port de Marseille (tonnage 1913-1922)</em></div>
<br />Même dans les secteurs considérés comme ses points forts traditionnels, les exportations ont subi une érosion encore plus forte, une chute de la moitié, parfois des deux-tiers, par rapport aux volumes d'avant-guerre, et n'avaient toujours pas récupéré leur niveau initial cinq ans après la fin du conflit. Ces chiffres doivent bien sûr être appréciés par rapport à l'activité globale du port où le transport de troupes et de matériels militaires avait pris une importance vitale pour le pays et apporté un dynamisme artificiel.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/exportations-port_Marseille.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Exportations du port de Marseille (tonnage 1913-1922)</em></div>
<br />L'évolution annuelle du mouvement total des marchandises montre que la situation n'a cessé de se dégrader tout au long des hostilités (guerre sous-marine) et n'a retrouvé une stabilité qu'une fois la paix retrouvée.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/import-export-port_Marseille.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>L'import-export du port de Marseille (tonnage 1913-1922)</em></div>
<br />Les effets négatifs durables sur le trafic des marchandises ont été légèrement compensés par le mouvement des passagers, notamment celui de la main-d’œuvre étrangère et coloniale (étude publiée dans la même collection), évolution structurelle que Marseille a depuis su préserver.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/passagers-port_Marseille.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le trafic passager du port Marseille (1913-1922)</em></div>
<br />Dans sa conclusion, P. Masson ne peut éviter le constat que la guerre aura fait perdre à Marseille 13 à 14 ans de croissance économique (les régions françaises du quart Nord-Est de la France auraient aimer afficher un tel bilan). Mais résolument optimist,e malgré des bilans statistiques pour le moins contrastés, il affirme que si beaucoup d'industries locales continuent encore après la guerre à alimenter davantage la consommation nationale que locale (nous sommes alors en 1924-1925), il s'agit d'une situation transitoire qui ne doit pas masquer l'aspect pérenne des nouvelles infrastructures comme l'aménagement de Port-de-Bouc, de Caronte, et de l'Étang de Berre, qui multipliera les surfaces de bassin, de terre-pleins et les longueurs de quais. Un avantage concurrentiel à terme qui autorise les Marseillais à être confiant dans l'avenir économique de leur ville et qui dépasse l'embellie conjoncturelle due à l'affluence extraordinaire, "<em>et peut-être exagérée"</em>, des banques françaises ou étrangères...
Guerre mondiale (1914-1918) -- Aspect économique
Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Guerre mondiale (1914-1918)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/894/CCIMP-MJ-9.1.11_PV_1906-1911.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/894/CCIMP-MJ-9.1.12_PV_1907-1912.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/894/CCIMP-MJ-9.1.13_PV_1913-1922.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/894/CCIMP-MJ-9.1.15_PV_1923-1933-2.pdf
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/894/CCIMP-MJ-9.1.16-2_PV_1935-1946-1.pdf
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Title
A name given to the resource
Manuscrits
Description
An account of the resource
Plusieurs dizaines de manuscrits des 16e-18e siècles, principalement juridiques, conservés dans les réserves des BU de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Procès-verbaux du Conseil d'administration et des Assemblées générales de l'Institut Colonial de Marseille : séances du Bureau (1906-1960)
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Économie
Colonies françaises
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Institut Colonial de Marseille. Auteur
Desbief, Paul (1850-1922). Auteur
Artaud, Adrien (1859-1935). Auteur
Bohn, Frédéric. Auteur
Hubert, Maurice. Auteur
Prax, Félix. Auteur
Guithard, Antoine (....-1947). Auteur
Mourre, Charles. Auteur
Cordesse, André (....-1948). Auteur
Dufour, Francis. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1906-1960
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/262241978
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIMP-MJ-9.1.11-17_PV_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
8 vol.
2 446 p.
format multiple
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
manuscrit
manuscript
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/894
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Abstract
A summary of the resource.
<p>Ces huit dossiers d'archives, propriété de la Chambre de Commerce et d'Industrie métropolitaine Aix-Marseille-Provence (CCIAMP), contiennent l'intégralité des procès-verbaux du Bureau des Conseils d'administration et des Assemblées Générales de l'Institut Colonial de Marseille qui se sont tenus de 1906 à 1960, présentés dans leur ordre chronologique natif.<br /><br />La majorité de ces 386 documents d'archives, impossible à résumer en quelques lignes, sont des pièces manuscrites. Les imprimés collés entre certains PV sont en quasi-totalité leurs versions imprimées (CA ou AG à partir des années 1930). Sans rupture notable malgré les deux Guerres Mondiales et les guerres d'indépendance, ces PV nous montrent la remarquable continuité de l'institution où les Conseils d'administration et les Assemblées générales ont toujours eu lieu sans discontinuité durant 55 ans.<br /><br />L'Institut colonial n'est pas qu'un simple laboratoire : sous le statut d'association loi 1901, c'est un ensemble d'instances à vocation scientifique, technique, industrielle, commerciale et pédagogique imaginées pour donner une suite pérenne à l'Exposition Coloniale internationale de Marseille de 1906 qui a marqué bien des esprits (Institut et Cours coloniaux, Musée colonial - aspect scientifique, Musée commercial - aspect industriel et commercial, Office de renseignements...).<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Institut-colonial-Marseille_1907_Page_06.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<div style="text-align: center;"><em>Inauguration de l'Institut colonial marseillais par Paul Desbief (Expansion coloniale, 1907)</em></div>
<br />Point de rencontre entre plusieurs opérateurs publics et privés (Chambre de Commerce, Faculté des sciences de l'Université d'Aix-Marseille, Ville de Marseille, Institut proprement dit), on remarquera qu'à l'époque, dans la presse coloniale comme dans la communication de la Chambre de Commerce, le nom même de l'institution hésite entre deux appellations aux cours de ses premières années d'existence : Musée colonial de Marseille et Musée colonial marseillais. <br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Institut-colonial-Marseille_1907_Page_07.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" />
<div style="text-align: center;"><em>Installation de l'Institut colonial marseillais dans les mêmes locaux que la Société de Géographie, 5 rue Noailles </em><br /><em>(Expansion coloniale, 1907)</em></div>
<br />Le décès de son fondateur, Edouard Heckel en 1916, marquera un tournant pour l'institution : à l'époque pionnière et qui fera preuve d'un certain prosélytisme du développement rationnel et volontariste des colonies, succède une orientation plus scientifique et la multiplication de publications techniques spécialisées à partir du milieu des années 1910 et plus encore des années 1920. Le succès de l'Exposition coloniale de 1922 vaudra à l'Institut d'être reconnu établissement d'utilité publique l'année suivante (habilitation pour une association à recevoir des dons et legs), décision annoncée au cours du Conseil d'administration du 20 juin 1923. Sa notoriété et son autorité seront à la mesure de l'importance que prendra l'Empire colonial dans la reconstruction du pays, dans l'atmosphère politique inquiète et la méfiance concurrentielle de l'Entre-deux-guerres qui assombriront l'horizon de tous les pays européens.<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Avis-deces-Heckel-1916.2.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" />
<div style="text-align: center;"><em>L'avis de décès d'Edouard Heckel (1916)</em></div>
<br />De manière un peu surprenante, le PV du CA du 6 février 1936 ne se fait pas écho de la disparition d'Henri Jumelle le 6 décembre 1935, pourtant successeur d'H. Heckel à la tête de l'Institut depuis 1916. Probablement l'Institut a-t-il d'autres préoccupations comme le projet de reconstitution du Musée des colonies au parc Chanot, ou plus grave, l'état des finances de l'Association qui deviendra une question récurrente à partir du milieu des années 1930, occasions de remercier le soutien sans faille de la Chambre de Commerce, d'appeler à un meilleur appui des colonies et de se féliciter de la collaboration avec la Faculté des Sciences qui lui apporte sa caution scientifique (le doyen de la Faculté est présent aux AG).<br /><br />Avec la création de l'Union Française en 1946 (et le début des <em>évènements</em> dans certaines colonies), le terme colonial devient lourd à porter : en 1951, l'Institut colonial enfile le nouveau costume de l'Outre-mer, entrainant dans son sillage la mue des <em>Cahiers coloniaux</em> en <em>Études d'Outre-mer </em>(avec moins de parutions mais plus thématiques pour les lecteurs et mieux ciblées pour les annonceurs...). Comme insensibles aux bouleversements de l'histoire, les <em>Annales du Musée colonial de Marseille</em> continueront à être éditées sous leur premier titre jusqu'à la fin de leur publication en 1962. Malgré la promotion d'un nouveau modèle de coopération, l'Institut était bien en déclin : signe annonciateur, alors qu'il publie annuellement ses <em>Annales</em>, il lui faudra laborieusement 6 années pour publier son dernier volume (1955-1961).<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Institut-Outre-Mer_1951.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" />
<div style="text-align: center;"><em>L'acte de naissance de l'Institut Français d'Outre-mer (1951)</em></div>
<br />L'Assemblée générale extraordinaire du 15 décembre 1959 entérine la proposition du Conseil d'administration du 25 novembre 1959 de transférer l'Institut Français d'Outre-mer à la Chambre de Commerce et donc de procéder à sa dissolution.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/CA-liquidation-IFOM_1959.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Les dernières volontés de l'Institut - liquidation de l'IFOM (1959)</em></div>
<br />Le dernier Conseil d'administration du 16 juin 1960 met un terme définitif à l'existence de l'Institut Français d'Outre-mer. Il a la lucidité de mentionner un faisceau convergent de raisons qui ont conduit à sa marginalisation : création de multiples instituts spécialisés dotés de moyens importants : IFAC (Institut des Fruits et Agrumes Coloniaux), IFC (Institut du caoutchouc), IRCT (Institut du coton et textiles exotiques), IRHO (Institut des huiles et oléagineux), Institut du café et déplacement du centre des affaires et des grandes entreprises qui traitent avec l'Outre-mer vers la capitale. Tous ses anciens points d'excellence. On pourrait y ajouter l'ORS (Office de la recherche scientifique coloniale) qui deviendra l'ORSTOM (Office de la recherche scientifique et technique d'outre-mer). Ironie de l'Histoire, le périmètre de plusieurs de ces organismes a été calqué sur les domaines de compétence sectorisés par l'Institut colonial.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/dernier-CA-liquidation-IFOM_1961.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le dernier CA - Transfert de l'IFOM (1961)</em></div>
<br />Mais cette issue était inscrite depuis bien longtemps, avant même la création dans les années 1940 de ces centres de recherches nationaux, dans l'évolution de la recherche française et sa restructuration dans des organismes nationaux spécialisés et centralisés qui se dessinait dès la fin des années 1930 (CNRS, 1939) et qui se généralisera au cours des décennies suivantes à tous les domaines où la France voulait, en toute indépendance civile et militaire, un maillage scientifique et technique du plus haut niveau (transport, agriculture, aéronautique, nucléaire, spatial, armement, énergie, ferroviaire, médical,...). Un centre de recherches local, indépendamment de sa valeur passée et présente, avait-il encore politiquement sa place dans une telle configuration ?<br /><br />_______________<br /><em>Note : la Chambre de Commerce de Marseille et la responsable de son Service d'archives et de documentation, Sylvie Drago, ont confié ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette très grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.</em>
Description
An account of the resource
De l'installation de l'Institut Colonial de Marseille rue Noailles le 19 juillet 1906 à la liquidation de l'Institut Français d'Outre-mer le 16 juin 1960, le film complet de la naissance, la vie et la mort d'une institution peu ordinaire
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Liste des Présidents de la Chambre de commerce de Marseille en exercice de 1906 à 1960. Ceux marqués du symbole * dirigent les séances et sont nommément cités dans les PV :
1905-1909 : Paul Desbief (1850-1922) *
1909-1911 : Lucien Estrine
1911-1913 : Albert Armand
1913-1919 : Adrien Artaud (1859-1935) *
1920-1923 : Hubert Giraud
1924-1927 : Émile Rastoin
1928-1929 : Edgar David
1930-1931 : George Brenier
1932-1933 : Maurice Hubert *
1934-1937 : Félix Prax *
1937-1941 : Antoine Boude
1941-1944 : Émile Régis
Guithard, Antoine (....-1947) ?
1944-1947 : Charles Mourre *
1948-1949 : André Cordesse *
1950-1951 : Édouard Rastoin
1952-1953 : Marcel Rogliano
1954-1955 : Francis Dufour
A reclasser, Bohn, Frédéric qui décède en 1923
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Institut Colonial de Marseille -- Histoire -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/900/RES-610_Affiches-cours_Fac-libre_20e.pdf
7f5b5277b332f70aec9a17ad9348bf41
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
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Title
A name given to the resource
Programme des cours de la Faculté libre de droit de Marseille : 2 affiches imprimées en 1912 et 1913
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Enseignement supérieur
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Faculté libre de droit de Marseille (1896-19..)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 610/2-3
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie Moullot Fils Aîné (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1912-1913
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/262504952
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-610_Affiches-cours_Fac-libre_20e_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
2 affiches
75 x 56 cm, 84 x 63,5
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
document d'archives
archival material
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/900
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
De nombreux documents montre qu'au cours du 19e siècle, la municipalité de Marseille a été active en matière d'enseignement supérieur et d'enseignement professionnel : elle organise des cours publics et gratuits de sciences et de langue arabe dans son école de musique au cours de la première moitié du 19e (1), elle obtient la création de la Faculté des sciences en 1854, et dès 1860, elle demande la transformation de son École de médecine et de pharmacie créée en 1808 en Faculté de médecine (qu'elle n'obtiendra qu'en 1930).<br /><br />Ce que l'on sait moins c'est qu'à la fin du 19e siècle, elle se mit à contester la localisation historique des autres facultés dans l'ancienne capitale politique de la Provence et à réclamer leur transfert pur et simple dans ce qui est devenue la véritable capitale économique de la région.<br /><br />La patience d'une cité, toute multimillénaire soit-elle, a ses limites, et profitant d'une loi instituant des universités régionales qu'Aix tardait à mettre en application, elle décide de créer en 1896 sa propre Faculté de droit qui sera appelée<em> Faculté libre de droit de Marseille</em> (par opposition à celle sous tutelle du rectorat). Cet enseignement local lui permettait non seulement d'attendre ce transfert mais aussi de démontrer son implication budgétaire et le bien-fondé de sa demande : "<em>Depuis quatre ans, il s’est fondé à Marseille une Faculté libre de droit. On lui donne vulgairement le nom de « Faculté municipale » parce que la ville lui alloue annuellement une subvention de 45.000 francs. Cette Faculté est prospère et attire à elle, en dehors des contingents considérables que lui donne Marseille, de nombreux étudiants de Toulon et d'Aix . Elle n’a aucun caractère confessionnel, et est appelée à disparaître le jour où les Facultés de l’État, qui sont à Aix, seraient transférées</em>" (2). Dans son rapport de 1897, Jourdan, professeur à la Faculté de droit d'Aix justifiait déjà ce transfert : cette année-là, il y avait eu autant d'inscriptions qu'en 1896 et elle méritait bien de devenir régionale puisqu'elle attirait des étudiants jusqu'à la frontière italienne (Nice).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Faculte-libre-droit-Marseille_1912.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;">Annonce des cours de la Faculté libre de droit de Marseille, 62 boulevard de la Corderie (1912-1913)</div>
<br />Quinze plus tard, nous avons la preuve que cette faculté, en principe <em>provisoire</em>, fonctionnait toujours : "<em>Pendant l’année scolaire 1910-1911, la Faculté de Droit de l’Université d’Aix-Marseille a compté 592 élèves ayant fait acte de scolarité, parmi lesquels il faut distinguer 297 élèves qui ont pris des inscriptions et subi des examens et 150 étudiants de la Faculté libre de Marseille qui ont passé des examens sans prendre d’inscription</em>" (3) et qu'elle est restée ouverte au moins jusqu'en 1914 comme l'attestent les deux affiches ici présentées. <br /><br />Élément très important, elle reçoit dès le départ le soutien du Conseil général des Bouches-du-Rhône pour l'attribution de prix et des médailles d'or de la part de la Chambre de Commerce de Marseille. Dans son argumentaire, Jourdan précisait qu'Aix pourrait se consoler de la perte de ses étudiants avec ses projets de Thermes et de Casino et ajoutait malicieusement que cela rassurerait les familles des étudiants de savoir que "<em>leurs enfants seront loin du cortège inévitable de la population interlope qu'on voit toujours accourir en foule dans les lieux de plaisir</em>" ! Heureux d'apprendre que la population d'un grand port méditerranéen et cosmopolite est un modèle de vertu...<br /><br />Mais la critique la plus forte vient probablement de la contestation d'un modèle élitiste : les facultés doivent devenir <em>des universités populaires</em> et ne pas rester enfermées dans un "<em>dilettantisme d'érudition, constituée comme une caste d'aristocratie intellectuelle"</em>. L'implantation du siège de la nouvelle université unifiée au Pharo au début du 21e siècle récompensera plus d'un siècle d'obstination.<br /><br />1. <a href="https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/863" class="permalink"><em>Mairie de Marseille. Avis relatif à la tenue, pendant le semestre [d'été/d'hiver] des divers cours communaux publics et gratuits, qui seront professés dans le local de l'École communale de musique, situé rue d'Aubagne, n°45 : 12 affiches imprimées entre 1836 et 1849</em></a><br />2. La Faculté marseillaise libre de droit / discours de M. le doyen A. Aicard : Séance solennelle de rentrée du 8 novembre 1897 par Aicard. Auteur du texte - 1897 - Bibliothèque nationale de France, France - No Copyright - Other Known Legal Restrictions.<br />https://www.europeana.eu/fr/item/9200520/12148_bpt6k57853029<br />3. F. Larnaude. - L’université d'Aix-Marseille. La question du transfert - In : <a href="https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1912_num_64_2_6529" target="_blank" rel="noopener"><em>Revue internationale de l'enseignement</em></a> Année 1900, 39, pp. 132-141. Bibliothèque historique de l'Éducation (Persée)<br />4. L’université d'Aix-Marseille pendant l’année scolaire-1910-1911. In: <em><a href="https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1900_num_39_1_4118" target="_blank" rel="noopener">Revue internationale de l'enseignemen</a>t</em>, tome 64, Juillet-Décembre 1912. pp. 249-254<br />4. <a href="https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/505" class="permalink"><em>De la colonisation et des droits des peuples conquis : discours prononcé le 6 novembre 1904 à la distribution des prix de la Faculté marseillaise libre de Droit par Edouard Heckel, et allocution de M. le doyen Autran, lors de la Séance solennelle de rentrée</em></a><br /><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/863" class="permalink"><em></em></a>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Dans les années 1880, Marseille réclame en vain le transfert des facultés aixoises dans la cité phocéenne. Lassée d'attendre, elle ouvre sa propre faculté de droit : rivalité locale ou contestation d'un modèle d'enseignement ?
Affiches -- Marseille (Bouches-du-Rhône, région) -- 20e siècle
Droit -- Étude et enseignement -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Écoles privées -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Rentrée scolaire -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/903/BUSC-612_Programmes-cours-Fac-sciences_20e.pdf
45ac213ed3ddead22417a0095d7d240e
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
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Title
A name given to the resource
Programme des cours de la Faculté des Sciences de Marseille : 20 affiches imprimées entre 1912 et 1927
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Enseignement supérieur
Description
An account of the resource
Les affiches qui annoncent les cours de la Faculté des sciences de Marseille sont une mine d'informations : état des sciences et techniques, évolution des formations, qualifications requises par les industriels, cours ouverts à tous
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université d'Aix-Marseille (1409-1973)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote 612 (Réserve)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Typographie et lithographie Barlatier (Marseille)
Société Anonyme du Sémaphore de Marseille (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1912-1927
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/26045561X
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-612_Programmes-cours-Fac-sciences_20e_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 dossier
21 f. dont 20 affiches
format multiple
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
document d'archives
archival material
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/903
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Les programmes scientifiques de la Faculté des sciences de Marseille correspondent à l'état des sciences de l'époque : toutes les disciplines traditionnelles sont bien sûr présentes (mathématiques, physique, chimie, mécanique, astronomie, botanique, géologie, zoologie, physiologie) auxquelles s'ajoutent des disciplines plus pratiques comme la physique industrielle, la botanique agricole et la zoologie agricole.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/Programmes-cours-Fac-sciences_20e.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Annonce des cours de la Faculté des sciences de Marseille (1912-1913)</em></div>
<br />Contrairement à l'idée reçue, particulièrement tenace, selon laquelle l'université française serait enfin devenue démocratique et accessible à tous seulement après les évènements de 1968, tous les cours sont publics, à l'exception des conférences, seuls enseignements où "<em>nul n'y est admis sans inscription préalable</em>". Ce qui n'est absolument plus le cas aujourd'hui, tout au contraire !<br /><br />La Faculté des sciences n'est pas sectaire : dans les cours dits <em>annexes</em>, les enseignants de la Faculté de droit et de la Faculté des lettres d'Aix-en-Provence y donnent des cours de droit, d'économie, de littérature, d'histoire et de géographie. Les Marseillais peuvent suivre également des cours <em>libres</em> sur des sujets divers (paléontologie, littérature étrangère, histoire des religions, ...).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Fac-sciences-annexes_1913-1914.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>La Faculté des sciences de Marseille - cours annexes (1913-1914)</em></div>
<br />Signe de l'évolution des sciences, de l'élévation du niveau de compétence requis et des besoins de l'industrie, de nouvelles formations apparaissent au début du 20e siècle : électricité industrielle (1900), doctorat de sciences (1902), chimiste (1909), chimie industrielle (1918), et ingénieur-chimiste (1921).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/Fac-sciences_diplomes-superieurs_1926-1927.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Les diplômes supérieurs (Faculté de sciences 1926-1927)</em></div>
<br />La Faculté des sciences insiste sur sa position géographique exceptionnelle en rappelant l'existence de son laboratoire d'océanologie et ses recherches sur la faune marine méditerranéenne (seul laboratoire à être mis en avant sur les affiches), support de campagnes d'explorations océanographiques.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Fac-sciences_Endoume_1926-1927.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le laboratoire de biologie marine d'Endoume (1926-1927)</em></div>
<br />Plaque tournante des échanges maritimes entre la métropole et ses territoires d'outre-mer, l'activité portuaire s'invite à la Faculté à travers l'Institut colonial de Marseille (sous l'égide de la Chambre de Commerce) qui entretient un Musée colonial, sur le campus de Saint-Charles, expert en études botaniques et produits coloniaux et conservatoire d'importantes collections naturalistes.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Fac-sciences_Musee-col_1926-1927.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le Musé colonial ouvert 7/7 j, sauf les jours fériés (1926-1927)</em></div>
<br />Conséquence douloureuse de l'effroyable 1ère Guerre Mondiale, la Faculté, qui a perdu des enseignants et des étudiants au cours du conflit, ouvre une préparation militaire supérieure dans le milieu des années 1920.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/Fac-sciences_prepa-militaire.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Préparation théorique et pratique militaire (Faculté des sciences (1926-1927)</em></div>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Affiches -- Marseille (Bouches-du-Rhône, région) -- 20e siècle
Enseignement supérieur -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Faculté des sciences -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Sciences -- Étude et enseignement -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/908/CCIMP-MK-2.1.2.3_Ecole-faculte_1887-1922.pdf
aaf0a56727f7044a3cd6fa82cbc19fdf
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Manuscrits
Description
An account of the resource
Plusieurs dizaines de manuscrits des 16e-18e siècles, principalement juridiques, conservés dans les réserves des BU de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Transformation de l'École de médecine et de pharmacie de Marseille en Faculté : correspondances échangées entre 1897 et 1922. Archives de la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Médecine
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote MK-2-1-2-3
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
pas de notice calames
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/263034119
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIMP-MK-2.1.2.3_Ecole-faculte_1887-1922_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
17 pièces
43 p.
30 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
manuscrit
manuscript
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/908
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie (Marseille)
Desbief, Paul (1850-1922). Auteur
Thibaud, Xavier. Auteur
Cabassol, Joseph. Auteur
Gaffarel, Paul. Auteur
Artaud, Adrien (1859-1935). Auteur
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1897-1922
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
<p>Contient 14 pièces manuscrites et 3 pièces dactylographiées. <br /><br />La vie est un exercice de patience autant pour les personnes que pour les institutions. Sans remonter à 2 600 ans en arrière, époque où une École de médecine à Marseille est déjà attestée, nous savons que l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille créée en 1808 (1) demande dès 1860 sa transformation en Faculté. Commence une longue période d'espoirs déçus qui aboutira à cette création seulement 70 ans plus tard, en 1930. Ce dénouement récompense sa persévérance et la ténacité de certains de ses défenseurs, publics comme privés.<br /><br />Et pourtant, dès le départ, l'affaire paraît très mal engagée : à la demande de création d'un laboratoire ou d'un cours de bactériologie à Marseille par la Chambre de commerce en 1887, <span class="ILfuVd"><span class="hgKElc"><span><span jscontroller="BicQqd" jsname="XtloMb">Édouard Lockroy, alors Ministre du Commerce et de l'Industrie, répond d'une manière assez cinglante que les résultats médiocres obtenus par l'École de médecine ne justifient en rien cette création : il faudrait d'abord qu'elle se mette à niveau ! Fait-il référence aux épidémies récurrentes qui s'abattent sur la ville ? Rappelons le contexte marseillais [<em>avec le nombre de décès</em>] (2) : choléra 1884-1885 [<em>3 052]</em>, variole 1885-1886 <em>[2 381</em>], diphtérie 1886 [<em>559</em>], grippe 1889-1890 [<em>2 762</em>]. Dans cette actualité récurrente, rester optimiste relève de l'exploit...<br /><br />Et au cas où la Chambre de Commerce n'aurait pas bien compris, le Ministre accusateur ajoute que, de toute façon, cette création n'est pas du ressort de l'État : elle est de niveau local, municipal par exemple.</span></span></span></span><br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/Lettre-Desbief-Ministre_1908.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<div style="text-align: center;"><em>Projet (supposé) de lettre de Paul Desbief au Ministre de l'Instruction publique (1908)</em></div>
<p>Nonobstant ce genre de déconvenues, la conviction et l'engagement des partisans de la création d'une Faculté de médecine se retrouveront dans la spontanéité de ces quelques correspondances échangées au cours des 3 dernières décennies précédant l'avènement. En témoigne ce très probable projet de courrier adressé par le Président de la Chambre de Commerce annonçant sa prise de position favorable à l'École au Ministre de l'Instruction Publique et à celui des Colonies. Après s'être ravisé, le courrier ne sera adressé qu'au premier.<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/Lettre-Desbief-Ecole_1908.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<div style="text-align: center;">Projet (supposé) de lettre Desbief au Directeur de l'École de médecine (1908)</div>
<p><br />Sur la même page (daté du 21 février), P. Desbief confirme au Directeur de l'Ecole la délibération de la Chambre consulaire en date du 22 février en faveur de cette transformation, le second destinataire ayant été également raturé.<br /><br />Le Président de la Chambre de Commerce, le directeur de l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille, le Ministère du commerce et de l'industrie, le Maire d'Aix-en-Provence, le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, le Ministre de l'Instruction Publique, l'adjoint au Maire de Marseille : tous ces acteurs sont présents, soit en tant qu'auteurs soit en tant que destinataires, dans ces 17 courriers échangés au cours des 25 ans de 1897 à 1922 et conservés dans les archives de la Chambre de Commerce et de l'Industrie de Marseille (cette correspondance ne concerne que la Chambre de commerce, pivot de ces échanges, bien d'autres courriers doivent exister par ailleurs). Il n'en fallait pas moins pour surmonter les plus grandes réserves de la ville d'Aix (notamment au niveau financier) et certaines oppositions comme celle de Paul Bert, Ministre de l'Instruction, qui rejette la demande en déclarant que "<em>Marseille sera examinée en dernier, car sa faculté ferait une redoutable concurrence à Montpellier</em>" (1, id).<br /><br />On sera moins étonné du fidèle soutien de la Chambre de Commerce, de la Ville de Marseille et du Conseil Général, qui ne cesseront de rappeler que Marseille est (tout de même !) la deuxième de ville de France et qu'Aix a déjà ses deux facultés historiques. Ils ne pourront parfois pas cacher leur impatience comme le montrent les propos de la séance de février 1918 de la CCMP relatif à la demande d'une faculté : "<em>il est important de ne pas attendre la fin de la guerre pour lui donner une solution</em>". Cette solution viendra quelques années plus tard : les années 1930 seront plutôt généreuses avec Marseille au niveau des infrastructures médicales et des budgets de l'Etat, reconnaissance tardive de sa situation stratégique et de ses recherches dans le domaine des maladies tropicales.</p>
Alors, la transformation de l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille en Faculté : une affaire nationale ? Pour les protagonistes de l'époque, sans aucun doute.<br /><br />_______________<br /><em>Note : la Chambre de Commerce de Marseille et la responsable de son Service d'archives et de documentation, Sylvie Drago, ont confié ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette très grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.<br /><br />_______________<br /></em>1. Yves Baille. - L'École de médecine de Marseille du 1er au XXIe siècle, in <a href="https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/414" target="_blank" rel="noopener">https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/414</a> et <a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/articles_archives_sommaire.htm">http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/articles_archives_sommaire.htm</a><br />2. Bertrand Mafart et Marc Morillon. - “Les épidémies à Marseille au XIXe siècle”, in <em><a href="https://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1998_num_10_1_2504" target="_blank" rel="noopener">Bulletins et mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, 1998, 10-1-2, p. 81-98</a></em>.
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Titres des 17 correspondances (ordre chronologique) :<br /><br />1897<br />
<ul>
<li>Ministère du commerce et de l'industrie, Hygiène publique : réponse au voeu de la Chambre de Commerce de Marseille, Paris, le 22 janvier 1887</li>
</ul>
<br /><strong><em>Transformation de l'Ecole de médecine en Faculté (1906-1922)</em></strong><br /><br />1906<br />
<ul>
<li>Lettre de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, à M. Paul Desbief, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant une demande d'appui en vue d'obtenir la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Marseille, le 11 novembre 1906</li>
</ul>
<br />1907<br />
<ul>
<li>Lettre de M. Paul Desbief, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. Xavier Thibaud, membre de la Chambre, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Aix-en-Provence, le 2 février 1907</li>
<li>Lettre de M. Xavier Thibaud, membre de la Chambre, à M. Paul Desbief, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Aix-en-Provence, le 7 février 1907</li>
<li>Lettre de M. Joseph Cabassol, maire d'Aix-en-Provence, à M. Paul Desbief, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Aix-en-Provence, le 5 février 1907</li>
<li>Copie des voeux adoptés par le Conseil Général des Bouches-du-Rhône lors des séances de session extraordinaires d'octobre 1906, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Marseille, (ca 1906)</li>
<li>Délibérations de la Chambre de Commerce suite à la tenue d'un conseil concernant les voeux adoptés par le Conseil Général des Bouches-du-Rhône lors des séances de session extraordinaires d'octobre 1906 sur la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Marseille, le 22 février 1907</li>
<li>Lettre de M. Paul Desbief, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. Xavier Thibaud, membre de la Chambre, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Aix-en-Provence, le 25 février 1907</li>
<li>Lettre de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, à M. Paul Desbief, président de la Chambre de Commerce de Marseille, pour le remercier de la délibération que la Chambre a prise au sujet de la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Marseille le 27 février 1907</li>
<li>Lettre de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, à M. Paul Desbief, président de la Chambre de Commerce de Marseille, pour le remercier de la délibération que la Chambre a prise au sujet de la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Marseille le 20 juillet 1907</li>
<li>Extrait des registres des délibérations de l'Ecole, séance du 21 avril 1907, lettre du 20 juillet 1907</li>
</ul>
1908<br />
<ul>
<li>Lettre de M. Paul Desbief, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le Ministre de l'Instruction Publique et M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Aix-en-Provence, le 25 février 1908</li>
</ul>
<br />1918<br />
<ul>
<li>Lettre de M. Paul Gaffarel, adjoint au maire de Marseille, à M. Adrien Artaud, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Marseille, le 25 janvier 1918</li>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 14 février 1918 sous la présidence de M. Adrien Artaud, président de la Chambre, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté</li>
<li>Lettre de M. Adrien Artaud, président de la Chambre de Commerce, à M. Paul Gaffarel, adjoint au maire de Marseille, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Marseille, le 13 février 1918</li>
</ul>
<br />1921<br />
<ul>
<li>Lettre de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, à M. Hubert Giraud, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Marseille, le 1 juillet 1921</li>
</ul>
1922<br />
<ul>
<li>Lettre de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, à M. Hubert Giraud, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant la transformation de l'Ecole de médecine en Faculté, Marseille, le 15 décembre 1922</li>
</ul>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Description
An account of the resource
Un demi-siècle après sa création en 1808, l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille demande à être transformée en Faculté. Pour y parvenir, il lui faudra de la persévérance et des soutiens sans faille
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Faculté de médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/910/BUSC-612_Prog-cours-Institut-Chimie-20e.pdf
7fbd403d09a61e8c72116de7a0cd85b9
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Programmes des cours de l'École de Chimie, Institut Technique Supérieur de la Chambre de commerce de Marseille rattaché à la Faculté des sciences : 9 affiches imprimées entre 1920 et 1926
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Enseignement supérieur
Chimie
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de Commerce (Marseille), Institut Technique Supérieur
Université d'Aix-Marseille (1409-1973)
Faculté des sciences (Marseille)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote 612 (Réserve)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
imprimerie du Sémaphore (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1920-1926
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/263182150
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-612_Prog-cours-Institut-Chimie-20e_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 dossier
10 f, 9 affiches
format multiple
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
document d'archives
archival material
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/910
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
Pour devenir ingénieur-chimiste, il faut suivre les cours de l'École de chimie de l'Institut Technique Supérieur de la Chambre de commerce de Marseille donnés à la Faculté des sciences. Une alliance qui paraît naturelle à l'époque.
Abstract
A summary of the resource.
Si les liens entre industries et enseignement supérieur ont pu être parfois problématiques, le rapprochement entre l'université, la Chambre de Commerce et les industriels est à Marseille une réalité qui remonte au début du 20e siècle. <br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Faculte-sciences-1922.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>La nouvelle Faculté des sciences de Marseille (1922)</em></div>
<br />Cette dizaine d'affiches des cours de l'École de chimie nous montre que dans les années 1920, c'est la Chambre consulaire de Marseille qui organisait la formation des futurs <em>chimistes</em> et <em>ingénieurs-chimistes de l'Université d'Aix-Marseille</em> (titres officiels fixés par les arrêtés ministériels des 10 juillet 1909 et 23 Févier 1921). L'objectif de l'école était bien "<em>de former et de fournir à l'industrie marseillaise et à la région provençale des chimistes de laboratoire et des chimistes-ingénieurs</em>".<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Ecole-chimie-Marseille_1920.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Chambre de commerce - Institut Technique Supérieur - Faculté des sciences (Marseille, 1920)</em></div>
<br />Cette formation, orientée vers les besoins des industriels et des cultures méditerranéennes, inclut aussi les techniques de l'ingénieur. Elle dure trois années et reste réservée aux bacheliers ayant obtenu la 2ème partie mathématiques au baccalauréat; à défaut, les candidats doivent passer un examen de maths, physique et chimie.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Ecole-chimie_1922.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>L'École de Chimie, créée en 1907 (cliché plus tardif</em>)</div>
<br />Si les cours étaient effectivement donnés dans les locaux tout neufs de la nouvelle Faculté des Sciences avec ses salles de cours <em>modernes</em>, implantée place Victor Hugo, l'Ecole de Chimie relevait alors de l'Institut Technique Supérieur, créé en 1917 par la Chambre de Commerce, lui-même rattaché à la Faculté (salles de TP équipées de paillasses) : son <em>Laboratoire d'Essais Techniques</em> assurait la passerelle avec l'industrie. Pour simplifier encore plus les choses, le doyen de la Faculté des sciences, signataire de ces affiches (ces années-là, Paul Rivals, Pr. de chimie industrielle), est également directeur de l'Institut technique.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Paul-Rivals.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Paul Rivals, doyen des sciences de 1918 à 1934 (1864-1939)<br /></em></div>
<br />Les non-bacheliers pouvaient suivre une année de formation dans la section d'enseignement professionnel pour obtenir le titre d'<em>aide-chimiste</em>. Signe de l'évolution du niveau de qualification, la durée de formation de 8 mois en 1920 est portée à un an à partir de 1922.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Chimie-paillasses.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Chimie St Charles - les paillasses des salles de TP (un patrimoine aujourd'hui historique)<br /></em></div>
<br />Compte tenu de l'activité portuaire de la ville et de sa connexion avec la Chambre de commerce, on ne sera pas surpris de voir qu'à partir de l'année scolaire 1923-1924 (donc juste après la grande Exposition coloniale de 1922 ...) la formation des chimistes et ingénieurs-chimistes intègre "<em>les questions qui intéressent les cultures des colonies françaises"</em>.
Affiches -- Marseille (Bouches-du-Rhône, région) -- 20e siècle
Chimie -- Étude et enseignement -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Enseignement supérieur -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Faculté des sciences -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Sciences -- Étude et enseignement -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/912/CCIMP-MK-2.1.2.3_Ecole-application_1901-1931.pdf
8daeff78afc08f5176788f43df5dbd17
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Manuscrits
Description
An account of the resource
Plusieurs dizaines de manuscrits des 16e-18e siècles, principalement juridiques, conservés dans les réserves des BU de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Création de l'École d'application du Service de santé des troupes coloniales : correspondances échangées entre 1901 et 1931. Archives de la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Médecine tropicale et coloniale
Santé publique
Description
An account of the resource
A la naissance du 20e siècle, il est nécessaire de former des médecins coloniaux militaires et donc de créer une école d'application. Mais où l'implanter ? Pour Marseille, inutile de chercher, la réponse est toute trouvée !
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales (Marseille)
Le Mée de La Salle, Léopold (1842-19..). Auteur
Millerand, Alexandre (1859-1943). Auteur
Reynaud, Gustave (1855-1926). Auteur
Giraud, Hubert (1865-1934). Auteur
Ribot, Georges (1875-1934). Auteur
David, Edgar. Auteur
Verdier. Auteur
Brenier, Georges. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote MK-2-1-2-3
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1901-1931
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
pas de notice calames
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/263327590
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIMP-MK-2.1.2.3_Ecole-application_1901-1931_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
25 pièces
86 p.
30 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
manuscrit
manuscript
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/912
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
<p>Contient 24 pièces dont 21 pièces manuscrites ou dactylographiées, 2 rapports imprimés et 2 coupures de presse.<br /><br />Pour soigner les troupes coloniales dont les effectifs augmentent, l'armée a besoin d'un corps de médecins compétents en médecine de guerre et dans les maladies tropicales. Jusqu'aux dernières années du 19e siècle, ils étaient d'abord formés à Lyon puis, une fois diplômés en médecine, envoyés à au Val-de-Gràce (Paris) pour leur spécialisation. L'importance des nouveaux contingents imposait la création d'une école d'application formant à une médecine spécialement adaptée aux pays tropicaux, sensiblement différente de celle européenne.<br /><br />L'un des premiers à s'en inquiéter, d'après les archives communiquées par la Chambre de Commerce de Marseille, est le Dr Edouard Heckel, fondateur et directeur de l'Institut colonial de Marseille : dans les coupures de presse de février 1901 qui s'en font écho (Le Petit Provençal et le Petit Marseillais), E. Heckel démontre, chiffre à l'appui, que l'implantation de cette école ne peut être qu'à Marseille puisque le port recense, annuellement, plus du décuple de cas de pathologies coloniales que Bordeaux, par ex. (inutile d'évoquer le Havre ou Nantes, carrément insignifiant). Cette fréquence explique l'existence d'une clinique spécialisée dans le traitement des maladies exotiques, autant d'économies potentielles pour le Ministère de la Guerre. Par ailleurs, les enseignements coloniaux organisés par la Chambre de Commerce (Institut colonial et Musée colonial) sont limités par l'exiguité des locaux du Palais de la Bourse : "<em>le choix de cette ville s'impose, non par un acte bienveillant du gouvernement mais par le droit qui résulte du développement de son enseignement colonial actuellement unique en France</em>". Etonnament, E. Heckel ne précise apparemment pas dans son article que l'Ecole de médecine a ouvert depuis 1899 (donc deux ans plus tôt) un enseignement colonial sur les pathologies exotiques (cf rapports du Dr G. Reynaud de 1902).<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Millerand-Ministre-guerre_1902.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<div style="text-align: center;"><em>Réponse de Millerand, Ministre du Commerce, à la requête de la Chambre de commerce de Marseille (1902)</em></div>
<p><br />Pour les mêmes raisons, la Chambre de Commerce, qui n'est pas un amateur en matière de lobbying, appuie cette demande en multipliant les courriers au plus au sommet de l'Etat. En témoigne ce retour du Président de la Chambre de Commerce <em>(Le Petit Marseillais</em>) qui demande à Alexandre Millerand, alors Ministre du Commerce et de l'Industrie (interlocuteur plus familier que le Ministre de l'Instruction), l'installation de l'Ecole d'application à Marseille, lequel transmet obligeamment la requête au Ministre de la Guerre, seul compétent sur ce dossier. Selon la presse (<em>Le Petit Provençal</em>), le Président du Conseil serait très favorable à la candidature de Marseille (1901).<br /><br />Pour des motifs sensiblement différents, la ville de Marseille n'est pas en reste et soutient évidemment cette candidature : pour accueillir la nouvelle École, elle songe dans un premier temps à offrir une aile de l'École de Médecine située sur le prestigieux site du Palais du Pharo mais, concurrence oblige, elle se ravise et propose de construire un nouveau bâtiment à proximité de l'école de médecine. L'objectif réel diverge de celui de la Chambre de commerce : elle espère en fait que cette quasi mitoyenneté fera enfin avancer le projet toujours repoussé de transformer l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie (1875) en véritable Faculté de médecine et de pharmacie (seule habilitée à délivrer les diplôme de doctorat).<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Ecole-Pharo-promotion_La-Marseillaise_1907.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<p style="text-align: center;"><em>Ecole d'application du Pharo : la première promotion de 1907 (La Marseillaise)</em></p>
La décision de créer l'École d'application sera finalement prise le 12 avril 1905, décision scellée par un accord passé entre le maire de Marseille, Amable Chanot, et le Ministre de la Guerre. Mais cette création ne résoudra pas tout : dès l'après guerre (ca1919), dans son rapport présenté à l'Ecole de médecine de Marseille sur l'enseignement de la médecine coloniale, le Pr G. Reynaud tire le constat que : "<em>L'enseignement médical colonial, tel qu'il a été institué en 1899 à l'École de Médecine de Marseille, ne répond plus aux nécessités actuelles de la mise en valeur de nos possessions d'Outre-mer</em>", rappelant également ques les colonies ont "fourn"i un million d'hommes.<br /><br />Marseille aura tout loisir de découvrir qu'elle n'a remporté qu'une bataille : il lui faudra une nouvelle fois attendre un quart de siècle pour fêter la transformation de l'École de Médecine en Faculté en 1930. Ceci expliquant probablement cela, il n'y a plus trace de correspondances à propos des subventions demandées et des dons récoltés pour l'agrandissement de l'Ecole à partir de 1931.<br /><br />L'École d'application gardera le même nom jusqu'en 1954 pour devenir le Centre d'instruction et de recherche du service de santé des troupes coloniales. Après trois autres changements, l'École du Pharo quitte Marseille en juin 1975 pour rejoindre l'Institut de recherche biomédicale des armées.<br /><br />_______________<br /><em><em>Note : la Chambre de Commerce de Marseille et la responsable de son Service d'archives et de documentation, Sylvie Drago, ont confié ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette très grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.</em></em><br /><em><em></em></em>
<p><em><em><br />_______________<br /></em></em>1. École du Pharo, in <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_du_Pharo#Cr%C3%A9ation_de_l'%C3%A9cole" target="_blank" rel="noopener"><em>Création de l'Ecole (Wikipédia)</em></a><br /><br /></p>
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Titres des 24 correspondances (ordre chronologique) :<br /><br />1901<br />
<ul>
<li>L'École de santé coloniale, in "Le Petit provençal", 7 février 1901</li>
<li>Questions coloniales, in "Le Petit Marseillais, 10 février 1901"</li>
</ul>
<br />1902<br />
<ul>
<li>Lettre de M. Léopold Le Mée de La Salle, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. Alexandre Millerand, Ministre du Commerce, concernant la création d'une Ecole d'application de médecine coloniale et une demande d'appui auprès du Ministre de la Guerre pour obtenir la création de celle-ci, Marseille, le 10 janvier 1902</li>
<li>Lettre de M. Alexandre Millerand, Ministre du Commerce et de l'Industrie, à M. Léopold Le Mée de La Salle, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant l'installation de l'Ecole d'application de médecine coloniale à Marseille, Paris, le 18 janvier 1902</li>
<li>Ministre du Commerce - Transmission de la demande au ministre de la Guerre, 18 janvier 1902</li>
<li>Lettre de M. Alexandre Millerand, Ministre du Commerce et de l'Industrie, à M. Léopold Le Mée de La Salle, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant l'installation de l'Ecole d'application de médecine coloniale à Marseille, Paris, le 18 janvier 1902</li>
<li>Rapport sur l'enseignement colonial à Marseille et sur un vœu relatif à l'installation de l'Ecole d'application du service de santé colonial, par le Dr G. Reynaud, Marseille (ca 1902)</li>
<li>Rapport sur l'enseignement colonial à Marseille et sur un vœu relatif à l'installation de l'Ecole d'application du service de santé colonial, par le Dr G. Reynaud, Marseille (ca 1902)</li>
</ul>
<br />1912<br />
<ul>
<li>Lettre de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, à M. Léopold Le Mée de La Salle, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant l'enseignement colonial à Marseille et l'installation de l'Ecole d'application de médecine coloniale à Marseille, le 2 janvier 1912</li>
</ul>
<br />1919<br />
<ul>
<li>Rapport présenté par le professeur G. Reynaud à l'Ecole de médecine de Marseille, sur l'enseignement de la médecine coloniale (ca 1919)</li>
</ul>
<br />1922<br />
<ul>
<li>Lettre de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie et de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales, à M. Hubert Giraud, président de la Chambre de Commerce de Marseille, au sujet de l'attribution de bourses pour les candidats souhaitant participer aux cours de l'Institut de médecine coloniale, Marseille, le 7 novembre 1922</li>
<li>Rapport de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, concernant la préparation aux services des institutions sanitaires coloniales et maritimes, Marseille, le 18 décembre 1922</li>
<li>Rapport de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, concernant l'organisation des cours publics, le 18 décembre 1922</li>
<li>Rapport de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, concernant la préparation aux services des institutions sanitaires coloniales et maritimes, Marseille, le 18 décembre 1922</li>
<li>Rapport de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie, concernant l'organisation des cours publics, le 18 décembre 1922</li>
</ul>
<br />1929<br />
<ul>
<li>Rapport relatif à l'agrandissement de l'Ecole d'application du service de santé colonial, destiné à être présenté au conseil municipal de Marseille par le Dr Ribot, Marseille, le 7 octobre 1929</li>
<li>Lettre au brouillon de M. Edgar David, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le médecin général l'Herminier, directeur général de l'Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales, au sujet du projet d'agrandissement de l'Ecole, le 27 novembre 1929</li>
<li>Lettre de M. le médecin général l'Herminier, directeur de l'Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales, à M. Edgar David, président de la Chambre de Commerce de Marseille, au sujet d'une demande de contribution financière du projet d'agrandissement de l'Ecole d'application coloniale, Marseille, le 19 octobre 1929</li>
<li>Lettre de M. Edgar David, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le médecin général l'Herminier, directeur général de l'Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales, au sujet du projet d'agrandissement de l'Ecole, le 29 novembre 1929</li>
<li>Lettre de M. Edgar David, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le médecin général l'Herminier, directeur général de l'Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales, au sujet du projet d'agrandissement de l'Ecole, le 29 novembre 1929 (2ème ex.)</li>
<li>Lettre de M. Edgar David, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le médecin général l'Herminier, directeur général de l'Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales, au sujet du projet d'agrandissement de l'Ecole, le 2 décembre 1929</li>
<li>Lettre de M. le médecin général l'Herminier, directeur de l'Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales, à M. Edgar David, président de la Chambre de Commerce de Marseille, au sujet d'une demande de contribution financière du projet d'agrandissement de l'Ecole d'application coloniale, Marseille, le 3 décembre 1929</li>
</ul>
<br />1931<br />
<ul>
<li>Lettre de M. Verdier, général directeur des troupes coloniales pour M. le ministre de la Guerre, à M. le médecin général l'Herminier, directeur de l'Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales, au sujet de la subvention octroyée par la Chambre de Commerce de Marseille, Paris, le 10 janvier 1931</li>
<li>Lettre de M. le médecin général l'Herminier, directeur de l'Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales, à M. Georges Brenier , président de la Chambre de Commerce de Marseille, au sujet d'un don financier offert par la Chambre de Commerce au profit de l'aggrandissement de l'Ecole, Marseille, le 13 janvier 1931</li>
<li>Lettre de M. Georges Brenier, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le médecin général l'Herminier, directeur de l'Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales, au sujet de la subvention octroyée par la Chambre de Commerce à l'Ecole d'application coloniale, 14 janvier 1931</li>
</ul>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales (Marseille) -- 20e siècle
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/914/BUSC-612_Programmes-cours-Institut-Eco_20e.pdf
10e3fae0ff6286d158e65831acfd0e14
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Programmes des cours de la Section Économique de l'Institut Technique Supérieur de la Chambre de commerce de Marseille rattaché à la Faculté des sciences : 11 affiches imprimées entre 1918 et 1927
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Enseignement supérieur
Droit commercial
Droit international
Commerce maritime
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de Commerce (Marseille), Institut Technique Supérieur
Université d'Aix-Marseille (1409-1973)
Faculté des sciences (Marseille)
Masson, Paul (1863-1938). Auteur
Rivals, Paul (1864-1939)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote 612 (Réserve)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
imprimerie du Sémaphore (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1918-1927
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/263590232
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-612_Prog-cours-Institut-Chimie-20e_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 dossier
12 f, dont 11 affiches
format multiple
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
document d'archives
archival material
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/914
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
Malgré son nom, l'Institut Technique Supérieur s'intéresse à toutes les questions juridiques, économiques et commerciales qui concernent les industriels : leur formation sera assurée par les enseignants de la Faculté de droit
Abstract
A summary of the resource.
<p>Un mois après la signature de l'armistice du 11 novembre 1918, l'Institut Technique Supérieur annonce par voie d'affichage un nouveau programme de cours d'économie. Cette année-là, ils auront bien lieu à la Faculté de Sciences de Marseille mais dans ses locaux Allées des Capucines, alors que les futurs cours de chimie seront inaugurés en 1920 dans ses nouvelles salles de cours, place Victor Hugo. Après l'ouverture de ces nouveaux locaux, les cours d'économie continueront à être donnés dans ce qui est désormais appelée <em>ancienne Faculté des Sciences</em>. À la rentrée scolaire de 1924-1925, les cours migrent Allées Léon Gambetta.</p>
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Programmes-eco-Marseille_20e_.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Des cours d'économie à la Faculté des sciences... </em></div>
<br />Comment pouvons-nous savoir que ces cours sont nouveaux ? Parce que cette structure vient tout juste d'être créée (1917) et que son annonce précise "<em>Exceptionnellement cette année, en vue de faire connaître le nouvel enseignement, les conférences seront ouvertes au Public en dehors des étudiants régulièrement inscrits".</em><br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/creation-cours-eco-20e.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>La création des cours d'économie de 1918-1919 : une annonce au vert intense effacé par le temps</em></div>
<br />Qu'un institut technique organise des cours de droit et d'économie peut déjà paraître surprenant mais en plus qu'il vise explicitement un public <em>non-étudiant</em> est encore plus étonnant. Mais quoi de plus normal pour une structure qui dépend de la Chambre de Commerce, organisation privée qui ne cesse d'œuvrer pour accroître les compétences techniques, juridiques et commerciales du milieu industriel marseillais et favoriser son rapprochement avec le monde universitaire ? Et le contexte l'exige : chacun pressent ou espère que la paix va revenir et ouvrir une période de reconstruction qui mobilisera les forces vives du pays.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Public-conferences-eco.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Des conférences économiques à destination des entreprises : après la fermeture des bureaux<br /></em></div>
<br />Les cours annoncés en 1918, remplacés par des conférences dès l'année scolaire 1920-1921, au goût de cours du soir, sont d'abord proposés aux<em> futurs chefs de maison et employés supérieurs</em> (1919-1920) puis à tous ceux qui peuvent être appelés à la <em>direction des affaires commerciales et industrielles</em> ou qui aspirent aux <em>emplois supérieurs</em> dans les grandes maisons, sociétés et compagnies de toutes sortes, dans les banques et établissements de crédit. À partir de 1922-1923, le public visé se précise davantage : <em>fils de patrons, ingénieurs, etc. </em>Ce haut enseignement commercial (mention qui apparaît en sous-titre en 1921-1922 puis en caractères si grands à partir de 1922 qu'elle éclipse tout le reste), est sanctionné par un diplôme après deux années d'étude ou un simple certificat après une seule année.<br /><br />Si la section économique est dirigée par Paul Masson, Pr à la Faculté des Lettres, spécialiste en <span itemprop="description">histoire et géographie économiques (études sur Marseille et les échanges coloniaux), </span>la majorité des cours est donnée par les enseignants de la Faculté de Droit d'Aix, en fonction de leur spécialité : comptabilité, douanes, droit commercial, administratif et fiscal, les produits et échanges commerciaux, et bien sûr, les grands ports et le droit maritime. Forte de ses relations avec les entreprises, l'empreinte de la Chambre de Commerce se retrouve tout naturellement dans les sujets divers qui sont traités le vendredi par des <em>notabilités du monde industriel et commercial</em>.
Affiches -- Marseille (Bouches-du-Rhône, région) -- 20e siècle
Chimie -- Étude et enseignement -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Enseignement supérieur -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Faculté des sciences -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Sciences -- Étude et enseignement -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/915/BUSC-8533_CCIMP-Expo-1906.pdf
3c485f1efef184a523089ac53ba1fed1
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Chambre de commerce de Marseille et l'exposition coloniale de 1906 (La)
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Colonies françaises
Description
An account of the resource
La préoccupation constante de la Chambre de commerce de Marseille est d'augmenter la part de la ville dans le trafic colonial : après sa participation à l'Exposition coloniale de 1906, elle poursuivra inlassablement cet engagement
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Éditeur scientifique
Desbief, Paul (1850-1922). Préface
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote BUSC 8533
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Typogr. et lithogr. Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1908
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/263590348
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-8533_CCIMP-Expo-1906_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
ill, cartes, tabl.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/915
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Colonies françaises. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Quand Paul Desbief, président de la Chambre de commerce de Marseille, préface ce rapport sur l'engagement total de sa Compagnie dans la préparation de la grande l'Exposition coloniale de 1906, le bilan très positif de l'évènement est déjà connu de tous.<br /><br />C'est donc de manière assez formelle qu'il rappelle que l'idée directrice des promoteurs de l'Exposition était de présenter au public "<em>une synthèse harmonieuse et vivante des éléments épars de notre vaste empire colonial</em>". De ce côté, le pari est assez réussi : le public, ravi, découvre la réalité palpable de son propre Empire colonial en pleine construction et qu'il ne connaît, pour la plupart des visiteurs, que très partiellement.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/palais_Madagascar_1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le palais de Madagascar, avec en arrière-plan Notre-Dame-de-la-Garde (1906)</em></div>
<br />Au 20e siècle naissant, l'exploitation économique des pays colonisés met en valeur tout qu'elle apporte aux populations locales : la France ne fait pas que prendre, elle sait aussi donner. L'intérêt de l'Exposition n'est donc pas seulement de présenter l'essor de l'activité commerciale mais aussi de montrer "<em>les progrès accomplis par les indigènes placés sous notre tutelle dans la voie du bien-être physique et de l'amélioration sociale</em>".<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/kiosque-musique-malgache_1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Un moment de détente exotique dans un kiosque à musique très classique (orchestre malgache, 1906)</em></div>
<br />La bonne conscience étant la chose la mieux partagée du monde, Desbief poursuit en s'adressant au Ministre des colonies : "<em>Nous n'aurions garde d'oublier, que votre Administration a de tout temps secondé l'initiative de nos explorateurs, de nos colons et de nos négociants, et qu'elle partage avec eux le fardeau - et l'honneur - de la mission civilisatrice qui leur incombe</em>". Les compliments, ça ne fait jamais de mal, à ceux qui les donnent comme à ceux qui les reçoivent. Et la Chambre de Commerce fait souvent appel au Ministre des Colonies en place comme en témoignent les nombreuses correspondances échangées avec le ministère...<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/art-provencal_1906.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Exposer les arts des colonies aux Marseillais, montrer aux colonies l'art provençal (1906)</em></div>
<br />Si tous ces faits sont connus et ont fait l'objet de publications, certaines des retombées de l'Exposition de 1906 sont moins connues (voir liens avec les autres titres en ligne) ou ont eu une importance plus locale. Le septeième et dernier chapitre est entièrement consacré à l'après de l'Exposition, aspect parfois négligé : à côté de cérémonies relativement anecdotiques (remise de la médaille d'or à E. Heckel, élévation d'un buste en l'honneur de Jules Charles-Roux), les Marseillais assisteront à la transformation du parc de l'Exposition coloniale en jardin public, et à la fondation de l'<em>Institut colonial marseillais</em> puis à son inauguration l'année suivante (notice historique détaillée complétée d'une annexe 1 sur ses statuts).
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Exposition coloniale (1906, Marseille)
Institut Colonial de Marseille -- Histoire -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/919/CCIMP-MK-2.1.2.3_Institut-med-col_1923-1934.pdf
49233d727efee2017128873a5b4dc0e7
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Institut de Médecine et de Pharmacie coloniales : correspondances échangées entre 1923 et 1934 relatives à l'attribution de bourses. Archives de la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Médecine tropicale et coloniale
Santé publique
Description
An account of the resource
En 1922, le recrutement de médecins coloniaux pose de tels problèmes que l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales se résout à solliciter des bourses à la Chambre de Commerce
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Université d'Aix-Marseille. Institut de médecine et de pharmacie coloniales. Auteur
Giraud, Hubert (1865-1934). Auteur
Emile Rastoin. Auteur
David, Edgar. Auteur
Brenier, Georges. Auteur
Hubert, Maurice. Auteur
Prax, Félix. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote MK-2-1-2-3
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1923-1934
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
pas de notice calames
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/263590909
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIMP-MK-2.1.2.3_Institut-med-col_1923-1934_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
12 pièces
17 p.
30 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
document d'archives
archival material
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/919
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
<p>Contient 12 pièces dont 1 pièce manuscrite et 11 lettres dactylographiées.<br /><br />L'euphorie colonialiste française des années 1920 ne suffit pas à motiver les futurs médecins : l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales de Marseille a toutes les peines du monde à recuter des candidats intéressés par l'outre-mer.<br /><br />Toutes les correspondances présentées ici ont pour objet la demande et l'attribution de bourses aux futurs médecins coloniaux formés dans cet institut et qui ont obtenu avec succés le <em>diplôme d'études médicales coloniales de l'Université d'Aix-Marseille</em>. Mais l'obtention de cette bourse est en contrepartie soumise à une condition : l'engagement de se fixer dans les colonies pour y exercer la médecine dans un service colonial public ou privé (administrations ou entreprises).<br /><br /><em><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/medecin-colonial.1.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></em></p>
<div style="text-align: center;"><em>Médecin colonial - colonies françaises d'Afrique (20e siècle)</em></div>
<p>La Chambre de commerce n'est pas sélective : au cours des 12 années de correspondances, en raison peut-être du nombre très limité de dossiers, elle répond favorablement à toutes les demandes d'attributions que lui présente l'Institut de médecine permettant à ces jeunes diplômés de s'installer et démarrer leur carrière en Haute-Volta (AOF), au Niger, dans les Établissements français de l'Inde, au Maroc, à la Cie du Chemin de fer franco-éthiopien, ou encore en Algérie.<br /><br />La Chambre de Commerce est d'autant plus généreuse que la durée de l'engagement de servir dans les colonies reste totalement floue : le contrat se limite à stipuler "<em>pendant un certain temps</em>", formule pour le moins élastique et qui autorise, voire qui suggère, toutes les souplesses. Le titre plus exotique de "<em>médecin de brousse</em>" ne suffira pas à masquer les difficultés que les praticiens doivent surmonter dans l'exercice d'une médecine de terrain souvent coupée de toute assistance logistique solide. Ce déficit de personnels qualifiés (des structures ont été développées dès la fin du 19e siècle) et les besoins croissants des populations amèneront la France a créer une médecine (avec son élite) et des hôpitaux "indigènes" - Pondichery, Hanoï, Dakkar, Tananarive... (1)<br /><br />Médecin colonial ou médecin de brousse, un métier comme les autres ? Un siècle plus tard, au vu du nombre de candidats toujours en nombre insuffisant, on peut en douter...<br /><br />_______________<br /><em>Note : la Chambre de Commerce de Marseille et la responsable de son Service d'archives et de documentation, Sylvie Drago, ont confié ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette très grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.</em><br /><br />______________<br />1. Elsa Paris. - Les étudiants en médecine en Afrique de l’Ouest au XX<sup>e</sup> siècle : perspectives historiques sur la formation d’une élite - in Cairn : <em><span class="in-revue"><a href="https://www.cairn.info/revue-outre-mers-2017-1-page-149.htm" target="_blank" rel="noopener"><span class="titre-revue titre-revue-normalize">Outre-Mers</span> <b>2017/1 (N° 394-395)</b>, pages 149 à 177</a> </span></em><br /><br /></p>
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Titres des 12 correspondances (ordre chronologique) :<br /><br />1923<br />
<ul>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 6 février 1923 sous la présidence de M. Hubert Giraud, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales</li>
<li>Lettre de M. Hubert Giraud, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le directeur de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales, Marseille, le 21 février 1923 </li>
<li>Lettre de M. Lettre de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie et de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales, à M. Hubert Giraud, président de la Chambre de Commerce de Marseille, au sujet des bourses de l'Institut de médecine coloniale, Marseille (ca 1923)</li>
</ul>
<br />1924<br />
<ul>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 1 avril 1924 sous la présidence de M. Emile Rastoin, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales</li>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 1 avril 1924 sous la présidence de M. Emile Rastoin, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales</li>
</ul>
<br />1927<br />
<ul>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 2 août 1927 sous la présidence de M. Emile Rastoin, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales</li>
</ul>
1929<br />
<ul>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 14 février 1929 sous la présidence de M. Edgar David, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales1929</li>
</ul>
1930<br />
<ul>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 18 mars 1930 sous la présidence de M. Edgar David, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales</li>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 25 février 1930 sous la présidence de M. Georges Brenier, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales</li>
</ul>
<br />1932<br />
<ul>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 19 mai 1932 sous la présidence de M. Maurice Hubert, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales</li>
</ul>
<br />1934<br />
<ul>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 12 juillet 1934 sous la présidence de M. Félix Prax, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales</li>
<li>Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 25 septembre 1934 sous la présidence de M. Félix Prax, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales</li>
</ul>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Institut de Médecine et de Pharmacie coloniales (Marseille) -- 20e siècle
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/920/RES-17221_Police-ports-Marseille.pdf
69e201a8b82ab46a0723e77d3f0f7aad
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Recueil des lois, décrets et règlements usuels concernant la police des ports maritimes de commerce et des règlements particuliers au port de Marseille
Subject
The topic of the resource
Droit maritime
Transports aériens, maritimes et terrestres
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Port de Marseille Fos. Collectivité éditrice
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 17221
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Société anonyme du Sémaphore (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1939-1943
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/263590976
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-17221_Police-ports-Marseille_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
528 p.
In-4°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/920
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Publication faite par la direction du port de Marseille (Notes) - Classeur à feuillets mobiles soumis à mises à jour.<br /><br />Ce recueil de textes réglementaires dévoile l'histoire du port de Marseille et du début de son immense extension sous un prisme assez méconnu : l'envers pas vraiment touristique d'un immense décor à travers le défilé de règles techniques peu familières du grand public. On comprend rapidement que la précision millimétrique des règlements et des cahiers des charges est la condition sine qua non au bon fonctionnement de cette fourmilière logistique où tout doit être à sa place et au bon moment : une gestion implacable et minutieusement cadencée de l'espace et du temps sans laquelle cet enchevêtrement d'infrastructures, d'activités et de corps de métiers, tomberait rapidement dans le chaos et la paralysie.<br /><br />Outil de référence des droits et obligations des différents opérateurs, une brève partie historique rappelle les quelques textes généraux toujours en vigueur (extraits classés chronologiquement) comme l'obligation à tout navire quittant un port de déclarer son départ auprès de l'amirauté (1681) ou les compétences des officiers de port chargés du respect des règlements (1938).<br /><br />La partie la plus importante et la plus contemporaine de l'ouvrage reproduit in extenso les dispositions spéciales d'intérêt local adoptées entre 1870 et 1943 (bien que publié en 1939, le recueil a continué à être mis à jour les quatre années suivantes). La majorité des dispositions concerne les règles de circulation (franchissement des ouvrages d'art tels le Canal de Marseille, le souterrain du Rove, les ponts fixes ou mobiles), d'occupation des espaces (terre-plein, quais, domaine public), d'exploitation des infrastructures (voies ferrées), de manutention (activité continue des dockers), de signalisation (lumières) et de sécurité (interdiction de fumer ou de faire des feux). <br /><br />Certaines de ces dispositions nous livrent d'intéressantes informations sur l'évolution de la ville et du port comme l'interdiction de laisser les passerelles entre navires et quais (refuge des malfaiteurs tentant d'échapper à la police, 1925), ou le cahier des charges très détaillé de certaines installations comme celui du pont transbordeur de Marseille (construit en 1905 et détruit en 1944) de 1902 qui stipule toutes ses futures dimensions : 165 m de longueur pour 50 m de hauteur sous le tablier, le transbordeur devra mesurer 10 m de long et 12 de large...).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Pont_Transbordeur.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le pont transbordeur : un cahier des charges précis imposé à l'architecte<br />- cliché Frères Séeberger 1900-1925, Caisse nationale des Monuments historiques (c)</em></div>
<br />Au cours des années 1930, les matières classées dangereuses prennent une importance considérable : les textes qui encadrent leur déchargement, leur manipulation et leur stockage remplissent à eux-seuls 130 pages (un quart du classeur), notamment ceux dévolus aux hydrocarbures, préfigurant les grandes mutations industrielles que connaîtra Marseille après la Seconde Guerre Mondiale : en parallèle aux grands projets atlantiques des années 1960 (ports de Dunkerque et du Havre-Antifer, par ex.) destinés aux approvisionnements stratégiques de la France et à sa résistance aux incertitudes politiques, Marseille se voit dotée de nouvelles infrastructures portuaires aux dimensions hors normes : terminal pétrolier, gazier, minéralier et de conteneurs. A ces activités, viendront s'ajouter les raffineries et diverses industries chimiques et pétrochimiques. Le trafic des ferries ayant tendance à se tasser, Marseille fait le pari dans les années 1990 de développer l'activité croisière. Pari risqué, pari gagné. Toute activité confondue, Marseille est aujourd'hui le premier port maritime français devant celui du Havre et de Dunkerque respectivement classés aux 2ème et 3ème rang. Marseille fait aujourd'hui partie du club très fermé des <em>grands ports maritimes</em>, un statut d'établissement public créé en 2008 et qui se substituent à celui de port autonome pour les plus importants d'entre-eux (avec Nantes-St-Nazaire, Rouen, La Rochelle et Bordeaux, les sept grands ports maritimes traitent 80% du trafic des marchandises français, 2020).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/travaux-golfe-Fos_1966.1.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Les travaux d'aménagement du Golfe de Fos, 1966, source Ad-BdR 215 W6 (1)<br /></em></div>
<br />Un demi-siècle après les premiers terrassements des extensions portuaires, l'État, les collectivités locales, la Chambre de Commerce et les entreprises se félicitent des 70 km de quais, d'infrastructures, d'outillage et de logistique ultra performants dédiés aux échanges mondiaux (hydrocarbures, conteneurs, pondéreux, etc.), d'autres dénonceront cette monstrueuse emprise de béton sur le domaine maritime : un outil industriel incomparable pour les uns, un patrimoine naturel perdu à jamais pour les autres (2).<br /><br />_______________<br />1. Fabien Bartolotti. - <em>Le port de Marseille face aux bouleversements économiques des années 1945-1992 : rythmes, stratégies des acteurs, enjeux environnementaux</em>, thèse de doctorat soutenue le 1er février 2021 - Telemme-MMSH. Ce travail présente un historique en totale continuité à ce recueil<br />2. Liste des plus grands ports - in <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_plus_grands_ports" target="_blank" rel="noopener">Wikipédia</a></em><br />S'examiner désole, se comparer console, paraît-il, mais rien de plus de faux en matière portuaire : Marseille représente moins de 3% du trafic conteneurs annuel enregistré à Shanghai (2020)...
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
L'organisation des activités d'un grand port ne serait pas viable sans le recours à des textes qui énoncent ce que chaque opérateur peut faire et ne doit pas faire : des règlements bien plus instructifs que de simples règles de police
Police des ports -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Ports -- Droit -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/923/CCIMP-MK-2.1.2.3_Institut-hygiene_1930-1939.pdf
b2e929adad6d866251aa1133ba49138f
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale : correspondances échangées entre 1930 et 1939. Archives de la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Médecine tropicale et coloniale
Santé publique
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Université d'Aix-Marseille. Institut de médecine et de pharmacie coloniales. Auteur
Ministère de l'Education Nationale
Violle, Henri. Auteur
Boude, Antoine. Auteur
Cornil, L.. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote MK-2-1-2-3
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1930-1939
Rights
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domaine public
public domain
Relation
A related resource
pas de notice calames
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/264172191
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIMP-MK-2.1.2.3_Institut-hygiene_1930-1939_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
17 pièces
68 p.
30 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
document d'archives
archival material
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/923
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
<p>Contient 17 pièces dont 3 pièces manuscrites et 14 documents dactylographiés.<br /><br />Le 1er mars 1930 a lieu une réunion chargée de préparer le futur Congrès international d'hygiène méditerranéenne qui devrait se tenir dans les quelques années suivantes. Pour son initiateur, le Dr Henri Violle, l'objet du Congrès serait l'étude et le bilan de l'hygiène du bassin méditerranéen, un nouvel échelon régional intermédiaire à ceux déjà développés au niveau national et international. Tout juste créée, la nouvelle Faculté de médecine de Marseille ne doit pas être une faculté de plus, simple rivale des autres, mais affirmer son rôle dans le grand jeu d'intercommunications qu'est devenue la Méditerranée où les échanges entre une vingtaine de pays posent de nouveaux défis, notamment au niveau de la santé publique. Le palmarès des maladies qui y sont endémiques ou épisodiques est assez éloquent : trachome, leishmaniose, bilharziose, fièvre de Malte, dengue, paludisme, typhus, dysenterie, choléra, peste, variole, ... certaines laissant les médecins totalement désarmés : le programme est tout trouvé et s'annonce assez chargé.<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Creation-Institut-hygiene_1938.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<div style="text-align: center;"><em>Création de l'Institut méditerranéen d'hygiène (1938)</em></div>
<p>Comme prévu, le 1er <em>Congrès international d'hygiène méditerranéenne</em> se tiendra deux années après, les 20-25 septembre 1932 au Pharo, siège de la Faculté de médecine. L'heureuse suite de cet évènement scientifique est aujourd'hui connue : un décret du Ministère de l'Éducation nationale en date du 15 juillet 1938 portera création de l'<em>Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale</em>. Sans surprise, le nouvel Institut est rattaché à la Faculté de médecine de l'Université d'Aix-Marseille. Dans les correspondances et publications, il sera souvent appelé plus sobrement <em>Institut méditerranéen d'hygiène</em>.<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Subventions-Institut-hygiene_1939.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<div style="text-align: center;"><em>Demande de subventions de l'Institut d'hygiène à la CCIMP (1939)</em></div>
<p>Mais organiser un centre d'études et de recherches scientifiques et d'enseignement destinés aux médecins et aux corps d'inspection demande des moyens importants : la Faculté de médecine part donc à la recherche de fonds. Le Dr Henri Violle, qui en a été nommé directeur, se tourne très naturellement vers la Chambre de Commerce de Marseille, d'autant plus que parmi les membres de droit de son Conseil d'administration figure son Président, ce dernier ayant volontiers accepté cette nomination (le 1er CA s'est tenu le 8 nov. 1938). À sa demande de subvention de juillet 1939, H. Violle essuiera un refus de la Chambre de Commerce, pourtant engagée dans des missions d'enseignement, arguant qu'elle ne peut soutenir que les établissements à but exclusivement industriel et commercial... On peut difficilement soupçonner la Chambre de Commerce de vouloir épargner son budget, même si elle évoque un contexte tendu, puisqu'elle n'a pas rechigné à attribuer des bourses aux futurs médecins coloniaux au cours des années précédente (2). La Faculté des sciences, plus directement engagée dans la formation professionnelle, bénéficiera plus longuement de ces subventions.<br /><br />_______________<br /><em>Note : la Chambre de Commerce de Marseille et la responsable de son Service d'archives et de documentation, Sylvie Drago, ont confié ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette très grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.</em><br /><br />___________<br />1. Hygiène méditerranéenne : 1er congrès international, Marseille, 20-25 septembre 1932 : rapports et comptes rendus / tenu sous les auspices de la faculté de médecine de Marseille ; publié par le Dr Ch. Broquet - <a href="https://catalogue.univ-amu.fr/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=744043" target="_blank" rel="noopener"><em>disponibilté AMU</em></a><br />2.<a href="https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/919" class="permalink"><em>Institut de Médecine et de Pharmacie coloniales : correspondances échangées entre 1923 et 1934 relatives à l'attribution de bourses. Archives de la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille</em></a></p>
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Titres des 17 correspondances (ordre chronologique) :<br /><br />1930<br />
<ul>
<li>Rapport de M. Henri Violle, directeur de l'Institut d'Hygiène, lors du Congrès international d'hygiène méditerranéenne, Marseille, le 7 juillet 1930</li>
</ul>
1938<br />
<ul>
<li>Lettre de M. le recteur de l'Académie d'Aix, président du Conseil de l'Université d'Aix-Marseille, à M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant la création d'un Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Aix-en-Provence, le 26 octobre 1938</li>
<li>Lettre de M. le recteur de l'Académie d'Aix, président du Conseil de l'Université d'Aix-Marseille, à M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant la création d'un Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Aix-en-Provence, le 26 octobre 1938</li>
<li>Décret officiel du Ministère de l'Education Nationale portant sur la création d'un Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Paris, le 15 juillet 1938</li>
<li>Annexe du décret officiel du Ministère de l'Education Nationale portant sur la création d'un Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Paris, le 15 juillet 1938</li>
<li>Lettre de M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le recteurde l'Académie d'Aix, président du Conseil de l'Université d'Aix-Marseille, concernant la création d'un Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Marseille, le 2 novembre 1938</li>
<li>Lettre de M. Henri Violle, directeur de l'Institut, à M. le recteur de l'Académie d'Aix, président du Conseil de l'Université d'Aix-Marseille, pour l'inviter à participer à la première réunion du Conseil d'administration de l'Institut, Marseille, le 2 novembre 1938</li>
<li>Lettre de M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le recteur de l'Académie d'Aix, président du Conseil de l'Université d'Aix-Marseille, concernant sa nomination au Conseil d'administration de l'Institut, Marseille, le 2 novembre 1938</li>
<li>Lettre de M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. Henri Violle, directeur de l'Institut d'Hygiène, concernant une demande de subvention, Marseille, le 31 août 1939</li>
</ul>
<br />1939<br />
<ul>
<li>Lettre de M. Henri Violle, professeur à la Faculté de médecine, directeur de l'Institut d'Hygiène, à M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant une demande de subvention, Marseille, le 28 juillet 1939</li>
<li>Note pour le bureau de la Chambre de Commerce de Marseille concernant la demande de subvention présentée par l'Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, (ca 1939)</li>
<li>Note de la Chambre de Commerce de Marseille concernant la demande de subvention présentée par l'Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Marseille, le 25 août 1939</li>
<li>Affiche annonçant les cours de l'année 1939 du Diplôme d'hygiène de l'Institut méditerranéen d'hygiène</li>
<li>Brochure présentant les programmes d'enseignement de l'Institut méditerranéen de médecine générale et coloniale pour l'année 1939, Marseille, (ca 1939)</li>
<li>Brochure présentant les conditions d'accès à l'Institut méditerranéen de médecine générale et coloniale ainsi que les programmes d'enseignement, présenté par Henri Violle, directeur de l'Institut et L. Cornil, doyen de la Faculté de médecine, Marseille, (ca 1939)</li>
<li>Programme pour l'année 1939 du cours d'Hygiène, en vue de l'obtention du diplôme d'Etat (infirmières hospitalières et assistantes de service sociale), Institut méditerranéen de médecine générale et coloniale, Marseille, (ca 1939)</li>
<li>Programme pour l'année 1939 du cours de préparation au brevet de médecin de la marine marchande, Institut méditerranéen de médecine générale et coloniale, Marseille, (ca 1939)</li>
</ul>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Description
An account of the resource
Quand le Dr Violle dresse le bilan de la 1ère réunion préparatoire au Congrès international d'hygiène méditerranéenne, il en imagine le programme mais ne mesure pas toutes les conséquences de cette initiative
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Hygiène -- Méditerranée (région) -- 20e siècle
Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Médecine tropicale -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/924/CCIMP-MK-2.1.2.3_Affiche-hygiene_1939.pdf
c45a2d7e78d09321359e69f5e699a335
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Programme des cours de l'Institut méditerranéen d'hygiène de la Faculté mixte de médecine et de pharmacie : affiche de l'année 1939
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Médecine tropicale et coloniale
Santé publique
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Université d'Aix-Marseille. Institut méditerranéen d'hygiène. Auteur
Violle, Henri. Auteur
Cornil, L.. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille), cote MK-2-1-2-3
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie nouvelle de Marseille (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1939
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
pas de notice calames
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/264172442
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/CCIMP-MK-2.1.2.3_Affiche-hygiene_1939_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 f.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
document d'archives
archival material
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/924
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
<p>Ce document, contenu dans la liasse des Archives de la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille relative à sa correspondance avec la Faculté de Médecine, cote MK-2-1-2-3, est l'unique affiche, assez abîmée, des programmes de l'Institut méditerranéen d'hygiène de l'année 1939. <br /><br />Cette formation est de courte durée (mars-juin) mais elle s'adresse aux médecins déjà titulaire d'un certificat de microbiologie. Toutes les problématiques médicales et les secteurs concernés de près ou de loin par les questions d'hygiène font l'objet de cours : maladies infectieuses, épidémiologie, prophylaxie, hygiène industrielle, urbaine, alimentaire, infantile, ... <br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/diplome-hygiene_1939.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<div style="text-align: center;"><em>Le programme des cours d'hygiène (Marseille, 1939)</em></div>
<p>On pourrait s'étonner qu'un Institut qui vient à peine d'être créé (1) ait eu le temps d'élaborer un plan de formation aussi complet. Mais il faut se rappeler que dans son bilan de la 1ère réunion préparatoire au Congrès international d'hygiène méditerranéenne, soit près de 10 ans avant, H. Violle, spécialiste de l'hygiène et diplômé de médecine sanitaire maritime, avait déjà largement imaginé le contenu scientifique de ce qui deviendra ces enseignements et prévu de subdiviser ce domaine trop étendu en deux parties, l'une continentale et l'autre maritime, objet de ce diplôme.<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/Henri-Violle.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<div style="text-align: center;"><em>Henri Violle Pr de médecine et hygiéniste (1852-1953) - École nationale des chartes (2)</em></div>
<p>Si quelques expressions et classifications peuvent paraître un peu désuètes et surprenantes de nos jours, comme les maladies sociales qui regroupent aussi bien la tuberculose, la syphilis, l'alcoolisme que le cancer, les différentes branches de l'hygiène présentées à l'époque nous sont toujours très familières (nous sommes à la veille de la Seconde Guerre Mondiale) et devenues des préoccupations majeures, souvent quotidiennes, parfois présentes dans les titres des actualités médicales ou judiciaires... : surveillance sanitaire aérienne, sources virales, contrôle de l'eau, épuration des eaux usées et élimination des ordures ménagères, risques de maladies professionnelles (fumées, intoxications, atmosphères confinées), médecine préventive, prévention en milieu hospitalier...<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Programme-Congres-hygiene_1930.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p>
<div style="text-align: center;"><em>Projet de programme du Congrès international d'hygiène méditerranéenne (H. Violle, 1930)</em></div>
<p>Les docteurs en médecine qui ont satisfait aux examens de fin de cursus obtiennent le <em>brevet de médecins de la marine marchande</em>. Un certificat d'hygiène est attribué aux pharmaciens et aux vétérinaires qui ont suivi cette formation et réussi les examens correspondants.<br /><br />_______________<br /><em>Note : la Chambre de Commerce de Marseille et la responsable de son Service d'archives et de documentation, Sylvie Drago, ont confié ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette très grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.</em><br /><br />_____________<br />1. <a href="https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/923" class="permalink"><em>Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale : correspondances échangées entre 1930 et 1939. Archives de la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille</em></a><br />2. Jacques Loeper & Julien Huber. - Henri Violle, hygiéniste français... : notice biographique, in <em><a href="https://cths.fr/an/savant.php?id=4949#" target="_blank" rel="noopener">Comité des travaux historiques et scientifiques - École nationale des chartes </a></em></p>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Chambre de commerce de l'industrie de Marseille Provence - (CCIMP Marseille)
Description
An account of the resource
Après cette formation spécialisée en hygiène de trois mois et demi, les docteurs en médecine ayant déjà un certificat en microbiologie (bactériologie et parasitologie) deviennent médecins brevetés de la marine marchande
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/929/RES-43270_Grande-maison_1931.pdf
7c9547fd6ac33285e62503f893213371
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
grande maison dans une grande cité (Une) : la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille : son rôle dans l'histoire et dans le port
Subject
The topic of the resource
Économie coloniale
Aménagement du territoire
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Exposition coloniale (1931 ; Paris). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 43720
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Moullot (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1931
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/26429484X
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-43270_Grande-maison_1931_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
48 p. : ill., cartes
24 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/929
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Exposition coloniale internationale. Paris. 1931 (Titre de forme)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Abstract
A summary of the resource.
Mentions au verso de la page de titre : "<em>Les têtes de chapitres et culs-de-lampe sont d'André Bermon. Les clichés des hors-textes ont été fournis par le Service des Archives de la Chambre de Commerce de Marseille</em>".<br /><br />"<em>On ne conçoit pas une Exposition Coloniale de l'envergure de celle qui se prépare, sans la participation de l'une des plus grandes métropoles coloniales du monde, de la plus grande métropole coloniale française</em>". En reprenant in extenso l'invitation du Gouverneur-Général faite aux négociants et industriels marseillais à participer à l'Exposition Coloniale de Paris prévue pour l'année suivante, en 1931, on comprend que l'éloge de la <em>grande maison</em> et de la <em>grande cité</em> ne vas pas faire dans la nuance. Son rôle dans la colonisation pas davantage : "<em>Ce n'est pas par les armes qu'on colonise, Marseille, métropole coloniale de la France, a toujours pratiqué l'expansion bienfaisante, s'imposant par les services rendus, et souhaitée par ceux auprès de qui elle s'exerce</em>". <br /><br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/pavillon-CCIMP_1931.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le pavillon de la CCIMP, mausolée du commerce colonial (Expo Paris à Vincennes, 1931)</em> <em></em></div>
<br />La construction du pavillon de la Chambre de Commerce est bien la reconnaissance de son rôle historique et exemplaire (la seule et unique photographie en rapport direct avec l'Exposition parisienne). <em></em>Une fois passés ces éloges, où transparaît toute l'amertume de Marseille d'avoir été écartée de la sélection finale des villes pouvant accueillir la Grande Expo Coloniale de 1931*, le principal intérêt de cette courte monographie tient dans sa trentaine de photographies des années 1930-1931 montrant les installations portuaires, dont quelques panoramiques aériens, fournies par le Service des archives de la Chambre de commerce.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Bassin-national_1931.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le Bassin national (Joliette, 1931)</em></div>
<br />Si certaines sont assez bien connues, comme celles de la Joliette où s'alignent cargos et engins de manutention dont les fumées de charbon noircissent la ville, d'autres sont moins répandues, comme celles de l'aérodrome de Marignane qui annonce 4 400 mouvements annuels avec 9 lignes régulières, pour l'essentiel le fret, les échanges postaux et un trafic passager encore modeste avec 6 330 passagers par an, principalement avec Ajaccio, Lyon et Barcelone.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Hydravion-Marignagne_1931.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Les débuts du traffc aérien local - hydravion à Marignane (1930)</em></div>
<br />Moins accessibles au grand public, les installations portuaires proprement dites montrent l'ampleur des travaux de génie civil entrepris pour faciliter le déchargement des navires (quais et outillages de Caronte) et le transport du fret vers le nord du pays, comme le percement sous la chaine de l'Estaque du tunnel du Rove, tout juste inauguré en 1927, alors plus grand tunnel-canal reliant l'étang de Berre à la rade de Marseille (cette liaison sera mise hors service à la suite d'un éboulement en 1963 - sa réouverture est toujours à l'étude...)<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/tunnel-Rove_1931.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div>
<div style="text-align: center;">Le tunnel du Rove - une liaison Rhône-Méditerranée de 7 km (cliché 1930)<br /><br /></div>
L'ouvrage s'achève sur les actions de la Chambre de Commerce en matière d'enseignement, ses subventions à diverses écoles (Ecole supérireure de commerce, Ecole d'ingénieurs, Institut technique supérieur, Cours coloniaux) et autres institutions de recherche (Institut et Musée colonial), son soutien à la formation professionnelle et à ses formations théoriques gratuites pour permettre aux mécaniens, radiotélégraphistes, chauffeurs de marine, dessinateurs, électriciens, etc., déjà dans la vie active, d'acquérir un niveau de compétence plus élevé.<br /><br />* Sur le thème colonial, l'Exposition coloniale internationale de Paris de 1931 sera la plus grande et la plus populaire organisée jusque là avec plus de 8 millions de visiteurs (33 millions de tickets vendus, source<em> Le Monde</em>, édition des 28 & 29 août 2022, p. 17) qui se sont rendus au Palais de la Porte Dorée (Vincennes), anciennement Musée de la Colonisation, devenu aujourd'hui, après cinq changements de nom, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_national_de_l%27histoire_de_l%27immigration" class="mw-redirect" title="Musée national de l'histoire de l'immigration"><em>Musée national de l'histoire de l'immigration</em></a>. Marseille, déjà malheureuse en 1916 et 1931, se voit déjà organiser la suivante, prévue pour 1939...</div>
Description
An account of the resource
La Chambre de commerce de Marseille tient une telle place dans l'économie coloniale que sa présence s'impose à l'Exposition Coloniale Internationale de Paris de 1931 : un salutaire rappel de ses installations portuaires
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
grande maison dans une grande cité (Une) : la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille : son rôle dans l'histoire et dans le port<br />- Feuille <i>S.n.</i> ; 58-59 ; 1970 ; Institut géographique national (France), ISBN : C60_058_70. "Prises de vues aériennes de 1969 ; Révisé en 1970" <br />- Lien vers la page : <a href="http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=51470" target="_blank" rel="noopener">http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=51470</a>
Chambre de commerce et d'industrie (Marseille) -- 20e siècle
Exposition coloniale internationale (1931, Paris)
Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Port -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/931/RES-43754_Teisseire_Histoire-juridictions-Mrs.pdf
d9dadb5b05f5c010da9a34f1e9d37ab6
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Histoire des juridictions et des palais de justice de Marseille depuis leur origine jusqu'à nos jours
Subject
The topic of the resource
Histoire de la Provence
Administration publique
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Teisseire, Raymond (1864-19.. ; juriste). Auteur.
Brun, François (18..-19.. ; juriste). Préfacier, etc.
Roustan, Emile. Préfacier, etc.
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 43754
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Tacussel, éditeur, (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1932
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/264295579
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-43754_Teisseire_Histoire-juridictions-Mrs_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
154 p. : ill.
24 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/931
Abstract
A summary of the resource.
Cet historique des institutions s'attache d'abord aux hommes de lois qui ont marqué, par leur fonction ou leur stature, l'histoire judiciaire de Marseille. Les listes exhaustives des <em>auxiliaires des juridictions marseillaises</em> (avocats, procureurs, notaires, etc.), assorties de rares portraits de célébrités, susciteront peut-être l'intérêt d'un historien du droit attentif ou curieux.<br /><br />Puis il fait une large place à l'histoire des édifices, les magistrats et le pouvoir politique accordant toujours une importance symbolique capitale (!) aux lieux où la justice est rendue, d'abord au nom du Roi, ensuite au nom du peuple. A défaut d'être une histoire de l'institution judiciaire, l'histoire des tribunaux fait partie de l'histoire urbaine : après la période féodale, on pourra mesurer à quel point la construction d'un nouveau palais de justice au 18e siècle (1743-1747) a été douloureusse pour le budget communal et que la revente de matériaux de destruction de l'ancien édifice ne suffisant pas, la commune dut se résoudre, pour amortir une partie de ses dépenses, à louer "<em>quelques boutiques qui avaient été aménagées au rez-de-chaussée du Palais</em>". Difficilement concevable aujourd'hui !<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Palais-justice-Mrs_18e.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Palais de justice (Marseille, 18e siècle)</em></div>
<br />L'évolution démographique de Marseille eut pourtant rapidement raison de ce qui fut appelé l'<em>Hôtel Daviel</em> : en passant de moins de 200 000 habitants à plus de 800 000, la bâtiment érigé sous l'Ancien Régime devint insuffisant : en 1856, la ville céda des terrains pour la construction d'un nouveau Palais de justice inauguré en 1862.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Palais-justice-Mrs_19e.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le nouveau Palais de justice au style officiel très reconnaissable (Marseille, 19 siècle)</em></div>
<br />Mais on arrête pas la marche de la justice (et de la boulimie administrative) en si bon chemin : au début des années 1930, les services du Palais ont besoin de plus d'espace : une extension est érigée à l'angle des rues Fortin et Grignan, une énorme construction au style "moderne" réalisée en un temps record (pour l'époque) : démarrée en 1931, elle est achevée l'année suivante et inaugurée en 1932.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Annexe-Palais-justice-Mrs_20e.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Annexe du Palais de justice, art-déco et colonnes greques (Marseille, 20 siècle)</em></div>
<br /><span class="ILfuVd" lang="fr"><span class="hgKElc">Elle abritait alors le Tribunal Civil (devenu aujourd'hui le tribunal de Grande Instance) et le Tribunal de Commerce (première audience tenue en avril 1933).</span></span>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Entre 1862 et 1932, la population de Marseille a plus que quadruplé : le Palais de justice est saturé et justifie la construction d'une imposante annexe : l'occasion de dresser un bref historique des tribunaux de la ville.
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Marseille. 20..
Palais de justice -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Professions judiciaires et juridiques -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Tribunaux -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/936/RES-611-51_Affiches-cours_20e.pdf
e01b724623f4680904d1d4428984a41c
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
République française. Université de Provence. Aix. Faculté de droit... Faculté des lettres... Marseille. Faculté des sciences... École de plein exercice de médecine et de pharmacie... Le recteur, président du conseil de l'université, H. Padé.
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Enseignement supérieur
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Padé, Henri (1863-1953). Secrétaire
Université d'Aix-Marseille (1896-1973). Directeur de publication
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque de droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 611/51
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie Paul Roubaud, 10, rue Thiers (Aix-en-Provence)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
192?
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/26472965X
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-611-51_Affiches-cours_20e_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
Placard : Ill. en coul.
In-plano (76 x 55,5 cm)
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
document d'archives
archival material
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/936
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Aix-en-Provence. 19..
Marseille. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Placard. Aix. [192.] (Titre de forme
Abstract
A summary of the resource.
Date probable d'impression d'après les années d'activité du recteur Henri Padé (1923 à 1934), de l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille et d'autres indices (historiques des spécialités, des diplômes et des instituts de recherche). - Bande oblique tricolore (Notes)<br /><br />Les affiches qui présentent les enseignements des quatre grandes disciplines traditionnelles (Droit, Lettres, Médecine et Sciences) dispensées à Aix-en-Provence et à Marseille sont assez rares : rassemblées sous l'unique bannière de l'Université d'Aix-Marseille (qui ne doit pas être confondue avec l'Université de France ou Université Impériale de création napoléonienne créée en 1806), le concept d'université rassemblant plusieurs facultés n'apparaît que sous la Troisième République, en 1875 : pour les facultésd'Aix et Marseille, elles annoncent le plus souvent les cours annexes donnés pour d'autres publics et dans d'autres villes (les cours annexes de Nice de 1926, par ex.) ou organisés par d'autres collectivités comme la Mairie de Marseille (cours communaux publics et gratuits, placards de 1836 à 1849) ou la Chambre de commerce de Marseille (cours de l'Institut Technique Supérieur rattaché à la Faculté des sciences, affiches de 1918 à 1927).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Universite-Provence_annees-1920.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>L'Université de Provence : une pluridisciplinarité aux allures très républicaines et tricolores<br />(affiche vraisemblablement imprimée dans les années 1920 ou début des années 1930)<br /></em></div>
<br /><span class="w8qArf"></span><span><span class="LrzXr kno-fv wHYlTd z8gr9e"><span class="w8qArf"></span>Pour mémoire, l'Université de Provence proprement dite, qui se fera également connaître sous le nom d'Université d'Aix-Marseille 1 pour se différentier plus facilement de l'Université d' Aix-Marseille 2 (Université de la Méditerranée (Aix-Marseille 2, 1971) et de l'Université d'Aix-Marseille 3 (Université Paul Cézanne, 1973), n'a été créée que le 22 mai 1969, après la grande réforme des universités menée par le Ministre de l'Éducation Nationale de l'époque, Edgard Faure (1968-1969).<br /><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/logo-univ-Provence.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></span></span>
<div style="text-align: center;"><em>Le logo de l'Université de Provence sur fond de la bannière de l'ancien Comté (1969-2011)</em></div>
Description
An account of the resource
Unique exemplaire d'une affiche où les facultés de Droit, des Lettres, des Sciences et l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie sont réunies sur un seul et même placard au nom de l'Université de Provence
École de médecine et de pharmacie (Marseille, 1818-1929)
Enseignement supérieur -- Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Enseignement supérieur -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Université d'Aix-Marseille. Faculté de droit et des sciences économiques (1896-1973)
Université d'Aix-Marseille. Faculté des lettres et sciences humaines (1896-1969)
Université d'Aix-Marseille. Faculté des sciences (1896-1969)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/983/RES-45083_Benes_Sens-politique.pdf
81e6ac6035615ec64004a8a8bf6eef8b
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
sens politique de la tragédie de Marseille (Le) : discours tenus devant le Conseil de la Société des Nations à Genève le 7 et le 10 décembre 1934
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Beneš, Edvard (1884-1948). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Orbis (Prague)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1934
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : https://www.sudoc.fr/064482383
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-45083_Benes_Sens-politique_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
46 p.
18 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/983
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Yougoslavie. 19..
Tchécoslovaquie. 19..
Hongrie. 19..
Roumanie. 19..
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Sources et documents tchécoslovaques ; 27 (Appartient à la collection)<br /><br />Ce document ne traite pas de l'attentat de Marseille proprement dit, celui qui coûta la vie au Roi de Yougoslavie (1) mais de ses conséquences politiques à travers les deux discours d'Edvard Beneš prononcés deux mois après les faits devant le Conseil de la Société des Nations à Genève. E. Beneš n'est pas un obscur diplomate venu reprocher à la France son incompétence en matière de terrorisme (même si l'attentat de Sarajevo de 1914 est sûrement dans tous les esprits) : il est l'un des fondateurs de la Tchécoslovaquie. L'année suivante, il devient Président de la République tchécoslovaque qu'il dirigera de 1935 à 1938 et de 1939 à 1948.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Alexandre-1er-_Barthou.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>La rencontre d'Alexandre 1er et le Ministre des Affaires étrangères, Louis Barthou (Marseille, 9 oct. 1934)</em></div>
<br />Après l'attentat de Marseille, le Gouvernement yougoslave demande que la question des tensions entre la Yougoslavie et la Hongrie (et, plus largement, entre la Hongrie et la Techoslovaquie et la Roumanie) soit mise à l'ordre du jour. Dans son premier discours, le plus important, et au nom du Gouvernement tchécoslovaque, E. Beneš s'exprime à la tribune pour affirmer le soutien total de la Tchécoslovaquie à la Yougoslavie, expose sa crainte pour la sécurité de son pays et s'inquiète pour la paix de toute l'Europe centrale. Si Alexandre 1er et L. Barthou ont été assassinés par des terroristes venus de Hongrie* (organisation <span style="left: 201.568px; top: 451.3px; font-size: 18.0873px; font-family: serif; transform: rotate(0.110936deg) scaleX(1.13807);" role="presentation" dir="ltr"></span><span class="markedContent"><span style="left: 286.088px; top: 451.463px; font-size: 18.0873px; font-family: serif; transform: rotate(0.110936deg);" role="presentation" dir="ltr"> </span><em><span style="left: 292.072px; top: 451.475px; font-size: 18.0873px; font-family: serif; transform: rotate(0.110843deg) scaleX(1.07155);" role="presentation" dir="ltr">Ustaša</span></em></span><span style="left: 349.14px; top: 451.586px; font-size: 18.0873px; font-family: serif; transform: rotate(0.111169deg) scaleX(0.891861);" role="presentation" dir="ltr">) </span>et qui sévissent régulièrement en Yougoslavie, c'est que ces deux héros travaillaient pour la paix.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Atentat-Marseille_1934.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>L'attentat de Marseille (9 octobre 1934, 20 minutes après la poignée de main)</em></div>
<br />Si recevoir des immigrés chez soi est conforme au droit d'asile, il ne dispense pas de contrôler leurs agissements, autant pour soi-même que pour la sécurité des États voisins. Et il est difficile de croire un seul instant qu'un État souverain (la Hongrie, par ex.) ignore qu'il abrite une quarantaine de terroristes qui ont déjà commis une vingtaine d'attentats chez un voisin frontalier (la Yougoslavie, par ex.), surtout s'il en a été averti !<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/Edvard-Benes_1884-1948.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Edvard Beneš (1984-1948)</em></div>
<br />Un des grands résultats de la Guerre 14-18 a été pour plusieurs petits pays d'Europe centrale, comme la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie et la Roumanie, l'accès à une vie nationale indépendante. On reproche à ces États de ne pas aller assez vite dans cette construction de la paix : mais le révisionnisme hongrois ne demande-t-il pas la séparation de la Croatie de la Yougoslavie enfin unifiée ? Et comment faire en 15 ans ce qui a réclamé plusieurs siècles à la France et à l'Angleterre pour y parvenir ? La raison de l'attentat de Marseille, c'est uniquement la volonté d'arrêter ce grand processus de paix et doit recevoir une réponse de toute la SDN.<br /><br />En conclusion de ce cri d'alarme pacifique, E. Beneš rappelle une nouvelle disposition du droit international adoptée l'année précédente : l'Union soviétique, par son représentant Maxime Litvinov, avait présenté en 1933, à la Conférence pour la réduction et la limitation des armements (déjà !) un projet contenant une nouvelle définition de l'agresseur. « <em>Sera reconnu comme agresseur dans un conflit international, sous réserve des accords en vigueur entre les parties en conflit, l'État qui, le premier, aura commis l'une des actions suivantes : [...] 5ème cas énuméré : appui donné à des bandes armées qui, formées sur son territoire, auront envahi le territoire d'un autre État, ou refus, malgré la demande de l'État envahi, de prendre, sur son propre territoire, toutes les mesures en son pouvoir pour priver les dites bandes de toute aide ou protection.</em> ». Cynisme total ou géniale prémonition de l'URSS ? Au Conseil de la SDN d'en tirer toute la leçon politique...<br /><br />____________________<br />
<p>1. Frédéric <span class="familyName">Monier</span>. - <span class="text">L’attentat de Marseille (9 octobre 1934) : régicide et terrorisme dans les années trente. in La <em>Révolution Française</em>, site consulté <em><a href="https://journals.openedition.org/lrf/461?lang=es" target="_blank" rel="noopener">OpenEdition Journals</a></em><br />* certains commentateurs, apparemment mieux informés qu'Edvard Beneš lui-même, affirment que l'auteur de l'attentat n'est certainement pas un terroriste oustachi (supposé hongrois ou venir de Hongrie) mais un nationaliste bulgare...<br /></span></p>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Subject
The topic of the resource
Satire politique
Droit international
Description
An account of the resource
Le 9 oct. 1934, le Roi Alexandre 1er de Yougoslavie et le ministre des Affaires étrangères français, Louis Barthou, sont assassinés à Marseille, avenue de la Canebière, devant la Chambre de Commerce, par un terroriste oustachi, Vlado Tchernozemski
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
sens politique de la tragédie de Marseille (Le) : discours tenus devant le Conseil de la Société des Nations à Genève le 7 et le 10 décembre 1934<br />- Feuille - <i>Belgrade</i> ; 1 ; s.d. ; Service Géographique de l'Armée (Paris). <br />Lien vers la page : <a href="http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=3938" target="_blank" rel="noopener">http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=3938</a>
Alexandre Karageorgevitch I (1888-1934, roi de Yougoslavie) -- Assassinat
Assassinats politiques -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Barthou, Louis (1862-1934) -- Assassinat
-
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Bulletin de la Chambre de commerce de Marseille. Correspondance et documents
Subject
The topic of the resource
Économie
Économie coloniale
Histoire de la Provence
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote BUD 15069
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Chambre de commerce de Marseille (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1915-1939
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : https://www.sudoc.fr/039045099
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUD-15069_Bulletin-Chambre-commerce_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
22 vols
29 932 p.
27 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/987
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Revue de la Chambre de commerce de Marseille (Devient)
Chambre de commerce de Marseille. Correspondance et documents (Titre historique)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Le sommaire des fascicules suit un plan stable des mêmes rubriques avec 8 chapitres thématiques (il peut arriver qu'une rubrique, dépourvue de toute actualité, soit absente d'un bulletin) :<br /><br />
<ol>
<li>Chambre de Commerce et Institutions qui en dépendent</li>
<li>Ports et Navigation</li>
<li>Douanes et Commerce Extérieur</li>
<li>Transports terrestres et aériens</li>
<li>Postes, Télégraphes, Téléphones</li>
<li>Législation commerciale et industrielle</li>
<li>Législation fiscale</li>
<li>Annexes</li>
</ol>
A partir de 1925, seule nouveauté, apparaît la rubrique Enseignement :<br />
<ol>
<li>Chambre de Commerce et Institutions qui en dépendent</li>
<li>Ports et Navigation (ensuite Ports maritime et aérien)</li>
<li>Douanes et Commerce Extérieur</li>
<li>Postes, Télégraphes, Téléphones</li>
<li>Enseignement</li>
<li>Législation commerciale et industrielle</li>
<li>Législation fiscale</li>
<li>Annexes (1. Lois, décrets, circulaires intéressant le commerce; 2. Publications reçues à la Bibliothèque)</li>
</ol>
Ces rubriques reprennent en grande partie celles apparues au fil du temps dans la revue "Compte-rendu des travaux de la Chambre de commerce de Marseille" publiée de 1854 à 1939, donc en parallèle ses 20 dernières années.<br /><br /> I. - Chemins de fer<br /> II. - Postes, Télégraphes, Téléphones<br /> III. - Douanes françaises<br /> IV. - Douanes Étrangères<br /> V. - Législation Fiscale<br /> VI. - Législation Commerciale et Industrielle<br /> VII. - Législation civile el administrative<br /> VIII. - Questions coloniales<br /> IX. - Questions diverses
Abstract
A summary of the resource.
Cette collection La plupart des volumes annuels proposent une Table générale des matières et un index des noms des personnes.<br /><br />La CCIMP se doute qu'elle n'est ni le centre du monde ni l'Etoile du Berger mais elle sait qu'elle est au cœur de tout le commerce maritime de Marseille : elle en a même fait sa devise depuis la fin du 16e siècle.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/immota.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;">"<em>Quot cursus immota regit : elle guide tout en restant immobile</em>"</div>
<br />Et de la constance, elle n'en manque pas. Vieille habitude de la maison et avec une régularité d'un métronome, elle multiplie les publications régulières qui rendent compte de toutes ses activités : compte rendus de travaux, conférences, bilans statistiques du commerce et des activités portuaires, bilans comptables de son propre budget, assemblées générales, conseils d'administration, et pour finir, ce qui peut être considéré comme le témoignage vivant de toutes ces publications, les correspondances qu'elle entretient avec ses différents partenaires : ministères, administrations locales (mairie) et départementales (Conseil Général), décideurs politiques et économiques, capitainerie, armateurs, opérateurs de transports maritimes et ferroviaires, douanes, compagnie des docks et des entrepôts, métiers liés à la manutention portuaire, entreprises de transformation, de réexpédition et de transit, instances en charge de l'aménagement du territoire, enseignement technique et professionnel, et même la liste des revues de sa bibliothèque (depuis 1922). De tous ces documents et ces courriers adressés et reçus, il ressort que la CCIMP est une mécanique de lobbying infatigable qui ne cesse de demander, conseiller, proposer, réclamer, alerter, aider, subventionner, expertiser, prospecter, évaluer, soutenir, orienter,...<br /><br />Cette stabilité a l'avantage de donner des éléments de comparaison sur le long terme tout en livrant des données liées à l'actualité : par ex., en 1919 apparaît une rubrique <em>Subsistance et ravitaillement</em> imposée par l'état du pays après la 1ère Guerre Mondiale. Compte tenu de son importance stratégique majeure, un bulletin spécial est consacré à la situation au 1er sept. 1921 des travaux en cours d'exécution et des travaux projetés dans les ports.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Plan-port-Marseille_1921.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Plan du port de Marseille (1921)</em></div>
<br />On peut voir que la CCIMP est clairement engagée dans de très lourds investissements d'infrastructure à un point tel qu'elle paraît se substituer à la puissance publique. Dans ce rôle de quasi délégation, elle n'hésite pas à réclamer le soutien financier direct de l'État (certains travaux sont d'utilité publique).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Carenage-Transbordeur_1921.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>L'ancien carénage et le pont transbordeur qui enjambait le port à son entrée (1921)</em></div>
<br />Au détour de documents sur les projets d'infrastructures portuaires, on peut trouver des informations plus légères mais très instructives sur la physionomie de la ville de Marseille comme ces anciens canaux destinés au carénage qui donnaient au quadrilatère occupé aujourd'hui par la place Etienne d'Orves une atmosphère particulière.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/quai-canal-jean-ballard.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Les reflets vénitiens du quai canal Jean Ballard (Pl. E. d'Orves)<br /></em></div>
<br />Le canal avait été récupéré par la ville lors de la fermeture de l'Arsenal des galères : délaissé et trop encombré, il devient insalubre et finira par être comblé en 1927 par crainte de la propagation de maladies.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/canal-de-la-douane-marseille.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Le Canal de la douane, en forme de U faisait la jonction E. d'Orves - Vieux Port</em></div>
<br />La CCIMP ne perd jamais de vue les grandes infrastructures plus éloignées de la Joliette comme le très ambitieux projet d'aménager le Rhône d'une vingtaine de barrages hydro-électriques le long de la quasi-totalité de son parcours sur le territoire français (elle entretient des relations régulières avec la Chambre de commerce de Lyon).<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/Amenagement-Rhone_1928.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Projets de barrage sur le Rhône (1928)</em></div>
<br />En plus de l'Étang de Berre, la Chambre de Commerce portera toujours le plus grand intérêt au Rhône, consciente de l'avantage qu'offre le transport fluvial en termes de tonnage : la vallée du Rhône est le seul axe qui permet d'acheminer de forts volumes de marchandises vers Lyon et Paris et plus encore, vers les grandes villes de l'Europe du Nord. Mais la voie navigable est lente et perd un peu de son attrait dans les rubriques du Bulletin concurrencée d'abord par les chemins de fer (19e siècle) puis le siècle suivant par le nouveau <em>port aérien</em> de Marignane (la rubrique change de titre pour devenir <em>Ports maritimes et port aérien</em>).<br /><br />À partir de 1920, apparaît en début de bulletin la liste des services extérieurs de la CCIMP qui montre son implication précoce dans la formation professionnelle et l'enseignement technique :<br /><br />
<ul>
<li>Bureau unique des conditionnements - Textiles et Bois (créés en 1858 et 1910)</li>
<li>Institut d'enseignement technique supérieur, rattaché à la Faculté des Sciences (fondé le 24 juillet et 18 septembre 1917)</li>
<li>Cours coloniaux (fondés en 1899)</li>
<li>Section du Haut enseignement commercial</li>
<li>Institut Colonial (fondé le 30 juillet 1906)</li>
<li>Cours de mécaniciens (fondés en 1887)</li>
<li>École supérieure de commerce (fondée 1871)</li>
<li>École pratique de commerce (créée 5 avril 1934)</li>
<li>École d'ingénieurs</li>
<li>École d'électricité industrielle (prise en charge du 8 juillet 1937)</li>
<li>École Courbet - secours aux gens de Mer de la Méditerranée (prise en charge 1937)</li>
</ul>
<br />Consciente qu'il faut adapter les métiers à l'évolution des sciences et techniques et élever le niveau de qualification professionnelle pratique et théorique, son intervention dans les programmes pédagogiques ne cessera de s'affirmer : de 5 services affichés en 1920, on passera à 11 (dernière liste de 1939), avec un effort particulier sur l'enseignement supérieur en connexion avec le monde universitaire, que ce soit par l'intervention d'enseignants de l'université venant d'Aix et de Marseille, par la création directe d'écoles ou par leur prise en charge financière.<br /><br />Si la CCIMP est très impliquée en amont dans les circuits d'import/export nécessaires à l'approvisionnement et aux débouchés des industries locales, elle ne se désintéresse pas des questions liées au commerce, au marché et à la consommation. L'un des très rares graphiques que propose la revue au cours de ses vingt années d'existence montre que la grande crise financière des années 1929 & 1930 a profité à la distribution qui a consolidé ses marges au détriment du portefeuiille des ménages. Toute ressemblance avec d'autres périodes bien connues serait purement fortuite...<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/Prix-commerce-gros-detail_1931.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div>
<div>
<div style="text-align: center;">Le prix du commerce de gros et de détail (1929-1931)</div>
<br />Dans son dernier bulletin, son optimisme dans l'avenir ne faiblit pas : elles sollicite l'autorisation d'acquérir, pour le prix de 3.000.000 de francs, un immeuble industriel (dit immeuble Velten) rue Bernard-du-Bois à Marseille, en vue d'installer un atelier-école pour la métallurgie. En réponse, le Ministre du Commerce, en accord avec celui de l'Education Nationale, informe le Préfet qu'il lui donne cette autorisation et le prie de lui notifier d'urgence la présente décision. Nous sommes en septembre 1939...</div>
</div>
Description
An account of the resource
Au fil des siècles, la Chambre de commerce de Marseille s'est imposée comme un acteur économique majeur dans l'économie locale et l'activité portuaire : un rôle solidement documenté et publié en toute transparence
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Commerce -- Provence (France) -- 20e siècle
Commerce maritime -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
France -- Colonies -- Commerce -- France -- 20e siècle
Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Port -- 20e siècle
-
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Revue de la Chambre de commerce de Marseille
Subject
The topic of the resource
Économie
Transports aériens, maritimes et terrestres
Aménagement du territoire
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 15069
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Chambre de commerce de Marseille (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1941-1957
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : https://www.sudoc.fr/140664297
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-15069_Revue-Chambre-commerce-Mrs_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
17 vols
18 371 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/1000
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Bouches-du-Rhône. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Bulletin de la Chambre de commerce de Marseille. Correspondance et documents (Suite de)
Revue de la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille (Devient)
Recueil commercial et maritime de Marseille (Suppl. juridique à la Revue de la CCM, 1948)
Chambre de commerce de Marseille. Bulletin des demandes et offres d'articles et demandes et offres de représentation (Suppl. à la Revue de la CCM, 1949)
Bulletin de la Chambre de commerce de Marseille. Correspondance et documents (Suite de)
Abstract
A summary of the resource.
Le "<em>Bulletin de la Chambre de commerce de Marseille. Correspondance et documents</em>" ne survit pas à la Seconde Guerre Mondiale et s'arrête en septembre 1939 pour renaître en novembre 1941 sous un nouveau titre "<em>Revue de la Chambre de commerce de Marseille</em>". <br /><br />Le contenu informationnel est proche de celui du Bulletin mais les rubriques éditoriales ont été dépoussiérées : elles sont moins construites sur le domaine technique de l'information (les douanes, les transports, les postes,..., créées au 19e siècle) que sur les sujets d'intérêts supposés des lecteurs (activité consulaire, progrès techniques et commerciaux, données statistiques). Le spectre documentaire s'élargit : on voit apparaître une rubrique dédiée à l'histoire du commerce à Marseille en puisant dans ses propres archives ou en conviant une plume extérieure*, une autre est réservée à l'incontournable revue de presse et les dossiers récurrents à destination des professionnels, comme la législation et la réglementation, sont épaulés par deux nouveaux suppléments mensuels : un supplément juridique, le "<em>Recueil commercial et maritime de Marseille</em>" à partir d'avril 1948 et un supplément commercial, le "<em>Bulletin des demandes d'offres d'articles et demandes et offres de représentation</em>" qui démarre en janvier 1949. La revue, présentée avec une typographie d'un niveau en progrès constant le long de son existence, s'enrichit d'une importante iconographie à partir de 1946 (en particulier, des photographies aériennes de bonne qualité et de pleine page) et s'orne de très nombreuses publicités illustrées (en général, des photographies de plan large, rarement renouvelées d'une année sur l'autre) jusqu'à représenter plus de 30% de la pagination. L'iconographie coloniale disparaît totalement, à l'exception d'une réclame plutôt naïve et désusète énumérant tous les usages industriels du caoutchouc d'origine végétale. Les couvertures arborent une couleur bleue à partir de décembre 1944. La revue présente également des numéros spéciaux, d'abord thématiques (Libération, Afrique, Durance) puis annuels consacrés au bilan économique de l'année précédente.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Revue-CCIMP-Primeurs-mars_1949.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Un déchargement de primeurs, encore assez manuel, arrivant très probablement d'Algérie (Joliette, mars 1949)</em></div>
<br />Ce qui préoccupe la CCIMP, c'est la place du port (ici, synonyme de la ville) dans l'économie nationale et, à un niveau encore supérieur, la place de la Méditerranée dans le monde. Si elle s'intéresse toujours à l'arrière-pays (ressource en eau pour l'irrigation des campagnes), le monde rural reste très traditionnel et la géographie est d'abord appréciée comme une ressource logistique et énergétique, le Rhône promettant une série de barrages hydro-électriques. La CCIMP se préoccupe davantage de l'urbanisme de la ville (on prend aujourd'hui conscience de l'ampleur des destructions infligées à certains quartiers et aux installations industrielles, ravages rarement associés à l'image de Marseille) et de son évolution démographique (entre 1872 et 1944, la population devient majoritairement urbaine), des extensions du port (très endommagé, Marseille entre dans une longue et coûteuse période de reconstruction). La construction navale est essentielle car de nombreux navires ont été coulés : elle est secondée par des infrastructures portuaires et un outillage de manutention toujours plus performants et mieux adaptés. En quelques années, et avec moins d'unités actives, les nouveaux cargos plus grands et plus rapides afficheront un tonnage total très supérieur à celui de la flotte d'avant-guerre.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Revue-CCIMP-acconage-juil_1956.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Milieu des années 1950, la généralisation de l'emploi des chariots élévateurs (Marseille, juillet 1956)</em></div>
<br />À partir des années 1949/1950, un tourisme moins élitiste est perçu comme une opportunité économique crédible (la douceur du climat provençal, une demande séduite par les promesses exotiques des colonies françaises, en particulier d'Afrique) et l'opportunité de développer le trafic voyageurs par mer (les simples traversées et les croisières deviennent plus abordables sur de nouvelles gammes de paquebots), le millionième passager étant enregistré en 1951. Par air également, le port aérien de Marseille-Marignane se développe (il est géré par la CCIMP) et l'évolution de l'aéronautique ouvre des horizons insoupçonnés en termes de distance, de vitesse, de capacités et de tarifs.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Revue-CCIMP-Avion-paquebot-juil_1956.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Avions (bientôt à réaction) vs paquebots (Marseille, juillet 1956)</em></div>
<br />L'emballement technologique, l'optimisme lié à la diffusion de l'usage de l'électricité (centrales hydro-électriques et centrales thermiques au charbon), la croissance du réseau ferré, le développement de la flotte maritime et aérienne, ne peuvent pas cependant complètement masquer un arrière-plan de problèmes économiques non résolus et très réalistes : les questions monétaires et fiscales, l'inflation, l'intéressement, les salaires, la productivité, les conflits sociaux, la crise de la Sécurité Sociale forment un cortège d'interrogations politiques et économiques qui accompagne la majorité des éditions.<br /><br />Parce que le transport maritime à ces niveaux est par nature mondial, l'actualité internationale s'invite aussi dans les questions de fond : l'avenir des empires coloniaux (naissance de l'Union française, l'ombre du Commonwealth), la crise du Canal de Suez, la faim dans le monde, les conflits territoriaux, la Guerre Froide,...impactent directement l'activité économique et sont documentés par des articles d'analyse particulièrement lucides. Même s'il y a une volonté de l'effacer, persiste le sentiment d'un monde à deux vitesses : des campagnes rurales où la main d'œuvre agricole, souvent émigrée, cueille toujours à la main les fruits de saison et s'affaire aux vendanges, bien éloignée du machinisme agricole d'origine américaine déployé en Outre-mer et des promesses technologiques des autres secteurs : arrivée des calculateurs IBM dans le tertiaire et des premiers automates dans l'industrie. Une mécanisation de plus en spécialisée qui coexiste, au moins provisoirement, avec une main d'œuvre portuaire "généraliste", en partie venue d'Afrique du Nord, qui côtoie familièrement les immenses grues et autres portiques affairés à décharger les navires à quai et charger les camions et les trains pendant que les convoyeurs à ruban délestent les minéraliers, les terminaux siphonnent les pétroliers, et les aspirateurs à grain vident les cales des vraquiers venus d'Afrique et d'Asie du Sud-Est.<br /><br />Au long de sa quinzaine d'années d'existence (en 1958, la revue change à nouveau de nom pour s'appeler plus administrativement <em>Cahiers de documentation - C.C.I.M.</em>), la Revue nous montre une institution toujours très ouverte sur le monde et avide de toutes les opportunités qu'il peut offrir (construction de la CECA, ouverture du Marché Commun) mais plus inquiète de la concurrence des pays émergents, des autres ports français (le Havre et Rouen talonnent Marseille sur certains créneaux d'import-export, Dunkerque émerge, ...) ou, plus traditionnel, des grands ports européens comme Anvers ou Gênes. Une institution également plus soucieuse de toutes les menaces qu'elles peuvent abriter (ruptures technologiques, nouvelles alliances géostratégiques, remise en cause des rentes coloniales). Une institution convaincue que l'essor de l'économie locale et de son rôle national passe dorénavant par les très grands investissements structurels (acteur majeur de l'aménagement du territoire) et par une innovation industrielle, technologique et commerciale permanente, qu'il faut s'engager totalement dans la dynamique euphorique des 30 glorieuses, et toujours garder une longueur d'avance dans le cycle production/distribution/consommation : une position centrale dans ce moteur à trois temps au régime de plus en plus élevé.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Revue-CCIMP-Facturation_1957.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>"Seul le rendement compte" (machine à additionner - publicité de Burroughs Corporation, US, 1957)<br /><br /></em></div>
__________<br />* En particulier des personnages et des évènements des 18e et 19e siècles qui ont marqué la cité phocéenne et le commerce maritime. La rubrique invite parfois des universitaires, comme Georges Duby qui signe un article "<em>Le port de Marseille et la civilisation provençale au Moyen-Âge</em>" (mars 1955).
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Sommaire des fascicules :<br />
<ul>
<li>ACTIVITE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE MARSEILLE</li>
<li>LA PAGE DE L'HISTOIRE DU COMMERCE DE MARSEILLE</li>
<li>INFORMATIONS ECONOMIQUES</li>
<li>LES PROGRES TECHNIQUES ET COMMERCIAUX DU PORT DE MARSEILLE</li>
<li>REVUE DE PRESSE</li>
<li>DOCUMENTATION LEGISLATIVE ET REGLEMENTAIRE</li>
<li>STATISTIQUES MENSUELLES DU PORT DE MARSEILLE: ET ANNEXES</li>
</ul>
Suppléments<br />
<ul>
<li>RECUEIL COMMERCIAL ET MARITIME DE MARSEILLE (suppl. juridique)</li>
<li>BULLETIN DES DEMANDES ET OFFRES D'ARTICLES ET DEMANDES ET OFFRES DE REPRESENTATION (suppl. commercial)</li>
</ul>
Publication de quelques n° spéciaux thématiques : <br /><br />
<ul>
<li>1947 - N° spécial - Activité de la Chambre de commerce depuis la Libération</li>
<li>1950 - N° spécial - Marseille et l'Afrique Française</li>
<li>1950 - N° spécial - Activité économique de la ciconscription en 1950</li>
<li>1952, extrait du n° 618, fév. - Decelle. - L'équipement de la Durance</li>
<li>1952 - N° spécial - Activité économique de la ciconscription en 1951</li>
<li>1953 - N° 636, n° spécial - Activité économique de la circonscription en 1952</li>
<li>1954 - N° spécial - Activité économique de la circonscription en 1953</li>
</ul>
Description
An account of the resource
Toujours plus grand, toujours plus vite, toujours plus loin : rien ne saurait entamer l'appétit économique, industriel, commercial et logistique de la Chambre de Commerce de Marseille mobilisée dans la reconstruction du pays.
Aménagement du territoire -- France -- Provence-Alpes-Côte d'Azur (France) -- 20e siècle
Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence -- 20e siècle
Commerce maritime -- Provence (France) -- 20e siècle
Économie régionale -- France -- Provence-Alpes-Côte d'Azur (France) -- 20e siècle
Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Port -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/1003/Mejanes-in-pcs-0520_Memoire-defense-Aix.pdf
4d879792b501dd9434c1429d9e616330
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Mémoire en défense de la ville d'Aix, dans la question du transfert des Facultés
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Aménagement du territoire
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Charbrier (18..-19..). Médecin
Cabassol, Joseph (1859-1928). Avocat
Baron, Gabriel (1859-1928). Avocat
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Méjanes (Aix-en-Provence), cote In 4 pcs 0520
Publisher
An entity responsible for making the resource available
imprimerie et libraire Makaire (Aix)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
19??
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
pas de notice sudoc
Notice du catalogue : https://opacmejanes.citedulivre-aix.com/iii/encore/record/C__Rb1179133__Sm%C3%A9moire%20aix%20transfert%20facult%C3%A9s__Orightresult__U__X2?lang=frf&suite=def
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/Mejanes-in-pcs-0520_Memoire-defense-Aix_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
28 p.
in 4° (21,5 x 27 cm)
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/1003
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Aix-en-Provence. 18..
Aix-en-Provence. 19..
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
"Mémoire en défense de la ville d'Aix, dans la question du transfert des Facultés" : mais pour quelle destination ? Les trois signataires, Charbrier, Cabassol et Baron, ne prennent pas la peine de le préciser tant il est évident, dans leur esprit, qu'il s'agit de Marseille. Une ellipse probablement due au contexte de l'époque : l'ancien maire d'Aix, décédé en 1887, Alfred Gautier, avait déjà présenté un "<em>Rapport contre le transfert à Marseille des facultés de Droit et des Lettres d'Aix</em>" au cours de la séance du conseil municipal du 11 juin 1885.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Gabriel_Baron.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Gabriel Baron, maire d'Aix du 15 mai 1896 au 26 octobre 1897</em></div>
<br />Curieusement, le document ne comporte aucune date. Nous savons seulement que Marseille (déjà la deuxième ville de France) commencera à contester la centralisation de toutes les Facultés à Aix à partir des années 1880, que les auteurs faisaient partie du<em> Comité de Vigilance chargé de la Défense des Intérêts de la Ville d'Aix</em>, peu de choses du médecin Charbrier mais davantage sur Gabriel Baron, maire d'Aix du 15 mai 1896 au 26 octobre 1897 et sur Joseph Cabassol, Conseiller général du canton sud d'Aix à partir de 1898 puis maire d'Aix du 9 mars 1902 au 22 novembre 1908.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Joseph_Cabassol.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Joseph Cabassol, maire d'Aix du 9 mars 1902 au 22 novembre 1908</em> </div>
<br />Le plaidoyer qui avance une série d'arguments peut-il aider à dater la protestation ? Ceux liés au contexte reprennent paresseusement les poncifs sur les conséquences de l'énorme développement économique et démographique de la ville portuaire depuis le milieu du 19e siècle :<br />
<ul>
<li>social et moral : à Aix, l'air est sain, les appartements spacieux, la famille hôte veillera à la santé de l'étudiant, à ses mœurs et à son assiduité aux cours</li>
<li>politique : en faire une question de décentralisation est fallacieux, en réalité les Marseillais veulent tout pour eux et créer une sorte de <em>Paris Provençal</em> alors qu'ils ont déjà le port, la Méditerranée, le commerce, etc. Ils veulent désertifier la Provence !</li>
<li>économique : le départ des Facultés et du Palais de Justice signerait la ruine de la ville alors qu'elle fait tant de sacrifices pour ces aménagements</li>
<li>professionnel : les enseignants devraient travailler dans une ville sans atmosphère intellectuelle et payer des loyers deux fois plus élevés qu'à Aix</li>
</ul>
La seconde série de remarques, davantage centrées sur le monde académique, laisse à penser que le document date plus probablement du début du 20ème siècle :<br />
<ul>
<li>pédagogique : du fait des métiers, Marseille a besoin de formations professionnelles techniques et commerciales, des filières pratiques (cours du soir et éducation populaire) assez éloignées de l'ambition théorique et intellectuelle des enseignements classiques et humanistes d'Aix</li>
<li>corporatiste : les enseignants seraient les grands perdants de la dispersion géographique des facultés qui les obligerait à courir de site en site, parfois très distants (alors qu'aujourd'hui...)</li>
<li>institutionnel : la carte des enseignements évolue et l'effort de la ville de Marseille se porte sur des structures diversifiées (forcément municipales) qui donne l'image d'un éclatement anarchique des enseignements. Au Palais Longchamp, on trouve le Muséum d'histoire naturelle, au Pharo, l'école de Médecine (1905), la Faculté des Sciences s'asphyxie Bd des Allées (le parc Borély oblige les élèves à une course de huit kilomètres pour une leçon de botanique appliquée). L'école de Droit municipale s'est installée "à la diable" dans des hangars du Bd de la Corderie, et la Faculté catholique, à peine créée, sera dissoute dans une nouvelle école... Jean-Yves Naudet complète l'analyse de la stratégie marseillaise "<em>Mais elle a pris une forme plus subtile, pour attaquer à la base les facultés aixoises, avec la création de la deuxième faculté libre de Marseille par la municipalité, la faculté marseillaise libre de droit</em>" (4).</li>
</ul>
Pour couronner le tout, il faut mentionner "<em>la monstrueuse procréation de la Faculté municipale de Marseille, couvée sous l'aile même de ces universitaires transféristes qui, pour de maigres et vils intérêts, ne craignent pas de trahir leurs devoirs envers l'État</em>". Un vrai traité de tératologie universitaire !<br /><br />À partir du début du 20e siècle, l'Université d'Aix-Marseille donnera des cours "annexes" à Nice mais restera insensible aux demandes réitérées de cette ville si périphérique de structures permanentes. Il faudra attendre les années 1930 pour que le Ministre de l'éducation de l'époque "enjoigne" le recteur d'Académie à créer un <em>Centre Universitaire Méditerranéen</em> qui ouvrira finalement ses portes en 1933 (5).
<div class="element-set">
<div id="dublin-core-abstract" class="element">
<div class="element-text"><em><br />Le document original du début du 20e siècle reproduit ici appartient aux collections de la Bibliothèque Méjanes de la ville d'Aix-en-Provence. Nous la remercions ici grandement ainsi que sa directrice, Mme Aurélie Bosc.</em></div>
</div>
</div>
<br />__________ <br />1. Gabriel Baron - <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Cabassol" target="_blank" rel="noopener">Wikipédia</a></em> <br />2. Joseph Cabassol - <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Baron" target="_blank" rel="noopener">Wikipédia</a> <br />3. Programme des cours de la Faculté libre de droit de Marseille : 2 affiches imprimées en 1912 et 1913 <em><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/exhibits/show/histoire_universite/item/900" target="_blank" rel="noopener">Odyssée</a><br /></em>4. Jean-Yves Naudet. - L'Académie, premier défenseur de la Faculté d'Aix. - in Les Échos de l’Académie Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles Lettres d’Aix, N° 38 – 22 avril 2023<br />5. Université d'Aix-Marseille. Enseignement supérieur. Cours annexes de Nice organisés par la Chambre de commerce de Nice et des Alpes-Maritimes... Saison 1926-1927 Cours publics et gratuits professés au Palais de la Chambre de commerce à Nice, 20, boulevard Carabacel : 3 affiches. - <em><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/exhibits/show/histoire_universite/item/928" target="_blank" rel="noopener">Odyssée</a></em>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque Méjanes (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Pour Aix-en-Provence, il est évident qu'à Marseille, l'habitat est insalubre, l'atmosphère malsaine, la vie chère, les mœurs dissolues et les quartiers dangereux. Envoyer les étudiants aixois là-bas, c'est les condamner à l'échec scolaire
Droit -- Étude et enseignement -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Écoles privées -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Enseignement supérieur -- Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Enseignement supérieur -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
Faculté de droit -- France -- Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) -- 19e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/1021/BUSC-15323_Rivals_Leon-Charve.pdf
e323dd5869fe5b05fe77d66918e2cb4d
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Notice sur la vie et les travaux de Léon Charve (1849-1937)
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Sciences & techniques
Biographie
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Rivals, Paul (1864-1939). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote BUSC 15323 (Réserve - Fonds local)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Impr. Marseillaise (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1938
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : https://www.sudoc.fr/091404479
vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-15323_Rivals_Leon-Charve_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
40 p.-2 f. de pl.) : ill.
(27 p.-2 f. de pl.) : ill. ; 26 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/1021
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Notice sur la vie et les travaux de Léon Charve, doyen honoraire et professeur honoraire de la chaire de Mécanique rationnelle et appliquée à la Faculté des Sciences de Marseille par M. Paul Rivals, doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Marseille
Abstract
A summary of the resource.
Léon Charve est professeur de mécanique rationnelle et appliquée lorsqu'il est nommé en 1899 Doyen de la Faculté des Sciences de Marseille, fonction qu'il occupera 11 ans, jusqu'en 1910.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Leon-Charve.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;">Leon-Charve (1849-1937)</div>
<br />Homme décrit comme entier, passionné et autoritaire mais proche de ses étudiants, il s'engagera totalement dans la partie de bras de fer qui opposera Marseille à Aix-en-Provence : la création d'une véritable université à Marseille construite sur les neuf hectares de l'ancien cimetière Saint-Charles impliquait le transfert des Facultés aixoises, celle de Droit fondée en 1808 et celle des Lettres, créée en 1846. Elle comprenait également une Faculté de médecine et un nouveau bâtiment pour la Faculté des Sciences, créée en 1854, et qui était alors en très mauvais état.<br /><br />Léon Charve, qui n'avaient pas que des amis, et ses collègues, n'eurent pas gain de cause contre les appuis politiques qu'Aix et Montpellier, qui voyaient d'un très mauvais œil la création à Marseille d'une Faculté de médecine, disposaient dans la capitale.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Leon-Charve_age.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Léon Charve, à un âge plus avancé (1849-1937)</em></div>
<br />Après 10 ans de bataille (et de blocage au sujet d'un budget d'État destiné à l'Enseignement Supérieur mais utilisé par la ville pour construire des écoles primaires), Charve obtint l'adoption du projet de construction de la nouvelle Faculté des Sciences (on ne parle plus d'Université ni de certains services centraux). Avec le sentiment d'avoir accompli sa mission, Charve démissionna de son décanat et confia la suite des affaires à ses successeurs. Mais la suite ne fut pas tout à fait celle qu'il attendait : le projet initial avait perdu de sa séduction et, sensible à l'évolution des campus à l'américaine, l'idée d'Instituts dispersés dans un grand parc prenait le pas sur celle d'un imposant et prestigieux palais très 19ème... En réalité, les tutelles avaient tranché : la Faculté se ferait donc à Saint-Charles (ou ne se ferait pas...). En 1921, L. Charve partait en retraite. Il aurait probablement savourer, exactement 100 ans plus tard, la création à Marseille d'une université unique qui se choisira un nom à la fois très séducteur, assez neutre et totalement détaché de son passé.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/amphi-Charve.2.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Léon Charve (doyen 1899-1910), un nom gravé dans le marbre de l'amphi de mathématiques<br /></em></div>
<br />Les obsèques de l'ancien doyen étant restées privées, le Conseil de la Faculté décida, en guise d'hommage à titre posthume, de baptiser l'Amphithéâtre de l'Institut de Mathématiques et de Physique de la nouvelle Faculté des Sciences du nom du professeur de mécanique, inchangé depuis.
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
Le 20e siècle naissant, un professeur de mécanique, passionné par son enseignement et ses étudiants, devient doyen avec l'idée en tête de construire une nouvelle Faculté de Sciences, et, pourquoi pas, une université unique à Marseille !
Charve, Léon (1849-1937) -- Biographie
Faculté des sciences -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 19e siècle
Faculté des sciences -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 20e siècle
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/1053/Reboul_cuisiniere-provenc_ale_1900.pdf
fb66cbaa61c8a83368e9092afc3e6b7d
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
cuisinière provençale (La), par Jean Baptiste Reboul, chef de cuisine
Subject
The topic of the resource
Alimentation humaine
Histoire de la Provence
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Reboul, Jean-Baptiste (1862-1926). Auteur
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Librairie Paul Ruat (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1900
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : https://www.sudoc.fr/251735877
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/Reboul_cuisiniere_1900_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
323 p.
20 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/1053
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Provence. 19..
Marseille. 19..
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
<strong>Sommaire</strong> <br /><br />- Des potages<br />- Plats provençaux<br />- Du poisson<br />- Des sauces<br />- Des farces et pates<br />- Des entrées de bœuf<br />- Du mouton<br />- Du veau<br />- De l'agneau<br />- Du porc<br />- Lièvre et lapin<br />- De la volaille<br />- Pigeon et canard<br />- Du gibier à plumes<br />- Légumes et garnitures<br />- Des œufs<br />- De la pâtisserie et entremets sucrés<br />- De l’office<br />- Liqueurs de ménage<br />- Glaces<br />- Des conserves alimentaires<br />Lexique de la cuisinière<br />Table alphabétique<br />Table des chapitres
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH Aix-en-Provence)
Abstract
A summary of the resource.
Mention au recto de la page de titre : "<em>Cet ouvrage est adopté pour le COURS DE CUISINE de l'Ecole Professionnelle de jeunes filles de Marseille</em>".<br /><br />Dès ses premières éditions et dans une sobre présentation qu'il a toujours conservée (pas d'illustrations alléchantes ni de photos aux couleurs criardes), le recueil présente de manière très ordonnée un nombre imposant de préparations. Reboul s'intéresse moins aux plats très élaborés (seulement 15 plats provençaux réellement étiquetés comme tels dans la seconde rubrique) qu'aux préparations pratiques que tout le monde peut faire soi-même.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/cuisine-provencale.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Une cuisine provençale traditionnelle</em></div>
<br />Difficile de prendre le chef cuisinier en défaut sur les centaines de recettes classiques (le classement des cuisses de grenouille et des escargots de Bourgogne dans les poissons (seconde rubrique en importance, juste derrière celle des volailles), pour insolite soit-il, est une pratique que l'on retrouve dans certains manuels de restaurateurs au niveau de la conception des menus.<br /><br />Comme chez ses prédécesseurs et presque en termes identiques, il explique dans sa 3ème édition de 1900 que si son domaine de prédilection, c'est la cuisine méridionale (il est né dans le Var), il serait absurde d'édicter des exclusives, qu'il respecte tous les goûts et qu'il ne néglige ni les préparations des autres régions ni celles qui sont en usage partout, précisant que ses préceptes "<em>s'appliquent plus particulièremen </em><em>à la cuisine et à l'office bourgeois</em>". Après tout, J.-C. n'est pas seulement un cuisinier amoureux de la Provence, il est également chef cuisinier professionnel à Marseille.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Jean-Baptiste-Reboul_1909.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Jean-Baptiste Reboul, cuisinier et chef cuisinier (1862-1926)</em></div>
<br />Au fil de ses nouvelles éditions, le recueil de recettes de J.-B. Reboul s'enrichit constamment de nouvelles préparations pour devenir <em>La-référence-incontournable</em> de la cuisine provençale. Donc, en termes qualitatif et quantitatif, un véritable monument : sa 1ère édition proposait 477 recettes, sa 3ème 683 préparations au service de 54 menus (celle de 1900 présentée ici) et dans sa 28e édition (2001), 1 120 recettes justifient les 365 propositions de menus : un an de travail au programme avec deux nouvelles recettes par jour, de quoi dépanner les âmes génétiquement désertée de toute inspiration.<br /><br />Soucieux d'être exhaustif, J.-B. Reboul n'oublie pas d'aborder les techniques de conserves alimentaires dans ses développements les plus récents (boites en fer blanc stérilisées). Réaffirmant que son traité "succinct" s'adresse aux ménagères et non pas aux industriels, il égratigne au passage cette nouvelle industrie qui, malgré de gros investissements, ne fait pas mieux que l'honnête travail artisanal (par ailleurs, il donne la liste complète des ingrédients, contrairement aux professionnels trop pudiques). Très cohérent par rapport à sa doctrine sur les produits alimentaires eux-mêmes, il limite volontairement sa liste d'ustensiles à ceux qui équipent couramment les ménages. Le contre-pied de la voie suivie par la plupart des grands-chefs étoilés aujourd'hui, promoteurs d'une gastronomie d'exception, autrement inacessible aux communs des mortels...
Description
An account of the resource
La cuisine provençale se veut traditionnelle, familiale et populaire : une définition autant qu'une ambition reprise par J.-B. Reboul qui propose des préparations sans sophistication et à la portée de tous les amateurs de bonne cuisine.
Source
A related resource from which the described resource is derived
Maison méditerranéenne des sciences de l'Homme (MMSH)
Cuisine provençale -- 19e siècle
Cuisine provençale -- 20e siècle
Livres de cuisine -- Provence (France) -- 19e siècle
Livres de cuisine -- Provence (France) -- 20e siècle