Dans son complément à Uranographia, notre astronome berlinois* a l'ambition de dresser le catalogue exhaustif de toutes les étoiles fixes, doubles, nébuleuses et amas d'étoiles qu'il connaît et/ou décrites par les autres auteurs. Nous n'avons pas vérifié si le compte des 17 240 étoiles, groupées par constellation ou contigües dans l'ordre de l'ascension, est bon mais Bode admet quelques incertitudes en raison des variations voire des contradictions relevées chez certains astronomes. Pour les minimiser, il se réfère aux étoiles principales bien connues et promet de relever et de corriger toutes les erreurs qu'il insèrera dans ses prochains Éphémérides (annonce à l'adresse de ses collègues !).
Si les légendes, la plupart d'origine grecque et latine, n'aident pas l'astronome dans son travail scientifique, la description des figures imaginaires, parfois très élaborées, permet de donner le positionnement relatif précis des étoiles les unes par rapport aux autres et le positionnement de chaque constellation par rapport à ses voisines.
Orion : tout savoir sur cette constellation et son voisinage
L'avantage du dessin est qu'il est facilement compréhensible : aucun besoin de connaissance géométrique poussée pour se repérer et situer un objet sur la voûte. L'inconvénient est qu'il donne une représentation abstraite et simplifiée d'objets distribués dans un espace tridimensionnel écrasé sur deux dimensions alors que la notion de profondeur (et donc de distance réelle) est fondamentale.
Pour voir la constellation d'Hercule : veiller un peu tardivement et regarder plutôt vers l'Est, elle descend vers le Sud...
Les corps étant en mouvement, à commencer par la Terre où se trouve l'observateur (par analogie au vivant, on parle du lever et du coucher des étoiles), le pointage d'un objet quelconque dépend de l'heure et de la saison de l'observation et suppose de connaître où se situent les points cardinaux. Les cartographies du ciel permettent justement de repérer rapidement les constellations facilement identifiables (le chariot de la constellation de la Grande Ourse, par ex.) et simplifient considérablement les observations "en tout temps".
La Voie Lactée : une estimation très raisonnable au 19e siècle tout juste naissant.
De même que 200 ans avant notre ère, Ératosthène avait estimé la circonférence de la Terre à 39 375 km (pour une valeur admise aujourd'hui d'env. 40 070 km, une précision qui laisse pantois), affirmer que la Voie Lactée concentre plusieurs millions d'étoiles est très audacieux et particulièrement pertinent quand l'on considère les ordres (vertigineux) de grandeur en présence et sans outil de comptage (depuis Hubble, on sait en toute certitude que notre galaxie contient plus de 235 milliards d'étoiles de masse détectable et probablement l'équivalent de 300 à 400 milliards de masses solaires...).
* L'éclairage public n'étant apparu à Berlin qu'en 1826 (lampes à gaz), nous supposerons que Bode n'a pas été gêné par la pollution lumineuse noctune, fléau, entre autres, de tous les instruments d'observation terrestres.]]>