Santé publique]]> recopié à Marseille en l'an 1807, Magail"
Tampon à l'encre violette en page de titre : "A MAGAIL"
Note manuscrite en fin de volume : "fin du cours d'hygiène, 12/1808, Magail"

Jean-Noël Hallé, d'abord professeur de physique médicale et d'hygiène à l'École de santé de Paris, puis professeur au Collège de France en 1794 et enfin professeur à la Faculté de médecine est considéré comme le fondateur de l'enseignement de l'hygiène en France (1).

Jean-Noël Hallé (1754-1822)

La question de l'hygiène n'est pas nouvelle, les nombreux thermes et bains publics présents dans la Grèce et la Rome antiques en sont les meilleurs témoins, mais il est difficile de parler d'un progrès continu et régulier : chaque grande époque (Antiquité, Moyen-Âge, Renaissance,...) l'aborde avec ses valeurs et ses craintes (2) : les grandes épidémies apparues au 15e siècle prendront une telle ampleur au cours des 17e et 18e siècles qu'elles rendent indissociables les questions d'hygiène privée et d'hygiène publique. Hallé a d'autant plus à l'esprit la notion de santé publique qu'il a la chance de côtoyer un illustre chimiste, philosophe et économiste : Antoine Lavoisier en personne.

Hallé le connaît bien : disciple et collaborateur du grand scientifique, il a pris audacieusement sa défense (3) 7 ans plus tôt lors de son procès en présentant au tribunal qui condamnera le chimiste à la guillotine un rapport exposant les ouvrages et la valeur des travaux de son maître. Lavoisier lui-même n'avait-il pas été sollicité par le pouvoir sur les questions d'hygiène ? (4).

Salubrité publique... une rue de Calais au 19e siècle (5)

Ce n'est donc pas un hasard si son manuscrit rédigé la toute première année du 19e siècle, commence et insiste tant sur l'hygiène publique, le rôle et l'histoire des institutions qui en ont la charge. L'homme est d'abord un animal social : on ne peut espérer rester en bonne santé si l'insalubrité règne sur la communauté. L'hygiène, c'est la conjonction d'une discipline personnelle (se laver les mains, par ex.) et d'un effort collectif (eau potable, assainissement des rues, etc.). L'intrication privé/collectif sera d'autant plus perçue comme impérative que l'étude des maladies nouvelles et la récurrence des épidémies du 19e siècle vont contribuer au progrès des connaissances médicales et scientifiques.

... et l'hygiène privée - leçon de toilette infantile, 19e siècle (6)

L'hygiène individuelle et la santé publique ne relèvent plus de l'improvisation : la première demande des compétences professionnelles et la seconde fait appel au corps médical et scientifique qui s'investit dans son enseignement, conseille les autorités politiques en matière de réglementation, d'éducation, d'habitat et d'urbanisme. Au-delà de la tentation hygiéniste qui émergera au milieu du 19e, s'impose progressivement l'évidence que ce qui peut nuire à la santé est mieux connu et par là -même moins acceptable qu'auparavant, notamment en milieu urbain (logements insalubres et surpeuplés, égouts pestilentiels, eau corrompue, mortalité infantile et maternelle à 2 chiffres...).

La Constitution de l'Organisation Mondiale de la Santé, adoptée lors de Conférence internationale de la Santé (New York, 19 juin-22 juillet 1946) stipule que "La santé de tous les peuples est une condition fondamentale de la paix du monde et de la sécurité". Deux siècles après les enseignements de Jean-Noël Hallé, l'OMS évalue à plus de 4,5 milliards d'êtres humains qui n'accèdent pas à ce droit fondamental (2018).

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1. Jean-Noël Hallé - in Wikipédia
2. Hygiène - in Wikipédia
3. Guillaume James. “Etudes révolutionnaires” - 1909 Neuvième partie, «La République n'a pas besoin de savants» - 1909«La République n'a 4. Antoine Lavoisier. - in Wikipédia
5. Le Choléra à Calais - in La Voix du Nord
6. Promouvoir l'hygiène : les voies modernes d'un nouveau combat. in L'Histoire par l'image, Ministère de la Culture]]>
1801]]> 1807]]> ]]> fre]]> France. 18..]]>
Astronomie]]>
Le ciel est constellé de corps lumineux que les civilisations humaines (tradition hellénique, par ex.) ont pris l'habitude de nommer en les regroupant. Pour mémoriser ces groupes d'étoiles, on peut relier ces points en traçant des lignes imaginaires et obtenir des figures familières : par assimilation, ces figures désignent aussi bien ces groupes d'étoiles que des régions du ciel bien distinctes avec des frontières précises.

Cette uranographie (du grec Ouranos, divinité grecque du ciel) débute par deux planisphères correspondant approximativement aux deux hémisphères terrestres, le ciel boréal avec les constellations les plus anciennes pour le Nord (ciel visible depuis les régions méditerranéennes par les astronomes de l’Antiquité) et le ciel austral pour le Sud (nommées plus tardivement par les astronomes, à partir du 15e siècle pour les navigateurs).

Planche n° 6 - 16. Ursa major. 17. Leo minor (Uranographia, 1801)


Bode nous propose 21 planches (son Index n'en contient que 20, la dernière regroupant les étoiles des planches n°20 et n°21) représentant 102 constellations. De nos jours, l’Union Astronomique Internationale (UAI) divise le ciel en seulement 88 constellations officielles "modernes".

Bode ne présente pas seulement des points isolés reliées par de simples lignes mais le dessin complet et explicite de la figure symbolisée : le plus souvent, elle représente des figures humaines, souvent d'inspiration mythologique, ou animalières. Les plus brillantes, comme Orion, la Grande Ourse et le Scorpion, sont évidemment les plus connues.

Planche n° 12 - 38. Taurus. 39. Gemini. 40. Orion. 41. Canis minor. 42. Harpa Georgii.(Uranographia, 1801)

Dans cet ouvrage, Bode n'a réuni que la partie graphique de son travail. L'explication et le détail des constellations se trouvent dans une seconde monographie parue la même année : Allgemeine Beschreibung und Nachweisung der Gestirne nebst Verzeichniss der geraden Aufsteigung und Abweichung von 17240 Sternen, Doppelsternen, Nebelflecken und Sternhaufen. Von J. E. Bode,... (Zu dessen Uranographie gehörig.)... Description et connaissance générale des constellations avec un catalogue de l'ascension droite et de la déclinaison de 17240 étoiles, doubles, nébuleuses et amas d'étoiles... (Pour servir de suite à son Uranographie.)...]]>
1801]]> fre]]>
Joannis Elerti Bode Uranographia, sive astrorum descriptio... (Autre titre)]]> Astronomie]]>
Dans son complément à Uranographia, notre astronome berlinois* a l'ambition de dresser le catalogue exhaustif de toutes les étoiles fixes, doubles, nébuleuses et amas d'étoiles qu'il connaît et/ou décrites par les autres auteurs. Nous n'avons pas vérifié si le compte des 17 240 étoiles, groupées par constellation ou contigües dans l'ordre de l'ascension, est bon mais Bode admet quelques incertitudes en raison des variations voire des contradictions relevées chez certains astronomes. Pour les minimiser, il se réfère aux étoiles principales bien connues et promet de relever et de corriger toutes les erreurs qu'il insèrera dans ses prochains Éphémérides (annonce à l'adresse de ses collègues !).

Si les légendes, la plupart d'origine grecque et latine, n'aident pas l'astronome dans son travail scientifique, la description des figures imaginaires, parfois très élaborées, permet de donner le positionnement relatif précis des étoiles les unes par rapport aux autres et le positionnement de chaque constellation par rapport à ses voisines.

Orion : tout savoir sur cette constellation et son voisinage

L'avantage du dessin est qu'il est facilement compréhensible : aucun besoin de connaissance géométrique poussée pour se repérer et situer un objet sur la voûte. L'inconvénient est qu'il donne une représentation abstraite et simplifiée d'objets distribués dans un espace tridimensionnel écrasé sur deux dimensions alors que la notion de profondeur (et donc de distance réelle) est fondamentale. 

Pour voir la constellation d'Hercule : veiller un peu tardivement et regarder plutôt vers l'Est, elle descend vers le Sud...

Les corps étant en mouvement, à commencer par la Terre où se trouve l'observateur (par analogie au vivant, on parle du lever et du coucher des étoiles), le pointage d'un objet quelconque dépend de l'heure et de la saison de l'observation et suppose de connaître où se situent les points cardinaux. Les cartographies du ciel permettent justement de repérer rapidement les constellations facilement identifiables (le chariot de la constellation de la Grande Ourse, par ex.) et simplifient considérablement les observations "en tout temps". 

La Voie Lactée : une estimation très raisonnable au 19e siècle tout juste naissant.

De même que 200 ans avant notre ère, Ératosthène avait estimé la circonférence de la Terre à 39 375 km (pour une valeur admise aujourd'hui d'env. 40 070 km, une précision qui laisse pantois), affirmer que la Voie Lactée concentre plusieurs millions d'étoiles est très audacieux et particulièrement pertinent quand l'on considère les ordres (vertigineux) de grandeur en présence et sans outil de comptage (depuis Hubble, on sait en toute certitude que notre galaxie contient plus de 235 milliards d'étoiles de masse détectable et probablement l'équivalent de 300 à 400 milliards de masses solaires...).

* L'éclairage public n'étant apparu à Berlin qu'en 1826 (lampes à gaz), nous supposerons que Bode n'a pas été gêné par la pollution lumineuse noctune, fléau, entre autres, de tous les instruments d'observation terrestres.]]>
1801]]> fre]]> ger]]>