En fait de Provence et départements voisins, les auteurs ne ménagent pas leur monture puisque leurs observations les mènent du Sud du Golfe de Gascogne à l'Ouest du Golfe de Gênes, soit près de 1 000 km ! Ce vaste Midi de la France, point de passage entre l'Europe et l'Afrique, est naturellement traversé par de multiples flux migratoires obéissant à différents motifs selon les espèces. L'introduction de l'étude est entièrement consacrée à l'analyse de ces migrations et détaille les divers facteurs, avérés ou supposés, qui les influencent : température, vents, météo, saisons, habitudes, reliefs, proximité des terres, nourriture disponible, nidification, prédateurs,..., sachant que ces facteurs, favorisant la biodiversité, entretiennent des corrélations et que les migrateurs peuvent devenir à leur tour les proies de sédentaires qui les attendent pour entamer leur cycle de reproduction.
Pour leur exposé, Jaubert et Lapommeraye annoncent suivre la classification de Ch. Julien Bonaparte, spécialiste reconnu des oiseaux, mais bien obligés d'exclure les perroquets et les autruches (!), ils s'en tiennent à ses 8 premiers ordres (sur dix) divisés en deux sous-classes : les altrices (les plus nombreux, accipitres [rapaces], passereaux, pigeons, hérodiens et gaviens) et les précoces (gallinacés, échassiers et oies).
Si les auteurs livrent leur propres observations de terrain, ils s'appuient sur l'état des connaissances en ornithologie et connaissent à l'évidence les collections naturalistes de l'époque comme celles du Muséum de Marseille.
L'aigle Bonelli
L'ouvrage contient 21 planches "
d'une exécution irréprochable, représentant les types qui n'ont été figurés dans aucun des précédents travaux" (nous sommes au milieu du 19e siècle). Une occasion d'apprécier de très belles lithographies (toutes signées J. Susini del & lith) où prédomine la douceur des traits et des couleurs.
La bergeronnette flavéole
L'ouvrage s'achève sur une table des matières enrichie des noms provençaux des espèces, soulignant l'existence d'une ornithologie provençale à part entière (Jaubert est marseillais de naissance).
L'hirundo et le merops
Pour l'anecdote, Jaubert et Lapommeraye ne fréquentent pas seulement les musées mais aussi les parcs et jardins zoologiques. Alors qu'ils rédigent un supplément à cette édition, ils apprennent, indignés, que le spécimen provenant de Philippeville (Algérie), en captivité à Marseille, a fini dévoré par les autres rapaces en raison de "
l'incurie qui préside à l'administration de notre Jardin zoologique".
Le Faucon Eléonore, ou comment servir de repas au jardin zoologique de Marseille