1
200
10
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/1043/BiAA-IR-29bis-2_Marquardt_Vie-privee-Romains.pdf
15cfe1cab6712b7c683994b73266ff08
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Manuel des antiquités romaines. Volume 15, Tome 2, La Vie privée des romains. Seconde partie : travail et loisirs, avec vingt-trois gravures sur bois. Chapitre 1 - L'Alimentation. Ouvrage traduit sur la 2ème édition allemande publiée par A. Mau par Victor Henry
Subject
The topic of the resource
Alimentation humaine
Antiquité
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Maquardt, Joaquim. Auteur
Mommsen, Theodor (1817-1903). Auteur
Mau, A. Éditeur scientifique
Henry, Victor. Traducteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque d'Antiquité d'Aix (BiAA - MMSH Aix-en-Provence), cote IR 29bis 2
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Thorins et Fils (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : https://www.sudoc.fr/087087138
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BiAA-IR-29bis-2_Marquardt_Vie-privee-Romains_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
XI-118 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/1043
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Méditerranée (région). Antiquité
Abstract
A summary of the resource.
Dans leur monumental <em>Manuel des antiquités romaines</em> (19 volumes), Maquardt et Mommsen consacrent un seul chapitre du second tome du Vol. 15 <em>(La Vie privée des romains)</em> à l'alimentation : qu'est-ce que les Romains mangeaient à l'époque ? <br /><br />Au cours des deux millénaires qui nous séparent de l'Empire romain, bien des variétés (animales et végétales), des modes (distinction sociale), des codes (autorisés ou interdits) et des habitudes (tradition contre nouveauté) ont disparu et d'autres sont apparus mais nous restons en partie héritiers de cette époque : les grandes catégories de produits qui constituaient la base de l'alimentation d'alors comme les céréales, les produits maraîchers, les viandes et poissons, l'huile et le vin, le lait, le fromage, le miel et le sel ne nous pas étrangères, même si certains mets ne figurent plus sur nos tables (à la Renaissance, paradoxalement sous l'influence de la cuisine provenant d'Italie, les plus fortunés délaissent peu à peu certaines viandes, comme les cygnes et les paons, au profit des grands gibiers). <br /><br />Si certaines nous paraissent encore si familières aujourd'hui, c'est parce que nous partageons toujours cette culture commune : la vigne, l'olivier, les herbes potagères et nombre d'arbres fruitiers n'ont été introduits que par les Romains. Bien avant eux, la très ancienne Italie ne cultivait que quelques céréales, parfois pauvres. La fabrication du pain marque le premier grand progrès dans l'histoire de l'alimentation : citant Pline, l'industrie du boulanger apparaît à Rome à la fin du Ve siècle avant J.-C (datation fluctuant du VIe au IIe siècle selon les sources) et fournit tous les jours du pain frais aux familles romaines et "<em>même le premier déjeuner aux écoliers</em>".<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Figues-Pompei.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Coupe de figues : les fruits, plus acides que de nos jours, ouvrent souvent le repas (peinture murale, Pompéi)</em></div>
<br />Si Maquardt et Mommsen abordent la question de l'alimentation sous l'angle de la satisfaction des besoins naturels vitaux assurés dans le cadre du domicile familial, ils élargissent leur approche à l'aspect économique et social : les denrées alimentaires représentent une part croissante du commerce, elles dynamisent le transport maritime et nécessitent de grandes infrastructures comme des canaux de communication et des ports pour l'import/export.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/pompei-pain_fresque.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>La boulangerie, le boulanger, souvent d'origine greque, son pain et ses clients (fresque de Pompéi)</em></div>
<br />L'Empire romain, par son étendue géographique et l'importance de sa population abritées à l'intérieur de ses frontières et qu'il faut nourrir, établit une nouvelle relation entre la mer et l'intérieur du pays : la fondation de nouvelles villes et le développement urbain amène la construction de marchés et de forums entourés de magasins qui attirent les banquiers et de nouveaux métiers (grainetiers, fabricants d'outils agricoles, potiers pour la fabrication des amphores, négociants pour le stockage et le transports des denrées,...). Chez les Romains, l'alimentation humaine (comme les autres besoins primaires) devient le centre de relations qui unissent l'économie agricole, l'industrie et le commerce.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/termopolium-regio-v-07-rluigispina.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Termopolium (Pompéi, 5ème Région, mise au jour en 2019/2020)<br />Les fresques du comptoir indiquent ce que le client peut commander...<br /></em></div>
<br />Manger a toujours obéit à des codes culturels et des rituels sociaux très prégnants (un des longs et difficiles apprentissages chez les humains : on ne mange pas n'importe quoi, n'importe comment et à n'importe quel moment) : chez les Romains, il devient l'objet d'une nouvelle pratique qui dépasse le cadre familial ou cérémoniel courant comme en témoigne l'apparition d'une <em>restauration rapide</em> à Pompéi (une cinquantaine d'établissements recensés). Récemment dévoilée par les archéologues, une facette inédite du <em>régime méditerranéen</em> plébiscité pour toutes ses vertus...
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque d'Antiquité d'Aix (MMSH, Aix-en-Provence)
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
vie privée des Romains (La)
Description
An account of the resource
L'agriculture de l'ancienne Italie évolue radicalement avec l'introduction par les Romains de la vigne, de l'olivier, des herbes potagères et nombre d'arbres fruitiers. Une culture aujourd'hui partagée par tous les pays méditerranéens.
Agriculture -- Antiquité
Alimentation -- Antiquité
Coutumes alimentaires -- Antiquité
Pêche -- Antiquité
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/1017/RES-26888_Jourdan_1823-1891.pdf
f86b2f765aa61f0ba569554d956127da
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
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Title
A name given to the resource
Alfred Jourdan, 1823-1891 : [Recueil de discours à la mémoire du regretté doyen de la Faculté de droit d'Aix]
Subject
The topic of the resource
Économie politique
Histoire de l'université
Enseignement supérieur
Biographie
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Faculté de droit (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône ; 1809-1896). Éditeur scientifique
Université de France. Facultés d'Aix et de Marseille. . Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 26888
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Makaire (Aix-en-Provence)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : https://www.sudoc.fr/084793252
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-26888_Jourdan_1823-1891_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
110 p.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/1017
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Aix-en-Provence. 18..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Mélanges. Jourdan, Alfred (Titre de forme)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Abstract
A summary of the resource.
Ex-dono manuscrit "<em>Offert à la bibliothèque universitaire. Signé Edouard Jourdan</em>". E. Jourdan est le fils de l'auteur.<br /><br />Quatorze : c'est le nombre de titres, de fonctions, de responsabilités, d'appartenances à des sociétés savantes et de distinctions associés au nom d'Alfred Jourdan. Aujourd'hui, un tel palmarès lui vaudrait l'épithète de cumulard si ce n'est qu'il s'agit bien de domaines de compétence attestés et pas des décorations de pacotille.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Jourdan_1823-1891.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Alfred Jourdan (1823-1891)</em></div>
<br />Rien de surprenant si la majorité des laudateurs de cet économiste libéral sont des juristes : pas seulement parce qu'il a été le doyen de leur Faculté, mais, parce qu'à cette époque, l'économie n'est enseignée que dans les Facultés de Droit. Un hommage on ne peut plus consensuel : Président de la Cour d'Appel, Recteur d'Académie, Doyen des Lettres, Président de l'Académie, Professeurs, Docteurs, ...<br /><br />Parce que précurseur, il était trop juriste pour les économistes et trop économiste pour les juristes. Son nom restera associé à son rôle dans la fondation de l'enseignement de l'économie politique et aussi à la "<em>Revue d'économie politique</em>" qu'il avait cofondée en janvier 1887. La notice biographique plus développée du document "<em>Éloge de M. Alfred Jourdan, président de l'Académie d'Aix, correspondant de l'Institut, doyen de la Faculté de droit d'Aix, prononcé dans la séance du 17 janvier 1893"</em>, pourra être utilement consultée.<br /><br /><em></em>
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
Sommaire des 12 pièces du recueil :<br />
<ol>
<li>Extrait du Journal Le Var de Draguignan. (Numéro du 20 août 1891)</li>
<li>Discsours prononcé par M. Rolland, président honoraire à la Cour d'Appel d'Aix</li>
<li>Discours proncé par M . Auguste Laurin, professeur de Droit Commercial et de Droit Maritime aux Facultés d'Aix et de Marseille, Assesseur du Doyen de la Faculté de Droit</li>
<li>Discours de F. Belin, Recteur de l'Académie d'Aix</li>
<li>Revue d'Economie politique - Numéro de Septembre-Octobre 1891</li>
<li>- Article de Charles Gide, professeur à la Faculté de Droit de Montpellier</li>
<li>Séance solennelle de Rentrée du 23 novembre 1891 - Rapport présenté au nom du Conseil Général des Facultés par M. Guibal, Doyen à la Faculté des Lettres</li>
<li>Leçon de M. Moreau, Professeur (19 décembre 1891)</li>
<li>Notice lue par M. Aucoca à la séance du 30 Janvier 1892</li>
<li>Discours du Docteur Paul David</li>
<li>Discours de Pierre Lanéry d'Arc</li>
<li>Discours de M. Soubrat</li>
</ol>
Description
An account of the resource
Tous les morts sont probablement des braves types mais avec cette dizaine de vibrants hommages à la mémoire du professeur de droit, Alfred Jourdan, fondateur de l'enseignement de l'économie politique à Aix, impossible d'en douter.
Droit -- Étude et enseignement -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- 19e siècle
Economie politique -- Histoire
Faculté de droit -- France -- Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) -- 19e siècle
Jourdan, Alfred (1823-1891, juriste)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/995/RES-26848_Lanery_Eloge-Jourdan.pdf
3708dc8af3a0929cf533e9b2bc40a45b
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Éloge de M. Alfred Jourdan, président de l'Académie d'Aix, correspondant de l'Institut, doyen de la Faculté de droit d'Aix, prononcé dans la séance du 17 janvier 1893
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Économie politique
Enseignement supérieur
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Lanéry d'Arc, Pierre (1861-1920 ; juriste). Auteur
Académie des sciences, agriculture, arts et belles lettres (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône). Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 26848
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Makaire (Aix)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : https://www.sudoc.fr/091373956
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-26848_Lanery_Eloge-Jourdan_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
32 p.
in-8°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/995
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Aix-en-Provence. 18..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Abstract
A summary of the resource.
Ex-dono autographe de l'auteur "A la Bibliothèque universitaire d'Aix. Hommage de l'auteur."<br /><br />Les circonstances de la vie ont offert à Alfred Jourdan l'opportunité de croiser des destins exceptionnels lors de ses vacances en Corse : l'écrivain historien et archéologue Prosper Mérimée, le romancier Gustave Flaubert, autant inspiré par le psychologique que le naturalisme et François Guizot, homme politique plutôt austère et chantre d'un libéralisme au service de la prospérité mais peu ouvert aux questions sociales. Parti étudier le droit à Paris, il sera reçu par Blanqui, directeur de l'École de commerce, où il rencontrera des économistes en vue.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/Alfred-Jourdan_1823-1891.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Alfred Jourdan (1823-1891)</em></div>
<br />En 1863, après avoir été attaché puis agrégé, il est nommé professeur de droit romain à la Faculté de droit d'Aix. Son parcours universitaire bascule lorsqu'il inaugure en 1875, à la Faculté des Sciences de Marseille* (cela ne doit rien au hasard), et en 1877, à la Faculté de Droit d'Aix, l'enseignement de l'économie politique. Ce qui lui vaudra une certaine animosité des économistes de métier, lui reprochant sa culture purement juridique, ce que l'économiste J.-Y. Naudet résumera avec la formule "<em>Le paradoxe français : le divorce entre la science économique et son enseignement universitaire</em>" (1). On peut rappeler ici qu'il faudra attendre la réforme des universités d'Edgard Faure en 1968 pour que les facultés d'économie voient le jour (à Aix, la Faculté d'Économie Appliquée ne sera créée qu'en 1973). Cette faiblesse, il en faisait un atout : au lieu de retrancher, il enrichissait son enseignement de toutes ses compétences : le droit, l'économie, et, héritage de sa spécialité romaniste (sa thèse soutenue en 1851 : <em>État et capacité des femmes d'après le droit romain</em>), l'histoire de la science sociale qui s'imposera dans les dix dernières années dans ses cours donnés à Marseille.<br /><br />Alfred Jourdan n'était pas engagé dans une démarche dogmatique : pour lui, le travail de l'économiste était d'abord de faire "<em>la théorie des faits et des pratiques, et ensuite de rechercher ce que les théories économiques ont produit dans les faits et quelles pratiques elles ont engendrées; autrement dit, étudier les théories d'abord comme causes des faits et ensuite comme résultats des pratique</em>s". Le but de toutes ces études était d'élaborer le "<em>tableau historique des opinions que les hommes des divers temps et des divers pays se sont faites sur les richesses, leur production, leur répartition, leur consommation</em>". Tâche d'autant plus difficile que l'économie ne se résume pas à exhumer ce qui est formellement consigné dans les textes mais à comprendre l'organisation réelle de la production et du commerce et les pratiques sociales qui y sont attachées.<br /><br />
<div><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/Naudet-ouvrage-600-ans.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></div>
<div style="text-align: center;"><em>Salle de travail d'économie politique (1919-1920)</em></div>
<br />Au delà de ses écrits académiques, l'héritage d'Alfred Jourdan est sans nul doute d'avoir ouvert une tradition de l'enseignement de l'économie politique à la Faculté de Droit d'Aix, tradition poursuivie par Barthélemy Raynaud, et une école de pensée où l'analyse de l'économie n'est jamais dissociée de ses dimensions juridique et sociale et reste attentive aux conditions réelles des acteurs économiques, loin d'un hypothétique sujet d'étude idéalisé, l'<em>homo œconomicus</em>. Ce qui conduira à de remarquables analyses et synthèses de la société française pour la première moitié du 20e siècle qui valent bien de nombreux livres d'histoire consacrés à la Provence et à la Méditerranée (3).<br /><br />_________________<br />* Jean-Yves Naudet précise qu'en réalité le cours d'économie à la Faculté des sciences de Marseille existait avant lui : il était assuré par Cabantous de 1867 à 1872. Jourdan en a pris effectivement la suite après la mort de Cabantous, à partir de 1873.<br />1. Naudet, Jean-Yves. - Une brève histoire des économistes aixois : (à l'Université et à l'Académie d'Aix). Aix-en-Provence : Presses universitaires d'Aix-Marseille, 2022 - Disponibilité <a href="https://catalogue.univ-amu.fr/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=1202063" target="_blank" rel="noopener noreferrer" class="x_OWAAutoLink"><em>https://catalogue.univ-amu.fr/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=1202063</em></a><br />2. Naudet, Jean-Yves. - L'économie politique à la Faculté de droit d'Aix. - Aix-en-Provence : Presses universitaires d'Aix-Marseille, 2009 - Extrait de "Six siècles de droit à Aix, 1409-1609, mémorial de la Faculté de droit et de science politique d'Aix-Marseille à l'occasion du sixième centenaire de sa fondation, PUAM, 2009, p. 85-90) - <a href="https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/265" target="_blank" rel="noopener"><span class="citation-url">https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/265</span></a><br />3. Annales de la Faculté de droit d'Aix. Série Essai d'enquête économique - <a href="https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/109" target="_blank" rel="noopener">https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/109</a>
Description
An account of the resource
Dix ans après l'éloge de G. de Saporta prononcé en l'honneur du nouveau doyen de la Faculté de Droit d'Aix, Alfred Jourdan, l'hommage de P. Lanéry d'Arc au fondateur de l'enseignement de l'économie politique à Aix, disparu en 1891
Economie politique -- Histoire
Faculté de droit -- France -- Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) -- 19e siècle
Jourdan, Alfred (1823-1891, juriste)
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/516/RES-AIX-T-175_Durandy_Societes.pdf
349121fd6cd1cee4c277e7bb155035c1
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Des particularités juridiques des sociétés de publicains : droit romain ; Les assemblées d'actionnaires dans les sociétés anonymes : droit français
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Durandy, Dominique (1868-1920). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES-AIX-T-175
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie et stéréotypie spéciale du "Petit niçois" (Nice)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245405801
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-AIX-T-175_Durandy_Societes_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
Pagination multiple [221] p.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/516
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
France. 18..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
assemblées (Les) d'actionnaires dans les sociétés anonymes (Publié avec)
Abstract
A summary of the resource.
Thèse : Thèse pour le doctorat : droit : Aix : 1893
Les sociétés de publicains, composées le plus souvent de chevaliers, avaient pour but de prendre à ferme les impôts ou d’autres droits appartenant à l’État, dans les provinces. Remarquables, selon l’auteur, par leur constitution originale, leur personnalité morale et l’influence politique qu’elles ont exercée, elles présentent l’intérêt de contenir en germe la plupart des particularités de nos sociétés par actions modernes. Ces dernières ont connu, en France et depuis la tentative de Law, des fortunes diverses. La seconde partie de cette étude s’intéresse aux moyens d’intervention dont disposent les actionnaires, qui peuvent s’apparenter à ceux d’une assemblée délibérante, contrôlant les actes du pouvoir exécutif.
Résumé Luc Bouchinet
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Subject
The topic of the resource
Droit privé
Droit romain
Description
An account of the resource
Dans les sociétés anonymes, les assemblées d'actionnaires disposent de moyens d’intervention efficaces pour contrôler les actes du pouvoir exécutif et devenir un véritable contre-pouvoir
Droit romain -- Thèses et écrits académiques
Publicains -- Thèses et écrits académiques
Sociétés -- Droit -- France -- 19e siècle -- Thèses et écrits académiques
Sociétés anonymes -- France -- 19e siècle -- Thèses et écrits académiques
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/515/RES-AIX-T-172_Totti_Injure.pdf
1d68a5ca345a189ad32a2965d75f0a62
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
De l'injure en droit romain ; De la prescription de l'action publique en droit français : thèse présentée et soutenue le 22 juin 1893
Subject
The topic of the resource
Droit pénal
Droit romain
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Totti, Jean. Auteur
Faculté de droit (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône ; 1...-1896). Organisme de soutenance
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES-AIX-T-172
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Chevalier-Marescq et Cie (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245405593
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-AIX-T-172_Totti_Injure_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
341 p.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/515
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
France. 18..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
De la prescription de l'action publique en droit français (Publié avec)
Abstract
A summary of the resource.
Thèse : Thèse de doctorat : Droit : Aix-Marseille : 1893
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
La légitimité de la prescription d'une infraction est très critiquée : pourtant 3 raisons liées au temps qui passe la justifie : d'abord on oublie l'infraction, ensuite on peut considérer qu'elle est expiée et enfin, les preuves disparaissent
Droit pénal (droit romain) -- Thèses et écrits académiques
Injures -- Rome -- 30 av. J.-C.-476 (Empire) -- Thèses et écrits académiques
Prescription (droit) -- France -- 19e siècle -- Thèses et écrits académiques
Prescription extinctive (droit administratif) -- France -- 19e siècle -- Thèses et écrits académiques
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/513/RES-AIX-T-170_Henrion_action-publicienne_.pdf
8cca07bf7ecfdf682e6b40b337fab76a
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
De l'action publicienne en droit romain ; Des retraits en droit français : thèse présentée et soutenue devant la faculté de droit d'Aix
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Henrion, Jean-Joseph-Auguste-Fernand le baron. Auteur
Faculté de droit (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône ; 1...-1896). Organisme de soutenance
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES-AIX-T-170
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier et Barthelet (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245405410
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-AIX-T-170_Henrion_action-publicienne_vignette .jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
138 p.
In-8
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/513
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
France. 18..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Des retraits en droit français en droit français (Publié avec)
Abstract
A summary of the resource.
Thèse : Thèse de doctorat : Droit : Marseille : 1892-1893
L’action publicienne est une action du magistrat romain, le préteur, qui consiste à supposer que le délai d’une prescription acquisitive a été accompli. La prescription acquisitive est l’acquisition juridique d’un droit réel sur une possession, à l’issue d’un délai durant lequel la chose possédée n’a eu aucune revendication ou contestation. Selon M. Bouchaud, en Droit Civil romain, l’importance de la propriété est telle que « tout propriétaire d’une chose, a le droit de la revendiquer contre tout détenteur actuel de cette chose : l’action qu’il peut alors intenter se nomme action réelle ». L’action publicienne n’est autre que cette action réelle mais introduite par le préteur, en faveur de tout possesseur de bonne foi, dont le délai de prescription acquisitive n’est pas écoulé. La création de l’action publicienne est attribuée à un magistrat romain du nom de Publicius qui exerça sa préture au temps de Cicéron. Cette action a été développée dans le but de garantir et d’élargir le droit de propriété que l’ancienne législation romaine ne protégeait pas.
La première partie de cette thèse se propose d’étudier les origines, la portée et les effets cette procédure de droit romain, tandis que la seconde partie s’intéresse aux retraits en Droit civil français de l’Ancien Régime.
D’après le dictionnaire de Gérard Cornu, le retrait est un « acte par lequel une personne, le retrayant, se substitue, dans le cas où la loi l’y autorise, à l’acquéreur d’un bien, le retrayé, à charge d’indemniser celui-ci de ses frais et débours ». La thèse ici présentée étudie avec une perspective historique deux types de retraits : le retrait litigieux, qui consiste pour le retrayant à racheter des droits litigieux auprès du cessionnaire, et le retrait successoral. Ce dernier consistait pour les cohéritiers à écarter un tiers, auquel un cohéritier a cédé son droit de succession, en lui versant une indemnisation. Le dictionnaire de Cornu rappelle que cette institution a été remplacée par « un droit de préemption au profit de tout indivisaire ».
Sources :
* Audibert, A. (1890). HISTOIRE DE LA PROPRIÉTÉ PRÉTORIENNE ET DE L'ACTION PUBLICIENNE. Nouvelle Revue Historique De Droit Français Et étranger, 14, 269-946. Retrieved from www.jstor.org/stable/43842953
* BOUCHAUD, M. Histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles lettres, Volume 41, L'Imprimerie royale, 1780
* CORNU, G. Vocabulaire juridique, PUF, 2013
Liantsoa Noronavalona
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Subject
The topic of the resource
Droit des successions
Description
An account of the resource
Etude du retrait litigieux, rachat des droits litigieux auprès du cessionnaire, et étude du retrait successoral par lequel les cohéritiers écartent un tiers, auquel un cohéritier a cédé son droit de succession
Biens (droit romain) -- Thèses et écrits académiques
Contrats -- France -- 19e siècle -- Thèses et écrits académiques
Droit romain -- Thèses et écrits académiques
Offres publiques de retrait -- France -- 19e siècle -- Thèses et écrits académiques
Retrait (droit administratif) -- France -- 19e siècle -- Thèses et écrits académiques
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/512/RES-AIX-T-169_Fabre_Donations.pdf
1b1fe2ad2a1eaee3082114dcd0f4ff90
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Des donations entre époux en droit romain ; De la quotité disponible entre époux en droit français : thèse présentée et soutenue le 4 juillet 1893
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Fabre, Eugène. Auteur
Faculté de droit (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône ; 1...-1896). Organisme de soutenance
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES-AIX-T-169
Publisher
An entity responsible for making the resource available
J. Remondet-Aubin (Aix)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245397035
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-AIX-T-169_Fabre_Donations_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
318 p.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/512
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
De la quotité disponible entre époux en droit français (Publié avec)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Subject
The topic of the resource
Droit civil
Droit romain
Description
An account of the resource
Dans le droit romain, la femme ne possède aucun patrimoine propre : le jour du mariage, tous ses biens deviennent propriété du mari. Le Code civil français, en consacrant les donations entre époux, abolit l'état de "servitude légale" de la femme
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
France. 18..
Abstract
A summary of the resource.
Thèse : Thèse de doctorat : Droit : Aix : 1893
Cette étude s’intéresse aux donations entre époux, qui, si elles sont consacrées par le Code civil, se sont parfois heurtées à des objections, et notamment, dans le droit romain, à la pratique de la manus, par laquelle la femme ne pouvait avoir de patrimoine propre, tous les biens qu’elle avait au jour du mariage étant devenus la propriété du mari.
Résumé Luc Bouchinet
Donations entre époux -- Droit romain -- Thèses et écrits académiques
Famille -- Droit -- France -- 19e siècle -- Thèses et écrits académiques
Famille -- Droit romain -- Thèses et écrits académiques
Réserve héréditaire -- France -- 19e siècle -- Thèses et écrits académiques
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/502/RES-AIX-T-166_Capdenat_Liberte-individuelle.pdf
2a31644e41d6b1be87b743ca41b987b8
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
De la liberté individuelle dans l'Antiquité et de quelques restrictions à ce principe en droit privé romain ; De l'inviolabilité du domicile en droit français : thèse présentée et soutenue devant la faculté de droit d'Aix
Subject
The topic of the resource
Droit privé
Droit romain
Description
An account of the resource
C'est seulement en 1789 que le principe de l’inviolabilité du domicile est proclamé mais les peines encourues en cas de violation, par un délinquant ou par l’autorité publique, paraissent, à l'époque, bien peu dissuasives
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Capdenat, Léon
Faculté de droit (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône ; 1...-1896). Organisme de soutenance
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES-AIX-T-166
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Gustave Firmin et Montane (Montpellier)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245348980
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-AIX-T-166_Capdenat_Liberte-individuelle_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
247 p.
25 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/502
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
France. 18..
Abstract
A summary of the resource.
Thèse : Thèse de doctorat : Droit : Aix : 1893
Cette étude s’intéresse à la liberté individuelle dans l’Antiquité : en effet, si « la conquête de la liberté est relativement moderne », l’homme est, selon l’auteur, né avec l’instinct de l’indépendance, le sentiment de son droit à la disposition de sa personne, que seul l’esprit de domination et de conquête a pu restreindre.
L’auteur se penche également sur l’évolution du cadre juridique protecteur du domicile, qui à l’époque romaine est considéré comme un asile inviolable et sacré, davantage pour des raisons religieuses que sociales
Résumé Luc Bouchinet
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Domicile -- France -- 19e siècle -- Thèses et écrits académiques
Droit privé -- Rome -- Thèses et écrits académiques
Liberté -- Rome -- Thèses et écrits académiques
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/486/RES-33799_Comite-patronage-etudiants.pdf
87613d735bbabb1ef248b4618a7046f2
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Comité de patronage des étudiants étrangers : compte-rendu de la 1ère séance publique tenue dans la grande salle de la Faculté de Droit le 18 Juillet 1893
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Bry, Georges (1847-1918)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote RES 33799
Publisher
An entity responsible for making the resource available
J. Remondet-Aubin (Aix-en-Provence)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/245332529
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-33799_Comite-patronage-etudiants_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
9 p.
in 8°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/486
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Aix-en-Provence. 18..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Où le recteur de l'Académie nous apprend que le premier cours de langue et de littérature françaises pour les étudiants étrangers a été cré à la Faculté d'Aix...
Étudiants étrangers -- Aix-en-Provence -- 19e siècle
Facultés de droit -- France -- Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Français (langue) -- Étude et enseignement -- Allophones
Universités -- France -- Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/361/RES-38107_Feraud-Giraud_Notes-Durance.pdf
cfcc07fff2161321cdd24bf7b800c2a5
PDF Text
Text
'
L. - J. - D.
FÉRAUD - GIRAUD
NOTES
.SUR
LA DURANCE
EN GÉNÉRAL
Et
s~éciale ment
sur son Ré~i me Mm inistratif
ENTRE LE VERDON ET LE RHONE
Ce qu'il est
CE QU'IL DEVRAIT ÊTRE
AIX
ACHILLE MAKAIRE, IMPRIMEUR-LIBRAIRE ÉDITEUR
2 , rue Thiers , 2
1893
��L. - J. - D. PERAUD - GIRAUD
NOTES
LAixtadttrr
SUR
LA DURANCE
EN GÉNÉRAL
Et spécialement sur sou Régime Administratif
ENTRE LE VERDON ET LE RHONE
Ce qu'il est
C E Q U ’I L D E V R A I T Ê T R E
ÀIX
ACHILLE MARAIRE, IMPRIMEUR-LIBRAIRE EDITEUR
2 ,
ru e T h ie r s ,
2
1893
-
'X o o 'io I U
9
��INTRODUCTION
Le régime auquel la Durance est soumise de nos jours
est mauvais, à tous les points de vue : administration, tra
vaux, finances. Depuis fort longtemps je n’ai trouvé per
sonne qui, l’ayant vu fonctionner, n’ait été de cet avis.
Il faut donc songer sérieusement à le changer complète
ment. A d’autres cependant a poursuivre cette œuvre de
bien public. En fin de carrière, je n’ai ni la situation, ni
les forces nécessaires pour l’entreprendre ; mais qu’on me
permette, en signalant de nouveau le mal et certains
moyens pour le conjurer, de faire appel a ceux que leurs
fonctions, ou leurs mandats, sollicitent à veiller aux intérêts
du pays. Je vais essayer d’établir qu’ils peuvent faire beau
coup de bien et prévenir bien des misères et des désastres.
Ce n’est pas me faire illusion que de croire que, dans ces
conditions, je serai favorablement écouté, bien que je sois
aujourd’hui un inconnu pour la plupart de ceux auxquels
sont plus spécialement destinées ces notes. Cet appel, j’ai
d’ailleurs quelques droits pour le faire entendre. En dehors
�6
NOTES
SUR LA DURANCE,
du but qu’il s’agit d’atteindre, je le crois suffisamment
expliqué par des éludes spéciales et une longue expérience.
Autrefois conseiller général des Bouches-du-Rhône, prési
dent ou membre des sociétés d’agriculture du départe
ment^ comice, chambre d’agriculture, commission adminisnistrative de ferme école, et de l’un des syndicats de la
Durance; j’ai eu bien souvent à m ’occuper de ces questions
et j’ai pu me rendre un compte exact des conséquences du
régime administratif en vigueur. Trop largement riverain
de ce cours d’eau, j’ai reçu de ce voisinage un enseigne
ment fort obligatoire, quoiqu’il soit loin d’avoir jamais été
gratuit.
M. Billard, dans la dédicace de son livre sur l’endiguement, au comte de Séze, pair de France et premier prési
dent de la Cour de Cassation, lui disait : « Pour bien
apprécier le mérite du projet, il est nécessaire de consulter
les habitants des bords de la Durance, et surtout les
paysans qui la fréquentent et qui travaillent sur elle. Ceuxci sont familiarisés avec son inconstance et ses vicissitudes,
ils connaissent parfaitement son caractère ; ils savent, bien
mieux que les savants, juger les moyens de remédier aux
maux qu’elle fait. » Il y a là quelque chose de vrai et que
j’accepte volontiers, puisque cela me fournit l’occasion de
m’abriter derrière la qualité de riverain ou même de paysan
�7
tout au moins honoraire et cotisé, à laquelle notre auteur
attribue compétence. Mais entendons-nous bien, je ne suis
pas aussi oublieux que lui des services que peuvent rendre
les savants; car les savants dont il s’agit ici, ce sont nos
ingénieurs des ponts et chaussées, et autrefois, j’ai trop
connu la plupart d’entre eux, je les ai vus a l’œuvre avec
leur savoir, leur intelligence et leur activité, et si je ne
repousse les avis de personne, pour être autorisé à faire
agréer les miens, c’est à eux seuls que je voudrais conti
nuer à voir confier, dans d’autres conditions, la direction
de l’œuvre.
Quel que soit le titre général que j’ai donné a ces pages,
je n’ai point l’intention d’étudier le régime auquel doit être
soumise la Durance tout le long de son cours. A mesure
que l’on se rapproche de sa source, les conditions dans les
quelles se présentent les questions que nous aurons à exa
miner, se modifientbeaucoup, et les intérêts sont loin d’être
les mêmes. Si, souvent il peut être parlé de la rivière, sans
distinction entre les parties de son cours, c’est sur la
4mc section, que porteront exclusivement les propositions
dont je sollicite l’examen et pour lesquelles je réclame une
solution ; c’est-a-dire sur la partie de la Durance comprise
entre l’affluent du Verdon et le Rhône ; pendant qu’elle
coule entre le département de Vaucluse, au nord, et celui
INTRODUCTION.
�8
N OTES SUR
LA PURA N CE.
des Bouches-du-Rhône, au midi. C’est d’ailleurs la section
la plus longue, puisque à deux ou trois kilomètres près,
elle n’a pas une longueur moindre de cent kilomètres.
C’est la partie la plus intéressante, puisque sur ce point
ses eaux suivent une vallée complètement élargie, consti
tuant une vaste plaine, fort riche, très peuplée, sillonnée
par de nombreuses voies de communication de terre et de
fer, où elle alimente de nombreux et importants canaux.
En un mot, c’est la partie où les mesures à prendre pour
assurer la régularité de son cours présentent l’intérêt
public le plus considérable.
Toutefois si je me cantonne aujourd’hui dans ces limites
que m’imposeraient d’ailleurs des éludes et une expérience
localisées, je n’entends pas dire que l’œuvre doive rester à
toujours incomplète et limitée. Mais la situation des Hautes
et Basses-Alpes, que la Durance traverse complètement, est
tout à fait différente au point de vue de l’exercice du pou
voir administratif qui s’y trouve centralisé; et, d’autre
part, il n’y a pas à poursuivre une fusion qu’il est sans
intérêt de provoquer entre les départements de Vaucluse
et des Bouches-du-Rhône, ce qui exigerait le concours d’une
nouvelle somme de volontés, et ne pourrait que créer des
embarras et des difficultés sans avantages bien sérieux.
�Annales du régime des eaux, recueil périodique, publié depuis
1887 sous la direction de M. de la Lande, avocat au Conseil
d’Etat et à la Cour de Cassation. Paris, Rousseau.
Arnould et Martin. Rapport sur la protection des cours d’eau. 1890.
Raron A. Histoire des inondations du Rhône et de la Savoie en
1840. Lyon 1841, in-8°.
Barrai. Les irrigations dans les Bouches-du-Rhône et dans le dé
partement de Vaucluse. Rapports sur les concours d’irriga
tions. Paris, imprimerie nationale, in-4°, 1876 et suiv.
Bastard. Histoire des inondations du Rhône en 1840. Lyon 1841,
in-8°.
- Bastel d’Orange. Brochures diverses sur le canal de Mérindol.
Belgrand. Divers travaux sur l’hydrologie du bassin de la Seine.
A Belin. Études sur les inondations dans le bassin du Rhône.
Belleval (de). Étude sur le colmatage, t. xiv. 2“ série des Annales
de Vagriculture française.
Béraud, de l’Oratoire. Mémoire sur la manière de resserrer le lit
des torrents et des rivières, 1791, avec pi- Aix, David, im
primé par ordre de l’administration du département des Bou
ches-du-Rhône.
Bernard. Nouveau principe d’hydraulique. Paris 1787, (il y est
parlé des endiguements de la Durance dont l’auteur avait été
chargé).
�10
NOTES SUR
LA
DURANCE.
Bertrand G. Étude sur l’inondation de Grenoble, du 2 novembre.
1859. Grenoble, Prudhomme, 1859.
Beugnet. Rapport à l’Assemblée natio nale sur le déboisement
Séance du 15 février 1851.
Billiard. Projet et soumission pour l’encaissement de la Durance.
Aix, Guigue, 1825, in-8°.
— Développement de mon projet d’encaissement de la Durance.
Aix, Guigue, 1825, in-8°.
— Troisième publication sur le même objet. Aix, 1827.
Bossut et Vialet. Recherches sur la construction la plus avanta
geuse des digues.
Bourdet. Traité des digues le long des fleuves et rivières. Berlin,
1771, in-12.
Bouvier. Mémoire sur le Rhône et ses chaussées. Avignon, 1856,
in-4°.
Breton. Mémoire sur les barrages de retenue des graviers dans les
gorges des torrents. Paris, Dunod.
Calvet. Dissertation sur un monument singulier des utriculaires de
Cavaillon. Avignon, 1766, in-8°.
Castagne. Article dans les mémoires de l’Académie d’Aix, t. iv,
p.. 437.
Chambet J. Histoire de l’inondation de Lyon, ses environs et le
Midi de la France. Lyon, 1841, in-8°
Champion M. Les inondations en France du vi” siècle à nos jours,
4 vol. in-8°.
Charpentier. Hydraulique agricole, in-8°. Paris, Baudry.
Christol. Quel est le meilleur système d’endiguement des torrents et
rivières. (Congrès scientifique de France, 33* session, 1866,
p. 148 et suiv.)
Comoy. Considérations sur l’endiguement des rivières.
�BIBLIO G R A PH IE.
1 \
— Mémoire sur les ouvrages de défense contre les inondations,
2“ édit. Paris, Dunod, 1868.
— Études sur les inondations de la Loire.
Costa de Bastelica (Michel). Les torrents, leurs lois, leurs causes,
leurs effets, 1 vol. in-8°. Paris, 1874.
Coulon. Les rivières de France.
Cunit. L’endiguement de l’Isère, avant-projet, mém. in-4°. Greno
ble 1851.
Demontzey. La restauration des terres en montagne. Paris, 1889.
Des Maizières. Rapport sur les inondations de l’Escaut et de la Lys,
in-4°.
Dubreuil. Analyse raisonnée de la législation des cours d’eau, édit.
Tardif et Cohen, notice par Ch. Giraud et notes par Estrangin,
Aix, Aubin, 1843, 2 vol. in-8°.
Dugied. Projet de boisement des Basses-Alpes. Paris, imprimerie
royale, 1819, in-4s.
Dumas J. Les inondations, causes et remèdes. Valence, 1857, in-8°.
Dumont Al. De l’organisatisn légale des cours d’eau au point de
vue de l’endiguement, de l’irrigation et du dessèchement,
1846, in-8“.
Dupuit. Des inondations, moyens d’en prévenir le retour, in-8“.
Paris, V. Dalmont, 1858.
Durand Claye. Hydraulique agricole et génie rural, leçons à l’école
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�12
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LA DURANCE.
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in-8".
R ecueils divers
Annales des ponts et chaussées. — Annales des mines. — Annales
forestières. — Revue des eaux et forêts. — Mémoires de
l’Institut.
Procès-verbaux des séances des conseils généraux des Hautes et
Basses-Alpes, Bouches-du-Rhône, Vaucluse.
Rapports des ingénieurs aux conseils généraux des mêmes départe
ments.
Rapports du service forestier.
Mémoires de la Société de statistique et do l’Académie de Marseille;
de l’Académie d’Aix.
�16
N OTES SUR
LA
DURANCE,
Les historiens de Provence, Papon, Méry.— Coriolis, de l’administra
tion du comté de Provence, 3 vol. in-4°. Aix, 1786 ; Bouche,
Chorographie de la Provence ; d’Arluc, Histoire naturelle de la
Provence, 1782, 3 vol.
Et les histoires locales : Féraud, pour Manosque ; Laplane, pour
Sisteron ; Estrangin, pour Arles.
Les travaux sur les reboisements de MM. Hun, Lorentz, Blanqui.
Et les nombreux travaux sur la législation des cours d’eau que j’ai
déjà indiqués dans un article sur la législation des eaux publié
en tête du premier volume des Annales du régime des eaux,
année 1887.
�CHAPITRE Ier
D e s c r ip t io n
s o m m a ire
du
B a s s in
de
la B u r a n c c
1. Cours. La Durance prend sa source au Mont-Genèvre,
sur le territoire français, à un point assez rapproché de la
frontière piémontaise, entre Cervières, le Mont-Genèvre et
les Àlberts, sur le plateau où se trouve le village du MontGenèvre et où sa source est assez difficile a découvrir. Elle
se constitue en recevant au-dessus de Briançon la Clairée,
cours d’eau d’une certaine importance, qui suit la vallée de
Névache, et immédiatement au-dessous elle reçoit la Guisanne et le torrent de Cerveyrette. Elle traverse successive
ment, du nord-est au sud-ouest, les départements des
Hautes-Alpes et des Basses-Alpes; puis se dirigeant de
l’est a l’ouest, elle sépare le département des Bouches-duRhône du département de Vaucluse, et se jette dans le
Rhône à 5 kilomètres en aval d’Avignon. Les portions des
départements de la Drôme et du Var qui peuvent èlre com
prises dans son bassin, sont sans importance et fort res
treintes. MM. Kleitz et Hardy attribuent à ce bassin une
superficie de 14,814 kilomètres carrés ; soit environ un
sixième de la surface totale du bassin du Rhône. (Imbeaux,
la Durance, p. 8.)
2
�18
N OTES SUR
LA DURANCE.
2. Orographie. La constitution physique d’un territoire
compris dans le bassin d’une rivière, ayant une grande
influence sur le régime de ce cours d’eau, à raison des
pluies, des neiges et de la marche des eaux, je dois faire
remarquer combien sont accidentées et montagneuses les
contrées que comprend le bassin de la Durance. A l’est,
dans les départements des Hautes et Basses-Alpes et dans
le nord du département du Var, s’étendent les Alpes avec
leurs contreforts et leurs chaînons dérivés, trop nombreux
pour en entreprendre ici l’énumération. Sur certains points
c’est un chaos de monts extraordinairement déchirés qui
couvrent le pays. Dans le département de Vaucluse, citons
la montagne de Lure, se reliant au Ventoux et le Luberon.
Dans les Bouches-du-Rhône, les montagnes au sud de
Saint-Paul et de Peyrolles, la chaîne de la Trévaresse, puis
les Alpines. 11 en résulte que surtout dans la partie haute
de son cours, la rivière et ses affluents suivent des vallées
généralement fort étroites et à pentes prononcées, souvent
de simples gorges et parfois traversant des précipices et des
abîmes. Sur certains points existent des glaciers avec leurs
neiges perpétuelles ; ailleurs, sur des surfaces fort éten
dues, les neiges amoncelées pendant une partie de l’année
se fondent, pour mettre à nu des sommets rocheux ou des
flancs abruptes, dépouillés de toute végétation ou ne pré
sentant qu’une végétation rare et misérable, à l’exception
d’un petit nombre d’oasis clairsemés.
Des pics, des aiguilles et sommets divers approchent
d’une hauteur de 5,500 mètres , s’ils ne l’atteignent
pas complètement , plusieurs dépassent 3,000 mètres.
�CHAPITRE I er.
19
Toutefois le plus grand nombre n’atteint pas ces élé
vations.
3. Géologie. Je ne crois pas devoir joindre à ces indica
tions sommaires d’orographie des notes sur la géologie du
bassin, qui ne pourraient être utiles qu’à charge d’entrer
dans trop de détails. Quel intérêt en effet peut-il y avoir à
signaler que, en dehors des massifs granitiques qu’on ren
contre sur certains points de la haute Durance, et des lam
beaux de terrain carbonifère ou des fragments de trias
qu’on y signale en descendant, ce sont successivement les
terrains jurassiques, crétacés et tertiaires qui dominent. Si
des lits de graviers fort étendus et des terres d’alluvion, per
mettent aux eaux de se répandre dans le sous-sol et quel
quefois d’y couler sous les cailloux absolument secs, on a
remarqué qu’un grand nombre de terrains dans la partie
basse du bassin sont complètement imperméables et con
servent à la surface toute la quantité d’eau mise en mouve
ment par le courant, alors que celles qui proviennent de la
fonte des neiges coulent longtemps sur des rochers dénu
dés ne présentant aucun obstacle à leur écoulement et ne
donnent lieu à aucune retenue, ni absortion.
4. Classement de ce cours d'eau. Au moment où je viens
d’indiquer l’origine de la Durance et avant de faire connaî
tre la longueur de son cours, l’importance de son débit,
c’est-à-dire de continuer son élude physique, je crois utile
de signaler son régime propre, et si j’ose dire, la nature et
le caractère de ce cours d’eau. On se ferait une idée très
�A
fausse de cette rivière, si on l’assimilait aux cours d’eau que
l’on a généralement l’occasion de voir et de pratiquer, si on
croyait qu’il n’y a de différences entre eux, que celle que
paraît comporter le plus ou moins grand volume des eaux
qu’ils portent.
La Durance, classée parmi les rivières flottables \ et à ce
titre dépendant du domaine public, n’est longtemps qu’un
de ces cours d’eau torrentueux qui, dans le sud-est de la
France, se précipitent des hauteurs des Alpes dans les val
lées, bien que sur certains points ses allures plus modérées
et le volume de ses eaux lui aient assuré le titre plus hono
rable de rivière, née torrent, elle ne se dépouille jamais
complètement de son vice d’origine. Il ne faut jamais l’ou
blier, sinon on fera fausse route lorsqu’on recherchera les
moyens de l’apprivoiser, comme disaient les anciens au
teurs, ou de la dompter, comme on essaie de le faire de nos
jours.
20
sa
i f si
ÿ
N OTES SU R LA DURANCE.
b. Etymologie du mm Durance. Pourquoi ce cours d’eau
s’appellet-il la Durance et quelle est l’étymologie de ce
nom? Peu m ’importe. Bouche, qui se posait la question,
nous dit dans sa chorographie de la Provence, qu’en pareil
cas on parle par conjecture et on avance des songes. Ainsi
disait Bouche qui était un savant, combien je suis heureux
de le répéter, moi qui n’ai aucune raison pour prétendre à
ce titre.
J’ai lu dans l’ouvrage de Champion, t. 4, p. 19, que
(1) L. 9 juillet 1856, art.
?|
H '
I
\.
�21
Durance aurait pour racine Druant, qui signifierait mau
vaise. Je crois que en Bretagne ou Normandie un cours
d’eau porte ce nom. J’ai parcouru près de Martigny, dans
le Valais suisse, une gorge abrupte que suivait un torrent
des plus accidentés auquel on avait donné ce nom.
Une facétie : Garcin, dans son dictionnaire historique
de la Provence, écrit sérieusem ent. <t Durance, grande
rivière formée par le Dur et par l’Ance ». Pazzis, pour ne
pas se compromettre, plus prudent, s’était contenté de
dire en 1808, qu’il ne rechercherait pas si le mot de Du
rance vient des noms des deux ruisseaux qui forment cette
rivière, la Dure et l’Anse, parce qu’il écrit la statistique de
Vaucluse, et que cela se passant hors de ce département, il
n’a pas a s’enquérir si cela serait bien exact.
CHAPITRE T .
6. Nature et caractère de ce cours d’eau. Précisant la
nature et le caractère de notre cours d’eau, il m’est impos
sible de ne pas reconnaître qu’ils ne sauraient être plus
fâcheux. Autrefois on les trouvait exécrables ; le temps ne
les a pas modifiés. Je prouverai bientôt que l’intervention
des hommes s’est produite dans des conditions où elle
n’était pas faite pour les améliorer.
Strabon et Ptolémée, il paraît, ont parlé de la Durance ;
ils doivent en avoir dit du mal. Pline l’appelle une rivière
inconstante, sans lit, sans bord, sans retenue. Ammien
Marcellin (lib. 15), dit d’elle gurgitibus varis. Ausonne écrit
sparsis üurantia ripis. Tile Live, â l’occasion de l’expédi
tion d’Annibal, affirme que c’est le fleuve de la Gaule dont
le passage est le plus dangereux. Silius Italicus (liv. 3),
�22
parle avec émotion et insistance rie sa course fallacieuse.
Plus tard, Nicolas de Bray écrivait que la flèche qui vole
à travers le vide des airs, ne fait pas une course plus rapide
que celle de ses ondes. D’après Nostradamus, « elle est
naturellement brusque , rapide , violente , limoneuse ,
furieuse, inconstante, inapprivoisable et meschante, inguéable presque partout, en tout temps dangereuse et d’un fil
tant roide, dédaigneux et revêche, que, qui ne la pratique
de longtemps et ne connaît les gués et les détours, n’ose
rait l’aborder. » (Hist. de Provence, 7e partie, p. 7S6.)
Vous voyez que la Durance rendait notre vieil historien
provençal presque aussi fécond eD qualificatifs que le sera
plus tard Mmc de Sévigné.
Bouche reproche à cette rivière, les grands dégâts qu’elle
fait dans notre province.
Pazzis, Darluc, ne sont pas moins sévères.
Chorier, qui prétend que les hommes l’avaient assujettie
à toutes les nécessités du commerce, ne peut s’empêcher
de constater la férocité de notre rivière. (Histoire du Dau
phiné, t. 1, p. 22.)
Je ne cite pas tous ceux qui de nos jours, dans leurs
écrits ou leurs discours, se sont plaints de ses méfaits.
Combien de fois j’ai eu moi-même à mêler mes plaintes à
celles de mes voisins, en les traduisant avec toute l’énergie
de la langue provençale qui, elle aussi, a ses déborde
ments.
Sa méchanceté est si notoire qu’elle est légendaire. Qui
n’a entendu répéter :
N OTES SU R LA DURANCE.
�CHAPITRE I er.
23
Le Parlement, le mistral et la Durance
Sont les trois fléaux de la Provence.
Papire Masson , dans sa description des rivières de
France, avait dit :
Le gouverneur, le Parlement et la Durance,
Ces trois, ont gâté la Provence .
Dans de savantes communications faites par M. Baudril
lard à la classe des sciences morales et politiques de l’Insti
tut (séance du 21 mars 1889), il supprime le mistral.
Pour lui :
Le Parlement et la Durance
Sont les deux fléaux de la Provence
Ne fût-ce que par égard pour la Cour d’Aix, je demande
que l’on supprime son aïeul le Parlement ; restera tou
jours :
La Durance
Comme fléau de la Provence.
Telle personne, dans nos villages voisins de la Durance,
vit-elle de déprédations et de rapines dans les champs, on
ne manquera pas de l’appeler misé Durenço.
On a prétendu que le Pô, de son berceau voisin de celui
de la Durance, aurait dit a sa sœur cadette : « Je vais fer
tiliser la Lombardie, va dévaster la Provence ». J’ignore
jusqu’à quel point il est permis d’aflîrmer que le propos ait
été tenu, mais faut-il bien reconnaître que, sur la plus
grande partie de son cours, la Durance peut être considérée
�24
of
Ii
I
I
1/
JIM
N OTES SUR
LA DURANCE,
comme le type le plus accusé de ces cours d’eau torren
tueux du sud-est, si bien décrits par M. Surell dans son
livre sur les torrents. Ses affluents ont d’ailleurs le même
caractère, ils sont plus petits, mais encore plus rageurs.
Ainsi la Blanche, affluent de la rive gauche, qui part des
environs de Seyne, avant de se jeter dans la Durance, porte
sur une partie de son cours le nom de Habions, l’enragé L
Un autre affluent est nom m è Bramefan, hurle famine. La
plupart des torrents des Alpes portent d’ailleurs des noms
caractéristiques : l’Epervier, Malaise, Malfosse, Malcombe,
Malpas, Malatret, etc.
On dit de l’Asse : bien fou qui le passe.
Voilà bien de violents reproches adressés à la Durance,
et ils sont malheureusement mérités, lorsque ce sont les
riverains qui s’en font les échos. D’autres au loin, profitant
fort largement et fort paisiblement de ses eaux, leur repro
cheront leur défaut de limpidité. Combien nous désirerions
de n’avoir pas d’autres sujets de plaintes.
En définitive, telle est la nature du cours d’eau qu’il
s’agit de diriger, soit qu’on songe à l’apprivoiser, ou
mieux à le dompter. De tout temps, dans toutes les lan
gues, en prose comme en vers, on s’est accordé pour lui
attribuer un détestable caractère.
A ces citations dont on contesterait peut-être l’intérêt
sérieux, quelqu’un me dira-t-il : trop de mots? Je répon
drai oui, mais pas assez de digues ; et je reprends la des
cription de notre rivière.
(1) M. Surell, t. i, pl. 3, a donné le nivellement en long du
Rabious.
�25
7. Longueur et division du cours d’eau. Voici comment
M. l’ingénieur en chef Auriol, alors chargé du service
hydraulique dans les Basses-Alpes, sectionne le cours delà
Durance, au point de vue administratif, et en détermine la
longueur.
1. De la Clairée à l’U baye................... 7b kil- 5S6
2. De l’Ubaye à Sisteron..................... 6b 89b
3. De Sisteron au
Verdon........... 62
976
4. Du Verdon au
Rhône............. 9b
700
Total......... 500
127
Pour obtenir la longueur totale il faut
ajouter entre la Clairée et la source.........
5 500
Ce qui donne une longueur totale d e .. . 30b 627
M. Imbeaux accepte ce chiffre puisqu’il accuse 504 kilo
mètres. Il préférerait trois sections au lieu de quatre, en
confondant la première et la deuxième et reportant la der
nière, du Verdon au pont de Mirabeau, comme point de
départ. Champion porte cette longueur à 350 kilomètres.
A. Joanne lui en attribue 380. Pour la quatrième section
spécialement, Négrel Féraud [Bull. soc. stat. de Marseille,
1853, p. 44), porte à 84 kilomètres la distance entre Cada
rache, soit le Verdon et le Rhône.
M. de Montluisant (même Bull., 1840, p. 62), compte
96 kilomètres entre ces deux points. C’est le chiffre adopté
par Champion, et dans la plupart des rapports présentés par
le service.
M. de Villeneuve trouve 94 kilomètres 700, de Mirabeau
au Rhône,
CHAPITRE 1er.
�26
NOTES SU R LA DURANCE.
En définitive et en chiffre rond, c’est près de 100 kilo
mètres de longueur qu’aurait cette dernière section.
Les distances sont d’ailleurs marquées le long de la rive
droite au moyen de bornes kilométriques.
8. Affluents. C’est en dehors de la partie de son cours
où elle sépare les Bouches-du-Rhône de Vaucluse, que la
Durance reçoit ses principaux affluents.
A droite :
Nom
des affluents
Point kilométrique
Altitude
de la source et ait. du point confluent
longueur
du cours -
La Clairée ou Clarée... 2800 . . 8kl1 14.23" .3 0 kü.
La Guisanne............... 2075 .1 3 1250. .3 6
La Gyronde.................2500 .2 6 1030. .3 2
Le Reallon.........................
.1 8
L’Avance ou laV ence...........
La Laye ou la Luye............
Le Baudon.........................
Le Buech............. . . .1 1 0 0 . .1 4 7 .. ..4 6 6 . . . .9 0
Le Jabron............. ___ 800 . .1 5 1 .. . . 4 5 0 . . . . .4 0
Le Lauzon............ . . .1 8 0 0 . ..1 8 0 .
. .3 2
La Largue.............
. 191. ..3 1 3 . . . .5 0
A gauche :
La C erveyrette.. .
.1 2 1 5 . .
Le G uil.. ............... ...3 0 0 0 . . . . 4 4 . ..8 9 0 ..
Le Bramefan........
L’U baye............... ...2 6 5 5 .
..6 8 0 .. . .8 0
La Blanche........... ...2 5 0 0 .
. . .3 0
La Sasse............... ...1 7 0 0 . ..1 4 1 . ..4 8 5 .. . .4 0
�CHAPITRE
Le Vauson...............11750“ . .-. 134kil. .
. .3 0 k
La Grave............
La Bléone........... 2927. ..1 6 6 . .. ..4 0 0 “ . . .7 3
La Rancure........ .9 0 0 . . . 1 8 4 . . .
. .8 0
L’A sse............... 2000. ..1 8 7 .. .
..2
0
7
..
.
2300.
..2
3
8
..
.1 8 0
Le Verdon.........
Du Verdon au Rhône la Durance ne reçoit que des
affluents qui ne peuvent être considérés que comme des
ruisseaux ou torrents do peu d’importance dans leur état
normal, si on excepte le Caulon, Coulon ou Calavon qui
suit la vallée d’Apt et entre dans la Durance près Cavaillon,
au kilomètre 284 du cours de la Durance, a 36 mètres
d’altitude, après un cours de 87 kilom ètres1. Citons tou
tefois sur la rive droite le ruisseau de Ste-Marie, terroir de
Beaumont ; le Rivet et la Combe à Mirabeau ; le Langrenier
et surtout la Lèze a Pertuis; le Mardarié à Villelaure;
le Laval à Cadenet et l’Aigues-Brun à Puyvert ; le Sabatier
et le St-Marcellin à Mérindol. Et sur la rive gauche le ruis
seau de St-Paul à St-Paul ; le Riaou de Jouques à Peyrolles ; le Grand-Valat à Meyrargues.
Dans les indications que M. Imbeaux donne sur les
affluents de la Durance, il indique pour quelques-uns d’en
tre eux la surface de leur bassin et leur débit maximum et
minimum. Toutefois il reconnaît lui-même que, en ce qui
concerne ce débit, les renseignements font presque totale(1) J’ai vu clans les archives de la ville d’Apt des baux de pêche
concédés sur le Caulon aux abords de cette ville, où on ne trouve
guère aujourd’hui le plus souvent qu’un maigre fdet d’eau alimenté
par les égouts de la ville.'
�28
ment défaut et qu’on n’a pas fait jusqu’ici des observations
régulières pour aucun d’eux. Voici en l’état, les chiffres mini
mum et maximum qu’il croit devoir indiquer: pour l’Ubaye
de 7 m. c. à 1,500 par seconde ; pour la Buech de 4 à
1,250 ; pour la Bléone de 5 à 1,150 ; pour l’Asse de 2, 5
à 900 ; pour le Verdon de 10 a 1660 ; pour le Caulon de
2 à 1,000. Nous ne contredirons pas cet ingénieur lors
qu’il donne ces chiffres comme très incertains et seulement
approximatifs. Nous les avons retrouvés ailleurs en ce qui
concerne notamment l’Ubaye et le Verdon. D’après M. Auriol, lors de la crue si forte de 1882, le Buech aurait
apporté à la Durance i ,250 m. c. par seconde ; la Bléone
1 ,1 5 0 ; l’Asse 9 0 0 ; le Verdon 1,660. Il faudrait d’ail
leurs, si on devait les prendre pour bases de concessions,
préciser le point du cours où est faite la constatation. Ainsi
le Verdon au-dessus de Quinson, à Fontaine-l’Evèque, voit,
en temps ordinaire, son débit doublé a partir de ce point,
par cette source si considérable.
N O TES
SU R LA DURANCE,
9. Largeur du lit. Je ne sais où s’arrêterait le lit de la
Durance, car si on la laissait entièrement libre de suivre
tous ses caprices, elle atteindrait, tantôt à droite, tantôt à
gauche, toute l’étendue de la vallée ; et dans ces conditions
il est fort difficile d’indiquer quelle est sa largeur d’après le
cours naturel des eaux. M. l’ingénieur de Villeneuve
(p. 18) indique que cette largeur atteint parfois 2,000 mè
tres et elle ne serait pas moindre de 500 avec une moyenne
de 1,250 au moins. Pazzis, sur certains points, relève un
demi myriamètre, et ne descend jamais au-dessous de
�29
300 mètres. Dans leurs rapports au conseil général des
Bouches-du-Rhône, sessions de 1867 et suivantes, et der
nièrement de 1882 et 1884, les chefs de service portent
cette largeur de 1,000 à 2 ,0 0 0 mètres. C’est ce que cons
tatait déjà Billard en 1825 (Soumission, p. 21).
Par là on doit entendre la largeur totale des terrains où
se répandent ses diverses branches plus ou moins alimen
tées en eau. Car si on ne devait prendre en considération
que la partie recouverte par les eaux dans un profil en tra
vers, on resterait bien au-dessous de ces chiffres, hors les
cas de grandes crues.
D’après M. Quenin d’Orgon, la largeur sur ce point
serait de 1,800 mètres ; mais il fait remarquer que les
eaux dans les diverses branches, n’occupent que le quart de
cette largeur, soit 450 m ., ce que je considère même
comme exagéré.
L’ingénieur en chef Auriol, fixe de 1000 à 1C00 mètres
la largeur moyenne de Sisteron au Rhône.
Dans le concordat passé entre le pape et le roi de France
le 30 avril 1625, nous lisons : « Comme aussi seront
tirées deux lignes de 500 cannes (soit 600 m.) pour le lit
de la rivière de Durance, dans la quelle largeur ne sera
permis aux parties de faire aucun ouvrage. »
Nous passons ainsi de la largeur de fait à la largeur ré
glementaire qu’on a voulu assigner à ce cours d’eau.
Billard voulait lui faire donner 140 toises, non comprises
des rives de 20 toises de largeur (Projet, art. 1).
En 1825, les ingénieurs de Vaucluse proposaient de
fixer cette largeur à 400 mètres, soit 205 toises.
CHAPITRE
1er.
�30
NOTES
SUR
LA DURANCE.
M. de Villeneuve (p. 18) proposait de donner au lit en
caissé, 200 mètres à partir de Mirabeau, pour arriver à 300
vers le Rhône, soit une moyenne de 250 m.
La largeur attribuée au lit d’après la réglementation
actuelle est, dans la 4n,e section :
Du Verdon à la prise des Alpines............. 250 m.
De cette prise au pont de Cavaillon........... 300
De ce pont à 200 m. en aval..................... 300 à 350
De ce pont au torrent de Caulon.........! . . 350
De là au Rhône.......................................... 400
(De Montluisant, Bull. soc. stat).
Les rapports de service disent que cette largeur varie de
300 à 400 m. c. (C. gén. des R.-du-R., session de 1867,
p. 84).
La largeur attribuée à l’Isère d’après les digues établies
en amont de Grenoble, était de 112 mètres ; en Savoie on
lui en avait attribué 130 (Cunit, p. 59).
J’ai déjà dit que la longueur du cours de la Durance
dans la quatrième section, soit du Verdon au Rhône, attei
gnait près de 100 kilomètres. La largeur de la vallée sur
certaines parties de cette section, mesurée d’une arête su
périeure des limites d’un côté à l’autre, quoique très varia
ble, est souvent très grande, les terrains à la base et pres
que à niveau des deux côtés de l’eau, occupent également
un espace considérable. En face de Pertuis, entre le canal
du moulin dérivé de laDurauce à droite, et le canal de Peyrolles, dont la prise est également fort peu en amont et qui
coulent latéralement à la Durance, il y a une distance qui
se compte par plus de cinq kilom ètres.
�CHAPITRE I er.
31
10. fscles. Sur la vaste étendue de terrains où se répan
dent en se divisant les eaux de la Durance, elles forment
des séries d’îlots plus ou moins complètement entourés
par les branches de la rivière, et plus ou moins facilement
abordables, suivant que les eaux se retirent et se déplacent,
ou se portent avec un volume plus considérable le long de
ces terrains qu’elles bordent. On donne à ces délaissés le
nom d’iscles. Ils le conservent parfois, en souvenir seule
ment du passé, lorsqu’ils ont été réunis aux terrains voi
sins, et abrités contre l’invasion habituelle des eaux par des
travaux ou autres circonstances.
Ces iscles, en dehors des parties comprises dans les
lignes d’endiguement qui constituent le lit de la Durance,
sont des propriétés privées possédées à ce titre le plus sou
vent par des anciens riverains ou leurs cessionnaires. Elles
sont portées sur les cadastres et terrains syndiqués, et impo
sées à ce litre. Quelques-unes ont fait l’objet de nombreux
procès entre les riverains ou les communes, qui ont été
portés devant les tribunaux civils. Les tentatives faites par
l’Etat pour s’en faire attribuer la propriété n’ont jamais
abouti. Les iscles sont passées dans le domaine de pro
priété privée à une époque très reculée où cela était par
faitement régulier.
Dernièrement encore une commission composée des in
génieurs en chef des Hautes-Alpes, des Basses-Alpes, de
Vaucluse et des Bouches-du-Rhône et chargée d’étudier ce
qu’il y avait à faire pour l’endiguement de la Durance, a
déposé le 18 décembre 1881 un rapport concluant « qu’il
« n’y avait pas lieu de faire valoir les droits de l’Etat sur
�32
N OTES SU R LA
DURANCE.
« les iscles, si ce n’est dans des circonstances particu« lières. » S’il n’y a pas lieu de faire valoir ces droits,
c’est qu’ils n’existent pas, sinon pourquoi l’Etat devrait-il
les abandonner L
11. Débit. Le débit de la Durance a été relevé dans des
études qui se sont poursuivies pendant de longues années,
à Sisteron, Ctiàteaa-Arnoux. Manosque, Pertuis, Bonpas,
en dernier lien aux ponts de Rognonas et de Cadenet et
spécialement au passage de Mirabeau, et qui ont été long
temps confiées dans cette dernière localité à M. le conduc
teur Protheau. L’administration a donc toutes les données
officielles qu’il peut être utile de consulter. En dehors de
ces documents, qui ne pouvaient être a ma disposition,
qu’on me permette de donner quelques indications qui
peuvent les compléter en se rapportant à des époques di
verses. Des constatations suivies et certaines, sur les mêmes
bases d’opérations, étant très difficiles à obtenir, en l’état
de la mobilité incessante du cours de la rivière, du fond et
des rives.
D’après Darluc, la Durance débiterait au pont de Mira
beau 16 toises, 4 pieds cubes d’eau, ou 3,48 0 pieds,
(t. i, p. 172).
Billard affirmait, en 182b, que ce débit n’avait jamais
dépassé 12,000 pieds à Mirabeau et 12,600 à Bompas.
(t) Sur la propriété des iscles de la Durance, on peut consulter
entre autres Annales de la législ. des eaux, de Dubreuil. Edit.
Tardif et Cohen, notes de J .-J . Eslrangin, t. 2, p. 302 et suiv.
�33
M. Auriol porte le débit maximum, le 2 novembre
1843, à Sisteron, à 3,000 m. c., et au confluent avec le
Rhône à 6,000.
Une décision ministérielle du 12 juillet 1866, a constaté
que le débit de la Durance, en étiage, est de 106 m. cu
bes, qu’il descend à 86 m. cubes durant treize jours et à
72 m. cubes, pendant neuf jours ; le tout, année moyenne.
Les éliages extrêmes correspondent aux derniers jours du
mois d’août et à la première quinzaine de septembre.
Les rapports des chefs de service présentés au conseil
général des Bouches-du-Rhône évaluaient, en 1869, le
débit à 72 m. cubes pendant les irrigations, et fixaient à
60 m. cubes le minimum habituel ; le minimum étant des
cendu toutefois en octobre à 48 m. cubes.
Le 26 septembre 1870, le minimum est descendu a
46 m. cubes à Mirabeau.
En 1881, le maximum a été, le 29 septembre, de 1,750
mètres cubes ; le minimum, le 5 janvier 1882, de 107 m.
cubes.
Le 28 octobre 1882, le débit s’est élevé à 6,262 m.
cubes par seconde (rapport 1884).
En 1883, le plus fort débit a été le 10 mai, 496 m.
cubes 80 ; le plus faible, le 26 décembre, 89 m. 20.
A. Joanne, dans ses divers travaux sur la géographie de
la France, indique un débit minimum de 50 à 40 m. cubes,
90 m. cubes à l’étiage ordinaire, 550 aux eaux moyennes,
près de 40,000 dans les très fortes crues.
M. Imbeaux, rendant compte de divers jaugeages, cite
les suivants faits au pont de Mirabeau.
CHAPITRE I er.
�54
N OTES
SU R
LA DURANCE.
18 au 25 août 185G, par MM. les ingénieurs MontRicher, Maire, Gendarme et Dujardin........ 80mc pr sie
Le 5 septembre 1849, par MM. les ingé
nieurs Conte, de Gabriac et D elestrac.. . . 81m0 950
Le 10
id ............................... 75“ 0 739
Le 15
id ............................... 93rac571
Il évalue (p. 56) la moyenne normale du débit total
annuel de la Durance, au Rhône, à 235 m. cubes par se
conde; et à Mirabeau 210 m. cubes.
On peut consulter l’étude qu’il a faite (p. 18 à 87) sur
les eaux de la Durance, suivant qu’elles proviennent des
pluies ou des neiges.
12. Côtes d’altitudes — Avant d’indiquer quelles sont la
pente de ce cours d’eau et la vitesse des eaux, je note l’al
titude sur certains points où touche la Durance. Sa source
est à 2060 mètres au-dessus du niveau de la mer, 1521
au pied du rocher de Briançon. A Saint-Clément elle est
déjà descendue à 872 mètres ; Embrun, 782 ; Tallard, 610 ;
Sisteron, 466 ; Manosque, 294-; au Verdon, 250 ; à Mira
beau, 228 ; Pertuis, 187 ; Cadenet, 154 ; Mallemort, 107 ;
Cavaillon, 66 ; Bompas, 4 0 ; et à son confluent avec le
Rhône 15 m.
15. Pente et vitesse des eaux. — Dans le rapport déjà
cité de M. l’ingénieur en chef Auriol, présenté au conseil
général des Bouches-du-Rhône, session de 1862, la pente
de la Durance est ainsi indiquée ;
�CHAPITRE 1er.
1r” Partie.
Pente totale... 682” 28. Moyn“ par kil. 9”
2”” Partie.
220” 81.
—
3“
3"“ Partie.
496” 21.
—
3”
4m0 Partie. Du Verdon au Rhône 243" 39.
—
2"
Soit entre la Clarée etleRhône 1342"99. Moy”1' par kil. 4"
35
038
470
110
540
500
Généralement, de Mirabeau au Rhône, la pente de la
Durance est indiquée comme variant de 2 à 3 millim. par
mètre. (Pazzis, Statist., p. 89 ; rapports d’ing. C. gén,
B.-du-R., 1882, 1884, etc.)
*
Nadault de Buffon (Concours, p. 82), estime que sur
cette partie de son cours la pente, de la Durance est de
2 m. 50 a 2 m. par kil.
Nous avons déjà dit que Nicolas de Bray, dans un poème
sur les faits et gestes du roi Louis VIII, inséré dans la col
lection des mémoires sur l’histoire de France de M. Guizot,
a écrit : « que la flèche qui vole à travers le vide des airs,
ne fuit pas d’une course plus rapide que celle des ondes de
la Durance. »
Lorsque plusieurs siècles après, en 1852, M. l’ingénieur
de Villeneuve, écrivait en prose son travail sur l’endiguement de la Durance, cette rivière avait considérablement
ralenti la rapidité de son cours, car, d’après lui, la vitesse
des eaux atteint rarement 2 mètres par seconde. C’est la
vitesse que M. Quenin leur attribue à Orgon {Bull. soc. stat.
1838, p. 17).
M. Imbeaux [la Durance, p. 14 et 42), dit que la pente
moyenne de Briançon à, Mirabeau est de 5 m. 41 par kil.
De Mirabeau au Rhône, 2 m. 46. Au pont de Sisteron,
3 m. 5 0 ; a celui de Mirabeau, 3 m. 10 ; à celui de Bom-
�36
pas, 2 m. 20. An moment des crues, la vitesse s’accentue
parfois considérablement.
NOTES
SUR
UA DURANCE.
4. Crues. — Normalement les crues de la Durance se
produisent à la fonte des neiges, soit à la fin du printemps
et vers le milieu de l’automne, c’est-à-dire en mai et au
commencement de novembre.
C’est surtout à cette dernière époque qu’elles se produi
sent avec le plus d’intensité et que les eaux atteignent leur
plus grande hauteur. A la fin de l’hiver, la fonte des neiges
se produit plus lentement. Si des orages violents éclatent,
ils ne sont que passagers et partiels. Les neiges qui tom
bent sur les hautes montagnes en automne n’étant pas tas
sées ni congelées, dès que les pluies abondantes et généra
les succédant en Provence aux sécheresses qui ont persisté
tout l’été se produisent, les eaux pluviales et torrentielles,
mêlées à ces neiges facilement fondues, descendent avec
abondance et impétuosité de toutes les vallées et provo
quent les crues les plus dangereuses pour les territoires
inférieurs L
L’étiage se produit vers le mois d’août, l’été ; et vers le
mois de février, l’hiver. Je crois pouvoir affirmer que
l’étiage est beaucoup plus accentué l’hiver que l’été, du
moins dans la partie moyenne du cours, dans la 4-"“ sec
tion, avant que les grandes prises d’eau, si nombreuses
entre le Verdon et le Rhône, aient effectué leurs emprunts.
(1) Les principales crues ont élé relevées dans fouvrage.de
M. Maurice Champion, et les éludes de M. lmbeaux, p. 97 et suiv.
�37
Des précédents judiciaires me permettent de noter que, au
mois de février, à des époques assez éloignées les unes des
autres, des malfaiteurs ont traversé a pied a plusieurs
reprises la Durance, à Saint-Paul et peu en amont du pont
de Perluis, pour commettre des méfaits sur la rive opposée.
En ce qui concerne l’action des affluents, M. lmbeaux
indique qu’il résulte de certains calculs basés sur le plu
viomètre, que le Caulon ne doit pas fournir [dus de 4 pour
cent du débit total de la Durance, alors que la participation
du Buech et du Yerdon, aux crues, pouvait être représen
tée par les chiffres de 12 et 17 pour cent.
Dans le travail du même ingénieur, nous trouvons (p. 18
et suivantes), des études fort intéressantes sur le climat et
les vents pluvieux du bassin, la loi des cyclones et la prévi
sion du temps, les pluies annuelles, leur intensité et leur
répartition entre les différentes parties du bassin et suivant
les saisons. Nous ne pouvons en faire ici l’analyse. Nous
nous bornons à signaler comment se sont réparties les
pluies entre les mois et les saisons, en moyenne, pen
dant les années 1882 jusques et y compris 1888, on trou
vera dans ce tableau la confirmation de ce que j’avançais,
lorsque je signalais l’époque des crues.
Janvier.. millim. 45,7 '
Février............... 4 5 ,0 | Hiver. . . .
Mars................... 42,7
A vril................. 67,1 '
Mai.................... 59,1 |■ Printemps
182,1
Juin................... 53,9
CHAPITRE
1 ".
�38
N OTES
SU R
LA DURANCE.
Juillet................ 51,6
A oût.................. 41,2 £ Été..................... 180,5
Septem bre......... 87,7
O ctobre............. 106,5
Novembre.......... 112,5 £ A utom ne............ 285,9
Décembre........... 66,9
Voici d’un autre côté le débit constaté au pont de Mira
beau au moment de certaines crues ; sans qu’une certitude
puisse s’attacher à ces chiffres; car si le durançomètre ne
varie pas, le plafond du lit de la rivière et la répartition des
eaux dans les branches sont essentiellement variables.
28 octobre 18 8 2 ............................... 5750 m. cubes.
27 octobre 188 6............................... 5000
8 novembre 188 9........................... 5400
11 novembre 188 6........................... 6700
Imbeaux ( Durance, p. 47).
Les débordements généraux commencent d’ordinaire
lorsque le niveau atteint 4 mètres à l’échelle de la Made
leine, près le pont de Mirabeau. Toutefois, répétons que,
en l’état des changements du fond de la rivière, celte indi
cation ne peut pas être acceptée d’une manière certaine et
invariable. De 1832 à 1890, 188 crues ont dépassé cette
limite.
D’un autre côté, en l’état des variations incessantes du
lit de la rivière, des modifications apportées à la direction
des eaux dans les diverses branches, de la constitution des
isoles et de leurs disparitions succesives et alternatives, sur
tout en dehors des points où le passage des eaux est limité
f
i
�CHAPITRE
1er.
39
et rétréci, comme au passage de Mirabeau ; l’effet des crues
est excessivement variable, et alors que la même quantité
d’eau est constatée sur un passage déterminé, on verra
une crue inonder telle partie du territoire, sur laquelle une
crue même plus forte ne portera pas ses eaux.
On a constaté que les crues de la Durance, qui suivent
ordinairement le même mouvement que celles du Var, sont
loin de concorder toujours et même assez fréquemment
avec celles du Rhône, de l’Isère et de l’Ardèche (Imbeaux,
p. 10b et suiv).
Les eaux au moment des crues mettent environ 20 heu
res, et peu au-delà, pour se porter de Sisteron au Rhône.
Sans rappeler les anciennes crues de la Durance, on
signale de 1852 à 1872, comme ayant dépassé 4 mètres à
Mirabeau, sans atteindre b mètres, les crues des 9 novem
bre 1834, 9 octobre 1856, 50 novembre 1859, 5 novem
bre 1840, 25 octobre 1841, 27 septembre 1842, 24 octo
bre 1844, 17 mai 1846, 17 octobre 1846, 21 octobre
1847, 20 avril 1848, 18 mai 1848, 17 novembre 1852,
4 novembre 1853, 31 mai 1 8 5 6 ,2 2 octobre 1857, 25 no
vembre 1857, 26 septembre 1860, 8 décembre 1860,
26 septembre 1863, 12 octobre 1863, 21 octobre 1864,
27 octobre 1864 ; 9 avril 1866 ; 1er octobre 1868, 22 no
vembre 1870, 20 octobre 1872, 3 décembre 1872. Pen
dant cette période les eaux ont atteint à Mirabeau, le
7 mars 1856, 5 m .; le 1er novembre 1 8 4 5 ,6 m. 10;
le 7 janvier 1863, 5 m.
De 1872 à 1890, les crues ont dépassé 4 mètres à Mira
beau, sans atteindre b mètres, le 19 mars 1873, 9 novem-
�40
bre 1873, 28 novembre 1878, 28 octobre 1889, 20 mars
1890, 23 septembre 1890; et elles ont atteint 6 m. 00, le
27 octobre 1882 ; S m. 08, le 26 octobre 1880 ; 5 m. 2b,
le 8 novembre 1886; b m. 7b, le 10 novembre 1886.
De 1832 à 1890, il y a en 188 crues de plus de 3 m è
tres, constatées à Mirabeau.
NOTES SU R LA
DURANCE.
1b. Navigation; flottage. — Dans une citation que nous
empruntons à Chorier, Histoire du Dauphiné, t. 1, p. 22,
et que nous répétons volontiers, parce qu’elle tend à rafermir nos courages, il nous signale que « l’industrie des
hommes a autrefois apprivoisé la férocité de la Durance, en
l’assujettissant à toutes les nécessités du commerce ».
11 paraîtrait qu’en effet autrefois on serait parvenu à ren
dre la Durance navigable sur une partie de son cours. Cette
opinion serait justifiée par une inscription que rapporte
Gruter dans ses Inscriptions antiques. Calvet a publié à Avi
gnon, en 1766, une dissertation sur un monument singu
lier des utriculaires de Cavailion, où l’on éclaircit ce point
intéressant (Barjavel, Dict. hisl., v° Calvet, t. 1, p. 526).
Des chartes des xie et xue siècles font en effet mention de
l’existence d’un corps de bateliers existant à Cavailion, qui
portaient, sur divers points où ils pouvaient pénétrer, des
marchandises venant de Marseille. Ces bateaux payaient un
droit aux comtes de Provence (Papon, t. I, p. 72).
Je ne crois pas devoir insister davantage sur ce point his
torique, en laissant à d’autres plus téméraires et audacieux,
le soin de poursuivre le rétablissement de la navigation sur
la Durance, et de créer une concurrence par cette voie nou-
�41
velle de transport, aux compagnies de chemins de fer rive
raines qui, à coup sûr, de longtemps n’auront pas a redou
ter pareil danger. Mais ce qui est incontestable, c’est que
la rivière est pratiquée de nos jours encore comme flotta
ble. J’ai vu plusieurs fois des radeaux amarés en face de la
ferme des Quatre-Tours, à 5 kil. en aval du pont de Mira
beau, et les radeliers venir se reposer chez nous et y pren
dre leurs repas. Ces radeaux étaient formés le plus souvent
vers Sisteron, avec des sapins exploités dans les Alpes.
Souvent ils portaient des fruits, notamment des pommes en
paniers. Le barrage établi au pont de Perluis pour assurer
l’alimentation du canal de Marseille, a rendu le passage sur
ce point très difficile, sinon impossible, et les radeaux s’ar
rêtaient le plus souvent en amont de ce pont pour être dé
barqués, les bois prenaient alors généralement par la voie
de terre la direction d’Aix. Parfois ils étaient vendus dans
les localités voisines de la Durance et débarqués sur ses
rives, et je m’en suis procuré moi-même de cette manière
en m’entendant d’avance-avec les radeliers.
Depuis l’établissement du chemin de fer des Alpes, ce
mode de transport n’est point complètement abandonné,
mais il faut reconnaître qu’il a beaucoup perdu de son
activité.
La Durance est d’ailleurs considérée .comme flottable dès
qu’elle a reçu les eaux de l’Ubaye. On doit même lui attri
buer réglementairement ce caractère, à partir de Saint-Clé
ment, à une altitude de 872 m ., alors qu’elle a reçu le
Guil7 ii Mont-Dauphin.
CH A PITRE
Ie r .
�42
NOTES
SUR LA DURANCE.
16. Ponts. — Il important pour nous d’indiquer la sé
rie des ponts construits sur la Durance entre le Verdon et
le Rhône, parce que leurs piles extrêmes sont autant de
points d’attache et de raccord pour les travaux à exécuter
en amont et en aval de chacune d’elles, et que, d’autre
part, le nombre de ces points et l’importance des voies de
communication qu’ils relient, témoignent de l’intérêt qu’il
y a, à ce que leur conservation soit garantie par la régula
rité du cours de la rivière qu’il permettent de franchir.
Ce sont, en descendant :
Le pont suspendu de Mirabeau, sur la route nationale
n° 96, de Toulon à Sisteron, Marseille, Gap et Grenoble,
(150 m. de long), à 216 kil. 1 /2 du cours de la rivière,
et 228 m. d’altitude.
Le pont du chemin de fer à Meyrargues, sur le chemin
d’Aix à Pertuis, Gap, etc. ('282 m. de long).
Le pont suspendu de Pertuis, sur la route départemen
tale d’Aix à Pertuis, à 251 kil. 1 /2 , et 187 m. d’altitude.
Le pont suspendu de Cadenet, au 244e kil. du cours de
la Durance, et 154 m. d’altitude.
Le pont suspendu de Mallemort, au 261e kil., et 107 m.
d’altitude (long. 290 m .).
Le pont du chemin dé fer a Orgon, branchement de Cavaillon à Salon, Miramas (350 m. 65).
Le pont de Cavaillon, de Cavaillon à Saint-Remy, au
276e kil., et 66 ifi. d’altitude.
Le pont de Bompas, près Noves, route nationale de
Marseille à Avignon, etc., au 288e kil., et 40 m. d’al
titude.
�CHAPITRE 1er.
43
Le pont d’Avignon à Tarascon, par Rognonas.
Le pont du chemin de fer Marseille-Lyon-Paris (534m .).
17. Gués, bacs. — Les gués d elà Durance sont très
peu nombreux, si on peut dire qu’il en existe, en aval
du Verdon. Ils sont fort dangereux a pratiquer. J’ai tra
versé ainsi certaines branches, les cailloux sont très mo
biles, il sont glissants ou ils fuient sous le poids du corps,
et si d’un autre côté on n’a pas la précaution de suivre un
sol caillouteux, on peut entrer dans les vases, d'où on
éprouve la plus grande peine pour sortir.
A l’occasion de l’exploitation des bois des iscles entre
Beaumont et Saint-Paul, j’ai vu l’entrepreneur traverser
assez souvent la Durance sur sa charrette à vide.
Quenin, dans son travail sur le canton d’Orgon (Bull, de
la soc. de statisl. des Bouches-du-Rhône, 1828, p. 17), pré
tend que lors des fortes gelées d’hiver et des sécheresses
d’été, le volume des eaux est tellement réduit, qu’on pour
rait guéer la Durance presque partout, si son fond n’était
pas parsemé de précipices. J’ai déjà indiqué que des ins
tructions judiciaires ont établi, que des malfaiteurs se sont
rendus d’une rive sur l’autre en traversant la Durance à
Saint-Paul et à 4 ou 5 kilomètres en amont du pont de
Pertuis, pour détrousser les voyageurs, et qu’ils rega
gnaient ensuite de même leur point de départ, En défini
tive, si la Durance a pu être ainsi traversée à pied dans
notre section, ce n’est que très exceptionnellement et dans
des circonstances assez anormales, pour qu’on puisse con-
�U
NOTES SUR
LA DURANCE.
tinuer à dire que la rivière n’est, pas guéable entre le Verdon et le Rhône.
Depuis longtemps un seul bac existait dans la partie de la
Durance sur laquelle portent nos études, c’était le bac des
Georgets, desservant les habitants de Barbentane fréquen
tant les marchés d’Avignon, et pour lequel, dès 1866, il a
été impossible de trouver un fermier.
18. Analyse des eaux de la Durance. — A été faite très
souvent. Elle donne des résultats très différents suivant les
lieux, les saisons et les circonstances dans lesquelles il y a
été procédé, les matières en mouvement dans ces eaux gé
néralement très troublées variant à l’infini, suivant les con
ditions de temps et de lieu. Je vais y revenir dans le para
graphe suivant, en ce qui concerne les limons.
19. Limons. — On a indiqué que de 1882 à 1889, à
Pertuis, la moyenne par mois donnait treize jours d’eau
pure, six d’eau louche et onze de complètement trouble.
Je n’ose contester ces chiffres, mais je suis loin de m’en
porter garant, pendant une très grande partie de l’année
l’état normal étant l’eau trouble.
J’ai sous les yeux des notes d’après lesquelles sur
1000 m. c. d’eau, la Seine porterait.. 0m- “• 14- de limon.
Le Rhin à Bornn, en n ovem b re... 0,617
Le G ange..................................... 6, 6
Le Nil pendant l’inondation.......... 13
La Durance pendant les trou bles.. 21, 7
D’après M. Hervé Mangon, un débit constant d’un mètre
�11ié iik 'i 11
■
_
CHAPITRE
Ier.
•
A5
cube d’eau de Durance pendant un an entraînerait un
poids de 3 4 ,8 7 2 ,1 6 4 kil. de limon L
M. Valès (p. 118), pense que la Durance ne contient
jamais plus de 4 kilog. de matières terreuses par mètre
cube dans les grandes crues, tandis que le Tarn, l’Ardèche,
la Drôme et l’Hérault en contiendraient parfois 8. 9 et
peut-être 10 kilog.
M. Nadault de Bul'fon (Concours, p. 83), fait remarquer
que le débit des limons est très variable. Tandis que dans
certaines années il ne dépasserait pas quatre millions de
mètres cubes, il s’élèverait dans d’autres jusqu’à 22 mil
lions. Il pense qu’on doit compter en moyenne 10 millions
par an, ou mieux, 100 millions en dix ans.
M. Imbeaux attribue à la Durance une puissance colma
tante totale de 5 ,0 7 8 ,2 3 5 m. cubes par an.
Le rapport d’ingénieur présenté à la session du conseil
général des Bouches-du-Rhône, en 1884, donne les indi
cations suivantes sur les quantités de limon charriées par la
Durance :
Poids moyen du limon dans 10,000 litres d’eau :
l ’été
111 m m — üi'iüyîTrr '
l ’h iver
1867 ........ .....................16 kil.............. ...........17 kil.
1868 ........ ........ ............6 8 .................. ...........46
1899 ......... ..................... 1 4 .................. .......... 11
1 8 7 0 ......... ................. . .3 0 ................. ...........39
(1) M. Hervé Mangon, Expériences sur l’emploi des eaux
dans les irrigations, 2° édit., Paris, Dunod, a publié deux mé
moires sur les limons charriés par les cours d’eau ; le chapitre 1er
du premier est consacré à la Durance.
;ï
�46
NOTES
SUR
LA DURANCE.
............................ 20
2 1 ............................ 49
1 1 ............................ 24
21.............................12
2 6 ......................... 9
2 7 .......................... 53
2 6 .............................15
1 6 .............................18
1 9 ........................... 5
2 0 .......................... 9
1 6 ........................... 4
1 6 ..................... .. . .11
1 0 ........................... 5
M oyenne........ 22 k il...................... 19 kil.
M. de Gasparin, entre autres, a fait plusieurs fois l’analyse
des limons de la Durance et de l’Isère ; je ne reproduis pas
ses constatatations ; on peut les consulter dans le Journal
d’Agriculture de M. Barrai, où elles ont été insérées, année
1881, n° 650, du 24 septembre, p. 489, et n° 656, du
du 5 novembre, p. 208. Ces limons contiennent en ma
jeure partie de la silice, des silicates et presque à égale
quantité du carbonate de chaux. Les autres matières y sont
relativement en très faible quantité. Une analyse faite par
M. Rivière de la Soudière a été insérée dans le Bulletin de
la société de statistique de Marseille, 1841, p. 514.
M. Nadault de Buffon, dans son travail sur le concours
de l’Etat aux entreprises d’utilité publique, pages 75 et 84,
a écrit: « que la fertilité de ces limons, établie d’abord
1871
1872
1875
1874
1875
1876
1877
1878
1879
1880
1881
1882
1885
14
�47
par la composition chimique, dans de nombreuses analyses,
est aujourd’hui pratiquement démontrée par des applica
tions tellement concluantes, qu’elle ne pourrait plus être
l’objet d’aucun doute » . . . . que la Durance, par ses col
matages, constitue des terrains de première qualité et
d’une fertilité incontestable. »
On se ferait, à mon avis, une idée très fausse, si on pen
sait qu'il suffit d’occuper ces limons charriés par les eaux
et déposés par leur remous, pour les soumettre à la culture
et en retirer immédiatement d’abondants produits. Et il
faut se garder d’attribuer aux inondations de la Durance les
effets bienfaisants pour la culture, des dépôts du Rhône sur
certaines terres, notamment au-dessous d’Arles, effets qui
ont été si souvent signalés, (voy. notam. M. Dausse, Acad,
des Sciences, 50 juin 1856), et que nous avons pu consta
ter nous-même dans le quartier du Trébon. Bien des ingé
nieurs ont pu, h ce point de vue, aller jusqu’à signaler les
bienfaits des inondations. MM. Dausse. Mallet, Boulangé,
Manës , Belgrand , Lafitte , Hervé Mangon , Baumgarlen,
etc., cités par Fialles , Etude sur les inondations, p. 96
et suiv.
Les alluvions de la Durance, en général, manquent com
plètement de consistance. Les matières tenues en suspension
par les eaux avant leur dépôt ayant été lavées et complète
ment désagrégées. Parfois les eaux, en se retirant, nedaisscnt
que des bancs de sable assez purs, pour être très propres à
faire un excellent mortier pour les constructions. D’autres
fois, au lieu de sable, on n’a qu’une poussière tenue que
les vents violents du N. O. chassent devant eux. Ce n’est
CHAPITRE
1er.
�48
que lorsque les dépôts de limons ont été modifiés par l’air,
les mélanges de feuilles et d’herbes, les cultures et les en
grais et qu’ils ont reçu de fréquents arrosages, qu’ils peu
vent donner des produits sûrs et sérieux. Ajoutons immé
diatement que, avec le temps et ces cultures, après les fu
mures multiples et les amendements, on obtient des ter
rains très productifs, très faciles à cultiver et propres au
développement d’une foule de produits agricoles, plantes
légum ineuses, fourragères, arbustives.
Ce que je viens d’indiquer a la suite de mes observations
et de ma propre expérience, j’ai été heureux de le trouver
consigné par MM. les ingénieurs de Montrond et Cunit, en
ce qui concerne l’Isère: « Les dépôts de sables et de
débris calcaires schisteux n’acquièrent la valeur qu’on leur
attribue, dit M. de Montrond, qu’après avoir porté dix ou
quinze ans des bois et des broussailles, s’être engraissés de
débris de produits végétaux et avoir été abondamment
défrichés, cultivés et fumés. » M. de Villeneuve (p. 18),
réduit à huit ans le terme de dix a quinze fixé par M. de
Montrond.
On a essayé de déterminer la valeur de ces alluvions, de
ces terrains ainsi colmatés. C’est là une appréciation fort
difficile à faire, parce que celte évaluation, pour être vraie,
sera essentiellement variable, suivant la nature du terrain
qu’on aura obtenu à la suite des crues, les facilités ou dif
ficultés d’exploitation, les garanties plus ou moins sérieu
ses que ce terrain peut présenter contre les inondations,
etc., etc. M. de Gasparin attribue a des terrains colmatés
avec des eaux de la Durance, près Avignon, une valeur de
NOTES
SUR
LA DURANCE.
�CHAPITRE
1 er.
49
7,000 fr. à 12,000 fr. l’hectare. (Annales des ponts et chaus
sées 1850, 2e sem ., p. 472). M. N. de Buffon porte la va
leur de ces terrains conquis, a 4,500 fr. l’hectare (Concours,
p. 76). Cela me paraît fort au-dessus d’une juste moyenne.
MM. de Villeneuve et Leblanc (p. 18), ne portaient que
5,500 fr., ce qui est encore trop. M. Àuriol, en 1860,
descendait a 3,000 fr. Pas d’illusions, il faudra le plus
souvent descendre encore.
20. Cailloux. — Je viens de parler des sables et limons
incessamment charriés par la Durance. Je ne puis pas ne
pas dire un mot du lit de cailloux que recouvrent ses eaux,
ou les branches qu’elle abandonne plus ou moins tempo
rairement. On s’est demandé si ces cailloux marchaient
suivant l’impulsion que leur donneraient les eaux. Des
esprits très sérieux, et appliqués à ces études spéciales, se
sont posé la question et c’est pour cela que je la note en
passant. On trouvera dans les cartons des ponts et chaus
sées des mémoires soutenant que les cailloux ne marchent
pas. Le public croit en général qu’ils descendent fort vite.
Je ne suis d’aucun de ces avis. Je dis aux premiers : les
cailloux marchent, et aux seconds, ils marchent très lente
ment. Comme rubrique, en tête de ce paragraphe, j’avais
écrit : des cailloux roulés par la Durance. J’ai effacé le mot
qui donnait une solution à la question ; mais la chose reste,
et si le lit de la Durance est couvert de cailloux roulés,
c’est que les cailloux roulent. Parfois il est possible dans cer
tains courants d’entendre le bruit perceptible et même so
nore de leur mouvement. Enfin lorsque j’ai vu les eaux se
4
�50
retirant des terres auparavant cultivées qu’elles ont cou
vertes de galets au moment de la crue, il fallait bien recon
naître que l’eau avait charrié ces galets sur ce point, et que,
partant, il se produit, par l’effet des eaux, au moins à cer
tains moments, un mouvement de descente des cailloux,
une sorte de coulage qui amène tantôt des approfondisse
ments du fond de la rivière, tantôt les exhaussements cons
tatés sur divers points, et qui rendent la hauteur de ce fond
si variable.
D’ailleurs le long des départements de Vaucluse, des
Bouches-du-Rhône et dans la partie des Basses-Alpes que
traverse la Durance, on ne trouve que des roches calcaires,
et dans les cailloux de Durance abondent les diorites, protogynes, euphotides, quartzistes et autres roches apparte
nant aux terrains primitifs des Alpes, d’où elles ont été
évidemment amenées par les eaux. Certaines de ces pier
res, notamment les variolites, peuvent même être attri
buées à un lieu de production presque spécial. Donc ces
cailloux ont été descendus des Alpes dans la partie du lit
où on les trouve aujourd’hui.
Mais il faut reconnaître que, au moins de nos jours, la
marche des cailloux dans la Durance est beaucoup plus
lente qu’on ne le croit généralement \ et que l’usure se
NOTES SUR LA DURANCE.
Déjà Billard (p. 60), et Béraud (p. 48 et 58), avaient affirmé que
la marche des cailloux était très lente dans la Durance. M. Cunit a
fait les mêmes constatations pour l’Isère (p. 52). M. l’ingénieur en
chef Monnet (Rapp. au G. gén. B.-du-R., 1868, p. 101), dit que
les graviers commencent à se mouvoir lorsque la vitesse du fond
atteint 1 m. 35 par seconde. Leur vitesse de translation serait alors
�51
produit dans des proportions beaucoup plus grandes qu’on
ne le pense l , quelle que soit la dureté excessive de la plu
part de ces cailloux.
Comme nous l’avons vu, la Durance est un des cours
d’eau qui charrie le plus de sables et de terres. Les trou
bles se produisent d’une manière presque continue, dix
mois sur douze. Les cailloux placés sur le passage des eaux
sont ainsi soumis à un frottement incessant et continu qui
doit agir énergiquement, même sans déplacement, et qui
doit se faire sentir d’une manière encore plus active et sen
sible sur les roches calcaires.
Il est des points de la Durance où les blocs descendant
des ravins voisins par des gorges étroites et abruptes, sont
ainsi portés dans la rivière. Il semble que ces blocs amenés
à ce point et n’obéissant plus a la force d’impulsion qui les
chassait, devraient y former des barres apparentes et per
sistantes. Il n’en est rien. Ces blocs, arrivés sur un lit de
gravier qui est alors déplacé, s’affouillent en attirant le cou
rant autour d’eux, puis s’immergent et disparaissent.
Ces observations ne peuvent manquer d’être prises en
considération lorsqu’il s’agit de déterminer le choix des
matériaux a employer pour l’endiguement. De ce que la
pente de la Durance est très accentuée, il ne faudrait pas
CHAPITRE I er.
de 4 m. environ par minute, y compris les intermittences et repos.
Avec des vitesses de fond de \ m. 15 à \ m. 30, les graviers res
teraient immobiles.
(1) Le P. Frisi nie presque complètement cette usure dans son
Traité des rivières et torrents. M. Cunit (p. 138), le cite avec
plaisir. Mais enfin ce n’est que par suite du frottement et do l’usure
que les pierres prennent la forme des cailloux roulés.
�52
en conclure que le mouvement des matériaux s’y produit
avec une activité excessive, et que les eaux, en dehors des
crues, peuvent tout démolir et tout emporter. Ce sont les
affouillements qui sont surtout à redouter, et l’expérience
prouve que les matériaux, quel que soit leur volume, pré
sentent une résistance suffisante lorsqu’ils sont assez nom
breux, qu’ils sont assis sur des bases solides, et qu’ils ne
peuvent être sous-cavés.
NOTES SUR LA
DURANCE.
21. Niveau du lit de la Durance. Les observations que je
viens de présenter concernant les limons de la Durance et
les cailloux que contient son lit, m’amènent tout naturelle
ment à m’expliquer sur le niveau qu’il faut reconnaître à
ce lit.
On a en effet exprimé des craintes au sujet de l’exhaus
sement que le plafond de la rivière pourrait subir, à la
suite du charroi des matériaux portés par les eaux, et on a
dit : si vous endiguez la Durance, c’est-à-dire si vous créez
des berges artificielles en délimitant et rétrécissant le lit de
ce cours d’eau, vous amènerez une élévation successive du
lit de la rivière, et il arrivera un moment ou, les plaines
voisines étant en contre-bas, dès qu’une brèche se pro
duira, la rivière quittera son cours normal pour se répan
dre sur les territoires voisins, où elle créera un nouveau
lit au milieu des terres cultivées et des habitations. Votre
œuvre prépare des catastrophes pour les générations à
venir. Pouvez - vous oublier les maux que l’application
de ce système a causés aux riverains du Pô, cet enfant des
mêmes montagnes que notre Durance?
�53
L’objection me laisse parfaitement a l’aise, parce que, en
fait, l’expérience do passé ne permet pas a de pareilles
craintes de se produire sérieusement. Sous le régime
actuel, alors que les eaux non contenues dans les limites
fixes se répandent ça et là, divisées à l’infini, et ne parais
sant pas exercer une action suffisante de chasse, l’exhaus
sement du lit ne s’est pas produit. Pourquoi se produiraitil lorsque la régularité du cours d’eau, en l’état de la pente
du terrain, assurerait l’évacuation des matières eu mouve
ment.
Ma quiétude doit d’autant plus être partagée à ce sujet,
qu’elle se fonde sur les avis des anciens, des P.P. Frisi et
Belgrano, de MM. Billard (p. CO), et Béraud (p. 48 et 58),
et plus tard de MM. les ingénieurs Cunit (p. 52), de Tournadre (rapport), etc., auxquels les faits donnent pleine
ment raison.
Lorsqu’on commença, sous Richelieu, le canal de Pro
vence, à un kilomètre environ en aval du pont de Mirabeau,
sur la rive gauche, la prise fut réglée sur le niveau qu’a
vaient alors les eaux. Cent ans plus tart, cette prise, affec
tée au canal dePeyrolles, a été reconnue trop haute pour
fonctionner utilement, le niveau des eaux dans la rivière
ayant baissé L
CHAPITRE Ier.
(1) J’avais d’autant plus le droit d’affirmer le fait, que l’adminis
tration de ce canal m’a souvent demandé la permission de traverser
mes iscles pour l’alimenter, en y introduisant de nouvelles eaux à
5 kilomètres en aval de sa prise. Déjà, en 1821, les auteurs de la
statistique des Bouches-du-Rhône, t. 1, p. 97, faisaient remar
quer que le lit de la Durance, sur ce point, se creusait sans cesse
et que la prise d’eau du canal de Provence ou canal Floquet, était
�U
NOTES SUR
LA DURANCE.
La prise du canal de Marseille, établie en 1840 sous le
pont de Pertuis, malgré le radier qui semblait devoir assu
rer son alimentation, va chercher en amont les eaux qui lui
échapperaient au point où elle a été établie.
Craponne multiplie des travaux de barrages et de rete
nue dans le lit de la Durance pour assurer le fonctionne
ment de sa prise.
Sur un grand nombre de points où les eaux de la Du
rance vont battre les rochers qui la bordent, l’action sur
ces rochers des eaux aujourd’hui au dessous de leur ancien
niveau, est tracée de manière à constater d’uDe manière
certaine que le niveau des eaux est descendu sur ces
points, .le citerai le rocher de la chapelle de la Madeleine, à
quelques mètres au dessus du pont de Mirabeau, le rocher
de l’Escarrasson, à 1 kilomètre ou 1 kilomètre 1/2 au des
sous de ce pont.
Comment craindre que le lit s’exhausse lorsqu’il aura
250 m. de largeur réglementaire, alors qu’il baisse avec
une largeur indéterminée?
D’ailleurs, je le répète, en l’état de la pente, les bran
ches de la Durance ont un cours assez rapide, et quelque
minces que soient les filets d’eau entre lesquels elle se
divise, ils ont toujours une tendance à creuser, à souscaver, à saper toutes les rives qu’ils taillent à pic, et l’expé
rience prouve que le danger d’exhaussement du lit de la
trop haute pour fonctionner, ils ajoutaient : « Il en sera bientôt de
« même de celles de tous les autres canaux, qui un jour devien« dront iuutiles, si on n’y supplée par des chaussées et des bar« rages. »
�55
rivière, et les conséquences que cet exhaussement pourrait
faire craindre ne sont, en fait, nullement à prévoir, ni à
redouter.
Et maintenant, au delà du lit de la Durance et de ses
rives, portons un regard sur la plaine qu’elle traverse du
Verdon au Rhône, pour constater l’étendue, la valeur et
l’intérêt considérable que présente ce territoire.
CHAPITRE 1er.
22. Filtrations. Notons préalablement que le lit des bran
ches dans lesquelles coulent les eaux de la Durance sont
presque par tout assez en dessous du niveau des terres voi
sines, iscles ou rives de la rivière, de sorte qu’on n’a point
à redouter les infiltrations qui se produisent lorsque les
digues sont établies sur un niveau commun au lit de la ri
vière et aux terres voisines. L’effet des infiltrations peut
bien se produire au loin dans certains ruisseaux, le sous-sol
des terres voisines de la Durance étant ordinairement très
perméable, mais dans la plupart des cas il n’y aura pas à
tenir compte des eaux se répandant ains,i en traversant le
sous-sol.
23. Produits du sol dans le bassin formé par la 4 0 section.
Blés, qualité supérieure, une partie est vendue à des prix
élevés comme blé de semence ; avoine ; très rares champs
de seigle.
Pommes de terre, betteraves, etc.
Produits maraîchers, surtout en aval de la vallée, cour
ges, melons, pastèques.
Prairies irriguées, luzernes, trèfles, sainfoins.
Vignes, mûriers.
�56
NOTES SUR LA DURANCE.
Arbres fruitiers, notamment des amandiers et des ver
gers d’oliviers, et ça et là des pêchers, pommiers, poiriers,
pruniers , cerisiers , abricotiers, figuiers, cognassiers ,
noyers.
Le long des rives, ruisseaux, chemins ; des ormes, peu
pliers d’Italie, et autres, trembles, frênes, platanes, saules.
Dans les iscles, des peupliers du pays, des tamaris, des
aulnes, osiers, le genet épineux, des buissons épineux..
Le long des coteaux qui encadrent la vallée, des pins
d’alep, des chênes verts et blancs exploités en taillis.
Je me borne à signaler que les principaux de ces produits,
consistent en blés, pommes de terre, mûriers, fourrages
Mais je n’entreprendrai pas d’en fixer le revenu moyen par
année, même approximativement. C’est un travail qui ne
pourrait présenter aucune garantie d’exactitude, comme il
en est d’ailleurs de même pour la plupart des travaux sta
tistiques de cette nature, qu’ils aient ou non le cachet offi
ciel, car ils reposent sur les données les plus incertaines et
les plus arbitraires, ce que je suis prêt à établir s’il était
besoin.
Pour justifier autrement que par des chiffres discutables
la richesse et l’importance de cette vallée, je copie dans le
livre d’un ingénieur des ponts et chaussées le passage sui
vant: « Au sortir de la passe de Mirabeau, la Durance
entre dans la belle plaine de Pertuis, large de 5 kilomè
tres, et admirablement cultivée ; elle continue ainsi son
cours au milieu d’un des plus beaux jardins de la France et
finit par confondre longtemps à l’avance sa plaine avec l’im
mense plaine du Rhône. » Mais on ajoute : « Malheureu-
�57
sement cette vallée si fertile, et où mille canaux apportent
l’abondance, doit se défendre contre des innondations ter
ribles et subites. »
24. Communes riveraines de la Durance dans la 4 0 Section.
Population 1
CHAPITRE Ier.
R iv e g a u c h e
Bouches-du-Rhône
ARRONDISSEMENT D’AIX
Population
Rive droite
Vaucluse
ARRONDISSEMENT D’APT
Population
750
St-Paul-les-Durance. 559 Beaumont...........
Jouques................... 1506 Mirabeau............
484
Peyrolles................ 974 Pertuis................ .. 4927
Meyrargues............. 959 Villelaure............. .. 1110
Le Puy-Ste-Réparade 1250 Cadenet.............. . . . 2511
242
St-Estève-Janson... 105 Puyvert..............
Laroque d’Antheron. 1428 Lauris. .. ........... .
Charleval................. 954 Puget................
174
778
ARRONDISSEMENT D’ARLES
M éHndol..........
M allemort............... 2059 ARRONDISSEMENT D’AVIGNON
Sénas ..................... 1800 Le Cheval-Blanc. . . . 1666
Orgon ..................... 2657 Cavaillon.......... . . . 9077
St-Andiol................ 1182 G aum ont.. . . . . . . . 1482
Cabannes................ 1506 Avignon............
N oves..................... 2111
Châteaurenard........ 5960
69084
Rognonas................ 1525
28850
Barbentane . . . . . . . 2797
97954
28850
(1) Dénombrement de 1891.
�88
NOTES SU R LA DURANCE.
28. Voies de communication. Il ne sera pas inutile de
signaler les nombreuses voies de communication qui lon
gent ou traversent le bassin de la Durance, entre le Verdon et le Rhône, ne fût-ce que pour indiquer combien il
importe que les eaux soient maintenues dans un courant
fixe, si on ne veut s’exposer a rompre les communications
entre des parties considérables du territoire, en permettant
aux eaux d’envahir ou de couper les voies publiques des
tinées à les assurer.
En aval, signalons la route nationale n° 7, mettant en
communication toute la France au dessus d’Avignon, avec
Marseille et la Méditerranée.
En amont, la route nationale n° 96, entre les Alpes et
ces mômes localités.
Les routes départementales.
N° 2. D’Aix à Pertuis.
N° 4. D’Orgon à Cavaillon.
N° 8. D’Âix a Rians par Jouques.
N° 9. D’Aix à Digne.
N° dO. De Salon à Avignon.
N° 11. D’Aix à Cadenet.
N° 18. D’Arles a Avignon.
N° 18, De Cavaillon à Saint-Remy.
N° 19. D’Aix à l’Isle.
Et sur la rive droite, la route de Bompas à Mirabeau lon
geant la Durance, sur une longue partie de son parcours.
Sans compter une série de chemins vicinaux de divers
ordres, se développant dans l’étendue de ce bassin.
�CHAPITRE 1er.
89
Des tronçons importants de chemin de fer s’y trouvent
également emplacés.
La Compagnie de Paris à Lyon et la Méditerranée, sur la
ligne de Lyon à Marseille, entre Avignon et Barbentane,
emprunte cette vallée sur plus de fi kilomètres.
Sur la ligne de Marseille à Gap, entre Meyrargues, Pertuis et Mirabeau, on la suit pendant plus de 21 kilomètres.
Sur la ligne d’Avignon a Grenoble, entre Cavaillon et
Pertuis, 44 kilomètres.
Sur la ligne de Cavaillon a Miramas, entre Cavaillon et
Sénas, 24 kilomètres.
Le chemin de fer du sud de la France :
Dans la voie de Meyrargues a Grasse, entre Meyrargues
et Jonques, 9 kilomètres.
Le chemin de fer régional des Bouches-du-Rhône:
De Tarascon a Orgon, entre Mollégès et Orgon, 9 kilo
mètres.
De Barbentane a Orgon, 28 kilomètres.
D’Éyguières à Meyrargues, entre Mallemort et Meyrar
gues, 52 kilomètres.
26.
Prises et concessions d’eau sur la Durance ou ses
affluents.
M. B. Simian, syndic général de l'Œ uvre des
Alpines, a dressé, en 1881, après une délibération des
membres de l’Œ uvre, un état des concessions d’eau faites,
ou alors en instance, sur la Durance ou ses affluents, dont
nous avons extrait les indications suivantes.
Le total des concessions alors accordées dans les Hautes-
�60
Alpes et dont il donne le détail, comprendrait un volume
d’eau concédé ou débité de 7,638 litres.
Les concessions alors demandées
portaient sur.....................................
1 .8 3 0 litr<!s
Pour les Basses-Alpes ; concessions
acccordées..........................................
8 .7 8 7
—
demandées............. 1 8 .5 0 9
Pour Vaucluse ; concessions accor
d ées.................................................... 2 7 .0 0 6
—
demandées.............
4 .0 0 0
Pour les Bouches-du-Rhône; conces
sions accordées................................... 3 6 .4 9 3
33
—
demandées.............
3 .7 6 5
Soit un total de concessions accor
dées portant sur................................. 9 9 .9 4 4
33
—
demandées............. 2 7 .9 2 4
%
—------- —--------Total général............... 1 2 7 .8 6 8 litres 35
NOTES
SUR
LA DURANCE.
La loi du 9 août 1881 autorisait à ce moment la Compa
gnie de colmatage de la Crau à dériver de la Durance, en
aval du pont de Mallemort, un volume d'eau qui ne pour
rait dépasser 80,000 litres par seconde, à charge de main
tenir en aval dans la rivière un minimum de 50,000 litres
d’eau.
Voici le développement de ces états pour Vaucluse et les
Bouches-du-Rhône :
�61
CHAPITRE Ier.
Concessions accordées dans Vaucluse
Désignation des canaux.
Date des concessions.
Canal du moulin de Mirabeau...
?
18
novembre
1854.
Canal de Permis et Cadenet....
18 juin 1864.
Canal de Villelaure et de Janson. 11 mars 1780. ]
9 mars 1864. \j
Canal de Lauris........................... 21 janvier 1857.
?
Canal de Mérindol.......................
Canal ( de Cabedan-Neuf............ 13 février 1853,
< de l’Isle...........................
—
( de Carpentras.................
—
Canal ( de Cabedan-Vieux.......... 21 février 1857.
( et de Saint-Jullien........
—
Canal de la Durançole ..............
1229.
128
novemb.
Canal Crillon............................... (23 juin 1853.1837.j>
Canal du Puy ou Cambis............
1808.
Volume d’eau
concédé
ou débité
1001U"'
3.000
1.000
200
400
106
2.000
2.000
6.000
1.160
3.240
2.000
4.000
1.800
27.006litr”’
§ 2 . — Concessions demandées.
Prolongement du canal de Carpentras........................... 4.000
�62
NOTES SUR LA
DURANCE,
Concessions accordées dans les Bouches-du-Rhône
Désignation des canaux.
Date des concessions
Volume d’eau
concédé
ou débité
Canal du Verdon (dérivé du |j 4 juillet! 838. 1 1 .500litr”
Verdon)............................. !{ 20 mai 1863.
( 4.500
Canal de Cadarache..................... 7 juillet 1849.
200
Canal de Peyrolles...................... 19 octobre 1843.
2.000
Canal du Puy-Ste-Réparade....
?
1.000
Canal de Marseille....................... L. 3 juillet 1838. ( 5.750
D. 25 mai 1864. < 1.000
D. 19 juin 1867. ( 2.250
Canal de Craponne...................... 17 août 1554.
11.000
Canal domanial des Alpines . . . . Dates diverses.
16.843 55
Canal de Sénas............................. 4 mai 1303.
750
1.000
Canal de Saint-Andiol................
1352
Canal de Cabannes....................... 28 juin 1856.
700
Canal de Ghâteaurenard..............
?
3.000
Canal de Rognonas, 2° branche
septentr. des Alpines.............. 31 juillet 1851.
5.000
Total......... 56.493 55
§ 2 . — Concessions demandées
Canal de Marseille......................................... ...............
600
Canal des Alpines, br. mérid.......................................... 3.265
Total................. 3.765
Une concession d’eau fort considérable réclamée pour le
colmatage de la Crau, a donné lieu récemment à de nom
breuses oppositions et protestations.
�Kl
■
1er.
63
Je viens d’indiquer le nombre de prises d’eau existant le
long de la Durance, dans les départements des Bouchesdu-Rhône et de Vaucluse. A ce point de vue encore, les
eaux apparaissent avec la nature sauvage et capricieuse que
nous leur connaissons. Rien de plus difficile que d’assurer
la régularité du fonctionnement de ces prises. En voici une
ensablée par les matières charriées par la crue de la veille.
L’eau, par suite du creusement du lit de la branche qui ali
mentait l’autre, n’atteint plus le niveau de la prise ; ailleurs
la prise a été complètement abandonnée par les eaux, qui
se sont portées sur la rive opposée, etc. On dirait que ces
eaux, se méfiant des atteintes que les canaux vont porter à
leur vagabondage et à leurs caprices, les fuient pour con
server leur indépendance et se soustraire à l’état de domes
ticité qui les y menace. Mais lorsque ces efforts sont dé
joués, lorsque la main de l’homme a pu emprisonner dans
les canaux qu’elle a construits, cette eau, en régler le
cours, et la soumettre à sa direction. Combien la situation
change, et à tous les maux et les désastres qui marquent
leur passage dans la vallée de la Durance, succèdent au
loin d’innombrables bienfaits, les terres incultes sont chan
gées en riches prairies, les sécheresses calamiteuses qui dé
solent la Provence sont oubliées, une luxuriante végétation
couvre des coteaux que tous les efforts de l’homme et tou
tes les dépenses étaient impuissants pour peupler ; des
chutes, sans diminuer le volume de ces eaux, fournissent à
l’industrie les forces motrices dont elle a besoin. Les popu
lations agglomérées reçoivent les eaux nécessaires à leurs
besoins de toute nature et les plus indispensables. Voilà les
CHAPITRE
II
�64
lots de chacun, d’un côté, la rivière avec son caractère vio
lent, furieux, méchant, inapprivoisable, soumettant les
hommes à tous ses caprices ; de l’autre, les canaux dérivés
avec leur régularité, leur domesticité, se prêtant à la satis
faction de tous les besoins, soumis même aux caprices des
hommes ; ce qui faisait dire à Pazzis (p. 90) : « Les canaux
tirés du sein de la Durance sont le seul bienfait qu’on peut
attendre de cette rivière. » Aux riverains de la Durance, les
maux et les charges ; aux usagers d’au-delà les bienfaits et
les avantages.
NOTES SUR
LA
DURANCE.
27. Endiguement; évaluation des dépenses. La question
de savoir s’il y a lieu ou non à endiguer la Durance et à
défendre les territoires voisins contre ses inondations, est
depuis longtemps résolue. Puisque dans ce but, l’autorité
publique a créé des syndicats le long de ses rives ; que de
puis de longues années des emprunts, considérables sont
autorisés ; que des sommes importantes sont fournies par
l’Etat et le département ; que des impôts fort lourds sont
mis à la charge des riverains.
Le principe posé, reste à savoir si la marche suivie pour
arriver au résultat poursuivi, est bonne ou mauvaise, et
dans ce dernier cas, quelles sont les modifications qu’il y a
lieu d’y apporter , examen qui fait l’objet principal de ce
travail.
Quant à l’évaluation des dépenses que comporte l’ac
complissement de l’œuvre, il est à peu près impossible de
la faire sérieusement, tout dépendant des conditions dans
lesquelles on poursuivra sa réalisation, et des circonstances
�65
impossibles à prévoir qui peuvent se présenter durant cette
réalisation l. Mais je le répète, si cela pourrait être consi
déré comme indispensable alors qu’il s’agirait de poser le
principe, il n’en est plus de même alors que la nécessité des
travaux de défenses admise, il ne s’agit plus que de déter
miner comment on devra y pourvoir.
CHAPITRE 1er.
28. Surface à protéger et à conquérir. Rien ne semble,
au premier abord, plus facile que de déterminer les surfa
ces à conquérir et à protéger2. Et je suis cependant com
plètement convaincu que si on chargeait dix commissions
spéciales ou délégations d’hommes de l’art, chargées, à
l’insu de leurs opérations respectives, d’arrêter pareil tra
vail, il n’y aurait aucune concordance entre les résultats
que chacune d’elles obtiendrait. Le plus grand arbitraire
existant forcément pour l’adoption des lignes à tracer pour
servir de base aux opérations. De larges parties des terri
toires dans la plaine, assez éloignées de l’atteinte des eaux
au moment actuel, se considéreront comme suffisamment
protégées par suite des terrains intermédiaires, alors
(1) M. Auriol indiquait un total de 22,466,000 fr.; Plagniol élè
ve le chiffre de la dépense à 35 millions; de Villeneuve (p. 18 et 26),
se tient bien au dessous de ces chiffres, etc., etc. Sur la demande
du Conseil général des Bouches-du-Rhône, le chef de service a
présenté, le 30 mars 1889, un projet d’ensemble des travaux néces
saires pour assurer la protection de la rive gauche dans tout son
parcours dans les Bouches-du-Rhône, et cette affaire a été mise à
l’instruction.
(2) Je dois cependant reconnaître que bien des fois les évalua
tions ont été tentées. Voyez M. Auriol, Rapport de 1862, M. de
Villeneuve (p. 18 et suiv.), etc., etc.
5
�66
NOTES SUR
LA
DURANCE.
qu’une crue peut modifier complètement, en l’état de l’in
suffisance des travaux, le cours des eaux, et déplacer le lit
de la rivière.
On prétend, non sans raison, que la Durance a long
temps coulé sur la plaine de la Crau, en y entrant parla
trouée de Lamanon, avant de suivre son cours vers l’ouest
jusqu’au Rhône. Je ne prétends pas que l’on aille jusqu’à
élargir autant le champ des opérations pour les résultats à
poursuivre, mais en dedans de ces limites extrêmes com
bien il est difficile de s’entendre sur des lignes fixe à
adopter.
Je ne crois pas qu’il soit même plus facile de déterminer
les conquêtes faites que les conquêtes possibles. M. Nadault
de Buffon, avait cru devoir déterminer le chiffre de ces
conquêtes en 1875 pour Vaucluse et les Bouches-du-Rhône,
je ne saurais accepter ses chiffres, parce que chacun attri
bue à sa façon à telle parcelle le caractère de conquête.
Plusieurs terrains, au lieu d’être conquis, ne sont que
reconquis ; d’autres ne sont conquis sur tel point qu’avec
un passif égal ou plus élevé de pertes à côté. Les terrains
appelés conquis eux-mêmes, ne sont parfois que des
annexions douteuses, fort passagères, et alors même qu’il
est permis de les distraire de la Durance, il faut encore
beaucoup de temps, d’argent et de peines pour en faire de
véritables conquêtes agricoles. Je ne voudrais, dès lors,
pas poser ni accepter des chiffres qui ne seraient pas de
nature à provoquer des déductions bien certaines. Si on
additionnait, après un certain temps, le chiffre des terres
prétendues conquises chaque année à la suite de certains
�1er.
67
travaux, je ne sais quelle superficie on finirait par obtenir
et qu’il serait impossible d’emplacer. Si, d’un autre côté,
on additionnait le chiffre des pertes de terrains indiqués
comme reconquis par la rivière à chaque crise, la vallée
entière finirait par disparaître.
Ce qu’il y a de certain, c’est que la vallée de la Durance
entre Vaucluse et les Bouches-du-Rhone, a une longueur
de près de 100 kilomètres, que sa largeur même restreinte
aux terrains d’alluvion, quoique assez variable, est généra
lement fort étendue, et qu’on peut ainsi affirmer que le
territoire appelé a bénéficier des travaux et à obtenir par
eux une entière sécurité est considérable.
Je dois ajouter que si je trouve fort élevé le prix de
4,500 et même 3,500 fr. attribué a l’hectare des terrains
conquis sur la Durance au moment de cette conquête ou à
une époque rapprochée. Ce prix est au contraire insuffisant
lorsqu’il s’agit de terres depuis longtemps éloignées des
eaux, mises depuis de très longues années en état régulier
de culture, et qui la longent a une certaine distance ; pour
celles-ci, sur lesquelles se trouvent souvent des construc
tions considérables, faudra-t-il bien admettre des valeurs
élevées. Or, le niveau des canaux d’arrosage d’eaux déri
vées de la Durance suffisent, à eux seuls, pour pouvoir
affirmer que leur élévation ne suffirait pas pour préserver
les territoires intermédiaires, des incursions de la rivière,
si son cours cessait d’être réglementé.
CHAPITRE
29. Travaux de défense existants. L’énumération des
divers travaux entrepris, complétés ou abandonnés sur les
�68
NOTES SUR
LA DURANCE.
deux rives pour la défense du territoire, ne pourrait être
utile que si elle était accompagnée de détails suffisants pour
en préciser l’état et en faire comprendre l’utilité et les
conditions de raccordement avec l’œuvre générale. Ce serait
la un travail assez difficile, et dans tous les cas trop long
pour pouvoir trouver sa place ici.
D’un autre côté, quel intérêt pourrait-il y avoir à dire
que les travaux effectués à diverses époques et aujourd’hui
dans des conditions diverses de conservation et de fonction
nement dans la commune de Saint-Paul-lès-Durance, pre
mier syndicat des Bouches-du-Rhône, consistent en :
La digue de Cadarache.
L’épi de la Bête.
L’épi des courants.
La levée sous Saint-Paul.
Dans la commune de Jouques :
La digue du Logis d’Ane.
L’épi du Pigeonnier.
L’épi du Vallon d’Ane.
L’épi de la Cadière, etc., etc.
Un plan dressé en 1872 par les ingénieurs chargés du
service au moment où une enquête départementale a été
faite sur la situation des syndicats de la Durance, indique
la situation de la plupart de ces travaux et suffit pour
signaler combien il reste à faire pour les mettre en harmo
nie entre eux, et les rattacher à une direction unique et
certaine.
30.
Perles occasionnées par l’insuffisance des défenses.
Dans
�69
le travail produit le 24 septembre 1859 et complété le
7 décembre 1860, M. l’ingénieur en chef Auriol évaluait
les pertes occasionnées aux riverains de l’ensemble de la
Durance, en moyenne annuellement à fr. 586,600, répon
dant à un capital de 7,75 2,000 fr. Pour 1845, il portait le
chiffre de ces pertes à 5,10 2,792 fr., ainsi répartis :
CHAPITRE 1er.
En amont de Sisleron................. Fr. 14 1 .4 0 7
De Sisteron au Verdon.................
6 6 9 .8 5 0
Du Verdon au Rhône dans les
Bouches-du-Rhône...................
2 .0 6 9 .8 5 8
—
V aucluse.. .
1 .2 2 1 .5 5 2
Bassin du Buech...........................
1 5 2 .5 2 5
Bléone.................................
2 1 9 .7 5 0
A sse............................................
1 7 2 .4 0 0
V erdon........................................
4 7 5 .6 9 0
Fr. 5 .1 0 2 .7 9 2
Pour 1856, il les évaluait à 2,01 2,500 fr.; Nad. deBuffon, a inscrit pour 1856, 178,200,000 francs, et en 1866
4 5 ,7 5 0 ,0 0 0 fr. (Concours, p, 249). Les réparations à faire
aux ouvrages de défense dans les Bouches-du-Rhône et
Vaucluse, à la suite de la crue de 1882, se sont élevées à
445,500 fr. (Imbeaux, p. 122) et à la suite des crues de
1886, à 1.26 4,000 fr. (Imbeaux p. 157) ; non compris les
travaux exécutés par la Compagnie du chemin de fer et par
les propriétaires des divers canaux.
51.
Utilité des défenses.
Il ne faudrait pas conclure de
�70
NOTES SUR
LA DURANCE.
l’insuffisance des travaux de défense à leur inutilité, même
alors qu’ils sont si imparfaits, ils ont atténué le mal dans
des proportions incontestables1 et il est permis d’en con
clure que s’ils étaient complétés, le mal pourrait être pres
que entièrement prévenu. La crue de 1882 a été beaucoup
plus forte que celle de 1845, puisque à Mirabeau les eaux
n’avaient marqué, en 1845, que G mètres 10, alors qu’el
les ont atteint 6.60 en 1882, et cependant ses effets ont
été moins désastreux par suite, nous dit M. Imbeaux
(p. 121) « de la protection déjà très efficace que le sys
tème d’endiguement plus développé, assura aux terres cul
tivées. »
Dans un tableau fort effrayant et malheureusement fort
exact, que M. Max de Nansouty trace des torrents qui,
d’après lui « tiennent de la bête féroce par leurs allures ca
pricieuses, la soudaineté de leurs attaques et la façon dont
ils se ruent au carnage ». Il ajoute : il y a cependant un
remède à ce mal, comme aux maux naturels qui ont pu être
observés depuis longtemps. Ce remède s’appelle la correc
tion puis l’extinction du torrent. La correction qui consiste
à régulariser autant que possible le cours, à le fixer dans
une direction bien déterminée. Elle permet d’arriver à
l’extinction du torrent, c’est-à-dire à son impuissance com
plète « régularisé, encaissé , mis dans l’impossibilité de
nuire, il est obligé de se rendre comme un vieux brigand. »
(1) Voyez le tableau des avantages produits par ces travaux dès
avant 1808. Pazzis, p. 90.
�71
32. Syndicats. Le, territoire des Bouches-du-Rhône,
pour assurer la défense des terres riveraines de la Durance,
a été divisé en syndicats. Nadault de Buffon attribue à ces
syndicats une origine fort ancienne (Concours p. 73 et 78).
Cela me paraît peu conciliable avec la situation du pays
avant 1790, alors que l’action était réservée aux seigneurs
riverains, qui n’avaient pas à réclamer ni à subir le con
cours d’associations, s’immisçant dans l’exercice de leur
autorité. Si je faisais ici de l’histoire, je trouverais dans les
titres de la Seigneurie de Peyrolles, notamment qui, sous
Louis XIV, appartenait encore au roi de France, des preu
ves à l’appui dém on opinion. Mais si ce souvenir histori
que peut avoir un intérêt pratique au point de vue de cer
taines questions de propriété, je dois me borner a le
rappeler pour noter que immédiatement cinq ordonnances
du 50 octobre 1816 au 25 mars 1843, avaient organisé
divers syndicats sur la rive gauche ; des décrets du 4 août
1848 les ont reconstitués en les portant a 15, puis ils ont
été réduits à 14, pour être ensuite reportés à 15. (Nadault
de Buffon, Concours p. 75, 78, 255. Rapports d’ingé
nieurs, 1884, 1886 et 1890, p. 55).
Dans Vaucluse, les travaux sont exécutés pour le compte
de 13 associations syndicales, divisées en trois groupes;
1° celui de la première section dé défense, au nombre de 9,
dans l’arrondissement d’Apt; 2“ celui de la deuxième section
au nombre de 5, dans l’arrondissement d’Avignon ; enfin il
y a l’association syndicale des bords de la Durance dans la
commune d’Avignon. Le premier groupe est régi par le
décret du 5 septembre 1851 ; le second, par l’ordonnance
CHAPITRE. Ier.
�72
du 21 mai 1837, et la dernière association par l’ordon
nance du 30 octobre 1816. Ces treize associations ou syn
dicats sont ceux de Beaumont, Apt, Mirabeau, Pertuis,
Villelaure, Cadenet, Puyvert, Lauris, Puget, Merindol,
Cheval Blanc, Cavaillon, Gaumont, Avignon. (Barrai, Les
irrigations dans le département de Vaucluse, 1877, p. 262 et
suiv.; arrêt du Conseil d’Etat du 17 janvier 1891).
J’aurai a revenir sur leur fonctionnement, me bornant,
dans cet exposé, à signaler celte organisation. J’ajouterai
seulement avec M. Nadault de Buffon, que cette division ne
donne à chaque circonscription, en moyenne, que 4 kilo
mètres en ligne sur la rivière (Concours, p. 78). Plus exac
tement les longueurs de rives comprises dans ces syndicats,
varient de 2,600 à 12,000 m. (Rapport au C. Gén. des
Bouches-du-Rhône, 1867, p. 85).
NOTES
SUR LA DURANCE.
�CHAPITRE II
Absence d'organisation ;
de direction et de fonctionnement régulier de l'œuvre ;
de régularisation du cours des eaux et de défense
des territoires
53. Le mal a été aggravé par le fait des hommes. J’ai
essayé de faire ressortir combien était méchante la Durance
d’après sa nature propre, je n’ai fait que répéter en cela
ce qui a été redit et constaté depuis des siècles et la rivière
se charge, périodiquement, d’en donner des preuves fré
quentes et certaines. Mais ce qui est non moins vrai et
incontestable, c’est que jusques à nos jours et de nos jours,
encore loin d’atténuer les maux qu’elle cause, les hommes
semblent avoir pris à tâche do l’aider dans son oeuvre de
destruction, en s’associant à ses méfaits, en exagérant ses
défauts et ses vices. Billard (Projet d'endiguement, p. 25),
écrivait, au commencement du siècle : « Ce sont les ouvra
ges des hommes qui, jusqu’ici, ont rendu la Durance
inconstante et dévastatrice et qui sont l’unique cause des
ravages qu’elle fait. » C’était nous faire la part bien large.
Plus tard, M. de Gasparin a pu dire : « La main de
l’homme parviendra-t-elle à réparer le mal des inondations
dont elle est complice ? »
�74
ma
il
|f
NOTES
SUR LA
DURANCE.
34. Déboisement des montagnes. Ici on fait évidemment
allusion aux déboisements des montagnes et terres en pen
tes, que les habitants poursuivent depuis de si longues an
nées sans trêve, ni repos et longtemps sans entraves ni rè
glementation administrative. Je ne peux, moi-même, m’em
pêcher de signaler, après tant d’autres, combien le fait de
l’homme a ainsi contribué à modifier le régime normal des
eaux et celui de la Durance en particulier, en multipliant
l’importance des crues et leurs ravages, et en diminuant
l’alimentation si utile de la Durance pendant les sécheresses
de l’été. Depuis quelque temps, des efforts sérieux et persis
tants sont faits pour réparer le mal et rendre a des terrains
dénudés leur riche parure de gazons et de forêts ; j’ai visité
les reboisements entrepris dans la partie nord des BassesAlpes, et c’est merveilleux. Qu’on se garde de les comparer
aux quelques semis de chênes entrepris dans la basse Pro
vence, qui s’obstinent, s’ils lèvent, a rester buissonneux, ou
aux semis de graines de pin d’Alep, au produit incertain, et
que l’incendie menace dès leur naissance. Dans nos reboi
sements des Alpes, on retrouve toutes nos essences fores
tières, à feuilles persistantes ou caduques, les divers genres
de conifères, vivant en groupe, pleins de force et de
vigueur, et couvrant les rocs auparavant les plus nus et les
plus accidentés, et j’applaudis à cette main mise de
l’homme sur ce qui paraissait désormais soustrait a son
empire ; j’y applaudis d’autant plus volontiers, que si on a
le courage de repeupler, en les métamorphosant, les
rochers dénudés des Alpes, j’espère qu’on ne reculera pas
pour entreprendre sérieusement l’œuvre de conservation
�75
des riches terrains qui s’étendent dans les plaines, où se
répandent les eaux qui en proviennent.
Qu’on n’enlève rien des millions mis a la disposition do
nos forestiers ; mais qu’on accorde à nos ingénieurs, des
ressources nécessaires pour achever l’œuvre dans les plai
nes, en assurant leur conservation, alors qu’on la poursuit
dans la montagne par la reconstitution des forets.
CHAPITRE
II.
55. Vices de l'organisation de l'œuvre. En supposant que
l’on puisse considérer comme une organisation administra
tive, les fragments de règlements auxquels serait soumise
l’œuvre de la défense des riverains de la Durance, je n’hé
site pas à considérer le régime aujourd’hui en vigueur,
comme déplorable à tous les points de vue.
Au point do vue rationnel, ou soit de la nature même de
la matière à réglementer.
Au point de vue administratif.
Au point de vue technique.
Au point de vue financier.
56. Point de vue rationnel ; matière à réglementer. La
matière a réglementer est essentiellement une, et c’est en
méconnaître complètement le caractère et la constitution
que de la soumettre pour sa gestion à une division et à un
morcellement qu’elle ne comporte pas. Un fleuve, une ri
vière, tout cours d’eau, n’est pas constitué par une série de
rives successives plus ou moins parallèles, indépendantes
les unes des autres et fractionnables à l’infini. Que tout le
cours puisse ne pas être soumis au même régime depuis sa
�76
source jusqu’à son embouchure, suivant le volume des
eaux que lui apportent ses affluents et l’état des pays par
courus, cela se comprend ; mais lorsque ce cours d’eau est
constitué; lorsqu’il a acquis son existence et sa course nor
males, il est impossible de le morceler, de le déchiqueter
en le soumettant à une direction changeant à chaque pas, à
des administrations multiples fonctionnant dans des condi
tions de fait, qui trop souvent sont absolument différentes.
Voici un simple torrent dont le lit est presque desséché,
en vertu de lois remontant à plus d’un siècle et qui ont
échappé, jusqu’ici, à toutes les modifications que subit
journellement notre législation, le Préfet a sur lui un droit
de police et de surveillance qui lui permet d’assurer le
cours libre et régulier de ce qu’on appelle ses eaux, et sur
une rivière telle que la Durance, le pouvoir de direction et
de police ne sera qu’un vain mot subordonné pour son
application à toutes les considérations et à toutes les oppo
sitions que peuvent soulever une série d’administrations
successives avec leurs vues diverses, leur marche inégale,
leurs ressources variables, etc. etc.
Le chemin vicinal destiné au service d’une commune, est
administré par la commune ; mais s’il devient d’intérêt
général, c’est l’administration de cet intérêt qui en prend
la gestion supérieure. La route départementale sous l’admi
nistration du département passe sous l’administration cen
trale lorsqu’elle est d’intérêt national. Et un cours d’eau
dépendant du domaine public, tous les 4 ou 5 kilomètres,
aura sur ses rives une administration particulière chargée
de veiller à sa conservation, à sa régularisation sur ce
NOTES SUR LA
DURANCE.
�77
point, dans la mesure la plus inégale de ses forces et de sa
volonté ; et même sur certains points, des lacunes se pro
duiront entre ces administrations successives.
Morceler l’administration et la gestion d’une chose indi
visible, c’est complètement irrationnel, c’est contraire à la
nature même des choses, c’est commettre un contre-sens
qui paralysera toujours tous les efforts et tous les sacrifices;
une pareille observation n’a pas besoin d’être justifiée et
s’il me fallait une caution, M. l’ingénieur Cunit, chargé de
l’endiguement de l’Isère, vous dirait : les travaux entrepris
sur un point, exercent une influence immense à la fois en
droit soi, et sur la situation du littoral inférieur, et ceux
établis en aval réagissent en amont « la division de la vallée
« en tronçons, ne peut pas se motiver rationnellement. »
Qu’est-il besoin d’ailleurs de consulter les autres, pour
être convaincu qu’une division est mauvaise, alors qu’elle
ne tient aucun compte du caractère indivisible de la chose à
laquelle on veut l’appliquer, et qu’elle tend à détruire une
unité, une individualité exclusives de toute division.
Puis comment cette division s’opère-t-elle, dans des
conditions égales de fonctionnement et de ressources? bien
loin de là, le syndicat le plus infime a souvent sur l’autre
rive, en face de lui, l’association la plus puissante et les
travaux de celui-ci. vont amener d’autre part, la ruine à la
suite de l’impuissance.
Si la matière à réglementer commande une unité de
direction et d’administration, son classement administratif
ne la sollicite pas moins. Placée parmi les cours d’eau
domaniaux comme cours d’eau flottable, le régime de la
CHAPITRE
II.
�78
Durance ne peut être rationnellement soumis aune autorité
autre que celle des administrateurs du domaine public na
tional.
Qivest-ce à dire que la Durance doit être, de sa source
à son embouchure, soumise a une seule direction et à une
administration unique? Ce ne serait pas irrationnel, mais si,
en l’état, des sections sont praticables avec des règles spé
ciales et des administrateurs distincts, il est souveraine
ment irrationnel de morceler dans la même section l’admi
nistration entre divers corps, ayant chacuns, en moyenne,
un territoire de 4 à 5 kilomètres en façade sur la rivière
comme cela existe actuellem ent 1.
NOTES SUR
LA DURANCE.
37. Ancienne organisation administrative. Pendant fort
longtemps, le lit de la Durance entre le Yerdon et le
Rhône, s’est trouvé partagé entre les seigneuries se succé
dant le long de ses rives. En se rapprochant du Rhône, les
territoires au nord et au sud cessaient de faire partie du
même Etat. C’était la une constitution politique et territo
riale, et une juxtaposition de Puissances, qui se prêtait mal
a l’unification de l’administration de la rivière. Elle était
un champ de luttes entre les seigneurs, un élément de dis
corde entre les souverains de la Provence et ceux du Comtal.
Cet état de choses a cessé, je n’ai point a en solliciter
Pabrogation, et dès lors je ne crois pas nécessaire de mettre
en lumière tous les inconvénients qui en résultaient.
(1) La circonscription des syndicats en moyenne n’a que 4 kil.
de ligne sur rivière. Nadault de Buffon, Concours de l’Etat, etc.,
p. 78.
�79
38. Organisation administrative actuelle. Que s’est-il
passé entre la disparition de l’ancienne situation et la situa
tion actuelle. C’est ce qu’il est assez difficile de préciser en
ce qui concerne spécialement et uniquement le régime
administratif auquel la Durance a été soumise, et qui ne
paraît pas s’être révélé par des manifestations bien nom
breuses et faciles à signaler; d’ailleurs, à quoi serviraient
ces recherches plus ou moins difficiles et peu instructives,
j’arrive immédiatement a l’état actuel, me bornant à signa
ler dans l’époque intermédiaire, le décret du 4 thermidor
an xiii, encore en vigueur, que le Conseil d’Etat a eu l’oc
casion d’appliquer et qui, rendu pour les Hautes-Alpes, a
été déclaré commun aux Basses-Alpes, par le décret du
16 septembre 1806.
Dans ces départements, le service a pu être centralisé
sous l’action de l’administration départementale supérieure
et être ainsi placé sous une direction unique, la Durance
traversant entièrement les départements après être passée
de l’un dans l’autre.
CHAPITRE
II.
39. Partage de la vallée entre deux départements. Entre le
Verdon et le Rhône, c’est-à-dire précisément sur la partie
de son cours qui fait l’objet de nos observations, la Durance
sert de limite à deux départements ; elle appartient à tous
deux, c’est-à-dire elle n’appartient à aucun d’eux. C’est
fâcheux, et cela a incontestablement contribué, dans une
certaine mesure, à différer la régularisation de son admi
nistration et de son cours.
Non pas que les volontés des administrations de ces
�80
NOTES
SUR LÀ DURANCE.
deux départements ne dussent tendre au même but, qui est
celui que nous voudrions voir atteindre, et il semble que le
concours de deux forces devrait agir avec plus d’efficacité
que des efforts isolés ; mais l’autonomie et l’indépendance
de chaque administration départementale constituée avec
ses corps électifs délibérants, rendait ce concours difficile.
Tandis que le Comtat n’était pas terre française, il était
plus diffice encore pour les riverains des deux bords, de
s’entendre et d’arrêter en commun les mesures générales a
prendre, pour rectifier le cours de la Durance et en assurer
la marche normale. On se disputait la possession de partie
de son vaste lit et a peine pouvait-on arriver à fixer certains
points pour limites. Les caprices des eaux et les compéti
tions des hommes faisaient bientôt revivre les contesta
tions.
Aujourd’hui que la Durance est même, sur ces points,
complètement française l’entente est plus facile, il serait à
désirer qu’elle fût plus complète. Les intentions sont excel
lentes de part et d’autre, la bonne volonté égale, mais ses
manifestations ne se produisent pas toujours en même
temps, et elles restent ainsi stériles. Puis, involontairement,
on se dispute les avantages en répudiant les charges. S’agit-il
de prises d’eau, de canaux a large section, s’alimentant sur
son cours pour étendre les bienfaits des irrigations, satis
faire aux besoins des villes ; on revendique le droit de pui
ser largement dans une propriété qui est commune, s’agitil de dépenses à faire pour défendre cette propriété ellemême, on ne négocie pas même, on remet a plus lard pour
s’entendre et pour agir.
�81
Pour l’Isère, on a abouti depuis longtemps, alors qu’il
s’agissait d’un cours d’eau qui est de la parenté de la
Durance. La aussi, le défaut d’unité dans les travaux et
l’administration de la rivière, la multiplicité des syndicats
avaient trop longtemps condamné à l’impuissance tous les
efforts. La concentration de l’œuvre entre les mains de la
même administration supérieure locale a permis de la
fonder, de la soutenir et de la conduire au résultat pour
suivi.
Les travaux d’endiguement du Var, depuis que les deux
rives sont devenues françaises et ont été placées dans un
même département, se poursuivent avec une activité que
nous ne voyons pas sans quelque jalousie, da nationalité
plus ancienne de la Durance lui donnant tout au moins des
droits égaux à son endiguement.
Qu’on se tranquilise, je ne vais pas pour assurer une
chance égale à la Durance proposer, comme d’autres l’ont
fait, des changements dans nos circonscriptions territoria
les, je considère comme trop sérieuses mes observations
pour les assortir aujourd’hui de pareils rêves ; mais enfin,
la Durance n’est pas le seul cours d’eau qui serve de limites
à deux ou plusieurs départements, et cela ne doit pas empê
cher de pourvoir a l’unité de sa règlementation. Il faut
savoir prendre en grande considération cette situation, et
un groupement d’elforts, dans une certaine mesure et dans
des limites que j’aurai à indiquer, est possible sous l’auto
rité du pouvoir central, pour assurer une communauté
de volontés dans le but de donner satisfaction à un intérêt
commun.
CHAPITRE
II.
6
�82
NOTES
SU E LA DURANCE.
40. Syndicats. Nous nous trouvons ainsi en présence de
l’organisation administrative actuelle, que l’on peut appeler
l’organisation administrative des syndicats.
Cinq ordonnances du 30 octobre 1816 au 25 mars 1845,
avaient créé plusieurs syndicats dans les Bouches-duRhône ; mais l’organisation des syndicats dans ce départe
ment, telle qu’elle existe actuellement, date des 19 juillet
et 4 août 1848, époque où ils ont été établis dans les com
munes riveraines ; une partie des rives est demeurée en
dehors de leur action. La réorganisation des syndicats sur
la rive de Vaucluse eut lieu trois ans après.
41. Inconvénients de leur multiplicité. En confiant à cette
multiplicité d’administrations locales successives, l’adminis
tration de l’œuvre de défense des riverains de la Durance et
la régularisation du cours de la rivière, on a maintenu tous
les inconvénients résultant de l’ancienne organisation terri
toriale. On a substitué le morcellement communal au mor
cellement seigneurial, en amoindrissant même l’intérêt di
rect en cause, par la création du syndicat. La Durance s’est
vue donner de nouveau une multitude de maîtres, moins
puissants, sinon moins autoritaires que les précédents, et
elle ne s’est pas montrée plus soumise à ces derniers.
42. Vices de leur fonctionnement. Chaque syndicat, avec
des pouvoirs mal définis dans ses lois d’institution, agissant
d’après ses propres inspirations et les influences locales,
avec ses tendances personnelles et indépendantes, avec les
ressources les plus variables ; celui-ci, avec une impatience
�83
et une activité excessive, ce qui est fort rare, je le recon
nais ; celui-là, opposant une force d’inertie impossible à
vaincre, ou n’agissant qu’avec une lenteur, qu’explique et
justifie trop souvent l’absence des moyens d’actions. Il est
impossible d’obtenir de la part de ces administrations mul
tiples, se mouvant dans les conditions les plus diverses, une
marche sérieuse et régulière. Pareille situation ne peut que
faire naître des tiraillements, créer des conflits, multiplier
les manoeuvres les plus fausses et les plus dommageables.
L’administration intérieure de quelques-uns de ces syn
dicats n’est d’ailleurs pas plus heureuse que le fonctionne
ment extérieur, et les syndiqués sont loin d’être toujours
d’accord avec les syndics qu’on leur donne. Les intérêts
privés sans cesse en présence et trop souvent en contradic
tion, suscitent des luttes et déterminent les résolutions.
Les travaux sont entrepris pour satisfaire les plus influents
ou les plus persistants. On défend sa chose de préférence,
et souvent au détriment de la chose commune. L’un veut que
les défenses soient établies en amont, celui-ci les réclame
en aval. Celui qui se croit suffisamment protégé repousse
toute défense nouvelle ; l’autre insiste sur une défense qui
non seulement le protégera, mais lui assurera des conquêtes
de terrain. Puis lorsqu’après avoir déterminé les travaux à
faire et leur emplacement, lorsqu’il s’agit de répartir les
charges, la lutte recommence plus ardente, chacun trouve
que sa parcelle est trop imposée et en demande le dégrève
ment, et pour cela on poursuit le dégrèvement de la zone
entière, alors qu’un troisième réclame la révision entière
du classement. Et qu’on ne m’accuse pas de tracer ici un
CHAPITRE I I .
�84
tableau fantaisiste ; si ces tiraillements intérieurs ne laissent
pas toujours des traces dans les procès-verbaux des réu
nions, fort sommaires lorsqu’ils existent, ils n’ont que trop
d’échos dans les prétoires de justice, où de bien nombreux
débats prennent une trop large part dans les rares ressour
ces des syndicats.
Je ne conteste, ici, l’honorabilité d’aucun directeur de
ces associations, et c’est bien en dehors de ce terrain que
j’entends placer mes observations. J’ai consenti, moi-même,
à partager un moment ces fonctions que j’ai eu bâte d’aban
donner, je n’aurais pas accepté qu’on mît en doute cette ho
norabilité, et ne veux pas suspecter davantage celle des au
tres. J’admets donc volontiers que parmi eux se trouvent
des personnes très bien intentionnées, très capables et fort
honnêtes; mais enfin l’homme ne devient pas parfait et
n’acquiert pas nécessairement et spontanément des aptitu
des spéciales nécessaires, par cela seul qu’il entre dans
une des commissions syndicales de la Durance; et il m’est
bien permis de dire que souvent les personnes chargées de
cette direction n’ont ni les connaissances ni les aptitudes
necessaires pour s’acquitter convenablement de cette mis
sion. Tel ne peut y consacrer un temps suffisant ; tel autre
n’a pas assez d’autorité sur les syndiqués pour les guider
convenablement, celui-ci, au contraire, abusera de l’in
fluence qu’il peut avoir.
Les entrepreneurs des travaux, habituellement, ne sont
pas suffisamment surveillés, et parviennent à se soustraire
entièrement au contrôle dont ils devraient être l’objet de la
part des directeurs. D’ailleurs celui d’entre eux qui n’a
NOTES SUR
LA DURANCE.
�85
qu’un intérêt insignifiant dans l’œuvre, négligera de s’en
occupper, alors que celui qui a un intérêt personnel consi
dérable, appelé a gérer ses intérêts en même temps que
ceux de la communauté, pourra se tromper sur la part à
faire à chacun d’eux.
Puis les changements de directeur, qui concordent ordi
nairement avec les changements dans les administrations
municipales, empêchent d’établir une suite nécessaire dans
la direction. A tout moment, tout est remis en question et
les précédentes résolutions sont changées.
Voila les maîtres que l’on charge d’apprivoiser la rivière
la plus sauvage de France.
J’aurai à revenir sur les inconvénients qui résultent de
cette situation pour la gestion financière, je me borne à
noter ici, que les frais de gestion, secrétariat, perception, se
multiplient inutilement en se reproduisant pour chaque
syndicat, tandis que des rémunérations insignifiantes ne
permettent souvent pas de s’attacher des employés capa
bles ; que les écritures, par suite, se trouvent mal tenues,
les situations financières difficiles à préciser. L’action loin
taine et accidentelle des fonctionnaires de l’administration
active, des ingénieurs de l’Etat et des agents de l’adminis
tration publique des finances, est insuffisante pour remé
dier à cet étal de choses qui, à ce point de vue encore, ne
saurait être maintenu.
Ce n’est pas, d’ailleurs, aux personnes que je fais la
guerre. Ce serait trop heureux, puisqu’on pourrait espé
rer, en les changeant, de remédier au mal ; mais ce mal est
CHAPITRE
II
�86
NOTES SUR
LA DURANCE.
bien autrement tenace, car il tientà l’institution elle-même,
aux vices inhérents à son fonctionnement.
45. Plaintes auxquelles ils ont donné lieu. Lors de l’en
quête faite dans les Basses-Alpes, suivie d’un rapport
spécial, à la date du 29 mai 1868, on constate : « que
l’incurie, le mauvais vouloir et le manque de moyens des
intéressés, paralysait un ensemble de travaux dont l’exécu
tion basée sur des vues d’ensemble, pourrait sauvegarder
de grandes étendues d’un territoire menacé de destruc
tion. »
M. l’ingénieur Cunit, dit, a l’occasion des syndicats de
l’Isère : « L’expérience des petits syndicats existants, a
d’ailleurs clairement démontré les inconvénients inhérents
à la division par rives et par tronçons sur la même rive,
jusqu’ici malheureusement adoptée, contrairement aux vrais
principes de justice, d’équité et de légalité. »
« La sécurité du territoire de l’un quelconque de ces
petits syndicats dépend décidément de la bonne exécution
et du bon entretien des ouvrages des syndicats supérieurs ;
cependant il n’existe entre eux aucune solidarité. Aussi
voit-on fréquemmment les fautes, l’incurie ou l’impré
voyance des riverains d’amont, causer l’inondation et la
ruine des territoires situés en aval........ (suivent des ap
plications de ces observations). Le maintien des divisions
syndicales actuelles, en général subordonnées aux divisions
territoriales des communes, ne saurait donc être justifié ;
les inconvénients de ces divisions sont nombreux et nous
n’avons pu leur découvrir aucun avantage. Perpétuer les
�87
petits syndicats insolidaires existants, parce qu’ils existent,
serait a notre avis une faute im m ense.. . . »
Je vais d’ailleurs bientôt insister sur les inconvénients
nombreux que présente cette multiplicité des syndicats au
point de vue de l’établissement des travaux et de leur en
tretien.
J’aurai bien souvent occasion de noter les reproches nom
breux adressés à ces mêmes syndicats par les ingénieurs
chargés de ce service dans les Bouches-du-Rhône. Voici ce
qu’en dit leur collègue de Vaucluse. Après quelques paro
les élogieuses pour quelques-uns d’entre eux, il ajoute :
« Tous, il faut le dire, n’ont pas aussi bien compris leur
mission ; il en est qui pouvaient faire et qui n’ont rien
fait. Si parmi ces derniers quelques-uns sont restés indiffé
rents, d’autres ont usé leur activité dans de stériles discus
sions. » (Rap. au G. gén. de Vaucluse, 1838, p. 98).
,
CHAPITRE I I .
44. Action du personnel technique. Ce que je viens de dire
des syndicats tels qu’ils sont organisés, suffira, je pense,
sans une nouvelle insistance de ma part, pour marquer que
ce n’est pas à eux qu’il faut songer pour donner à l’œ u
vre de défense une marche sérieuse, utile et féconde. A
peine peut-on espérer de rencontrer ailleurs des éléments
qui puissent remédier aux vices du fonctionnement de cette
institution.
L’intervention et l’action du personnel technique semblent
appelés à remplir cette mission. Mais son autorité est au
jourd’hui mal définie, elle se produit par intermittence, elle
agit par voie de conseils, le plus souvent, et peut ne pas être
�88
NOTES SUR LA DURANCE.
écoutée, elle contrôle plus qu’elle ne dirige. Elle est d’ail
leurs exercée, suivant les localités, par des fonctionnaires
du même grade, indépendants les uns des autres. En 1850,
je crois, on avait créé un service spécial de la Durance, qui
avait été confié à M. l’ingénieur en chef Auriol, que j’ai re
trouvé depuis chargé du contrôle de la construction des che
mins de fer, et je ne sache pas que ce service ait été transmis
à d’autres. Il en résulte que dans chaque arrondissement, les
ingénieurs ordinaires se succédant très fréquemment, sont
chargés à litre accessoire de leurs fonctions, du service de la
Durance dans cet arrondissement. Dans ces conditions, la
part plus ou moins sérieuse de direction qui leur est attri
buée, sera toujours très savante et très dévouée, mais sera-t-elle toujours suffisamment éclairée par. l’expérience? Le
mode de fonctionnement des syndicats, au lieu de leur
donner un concours u tile, ne rendra parfois que plus
difficile, plus fatigante et plus décourageante leur besogne.
Je n’ai reçu à ce sujet aucune confidence des titulaires
actuels, je n’en connais aucuD, leurs prédécesseurs ont été
quelquefois trop confiants et trop expansifs pour que je
sorte des généralités qui précèdent.
D’ailleurs le passage des ingénieurs dans les arrondisse
ments riverains de la Durance est souvent trop court pour
que l’expérience si indispensable dans un service si excep
tionnel, puisse être acquise et produire ses fruits. L’un
d’eux, qui paraît s’être plus particulièrement intéressé à ce
service en quittant son poste, a écrit : « Les problèmes que
soulève un pareil service sont fort compliqués et deman
dent de longues années d’étude pour être résolus d’une
�89
manière satisfaisante. Nous n’avons pu malheureusement
consacrer à laDurance que trois ou quatre années d’efforts,
aussi les résultats que nous présentons aujourd’hui n’ontils pas la prétention d’être d’une grande exactitude. ®
(Imbeaux, p. 9.).
Et maintenant examinons dans quelles conditions ont
été exécutés, en l’absence d’une unité de direction et sous
le régime des syndicats, les travaux de défense.
CHAPITRE I I .
45. Caractères agressifs des anciens travaux. Les traces
des anciens travaux que l’on retrouve aujourd’hui ça et là
sur les bords de la Durance, à des distances fort inégales
des eaux, témoignent de leur caractère offensif plus encore
que défensif l . Pendant de longs siècles, oh n’a songé en
effet à se défendre contre ses entreprises et ses envahisse
ments, qu’en rejetant les eaux sur les voisins, et loin d’en
réglementer le cours, on en a encore augmenté l’irrégula
rité et les dangers. Ce n’est presque que de nos jours et
vers 1883, qu’on rencontre les traces d’une tentative
sérieuse de régularisation sinon effective, du moins régle
mentaire et théorique.
On voit combien il a fallu de temps pour renoncer à un
ancien système qui traduisait la lutte entre les riverains,
leur hostilité, bien plus que la communion de leurs efforts
pour dompter l’ennemi commun.
46.
Loi du
S8 mai 1858. Ce système a été formellement
(1) Billard, Projet, p. 25.
�90
et législativement condamné par la loi du 28 mai 1858,
dont l’article 6 porte: «Il ne pourra être établi, sans
qu’une déclaration ait été préalablement faite à l’adminis
tration, qui aura le droit d’interdire ou de modifier le tratravail, aucune digue sur les parties submersibles des val
lées de la Seine, de la Loire, du Rhône, de la Garonne et
de leurs affluents ci-après désignés : — Seine : (Yonne,
Aube, Marne et Oise). — Loire : (Allier, Cher et Maine).—
Rhône: (Ain, Saône, Isère et Durance). — Garonne: (Gers
et Baïse).
« Dans les vallées protégées par des digues, sont consi
dérées comme submersibles les surfaces qui seraient attein
tes par les eaux si les levées venaient a être rompues ou
supprimées.
« Ces surfaces seront indiquées sur des plans tenus à la
disposition des intéressés.
« Les infractions aux dispositions du § 1er du présent
article seront poursuivies et punies comme contraventions
en matière de grande voirie.
« A rt . 7. Toute digue établie dans les vallées désignées
à l’article précédent et qui sera reconnue faire obstacle à
l’écoulement des eaux, ou restreindre d’une manière nuisi
ble le champ des inondations, pourra être déplacée, modi
fiée ou supprimée par ordre de l’administration, sauf le
payement, s’il y a lieu, d’une indemnité de dommage qui
sera réglée conformément aux dispositions du titre II de la
loi du 16 septembre 1807.
« A rt . 10. Un règlement d’administration publique dé
terminera les formalités nécessaires pour l’exécution de la
NOTES SUR
LA DURANCE.
�91
présente loi, notamment les formes de l’enquête et de la
déclaration prescrites par les articles 3 et 6. »
Ce règlement a été publié à la date du 13 août 1838,
Bull, off., 627, n° 5819.
CHAPITRE
II.
47. Son but. Les règles que consacre cette nouvelle
législation témoignent d’une volonté bien arrêtée de combi
ner les travaux à entreprendre à l’avenir le long des fleu
ves et rivières, la Durance comprise, de manière a consti
tuer une œuvre de défense d’intérêt commun, et de faire
cesser toutes les entreprises qui pourraient avoir un carac
tère de lutte, d’hostilité, en un mot, de nocuité à l’encon
tre de quelques-uns des intéressés.
48. Plans. A-t-on rigoureusement observé les prescrip
tions de la loi, et du décret rendu pour en assurer l’exécu
tion, en ce qui concerne la levée des plans? Je ne le recher
che pas, mais en l’état de l’inauguration de ce nouveau ré
gime, devaient se multiplier les mesures propres à fixer les
bases des travaux à effectuer, telles que la détermination des
alignements ou lignes d’endiguement, et la levée des plans
généraux. Déjà autrefois ces plans avaient été réclamés,
moins pour fixer l’ordre et la direction des travaux, que
pour déterminer les localités où on devait en exécuter L
C’était le cas d’en établir de nouveaux ; et depuis, on n’y a
pas manqué. Je ne signale que ceux dressés en 1872, à la
(1) Délibérations des Etats de Provence de janvier et novembre
1782.
�92
NOTES SUR LA DURANCE.
suite de l’enquête départementale sur les syndicats de la
Durance. Ceux qui on dû être faits en exécution des résolu
tions de la commission instituée par décision ministérielle
du février
, et en vertu de la décision ministérielle
du avril
en suivant le modèle des cartes dressées
pour le Rhône et la Saône ; en dehors de ceux qui avaient
été dressés pour déterminer les lignes d’endiguement
fixées par l’arrêté du août
me permette
d’y joindre un plan général de la Durance et de ses affluents
indiquant les principales prises d’eau, établi en
sur les instructions de M. J.-B. Simian, ancien maire, syn
dic général de l’OEuvre des Alpines, par M. Escarras, con
ducteur des ponts et chaussées.
12
14
18 8 1
1882,
19
1845.
Q n ’o n
1882,
49.
Les prescriptions de la loi de 1858 sont-elles assez
Ce n’est pas le tout de tracer des
lignes d’endiguement sur un plan, il faut encore que les
travaux destinés à le traduire en une réalité s’effectuent
avec ordre et avec suite, sinon ces travaux entrepris ça et la
de distance en distance, au lieu de régulariser la rivière, la
désorganisent complètement ; loin de défendre l’ensem
ble des territoires, on les menace et on les détruit, on
s’épuise en travaux considérables, la plupart d’un intérêt
accidentel, on engloutit des sommes fort importantes non
seulement sans résultats utiles, mais parfois en provoquant
des désastres.
rigoureusement observées?
Loin de
parer au mal signalé par les anciennes pratiques, la création
50.
Absence d'ordre dans l'exécution des travaux.
�93
relativement récente de nombreux syndicats, agissant cha
cun à son heure et dans la mesure qui lui convient, trop
vile ou trop lentement, dans l'intérêt de l’œuvre générale,
l’a accru considérablement.
Qu’on me permette d’emplacer quelques-unes des con
séquences déplorables auxquelles conduit forcément la
multiplicité de l’existence des syndicats et le défaut d’ordre
et de suite dans l’exécution des travaux qu’ils entrepren
nent. Quelques lignes tracées au hasard sur le papier m’ai
deront à me faire comprendre. J’emplace toutes mes ex
plications sur on même point pour ne pas multiplier les
figures et, à ce point de vue, ce ne sont que des indications
fantaisistes, puisque je fais figurer des lignes variées pour
marquer la direction des eaux. Mais si ces indications sont
fantaisistes comme accumulées sur une même localité, je
pourrais indiquer les diverses rives de la Durance où je les
ai empruntées réellement.
Le syndicat II, séparé du syndicat I par la ligne divisoire
A B, veut défendre son territoire, les eaux en ce moment
longent la limite nord des terrains insubmersibles, pour
arriver de A a B ; pour pouvoir établir sa digue longitudi
nale, il lui faudra faire une levée de A en B, en repoussant
successivement les eaux jusqu’à B. Or, songe-t-on aux con
ditions dans lesquelles devra être établie cette levée desti
née à barrer le cours des eaux en les refoulant vers B, et
en supportant pour cela le poids de ces eaux et leur force
d’impulsion. Que de fois de pareils travaux arrivés à un
certain point ont été emportés, et combien le courant sera
modifié anormalement et transitoirement par leur avance
ment successif.
CHAPITRE I I .
�94
NOTES SUR LA UURANCE.
Supposons qu’on finisse par arriver à B, qui peut sup
poser que les eaux vont suivre le cours normal de la Du
rance tel qu’il est tracé sur le papier. Les eaux prendront
la direction de d. d. et se porteront sur l’autre rive vers la
limite sud des terrains submersibles, où elles emporteront
d’anciens atterrissements, sauf à se déplacer de nouveau si
la levée A B vient à céder dans une crue. Mais enfin, en
attendant, et pendant que les eaux suivent la nouvelle
direction qu’elles ont reçue, elles finiront par atteindre la
limite sud des terrains submersibles, et arrivées en C, où
se trouve un rocher formant musoir, elles seront rejetées
sur l’autre rive en F, où arrivant perpendiculairement de
tout leur poids sur des digues destinées à les contenir,
mais non a résister a leur choc, elles détruiront les travaux
de défense existants.
Et ce que l’on disait autrefois est encore vrai aujour
d’hui , Billiard (Projet, p. 25), pourrait encore écrire
avec une entière actualité : « Ces ouvrages, construits par
l’intérêt particulier, existent isolément, ils ne se font qu’a
cause d’un danger présent.... Ils ne peuvent donc servir
qu’à la défense de quelques propriétés, encore momenta
nément, et ils sont nuisibles aux autres, sans que cela
puisse s’éviter, puisque les eaux de la Durance vont tou
jours en serpentant et en losanges, dont les angles plus ou
moins grands, suivant leur masse et leur force, varient sans
cesse.
« Quand dans leur vagabondage et dans les variations
de leur force et de leur impétuosité, les eaux se précipitent
sur eux, ils les répercutent sur la rive opposée, ils les for-
��CHAPITRE II.
95
cent à prendre leur direction à travers le lit de la rivière et
à courir sur le bord opposé qu’elles ravagent, jusqu’à ce
qu’une nouvelle force les renvoie sur l’autre......Tout cela
est cause qu’aucun des travaux et des ouvrages que les
hommes font construire sur ses bords et dans son lit, ne
peuvent atteindre au but qu’on doit se proposer et qu’ils
contribuent beaucoup à la rendre plus funeste et plus dé
vastatrice__ »
Ou pourrait également répéter avec Béraud, qui écrivait
en 1791 (p. 18 et suiv.) : « Il n’y a point d’ensemble dans
les ouvrages destinés à contenir la Durance, et bien que des
dépenses considérables soient faites, il n’y a que contrariété
et confusion, ni ensemble, ni correspondance. »
En effet, grâce aux syndicats, par suite de l’exécution
incomplète de travaux faits sans ordre, sans suite, sans en
tente ; ces travaux dits de défense deviennent, en cours
d’exécution et pendant de longues années, des agents de
destruction, qui, loin d’assurer un cours normal aux eaux,
y apportent directement le plus sérieux obstacle. Ce qui
fait dire à M. de Villeneuve (p. 10): « Le désordre qui
règne dans l’exécution des travaux les rend plus nuisibles à
l’ensemble qu’utiles à ceux qui les entreprennent. »
51.
Pratiques fâcheuses des compagnies de chemin de fer
Le chemin de fer des Alpes n’a pas
peu contribué à faire dévier la Durance des limites dans
lesquelles elle devait se tenir d’après les lignes d’endiguement, Au moment de l’établissement du chemin de fer des
Alpes, j’ai de bonnes raisons pour affirmer que les agents
en établissant la voie.
�96
de la Compagnie évitaient autant que possible de mêler
leurs travaux avec ceux de l’œuvre d’endiguement. Toutes
les fois que ses ingénieurs ont eu à protéger la voie contre
les eaux, ils ont juxtaposé, à cette voie même, leurs ouvra
ges de défense et ont ainsi conduit les eaux à suivre la
direction que leur donnaient ces travaux en désertant les
lignes d’endiguement, comme c’est indiqué F e, e. Les
eaux, en effet, au moment des crues, se portent le long des
enrochements établis hors de l’endiguement pour la défense
du chemin ; elles y creusent un lit qu’elles suivent, en
abandonnant toute autre direction. Avoir autorisé de pa
reils travaux, c’est avoir violé la loi de 1858, c’est avoir
permis de créer à la Durance un cours arbitraire substitué
au cours réglementaire ; et d’un autre côté, c’est placer les
compagnies de chemins de fer dans l’obligation de défendre
à grands frais contre l’action des eaux des étendues consi
dérables de rives qui, d’après la direction que devaient sui
vre les eaux, si on n’avait pas établi des amorces irréguliè
res, se trouveraient souvent à plus d’un kilomètre du cours
d’eau.
Ce que je reproche à des compagnies de chemin de fer
de pratiquer, on peut le reprocher parfois également à
l’Etat. Ainsi la Durance, laissée sans direction, après s’être
tenue longtemps sur la rive opposée, s’est portée en 1892
le long de la route nationale n° x , et par les affouillements
a menacé de la couper ; on a porté sur place des blocs sans
se préoccuper du cours qu’on donnait à la rivière en la
fixant au pied de ces blocs disposés sans relation avec les
lignes d’endiguement et en défendant mal et fort chèreNOTES SUR LA
DURANCE.
�"
.......
■
—
--------------------------------------------
-----------------------------------------■---------------
CHAPITRE II.
97
ment la roule, on a détourné les eaux de leur cours régle
mentaire.
52.
Protestations contre les modes suivis dans l'exécution
Il n’y a qu’une voix pour condamner les divers
modes de procéder que je viens de signaler, quels que
soient ceux qui les suivent en y soumettant l’œuvre, et il
faudrait enfin y renoncer, puisque de tout temps ils ont
été considérés comme déplorables et que la législation ré
cente les interdit.
Je lis dans les délibérations des Etats de Provence de
1743, 1754, 1766 entre autres, des protestations contre
ce mode d’exécuter les travaux pleins de danger pour les
territoires voisins des lieux où on les effectue, et cause
incessante de nocuités et de dommages.
Béraud, dans son livre sur la manière de resserrer les
torrents et rivières et notamment la Durance (p. 15 et
suiv.), se plaignait vivement « de ce qu’il n’y avait point
d’ensemble dans les ouvrages destinés à contenir la
Durance et que bien que des dépenses considérables soient
faites, il n’y avait que contrariété et confusion et ni ensem
ble, ni correspondance sur aucun point. »
M. l’ingénieur de Villeneuve écrit plus tard (p. 10) :
^e désordre qui règne dans l’exécution des travaux les
rend plus nuisibles à l’ensemble qu’utile à ceux qui les
entreprennent. »
« Le morcellement par syndicat, porte le rapport du
29 mai 1868, présenté a la suite de l’enquête faite dans les
7
des travaux.
m
�98
Basses-Alpes, a paralysé un ensemble de travaux dont
l’exécution, basée sur des vues d’ensemble, pourrait sau
vegarder de grandes étendues d’un territoire menacé de
destruction. »
Le rapport de la commission d’enquête de 1869 cons
tate que « l’exécution partielle et isolée des travaux d’endiguement présente de graves inconvénients. Les travaux,
s’ils sont utiles pour une rive, sont souvent nuisibles pour
la rive opposée. On ne saurait méconnaître la nécessité
d’observer ponctuellement les dispositions de la loi du
k mai 1858, qui interdit les travaux partiels dont les con
séquences ont été presque constamment dommageables. »
M. l’ingénieur Cunit, à raison des mêmes faits s’étant
reproduits pour l’Isère, affirme (p. 92), qu’il est incontes
table que les effets des travaux se font sentir soit sur les
deux rives, soit en aval, soit en amont, et que aucun d’eux
ne peut être entrepris sur un point quelconque d’une rive
sans exercer une influence plus ou moins grave sur la rive
opposée, il en résulte pour les deux rives une solidarité
évidente qui ne permet pas de les isoler l’une de l’autre.
Il faut bien le reconnaître, d’ailleurs rien n’est plus insta
ble que la position de l’Isère sur tel ou tel point de la val
lée. Les terrains des deux rives ont à se défendre contre le
même ennemi, contre les mêmes dangers, provenant des
mêmes causes, ils doivent donc être réunis en une seule et
même association. C’est commandé par la loi du 16 sep
tembre 1807, art. 53 ; et l’expérience, a démontré les
inconvénients inhérents à la division par rive et par tron
çons sur la même rive, jusqu’ici malheureusement adoptée
NOTES SUR
f/{
;
■i
LA DURANCE.
�99
contrairement aux vrais principes de justice, d’équité et de
légalité. »
Suivent des exemples nombreux des conséquences dé
sastreuses de ces travaux exécutés sans ordre et sans con
cordance, que l’on trouvera dans le rapport de M. Cunit,
p. 94 et suiv.
En disséminant à l’infini les travaux sur des points nom
breux et en les exécutant sans ordre, de manière à ce que
le plus souvent, au lieu de se donner un mutuel appui, ils
se combattent et se détruisent ; on ne saurait croire les
sommes considérables perdues en fausses manœuvres. Un
ingénieur chargé pendant de longues années de ce service
m'a affirmé que s’il avait pu disposer des fonds dépensés
pendant sa mission, en les employant avec ordre et avec
suite, l’endiguement eût été achevé dans son arrondisse
ment. Depuis, bien des années se sont écoulées, bien des
sommes ont été encore dépensées dans ce but, et il reste
encore presque tout à faire.
Après avoir signalé combien cet état de chose est déplo
rable, je ne puis résister au désir que j'éprouve de faire
remarquer combien, en se plaçant à un autre point de vue,
il est injuste. M. Cunit nous a dit le mal fait aux inférieurs
par l’incurie et l’imprévoyance des supérieurs. Mais voici
un syndicat qui, au contraire, a fait des efforts inouïs pour
défendre un vaste territoire, excité par la présence d’amor
ces fournies par l’état des lieux et les travaux faits à un
moment où la terre était en la possession du roi de France,
il a fait des sacrifices de toute nature pour poursuivre les
travaux de défense et les compléter, en contractant des
chapitre ii.
�100
emprunts relativement considérables et plaçant les syndi
qués sous les charges les plus lourdes. Le syndicat infé
rieur attendait tranquillement l’effet des travaux qui se fai
saient en amont et devaient le couvrir sans bourse délier.
Or, qu’est-il arrivé, c’est que avant que les travaux du syn
dicat supérieur eussent acquis une force de résistance suf
fisante, une crue s’est produite qui a occasionné des brè
ches aux digues et les eaux ont pénétré sur le territoire
inférieur. Les propriétaires envahis n’ont rien trouvé de
mieux a faire que de citer en justice le syndicat supérieur
pour ne les avoir pas suffisamment garanti. C’est-à-dire
que dès qu’un syndicat travaillerait sur ses rives à l’endiguement, il prendrait à sa charge les éventualités d’inonda
tion des territoires inférieurs, quelque étendus qu’ils fus
sent et quelles que fussent les limites bornées du territoire
supérieur et l’insignifiance des terres appelées à solder le
prix des travaux.
Mieux vaudrait accepter les crues les plus désastreuses
de la Durance, que de subir une pareille situation et de
semblables charges.
A quelque point de vue que l’on se place, l’étal de cho
ses actuel est donc inacceptable , et nous dirons avec
M. Monestier Savignat, si notre proposition avait besoin de
l’appui d’une autorité ; qu’un système d’ensemble doit
constituer la régularisation d’un cours d’eau et prévenir
son bouleversement. (Etude, p. 256.)
Il est encore des considérations d’un ordre plus secon
daire qui ne permettent pas de continuer la pratique suivie
dans le mode d’exécution des travaux.
NOTES SUR LA DURANCE.
�101
55. Travaux de peu d’importance. Par exemple, réduits
à des ressources bornées, forcés de procéder avec lenteur,
les syndicats entreprennent le plus souvent des travaux
d’une minime importance, et chaque lot ayant une va
leur très bornée, les moyens d’action que l’on peut em
ployer ne permettent pas de les faire dans de bonnes con
ditions. Ainsi le transport des blocs par charrettes ne per
mettra pas de leur conserver les dimensions désirables, ce
qui eût été possible au moyen de transport par chemins de
fer portatifs. Toutes les manutentions seront pénibles et
coûteuses, on ne pourra pas recourir à l’emploi d’un outil
lage qui, simplifiant tout, permettrait de faire mieux, plus
vite et à meilleur marché ; mais à charge de dépenses, de
mise en état, que ne comporte pas le peu d’importance des
travaux auxquels on a dû provisoirement se borner.
CHAPITRE
II.
54. Travaux exécutés durant les crues. Au lieu de sur
veiller l’état des travaux et de faire les réparations et con
fortations nécessaires au moment des eaux basses, et pour
prévenir la rupture des digues présentant des parties affai
blies ; soit manque de fonds, soit insuffisance de direction
et de surveillance, on reste inactif à ce moment, se fiant
plus ou moins sur la direction éventuelle que prendront les
eaux grossies par les orages ou la fonte des neiges. Ce n’est
que lorsque l’ennemi frappe h la porte qu’on prend des m e
sures pour le repousser. Souvent il est trop lard, et dans
tous les cas, les travaux faits a ce moment, en l’état d’un
péril non seulement imminent et prochain, mais actuel et
qui s’est réalisé, sont exécutés d’une manière fort coûteuse,
�102
fort irrégulière, en l’absence de tout contrôle suffisant, les
matériaux disparaissant souvent dans les eaux au moment
où on les y apporte ; c’est-à-dire, à tous les points de vue,
dans les plus déplorables conditions. Une organisation plus
sérieuse et plus prévoyante, portant sur l’ensemble de
l’œuvre, pourrait seule y remédier.
En parcourant.les délibérations des Etats de Provence,
on retrouve la trace des sacrifices consentis en faveur des
riverains de la Durance. Mais la province intervient pres
que toujours pour réparer partiellement les désastres et
nullement pour les prévenir. C’est très bien de compatir à
des ruines et à des malheurs, mais les secours qui arrivent
en pareil cas sont loin de réparer le mal et d’empêcher qu’il
se reproduise, et les travaux faits en pareil cas sont géné
ralement trop isolés et trop insuffisants pour avoir des con
séquences sérieuses et durables.
NOTES SUR LA DURANCE.
SS. Travaux d’entretien; absence. Toutes les critiques
que l’on ne peut manquer de faire à l’établissement des
travaux et au défaut d’ordre et de réglementation dans leur
exécution, s’appliquent avec la même force et la même
vérité à leur entretien.
L’ingénieur de l’Isère, M. Cunit, que nous citons volon
tiers, parce que nous trouvons en lui l’organe du savoir et
de l’expérience à la fois, fait observer avec juste raison que
« la sûreté du territoire de l’un quelconque de ces petits
syndicats, dépend décidément de la bonne exécution et du
bon entretien des ouvrages des syndicats supérieurs. Ce
pendant il n’existe entre eux aucune solidarité quelconque.
�103
Aussi voil-on fréquemment les fautes, l’incurie ou l’im
prévoyance des riverains d’amont causer l’inondation et la
ruine des territoires situés en aval ». Suivent de nombreux
exemples de ce que l’on vient d’avancer. En effet, le mor
cellement si fâcheux en ce qui concerne l’établissement
des travaux et les conditions dans lesquelles ils s’exécu
tent, ne l’est pas moins en ce qui concerne leur entretien.
Alors que la mise en état de certains travaux nécessitant
plus de soin que de dépenses, pourrait assurer le fonction
nement normal des défenses existantes, l’abandon complet
de tout entretien amène dès la première crue des brèches
qui, agrandies par l’irruption des eaux, déplacent souvent
au loin le lit de la rivière ou de l’une de ses branches. »
En ce qui concerne l’entretien, en se plaçant à un autre
point de vue, l’ingénieur en chef des Bouches-du-Rhône,
(.Rapport de 1867, p. 92), disait : « Les travaux d’entretien
sont a la charge des syndicats. Malheureusement la pénurie
des ressources ne permet pas de faire à temps utile un
entretien suffisant. Il en résulte que les moindres avaries
grandissent très rapidement et qu’elles donnent presque
toujours lieu à des travaux considérables de grosses répa
rations, pour lesquelles il faut nécessairement avoir recours
à l’intervention des subventions de l’Etat et du départe
ment, sans quoi les défenses déjà créées auraient bientôt
disparu. » C’est ce que répétait M. l’ingénieur en chef
Monnet en 1868 (Rapp. p. 109), et en 1869 (.Rapp.
p. 121).
En 1871 (Rapp., p. 79), le même ingénieur en chef
disait : « L’insuffisance de l’entretien pour les travaux
CHAPITRE
H.
�104
Sun
antérieurement construits, qu’elle soit due à l’inertie de la
plupart des syndicats ou à leur impuissance et à la pénurie
de leurs ressources, n’en a pas moins créé une situation
périlleuse qui s’aggrave de jour en jour. Parmi les travaux
dont l’achèvement ne date que de peu d’années, il en est
beaucoup qui sont très sérieusement menacés et même tout
à fait compromis. s
Tout cela peut paraître bien vieux, mais hélas, c’est tou
jours vrai. « La situation financière des syndicats ne s’amé
liore pas. Les ressources dont ils disposent suffisent à peine
à amortir leurs dettes et leurs frais d’administration ; aussi
l’entretien des ouvrages est-il souvent négligé. » (Rapp
1890, p. 83.)
« Les rôles annuels suffisent à peine à amortir les dettes
et les frais d’administration et ne permettent guère d’assu
rer l’entretien des ouvrages existants (Rapp. 1891, p. Cl).
Dans son travail sur le concours de l’Etat aux travaux
publics, M. Nadault de Buffon cite certaines localités où le
défaut d’entretien des travaux a fait regretter l’existence de
ceux qui avaient été exécutés (p. 11). Et les faits ne justi
fient que trop souvent ces regrets.
Je ne sache même pas qu’un service d’entretien soit
sérieusement organisé et fonctionne pour garantir les tra
vaux. Le mur démoli par des fureteurs cherchant des
lapins, le terrier ouvert dans la levée par ceux-ci, le cou
ronnement de la chaussée affaissé par les pluies, ou tout
autre dégât ; enfin tout accident dont ont à souffrir les
travaux et les levées, ne seront réparés que lorsque le mai
NOTES
LA DURANCE.
�CHAPITRE 11.
105
s’étant accru et ayant amené des désastres, l’entrepreneur
arrivera pour établir de nouveaux travaux neufs.
Voilà ce qui est, ce qu’il est impossible de ne pas chan
ger complètement.
56. Gestion financière. Avec la multiplicité des syndicats,
nous trouvons la multiplicité des caisses syndicales trop
souvent plus ou moins vides. Les budgets sont établis
d’une manière insuffisante, sinon complètement irrégu
lière. La mise en recouvrement des cotes est souvent en
retard, puis plusieurs fondent à la fois sur les redevables.
Les intérêts des emprunts ne sont pas toujours régulière
ment servis. Les comptes des entrepreneurs ne se soldent
qu’avec peine et non sans frais. C’eût été de l’indiscrétion
de ma part de demander aux receveurs des finances leur
opinion sur cette gestion ; mais je puis affirmer comme
souvenir historique, que sa surveillance a fait autrefois le
désespoir de tel de ces fonctionnaires, et je doute que leurs
successeurs soient plus heureux.
Je ne sais ce qui se passe aujourd’hui en ce qui concerne
les subventions de l’Etat et du département. Autrefois le
terme pour leur paiement n’était pas ferme, c’est-à-dire
que la subvention n’était accordée que sous réserve qu’elle
ne serait mandatée que lorsqu’il y aurait des fonds disponi
bles. 11 en résultait trop souvent un long retard dans le
payement et le syndicat était obligé de payer dans une assez
large mesure, à titre d’intérêts, ce qu’on lui avait promis à
titre de subvention.
Je trouve dans un rapport de service-présenté au conseil
�106
général dés Bouches-du-Rhône, en 1882: « 11 serait vive
ment h désirer que les subventions de l’Etat et du départe
ment puissent être versées régulièrement dans la caisse des
syndicats, au fur et a mesure de l’avancement des tra
vaux. » L’expression de ce désir ferait supposer que les
anciens errements ne sont pas complètement abandonnés.
Les budgets assez restreints et dont l’actif est toujours
complètement engagé d’avance, sont insuffisants pour assu
rer le règlement des charges accidentelles et imprévues qui
leur incombent, et ils ne donnent qu’une insuffisante satis
faction aux intérêts auxquels ils doivent pourvoir, quoique
très lourds pour les redevables.
En groupant les territoires syndiqués, on obtiendrait
une sorte d’assurance mutuelle capable de faire face à des
dépenses imprévues, alors que en l’état ils écrasent le ter
ritoire fort borné, qui est dans le cas de les subir.
D’autre part, on ferait un emploi plus équitable des
fonds qui, utiles a plusieurs syndicats, sont souvent four
nis par l’un d’eux seulement, on assurerait l’entretien des
digues en amont d’un territoire ; qui, utiles en l’état a plu
sieurs associations, peuvent devenir même préjudiciables
s’il n’est pas pourvu à cet entretien. L’insuffisance des
fonds oblige souvent de ne faire que des travaux partiels
fort peu sûrs, que leur inachèvement rend souvent très
dangereux et fort peu en harmonie avec l’ensemble de
l’œuvre. 11 n’est pas rare de voir les crues qui surviennent
en cours et qui les trouvent en état de résistance insuffi
sante par suite de leur inachèvement, en faire disparaître
jusqu’à la moindre trace.
NOTES
SUR
LA DURANCE.
�107
57. Etal financier. Si, de la gestion financière, nous
passons à l’examen de l’état financier de ces syndicats,
nous serons loin d’être plus satisfaits ; il est pis que déplo
rable, il est impossible. Déjà dans un rapport fait avec le
plus grand soin par l’ingénieur en chef chargé du service
dans les Bouches-du-Rhône, en 1866, (p. 86 et suiv.), on
indiquait que les syndicats avaient fait des sacrifices énor
mes pour exécuter les travaux qui leur incombaient, et que
leurs ressources étaient épuisées. Les produits des rôles des
syndicats étaient absorbés par les intérêts et les amortisse
ments. On ne pouvait compter de longtemps sur l’amélio
ration de la situation financière; l’établissement des cotisa
tions syndicales donnait lieu à des contestations et à des
procès qui gênaient la marche normale et qui entravaient le
CHAPITRE
II.
recouvrement et même l’émission, régulière des rôles annuels.
Il existe un très grand découragement dans les syndicats et
leurs charges sont vraiment fort lourdes. 11 est fort difficile
d’obtenir des renseignements exacts sur leur situation
financière. Les ingénieurs font les recherches nécessaires
pour établir cette situation. Lorsqu’elle sera connue, etc.
M. l’ingénieur en chef Monnet répétait la même chose en
1868 (p. 104 et suiv.). Mais je ne manquerai de repro
duire cette constatation : « On pourrait citer tel syndicat
où depuis plus de dix ans aucun rôle n’a pu être émis. »
Et plus loin : « La situation financière des syndicats est des
plus tristes pour la plupart d’entre eux et quelques-uns
sont vraiment écrasés sous leurs charges. »
Le 7 août 1870, le sous-préfet d’Aix constatait que « les
associations syndicales se trouvaient généralement dans la
�NOTES SUR LA DURANCE.
situation la plus fâcheuse ; que leurs entreprises restaient
inachevées ; qu’elles étaient endettées et que la répartition
des taxes était vicieuse et donnait lieu à de nombreux
procès. »
Depuis 1870 cet état s’est-il amélioré? Ecoutez.
Dans sa session de 1875, le conseil général des Bouchesdu-Rhône émet l’avis qu ’en l’état des charges énormes qui
pèsent sur les syndicats, l'Etal augmente sa part contributive
aux dépenses.
Le rapport du chef de service présenté au conseil géné
ral des Bouches-du-Rhône en 1881-, porte : « Malgré leurs
sacrifices, les syndicats, notamment ceux de l’arrondisse
ment d’Aix, sont dans une situation financière fort pré
caire, leurs rôles annuels suffisent à peine à payer l’amor
tissement de leurs dettes ; ce qui les met dans l’impossi
bilité, non seulement de compléter la défense de leur terri
toire, mais souvent même d’entretenir convenablement les
ouvrages restreints qui protègent les points les plus me
nacés. B
On dit en 1886 : « La situation des syndicats est fort
précaire, et les rôles annuels de la plupart d’entre eux suf
fisent à peine pour l’amortissement de leurs dettes. »
En 1887 : « Leur situation s’est aggravée à la suite des
crues extraordinaires d’octobre et novembre 1887. »
En 1888 on répète ce qu’on avait dit en 1886.
En 1890: « La situation financière des syndicats ne
s’amélore pas ; les ressources dont ils disposent suffisent à
peine â amortir leurs dettes et leurs frais d’administration,
aussi l’entretien des ouvrages est-il souvent négligé. »
�CHAPITRE I I .
109
En
même constatation : « La situation financière
des syndicats de la rive gauche est toujours fort précaire et
ne s’améliore pas. Les rôles annuels suffisent à peine à
amortir leurs dettes et leurs frais d’administration et ne
permettent guère d’assurer l’entretien des ouvrages exis
tants. De sorte que ce n’est qu’au moyen des subventions
de l’Etat et du département qu’ils peuvent avoir à réparer
les dommages causés par les crues de la rivière. »
Dans Vaucluse, l’ingénieur en chef disait, dès
(.Rapp., p.
: « Dans tous les cas, les détails qui précè
dent montrent que la situation financière de la plupart des
syndicats est des plus tristes; quelques-uns d’entre eux
sont véritablement écrasés sous leurs charges. »
En somme, ceux qui sont appelés à rendre officielle
ment compte de la situation, nous disent et nous répètent
annuellement : la situation est mauvaise et elle va s’aggra
vant. J’ajoute, que fait-on pour la modifier et l’empêcher
de devenir pire?
1891,
1869
117)
58. Cotisations excessives. Dans le dernier rapport que je
viens de citer, celui de 1891, l’ingénieur ajoutait : « Les
syndicats comprennent très bien la nécessité d’exécuter des
travaux de défense, mais ils ne cherchent pas à créer des
ressources nouvelles au moyen de l’impôt. Seul, le 11e syn
dicat, à Cabannes, a augmenté son rôle de 50 p. 0 /0 , en
1891, sans cela il n’aurait pu arriver à payer ses dettes.
Comment, on est étonné que les syndicats ne songent
pas à s’imposer de nouveau, et on félicite le syndicat de
Cabannes d’avoir doublé ses taxes syndicales. Mais sait-on
r
�HO
a combien montent pour la plupart des terres les cotes
syndicales qui les frappent. L’impôt foncier est très élevé,
et hier encore les chambres, en frappant d’une surcharge
les propriétés bâties, songeaient à dégrever la propriété
agricole, frappée de l’impôt au profit de l’Etat, des dépar
tements et des communes. Eh bien, il est des cotes syndi
cales de vingt fois plus élevées que ces cotes foncières réu
nies, et peut-on sérieusement songer a accroître de pareilles
charges, qui à chaque fort courtes périodes absorbent la
valeur foncière des propriétés, lorsqu’elle ne l’égalent pas
chaque année, comme cela s’est produit à une certaine
époque dans un syndicat que je connais fort bien.
Ce serait déjà excessif, s’il s’agissait, comme au début,
d’une cotisation unique pour concourir au payement total
du montant d’un travail exécuté accidentellement. Mais
qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit de cotisations annuelles
qui vont toujours en augmentant.
Qu’on prenne les étals de recouvrement des cotes syndi
cales et des contributions foncières dans certaines commu
nes et on s’assurera si en fait tout cela n’est point complè
tement exact.
On comprend en effet combien doivent être élevées les
cotes imposées, alors qu’il s’agit de pourvoir à l’établisse
ment et a l’entretien de travaux, d’une nature si coûteuse et
que l’on appelle à y contribuer, un territoire relativement
très borné et dont une partie est à conquérir, sur les
broussailles, les cailloux ou les eaux.
NOTES SUR LA
S9.
DURANCE.
*
Limitation dans les Hautes et Basses-Alpes.
Le décret
�CHAPITRE
II.
111
du 4 thermidor an xm , rendu par le déparlement des
Hautes-Alpes, déclaré commun aux Basses-Alpes par décret
du 16 septembre 1806 ; porte que le montant de l’adjudi
cation des travaux de défense sur la Durance sera réparti
entre les intéressés à raison du degré d’intérêt de leurs
propriétés, et qu’aucun d’eux ne pourrait être taxé pour sa
contribution aux travaux exécutés dans le cours d’une an
née, au-delà du quart du revenu net des terrains à raison
desquels il aura été compris dans l’association syndicale.
Ces décrets sont encore en vigueur dans ces départements
(C. d’Etat, 4 avril 1862, de Brunet ; 4 avril 1862, d’Herbès et autres). Si cette limitation déjà assez onéreuse est
une mesure juste, pourquoi ne pas en ordonner l’applica
tion dans les départements de Vaucluse et des Bouches-duRhône, où au contraire les riverains sont tenus sans limita
tion aucune.
60.
Reconnaissance des dangers de celle situation ; tentati
ves pour la modifier. Depuis fort longtemps on constate
combien l’organisation actuelle est vicieuse, et on fait des
efforts pour la modifier. Après 1886, le gouvernement s’en
est vivement préoccupé de nouveau, et il a demandé aux
ingénieurs de lui indiquer les meilleurs moyens à prendre
pour remédier aux dangers de l’état actuel et assurer pour
l’avenir aux propriétés et aux ouvrages d’art une sécurité
plus grande. Mais pour arriver à ce résultat, ce n’est point
à quelque modification de détail qu’il faut se borner. C’est
l’organisation elle-même qui est mauvaise, de l’aveu de tous,
et qu’il faut changer. Dans le cercle vicieux dans lequel on
�Il 2
NOTES SUR
LA DURANCE.
est aujourd’hui enserré, les meilleures dispositions, les
efforts les plus dévoués resteront sans effet ; et depuis que
des enquêtes se font, des instructions se poursuivent et des
avis sont sollicités sans résultat, il serait temps d’attaquer
le mal l'a où on reconnaît qu’il existe, et de ne pas se bor
ner à provoquer de nouveau des délibérations et des vœux
stériles.
�CHAPITRE III
Ce
q u ’i l
fa u t
f a ir e
Organisation administrative
61. Nécessité d’assurer le cours normal des eaux. La né
cessité d’assurer au cours de la Durance une direction régu
lière, normale et certaine, ne peut être mise en question.
Comment procèdera-t-on ? C’est là seulement que l’on peut
cesser de s’entendre et que les avis seront partagés, lors
qu’il s’agira de déterminer la nature et l’étendue des tra
vaux de défense et de protection à exécuter; mais depuis de
longs siècles on poursuit sans trêve ce résultat et ce n’est
point au moment où la multiplicité des intérêts engagés
dans la question ne cesse de s’accroître, qu’il serait possi
ble de renoncer à l’œuvre et de songer à laisser aux eaux
une liberté absolue, pour exercer leurs ravages et accomplir
leur œuvre de dévastation et de ruines. Les travaux entre
pris ne sont pas seulement destinés à protéger les proprié
tés riveraines, ce qui serait suffisant pour leur attribuer
un caractère incontestable d’utilité publique. Ils sont indis
pensables pour le maintien des communications à travers
ces pays et pour la conservation des routes, ponts et che8
�114
mins de fer. Ils ne sont pas moins nécessaires pour assu
rer les prises d’eau, et le fonctionnement des divers canaux
sans lesquels, d’un côté, des territoires nombreux seraient
de nouveau réduits à une stérilité absolue par les vents et
les soleils brûlants de la Provence ; de l’autre, des villes
fort importantes manqueraient de l’eau que réclament la
satisfaction des besoins domestiques et municipaux les plus
impérieux. Les eaux, disséminées ça et là sans cours tracé
et assuré, formeraient de nouveau ces marécages infects
qui ont si souvent porté atteinte dans ces localités à la
santé publique. Puis, dans l’intérêt de la production et de
la valeur des terres de cette riche vallée, il est impossible de
laisser disparaître un vaste territoire, alors qu’on songe à
conquérir ailleurs à l’agriculture et à la production, des
landes, des marais, des mers de sable, des montagnes dé
nudées, des plaines couvertes de cailloux.
Depuis des siècles, on fait des sondages, on constate la
marche des eaux, la hauteur des crues et leurs ravages, on
dresse des plans, on fait des instructions, on se livre à des
enquêtes, j’en ai parcouru plusieurs provoquées par le con
seil général des Bouches-du-Rhône en particulier. N’est-ce
pas le moment de sortir de cette période perpétuelle d’étu
des pour entrer plus résolument dans la période d’exécu
tion effective et surtout efficace.
On a fait des travaux considérables pour endiguer le Var
et lui assurer un cours normal, dès que ce cours à demi
français a été complètement nationalisé. C’est fort bien,
mais ce n’est point une raison pour laisser dans l’oubli les
devoirs de l’Etat vis-à-vis des intéressés à un cours d’eau
NOTES SUR LA DURANCE.
�5
auquel l’ancienne nationalité française attribuait des droits
acquis. Au dessous de la Durance, le delta du Rhône de
vient, grâce aux travaux accomplis et aux sacrifices de
l’Etat, une cité peuplée, saine et prospère, alors que les
fièvres et les marais l’avaient rendu si longtemps inaborda
ble. On tente de rendre à la culture l’immense amas de
cailloux de la Crau, en y transportant les eaux enlevées aux
riverains de la Durance. One ces eaux, qui portent ailleurs
la richesse et la fertilité, ne continuent pas à demeurer des
menaces et des causes de ruine pour les riverains seuls.
Mais je m’en veux de chercher à justifier ce que personne
ne conteste. D’un côté, la réalisation de l’œuvre est sollici
tée de toute part depuis des siècles, elle a été toujours
poursuivie. Comment faudra-t-il procéder pour assurer
cette réalisation ?
CHAPITRE I I I .
H
62. Unité de direction et d’administration. La première
des conditions à remplir, condition indispensable et qui a
toujours fait défaut, c’est l’unité de direction et d’adminis
tration de l’œuvre.
Je crois avoir suffisamment constaté que c’est ce man
que d’unité qu’a accentué, s’il est possible davantage, la
création d’une série de syndicats, qui a été cause de l’ina
nité de tous les efforts tentés pour réaliser cette œuvre et
de tous les sacrifices si longtemps consentis.
Il faut donc sortir de cette voie.
« Dans les ouvrages de cette nature (travaux de défense
sur les rivières torrentielles comme la Durance), M. l’ingé
nieur en chef Lonjon disait, dans un rapport présenté en
�116
1864 au conseil général des Bouches-du-Rhône), la pre
mière condition à remplir pour assurer autant que possible
le succès, c’est de relier ces travaux ou du moins de les
rapprocher entre eux, de manière à ce qu’ils se donnent un
mutuel appui, c’est d’arriver enfin a les compléter dans
leur ensemble. » Or, comment arriver à ce résultat en
dehors d’une unité de direction.
NOTES SUR
n; '
LA DURANCE.
65. Direction confiée à l’Etal. Un moyen radical, mais
certain, serait d’attribuer cette direction et cette adminis
tration a l’Etat, qui affecterait annuellement à ce service le
montant habituel des subventions qu’il accorde, avec le
concours financier des intéressés, dont le nombre devrait
être complété, comme je lejustifierai bientôt.
On arriverait ainsi sûrement à accomplir l’œuvre avec
ordre, avec suite ; d’une manière profitable, plus prompte
et plus économique.
Ce que nous demandons ici à l’Etat est non seulement
raisonnable et juste, c’est encore commandé par les lois
qui ont déterminé les dépendances du domaine public.
Aux termes de l’article 538 du Code civil, les rivières
flottables font partie de ce domaine au même titre que les
routes nationales. Est-ce à dire que l’Etat doive entretenir
les rivières flottables comme il doit entretenir les routes
nationales, et qu’il soit responsable des dommages causés
par les eaux par suite de ce défaut d’entretien, comme il
peut l’être des dommages causés par le mauvais entretien
ou le défaut d’entretien des routes? Proudhon, qui était un
excellent esprit, me fournirait dans son remarquable
�117
ouvrage sur le domaine public, n° 790, des arguments à
l’appui de cette thèse. Elle a été combattue par Daviel, t. i,
n° 9b, et Dufour, Droit adm., t. îv, n° 314 et 329 ; et je
n’entends pas la défendre. Mais l’Etat, qui trouve la Du
rance dans le domaine public, autorise sur ses rives une
série de travaux très justifiés au fond, mais dont l’exécu
tion inopportune et imparfaite cause des dommages consi
dérables a des propriétés, soit rapprochées de la rivière,
soit placées parfois à des kilomètres des lignes d’endiguement, qui devraient, d’après l’administration elle-même,
former le lit normal de la rivière, soit le sol attribué audomaine public. Ce dommage est évidemment le résultat du
fait de l’administration, car c’est à elle à assurer l’exécu
tion des travaux dans des conditions où les eaux ne déser
tent pas leur domaine en temps normal et hors des crues,
et ne détruisent pas les héritages voisins qui étaient en
plein rapport avant l’exécution de ces entreprises fragmen
taires laissées sans suites et sans raccords.
Je ne veux pas m’attacher à une simple discussion de
texte pour établir combien est juste, au point de vue de
l’intérêt public, la proposition dont je provoque en ce m o
ment l’adoption. L’intérêt qui s’attache à l’exécution de
pareils travaux est en effet considérable, et à ce point de
vue il importe à l’Etat d’en poursuivre la réalisation.
La commission nommée en mars 1848 par le ministre
des travaux publics pour l’examen des questions relatives
aux cours d’eau, en terminant ses travaux en octobre
1848, indiquait jusqu’à six catégories de propositions, et
en tête de ces six catégories elle plaçait :
CHAPITRE II I.
�118
1° Les travaux défensifs comprenant l’endiguement et la
régularisation des cours d’eau.
M. Nadault de Bulfon (Concours de l’Etal, 1879, p. 10),
rappelle que plusieurs départements et notamment ceux
des Hautes et Basses-Alpes, de l’Isère, de la Drôme et des
Bouches-du-Rhône, ont signalé la nécessité absolue de l’in
tervention de l’Etat pour les travaux de défense à exécuter
le long des rivières, dont les corrosions et les débordements
périodiques amènent presque chaque année la destruction
des cultures riveraines ; ils ont fait remarquer que le chif
fre énorme des dommages déjà éprouvés et la difficulté
d’adopter des vues d’ensemble, dans les entreprises qui
s’exécutent aux risques et périls d’un aussi grand nombre
d’intéressés, faisaient de cette question une de celles qui
touchent le plus directement aux intérêts agricoles de leurs
contrées.
L’administration s’est montrée d’ailleurs a diverses re
prises très disposée à la réalisation de nos vœux.
La circulaire des travaux publics du 17 novembre 1848
dit à ce sujet : t II ne s’agit plus aujourd’hui de proclamer
des vérités universellement admises. Il est temps de sortir
des questions théoriques et d’aborder résolûment les appli
cations. s Et elle ajoutait : « Les principales causes qui ont
arrêté jusqu’ici le développement des travaux d’utilité pu
blique agricole, ont été souvent signalées et frappent les
yeux de tous ceux qui ont étudié cette matière, les travaux
abandonnés presque exclusivement a l’initiative souvent
lente et indécise de l’intérêt privé, ne reçoivent que dans
NOTES SUR LA DURANCE.
�CHAPITRE I I I .
119
une faible mesure l’action de l’autorité publique qui n’in
tervient que dans un but de simple réglementation. Livrés
à leurs seules ressources, privés des secours des hommes
compétents, hésitant à faire les dépenses nécessaires pour
la rédaction des projets d’une réalisation incertaine ; gênés
enlin dans les mesures d’exécution par des résistances indi
viduelles, les propriétaires isolés et les associations même
ne pouvaient, dans l’état actuel des choses, donner à ces
utiles entreprises toute l’extension qu’exigent les intérêts
du pays.
« C’est donc au gouvernement qu’il appartient d’inter
venir d’une manière efficace, lui seul, par une initiative
puissante, par un concours bienveillant, peut imprimer
une vive impulsion aux travaux publics qui intéressent les
progrès de l’agriculture. »
Je ne dois pas dissimuler que je ne suis pas de ceux qui
sont heureux de voir l’Etat agir là où l’initiative privée et
l’activité individuelle doivent seules se mouvoir librement
et sans attache officielle. La lutte entre les intérêts privés
rivaux, crée et entretient toutes les forces d’un pays;
l’Etat, qui s’en attribue la direction, porte atteinte à la vita
lité du corps social, détruit en lui toute cause de progrès,
l’entraîne sous le principe atrophiant de la fatalité. Mais
quelle que soit la force de mes convictions, quant à ce, et
Ja volonté que j’aie d’y conformer mes actes, je n’ai jamais
vu avec surprise ni regrets, l’Etat tracer, exécuter et entre
tenir ses routes, leurs accotements et leurs fossés le long
des terres riveraines, et je ne serais pas plus froissé dans
mes impressions, si je le voyais régulariser ses cours d’eau
�120
NOTES
SUR LA DURANCE,
domaniaux et rassurer les riverains contre les envahisse
ments de leurs terres par ces eaux.
Comment, il appartient à l’Etat d’ouvrir à ses frais et
sous sa direction des canaux navigables ou non. Hier en
core, il construisait un canal d’irrigation dans les BassesAlpes avec les eaux dérivées de la Durance (L. 7 juillet
1881). Il s’immisce dans des opérations commerciales de
transport en créant un réseau de chemins de fer, qu’il
constitue avec les ruines et les débris d’entreprises privées
et qu’il soutient avec les finances publiques, etc., etc., et
lorsqu’il s’agira de gérer sa propre chose, d’en prévenir et
d’en réprimer les méfaits, on trouvera qu’il ne lui appar
tient pas d’intervenir, et ce ne sera que lorsque les rive
rains seront ruinés à la suite d’efforts excessifs et impuis
sants, que l’on admettra que l’Etat, en intervenant, restera
dans son rôle parce qu’il se substituera à ces ruines !
C’est certainement ce qui arrivera ; mais pourquoi alors
ne pas accepter immédiatement cette situation si simple, si
régulière, si sûre et si féconde, et perdre encore inutile
ment du temps et de l’argent avant d’en arriver la.
rur
6-4. Syndicats départementaux. Si on repousse ce moyen
radical de centralisation et d’unification du service, nous
voilà replacé sous le régime des syndicats, c’est-à-dire de
commissions délibérant et administrant à la fois, d’ordre
exceptionnel, fonctionnant avec le concours toujours hési
tant et mal défini de plusieurs, soumises à une surveillance
et à un contrôle lointains et incertains, sans règle sûre, hors
de toute situation hiérarchique nette, en l’absence d’un pou-
�CHAPITRE III
121
voir exécutif propre ; espèce de conseil municipal sans
maire, ou de conseil général sans préfet, de république
sans président ; ce qui ne me satisfait nullement.
Quoi qu’il en soit, le maintien de l’administration par
syndicat, s’il est admis en principe, ne peut être conservé
qu’à la condition d’être centralisé, ou soit à la condition de
la fusion du nombre trop considérable des syndicats exis
tants et de création de syndicats agissant sur de plus larges
étendues de territoires 1.
Logiquement, puisqu’il s’agit d’une œuvre à réaliser
entre le Verdon et le Rhône, œuvre ayant le même objet,
le même but, devant procéder par les mêmes moyens et
avec les mêmes ressources, il devrait y avoir un syndicat
unique, fonctionnant sur le territoire entier où doit s’ac
complir celte œuvre.
Je n’accepte cependant pas d’être le parrain d’une pareille
institution; si le syndicat territorial (qu’importe ce qu’il peut
en être des autres) fonctionne mal, alors qu’il est appelé à
défendre et administrer des intérêts privés restreints et
fort localisés. Je ne suis pas porté à étendre sa sphère d’ac
tion sur des territoires trop étendus et lui livrer les deux
rives de la Durance dans les Bouches-du-Rhône et Vau
cluse.
D’ailleurs, en dehors de l’institution des syndicats, l’or
ganisation administrative de la France, qui a des règles bien
autrement fixes et certaines, ne permet pas une pareille
(1) Dans sa session d’août 1891, le consèil général des Bouchesdu-Rhône, sur la proposition de M. Sylvestre, émettait un vœu
pour la réunion des intéressés de la rive gauche de la Durance.
�122
conception. Il est impossible de constituer sérieusement,
avec faculté de vie et espoir de fonctionnement régulier, une
commission administrative placée à la fois sous le contrôle
et la surveillance des autorités et corps administratifs de
deux départements à la fois, qui seraient ainsi appelés à
exercer leur action en concurrence et réciproquement sur
des localités placées en dehors de leurs circonscriptions.
Si les syndicats communaux sont cependant trop nom
breux, si leur multiplicité et leur mode de fonctionnement
est un péril pour l’œuvre, et qu’il faille forcément en dimi
nuer le nombre ; si, d’un autre côté, on ne peut avoir un
seul syndicat pour l’œuvre entière, on est forcément amené
à créer, dans les conditions que nous allons indiquer,
deux syndicats départementaux, un pour les Bouches-duRhône, de Saint-Paul au Rhône ; l’autre pour Vaucluse, de
Beaumont également au Rhône.
L’ingénieur en chef du département des Bouches-duRhône, dans son rapport au conseil général, session de
1867, p. 88, disait: « On avait songé à fondre tous les
syndicats actuels en un seul syndicat général pour tout le
département, afin d’augmenter sa puissance, mais il ne
semble pas que le moment soit encore venu d’essayer l’ap
plication de celte mesure qui rencontrerait certainement
des difficultés insurmontables tant que la situation de tous
les syndicats ne sera pas complètement liquidée, > M. l’in
génieur en chef ajoute que ce n’est pas l’unité d’action et
de direction qui manque ; suivant lui la tâche serait trop
lourde pour un seul syndicat ; on arriverait peut-être à
réaliser une amélioration si on groupait les syndicats voi»
NOTES SUR LA DURANCE,
�123
sins, de manière à en réduire le nombre de quatorze à cinq
ou à six.
Ce n’est pas l’unité de l’action qui manque, nous dit-on.
Mais dans les lignes qui précèdent celles que nous venons
de citer, M. l’ingénieur en chef expose avec beaucoup de
netteté et de vérité, la marche incertaine des syndicats,
qu’il est difficile de connaître et sur laquelle les recherches
des ingénieurs essaieront de faire la lumière. Fusionner les
syndicats lorsque seulement leur situation sera liquidée,
mais c’est un veto absolu et perpétuel. Fusionner les qua
torze syndicats existants en les réduisant à cinq ou six,
mais c’est proposer une transition présentant toutes les
difficultés de la fusion, sans en avoir les avantages !
Voici comment une voix aussi autorisée, celle deM. l’in
génieur en chef Conte, répond (session du conseil gén.
B.-du-R., 1866, p. 46): « Enfin j’estime qu’on a trop
sacrifié à l’intérêt de localité en créant un syndicat à très
peu près par commune. Un seul syndicat pour le départe
ment présenterait une puissance bien plus considérable;
il pourrait se créer des ressources importantes au moyen
d’un emprunt à long terme qu’on refuse aux syndicats iso
lés et qui permettrait d’achever en peu de temps l’œuvre
de l’endiguement, sans imposer des sacrifices annuels trop
considérables à la propriété. Un seul syndicat serait, je
crois, ce qu’il y aurait de mieux ; mais ou trouverait peutêtre la mesure trop radicale. En tous cas, je crois qu’il
serait bon que les populations fussent éclairées à ce sujet
par un vœu du conseil général ».
Ces syndicats départementaux indépendants l’un de l’auCHAPITRE
III.
�121
NOTES SUR
LA PURANCE.
tre devraient être composés des représentants, du préfet,
du conseil général, des conseils d’arrondissement, des rive
rains, des communes par groupement cantonnai ; l’autorité
préfectorale y joindrait, en nombre limité, des personnes
qu’elle croirait pouvoir concourir à la gestion des intérêts
qui leur seraient confiés. Ces syndicats, dans des‘condi
tions déterminées d’avance et pour des cas prévus, pour
raient déléguer à quelques-uns de leurs membres le soin de
les représenter, pour ne pas multiplier d’une manière
excessive la réunion d’un personnel en partie assez éloigné
des lieux de convocation.
Quant aux attributions de ce corps, elles seraient en gé
néral et sauf modifications, telles qu’elles sont déterminées
dans les décrets portant organisation de syndicats, et par
exemple dans le décret du 18 octobre 1862, portant règle
ment du syndicat supérieur de la rive droite de l’Isère,
article 12 et suivants, en mettant toutefois ces dispositions
en harmonie avec les conditions dans lesquelles nous de
mandons qu’un ingénieur directeur soit placé a la tête.
La coexistence de ces deux syndicats, il est vrai, paraît
peu propre pour établir l’unité de direction et d’adminisnistration que je recherche, et que je considère comme un
élément indispensable pour la réalisation de l’œuvre. Voici
comment j’essaierai d’y arriver.
Mais avant, deux mots sur les anciens svndicats.
65. Syndicats communaux. En créant les syndicats dé
partementaux, je me suis demandé s’il ne serait pas utile
de conserver les syndicats actuels que je nomme commu-
�■
CHAPITRE I I I .
125
naux par opposition aux autres, avee des attributions con
sidérablement amoindries et comme corps presque exclusi
vement consultatifs. Je repousse cette idée. Le fonctionne
ment actuel des syndicats n’est pas tellement remarquable
en ce qui concerne au moins plusieurs d’entre eux, que
leur passé exige ce maintien à titre de tribut de reconnais
sance. D’ailleurs, ce qui est plus sérieux, c’est que pareille
constitution de syndicats à deux degrés est une innovation
qu’il ne serait pas possible de justifier suffisamment. Que
si, en dehors de l’œuvre de préservation des terres voisi
nes de la Durance et de réglementation de son cours, il y a
dans l’intérieur des territoires des travaux d’intérêt de
quartier à opérer, conséquences de l’œuvre centrale, et
qu’il faille pour assurer l’exécution de ces travaux le con
cours de plusieurs, il se forme des syndicats spéciaux, fort
bien, mais ce sera là une création indépendante de notre
œuvre et qui a dans la législation actuelle sa réglemen
tation propre.
66. Ingénieur directeur. Je reconnais que la centralisa
tion des syndicats que j’appellerai communaux en deux
syndicats départementaux, pourra bien faire cesser une
partie des inconvénients qui résultent, pour le fonctionne
ment de l’œuvre, de la multiplicité actuelle des syndicats.
Mais lorsqu’on aura en présence sur les deux rives un corps
plus important et plus puissant, on n’aura pas éteint la
lutte, on en aura fait naître au contraire les occasions et on
n’aura pas créé cette unité de vues et d’action que nous
devons cherchera atteindre, comme condition essentielle du
fonctionnement normal de l’œuvre.
�126
NOTES SUR
LA DURANCE.
Voici comment il nous paraît possible d’atteindre ce but.
Jusqu’ici nous n’avons point parlé du directeur de ces syn
dicats, en signalant les éléments et le personnel de leur
constitution. Nous voudrions voir placé a la tête de chacun
d’eux, comme président directeur, la même personne choi
sie dans le corps des ingénieurs des ponts et chaussées et
chargée de l’administration supérieure de l’œuvre.
Le directeur des syndicats serait chargé pour chacun
d’eux de préparer les budgets, d’en assurer l’application,
de préparer tous les projets de travaux de quelque nature
qu’ils puissent être, d’en poursuivre l’exécution suivant les
règles spéciales en ces matières, d’instruire toutes les affai
res administratives, de veiller a la conservation des travaux
en faisant relever et poursuivre toutes les contraventions,
de convoquer et présider les syndicats départementaux,
etc., etc., en un mot d’administrer l’œuvre avec le con
cours des syndicats et sous le contrôle et la surveillance des
autorités départementales et centrales, suivant les pouvoirs
généraux attribués a celles-ci par la loi de leur institution.
L’ingénieur délégué à ce service devrait y être maintenu
le plus longtemps possible, en étant l’objet pendant la du
rée de ses fondions des promotions auxquelles il pourrait
avoir droit d’après les règles de l’institution de ce corps.
Il lui serait adjoint, pour l’aider dans sa mission, le
nombre d’agents nécessaires, soit qu’ils fussent attachés
exclusivement à ce service, soit qu’ils fussent appelés à y
participer, en conservant leurs autres attributions dans le
service auquel ils seraient principalement attachés dans les
localités voisines. Les désignations seraient faites par le
�CHAPITRE III.
127
Ministre, qui déterminerait les conditions et la mesure de
ce concours. Et en cas d’empêchement et d’absence du di
recteur, désignerait celui qui serait chargé de le remplacer
temporairement.
67. Action des diverses autorités administratives. Le fonc
tionnement de ces syndicats départementaux se produira
dans les conditions de contrôle et de surveillance qui est
assuré par les lois et règlements à l’autorité départemen
tale et centrale sur les opérations de ces corps.
Donc les délibérations et décisions du syndicat des Bou
ches-du-Rhône seront soumises, ainsi que les actes du di
recteur, lorsqu’il y échet, au contrôle et à l’approbation du
préfet du département, et il en sera de même pour les dé
libérations du syndicat de Vaucluse et des actes du direc
teur concernant la rive droite, qui devront être, le cas
échéant, soumis à l’approbation du préfet de Vaucluse.
Toutefois, lorsqu’il s’agira de travaux à exécuter sur
l’une des rives, après les approbations données par le pré
fet compétent, le dossier devra être communiqué au préfet
du département voisin, avec indication des conditions dans
lesquelles ces travaux devront être exécutés, et il ne devrait
pouvoir y être donné suite que sur un visa suivi de non
opposition ou, en-cas d’opposition, après décision du mi
nistre la repoussant.
68. Règles générales d’administration. Je n’ai pas besoin
de dire que, dans le fonctionnement des syndicats, dans
toutes les circonstances où la matière est réglementée ; ainsi
�128
NOTES SUR
LA DURANCE.
lorsqu’il s’agit d’enquêtes, d’expropriation pour utilité pu
blique , d’occupation temporaire, etc., etc., les règles
actuellement en vigueur devront être appliquées. Toute
fois lorsqu’elles ont été simplifiées dans leur applica
tion pour certains cas, serait-il bon de faire bénéficier l’œu
vre de ces simplifications. Ainsi, par exemple, pour l’ex
propriation et l’occupation temporaire, serait-il désirable
qu’on pût s’en référer aux règles posées par la loi spéciale
en matière de voirie vicinale. De même devrait-on soumet
tre aux règles applicables aux simples travaux communaux,
les instructions des affaires concernant les.travaux des syn
dicats, etc.
L’expropriation pour utilité publique, applicable toutes
les fois que l’exécution des travaux l’exigerait, pourrait être
étendue aux terrains non bâtis et en non état de culture
dans le voisinage des travaux, pouvant être améliorés par
l’œuvre, à la suite de leur exécution. Un droit de préfé
rence pourrait être réservé aux riverains sur les terrains
restant libres entre eux et la rivière, à la suite de report
des travaux d’endiguement, alors que l’œuvre voudrait
vendre les lisières de terrain restées libres après cette opé
ration, etc.
�CHAPITRE III.
Régime Financier
69. Centralisation des fonds. Du moment où un syndicat
unique serait créé par département, il est évident que les
fonds devraient être centralisés entre les mains d’un tréso
rier ou receveur attaché à chacun d’eux, et tous les rece
veurs particuliers des syndicats existants devraient dispa
raître.
Le recouvrement des fonds et leur emploi devraient être
faits en se conformant aux règles de la comptabilité.
Autrefois ce service financier était également centralisé,
Le 14 décembre 1714, l’argent destiné à l’entretien et à
l’exécution des travaux de défense sur la Durance, fut dis
trait de la comptabilité du pays, pour être confié à la ges
tion d’un trésorier particulier, mais unique. En 1760,
cette gestion avait été rendue au trésorier du pays, mais
elle constituait un service distinct b
70. Ressources financières. Contributions des riverains. Je
m’occupe en premier lieu, dans l’élude des ressources
financières que doit avoir l’œuvre d’endiguement, des coti
sations des riverains compris dans les syndicats, parce que
c’est là, en l’état, la contribution qui est considérée comme
devant principalement assurer l’exécution de cette œuvre
dès qu’elle est constituée en syndicat.
('!) Coriolis, i, p. 63,
�—
-—
--------*—~~
t:
.
.
150
NOTES SUR
LA DURANCE.
Je dois déclarer dès d’abord et sans aucune espèce d’hé
sitation, et j’ajoute avec la certitude de ne rencontrer
aucune contradiction de la part de ceux qui les paient, com
me de la part de ceux qui les perçoivent, ou en ordonnent
la perception; que ces cotisations sont généralement exces
sives et tout a fait hors de proportion avec les services ren
dus et même avec les possibilités des contribuables. On n’a
pu les établir et les consacrer qu’en les considérant comme
des charges accidentelles et passagères, nécessaires pour
l’exécution des travaux dont l’entretien ne demanderait,
quelques années plus tard, que des fonds bien réduits.
C’est très bien en principe. Mais en fait, les travaux sont
toujours à parfaire, quand ils ne sont pas à refaire, les
années s’écoulent ; cinquante ans sont successivement pas
sés depuis la constitution dernière des syndicats, et depuis,
chaque année les charges ne font qu’augmenter, à tel
point, qu’il est des propriétaires qui paient actuellement
des sommes égales au prix coûtant des parcelles imposées.
Faut-il ajouter que, clans ces conditions, les résistances se
produisent, les mécontentements augmentent, les réclama
tions et protestations se multiplient sous toutes les formes.
C’est que réellement la situation faite à la plupart des rive
rains est radicalement inacceptable, et cependant, loin de
s’améliorer, elle s’aggrave. De quelque manière qu’on s’y
prenne, il faut y porter remède, sinon la ruine de plusieurs
syndicats est prochainement certaine 1.
�CHAPITRE I I I.
131
Donc, de ce côté, il n’y a non seulement pas à espérer
d’obtenir davantage, mais encore il y a nécessité et urgence
à amoindrir les charges.
Et qu’on ne dise pas que ces riverains n’ont pas à regret
ter les fonds qu’ils versent, puisque c’est pour la conserva
tion de leurs propriétés que l’impôt est perçu, car l’impôt
finit par enlever à la plupart d’entre eux vingt fois ce que
la Durance leur ferait perdre.
Le décret du 4 thermidor an xm, rendu pour le départe
ment des Hautes-Alpes, et déclaré exécutoire dans les Bas
ses-Alpes par le décret du 16 septembre 1806, dispose
que la part contributive dans la dépense des travaux de
défense contre la Durance, ne peut entraîner pour les inté
ressés une taxe annuelle supérieure au quart du revenu net
des terrains protégés. Le Conseil d’Etat, le 4 avril 1862,
a reconnu que ces règlements étaient en pleine vigueur.
paraît pas inutile de noter. J’ai une ferme comprise dans un syndi
cat. Voici, en rapprochant le montant du bail et l’avertissement des
contributions foncières et celui des cotes syndicales, où j’arrive.
Cote foncière.......... 12 p. 0/0 du revenu brut.
Cotes syndicales. .. 40 p. 0/0 du revenu brut.
Total.............. 52 p. 0/0 du revenu brut.
Ce qui, d’après les bases adoptées par l’administration des linances
elle-même, bases peu favorables aux contribuables, donne un total
de près de 70 p. 0/0 prélevé pour contributions sur le produit net,
et d’autres sont ou ont été plus largement maltraités. Quand la grêle
ou un événement fortuit; froid, feu, inondations, frappe un territoire
dans de moins graves proportions, les Chambres se hâtent de voter
des secours. Mais comment expliquer et justifier alors ces dépouil
lements annuels, et par ordre, au détriment des riverains de la
Durance.
�132
NOTES SUR LA DURANCE.
Pourquoi ce qui est reconnu juste et sage dans les Hautes
et Basses-Alpes, n’est-il pas en vigueur dans les Bouchesdu-Rhône, où des propriétaires payent des cotes non seule
ment supérieures au quart du revenu annuel, mais dépas
sent parfois trois et quatre fois un revenu brut, toujours
fort éventuel et souvent normalement nul, à raison de la
nature des terres syndiquées encore à l’état débroussaillés,
cailloux et friches.
Faut-il dès lors abandonner l’opération ? Non, cent fois
non, parce qu’elle n’est pas entreprise dans l’intérêt exclu
sif et même principal des riverains immédiats sur lesquels
pèsent les charges. Non, parce qu’on ne peut faire en
France de cette immense vallée un marais infect et inhabi
table. Non, parce que si les terres voisines sont seules syn
diquées, en abandonnant l’œuvre, les terres bien au loin,
actuellement considérées comme inabordables pour les
eaux, finiraient par les recevoir de nouveau. Il ne faudrait
pas oublier que partout où les eaux des canaux se répan
dent latéralement à la rivière par leur pente naturelle, les
eaux de la Durance pourraient pénétrer. La brèche de Lamanon, où elles ne passent aujourd’hui que domptées, pour
fertiliser d’immenses territoires dans les plaines de Salon
et pays voisins, les a reçues dans le temps, et elles ont
créé le vaste champ de cailloux de la Crau, formé avec des
pierres descendues des Alpes. Non, parce que cette vallée
est sillonnée par des voies nombreuses de communication,
de diverses classes de chemins de fer qui mettent en rap
port les diverses parties de notre pays dans le sud-est.
Non, parce que de ce cours d’eau partent de nombreux
�CHAPITRE I I I .
153
canaux portant la richesse sur des territoires sans cela sté
riles ; la salubrité dans des agglomérations considérables,
où elles satisfont aux nécessités les plus indispensables de
l’hygiène et de la consommation. Non, une œuvre utile à
tous les points de vue, indispensable .même, ne peut être
abandonnée ; mais précisément, si elle ne peut être aban
donnée à raison des intérêts nombreux qui imposent son
maintien, elle ne peut rester à la charge seule de quelques
riverains impuissants pour en supporter les charges et en
assurer le fonctionnement.
A un point de vue bien autrement restreint et tout spé
cial, n’est-il pas permis d’ajouter qu’il est souverainement
injuste que lorsqu’un syndicat trouve sur son territoire un
point d’attache pour ses travaux de défense, et qu’en cons
truisant des digues chez lui, il couvre à la fois ce territoire
et les terres en aval, les propriétaires ne contribuent pas
aux dépenses dont ils profitent le plus largement, et cette
considération nous ramène encore à affirmer la nécessité
d’une centralisation, d’une unification de l’œuvre.
Je tiens à constater ici que l’état déplorable où se trou
vent tout au moins certains syndicats, ne tient pas à leur
mauvaise administration seule, mais au vice de l’organisa
tion qui met à la charge d’un territoire, ordinairement très
restreint, des obligations qui, profitables à un bien plus
grand nombre d’intéressés, écrasent certains syndiqués
sans leur permettre d’aboutir. Enfin, ce qui prouve que
c’est l’institution elle-même qu’il faut reformer, c’est que
partout elle conduit aux mêmes impuissances, aux mêmes
ruines. En parlant, en 1851, des syndiqués de l’Isère,
�134
M. l’ingénieur Cunit résumait ainsi la situation : « Un état
de détresse bien voisin de la ruine ». (E n d ig . d e l’Isftre,
p. 89.)
Donc, en résumé, quant au concours aux dépenses de
l’œuvre :
1" Maintien en principe de la contribution des périmè
tres syndiqués.
2° Révision d’une manière générale et uniforme du clas
sement des terrains compris dans ces périmètres pour
assurer entre eux sur la rive entière, une égale et propor
tionnelle répartition de cette contribution.
3° Réduction de cette contribution a des proportions
équitables et dont l’ensemble par commune ne pourra ja
mais dépasser le double des contributions foncières per
çues au profit de l’Etat, du département et des communes
sur la partie du territoire syndiqué. Cette contribution,
dont le chiffre total maximum est ainsi fixé, devant être
réparti sur le territoire syndiqué conformément aux régies
spéciales suivies à ce sujet, sans plus tenir compte exclusi
vement de la contribution foncière.
Ici peut-être dois-je faire observer que, en fait, certaines
propriétés voisines de la Durance ne sont comprises dans
aucun périmètre syndiqué, parce qu’elles ont été placées
en dehors de tous projets de travaux de défense. Celte si
tuation est raisonnable, elle s’explique et se justifie par ellemême : pas de défense, pas de contribution à ce litre.
Toutefois, lorsque les travaux se poursuivant avec plus
d’ensemble et de régularité pour assurer un cours normal
à la Durance, s’étendront sur cette partie des rives, dès
NOTES SUR LA DURANCE.
�CHAPITRE I I I.
135
qu’ils auront été reconnus, en fait, profitables à ces rive
rains, ceux-ci devront être compris dans les terres syndi
quées et augmenter d’autant le chiffre des cotisations per
çues sur les terres riveraines.
71. L’Etal. — L’Etat n’a jamais fait aucune difficulté
pour considérer cette œuvre comme d’utilité publique na
tionale, et a ce titre, il contribue aux dépenses que néces
site la régularisation et l’établissement du cours normal de
la Durance, qui, d’ailleurs, comme rivière flottable, fait par
tie du domaine public national. A ce double titre, l’inter
vention et le concours de l’Etat lui sont imposés, et lorsque
l’œuvre serait unifiée et centralisée, ce concours serait, s’il
est possible encore, plus obligatoire. Sous l’ancienne mo
narchie, malgré la constitution indépendante des provinces
où se concentrait l’administration territoriale, le roi inter
venait en accordant des subventions et des décharges d’im
pôts. Des délibérations des Etats de Provence, notamment
en 1765, nous apprennent que le roi, a cette époque,
n’avait pas contribué pour moins d’un tiers aux dépenses
nécessaires pour la conservation des territoires de Sénas,
Braban, Châteaurenard, Barbentane, Boulbon et Mérindol.
Trois ans auparavant, en 1762, il avait versé la somme
alors considérable de 8,550 livres pour concourir à défen
dre Cabanes.
Des sommes fort importantes ont été allouées de nos
jours sur le budget de l’Etat pour les travaux. Le con
seil général des Bouches-du-Rhône , après enquête , a
�136
demandé qu’elles ne fussent jamais moindres de la moi
tié de la dépense à effectuer pour les travaux.
Le ministre des travaux publics, dès le 29 mai 1869, écri
vait au préfet des Basses, que « pour mettre un terme à un
état de choses dont la prolongation deviendrait aussi dom
mageable à la richesse publique qu’à la fortune privée, et
en considérant que les entreprises pouvant y porter remède
sont le plus souvent entravées par l’insuffisance des res
sources des propriétaires intéressés, il avait décidé que,
pour les travaux défensifs dont il s’agit, ainsi que pour
ceux d’irrigation dans le département, la subvention serait
fixée désormais aux deux tiers de la dépense. » (Nadault de
Buffon, Concours, p. 260).
Faut-il répéter que l’Etat est d’autant plus engagé dans
la dépense qui consiste à régulariser le cours d’une rivière
faisant partie du domaine public, que les droits de mutation
à tous les titres, les impôts directs et toutes contributions
qu’il perçoit si largement sur les propriétés voisines étant
basés sur la valeur de ces propriétés ou leur rendement, il
lui importe que cette valeur ne s’appauvrisse pas.
Dans un rapport au conseil général des Bouches-duRhône (1861, p. 59), M. l’ingénieur en chef Perrier disait :
« Les syndicats de la Durance poursuivent, aux prix des
plus grands sacrifices, l’œuvre si utile de l’endiguement
qui doit en définitive avoir pour résultat de soustraire aux
ravages de la rivière la partie la plus riche et la plus fertile
du département.
« De pareils efforts méritent d’être encouragés et soute
nus, surtout lorsque de grands désastres viennent arrêter
NOTES SUR
LA DURANCE.
�157
la marche des travaux, mettre les digues en péril, et impo
sent aux populations de nouvelles charges, qui sont d’au
tant plus lourdes, qu’elles s’ajoutent aux pertes d’une par
tie des récoltes. Si, dans ces circonstances douloureuses,
les propriétaires se trouvaient abandonnés à leurs propres
forces, ils préféreraient sans nul doute renoncer à défendre
leurs héritages, plutôt que de s’épuiser dans une lutte im
puissante. »
D’ailleurs, à raison des allocations dues a ce service, ce
n’est point pour réclamer un concours qui est déjà prêté à
l’œuvre par le gouvernement, que nous entrons dans ces
détails ; mais pour justifier, s’il était nécessaire, combien
ce concours est justifié. Partout il est accordé à toutes les
œuvres de même nature.
Actuellement l’Etat accorde ordinairement un tiers pour
l’acquit des travaux entrepris par les syndicats. Parfois sa
contribution à ces travaux a été portée à la moitié de leur
coût (Rapport d’ingénieur au Conseil général des Bouchesdu-Rhône, session de 1884).
Dans certains cas exceptionnels, lorsque l’Etat a consi
déré les travaux comme utiles à la fois à la rectification du
cours de la Durance et à la sécurité des grandes voies de
communication établies parallèlement, il a pris la dépense
à sa charge, en se bornant à demander au riverain un con
cours assez limité.
Au point de vue de l’action de l’Etat dans notre œu
vre, je ne saurais mieux terminer qu’en citant ce que
disait M. Surell pour solliciter cette action au profit
CHAPITRE
II I.
�138
de nos départements menacés par les eaux torrentielles
des Alpes.
« Nous avons parfois d’étranges contradictions dans nos
idées. Si, par un accident de guerre, ce territoire nous
était tout à coup ravi, la France entière se lèverait en armes
pour le ressaisir et le défendre. Mais c’est là justement ce
qui arrive maintenant. Il nous est enlevé en détail tous les
jours, sous nos yeux, par des ennemis naturels, sans qu’il
puisse s’en défendre : et le pays tout entier, pour obéira
certaines maximes d’administration, consentirait tranquille
ment à le perdre.... »
Ces lignes sont extraites du chapitre
intitulé :
Devoir moral de l’Etat. Dans le chapitre suivant : Intérêt de
l’Etat, l’auteur indique que l’intérêt administratif et même
financier de l’Etat conduit à une conclusion identique.
Est-ce sérieusement que l’on pourrait essayer de soute
nir qu’il appartient au propriétaire riverain de prévenir les
maux qui résultent des inondations de la Durance et d’en
réglementer le cours, lorsqu’il s’agit de la conservation
d’une partie du territoire ? Dans un rapport officiel du
17 mars 1853, le comte de Bouville, préfet des BassesAlpes, disait: « Si des mesures promptes, énergiques, ne
sont pas prises, il est prmis de préciser presque avec exac
titude le moment où les Alpes françaises ne seront plus
qu’un désert..... dans un demi siècle, la France comptera
des ruines, de plus et un département de moins. »
Sortant de ces considérations générales, avant de termi
ner ce que j’avais à dire du concours de l’Etat dans ces tra
vaux, dont l’exécution devait être poursuivie directement
NOTES SUR LA DURANCE.
x x x v iii,
�139
par lui, qu’on me permette de renouveler ici un reproche
que j’ai adressé ailleurs au service des routes comme a ce
lui des chemins de fer. Sur tel point rapproché du lit de la
Durance, les eaux sans direction se portent parfois le long
des routes nationales, au point d’en menacer la sûreté.
Que fait-on alors, on établit immédiatement aux pieds des
talus en suivant la direction de la route, et sur les points les
plus menacés, des travaux et notamment des enroche
ments. Or souvent ces travaux, accomplis a peu de distance
des lignes d’endiguement, sont en complet désaccord avec
ces lignes et ont pour résultat immédiat et certain de modi
fier d’une manière durable le lit, en le portant au pied de
la route et en lui donnant une direction contraire à celle
que tendaient de lui assurer les travaux faits en amont et en
aval. C’est profondément regrettable. Ces dangers sont gé
néralement signalés avant d’être trop menaçants. Les eaux
ne se portent pas immédiatement le long des routes plus
tard atteintes par elles, mais on ne s’occupe des travaux a
faire que lorsqu’elles y touchent, les dépenses sont plus
fortes, moins utiles, elles attachent la Durance au pied de
la route, d’où la ligne d’endiguement l’éloigne parfois de
plusieurs centaines de mètres, elles mettent la perturbation
dans le cours d’eau. Elles devraient être prévues et exécu
tées à temps dans de toutes autres conditions. J’écris cela
sans citer la localité qui dicte mes observations, mais j’af
firme que je ne fais que constater ce que j’ai vu il y a quel
ques mois à peine, et que ce n’est point une simple éven
tualité que je prévois. J’ajoute que lorsque ces travaux irré
guliers, laits d’urgence, sont achevés, on ne songe ni à les
CHAPITRE III.
�140
NOTES SUR LA DURANCE.
régulariser, ni à les harmoniser avec le reste de l’œuvre ; et.
lorsqu’on en fait l’observation, on n’obtient d’autre réponse
que cette formule : les crédits sont épuisés.
72. Départements. Le département des Bouches-duRhône, depuis longtemps, a affecté des fonds à cette œu
vre. Je ne sais si celui de Vaucluse a pris depuis une me
sure cà laquelle il est resté longtemps sans s’associer, quoi
qu’il lui soit au moins aussi utile que ce service fonctionne
régulièrement que cela peut l’être au département des Bou
ches-du-Rhône, la rive droite de la Durance étant plus éten
due et plus riche que l’autre, Avignon étant lui-même me
nacé par la Durance et, d’après le tableau que j’ai produit
ci-dessus, le département de Vaucluse n’empruntant pas
moins de 27,006 litres à la Durance pour son industrie,
son agriculture et ses besoins, quantité qui a dû s’accroître
depuis qu’ont été faites les constatations que j’ai repro
duites.
C’était d’ailleurs principalement aux Etats de Provence
aujourd’hui représentés par les départements voisins de la
Durance, qu’incombait le soin de veiller à la défense des
rives.
Bouche (t. i, p. 49), et Champion (t. iv, p. 121), disent
que autrefois les frais d’établissement des digues étaient
supportés par la province. Il est tout au moins certain
qu’elle prenait à sa charge une large part de la dépense en
y contribuant dans la proportion du tiers et parfois de la
moitié. Séguin, Du règ. des eaux en Provence, p. 145.
J’ai parcouru et annoté les délibérations des Etats de
�141
Provence, et je puis affirmer qu’il n’est presque pas une
réunion dans laquelle des fonds n’aient été volés pour con
courir à des travaux de défense contre la Durance.
Le pape, possesseur du Comtat, y contribuait et répa
rait même parfois les dommages soufferts par la rive gau
che en droit de ses possessions (Coriolis, i, p. 65 ; Procèsverbal des Etats de 1755).
Les intérêts communaux, lorsqu’ils s’étendent sur un
grand nombre de localités et de cantons, deviennent de vé
ritables intérêts départementaux, à la satisfaction desquels
le département doit contribuer. Il y est d’ailleurs directe
ment engagé pour la conservation, non seulement des pro
priétés qu’il frappe de centimes additionnels et d’autres
impôts, mais pour la conservation de ses roules et ponts,
des canaux dérivés de la rivière pour se répandre sur divers
arrondissements.
A l’occasion de la contribution des communes riveraines
à ces travaux, je citerai diverses dispositions législatives et
réglementaires qui ont consacré le principe de la contribu
tion des départements aux dépenses de cette nature.
Le département des Bouches-du-Rhône contribue ordi
nairement pour un sixième aux travaux entrepris par les
syndicats et dont l’Etat consent à supporter le tiers ou
plus.
Je crois avoir dit ailleurs que soit l’Etat, soit le départe
ment, en se fondant sur ce que le concours qu’ils prêtent
aux syndicats est libre, se sont considérés comme maîtres
de ne délivrer les fonds promis, que suivant leurs conve
nances, ce qui, à certaines époques, avait eu pour les synCHAPITRE III
�" Tw
142
dicats la conséquence d’absorber presque entièrement les
subventions, par les intérêts des sommes dues par ceux-ci.
Faut-il ajouter que cette situation ne devrait pas se repro
duire à l’avenir, que les subventions promises pour un
exercice devraient être régulièrement soldées pendant cet
exercice, et venir ainsi intégralement et régulièrement à la
décharge des obligations contractées par le syndicat.
NOTES SUR LA DURANCE,
75. Communes. Les communes riveraines devraient éga
lement contribuer à l’alimentation de la caisse de l’œuvre
avec les fonds communaux. Elles ont des intérêts des plus
sérienx et de diverses natures à l’endiguement.
Elles ont d’abord un intérêt évident a la conservation de
leur territoire, alors même qu’elles n’ont pas des proprié
tés patrimoniales sur ce point, elles sont instituées pour
veiller à l’intérêt de tous les habitants et possédants biens,
puisque la richesse communale se compose de la richesse
territoriale des habitants. Le corps communal a intérêt à
ce qu’un incendie ne détruise pas une partie des habitalious, qu’un torrent ou une inondation ne ravage pas une
partie du territoire.
La caisse communale a besoin que la production soit
aussi développée que possible dans les limites de l’agglo
mération, à ce que les immeubles qui en dépendent acquiè
rent leur plus grande valeur, puisque les impôts, cotisa
tions, centimes additionnels, octrois et autres redevances
variées, destinés a alimenter la caisse municipale, produi
sent un rendement en rapport avec ces produits et celte
valeur.
�U5
Et surtout, un des premiers devoirs d’une administraton communale est de veiller à la salubrité publique et
d’éloigner toute cause d’épidémie et même de maladie de
la commune, de prendre toutes les mesures propres à ga
rantir la santé publique. Darluc a dit (t. i, p. 175): « La
sauté des hommes, le bien le plus précieux de la vie, mérite
bien qu’on s’en occupe. » Je n’avais pas besoin de m’ap
puyer sur notre savant naturaliste pour énoncer celte pro
position ; mais Darluc ajoute : « L’endiguement assure la
salubrité du voisinage » , et cette constatation est aussi vraie
qu’était exacte la première proposition. Il n’y a pas de
localité le long de la Durance, qui n’ait été infectée par les
fièvres paludéennes, avant que les travaux n’eussent assuré
un libre cours aux eaux et fait disparaître les parties maré
cageuses. Il y a donc, en dehors des terres syndiquées,
pour les habitants un intérêt considérable à l’endigucment.
Les vapeurs qui le matin s’élèvent des lieux marécageux
apportent, même sur les hauteurs, leurs pernicieuses
émanations, et je peux citer des fermes sises dans le ter
roir de Jouques, sur les lieux les plus élevés, où les
habitants étaient atteints périodiquement par les fièvres
avant la régularisation du cours de la Durance en droit
de ces fermes. Lorsqu’on commença à Quante - Perdrix
le canal de Provence , la maladie décima les ouvriers
dans de telles proportions, que ce fut une des causes prin
cipales qui amena la cessation des travaux. Les mêmes
effets se sont produits sur la rive opposée lors de l’exécu
tion du chemin de fer des Alpes. Dès que le mal, au lieu
de se produire dans les fermes isolées, atteint les villes,
CHAPITRE I I I .
�144
villages et autres agglomérations d’habitants, les effets sont
encore plus fâcheux.
Le concours des communes est dès lors commandé,
comme d’ailleurs il existait avant 89. C’est ce que justi
fient de nombreuses délibérations des Etats de Provence, et
ce que atteste Séguin, Régime des eaux en Provence, p. 145.
On n’avait pas songé alors â distraire partie des intéressés
de la commune, en créant des syndicats.
Le principe de la contribution des communes a de
pareils travaux n’est d’ailleurs point â poser, mais seule
ment â appliquer. Pour les rivières flottables, les articles
28 et 29 de la loi du IG septembre 1807 déclarent formel
lement que les départements et les communes seront appe
lés à contribuer aux dépenses de cette nature par voie de
centimes additionnels, et dans des proportions pouvant
atteindre la moitié de la dépense. Notons ici que c’est beau
coup au-dessous de pareille fixation qu’il faudrait se tenir,
en ce qui concerne les communes.
Ce que nous proposons n’est d’ailleurs que la reproduc
tion des règles posées par la loi du 28 mai 1858, qui a
pour but de prévenir les maux causés par les inondations.
L’Etat prend à sa charge et place sous sa direction l’exécu
tion des travaux (art. 1), les départements, les communes
et les propriétaires intéressés sont appelés à lui fournir
leur concours (art. 2).
Nous avons vu faire l’application de cette règle a l’occa
sion des travaux à exécuter pour la défense de la plaine de
Brionde contre les inondations de l’Ailier, où la dépense a
été répartie entre l’Etat, le département de la Haute-Loire,
NOTES SUR LA UURANCÙ.
�CHAPITRE I I I .
1 4 .5
la ville de Brioude et le syndicat de la défense de la plaine
(D. 23 novembre 1886).
La répartition des contributions aux travaux d’endiguement et de défense contre les inondations, d’après la plu
part des auteurs qui sont entrés dans ces détails, doit
s’opérer entre l’Etat, les départements, les communes et
les riverains. (Monestier Savignat, Rio. de l’Ailier ; M. le
conservateur des forêts Hun, Des inondations, p. 51).
Cette contribution devrait être déterminée d’après l’éten
due des terrains de la commune longeant la rivière, la po
pulation, la distance du chef-lieu de la Durance, etc., dans
des proportions aussi justes et aussi restreintes que possi
ble. Beaucoup de contribuables, peu de contributions à la
charge de chacun d’eux.
La part de dépenses mises à la charge des départements
et des communes devrait pouvoir être inscrite au budget
départemental ou communal comme dépense obligatoire.
C’est ce que porte l’article 4 de la loi du 28 mai 1858,
dont les dispositions ont pour but d’assurer les mesures
propres à prévenir les inondations.
74. Concessionnaires des prises d’eau. Il y a une série
d’intéressés aux travaux, qui tirent le produit le plus cer
tain et le plus sérieux des eaux de la rivière, et qui cepen
dant ne contribuent pas aux dépenses qu’elles occasion
nent, pour la régularisation de leur cours, autrement que
lorsqu’il s’agit de mesures à prendre dans un inlérêt direct
et exclusif ; ce sont les concessionnaires des prises d’eau
destinées h l’arrosage, aux besoins domestiques, auxexploi10
�146
tâtions commerciales et industrielles ou aux exigences des
habitations de luxe et d’agrément, au loin et complètement
en dehors de la vallée.
Ceux-la tirent le parti le plus productif des eaux ; ils
soDt plus que tous autres intéressés au fonctionnement
normal de leur prise dont le chômage peut avoir les plus
graves conséquences et que la régularisation du cours de la
rivière peut seule prévenir. Souvent, en l’état, pour assu
rer cette prise, les concessionnaires font dans le lit même
de la rivière des travaux dommageables pour les riverains,
et ils n’ont d’autres cotisations h payer que celle qui leur
incombe à raison de leur court passage dans le syndicat
qu’ils traversent. Gela est contraire à toute justice.
Et qu’on ne dise pas que ce serait modifier le régime de
ces canaux et les conditions auxquelles la concession a été
faite. Lorsqu’en 1842 on a constitué les syndicats sous un
régime qui impose aux membres de quelques-uns d’entre
eux des charges écrasantes, on a bien forcé ceux qui vou
laient s’opposer à ce nouveau régime à le subir. Les conces
sions sont faites sans garantie contre les impôts qui peuvont les atteindre, et il ne peut se faire que, en présence
de deux classes d’usagers, l’une soit soumise a tous les dan
gers et à toutes les charges, l’autre profite de tous les avan
tages sans supporter aucune de ces charges.
D’ailleurs ce n’est point sur les compagnies conces
sionnaires des eaux dérivées de la Durance, que nous
entendons faire porter cette cotisation , mais directe
ment sur les usagers et dans des proportions très faibles
pour chacun d’eux, un ou deux centimes additionnels à la
redevance exigée d’eux par exemple. Nous ne voyons pas
NOTES SUR LA DURANCE,
�147
en pareil cas quelle objection on pourrait opposer à l’appli
cation de cette mesure si complètement justifiée. Tous les
jours des taxes variables, diminuées ou augmentées, sont
perçues par l’Etat pour les expéditions par chemins de fer,
sans que l’on puisse opposer la violation du régime des
concessions qui reste en dehors de ces perceptions. Tous
les jours les matières sont atteintes par les lois d’impôt, les
unes étant dégrevées ou partiellement déchargées, les au
tres subissant des augmentations, ou devenant pour la pre
mière fois imposables : qu’il faille pour cela recourir à une
loi, ou à une déclaration réglementaire englobant de nou
veaux intéressés à l’œuvre à laquelle on leur demande de
coopérer, peu importe, le résultat est trop juste pour qu’il
ne doive pas être poursuivi et atteint.
L’article 20 du projet de Bellard, porte : « Tous ceux
qui useront des eaux de cette rivière payeront au gouver
nement une rétribution annuelle de 400 fr. pour chaque
pied carré d’eau qui leur sera fourni à la martellière de la
digue, sauf les arrangements a prendre par l’Etat avec ceux
qui justifieront en avoir acquis le droit à prix d’argent. »
C’était là, en principe, le concours que nous réclamons;
mais entendons-nous bien sur son application, que nous
entendons d’une toute autre façon. Le concessionnaire
n’aurait personnellement rien à payer ; mais il perçoit, à
raison des ventes et livraisons d’eau qu’il fait, une rétribu
tion de la part de l’usager, et c’est cet usager qui seul de
vrait payer la cotisation à notre œuvre, en même temps
qu’il acquitterait la rétribution due pour l’abonnement aux
eaux. Le concessionnaire, o.u soit son receveur, retirait en
CHAPITRE I I I .
�U 8
NOTES SUR LA DURANCE.
même temps les sommes dues à ce double titre, et il tien
drait compte sous sa responsabilité au trésorier do l’œuvre
de la Durance, de la taxe applicable à cette œuvre.
Cette taxe d’ailleurs devrait être fort modérée, un cen
time additionnel par exemple, sur le prix de la redevance
due pour les eaux.
L’usage des eaux destinées aux habitations et jardins
d’agrément pourrait être l’objet d’une contribution plus
élevée, que celle imposée aux eaux destinées à l’agriculture
et a l’industrie.
Si le concessionnaire employait directement les eaux
pour l’exploitation de biens faisant partie du domaine pri
vé, par exemple pour l’arrosage des terres, le fonctionne
ment d’une usine, il devrait être soumis à la taxe établie
au profit de l’œuvre, en suivant la règle générale qui en
déterminerait la quotité et en prenant pour base de cette
fixation la redevance a laquelle eût été soumis un tiers en
faveur du concessionnaire à raison de l’usage de ces eaux.
Les usagers des eaux de la Durance pour des terres sises
dans les territoires syndiqués et soumis à ce titre à une
contribution foncière à l’œuvre, ne devraient pas être sou
mis à cette redevance nouvelle, puisqu’ils sont déjà taxés
au profit de l’œuvre.
75. Receltes diverses. Le trésorier de chaque syndicat de
vrait faire recette des sommes volontairement offertes par
des particuliers ou des sociétés ou administrations, notam
ment pour faciliter l’exécution de certains travaux, par
exemple pour hâter celte exécution dans l’intérêt des pro-
�"
CHAPITRE
iil;
U 9
priétés riveraines, des chemins de fer, ponts, prises d’eau,
routes et chemins de diverses classes. En pareil cas les
sommes données ne pourraient être employées qu’aux tra
vaux à raison desquels le concours a été offert, sans qu’il
puisse résulter de là, dans l’ordre d’exécution des travaux,
des changements préjudiciables pour l’œuvre elle-même.
Un tour de faveur me devrait être accordé dans le cas dont
s’agit que s’il est conciliable avec la satisfaction des intérêts
généraux.
Il serait disposé comme de tous autres fonds et sans
affectation spéciale des sommes qui pourraient être don
nées à l’œuvre sans en spécialiser l’emploi.
Enfin tous autres revenus à un titre quelconque de l’œu
vre devraient être centralisés dans la caisse du trésorier
des syndicats départementaux : revenus et produits des
biens, vente de terrains, iscles, gazons, arbres, etc., in
demnités pour réparation de dommages causés aux digues,
levées et autres travaux, etc., etc.
En résumé, sur la question des recettes, je ne saurais
trop insister pour faire remarquer que, au lieu de restrein
dre aux propriétaires intéressés l’obligation de contribuer
à l’endiguement, il faudrait élargir le cercle des contribua
bles, rendre l’impôt moins lourd et plus productif. C’est
l’idée que préconisait avec raison M. le comte d’Agoult,
délégué de la société d’agriculture de l’Isère au congrès
scientifique de France (0 0 e session, tenue à Aix en 1866.
Voy. I. 2, p. 141 et suiv.)
76.
Dépenses.
Il suffit d’indiquer que chaque syndicat
�150
devra satisfaire aux dépenses de l’œuvre sur la rive dont
l’administration lui est confiée.
En ce qui concerne les dépenses du personnel central de
l’œuvre, elles devraient être supportées également et par
moitié par chacun des deux syndicats.
Les paiements des dépenses à la charge de chaque syn
dicat auraient lieu dans les conditions et sur les justifica
tions exigées en pareil cas d’après les règles sur la compta
bilité des établissements publics; sous la surveillance et le
contrôle établis en pareil cas, et avec la responsabilité
incombant aux préposés des caisses publiques.
Une réserve devrait être constituée pour satisfaire le cas
échéant aux exigences qui peuvent résulter d’événements
imprévus trop fréquents en ces matières.
NOTES SUR LA DURANCE.
77. Règlement des travaux établis par des services spéciaux.
Les travaux exclusivement destinés a assurer la conservation
des voies publiques, des chemins de fer, des ponts, prises
d’eau, resteront à la charge de ceux qui sont chargés de ce
soin. Toutefois lorsqu’ils seront entrepris sur des points où
ils pourraient modifier le cours normal que doivent avoir
les eaux, ils devront être exécutés de manière à prévenir ce
résultat et a s’harmoniser complètement avec les travaux
d’endiguement.
Si, pour atteindre ce résultat, il est nécessaire de les
prolonger de manière que, non seulement ils garantissent
la voie publique ou tout antre travail établi le long du
cours d’eau, mais qu’ils contribuent par leur extension à
assurer le régime légal des eaux, le concours de l’œuvre de
�1S1
la Durance pourra être acquis et accordé dans la mesure
qui sera fixée amiablement entre les intéressés, et à défaut
d’entente, déterminée par l’autorité supérieure.
CHAPITRE III.
§ 5
Q u e lq u e s m o ts
s u r le s tr a v a u x
à e x é c u te r
78. Des travaux. J’ai eu l’occasion de signaler combien
il était indispensable d’apporter des modifications au mode
d’exécution des travaux. Je n’ai point la prétention d’entrer
ici dans des détails techniques pour lesquels je n’ai à don
ner à qui que ce soit ni avis, ni conseils ; mais il est certai
nes questions que l’expérience du passé peut aider à résou
dre, et d’autres d’ailleurs qui ont trop d’importance pour
l’œuvre pour pouvoir être passées complètement sous si
lence, quoique leur examen puisse engager des discussions
ayant un caractère parfois scientifique ou tout au moins
technique et spécial.
79. Lignes d'emiguement. Ainsi, s’agissant de l’endiguement de la Durance, faut-il bien se demander comment
devraient être tracées les lignes de cet endiguement.
Cela avait été sollicité bien des fois par les Etats de Pro
vence et notamment dans les réunions de janvier et novem
bre 1782 ; mais il semble que, a raison de ce cours d’eau,
les hommes procèdent d’autant plus lentement que la ri-
�152
vière marche plus vite, et ce projet est resté bien longtemps
sans réalisation. Peut-être ne serions-nous pas plus avan
cés de nos jours si la Durance et ses riverains avaient été
seuls intéressés dans la question. Mais les communications
par la voie de terre, en se multipliant, s’établissaient avec
plus de sûreté et de régularité, les bacs à traille disparais
saient pour être remplacés par des ponts ; fallait-il bien
apporter quelque régularité et quelque fixité pour la déter
mination des points que l’on devait franchir au moyen de
travaux établis à demeure sur les rives. Et on ne put ren
voyer de nouveau la détermination normale des limites du
cours d’eau.
Le tracé de ces lignes fut arrêté par le ministre des tra
vaux publics, le 19 août 1845, alors que M. Legrand était
sous-secrétaire d’Etat de ce ministre. Quel que soit l’intérêt
que présente ce travail, je ne puis le reproduire ici, on le
retrouve d’ailleurs dans les préfectures, sous-préfectures et
bureaux d’ingénieurs des localités traversées. La largeur
attribuée a la Durance, entre les départements de Vaucluse
et des Bouches-du-Rhône, fixée en amont a 250 mètres, va
en s’élargissant jusqu’an confluent avec le Rhône. La déci
sion ministérielle, nous affirme M. l’ingénieur en chef de
Montluisant, n’a été prise qu’après des travaux fort longs
et minutieux (Mémoires Soc. Stal. de Marseille, p. 62).
Ce tracé a été fixé de manière a faire entre chaque loca
lité, des deux côtés de la rivière, une répartition convena
ble des terres riveraines en dehors des endiguements. On
a multiplié des courbes à de très grands rayons pour amor
tir un peu l’impétuosité des eaux en allongeant leur parcours
NOTES SUR LA DURANCE.
�153
et en amoindrissant ainsi la violence des chocs directs. Cela
était commandé sur certains points par les travaux déjà
existants : ponts, digues, prises d’eau, etc. D’ailleurs, com
me le fait remarquer M. Polonceau, lés alignements droits
trop longs ont des inconvénients qu’il signale et qui ont
fait qu’on y a renoncé ; il indique pourquoi on doit les
rompre par des courbes en ayant grand soin de les établir
à grands rayons (Considérations, etc., p. 12).
En portant le cours normal, dans bien des localités, sur
la limite extrême des parties submersibles et en les appu
yant ainsi parfois sur des défenses naturelles et infranchis
sables, lorsqu’on pouvait le faire sans déplacer complète
ment le courant des eaux, on aurait pu, sauf à rectifier ça
et là les rives, se donner sur ces points sur une des rives,
une ligne invulnérable ; mais c’eût été le plus souvent en
sacrifiant les intérêts de divers groupes d’intéressés. D’un
autre côté, les courbes qu’on a tracées sur les plans n’étant
pas réalisées et ne pouvant l’être qu’en les raccordant à des
travaux en amont, en aval et en face, on arrive à ouvrir
longtemps encore à l’action des eaux l’entrée de territoires
entiers ; et lorsque des lignes latérales finissent par les re
porter dans leur lit, elles y rentrent d’une manière brus
que, plus ou moins perpendiculairement, ce qui fait qu’el
les dépassent complètement les limites dans lesquelles on a
eu l’intention de les maintenir.
Est-ce à dire que, si ce tracé n’est pas irréprochable, on
devrait le modifier. L’affirmative, à mon avis, ne saurait
être défendue aujourd’hui. Une modification serait une
nouvelle cause de calamités résultant du fait de l’homme.
CHAPITRE I I I .
�1S4
Ce n’est pas que, sur certains points déterminés et fort
limités, des modifications partielles de détail ne puissent
être apportées après étude et adhésion des intéressés, mais
cela ne peut se produire que sur des points très restreints,
fort exceptionnellement, avec la plus grande circonspection.
En l’état des travaux exécutés, des ponts construits pour
les passages des voies de terre et des voies de fer, des droits
de propriété acquis aux riverains, de l'influence que doi
vent avoir les travaux faits sur ceux à faire, il n’y a en
principe rien de possible que de s’en tenir aux lignes tra
cées.
D’ailleurs, suivant moi, ce n’est pas la consécration
d’une mesure fâcheuse qu’on est obligé de subir, et un re
maniement du tracé ne serait souvent qu’une amélioration
très problématique et fort incertaine, prêtant a des con
tradictions, faisant naîLre de nouveaux débats.
À ce sujet, l’on discutera sur des questions de principe
assez difficiles à résoudre et sur lesquelles, en l’état actuel
des choses, je suis heureux qu’il soit inutile de provoquer
une entente.
Plusieurs personnes compétentes ont plaidé chaleureux
sement en faveur de l’extension la plus grande possible du
lit normal des cours d’eau. M. l’ingénieur en chef de Montrond, successivement chargé de la direction du service
dans l’Isère, l’Ardèche et la Drôme, explique très savam
ment, il allait m’échapper de dire trop savamment, les
inconvénients du rétrécissement des cours d’eau et de leur
régularisation.
NOTES SUR LA DURANCE.
�CHAPITRE I I I .
1S5
On a répondu que si cette exagération du lit attribué
aux cours d’eau, semble répondre à la nécessité de prému
nir désormais les riverains contre l’effet des crues et l’en
vahissement de leurs terrains par les eaux à la moindre
crue, ce résultat n’était pas obtenu, parce que les eaux se
répandant ainsi sur un espace considérable, manquent de
l’activité nécessaire pour débarrasser leur lit des matières
qu’elles charrient ou tiennent en suspension, et qu’elles
amènent des ensablements, la surélévation du niveau du
lit ; de sorte qu’au moment des crues, si une brèche se
produit, les eaux sortent définitivement de leur lit normal
pour s’en créer un sur les propriété voisines. A ce point
de vue, on pourrait dire que les lignes ont été tracées sur
la Durance à une trop grande distance les unes des autres.
Mais j’ai déjà fait remarquer que cet inconvénient, en fait,
ne paraît pas se produire sur la Durance. Au moment où les
eaux sont le plus basses, au lieu de se répandre sur l’éten
due complète du sol entre les digues, elles coulent par
branches, conservant un cours assez rapide, et loin de se
répandre en larges nappes sur les parties voisines et d’aug
menter par des dépôts la hauteur du terrain, elles souscavent les parties le long desquelles elles coulent, et amè
nent toujours un dénivellemenl du sol élevé, qu’elles ten
dent à faire disparaître et à approfondir, de sorte que le
danger signalé n’est pas à redouter.
S’ensuit-il qu’il faille donner à un cours d’eau un lit
suffisant pour contenir dans tous les cas les eaux provenant
des plus grandes crues possibles. C’est ce qui me paraît
inadmissible, car ce serait affecter à la rivière des étendues
�156
NOTES SUR LA DURANCE.
considérables de terrain, sans la certitude cependant d’avoir
atteint le but. Ce serait livrer réglementairement aux eaux
des terres que les travaux d’endiguement doivent avoir
pour but de distraire de leur domaine et de conserver au
domaine utile et productif. Et en cela, au lieu de prévenir
l’effet désastreux des inondations, on en décréterait les
effets dommageables par mesure administrative.
J’insiste sur ce fait que, pour la Durance, les lignes à
suivre sont déterminées depuis de longues années, qu’elles
sont la règle observée depuis un demi siècle pour le règle
ment des intérêts publics et privés, que dans ces conditions
nous n’avons qu’à les accepter, et j’ajoute pour ceux qui
voudraient encore les attaquer qu’en l’état ils sont condam
nés à les subir.
Je dois cependant noter que, dans le rapport d’ingé
nieur présenté au conseil général des Bouches-du-Rhône,
en 1884, à l’occasion des travaux d’une commission appe
lée à étudier le projet d’endiguement de la Durance, il est
exprimé l’avis « qu’il faut modifier le tracé adopté qui,
« exigeant un lit formé par deux rives partout endiguées,
5 serait trop cher, il faudrait donner au tracé une forme
« sinussaïdale plus rapprochée des formes que se donnent
« les cours d’eau libres, les frais seraient infiniment moin« dres, parce qu’il n’y aurait à protéger que les fonds des
« anses. Les changements à apporter au tracé approuvé ne
« paraissent pas devoir bouleverser dans une trop grande
« mesure les faits existants et les intérêts engagés. »
A cela je réponds, puisque les changements à apporter
�1 57
au tracé approuvé doivent bouleverser dans une certaine
mesure les faits existants et les intérêts engagés, on ne peut
que repousser ce bouleversement, alors même qu’il donne
rait satisfaction à l’adoption de la forme sinussaïdale, fûtelle rapprochée de la forme que se donnent les cours d’eau
libres, surtout s’ils abusent de cette liberté autant que le
fait la Durance.
Les lignes d’endiguement déterminées, quels travaux
faudra-t-il faire pour maintenir les eaux dans les limites
qu’elles leur tracent?
CHAPITRE
I I I.
80. Digues longitudinales submersibles ou insubmersibles.
Faut-il établir des digues purement submersibles ou des
digues insubmersibles? Si j’interroge les ingénieurs qui se
sont occupés 6e l’endiguement de l’Isère, qui est un précé
dent si utile à consulter, je les vois donner la préférence
aux digues insubmersibles. M. l'ingénieur en chef de Montrond paraît bien ne pas avoir eu toujours une opinion bien
arrêtée à ce sujet, d'après ce qu’écrit son successeur dans
cette œuvre (M. Cunit, Endiguem. de l'Isère, p. 27). Tou
tefois je lis dans le travail de M. Montrond, publié en 1847,
du Rhône et de ses af/lents : « En France on a construit dans
beaucoup d’endroits des chaussées transversales insubmer
sibles, reliées par des jetées longitudinales submersibles ;
mais c’est seulement comme moyen d’exécution et afin de
favoriser les atterrissements avant la construction de la
chaussée longitudinale insubm ersible, toujours regardée
comme partie intégrante de l’endiguement. » Et ailleurs:
�158
« L’insubmersibilité absolue doit donc être le but définitif
des travaux entrepris par les riverains de l’Isère, et c’est
en effet dans ce système que s’exécute l’endiguement de
cette rivière tant en France qu’en Savoie. » M. Cunit dé
fend très vivement ce système par des raisons déterminan
tes et il conclut (p. 40) : « Quel que soit le système pré
féré, il faudra nécessairement toujours en venir à l’exécu
tion des digues insubmersibles, et mettre les propriétés
riveraines à l’abri des inondations » (p. 45).
Ce que ces ingénieurs disaient pour l’Isère, d’autres ont
reconnu qu’il fallait l’accepter comme règle à suivre au
moins le plus généralement. Cela paraît être l’avis de Surell
(t. i, p. 14 et suiv). M. Monestier Savignat a écrit (p. 599),
« Les digues longitudinales insubmersibles sont dangereu
ses quand elles délimitent le lit moyen et forcent les eaux à
gonfler à une certaine hauteur. Placées de manière a laisser
entre elles un lit convenable, elles sont excellentes. »
M. l’inspecteur général Cornoy, qui est loin d’être un
chaud partisan des digues insubmersibles et qui, après
avoir lu ce qu’avaient dit leurs adhérents et leurs détrac
teurs, écrivait qu’elles ne méritaient
NOTES SUR RA DURANCE.
Ni cet excès d’honneur, ni cette indignité.
et que, comme toutes les choses de ce monde, elles avaient
leur bon et leur mauvais côté ; est obligé de « reconnaître
qu’elles ont une grande utilité et qu’elles sont même indis
pensables dans les vallées où, par la configuration du sol,
des espaces trop étendus se trouveraient sans cesse exposés
�CHAPITRE I I I .
159
à la submersion » (Mémoire sur les ouvrages de défense,
p. 65). Il fait remarquer d’ailleurs que là où elles existent,
on ne peut songer ni à les détruire, ni à les déplacer, à rai
son des intérêts engagés (p. 66). a Sur la plupart des ri
vières, ajoute-t-il, on a déjà construit des ouvrages de dé
fense, il faut partir de ce qui existe » (p. 77). Or, toutes
ces considérations spéciales en faveur des digues insubmer
sibles sont applicables à la Durance.
Les conclusions du travail de M. l’inspecteur général
Dupuit, sur les inondations, sont « que les digues longitu
dinales présentent contre les cours d’eau le meilleur pré
servatif qu’on ait trouvé jusqu’à présent, les autres systè
mes ont besoin d’ètre complétés par celui-là, car ils ne sup
primeront pas les crues et ne pourraient tout au plus qu’en
diminuer la hauteur. » (Inondations, p. 75.)
M. l’inspecteur général Collignon défendant les levées
longitudinales devant la Chambre, le 22 mai 1847, disait :
« La vallée de la Loire notamment ne serait qu’une vaste
plaine de sable sans les levées qui s’opposent au mouve
ment désordonné du ileuve et qui protègent les magnifi
ques terrains compris sur le champ que la nature avait
abandonné à ses attaques. La situation actuelle n’est d’ail
leurs pas le résultat d’une théorie , c’est la puissance
des faits qui l’a créée, c’est la nécessité d’une protection
qui a imposé aux populations le sacrifice de l’endiguement,
le bienfait est réel, et sur presque tous les points où il
n’existe pas d’ouvrages de ce genre, les riverains les récla
ment avec instance, s
Je citais les conclusions de M. l’inspecteur général
�160
Dupuit. Ecoutez avec quelle insistance il demande l’établis
sement des digues longitudinales: « Oui, il faut faire des
levées parallèles au cours d’eau, rien que des levées, et
avec cette conviction que ces levées plus hautes, plus épais
ses, mieux défendues que les dernières, pourront être en
core emportées, et que, malgré ces levées, et quelquefois à
cause de ces levées, on pourra voir se produire des désas
tres encore plus considérables que ceux dont nous avons
été témoins. » (Inondations, p. 56).
Et comme au moment où il écrivait une réaction se pro
duisait contre les digues longitudinales qui n’avaient pu
préserver la France des maux que venaient de lui faire su
bir les inondations L M. l’inspecteur général ajoutait plus
loin (p. 60) : « L’idée de mettre les champs à l’abri des
inondations au moyen des levées, est tellement simple,
quelle a dû être mise en pratique en même temps que
l’agriculture...... Il est à remarquer qu’on ne parle jamais
des digues que quand elles rompent ; quand les crues ordi
naires surviennent et que, grâce à ces digues, les champs
et les habitations se trouvent complètement préservés,
comme c’est une chose ordinaire qui arrive tous les ans,
personne ne s’en occupe, personne n’en parle, et le public
croit que les choses se seraient ainsi passées naturellement.
NOTES SUR
LA DURANCE.
(1) Le système de l’endiguement longitudinal a été très vivement
attaqué, notamment par F. Vallès, Dausse, E tu d e s s u r les in o n d a
tio n s, n01 'H9 à 202, qui prône les digues transversales, (p. 204 et
suiv.), mais qui finit par admettre la combinaison des deux systè
mes (p. 217). M. Polonceau, N o te s u r les d éb o rd em en ts des fleu
v e s et r iv iè r e s , se range parmi les adversaires des digues longitu
dinales.
�161
Arrive une crue extraordinaire, la digue surmontée cède,
le terrain est envahi, et le public de dire : décidément le
système des digues est déplorable, il n’est bon à rien, il
faut en chercher un autre. Quand je dis le public, je parle
du public des villes et des pays qui ne connaissent les inon
dations que par les journaux ; mais le public inondé, qui
connaît le mal pour en avoir souffert, a sur ce sujet des
idées toutes différentes. Il a vu, il est vrai, les digues rom
pre quelquefois, mais il les a vues résister très souvent, de
sorte qu’il sait bien les services qu’elles lui rendent. Au
moment des terribles inondations de 1836, il y a eu dans
la presse et l’opinion publique un tollé général contre les
digues, et cependant qu’a-t-on fait dès que les eaux se
sont un peu retirées? On a rétabli, consolidé les digues
emportées, et les populations n’ont accordé de trêve a l’ad
ministration que lorsque ce travail a été complètement ter
miné. »
a Et en effet, les barrages, les réservoirs, les reboise
ments, etc., pourront bien diminuer l’importance des
crues, elles ne les feront jamais disparaître et la nécessité
des endiguements s’imposera toujours. »
Plus tard, M. Nadault de Buffon, à son tour, signale
les digues longitudinales insubmersibles comme de prati
que généralement suivie en Europe, en Asie et en Amé
rique, et comme le seul moyen le plus souvent pratica
ble, d’après l’avis émis par une commission des inon
dations ( Concours, p. 246). Cela est surtout vrai pour la
Durance. L’emploi de digues submersibles pour faciliter les
colmatages constituerait une opération presque partout
H
CHAPITRE 111.
�162
désastreuse, en l’état de la rapidité du cours des eaux, Au
lieu de terres colmatées, on aurait des terres lavées, ravi
nées, ensablées. Les digues submersibles emportées dépas
sées, les eaux s’introduiraient sur les terres voisines, fini
raient par se trouver au-delà des parties de ces digues qui
auraient résisté et qui feraient obstacle a la rentrée de ces
eaux dans leur lit normal.
Ce même ingénieur en chef fait observer ensuite, que
si l’emploi des digues submersibles est justifié, lorsque
l’envahissement d’une plaine par les eaux, ainsi que leur
écoulement, se produisent lentement et progressivement,
il n’en est pas de même si ces mouvements se font avec
une allure torrentielle et amènent, d’un côte des ravine
ments, de l’autre, des dépôts de sables et de graviers. Or,
n’est-ce pas ce qui arriverait le plus souvent pour les ter
res voisines de notre Durance.
L’établissement de digues longitudinales a été largement
pratiqué le long de la Durance ', et l’expérience a été favo
rable lorsqu’elles ont été établies dans des conditions dési
rables ; à leur abri sont surgis de riches territoires, alors
que les terrains placés entre les digues transversales, enva
his plus ou moins souvent par les eaux, ne se couvraient
que de broussailles sur des terrains trop souvent mouve
mentés par les eaux.
Dira-t-on, ces digues dites insubmersibles, qui pourra
garantir que les eaux ne pourront jamais les dépasser et
NOTES SUR
LA DURANCE.
(1) Citons entre autres les digues de Cadarache, de la Garde, des
Bonfillons, de Peyrolles, de Prenti-Garde, de Rognonas, de Bachasson, etc.
�165
surtout les rompre? Mais évidemment personne, et je
considère, en ce qui me concerne, que des faits de cette
nature ne manqueront pas de se produire. Mais je redirai
avec M. Dupuit (Inondations, p. 7b), malgré leur rupture
accidentelle, les digues longitudinales et insubmersibles
sont le meilleur préservatif trouvé jusqu’à présent. La rup
ture des digues est un accident, comme le froid, la séche
resse, la grêle ou la gelée, il faut accepter les travaux qui
mettent les chances pour nous ; mais une digue peut se
rompre, comme une maison peut brûler, un navire échouer,
et ce n’est pas plus une raison de cesser d’établir des di
gues parce qu’une rupture est possible, qu’on ne songe à
renoncer à bâtir des maisons, malgré les menaces d’incen
die, et à construire des navires malgré les naufrages.
Sans nier que les digues élevées comme insubmersibles
puissent être surmontées par les eaux, j’ai dit que cela se
produira rarement, si elles ont été construites avec la hau
teur que comporte le cours d’eau. M. Comoi dit (Mémoires,
p. 87) : i Si on objecte l’éventualité de crues dépassant ce
qu’on a pu observer, je répondrai que de pareils faits sont
si rares, que c’est à peu près comme s’ils n’existaient pas,
et ils ne doivent pas entrer dans les spéculations. »
Nous reviendrons sur les opérations de colmatage au
moyen des digues transversales, et nous expliquerons com
ment elles peuvent être utilement établies.
CHAPITRE I I I .
81. Double rang de digues. Pour parer à l’insuffisance du
lit des rivières contenues dans des digues, au moment des
crues excessives, pour relever les terres le long des limites
�164
assignées au cours normal des eaux et garantir ainsi défini
tivement les terres au-delà de ces travaux, on a proposé
d’établir de chaque côté des rives, parallèlement et à une
certaine distance les unes des autres, deux lignes d’endiguement ; la première submersible marquant le cours nor
mal des eaux, la seconde insubmersible destinée à fournir
un supplément d’espace nécessaire pour contenir les eaux
de crue. C’est là un procédé d’abord fort coûteux, qui
exige le sacrifice d’une surface considérable de terrains fort
riches, qui n’est applicable que dans des vallées fort larges
et lorsque les eaux qu’il s’agit de réglementer n’ont pas
un courant trop rapide, et qui présente le danger d’écarter
entièrement les eaux de leur lit normal au cas de rupture
de cette large défense, par tous ces motifs cela est inappli
cable à la Durance. Cela est d’ailleurs inconciliable avec les
travaux déjà faits, avec les ponts établis, les prises existan
tes, etc., si pareil essai était jamais fait il ne se passerait
pas une année sans que la Durance au lieu de se trouver
entre les deux digues submersibles, fixant son cours nor
mal des eaux, ne finit par se trouver entre l’une de ces
digues et la digue insubmersible complémentaire. Ne com
battons pas, si on le veut bien, un système qui a pour
patron notamment M.Polonceau \ mais reconnaissons sans
hésitation que, en l’état, il est inapplicable à la Durance.
NOTES SUR LA DURANCE,
82. Digues transversales. On a songé à substituer des
digues transversales aux digues longitudinales et sur un
(1) N o te s u r les d é b o rd em en ts des fleu ves et des r iv iè r e s
p. 48.
�165
très grand nombre de points on trouve des digues de cette
nature établies le long de la Durance, il en existe dans
presque tous les syndicats sur les deux rives, je dois même
reconnaître que le Conseil Général des Bouches-du-Rhône,
après l’enquête ordonnée en 1872, leur a donné la préfé
rence comme facilitant le colmatage.
Il n’est pas douteux que cette nature de travaux a son
utilité, mais lorsqu’on les exécute, faut-il y procéder avant
ou après la fixation normale du lit par des digues longitudi
nales? Pour que ces digues transversales terminées par des
épis fussent véritablement utiles et pussent assurer le cours
normal des eaux, il faudrait, en l’état de la pente excessive
de la Durance, qu’elles fussent très rapprochées et très
multipliées, soit à une distance ne dépassant pas un kilo
mètre et qu’elles fussent toujours établies à la fois sur les
deux rives chacune en droit de l’autre en suivant une
même ligne perpendiculaire à l’axe du cours normal de la
rivière, ce qui ne se fait presque jamais. Les syndicats placés
en face les uns des autres n’ayant pas occasion de s’enten
dre à ce sujet, et agissant d’une manière tout à fait indépen
dante suivant leurs convenances personnelles exclusive
ment ; certaines parties de la rivière étant même placées
en dehors de tout syndicat, comme ne devant recevoir
aucuns travaux. Les terrains entre ces digues facilement
abordés par les eaux à la moindre crue ne peuvent point
être livrés à la culture tant qu’ils ne sont pas défendus par
des digues longitudinales. Si les eaux se portent en masse
dans ces bassins de retenue, les digues cèdent ; le courant
se trouve déplacé, et bien peu de temps après les colmataCHAPITRE III.
�166
NOTES SUR LA DURANCE.
ges obtenus disparaissent. D’ailleurs ces levées sont l’œu
vre la plus efficace pour détourner les eaux d’un cours
normal quelconque ; habituellement l’enrochement qui les
termine au point où elles atteignent les lignes d’endiguement, n’étant abordé par les eaux que lorsqu’elles ont
dépassé ces lignes et empiété sur les terrains sis au delà des
lignes d’endiguement en amont ; elles se trouvent alors di
rigées sur la rive opposée avec une force d’impulsion désas
treuse pour cette rive, ce qui amène souvent sa rupture,
comme nous l’avons figuré dans la planche qui se trouve in
tercalée dans ces notes, si des digues y ont été construites.
D’autrefois il arrivera, et je ne fais que rappeler ce qui s’est
produit h l’occasion d’une digue transversale établie dans le
syndicat de Saint-Paul, que les eaux qui se maintenaient en
amont dans le lit normal, venant heurter contre l’enroche
ment qui termine la levée transversale nouvellement cons
truite, tourneront subitement cet enrochement et glisseront
derrière la digue, où tous les terrains seront emportés à la
suite de l’établissement de cet épi, alors que jusque là la
rivière semblait avoir oublié leur existence.
Ce que je dis là s’applique aux parties de la rivière où le
cours est tracé d’une manière directe et où ces épis couron
nant les levées transversales sont placés sur le même ali
gnement. Mais il existe des courbes nombreuses, et com
ment ne pas redouter les effets désastreux de ces digues
transversales qui, atteignant les limites de ces courbes, va
empiéter bien avant sur la ligne directe et former une sorte
de barrage contre les eaux suivant leur cours naturel, pour
les rejeter ainsi perpendiculairement sur la rive opposée?
�167
Comme on peut le voir par exemple en traversant le pont
du chemin de fer devant Meyrargues, si on jette un coup
d’œil sur la courbe en aval de ce pont long la rive de Pertuis.
J’ajoute que l’établissemem de ces digues lorsqu’il faut
les construire contre le courant fixé sur la ligne qu’elles
doivent suivre et en le barrant à angle droit, sont excessive
ment coûteuses, sont très souvent détruites en cours de
leur construction, et que le coût est hors de proportion avec
les avantages qu’on peut en retirer.
Ce n’est pas que des colmatages ne puissent avoir lieu et
ne doivent être favorisés et encouragés pour relever le
niveau des terres voisines et les mettre à même d’être
livrées un jour à la culture, et les nombreux troubles de la
Durance doivent y aider considérablement ; mais ce n’est
pas en laissant libre à l’accès des eaux les terres que l’on
veut colmater qu’on doit procéder. Il faut d’abord fixer les
rives, les défendre et pour assurer que les eaux exhaussées
dans le lit par les crues ne les couvriront pas, il sera utile
d’introduire sur ces terrains défendus les eaux de la Du
rance; mais avec sûreté en les réglementant et les dirigeant
au moyen de prises à manœuvrer, permettant de porter les
eaux sur les parties à colmater sans menacer les récoltes
voisines et surtout de manière à empêcher que ces eaux
livrées à leur impétuosité naturelle s’introduisant en toute
liberté sur les terres voisines, au lieu d’un colmatage ne
produisent une inondation emportant les terres ne laissant
que des ravines et du sable.
D’ailleurs, on ne pourra pas laisser les rives ouvertes
perpétuellement et livrer à la Durance, qui a une telle actiCHAPITRE III
�1 68
NOTES
SUR LA DURANCE.
vite, de corrosion ses rives libres entre les kilomètres qui
séparent les levées transversales couronnées par des enro
chements ne formant qu’un épi, ce serait en dehors des
éventualités de rupture des digues et autres, condamner les
terres voisines à un colmatage perpétuel. Les partisans des
levées transversales ne les proposent que comme un moyen
pour arriver à établir définitivement des digues longitudi
nales. Donc les deux travaux sont à faire dans les deux cas,
les digues longitudinales coûteront autant a établir ; mais
les digues transversales établies les premières coûteront des
prix excessifs si on peut même les établir, malgré l’exis
tence du courant de la Durance ou de ses branches. Tandis
que construites après les digues longitudinales, elles peu
vent être faites sûrement avec de biens moins grandes dé
penses.
Lorsqu’on en établit, on couronne ordinairement la
digue par un enrochement prolongé en dessus et en des
sous le long de la rivière. Autrefois ce prolongement ne se
produisait que d’un côté sous forme de L, aujourd’hui il
s’effectue vers l’amont et l’aval sous forme de T et on dit
communément le T de la digue; il est a désirer que ce cou
ronnement marquant l’alignement sur ce point, se prolonge
le plus possible pour indiquer au moins, sinon assurer, une
direction aux eaux.
J’ai indiqué plus haut comment les colmatages sont loin
d’être un bienfait aussi immédiat qu’on paraît le croire,
il faut bien des années pour que, amendés par les brous
sailles qui y croissent, les débris végétaux, l’action du
temps, les défrichements, les cultures et les engrais, ils
�169
puissent être considérés comme productifs, et si on laissait
le sol ouvert aux eaux non seulement il serait silloné par
les courants ; mais la trop grande quantité des troubles
qu’ils recevraient les rendrait stériles. L’insubmersibilité
absolue doit donc être le but définitif des travaux entrepris.
C’est ce que disaient pour l’Isère MM. les ingénieurs de
Montrond, (p. 101), et Cunit (p. 41 et 43), c’est ce que
nous répétons pour la Durance.
Notons que de simples arrosages répétés sur les terres
voisines de la rivière élèvent dans un temps assez court et
d’une manière très notable, en aidant aux cultures et à
la production les terres, au lieu de les stériliser pen
dant de longues années comme le font les colmatages
avec l’entrée libre des troubles de la Durance. On n’a
qu’à parcourir les terres riveraines qui profitent de ces
arrosages et chaque pied d’arbre notamment de mûrier,
assez récemment planté, indiquera par la partie du tronc
recouverte par la terre, combien l’exhaussement du terrain
se poursuit avec activité et rapidité 1.
CHAPITRE I I I .
83.
Etablissement des levées.
Je les voudrais assez larges
(1) Ou trouvera des détails circonstanciés sur tout ce qui con
cerne l’établissement des épis transversaux dans un grand nombre
de rapports de service présentés par les ingénieurs aux Conseils
généraux des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse. J’en ai trouvé un
excellent résumé dans un rapport présenté par M. Christol, conduc
teur principal, alors chargé de l’arrondissement d’Apt, au Congrès
scientifique de France, 33" session, 1866.
On pourra, sur l'efficacité des travaùx de cette nature, consulter
les rapports au Conseil général des Bouches-du-Rhône de MM. les
ingénieurs en chef Conte, 1866, p. 45, et Monnet 1869, p. 114.
�170
pour que, a leur couronnement, au lieu d’être interdites
au passage des voitures, elles pussent être facilement prati
quées par elles, de manière à ce que le couronnement, re
cevant un suffisant entretien, par suite de cet entretien et
du tassement, pût présenter une surface résistante. Ce
pourrait être d’ailleurs un moyen de communication utile
pour les riverains, et une facilité pour les transports desti
nés à l’entretien des digues.
Quant aux pentes des talus, quelles sont les règles qu’on
doit suivre, doit-on les modifier ou non suivant qu’il s’agit
de la face sur la rivière ou du côté opposé; c’est ce dont je
m’occuperai d’autant moins que, dans la pratique, on a
continué de suivre des règles convenues et auxquelles,
suivant les circonstances, on peut, à raison de la hauteur
des remblais, des localités, des matières employées pour
ces remblais, de la hauteur des terres riveraines, apporter
des modifications nécessaires ou simplement utiles.
Du côté de la rivière les talus doivent, au moins jusqu’à
une certaine hauteur, être abrités par un perré.
Les arbres sur le côté faisant face aux eaux ne doivent
pas être conservés, la plus grande régularité doit être assu
rée autant que possible à ces rives, où l’on doit entretenir
des herbes, des gazons, et seulement de petits arbrisseaux
pour laisser un cours libre aux eaux et éviter des chocs et
des résistances qui créeraient nécessairement des ravines
pouvant finir par amener la rupture même des levées.
Du côté des terres, au contraire, il n’y a aucun incon
vénient, et même il y aura le plus souvent avantage, à ce que
NOTES SUR
LA DURANCE.
�CHAPITRE I I I .
171
les accotements des levées soient couvertes d’arbres et d’ar
bustes leur servant de confort et même de défense.
Ordinairement les enrochements se font au pied même
du talus des remblais, ce qui fait que leur mouvement
porte préjudice à la solidité de' ces mêmes remblais. Ne
serait-il pas possible de garantir le pied de ces remblais
par une banquette, que défendraient ces enrochements et
qui servirait à assurer leur entretien sans toucher aux
levées.
L’idée n’est pas de moi, je n’oserai en proposer l’adop
tion, je l’ai prise dans un traité fort ancien il est vrai, car il
a été publié, en 1771, par M. Bourdel, inspecteur des tra
vaux hydrauliques en Prusse, qui consacre tout un chapi
tre sur la nécessité d’établir une banquette le long des di
gues, entre les levées et le lit de la rivière (p. 35 et suiv.).
On dispose généralement avec beaucoup de facilité des
graviers délaissés par la Durance à proximité des lieux où
doivent être élevées des levées. Il est impossible d’empê
cher de profiter de ces matériaux dans l’établissement de ces
travaux, Il ne faut cependant pas se dissimuler que de pa
reils matériaux manquent de cohésion et sont moins capa
bles que d’autres de présenter des corps compactes, con
densés, opposant une résistance pareille à celle que pour
rait opposer la terre végétale tassée. Dans ces conditions
peut-être est-il nécessaire d’accroître les épaisseurs et de
ne pas négliger l’établissement de perrés et les revête
ments de terre végétale suivant les cas.
84.
Enrochements, clayonnages, etc.
L’action destructive
�172
NOTES SUR
LA DURANCE.
de la Durance s’exerce principalement et presque exclusi
vement au moyen de l’érosion des rives que les eaux souscavent à la base, ce qui entraîne successivement la chute
des terrains de la surface et la disparition des terres à des
distances et sur une épaisseur souvent considérables.
Dans les moments de crue et à la suite de la rupture des
digues ou de l’introduction violente des eaux sur les terres
voisines, par suite de l’augmentation de leur volume et de
l’élévation de leur niveau, elles se répandent il est vrai sur
la surface, y bouleversent le sol, creusent des ravines et
ensablent certaines parties. Mais en temps normal comme
en temps de crue, les eaux poursuivent surtout leur travail
de destruction en attaquant les rives à leur pied et en en
traînant la chute des terrains supérieurs, qui manquent
ainsi de base et tombent par masses dans les eaux avec les
arbustes et même les arbres qu’elles portaient. Les iscles
formés dans la Durance disparaissent ainsi dans fort peu de
temps lorsque les eaux les attaquent, il en est de même
des terres riveraines malgré leur hauteur que les eaux n’at
teindraient jamais, car il n’est pas rare que la hauteur des
terres ainsi attaquées et détruites dépasse de plusieurs mè
tres le niveau des eaux qui les sapent à leur base et déter
minent leur chute et leur disparition dès que cette base
manque. L’action est très prompte si les eaux agissent con
tre de simples colmatages, elle l’est moins lorsque ce sont
des amas de cailloux qui forment la base des terrains entre
pris, mais elle ne s’exerce pas moins d’une manière fort
active, et de temps en temps on voit le terrain sous-cavé
tomber dans l’eau qui l’emporte, alors que d’autres fois
�175
le bruit que font ces chutes, qui se produisent sur des
points qu’on ne peut apercevoir, attirent involontairement
l’attention.
Ce n’est pas d’ailleurs de nos jours seulement que la
Durance se comporte ainsi. De ce que nous changeons si
souvent de système en toutes matières ; il ne faudrait pas
en conclure qu’il en soit de même des rivières, et ce qu’on
a dit de la Durance autrefois est encore vrai aujourd’hui.
Nostradamus (Hist. de Provence, 7e partie, p. 756), écrivait
h son époque : « Ajoutez qu’à ces incommodités et rudes
ses, que ses bords sont la plupart inaccotables, creux et
taillés, ou toujours m ouvants, prêts à fondre et ren
verser. »
Pour éviter que les rives destinées à former les limites
de la rivière soient soumises à ces érosions, on a coutume
aujourd’hui de les défendre par des enrochements destinés
à protéger les levées et autres travaux de défense.
On a critiqué ce procédé non sans donner des raisons
plausibles. On a dit; que les eaux amenées le long de ces
enrochements s’y portent en masse et agissent avec un plus
grand accroissement de volume, de vitesse et de force, et
deviennent des agents plus actifs de destruction. Pour les
eaux à grande profondeur, la vitesse qui se produit à la
surface s’atténue en descendant vers le fond, mais si c’est
exact pour le milieu des cours d’eau, cela ne l’est plus sur
les bords, où le lit est resserré et où l’action des eaux est
activée par le frottement qui produit l’effet d’une chute.
Puis, comme dit M. Costa de Bastelica : « En général, lors
qu’on veut lutter contre un torrent, on n’y parvient pas si
CHAPITRE I I I.
�174.
on oppose une résistance complète, c’est par le brisement
de la force qu’on réussit. » (Des torrents, p. 108.)
Ces réflexions paraissent être justes. Ajoutez que géné
ralement ces enrochements jetés ça et là au pied des di
gues, loin de présenter un ensemble faisant corps et présen
tant une surface régulière et unie sur laquelle glisseraient
les eaux, sont indépendants les uns des autres, présentent
les angles les plus saillants, les surlaces les plus discordan
tes, des vides nombreux, inéganx et irréguliers et qu’on ne
les disposerait pas autrement si on voulait activer l’effet,
l’action et la force de ces eaux.
Ce que peut avoir de vicieux cet emploi des blocs est
signalé dès 1771 par Bourdet, p. 25 ; il n’avait pas échappé
à nos prédécesseurs qui employaient des pierres taillées en
parallélipipédes de 5 à 6 pieds de long, de 2 pieds de large
et d’un pied de haut, en donnant aux digues 8 a 10 pieds
de haut et 2 toises en couronnement. (Béraud, p. 6). Les
digues du vieux fort de Peyrolles établies lorsque le roi de
France était propriétaire de cette terre, ont été établies
d’après ces règles, et elles n’ont pas bougé.
De plus, et ceci est excessivement grave, les blocs repo
sent habituellement sur un sol mouvant et l’action des eaux
telle que nous venons de l’indiquer, déplaçant les graviers
sur lesquels ils reposent, amène de prompts affouillements
à la suite desquels ces blocs disparaissent, de telle sorte
que des rechargements incessants sont longtemps néces
saires.
C’est cependant le système à peu près universellement
NOTES
SUR LA DURANCE.
�175
admis de nos jours pour défendre les diguesx. Que faire,
en effet? Employer des pierres, des fascines, des revêle
ments en branchages, des clayonnages. On l’a fait long
temps. Des Fontaines avait fait accepter ce mode de défense
comme classique pour le Rhin ; les anciens provençaux
Berâud, Billard, Fabre, l’ont préconisé; il est recommandé
par Belidor, et depuis nous le voyons défendu par de Villeneuve, Polonceau et autres.
Je crois qu’on a eu tort d’abandonner complètement ces
moyens qui peuvent être utilement employés dans certaines
circonstances et prévenir, en les employant avec intelligence
et d’une manière opportune, bien des maux plus tard irré
parables ; c’est caresser l’eau pour la dompter, comme le
conseille l’ingénieur Monestier Savignat (Elude, p. 237J ;
mais cela tient en partie au mode d’opérer des syndicats
qui ne se préoccupent que des travaux à faire et à refaire
lorsqu’ils sont d’une certaine importance et non des répa
rations d’entretien courantes.
Les syndics ont comme les préteurs romains dont peu
d’entre eux ont connu l’existence, de minimis non curant,
et parfois ici de petis moyens peuvent avoir de très impor
tants résultats.
Quoi qu’il en soit, il me paraît que, en règle générale, il
y a lieu de recourir aux enrochements pour la protection
des travaux de défense et à leur rechargement lorsque cela
devient nécessaire.
Je dirai en passant que la qualité des matériaux choisis
CHAPITRE I I I.
(1) Cunit, p. 62.
�Ç/'
176
NOTES SUR LA DURANCE,
pour les enrochements laisse souvent à désirer, et que l’on
accepte parfois, a cause de leur proximité, des roches assez
faciles à tailler, relativement moins lourdes que des calcai
res plus durs, plus résistants ; mais dont la manipulation
est plus difficile et plus coûteuse.
Je ne sais pas pourquoi, en employant les enrochements,
on ne chercherait pas à obvier aux inconvénients qu’ils pré
sentent par l’activité qu’ils donnent à l’action des eaux irri
tées par les inégalités et les vides que les blocs présentent,
en glissant entre eux les déblais extraits des carrières où on
se procure ces blocs ; on donnerait ainsi quelque cohésion
à ces roches détachées, on les lierait entre elles, on en fe
rait un tout plus compacte et on détruirait ainsi, en partie
du moins, les fâcheux effets que leurs aspérités et leur irré
gularité font produire aux eaux. On paralyserait dans une
certaine mesure l’action funeste et incessante des remous et
tourbillonnements, en empêchant les rives de se dégravoyer;
et qu’on ne pense pas que cet appui donné aux blocs pour
amortir partiellement l’effet des eaux, céderait bientôt à la
poussée et à l’entraînement. Des déblais déposés le long
des rives de la Durance, a l’occasion de travaux entrepris
sur ses bords, ont résisté pendant des siècles à l’effet des
courants. On en trouve encore des amas à Cante-Perdrix,
sur la rive gauche, au terroir de .Touques, où ils ont été
déposés depuis des siècles à l’occasion de la tentative d’éta
blissement du canal de Provence. D’autres déblais récents,
provenant des tranchées du chemin des Alpes, résistent
également depuis plusieurs années. D’après nous, rien ne
doit être négligé pour éviter les effets de l’irrégularité que
�177
présentent les blocs jetés en rivière, toujours sans ordre et
hérissés d’angles saillants, qui, déjà en 1771, effrayaient
l’ingénieur Bourdet.
CHAPITRE III.
85. Éperons. Pour soulager les levées on a parfois
songé à y placer de distance en distance des éperons desti
nés à rejeter le courant et le gros des eaux en dehors du
pied de ces levées; j’ai encore vu personnellement effectuer
des travaux de cette nature, ces essais ont été malheureux:
les eaux tourbillonnent au-dessous de ces éperons et on ne
saurait trouver un moyen plus actif pour assurer l’effondre
ment des digues auxquelles ils sont juxtaposés. Pour qu’ils
pussent avoir l’effet qu’on en attend, il faudrait les prolon
ger fort loin, mais alors ce serait rejeter directement la
rivière sur la rive opposée en lui donnant une direction
complètement aggressive.
M. Monestier Savignat (Etude, p. 245) écrit à raison de
ces travaux : « il se produit en l’amont et à l’aval des re
mous en spirale qui mordent la rive ; un courant très
rapide a lieu à l’extrémité de la saillie et affouille avec éner
gie. Partout la vitesse rectiligne des eaux, brisée, décom
posée, développe des forces contraires au but que l’on se
propose et très menaçanle pour l’ouvrage lui-même, en
sorte qu’il périt ou qu’il exige des compléments très oné
reux. Cette nature de travaux est donc généralement aban
donnée. »
86. Travaux de natures diverses. Il est une observation
que je faisais à l’occasion de l’emploi des fascines, pieux et
12
�178
NOTES SUR
LA
DURANCE.
clayonnages pour la défense des rives, qui doit être généra
lisée, c’est que dès qu’une nature de travaux est adoptée,
on l’applique d’une manière absolue et invariablement sur
tous les points où il y a des travaux a exécuter. Cependant
les situations peuvent être différentes et les conditions où
l’on se trouve peuvent varier, et il n’est p asju sted en e
pas en tenir compte; mais on a un thème fait, des prix éta
blis, et on applique invariablement la même formule. Cela
est plus commode que logique.
Ainsi je crois qu’on pourrait employer plus fréquemment
qu’on ne le fait, les travaux en maçonnerie, soit pour conso
lider et lier entre elles des parties d’anciens travaux mena
cés ; soit pour des travaux neufs dans les cas rares, je le
reconnais, où on pourra les établir sur un sol résistant et
ferme.
On voit ça et la le long des bords, des restes de travaux
en maçonnerie qui, bien qu’isolés et soumis à l’action conti
nuelle des eaux, résistent à toutes les crues ; j’ai constaté
sur des champs voisins de la Durance de pareilles murailles
qui, établies dans des conditions d’épaisseur ordinaire, et
avec le rocher au pied, ont été blanchies et usées par les
eaux sur la partie que leur niveau atteint habituellement et
sont encore debout. Des digues en béton ont fourni un ser
vice sérieux et si, établies sans fondement elles ont fini par
se rompre, leurs débris ont servi d’assiette utile pour de
nouveaux travaux. Cela ne vaut-il d’ailleurs pas mieux que
les blocs en béton irrégulièrement posés aux pieds des di
gues, pendant un assez long temps les digues en béton n’ont
pas les inconvénients que présentent les blocs détachés, puis
�179
elles procurent les avantages qu’on peut retirer de ces blocs,
M. Monestier Savignat {Élude, p. 246) constate que des tra
vaux de cette nature entrepris sur divers cours d’eau, ont
parfaitement résisté, mais placés sur un sol mobile, alïouillés, attaqués sur toutes leurs faces, ils présentent bientôt
des masses disposées sans ordre au pied des talus, s’en
détachant et laissant entre eux et ces talus un chenal rétréci
que les eaux traversent avec impétuosité.
Toutes les fois que la rivière est mise en communication
avec un canal qui en est dérivé, ou un cours d’eau qui s’y
déverse, les travaux à la jonction devraient être solidement
établis en maçonnerie, pour assurer un procédé régulier à
la prise ou au déversement.
Lorsque une levée en pierre présente des excavations,
des vides, on est dans l’habitude de jeter au-devant des
blocs, c’est une manière certaine pour repousser les eaux
dans le vide, avec toute l’irritabilité possible creuser de
plus en plus le vide et amener en suite la chute de la
chaussée aux pieds de laquelle il s’est formé ; alors que
pendant les basses eaux ce vide eût pu être aveuglé par un
massif de maçonnerie qui eût coûté moins cher que l’apport
des blocs et eut été un remède direct apporté au mal.
Comme je l’ai déjà fait remarquer tantôt, toute nature
de défense peut trouver sa place, si elle est convenablement
choisie, et il ne me parait pas que partout et toujours on
doive rejeter l’une d’elle, perrés, murs en maçonnerie, en
pierres sèches, fascinages, clayonnages, pieux, chevalets et
môme coffres que l’on nomme arches dans les Basses-Alpes,
CHAPITRE III.
�180
et qui sont si usités sur plusieurs affluents, tels que l’Ubaye,
l’Asse, etc.
M. Sylvestre, conseiller général des Bouches-du-Rhône,
aurait trouvé un système d’endiguement peu coûteux, qui a
reçu l’approbation du Conseil Général et que le Ministre
aurait soumis en juin 1892 à la vérification des préposés
du service. S’il est reconnu pratique, efficace et moins coû
teux, comme on l’annonce, pourquoi ne l’emploierait-on
pas ?
NOTES SUR LA DURANCE.
87. Travaux de curage. Il ne prendra pas je suppose
fantaisie à qui que ce soit, d’appliquer les règles sur le
curage des cours d’eau à la rivière de la Durance. Mais une
proposition qui a été déjà formulée et qui pourra bien des
fois procurer d’utiles résultats, c’est d’entretenir autant
que possible la ligne médiane du cours normal de la Du
rance. Même dans les limites que posent à la rivière les
lignes d’endiguement, les eaux seront loin d’atteindre à la
fois les deux rives, en dehors d’assez fortes crues, dans ce
cas plusieurs branches se forment et souvent le lit principal
se porte sur l’une des rives ; quelques mouvements opérés
à peu de frais et avec opportunité dans les graviers pour
raient fixer les eaux sur les lits de l’intérieur de la rivière
en débouchant certaines branches à leur origine et laissant
ensuite les eaux suivre librement leur cours à l’intérieur.
L’entretien d’une ligne médiane par des curages partiels est
conseillé par Billard, p. 35. M. Polonceau, Considérations
sur les ravages des rivières à fortes pentes, p. 8, regrette
qu’on se soit généralement peu occupé à donner une forme
�CHAPITRE I I I .
181
particulière au lit entre les digues et de prévenir la violence
et l’inégalité de l’action des eaux sur les rives et sur les
digues en centralisant le courant.
Avec une œuvre générale d’endiguement dépassant les
limites bornées des territoires de chaque syndicat sur les
deux rives, et sous une administration active et intelligente,
cela me paraîtrait souvent fort utile et pratique. On consti
tuerait ainsi une sorte de lit mineur, on soulagerait consi
dérablement les digues, on permettrait d’opérer plus faci
lement leur entretien et leur conservation, sans en être
empêché par la présence continue des eaux.
Il ne s’agit pas d’ailleurs ici véritablement d’un curage,
comme proposait de l’employer M. l'ingénieur en chef Delbergue Comont à litre de système d’encaissement ; les tra
vaux auxquels nous faisons allusion se font très souvent
pour amener les eaux devant les prises qui alimentent les
canaux, pourquoi au moyen de l’enlèvement de quelques
graviers au point où se forme le partage entre les branches,
ou la plantation de quelques pieux avec des fascines sur
d’autres points, n’emploierait-on pas les mêmes moyens
pour donner dans une certaine mesure un cours inoffensif
aux eaux, non en leur creusant un lit, mais en rectifiant au
début la direction qu’elles doivent suivre. Ces déplace
ments s’obtiennent facilement non seulement lorsqu’il
s’agit d’assurer l’alimentation des canaux dérivés de la Du
rance ; mais encore lorsqu’il a été utile de changer le cours
des eaux pour faciliter l’exécution de travaux pratiqués sur
la rivière ou le long de ses rives.
�182
NOTES SUR LA DURANCE.
88. Ordre dans l'exécution des travaux. Et qu’on ne s’y
trompe pas, lorsque je demande que les travaux soient exé
cutés avec ordre, avec suite, de manière à ne pas être en
désaccord avec le but qu’on poursuit, je ne demande pas
qu’ils soient effectués d’un seul jet et tous en même
temps.
Pour agir aussi économiquement que possible et les éta
blir solidement, il faut le plus souvent choisir le moment et
profiter précisément des déviations du cours de la Durance,
il faut donc que tout arrive à temps. Mais ce qu’il faut sur
tout, c’est d’éviter que parce que tel syndicat placé sur l’un
des bords de la ligne sera disposé à agir et pourra le faire
grâce à ses ressources, il puisse, presque au hazard, com
mencer sur un point donné, qui n’a d’autre explication que
les limites de son territoire ou quelque chose d’aussi acci
dentel, des travaux sans raccord possible en l’état, avec
ceux qui existent en aval ou en amont et que rien n’expli
que et ne justifie au moment où ils sont commencés.
Les points d’attache et de départ sont nombreux. Dès
qu’on veut procéder utilement sur la distance comprise
entre le Verdon et le Rhône, en dehors de certaines dispo
sitions locales qui en fournissent, on a, par exemple, tous
les ponts des routes de terre et de fer qui permettent de
travailler utilement et en harmonie avec les plans d’endiguement et l’état des lieux.
Il y aura à prendre en considération, d’un autre côté,
l’urgence des travaux pour compléter ce qui est resté d’in
complet et partant de dangereux dans les entreprises en
�185
cours. Les points sur lesquels les travaux à effectuer auront
les effets les plus étendus et les plus utiles, etc., etc.
Enfin, dans l’exécution des travaux, il ne faut pas perdre
de vue les deux règles posées par Surell (t. i, p. 59).
1° Les eaux se portent vers l’obstacle et s’y établissent
invariablement.
2° Elles se réfléchissent ensuite en courant vers la rive
opposée.
C’est dans les digues longitudinales, ajoute Surell, que
cette double loi apparaît avec le plus de régularité. Ce
genre de défense altère constamment le courant et le réflé
chit vers la rive opposée plus ou moins loin en aval. Par
tant, dans l’exécution des travaux, il faut veiller à ce qu’ils
soient conduits de manière à éviter le mal qu’ils pourraient
causer, soit à la rive vers laquelle les eaux sont sollicitées,
soit à la rive opposée où elles seront ensuite portées par
réflexion.
Je lis dans le rapport de la commission d’enquête de
1869 : « Dans un pays où les ressources manquent l’exé
cution partielle et isolée des travaux d’endiguement pré
sente de graves inconvénients. Car s’ils sont utiles pour
une rive, ils ont été souvent nuisibles pour la rive oppo
sée. » C’est évidemment ce qu’il faut éviter et ce qui ne se
présentera pas en mettant à la tête des syndicats de chaque
rive la même direction, et en soumettant à l’avis de l’auto
rité supérieure de chaque département l’exécution des tra
vaux projetés sur l’autre rive, et en accordant un droit d’op
position qui permettra, dans ce cas, de porter l’examen du
différend devant le ministre.
CHAPITRE I I I .
�184
NOTES
SUR LA DURANCE.
89. Moment opportun pour les entreprendre. J’ai déjà dit
qu’en l’état du morcellement administratif par syndicat des
rives de la Durance, le moment où certains travaux s’exé
cutent étant subordonné aux convenances accidentelles de
ces directions multiples, est le plus souvent le moment le
plus mal choisi pour l’exécution des travaux.
Il est en effet nécessaire de profiter du temps où les
eaux laissent libre le point où ils doivent être établis, de
manière a pouvoir manœuvrer à l’aise, se rendre un compte
exact des opérations effectuées, pouvoir se procurer à l’aise
les graviers et matériaux pour l’élévation des chaussées et
au besoin faciliter la confection et le placement des blocs
artificiels si on croit devoir y recourir.
Puis il y a lieu de prendre aussi en considération l’état
des eaux pour que les travaux, en se prolongeant, n’empê
chent le transport facile des matériaux et un libre accès, etc.
90. Affluents. Le débouché des affluents sur la rivière,
au lieu de se produire perpendiculairement aux levées et à
angle droit, comme cela arrive le plus souvent, devrait être
précédé de courbes assurant la jonction des eaux par leur
mélange naturel, au lieu des heurts qui se produisent et à
la suite desquels se constituent des barrages réciproques
luttant entre eux suivant la vitesse des deux courants.
D’ailleurs les affluents qui abordent ainsi de front et à
angle droit la Durance, ont généralement une pente très
faible le long de cette dernière partie de leurs cours, de
sorte que non seulement les eaux de la Durance, surtout en
cas de crue, en gênent le débouché dans la rivière, mais
�18S
encore au lieu de déterminer un simple remous et une élé
vation des eaux de l’affluent dans son propre lit, elles en
trent elles-mêmes dans ce lit, et gare si les rives aval qui le
défendent ne sont pas solides, car si elles viennent à céder,
il n’y a pas de raison pour qu’immédiatement une branche
des eaux de la Durance ne s’introduise sur les terres voisisines par celte trouée. Il y a dès lors un grand intérêt à
s’assurer de la solidité de ces levées et à diriger le cours de
l’affluent en lui ménageant a son extrémité une pente qui
empêche le remous de remonter trop en arrière.
CHAPITRE III.
91. Bassins de retenue. L’existence des bassins de rete
nue et leur utilité ne peut être appréciée que dans une
étude portant sur le cours d’eau entier, car de pareils bas
sins ne peuvent être établis que dans des conditions où la
disposition des lieux s’y prête, et particulièrement dans les
parties hautes des cours d’eau. Je n’ai point a m’en occu
per à l’occasion de la Durance entre le Verdon et le Rhône.
Toutefois, comme on a paru proposer sérieusement d’en
créer un dans cette partie du cours d’eau de la rivière, j’en
dirai un mot, ne fut-ce qu’à titre de protestation.
Le rétrécissement du lit de la Durance sur le point même
où a été établi le pont de Mirabeau, dont les piles portent
actuellement sur les rochers bordant la rivière, et qui ont
permis de l’établir a une hauteur que nulle crue n’a pu
atteindre, oppose une gêne naturelle au passage des eaux et
les fait refluer ou du moins se masser en amont. On a
songé à augmenter cette action en établissant un barrage
sur ce point et en formant ainsi en amont un immense
�186
bassin. Quel que soit le respect que méritent les avis des
patrons de la proposition, je me félicite qu’il ne lui ait été
donné aucune suite 1,. Le barrage aurait été très coûteux et
très difficile à établir, il aurait mis sous l’eau à la moindre
crue une surface considérable de terres de grande valeur
depuis longtemps cultivées et en plein produit ; et en l’état
des troubles de la Durance et des limons qu’elle charrie,
dans un temps fort court, cet immense bassin aurait été
envasé et toutes les chasses possibles n’auraient pu abou
tir a le dégorger. Sans compter les maladies qu’aurait ap
portées au loin l’existence des marais que l’on aurait ainsi
créés.
Cela me conduit à dire que s’il n’y a pas lieu d’établir
des bassins de retenue dans ces conditions, avec l’espoir
d’emmagasiner une partie des eaux au moment des crues,
il est des points sur lesquels, en suspendant sans danger
les travaux de défehse portés sur les lignes d’endiguement,
on peut laisser aux eaux une liberté d’extension qui dimi
nue leur rapidité et en atténue les effets fâcheux. Ainsi,
précisément au sortir du pont de Mirabeau, et entre ce
pont et la prise de Cante-Perdrix d’un côté, et l’Escarasson de l’autre, se trouve un espace beaucoup plus large
que celui attribué au lit réglementaire de la rivière, présen
tant un renflement de la vallée. On devrait maintenir cet
état de choses sans nuire à aucun des riverains, l’Etat d’un
côté avec la route nationale, le chemin de fer de l’autre,
N O fE S
SUR
LA DURANCE.
(I) L’un d’eux reconnaissait d’ailleurs que le fonctionnement de
ce bassin eût été insuffisant, s’il n’eût été aidé par de nombreux ré
servoirs supérieurs. (Rapport d’ingénieur, C. gén. de Vaucluse,
1859, p. 25).
�-
CHAPITRE I I I.
187
les eaux pourraient s’étendre et se reposer assez au large
dans une sorte de bassin naturel pour reprendre ensuite
leur cours entre les digues rétablies avec le rocher de l’Escarasson d’un côté, et la prise de Cante-Perdrix de l’autre,
pour point de départ, ce pourrait être considéré comme
une économie bien justifiée.
Au surplus, je n’entends pas plus m’occuper ici des bas
sins de retenue que des autres moyens de prévenir les
inondations, fossés transversaux, reboisements, etc.; il
s’agit de régler la réception qu’on doit faire aux eaux de la
Durance au moment où elles se confondent avec celles du
Verdon, et il est ici le temps de placer cette observation,
que quelles que soient les mesures prises pour diminuer la
quantité des eaux se déversant dans les vallées en temps de
crue, soit qu’on en retienne une partie aux points de dé
part, soit qu’en ralentissant l’impétuosité du cours, en pro
longeant le temps pendant lequel l’écoulement a lieu, on
diminue le volume des eaux à leur passage ; les crues se
produiront toujours. J’ai visité avec un intérêt enthousiaste
les reboisements opérés dans une partie des Alpes, d’où
s’écoulent les eaux portées par la Durance. J’arrivai là
après les inutiles essais tentés dans la basse Provence, où
quelques résineux ont seuls répondu à l’attente, et s’ils ont
boisé quelques terrains, ont multiplié les chances d’incen
die des anciennes souches de taillis de chênes. J’étais mal
disposé, mais on est fier de l’œuvre de l’homme dans nos
Alpes, lorsqu’on voit les conquêtes qu’il a opérées en si
peu de temps, et la végétation luxuriante qui se développe
sur les roches dont il a pris possession ; alors que d’autres
(U
■I l
J
.•
�188
restant encore à côté, en dehors de cette action, ne présen
tent que d’énormes blocs, sans terre et sans atome de végé
tation. Mais ces miracles n’empêcheront pas les crues de se
produire, là où il descendait six, admettons qu’il ne des
cende plus que trois, et c’est bien peu, il faudra toujours
fixer le cours normal des eaux, recourir à l’endiguement.
NOTES SUR LA DURANCE.
92. Travaux intérieurs d’intérêt collectif restreint. En
dehors des travaux à effectuer pour régulariser le cours de
la Durance et assurer son endiguement, il sera certaine
ment nécessaire d’exécuter certains travaux sur le territoire
syndiqué pour prévenir les effets désastreux de la rupture
des digues, et faciliter la mise en culture et l’exploitation
normale de ces territoires. Ces travaux consistant principa
lement en canaux pour l’assainissement et l’écoulement des
eaux, irrigations, colmatages, levées, chaussées et autres de
même nature ont un intérêt commun pour certaines par
ties du territoire syndiqué. S'ils ne sont pas absolument
indépendants des endiguements, s’ils en sont même le
complément, ils présentent principalement un intérêt limité
et local qui doit être confié à l’administration de la collecti
vité de ceux qui sont appelés à en profiter
Il y a lieu d’autoriser à cet effet les préfets à consentir
des autorisations de prises d’eau pour irrigations et colma
tages, qui ne s’étendront pas au delà des communes rive
raines de la Durance. Je dis communes et non syndicats,
parce que les limites de ces concessions sont ainsi plus net
tement déterminées. Ces demandes devront être accueillies
avec d’autant plus d’empressement, que c’est un moyen
�189
certain et relativement assez rapide pour relever le niveau
des terres aux abords du cours d’eau. J’ai peur qu’on en use
peu pour les colmatages, bien que, opérés dans de certaines
conditions, ils puissent se concilier avec un état de terres en
culture, en les soumettant à une direction bonne. Mais les
simples irrigations avec des eaux sortant immédiatement du
lit de la rivière et chargées de substances en suspension,
sont, tout en conservant les terres a la culture, de nature
propre à élever le niveau des terrains, comme j’ai déjà eu
l’occasion de le faire remarquer.
Ces prises pour irrigations et colmatages ne devraient
jamais être autorisées qu’à charge d’être établies au moyen
de travaux fixes, munis de martelières ou autres procédés
permettant de les fermer, et assurant ainsi par la sûreté
des manœuvres que l’entrée des eaux pouvant être réglée,
ne produira pas des effets désastreux sur les terres où elles
se trouveraient amenées en trop grande quantité et en ces
sant d’être dirigeables.
4
CHAPITRE I I I .
93. Entretien. Je n’ai rien à dire de l’exécution des tra
vaux d’entretien dont la nature peut être très variée et qui
ont leurs règles spéciales suivant les conditions dans les
quelles il échet de les effectuer.
Actuellement, celte partie du service est presque com
plètement négligée, et souvent il serait très utile d’y pour
voir pour éviter parfois, avec des mesures de peu d’impor
tance et à peu de frais, des réparations sans lesquelles des
catastrophes peuvent ultérieurement se produire.
Je n’ose ici rappeler, de crainte que l’on ne me prenne
�190
pas au sérieux, des circonstances dans lesquelles le dom
mage le plus insignifiant fait aux digues, qu’il était très fa
cile de réparer, a amené la rupture de ces digues et tous
les maux que cause en pareil cas l’invasion des eaux.
NOTES SUR LA DURANCE.
94. Cantonniers. Je n’entends pas confier à de simples
cantonniers ou aiguadiers la conservation et l’entretien des
travaux de défense, qui exigent généralement non seule
ment le concours de bien des bras, mais encore de forces
de diverses natures et la disposition de matériaux qu’un
homme, même aidé, ne peut apporter sur place et emplo
yer. Mais il est un très grand nombre de détails dont
des cantonniers attachés à la surveillance et à la conserva
tion des travaux devraient être chargés : réparer les talus
des levées et leur couronnement, détruire des essences arbustives pouvant gêner les eaux le long de ces chaussées, y
entretenir les gazons, combler les trous et les lézardes ou
ravines qui commencent à se produire, faire les menues
réparations à des murs et à des perrrés, placer sur certains
points des pieux et des fascines pour prévenir la formation
de branches que le courant pourrait accroître plus tard et
qui pourraient constituer des dangers, surveiller les tra
vaux, donner à temps les indications nécessaires pour atti
rer l’attention des chefs et provoquer utilement des répara
tions plus importantes ou toutes mesures nécessaires, si
gnaler les contraventions de nature à nuire à la conserva
tion des travaux d’endiguem ent, appeler l’attention sur les
travaux à faire aux prises d’eau pour assurer leur fonction
nement nbrmal quant au volume d’eau emprunté h la ri-
�CHAPITRE
III.
191
vière et les dangers que pourrait présenter pour les terres
en aval le défaut de régularité et de solidité de ces prises.
Lorsque des travaux de chargement des chaussées et autres
plus importants, confiés à une entreprise, seraient exécu
tés, une surveillance pourrait être attribuée à ces employés
qui embrigadés, présenteraient plus de garanties que cer
tains surveillants pris plus ou moins au hasard et remerciés
après les travaux qu’ils sont tentés de rendre le plus fruc
tueux possible pour eux. A l’égard de certains petits chan
tiers temporaires relatifs à des travaux où il suffit de mettre
en action la main des hommes, les cantonniers pourraient
être chargés de la direction, sous une surveillance et un
contrôle supérieurs.
��95. Règlement à opérer a l’occasion de la fusion des syndi
cats. Je ne puis dissimuler que j’ai éprouvé une très grande
hésitation pour formuler les conditions dans lesquelles
pourrait s’opérer la fusion des syndicats en une œuvre
générale au moins par rive. M. Cunit lorsqu’il poursuivait
le même but pour l’endiguement de l’Isère, remarquait
<t combien il était facile de garantir complètement et dans
les limites de la justice la plus rigoureuse, les droits et les
avantages résultant pour les membres de chaque association
syndicale, des sacrifices qui leur ont été imposés déjà par
la nécessité d’une défense immédiate » (p. 95). Cet ingé
nieur indique ensuite la marche à suivre suivant lui pour
atteindre ce résultat. Puis tout en persistant à déclarer
combien est simple le mécanisme qu’il propose d’adopter,
il ajoute qu’il serait peut-être préférable encore de recourir
à un tout autre procédé qui consisterait à se borner « à
déterminer la classilication des terrains compris dans les
associations existantes en tenant compte de l’importance et
de l’utilité des travaux exécutés et de la situation plus ou
moins avantageuse qu’ils ont réalisée pour chaque périmè
tre syndical » (p. 90). Je ne conteste pas la netteté de la
15
�194
formule à laquelle se rattache M. Cunit ; mais je ne la crois
pas suffisante, complète et je suis convaincu que son ap
plication est beaucoup plus difficile qu’on pourrait le
croire.
Le décret du 18 octobre 18G2, qui réunit en un syndicat
unique plusieurs syndicats de la rive droite de l’Içère règle,
articles 42 et suivants, les conditions de cette fusion et
l’actif et le passif des anciennes associations dans leurs rap
ports avec la nouvelle. On pourra y recourir au besoin l.
Donc la difficulté s’étant présentée et ayant été résolue, ne
peut être considérée comme insoluble et de nature à empê
cher la fusion.
Le système auquel, après bien des hésitations et des
réflexions, je me suis arrêté est beaucoup plus simple.
C’est de mettre l’œuvre générale soit pour leur actif soit
pour leur passif actuels, à la place des syndicats particu
liers à raison de toutes les opérations faites par eux à l’oc
casion de l’endiguement.
C’est là incontestablement une formule facile à traduire
en pratique et qui est de nature à éviter de longues et diffi
ciles opérations et de nombreuses réclamations et ne fût-ce
qu’à ce point de vue, elle mériterait d’être prise en consi
dération.
Mais est-il juste de faire par la fusion, la même situation
au syndicat qui apporte à l’œuvre des travaux importants
NOTES SUR LA DURANCE.
(1) Un décret du \\ février 1854 organise également par suite
de fusion fb syndicat général de Goncelin et Haut-Tencin sur
l’Isère.
�CHAPITRE IV .
195
qu’à celui qui n’y apporte rien ; au syndical qui est à jour,
qu’à celui qui est sous des charges fort lourdes.
L’objection quoique sérieuse, ne me fait pourtant pas
reculer. D’abord pour le syndicat qui apporte de nombreux
travaux il faudra distinguer entre les travaux d’endiguement
proprement dits, c’est-à-dire exécutés en front sur les
lignes d’endiguement et les travaux intérieurs ; les aména
gements particuliers devant rester exclusivement à son actif
comme à son passif ; puis quant aux travaux en rivière, il
ne sera pas possible d’en attribuer toujours l’actif intégral
au syndicat, puisque plusieurs pourront dater d’une épo
que antérieure de plusieurs centaines d’années à sa fonda
tion ; j’en connais d’exécutés et payés par le roi de France,
alors propriétaire de terres le long de la Durance. Il doit
bien y en avoir dans l’ancien Comtat d’exéculés par ordre
du Pape et sur les fonds de son gouvernement, d’autres
ont été payés par les communes et Etats de Provence et la
Couronne. Je citerai au besoin les nombreuses délibéra
tions des Etats de Provence dont j’ai fait le relevé et qui le
constatent.
Puis parmi les travaux récents, il en est qui ont été exé
cutés en partie, parfois la plus considérable, sur les fonds
de l’Etat et des départements; pourquoi les syndicats pour
raient-ils en bénéficier comme dépenses supportées par
eux. D’autre part pour assurer l’œuvre commune, voilà
des syndicats qui ont fait des dépenses considérables, mais
il ne reste que des vestiges des travaux exécutés, et les
charges qu’ils ont assumées dans l’intérêt commun reste
ront leur seul patrimoine, ou bien il faudra à la suite de
�196
constatations et d’expertises sur les lieux se livrer à des
enquêtes aussi incertaines qu’interminables.
En fait, dans un intérêt commun de régularisation du
cours de la Durance, diverses administrations, que nos ins
titutions aux diverses époques avaient constituées, ont
contribué à l’œuvre. Ces administrations ont fonctionné
légalement; mais il est démontré que ce fonctionnement est
vicieux et qu’il ne permet pas d’atteindre le but poursuivi,
que pour arriver à ce résultat il faut substituer une admi
nistration autrement constituée a l’ancienne. Cette adminis
tration substituée doit se trouver régulièrement mise aux
lieux et place de l’ancienne. Ce qui se passera par suite de
la transmission du service des syndicats communaux aux
syndicats départementaux, c’est ce qui s’est passé lorsque
les syndicats ont été substitués aux communes et aux admi
nistrations précédentes.
Les digues, les chaussées, les travaux de défense n’ap
partiennent pas plus à titre de propriété patrimoniale aux
syndicats que les dépendances du domaine public n’appar
tiennent au domaine privé de l’Etat. Les syndicats en ont
reçu l’administration et non la propriété, tous ces objets
sont hors du domaine de propriété privée tant qu’ils con
servent leur destination; et leur gestion peut passer succes
sivement dans des mains différentes suivant nos institutions
aux divers degrés : communes, départements, Etat.
11 est vrai qu’on a admis qu’il pouvait être tenu compte
à des particuliers compris dans les syndicats de travaux de
défense par eux opérés, en déduction de cotisations aux
quelles on les soumettait à l’avenir. Mais ces personnes
NOTES SUR
LA DURANCE.
�197
étaienl des possédants bien à titre de droit commun et non
de simples administrateurs de travaux établis dans un inté
rêt public et lorsqu’on transportait leur possession du
domaine privé dans l’œuvre d’intérêt public, on comprend
qu’on dût les indemniser; et de nos jours encore, lorsque
l’œuvre d’un simple particulier sera annexée à la défense
commune on devra lui tenir compte de la propriété qu’il
abandonne ; mais cela ne peut être admis que lorsqu’il
est justifié que le propriétaire a agi dans un intérêt exclu
sivement personnel et avec ses propres fonds exclusi
vement ; et lorsque M. X . a demandé au syndicat de lui
tenir compte de la valeur des digues établies le long de
sa propriété, le syndicat ayant résisté à cette demande, la
Cour d’Aix a consacré cette résistance, en déclarant que le
syndicat avait à sa disposition ces travaux de défense
comme substitué aux droits de l’administration de la Pro
vence. Les anciens propriétaires de cette terre n’ayant agi
que comme chargés alors de la défense de son territoire à
l’aide des subventions des Etats de Provence.
Quant aux syndicats lorsque le soin de pourvoir à l’œ u
vre de la régularisation du cours de la rivière et à la dé
fense des propriétés riveraines leur a été confié, ont-ils
jamais eu à tenir compte aux communes, aux départements
ou à l’Etat des travaux précédemment effectués par eux et
placés à ce moment sous la gestion syndicale.
Pourquoi l’œuvre aurait elle à compter dès lors à ce
sujet avec les syndicats ; et si elle ne compte pas en rece
vant la remise de l’actif, comment peut-elle songer à le
prendre sans les charges dont il se trouve grevé.
CHAPITRE IV
�198
Donc l’administration de l’œuvre doit passer des syndi
cats communaux aux syndicats départementaux, telle que
l’œuvre à administrer se trouve et se comporte activement
et passivement, par une simple substitution d’administra
teurs, les syndicats communaux disparaissant les syndicats
départementaux leur succèdent comme leurs héritiers, le
mort saisit le vif “.
Que toutes les constatations soient faites pour constater
cette mutation et les situations aux divers points de vue de
ceux qui y figurent, c’est ce qui me paraît désirable et
nécessaire. Mais je ne concevrai pas que la fusion put lais
ser subsister les syndicats communaux qui disparaissent
pour poursuivre la liquidation d’intérêts qui continuent à
subsister dans les mêmes conditions, sauf que la gestion
administrative passe en d’autres mains, alors qu’il ne s’agit
point d’intérêts, privés industriels, commerciaux ou de
nature semblable à transmettre et à déterminer et liquider.
D’un autre côté comment les membres des anciens syn
dicats pourraient-ils regretter une modification d’adminis
tration qui modifierait considérablement en les amoin
drissant leurs charges ; qui garantirait davantage leur
sécurité si mal défendue aujourd’hui. Enfin pourquoi
l’œuvre centralisée répugnerait-elle à accepter les charges
correspondantes aux avantages qui seraient mis à sa dispo
sition, alors que la centralisation augmenterait le chiffre de
ses ressources en lui en laissant un intelligent emploi, lui
NOTES
SUR
LA DURANCE.
(1) Ces principes paraîtront peut-être avoir été tout ou moins in
directement consacrés par l’arrêt du conseil d’Etat du 31 janvier
1861, syndicat du Haut-Tencin,
�-199
permettant de satisfaire plus largement et plus sûrement à
toutes les nécessités de l’œuvre.
Je reconnais que les tiers créanciers des syndicats à rai
son de prêts, travaux ou autres causes, ne pourraient être
tenus malgré eux d’accepter celte substitution d’obligé
mais ces garanties étant accrues par le projet, cette substi
tution sera rarement contredite et lorsqu’elle ne sera pas
acceptée, il sera très facile de procéder au remboursement
au moyen d’emprunts régulièrement contractés dans de
bonnes conditions. Disons à cette occasion que lorsque
l’œuvre nouvelle se verra soumise a des charges qu’elle
pourra alléger en remboursant les créanciers des syndicats
au moyen d’emprunts moins onéreux, elle ne devra pas
hésiter, après due autorisation, à faire l’opération.
Faut-il ajouter que le syndicat départemental en assu
mant les charges des syndicats sera substitué à tous leurs
droits, et si cela doit s’entendre pour l’avenir cela devra
être également applicable au passé, en ce sens que les sub
ventions dont l’acquittement en retard n’a pas été effectué,
pourront être poursuivies par lui ; ainsi que les cotisations
régulièrement établies et dont le paiement n’aurait pas été
réalisé.
CHAPITRE IV .
9(1. Déplacement des archives. Je copie textuellement une
partie de l’article 45 du décret du 18 octobre 1862 sur la
fusion de divers syndicats en un seul, pour la partie supé
rieure de la rive doite de l’Isère :
« Les dossiers, titres, plans et autres papiers des asso
ciations actuelles seront classés et conservés dans les archi-
�200
NOTES SUR LA DURANCE.
ves du nouveau syndicat. La remise de ces pièces sera
régulièrement constatée, on en fera deux expéditions dont
l’une restera dans les archives, l’autre sera gardée par le
dépositaire actuel pour sa décharge. »
Je préférerai que ces expéditions fussent dressées en
trois exemplaires, dont deux recevraient la destination indi
quée et la troisième serait déposée dans les archives de la
commune où fonctionnait le syndicat.
�TABLE DES MATIÈRES
Introduction.................................
Bibliographie............................................................................
Pages.
1
9
CHAPITRE I"
Description sommaire du bassin de la Durance
N» du paragraphe.
Son cours...............................................................
Orographie.................................................................................
Géologie.....................................................................................
Classement de ce cours d’eau...................................................
Etymologie du nom Durance....................................................
Nature et caractère de ce cours d’eau.......................................
Longueur et division du cours d’eau.......................................
Affluents........................... ;........................................................
Largeur du lit.............................................................................
Iscles...........................................................................................
Débit....................................................
Cotes d'altitude..........................................................................
Pente et vitesse des eaux..........................................................
Crues...........................................................................................
Navigation ; flottage..................................................................
Ponts...........................................................................................
1
2
3
i
3
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
�202
NOTES
SUR
LA
DURANCE.
Analyse des eaux de la Durance1 ............................................
Limons-----’...............................................................................
Cailloux......................................................................................
Niveau du lit.............................................................................
Filtrations...................................................................................
Produits du sol...........................................................................
Communes riveraines ; population............................................
Voies de communication............................................................
Prises et concessions d’eau2......................................................
Endiguement; évaluation des dépenses...................................
Surface à protéger et à conquérir............................................
Travaux de défense existants....................................................
Pertes occasionnées par l'insuffisance des défenses.................
Utilité des defenses....................................................................
Syndicats.....................................................................................
18
19
20
21
22
23
24
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26
27
28
29
30
31
32
(1) Un travail très important sur la composition des eaux et limons de la Duran
ce, dû à M. G. Gastinc, chargé de mission, a été publié pendant l’impression de ce
travail, dans le B u lle tin d u m in is tè r e de l’a g r ic u ltu r e , IIe année, n° 5, septembre
1892, p. 389 et suiv. II a été fait depuis un tirage à part de cette étude, que nous au
rions été heureux de mettre à contribution et où nous ne pouvons que renvoyer
aujourd'hui pour compléter les observations sommaires que nous avons présentées
sous les nos 18 et 19. •
i'2) Le 22 février 1893, un décret a été rendu concédant 2000 litres d’eau à prendre
à la Durance pour arroser les territoires des communes de Cabannes, Saint-Andiol,
Verquières et Noves. Cet acte a donné lieu à une interpellation de M. Pourquery de
Boisserin, adressée au ministre de l’agriculture dans la séance de la Chambre des
députés du 28 mars 1893. D’un autre côté, la présentation de nouvelles demandes de
concession et le fonctionnement irrégulier des anciennes, ont donné lieu à des ré
clamations nombreuses dans des réunions de Maires. Les journaux annonçaient ces
jours-ci qu’une enquête serait ouverte pendant vingt jours, du lpr au 21 juillet 1893,
sur le projet de loi et le projet de décret présentés par le Ministre de l'agriculture,
ayant pour objet la réglementation des prises d’eau de la rivière de Durance, dans
les départements des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse, en aval du pont de Mira
beau. Mais tant que la Durance ne sera pas endiguée, que les prises seront mobiles,
que l’eau y sera amenée par des travaux passagers, cette réglementation en fait ne
pourra devenir une réalité.
�TABLE DES MATIÈRES.
205
CHAPITRE 2
Absence d'organisation ;
de direction et de fonctionnement régulier de l’œuvre;
de régularisation du cours des eaux et de défense
des territoires
Le mal a été aggravé par le fait des hommes...........................
Déboisement des montagnes......................................................
Vices d’organisatioq de l’œuvre................................................
Point de vue rationel ; matière à réglementer.........................
Ancienne organisation...............................................................
Organisation ; administration actuelle.....................................
Partage de la vallée entre deux départements.........................
Syndicats.....................................................................................
Inconvénients de leur multiplicité............................................
Vices de leur fonctionnement....................................................
Plaintes auxquelles ils ont donné lieu.....................................
Action du personnel technique.................................................
Caractère agressif des anciens travaux.....................................
Loi du 28 mai 1838...................................................................
Son but.......................................................................................
Plans............................................................................................
Les prescriptions de la loi de 1858 sont-elles rigoureusement
observées ? .........................................................................
Absence d’ordre dans l’exécution des travaux........ ................
Pratiques fâcheuses des chemins de fer en établissant leurs
voies...............................................................
Protestations contre les modes suivis dans l’exécution des
travaux...............................................................................
Travaux de peu d’importance...................................................
33
34
33
36
37
38
39
40
41
42
43
44
43
46
47
48
49
50
51
52
53
�NOTES SUR LA DURANCE.
204
Travaux exécutés pendant les crues.........................................
Travaux d’entretien ; absence...................................................
Gestion financière......................................................................
Etat financier............................................................................
Cotisations excessives................................................................
Limitation dans les Hautes et Basses-Alpes.............................
Reconnaissence des dangers de la situation financière ; tenta
tives pour la modifier........................................................
54
55
56
57
58
59
60
CHAPITRE III
Ce
q u ’i l
fa u t
fa ir e
§ 1 . — ORGANISATION ADMINISTRATIVE
Nécessité d’assurer le cours normal des eaux.........................
Unité de direction et d’administration.....................................
Direction confiée à l’Etat..........................................................
Syndicats départementaux..........................................................
Syndicats communaux..............................................................
Ingénieur directeur..................................................................
Action des diverses autorités administratives.........................
Règles générales d’administration............................................
6i
62
63
64
65
66
67
68
§ 2 . — GESTION FINANCIÈRE
Centralisation des fonds...........................................................
Ressources financières. Contribution des riverains............ . •
De l’Etal............................................................................. ..
69
70
71
�T A BL E D ES M A TIÈR ES.
Des départements.......................................................................
Des communes...........................................................................
Des concessionnaires d’eau........................................................
Recettes diverses.........................................................................
Dépenses..........................
Travaux établis par des services spéciaux...............................
20 b
72
73
74
75
76
77
§ 3. — QUELQUES MOTS SUR LES TRAVAUX A EXÉCUTER
Des travaux.................................................................................
Lignes d’endiguement................................................................
Digues longitudinales submersiblesou insubmersibles............
Double rang de digues...............................................................
Digues transversales...................................................................
Etablissements des levées..........................................................
Enrochements, clayonnages, etc...............................................
Eperons.......................................................................................
Travaux de diverses natures....................................................
Curage.........................................................................................
Ordre dans l’exécution des travaux..........................................
Moment opportun pour les entreprendre.................................
Affluents.....................................................................................
Bassins de retenue.....................................................................
Régime des travaux intérieurs dessyndicats............................
Entretien.....................................................................................
Cantonniers............................................................................
78
79
80
81
82
83
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86
87
88
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91
92
93
94
���
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Title
A name given to the resource
Notes sur la Durance en général et spécialement sur son régime administratif entre le Verdon et le Rhône, ce qu'il est, ce qu'il devrait être
Subject
The topic of the resource
Aménagement du territoire
Approvisionnement en eau
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Féraud-Giraud, Louis-Joseph-Delphin (1819-1908)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 38107
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Makaire (Aix)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1893
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
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Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-38107_Feraud_Notes-Durance_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
206 p.
In-8°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/361
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Durance. 18..
Abstract
A summary of the resource.
Louis-Joseph-Delphin Feraud-Giraud (1819-1908), considère dans cet ouvrage que « le régime auquel la Durance est soumise de nos jours est mauvais, à tous les points de vue : administration, travaux, finances ». Il entreprend de signaler « le mal et certains moyens pour le conjurer » (préface, p.1)
En effet, l’auteur va tout d’abord réaliser une analyse de l’emplacement, de la composition et du partage du bassin de la Durance, afin de disserter par la suite de son exploitation et de son administration, aussi bien d’un point de vue juridique que d’un point de vue pratique.
Il soulève ainsi l’absence d’organisation dans certains domaines et propose dans cet ouvrage des solutions administratives, financières et pratiques.
Résumé Morgane Dutertre
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Pour régulariser le cours de la Durance, en particulier lors de sa traversée des Basses et Hautes Alpes, il faudrait créer une administration unifiée et compétente pour décider des aménagements nécessaires
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Notes sur la Durance en général et spécialement sur son régime administratif entre le Verdon et le Rhône, ce qu'il est, ce qu'il devrait être <br />- Feuille <i>Castellane</i> ; 224 ; 1869 ; Dépôt de la Guerre (France) ; Chartier (graveur)/Lestoquoy (graveur)/Blanchard (graveur)/Rouillard (graveur), ISBN : F802241869. <br />- Lien vers la page : <a href="http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27410" target="_blank" rel="noopener">http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27410</a><br />
Cours d'eau -- France -- 19e siècle
Eau -- Droit -- France -- 19e siècle
Rhône, Vallée basse du (France) -- 19e siècle