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Text
Université Paul Cézanne, Aix-Marseille 3
MEMOIRE
*******
Master 2 professionnel
« Métiers de la mémoire et du
patrimoine »
Sujet : « La préparation d’une exposition
retraçant l’histoire de la faculté de
droit d’Aix-en-Provence. »
*******
Mémoire rédigé par Sylvain BORZILLO
sous la direction de madame Dominique
JACOBI, conservatrice en chef au SCD de
l’université Paul Cézanne, et monsieur
Christian BRUSCHI, professeur à
l’université Paul Cézanne, Aix-Marseille 3.
*******
Année universitaire 2007-2008
1
�2
�Remerciements :
Le présent mémoire doit beaucoup à tous ceux qui nous ont aidé, renseigné, conseillé au
cours de nos recherches. Redevable de cet appui bienveillant, nous tenons tout
particulièrement à remercier madame Dominique JACOBI, conservatrice en chef au SCD
d’Aix-Marseille 3, monsieur Rémy BURGET, conservateur au SCD d’Aix-Marseille 3, et
monsieur Jean-Louis MESTRE, professeur à l’université Paul Cézanne, Aix-Marseille 3. Des
remerciements s’imposent également à toutes les autres personnes qui nous ont apporté leur
concours dans la réalisation de ce travail, et particulièrement à mademoiselle Caroline
REGAD, lauréate du master 2 recherche d’histoire du droit et des institutions de l’université
Paul Cézanne. Merci à eux tous pour le temps qu’ils nous ont patiemment consacré.
3
�En 2009 l’université Paul Cézanne fête son six centième anniversaire avec pour
devise : « six cent ans d’avenir ». A cette occasion de multiples manifestations sont prévues et
tout particulièrement l’organisation d’une exposition retraçant l’histoire de la faculté de droit,
qui se trouve au cœur de l’université fondée en 1409. L’opération de communication doit en
outre s’appuyer sur un colloque ayant pour thème l’histoire de l’université d’Aix-en-Provence
et plus largement l’histoire des universités. Enfin l’édition d’un catalogue d’exposition doit
compléter le dispositif moteur des commémorations. La bibliothèque universitaire de
l’université Paul Cézanne à été particulièrement sollicitée pour couvrir l’évènement : depuis
1985 celle-ci peut se vanter d’avoir acquis une réelle expérience en matière d’action
culturelle. Qui plus est, elle conserve dans ses fonds anciens des documents d’un grand intérêt
relatifs à l’histoire de l’université et de la faculté de droit. Son appréciable contribution à
l’organisation des commémorations complète l’aide apportée par les professeurs de
l’université intéressés par ce projet. Une structure spécialement mise en place pour gérer
l’évènement a d’ailleurs vu le jour au sein de l’université, preuve du souci primordiale
qu’accordent les autorités de l’université aux festivités du sixième centenaire de
l’établissement. Cet anniversaire intervient de fait dans une actualité brûlante qui explique en
grande partie les efforts déployés pour célébrer dignement les six cent ans de l’université et de
la faculté de droit.
L’actualité de l’université est en effet dominée par la fusion prochaine des trois universités de
l’académie d’Aix-Marseille : Université de Provence (Aix-Marseille 1), Université de la
Méditerranée (Aix-Marseille 2) ; Université Paul Cézanne (Aix-Marseille 3). Les causes de ce
rapprochement tiennent principalement à deux facteurs. Tout d’abord un facteur économique
et financier : en 2007 la loi d’autonomisation des universités, dite loi Pécresse, a marqué un
pas de plus dans le désengagement financier de l’Etat ce qui combiné à la concurrence
mondiale entre universités pousse les trois universités d’Aix-Marseille à s’unir pour envisager
l’avenir plus sereinement. Le contexte de compétition acharnée entre universités au niveau
planétaire fourni le second facteur d’explication : en 2003 l’université Jiao Tong de Shangai a
publié une liste connue sous le nom de « classement de Shanghai » ou « World Class
Universities » (WCU)1. Ce classement a fait l’effet d’une bombe en France où l’enseignement
supérieur est depuis longtemps montré du doigt pour son inadaptation au monde
contemporain : sur cinq cent établissements dans le monde, la France ne compte que quinze
1
Cf. l’article de Mohamed Harfi « classement de Shanghai et image internationale des universités : quels enjeux
pour la France ? » dans la revue Horizons stratégiques (n°2, 2006) édité par la Documentation Française. Article
disponible sur le site CAIRN : www.cairn.info/revue-horizons-strategiques-2006-2-page-100.htm#no1.
4
�universités et cinq grandes écoles référencées. Des chiffres loin derrière les Etats-Unis qui
comptabilisent cent soixante huit établissements dans le classement et totalisent avec
l’Australie et la Grande-Bretagne près de 45% de l’offre mondiale. Initialement destiné à
évaluer les performances chinoises, le WCU est aujourd’hui un outil crucial pour l’image des
établissements d’enseignement supérieur car disposer d’une reconnaissance internationale
permet d’assurer l’attractivité de l’établissement. Or en se penchant de plus près sur le
classement, on s’aperçoit que celui-ci se base sur deux critères principaux d’évaluation :
l’obtention par la structure considérée d’un prix Nobel ou d’une distinction internationale et la
production scientifique de celle-ci, mesurée aux nombres de travaux publiés dans des revues
anglo-saxonnes faisant autorité2. Outre le fait que la grille de classement soit anglo-saxonne et
axée sur l’enseignement supérieur scientifique, cette dernière porte tort aux établissements
français qui extrêmement nombreux –quatre-vingt-cinq universités et deux cent vingt-cinq
grandes écoles- dispersent leur production scientifique. Ainsi dans l’académie d’AixMarseille, trois universités se côtoient et bien souvent s’ignorent : l’université de Provence,
l’université de la Méditerranée et l’université Paul Cézanne. La fusion des trois universités
devrait offrir une solution à cette situation en créant un géant français de l’enseignement
supérieur drainant chaque année pas moins de 70 000 étudiants3. Cette actualité est
directement liée aux commémorations des six cent ans de l’université ; en effet les trois
établissements de l’académie d’Aix-Marseille sont issus de la même souche : l’université
d’Aix-en-Provence, fondée en 1409. L’importance des cérémonies est donc capitale : il s’agit
pour l’université Paul Cézanne de rappeler les liens anciens qui l’unissent aux deux autres
universités tout en renforçant sa position dans le processus de fusion. Car si la faculté de droit
s’impose aujourd’hui comme l’héritière directe de l’ancienne université d’Aix-en-Provence,
elle peut en conséquence prétendre tenir un rôle prépondérant dans l’université réunifiée de
demain. Parallèlement la dimension historique de l’évènement ne doit pas être occultée : peu
d’universités en France peuvent se vanter d’une origine aussi ancienne. L’université d’Aixen-Provence est fondée en 1409 par la volonté de Louis II d’Anjou, comte de Provence, afin
de doter son comté d’un établissement capable de former des cadres administratifs compétents
recrutés localement. Son geste s’inscrit dans la lignée des fondations princières issues de la
volonté du pouvoir souverain, prenant pour exemple le modèle des universités de Naples et de
Salamanque. Par son acte fondateur Louis II dote la ville d’Aix-en-Provence d’un atout de
2
Nature, Social Science Citation Index, Art and Humanities Citation Index etc.
Ces chiffres hisseront l’université d’Aix-en-Provence à la hauteur des grands campus français. A titre de
comparaison Paris regroupe 183 000 étudiants, Lille 96 000, Versailles 92 000, Lyon 91 000 ; Créteil 84 000,
Toulouse 72 000.
3
5
�choix qui va jouer un rôle important dans l’histoire et le développement de la ville à partir du
XVI° siècle. Eclipsée après 1789 par Marseille, Aix-en-Provence, autrefois ville de
parlement, devient ville universitaire ce qui aujourd’hui encore est une réalité : la ville doit en
effet une grande partie de son dynamisme et de son activité à la population étudiante drainée
par les universités. C’est donc dire toute l’importance qu’il faut rendre à l’ancienne université
et aux actuelles universités qui bientôt ne formeront plus qu’une.
Ce contexte riche et d’un grand intérêt est à l’origine du projet ayant servi de fil conducteur à
notre projet de mémoire : nous nous sommes en effet intéressés à l’organisation de
l’exposition et plus largement du programme des festivités liées au sixième centenaire au
cours du stage professionnel effectué dans le cadre du master 2 « métiers de la mémoire et du
patrimoine » de l’université Paul Cézanne. Le sujet de ce mémoire porte donc sur la
conservation et la mise en valeur des fonds anciens dans les bibliothèques universitaires et
plus particulièrement la préparation d’une exposition retraçant l’histoire de la faculté de droit.
En d’autre terme l’objectif est de préparer un dossier destiné à servir de base à l’organisation
de l’exposition retraçant l’histoire de l’université et plus largement à la mise en valeur de cet
évènement auprès des étudiants, professeurs et du grand public. Le présent mémoire se
propose donc de répondre à une question simple mais essentielle : comment prendre en main
la réalisation d’un dossier d’exposition dans la perspective de festivités qui se veulent
fondatrices d’un nouvel élan pour le projet d’unification des trois universités ?
Méthodologiquement les difficultés sont nombreuses : non communicabilité de certains
documents, délais d’attente, dégradation d’archives, problème d’estimation de la valeur
d’assurance des pièces d’exposition etc. Toutes ces tracasseries nécessitent bien de la patience
pour mener à son terme l’œuvre commencée. Afin de répondre au sujet le choix d’une
méthode empirique d’enquête minutieuse s’est imposé : recueillir patiemment les données
utiles, les synthétiser, les regrouper pour en tirer un dossier opérationnel au plus près des
préoccupations des organisateurs de l’évènement tant attendu. Les résultats de ce long et
méticuleux travail sont présentés dans un développement ternaire, le plus à même de refléter
les exigences ayant présidé à la conception de ce mémoire : il est impossible d’aborder une
exposition retraçant l’histoire d’une institution sans posséder au préalable une idée de
l’évolution historique de celle-ci. La première partie du présent mémoire présente donc
l’histoire de l’université et plus précisément l’histoire de la faculté de droit, moteur de
l’université d’Aix-en-Provence pendant des siècles. Ce conditionnement mène logiquement à
la présentation du catalogue d’exposition qui se veut un outil préparatoire au véritable dossier
d’exposition. La deuxième partie présente en conséquent une sélection de pièces et documents
6
�d’archives au travers desquels le visiteur puisse sentir et toucher la réalité matérielle d’une
histoire longue de 600 ans. Enfin il convient d’illustrer la communication qui devrait suivre la
tenue du colloque relatif à l’histoire de l’université. C’est dans cette optique que la troisième
partie propose un ensemble de documents iconographiques –ou fichier iconographiquedestiné à illustrer le livre qui doit matérialiser pour la postérité le souvenir de cet anniversaire.
7
�Première partie :
histoire de la faculté de droit
d’Aix-en-Provence
8
�R
ares sont les institutions qui à l’instar des universités peuvent se prévaloir
d’avoir traversés les siècles. Du Moyen Age à aujourd’hui, les universités
constituent la base incontournable de l’enseignement supérieur en
Occident et le lieu par excellence de formation des étudiants génération
après génération. Certes les structures ont considérablement évolué au
cours du temps, certes les enseignements comme les étudiants ont profondément changé
depuis le XIII° siècle, mais un fonds commun inscrit dans la mémoire collective relie les
premières universités à celles d’aujourd’hui. La conservation du nom d’universitas à travers
le temps pour désigner un type d’établissement bien particulier et la gloire que tirent
aujourd’hui les universités de leur ancienneté révèle une filiation directe depuis le Moyen Age
jusqu’à notre époque.
Historiquement, les premières universités apparaissent en Europe au cours du XIII° siècle.
Structures nouvelles, elles n’en sont pas moins la conséquence logique d’une lente évolution
commencée avec la décadence du réseau d’écoles urbaines légué par l’Antiquité romaine. De
fait, le savoir antique ne disparaît pas avec les Grandes Invasions : mis à l’abri dans les
monastères, lieux fondamentaux d’étude et de savoir durant le Haut Moyen Age, il attend son
heure. Celle-ci vient avec la renaissance urbaine du XI° siècle : en Italie comme en France le
renouveau des villes entraîne un développement sans précédent de l’instruction sous la
houlette de l’Eglise. C’est en effet la Réforme Grégorienne4 engagée par le pape Léon IX en
1049 qui donne l’impulsion de départ en mettant l’accent sur la formation des clercs au sein
des écoles cathédrales. Parallèlement à cet enseignement dominé par l’Eglise et destiné à
former prioritairement des ecclésiastiques, un enseignement privé voit le jour dès la première
moitié du XII° siècle. Ces écoles privées ont généralement pour maîtres des clercs qui s’étant
établis à leur compte enseignent sous contrat à des laïcs. Pour séduire cette clientèle, les
maîtres adaptent leur enseignement à ses besoins, les « Arts Libéraux »5, pilier de
l’enseignement des écoles cathédrales, sont réduits à l’apprentissage de la logique et de la
grammaire –autrement dit du latin- tandis que l’étude du droit et de la médecine se développe
4
La « Reforme Grégorienne » désigne le vaste mouvement de redressement de l’Eglise entamé entre 1049 et
1099 face à la crise de l’institution ecclésiastique. Menée par les papes Léon IX, Nicolas II, Grégoire VII (qui
laisse son nom à la réforme) et Urbain II, elle vise trois objectifs principaux : l’indépendance de l’Eglise vis-àvis du pouvoir laïc, l’affirmation du rôle primordial du pape en tant chef spirituel suprême de l’Eglise et chef
temporel de l’Italie centrale, et enfin la réforme du clergé corrompu en luttant contre le nicolaïsme (c’est à dire
l’état de concubinage dans lequel vivaient les ecclésiastiques) et la simonie (vente de biens spirituels à prix
temporels).
5
Depuis le Haut Moyen Age les « Arts Libéraux » sont la base de la formation intellectuelle en Occident : ils se
composent du trivium (grammaire, rhétorique, logique) et du quadrivium (arithmétique, géométrie, astronomie,
musique). Cet enseignement se fait bien entendu en latin, langue des lettrés.
9
�pour répondre à une demande sociale croissante. Les premières écoles de droit voient le jour à
Bologne à la fin du XI° siècle6 puis essaiment au-delà des Alpes dans le courant du XII°
siècle. Ce renouveau de l’enseignement s’explique par l’essor économique et commercial que
connaît alors l’Europe : l’Eglise, les pouvoirs laïcs et de manière plus générale les classes
aisées ressentent le besoin de faire appel à des collaborateurs instruits et compétents pour
gérer leurs affaires. Les écoles laïques trop nombreuses et modestes sont toutefois rapidement
victimes de leur succès dans la seconde moitié du XII° siècle : dans le midi de la France
comme en Italie l’enseignement du droit, pourtant prometteur au début du siècle périclite
brusquement sans raison apparente7. Les maîtres étant impuissants à enrayer ce déclin ce sont
les étudiants qui s’attellent à sauver l’enseignement supérieur laïc. A Bologne les étudiants
des écoles de droit amorcent vers 1190 une mutation décisive en se regroupant selon leur
origine géographique en « nations » dont l’organisation est directement calquée sur les
corporations professionnelles qui organisent la société médiévale. Le modèle est repris dans la
plupart des grands centres urbains d’enseignement : les « nations », véritables confréries
d’étudiants, passent contrats avec les maîtres, arrêtent indépendamment le programme des
cours, fournissent aide et protection à leurs membres, règlent les conflits internes, obtiennent
des droits et privilèges particuliers. Parallèlement les maîtres qui quelques décennies plus tôt
se livraient une concurrence farouche et exerçaient leurs activités hors de tout cadre corporatif
s’organisent également en corps. Au tournant du XIII° siècle, toutes les conditions sont donc
réunies pour donner naissance à de grandes entités autonomes d’enseignement supérieur. Pour
se faire, les maîtres et étudiants font appel au droit romain et utilisent le concept d’universitas,
c'est-à-dire de personne morale, pour donner naissance à ce type de société bien particulière
qu’est l’université8. Maîtres et étudiants sont désormais réunis au sein d’une société dotée de
statuts et de représentants élus qui garantissent et réglementent la qualité et la constance des
enseignements, examens et diplômes, de même que l’indépendance des maîtres et étudiants
vis-à-vis des autorités spirituelles et temporelles, ainsi que la protection de ceux-ci dans le
6
L’apparition de ces écoles est contemporaine à la redécouverte du droit romain et surtout du Corpus juris civilis
ou Code Justinien vers 1088.
7
Ceci s’explique en partie par le caractère souvent éphémère de ces petites écoles : les maîtres enseignent seuls
la plupart du temps, louant un local pour dispenser leurs cours. Très mobiles ils vont et viennent d’une ville à
l’autre et jamais leur école ne leur survie : une fois l’illustre professeur décédé, la relève n’est pas forcément
assurée, et quand elle l’est ce n’est que rarement par un maître aussi réputé que le précédent. Dans ces conditions
il apparaît difficile de pérenniser la qualité et la stabilité de l’enseignement.
8
Rappelons que le Moyen Age ne connaît que quatre types de sociétés : la société de personnes, la société de
commande, la compagnie, la société de capitaux désincarnée et anonyme dotée de la personnalité morale. C’est
de ce dernier type de société dont s’inspirent les maîtres et étudiants pour créer l’université: en effet une
université nécessite des capitaux importants et ses membres se renouvellent sans cesse d’une année sur l’autre ce
qui rend nécessaire la personnalité morale.
10
�cadre de la confraternité corporatiste. La première université n’est pas celle de Bologne
comme le veut la tradition9 mais probablement celle de Cambridge, créée de toute pièces en
1208-1209 par des étudiants et professeurs de l’école de droit d’Oxford ayant fait sécession.
Suit l’université d’Oxford (1214)10, puis celle de Paris (1215). Ces premières universités sont
directement issues de la volonté des maîtres et étudiants regroupés en corporations qui
arrachent à l’Eglise et aux autorités temporelles des droits et privilèges leur permettant de se
constituer en institutions autonomes. Mais face au succès des universités les souverains s’en
emparent et fondent ex nihilo leurs propres universités afin d’accroître leur prestige, d’attirer
les lettrés et de former des cadres compétents pour les besoins de l’administration royale :
c’est le cas de l’université de Salamanque fondée par Alphonse IX de Léon en 1218 comme
de l’université de Naples fondée en 1224 par Frédéric II Hohenstauffen. Ce mouvement
s’accélère au XIV° siècle et encore plus au XV° siècle : rois, princes, municipalités créent
souvent à partir de rien des universités qui bien souvent végètent avant de disparaître
purement et simplement : de la vingtaine d’universités fondée en Italie au XIV° siècle plus de
la moitié sont des échecs à court terme.
C’est dans ce contexte qu’intervient la fondation de l’université d’Aix-en-Provence en 1409
par Louis II d’Anjou, fondation typique de la seconde période : ce ne sont point les maîtres et
étudiants d’Aix-en-Provence qui décident en se regroupant de fonder l’institution mais le
pouvoir comtale qui en prend initiative. Cette université aurait pu être éphémère comme tant
d’autres issues de l’orgueil des princes ou des communes, il n’en fut rien : malgré la
concurrence des puissantes universités voisines de Toulouse (fondée en 1229), de Montpellier
(fondée en 1289), d’Avignon (fondée en 1303) et de Valence (fondée 1339), cette université
survit et prospère dans des conditions souvent difficiles. L’une des clefs de cette survie est
l’importance qui dès l’origine est accordée à la faculté de droit placée au centre de l’université
qui comprend en outre une faculté de théologie et plus tard de médecine. Le caractère
primordial de la faculté de droit est tel qu’étudier l’histoire de l’université d’Aix-en-Provence
revient largement à s’intéresser à l’évolution de la faculté de droit, maître atout de
l’établissement. C’est pourquoi le présent récit ne traite pas ou peu des facultés de théologie et
de médecine pour se concentrer avant tout sur l’histoire de la faculté de droit. Aujourd’hui
9
Cette tradition résulte de la confusion entre les écoles de droit et les universités : Bologne accueille certes les
premières écoles de droit vers 1088, l’empereur Frédéric Barberousse leurs accorde effectivement sa protection
en 1155, mais ce ne sont que des écoles indépendantes groupées autour de maîtres. Une université suppose la
création d’une institution unique, dotée de la personnalité morale et de statuts. Or les plus anciens statuts de
l’université de Bologne ne datent que de 1252 et la commune ne reconnaît ces statuts qu’en 1270.
10
Là encore la tradition a créé la confusion : les premières écoles de droit installées à Oxford sont très actives à
partir de 1167. Une association de maîtres y naît en 1200 mais l’université n’est créée qu’en 1214 grâce à
l’octroi de privilèges par le pape et le roi d’Angleterre.
11
�première université de province pour l’enseignement du droit en France, l’université Paul
Cézanne, héritière directe de l’université fondée en 1409, reflète la réussite d’une institution
qui n’a cessé de s’adapter et de renaître au fil du temps. Nous pouvons donc nous interroger
sur les raisons de cette extraordinaire longévité : quelles sont les grandes étapes de cette
évolution depuis le Moyen Age jusqu’à aujourd’hui ? Comment cette université envisage-telle son avenir à l’aune de son vénérable passé ?
Répondre a ces interrogations nécessite de traiter d’une période historique large s’étendant de
la fondation de l’université en 1409 jusqu’au XX° siècle. Cet impératif implique d’adopter
une démarche chronologique rigoureuse reprenant les trois grandes phases d’évolution de
l’université et en son sein de la faculté de droit. En effet cette université est tout d’abord
comtale, son cadre n’excède pas les limites de la Provence. La première période couvre donc
les XV° et XVI° siècles. Le rattachement à la France et l’affirmation du pouvoir royal absolu
à partir d’Henri IV constituent l’étape suivante : la deuxième période traite en conséquence de
l’apogée de l’université au XVII° siècle puis de son long déclin durant le XVIII° siècle
jusqu’à ce que la Révolution la supprime en 1793. Mais rapidement l’ancienne institution
renaît de ses cendres par le biais de la faculté de droit d’Aix-en-Provence et sous la houlette
de l’université impériale en 1806. L’histoire de cette renaissance et le récit des nombreuses
péripéties qui se produisent au cours du XIX° et du XX° siècle constituent la troisième et
dernière période de l’histoire de l’université d’Aix-en-Provence. Chacune de ces périodes est
délibérément envisagée sous l’angle d’évolution de la faculté de droit, pièce maîtresse du
dispositif d’enseignement de l’université dès 1409.
12
�Première période :
l’université comtale, 1409-1603
A ) La fondation de l’université
La création de l’université d’Aix-en-Provence résulte d’une initiative personnelle de
Louis II (1377-1417), duc d’Anjou, comte de Provence, roi titulaire de Naples et de
Jérusalem, fils de Louis Ier d’Anjou11 et cousin du roi de France Charles VI. Cet acte
intervient dans un contexte particulièrement trouble : la Provence connaît en effet à partir de
la grande peste de 1348 -qui fait des ravages jusqu’en 1373- une succession de calamités qui
laissent le comté exsangue. Sous le règne de Jeanne d’Anjou-Sicile, reine de Naples et
comtesse de Provence de 1343 à 1382, l’autorité comtale s’effondre et les révoltes de
seigneurs provençaux désireux de secouer le joug napolitain sont récurrentes entre 1349 et
1359. Parallèlement la guerre de Cent Ans étend ses ravages à la Provence : en 1357-1358
Arnaud de Cervole12 et sa compagnie ravagent le pays après avoir été appelé par le comte des
Baux en révolte contre la reine Jeanne. En 1368-1369 de nouvelles bandes de routiers
s’abattent sur la Provence à l’instigation de Louis Ier d’Anjou lequel est finalement adopté et
désigné comme héritier légitime de toutes ses possessions par Jeanne de Naples alors aux
aboies. Peu après l’annonce de la nouvelle, une alliance se forme autour d’Aix-en-Provence
-capitale du comté depuis 1182- pour s’opposer à cette décision : c’est ainsi que commence la
guerre de l’Union d’Aix-en-Provence (1382-1388), à laquelle s’ajoute la révolte de Raimond
de Turenne13 (1386-1400). La Provence ruinée par un demi siècle de guerre, de famine et
d’épidémie ne retrouve qu’une paix précaire en 1400 sous la tutelle de Louis II d’Anjou, fils
de Louis Ier. Ecartelé entre ses devoirs de grand feudataire de la couronne de France au
11
Louis Ier d’Anjou (1339-1384), fils de Jean II le bon, roi de France de 1350 à 1364, et frère de Charles V, roi
de France de 1364 à 1380.
12
Arnaud de Cervole (1300-1366), dit « l’Archiprêtre », est l’un des plus tristement célèbre chef de grandes
compagnies du XIV° siècle avec Bertrand du Guesclin et John Chandos.
13
Raimond Roger, vicomte de Turenne, est un chef de compagnie limousin détenteur de plusieurs fiefs en
Provence qui se bâtit à force de concessions pour prix de son allégeance une petite principauté autonome. En
1386 la reprise en main du comté par Marie de Blois pour le compte de son fils Louis II déclenche une sanglante
révolte qui touche toute la Provence.
13
�moment le plus tragique de la guerre de Cent Ans14 et son rêve de conquête du royaume de
Naples dont il s’estime le légitime héritier, Louis II d’Anjou entend consolider son emprise
sur la Provence voisine du royaume de France et idéale tête de pont vers Naples.
La création d’une université à Aix obéit à deux exigences : d’une part rallier les Provençaux
en fondant une institution respectable dans leur capitale d’Aix-en-Provence, ce qui confirme
parallèlement cette ville dans son statut de capitale du comté. D’autre part, Louis II veut doter
son comté d’un établissement d’enseignement supérieur qui puisse former les cadres
nécessaires à l’administration comtale. Instruit par les révoltes précédentes il sait que les
seigneurs et communautés de Provence rejettent les administrateurs étrangers, ceux-ci doivent
donc être recrutés et formés localement. Par ce biais il espère également s’attacher
l’allégeance des Provençaux, ou du moins de ceux d’entre eux qui tireraient profit de la
fondation de l’université. La guerre de Cent Ans a de plus gravement perturbé les courants
d’échanges et de circulation : bien téméraire l’étudiant qui se risque à cheminer vers
l’université de Toulouse, de Montpellier, de Valence ou de Paris. Echapperait-il à la guerre et
aux routiers écumant les campagnes, il lui faudrait encore craindre la famine et la peste. La
fondation d’une université à Aix-en-Provence n’en apparaît que mieux justifiée. Toutefois la
seule volonté du prince ne saurait suffire à créer une université : pour ce faire l’accord du
pape est nécessaire, car ce dernier est au Moyen Age l’unique autorité incontestable et
universelle en matière d’enseignement supérieur. Or en 1409 la chrétienté est divisée par le
Grand Schisme d’Occident (1378-1418) : en 1378 Urbain VI est élu pape à Rome, mais ses
méthodes autoritaires et sa volonté de réforme entraînent la dissidence de certains cardinaux
qui élisent pape la même année Clément VII lequel siège en Avignon15. En 1409 Grégoire XII
règne à Rome et Benoît XIII en Avignon, mais Louis II n’a rien à attendre d’eux : le premier
ne reconnaît pas ses droits sur Naples et se range de facto dans les rangs de ses ennemis,
quant au second il protège le monopole de l’université d’Avignon16. Aussi lorsqu’un nouveau
pape est élu en 1409 au concile de Pise, Louis II s’empresse de lui demander son approbation
en échange de son soutient. C’est ainsi qu’une bulle pontificale d’Alexandre V datée du 9
décembre 1409 érige une université à Aix-en-Provence dotée des mêmes privilèges étendus
14
La période 1392-1429 est en effet marquée par la lutte entre Armagnacs et Bourguignons, la guerre civile en
France profite à l’Angleterre qui contrôle au traité de Troyes en 1420 tous les territoires au nord de la Loire avec
la complicité du duc de Bourgogne.
15
Avignon avait été capitale de la papauté entre 1309 et 1376, Nombres de prélats préféraient cette ville plus
calme que Rome et regrettaient amèrement le retour dans la Ville Eternelle voulu par Grégoire XI.
16
L’université d’Avignon est créée en 1303 par Charles II, roi de Sicile et comte de Provence, et approuvée par
le pape Boniface VIII. Il s’agit de la première université fondée en Provence, toutefois la mainmise de l’Eglise y
est forte, d’autant plus qu’en 1348 le pape achète la ville d’Avignon qui jusqu’alors relevait du comté de
Provence et l’intègre dans le Comtat Venaissin, possession pontificale.
14
�que les universités de Paris et de Toulouse. Cette bulle affirme que les maîtres en théologie,
droit canon et civil étant nombreux dans cette ville et y assurant un enseignement régulier, il
convient d’ériger une université comprenant une faculté de droit et de théologie.
Qu’en est-il cependant des origines réelles de l’université ? La bulle pontificale permet de
dresser un tableau fiable de ce qu’était l’enseignement à Aix-en-Provence avant 1409. Tout
d’abord l’université fondée par Louis II d’Anjou ne comporte pas de faculté des « Arts
Libéraux ». Ceci implique que l’enseignement du trivium et du quadrivium devait être déjà
solidement implanté via une « école de grammaire »17. Un contrat de vente daté de 1377
mentionne pour la première fois le maître de l’école de grammaire d’Aix-en-Provence :
« magistro Johanni Pastoris, regenti scolas gramatica Aquis ». Les archives mettent en
évidence l’implication des autorités municipales dans le processus de scolarisation des jeunes
élèves, si on se réfère au contexte historique une école n’a pas pu voir le jour en des temps
aussi troublés, cela suggère qu’elle doit être antérieure à la grande peste de 134818. En outre il
apparaît clairement qu’Aix-en-Provence dispose depuis la fin du XIII° siècles d’un
enseignement régulier en théologie dispensé à Saint Jean de Jérusalem et dans les couvents
des Dominicains, Augustins, Carmes, et Cordeliers. Pour ce qui est de l’enseignement du
droit, il semble plus récent : les registres de l’université de Toulouse comptent à la fin du
XIV° siècle de nombreux étudiants en droit canon originaires de Provence ce qui prouve
qu’aucun professeur de droit canon n’enseignait à cette époque –ou du moins pas de manière
régulière– à Aix-en-Provence. A contrario, ces mêmes registres de l’université de Toulouse ne
mentionnent pas d’élèves originaires d’Aix-en-Provence inscrits pour suivre l’enseignement
de droit civil. Parallèlement les archives font état pour la première fois de deux professeurs de
droit civil, Pierre de Cava et François de Grassis, établis à Aix-en-Provence dès le milieu du
XIV° siècle19. On peut donc en déduire que des professeurs de droit civil dispensent un
enseignement de droit civil de qualité dès cette époque. Les conditions sont donc réunies pour
créer une université. Pour renforcer le prestige de sa fondation, Louis II d’Anjou entretient
d’ailleurs la confusion en s’intitulant dans les documents officiels « fundator universitatis »
tandis qu’Alexandre V est nommé « institutor universitatis », ceci afin de donner à cette
université comtale le prestige d’une fondation pontificale.
17
Les « écoles de grammaires » sont des écoles privées indépendantes des écoles cathédrales, qui enseignent
généralement sous la direction d’un clerc les « Arts Libéraux » et plus spécifiquement le latin, langue des études
universitaires.
18
Pour plus de détail sur l’école de grammaire d’Aix-en-Provence, cf. Jean POURRIERE, Les commencements
de l’école de grammaire d’Aix-en-Provence, imprimerie Paul Roubaud, Aix-en-Provence, 1970.
19
Les archives départementales des Bouches-du-Rhône conservent une lettre de Fouques d’Agouts et Hugues
des Baux, administrateurs du comté, confiant à Pierre de Cava et François de Grassis, chevaliers et professeurs
de droit civil à Aix-en-Provence, le soin de régler une affaire de bornage à l’étang de Valcarès.
15
�Les attentes de Louis II sont toutefois rapidement déçues : clercs et étudiants boudent son
université, préférant se rendre à Toulouse, Montpellier ou Avignon pour étudier. Si bien qu’en
1413, celui-ci invite par lettres patentes les ecclésiastiques de son comté de Provence à venir
faire leurs études à Aix-en-Provence, vantant l’air salubre de la ville, l’abondance de vivres, le
naturel paisible des habitants et la présence de savants docteurs qui en font un lieu propice à
l’étude. La municipalité, sachant le bénéfice qu’elle peut tirer de l’institution d’une université
gage de richesse et de puissance, rétribue elle-même les professeurs et parvient à faire venir
deux grands docteurs en droit : Jean de Vitrolles20 et Louis Guiran.
Toujours dans le but de séduire professeurs et étudiants, les statuts universitaires mis au point
en 1418 se révèlent particulièrement généreux et libéraux : les étudiants se voient ainsi
garantir un loyer fixe pour se loger, ils n’ont pas d’obligations vestimentaires, peuvent
librement s’adonner au jeu et participer aux réjouissances publiques. En outre le premier
degré universitaire, le baccalauréat, peut être conféré gratuitement aux étudiants pauvres. Les
statuts leur reconnaissent même le droit de béjaunage21, formellement interdit dans les autres
universités. Parallèlement la seule condition pour s’inscrire est de savoir le latin, tandis que le
flou entourant les conditions de délivrance des diplômes permettent d’envisager des
accommodements. Les professeurs obtiennent eux la garantie d’une autonomie totale au sein
de l’université. Ces statuts fixent également l’organisation de l’université : celle-ci est
présidée par un chancelier, le premier titulaire du poste en étant l’archevêque d’Aix-enProvence. Son rôle est toutefois largement honorifique, la réalité du pouvoir revenant au
recteur élu au suffrage universel par l’assemblée des étudiants et professeurs. Le recteur, qui
doit obligatoirement être un étudiant, gère les affaires de l’établissement et rend justice22 aux
membres de l’université, assisté de neuf conseillers. Ces statuts révèlent cependant des
lacunes évidentes : ainsi l’absence de programme de cours indique clairement que l’université
n’a pas les moyens de s’y conformer faute de professeurs. La cherté du poste de recteur, les
responsabilités et les dépenses qui y sont associées en détournent les étudiants, les professeurs
doivent donc créer un poste de vice-recteur pour pallier l’absence de recteur. Cette solution
20
Jean de Vitrolles, est alors un docteur en droit très réputé : bénédictin de Saint Victor de Marseille, il est aussi
recteur du collège Saint Germain à Montpellier. Pour plus d’information sur le sujet, cf. Nicolas COULET, revue
Provence Historique, fascicule 65, Fédération Historique de Provence, Aix-en-Provence, 1966.
21
Le droit de béjaunage impose à l’étudiant nouvellement inscrit de payer un banquet au recteur et à ses
conseillers, un « don de joyeuse arrivée » aux anciens étudiants généralement payé en vin, et une série
d’épreuves grossières en présence des notables de la ville dont la venue doit imposer une certaine retenue des
étudiants.
22
L’université dispose en effet de privilèges et immunités étendues : ainsi le domicile des étudiants est inviolable
et seul le recteur peut décider d’une perquisition. Le recteur est également juge souverain quand il s’agit de
régler un litige mettant aux prises des membres de l’université, ses jugements ont force de loi pour peu qu’ils
soient conformes au droit.
16
�censée être provisoire perdure en réalité jusqu’à la réforme des statuts de 1510. Durant ses
premières années, l’université languit dangereusement, à tel point que Louis III, successeur de
Louis II d’Anjou, décide de prendre des mesures radicales. Par ses lettres d’Aversa datées du
14 novembre 1424 il enjoint tout d’abord la commune d’Aix-en-Provence de payer
convenablement les professeurs afin que ceux-ci dispensent un enseignement régulier, il
ordonne également que tous ses sujets Provençaux viennent étudier dans cette université et
non ailleurs sous peine d’amende, enfin il entend veiller au respect des contrats
d’enseignement passés entre l’université et les professeurs. En 1460 René d’Anjou,
successeur de Louis III, renouvelle ces lettres et aggrave les sanctions prévues à l’encontre de
ceux de ses sujets Provençaux qui voudraient aller étudier ailleurs qu’à l’université d’Aix-enProvence. Ces mesures répétées prouvent le peu de succès rencontré par l’établissement fondé
en 1409. Cela s’explique en partie par l’absence à Aix-en-Provence de collège offrant
l’hospitalité aux étudiants23 : à titre de comparaison Avignon compte à la même époque une
dizaine de collèges dont les deux plus importants24 accueillent gratuitement une trentaine
d’étudiants en droit chacun.
A la fin du XIV° siècle l’université fondée par Louis d’Anjou se trouve donc dans une
situation critique : en 1489 elle ne compte que neuf docteurs agrégés25 et sans doute à peine
plus d’étudiants. Ni les droits et privilèges concédés, ni le soutient de la municipalité, ni les
lettres patentes obligeant les Provençaux à venir étudier à Aix-en-Provence ne sont parvenus à
rendre viable cette université dont l’avenir semble bien compromis moins d’un siècle après sa
fondation. C’est dans ce contexte qu’intervient en 1482 le rattachement de la Provence à la
France, cet événement fondateur va permettre l’épanouissement de l’université d’Aix-enProvence et assurer son avenir.
23
Il semble que Jean de Vitrolles en acquérant quelques maisons à Aix-en-Provence ait voulu y ouvrir un
collège, le projet échoua cependant.
24
Il s’agit du collège saint Nicolas, fondé en 1424, et du collège de Roure, fondé en 1476.
25
Les docteurs agrégés sont les docteurs appartenant à la corporation ou collège des docteurs de l’université, ce
qui leur confère des droits et privilèges importants mais aussi des devoirs et en particulier celui d’assurer
régulièrement les cours quoiqu’il arrive.
17
�B ) L’affirmation de la faculté de droit, 1510-1603
A la mort de Louis II d’Anjou en 1417, ses trois fils deviennent successivement comte
de Provence : d’abord Louis III (mort en 1434), puis René Ier d’Anjou, le « bon roi René »26
(mort en 1480), et enfin Charles III du Maine. Ce dernier meurt de maladie moins d’un an
après son frère, le 11 décembre 1481 à Marseille. Dépourvu d’héritier direct, il lègue ses
possessions à son parent le plus proche, le roi de France Louis XI, en précisant dans son
testament que la Provence devait rester « unie et aulcunement sulbaternée ». Huit jours plus
tard, Louis XI désigne Palamède Forbin gouverneur de Provence, ce dernier réunit en janvier
1482 les Etats de Provence à Aix-en-Provence pour définir les termes de l’union du comté à la
France. Louis XI et ses successeurs ne sont reconnus souverain qu’en tant que comte de
Provence, ils doivent reconnaître et respecter les droits, coutumes et privilèges locaux et ne
nommer aucun officier royal qui ne soit Provençal. C’est l’ensemble de ces exigences
préalables au rattachement de la Provence à la France que l’on nomme « constitution de
Provence », ratifiée par Louis XI en 1487. Pour compenser la perte d’autonomie liée au
rattachement du comté au domaine royal en 1498, Louis XII dote en 150127 la Provence d’un
parlement installé dans son ancienne capitale d’Aix-en-Provence28. C’est l’institution du
parlement de Provence qui est à l’origine du soudain et rapide développement de l’université
d’Aix-en-Provence.
Les docteurs de l’université qui remanient en 1510 les statuts de l’université ne s’y trompent
pas : l’installation d’une cour souveraine à Aix-en-Provence doit attirer de nombreux juristes
ce qui met à la disposition de l’université des professeurs compétents et influents dont on
espère qu’ils enverront leurs enfants étudier là où eux-mêmes enseignent. En prévision de
l’afflux d’étudiants et afin de résoudre le problème récurent de la désignation du recteur, les
docteurs de l’université -qui ne sont alors que treize- décident que ce dernier ne sera plus
choisi parmi les étudiants mais au sein des professeurs de droit par un vote dont sont exclus
les étudiants au profit d’une assemblée constituée du chancelier, de l’ancien recteur et du
26
René Ier d’Anjou ne fut en réalité jamais roi, mais il avait hérité des prétentions de son père et de son grandpère sur le royaume de Naples et s’attribua donc le titre de roi de Naples-Sicile ainsi que celui de roi de
Jérusalem.
27
Cf. l’édit de Lyon de juillet 1501 qui substitut un parlement provincial au Conseil Eminent de Provence mis en
place après le rattachement de la Provence à la France.
28
Ce parlement octroyé par le roi à titre de compensation ne fait pas l’unanimité, un proverbe forgé au XVI°
siècle illustre bien le sentiment des Provençaux à son égard : « La Provence connaît trois maux : le Mistral, la
Durance et le parlement d’Aix-en-Provence ».
18
�collège des docteurs agrégés. Les étudiants, autrefois au centre de l’université sont désormais
relégués à la marge. Et le pari fonctionne à merveille : au milieu du XVI° siècle l’université
compte 75 docteurs agrégés dont 20 professeurs de droit également conseillers au parlement.
La corporation universitaire devient une corporation des docteurs de l’université qui se ferme
et au sein de laquelle les professeurs de droit prennent le pouvoir. En 1531, une réforme des
statuts de plus grande envergure confirme cette mutation : désormais l’université n’est plus
dirigée par un recteur mais par un « primicier »29 qui partage les attributions autrefois
dévolues au seul recteur avec le syndic du collège des docteurs appelé « acteur ». De plus les
membres du collège des docteurs obtiennent un droit de regard sur les activités du trésorier de
l’université, ce contrôle devient permanent en 1584 avec la création des auditeurs des comptes
désignés par le collège lui-même. La montée en puissance de la corporation des docteurs se
traduit également par un recrutement désormais tatillon des professeurs : à partir de 1555 seul
les docteurs en droit ayant effectué l’ensemble de leurs études à l’université d’Aix-enProvence peuvent prétendre pouvoir être agrégés à la corporation en tant que docteur ès lois30.
Dans le seconde moitié du XVI° siècle une obligation nouvelle pour les professeurs et
étudiants émerge parallèlement, reflétant bien le contexte politique et religieux du moment :
l’obligation d’être catholique.
La Provence est en effet précocement touchée par les guerres de religion : bien avant le
massacre de Wassy (1562) qui marque en France le début officiel des guerres de religion, de
nombreux protestants provençaux sont condamnés au bûcher dès les années 1540. Le
massacre de Mérindol illustre l’exacerbation des tensions : en avril 1545, Jean Maynier, baron
d’Oppède et premier président du parlement de Provence, marche à la tête d’une troupe de
Piémontais au service du roi de France accompagné d’une milice catholique afin de mettre un
terme à la dissidence protestante particulièrement forte dans le Luberon. Au cours de
l’expédition vingt-quatre villages sont pillés et incendiés, le point d’orgue étant atteint avec
l’attaque du village de Mérindol31 le 18 avril 1545 qui se solde par un sanglant massacre. La
Provence essuie en outre les ravages des guerres italiennes de François Ier : en juillet 1524 le
connétable Charles de Bourbon, passé à l’ennemi, ravage la Provence à la tête de 18 000
hommes mais ne parvenant pas à prendre Marseille il doit se replier en Italie. En 1536 les
Impériaux envahissent à nouveau la Provence, le connétable de Montmorency réussit
cependant à les repousser mais au prix d’une terrible politique de la terre brûlée. Aix-en29
Primicier : de primus inter pares, « premier parmi ses pairs ». L’adoption de ce titre à la place de celui de
recteur (du latin rector, « maître/chef ») montre bien la perte d’influence du titulaire du poste.
30
La faculté de théologie reste ouverte elle aux docteurs étrangers.
31
Département du Vaucluse, canton de Cavaillon.
19
�Provence n’est pas épargnée par la guerre : en dépit de sa reddition la ville est partiellement
incendiée en 1536 par les troupes du duc de Savoie. Prise dans la tourmente des évènements,
l’université décline : en 1537 la municipalité décide d’intervenir et prie le roi d’affecter tout
bénéfice ecclésiastique vacant pour un montant total de 100 écus au redressement de
l’établissement. Elle demande également au roi de confirmer les privilèges de l’université
dont les archives ont été détruites en 1536. Face à l’incurie royale, la ville octroie un bénéfice
annuel de 300 florins à l’université contre un droit de regard sur la nomination des professeurs
et une taxe en nature pour tous les étudiants passant le doctorat32. La municipalité se charge
également d’avancer 1 000 florins en 1541 pour attirer un professeur renommé de droit. En
1557 elle décide d’adjoindre une faculté de médecine à l’université afin d’y revigorer les
études. En réalité des professeurs de médecine enseignaient déjà à l’université, mais de
manière individuelle et irrégulière : la création d’une faculté leur offre un cadre juridique
stable permettant aux études de médecine de se développer harmonieusement. Afin de
renforcer la nouvelle faculté face à l’écrasante prépondérance de la faculté de droit, les
docteurs en médecine décident d’y agréger la corporation des apothicaires et celle des
chirurgiens. Cette décision est lourde de conséquence pour l’avenir : si l’agrégation des
apothicaires profite à la faculté de médecine, celle des chirurgiens entraîne l’université dans
d’interminables procès pour garder le monopole de l’enseignement et de l’exercice de la
chirurgie en Provence. L’université se compose donc à dater de 1557 d’une faculté de droit,
d’une faculté de théologie, et d’une faculté de médecine33, à l’instar des grandes universités
de l’époque. Toutefois le contexte politique et religieux pèse lourdement sur les résultats qui
se révèlent décevants.
Aussi en 1568 le consul Louis Levesque, dénonçant les dangers encourus par les Provençaux
partant étudier à Montpellier, Toulouse ou Valence, veut prendre en main la restauration de
l’université. Il est vrai qu’Aix-en-Provence est relativement épargnée par les guerres, de
nombreux docteurs de droit et médecine du Midi sont venus s’y réfugier, entraînant dans leur
sillage des étudiants34. La municipalité décide donc la création de nouveaux postes
d’enseignement appelés « régences » au sein de l’université : 600 florins annuels35 sont
32
Cette taxe en nature se limite à un don de gants et d’un bonnet aux consuls de ville, elle symbolise néanmoins
la subordination de l’université.
33
Il faut préciser cependant que les premières lettres de docteur en médecine ne datent que de 1562 et que la
faculté de médecine ne prend réellement son essor qu’à partir de 1568.
34
La guerre fait bien plus sentir ses ravages à l’université de Montpellier dont l’église servant à la réception des
doctorants est brûlée en 1561 lors des affrontements urbains entre catholiques et protestants. A l’université de
Valence les cours doivent être suspendus en 1560-1561 et 1567-1568. Le comtat Venaissin est lui la proie des
bandes protestantes d’Oranges qui y font régner la terreur, interdisant l’accès d’Avignon aux étudiants.
35
Ces 600 florins doivent être financés par la taxe sur le vin importé en ville.
20
�alloués par la ville à leur entretient, à savoir 400 florins pour les deux « régents » de droit, et
200 florins pour les deux régents de médecine. De plus les régents sont dispensés de servir
dans la milice, à charge pour eux de seconder gratuitement le service contentieux ou le service
d’hygiène de la ville en fonction de leurs compétences. Une fois ratifiée par le conseil
municipal, la délibération est soumise au collège des docteurs de l’université : ceux-ci
l’acceptent mais entendent rester seuls maîtres de la nomination des régents. Après quelques
discussions la ville plie et c’est avec la bénédiction de l’archevêque-chancelier que les
régences sont créées. Ce dernier les dote au passage d’un bénéfice rural annuel de 100 écus.
Parallèlement le parlement proteste : depuis 1501 il prétend en effet avoir un droit de regard
sur les activités de l’université et intervient de plus en plus dans les nomination des docteurs ;
de fait, nombre de conseillers au parlement briguent un poste à l’université et vis versa. En
compensation, le parlement alloue 900 florins pour les nouveaux locaux des régents et appuie
les consuls d’Aix-en-Provence dans leur demande de subvention aux Etats de Provence
(1569) qui acceptent36 la requête.
Malgré tous ces efforts, l’université continue de voir le nombre de ses étudiants chuter : en
1577 seul cinq lettres de bachelier en droit sont délivrées alors que le collège des docteurs se
montre très accommodant, allant jusqu’à dispenser la plupart des bacheliers en droit de
l’unique examen que ceux-ci devaient passer pour obtenir leur diplôme37. Cette relâche de la
discipline indigne un nombre grandissant de docteurs qui décident en 1568 que le primicier ne
pourra plus dispenser les étudiants d’un examen rigoureux. En 1589 et 1592 le collège
indique qu’il ne tolère plus l’indulgence des examinateurs. Ces mesures draconiennes
associées à la fin des guerres de religion permettent à l’université de se relever après un demisiècle de déclin. Mais alors que le ciel semble s’éclaircir, un nouvel obstacle se dresse sur sa
route.
36
La requête initiale de l’université portait sur les 3 000 livres promis par les Etats de Provence en 1558, ceux-ci
accordent donc une aide annuelle indexée sur les recettes par feu des impôts de la province.
37
Les examinateurs se contentent d’un certificat de bonne vie, d’une preuve que l’intéressé a accompli le temps
de scolarité normal et de la présentation de ses notes de cours.
21
�Deuxième période :
l’université royale, 1603-1793
A ) La montée en puissance de la faculté de droit, 1603-1679
Le XVI° siècle est le siècle de la Réforme mais aussi celui de la Contre Réforme
orchestrée par les Jésuites. Dans toute l’Europe, y compris en Provence, ceux-ci ouvrent des
collèges pour instruire dans le catholicisme les fils de notables destinés un jour à exercer des
fonctions de première importance. En 1564 un collège jésuite ouvre ses portes en Avignon ;
Marseille, Arles, Salon-de-Provence et Saint Maximin demandent aussitôt à en ouvrir un.
Mais Aix-en-Provence éclipse toutes ces candidatures : siège d’un archevêché, d’un
parlement et d’une université, c’est le lieu d’implantation rêvé pour un collège jésuite. Aussi
dès 1583 les consuls réclament de la province des subsides pour bâtir ce collège. La requête
est acceptée et la municipalité d’Aix-en-Provence prend également part au financement de
l’opération. Mais coup de théâtre : le père provincial Jésuite déclare que les sommes avancées
sont insuffisantes et demande mille écus de rente annuelle pour le collège, une fortune. Le
projet est immédiatement stoppé mais reprend en 1593 sous l’impulsion de l’archevêque
d’Aix-en-Provence de Tournon38. C’est alors que tout semble sur le point d’aboutir qu’un
nouveau coup de théâtre intervient : en 1594 les Jésuites sont momentanément bannis de
France après l’attentat de Jean Chatel39. Néanmoins la municipalité décide d’ouvrir le collège
à la rentrée 1595, les cours étant assurés par des régents rétribués par elle. Toutefois le nouvel
établissement demeure dans l’ombre, tant et si bien qu’en 1601 Du Vair, premier président du
parlement d’Aix-en-Provence, intervient devant l’assemblée des Etats de Pays afin d’adresser
au nom de la Provence toute entière une supplique à Henri IV. Cette demande adressée au roi
suggère d’accorder une augmentation de la gabelle dont les fruits seraient affectés à
l’entretient du collège d’Aix-en-Provence et à l’augmentation des gages des régents. Le
38
Ceci n’est guère surprenant quand on sait que l’archevêque-cardinal de Tournon était un ligueur qui déjà dans
les années 1540 avait contribué à installer par ses discours le climat de haine ayant conduit au massacre de
Mérindol.
39
Le 25 décembre 1594, Jean Chatel tente d’assassiner Henri IV, très vite l’enquête met en évidence la
complicité des Jésuites qui sont bannis de France quatre jours plus tard.
22
�projet, qui s’inspire du collège établit à Montpellier en 1593, prévoit une subvention annuelle
de cinq cent écus versée par la ville d’Aix-en-Provence et la création d’un conseil de gestion
répartissant les charges entre autorités civiles et ecclésiastiques de Provence. Mais pour le
plus grand malheur de l’université, Henri IV ne se contente pas de satisfaire cette requête et
va bien plus loin : par son édit d’octobre 1603, il crée une nouvelle université en lettres
humaines, théologie, jurisprudence et médecine largement dépendante vis-à-vis de la
monarchie.
Cette nouvelle université qui prend le nom de « Collège Bourbon » se compose d’une faculté
de droit, d’une faculté de médecine, d’une faculté de théologie et d’une faculté d’arts40.
L’enseignement y est assuré par quatre régents en droit, quatre autres en arts, trois en
médecine, deux en théologie. Contrairement aux docteurs de l’ancienne université d’Aix-enProvence qui s’administrent eux-mêmes et disposent de privilèges étendus au sein de la
corporation universitaire, les régents royaux sont placés directement sous la dépendance du
roi par le biais d’un bureau administratif composé de notables dévoués à Henri IV. Ce collège
introduit également une nouveauté radicale : l’ancienne université étant financée par la ville
d’Aix-en-Provence, les Aixois pouvaient s’y inscrire gratuitement tandis que les étudiants
Provençaux payaient. Or le Collège Bourbon est financé par la province, ce qui signifie que
tous les étudiants originaires de Provence peuvent s’y inscrire gratuitement ce qui laisse
craindre à l’ancienne université la perte de ses étudiants Provençaux. Une concurrence féroce
s’engage donc entre docteurs de l’université d’Aix-en-Provence membres de la corporation et
les régents royaux non agrégés à celle-ci. Dès 1610 ces derniers comprennent que leur statut
de docteurs non agrégés à la corporation de l’ancienne université les prive de tout crédit
auprès des étudiants, du parlement et du barreau d’Aix-en-Provence. Aussi cherchent-ils à
intégrer le collège des docteurs41 : en 1610 deux régents royaux, Barrier et Bellefin, y sont
admis à égalité de droit avec les anciens membres. Cette politique d’agrégation des régents
royaux doit sur le long terme provoquer la dilution du Collège Bourbon dans l’ancienne
université, ce qui se produit effectivement petit à petit42. Mais sur le court terme l’admission
de ces régents royaux au sein de l’antique corporation universitaire y provoque une scission.
Les régents agrégés réclament en effet des privilèges particuliers inacceptables pour les
40
Il s’agit bien entendu d’une faculté des « Arts Libéraux », c’est-à-dire d’un établissement d’enseignement
secondaire où l’on apprend surtout le latin.
41
Le collège des docteurs désigne la corporation de l’ancienne université d’Aix-en-Provence, le nom change
mais on retrouve toujours cette volonté d’affirmer que les membres ne font qu’un au sein de l’organisation qui
défend l’intérêt du groupe.
42
A partir de 1621 les Jésuites prennent la direction du Collège Bourbon, sacrifiant au passage la faculté des
Arts. Si le Collège Bourbon à partir de cette date se délite progressivement et perd de son indépendance il ne sera
cependant jamais totalement assimilé par l’ancienne université.
23
�docteurs de l’université, ce faisant ils montrent le peu de cas qu’ils font de leur adhésion au
collège des docteurs en se préoccupant uniquement de leur intérêt propre. L’odyssée judiciaire
dans laquelle Jacques Fontaine et Antoine Mérindol entraînent l’université d’Aix-en-Provence
illustre bien la concurrence entre régents royaux et docteurs de l’université. Ces deux
personnages, anciens membres de la corporation universitaire qui ont choisi d’enseigner au
Collège Bourbon, réclament publiquement en 1610 le droit pour les régents royaux en
médecine de disposer de la prééminence dans la collation des grades universitaires et dans
l’organisation des examens de préférence aux docteurs de l’ancienne université, ceci en vertu
de l’ordonnance de Blois de 157643. Immédiatement, le collège des docteurs conclut à
l’invalidité de cette déclaration sur la base d’une délibération statutaire de 1606 réglant la
préséance entre régents et docteurs de l’université. Mais les intéressés maintiennent leurs
réclamations, taxant ladite délibération de « papefard non signé et nul ». Le parlement d’Aixen-Provence refusant de juger l’affaire, celle-ci passe devant le tribunal de Grenoble qui en
1613 rend une décision favorable à la cause de Fontaine et Mérindol. Deux ans plus tard, la
corporation universitaire met finalement un terme à cette affaire en donnant satisfaction aux
deux intéressés. Le privilège qui leur est reconnu demeure toutefois personnel, aucun autre
régent ne pouvant s’en réclamer. Par la suite en 1624 les régents royaux réunis adressent une
requête au parlement pour bénéficier des mêmes privilèges que les docteurs agrégés, une
commission d’enquête est constituée par la corporation universitaire afin d’établir la
légitimité de cette réclamation. Devant le manque évident de collaboration de cette
commission et de celle qui lui succède, les régents décident de poursuivre le procès qui dure
jusqu’en 1640, date à laquelle les régents royaux se soumettent. Ces luttes intestines ont pour
origine la répartition du produit de la taxe que les professeurs prélèvent sur chaque étudiant
passant son diplôme, taxe si élevée que nombre d’étudiants faisant leurs études à Aix-enProvence vont passer leur diplôme dans les universités de Cahors, Turin ou Avignon, où les
sommes demandées sont plus modiques. Afin d’y remédier, le collège des docteurs crée en
1611 le grade de docteur en droit non agrégé dont l’obtention ne coûte que 100 puis 75 livres,
contre 150 livres pour un diplôme de docteur agrégé à la corporation et jouissant de facto des
droits et privilèges inhérents. L’initiative est cependant abandonnée deux ans après faute de
résultats convainquant. La même année, deux régents de droit prennent l’initiative de délivrer
devant notaire et contre paiement des attestations de présence aux cours à des étudiants. La
43
Cette ordonnance rend obligatoire la présence de régents royaux en médecine lors des examens d’admission
des apothicaires et chirurgiens. Fontaine et Mérindol font valoir par extension que cette disposition s’applique
aussi aux étudiants de médecine et traduit la prééminence de droit des régents royaux.
24
�corporation les accuse aussitôt d’escroquer les étudiants en leur donnant de fausses lettres de
licence dépourvues du sceau de l’université. Ces querelles ajoutées aux frais d’examen font
fondre le nombre de docteurs diplômés à l’université d’Aix-en-Provence : sept docteurs en
droit pour l’année 1616, quatre pour les années 1617, 1618 et 1619. C’est pourquoi une
révision des statuts est opérée en 1620 limitant de nombre de personne pouvant prétendre à la
taxe sur le doctorat et les dépenses44 générées à l’occasion de l’examen.
Les effets de cette réforme salvatrice se font rapidement sentir : en 1622 l’université confère
le doctorat en droit à vingt-huit candidats et en 1632 ce sont trente-quatre étudiants qui y
reçoivent leurs lettres de docteur ès lois. Dans la seconde moitié du XVII° siècle, la faculté de
droit accueille entre cinquante et soixante étudiants chaque année. Cet afflux soudain enrichit
comme jamais auparavant l’université d’Aix-en-Provence : les recettes passent de 120 écus en
1620 à 1 500 livres trente ans plus tard. Mais alors que les universités voisines utilisent en
général leurs recettes pour constituer des bibliothèques, l’université d’Aix-en-Provence
dépense sans compter pour afficher son rang, se comportant à l’exemple des confréries et
corporations soucieuses avant tout de montrer leur puissance. Des sommes considérables sont
engagées pour embellir la chapelle sainte Catherine45 dévolue à l’université depuis 1409, le
collège des docteurs passe commande de tableaux, l’université affiche sans complexe sa
richesse lors de la procession de la Fête Dieu46, s’octroyant la troisième place dans l’ordre de
préséance derrière les membres du parlement et de la cour des comptes. Ce besoin incessant
d’argent pousse les docteurs de l’université à se montrer particulièrement indulgents avec
leurs étudiants : au XVII° siècle le refus de délivrer la licence apparaît comme une injustice,
certains étudiants se présentent au diplôme de docteur en ayant effectués seulement deux ans
d’études au lieu des cinq requis, les étudiants ne suivent guère les cours et s’en vont dès
avril47 pour éviter d’être élus aux charges particulièrement onéreuses de la Fête Dieu48. Les
professeurs ne sont d’ailleurs guère plus vertueux : leurs absences inexcusables répétées, leurs
querelles sans fin et le lucratif trafic de cours particuliers destinés aux étudiants peu assidus
auquel ils se livrent en font l’objet de toutes les critiques. Face à ces abus le parlement de
44
Outre la taxe en elle-même, le candidat au doctorat devait également assurer à ses frais un banquet aux
professeurs et à ses condisciples ainsi que d’autres menus présents comme le don d’une paire de gants et d’une
boite de dragées.
45
Sainte Catherine est avec saint Yves la patronne de l’université fondée par Louis II d’Anjou.
46
La Fête Dieu ou fête du saint sacrement est célébrée soixante jours après Pâques depuis le XIII° siècle et de
manière particulièrement fastueuse à Aix-en-Provence.
47
L’année universitaire commence alors le 20 octobre pour s’achever le 23 juin.
48
Il s’agit de la charge du « lieutenant du prince d’amour » et du « guidon du prince d’amour » qui prennent
place dans le cortège de la Fête Dieu. A partir de 1650 ces charges incombent par décision des consuls aux
étudiants étrangers malgré les protestations de l’université.
25
�Provence intervient par l’arrêt du 7 août 1666 : désormais les professeurs doivent donner le
programme de leurs cours un an à l’avance, les cours particuliers ne peuvent plus traiter des
matières enseignées en cours et il leur incombe de tenir un registre de présence des étudiants.
Les aspirants au doctorat sont eux tenus de présenter avant chaque examen un certificat
d’assiduité ainsi que leurs notes de cours. Ces mesures montrent l’état de délabrement des
études et plus largement l’anarchie régnant au sein de l’établissement. C’est pourquoi
l’archevêque-chancelier Grimaldi propose en 1674 de procéder à une réforme statutaire de
grande ampleur49. Au cœur du projet se trouve la réforme du mode d’élection des principaux
officiers de l’université : le primicier, l’acteur et le trésorier ne seraient plus à l’avenir élus par
la corporation universitaire réunie au grand complet mais par un conseil restreint50 qui de plus
prendrait la direction des affaires de l’université. L’échec de cette réforme marque
l’incapacité de l’ensemble des membres de l’université d’Aix-en-Provence et du Collège
Bourbon de se penser autrement qu’à travers des cadres corporatifs rigides et archaïques.
En 1675 le bilan de cinquante ans d’évolution de l’établissement offre un contraste saisissant :
d’une part l’université connaît un succès éclatant qui se traduit par la croissance rapide du
nombre d’étudiants venant y étudier et un enrichissement sans précédent. Renommée dans
tout le Midi, l’université d’Aix-en-Provence est sollicitée deux fois en 1624 et 1646 par
l’université de Toulouse qui lui demande de se joindre à elle pour contrer les prétentions des
Jésuites en matière de censure et d’enseignement supérieur. Mais d’autre part, l’université
semble sur le point d’exploser car incapable de se réformer : les ingérences répétées du
parlement de Provence, des consuls d’Aix-en-Provence et jusqu’au conseil d’Etat51 montrent
bien la faiblesse et l’incapacité de l’établissement à s’autogérer. La rivalité introduite par
l’institution du Collège Bourbon et l’arrivée des régents royaux, les procès fleuves qui en
résultent, le peu de sérieux des étudiants comme des programmes et des examens, nécessitent
une reprise en main énergique que la situation interne de l’université interdit cependant.
49
Déjà les statuts avaient été modifiés : en 1633 l’avocat Scipion du Perier propose d’élire le primicier parmi
trois candidats membres de la corporation universitaire exerçant leur art depuis plus de quinze ans. Cette
proposition de réforme est adoptée et complétée par des dispositions similaires concernant l’élection de l’acteur
et du trésorier. Six ans plus tard l’assemblée des docteurs se voit retirer le choix des trois candidats au poste de
primicier au profit d’un conseil formé de l’archevêque-chancelier, des douze plus anciens docteurs de
l’université, du primicier, de l’ancien primicier, de l’acteur, du trésorier. Plusieurs clauses imposent en outre un
délais d’attente à tout ancien titulaire d’une charge qui en briguerait une autre.
50
Ce conseil se compose de l’archevêque-chancelier, du primicier, de l’acteur, du trésorier, des douze plus
anciens docteurs des trois facultés, de quinze docteurs renouvelés chaque année et des cinq anciens primiciers.
51
Par trois fois ce dernier intervient (en 1640, 1644 et 1648) pour rendre au Collège Bourbon la jouissance
intégrale de la taxe que lui avait accordé pour son entretien Henri IV.
26
�B ) Réforme et déclin de l’université royale, 1679-1793
L’année 1679 marque une rupture fondamentale dans l’histoire de l’enseignement de
droit en France : prenant acte de la dégradation du niveau général des étudiants sortis des
universités, Louis XIV décide par édit royal de régler le programme des cours et les
conditions d’examens. Parallèlement, il oblige les universités du royaume de dispenser à leurs
étudiants un cours de droit français en langue française52. Certes les universités conservent la
plupart de leurs droits et privilèges, s’administrant toujours de manière autonome, mais le roi
intervient désormais directement dans leurs affaires, tranchant les litiges, sanctionnant les
écarts. Le rétablissement des études ordonné par Louis XIV se traduit dans les faits par une
centralisation de l’enseignement supérieur accompagnée d’une tentative d’uniformisation du
droit sur le plan national s’inscrivant dans le « projet de réformation de la justice ». L’objectif
sur le long terme est de former des juristes compétents qui maîtrisent le droit français. L’édit
insiste particulièrement sur la réglementation du temps d’études et les conditions d’examens :
quinze articles sur un total de dix-neuf y sont consacrés. Les derniers articles abaissent le
niveau d’étude requis pour se présenter aux charges d’avocat, de juge ou toute autre office
anoblissant à trois ans d’études soit après l’obtention de la licence. Cette dernière disposition
anodine en apparence est lourde de conséquence pour l’université d’Aix-en-Provence. La
corporation des docteurs de l’université tire de fait une partie de sa puissance et de sa
renommée de la présence dans ses rangs d’avocats, juges et magistrats ayant un poste au
parlement de Provence. Si ces derniers en sont membres c’est uniquement parce que
l’ancienne réglementation leur imposait d’être docteur pour être admis à ces postes. La
réforme de 1679 permet aux nouveaux étudiants de briguer les charges qu’ils convoitent sans
avoir besoin de devenir docteur ce qui a une double conséquence : d’une part le nombre de
candidat au doctorat chute brusquement53, d’autre part la corporation universitaire comptant
de moins en moins de docteurs agrégés titulaires d’une charge au parlement, son influence
faiblit en conséquence. Mais sur le moment les professeurs n’y prêtent guère attention : l’édit
d’avril 1679 provoque un effet de panique chez nombre d’étudiants inquiets du durcissement
annoncé des conditions d’examens et d’une réglementation moins permissive des études.
Comme l’édit précise que les dispositions prévues ne prendront effet qu’à la rentrée
52
Jusqu’alors les cours étaient dispensés uniquement en latin tandis que le droit civil variait énormément d’une
province à l’autre avec un substrat commun formé par l’étude du Corpus juris civilis.
53
Au XVIII° siècle jamais plus de quatre lettres de docteur ne sont conférées au cours d’une année.
27
�universitaire suivant la promulgation, qui n’intervient en Provence que le 6 juin 1679, les
étudiants se bousculent pour se présenter aux examens et particulièrement à celui de docteur.
Une course au doctorat s’engage et les professeurs, docteurs ou régents, rivalisent de
générosité et de complaisance : en l’espace de deux mois près de quatre-vingt-huit lettres de
docteur en droit sont délivrées, le 3 et le 4 juin 1679 près de vingt-neuf candidats sont reçus
en moins de quarante-huit heures. Le diplôme, selon les mots de l’historien Haitze, est « avili,
délivré comme une marchandise vénale ». Ce dernier rapporte que la fournée des docteurs
diplômés en 1679 était si notoirement incompétente que l’habitude fut prise en Provence de
nommer « docteur de septante-neuf » tout mauvais avocat. Une fois l’euphorie retombée, il
fallut s’attacher à mettre les statuts universitaires en conformité avec l’édit royal, ce qui se fait
très rapidement entre le 10 février et le 31 mai 1680. L’institution d’un cours de droit français
en langue française soulève bien des objections au sein de l’établissement mais on se refuse
toutefois à défier le roi.
Cette première intervention royale dans les affaires de l’université -parfaitement illégale au
demeurant- est suivie d’une nouvelle atteinte à l’autonomie de l’établissement en décembre
1683 quand Louis XIV rend public le « règlement pour la faculté de droit d’Aix-enProvence » en application de l’arrêt du Conseil d’Etat du 23 mars 168054 qui provoque une
vive émotion55. Malgré tous les efforts déployés, l’université n’obtient pas gain de cause
auprès du roi et doit une fois de plus se soumettre à sa volonté. La première mise en
application de ce règlement divise profondément les membres de l’université56, à tel point que
les résultats de l’élection des douze professeurs agrégés qui se tient à la rentrée 1687 sont
invalidés par décision de justice en avril 1688 et le primicier d’alors, Ignace Saurin, déchu de
ses fonctions un mois plus tard. Parallèlement les docteurs en droit, qui s’estiment seuls
dépositaires du destin de l’université, tentent en 1685 un coup de force en élisant chancelier
non pas l’archevêque d’Aix-en-Provence comme la coutume l’avait établi mais le président
du parlement de Provence, de Simiane, également docteur ès lois. Suite à la plainte du nouvel
archevêque d’Aix-en-Provence le roi autorise le chancelier nouvellement élu à rester en poste
pendant un an, à charge pour lui de faire élire l’archevêque d’Aix-en-Provence au poste de
54
Cet arrêt d’uniformisation des cadres d’enseignement du droit vise à créer dans les facultés de droit un corps
fixe de professeurs agrégés rigoureusement choisis pour leur compétence et chargé d’assurer l’encadrement et la
direction des études dans les facultés de droit.
55
Dans ledit règlement, le roi entend limiter le nombre de professeurs agrégés chargés de l’encadrement des
études à douze titulaires choisis librement par élection. Or la prépondérance appartenait traditionnellement dans
l’université aux douze docteurs les plus anciens en exercice. En outre l’institution d’un pareil collège revenait à
vider de sens la charge de primicier.
56
A la surprise générale le primicier organise des élections totalement libres, sans présenter les candidats par
ordre d’ancienneté, solution envisagée au départ pour adapter le règlement de 1683 aux statuts de l’université.
28
�chancelier de l’université une fois son mandat arrivé à termes. Ces problèmes ne sont
toutefois rien en comparaison de ceux qu’amène l’élection de l’archevêque Daniel de Cosnac
à la charge de chancelier. Décidé à prendre en main l’université, il s’appuie sur la rancœur des
professeurs de médecine et de théologie marginalisés au sein de l’université pour demander
au roi une réforme destinée à amoindrir les pouvoirs du primicier au profit de l’archevêquechancelier tout en sapant la position prépondérante de la faculté de droit au profit des deux
autres facultés57. Le conseil d’Etat donne satisfaction à ces revendications par l’arrêt du 25
juillet 1689, mais sitôt cet arrêt mis à l’enregistrement au parlement d’Aix-en-Provence les
passions se déchaînent. La rupture est consommée lorsque les professeurs de droit refusent de
reconnaître et humilient le vice-chancelier fraîchement nommé, qui n’est autre que le neveu
de l’archevêque-chancelier. La faculté de droit entre ouvertement en conflit avec le chancelier
qui se plaint au roi d’être victime de « révoltes, cabales et rébellions »58. Un nouvel arrêt émis
le 3 juillet 1690 confirme alors celui du 25 juillet 1689 et condamne sévèrement l’agitation
dont les membres de la faculté de droit se sont rendus coupables, l’archeveque-chancelier
triomphe. Mais la guerre de chansons et libelles ne cesse point pour autant et un nouvel arrêt
du conseil d’Etat pris le 16 mars 1692 à la demande de Cosnac rétablit le monopole dont
jouissait la faculté de droit sur les charges de primicier, acteur et trésorier. Néanmoins la lutte
se poursuit, les docteurs réclamant désormais à l’unisson l’abrogation complète de l’arrêt du
25 juillet 168959.
Pour assombrir un peu plus le tableau, les nombreux procès qu’entretient l’université d’Aixen-Provence, surtout contre l’université d’Avignon et le premier chirurgien du roi à cause des
prétentions de ses chirurgiens60, grèvent le budget de façon inquiétante61. Ceci tandis que les
querelles internes au sein même de la faculté de droit reprennent de plus belle à partir de
1703, faisant intervenir une fois de plus le parlement, le conseil d’Etat et le roi dans les
57
La réforme prévoit principalement d’ouvrir la charge de primicier, d’acteur et de trésorier aux membres des
facultés de théologie et de médecine. De plus le chancelier préside désormais les assemblées du collège
universitaire dont la convocation dépend de lui seul. Enfin le poste de vice-chancelier est réservé à un
ecclésiastique nommé par le chancelier.
58
La lutte entre les deux partis déborde largement du cadre universitaire : les professeurs de droit prennent la
foule à témoin, dénoncent l’archevêque au moyen de chansons calomnieuses et veulent en appeler au roi afin
qu’il les débarrasse de cet homme qui selon les mots de Haitze « avait perdu la confiance publique ».
59
Cette union dictée par un intérêt conjoncturel ne saurait toutefois occulter les dissensions internes de
l’université qui à la même époque doit également gérer le problème de la nomination toujours conflictuelle aux
chaires de l’ancien Collège Bourbon.
60
Ceux-ci affirment en effet posséder le monopole concernant l’exercice de la chirurgie en Provence et la
délivrance des diplômes correspondants.
61
A tel point que l’université consent de gros emprunts compensés par des mesures d’économies radicales,
comme la décision prise en 1693 de ne plus payer au jour de la Fête Dieu que soixante cierges aux membres du
collège des docteurs et de ne plus avoir recours au service de musiciens pour accroître le faste du défilé. En 1708
l’université met même à ferme la charge de greffier.
29
�affaires de l’université. Même la faculté de théologie entre en conflit avec l’archevêquechancelier qui privilégie trop à son goût les Jésuites. L’histoire de l’université d’Aix-enProvence à la charnière du XVII° et du XVIII° siècle n’est qu’une suite ininterrompue de
luttes et de procès à répétitions qui permettent à l’envie les ingérences extérieures. Les
querelles rebondissent une fois encore en 1712 à l’occasion d’une énième réforme statutaire
imposée par arrêt du conseil d’Etat62. Les remous engendrés par le nouveau règlement
provoquent l’intervention du chancelier de France Pontchartrain en 1713 : excédé par
« l’esprit de cabale et de partialité qui agite depuis longtemps toute l’université »63, il enjoint
le primicier à procéder rapidement au renouvellement des officiers de l’université
conformément à l’arrêt de 1712. Dans les années 1710-1730, l’autorité royale ne se prive pas
pour nommer directement ses protégés à certaines chaires en violation complète de ce que
l’arrêt de 1712 préconise. En 1723 et 1726 le roi va même jusqu’à nommer directement le
primicier, signe que l’université d’Aix-en-Provence perd le peu d’autonomie qui lui reste.
Seule la pompe dont elle fait preuve lors des processions de la Fête Dieu et des occasions
solennelles comme le mariage du roi en 1726 ou la naissance du dauphin en 1729 maintient
encore la fiction d’une corporation universitaire indépendante.
La situation se stabilise cependant dans les années 1720-1730 : l’université ne connaît plus
désormais de bouleversement majeur, le règlement issu de l’arrêt de 1712, modifié par l’arrêt
du 27 août 172964, reste la pierre angulaire réglant le fonctionnement de l’établissement
jusqu’en 1793 malgré des protestations nombreuses. Ce calme relatif est en partie du à
l’étroite sujétion de l’université vis-à-vis des pouvoirs publics, à tel point que celle-ci ne peut
qu’accepter la création d’une faculté des Arts65 à Aix-en-Provence en 1764 qui lui est
rattachée en 1767 mais dont le règlement a été élaboré par le parlement de Provence dans son
arrêt du 8 octobre 1765. Cette perte d’indépendance ne signifie pas pour autant que la faculté
décline : certes, la qualité des études et l’assiduité des étudiants laissent à désirer, mais de
grands professeurs y enseignent comme Jean-Baptiste Reboul, Jean-Joseph Julien, JeanFrançois de Colonia, Joseph-Sextius Siméon et son fils Joseph-Jérôme Siméon. Un étudiant
de cette même université, inscrit au barreau d’Aix-en-Provence, les surpasse et se distingue
dès 1783 comme avocat en défendant la comtesse de Mirabeau : Jean-Etienne-Marie Portalis.
62
Cette réforme prévoit entre autre l’élection du chancelier et des trois officiers de l’université au cours d’une
assemblée générale en retirant parallèlement tout pouvoir aux membres de l’ancien Collège Bourbon au profit
des professeurs de l’université.
63
Lettre du 7 juillet 1713 adressée par le chancelier Pontchartrain au primicier de l’université.
64
Cet arrêt comporte la fameuse clause faisant de l’archevêque d’Aix-en-Provence le « chancelier né de
l’université ».
65
Cette re-fondation intervient deux ans après l’expulsion des Jésuites de France qui balaie les derniers débris de
l’ancien Collège Bourbon fondé par Henri IV.
30
�Il faut également signaler l’effort de redressement financier mené par les primiciers à partir de
1712. Leur bonne gestion permet à l’université de rétablir ses comptes et en 1740 l’université
obtient le soutient financier de l’assemblée de pays grâce auquel elle est en mesure de faire
entièrement reconstruire ses locaux. C’est ainsi qu’en 1743 professeurs et étudiants prennent
possession d’un bel hôtel particulier construit d’après les plans de l’ingénieur Vallon sur son
antique emplacement face à la cathédrale saint Sauveur. Parée de son nouvel habit classique,
l’université d’Aix-en-Provence connaît le destin des universités françaises du XVIII° siècle,
qui après leurs heures de gloire au siècle précédent périclitent lentement. Les juristes français
dénoncent sans succès cette situation : ils critiquent l’indulgence des professeurs,
l’absentéisme des étudiants, recommandent de privilégier l’étude du droit français plutôt que
celle du droit romain, réclament de réserver le droit canon aux facultés de théologie, mais en
vain. Malgré les traditionnelles rivalités dont les membres de la corporation universitaire se
sont fait une spécialité, le XVIII° siècle se révèle pour l’université d’Aix-en-Provence bien
plus calme que le XVII° siècle.
Le réveil n’en est que plus brutal lorsque éclate la Révolution Française : l’abolition des
privilèges dans la nuit du 4 août 1789 porte un rude premier coup à l’université. Les cours
continuent cependant : en juin 1790 soixante-dix-neuf diplômes sont délivrés, preuve que les
étudiants continuent de fréquenter l’université en dépit des évènements. Mais dès la rentrée
1790 le climat s’assombrit : à la fin de l’année universitaire seul six diplômes sont délivrés,
les étudiants, incertains quant à leur avenir, désertent les facultés. Parallèlement l’université
entre en conflit avec les nouvelles autorités révolutionnaires tandis que ses membres
s’entredéchirent au sujet de la constitution civile du clergé qui affecte nombre de membres de
l’université pour beaucoup ecclésiastiques. C’est avec peine que les portes s’ouvrent à la
rentrée 1792, pour se refermer définitivement moins d’un an plus tard. Corps issus du Moyen
Age, dotées de privilèges et très liées à l’Eglise, les universités françaises incarnent aux yeux
des révolutionnaires l’Ancien Régime et ses abus66, c’est pourquoi la Convention les
supprime par le décret du 15 septembre 1793 au profit des grandes écoles.
66
Le cahier de doléance du Tiers-état de Saint Sauveur le Vicomte est révélateur sur ce point : « les étudiants se
contentent de faire à la fin de chaque trimestre un voyage dans la ville où est leur université pour s’y inscrire, ils
apprennent quelques définitions de Justinien qu’ils récitent à des examinateurs qu’ils se font choisir, on leur
donne à soutenir des thèses qu’ils ont négligé d’apprendre, et voilà des jurisconsultes ! »
31
�Troisième période : la renaissance
de l’ancienne université
d’Aix-en-Provence
A ) Le beau XIX° siècle, 1806-1870
Le décret du 15 septembre 1793 marque une étape décisive pour l’évolution du modèle
français d’enseignement supérieur : alors que la plupart des pays européens conservent un
système universitaire hérité de l’Ancien Régime, la France se distingue par une politique de
table rase qui détruit jusqu’au souvenir de ce que furent les anciennes universités françaises.
Seuls subsistent de l’époque antérieure des établissements renommés comme le Collège de
France, le Jardin du Roi qui devient le Muséum d’Histoire Naturelle, ainsi que certaines
écoles du génie (Ecole des Mines, Ponts et Chaussées etc.) qui sont regroupées au sein de
l’Ecole Centrale des Travaux Publiques fondée en 179467. La reconstruction de
l’enseignement supérieur après 1793 est dominée par trois préoccupations : d’abord donner à
l’Etat et à la nouvelle société issue de la révolution des cadres compétents aptes à reprendre
en main l’administration d’un pays en plein bouleversement. Contrôler ensuite les formations
qui doivent être conformes à l’idéologie révolutionnaire et enfin empêcher la renaissance des
corporations. Ces nécessités font prédominer le modèle de l’école qui renforce
l’omniprésence de l’Etat dans l’enseignement supérieur, que ce soit au niveau de la validité
des diplômes, de leur délivrance ou des programmes de cours. L’objectif final n’est pas de
favoriser la recherche mais de former du personnel apte à servir l’Etat, l’essentiel des activités
de recherche est relégué au second plan et confié à quelques institutions prestigieuses comme
le Collège de France, l’Institut, les sociétés savantes ou encore la Sorbonne. La création de
l’Université Impériale par la loi du 10 mai 1806 ne modifie pas cette tendance : la nouvelle
université est chargée de l’enseignement et de l’éducation publique au niveau national, à ce
67
Cette école est l’ancêtre de l’Ecole Polytechnique créée par la loi du 1er septembre 1795. En 1805 Napoléon
Ier la transforme en école militaire afin de lutter contre l’indiscipline des élèves, depuis lors son organisation n’a
que peu évoluée et Polytechnique, « l’X », demeure la plus grande école française d’ingénieurs.
32
�titre elle regroupe les écoles primaires, les pensionnats, les institutions, les collèges, les lycées
et les facultés. Ces facultés étroitement assujetties au pouvoir central se déclinent en faculté
de droit, théologie, médecine et sciences qui sont fractionnées en écoles dispersées au quatre
coins des cent trente départements de l’Empire Français.
C’est dans ce contexte que douze écoles de droit sont créées en France par la loi 21 septembre
1804 et placées sous la tutelle des Cours d’Appel. Aix-en-Provence figure parmi les heureux
élus : les pressions exercées par Portalis, alors ministre, Siméon, conseiller d’Etat, et Muraire,
président de la Cour de Cassation, sont sans doute pour beaucoup dans cette décision68. La
nouvelle école de droit d’Aix-en-Provence se voit dotée d’un ressort étendu comprenant cinq
départements du sud-est dans lesquel elle possède le monopole de l’enseignement du droit69.
Ses rivales les plus proches se trouvant à Turin, Grenoble et Toulouse, l’école de droit d’Aixen-Provence ne souffre plus de la concurrence des universités de Montpellier et d’Avignon,
elle peut espérer attirer nombre d’étudiants. L’école ouvre ses portes le 15 avril 1806 en
présence de Thibaudeau, conseiller d’Etat et préfet des Bouches-du-Rhône, de l’archevêque
d’Aix-en-Provence, et des membres du barreau et de la magistrature. Elle se compose de cinq
chaires d’enseignement : code civil, droit romain, législation criminelle, procédure civile,
droit civil. Sur les cinq professeurs et deux suppléants nommés par décret du 1er novembre
1805 quatre avaient déjà enseigné à l’université d’Aix-en-Provence avant 1793 ce qui montre
bien la continuité dans laquelle s’inscrit le rétablissement de l’enseignement du droit dans
cette ville. La municipalité, soucieuse de montrer son attachement à la nouvelle école de droit,
prend en charge l’installation de celle-ci : elle prête des salles de cours, rachète le bâtiment de
l’université vendu comme bien national pendant la révolution et le restaure. En 1810 l’école
de droit d’Aix-en-Provence, devenue faculté de droit en 1808, reprend possession de ses
antiques locaux face à la cathédrale Saint Sauveur. Elle doit cependant partager les lieux avec
la faculté de théologie jusqu’en 1842. Cette école de droit demeure fragile pourtant : créée par
Napoléon Ier elle reste discrète sous la Restauration, surtout après 1821 et la suppression de
l’école de droit de Grenoble jugée subversive par le pouvoir royal. La Monarchie de Juillet
marque au contraire une phase d’expansion pour la faculté : en 1832 une chaire de droit
68
On se souvient que Jean-Etienne-Marie Portalis avait étudié à l’université d’Aix-en-Provence puis exercé au
barreau de la ville. Quant à Joseph-Jerome Siméon, beau-frère de Portalis, non seulement celui-ci avait étudié
dans cette université mais encore y avait-il également enseigné en qualité de professeur de droit de 1778 à 1793.
Honoré Muraire, natif de Draguignan, avait déjà occupé de nombreux postes clefs sous l’Ancien Régime et la
Révolution. Il devient président du Tribunal de Cassation puis de la Cour de Cassation en février 1801 et garde
ce poste jusqu’en février 1815.
69
Bien évidemment Marseille proteste contre cet état de fait, en guise de compensation elle obtient la
reconnaissance par décret impérial du 7 juillet 1808 de l’enseignement médical créé sur une initiative privée à
l’Hôtel Dieu en 1800.
33
�commercial y est créée, puis en 1835 une chaire de droit administratif. Parallèlement des
cours nouveaux sont assurés par intermittence : introduction au droit, histoire des institutions
administratives, droit constitutionnel, histoire du droit entre autre. La création de prix destinés
aux meilleurs étudiants de droit est instituée par le conseil général des Bouches-du-Rhône en
1836 ce qui montre bien l’intérêt que portent les autorités publiques à la faculté de droit. En
1842 le projet d’établissement d’une faculté de lettres à Aix-en-Provence est repoussé par le
conseil royal au motif que le faible nombre d’étudiants présents dans cette ville n’y justifie
pas l’établissement d’une faculté de lettres, d’autant qu’il en existe déjà une à Montpellier. Le
recteur Paul Fougère de Villandry insiste cependant et obtient finalement gain de cause :
l’ordonnance du 11 juin 1846 crée une faculté de lettres à Aix-en-Provence, installée dans
l’hôtel Maynier d’Oppède juste à coté de la faculté de droit70. L’enseignement y est réparti
entre cinq chaires : histoire, littérature ancienne, littérature française, littérature étrangère et
philosophie. Le second empire inaugure une période d’incertitude: on critique la centralisation
de l’université de France et surtout le maintient de facultés dans des villes d’importance
secondaire, ce qui n’est pas pour rassurer les deux facultés d’Aix-en-Provence. Pourtant la
faculté de droit se voit doter en 1867 d’une deuxième chaire de droit romain tandis que la
faculté de théologie obtient sa cinquième chaire. En 1870, à la veille de la refonte de
l’enseignement supérieur français, la faculté de droit d’Aix-en-Provence se porte plutôt bien,
le dynamisme dont elle fait preuve est largement tributaire des professeurs qui y enseignent
entre 1806 et 1870.
Nommés par le ministre de l’Instruction Publique ou recrutés après concours, les professeurs
d’Aix-en-Provence s’inscrivent dans la tradition des savants du XIX° siècle. Charles Giraud
(1802-1881) se distingue le premier : docteur en droit en 1828 puis professeur à Aix-enProvence en 1830, il devient ministre de l’Instruction Publique et des cultes à deux reprises en
1851 puis conseiller d’Etat en janvier 1852. Destitué après le coup d’Etat du 2 décembre
1852, il devient inspecteur général pour l’enseignement supérieur et continue parallèlement à
enseigner et poursuit ses travaux sur le droit romain et l’histoire du droit. Sa nomination au
fauteuil de Joseph-Jérôme Siméon à l’Académie des Sciences Politiques et Morales en 1842
occasionna son départ précipité et en catimini d’Aix-en-Provence. Sous la Monarchie de
Juillet Pierre Cresp fonde la tradition aixoise de l’étude du droit maritime tandis que Louis
Cabantous écrit ses Répétitions écrites sur le droit administratif et que Charles Ginoulhiac
70
La création d’une faculté de lettres à Aix-en-Provence provoque l’ire des Marseillais auxquels les autorités
publiques avaient promis l’établissement d’une faculté de lettres et de sciences en 1806 pour compenser
l’établissement à Aix-en-Provence de l’école de droit.
34
�participe à la création de la Revue historique de droit français et étranger. Sous le Second
Empire une nouvelle génération de professeurs prend la relève : François Laurin,
commercialiste qui développe le traité de droit maritime de Cresp, Georges Pison, civiliste et
surtout Alfred Jourdan, fondateur de la Revue d’économie politique. On ne peut évoquer ce
dernier sans s’arrêter un instant sur le courant d’échange entre juristes Aixois et Allemand au
XIX° siècle : dès les années 1820 la science juridique allemande jouit d’un grand prestige en
France71 et les échanges sont fructueux. Après des études de droit à Aix-en-Provence puis
Paris, Alfred Jourdan séjourne pendant trois ans à l’université d’Heidelberg où il est accueilli
par Mittermaier, Rau, Zoelpf, Keller et von Vangerow72. Charles Giraud fait aussi de
fréquents voyages en Allemagne à partir de 1855 et rencontre à cette occasion le grand
romaniste von Savigny. Le doyen de la faculté de droit d’Aix-en-Provence Jean-Baptiste
Bernard s’efforce d’acquérir les travaux de ses confrères allemands, particulièrement en
histoire du droit et en droit romain afin de les diffuser auprès de ses étudiants. Louis Etienne,
successeur de Jean-Baptiste Bernard, poursuit cette politique de coopération qui bénéficie à
l’ensemble des étudiants. Ceux-ci sont en effet de plus en plus nombreux : leur nombre
avoisine les deux cent dès 1810 pour atteindre les deux cent cinquante sous le Second Empire.
Sociologiquement, la diversité n’est pas de mise : l’inscription en droit à l’université d’Aixen-Provence coûte trente franc par trimestre, auxquels s’ajoutent dix francs de droits de
bibliothèque. Il faut préciser qu’à l’époque les droits d’inscriptions constituent la principale
source de revenus des facultés : en tout l’étudiant en droit qui souhaite devenir docteur doit
débourser quelques cinq cent cinquante francs en moyenne73, sans compter le prix de la vie et
du logement en ville. La majorité des étudiants sont donc fils d’aristocrates, de grands
bourgeois enrichis par la banque ou l’industrie, de hauts fonctionnaires et de professions
libérales. Alphandéry brosse dans son ouvrage La faculté de droit et ses étudiants (1839) un
portrait intéressant de ces jeunes gens qui chaque année s’abattent sur la petite ville de
province endormie. Parmi ces étudiants aisés qui fréquentent la faculté de droit d’Aix-enProvence quelques noms restent gravés dans les mémoires : Adolphe Thiers74, François-
71
L’avocat général de la Cour de Colmar Joseph-Pierre Chassan écrit ainsi au grand juriste Mittermaier :
« Depuis longtemps l’Allemagne marche à la tête de la science juridique. La France quelque soit son juste
orgueil pour ses grands jurisconsultes du XVI° siècle et pour ses travaux législatifs du commencement du siècle
présent est obligé de confesser que pour les travaux qui tiennent à l’histoire et à la philosophie du droit
l’Allemagne lui est de beaucoup supérieure. » Cf. Olivier MOTTE, Lettres inédites de juristes français du XIX°
siècle conservées dans les archives et bibliothèques allemandes, Bonn, Bouvier Verlang, 1989.
72
Toutes ces personnalités ont profondément marqué l’étude du droit au XIX° siècle et jusqu’à aujourd’hui.
73
A titre de comparaison le salaire mensuel d’un haut fonctionnaire de l’époque avoisine quatre cent francs.
74
Adolphe Thiers (1797-1877), journaliste, homme politique sous la Monarchie de Juillet, la II° République, le
II° Empire et la III° République. Premier président de la III° République entre 1871 et 1873.
35
�Auguste Mignet75 et Adolphe Crémieux76 s’y inscrivent en 1815, Frédéric Mistral77 en 1848,
Paul Cézanne78 en 1859. Sur les quelques deux cent élèves qui fréquentent la faculté de droit
une soixantaine sont originaires des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse, les autres
viennent de la France entière. Une vingtaine d’étudiants occupe le devant de la scène : il s’agit
des étrangers venus d’Egypte, de Tunisie ou de Grèce, ainsi que des dandys Parisiens ou
Toulousains exilés en province pour les soustraire aux tentations du monde moderne. Sitôt
arrivés avec leur père, qui doit également signer le registre d’immatriculation, les étudiants
rendent visitent à leur « protecteur », bien souvent un banquier, un notaire, un avocat ou
encore un médecin sensé servir d’autorité paternelle de substitution. Le problème du logement
résolu, voilà le nouvel étudiant laissé à lui-même, et son premier soucis n’est guère l’étude
comme s’en plaint Alphandéry : « pour l’étudiant qui ne veut pas étudier, le repos, le
farniente, l’existence végétative sont le beau idéal du bonheur (…) levé à dix heure du matin,
il s’assied nonchalamment à la porte d’un café, boit, fume, cause, baille, fait quelques parties
de billard. Le soir vient et alors il rode dans les rues (…) Une lettre de change arrive-t-elle
d’aventure ? Vite à Marseille ! Vite les plaisirs : la somme destinée au strict nécessaire d’un
mois passe en trois jours dans le gouffre (…) Juillet est presque fini et notre jeune homme n’a
pas ouvert son code Rogrou, il ne sait même pas la définition du mot droit (…) lors il travaille
nuit et jour ou bien en désespoir de cause il prend la plume et écrit à son père pour lui
annoncer qu’une irritation de poitrine l’empêche de se livrer à l’étude ». Les Aixois se
plaignent du caractère bruyant des étudiants mais ils les ménagent conscients de leur
importance : « l’école de droit, précieux débris de notre naufrage et que notre voisine la cité
phocéenne ne rougit pas de nous envier, elle toujours plus grandissante, plus belle et plus
riche, et qui ne s’inquièterait pas de réduire notre ville à l’état de squelette (…) A Dieu ne
plaise que ses vœux ne soient exaucés, notre ville a besoin de sa faculté, de ses étudiants,
comme le pauvre a besoin du pain. Au milieu du vide qui l’entoure, l’habitant d’Aix sait ce
que vaut l’élève en droit, il y tient sous plus d’un rapport. » Ces mots résonnent comme un
funeste présage qui précède la tempête prochaine.
75
François-Auguste Mignet (1796-1884), journaliste et historien.
Isaac-Jacob Crémieux, plus connu sous le nom d’Adolphe Crémieux (1796-1880) avocat puis homme
politique, ministre de la Justice en 1848 et 1870. Son nom reste attaché au décret Crémieux de 1870 qui
naturalise spontanément les Juifs autochtones des départements français d’Algérie.
77
Frédéric Mistral (1830-1914), écrivain et poète provençal fondateur du Félibrige, prix Nobel de littérature en
1904.
78
Paul Cézanne (1839-1906), peintre impressionniste, ami de Zola, Renoir et Pissarro entre autre.
76
36
�A la charnière du XIX° siècle et du XX° siècle l’enseignement supérieur connaît en effet une
profonde réforme qui ébranle le système centralisé mis en place par Napoléon Ier. L’œuvre
réformatrice de la Troisième République doit permettre de former de nouvelles élites sur le
modèle universitaire allemand après le choc de la défaite de 1870-1871. Conséquence de ce
mouvement de réforme : les facultés d’Aix-en-Provence sont purement et simplement
menacées de disparition. Leur transfert vers Marseille métropole du sud apparaît amplement
justifié : la troisième ville de France en plein développement se doit de posséder une
université digne de ce nom, et le maintient de deux facultés, dont celle de droit, à Aix-enProvence, ville endormie de province, semble un anachronisme. Pour beaucoup l’étoile de la
cité du roi René s’est couchée tandis que celle de la cité phocéenne monte haut dans le ciel et
le rectorat doit en tirer les conséquence qui s’imposent. Une lutte sans fin s’engage désormais
entre Aix-en-Provence et Marseille sur la question du transfert des facultés.
B ) Les défis du XX° siècle, 1870-1973
Le 10 mai 1871 les autorités françaises signent l’humiliant traité de Francfort qui clôt
la désastreuse guerre franco-allemande entraînée par « l’affaire des dépêches d’Ems »79. Les
nombreuses défaillances du commandement auxquels la défaite est attribuée sont perçues
comme la conséquence directe du manque d’instruction et de formation des officiers et plus
généralement des troupes françaises. Les pouvoirs publics se mettent donc au travail avec
pour objectif de doter la France d’un enseignement supérieur de qualité calqué sur le modèle
allemand. Les premières mesures visent à donner aux facultés des locaux appropriés et une
autonomie accrue : en 1885 les facultés obtiennent ainsi la personnalité morale. Puis la loi de
1893 institut dans chaque ville disposant d’au moins deux facultés un « corps de faculté »
79
Aux origines de cette affaire se trouve la révolution d’Espagne : en 1868 la reine Isabelle est renversée,
toutefois les républicains ne parviennent pas à s’imposer et l’Espagne se cherche donc un roi. Bismarck, premier
ministre tout puissant de Prusse, saisit l’occasion pour proposer la candidature de Léopold de Hohenzollern,
cousin du roi de Prusse Guillaume Ier. Devant le danger d’encerclement prussien, Napoléon III réagit fermement
et le projet échoue. Mais sous la pression de la rue et du Corps Législatif l’empereur demande des garanties pour
l’avenir à Guillaume Ier, lequel refuse finalement de faire une déclaration officielle. Bismarck rédige alors un
compte-rendu faussé de l’entrevue connu sous le nom de « dépêches d’Ems » faisant croire à l’humiliation de
l’ambassadeur français (13 juillet 1870).
37
�doté à son tour de la personnalité morale sous le nom d’université par la loi Liard du 10 juillet
1896. C’est de cette époque que date réellement la renaissance des universités françaises.
Sous l’autorité des recteurs, les universités sont désormais administrées par un conseil
restreint formé du doyen et des professeurs qui disposent de crédits permettant une politique
ambitieuse de développement de l’enseignement universitaire. Dans un premier temps la
faculté de droit est pleinement satisfaite de ces réformes : grâce aux crédits débloqués par
l’Etat elle peut créer une chaire d’économie politique en 1883. Par la suite quatre nouvelles
chaires complètent le dispositif d’enseignement en 1894 : une chaire de droit public, une
chaire de droit constitutionnel, une chaire de droit international public et une chaire de droit
international privé, douze chaires en tout. A coté des cours complémentaires sont créés pour
ancrer l’enseignement dans les réalités de l’époque : législation industrielle, science et
législation financière, droit maritime, histoire des doctrines économiques, histoire du droit
public et privé. Au tournant du XX° siècle des conférences publiques sont en outre organisées
par les professeurs de la faculté de droit dans l’académie à Marseille, Nice et Toulon, en
association souvent avec les municipalités ou des institutions et associations locales, l’objectif
étant de démocratiser le savoir tout en faisant la promotion de la faculté. Les thèmes abordés
vont du divorce par consentement mutuel80 au droit international public dans le cadre de la
guerre russo-japonaise de 1905-190681, en passant par les questions d’économie et de société
qui intéressent beaucoup à la Belle Epoque. Les méthodes d’enseignement évoluent aussi :
Nicolas Politis82 complète ses cours de droit international public par des séances de travaux
pratiques plébiscités par les étudiants. Ceci tandis que Delpech, agrégé de droit en 1903, crée
des séminaires de droit constitutionnel pour les doctorants afin que professeurs et étudiants
travaillent ensemble. Les crédits alloués par l’Etat permettent également l’ouverture en 1904
de la première salle d’étude réservée aux doctorants : la salle de droit public. L’année suivante
c’est la salle de droit privé qui ouvre ses portes aux étudiants, ces salles de travail sont
conçues comme des laboratoires de recherche destinés à développer le travail autonome des
doctorants. Le dynamisme de la faculté de droit d’Aix-en-Provence se mesure également à
l’aune de sa production juridique : à titre d’exemple on peut citer le Précis de droit
international public du doyen Bry (1899), le Traité théorique et pratique de procédure civile
de César-Bru (1904), le Précis de droit constitutionnel de Moreau (1905), ou encore la Revue
80
Thème traité par César-Bru en Avignon l’année même de sa titularisation en droit civil (1899).
Thème abordé au cours de la guerre par Audinet, titulaire de la chaire de droit international public depuis
1894.
82
Nikolaos Politis est agrégé de droit à la faculté d’Aix-en-Provence en 1901 puis ministre grec des affaires
étrangères du gouvernement de Vénizelos en 1920.
81
38
�de philosophie politique créée par Aubry en 1913. Cet enseignement de qualité dispensé par
des professeurs dynamiques attire de nombreux étudiants, particulièrement des étrangers :
Egyptiens, Tunisiens, Grecs, Bulgares, Roumains, Serbes, Turcs, Russes, Polonais ; à la fin
du XIX° siècle ils sont une quarantaine à fréquenter chaque année l’établissement soit entre
dix et quinze pour cent des effectifs. On trouve même dans les archives de la faculté la trace
d’un Indien originaire de Pondichéry, Doureissami Vallabadanou, venu étudier à l’université
d’Aix-en-Provence entre 1885 et 1889. Enfin il faut mentionner en 1893 l’inscription pour la
toute première fois d’une étudiante à la faculté de droit. Malgré ce bilan positif la faculté de
droit d’Aix-en-Provence connaît à la charnière du XIX° et du XX° siècle une crise profonde
qui faillit la faire disparaître.
Cette crise tire son origine de la rivalité traditionnelle avec Marseille : déjà en 1839
Alphandéry craignait les ambitions de la puissante voisine d’Aix-en-Provence, celles-ci se
précisent sous la Troisième République. Mettant à profit la loi du 12 juillet 1875 permettant la
création d’universités libres en dehors du cadre public, le parti catholique crée en 1881 une
faculté libre de droit à Marseille. Au départ cette initiative vise à concurrencer l’enseignement
supérieur public, mais en 1897 la faillite de l’établissement permet à la mairie de Marseille de
s’approprier cette faculté qui devient municipale. Des crédits généreux sont débloqués, des
locaux mis à disposition : la municipalité Flaissières83 entend doter Marseille de
l’enseignement de droit qui aurait du lui revenir dès 1806. Brutalement la faculté de droit
d’Aix-en-Provence se retrouve privé de nombre d’étudiants Marseillais mais aussi de ceux
venant d’Algérie, du pourtour méditerranéen ou de l’empire colonial. A cette concurrence qui
fait stagner le nombre d’étudiants à la faculté de droit d’Aix-en-Provence84 s’ajoute le projet
de transfert de la faculté : dès 1871 le regroupement des facultés à Marseille est envisagé par
le recteur. Une première tentative de déménagement à lieu en 1886 : indignés, les professeurs
de la faculté de droit ainsi que toute la ville d’Aix-en-Provence se mobilisent avec succès
pour empêcher le transfert des facultés de droit et lettres à Marseille. La municipalité met
alors en avant le poids des héritages passés, la présence d’un barreau important et d’une Cour
d’Appel ainsi que la vocation intellectuelle de la capitale historique de la Provence. La
seconde tentative de transfert est elle beaucoup plus sérieuse : en application de la loi Liard de
83
Siméon Flaissières (1851-1931), maire de Marseille de 1895 à 1902 puis de 1919 à 1931.
En 1876 on compte deux cent quatre vingt huit inscrits, ils ne sont que deux cent quarante quatre en 1883 alors
que partout ailleurs le nombre d’étudiants augmente sensiblement. De troisième faculté de droit française sous le
II° Empire en terme d’effectifs, la faculté de droit tombe à la onzième place du classement en 1911.
84
39
�1896 les facultés de droit, lettres, science85 et l’école de médecine de l’académie d’AixMarseille fusionnent au sein de la nouvelle université d’Aix-Marseille. La bicéphalie de cette
dernière constitue un handicap évident aux yeux des universitaires comme du recteur et la
solution du transfert intégral à Marseille s’impose : l’unité de lieu est une condition nécessaire
au développement d’une université et Marseille, porte de l’Orient, est idéalement située.
D’autant plus que la municipalité Flaissières promet de mettre immédiatement des locaux à
disposition ainsi que des crédits et un terrain pour bâtir le nouveau campus86. S’appuyant sur
le précédent de Douai87, le conseil de l’université vote en 1896 le déménagement des facultés
de droit et lettres à Marseille. Cette initiative est soutenue par la « société des amis de
l’université de Marseille » qui à travers ses brochures mène une active propagande en faveur
du transfert : « il n’y a qu’une seule chose qui croisse et prospère à Aix c’est l’herbe, cela ne
suffit pas à faire vivre deux facultés », « que peut-on faire à Aix à moins que l’on y
dorme ? », « le gouvernement peut-il sacrifier le droit évident de quatre cent mille Marseillais
intelligents et laborieux aux ridicules prétentions de vingt mille Aixois ? »88. Toutefois l’esprit
de résistance des Aixois ralenti la mise en application de la décision, les magistrats et députés
du pays d’Aix-en-Provence usent de leur influence tandis que le doyen de la faculté de droit
Georges Bry, favorable au transfert, est l’objet d’attaques personnelles à tel point qu’un
groupe d’étudiants demande officiellement au journal Le mémorial d’Aix de faire preuve de
courtoisie, notamment envers l’épouse du doyen. L’affaire se termine à la rentrée 1900 : au
cours du discours d’ouverture, le doyen Bry se contente de formules de politesse avant de
laisser sa place à un jeune agrégé d’économie politique, Henri Babled, qui conclut en faveur
du maintient des facultés de droit et de lettres à Aix-en-Provence. La faculté de droit reste
aixoise, ce qui ne nuit pas à sa réputation, au contraire : les romanistes Edmond Vermond et
Georges Bry y enseignent, de même que le pénaliste Sylvestre de Pitti-Ferrandi, le publiciste
Georges Moreau, le commercialiste Joseph Bonnecarrère. Cette génération de professeur
85
La faculté des sciences créée en 1854 à Marseille ne dispose pas encore de locaux propres. En 1883 un grand
projet vise à doter cette faculté d’un campus propre entre le palais Longchamp et l’observatoire mais finalement
la ville opte pour l’achat d’un grand terrain face à la gare Saint Charles en 1894 qui accueille en 1910 la faculté
des sciences dans un campus flambant neuf.
86
Le recteur Belin parle d’un terrain d’une valeur de deux millions de francs et d’une dotation annuelle de
cinquante mille francs !
87
En 1887 les facultés et le rectorat historiquement installés à Douai sont déménagés à Lille pour les mêmes
raisons.
88
Cf. G. Aillaud et alii, Marseille, 2 600 ans de découvertes scientifiques, publication de l’université de
Provence, 2002.
40
�forme des étudiants devenus non moins célèbres : Georges Ripert89, Emile Eddé90, René
Cassin91 et Felix Gouin92.
Les années suivantes sont marquées par les ravages de la Première Guerre Mondiale qui fait
cent quatre victimes parmi les étudiants et professeurs de la faculté de droit appelés sous les
drapeaux. Dans les années 1930 les étudiants se pressent toujours plus nombreux sur les bancs
de la faculté de droit, heureusement la création de l’université d’Alger et de l’école de droit du
Caire en 1911 ont fixé sur place les nombreux étudiants originaires d’Afrique du nord. Par la
suite un Institut d’Etudes Juridiques est créé par la faculté de droit à Nice en 1938 afin de
désengorger le site d’Aix-en-Provence. En 1933 on compte parmi les cinq cent étudiants
entrant en première année seulement six étudiantes. Les nouveaux venus se regroupent en
fonction de leur origine géographique : Marseillais, Aixois, Toulonnais, Niçois, Avignonnais
et Corses, qui tiennent la « Corpo de droit ». Certains sont affiliés aux Jeunesses Etudiantes
Chrétiennes, d’autres se déclarent anarchistes ou rejoignent les ligues d’extrême droite.
Toutefois les incidents sont rares, à peine déplore-t-on une bagarre en plein cours le
lendemain du 6 février 1934. Le cadre quasi familial de l’université d’alors ne se prête pas il
est vrai aux affrontements : le doyen Philippe Bonnecarère connaît les noms de pratiquement
tous ses étudiants qui le surnomment « papa Bonnecarère ». En 1936 la ville d’Aix-enProvence offre à l’université -très à l’étroit dans un bâtiment conçu pour accueillir moins de
deux cent élèves- un terrain près du parc Jourdan afin d’y bâtir de nouveaux locaux. Retardés
par la Seconde Guerre Mondiale, les travaux se terminent sous la houlette de l’architecte
Fernand Pouillon93 qui reprend les plans de Sardou et Boet : à la rentrée 1953 professeurs et
étudiants des facultés de droit et lettres prennent possession de leur nouvelle université94.
Les années d’après guerre sont marquées par l’accroissement rapide des effectifs : de 78 000
en 1930 le nombre d’étudiants français passe à 145 000 vingt ans plus tard. Cette poussée
rend indispensable au milieu des années 1960 le déménagement de la faculté de lettres dans
89
Georges Ripert (1880-1958), juriste ayant contribué à l’étude du droit maritime et commercial en temps que
professeur à la faculté de droit d’Aix. A Paris il se consacre au droit civil et dirige la rédaction du Traité pratique
de droit civil, qui contribue au renouvellement de la doctrine française en droit civil.
90
Emile Eddé (1883-1949) : premier ministre puis président de la république libanaise avant l’indépendance de
1936 à 1941.
91
René Cassin (1887-1976) : juriste, rédacteur de la DUDH (1948), fondateur de l’UNESCO, président de la
Cour Européenne des Droits de l’Homme (1965), prix Nobel de la paix en 1968.
92
Felix Gouin (1884-1977) : député socialiste de 1924 à 1958, résistant, chef du gouvernement provisoire de
janvier à juin 1946.
93
Pouillon (1912-1986) est une des grandes figures de l’architecture française d’après guerre : il réalise de
nombreux bâtiments à Aix-en-Provence (les « 200 logements »), à Marseille (Vieux Port), en région parisienne
(ville neuve de Meudon-la-Foret), et surtout en Algérie (cités et hôtels).
94
L’antique bâtiment de l’université et l’hôtel Maynier d’Oppède accueille aujourd’hui respectivement l’Institut
d’Etudes Politiques et l’Institut d’Etudes Françaises pour Etudiants Etrangers.
41
�ses nouveaux bâtiments construits sur les anciens terrains de football de l’université tandis
que les terrains de tennis font place au bâtiment Portalis. L’équipe pédagogique évolue elle
aussi : le symbole de cette nouvelle génération de professeurs est sans conteste la publiciste
Yvette Lobin, deuxième femme à avoir obtenu l’agrégation de droit en France après Suzanne
Basdevant (1932). Parallèlement la faculté de droit essaime : création de l’Institut
d’Aménagement des Entreprises, de l’Institut d’Etudes Judiciaires, de l’Institut de Sciences
Pénales et Criminologiques, de l’Institut des Assurances, de l’Institut Méditerranéen des
transports Maritimes, du Centre d’Etude d’Urbanisme. Ceci alors que les cours de droit
connaissent une diversification sans précédent qui nécessite l’élargissement de l’équipe
pédagogique déjà marquée par l’apparition des travaux pratiques obligatoires en 1954 et la
lourde organisation qu’ils impliquent95. Le doyen Fabre doit également affronter
l’émancipation des économistes, le désir d’indépendance de l’Institut d’Etudes Juridiques de
Nice et le danger toujours présent d’une délocalisation de la faculté à Marseille. L’élection de
Gaston Deferre à la mairie de Marseille en 1953 à la tête de laquelle il demeure jusqu’à sa
mort en 1986 réactualise ce vieux contentieux, d’autant que Deferre peut compter sur nombre
d’amis influents dans le gouvernement. Un compromis est donc signé entre la faculté de droit
d’Aix-en-Provence et la ville de Marseille : en contrepartie de la fermeture de la faculté libre
de droit, Deferre obtient l’ouverture d’une antenne de la faculté de droit d’Aix-en-Provence à
Marseille pour les cours de capacité ainsi que les travaux pratiques de la licence. Mais alors
que ce vieux problème est réglé le vent se lève à nouveau : le 10 mai 1968 une assemblée
spontanée d’étudiants se réunit dans l’amphithéâtre Mistral afin de commenter les évènements
qui depuis le 1er mai secouent le pays. L’évacuation de la salle n’y fait rien : la faculté des
lettres voisine accueille à bras ouverts les étudiants protestataires de droit et d’économie.
Devant la montée générale de l’hostilité et le silence du rectorat96 le doyen Fabre prend
l’initiative et convoque une assemblée générale dans le grand hall de la faculté pour le 14 mai.
Au cours de celle-ci il annonce le report des examens et la convocation d’une nouvelle
assemblée générale le 17 mai pour décider de la date des examens. Entre temps Fabre s’assure
du soutient des étudiants gaullistes et de la « Corpo de droit » toujours aux mains des Corses.
Le jour dit, deux mille personnes se pressent dans l’amphithéâtre Portalis pour suivre le débat
95
De douze professeurs en 1933, l’équipe pédagogique passe à quinze en 1954, vingt neuf en 1964, soixante sept
en 1974 et cent trente quatre en 1985 !
96
Le recteur ne réagit que le 29 mai en convoquant chez lui à 21h les doyens des facultés.
42
�présidé par Marc Latil97 qui précipite le vote et remporte l’adhésion de la majorité des
étudiants. Malgré les menaces et le refus de la police de protéger les salles d’examen98 le
doyen Fabre tient bon : pour couvrir le bruit des haut-parleurs qui depuis la faculté de lettres
invectivent les étudiants de droit en train de composer, du tango argentin est diffusé dans tout
le campus de droit et le 4 juin les étudiants se présentent aux examens sans aucun incident. A
Paris, la fin des « évènements » est marquée par la nomination d’Edgar Faure au poste de
ministre de l’Education Nationale. Sa loi d’organisation des universités adoptée le 10 octobre
1968 est à l’origine de la sécession des facultés des lettres et des sciences qui se regroupent
pour fonder l’université de Provence (Aix-Marseille 1), division matérialisée en 1969 par la
pose d’une grille coupant en deux l’ancien campus aixois de l’université d’Aix-Marseille. En
1973, le doyen de la faculté de droit Charles Desbbasch provoque à son tour une scission à
l’origine de l’actuelle université de la Méditerranée (Aix-Marseille 2 : médecine, sciences,
sciences de l’homme, de la société et des techniques) et de l’université Paul Cézanne (AixMarseille 3 : droit et économie), héritière de six cent ans d’histoire.
97
Le choix du doyen Fabre n’est pas innocent : Marc Latil, outre le fait qu’il jouisse d’un grand respect en sa
qualité de rescapé de Dachau, est en effet professeur d’économie politique, secteur où le malaise est bien plus
grand qu’en droit.
98
La police refusant d’intervenir au prétexte que convoquer des examens compte tenu du contexte relève de la
provocation, ce sont finalement les pompiers qui acceptent de protéger la faculté de droit contre une éventuelle
attaque. Il faut préciser qu’à l’époque rien ne sépare les deux campus si ce n’est quelques dizaines de mètres.
43
�E
n conclusion il faut souligner la richesse de l’histoire de l’université
d’Aix-en-Provence : une thèse pourrait être consacré à chaque période de
son développement tant cette histoire se révèle atypique, complexe, et
passionnante. L’établissement fondé en 1409 par Louis II d’Anjou sait
après des débuts difficiles tirer parti de la création du parlement de
Provence en 1501 pour attirer docteurs et étudiants et se développer. Ces premières décennies
d’existence sont marquées par les rivalités avec le parlement et les consuls d’Aix-en-Provence
qui entendent garder la main sur cet objet de pouvoir qu’incarne l’établissement. Les guerres
de religions ralentissent brutalement son épanouissement, plus tard l’institution du Collège
Bourbon en 1603 porte un coup sévère à l’indépendance de la corporation qui lutte en vain
pour détruire ce corps étranger inféodé au roi de France et qui s’attaque aux droits et
privilèges de la corporation universitaire. Car l’université d’Aix-en-Provence demeure tout au
long de l’Ancien Régime une corporation soucieuse avant tout de conserver ses acquis et fière
de montrer sa puissance. Etalant sa richesse aux yeux de tous, l’université se met en scène au
XVII° siècle et encore plus au XVIII° siècle, lorsque le pouvoir royal lui ôte toute autonomie
réelle en intervenant directement dans ses affaires internes. Comme Venise cherchant à
conjurer son déclin dans l’ivresse du carnaval, l’université d’Aix-en-Provence trouve dans les
festivités publiques l’occasion de rappeler sa grandeur faute de pouvoir s’affirmer autrement.
La construction d’un nouveau bâtiment pour loger l’institution en 1743 offre à l’antique
université un décor d’opéra digne de sa fin tragique en 1793. Mais une nouvelle flamme jaillit
bientôt au milieu des cendres de l’ancienne institution : comme en 1409 cette étincelle qui
ranime le feu ancestral s’incarne dans la faculté de droit, cœur ardent de l’université dès
l’origine. Le beau XIX° siècle est incarné par la croissance accélérée de l’université qui
s’épanouit sous la houlette du ministère de l’Instruction créé en 1824 : la centralisation
napoléonienne fait taire les disputes et l’enseignement devient pour la première fois la
préoccupation principale de l’établissement. Cet âge d’or s’achève avec la réforme des
universités entamée par la Troisième République qui ravive les universités autonomes et
réintroduit les luttes de pouvoir au sein des facultés : la guerre avec Marseille au sujet du
transfert des facultés de droit et de lettres rend parfaitement compte de ce qu’ont toujours été
les universités : des instruments de domination doublés d’objets de prestige. L’évolution de
l’université d’Aix-Marseille au XX° siècle illustre encore mieux cet état de fait qui culmine
avec la partition de l’université en trois entités rivales au tournant des années 1970.
Mais cette histoire mouvementée ne doit pas occulter le succès évident de l’université en
matière de formation : peu d’universités peuvent se vanter en France d’avoir former des
44
�générations d’hommes qui ont marqué l’histoire tels Jean-Etienne-Marie Portalis, JosephJérôme Siméon, Adolphe Thiers, Adolphe Crémieux, René Cassin, Félix Gouin, et plus
récemment Edouard Balladur.
Les grandes étapes de l’évolution de l’université fondée dans la cité du roi René sont
réellement atypiques : elles montrent la complexité de l’histoire locale et régionale faite
d’affrontements fratricides et de coopérations fructueuses. Aujourd’hui cette université
envisage sereinement son avenir tout en restant vigilante dans un monde de compétition où la
relégation devient synonyme de disparition. Le projet de fusion actuellement en cours de
réalisation suscite des doutes compréhensibles : il n’en est pas moins nécessaire comme l’a
souligné dans plusieurs interviews l’ancien doyen et actuel président de l’université Marc
Pena. A ceux qui craignent une réactualisation de la lutte entre Marseille et Aix-en-Provence
pour la possession de la faculté de droit ce dernier répond en soulignant la spécificité des deux
sites qui doivent travailler en complémentarité et non en concurrence. Dans cet optique le
vénérable passé de l’université ne doit pas servir d’argument pour nier le présent et refuser
l’avenir. Au contraire il doit se muer en capital de confiance base d’un nouveau départ : il ne
s’agit pas de regarder en arrière pour regretter le présent mais de se remémorer son passé afin
de comprendre son présent et d’anticiper son avenir. « Les peuples qui ne comprennent pas
leur histoire sont condamnés à la revivre » disait Goethe. Cette maxime s’applique également
aux institutions.
Héritière d’une antique tradition d’excellence, l’université Paul Cézanne continue aujourd’hui
encore à préparer l’avenir comme en témoigne l’action résolue de sa direction en faveur de la
réunification des trois sœurs ennemies nées de la partition de l’université originelle. Cet acte
incarne une véritable refondation, « renouer la chaîne du temps » non pas pour nier le passé
mais pour le dépasser et se tourner résolument vers « six cent ans d’avenir ».
45
�Deuxième partie :
le catalogue d’exposition
46
�Avertissement
« Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir il faut allumer les
grandes dates comme on allume des flambeaux. » Victor Hugo, Discours de commémoration
du 24 février 1848. Cette citation met en avant l’importance du souvenir et de la
commémoration dans les moments difficiles afin de se rappeler qui nous sommes, d’où nous
venons, où nous allons.
Sous un angle plus optimiste, la commémoration peut également être tournée vers l’avenir :
c’est le choix opéré par l’université Paul Cézanne (Aix-Marseille 3) qui célèbre en 2009 ses
six cent ans. Le maître mot de cet anniversaire, « six cent ans d’avenir », reflète bien la
démarche volontaire d’un établissement dynamique qui cherche à s’ancrer dans le passé afin
de mieux rebondir dans l’avenir. Il s’agit d’utiliser cet anniversaire non pour se refermer sur
soi et regarder en arrière mais bien pour s’ouvrir au monde dans un contexte de
mondialisation et de compétition exacerbé entre grandes universités. Commémorer un tel
évènement implique parallèlement d’effectuer en coulisse un travail préparatoire de longue
haleine. Dans le cadre de ce travail en amont, la bibliothèque universitaire de l’université Paul
Cézanne occupe un rôle primordial : elle doit en effet proposer une exposition retraçant
l’histoire de l’université et plus particulièrement de la faculté de droit, composante essentielle
et fondatrice de l’université originelle d’Aix-en-Provence.
La deuxième partie du présent mémoire relève ce défi : elle constitue une base de réflexion
destinée à faciliter l’organisation ultérieure de la véritable exposition. Dans cette optique il a
été nécessaire de sélectionner des pièces d’exposition permettant de mieux comprendre et
d’appréhender à sa juste valeur l’histoire de l’université d’Aix-en-Provence depuis sa
fondation en 1409 jusqu’au XX° siècle. Le pouvoir d’évocation propre à chacune des pièces
présentées en fait des objets uniques à traiter avec le plus grand soin. Afin de respecter les
standards des catalogues d’expositions tels que les musées les définissent une présentation
chronologique a été arrêtée. Chaque pièce est présentée par une ou plusieurs photographies
accompagnées d’un commentaire explicatif abordant successivement le titre du document,
son auteur, sa date, sa provenance et éventuellement sa cote, son format, son état de
conservation ainsi que ses caractéristiques physiques, sa notice descriptive et interprétative..
La plupart des documents qui suivent sont issus du fond ancien de la bibliothèque
universitaire Paul Cézanne -vingt-trois pièces d’exposition sur quarante et une- en accord
avec le sujet du présent mémoire. Il appartient désormais au lecteur de découvrir par luimême le résultat de ce long travail d’enquête.
47
�Vitrine n°1 : Les débuts de l’université, 1409-1501
(A)
(B)
48
�(C)
(D)
49
�(E)
(F)
50
�(G)
51
�Notices de la vitrine n°1
Vitrine n°1, pièce d’exposition (A) :
quelques
éléments
donnent
toute
l’importance de l’individu : Louis
C
par
II
et élégant portrait de Louis II
D’Anjou est en effet le fils de Louis Ier
d’Anjou réalisé au XVIII° siècle
d’Anjou, il est duc d’Anjou et comte de
un
artiste
anonyme
se
Provence,
trouve
cousin
du
roi
de
France
actuellement conservé à la bibliothèque
Charles VI. Né à Toulouse en 1377, il
Méjanes, collé au cours du XIX° siècle sur
hérite des prétentions de son père sur la
une grande feuille cartonnée placée dans le
couronne du royaume de Naples et de
deuxième cahier amovible des estampes.
Sicile et convoite également le trône de
De petit format (20x16cm), ce portrait en
Hongrie,
très bon état de conservation a été exécuté
angevine rivale. Couronné roi de Sicile à
à la plume sur papier. Le personnage
Bari en 1384, il doit fuir l’Italie et tente par
représenté est vêtu à la mode de la fin du
la suite vainement de reconquérir son
XIV° siècle, habillé d’un riche vêtement
royaume. Sa vie durant il ne cesse de
brodé d’arabesques au col fourré et portant
combattre pour défendre ses possessions :
un couvre-chef typique de la fin du Moyen
en Anjou il affronte les Anglais, en
Age. Ce portrait n’est en vérité qu’une pale
Provence il peine à imposer son autorité
copie d’un original aux couleurs éclatantes
tandis que ses tentatives de reconquête de
réalisé au XV° siècle : jaune pour le
Naples échouent. Il meurt finalement à
vêtement, rouge pour le chapeau, des
Angers en 1417, sa femme Yolande
couleurs vives à la mode de son temps qui
d’Aragon joue par la suite un grand rôle
rappellent la puissance et la richesse du
dans l’entourage du futur roi Charles VII.
personnage. Le dessin comporte une courte
De son œuvre en Provence on ne retient
légende biographique ainsi que les armes
que la fondation de l’université d’Aix-en-
de Louis II d’Anjou : on y reconnaît
Provence qu’il institue en 1409 afin de
accolés dans le registre supérieur les
doter
blasons royaux de Hongrie, Naples et de
capable de former des cadres administratifs
Jérusalem, et dans le registre inférieur les
compétents recrutés sur place. Toutefois la
blasons d’Anjou et de Provence. Ces
seule volonté comtale ne peut prétendre
52
son
aux
mains
comté
d’une
d’un
branche
établissement
�suffire à fonder une université : pour se
particulière qu’occupe Alexandre V (1340-
faire Louis II d’Anjou doit obtenir l’aval
1410) dans l’histoire de la papauté. Né
du pape, seule autorité universelle en
Pierre Phylargis, Alexandre V est un grec
matière
au
originaire de Candie en Crète, alors
Moyen Age. Dans un contexte marqué par
possession de Venise. Ses capacités lui
la crise du grand schisme d’Occident c’est
ouvrent les portes d’Oxford puis de
finalement l’antipape Alexandre V qui de
l’université de Paris. Grâce au désordre
préférence à Grégoire XII et Benoît XIII
provoqué par le Grand Schisme d’Occident
accorde la bulle de confirmation de
(1378-1418) et avec le soutient de Jean
l’université, élevant ainsi la fondation
Galéas Visconti, le puissant duc de Milan,
comtale au rang d’université reconnue et
il devient évêque de Plaisance en 1386 puis
dotée de privilèges étendus.
archevêque de Milan en 1402. Cardinal en
d’enseignement
supérieur
1405, il prend l’initiative au plus fort de la
crise qui déchire le monde catholique de
Vitrine n°1, pièce d’exposition (B) :
convoquer un concile à Pise le 25 mars
C
1409 à l’issu duquel il est lui-même élu
e deuxième portrait est celui
pape le 26 juin 1409. Pour contrer les
d’Alexandre V, le co-fondateur de
antipapes d’Avignon et de Rome il prend
l’université d’Aix-en-Provence, tel qu’il se
le parti de Louis II d’Anjou contre le roi de
trouve reproduit par un auteur inconnu au
Naples Ladislas Ier d’Anjou-Durazzo et
début du XVI° siècle. Le document
provient
d’un
manuscrit
(cote
accueille avec bienveillance la demande du
MS
premier
1028/1080) conservé à la bibliothèque
(6x4.5cm)
et
endommagé
que onze mois : l’antipape qui a reconquis
Rome
parchemin est une des rares représentations
lourd
manteau
dans
de
mystérieuses
échec dans la réunification de l’Eglise
homme vieilli portant barbe et cheveux
d’un
meurt
circonstances la nuit du 3 mai 1410, son
d’Alexandre V. On y voit les traits d’un
vêtu
l’université
règne d’Alexandre V ne dure cependant
par
l’humidité, ce portrait fait à la plume sur
longs,
confirmer
récemment fondée à Aix-en-Provence. Le
Méjanes à Aix-en-Provence. De petite
taille
de
catholique le place de facto dans la
et
catégorie des antipapes bien que Rodrigo
vraisemblablement de la tiare, traditionnel
Borgia, élu pape en 1492, refuse de
attribut des papes jusqu’au XX° siècle.
prendre le nom d’Alexandre V préférant
Celle-ci semble avoir été volontairement
celui d’Alexandre VI.
effacée ce qui renvoi à la position
53
�Vitrine n°1, Pièce d’exposition (C) :
la mort de Louis II l’établissement reste
embourbé dans un triste marasme qui le
C
condamne à court terme.
e document est une copie en latin
de la charte de fondation de
l’université, l’original ayant probablement
Vitrine n°1, Pièce d’exposition (D) :
disparu lors du sac de la ville d’Aix-enProvence par le duc de Savoie en 1536 à
C
moins que ce ne soit durant la tourmente
révolutionnaire
entre
1789
et
1795.
et
exemplaire
est
une
copie
anonyme en latin de la bulle de
confirmation de l’université d’Aix-en-
L’auteur de cette charte de fondation est
Provence émise par Alexandre V le 9
bien évidemment Louis II d’Anjou qui crée
décembre 1409. Celle-ci a également du
l’université en 1409. Cette copie signée
disparaître en 1536 ou entre 1789 et 1795,
I. Tizaty et assurée conforme à l’original
datant du début du XVIII° siècle, le
date quant à elle de 1676 et provient d’un
document présenté provient des Archives
livret récapitulant les statuts, constitutions
Municipales
et coutumes de l’université, actuellement
d’Aix-en-Provence,
cote
AA1. Ce grand in folio très bien conservé,
conservé dans le fond ancien de la BU Paul
écrit à la main sur parchemin, est
Cézanne sous la cote 35 079, et doté au
fondamental
XIX° siècle d’une couverture cartonnée.
pour
l’histoire
de
l’université : sans la bulle de confirmation
De petit format (20x15cm) ce livret
d’Alexandre V l’établissement n’aurait pas
imprimé sur papier et légèrement abîmé à
pu délivrer de diplômes reconnus et encore
la page nous intéressant permet d’avoir un
moins
idée du document original. Il faut noter que
attirer
professeurs.
contrairement à ce qu’on pourrait attendre,
des
Mais
étudiants
cette
et
des
confirmation
pontificale n’a pas l’effet escompté par
ce document ne donne que peu de détails
Louis II d’Anjou : étudiants et professeurs
sur l’organisation de l’université, ce n’est
se font prier pour venir s’établir à Aix-en-
qu’en 1418 que de nouveaux statuts
Provence, si bien que le fondateur de
précisent les grandes lignes données par
l’université demande en 1413 par lettres
Louis II d’Anjou dans sa charte de 1409.
patentes aux clercs Provençaux de venir
Ceux-ci, très libéraux, offrent de nombreux
étudier dans son université, vantant l’air
privilèges, garanties et immunités aux
sain de la ville, l’abondance de vivres, le
professeurs et étudiants afin de les
naturel paisible des habitants et la présence
convaincre de venir étudier et enseigner
de savants docteurs qui en font un lieu
dans la capitale de Provence. Néanmoins à
54
�propice à l’étude. Cette publicité doit être
évêques et abbés de Provence à envoyer
replacé dans son contexte : en 1413 la
leurs clercs à Aix-en-Provence, sans grand
guerre de Cent Ans (1337-1453) est à son
succès d’ailleurs. Tant et si bien que son
paroxysme, la peste ravage l’Europe
fils et successeur Louis III d’Anjou doit
depuis 1348 tandis que les routiers et la
passer à la menace. Le 14 novembre 1424
famine sévissent. Dans une telle situation,
il décide par ses lettres d’Aversa de
étudier à Aix-en-Provence apparaît bien
contraindre la ville d’Aix-en-Provence à
plus salutaire pour les Provençaux plutôt
payer convenablement les professeurs de
que de se risquer à aller étudier à
l’université
l’université de Montpellier, Toulouse,
provençaux à venir étudier dans son
Valence ou Paris.
université sous peine d’amendes. Il entend
et
d’obliger
les
clercs
également forcer les professeurs déjà gagés
par
Vitrine n°1, Pièce d’exposition (E) :
la
municipalité
à
tenir
leurs
engagements à terme, y compris en
C
l’absence d’étudiants. Aussi énergique soit
e beau document d’origine est un
élément
fondamental
dans
elle, cette décision n’est suivie que de peu
le
d’effets : Louis III se désintéresse de la
développement de l’université d’Aix-en-
Provence pour se consacrer à son rêve
Provence : il s’agit des lettres patentes
italien, d’autre part la ville d’Aix-en-
dictées par Louis II d’Anjou le 31
Provence ne dispose pas de collèges
décembre 1413. Cette pièce exceptionnelle
offrant l’hospitalité aux étudiants, pratique
en latin est actuellement conservée aux
très répandue dans les villes universitaires
Archives Municipales d’Aix-en-Provence,
et
cote GG 471. Ces lettres de grand format
entretenue
grâce
à
de
généreux
donateurs comme Robert Sorbon qui crée
(51x35cm) sont manuscrites sur parchemin
en 1253 le collège de la Sorbonne, destiné
et très bien conservées. Ce qui fait leur
aux étudiants pauvres.
valeur pour l’histoire de l’université résulte
de son contenu : malgré les efforts de
Vitrine n°1, Pièce d’exposition (F) :
Louis II d’Anjou pour attirer étudiants et
professeurs à Aix-en-Provence l’université
végète
dangereusement
premières
années
pendant
d’existence.
C
ses
Afin
e
troisième
portrait
est
une
représentation anonyme de Louis
d’encourager l’étude dans son université,
III d’Anjou, fils et successeur de Louis II
Louis
d’Anjou. Réalisé au XVIII° siècle d’après
II
appelle
solennellement
les
55
�la statue ornant son tombeau à Cosenza, il
développement de l’université d’Aix-en-
provient du fond ancien de la bibliothèque
Provence : ses lettres d’Aversa ne sont
Méjanes et a été collé au XIX° siècle sur
guère suivies d’effet et la situation ne s’est
une grande feuille cartonnée placé dans le
guère améliorée quand ce dernier lègue son
deuxième cahier amovible des estampes.
duché d’Anjou et son comté de Provence à
Cette copie de petit format (18x14cm)
son frère.
exécutée à la plume sur papier est
parfaitement bien conservée. On peut y
Vitrine n°1, Pièce d’exposition (G) :
voir un personnage aux traits graves
portant une collerette et des habits simples
C
contrastants avec le luxe du costume de
son père. La légende précise « Louis III,
ette dernière pièce d’exposition
retraçant la difficile histoire de
l’université d’Aix-en-Provence au XV°
roi, comte de Provence » et ne comporte
siècle est la suite logique des lettres
pas d’autres mentions ni blason. Il faut dire
d’Aversa. Il s’agit de lettres patentes
que le fils de Louis II ne connu guère de
manuscrites sur parchemin signées par
succès : né en 1403 il hérite du duché
René Ier d’Anjou, frère et successeur de
d’Anjou et du comté de Provence à la mort
Louis II d’Anjou, et datées du 7 novembre
de son père en 1417 et reprend la politique
1460. En excellent état de conservation,
italienne des Angevins en pleine guerre de
elles sont écrites en latin et proviennent des
Cent Ans. Malgré le soutient du pape
Archives Municipales d’Aix-en-Provence
Martin V qui l’investit officiellement roi
où elles sont conservées sous la cote GG
de Sicile -c’est à dire roi de l’île de Sicile
471. D’assez grand format (41x28cm) le
et du sud de la péninsule italienne- et
document comporte la trace du sceau de
l’alliance de Milan et de Venise, Louis III
René Ier d’Anjou : on y distingue en
d’Anjou ne parvient pas à s’imposer en
particulier dans le quart supérieur droit le
Italie où les Aragonais, maîtres de la Sicile
blason royal de Hongrie, dans le quart
depuis 1282, lui disputent la domination et
inférieur gauche le blason du duché de Bar,
finissent par l’emporter avec la prise de
et on peut penser que les deux autres
Naples en 1442. Sa mort subite à Cosenza
quartiers représentent les armes d’Anjou et
(Calabre) en 1434 fait de son frère René
de Sicile. Ces lettres font suites aux
Ier d’Anjou l’héritier de toutes ses
dispositions prises par Louis III d’Anjou :
possessions et prétentions italiennes par
René Ier d’Anjou rappelle tout d’abord que
défaut d’enfant. Son action politique stérile
cette université a été instituée par son père
fait échos à son impuissance concernant le
56
�Louis II d’Anjou dans le but de permettre
dispositions en sont affichées sur les portes
aux
moins
des églises et tribunaux et annoncées par
dépenser en allant étudier au loin et surtout
crieurs publics. Ce soin tout particulier mis
pour leur éviter le danger que représente le
par René Ier à développer l’université
voyage vers les grandes universités du
d’Aix-en-Provence n’est guère étonnant :
Midi. Ceci étant dit, il reprend les menaces
l’homme est connu pour son goût pour les
de son frère en annonçant que les étudiants
arts et les lettres et entretient une cour
Provençaux déjà inscrits ailleurs disposent
brillante à Angers et Aix-en-Provence. Ses
d’un
à
tentatives de conquête de la Lorraine
l’université d’Aix-en-Provence sous peine
(1431) et de Naples (1442) ayant échoué, il
d’une forte amende de cent marcs d’argent.
se consacre dès lors à l’administration de
Il prévoit en outre que les ecclésiastiques et
ses domaines qui souffrent beaucoup des
parents continuant à entretenir leurs clercs
guerres incessantes. Le choix d’encourager
ou enfants pour qu’ils aillent étudier hors
l’université
de Provence verront leurs biens confisqués
d’une stratégie d’ensemble visant au
au profit du comté. Afin que nul ne puisse
développement économique de son comté
prétendre
de Provence.
étudiants
mois
Provençaux
pour
ignorer
venir
ces
de
s’établir
lettres,
les
57
d’Aix-en-Provence
relève
�Vitrine n°2 : l’embellie du XVI° siècle
(A)
(B)
58
�(C)
(D)
59
�(D bis)
(E)
60
�Notices de la vitrine n°2
Vitrine n°2, pièce d’exposition (A) :
une période de réforme pour l’université :
l’installation du parlement de Provence à
C
es statuts somptueusement ornés et
Aix-en-Provence
écrits de la main du secrétaire de
radicalement les perspectives d’avenir de
l’université d’Aix-en-Provence témoignent
l’université qui soudainement voit affluer
de la soudaine fortune de l’établissement.
professeurs et étudiants. La première
Datés de la seconde moitié du XVI° siècle,
modification statutaire apportée en 1510
ceux-ci proviennent de la bibliothèque
vise à écarter les étudiants de la charge de
Méjanes où ils sont conservés sous la cote
recteur-primicier ainsi que des élections
MS 1028 (1080). Très bien conservés,
des divers officiers de l’établissement :
écrits en latin, ces statuts manuscrits sur
l’université devient une corporation de
parchemin, somptueusement décorés, ont
docteurs qui se ferme. Le succès est
été reliés avec d’autres documents plus
rapidement
récents à la fin du XVII° siècle et se
corporation multiplie dès lors les signes
présentent sous la forme d’un grand in
extérieurs de richesse : ces statuts finement
folio de format 30x22.5cm. Concrètement,
ornés expriment l’embellie que connaît
ceux-ci organisent la vie de l’université :
l’université.
au
en
1501
rendez-vous
modifie
et
la
on peut voir sur la première page qu’il est
ainsi question du mode d’élection du
Vitrine n°2, pièce d’exposition (B) :
chancelier. Les pages suivantes abordent
dans le même esprit le mode d’élection du
C
recteur-primicier, de l’acteur, du trésorier,
les conditions d’examens et serments
lettres conférant le grade de docteur en
baccalauréat, de la licence et du doctorat.
droit canon et civil datées du 28 septembre
Suit également le catalogue des docteurs
1544. Cette pièce écrite en latin est
de l’université qui énonce les noms des
membres
de
la
rares témoignage de l’activité de
l’université au XVI° siècle : il s’agit de
devant être prêtés par les titulaires du
docteurs
e document écrit constitue un des
conservée aux Archives Départementales à
corporation
Aix-en-Provence sous la cote 1 G 221 en
universitaire. Le XVI° siècle est en effet
compagnie de plusieurs autres documents
61
�relatifs à la vie quotidienne de l’université.
anges tiennent les deux médaillons dans ce
Dans un bon état de conservation, ce
qui semble être une évocation du jardin
manuscrit sur parchemin possède une
d’Eden : celui du haut évoque la Genèse et
grande valeur historique : il témoigne de
donc l’Ancien Testament tandis que celui
l’émergence
du bas fait référence aux Evangiles et donc
d’un
pôle
universitaire
renommé à Aix-en-Provence où l’étude du
au
droit est à l’honneur, et ce pour longtemps.
historiée représente peut-être un souverain
C’est en effet la faculté de droit qui se
tenant conseil, un livre de droit à portée de
développe le plus rapidement sous l’effet
main. Les auteurs ayant collaboré à
de l’installation du Parlement de Provence,
l’œuvre sont nommés également sur cette
devançant la faculté de théologie créée en
première page : Jean-Pierre de Ferrare et
1409 et la faculté de médecine instituée à
François de Curte. Le livre se présente
partir de 1557. Cette avance permet aux
sous la forme classique d’un ouvrage de
docteurs en droit de s’imposer au sein de
droit du Moyen Age avec au centre le texte
l’université
après
original et tout autour la glose ou
réforme des statuts le poste de primicier à
commentaire. Ce livre témoigne donc de la
partir de 1555.
persistance d’une méthode d’enseignement
et
de
monopoliser
Nouveau
Testament.
La
lettrine
propre au Moyen Age dans les universités
au début du XVI° siècle. Manuel de droit à
Vitrine n°2, pièce d’exposition (C) :
destination des étudiants de l’époque c’est
C
e
livre
exceptionnel
est
une pièce particulièrement intéressante.
une
Practica singularis datée de 1509,
Vitrine n°2, pièce d’exposition (D) :
imprimé sur papier par un certain Stéphane
Gueynard et conservé dans le fond ancien
Exceptionnellement bien conservé cet in
C
quarto écrit en latin est le plus ancien livre
de Grégoire imprimé sur papier en 1528.
actuellement
de
Cet in quarto est actuellement conservé
l’université Paul Cézanne. La première
dans le fond ancien de la BU Paul Cézanne
page abondamment illustrée présente deux
sous la cote 45 682 dans un très bon état.
scènes
médaillon
La première page est riche en illustrations
supérieur la création d’Eve, et dans le
qui encadrent le texte : on reconnaît en
médaillon inférieur l’Annonciation. Deux
haut de la page la représentation d’un
de la BU Paul Cézanne, cote 48 276.
en
bibliques :
la
dans
possession
le
62
et
ouvrage
de
droit
est
un
exemplaire très rare des Décrétales
�concile avec au centre le pape et autour ses
médecine subventionnée par la ville,
cardinaux, la colonne de gauche présente
délibération
les
saint
Départementales d’Aix-en-Provence, cote
Ambroise et saint Augustin. La colonne de
1 G 221. Ecrit à la plume sur papier, le
droite présente elle des docteurs en droit
document de grande taille (22x33cm) est
fameux à leur époque. Le registre inférieur
bien conservé et confirme l’implication de
montre une représentation du drap de
la municipalité d’Aix-en-Provence dans le
sainte Véronique tenu par saint Pierre et
développement de l’université, gage de
saint Paul, l’un portant les clefs l’autre
richesse et de renommée. La municipalité
l’épée. Toute cette imagerie est typique du
y
Moyen Age alors que le livre lui-même
nouveaux postes d’enseignement appelés
date de la Renaissance. Le contenu obéit à
« régences » au sein de l’université : 600
la même logique : le texte original est
florins annuels sont alloués par la ville à
entièrement entouré par la glose qui
leur entretient, à savoir 400 florins pour les
occupe les deux tiers de la page, la
deux « régents » de droit, et 200 florins
présentation est elle aussi typique des
pour les deux régents de médecine plus des
manuscrits médiévaux. Tous ces éléments
privilèges. Une fois ratifiée par le conseil
ajoutés
pièce
municipal, la délibération est soumise au
œuvre
collège des docteurs de l’université : ceux-
doctes
à
ecclésiastiques
la
d’exposition
rareté
en
de
font
dont
cette
une
remarquable.
décide
conservée
en
effet
aux
la
Archives
création
de
ci l’acceptent mais entendent rester maîtres
de la nomination des régents. La ville plie
finalement et les régences sont créées. Le
parlement proteste cependant, estimant
Vitrine n°2, pièce d’exposition (E) :
avoir un droit naturel de regard sur tout ce
qui
L
concerne
l’université
d’Aix-en-
d’exposition
Provence. Il avalise néanmoins cette
couvrant le XVI° siècle se rapporte
décision et promet une subvention. Cette
aux problèmes rencontrés par l’université
délibération est donc intéressante en ce
au cours de ce siècle marqué par les
qu’elle illustre l’implication de la ville
guerres italiennes et
les guerres de
dans la vie de son université mais
religions. Il s’agit d’une copie anonyme du
également la volonté des principales
XVII° siècle de la délibération du conseil
institutions urbaines de se mêler des
municipal d’Aix-en-Provence en date de
affaires de l’établissement qui devient au
1568 au sujet de la création de chaires de
XVI° siècle un centre de pouvoir. Détail
a
dernière
pièce
63
�d’importance : la délibération est écrite
autorités locales se sont adaptées aux
non pas en latin mais en français, ce qui
nouveaux maîtres du comté : les rois de
montre la rapidité avec laquelle les
France.
64
�Vitrine n°3 : Le XVII° siècle, entre age d’or et crises
(A)
(B)
65
�(C)
(D)
66
�(E)
67
�Notices de la vitrine n°3
Vitrine n°3, pièce d’exposition (A) :
d’une faculté de droit, de théologie et de
médecine
C
dont
les
professeurs,
les
e document est une copie en
« régents », créent de multiples ennuis à
français de l’édit de fondation du
l’ancienne université. Ce texte marque
Collège Bourbon par Henri IV en 1603.
donc une étape particulièrement importante
Cette copie signée I. Tizaty et assurée
dans l’évolution de l’université : avec la
conforme à l’original date de 1676 et
création du Collège Bourbon, l’autorité
provient d’un livret récapitulant les statuts,
royale s’immisce petit
constitutions et coutumes de l’université,
l’enseignement supérieur en général et
actuellement conservé dans le fond ancien
dans les affaires de l’université d’Aix-en-
de la BU Paul Cézanne sous la cote
Provence en particulier.
à petit
dans
35 079, et doté probablement au XIX°
Vitrine n°3, pièce d’exposition (B) :
siècle d’une couverture cartonnée. De petit
format (20x15cm) ce livret imprimé sur
original. L’édit de 1603 est en effet d’une
C
importance capitale : en 1601 le premier
réalité une véritable révolution : il s’agit en
président du parlement de Provence, Du
réalité des lettres patentes confiant la
Vair, projette de demander aux Etats de
direction du Collège Bourbon aux Jésuites
Pays l’autorisation d’adresser une requête
en 1621, le document est un original daté
au roi de France afin de lui demander une
de cette époque. Ce document imprimé sur
augmentation de la taxe sur le sel destinée
papier par Jean Tholosan, imprimeur du roi
à augmenter les gages des régents payés
et de la ville d’Aix-en-Provence est
par la ville. Henri IV ne se contente pas
actuellement
d’accorder cette faveur, il va plus loin en
Départementales des Bouches-du-Rhône à
créant
nouvel
Aix-en-Provence, sous la cote 1 G 221. En
établissement, le Collège Bourbon, qui
très bon état, ce livret retranscrit le contenu
constitue
université
des lettres patentes octroyées par le roi aux
concurrençant l’ancienne. Celui-ci est doté
Jésuites d’Aix-en-Provence accompagné
papier donne une idée du document
à Aix-en-Provence un
une
nouvelle
68
e
petit
livret
(20x14.5cm)
d’apparence anodine
conservé
aux
cache en
Archives
�Vitrine n°3, pièce d’exposition (C) :
de l’arrêt d’enregistrement du parlement de
Provence du 14 mai 1621. Historiquement
ouvrir un collège dans la capitale du roi
C
René remonte à 1583, mais plusieurs
registres de l’université d’Aix-en-Provence
péripéties retardent la création d’un collège
clairement
qui finalement est pris en main par la
propagande. Le document est signé du
municipalité.
1621
vice-chancelier Campoursin, du primicier
lorsque, devant le trouble semé par
Boniface et du trésorier Moulin, il se
l’établissement du Collège Bourbon, le roi
trouve daté du 2 novembre 1676 et est
Louis
cet
conservé aux Archives Départementales à
établissement aux Jésuites. Loin d’apaiser
Aix-en-Provence, cote 1 G 221. En
les rivalités avec l’ancienne université cette
excellent état de conservation, ce placard
décision les attise et le collège universitaire
imprimé
va violemment s’entredéchirer de manière
l’atmosphère de discorde régnant au sein
récurrente
du
du « Collège et Université » au cours du
règlement de 1712. La prise en main du
XVII° siècle. Les neuf dixième du texte
Collège Bourbon par les Jésuites marque
sont
aussi la fin de la faculté des « Arts
l’établissement du Collège Bourbon et de
Libéraux » instituée en 1603 par Henri IV
tous les problèmes que depuis lors les
à coté des autres facultés. Néanmoins
« régents »
l’ancienne université absorbe petit à petit
l’université : procès contre la corporation
et non sans mal le Collège Bourbon qui
universitaire
dépend
subventions
élémentaires régissant le comportement
municipales. Un détail est intéressant sur le
des membres de la corporation, délivrance
blason ornant les lettres patentes de Louis
de lettres de diplômes sans autorisations de
XIII : Le « H » d’Henri IV n’a pas été
l’université, utilisation de faux sceaux etc.
remplacé par un « L » ce qui peut laisser
De ces diverses manœuvres, la plus notable
penser que le commanditaire du livret
fut le procès intenté à l’université pour
désirait rattacher ces lettres patentes non
réclamer une égalité de privilèges, procès
pas au nouveau roi fraîchement affranchit
qui dure de 1624 à 1640. A l’issue de ces
de la tutelle de Marie de Médicis mais au
divers rappels, la décision de l’assemblée
souvenir de l’illustre Henri de Navarre
générale tombe : désormais les « régents »
pour leur donner plus de poids.
ont
la première tentative des Jésuites pour
XIII
Tout
décide
jusqu’à
étroitement
bascule
de
en
confier
l’établissement
des
69
e
placard
de
grand
format
(56x44cm) est un extrait des
destiné
sur
une
papier
consacrés
dans
à
ont
au
à
révèle
un
pu
occasionner
des
de
de
bien
historique
mépris
l’obligation
action
de
à
règles
demander
�l’autorisation au chancelier et au primicier
langue française. Il s’agit de la première
avant de faire passer des examens à leurs
affirmation au niveau national de la
étudiants sous le contrôle de l’ancienne
toute
université. Le document précise que des
d’enseignement
copies
obligatoire l’étude du droit français et met
de
la
décision
doivent
être
puissance
au
royale
en
supérieur
monopole
matière
qui
du
latin
rend
distribuées afin que nul n’en ignore les
fin
dans
dispositions impérieuses qui s’imposent à
l’enseignement du droit. L’édit réforme en
tous. Cette décision illustre l’exaspération
outre la durée des études, ces réformes
des tensions entre le Collège Bourbon et
visent à relever le niveau des étudiants de
l’ancienne université d’Aix-en-Provence
droit qui bien souvent achètent à l’issue de
qui ne s’apaisent qu’avec l’intervention
leurs études des charges publiques nobles
royale.
ou anoblissantes sans avoir de réelles
compétences. Pis, la plupart des bourgeois
Vitrine n°3, pièce d’exposition (D) :
enrichis par le commerce poussent leurs
fils dans cette voix au lieu de les initier à
C
ette page provient des statuts
leurs
affaires.
Il
en
résulte
un
universitaires écrits de la main du
encombrement de l’administration royale
d’Aix-en-
par des gens souvent peu compétents qui
Provence. Il s’agit de la copie des lettres
auraient bien mieux servir l’Etat en
patentes en français de Louis XIV connu
l’enrichissant par le commerce, argument
sous le nom d’édit de Saint-Germain-en-
de type éminemment
colbertiste. Les
Laye et daté de 1679. La copie exécutée à
protestations
nombreuses
l’encre sur parchemin est extraite du
l’université d’Aix-en-Provence contre cet
manuscrit MS 1028 (1080) conservé à la
édit qui viole les droits et privilèges de
bibliothèque
regroupe
l’établissement mais la corporation doit
plusieurs statuts universitaires depuis le
rapidement se soumettre à la décision
début du XVI° siècle jusqu’en 1680. Ce
royale. Par la suite la couronne ne se prive
grand in folio (format 30x22.5cm) bien
plus d’intervenir dans ses affaires, allant
conservé présente une très intéressante
jusqu’à promulguer unilatéralement un
copie de l’édit de 1679, lequel bouleverse
règlement
profondément l’étude du droit en France.
Provence en 1683.
secrétaire
de
l’université
Méjanes
qui
Cet édit institut en effet un cours de droit
français obligatoire dans toutes les facultés
de droit du royaume qui doit se tenir en
70
se
pour
font
l’université
à
d’Aix-en-
�Vitrine n°3, pièce d’exposition (E) :
Saurin, également primicier de l’université
d’Aix-en-Provence en 1686-1687 et qui fut
C
e
document
taille
déchu de ses fonctions par décision de
(13.5x9cm) est un résumé succinct
justice suite à une application jugée
d’un cours de droit romain par Ignace
frauduleuse du règlement de 1683 voulu
Saurin. Le petit carnet a été écrit en latin à
par Louis XIV pour l’université. Il s’agit
la plume sur papier en 1687, il est
d’un rapide résumé traitant des divers
actuellement
aspects du droit romain : patria potestas,
conservé
de
petite
aux
Archives
Départementales des Bouches-du-Rhône à
droit
Aix-en-Provence, sous la cote 2 D 54. Très
successions, etc. Ce cours est suivi d’un
bien conservé, ce document a été la
lexique juridique tout aussi intéressant.
propriété du bibliophile Doblu qui en fit
Cette pièce d’exposition très rare mérite
don à l’université d’Aix-Marseille en 1922,
malgré son aspect modeste toute notre
c’est lui qui ajoute au carnet sa couverture
attention : ce sont certainement les plus
art déco tranchant vivement avec le
anciennes notes de cours prises à la faculté
contenu. Ce cours de droit romain est écrit
de droit d’Aix-en-Provence.
de la main du professeur de droit Ignace
71
applicable
au
mariage,
aux
�Vitrine n°4 : Le XVIII° siècle, un siècle de déclin ?
(A)
(B)
72
�(C)
(D)
73
�(E)
74
�Notices de la vitrine n°4
Vitrine n°4, pièce d’exposition (A) :
trouver une solution : la nouvelle réforme
prévoit l’élection du chancelier et des trois
C
e document revêt une importance
officiers de l’université au cours d’une
fondamentale dans l’histoire de
assemblée générale et retire parallèlement
se
tout pouvoir aux membres de l’ancien
présente sous la forme d’un livre manuscrit
Collège Bourbon et ce au profit des
sur parchemin écrit en français et intitulé
professeurs de l’université. Ce règlement,
Règlement pour la faculté de droit d’Aix-
légèrement modifié en 1729, demeure le
en-Provence et présente une copie de
texte de référence réglant la vie de
l’arrêt du conseil d’Etat de 1712. En très
l’université d’Aix-en-Provence jusqu’en
bon état, ce document de grand format
1793. Il révèle avec force les luttes qui
(32x23.5cm) se trouve dans le fond ancien
opposent les différentes factions, consuls
de la BU Paul Cézanne, cote 67. Dès 1689
d’Aix-en-Provence,
le
Provence, Conseil d’Etat, pour le contrôle
l’université
Conseil
d’Aix-en-Provence :
d’Etat
met
fin
il
à
la
parlement
de
de l’université.
prépondérance dont jouissait la faculté de
droit au sein de l’université d’Aix-en-
Vitrine n°4, pièce d’exposition (B) :
Provence à l’instigation de l’archevêquechancelier Daniel de Cosnac. Une période
arrêt doit confirmer l’année suivante les
C
dispositions prises tout en condamnant la
canonici civilis est en réalité une affiche
sédition dont se rendent coupables les
pour l’examen de la licence en droit. Le
docteurs en droit. Cette situation favorise
document a été fait à l’atelier de la veuve
les dissensions internes et la situation
d’Augustin
dégénère au point que le parlement de
l’université en 1774. Cette grande affiche
Provence et le Conseil d’Etat interviennent
(45x35cm) imprimée sur papier fin très
à nouveau dans les affaires de l’université
fragile est conservée dans le fond ancien de
pour tenter d’y imposer l’ordre. Au final
la BU Paul Cézanne dans le carton des
un arrêt du Conseil d’Etat de 1712 tente de
affiches, cote 733. La riche ornementation
de trouble s’ensuit, si bien qu’un nouvel
75
ette affiche en latin portant la
mention Theses utriusque juris
Adibert,
imprimeur
de
�atout
le carton des affiches coté n°733. Le
esthétique évident. Au-delà, ce document
frontispice est très richement orné, pour
possède un réel intérêt historique : on peut
cause : il sert à identifier l’émetteur et
voir de part et d’autre de la ligne de
s’apparente donc à une signature. Le
séparation verticale les cinq
blason
du
frontispice
lui
confère
un
extraits de
représenté
est
celui
de
textes juridiques à commenter par le
l’archevêque-chancelier Jean-Baptiste de
candidat passant son examen de licence. A
Brancas qui dirige l’université entre 1729
gauche il s’agit des textes de droit canon, à
et 1770. Au-dessus de son blason on
droite ceux de droit civil. Le commentaire
reconnaît la figure de sainte Catherine,
de texte juridique constitue en effet le plus
patronne
ancien mode d’examen pour les étudiants,
Provence. Le texte donne lui toutes les
il se déroule à l’oral devant un jury de
indications relatives aux professeurs et
professeurs. Dans le cas présent, l’affiche
horaires de cours : on voit ainsi que Jean-
indique que le jury est présidé par Jean-
Josephe Julien, le fameux professeur de
Joseph Julien, le célèbre professeur de
droit, tient son cours de droit canon tous
droit dont le portrait orne actuellement la
les matins entre huit et dix heure tandis que
salle des actes et qui joua un rôle certain
Joseph-Sextius
dans
études
professeur père de Jean-Jérôme Siméon,
juridiques à la faculté de droit d’Aix-en-
fait cours à partir de onze heure du matin.
Provence au cours du XVIII° siècle.
Il faut noter que les renseignements relatifs
le
renouvellement
des
de
l’université
Siméon,
d’Aix-en-
le
célèbre
à Louis Ventre de la Touloubre, qui assure
Vitrine n°4, pièce d’exposition (C) :
le cours de droit français, ne sont pas
imprimés en latin mais en français. Tous
C
ette pièce d’exposition est une
ces éléments font de la présente pièce
affiche en latin annonçant les noms
d’exposition
des professeurs des différentes facultés
passionnant.
un
objet
tout
à
fait
assurant un enseignement régulier à partir
Vitrine n°4, pièce d’exposition (D) :
de la rentrée, accompagnés des horaires
des cours. Il s’agit d’une affiche imprimée
Adibert, imprimeur de l’université, et datée
C
d’octobre 1760. Ce document de grande
juventuti actor, est la liste des professeurs
taille (format 57x36cm) est conservé dans
régents qui doivent assurer les cours de
le fond ancien de la BU Paul Cézanne dans
théologie, droit et médecine pour l’année
sur papier fin et fragile à l’atelier de Renati
76
ette troisième affiche, portant en
guise de titre la mention Studiosae
�années
Julien et Louis Ventre de la Touloubre,
éminemment symboliques. Le document
dont les noms furent célèbres dans la
en latin sort des presses de Renati Adibert,
seconde moitié du XVII° siècle. A bien des
imprimeur de l’université, de format
égards cette affiche est donc unique et
52x32cm, il est imprimé sur un papier très
exceptionnelle.
universitaire
1788-1789,
fin et donc fragile. Il reste cependant en
Vitrine n°4, pièce d’exposition (E) :
bon état et se trouve actuellement conservé
dans le fond ancien de la BU Paul
733. Cette affiche est intéressante à plus
C
d’un titre : d’abord il s’agit de la dernière
Catalogue des docteurs de l’université,
affiche imprimée par l’université avant sa
daté de 1769. Ce carnet en latin a été
fermeture en 1793, le dernier témoignage
imprimé sur papier chiffon très résistant et
de ce que fut l’université sous l’Ancien
grossièrement relié par l’atelier Augustin
Régime.
la
Adibert, imprimeur de l’université. En très
présentation du document que les vieilles
bon état, ce catalogue est conservé aux
querelles entre les docteurs de l’université
Archives Départementales des Bouches-
et les régents royaux ne sont toujours pas
du-Rhône à Aix-en-Provence, cote 2 D 53.
éteintes à la veille de la Révolution : on
D’apparence banale, ce document est en
reconnaît
de
réalité d’une importance capitale pour
l’université avec le « P » surmonté de la
l’université : il énumère les noms et rangs
toque de professeur, mais l’emblème est
des docteurs membres de la corporation
encadré par le blason royal de France et
universitaire qui peuvent prétendre en
par celui de la ville d’Aix-en-Provence
conséquence bénéficier de tous les droits et
comme pour rappeler que les régents issus
privilèges garantis à l’établissement (cf.
du Collège Bourbon dépendaient au départ
seconde image). Il contient également la
du roi et pour une moindre part de la
liste des douze docteurs agrégés, choisis
municipalité d’Aix-en-Provence, et non de
sur critère d’ancienneté de chaque faculté,
l’ancienne université. Enfin cette affiche
qui dirigent la vie de chacune des
témoigne de la qualité de l’enseignement
subdivisions de l’université. Sur la seconde
dispensé à l’université d’Aix-en-Provence
image on trouve le nom du doyen des
à une époque de déclin des études de droit
agrégés de la faculté de droit d’Aix-en-
en France : on reconnaît de fait parmi les
Provence qui n’est autre que Jean-Joseph
professeurs régents de droit Jean-Joseph
Julien dont il a déjà été plusieurs fois
Cézanne, dans le carton des affiches, cote
Ensuite
en
on
effet
remarque
le
à
cartouche
77
e document de format 28.5x19cm
est une pièce rare : il s’agit du
�question.
Le
document
récapitule
Sextius Siméon, figurent aussi dès les
également au début (cf. première image)
premières
les grands personnages dont les actes ont
récapitulatif
marqués l’histoire de l’université : Louis II
primiciers et trésoriers depuis la fondation
d’Anjou et Alexandre V en 1409, Henri IV
de l’établissement. En quelques pages ce
en 1603, Louis XIII en 1621 puis Louis
carnet nous livre donc toute l’histoire
XIV. Les noms du chancelier, Jean-
condensée de l’université depuis 1409.
Baptiste Brancas, et du primicier, Joseph-
78
pages
de
suivis
tous
les
du
tableau
chanceliers,
�Vitrine n°5 : La renaissance du XIX° siècle
(A)
(B)
79
�(C et C bis)
80
�(D et D bis)
81
�(E et E bis)
82
�Notices de la vitrine n°5
Vitrine n°5, pièce d’exposition (A) :
C
fortement
contrôlée :
« d’école
de
le
droit »
nom
marque
même
bien
e document de taille moyenne
l’autonomie limitée de ces nouveaux
(format 25x18cm) pourrait être
établissements
destinés
uniquement
à
considéré comme la pièce d’exposition
former des juristes capables de mettre en
originale la plus importante : Il s’agit du
application le Code Napoléon. Sur cinq
procès-verbal de l’ouverture de l’école de
chaires créées, trois sont consacrées au
droit d’Aix-en-Provence, le mardi 15 avril
Code Civil, une à la législation criminelle
1806. Ce procès-verbal est l’œuvre du
ainsi qu’à la procédure civile et criminelle,
secrétaire Rambert et a été imprimé sur
une autre enfin pour l’étude du droit
papier bleu révolution chez A. Tavernier,
romain.
imprimeur de l’école de droit peu de temps
l’organisation nouvelle des études de droit
après les évènements. Il retranscrit le
montre la prédominance d’un système
discours inaugural de l’école de droit
centralisé où les particularismes locaux
d’Aix-en-Provence du conseiller d’Etat et
n’ont plus de place.
Ce
programme
comme
préfet des Bouches-du-Rhône Thibaudeau,
Vitrine n°5, pièce d’exposition (B):
suivi par l’allocution du directeur de
l’école Alphéran avec en complément un
règlement. Globalement en bon état malgré
C
sa fragilité, ce document se trouve
cours a été imprimée sur papier chez A.
aujourd’hui conservé dans le fond ancien
Tavernier, imprimeur de l’école de droit
de la BU Paul Cézanne, cote 40 187, et a
d’Aix-en-Provence, en 1806. Elle est
été donné à l’université par le bâtonnier
signée du directeur de l’école Alphéran et
Bagarry en 1924. Cette pièce illustre la
de son secrétaire Rambert. On identifie
renaissance de l’étude du droit à Aix-en-
aisément en haut de l’affiche l’aigle
Provence après le décret de fermeture des
impérial couronné portant le foudre dans
universités de 1793. Une renaissance dans
ses serres. Le contenu assez banal du
le cadre de l’université impériale et
document cache en vérité une révolution
programme des cours et un extrait du
83
ette
affiche
format
39x26cm
portant pour titre Annonce des
�pour la ville d’Aix-en-Provence. Privée de
passage par l’école de droit d’Aix-en-
ses attributs de capitale de la Provence au
Provence de deux personnes ayant marqué
profit de Marseille par la Révolution
l’histoire du XIX° siècle : Adolphe Thiers
Française, la ville obtient toutefois d’être le
(1797-1877) fut un journaliste reconnu,
siège d’une cour de justice criminelle. Plus
homme politique sous la Monarchie de
tard, elle obtient d’être choisie pour
Juillet, la II° République, le II° Empire et
accueillir une des douze écoles de droit de
la III° République. Premier président de la
l’Empire Français grâce au soutient de
III° République entre 1871 et 1873. Son
trois personnalités liées à l’ancienne
camarade
université d’Aix-en-Provence pour y avoir
Mignet
étudié et/ou enseigné : Jean-Etienne-Marie
journaliste
Portalis, alors ministre et conseiller d’Etat,
qu’historien. Tous deux se sont inscrits à
son beau-frère Joseph-Jérôme Siméon,
l’école de droit d’Aix-en-Provence en
également conseiller d’Etat, et Honoré
1815,
Muraire, premier président de la Cour de
Crémieux qui s’illustre lui aussi en
Cassation.
question
politique dans la seconde moitié du XIX°
sanctionne cette décision en annonçant
siècle. Ces pièces d’exposition montrent
l’ouverture, ou plutôt la réouverture,
qu’à sa réouverture, l’école de droit d’Aix-
prochaine des cours de droit, premier acte
en-Provence, qui redevient faculté de droit
de la renaissance de la faculté de droit.
en 1811, n’a pas perdu en qualité
L’affiche
en
d’étude
François-Auguste
(1796-1884)
la
et
se
même
fut
également
distingua
année
en
tant
qu’Adolphe
d’enseignement et forme toujours autant de
Vitrine n°5, pièces d’exposition (C et
personnalités qui plus tard connaissent une
C bis) :
C
es
deux
pièces
destinée exceptionnelle.
Vitrine n°5, pièces d’exposition (D et
d’exposition
D bis) :
revêtent un intérêt historique : il
s’agit des thèses soutenues par Adolphe
(C bis) en août 1818 pour l’obtention de la
C
licence en droit. Ces documents en
la faculté de droit d’Aix-en-Provence au
excellent état et imprimés sur papier sont
cours du XIX° siècle : la première (D) est
actuellement conservés dans le fond ancien
une affiche de cours pour la rentrée
de
(format
universitaire 1847-1848, un an avant que
23x16.5cm). Ils témoignent du brillant
Frédéric Mistral ne prenne sa première
Thiers (C) et François-Auguste Mignet
la
BU
Paul
Cézanne
84
es deux documents permettent de
mieux comprendre l’évolution de
�inscription dans l’établissement. Imprimé
La seconde pièce d’exposition (D bis)
sur papier fin fragile à l’atelier de la veuve
présentée en complément est également
Tavernier à Aix-en-Provence en 1847 ce
une affiche de cours pour la rentrée
document de grand format (68x45cm) est
universitaire 1896-1897. Mise sous presse
conservé dans le fond ancien de la BU Paul
à l’imprimerie Garcin et Didier en 1896, ce
Cézanne, carton des affiches du XIX°
grand document (71x42cm) est en papier
siècle, cote 611. L’affiche devait à
cassant très fragile et se trouve conservé
l’origine être apposée sur les murs de
dans le fond ancien de la BU Paul
l’ancien bâtiment de la faculté de droit
Cézanne, carton des affiches du XIX°
(actuel IEP) et offre toutes les informations
siècle, cote 611. L’affiche présente le
nécessaires à la rentrée, dont le nom des
programme des cours avec les horaires
professeurs en charge des cours et les
pour les étudiants de droit, on reconnaît
horaires. On reconnaît dans cette liste le
des noms restés dans les mémoires : Bry,
nom de Cresp, un des pionnier du droit
Audinet, Jourdan, ou encore Moreau, tous
maritime contemporain, lequel assure les
professeurs à la faculté de droit à la
cours de droit commercial les lundi,
charnière du XIX° et du XX° siècle. On
mercredi et vendredi à partir de treize
remarque qu’il est question pour la
heure. L’affiche rappelle également que
première
des
se
universitaire » dans le document, laquelle a
tiennent tout au long de l’année et que le
effectivement ouvert ses portes en 1879.
Conseil Général veillera à récompenser les
Mais la grande nouveauté que comporte
lauréats de la nouvelle promotion ainsi
cette affiche est sans aucun doute la
qu’à financer des ouvrages destinés à la
mention tout en haut du document :
bibliothèque de l’université. On remarque
« université
que le haut de l’affiche comporte les
vient d’être créée par le rapprochement des
mentions « université de France », qui a
facultés de droit et lettres d’Aix-en-
remplacé
impériale » ;
Provence et de sciences et médecine de
« académie d’Aix » ; mais surtout « faculté
Marseille. A travers ces deux affiches de
de droit » écrit en gras afin de ne pas
cours on peut lire l’évolution de la faculté
confondre avec la faculté de lettres qui
de droit ce qui en fait tout l’intérêt.
conférences
complémentaires
« l’université
cette année là ouvre ses portes pour la
première fois à Aix-en-Provence juste à
coté du bâtiment de la faculté de droit.
85
fois
d’une
« bibliothèque
d’Aix-Marseille ».
Celle-ci
�Vitrine n°5, pièces d’exposition (E et
doctorat. Ce document en carton souple
E bis) :
bien conservé est actuellement entreposé
dans les archives récentes de la faculté,
C
pièces
situées au sous-sol du bâtiment Schuman,
d’exposition (E et E bis) sont d’un
dans de mauvaises conditions. La carte
grand intérêt tant pour l’histoire de la
nous donne le nom d’un étudiant Grec
faculté de droit que pour celle de ses
d’Ionie nommé Séfériadès né à Smyrne -à
étudiants. Le premier document (E) est un
l’instar d’un autre étudiant célèbre de cette
diplôme de bachelier en droit conféré à un
faculté : Edouard Balladur- en 1873 dont le
certain Gallay en 1836. Ce diplôme jamais
parcours exemplaire se lit parfaitement
retiré de format 42x27.5cm et imprimé sur
bien sur le document. Dans la colonne
vélin constitue un beau témoignage de
« boules obtenues » on peut voir que celui-
l’activité de la faculté de droit sous la
ci n’a eu que des boules blanches ou
Monarchie de Juillet. Il est décerné « au
blanches et rouges durant ses années
nom du roi » Louis-Philippe Ier et du
d’études. Ce système de notation à l’aide
ministre
l’Instruction
de boule de couleur peut surprendre mais
Publique François Guizot, ce qui fait de ce
fut la règle jusqu’au début du XX° siècle :
document une pièce exceptionnelle qui
à l’issue de l’examen -toujours oral- les
mériterait d’être cataloguée et non pas
membres du jury mettaient dans une urne
entreposée dans une simple armoire se
des boules de couleur : blanche équivalant
trouvant dans les sous-sols du bâtiment
à très bien, blanche et rouge à bien, rouge à
central avenue Schuman parmi les archives
passable, rouge et noir à médiocre, noire à
récentes de l’université.
nul. Au dos des relevés de « notes » on
La seconde pièce d’exposition est une carte
peut voir les noms de professeurs ayant
d’examen de petit format (12x8.5cm)
examiné l’étudiant : Bry, Jourdan, Moreau,
permettant de retracer la scolarité d’un
Pitti, des noms qui ont marqué l’histoire de
élève de la faculté de droit entre 1891 et
la faculté de droit.
es
deux
bien
dernières
connu
de
1895, de la première année jusqu’au
86
�Vitrine n°6: Les défis du XX° siècle
(A)
87
�(A bis)
88
�(B)
89
�(C)
(C bis)
90
�(D)
(D bis)
91
�(E)
(E bis)
92
�(F)
(F bis)
93
�(G)
(G bis)
94
�Notices de la vitrine n°6
Vitrine n°6, pièce d’exposition (B) :
Vitrine n°6, pièce d’exposition (A) :
L
es
deux
pièces
C
d’exposition
présentées en (A) sont des diplômes
ette affiche des cours de la faculté
de droit est une pièce d’exposition
délivrés en juillet 1914 : le premier est un
particulière toujours en rapport avec la
diplôme en droit criminel obtenu avec la
Grande Guerre. De grande taille (format
mention honorable par René Perdrix, le
72x49cm) ce document a été imprimé sur
second un premier prix en droit romain
papier acide cassant à l’imprimerie P.
gagné par Auguste Moinier. Ces diplômes
Jourdan et J. Brun à Aix-en-Provence en
imprimés sur vélin et de format 36x29cm
1913. Abîmée sur les bords, elle provient
sont remarquablement conservés mais
du fond ancien de la BU Paul Cézanne,
entreposés dans les archives de la faculté,
carton des affiches du XIX° siècle, cote
au sous-sol du bâtiment Schuman soumis à
611.
l’humidité. Leur intérêt est qu’ils n’ont
destinée à l’année universitaire 1913-1914,
jamais été retirés, et pour cause : les deux
mais les évènements survenus durant l’été
titulaires, mobilisés dès le début de la
1914 bouleversent tout : l’instauration de
Première Guerre Mondiale sont morts dans
l’économie de guerre pousse chacun à
les combats d’août 1914. Au total la
économiser, ce qui se voit jusque dans
Grande Guerre cause la mort de cent un
cette affiche. En y regardant de plus près
étudiants
de
on peut en effet voir que l’année
l’université. Le monument aux morts qui
universitaire 1913-1914 a été rayée à la
se trouve dans le patio du bâtiment
plume et remplacée par la mention « 1917-
Schuman (cf. A bis) conserve le souvenir
1918 ». Les cours et professeurs ne
de ces deux étudiants morts pour la France.
correspondant plus ont également été
Ces diplômes non retirés sont sans doute
corrigés à la plume, la plupart des noms
parmi les objets plus fortement chargés
disparaissent, seuls quelques uns restent
d’émotion de cette exposition.
comme celui de Bry et de Jourdan.
et
trois
professeurs
Cette
affiche
était
initialement
Certains cours de licence sont supprimés,
la plupart en doctorat, la capacité de droit
95
�est quant à elle purement et simplement
sections consacrées à l’état fasciste italien
éliminée. Ces économies entrent dans le
et
cadre de l’effort de guerre qui touche la
nomination d’Adolf Hitler au poste de
faculté de droit au même titre que l’Etat ou
chancelier le 30 janvier 1933 n’a pas été
que les particuliers. Cette pièce très rare
interprétée par le professeur assurant le
témoignant de façon saisissante de cette
cours comme la naissance d’un nouveau
sombre époque mérite donc amplement
régime autoritaire mais sans doute comme
d’être exposée.
la continuation de la République de
à
l’URSS.
De
fait :
la
récente
Weimar. Ces pièces d’archives revêtent
Vitrine n°6, pièce d’exposition (C et
donc un intérêt historique particulier en
C bis) :
même temps
qu’une certaine charge
émotionnelle.
C
es
deux
pièces
d’exposition
Vitrine n°6, pièce d’exposition (D et
constituent un témoignage intime,
D bis) :
rare et précieux permettant de replonger
dans le quotidien des étudiants de la faculté
d’un étudiant, Albert Payan, ainsi que de
C
ses fiches de révisions (C bis). Ceux-ci
faculté de droit d’Aix-en-Provence : le
datent de l’année universitaire 1933-1934,
premier à René Fabre, natif de Troyes, qui
années
de
a remporté le prix Animard ; le second à
l’Europe et du monde. Ces documents sont
Roger Picard, né à Paris, lauréat du second
conservés avec huit autres cahiers de cours
prix de droit civil. Ces deux diplômes de
(format 22x17cm) en excellent état de
format 32.5x26cm sont imprimés sur
conservation et se trouvent aux Archives
papier et entreposés dans les archives de la
Départementales à Marseille, cote 22 J 17.
faculté de droit au sous-sol du bâtiment
Le cahier et les fiches de révisions
Schuman dans de mauvaises conditions de
présentés
droit
conservation. Ils témoignent de manière
constitutionnel, le cahier est ouvert à la fin
frappante du déroulement de la Seconde
du cours : on peut voir qu’il traite en
Guerre Mondiale et de ses conséquences :
chapitre V de « la crise actuelle » des
le premier diplôme (D) est daté du 26
régimes démocratiques et de la monté des
octobre 1940, soit le lendemain de
régimes autoritaires. Faits marquant, ce
l’entrevue de Montoire, trois jours avant
chapitre ne se subdivise qu’en
l’annonce officielle de collaboration entre
de droit : il s’agit des cours manuscrits (C)
charnières
sont
dans
ceux
l’histoire
de
deux
96
es deux pièces d’exposition sont
des diplômes décernés par la
�l’Etat Français et le III° Reich. Un petit
l’université et rue Gaston de Sapporta. Le
papier épinglé dans le coin supérieur du
projet en germe depuis 1936, date à
diplôme
des
laquelle la mairie donne le terrain à
circonstances, la médaille sera remise
l’université, fut interrompu par la guerre et
ultérieurement ». Le second diplôme est lui
failli
daté du 22 octobre 1942, autre date
l’augmentation des effectifs dès 1945
symbolique : le lendemain 23 octobre les
pousse les autorités de l’université d’Aix-
Britanniques
offensive
Marseille à aller de l’avant : le bâtiment,
victorieuse sur El-Alamein. Ce diplôme est
dont les plans et fondations ont été réalisés
également muni d’un petit papier attaché
avant guerre par les architectes Boet et
avec un trombone sur lequel on peut lire la
Sardou sont repris par Fernand Pouillon, le
même courte phrase que sur le diplôme
grand architecte et urbaniste auteur des
précédent. Ces deux diplômes n’ont jamais
« deux
été retirés mais leurs titulaires ne figurent
Provence, et du quartier neuf du Vieux
pas parmi les trente trois étudiants morts
Port à Marseille. Les travaux rapidement
sous les drapeaux dont la liste des noms est
menés entre 1950 et 1952 permettent aux
gravée sur le monument aux morts du patio
étudiants et professeurs de s’installer dans
Schuman. Ils témoignent froidement des
un des premier campus à l’américaine
circonstances difficiles dans lesquelles la
construit en France (E). On reconnaît sur la
faculté de droit continue de fonctionner
photographie (E bis) la bibliothèque
durant la Seconde Guerre Mondiale.
universitaire
précise :
« en
entament
raison
leur
bien
cent
ne
pas
reprendre.
logements »
située
au
Mais
d’Aix-en-
premier
plan,
conçue et construite par Fernand Pouillon.
Vitrine n°6, pièce d’exposition (E et
Au second plan on peut voir le corps de
E bis) :
bâtiment central, ce que Pouillon appelait
la « monstrueuse villa Médicis » dotée en
C
ette pièce d’exposition particulière
contrebas d’un jardin à la française qui
marque
de
deviendra la roseraie. Au dernier plan on
au
aperçoit les terrains de tennis et les
Guerre
vestiaires, ces équipements sportifs étant
Mondiale : il s’agit de la maquette du
complétés par les terrains de football
bâtiment alors en cours de construction a
voisins. Cette maquette montre avec intérêt
coté du parc Jourdan et destiné à recevoir
de quelle manière se présentent les
les facultés de droit et de lettres, très à
nouveaux bâtiments des facultés de droit et
l’étroit dans leurs anciens locaux place de
de lettres -respectivement logés à droite et
l’université
lendemain
le
renouveau
d’Aix-en-Provence
de
la
Seconde
97
�à gauche du grand hall central- lors de la
en lettres ainsi que peuvent le confirmer les
rentrée universitaire de 1953.
documents (F bis). Ceux-ci sont des tracts
anonymes, ne comportant pas de dates
Vitrine n°6, pièce d’exposition (F et
mais facilement identifiables. De format
F bis) :
A4, tapés à la machine puis photocopiés,
ils sont bien conservés et se trouvent
C
d’exposition
actuellement aux Archives Départementales
illustrent un moment symbolique
des Bouches-du-Rhône à Marseille, cote
fort : mai 68. Le document (F) est un
1 J 340. Le premier est un appel à
relevé d’examen de la faculté de droit
manifester, le second un tract expliquant
d’Aix-en-Provence signé du doyen Fabre.
les raisons de la grève étudiante aux Aixois
Il a été retrouvé dans les archives de la
et leurs revendications. Ces trois pièces
faculté conservées dans le sous-sol du
d’exposition illustrent une période clef
bâtiment Schuman où il se trouve toujours
dans l’évolution des universités françaises
dans
et de l’enseignement supérieur.
es
de
trois
pièces
mauvaises
conditions
de
conservation. De grande taille (54x33cm),
ce document relativement en bon état est
Vitrine n°6, pièce d’exposition (G et
un témoignage unique : c’est en effet le
G bis) :
relevé des examens de la session de mars
reportées le 21 juin 1968. Entre temps ont
C
eu lieu les « évènements » de mai 68 : si le
pour l’année 1859-1860, en très bon état,
mouvement touche durement la faculté de
ce grand registre (50x29.5cm) imprimé sur
lettres voisine qui est occupée, la faculté de
papier et complété à la main par les inscrits
droit connaît une agitation moindre qui
se trouve actuellement conservé aux
autorise la tenue des examens écrits de juin
Archives Départementales des Bouches-
avec seulement deux semaines de décalage
du-Rhône à Aix-en-Provence sous la cote
par rapport à la date initialement prévue. Il
1 T 1900. La particularité de ce registre est
en aurait certainement été autrement si à
de conserver l’inscription d’un individu qui
cette époque la faculté de lettre avait
compte aujourd’hui parmi les Aixois les
encore été logée dans le même bâtiment
plus célèbres : Paul Cézanne (1839-1906).
que celle de droit et non transférée dans ses
Son nom est plus souvent attaché à la
nouveaux locaux voisins. Ceci épargne à la
peinture qu’au droit, mais c’est oublier
faculté de droit l’effervescence qui règne
qu’après l’obtention de son baccalauréat le
1968 dont les dernières notes ont été
98
e
document
est
le
registre
d’inscription de la faculté de droit
�futur artiste fréquente la faculté de droit
d’Aix-en-Provence où il s’inscrit sans
enthousiasme en 1859. Cézanne réussit
péniblement sa première année et choisit
l’année suivante de suivre les cours de
l’école de dessin avant de se rendre à Paris
en avril 1861. Le choix du nom « Paul
Cézanne »
pour
d’Aix-Marseille
désigner
3
l’université
apparaît
donc
paradoxal : alors que d’illustres juristes,
journalistes et hommes d’Etat ont accompli
leurs scolarités ou même enseigné à la
faculté de droit d’Aix-en-Provence, c’est le
nom d’un peintre qui a été retenu pour
baptiser la nouvelle université née de la
scission de 1973. Cette université aurait pu
s’appeler
« université
« université
Portalis »,
Siméon »,
« université
Thiers » ou encore « université Mistral »
dans la mesure où Frédéric Mistral la
fréquenta lui aussi. Néanmoins le choix du
nom « Paul Cézanne » présente l’avantage
d’être apolitique et donc beaucoup plus
consensuel que les noms évoqués plus
haut. Cette dernière pièce d’exposition
unique en son genre nous permet de rendre
hommage à celui dont le nom a été choisi
pour désigner l’actuelle faculté de droit et
ouvre également la réflexion sur le nom de
la future université réunifiée.
99
�Troisième partie :
fichier iconographique
100
�Avertissement
« Ils ont les journaux, j’ai la télévision ! » Cette courte phrase prononcée par Charles
de Gaulle au cours de la campagne présidentielle de 1965 reflète une réalité : le pouvoir
supérieur de l’image face à l’écrit.
Le pouvoir de suggestion de l’image lui offre en effet une place de choix dans le processus de
communication, particulièrement quand l’émetteur cherche à toucher un large public.
Parallèlement l’histoire a montré que le succès de certains livres tient pour beaucoup à leur
illustration. L’exemple le plus connu est sans doute la Chronique Universelle d’Hartmann
Schedel (1493) dont la richesse du répertoire iconographique en a fait un des premiers succès
de l’imprimerie. Aussi lorsqu’en mars 2008 une réunion s’est tenue à la BU Paul Cézanne au
sujet des commémorations du sixième centenaire de l’université, la question de l’illustration a
occupé une place centrale. Les célébrations de cet anniversaire s’appuie effectivement sur
trois éléments moteurs : une exposition, un colloque universitaire et l’édition d’un catalogue
d’exposition accompagné d’une communication issue du colloque. Or cette communication
doit pour remplir son rôle être convenablement illustrée : c’est la raison pour laquelle la
constitution d’un fichier iconographique nous a été confiée dans le cadre de notre mémoire
portant sur les six cent ans de la faculté de droit d’Aix-en-Provence.
Cette tache s’est révélée des plus enrichissante, les recherches qu’elle implique ne sont pas
démunies de difficultés ni de surprises. Cette troisième partie présente le résultat d’une longue
enquête nécessaire à la réalisation du présent fichier iconographique. Pour mieux figurer le
rendu final des ces illustrations, le choix de rejeter en fin de partie les notices s’est imposé
dans le but de présenter les images brutes, de manière chronologique, sans que le lecteur ne
soit influencé par de quelconques indications écrites. De même certaines images très liées les
unes aux autres sont présentées ensemble par souci de cohérence. Quant aux notices elles
suivent un schéma prédéfini et régulier arrêté peu après la réunion du 4 mars 2008 : titre de
l’œuvre, auteur, date, cote et/ou provenance, format, état, caractéristiques physiques, notices
descriptives et interprétatives. Un dernier élément, la valeur d’assurance, complète les notices
dans le cas où une des pièces proposées en tant qu’illustration se verrait sélectionnée pour
l’exposition. Ce dernier critère s’est révélé extrêmement retors : compte tenu du temps imparti
pour le mémoire et surtout de la saison estivale ce type de renseignement s’est révélé
impossible à obtenir. Toutefois le fichier iconographique suivant rempli pleinement sa
mission : il présente quatre-vingt-seize illustrations : tableaux, photographies, portraits, plans,
retraçant l’évolution historique de la faculté de droit d’Aix-en-Provence et de son université.
101
�Illustration n°1 :
Illustration n°2 :
102
�Illustration n°3 :
103
�Illustration n°4 :
104
�105
�Illustration n°5 :
Illustrations n°6A et n°6B :
(6A)
(6B)
106
�Illustration n°7 :
107
�Illustration n°8 :
108
�Illustration n°9 :
109
�Illustrations n°10A et 10B :
(10A)
(10B)
110
�Illustration n°11 :
Illustration n°12 :
111
�Illustration n°13:
Illustration n°14 :
112
�Illustration n°15 :
Illustration n°16 :
113
�Illustration n°17:
114
�Illustration n°18 :
Illustration n°19 :
115
�Illustrations n°20 :
(A)
(B)
(C)
(D)
116
�Illustration n°21 :
117
�Illustration n°22 :
Illustration n°23 :
118
�Illustration n°24 :
Illustration n°25 :
119
�Illustration n°26 :
Illustration n°27 :
120
�Illustration n°28 :
121
�Illustration n°28 bis :
122
�Illustration n°29 :
Illustration n°30 :
123
�Illustration n°31 :
124
�Illustrations n°32 :
(A)
(B)
125
�(C)
(D)
126
�(E)
(F)
127
�(G)
(H)
128
�(I)
Illustration n°33 :
129
�Illustration n°34 :
130
�Illustration n°35 :
Illustration n°36 :
131
�Illustration n°37 :
132
�Illustration n°37 bis :
133
�Illustration n°38 :
(A)
(B)
134
�Illustration n°39 :
135
�Illustrations n°40
(A)
(B)
136
�Illustration n°41 :
137
�Illustrations complémentaires : richesse du fond ancien de la BU
(A et A bis)
138
�(B)
139
�(C)
(D)
140
�(E)
141
�Notices des illustrations
Illustration n°1
Titre :
Portrait en buste de Louis II d’Anjou.
Auteur :
Anonyme.
Date :
Inconnue.
Cote et provenance du document :
Bibliothèque Nationale de France, fond Gaignières, département des estampes et
photographies.
Format :
Non communiqué.
Etat :
L’état du document ne semble pas nécessiter une intervention avant exposition.
Caractéristiques physiques :
Tableau sur bois (?).
Notice :
Ce document issu des fonds de la BNF appartient au fond Gaignières, actuellement en cours
de numérisation. Son intérêt est d’offrir une représentation probablement fidèle du fondateur
de l’université d’Aix-en-Provence : Louis II d’Anjou (1377-1417).
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°2
Titre :
Portrait d’Alexandre V tiré de la Chronique Universelle.
Auteur :
Hartmann Schedel.
Date :
Fac-similé de 2001, édition coloriée de Nuremberg datée de 1493.
Cote et provenance du document :
Fond privé.
Format :
5.5x4.3cm.
Etat :
Document contemporain en parfait état.
Caractéristiques physiques :
Reproduction sur papier glacé d’une gravure sur bois.
Notice :
Ce document est issu de la Chronique universelle d’Hartmann Schedel. Les gravures sur bois
qui l’illustrent ont fait le succès de cet ouvrage. Son intérêt est d’offrir une représentation -peu
fidèle malheureusement- de l’antipape Alexandre V, co-fondateur avec Louis II d’Anjou de
l’université d’Aix-en-Provence en 1409.
142
�Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°3
Titre :
Plan topographique de la ville d’Aix.
Auteur :
J. Barile.
Date :
1846.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, cote 1 Fi 1985.
Format :
Non communiqué.
Etat :
L’état du document ne semble pas nécessiter une intervention avant exposition.
Caractéristiques physiques :
Lithographie sur papier.
Notice :
Ce document est un plan de la ville d’Aix-en-Provence telle que celle-ci se présente en 1481
au moment de la réunion de la Provence à la France. Le plan a été dressé pour servir
d’illustration au célèbre ouvrage d’Ambroise Roux-Alphéran (1776-1858), Les rues d’Aix,
paru entre 1846 et 1848. Le détail du plan montre l’emplacement de l’université créée par
Louis II d’Anjou, face à l’archevêché. Le document permet de voir l’emplacement originel de
l’université : comme on peut le constater l’établissement fondé par Louis II se situe en plein
cœur du bourg Saint Sauveur, face à la cathédrale et à l’archevêché et non près du palais
comtal. La topographie est révélatrice sur ce point de l’influence qu’exerce l’archevêque sur
l’université, même si les statuts la limitent dès l’origine.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°4
Titre :
Images tirées de la Chronique universelle.
Auteur :
Hartmann Schedel.
Date :
Fac-similé de 2001, édition coloriée de Nuremberg datée de 1493.
Cote et provenance du document :
Fond privé.
Format :
Acursius, Azo, Bartholomeus, Gracianus , Odefredus, Raymundus : 6x4cm.
Bartolus: 3x3.5cm.
Etat :
Document contemporain en parfait état.
Caractéristiques physiques :
Reproductions sur papier glacé de gravures sur bois.
143
�Notice :
Ces illustrations proviennent de la Chronique universelle d’Hartmann Schedel, incunable de
la fin du XV° siècle ayant connu un grand succès grâce à sa riche iconographie. Les images
présentées se trouvent feuillet CCI pour Gracianus, CCVI pour Azo, CCXI pour Acursius,
Bartholomeus, Odefredus et Raymundus, CCXXX pour Bartolus. Dans ces personnages on
reconnaît bien sur Gratien et Bartole, deux grands noms du droit canon et romain au Moyen
Age. Toutefois l’intérêt de ces représentations est autre : ces portraits sont en effet des
stéréotypes ne représentant pas des personnages précis mais l’idée générale dont on se fait à la
fin du XV° siècle quant à l’apparence des professeurs de droit. A travers elles on peut
imaginer à quoi ressemblent les hommes qui enseignent à l’université d’Aix-en-Provence à
cette époque.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°5
Titre :
Cino de Pistoia enseignant.
Auteur :
Manuscrit fabriqué à Bologne.
Date :
Ver 1320/1340.
Cote et provenance du document :
Lecturae codicis, bibliothèque municipale de Lyon, cote MS 374.
Format :
19x22cm.
Etat :
Bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Enluminure sur parchemin.
Notice :
Cette enluminure est extraite d’un manuscrit fabriqué à Bologne au début du XIV° siècle. La
scène représente un cours à l’université au Moyen Age : Cino de Pistoia, grand romaniste, fait
une lecture à haute voix d’un livre de droit devant ses élèves. Une fois cet exercice terminé le
professeur passe au commentaire et à la discussion. On peut voir à travers cette enluminure
que l’enseignement est largement basé sur la mémoire : les étudiants ne prennent pas de notes,
pas plus que le professeur n’en a besoin pour faire son cours. L’intérêt de ce document est de
donner une idée de la manière dont se présente un cours à l’université à la fin du Moyen Age.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustrations n°6
Titre :
Photographies de la cathédrale Saint Sauveur.
Auteur :
Ne s’applique pas.
Date :
Ne s’applique pas.
Cote et provenance du document :
Ne s’applique pas.
144
�Format :
Ne s’applique pas.
Etat :
Ne s’applique pas.
Caractéristiques physiques :
Ne s’applique pas.
Notice :
Ces deux photographies (6A et 6B) sont hautement symbolique de l’université d’Aix-enProvence au XV° siècle et jusqu’en 1793 : l’illustration 6A montre l’ancienne chapelle sainte
Catherine (actuellement chapelle sainte Thérèse d’Avila) autrefois dévolue à l’université
fondée par Louis II d’Anjou. En effet, toute corporation au Moyen Age se doit de posséder
son saint protecteur et une chapelle pour les dévotions de ses membres. Sainte Catherine fut
ainsi choisie en même temps que saint Yves pour patronner l’université. L’illustration 6B
montre la chapelle de l’archidiacre Bernard Teyssier (1470) devenue par la suite chapelle et
sépulcre pour les étudiants de l’université. La dalle en calcaire blanc posé au pied de l’autel
(autel des Aygoux provenant de l’église des Grandes Carmes) porte une légende en latin à
demi effacée sur laquelle on peut lire en latin : « tombeau des recteurs, maîtres, bacheliers et
autres étudiants de la vénérable université d’Aix-en-Provence, 1483 ». Ces deux chapelles
aujourd’hui réemployées sont les derniers vestiges médiévaux en relation directe avec
l’université de Louis II d’Anjou.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°7
Titre :
Page de titre des statuts universitaires aux armes de l’université d’Aix-en-Provence.
Auteur :
Anonyme.
Date :
XVI° siècle/XVII° siècle.
Cote et provenance du document :
Image tirée d’un manuscrit conservé à la bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence, cote MS
1028 (1080).
NB : le manuscrit relié à la fin du XVII° siècle regroupe divers parchemins dont les plus
anciens remontent au début du XVI° siècle d’où la difficulté d’attribuer une date précise.
Format :
30x22.5cm.
Etat :
Bon état, la peinture du « P » de « Provence » s’est effacée –ou a plutôt été gratté par un
révolutionnaire analphabète ayant confondu le « P » avec une fleur de lys- mais les couleurs
restent vives et agréables.
Caractéristiques physiques :
Peinture sur parchemin.
Notice :
Cette illustration reproduit la page de titre des statuts universitaires du début du XVI° siècle
conservés à la bibliothèque Méjanes. On y voit clairement les armes de l’université à coté des
armes de France : sur fond d’or une toque azur en abîme couronnant le « P » de « Provence »
couleur sable. Le blason de style italianisant est entouré d’un décor de volutes autour duquel
s’enroule une couronne végétale évoquant l’abondance. Un masque anthropomorphe au
145
�dessus du blason fait écho à la tête de lion qui se trouve en bas de celui-ci. Au dessus des
blasons le titre écrit dans une calligraphie encore proche du gothique présente toutefois deux
lettres ornées rompant avec les canons artistiques de l’enluminure médiévale. Ce type
d’ornementation est typique du début de la Renaissance : on identifie sans peine le goût de
l’Antique derrière l’imitation du style italien. La richesse du décor n’est pas sans évoquer la
soudaine bonne fortune que connaît l’université au XVI° siècle après l’installation du
parlement de Provence à Aix-en-Provence en 1501.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°8
Titre :
Page de titre des statuts de l’université d’Aix-en-Provence.
Auteur :
Anonyme.
Date :
XVII° siècle ( ?).
Cote et provenance du document :
Image tirée d’un manuscrit conservé à la bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence, cote MS
1028 (1080).
NB : le manuscrit relié à la fin du XVII° siècle regroupe divers parchemins dont les plus
anciens remontent au début du XVI° siècle d’où la difficulté d’attribuer une date.
Format :
30x22.5cm.
Etat :
Le document a clairement souffert de l’humidité, il est partiellement endommagé dans son
coin inférieur droit. Néanmoins la majeure partie de la page demeure en bon état.
Caractéristiques physiques :
Encre sur parchemin.
Notice :
Cette page de titre tranche avec l’écriture gothique des statuts qui suivent : les lignes sont
claires, le dessin épuré. La présentation est typique d’un document du XVII° siècle : on y voit
le titre du document encadré par des éléments d’architecture, quatre colonnes corinthiennes
reposant sur des piédestaux et soutenant un décor de volutes au dessus duquel s’élance un arc.
Des acrotères en forme de lion veillent sur les armoiries de la Provence tandis que l’espace
central au-dessus du titre est occupé par le blason du roi de France surmontant celui de
l’université d’Aix-en-Provence. De part et d’autre du titre on reconnaît en médaillon les
portraits d’Alexandre V et de Louis II d’Anjou, les deux personnages ayant présidé à la
naissance de l’université. Enfin au bas du titre se trouve le nom de l’imprimeur et la date qui
malheureusement ne sont plus lisibles.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°9
Titre :
« Le vray pourtraict de la ville d’Aix-en-Provence ».
Auteur :
Anonyme.
146
�Date :
Fin du XVI°/début du XVII° siècle.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, cote 1 Fi 3108.
Format :
Grand plan géographique.
Etat :
L’état du document ne semble pas nécessiter une intervention avant exposition.
Caractéristiques physiques :
Gravure sur bois.
Notice :
Ce document est un plan anonyme de la ville d’Aix-en-Provence au tout début du XVII°
siècle. Son intérêt est d’offrir une représentation des bâtiments de l’université, sis face à la
cathédrale Saint Sauveur. La qualité visuelle de ce plan qui évoque les gravures sur bois du
XV° siècle en fait une illustration de choix pour évoquer la première période de l’histoire de
l’université d’Aix-en-Provence.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustrations n°10A et 10B
Titre :
Règlement fait pour l’université d’Aix.
Auteur :
Université d’Aix-en-Provence.
Date :
1620.
Cote et provenance du document :
Ce livret est conservé parmi une liasse de documents aux archives départementales des
Bouches-du-Rhône, site d’Aix-en-Provence, cote 2 D 53.
Format :
22x16cm.
Etat :
Le document est bien conservé compte tenu de son age.
Caractéristiques physiques :
Imprimerie sur papier chiffon très résistant.
Notice :
Ces deux illustrations qui se trouvent dans un document imprimé par l’université en 1620 sont
chargées de symbolique : la première image, qui orne la page de titre du livret, représente les
armes de France et de Navarre couronnées. Le «H» sur fond de couronne de laurier en
dessous des deux blasons est bien sûr celui d’Henri IV, roi de France et de Navarre. Ces
armes figurées sur un document édité par l’université évoquent clairement la protection royale
accordée au Collège Bourbon. La seconde image est une lettrine figurant une chouette
auréolée sur fond de décor floral. Il s’agit bien sûr de l’animal totem d’Athéna évoquant
l’intelligence et la sagesse. A travers cette image c’est le goût de l’antique qui ressort et l’idée
de filiation avec la Grèce des savants.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
147
�Illustration n°11
Titre :
Portrait de Louis-Alphonse du Plessis de Richelieu.
Auteur :
C. Mellan.
Date :
1636.
Cote et provenance du document :
Cette illustration provient d’une page de l’Encyclopédie des Bouches-du-Rhône, Tome 3, Les
temps modernes, conservé à la BU des Lettres à Schuman, cote REF032/944.BOU.
L’Encyclopédie précise que le portrait est conservé au musée Borély.
Format :
30x24cm.
Etat :
Etat de l’original inconnu.
Caractéristiques physiques :
Dessin à la plume probablement.
Notice :
Ce portrait, exécuté à partir d’un dessin d’Abraham Bosse conservé à la BNF, est celui de
Louis- Alphonse du Plessis de Richelieu (1582-1653), frère aîné de Jean-Armand du Plessis
de Richelieu, le cardinal de Richelieu. Nommé archevêque d’Aix-en-Provence en 1625 il fut
chancelier de l’université durant une année avant de prendre en main l’archevêché de Lyon.
Homme d’Eglise mais aussi ambassadeur, il devient recteur de la Sorbonne à la fin de sa vie.
Contrairement à d’autres archevêques-chanceliers, Louis Alphonse du Plessis laisse à
l’université le souvenir d’un homme bon et respectueux des privilèges de la corporation.
Valeur d’assurance :
Inconnue.
Illustration n°12
Titre :
Catalogue des docteurs de l’université.
Auteur :
Corporation universitaire.
Date :
1664.
Cote et provenance du document :
Cette belle signature est extraite du Catalogue des docteurs de l’université de1664 conservé
aux Archives Départementales des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence, cote : 2 D 53.
.Format :
22x16cm.
Etat :
Bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Signature à la plume sur papier.
Notice :
Cette belle signature est probablement celle du greffier de l’université, Imbert. Elle se trouve
à la fin du Catalogue des docteurs de l’université édité en 1664. Son intérêt historique est
limité mais cette signature constitue cependant un intéressant exemple de signatures du XVII°
148
�siècle à l’élégance et au graphisme élaboré qui en fait un parfait objet d’illustration
iconographique.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°13
Titre :
Catalogue des docteurs de l’université.
Auteur :
Atelier de Stéphane Roize, imprimeur de l’université
Date :
1633.
Cote et provenance du document :
Ce blason provient du Catalogue des docteurs de l’université de1633 conservé aux Archives
Départementales des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence, cote : 1 G 22.
.Format :
20x15cm.
Etat :
Bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Imprimerie sur papier chiffon très résistant.
Notice :
Ce sceau imprimé en tête du catalogue des docteurs de l’université d’Aix-en-Provence est
riche en symbole : on y reconnaît le traditionnel « P » de « Provence » couronné par la toque
du professeur. Mais de nouveaux éléments ont été ajoutés par rapport aux armes du XVI°
siècle : la couronne de lauriers et surtout la fleur de lys, symbole de Collège Bourbon institué
en 1603 par Henri IV. Le décor de lignes baroques encadrant les armes de l’université porte la
légende insignia regia universitatis aquenses tandis qu’un angelot est figuré au bas du dessin.
L’intérêt de cette image relève il va de soi de son caractère esthétique bien plus qu’historique.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°14
Titre :
Responsio apologetica pro universitate.
Auteur :
Atelier de Stéphane Roize, imprimeur de l’université.
Date :
1667.
Cote et provenance du document :
Ce blason provient d’un livret imprimé en 1667 et conservé aux Archives Départementales
des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence, cote : 2 D 53.
Format :
17x11.5cm.
Etat :
Assez bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Imprimerie sur papier chiffon très résistant.
149
�Notice :
Le sceau imprimé en tête de cette Responsion apologetica illustre l’attachement des docteurs
de l’université à l’illustration des documents émis par l’université : une fois encore on
retrouve le blason de l’université qui ne conserve en guise d’ornement extérieur que sa
couronne de lauriers et la fleur de lys. Le détail du sceau montre une dessin parfait : le tampon
utilisé devait être l’œuvre d’un artisan graveur reconnu. La dépense occasionnée pour illustrer
ce simple livret doit être mise en parallèle avec le goût du faste de la corporation au XVII°
siècle ce qui renvoie directement à l’histoire de l’établissement.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°15
Titre :
Catalogue des docteurs de l’université.
Auteur :
Atelier de Stéphane Roize, imprimeur de l’université.
Date :
1664.
Cote et provenance du document :
Ce blason provient du Catalogue des docteurs de l’université imprimé en 1664 et conservé
aux Archives Départementales des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence, cote : 2 D 53.
Format :
22x16cm.
Etat :
Bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Imprimerie sur papier chiffon très résistant.
Notice :
L’image imprimée sur la première page de ce catalogue des docteurs de l’université révèle
encore une fois le goût de la corporation universitaire pour les documents officiels
somptueusement illustrés. Ici le sceau traditionnel de l’université s’enrichit de quatre
représentations allégoriques juxtaposées : on reconnaît aisément en haut en droite l’image de
la justice personnifiée, Thémis, vêtue de sa robe à décor d’hermine, portant dans une main le
glaive et la balance, dans l’autre un code de loi .En bas à gauche le personnage portant une
longue robe, une toque de professeur avec dans sa main droite une plante et dans sa main
gauche un livre évoque clairement la figure du médecin. Enfin les deux autres figures
évoquent la théologie : en haut à gauche on reconnaît un prêtre célébrant l’eucharistie avec en
arrière plan le Saint Esprit figuré par la colombe tandis que sa main gauche présente un livre.
Le dernier personnage en habit de professeur tient dans sa main gauche un globe surmonté
d’une croix, symbole d’œcuménisme, pendant que son autre main tend un livre. Ce sont bien
évidemment les trois facultés de droit, médecine et théologie qui sont représentées à travers
ces figures qui mettent en jeu toute une série de symboles faisant de ce document une pièce
particulièrement intéressante et esthétique.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
150
�Illustration n°16
Titre :
Paravent de la Fête-Dieu.
Auteur :
Anonyme.
Date :
Fin du XVII°/début du XVIII° siècle.
Cote et provenance du document :
Cette pièce d’exposition monumentale est actuellement conservée au musée du Vieil Aix rue
Gaston de Sapporta.
Format :
480x210cm.
Etat :
Très bon état de conservation, pièce restaurée récemment.
Caractéristiques physiques :
Paravent composé de dix panneaux peints sur toile et cadre de bois.
Notice :
Le paravent de la Fête-Dieu est sans doute l’objet le plus emblématique du musée du Vieil
Aix. Cette pièce rare décri avec une grande précision le défilé de la Fête-Dieu (soixante jours
après Pâques), fête au cours de laquelle l’ensemble des corporations de la ville rivalisent de
magnificence et étalent leur richesse. Le détail en question montre la corporation universitaire
en train de défilé : le bedeau défile en tête sa masse d’argent sur l’épaule, suivi du primicier
reconnaissable à son habit rouge. Les docteurs viennent après cierges en mains. Toute la
société aixoise se retrouve en cette occasion et célèbre la Fête-Dieu au moins autant qu’elle se
met en scène, et cherche à prendre la place d’honneur au sein du cortège. L’intérêt de cette
représentation est donc d’ordre historique autant qu’artistique.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°17
Titre :
Plan géométrique de la ville d’Aix capitale de la Provence.
Auteur :
Louis Cundier.
Date :
1680.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, cote 1 Fi 2756.
Format :
Non communiqué.
Etat :
L’état du document ne semble pas nécessiter une intervention avant exposition.
Caractéristiques physiques :
Très belle gravure colorée du XVII° siècle.
Notice :
Ce document est un plan géométrique d’Aix-en-Provence réalisé par Louis Cundier en 1680.
Très précis, il localise les principales institutions urbaines et en donne une représentation en
relief. Tout l’intérêt de ce document est d’offrir une représentation en trois dimensions des
151
�bâtiments de l’université à la fin du XVII° siècle, avant la construction du bâtiment définitif
de l’université au siècle suivant. On reconnaît en effet nettement l’hôtel de ville, son
campanile, l’actuelle rue Gaston de Sapporta menant à la place de l’université où l’IEP a pris
possession du bâtiment de l’ancienne université d’Aix-en-Provence en 1956.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°18
Titre :
Theses utriusque juris.
Auteur :
S. Julien.
Date :
1762.
Cote et provenance du document :
Fond ancien de la BU Paul Cézanne, carton des affiches, cote 611.
Format :
70x46cm.
Etat :
Bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Affiche imprimée du XVIII° siècle.
Notice :
Le frontispice ornant cette affiche rempli la même fonction que les sceaux et illustrations
présentés antérieurement : tout en donnant un aspect agréable au document il véhicule l’idée
de prestige et de richesse attachée à la corporation universitaire. Quatre personnages montés
sur des piédestaux entourent le blason de l’université logé dans un triangle équilatéral
évoquant l’œil divin. La figure géométrique est présentée par un ange, tandis que sainte
Catherine et saint Yves se trouvent de part et d’autre de cette figure. A l’arrière plan on
reconnaît sans peine Louis II d’Anjou et Alexandre V, les deux fondateurs de l’université.
L’identification de chaque personnage est aisée grâce à la légende accompagnant chacun. Le
mélange des styles architecturaux, classique pour la façade et baroque pour le toit, le symbole
fort des saints protecteurs de l’université mis en avant à coté des fondateurs de l’établissement
font de ce document une pièce très intéressante.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°19
Titre :
Portrait de l’archevêque Brancas.
Auteur :
H. Coussin, d’après J-B. Vanloo.
Date :
Vers 1750.
Cote et provenance du document :
Portrait conservé au musée Arbaud, le document ici présenté est une reproduction extraite de
l’Histoire de l’ancienne université d’Aix par Georges Fleury, 1929.
Format :
Format de l’original inconnu.
152
�Etat :
Etat du document original inconnu.
Caractéristiques physiques :
Dessin sur papier ( ?).
Notice :
Ce beau portrait de l’archevêque Brancas permet d’évoquer le souvenir de cet homme dont le
passage marque profondément l’archevêché d’Aix-en-Provence et son université. JeanBaptiste Brancas (1693-1770) fait ses études au Collège Bourbon d’Aix-en-Provence alors
dirigé par les Jésuites puis part continuer ses études à la Sorbonne. Grâce au soutient de
Fleury, Brancas réussit à obtenir l’archevêché d’Aix-en-Provence, alors un des mieux doté du
Midi. Exigeant avec son clergé, il lutte contre les jansénistes mais également contre le
gallicanisme du Parlement de Provence. Son intransigeance lui vaut d’être exilé entre 1755 et
1759. De retour dans son archevêché il continue son combat ultramontain et soutient
fermement les Jésuites. L’homme à la générosité proverbiale est très apprécié des Aixois, son
cancellariat à la tête de l’université inaugure une période de stabilité sans précédent, d’autant
plus que Brancas en est chancelier de 1730 à 1770 et qu’il peut à ce titre se permettre une
certaine familiarité avec l’ancienne université. Toutefois son engagement en faveur des
Jésuites le pousse à favoriser le Collège Bourbon au sein de l’université ce qui déplait à
nombre de docteurs. Le bilan de Brancas à la tête de l’université d’Aix-en-Provence est
contrasté, il n’en demeure pas moins une des figures les plus remarquables méritant
amplement sa place dans la galerie des grands hommes de l’université.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustrations n°20
Titre :
Catalogue des docteurs de l’université.
Auteur :
Jean Adibert, imprimeur de l’université.
Date :
1716.
Cote et provenance du document :
Ces différents éléments de décoration proviennent du Catalogue des docteurs de l’université
imprimé en 1716 et conservé aux Archives Départementales des Bouches-du-Rhône à Aix-enProvence, cote : 2 D 53.
Format :
19x14cm.
Etat :
Bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Imprimerie sur papier chiffon très résistant.
Notice :
Ces différents éléments d’illustrations extraient du catalogue des docteurs de l’université
imprimé en 1716 illustrent le goût du XVIII° siècle pour l’image : le premier bandeau
(document A) représente une tête d’angelot ailé avec un décor de rinceaux de part et d’autre.
Le second bandeau (B) représente deux figures féminines à l’antique dans un décor végétal.
L’illustration suivant (C) montre deux putti juchés sur un triangle autour desquels s’épanouit
un décor floral, enfin la dernière image (D) figure une coupe remplie de fruits. Le programme
153
�iconographique en jeu tend à glorifier l’abondance de la nature et fournit une série
d’intéressantes illustrations.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°21
Titre :
Nouveau plan de la ville d’Aix dédié à Pierre de Gaillard, baron de Lonjumeau.
Auteur :
Honoré Coussin.
Date :
Vers 1760.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, cote 1 Fi 3113.
Format :
Non communiqué.
Etat :
L’état du document ne semble pas nécessiter une intervention avant exposition.
Caractéristiques physiques :
Très beau plan sur papier du XVIII° siècle.
Notice :
Ce document est un plan d’Aix-en-Provence réalisé par Honoré Coussin vers 1760. L’intérêt
du document n’est pas le plan en lui-même mais plutôt les représentations des principaux
bâtiments de la ville, dont celle de l’université. On reconnaît clairement la façade de l’actuel
IEP, œuvre de l’ingénieur Vallon et du décorateur Pellegrin. La physionomie de cette belle
façade classique a été légèrement remaniée au XIX° siècle avec l’ajout d’un fronton
représentant une allégorie de la Justice. On remarquera que la légende de la vignette précise :
« l’université des trois facultés, fondée de 31 décembre 1413 », date inexacte qui correspond
néanmoins aux lettres patentes adressées par Louis II d’Anjou pour encourager les clercs
provençaux à venir étudier dans l’établissement qu’il avait fondé.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°22
Titre :
Theses utriusque juris.
Auteur :
Atelier Adibert, imprimeur de l’université.
Date :
1745.
Cote et provenance du document :
Fond ancien de la BU Paul Cézanne, carton des affiches, cote 611.
Format :
52x34cm.
Etat :
Assez bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Affiche imprimée du XVIII° siècle sur papier très fin et fragile.
154
�Notice :
Ce grand sceau ornant une affiche officielle de l’université illustre l’histoire de
l’établissement au XVIII° siècle : on remarque immédiatement que les armes traditionnelles
de l’université n’y figurent pas, en lieu et place on trouve celles du chancelier : l’archevêquecardinal Jean-Baptiste de Brancas. Son blason figurant les armes écartelées de Céreste et du
Castelet est surmonté d’une couronne rappelant les origines nobles du titulaire, son père étant
baron du Castelet et marquis de Céreste. Par-dessus on reconnaît le chapeau de cardinal
accompagné de part et d’autre du blason de quinze glands, héraldique classique des
ecclésiastiques appartenant au haut clergé catholique. Une figure humaine surplombe
l’armoirie : on y voit une femme couronnée tenant dans ses mains une palme et une épée,
derrière elle se trouve l’ébauche d’une roue à crochets. Ces détails identifient clairement le
personnage : il s’agit de sainte Catherine, patronne de l’université. Outre son intérêt
iconographique, ce sceau est historiquement intéressant : il marque la prise en main de
l’université par l’archevêque-chancelier qui appose sur les documents officiels son sceau à la
place de celui de l’université, manifestant ainsi l’état de sujétion de la corporation
universitaire.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°23
Titre :
Catalogue des docteurs de l’université.
Auteur :
Atelier Adibert, imprimeur de l’université.
Date :
1769.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence, cote : 2 D 53.
Format :
18x14cm.
Etat :
Bon état de conservation..
Caractéristiques physiques :
Imprimerie sur papier chiffon très solide.
Notice :
Ce catalogue imprimé dans la seconde moitié du XVIII° siècle tranche avec les précédentes
éditions par sa sobriété : le décor se fait plus discret mais ne perd pas en finesse d’exécution.
On peut voir sur la première vignette une composition de putti s’appuyant sur des entrelacs
végétaux en forme de cœur. La seconde image plus bucolique est un bouquet de fleurs où trois
roses occupent le centre de la composition. L’intérêt purement esthétique de ces documents en
fait des objets d’illustration iconographique tout à fait attrayant.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°24
Titre :
Portrait de Jean-Joseph Julien.
Auteur :
Inconnu.
155
�Date :
XVIII° siècle.
Cote et provenance du document :
Université Paul Cézanne, salle des Actes.
Format :
120x90cm.
Etat :
Très bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Huile sur toile.
Notice :
Cet imposant portrait évoque le souvenir d’un des plus fameux professeurs de la faculté de
droit d’Aix-en-Provence, Jean-Joseph Julien (1704-1789). Le peintre a choisi de représenter
ce personnage vêtu de sa robe noire dont le ruban rouge rappelle sans doute la profession. La
composition sobre du tableau qui n’utilise que trois couleurs, le blanc, le rouge et le noir,
donne une sorte de froideur grandiose au personnage renforcée par la présence d’un pied de
colonne ionique à l’arrière plan. Ce portrait rigide évoque parfaitement bien toute la gravité
du juriste respecté. Jean-Joseph Julien est en effet une des figures les plus respectables de
l’université à l’époque avec ses collègues Jean-Baptiste Reboul, Louis Ventre de Touloubre,
Jean-François de Colonia, André Pazery, Joseph-Sextius Siméon et son fils Joseph-Jérôme
Siméon. L’intérêt de ce portrait est donc tout à la fois esthétique et historique.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°25
Titre :
Portrait de Jean de Dieu Raymond de Boisgelin, archevêque d’Aix-en-Provence.
Auteur :
Anonyme.
Date :
Vers 1785.
Cote et provenance du document :
Cette illustration provient d’une page de l’Encyclopédie des Bouches-du-Rhône, Tome 3, Les
temps modernes, conservé à la BU des Lettres à Schuman, cote REF032/944.BOU.
L’Encyclopédie précise que le portrait est conservé au musée Arbaud.
Format :
30x24cm.
Etat :
Etat de l’original inconnu.
Caractéristiques physiques :
Lithographie.
Notice :
Ce petit portrait probablement réalisé sur papier permet d’évoquer le souvenir de Jean de Dieu
Raymond de Boisgelin (1732-1804), archevêque d’Aix-en-Provence entre 1771 et 1791 et
dernier chancelier de l’université d’Aix-en-Provence avant sa fermeture en 1793. Elu à
l’Académie Française en 1776, député du clergé aux Etat Généraux de 1789, il vote
l’abolition des privilèges dans la nuit du 4 août 1789. Favorable au sacrifice d’une partie des
biens de l’Eglise pour soulager la misère du pays, il s’oppose cependant à la constitution
civile du clergé et émigre en Angleterre après sa promulgation. De retour en France après le
156
�Concordat de 1801 il reprend une brillante carrière d’homme d’Eglise. Sa vie mouvementée
mérite d’être évoquée dans la mesure où il succède à Jean-Baptiste-Antoine Brancas à la tête
de l’archevêché d’Aix-en-Provence et de son université.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°26
Titre :
Portrait de Jean-Etienne-Marie Portalis.
Auteur :
Copie d’un portrait de Pierre Gautherot.
Date :
Début du XIX° siècle pour l’original.
Cote et provenance du document :
Tableau appartenant à l’université Paul Cézanne et exposé en salle des Actes.
Format :
115x90cm.
Etat :
Très bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Huile sur toile.
Notice :
Ce portrait en pied majestueux représente Jean-Etienne-Marie Portalis (1746-1807), célèbre
pour la part considérable qu’il prit dans la rédaction du Code Napoléon. Sur ce tableau
l’homme est représenté en costume d’apparat de grand aigle de la légion d’honneur, la plus
haute distinction de l’Empire. Plume en main, il s’appuie sur le Code dont il est le « père ».
L’emploi de couleurs vives et éclatantes renforce l’impression de grandeur qui se dégage du
personnage. Après des études de droit à l’université d’Aix-en-Provence, ce dernier devient
avocat et se forge une solide réputation en défendant avec succès la femme de Mirabeau
contre celui-ci en 1783. Co-administrateur de Provence en 1787 il se retire de la vie publique
pendant la Révolution et ne revient aux affaires qu’en 1795. Il est alors député au Conseil des
Anciens mais doit s’exiler après le coup d’Etat du 4 septembre 1797. Rappelé par Napoléon
Bonaparte, il entre en 1801 au Conseil d’Etat, devient membre du comité de rédaction du
Code Civil des Français sous la direction de Cambacérès, puis ministre des Cultes. Homme de
l’Ancien Régime et du Premier Empire, il concilie l’ancien et le nouveau droit et offre à la
France ce qui aujourd’hui encore constitue le socle de notre droit. A ce titre il mérite
amplement sa place dans la galerie de portrait des personnalités exceptionnelles ayant fait
leurs études à la faculté de droit d’Aix-en-Provence.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°27
Titre :
Portrait de Joseph-Jérôme Siméon.
Auteur :
Portrait signé Maunaisse.
Date :
1828.
157
�Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, cote 1 Fi 3084.
Format :
28x19cm.
Etat :
L’état du document ne semble pas nécessiter une intervention avant exposition.
Caractéristiques physiques :
Beau portrait à la plume de la première moitié du XIX° siècle.
Notice :
Ce portrait à la plume daté de 1828 représente Joseph Jérôme Siméon, magistrat, homme
d’Etat et professeur de droit à l’université d’Aix-en-Provence à la fin du XVIII° siècle.
L’intérêt du document est de rappeler à la mémoire le souvenir de Joseph Jérôme Siméon : né
à Aix-en-Provence en 1749, il fait des études de droit dans sa ville natale avant d’y enseigner
en qualité de professeur de droit à partir de 1778. La Révolution Française bouleverse le cours
de son existence : en 1793, suite à la fermeture de l’université, il prend part au soulèvement
fédéraliste et doit se réfugier en Italie après le triomphe des Jacobins. En 1795 il rentre en
France et devient député puis président du conseil des Cinq Cents. Opposé au coup d’Etat du
18 fructidor an V (4 septembre 1797), il s’exile. Rappelé aux affaires par Napoléon Bonaparte
après le coup d’Etat du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), nommé tribun, il participe
avec son beau-frère Portalis à l’élaboration du Code Napoléon. Conseiller d’Etat en 1804,
ministre du royaume de Westphalie à partir de 1807, comte d’Empire, préfet, député, ministre,
Pair de France sous la Restauration, il se rallie à la Monarchie de Juillet et meurt en 1842 à
l’age de 93 ans, peu après avoir été nommé premier président de la Cour des Comptes.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustrations n°28
Titre :
Registres d’inscription de la faculté de droit d’Aix-en-Provence.
Auteur :
Faculté de droit.
Date :
Les registres présentés sont ceux de 1812-1818 et de 1844-1849.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, site d’Aix-en-Provence, cote 1 T 1893 et
1 T 1898.
Format :
45.5x29.5cm pour le registre 1812-1818, 52x34cm pour le registre 1844-1849.
Etat :
Les deux registres sont bien conservés.
Caractéristiques physiques :
Gros registres d’inscriptions : celui de 1812-1815 est manuscrit sur papier bleu révolution et
pourvu d’une solide reliure en cuir. Celui de 1844-1849 est imprimé et manuscrit sur papier
chiffon et doté d’une reliure en carton épais.
Notice :
Ces quatre illustrations d’apparence banales sont en réalité de précieux témoignages : il s’agit
de l’inscription à la faculté de droit d’Aix-en-Provence de Thiers, Mignet, Crémieux et
Mistral. Adolphe Thiers (1797-1977) fut journaliste, homme politique sous la Monarchie de
Juillet, la II° République, le II° Empire et la III° République. Premier président de la III°
158
�République entre 1871 et 1873. François-Auguste Mignet (1796-1884) également journaliste
se distingua en tant qu’historien. Isaac-Jacob Crémieux, plus connu sous le nom d’Adolphe
Crémieux (1796-1880) fut lui avocat puis homme politique, ministre de la Justice en 1848 et
1870. Son nom reste attaché au décret Crémieux de 1870 qui naturalise spontanément les Juifs
autochtones des départements français d’Algérie. Enfin Frédéric Mistral (1830-1914),
l’écrivain et poète provençal fondateur du Félibrige, reçu le prix Nobel de littérature en 1904.
Ces quatre personnalités marquantes du XIX° siècle ont en commun d’avoir été formées à la
faculté de droit d’Aix-en-Provence.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustrations n°28 bis
Notice :
Détail des signatures apposées sur les registres d’inscription, on reconnaît aisément celle de
Thiers, de Mignet, de Crémieux et de Mistral. La qualité graphique de ces signatures
exécutées par des mains illustres leur confère un évident atout esthétique idéal pour une
illustration.
Illustration n°29
Titre :
Détail d’une affiche pour l’ouverture des cours.
Auteur :
A. Tavernier, imprimeur de la faculté.
Date :
1809.
Cote et provenance du document :
Fond ancien de la BU Paul Cézanne, carton des affiches, cote 611.
Format :
35x21cm.
Etat :
Très bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Imprimerie sur papier chiffon très solide.
Notice :
Cette illustration orne l’affiche d’ouverture des cours de l’école de droit d’Aix-en-Provence
en 1809. L’image met en jeu une symbolique complexe : on y reconnaît l’aigle impérial
portant dans ses serres une plume, juste au dessus de lui un cercle lumineux évoque la sagesse
divine irradiant la scène et dictant sa loi au rapace officiant en qualité de secrétaire. La
lumière transperce les ténèbres évoquées par les nuages formant un arc de cercle, offrant au
spectateur la vision de la loi incarnée par un livre ouvert portant la mention « droit romain » et
« code Napoléon » tandis que les Tables de la Loi reposent en retrait face à un autre livre
fermé. Enfin une branche de laurier et une palme de victoire s’épanouissent en berceau autour
de ces trois monuments du droit. Le message est clair : le Code Napoléon est montré comme
l’héritier du droit romain et biblique, directement inspiré par la Providence. L’empereur,
incarné par l’aigle, ne fait qu’écrire sous la dictée la loi parfaite venue du ciel qui chasse les
ténèbres de l’ancien temps pour instaurer un nouvel ordre. A l’intérêt symbolique se mêle
aussi l’attrait esthétique du document propre à servir d’illustration.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
159
�Illustration n°30
Titre :
Portrait du doyen Bernard.
Auteur :
Non communiqué.
Date :
Première moitié du XIX° siècle.
Cote et provenance du document :
Tableau conservé par la faculté de droit et exposé dans la salle des Actes.
Format :
60x45cm.
Etat :
Très bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Huile sur toile.
Notice :
Ce portrait est celui de Jean-Baptiste Bernard (1784-1842), doyen de la faculté de droit d’Aixen-Provence. Vêtu de sa robe il arbore la légion d’honneur ainsi que les palmes académiques.
Ses armes sont représentées dans le coin supérieur gauche. La composition mettant en jeu des
couleurs chaudes contraste avec le portrait voisin plus froid de Jean-Joseph Julien : le doyen
Bernard inspire une humanité bienveillante qui convient à la personnalité de l’individu. Ce
dernier joua un rôle important dans la coopération entre juristes Aixois et Allemand,
particulièrement en matière de droit romain et d’histoire du droit. Soucieux de diffuser les
recherches des érudits allemands auprès de ses étudiants, il acquiert patiemment des
traductions de ces ouvrages en français et latin. Il passe en outre commande directement en
Allemagne, demande à ce que ces livres soient traduits en français et s’arrange avec les
libraires sur le prix afin de garantir à ses étudiants un coût d’achat des ouvrages limité. Son
action mérite à juste titre une place parmi les grandes figures de la faculté de droit d’Aix-enProvence au XIX° siècle.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°31
Titre :
Plan guide de la ville d’Aix.
Auteur :
Walter frères, Paris.
Date :
1896.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, cote 1 Fi 2940.
Format :
Non communiqué.
Etat :
L’état du document ne semble pas nécessiter une intervention avant exposition.
Caractéristiques physiques :
Belle lithographie colorée de la fin du XIX° siècle.
160
�Notice :
Ce plan guide d’Aix-en-Provence a été réalisé en 1896. Très précis, il localise comme le plan
géométrique de 1680 déjà présenté les principales institutions urbaines et en donne une
représentation en relief. Tout l’intérêt de ce document est d’offrir une représentation en trois
dimensions des bâtiments de l’université à la fin du XIX° siècle, après la construction du
bâtiment définitif de l’université en 1743. On reconnaît la rue de la grande horloge (campanile
de l’hôtel de ville), actuelle rue Gaston de Sapporta, menant à la place de l’université. Le plan
précise l’emplacement de la faculté de droit face à la cathédrale Saint Sauveur ainsi que le site
de la faculté de lettres -créée en 1846- occupant l’hôtel Maynier d’Oppède à l’angle des
actuelles rue du Bon Pasteur et rue Gaston de Sapporta. L’intérêt du document est tout à la
fois historique et iconographique.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustrations n°32
Titre :
Portraits de plusieurs professeurs.
Auteurs :
Inconnu, sauf pour la photographie d’Aubry réalisée par J. Fabre à Marseille.
Date :
Fin du XIX° siècle.
Cote et provenance du document :
Cabinet du doyen de la faculté de droit d’Aix-en-Provence.
Format :
Photographies standards.
Etat :
Bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Photographies noir et blanc.
Notice :
Cette série de photographies en noir et blanc représente les professeurs de la faculté de droit à
la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle. On reconnaît ainsi en (A) Louis Martin,
chargé de cours comme suppléant à la chaire de droit civil en 1845-1846 puis titulaire de la
chaire de 1846 à 1871 ; en (B) Alfred Gautier, chargé de cours en qualité d’agrégé de 1872 à
1876 puis titulaire de la chaire de droit administratif jusqu’en 1897 ; en (C) Edouard Jourdan,
chargé des cours de droit romain comme agrégé entre1879 et 1882 ; en (D) Louis Ségur, en
(E) Edouard Vermont, chargé de cours comme agrégé en 1885 puis titulaire de la chaire de
droit romain en 1889, en (F) Lucien Audinet, titulaire en 1908 de la chaire de Code Civil, en
(G) Paul Lacoste, chargé de cours comme agrégé de 1887 à 1888 et titulaire de la troisième
chaire de Code Civil entre 1889 et 1906 ; en (H) Sylvestre de Pitti-Ferrandi, chargé de cours
comme agrégé de 1875 à 1878 puis titulaire de la chaire de législation criminelle jusqu’en
1900 ; en (I) Jean Granier, chargé des cours de législation criminelle en 1913. L’ensemble de
ces portraits permet une évocation des professeurs qui à la charnière du XIX° et du XX° siècle
font vivre et rayonner l’enseignement du droit à Aix-en-Provence.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
161
�Illustration n°33
Titre :
Université d’Aix.
Auteurs :
Collection Garnier.
Date :
Vers 1900.
Cote et provenance du document :
Cette illustration provient d’une page de l’Encyclopédie des Bouches-du-Rhône, Tome 6, La
vie intellectuelle, conservé à la BU des Lettres à Schuman, cote REF032/944.BOU.
L’Encyclopédie précise que le portrait est conservé au musée Arbaud.
Format :
Format de l’original inconnu.
Etat :
Etat de l’original inconnu.
Caractéristiques physiques :
Photographies noir et blanc.
Notice :
Cette photographie en noir et blanc du début du XX° siècle représente l’ensemble des
professeurs de la faculté de droit posant devant le bâtiment historique de l’université.
L’équipe assez réduite accueille chaque année environ deux cent étudiants dont une
quarantaine d’étrangers, essentiellement originaires du pourtour méditerranéen et d’Europe de
l’Est. Malgré la concurrence de la faculté libre de Marseille subventionnée par la municipalité
Flaissières, les facultés de droit et lettres d’Aix-en-Provence résistent. Les bons résultats des
examens sont dus si l’on en croit Georges Ripert au désert aixois qui fait apparaître l’étude
comme une distraction.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°34
Titre :
Aix-en-Provence, faculté de droit.
Auteur :
Tavelle éditeur.
Date :
1905.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, cote 6 Fi 880 (deux exemplaires).
Format :
Carte postale standard.
Etat :
L’état du document ne semble pas nécessiter une intervention avant exposition.
Caractéristiques physiques :
Carte postale noir et blanc du début du XX° siècle.
Notice :
Le document donne un aperçu de l’université en 1905. Le bâtiment de la faculté de droit,
malgré une certaine décrépitude, reste un objet d’admiration et figure sur les cartes postales
comme un monument incontournable d’Aix-en-Provence. On remarque tout particulièrement
162
�le détail du fronton ajouté en 1881 représentant une allégorie de la justice. Au premier plan se
trouve le monument dédié à Peiresc, qui à l’époque n’a pas encore été déplacé sur le coté de la
place de l’université et trône devant l’entrée de la faculté.
Valeur d’assurance :
Ne s’applique pas.
Illustration n°35
Titre :
Aix-en-Provence, faculté de lettres.
Auteur :
Cliché Guittard, collection Mayer.
Date :
Début du XX° siècle.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, cote 6 Fi 186.
Format :
Carte postale standard.
Etat :
L’état du document ne semble pas nécessiter une intervention avant exposition.
Caractéristiques physiques :
Carte postale noir et blanc du début du XX° siècle.
Notice :
Le document montre la faculté de lettres au début du XX° siècle qui fait pendant à la carte
postale précédente. Bien que regroupées au sein de la même université, la faculté de droit et
celle de lettres disposent de deux bâtiments distincts de part et d’autre de la rue du Bon
Pasteur. Afin de permettre une meilleure circulation et l’agrandissement de la bibliothèque
universitaire, un pont enjambant ladite rue est construit en 1912. Cette carte postale met en
avant avec la précédente le coté pittoresque de l’université au tournant du siècle.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°36
Titre :
Registres d’inscription de la faculté de droit d’Aix-en-Provence.
Auteur :
Faculté de droit.
Date :
Registre 1899-1907.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, site d’Aix-en-Provence, cote 1 T 1906.
Format :
48x32cm.
Etat :
Mauvais état de la couverture entièrement démontée, bon état des feuillets.
Caractéristiques physiques :
Gros registre d’inscription imprimé et manuscrit sur papier avec une reliure cartonnée.
Notice :
Ces deux illustrations témoignent de l’inscription à la faculté de droit d’Alfred Jourdan et de
Joseph Bry en 1901-1902. Ces étudiants inscrits à Aix-en-Provence sont les fils des très
163
�respectés Edouard Jourdan et Georges Bry, romanistes réputés. Ils deviennent eux-mêmes par
la suite professeurs dans cette faculté de droit ce qui illustre bien le caractère endogène du
recrutement des nouveaux étudiants au début du XX° siècle. En effet la plupart des étudiants
fréquentant la faculté de droit y succèdent à leur père voir à leur grand-père, formant de
véritables dynasties comme celle des Jourdan dont le grand-père Alfred enseigne déjà à la
faculté de droit entre 1866 et 1883.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°37
Titre :
Registres d’inscription de la faculté de droit d’Aix-en-Provence.
Auteur :
Faculté de droit.
Date :
Registre 1899-1907.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, site d’Aix-en-Provence, cote 1 T 1906.
Format :
48x32cm.
Etat :
Mauvais état de la couverture entièrement démontée, bon état des feuillets.
Caractéristiques physiques :
Gros registre d’inscription imprimé et manuscrit sur papier avec une reliure cartonnée.
Notice :
Ces quatre inscriptions mettent en avant la tradition d’excellence de la faculté de droit d’Aixen-Provence : il s’agit non moins des inscriptions de Georges Ripert, d’Emile Eddé, de Felix
Gouin, et de René Cassin, des hommes ayant profondément marqué l’histoire du XX° siècle
entre 1939 et 1950. Georges Ripert (1880-1958), éminent juriste, contribue à enrichir l’étude
du droit maritime et commercial en temps que professeur à la faculté de droit d’Aix-enProvence. A Paris il se consacre au droit civil et dirige la rédaction du Traité pratique de droit
civil, qui participe au renouvellement de la doctrine française en droit civil. Emile Eddé
(1883-1949) est connu pour avoir été premier ministre puis président de la république
libanaise avant l’indépendance de 1936 à 1941. Felix Gouin (1884-1977) fut quant à lui
député socialiste de 1924 à 1958, grand résistant et chef du gouvernement provisoire de
janvier à juin 1946. Enfin René Cassin (1887-1976) doit sa célébrité à la rédaction de la
DUDH (1948). C’est également le fondateur de l’UNESCO, président de la Cour Européenne
des Droits de l’Homme (1965), prix Nobel de la paix en 1968. Evoquer le passage de ces
quatre grands hommes à la faculté de droit d’Aix-en-Provence relève de la commémoration.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°37 bis
Notice :
Détail des signatures apposées sur les registres d’inscription, on reconnaît aisément celle de
Ripert, Eddé, Gouin et Cassin. La qualité graphique de ces signatures exécutées par des mains
illustres leur confère un évident atout esthétique, idéal pour une illustration.
164
�Illustration n°38
Titre :
Dessins anonymes.
Auteur :
Albert Payan ( ?).
Date :
1934-35.
Cote et provenance du document :
Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, cote 22 J 18.
Format :
14x10cm (A et B).
Etat :
Papier acide en cours de dégradation.
Caractéristiques physiques :
Dessins crayonnés sur papier.
Notice :
Cet élégant portrait (A) et les dessins de mode suivants (B) proviennent des cours d’Albert
Payan conservés aux archives départementales à Marseille, crayonnés sur une petite feuille
volante ayant servi par la suite de reliure à des cours tapés à la machine. C’est un des rares
témoignages de graffitis griffonnés par un étudiant de la faculté de droit vers 1935 et qui soit
parvenu jusqu’à nous. L’identité des modèles est inconnue et probablement fictive, il n’en
demeure pas moins que ces petits dessins cachés au milieu de feuilles de cours offrent une
illustration surprenante propre à donner un aperçu du quotidien des étudiants des années 1930.
L’aspect esthétique remplace ici tout intérêt historique.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustration n°39
Titre :
Faculté de droit Aix. (A)
Auteur :
Anonyme.
Date :
1952/1953 pour la (A) et 1960 pour la (B).
Cote et provenance du document :
Archives départementales des Bouches-du-Rhône, cote 5 Fi 251 (A) et 6 Fi 5013 (B).
Format :
21x17cm pour la (A), 14x9cm pour la (B).
Etat :
Très bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Photographies noir et blanc.
Notice :
Ces deux photographies (A) et (B) montrent les nouveaux locaux de l’université d’Aix-enProvence peu après l’achèvement des travaux en 1952/1953 (A) et après (B). Construit en
contrebas du Parc Jourdan sur un terrain donné par la mairie en 1936, ce bâtiment a plusieurs
fois failli ne jamais voir le jour : après plusieurs hésitations, les travaux sont commencés sur
les plans de Sardou et Boet mais la Seconde Guerre Mondiale les interrompt. En 1945
165
�l’architecte et inspecteur des monuments historiques Formiges bloque la reprise des travaux
du site Jourdan : pour lui comme pour nombre d’Aixois le transfert des facultés à la périphérie
de la ville déplacerait son centre névralgique vers le sud, condamnant le vieux Aix à la
ghettoïsation. A l’inverse l’installation d’un quartier étudiant entre la place de l’Université et
la place Richelme aurait sorti ce quartier de sa torpeur et attiré les fonds nécessaires à la
restauration des vieux hôtels particuliers des XVII° et XVIII° siècle. Mais ce projet très
onéreux est abandonné et les travaux reprennent au pied du parc Jourdan, dirigés par
l’architecte Fernand Pouillon très critique vis-à-vis des plans de Sardou et Boet qui selon sa
formule accouchent d’une « monstrueuse villa Médicis ». A la rentrée 1953 les étudiants de
droit et de lettres prennent possession de leur nouveau domaine, campus moderne doté de
cours de tennis et de terrains de football.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustrations n°40
Titre :
Vue satellite d’Aix-en-Provence (A) et photographie de la nouvelle faculté de lettres (B).
Auteur :
Google Map NASA (A), AS cartes postales (B).
Date :
2006 (A) et 1970 (B).
Cote et provenance du document :
Internet (A), Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, cote 6 Fi 5849.
Format :
14x.9.5cm pour le document (B).
Etat :
Assez bon état du document (B).
Caractéristiques physiques :
Photographies couleur.
Notice :
Cette vue satellite prise dans Google Map (A) permet de lire l’évolution historique de
l’université d’Aix-en-Provence dans la géographie urbaine. On reconnaît tout en haut de
l’image la BU Paul Cézanne œuvre de Fernand Pouillon, les bâtiments achevés en 1953
s’alignent le long de l’allée centrale. Face à la BU se trouve le bâtiment Portalis, construit à
l’emplacement des terrains de tennis de l’université, et derrière lui la nouvelle faculté de
Lettres (B), construite sur les terrains de football et en même temps que le complexe Portalis
au début des années 1960. En 1969 la séparation entre les deux universités de droit et de
lettres est matérialisée par la pose d’une grande grille interdisant le passage du bâtiment
Portalis à la faculté de lettres. Dès lors les deux universités se sont étendues en procédant par
agrandissements successifs : actuellement l’université Paul Cézanne aménage la parcelle
située à l’angle de la roseraie et des amphithéâtres Boulan et Portalis.
Valeur d’assurance :
Non communiquée pour le document (B).
Illustration n°41
Titre :
Journal de mai 68.
Auteur :
Anonyme.
166
�Date :
Mai/juin 1968.
Cote et provenance du document :
Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, cote 1 J 340.
Format :
Feuilles A4.
Etat :
Très bon état de conservation.
Caractéristiques physiques :
Imprimerie sur papier.
Notice :
Ces documents sont des extraits du journal créé en mai 1968 par les élèves du lycée
Vauvenargues d’Aix-en-Provence. Le premier numéro de ce journal hebdomadaire qui n’en
connu que cinq est extrêmement précieux dans la mesure où les tracts et journaux de cette
époque furent peu conservés, plus rares sont encore les dessins relatifs à ces évènements.
Ceux qui illustrent ce journal donnent une idée de l’iconographie en vogue dans les milieux
lycéens et étudiants en mai/juin 1968 : tracées d’une main hésitante, ces illustrations se
passent de commentaires. Sans doute les pancartes et graffitis de la faculté de lettres
reprenaient les mêmes thèmes. Il faut préciser toutefois que la faculté de droit d’Aix-enProvence ne fut pratiquement pas touchée par le mouvement et que les examens s’y
déroulèrent presque normalement.
Valeur d’assurance :
Non communiquée.
Illustrations complémentaires : la richesse de la BU Paul Cézanne.
Le BU Paul Cézanne possède un riche fond ancien particulièrement intéressant. Ces
photographies reproduisent certains documents qui pourraient éventuellement servir
d’illustration ou bien encore être exposés afin de témoigner de l’activité de conservation
menée par la BU. Nous voyons reproduits en (A) plusieurs livres de droit du XVII° siècle
dont le Recueil de règlements par Chenu (1611) ayant appartenu au grand humaniste aixois
Peiresc. Ce livre est détaillé en (E) : on reconnaît sur la couverture en cuir vert ainsi qu’au bas
de la première page le monogramme de Nicolas Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), juriste,
conseiller au parlement de Provence, astronome et homme de lettres qui marqua son temps.
La photographie (A bis) présente d’autres ouvrages du XVII° siècle dont un beau Code
Justinien imprimé par Jacob Stoer en 1624. Le livre manuscrit présenté en (B) est l’œuvre de
Jean-Joseph Julien, professeur à la faculté de droit d’Aix-en-Provence au XVIII° siècle. Il
s’agit de ses cours de droit romain, entièrement écrits à la main et parfaitement bien
conservés. En (C) on reconnaît les premiers exemplaires richement reliés du Moniteur
Universel ou Journal Officiel dont la BU Paul Cézanne conserve tous les numéros depuis
1796. Ces documents sont suivis par les premiers Codes de jurisprudence Dalloz de 1836 à
1842 dont l’origine remonte au Recueil de jurisprudence générale du royaume (1824).
L’ensemble de ces documents exceptionnels en très bon état de conservation en fait des objets
d’illustration et d’exposition tout à fait intéressants.
167
�En conclusion il faut souligner la diversité du travail accompli dans le cadre de la
réalisation du présent mémoire. La première partie est apparue en toute logique comme un
préalable indispensable à l’exposition, la rédaction de l’historique de l’université d’Aix-enProvence bien que très intéressante ne diverge pas pour autant d’une activité universitaire
conventionnelle. En revanche les deux parties suivantes ont nécessité un temps de réflexion
avant de commencer la recherche des pièces d’exposition, leur sélection, la rédaction des
notices descriptives et interprétatives, la demande d’informations diverses et complémentaires
aux propriétaires de ces objets, que ce soit l’université Paul Cézanne, la bibliothèque Méjanes,
les Archives Départementales ou le musée du Vieil Aix. Ces recherches ont été
particulièrement enrichissantes et nous ont permis de développer un protocole d’action
efficace pour cibler les pièces prioritaires à intégrer dans le catalogue d’exposition ou
susceptibles d’entrer dans le fichier iconographique. La principale difficulté qui s’est
présentée a été le critère de la valeur d’assurance des pièces : toute exposition suppose des
prêts, la deuxième partie présente ainsi dix-huit pièces issues d’institutions extérieures à
l’université Paul Cézanne. Or la communication de la valeur d’assurance des dites pièces
d’exposition s’est révélée impossible : le prétexte des vacances d’été du responsable des
expositions -évidemment seul capable de répondre à ce type de demande- a souvent été
invoqué par les établissements concernés. Ceux-ci ne semblent pas disposer de grilles fixes
des tarifs d’assurance en cas de prêt, la réticence manifeste avec laquelle certains responsables
envisagent ne serait-ce que l’éventualité d’un prêt et se raidissent sur la question de la valeur
d’assurance correspondante, rend bien compte des blocages qui verrouillent encore certains
établissements publics privilégiant la conservation sur la communication des fonds. Ces
difficultés inattendues nous ont mis face à la réalité de l’organisation d’une exposition. Fort
heureusement la constitution du fichier iconographique n’a pas posé autant de problèmes : la
difficulté a ici consisté à choisir les illustrations les plus pertinentes dans le cadre du projet et
des attentes de l’équipe qui nous en avait confié la constitution. Les deux dernières parties
tranchent donc vivement avec le travail de recherche purement livresque à la base de la
formation universitaire, seule la première partie se rattache à cet exercice classique.
Il fallait en effet garder à l’esprit le caractère professionnel de ce mémoire et du master lui
servant de cadre, allier théorie et pratique de terrain pour aboutir à un document de synthèse
qui s’apparente le plus possible à un dossier d’exposition opérationnel. Les différents
développements du présent mémoire cherchaient à répondre à un sujet portant sur la mise en
valeur des fonds anciens de la BU Paul Cézanne et la préparation d’une exposition relative
aux six cent ans de l’université d’Aix-en-Provence et de sa faculté de droit. C’est sur cette
168
�idée de base qu’a été posée la problématique ayant guidé ce devoir : comment prendre en
main la réalisation d’un dossier d’exposition dans la perspective de festivités qui se veulent
fondatrices d’un nouvel élan pour le projet d’unification des trois universités ? Plusieurs
éléments de réponses peuvent être successivement évoqués : la prise en main d’un tel projet
nous a d’abord semblé impossible devant les recherches titanesques qu’il semblait imposer.
Mais une fois le plan dégagé et le travail sectionné en trois grandes parties, la tâche est
devenue plus aisée. La partie la plus délicate a sans douté été d’insérer le résultat du travail
effectué dans la perspective des commémorations et au-delà dans la dynamique actuelle de
rapprochement des trois universités. Car le véritable objectif de l’ensemble du projet reste
avant tout la réunification de l’université d’Aix-Marseille, une réunification qui soit basée
cette fois-ci sur un équilibre raisonnable entre la capitale de la Provence et la cité phocéenne.
Les commémorations doivent constituer une étape transitoire, un évènement marquant
l’évolution des relations entre les trois établissements autrefois rivaux et préparant la fusion.
Une question mérite toutefois d’être posée : que restera-t-il de ces commémorations une fois
celles-ci terminées ? Leur souvenir s’effacera sans doute rapidement étant donné leur
caractère unique et relativement limité dans le temps. Dans l’hypothèse où le projet de
réunification soit mené à son terme, il ne saurait toutefois être durable si des forces
centrifuges se mettaient ultérieurement en action et dénonçaient une fusion artificielle,
représentative de la seule volonté des équipes dirigeantes ayant alors œuvré au
rapprochement. Tout projet de cette envergure nécessite en effet d’être accepté et soutenu non
comme un devoir dicté par les circonstances mais comme un choix libre et éclairé reflétant un
large consensus. Or les réalités de terrain sont quelque peu différentes : les rivalités entre
universités et facultés n’ont d’égale que les clichés malsains véhiculés parmi les étudiants
mais parfois aussi les professeurs : moins d’un demi-siècle d’évolution isolée a suffi pour
transformer la grille séparant les lettres du droit en barrière mentale rigide. Seule l’évocation
de l’histoire de l’université d’Aix-en-Provence peut faire sauter ces frontières artificielles et
provoquer une prise de conscience à l’intérieur comme à l’extérieur des institutions
universitaires d’une vérité simple : les facultés de droit, d’économie, de lettres, de sciences
humaines, de sciences et de médecine sont toutes issues d’un même ancêtre commun. La
meilleure manière de le rappeler de façon éclatante, preuve à l’appui et de manière pérenne
serait d’envisager la création d’un musée de l’université d’Aix-Marseille, acte symbolique
fort qui pourrait réconcilier durablement les diverses institutions issues de l’antique université
d’Aix-en-Provence créée par Louis II d’Anjou en 1409 et dont nous fêtons bientôt le six
centième anniversaire.
169
�Bibliographie
I ) Ressources documentaires papier :
Monographies :
•
AGNEL Arnaud et alii, Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, tome
III : les Temps Modernes, Marseille, 1920.
•
ALPHANDERY, La faculté de droit et ses étudiants, Imprimerie Nicot, Aix-enProvence, 1839.
•
BELIN Ferdinand, Histoire de l’ancienne université de Provence ou histoire de la
fameuse université d’Aix, première période : 1409-1679, Librairie A. Picard et fils,
Paris, 1896.
•
BELIN Ferdinand, Histoire de l’ancienne université de Provence ou histoire de la
fameuse université d’Aix, deuxième période : 1679-1730, Librairie A. Picard et fils,
Paris, 1905.
•
CHARLES Christophe et VERGER Jacques, Histoire des universités, Que sais-je ?
PUF, Paris, 1994.
•
COMBES Alain et alii, Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, tome
VI : la vie intellectuelle, Marseille, 1914.
•
COSTE Jean-Paul, Aix-en-Provence et le pays d’Aix, Edisud, Millau, 1981.
•
COULET Noël et alli, La Provence au Moyen Age, collection « Le temps de
l’histoire », Publications de l’Université de Provence, Vitrolles, 2005.
•
FLEURY Georges, Histoire de l’ancienne université d’Aix de 1730 à 1793,
Imprimerie universitaire de Provence, Aix-en-Provence, 1929.
•
TACHOIRE Henri, Marseille, 2600 ans de découvertes scientifiques, tome 2 : Vers la
création de la faculté des sciences, Publications de l’Université de Provence, Aix-enProvence, 2002.
•
VERGER Jacques, Les universités au Moyen Age, Quadrige-PUF, Paris, 1973.
170
�Mémoires :
•
BERTOLLO Claude, Mémoire sur l’histoire et l’architecture du bâtiment de l’Institut
d’Etudes Politique d’Aix-en-Provence, sous la direction de M. Jean-Louis Mestre,
année universitaire 1983-1984.
•
JOUVE-LEFEBVRE Elizabeth, Histoire de la faculté de droit d’Aix-en-Provence de
1870 à 1914, une période de controverse, sous la direction de M. Jean-Louis Mestre,
année universitaire 1998-1999.
Articles :
•
CHELINI Jean, La bibliothèque de Saint-Victor au Moyen Age, Revue Provence
Historique : tome XVI, fascicule 65, La pensée universitaire, Aix-en-Provence,
juillet/septembre 1966.
•
COULET Noël, Jean de Vitrolles, moine de Saint-Victor, et les commencements de
l’université d’Aix, Revue Provence Historique : tome XVI, fascicule 65, La pensée
universitaire, Aix-en-Provence, juillet/septembre 1966.
•
MESTRE Jean-Louis, Les juristes Aixois et la science juridique allemande au XIX°
siècle, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 1998.
•
POURRIERE Jean, Les commencements de l’école de grammaire d’Aix-en-Provence,
imprimerie Paul Roubaud, Aix-en-Provence, 1970.
•
STOUFF Louis, Une création d’Urbain V : le studium papal de Trets 1364-1365,
Revue Provence Historique : tome XVI, fascicule 65, La pensée universitaire, Aix-enProvence, juillet/septembre 1966.
Documents d’archives privés :
•
MABELLY Sonia, La faculté des lettres d’Aix de 1950 à 1987, achevé en 1994.
•
MESTRE Jean-Louis, Histoire de la faculté de droit d’Aix-en-Provence, copie d’un
discours de 2006.
•
FABRE Michel-Henry, Souvenirs sur la faculté de droit d’Aix-Marseille, 1933-1985,
achevé en 1998.
171
�II ) Ressources documentaires numériques :
•
Portail internet de la BU Paul Cézanne, ressources documentaires en ligne, fond
ancien, http://flora.univ-cezanne.fr/flora/jsp/index.jsp
•
Portail internet de l’Encyclopédie Universalis, www.universalis.fr
•
Portail internet CAIRN, revue Horizons stratégiques, www.cairn.info/revue-horizonsstrategiques
•
Portail
internet
Gallica,
site
de
la
Bibliothèque
Nationale
de
France,
http://gallica2.bnf.fr
•
Portail internet du Catalogue Collectif de France, http://ccfr.bnf.fr/portailccfr
•
Portail
internet
des
archives
départementales
www.archives13.fr/archives13/CG13
172
des
Bouches-du-Rhône,
�Table des matières :
_ Remerciements……………………………………………………………………...…page 3
_ Introduction générale au mémoire……………………………………….page 4
_ Première partie : histoire de la faculté de droit d’Aix-en-Provence……..page 8
_ Introduction de la première partie……………………………….…………….………page 9
_ Première période : l’université comtale, 1409-1603………………………..………..page 13
•
_ A ) La fondation de l’université…………………………………………...….page 13
•
_ B ) L’affirmation de la faculté de droit, 1510-1603…………………………..page 18
_ Deuxième période : l’université royale, 1603-1793……………………………....….page 22
•
_ A ) La montée en puissance de la faculté de droit, 1603-1679……………… page 22
•
_ B ) Réforme et déclin de l’université royale, 1679-1793……………………..page 27
_ Troisième période : la renaissance de l’ancienne université d’Aix-en-Provence……page 32
•
_ A ) Le beau XIX° siècle, 1806-1870…………………………………………page 32
•
_ B ) Les défis du XX° siècle, 1870-1973……………………………………...page 37
_ Conclusion de la première partie……………………………………………………...page 44
_ Deuxième partie : le catalogue d’exposition…………………………....page 46
_ Avertissement…………………………………………………………………………page 47
•
Vitrine n°1 : Les débuts de l’université, 1409-1501…………………………....page 48
•
Notices de la vitrine n°1…………………………………………………..….....page 52
•
Vitrine n°2 : l’embellie du XVI° siècle…………………………………………page 58
173
�•
Notices de la vitrine n°2………………………………………………………...page 61
•
Vitrine n°3 : Le XVII° siècle, entre âge d’or et crises...……………………..…page 65
•
Notices de la vitrine n°3…………………………………………………….…..page 68
•
Vitrine n°4 : Le XVIII° siècle, un siècle de déclin ?............................................page 72
•
Notices de la vitrine n°4……………………………………………….………..page 75
•
Vitrine n°5 : La renaissance du XIX° siècle…………………………………….page 79
•
Notices de la vitrine n°5……………………………………………………...…page 83
•
Vitrine n°6: Les défis du XX° siècle……………………………………………page 87
•
Notices de la vitrine n°6……………………………………………………..….page 95
Troisième partie : fichier iconographique………………………….……page 100
_ Avertissement………………………………………………………………………..page 101
•
Illustration n°1 (première illustration)………………………………………....page 102
•
Illustration n°41 (dernière illustration)……………………………………...…page 137
•
Illustrations complémentaires : richesse du fond ancien de la BU…….………page 138
_ Notices des illustrations……………………………………………………………...page 142
_ Conclusion générale………………………………………………...…page 168
_ Bibliographie……………………………………………………………………...…page 170
_ Table des matières………………………………………………...…………………page 173
174
�175
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Preparation (La) d'une exposition retraçant l'histoire de la Faculté de droit d'Aix-en-Provence
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Description
An account of the resource
Préparation du six centième anniversaire de l’université Paul Cézanne célébré en 2009
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Borzillo, Sylvain
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote AIX DES 11410
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Université Aix-Marseille 3 (Aix-en-Provence)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
2008
Rights
Information about rights held in and over the resource
soumis à copyright
restricted use
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/201845393
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/AIX-DES-11410-Borzillo_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
174 f.
30 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
France. 20..
Abstract
A summary of the resource.
Mémoire - Master 2 professionnel Métiers de la mémoire et du patrimoine
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/233
Facultés de droit -- Expositions -- France -- Aix-en-Provence -- Bouches-du-Rhône
Facultés de droit -- France -- Aix-en-Provence (Bouches du Rhône) -- histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/227/AIX-DES-11143_Regad-Histoire-faculte-.pdf
d71a33106ff4ff8215070f71b9a242f4
PDF Text
Text
CENTRE D’ETUDES ET DE RECHERCHES D’HISTOIRE DES IDÉES ET DES INSTITUTIONS
POLITIQUES - EA : 2186 - FACULTÉ DE DROIT ET DE SCIENCE POLITIQUE D’AIX-MARSEILLE
REGAD Caroline
Master 2 d’histoire du droit
et des idées politiques
Mémoire
L’histoire de la Faculté de droit d’Aix-en-Provence
1914-1944 :
D’une guerre à l’autre
Sous la codirection de Monsieur le Président de l’Université Marc PENA
Et de Monsieur le Professeur Jean-Louis MESTRE.
Année universitaire 2006-2007.
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Annexe 3 : Les affiches annonçant les cours
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Programme des cours pour l’année 1913-1914 réutilisé pour l’année 1917-1918.
Découvert aux archives de la bibliothèque.
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Annexe 24 : La « grande famille » des professeurs ou des professeurs soudés
appréciés des étudiants ? source à vérifier
La sortie de cours des professeurs.
Les professeurs sont raccompagnés chez eux par un cortège d’étudiants.
source à vérifier
Photographie conservée par Madame Moreau.
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Histoire (L') de la Faculté de droit d'Aix-en-Provence - 1914-1944 : d'une guerre à l'autre
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Description
An account of the resource
Histoire d'une institution universitaire à travers ses capacités d'adaptation aux évènements extérieurs les plus dramatiques
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Regad, Caroline
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote AIX DES 11143
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Université Aix-Marseille 3 (Aix-en-Provence)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
2008
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Pena, Marc, directeur de recherche
Mestre, Jean-Louis, directeur de recherche
Rights
Information about rights held in and over the resource
soumis à copyright
restricted use
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/201845695
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/AIX-DES-11143_Regad-Histoire-faculte-vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
156 f.
30 cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
France. 20..
Abstract
A summary of the resource.
Mémoire - Master 2 d'Histoire du droit et des idées politiques
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/227