Le 12 décembre 1929, le Ministère du Commerce adresse à toutes les Chambres de Commerce et aux régions économiques une proposition de loi sur la possibilité de création de zones franches dans les ports, proposition déposée par le député Gratien Candace. Déjà posé sur le bureau de l'Assemblée en 1927 et 1928, ce texte sera connu sous le nom de "Projet Candace".
Mais il présente l'intérêt de ne pas suivre l’hostilité de l'administration aux zones franches (raison du double rejet de ce texte) pour qui la prospérité de Hambourg, Copenhague, Trieste ou Gènes n’a rien à voir avec leur statut de ports francs mais à leur situation géographique, au perfectionnement de leur outillage et au développement de leur arrière-pays. Et inversement, Anvers et Rotterdam, qui ne sont pas des ports francs, sont parfaitement prospères.
La vraie question est donc celle plus politique de la conception protectionniste du commerce que partagent l'Allemagne, l'Italie et la France : la Hollande, l'Angleterre et la Belgique n'ont pas de ports francs ? La belle affaire, ces pays sont tout entier des zones franches ! Pour la Chambre de Commerce, la cause est entendue : ce qu’il manque à la France, et à Marseille en premier lieu, ce sont ces zones franches portuaires, libérées de contrôles douaniers contraignants, véritables outils des réexportations. Sous réserve que la France soit toujours intéressée par le commerce extérieur...
Si l’histoire n’a pas démenti cette vision très libérale, les ports francs, aujourd’hui transformés en gigantesques zones d’entrepôts, renforcés pour certains de coffres-forts abritant des collections de valeur, ne vont pas sans soulever des questions au sujet de leur opacité et de leur support possible aux trafics illégaux.
Réfs
- Port franc, Wikipédia
- Port franc, Encyclopædia Universalis
Contient une dizaine de planches gravées (évènements historiques et politiques, villes, scènes de la vie)
Illustration de l'édition de 1684 (gauche) et de l'édition de 1681, BnF (droite)
Plaque commémorative installée dans le patio de la faculté
Médaille commémorative des frères Jules & Louis Jeanbernat
morts au champ d'honneur quelques semaines avant l’armistice de 1918.
En hommage, leurs parents fondèrent le prix de la meilleure thèse, toujours décerné aujourd’hui (2020)
Paul Scapel, dans une grande lucidité (cette réflexion est menée l’année même des Traités) tire toutes les conséquences juridiques et politiques de cette union : le libre échange implique inéluctablement l’unification des transports sur lequel il repose et donc des législations nationales qui les organisent : les moyens de transport sont, sur le plan technique de plus en plus identiques dans tous les pays, et une même marchandise peut en emprunter plusieurs et être soumise à des législations particulières à chaque pays qu’elle traverse.
Il est difficile de réduire son propos au seul cas des échanges de marchandises et ne pas l’étendre aux autres domaines de la vie communautaire : le traité ne prévoit-il pas également "l'abolition, entre les Etats membres, des obstacles à la libre circulation des personnes, des services et des capitaux" ? C'est ce qui sera mis en place dans l'espace Schengen, un espace de libre circulation des personnes entre les États signataires de l’accord du même nom, localité du Luxembourg où l’accord est signé le 14 juin 1985 (entrée en vigueur le 26 mars 1995).
Débat précurseur à celui opposant l’attachement aux Etats-Nations traditionnels à l’espoir d’une Europe réellement fédérale et qui dépasserait l’impasse récurrente de tous les grands dossiers communautaires : la santé, l’environnement, la fiscalité, la protection sociale, la défense, etc. Débat apparemment oublieux que les droits nationaux sont aujourd’hui essentiellement la (simple) retranscription des textes élaborés et adoptés par les instances européennes et que la très dénoncée faiblesse de l'Europe sur la scène internationale tient d'abord à son incapacité à imaginer un pouvoir politique authentiquement européen.
Et qu'en est-il alors des transports internationaux ? P. Scapel ne les oublie pas et avance sans détour une solution encore plus radicale : un Droit unique des Transports valable dans tous les pays du monde !
Contient 14 pièces manuscrites et 3 pièces dactylographiées.
La vie est un exercice de patience autant pour les personnes que pour les institutions. Sans remonter à 2 600 ans en arrière, époque où une École de médecine à Marseille est déjà attestée, nous savons que l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille créée en 1808 (1) demande dès 1860 sa transformation en Faculté. Commence une longue période d'espoirs déçus qui aboutira à cette création seulement 70 ans plus tard, en 1930. Ce dénouement récompense sa persévérance et la ténacité de certains de ses défenseurs, publics comme privés.
Et pourtant, dès le départ, l'affaire paraît très mal engagée : à la demande de création d'un laboratoire ou d'un cours de bactériologie à Marseille par la Chambre de commerce en 1887, Édouard Lockroy, alors Ministre du Commerce et de l'Industrie, répond d'une manière assez cinglante que les résultats médiocres obtenus par l'École de médecine ne justifient en rien cette création : il faudrait d'abord qu'elle se mette à niveau ! Fait-il référence aux épidémies récurrentes qui s'abattent sur la ville ? Rappelons le contexte marseillais [avec le nombre de décès] (2) : choléra 1884-1885 [3 052], variole 1885-1886 [2 381], diphtérie 1886 [559], grippe 1889-1890 [2 762]. Dans cette actualité récurrente, rester optimiste relève de l'exploit...
Et au cas où la Chambre de Commerce n'aurait pas bien compris, le Ministre accusateur ajoute que, de toute façon, cette création n'est pas du ressort de l'État : elle est de niveau local, municipal par exemple.
Nonobstant ce genre de déconvenues, la conviction et l'engagement des partisans de la création d'une Faculté de médecine se retrouveront dans la spontanéité de ces quelques correspondances échangées au cours des 3 dernières décennies précédant l'avènement. En témoigne ce très probable projet de courrier adressé par le Président de la Chambre de Commerce annonçant sa prise de position favorable à l'École au Ministre de l'Instruction Publique et à celui des Colonies. Après s'être ravisé, le courrier ne sera adressé qu'au premier.
Sur la même page (daté du 21 février), P. Desbief confirme au Directeur de l'Ecole la délibération de la Chambre consulaire en date du 22 février en faveur de cette transformation, le second destinataire ayant été également raturé.
Le Président de la Chambre de Commerce, le directeur de l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille, le Ministère du commerce et de l'industrie, le Maire d'Aix-en-Provence, le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, le Ministre de l'Instruction Publique, l'adjoint au Maire de Marseille : tous ces acteurs sont présents, soit en tant qu'auteurs soit en tant que destinataires, dans ces 17 courriers échangés au cours des 25 ans de 1897 à 1922 et conservés dans les archives de la Chambre de Commerce et de l'Industrie de Marseille (cette correspondance ne concerne que la Chambre de commerce, pivot de ces échanges, bien d'autres courriers doivent exister par ailleurs). Il n'en fallait pas moins pour surmonter les plus grandes réserves de la ville d'Aix (notamment au niveau financier) et certaines oppositions comme celle de Paul Bert, Ministre de l'Instruction, qui rejette la demande en déclarant que "Marseille sera examinée en dernier, car sa faculté ferait une redoutable concurrence à Montpellier" (1, id).
On sera moins étonné du fidèle soutien de la Chambre de Commerce, de la Ville de Marseille et du Conseil Général, qui ne cesseront de rappeler que Marseille est (tout de même !) la deuxième de ville de France et qu'Aix a déjà ses deux facultés historiques. Ils ne pourront parfois pas cacher leur impatience comme le montrent les propos de la séance de février 1918 de la CCMP relatif à la demande d'une faculté : "il est important de ne pas attendre la fin de la guerre pour lui donner une solution". Cette solution viendra quelques années plus tard : les années 1930 seront plutôt généreuses avec Marseille au niveau des infrastructures médicales et des budgets de l'Etat, reconnaissance tardive de sa situation stratégique et de ses recherches dans le domaine des maladies tropicales.
Canal du Verdon (plan)La Compagnie Nationale des Canaux agricoles qui gère le Canal du Verdon est menacée de faillite et n'assure pas son entretien correct. La ville, qui a déjà connu bien des déboires sur ce dossier 20 ans auparavant (délibération du conseil municipal en date janvier 1874), décide alors de reprendre la concession à son profit : au prix d'un sacrifice financier important pour le budget de la ville mais avec la certitude que ce transfert garantira son approvisionnement en eau sur le long terme. Il en confie la gestion à Fernand Fabre, administrateur du Canal, auteur du rapport initial.
Une nouvelle figure de la santé publique : le médecin-colonial
L'habit de protection des médecins, en peau , en usage en Italie dès le 17e siècle
(oeil de cristal et bec rempli de parfums censés purifier l'air pestilentiel)
Un rémède sûr et éprouvé contre la peste : un parfum composé de drogues savamment dosées...
Jusqu'au 18e siècle, c'est le barbier chirurgien (1), profession apparue vers la fin du 12e siècle, qui réalise les actes de chirurgie.
Mais avec les progrès des connaissances anatomiques, les chirurgiens les plus lettrés voudraient que leur art devienne une discipline universitaire à part entière, tout en contrôlant la formation des barbiers-chirurgiens. Les médecins, inquiets pour leurs prérogatives, refusent l'entrée de cette discipline non-universitaire dans les facultés de médecine : le Parlement de Paris leur donnera raison en 1660.
Les techniques de sutures des plaies (Philippe Douté, 1695)- en 1686, le chirurgien Charles-François Felix de Tassy parvient avec succès à soigner Louis XIV d'une redoutable fistule anale. Reconnaissant, le Roi accorde ses faveurs aux chirurgiens de Versailles : une promotion sociale autant que scientifique, et qui recevra une consécration par la création de l'Académie Royale de Chirurgie en 1748
- en 1691 a lieu la séparation des barbiers-chirurgiens et des barbiers-perruquiers, ce qui les oblige à renoncer au cumul des deux professions : soit devenir perruquiers, soit devenir chirurgiens, mais plus savants, en abandonnant la barberie. L'édit de 1691 scelle d'autant plus cette scission professionnelle qu'il impose aux chirurgiens un apprentissage pratique appuyé sur une formation théorique en faculté de médecine, les séparant définitivement du métier de barbier. Revers pour les médecins, l'édit leur octroie une reconnaissance universitaire équivalente à celle dont bénéficie depuis longtemps la médecine.Pedro Autran da Mata e Albuquerque (1805-1881)
Ce qui distingue les colonisations anciennes de celles modernes, c'est d'abord la distance géographique : les Phéniciens, les Grecs, les Romains (l'auteur ne cite pas les Egyptiens) implantent des colonies dans le pourtour méditerranéen et rencontrent des peuples avec qui ils partagent de nombreux points communs. Avec l'évolution technique des bateaux et les progrès de la navigation, les nouvelles colonisations visent des territoires bien plus éloignés, là où les populations locales y sont très différentes des Européens et sur tous les plans : aspects, coutumes, mœurs, alimentation, langues, croyances, rites, systèmes politiques, organisations sociales, ...
1. Oswald Heer. - Wikipédia
2. Station biologique de Roscoff. - Wikipédia
3. A l'époque de la publication de Vingt Mille Lieues sous les mers, roman paru en 1869-1870, la question d'une vie marine en eau profonde n'est pas totalement tranchée mais la présence de mollusques fixés sur des câbles sous-marins posés au début des années 1860 fait naître de sérieux soupçons.
Une prison au 19e siècle
Jusqu’à cette époque, le chargement et le déchargement des navires accostant à Marseille sont confiés à la Société des portefaix, littéralement porteurs de fardeaux, une corporation bâtie sur l'esprit de solidarité. Les portefaix, et plus encore les maître-portefaix, bénéficient de salaires élevés, ont un rang social reconnu et entretiennent de véritables dynasties familiales, certaines multi-centenaires. Il ne s’agit pas là d’une particularité marseillaise : la plupart des ports connaissent ce type d'associations corporatistes, comme à Gênes (1), associations qui étonnamment ont survécu à la loi Le Chapelier qui les avait pourtant supprimées 70 ans auparavant. Forte de ses privilèges et prospère, la confrérie était maitresse des quais de Marseille : elle jouissait du monopole du pesage, étendu par la suite au portage des marchandises à toute la ville.
L’apparition des docks-entrepôts en France va marquer un tournant dans la gestion portuaire : après la création du premier entrepôt de ce type en 1844 au Havre, un second suivra à Paris puis à Marseille en 1864 (2). La Compagnie des docks et entrepôts, le Dock, est un établissement public qui a pour rôle de simplifier et d’accélérer les opérations commerciales liées aux tâches de manutentions portuaires, ce qui veut dire aussi de les rendre plus expéditives et plus économiques (3).
Pour la Confrérie des portefaix, l’obligation d'entreposer les marchandises dans les entrepôts du Dock est un casus belli : elle est accusée de tuer la liberté du travail. Conflit d’autant plus mal vécu que certains membres quittent alors la Société pour rejoindre le Dock. Mais cette rivalité administrative occulte une évolution plus préoccupante : la concurrence permanente des robeirols (ou crocheteurs) et l’érosion de son monopole quand les minotiers décident de ne plus faire appel à ses services pour la manipulation du grain.
Charles de Ribbe affirme vouloir rester impartial et se limiter à comprendre l'origine de la Société et son fonctionnement : mais en fait, il prend fait et cause pour une corporation qui mérite le label, très nostalgique, de vieille confrérie provençale. Le second rapporteur n’est pas en reste et réfute les accusations portées sur la Société des Portefaix, qui profitant de son prétendu monopole, ne serait ni performante ni bon marché.
Il est clair aujourd’hui que cette polémique met en lumière une évolution plus fondamentale, celle de la modernisation de l'outil industriel et de l’activité du port elle-même dont le Dock est l’acteur central : son extension avec ses nouveaux entrepôts, la mise en circulation de plus gros cargos, l’arrivée du chemin de fer, l’application de tarifs préférentiels pour les minerais, les investissements dans de nouveaux outillages (grues hydrauliques à vapeur, par ex.) qui annoncent l’émergence d’un complexe maritime-portuaire-ferroviaire (2) très intégré à la recherche d’une productivité élevée : peu compatible avec un modèle clientéliste, incapable d’évoluer vers les nouvelles formes de syndicalisme. Après la période faste avec un taux de syndicalisation de plus 90%, la profession évoluera considérablement avec la généralisation mondiale de logistiques ultra-performantes et très automatisées (porte-conteneurs) : les dockers sont aujourd’hui majoritairement des ouvriers professionnels salariés mensualisés dans des entreprises de manutention.
Fin 15e siècle, pour de simples raisons de mésentente familiale, la Provence est rattachée au royaume de France : une très fine analyse de la vie domestique, des rapports sociaux entre nobles et paysans dans un monde rural très largement dominant, des coutumes, de l’organisation politique et communale d’une province qui bascule dans un autre monde. Une étude quasi sociologique très moderne pour son époque et qui délaisse les grands faits historiques au profit des détails de la vie quotidienne et des moeurs.
A sa mort en 1481, Charles V d'Anjou, héritier du Roi Réné, lègue la Provence à Charles XI, alors Roi de France.
Compte rendu de lecture très critique de cette monographie, par Michel Clerc paru dans les "Annales du Midi", 1899, consultable en ligne : https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1899_num_11_43_3446_t1_0361_0000_3
1. Frédéric Monier. - L’attentat de Marseille (9 octobre 1934) : régicide et terrorisme dans les années trente. in La Révolution Française, site consulté OpenEdition Journals
* certains commentateurs, apparemment mieux informés qu'Edvard Beneš lui-même, affirment que l'auteur de l'attentat n'est certainement pas un terroriste oustachi (supposé hongrois ou venir de Hongrie) mais un nationaliste bulgare...
Reliure / restaurations :
Volume restauré en 2017 : démontage de la reliure basane particulièrement abrasée et des gardes et contregardes de parchemin non contemporaines du corps de l’ouvrage (17e siècle ?). Allégement au dos, consolidation de la structure avec de nouveaux bâtis : nouvelles tranchefiles, prolongement des supports de coutures avec des fils de lin, renfort des charnières à l’aide de de pièce de peau à l’alun, fine apprêture en papier japonais ; confection de nouveaux ais en bois de chêne, couvrure en cuir de buffle (demi-dos), ajout de feuillets de garde en papier et de deux fermoirs en laiton en gouttière ; redressement des plis sur 19 feuillets, comblement partiel de la lacune au premier feuillet, conditionnement des défets (reliure dégradée, feuillets liminaires en parchemin, lettre manuscrite collée sur l’un d’entre eux).
C’est un manuel pour apprendre comment se comporter face aux aléas de la vie, comment réagir face aux malheurs et aux bonheurs. L’ouvrage est composé de deux parties (Remèdes contre la Bonne/Mauvaise Fortune).
Le premier livre est constitué de 120 articles, le second livre de 131 articles. Les articles abordent des cas pratiques de la vie quotidienne (D’avoir belle eloquence ; D’avoir beaux cheveulx ; D’avoir grande famille / D’avoir perdu son argent ; D’estre tourmenté / D’avoir perdu sa mère, etc.). Chacune des parties est précédée d’un prologue de l’auteur, Pétrarque, et l’ouvrage s’ouvre sur un prologue du traducteur.
La table des matières permet d’appréhender l’ambition considérable de l’ouvrage.
Les questions sont débattues par des allégories : c’est toujours Raison qui argumente et qui finit par avoir le dernier mot. Dans le livre I, Raison discute des bonheurs avec Espérance ou Joie (Livre de la Prospérité) ; dans le livre II, Raison discute des malheurs avec Douleur ou Peur (Livre de l’Adversité).
L’histoire de ce manuscrit a été mouvementée : il est passé de mains en mains depuis sa fabrication au XIVe siècle jusqu’à son entrée dans les collections de la bibliothèque Méjanes au milieu du 20e siècle.
Plus de six noms d’anciens possesseurs ont ainsi été mis en évidence :
Un autre exemplaire de ce même texte Les remèdes de l’une et l’autre Fortune portant les armes de ce bibliophile est également conservé par la Bibliothèque nationale autrichienne (Vienne)
Richement enluminé, la moitié du folio est occupée par une miniature de 170 mm de haut sur 176 mm de large représentant un roi assis au faîte d'une roue qu'actionne Fortune, personnification du hasard. Vers elle se tournent une douzaine de personnages agenouillés, hommes et femmes de toutes conditions et de tous âges. A droite est représenté Pétrarque, en train d'écrire son livre.
Quatre vers inscrits dans un cartouche commentent la scène.
« Fortune suys, royne et deesse,
A quy monstre ma belle face
Lung lui fait dons, lautre promesse ;
Tous lhonnorent et chascun lembrasse »
Des analyses physico-chimiques récentes conduites par le laboratoire MADIREL (AMU) ont permis de déterminer la palette utilisée par l’enlumineur ou les enlumineurs pour réaliser cette miniature à la fin du Moyen age. Elle comporte huit pigments et un pigment laqué, qui sont d’une part, le blanc de plomb, le rouge vermillon, le bleu outremer, l’azur d’Allemagne, l’ocre, le vert de gris, l’or et le carbone, d’autre part, le rouge brésil.
Le raffinement dans le modelé des carnations, la minutie dans le traitement des regards de l’ensemble des personnages, et la délicatesse des drapés et des éléments architecturaux confirment le travail d’un atelier de qualité qui pourrait être celui de Maître François.
L’exemplaire de Vienne qui présente de nombreuses similitudes est attribué à Maitre François.
La numérisation de ce manuscrit est disponible à l'adresse :
https://digital.onb.ac.at/RepViewer/viewer.faces?doc=DOD_50746&order=1&view=SINGLE
Bachelier en théologie et chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris d'au moins 1364 à 1378. En 1378, il reçoit 200 francs de Charles V pour sa traduction de Pétrarque. Il a traduit plusieurs œuvres de Vincent de Beauvais. Le prologue de la traduction du texte de Pétrarque identifie le traducteur à Nicole Oresme, sans doute pour donner davantage de valeur au texte car Nicole Oresme était un traducteur plus prestigieux.
Sur l’un des feuillets de garde extrait de la précédente reliure figure une note rédigée par Léopold Delisle, célèbre bibliographe alors administrateur général de la Bibliothèque nationale à qui le manuscrit avait été soumis pour identification en 1888 par la marquise de Cumont qui le détenait alors. Il considérait déjà comme assez peu probable la traduction par Nicole Oresme.
En l’état actuel des connaissances, on dénombre 7 manuscrits contenant la traduction française du texte de Pétrarque par Jean Daudin.
Voir la liste des manuscrits sur le site de l’IRHT
https://jonas.irht.cnrs.fr/consulter/oeuvre/detail_oeuvre.php?oeuvre=3643
[1] Ces analyses ont été faites en collaboration avec le laboratoire LAMS (Laboratoire d'Archéologie Moléculaire et Structurale, Paris) et le CICRP (Centre Interdisciplinaire de la Conservation et de la Restauration du Patrimoine, Marseille).
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Bibliographie
- Delisle L, « Anciennes traductions du traité de Pétrarque sur les Remèdes de l’une et de l’autre fortune », Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale et autres bibliothèques », t. 24, 1891, p. 273–304, notamment p. 277 et 283
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5381753t/f293.item
- Evdokimova L., « Le De Remediis utriusque Fortunae de Pétrarque dans la traduction de Jean Daudin : entre commentaire et imitation de l’original », Le Moyen Age 3-4, Tome CXXI, 2015, p. 629-644.
https://doi.org/10.3917/rma.213.0629
- Hamm F., « Jean Daudin, chanoine, traducteur et moraliste », Romania , Vol. 116, No. 461/462 (1/2), 1998, p. 215-238.
https://doi.org/10.3406/roma.1998.1461
- Heriché Pradeau S., « La traduction du De remediis utriusque fortunae », Traduire au XIVe siècle – Ervrat de Conty et la vie intellectuelle à la cour de Charles V, Paris, Champion, 2015, p. 267-291.
- Mann N., « La fortune de Pétrarque en France : recherches sur le De remediis », Studi francesi, 37, 1969, p. 1-15
- Viguerie, L de et al., « XRF and reflectance hyperspectral imaging on a 15th century illuminated manuscript: combining imaging and quantitative analysis to understand the artist’s technique ». Heritage Science, 2018, 6, p.11.
Médecins au chevet d'un pestiféré
La bibliothèque de l'université d'Aix-Marseille (19e sièle)
A première vue, on pourrait croire que les bibliothèques (universitaires) sont incapables de résoudre leurs propres problèmes : durant des dizaines d’années, les mêmes personnes se posent les mêmes questions formulées en termes identiques : le montant des crédits, la quête de subventions, l'acquisition des ouvrages, le renouvellement des abonnements, le comblement des lacunes, l'augmentation des heures d'ouverture, en particulier le soir et le samedi, le règlement intérieur, les droits d'inscription, le manque régulier de personnel qualifié, l'appel au bénévolat étudiant, l'étroitesse et l'inadaptation chronique des locaux, sans oublier leur entretien et leur nettoyage….
En réalité, toutes ces questions récurrentes ne sont pas un aveu d'impuissance mais, bien au contraire, constituent la vie même de ces institutions : la réponse qu'elles peuvent y apporter configurent leur physionomie et leur fonctionnement. Pour y parvenir, la plupart d'entre-elles ont adopté un régime de réunions régulières, souvent dénommé Commission ou Conseil de la bibliothèque (Conseil documentaire aujourd'hui) où tous les grands arbitrages sont adoptés collégialement et consignés dans des procès-verbaux selon un ordre du jour longtemps resté très ritualisé.
Il n'est guère possible de résumer fidèlement les 500 p. de PV qui jalonnent la vie de la bilbiothèque de l'université, quasiment depuis sa naissance (instructions ministérielles publiées en 1878 et 1879 de J. Ferry) jusqu'à sa renaissance (nouvelles constructions de la fin des années 1950) : on peut seulement mentionner quelques faits marquants, parfois hors du champ bibliothéconomique stricto sensu, qui illustrent l'histoire de cette institution, comme cette brutale interruption de 5 ans imposée par la Guerre 14-18 ou ce projet, ô combien prémonitoire, de créer un Musée de l'Université qui recueillerait tous les documents qui concernent l'histoire de l'université, comme tente de le faire, un siècle plus tard, la bibliothèque numérique que vous consultez à présent :
Composition de la Commission au cours des années 1881-1959
Liste abr. : (D)roit, (L)ettres, (S)ciences, (B)ibliothécaire
Le nom des membres présents aux réunions consécutives n'est pas sytématiquement rappelé, sauf pour le bibliothécaire qui est obligatoirement présent.
Quand un membre est nommé, on précise le nom du membre qui est remplacé, quand l'information est disponible
Recteur Belin (1881-1907). Particularité : préside toutes les séances, à l'exception de la période du 8 mars 1900 au 13 février 1901
Recteur Payot (1908-1923). Particularité : signe tous les PV
Recteur Padé (1923-1934) Particularité : délègue parfois la présidence au doyen ou à un Pr.
Recteur Sorre (1935-1937). Particularité : à partir de 1936, le recteur se fait systématiquement excuser de ne pouvoir assurer la présidence de la séance et de fait, ses successeurs semblent ne plus jamais y avoir assisté.
Recteur Jan (1938-1942) Particularité : délègue parfois la présidence au doyen ou à un autre Pr.
Recteur Blache (1949-1959). Particularité : se fait systématiquement excuser
Retranscription des pages de présentation des recueils avec modernisation selon les normes de transcription données par les bibliothèques. (Cf. Feuille des Normes de transcription).