Droit romain]]> En 1395, Balde achève à Pérouse une partie de son commentaire sur le Code.
Dans ce volume, se trouve le commentaire de Balde sur les trois derniers livres du Code (les livres 10 à 12, appelés Tres libri au Moyen Age), avec le commentaire d’Angelus de Ubaldis, frère de Balde : elle compte 47 folios, suivie d’un index alphabétique de 5 folios, et a été imprimée à Lyon en 1541, chez Garnier et Giunta, mais la page de titre manque.

La traduction des rubriques du Code est celle de Tissot : cf. Les douze livres de l’Empereur Justinien, de la seconde édition, traduits en français par P.-A. TISSOT, jurisconsulte, membre de plusieurs sociétés savantes. A Metz, Au dépôt des Lois Romaines, chez Behmer, Editeur-Propriétaire. An 1807.

Pour une analyse plus complète de ces commentaires de Balde, voir le billet : https://tresoramu.hypotheses.org/2603]]>
Angelus de Ubaldi (1327?-1407?). Commentateur
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Garnier, Jean-Dominique (15..-....). Imprimeur]]> 1541]]> https://www.sudoc.fr/190079185]]> ]]> lat]]> Europe, 15..]]>
Droit romain]]> En 1395, Balde achève à Pérouse une partie de son commentaire sur le Code.
Les annotateurs de cette édition lyonnaise de 1547 sont :
- Johannes Franciscus Musaptus (1433-1530) : professeur de droit à Padoue
- Alexandre Tartagni (1424-1477), dit Alexandre d’Imola. Surnommé l’« oracle de la jurisprudence », il enseigna le droit à Pavie, puis à Bologne.
- André Barbatius ou Barbatius (mort vers 1481) : professeur de droit à Ferrare puis à Bologne
- Celse-Hugues Descousu (v. 1480-1540) : professeur de droit à Montpellier, puis à Bruges, Barcelone, Madrid, Tolède. Il avait été engagé par l’imprimeur lyonnais Simon Vincent pour effectuer la révision des livres de jurisprudence
- Philippe Decius (1454-1535) : professeur de droit dans les universités de Pise, Sienne, Padoue, Valence, il fut également conseiller au parlement de Grenoble.

La traduction des rubriques du Code est celle de Tissot : cf. Les douze livres de l’Empereur Justinien, de la seconde édition, traduits en français par P.-A. TISSOT, jurisconsulte, membre de plusieurs sociétés savantes. A Metz, Au dépôt des Lois Romaines, chez Behmer, Editeur-Propriétaire. An 1807.

Les 3 volumes concernant les 12 livres du Code sont recouverts de fragments musicaux ; seul le 1er volume (cote RES 806) a été restauré et a permis l’identification des partitions de chants grégorien : cf https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/657.

Pour une analyse plus complète de ces commentaires de Balde, voir le billet : https://tresoramu.hypotheses.org/2603]]>
Barbazza, Andrea (1399?-1479). Auteur du commentaire
Tartagni, Alessandro (1424-1477). Auteur du commentaire
Descousu, Celse-Hugues (1480-1540?). Auteur du commentaire
Decio, Filippo (1454-1535). Auteur du commentaire]]>
1547]]> https://www.sudoc.fr/190077271]]> lat]]> Europe, 15..]]>
Droit romain]]> En 1395, Balde achève à Pérouse une partie de son commentaire sur le Code.
Les annotateurs de cette édition lyonnaise de 1546 sont :
- Johannes Franciscus Musaptus (1433-1530) : professeur de droit à Padoue
- Alexandre Tartagni (1424-1477), dit Alexandre d’Imola. Surnommé l’« oracle de la jurisprudence », il enseigna le droit à Pavie, puis à Bologne.
- André Barbatius ou Barbatius (mort vers 1481) : professeur de droit à Ferrare puis à Bologne
- Celse-Hugues Descousu (v. 1480-1540) : professeur de droit à Montpellier, puis à Bruges, Barcelone, Madrid, Tolède. Il avait été engagé par l’imprimeur lyonnais Simon Vincent pour effectuer la révision des livres de jurisprudence
- Philippe Decius (1454-1535) : professeur de droit dans les universités de Pise, Sienne, Padoue, Valence, il fut également conseiller au parlement de Grenoble.

La traduction des rubriques du Code est celle de Tissot
cf. Les douze livres de l’Empereur Justinien, de la seconde édition, traduits en français par P.-A. TISSOT, jurisconsulte, membre de plusieurs sociétés savantes. A Metz, Au dépôt des Lois Romaines, chez Behmer, Editeur-Propriétaire. An 1807.

Les 3 volumes concernant les 12 livres du Code sont recouverts de fragments musicaux ; seul le 1er volume (cote RES 806) a été restauré et a permis l’identification des partitions de chants grégorien : cf https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/657.

Pour une analyse plus complète de ces commentaires de Balde, voir le billet : https://tresoramu.hypotheses.org/2603]]>
Barbazza, Andrea (1399?-1479). Auteur du commentaire
Tartagni, Alessandro (1424-1477). Auteur du commentaire
Descousu, Celse-Hugues (1480-1540?). Auteur du commentaire
Decio, Filippo (1454-1535). Auteur du commentaire]]>
1546]]> https://www.sudoc.fr/190076658]]> lat]]> Europe, 15..]]>
Droit romain]]> En 1395, Balde achève à Pérouse une partie de son commentaire sur le Code.
Les annotateurs de cette édition lyonnaise de 1546 sont :
- Johannes Franciscus Musaptus (1433-1530) : professeur de droit à Padoue
- Alexandre Tartagni (1424-1477), dit Alexandre d’Imola. Surnommé l’« oracle de la jurisprudence », il enseigna le droit à Pavie, puis à Bologne.
- André Barbatius ou Barbatius (mort vers 1481) : professeur de droit à Ferrare puis à Bologne
- Celse-Hugues Descousu (v. 1480-1540) : professeur de droit à Montpellier, puis à Bruges, Barcelone, Madrid, Tolède. Il avait été engagé par l’imprimeur lyonnais Simon Vincent pour effectuer la révision des livres de jurisprudence
- Philippe Decius (1454-1535) : professeur de droit dans les universités de Pise, Sienne, Padoue, Valence, il fut également conseiller au parlement de Grenoble.

La traduction des rubriques du Code est celle de Tissot : cf. Les douze livres de l’Empereur Justinien, de la seconde édition, traduits en français par P.-A. TISSOT, jurisconsulte, membre de plusieurs sociétés savantes. A Metz, Au dépôt des Lois Romaines, chez Behmer, Editeur-Propriétaire. An 1807.

Les 3 volumes concernant les 12 livres du Code sont recouverts de fragments musicaux ; seul ce 1er volume (cote RES 806) a été restauré et a permis l’identification des partitions de chants grégorien : cf https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/657.

Pour une analyse plus complète de ces commentaires de Balde, voir le billet : https://tresoramu.hypotheses.org/2603]]>
Barbazza, Andrea (1399?-1479). Auteur du commentaire
Tartagni, Alessandro (1424-1477). Auteur du commentaire
Descousu, Celse-Hugues (1480-1540?). Auteur du commentaire
Decio, Filippo (1454-1535). Auteur du commentaire]]>
1546]]> https://www.sudoc.fr/190075716]]> https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Balde-code-1-3-vignette.jpg]]> lat]]> Europe, 15..]]>
Droit féodal]]>
Il s’agit ici d’une édition lyonnaise, dont il manque la page de titre, imprimée par Jean-Dominique Garnier (cf. colophon au folio 111 v), probablement en 1541. Elle est suivie d’un index alphabétique de 9 feuillets.
Source : https://tresoramu.hypotheses.org/2603]]>
Garnier, Jean-Dominique (15..-....). Imprimeur]]> 1541]]> https://www.sudoc.fr/190028661]]> lat]]> Europe, 15...]]>
Droit féodal]]> Balde publie son commentaire sur les livres des fiefs en 1393, dédié à Giangaleazzo Visconti, seigneur de Milan, qui l’a attiré à l’université de Pavie, où il meurt en 1400.
André Barbatius ou Barbatius (mort vers 1479) est auteur secondaire de cette édition lyonnaise de 1536 : il était professeur de droit à Ferrare puis à Bologne.
Source : https://tresoramu.hypotheses.org/2603]]>
Giovanni d'Anagni (13..-1457). Auteur]]> Moylin, Jean (14..-1541). Imprimeur]]> 1536]]> https://www.sudoc.fr/190026979]]> https://odyssee.univ-amu.fr/files/thumbnails/Balde-super-feudi-vignette.jpg]]> In-folio ]]> lat]]> Europe, 15..]]>
Médecine]]> Chimie]]> 17e s.]]> https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/index_view_direct.jsp?record=bmr:UNIMARC:17967290]]> fre]]> France. 17..]]> Transports aériens, maritimes et terrestres]]> 1863]]> https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/index_view_direct.jsp?record=bmr:UNIMARC:18011167]]> fre]]> France, 18..]]> Factum Fabrot Annibal (1635)]]> Droit des successions]]> https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/index_view_direct.jsp?record=bmr:UNIMARC:18011945]]> fre]]> France, 16..]]> Histoire de l'université]]> Faculté de droit]]> Discours de M. Bry, doyen de la faculté de Droit ;
Discours de M.Caisson, étudiant en Droit, au nom de l'Association des Etudiants.]]>
Georges Bry (1847-19..). Auteur
Caisson, étudiant en droit, au nom de l'Association des Étudiants. Auteur]]>
1907]]> https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/index_view_direct.jsp?record=bmr:UNIMARC:17986760
]]>
21 cm ]]> fre]]> France, 19..
]]>
Droit romain]]> Droit civil]]> Sig. a-z8, A-P8, Q10 ; aa-rr8, ss-tt6. - Page de titre en rouge et noir, avec encadrement gravé sur bois. Texte imprimé sur deux colonnes, caractères gothiques. (Notes)

Balde ou Baldus de Ubaldis (1327-1400) a été un très grand professeur de droit : il a enseigné pendant plusieurs décennies à Pérouse à la suite de son maître Bartole (1314-1357) et aussi à Sienne, Bologne, Pise, Florence, Padoue et Pavie. Il a composé de nombreux commentaires sur le droit romain, le droit féodal (Leçons sur les Libri feudorum) et le droit canonique.

Baldus de Ubaldis (1327-1402)

Il était aussi un très grand praticien, attentif aux conflits de son temps : on a conservé de lui près de 3 000 consultations (consilia) et un ouvrage rédigé à la demande du pape Urbain VI, à l’occasion du grand schisme d’Occident (Quaestio de schismate). A Pérouse, il est mêlé de très près à la pratique des affaires municipales : juge de la ville, puis vicaire général de l'évêque et enfin avocat.

Pierre tombale de Balde de Ubaldis (Université de Pavie, 1402)

Résumé de Rémy Burget, cf article plus complet en cours

___________________
Sources - Les 50 livres du Digeste de l’empereur Justinien, Edition traduite et annotée par Dominique Gaurier sur l’édition de Th. Mommsen (Weidmann, Berlin, 1893), 3 volumes, éditions la Mémoire du Droit, 2017

- Les cinquante livres du Digeste ou Des Pandectes de l'empereur Justinien , traduit en français par feu M. Hulot,... 1803-1805

- Les cinquante livres du Digeste ou des Pandectes de l'empereur Justinien / traduits en français par feu M. Hulot, docteur-agrégé de la Faculté de droit de Paris et avocat au Parlement, pour les quarante-quatre premiers livres, et pour les six derniers par M. Berthelot, ancien docteur-agrégé de la même faculté, avocat au Parlement, censeur royal pour la jurisprudence, et maintenant professeur de législation à l'Ecole de droit de Paris. Sur un exemplaire des Pandectes florentines, conféré avec l'édition originale de Contius, celle de Denis Godefroy par Elzévirs et plusieurs autres. (Cette traduction a été exactement revue, corrigée et complétée par les éditeurs.) Tome premier 1805

- Les cinquante livres du Digeste ou des Pandectes de l'empereur Justinien / traduits en français par feu M. Hulot, docteur-agrégé de la Faculté de droit de Paris et avocat au Parlement, pour les quarante-quatre premiers livres, et pour les six derniers par M. Berthelot, ancien docteur-agrégé de la même faculté, avocat au Parlement, censeur royal pour la jurisprudence, et maintenant professeur de législation à l'Ecole centrale du Gard. Sur un exemplaire des Pandectes florentines, conféré avec l'édition originale de Contius, celle de Denis Godefroy par Elzévirs et plusieurs autres. Tome second 1804

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Table des matières

Avertissement : cette rubrique, absente du document original, est ici proposée pour faciliter la navigation dans le texte latin assez dense. La traduction française se veut seulement indicative mais donne une idée assez fidèle du contenu juridique sans prétendre à l'exactitude linguistique absolue.

Tome 1

Titre original (latin) // Titre traduit (français)

Proemium // Préambule
Prima constitutio.ff.veteris // Première constitution
De iustitia et iure // De la justice et du droit
De origine iuris // De l’origine du droit et de tous les magistrats, et de la succession des jurisconsultes
De legibus, senatusque consultis, et longa consuetudine // Des lois, des sénatus-consultes, et de la coutume de longue durée
De constitutionibus principum // Des constitutions des empereurs
De statu hominum // Du statut des hommes
De his qui sunt sui vel alieni iuris // De ceux qui sont leurs maîtres et de ceux qui sont sous la puissance d’autrui
De adoptionibus, et emancipationibus // Des adoptions, des émancipations, et des autres manières de faire finir la puissance paternelle
De iustitia & iure // De la justice et du droit
De divisione rerum, et qualitate // De la division des choses et de leur qualité

Fonctions & compétences

De senatoribus // Des sénateurs
De officio consulis // Des fonctions du consul
De officio prefecti urbis // Des fonctions du préfet de la ville
De officio questoris // Des fonctions du questeur
De officio pretoris // Des fonctions du préteur
De officio prefecti vigilum // Des fonctions du préfet des gardes de nuit
De officio proconsulis et legati // Des fonctions du proconsul et de son lieutenant
De officio prefecti augustalis // Des fonctions du préfet augustal
De officio presidis // Des fonctions du président
De officio procuratoris cesaris // Des fonctions du procureur de l’empereur
De iuridictione omnium iudicum // Des compétences du juge
De officio pretoris // Des fonctions du préteur
De iuridictione omnium iudicum // Des compétences du juge
Quod quisque juris in alterum statuerit, ut ipse eodem jure utatur // Que chacun se serve pour lui du droit qu’il a établi pour les autres
Si quis jus dicenti non obtemperaverit // De ceux qui refusent d’obéir au magistrat

Assignation

De in ius vocando // De l’assignation en justice
Si quis in jus vocatus non ierit, sive quis eum vocaverit, quem ex edicto non debuerit et quis in ius vocatus non eat // De ceux qui étant assignés ne comparaissent pas, et de ceux qui ont assigné les personnes exceptées par l’édit
In jus vocati ut eant, aut satis, vel cautum dent // Que ceux qui sont appelés en justice s’y présentent, ou promettent de s’y rendre en donnant une caution
Qui satisdare cogantur // De ceux qui sont assignés

Caution

Si ex noxali causa agatur, quemadmodum caveatur // De la caution qui a lieu dans les affaires où il s’agit d’un délit commis par un esclave
Si quis cautionibus in judicio sistendi causa factis non obtemperaverit // De celui qui, après avoir donné caution de se présenter en justice, n’y a point comparu
De feriis et dilationibus, et diversis temporibus ; De edendo ; De pactis // Des fêtes, des délais et des différents temps
De transactionibus // Des transactions
De postulando // Du droit de postuler
De his qui notantur infamia // De ceux qui sont notés d’infamie
De procuratoribus et defensoribus // Des fondés de procuration et des défenseurs
De procuratoribus et ofensoribus // Des fondés de procuration et des offenseurs
De procuratoribus et defensoribus // Des fondés de procuration et des défenseurs
Quod cuiusque universitatis nomine vel contra eam agatur // De la manière de procéder pour ou contre une communauté
De procuratoribus et defensoribus // Des fondés de procuration et des défenseurs
Quod cuiusque universitatis nomine vel contra eam agatur // De la manière de procéder pour ou contre une communauté
De negotiis gestis // De la gestion des affaires d’autrui
De calumniatoribus // De ceux qui forment des demandes sans fondement pour vexer leurs adversaires

Les restitutions

De in integrum restitutione // Des restitutions intégrales
Quod metus causa gestum erit // De la restitution accordée contre ce qui a été fait par crainte
De dolo malo // De la mauvaise foi

La minorité

De minoribus vigintiquinque annis // Des mineurs de vingt-cinq ans
De procuratoribus et defensoribus // Des fondés de procuration et des défenseurs
De capite diminutione // Du changement d’état
Quibus ex causis majores vigintiquinque annis in integrum restituuntur // Quelles sont les causes de restitution pour les majeurs de vingt-cinq ans
De alienatione iudicii mutandi cause facta // Des aliénations faites dans le dessein de changer l’état d’une contestation future
De receptis arbitris // Que ceux qui ont accepté le compromis qui les nomme arbitres soient forcés à prononcer leur sentence
Naute caupones stabularii ut recepta resituant // Que les maîtres de vaisseaux, les hôteliers et ceux qui louent des écuries, rendent ce qui leur a été remis
De iudiciis et ubi quis agere aut conuenii possit // Des jugements et devant quels juges on doit actionner et se défendre
De inofficioso testamento // Du testament inofficieux
De petitione hereditatis // De la demande, afin de se faire rendre une succession
Si pars hereditatis petatur // De la demande d’une portion de l’hérédité

Les revendications

De rei vendicatione // De la revendication
De publiciana in rem actione // De la revendication publicienne

De l’usufruit

De ususfructu et quemadmodum qui utatur fruatur // De l’usufruit et de la manière d’en jouir
Quibus modis ususfructus, vel usus amittitur // De quelles manières on perd l'usufruit et l'usage
De usufructu earum rerum quae usu consumuntur, vel minuuntur // De l'usufruit qui a pour objet des choses que l'usage anéantit ou diminue
Usufructuarius quemadmodum caueat // De la manière dont l'usufruitier doit donner caution

Des servitudes

De servitutibus urbanorum prediorum // Des servitudes dues aux maisons
De servitute rusticorum prediorum // Des servitudes dues aux terres
De servitutibus urbanorum prediorum // Des servitudes dues aux maisons
De servitute rusticorum prediorum // Des servitudes dues aux terres
Communia tam prediorum urbanorum quam rusticorum // Des règles communes aux servitudes de maisons et à celles des terres
Si servitus vendicetur vel ad alium pertinere negetur // De l'action en revendication d'une servitude, et de celle par laquelle on nie qu'elle soit due
Quemadmodum servitutes admittantur // Des manières dont on perd les servitudes
Si quadrupes pauperiem fecisse dicatur // De l’action en réparation du dommage causé par un quadrupède
Ad legem aquiliam // De la loi Aquilia
De his deiecerunt vel effuderunt // De l'action qui a lieu contre ceux qui répandent ou jettent quelque chose sur les passants
De noxalibus actionibus // Des actions noxales
Finium regundorum // De l'action en bornage de terres
Familie beciscunde // De l'action en partage d'hérédité
Communi diuidundo // La division commune
Ad exhibendum // De l'action qu'on a pour se faire représenter une chose
De interrogatoriis actionibus // Des questions sur les actions
De interrogatoria actione // Des actions interrogatoires

__________________________________________

Tome 2



Titre original (latin) // Titre traduit (français)

De rebus creditis et si certum petatur // De l'action générale par laquelle on demande le paiement d'une chose qui est due, et de l'action particulière qui a lieu dans le cas du prêt

Du serment

De iureiurando. // Du serment, soit volontaire, soit nécessaire, soit judiciaire
Repetitio legis jusiurandum // Répétition du serment
De iureiurando. // Du serment, soit volontaire, soit nécessaire, soit judiciaire
Repetitio legis jusiurandum // Répétition du serment
De iureiurando. // Du serment, soit volontaire, soit nécessaire, soit judiciaire

Des choses

De in litem iurando // De l'affirmation faite en justice pour fixer l'estimation de la chose qui forme l'objet de la demande
De condictione causa data et causa non sequuta // De l'action par laquelle on redemande une chose qu'on a donnée pour une cause qui n'a point eu lieu
De condictione ob turpem causam // De l'action qu’on a pour redemander une chose donnée pour une cause déshonnête ou illicite
De condictione indebiti // De l'action qu'on a pour se faire rendre une chose payée sans la devoir
De iureiurando. // Du serment, soit volontaire, soit nécessaire, soit judiciaire
De condictione indebiti // De l'action qu'on a pour se faire rendre une chose payée sans la devoir
De condictione furtiva // De l'action par laquelle on demande la restitution d'une chose volée

De l’action en garantie

De eo quod certo loco dari oportet // Des dettes qui doivent être payées dans un endroit déterminé
De constituta pecunia // De l'action qu'on a contre quelqu'un en vertu d'un constitut, c'est-à-dire, de la promesse qu'il a faite de payer une somme due
Commodati vel contra // Des actions directes qui naissent du prêt à usage
De pignoratitia actione // Des actions directes et contraires qui naissent du gage
De exercitoria actione // De l'action qu'on a droit d'intenter contre le patron d'un navire, en conséquence d'une convention faite avec celui qu'il a préposé
De institoria actione // De l'action institoire qu'on a droit d'intenter contre celui qui en a préposé un autre à quelque affaire, en conséquence d'une convention faite avec son commis
De tributoria actione // De l'action par laquelle on demande à venir par contribution avec le père et le maître sur les fonds du commerce du fils et de l'esclave avec lesquels on a contracté
Ad senatusconsultum macedonianum // Du sénatus-consulte macédonien
De peculio // De l'action sur le pécule
Quando de peculio annalis est actio // Des cas où l'action sur le pécule se prescrit par l'espace d'une année
Depositi // Des actions directes qui naissent du dépôt
De compensationibus // Des compensations
Depositi // Des actions directes qui naissent du dépôt
Mandati // Des actions directes du mandat
Pro socio // De l'action qui naît de la société
De contrahenda emptione et venditio // Du contrat d’achat et de vente
De lege commissoria // De la clause résolutoire de la vente en cas de non-paiement du prix
De hereditate vel actione vendita // De la vente des droits successifs ou d’une créance
De periculo et commodo rei vendite // De celui qui doit courir les risques, et profiter des avantages de la chose vendue
De actione empti et venditi // Des actions que le contrat de vente donne au vendeur et à l'acheteur
Locati et conducti // Des actions que procure le contrat du loyer tant au propriétaire qu'au locataire
De estimatoria actio., de rerum permutatione, de prescriptis verbis // De l’action estimatoire, de l’échange, des actions expositives d’une convention
De pignoribus et hypothecis // Des gages et hypothèques
Que res pignori obligari possunt // Des choses qui peuvent être valablement engagées
De distractione pignorum et hypothecarum // De la vente que fait un créancier des choses qui lui sont engagées ou hypothéquées
De edilitio edicto, et redhibitione, etc. // De l'édit des édiles, et des actions qu'il donne à l'acheteur, soit pour forcer le vendeur à reprendre sa chose, soit pour lui demander ce qu'il a exigé et reçu au-dessus de la valeur de la chose
De evictionibus et duple stipulationibus // Des évictions, et de la stipulation par laquelle le vendeur s'oblige à rendre à l'acheteur le double du prix s'il est évincé de la chose
De exceptione reivendite et tradite // Des cas où l'acheteur peut opposer l'exception fondée sur ce que la chose lui a été vendue et livrée
De usuris et fructibus, etc. // Des intérêts d'une somme, des fruits, des qualités et de tous les accessoires d'une chose, et de la demeure où est une partie de satisfaire l'autre
De nautico fenore // Des intérêts maritimes
De probationibus et presumptionibus // Des preuves et des présomptions

Du mariage

De testibus // Des témoins
De sponsalibus // Des fiançailles
De ritu nuptiarum // Des solennités du mariage
De jure dotium // Des droits attachés aux dots
De pactis dotalibus // Des conventions relatives à la dot
De fundo dotali // De la dot qui consiste dans un immeuble
De donationibus inter virum et uxorem // Des donations entre mari et femme
De divortiis // Des divorces
Soluto matrimonio // Des actions par lesquelles on peut redemander la dot lors de la dissolution du mariage

De la sauvegarde en justice
 
De tutelis // Des tutelles
De testamentaria tutela // De la tutelle testamentaire
De confirmando tutore // De la confirmation des tuteurs
De legitimis tutoribus // Des tuteurs légitimes
De tutoribus et curatoribus datis ab his // Des tuteurs et curateurs donnés par les magistrats
De excusationibus tutorum // Des excuses des tuteurs
De tutelis et rationibus distrahendis // De l'action à laquelle la tutelle donne lieu
Quod falso tutore autore // Sous l'autorité d'un faux tuteur
De magistratibus conveniendis // Des recours des pupilles contre les magistrats
De rebus eorum qui sub tutela vel cura. // Du sénatus-consulte qui défend d'aliéner ou d'engager les effets d'un pupille ou d'un mineur sans un décret préalable du préteur
De curatoribus et furiosis et aliis extra minores dandis // Des curateurs donnés aux insensés, et à d'autres qu'à des mineurs

Des dispositions testamentaires

De testamentis // Des testaments
De liberis et posthumis. // De l'institution et de l'exhérédation des enfants et des héritiers posthumes
De injusto rupto et irrito facto testamento // Des testaments mal faits dans l'origine, de ceux qui sont rompus, et de ceux qui se trouvent privés de leur effet
De his que in testamento delentur etc. // Des mots effacés, rayés et surchargés dans un testament
De heredibus instituendis // De l'institution d'héritiers
De vulgari et pupillari substitutione // Des substitutions vulgaire et pupillaire
De conditionibus institutionum // Des conditions apposées aux institutions
De iure deliberandi // Du droit de délibérer
De testamento militis // Des testaments militaires
De acquirenda hereditate // De la manière d'accepter les successions
Quemadmodum testamenta aperiantur // De l'ouverture des testaments
Si quis omissa causa testamenti // De celui qui renonce à l'institution testamentaire pour prendre la succession ab intestat ou autrement
Ad syllanianum // ?
De iure codicillorum // Du codicille et de son effet
De legatis et fideicommissis primo, secondo, tertio // Traité des legs et des fidéicommis premier, second et troisième
De conditionibus et demonstrationibus // Des conditions et démonstrations
 
Du voisinage

De operis novi nunciatione // De la dénonciation d'un nouvel œuvre
De damno infecto // Du dommage qu'on appréhende par le défaut d'une maison voisine, de ses saillies et de ce qui est hors d'œuvre
De aqua pluvia arcenda // De la servitude de l'eau, et de l'action qu'on a contre son voisin pour l'obliger à détourner les eaux de la pluie
De donationibus // Des donations
De verborum obligationibus // Des obligations par les paroles
De duobus reis // De plusieurs stipulants et promettants
De stipulatione servorum // De la stipulation des esclaves
De fideiussoribus et mandatoribus // Des fidéjusseurs et des mandants
De novationibus et delegationibus // Des novations et délégations
De solutionibus et liberationibus // Des paiements et des libérations
De acceptila. // De l’acceptilation
De praetoriis stipulationibus // Des stipulations prétoriennes
Rem pupilli saluam fore // De la caution pour l'indemnité du pupille
Judicatum solvi // De la caution pour payer le jugé
Rem ratam haberi // De la caution que la chose sera ratifiée]]>
1547]]> lat]]> Italie. 15..]]>
Alimentation humaine]]> Histoire de la Provence]]> Cet ouvrage est adopté pour le COURS DE CUISINE de l'Ecole Professionnelle de jeunes filles de Marseille".

Dès ses premières éditions et dans une sobre présentation qu'il a toujours conservée (pas d'illustrations alléchantes ni de photos aux couleurs criardes), le recueil présente de manière très ordonnée un nombre imposant de préparations. Reboul s'intéresse moins aux plats très élaborés (seulement 15 plats provençaux réellement étiquetés comme tels dans la seconde rubrique) qu'aux préparations pratiques que tout le monde peut faire soi-même.

Une cuisine provençale traditionnelle

Difficile de prendre le chef cuisinier en défaut sur les centaines de recettes classiques (le classement des cuisses de grenouille et des escargots de Bourgogne dans les poissons (seconde rubrique en importance, juste derrière celle des volailles), pour insolite soit-il, est une pratique que l'on retrouve dans certains manuels de restaurateurs au niveau de la conception des menus.

Comme chez ses prédécesseurs et presque en termes identiques, il explique dans sa 3ème édition de 1900 que si son domaine de prédilection, c'est la cuisine méridionale (il est né dans le Var), il serait absurde d'édicter des exclusives, qu'il respecte tous les goûts et qu'il ne néglige ni les préparations des autres régions ni celles qui sont en usage partout, précisant que ses préceptes "s'appliquent plus particulièremen à la cuisine et à l'office bourgeois". Après tout, J.-C. n'est pas seulement un cuisinier amoureux de la Provence, il est également chef cuisinier professionnel à Marseille.

Jean-Baptiste Reboul, cuisinier et chef cuisinier (1862-1926)

Au fil de ses nouvelles éditions, le recueil de recettes de J.-B. Reboul s'enrichit constamment de nouvelles préparations pour devenir La-référence-incontournable de la cuisine provençale. Donc, en termes qualitatif et quantitatif, un véritable monument : sa 1ère édition proposait 477 recettes, sa 3ème 683 préparations au service de 54 menus (celle de 1900 présentée ici) et dans sa 28e édition (2001), 1 120 recettes justifient les 365 propositions de menus : un an de travail au programme avec deux nouvelles recettes par jour, de quoi dépanner les âmes génétiquement désertée de toute inspiration.

Soucieux d'être exhaustif, J.-B. Reboul n'oublie pas d'aborder les techniques de conserves alimentaires dans ses développements les plus récents (boites en fer blanc stérilisées). Réaffirmant que son traité "succinct" s'adresse aux ménagères et non pas aux industriels, il égratigne au passage cette nouvelle industrie qui, malgré de gros investissements, ne fait pas mieux que l'honnête travail artisanal (par ailleurs, il donne la liste complète des ingrédients, contrairement aux professionnels trop pudiques).  Très cohérent par rapport à sa doctrine sur les produits alimentaires eux-mêmes, il limite volontairement sa liste d'ustensiles à ceux qui équipent couramment les ménages. Le contre-pied de la voie suivie par la plupart des grands-chefs étoilés aujourd'hui, promoteurs d'une gastronomie d'exception, autrement inacessible aux communs des mortels...]]>
Sommaire

- Des potages
- Plats provençaux
- Du poisson
- Des sauces
- Des farces et pates
- Des entrées de bœuf
- Du mouton
- Du veau
- De l'agneau
- Du porc
- Lièvre et lapin
- De la volaille
- Pigeon et canard
- Du gibier à plumes
- Légumes et garnitures
- Des œufs
- De la pâtisserie et entremets sucrés
- De l’office
- Liqueurs de ménage
- Glaces
- Des conserves alimentaires
Lexique de la cuisinière
Table alphabétique
Table des chapitres]]>
1900]]> fre]]> Provence. 19..]]> Marseille. 19..]]>
Alimentation humaine]]> Histoire de la Provence]]> Propriété de l'éditeur") laisse à penser que l'on va apprendre plein de truculentes recettes provençales : les quelques dizaines de préparations, toutes traditionnelles et par ailleurs les plus connues, laissent le lecteur, si l'on ose dire, sur sa faim. Passons donc aux choses sérieuses : prétextant qu'il s'adresse au plus grand nombre, notre auteur s'empresse de traiter de la vraie gastronomie, celle bourgeoise, autrement dit l'art culinaire pas vraiment à la portée de toutes les bourses et auquel il consacre la plus grande partie de son travail.

Une cuisine provençale (illustration de 1858)

Dans cette seconde partie, substantiellement plus riche que la première qui présente une Provence apparemment bornée au poisson, le reste de la France sait apprécier toutes sortes de viandes et volailles. Les nombreuses recettes sont complétées d'une section nommée Office dédiée aux préparations à base de fruits (compotes et confitures) et s'achève sur la manière de conserver les vins et les rectifier si, par mésaventure, ils avaient souffert.

À l'évidence, l'intérêt et les compétences du sommelier dépassent ceux du cuisinier. Occasion d'apprendre quelques ficelles du métier, ce qu'il faut faire pour sauver des vins (de table, pas des grands crus) qui ont tourné, qui sont devenus aigres ou ont pris un mauvais goût de bouchon. Conseils parfois surprenants comme ceux à suivre pour leur donner un goût agréable ou les rendre mousseux. Le plus troublant reste la méthode pour vieillir artificiellement une bouteille : on lui soutire un verre, on la referme puis on la place dans un four de pâtisserie tiède**. Au bout de quelques heures, on complète le niveau et on remet la bouteille en cave. "Le lendemain, notre Bordeau de deux ou trois ans en a dix ou douze. On peut tenter sur d'autres vins ce procédé qu'emploient les restaurateurs". Preuve que l'authentique cuisine fait des miracles : parions que le client ignore tout de cette magie !

* Manuel de la cuisinière provençale contenant la préparation et la conservation des aliments particuliers à la Provence, 1858 - Gallica https://gallica.bnf.fr/
** Parce que le viellissement entraîne toujours des pertes de produit, les vignerons restent attentifs aux diverses techniques de vieillisement artificiel de leur production : copeaux de bois, température, houle, enfouissement. Sans rapport avec les pratiques intentionnellement frauduleuses.
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1858]]> fre]]> Provence. 18..]]>
Alimentation humaine]]> Antiquité]]>
Des produits frais et variés (mosaïque, Musée du Vatican)

Si l'offre de produits alimentaires paraît plus limitée que de nos jours, en revanche le citoyen romain fortuné mange de tout et surtout mange tout, peu ou pas d'interdits ne brimant son appétit : en plus des viandes des animaux élevés ou chassés que nous connaissons encore de nos jours (porcs, moutons, chevreaux, volailles, ...), ils ne dédaignent pas les saucisses de paon, les tétines et les vulves de truie, les grues, les flamands, les perroquets, les mouflons et les loirs, etc., pour ne citer que quelques exemples. Sauf braconnage, la plupart de ces espèces ne sont plus consommées aujourd'hui soit parce que culturellement réprouvé soit parce qu'elles sont techniquement protégées (statut d'animaux sauvages ou classées en voie d'extinction). 

C'est sous l'influence de l'Orient, à partir du Ve siècle av. J.-C., que le luxe apparaît dans les repas, que le nombre de mets, davantage raffinés, augmente, que les convives s'allongent sur des lits pour dîner plus longuement, et que les femmes peuvent s'asseoir dans la salle à manger (quand elles sont admises).

En toute intimité, le repas d'un couple aisé (fresque, Museo Nazionale di Napoli)

Seul le nombre de repas est resté immuable : petit déjeuner au levé (pain trempé dans du vin), déjeuner entre onze heures et midi (poisson et petite grillade) et le diner (à la tombée de la nuit). Ce dernier devient le repas principal de la journée et tend à se prolonger dans la nuit, surtout en présence d'invités : les premières tables (ragoûts, légumes, le diner proprement dit) sont bientôt suivies de secondes tables : d'abord composées de desserts et de fruits, ellles intègrent par la suite de la volaille et du gibier, en réalité, un second repas !.

Banquet à la maison du Triclinium (fresque romaine, Pompéi)

Les écrits grecs en matière de cuisine ayant pratiquement tous disparu, les dix livres d'Apiicus,  fin gastronome, nous sont heureusement parvenus. La classification des préparations suit une typologie quelque peu déroutante et parfois poreuse (nature de l'aliment, lieux de culture, métiers) : après le premier livre consacré aux vins et autres sauces liquides, au livre du charcutier (qui confectionne aussi les hachis de mer), il faut ajouter celui des quadrupèdes, le potager est complété par le légumier, les prises du pêcheur (poissons) s'additionnent aux produits de la mer (crustacés, coquillages, mais aussi rougets). Deux livres aux titres plus énigmatiques (le répertoire et le magnifique) traitent de préparations plus élaborées, de gelées, de sauces et de gâteaux.

On remarquera l'omniprésence de certains ingrédients ou de certaines réparations : garum (condiment salé à base de viscères de poisson fermentés, proche du nuoc-mam, que l'on retrouve aussi dans quelques recettes sucrées), vin, vinaigre, huile, moutarde, et le plus souvent sous forme pilée : poivre, cumin, carvi, livèche, persil, menthe, rue, coriandre, miel, dattes... Une compilation de 478 préparations culinaires (les recettes sont toutes numérotées) qui nous livre l'étendue de la gastronomie que les citoyens aisés de Rome pouvaient apprécier.

* Les dix livres de cuisine d'Apicius / traduits du latin pour la première fois et commentés par Bertrand Guégan - Gallica https://gallica.bnf.fr/]]>
  • Livre 1 - Epimélés ou le diligent
  • Livre 2 - Sarcoptès ou le charcutier
  • Livre 3 - Cépuros ou le potager
  • Livre 4 - Pandectès ou le répertoire
  • Livre 5 - Ospréos ou le légumier
  • Livre 6 - Aeropétès ou l'oiseau
  • Livre 7 - Politélès ou le magnifique
  • Livre 8 - Tétrapus ou le quadrupède
  • Livre 9 - Thalassa ou la mer
  • Livre 10 - Alieus ou le pêcheur
  • Table analytique des dix livres de cuisine
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1933]]> fre]]> lat]]> Rome (Empire), 1er siècle ap. J.-C.]]>
Droit du travail]]> Droit social]]> Industries agroalimentaires]]>
Le 19e siècle n'a pas le triste privilège d'avoir inventé le travail des enfants : dans les pays qui commençaient à s'industrialiser, il l'a seulement généralisé à toutes les industries où le travail n'exigeait pas d'être très qualifié ni de porter de lourdes charges. Une embauche qui entraînait les familles ouvrières dans une spirale de paupérisation : les salaires versés aux plus jeunes étaient très faibles parce que le patronat les considérait comme des ressources complémentaires, ce qui les motivaient encore moins (pour autant qu'ils auraient pu l'être) à augmenter le salaire des adultes. Avec comme autre conséquence que le travail des enfants était ressenti comme une nécessité presque naturelle.

Si on évoque souvent le travail des enfants dans les secteurs miniers et textiles, les industries agroalimentaires ne sont pas en reste, notamment tous les métiers de bouche tels les charcutiers, bouchers, boulangers, pâtissiers, cuisiniers (les marmitons) qui, dans un cadre industriel, transforment la matière pour les besoins du consommateur, objet de la présente étude (à partir des dernières décennies du 19e siècle, les doctorants en droit s'intéressent de plus en plus souvent aux législations sociales et industrielles nouvellement enseignées en France).

Le travail des enfants au 19e siècle

Dans son introduction, l'auteur prend la défense des enfants sur le plan juridique puisqu'il rappelle que l'abus de leur force de travail, aggravé par de mauvaises conditions d'hygiène, était déjà dénoncé en 1896 à la Chambre des Députés alors qu'il était encadré par la législation depuis 1841 et que la loi du 2 novembre 1892 "sur le travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels" prévoyait des règles administratives bien définies (la journée de travail étant fixée à 11 heures !).

Sans compter que certaines professions, boulangers, pâtissiers, restaurateurs, par ex., argumentant sur la nature industrielle ou domestique de leurs activités, obtiennent rapidement des dérogations à l'interdiction du travail de nuit (embauche à 3 heures du matin et non à 5 heures). Les années suivantes, les organisations syndicales patronales et les syndicats ouvriers ne cesseront de s'opposer sur le périmètre des lois de 1892, 1893 et 1894... et de remplir la liste interminable des désidératas et des textes qui encadrent l'activité des petites industries de l'alimentation.

En ce début du 20e siècle, le constat est sans appel : la réglementation est toujours aussi faible et de moins en moins respectée en raison du nombre insuffisant d'inspecteurs. Comme le souligne une enquête sur le travail dans les usines en 19e siècle (1), "en 1900, 1 534 procès-verbaux furent dressés pour violation de l'interdiction du travail de nuit, mais, en 1904, 22 130 nuits étaient autorisées, par l'administration, dans des conserveries". En clair, une régression sociale dûe à l'illégalité ou totalement légale puisque arrachée à l'administration par voies dérogatoires et validée par décisions du Conseil d'État, un comble.


Une question mondiale. Manufacture de tabacs (USA, début 20e siècle)
Lewis Hine, début 20e. Musée d'Orsay, Paris. © RMN - Grand Palais / J.G. Berizzi

Aspect pour le moins paradoxal, les familles embauchées dans ces industries consacrent de moins en moins de moyens et de temps aux repas (3) : on désapprend à préparer des repas élaborés, à transmettre le patrimoine gastronomique des générations précédentes, à donner une éducation du goût, bref à faire de la "vraie cuisine". On déjeune sur place, dans l'atelier, le plus rapidement possible (une seule pause autorisée) et, s'il reste un peu d'argent, les restaurants abordables deviennent le cadre de quelques repas familiaux importants (en milieu urbain). Si elle n'était tragique (5), cette histoire sociale, où misère économique et enfance volée se conjuguent (6), ajoute un aspect cruellement ironique : davantage encore que les adultes, les enfants ont tendance à expédier leurs propres repas pour pouvoir jouer un peu avant de reprendre le travail !


1.Gillet, Sophie. - Le travail des enfants Bref aperçu historique général. - https://perso.helmo.be/jamin/euxaussi/famille/travenfg.html
2. Les enfants au travail dans les usines au 19e siècle. - https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwiGkdr27JyBAxWbUKQEHboaArUQFnoECBQQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.icem-pedagogie-freinet.org%2Fsites%2Fdefault%2Ffiles%2F172_Travail_Enfants.pdf&usg=AOvVaw2BpIleSxr6PhzGrvm48uNA&opi=89978449
3. Scholliers, Peter. - Le temps consacré à l’alimentation par les familles ouvrières en Europe aux 19e et 20e siècles - OpenEdition Books - https://books.openedition.org/editionsmsh/8136?lang=fr
4. Didry, Claude- L’enfant-machine Note sur la fabrique et la machinerie dans Le Capital. - Cairn - L'Homme & la Société 2017/3 (n° 205), pp. 133-151 - https://www.cairn.info/revue-l-homme-et-la-societe-2017-3-page-133.htm
5. Bourdelais, Patrice. - L'intolérable du travail des enfants. Son émergence et son évolution entre compassion et libéralisme, en Angleterre et en France. - Cairn - Les constructions de l'intolérable (2005), pp. 91-109 -  https://www.cairn.info/les-constructions-de-l-intolerable--9782707145109-page-91.htm
6. Des statisiques belges ont montré qu'au début du 20e siècle, les enfants de moins de 15 ans constituaient jusqu'à 1/3 des effectifs de certaines industries des pays européens les plus engagés dans la révolution industrielle. Données pour le moins étonnantes quand l'on songe qu'à partir de 1882, l'école était supposée obligatoire en France jusqu'à l'âge de 13 ans. L'apprentissage professionnel aura au moins eu le mérite d'augmenter le niveau de qualitification de certains adolescents et de retarder leur entrée dans la vie active. Au début du 20e, hors économie souterraine, une estimation basse évalue à 250 millions dans le monde le nombre d'enfants au travail. N'étant pas toujours assimilé à de l'esclavage, ce travail forcé n'est pas formellement inscrit dans la liste des crimes contre l'humanité.

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Introduction
Chapitre 1 - Règlementation légale actuelle
Chapitre 2 - Ce qui existe dans l'alimentation (La vie et le travail des enfants)
- Pâtissiers, cuisiniers
- Boulangers
- Pâtissiers dans les boulangeries
- Bouchers
- Charcutiers
Chapitre 3 - Ce qui a été proposé et tenté
- Action parlementaire (projets et propositions de lois)
- Oeuvre de l'initiative privée
Chapitre 4 - Ce qui reste à faire
Bibliographie
Table des matières]]>
1910]]> fre]]> France. 19..]]>
Industries agroalimentaires]]> Alimentation humaine]]> Économie]]>
Paul Petit, professeur à la Faculté des sciences de Nancy et directeur de l'École de brasserie de la même ville (en 1896) nous propose un rapide panorama des produits phares de l'industrie (agro)alimentaire de l'époque, comme le pain, le sucre, les huiles et les graisses, composants de l'alimentation de base.

Difficile d'imaginer que c'est sans rapport avec ses fonctions pédagogiques, qu'il consacre deux chapitres aux boissons alcoolisées : le vin, le cidre, et la bière, d'une part, et les boissons davatange titrées, eaux-de-vie et alcools forts, d'autre part. On notera que les boissons alcooliques sont assimilées à de l'alimentaire (la Guerre de 14-18 renforcera l'idée que le vin est un reconstituant indispensable à la bonne santé des Poilus)  et que les trois types de boissons obtenus par fermentation naturelle (vin, cidre, et bière) sont qualifiés d'hygiéniques, contrairement aux produits de distillation (eaux-de-vie et autres alcools).

Bouteille d'Appert (début 19e siècle)

P. Petit achève ce tour d'horizon par les conserves, technique maîtrisée et décrite par Nicolas Apert en 1810 (contrat avec la Marine française). Que mettait-on en boîtes à l'époque ? À côté de produits de base comme les viandes, les sardines et autres poissons, les légumes salés ou confits, on trouve des produits de plus grande valeur ajoutée et qui font partie de la gastronomie française : gibier, foie gras, homard, truffes. Une offre d'épicerie de luxe toujours présente sur le marché national et omniprésente, malgré une forte concurrence, avec les vins et spiritueux sur les marchés d'exportation (les chiffres d'import/export fournis par P. Petit datent tous d'avant la Grande Guerre, de 1913).

Boite de conserve anglaise (N. Appert)

Préoccupé par l'avenir (et les erreurs passées...), P. Petit est au courant des derniers développements de l'agro-alimentaire : depuis quelques années, les bouteilles d'Apert ont tendance à être remplacées par des bocaux en verre et les boîtes de conserve en métal (fer-blanc) se généralisent. À l'opposé de la lyophilisation alors inconnue, les industriels ont imaginé une nouvelle méthode de conservation en desséchant le lait par la chaleur pour le réduire à l'état de poudre. Une technique encourageante qui peut s'appliquer également au lait écrémé, voire même au petit lait et permettre de fabriquer des oeufs en poudre : l'avenir de l'agro-alimentaire, tout juste naissante, s'anonce particulièrement radieux...]]>
  1. Le pain
  2. Le sucre
  3. Les huiles et les graisses
  4. Les boissons hygiéniques, vin, cidre, bière
  5. Les eaux-de-vie, l'alcool
  6. Les conserves alimentaires
  7. Conclusion
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1919]]> fre]]> France. 19..]]>
Botanique]]> Professeur aux cours coloniaux organisés par la Chambre de Commerce de Marseille et professeur à la Faculté des sciences de l'Université d'Aix-Marseille (chaire de paléobotanique), Louis Laurent est plutôt spécialiste des plantes fossiles et auteur de catalogues raisonnés de plantes publiés à l'adresse de la communauté scientifique.

La paix revenue en Europe (1919), il choisit délibérément de rédiger un guide pour amateur soucieux de mieux connaître la flore locale : un guide léger (dans tous les sens du terme) et pédagogique, sans prétentions savantes excessives, sûrement imparfait selon son auteur, illustré et volontairement limité à la soixantaine d'espèces les plus emblématiques d'une Provence peu hostile et facilement accessible.

À l'évidence, l'auteur a patiemment récolté et reproduit à l'échelle 1/2 avec un grand soin les dizaines de feuilles représentatives de la flore ligneuse provençale (avec la cellulose, la lignine est constitutive du bois), flore qu'il connaît particulièrement bien : le monochrome et les dégradés de gris des figures augmentent la lisibilité de la structure interne des feuilles, accentuent les détails de leurs nervures et facilitent leur identification.

alihoufier et cognassier, le piège des ressemblances, fig. 70 & 71, pl. 5 (Louis Laurent, 1920)

Un guide assez digeste pour tout randonneur amoureux de la Provence qui tente de concilier le plaisir de se promener dans la nature et la rigueur de la méthodologie à suivre (le chapitre introductif consacré à la manière de se servir des tableaux, doit être lu avec attention pour comprendre l'ordre descendant des caractères généraux aux caractères spécifiques). Sauf à récolter les échantillons pour les examiner à la maison avec le guide devant soi comme le ferait tout bon naturaliste, à l'abri du vent, du soleil et de la pluie pour les faibles constitutions, une invitation à se promener en forêt et dans la garrigue sans risquer de mourir gelé (les caduques se méfient trop de l'hiver...) et idiot.]]>
1920]]> fre]]> Provence. 19..]]>
Oeuvres des juristes provençaux avant 1789]]> Jurisprudence avant 1789]]> Droit des successions]]>
Scipion Dupérier (1588-1667) fut l’un des juristes aixois les plus fameux de son temps. Surnommé par ses pairs le « Papinien moderne » et le « Caton d’Aix », il était le fils du poète et parlementaire aixois François Dupérier. De célèbres juristes aixois, tels Nicolas Peiresc ou Hyacinthe Boniface (sa Suite d’arrest notables de la Cour du Parlement de Provence est disponible en ligne), admiraient le travail de Scipion Dupérier. Sa maîtrise du droit écrit lui permit de résoudre les questions les plus épineuses de son temps. Son œuvre, éditée plusieurs fois, eut un succès immense. François de Cormis (1639-1734), son neveu et élève, agrémenta de notes une de ces éditions.

Si Scipion Dupérier est resté dans la postérité, comme le montre encore cette compilation réalisée un demi-siècle après sa mort, le recueil comprend également des décisions tirées d'autres juristes comme celles de Me de du Moulin, de Cancerius, de Cambolas, de Virgilius, de Beregarius Fernandus, d'Antoine Thoron et de Loüis de Coriolis.

Une sélection de décisions très représentatives de la jurisprudence des 17e et 18e siècles plus large que le seul périmètre de la Provence avec le rappel de quelques arrêts antérieurs (16e siècle) et constitutives du corpus juridique français d'avant la Révolution Française.
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Tome 1
  • Livres 1 à 4 - Questions notables de droit (respectivement 24, 25, 20 et 34 questions, soit un total de 103 questions traitées)
  • Livre 5 - Maximes de droit (13 sujets de droit abordés)

Tome 2
  • Livre 1 Contenant les Décisions tirées de Me du Moulin, sur le Droit-Ecrit & sur la coûtume de Paris
  • Livre 2 contenant les décidions tirées du Traité des usuris tant Latin que François
  • Livre 3 contenant les décidions tirées du Traité des dividuo & individuo, & sur quelques leçons de dole, & autres oeuvres de du Moulin
  • Livre 4 contenant les décisions tirées des oeuvres de du Moulin, de Cancerius, de Cambolas, de Virgilius, & de Beregarius Fernandus
  • Recueil de quelques plaidoyez de feu M. Dupérier (12 affaires plaidées)
  • Arrêts de la Cour de Parlement d'Aix tirez des mémoires du feu Antoine Thoron
  • Extrait sur les mémoires de Messire Loüis de Coriolis
  • Abrégé des arrêts recueillis par feu Me Scipion Dupérier, avocat au Parlement d'Aix, par ordre alphabétique
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1721]]> fre]]> France. 16..]]> France. 17..]]>
Alimentation humaine]]> Antiquité]]> Manuel des antiquités romaines (19 volumes), Maquardt et Mommsen consacrent un seul chapitre du second tome du Vol. 15 (La Vie privée des romains) à l'alimentation : qu'est-ce que les Romains mangeaient à l'époque ?

Au cours des deux millénaires qui nous séparent de l'Empire romain, bien des variétés (animales et végétales), des modes (distinction sociale), des codes (autorisés ou interdits) et des habitudes (tradition contre nouveauté) ont disparu et d'autres sont apparus mais nous restons en partie héritiers de cette époque : les grandes catégories de produits qui constituaient la base de l'alimentation d'alors comme les céréales, les produits maraîchers, les viandes et poissons, l'huile et le vin, le lait, le fromage, le miel et le sel ne nous pas étrangères,  même si certains mets ne figurent plus sur nos tables (à la Renaissance, paradoxalement sous l'influence de la cuisine provenant d'Italie, les plus fortunés délaissent peu à peu certaines viandes, comme les cygnes et les paons, au profit des grands gibiers).

Si certaines nous paraissent encore si familières aujourd'hui, c'est parce que nous partageons toujours cette culture commune : la vigne, l'olivier, les herbes potagères et nombre d'arbres fruitiers n'ont été introduits que par les Romains. Bien avant eux, la très ancienne Italie ne cultivait que quelques céréales, parfois pauvres. La fabrication du pain marque le premier grand progrès dans l'histoire de l'alimentation : citant Pline, l'industrie du boulanger apparaît à Rome à la fin du Ve siècle avant J.-C (datation fluctuant du VIe au IIe siècle selon les sources) et fournit tous les jours du pain frais aux familles romaines et "même le premier déjeuner aux écoliers".

Coupe de figues : les fruits, plus acides que de nos jours, ouvrent souvent le repas (peinture murale, Pompéi)

Si Maquardt et Mommsen abordent la question de l'alimentation sous l'angle de la satisfaction des besoins naturels vitaux assurés dans le cadre du domicile familial, ils élargissent leur approche à l'aspect économique et social : les denrées alimentaires représentent une part croissante du commerce, elles dynamisent le transport maritime et nécessitent de grandes infrastructures comme des canaux de communication et des ports pour l'import/export.

La boulangerie, le boulanger, souvent d'origine greque, son pain et ses clients (fresque de Pompéi)

L'Empire romain, par son étendue géographique et l'importance de sa population abritées à l'intérieur de ses frontières et qu'il faut nourrir, établit une nouvelle relation entre la mer et l'intérieur du pays : la fondation de nouvelles villes et le développement urbain amène la construction de marchés et de forums entourés de magasins qui attirent les banquiers et de nouveaux métiers (grainetiers, fabricants d'outils agricoles, potiers pour la fabrication des amphores, négociants pour le stockage et le transports des denrées,...). Chez les Romains, l'alimentation humaine (comme les autres besoins primaires) devient le centre de relations qui unissent l'économie agricole, l'industrie et le commerce.

Termopolium (Pompéi, 5ème Région, mise au jour en 2019/2020)
Les fresques du comptoir indiquent ce que le client peut commander...

Manger a toujours obéit à des codes culturels et des rituels sociaux très prégnants (un des longs et difficiles apprentissages chez les humains : on ne mange pas n'importe quoi, n'importe comment et à n'importe quel moment) : chez les Romains, il devient l'objet d'une nouvelle pratique qui dépasse le cadre familial ou cérémoniel courant comme en témoigne l'apparition d'une restauration rapide à Pompéi (une cinquantaine d'établissements recensés). Récemment dévoilée par les archéologues, une facette inédite du régime méditerranéen plébiscité pour toutes ses vertus...]]>
1893]]> fre]]> Méditerranée (région). Antiquité]]>
Astronomie]]>
Fanal sur l'Île de Planier

Tout simplement : en êtes-vous vraiment certain ? Si c'est vrai, alors deux corps qui tombent en même temps d'une même hauteur devraient être attirés l'un par l'autre. Or il n'en est rien parce que leur force de gravitation est quasi nulle par rapport à celle de la Terre. Par contre, en 1798, le physicien Cavendish a observé l'effet d'attraction de boules de plomb sur de petites balles. Newton l'a également prévu dans sa théorie : si on approche un fil à plomb d'une grande masse, mais vraiment grande, pas celle d'une maison, ni d'un immeuble, non, carrément celle d'une montagne, alors il devrait être attiré par celle-ci. Donc si on mesure la hauteur méridienne d'un astre près d'une montagne, en raison du fil à plomb de l'instrument, cette mesure devrait être différente s'il n'y avait pas de montagne. La conséquence est très importante : cela signifierait que toutes les mesures astronomiques faites en tous points du globe sont potentiellement fausses !

Mont Mimet

Pour cela, Marseille est la ville idéale, on peut y mener toutes sortes d'expériences de physique, on a tout ce qu'il faut sous la main : un observatoire et des petites montagnes autour pour réaliser des observations qui constituent le Tome 1 (Zach aurait pu utiliser les Alpes mais il est pragmatique et économe). Et ces observations sont concluantes : il existe bien un écart dans le calcul des longitudes évalué à deux secondes entre les mesures réalisées au Fanal de l'Isle de Planier et celles menées à l'Observatoire Impérial de Marseille. CQFD

Le Tome 2 est en grande partie consacré à la démonstration de l'exactitude de ces résultats : comme il est essentiel de prouver qu'il ne s'agit par d'erreurs de calcul, Zach insiste beaucoup sur la rigueur méthodologique des mesures des différences de méridiens. Précisions qui renseignent sur le contexte de l'époque : pour ne pas éveiller les soupçons des vaisseaux Anglais qui surveillent les côtes et peuvent imposer des mises en quarantaine, il renonce à utiliser la méthode de la poudre à canon sur l'Isle de Planier.

Carte des sites de mesure

Von Zach clôture sa monographie par une étude annexe portant sur la description des huit observatoires qui ont servi de base aux triangles dessinés pour découper le territoire de Marseille.]]>
1814]]> fre]]> Mimet. 18..]]> Marseille. 18..]]> Gardanne. 18..]]>
Botanique]]> Médecine]]> Biographie]]> Pierre-Joseph de Garidel  (1658-1737) sont de bons parents : comme son père, reçu docteur en droit à l'Université d'Aix, avant d'y devenir questeur en 1607 puis recteur en 1647, il fera des études supérieures, un cursus classique, philosophie par ex. Mais le latin, le jeune Garidel, ça ne l'intéresse pas : ce qu'il aime vraiment, ce sont les plantes, la garrigue et l'épatant jardin de l'apothicaire du coin (1). Ça sert à ça, l'école buissonnière. Dans ces escapades, il rencontre le fils Tournefort, presque du même âge, qui devient le complice idéal de ses voyages d'exploration botanique.

Cependant, les parents de Garidel n'ont pas renoncé à lui tracer une carrière : puisqu'il aime tant que ça les plantes, il n'a qu'à faire médecine. Une passion plus une raison, ça donne un boulot ! Le botaniste en herbe part alors pour Montpellier (où il y retrouve Tournefort, tiens donc !) mais là encore, les cours de l'université l'ennuient (c'est maladif) : il préfère évidemment fréquenter le Jardin des plantes (le plus ancien de France) dont il connaît l'un des suppléants et herboriser les spécimens qu'il découvre en parcourant tout le midi et au-delà : Corbières, Cévennes, Roussillon, Pyrénées, Catalogne,... Botaniste : un métier qui fait bouger ! Il termine tout de même ses études médicales et revient à Aix pour y être reçu docteur en 1682, il a alors 24 ans. Libéré des études, il peut se consacrer totalement à la botanique. Mais une science pour elle-même n'est que de la curiosité : pour qu'elle soit utile, elle doit se mettre au service des hommes, autrement de la médecine.

Aloe vulgaris, une floraison spectaculaire, à peine croyable
(P.-J. Garidel, Histoire des plantes qui naissent en Provence, Aix, 1719)

En 1697, la chaire de botanique de l'université devient vacante mais pour obtenir le poste, il est obligatoire de passer par la dispute, une sorte de concours où il faut répondre aux questions des membres du bureau des Bourbons. Garidel s'y refuse, estimant qu'ils ne sont pas compétents en médecine (de toute façon, ils n'y connaissent rien aux plantes) et usera de ses relations (son ami le botaniste Tournefort, connu pour ses travaux de classification, célèbre à la cour et qui n'a pas réussi à convaincre son ami aixois de monter à Paris) pour y être nommé après un examen très "amical" passé à la Faculté de médecine de Montpellier sur la recommandation du premier médecin du Roi. Pistonné mais pas fumiste, Garidel travaille dur, récolte un nombre considérable de plantes et occupe tous ses loisirs à ranger son herbier. Même s'il occupe à la fin de sa carrière des chaires de médecine avec enseignement d'anatomie (mieux rémunérées), il consacre toute son énergie à la botanique et publiera sa célèbre Histoire des plantes qui naissent en Provence, où, fidèle à sa vraie passion, il insiste particulièrement sur l'intérêt des usages pharmaceutiques et médicaux des plantes provençales.

Autant Charvenac a transpiré pour trouver des témoignages sur la famille Garidel, autant pour Joseph Lieutaud (-, les archives ne manquent : plusieurs biographes se sont déjà sérieusement occupé de lui. Alors pourquoi une biographie de plus : parce que Charvenac, médecin de profession, historien par passion (2), tient à compléter son tableau des aixois célèbres et ses biographes, n'étant pas du coin, ont sûrement oublié des détails inédits. Merci à notre érudit local, que de choses nous n'aurions peut-être jamais sues sans lui !

Mais tout d'abord, qu'est-ce que Joseph Lieutaud (1703-1780) vient faire ici ? Parce que Joseph est le fils de Jean-Baptiste Lieutaud, avocat au parlement d'Aix-en-Provence (tiens, comme le père de...) et de Louise de Garidel. Vous l'avez compris : Joseph n'est autre que le neveu du botaniste Pierre Joseph de Garidel (3). Lieutaud suivra les pas de son oncle et ira également à la Faculté de médecine de Montpellier (décidemment, les Facultés sont aussi des histoires de famille). Il fera lui ausssi des excursions dans la campagne cévenole et trouvera même des spécimens qui avaient échappé à Tournefort. Faits d'arme qui n'échappent pas au recteur de la prestigieuse Université de médecine de Montpellier.

Plan de l'Infirmerie Royale de Versailles (1707-1722) - Source Gallica

Si l'oncle a donné le goût de la botanique, il n'a pas servi de moule : ce qui intéresse surtout Lieutaud, c'est l'anatomie (il obtient son grade de docteur à l'université d'Aix-Marseille à 22 ans, en 1725). Une fois de plus, le hasard favorise la destinée : une place de praticien se libère à l'Hôpital Saint-Jacques d'Aix. Jugé le plus qualifié, il y est nommé médecin. L'occasion est trop belle et son occupation est remplacée par sa passion : il abandonne aussitôt la botanique pour l'anatomie. En plus de la connaissance de ses patients et de leurs pathologies, il pratique de nombreuses dissections de cadavres (il en fait une si grande consommation que ses détracteurs calculeront que cela équivalait à 404 ans d'autopsies !) qui l'amèneront à publier ses Essais anatomiques en 1742.

Second hasard : il découvre chez un de ses clients l'ouvrage de Sénac, premier médecin du Roi, le Traité de la structure du coeur, de son action, et de ses maladies (1749). Et l'anatomie, ça tombe bien, c'est justement le domaine d'excellence de Lieutaud. il y décèle tout de suite des erreurs qu'il consigne et adresse à l'auteur (et évitant de commettre la petite vacherie de publier...). Sénac, grand esprit (ou lucide ?), n'en prend pas ombrage : au contraire, il reconnaît la justesse des critiques et le fait embaucher comme médecin à l'Infirmerie Royale de Versailles, infirmerie créée en 1720 par lettre patente et ouverte en 1722 pour les soins des domestiques et des gardes du Roi. C'est à donc 47 ans qu'il quitte son havre de paix aixois pour travailler à quelques pas du pouvoir royal. Il sera ensuite nommé médecin des enfants de Louis XV et finalement premier médecin de Louis XVI. Un plan de carrière impeccable !

Charvenac ne semble pas tirer de leçon de ces biographies mais Garidel et Lieutaud sont à l'évidence deux vies où les passions ont croisé au bon moment le hasard des circonstances.

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1..Pierre Joseph Garidel. - Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Joseph_Garidel
2. Charvenac, Félix. - Histoire de l'Université d'Aix : 1er fascicule. - Aix : A. Makaire, 1889. - Gallica
3. Joseph Lieutaud. - Wikipédia
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1877]]> fre]]>
Antiquité]]> Archéologie]]> Cette brochure (imprimée pour la première fois en 1922, réimprimée en 1927, en 1932 et en 1937) est sortie de conférences faites en 1922 aux officiers qui se préparaient à entrer dans le Service des Affaires Indigènes; c'est la publication de notes prises à ces conférences par les auditeurs. On n'a rien changé à la forme première du texte, sauf quelques détails de rédaction ou de présentation; les indications bibliographiques ont été mises à jour.
Depuis la date de la dernière édition, Eugène Albertini est décédé en 1941. Le texte de 1937, qu'il avait revu lui-même, a été scrupuleusement conservé. Toutefois, la bibliographie a été complétée".

Carte de l'Afrique romaine : d'Azemmour (Ouest) à Leptis Magna (Est), de la Mauritanie à la Libye
Loin de Rome, 2 700 km de territoires, de routes et de côtes à contrôler...

L'édition scientifique et la mise à jour de 1949 de Louis Leschi ne porte que sur la réimprression du document commandé en 1955 par Jacques Soustelle, alors Gouverneur Général de l'Algérie (janvier 1955 - janvier 1956).

Djemila, la rue principale (édition 1927)

Ces notes et avertissements expliquent cette curiosité bibliographique : pourquoi un texte, strictement identique à une seule exception près, a-t-il fait l'objet d'autant d'éditions successives : 1922, 1932, 1937, 1946, 1949, 1950 et 1955 ? Une fréquence peu courante dans le monde de l'information archéologique (les guides à vocation touristique exceptés).

Vie réelle et détails quotidiens (occultés par les archéologues) : lignes télégraphiques et éclairage public
Tebessa, la porte de Salomon (édition 1946)

Parce qu'Eugène Albertini estime que l'actualisation de son texte dans sa version originelle n'apporterait rien, à l'exception d'un chapitre supplémentaire ajouté en 1937, le chapitre 6 traitant de la fin de la période romaine en Afrique (oubli ? demande de lecteurs ? observation de spécialistes de l'antiquité ?) et renvoie très humblement aux travaux des historiens confirmés de ce domaine et dont il présente les références bibliographiques (sans les compiler dans une obscure annexe de fin volume).

Timgad, vue aérienne générale (édition 1955)

Cette curiosité éditoriale obligeait à une légère entorse aux normes catalographiques en vigueur : les trois éditions de 1927, 1946 et 1955, ont donc été artificiellement réunies sur une seule et même notice  pour montrer l'évolution quantitative et qualitative de toute l'iconographie photographique qui, à l'évidence, n'a pas pour l'auteur un rôle illustratif ou ornemental mais une valeur documentaire centrale.

Nous savons qu'Albertini ne s'adresse pas aux archéologues mais à un public ciblé, les officiers français nouvellement nommés en Algérie : il s'agit donc d'une sorte de briefing professionnel chargé de sensibiliser le futur personnel français à l'étendue du patrimoine culturel local et à la réalité du terrain (après tout, il s'agit du Service des Affaires indigènes...) : d'où le nombre croissant de documents photographiques : 13 en 1927, 23 en 1946 et enfin 50 pour la dernière édition. Cette édition de 1955 (on suppose donc qu'il s'agit de l'iconographie d'avant 1941) élargit substantiellement ses sources, manifestement soutenues par des autorisations administratives qui ne doivent rien à la Providence : photos du Gouvernement Général, de l'Armée de l'Air (d'où les remarquables mais trop rares photograpies aériennes pleine page), de l'O.F.A.L.A.C. (Office Algérien d’Action économique et touristique), du Service des Antiquités, de Marcel Bovis et de Collections particulières.

Le Forum d'Hippone (édition 1955)

L'objectif pédagogique et de propagande (la très grande culture de J. Soustelle, Gouverneur général, ne l'empêche pas de croire dans l'avenir d'une Algérie française - nous sommes en 1955...) conforte un évident souci esthétique de la brochure (terme relatif pour un document de 130 pages dans sa dernière version). La qualité des prises de vue et le soin apporté à l'édition ne cessent de s'améliorer et le dernier cliché du Forum d'Hippone en témoigne, les tirages sépia aux grains pâteux, piquetés, surexposés, flous et brumeux sont révolus : une ligne d'horizon qui s'absorbe dans la végétation, un point de fuite qui se déporte hors du cadre, une lumière qui détache les colonnes de marbre blanc et révèle les reliefs les plus fins, une perspective qui n'écrase pas les détails de la chaussée, une voie dont on ne distingue pas la fin. Une mise en perspective qui n'est pas sans rappeler une certaine restitution romantique des ruines : là où l'archéologue étudie scientifiquement les œuvres d'art comme des pièces intelligibles du passé, le regard contemplatif de l'admirateur sublime les vestiges antiques en œuvres d'art.]]>
Sommaire des 3 éditions :

1. Les limites de la domination romaine dans le temps et dans l'espace
2. Organisation administrative de l'Afrique romaine
3. Vie économique de l'Afrique romaine
4. Les Monuments romains de l'Afrique
5. La Vie intellectuelle et morale dans l'Afrique romaine
6. La fin de la période romaine en Afrique (le seul nouveau chapitre apparu en 1946)

La carte de l'Afrique romaine n'est présente en fin d'ouvrage que dans la réimpression de 1927.]]>
1927]]> 1946]]> 1955]]> 1946 : 101 p., 23 pl. : ill.
1955 : 130 p. 50 pl. : ill.
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fre]]> Numidie (province romaine)]]> Maurétanie Césarienne]]> Tunisie]]> - Feuille Sousse ; IX ; 1909 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_09_1909a. "Dressée (…) en 1894 ; [tirage] 07-1909, codé sous la forme 7009" -
Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=43173]]>
Jurisprudence après 1789]]> Droit international]]> cours professé à la Faculté de Droit de Paris, doctorat, droit des gens, novembre 1935-mai 1936" (notes).

Dans son cours, La Pradelle ne dresse pas le tableau historique exhaustif des affaires internationales, il y en aurait trop, mais évoque une quinzaine de conflits qui ont opposé autant d'États, d'abord au cours des années les plus reculées, globalement le 19e siècle, années où il n'existe pas encore d'institutions internationales établies (1804-1902) puis quelques affaires sous chacune des quatre nouvelles juridictions internationales apparues au cours des trois premières décennies du 20e siècle, période fébrile de constitution du droit international : d'abord la Cour permanente d'arbitrage de La Haye (1902-1928), puis la Cour Permanente de Justice Internationale (1923-1927), ensuite les Tribunaux Arbitraux Mixtes (1919-1929), et enfin la Commission mixte de Conciliation ou d'Arbitrage (1936). Si elles ne dessinent pas un continuum historique strict, toutes ces juridictions viennent compléter les dispositifs existants, parfois en se superposant, ce qui peut donner le sentiment d'une accumulation de nouveaux rouages destinés à alimenter une machinerie juridique insatiable...

Cette frise n'est pas manichéenne et ne se découpe pas en une première période obscure où tout se règle par la violence (le 19e siècle) et une seconde éclairée par les juridictions où tout se résout par des arrêts (20e siècle) : si La Pradelle commence par rappeler l'Affaire du Betsey (24 février 1804), c'est que du point de vue juridique "elle est d'une importance extrême, en ce qu'elle affirme l'indépendance de l'arbitre : celui-ci ne relève pas des États qui l'ont nommé, car, à partir de son entrée en fonctions, ils ne sont plus que ses justiciables ; il ne relève que du droit".

L'affaire suivante, celle des réclamations de l'Alabama (Alabama claims) est la seconde date décisive dans l'histoire de l'arbitrage (1872) puisqu'elle permettra de résoudre pacifiquement un différend qui aurait pu dégénérer en une guerre entre les États-Unis et l'Angleterre, le Gouvernement Fédéral américain exigeant des dommages de la part des Anglais pour leur aide aux sudistes pendant la Guerre de Sécession. Le recours à une cour d'arbitrage sera considéré comme une des bases du droit international public et le dispositif sera intégré dans le traité de Washington de 1871 (accord GB - US).

Le redoutable CSS Alabama, navire corsaire au service des confédérés, construit secrètement en Angleterre.
Il sera coulé en 1864 par la corvette nordiste
USS Kearsarge au large de Cherbourg (1)

La Pradelle clôture le siècle passé par une 3ème affaire d'importance moindre au niveau mondial mais tout autant exemplaire du point de vue des juristes : l'Affaire des phoques de la mer de Behring (15 août 1893). Sans entrer dans le long historique de l'affaire (cession de l'Alaska par la Russie), les États-Unis entendent se réserver le commerce lucratif des phoques (quelle idée de porter une pareille fourrure !) et n'hésitent pas à arraisonner tous les navires, même britanniques, qui croisent en haute mer au large des nouvelles côtes américaines (aire de reproductions de ces phoques). La procédure d'arbitrage qui proposera la résolution d'apaisement intègrera la présence de trois représentants d'États étrangers (France, Italie et Suède/Norvège), consacrant la dimension éminemment internationale du tribunal arbitral (2).

Le conflit entre l'Italie et l'Éthiopie : après le traité de 1928, les limites de la SDN

Les dix cas suivants, cette fois dans un contexte où des instances internationales stables se mettent en place progressivement, montrent que le recours au droit international n'est plus seulement une marotte de l'Europe et des États-Unis mais gagne tous les continents, y compris ceux de l'hémisphère Sud, alors terrains de jeu des colonisateurs occidentaux de tous poils (Amérique Latine, Afrique et Asie) et qu'il s'impose aussi à des membres de la Société des Nations. Ce qui ne signifie que tous les problèmes soient résolus. C'est le cas par ex. de l'Italie et de l'Éthiopie, qui avaient pourtant signé un traité de paix perpétuelle en 1928 mais qui entrent en conflit fin décembre 1934 pour un problème de frontière, incident du Oual-Oual (ou Walwal), une région convoitée pour ses 300 puits d'eau douce. L'Éthiopie saisit la SDN mais l'Italie objecte que ce recours n'est envisageable qu'après l'épuisement de toutes les autres voies, notamment celle de la Commission de conciliation ou d'arbitrage. Sans parler des chicaneries du style "conciliation et/ou arbitrage" (le ou oblige de choisr !), La Pradelle, en tant que l'un des arbitres, explique dans le détail toute la difficulté qu'il y a à expliquer que le tribunal n'a pas pour rôle de dire si Oual-Oual est du côté italien ou éthiopien mais s'il est compétent pour traiter une telle affaire sans céder aux pressions des gouvernements. La Pradelle analyse plus sévèrement ensuite les impasses diplomatiques (enlisement sur la nomination d'un cinquième juge pour parvenir à un vote polarisé) et le manque de volonté de justice de la SDN plus soucieuse des intérêts particuliers que de justice qui aboutiront à la suite que l'on connaît : avide de nouvelles colonies de peuplement, l'Italie qui a joué la carte du pourrissement, envoie en mai 1936 les troupes mussoliniennes occuper (non sans mal) l'Éthiopie en dépit de ses protestations adressées à la communauté internationale.

Le droit international ne se réduit pas aux grands conflits territoriaux ou aux guerres commerciales mondiales, il s'étend à toutes les questions où certains droits fondamentaux ne sont pas reconnus ou sont menacés pour des questions de souveraineté : droit foncier, droit de nationalité,... des raisons lourdement politiques (réformes agraires, redécoupage de frontières) aux plus petites raisons banalement crapuleuses ou simplement accidentelles, comme l'abordage bien involontaire d'un cargo turc par un paquebot français (3) !

Abordage du Boz-Kourt par le Lotus (2 août 1926)

Suite à cette collision qui a eu lieu près de Mytilène, donc en haute mer, et malgré le secours réel des Français, huit des dix-huit marins turcs périrent dans le naufrage de leur navire charbonnier littéralement coupé en deux. Le Lotus poursuit ensuite sa route et rejoint Constantinople (Istanbul) où les autorités turques montent à bord pour entendre la version des deux équipages et de l'officier de quart, le lieutenant Demons. Alors que la navire français s'apprête à appareiller deux jours plus tard pour regagner Marseille, les autorités turques demandent au lieutenant français et au capitaine turc de venir faire une déposition. Les deux seront inculpés d'homicide involontaire par imprudence et le Lotus quitte Istambul sans son second. La Pradelle relève que contrairement aux usages, le Consulat général de France n'avait pas été informé de cette arrestation. Trois semaines plus tard, la Cour criminelle de Constantinople jugera et condamnera Demons alors qu'il soulève l'exception d'incompétence (la protestation française d’incompétence repose sur la nationalité française de Demons et du pavillon français du paquebot). Exception rejetée en vertu de l'article 6, alinéas 1 et 2 du Code pénal qui "autorise la recherche en Turquie de délit commis à l'étranger par des étrangers, lorsque la victime est un national".

Le cours s'achève donc sur des affaires en demi-teinte : la Cour permanente de justice internationale, acceptant la compétence du tribunal turc, énonça en 1927 une règle fondamentale : pour un exercice légitime de compétence pénale sur son territoire, l'État n'a pas besoin d'y être autorisé ou habilité par l'ordre juridique international (arrêt n° 9 du 7 septembre 1927). La France, déboutée, se fit un devoir de respecter la sentence mais les milieux professionnels et les experts du droit maritime, douchés, se mirent aussitôt à l'étude d'un droit unique : la loi du pavillon...
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1. En 1984, l'épave du CSS Alabama sera localisée par le dragueur de mines français Circé au large de Cherbourg, par 60 mètres de fond.
2. Sentence entre les États-Unis et le Royaume-Uni relative aux droits de juridiction des États-Unis dans les eaux de la mer de Behring et à la préservation des phoques à fourrure. - Jus Mundi
3. MESSAGERIES MARITIMES - Abordage du LOTUS et du Boz-Court le 2 août 1926. - Maritime & Insurance law, 15 August 2012

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1936]]> fre]]>
Astronomie]]> C.N.R.S. A.O. 8820. - Notes bibliogr. (Note)

"Cette thèse de Doctorat d’État es Sciences Physiques, soutenue le 18 janvier 1974 au campus Saint Charles de l’Université Aix Marseille est intitulée ‘’Optique Astronomique et Élasticité’’. Elle concerne la recherche de configurations déformables permettant d’obtenir des surfaces optiques de grande continuité à partir de formes surfacées planes ou sphériques générées par des outils pleine-taille. Ainsi l’absence de défauts zonaux de surfaçage conjuguée aux résultats de la théorie des plaques confèrent à ces méthodes une qualité de surface inégalée. La haute-résolution angulaire des surfaces optiques ainsi obtenues sont dans la limite de diffraction et satisfait notamment au critère de quart d’onde de Rayleigh.

Principalement appliquée à l’élaboration de télescopes et à l’instrumentation astronomique, les résultats présentés constituent une partie importante des méthodes d’optique active. Les développements théoriques et les résultats expérimentaux, à l’Observatoire de Marseille Longchamp, sont obtenus soit pour des surfaces générées in-situ, soit générées par surfaçage sous contraintes, ou encore par la technique de réplication d’une matrice déformable. Ceci permet de découvrir des configurations utilisant des charges uniformes et des forces ponctuelles ou linéiques en un nombre minimal de forces.

On décrit trois classes de miroirs à courbure variable pour les réseaux de télescopes, une méthode à deux zones de dépression pour réaliser des lames de Schmidt asphériques par réfraction, une configuration géométrique pour obtenir des miroirs de Schmidt free-form, une classe de miroirs en vase pour l’asphérisation de miroirs Cassegrain de télescopes, une méthode de réplication optique de matrices déformables pour réaliser des réseaux de diffraction toriques ou plan-asphériques, et aussi différentes configurations de miroirs free-form ou asphériques dissymétriques corrigeant les aberrations extra-axiales (coma et astigmatisme) de la théorie du 3eme-ordre des modes optiques.

ABSTRACT – This doctoral dissertation, defended on 18 January 1974 at the Saint Charles campus of the Université Aix Marseille, is entitled ‘’ Optique Astronomique et Élasticité’’. It involves researches of deformable configurations for obtaining high-continuity optical surfaces while starting from the figuring of plane or spherical surfaces by use of full-size tools. Thus, the conjugation of such surface free from ripple-error with results from the plate theory leads to methods that provide an unrivalled optical surface quality. The high-angular resolution of such an optical surface is diffraction-limited and particularly satisfies the quarter-wave Rayleigh’s criterion.

Mainly applied to the elaboration of telescopes and astronomical instrumentations, the presented results constitute a part of the developed methods by active optics. Theoretical developments of active optics and experimental results, at the Marseille Longchamp Observatory, are obtained either for surfaces generated in-situ, or generated by stress figuring, or replication technique of a deformable matrix. This allows discovering configurations actuated by uniform-load and punctual-force or line-force in a minimal action number of them.

One present hereby three classes of variable curvature mirrors for telescope arrays, a two-zone loading method for making aspheric refractive Schmidt plates, a geometrical configuration for obtaining free-form Schmidt mirrors, a vase form class for the aspherization by partial vacuum of telescope Cassegrain mirrors, an optics replication method of deformable masters for making toroid or plane-aspheric aberration-corrected diffraction gratings, and various configurations of free-form mirrors correcting off-axis aberrations of the 3rd-order optical modes".
Résumé de l'auteur


Depuis son origine, l'astronomie est la science par excellence de l'observation et de la prédiction. La question de la qualité et de la précision des instruments y est fondamentale et depuis les travaux de R. Descartes (17e siècle) dans le domaine de l'optique géométrique et la problématique des lentilles et de leur polissage, les progrès dans ce domaine dépendent en très grande partie des progrès de l'instrumentation. Gérard Lemaitre fait partie des physiciens qui ont consacré leurs travaux à la compréhension des aberrations de l'optique, les solutions à évaluer et les dispositifs à développer pour tenter de les corriger.

Télescope de Schmidt par réflexion’

La thèse présentée ici montre qu'il ne s'agit pas de questions triviales et que leurs dimensions expérimentales reposent sur des considérations théoriques qui dépassent la seule ingéniosité pratique.

Télescope de Schmidt catadioptrique – Correction par lame asphérique

Au cours des dernières décennies, les défis technologiques relevés par chaque génération d'astronomes ont bouleversé la perception et la compréhension que les scientifiques, autant que le grand public, pouvaient avoir de l'univers. Des avancées rendues possibles grâce au recours à des approches techniques renouvelées, souvent discrètes, parfois spectaculaires, quelques fois obscures, avec des investissements dignes des très grands instruments scientifiques : optique active, optique adaptative, mosaïque de miroirs primaires, interférométrie, traitements d'images, élargissement à tout le spectre des ondes électromagnétiques, ondes gravitationnelles, nouveaux détecteurs,... Les premières images des télescopes de dernière génération, surtout spatiaux, sont devenues des évènements mondiaux et les instruments de véritables stars comme Gaia, Herschel, Planck, Hubble, James Webb, Keck (Keck (USA-Hawaii, hémisphère nord), VLT et VLTI (ESO Chili, hémisphère sud), LAMOST ("Télescope spectroscopique multi-objets à fibres optiques grand champ" inauguré en 2007, Chine, Schmidt géant par réflexion, survey à grand champ utilisant 6 000 fibres optiques, pour lequel la formule du miroir correcteur développée par Gérard Lemaitre lui-même été adoptée).

Au point d'éclipser parfois le travail des équipes internationales qui se mobilisent des dizaines d'années durant sur les projets majeurs.

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Avertissement : la numérisation et la diffusion en ligne de ce mémoire de thèse de Doctorat ont été faites à la demande de son auteur. Ce document n'est donc pas du domaine public et sa réutilisation, sous quelle que forme que ce soit, requiert expressément son accord préalable ou celui de ses ayants droit.]]>
1974]]> fre]]>
Joannis Elerti Bode Uranographia, sive astrorum descriptio... (Autre titre)]]> Astronomie]]>
Dans son complément à Uranographia, notre astronome berlinois* a l'ambition de dresser le catalogue exhaustif de toutes les étoiles fixes, doubles, nébuleuses et amas d'étoiles qu'il connaît et/ou décrites par les autres auteurs. Nous n'avons pas vérifié si le compte des 17 240 étoiles, groupées par constellation ou contigües dans l'ordre de l'ascension, est bon mais Bode admet quelques incertitudes en raison des variations voire des contradictions relevées chez certains astronomes. Pour les minimiser, il se réfère aux étoiles principales bien connues et promet de relever et de corriger toutes les erreurs qu'il insèrera dans ses prochains Éphémérides (annonce à l'adresse de ses collègues !).

Si les légendes, la plupart d'origine grecque et latine, n'aident pas l'astronome dans son travail scientifique, la description des figures imaginaires, parfois très élaborées, permet de donner le positionnement relatif précis des étoiles les unes par rapport aux autres et le positionnement de chaque constellation par rapport à ses voisines.

Orion : tout savoir sur cette constellation et son voisinage

L'avantage du dessin est qu'il est facilement compréhensible : aucun besoin de connaissance géométrique poussée pour se repérer et situer un objet sur la voûte. L'inconvénient est qu'il donne une représentation abstraite et simplifiée d'objets distribués dans un espace tridimensionnel écrasé sur deux dimensions alors que la notion de profondeur (et donc de distance réelle) est fondamentale. 

Pour voir la constellation d'Hercule : veiller un peu tardivement et regarder plutôt vers l'Est, elle descend vers le Sud...

Les corps étant en mouvement, à commencer par la Terre où se trouve l'observateur (par analogie au vivant, on parle du lever et du coucher des étoiles), le pointage d'un objet quelconque dépend de l'heure et de la saison de l'observation et suppose de connaître où se situent les points cardinaux. Les cartographies du ciel permettent justement de repérer rapidement les constellations facilement identifiables (le chariot de la constellation de la Grande Ourse, par ex.) et simplifient considérablement les observations "en tout temps". 

La Voie Lactée : une estimation très raisonnable au 19e siècle tout juste naissant.

De même que 200 ans avant notre ère, Ératosthène avait estimé la circonférence de la Terre à 39 375 km (pour une valeur admise aujourd'hui d'env. 40 070 km, une précision qui laisse pantois), affirmer que la Voie Lactée concentre plusieurs millions d'étoiles est très audacieux et particulièrement pertinent quand l'on considère les ordres (vertigineux) de grandeur en présence et sans outil de comptage (depuis Hubble, on sait en toute certitude que notre galaxie contient plus de 235 milliards d'étoiles de masse détectable et probablement l'équivalent de 300 à 400 milliards de masses solaires...).

* L'éclairage public n'étant apparu à Berlin qu'en 1826 (lampes à gaz), nous supposerons que Bode n'a pas été gêné par la pollution lumineuse noctune, fléau, entre autres, de tous les instruments d'observation terrestres.]]>
1801]]> fre]]> ger]]>
Astronomie]]>
Le ciel est constellé de corps lumineux que les civilisations humaines (tradition hellénique, par ex.) ont pris l'habitude de nommer en les regroupant. Pour mémoriser ces groupes d'étoiles, on peut relier ces points en traçant des lignes imaginaires et obtenir des figures familières : par assimilation, ces figures désignent aussi bien ces groupes d'étoiles que des régions du ciel bien distinctes avec des frontières précises.

Cette uranographie (du grec Ouranos, divinité grecque du ciel) débute par deux planisphères correspondant approximativement aux deux hémisphères terrestres, le ciel boréal avec les constellations les plus anciennes pour le Nord (ciel visible depuis les régions méditerranéennes par les astronomes de l’Antiquité) et le ciel austral pour le Sud (nommées plus tardivement par les astronomes, à partir du 15e siècle pour les navigateurs).

Planche n° 6 - 16. Ursa major. 17. Leo minor (Uranographia, 1801)


Bode nous propose 21 planches (son Index n'en contient que 20, la dernière regroupant les étoiles des planches n°20 et n°21) représentant 102 constellations. De nos jours, l’Union Astronomique Internationale (UAI) divise le ciel en seulement 88 constellations officielles "modernes".

Bode ne présente pas seulement des points isolés reliées par de simples lignes mais le dessin complet et explicite de la figure symbolisée : le plus souvent, elle représente des figures humaines, souvent d'inspiration mythologique, ou animalières. Les plus brillantes, comme Orion, la Grande Ourse et le Scorpion, sont évidemment les plus connues.

Planche n° 12 - 38. Taurus. 39. Gemini. 40. Orion. 41. Canis minor. 42. Harpa Georgii.(Uranographia, 1801)

Dans cet ouvrage, Bode n'a réuni que la partie graphique de son travail. L'explication et le détail des constellations se trouvent dans une seconde monographie parue la même année : Allgemeine Beschreibung und Nachweisung der Gestirne nebst Verzeichniss der geraden Aufsteigung und Abweichung von 17240 Sternen, Doppelsternen, Nebelflecken und Sternhaufen. Von J. E. Bode,... (Zu dessen Uranographie gehörig.)... Description et connaissance générale des constellations avec un catalogue de l'ascension droite et de la déclinaison de 17240 étoiles, doubles, nébuleuses et amas d'étoiles... (Pour servir de suite à son Uranographie.)...]]>
1801]]> fre]]>
Économie]]> Économie coloniale]]>
Loin des clichés mais proche géographiquement, avec quasiment une frontière commune : le Liban et la Syrie ne sont-ils pas sous mandat français,  institué en 1920 par la Société des Nations ? Banalité, une mitoyenneté territoriale crée toujours soit des conflits, soit des rappochements. C'est cette seconde voie que suivront les deux pays, leurs bonnes relations les amèneront à cosigner la Convention de Montreux en 1936 (libre circulation dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles) et permettront à la Turquie de récupérer le petit territoire du sandjak autonome d'Alexandrette enclavé dans le Nord-Ouest de la Syrie.

Un aller : l'Orient-Express, de Paris à Constantinople (Compagnie internationale des wagons-lits)

La relation de cette visite d'affaire ne donne pas lieu à l'habituel rapport administratif officiel, technique, argumenté, chiffré et documenté comme les aime tant la Chambre de Commerce de Marseille (tous les ans, elle en publie des milliers de pages) mais se présente sous la forme d'un journal de voyage agréable et léger avec ses étapes journalières aux saveurs raffinées de l'Orient-Express (à partir de Milan) pour l'aller.

Mais l'arrivée à Ankara marque le retour à la réalité, la délégation marseillaise est tout de même venue pour parler business et la liste des produits susceptibles d'être importés ou exportés ferait saliver tout négociant français ou turc normalement constitué :
  1. Produits de régime
  2. Amandes
  3. Conserves
  4. Produits Chimiques
  5. Noisettes
  6. Produits du sol turc
  7. Liqueurs et spiritueux
  8. Chocolats
  9. Fèves
  10. Huileries
  11. Tuileries
La CCIMP, qui ne perd jamais ses intérêts de vue,  conclut ces rencontres et ces échanges en rappelant l'existence de son Institut Technique Supérieur, de son Ecole d'Ingénieurs et de son  Ecole de Commerce de Marseille où "les sujets turcs sont traités en véritables amis" : une propagande sympathique serait grandement appréciée ! Si certains dossiers comme les travaux publics et les questions maritimes sont trop stratégiques et nationaux pour être traités à ce niveau, la Chambre de Commerce et d'lndusrie d'Istanbul, comme toutes les Chambres consulaires turques, ne peut s'engager qu'après l'avis des services centraux d'Ankara. Ce qui n'empêche pas, l'euphorie aidant, d'évoquer la construction d'une Chambre de Commerce turque à Marseille (à l'exception de la mention d'un Pavillon de Tourisme turc à proximité du Consulat de Turquie à Marseille, la question d'en faire une destination touristique pour les Français ne semble pas avoir été directement abordée).


Et un retour : le Théophile Gautier (Compagnie des Messageries Maritimes, Marseille)

Le retour sera plus plaisant encore et se fera dans l'ambiance détendue d'une croisière à bord du paquebot le Théophile Gautier de la Compagnie des Messageries Maritimes (de Marseille).

Avec Istanbul, ses quartiers historiques en Asie et son quartier moderne des affaires en Europe, la Turquie est à la jointure de deux continents, un carrefour stratégique dont elle tente de tirer profit en toutes occasions. Une situation géopolitique qui séduit tout autant qu'elle inquiète : son adhésion à l'Europe, qu'elle demande officiellement et sans succès depuis le milieu des années 1980, ouvrirait les portes de l'Asie au Vieux Continent (et des frontières communes avec plusieurs pays du Moyen-Orient) mais en ferait également son pays le plus peuplé... Avec un courage admirable, les indécis confient aux générations futures le soin de décider de l'avenir de l'UE.

* Le traité de paix de Sèvres, signé le 10 août 1920 entre les Puissances alliées et associées et la Turquie ne sera jamais ratifié et sera remplacé par le traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923.]]>
1934]]> fre]]> Turquie. 19..]]> - Feuille [Istanbul] ; - ; [1914-1915], ISBN : A81_46. Série : Istanbul (Turquie) - Env. de, Topographie, 1:25 000, 1914-1915, 51 + 2 feuilles
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=80543]]>
Sciences naturelles]]> Botanique]]> Géologie]]> Zoologie]]> Histoire de l'université]]> la recherche appliquée et affirme vouloir s'en tenir à la science pure.

Difficile exercice, A.-M. Marion est certes professeur à la Faculté de sciences mais c'est d'abord un spécialiste de zoologie : il n'est pas encore directeur de la Station Marine d'Endoume qui ne sera inaugurée que trois ans plus tard, et depuis 1872, il dirige le Laboratoire de Zoologie de Marseille créé en 1869.

Un zoologiste pur et dur ? Pas totalement : ses premiers travaux portent très précisément sur la faune en Provence à l'ère quaternaire. Et ce n'est pas un hasard s'il montre ses premiers échantillons à Gaston de Saporta, botaniste connu pour ses recherches sur les plantes fossiles. Alors quand un paléozoologiste rencontre un paléobotaniste, de quoi parlent-ils ? De géologie, bien sûr. Car voilà le pivot commun aux sciences naturelles : la science commune qui s'intéresse au passé de la Terre. Donc pas surprenant que Marion commence son panorama en évoquant les récentes études d'Oswald Heer, géologue et naturaliste suisse considéré comme l'un des pionniers de la paléobotanique (le botaniste suisse décèdera peu après, le 27 septembre 1883).

Oswald Heer, géologue et naturaliste suisse (1809-1883)

En insistant sur ce que les explorations géologiques ont apporté aux études botaniques, Marion rappelle qu'elles "n'ont pas été moins profitables aux travaux des zoologistes". Travers courant à son époque, Marion ne tombe pas dans le piège de la fierté nationale (voire patriotique, la Guerre de 1870-1871 est encore dans toutes les têtes) et célèbre les travaux américains autant qu'anglais : Darwin ne vient-il pas, au prix de critiques virulentes, de publier L'origine des espèces (publiée en 1859, la thèse sur l'évolution aura un grand retentissement) et de démontrer au monde la plasticité des espèces jusque-là enfermées dans le carcan de classifications rigides (séquelle du fixisme).

La station biologique de Roscoff et son vivier (1872)

Si la science n'est pas encore internationale au sens contemporain du terme, elle est au moins mondiale. Il est évident qu'on ne saurait soupçonner Marion de voir midi à sa porte et de se cloisonner dans sa spécialité mais il ne résiste pas à terminer son discours sur les avancées des sciences dans son propre domaine de recherche : "Plus encore que les sommets des hautes montagnes, les fonds de la mer sont demeurés longtemps inaccessibles aux naturalistes". Lui-même engagé dans cette grande aventure, il témoigne à sa façon que plus on en sait, plus il reste à découvrir et plus le monde des possibles s'agrandit. Il était alors admis que l'absence totale de vie animale était atteinte à partir de 500 brasses (env. 900 m avec les mesures en usage fin 20e siècle). Les campagnes en eaux profondes démontrent qu'il n'en est rien (Marion a profité de campagnes de dragage à - 5 000 m) et ce constat vaut pour toutes les mers (3) : comme en géologie pour les ères les plus reculées, on ne connaît pas grand-chose de la vie marine. Pour tenter de mieux la comprendre, diverses stations biologiques ont été construites sur les côtes, comme celle de Roscoff (et dans d'autres pays comme en Italie, par ex. Naples en 1872; on notera que Marion ne cite pas celle de Concarneau pourtant créée en 1859, la plus ancienne au monde toujours en activité au début du 21e siècle).

Et de conclure sur ce propos un peu prémonitoire "Le zoologiste à qui l'accès des rivages serait interdit, ne pourrait arriver qu'à une bien vague conception du règne animal, et ses travaux n'auraient qu'un faible retentissement sur les progrès de la science". Si l'affirmation devenue si triviale selon laquelle on connaît mieux la surface martienne que le fonds des océans est vraie, alors on peut douter que Marion ait été entendu, et encore moins compris.

1. Oswald Heer. - Wikipédia
2.
Station biologique de Roscoff. - Wikipédia
3. A l'époque de la publication de Vingt Mille Lieues sous les mers, roman paru en 1869-1870, la question d'une vie marine en eau profonde n'est pas totalement tranchée mais la présence de mollusques fixés sur des câbles sous-marins posés au début des années 1860 fait naître de sérieux soupçons.

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1883]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
Astronomie]]>
  • Copernic (1473-1543, Pologne)
  • Giordano Bruno (1548-1600, Sicile)
  • Tycho Brahe (1546-1601, Danemark)
  • Galilée (1564-1642, Italie)
  • Johannes Kepler (1571-1630, Allemagne)
  • Newton (1642-1727, Angleterre)

Frontispice : hommage à Copernic et à Tycho Brahe (1627)

Il serait un peu naïf et réducteur de rabattre l'histoire de l'astronomie sur une simple saga de stars qui se passeraient le relais, à laquelle on pourrait par ailleurs ajouter R. Descartes, 1596-1650 (France) pour ses travaux en optique géométrique, question d'importance pour la fabrication des lentilles.

Tycho Brahe (1546-1601)

Elle fait cependant partie des sciences où la reprise des résultats obtenus en matière d'observation et la vérification des prédictions établies constituent une part du travail quotidien de l'astronome.

Johannes Kepler (1571-1630)

Il a également la chance d'étudier dans un domaine qui, comme la géographie, est dynamisé par les grands voyages d'exploration : au 17e siècle, on voyage d'autant plus que les instruments de positionnement deviennent plus fiables pour les navigateurs et les cartes plus exactes. En retour, la découverte de mondes terrestres et marins, inconnus ou mal connus jusqu'alors, affinent les cartes existantes. Dans son premier emploi, Kepler était payé pour dessiner des cartes (et dresser des horoscopes).

Carte terrestre - une étonnante précision (Walch, 1630)

Kepler sait ce qu'il doit à Tycho Brahe, son aîné et confrère en partie contemporain (quand il décède à 55 ans, Kepler en a déjà 30) et injustement oublié par la postérité. En 1600, inquiété par la Contre-Réforme menée par l'Église catholique, Kepler quitte Graz (Autriche) pour se réfugier à Prague (Tchéquie) invité par l'astronome danois qui vient de fuir le Danemark lui aussi et nommé mathématicien par l'Empereur Rodolphe II. À peine entré à son service, Tycho Brahe meurt l'année suivante (octobre 1601). Kepler reprend le poste de mathématicien impérial et poursuit les travaux commandés par Rodolphe II, l'établissement de nouvelles tables planétaires. Le fait n'est pas nouveau, il s'agit bien d'une commande "publique" et politique. Au prix d'un immense travail (25 ans de calculs !), elles seront finalement publiées en 1627 sous le nom de Tables rudolphines telles qu'elles sont présentées ici. On remarquera qu'elles ne sont relatives qu'à six objets célestes : le Soleil, Saturne, Jupiter, Mars, Venus, Mercure et la Lune.

Les tables originales de Rudolphine (ici, celle du Soleil)

Si de manière basique, on définit l'astronomie comme une science de l'observation, là où Tycho Brahe a excellé, et de la prédiction, le passage de l'une à l'autre fait appel aux calculs géométriques, domaine que Kepler, bon mathématicien, maîtrise parfaitement (l'optimisation des calculs lui fera gagner beaucoup de temps).

Calculs d'orbites : l'astronomie, c'est de la géométrie et des mathématiques

Ce qui sera plus tard désigné sous les Lois de Kepler, les relations mathématiques qui décrivent les trajectoires elliptiques des planètes autour du Soleil, sera exploité par un certain Isaac Newton qui en comprendra toute la pertinence, ouvrant la voie à une théorie très mathématique de la Loi universelle de la gravitation. Confirmation d'une loi plus vieille encore : un disciple est fait pour dépasser son maître.]]>
1627]]> lat]]>
Géographie]]> Colonies françaises]]> Publications de l'Institut des belles-lettres arabes (Tunis) ; 11 (Appartient à la collection)

Dans les années 1880, des régiments français s'installent à Tataouine, dans le pays du Nefzaoua. Perçu comme loin de la Métropole, peu facile d'accès et isolé au milieu du désert, ils y construisent un camp disciplinaire pour "accueillir" les militaires accusés d'insubordination.

Le Nefzaoua, une cheville entre l'Algérie et la Tripolitaine

Un certain (prétendu ?) imaginaire populaire du début 20e siècle répandra la rumeur qu'aller à Tataouine, c'est le bout du monde et, comme à Tombouctou, pas facile d'y aller et pas sûr d'en revenir ! Son étude n'ayant pas été publiée à titre posthume, notre auteur nous prouve que cette inquiétude un brin coloniale est totalement infondée : on peut revenir vivant du Nefzaoua, même de Tataouine !

L'erg saharien, 120 00 km² partagés par l'Algérie, la Tunisie et la Lybie

Les illustrations photographiques, dont la reproduction est d'une qualité rarement aussi exécrable, ponctuent l'ouvrage très exactement toutes les 17 pages, a priori en rapport avec le texte, et montrent que le Nefzaoua, ce n'est pas que du sable mais aussi des hommes.

Le Souk-El-Biaz, très animé (comme tous les souks...)

Plus précisément, des Nefzaouas, d'origine berbère, qui se sont adaptés à la difficile-vie-du-désert. Reprenant des éléments tirés de ses lectures documentaires, l'auteur rappelle que s'ils ont majoritairement abandonné la langue berbère et largement adopté la religion musulmane, ils ont conservé leurs modes de vie traditionnelle. Quatre modes qu'il détaille (manifestement, c'est la vie quotidienne des gens qui intéresse surtout le géographe) :

- le nomade pur : vagabond perpétuel, le seul patrimoine du pasteur, c'est son troupeau
- le semi-nomade : partiellement stable, vit d'arboriculture et de cultures irriguées
- le sédentaire-transhumant : confie son troupeau à un berger, vit surtout d'agriculture et de jardinage
- le sédentaire: jardinier-propriétaire et arboriculteur, vit dans les oasis

Au delà de distinctions assez subtiles, on comprend que l'essentiel de l'activité économique s'appuie sur l'agriculture (dattes, palmiers, riz, agrumes, olivier) et l'élevage (chèvres, moutons, dromadaires et chameaux). Les hommes, les bêtes et les cultures ont un point commun : l'eau. En dehors des oasis et des palmeraies, l'eau est rarement disponible naturellement et il faut aller la chercher : le creusement de puits artésiens et leur entretien sont vitaux, des techniques connues depuis les débuts de l'Antiquité.

Le puit artésien de Souk-el-Biaz

Même si la région est plutôt paisible, seulement "troublée" par quelques soulèvements au cours des deux Guerres Mondiales, des méharistes armés (nous sommes sous le Protectorat français de Tunisie...) veillent à la sécurité des oasis, des palmeraies et des installations liées à l'irrigation et à la captation des nappes disséminées sur le territoire comme ces puits artésiens traditionnels mais modernisés par la technologie occidentale (tubage et derrick).

Une patrouille de méharistes sillonne le Nefzaoua

Alors que nous sommes en 1947, les habitudes ont la vie dure et reprendre les expressions des livres d'avant-guerre ne dérange pas notre géographe : une fille de race blanche (un agneau, une chèvre, dix mille francs, dix gelbas de blé, un costume complet, des bracelets, des colliers et boucles d'or et d'argent) vaut beaucoup plus qu'une négresse vierge - détail non communiqué pour la blanche - (un agneau, six à sept cents francs, trois ou quatre gelbas de blé, une foû'a, un ou deux minces bracelets d'argent. Bref, toute est dans l'ordre des choses... Si la dot est comptée, on ne lésine pas pour la cérémonie du mariage, rituel social majeur où se jouent les alliances et une partie du patrimoine, fête qui entraine parfois les familles à s'endetter lourdement.

Moreau conclut sur un jugement global livresque un peu plus distant : le Nefzaoua est une société de système féodal atténué, d'où les redevances matérielles ont disparu, mais où demeure une hiérarchie sociale respectée. Pour retomber aussitôt dans ses préjugés : "Beaucoup de gens sont ignorants. Toutes les femmes sont illettrées. Mais l'instruction leur apporterait-elle plus de satisfactions que de nouveaux besoins difficiles à satisfaire ? Si beaucoup d'hommes ne savent pas même en arabe signer leur nom, ils ont tous cet instinct merveilleux des choses pratiques, et un bon sens qui, à leur échelle de simples, leur sert d'instruction et leur assure un bonheur sans histoire. Le sage ne se contentent-t-il pas de peu ?". L'éternelle question avec les simples, c'est qu'ils sont heureux mais le savent-ils ?

Et Après ? Moreau n'étant pas à une contradiction près, enchaîne sur l'inévitable et ultime chapitre sur l'avenir du Nefzaoua. Et les Français, qui sont à la manœuvre depuis 1884, s'en occupent : des écoles franco-arabes sont construites, l'électrification apporte l'éclairage public, les pistes ont été effacées sous des routes goudronnées, les camions ont remplacé les chameaux, et si vous êtes très très pressés d'arriver à  Tataouine (!), le courrier aérien embarque les passagers et les plis (3 heures de Tunis) pour Kébili (pour la suite, se renseigner sur place).

La route qui vient de Gafsa et l'aéroport de Kébili

Comme tout écrit publié, cette monographie a le mérite d'exister mais en a-t-il d'autres ? Dès l'introduction, l'auteur avoue les limites de son étude (ni document d'érudition, ni monographie régionale) et reconnaît, à part quelques documents de l'Avant-Guerre, n'avoir pu consulter le peu d'ouvrages de référence existant sur la question, l'occupation italo-allemande ayant par ailleurs pillé les rares bibliothèques locales encore ouvertes. Par contre, sa connaissance évidente des œuvres d'Ibn Khaldoun sur les Berbères plusieurs fois citées le dispensait de sa réflexion finale faussement dilettante sur sa publication : "A défaut [d'être utiles], les lectures et les recherches ainsi que la composition m'auront du moins occupé quelques heures pendant les longues siestes nonchalantes, à certains jours où pèse l'isolement. J'aurais pu perdre mon temps plus légèrement". Le lecteur s'en excuserait presque.


Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian – MMSH, Aix-en-Provence)]]>
Les photographies sont dues à divers officiers des Affaires Indigènes du Bureau de Kébili. Les croquis des Planches IV, VI, X et XI ont été exécutés par le Chef de Bataillon Maurice Mollet, Contrôleur Civil de Gabès".]]> 1947]]> fre]]> Nefzaoua (Tunisie). 19..]]>
Zoologie]]> Histoire de l'université]]> Monsieur Dieulafait, professeur de géologie à la Faculté des sciences. Hommages respectueux". Signé A. Vayssière.

Les planches anatomiques numérotées de 1 à 12 qui illustrent la monographie ont été publiées dans les Annales des Sciences Naturelles, 6ème série - Section Zoologie et biologie animale, Tome 9.

Bibliothèque de l'École des hautes études. Section des sciences naturelles; 20 (Appartient à la collection).

À 25 ans, le préparateur et apprenti malacologiste (spécialiste des mollusques), Albert Vayssière, est l'un des deux jeunes assistants (1) qui secondent Antoine-Fortuné Marion, alors directeur du Laboratoire de Zoologie de Marseille, dans les travaux pratiques donnés aux 12 étudiants qui suivent les cours du professeur de la Faculté des Sciences.

Laboratoire de Zoologie Marseille, équipe de 1879, Annuaire EPHE (2)

Dans les deux mémoires présentés ici, il expose son travail sur la famille des Bullidés (gastéropodes marins, classe des mollusques dotés le plus souvent d'une coquille univalve torsadée), famille qu'il a choisie parce qu'un peu délaissée par les naturalistes, certaines de leurs particularités étant peu visibles. Après un bref historique bibliographique (marqué par Cuvier et Kosse) et un rappel de leur habitat, Vayssière s'intéresse surtout à leur anatomie interne et, dans son second mémoire, à leurs différents organes (selon la division très classique des systèmes : digestion, circulation, respiration, génération et nerveux) : un travail patient et minutieux de dissection qui justifie les 120 figures, toutes expliquées et groupées sur 12 planches, la quasi-totalité étant monochrome (les planches originales qui lui sont attribuées, ici et dans d'autres études, montrent qu'il maîtrise parfaitement la technique du dessin de grande pécision) .

Gasteropteron Meckelii, genre créé par Meckel en 1813 - planche anatomique n° 3

Dans la rubrique cabinet de curiosités, sans rapport direct avec ses travaux, Vayssière clôture sa monographie en relatant une courte communication de Milne Edwards sur un crustacé aveugle vivant dans les grandes profondeurs (- 1 500 mètres) dans le détroit de Floride, spécimen que lui a remis M. A. Agassiz. L'espèce, différente de la seule alors connue et n'étant pas encore répertoriée, Vayssière la baptisera, en guise remerciement, "Nephropsis Agassizii". Par la suite, il participera à quelques expéditions scientifiques (navires scientifiques le Travailleur et le Talisman) et certains des explorateurs parmi les plus connus, Jean Charcot notamment, ne manqueront pas de ramener à son laboratoire des spécimens à étudier.

A. Vayssière consacrera sa longue carrière à étudier les mollusques marins, ceux ramassés tout près de chez lui (Golfe de Marseille) comme ceux ramenés de campagnes d'explorations lointaines menées dans les zones des tropiques, de l'Atlantique ou de l'Arctique. Ses travaux lui vaudront d'être nommé directeur du Muséum d'histoire naturelle de Marseille en 1915, puis Professeur à la Faculté des Sciences de Marseille en 1917, et enfin, dans les pas de son mentor, de diriger la Station Marine d'Endoume de 1921 à 1924. 

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1. Dans un destin parallèle, son collègue, Etienne Jourdan, sera plus tard nommé professeur à la Faculté des Sciences et à la Faculté de Médecine de Marseille
2. Marion. 7. Laboratoire de zoologie de Marseille. In : Rapport sur l'École pratique des hautes études, 1879-1880. 1879. pp. 83-86;https://www.persee.fr/doc/ephe_1254-0617_1879_num_1_1_21340]]>
1879-1880]]> fre]]> Méditerranée (mer). 18..]]>
Botanique]]> Histoire de l'université]]> Legs Louis Laurent 1946".

G. de Saporta veut mettre toutes les chances de son côté : pour candidater au poste de correspondant à l'Académie des Sciences devenu vacant (Gustave-Adolphe Thuret, né le 23 mai 1817 et décédé le 11 mai 1875, avait élu correspondant le 8 juin 1857 dans la section de botanique), il fait plus que rédiger sa propre bibliographie (on devait dire ici une biblio-biographie, sorte de catalogue raisonné de ses travaux), il pense à les ordonner et les rassembler dans un plan thématique scientifiquement fondé. Non pas en suivant la chronologie linéaire et totalement banale de sa propre carrière mais sur les traces de l'évolution géologique des terrains, là où flores actuelles et plantes fossiles se trouvent associées, accessibles à l'observation seulement partiellement compte tenu de l'ancienneté des couches géologiques. Le paléobotaniste n'a pas la facilté du botaniste qui peut examiner à loisir le vivant et ses organes internes. Une contrainte qui interroge la méthode scientifique : il est parfois nécessaire de dépasser le strict domaine de l'observation des plantes fossiles et s'aventurer sur le terrain incertain des hypothèses...

Gaston de Saporta (1823-1895)

Saporta pousse la perfection à proposer une synthèse de ses travaux, en insistant particulièrement sur sa méthologie de travail. Plutôt que d'en proposer une fade paraphrase, laissons Saporta l'exposer lui-même :

"En partageant en quatre groupes l'ensemble de mes travaux, j 'ai rendu plus facile l'appréciation de leur but et de leur portée. Ceux d'un caractère plus exclusivement scientifique, les notions analytiques et descriptives faisant connaître les espèces fossiles et les flores. dont elles font partie, joignant aux diagnoses des dessins minutieusement exécutés, ont obtenu visiblement ma préférence, et si je ne me suis pas cru interdit de tirer de ces études les conséquences légitimes qu'elles peuvent et doivent fournir, j'ai constamment cherché à m'assurer d'abord une base solide, en la plaçant uniquement dans l'observation des faits et en exprimant les doutes nécessaires, inséparables de toute spéculation humaine.

C'est ainsi que j'ai distingué avec soin, dans le cours de mes travaux l'incertain du probable et le probable du vrai, c'est-à-dire des résultats décisifs que la raison, éclairée par l' expérience, est en droit de saisir à l'aide de tous les instruments et de tous les indices dont elle dispose. Les moyens d'investigation mis en jeu par la botanique fossile ne sont pas toujours ceux dont se servent les botanistes ordinaires, qui basent leur méthode sur l'analyse de la structure de certains organes, considérés justement par eux comme les plus essentiels. Le paléophytologue est bien forcé de prendre une voie différente et de tourner la difficulté, dès qu'il lui est interdit de l'aborder de front; mais, parce que les moyens ordinaires de détermination lui font le plus souvent défaut, doit-il abandonner pour cela une partie importante du domaine des plantes, celle qui donne accès dans le passé du règne végétal et en comprend l'histoire? Il m'a paru que, malgré des obstacles et des causes d'erreur dont personne moins que moi n'est porté à nier l'existence, je ne devais cependant pas hésiter à marcher en avant, sans faiblesse comme sans présomption, et surtout en conservant l'espoir que de pareils efforts auraient quelque droit à l'estime des hommes de science. C'est par cette pensée toute de confiance que je termine l'exposé de mes travaux".

G. de Saporta, Aix, le 1er décembre 1875

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1875]]> fre]]>

العبر وديوان المبتدأ والخبر في أيام العرب والعجم والبربر Al-ʿibar wa-dīwān al-mubtadaʾ wa-al-ẖabar fī ayyām al-ʿarab wa-al-ʿaǧam wa-al-barbar (Autre titre)]]>
Antiquité]]> Histoire]]> Avertissement : le Tome 1 daté de 1925 est un retirage de 1978, le Tome 2 date de 1928, le Tome 3 de 1934 et le Tome 4 un retirage de 1956 (le volume 4 sera disponible prochainement).

L'œuvre majeure d'Ibn Khaldoun est le Livre des exemples (1375-1379), une histoire universelle tirée des écrits de ses prédécesseurs et de sa propre expérience, et composée de trois livres, d'une introduction et d'une autobiographie. Le second livre, qui comprend quatre tomes, traite de l'histoire des Arabes, des peuples étrangers et des Berbères (étymologiquement, Berbère signifiait Étranger chez les anciens Libyens, comme le terme Barbare pour les Grecs).

Cette seconde section du Livre des exemples expose dans ses 2 300 pages l'histoire extrêmement détaillée de toutes les tribus berbères des origines jusqu'au 14e siècle (l'auteur décède au début du 15e siècle). Tout est à la mesure de l'ouvrage : après une introduction de 66 pages, vient le texte original très documenté par son traducteur (William Mac Guckin, baron de Slane, qui publie les quatre volumes à Alger en 1852-1856) et complété par une table géographique de tous les noms de lieux et de villes cités (50 pages, soit 1 500 noms env.) et d'un index général de tous les noms contenus dans les quatre volumes (80 pages, une liste vertigineuse de que l'on peut estimer à 5 000 à 6 000 noms).

Ibn Khaldoun Kassus (1332-1406)

Vivant sous le Sultanat de Berbérie (1228-1574), l'historien médiéval nous présente toute cette période berbère comme particulièrement troublée au niveau politique et social comme en témoigne la liste des Émirs de l'Afrique septentrionale qui montre qu'ils restaient en moyenne rarement plus de quatre à cinq ans au pouvoir au cours des 7e au 10e siècle.

Les Émirs des 7e et 8e siècles

Ibn Khaldoun déplie par le détail l'histoire particulière de ce qui ne forme pas un peuple unique et homogène mais un ensemble complexe de tribus et de dynasties, berbères et musulmanes, avec leur familles et leurs branches propres : leur origine, leur généalogie, leur migration, leurs conquêtes comme leurs défaites, la chronologie politique et géographique de leurs empires (jusqu'en Espagne).

Filiation des tribus Madghis

Aujourd'hui disséminés au gré de multiples diasporas, les Berbères étaient alors surtout présents dans ce qui s'appellera bien plus tard le Maghreb : Maroc, Algérie et Tunisie.

Filiation des tribus Bernès

Les quatre tomes, relatifs à des tribus ou à des groupes de tribus et des dynasties différentes (leur dénombrement précis ne semble pas être indiqué ni dans le texte traduit ni dans les commentaires du traducteur, mais au seul survol des tables des chapitres, à l'évidence plusieurs dizaines), peuvent être lus indépendamment (seules les tables communes aux quatres tomes figurent dans le dernier).

Numérisation et sommaires Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian – MMSH, Aix-en-Provence

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1. Ibn Khaldoun - Une solide notice sur la vie, les écrits et la pensée d'Ibn Khaldoun, complétée d'une bibliographie conséquente (200 réfs, consultable sur Wikipédia

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13..]]> 1925-1956]]> fre]]> Afrique (province romaine)]]> Afrique du Nord. 13..]]> Algérie. 13..]]> Maroc. 13..]]> Tunisie. 13..]]> - Feuille Tunis ; V ; 1897 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_05_1897a.
"Levés (…) 1881 à 1887 ; [tirage] 09-1897, codé sous la forme 9097" Carte de reconnaissance
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=43113]]>
Astronomie]]> Histoire de l'université]]> Biographie]]>

Édouard Jean-Marie Stephan (1837-1923) - photogr. Marcel Marcelin (source OAM, début 20e)

Quand il parle du Nouvel Observatoire, E. Stéphan rend justice aux astronomes du passé : avant Le Verrier, il existait déjà un observatoire à Marseille, créé en 1702 par les Jésuites dans le quartier du Panier.

Le Trigomètre de Danfrie, fin 16e siècle (conservation OSU-Pythéas, Marseille)

Au début des années 1860, Le Verrier, alors directeur de l'Observatoire national, choisit Marseille pour disposer d'une base d'observation mieux placée au niveau météorologique : c'est à cette époque que l'observatoire est transféré sur le plateau Longchamp (architecte Henry Espérandieu, 1829- 1874) pour y accueillir de nouveaux instruments (à la taille toujours croissante), comme le grand télescope de Foucault, premier instrument à être équipé d'un miroir de verre argenté (80 cm de diamètre) qui marque une avancée remarquable dans les outils de l'observation astronomique.

Le Grand télescope de Foucault (Observatoire de Marseille, 1864)
Histoire de l'astronomie et histoire des instruments, un passé commun et un avenir partagé

Comme toutes les institutions dont la mission transcende l'actualité, l'Observatoire connaîtra les changements administratifs induits par ses tutelles successives : Ministère de la Marine, Académie de Marseille, Bureau des Longitudes, les différents Ministères de l'Éducation. Rattaché à l’Université d’Aix-Marseille depuis 1899, il fait partie du périmètre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. En dehors des réformes de l'État, à l'image d'autres domaines d'étude, on peut y voir aussi le lent glissement des buts à vocation pratique et opérationnelle (besoins de la navigation, par ex.) vers des objectifs de plus en plus théoriques et à visée fondamentale (lois de la physique, lois de l'univers et cosmologie).

Si ce discours de réception (Stéphan est intronisé  membre de l'Académie des sciences de Marseille) a toutes les allures d'un hommage à titre posthume (Le Verrier est décédé un an et demi plus tôt), c'est à l'astronomie que Stéphan réserve la place centrale de son propos : oui, l'astronomie n'est pas une science ordinaire parce que, qui mieux qu'elle, élargit l'horizon des idées philosophiques en resituant l'homme dans un vaste système, qui plus qu'elle, combat les superstitions d'antan, comme les éclipses et l'apparition des comètes qui plongeaient les peuples dans l'effroi, et qui mieux qu'elle procure une géographie précise des terres et des mers aux voyageurs et aux marins. Quel plus bel exemple qu'une science aussi rigoureuse en géométrie et aussi utile qu'à Marseille, la cité marine par excellence. Avec l'astronomie, les mers ne sont plus des barrières infranchissables mais des voies ouvertes pour parcourir le monde (hommage lucide du monde du négoce à la science, la statue du navigateur et de l'astronome Pythéas orne la façade du palais commercial). L'astronomie, une très anciennelle science pleine d'avenir.]]>
  1. M. Le Verrier, fondateur du Nouvel Observatoire de Marseille : Discours de réception prononcé à la séance publique du 9 mars 1879 (pp. 3-20)
  2. Réponse de M. Amédée Autran, président du Tribunal civil de Marseille, Président de l'Académie, au discours de réception de M. Stephan (pp. 21-28)
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1879]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
Astronomie]]> Mathématiques]]> Sciences & techniques]]> Histoire de l'université]]>
Pythéas, le Massaliote astronome (de -359 à -289 de notre ère)
Statue d'Auguste Ottin (1811-1890) - façade du Palais de la Bourse à Marseille

Le mathématicien se passionne autant pour ses collègues contemporains, dont il deviendra le doyen en 1870, qu'à leurs illustres prédécesseurs comme Pythéas, un des tout premiers astronomes local durant la période hellénistique (4e siècle avant J.C.), Pézenas et Sulvabbel (astronomes du 18e siècle) ou encore LeVerrier (astronome du 19e siècle). Ses études historiques ne se limitent pas aux biographies élogieuses et faciles des hommes de sciences célèbres, morts ou vivants, et des institutions qui les ont portés : scientifique ouvert, il n'hésite pas à aborder sur le fond des questions scientifiques et techniques dont il n'est nullement spécialiste, ce qui est toujours risqué.

Saint-Jacques de Silvarelle, astronome marseillais (1722-1801)

Mais sa vision de l'engagement dans la science n'est pas sans rapport avec sa mission spirituelle, notamment quand il déclare, à propos de Pézenas (un ecclésiastique comme lui !) : "Il y a deux sortes d'apostolat, l'apostolat de la foi et l'apostolat de la science. L'apôtre de la foi propage, au nom de la religion, les vérités surnaturelles; l'apôtre de la science vulgarise les conquêtes de la raison". S'il dessine clairement la ligne de démarcation qui sépare la religion de la rationalité, si on admet que les deux démarches peuvent être animées par le même désintéressement, le travail intellectuel d'un scientifique, qu'il soit enseignant et/ou chercheur, n'est pas d'essence sacrée mais juridique : un statut public ou un contrat privé respectant une éthique et une déontologie professionnelle, refusant tout conflit d'intérêt.

L'abbé Aoust, professeur de mathématiques et doyen de la Faculté des Sciences (1814-1885)

Cruelle ironie, l'Abbé Aoust est rattrapé par une certaine actualité éditoriale et se retrouve confronté à une sombre affaire de fraude : à partir de 1868, toutes ses communications, à l'exception d'un hommage au doyen Morren décédé en 1870 (doyennat de 1854 à 1870), se cristallisent sur sa revendication d'antériorité relative à ses résultats en matière de géométrie et sa dénonciation de plagiat d'un confrère mathématicien belge auteur d'emprunts indélicats. L'herbe du voisin n'est peut-être pas toujours plus verte mais il n'aurait jamais connu pareille mésaventure avec ses amis, les astronomes !]]>
  1. Discours d'ouverture prononcé par l'Abbé Aoust, Pr de Mathématiques, le 5 janvier 1857
  2. Du principe de la gravitation universelle. Discours d'ouverture prononcé par l'Abbé Aoust, Pr de Mathématiques, le 5 janvier 1857
  3. Cours d'astronomie - Année 1857-1858. Lecçon d'ouverture prononcée par l'Abbé Aoust, Pr, le 23 novembre 1857
  4. De l'esprit géométrique - Discours de réception de l'Abbé Aoust à la Faculté des sciences de Marseille - Séance publique du 5 juin 1859
  5. Discours prononcé à la séance de rentrée de la Faculté des sciences de Marseille, le 27 novembre 1860 par l'Abbé Aoust
  6. Rapport sur le travaux et découvertes de M. Leverrier, directeur de l'Observatoire Impérial de Paris-Marseille, l'Abbé Aoust, 2 février 1865
  7. L'Homme et la science : discours d'ouverture prononcé dans la sénce publique du 2 juin 1867 par l'Abbé Aoust, président, Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Marseille
  8. Etude sur Pythéas, par l'Abbé Aoust, Pr. à la Faculté de Sciences de Marseille
  9. Etude sur le P. Pézenas, astronome Marseillais, par l'abbé Aoust
  10. Portrait de Saint-Jacques de Silvarelle
  11. Etude sur la vie et les travaux de St-Jacques de Silvarelle, astronome marseillais, 1870
  12. Remarques et réclamations faites par M. Aoust, relativement au Mémoire de M. Gilbert sur la théorie générale des lignes tracées sur une surface quelconque (1868)
  13. Nouvelles observations sur un débat de priorité entre M. Gilbert, professeur à l'Université de Louvain, et M. l'abbé Aoust, professeur à la Faculté des sciences de Marseille, 1868-1869
  14. Réponse de M. Aoust à la lettre de M. Gilbert, lue à la séance de l'Académie du 20 mai 1869
  15. Notice sur les titres et travaux scientifiques de M. l'abbé Aoust, Chanoine honnoraire et Pr à la Faculté des sciences
  16. Nécrologie - M. Morren (1870), discours d'hommage de l'abbé Aoust et d'Amédée Autran
  17. Un système double de surfaces réglées résultant du mouvement d'une droite, Abbé Aoust
  18. Des roulettes en général, par l'Abbé Aoust, 1870
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1857-1870]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
Droit international]]> Jurisprudence]]>
La mise en œuvre de la réforme agraire en Transylvanie décidée par la Roumanie a pour conséquence d'exproprier un certain nombre de ressortissants hongrois. Ceux-ci entament un recours en dénonçant et le comportement du pouvoir roumain dès la fin de la guerre (1914-1918) et cette loi qui contient cette disposition : "Seront expropriés dans leur totalité les propriétés des absents...".  Une cynique et tragique application de l'adage "Qui va à la chasse perd sa place !". Sauf qu'en l'occurrence, fuir un pays en guerre ne relève pas vraiment d'une subite fièvre touristique. Qui plus est, la loi datant de 1921, elle serait alors appliquée avec effet rétroactif, ce qui est juridiquement très contestable (mais moralement possible, comme ce sera plus tard le cas des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre qualifiés après coup d'imprescriptibles).

A. La Pradelle, deux passions : le droit international et la justice

L'affaire est d'autant plus complexe qu'il faut tenir compte du Traité de Trianon (4 juin 1920) qui fait suite au traité de Versailles (28 juin 1919) et qui officialise la dislocation de l'Empire austro-hongrois à la fin de 1918 : son article 250 énonce clairement que :"les biens, droits et intérêts des ressortissants hongrois ou des sociétés contrôlées par eux, situés sur les territoires de l'ancienne Monarchie austro-hongroise ne seront pas sujets à saisie ou liquidation".

En fait de réforme, il s'agit d'une collectivisation pure et simple des terres : 5,8 millions d'ha (soit la moitié des surfaces agricoles) sont transférés à 1,4 million familles paysannes. Un choix autoritaire plutôt malheureux, le niveau technique des petites exploitations étant faible et très inférieur à celui des exploitations redistribuées (1).

Mais comme le rappelle La Pradelle après les 550 pages très techniques des plaidoiries-fleuves des six principaux avocats, la première question qui est posée par l'action des requérants est de savoir si les Tribunaux arbitraux mixtes créés par les traités de paix (et c'est bien le cas ici) sont bien compétents... Le Gouvernement roumain tentera de démontrer que le Tribunal arbitral a excédé ses pouvoirs en se déclarant compétent (2). L'Histoire montrera que dans nombre d'affaires où intervient une instance internationale, la première ligne de défense (et la moins coûteuse) des parties mises en cause est de contester la compétence de la juridiction saisie (ou l'agumentaire qui l'assoit) quand ce n'est pas sa légitimité. Une légitimité toujours fragile et qui se constuit d'abord dans la justice rendue (3).

En 1945 et 1948, une seconde réforme foncière amplifiera la première de 1921 : 2,2 millions d'hectares supplémentaires seront à leur tour collectivisés...

___________________

1 Dumont, René. -  En Roumanie la collectivisation agraire se heurte à la résistance paysanne - Le Monde, Publié le 11 septembre 1956 à 00h00, modifié le 11 septembre 1956 à 00h00
2. United Nation - Libray & Archives, Geneva. - Dossier R613/11/58582/28470 - Questions agraires soumises au Tribunal Arbitral Mixte Roumano-Hongrois - Section Politique - Notes historiques et juridiques sur ces questions. - Les Optants hongrois en Roumanie - Questions agraires soumises au Tribunal Arbitral Mixte Roumano-Hongrois - Section Politique - Notes historiques et juridiques sur ces questions.
Le dossier original des observations juridiques de la Section politique, en langue française, couvert jusqu'au 31 mars 1987, est consultable sur le site de l'ONU. Un stupéfiant témoignage que nous joignons dans son intégralité et dont nous invitons le lecteur de parcourir (l'expertise de La Pradelle y est mentionnée : il apparaît comme acteur du Droit des gens et pas comme simple commentateur).
3. Dérens, Jean-Arnault. - La justice internationale ne doit pas être une justice des vainqueurs, Le Monde, éd. du dimanche 28-lundi 29-mardi 30 mai 2023, p. 19

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1927]]> fre]]> Hongrie. 19..]]> Roumanie. 19..]]>
Zoologie]]> Histoire de l'université]]>
"Je suis l'exemple des naturalistes qui, depuis de longues années, s'efforcent d'attirer l'attention du grand public sur leurs éludes, si vastes, si diverses, si utiles et réellement si mal jugées encore". Antoine-Fortuné Marion ne fuit pas les paradoxes : lui qui vient à peine de dépasser la cinquantaine évoque son si long combat pour défendre la science, lui qui parle de l'avenir alors qu'il ne lui reste que deux ans et demi à vivre, lui qui, entré à l'université d'Aix-Marseille avant même d'avoir son baccalauréat (recommandé par G. de Saporta en 1882), lui qui affirme que les gens éclairés se doutent bien qu'il existe un lien entre les savants et les progrès en matière d'hygiène ou d'agriculture, lui qui s'adresse à ses confrères du monde entier (la Revue est internationale) pour leur faire comprendre que sa cause n'est pas de les convaincre, eux, mais d'expliquer l'utilité de la science à Monsieur Tout-le-monde !

Villa d'un armateur fortuné ? Non : la Station marine d'Endoume qui domine sobrement la baie

Donc profitons de la visite de Marion, son directeur, pour découvrir la station marine (que les Marseillais ne connaissent pas : normal, les Journées du Patrimoine, c'est pour un peu plus tard) : un bâtiment fonctionnel mais original avec sa tour octogonale et sa grande terrasse (vue imprenable sur la Méditerranée), ainsi que ses espaces techniques au rez-de-chaussée (aquariums, labo de biologie, matériels scientifiques et engins pour recueillir ou capturer les spécimens).

Plan de la station marine d'Endoume

À l'étage, les salles de recherche bordées par la galerie des échantillons, les deux espaces de bibliothèques encadrant le bureau du directeur (producteur et gardien du savoir ?) et un petit labo photo (les spécimens marins apprécient modérement la vie terrestre, il faut donc se dépêcher de les immortaliser encore présentables et avant le grand bain dans l'alcool ou le formol).

À l'instar des échantillons, un cliché immortalise un tête à tête entre Gastine et Marion derrière un microscope : démonstration faite que la station d'Endoume n'est pas un lieu occulte de tortures barbares infligées à des mollusques innocents et sans défense mais un espace d'échanges pluridisciplinaires : naturalistes, biologistes, chimistes,... On a besoin de tout le monde sur le pont.

Gastine, le chimiste & Marion, le naturaliste (Station d'Endoume)

Malgré des problèmes de santé chroniques, Marion est un scientifique heureux : il mesure la chance qu'ont les naturalistes de son époque de pouvoir disposer des nouvelles techniques d'exploration dans les eaux océaniques profondes : il a personnellement étudié les échantillons marins remontés par le navire océanographique français "le Travailleur" au cours des campagnes menées dans le Golfe de Gascogne en 1880 et 1881 et les progrès de l'instrumentation scientifique apportés aux biologistes et aux chimistes nécessaires à leurs analyse (la microscopie en embryologie, par ex.).

Marion est un esprit pragmatique : ce qui peut convaincre le grand public de l'intérêt de la science, ce ne sont pas les grands débats académiques abscons mais les progrès que les scientifiques amènent dans la vie quotidienne grâce à leur connaissance des mécanismes de la nature. Par ex., au grand désespoir des marins-pêcheurs, qu'est-ce qui peut expliquer la chute des prises de sardines constatée depuis quelques années ? Chacun y va évidemment de son commentaire, de son verdict et de sa solution... Écoutons plutôt le biologiste et le technicen qui tentent de déterminer les ressources utiles et utilisables du domaine maritime : n'y aurait-il pas un rapport avec le mode de reproduction de ces poissons et leur stratégie pour déposer leurs œufs : fixés ou flottants ?

Le professeur de sciences naturelles ne s'en tient pas au questionnement théorique : il s'engage et prend parti avec des propositions concrètes de protection de la ressource : si des zones tampons peuvent être utiles pour éviter les conflits entre flottilles, il faudrait créer des zones de cantonnement de réserve et de culture. L'expérimentation menée dans la baie du Prado est édifiante : la zone protégée s'est rapidement repeuplée et dans les zones voisines on trouve davantage de rougets, de dorades et de langoustes ! Autre ex., des enrochements artificiels créés dans ce cantonnement ont joué un rôle collecteur pour la faune et la flore (surfaces de fixation, abris pour certaines espèces). Sans oublier sa demande de crédits pour effectuer des tests de pisciculture (fécondation et élevage des alevins en laboratoire avant d'être relâchés dans le milieu naturel). Marion, pragmatique mais pas démagogue (l'homme de science en sait quand même plus que l'homme de la rue et que l'administration) a pu méditer pendant quelques années encore l'amère réalité : nul n'est prophète en son pays. Un siècle plus tard, parmi ceux qui ne l'ont jamais lu, certains se sont probablement imaginé avoir enfin tout compris et tout inventé...


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1897]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
]]> Archéologie]]> Antiquité]]>
Sur le site archéologique de Carthage, on ne compte pas moins de six grandes Basiliques chrétiennes, construites entre le 4e et le 6e siècle, et qui font chacune l'objet d'un chapitrede l'ouvrage avec les mêmes rubriques (plan, fragments, architecture,...) :
  1. Basilique de Bir-Ftouha
  2. Basilique de Bir-Knissia
  3. Basilique de Damous-El-Karita
  4. Basilique de Dermech
  5. La Basilica Majorum à Mçidfa
  6. Basilique de Saint Cyprien

Vestiges de la Basilique Saint Cyprien

Malheureusement pour les archéologues, toutes ont un point commun : elles sont très dégradées, et pour la plupart d'entre-elles, il ne reste réellement que des vestiges. Mais les ruines ne sauraient les décourager et les motivent davantage à établir des plans d'une très grande précision, comme ici celui assez classique dans son schéma de St Cyprien (dans des styles variés mais souvent d'origine orientale, certaines basiliques sont plus d'inspiration syrienne ou constantinienne).

Plan de la Basilique Saint Cyprien

Comme le rappelle l'auteur, à ces six édifices, il faut en plus ajouter les basiliques cypriennes (donc édifiées en l'honneur de Saint Cyprien) et les basiliques non retrouvées mais dont l'existence est connue par les textes anciens : leur nombre est évalué entre 17 à 22.

Les chapiteaux de la rotonde souterraine (Damous-El-Karita)

Les fragments d'éléments architecturaux laissent entrevoir le soin du détail apporter à l'édification de ces lieux de culte et à la richesse des éléments décoratifs comme ces chapiteaux des hauts de colonnes retrouvés dans la rotonde de Damous-El-Karita (les autres basiliques en possèdent également).

Adoration des Mages et apparition de l'Ange aux Bergers (Damous-El-Karita)

Très rares sur ce site (come les statues, bien souvent les premières à être dérobées ou vandalisées), quelques reliefs ont été retrouvés comme cette double figuration de l'Adoration des Mages et de l'apparition de l'Ange. Si les dessins ont tout leur intérêt scientifique, on aurait souhaité pouvoir apprécier davantage de photographies (aucune planche hors texte des 24 illustrations) qui auraient donner la mesure des édifices et la perspective de leur implantation sur un site très étendu et dispersé : volonté de l'auteur, lui-même dessinateur de talent, ou manque de moyen d'une édition pourtant assez tardive (1933) ? À son actif, son étude montre toute l'importance que le christianisme avait pris dans cette ville et pas seulement par la présence de monuments aussi imposants (sites primitifs et maisons de culte, chapelles, églises,...).]]>
1933]]> fre]]> Carthage (ville ancienne)]]> - Feuille Tunis ; V ; 1897 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_05_1897a.
"Levés (…) 1881 à 1887 ; [tirage] 09-1897, codé sous la forme 9097" - Carte de reconnaissance
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=43113]]>
Histoire de l'université]]> Sciences & techniques]]> Biographie]]> ]]>
Leon-Charve (1849-1937)

Homme décrit comme entier, passionné et autoritaire mais proche de ses étudiants, il s'engagera totalement dans la partie de bras de fer qui opposera Marseille à Aix-en-Provence : la création d'une véritable université à Marseille construite sur les neuf hectares de l'ancien cimetière Saint-Charles impliquait le transfert des Facultés aixoises, celle de Droit fondée en 1808 et celle des Lettres, créée en 1846. Elle comprenait également une Faculté de médecine et un nouveau bâtiment pour la Faculté des Sciences, créée en 1854, et qui était alors en très mauvais état.

Léon Charve, qui n'avaient pas que des amis, et ses collègues, n'eurent pas gain de cause contre les appuis politiques qu'Aix et Montpellier, qui voyaient d'un très mauvais œil la création à Marseille d'une Faculté de médecine, disposaient dans la capitale.

Léon Charve, à un âge plus avancé (1849-1937)

Après 10 ans de bataille (et de blocage au sujet d'un budget d'État destiné à l'Enseignement Supérieur mais utilisé par la ville pour construire des écoles primaires), Charve obtint l'adoption du projet de construction de la nouvelle Faculté des Sciences (on ne parle plus d'Université ni de certains services centraux). Avec le sentiment d'avoir accompli sa mission, Charve démissionna de son décanat et confia la suite des affaires à ses successeurs. Mais la suite ne fut pas tout à fait celle qu'il attendait : le projet initial avait perdu de sa séduction et, sensible à l'évolution des campus à l'américaine, l'idée d'Instituts dispersés dans un grand parc prenait le pas sur celle d'un imposant et prestigieux palais très 19ème... En réalité, les tutelles avaient tranché : la Faculté se ferait donc à Saint-Charles (ou ne se ferait pas...). En 1921, L. Charve partait en retraite. Il aurait probablement savourer, exactement 100 ans plus tard, la création à Marseille d'une université unique qui se choisira un nom à la fois très séducteur, assez neutre et totalement détaché de son passé.

Léon Charve (doyen 1899-1910), un nom gravé dans le marbre de l'amphi de mathématiques

Les obsèques de l'ancien doyen étant restées privées, le Conseil de la Faculté décida, en guise d'hommage à titre posthume, de baptiser l'Amphithéâtre de l'Institut de Mathématiques et de Physique de la nouvelle Faculté des Sciences du nom du professeur de mécanique, inchangé depuis.]]>
1938]]> fre]]> Marseille. 18..]]> Marseille. 19..]]>
Astronomie]]> Histoire de l'université]]> Biographie]]>
Urbain Jean-Joseph Le Verrier (1811-1877)

Sur les traces de Newton, ses travaux portent d'abord sur le problème des interactions réciproques qu'exercent les planètes les unes sur les autres et la question problématique de la stabilité du monde en prise avec l'attraction universelle (stabilité à laquelle Newton ne croît pas). Pour le Verrier, la solution énoncée par Laplace n'est valide que si toutes les constantes qu'elle présuppose sont numériquement calculées, ce qu'il parvient à faire en 1840, démontrant ainsi l'hypothétique stabilité.

Le Verrier - calculs de la position de Neptune (manuscrit, 1845)

Poursuivant ses travaux, il propose en 1843 de nouvelles tables de Mercure basées sur des observations plus précises, tables que le passage suivant de la planète devant le soleil confirmera. Le reste de sa vie, il continuera en tâche de fond à recalculer et rectifier la théorie et les tables des autres planètes du système solaire (Mercure, Vénus, Mars, ...).

Le Verrier n'a jamais vu Neptune, la géante de glace (7ème planète du système solaire)

Mais le nom de Le Verrier restera attaché à sa découverte majeure annoncée en 1845 à l'Académie devant les astronomes septiques : l'existence de Neptune, sa masse et sa position dans l'espace, une prédiction qui ne doit rien aux télescopes mais aux calculs des inégalités d'Uranus (différence entre positions théoriques et positions physiques, le calcul s'appuie indirectement sur des observations). Galle, astronome à Berlin, observera bien la nouvelle planète (à l'époque, considérée aussi comme comète) à la place assignée par Le Verrier, ce qui lui vaudra d'être admiré dans le monde entier et nommé à la chaire d'astronomie créée à la Sorbonne pour ce résultat scientifique retentissant.

Une première : les 11 anneaux de glace visibles sur les 13 observés.
Image IR - Télescope spatial James Webb (ESA, 6 fév. 2023)

Le mérite de l'astronome est d'autant plus grand que ses résultats ont été parfois reçus fraichement voire ouvertement contestés (par l'astronome anglais Adams, notamment). Ce qui ne l'empêchera pas de prendre la direction de l'Observatoire National en 1854 (suite au décès de François Arago l'année précédente) et de le réorganiser profondément. On lui doit également le Service des avertissements télégraphiques qui délivre un bulletin météo quotidien de l'Europe très utile aux navigateurs. Pour Aoust, la science est parfois une lutte et Le Verrier était un vrai soldat de la science.

En 1863, Le Verrier sélectionnera, entre plusieurs villes du Midi sur les rangs, le ciel provençal lumineux de Marseille, plus propice pour mener les observations optiques que le ciel parisien : succursale de l'Observatoire national, l'Observatoire astronomique de Longchamp était né. Reconnaissante, l'Académie des Sciences, lettres et arts de Marseille nommera à l'unanimité le grand maître de la mécanique céleste membre résidant.]]>
1877]]> fre]]> Paris. 18..]]> Marseille. 18..]]>
Histoire de la Provence]]> Droit coutumier]]> Droit du travail]]> La réforme sociale en France déduite de l'observation comparée des peuples européens" (1864) dont l'enseignement se résume à un diagnostic décisif : l'instabilité sociale est due aux désordres moraux.

Aux inégalités créées par la monarchie et qui ont engendré la révolte de 1789 (par leur rôle naturel d'exemplarité, la responsabilité des évènements revient aux élites - c'est bien connu, les corps pourrissent toujours d'abord par la tête) ont succédé les inégalités créées par la liberté : les ouvriers, aujourd'hui (1865) plongés dans l'idéologie individualiste, génératrice de conflits, regrettent amèrement la disparition de leurs anciennes corporations, alors que les économistes s'en félicitent (des irresponsables).

Pour Ch. de Ribbe, l'idée corporatiste mérite à elle seule une étude (du 13e au 18e siècles) qui n'a jamais été menée pour la Provence : les corporations, devenues aujourd'hui un simple souvenir, étaient pourtant le mode d'organisation des métiers le plus stable, le plus efficace et le plus juste qui soit : elles avaient leurs chefs, leur discipline, leurs coutumes, leurs lois, leurs droits et leurs privilèges. Un cadre de statuts et de règlements qui permettait à toutes les professions et à tous ceux qui y travaillent de trouver sa place.

Les communautés de métiers : structuration et organisation des professions et du marché du travail

Ch. de Ribbe est assurément un précieux historien dans sa minutieuse analyse de la société provençale antérieure au 19e siècle et dont il démonte, un à un, tous les rouages qui sont à ses yeux essentiels à la cohésion sociale. Mais ses postulats idéologiques l'amènent aussi à rechercher tous les rouages arrachés par la tempête révolutionnaire, unique cause de la casse de cette grande horlogerie : "Le caractère du régime nouveau est de détruire systématiquement les influences qui maintenaient autrefois dans les masses une sorte d'égalité forcée, ou tout au moins de donner à chaque individu la faculté de s'en affranchir".

Sa nostalgie obsessionnelle d'une ancienne harmonie idéale cimentée par les institutions politiques, professionnelles, sociales, familiales et morales les plus solidement établies, l'amène à concevoir une physique inédite dans laquelle la Provence se réduit à un espace à une seule dimension, la ligne temporelle du passé révolu.

Le document original du milieu du 19e siècle reproduit ici appartient aux collections de la Bibliothèque Méjanes de la ville d'Aix-en-Provence. Nous la remercions ici grandement ainsi que sa directrice, Mme Aurélie Bosc.]]>
1865]]> fre]]> Provence. 14..]]> Provence. 15..]]> Provence. 16..]]> Provence. 17..]]>
Oeuvres des juristes provençaux avant 1789]]> Philosophie politique]]>
Copier sur son voisin ou comment s'attibuer sans peine le travail des autres

Mais quand on n'aime pas, on compte encore moins et le polémiste, à la plume particulièrement acide, pourtant plein de bonnes intentions au départ, ne se prive pas d'accabler Portalis sur tous les plans :

- sur le fond : il confond ce qu'il comprend avec les thèses réelles (les passions pour les préjugés, par ex.)
- sur la forme : n'ayant rien à dire, il construit un texte de pure opposition aux ceux qui remplissent déjà les bibliothèques
- sur la méthode : il convoque les auteurs qui vont dans le sens de ce qu'il veut démontrer
- sur la manière : (re)copier, ce n'est pas seulement déloyal envers ses sources et son lectorat, c'est la preuve d'un manque total de capacité créatrice.

Pourquoi deux lettres ? Parce que Portalis a publié deux ouvrages, le premier sur Rousseau "Les observations sur Emile" et le second sur les "Préjugés" ou "Idée générale sur les préjugés". Déjà excédé par le premier ouvrage où il accuse à plusieurs reprises Portalis de plagiats, la formule la plus sévère tombe au début de la seconde critique : "Quand il cite les auteurs une fois, il les copie dix fois". Juriste plagiaire : un parfum de double faute.

Pour confondre Portalis, l'accusateur (a priori resté anonyme), oppose en regard l'un de l'autre les textes des auteurs originaux et ceux du jeune juriste ambitieux, téméraire et pressé. Une confrontation pour le moins troublante pour les uns, un flagrant délit pour d'autres. Une erreur de jeunesse qui ne gâchera pas son avenir (nous n'avons pas connaissance d'une plainte en diffamation de J.-E.-M. Portalis à l'époque).

Le document original du milieu du 18e siècle reproduit provient des collections de la Bibliothèque Méjanes de la ville d'Aix-en-Provence. Nous la remercions ici grandement ainsi que sa directrice, Mme Aurélie Bosc.]]>
1764]]> fre]]> France.. 17..]]>
Économie politique]]> Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> Biographie]]>
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Offert à la bibliothèque universitaire. Signé Edouard Jourdan". E. Jourdan est le fils de l'auteur.

Quatorze : c'est le nombre de titres, de fonctions, de responsabilités, d'appartenances à des sociétés savantes et de distinctions associés au nom d'Alfred Jourdan. Aujourd'hui, un tel palmarès lui vaudrait l'épithète de cumulard si ce n'est qu'il s'agit bien de domaines de compétence attestés et pas des décorations de pacotille.

Alfred Jourdan (1823-1891)

Rien de surprenant si la majorité des laudateurs de cet économiste libéral sont des juristes : pas seulement parce qu'il a été le doyen de leur Faculté, mais, parce qu'à cette époque, l'économie n'est enseignée que dans les Facultés de Droit. Un hommage on ne peut plus consensuel : Président de la Cour d'Appel, Recteur d'Académie, Doyen des Lettres, Président de l'Académie, Professeurs, Docteurs, ...

Parce que précurseur, il était trop juriste pour les économistes et trop économiste pour les juristes. Son nom restera associé à son rôle dans la fondation de l'enseignement de l'économie politique et aussi à la "Revue d'économie politique" qu'il avait cofondée en janvier 1887. La notice biographique plus développée du document "Éloge de M. Alfred Jourdan, président de l'Académie d'Aix, correspondant de l'Institut, doyen de la Faculté de droit d'Aix, prononcé dans la séance du 17 janvier 1893", pourra être utilement consultée.

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  1. Extrait du Journal Le Var de Draguignan. (Numéro du 20 août 1891)
  2. Discsours prononcé par M. Rolland, président honoraire à la Cour d'Appel d'Aix
  3. Discours proncé par M . Auguste Laurin, professeur de Droit Commercial et de Droit Maritime aux Facultés d'Aix et de Marseille, Assesseur du Doyen de la Faculté de Droit
  4. Discours de F. Belin, Recteur de l'Académie d'Aix
  5. Revue d'Economie politique - Numéro de Septembre-Octobre 1891
  6. - Article de Charles Gide, professeur à la Faculté de Droit de Montpellier
  7. Séance solennelle de Rentrée du 23 novembre 1891 - Rapport présenté au nom du Conseil Général des Facultés par M. Guibal, Doyen à la Faculté des Lettres
  8. Leçon de M. Moreau, Professeur (19 décembre 1891)
  9. Notice lue par M. Aucoca à la séance du 30 Janvier 1892
  10. Discours du Docteur Paul David
  11. Discours de Pierre Lanéry d'Arc
  12. Discours de M. Soubrat
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1893]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
Droit constitutionnel]]> Enseignement supérieur]]>
Pour comprendre ce qu'elles sont et comment elles agissent, il faut d'abord savoir ce qu'est l'État, sa nature, ses formes, sa composition et son fonctionnement. S'il se définit fondamentalement par sa souveraineté, cela ne signifie pas qu'il est tout : il faut donc connaître ce qu'il n'est pas et ses limites. Dans les régimes dits de droit, le pouvoir exécutif doit composer avec le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire, chaque instance ayant ses prérogatives exclusives. Mais tout ce jeu se fait selon une mécanique d'équilibre où s'ajuste chaque périmètre : le pouvoir législatif contrôle le pouvoir exécutif, mais il est lui-même contrôlé par le pouvoir judiciaire... Mais alors, qui contrôle le pouvoir judiciaire ?

Pour le savoir, il faut apprendre les corpus juridiques et La Pradelle sait de quoi il parle, première qualité d'un bon pédagogue. Le premier travail de tout juriste, c'est la lecture : "Le droit est une science de textes. Il faudra donc prendre l'habitude de les lire".
Donner des conseils, c'est utile mais cela ne suffit pas : il faut également proposer les outils, deuxième qualité du bon pédagogue. Ses étudiants peuvent donc se procurer son support de cours chez le libraire du coin et méditer l'avertissement du professeur : "Un cours n'est qu'une base d'études, une préparation à la lecture et à la réflexion personnelles". Au travail...

La Constitution française de 1875, active lors du cours de 1912 (Archives Nationales, cote AE-I-29 n°15)

Donc, première interrogation : dans toute cette organisation complexe et subtile de textes constitutionnels, parfois abstraite (l'idée de nation, de communauté nationale, de préogatives et de hiérarchies politiques), où se situe l'individu réel, le citoyen de base ? Sa place se trouve dans les notions de libertés publiques et de libertés individuelles, pour autant que l'État veuille bien les respecter ! Et c'est dans cette dissymétrie, ce rapport de force qui n'a plus besoin d'être énoncé, que réside la nature intrinsèque de l'État. Un État de droit, c'est d'abord et avant tout un État qui accepte de respecter le droit et donc, bel impératif kantien, qui s'applique à lui-même ce qu'il impose aux autres. De quoi rasséréner tout étudiant de 1ère année qui découvre un océan de textes et l'ampleur de la tâche qu'il a devant lui : comprendre, c'est bien plus que savoir... Une première leçon dans une époque politiquement troublée (nous sommes à moins de deux ans de la première conflagration du 20e siècle) où les questions des droits et des libertés sont fréquemment débattues. Le droit constitutionnel, rappelle La Pradelle, se nourrit de la spéculation philosophique et de l'expérience législative. Il a de quoi faire.

Par ses horreurs, ses destructions et ses blessures, la Première Guerre mondiale marquera à jamais toute une génération de juristes (comme tous les intellectuels) : la dimension démentielle d'un tel désastre qui n'avait plus pour but que l'anéantissement total de l'autre, dans la folle logique où toute notion de limite semble avoir disparue, n'a été possible que par l'orgueil des États-Nations (ou qui prétendent l'être), l'aveuglement des peuples et l'immaturité des législations. Dès et dans l'après-guerre, tous ces juristes s'engageront dans la cause pacifiste par la voie politique (traité, SDN, droits de l'homme,  construction européenne - M. Schuman, R. Cassin) ou juridique : les conflits doivent être réglés devant les tribunaux et le droit international, comme la justice internationale, n'ont d'autre mission que de préserver la paix. À partir des années 1920, La Pradelle vouera toute son énergie à élaborer le droit des gens : solutions d'arbitrage, tribunaux internationaux, cours de justice internationale, avec cette même idée que tout État, s'il se prétend de droit, doit accepter qu'un droit supérieur s'impose à lui. Le professeur de droit constitutionnel (cours de 1912) cèdera définitivement sa place au professeur de droit international (cours de 1934 à 1950).]]>
1912]]> fre]]>
Archéologie]]> Antiquité]]>
Date la plus tardive citée dans le document : 1921, date probable de publication.

A n'en pas douter, Alfred Bel n'est pas l'inventeur des guides touristiques français (l'un des pus célèbres date de 1841 et l'un des plus vendus de 1900) mais l'un des premiers à proposer un sommaire très pédagogique : d'abord on apprend l'histoire (sinon on ne comprend rien), ensuite on visite la ville (sinon on apprend rien) et enfin, on découvre les environs (sinon on s'ennuie et on a rien à raconter). Un plan assez occidental et plutôt rationnel (du particulier au général) mais qui a tout son intérêt et qui structure toujours, un siècle plus tard, le sommaire de la plupart des guides classiques publiés sur papier.

L'entrée du mausolée de Sidi Bel Lhassen

Pour introduire ce guide destiné au touriste, A. Bel rappelle que la première édition de son guide était déjà épuisée avant 1914, terrible rançon du succès, mais que la paix revenue, le mouvement des touristes avait repris vers Tlemcen et un Syndicat d'initiative avait même était créé 6 mois après la fin de la Guerre (avril 1919) et commencé à distribuer des brochures illustrées (auxquelles il a bien sûr collaboré). Utiles mais un peu sommaires et superficielles, Bel propose donc au lecteur bénévole (l'élite cultivée veut toujours en savoir plus) un document plus consistant développant les aspects géographiques, historiques, archéologiques avec des notions d'art musulman et de vie religieuse, une seconde édition publiée 11 ans après la première légèrement mise à jour.

Le mausolée de Sidi Merzouq, à l'angle de la Grande Mosquée

Comme le guide s'adresse aux touristes, il ne se limite pas à l'iconographie austère des monographies d'archéologie classiques, en général des chantiers de fouilles et des vitrines du musée associé, mais montre la vie quotidienne de la population locale, population composée de trois groupes : les indigènes musulmans, les indigènes israélites et les européens (le critère religieux ne s'applique pas aux occidentaux). S'il s'attache à quelques portraits de musulmans et de juifs âgés, il ne développe rien sur les colons (absents de toutes les photographies, même de foules en extérieur, contrairement aux écrits scientifiques où certains archéologues se mettent volontiers en scène, histoire de dater et revendiquer leurs découvertes). Une discrétion volontaire : qui irait faire au minimum 1500 km et des dizaines d'heures de mer ou de route et de pistes pour retrouver ses compatriotes métropolitains ?

Un pélerinage des confréries religieuses à Sidi Bou Médine

Bel sait bien que s'ils sont la base des travaux sur toute civilisation antérieure, les vestiges et les recits ne résument pas une population. Sans verser dans le guide ethnographique, l'archéologue s'attarde aux lieux de vie comme les marchés aux bestiaux, aux lieux de consommation comme le marché à la viande ou aux vêtements et aux denrées alimentaires ou encore aux temps forts de la vie sociale comme les cérémonies religieuses et de détente comme les courses de chevaux en tenue d'apparat.

Place Bugeaud (un général fançais grand "pacificateur" de l'Algérie)
le marché aux nippes et de produits alimentaires

A l'opposé de certains voyagistes qui utilisent  aujourd'hui les sites antiques comme alibi culturel à leurs circuits touristiques des plus conventiels, A. Bel se passionne pour les fouilles archéologiques et les cultures anciennes. Mais s'il aime les vieilles pierres, il apprécie tout autant de connaître les habitants et échanger avec eux. Les cultures ne sont pas des produits de consommation que l'on s'approprie, ce sont des occasions de s'ouvrir aux autres et de rencontrer des gens qui ne vivent pas comme nous. L'intérêt et la curiosité accordés aux étrangers, deux composantes du respect que l'on porte à l'autre.

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian – MMSH, Aix-en-Provence)]]>
1921?]]> fre]]> Tlemcen. 19..]]> Algérie. 19..]]> - Feuille Tlemcen ; 31 ; 1947 ; Institut géographique national (France)/France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_031_947a. "Révision de 1912 ; Complété en 1928 ; Tirage de Décembre 1947"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32158]]>
Histoire de la Provence]]> Droit social]]> le sentiment est la condition sine qua non de toute oeuvre d'économie sociale ou philanthropique". Si les œuvres caritatives existent depuis de nombreux siècles, et le tout premier régime de retraite de l'État institué en 1673 par Colbert en faveur des marins (Caisse des Invalides de la Marine royale), les associations pour diverses missions (aide, entraide, bienfaisance, secours, soutien, mutuelles, cautions, crédits, gages,...), sous divers noms, (associations, amicales, sociétés, ligues, bureaux,...) et différents statuts (privés ou publics, confessionnels ou laïques, patronales ou solidaires,...), se sont multipliées au cours du 19e siècle. Leurs domaines d'intervention se sont élargis à toutes les dimensions de la vie humaine et de la société : santé, éducation, logement, alimentation, vêtement, aide juridique, travail, enterrement, ...). Mais c'est seulement en 1898 que sera votée la Charte de la Mutualité et en 1900 que sera créée la Caisse de retraite des cheminots.

Toutes ces œuvres ont un seul et même but : "combler la lacune entre le pauvre et le riche". Cet écart, le 19e siècle l'a étendu à la dernière époque de la vie humaine, celle où l'individu n'est plus actif dans les circuits de production industrielle et n'a plus accès au monde rural de l'autoconsommation. Sur quel principe repose le système de Terris (système volontaire, les régimes obligatoires sont plus tardifs et s'appuient sur des législations sociales plus matures) ? Très simple : on donne des bénéfices annuels sans aucune obligation de versement d'aucune sorte. En fait, on verse des intérêts annuels à tous ceux qui s'engagent à faire leurs achats, quotidiens ou exceptionnels, chez les fournisseurs répertoriés par la société. Concrètement, quand on achète un bien quelconque, on demande un reçu. À la fin du mois, on le présente à la société qui demandera ensuite au fournisseur le bénéfice convenu à l'avance et qu'il s'est engagé à payer à tout membre de la société qui a fait cet achat (une nouvelle clientèle). Le montant n'est pas directement reversé au consommateur mais est crédité sur son compte, ce qui augmente le capital commun. Les bénéfices et leurs intérêts sont donc capitalisés. Dès l'âge de 50 ans, le capital peut être mis en liquidation.

Sans rente, ni capital ni solidarité, avec quels moyens vivre quand on ne travaille plus ?
La question des retraites sur Gallica, la vieillesse et le spectre de la mort

Et la retraite dans tout cela ? C'est là tout l'avantage du système : les intérêts cumulés (l'auteur ne parle pas d'intérêts composés) générés par le capital ne peuvent pas être touchés au fil des ans mais sont versés sous forme de rente jusqu'au décès du bénéficiaire, alors même qu'il a touché le capital. S'il est marié, la moitié de la rente est versée à la veuve jusqu'à son décès - ici, on ne parle pas du dernier survivant mais uniquement de l'épouse, ce qui sous-entendrait qu'elle n'a pas la capacité d'adhérer au système et qu'il n'exite pas de pension de réversion à proprement parler. S'il ne demande sa retraite qu'à 60 ans (par ex. !), les intérêts seront d'autant majorés: il s'agit bien d'un système par capitalisation. L'originalité de sa proposition est que même après avoir touché le capital, le bénéficiaire perçoit une rente complémentaire, ce qui n'est pas la règle des placements de ce type (comme l'épargne retraite ou les assurances vie).

Alors Terris : humaniste idéaliste, visionnaire utopiste ou naïf illuminé ? Peut-être tout à la fois mais certainement un philanthrope généreux et sans moyen, convaincu qu'une caisse de retraite de la vieillesse gratuite est à la portée de toutes les personnes économes, laborieuses et prévoyantes. Et qui a tout de même un peu les pieds sur terre quand il admet, conscient de la fragilité du dispositif à son démarrage, qu'avec le décès des premiers sociétaires, le système deviendra de plus en plus avantageux ! Les bons sentiments ne mènent pas toujours aux mauvais comptes. Bref, il ne faut pas distribuer plus que ce que l'on encaisse. Un élément de gestion rationnel inscrit au cœur de la mécanique de tous les systèmes de retraite par répartition : le premier facteur d'équilibre tient autant au niveau des cotisations qu'à l'espérance vie de chaque génération... Une équation qui plonge tous les gouvernements de la planète dans des calculs sans fin, des affirmations invérifiables, des prévisions incertaines, des correctifs hésitants, des remords peu crédibles, des promesses incontrôlables et des perspectives peu enthousiasmantes... Au moins Terris croyait à ce qu'il proposait !]]>
1854]]> fre]]> France. 18..]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> A la bibliothèque de la Faculté des Sciences, don de l'auteur".

Mention en page de titre "Monsieur Dieulafait, Conseiller rapporteur, professeur à la Faculté des Sciences".

Nous sommes à la fin du 19e siècle et il faut regarder les choses en face : Marseille a assez perdu de temps dans les dossiers de création des Facultés. Puisque tout le monde est d'accord (1), il faut juste entrer en négociation avec le Ministre de l'Instruction publique pour l'installation de la nouvelle Université sur les terrains de l'ancien cimetière Saint-Charles. La place ne manque pas, facile à vérifier.

Les cimetières St Charles et St Martin (Cliché Marseille-Provence, 1896)

Bien sûr, il reste quelques détails à régler : il n'y a pas encore de Faculté de médecine à Marseille, seulement une École de médecine de plein exercice tout juste créée 10 ans plus tôt, mais il s'agit d'une question purement administrative et le projet est déjà dans l'air du temps. Il y aussi l'aspect politique de l'affaire, un peu plus délicat : il faudra évidemment transférer les Facultés de Droit et des Lettres d'Aix à Marseille. On pourra regretter qu'Aix, assez susceptible, trop sûre de ses privilèges et trop enfermée dans le passé, y soit hostile et en fasse une question de principe (2).

Dans cette polémique assez surprenante et peu connue, l'argumentaire de la ville de Marseille a toutes les apparences de la bonne foi : il faut être lucide, le monde a effectivement changé. Le centre de gravité de la région a quitté l'ancienne Provence politique, traditionnelle et rurale pour gagner le rivage de la Méditerranée, zone où se font les croissances économiques et démographiques. Depuis le milieu du 19e siècle, la France s'industrialise, le rôle du politique est de favoriser l'économie et le facteur déterminant de ces échanges sont les moyens de communication. L'ancienne capitale du Comté ne semble pas avoir compris que Marseille, stimulée par la concurrence des grands ports méditerranéens et atlantiques et dopée par le commerce colonial, s'était lancée dans une course aux voies et aux moyens de transports maritimes, fluviaux, routiers et ferroviaires et prenait une place centrale dans les stratégies d'aménagement du territoire et le choix des grandes infrastructures de portée nationale. Une tendance qui ne fera que s'amplifier à la suite des conflits mondiaux du 20e siècle.

Le Palais du Pharo, siège d'Aix-Marseille Université (2012)

Alors, une péripétie de plus dans le rapport de force qu'entretiennent les deux villes qui revendiquent la légitimité de certains dossiers* ? Certainement, un désaccord d'abord attisé par l'attitude inflexible d'Aix, sûre et certaine de son bon droit et sourde à toutes les demandes de Marseille : au 19e siècle, la seconde ville de France n'aura obtenu que la création d'une Faculté des Sciences, très chichement lotie, ce qui justifiera le présent rapport. Une faiblesse que dénoncera Aix dans un contre-rapport comme l'exemple de l'incompétence de la ville portuaire et qui raillera les tentatives de créer une université municipale (3), oubliant les cours du soir et l'éducation populaire financés sur le budget de la ville (Marseille n'a cependant pas toujours été très rigoureuse avec certaines subventions de l'État). Une mésentente entretenue par un redoutable mille-feuille administratif qui multiplie les strates décisionnaires (jusqu'à 12 instances pour certains équipements régionaux, à la fin du 20e siècle), atténuée aujourd'hui par des structures, élues ou nommées, plus collaboratives.

Alors, un remake du combat de David contre Goliath ? Certainement pas : moyennant une certaine mixité bilatérale des sites universitaires, Aix ne cèdera jamais le siège de ses deux Facultés historiques (Droit et Lettres) et imaginera même, au début du 21e siècle, devenir le futur siège d'une possible université unique. Mais elle sous-estimera le poids économique et le lobbying politique de l'agglomération portuaire. Un dernier round ? En intégrant en 2012 une aile du Palais du Pharo (ancienne Faculté de Médecine et de Pharmacie) qui encadre l'entrée du Vieux Port avec le Fort Saint-Jean, gardien de la passe, le siège de la nouvelle université (ré)unifiée s'est résolument tourné vers la Méditerranée.
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1. Borrely, A. (fils). - Mémoire adressé au Conseil municipal de la ville de Marseille, 1884. - Odyssée
2. Gautier, Alfred. - Rapport contre le transfert à Marseille des facultés de Droit et des Lettres d'Aix, présenté par M. Gautier, maire d'Aix au conseil municipal dans sa séance du 11 juin 1885... -  Odyssée
* on remarquera que les textes très polémiques cités ici, sont parfois tenus par des universitaires et sont tous débattus dans le cadre des Conseils municipaux des deux villes et pas dans celui des Conseils de Faculté.
3. Charbrier, Cabassol & Baron. - Mémoire en défense de la ville d'Aix, dans la question du transfert des Facultés, 1884. - Odyssée]]>
1885]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
Histoire de la Provence]]> Le moment est venu pour la France de substituer aux luttes stériles, suscitées par les vices de l'ancien régime et par l'erreur des révolutions, une entente féconde fondée sur l'observation méthodique des faits sociaux ". Un précepte qui fait gagner du temps puisque c'est la méthode qui fixe les objectifs et les limites de l'étude !

Mais il ne s'agit pas de mener une analyse scientifique contemplative destinée à élaborer une anthropologie abstraite. Non, l'enjeu de ce travail, basé sur des faits et pas sur des raisonnements, est son utilité sociale et patriotique : il doit aider à redresser l'état moral du pays. C. de Ribbe est habité par la conviction que la famille en tant qu'institution est ou doit être la clef de voûte de la société humaine et tourmenté par la hantise d'une certaine décadence : "Le péril social n'a pas cessé de grossir, par notre inertie et notre état d'anarchie".

La famille bourgeoise : un patriarche, des femmes et beaucoup d'enfants (un "cliché" du 19e siècle)

Où trouver ces faits ? Pas dans les archives, ni dans les bibliothèques et moins encore dans les textes abstraits des historiens mais dans les coutumes locales et les histoires des familles provençales, le plus souvent inédites (donc authentiques ?). Il en ressort un florilège de concepts clés qui résument à eux seuls son étude : travail, famille, patrie (une malheureuse trilogie plus tard récupérée par un régime politique bien français...), devoir, Dieu, dévouement, jeunesse, père, mère, éducation, mariage, paix domestique et sociale.

C. de Ribbe joint le geste à l'écrit : sa monographie Le livre de famille (publiée la même année, en 1879) propose un modèle de livre de raison au service de toute famille soucieuse de consigner son histoire, transmettre la connaissance de ses ascendants, diffuser ses valeurs et protéger son patrimoine, en résumé, un vade mecum du roman familial. Prêchant la bonne parole, il en fera un sujet de conférence.

L'intérêt des écrits de C. de Ribbe réside bien sûr dans la précision bien datée et documentée de son témoignage sur une société provençale à tout jamais disparue. Mais indépendamment de son peu d'intérêt aux autres cultures et aux modèles non patriarcaux, son point faible reste que ce travail n'est jamais exempt d'un prosélytisme qui prône un véritable culte de la tradition défendu, sans aucune distance, par une apologie du conformisme moral et social de sa propre époque où l'ordre et la stabilité deviennent des impératifs catégoriques individuels et collectifs absolus. A l'opposé de toute démarche historique et sociologique pourtant revendiquée comme base méthologique...]]>
1879]]> fre]]> France. 18..]]>
Histoire de l'université]]> Médecine]]> Enseignement supérieur]]>
Tous les scientifiques ne sont pas sectaires : c'est à H. Croquant, géologue et paléontologue, ancien professeur à la Faculté des sciences de Marseille (nommé en 1861) que la Commission des sciences et des arts demande de rédiger un rapport sur le projet de transformation de l'École de plein exercice en Faculté mixte de médecine et de pharmacie. Un choix peu dérangeant quand on se souvient que médecine et sciences étaient très proches à l'époque, travaillant sur des sujets communs (en lien avec la pharmacologie, ce sont les médecins qui entretiennent les serres, outils des botanistes...).

Pourquoi un tel rapport : créées par décret en 1875, les Écoles de Médecine et de Pharmacie de plein exercice n'ont pas le droit d'organiser certains examens de fin d'année (1). Les professeurs de l'École de Marseille qui estiment que la ville est mal récompensée de son engagement dans la santé publique et la recherche médicale demandent un modification de ce décret (la question de la création de nouvelles Facultés de médecine [en province] a déjà fait l'objet d'un débat national).

Les Annales de l'École de médecine de Marseille, subventionée par la Ville, crée en 1891 (3)

H. Croquant expose sans détour le double enjeu : financier pour la ville et scientifique pour les médecins. Et de rappeler que la France manque de professionnels de santé : 1 médecin pour 3 353 habitants. Un déficit déjà notoire (nous sommes en 1875...) avec pour effet des problèmes de santé publique et une recherche médicale insuffisante *.

Habile, Croquant souligne que cette misère accable aussi les Facultés de Paris et de Montpellier (ses rivales bien connues !). En 1874, un rapport de Paul Bert avait déjà conclu à la nécessité de créer deux nouvelles facultés dont le siège pourrait être (ordre de préférence) à Bordeaux, Lyon, Toulouse, Lille, Nantes ou... Marseille. Toutes ces villes étant demandeuses. Non seulement Marseille arrive en dernier mais, selon le rapport, elle serait une "redoutable concurrente" à Montpellier. Après une visite bâclée, des conclusions hâtives, contradictoires et injustes destinées à ostraciser Marseille, alors que tout plaide en sa faveur (tradition médicale - notamment en anatomie, population nombreuse, bassin de recrutement et d'emplois médicaux, taille des infrastructures, une Faculté des Sciences, un Musuem d'histoire naturelle, etc.).

Malgré ce plaidoyer de près de 40 pages, Marseille devra attendre 1930 et 70 ans de blocage financier, pour que l'État crée la Faculté de médecine qui s'installera au Palais du Pharo (643).

1. Lettre adressée à M. le Ministre de l'Instruction publique par l'École de Médecine et de Pharmacie de plein exercice de Marseille à propos du Décret du 20 Juin 1878 - Odyssée
* Selon la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Ministère de la Santé), la densité normalisée de médecins en France était de 318 praticiens pour 100 000 habitants en 2021 était jugée dificitaire (10 fois celle du 19e siècle)
2. Annales de l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille - Odyssée
3. La Faculté de Médecine Générale et Coloniale et de Pharmacie de Marseille - Odyssée
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1877]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> A. Borrely Fils, entrepreneur des travaux de déblai et de terrassement de la nouvelle Faculté des Sciences".

Le 14 avril 1883, A. Borrely, issu d'une famille très connue à Marseille, obtient l'adjudication des "Travaux de terrassement et transport pour nivellement du sol et disposition générale des terrains en amphithéâtre à exécuter, pour faciliter la construction d'une Faculté des Sciences, sur les terrains que la Ville possède entre l'Observatoire, le Palais de Longchamp et le boulevard de l'Observatoire". L'entrepreneur a cinq mois pour terminer le chantier (donc, fin prévue le 14 sept. 1883). Les travaux ont beau démarrer tout de suite et, par dérogations, les jours fériés suspendus, il apparait évident que les délais ne pourront pas être tenus. Le service d'architecture de la ville, en conflit avec celui de la voirie, tente de se défausser. Pour sa défense, objet du présent mémoire, A. Borrely fait valoir plusieurs points, tous dûment constatés :
  • des maisons qui devaient être démolies sont toujours là au début du chantier
  • les Services de la voirie n'ont pas aménagé les zones de dépose des déblais prévues Boulevard Chave (au lieu de servir de remblais au boulevard, les 9 000 m² de déblais finiront, à grand frais, par être jetés à la mer par le Service de l'architecture !)
  • le chantier subit des infiltrations dues à l'arrosage du plateau de Longchamp
  • à la place de la terre et des cailloux annoncés, le sous-sol recèle de très gros blocs de roche difficiles à extraire (recours aux tirs de mine)
En résumé, ce n'est pas un chantier mais un véritable calvaire ruineux, en très grande partie du fait des agents municipaux : au lieu de le menacer de pénalités, la ville devrait plutôt lui verser des indemnités. A. Borrely achève son mémoire en se déclarant confiant dans la justice...

Le Palais Lonchamp tel que pouvait le voir A. Borrely (Marseille, ~ 1870)

Pour toute réponse, les travaux à peine commencés sont abandonnés. Pourquoi une telle précipitation ? En fait, comme le rappelle Florence Marciano, le projet croulait déjà sous les critiques et était condamné d'avance : éloignement du centre-ville (à l'époque...), projet coûteux, difficultés financières (le préfet ne s'engage que sur le terrassement !), hostilité des astronomes en faveur de l'aggrandissement de leur l’observatoire... Mais le coup de grâce viendra du rapport de Louis Dieulafait (un scientifique !) daté de 1885 qui prône une université unique à Marseille, intégrant les Facultés de Droit et de Lettres d’Aix-en-Provence (2). Les deux premières conclusions de ce rapport sont catégoriques :
  • la faculté ne doit pas être construite à Longchamp
  • le traité passé entre M. le Maire et M. David, entrepreneur, pour résiliation de l'adjudication des travaux de la Faculté des Sciences est approuvé [la partie d'A. Borrely concerne la préparation des terrains]
À la suite de ce fiasco technique et financier, la Ville ouvrira un concours national en 1895 qui sera remporté par Victor-Auguste Blavette l'année suivante. Ce n'est qu'en 1910 (doyen Charve) que les travaux seront lancés pour bâtir uniquement une nouvelle Faculté des sciences (Aix réussira à s'opposer au transfert de ses deux Facultés) et c'est seulement en 1919, après le retour à la paix, que les trois instituts scientifiques (mathématiques-physique, chimie et sciences naturelles) pourront s'installer dans les locaux de Saint-Charles tels que nous les connaisons encore aujourd'hui (les trois amphithéâtres dits historiques).

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1. Florence Marciano, « La faculté des Sciences saint-Charles À Marseille : le grand œuvre de Victor Blavette »Livraisons de l'histoire de l'architecture [En ligne], 13 | 2007, mis en ligne le 10 juin 2009, consulté le 17 mai 2023. URL : http://journals.openedition.org/lha/412
2. 4. Dieulafait, Louis. - Rapport sur la Faculté des sciences et l'enseignement supérieur... (mise en ligne prochainement sur Odyssée)
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1884]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
Pourquoi Alfred Gautier est le mieux placé pour défendre ce dossier ? Parce qu'il connaît bien la maison et plaide pour sa propre paroisse : licencié en droit à Aix en 1866, docteur en 1868, professeur agrégé à la Faculté de Grenoble en 1871, puis à la Faculté de droit d'Aix de 1872-1876 où il devient titulaire de la chaire de droit administratif de 1876-1893 et y enseigne également l'histoire du droit, à partir de 1879. Il se mettra en congé de la faculté à partir de 1893.

Être juriste (et politique...) n'oblige pas à recourir à des arguments spécieux. Si on regarde la chronologie sous le seul angle institutionnel et administratif, les choses semblent assez équilibrées :
  • 1808, création de l'université impériale, à Aix, l'École de droit devient une Faculté
  • 1809, toujours à Aix, la Faculté de théologie est rétablie. Elle sera supprimée en 1885 (mesure nationale de suppression des crédits à toute les Facultés catholiques)
  • 1818, une Ecole de médecine est fondée à Marseille (pas une Faculté)
  • 1854, la cité phocéenne est dotée d'une Faculté des sciences
  • 1856, la Faculté des lettres est créée à Aix
Après la réforme de 1885, la carte universitaire paraît équitable. A ceci près que l'évolution démographique des deux villes au cours du 19e siècle a suivi deux voies très différentes, voire opposées. En 1790, les statistiques officielles du Département des Bouches-du-Rhône comptabilisent 106 000 habitants à Marseille contre 27 000 à Aix. Près d'un siècle plus tard, en 1886, période du rapport municipal, la population de Marseille est passée à 375 000 et celle d'Aix à 29 000 (en 1905, Marseille franchira la barre des 550 000 habitants, alors qu'en 1906, Aix atteindra péniblement les 30 000 (chiffres du Ministère de la Culture). Pour les experts, le bilan démographique est sans nuance : la population aixoise a stagné durant tout le 19e siècle alors que celle de Marseille a plus que triplé. Si cette blance n'est pas le seul facteur explicatif, elle constitue au moins une source de frustration. Ainsi, entre la fin du 18e et le début du 20e siècle, le rapport proportionnel Marseille/Aix passe de 4 à 13, une disproportion qui pourrait justifier un cliché : l'ancienne capitale provençale traditionnelle, bourgeoise, rentière et frileuse tourne le dos à sa bruyante voisine portuaire dynamique, cosmopolite et populaire. Un avant-goût moins littéraire de deux mondes qui s'opposent, Giono vs Pagnol.

Rapport sur la Faculté des sciences : la petite phrase qui fâche... (Dieulafait, 1885)

Et Aix fait tout pour cela avec une première justification d'ordre historique : en raison de leur ancienneté, le transfert des Facultés serait injuste (on était là les premiers). La seconde justification est d'ordre géographique : l'avenir de Marseille n'est pas intellectuel mais économique et commercial avec les transports maritimes méditerranéens et coloniaux (à chacun sa place). La troisième justification est culturelle : Aix est un centre de ressources, avec sa magnifique bibliothèque Méjanes, notamment (on a le patrimoine). La quatrième justification est financière : Aix s'est endettée pour entretenir les infrastructures universitaires, elle en attend un juste retour sur investissements (justificatifs de dépenses à l'appui).

S'il insiste peu sur cet aspect (une citation minimale en bas de page), le rapport est une réaction d'urgence au projet présenté par Louis Dieulafait, professeur de géologie à la Faculté des Sciences et membre du conseil municipal de Marseille, projet qui ne vise rien d'autre que de rassembler toutes les Facultés en un seul grand centre universitaire (4).

Le plaidoyer de Gautier sera repris deux ans plus tard par ses anciens collègues (qui abandonneront les statistiques des effectifs étudiants des grandes villes françaises glissées en fin de rapport, statistiques mollement convaincantes) : peu imaginatifs, ils répèteront les mêmes arguments alors qu'au cours du 20e siècle, Marseille ne renoncera jamais totalement à certaines revendications...

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1. Statistique du département des Bouches-du-Rhône, avec Atlas. Dédiée au Roi Par M. Le Comte de Villeneuve, Maitre des requêtes, préfet des Bouches-du-Rhône, membre de l'Académie royale de Marseille, de la société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Agen, de la Société royale des Antiquaires de France, de la Société des Amis des sciences, des Lettres, de l'Aggriculture, des Arts, séant a Aix, correspondant de l'Académie royale de Turin. Publiée d'après le voeu du Conseil général du département - Tome 3, Livre 5, ère section Etat civil, Chapitre 1 Population - Odyssée
2. Archives départementales, 1886 - Recensement de la population - AD BdR
3. Charbrier, Cabassol et Baron. - Mémoire en défense de la ville d'Aix, dans la question du transfert des Facultés, 19?? - Odyssée
4. Dieulafait, Louis. - Rapport sur la Faculté des sciences et l'enseignement supérieur... (mise en ligne prochainement sur Odyssée). Polémique maudite ? Un an après la publication du rapport de Gautier, Louis Dieulafait décèdera.
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1885]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]> Marseille. 18..]]>
Oeuvres des juristes provençaux avant 1789]]> Jurisprudence avant 1789]]> Droit des successions]]>
Dans son avis au lecteur, l'éditeur explique que l'ouvrage de Scipion Dupérier* a rapidement été épuisé en raison du succès de ses ventes et que pour satisfaire la demande, il a accepté de lancer cette 3ème réimpression à titre posthume. Pour ne pas être accusé de vanité (lui ou l'auteur ?), il s'empresse d'ajouter que cette réédition a surtout permis de corriger les innombrables erreurs des deux premiers tirages.

Pourquoi un tel succès de la part d'un lectorat très spécialisé ? Il existait à l'époque très peu de recueils de jurisprudence rédigés en français, surtout de cette importance (plus d'une centaine de questions examinées dans cette recension) et de cette qualité, et c'est pour cette raison que S. Dupérier, avocat au Parlement (il sera même le doyen des avocats) augmentera encore sa notoriété déjà acquise par son habilité à traiter les affaires.

D'autant plus qu'il ne se contente pas de collecter la jurisprudence mais il l'analyse et la discute. Dans cet exemple en matière de recouvrement de créance, le délai de prescription de 30 ans s'applique-t-il à un héritier particulièrement distrait et négligeant de ses propres intérêts ? S'ensuit une discussion et la citation de sources qui font autorité, comme ici, le Code Justinien, corpus de droit civil et première compilation du droit romain du 6e siècle (en latin, codes et jurisprudences également consultables sur Odyssée).

La prescription de 30 ans : les juristes ne sont pas des poètes, le temps fait bien à l'affaire

Un succès également parce que beaucoup d'affaires avaient pour objet des litiges liés aux successions sous toutes leurs facettes : héritages, décès, dots, condamnations à perpétuité (parfois aux galères), rentes, divorces et remariages, dettes et créances, intérêts, prescriptions, donations, etc... Pour espérer remporter leurs procès, les gens fortunés n'hésitaient pas à recourir aux meilleurs avocats, ceux bien formés, bons connaisseurs des arrêts rendus par la justice et convaincants dans leurs plaidoiries.

Toute cette jurisprudence, même si elle ne représente qu'échantillon de toutes les affaires passées et ne concerne qu'une frange de la population - l'enjeu de toutes ces affaires est avant tout patrimonial - nous replonge dans les mœurs de la France de la première moitié du 17e siècle (sous réserve d'une transcription exhaustive, les arrêts les plus anciens cités remontent à 1512 et, pour la période la plus documentée, le plus récent évoqué date de 1641).


* cf notice sur S. Dupérier : Oeuvres de Scipion Du Périer. Tome 1 à 3 - Questions notables et maximes de droit, avec des Observations, 1759]]>
1684]]> fre]]> lat]]> France. 16..]]>
Histoire de l'université]]>
Mention manuscrite en regard de la page de titre : "Donné par la bibliothèque Méjanes à la bibliothèque de l'Université, Aix, le 28 janvier 1920. Signé E. Aude, conservateur à la Méjanes" (1).

Edité en 1667, ce recueil nous présente la nouvelle mouture des statuts de l'université officiellement validés par un arrest d'authorisation rendu par le Parlement de Provence le 27 avril 1634. Après avoir rappelé les statuts fondateurs les plus anciens et toujours appliqués (début du 15e siècle), le recueil présente intégralement les très nombreux articles des nouveaux statuts (100 pages de texte), détaillant tout ce qui définit administrativement l'établissement : dirigeants de l'université, mode de désignation de ses membres, organisation de l'institution, diplômes, règlements, règles de fonctionnement, usages, etc..

Anciens et nouveaux statuts de l'Université d'Aix (édition de 1667)

Dix ans plus tard, en 1676, une nouvelle édition publiera à nouveau les anciens et les nouveaux statuts de l'université avec un contenu et un ordre identiques, la seule différence tenant dans sa typographie plus compacte (120 p. pour l'édition de 1667, 110 p. pour celle de 1676). Si le Rectore et Primicerio (premier personnage de la hiérarchie de l'université) reste inchangé, Petro Azan, les noms de l'Actore et du Questore (second et troisième personnages de l'institution) ont changé : Bonifacio Blacas et Francisco Estienne ont remplacé respectivement Ricard Paul Geoffroy et Johann Josepho Gigos.

Ces documents administratifs, simples par nature, restent cependant difficiles d'accès puisque tous rédigés en latin, langue académique d'usage, à l'exception d'un extrait des registres du Bureau du Collège Royal de Bourbon, Université & Académie de cette ville d'Aix (Parlement de Provence) qui entérine la création en 1603 du Collège de Bourbon par Henri IV, destiné à l'instruction de la jeunesse, unique texte en français. Deux siècles après la création de l'université, ce texte est d'autant plus important qu'il y est question "d'agréer, et permettre l'érection d'un Collège, Académie, ou Université en notre ville d'Aix, capitale de notre dudit Pays, pour l'instruction tant en lettres humaines, qu'en théologie, jurisprudence & médecine". Avec la Faculté de Droit, le paysage univsersitaire est quasi complet.

Pour des raisons de toute nature (politiques, religieuses, pédagogiques, corporatistes, scientifiques, culturelles,...), les réformes des universités ne s'arrêteront jamais au fil des siècles, et les transformations, parfois radicales et aux motivations parfois les opposées, conservatrices ou contestataires, s'enchaîneront au cours des 19e et 20e siècles. La longue histoire de l'université n'a pas toujours été un long fleuve tranquille.

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1. Edouard Aude (1868-1941), petit-fils du célèbre maire d’Aix, Antoine-François, président de l’Académie d’Aix, rédacteur à la revue Le Feu , majoral en 1903, conservateur de la bibliothèque Méjanes de 1896 à 1936.
2. Statuts (Les) et privilèges des universités françaises depuis leur fondation jusqu'en 1789. Tome III. Première partie, Moyen-Âge. Universités d'Aix, Nantes, Dôle-Besançon-Poligny, Caen, Poitiers, Bordeaux, Valence, Bourges. Studium de Briançon et supplément général 57]]>
1667]]> lat]]> fre]]> Aix-en-Provence. 16..]]>
Antiquité]]> Archéologie]]>
La mention "in pace" présente dans de nombreuses épitaphes  (Basilica majorum)

Domaine d'étude des épigraphistes, les inscriptions funéraires subissent souvent l'outrage des ans malgré la dureté des matériaux : partiellement effacées, parfois endommagées, quelques fois très fragmentaires, elles exigent un travail considérable de reconstitution et d'interprétation.

Le R.P. Alfred Louis Delattre (1850-1932)

Si les inscriptions trouvées à Carthage sont chrétiennes, c'est que l'archéologue qui les collecte et les étudie est aussi un ecclésiastique français, le R.P. Alfred Louis Delattre. Missionnaire en Algérie, il sera nommé aumônier de l'église Saint-Louis de Carthage et y deviendra un spécialiste de l'ancienne Église d'Afrique (1).

Une épitaphe avec croix et colombe, symboles chrétien et de l'innocence (jeune fille défunte ou pieuse ?)

Dans sa préface, Delattre rend hommage à ses prédécesseurs et à tous ses collègues qui l'ont aidé à mettre au jour les centaines d'inscriptions retrouvées dans les basiliques et les cimetières chrétiens. Dès cette époque, l'archéologie se constitue en travail d'équipe même si les longs chantiers de fouilles sont souvent menés par un seul et même archéologue et un responsable de chantier bien identifié auxquels les noms restent attachés.

épitaphe en l'honneur des martyrs chrétiens

Dans ce document, le R.P. Delattre nous présente un demi-siècle de fouilles à Carthage mais au lieu d'énumérer les centaines d'inscriptions dans leur ordre chronologique, il prend le parti de les regrouper en vingt-sept catégories qui les rendent plus intelligibles en fonction de ce qu'elles mettent en avant dans leur message : la paix éternelle, le témoignage religieux, la hiérarchie de l'Église, la valeur familiale, la profession du défunt, sa patrie de naissance, l'origine grecque ou latine de l'inscription...


Un groupe d'épitaphes retrouvées dans la Basilica majorum

Nommé Conservateur au Musée archéologique d'Alger, on lui doit la collection des Pères blancs (2). Une des caractéristique et aussi une énigme que posent ces milliers d'inscriptions et de leurs fragments, c'est qu'une seule est réellement datée, en dehors du sujet qu'il représente ou de tout autre indice lié à son contexte. On comprend mieux pourquoi leur présentation documentaire ne pouvait pas suivre l'ordre chronologique (nous sommes au milieu des années 1920).

épitaphe d'une jeune fille âgée de 17 ans, 4 mois et 23 jours,
sûrement chrétienne puisque qualifiée de Virgo Sancta (IIe siècle)

Depuis 1996, aucune commune française n'accorde de concessions perpétuelle (50 ans pour la plus longue durée), limitant l'entretien des monuments, et donc la préservation des inscriptions sur les pierres tombales, à la seule génération contemporaine au défunt. Sans autres actions ou archives volontaires (dans une démarche mémorielle, depuis quelques années, des bénévoles entretiennent des sépultures abandonnées de certains cimetières en France), quels matériaux restera-t-il aux épigraphistes du futur ?

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian – MMSH, Aix-en-Provence)

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1. Alfred Louis Delattre. site consulté : Wikipédia
2. R. P. Delattre. - Description de l'Afrique du Nord. Musées et collections archéologiques de l'Algérie et de la Tunisie. 8, 3, Musée Lavigerie de Saint-Louis de Carthage : collection des Pères blancs formée par le R. P. Delattre,.... 3e série, Archéologie chrétienne - Site consulté Gallica

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1926]]> fre]]> lat]]> Tunisie. 1881-1956 (Occupation française)]]> Carthage (ville ancienne)]]> épigraphie funéraire chrétienne à Carthage (L')
- Feuille Tunis ; V ; 1897 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_05_1897a. "Levés (…) 1881 à 1887 ; [tirage] 09-1897, codé sous la forme 9097" - Carte de reconnaissance
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.f/site/E01.aspx?FC=43113

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Histoire de l'université]]> Aménagement du territoire]]> Rapport contre le transfert à Marseille des facultés de Droit et des Lettres d'Aix" au cours de la séance du conseil municipal du 11 juin 1885.

Gabriel Baron, maire d'Aix du 15 mai 1896 au 26 octobre 1897

Curieusement, le document ne comporte aucune date. Nous savons seulement que Marseille (déjà la deuxième ville de France) commencera à contester la centralisation de toutes les Facultés à Aix à partir des années 1880, que les auteurs faisaient partie du Comité de Vigilance chargé de la Défense des Intérêts de la Ville d'Aix, peu de choses du médecin Charbrier mais davantage sur Gabriel Baron, maire d'Aix du 15 mai 1896 au 26 octobre 1897 et sur Joseph Cabassol, Conseiller général du canton sud d'Aix à partir de 1898 puis maire d'Aix du 9 mars 1902 au 22 novembre 1908.

Joseph Cabassol, maire d'Aix du 9 mars 1902 au 22 novembre 1908 

Le plaidoyer qui avance une série d'arguments peut-il aider à dater la protestation ? Ceux liés au contexte reprennent paresseusement les poncifs sur les conséquences de l'énorme développement économique et démographique de la ville portuaire depuis le milieu du 19e siècle :
  • social et moral : à Aix, l'air est sain, les appartements spacieux, la famille hôte veillera à la santé de l'étudiant, à ses mœurs et à son assiduité aux cours
  • politique : en faire une question de décentralisation est fallacieux, en réalité les Marseillais veulent tout pour eux et créer une sorte de Paris Provençal alors qu'ils ont déjà le port, la Méditerranée, le commerce, etc. Ils veulent désertifier la Provence !
  • économique : le départ des Facultés et du Palais de Justice signerait la ruine de la ville alors qu'elle fait tant de sacrifices pour ces aménagements
  • professionnel : les enseignants devraient travailler dans une ville sans atmosphère intellectuelle et payer des loyers deux fois plus élevés qu'à Aix
La seconde série de remarques, davantage centrées sur le monde académique, laisse à penser que le document date plus probablement du début du 20ème siècle  :
  • pédagogique : du fait des métiers, Marseille a besoin de formations professionnelles techniques et commerciales, des filières pratiques (cours du soir et éducation populaire) assez éloignées de l'ambition théorique et intellectuelle des enseignements classiques et humanistes d'Aix
  • corporatiste : les enseignants seraient les grands perdants de la dispersion géographique des facultés qui les obligerait à courir de site en site, parfois très distants (alors qu'aujourd'hui...)
  • institutionnel : la carte des enseignements évolue et l'effort de la ville de Marseille se porte sur des structures diversifiées (forcément municipales) qui donne l'image d'un éclatement anarchique des enseignements. Au Palais Longchamp, on trouve le Muséum d'histoire naturelle, au Pharo, l'école de Médecine (1905), la Faculté des Sciences s'asphyxie Bd des Allées (le parc Borély oblige les élèves à une course de huit kilomètres pour une leçon de botanique appliquée). L'école de Droit municipale s'est installée "à la diable" dans des hangars du Bd de la Corderie, et la Faculté catholique, à peine créée, sera dissoute dans une nouvelle école... Jean-Yves Naudet complète l'analyse de la stratégie marseillaise "Mais elle a pris une forme plus subtile, pour attaquer à la base les facultés aixoises, avec la création de la deuxième faculté libre de Marseille par la municipalité, la faculté marseillaise libre de droit" (4).
Pour couronner le tout, il faut mentionner "la monstrueuse procréation de la Faculté municipale de Marseille, couvée sous l'aile même de ces universitaires transféristes qui, pour de maigres et vils intérêts, ne craignent pas de trahir leurs devoirs envers l'État". Un vrai traité de tératologie universitaire !

À partir du début du 20e siècle, l'Université d'Aix-Marseille donnera des cours "annexes" à Nice mais restera insensible aux demandes réitérées de cette ville si périphérique de structures permanentes. Il faudra attendre les années 1930 pour que le Ministre de l'éducation de l'époque "enjoigne" le recteur d'Académie à créer un Centre Universitaire Méditerranéen qui ouvrira finalement ses portes en 1933 (5).

Le document original du début du 20e siècle reproduit ici appartient aux collections de la Bibliothèque Méjanes de la ville d'Aix-en-Provence. Nous la remercions ici grandement ainsi que sa directrice, Mme Aurélie Bosc.

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1. Gabriel Baron - Wikipédia
2. Joseph Cabassol - Wikipédia
3. Programme des cours de la Faculté libre de droit de Marseille : 2 affiches imprimées en 1912 et 1913 Odyssée
4. Jean-Yves Naudet. - L'Académie, premier défenseur de la Faculté d'Aix. - in Les Échos de l’Académie Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles Lettres d’Aix, N° 38 – 22 avril 2023
5. Université d'Aix-Marseille. Enseignement supérieur. Cours annexes de Nice organisés par la Chambre de commerce de Nice et des Alpes-Maritimes... Saison 1926-1927 Cours publics et gratuits professés au Palais de la Chambre de commerce à Nice, 20, boulevard Carabacel : 3 affiches. - Odyssée]]>
19??]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]> Aix-en-Provence. 19..]]> Marseille. 18..]]> Marseille. 19..]]>
Histoire de l'université]]>
Mentions manuscrites en regard de la page de titre : "cet opuscule est l'œuvred'un avocat de quelque talent nommé Saurin..." (1) et "Bibliothèque Maurice Eyssautier, Don Saccagi / Milhaud, 2009".

Contient en supplément 1 planche du dessin de l'arc de triomphe dressé en l'honneur de Louis XIV

Ce document est très probablement l'original imprimé du 17e siècle, conservé à la Bibliothèque Méjanes d'Aix-en-Provence et dont l'université détient une simple copie manuscrite réalisée en 1929 par un appariteur à la demande du bibliothécaire de l'époque (G. Fleury), conscient de l'intérêt de cette archive dans l'histoire de l'institution. On notera que lors de la recopie, le titre de l'imprimé a été malencontreusement retranscrit avec une erreur, le premier terme ayant été décliné au pluriel "Relations des rejouissances" au lieu de "Relation des rejouissances". Confusion entre la désignation très littéraire de récit et celui plus banal de rapports ?

L'arc de triomphe à la gloire de Louis XIV, hommage de l'Université d'Aix (1687)

La nouvelle de la guérison du Roy* engendre de grandes festivités : ces témoignages pourraient paraître aujourd'hui un peu excessifs de la part des trois Facultés aussi sérieuse que celles de théologie, de jurisprudence et de médecine mais il faut se souvenir que Joseph-Ignace Saurin, témoin et acteur de ces festivités, est un pur produit du sérail : fils d'Antoine Saurin, professeur de droit, il marche dans les mêmes pas que ceux de son père et, devenu à son tour professeur ,de droit, il sera nommé primicier de l’Université d’Aix (2). En 1686, il devient recteur, à la suite de Coriolis. Au cours de ces années (25 ans au Palais du Parlement de Provence), il acquiert une grande notoriété et dans une affaire locale d'urbanisme, Louis XIV remarquera avec grand intérêt sa manière de défendre le principe d'utilité publique. L'hommage appuyé de l'universitaire aixois au Roy de France peut donc être vu autant comme convenances politiques qu'acte d'une très sincère reconnaissance personnelle. Par ailleurs, i ne sera pas le seul : le pouvoir royal donne un large écho à cette nouvelle et nous savons que les autorités parisiennes donnèrent à ce titre en 1687 une grande réception pour célébrer cette guérison royale (Paris est un haut lieu de la gastronomie française, une réputation reconnue dans toute l'Europe (3)).

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1. Selon cette mention, Saurin, Joseph-Ignace (1641-1714 ; avocat) serait l'auteur du texte. L'opuscule "Eloge de J.- I. Saurin, avocat au Parlement de Provence prononcé à la séance solennelle de rentrée de la société de jurisprudence d'Aix le 19 décembre 1860" publié par Edmond Barrême en 1861 corrobore cette paternité et décrit dans le détail cet évènement ainsi que l'implication personnelle de Saurin, devenu recteur, dans la cérémonie. cf "Séance solennelle de rentrée de la Société de jurisprudence d'Aix : recueil de 26 conférences tenues entre 1839 et 1912" ou accès direct au fichier "https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/565/RES-34190_Seance-Societe-jurisprudence-Aix.pdf".
* pudiquement évoquée, la grave maladie du Roy, alors âgé de 48 ans en 1686, n'est autre qu'une fistule anale très handicapante. Elle sera résorbée grâce à l'habilité et à la compétence du chirurgien Charles-François Félix de Tassy (pour cette intervention délicate et risquée, au début tenue secrète, il a conçu un bistouri courbé spécial et s'est entraîné sur quelques indigents "réquisitionnés")
2. David de La Croix, Alice Fabre. À la découverte des professeurs de l’ancienne université d’Aix, de ses origines à 1793. Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, 2019, 131(307-308), pp. 379-402. hal-02942097
3.
Elevire von Bardeleben. - Exposition "Paris, capitale de la gastronomie du Moyen Âge à nos jours". - "A la Conciergerie, Paris se met à table", Le Monde, éd. du samedi 22 avril 2023, p. 27

Le document original du 17e siècle reproduit ici appartient au fonds ancien de la Bibliothèque Méjanes de la ville d'Aix-en-Provence. Nous la remercions ici grandement ainsi que sa directrice, Mme Aurélie Bosc.]]>
1687]]> fre]]> Aix-en-Provence. 16..]]>
Droit international]]> Jurisprudence après 1789]]>
Le cours du Doctorat "Droit des gens, 1937-1938" donné à la Faculté de Droit de Paris (cliché 1939)

Par nature, le droit international n'est donc ni un droit spontané ni un droit imposé. Il s'est édifié et continue à se construire à l'occasion de crises internationales, de guerres mondiales, de conflits sans issue. C'est pour cette raison qu'étudier l'histoire du droit international c'est, ipso facto, étudier ce droit spécifique et que La Pradelle estime être un professeur comblé parce "qu'enseigner, faire de la recherche et lire le droit international sont les trois façons attachantes de l'étudier".

De rares et courtes incises bibliographiques dans le texte rappellent cependant qu'il n'est pas seulement un juriste féru d'histoire de ces doctrines mais un de ses contributeurs actifs. Parce que le droit international c'est :
  • la construction d'un corpus de textes de portée internationale, le plus souvent contraignants dans la seule mesure où ils sont ratifiés par les États qui acceptent de s'y plier
  • la constitution d'une jurisprudence issue d'arrêts et de conclusions d'arbitrage qui s'étoffe au fil du temps
  • la création d'instances juridictionnelles comme la Cour permanente d'arbitrage, la Cour Permanente de Justice Internationale, les Tribunaux Arbitraux Mixtes, ou encore les Commissions mixtes de Conciliation, ...
et que la Pradelle y a participé à plusieurs niveaux : par ex., rédaction de l'avant-projet des statuts de la Cour Permanente de Justice Internationale, en tant qu'expert, avis d'arbitrage de quelques grandes affaires (dans les années 1920 et 1930, réformes agraires de plusieurs pays d'Europe Centrale, et d'autres cas où les questions de compétence et les conflits entre les droits nationaux sont lourds de conséquences pour les parties en présence).

Dans ce cours, on comprend que La Pradelle ne se présente pas comme "le" technicien chevronné d'un corpus de Traités, de Chartes et de Conférences aux noms plus ou moins restés célèbres pour le grand public. Il rappelle qu'en toutes circonstances, il est au service de la seule chose qui compte en dernière instance, la justice et uniquement la justice, cette exigence étant aussi vraie pour un État que pour le simple particulier : parce que le droit international est un progrès en soi, son cours, c'est aussi un cours sur l'histoire de l'humanité. Un enseignement indissociable de l'histoire d'un homme.]]>
1939]]> fre]]>
Histoire de la Provence]]> Droit fiscal]]> Villes et communautés de Provence]]> Cour des comptes de Provence]]> Droit coutumier]]> Vignette, bandeau, cul de lampe, lettrine. - Sig. A-D4, E3.

Ce document présente deux textes de nature fiscale. Le premier est un arrêt du 14 juin 1764 pris sous l'échevinat de Georges de Roux, François Clary étant alors 2ème échevin (1), l'un des derniers échevins de Marseille, la fonction étant remplacée par celle de maire à partir de 1766 (les échevins, négociants de profession, étaient apparus un siècle plus tôt, en 1660, mettant fin à la tradition de puiser les notables dans le vivier des gentilshommes, nobles de naissance).

Georges Roux de Corse, 1er échevin de Marseille en 1764(1703-1792)

L'arrêt enregistré par Me Grosson, notaire, demande la rédaction d'un projet de nouvelle réglementation des droits des fermes de la ville.

François Clary, 2ème échevin de Marseille en 1764 (1725-1794)

Aboutissement du premier, le second texte, daté du 15 juillet 1764 (le délai de 30 jours paraît bien court pour un arrêt d'une telle importance mais la demande initiale datait en réalité de févier 1764 et avait été émise par l'échevin Samatan) et signé de Tropheme présente ce nouveau règlement qui établit la liste très détaillée de toutes les déclarations à faire (encore plus nombreuses que les taxes elles-mêmes, toutes ne donnant pas lieu à un impôt !) et de toutes les taxes appliquées à la production, au commerce et à la consommation du vin et de la viande :
  • droit de piquet, 41 articles qui s'appliquent au blé, à l'orge et à tous les grains, à toutes les farines ainsi qu'à tous les produits de boulangerie (pain, galettes et biscuits) qui arrivent en ville ou y transitent (Marseille est déjà un noeud d'import-export très actif) et concernent surtout les meuniers et les boulangers (par ex. 60 sols par charge)
  • droit de pestre, 8 articles qui s'appliquent au blé, à la farine, au pain et aux biscuits, concernent les meuniers, boulangers et capitaines de navire (par ex., 1 sol par sac de blé réduit en farine)
  • droit de rêve et de gabelle sur le vin vendu par les hôtes, cabaretiers, caffetiers, gargotiers (consommation personnelle et familiale déduite !) : 8 articles, par ex. 5 florins par millerolle de vin (pour le vin et l'huile, unité de 60 litres)
  • droits sur la boucherie, droit de l'once de dix derniers dus par les bouchers, pâtissiers, charcutiers et saucissiers. Les 7 articles concernent aussi les viandes salées qui arrivent par mer
  • droits généraux : 4 articles relatifs aux fraudes et aux peines encourues par les fraudeurs (errants, vagabonds ou contrebandiers pris en faute); le Régisseur a tout moyen de droit ou de contrainte par corps pour recouvrer les sommes dues et en fera une répartition selon l'usage (sans autre précision)
Ces cinq droits, certains coutumiers et locaux comme la rêve (cf Nouvelle cause d'adiournement de sieur Dominique Baudin ancien liberataire du droit de rêve imposé par la communauté de Cavailhon sur la chair de cochon) et d'autre nationaux comme la gabelle mais adaptée à la Provence - pays dit de petite gabelle sur le sel) construisent un dispositif fiscal complet où certaines denrées, considérées comme essentielles, sont taxées à chacun des stades de leur cycle (une fiscalité indirecte assez moderne dans l'esprit, aujourd'hui un des éléments dans le calcul du PIB) : du transport des grains à leurs broyage en farine, de l'acheminement des farines aux boulangers à leur panification, de la vente ou de la revente aux détails du pain et des pâtisseries. Le circuit des produits de boucherie suit le même schéma, de la bête sur pieds aux saucisses les plus élaborées. Un maillage cumulatif assumé, contraint et forcé, par le dernier maillon de la chaîne : le consommateur. À 25 ans de la Révolution Française, le simple particulier, indigent ou aisé, pouvait apprécier l'ingéniosité de la fiscalité des fermes chargées du recouvrement les impôts indirects destinés à alimenter les caisses royales.

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1. Liste des maires de Marseille - Wikipédia
https://fr.wikipedia.org
2. Liste des échevins : Georges de Roux (François Clary, 2e échevin)
3. Gilbert Buti, “Une maison de négoce à Marseille au xviiie siècle : les Roux frères”Patrimoines du Sud [Online], 13 | 2021, Online since 01 March 2021, connection on 20 April 2023. URL: http://journals.openedition.org/pds/6234; DOI: https://doi.org/10.4000/pds.6234
4. 1er échevin https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Roux_de_Corse
5. Histoire de l'impôt en France - Wikipédia
6. François Clary - Wikipédia
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  • Dépend de l'honorable Conseil de cette ville de Marseille, tenu le 14 juin 1764... Signé, Grosson, notaire secret.. - p. 3-6
  • Reglement pour la perception des droits de piquet, pestre, reve et gabelle du vin et boucherie, au profit de la communauté de Marseille... Données à Aix en notredite chambre le quatre juillet l'an de grace 1764, & de notre régne le quarante-neuvième. Par la chambre signé, Tropheme. scellé le 15 juillet 1764.. - p. 7-38
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1764]]> fre]]> Marseille. 17..]]>
Économie politique]]> Enseignement supérieur]]> Histoire de l'université]]>
Un hommage est toujours un savant dosage entre les souvenirs (toujours émouvants), la biographie (évidemment exemplaire) et le respect (forcément élogieux). Pour C. de Ribbe impossible d'échapper au genre puisque c'est une tradition, chose qu'il chérit par-dessus tout. On n'est pas toujours mieux servi que par soi-même, preuve en est lorsqu'il évoque le voyage de son ami en Suisse : "Claudio Jannet** y puisa ce que la science ne saurait donner par elle-même, l'esprit de tradition. C'est dans un des derniers centres, non encore tout à fait détruits, où cet esprit de tradition continue à être respecté, qu'à la formation de l'homme intellectuel s'ajouta la formation par laquelle l'homme moral sait d'où il vient, où il va, et quel est le but de la vie".

Claudio Jannet (1857-1894)

Au cours de ce voyage, C. Jannet lui écrit : "On y souffre des mêmes maux que nous : bureaucratie, centralisation, désordre dans les communes rurales, grande instabilité dans les lois ...". Et de conclure sur l'issue fatale qui menace la société établie : "La catastrophe ne nous sera pas épargnée; car les classes riches se montrent de plus en plus indignes de la haute action directrice qu'elles devraient exercer. À Paris surtout (1), le luxe et la débauche débordent, tandis que les pauvres, dont le nombre grandit chaque jour, se montrent de plus en plus corrompus et envieux". Mêmes causes, mêmes effets et mêmes diagnostics sur les responsabilités (perte de l'exemplarité, oubli de la morale, abandon de la tradition) et les risques sociaux et politiques (oisiveté, corruption, désordre, péril socialiste).

Dans cette pensée idéologique et le contexte de la toute jeune Troisième République (elle fête ses 25 ans), C. Jannet est au yeux de C. Ribbe un gage pour l'avenir parce qu'il s'engage dans la transmission de certaines valeurs à la jeunesse : "J'ai hâte d'arriver au moment décisif où Claudio Jannet fut appelé à occuper la chaire d'économie politique dans l'Université (aujourd'hui l'Institut) catholique de Paris". Après la création des Universités catholiques de Paris, Angers, Lille, Lyon et Toulouse en 1875, rebaptisées Instituts catholiques en 1880, les "vieilles cathos" (2), l'Université catholique de Paris lui propose un poste de professeur-adjoint pour enseigner l'économie politique (la discipline n'est enseignée dans les douze Facultés de droit que depuis 1877 (3). Titulaire deux années plus tard, il occupera ce poste jusqu'à son décès prématuré en 1894, enseignant une économie d'inspiration libérale où l'épanouissement humain se fait dans la cellule familiale et dans la morale, les deux piliers de la société pour C. de Ribbe. Opposé aux doctrines étatistes et collectivistes qui agitent la fin du 19e siècle, il ne prônait pas pour autant un libéralisme "décomplexé" qui a d'autres priorités que l'homme et la morale.

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* On notera la surprenante erreur sur la date de naissance de C. Jannet, non pas né en 1857 comme l'indique le sous-titre du livre mais en 1844. C. de Ribbe, auteur en général très rigoureux, évoque la bonne date en p. 7 : alors, coquille de l'éditeur, oubli de relecture, remords du manuscrit ?
** de son vrai nom Claude Marie Jacques Jannet
1. La capitale dépeinte comme ville de l'oisiveté, de la tentation et de la corruption des jeunes comme des travailleurs est un lieu commun partagé alors par certains provinciaux - cf Jullienne, Édouard de. - Des modifications à introduire dans l'enseignement du droit - Odyssée
2. Naudet, Jean-Yves. - Une brève histoire des économistes aixois : (à l'Université et à l'Académie d'Aix). - Chapitre 2 : Claudio Jannet (1844-894), académicien aixois, économistes à la Catho de Paris et membre de l'École d'Angers. Aix-en-Provence : Presses universitaires d'Aix-Marseille, 2022 - Disponibilité https://catalogue.univ-amu.fr/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=1202063
3. Lanéry d'Arc, Pierre. - Éloge de M. Alfred Jourdan, président de l'Académie d'Aix, correspondant de l'Institut, doyen de la Faculté de droit d'Aix, prononcé dans la séance du 17 janvier 1893 - Odyssée

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1895]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18...]]>
Factums après 1789]]> Jurisprudence après 1789]]>
plaque notariale : le blason très officiel d'officier public

Deux notaires installés à Aix, et dont l'un n'exerce pas, sont déboutés par un arrêt du Conseil d'État (CE) qui ne les autorise pas à exercer mais, de manière paradoxale et illégale, leur laisse la propriété de l'étude, décision qu'ils ne contestent pas alors. Vingt ans (après) plus tard, ils font appel, demandent l'annulation de l'ordonnance de 1824 et réclament à leurs "chers" collègues de l'arrondissement des indemnités pour le préjudice.

Les autres notaires de la ville d'Aix, très solidairement, estiment que les prétentions des deux notraires sont non seulement irrecevables mais bien trop tardives. Le CE leur donne raison tout en reconnaissant le caractère injuste de la non transmissibilté de leurs études puisqu'elle leur avait été officiellement, donc légalement, accordée à l'époque par le Roi en personne (1817) : en s'appuyant sur une ordonnance de 1823 qui fixe le nombre de notaires pouvant exercer à Aix à dix, le CE formule un nouvel avis en 1843 qui confirme son ordonnance de 1824 et la suppression de deux études mais au terme de la période viagère (décès naturel des notaires).

la profession de foi des notaires : un engagement officiel

Trois avis seront demandés : celui de la Chambre de Discipline des Notaires de l'arondissement qui soutient la communauté des officiers publics, avis contredit par celui du Tribunal civil d'Aix qui donne raison aux deux plaignants. Celui de la Cour royale d'Aix qui doit trancher est le plus important : le reste du document reprend toute l'argumentation que les neuf notaires de la ville lui adressent pour justifier le rejet de l'appel des deux plaignants. Une bataille juridique qui paraît surtout motivée par la demande d'indemnités formulée par les uns, les deux supposés lésés, et le refus, ô combien compréhensible, de supporter ces indemmités par les autres, les neuf confrères. Des plaidoyers, comme le rappelle leur serment, rédigés en toute rigueur et impartialité, cela va de soi...]]>
1844]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
Histoire de la Provence]]> Aménagement du territoire]]> Agriculture]]>
Pour cette 2ème édition, E. Vidal rappelle que le premier cri d'alarme lancé par C. de Ribbe devant les feux de forêts dans le Var avait eu un effet immédiat : la création en 1866 de la Société Forestière des Maures (siège à Hyères) avec pour but de vulgariser ses idées, sensibiliser les autorités aux risques dus aux mauvaises pratiques et tenter de convaincre la population des désastres causés par l'écobuage. Au moins des brigades ambulantes avaient pu être créées.

Dr E. Vidal (au centre), secrétaire de la Société Forestière des Maures (Giens, 1914)

La Société Forestière des Maures écrivait alors dans une lettre de 1866 : « Les désastres fréquents qui dévorent chaque année plusieurs milliers d'hectares rendent la propriété forestière très précaire et prolongent, pour la partie du département qui nous occupe, un état de barbarie qui n'est pas en rapport avec notre civilisation. Les populations voient sans s'émouvoir les conflagrations qui reviennent chaque été; elles cherchent à peine à les combattre ».

La culture sur brûlis, une technique simple, efficace à court terme et durablement dévastatrice

La 1ère édition se terminait par un appel à une grande enquête sur le terrain. Trois ans plus tard, cette 2ème édition inclut la bande côtière de la Basse-Provence qui va de Toulon à Antibes, une zone particulièrement exposée. C. de Ribbe ne peut que déplorer qu'en 1789, le Tiers-État réclamait déjà des règlements plus sévères pour prévenir les incendies. Quatre-vingt ans de faible intérêt législatif et administratif. Toute solution suppose :
  • le concours des propriétaires des surfaces boisées privées (2/3 des surfaces en France mais plus faible en Provence)
  • l'action de l'administration au niveau réglementaire (textes des obligations et des sanctions)
  • l'intervention directe sur le terrain des agents compétents de l'administration forestière dans les forêts publiques sous statut domanial et communal
Car avant de parler de lutte contre les incendies, il faut d'abord en comprendre les causes. Pour C. de Ribbe, cinq sont avérées : la malveillance, les bergers, les fumeurs et les chasseurs, les taillades et les issards. Les plus récurrentes et les plus anciennes sont les taillades et les issards (brûlis pour cultiver ou défricher) : un comble, loin d'une sagesse ancestrale, ce sont bien des pratiques traditionnelles et non pas accidentelles qui sont les principaux facteurs de sinistre (1). Dès cette époque, les revues d'information agricoles évoquaient également le comportement de certains campeurs et touristes et prouvent que les incendies de fôrets ne sont pas un mal né au 20e siècle (2).

Avec ses 1,9 millions d'hectares (9,4% de la forêt française) et un taux de boisement de 48% (le second au rang national, la moyenne étant de 29% en métropole), les 700 000 hectares de forêts publiques (45%) sont gérés par l'ONF (Office national des forêts). En raison de sa superficie et de ses nombreux reliefs, la région paie un lourd tribut pour entretenir un tel patrimoine naturel.

Les massifs du Var menacés par les feux de forêts (Préfecture du Var, le 7 août 2015)

Un siècle et demi après son 1er appel, la carte des zones à haut risque du Var non seulement n'avait pas régressée mais au contraire s'était étendue au Massif de la Saint-Baume : le constat alarmant d'une politique de prévention impuissante sous l'observation très comptable des pouvoirs publics (2).
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1. Martine, Chalvet. - La vulnérabilité de la forêt provençale face aux incendies : naissance d’une notion (fin XIXe siècle)VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Volume 16 numéro 3 | décembre 2016, mis en ligne le 20 décembre 2016, consulté le 02 avril 2023. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/18012 ; DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.18012
2. Faure, Marcel. - Les incendies de forêts dans l'histoire : quelques leçons du passé - Forêt méditerranéenne.org
3. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, des forêts aux multiples enjeux.  Site consulté : Office National des Forêts
* En ouverture de son discours devant l'assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg, Afrique du Sud, Jacques Chirac, Président de la République française, avait prononcé cette phrase, depuis devenue culte : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Quelques simples mots sur le désastre le plus annoncé...]]>
1869]]> fre]]> Maures, Massif des (Var). 18..]]> Esterel (Massif de l'). 18..]]> - Feuille Antibes ; 237 ; 1868 ; Dépôt de la Guerre (France) ; Beaupré (graveur)/Simonin (graveur)/Carré (graveur)/Pierron (graveur), ISBN : F802371868. 
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27422]]>
Histoire de l'université]]> Économie politique]]> Enseignement supérieur]]>
Les circonstances de la vie ont offert à Alfred Jourdan l'opportunité de croiser des destins exceptionnels lors de ses vacances en Corse : l'écrivain historien et archéologue Prosper Mérimée, le romancier Gustave Flaubert, autant inspiré par le psychologique que le naturalisme et François Guizot, homme politique plutôt austère et chantre d'un libéralisme au service de la prospérité mais peu ouvert aux questions sociales. Parti étudier le droit à Paris, il sera reçu par Blanqui, directeur de l'École de commerce, où il rencontrera des économistes en vue.

Alfred Jourdan (1823-1891)

En 1863, après avoir été attaché puis agrégé, il est nommé professeur de droit romain à la Faculté de droit d'Aix. Son parcours universitaire bascule lorsqu'il inaugure en 1875, à la Faculté des Sciences de Marseille* (cela ne doit rien au hasard), et en 1877, à la Faculté de Droit d'Aix, l'enseignement de l'économie politique. Ce qui lui vaudra une certaine animosité des économistes de métier, lui reprochant sa culture purement juridique, ce que l'économiste J.-Y. Naudet résumera avec la formule "Le paradoxe français : le divorce entre la science économique et son enseignement universitaire" (1). On peut rappeler ici qu'il faudra attendre la réforme des universités d'Edgard Faure en 1968 pour que les facultés d'économie voient le jour (à Aix, la Faculté d'Économie Appliquée ne sera créée qu'en 1973). Cette faiblesse, il en faisait un atout : au lieu de retrancher, il enrichissait son enseignement de toutes ses compétences : le droit, l'économie, et, héritage de sa spécialité romaniste (sa thèse soutenue en 1851 : État et capacité des femmes d'après le droit romain), l'histoire de la science sociale qui s'imposera dans les dix dernières années dans ses cours donnés à Marseille.

Alfred Jourdan n'était pas engagé dans une démarche dogmatique : pour lui, le travail de l'économiste était d'abord de faire "la théorie des faits et des pratiques, et ensuite de rechercher ce que les théories économiques ont produit dans les faits et quelles pratiques elles ont engendrées; autrement dit, étudier les théories d'abord comme causes des faits et ensuite comme résultats des pratiques". Le but de toutes ces études était d'élaborer le "tableau historique des opinions que les hommes des divers temps et des divers pays se sont faites sur les richesses, leur production, leur répartition, leur consommation". Tâche d'autant plus difficile que l'économie ne se résume pas à exhumer ce qui est formellement consigné dans les textes mais à comprendre l'organisation réelle de la production et du commerce et les pratiques sociales qui y sont attachées.

Salle de travail d'économie politique (1919-1920)

Au delà de ses écrits académiques, l'héritage d'Alfred Jourdan est sans nul doute d'avoir ouvert une tradition de l'enseignement de l'économie politique à la Faculté de Droit d'Aix, tradition poursuivie par Barthélemy Raynaud, et une école de pensée où l'analyse de l'économie n'est jamais dissociée de ses dimensions juridique et sociale et reste attentive aux conditions réelles des acteurs économiques, loin d'un hypothétique sujet d'étude idéalisé, l'homo œconomicus. Ce qui conduira à de remarquables analyses et synthèses de la société française pour la première moitié du 20e siècle qui valent bien de nombreux livres d'histoire consacrés à la Provence et à la Méditerranée (3).

_________________
* Jean-Yves Naudet précise qu'en réalité le cours d'économie à la Faculté des sciences de Marseille existait avant lui : il était assuré par Cabantous de 1867 à 1872. Jourdan en a pris effectivement la suite après la mort de Cabantous, à partir de 1873.
1. Naudet, Jean-Yves. - Une brève histoire des économistes aixois : (à l'Université et à l'Académie d'Aix). Aix-en-Provence : Presses universitaires d'Aix-Marseille, 2022  - Disponibilité https://catalogue.univ-amu.fr/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=1202063
2. Naudet, Jean-Yves. - L'économie politique à la Faculté de droit d'Aix. - Aix-en-Provence : Presses universitaires d'Aix-Marseille, 2009 - Extrait de "Six siècles de droit à Aix, 1409-1609, mémorial de la Faculté de droit et de science politique d'Aix-Marseille à l'occasion du sixième centenaire de sa fondation, PUAM, 2009, p. 85-90) - https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/265
3. Annales de la Faculté de droit d'Aix. Série Essai d'enquête économique - https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/109]]>
1893]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
Droit international]]> Histoire]]> Un cours n'est pas un livre".

Ce cours adressé aux étudiants de doctorat et donné de novembre 1931 à mai 1932 comprend 33 leçons : les 12 premières sont consacrées à des considérations générales et à l'histoire du droit international jusqu'à la Conférence de Paix de Paris en 1919 qui aboutira à la création de la Société des Nations en 1920. Les 22 leçons suivantes analysent l'influence que cette nouvelle organisation internationale va avoir les 10 années suivantes sur les questions de justice internationale et de ses institutions, des dispositions et des mécanismes supposés garantir la paix et la sécurité.

Le Pacte fondateur de la SDN :  préceptes originels (fév. 1920)

La SDN est établie en 1919 par le Traité de Versailles et ses missions définies dans le contexte de son avènement : sortant de la Première Guerre Mondiale, le premier conflit le plus meurtrier qu'ait jamais connu l'humanité, son objet est de garantir la paix, donc d'assurer la sécurité de tous les États (au moins à ses membres, ceux qui ont effectivement ratifié le Pacte). Pour y parvenir, il n'y a que deux voies parallèles :
  • retirer tout prétexte et toute justification territoriale à la guerre en assurant à chaque État son intégrité géographique, autrement dit en garantissant sa sécurité
  • "désarmer la guerre", c'est à dire retirer aux belligérants les moyens de mener des opérations militaires d'envergure en diminuant ses effectifs et ses munitions, dit autrement, parvenir à un certain niveau de désarmement
Dans ses premières années de fonctionnement, la SDN inscrit à son crédit des succès indéniables avec soit le règlement de certains conflits soit l'apaisement des tensions entre certains États, succès qui dépassent largement le cadre des Balkans et de l'Europe centrale : Îles Åland (1921), Albanie (1921), Autriche et Hongrie (1922), Haute-Silésie (1922), Memel (Lituanie, 1922), Grèce - Bulgarie (1925), Mossoul (1925), Liberia (1930). C'est donc avec cette décennie d'avancées à l'esprit qu'A. de La Pradelle prépare son cours de l'année suivante. Une décennie d'autant plus importante que la SDN est une organisation multiple qui recouvre une dizaine de missions internationales par le biais d'autant de commissions permanentes (justice, réfugiés, travail, santé, esclavage, trafic, désarmement, coopération,...).

Une session de la SDN à Genève (fin des années 1920, archive allemande)

Mais les points faibles de l'organisation étaient déjà connus : pas de forces armées propres (les grandes puissances n'en voulaient à aucun prix), problème de représentativité (nations absentes ou partantes rapidement), neutralité pas toujours claire, intérêts nationaux prédominants, désarmement peu soutenu par la Grande-Bretagne et la France, et, coup de grâce, à partir de 1933, incapacité à empêcher certaines guerres de conquêtes territoriales, donc d'assurer la sécurité collective, pourtant sa première raison d'être, avec une liste d'échecs aussi longue que celle de ses succès : Cieszyn (1919), Vilnius (1920), Ruhr (1923), Corfou (1923), Mandchourie (1931-1933), Chaco (1932). L'année universitaire de 1931-1932 sera accompagnée par un véritable cortège de guerres d'invasion avec son point d'orgue en 1939.

La Seconde Guerre Mondiale signait l'échec de la SDN et son remplacement par une nouvelle organisation internationale était acté au cours de la Conférence de Yalta qui s'est tenue en 1945. Le 24 octobre de la même année, la Charte des Nations créant l'ONU était signée par ses 50 futurs États membres. Dans la vision très hégélienne de l'histoire comme celle de La Pradelle, le dépassement dialectique du droit, troisième âge du droit des gens, vers la paix, quatrième âge, était confié aux générations futures.

Dans son historique, sur la page consacrée à la Conférence des Nations Unies sur l'organisation internationale du 25 avril 1945 (Conférence dite de San Francisco) l'ONU rappelle toutes les difficultés et les controverses qui sont apparues avant de parvenir à un accord : "Mais, c'est surtout la faculté pour chacun des « Cinq Grands » d'exercer le droit de « veto » à l'égard d'une décision du puissant Conseil de sécurité qui a été longuement et âprement débattue. Il semblait à un moment que le désaccord sur cette question allait faire échouer la conférence. Les autres puissances craignaient que, si l'un des « Cinq Grands » menaçait la paix. le Conseil de sécurité ne fût incapable d'agir".

Une inquiétude prémonitoire qui se révèlera à maintes reprises parfaitement fondée : depuis 1945, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité (République populaire de Chine, États-Unis d'Amérique, France, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et Irlande du Nord, Fédération de Russie) se sont engagés dans des opérations militaires sans mandat et sans rapport avec des actions de maintien de la paix.


Antoine Furetière, Dictionnaire universel - article "Bergeries", 1701 (3)

Ne pas enfermer le loup dans la bergerie, nous dit-on. Mais apparaît un cas de figure que n'avait pas prévu ce vieux proverbe médical plein de sagesse et cité par A. Furetière à la fin du 17e siècle dans son dictionnaire : que se passe-t-il quand il n'y a plus que des loups dans la bergerie ? G. de La Pradelle, qui a le sens aigu de la formule autant que de la synthèse, nous aurait sûrement répondu comme il le fait dans son préambule : "Le Droit est une règle de Vie. Le Droit international est la règle de la Vie internationale". Bon courage.

Épilogue : à l'issue de la Guerre de 14-18, la SDN devait ouvrir une nouvelle ère de l'histoire de l'humanité avec à l'esprit cet impératif catégorique : plus jamais ça ! Deux décennies plus tard, la Seconde Guerre Mondiale devenait, haut la main, le conflit de tous les superlatifs et nous permet, au 21e siècle, de continuer à partager avec son auteur le passionnant et interminable avant-dernier âge du droit des gens : la paix perpétuelle chère à E. Kant et la fin de l'Histoire conceptualisée par F. Hegel, ce n'est pas pour tout de suite.

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1. The United Nations. Office of Geneva. The Covenant of the League of Nations. site Ungeneva.org
2. L'histoire des Nations Unies. La Conférence de San Francisco, 25 avril 1945. Site Nations Unies
3. Furetière, Antoine (1619-1688). - Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes & les termes des sciences et des arts,... Tome 1 / . Recueilli & compilé par feu messire Antoine Furetière,... Seconde édition revüe, corrigée & augmentée par Monsieur Basnage de Bauval. 1701.. - Gallica]]>
[I], Partie générale comprend : Les quatre âges du droit des gens (morale, politique, droit, paix) et La conférence de la paix de Paris (1919) : plébiscite, responsabilité, réparation des dommages. - [II], Partie spéciale : influence de la S.D.N. sur la politique, le commerce, le droit et la paix (arbitrage, sécurité, désarmement)]]> 1932]]> fre]]> Europe. 19..]]>
Archéologie]]> Antiquité]]> On s'y rend facilement en automobile de St-Arnaud, station de chemin de fer située sur la ligne d'Alger à Constantine" (2, p. 7) et depuis 1909, une voie d'accès mène au chantier de fouilles. Malgré une difficile implantation sur un plateau étroit et en pente, le site est d'importance : il ne compte pas moins de 33 édifices, tous bien identifiés.

Djemila - le Cardo Maximus (artère principale de la ville)

Très tôt, des travaux de consolidation d'urgence sont menés pour les cas les plus critiques (les archéologues ne se contentent pas d'exhumer), certains appareils sont remontés et, grâce aux matériaux restés sur place, quelques monuments sont reconstitués.

Djemila - le portique Nord du Forum Sud

Classiques et communs aux autres grands sites romains, ils sont reconnus pour leur grande élégance, à l'image des Grands Thermes, structure de plus de 2 600 m² bâtie avec la recherche d'une remarquable symétrie (les pièces de même fonction se font miroir). Des études postérieures ont pu montrer que les thermes avaient fait l'objet de nombreux remaniements, certains aménagements primitifs ayant complètement disparu, d'autres ayant pu être datés grâce à de surprenants indices comme ces pièces de monnaie retrouvées au fond d'une piscicne comblée à l'époque.

Djemila - Les Grands thermes, construits en 183, sous règne de Commode

Les Grands Thermes offrent tout le confort et toutes les installations attendus d'un tel lieu : vestiaires, gymnase, étuves (sèche et humide), bains (froid, tiède et chaud), piscines, etc., le tout chauffé à l'aide d'un circuit de vapeur d'eau cheminant dans des parois creuses composées de poteries aux formes astucieuses. Bien-être, luxe et raffinement vont de pair : les murs sont revêtus de marbre et le sol est  recouvert de mosaïques.

Djemila - Les Grands thermes (cliché 2012)

Trois ans après la publication de cette synthèse de 1921, l'année même où A. Ballu part en retraite, les archéologues E. Vallet, E. Albertini et M. Huttner, mesurant l'intérêt de ces ruines et soucieux de les populariser, éditeront en 1924, un "Guide pratique illustré pour visiter les ruines de l'antique Cuicul, actuellement Djemila" pour inviter les premiers touristes friands d'archéologie à venir découvrir ces vestiges exceptionnels et mieux les comprendre en suivant un circuit balisé et numéroté (les 33 édifices y compirs le musée) pontué de rapides explications sur l'historique des constructions, leur raison d'être et leur usage.


Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)
____________________________
1. Djemila - Wiki
2.
Allais Yvonne. - Le quartier occidental de Djemila (Cuicul). In: Antiquités africaines, 5,1971. pp. 95-120. DOI : https://doi.org/10.3406/antaf.1971.921  www.persee.fr/doc/antaf_0066-4871_1971_num_5_1_921
3. Wikimedia Commons, the free media repository, Yves Jalabert 2012]]>
1921]]> fre]]> Djemila (Algérie). 19..]]> Algérie. 19..]]> - Feuille Bizerte ; II ; 1887 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_02_1887a. Levés de 1881 à 1887 - Carte de reconnaissance
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=43100]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
Pourquoi ? Ce qui ne marche pas, c'est la façon dont tout le système universitaire a été construit, c'est à dire sur un seul niveau. Résultat, à l'arrivée, que des perdants : des étudiants préoccupés uniquement par leurs examens, des enseignants débordés, peu motivés et en plus mal payés, des facultés concentrées sur la capitale et donc surpeuplées. Comme le rappelle Guy Antonetti (2), l'égalité des citoyens aux emplois publics explique "la grande affluence des étudiants qui avait posé, dès le début de la Restauration, un problème d'ordre public d'autant plus grave que la jeunesse des écoles, comme on disait alors, était en grande partie politisée : par ses chahuts ou ses applaudissements, elle transformait certains cours en manifestations politiques bruyantes, et le gouvernement craignait le débordement de ces troubles dans la rue. D'où l'idée de multiplier les chaires afin de diviser les auditoires et de faciliter la police exercée par le doyen et les professeurs ; ou encore l'idée de multiplier les facultés de province afin de diminuer le nombre des étudiants concentrés à Paris".

Le coût de la réforme (plutôt de son fonctionnement ?) de l'enseignement du droit

Que faut-il faire ? Ne cherchez pas, la solution est évidente : il faut réformer le système par la réorganisaiton de l'enseignement du droit en le scindant en deux degrés : le premier qui serait composé des Écoles de droit. Ce nom n'est pas une réelle nouveauté puisque les Facultés de droit de l'Ancien Régime, supprimées par la Convention en octobre 1793, avaient été restaurées sous ce nom par la loi du 22 Ventôse an XII (13 mars 1804). Le second qui reprendrait aussi le nom des anciennes Facultés mais cette fois avec leur périmètre allégé des premières années. Julienne, prudent, ne touche pas à la stratification des 3 grades universitaires, baccalauréat, licence, doctorat qui viennent d'être rétablis avec les universités et reste dans le sillage des grandes réformes napoléoniennes avec la création du lycée et du baccalauréat, ce dernier devenant le premier diplôme universitaire, créant de fait, une coupure fictive avec l'enseignement secondaire (1).

L'aspect un peu moins banal de ce nouveau dispositif est d'établir des montants de frais d'inscription inversement proportionnels au niveau d'études : une proposition à la fois très cohérente avec la critique du système en place puisqu'elle dissuaderait les dilettantes professionnels, entretenus par des parents fortunés, d'encombrer le banc des amphis, et aussi très morale puisqu'elle récompenserait les plus méritants et les plus déterminés à achever leurs études.

Réussir fait faire des économies (frais d'inscription inversement proportionnels au niveau)

Sans entrer dans la discussion technique de l'organisation des enseignements (d'autres questions agitent le milieu universitaire comme les branches du droit qui émergent alors dans une société en pleine mutation), que penser de cette grande réforme ? Au niveau des salaires, si la hiérarchie est respectée avec en haut de l'échelle les professeurs d'université, on peut s'étonner du second rang accordé au poste de secrétaire, davantage rémunéré que les professeurs des Écoles et les agrégés des deux niveaux.

Par ailleurs, la proposition de Julienne ne semble pas avoir marqué l'histoire de l'éducation, tant au niveau de l'organisation (les sciences juridiques n'ont jamais été enseignées dans le second degré) qu'au niveau des droits d'inscription dégressifs, un argument plutôt élitiste (dans l'enseignement public, la démocratisation sincère ou la massification démagogique va toujours dans le sens d'une quasi-gratuité pour les 1ères années).

À défaut d'avoir su convaincre l'administration, il fait désormais partie de la plus solide tradition de l'enseignement en France : tout problème pédagogique trouve son issue dans une réforme et fait entrer son auteur dans le Panthéon des réformateurs les plus illustres ("la patrie reconnaissante"). Les chiffres semblent difficiles à rassembler, mais il y a fort à parier que le Ministère de l'Instruction (publique) ou de l'Éducation (nationale) et celui des universités (et enseignement supérieur & recherche) doivent détenir quelques records mondiaux du nombre de réformes annoncées, appliquées ou abandonnées, à commencer par leur propre nom.

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1.Casanova, Jean-Claude. - L’université française du XIXe au XXIe siècle, Académie des sciences morales et politiques, Séance du lundi 29 octobre 2001
2. Antonetti, Guy. La Faculté de droit de Paris à l'époque où Boissonade y faisait ses études. In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 43 N°2, Avril-juin 1991. pp. 333-356.DOI : https://doi.org/10.3406/ridc.1991.2225 ;www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_1991_num_43_2_2225Cet article est d'autant plus intéressant que pour introduire le sujet, Antonetti évoque le cas de l'étudiant Gustave-Emile Boutry, qui prend sa première inscription à la Faculté de droit de Paris le 15 novembre 1845 (année de publication du présente document), pour suivre ses études et qui parvient à la thèse de licence le 22 février 1849 puis à celle de doctorat le 16 juillet 1852. Au risque de tomber sous la critique de F. Audren, qui, à l'image de Julienne qui ne se préoccupe que de l'aspect institutionnel en éclipsant les questions doctrinales, analyse le nouvel intérêt porté aux facultés de province en réaction, au moins en partie, à la polarisation excessive sur la Faculté de Paris (3).
3. Frédéric Audren. Qu’est-ce qu’une Faculte de province au XIXe siècle ?. Philippe Nelidoff. Les Facultes de droit de province au XIXe siècle, Presses universitaires de Toulouse, pp.17 - 60, 2011, 9782361700195. hal-01462065]]>
1845]]> fre]]> France. 18..]]>
Droit pénal]]> Colonies françaises]]>
Que faire des personnes condamnées à une peine de privation de liberté ? La prison a beau être la réponse de tout système judiciaire, non seulement elle ne résout rien mais elle aggrave sérieusement les choses : plongés dans la promiscuité avec les autres criminels, les plus amendables s'endurcissent et ce qu'on appelle Maison de correction mériterait davantage le titre de Maison de corruption !

Bagnard à Saint-Martin-de Ré (Île de Ré)

Au 19e siècle, ce constat est déjà largement partagé et à partir de 1840, il s'étend au delà des seules conséquences morales sur les prisonniers (1) : avec la fin du régime des galères et le choix de concentrer la population carcérale dans les anciens arsenaux (Brest, Rochefort, Toulon), une partie de la population s'inquiète de ce nouveau risque (libération, évasion). D'autres se préoccupent du coût de fonctionnement de ces grands centres pénitentiaires.

Embarquement de l'Île de Ré pour Cayenne, Guyane (1852-1953)

Pour E. Julienne, le plus nocif dans ce système de réclusion est l'état d'oisiveté forcé et permanent dans lequel on maintient les prisonniers. L'issue est courue d'avance : les condamnés libérés "ne sortent de prison que pour y rentrer chargés de nouveaux crimes". Pour preuve, le fort taux de récidive, un tiers environ pour l'ensemble de la population carcérale, ce taux étant plus élevé encore pour ceux condamnés aux travaux forcés, la moitié. La réponse pénale fabrique littéralement une dangereuse "armée de repris de justice".

Transportés, déportés : éloigner pour protéger la société civile

Comment parer à ce danger social ? En ayant recours à la transportation et à la déportation. Le premier cas n'est applicable que pour les crimes d'ordre privé et réservé à ceux qui ont commis un délit pour la première fois : on demande à l'accusé s'il reconnaît les faits, et si oui, s'il préfère être transporté dans une colonie spéciale et pénitentiaire (Îles Marquise ou Tahiti, par ex.) pour dix ans en échappant à toute publicité et jugement public. Une grâce entre peine et liberté qui n'exclut ni le travail ni la propriété (colonies agricoles, par ex.) et qui permet à l'État de faire l'économie des procès et de l'entretien des prisons continentales coûteuses, malgré les frais du transport par delà les mers.

La déportation dans une colonie spéciale, est proposée aux prisonniers qui ont montré leur volonté de revenir dans le droit chemin. On remarquera qu' E. Julienne, soucieux de la réinsertion des nouveaux libérés, n'emploie jamais le terme de bagnards mais de colons. Rédigé en 1849, il ne peut imaginer que trois ans plus tard, en 1852, l'État français créera les véritables bagnes coloniaux vers lesquels, durant un siècle, près de 100 000 condamnés (quelques centaines de femmes) seront conduits et devront y "vivre" dans des conditions depuis unanimement dénoncées (2) : 75% le seront à Cayenne et 80% le seront sous le statut juridique de Transporté.

1. Michel Pierre, «Le siècle des bagnes coloniaux (1852 - 1953)», Criminocorpus, revue hypermédia [En ligne], Les bagnes coloniaux, Articles, mis en ligne le 01 janvier 2006, consulté le 10 juin 2012. URL : http://criminocorpus.revues.org/174
2. Robert Badinter : « Le bagne de Guyane, un crime contre l’humanité », Le Monde, éd. du 24 nov. 2017: https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/11/24/robert-badinter-le-bagne-de-guyane-un-crime-contre-l-humanite_5219546_3232.html

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1849]]> fre]]>
Droit international]]> Science politique]]> Paix moderne : 1899-1945 et s'en explique : il s'agit d'un dossier publié en 1947 par les Cahiers du Monde Nouveau, compilation préparée par un technicien (on ignore qui) pour une délégation restée mystérieuse (!) venue participer à la Conférence de San Francisco de 1945 et jamais invitée. D'où le titre très descriptif du recueil "de La Haye à San-Francisco, tableau d'ensemble avec la documentation correspondante".

1ère Conférence Internationale de la Paix de La Haye (18 mai 1899)

Aucun suspens diplomatique pour un historique trop bien connu et totalement officiel d'un demi-siècle de rencontres planifiées, d'échanges improvisés, de traités signés, d'occasions ratées, d'espoirs déçus et qui éclaire le laborieux chemin vers la paix. 

Les Accords de Locarno (10 octobre 1925)

On parle bien d'un chemin et pas d'un point d'arrivée. Un effroyable bilan sépare cette avant-dernière année du 19e siècle et cette terrible année de 1945 : deux guerres mondiales, de multiples conflits régionaux, des populations déplacées quand elles ne sont pas purement et simplement exterminées. Ce qui sépare ces deux dates, ce sont des dizaines et des dizaines de millions de morts, civils et militaires, pour ces seuls 50 ans. La course à la surenchère macabre ne connaît aucune limite : chaque grand conflit compte à son actif le score effarant de plusieurs dizaines de millions de morts, surtout civils : singulière modernité. Avec ses plus de 200 millions de morts, le 20e siècle a pris une belle avance sur ses prédécesseurs. Mais que ses successeurs se rassurent : ils peuvent compter sur le génie humain et la persistance d'idéologies mortifères assistées de technologies débordantes d'imagination !

La Conférence de Yalta avec Roosevelt, Churchill et Staline (5-12 février 1945)

Ce long cortège de traités, de conventions, de protocoles, d'accords et de conférences qui ont traversé toute la première moitié du 20e siècle, illustre à quel point le recours primaire à la violence est la voie la plus facile quand bien même elle est toujours la pire des solutions. Parce que le problème est bien là : avant de savoir si elle est ou pas la continuation de la politique par d'autres moyens (Clausewitz), ou l'inverse (M. Foucault), avant de tenter de la repenser, la guerre est d'abord vue comme une solution dont on peut moduler la légalité. Au risque de rendre le monde binaire et affranchi de tout interdit que ce soit dans ses modalités territoriales, économiques, sociales ou religieuses : on se parle ou on se tue.

Pourtant au cours de ce siècle, le monde n'est pas resté inactif pour parvenir à la paix, la préserver et sanctionner ceux qui la ruine : les juristes ont créé de nouvelles catégories de crimes : crimes contre l'humanité (11 actes identifiés, le génocide par ex.) et crimes de guerre... tous imprescriptibles (pour les amnésiques). Pour les remercier, en supplément de leur propre organisation (SDN/ONU), les politiques leur ont offert autant d'instances et de juridictions : Commissions internationales d'enquête, Cour permanente d'arbitrage, Cour permanente de justice internationale, Tribunaux pénaux internationaux (5 à ce jour), Tribunal militaire international (type Nuremberg). Les tribunaux n'ont jamais empêché les crimes mais au moins la vie pour les criminels est devenue plus difficile.

Reste aux hommes de bonne volonté cet ultime impératif catégorique : il faut désespérément espérer la paix. Alors pourquoi le droit se limite-il à affirmer que tout n'est pas permis : concevoir et vendre des armes, organiser des armées et recourir à la force, n'ont toujours pas été déclarés illégaux et ne font encourir aucune sanction pénale aux dirigeants de ce monde.]]>
]]> 1947]]> fre]]> Europe. 19..]]>
Archéologie]]> Antiquité]]> - 53 vues d'après les photographies communiquées par M. A. Ballu et de M. Bouteillier, phot. à Batna (Notes)
- Mention sur la page de couverture : 56 vues
- Mention de Ain-Tayout au lieu de Aïn Yagout ou Aïn Yaqout
- France-Album ; 85 (Appartient à la collection)

Cet album rassemble des photographies de quatre sites archéologiques réalisées par M. Bouteillier (phot. à Batna). Qu'ont-ils en commun ? D'abord, leur proximité géographique : une vingtaine de 20 kms séparent les plus proches, une soixantaine les plus extrêmes. Ensuite, ces chantiers de fouilles ont été menés sous la direction d'A. Ballu (auteur de l'avant-propos), architecte en chef des monuments historiques de l'Algérie et connu également pour ses restaurations de monuments historiques en Métropole.

Le théâtre de Batna

Comme il est difficile de résumer de manière équitable un livre purement illustratif consacré à des sites majeurs de l'antiquité déjà très largement publiés, on se contentera de quelques clichés moins souvent exposés dans les revues d'archéologie comme celle prise dans la localité même de Batna avec ses habitants pris sur le vif dans leur vie quotidienne.

Les latrines de Timgad

L'essentiel de l'album étant consacré à Timgad (édifié sous le règne de Trajan), très bien conservé en raison de son éloignement de grands centres urbains, toujours sources de dégradations, les édifices les plus importants et les principales infrastructures de la ville sont largement représentés. On pourra s'arrêter sur les latrines qui équipaient le centre de la ville. L'hygiène publique a toujours été une préoccupation majeure des romains qui ne lésinaient jamais sur les constructions : adduction d'eau douce potable même sur de longues distances, fontaines publiques, entretien de réseaux d'égouts efficaces (toujours utilisés d'après A. Ballu), construction de citernes de grande capacité, édification de thermes (eau chaude et froide) qui démontraient le stupéfiant niveau de compétence des géomètres et des architectes de l'époque, quelles que soient les difficultés du terrain. Deux millénaires plus tard, sous le poids d'une démographie et d'un urbanisme incontrôlés, les grandes agglomérations industrielles françaises seront débordées par de graves problèmes d'insalubrité et d'hygiène publiques qu'il est difficle dévoquer sans penser à une incompréhensible régression technique et administrative.

L'Agence des travaux et le musée de Timgad

Images plus rares encore, les bâtiments des archéologues destinées à abriter et étudier les éléments estimés les plus fragiles et les plus précieux. En dehors du prestige national, on remarquera que les installations en dur étaient prises très au sérieux et deviendront, au prix d'une muséologie non dépourvue de toute pédagogie, un passage obligé pour les touristes les plus férus en histoire antique.

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)
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19??]]> fre]]> Algérie. 19..]]> - Feuille Batna ; 27 ; 1894 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_027_894a. "Dressé, gravé et publié (1891) ; 12094 [pour 12 1894]"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32460]]>
Aménagement du territoire]]> Histoire de la Provence]]> Botanique]]> Approvisionnement en eau]]> que d'eau, que d'eau", il fait mieux : il tente de comprendre l'origine de ces inondations destructrices et propose la solution : entretenir les forêts privées et reboiser les montagnes.]]>
Bulletin trimestriel - Société forestière de Franche-Comté & Belfort (Est un extrait ou un tiré à part de)

C. de Ribbe n'a pas encore 30 ans lorsqu'il est témoin des terribles inondations de 1856 qui affectent toute la France (20 ans avant la grande crue de la Garonne et l'exclamation présidentielle devenue célèbre). Une partie de sa Provence natale, celle qu'il regarde de son œil attentif de propriétaire terrien, est bien sous l'eau ! Issu d'une vieille famille de conseillers et d'avocats du Parlement de Provence, il a jusqu'à ce jour étudié les anciens jurisconsultes : il les abandonne aussitôt pour se consacrer à comprendre les calamités qui ravagent la Provence. Un travail mené avec une telle ferveur qu'il publie l'année suivante "La Provence, au point de vue des bois, des torrents et des inondations, avant et après 1789".

Charles de Ribbe (1827-1899)

Son ouvrage ne se contente pas de relater une histoire des Alpes très documentée et nourrie d'authentiques témoignages : il s'achève, de manière assez prémonitoire, sur un appel à une réforme du Code forestier qui mettrait en œuvre un nouveau classement des forêts adossé à une loi qui rendrait obligatoire le défrichement des surfaces boisées des particuliers et le reboisement des montagnes. Lui, juriste qui n'a jamais suivi le moindre cursus scientifique, montre toute la cohérence de sa réflexion lorsqu'il réclame une étude du bassin de chaque cours d'eau et le rattachement de l'administration des forêts, qui dépend alors du Ministère des Finances, au Ministère de l'Agriculture. Une réorganisation administrative qui permettrait "d'obtenir des agents qui concilieraient les besoins de l'agriculture avec les intérêts du sol forestier."

Les remparts d'Avignon - inondations de 1856 (Édouard Baldus)

Ne s'arrêtant pas en si bon chemin et pour bien marteler ses idées, il publiera en 1858 "Le Déboisement et le reboisement" et en 1860, un nouveau plaidoyer "Le Reboisement des montagnes". Les années suivantes, il produira plusieurs articles sur ces deux thèmes dans la Revue de l'agriculture provençale (1860-1861) puis dans la Revue agricole et forestière de Provence (1862-1876). Cette conviction n'est pourtant pas totalement originale : d'autres auteurs ont déjà publié des ouvrages sur ce thème comme le rappelle judicieusement Larminat citant le grand-père de G. de Saporta qui avait rédigé en 1819 un "Mémoire sur la destruction et le rétablissement des bois en Provence". Ce qui change ave C. de Ribbe, c'est que son combat va être couronné de succès avec la promulgation le 28 juillet 1860 de la Loi sur le reboisement des montagnes.


Frederic Le Play : une certaine idée de la nature et de la culture (1806-1882)

Mais l'inquiétude et l'ambition de C. de Ribbe dépassent l'avenir de quelques paysages alpestres et de la Provence de son enfance : sa rencontre en 1857 avec Le Play, brillant ingénieur et Conseiller d''État (1), l'aura convaincu (2) qu'il existe un lien évident entre la destruction des forêts et la dislocation des patrimoines. « Il ne s' agit pas seulement de refaire des forêts, lui a-t-il dit, il s'agit de refaire des hommes et des familles ».

En fallait-il davantage à C. de Ribbe pour adhérer à ce courant politique où se mêlent, selon un dosage propre à chacun, un réformisme conservateur, la préservation du patrimoine, la stabilité de l'ordre social, le progrès moral, le culte de la cellule familiale et le respect du sacré : n'est-ce pas tout ce que l'on retrouve dans ce simple aveu qu'il avait "un respect inné de la tradition" ?

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1. Frederic Le Play, ingénieur des Mines,... Wikipédia
2. Jacques Poumarède. - Charles de Ribbe (1827-1899), l’histoire et le droit au service de la cause le playsienne - site consulté OpenEdition books

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1901]]> fre]]> Provence. 19..]]>
Satire politique]]> Droit international]]>
Ce document ne traite pas de l'attentat de Marseille proprement dit, celui qui coûta la vie au Roi de Yougoslavie (1) mais de ses conséquences politiques à travers les deux discours d'Edvard Beneš prononcés deux mois après les faits devant le Conseil de la Société des Nations à Genève. E. Beneš n'est pas un obscur diplomate venu reprocher à la France son incompétence en matière de terrorisme (même si l'attentat de Sarajevo de 1914 est sûrement dans tous les esprits) : il est l'un des fondateurs de la Tchécoslovaquie. L'année suivante, il devient Président de la République tchécoslovaque qu'il dirigera de 1935 à 1938 et de 1939 à 1948.

La rencontre d'Alexandre 1er et le Ministre des Affaires étrangères, Louis Barthou (Marseille, 9 oct. 1934)

Après l'attentat de Marseille, le Gouvernement yougoslave demande que la question des tensions entre la Yougoslavie et la Hongrie (et, plus largement, entre la Hongrie et la Techoslovaquie et la Roumanie) soit mise à l'ordre du jour. Dans son premier discours, le plus important, et au nom du Gouvernement tchécoslovaque, E. Beneš s'exprime à la tribune pour affirmer le soutien total de la Tchécoslovaquie à la Yougoslavie, expose sa crainte pour la sécurité de son pays et s'inquiète pour la paix de toute l'Europe centrale. Si Alexandre 1er et L. Barthou ont été assassinés par des terroristes venus de Hongrie* (organisation Ustaša) et qui sévissent régulièrement en Yougoslavie, c'est que ces deux héros travaillaient pour la paix.

L'attentat de Marseille (9 octobre 1934, 20 minutes après la poignée de main)

Si recevoir des immigrés chez soi est conforme au droit d'asile, il ne dispense pas de contrôler leurs agissements, autant pour soi-même que pour la sécurité des États voisins. Et il est difficile de croire un seul instant qu'un État souverain (la Hongrie, par ex.) ignore qu'il abrite une quarantaine de terroristes qui ont déjà commis une vingtaine d'attentats chez un voisin frontalier (la Yougoslavie, par ex.), surtout s'il en a été averti !

Edvard Beneš (1984-1948)

Un des grands résultats de la Guerre 14-18 a été pour plusieurs petits pays d'Europe centrale, comme la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie et la Roumanie, l'accès à une vie nationale indépendante. On reproche à ces États de ne pas aller assez vite dans cette construction de la paix : mais le révisionnisme hongrois ne demande-t-il pas la séparation de la Croatie de la Yougoslavie enfin unifiée ? Et comment faire en 15 ans ce qui a réclamé plusieurs siècles à la France et à l'Angleterre pour y parvenir ? La raison de l'attentat de Marseille, c'est uniquement la volonté d'arrêter ce grand processus de paix et doit recevoir une réponse de toute la SDN.

En conclusion de ce cri d'alarme pacifique, E. Beneš rappelle une nouvelle disposition du droit international adoptée l'année précédente : l'Union soviétique, par son représentant Maxime Litvinov, avait présenté en 1933, à la Conférence pour la réduction et la limitation des armements (déjà !) un projet contenant une nouvelle définition de l'agresseur. « Sera reconnu comme agresseur dans un conflit international, sous réserve des accords en vigueur entre les parties en conflit, l'État qui, le premier, aura commis l'une des actions suivantes : [...] 5ème cas énuméré : appui donné à des bandes armées qui, formées sur son territoire, auront envahi le territoire d'un autre État, ou refus, malgré la demande de l'État envahi, de prendre, sur son propre territoire, toutes les mesures en son pouvoir pour priver les dites bandes de toute aide ou protection. ». Cynisme total ou géniale prémonition de l'URSS ? Au Conseil de la SDN d'en tirer toute la leçon politique...

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1. Frédéric Monier. - L’attentat de Marseille (9 octobre 1934) : régicide et terrorisme dans les années trente. in La Révolution Française, site consulté OpenEdition Journals
* certains commentateurs, apparemment mieux informés qu'Edvard Beneš lui-même, affirment que l'auteur de l'attentat n'est certainement pas un terroriste oustachi (supposé hongrois ou venir de Hongrie) mais un nationaliste bulgare...

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1934]]> fre]]> Yougoslavie. 19..]]> Tchécoslovaquie. 19..]]> Hongrie. 19..]]> Roumanie. 19..]]> Marseille. 19..]]> - Feuille - Belgrade ; 1 ; s.d. ; Service Géographique de l'Armée (Paris). 
Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=3938]]>
Archéologie]]> Antiquité]]>
La première leçon du passé pour les archéologues, texte inaugural de ce guide, est qu'il faut le connaître pour mieux le comprendre et mesurer son importance réelle. Les auteurs ne cachent pas leur admiration de la civilisation romaine et commencent logiquement par l'histoire de la ville. La première leçon du passé est qu'il impose la responsabilité de sa préservation à celui qui prétend assurer sa sécurité, ce qui n'a été le cas jusqu'à présent : "La France se doit à elle-même de perpétuer le souvenir de ceux qui, à force de labeur et d'énergie, ont su créer de grandes et belles choses dans ce pays".

Le recours assez répandu à la photographie aérienne (1924)

Le message peut être aussi entendu sur un plan plus politique : "Les pierres taillées par les Romains, dégagées des poussières du temps, dans les friches abandonnées, sont les titres des Roumis [européens non musulmans] revenus dans l'ancienne Numidie pour y apporter un renouveau de paix sociale, de travail régénérateur et d'activité productrice". Les Français poursuivent le travail des Romains, en quelque sorte.


Circuit de la visite des ruines de Djemila (illustration en fin d'ouvrage)

Le plan du guide suit un itinéraire très académique (sur le plan pédagogique, il aurait gagné à figurer en début d'ouvrage) : d'abord la ville chrétienne (aucune photographie pour cette partie), puis la ville païenne avec tous les monuments érigés par les romains et les infrastructures urbaines communes à tous les grands centres de l'époque.

L'arc de Caracalla, en grande partie reconstruit  (Djemila, 216 ap J.C.)

Cette seconde partie (la moitié du document) est la plus richement illustrée avec 40 planches monochromes en pleine page hors texte, consacrées aux monuments.

Mosaïque du Triomphe d'Amphitrite (Djemila)

La seule photographie d'un élément décoratif nous montre une des magnifiques mosaïques de Djemila, conservées aujourd'hui dans son musée archéologique que le guide parcoure en les resituant précisément sur le site d'extraction, mais ne livre aucun détail sur le reste des collections (souci de ne pas ennuyer davantage le visiteur venu se rafraîchir après avoir déjà rôti deux heures à l'extérieur ?). À l'époque, le musée exposait déjà en extérieur des éléments d'architecture (fragments de colonnes, de chapiteaux, de sculpture, etc) et des mosaïques protégées par les saillies du toit alors que les salles intérieures exposaient les mosaïques et les objets les plus fragiles et précieux (vases, médailles, verreries, monnaies, ...). À défaut d'une "librairie-boutique", passage obligé pour quitter la plupart des sites et des musées de nos jours, le touriste est invité à signer le Livre d'Or "qui contient déjà tant d'autographes, d'appréciations et de pensées justement flatteuses..."

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)
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1924]]> fre]]> Djemila (Algérie). 19..]]> Algérie. 19..]]> - Feuille Bizerte ; II ; 1887 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_02_1887a. Levés de 1881 à 1887 - Carte de reconnaissance
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=43100]]>
Droit international]]> Jurisprudence après 1789]]> Dans toutes ces circonstances, de grandes luttes ont été menées, sans distinction de nationalité, au service de la justice". Pourquoi cette histoire de spoliation, si fréquentes dans les périodes de conflit, amène-t-elle La Pradelle à une telle déclaration ?

Revenons à l'affaire : Hugo Stinnes est un industriel et un homme politique allemand très ambitieux. Le groupe minier et manufacturier qu'il a bâti à partir de 1893 connaîtra une belle prospérité pendant la Première Guerre Mondiale et deviendra l'un des plus importants d'Allemagne (1). Parallèlement à l'ascension de Stinnes, un certain Dr Mayer Wilderman, né en Bessarabie (alors partie intégrante de la Russie) invente en 1900 un nouveau procédé pour fabriquer par électrolyse de la potasse caustique, de la soude caustique et du chlore. En 1910, il accorde une licence de brevet à une société allemande : le succès et les bénéfices sont tels que l'entreprise tente de lui acheter son brevet. Wilderman refuse mais deux ans plus tard, très mal inspiré, il cède la licence de ses principaux procédés pour l'Allemagne à Stinnes.

À partir de ce jour, les rapports entre l'industriel et le scientifique ne fut qu'une lutte continue et commence alors une chronologie funeste : de 1912 à 1915, Stinnes accepte que Wilderman, seul chimiste à maîtriser les process de production, supervise la construction des usines mais avec dans l'idée de l'évincer tôt ou tard. De 1918 à 1920, Stinnes accumule des bénéfices considérables, bénéfices masqués par une comptabilité falsifiée qui laisse à penser que l'entreprise est en mauvaise posture. À l'usure, le savant abandonne tous ses droits pour une somme dérisoire.

Hugo Stinnes, industriel et homme politique allemand (1870-1924)

À l'issue de la guerre, le savant se retrouve complètement spolié. Mais en 1918, la Bessarabie est annexée à la Roumanie et Wilderman tente alors de reprendre ses actifs. Cependant, Stinnes fait tout pour faire échouer Wilderman en mettant en cause sa nationalité et l'accuse même d'avoir falsifié son certificat de naissance. Si cela ne suffisait pas, Stinnes prétend également que les actifs avaient été dissipés et, par conséquent, il n'y avait plus rien à récupérer. De 1920 à 1923, Wildermann tentera de dénoncer ce contrat déloyal devant les tribunaux allemands. En vain. Devenu citoyen roumain ( Stinnes l'attaque sur ce point : il aurait dû l'être à la signature du contrat en 1918), il fait appel au Tribunal Arbitral Mixte Roumano-allemand de 1923 à 1931. Inquiet de ces procédures, Stinnes n'aura de cesse de brouiller les cartes sur le plan juridique en jouant sur le transfert des propriété industrielles vers une autre société hors d'Allemag
ne et de soulever toutes les exceptions possibles et imaginables contre le Tribunal arbitral.

Si La Pradelle insiste tant sur cet historique, c'est qu'il démontre que non seulement Wildermann a bien été victime des manœuvres de l'industriel mais que les richesses accumulées grâce à ses procédés se sont révélées d'une ampleur insoupçonnée.

Malgré le décès brutal de Stinnes à la fin de 1924 (son épouse, seule héritière, reprend l'action), le Tribunal les réfutera toutes au cours des années 1925 et 1926, à l'exception de la question de la nationalité réelle de Wildermann : la jurisprudence internationale aura retenu que le tribunal international est autorisé à examiner les conditions dans lesquelles un certificat de nationalité a été accordé (2).

La Pradelle en tire d'autres enseignements qui relèvent du droit international : la question est de savoir à quel moment Wilderman doit avoir la nationalité roumaine pour pouvoir saisir le Tribunal mixte roumano-allemand et de savoir si Wilderman avait bien la nationalité roumaine à l'entrée en vigueur du Traité de Versailles. Pour lui, les réponses ne font aucun doute :

  1. Wilderman est bien né en 1863 citoyen roumain
  2. la réponse à la 2nde question est évidente, le Traité de Versailles datant de 1919. Mais le juge réfute cette évidence objectant que s'il y a bien eu transfert de souveraineté, le changement de nationalité n'a pas été ratifié par les deux États (Russie/Roumanie). Ce qui est absurde puisque le traité s'applique sans le consentement de la Russie.

Pour La Pradelle, la décision du Tribunal est non seulement un non-sens mais une violation du droit des minorités (Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes). Dans son arrêt, le juge a méconnu le droit international en contestant la portée internationale des Traités de 1919 et de 1920 : cela s'appelle un abus de pouvoir, pire : une rébellion contre les Traités signés entre États souverains. Mais rien de surprenant quand on sait que la Russie, l'ancienne comme l'actuelle (1931) refuse de reconnaître le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Une façon de ne pas reconnaître les droits de l'homme...

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1. À aucun moment La Pradelle n'évoque les 135 000 tonnes de chlore produites par l'Allemagne pendant la guerre (près de 6 fois la production française), dont près de 80 000 à un usage militaire. Les noms de Stinnes et de Wildermann ne semblent pas apparaître dans les articles qui analysent l'industrie chimique impliquée dans la conception et la fabrication de gaz de combat (cf La Guerre des Gaz ou la guerre chimique pendant la Première et Deuxième guerre mondiale).
2. On trouve cette réponse dans la décision Meyer-Wildermann c. Hoirie Stinnes et consorts, rendue par le tribunal arbitral germano-roumain, le 6 novembre 1924 (Recueil des décisions des tribunaux arbitraux mixtes, t. IV, p. 842) dans laquelle le tribunal arbitral se réserve explicitement le droit de vérifier les conditions de la reconnaissance officielle de la nationalité. (https://www.icj-cij.org/public/files/case-related/18/018-19550406-JUD-01-03-FR.pdf)

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1931]]> fre]]> Roumanie. 19..]]> Allemagne. 19..]]> Bessarabie. 19..]]>
Droit provençal]]> Histoire de l'université]]> Enfin, je suis roi !". Il y envoie G. Du Vair réorganiser la justice : c'est dans ce contexte que Dupérier devient étudiant en droit à Aix. À 18 ans (1606), il est diplômé en droit canon et civil.]]> Sa très grande connaissance du droit romain et du droit provençal explique que Dupérier cumule titres et fonctions : avocat au Parlement d'Aix (1614), jurisconsulte d'Aix (comme Portalis), Procureur du pays de Provence (1638), et enfin primicier de l'Université d'Aix. Tout cela laisse encore le temps au spécialiste du droit romain et du droit provençal de rédiger des œuvres considérées comme majeures dans la compréhension de l'histoire du droit et lui vaut la réputation d'être le fondateur du droit français moderne. Figures imposées de ce genre d'hommage inévitablement emphatique, Bédarrides convoque l'impressionnante galerie des juristes français qui ont été ses contemporains ou qui se sont inscrit dans le sillage de leur illustre prédécesseur, avec dans l'ordre d'apparition (et de disparition !) : Jacques Cujas (1522-1590), Nicolas-Claude Fabri Peiresc (1580-1637), Charles-Annibal Fabrot (1580-1659), François Decormis (1639-1734), Louis de Ventre de la Touloubre (1706-1767), et enfin Jean-Étienne-Marie Portalis (1746-1807)...

Remarques [de droit] (Scipion Dupérier, manuscrit du 18ème siècle)

Scipion Dupérier (1588-1667) fut l’un des juristes aixois les plus fameux de son temps. Surnommé par ses pairs le « Papinien moderne » et le « Caton d’Aix », il était le fils du poète et parlementaire aixois François Dupérier. De célèbres juristes aixois, tels Nicolas Peiresc ou Hyacinthe Boniface (sa Suite d’arrest notables de la Cour du Parlement de Provence est disponible en ligne), admiraient le travail de Scipion Dupérier. Sa maîtrise du droit écrit lui permit de résoudre les questions les plus épineuses de son temps. Son œuvre, éditée plusieurs fois, eut un succès immense. François de Cormis (1639-1734), son neveu et élève, agrémenta de notes une de ces éditions.

Œuvres de Scipion Du Périer. Tome 1 - Questions notables et maximes de droit, avec des Observations (1759)

En 1759, l’avocat aixois Louis Ventre de la Touloubre (1706-1767) fit publier une nouvelle édition de l’œuvre de Dupérier, en prenant le soin de la corriger et de l’augmenter. Dans sa préface, il intégra le chapitre que le père Bougerel (v. 1680-1753) avait consacré à Dupérier dans ses Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres de Provence. Un poème composé par Dupérier y était inclus. Les notes de Cormis furent également intégrées à l’édition. Un manuscrit attribué à Dupérier est également disponible en ligne.

Source :
- Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône
- Dictionnaire historique des juristes français du XIIème au XXème siècle, (dir. P. Arabeyre, J.-L. Halperin et J. Krynen), Paris, PUF, 2015, notice O. Tholozan, p. 368.
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1867]]> fre]]> Provence. 17..]]>
Actes royaux]]> Législation royale]]>
Chambre de commerce de Marseille : une mer, un port, des vaisseaux et des canons, l'art de l'import-export (18e siècle)

-

À tour de rôle et pendant une semaine, chaque député (qui prend temporairement le titre de semainier) a la charge de gérer les affaires courantes et de convoquer l'assemblée des membres de la Chambre (sorte de conseil d'administration). L'Ordonnance de Louis XVI fixe aussi le nombre de jetons d'argent (nos actuels jetons de présence) remis aux participants "avec défense d'en donner à ceux qui n'y auront pas été présents". Après le bâton, la carotte : d'apparence libérale dans l'esprit et dans la lettre, le nouveau règlement prévoit aussi une récompense à ceux qui s'y seront montrés particulièrement utiles et assidus.

La présence de l'Inspecteur du Commerce au Secrétariat d'État de la Marine aux séances hebdomadaires, cité dans nombre d'articles du nouveau règlement, montre que le pouvoir royal entend bien "surveiller" plus étroitement la Chambre consulaire : à côté de l'Échevin, l'Inspecteur peut trancher les débats en cas de désaccords entre les participants et co-signe également toutes les délibérations. Une mission et un pouvoir qui ressemblent fort à un nouveau contrôle administratif et politique de l'État : nommé en 1774 Secrétariat d'État de la Marine, A. de Sartine mène des réformes de l'administration de la marine qu'il veut rationaliser. Une modernisation qu'il faut replacer dans le contexte plus général de la seconde moitié du 18e siècle où le commerce maritime, les transports maritimes et la marine française, un moment très affaiblie, deviennent des enjeux nationaux de première importance : quel meilleur symbole que la série de seize vaisseaux de 118 canons construits par la France entre 1788 et 1854 et qui prendra le nom de Commerce-de-Marseille, nom donné au premier lancé en 1788 (lire Classe Commerce de Marseille).]]>
1779]]> fre]]> Marseille. 17..]]> - Feuille S.n. ; 58-59 ; 1970 ; Institut géographique national (France), ISBN : C60_058_70. "Prises de vues aériennes de 1969 ; Révisé en 1970"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=51470]]>
Droit international]]> Jurisprudence après 1789]]>
Le Tribunal arbitral au grand complet - 11 hommes sans colère (Salem, 1931)

Le document publié par La Pradelle tente tout de même d'en faire une présentation claire : pas moins de 60 pages qui ne peuvent faire l'économie d'un copieux historique et qu'il faut lire attentivement pour en comprendre l'essentiel. On peut également consulter une source américaine qui propose une remarquable synthèse de l'affaire, si l'on vient à bout de 40 pages d'exposés assez denses (1).

Rappel des faits : en 1862, le père de Georges, persécuté par les Turcs, fuit la Syrie pour s'installer en Égypte avec un passeport persan. Faisant fortune, il fait venir son frère Goubran qui se révèle tellement plus doué que lui pour le commerce qu'il qui va le mener à la ruine. À sa mort, en 1895, Goubran fait venir son neveu, Georges (héros de l'histoire). Après un échec scolaire, Georges part s'installer aux Etats-Unis en 1902 et devient diplômé en agriculture en 1906. Il revient en 1907 en Égypte, persuadé que son père avait laissé une fortune que Goubran (l'oncle) se serait appropriée. Goubran lui démontre le contraire et Georges finit par signer une reconnaissance de dettes. De retour aux Etats-Unis, il obtient la nationalité américaine en 1908 après avoir juré qu'il a résidé sur le territoire depuis 5 ans et qu'il est de nationalité égyptienne. L'année suivante, il revient en Égypte avec sa toute nouvelle nationalité étoilée et la protection qu'elle lui assure. Mais pour la conserver, il lui faut à tout prix être embauché par l'Agence américaine du Caire sous peine de tomber sous la présomption d'expatriation à partir de 1911. La présomption d'expatriation, inscrite dans la loi américaine de naturalisation, et Georges le sait bien, s'applique au bout de deux ans à tout naturalisé qui retourne dans son pays d'origine, et au bout de cinq ans à tout naturalisé qui réside dans un autre pays étranger. Georges multiplie les démarches mais peine perdue, il doit revenir d'urgence aux Etats-Unis en 1911 pour obtenir d'extrême justesse un nouveau passeport américain. De retour en Égypte, il se souvient que son père était enregistré au Caire sous la nationalité persane : il s'empresse de transmettre le document au Département d'État américain qui en accuse réception. Salem pense alors qu'il a droit, en toute sérénité, de séjourner cinq ans en Égypte, ce pays étant considéré comme pays étranger pour lui. Mais deux ans plus tard, en 1913, il est mêlé à une affaire : pour se défendre, il met en avant sa nationalité américaine : l'Égypte en doute et interroge les Etats-Unis qui soulèvent la présomption d'expatriation. Pour la seconde fois, il y retourne précipitamment et parvient une fois de plus à obtenir le passeport US. Il revient aussitôt en Égypte mais le gouvernement égyptien émet de fortes réserves quant à l'origine de sa nationalité : c'est ainsi que démarrent les évènements et l'affaire Salem.

Le certificat de nationalité US remis à l'Égypte (Salem, pièce D, 1927)

Les procédures qui s'ensuivent sont à l'image des faits exposés... L'affaire à laquelle il est mêlé se poursuivant, les Etats-Unis informent l'Égypte en 1915 que Salem n'a plus la nationalité américaine. Il relève donc des tribunaux locaux. Durant toute l'année 1916, Salem tentera de faire tomber la présomption d'expatriation. En 1917, il sera poursuivi comme faussaire ce qui le motivera à engager un procès contre le Gouvernement égyptien devant les tribunaux mixtes aboutissant à une réclamation diplomatique du Gouvernement des États-Unis pour une indemnité s'élevant à 211 724 livres égyptiennes (or), au nom de George J. Salem, né en Égypte et naturalisé aux États-Unis :

"
La demande est fondée :
   1. Sur le traitement subi par Salem de la part du local égyptien et des autorités mixtes, ce qui est considéré comme un déni de ses droits.
   2. Sur la prétendue violation des droits issus de traités des États-Unis."

Les deux États parviendront à un accord arbitral seulement en 1931 (le recours à un arbitrage a alors été très mal perçu par l'opinion publique égyptienne)

L'accord arbitral conclu entre les Etats-Unis et l'Égypte (Affaire Salem, 1931)

A. de La Pradelle conclura en juillet 1931 que la responsabilité du Gouvernement Royal d'Égypte ne pouvait être engagée. Le Tribunal arbitral donnera son verdict :

   "1. Le Gouvernement royal d'Égypte n'est pas responsable, en vertu des principes de droit et d'équité, des dommages-intérêts envers le Gouvernement des États-Unis d'Amérique en raison du traitement accordé au citoyen américain George J. Salem.
   2.
Par conséquent, il n'y a pas de place pour répondre à la deuxième question".

dommage et urgence (Affaire Salem, 1931)

Après ce dédouanement total du Gouvernement égyptien, la sentence définitive sera prononcée le 8 juin 1932, apportant un élément de réflexion juridique sur la responsabilité d'un Etat, sur la tendance américaine à projeter sa législation au niveau international et une lecture plus politique sur la réalité des tribunaux mixtes de l'époque (3).

_______________
1. Salem case  (Egypt, U.S.A.) // Affaire Salem (Égypte-États-Unis) Sentence - 8 juin 1932 - site consulté version anglaise, version française accessible Jusmundi
2. Les pièces reproduites ici (contraste artificiellement accentué) ont été extraites d'un mémoire original dactylographié [1931 ?] : Arbitrage États-Unis-Égypte : Protocole du 20 janvier 1931 : Mémoire des États-Unis d'Amérique dans l'affaire de Georges J. Salem contre le Gouvernement royal d'Égypte / États-Unis - Cote LAP 2118 - consultation sur place
3. P. Arminjon. - Un arbitrage égypto-américain sur les réclamations faites par le gouvernement des États-Unis en raison de la prétendue violation des droits d’un de ses sujets - in Revue de droit international (Clunet), t. 60, p. 786 (1933), Affaire Salem (Etats Unis c/Egypte)




]]>
1937]]> fre]]> eng]]> Egypte. 19..]]> Etats-Unis. 19..]]>
- Feuille Cairo west (a) ; 91/I-I N.E. ; 1912 ; 2nd Edition 1912 ; Survey Department. Surveyed in 1892 ; 1st Edition 1907 ; revised in 1910 ; surveyed in 1911 ; reprint in 1911
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=1100]]>
Droit international]]> Jurisprudence après 1789]]> Droit fiscal]]>
Comme la Réserve Fédérale, le Trésor Fédéral Américain n'est pas une administration comme une autre : garante du budget fédéral et de la monnaie nationale, elle jouit de prérogatives importantes en matière fiscale et de pouvoirs de contrainte exorbitants. Dans ce cadre, le contribuable Américain présente une particularité : quel que soit son lieu de résidence dans le monde, tout citoyen de cette nationalité est redevable de l'impôt et doit déclarer ses revenus auprès du fisc américain.

En fait, Henry M. Blackmer, riche pétrolier américain, n'a pas enfreint cette obligation absolue mais il a triché : selon le chef d'accusation du Trésor US, il a rédigé une déclaration inexacte relative à ses revenus de 1920 et de 1921 et, faute (de goût) suprême, il l'a fait sous serment (en pleine période de prohibition, c'est malin !). Pourtant Blackmer n'ignore pas que chez Oncle Sam, cette fraude est très mal perçue mais pire, il l'a commise sous serment, donc coupable de crime de "perjury" (parjure). Il n'en faut pas plus pour que l'administration fiscale demande officiellement son extradition à la France, pays où il réside alors.

Le trésor américain (billet de 10 dollars US)

L'analyse d'A. La Pradelle ne va pas dans ce sens : parmi les motifs énumérés par le traité qui justifient une extradition, le 9ème cas mentionne bien "le faux serment, faux témoignage, subornation de témoin, d'expert ou d'interprète". Sauf que le faux serment, pour être puni selon la loi française, doit avoir été prêté en justice, ce qui n'est pas le cas d'une déclaration de revenus en France. Seul le motif de préjudice ou dommage (injury), qui implique en droit civil une réparation, est retenu contre lui. Où l'affaire se complique c'est qu'un traité d'extradition, aussi réciproque et équilibré soit-il, n'entraîne jamais d'automaticité : il s'agit toujours d'une demande que seul un tribunal et un juge (français dans le cas présent) peuvent ou non accepter selon les termes du traité traduit en français (le juge doit ignorer le texte anglais et s'en tenir strictement à la version dans sa langue natale) ainsi que le droit français en vigueur.

Le chien de garde du Trésor américain - attention,... (Philadelphie, 1880)

Comme souvent en matière d'extradition, l'affaire fait grand bruit outre-Atlantique et la presse s'empare du procès. Un câble spécial du New York Times du 22 nov. 1928 annonce le jour même : "Blackmer devant le tribunal d'extradition de Paris ; Décision anticipée refusant notre demande prévue".

Archives du New York Times, facsimilé de la Une, éd. du 22 novembre 1928 (1)

L'article s'attache à l'aspect très formel de la procédure parce que, par nature, une extradition c'est d'abord une démarche procédurale complexe qui doit interpréter un traité international tout en respectant le droit interne (par ex., depuis la loi Badinter sur l'abolition de la peine de mort et son introduction dans la Constitution, la France refuse toute extradition vers un État où l'extradé risquerait la peine capitale).

PARIS, Nov. 21.--The Blackmer case advanced to its conclusive stage today when Henry M. Blackmer, wealthy oil man whom the American Government is trying to extradite from France, appeared before a magistrate to establish his identity under legal proceedings which were...

PARIS, 21 novembre.--L'affaire Blackmer a atteint sa phase finale aujourd'hui lorsque Henry M. Blackmer, riche pétrolier que le gouvernement américain tente d'extrader de France, a comparu devant un magistrat pour établir son identité dans le cadre d'une procédure judiciaire qui a été...


Au cours de son audience du 27 nov. 1928, la Chambre d'accusation rendra sa décision dans la plus grande sobriété : "La Chambre des mises en accusation a, dans son arrêt rendu à quinzaine, émis un avis défavorable à la demande d'extradition".


1. Edition du 22 nov. 1928. - https://www.loc.gov/resource/acd.2a07198/]]>
1929]]> fre]]> eng]]> Etats-Unis. 19..]]> France. 19..]]>
Archéologie]]> Antiquité]]>
Louis Carton (Villa Stella Kereddine)

Dès son arrivée en 1888, et plusieurs années de suite, il dégagera les ruines du site de Dougga (Nord-Ouest tunisien).

Site général de Dougga ou Thugga (Tunisie)

La présente monographie va au-delà d'une simple synthèse de ses 20 années de fouilles et propose de donner un fil conducteur pour les visiter et les comprendre, dans tous les sens du terme : au sens bien sûr historique mais aussi au sens pratique, tous les renseignements utiles (de Tunis à Dougga, le mieux c'est l'automobile !) étant prodigués au futur voyageur. Ce goût pour le tourisme, alimenté par ses travaux et sa connaissance du terrain, ne cessera de s'affirmer : après le Nord-Ouest de la Tunisie (un guide illustré ~ 1912 qui recommande cette fois le confort du wagon-restaurant !), il publiera en 1924 Pour visiter Carthage, le site punique qui l'intéressera passionnément.

Guide de Dougga par le Dr L. Carton (1)

Le plan final des ruines donne la mesure du site de Dougga qui s'étend sur plus de 70 ha. La petite ville romaine est alors et toujours considérée comme l'une des mieux préservées d'Afrique du Nord pour l'histoire antique.

Carte des ruines de Dougga (Carton, 1910)

En pleine campagne et niché sur une colline, le site a moins souffert que d'autres de la proximité de grandes localités qui menacent d'extension tout ce qui les bordent, favorisent les réaménagements urbains et attisent les tentations de pillage (le réemploi de matériaux de construction disponibles et à faible distance transforme n'importe quel site ou édifice en gisement pratique et peu coûteux).

Le Capitole (temple de Dougga)

Ce bon état de conservation rend encore plus intéressante la grande diversité d'édifices et d'infrastructures urbaines, comparable à celle des autres grands sites connus : acropole, temples (nombreux), théâtre, basilique, capitole, portes, hippodrome, thermes, citernes, aqueduc, habitations, murs d'enceinte, dolmens, etc.

Louis Carton n'est pas un archéologue ni de formation ni de métier : si la passion de ce médecin militaire l'a motivé à mener des fouilles et à se constituer une solide collection personnelle, elle ne l'empêchera pas de faire don de nombreuses pièces au Musée archéologique de Sousse, au Musée national du Bardo et à ce qui deviendra le Musée national de Cartage, institutions tunisiennes considérées aujourd'hui comme majeures par les spécialistes de l'Antiquité. De même que la communication scientifique n'était pas chez lui incompatible avec ses guides touristiques, une démarche peu conventionnelle et possiblement pas toujours désintéressée (vraiment plus que de nos jours les croisières accompagnées par d'éminents universitaires ?).

La villa Stella : chez le Dr L. Carton (2)

Louis Carton aurait été doublement intéressé d'apprendre que le site pour lequel il avait la plus grande admiration et où il a tant œuvré a été inscrit en 1997 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO (2) au titre des biens culturels (même très sélective, les principaux sites archéologiques de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie, sont classés au patrimoine mondial). Une reconnaissance universelle, une protection en principe garantie par un traité international mais aussi, rançon de la notoriété, une étape de choix pour le tourisme culturel...

Le théâtre de Dougga (© Asram / Wikipédia France)

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)

1. Louis Carton. - Le Nord-Ouest de la Tunisie : ruines romaines, forêts, montagnes, colonisation : guide illustré / [signé Dr. Carton] - site consulté Gallica
2. Louis Carton - site consulté Wikipédia]]>
1910]]> fre]]> Dougga (Tunisie). 19..]]>
Actes royaux]]> Législation royale]]> Jurisprudence avant 1789]]> Finances publiques]]>
L'arrêt de 1717 est suivi d'un court arrêt du 29 janvier 1718, du premier Président, Intendant et Commandant en Provence, signé Lebret, ordonnant l'exécution de l'arrêt du janvier 1717.

Le 26 sept. 1713, le Roy de France, en l'occurrence Louis XIV (il a encore deux ans de règne devant lui, et décèdera le 1er sept. 1715), demande au sieur Lebret, Cardin Le Bret de Flacourt, Président du Parlement de Provence de 1710 à 1735, d'établir le bilan de toutes les dettes de la ville de Lambesc (la Communauté) et la liste de ses créanciers avec la preuve formelle de leurs titres de créance. Délai pour remettre la copie sur le bureau : un mois, pas un jour de plus ! Une sombre menace de sanction ? Même pas : il s'agit simplement de régler la dette publique d'une commune qui reçoit régulièrement le Parlement de Provence en session (on ne parle pas de vérifier les comptes mais, sans fausse pudeur, de mesurer le montant des dettes et d'identifier les créanciers !).

Lambesc, une petite commune provençale au 18e siècle pas si tranquille que ça !

Au vu de l'état réalisé par Cardin Lebret (certifié au 7 nov. 1715) des charges de Lambesc, des créances en cours et de son patrimoine, Louis XV, qui vient tout juste d'entamer son règne, ordonne l'acquittement de toutes les dettes de la commune, ce qui permettra à l'Intendant de Provence de dresser un état des nouvelles dettes le 22 oct. 1715 pour l'adresser au Roy.

Cardin Le Bret de Flacourt (1675-1734), Président du Parlement de Provence

Au nom de Louis XV, le Conseil d'État (auparavant appelé Conseil du Roy) fixe le 21 déc. 1717 les nouvelles charges de la ville, les créanciers à payer après les impôts à verser à l'Etat pour un montant de 1 142 livres et 6 sols (c'est précis) correspondant aux gages de tous ceux qui ont une charge publique (équivalent d'emplois territoriaux) avec le montant dû à chacun, et à 345 livres, 7 sols et 7 deniers (correspondant à un capital de 6 907 livres), le montant des rentes annuelles à verser à ceux qui ont de hautes fonctions. Dans la foulée, Louis XV en profite également pour établir le plan de liquidation des dettes contractées auprès de tous les autres créanciers, en fonction de leur capital : l'inventaire paraît interminable (plusieurs pages) et la somme totale des intérêts et du capital impressionnante.

Et pour que les choses soient bien claires, la Communauté de Lambesc ne pourra plus engager de nouvelles dépenses sans l'autorisation expresse de l'Intendant du pays ou des Auditeurs des comptes (il s'agit bien d'une mise sous tutelle, le contrôle des recettes et dépenses se faisant a priori). Cet arrêt sera suivi d'un autre de niveau local, signé par Lebret, en date du 29 janvier 1718, fixant la modalité de remboursement des dettes privilégiées et la mise en vente de certains biens de la Commune jugés non essentiels.

Depuis la loi de décentralisation de 1982, les comptes des collectivités locales sont vérifiés par les Chambres Régionales des Comptes. Ces instances, indépendantes de la tutelle administrative, n'exercent qu'un contrôle a posteriori de la gestion et de la légalité des comptes. Si cette organisation a toute sa nécessité, elle n'a pas compétence, par défintion, à contrôler la légitimité des dépenses et des emprunts qui reste du ressort du politique : elle ne peut que constater, impuissante, le surendettement, temporaire ou chronique, de certaines collectivités (train de vie dispendieux,, développements imprudents, emprunts multiples, intérêts proches de l'usure, taux d'endettement par habitant excessif) qui oblige l'État à intervenir (opérations de rééchelonnement, de recouvrement ou d'effacement total ou partiel des créances) pour éviter l'explosion du service de la dette qui justifierait à son tour le recours à l'emprunt...]]>
1717]]> fre]]> Lambesc (Bouches-du-Rhône). 17..]]> - Feuille Aix ; 235 ; 1870 ; Dépôt de la Guerre (France) ; Erard (graveur) / Lebel (graveur)/Hacq (graveur)/Rouilla
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Botanique]]> Le tour du monde est devenu de nos jours un voyage facile. Nous le ferons d'une manière instructive, attrayante peut-être, en étudiant la géographie du palmier".

Oswald de Kerchove de Denterghem (1844-1906)

Une géographie plus qu'exhaustive puisqu'elle intègre la paléontologie, la botanique, les plantations de palmiers, leur utilisation, leur place dans l'histoire dans quelques civilisations anciennes, etc.

palmiers, d'abord une imagerie (Algérie, 19e)

Commençant son voyage par la Méditerranée, de Kerchove ne peut éviter les images traditionnelles associées aux palmiers et à un certain imaginaire exotique : désert, oasis, représentations dans l'architecture égyptienne de l'époque pharaonique... Mais le tour du monde annoncé est des plus courts : l'Afrique se résume pour l'essentiel au pourtour méditerranéen, et après avoir évoqué les Seychelles, on se rend très vite en Asie pour s'échouer sur le Nouveau Monde, sans même passer par Madagascar, île pourtant immense et couverte de palmiers : l'influence française, futur colonisateur du pays, aurait-elle fait fuir notre botaniste gantois qui dédicace bien naturellement son ouvrage à sa Majesté Léopold II, roi des Belges ?

Phoenix sylvestris (vignette monocrome)

Les continents défilent ensuite à toute allure et le tour du monde est bouclé en moins de 100 pages, pas même un cinquième de l'ouvrage ! La plus grande partie de la monographie est consacrée aux aspects historiques de ces végétaux et à leur étude botanique proprement dite, incluant le tableau de la classification des diverses familles de palmiers élaboré par M. H. Wendland, le grand spécialiste des palmiers, auteur de nombreux taxons, et directeur des Jardins Royaux de Hanovre à partir de 1870.

Hermann Wendland, spécialiste reconnu des palmiers (ca 1896)

L'intérêt botanique, agricole, alimentaire et utilitaire des palmiers n'exclut pas son emploi ornemental : facile à cultiver en pot, il occupe une place de choix dans les grandes serres équatoriales vitrées aux ossatures métalliques qui se multiplient dans les grandes villes européennes, sous l'impulsion de Hermann Wendland en particulier, garantissant une atmosphère exotique des plus réalistes.

Le Jardin d'hiver (Gand, 19e), ville natale de Kerchove

Mais pas sans frais : les pays d'Europe les plus au Nord doivent chauffer les serres de leurs jardins botaniques pour assurer la survie de ces grands frileux et de Kerchove ne manque pas de détailler le système de chauffage à air chaud et à eau chaude de la Serre à Palmiers du Fleuriste de la ville de Paris.

Le chauffage des serres tropicales, très inspiré des thermes romains (19e)

Mais les palmiers n'ont pas que des amis : à la fin du 19e, son principal ennemi connu est le redoutable coléoptère Calandre des palmiers (vulg. ver palmiste). Aujourd'hui, ses deux principaux ravageurs sont le charançon rouge et le papillon du palmier.

Calandre des palmiers ("coléoptère ravageur")

En plus de ses 228 vignettes monochromes, on pourra trouver un intérêt supplémentaire à feuilleter l'ouvrage en découvrant les 40 chromolithographies, réalisées par P. De Pannemaker.

ACANTHOPHOENIX CRINlTA Wendl O

Des planches fidèlement et somptueusement représentées exposant des spécimens "dessinés d'après nature". Difficile d'en douter.

PHENICOPIIORIUM SECIIELLARUM Wendl O

On remarquera que la plupart des spécimens représentés ici portent le nom de Wendland, le nom du célèbre botaniste ayant été attribué à de nombreuses espèces de palmiers en reconnaissance de son immense travail consacré à ces familles végétales.

TRITHRlNAX BRASILIENSIS MART

Toutes ces planches confirment combien l'homme politique belge, pourtant rompu aux manifestations publiques, préférait la sérénité et l'intimité des serres chaudes, déjà entretenues et enrichies par son père, ce qui fera dire à certains commentateurs "qu'aux palmes académiques, il aimerait mieux les palmes botaniques"...]]>
1878]]> fre]]>
Histoire de la colonisation]]> Histoire]]> Droit colonial]]>
Dans ce court opuscule, A. de La Pradelle n'écrit pas l'historique et la justification de l'engagement des armées coloniales françaises dans la Première Guerre Mondiale mais répond publiquement à un écrit pamphlétaire "Les peuplades de couleur, troupes auxiliaires des Englais (sic*) et des Français", un texte de propagande à l'idéologie assez nauséabonde rédigé par un certain Dr Hans Belius qui affirme, sans davantage l'argumenter, que "l'emploi des troupes de couleur est interdit dans la guerre moderne". 

Mais d'abord d'où venaient-elles et pourquoi participaient-elles, bien loin de chez elles, à un conflit qui ne les concernaient pas directement et qui étaient d'abord une affaire entre Toubabs, entre Blancs ? La Pradelle, spécialiste de droit international, même s'il réfute formellement le terme d'interdiction, prend soin de ne pas s'engager dans un débat juridique stérile et se contente de rappeler qu'il s'agit bien de contingents réguliers français, loin de l'image inquiétante de hordes sauvages et barbares, envoyées par la France (un État sans scrupule) contre les soldats allemands.


Tirailleurs sénégalais (1914-1918)

Mais à quoi reconnaît-on la sauvagerie et la barbarie ? A la couleur de la peau, évidemment. Traduit dans le contexte de guerre de l'époque, ce critère d'une grande subtilité signifie : être noir ou jaune ! Bien sûr, on fait avec les colonies que l'on a... et les Anglais, eux, font bien appel aux troupes indiennes. Alors pourquoi un tel pamphlet ? Les tirailleurs sénégalais, corps fondé en 1857 par Louis Faidherbe, Gouverneur général du Sénégal, incarnent la « Force noire » chère au Général Charles Mangin (1910), qui préconise leur utilisation massive en cas de conflit en Europe (une ressource naturelle ?). Si tirailleurs signifie un rôle bien précis dans l'organisation militaire et leur engagement sur le terrain, les fantassins sont envoyés en première ligne, sénégalais ne désigne pas une nationalité précise mais tous les natifs de l’Afrique Occidentale Française (8 pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger, etc. ). Un générique qui rabaisse tout de même la notion de nationalité à un détail géographique de second ordre...

Tirailleurs sénégalais - drapeaux du régiment (1914-1918)

Entre 1914 et 1918, la France acheminera en Métropole environ 170 000 hommes originaires d'Afrique de l'Ouest. Un des épisodes les plus sanglants de leur engagement reste celui du Chemin des Dames : au matin du 16 avril 1917, plus de 15 000 tirailleurs sénégalais s'élancent à l'assaut des crêtes de ce plateau géographique. Transis de froid et hachés par les mitrailleuses allemandes, 1 400 sont tués le premier jour des combats et à la fin de l'offensive, plus 7 000 d'entre-eux auront perdu la vie.

Prisonniers allemands encadrés par des troupes coloniales françaises

Les tirailleurs sénégalais ne seront pas seuls à être engagés dans le conflit : la France mettra à contribution la totalité de son Empire colonial et mobilisera, par ex., des régiments de tirailleurs algériens et de fantassins vietnamiens.

Soldats vietnamiens (1914-1918)

Cruelle ironie de l'Histoire, les soldats allemands devront s'occuper des tirailleurs sénégalais faits prisonniers tandis que des spahis, cavaliers traditionnels d'Afrique du Nord, encadreront des colonnes de prisonniers allemands...

__________________
* d'origine allemande, le pamphlet contient cependant de longues citations en anglais et en français.
1. Les prisonnier de guerre allemands de la Première Guerre mondiale en France. Site Wikipédia
2. János Riesz. Les prisonniers de guerre africains de la Grande Guerre en Allemagne (1914-1918) - in
I&M - Bulletin n°22
]]>
1912(?)]]> fre]]> France. 19..]]> - Feuille Laon ; 18 ; 1882 ; France. Ministère des travaux-publics. Direction des cartes et plans ; Hellé, E. (graveur) ; Imp. Lemercier & Cie (Paris).
Publiée (…) en 1882
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=39703]]>
Géographie]]> Antiquité]]> Histoire]]>
Ces 7 publications éditées au cours d'une quinzaine d'années (voir la table des matières ci-dessous) montrent que, dès le début de sa carrière, la passion de S. Gsell pour l'Afrique du Nord ne se limite pas à sa spécialité scientifique, l'archéologie, mais embrasse tous les aspects de l'histoire de l'Afrique romaine : climatiques, géographiques, agricoles, architecturaux, politiques, territoriaux, administratifs, ... On en trouvera une vaste synthèse dans son œuvre majeure Histoire ancienne de l'Afrique du Nord en huit volumes. Quand dans son premier texte, il aborde l'influence du climat de l'Afrique du Nord sur la prospérité agricole au cours de l'Antiquité, on comprend d'emblée qu'il ne va pas réduire son étude aux seuls facteurs liés aux éléments naturels : "il s'agit de savoir si cette prospérité a eu pour cause principale un climat plus favorable à la culture que le climat d'aujourd'hui, ou si elle a été surtout l'œuvre de l'intelligence et de l'énergie des hommes". Poser la question, n'est-ce pas déjà un peu y répondre ?

Fouilles de Gouraya - antiquités phéniciennes (unique photographie du recueil)

D'autant plus que cette étude sur le climat arrive après plusieurs années de fouilles durant lesquelles il multiplie les chantiers et les thèmes d'étude : aspects politiques, militaires, objets d'art, de culte, objets utilitaires et ustensiles, monuments religieux, habitat et urbanisme, sites, inscriptions, histoire évènementielle, ... et les articles dans diverses publications (éditées à Alger, Paris, Rome,...).

Inscription latine partiellement effacée, sur une stèle (ex-voto) : un matériel très fragmentaire pour épigraphiste averti...

Gsell est un archéologue complet qui s'intéresse autant aux plus grands sites antiques dans leur globalité qu'aux plus petites inscriptions latines, parfois très mutilées, qu'il examine et déchiffre patiemment : le nombre impressionnant (comme son CV) de rapports de fouilles adressés à sa tutelle, le Service des monuments historiques de l'Algérie, explique une bibliographie prolifique dont le présent recueil ne reflète qu'une infime partie...

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)]]>
Revue africaine", 4e trimestre. 1911, de l'École Française de Rome, Mélanges 1903, et des "Mélanges d'Archéotogie et d'Histoire" publiés par l'École française de Rome (1904). Le recueil contient :
  1. Le climat de l'Afrique du Nord dans l'Antiquité (1911)
  2. Etendue de la domination carthaginoise en Afrique (1905)
  3. Chapelle chrétienne d'Henchir Akhrib (1906)
  4. Publications de l'Association historique pour létude de l'Afrique du Nord. IV - Fouilles de Gouraya. - Fouilles de Gouraya (sépultures de la côte algérienne) exécutées sous les auspices de l'Association historique pour l'étude de l'Afique du Nord (1903)
  5. Chronique archéologique africaine (1904)
  6. Inscriptions inédites de l'Algérie, par S. Gsell, Pr. à l'Ecole des Lettres d'Algérie (1897)
  7. L'histoire de l'Afrique du Nord - Extrait de la Revue politique et littéraire (Revue Bleue) des 21 et 23 déc. 1912. Leçon d'ouverture de la chaire d'Histoire de l'Afrique du Nord, au Collège de France. Dédicace manuscrite de l'auteur : "A Monsieur Joly. Souvenirs affectueux. Signé : S. Gsell (1912)
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1897]]> 1903]]> 1904]]> 1905]]> 1906]]> 1911]]> 1912]]> fre]]> Algérie. 18..]]> Algérie. 19..]]> Carthage (ville ancienne)]]> Gouraya (Algérie ; région)]]> - Feuille Orléansville ; NJ-31-SO ; 1938 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : C30_J31SW_38. "Dressé, héliogravé et publié par le SGA en 1927 ; [tirage] 1-38"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=79175]]>
Droit international]]> Droit foncier]]> Jurisprudence après 1789]]> Causes célèbres du droit des gens (Appartient à la collection).

Dans cette affaire plaidée devant le Tribunal Arbitral Mixte hungaro-tchécoslovaque, une seule question est réellement posée : "Est-il juste que l'expropriation au titre de guerre se fasse sans indemnité ? ". Ainsi résumée, dans l'esprit d'Albert de La Pradelle, la réponse ne fait aucun doute. Cela vaut pour les Alliés qui, à l'issue de la Première Guerre Mondiale, avaient d'emblée exclu cette injustice en déclarant illégales toutes les mesures exceptionnelles prises par l'occupant pendant le conflit et en faisant peser le poids des indemnisations dues aux ressortissants des territoires vaincus sur leurs États respectifs.

Dissolution de l'Empire Austro-hongrois et constitution de la Tchécoslovaquie en 1918 (Wikimédia)

Même en cas de réforme agraire menée dans les pays démembrés, ces principes valent également  pour les ressortissants étrangers. Le problème prend une dimension internationale particulière dans le cas de l'ancien empire austro-hongrois : son démantèlement en 1918 donnera naissance à de nouveaux États comme la Tchécoslovaquie, composée majoritairement de Tchèques, et plus minoritairement, d'Allemands et de Hongrois qui, dépossédés de leurs terres, aspirent à rejoindre l'Allemagne (1) et la Hongrie (2), ainsi que de Slovènes et de Ruthènes.

La campagne tchécoslovaque (début 20e siècle)

L'art. 250 du traité de Trianon, traité de paix entre les Alliés victorieux et la Hongrie, signé le 4 juin 1920 à Versailles (3) s'applique-t-il aux Hongrois touchés par la réforme agraire de la République tchécoslovaque naissante et les tribunaux arbitraux sont-ils compétents pour répondre à une telle question ?

Dans son introduction, La Pradelle rappelle que cette question de préjudice a été plaidée trois fois : d'abord entre la Hongrie et la Roumanie, au tribunal arbitral mixte hungaro-roumain (arrêt de Paris, du 10 janvier 1927), ensuite entre la Hongrie et la Tchécoslovaquie, au tribunal arbitral mixte hungaro-tchécoslovaque (arrêt de La Haye, du 31 janvier 1929) et enfin entre la Hongrie et la Yougoslavie (tribunal arbitral mixte hungaro-serbe, croate, slovène (arrêt de Lucerne, du 14 mai 1929). Le verdict est on ne peut plus clair : par trois fois, et après deux années d'âpres et longs débats (250 pages de plaidoiries !), les tribunaux arbitraux mixtes se sont déclarés compétents. Une triple réaffirmation de l'autorité du droit international sur les interprétations internes, un rappel que le droit de propriété est un acquis fondamental, même si une jeune République en fait une impérieuse question nationale, et que le droit foncier n'a pas de vocation décorative.

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1. Pierre George. - La renaissance de la Tchécoslovaquie - in Annales de géographie Année 1947 302 pp. 94-103
2. Dieter Gosewinkel, Matĕj Spurný, trad. de l’allemand par Valentine Meunier. - Citoyenneté et expropriation en Tchécoslovaquie au lendemain des deux Guerres mondiales - in Revue d’histoire moderne & contemporaine 2014/1 (n° 61-1), pages 26 à 61
3.Traité de Trianon - Wikipédia
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1929]]> fre]]> Tchécoslovaquie -- 1918-1938]]> Feuille 37° 48° Budapest, Losoncz ; 8 ; 1941 ; Ausgabe Wien, 1941 ; s.n. (Wien) ; Krallert, Wilfried, ISBN : ]30a37481941a. """Nur für den Dienstgebrauch"" , top right. 
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=58569]]>
Feuille München ; IV ; 1916 ; Landesbeschreibungs bureau des k.u.k. Generalstabes ; K.u.K. Militärgeographischen Institut (Vienne). 
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Histoire de l'université]]> Biographie]]>
Lettre de Ch.-A. Fabrot à N.-Cl. Peiresc (1613, copie ms)

Ce n'est qu'en 1651, qu'il deviendra professeur à Aix et doyen de la Faculté aixoise mais, déjà âgé de 71 ans, il n'occupera sa chaire que durant huit années. La biographie de Giraud ne cherche pas l'originalité : il retrace fidèlement la chronologie de la vie du juriste en suivant, sans zones d'ombre, les six grandes périodes de sa carrière professionnelle.

Lettre de Ch.-A. Fabrot à N.-Cl. Peiresc (1613, transcription 1833, biogr. Giraud)

Si Fabrot a su mériter la protection de Peiresc et de Du Vair, il a également profité d'une époque très favorable à l'institution aixoise : pour les historiens qui ont étudié l'histoire et le contexte de l'ancienne Faculté de droit, il ne fait pas de doute que "l’université d’Aix a connu un âge d’or au XVIIe siècle" (2).

La rue des Grands Carmes à Aix, rebaptisée rue Fabrot par le décret du 30 nov. 1894 (1)

Plus de deux siècles après ses enseignements et soixante après la publication de sa biographie, le professeur d'université, le spécialiste du droit romain qui a rendu plus accessible le corpus fondamental du droit (le plus célèbre étant les Basiliques, en langue grecque, publiés en 1637) aux juristes français, la ville d'Aix lui rendra hommage en baptisant de son nom la rue si symbolique qui relie le Cours Mirabeau à la place St Honoré, où se situe le Palais de Justice...

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1. Charles Fabrot (1580 - 1659), traducteur de textes anciens, Professeur de droit. La rue Fabrot relie le Cours Mirabeau à la Place Ste Honoré. Site consulté
2. David de La Croix, Alice Fabre. - À la découverte des professeurs de l’ancienne université d’Aix, de ses origines à 1793. - HAL Open Science]]>

N° 1. - Licence doctorale de Fabrot, p. 171-172
N° 2. - Notice sur Marc-Bertrand Maure, jurisconsulte
provençal, p. 75 - 182
N° 3. - Lettres de Fabrot à Peiresc (inédites), p. 185-187
N° 4. - Du corps des sept provinces et de l'édit dl'Honorius. - Nouveau texte de cet édit, p. 188-200
N° 5. - Lettre de Vitré à Peiresc, et réponse de ce dernier (inédites), p. 201-204
N°' 6. - Table de la correspondance mss. de Peiresc déposée à la bibliothèque d'Aix, p. 205-209]]>
1833]]> fre]]> lat]]> Aix-en-Provence. 15..]]> Aix-en-Provence. 16..]]>
Colonies françaises]]> Histoire de la colonisation]]>
Quand Léon Humblot est envoyé en 1884 par la France pour explorer la Grande Comore, il mesure vite les richesses naturelles de l'île : dès l'année suivante, il signe un traité avec le Sultan Saïd Ali qui, en échange du protectorat de la France, lui accorde toutes facilités pour créer des exploitations agricoles tout en gênant les deux concurrents potentiels : les Anglais et les Allemands.

Léon  Humblot sur le terrain (1852-1914)

Dans le cadre de ce protectorat, la France envoie un Résident officiel pour la représenter. Ce nouveau venu ne partage vraiment pas les ambitions de Humblot et tente de lui imposer un nouveau traité en 1887.

Said Ali bin Said Omar, 1955-1916 (1°

Humblot ne peut pas accepter, et pour cause, il a déjà cédé tous ses droits à la Société par commandite qu'il a lui-même créée l'année précédente, en 1886, donc constituée par l'apport de capitaux d'actionnaires extérieurs.

Léon Humblot : aventurier, homme d'affaires ou homme de pouvoir ?

C'est ainsi que débute cette brève histoire de la colonisation de la Grande Comore (pour mémoire, d'une superficie équivalente à celle de la Martinique), du bras de fer qui s'engage entre le Résident français et Humblot et le début de tous les ennuis que va rencontrer l'explorateur dans son entreprise. Petite revanche, après un aller-retour en Métropole pour raisons de santé, le pionnier revient dans l'île comme représentant officiel du Ministère mais en 1890 éclatent des émeutes. Tout à ses intérêts, l'explorateur n'entend pas quitter l'île ni renoncer à sa position : ses aventures, parfois mouvementées, se poursuivront jusqu'à son décès en 1914, bien après cette première histoire rédigée près de vingt plus tôt et au fort parfum de biographie hagiographique...

1. [66 phot. des Comores, de Nossi-Bé et de Madagascar, avec des portraits de Saïd Ali, sultan de la Grande Comore, et de ses ministres, de son frère Mohammed Ali, d'un autre frère, Mohammed Sidi, du général en chef, du premier ministre, de la femme légitime, de princesses de la Grande Comore, de Léon Humblot, résident français dans cette île, du prince Saïd Omar de Mayotte. Phot. par Léon Humblot, don Alphonse Milne-Edwards en 1885] - Site consulté : Gallica]]>
1896]]> fre]]> Comore, Grande (Comores ; île). 18..]]>
Droit international public]]> Jurisprudence après 1789]]> Causes célèbres du droit des gens (Appartient à la collection)

Face à l'aspiration d'une vie moderne plus confortable, il n'est pas rare que des États fassent appel à des entreprises privées pour développer des projets techniques dont ils n'ont pas la compétence. Dans le cas présent, la Municipalité de Varsovie confie, par concession en 1902 et pour une durée de 35 ans, l'installation de l'éclairage public et le transport de l'électricité pour les particuliers et les industriels, à une entreprise française privée qui prend le nom de "Compagnie d'Electricité de Varsovie, Société anonyme" et dont le siège social est à Paris. Réquisitionnée par l'occupant allemand de 1915 à 1918, la Compagnie est saisie et administrée par la Pologne de 1918 à 1924 : à cette époque, le cours du zloty et les conditions d'exploitation sont devenus défavorables. Elle adresse donc une requête au tribunal arbitral prévu par la Convention franco-polonaise relative aux biens, aux droits et aux intérêts signée le 6 février 1922 par le Président de la République Française et le Président de la République Polonaise pour retrouver l'équilibre prévu au début de la concession (1) et demande :
  1. de bénéficier de la Convention de 1922
  2. de percevoir les taxes sur l'électricité au cours de la monnaie d'avant-guerre
  3. de recevoir une indemnité compensatrice aux tarifs réduits imposés par la Pologne
  4. d'obtenir la prolongation de la concession de 20 années
  5. d'ajuster le prix de rachat de la Compagnie à la fin de la concession
Personne se s'étonnera d'apprendre que la Ville de Varsovie répond par un mémoire qui non seulement rejette la demande de l'entreprise française sur le fond (aspect économique) mais aussi sur la forme, en émettant des réserves sur la validité de la procédure elle-même (aspect juridique).

Rappelons qu'un accord signé entre une entreprise privée et un État étranger est sur le plan juridique un contrat comme n'importe quel autre contrat : en cas de conflit, son règlement relève droit international privé. Mais toute puissance étrangère souveraine bénéficie de l'immunité de juridiction, le règlement du litige ne peut pas relever du droit interne d'une des deux parties mais du droit international public. L'affaire soulevée par la Compagnie d'électricité de Varsovie oppose les deux États parties, la France contre la Pologne (2).

Polska Grupa Energetyczna

Dans ses conclusions, le tribunal arbitral, se déclarant compétent sur le plan procédural, jugera également autant sur le fond que sur la forme,  :

  1. la Compagnie française a bien subi un double dommage de même nature quand les Allemands puis les Polonais l'ont privée de la jouissance de ses biens (1915-1924)
  2. la prolongation de la concession doit se faire dans les termes prévus par la Convention franco-polonaise (6 ans minimum), à la charge de la ville et pas du Gouvernement
  3. le droit à redressement à l'équilibre se déduit du droit de l'imprévision, notamment en raison des mesures exceptionnelles dues à la guerre
  4. le préjudice étant considérable, il ouvre bien droit à indemnisation
À la suite d'arguments juridiques nettement plus techniques (clauses non retenues du Traité de Versailles, différence entre concession et contrat, entre droit administratif et droit civil, cas d'annulation non applicables), le tribunal rappelle les obligations de la Compagnie (exécution des travaux publics, exploitation du service public) et leurs contreparties, à savoir la perception de taxes lui permettant de se rembourser et de réaliser un certain bénéfice (on tient compte des aspects monétaires liés aux emprunts et à la dépréciation du zloty-or), et conclut que la Compagnie est fondée à réclamer le bénéfice de la Convention de 1922 (elle devra par contre limiter ses demandes de compensation liées aux conditions du commerce à la seule dépréciation de la monnaie polonaise).

Une conclusion qui rejoint l'avant-propos : progressivement, le juge international doit se substituer au juge interne, le règlement des litiges se faisant dans la paix et l'amitié, consacrant une réelle justice internationale.

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1. Geneviève Guyomar. - L'arbitrage concernant les rapports entre Etats et particuliers. in Annuaire Français de Droit International Année 1959 5 pp. 333-354, Persée
2. Compagnie d'électricité de Varsovie (France contre Pologne). site consulté : Jusmundi]]>

Tome 1 - Compétence (1931)

Compétence
Annexes
  • 1. Concession de l'Electricité de Varsovie. Traité du 11 janvier 1902.
  • 2. Convention franco-polonaise du 6 février 1922 relative aux biens, droits et intérêts.
  • 3. Règlement de Procédure arrêté par l'Arbitre le 29 juin 1925.
  • 4. Lettre adressée par la Compagnie d'Electricité à la Ville de Varsovie le 27 octobre 1926.
  • 5. Première lettre de rappel adressée
  • 6. Lettre adressée par la Ville de Varsovie à la Compagnie d'Electricité le 31 décembre 1926.
  • 7. Deuxième lettre de rappel adressée par la Compagnie d'Electricité à la Ville de Varsovie le 11 juillet 1927.
  • 8. Ordonnance du Président de la République Polonaise en date du 13 octobre 1927, sur la stabilisation du zloty
La procédure s'engage
Requête complémentaire
Compétence entre gouvernements
Le débat
La décision

2 - Plaidoiries (1933)

Ordonnance du 6 Juin 1931
Plaidoirie de Me Gabriel, pour la Ville de Varsovie
Supplément : Présence à Amsterdam le 7 septembre 1929
Plaidoirie de M. Jèze, pour la Ville de Varsovie
Annexes aux plaidoiries prononcées par les avocats de la Ville
Répertoire des Annexes]]>
1931-1933]]> fre]]> Vasorsovie (Pologne). 19.. ]]> - Feuille Warszawa ; 55 ; 1933 ; Wojskowy Instytut Geograficzny (Poland), ISBN : ]A49_55_33a. -
Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=46211]]>
Histoire de la Provence]]> Administration des Bouches-du-Rhône]]> Économie]]> Antiquité]]> Agriculture]]> Villes et communautés de Provence]]> Discours préliminaire, à la mesure de l'ouvrage (76 pages !), Christophe de Villeneuve ne cache pas l'énormité de la tâche réalisée sur le terrain et les résultats obtenus : la taille de l'entreprise et les années d'enquête les justifient amplement. Elles offrent une somme monumentale de données scientifiques, économiques, historiques et culturelles des Bouches-du-Rhône : rien de ce qui existe dans le département ne semble avoir échappé à cet implacable maillage statistique. Dans le chapitre 3 du Livre 6 consacré aux Etablissemens d'Instruction Publique, Villeneuve retrace l'historique de l'Université d'Aix de 1413 à 1824 (parfois en termes identiques rencontrés dans d'autres documents). Le titre Statistique (au singulier) paraît bien modeste, l'ouvrage n'étant en rien une accumulation de tableaux de données chiffrées : les descriptions et les explications composent l'essentiel de l'ouvrage et il ne faut pas moins de dix livres pour les rassembler thématiquement et les présenter selon une ligne globalement chronologique : de la géologie et de l'Antiquité aux industries du 19e siècle et aux édifices modernes des années 1820-1830.

poisson fossile du calcaire coquillier (Pl. 4, fig. 4)

Dans son catalogue de vente, la Librairie Jeanne Laffitte (Marseille) documente son offre par une belle notice qui montre toute l'importance du document : "Monument d'érudition et de documentation, bien complet de son bel atlas renfermant 25 planches gravées in-plano de la plus grande rareté. Cet ouvrage capital est à la base de toute étude sur cette région car il nous donne dans ces quatre volumes, le panorama le plus complet de cette région au début du XIXe. Il comporte en effet la topographie physique, l'histoire naturelle (vents, hydrographie, minéralogie, fossiles), la description des mines et carrières, la botanique, la zoologie, l'anthropologie, une importante section historique et de géographie ancienne avec les établissements liguriens, grecs et romains, une section archéologique avec tous les monuments, une étude administrative, l'état social, une section sur le langage (langue romane, provençale), une description des mœurs, usages et coutumes de tous les établissements anciens et modernes, un travail exhaustif sur l'agriculture, les propriétés, les arbres, l'économie rurale, l'industrie et le commerce. Enfin nous avons une description précieuse de toutes les communes de la région. L'atlas comporte 25 grandes planches gravées à double page qui constituent une des illustrations les plus documentées sur la région des Bouches-du-Rhône, dont le plan de la région de Fos avec les étangs de Camargue, les planches d'antiques, de monnaies et une précieuse sur les instruments aratoires anciens avec leurs noms provençaux… Brunet (v.1242) reconnaissait déjà en son temps l'excellence de cet ouvrage".

Les quatre volumes de texte sont complétés d'un atlas grand format : 25 planches monochromes de belle qualité qui tentent d'être représentatives des sujets traités (certaines gravées, comme le fossile de poisson, par N. L. Rousseau père, 1815, graveur de la Commission d'Égypte de la Chambre des Députés).

Façades principale et latérale de la serre du jardin botanique (Pl. 25, 1830)

Compléments pourtant courants dans les documents volumineux, on regrettera l'absence d'un index matière commun aux 5 volumes, d'une table générale des chapitres des 10 livres* et d'une table établissant le lien entre le texte et les illustrations, le renvoi aux planches étant inséré directement dans le texte ou simplement en notes de bas de page**.

Habits traditionnels de pêcheurs (Pl. 8, 1830)

Si les communes du département figurent bien dans l'enquête, Marseille y tient une place particulière compte tenu de son importance historique, démographique, commerciale et industrielle. En témoignent sa notice de plus de 50 pages et les planches qui lui sont consacrées.

Plan topographique de Marseille et limites de la ville en 1830, Pl. 7
(au Nord, le cimetière St Charles, fermé en 1876, sur lequel sera construite la Faculté des Sciences à partir de 1911)

On a pu reprocher à certains préfets, fidèles serviteurs de l'Empire ou de la République, d'exécuter avec un zèle excessif les ordres de l'État (en l'occurrence, le Conseil Général des B-d-R) : remercions Villeneuve de l'avoir fait, et ici pour la meilleure cause qui soit. Son Discours préliminaire commençait par ces mots "Pour gouverner les hommes, il faut pouvoir apprécier leurs intérêts, et par conséquent la nature et l'état des lieux où ces intérêts naissent, se multiplient et se confondent". Sagesse ou malice ? Ces outils d'information et d'éclairage de l'action publique sont à double tranchant : le politique décide avec plus de pertinence, mais il le fait alors en toutes connaissances de cause et engage donc davantage encore son jugement et sa responsabilité...

________________
1. Notice extraite du catalogue de la Librairie Jeanne Laffitte (Marseille), spécialisée en antiquariat. Voir le site de la librairie
* pour faciliter l'exploration de l'ouvrage, les 4 tables de matières ont été assemblées dans un seul et même fichier pdf factice
** pure hypothèse, l'absence de tables communes aux quatre volumes, qui peut laisser un sentiment d'inachèvement de l'ouvrage, serait-elle en rapport avec le décès de C. de Villeneuve survenu en 1829, année de la publication de l'enquête ?]]>

I. Topographie physique. Histoire naturelle. - 1821
  • Livre 1er - Topographie physique
  • Livre 2ème - Histoire naturelle

II. Antiquités. Topographie administrative. - 1824
  • Livre 3ème - Antiquités
  • Livre 4ème - Topographie administrative

III. État social. Établissements et travaux publics. - 1826
  • Livre 5ème - Etat social
  • Livre 6ème - Etablissemens et travaux publics

IV. Agriculture ; industries, commerce ; contributions. - Table. - 1829-1841
  • Livre 7ème - Agriculture
  • Livre 8ème - Industrie
  • Livre 9ème - Commerce
  • Livre 10ème - Contributions

[V.] Atlas. - 1826. Gr. in-fol., 25 pl. et cartes gr.]]>
1821-1829]]> fre]]> Marseille. 18..]]> Bouches-du-Rhône. 18..]]> Provence. 18..]]> - Feuille Aix ; 235 ; 1870 ; Dépôt de la Guerre (France) ; Erard (graveur)/Lebel (graveur)/Hacq (graveur)/Rouillard (graveur), ISBN : F802351870.
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27420]]>
Histoire de l'université]]> Biographie]]> Vernier rappelle qu'il était un disciple de Joseph Bry et évoque la genèse de l'histoire du droit en tant qu'objet d'étude et discipline : "les premières thèses consacrées à l’histoire du droit datent des années 1900 et le premier directeur qui lança des recherches sur la matière est le doyen Georges Bry, quelque peu atypique puisque venu du droit romain, il contribua, sous l’influence du christianisme social, à bâtir une nouvelle discipline : la législation industrielle c’est-à-dire les linéaments du droit du travail".

Portrait de Joseph Bry (1885-1952)

Esprit complet, au carrefour du droit, de l'histoire et de l'économie, épris de littérature, de musique et de folklore, pareille synthèse n'étonnera pas de la part d'un professeur qui vouera ses premiers travaux académiques (deux thèses pour le doctorat ès-sciences politiques et économiques) à l'Antiquité et à l'histoire provençale : Essai sur la vente dans les papyrus gréco-égyptiens (1909) suivi de Les vigueries de Provence : aperçu de leur histoire jusqu'à la fin du XVIe siècle, leur organisation et leur rôle aux XVIIe et XVIIIe siècles (1910).

Dans cette étroite filiation, on ne saurait oublier Barthélemy Raynaud (1876-1948), professeur d'économie à la Faculté de Droit et spécialiste en droit social, connu pour ses ouvrages d'économie politique et sur le droit du travail qui donnèrent lieu à son nouveau cours sur la législation industrielle que les étudiants en droit découvriront durant l'année universitaire de 1946-1947.

Une lignée d'enseignants en droit et en économie qui avaient en commun la plus intime conviction que le travail et le savoir universitaire ne pouvaient avoir de sens qu'animés par certains idéaux moraux et au service de valeurs humanistes supérieures.

(1) Olivier Vernier. - Roger Aubenas (1903-1989), un provençal au service de l’histoire du droit méridional. Site consulté OpenEdition Books

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- Discours de prononcé aux obsèques de M. le Doyen Bry, par M. le Professeur Audinet
- Discours de prononcé aux obsèques de M. le Doyen Bry, par M. J. Blache, Recteur de l'Université d'Aix-Marseille
- Joseph Bry : L'oeuvre historique et l'homme, par R. Aubemas, Professeur à la Faculté de Droit d'Aix
- Les travaux papyrologiques de Joseph Bry par J. Macqueron, Professeur à la Faculté de Droit d'Aix
- Publications de Joseph Bry]]>
1953]]> fre]]> Aix-en-Provence. 19..]]>
Histoire de l'université]]> Monsieur et madame A. Lanéry d'Arc, cordial souvenir de respectueuse affection". Signé Alfred Bourguet (Note).

Discours sur la genèse et le fonctionnement de l'université d'Aix dont l'origine reste l'objet d'une controverse : remonte-t-elle au 12e ou au 15e siècle ? Un universitaire doit respecter la vérité mais a le droit d'être orgueilleux : donc, on peut concilier les deux thèses en retenant que l'Université d'Aix date bien du début 12e siècle puisque les Facultés de théologie et de droit avaient été créées par Alphonse Ier, roi d'Aragon et comte de Provence, mais que ses règlements n'ont été définitivement adoptés qu'au début du 15e siècle (1409) à l'époque du pape Alexandre V, et dont Louis II, comte de Provence, aurait confirmé les actes en 1414.

Le chancelier, élu par le recteur, les docteurs et les licenciés, est le personnage central de l'institution. Le recteur, lui, est élu tous les ans au 1er mai par ses collègues étudiants : simple écolier mais aux grandes prérogatives, il est aidé par un conseil d'étudiants également élus. Côté enseignant, l'université commence son existence avec deux chaires, l'une pour la théologie et l'autre pour le droit canon el le droit civil (avec la jurisprudence).

Au début, les cours ne sont pas planifiés : d'un commun accord, les docteurs et les licenciés décident des leçons publiques à une heure convenue. Vu le manque de zèle, la ville Aix crée deux postes de droit et de médecine en 1568. Les conditions de recrutement ne paraissent pas excessivement tyranniques : les candidats doivent maîtriser leur discipline (encore heureux !), et, plus subtil, avoir une bonne méthode d'enseignement (?).

Soucieux d'authenticité, Alfred Bourguet nous emmène assister à un cours pris sur le vif : "Dans un local sombre et humide, un homme assis sur un escabeau parle et groupe autour de lui des jeunes gens qui, la chandelle d'une main, la plume de l'autre, écrivent sous sa dictée. Le confort n'est pas encore à la mode, mais l'amour de la science existe déjà". C'est sûr, le luxe et le confort des universités françaises du 21e siècle résistent mal à la comparaison.

Réunion des docteurs - des conditions assez confortables (Université de Paris, BnF)

Comment obtient-on le diplôme de la licence ? Il faut être bachelier, payer ses inscriptions et jurer obéissance au recteur, avoir étudié le temps imposé par les statuts et consulté tous les livres nécessaires (corpus de la tradition ou liste bibliographique ?). Cela fait, il peut prendre part aux examens de licence : devant tous les docteurs, il doit répondre à la question posée. S'il est reçu, "il prête serment de conserver l'honneur, les avantages, les coutumes et les libertés de l'Université, puis il paie une collation au recteur, aux docteurs, aux personnes "nobles et honnêtes" une collation" (et rien aux chevaux, ils ne sont pas invités). Fin de la cérémonie qui devrait faire rêver bien des étudiants aujourd’hui.

Et ensuite, comment devient-on professeur ? Pour obtenir le grade de docteur, dernier degré universitaire, l'avant-veille de la soutenance, le candidat, accompagné de son docteur et de quelques étudiants, va rendre visite au chancelier, au recteur, aux professeurs et aux personnes notables de la ville pour les inviter à sa soutenance.  Ce jour-là, les invités arrivent précédés de trompettes, hautbois et autres musiciens. Quand le public est réuni, le candidat monte dans une petite chaire et expose son argumentation. S'il a su convaincre, le chancelier demande le silence et accorde au postulant la permission « d'enseigner et de statuer dans la Faculté, d'exercer tous les actes doctoraux ici et dans tout l'univers". Le nouveau docteur peut alors réclamer « le bonnet carré, la ceinture dorée, l'anneau d'or, le baiser et la bénédiction ». Avec toutes nos félicitations. Ensuite, place aux agapes, une des plus solides traditions universitaires. On a seulement perdu la musique et les musiciens...

Et après ? Être gradué, c'est bien, avoir un travail, c'est mieux. Il reste donc encore à notre tout frais diplômé à trouver un job en postulant aux annonces de vacances de chaire que les universités du royaume s'échangent et affichent volontiers sur leurs murs.

Annonce de vacance de chaire de droit canonique à l'Université de Reims (1788)
]]>
1890]]> fre]]> Aix-en-Provence.]]>
Économie]]> Droit du travail]]> Droit social]]> Droit international]]>
La communication de la pensée :
l
e bureau téléphonique Gutenberg (France Telecom, Paris, 1920)

Paradoxalement, au lieu de favoriser leur dispersion, l'éloignement des centres de production s'accompagne d'un mouvement de concentration des moyens de production et des capitaux : c'est l'ère des cartels, des trusts, des ententes et de tout qui peut fausser le libre jeu de la concurrence. Dans cette nouvelle jungle où tout circule, les frontières sont parfois floues et la frénésie d'échanges pose la question de la juste répartition des richesses, du niveau des salaires, du juste coût et du juste prix des choses. L'assiette des impôts et le périmètre de leur recouvrement deviennent moins évidents et favorisent des comportements répréhensibles comme la fraude, l'évasion fiscale et trafics en tous genres.

B. Raynaud n'est ni partisan d'un libéralisme hors contrôle ni d'une économie intégralement dirigée : la garantie d'un juste équilibre ne peut venir que d'éléments modérateurs, protecteurs, redistributeurs, régulateurs et correcteurs, au niveau collectif comme au niveau individuel : les traités, les pactes, les barrières douanières, les droits du travail nationaux et le droit du travail international. Mais le sujet de l'international est si vaste qu'il est impossible d'être exhaustif : quelques thèmes auraient mérité une approche plus critique comme le colonialisme (une internationalisation imposée qui nie le droit de propriété et le droit du travail, timidement abordée dans le dernier chapitre) ou auraient pu être davantage développés, comme le poids économique de la contrebande ou celui du tourisme international, question largement présente dans une étude publiée deux ans plus tôt : "Les industries touristiques en Provence et sur la Côte d'Azur" (in Annales de la Faculté de droit d'Aix. Série Essai d'enquête économique,1924).

À quoi reconnaît-on les ouvrages d'économie de Barthélemy Raynaud ? Sur le fond, tous intègrent le droit social et le droit du travail qui protègent les travailleurs. Quand il parle d'économie, B. Raynaud n'en oublie jamais la dimension juridique. Et quand il parle de droit, il n'en oublie jamais la dimension humaine. Sur la forme, quand il aborde les grandes questions de macroéconomie, B. Raynaud est toujours soucieux de pédagogie et de clarté : ses cours se suivent comme des livres et ses livres se lisent comme des cours.

"L'étude de ces problèmes et la lecture des pages qui suivent nécessiteront de la part de nos contemporains une grande liberté d'esprit, une parfaite souplesse d'intelligence pour s'adapter, sinon à de nouveaux problèmes, du moins à de nouvelles positions de problèmes anciens". En terminant son avant-propos par cet appel au lecteur, il résumait tout ce qu'il s'était déjà imposé à lui-même.]]>
1926]]> fre]]> France. 19..]]>
Cour d'appel]]> Jurisprudence après 1789]]>
l'engorgement des tribunaux : un état devenu la norme

Une misère structurelle permanente aggravée par des problèmes d'organisation récurrents et des réformes incessantes. Un consensus unit tous les observateurs de France et de Navarre : justice rime avec lenteur et la justice malade d'elle-même. A l'instar de ces courriers délivrés à leurs destinataires avec 40 ans de retard, la justice échapperait à un tel jugement si elle n'était pas devenue un cas trop connu de l'inadaptation d'une administration publique à l'évolution d'une société qui se judiciarise. Mais la justice est, paraît-il, entre de bonnes mains : les diagnostics ne manquent pas, les prescripteurs se bousculent et les remèdes sont légion (on en souhaiterait - presque - autant aux justiciables). Mais pourquoi, depuis déjà si longtemps, en est-on arrivé là : à l'époque, il s'agissait d'une simple question circonstancielle de découpage. Parce qu'en l'an 8 (1799/1800), lors de la formation des Cours d'appel, le département du Vaucluse devait être intégré dans le ressort d'Aix mais après sa conquête, le Département des Alpes maritimes fut rattaché au ressort d'Aix lui donnant du même coup une taille suffisante.
Puissance de travail ? - Revue Justice, Syndicat de la magistrature, n° 182, mars 2005 (1)

La justice a cependant un avantage considérable sur les autres ministères : son bilan est simple à établir, facile à comprendre, commode à comparer. Donc, réduit à l'extrême, à un seul chiffre, à la fin de 1832, il restait très exactement 2 648 affaires à juger à Nîmes contre 724 à Aix-en-Provence. CQFD. Pour rééquilibrer et soulager Nîmes, il suffirait d'intégrer le Vaucluse dans le giron d'Aix. Dans ces Réflexions, un appel à peine voilé, l'accent est mis sur la composante géographique de la carte judiciaire, c'est à dire le périmètre territorial du ressort des tribunaux.

Sur le site du Ministère de la Justice (2), les Services judiciaires affichent la carte des juridictions du ressort géographique de toutes les Cours d'Appel françaises (36 en 2020, donc plus nombreuses que les 26 régions), notamment celle d'Aix-en-Provence : on peut y lire que "la compétence de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence s'étend sur la région Provence-Alpes-Côte d'Azur à l'exception des départements des Hautes Alpes et du Vaucluse relevant respectivement des cours d'appel de Grenoble et de Nîmes". 

Le ressort de la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence (Ministère de la Justice, 2020)

Le plaidoyer d'Antoine-François Aude, maire d'Aix-en-Provence de 1835 à 1848, approuvé par le Conseil municipal du 22 janv. 1836, et qui semblait pourtant apporter une réponse à l'immense arriéré de la Cour de Nîmes, n'aura à l'évidence pas convaincu la hiérarchie judiciaire. Au contraire, elle s'inquiètait du retard d'Aix de 1830 (en cours de résorption selon Aude). Pourtant, le maire rejetait toutes solutions partielles comme l'embauche de nouveaux conseillers et proposait même d'économiser à l’État cette nouvelle dépense structurelle. Alors générosité jugée suspecte, crainte d'une juridiction trop gourmande, autres motifs ?

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1. Syndicat de la Magistrature. - Revue Justice, n° 182, mars 2005 - Site consulté Anciennes revues
2  Les juridictions du ressort de la cour d'appel d'Aix-en-Provence - site consulté Ministère de la Justice]]>
Imprimerie de Pontier (Aix)]]> fre]]> Vaucluse. 18..]]> Aix-en-Provence. 18..]]> - Feuille Avignon ; 222 ; 1866 ; Dépôt de la Guerre (France) ; Chartier (graveur)/Simonin (graveur)/Blanchard (graveur)/Rouillard (graveur), ISBN : F802221866. 
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27408]]>
Droit international]]>
Nous sommes en 1929 lorsque l'éminent professeur de droit est saisi sur un différend qui oppose le Gouvernement des Serbes, Croates et Slovènes (le Royaume de Yougoslavie sera créé quelques mois plus tard, le 3 octobre 1929) à la République Française, plus exactement les Français, donc des particuliers, porteurs d'emprunts serbes. La question est en apparence très simple : ces petits porteurs ont-ils ou pas le droit de demander le montant de leurs coupons ou de leurs titres en francs-or ? Pour rappel, ces emprunts ont été émis en France entre 1895 et 1913 par l'État serbe, soit cinq emprunts or extérieurs (1895, 1904, 1906, 1909 et 1913) et constituent ce qui a été appelé la dette d'avant-guerre de la Serbie.

La Pradelle, Albert Geouffre de (1871-1955)
photographie originale (don de la famille La Pradelle à la BU Schuman AMU, octobre 2022)

Le Gouvernement serbe s'y refuse, arguant qu'il satisfait à ses services et obligations en remboursant en francs ou dans les autres monnaies locales énumérées dans les clauses de l'emprunt.

La Pradelle ne ménage pas un suspense insoutenable et donne ses conclusions et recommandations dès le début de l'ouvrage : "le règlement de cette affaire n'est qu'une question de bonne volonté. Et, dans l'occurrence, le témoignage le plus minime de bonne volonté qu'il soit permis d'attendre du gouvernement yougoslave, gouvernement ami, n'est-il pas, à défaut de la reconnaissance pure et simple du droit de nos compatriotes, d'accepter que ce droit soit soumis à l'appréciation d'arbitres impartiaux ? ". Même si la demande des porteurs français lui paraît fondée, le grand vainqueur ne doit pas être une des deux parties mais la reconnaissance commune d'un droit supérieur aux intérêts nationaux respectifs.

Suite à un compromis conclu à Paris entre les deux gouvernements le 19 avril 1928, la contestation est portée devant la Cour permanente de Justice internationale afin qu'elle statue pour savoir si le Gouvernement Serbe peut payer en francs papier ou doit payer en francs-or comme le veulent les porteurs et, dans ce cas, à quelle valeur.

les emprunts serbes émis de 1895 à1913 (2)

S'ensuit un échange de mémoires et de contre-mémoires très argumentés. L'affaire se complexifie davantage quand il s'agit de savoir s'il s'agit d'un conflit entre le Gouvernement serbe et les porteurs français ou s'il s'agit, à un plus haut niveau, d'un conflit entre les deux Gouvernements, voire même si le premier ne se double pas du second. La seule synthèse de cette affaire fait près de 50 pages !

 Le Palais de la Paix (La Haye),
siège de la Cour Permanente de Justice Internationale

Au Palais de la Paix, dans ses décisions du 12 juillet 1929, la Cour tranchera finement en faveur d'un paiement en monnaies locales pour certains emprunts (selon les titres, sur les places de Paris, Vienne, Belgrade, Bruxelles, Genève, Berlin ou Amsterdam) et en francs-or pour d'autres comme celui de 1885 (avec modalité de fixation de la valeur du métal). Alors que son arrêt de plus de 40 pages cite explicitement les parties comme étant le Gouvernement de la République Française et le Gouvernement du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, une des parties refusera de souscrire à l'accord, objectant sur la forme, que considérant les statuts de la Cour Internationale, elle ne peut juger que des différends entre États et pas des conflits entre un État et des particuliers, auquel cas, elle est incompétente...

Un épisode qui montre que le droit international peut se traduire en décisions contraignant un État souverain mais qu'une des stratégies possibles pour refuser les arbitrages internationaux n'est pas de contester les arrêts sur le fond mais de remettre en cause le champ de compétence de la juridiction internationale en lui-même. La Pradelle leur avait déjà répondu par anticipation "Il ne saurait être question de demander l'élargissement de la compétence des tribunaux arbitraux mixtes. Jusqu'à présent, ils fonctionnent en vertu des traités de paix".

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1. Emprunts serbes - site consulté JusMundi
2. Un titre serbe - site consulté Numistoria]]>
1929]]> fre]]> Belgrade (Serbie). 19..]]> Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. 19..]]> - Feuille Belgrade ; E.1 ; s.d. [1917-18] ; Service géographique de l'Armée (Paris). Glossaire. "D'après la carte de la Serbie au 75.000e".
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=76512]]>
Histoire de la Provence]]> Droit social]]> Biographie]]>
Gustave Rambot (1796-1857)

A l'origine (vers 1859), Gustave Rambot lègue 12 000 Fr (donc post-mortem) à l'Académie d'Aix pour "rémunérer et honorer les belles actions et les bonnes, fussent-elles les plus modestes et les plus obscures" (1). Cette année-là (1862), ce qui deviendra le Prix de vertu* de l'Académie est décerné pour sa toute première remise à une domestique, Marie Buès, restée fidèle à ses employeurs toute sa vie durant. Son mérite : avoir fait preuve d'une fidélité inviolable à l'égard de sa maitresse dans la famille de laquelle elle est demeurée soixante-cinq ans après y être entrée à son service à 18 ans, en 1794 ! Mieux encore : son dévouement et son désintéressement absolus deviennent exemplaires : alors que sa maitresse tombe dans l'infortune, elle reste cependant à son service, sans percevoir de salaire. Devenue octogénaire (86 ans), elle se retrouve sans aucunes ressources. Le prix est autant moral que caritatif. Mais à travers cette décision, qu'est-ce qui est réellement récompensé, quelle vertu paraît si exemplaire ?

La bonne et sa maitresse : que serait l'une sans l'autre ? (archives Montréal, MCCORD, 1888)

Observateur attentif de la société, Ch. de Ribbe dépasse le récit de cette modeste servante pour s'interroger sur les conditions morales du travail : "Quelles sont-elles surtout au sein de nos sociétés démocratiques et industrielles, gouvernées par la loi de la concurrence, où, soit dans le bien, soit dans le mal, dans les époques prospères ou dans les moments de crise, il acquiert une si redoutable suprématie. L'ouvrier et le domestique se transformeront en machines vivantes". Si les conditions matérielles ne sont pas directement évoquées (on verra plus tard ?), au moins Ch. de Ribbe parle bien de travail à propos de la domesticité, terme qui n'est pas dissous dans le cadre de la famille (titre de sa monographie).

Il ne faut cependant pas se méprendre : cette dénonciation très politique n'amène pas Ch. de Ribbe, qui jouit d'une position sociale des plus confortables, à adhérer aux idées socialistes qui se propagent depuis quelques dizaines d'années dans les pays entraînés dans la révolution industrielle : dans une vision assez abstraite, ce qui est le plus admirable chez Marie Buès, c'est moins sa fidélité hors du commun que le fait de rester alors qu'elle n'est plus payée. Où certains verraient l'exploitation abusive d'une employée trop consentante (aujourd'hui, cela vaudrait à l'employeur la qualification juridique d'esclavagiste), de Ribbe y voit un témoignage édifiant et rassurant où, quelles que soient les vicissitudes de la vie, chacun reste à sa place : ordre social et stabilité familiale sont des valeurs en soi. Aurait-il pu écrire Discours de la servitude volontaire (Étienne de La Boétie, 16e siècle) et quel sens lui aurait-il donné ?

1. Thierry Brayer. - Gustave Rambot le turbulent - site consulté : L'Aixois
* Le Prix de vertu, héritier du Prix Rambot et d'autres prix créés ultérieurement par de généreux donateurs, continuait à être attribué au 21e siècle (l'un des derniers à l'Association Sainte Victoire, en 2020)

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1862]]> fre]]>
Droit maritime]]> Transports aériens, maritimes et terrestres]]> Journal Officiel du 11 avril 1936 publie deux lois complémentaires dont l'importance est considérable selon P. Scapel : la première, du 2 avril, relative au transport des marchandises par mer et la seconde, du 9 avril, qui approuve la Convention Internationale pour l'unification de certaines règles en matière de connaissement, signée à Bruxelles le 25 août 1924.

Un bordereau de connaissement vierge d'un chargeur français

La première des lois n'intéresse que les Français, alors que la seconde concerne au niveau international tous les acteurs directement engagés dans le commerce maritime. Scapel limite ici son étude à une forme spéciale du contrat de transport maritime, le connaissement, convention en vertu de laquelle un expéditeur charge (celui qui confie des marchandises à une Compagnie de Navigation pour les transporter d'un port à un autre n'est pas l'affréteur mais le chargeur) un transporteur maritime d'effectuer par mer le transport d'une marchandise d'un port à un autre moyennant un fret. Un tel accord est légalement constaté par un connaissement qui devrait être normalement signé, d'une part par le chargeur, d'autre part par l'armateur, mais en fait, souvent par le capitaine lui-même.

Acier au carbone : chargement Shangaï, Chine / déchargement Brisbane, Australie
(Ocean bill of lading/Connaissement, 2019)

Spécialiste des législations sur les transports, P. Scapel décèle dans la loi du 9 avril de nombreuses erreurs commises par le législateur, notamment en adoptant telle quelle la Convention de Bruxelles sans la transposer réellement et l'adapter au droit interne français, ce qui la rend difficilement cohérente avec la loi du 2 avril. Le prix de la précipitation pour échapper aux critiques de lenteur et d'inefficacité. Et une question devenue, par la suite, récurrente, voire permanene, avec le flux des textes réglementaires produit par l'UE.

Pour Scapel, il faudrait corriger ces erreurs, voire carrément dénoncer la Convention de Bruxelles pour se donner le temps de faire les adaptations nécessaires, sinon ces dispositions seront inapplicables par ceux censés les mettre en œuvre. Une position pragmatique qui simplement rappelle aux politiques les problèmes que posent des lois écrites par ceux qui ne savent rien du droit et le risque qu'ils prennent à être lus par des juristes qui connaissent fort bien les textes.]]>
Sirey (Paris)]]> fre]]> France. 19..]]>
]]> Zoologie]]> Ornithologie provençale [...] suivie d'un abrégé de chasse, de quelques instructions de taxidermie, & d'une table des noms vulgaires, par Polydore Roux, conservateur du Cabinet d'Histoire naturelle de la ville de Marseille".

Mention sur la page de titre des 2ème et 3ème volumes : "L'Ouvrage sera composé d'environ 300 planches coloriées sur papier vélin, On ne conservera point d'épreuves en noir. Le texte, format in-4°, caractères de Didot, sera remis gratis. Il aura environ 400 pages. Chaque livraison, qui paraitra exactement le 1er de chaque mois, à dater du 1° Juin 1825, sera composée de 8 planches et d'une feuille de texte au moins".

Polydore Roux n'est pas ornithologue de métier : passionné de dessins et de sciences naturelles, il crée une collection de 3 000 insectes (1) qui lui vaut d'être embauché en 1819 comme conservateur au Muséum d'histoire naturelle de Marseille (il rencontre alors Alfred Moquin-Tandon (2)) et lui donne l'occasion de publier son Catalogue d'insectes de Provence l'année suivante. Après des travaux sur les mollusques et les coquillages, il commence à publier, sous souscription, son Ornithologie provençale, ambitieuse monographie richement illustrée de lithographies en couleur (imprimerie Beisson de Marseille). Il interrompt son projet pour partir en Inde en 1831 où il mourra deux ans plus tard de la peste. Son ouvrage reste donc inachevé lors de sa publication à titre posthume. Ce qui explique que cette présente édition ne contient pas tous les éléments annoncés lors de la souscription (abrégé de chasse, instructions de taxidermie et index en vernaculaire provençal) et comprend 3 volumes, dont un volume de texte qui décrit les oiseaux classés par genres et deux volumes de planches qui présentent toutes les espèces d'oiseaux présentes en Provence, sédentaires ou migratrices. Les mentions d'identification des nids, des œufs et des espèces d'oiseaux sont toutes manuscrites et les planches sont toutes signées du graveur "Lith. de Beisson à Marseille".

Après le premier volume de texte qui nous décrit les genres rencontrés en Provence, avec leurs caractères, leurs mœurs et leurs habitats, rigueur scientifique oblige, T. Roux présente en toute première planche le squelette, plutôt ingrat, du Bec-croisé (un petit passereau des forêts de conifères).

Le squelette du Bec croisé : la dure réalité anatomique

Après cette unique planche anatomique, du reste assez crue (mais fort bien habillé par la suite), T. Roux procède dans l'ordre (que nous suivrons avec la même espèce) : qu'est-ce qu'il y a avant l'œuf ? La poule ? Mais non, il y a le nid, évidemment !

Nid du Fringille Pinson : la forme parfaite d'un habitat douillet

Quelles que soient les espèces, le nid est essentiel à la survie et la reproduction de l'immense majorité des oiseaux. T. Roux en présente 17 dessinés avec une grande finition dans le détail. Mais le nid, ce n'est pas fait que pour dormir (ou autres activités privées) : c'est d'abord le lieu de couvage des œufs. Roux en reproduit en couleur près de 200 espèces, aux motifs uniques et propres à chacune.

Œuf de Fringille Pinson (n° 8 et 9, 3ème ligne, centre et droit)

Le nid c'est aussi le lieu de nourrissage des petits mais T. Roux s'est peu intéressé aux oisillons : dans les deux tomes (près de 400 planches), on ne trouvera que deux illustrations représentant une scène de vie familiale avec des adultes et leur progéniture. Un oubli dû à l'attrait du dessinateur pour la très grande diversité des couleurs, des parures et des plumages de la majorité des oiseaux à l'âge adulte et à certaines époques ?

Fringille Pinson (Mme & M., très attachés aux genres...)

Les planches des nids, œufs et volatiles ont leur propre série de numérotation. Si elles sont exactes et continues, il manquerait quelques planches dans la présente édition. Indépendamment de ces lacunes, cette édition pose certaines questions. Le premier volume de texte est à l'évidence incomplet : il s'arrête p. 311 au 48ème genre (Pégot) alors que l'édition complète (3) qui comprend 390 p., s'achève sur le 56ème ordre (Martin-Pêcheur). Par ailleurs, en contradiction avec l'avertissement figurant en page de titre qui annonce les intentions de la souscription, on y trouve de nombreuses planches monochromes alors qu'il est rappelé que "On ne conservera point d'épreuves en noir", ce qui exclut leur commercialisation. Pure hypothèse : on pourrait imaginer que cette édition a été constituée par une récupération de livraisons invendues ou surnuméraires, complétées pour les volumes de planches d'épreuves préparatoires aux lithographies et non encore coloriées (et qui auraient dû être détruites), les deux étant réalisées à Marseille.

Une question de référentiel : au-delà de ces péripéties d'édition, l'intérêt majeur de cette Ornithologie réside dans cette sorte d'inventaire (primitivement à but exhaustif) qui concerne PACA : or cette région, information peu connue du grand public, "abrite près de 85 % des espèces d’oiseaux nicheurs que compte la France métropolitaine, soit 235 espèces sur les 277" (4). Les ornithologues mesurent tous les jours la difficulté méthodologique de réaliser des comptages fiables et l'écart qui peut exister entre espèces évaluées et espèces effectivement présentes. Affirmer que "Plus d’un tiers des espèces d’oiseaux nicheurs de PACA est menacé de disparition (82 espèces menacées sur 235 espèces évaluées)", suppose de disposer de bases comparatives sûres : alors, avec toute la prudence nécessaire, que faut-il penser du classement de l'Aigle de Bonelli dans la liste des cinq espèces de rapaces « En danger critique d’extinction », dont la présence a été attestée il y a 50 ans mais qui n'est pas recensé par Roux alors qu'il parle bien du Gypaète barbu, victime du même sort ? C'est ici que la question de l'état de la science et des connaissances du naturaliste est fondamentale : quand il rédigea sa faune, T. Roux ignorait tout de l'Aigle de Bonelli et pour cause : "Décrit en 1822 par Vieillot d'après des individus des environs de Montpellier, l'Aigle de Bonelli fut le dernier Falconiforme d'Europe à être découvert" (5). En 1859, Jaubert et Lapommeraye ne manqueront de lui dédier une superbe lithographie dans leur ouvrage Richesses ornithologiques du Midi de la France, ou Description méthodique de tous les oiseaux observés en Provence et dans les départements circonvoisins, prouvant l'existence d'individus vivant (et pas seulment naturalisés) au milieu du 19e siècle dans le Sud de la France.

1. Polydore Roux - site consulté Wikipédia
2. cf
3. Roux T. - Ornithologie provençale, 1825-1830 - Numistral : Collections patrimoniales numérisées des bibliothèques de l'Université de Strasbourg
4. Liste rouge régionale des oiseaux nicheurs de Provence - site consulté https://www.paca.developpement-durable.gouv.fr
5. Etat général des connaissances sur l'Aigle de Bonelli Hieraaetus fasciatus (Viellot, 1822) en Provence, par le groupe de travail sur les rapaces du Centre de recherches ornithologiques de Provence, rédacteurs: Patrick BAYLE et Jean Boutin - site consulté https://aquila-a-life.org
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1825-1826]]> fre]]> Provence. 18..]]>
Administration des Bouches-du-Rhône]]> Législation & réglementation]]> Législation royale]]> Droit fiscal]]> Droit maritime]]>
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Titre de départ. - Signé à la fin : "Donné à Paris, en notre château de Tuileries, le 20 février de l'an de grâce 1815, et de notre règne le 20e. Signé Louis. Par le Roi, le ministre-secrétaire-d'état de l'intérieur, signé, l'abbé de Montesquiou." et plus bas : "Vu, permis d'imprimer, Marseille, le 2 mars 1815. le préfet des Bouches-du-Rhône. Le marquis d'Albertas.". - Extrait du Moniteur du 24 février 1815 (Note)

Cette année de 1669 est une année de grâce pour Marseille : au mois de mars, Colbert accorde à la ville le privilège de la franchise de son port. Par cet édit, tous les droits de douane sont supprimés, sauf ceux appliqués aux marchandises destinées au marché intérieur et aux produits provenant des colonies. S'ouvre une longue période de prospérité.

Le port de Marseille vers 1815 (image d'Épinal)

Avec la Révolution Française, la chance tourne. Cette année de 1794, en pleine Terreur, est une année noire pour Marseille : la ville est déclarée « ville sans nom » le 6 janvier 1794 et le 31 décembre 1794, ce funeste 11 nivôse an III, une loi retire au port de Marseille le privilège de la franchise. Cuisant vœu de bonne année.

Rassurez-vous : les mauvaises choses aussi ont une fin. Le 6 avril 1814, Louis XVIII devient roi de France et de Navarre (il le restera jusqu'au 20 mars 1815, puis de nouveau, du 8 juillet 1815 jusqu'à sa mort, le 16 septembre 1824). Les Marseillais peuvent difficilement ignorer que Louis XVIII est également Comte de Provence . Est-ce pour cette raison qu'ils ne perdent pas de temps ? Dès le 13 juin 1814, ils adressent au nouveau Roi un mémoire qui dénonce la décroissance du commerce (baisse de 75% du trafic) et plaide pour un retour urgent de la franchise portuaire.

Demande de rétablissement de la franchise (Marseille, 13 juin 1814)

L'intérêt de la franchise, dérogation locale au régime commun des tarifs douaniers en vigueur, est d'abord d'ordre économique : la franchise facilite et développe le commerce parce qu'il le libère de toutes les lois prohibitives et tatillonnes. Mais il faut voir au-delà : les exemples de Livourne, de Trieste, de Venise, et pire encore, de Malte, montrent à quel point des lois favorables amènent puissance et richesse. Pas moins. Le plaidoyer prend soin de souligner son impact national : par Marseille transitent 40% des produits manufacturés français, 20% des denrées coloniales, 20% des denrées venant du Nord (Suède, Danemark, Pays-Bas) et, dans les mêmes proportions, de celles venant du Midi et du Levant (Italie, Espagne). Rabaisser Marseille à n'être qu'un vulgaire entrepôt est un mauvais coup "pour le commerce entier de l'état". Comment mieux se faire entendre des Tuileries ? Et si des esprits chagrins font remarquer que Marseille réclame un privilège, en soi odieux il faut bien l'admettre, c'est par ce même privilège que Livourne, Trieste et Gênes lui ont fait perdre les trois-quarts de son commerce. La libre-concurrence, oui, mais, de grâce, pas faussée.

Ordonnance du 24 février 1815 restaurant la franchise portuaire de Marseille (Moniteur, éd. du 24 fév. 1815)

Dans ses principales dispositions, l'Ordonnance de 1815 stipule que "Les navires étrangers pourront entrer dans le port de Marseille, et en sortir sans payer aucun droit de tonnage ni de navigation". Après l'énumération des produits susceptibles d'être taxés ou pas, elle précise quelles marchandises "pourront sortir de l'entrepôt réel pour être réexportées par mer en exemption de droits", les bordereaux d'origine et les formalités nécessaires au contrôle de tous ces transports (le plaidoyer demandant le rétablissement de la franchise n'oublie pas de rappeler les risques que fait courir la contrebande en matière sanitaire, à l'exemple de la Peste de 1720).

A l'avenir, Marseille n'omettra jamais de souligner la portée nationale (à partir du milieu du 19e siècle, sa dimension coloniale et internationale) de son commerce maritime, jusqu'au point d'irriter parfois le pouvoir central (déjà agacé par ses velléités de liberté) et les autres villes portuaires françaises d'importance qui voyaient en elle plus sa menace concurrentielle directe (Lyon, Bordeaux, Nantes, Rouen, le Havre) que sa rivalité géographique naturelle avec les autres grands ports étrangers (Gênes, Barcelone).

1. Henry Fraissinet (1794 – 1866) - Au fil des générations - site consulté
2. Christian Bonnet. - La question de la franchise du port de Marseille sous le Consulat et l'Empire -  in Annales du Midi Année 1984 96-168 pp. 437-445 - site consulté Persée
3. Mémoire concernant la franchise du port, de la ville et du territoire de Marseille / les députés de la chambre de commerce de Marseille, Cote bibliothèque Aff. 1814.06.13 - Bibliothèque numérique de la Méjanes]]>
1815]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
Droit de la famille]]>
Le vrai problème de ses contemporains et de la société française en cette fin de 19e siècle tient en quelques mots : "L'individualisme est posé comme le but du progrès. La famille n'est plus qu'une institution éphémère; le foyer se détruit matériellement et moralement; la terre, fécondée par les vertus et le travail des ancêtres, est assimilée aux valeurs de bourse et traitée comme elles. Notre état domestique et social est la liquidation en permanence. Tout est instable"

Bref, nous sommes emportés par un matérialisme débridé qui ne s'arrête jamais (malheureux Héraclite) : il faut trouver un ancrage solide, enraciner la famille dans sa propre histoire, construire ce récit clair et instructif qui retrace sa généalogie, qui consigne les grands évènements qui la constituent (mariages, naissances, décès), transmets ses valeurs et dresse le bilan de son patrimoine.

Ch. de Ribbe a trop appris sur les coutumes de l'ancienne Provence par les livres pour savoir que la mémoire humaine est souvent partielle, volatile, subjective, parfois même trompeuse : un livre se transmet, s'enrichit, se consulte, s'enseigne. Ch. de Ribbe sait ce qu'il en coûte de manquer de sources : il voue un culte à l'archive. Il connaît bien les "Livres de raison" ou "Livres domestiques" (le plus ancien date du 14e siècle - Archives de Marseille), d'abord conçus comme de simples livres de comptes, répandus dans plusieurs pays d'Europe, certains sont devenus des registres plus spécialisés comme le Livre terrier (copie des titres de propriété) ou le Livre de généalogie (preuves des filiations). Ch. de Ribbe, toujours en quête d'ordre moral, s'est particulièrement intéressé aux livres de raison enrichis de préoccupations plus spirituelles.

Livre de raison : état de mes fonds & de ceux de ma femme (Joseph-Marie Portalis 1803-1832)
état des dépenses de 1803, BU Schuman - Réserve - cote ARCH-2-153-2-Portalis (1)

La même année (1879), il publiera "Le livre de famille" accompagné d'un second registre vierge avec un titre imprimé et un sommaire indiquant les chapitres à ouvrir (les éditeurs lui recommandent de les vendre séparemment). Lors de sa conférence, sorte de campagne de communication sur son prochain livre auprès d'un public bien ciblé, il ne sait pas encore quelle forme définitive lui donner : "L'expérience dira comment et dans quelles conditions devrait être publié un petit livret tout populaire" (3).

Le livre famille (de Ribbe, Charles, 1879) - Gallica

Le livre de famille élaboré par Ch. de Ribbe, est un modèle qui n'oublie rien du passé (ancêtres, parents), qui dresse le bilan du présent (mariage, enfants, l'état des biens) et qui pense à l'avenir (testaments, conseils des parents en toutes matières - religion, bonnes meurs, spectacles, lectures, travail, éducation, serviteurs, épargne). Famille, propriété et religion : trois bonnes raisons de tenir un livre de raison. Un livre qui doit dépasser le souci boutiquier du bilan comptable, transcender les tourments de chaque roman familial individuel et constituer une ligne de vie édificatrice : le livre de famille qui s'écrit, c'est l'esprit de famille en marche.

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1. 2. de Ribbe, Charles.-  Le Livre de famille, 1879. - Gallica
2. faut-il voir une malice de la part de l'auteur quand il fait la promotion de son Livre de famille : difficile d'éviter tout rapprochement avec le Livret de famille qui vient d'être créé deux ans plus tôt (1877) après la destruction (incendie) des états civils parisiens (couvrant les années 1530 à 1870) : depuis cette perte irréparable, un livret officiel est remis à chaque famille, livret qui reprend tous les actes la concernant, une sorte de copie individuelle de sauvegarde pour pallier toute destruction...
3. de Ribbe, Charles.-  Le Livre de famille, 1879. - Gallica]]>
1879]]> fre]]> France. 18..]]>
Botanique]]> Histoire de l'université]]> ]]> Esquisse d'un prodrome d'histoire naturelle du département du Gard (Paris : J.-B. Baillères et Fils, 1894) : "Champignons de la Provence et du Gard (Paris, 1894, grand in-8°).

Mention en première de couverture : "L'ouvrage paraîtra en trois fascicules. La préface et les tables seront jointes au dernier".

Si Jean Marius François Réguis est sans conteste un naturaliste oublié de nos jours, il fait cependant partie de ces passionnés qui se sont intéressés aux champignons, organismes tellement rebelles aux classifications qu'il a fallu des siècles d'avancées scientifiques pour déterminer s'ils relevaient vraiment de la botanique (au sens strict, on sait aujourd'hui que non) et dont on découvre tous les jours la stupéfiante diversité.

Quel lien obscur unit le chêne (ou d'autres arbres) et la truffe ?
une symbiose complexe aujourd'hui bien comprise par les scientifiques
source illust. : Synonymie provençale des champignons de Vaucluse (1886)

La Société mycologique de France, fondée en 1884 par un petit groupe de mycologues (1), est la première société mycologique au monde : en 1885 elle compte déjà 128 membres fondateurs parmi lesquels on relève le nom de la plupart des mycologues français connus (pharmaciens, médecins, enseignants …) dont notre jeune auteur, J.-M.F. Réguis. La création de la SMF consacre une série de travaux importants en mycologie : l'étude des champignons ne date pas du 19e siècle mais le suédois Elias Magnus Fries marque un tournant dans leur étude en publiant ses premiers travaux de classification dans les années 1820. Leur importance est telle que des commentateurs estiment que l'on peut parler de la mycologie d'avant Fries et celle d'après Fries (2).

Elias Magnus Fries, surnommé le « Linné des champignons » (1794-1878)

Au cours des décennies suivantes, ses travaux susciteront la publication de nombreuses monographies régionales consacrées aux champignons. C'est à cette époque, que Réguis entre à la Faculté des Sciences de Marseille qui a ouvert ses portes en 1854. Ses professeurs les plus illustres vont lui donner le goût des sciences naturelles : Antoine-Fortuné Marion (1846-1900), Alphonse Derbès (1818-1894), Édouard Marie Heckel (1843-1916).

Amanite Tue-mouches : faut que ça chauffe (pour rester en vie)
source : Synonymie provençale des champignons de Vaucluse (1886)

Comme ses collègues héritiers de Fries, Réguis publie ses recherches sur les champignons après la mort du savant suédois. Sa connaissance mêle son savoir théorique, ses observations sur le terrain (en particulier les environs d'Allauch) et son analyse des spécimens que lui envoient des amateurs éclairés, pharmaciens confirmés ou jeunes botanistes dévoués à la science. Malgré quelques trop rares digressions heuristiques (le mycéllium de cette amanite pourrait-il favoriser la propagation de la maladie des châtaigniers ?), Réguis s'attache essentiellement à la toxicité des champignons, à leur létalité et à leur qualité gastronomique, beaucoup moins à leur potentiel pharmaceutique ou à leur intérêt pour leur culture. Comptait-il le faire par la suite ?

Le Lactaire délicieux (Lactarius deliciosus) : 0,50 F à 1,50 F le kg
ceux de Réguis atteignent les 25 cm de diamètre (5 à 12 en moyenne) : réservés aux 5 étoiles ?

Annoncée en 1894, son étude des champignons restera inachevée avec la seule livraison du premier des trois fascicules (il ne décède pourtant que 14 ans plus tard) : suivant la classification de Fries, elle se limite à douze genres regroupant 244 espèces. Laissons conclure son biographe :"Les champignons sont toujours là, avec en moins peut-être le temps ou la passion. Son livre reprend le fond de ses articles marseillais de la Revue horticole des Bouches-du-Rhône; l'indice du premier fascicule laisse entendre qu'il y en aura d'autres, mais la mycologie provençale est exigeante : années de sécheresse, observations non publiées, manque d'iconographies. La mycologie purement descriptive se termine avec le siècle, l'avenir appartient au travail au microscope, aux herbiers, toutes choses complexes pour l'étude des mycètes" (3).

Crépuscule d'une époque pionnière mais un des jalons historiques de la compréhension du vivant qui ne cesse de se réécrire. Début 21e siècle, les méthodes d'analyse moléculaire ont amené les biologistes à réviser profondément la taxinomie des eumycètes, dénomination réservée aux seuls vrais champignons, et ses 100 000 espèces aujourd'hui décrites : une porte ouverte sur un univers vertigineux qui pourrait compter 3, 5, voire 10 millions d'espèces, selon le ratio espèces connues / espèces non identifiées (4) et un immense champ de recherche. C'est seulement en 2022 que les quatre gènes responsables de la toxicité de certains champignons ont été identifiés ainsi que leur mode probable de transmission (5).

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1. Société mycologique de France - site de la SMF
2. Mycologie - site consulté Wikipédia
3. Bonnin, Jean-Claude. - Un naturaliste provençal,
Jean Marius François Réguis (1850-1908) - in Bull. Soc. linn. Provence, t. 62, 2011, pp. 23-34 - Disponibilité et consultation sur place
4. Meredith Blackwell. - The Fungi: 1, 2, 3 … 5.1 million species ? - American journal of Botany, 2011, March, pp. 426-438, https://doi.org/10.3732/ajb.1000298
5. Chauveau, Loïc. - L'origine de la toxicité des champignons a été identifiée. - Sciences et Avenir - La Recherche, 2022, nov., n° 909, pp. 64-65 - Disponibilité
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1894]]> fre]]> Provence. 18..]]> Gard. 18..]]>
Histoire de la Provence]]>
- Dédicace manuscrite de l'auteur en page de titre : "à Monsieur Norbert Bonafous, affectueux souvenirs. Signé Charles de Ribbe" *
- Mention sur la première de couverture : "(Extrait du Compte-rendu des travaux du Congrès scientifique de France, tenu à Montpellier, en décembre 1868.)"

Invité à un colloque scientifique qui se tient à Montpellier, C. de Ribbe prend la parole après une communication sur les poissons qu'il relativise assez sèchement : "L'histoire naturelle des poissons est sans nul doute très intéressante; l'histoire morale et économique de nos excellentes populations de pêcheurs ne saurait l'être moins".

Même passionné de questions assez variées (le reboisement, par ex.), C. de Ribbe entend s'imposer ici comme spécialiste des coutumes et des traditions : outre de nombreux autres ouvrages sur l'histoire et la société provençale, il avait déjà fait paraître en 1850 un opuscule sur les Communautés et Prud’homies des patrons pêcheurs de Méditerranée (1), un milieu mal connu (surtout à Montpellier !) qui pourtant règle la vie de 10 000 pêcheurs, d'Antibes à Port-Vendres, depuis plus de quatre siècles (la plus ancienne Prud'homie, créée à Marseille en 1431, servira de modèle à celles fondées par la suite). Organisation propre au littoral de la Provence et du Languedoc, on pourrait s'étonner que cette corporation ait survécu si longtemps et ait réussi à échapper à la loi commune.

Les Prudhomme des pêcheurs : avant tout, une instance corporatiste où se règlent les litiges

Le secret de sa longévité ? Une loyauté à toute épreuve, pas de bureaucratie, jamais de procès engagé à tout moment, à tort et à travers, pas de dettes (la seule cotisation se résume à une demi-part des produits de la pêche, ce qui assure l'équilibre des comptes) et une profession ouverte à tous, même aux étrangers. Plus étonnant encore, elle survivra à la Révolution, c'est peu de le dire. Ajoutez à cela un fonctionnement simple des séances qui se tiennent dans la salle de justice (par leur statut et leur vocation, les Prud'hommes sont des juridictions qui arbitrent les litiges et règlementent la pêche**) avec des procédures également très simplifiées, sans formalités, et qui donnent lieu à des sentences tellement courtes qu'elles sont restées jusque là purement orales (mais là, c'est peut-être pousser la proximité et la bonne entente un peu loin, il faudrait sérieusement penser à laisser une trace écrite, un petit PV, par ex.).

La prud'homie des pêcheurs de Martigues : une institution créée en 1791 et qui a pignon sur rue (2)

Pour résumer ce que sont les Prud’homies de pêcheurs méditerranéens : un modèle d'organisation et de fonctionnement dont beaucoup gagneraient à s'en inspirer et qui fait à l'évidence l'admiration de l'historien, certes partisan d'un certain ordre moral, mais aussi observateur attentif de la société civile provençale, et qui n'hésite pas à conclure : "Des bonnes mœurs naissent les bonnes coutumes". Leçon offerte !

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* Norbert Bonafous, professeur de littérature ancienne et de littérature française, occupe le poste de doyen de la Faculté des Lettres (1867 à 1879) lorsque C. de Ribbe lui adresse amicalement son ouvrage.
1. Des corporations et de la juridiction des prud'hommes pêcheurs de la Méditerranée

** L'article 16 du décret du 9 janvier 1852 relatif à la pêche côtière confie aux prud’hommes pêcheurs le pouvoir de rechercher et de constater les infractions
2. La Prud'homie de Martigues. - Ville de Martigues


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1869]]> fre]]> Méditerranée (région). 18..]]>
Droit pénal]]> Éducation]]> Agriculture]]>
Rien n'était spécifiquement prévu et ils étaient incarcérés en prison sans considération de leur âge : les plus jeunes étaient donc mélangés aux adultes condamnés aussi bien à des peines légères pour des faits mineurs qu'à de lourdes peines pour faits des criminels les plus graves. Dans les années 1830, l'idée de distinguer les mineurs des adultes s'impose peu à peu : position qui n'est pas sans rappeler la réflexion rousseauiste sur une bonté naturelle de l'homme dépravé par la société (le cas de Victor de l'Aveyron est d'autant plus dans les mémoires qu'il est décédé à Paris en 1828), il semble juste de penser qu'encore très jeune, l'enfant n'a pas eu le temps d'être (totalement) corrompu et que s'il peut être sauvé, il faut prendre les mesures pour le faire tant qu'il est encore temps, le soustraire à ses mauvaises conditions de vie et aux influences néfastes des adultes. Plus question que des enfants de moins de dix ans soient jetés en prison et mêlés à des criminels souvent pervers, endurcis et multirécidivistes. En vertu de l'article 66 du Code pénal, les auteurs de délits âgés moins de dix ans ayant agi sans discernement sont placés et éduqués aux frais de l'État.

Pour les séparer, il faut donc créer des établissements spécialisés : c'est ainsi qu'apparaissent les colonies agricoles pénitentiaires, qui ont pour mission exclusive "la garde des jeunes détenus, ainsi que de leur instruction religieuse, primaire et agricole". Il n'y a aucune ambiguïté sur les termes : on parle bien de protection mais aussi d'internement. Le premier établissement (1) de ce type ouvrira en 1839, à Mettray (Indre-et-Loire) et sera suivi d'une cinquantaine d'autres, entre 1840 et 1850 (la loi du 5 août 1850 promulgue officiellement ces établissements, certains de statut public).


Dans ce rapport adressé au Ministre de l'Intérieur (pas de l'Éducation ni de la Santé), l'Abbé Fissiaux dresse un véritable bilan d'activité de deux Maisons centrales d'éducation correctionnelle inaugurées en Provence : la Colonie de N.-D. de Beaurecueil, créée en 1853, située à moins de 10 km d'Aix-en-Provence et la Colonie N.-D. de la Cavalerie, ouverte l'année suivante, implantée à 20 km de Manosque.

L'objet du rapport est simple : expliquer en détail combien il a fallu investir, en partant de ruines, pour parvenir à créer deux grandes exploitations agricoles destinées à accueillir ces enfants (300 pour la première, env. 50 pour la seconde). On ne parle pas ici de fictions pédagogiques mais de véritables fermes dignes d'une agriculture provençale moderne, au moins pour Aix. Les enfants y reçoivent (dans l'ordre) une copieuse instruction religieuse (avec confession quotidienne !), une instruction primaire et une formation professionnelle agricole. Le tout assorti d'un système de récompenses gradués : grades honorifiques, promenades de faveur, bons points échangeables contre des petites choses qui plaisent tant aux enfants. Au bout de trois ans, avec leur qualification (les plus intelligents savent conduire et réparer les machines locomobiles à vapeur), ils peuvent facilement trouver un emploi dans les fermes environnantes (à leur départ, ils reçoivent des habits neufs et un pécule, tout est comptabilisé).

La présentation très avantageuse n'étonnera personne, l'Abbé prône pour sa paroisse. Si son bilan paraît réaliste, c'est qu'il est suffisamment contrasté pour être crédible : le succès de la ferme aixoise est assombri par les difficultés de celle de Hautes-Provence. En langage moderne, le rapport est bien une demande de subventions formulée par une organisation privée qui assume une mission de service public. A la décharge du rapporteur, et à défaut de savoir s'il a réellement pu sauver ces âmes, au moins s'est-il engagé dans un véritable programme de réinsertion.

les cages à poules, cellules individuelles pour séparer enfants et adultes (4)

Certains historiens ne partagent pas l'enthousiasme de l'ecclésiastique et n'hésitent pas à mettre l'accent sur la terrible analogie avec le bagne et les travaux forcés (2) : Cayenne ne vient-il pas d'ouvrir quelques années plus tôt, en 1852 ? Tout n'était-il pas dit dans l'intitulé dès le départ : une éducation correctionnelle consiste bien à éduquer et à punir pour redresser ? Et de dénoncer la dérive de plus en plus autoritaire et punitive de ces établissements au cours du 19e siècle. Une illustration de plus, et le 20e siècle n'en manque pas, que toutes les solutions d'enfermement collectif (prisons, asiles, casernes, orphelinats, etc.) aboutissent inéluctablement à autant de désastres individuels.

Jusque dans les années 1960, les élèves qualifiés de cancres et ceux qui posaient les plus sérieux problèmes de conduite étaient régulièrement menacés d'être conduits en maison de redressement ou, pire, de finir en maison de correction. Si ces expressions paraissent bien désuètes, c'est que depuis, on a changé les mots. Mais a-t-on résolu les problèmes ?

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1. Les maisons de correction : Colonies agricoles pénitentiaires et Bon Pasteur (1839-1912). - Site consulté : Ministère de la Justice
2. De l’isolement aux « bagnes pour enfants » : l'impitoyable justice des mineurs française. site consulté : National Geographic
3. Prade , Catherine. Les colonies pénitentiaires au xixe siècle : de la genèse au déclin. - Site consulté : OpenEdition Books
4.Poisson, Philippe. - ]]>
1864]]> fre]]> France. 18..]]>
Parlement de Provence]]> Législation royale]]> Droit fiscal]]> Villes et communautés de Provence]]>
La question centrale de ce recueil de 22 pièces concerne un épisode majeur de la fiscalité de l'Ancien Régime, un demi-siècle avant son abolition. Pour bien le comprendre, il convient de revenir à son origine : c'est le 19 mai 1749 que Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville, alors contrôleur général des finances, instaure par lit de justice* un nouvel impôt, le Vingtième.

Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville pastel, château de Thoiry  (1701-1794)
le contrôleur général des finances de Louis XV (1745-1754)

Connu sous le nom d'Édit de Marly, son titre exact et complet a toute son importance : "Edit du Roy portant suppression du Dixiéme établi par la Déclaration du 29 Août 1741. L'établissement d'une Caisse générale des Amortissemens, pour le remboursement des dettes de l'Etat; Et la levée du Vintième pour le produit en être versé dans ladite Caisse" (1).

L'Édit de Marly du 19 mai 1749 (document BnF)

Même s'il se substitue au Dixième (auquel échappent le clergé et la plus grande partie de la noblesse), il s'agit bien d'un nouvel impôt universel direct qui vient taxer de 5 % tous les biens et tous les revenus, sans distinction de titres et de personnes. Créer un impôt n'a rien d'exceptionnel, les Français (mais pas que) en ont l'habitude. De plus, le Vingtième n'aura pas une très longue carrière puisque s'il n'est formellement supprimé qu'en 1789, il est remplacé dès 1756 par un deuxième vingtième (donc un retour au 1/10). Peu de postérité mais grande notoriété, due à tous les nouveaux éléments qu'il comprend :
  • la permanence : il ne s'agit plus d'un prélèvement ponctuel, pour financer une guerre ou apurer une dette par ex., mais d'un dispositif récurrent et annuel censé assurer suffisamment et durablement les ressources de l'État
  • l'universalité : toutes les personnes physiques sont concernées, prémices d'une égalité devant l'impôt. À l'origine, il n'est donc pas prévu d'exemptions, pratique courante à l'époque, comme celles souvent accordées aux privilégiés en vertu de leurs titres, de leurs charges ou d'autres stratégies d'évitement ainsi qu'au clergé (sinon à quoi servirait le peuple ?)
  • la base de l'imposition : le Vingtième ne porte pas seulement sur les biens mais également, nouveauté majeure, sur les revenus de l'industrie et du commerce ainsi que ceux provenant des propriétés
  • le principe d'une déclaration : le moyen le plus évident de connaître les revenus d'une personne est de lui en demander le montant. Cette nouvelle procédure est le point le plus critique de cette réforme puisqu'il repose sur la spontanéité et la sincérité du déclarant sur la nature, l'étendue et le produit net moyen annuel de sa propriété
Le contrôleur général des finances, lucide, crée dans la foulée la charge de contrôleur des vingtièmes. Tous ces éléments n'ont bien sûr pas échappé aux intéressés, surtout pas à ceux qui s'estimaient être les plus touchés. Les textes présentés ici nous montrent en particulier l'opposition des Parlements à travers leurs Remontrances qui voient dans cette réforme un abus supplémentaire d'une monarchie hypercentralisée, protestations qui se conjugueront à la capacité des privilégiés à se soustraire au nouvel impôt et à l'habileté du Clergé qui obtiendra son exemption dès 1751.

Impôt nouveau mais réaction attendue : le Vingtième est un épisode parmi tant d'autres qui témoigne du degré d'acceptation des particuliers, des entreprises et des corps constitués, à contribuer aux ressources de la collectivité. Ses opposants les plus déterminés sont loin d'imaginer les conséquences que son relatif échec aura sur le destin de la monarchie (les rentrées fiscales n'atteignent pas le niveau escompté) : les plus âgés d'entre eux connaîtront 1789. Le vieux Contrôleur Général des finances, qui vivra jusqu'en 1794, aura le temps de méditer sur les vraies causes de la Révolution Française.

Épilogue : les Français découvrent la TVA en 1954 et son taux réduit à 5,5% en 1982. Ce taux particulier restera inchangé alors qu'il devait être abaissé à 5% le 1er janvier 2014. Sur certains produits de consommation, nous serions alors revenus au bon vieux temps du Vingtième ! D'autant plus que la leçon sera retenue par l'administration fiscale : la prédominance écrasante de l'imposition indirecte prouve que le contribuable est heureux quand il a mal mais qu'il ne s'en rend pas compte.

* le lit de justice est une séance solennelle du Parlement qui autorise le pouvoir royal à donner lecture d'un texte et de l'imposer. Cette procédure, sorte de 49.3 avant l'heure, est prévue par la Constitution, tout comme les Remontrances, petit exercice de contre-pouvoir, qui permettent aux Parlements de Paris et de Province d'adresser des remarques, en général assez sévères, sur les décisions et la gestion de l'exécutif.
1. Edit du Roy portant suppression du Dixiéme établi par la Déclaration du 29 Août 1741. - Gallica

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  • Extrait du cayer des deliberations de l'Assemblée generale des communautés du pays de Provence, du mois de novembre 1749. pag. 78. & 85. Du 27. dud. mois de novembre du matin.. - p. 4-5
  • Remontrances du Pays de Provence, sur la levée du Vingtieme, presentées au Roi, en consequence de la deliberation de l'Assemblee generale des communautés, du 27. novembre 1749.. - p. 5-11
  • Extrait du cayer des deliberations de l'Assemblée générale des communautés du Pays de Provence du mois de novembre 1750. pag. 6. & suiv. Du 10. novembre du matin.. - p. 13-16
  • Secondes remontrances du Pays de Provence, sur la levée du Vingtième, présentées au Roi, en consequence de la deliberation de l'Assemblee generale des communautés, du 10. novembre 1750.. - p. 17-29
  • Memoire contenant les preuves des remontrances du Pays de Provence, sur la levée du Vingtieme.. - p. 31-96
  • Recueil de divers titres, lettres-patentes, edits, declarations, et arrets, dont il est fait mention dans le mémoire contenant les preuves des remontrances du Pays de Provence, sur la levée du Vingtième.. - p. [1]
  • Testament de Charles d'Anjou, Roy de Jerusalem et de Sicile, comte de Provence. Du 10. decembre 1481.. - p. 3-30
  • Lettres-patentes du Roy Charles VIII. par lesquelles la Provence et unie à la couronne de France, sans préjudicier ni déroger à ses priviléges, libertés, franchises, covnentions... Du mois d'octobre 1486.. - p. 31-37
  • Declaration du Roy Louis XII. Par laquelle le Roi reçoit l'hommage des députés de la noblesse & des communautés de Provence... Du 10. juillet 1498.. - p. 37-39
  • Lettres-patentes du Roy François I. Qui confirme l'union de la Provence à la couronne de France, avec tous ses priviléges, libertés, franchises, conventions.... Du mois d'avril 1515.. - p. 40-45
  • Arrest du Conseil d'Estat du Roy, qui permet aux communautés de Provence de faire leurs impositions sur les fruits, denrées & marchandises, suivant les anciennes formes, coûtumes & reglemens du pays. Du 30. juillet 1642.. - p. 46-48
  • Arrest du Conseil d'Estat du Roy, sur le même sujet. Du dernier mars 1643. Extrait des registres du Conseil d'Etat.. - p. 49-51
  • Arrest du conseil d'estat du Roy, portant revocation de l'arrêt du Conseil du 2. mai 1658. & d'une imposition faite par M. le premier président d'Oppede, pour la subsistance des troupes. Du 16. fevrier 1659.. - p. 52-54
  • Lettres-patentes en forme d'Edit, portant l'établissement du minot de sel, & l'augmentation du prix du sel à quinze livres le minot ; la décharge du don gratuit à perpetuité, & de tout entretenement de troupes, & c. Donné à Fontainebleau au mois d'Août 1661... Signé, Louis.... - p. 54-65
  • Arrest du Conseil d'Estat du Roy, et lettres-patentes, qui confirment le pouvoir des Etats ou Assemblées générales des communautés du Pays de Provence, pour les assouagemens genéraux des villes & lieux dudit pays, & les reassouagemens particuliers. Du mois de Mars 1664.. - p. 65-76
  • Arrest du Conseil d'Estat du Roy, qui ordonne que les secretaires & officiers des chancelleries du Parlement & de la Cour des comptes, aydes & finances de Provence, payeront les impositions & droits d'entrée sur les denrées, de même que les autres habitans des communautés. Du dernier may 1707.. - p. 77-81
  • Arrest de la Cour des comptes, aydes et finances de Provence. Qui ordonne que les employés aux fermes payeront les impositions des communautés de Provence. Du 29. novembre 1713.. - p. 81-82
  • Declaration du Roy, concernant les cadastres des communautés. Donnée à Marly le 9. juillet 1715. . - . 82-87
  • Arrest du Conseil d'Estat du Roy, portant abonnement du Dixième du revenu en Provence, moyenant 500000. livres par an. Du 26. mai 1711.. - p. 87-91
  • Arrest du Conseil d'Estat du Roy, portant abonnement du Dixième dans le Pays & Comté de Provence, en payant annuellement la somme de 550000. livres. Du 2. juin 1734.. - p. 91-94
  • Arrest du Conseil d'Estat du Roy, portant abonnement du Dixième du revenu en Provence, moyenant 700000. l. par an. Du 15. mai 1742.. - p. 95-98
  • Remontrances du Pays de Provence, sur la levée du Vingtième, & sur d'autres articles concernant les dépenses & les dommages de la guerre, presentées au Roy, en consequence de la déliberation de l'Assemblée générale des communautés, du 7. décembre 1751.. - p. 1-10
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1731]]> fre]]> lat]]> Provence. 17..]]>
Médecine tropicale et coloniale]]> Colonies françaises]]> Archives provinciales de chirurgie, 1898, n° 3 (mars).

Au milieu du 19e siècle, Alger n'a plus rien d'une petite bourgade de province et l'hôpital civil Caratine, devenu trop exigu et inadapté par rapport aux besoins de la population, est transféré à Mustafa en 1854. Cinq ans plus tard, il accueille les premiers cours de l'École de Médecine d’Alger qui vient d'être créée. Il sera aggrandi en 1874 et un premier service de pédiatrie sera ouvert en 1883 suivi un an plus tard d'un service d’obstétrique. Il ne cessera depuis de s'étendre et de se moderniser pour devenir une structure hospitalière de tout premier plan (et l'un des premiers établissements à devenir CHU). C'est dans ce contexte, plutôt privilégié du point de vue scientifique et technique en cette fin de siècle, que J. Brault produit ce bilan détaillé de deux années d'interventions chirurgicales.

L'hôpital Mustapha d'Alger (cliché non daté, fin 19e - début 20e siècle)

Soucieux de communication et de comparaison, Brault prend soin de remanier cette statistique pour la rendre conforme aux règles internationales en usage à l'Institut International de Bibliographie Scientifique (Paris). Pour chaque traumatisme ou pathologie prévue dans cette classification, il indique sommairement le symptôme, sa cause et ses conséquences (par ex., blessure par arme à feu dans la région temporale, coup de sabot en plein front, kyste sur la machoire, etc.), le nombre précis d'interventions, les gestes opératoires principaux (extraction, trépanation, suture) et, information capitale, l'issue de l'intervention : guérison, amélioration ou.. décès (parfois, récidive quand le cas est connu).

Par catégories de pathologie, le pourcentage moyen de succès ne laisse pas d'impressionner et avoisine les 97% voire les 100% pour certaines spécialités : par ex., en chirurgie faciale, 132 opérations ont eu lieu, 131 guérisons obtenues et un seul décès enregistré. Dans sa totalité, le sevice déplore seulement 13 décès en deux ans d'exercice !

Mieux encore : pour J. Brault, médecin-major de l'armée et professeur à l'Ecole de médecine d'Alger, il est entendu qu'aucun décès n'est directement inputable aux interventions elles-mêmes : s'il y a eu effectivement une dizaine de morts (on est pas à 30% près...), tous sont dus à l'état de santé déjà très dégradé des patients, tous en état de fatigue et d'amaigrissement extrême, tous présentant des lésions fatales à très court terme. En résumé, le diagnostic vital était déjà engagé et il faut considérer cette dizaine d'interventions comme des opérations de la dernière chance. Très discret sur la question, le bilan ne distingue pas les patients d'origine européenne des indigènes et ne permet pas d'évaluer si la médecine occidentale profitait davantage aux premiers qu'aux seconds (on sait que la médecine traditionnelle était très présente mais les statistiques de population de l'Algérie produites par l'administration coloniale paraissent soulever de sérieuses réserves méthologiques de la part des démographes).

L'hôpital de Mustapha. - site consulté : Centre de documentation historique sur l'Algérie]]>
1898]]> fre]]> Alger. 18..]]>
Botanique]]> Zoologie]]> Sciences naturelles]]> Alfred Frédol est le pseudonyme d'Alfred Moquin-Tandon (Note).

Comme il est assez courant à l'époque, Alfred Moquin-Tandon n'est pas un scientifique enfermé dans une unique discipline : docteur ès sciences en 1826 et médecine en 1828, il enseigne la zoologie à l'Athénée de Marseille de 1829 à 1833, puis la physiologie comparée à l'Athénée de Montpellier, il devient ensuite professeur d'histoire naturelle à la Faculté de Toulouse et sera nommé en 1853 professeur de Sciences naturelles à la Faculté de médecine de Paris (il sera également directeur du Jardin des Plantes de ces deux villes). Très jeune, il devient membre de plusieurs sociétés savantes (Académie des sciences de Turin en 1834, Sociétés d'agriculture, d'archéologie, de médecine, de l'Institut et même président de la Société de Botanique de France !).

Moquin-Tandon Alfred (1804-1863)

A l'occasion d'un concours lors des Jeux Floraux du 27 juin 1841 (société littéraire), il prononce un discours sur les Rapports de la Science et de la Littérature. C'est à cette époque que, sous le pseudonyme d'Alfred Frédol, il publie des poésies patoises languedociennes.

Algues marines (lithographie couleur)

C'est sous ce même pseudonyme qu'il publie Le Monde de la mer, sa flore et sa faune marines illustrées avec une 1ère édition en 1865 et une 2ème l'année suivante et qui contiennent alors 21 planches couleur.

Infusoires observés à travers un microscope solaire

Les planches couleur sont de grande qualité mais ces lithographies spectaculaires et séduisantes ne monopolisent pas toute l'attention du lecteur : le texte est ponctué de 200 vignettes monochromes réalisées sur bois, au service des détails techniques et scientifiques comme ces paragraphes consacrés aux immenses progrès accomplis en botanique et en zoologie grâce aux microscopes apparus au 18e siècle (plusieurs planches sont consacrées à l'infiniment petit, au développement du vivant comme la croissance des coraux, l'embryologie des méduses, des poissons et des oiseaux).

Poissons volants haut dans le ciel et des daurades hautes en couleur (1866)

Si certaines remarques sont parfois assez prosaïques, comme les anémones de mer qui sont très bonnes à manger, certaines observations surprennent davantage comme l'affirmation que les huitres, ayant un système nerveux assez développé, sont douées de sensibilité et capables de souffrir, affirmation bien éloignée du désastreux concept d'animal-machine.
D'où cet avertissement : "Du reste, nous supplions le lecteur, s'il est au moment de déjeuner avec des huîtres, de ne pas lire les détails que nous allons donner. Nous ne voulons dégoûter personne !". La promesse d'éluder les détails anatomiques repoussants est déjà oubliée mais, rassurez-vous, quelques lignes plus loin, il tranquillisera les pêcheurs, les éducateurs, les vendeurs, les écaillères et les gourmets. Cette rare compassion apportée à tous les coquillages engloutis vivants rend encore plus sympathique la représentation parfois cocasse de certains poissons, comme ces daurades aux couleurs si vives qu'elles devraient inquiéter tout consommateur averti...

Poulpe - planche monochrome ajoutée dans la 3ème édition de 1881 d'Olivier Frédol
(aquarium de Concarneau, la plus ancienne station marine au monde en activité)

Même s'il n'instaure pas une coupure radicale entre ces deux passions, les sciences et les arts, on pourrait s'étonner que publiant habituellement ses ouvrages scientifiques sous son vrai patronyme, Alfred Moquin-Tandon utilise son pseudonyme littéraire pour publier Le Monde de la mer. En réalité, A. Moquin-Tandon n'est pour rien dans l'affaire : son ouvrage a toujours était édité à titre posthume et dans la 3ème édition, les deux préfaces de 1864 et de 1881, signées et datées, nous révèlent qu'il est le fait d'un mystérieux Olivier Frédol qui a poursuivi le travail d'Alfred*. Après de longs séjours sur les côtes françaises, algériennes et bretonnes (laboratoires de Concarneau), il a même pris l'initiative de remodeler certains chapitres et d'insérer de nouveaux dessins dans cette troisième et dernière édition.

Alfred Moquin-Tandon et Michel Darluc, qui publia l'Histoire naturelle de la Provence un siècle plus tôt, partagent ainsi le triste destin de n'avoir vu de leur vivant leurs œuvres majeures quasi achevées enfin publiées. Circonstances heureuses, dans les deux cas, des proches, reconnaissant la qualité de leur travail, ont eu l'intelligence de reprendre et publier leurs derniers manuscrits.

* les documents consultés n'ont pas permis d'identifier la relation liant les deux auteurs : professionnelle, amicale ou familiale ? Les dates des éditions posthumes prouvent seulement qu'il s'agit bien de deux personnes différentes. Les fins esprits pourraient remarquer que Frédol, patronyme répandu dans le Sud de la France, est aussi la contraction d'Alfred et Olivier...
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1881]]> fre]]>
Sciences naturelles]]> Botanique]]> Géologie]]> Zoologie]]> Agriculture]]> Histoire de l'université]]>
Décédé en 1783, Michel Darluc ne verra jamais de son vivant la publication du troisième et dernier tome de son Histoire naturelle de la Provence commencée dix ans plus tôt (1782-1786), œuvre imposante en trois volumes (d'abord éditée avec les deux premiers volumes) qui le fera connaître et lui vaudra la réputation d'avoir écrit la première avifaune régionale française (ensemble des oiseaux d'une région). Devenu aveugle, c'est son ami Gibelin qui reprendra et publiera en 1786 son dernier manuscrit (1).

Darluc, originaire de Fréjus, a toujours voué une passion pour les sciences naturelles : après l'étude de la médecine à Barcelone pendant une dizaine d'années, il s'installe à Aix-en-Provence pour étudier l'anatomie et la botanique sous l'illustre direction de Joseph Lieutaud, médecin de Louis XVI. Après un séjour à Paris pour apprendre la chimie, il revient à Caillan (Var) exercer la médecine. Ses succès lui valent l'intérêt de M. de Monclar, Procureur Général du Parlement, ce qui lui vaudra le brevet de survivance de professeur de botanique à l'université d'Aix, brevet en date du 30 mars 1770, suite au décès du titulaire (2), ville dont il créera le jardin botanique en 1776 et qui s'étendait sur une partie du cours St-Louis (bien antérieur, celui de Marseille fut créé dès le 15ème siècle par le Roy René, un parc de près de 2 hectares situé près de l’Abbaye Saint-Victor).

Suivant un parcours d'Ouest en Est, de la Camargue au Comté de Nice, M. Barluc expose ses observations en reprenant la division des diocèses "faite par la nature elle-même". L'intérêt de son ouvrage, hélas dépourvu de toute illustration, dépasse de loin cette dernière considération sur la création et la reprise d'ouvrages antérieurs comme celui de Grosson sur la minéralogie marseillaise : en rupture avec nombre de ses prédécesseurs, il insiste au contraire sur l'importance de l'étude réelle sur le terrain et affirme dans la préface du premier volume à propos de la nature : "tâchons au moins de la bien observer". Il s'attache donc à une description précise des espèces (le vorace chien de mer a une peau sans écaille, dure et épaisse, donc sûrement proche de la famille des squales), même s'il suit les classifications de l'époque : ne nous étonnons donc pas de rencontrer des poissons thoraciques ou abdominaux, dont il n'oublie jamais de donner les noms provençaux.

Si M. Darluc consacre ses loisirs à la poésie, il n'est pas qu'un esthète : son amour de la nature ne lui fait pas perdre son regard de médecin et de botaniste et ce qu'elle apporte à l'homme. Plus surprenant et toujours d'actualité lorsqu'il fait état de l'impact que l'activité humaine peut avoir sur la nature : par ex., les pêcheurs, qui vivaient bien autrefois, se désolent de la raréfaction des poissons. Selon le R.P. Menc, cité par Darluc, il y aurait trois causes possibles à ce phénomène :

- dans la mer, on y vide les fosses d'aisance et autres immondices, les rejets des fabriques et des manufactures et même les lests des vaisseaux, bref, tout ce qui fait fuir les poissons et tue leurs œufs
- l'évolution du Rhône, avant un seul cours profond et puissant, devenu un delta de quatre ou cinq bras qui s'envasent et qui ne charrient plus de nombreux éléments utiles à certaines espèces, notamment voyageuses (migratrices)
- les multiples infractions des pêcheurs aux ordonnances qui réglementent la pêche, comme l'utilisation de ces filets trainants (il en recense une dizaine de modèles aux mailles trop serrées) qui labourent le fond et enlèvent le fray (fraie) en détruisant les espèces, l'exacte définition des sennes (ou seines). Quelle étrange dépopulation n'en résulte-t-il pas ? Nous sommes au 18e siècle...

Alain Collomp - Un médecin des Lumières : Michel Darluc, naturaliste provençal (PUR, 2011)

Comme l'écrit Alain Collomp dans son ouvrage "Il ne traite pas seulement des plantes, son domaine professionnel puisqu'il était professeur de botanique à l'université d'Aix, mais aussi des animaux, surtout des oiseaux, et des minéraux et fossiles. Mais ce qui fait l'originalité de son Histoire naturelle, c'est la place importante accordée à l'homme, ses moeurs, ses pratiques agricoles, sa manière d'exploiter les mines, sa santé. Les descriptions contenues dans les trois volumes reposent sur l'observation directe de l'ensemble du territoire provençal que Darluc a pris la peine de visiter pour rédiger son ouvrage. En résulte un tableau très vivant et riche de renseignements de la Provence du XVIIIe siècle" (3).

La numérisation de ce troisième et dernier volume publié à titre posthume a été réalisée à partir de l'édition originale de 1786 et vient compléter les vols 1 & 2 consultables en ligne sur Gallica (4).

1. Michel Darluc - Source : Wikipédia
2. Alain Collomp. - Un médecin des Lumières, Chapitre V. Le règne végétal, pp. 77-114 - Source : OpenEdition books
3. Alain Collomp. - Un médecin des Lumières : Michel Darluc, naturaliste provençal. - Presses universitaires de Rennes, 2011. Disponibilité de l'ouvrage dans les BU d'AMU et acccès en ligne sur le site OpenEdition Books
4. Darluc M. - Histoire naturelle de la Provence, Tomes 1 & , 1782-1784. - Gallica
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1786]]> fre]]> Provence. 18..]]>
Factums après 1789]]> Histoire]]> Jurisprudence après 1789]]> Biographie]]> prétendues lettres et plus précises puisqu'on comprend d'emblée qu'il y une erreur grossière sur le nom du Général Combe qui ne s'est jamais écrit Combes (élément mis en avant dans cette nouvelle version).

François Zola (1795-1847)

Si l'affaire Dreyfus est bien évoquée, c'est celle qui concerne François Zola et son cortège de sordides manœuvres pour le calomnier qui préoccupe J. Dhur. Une grande partie de l'exposé est la reprise du texte de la première version, seuls certains paragraphes ont été remaniés en plus des textes additionnels.

Emile Zola (1840-1902)

Pour cette édition, J. Dhur pouvait difficilement recevoir un parainnage moral et politique plus prestigieux que celui de Jean-Jaurès qui en rédige la préface. D'autant plus que l'homme politique, déjà connu pour son engagement auprès des luttes ouvrières, ne peut pas être accusé d'être un dreyfusard inconditionnel : tout au contraire, au début de cette affaire d'intelligence avec l'ennemi, il prend ouvertement position contre le capitaine condamné pour haute trahison mais qui échappe bizarrement à la condamnation à mort : une telle "clémence" ne doit-elle vraiment rien à l'influence du lobby juif ? Si la grandeur des hommes intègres est de reconnaître leurs erreurs, J. Jaurès en fait incontestablement partie : après quelques hésitations et devant l'évidence accablante que le procès n'a pas été mené de façon équitable ("les innombrables faux", il reviendra sur son premier jugement et prendra fait et cause pour Dreyfus.

Jean Jaurès par Nadar (1904)

Mais Jean Jaurès ne se limite pas à condamner les discours nationalistes et manipulateurs : peu importe si les témoignages s'appuyant sur des faux étaient ou pas de bonne foi, ce qui est inacceptable, c'est le fait que les autorités militaires aient refusé à Émile Zola et à son défenseur l'accès aux documents qui accablaient son père, et pour cause, ils les savaient inauthentiques. Et pour cela le Ministre de la Guerre, juges et autres fonctionnaires militaires devront rendre des comptes avec toute la sévérité qui s'impose (nous sommes encore loin du dénouement, ce n'est que sept ans plus tard, en 1906, que le dernier arrêt de la Cour de Cassation innocentera Dreyfus).

Ces affaires qui ont ébranlé la IIIe République et créé une fracture dans une société française tourmentée par antisémitisme et un nationalisme faciles auraient eu probablement un autre destin sans une certaine liberté de la presse, victime de tant de controverses et d'incertitudes politiques au cours du 19e siècle. Fin 20e siècle et début 21e siècle, les journalistes d'investigation paient régulièrement un lourd tribut en raison de leurs enquêtes : les régimes politiques les plus durs, comme les démocraties les plus fréquentables, développent toujours une profonde allergie à tous ceux qui s'obstinent à rechercher la vérité, à dénoncer les abus et à dévoiler le dessous des affaires.]]>
1899]]> fre]]>
Factums après 1789]]> Histoire]]> Biographie]]>
- dans sa première lettre au Procureur, J. Dhur fait référence à Ernest Judet "que je n'avais jamais vu avant le 14 décembre 1898, à l'audience de la 9° chambre correctionnelle"
- sa dernière lettre adressée au Procureur, et qui clôture l'ouvrage, est datée et signée : "Vendredi, 6 janvier 1899. Jacques Dhur"

Le texte de Félix Le Héno, connu sous son pseudonyme Jacques Dhur, a toutes les apparences d'une version préparatoire publiée dans une certaine précipitation, sans mention ni de l'éditeur ni de la date de publication (on sait juste qu'il sort de l'Imprimerie Kugelmann, à Paris) : dans une lettre datée du 23 décembre 1898, il annonce au Procureur qu'il va lui adresser un travail documenté.

Jacques Dhur (1865-1929)

Sans entrer dans le détail des affaires, un rappel des faits les plus récents explique la prise de position publique de J. Dhur : dans le Petit Journal du 23 mai 1898, M. Judet écrivait un article intitulé « Zola père et fils » où il racontait qu'en mai 1832, François Zola, « arrêté pour vol et malversation, avait subi une détention de deux mois ». Deux jours plus tard, dans l'édition du 25 mai, M. Judet, revenant à la charge, publiait sous le titre « Zola le récidiviste », un document qui, disait-il, apporte aux faits, dont la preuve existe, le témoignage autorisé du général de Loverdo. Émile Zola ne tarde pas à réagir et publie dans l'Aurore du 28 mai, une réponse indignée qui défend la mémoire de son père mort depuis 50 ans et cite de mémoire plusieurs journaux locaux (Le Mémorial d'Aix, le Sémaphore, la Provence) où son père est mis à l'honneur (brillant ingénieur en travaux publics, F. Zola est le concepteur du premier barrage à voûte d’Europe qui alimente en eau Aix-en-Provence).

Le Général Combe (1787-1837), statue de Denis Foyatier (1793-1863)

Face à tant d'injustice et de mensonges, Rhul décide d'enquêter sur cette affaire et de communiquer le résultat de ses recherches au Procureur. Quel peut-être le lien entre ces deux affaires pourtant distantes de plus de 60 ans ? Parce que contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre du mémoire, le dossier traite bien de deux affaires distinctes annoncée dans l'intitulé des deux chapitres qui constituent l'ouvrage et qui semblent être mis en miroir : François Zola et l'affaire d'El-Ouffia pour le premier et Émile Zola et l'affaire Dreyfus pour le second.

Ce qui unit ces affaires ne doit pas être recherché sur le fond mais sur le procédé : toutes deux reposent sur de faux documents et de faux témoignages : il a été établi que la lettre apocryphe du Général Combe était un faux. C'est Émile Zola qui est en réalité visé à travers cette correspondance. La manœuvre, assez grossière et peu inventive, consiste évidemment à salir le père pour décrédibiliser le fils. Manœuvre peu surprenante, nous sommes en plein paroxysme de la campagne antidreyfusarde. Le début du second chapitre donne tout de suite le ton en citant le célébrissime "J'accuse...!", lettre dans laquelle Émile Zola prend la défense du Capitaine Dreyfus en appelant à la conscience de la plus haute autorité de l'État, Félix Faure, alors Président de la République.

J'accuse...! La Une de l'Aurore, n° 87 du 13 janvier 1898

En conclusion, et c'est l'aspect le plus grave pour l'auteur, cette affaire d'État fait de l'armée une véritable caste à part. On retrouvera cette dénonciation politique dans ses futurs choix professionnels : après la publication de ses écrits en faveur de Zola, il collaborera à l'Assiette au beurre, magazine satirique illustré français ayant paru de 1901 à 1936, peu avare de critiques envers le militarisme et marqué par un certain anticolonialisme et anticléricalisme. À partir de 1903, il dirigera Drames vécus.

Reste une question : pourquoi J. Dhur, qui connaît les démentis de Zola et la qualité de sa plume, se fait-il défenseur du défenseur ? Pour la bonne raison qu'il cherche moins à sauver Zola que l'idée qu'il se fait de la justice et de la vérité.]]>
1899]]> fre]]> France. 18..]]>
Droit du travail]]> Droit international]]> Droit social]]>
Le contrôle administratif des étrangers à tous les échelons territoriaux (années 1930)

Ce qui pourrait surprendre, dans ces contrats de travail, c'est la corrélation établie entre secteurs professionnels et nationalités : si cette association peut être prévue dans le cadre d'accords bilatéraux (par ex., aménagements particuliers négociés avec la Belgique), elle serait sûrement mal comprise ou jugée nulle aujourd'hui sur le plan juridique, tout au moins dans le cadre de l'UE.

Un besoin d'ouvriers agricoles mais d'origine italienne exclusivement

Parce que venant d'un pays frontalier réputé pour ses fruits, ses légumes, ses cultures céréalières et ses massifs boisés, le travailleur italien est d'abord recherché dans les secteurs agricoles et forestiers. C'est aussi le secteur où la France connaît un grave déficit de main d'œuvre avec son million et demi de morts déplorés quinze plus tôt, agrravé dans les zones rurales par une dénatalité marquée et un exode soutenu vers les villes.

La main d'œuvre polonaise : un profil-type d'ouvrier d'usine

Après l'Italie, l'Europe Centrale est le plus gros réservoir de main d'œuvre étrangère (au cours des années 1920, près de 200 000 personnes s'installent chaque année en France). Les Polonais, réputés pour être durs à la tâche, ont les faveurs de l'industrie, alors que les paysans représentent toujours plus des trois-quarts de la population polonaise de l'époque. La Tchécoslovaquie, toujours majoritairement rurale dans l'Entre-deux-guerres, apporte également des bras au secteur agricole.

Pour la main d'œuvre tchécoslovaque, les sains et rudes travaux des champs

Un siècle nous sépare de ces formulaires administratifs mais combien de Français n'ont-ils pas partagé un temps ces stéréotypes : le BTP pour les Espagnols et les Portugais, les mines pour les Polonais et les Marocains, les vendanges pour les Italiens...

Il faut noter que cette législation du travail prenait cependant en considération des éléments autres que la qualification et la rémunération comme les conditions de vie et d'hébergement : ainsi les ménages et les familles (donc avec enfants) qui avaient droit d'accompagner le nouvel embauché pouvaient prétendre à un logement à part : une manière sociale, dénuée de toute idéologie apparente, de traiter la question du regroupement familial.

Comme dans plusieurs de ses ouvrages, B. Raynaud conclut son étude par une réflexion sur l'avenir, ici celui du droit international ouvrier qui ne pourra se trouver, selon lui, que dans l'équilibre entre le point de vue national el le point de vue international (ceci vaut autant pour le pays d'origine que pour le pays d'accueil). Mais cette harmonie n'est pas assurée et reste menacée par deux courants antagonistes : "les quelques partisans attardés d'une Économie nationale complète et d'une Souveraineté politique absolue" opposés aux "publicistes trop pressés peut-être qui tendraient à la constitution immédiate d'un super État avec la Société des Nations et à la prédominance presque exclusive de la convention internationale comme facteur de progrès". Certaines questions, comme certains problèmes, ont une longue espérance de vie...]]>
1933]]> fre]]> France. 19..]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
Les affiches qui présentent les enseignements des quatre grandes disciplines traditionnelles (Droit, Lettres, Médecine et Sciences) dispensées à Aix-en-Provence et à Marseille sont assez rares : rassemblées sous l'unique bannière de l'Université d'Aix-Marseille  (qui ne doit pas être confondue avec l'Université de France ou Université Impériale de création napoléonienne créée en 1806), le concept d'université rassemblant plusieurs facultés n'apparaît que sous la Troisième République, en 1875 : pour les facultésd'Aix et Marseille, elles annoncent le plus souvent les cours annexes donnés pour d'autres publics et dans d'autres villes (les cours annexes de Nice de 1926, par ex.) ou organisés par d'autres collectivités comme la Mairie de Marseille (cours communaux publics et gratuits, placards de 1836 à 1849) ou la Chambre de commerce de Marseille (cours de l'Institut Technique Supérieur rattaché à la Faculté des sciences, affiches de 1918 à 1927).

L'Université de Provence : une pluridisciplinarité  aux allures très républicaines et tricolores
(affiche vraisemblablement imprimée dans les années 1920 ou début des années 1930)

Pour mémoire, l'Université de Provence proprement dite, qui se fera également connaître sous le nom d'Université d'Aix-Marseille 1 pour se différentier plus facilement de l'Université d' Aix-Marseille 2 (Université de la Méditerranée (Aix-Marseille 2, 1971) et de l'Université d'Aix-Marseille 3 (Université Paul Cézanne, 1973), n'a été créée que le 22 mai 1969, après la grande réforme des universités menée par le Ministre de l'Éducation Nationale de l'époque, Edgard Faure (1968-1969).

Le logo de l'Université de Provence sur fond de la bannière de l'ancien Comté (1969-2011)
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192?]]> fre]]> Aix-en-Provence. 19..]]> Marseille. 19..]]>
Droit international public]]> Jurisprudence après 1789]]>
Mais si l'on conçoit facilement ce qu'est la neutralité politique et territoriale d'un État (définition juridique très précise), comme celle perpétuelle obtenue par la Suisse en 1815, on comprend aussi qu'elle n'est pas un gilet pare-balles pour ses concitoyens, où qu'ils se trouvent, particulièrement à une époque, ici le début du 20e siècle, où le règlement des discordes entre nations par la voie des armes n'est pas toujours la dernière option retenue, comme l'a montré l'effarante spirale de la Guerre de 1914-1918.

Entrainement de l'armée suisse (1914)

Si aucune instance internationale n'est officiellement saisie de cette question, elle doit être documentée : il n'e s'agit pas seulement d'un problème juridique, il s'agit avant tout d'une question de justice. La Pradelle s'y attèle en rassemblant dans ce recueil une quinzaine de documents : rapports, déclarations, consultations et réponses, qu'il clôture par une synthèse sur l'opinion publique française, le point de vue des partis politiques et de la jurisprudence, notamment en matière d'indemnisation des Suisses pour les dommages qu'ils ont subis en France.

La ville de Zürich, bombardée par les Alliés (américains) en 1945

Si la question des réparations dues aux pays neutres et à leurs ressortissants exigeait à l'évidence l'élaboration de nouveaux textes, les traités et autres accords ne suffisent pas toujours à refermer les plaies de l'histoire : alors que les générations politiques qui ont été directement témoins du conflit ont disparu ou sont en train de disparaître, et après la Grèce en 2019, la Pologne a officiellement réclamé à l'Allemagne plus de 1 319 milliards d'euros au titre des réparations de dommages de guerre le 1er septembre 2022, 83 ans après le début de la Seconde Mondiale. Pour le Gouvernement fédéral allemand, cette demande est irrecevable puisque la Pologne y a officiellement renoncé en 1953. A suivre...

* la notion d'indemnité de guerre est récente : elle apparaît après la Guerre de 1870-1871 avec les compensations que la France devra verser à l'Allemagne victorieuse. Celle de dommages de guerre s'imposera quelques mois seulement après le début de la Première Guerre Mondiale quand il deviendra évident que l'ampleur des destructions (civiles) était telle qu'elle entrainerait des coûts de reconstruction insupportables pour la collectivité et les particuliers.]]>
1931]]> fre]]> Suisse. 19..]]>
Zoologie]]>
Pour leur exposé, Jaubert et Lapommeraye annoncent suivre la classification de Ch. Julien Bonaparte, spécialiste reconnu des oiseaux, mais bien obligés d'exclure les perroquets et les autruches (!), ils s'en tiennent à ses 8 premiers ordres (sur dix) divisés en deux sous-classes : les altrices (les plus nombreux, accipitres [rapaces], passereaux, pigeons, hérodiens et gaviens) et les précoces (gallinacés, échassiers et oies).

Si les auteurs livrent leur propres observations de terrain, ils s'appuient sur l'état des connaissances en ornithologie et connaissent à l'évidence les collections naturalistes de l'époque comme celles du Muséum de Marseille.

L'aigle Bonelli

L'ouvrage contient 21 planches "d'une exécution irréprochable, représentant les types qui n'ont été figurés dans aucun des précédents travaux" (nous sommes au milieu du 19e siècle). Une occasion d'apprécier de très belles lithographies (toutes signées J. Susini del & lith) où prédomine la douceur des traits et des couleurs.

La bergeronnette flavéole

L'ouvrage s'achève sur une table des matières enrichie des noms provençaux des espèces, soulignant l'existence d'une ornithologie provençale à part entière (Jaubert est marseillais de naissance).

L'hirundo et le merops

Pour l'anecdote, Jaubert et Lapommeraye ne fréquentent pas seulement les musées mais aussi les parcs et jardins zoologiques. Alors qu'ils rédigent un supplément à cette édition, ils apprennent, indignés, que le spécimen provenant de Philippeville (Algérie), en captivité à Marseille, a fini dévoré par les autres rapaces en raison de "l'incurie qui préside à l'administration de notre Jardin zoologique".

Le Faucon Eléonore, ou comment servir de repas au jardin zoologique de Marseille
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1859]]> fre]]> France (sud). 18..]]> - Feuille Apt ; 113 ; 1891 ; France. Ministère des travaux publics ; Hellé, E. (graveur) ; Imp. Lemercier & Cie (Paris). Publiée en 1891
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=39799]]>
Droit international]]> Droit du travail]]> Histoire de la colonisation]]> Économie coloniale]]> Semaine sociale de Marseille), elle est surtout d'ordre juridique et économique : c'est en tant que spécialiste de législation industrielle que Raynaud regarde l'évolution du droit du travail colonial international (dommage qu'il laisse aux théoriciens et aux historiens le soin d'expliquer les "lacunes" des colonisateurs en matière de charges sociales de la colonisation...).

Travail forcé vs esclavage : le subtil distinguo juridique d'une certaine réalité coloniale (cliché Wikipédia)

Dans ce domaine, les conventions internationales sont récentes et datent seulement du début du 20e siècle, comme celle de Berne de 1906 interdisant le travail de nuit des femmes et prohibant l'utilisation du phosphore blanc, cette dernière disposition étant applicable par décret dans les colonies françaises.

Mais à partir de 1920, des clauses s'imposent à tous les membres de certaines organisations internationales comme le Bureau international du Travail. De ce fait, la France n'a plus ratifié les conventions qui s'appliquaient par automaticité (aux) à ses colonies, à l'exception de celle en matière d'accidents du travail. D'où l'échec de la convention de Genève de 1930 qui montre que les intérêts (nationaux) de quelques pays colonisateurs ont eu raison de l'idéalisme du devoir international. Un épisode qui illustre, comme les périodes sombres des 20e et 21e siècles, combien, par définition, les grandes puissances ne ratifient et n'appliquent que les règles internationales qui ne les contrarient pas.

Alors un avant et un après ? Certainement mais pas au niveau espéré et dans le décevant constat, qu'au niveau politique, une régression est toujours possible. Si B. Raynaud vivait de nos jours, il prendrait la mesure du chemin parcouru, ce chemin tant défendu par Roger Badinter : la seule réponse irréversible à ce siècle de barbaries est l'incrimination de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre (1945), leur imprescriptibilité (1968), la reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'humanité (France, 2001) et enfin la création de la Cour pénale internationale (CPI, 2002). Quand il est universel, le droit est un humanisme.]]>
1930]]> fre]]>
Histoire de la Provence]]> Administration publique]]> auxiliaires des juridictions marseillaises (avocats, procureurs, notaires, etc.), assorties de rares portraits de célébrités, susciteront peut-être l'intérêt d'un historien du droit attentif ou curieux.

Puis il fait une large place à l'histoire des édifices, les magistrats et le pouvoir politique accordant toujours une importance symbolique capitale (!) aux lieux où la justice est rendue, d'abord au nom du Roi, ensuite au nom du peuple. A défaut d'être une histoire de l'institution judiciaire, l'histoire des tribunaux fait partie de l'histoire urbaine : après la période féodale, on pourra mesurer à quel point la construction d'un nouveau palais de justice au 18e siècle (1743-1747) a été douloureusse pour le budget communal et que la revente de matériaux de destruction de l'ancien édifice ne suffisant pas, la commune dut se résoudre, pour amortir une partie de ses dépenses, à louer "quelques boutiques qui avaient été aménagées au rez-de-chaussée du Palais". Difficilement concevable aujourd'hui !

Palais de justice (Marseille, 18e siècle)

L'évolution démographique de Marseille eut pourtant rapidement raison de ce qui fut appelé l'Hôtel Daviel : en passant de moins de 200 000 habitants à plus de 800 000, la bâtiment érigé sous l'Ancien Régime devint insuffisant : en 1856, la ville céda des terrains pour la construction d'un nouveau Palais de justice inauguré en 1862.

Le nouveau Palais de justice au style officiel très reconnaissable (Marseille, 19 siècle)

Mais on arrête pas la marche de la justice (et de la boulimie administrative) en si bon chemin : au début des années 1930, les services du Palais ont besoin de plus d'espace : une extension est érigée à l'angle des rues Fortin et Grignan, une énorme construction au style "moderne" réalisée en un temps record (pour l'époque) : démarrée en 1931, elle est achevée l'année suivante et inaugurée en 1932.

Annexe du Palais de justice, art-déco et colonnes greques (Marseille, 20 siècle)

Elle abritait alors le Tribunal Civil (devenu aujourd'hui le tribunal de Grande Instance) et le Tribunal de Commerce (première audience tenue en avril 1933).]]>
1932]]> fre]]> Marseille. 18..]]> Marseille. 19..]]> Marseille. 20..]]>
Transports aériens, maritimes et terrestres]]> Aménagement du territoire]]> Histoire de la Provence]]> sommaire, favorable à l'implantation du futur aérodrome aux abords de l'Étang de Berre.

La chronologie de l'aéroport Marseille-Provence publiée par l'association d'élus Ville & Aéroport commence par une date inaugurale et une opportunité technique : "22 octobre 1922 : inauguration. Au départ, il était prévu d’implanter l’aéroport aux alentours du Prado à Marseille. C’est l’exploit d’Henri Fabre, l’inventeur de l’hydravion qui attira l’attention sur l’étang de Berre en bordure duquel l’aéroport sera finalement construit".

L'aérodrome de Marignane : des hangars en bordure de l'étang et des champs (Henri Conan, 1930)

L'historique de l'aérodrome marseillais montre que le choix de Marignane ne s'est pas imposé de soi et fit l'objet de vifs débats, alimentés par des projets très inventifs ou audacieux : prolonger le boulevard du Prado jusqu'à la mer, construire une piste sur l'eau, raser les îles du Frioul, .... Opposants et partisans du projet Marseille-Plage contre le projet Marignane ont tous de sérieux arguments : pourquoi ne pas mettre la gare St Charles à Miramas, que seront les aéronefs dans l'avenir, quels sont les vents dominants, une aérogare pourrait embellir la rade, quels sont les coûts réels d'une route, réserver les escales techniques à Marignane et le transport passager au Prado, etc.

Comme l'écrivait Louis François : "Aux yeux des Marseillais, Marignane a le gros défaut de se trouver à 28 kilomètres du centre de la ville". En tant qu'escale technique, il est incontestablement utile aux communications internationales mais les Marseillais préfèreraient avoir "leur poste à eux, également maritime et terrestre, et qui évitera l'heure d'automobile nécessaire entre l'aéroport actuel et la ville(2). L'œuvre est difficilement réalisable... La Chambre de Commerce et l'Aéro-Club de Provence cherchent, depuis 1925 des terrains d'atterrissage difficiles à trouver ou à aménager dans la banlieue industrielle. L'État, qui a engagé de gros frais à Marignane, prétend que l'aéroport actuel suffit" (3).

Hydravion modèle CAMS 53 : fret, postes et passagers (Marignane, 1931)

Si l'hydravion séduit, ce n'est pas seulement parce qu'il est opérationnel mais c'est qu'il permet d'économiser de lourdes infrastructures : sur ses façades Ouest et Sud, Marseille est entourée d'eau et ne manquerait pas de pistes d'amerrissage. Mais l'hydravion ne suffit pas à lui seul : un aéroport doit proposer des pistes terrestres classiques suffisamment longues pour accueillir des appareils plus lourds. La solution du Prado (un terrain d'env. un km² derrière le Parc Chanot en direction de la Capelette) présentait le double inconvénient d'être trop court et entouré d'usines : les services techniques de l'État et de l'armée émettront un avis défavorable, jugeant cette configuration trop dangereuse.

L'hydravion ne réussira pas à s'imposer et le choix d'implanter l'aérodrome de Marseille sur les rives de l'Étang de Berre (commune de Marignane), encore désigné port aérien en analogie à sa version maritime, se révèlera pertinent pour l'exploitant : agrandissement des infrastructures facilité par la présence de terrains plats relativement accessibles (au prix d'expropriations), extension des pistes longues gagnée sur l'étang, "minimisation" de la population impactée par les nuisances sonores,... (4).

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1. Ville & Aéroport - Association nationale d'élus. - Historique de l'aéroport Marseille-Provence
2. Louis François. - L'Aéroport de Marseille-Marignane - in Géocarrefour Année 1929 5-1 pp. 163-165 - Persée
3 Note : à l'époque, la route qui relie Marseille à Marignane est déjà réputée pour son étroitesse et ses encombrements
4. Note : en 1961, l’aérogare de Marignane sera reconstruite selon les plans dessinés par l’architecte bien connu de l'université d'Aix-Marseille : Fernand Pouillon
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1928]]> fre]]> Marignane. 19..]]> - Feuille Ventabren S.O. - Quart N.O. ; XXXI-44 7-a ; 1910 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : 3144_7A_10. Levé en 1909-10 -
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=51319]]>
Économie coloniale]]> Aménagement du territoire]]> Les têtes de chapitres et culs-de-lampe sont d'André Bermon. Les clichés des hors-textes ont été fournis par le Service des Archives de la Chambre de Commerce de Marseille".

"On ne conçoit pas une Exposition Coloniale de l'envergure de celle qui se prépare, sans la participation de l'une des plus grandes métropoles coloniales du monde, de la plus grande métropole coloniale française". En reprenant in extenso l'invitation du Gouverneur-Général faite aux négociants et industriels marseillais à participer à l'Exposition Coloniale de Paris prévue pour l'année suivante, en 1931, on comprend que l'éloge de la grande maison et de la grande cité ne vas pas faire dans la nuance. Son rôle dans la colonisation pas davantage : "Ce n'est pas par les armes qu'on colonise, Marseille, métropole coloniale de la France, a toujours pratiqué l'expansion bienfaisante, s'imposant par les services rendus, et souhaitée par ceux auprès de qui elle s'exerce".


Le pavillon de la CCIMP, mausolée du commerce colonial (Expo Paris à Vincennes, 1931)

La construction du pavillon de la Chambre de Commerce est bien la reconnaissance de son rôle historique et exemplaire (la seule et unique photographie en rapport direct avec l'Exposition parisienne). Une fois passés ces éloges, où transparaît toute l'amertume de Marseille d'avoir été écartée de la sélection finale des villes pouvant accueillir la Grande Expo Coloniale de 1931*, le principal intérêt de cette courte monographie tient dans sa trentaine de photographies des années 1930-1931 montrant les installations portuaires, dont quelques panoramiques aériens, fournies par le Service des archives de la Chambre de commerce.

Le Bassin national (Joliette, 1931)

Si certaines sont assez bien connues, comme celles de la Joliette où s'alignent cargos et engins de manutention dont les fumées de charbon noircissent la ville, d'autres sont moins répandues, comme celles de l'aérodrome de Marignane qui annonce 4 400 mouvements annuels avec 9 lignes régulières, pour l'essentiel le fret, les échanges postaux et un trafic passager encore modeste avec 6 330 passagers par an, principalement avec Ajaccio, Lyon et Barcelone.

Les débuts du traffc aérien local - hydravion à Marignane (1930)

Moins accessibles au grand public, les installations portuaires proprement dites montrent l'ampleur des travaux de génie civil entrepris pour faciliter le déchargement des navires (quais et outillages de Caronte) et le transport du fret vers le nord du pays, comme le percement sous la chaine de l'Estaque du tunnel du Rove, tout juste inauguré en 1927, alors plus grand tunnel-canal reliant l'étang de Berre à la rade de Marseille (cette liaison sera mise hors service à la suite d'un éboulement en 1963 - sa réouverture est toujours à l'étude...)

Le tunnel du Rove - une liaison Rhône-Méditerranée de 7 km (cliché 1930)

L'ouvrage s'achève sur les actions de la Chambre de Commerce en matière d'enseignement, ses subventions à diverses écoles (Ecole supérireure de commerce, Ecole d'ingénieurs, Institut technique supérieur, Cours coloniaux) et autres institutions de recherche (Institut et Musée colonial), son soutien à la formation professionnelle et à ses formations théoriques gratuites pour permettre aux mécaniens, radiotélégraphistes,  chauffeurs de marine, dessinateurs, électriciens, etc., déjà dans la vie active, d'acquérir un niveau de compétence plus élevé.

* Sur le thème colonial, l'Exposition coloniale internationale de Paris de 1931 sera la plus grande et la plus populaire organisée jusque là avec plus de 8 millions de visiteurs (33 millions de tickets vendus, source Le Monde, édition des 28 & 29 août 2022, p. 17) qui se sont rendus au Palais de la Porte Dorée (Vincennes), anciennement Musée de la Colonisation, devenu aujourd'hui, après cinq changements de nom, Musée national de l'histoire de l'immigration. Marseille, déjà malheureuse en 1916 et 1931, se voit déjà organiser la suivante, prévue pour 1939...
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1931]]> fre]]> Marseille. 19..]]> - Feuille S.n. ; 58-59 ; 1970 ; Institut géographique national (France), ISBN : C60_058_70. "Prises de vues aériennes de 1969 ; Révisé en 1970"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=51470]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
Dans son historique de l'université (1), Laurie Chiara rappelle que Nice a ouvert des cours municipaux dès 1863. Mais, contrairement à d'autres villes d'importance, elle n'a toujours pas d'université au début du 20e siècle. Si la ville est consciente des besoins de formation de ses 200 000 habitants, le consensus s'était plutôt porté jusque-là sur des conférences de haut niveau et ouvertes à tous. À partir de 1917, sous l'impulsion de la ville, du préfet et du département, l'opinion devient favorable à des formations diplômantes dans de réelles structures universitaires.

Quand l'Université d'Aix-Marseille est chargée d'y donner des cours (sobrement qualifiés d'annexes !), les programmes proposés couvrent une partie des disciplines classiques déjà enseignées à Aix et Marseille : les diverses littératures, le droit et les sciences politiques, les sciences et l'histoire de l'art, à l'exception de la médecine.

Affiches des cours de Nice (1926-1927)

Proposés 6 mois de l'année, de novembre à avril, les cours ne sont pas donnés dans des locaux municipaux mais dans le très officiel bâtiment situé au 20 Bd Carabacel et qui n'est autre que le siège de la Chambre de Commerce et de l'Industrie de Nice. Après tout, c'est elle qui organise ces enseignements.

les salles de cours sont au 20 Bd Carabacel, siège de la CCI de Nice

Mais ces cours seront rapidement victimes de leur succès et les 500 auditeurs présents s'entassent littéralement dans des salles inadaptées. Une frustration qui explique que cette organisation soit ressentie comme une mainmise de l'Académie d'Aix : et pour combien de temps encore ? Dans les années 1930, le Ministre de l'éducation de l'époque enjoint le recteur d'Académie de promouvoir la création d'un Centre Universitaire Méditerranéen qui ouvrira ses effectivement portes en 1933 (Paul Valéry en sera le 1er administrateur). Les années suivantes, divers instituts d'études et de recherches seront créés, suivis de certaines facultés, mais toujours rattachés à Aix-Marseille. Ce n'est qu'en 1965 que naîtra l'Université de Nice Sophia Antipolis réellement autonome (devenue Université Côte d'Azur en 2019).

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(1) Chiara Laurie. - Histoires d'une université aujourd'hui : 50 ans Université Nice Sophia Antipolis, 2015. - Source : Université Côte d'Azur. BU Droit et Science Politique. Fonds Histoire de l'université]]>
1926]]> fre]]> Nice. 19..]]>
Botanique]]>
Lors de la parution à titre posthume du "Catalogue des plantes qui croissent naturellement dans le département des Bouches-du-Rhône", Alphonse Derbès soulignait que les botanistes, en digne successeurs de Louis Castagne, poursuivaient leur travail d'identification des plantes provençales et en avaient déjà ajoutées une quarantaine au premier Catalogue. La question pouvait se poser de savoir si elles étaient arrivées sur le sol provençal après 1851, date de parution d'un supplément à la première édition du Catalogue de 1845 ? Car, comme d'autres collègues,  L. Castagne avait poursuivi sa quête, ce qui justifia, 6 ans plus tard, la publication d'un supplément. Rédigé selon un plan identique, ce supplément présente 242 genres (le catalogue de 1845 en recensait 646) et 4 planches de facture identique.

Gloeosporium castagnei

La poursuite du travail d'exploration explique-t-elle à elle seule le nombre si important de nouvelles espèces observées sur ce même périmètre, notamment dans le domaine cryptogamique (champignons et plantes sans fleurs) ? Un nombre de nouvelles espèces, en particulier de champignons, si surprenant que les botanistes s'interrogent sur les critères de distinctions et se demandent. Non, car comme le fait observer Castagne dans sa préface de 1850, le commerce maritime, très actif et en plein essor à Marseille, amène inévitablement des semences d'outre-mer (il ne cite d'autres vecteurs de dissémination comme les espèces animales ou, les phénomènes météorologiques, par ex.) Avec sa rigueur méthodologique, Castagne ne retient les espèces importées qu'à la condition qu'elles se multiplient dans plusieurs localités distantes, certaines ne parvenant pas à s'adapter réellement. Une reconnaissance implicite que le terme "les plantes qui croissent naturellement aux environs de..." doit être compris dans un certain sens.

Toujours prêt à reconnaître la contribution des autres botanistes, à qui il semble confier la poursuite de son oeuvre (il décèdera sept plus tard), Castagne précise qu'il mentionne les plantes de la Flore Française de Grenier et Godron (1ère partie du 2nd vol. nouvellement paru, op cit) "indiquées à Marseille, soit nouvellement découvertes, soit détachées des espèces déjà connues" et qu'il n'a pas comprises dans son propre Catalogue".]]>
1851]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
Botanique]]>
Mention sur la page de titre "Legs Louis Laurent, 1946".

Louis Castagne, une personnalité de Miramas (1785-1858)

L'étude de Louis Castagne porte sur un territoire bien délimité : Marseille et ses environs qu'un marcheur peut atteindre en deux heures à pieds, soit 8 à 10 km environ (sans donner de carte, il en précise les limites extrêmes). Dans ce périmètre, Castagne a rencensé les 646 genres (ensembles des espèces partageant des caractères communs) qu'il a identifiés (liste en fin de volume), plantes cultivées exclues. Ces observations doivent être replacées dans leur contexte scientifique et historique :

- trois ans après sa mort, Alphonse Derbès (zoologiste et botaniste, professeur à l'Université d'Aix-Marseille) retrouvera quantité de matériaux et le manuscrit du "Catalogue des plantes qui croissent naturellement dans le département des Bouches-du-Rhône", projet d'une encyclopédie très détaillée qui aurait donné pour chaque plante du département tous les renseignements scientifiques utiles sans se limiter aux seuls intérêts des naturalistes (qualités industrielles, agricoles, nutritives, médicinales, etc.), même si Derbès doute de l'utilité absolue de ces informations, compte tenu du lectorat de cette litttérature. Plus globalement, ses études s'inscrivent dans le vaste projet collectif d'élaborer la Flore de France et auquel participe Castagne avec la conviction que des études locales permettront pus tard de suivre l'évolution de certaines espèces et la mutation de certains de leurs caractères.

- par ailleurs, "fruit de plusieurs années de recherches" (voir préface), une partie de ses études est antérieure aux années 1840, donc avant les grandes mutations industrielles du milieu du 19e siècle qui vont bouleverser Marseille en la transformant en une ville et un port industriel et commercial de premier plan : avec l'adduction des eaux de la Durance, l'arrivée du chemin de fer et  l'installation d'entreprises de transformation et de transport, Marseille connaît un accroissement territorial et démographique sans précédent. Le travail de Castagne reste donc un étude de référence historiquement datée et irremplaçable pour l'étude d'un patrimoine naturel remodelé par les activités humaines .

L'ouvrage propose quelques planches monochromes et partielles de plantes auquel le nom de Castagne restera attaché, comme Monosporus Pedicellatus (source :  https://www.gbif.org/species/2657030) ou Melapsora Euphorbiae (Melampsora euphorbiae (Ficinus & C.Schub.) Castagne, 1843 - source : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/464486).

Monosporus pedicellatus (Sm.) Solier & Castagne

Comme pour tous les études systématiques de flores, la question de l'exhaustivité, impossible à atteindre pour de grandes surfaces, reste ouverte : en 1862, Derbès précisera qu'il a ajouté une quarantaine de plantes découvertes par de zélés botanistes au cours de leur campagne d'herborisation et que n'avaient pas signalées Castagne.

1. Catalogue des plantes qui croissent naturellement dans le département des Bouches-du-Rhône ; Avec une préface, la Biographie de Castagne et un Aperçu général sur la végétation du département des Bouches-du-Rhône, 1862. Consulté sur Numilyo
2. Flore de France, ou Description des plantes qui croissent naturellement en France et en Corse, 1847. Consulté sur Gallica]]>
1845]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
Droit maritime]]> Droit international]]> Transports aériens, maritimes et terrestres]]> Note en page de titre :  "Faculté de Droit de Paris. Doctorat - Droit des gens (1933-1934)"

Le Pr La Pradelle, spécialiste de droit international public, a de solides raisons de proposer à ses étudiants de doctorat un cours de droit maritime. D'abord, une évidence géographique : avec ses 360 millions de km², la superficie des océans représente les 3/4 de la surface terrestre (71% mesurés aujourd'hui) et l'emporte largement sur les surfaces émergées. Ensuite, une certitude historique : c'est sur mer que naissent les premiers tribunaux internationaux, les tribunaux de prises, instances chargées de régler les conflits liés à un droit de représailles accordé à un commerçant pour se dédommager de l'excès de zèle des corsaires (confiscation en haute mer de cargaisons ou d'embarcations). Enfin, les conséquences de la Guerre de 1914-1918 qui a exacerbé toutes les questions liées à la mer et à la navigation : blocus, guerre sous-marine, territorialité des navires de commerce et de guerre, neutralité des États et des flottes, contrebande, propriété privée ennemie...

Si tout ne se réduit pas à ces questions de droit (problématique plus large de l'appropriation des biens de la mer, comme la pêche, par ex.), pour La Pradelle, il ne fait aucun doute que la lucidité impose d'étudier le droit maritime en temps de guerre autant qu'en temps de paix : "N'imitons pas ces gens qui ne font pas leur testament parce qu'ils ont peur de mourir". Et de rappeler que "faire des lois, c'est encore arrêter la guerre". La notion de conflit et le thème de la guerre deviennent alors omniprésents dans la seconde partie du cours, à partir de la 11ème leçon de février 1934 : au lieu d'étudier le droit de la mer sous ses trois aspects, la navigation, la pêche et le commerce, il faudra étudier en fait ses quatre aspects, la navigation, la pêche, le commerce et le combat. Faut-il y voir l'écho d'une actualité politique allemande particulièrement préoccupante ? Comment, en 1933, sereinement préparer un cours de droit international alors qu'outre-Rhin naît un inquiétant régime qui se proclame Troisième Reich ? Conscient de cette menace, La Pradelle achève son cours sur l'importance croissante du commerce maritime international, en temps de guerre comme en temps de paix.


ZEE française - 11 millions de km² - revendication année 2020 (1)

Au cours du 20e siècle, les aspects géostratégiques et économiques de la mer vont amplifier les questions de souveraineté territoriale et modifier la frontière des eaux internationales. Suite à la Convention de Montego Bay (1982) et les recommandations de la Commission des limites du plateau continental (Nations Unies, 2015 et 2020), la France revendiquera la deuxième zone économique exclusive au niveau mondial (ZEE) et le 1er domaine sous-maritime : un domaine de 11 millions de km², en grande partie dû à ses départements et territoires ultra-marins. L'Histoire nous rappellera sans doute que la superficie du Second Empire Colonial Français approchait les 12 millions de km² dans les années 1930 : la géographie a d'étonnantes coïncidences...

Le Pr La Pradelle pensait-il au tableau de René Magritte "Ceci n’est pas une pipe" (série La Trahison des images, 1928-1929) quand il rédige cette mise en garde en 1ère de couverture : "Un cours n'est pas un livre" ? Sur la forme sans doute, mais plus encore sur le fond : à la place d'une avalanche de textes et de traités, une analyse pleine de recul historique qui transmet l'indéfectible conviction que le droit international est par essence la construction de la paix.

1. La Zone Économique Exclusive française : 11 millions de km², pour quoi faire ? in Geostrategia]]>

Le Droit Le Droit des Gens 7
La Mer et son rôle La Mer dans la nature 8
La Mer et la Civilisation 9
La Mer et la Politique 14
La Mer et le Droit La Mer et le Droit Privé 20
Action de la Mer sur les institutions particulières 24
Le Mer et le Droit Les Tribunaux de Prises 37
Origine des Tribunaux de Prises 38
L'Évolution du Jugement des Prises 46
De la justice interne à la justice internationale L'Évolution des Tribunaux de Prises 63
Quelques décisions de la Grande Guerre 63
De l'application du Droit des Gens, non plus contre l'ordre en Conseil, mais contre l'acte de la Législature impériale 73
Le tribunal des prises est un tribunal interne De la Règle de l'épuisement des juridictions 76
Les prises maritimes et l'arbitrage international 77
La Mer et le Progrès de la Justice Internationale La Justice : Permanence et obligation 85
La Cour Internationale des Prises 92
La Mer et le Progrès du Droit des Gens 109
Personnalité Juridique internationale de l'individu 112
Piraterie, Contrebande de Guerre, Blocus et personnalité juridique internationale passive de l'individu 119
La Mer et la Société des Nations 125
La liberté des Mers et la crise de la S D N 126
PREMIERE PARTIE : LE REGIME DE LA MER 129
La Mer dans la nature et dans le droit Territoire Maritime 129
La Mer à proximité de la terre Mer côtière 131
Ce qu'est la mer pour le droit des gens 136
La Mer route et trésor 137
CONCLUSION : pas de droit privatif à la mer 138
La lutte pour la mer 138
La liberté de la mer Partisans et adversaires 149
La Bataille des Thèses La Bataille des livres Le Titre de la Bulle 149
Le titre de la découverte 155
Le titre de la vicinité 158
La nature de la mer et la communauté primitive 160
La nature du droit de souveraineté 163
Le rapport de la mer à la terre 166
Grotius et Selden 167
Les précurseurs 168
La raison d'être de la liberté de la mer 171
La communauté de la mer Le Fondement de la liberté de la mer Deux puis trois conceptions 171
La mer territoriale 195
Limite de la mer dite territoriale 212
La zone contiguë 217
La mer nationale 222

DEUXIEME PARTIE : L'UTILISATION DE LA MER 243
Considérations d'ensemble 244
Titre I : La Navigation 251
Navires de commerce et navires de guerre 252
La théorie générale de l'exterritorialité 254
La « Territorialité »- du navire de commerce 264
Histoire de la territorialité du navire de commerce dans la doctrine 264
Résistance à la « Territorialité » du navire de commerce 269
La « Territorialité » du navire de commerce, dans la jurisprudence 273
Quelle notion substituer à celle de la Territorialité 283
Application à la nationalité 285
L'exterritorialité du navire de guerre 287
Comment et dans quelle mesure le navire de commerce connaît-il, éventuellement, dans la mer nationale, l'exterritorialité ? 287
L'avis du Conseil d'État du 20 Novembre 1806 288
Le régime des navires de guerre (Haute-Mer, Mer Nationale) : l'exterritorialité 299
L'abordage 311
La piraterie 335
Les éléments de la piraterie 340
Appropriation des produits de la mer, pêche et chasse pélagique 355
Règlementation de la pêche entre riverains 356
La chasse pélagique 366
Les phoques à fourrure 368
L'appropriation des produits de la mer (suite) 378
La Société des Nations s'attache au problème 378
La mer et la guerre 388
Le commerce et la guerre sur mer 397
Les sources 398
Saisissabilité de la propriété privée ennemie sous pavillon ennemi 417
Histoire du droit de capture 417
La déclaration de Paris 423
L'abolition de la Course 424
Libération de la propriété privée ennemie sous pavillon neutre 426
Propriété ennemie sous pavillon ennemi 426
L'argumentation américaine 441
L 'argumentation britannique 452
La position de la France 455
Propositions intermédiaires 463
La propriété privée ennemie sous pavillon ennemi 465
Exceptions à la règle 465
Détermination du caractère ennemi 472
Le Blocus 485
La contrebande de guerre 505
La continuité du voyage 523
La Grande-Bretagne et la contrebande à la Haye 526
La déclaration de Londres et la Contrebande de Guerre 535
L'encerclement économique de l'Allemagne 543
Le développement de la contrebande 544
Transformation de la visite : le déroutement 553
Arrangements particuliers avec les neutres 560
Reproches de l'Allemagne à l'Entente ; Guerre sous-marine 562
Réplique à la guerre sous-marine : l'arrêt des marchandises 56S
Contingentement 573
Abandon de la déclaration de Londres 575
La Guerre au Commerce 579
L'intensification de la guerre sous-marine et ses résultats 579
L'expérience de la guerre et ses conclusions 591
La Jurisprudence des prises de la grande guerre 597
Position respective de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis 608
Après l'expérience de la grande guerre (Washington, 1922 et La Haye, 1923) 610
La question de l'nternational Law Association 624
La mesure de contrainte, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis 630
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1934]]> fre]]>
Histoire de l'université]]> Médecine tropicale et coloniale]]> Santé publique]]> Ce document, contenu dans la liasse des Archives de la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille relative à sa correspondance avec la Faculté de Médecine, cote MK-2-1-2-3, est l'unique affiche, assez abîmée, des programmes de l'Institut méditerranéen d'hygiène de l'année 1939.

Cette formation est de courte durée (mars-juin) mais elle s'adresse aux médecins déjà titulaire d'un certificat de microbiologie. Toutes les problématiques médicales et les secteurs concernés de près ou de loin par les questions d'hygiène font l'objet de cours : maladies infectieuses, épidémiologie, prophylaxie, hygiène industrielle, urbaine, alimentaire, infantile, ...

Le programme des cours d'hygiène (Marseille, 1939)

On pourrait s'étonner qu'un Institut qui vient à peine d'être créé (1) ait eu le temps d'élaborer un plan de formation aussi complet. Mais il faut se rappeler que dans son bilan de la 1ère réunion préparatoire au Congrès international d'hygiène méditerranéenne, soit près de 10 ans avant, H. Violle, spécialiste de l'hygiène et diplômé de médecine sanitaire maritime, avait déjà largement imaginé le contenu scientifique de ce qui deviendra ces enseignements et prévu de subdiviser ce domaine trop étendu en deux parties, l'une continentale et l'autre maritime, objet de ce diplôme.

Henri Violle Pr de médecine et hygiéniste (1852-1953) - École nationale des chartes (2)

Si quelques expressions et classifications peuvent paraître un peu désuètes et surprenantes de nos jours, comme les maladies sociales qui regroupent aussi bien la tuberculose, la syphilis, l'alcoolisme que le cancer, les différentes branches de l'hygiène présentées à l'époque nous sont toujours très familières (nous sommes à la veille de la Seconde Guerre Mondiale) et devenues des préoccupations majeures, souvent quotidiennes, parfois présentes dans les titres des actualités médicales ou judiciaires... : surveillance sanitaire aérienne, sources virales, contrôle de l'eau, épuration des eaux usées et élimination des ordures ménagères, risques de maladies professionnelles (fumées, intoxications, atmosphères confinées), médecine préventive, prévention en milieu hospitalier...

Projet de programme du Congrès international d'hygiène méditerranéenne (H. Violle, 1930)

Les docteurs en médecine qui ont satisfait aux examens de fin de cursus obtiennent le brevet de médecins de la marine marchande. Un certificat d'hygiène est attribué aux pharmaciens et aux vétérinaires qui ont suivi cette formation et réussi les examens correspondants.

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Note : la Chambre de Commerce de Marseille et la responsable de son Service d'archives et de documentation, Sylvie Drago, ont confié ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette très grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.

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1.
2. Jacques Loeper & Julien Huber. - Henri Violle, hygiéniste français... : notice biographique, in Comité des travaux historiques et scientifiques - École nationale des chartes

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1939]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Histoire de l'université]]> Médecine tropicale et coloniale]]> Santé publique]]> Contient 17 pièces dont 3 pièces manuscrites et 14 documents dactylographiés.

Le 1er mars 1930 a lieu une réunion chargée de préparer le futur Congrès international d'hygiène méditerranéenne qui devrait se tenir dans les quelques années suivantes. Pour son initiateur, le Dr Henri Violle, l'objet du Congrès serait l'étude et le bilan de l'hygiène du bassin méditerranéen, un nouvel échelon régional intermédiaire à ceux déjà développés au niveau national et international. Tout juste créée, la nouvelle Faculté de médecine de Marseille ne doit pas être une faculté de plus, simple rivale des autres, mais affirmer son rôle dans le grand jeu d'intercommunications qu'est devenue la Méditerranée où les échanges entre une vingtaine de pays posent de nouveaux défis, notamment au niveau de la santé publique. Le palmarès des maladies qui y sont endémiques ou épisodiques est assez éloquent : trachome, leishmaniose, bilharziose, fièvre de Malte, dengue, paludisme, typhus, dysenterie, choléra, peste, variole, ... certaines laissant les médecins totalement désarmés : le programme est tout trouvé et s'annonce assez chargé.

Création de l'Institut méditerranéen d'hygiène (1938)

Comme prévu, le 1er Congrès international d'hygiène méditerranéenne se tiendra deux années après, les 20-25 septembre 1932 au Pharo, siège de la Faculté de médecine. L'heureuse suite de cet évènement scientifique est aujourd'hui connue : un décret du Ministère de l'Éducation nationale en date du 15 juillet 1938 portera création de l'Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale. Sans surprise, le nouvel Institut est rattaché à la Faculté de médecine de l'Université d'Aix-Marseille. Dans les correspondances et publications, il sera souvent appelé plus sobrement Institut méditerranéen d'hygiène.

Demande de subventions de l'Institut d'hygiène à la CCIMP (1939)

Mais organiser un centre d'études et de recherches scientifiques et d'enseignement destinés aux médecins et aux corps d'inspection demande des moyens importants : la Faculté de médecine part donc à la recherche de fonds. Le Dr Henri Violle, qui en a été nommé directeur, se tourne très naturellement vers la Chambre de Commerce de Marseille, d'autant plus que parmi les membres de droit de son Conseil d'administration figure son Président, ce dernier ayant volontiers accepté cette nomination (le 1er CA s'est tenu le 8 nov. 1938). À sa demande de subvention de juillet 1939, H. Violle essuiera un refus de la Chambre de Commerce, pourtant engagée dans des missions d'enseignement, arguant qu'elle ne peut soutenir que les établissements à but exclusivement industriel et commercial... On peut difficilement soupçonner la Chambre de Commerce de vouloir épargner son budget, même si elle évoque un contexte tendu, puisqu'elle n'a pas rechigné à attribuer des bourses aux futurs médecins coloniaux au cours des années précédente (2). La Faculté des sciences, plus directement engagée dans la formation professionnelle, bénéficiera plus longuement de ces subventions.

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Note : la Chambre de Commerce de Marseille et la responsable de son Service d'archives et de documentation, Sylvie Drago, ont confié ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette très grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.

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1. Hygiène méditerranéenne : 1er congrès international, Marseille, 20-25 septembre 1932 : rapports et comptes rendus / tenu sous les auspices de la faculté de médecine de Marseille ; publié par le Dr Ch. Broquet - disponibilté AMU
2.

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1930
  • Rapport de M. Henri Violle, directeur de l'Institut d'Hygiène, lors du Congrès international d'hygiène méditerranéenne, Marseille, le 7 juillet 1930
1938
  • Lettre de M. le recteur de l'Académie d'Aix, président du Conseil de l'Université d'Aix-Marseille, à M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant la création d'un Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Aix-en-Provence, le 26 octobre 1938
  • Lettre de M. le recteur de l'Académie d'Aix, président du Conseil de l'Université d'Aix-Marseille, à M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant la création d'un Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Aix-en-Provence, le 26 octobre 1938
  • Décret officiel du Ministère de l'Education Nationale portant sur la création d'un Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Paris, le 15 juillet 1938
  • Annexe du décret officiel du Ministère de l'Education Nationale portant sur la création d'un Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Paris, le 15 juillet 1938
  • Lettre de M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le recteurde l'Académie d'Aix, président du Conseil de l'Université d'Aix-Marseille, concernant la création d'un Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Marseille, le 2 novembre 1938
  • Lettre de M. Henri Violle, directeur de l'Institut, à M. le recteur de l'Académie d'Aix, président du Conseil de l'Université d'Aix-Marseille, pour l'inviter à participer à la première réunion du Conseil d'administration de l'Institut, Marseille, le 2 novembre 1938
  • Lettre de M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le recteur de l'Académie d'Aix, président du Conseil de l'Université d'Aix-Marseille, concernant sa nomination au Conseil d'administration de l'Institut, Marseille, le 2 novembre 1938
  • Lettre de M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. Henri Violle, directeur de l'Institut d'Hygiène, concernant une demande de subvention, Marseille, le 31 août 1939

1939
  • Lettre de M. Henri Violle, professeur à la Faculté de médecine, directeur de l'Institut d'Hygiène, à M. Antoine Boude, président de la Chambre de Commerce de Marseille, concernant une demande de subvention, Marseille, le 28 juillet 1939
  • Note pour le bureau de la Chambre de Commerce de Marseille concernant la demande de subvention présentée par l'Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, (ca 1939)
  • Note de la Chambre de Commerce de Marseille concernant la demande de subvention présentée par l'Institut méditerranéen d'hygiène générale et coloniale, Marseille, le 25 août 1939
  • Affiche annonçant les cours de l'année 1939 du Diplôme d'hygiène de l'Institut méditerranéen d'hygiène
  • Brochure présentant les programmes d'enseignement de l'Institut méditerranéen de médecine générale et coloniale pour l'année 1939, Marseille, (ca 1939)
  • Brochure présentant les conditions d'accès à l'Institut méditerranéen de médecine générale et coloniale ainsi que les programmes d'enseignement, présenté par Henri Violle, directeur de l'Institut et L. Cornil, doyen de la Faculté de médecine, Marseille, (ca 1939)
  • Programme pour l'année 1939 du cours d'Hygiène, en vue de l'obtention du diplôme d'Etat (infirmières hospitalières et assistantes de service sociale), Institut méditerranéen de médecine générale et coloniale, Marseille, (ca 1939)
  • Programme pour l'année 1939 du cours de préparation au brevet de médecin de la marine marchande, Institut méditerranéen de médecine générale et coloniale, Marseille, (ca 1939)
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1930-1939]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Droit international public]]> Biographie]]>
- le portrait de la plupart des juristes déjà présents dans la 1ère édition (23 portraits, buste et sculpture). Cette innovation mérite d'être soulignée : en général les œuvres juridiques ne s'embarrassent pas d'illustrations, comme si la réalité des textes de droit s'imposait et se suffisait en elle-même. La Pradelle nous rappelle ici que le corpus du droit international a été écrit par des individus bien présents dans leur temps, parfois témoins directs des conflits et qu'ils se sont inscrits dans une filiation tangible. On pourra peut-être regretter la légèreté des légendes rarement documentées (peu de mentions de source, d'artiste, de date, de lieu...).

du père fondateur, Saint Thomas d'Aquin (1227-1274)

- l'ajout de juristes contemporains de La Pradelle, des collègues pourrait-on dire, décédés au cours de la première moitié du 20e siècle ou toujours vivants (ce qui est plus inhabituel dans une compilation) qui actualise ce grand défilé historique et théorique.

en passant par l'un des premiers contemporains, Louis Renault (1843-1918)

On notera, la première apparition de la photographie à partir de la biographie de Louis Renault, grand promoteur de l'arbitrage international, apparition plutôt tardive dans la collecte de La Pradelle puisque son usage était déjà assez répandu à l'époque, et prisé par les personnalités ayant quelque notoriété, le cliché de Westlake de la National Portrait Gallery en témoigne. Peut-être que La Pradelle n'y a-t-il pas consacré un temps excessif, compte tenu des outils de recherche alors disponibles ?

La Pradelle profite de cette 2nde édition pour réparer un oubli : la 3ème série dédiée aux doctrinaires contemporains, pourtant annoncée dans l'introduction de la 1ère édition, apparaît bien cette fois ci dans le plan.

à Alejandro Alvarez, diplomate et collègue (1868-1960)

Mais à l'exception de quelques rares sources où il se cite en tant qu'auteur, La Pradelle ne s'est pas représenté lui-même dans cette prestigieuse galerie comme il l'avait plaisamment suggéré dans la 1ère édition : modestie ou pudeur ? A quelques années de la fin de sa vie, laisse-t-il le soin à ses collègues et successeurs de mesurer sa contribution à l'édification de la seule doctrine qui tente d'apporter un peu de paix et de justice dans le siècle qui s'annonçait déjà comme le plus violent et le plus meurtrier de l'histoire de l'humanité ? Soin qu'il aurait pu laisser à Alejandro Alvarez, dernier acteur de cette fresque, diplomate chilien actif dans différentes instances comme la Cour permanente d'arbitrage, la Cour internationale de justice, l'Institut de droit international et l'Institut des hautes études internationales, où sa route a maintes et maintes fois croisé celle de La Pradelle et qui lui survivra de quelques années...

Note : la publication de ce document sur internet a été expressément autorisée par les ayants droit du Pr La Pradelle.]]>

Les précurseurs
  • Saint Thomas d'Aquin
  • Vitoria, Suarez
  • Grotius
  • Gentilis
  • Zouch
  • Bynkershoek
  • Pufendorf
  • Vattel

Les modernes
  • Georges-Frédéric de Martens
  • Jean-Louis Kluber
  • A. G. Heffter
  • Henry Wheaton
  • Carlos Calvo
  • Lorimer

Les contemporains
  • John Westlake
  • Louis Renault
  • Paul Fauchille
  • Antoine Pillet
  • le baron Descamps
  • Walther Schucking
  • R. P. de La Brière
  • Louis-Érasme Le Fur
  • Nicolas-Socrate Politis
  • James Brown Scott
  • Alejandro Alvarez
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1950]]> fre]]>
Médecine]]> Santé publique]]>
Quatre ans après la parution du roman d'Honoré de Balzac "Le Médecin de campagne" aux préoccupations assez peu médicales, le Dr Munaret aborde toutes les questions auxquelles est confronté un jeune médecin en milieu rural : sa clientèle, les maladies spécifiques à la campagne, les remèdes disponibles et les instruments médicaux.

"Au milieu des montagnes où je suis né, où j'ai vécu, et où j'exerce, j'ai pu étudier le paysan, cette vivante relique du moyen-âge [...]; j'ai pu conclure par mon expérience qu'il lui fallait une médecine pour le guérir, comme un médecin pour le comprendre". A travers ses observations qu'il relate dans une douzaine de lettres, sans ordre apparent prétend-il, adressées à un futur diplômé imaginaire, Munaret nous parle de ses patients tels qu'ils sont et du médecin tel qu'il devrait être : la cinglante introduction ne laisse aucun doute, l'écart entre les deux est immense et le réduire demandera un travail considérable, à commencer par une double réforme : la première concerne les Facultés de médecine où devrait être créées sans délai des chaires d'économie médicale qui ouvrirait les yeux des futurs médecins sur la dure réalité du métier, mal payé de surccroît. Cette généralité admise, il faut en plus reconnaître que le paysan a une physiologie et une hygiène particulières dues à ses mauvaises conditions de vie, souvent insalubres, sans compter son ignorance et ses préjugés.

A sa décharge, on sort de l'université avec au moins vingt remèdes par maladie mais dès que l'on exerce réllement, on connaît très vite vingt maladies sans remède ! Rien d'étonnant puisque le médecin n'a à sa disposition qu'une pharmacopée galénique obscure composée de mélanges compliqués dont on ignore les propriétés réelles. On se prend à regretter les rémèdes simples et les gestes simples du passé qui seraient tant utiles dans les campagnes, là où la violence des éléments naturels et les accidents physiques y sont plus fréquents et invasifs que dans les villes.
.


Les instruments médicaux en usage dans les années 1830, certains conçus par l'auteur lui-même

Parce qu'à la campagne la médecine est bien souvent une médecine d'urgence, le praticien doit veiller a toujours emporter avec lui une trousse complète d'instruments chirurgicaux (bistouris, couteaux à amputation, forceps, tenailles, boîte à trépan,...) et, avec de l'habilité et une bonne connaissance de l'anatomie, maîtriser toutes les situations, à faible coût si possible (clientèle peu fortunée). Ceux existants sont parfois si défectueux et dangereux qu'il vaut mieux parfois les mettre au point soi-même. Démonstration que les médecins ont moins besoin de savoirs théoriques, que l'on trouve à foison dans la presse médicale, que de conseils pratiques réellement éprouvés : c'est ici qu'une seconde réforme s'impose : il faut créer un organe d'informations professionnelles permanent, un Institut pratique dont tous les médecins de France seraient membres et qui mettrait à leur disposition toutes les informations pratiques immédiatement utiles à leur exercice.

En 1840, le Dr Munaret présentera une 2nde édition de son ouvrage mais sous un titre modifié : "Du médecin des villes et du médecin de campagne" pour bien souligner que la même profession recouvrent deux métiers bien différents. Mais plus fondamentalement, il met l'accent sur le divorce qui sépare ceux qui enseignent la médecine et ceux qui l'exercent... Le Dr Munaret a-t-il trouvé un début de remède au divorce qui sépare ceux qui parlent et ceux qui font ?
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1837]]> fre]]> France. 18..]]>
Droit maritime]]> Transports aériens, maritimes et terrestres]]>
Ce recueil de textes réglementaires dévoile l'histoire du port de Marseille et du début de son immense extension sous un prisme assez méconnu : l'envers pas vraiment touristique d'un immense décor à travers le défilé de règles techniques peu familières du grand public. On comprend rapidement que la précision millimétrique des règlements et des cahiers des charges est la condition sine qua non au bon fonctionnement de cette fourmilière logistique où tout doit être à sa place et au bon moment : une gestion implacable et minutieusement cadencée de l'espace et du temps sans laquelle cet enchevêtrement d'infrastructures, d'activités et de corps de métiers, tomberait rapidement dans le chaos et la paralysie.

Outil de référence des droits et obligations des différents opérateurs, une brève partie historique rappelle les quelques textes généraux toujours en vigueur (extraits classés chronologiquement) comme l'obligation à tout navire quittant un port de déclarer son départ auprès de l'amirauté (1681) ou les compétences des officiers de port chargés du respect des règlements (1938).

La partie la plus importante et la plus contemporaine de l'ouvrage reproduit in extenso les dispositions spéciales d'intérêt local adoptées entre 1870 et 1943 (bien que publié en 1939, le recueil a continué à être mis à jour les quatre années suivantes). La majorité des dispositions concerne les règles de circulation (franchissement des ouvrages d'art tels le Canal de Marseille, le souterrain du Rove, les ponts fixes ou mobiles), d'occupation des espaces (terre-plein, quais, domaine public), d'exploitation des infrastructures (voies ferrées), de manutention (activité continue des dockers), de signalisation (lumières) et de sécurité (interdiction de fumer ou de faire des feux).

Certaines de ces dispositions nous livrent d'intéressantes informations sur l'évolution de la ville et du port comme l'interdiction de laisser les passerelles entre navires et quais (refuge des malfaiteurs tentant d'échapper à la police, 1925), ou le cahier des charges très détaillé de certaines installations comme celui du pont transbordeur de Marseille (construit en 1905 et détruit en 1944) de 1902 qui stipule toutes ses futures dimensions : 165 m de longueur pour 50 m de hauteur sous le tablier, le transbordeur devra mesurer 10 m de long et 12 de large...).

Le pont transbordeur : un cahier des charges précis imposé à l'architecte
- cliché Frères Séeberger 1900-1925, Caisse nationale des Monuments historiques (c)

Au cours des années 1930, les matières classées dangereuses prennent une importance considérable : les textes qui encadrent leur déchargement, leur manipulation et leur stockage remplissent à eux-seuls 130 pages (un quart du classeur), notamment ceux dévolus aux hydrocarbures, préfigurant les grandes mutations industrielles que connaîtra Marseille après la Seconde Guerre Mondiale : en parallèle aux grands projets atlantiques des années 1960 (ports de Dunkerque et du Havre-Antifer, par ex.) destinés aux approvisionnements stratégiques de la France et à sa résistance aux incertitudes politiques, Marseille se voit dotée de nouvelles infrastructures portuaires aux dimensions hors normes : terminal pétrolier, gazier, minéralier et de conteneurs. A ces activités, viendront s'ajouter les raffineries et diverses industries chimiques et pétrochimiques. Le trafic des ferries ayant tendance à se tasser, Marseille fait le pari dans les années 1990 de développer l'activité croisière. Pari risqué, pari gagné. Toute activité confondue, Marseille est aujourd'hui le premier port maritime français devant celui du Havre et de Dunkerque respectivement classés aux 2ème et 3ème rang. Marseille fait aujourd'hui partie du club très fermé des grands ports maritimes, un statut d'établissement public créé en 2008 et qui se substituent à celui de port autonome pour les plus importants d'entre-eux (avec Nantes-St-Nazaire, Rouen, La Rochelle et Bordeaux, les sept grands ports maritimes traitent 80% du trafic des marchandises français, 2020).

Les travaux d'aménagement du Golfe de Fos, 1966, source Ad-BdR 215 W6 (1)

Un demi-siècle après les premiers terrassements des extensions portuaires, l'État, les collectivités locales, la Chambre de Commerce et les entreprises se félicitent des 70 km de quais, d'infrastructures, d'outillage et de logistique ultra performants dédiés aux échanges mondiaux (hydrocarbures, conteneurs, pondéreux, etc.), d'autres dénonceront cette monstrueuse emprise de béton sur le domaine maritime : un outil industriel incomparable pour les uns, un patrimoine naturel perdu à jamais pour les autres (2).

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1. Fabien Bartolotti. - Le port de Marseille face aux bouleversements économiques des années 1945-1992 : rythmes, stratégies des acteurs, enjeux environnementaux, thèse de doctorat soutenue le 1er février 2021 - Telemme-MMSH. Ce travail présente un historique en totale continuité à ce recueil
2. Liste des plus grands ports - in Wikipédia
S'examiner désole, se comparer console, paraît-il, mais rien de plus de faux en matière portuaire : Marseille représente moins de 3% du trafic conteneurs annuel enregistré à Shanghai (2020)...]]>
1939-1943
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fre]]> Marseille. 19..]]>
Histoire de l'université]]> Médecine tropicale et coloniale]]> Santé publique]]> Contient 12 pièces dont 1 pièce manuscrite et 11 lettres dactylographiées.

L'euphorie colonialiste française des années 1920 ne suffit pas à motiver les futurs médecins : l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales de Marseille a toutes les peines du monde à recuter des candidats intéressés par l'outre-mer.

Toutes les correspondances présentées ici ont pour objet la demande et l'attribution de bourses aux futurs médecins coloniaux formés dans cet institut et qui ont obtenu avec succés le diplôme d'études médicales coloniales de l'Université d'Aix-Marseille. Mais l'obtention de cette bourse est en contrepartie soumise à une condition : l'engagement de se fixer dans les colonies pour y exercer la médecine dans un service colonial public ou privé (administrations ou entreprises).

Médecin colonial - colonies françaises d'Afrique (20e siècle)

La Chambre de commerce n'est pas sélective : au cours des 12 années de correspondances, en raison peut-être du nombre très limité de dossiers, elle répond favorablement à toutes les demandes d'attributions que lui présente l'Institut de médecine permettant à ces jeunes diplômés de s'installer et démarrer leur carrière en Haute-Volta (AOF), au Niger, dans les Établissements français de l'Inde, au Maroc, à la Cie du Chemin de fer franco-éthiopien, ou encore en Algérie.

La Chambre de Commerce est d'autant plus généreuse que la durée de l'engagement de servir dans les colonies reste totalement floue : le contrat se limite à stipuler "pendant un certain temps", formule pour le moins élastique et qui autorise, voire qui suggère, toutes les souplesses. Le titre plus exotique de "médecin de brousse" ne suffira pas à masquer les difficultés que les praticiens doivent surmonter dans l'exercice d'une médecine de terrain souvent coupée de toute assistance logistique solide. Ce déficit de personnels qualifiés (des structures ont été développées dès la fin du 19e siècle) et les besoins croissants des populations amèneront la France a créer une médecine (avec son élite) et des hôpitaux "indigènes" - Pondichery, Hanoï, Dakkar, Tananarive... (1)

Médecin colonial ou médecin de brousse, un métier comme les autres ? Un siècle plus tard, au vu du nombre de candidats toujours en nombre insuffisant, on peut en douter...

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Note : la Chambre de Commerce de Marseille et la responsable de son Service d'archives et de documentation, Sylvie Drago, ont confié ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette très grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.

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1. Elsa Paris. - Les étudiants en médecine en Afrique de l’Ouest au XXe siècle : perspectives historiques sur la formation d’une élite - in Cairn : Outre-Mers 2017/1 (N° 394-395), pages 149 à 177

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1923
  • Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 6 février 1923 sous la présidence de M. Hubert Giraud, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales
  • Lettre de M. Hubert Giraud, président de la Chambre de Commerce de Marseille, à M. le directeur de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales, Marseille, le 21 février 1923
  • Lettre de M. Lettre de M. le directeur de l'Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie et de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales, à M. Hubert Giraud, président de la Chambre de Commerce de Marseille, au sujet des bourses de l'Institut de médecine coloniale, Marseille (ca 1923)

1924
  • Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 1 avril 1924 sous la présidence de M. Emile Rastoin, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales
  • Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 1 avril 1924 sous la présidence de M. Emile Rastoin, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales

1927
  • Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 2 août 1927 sous la présidence de M. Emile Rastoin, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales
1929
  • Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 14 février 1929 sous la présidence de M. Edgar David, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales1929
1930
  • Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 18 mars 1930 sous la présidence de M. Edgar David, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales
  • Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 25 février 1930 sous la présidence de M. Georges Brenier, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales

1932
  • Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 19 mai 1932 sous la présidence de M. Maurice Hubert, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales

1934
  • Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 12 juillet 1934 sous la présidence de M. Félix Prax, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales
  • Séance du conseil de la Chambre de Commerce de Marseille tenue le 25 septembre 1934 sous la présidence de M. Félix Prax, président de la Chambre, concernant les bourses de l'Institut de médecine et de pharmacie coloniales
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1923-1934]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Éducation]]> Histoire]]> Au cours de la période révolutionnaire, un décret du 25 février 1795 remplace toutes les écoles issues de l'Ancien Régime et équivalentes à nos collèges et lycées actuels par une unique École centrale installée dans chaque département (parfois, 2 ou 3 selon la population). Pour quelle raison ? Parce qu'à l'évidence l'éducation de la jeunesse reste prisonnière du passé (et de l'Église) et que l'oisiveté et le manque d'éducation de la jeunesse ont jadis été cause de grands malheurs dans le Midi : cet archaïsme, particulièrement flagrant dans le département des Bouches-du-Rhône, n'a pas échappé aux fondateurs de la République, il est donc grand temps d'appliquer le décret national pris 3 ans plus tôt.

Ouverture de l'École Centrale des Bouches-du-Rhône, le 29 Nivôse an 6me [18 janvier 1798]

Les quelques affiches qui annoncent à la population cette mise en œuvre nous livrent l'essentiel de son organisation et de son fonctionnement : son ouverture, ses programmes et son règlement (1). La réforme la plus importante concerne les programmes dans leur contenu marqués par l'abandon de l'éducation religieuse et l'importance accordée aux enseignements scientifiques et techniques qui seront assurés par des citoyens loyaux, au service de la République, une et indivisible.

Les sciences naturelles à l'honneur (École Centrale BdR, 1797-1798)

Comme les choses se précipitent, le règlement intérieur des Écoles centrales n'a pas encore était voté au niveau national : un règlement provisoire est donc adopté pour que l'École, qui a ouvert ses portes depuis déjà un mois et demi, puisse fonctionner normalement.

Règlement provisoire de l'École Centrale des BdR du 27 Pluviôse an 6me [27 février 1798]

Le cycle entier, d'une durée totale de 6 ans, est découpé en trois sections de deux années chacune. Sur cet extrait de règlement, on peut voir que les horaires de la 1ère section (dessin, histoire naturelle, langues anciennes et, sur autorisation, langues vivantes), pourtant destinés aux plus jeunes (à partir de 12 ans) occupent toute la journée : cours de 9h à 11h, suivi d'une séance de 11h à 13h. Les cours reprennent à 14h pour finir à 16h. Les horaires de la 2ème et de la 3ème section sont assez similaires. Il est à noter que le calendrier révolutionnaire avait remplacé la semaine de 7 jours par la décade de 10 jours (inspirée de la période attique en vigueur à Athènes durant l'Antiquité) : les élèves (et les enseignants) travaillaient donc 9 jours de suite et se reposaient le 10ème (décadi). Une grande vacance était prévue du 1er jour complémentaire [17 sept. 1798] au 21 Brumaire inclus [11 nov. 1798] complétée de quelques jours de congé les jours de Fête Nationale. Les fins observateurs remarqueront que la lourdeur du calendrier scolaire (seulement 3 jours de repos par mois) et les près de deux mois de grandes vacances (plus d'automne ici que d'été) ne soulevaient ni la compassion révolutionnaire ni de grandes révoltes pédagogiques. A leur plus grand déploiement, une centaine seulement seront ouvertes et ne concerneront de fait qu'un nombre restreint d'écoliers (à comparer aux 60 000 établissements du second degré des années 2020).

Comme il est de coutume dans le domaine de l'éducation nationale, l'expérience sera de courte durée : en 1801, une enquête diligentée par le Ministère de l'Intérieur (pas celui de l'Instruction Publique ?) conclura à une mauvaise articulation avec le primaire, un déficit d'éducation morale et religieuse, une trop grande liberté accordée aux élèves et, plus grave encore, un esprit révolutionnaire peu compatible avec le régime politique du futur empereur. Les Écoles centrales seront remplacées dès 1802 par des lycées d'État pour les plus importantes (suivie de celle de l'université impériale en 1806) et par des écoles secondaires ou des collèges financés sur fonds communaux ou privés pour les autres, mettant fin à un épisode assez singulier de l'histoire de l'école. Épisode qui nous rappelle que les réformes de l'enseignement d'origine politique et idéologique sont bien souvent annulées par des contre-réformes de même nature. Mais toutes partagent un point commun : les considérations pédagogiques et disciplinaires ne sont pas le souci exclusif des réformateurs. Comme quoi le système éducatif français sait préserver ses plus solides traditions...

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1. pour un historique plus détaillé, consultez :

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1798]]> ]]> fre]]> France. 17..]]>
Santé publique]]> Colonies françaises]]> Médecine tropicale et coloniale]]> Annales d'hygiène publique et de médecine, n° de juin 1899 - Paris, JB Baillière et Fils

Quand le Dr Julien Brault rédige son opuscule sur les précautions à prendre pour vivre dans une colonie française d'Afrique, il sait de quoi il parle : il est professeur de pathologie exotique à l'École de médecine d'Alger.

Avec toutes ces mises en garde, le futur colon peut partir s'installer l'esprit tranquille : J. Brault n'a rien laissé au hasard et le Français saura tout ce qu'il faut faire et surtout ne pas faire, où il est recommandé d'habiter (pas le long d'un feuve), ce qu'il peut manger (légumes lavés et cuits) ou absolument éviter (l'alcool, le melon, le concombre), comment il convient de s'habiller (laine, coton) et les erreurs à ne pas commettre (réutiliser un vêtement déjà porté), quelles règles d'hygiène il devra observer (pas de cheveux ras pour lui, pas de cosmétique pour les femmes et les enfants à la peau si fine et si fragile). Quant aux relations plus intimes qu'il (lui) aimerait entretenir avec la population locale, s'il pouvait carrément s'abstenir...

Une tenue coloniale : une élégance qui ne sacrifiie rien au confort (20e siècle)
pour les régions humides, préférez le coton à la flanelle (conseil personnel de l'auteur)

A l'évidence, il ne s'agit pas d'un traité théorique écrit dans la fraîcheur d'un salon parisien mais d'un manuel concis, plein de conseils pratiques à suivre et de risques à éviter : un vade-mecum nourri du vécu, écrit par un praticien de terrain expérimenté.

Ces guides n'ont pas disparu de nos jours : ils ont juste abandonné leurs titres aux relents trop dominateurs et hygiènistes chers à l'époque (rédigé par un médecin) pour devenir les "petits guides de survie..." formatés pour les publics bien segmentés des pseudo-aventuriers : curieux avertis, touristes désabusés, barroudeurs responsables, écolos émotifs, humanitaires engagés, rangers intrépides, etc.]]>
1899]]> fre]]>
Factum. Ordre de Malte. Aix. 1779 (Titre de forme)
Factum. Gaillard, Dominique-Gaspard-Balthesard de. Aix. 1779 (Titre de forme)
Factum. Albert St. Hypolite, Esprit d'. Aix. 1779 (Titre de forme)
Factum. Tressemanes Chasteuil, Joseph-Charles-Raymond de. Aix. 1779 (Titre de forme)
Factum. Sieurs maire consuls assesseur & communauté de la ville d'Aix. Aix. 1779 (Titre de forme)]]>
Factums avant 1789]]> Droit fiscal]]> États de Provence]]> Cour des comptes de Provence]]>
La constitution de l'Etat de Provence accorde à toutes les communes le droit de prélèver des rêves (taxes) et autres impôts sur les fruits, les denrées et les marchandises pour assurer le paiement des charges courantes. L'Ordre de Malte (ou Ordre de Saint Jean de Jerusalem) s'y refuse catégoriquement, objectant une exemption personnelle qui lui aurait été accordée jadis.


Le blason de l'Ordre de Malte (France), oeuvre caritative

S'ensuit un procès avec les Trois Etats dont la défense, présentée dans ce mémoire du 13 février 1779, invoque quatre arguments imparables : il s'agit d'impôts tout à fait ordinaires qui ne sont pas susceptibles d'exemption, ce type d'exemption ne peut pas être le fait d'un privé, l'Ordre de Malte n'a jamais reçu de titres d'exemption personnelle en Provence, et de toute façon, en admettant même qu'il les ait bien reçus, ils sont aujourd'hui contraires aux lois publiques, donc nuls et non avenus.

Le Procureur du Pays rappelle que voulant imposer à la Provence une augmentation considérable du prix du sel, Louis XIV avait fini par accepter de signer en 1661 un traité, avec les procureurs et les députés de communautés, ordonnant la suppression de tous les arrêts d'exemption aux rêves et autres impositions jusque là accordés aux ecclésiastiques (incluant donc l'Ordre de Malte), ce qui permit à l'Etat de Provence de trouver des recettes complémentaires pour supporter ces nouvelles charges.

Une affaire autant juridique que politique : s'il s'agit d'une question de principe, les accords entre particuliers ne sauraient prévaloir sur le droit public, ce rappel se fait opportunément sur fond de contestation des anciens privilèges. Nous sommes toujours sous l'Ancien Régime, mais dix ans seulement séparent ce procès sensible d'un célèbre mois de juillet... 1789.

Devenues association de loi 1901 en 1927 (1), les Œuvres Hospitalières Françaises de l'Ordre de Malte représentent la branche française de l’Ordre Souverain de Malte : créé en 1048, il se présente comme "une des institutions les plus anciennes de la civilisation occidentale et chrétienne" (2). L'Ordre de Malte a non seulement survécu à la fermeté du Parlement de Provence de cette fin du 18e siècle et à ses impôts, mais, par un intéressant renversement, ce sont aujourd'hui ses donateurs qui bénéficient de la déduction fiscale maximale (taux à 75%), sorte de nouvelle exemption collective contemporaine : preuve que l'administration fiscale n'est pas aussi rancunière que cela...

1. Ordre de Malte France, site officiel
2. Histoire de l'Ordre souverrain de Malte, site officiel
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1779]]> fre]]> Provence. 18..]]>
Économie coloniale]]> Colonies françaises]]>
C'est donc de manière assez formelle qu'il rappelle que l'idée directrice des promoteurs de l'Exposition était de présenter au public "une synthèse harmonieuse et vivante des éléments épars de notre vaste empire colonial". De ce côté, le pari est assez réussi : le public, ravi, découvre la réalité palpable de son propre Empire colonial en pleine construction et qu'il ne connaît, pour la plupart des visiteurs, que très partiellement.

Le palais de Madagascar, avec en arrière-plan Notre-Dame-de-la-Garde (1906)

Au 20e siècle naissant, l'exploitation économique des pays colonisés met en valeur tout qu'elle apporte aux populations locales : la France ne fait pas que prendre, elle sait aussi donner. L'intérêt de l'Exposition n'est donc pas seulement de présenter l'essor de l'activité commerciale mais aussi de montrer "les progrès accomplis par les indigènes placés sous notre tutelle dans la voie du bien-être physique et de l'amélioration sociale".

Un moment de détente exotique dans un kiosque à musique très classique (orchestre malgache, 1906)

La bonne conscience étant la chose la mieux partagée du monde, Desbief poursuit en s'adressant au Ministre des colonies : "Nous n'aurions garde d'oublier, que votre Administration a de tout temps secondé l'initiative de nos explorateurs, de nos colons et de nos négociants, et qu'elle partage avec eux le fardeau - et l'honneur - de la mission civilisatrice qui leur incombe". Les compliments, ça ne fait jamais de mal, à ceux qui les donnent comme à ceux qui les reçoivent. Et la Chambre de Commerce fait souvent appel au Ministre des Colonies en place comme en témoignent les nombreuses correspondances échangées avec le ministère...

Exposer les arts des colonies aux Marseillais, montrer aux colonies l'art provençal (1906)

Si tous ces faits sont connus et ont fait l'objet de publications, certaines des retombées de l'Exposition de 1906 sont moins connues (voir liens avec les autres titres en ligne) ou ont eu une importance plus locale. Le septeième et dernier chapitre est entièrement consacré à l'après de l'Exposition, aspect parfois négligé : à côté de cérémonies relativement anecdotiques (remise de la médaille d'or à E. Heckel, élévation d'un buste en l'honneur de Jules Charles-Roux), les Marseillais assisteront à la transformation du parc de l'Exposition coloniale en jardin public, et à la fondation de l'Institut colonial marseillais puis à son inauguration l'année suivante (notice historique détaillée complétée d'une annexe 1 sur ses statuts).]]>
1908]]> fre]]> Marseille. 19..]]> Colonies françaises. 19.. ]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> Droit commercial]]> Droit international]]> Commerce maritime]]> Un mois après la signature de l'armistice du 11 novembre 1918, l'Institut Technique Supérieur annonce par voie d'affichage un nouveau programme de cours d'économie. Cette année-là, ils auront bien lieu à la Faculté de Sciences de Marseille mais dans ses locaux Allées des Capucines, alors que les futurs cours de chimie seront inaugurés en 1920 dans ses nouvelles salles de cours, place Victor Hugo. Après l'ouverture de ces nouveaux locaux, les cours d'économie continueront à être donnés dans ce qui est désormais appelée ancienne Faculté des Sciences. À la rentrée scolaire de 1924-1925, les cours migrent Allées Léon Gambetta.

Des cours d'économie à la Faculté des sciences...

Comment pouvons-nous savoir que ces cours sont nouveaux ? Parce que cette structure vient tout juste d'être créée (1917) et que son annonce précise "Exceptionnellement cette année, en vue de faire connaître le nouvel enseignement, les conférences seront ouvertes au Public en dehors des étudiants régulièrement inscrits".

La création des cours d'économie de 1918-1919 : une annonce au vert intense effacé par le temps

Qu'un institut technique organise des cours de droit et d'économie peut déjà paraître surprenant mais en plus qu'il vise explicitement un public non-étudiant est encore plus étonnant. Mais quoi de plus normal pour une structure qui dépend de la Chambre de Commerce, organisation privée qui ne cesse d'œuvrer pour accroître les compétences techniques, juridiques et commerciales du milieu industriel marseillais et favoriser son rapprochement avec le monde universitaire ? Et le contexte l'exige : chacun pressent ou espère que la paix va revenir et ouvrir une période de reconstruction qui mobilisera les forces vives du pays.

Des conférences économiques à destination des entreprises : après la fermeture des bureaux

Les cours annoncés en 1918, remplacés par des conférences dès l'année scolaire 1920-1921, au goût de cours du soir, sont d'abord proposés aux futurs chefs de maison et employés supérieurs (1919-1920) puis à tous ceux qui peuvent être appelés à la direction des affaires commerciales et industrielles ou qui aspirent aux emplois supérieurs dans les grandes maisons, sociétés et compagnies de toutes sortes, dans les banques et établissements de crédit. À partir de 1922-1923, le public visé se précise davantage : fils de patrons, ingénieurs, etc. Ce haut enseignement commercial (mention qui apparaît en sous-titre en 1921-1922 puis en caractères si grands à partir de 1922 qu'elle éclipse tout le reste), est sanctionné par un diplôme après deux années d'étude ou un simple certificat après une seule année.

Si la section économique est dirigée par Paul Masson, Pr à la Faculté des Lettres, spécialiste en histoire et géographie économiques (études sur Marseille et les échanges coloniaux), la majorité des cours est donnée par les enseignants de la Faculté de Droit d'Aix, en fonction de leur spécialité : comptabilité, douanes, droit commercial, administratif et fiscal, les produits et échanges commerciaux, et bien sûr, les grands ports et le droit maritime. Forte de ses relations avec les entreprises, l'empreinte de la Chambre de Commerce se retrouve tout naturellement dans les sujets divers qui sont traités le vendredi par des notabilités du monde industriel et commercial.]]>
1918-1927]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Droit international public]]> Biographie]]>
Le droit international, celui qui régit les rapports entre les communautés politiques les plus élevées, n'a pas été écrit à la manière d'un code rédigé sur commande par un groupe de juristes spécailisés : il s'est constitué au cours des siècles par tous ceux, d'horizons divers, qui ont élaboré une réflexion doctrinale sur les rapports que pouvaient ou devaient entretenir les États en dehors de leur seul libre arbitre.

de Saint Thomas d'Aquin (1225-1274)

En reprenant les éléments les plus importants de chacun de ces penseurs, A. de La Pradelle propose une sorte d'histoire du droit international illustré à travers cette galerie de courtes biographies : un cours pour doctorants assez peu rébarbatif qui identifie l'apport théorique de chaque doctrine en le replaçant dans le contexte de l'époque, l'histoire des idées et le récit individuel de chaque vie.

à Walther Schücking (1875-1935)

La longue filiation de toutes ces singularités donne l'occasion à A. de La Pradelle de montrer toute la connaissance qu'il a de ses illustres prédécesseurs et toute la reconnaissance qu'il porte à ses maîtres, notamment Westlake (1828-1913) qui déterminera sa vocation et sir Cecil Hurst (1870-1963), l'un des rédacteurs du traité de Versailles, qui le convaincra du poids de l'oeuvre doctrinale et lui donnera le goût de l'histoire au point de se demander, non sans humour et humilité, "peut-être même risquerai-je, finalement, à m'introduire dans la galerie, comme ces peintres qui n'hésitent pas à se glisser eux-mêmes, discrètement, dans un coin du tableau...".

Albert de La Pradelle (1871-1955)

La leçon de cette histoire, à laquelle le droit international ne saurait se réduire, et des grandes conférences internationales, est la conviction partagée entre les spécialistes du droit international que "la fixation des règles qui sont (ou doivent être) obligatoires pour les Etats indépendamment de leur consentement formel, ne peut être entreprise par les Etats eux-mêmes" (citation de Sir Cecil Hurst). Un rappel salutaire et combien urgent si l'on considère le virage tragique que l'Histoire mondiale va prendre l'année même de cet enseignement : 1939.

Note : la publication de ce document sur internet a été expressément autorisée par les ayants droit du Pr La Pradelle.]]>
1939]]> fre]]>
Archéologie]]> Antiquité]]>
Pour cette campagne, l'inspecteur des antiquités du Service des Monuments historiques (nous sommes dans le contexte d'une administration coloniale), se montre avisé en se faisant accompagner par Charles Albert Joly, qui n'est autre que le conducteur des chantiers de fouilles. Il le charge donc de réaliser le relevé des sites, ce qu'il fera avec un très grand souci du détail et de la précision.

Khamissa - Plan de coupe de la Vieille place

Gsell met à profit l'expérience de l'homme de terrain : il le charge également de réaliser toutes les prises de vue. Panoramiques des sites, vues détaillées des ruines, monuments,  statues et inscriptions épigraphiques en plan rapproché : tous les vestiges, autant ceux bien conservés que ceux dégradés, sont photographiés avec le même soin.

Le frigidarium, site de Khamissa : arc probablement restauré
- un cliché de bonne qualité non dénué d'esthétique (vue du SO)

Gsell n'est pas un débutant en matière de publication : il a déjà pris l'habitude d'illustrer ses rapports avec des clichés photographiques qu'il insère, souvent en format très réduit dans le texte de ses rapports, ce qui n'est pas sans poser quelques difficultés pour l'imprimeur.

Mdaourouch - statue de divinité, a priori mise à l'abri (fond neutre)

Les grands formats posent des problèmes encore plus sérieux car ils demandent un support différent du papier ordinaire : il réserve donc un volume spécial de planches hors texte (clichés pleine page).

Announa - Le marché (les fragments ont été alignés mais les colonnes n'ont pas encore été remontées)

Mais nous sommes déjà au 20e siècle, et Gsell n'est pas novateur dans l'utilisation de la photographie : il s'inscrit dans l'archéologie moderne du 19e siècle qui, depuis 1860, fait une large place à cette technique. Les voyages d'explorations géographiques et les campagnes de fouilles ont souvent été accompagnés de dessinateurs, de peintres : mais la photographie, et ses rapides évolutions techniques, vont bouleversé cette discipline (1) et permettre :

- de populariser les découvertes archéologiques (Schliemann)
- de prouver le succès des fouilles et promouvoir le généreux mécène qui les finance (Napoléon III)
- d'authentifier l'acte de découverte et d'appropriation personnelle des vestiges par l'archéologue en personne (Albert Ballu en Algérie)
- et de favoriser une archéologie plus militante, soucieuse de témoignage et de conformité en cas de restauration

Contrairement à son collègue Albert Ballu (ils officient aux mêmes époques) qui se met volontiers en scène comme figurant, Gsell n'est présent sur pratiquement aucun cliché (à une exception près, discrète et floue) et s'efface au profit de l'objet historique et du témoignage scientifique.

(note : les lecteurs attentifs auront remarqué que la notice bibliographique ne reconnaît à Charles Albert Joly qu'un rôle secondaire d'illustrateur, ce qui ne lui rend pas totalement justice).

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1. Yelles Anissa, « La photographie de fouilles à l’ère des premiers grands chantiers en Méditerranée : de la mise au jour à la mise en scène de la découverte archéologique », in Contextualités, 19/07/2018. [En ligne].
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1914-1922]]> fre]]> Announa (Algérie ; région)]]> Khamissa (Algérie ; région)]]> M’Daourouch (Algérie ; région)]]> - Lien vers la page : Souk-Ahras ; 18 ; 1942 ; Institut géographique national (France)/France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_018_942a.
"Révisé en 1931 ; Tirage de Novembre 1942"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32687]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> Chimie]]>
La nouvelle Faculté des sciences de Marseille (1922)

Cette dizaine d'affiches des cours de l'École de chimie nous montre que dans les années 1920, c'est la Chambre consulaire de Marseille qui organisait la formation des futurs chimistes et ingénieurs-chimistes de l'Université d'Aix-Marseille (titres officiels fixés par les arrêtés ministériels des 10 juillet 1909 et 23 Févier 1921). L'objectif de l'école était bien "de former et de fournir à l'industrie marseillaise et à la région provençale des chimistes de laboratoire et des chimistes-ingénieurs".

Chambre de commerce - Institut Technique Supérieur - Faculté des sciences (Marseille, 1920)

Cette formation, orientée vers les besoins des industriels et des cultures méditerranéennes, inclut aussi les techniques de l'ingénieur. Elle dure trois années et reste réservée aux bacheliers ayant obtenu la 2ème partie mathématiques au baccalauréat; à défaut, les candidats doivent passer un examen de maths, physique et chimie.

L'École de Chimie, créée en 1907 (cliché plus tardif)

Si les cours étaient effectivement donnés dans les locaux tout neufs de la nouvelle Faculté des Sciences avec ses salles de cours modernes, implantée place Victor Hugo, l'Ecole de Chimie relevait alors de l'Institut Technique Supérieur, créé en 1917 par la Chambre de Commerce, lui-même rattaché à la Faculté (salles de TP équipées de paillasses) : son Laboratoire d'Essais Techniques assurait la passerelle avec l'industrie. Pour simplifier encore plus les choses, le doyen de la Faculté des sciences, signataire de ces affiches (ces années-là, Paul Rivals, Pr. de chimie industrielle), est également directeur de l'Institut technique.

Paul Rivals, doyen des sciences de 1918 à 1934 (1864-1939)

Les non-bacheliers pouvaient suivre une année de formation dans la section d'enseignement professionnel pour obtenir le titre d'aide-chimiste. Signe de l'évolution du niveau de qualification, la durée de formation de 8 mois en 1920 est portée à un an à partir de 1922.

Chimie St Charles - les paillasses des salles de TP (un patrimoine aujourd'hui historique)

Compte tenu de l'activité portuaire de la ville et de sa connexion avec la Chambre de commerce, on ne sera pas surpris de voir qu'à partir de l'année scolaire 1923-1924 (donc juste après la grande Exposition coloniale de 1922 ...) la formation des chimistes et ingénieurs-chimistes intègre "les questions qui intéressent les cultures des colonies françaises".]]>
1920-1926]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Économie]]> Histoire de la Provence]]> Aménagement du territoire]]>
On peut s'étonner de cette lenteur mais il ne faut pas oublier qu'il existe déjà en France (et plus largement, dans la vielle Europe) de nombreuses institutions de bienfaisance et de charité. Dans le domaine purement financier, les Monts de piété, bien plus anciens, ont toujours conjugué la dimension bancaire et la dimension morale (lutte contre l'usure), conciliant scrupuleusement les intérêts des emprunteurs, majoritairement modestes, et les intérêts de la collectivité.

Le rapprochement des deux types d'établissements s'impose : les Caisses d'épargne et de prévoyance sont avant tout au service d'une population laborieuse, en particulier ouvrière, d'autant plus méritante qu'elle fait, avec effort, quelques économies et qu'elle a la prudence de les placer pour les préserver. Consciente de la faible capacité de ses épargnants, la Caisse de Marseille crée l'Épargne du Sou qui permet aux plus modestes d'acheter des cartes-épargne de 1 fr couvertes de 10 cases où coller des timbres d'épargne de 10 centimes.

Le timbre-épargne des Bouches-du-Rhône

Cette modestie des dépôts se retrouve dans le tableau de ventilation des livrets qui montre que ceux de faible importance représentent 90% des dépôts, soulignant sa connotation populaire.

Ventilation des livrets (1895-1900)

La faiblesse des montants doit être compensée par le nombre de comptes ouverts : pour sa promotion, la Caisse des Bouches-du-Rhône participe aux expositions internationales (Chicago 1893, Lyon 1894, Bruxelles 1897) et universelles (Paris 1889 et 1900, contemporaine de l'édition de l'ouvrage).

La Caisse d'Épargne à l'Expo universelle (Paris 1900)

Le champ d'intervention de la Caisse de Marseille ne se limite pas à l'activité bancaire des dépôts et des prêts : elle s'étend à des domaines variés qui ont tous en commun de contribuer à l'amélioration des conditions de vie et du bien-être des populations défavorisées. D'où ses actions relatives, par ex., à l'accès à l'eau potable (dispositifs de filtration dans les maisons individuelles).

Accès à l'eau potable (Marseille)

Sensible aux progrès des sciences biologiques et médicales et aux discours hygiénistes du 19e siècle, elle n'hésite pas à publier les résultats de ses investissements dans les Groupes d'Habitations à bon marché (précurseurs des HLM - Habitations à Loyer Modéré) qui démontrent de manière flagrante que de meilleures conditions de vie impactent directement l'état de santé des habitants.

Recul du taux de mortalité comparé à la Capelette grâce aux GHBM (Marseille, 1893-1899)

Forte de ses succès, la Caisse d'épargne de Marseille conteste la réforme introduite par la loi du 20 juillet 1895 focalisée sur l'aspect prévoyance au détriment des actions sur le terrain et revendique davantage de liberté dans l'utilisation de l'épargne (des milliards de francs de l'époque) dans l'économie sociale.]]>
1900]]> fre]]> Bouches-du-Rhône. 19.. ]]>
Histoire des bibliothèques]]> Histoire de l'université]]>
Dans son souci d'informer les étudiants et le public, les Facultés d'Aix et de Marseille ont continué à afficher les programmes des cours de l'année par voie d'affiches placardées sur les murs, comme elles l'ont fait au cours du 18e siècle, en témoignent les archives de la Faculté de Droit d'Aix.

Dans son étude, Marie Arab Banckaert interroge ce support supposé être éphémère mais que l'on retrouve parfois et paradoxalement dans des fonds d'archives et de bibliothèques : on peut comprendre que cet objet sans équivalent ait pu poser quelques soucis de conservation, de classement et de description aux professionnels de la documentation qui amènera parfois à les laisser de côté, en attendant...

Travailler sur près d'un siècle et demi apporte suffisamment de matériaux pour observer et analyser l'évolution graphique, intellectuelle et matérielle de ces affiches : évolution qui peut paraître pour le moins décevante puisque la richesse du graphisme avec ses imposantes armoiries se réduit progressivement au minimum pour ne plus laisser place qu'à une l'information textuelle de plus en plus formatée, quasi matricielle, sèche et dense.


Si on ne peut que regretter le faible nombre d'affiches sauvegardées sur une si longue durée, il faut mentionner le début du 20e siècle comme une période exceptionnelle de collecte pour les quatre facultés, collecte due au volontarisme d'un bibliothécaire, G. Fleury, documentaliste par profession mais archiviste par passion. Collecte d'autant plus remarquable quelle concerne une époque où les supports n'ont jamais été autant fragilisés par leur composition chimique et parfois pas toujours conservés dans les règles de l'art...]]>
2019-2020]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]> Aix-en-Provence. 19..]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> Université d'Aix-Marseille. Pour mémoire, une loi de 1906 est à l'origine d'une grande réforme administrative qui ordonne le rassemblement de toutes les facultés dans des universités (1).

Comme en Droit et en Sciences, deux grands types d'enseignement sont proposés et se partagent la même affiche : les cours publics d'une part (en très grands caractères) et les conférences réservées aux étudiants formellement inscrits d'autre part. Les contenus y sont très proches.

Affiche cours de lettres (1913)

Conséquence de la guerre, aucune affiche imprimées (?) ou préservée de 1913 à 1918 : pour cette dernière année, un seul exemplaire manuscrit (apparemment dupliqué par stencil pour être distribué ?).

Reprise des cours (1918-1919)

À partir de l'année scolaire de 1922-1923, ces conférences deviennent préparatoires et sont annoncées sur des affiches séparées.

Autre conséquence possible de la guerre, des cours de civilisation française, d'histoire de France et d'histoire de la Provence sont proposés aux étudiants étrangers sachant parler le français. Petit privilège, tous les étudiants américains peuvent suivre des cours d'histoire de l'art (avant même la fin de la 1ère Guerre Mondiale, l'entrée d'étudiants étrangers à l'université est envisagée).

Cours pour locuteurs français (1919)

Au cours de ces 20 années (1912-1932), la majorité des disciplines restent très traditionnelles et reprennent les programmes déjà proposés au siècle précédent. Quelques nouveautés cependant, comme l'archéologie et la paléographie qui apparaissent dans les années 1920. Si dans Histoire des universités, les auteurs mettent au crédit de la réforme de 1896 qui rassemble les facultés en universités la diversification des disciplines enseignées, notamment dans les sciences humaines (psychologie, sociologie, ethnologie), Aix n'a pas immédiatement suivi ce mouvement (2).

A l'instar des enseignements dispensé par la Faculté libre de Droit et de ceux subventionnés par la ville de Marseille depuis le 19e siècle, la Faculté des lettres d'Aix organise des cours libres d'histoire de la littérature à la Faculté des Sciences, à l'époque située allée des Capucines (en haut de la Canebière).

Des cours libres à la Faculté des sciences (1925)

1. Christophe Charle & Jacques Verger (Aix-Marseille). - Histoire des universités : XIIe-XXIe siècle - PUF, 2012, p. 110 (disponibilité)
2. op. cit., p. 111]]>
1912-1931]]> fre]]> Aix-en-Provence. 19..]]>
Histoire de la colonisation]]> Antiquité]]>
Pour Béja, deux mille ans d'histoire, ce sont d'abord les Romains (quatre siècle d'occupation), puis les invasions Vandales au 5e siècle, ensuite celles des Arabes à parti du 7e siècle (1) et enfin les Français au 19e siècle dont le Protectorat, institué en 1881, met un terme à une longue période "d'oubli et de décadence" (dixit l'auteur).

Après la première phase militaire de l'occupation territoriale, la France met en place une administration coloniale qui repose, à l'échelon local, sur le contrôle civil : ce maillage du territoire s'appuie sur les pouvoirs locaux traditionnels, les caïdats et les cheikhats, mais reste administré par un contrôleur civil aux pouvoirs relativement étendus : il renseigne la Résidence générale sur tout ce qui se passe dans sa sa circonscription, encadre toutes les administrations tunisiennes, contrôle toutes les correspondances adressées aux caïds ou émises par eux, donne son avis sur toutes les nominations (fonctionnaires civils et religieux), gère l'État-civil des Français et dirige la police locale.

La commune de Béja, située à env. 110 km à l'Ouest de Tunis, connue dans l'Antiquité sous le nom de Vaga, et créée 13 juillet 1887, sera le siège de l'un de ces 20 contrôles civils. En 1931, il comptera quatre 4 caïdats composés de 28 chekhats (2).

La résidence du Contrôleur civil de Béja (avant 1905)

Dans son rapport rédigé début 1905 à l'attention du Résident Général, l'auteur peut-il dire autre chose que l'œuvre de colonisation dans le contrôle civil de Béja a été couronnée de succès ? Dans tous les cas, il ne peut savoir que malgré la volonté de concilier administration coloniale et pouvoirs traditionnels, les contrôles civils mis en place entre 1884 et 1897 ne réussiront pas à créer une administration harmonieuse qui aurait fusionné tutelle et respect : mais s'ils sont assez rapidement contestés (3), ils se maintiendront jusqu'en 1956.

1. J. Toutain. - Les cités romaines de la Tunisie : essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord in Wikimédia
2. Protectorat français de Tunisie : Création des contrôles civils - in Wikipédia
3. Elisabeth Mouilleau. - Les contrôleurs civils en Tunisie (1881-1956)

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1905]]> fre]]> Béja (Tunisie ; région). 18..]]> Béja (Tunisie ; région). 19..]]> Tunisie. 1881-1956 (Occupation française) ]]> - Feuille Tunis ; V ; 1897 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_05_1897a.
"Levés (…) 1881 à 1887 ; [tirage] 09-1897, codé sous la forme 9097" Carte de reconnaissance
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=43113]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
Annonce des cours de la Faculté des sciences de Marseille (1912-1913)

Contrairement à l'idée reçue, particulièrement tenace, selon laquelle l'université française serait enfin devenue démocratique et accessible à tous seulement après les évènements de 1968, tous les cours sont publics, à l'exception des conférences, seuls enseignements où "nul n'y est admis sans inscription préalable". Ce qui n'est absolument plus le cas aujourd'hui, tout au contraire !

La Faculté des sciences n'est pas sectaire : dans les cours dits annexes, les enseignants de la Faculté de droit et de la Faculté des lettres d'Aix-en-Provence y donnent des cours de droit, d'économie, de littérature, d'histoire et de géographie. Les Marseillais peuvent suivre également des cours libres sur des sujets divers (paléontologie, littérature étrangère, histoire des religions, ...).

La Faculté des sciences de Marseille - cours annexes (1913-1914)

Signe de l'évolution des sciences, de l'élévation du niveau de compétence requis et des besoins de l'industrie, de nouvelles formations apparaissent au début du 20e siècle : électricité industrielle (1900),  doctorat de sciences (1902), chimiste (1909), chimie industrielle (1918), et ingénieur-chimiste (1921).

Les diplômes supérieurs (Faculté de sciences 1926-1927)

La Faculté des sciences insiste sur sa position géographique exceptionnelle en rappelant l'existence de son laboratoire d'océanologie et ses recherches sur la faune marine méditerranéenne (seul laboratoire à être mis en avant sur les affiches), support de campagnes d'explorations océanographiques.

Le laboratoire de biologie marine d'Endoume (1926-1927)

Plaque tournante des échanges maritimes entre la métropole et ses territoires d'outre-mer, l'activité portuaire s'invite à la Faculté à travers l'Institut colonial de Marseille (sous l'égide de la Chambre de Commerce) qui entretient un Musée colonial, sur le campus de Saint-Charles, expert en études botaniques et produits coloniaux et conservatoire d'importantes collections naturalistes.

Le Musé colonial ouvert 7/7 j, sauf les jours fériés (1926-1927)

Conséquence douloureuse de l'effroyable 1ère Guerre Mondiale, la Faculté, qui a perdu des enseignants et des étudiants au cours du conflit, ouvre une préparation militaire supérieure dans le milieu des années 1920.

Préparation théorique et pratique militaire (Faculté des sciences (1926-1927)
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1912-1927]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Cour d'appel]]>
- d'abord en matière juridique, des réflexions et des analyses approfondies sur le droit, ses fondements, ses procédures, comme la réparation due aux victimes des erreurs judiciaires, l'indépendance du barreau et du droit de libre défense, le juge d'instruction et les droits de la défense, le problème des récidivistes, la juridiction des prud'hommes pêcheurs de la Méditerranée. Sans dévoiler d'emblée s'il s'agit des preuves présentées par les parties adverses ou d'un questionnement déontologique sur sa propre pratique, l'un de ces discours s'intitule "le magistrat doit savoir douter".

Le Palais de justice d'Aix-en-Provence (Wikimédia)

- ensuite des questions d'ordre historique sur les institutions et les pensées politiques comme le Parlement de Provence, les plaidoyers de Mirabeau devant la sénéchaussée, les tribunaux révolutionnaires dans les Bouches-du-Rhône, sur Fourier, un ancêtre du socialisme, ou encore sur l'influence de Marseille sur le droit maritime français. Façon de souligner que la justice n'est pas atemporelle, que la mission de rappeler le droit ou le devoir de l'interpréter (il s'agit d'une juridiction d'appel) ne peut pas être déconnectée de la réalité et qu'un arrêt est toujours pris ici et maintenant.

Le Palais de justice d'Aix-en-Provence (vers 1920, carte postale acquise par le SCD printemps 2022)

- enfin, des questions contemporaines, parfois brûlantes, sur des sujets de société, de mœurs, de morale comme la condition civique et politique de la femme, la littérature récente face aux lois de répression, la presse, le suicide. A l'occasion du discours sur le suicide du 16 octobre 1891, le substitut du procureur général déclarera à l'assemblée "Messieurs les avocats, les grands problèmes sociaux ne sauraient vous laisser indifférents". Comment le pourraient-ils alors que depuis plus d'un demi-siècle, toutes les rentrées solennelles, parfois aux accents de leçon inaugurale, rappellent à la magistrature son rôle et ses engagements dans toute son ambition et dans toutes ses limites.

Le paradoxe d'une institution judiciaire, symbole de procédures longues et austères du recours face aux décisions de justice et qui, à son plus haut niveau, développe des réflexions originales qui ne se cantonnent pas aux discours convenus et consensuels, qui interroge la société et ses propres pratiques professionnelles et qui n'évite pas les questions sensibles et potentiellement polémiques : un corpus salutaire et sans tabou de 55 discours réfléchis et argumentés (60 p. en moyenne), sans préjuger de leur teneur politique.

D'autres discours de rentrée solennelle sont accessibles en ligne.]]>

De la condition civique et politique de la femme : Cour d'appel d'Aix : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 16 octobre 1886 / par George Breuillac,..
De la déchéance de la puissance paternelle, Loi du 24 juillet 1889 : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 16 octobre 1896 / par Pierre de Casabianca ; Cour d'appel d'Aix
De la juridiction des prud'hommes pêcheurs de la Méditerrané : discours prononcé le 3 novembre 1857 à l'audience solennelle de rentrée de la Cour impériale d'Aix / par J.-C.-M.-G. Du Beux
De la juridiction française dans les échelles du Levant : discours prononcé le 3 novembre 1858 à l'audience solennelle de rentrée de la Cour impériale d'Aix / par C.-F.-J.-B. de Gabrielli,
De la révision des procès criminels et de la réparation due aux victimes des erreurs judiciaires : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 15 octobre 1890 / par Jules Bujard ; Cour d'appel d'Aix
De l'égalité civile : discours prononcé à la rentrée de la cour impériale d'Aix. Le 3 novembre 1855 / par M. Roque,...
De l'Indépendance du barreau et du droit de libre défense : discours prononcé à la séance solennelle de rentrée de la société de jurisprudence d'Aix, le 23 décembre 1861 / par Paul Rigaud ...
Des mineurs au point de vue pénal : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée, le 3 novembre 1882 / par Philippe Grassi,... ; Cour d'appel d'Aix
Des motifs dans les arrêts, en matière civile : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée, le 4 novembre 1872 / par Félix Clappier, avocat général ; Cour d'appel d'Aix
Des réformes judiciaires en Italie : discours prononcé à l'audience de rentrée de la Cour impériale d'Aix d'Aix, le 4 novembre 1861 / par M. Saudbreuil ... (33740 - 1861)
Discours prononcé à la rentrée solennelle de la cour d'appel d'Aix, le 4 novembre 1851 / par M. B. Desolliers...Sur la loi
Discours prononcé devant la Cour royale d'Aix, par M. Borély, procureur général, à l'audience de rentrée, le 7 novembre 1836.
Discours prononcé par M. Bessat... : Cour d'appel d'Aix : audience solennelle de rentrée du 3 novembre 1881 / M. Bessat,...
Discours prononcé par M. Desolliers, premier avocat général, à l'audience solennelle de rentrée de la cour royale d'Aix, le 8 novembre 1841
Discours prononcé par M. Desolliers, premier avocat-général, à l'occasion de la rentrée de la Cour royale d'Aix, le 10 novembre 1845.
Discours de M. le Procureur-Général Borely à l'audience solennelle de rentrée de la Cour royale d'Aix, le 8 décembre 1847 : De la presse
Discours prononcé par Mr. M. Vaïsse, avocat général, à l'audience solennel de rentrée de la Cour royale d'Aix, le 5 novembre 1840
Discours sur le rôle des parlements comparé à la situation de la magistrature actuelle prononcé à la rentrée de la Cour impériale d'Aix le 3 novembre 1854 / par M. Saint-Luc Courborieu,...
Du Jury et des cours d'assises en Angleterre : discours prononcé, le 3 novembre 1864, à l'audience de rentrée de la Cour impériale d'Aix / par M. Lescouvé,...
Du noviciat judiciaire : discours prononcé le 7 novembre 1853, à l'audience solennelle de rentrée de la cour impériale d'Aix / par J.-C.-M.-G. Du Beux ...
Du pouvoir législatif de la Cour de cassation ou de la permanence du droit honoraire : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 16 octobre 1888 / par A. Célice ; Cour d'appel d'Aix
Du recrutement de la magistrature : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée, le 16 octobre 1894 / par E. Naquet ; Cour d'appel d'Aix
Éloge de François Decormis, avocat au parlement de Provence : discours prononcé à la rentrée solennelle de la cour d'appel d'Aix, le 4 novembre 1850 / par M. Gustave Bédarrides...
Éloge du procureur général de Monclar : rentrée de la Cour royale d'Aix. année 1843-1844 : discours prononcé par M. Borély...
Étude sur le parlement de Provence au XVIe siècle : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 4 novembre 1879 / par Fernand Alphandéry,..
Philippe Grassi - Etude sur les codes civils et italiens , 1887 (RES-33310 - 1887)
Influence de Marseille sur le droit maritime français : discours prononcé le 4 novembre 1862 à l'audience solennelle de rentrée de la Cour impériale d'Aix / par C.-F.-J.-B. de Gabrielli,...
La famille et le pouvoir paternel sous l'influence de la législation et des moeurs
Installation de M. Ruben Decouder (RES-33753 - 1889)contemporaines : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée du 3 novembre 1868 / par M. Émile Reybaud ; Cour impériale d'Aix
La littérature contemporaine et les lois de répression : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 16 octobre 1889 / par Victor Fabre ; Cour d'appel d'Aix
L'accusation à Athènes : discours prononcé a l'audience solennelle de rentrée le 16 octobre 1893 / par M. Lafon du Cluzeau ; Cour d'appel d'Aix
Le droit d'aînesse en Angleterre : ses origines, ses modalités, ses conséquences : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 16 octobre 1885 / par Charles Furby ; Cour d'Appel d'Aix
Le juge d'instruction et les droits de la défense, Loi du 8 décembre 1897 : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 17 octobre 1898 / par Charles Furby ; Cour d'appel d'Aix
Le magistrat doit savoir douter : discours prononcé le 3 novembre 1859 à l'audience de rentrée de la Cour impériale d'Aix / par Emile Reybaud
Le Palais et les moeurs / discours prononcé à la séance solennelle de rentrée de la Société de jurisprudence d'Aix (conférence des avocats), le 23 janvier 1889 ; par Henry Tavernier,...
Le président Du Chaine et le Parlement de Provence pendant la Ligue : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée, le 3 novembre 1877 / par M. Soubrat ; Cour d'appel d'Aix
Le Suicide / discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée, le 16 octobre 1891 / par M. Georges Bourgarel... ; Cour d'appel d'Aix
Les conceptions nouvelles de la peine et leurs applications : discours prononcé a l'audience solennelle de rentrée le 16 octobre 1902 / par Gabriel Chervet ; Cour d'appel d'Aix
Les devoirs du ministère public : discours prononcé le 3 novembre 1860 à l'audience de rentrée de la Cour impériale d'Aix / par M. E. Sigaudy ...
Les plaidoyers de Mirabeau devant la sénéchaussée d'Aix et le parlement de Provence : Cour d'appel d'Aix : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée, le 17 octobre 1892 / par Charles Furby,..
Les récidivistes et le projet de loi du 29 juin 1883 : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 3 Novembre 1883 / par Victor Fabre... ; Cour d'appel d'Aix
Les tribunaux révolutionnaires dans les Bouches-du-Rhône : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée, le 3 novembre 1874 / par M. Gustave Sergent,... ; Cour d'appel d'Aix
Mirabeau jurisconsulte : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 3 novembre 1866 / par M. Arthur Desjardins ; Cour impériale d'Aix
Notice sur le chancelier d'Aguesseau : discours prononcé à la rentrée solennelle de la cour d'appel d'Aix, le 4 novembre 1852 / par M. Roumieu...
Pierre-Cardin Lebret, premier président du Parlement et intendant de Provence : discours prononcé le 3 novembre 1875 à l'audience solennelle de rentrée de la cour d'appel d'Aix / par M. Ernest Guillibert,...
Rentrée solennelle 1846-1847 : discours prononcé par M. Desolliers, premier avocat général, à l'occasion de la rentrée de la cour royale d'Aix, le 5 novembre 1846 : Sur la dignité de la magistrature
Sieyès et le jury en matière civile : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 3 novembre 1869 / par M. Arthur Desjardins ; Cour impériale d'Aix
Théorie du régime seigneurial dans l'ancienne France : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée le 3 novembre 1865 / par M. Merville ; Cour impériale d'Aix
Un ancêtre du socialisme : Fourier et sa doctrine : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée, le 16 octobre 1901 / par J. Vulliez ; Cour d'appel d'Aix
Un projet de réforme au XVIIIe siècle : le marquis d'Argenson : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée, le 3 novembre 1876 / par Henri Gourdez ; Cour d'appel d'Aix

Contient par ordre chronologique de publication (table en cours de construction)

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1836-1916]]> fre]]> Palais de justice (Aix-en-Provence)]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
Ce que l'on sait moins c'est qu'à la fin du 19e siècle, elle se mit à contester la localisation historique des autres facultés dans l'ancienne capitale politique de la Provence et à réclamer leur transfert pur et simple dans ce qui est devenue la véritable capitale économique de la région.

La patience d'une cité, toute multimillénaire soit-elle, a ses limites, et profitant d'une loi instituant des universités régionales qu'Aix tardait à mettre en application, elle décide de créer en 1896 sa propre Faculté de droit qui sera appelée Faculté libre de droit de Marseille (par opposition à celle sous tutelle du rectorat). Cet enseignement local lui permettait non seulement d'attendre ce transfert mais aussi de démontrer son implication budgétaire et le bien-fondé de sa demande : "Depuis quatre ans, il s’est fondé à Marseille une Faculté libre de droit. On lui donne vulgairement le nom de « Faculté municipale » parce que la ville lui alloue annuellement une subvention de 45.000 francs. Cette Faculté est prospère et attire à elle, en dehors des contingents considérables que lui donne Marseille, de nombreux étudiants de Toulon et d'Aix . Elle n’a aucun caractère confessionnel, et est appelée à disparaître le jour où les Facultés de l’État, qui sont à Aix, seraient transférées" (2). Dans son rapport de 1897, Jourdan, professeur à la Faculté de droit d'Aix justifiait déjà ce transfert : cette année-là, il y avait eu autant d'inscriptions qu'en 1896 et elle méritait bien de devenir régionale puisqu'elle attirait des étudiants jusqu'à la frontière italienne (Nice).

Annonce des cours de la Faculté libre de droit de Marseille, 62 boulevard de la Corderie (1912-1913)

Quinze plus tard, nous avons la preuve que cette faculté, en principe provisoire, fonctionnait toujours : "Pendant l’année scolaire 1910-1911, la Faculté de Droit de l’Université d’Aix-Marseille a compté 592 élèves ayant fait acte de scolarité, parmi lesquels il faut distinguer 297 élèves qui ont pris des inscriptions et subi des examens et 150 étudiants de la Faculté libre de Marseille qui ont passé des examens sans prendre d’inscription" (3) et qu'elle est restée ouverte au moins jusqu'en 1914 comme l'attestent les deux affiches ici présentées.

Élément très important, elle reçoit dès le départ le soutien du Conseil général des Bouches-du-Rhône pour l'attribution de prix et des médailles d'or de la part de la Chambre de Commerce de Marseille. Dans son argumentaire, Jourdan précisait qu'Aix pourrait se consoler de la perte de ses étudiants avec ses projets de Thermes et de Casino et ajoutait malicieusement que cela rassurerait les familles des étudiants de savoir que "leurs enfants seront loin du cortège inévitable de la population interlope qu'on voit toujours accourir en foule dans les lieux de plaisir" ! Heureux d'apprendre que la population d'un grand port méditerranéen et cosmopolite est un modèle de vertu...

Mais la critique la plus forte vient probablement de la contestation d'un modèle élitiste : les facultés doivent devenir des universités populaires et ne pas rester enfermées dans un "dilettantisme d'érudition, constituée comme une caste d'aristocratie intellectuelle". L'implantation du siège de la nouvelle université unifiée au Pharo au début du 21e siècle récompensera plus d'un siècle d'obstination.

1.
2. La Faculté marseillaise libre de droit / discours de M. le doyen A. Aicard : Séance solennelle de rentrée du 8 novembre 1897 par Aicard. Auteur du texte - 1897 - Bibliothèque nationale de France, France - No Copyright - Other Known Legal Restrictions.
https://www.europeana.eu/fr/item/9200520/12148_bpt6k57853029
3. F. Larnaude. - L’université d'Aix-Marseille. La question du transfert - In : Revue internationale de l'enseignement Année 1900, 39, pp. 132-141. Bibliothèque historique de l'Éducation (Persée)
4. L’université d'Aix-Marseille pendant l’année scolaire-1910-1911. In: Revue internationale de l'enseignement, tome 64, Juillet-Décembre 1912. pp. 249-254
4.
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1912-1913]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Agriculture]]> Droit rural]]> Droit des successions]]>
Avertissement : les anciennes thèses dactylographiées déposées au cours des années 1940 et 1950 font l'objet d'un programme particulier de numérisation et de valorisation en raison de leur valeur scientifique, de leur fragilité matérielle (papier et encre très dégradés) et de leur rareté (mémoire déposé à la bibliothèque de l'université en un seul exemplaire). L'autorisation de diffusion de cette thèse a été accordée par l'auteur ou par ses ayants droit.

Appliqué dans toute sa rigueur, et dans le souci moral incontestable d'égalité, l'obligation du partage successoral égalitaire (1) parvient à un tel morcellement des exploitations agricoles (cela serait vrai  pour toute entreprise industrielle et commerciale, l'exploitation agricole n'est qu'un cas particulier) qu'elles ne sont individuellement plus viables. Un mal souvent dénoncé dans la presse professionnelle agricole et par les syndicats agricoles (2). Le législateur a donc imaginé un garde-fou, l'attribution préférentielle de l'exploitation agricole, qui permet à celui qui est en position d'héritier et qui a effectivement exploité la ferme de revendiquer ce droit.

Le morcellement des surfaces agricoles vs remembrement (illustr. FAO)

En quoi consiste-il exactement ce droit qui ne relève pas du droit rural mais du code civil (3) ? Les articles 831 à 834 de ce code énoncent que "tout héritier copropriétaire peut demander l'attribution préférentielle par voie de partage, à charge de soulte [compensation ]s'il y a lieu, de toute entreprise, ou partie d'entreprise agricole, commerciale, industrielle, artisanale ou libérale ou quote-part indivise d'une telle entreprise, même formée pour une part de biens dont il était déjà propriétaire ou copropriétaire avant le décès, à l'exploitation de laquelle il participe ou a participé effectivement" (4). En cas de refus des cohéritiers, le demandeur peut faire valoir ce droit par voie de justice : ces dispositions ont bien comme objectif de maintenir l'unité de l'exploitation.

Une thèse qui illustre la façon dont le droit introduit une restriction au principe fondamental d'égalité (et par certains aspects, au droit de propriété) qui, appliqué sans restriction, mettrait en péril la viabilité économique d'une exploitation. On remarquera que ce droit arrive très opportunément à une époque où le remembrement (regroupement des terres) commence à apparaître aux agriculteurs comme la solution sinon d'avenir, tout au moins la plus adaptée à l'évolution des techniques de culture et du machinisme agricole qu'elles impliquent.

________________
1. Vincent Thébault. - “La faute des pères” : fragmentation patrimoniale et représentation du déclin social - Ruralia, revue de l’Association des ruralistes français et du Laboratoire d’études rurales (Université de Lyon)
2.
3. Attribution préferentielle d'une exploitation agricole ou un droit rural en indivision - Ebène avocats - Droit des succesions
texte
4. Code civil - Livre III : Des différentes manières dont on acquiert la propriété (Articles 711 à 2278)- Paragraphe 3 : Des attributions préférentielles. (Articles 831 à 834) - in Légifrance

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1951]]> fre]]> France. 19..]]>
Antiquité]]> Histoire]]> Histoire ancienne de l'Afrique du Nord devait s'achever sur les Grandes invasions des Vandales du 5ème siècle qui toucheront la Gaule, l'Espagne et l'Afrique du Nord. Le destin en décidera autrement et l'œuvre, restée inachevée, s'arrête à l'époque charnière du 1er siècle apr. J.-C. avec la victoire de Jules César à Thapsus en 46 av. J.-C., dont le récit est très détaillé (César sera assassiné deux ans plus tard, en -44) et le début de l'Empire (27 av. J.-C.) période de la Rome antique qu'il comptait étudier par la suite (fin de l'Empire en 476 apr. J.-C.).

Les camps de Jules César en Afrique

Cette victoire, celle de l'Empire romain, marque non seulement la fin de la guerre mais aussi la fin des royaumes indigènes. Gsell aura consacré la moitié de son étude (4 volumes) à ces royaumes, démontrant toute l'attention qu'il portait aux populations colonisées et mener une étude qui intéresse toujours les spécialistes de l'Antiquité : même si les corpus historique, archéologique et épigraphique se sont étoffés depuis et ont modifié les connaissances de cette période, Gsell était très au fait des dernières découvertes faites sur le terrain et les intégrait dans son travail (ce qui explique aussi les secondes éditions), comme en témoigne ses "Promenades archéologiques aux environs d'Alger : (Cherchel, Tipasa, le tombeau de la chrétienne)" de 1926.]]>
1930]]> fre]]> Numidie (province romaine)]]> Maurétanie Césarienne]]> Tunisie]]> - Feuille Sousse ; IX ; 1909 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_09_1909a.
"Dressée (…) en 1894 ; [tirage] 07-1909, codé sous la forme 7009"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=43173]]>
Droit commercial]]>
Avertissement : les anciennes thèses dactylographiées déposées au cours des années 1940 et 1950 font l'objet d'un programme particulier de numérisation et de valorisation en raison de leur valeur scientifique, de leur fragilité matérielle (papier et encre très dégradés) et de leur rareté (mémoire déposé à la bibliothèque de l'université en un seul exemplaire). L'autorisation de diffusion de cette thèse a été accordée par l'auteur ou par ses ayants droit.

La différence entre personne physique et personne morale semble aller de soi : la première est un individu humain avec tous ses droits et devoirs juridiquement reconnus, la seconde regroupe une ou plusieurs personnes physiques ou morales en vue d'un objectif commun, avec également des droits et obligations mais cette fois limités au périmètre de son action. Elle a son patrimoine, son représentant et son identité. Physique ou morale, les deux ont chacune une personnallté juridique.

la création, le fonctionnement et la dissolution des personnes morales relèvent du droit des sociétés

Mais pourquoi les personnes morales se sont-elles tant développées dans le système économique libéral ? Une entreprise n'est-elle pas constituée d'individus en chair et en os ? Oui mais la rentabilité et la viabilité d'une entreprise sont souvent liées à sa puissance (produire plus ou produire moins cher pour dégager des bénéfices), ce qui dépasse en général les moyens humains et financiers que possède un individu isolé. L'entreprise a donc besoin d'apports extérieurs.

A première vue, les deux concepts semblent s'opposer : d'un côté une singularité physique et de l'autre une collectivité immatérielle, on pourrait dire une fiction. Mais du point de vue juridique, les intérêts individuels et les personnes physiques qui dirigent l'entreprise coexistent parfaitement avec les intérêts collectifs de ceux qui lui apportent leur argent, autrement dit, avec la personne morale qui unie ces intérêt. Donc, dans les faits comme dans le droit, c'est bien la personne morale qui réalise effectivement l'union du travail et du capital : si elle est une fiction créée par les jusristes, alors cette fiction est le parfait aboutissement du capitalisme...]]>
1950]]> fre]]> France. 19..]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
Contrairement à ce qui'il s'est passé aux siècles précédents, la bibliothèque de l'université, créée en 1878, a collecté un exemplaire de toutes les affiches qui ont annoncé les cours de droit des années 1900 à 1932 : difficile de ne pas y voir la volonté du bibliothécaire de l'époque, G. Fleury, de conserver une trace de cette communication institutionnelle, cette période correspondant en grande partie à ses années d'activité professionelle (1907-1926).

L'affiche de l'année 1915-1916 : réemploi économique ou brouillon de l'année suivante ?

Cette continuité est d'autant plus précieuse qu'elle nous confirme, si besoin était, que la Faculté de droit n'a jamais interrompu ses missions pédagogiques pendant la 1ère Guerre Mondiale alors que nombre de ses professeurs et de ses étudiants sont manquants, mobilisés sur le front ou... tués au cours des combats : accusant une chute de près de 50% des effectifs de l'année 1914/1915 par rapport à ceux de 1913/1914, les classes d'âge de 1914 et de 1915 sont littéralement décimées avec près de 30% de disparus (2).

Le bonheur d'une consigne limpide : un prière de faire afficher au verso de l'annonce de 1910-1911

Cette continuité nous permet de voir que la même affiche de 1913-1914 a été réutilisée telle quelle les quatre années suivantes, jusqu'à l'année scolaire 1917-1918, moyennant des ratures de noms d'enseignants, de matières (très peu de cours annulés) et d'examens : mesures d'économie pendant les années de conflit, le papier étant rare et cher ? Probablement, en supposant que le canal de récupération fut resté inchangé. Etourderie ? Peu crédible sur quatre années de suite. Par ailleurs, G. Fleury, bibliothécaire d'une grande rigueur (ses études historiques et ses inventaires en témoigent)  l'aurait à coup sûr remarquée. Brouillons préparatoires aux affiches des années suivantes ? Difficile d'écarter cette hypothèse dans la mesure où le millésime a bien été modifié mais pourquoi ne pas avoir changé les jours, ce qui est incohérent : si les cours de licence reprennent le 12 novembre 1915, ce jour là serait alors un jeudi et certainement pas un mercredi, et que dire de 1916 : qui pourrait croire que les cours reprennent un dimanche ? Dernière hypothèse (R. Burget), les pénuries de matériaux autorisaient les autorités de réquistionner les imprimeurs, d'où ces réemplois...

Réfs
1. Registre des délibérations de la Commission de la bibliothèque de l'Université d'Aix-Marseille (1881-1959) - Odyssée
2. Les facultés de droit dans la Grande Guerre - BIU Cujas Univ. Paris 1 - Des facultés sur le front du droit]]>
1900-1934]]> fre]]> Aix-en-Provence. 19..]]>
Antiquité]]> Histoire]]> Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, Gsell poursuit la chronologie détaillée de la colonisation romaine : après la victoire de Scipion Émilien contre Carthage, le Sénat de Rome envoie dix commissaires pour définir l'organisation politique de la nouvelle province romaine, les règles de son fonctionnement, le statut de certaines cités, la gestion de terres, les impôts à acquitter,...

Carte de la province romaine (Afrique du Nord)

Après ce bouleversement militaire et politique, s'ensuit une période plus obscure qui s'étendra jusqu'aux campagnes de Jules César, à l'exception de la figure de Jugurtha, maître de la Numidie, qui contraindra Rome à entrer en guerre après avoir massacré tous les marchands italiens de Cirta. Après les campagnes de Métellus, vainqueur de Jugurtha, il faudra attendre les campagnes de Caius Marius (rival de Métellus) pour arriver à la fin des conflits. Entre la guerre de Jugurtha et l'expédition de J. César, Gsell reconnaît que lui-même et ses collègues historiens savent très peu de choses de ce demi-siècle.]]>
1928]]> fre]]> Numidie (province romaine)]]> - Feuille Souk-Ahras ; 18 ; 1942 ; Institut géographique national (France)/France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_018_942a.
"Révisé en 1931 ; Tirage de Novembre 1942"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32687]]>
Droit de la famille]]> Jurisprudence après 1789]]>
Avertissement : les anciennes thèses dactylographiées déposées au cours des années 1940 et 1950 font l'objet d'un programme particulier de numérisation et de valorisation en raison de leur valeur scientifique, de leur fragilité matérielle (papier et encre très dégradés) et de leur rareté (mémoire déposé à la bibliothèque de l'université en un seul exemplaire). L'autorisation de diffusion de cette thèse a été accordée par l'auteur ou par ses ayants droit.

Difficile d'imaginer que la question étudiée (1) dans cette thèse soutenue en plein milieu du 20e siècle est débattue dans le cadre d'une législation sur la filiation adultérine qui remonte en fait à 1804 ! J. Raffaelli est d'autant plus fondé de pointer du doigt un droit qui ne se justifie plus dans l'état de la société française un siècle et demi plus tard que ce droit pose des problèmes techniques de doctrine et de jurisprudence insolubles.

Pire : les dispositions du Code civil en matière de filiation naturelle n'ont jamais été satisfaisantes, et la jurisprudence n'a eu de cesse, tout au long du 19e siècle et davantage encore au 20e, d'en combler les lacunes et d'y soustraire l'enfant adultérin pour lui offrir une condition juridique plus humaine. En cause, une conception doctrinale et jurisprudentielle rigoureuse qui a amené à distinguer deux groupes d'enfants adultérins : ceux dont la filiation a été légalement reconnue et les autres qui se retrouvent sans aucun droit (en corollaire, leurs géniteurs n'ont à supporter aucune obligation, sinon seulement morale...).

Le droit alimentaire : une question pour les enfants naturels, adultérins et incestueux...

Contrairement à ce qu'annonce le titre de son mémoire, l'étude critique de la jurisprudence se double d'une étude critique de la doctrine qui aboutit à la même conclusion : une réforme de la condition juridique de l'enfant adultérin s'impose d'elle-même (J. Raffaelli ne traite pas des deux autres cas des enfants naturels ni des enfants incestueux).

Le souhait de Jacques Raffaelli commencera à être exaucé seulement 10 ans plus tard : c'est à partir des années 1960 que s'ouvre en France une "vaste entreprise de réformes du droit de la famille conduite par Jean Carbonnier (2)" dont il sera l'auteur des avant-projets de lois de réformes (3).

Réfs et note
1. thématique récurrente : pour le seul 19e siècle, une centaine de thèses de licence et de doctorat a déjà été soutenue à Aix sur la question des enfants nés hors mariage
2. Simon. - Les avancées du Droit de la Famille et l'évolution de la société et des mœurs - Superprof ressources, 2018
3. Jean Carbonnier (professeur de droit privé, spécialiste de droit civil et de la famille). - Wikipédia
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1950]]> fre]]> France. 19..]]>
Histoire des bibliothèques]]> Histoire de l'université]]>
Dans ce mémoire, C. Mienville fait le point sur la définition même de ce singulier objet qu'est une affiche, ce document éphémère que l'on placarde sur les murs pour avertir un public, large ou restreint, public ou privé, de l'imminence d'un évènement, et interroge cette volonté, en apparence contradictoire, de préserver ces traces "occasionnelles". Quel statut documentaire, quelle valeur archivistique, quelle qualification bibliothéconomique, quel poids historique accorder à ces objets longtemps restés inclassables, baptisés placards, aveu d'une identité assez floue ?

Une annonce de soutenance de thèse de 1781
une affiche sur papier chiffon que d'aucuns apparenteraient à une relique

Ces documents très fragiles, en général de grand format, souvent abîmés, où support, texte et image ne font qu'un, ont parfois été conservés sur l'initiative de personnels de l'université, en dehors de toute consigne particulière et sans nécessairement s'inscrire dans un projet scientifique de conservation précis. Mais le plus souvent, ils ont été récupérés par de simples particuliers, ce qui explique aujourd'hui leur rareté et l'origine de quelques dons inespérés faits à l'université au début du 20e siècle.

Depuis plusieurs années, une nouvelle sensibilité s'est emparée de la question patrimoniale : l'image que l'institution universitaire a pu donner d'elle-même à travers ce support de communication publicitaire organisée autour d'évènements importants, sans être toutefois exceptionnels (soutenance de thèses, ouverture des cours, postes de professeurs vacants) fait à l'évidence partie intégrante de son histoire.]]>
2019-2020]]> ]]> fre]]> Aix-en-Provence. 17..]]>
Droit du travail]]> Avertissement : les cours dactylographiés ou polycopiés des années 1940 et 1950 font l'objet d'un programme particulier de numérisation et de valorisation en raison de leur valeur scientifique, de leur fragilité matérielle (papier et encre très dégradés) et de leur rareté (cours donné à la bibliothèque de l'université en un seul exemplaire). L'autorisation de diffusion de ce cours a été accordée par l'auteur ou par ses ayants droit.

Dédicace de l'auteur : "A la bibliothèque de l'université d'Aix-Marseille. Hommages de l'auteur. Signé B. Raynaud, juin 1947".

"Barthélémy Raynaud (1876-1948), avocat à la Cour d’appel, soutient une thèse à la Faculté de droit de Paris sur Le contrat collectif de travail en 1901, et une autre sur Les accidents du travail des ouvriers étrangers, l’année suivante. Il est chargé de cours à l’Université de Dijon en 1906, puis enseigne à la Faculté de droit d’Aix-en-Provence à partir de 1913. Ses recherches portent sur le droit du travail (il est l’auteur, entre 1924 et 1927, d’un Code du travail) et l’économie politique : il publie ainsi Une industrie sans grèves : les mines anglaises en 1905, le Droit international ouvrier en 1906, Vers le salaire minimum en 1913, et participe aux travaux de l’Association internationale pour la protection légale des travailleurs, dont il estime que l’action a permis à la législation industrielle d’aboutir sur le plan international.

Raynaud s’intéresse particulièrement à cette branche nouvelle des études juridiques, à laquelle il consacre un manuel en 1922 et un cours polycopié en 1946 et 1947. Confronté à ceux qui affirment qu’elle n’existe pas ou n’est qu’un « amalgame bizarre, un pot pourri malvenu de diverses disciplines juridiques », il répond que la législation industrielle n’est pas le résultat d’une conception a priori fondée sur la seule logique mais un produit de l’histoire. En effet, « la législation industrielle résulte d’un double mouvement de faits et d’idées, accompli au cours du XIXe siècle, qui seul en explique la création et le développement ». L’évolution de l’industrie, cause « d’abus regrettables au point de vue social », l’extension du suffrage et le mouvement syndical d’une part, la réaction contre les idées libérales (socialisme de la chaire, catholicisme social, école solidariste, etc.) d’autre part, aboutissent à la nécessité d’un interventionnisme plus ou moins accentué, et donc à la création de la législation industrielle, qui peut être définie comme « l’ensemble des interventions du législateur en faveur de la personne du travailleur ». En ce sens, la législation industrielle peut également être appelée « législation du travail », car elle ne concerne pas seulement le travailleur de l’industrie". Résumé Luc Bouchinet (à confirmer)

Arthur Groussier (barbe blanche), précurseur du futur Code du travail (1914)

Le droit du travail apparaît dans les travaux académiques dans les années 1880. Les recherches dans cette nouvelle branche du droit de B. Raynaud, qui soutient sa thèse en 1901, sont donc totalement contemporaines de la naissance de ce nouveau droit et de ses fondateurs que l'histoire a retenus, comme Arthur Groussier.

Comme le rappelle B. Raynaud, la difficulté dans l'étude et l'enseignement du droit du travail, qu'il appelle encore législation industrielle, est qu'il se situe au carrefour de trois domaines :  celui de la loi nationale (aspect législatif), celui de l'association professionnelle (aspect collectif) et celui du contrat de travail (aspect inviduel). Difficulté redoublée par la transformation rapide de ce droit. Mais difficulté d'autant mieux acceptée que ces transformations sont toutes positives et sont le signe d'une législation toujours plus protectrice des travailleurs. Par sa dimension humaniste, le droit du travail tel qu'il se construit à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, c'est bien plus que du droit, et B. Raynaud est bien plus qu'un juriste.]]>
1947]]> fre]]> France. 19..]]>
Histoire]]> Économie]]>
L'ambition de la Dotation Carnegie pour la paix internationale n'est pas d'écrire la chronologie historique exhaustive des évènements qui se sont déroulés durant la Première Guerre Mondiale mais de présenter le bilan synthétique et analytique des conséquences économiques qu'a eu le conflit sur la situation et le destin économique des pays belligérants.

La situation particulière de Marseille, trait d'union entre le front occidental et le front oriental d'une part et entre la Métropole et ses colonies d'autre part, a amplifié les répercussions économiques de la guerre non seulement sur la navigation, le commerce et l'industrie mais également sur le port, la ville et le climat social local : difficultés de ravitaillement, vie chère, crise du logement, troubles sociaux, bouleversement des fortunes, changements dans les mœurs. P. Masson évoque même, sans tabou, la question de l'impact que la guerre a pu avoir sur l'hygiène sociale...

L'impact majeur du conflit est d'avoir accentué le caractère industriel et la dimension coloniale du port, en témoigne l'Exposition coloniale de 1922. Si la guerre a globalement diminué l'activité portuaire (hors secteur militaire), les importations de certaines denrées alimentaires d'origine coloniale ont mieux résisté (céréales, vins, sucres, huiles) que les matières premières pondéreuses.

Importations du port de Marseille (tonnage 1913-1922)

Même dans les secteurs considérés comme ses points forts traditionnels, les exportations ont subi une érosion encore plus forte, une chute de la moitié, parfois des deux-tiers, par rapport aux volumes d'avant-guerre, et n'avaient toujours pas récupéré leur niveau initial cinq ans après la fin du conflit. Ces chiffres doivent bien sûr être appréciés par rapport à l'activité globale du port où le transport de troupes et de matériels militaires avait pris une importance vitale pour le pays et apporté un dynamisme artificiel.

Exportations du port de Marseille (tonnage 1913-1922)

L'évolution annuelle du mouvement total des marchandises montre que la situation n'a cessé de se dégrader tout au long des hostilités (guerre sous-marine) et n'a retrouvé une stabilité qu'une fois la paix retrouvée.

L'import-export du port de Marseille (tonnage 1913-1922)

Les effets négatifs durables sur le trafic des marchandises ont été légèrement compensés par le mouvement des passagers, notamment celui de la main-d’œuvre étrangère et coloniale (étude publiée dans la même collection), évolution structurelle que Marseille a depuis su préserver.

Le trafic passager du port Marseille (1913-1922)

Dans sa conclusion, P. Masson ne peut éviter le constat que la guerre aura fait perdre à Marseille 13 à 14 ans de croissance économique (les régions françaises du quart Nord-Est de la France auraient aimer afficher un tel bilan). Mais résolument optimist,e malgré des bilans statistiques pour le moins contrastés, il affirme que si beaucoup d'industries locales continuent encore après la guerre à alimenter davantage la consommation nationale que locale (nous sommes alors en 1924-1925), il s'agit d'une situation transitoire qui ne doit pas masquer l'aspect pérenne des nouvelles infrastructures comme l'aménagement de Port-de-Bouc, de Caronte, et de l'Étang de Berre, qui multipliera les surfaces de bassin, de terre-pleins et les longueurs de quais. Un avantage concurrentiel à terme qui autorise les Marseillais à être confiant dans l'avenir économique de leur ville et qui dépasse l'embellie conjoncturelle due à l'affluence extraordinaire, "et peut-être exagérée", des banques françaises ou étrangères...]]>
1926]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
Ces très rares documents (pour le seul 19e siècle, l'université d'Aix-Marseille en a nécessairement fait imprimer et afficher plusieurs centaines et il n'en reste, à ce jour, que ces quatre connus) nous renvoient le condensé de ce que l'institution attend des étudiants.

À quelques adaptations près, ces règlements diffèrent peu dans l'esprit de ceux appliqués en ce début de 21e siècle. Quelques règles très datées nous paraissent évidemment plus inattendues comme celle qui interdit aux étudiants en droit et médecine de lancer ou d'accepter un défi (cartel), sous peine d'exclusion temporaire (jusqu'à deux ans).

Interdiction faite aux juristes et futurs médecins de participer à des duels (1822)
Les littéraires, les scientifiques et les théologiens ne sont pas visés. Sont-ils moins turbulents ?

Plus surprenant encore, le règlement de la bibliothèque de l'université de la fin du 19e siècle qui autorise le prêt d'ouvrages à domicile aux seuls professeurs d'université et de lycée ainsi qu'au bibliothécaire (on n'est jamais si bien servi que par soi même) mais le refuse aux étudiants : que feraient-ils donc de tous ces livres ?

Les enseignants peuvent emprunter des ouvrages, pas les étudiants (1881)
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  • École de droit d'Aix. Messieurs les directeur et professeurs de l'École de droit d'Aix, font savoir que cette École s'occupe de faire subir les examens, soutenir les actes publics, et de déliver les diplomes… Le directeur de l'École, Alpheran. Le secrétaire général, Rambert.
  • Instruction publique. Académie d'Aix. Extrait du registre des délibérations du conseil de l'Académie d'Aix. Scéance du 4 juillet 1822. Cejourd'hui quatre juillet mil huit cent vingt-deux, le conseil de l'Académie d'Aix s'est réuni à la salle ordinaire de ses séances... Le conseil académique... arrête : Aticle premier. Tout étudiant en droit et en médecine convaincu d'avoir donné ou accepté un cartel et participé à un duel, sera passible des peines portées par l'article 8 de l'ordonnance du 5 juillet 1820... Fait en conseil académique les jour, mois et an que dessus. Signés d'Eymar, recteur, présidant le conseil, et Felix, secrétaire-général de l'Académie et du conseil. Pour expédition conforme : le recteur de l'Académie d'Aix, d'Eymar. Le secrétaire-général de l'Académie d'Aix, Felix.
  • Université royale de France. Académie d'Aix. Commission des lettres. La commission des lettres de l'Académie d'Aix, chargée de l'examen des aspirans au grade de bachelier ès-lettres, tiendra ses séances dans la salle des actes du collége royal... Marseille, le 24 juin 1829. Le président de la commission, Bonnafous, prêtre. Vu, approuvé et permis d'imprimer, le recteur de l'académie, Cottard.
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1806, 1826, 1829, 1881]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> Revue de la recherche juridique, droit prospectif", 2012, n° 2, pp. 677-683

L'évolution du format et des sujets des thèses juridiques soutenues à Aix montre un intérêt croissant pour les questions juridiques qui agitent la société française : pour l'une des disciplines académiques les plus anciennes et les plus traditionnelles, il s'agit là d'un changement de l'institution qui touche autant la forme que le fond. O. Tholozan précise l'importance de l'abandon irréversible du latin (exercice imposé et très formel de droit romain) au profit du français, jugé plus clair et plus précis.

Milieu du 19e siècle, thèse de Vial (1854)

On abandonne également les mémoires de quelques dizaines de pages à des argumentaires documentés de plus de 200 pages et les échanges de soutenance où à une question du jury il pouvait être répondu par une seule phrase laconique à l'éloquence sûrement décisive (l'article cite cet exemple qui frise la caricature). Il ne s'agit plus seulement de traiter des questions de droit civil ou de procédure civile mais d'aborder tout un ensemble de corpus spécialisés qui émergent de concert : droit social (assurance), droit du travail (accident, licenciement), droit syndical et d'association, droit de la famille (héritage des enfants adultérins, pensions alimentaires), droit rural, droit commercial, droit des transports, responsabilité des instituteurs, des libertés individuelles,...

Un demi-siècle plus tard : thèse de Pierangeli (1897)

Au-delà de ce qui paraît être de simples réglages techniques de corpus, O. Tholozan peut affirmer que les thèses sont des témoignages qui éclairent l'histoire même de la société : le droit accompagne autant qu'il permet toutes les mutations qui marquent la société française alors en pleine révolution industrielle et en pleine évolution politique, économique et sociale : parfois il les freine, parfois il les favorise. Dans un État de droit, l'Histoire et l'histoire du droit s'entrecroisent plus facilement... . Les titres de quelques thèses des années 1880 et 1890 mises en ligne (cf thèses & mémoires) sont assez révélateurs :

  • Des obligations et de la responsabilité des compagnies de chemins de fer (1883)
  • L'organisation du travail (1886)
  • Le régime des biens du domaine public maritime (1887)
  • Du fondement de la responsabilité des locataires en cas d'incendie (1888)
  • De la reconnaissance des enfants illégitimes (1890)
  • L'inviolabilité du domicile en droit français (1893)
  • La responsabilité civile des instituteurs (1895)
  • La mutualité appliquée au Crédit agricole (1897)
  • La décentralisation (1897)
  • Les syndicats agricoles (1898)
  • La rupture du contrat de travail (1899)
  • De la recherche de la paternité (1899)
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2012]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> Facultés catholiques d'État réouvrent leur porte en 1808 (Paris, Aix-en-Provence, Bordeaux, Lyon, Rouen et Toulouse), complétant l'offre facultaire déjà reconnue : Droit, Lettres, Médecine et Sciences (2).

L'Université d'Aix-Marseille a le privilège d'avoir conservé ce qui est très probablement la toute première affiche de la Faculté de théologie d'Aix (renaissante) qui annonce son installation officielle. Proclamation assortie d'un avertissement très clair : "MM. les Ecclésiastiques sont prévenus qu'il est de leur intérêt de suivre les cours d'enseignement qui se font dans les Facultés de Théologie qui font partie de l'Université impériale. C'est à ces Facultés qu'il appartient de conférer les grades; et à l'avenir, les gradués seuls pourront être nommés Évêques, Vicaires généraux, Chanoines ou Curés de première classe.  Il sera même nécessaire d'être gradué pour toutes les autres places et fonctions ecclésiastiques". Tout le futur clergé à la moulinette de la nouvelle Université impériale : la nostalgie de l'Ancien Régime doit faire des ravages ! L'Empire est pourtant bon prince : les ecclésiastiques déjà en poste sont dispensés de se représenter aux examens.

Frontispice de l'Université impériale (cours de théologie, 1810)

Les étudiants qui se rendent du lundi au samedi (excepté les mercredis et les dimanches) en début d'après-midi dans les salles du Grand Séminaire de la Faculté de théologie d'Aix-en-Provence n'ont pas vraiment l'occasion de se disperser dans des disciplines futiles et de se divertir :  les cours de théologie sont centrés sur six matières seulement et des plus sérieuses : dogme, morale, écriture sainte, histoire et discipline ecclésiastique (qui intègre le droit canonique) et éloquence sacrée. Les enseignements, validés par le Recteur de l'Académie des Bouches-du-Rhône, portent sur des questions de dogme et d'histoire religieuse assez pointues.

La Faculté de théologie d'Aix, une composante de l'unique Université de France (placard de 1850)

On observera que les enseignants qui occupent les six chaires de cette Faculté de théologie catholique sont tous des abbés, y compris le doyen. Ce qui ne les empêche pas d'être, sur le plan statutaire, des fonctionnaires de l'État. Les facultés de théologie fonctionneront sous ce régime très centralisé, parfois avec des difficultés à attirer les étudiants dans un climat de distance de la part de la hiérarchie ecclésiasitique, jusqu'en 1885, année de la suppression de leur ligne budgetaire ce qui entraînera leur disparition, à l'exception du cas très particulier de Strasbourg (3). Une simple anticipation de l'inévitable séparation de l'Église et de l'État vingt ans plus tard.

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1. Dans la ligne politique du Concordat de 1801, les réformes napoléoniennes ménageront les trois religions catholique, protestante et juive mais dans un cadre administratif imposé
2. René Epp. - Aperçu sur les Facultés et les Écoles de théologie catholique en France au XIXe siècle - Revue des sciences religieuses Année 1990 64-1 pp. 53-71, Persée
3. Brigitte Basdevant-Gaudemet. - Histoire des facultés de théologie des universités publiques en France. - Revue du droit des religions, OpenEdition Journals]]>

Université impériale, Académie d'Aix, Faculté de théologie. Annonce de l'installation de la Faculté de théologie le 3 novembre1810 dans la Grande Salle de l'université. Le doyen Florens, le 18 octobre 1810.

Université de France. Académie des Bouches-du-Rhone. Faculté de theologie d'Aix. Année scolaire 1850-1851. A partir du lundi 18 novembre, les cours de la faculté auront lieu, aux jours et heures ci-après, dans les salles du Grand séminaire. Dogme. M. l'abbé Polge... Morale. M. l'abbé Bonneville... Écriture sainte. M. l'abbé Reynaud... Histoire et discipline ecclésiastiques. M. l'abbé Bicheron... Éloquence sacrée. M. l'abbé Thaneron... Le doyen de la faculté, l'abbé Thaneron. Vu et permis d'imprimer. Le recteur de l'Académie des Bouches-du-Rhône. Roustan.

Université de France. Académie des Bouches-du-Rhone. Faculté de theologie d'Aix. Année scolaire 1851-1852. A partir du lundi 17 novembre, les cours de la faculté auront lieu aux jours et heures ci-après, dans les salles du Grand séminaire. Dogme. M. l'abbé Polge... Morale. M. l'abbé Bonneville... Écriture sainte. M. l'abbé Reynaud... Histoire et discipline ecclésiastiques. M. l'abbé Bicheron... Éloquence sacrée. M. l'abbé Thaneron... Le doyen de la faculté, l'abbé Thaneron. Vu et permis d'imprimer. Le recteur de l'Académie des Bouches-du-Rhône. Roustan.]]>
]]> 1810-1851]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
Histoire]]> Économie coloniale]]> Droit du travail]]>
L'ambition de la Dotation Carnegie pour la paix internationale n'est pas d'écrire la chronologie historique exhaustive des évènements qui se sont déroulés durant la Première Guerre Mondiale mais de présenter le bilan synthétique et analytique des conséquences économiques qu'a eu le conflit sur l'état et le destin des pays belligérants.

Quand l'État-major français comprend que c'est faute de main-d’œuvre et de planification que les usines d'armement ne peuvent pas fournir les munitions demandées, il est déjà trop tard : il n'y a pas de réserve disponible puisque les hommes valides sont envoyés au front et que les femmes les remplacent déjà, aussi bien à l'usine que dans les champs.

La seule solution est de faire venir des travailleurs de l'extérieur. Du point de vue de la France, le monde n'est pas d'une extrême complexité : il se résume à deux grands gisements avec, d'une part, la main-d’œuvre coloniale (Annamites, Kabyles et autres Africains du Nord) et la main-d’œuvre chinoise (qui ne doit pas être confondue avec les travailleurs coloniaux d'Indochine) et d'autre part, la main-d'oeuvre étrangère de race blanche.

Ventilation origine géographique de la main-d’œuvre étrangère (1914-1918)

Si la main-d’œuvre d'origine nord-africaine constitue 60% des travailleurs arrivant en Métropole, les Chinois et Indo-chinois représentent près de 40% de ces effectifs. Ces chiffres doivent d'autant plus être comparés avec ceux des troupes coloniales (475 000 hommes, dont 180 000 Africains noirs, notamment les tirailleurs sénégalais) que la France a dû concilier ces deux exigences totalement concurrentes (1).

Les travailleurs chinois en France - Le Figaro, éd. du 23 août 1916, p. 2 (2)

Ce sont donc plus de 220 000 travailleurs qui débarqueront à Marseille (à l'armistice, beaucoup seront déjà repartis, pour raisons diverses) au cours des 4 années de conflit : pour gérer ces flux, le Ministère de la Guerre créa le 1er janvier 1916, un organisme spécial, le Service des travailleurs coloniaux.

Parallèlement à la main-d’œuvre coloniale et chinoise, la France recrute une main d'oeuvre étrangère de race blanche. Pays d'émigration, le fait n'est pas nouveau pour les frontaliers mais les Belges, Italiens et Espagnols qui venaient jusqu'alors étaient surtout embauchés sur des contrats temporaires, notamment saisonniers dans le secteur agricole (moissons, vendanges, récoltes des fruits) dans le Nord et le Sud-Est de la France. Évolution déjà observée quelques années avant la guerre, l'agriculture et l'industrie ont davantage besoin d'emploi plus stable. Les contingents vont alors s'élargir à d'autres nationalités : Grecs et Portugais par ex. (fort taux d'illetrisme chez les seconds mais très dociles !), contrôlés par des bureaux d'immigration installés près des postes frontaliers (Italie) ou dans certains ports (Marseille, Bordeaux, Nantes).

Les ouvriers annamites en France (Première Guerre Mondiale)

Les administrations déjà existantes ou créées ad hoc contrôlent toutes ces populations et établissent des contrats de travail type adaptés à chacune des trois catégories de travailleurs. Les besoins liés à l'effort de guerre ne font pas oublier un certain réalisme économique : comme le précise l'article du journal Le Figaro, il faut prendre "toutes les mesures pour que cette main-d’œuvre ne concurrence pas la main-d’œuvre nationale ou locale".

Après le conflit et le rapatriement de ces travailleurs, l'appel à la main-d’œuvre étrangère a laissé des traces durables dans la société française et infléchit sa politique d'immigration : la paix revenue, les besoins de la reconstruction et des secteurs miniers et agricoles allaient développer des courants migratoires comme ceux venant d'Italie et de Pologne et justifier des accords bilatéraux.

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1. Alban Sumpf. - Les troupes coloniales dans la Grande Guerre. - Ministère de la Culture, l'Histoire par l'image, mai 2009.
2. Les travailleurs chinois en France (Le Figaro, éd. du 23 août 1916, p. 2). - Gallica]]>
1926]]> fre]]> Colonies françaises. 19..]]> France. 19..]]>
Droit de l'urbanisme]]>
Dans certains quartiers de la ville, le remplacement des gouttières en saillie par des tuyaux de descente (diamètre réglementaire 10 cm, en métal uniquement, fonte, cuivre, plomb ou tôle étamée, au choix) jusqu'au ras du sol et scellés tout le long de la façade par des colliers, a prouvé son efficacité : les chaussées, comme les maisons, s'abiment moins rapidement. Les gouttières des toits ne pourront être qu'en cuivre, zinc ou en fer-blanc, et les toitures ne pourront plus déborder de plus de 75 cm sur la voie publique.

Cette décision municipale, mise en application depuis près de 20 ans (1817), n'est donc pas une nouveauté mais étendue à toute la ville, avec la liste des rues concernées. Et comme il y a urgence, certaines gouttières étant vétustes ou mal entretenues, les travaux devront être terminés dans un délai maximal d'un an. Ceci vaut pour l'ancien comme pour les nouvelles constructions sous peine de démolition : et comme on ne plaisante pas avec les règlements d'urbanisme, l'architecte-voyer de la ville d'Aix (architecte chargé de la voirie) et les commissaires de police, veilleront à la bonne exécution des décisions de la municipalité.

Les descentes d'eau pluviale débordent à peine de la façade
(Aix-en-Provence, Hôtel de Gastaud du 17e siècle, classé au patrimoine)

Ce règlement d'urbanisme, ici de portée limitée, est révélateur de la volonté des villes de maîtriser leur développement démographique et territorial, d'organiser leurs centres-villes, de gérer leurs divers flux (adduction d'eau, réseaux d'évacuation) et d'adopter des textes normatifs : pour tous les pays qui s'industrialisent, le 19e siècle est le siècle de la croissance urbaine et la nécessité de définir des règles d'urbanisme, encore locales dans cet exemple, s'impose partout, préfigurant l'arrivée de véritables codes d'urbanisme...

Précision historique : l'arrêté est signé par Antoine Aude, fils d’Antoine Laurent Michel Aude, avocat au Parlement et professeur à la Faculté de Droit. Conseiller municipal durant l'épidémie de choléra qui ravagea Aix en 1835, Aude resta à son poste alors que de nombreux officiers municipaux démissionnèrent et s'efforça d'aider la population. Cette attitude lui vaudra d'être nommé chevalier la Légion d'honneur et puis d'être élu maire d'Aix-en-Provence le 29 juillet 1835 (1).


Antoine François Aude. - Wikipédia]]>
1836]]> ]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
L'ancienne Faculté des sciences de Marseille, Allées de Meilhan, haut de la Canebière (1854-1919)

Le premier doyen, François-Auguste Morren, un physicien, est nommé en 1854, année de l'ouverture de la toute première Faculté des sciences créée à Marseille. Son doyennat s'achève brutalement après son décès en 1870.

François-Auguste Morren (1er doyennat 1854-1870)

La nouvelle Faculté des sciences, ouverte en 1919 sur le site Saint-Charles élit son premier doyen, Paul Rivals, chimiste spécialiste des matières grasses (savons) et défenseur d'une étroite collaboration entre la Faculté des sciences et le monde industriel. Autre record, il sera réélu quatre fois jusqu'à sa retraite en 1934.

La nouvelle Faculté n'a oublié aucun de ses doyens, autant pour leurs actions au cours de leurs mandats que pour leurs travaux scientifiques : si les chimistes et les physiciens sont très bien représentés, on y trouve aussi des mathématiciens, un botaniste et un géologue. En hommage, le nom de certains d'entre eux, fondateurs ou simple professeurs, a été attribué à des amphithéâtres, historiques ou modernes (Antoine Marion, Léon Charve, Joseph Pérès) côtoyant d'autres scientifiques plus illustress (Charles Fabry, Antoine Lavosier).

Faculté des sciences de Marseille, l'amphithéâtre historique baptisé Léon Charve (1899-1910)

Pour commodité, les signets vous proposent de suivre cette série de portraits soit dans l'ordre historique des doyens par date de naissance, soit dans l'ordre chronologique administratif des doyennats.

Note : de 1854 à 1969, la Faculté des sciences a connu en réalité douze doyens et non pas onze : de 1935 (1934, année de départ en retraite de Paul Rivals) à 1938 (1939, année d'élection de Georges Corroy), Monsieur Marchand a dirigé la Faculté, les Procès-verbaux de la Faculté des sciences de Marseille en font foi. Son portrait manque donc, impossible de déterminer s'il sagit d'un oubli du rédacteur des portraits (très peu probable) ou si le cliché a été égaré par la suite.]]>
19?? (postérieur à 1969)]]> fre]]> Marseille. 18..]]> Marseille. 19..]]>
Économie]]> - Bibliogr. f. 526-531 (Annexes)

Avertissement : les anciennes thèses dactylographiées déposées au cours des années 1940 et 1950 font l'objet d'un programme particulier de numérisation et de valorisation en raison de leur valeur scientifique, de leur fragilité matérielle (papier et encre très dégradés) et de leur rareté (mémoire déposé à la bibliothèque de l'université en un seul exemplaire). L'autorisation de diffusion de cette thèse a été accordée par l'auteur ou par ses ayants droit.

Il est difficile de nos jours d'imaginer l'état réel de l'économie de l'Amérique Latine et de ses échanges au lendemain de la Seconde Guerre mondiale tant sa situation démographique a évolué (au début du 21e siècle, sa population avait déjà quadruplé par rapport à l'après-guerre). Il est d'autant plus difficile d'établir des comparaisons que dans les séries statistiques actuelles de l'OMC, l’Amérique latine comprend souvent l’Amérique du Sud et Centrale ainsi que les Caraïbes et le Mexique (à partir de 2020, l'Amérique du Sud regroupe l'Amérique du Sud, l'Amérique centrale et les Caraïbes !), alors que la présente thèse se limite à sa définition restreinte (1).

carte de l'Amérique du Sud (source : populationdata.net)

Par ailleurs, les données disponibles alors à l'époque sont encore plus anciennes, certaines séries s'arrêtent avant 1939, soit près de 10 ans avant la rédaction du mémoire. Mémoire qui aurait pu économiser quelques trivialités : est-il nécessaire de tant insister sur le fait que la distance est un facteur clé au niveau des transports ?  "si l'on compare seulement la situation respective des Etats-Unis et de l'Angleterre vis-à-vis de l'Amérique Latine, on voit que l'avantage de la distance joue toujours en faveur des premiers, mais de façon très variable selon les points d'Amérique considérés"  : planisphère en main, quiconque peut confirmer que le trajet Venezuéla-Floride semble plus court que celui de la Colombie à Seattle et plus encore que celui de l'Argentine au Royaume-Uni. Cette réalité ne vaut-elle tout autant pour tous les autres continents ?

Ce qui transparaît nettement dans cette étude est autant la fluctuation des échanges, dépendante du contexte local et parfois du contexte international qui a connu tant de soubresauts politiques, économiques et monétaires au cours de la première moitié du 20e siècle que le faible poids absolu de ce continent dans le commerce international.

Part relative de l'Amérique Latine dans le commerce mondial de 1900 à 1945 (là noter la décorrélation des courbes I/O avec le total)

Cette thèse a donc le mérite de souligner la faiblesse des échanges entre les pays de ce même continent et surtout d'isoler le déséquilibre fondamental au niveau commercial : l'Amérique Latine importe des produits fabriqués et exporte des produits de base. Ce déséquilibre structurel n'est-il pas précisément caractéristique de tous les pays en voie de développement : une faiblesse industrielle chronique qui aggrave le déficit de la balance commerciale et qui se conjugue à des fluctuations dues aux productions saisonnières. Pays que l'on appelait autrefois avec moins de pudeur "pays sous-développés", autrement dit tout pays qui n'est pas en mesure d'assurer un niveau de vie humainement décent à sa population. Déficit auquel s'ajoute en général et paradoxalement un Etat local très interventionniste mais qui abandonne une grande part de l'initiative à des intérêts privés étangers : au total, un bilan triplement déficitaire des échanges dans leur nature, dans leur structure et dans leur organisation !

Malgré le dynamisme évident de certains de ses membres (le Brésil depuis les années 2000), la part du commerce mondial des services commerciaux de l'Amérique Latine à la fin des années 2010, pour prendre ce seul poste en exemple, n'est pas très encourageante : 3% des exportations et 4% des importations, ce qui place l'Amérique Latine au même niveau que l'Afrique pour les importations et à un point de moins que le seul Moyen-Orient sur les exportations comme sur les importations. Alors que dans le même temps, elle représente plus de 8% de la population mondiale (plus importante à celle de l'Europe). Un continent au potentiel immense (deux fois la surface du Vieux-Contient) mais qui, malgré de grands espoirs nés dans les années 1960 (résumés dans la très symbolique nouvelle capitale Brasilia) a du mal à sortir de son isolement et à combattre ses vieux démons (héritage du premier colonialisme européen puis de l'interventionisme américain ?) : successions de pouvoirs autoritaires et de juntes militaires, violence civile et politique endémique, crises économiques et monétaires à répétition, systèmes de santé publique et scolaire problématiques, dégradation du patrimoine naturel, mépris des populations indiennes, ...

1. Organisation mondiale du commerce. - Examen statistique du commerce mondial 2019  (les statistiques 2020 et 2021 sont biaisées du fait de la pandémie, et les données sont encore plus mauvaises pour l'Amérique du Sud pour ces années là).]]>
1947]]> fre]]> Amérique Latine. 19..]]>
Économie coloniale]]> Colonies françaises]]> - Exposition coloniale de Marseille, 1906 ; 15 (Appartient à la collection)

Après 7 mois de grand succès, l'Exposition coloniale de 1906 ferme ses portes le 18 novembre 1906. Pour Jules Charles-Roux, Commissaire général de l'Exposition, il est temps d'en dresser le bilan qui s'annonce très positif. Occasion également de présenter un historique complet des travaux d'infrastructure et de l'organisation administrative et financière d'un évènement particulièrement ambitieux et difficile à planifier dans tous ses détails tant il y avait de défis logistiques à surmonter.

Jules Charles-Roux (1841-1918) Président de l'Union coloniale française de 1903 à 1918

Si l'Exposition en elle-même est bien connue pour avoir été très largement présentée dans la presse coloniale et l'information publicitaire, ce bilan présente certains aspects parfois moins documentés dans les synthèses qui ont suivi l'évènement comme le montre, dans les coulisses, la rigueur imposée dans les fiches signalétiques qui accompagnaient chaque produit exposé.

Fiche signalétique préparée par l'exposant (Exposition coloniale de 1906)

J. Charles-Roux ne peut évidemment faire l'impasse sur les mondanités, les visites officielles et autres festivités : après tout, la raison d'être de l'évènement est d'ordre promotionnel. Mais ce qui peut paraître comme très anecdotique n'occulte jamais l'essentiel, comme le menu du banquet inaugural du pavillon de la Cochinchine où la richesse de la gastronomie annamite ne manque pas d'impressionner les convives.

Menu annamite (Palais de la Cochinchine, Exposition coloniale de 1906)

L'Exposition n'est pas seulement une succession ludique de fêtes et d'attractions populaires : les colonies sont un enjeu industriel et commercial majeur et quoi de plus motivant et valorisant que des récompenses attribuées par des jurys compétents et reconnus.

Palmarès des médailles, exprimé en % (Exposition coloniale de 1906)

Pour les palais d'exposition, chaque médaille est un label et une carte de visite à faire valoir auprès des investisseurs et des importateurs/exportateurs. Le palmarès donne une idée de la perception relative de chaque colonie : les deux-tiers des médailles sont décernées aux trois premières colonies ou protectorats (l'indo-Chine est celle qui a fait le plus d'effort financier) et du rapport de force, ici au quasi équilibre, qui s'instaure entre Marseille et la Métropole. La distinction pourrait soulever une certaine perplexité mais l'Exposition réussie sera pour Marseille un levier pour réclamer la part qui lui revient (dixit) dans l'économie nationale.

Si l'Exposition peut afficher une balance bénéficiaire (l'important est de ne pas être déficitaire, cas fréquent pour ces grands évènements de prestige), l'essentiel est que les trois objectifs principaux ont été atteints : sur le plan général, le gain de popularité des territoires et des exposants, sur le plan scientifique (présence d'universités étrangères et françaises, dont Aix-Marseille engagée dans des études d'expertise) et sur le plan commercial (chaque palais a installé ses bureaux commerciaux qui concluent ou projettent des contrats).

Bilan financier de l'Exposition coloniale de 1906

Fort de son expérience (expositions de 1900 et de 1906), Jules Charles-Roux espérait poursuivre cette success-story avec son fidèle collaborateur, Edouard Heckel, alors directeur du Musée colonial, caution scientifique et technique de l'évènement. L'Histoire en décidera autrement : prévue 10 années plus tard, l'Exposition suivante n'aura pas lieu en 1916. Entre-deux, E. Heckel disparaît en 1916 et J. Charles-Roux deux ans plus tard. L'Exposition de 1922 leur rendra hommage en reprenant intégralement l'esprit de celle de 1906 et en lui donnant une dimension encore plus exceptionnelle.]]>
1907]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Droit fiscal]]>
Avertissement : les anciennes thèses dactylographiées déposées au cours des années 1940 et 1950 font l'objet d'un programme particulier de numérisation et de valorisation en raison de leur valeur scientifique, de leur fragilité matérielle (papier et encre très dégradés) et de leur rareté (mémoire déposé à la bibliothèque de l'université en un seul exemplaire). L'autorisation de diffusion de cette thèse a été accordée par l'auteur ou par ses ayants droit.

Le combat entre le glaive et le bouclier est une image pertinente dans bien des domaines, en particulier celui des impôts : les fraudeurs l'ont bien compris mais les agents de l'administration chargés de collecter les rentrées de l'Etat ne sont pas en reste non plus. En cas de vente d'un bien, la tentation est grande pour les auteurs de la transaction d'en minorer le montant pour échapper aux droits d'enregistrement (on dirait aujourd'hui droits de mutation), autrement dit les taxes perçues par les collectivités locales et l'Etat exigées à l'occasion d'une vente immobilière ou d'un changement de propriétaire. Le présupposé d'un soupçon de fraude est justifié par le prix anormalement bas de la transaction (la philanthropie n'est pas naturelle !) et par la suspicion qu'une partie du transfert a été dissimulée (dessous de table). En cas de fraude avérée, l'Etat est en droit de préempter le bien aux détriments des deux parties mais il doit le faire dans des règles précises et prendre garde de ne pas spolier le vendeur.

Minorer le prix de vente d'un bien, une grossière ruse bien connue de l'administration fiscale...

Si le jeu de cache-cache entre fraudeurs et contrôleurs a pris tant d'importance, c'est que les droits d'enregistrement ont substantiellement augmenté pour la bonne raison qu'un Etat qui se veut moderne engage des dépenses nouvelles qui n'avaient pas d'objet dans les sociétés plus anciennes (infrastructure, éducation, santé publique, protection sociale, etc.), augmentant d'autant ses besoins de recettes (une équation invariable depuis les dynasties pharaoniques).

Selon l'auteur, la première mention d'un droit de préemption de ce type n'apparaît qu'en 1924 et son application aux biens immobilier est encore plus récente : 1941. Ce droit est un outil de répression au titre des amendes et sanctions fiscales, ce qui suppose que l'administration a le niveau d'expertise requis pour évaluer la valeur vénale ou réelle du bien. Dans le cas contraire, il prend le risque d'acquérir des biens invendables !

Cette étude très technicienne de la question du droit de préemption privilégie le point de vue juridique (les droits et obligations des vendeurs et des acheteurs, la pertinence du jugement des contrôleurs qui engagent la responsabilité de l'Etat, la terminologie juridique de ce qui n'est qu'un retrait fiscal), évitant toute considération éthique où la fraude fiscale est charge d'une faute morale. Elle s'abstient également d'aborder la dimension philosophique et politique de la question alors que ces textes juridiques énoncent clairement que l'intérêt général doit prévaloir sur l'intérêt vénal du particulier et reconnaît implicitement que la contribution équitable de chacun est garante de la paix civile...]]>
1947]]> fre]]> France. 19..]]>
Archéologie]]> Antiquité]]>
Avant de visiter une trentaine de sites, Héron de Villefosse, jeune archéologue qui vient d'être nommé attaché en 1869 au département des Antiquités du Louvre, prend la précaution de s'attarder sur les collections du musée d'Alger qui rassemble des fragments de nombreuses localités vosines (Cherchell, Orléansville, Ténès, Mouzaïaville et les environs de la métropole algérienne). Il se fait accompagné par un collègue qui photographie les inscriptions pour leur étude et leur publication.

Partageant ce sort avec les statues, certaines inscriptions ont été volontairement mutilées pour diverses raisons (conflit, religion, vengeance, vandalisme) ou dégradées par les intempéries et évènements  naturels (séismes, gel, végétations, par ex.).

Antoine Héron de Villefosse (1845-1919)

Le déchiffrage peut s'avèrer très difficile : les inscriptions ont été très souvent martelées pour les rendre totalement illisibles et demandent un patient et savant travail d'interprétation.

L'inscription n° 119, très fragmentaire

Le travail de l'archéologue ne se résume donc pas à déchiffrer ce qui est encore lisible mais, en utilisant diverses techniques (estampage, lumière rasante, etc.) il doit compléter autant que possible les lettres manquantes pour tenter de rendre le texte littéralement et historiquement intelligible.
 
L'inscription n° 131, entièrement martelée

Quand les stèles ne sont pas usées ou incomplètes, elles sont parfois brisées en plusieurs fragments :  le travail de lecture doit être mené de front avec un travail de reconstitution.

La dernière inscription, n° 231, et sa nouvelle traduction.

L'étude de l'archéologue est récompensée par l'avancée qu'elle offre dans la compréhension d'une inscription restée parcellaire ou obscure et par les informations que cette même inscription peut apporter sur un site. Cette lecture nouvelle alimente le précieux corpus des inscriptions antiques partagé par la communauté des épigraphistes et des archéologues.

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence) ]]>
1875]]> fre]]> Algérie. 19..]]>
Histoire de la colonisation]]> Colonies françaises]]> - En avant-titre : Exposition coloniale de Marseille, 1906 (Notes)

Sans remonter au peuplement par les Grecs (de Phocée) dès l'an 600 J.-C. de ce qui deviendra la cité phocéenne (cette synthèse, plutôt copieuse, ne s'attarde pas trop sur le passé), la colonisation moderne en dehors de la Méditerranée commence réellement au 18e siècle et prend toute son ampleur au 19e siècle. Si le rôle de Marseille dans la construction du nouvel Empire colonial français tient d'abord à sa vocation commerciale, son destin national repose sur la révolution des transports terrestres et maritimes :

- l'arrivée de la navigation à vapeur qui va lever le verrou du détroit de Gibraltar, très handicapant pour les voiliers, et permettre au Port Vieux de concurrencer plus loyalement Bordeaux, Nantes et le Havre qui auraient sans cela sûrement conservé leur suprématie dans les échanges avec les destinations lointaines
- la construction de lignes de chemin de fer qui vont permettre d'acheminer les productions locales des colonies (Afrique) vers les ports à destination de la Métropole
- l'ouverture du Canal de Suez qui va considérablement réduire les temps de transports  avec l'Océan Indien (Pondichéry) et le Sud-Est asiatique (Indochine)

"C'est pourquoi la politique coloniale n'est pas seulement la politique des ports, des négociants et des industriels, c'est une politique nationale". Ces progrès techniques vont offrir à Marseille la convergence de trois facteurs concurrentiels décisifs : la rapidité (ports d'Afrique du Nord où les ports atlantiques sont pénalisés), le volume et le tonnage (pondéreux d'Afrique du Nord, type phosphate,  matières premières minérales d'Indochine), fraîcheur et conservation des denrées périssables (céréales, farines, fruits, légumes des Antilles, d'Afrique occidentale et équatoriale, de Madagascar).

Cette conjoncture technologique, soutenue par la ligne de chemin de fer vers Paris (PLM) et la navigation fluviale vers Lyon, va se trouver amplifiée par la situation géographique du port : les échanges avec les colonies non seulement vont drainer les matières premières utiles à la Métropole, dynamiser les industries locales et la construction navale, mais progressivement transformer le port d'importation en plaque tournante d'exportation. Au fil du temps, Marseille vend plus aux colonies (ciment, chaux, briques, tuiles,...) qu'elle ne leur achète : les colonies sont d'abord des débouchés et cette évidence sera la conviction première de toutes les grandes expositions coloniales internationales françaises. L'analyse de Paul Masson dépasse le seul cadre historique et prend soin de distinguer, dans tout ce maillage industriel, les entreprises coloniales qui transforment les produits coloniaux importés, celles qui travaillent à l'exportation et celles implantées dans les colonies.

Ces extensions territoriales ne se font pas dans l'environnement paradisiaque d'une nature vierge : à l'hostilité politique, climatique et épidémique, s'ajoute la concurrence locale, comme ces marchés disputés aux Arabes qu'ils détiennent depuis des siècles, celle des anciens colonisateurs et surtout des nouvelles nations colonisatrices qui convoitent, par définition et par nécessité, les territoires encore "libres". Il est aujourd'hui notoire, par ex., que les Echelles du Levant, domaine séculaire de la France, sont envahies par les Anglais, les Allemands, les Autrichiens, les Italiens.

Ce qui n'exclut pas parfois des associations assez inattendues, comme celles avec les Belges que rappelle intelligemment (ou malicieusement ?) Paul Masson, et qui ont ouvert un comptoir à Tabora au Tanganyika (aujourd'hui, en Tanzanie).

Tabora - le comptoir Sergère, le premier d'origine européenne du pays (1875)

Seule la nouvelle ligne de chemin de fer a été en mesure d'acheminer le vapeur Cambier en pièces détachées pour naviguer sur le grand lac Tanganyika.

Le Vapeur Cambier, débarqué en pièces détachées (Tabora, 1875)

Reste que la menace réellement sérieuse sur l'avenir de Marseille (et sur les colonisations territoriales et économiques des Français ?) ne sont pas les ports français (il y a de la place pour tout le monde...) mais le développement des grands ports étrangers et que le seul moyen de résister à cette concurrence (chemins de fer italiens, par ex.) sera de rendre les moyens de communication intérieure plus efficaces (canal Marseille - Rhône, par ex.) et plus économiques. C'est à ce prix que la Porte de l'Orient, restera la promesse d'une plus grande France.
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1906]]> fre]]> Colonies françaises. 18..]]>
Finances publiques]]>
Avertissement : les anciennes thèses dactylographiées déposées au cours des années 1940 et 1950 font l'objet d'un programme particulier de numérisation et de valorisation en raison de leur valeur scientifique, de leur fragilité matérielle (papier et encre très dégradés) et de leur rareté (mémoire déposé à la bibliothèque de l'université en un seul exemplaire). L'autorisation de diffusion de cette thèse a été accordée par l'auteur ou par ses ayants droit.

Comment expliquer le contraste entre l'ambiance des débats houleux qui opposent partisans et détracteurs lors de la présentation des nouveaux budgets du Gouvernement et l'indifférence systématique des parlementaires quand il s'agit de valider les comptes de ces budgets une fois exécutés ? Comment comprendre le passage de chambres parlementaires consciencieuses et assidues (Restauration) à des assemblées désinvoltes qui bouclent autant qu'elles bâclent (République) ? Le temps qui sépare les deux : sous la Troisième République, il est courant que la loi de règlement soit déposée 10, 11, 12 et même 13 ans plus tard ! Qui peut réellement encore s'y intéresser, à part le rapporteur de la Commission des Finances ? Personne évidemment. Ce n'est plus de la politique, c'est de l'archéologie !

Si Bonnafons analyse la mécanique de cette dérive de son point de vue de juriste, il n'oublie pas de la replacer dans toutes ses dimensions : le contrôle des comptes est un acte financier autant que législatif et politique. Le budget n'est qu'un état des prévisions des dépenses et des recettes publiques. Les assemblées parlementaires ne votent que les promesses du ministère : il est donc logique que par un second vote, elles sanctionnent leur niveau de réalisation. L'exercice de ce droit de contrôle sur le Gouvernement (la loi des comptes) est une pièce essentielle du régime parlementaire.

D'où l'importance pour lui de rappeler la double origine politique et administrative de ce dispositif lisible dans la volonté des parlementaires de contrôler les dépenses des ministres (obligation de produire des pièces justificatives de certaines dépenses) et dans les trois ordonnances de 1822, 1826 et 1827 qui peuvent être considérées comme les bases de la comptabilité publique.

Joseph de Villèle (1873-1854), ministre des finances

Et d'insister sur le rôle de deux hommes : l'un très politique, ministre des finances de 1821 à 1828 et Président du Conseil de 1822 à 1828, Joseph de Villèle (1), l'autre plus technicien, serviteur de l'Etat, directeur de la comptabilité publique de 1814 à 1829 et Directeur de la comptabilité générale des finances de 1847 à 1848, Gaston d'Audiffret (2).

Gaston d'Audiffret (1787-1878), directeur de la comptabilité publique

Ce qui les unit, c'est la conviction que dans la conduite des affaires, des garde-fous institutionnels sont indispensables : quand le législatif ne contrôle pas, l'exécutif ne se contrôle plus.

Au 21e siècle, le projet de loi de règlement qui arrête définitivement le montant des recettes et des dépenses du budget doit être déposé au plus tard au 1er juin de l’année qui suit l’exécution de ce budget (3). Parallèlement, la Cour des Comptes contrôle la régularité des comptes publics sur un périmètre très large, plus d'un millier de comptes (4) : mais dépourvu de tout outil coercitif, son rôle est purement informatif et repose sur le postulat que la publication d'un audit à l'adresse du Gouvernement, du Parlement et de l'opinion publique, est nécessaire et suffisante pour déclencher des actions correctives...

1. Joseph de Villèle (1873-1854) - Wikipédia
2. Gaston d'Audiffret (1787-1878) - Wikipédia
3. Fiche de synthèse n°40 : L’examen parlementaire des lois de finances. Assemblée Nationale
4. La Cour des Comptes - son  site web, affiche sa devise : "S'assurer du bon emploi de l'argent public, en informer les citoyens"]]>
1947]]> fre]]> France. 18..]]>
Histoire de la colonisation]]> Colonies françaises]]> la colonisation devient aux hommes d'Etat français comme l'Évangile des temps nouveaux", bâtir un Empire devient une évidence...]]> - Exposition coloniale de Marseille, 1906 ; 11 (Appartient à la collection)
- En avant-titre : Exposition coloniale de Marseille, 1906 (Notes)

Après la désastreuse guerre franco-prussienne, la France cherche à redémarrer son économie et des débouchés extérieurs. L'auteur, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, retrace ces décennies de quête où frustration et nationalisme revanchard (perte de l'Alsace-Lorraine) galvanisent certains politiques : "alors la grande idée de la colonisation s'imposa à nos hommes d'État et devint comme l'Évangile des temps nouveaux" (préface, 1905).

Paul Gaffarel (1892-1904)

A l'époque, le domaine colonial français est plutôt restreint : en Afrique, l'Algérie, la vallée du Sénégal, quelques comptoirs épars sur la côte de Guinée, quelques îles près de Madagascar, Obock et La Réunion, en Amérique, la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Pierre et Miquelon et en Océanie enfin, la Nouvelle-Calédonie et Tahiti et quelques archipels. Bref, une misère...

Mais à partir de 1870, la Troisième République se lance dans une véritable renaissance coloniale : elles soumet l'Annam, conquiert le Tonkin, annexe le Laos, étend son protectorat à la Tunisie et aux Comores, occupe Madagascar, agrandit démesurément son domaine dans le Sahara, le Soudan, la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Dahomey, la côte des Somalis, fonde une France nouvelle qui s'étend de l'Atlantique et du Congo au lac Tchad, rachète Saint-Barthélemy, annexe les archipels océaniens... Rien que ça.

Un tour d'horizon de plus de 400 pages qui se veut exhaustif mais très mal desservi par une illustration paresseuse, limitée à moins d'une dizaine de cartes isolées, assez ternes et sommaires, peu lisibles et de petit format et qui n'aide pas à comprendre la dimension mondiale de cette expansion nationale.

Dahomey (carte du début 20e siècle)

Une vision d'historien qui aurait gagné à accorder davantage de place à la géostratégie (rivalité avec les autres empires coloniaux, anciens comme celui de l'Angleterre ou émergents comme celui de l'Allemagne) et à la géographie, pourtant essentielle à la compréhension de cette inflation territoriale. On peut d'autant plus le regretter que cette très sérieuse synthèse, faite dans une relative urgence (l'ouvrage, qui contient des données d'actualité, sort l'année précédant l'Exposition de 1906 et bien avant toutes les autres études de cette collection), et qui dénonce  une certaine désinvolture politique "La question coloniale a presque toujours été traitée en France avec une regrettable légèreté" est ponctuée de remarques des plus intéressantes comme celle, assez intrigante, à propos de l'Océanie "dans ce mystérieux Pacifique où bientôt peut-être se règleront les destinées de l'humanité" et qui fait écho à cette allusion au futur canal de Panama (c'est seulement en 1904 que les États-Unis réouvrent le chantier du percement de l'isthme après l'échec des français, pour l'achever seulement en 1914). Ou encore cette inquiétude d'une réelle défense nationale des possessions lointaines (objet d'une courte et dernière partie) qui suppose des investissements défensifs, un armement moderne, une armée régulière : des questions qui ne font pas toutes partie du passé (forces de projection, forces d'intervention rapide sur les théâtres d'opérations extérieures, ...).

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1905]]> fre]]> Colonies françaises. 18..]]> Colonies françaises. 19..]]>
Histoire de l'université]]>
Le recrutement d'un poste sur Aix organisé à Toulouse (1826)

La Faculté de droit est frappée par la malchance : après le décès du professeur Constans, spécialiste de procédure civile et de législation criminelle, celui de François-Philippe Mottet l'année suivante libère la chaire de code civil.

Décès du Pr Mottet (1827)

Rappelons ici que François-Philippe Mottet a été titulaire de la première chaire de code civil (en l'occurence, le code Napoléeon) de la Faculté de droit d’Aix de 1809 à 1827 et que ses cours manuscrits, un ensemble de 7 volumes de près de 3 000 pages, restent un précieux témoignage sur la manière dont le droit était alors enseigné. Ces cours sont accessibles sur Odyssée : https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/306.

Mottet - cours de droit civil (manuscrit, vers 1814-1815)

Dans les premières décennies du 19e siècle, justifier être Docteur en droit ne suffit pas pour pouvoir postuler sur une chaire d'enseignement : en plus d'un acte de naissance, un certificat de bonne vie et mœurs signé du Maire de la commune du candidat est exigé. Signe de l'élévation du niveau intellectuel du milieu universitaire, en 1863, ce certificat est abandonné : les candidats, qui doivent justifier de leurs droits civiques (on quitte le plan moral pour celui du droit) sont tenus dorénavant de produire également "une note détaillée des titres qu'ils ont à faire valoir, comprenant l'indication de leurs services dans l'Enseignement et l'énumération de leurs ouvrages". Les procédures de recrutement dans l'Enseignement supérieur français aux 20e et 21e siècles ont toujours maintenu ces deux dispositions (la première étant devenue une des conditions d'entrée dans la fonction publique).]]>
1809-1863]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
Géographie]]> Antiquité]]> - Géographie comparée de la province romaine d'Afrique ; 3 (Collection)
- Géographie comparée de la province romaine d'Afrique. Tome second, Chorographie, réseau routier / par Charles Tissot. - (Exploration scientifique de la Tunisie) (Autres œuvres en liaison)

L'atlas présenté par S. Reinach (il n'en est pas réellement l'auteur, plutôt le compilateur) a été dressé à partir de cartes du dépôt de la Guerre, de cartes géographiques récentes (sans plus de précision), quelques-unes carrément empruntées à d'autres ouvrages (sources non citées).

Salomon Reinach (1858-1932)

A la suite de la préface de la 1ère édition de la "Géographie comparée de la province romaine d'Afrique (1)" de Charles Tissot de 1884, S. Reinach évoque le géographe en rappelant qu'il est son "maître et ami".

Charles Joseph Tissot (1828-1884)

Son atlas n'est pas une œuvre opportuniste mais l'accompagnement naturel du travail que Tissot a commencé au milieu du 19e siècle. L'institution du protectorat français de Tunisie en 1881 va lui donner l'occasion, durant trois années, de compléter son travail de géographie comparée par des données d'ordre archéologique : son étude géographique de l'Afrique septentrionale (Maroc, Algérie, Tunisie), une région cernée par la Méditerranée au Nord, par l'Atlantique à l'Ouest et par le Sahara au Sud et à l'Est et marquée par l'ossature de l'Atlas, intègre des données historiques de la géographie antique (Numidie, Tripolitaine).

Hadrumète, port de la Province romaine et théâtre de la campagne de J. César.

Ch. Tissot décèdera l'année même de la parution du Tome premier de sa Géographie comparée, après avoir eu juste le temps de le corriger. S. Reinach se chargera de la publication du Tome second consacré à la chorographie et au réseau routier de la même région, d'après le manuscrit de l'auteur et y ajoutera des notes, des additions et son propre atlas.

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)

1. La "Géographie comparée de l'Afrique romaine" de Charles Tissot, 1884, est consultable sur lGallica et sur le site de la Bibliothèque numérique de l'Institut du Monde Arabe.
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1891]]> fre]]> Afrique (province romaine)]]>
Médecine tropicale et coloniale]]> Colonies françaises]]> Histoire de la colonisation]]> Exposition coloniale nationale de Marseille, 1922. Congrès coloniaux nationaux (Avant-titre)

La seconde Exposition coloniale de Marseille a été l'occasion d'organiser quatre Congrès Coloniaux Nationaux, le 3ème étant consacré à la Santé, qui établissent un état de certaines grandes questions liées aux colonies. Au cours des 7 jours qu'il a duré (les Dames y sont admises !), plusieurs manifestations sont prévues, comme des réceptions, des excursions, des séances de travail qui ont lieu au Grand Lycée (il ne prendra le nom de Lycée Thiers qu'en 1930) et des conférences qui sont données dans le Grand Amphithéâtre de la Faculté des Sciences. Le Congrès se clôture par la visite du Lazaret aux îles du Frioul, avec déjeuner...

Pour aborder les questions de la santé dans les colonies sous tous leurs aspects, le Congrès a fait appel à tous les acteurs du secteur : docteurs, hygiénistes et mutualistes et accorde autant d'importance à la médecine qu'à l'hygiène et à l'Assistance médicale.

Si les pathologies tropicales sont le cœur des préoccupations médicales (bilharziose, béribéri nautique, tuberculoses, lèpre, amibiase, paludisme, maladie du sommeil), l'actualité européenne se rappelle aux participants comme cette intervention sur la fréquence et la forme des troubles neuropsychiatriques parmi les divers contingents français et indigènes de l'armée du Rhin.

L'hygiène, c'est d'abord la question de la prévention : la protection contre les porteurs de germes (rats, moustiques) est autant une affaire individuelle (la moustiquaire, par ex.) que collective (habitation coloniale et urbanisme adapté aux colonies).

Une moustiquaire de campagne pour homme couché (1922)

Tente individuelle avec moustiquaire facilement transportable (1922)


Mais le dévouement du personnel médical et les règlements administratifs ne peuvent pas tout résoudre : un certain niveau d'assistance médicale, doit être assuré par les populations colonisées elles-mêmes, ce qui implique de former ces auxiliaires de santé.

Lors du banquet de clôture du Congrès, le commissaire général adjoint de l'Exposition, Loisy, rappelle qu'après la Première Guerre Mondiale, "la paix française domine partout, et c'est le plus souvent grâce aux bienfaits apportés aux populations par les médecins" pour enchaîner sur des paroles de reconnaissance : "Au lendemain de la grande guerre, nous avons contracté une dette envers nos sujets indigènes : pour reconnaître leur loyauté et encourager leurs efforts, nous devons leur témoigner notre affection".

Le meilleur témoignage serait un dispositif complet : médecine, hygiène et assistance médicale doivent être soutenues et prolongées par une véritable prévoyance sociale. "Et c'est là qu'une démarcation très nette s'opère entre les colonies où la civilisation française est suffisamment établie pour que les lois métropolitaines y doivent être applicables et y sont appliquées sans difficulté, et les colonies où cette même civilisation est en voie de pénétration plus ou moins avancée". Tout un programme...

Ce type de congrès s'achève fréquemment par des vœux : "que Marseille devienne le plus rapidement possible le siège d'une Faculté de Médecine et de Pharmacie, où l'enseignement colonial pourra recevoir tout son développement". Avec son Ecole d'application du Service de Santé des Troupes coloniales et son Institut colonial, : "le premier port colonial français serait ainsi mis au rang universitaire qui lui appartient de droit".
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1922]]> fre]]> Colonies françaises. 19..]]>
Histoire de la Provence]]> Science politique]]> ]]>
Certains historiens estiment que "la Révolution commence véritablement à Marseille par la venue de Mirabeau le 16 mars 1789, le jour même de l’ouverture des assemblées préparatoires pour les élections des Etats-Généraux" (1). L'histoire a autant retenu la qualité d'éloquence des discours de Mirabeau que son rôle politique, au point de les rendre indissociable. De l'éloquence et du courage, il en faut pour dénoncer un redoutable magistrat, M. de Bournissac, prévôt Général de Provence, impliqué dans de lourdes affaires (2 & 3) qui a pour habitude de poursuivre quiconque ose mettre en doute son impartialité.

Le Comte de Mirabeau (1749-1791)

On peut compter sur Mirabeau pour dénoncer les dérives d'une procédure qui n'a de judiciaire que le nom et qui est d'abord un outil de répression politique : le moyen pour l’élite au pouvoir de se débarrasser des citoyens les plus révolutionnaires et pour le prévôt de punir les Marseillais qui, lors de la rédaction des Cahiers de doléances, ont réclamé le départ de l’Intendant et l’élargissement des charges politiques à tous les corps de métier. Ce qui leur vaut leur transfert au Château d’If.

Mirabeau ne sera pas seul dans sa dénonciation. Charles Barbaroux, jeune avocat et député des Bouches-du-Rhône à la Convention apparaît, comme plusieurs de ses collègues, sur la scène politique en 1789 (le 20 juillet pour Barbaroux). Il accuse le Prévôt d’avoir retardé l’application de la nouvelle procédure criminelle voulue par l’Assemblée Nationale (décrets des 8 octobre et 3 novembre 1789), qui prévoit la publicité de l’instruction et l’assistance d’un conseil pour les accusés. De plus, un décret de l’Assemblée Nationale du 8 décembre qui demande le renvoi de toutes les affaires criminelles instruites par la cour prévôtale de Provence à la sénéchaussée, juridiction ordinaire, ne sera jamais appliqué.

Charles Barbaroux (1767-1794)

C'est seulement le 11 mars 1790 que les instances nationales annuleront la procédure prévôtale et renverront tous les procès en cours devant la Sénéchaussée de Marseille.

Alors, une histoire qui finit bien, avec le triomphe de la justice contre l'arbitraire ? L'épisode de la procédure prévôtale finira par valoir la guillotine à Bournissac mais Barbaroux connaîtra le même sort en juin 1793 à Bordeaux.
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1.Ugo Bellagamba. - Les avocats à Marseille : praticiens du droit et acteurs politiques. Chapitre I. Les avocats de Marseille promoteurs de la Révolution, in OpenEdition Books
2. FranceArchives détient une pièce intitulée : Poursuites contre M. de Bournissac, prévôt général de la maréchaussée de Provence, au sujet des émeutes arrivées à Marseille en 1789.
3. Affaire de la Tourette - Wikipédia]]>
1790]]> fre]]> Marseille. 17..]]>
Médecine tropicale et coloniale]]> Histoire de la colonisation]]> En avant-titre : "Exposition coloniale de Marseille, 1906" (Notes)

Au cours de la seconde moitié du 19e siècle, l'expansion de l'Empire colonial français, en particulier en Afrique et en Asie, n'offre pas que des avantages : très rapidement, l'administration française se trouve confrontée à des questions sanitaires peu ou mal connues propres à ces nouveaux territoires (lèpre, tuberculose, dysenteries, maladies vénériennes, paludisme, maladies du sommeil, peste, trachome) et elle doit les gérer sur le long terme. Dans certaines colonies, elle doit en plus considérer la coexistence de deux communautés : la population européenne (qui bénéficie alors de l'aviation sanitaire, de stations thermales pour coloniaux et de mutuelles coloniales) juxtaposée à la population des indigènes envers laquelle la France a contracté une sorte de dette morale d'assistance médicale. Elle s'en acquitte en créant une administration médicale civile composée de médecins de colonisation.

Pour faire face à ces défis, une Inspection générale du Service de santé est créée en 1890 : cette nouvelle administration est chargée d'organiser les services de santé publique des colonies françaises.

Médecins militaires coloniaux (1890-1900)

Le corps d'inspection ne perd pas de temps : dès 1891 et 1892, des laboratoires de bactériologie et d'hygiène sont ouverts dans les possessions françaises. Pour compléter les connaissances de certaines pathologies à l'époque disponibles, elle envoie des missions sur le terrain : de 1892 à 1896, des études sont menées sur la peste, le choléra et la fièvre jaune.

Centre de Nha-Trang (Indochine 1895)

Mais l'inspection ne limite pas son action aux questions strictement médicales : elle observe que la double présence de médecins civils et de médecins militaires n'est pas le gage d'une efficacité optimale. En 1896, est décidé le rattachement du corps de santé des Colonies aux troupes, sous la dénomination de corps de santé des troupes coloniales.

Cette profonde réorganisation des services de santé s'accompagne de l'évolution de la doctrine française en matière de santé publique : on ne parle plus seulement d'hygiène coloniale mais d'hygiène sociale. Si cette réorientation, menée en moins de 15 ans, est due à l'évolution du regard de la métropole sur ses colonies, elle est aussi à mettre au crédit de la lucidité d'une administration qui estime être parvenue à associer la recherche médicale et l'hygiène coloniale qui n'est plus considérée comme une question de santé publique de second ordre.]]>
1906]]> fre]]> Colonies françaises. 18.. ]]> Colonies françaises. 19.. ]]>
Géographie]]> Cartes géographiques]]> individualité géographique distincte, déterminée par des facteurs multiples, dont les principaux sont la constitution morphologique et le climat".

Carte hypsométrique de l'Algérie [mesure de l'élévation des terres par rapport au niveau de la mer]

Même si les caractéristiques physiques comme le climat ou la géomorphologie (description et explication des formes du relief terrestre) sont en apparence très facilement observables, elles se révèlent parfois imprécises et souvent incomplètes en ce tout début du 20e siècle : l'auteur, professeur de géographie et de colonisation de l'Afrique du Nord à la Sorbonne de 1920 à1935, mesure l'état réel des connaissances géographiques et la modestie de sa synthèse (ses quelques cartes donnent cependant une bonne idée du relief tournenté du pays).

Or ces caractéristiques physiques influent de manière déterminante sur
d'autres phénomènes majeurs, comme le type de végétation, qui conditionnent les peuplements humains. Le propos ne se réduit pas à sa seule dimension scientifique et ne cache pas sa dimension pragmatique (1) : les colonisateurs français ne peuvent ignorer les difficultés qu'il y a à communiquer d'Est en Ouest, à se rendre du Nord au Sud en raison des deux chaines montagneuses de l'Atlas parallèles à la côte ou à survivre dans le sud désertique.

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)

1. En 1906, Bernard Augustin sera co-auteur d'un ouvrage sur la colonisation du Sud de l'Agérie expliquant les trois modes de pénétation du Sahara : la pénétration scientifique, la pénétration politique et la pénétration économique, cf La pénétration saharienne 1830-1906 (Octaviana, bibliothèque numérique de l'Université de Paris 8).]]>

  • Profils géographiques dans l'Atlas saharien (Échelle des longueurs : l : 800.000; des hauteurs : l : 200.000)
  • Carte hypsométrique de l'Algérie (Échelle au 1/2 500 000e)
  • Les régions naturelles de l'Algérie ((Échelle au 1/2 500 000e)
  • Profils géologiques schématiques de l'Atlas algérien, par E. Fischer (Échelle des longueurs : l : 800.000; des hauteurs : l : 200.000)
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    1902]]> fre]]> Algérie. 19..]]> - Feuille Mascara ; NI-31-NO ; 1941 ; Institut géographique national (France)/France. Service géographique de l'armée, ISBN : C30_I31NW_41. "Dressé, héliogravé et publié par le Service géographique de l'armée, en 1927 (complété en 1938) ; Tirage de Janvier 1941 ou bien de Mai 1941"
    - Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=79093]]>
    Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> Lieu d'impression d'après l'activité de l'imprimeur A. Tavernier et date d'impression probable d'après le texte. - Aigle impérial couronné veillant sur codes et tables de la loi en vignette (Notes).

    Si la suppression des universités de 1793 a eu raison de la Faculté de droit, l'École de Droit d'Aix qui la remplace eut une existence singulièrement plus brève : seulement deux années, probablement un record pour l'université d'Aix-Marseille !

    PV Ecole de Droit (Aix 1806)

    Les futurs diplômés et leurs enseignants devaient être fin prêts puisqu'à peine ouverte le 15 avril 1806, la première soutenance de l'Ecole de Droit, dont la BU Schuman possède l'archive, eut lieu trois semaines plus tard, le 7 mai 1806.

    Affiche de licence (Aix, 1806)

    Depuis peu sacré Empereur (2 décembre 1804), Napoléon 1er multiplie les réformes et promulgue le 17 mars 1808 une nouvelle organisation générale des universités pour en faire la clef de voûte de l'enseignement dans l'Empire.

    La création de l'Université impériale (décret napoléonien du 17 mars 1808)

    La réouverture des universités s'accompagne d'un profond changement des institutions mais certaines traditions demeurent : dès l'année suivante, les affiches réapparaissent dans une disposition très similaire (double colonne, droit romain en latin, droit et procédure civils en français). La permanence de l'aigle impérial dans sa toute-puissance, en frontispice, ferait presque oublier l'apparition du très sobre "Académie d'Aix, Faculté de Droit", symbole d'un nouvel échelon hiérarchique et de la création de la fonction rectorale en 1809.

    Affiche de licence (Aix 1809)

    Alors seulement une simple réorganisation administrative ? Une lecture rapide ne remarquerait peut-être pas une nouveauté, et pas des moindres pour les juristes :à partir de 1809, la matière Code civil est remplacée par Code Napoléon. Une nouvelle codification écrite de toutes les lois civiles dont nous sommes toujours les héritiers...
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  • École de droit d'Aix. Acte public pour la licence, en exécution de l'article 21, titre III de la Loi du 22 ventose an 12. M. Caire (Louis-Joseph-Marie-Xavier) de Carpentras (Vaucluse) soutiendra l'acte public général, sur tous les objets d'étude fixés pour les trois premières années, dont on été extraits les lois, titres et articles suivans, assignés par MM. les professeurs de l'École de droit... cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le [ ] septembre 1806, à [ ] heures de relevée.
    • École de droit d'Aix. Acte public pour la licence, en exécution de l'article 21, titre III de la Loi du 22 ventose an 12. M. Jeaume (Claude-Etienne) d'Eyragues (Bouches-du-Rhône) soutiendra l'acte public général, sur tous les objets d'étude fixés pour les trois premières années, dont on été extraits les lois, titres et articles suivans, assignés par MM. les professeurs de l'École de droit... cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le 10 septembre 1806, à 4 heures de relevée.
    • École de droit d'Aix. Acte public pour la licence, en exécution de l'article 21, titre III de la Loi du 22 ventose an 12. M. Blaze (Henri-François-Joseph) d'Avignon (Vaucluse) soutiendra l'acte public général, sur tous les objets d'étude fixés pour les trois premières années, dont on été extraits les lois, titres et articles suivans, assignés par MM. les professeurs de l'École de droit... cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le 10 septembre 1806, à 4 heures de relevée.
    • École de droit d'Aix. Acte public pour la licence, en exécution de l'article 21, titre III de la Loi du 22 ventose an 12. M. Verger (François-Marie-Justin) d'Avignon (Vaucluse) soutiendra l'acte public général, sur tous les objets d'étude fixés pour les trois premières années, dont on été extraits les lois, titres et articles suivans, assignés par MM. les professeurs de l'École de droit... cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le 27. août 1806, à 5 heures de relevée.École de droit d'Aix. Acte public pour la licence, en exécution de l'article 21, titre III de la Loi du 22 ventose an 12. M. Boudou (Augustin-Joseph-Léonard) de Carpentras (Vaucluse) soutiendra l'acte public général, sur tous les objets d'étude fixés pour les trois premières années, dont on été extraits les lois, titres et articles suivans, assignés par MM. les professeurs de l'École de droit... cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le 27. août 1806, à 3 heures de relevée.
    • École de droit d'Aix. Acte public pour la licence, en exécution de l'article 21, titre III de la Loi du 22 ventose an 12. M. Giraudy (André-Louis-Antoine) d'Avignon (Vaucluse) soutiendra l'acte public général, sur tous les objets d'étude fixés pour les trois premières années, dont on été extraits les lois, titres et articles suivans, assignés par MM. les professeurs de l'École de droit... cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le samedi 16. août 1806, à cinq heures de relevée.  École de droit d'Aix. Acte public pour la licence, en exécution de l'article 21, titre III de la Loi du 22 ventose an 12. M. Olivier (Théodore-Augustin-François-Gabriel) de Carpentras (Vaucluse) soutiendra l'acte public général, sur tous les objets d'étude fixés pour les trois premières années, dont on été extraits les lois, titres et articles suivans, assignés par MM. les professeurs de l'École de droit... cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le mercredi 9. juillet 1806, à six heures de relevée.
    • École de droit d'Aix. Acte public pour la licence, en exécution de l'article 21, titre III de la Loi du 22 ventose an 12. M. Vidal (Jean-Joseph-Antoine-Louis) de Villefort (Lozère) soutiendra l'acte public général, sur tous les objets d'étude fixés pour les trois premières années, dont on été extraits les lois, titres et articles suivans, assignés par MM. les professeurs de l'École de droit... cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le mercredi 7. mai 1806, à 6. heures de relevée.
    • Académie d'Aix. Faculté de droit. Acte public pour la licence. Mr. Borély (Toussaint-Joseph) de Sisteron (Basses-Alpes) Bachelier, soutiendra l'Acte public général sur tous les objets d'étude fixés pour le cours triennal, et spécialement sur les titres suivans, que le sort lui a désignés... Cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le [ ] juillet 1809, à [ ] heures
    • Académie d'Aix. Faculté de droit. Acte public pour la licence. Mr. Brunet La Salle (Joseph-Louis-Justin) d'Aups (Var) Bachelier, soutiendra l'Acte public général sur tous les objets d'étude fixés pour les trois années, et spécialement sur les titres suivans qui lui sont échus par le sort... Cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le [ ] juillet 1809, à [ ] heures
    • Académie d'Aix. Faculté de droit. Acte public pour la licence. Mr. Montagne (Jacques-Auguste) d'Aix (Bouches-du-Rhône) Bachelier, soutiendra l'Acte public général sur tous les objets d'étude fixés pour les trois années, et spécialement sur les titres suivans qui lui sont échus par le sort... Cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le [ ] juillet 1809, à [ ] heures
    • Académie d'Aix. Faculté de droit. Acte public pour la licence. Mr. Bausset (Louis-Joseph-Alexandre) de Beauduen (Var) soutiendra l'Acte public général sur tous les objets d'étude fixés pour les trois années, dont les titres et les articles suivants lui sont échus par le sort... Vu par nous recteur de l'Académie. D'Eymar. Cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le [ ] juillet 1810, à [ ] heures du
    • Académie d'Aix. Faculté de droit. Acte public pour la licence. Mr. Beraud (Joseph-Marie-Sauveur-Antoine) de Cuges (Bouches-du-Rhône) soutiendra l'Acte public général sur tous les objets d'étude fixés pour les trois années, dont les titres suivants lui sont échus par le sort... Vu par nous doyen de la Faculté. Balzac. Vu par nous recteur de l'Académie. d'Eymar. Cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le [ ] juillet 1810, à [ ] heures du
    • Académie d'Aix. Faculté de droit. Acte public pour la licence. Mr. Sigaud Bresc (Antoine-Joseph-Felix) d'Aups (Var) soutiendra l'Acte public général sur tous les objets d'étude fixés pour les trois années, et spécialement sur les titres suivants que le sort lui a désignés... Vu par nous doyen de la Faculté. Balzac. Vu par nous recteur de l'Académie. d'Eymar. Cet acte public sera soutenu dans l'une des salles du ci-devant palais archiépiscopal, le [ ] juillet 1810, à [ ] heures du
    • D.O.M. praecellentissimo necnon amplissimo DD. Andreae-Alexandro d'Eymar Academiae Aquensis rectori. Thesis philosophica. Ex morali. De suicidio… Hanc thesim tueri conabitur, dante Deo, et duce D. Felix, diacono, philosophiae professore, D. Vincentius Melizan, Telonensis, Telone, anno millesimo octingentesimo vigesimo secundo, die vero vigesimo secundo mensis augusti.
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    1806-1810]]> fre]]> lat]]> France. 18..]]>
    Factums avant 1789]]> Biographie]]>
    Dans sa correspondance avec Jérôme Aléandre le Jeune (1574-1629), humaniste et érudit, petit-neveu de Jérôme Aléandre l'Ancien (1480-1542), humaniste italien, nonce et cardinal, Nicolas Claude Fabri de Peiresc accuse formellement Jacques Cujas, considéré comme le maître du courant de l'humanisme juridique en France, de "vol nocturne avec escalade et effraction et de plagiat avec destruction des sources".

    Nicolas Claude Fabri de Peiresc (1580-1637)

    La lettre datant de 1617, Cujas est depuis décédé, mais après avoir suivi une carrière assez mouvementée de professeur de droit, notamment de droit civil, dans plusieurs universités (Cahors, Bourges, Valence, Paris), il jouit d'une grande réputation. Par ailleurs, Peiresc n'apportant pas de preuve tangible, la lettre ne connut pas beaucoup de retentissement.


    Jacques Cujas (1522-1590), Musée du Vieux Toulouse (inv. 22.5.1, 1580)

    Que reproche précisément Peiresc à Cujas ? Quand il enseigne à Bourges, Cujas découvre la célébrité mais en même temps les inimitiés qu’elle implique. Il se lie alors avec le professeur de droit Le Conte, auteur d’additions de l’édition d’Hervet des Basiliques. A la mort de Le Conte, toujours à Bourges, Cujas (avec des complices) se serait introduit par effraction dans la bibliothèque du défunt et aurait emporté tous les manuscrits qui s'y trouvaient en choisissant personnellement ceux qui l’intéressent le plus parce qu’il sait parfaitement où ils sont rangés dans l'appartement. Il faut rappeler ici que les Basiliques présentent une compilation juridique des 9e et 10e siècles écrite en grec et rassemblent les textes des quatre œuvres justiniennes (Code, Digeste, Institutes, Novelles), complétés des commentaires des canonistes byzantins : un ouvrage de la plus haute importance pour les travaux des romanistes (cf https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/121).

    Ici, la première accusation paraît plutôt faible « On ne sait pas positivement si Cujas prit alors dans la bibliothèque de Le Conte trois volumes des Basiliques avec les autres manuscrits, ou si avant sa mort Le Conte les lui avait prêtés, il suffit de savoir qu'ils sont tombés entre les mains de Cujas qui ne s'en dessaisit jamais ». Présomption de culpabilité ? Mais la seconde n’est pas plus catégorique : « On dit que lorsque Cujas avait trouvé quelque scholie [commentaire] de son goût dans les dites Basiliques, après les avoir insérées dans ses observations, il déchirait le feuillet et le jetait au feu, de manière que les dits volumes furent mutilés... ».

    Chavernac précise que Charles-Annibal Fabrot (1580-1659) a essayé de faire justice de cette seconde imputation (en restant muet sur la première). Pour mémoire, Fabrot, professeur puis doyen de la faculté de droit d’Aix part s’installer à Paris en 1637 à la mort de son ami Fabri de Peiresc. Grâce à l’appui du chancelier Séguier, il établit en 1647 la première édition latine en sept volumes in-folio des Basiliques sans croire un seul instant à la seconde accusation : « Je croirais plutôt qu'avant que ces livres vinssent entre les mains de Cujas, ou après sa mort, ils sont tombés entre les mains de quelques enfants; à leur âge on aime les papiers forts et les parchemins; ils auront fait des coupures sur les bords, mais sans rien retrancher du texte ». Explication qui semble bien puérile à Chavernac.

    Reste un étonnant cold case non élucidé dans lequel un érudit accusé d’être vénal pour avoir volé des manuscrits, inexcusable pour avoir usurpé la paternité de précieux commentaires, impardonnable pour avoir détruit des sources de droit irremplaçables, n'aura pas souffert dans sa postérité avec son nom donné à une célèbre rue à Paris et à la prestigieuse bibliothèque interuniversitaire de Droit, d'Economie et de Science politique, établie par une convention entre les universités de Paris 1 - Panthéon-Sorbonne et de Paris 2 - Paris-Panthéon-Assas.

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    1895]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
    Éducation]]> Enseignement supérieur]]>
    L’École de Musique gratuite de Marseille (Immeuble Mossy, 45 rue d'Aubagne)

    Pour le semestre d'été de 1836, les cours publics couvrent quelques matières scientifiques : physique, chimie, botanique, anatomie physiologique, taxidermie et ornithologie. Les cours du semestre d'hiver de l'année suivante se sont sensiblement étoffés : s'y sont ajoutés l'arithmétique pure et commerciale, les arts et métiers, l'entomologie, la langue turque, la géologie, la géographie physique et la langue arabe. Comme le précise Marie-Hélène Clavères "le Conseiller d’Etat chargé de la Direction et de la surveillance de l’Instruction publique rappelle dans son rapport de pluviôse an XI la situation particulière de Marseille. Elle a considéré que cette ville étant le centre des Commerces du Midi et de la Méditerranée, ses habitants sont dans la nécessité d’apprendre plusieurs langues ; que sa richesse, son commerce et l’abord continuel des étrangers en font un lieu propre à cultiver les sciences et les arts. [...] Elle est persua­dée que les langues orientales vivantes sont d’une utilité évidente dans un Port qui fait son principal commerce avec le Levant & qu’il convient de nommer un Professeur de Turc, d’Arabe et de Persan ; que pour celles du Nord, il est également utile de nommer un Professeur d’Allemand & d’Anglais" (2). Certaines recommandations seront suivies d'effet, d'autres pas...

    Par la suite, certains cours disparaissent et de nouveaux apparaissent : la zoologie, la langue italienne et même l'enseignement pratique et théorique de la construction des machines à vapeur.

    Des cours publics et gratuits organisés par la ville de Marseille (1849)

    Avant l'usage courant de ces termes en France au 20e siècle, Marseille organise une authentique éducation populaire basée sur des cours du soir. D'abord programmés en milieu de journée, les cours sont majoritairement ouverts à tous en début de soirée à partir de 1846. Mais la ville ne se substitue pas au système éducatif qui se met alors en place (création de lycées et de facultés) et se cantonne aux enseignements prioritairement utiles à l'économie et au commerce.

    Souvent programmés de 19 heures à 21 heures : les cours du soir de Marseille (1849)

    Quelques cours particuliers dans les mêmes matières, également gratuits, sont proposés aux plus motivés, mais aux heures les plus chaudes, entre 13 et 14 heures...

    (1) Lionel Pons. - Le conservatoire de Marseille : un pan de notre histoire - in Le conservatoire de Marseille

    (2) Marie-Hélène Clavères. - L’enseignement de l’arabe au lycée de Marseille au XIXe siècle. Journals.OpenEdition

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    1836-1849]]> ]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
    Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
    Les cours de préparation à la licence sont réservés aux seuls étudiants inscrits (inscription trimestrielle) : ils doivent suivre une bonne dizaine de matières réparties sur 2 trimestres (été et hiver). Le cursus scientifique, très classique, couvre les disciplines de base de l'époque : mathématiques, physique, mécanique, chimie, zoologie et géologie.

    Programme des cours de la Faculté des sciences de Marseille, année scolaire 1862-1863

    Certains amphithéâtres de la Faculté des Sciences portent aujourd'hui le nom de ses enseignants les plus illustres, comme ceux appelés Charve ou Marion.

    L'amphithéâtre historique de Mathématiques et Physique baptisé Charve - Faculté des sciences de Marseille

    Les étudiants de Saint-Charles sont gâtés : les enseignements ne se limitent pas aux matières scientifiques, la Faculté de Droit propose des cours spéciaux (droit commercial, droit administratif, économie politique) et celle des Lettres des cours dans les mêmes spécialités que celles traitées à Aix (histoire, littérature, philosophie. Si les juristes et les littéraires viennent à Marseille organiser ces cours annexes, la réciproque est vraie : les scientifiques vont également donner des cours qu'on appellerait aujourd'hui cours du soir, comme ceux de géologie du professeur Coquand, également annoncés par voie d'affiche (de taille plus réduite).

    A 20 heures, à l'amphi des Lettres : cours de géologie (Coquand 1861)

    En plus de leurs cours réguliers et des cours complémentaires, la majorité des professeurs de la Faculté tiennent des conférences dans leur domaine de spécialité, conférences réservées aux seuls étudiants. Ces cumuls montrent que les professeurs avaient des charges d'enseignement assez lourdes (4 à 5 interventions hebdomadaires), sans compter leurs autres responsabilités (laboratoires, recherche, publications, administration,...). La dernière affiche de 1882-1883 fait référence à des cours publics, sans plus de précision.
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    1857-1883]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
    Droit colonial]]> Histoire de la colonisation]]>
    Entre 1896 et 1906, les nouveaux règlements qui s'appliquent aux matières premières présentes dans les colonies et les protectorats français ont de fortes répercussions économiques. H. Babled, Professeur à la Faculté de Droit d'Aix et à l'Institut Colonial de Marseille (il décèdera 3 ans après la publication de texte), en dresse une synthèse qui se veut pratique et utile à tous les acteurs sur le terrain : industriels, commerçants, colons et émigrants.

    Cette évolution législative touche tous les aspects de la production (propriété foncière, minière, forestière, maritime), de la main d'œuvre (indigène, immigrée, pénale) et des capitaux, particulièrement critiques et vitaux dans les colonies d'exploitation.

    Un exemple d'emballement réglementaire : la Loi foncière de Tunisie = 23 décrets entre 1886 et 1907 !

    Mais fait plus important encore, les colonies sont rarement auto-suffisantes : la consommation locale ne saurait constituer un marché viable et leur économie repose en très grande partie sur les échanges, tant avec la métropole qu'avec l'étranger : leur bonne santé économique ou leur survie dépend essentiellement des débouchées commerciaux où les questions monétaires, les crédits et les régimes douaniers sont des facteurs clés. Sur ces points-là, il reste des marges de progrès à faire très substantielles mais comment s'en étonner quand on sait que le Conseil Supérieur des Colonies ne se réunit jamais, que les ministres aux colonies se succèdent aussi rapidement qu'ils détruisent tout ce qui a été fait avant eux et que les législations changent tous les 2 ans, pour ne pas dire tous les 6 mois, créant un environnement juridique particulièrement instable et totalement incohérent !]]>
    1906]]> fre]]>
    Antiquité]]> Histoire]]>
    Pour autant, GSell ne fait pas dans la demi-mesure dans sa conclusion : les Berbères (étymologiquement, pour les Grecs et les Romains, barbares, ceux qui ne parlent pas leur propre langue) sont globalement restés assez primitifs. Et pour sortir de cette vie et ces mœurs rudimentaires, une seule solution : une forte discipline, qu'ils refusent tant ils sont impulsifs, ombrageux, susceptibles, anarchistes, nerveux, vaniteux... 

    La Numidie, le royaume berbère (1)

    Toutes ces qualités manquantes expliquent qu'ils ne seront jamais en mesure de mener leur propre destinée, en tout indépendance, et encore moins de constituer un véritable État qui entre dans l'Histoire. Ruinés par leurs divisions internes, asservis à leurs vieilles coutumes (ça vaut pour les paysans comme pour les montagnards), vulnérables aux diverses dominations, il est alors évident qu'il "faut que des étrangers viennent imposer à ce peuple l'ordre et la paix". Pour les Berbères, ce ne sera pas une première, mais les Romains ne vont pas faire les choses à moitié...

    Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian – MMSH, Aix-en-Provence)

    Réfs
    Histoire ancienne de l'Afrique du Nord - Wikipédia
    Histoire des Berbères - Wikipédia

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    1929]]> fre]]> Numidie (province romaine)]]> - Feuille Souk-Ahras ; 18 ; 1942 ; Institut géographique national (France)/France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_018_942a.
    "Révisé en 1931 ; Tirage de Novembre 1942"
    - Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32687]]>
    Histoire de la colonisation]]> Ce qui distingue les colonisations anciennes de celles modernes, c'est d'abord la distance géographique : les Phéniciens, les Grecs, les Romains (l'auteur ne cite pas les Egyptiens) implantent des colonies dans le pourtour méditerranéen et rencontrent des peuples avec qui ils partagent de nombreux points communs. Avec l'évolution technique des bateaux et les progrès de la navigation, les nouvelles colonisations visent des territoires bien plus éloignés, là où les populations locales y sont très différentes des Européens et sur tous les plans : aspects, coutumes, mœurs, alimentation, langues, croyances, rites, systèmes politiques, organisations sociales, ...


    Les empires coloniaux en 1898 : un appétit mondial sur fond de rivalité franco-britannique (Hérodote.net)

    L'étude des récentes colonisations confirme ce phénomène et met en lumière une autre observation, la disproportion de taille entre les Etats colonisateurs, leur puissance réelle et leur emprise territoriale : c'est vrai de la Hollande, du Portugal et de la Belgique, par ex., mais n'est-ce pas vrai également de la Grande-Bretagne et de la France, dont les empires sont devenus si grands que leurs zones d'influence deviennent concurrentes et les conflits territoriaux inévitables : à leur apogée, ils couvriront 33 M de km² pour le premier et 10 M de km² pour le second (un tiers des surfaces terrestres habitables). Seules les colonisations russes et américaines (une colonie de colonies), plus atypiques, échappent à ce constat : un fossé sépare aujourd'hui colons et colonisés et la distance n'est plus physique mais culturelle. Avec comme conséquence qu'il faut prendre davantage en considération les populations indigènes, qu'il faut prendre son temps pour initier les peuples à la vie moderne (occidentale), qu'il faut passer d'une colonisation d'exploitation, brutale, sans discernement, pressée et uniformisatrice, à une colonisation d'éducation, qu'il faut abandonner les fers et les fers rouges, à long terme contreproductifs, et entreprendre une patiente assimilation, une acculturation raisonnée, ce que n'ont pas su faire les derniers états européens à se lancer, fin 19e, dans l'aventure coloniale, à savoir l'Allemagne et l'Italie.

    Ecole pour les enfants de tirailleurs - éduquer mais avec prudence et modération (Soudan français, 1906)

    Alors Albert Dubois humaniste ? Probablement pas. Convaincu des bienfaits de la culture occidentale ? certainement. Pragmatique : totalement. La question n'est pas de savoir s'il est moral ou pas de coloniser, c'est ça le dogmatisme, la question est de le faire intelligemment. Car en définitive, la spécificité de la colonisation moderne est qu'elle est le fait de pays européens qui ont bâti des systèmes éducatifs complets au cours du 19e siècle pour leur propre population, systèmes indispensables aux nouveaux de modes de production industrielle, créant un décalage irreversible avec les sociétés traditionnelles.

    Mais si la France, et c'est tout à son honneur comme le pense l'auteur, emprunte cette voie modérée, on ose dire généreuse, elle ne peut oublier que la souffrance d'un pays qui a été anciennement colonisé n'efface pas celle qu'il inflige quand il devient à son tour pays colonisateur et impose sa culture et sa rationalité à d'autres sociétés.]]>
    1895]]> fre]]> Colonies françaises]]> Colonies portugaises]]> Colonies belges]]> Colonies britanniques]]> Colonies néerlandaises]]>
    Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
    Lettres - programme des cours annoncés par voie d'affiche (1847)

    A l'image de l'année universitaire, cette générosité est de courte durée : le calendrier des examens de l'année et leurs modalités (par ex., avoir 16 ans révolu et avoir suivi deux cours complets pour pouvoir obtenir le grade de la licence) sont imprimés sur la même affiche, les étudiants ne sont donc pas pris par surprise.

    Lettres - programme des examens (1847)

    Pour les juristes particulièrement étourdis, il leur est fermement rappelé qu'ils sont tenus de suivre deux de ces cours au choix (dans quel but pédagogique :  culture générale, maîtrise du latin ou entraînement à l'éloquence ?), aucune dispense n'est prévue ni envisageable, sauf motifs gravissimes. Seuls les certificats d'assiduité font foi : ce dispositif, de nos jours toujours en vigueur dans de nombreuses formations universitaires, ne vise pas spécialement les étudiants en droit, et fait plutôt écho aux reproches récurrents d'absentéisme chronique des étudiants, quant ce n'est pas celui du corps enseignant...

    Lettres - enseignements obligatoires pour les juristes (1854)

    Même si la liste des enseignements ne s'allonge pas, à l'exception de l'apparition de conférences d'agrégation, les affiches se "modernisent" dans les années 1860 et adoptent la présentation synthétique du tableau, déjà présente dans les bilans statistiques de ce siècle, avant d'envahir toute la communication contemporaine. Cette présentation ostensiblement scientifique, et qui sera par ailleurs abandonnée quelques années plus tard par la Faculté, contraste avec le classicisme revendiqué de la scholarité. Abandon cohérent avec la très grande stabilité des enseignements durant ces 40 années et leur relative austérité (comparée au foisonnement des disciplines proposées aujourd'hui par les facultés des lettres, langues, arts et sciences humaines).

    Lettres - tableau des cours (1864)

    Signe d'ouverture intellectuelle, engagement dans l'éducation populaire, ou encore prosélytisme de certains littéraires, les cours sont étonnamment tous publics, alors qu'en droit, l'inscription préalable est obligatoire, sans dérogation possible. Seules les conférences sont réservées aux étudiants scolarisés.

    Lettres - Fin 19e, les cours sont accessibles à tout public (1883)
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    1847-1884]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
    Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
    Fidèle aux traditions, la Faculté de droit affiche le programmes des cours qu'elle va donner durant l'année scolaire pour tous les niveaux (de la 1ère à la 3ème année, quelques-unes en évoquent une 4ème) : le contenu de ces enseignements est très détaillé (professeurs et matières), le calendrier de l'année, les jours et les horaires sont extrêmement précis. En général, l'année universitaire commence au tout début du mois de novembre (le samedi 3 si nécessaire, comme en 1838 !), marquée par une séance solennelle de rentrée (la remise des prix a lieu pendant cette cérémonie).

    Université royale (1815-1817) remplace Université impériale (1806-1814)

    Pour assister au cours, il est obligatoire de s'y inscrire, la période d'inscription, très courte, n'excède pas une dizaine de jours. La scolarité ne s'achève que fin août pour la 3ème ou 4ème et dernière session d'examen. Les programmes sont copieux : selon l'époque et leur année d'inscription, les étudiants sont tenus de suivre (l'assiduité est contrôlée) les cours des Codes et Institutes de Justinien, de droit romain & de droit français, ceux de Pandectes, du code Napoléon ou du code civil, de la législation criminelle, du code de commerce, de droit administratif, de l'économie politique, ... Comme l'écrivent C. Charle et J. Verger, si les défauts du système napoléonien apparaissent de plus en plus à partir des années 1860, il faut mettre au crédit de cette réforme "La diversisification des disciplines enseignées [...]. En droit, l'économie politique, les finances publiques, l'histoire du droit, le droit international, etc. prennent de l'importance" (1).

    La mention Instruction publique s'impose en 1818 pour céder la place à celle d'Université de France en 1823

    En très bon état de conservation, les 94 placards qui couvrent la plus grande partie du 19 siècle nous montrent le contraste entre la grande stabilité des enseignements et le changement incessant du titre officiel de l'administration des universités.

    A partir de 1843, la Faculté de droit affiche sa ville en lettre d'or mais en 1847, elle réserve ce prestige au nom de sa discipline

    Parfois remplacée par Instruction publique, c'est la mention Université de France qui apparaît avec le plus de constance sur toutes les affiches jusqu'en 1870 (on remarquera la persistance de l'emploi du singulier...). A partir de la Troisième République (1870), elles seront toutes chapeautées de notre très familière République française.


    1. Christophe Charle & Jacques Verger (Aix-Marseille). - Histoire des universités : XIIe-XXIe siècle - PUF, 2012, p. 111 (disponibilité)]]>
    1806-1884]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>
    Éducation]]> Enseignement supérieur]]> Économie coloniale]]> Exposition coloniale de Marseille, 1906 ; 10 (Appartient à la collection)

    Qu'est-ce qui différencie la colonisation des siècles passés (16e-18e siècles) de la colonisation moderne (19e-20e siècles) ? Une seule chose : l'enseignement colonial, seul garant d'une colonisation rationnelle et humaine. Et pas seulement celui très spécialisé et professionnel proposé aux futurs colons : non, celui très général destiné au plus grand nombre, celui qui va de l'école primaire à l'enseignement supérieur, celui qui éduque la jeunesse, celui qui montre ce que sont réellement les colonies, celui qui explique comment produire, exploiter et profiter plus intelligemment, davantage et mieux ce que l'outre-mer peut apporter, au profit de tous.

    Le directeur du Musée colonial, E. Heckel, ne s'encombre pas de périphrases édulcorées : "Puisque l'éducation nationale actuelle va tout à fait à l'encontre de la colonisation, nous devons, sans hésiter, y apporter les réformes nécessaires. Sapons les vieux préjugés qui éloignent tant de jeunes gens des carrières utiles (commerce, industrie, colonies) pour les lancer à la poursuite énervante des fonctions administratives !".

    Les nouveaux locaux de l'Institut Colonial (5, rue de Noailles - Marseille, 1907)

    Pour y parvenir, un seul remède : la science, qui a pour but de faire connaître l'histoire, la géographie, l'agriculture, le commerce et l'industrie des pays d'outre-mer. Et pour réussir, une seule méthode : revoir l'organisation et le contenu de ces enseignements si indispensables aux nations colonisatrices et s'appuyer sur les outils, les lieux et les institutions qui ne manquent pas : les écoles, les musées de l'éducation nationale, les musées d'histoire naturelle et, bien sûr, les musées coloniaux qui ont fleuri dans toute la métropole : Marseille, Nancy, Lyon, Bordeaux, Nantes, ...

    Le détail des cours donnés par ces instituts nous indique qu'E. Heckel se tient bien informé de l'offre existante et pas seulement en France : davantage sources d'inspiration que sources d'inquiétude, les formations à l'étranger sont moins des concurrences menaçantes que des expériences intéressantes : Angleterre, Allemagne, Belgique, Anvers, Congo, Vilvorde, Mons, Hollande, Haarlem, Italie, Naples, San-Demetrio Corona, Turin, Florence, Russie, Portugal, Espagne. L'enseignement colonial, une idée pas toujours partagée, mais qui s'impose à tous les pays colonisateurs...

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    1907]]> fre]]> Marseille. 18..]]> Marseille. 19..]]> Colonies françaises. 19..]]>
    Législation & réglementation]]> Économie]]>
    Mention manuscrite en dernière page : du 13 août 1751, Lettres patentes concernant la Chambre de Commerce, enregistrée le 3 sept. an 1751.

    Après avoir pris connaissance de l'état du commerce à Marseille, Louis XV décide de modifier la composition de sa Chambre de commerce : jusqu'à cette date, elle était administrée par 4 députés, 8 conseillers et les 4 échevins de la ville, soit 16 membres au total. L'arrêt de 1751 ne modifie pas le nombre de conseillers et d'echevins (officiers de la ville choisis parmi les représentants de la bourgeoisie) mais triple celui de députés : ils seront désormais 12, pour une durée de 6 ans chacun. Pour assurer une certaine continuité dans la gestion des dossiers, les députés seront renouvelés par 2 tous les ans (soit un renouvellement complet sur un cycle de 6 ans).

    Sans que cela ne soit jamais dit, cette nouvelle assemblée instaure une stricte parité entre les conseillers et échevins d'une part, et les députés, d'autre part. Cet ajustement arithmétique, en apparence anondin, est une décision très politique de la part de Louis XV :

    - depuis le 17e siècle, le pouvoir royal considère Marseille comme une place commerciale essentielle pour la bonne santé économique du pays
    - à la fin de la Grande peste de 1720 qui a paralysé la ville, Louis XV avait imposé des mesures radicales pour accélérer la réouverture de ses magasins et la reprise du commerce (1)
    - en un siècle, la constitution de la Chambre de commerce aura été remaniée pas moins de 4 fois (1650, 1660, 1717, et enfin 1751), traduisant la difficile recherche d'un équilibre entre ses représentants face à l'évolution de l'activité commerciale, notamment d'ordre maritime
    - les députés représentent uniquement les négociants et ne sont donc pas l'émanation directe du milieu politique local dont le goût pour certaines formes de liberté est bien connu du pouvoir central.

    L'agrandissement de Marseille au cours des 17e et 18e siècles (carte de 1743)

    Dans son analyse de l'évolution urbaine de la ville au cours des 17e et 18e siècles, J. Puget décortique les jeux de pouvoir entre les élites politiques et commerçantes, leur soutien ou leur réverve à une extension ambitieuse des quartiers marchands et leur influence en matière de "fabrique urbaine" : "Depuis 1599, Marseille est dotée d’une Chambre de Commerce dont l’objet principal est de défendre l’intérêt des négociants et de leur activité. L’institution prend un essor tel que les sources administratives évoquent progressivement le gouvernement de la ville et celui du Commerce de manière séparée, soulignant l’existence de deux administrations distinctes, voire concurrentes" (1).

    _________________

    1. Acte declaratif de l'etat present de la santé de la ville de Marseille, & de la désinfection generale qui y a été faite par ordre du Roy (1723) - Odyssée
    2. Julien Puget - Les négociants marseillais et la fabrique urbaine, entre désintérêt immobilier et implication politique (1666-1789) - OpendEdition Journals]]>
    1751]]> fre]]> Marseille. 17..]]>
    Archéologie]]> Antiquité]]> Paris, le 15 septembre 1910".

    Au cours des dernières années, les archéologues n'ont pas chômé et poursuivent le déblaiement du site : il y a maintenant plus de 50 lieux à visiter dans un ordre recommandé, en commençant par l'Hôtel et le marché arabe. Dans son exposé général de 1910, A. Ballu rappelle les problèmes d'approvisionnement en eau et souligne le progrès apporté en 1900 par la pose de conduites en fonte pour l'amener sur le site.

    Une fontaine très occidentale installée sur le site de Timgad (1911)

    L'arrivée de l'eau a permis l'installation d'une fontaine à l'usage de tous (autochtones et équipes du Service d'archéologie) : un progrès incontestable magnifié par la réplique de très bon goût du Manneken-Piss de Bruxelles. La population locale a sûrement apprécié cet extrême raffinement occidental. L'occasion de se souvenir que les Romains étaient très soucieux de l'hygiène individuelle et collective et que les latrines publiques témoignent de leur très grande maîtrise technique des questions hydrauliques : un ingénieux réseau de caniveaux périphériques assurait l'évacuation permanente des déchets vers un égout principal, ce qui fera dire à A. Ballu que "Comme on le voit, c'est le système du tout à l'égout dont, à notre époque, on a la prétention de s'attribuer l'invention".

    Les latrines publiques (Timgad, 1911)

    Et comme un bienfait ne vient jamais seul, un hôtel-restaurant a pu être construit pour le plus grand confort des voyageurs qui voudraient séjourner quelques jours près du site.

    Le marché arabe à Timgad (1910)

    Chemin faisant, l'hôtelier loue aux indigènes des magasins, rendant d'autant plus prospère le marché arabe local.

    Diane surprise au bain par Actéon, petit-fils d'Apollon (Timgad, 1911)

    Toujours très riche en photographies, comme cette très belle mosaïque de Diane, le rapport de 1910,  reprend en très grande partie, parfois intégralement, le document de 1903 (également sans table des illustrations) : la présentation en planches hors texte et en pleine page des illustrations, souvent limitées jusque-là à des vignettes de taille réduite, donne l'apparence d'un texte plus substantiellement enrichi.

    Si Albert Ballu est soucieux de documenter son bilan annuel, il n'oublie pas de promouvoir l'avancée des fouilles sous son nom dans un ouvrage parallèle : "Les ruines de Timgad, sept années de découvertes, ouvrage illustré de 25 planches hors texte dont 3 en couleurs et de 18 plans".

    Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence) ]]>
    1911]]> fre]]> Algérie. 19..]]> Thamugadi (ville ancienne). 19..]]> - Feuille Batna ; 27 ; 1894 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_027_894a.
    "Dressé, gravé et publié (1891) ; 12094 [pour 12 1894]"
    - Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32460]]>
    Archéologie]]> Antiquité]]> Paris, le 1er mars 1903"

    Fondée par l'empereur romain Trajan en 100, l'ancienne colonie de l'Afrique romaine est une véritable ville qui propose à ses citoyens romains ses temples, ses thermes, son forum et son théâtre. Ses monuments les plus importants sont repérés en 1765 et leur description détaillée, publiée dans la Revue africaine en 1875 (1), décide le Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts français à lancer leurs fouilles. Dans la foulée, le Ministère crée le poste d'architecte en chef des monuments historiques d'Algérie et le confie à l'architecte français Albert Ballu (2), chargé de gérer le Service des monuments historiques de cette colonie française et de s'occuper des chantiers de fouille qui s'ouvrent dans plusieurs régions d'Algérie (3).

    Albert Ballu, architecte en chef des monuments historiques d'Algérie (1849-1939)

    Chaque année, l'architecte en fait une tournée d'inspection, tournée qui donne lieu à un rapport adressé au Ministère de l'Instruction publique et au gouverneur général à Alger. Albert Ballu prend le parti d'enrichir son rapport de nombreuses illustrations, comme celui de 1903 présenté ici, ce qui n'est pas toujours le cas des rapports autant scientifiques qu'administratifs (le service montre les progrès accomplis sur le plan archéologique mais rend aussi des comptes sur son activité).

    Les ruines de Timgad (Thamugadi), un vaste site de plus de 90 hectares (1903)

    Les photographies de type panoramique permettent de saisir l'étendue du site : d'une superficie de 12 hectares du 1er siècle (limites de son mur d'enceinte), il s'étendra sur plus de 60 hectares au 3ème siècle. La ville florissante est alors entourée d'exploitations agricoles, en particulier des oliveraies, qui ne manquent pas d'eau.

    Le très majestueux Arc de Trajan (Timgad, 1903)

    La notoriété du site n'est pas due qu'aux seuls monuments : quantité d'autres vestiges sont mis au jour (statuaire, fresques, poteries...).

    Têtes à deux faces (Timgad, 1903)

    Son déclin, engendré par les conflits religieux et territoriaux récurrents, aboutira à sa ruine à la fin du 7e siècle et à son abandon complet à partir du 8e siècle. Son ensevelissement progressif (au 18e siècle, n'émergent que le sommet des monuments les plus hauts comme l'imposant arc de Trajan, édifice le mieux conservé du site) la préservera des dégradations du temps et des pillages et son bon état général de conservation explique l'enthousiame des archéologues qui ont à cœur de sortir de l'oubli ces vestiges.

    Publicité qui dépasse la seule communauté des archéologues : la toute première phrase de l'aperçu historique par lequel débute l'ouvrage rappelle que :  "Parmi les promeneurs qui, chaque année, font leur tour d 'Algérie, bien peu négligent de visiter les restes antiques que la civilisation romaine a laissés au pied de l'Aurès". Est-ce en pensant à eux qu'il a pris soin d'intitulé son rapport "Guide illustré de Timgad" ?

    Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)
    ______________________
    1. Albert Ballu (1849-1939) - Wikipédia
    2. Revue africaine - Wikipédia
    3. Timgad - Wikipédia]]>
    1903]]> fre]]> Tunisie. 19..]]> Thamugadi (ville ancienne). 19..]]> - Feuille Batna ; 27 ; 1894 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_027_894a.
    "Dressé, gravé et publié (1891) ; 12094 [pour 12 1894]"
    - Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32460]]>
    Colonies françaises]]> Histoire de la colonisation]]> Économie coloniale]]>
    En avant-titre : Exposition coloniale de Marseille, 1906. - Contient 22 planches, 5 cartographiques intégrées dans le texte et 17 de photographies en feuilles intercalées (Notes)

    L'engouement pour l'empire colonial a généré toute une littérature offrant de très nombreux bilans sur l'état de chaque colonie : le parti pris des auteurs, sollicités par la Commission des Publications et Notices associée à l'Exposition Coloniale de 1906, a été de se limiter aux seules données (quantitatives et qualitatives) et aux seuls documents photographiques que les Sociétés réellement en activité ont bien voulu leur adresser. L'occasion de montrer et de comprendre l'énorme appétit de la France pour les matières premières minérales qui lui manquent tant, à une époque où elle n'a pas encore mesuré le potentiel de l'Afrique occidentalle et équatoriale.

    Ain-Zeft - forages pétroliers (Algérie, 1907)

    L'Algérie regorge de matières premières stratégiques : plomb, zinc, cuivre, mercure, antimoine, sans oublier les combustibles minéraux, comme le pétrole que les technologies d'extraction permettent d'exploiter assez facilement.

    Mine de phosphate à Gafsa (Tunisie, 1907)

    Le sous-sol tunisien est généreux en fer mais "offre" aussi à la métropole de très intéressants gisements de phosphate et de sel.

    Lavage de l'or à Bernandramo (Madagascar, 1907)

    Les besoins sont immenses et variés et ne se limitent pas aux industries de base : Madagascar est exploitée pour ses pierres précieuses et par les orpailleurs aux méthodes très artisanales, faute de pouvoir utiliser des machines modernes.

    La cimenterie d'Haiphong (Indo-Chine, 1907)

    L'éloignement géographique des territoires les plus lointains ne leur permet pas d'échapper à la boulimie française : en Indo-Chine s'ouvrent de très importantes mines de charbon et d'imposantes exploitations de chaux et de ciments. Le Tonkin n'est pas avare en tungstène et en étain, facilement exportable en Chine. La Nouvelle-Calédonie est à son tour convoitée pour ses ressources en fer mais ses promesses en chrome, nickel et cobalt sont mal encore mal connues, les exposants calédoniens, comme leurs collègues guyanais, ne sont pas venus suffisamment nombreux à l'Exposition de Marseille.

    Cet instantané très illustré (22 planches présentant une centaine de photographies) est l'exemple instructif d'une nouvelle cartographie mondiale du début du 20e siècle de l'exploitation des ressources minières et énergétiques qui n'aura de cesse de d'augmenter sa productivité et de s'étendre à tous les territoires, tant terrestres que marins, qui recèlent des matières valorisables (nickel, gaz, bauxite, uranium, terres rares...)]]>
    1907]]> fre]]> Colonies françaises. 19..]]> Algérie. 19..]]> Congo (France; 1903-1958)]]> Guyane française. 19..]]> Indochine. 19..]]> Madagascar. 19..]]> Nouvelle-Calédonie. 19..]]> Tunisie. 19..]]>
    Économie]]> Commerce maritime]]> Quand un pays entre en guerre, sa vie économique et sa vie sociale sont profondément bouleversées : même éloignée des tranchées et des combats qui ravagent le Nord et l'Est du pays, Marseille n'échappe pas à la transformation forcée de tous les secteurs qui assurent la vie quotidienne de la population ou qui participent activement à l'effort de guerre ou le subissent : le ravitaillement en denrées alimentaires et en énergie des civils, les transports pour les acheminer, l'impôt sur les bénéfices de guerre et les diverses taxes pour la financer, la monnaie, les  emprunts et la fiscalité, etc. deviennent des questions centrales.

    Le port de la Joliette (vers 1910-1930 ?)

    Compte tenu de son activité portuaire, les questions du transport maritime prennent une importance toute particulière : assurances contre les risques de guerre, réquisitions de la flotte, confiscations maritimes, agrandissement des bassins, liaison ferroviaire et liaison avec le Rhône... Un travail de dépouillement et la synthèse de près de 5 000 pages de comptes rendus et de procès-verbaux commandités pour un simple exposé destiné au renouvellement de la Chambre.]]>
    1919]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
    ]]> Colonies françaises]]> Histoire de la colonisation]]> Économie coloniale]]>
    Si ce document s'attarde sur le développement des deux principales colonies françaises, l'Algérie et la Tunisie, sa très longue introduction consacrée à la colonisation française au début du 20e siècle en propose un bilan des plus intéressants et non dénué de recul.

    Le 19e siècle s'achève sur l'émergence d'un nouveau regard politique plus critique sur la colonisation française : des théories nouvelles analysent les limites des colonies de peuplement (celles d'Afrique du Nord, par ex.) dans leur volonté d'organiser à l'européenne la société civile et d'imposer de nouveaux modes de production qui excluent les populations indigènes. Ces théories ne sont pas étrangères à la prise de conscience qu'un modèle qui se prive des connaissances et du savoir-faire des populations locales et qui bouleverse sans ménagement les cultures traditionnelles risque d'être difficilement reproductible dans les nouveaux territoires que la France convoite et possiblement contre-productif, notamment dans le domaine agricole.

    Cette prise de conscience ne se réduit pas au constat cynique que l'asservissement brutal n'assure pas toujours la plus forte productivité : un territoire colonisé, ce n'est pas seulement des matières premières à volonté et de la main d'œuvre peu coûteuse. Elle se double de la prise en compte des souhaits d'émancipation plus ou moins exprimés par les populations locales. Il s'agit là d'un tournant majeur, exposé à plusieurs reprises dans les discours et les débats qui auront lieu au cours de l'Exposition : la France doit adopter une approche plus humanitaire de ses colonies et encourager une attitude de bienveillance. Si la mission civilisatrice de la France est de plus en plus évoquée, en toute sincérité chez certains humanistes, comme simple alibi pour les chantres de la supériorité de la civilisation occidentale chez d'autres, l'introduction prône une véritable politique d'association des populations indigènes au niveau de l'administration (cet aspect s'accentuera après l'engagement des troupes coloniales dans la Guerre 1914-1918).

    L'auteur ne peut cependant occulter l'objectif principal de l'Exposition de 1906 : la promotion de l'Empire colonial au niveau économique et commercial et le rôle de la métropole dans le développement de ses colonies. A noter, en plus des données statistiques classiques de la production minière, industrielle et agricole et de l'état des infrastructures (réseau routier et ferré, par ex.), de nouvelles considération comme le réseau des écoles.

    Les lignes télégraphiques, indicateur dès la fin du 19e siècle d'un certain niveau de développement (Colonies françaises -1898-1904)

    Si la métropole attache tant d'importance au développement de ses colonies, c'est qu'elle prend conscience que ses territoires d'outre-mer ne sont pas seulement des réservoirs de richesses plus ou moins dociles mais aussi un espoir de nouveaux débouchés dans un monde qui s'annonce de plus en plus concurrentiel. 

    Importations et exportations dans le commerce colonial (Colonies françaises, 1895-1904)

    Quant au progrès apporté par les colons au cours des années 1900-1905 et annoncé dans le sous-titre, bien des autochtones ont dû penser que les bonnes intentions des uns peuvent devenir un enfer pour les autres...

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    1906]]> fre]]> Algérie. 19..]]> Tunisie. 19..]]> - Feuille Bizerte ; II ; 1887 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_02_1887a. Levés de 1881 à 1887 - Carte de reconnaissance
    - Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=43100]]>
    Commerce maritime]]> Économie coloniale]]>
    Utilisables dès 1847 (1), les infrastructures de la Joliette ne seront achevées qu'en 1853 et le port du Frioul est lui aussi agrandi. L'extension du port se poursuit avec la construction des bassins du Lazaret en et d'Arenc en 8u bassin Napoléon en 1859 (2).

    Si Sébastien Berteaut rappelle l'importance du port de Marseille dans l'économie locale, il ne manque pas d'insister sur son poids dans la prospérité nationale, ce qui justifie la nécessité d'améliorer toutes les infrastructures amont et aval indispensables à l'activité portuaire : avant-port, sécurité, docks, bourse de commerce, franchise, liaison avec le Rhône, ligne de chemin de fer avec le nord...

    Le Vieux-Port de Marseille, tirage stéréoscopique daté entre 1866 et 1870 (3)

    Particulièrement bien informé, il ne limite pas son étude au cadre régional et aborde toutes les questions du commerce extérieur tant colonial (Algérie, Afrique de l'Ouest, Guyane) qu'international (Chine, Belgique, Turquie). En insistant sur les denrées les plus stratégiques de l'époque (sucres, céréales, oléagineux, sels), il montre sa bonne connaissance de la flotte marchande mondiale, de ses paramètres économiques et de ses dimensions concurrentielles : avec une flotte moitié moindre (600 000 tonneaux ~2,83 m²) de celle des Etats-Unis (1 200 000 tx) et qui n'atteint pas même le quart de celle de l'Angleterre (2 500 000 tx), le coût du fret français est structurellement plus élevé que ses deux rivaux déjà désignés, un désavantage compétitif que la France mettra plus d'un siècle et demi à surmonter...

    Confiant dans la navigation à vapeur encore émergente en 1843 (à l'aube de cette technique, la propulsion à vapeur exigeait un volume de charbon tel qu'il prenait davantage de place dans les soutes que les marchandises à transporter !), l'auteur conclut sur un espoir né à la fin du 18e siècle : "Les produits de l'Inde prendront un jour la voie de Suez".... Un projet qui bouleversera le destin de Marseille.

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    1. Chronologie de Marseille - Wikioédia
    2. Le Grand port maritime de Marseille - Wikipédia
    3. Le port de Marseille entre 1850 et 1914, témoignages d’un temps révolu - Le Stéréopôle, l'univers des images stéréoscopiques

    ]]>
    1845]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
    Droit international]]> Successions et héritages]]>
    Les (somptueux) bureaux de la Compagnie du Canal de Suez (Port-Saïd Egypte)

    Les plaidoiries très documentées de l'avocat de la Cie du Canal Suez ne laissent passer aucune erreur ni approximation, et pour cause : elles exploitent toutes les pièces produites par l'instruction de 1901 déclenchée par la plainte de Mme de Negrelli et qui prouvent, par ex., que Thouvenel et Walesky, à l'époque, tous deux diplomates et impliqués dans le projet en tant qu'ambassadeurs et ministres des affaires étrangères, avaient bien été informés du nombre de parts qui leur avait proposé mais avaient à l'époque décliné cette offre.

    Édouard Thouvenel, diplomate et Ministre des Affaires étrangères français de 1860 à 1862 (1818-1868)


    Le comte Alexandre Walewski, Ministre des affaires étrangères français de 1855 à 1860 (1810-1868)

    Me Bonnet admet cependant certaines irrégularités dans l'attribution des parts de fondateurs, en particulier celles accordées entre 1861 et 1869 par F. de Lesseps lui-même (celles des deux diplomates, par ex.) sans l'assentiment formel du Vice-Roi d'Egypte, pourtant expressément requis. L'avocat, sûr d'avoir démonté l'argumentaire de ses trois adversaires, n'hésite pas à réclamer des dommages et intérêts à Calmels en précisant, très magnanime, qu'ils sont infiniment plus modérés que les dommages réels subis par F. de Lesseps et la Cie maritime.

    En concluant sur le caractère irrecevable et infondé des trois plaintes, le Substitut reprend les termes de la plaidoirie, accuse Calmels d'avoir entraîné les héritiers des deux autres familles dans cette action en justice et défend l'honneur des deux diplomates qui ont refusé, pour des raisons de haute moralité, les parts de fondateurs qu'on leur proposait : un homme politique n'a pas à être payé de ses services et un homme public n'a pas à percevoir une quelconque rémunération de particuliers qui ont profité de la situation. Un salutaire rappel anticorruption qui évite au procès de sombrer dans une sordide affaire d'actionnaires en mal de juteux dividendes...

    1. Édouard Thouvenel - Wikipédia
    2. Alexandre Colonna Walewski - Wikipédia

    ]]>
    1913]]> fre]]> Suez, Canal de (Égypte). 18..]]> Suez, Canal de (Égypte). 19..]]> - Feuille Port Said ; 19/VII-VI N.E. ; 1911 ; 2nd Edition 1911 ; Survey Department. Surveyed in 1911
    - Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=1058]]>
    Droit international]]> Successions et héritages]]> er octobre 1858, les travaux de percement du futur Canal de Suez n'ont pas encore commencé alors qu'il en est l'un des tout premiers concepteurs. Membre de la Commission Internationale pour le percement de l'isthme de Suez, il envoie en 1846 des ingénieurs effectuer les premiers relevés qui lui serviront à élaborer les ébauches du projet. En 1857, il est nommé inspecteur général de tous les canaux égyptiens par le vice-roi égyptien Saïd Pacha (1).

    Alois Negrelli (1799-1858)

    Plusieurs années plus tard, les héritiers de L. Negrelli découvrent une correspondance restée jusque-là ignorée (2) qui les motivent à formuler une demande contre F. de Lesseps et la Compagnie du Canal de Suez pour obtenir des indemnités d'honoraires et des parts de fondateur en plus de ce qui avait été attribué à sa veuve et héritiers mineurs (3).

    Le 8 mars 1894, le Tribunal civil de la Seine leur donne raison (4) et condamne solidairement F. de Lesseps et la Cie Universelle Maritime du Canal de Suez à verser aux héritiers une indemnité de 175 000 Frs et à leur remettre le titre de membre fondateur attribué le 9 août 1855 par F. de Lesseps, titre qui leur assure 1/100e des bénéfices pendant 99 ans. Dans ses attendus très détaillés, la Cour d'Appel de Paris, à l'issue de ses audiences des 6, 13, 19 et 22 mai 1896 casse la décision du Tribunal civil de la Seine sur les deux chefs (indemnités et titre) et condamne les héritiers Negrelli à leurs dépens.

    Après une saga judiciaire de plus de trente ans (au cours de cette période, bien d'autres actions avec de nouvelles parties auront lieu contre la Cie du Canal de Suez et F. Lesseps), où l'authenticité de la liste des membres fondateurs et l'usage de faux sont âprement débattus, nous retrouvons les plaidoiries de l'avocat de la Compagnie du Canal de Suez dans les audiences de novembre 1905 et sa dénonciation de l'insatiable cupidité des adversaires de F. de Lesseps et la Cie du Canal de Suez. Dans son audience du 26 décembre 1905, la 1ère Chambre de la Cour d'Appel de Paris rejette une seconde fois le pourvoi des héritiers Negrelli et confirme l'arrêt du 22 mai 1896 qui les déboute (4).

    ____________
    1. Alois Negrelli - Wikipédia
    2. voir aussi : Jacques Canton-Debat - Un homme d'affaires lyonnais : Arlès-Dufour (1797-1872) - Thèse Univ. Lyon 2, 2000
    3. Le Droit, 10 juin 1896 - Retronews : le site de la presse de la BnF
    4. Les héritiers de Négrelli contre la Compagnie du Canal de Suez, Cour d'Appel de Paris, audience du 8 novembre 1905 - Revue des grands procès contemporains, 1906, pp. 29-193, Gallica
    Cette audience diffusée sur Gallica présente le texte de la séance du 8 nov. 1905 et s'achève sur la promesse de publier la réponse de Me Barboux au nom de la Cie de Suez. Le document ici mis en ligne sur Odyssée est précisément cette plaidoirie.]]>
    1906]]> fre]]> Suez, Canal de (Égypte). 18..]]> Suez, Canal de (Égypte). 19..]]> - Feuille Port Said ; 19/VII-VI N.E. ; 1911 ; 2nd Edition 1911 ; Survey Department. Surveyed in 1911
    - Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=1058]]>
    Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
    Tous les ans, l'université d'Aix-en-Provence annonce par voie d'affichage sur un unique placard le programme des cours qui vont être dispensés pendant l'année scolaire dans ses trois facultés : la théologie, le droit avec ses différentes spécialités (jurisprudence, droit canon, droit romain et droit civil avec les maximes de droit français selon le Code de Justinien) et la médecine dans ses différentes branches (anatomie, physiologie, chirurgie, pharmacologie, botanique et chimie).

    La plus ancienne affiche (connue) de l'université d'Aix : le programme des cours de 1732

    Clé de voute de l'enseignement supérieur, le professeur est naturellement le dénominateur commun à toutes les affiches placardées par l'université : après son recrutement sur un poste vacant, il dispense les cours de sa spécialité et préside aux soutenances de thèses de ses étudiants qui obtiendront leurs diplômes. De 1732 à 1739, nous retrouvons les mêmes enseignements donnés par les mêmes professeurs, certains au nom prestigieux et déjà célèbres dans la ville d'Aix, par ex. :

    - Jean Joseph Julien, premier professeur royal de droit en l'université d'Aix, commentateur du Code de Justinien et du droit provençal (1)
    - Ventre De la Touloubre, professeur de droit à l’université d’Aix dès 1732 et qui explique Les maximes du droit français (2)
    - Joseph Lieutaud, fils d'avocat au Parlement d'Aix, diplômé de son université en 1725, d'abord botaniste puis médecin (et anatomiste) et à l'Hôtel-Dieu d'Aix-en-Provence, et connu à Marseille pour le Cours qui porte son nom (3).

    Jean-Joseph Julien, président du jury aux soutenances de thèse de baccalauréat et de licence (1764)

    Documents rares, trois projets d'annonce de cours nous sont parvenus : ils présentent le texte exact à inscrire sur l'affiche et, dans le cartouche supérieur, ils indiquent très précisement les allégories à faire figurer : les insignes de l'université, l'image de Ste Catherine et les armes de l'Archvêque d'Aix (cf Annonces de soutenance de thèse de baccalauréat et annonces de soutenance de thèse).

    Projet d'affiche des programmes de cours de 1755

    L'apparente banalité de ces affiches administratives et scolaires répétitives (trop administratives pour les uns, trop scolaires pour les autres pour être considérées comme des pièces à archiver précieusement ?) explique peut-être le très faible nombre d'exemplaires qui nous sont parvenus aujourd'hui alors qu'elles étaient éditées tous les ans : l'affiche la plus récente date de 1761, soit plus de 30 ans avant la suppression des universités en 1793 par un décret de la Convention nationale (période révolutionnaire).

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    1. Julien, Jean-Joseph (1704-1789) - six imprimés et manuscrits
    2. Ventre de la Touloubre, Louis de (1706-1767) - trois imprimés
    3. Lieutaud, Joseph (1703-1780) - un manuscrit]]>

    Musarum alumnis actor universitatis Aquensis... In theologia professores... In jurisprudentia professores regii... In medicina professores regii... M. DCC. XXXII. [programme des cours de l'Université d'Aix en 1732]

    Musarum alumnis actor universitatis Aquensis... In theologia professores... In jurisprudentia professores regii... In medicina professores regii… M. DCC. XXXIV. [programme des cours de l'Université d'Aix en 1734]

    Studiosae juventuti actor regiae universitatis aquensis... In theologia professores regii... In jurisprudentia professores regii... In medicina professores regii… M. DCC. XXXV. [programme des cours de l'université d'Aix en 1735]

    Studiosae juventuti actor regiae universitatis aquensis... In theologia professores regii… In jurisprudentia professores regii... In medicina professores regii... M. DCC. XXXVIII. [programme des cours de l'université d'Aix en 1738]

    Studiosae juventuti actor regiae universitatis aquensis... In theologia professores regii... In jurisprudentia professores regii... In medicina professores regii… M. DCC. XXXIX. [programme des cours de l'Université d'Aix en 1739]

    Ludivico XV rege christianissimo feliciter regnante. Joanne-Baptista Antonio de Brancas... Infrà scripta à professoribus regiis elucidabuntur. In theologia... In jurisprudentia… In medicina... [cours de l'Université d'Aix en 1755]

    Projets d'affiches de cours : 3 pièces manuscrites

    Ludovic XV regni christianissimo feliciter regnante Joanne Baptiste Antonio de Brancas D. Ludovic de La Touloubre hujusce academia Rector ad studiorum instaurationum mentis exitat … in theologia … in jurisprudentia … in medicina. [cours de l'Université d'Aix en 1755] - [projet manuscrit d'affiche]

    Ludovic XV regni christianissimo feliciter regnante Joanne Baptiste Antonio de Brancas … In theologia … In jurisprudentia … In medicina. [cours de l'Université d'Aix en 1759] - [projet manuscrit d'affiche]

    Ludovic XV regni christianissimo feliciter regnante Joanne Baptiste Antonio de Brancas... D.Joannes Joseph Julien hujusce academia rector … In theologia … In jurisprudentia … In medicina. [cours de l'Université d'Aix en 1761] - [projet manuscrit d'affiche]]]>
    1732-1761]]> ]]> ]]>
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    lat]]> fre]]> Aix-en-Provence. 17..]]>
    Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
    Si la finalité de l'université est d'enseigner les différents domaines de la connaissance, l'objectif de tout étudiant (sérieux) est d'obtenir son diplôme : une consécration obtenue à l'issue d'une cérémonie très solennelle qui se déroule dans la grande salle de l'université (in aula majori universitatis).

    Annonce de soutenance d'une thèse de licence de droit canon et de droit civil (Aix-en-Provence, 1745)

    Armoiries de l'université d'Aix-en-Provence (1745)

    Vers le milieu du 18e siècle, les armoiries de l'université intègrent les représentations de ses fondateurs de 1409 (le pape Alexandre V et Louis II comte de Provence) ainsi que les saints patrons tels St Yves (patron des juristes), Ste Catherine d'Alexandrie (patronne des philosophes, reconnaissable à la roue de son martyre). La question n'est pas tranchée de savoir si la lettre centrale P qui surplombe l'inscription abrégée Regia universitas Aquensis (Université royale d'Aix) symbolise la Provence ou le Primicier de l'université ". On peut remarquer que contrairement à d'autres armoiries, aucune allégorie ne fait directement référence à la médecine et aux sciences (R. Burget).

    Armoiries de l'université d'Aix-en-Provence (1763)

    La soutenance de thèse peut avoir une autre finalité que la sanction d'un cursus d'études et constituer l'épreuve de sélection d'un candidat postulant sur un poste vacant.

    La soutenance, épreuve du recrutement d'un professeur et de contrôle de ses compétences (1763)

    Par leur côté un peu inclassable, ces affiches n'ont pas toujours été considérées comme des documents précieux, à l'image de cette affiche de 1762 qui a servie de brouillon pour poser quelques opérations arithmétiques,

    Sur l'affiche des programmes de 1762, la vérification que (109068 x 4) + 2 = 436274

    ou cette autre affiche assez dégradée (marques de pliure et traces de mouillage) alors qu'elle lui est de 20 ans postérieure.

    Une affiche 1781 très marquée par les vicissitudes du temps...

    Nous ne pouvons pas oublier les généreux donateurs de ces affiches comme ce don du 2 juin 1916 de M. Ferrier, un ancien bijoutier, celui du 19 janv. 1917 de M. Cyprien de Chemerilles dont nous savons seulement qu'il habite rue E. David à Aix, et cet autre de Melle Roland du 24 avr. 1917, sœur de l'aumônier du lycée d'Aix et tante de M. Dulac, prof. à la Fac. des sciences de Lyon.

    A deux pas du Cours Mirabeau, l'immeuble d'un donateur de placards (18 rue Emeric David, Aix-en-Provence)

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    Caroline Mienville. - Les éphémères en bibliothèque universitaire : traiter et valoriser : l'exemple du fonds de placards de positions de thèse du XVIIIe siècle de la bibliothèque universitaire de droit d'Aix-en-Provence. Master 2 Métiers des archives et des bibliothèques. Médiation, 2019-2020, consultation en ligne prévue sur Odyssée en janv. 2022]]>

    Theses utriusque juris. Canonici … Civilis... D. Ignatius Elzeareus Bourges, Riansensis, J.U.B. [position de thèse de licence en droit de D. Ignace E. Bourges en 1774]

    Theses utriusque juris. Ex jure canonico... Ex jure civili… Josephus-Franciscus-Julius de Colonia. [Position de thèse en droit de Joseph-François-Jules de Colonia en 1762]

    Theses utriusque juris. Ex jure canonico... Ex jure civili… Josephus-Franciscus-Julius de Colonia. [Position de thèse en droit de Joseph-François-Jules de Colonia en 1762]

    Theses utriusque juris. Ex jure canonico... Ex jure civili… Josephus-Hilarius Agier, doctor aggregatus. [position de thèse en droit de Joseph-Hilaire Agier, docteur agrégé en 1762]

    Theses utriusque juris. Ex jure canonico.... Ex jure civili… Josephus Arnaud. [position de thèse en droit de Joseph Arnaud, docteur en 1763]

    Theses utriusque juris. Ex jure canonico... Ex jure civili… Natalis Bertrand. [position de thèse en droit de Natalis Bertrand, docteur en 1763]

    Theses utriusque juris. Canonici... Civilis... D. Jos.-Carol. Francisc. Pisani de La Gaude, Aqui-sextiensis. [thèse de baccalauréat en droit de D. Joseph Pisani de La Gaude en 1761]

    Theses utriusque juris. Canonici... Civilis... D. Nicolas Joseph- Marie Samatan massiliensis J.U.B. Praefide D. Joanne Joseph Julien Reg. Cons. [thèse de licence en droit de D. Nicolas Jos. Maria Samatan en 1763]

    Quaestio theologica. Quis est Panis qui de Coelo descendit ?… praefide S.M.N. Joanne-Josepho Teissier... Petrus-Constantinus Vidaci, bastiensis, subdiaconus, diaecesis nebiensis in corsicâ. [Thèse de baccalauréat en théologie de Pierre Constantin Vidaci en 1781]

    Theses utriusque juris. Canonici... Civilis... D. Josephus Berne orgonensis, J.U.B. praeside D. Carolo Patot. [Thèse de licence en droit de Joseph Berne en 1745]

    Theses utriusque juris Canonici... Civilis... D. Joannes-Josephus Giraud, presbyter Thoardensis, J.U.C. praeside D. Joanne-Josepho Julien. [Thèse de baccalauréat en droit de Jean Joseph Giraud en 1781]]]>
    1774-1781]]> fre]]> lat]]> France. 17..]]>
    Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
    Si une université annonce qu'elle a un poste de professeur à pourvoir, rien ne sert d'avertir toute la population car très peu de personnes lettrées ont les diplômes et les compétences requises pour y prétendre : il faut en informer ses propres étudiants et le faire savoir aux autres universités, "viviers naturels" où pouraient se trouver des candidats potentiels. Au 18e siècle (avant la Révolution française), l'usage du latin prévaut toujours dans la communication acacadémique.

    Vacance de chaire (Université de Dijon, 1789)

    Le moyen le plus sûr, plus fiable encore que le crieur public, est de l'afficher sur les murs de la faculté ou de la cité, comme cela est fait couramment pour les ordonnances et autres décrets officiels par le pouvoir royal, les parlements ou les commnautés depuis le 15e siècle. Mais l'analogie s'arrête là : l'affichage officiel des institutions politiques et l'affichage commercial ou séditieux fait illégalement par des particuliers visent tous deux à occuper l'espace public (1 & 2). Les annonces de chaire au contraire visent une cible bien identifiée, les universités qui proposent des enseignements dans la même discipline (le droit, la théologie, la chirurgie,...), à charge pour elles de les placarder publiquement.

    Armoiries de l'Université de Besançon (1788)

    Ces affiches ont un caractère officiel et sont pour la plupart ornées d'un fronstipice très solennel où figurent les armoiries de l'université, souvent chargées d'une sympbolique très codée et évocatrice des disciplines et des valeurs de la connaissance et de la sagesse.

    Armoiries de l'Université de Douai (1788)

    Pour être certains que l'avis a bien été reçu et sera diffusé, un double de l'affiche est joint à l'original (un simple récépissé ne semble pas suffire), le destinaire attestant de sa bonne réception en la signant et en la retournant à l'expéditeur tout en s'engageant à afficher l'autre exemplaire. Par ce canal institutionnel, un réseau d'échanges réciproques se met donc en place entre les universités françaises des quatre coins du royaume : en témoignent ces documents, l'université d'Aix adresse et reçoit des affiches des universités de Caen, Dijon, Bordeaux, Orléans, Douai, Reims, Besançon, ou encore Poitiers. Ce système, qui présuppose un accord commun (le double doit être retourné certifié dans la forme ordinaire ou selon l'usage) a probablement contribué à sauvegarder un grand nombre de ces placards, support qualifié d'éphémère (sa valeur d'usage se dissout dès l'évènement passé), et que des personnels d'université ont eu l'intelligence de conserver précieusement et nous léguer.

    Avis de l'Universite de Caen (1788)

    Dix de ces annonces de postes vacants sont restés associés au courrier qui les accompagnait, lettres d'avis de l'expéditeur ou accusés de réception retournés par l'université destinataire ou encore mention de dons faits à la bibliothèque de l'université.

    1. Les débuts de l’affiche de l’Ancien Régime à la Première Guerre mondiale -  FranceArchives : portail national des archives
    2. Nathalie Jakobowicz. - Les pratiques d’affichage dans l’espace public à Paris en 1830 - OpenEdition Journals
    ]]>

    In Aurelianensi juris academia quatuor vacant doctorum aggregatorum munera. [programme de concours de chaire vacante de droit à l'Académie d'Orléans en 1788]

    Cathedra vacans infacultate theologia almae universitatis duacenae in Flandria. [programme de concours de chaire vacante de théologie à l'Université de Douai en 1788]

    Cathedra regia vacans in facultate artium universitatis Duacenae. [programme de concours de chaire vacante d'histoire à l'Université de Douai en 1787]

    Vacat in facultatibus jurium Rhedonensibus juris canonici cathedra per obitum clarissimi domini Renati-Rodolphi Droüin. [programme du concours de la chaire de droit canonique à l'Université de Reims en 1788]

    Vacat in collegio utriusque juris celeberrimae cadomensis academiae antecessura, per obitum clariffimi viri Le Paulmier. [programme de concours de la chaire vacante de droit canon et civil à l'Université de Caen en 1788]

    Vacat in universitate provinciae munus doctoris aggregati, per obitum clarissimi viri D. Honorati-Antonii Bouteille. [programme du concours d'une place de chaire vacante de docteur agrégé à l'Université d'Aix en 1787]

    Ex decreto consultatissimae jurium facultatis Burdigalensis. [programme du concours d'une chaire de professeur de droit à l'Université de Bordeaux en 1789]

    Vacat in universitate Burgundiae antecessura, per obium clarissimi consultissimique V.D. Jacobi-Georgii Grabu. [programme du concours d'une place de professeur de droit à l'Université de Dijon en 1789]

    Nos in suprema sequanorum curia protopraeses, Almae universitatis Bisuntinae distributores, & regii in facultate medicâ antecessores. [programme de concours d'une vacance de poste de professeur en médecine à l'Université de Besançon en 1788]

    Decretum consultissimae Facultatis Pictaviensis. [programme du concours d'une chaire de professeur de droit de l'Université de Poitiers en 1788]

    Theses utriusque juris. Ex jure canonico... Ex jure civili… Josephus-Franciscus-Julius de Colonia. [Position de thèse en droit de Joseph-François-Jules de Colonia en 1762]

    Theses utriusque juris. Ex jure canonico... Ex jure civili… Josephus-Franciscus-Julius de Colonia. [Position de thèse en droit de Joseph-François-Jules de Colonia en 1762]

    Theses utriusque juris. Ex jure canonico.... Ex jure civili… Josephus Arnaud. [position de thèse en droit de Joseph Arnaud, docteur en 1763]

    Theses utriusque juris. Ex jure canonico... Ex jure civili… Natalis Bertrand. [position de thèse en droit de Natalis Bertrand, docteur en 1763]

    Joannes-Baptista Antonius de Brancas è comitibus Forcalquerii, … universis & singulis notum facimus vacare antecessuram in consultissimâ jurium facultate, propter optionem clarissimi viri D.D. Josephi-Francisci-Julii de Colonia. [programme du concours de vacance de chaire à l'Université d'Aix en 1762]

    Joannes-Baptista Antonius de Brancas è comitibus Forcalquerii... universis & fingulis notum facimus vacare munus doctoris aggregati inconsultissimâ jurium facultate, propter obitum clarissimi viri D.D. Petri Caroli Arnaud. [programme du concours de vacance de chaire à l'Université d'Aix en 1762]

    Joannes-Baptista Antonius de Brancas è comitibus Forcalquerii… universis & singulis notum facimus vacare locum doctoris aggregati in consultissimâ jurium facultate, propter optionem clarissimi viri D.D. Josephi Nicolai Mazet. [programme du concours d'une place de docteur agrégé de l'Université d'Aix en 1759]

    Joannes-Baptista Antronius de Brancas è comitibus Forcalquerii… universis & singulis notum facimus vacare antecessuram in consultissimâ jurium facultate, per obitum clarissimi D. Josephi-Francisci-Julii de Colonia. [programme du concours pour la chaire de professeur de droit de l'Université d'Aix en 1766]]]>
    1781-1789]]> lat]]> fre]]> France. 17..]]>
    Archéologie]]> Antiquité]]> Stéphane Gsell suit un destin en tout point parallèle à celui de René Cagnat, son collègue archéologue de 12 ans son ainé (1) : après de brillantes études (Ecole Normale Supérieure en 1883), il rejoint l’Ecole Française de Rome (1886-1890) pour y mener ses premières fouilles (2), et soutenir en 1894 deux thèses, la principale sur l’Empereur Domitien et la secondaire sur Tipasa. En 1900, à 36 ans, il est nommé inspecteur des antiquités de l'Algérie et directeur du Musée d'Alger. Titulaire de la chaire d'histoire de l'Afrique du Nord au Collège de France de 1912 à 1932, il est nommé inspecteur général des musées archéologiques de l'Algérie en 1919 et rentre à l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1923. La même ambition les habite, la seule différence qui les distingue est la zone géographique qu’ils explorent : R. Cagnat a choisi la Tunisie, S. Gsell, lui, a préféré l'Algérie.

    Dès ses premiers travaux dans la nécropole étrusque de Vucli (Italie) en 1889, il montre qu'il n'est pas qu'un pas un simple conducteur de fouilles : avec les objets mis au jour, il organise de suite le petit musée étrusque du Palais Torlonia de la Lungara (3).


    Stéphane Gsell 1864-1932 (Babelio)

    Nous retrouvons cette même rigueur pour les trois sites qu’il nous propose de visiter : d’abord l’histoire, ensuite les fouilles et enfin le musée. Le choix de ces sites, pas formellemnt explicitgé, n’est pas dû au hasard : les Rapport sur les travaux de fouilles opérés en 19.. par le service des monuments historiques en Algérie qui présentent le bilan annuel des fouilles menées sur le territoire, leur accorde une place de choix et une rubrique régulière, Gsell a rédigé lui-même l’édition de 1901 (4).

    S'il accorde sa première promenade à Cherchel et lui consacre la moitié de l’ouvrage, c’est qu’il le considère comme l’un des sites archéologiques majeurs de l’Algérie, déjà largement présenté dans les Rapports de fouilles. Il a d'autres très bonnes raisons de réserver sa deuxième promenade à Tipasa, site qu’il connaît particulièrement bien pour lui avoir consacré sa thèse secondaire (5). Les clichés photographiques de l’époque nous permettent d’apprécier l’état dans lequel les sites et les monuments apparaissaient réellement aux archéologues. Comme c’est souvent le cas à l'époque pour les statues, les stèles et les mosaïques, les photographies de certains objets ont pu être prises après leurs transferts dans des centres de stockage ou des musées proches pour les sauvegarder et les étudier.


    Mosaique des captifs (Tipasa, cliché antérieur à 1926)

    L’exemple de la Mosaïque des Captifs nous prouve qu’elle a été retrouvée à l’origine en assez bon état de conservation, à l’exception de quelques fissures périphériques réparées par la suite.

    Mosaïque des captifs (Musée archéologique de Tipasa, cliché contemporain)

    La troisième promenade concerne le Tombeau de la Chrétienne, singulier monument circulaire assis sur une base carrée, longtemps resté une éngime dans sa fonction et le choix de son emplacement dans un site dénudé et passablement isolé. Cette singularité lui a valu une attention particulière de la part du Service des Monuments historiques qui a procédé à d'importants travaux de restauration (dégagement de la base, à l'est, remise en place de la fausse porte, de la corniche, etc.).

    Ce monument a également fait l'objet de nombreuses communications dans les Rapports de fouilles : les promenades de S. Gsell nous permettent de mesurer le chemin parcouru entre le patient travail de découverte, de fouille et de collecte des archéologues sur le terrain et la synthèse des études et des corpus constitués.

    Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)
    _________________
    1. René Cagant . - Nouvelles explorations épigraphiques et archéologiques en Tunisie
    2. Stéphane Gsell - Wikipédia
    3. Charles Picard. - Notice sur la vie et les travaux de M. Stéphane Gsell, membre de l'Académie [note biographique], Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Année 1947 91-1 pp. 24-86 - Persée
    4. Rapport sur les travaux de fouilles opérés en 19.. (Service des monuments historiques en Algérie, 1901-1936)
    5. Stéphanus Gsell. - De Tipasa Mauretaniae Caesariensis urbe, 1894. Faculté des lettres. Organisme de soutenance, https://www.sudoc.fr/011470402]]>
    1926]]> fre]]> Alger. 19..]]> - Feuille Miliana - Cherchel ; 4 et 13 ; 1958 ; Institut géographique national (France)/France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_013a_958. "Révision de 1914 ; Complété en 1924 ; [tirage] 4-58"
    - Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32629]]>
    Archéologie]]> Antiquité]]> Archives des missions scientifiques et littéraires", t. XIII.

    L'inspection des découvertes archéologiques et épigraphiques faites entre 1881 (date du début du protectorat français, traité du Bardo du 12 mai 1881) et 1886 en Tunisie, n'a rien d'une tournée administrative : diligentée par le Ministère de la Guerre, c'est une mission scientifique menée par un jeune agrégé de grammaire, tout juste nommé professeur d'épigraphie, René Cagnat (il a à peine 35 ans quand il entame ce voyage) et qui deviendra titulaire de la chaire d'épigraphie et antiquités romaines au Collège de France (spécialiste des inscriptions latines, il sera l'auteur de nombreux travaux, le catalogue de la BnF l'associe à 186 œuvres).

    René Cagnat, épigraphiste et archéologue français, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1852-1937)

    L'épigraphie est une branche de l'archéologie peu spectaculaire et particulièrement ardue : déchiffrer d'anciennes inscriptions, les traduire, les comprendre, et les replacer dans leur contexte est un travail austère dont R. Cagnat ne cache ni les difficultés ni les limites : dès la seconde page de son rapport, il évoque l'impossibilité de restituer de manière certaine et de façon exhaustive certains textes tant ils sont parfois mutilés, partiellement effacés et donc fragmentaires.

    Inscription romaine incomplète (Tunisie, 1887)

    Au cours de son itinéraire, qui parfois emprunte le chemin de fer, et dont il donne le relevé détaillé en fin d'ouvrage, R. Cagnat recense scrupuleusement le travail mené sur le terrain par les explorateurs, les officiers du corps expéditionnaire et les cartographes : même s'il reconnaît privilégier sa spécialité, l'épigraphie, il mentionne les sites qu'il ne visite pas nécessairement et annexe les analyses produites par les archéologues de terrain sans les modifier. Ainsi, il rend un hommage appuyé au capitaine Vincent, chef du bureau des renseignements, pour son travail de relevés cartographiques effectué dans la région de Béja tout en conservant un regard objectif et critique (par ex, il fait observer qu'il n'a pas trouvé certains éléments décrits par le capitaine et qu'inversement, certains autres ne figurent pas sur la carte).

    Carte de l'occupation romaine en Tunisie (région de Béja) dressée par le Capitaine Vincent.

    En moins de 200 pages, le rapport dévoile près d'une centaine de nouvelles inscriptions, toutes reproduites avec un grand souci de fidélité : il est à la fois un inventaire daté des inscriptions laissées par l'occupation romaine et un état de l'art de l'archéologie dirigée par les Français. R. Cagnat sera à la source de la réalisation d'une œuvre majeure l'Atlas archéologique de Tunisie (AAT), folio de cartes au 1/50 000e associé à des cahiers de description des sites archéologiques, un des éléments fondateurs de l'inventaire du patrimoine culturel tunisien (2).

    Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)
    ________________________________
    Réfs.
    1. René Cagnat (1852-1937) - Wikipédia
    2. Perrine Ournac. - Archéologie et inventaire du patrimoine national : recherches sur les systèmes d’inventaire en Europe et Méditerranée occidentale (France, Espagne, Grande-Bretagne, Tunisie) : comparaisons et perspectives (2012). HAL Thèses]]>
    1887]]> fre]]> lat]]> Tunisie. 18..]]> - Feuille Bizerte ; II ; 1887 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_02_1887a. Levés de 1881 à 1887 - Carte de reconnaissance
    - Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=43100]]>
    Histoire de la Provence]]>
    Pas besoin d'aller chercher en Italie l'origine du modèle politique qui s'installe au 12e siècle en Marseille, le consulat, mais plutôt dans la renaissance économique et intellectuelle qui marque le 11e siècle, la fin des invasions des Sarrazins et la constitution du marquisat de Provence, formé au 12e siècle à partir d'une scission du comté de Provence : on assiste alors à l'expansion territoriale et démographique des villes, à l'extension des cultures agricoles et la reprise du commerce, notamment maritime.

    La Provence au 12e siècle (carte de 1125)

    Grâce à cet essor économique, la bourgeoisie marchande qui compose le pouvoir communal, revendique un poids politique et sa place dans les jeux de pouvoir jusque-là réservés à l'abbé, à l'évêque et au vicomte : les Marseillais obtiennent le droit d'élire des consuls dès 1178 (à défaut d'une date certaine, une charte en fait mention cette année là) mais le pouvoir reste aux mains des vicomtes.

    Charles II d'Anjou dit le Boiteux (1254-1309)

    La création de la confrérie du Saint-Esprit (sans rapport avec l'Hôpital du même nom) en 1212 témoigne d'une volonté grandissante d'autonomie : dotant la ville d'un gouvernement fédéral, les relations entre la bourgeoisie et les puissances épiscopales et vicomtales deviennent conflictuelles, jusqu'à confier le pouvoir supérieur à un podestat, étranger aux attributions limitées et se proclamer  République (3).

    Si l'expression est très exagérée pour l'auteur qui estime que le nouveau régime s'apparentait plus à une oligarchie, le pouvoir étant concentré dans les mains de quelques familles, il était cependant plus ouvert que dans d'autres villes du Sud de la France (comme à Toulouse), ce qui explique qu'il réussit à imposer à Charles II d'Anjou le compromis du 25 juillet 1252, modus vivendi entre le Comte de Provence et la Commune de Marseille. Mais ce compromis ne dure que les 4 ans durant lesquels Charles II d'Anjou s'absente de Provence : à son retour en 1357, sans user cette fois de la force mais de l'intrigue et de l'argent, il impose son pouvoir à la ville de Marseille qui doit renoncer à sa soif d'indépendance par le traité du 2 juin 1257 (Chapitres de la Paix) et par le traité du 13 novembre qui prévoit que Charles II d'Anjou aurait le droit de confisquer les biens des Marseillais s'ils se révoltaient. Les quelques patriotes, nostalgiques de l'époque où la Commune s'administrait librement et sans espoir d'un soulèvement populaire, fomentèrent une conspiration : suite à un verdict d'une rare sévérité sous Charles II d'Anjou, tous seront exécutés le 22 octobre 1264 au plan Saint Michel (La  Plaine).

    Réfs.
    1. Marquisat de Provence - Wikipédia
    2. Marseille de l'an mil au rattachement à la France - Wikipédia
    3. Pour le détail sur la République marseillaise, voir les autres documents liés sur Odyssée]]>
    1925]]> fre]]> Marseille. 13..]]>
    Droit du travail]]> Lois Le Chapelier de 1791. Dans ses recueils d’articles "Pailles économiques" (1918-1941), Barthélémy Raynaud, professeur à la faculté de droit d’Aix-en-Provence, montre qu’il est un observateur attentif de toutes ces évolutions économiques et sociales (2).

    Dès 1901, date de la 1ère édition du présent ouvrage, il s’intéressait déjà au droit du travail à travers notamment la réduction du temps de travail, les lois et les réformes sur les retraites ou encore les syndicats. Sans oublier les questions sociales comme le chômage, le salaire et le budget des travailleurs ou encore l’idée nouvelle d’orientation professionnelle. Tous ces aspects sont autant le point de départ que l'aboutissement de l'évolution des rapports entre le salarié et son employeur : pour B. Raynaud, le fait marquant de dernières décennies du 19e siècle est incontestablement le passage d'un "contrat" imposé individuellement à un contrat négocié collectivement, ce qui modifie, par définition, les rapports de force en présence. Dit simplement depuis l'Antiquité, l'union fait la force.

    Si l'histoire a retenu la Convention d’Arras du 29 novembre 1891 comme étant la première convention collective française, signée entre les syndicats de mineurs et les compagnies houillères du Pas-de-Calais (suite à une grève), pour B. Raynaud, les contrats collectifs ont proliféré dès la période révolutionnaire.

    Convention d’Arras, première convention collective française (illustr. La Voix du Nord)

    Et si ils ont pris ont pris tant d'importance, c'est qu'ils ont bénéficié de l'évolution des textes juridiques qui encadrent l'organisation du travail et ses différents acteurs (contrats, syndicats, droit du travail, droit d'association,...) autant qu'ils l'ont provoquée. 

    Réunion de l'Organisation Internationale du Travail (1919)

    Près de 20 ans après sa publication, B. Raynaud tient à mettre à jour son ouvrage en 1920 parque cette évolution a pris un caractère mondial inédit l'année précédente avec la création de l'Organisation internationale du travail (OIT), fondée par la Conférence de la paix de Paris en 1919 et qui a pour devise "si vis pacem, cole justitiam - si tu veux la paix, cultive la justice". L'OIT est devenue en 1946 une agence spécialisée de l'ONU.

    Les accords de Grenelle (mai 1968)

    20 ans après son décès, les accords tripartites de Grenelle entre le gouvernement Pompidou, les organisations syndicales et patronales, marqueront une date dans l'histoire des négociations collectives en France mais resteront indissociables d'un certain climat conflictuel qui n'a jamais totalement disparu alors que d'autres pays européens recherchent prioritairement les solutions de consensus. Est-ce pour cette raison que B. Raynaud, partisan d'un certain libéralisme économique, estimait nécessaires les conventions collectives nationales autoritaires pour limiter l'ingérence des syndicats dans la vie de l'entreprise et la concurrence en uniformisant les conditions de travail (l'enjeu est le redessement du pays) mais pensait que l'avenir était plutôt du côté des accords libres et autonomes qui seuls peuvent favoriser la productivité ?

    Réfs.
    1. Chronologie : histoire des relations du travail depuis la loi Le Chapelier de 1791 - Vie publique au coeur du débat publique
    2. Pailles économiques - https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/415
    3. Marcel Gillet. - Aux origines de la première Convention d'Arras : le bassin houiller du Nord et du Pas-de-Calais de 1880 à 1891 - Revue du Nord Année 1957 154 pp. 111-123
    ]]>
    1921]]> fre]]> France. 19..]]>
    Médecine légale]]> Wm Nicati" (1). 19 cm.

    Arnold Leonhard Cloëtta médecin et professeur de pharmacie (1828-1890)

    Après des études de médecine suivies dans plusieurs universités européennes (Zürich, Wurtzbourg, Vienne, Berlin et Paris), A. Cloëtta obtient son diplôme de médecine en 1854 puis devient titulaire de la chaire de pathologie générale et de médecine légale à l'université de Zürich en 1857 (2). Il participe à l'évolution de la médecine légale qui devient une spécialité à part entière et trouve sa place dans le champ médical au cours de la seconde moitié du 19e siècle en s'appuyant sur un savoir médico-légal bien identifié et sur l'avancée de tous les corpus qui progressent très rapidement : observation optique, biochimique, toxicologique, anatomique, balistique, ... (3).

    En 1870 il devient professeur de pharmacologie : son traité de médecine légale écrit en allemand (la ville de Zürich est située en Suisse alémanique), est issu de son enseignement qu'il a assuré à l'université au cours de l'hiver 1871-1872. La note manuscrite "Wm Nicati" figurant sur la page de titre est en tout point identique à celle portée sur le manuscrit attribué à A. Biermer "Spezielle Pathologie und Therapie" et daté de l'année précédente :  leur écriture étant en tout point semblable, nous pouvons supposer que s'il s'agit bien du cours d'A. Cloëtta, ce manuscrit est en réalité les notes prises par Williman Nicati qui a suivi ces cours durant le semestre d'hiver 1871-1872. Sa biographie nous apprend qu'il est d'origine suisse et que né en 1850, il a alors 20 ans et qu'il a pu fréquenter ces universités ces années là et assister aux cours de ces deux enseignants. Nous pouvons émettre l'hypothèse connexe : le manuscrit de l'année universitaire précédente attribué à A. Biermer est également le recueil des notes de cours prises par William Nicati au cours du semestre d'hiver 1879-1870 et du semestre d'été 1870. C'est seulement après ces années d'étude qu'il obtient son diplôme de médecine à Paris en 1875 et mène, en autres domaines d'exploration assez variés, des travaux en ophtalmologie.

    La morgue à Paris, un lieu inaccessible au public depuis un décret du Préfet Lépine en 1907

    Quant au cours en lui-même, après une étude des processus liés à la mort clinique, A. Cloëtta montre tout l'intérêt qu'il porte à la toxicologie par ses analyses sur les poisons narcotiques comme l'opium (une note rajoutée en français précise "examen écrit du doctorant à Zürich") et ceux réputés sévèrement toxiques voire mortels comme la belladone ou la digitale. Après le cas des empoisonnements, son traité s'achève sur le cas des infanticides avec la grande distinction des enfants morts avant la naissance et ceux morts après l'accouchement.

    1.[ William Nicati (1850-1931) : médecin, auteur entre autres de "Théorie physique de la pensée", 1895 ; "La Psychologie naturelle", 1898 ; "La Philosophie naturelle", 1900. Traducteur d'ouvrages de médecine]
    2. Arnold Leohard Clëtta - Wikipedia
    3.
    Vincent Zuberbuhler. - Écrire l'histoire de la médecine légale - Revue d'Histoire des Sciences Humaines 2010/1 (n° 22), pp. 61-77]]>
    1871-1872]]> ger]]> Suisse. 18..]]>
    Epidémies]]>
    Depuis le début du 20e siècle, la peste, qui avait laissé un peu de répit à l'Europe au siècle précédent, réapparait fréquemment dans les ports méditerranéens. Sa présence quasi permanente à Marseille justifie l'intérêt des doctorants en médecine qu'ils soient de Paris, de Lyon ou encore de Montpellier : Guglielmi soutient donc la cinquième thèse déjà défendue sur cette question depuis 1901.

    BnF - Vaincre les épidémies (1900-1929)

    L'originalité de son travail est qu'il fait grand cas des données fournies par le Bureau municipal d'Hygiène de Marseille, ce qui l'autorise à soutenir une assertion peu triviale concernant la ville portuaire :

    - les cas nautiques, i.e. les cas importés par les navires, sont sans intérêt épidémiologique : ces bateaux ont bien pu accoster dans des ports sains autant que suspects mais ils sont souvent eux-mêmes infestés de rats porteurs du bacille et sont déjà particulièrement surveillés sur le plan sanitaire.

    La rue Peyssonnel, un habitat pauvre et insalubre (Marseille, 1930)

    - les cas sporadiques sur le territoire sont plus intéressants à étudier mais beaucoup plus difficiles à analyser lorsqu'ils sont totalement isolés : leur origine mal identifiée ne permet pas de comprendre comment ils ont pu franchir les barrières sanitaires.

    Habitat précaire : camions et roulottes (Marseille, 1930)

    Il y a bien un problème méthodologique fondamental : il faut plusieurs faits voisins suffisamment rapprochés dans le temps et dans l'espace pour émettre des hypothèses crédibles. La quarantaine de cas survenus entre 1921 et 1929, suivie d'une micro-épidémie locale, répond à ce postulat et permettra de comprendre s'il s'agit de cas sporadiques exogènes, faciles à combattre, ou s'il s'agit de foyers autochtones, donc hélas endémiques et sans espoir d'éradication définitive. L'étude montrerait que Marseille relève du premier cas de figure et ne connaît que des cas importés que le service sanitaire de la ville peut contenir efficacement.

    Les quelques illustrations photographiques (rues de Marseille proches des bassins de la Joliette), qui témoignent de la misère et de l'insalubrité de certains quartiers et qui sont reproduites ici, sont extraites de la thèse originale : leur apparition dans un mémoire académique de ce type est assez exceptionnelle pour l'époque.

    1. Agnès Sandras - Vaincre les épidémies (1900-1929) : isolement, masques, sérums, ... - Blog BNF 2020]]>
    1931]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
    Epidémies]]>
    Auguste Villard (1832-1901)

    La dernière épidémie de ce virus remontant à plus de 40 ans (1837), les médecins en ont une connaissance surtout théorique, mais depuis, les outils statistiques et les méthodes d'analyse microbiologique ont sensiblement évolué, générant un matériel documentaire plus complet que celui élaboré lors les précédentes pandémies, notamment des rapports de synthèse publiés dès 1891 puis en 1896 qui feront référence et sur l'état de la question et sur certains standards de la recherche microbiologique.

    Si l'origine de cette grippe est discutée (Asie ou Russie), A. Villard tranche la question en affirmant qu'elle vient de Moscou. La cause est d'autant plus entendue qu'elle consolide une de ses observations majeures : la grippe se propage de manière privilégiée et en premier, dans et par les capitales européennes. Autrement dit, son terreau de prédilection sont les grands centres urbains ou s'entasse une population importante, souvent miséreuse.

    Deux ans après la publication d'A.Villard, Richard Pfeiffer (élève de Robert Koch), au fait des récentes méthodes bactériologiques, annonce avoir identifié l'origine virale de la grippe, le Bacillus influenza.

    La multiplication des médicaments contre la grippe : le patient, un mort sous ordonnance ? (Edition du Grelot, 12 janvier 1890)

    L'enseignement capital qu'A. Villard tire de son étude, à défaut de proposer une thérapeutique puisque l'agent pathogène reste toujours inconnu, est qu'elle confirme une fois de plus l'origine et le fonctionnement fondamental de toutes les épidémies : les agents viraux sont endémiques à une zone géographique bien délimitée et, pour des raisons qui restent inexpliquées, ils se propagent en dehors de ce périmètre.

    Les études épidémiologiques lui donneront  doublement raison et répondent même à la dernière interrogation : oui, le foyer initial des épidémies est souvent un réservoir endémique isolé (grippe aviaire, sida, Ebola,...) qui reste confiné tant que l'on ne perturbe son écosystème, ce qui conduit en général à son expansion géographique incontrôlable.

    Facteur aggravant, les voies de communication et l'accélération des transports jouent un rôle majeur dans leur extension spatiale et dans leur vitesse de propagation : à la fin du 19e siècle, l'Europe comptait déjà 250 000 km de voies ferrées qui réduisent considérablement la durée des voyages (ramener à quelques jours un périple de plusieurs semaines revient à mettre Paris par TGV à 20 minutes de Marseille, comme pour Aix-en-Provence aujourd'hui). De nos jours, le transport aérien à supplanter les transports terrestres, propageant les virus à des vitesses et sur des distances décuplées.

    Constantin Oddo (1860-1926)

    Le chef de clinique Constantin Oddo, attentifs aux travaux d'A. Villard, prit soin de les rassembler pour les publier : pendant l'épidémie de choléra qui avait frappé Marseille en 1884, il s'était enfermé plusieurs mois avec les malades dans l'hôpital créé dans le Parc du Pharo pour endiguer cette pandémie meurtrière (2).
    ______
    1. La Grippe russe de 1889-1890 - Wikipédia
    2. Constantin Oddo - Wikipédia]]>
    1890]]> fre]]> Marseille. 18..]]>
    Epidémies]]> Santé publique]]> Les anciens chirurgiens et barbiers de Marseille (1) et d'autres communications sur la peste (2).

    Henri Alezais (1857-1938)

    Inquiet de la recrudescence de cas de peste avérés, H. Alezais s'attache moins à retracer les 2 grandes épidémies précédentes, déjà bien connues sur le plan historique (notre bibliothèque numérique vous propose une vingtaine de documents originaux contemporains de leurs ravages en Provence) qu'à comprendre comment les médecins de l'époque, sans moyens bactéricides ou thérapeutiques sérieux, tentent de lutter contre ce fléau, sans beaucoup de succès mais sans jamais se décourager pour autant.

    H. Alezais ne se limite pas à l'aspect médical et prend en considération les textes réglementaires (2) que les pouvoirs politiques promulguent très tôt (3) en matière d'isolement et de prévention, règlements qui constituent les fondations de ce que l'on peut considérer aujourd'hui comme une base d'une politique de santé publique.

    _____________
    1. Henri Alezais. - Les anciens chirurgiens et barbiers de Marseille (1901) - Gallica
    également paru dans le Marseille médical (1901)
    2. parus également dans le Marseille médical, 1901, p. 401
    3. Mesures prophilactiques de 1629, Marseille médical, 1901, p. 472]]>
    1902]]> fre]]> Provence. 16..]]> Provence. 17..]]>
    Epidémies]]>
    François Valleriole est âgé de 74 ans quand il rédige son traité sur la peste, ce qui explique sa longue expérience des épidémies, comme celle qui a touché le Piémont et l'Italie, en particulier Venise, de juin 1575 à décembre 1576. Longue carrière qu'il revendique en l'utilisant comme argument d'autorité contre ceux qui ne partagent pas son avis sur l'épidémie.

    Le Lazzaretto Nuovo, île de la lagune de Venise de quarantaine préventive, (1468)

    S'il n'y a rien d'absolument original à reprendre ce qui est connu ou supposé sur les 3 types de contagion possibles, à savoir une transmission par contact direct, par l'intermédiaire d'un objet contaminé ou encore par l'air que tout le monde respire, ce qui est notable est que ce texte, même s'il contient quelques expressions latines, ne se présente pas comme ouvrage académique et savant mais comme un traité accessible au plus grand nombre, au moins aux lettrés ayant les moyens ce genre d'ouvrages. Publié en français ancien 50 ans après la mort de l'auteur, un des plus anciens traités sur la peste, la majorité datant du 18e siècle à l'occasion de la Peste de 1720, il est plus adapté aux maladies dites populaires et plus soucieux de sa diffusion : c'est pour cela qu'il propose de nombreux remèdes accompagnés de leurs compositions précises et de la manière de les préparer (1).

    François Valleriole (1504-1580)

    Que ce document ait été imprimé en 1629 ne tient pas du hasard : cette année-là, la Cour de Parlement de Provence prend un arrêt contenant un Règlement sur le fait de la Peste du 17 Juillet 1629, un texte pointilleux de 34 pages qui ne contient pas moins de 127 articles !

    1. La littérature médicale en français de 1601 à 1700 - Bibliothèques d'Université de Paris, Histoire de la santé]]>
    1629]]> fre]]> lat]]> France. 16..]]>
    Epidémies]]>
    Dès le début de l'épidémie, une frénésie de publications, dont certaines concernent Marseille, s'empare des médecins : plus de 150 monographies et recueils, certains contenant plusieurs dizaines de communications, sont édités au cours des années 1830. Il faut dire que l'épidémie rappelle en tout point et avec effroi celle de la Grande Peste dont on vient de célébrer le funeste centenaire (1820) : elle fera plus de 100 000 victimes en France, dont près de 3 500 pour la seule ville de Marseille, de 1834 à 1835 (détail dans réf. n° 2). Elle inquiète d'autant plus que, tout comme la peste, elle n'est pas comprise dans son mode de propagation qui oppose à nouveaux les partisans de la contagion (la maladie est causée par un virus) face aux convaincus de l'infection (la théorie des miasmes est encore dominante à l'époque).

    Le cholera à Marseille (19e siècle)

    Si on retrouve dans ce recueil des études épidémiologiques assez classiques (observations cliniques, conditions météorologiques, tableaux statistiques détaillés de la mortalité, polémique contagionnistes vs non-contagionnistes), on y trouve également des travaux moins conventionnels comme l'emploi du protoxyde d'azote (inspiration de gaz hilarant pendant la phase d'asphyxie du malade) ou de l'homéopathie (expériences menées en Autriche et en Hongrie), qui traduit une grande curiosité portée aux nouvelles approches thérapeutiques (3).

    L'agent responsable du choléra, le Vibrio cholerae, sera une première fois identifié en 1854 par Pacini et rédécouvert en 1883 par Robert Koch, aboutissant à un vaccin mis au point à l'Institut Pasteur en 1892 (Paris).

    1. Bertrand Mafart, Marc Morillon. - Les épidémies à Marseille au 19e siècle, in Epidémies à Marseille
    2.Les épidémies de choléra de 1834 à 1835 à Marseille, par le Professeur Georges François, in Association des Amis de Patrimoine Médical de Marseille
    3. Note sur l'emploi du protoxyde d'azote dans le traitement des cholériques, 200 Tome 3. n°24. 26 avril. Hôpital Saint-Louis Service de M. Lugol, in Gazette médicale de Paris]]>
    1832-1837]]> fre]]> France. 18..]]>
    Droit des successions]]> Successions et héritages]]> Droit privé]]>
    En 1938, René Cassin prend une initiative originale : donner à la radio d'Etat Paris PTT un cours sur les droits de succession. Il inaugure ainsi une nouvelle forme d'enseignement que l'on suit à la manière d'un feuilleton radiophonique : 32 leçons d'un quart-d'heure : pas besoin de suspense pour fidéliser l'auditoire (1), le programme est découpé en séquences assez courtes pour ne pas lasser et suffisamment ouvertes pour donner envie de connaître la suite. Une brève allusion à l'émission précédente donne le sentiment de reprendre une discussion à peine interrompue... (2)

    Nous sommes loin du cours magistral et solennel donné dans le grand amphithéatre d'une Faculté de Droit. Nous sommes loin également de l'écoute supposée attentive et respectueuse d'un auditoire restreint et bien identifié, les étudiants, futurs magistrats et futurs avocats, concentrés sur leurs prises de notes. Nous sommes proches en revanche d'une certaine idée humaniste et sociale de l'éducation comme outil d'émancipation du plus grand nombre (3 & 4). Et l'époque s'y prête : la radio est déjà bien présente dans les villes et tente de s'implanter dans les communes rurales (60% des ménages français en seraient équipés en 1939, source Ministère de la Culture (5)) et la question des successions et héritages ne peut laisser indifférents les foyers confrontés aux duretés économiques, aux incertitudes de l'avenir (la montée des périls se précise) ou plus prosaïquement au morcellement de leur patrimoine, parfois destructeur quand ils s'agit d'exploitations agricoles.

    René Cassin (10 ans après son premier cours à la radio, Déclaration Universelle des Drois de l'Homme, 10 oct. 1948)

    Julien Broch, qui a retrouvé les notes inédites de ces cours, remet en perspective cette aventure peu conventionnelle d'un grand juriste qui explique à des profanes des textes ardus en utilisant les dernières techniques de la radiodiffusion. Et de souligner l'incidence plus générale des techniques de communication sur la pédagogie, au delà du cas de l'enseignement du droit et de cette démarche originale de vulgarisation.

    "René Cassin (1887-1976) apparaît d’abord à nos yeux comme le « légiste » de la France libre, le chantre des droits de l’Homme, Prix Nobel de la Paix 1968, ou encore le grand commis de l’État. On en oublierait presque que, avant ce Cassin-là, il y a eu le Cassin universitaire « privatiste ». grièvement blessé lors de la Grande Guerre, il est retourné à la vie civile pour enseigner à la Faculté de Droit d’Aix-Marseille, avant de rejoindre Lille à l’issue du concours d’agrégation, puis la capitale.

    Au cours de ces années, il n’a pas hésité à dispenser un savoir académique, très marqué par la technicité, hors les murs de l’Université. Entre le 3 novembre 1938 et le 2 mars 1939, chaque semaine pendant quinze minutes, Cassin s’est livré à une expérience pédagogique innovante : l’enseignement du droit des successions, à la radio, sur les ondes de Radio-P.T.T.

    "Ce sont ses notes de cours, inédites jusqu’à présent, qui sont reproduites dans la présente édition scientifique. Elles montrent que Cassin a correspondu assez bien au « modèle » du professeur de droit de la première moitié du XXe siècle, à la fois ouvert aux nouveautés et aux engagements politiques sociaux.

    L’initiative était audacieuse, et le pari risqué. C’est que les contraintes n’étaient pas peu nombreuses, qu’elles aient été techniques (auxquelles le traditionnel cours magistral à bien dû s’adapter), administratives (le cahier des charges de la station et la nécessité d’exposer des données techniques à un public par définition inconnu) ou facultaires (parler en universitaire mais pas au nom de l’Université). Le cours en question fut de facture classique. L’auteur a toutefois montré sa grande pédagogie, sa fine connaissance de la doctrine et de la jurisprudence mais aussi des données du droit comparé. Il n’a pas répugné non plus à donner son avis en plusieurs occasions. Le courrier des auditeurs est là pour montrer que le succès a été au rendez-vous…"

    Texte de Julien Broch, MCF HDR, Centre d'Études et de Recherches en Histoire des Idées et des Institutions Politiques (CERHIIP), Aix-Marseille Université, rédigé pour la 4ème de couverture de l'édition imprimée de 2021.

    L’Institut International des Droits de l’Homme a accordé à J. Broch les droits sur les manuscrits de R. Cassin pour établir cette édition scientifique.

    _____________________________________
    Notes et références

    1. Les Archives nationales de France précisent que le dossier relatif à ces enregistrements contient de nombreux courriers d'auditeurs (382 AP 7) et montre que R. Cassin maîtrisait déjà très bien les les techniques de la radio quand il est appelé en 1939 au Commissariat national à l’Information et quil s'adressera l'année suivante aux Français à partir des studios de la BBC (il rejoint le Général de Gaulle à Londres dès l'appel du 18 juin 1940).
    Archives Nationales de France. - Fonds René Cassin (1914-1976), in FranceArchives -  Portail National des Archives
    2. A la fin de la 32ème leçon du 2 mars 1939, R. Cassin informe son auditoire qu'il a terminé son cours sur l'héritage mais que pour être complet, il le complètera par l'étude des donations et des testaments le mardi suivant. Annonce restée sans suite, R. Cassin devant partir en mission (précision de J. Broch)
    3. Histoire de l'éducation populaire - Education populaire
    4. Edutation populaire  -  Wikipédia
    5. Philippe Tetart. - Le grand divertissement radiophonique ou la naissance d'un nouveau loisir - L'histoire par l'image
    ]]>
    1938-1939]]> 2021]]> fre]]> France. 19..]]>
    Droit public]]> Droit pénal]]> Histoire]]>
    Après sa démobilisation en 1916, René Cassin donne des cours sur la condition juridique des ennemis en temps de guerre. Ces dix leçons, jusqu'à présent méconnues et restées sous forme de notes manuscrites au style télégraphique, ont été découvertes par Julien Broch, historien du droit, qui en donne ici une version remise en forme et en livre une analyse qui met en lumière le difficile équilibre que doit trouver le juriste entre les dévastations de la guerre et une législation d'exception qui s'affranchirait de certains principes fondamentaux du droit qu'il entend défendre : René Cassin donne ces cours l'année même où Français et Allemands s'enlisent dans les terrifiantes tranchées de Verdun et s'enfoncent dans un abîme meurtrier inconcevable.

    "René Cassin (1887-1976) apparaît d’abord à nos yeux comme le « légiste » de la France libre, le chantre des droits de l’Homme, Prix Nobel de la Paix 1968, ou encore le grand commis de l’État. On en oublierait presque que, avant ce Cassin-là, il y a eu le Cassin universitaire « privatiste ». Grièvement blessé lors de la Grande Guerre, il est retourné à la vie civile pour enseigner à la Faculté de Droit d’Aix-Marseille qui l’avait formée. Au cours de ces années de guerre à l’arrière, il a dispensé un cours, jusqu’ici demeuré inédit, sur la condition des sujets ennemis en temps de guerre.

    René Cassin, mobilisé en 1914, revient à la civile en 1916 (1)

    L’édition scientifique qui en est ici donnée est d’une haute valeur. Elle éclaire tout un pan, relativement méconnu, de la « législation de guerre », qui consiste, selon Cassin, à « empêcher la réalisation de tous les actes qui sur notre propre sol pourraient contribuer à soutenir et protéger la résistance de nos ennemis ». Il y décrit des pays rivalisant d’audaces juridiques (Restrictions à la liberté de circulation, atteintes aux droits patrimoniaux et à la capacité d’ester en justice, déchéances de nationalité, internements administratifs) destinées à contrer un ennemi intérieur par définition difficilement repérable, qui plus est dans un contexte d’« espionnite aigue », avec toujours le risque de frapper indistinctement tous les étrangers, les civils étant hélas moins bien protégés que les militaires par le droit international.

    Universitaire en devenir, Cassin a été pris dans l’engrenage des contraintes : fallait-il faire preuve d’esprit critique par rapport aux mesures frappant les ressortissants des puissances ennemies ou, au nom d’un patriotisme cocardier, de la « guerre pour le droit » menée par nos juristes face à l’apologie germanique de la force brute, taire les atteintes aux droits les plus fondamentaux ? Semble-t-il que ce Cassin première manière, tout en déplorant mezzo voce certains excès des dispositions adoptées au coup par coup dans un contexte d’immédiateté a préjugé que la France, exemplaire, aurait tenu la balance égale entre l’impératif de sécurité et la sauvegarde nécessaire des libertés individuelles."

    Texte de Julien Broch, MCF HDR, Centre d'Études et de Recherches en Histoire des Idées et des Institutions Politiques (CERHIIP), Aix-Marseille Université, rédigé pour la 4ème de couverture de l'édition imprimée de 2021.

    L’Institut International des Droits de l’Homme a accordé à J. Broch les droits sur les manuscrits de R. Cassin pour établir cette édition scientifique.

    1. Professeur Réné Cassin, in Nos Facultés de Droit]]>
    1916]]> 2021]]> fre]]> France. 19..]]>