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Universitaire
BULLETIN MENSUEL
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Le Numéro : o,3o e.ent
s,
�I:, Janvier l'.ltii).
SOMMAIRE
('.oiilV-reuce l‘orlalis.
Kchos I niversitaires.
L Dor.
Notes sur le Scep I/Association.
ticisme.
L. l)w uni La hiréetchaiisim) I,t*s ('ours.
Aux Lut teurs.
J. G asqüet. Ithaque (poésie).
être
Tout ce qui concerne la Rédaction e t l ’A d m i n i s t r a t i o n de la Revue
a d r e s s é au Comité du Bulletin a v A s s o c i a t i o n des E t u d i a n t s
Nous livrons aux chances de la vie, et, comme dit le
poète latin, nous donnons le congé à ce périodique au
moment même où la nouvelle année se lève. Et l’espé
rance qui (leurit aussi bien à toute éclosion qu’à tout
renouveau est en nous, vive et confiante comme noire
jeunesse, délicate et bénissante, qui nous arme de
courage comme pour une longue route et pour un
but lointain, dillicile à atteindre. Cette espérance est,
à ne pas en douter, le désir que nous avons de vous
plaire, ô vous tous qui nous lirez, et ce désir plus grand
encore, que vous jugiez avec indulgence une initiative
qui est à peine à son essai. L’espérance est bien douce,
qui nous réconforte par anticipation de la défaite, si
malgré tout, celle-ci devait venir. Pourtant, notre
route est pacifique, et si noire départ est courageux,
voire meme téméraire, il ne nous mène pas à la ba
taille. . .
. . . Ce que nous tenons à affirmer bien haut, en
ces jours quelque peu troublés de vie universitaire,
c’est que nous ne combattons ni pour ni contre un
programme. Nous nous engageons à demeurer strie-
�—
2
—
tement neutres et fidèlement respectueux envers
toutes les opinions, sans prendre parti pour aucune.
Que si nous avions à combattre quelque chose,
ce serait uniquement l’apathie et l’inertie fâcheuses
dont s’entoure une partie de notre génération d’étu
diants, qui est, par malheur, très souvent la plus
apte à tenter quelque chose : cette indifférence aux
conceptions sérieuses et profondes et aux œuvres
difficiles de la pensée, individuelles ou sociales, que
d'aucuns ont défini « décadence » , mais qui craque
déjà, comme la coque mûrie d’une chrysalide, sous
une poussée de volonté et de vie intense.
Ne combattrions-nous qu’une longue série de mou
lins à vent, semblables en cela à l’immortel Don
Quichote, ce héros méconnu de l’abnégation et ce
Père-la-Ghimère de bien des jeunes de tout temps,
que nous sentirions d’avoir accompli un devoir. C’est
pourquoi nous nous adressons à tous ceux qui nous
regardent avec sympathie, à ceux qui ont été étu
diants et à ceux qui le sont encore, à nos aînés et
aux jeunes.
A ces derniers notamment nous ne saurions trop
faire appel. Car c’est pour eux que nous créons ce
Bulletin, c’est en leurs mains que nous le leur confierons bientôt, comme un flambeau dans le stade. En
core faut-il pour cela qu’il soit allumé et qu’il éclaire.
Ce soin leur incombe, puisque leur carrière sera plus
longue : qu’ils l’alimentent de concert avec nous.
Il s’agit pour nous tous de développer d’une façon
harmonieuse en des conférences amicales et par des
écrits le sens de nos lectures et de nos idées, notre
raison d’être et de devenir. Que ce soient essais de
critique ou rêves de beauté ou joyeuses saynètes,
nous ouvrons à tous et tout grandes, nos portes.
Et, puisque nous causons lumières, peut-être que
nos efforts pourraient jeter quelques lueurs sur notre
belle route provençale, dans les nuits qui séparent les
jours où chante l’œuvre resplendissant des poètes,—
à présent que l’aube, combien indécise et grise en-
— 3—
core ! se lève pourtant, de la décentralisation des pro
vinces, sous toutes ses form es... Nous serions or
gueilleux de grouper quelques efforts jeunes et quel
ques volontés éparses, dans ce but bien français,
nous pensons, de contribuer dans l’humble limite de
nos forces à ranimer notre pays, après avoir admiré
notre Capitale, qui lui a ravi une partie du feu sacré
dont elle alimente exclusivement ses beaux-arts et
ses lettres, ses efforts et sa gloire.
Sans même viser si haut, si cela était au-dessus de
nos forces, nous nous contenterions d’être le porteparole de la jeunesse universitaire de nos Facultés.
Nous tenant rigoureusement en dehors de toute
question ayant trait à leur situation présente, nous
nous attacherions à être l’écho de leur vie. L’œuvre
— qui reste — des maîtres, et celle — qui s’en va
ou s’achemine — des élèves, les cours publics des
premiers, les discussions et les justes loisirs des se
conds à la Conférence de droit et à l’Association,
nous fournissent des thèmes de nature à exciter notre
attention à bien en rendre compte et à en exprimer
la portée.
S’il y a là une tâche qui doit nous effrayer, elle peut
par contre satisfaire ceux qui voudront bien nous
aider à la remplir. C’est dans ce but que nous convions
a une œuvre commune nos camarades et ceux qui
nous ont précédés.
En nous rappelant affectueusement à nos anciens
et saluant avec respect nos professeurs et tous ceux
qui ne nous ménageront pas leur appui, nous n’osons
rien promettre de plus que nous n’avons souhaité, de
peur de ne pas pouvoir tenir la promesse. Mais, pour
conclure, quoique nous fassions, nous sommes assez
osés pour retourner le mot de Larochefoucauld que
M. Costa de Beauregard rappelait l’autre jour à l’Aca
démie Française, et pour dire, atin de rassurer nos
amis, avec un orgueil qui nous sera pardonné :
« Nos maximes de jeunesse^ nous reviendrons ici,
dans notre bel âge même, en sonnets ». . .
�T
ITHAQUE
Ils se sont éloignés. Triste et seule elle veille,
Et dans la profondeur de son cœur elle a vu
Tel qu'il doit revenir, dans une nuit pareille,
Vieilli, transfiguré, le grand époux perdu.
Les derniers serviteurs quelle garde autour d'elle
Ont enlevé la nappe et sur les peaux couchés
Ils donnent. Pénélope, elle seule fidèle,
Songe à tous les lauriers par Ulysse arrachés.
La grande nuit d’argent règne à travers la ville,
Lrt /////e égale et douce illumine les toits,
Et la veuve qui rêve en pleurant et qui file.
Appelle en son esprit cette nuit sœur des rois.
Dans le port des pêcheurs chantent. un flambeau brûle.
La ville est endormie, et sur le noir métier
Pénélope penchée, au milieu d'un sentier
Tisse avec ses fi b d'or les traits brillants d'Hercule.
Toute son âme, hélas ! tremble connue sa main,
Car dans le demi-dieu triomphant qu'elle tisse
Les rudes prétendants reconnaîtront demain
Dans toute sa beauté le généreux Ulysse.
Au milieu du sentier, appuyé sur Tépieux.
Regardant à ses pieds les bêtes abattues,
Il est là, souriant et vainqueur, comme un dieu.
Les nymphes qui chantaient, pour le voir, se sont tues.
Sur un tronc d'arbre mort le chasseur va s'asseoir
Et pour que quelque chose à son cœur parle d ’elle
L'épouse, dans un coindu ciel ou vient le soit'.
Brode une blanche étoile éclatante et fidèle.
J oachim G A S Q U RT .
Une des marques les plus caractéristiques de notre
époque, une de celles qui l’ont fait appeler par quelques
esprits chagrins un siècle de pleine décadence, c’est le
vent de scepticisme qui semble souffler avec persistance
sur nos auteurs et nos poètes.
Ce n’est plus sans doute le scepticisme raisonné
et systématique des Anciens, qui s’appuyait sur de
rigoureuses déductions ; ce n’est pas non plus le
doute nonchalant d'un Montaigne ou la foi angois
sée et troublante d'un Pascal ; mais c’est quelque
chose de plus subtil et de plus fuyant, et par là même
de plus difficile à vaincre et à saisir : cela se complique
de dilettantisme raffiné et de psychologie minutieuse et
décevante. Ce n’est plus un système constitué par des
propositions nettement établies et s’appuyant sur un cer
tain nombre d’arguments déterminés, mais plutôt un
état d'esprit et parfois même une simple forme , une
tendance de l’esprit. A la logique serrée d'un Pyrrhon,
s’est substitué le doute délicat d'un Anatole France ou
le subtil dilettantisme d’un Lemaître Au siècle dernier,
le sceptique léger et moqueur souriait avec une élégante
impertinence : mais maintenant tandis que l’esprit doute,
l’angoisse est dans les âmes. Et le caractère principal
du scepticisme moderne est d’être douloureux et souf
frant. Or cet état peut se rattacher au scepticisme philo
sophique, comme le pessimisme actuel, une autre plaie
de notre esprit contemporain, peut se rattacher au pes
simisme doctrinal de Schopcnhaucr et de ses disciples.
Avant donc de voir s'il faut faire une part au scepti
cisme dans la vie pratique , il peut être intéressant
d’examiner quelle part on peut lui faire dans la philo
sophie, dans le domaine de la spéculation.
Sur celle question, un philosophe moderne a catégo
riquement répondu: « On ne fait pas au scepticisme sa
part ». Mais trancher le nœud ce n’est pas le résoudre.
De plus cette solution offre un grand danger. Pour ne pas
vouloir faire au scepticisme sa part, on risque de lui
laisser prendre la part du lion, et de tout perdre pour
vouloir trop sauvegarder. Si en effet nous faisons dé
couler de la métaphysique toutes les vérités morales et
scientifique , nous risquons, si celte base s'écroule, de
perdre dans le naufrage la morale et la science. Car si
nous suspendons cette double chaîne des vérités d’ordre
�moral et scientifique à ce clou unique fie la preuve
ontologique fie l’existence fie Dieu, à ce clou que Stuart
Mill appelle un clou peint sur le mur, les sceptiques
pourront, en réfutant cette preuve, nous faire tomber
dans le doute absolu.
Au lieu fie cet arrêt catégorique et dangereux, nous
dirons donc aux sceptiques : 11 est possible qu'au
point fie vue métaphysique vous ayez raison ; il est
possible que, dans la réalité absolue, nous ne con
naissions pas la vérité ou que nous devions dou
ter fie notre connaissance ; du moins réservons cette
question. Mais au point fie vue moral et scientifique,
nous admettons comme vraie une proposition toutes les
fois quelle paraîtra telle. Tout en accordant que dans la
réalité objective, la vérité que nous reconnaissons comme
telle n’est pas semblable à ce qui est, métaphysique
ment parlant, nous la considérerons comme exacte, puis
qu'elle semble telle à la raison humaine. Que si cette
raison est mal conformée et ne peut parvenir à la con
naissance du vrai, c’est ce que les métaphysiciens cher
cheront à élucider. Mais, tout en réservant la question
fie la légitimité absolue fie la raison . nous assurons sur
une base solide et nous plaçons hors des atteintes du
scepticisme ces deux grandes manifestations fie la pensée
humaine, la Morale et la Science.
DANS
Mélopée très triste dédiée à l’Ass o
ciation des Etudi.tnis d’Aix, et 'créée
au Concert des Ctndiants. Mars 1809.
P a r o les
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Léo DO H.
M u s iq u e
LOUIS DANAIllE.
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est des jours d’ennui pro - fond, Où
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l’é- lu- di- ant se inor- fond,
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Mais si dans le domaine de la spéculation nous devons
faire une part au scepticisme, pour le mieux combattre,
ou du moins réserver une certaine partie, il n’en est plus
de même dans le domaine de la vie pratique.
Lorsqu il s agit de 1action, le doute n’est plus permis ni
même possible. Entre deux partis, il faut choisir, ets'abstenir, c est encore prendre un parti. Et si la haine est né
gative, et ne peut rien engendrer de bon, l'indifférence est
encore plus funeste ; caria haine suscite une réaction dans
le sens on posé, tandis que le doute est la mort de toute
énergie. Or l’action est la condition nécessaire de la vie ;
et un homme ne veut pas seulement par sa pensée, mais
aussi et surtout par son action ; tout homme, tout jeune
homme surtout, doit avoir de l’initiative , de la pas
sion même ; il ne doit pas se contenter de penser, il doit
encore vouloir et agir. La pensée est stérile, lorsqu’elle
conduit a 1inertie. Et si 1 action n’a point de valeur
lorsqu elle ne procède pas de la pensée, celle-ci n’est
vraiment féconde que lorsqu'elle engendre l’acte. Et c’est
1union intime entre 1intelligence et la volonté, entre la
Pensée et 1 Action, qui produit la vie dans sa forme la
plus parfaite, c cst-a-dire dans son épanouissement le
plus complet.
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9 .
Très triste il s’a- per-çoit qu’il
1.
Il esI des jours d'ennui profond,
Où l’étudiant se morfond,
L'âme ndurée ;
C’est lorsqu en tâtant son pousset
Très triste il s'aperçoit qu'il est,
Dans la purée !
2
Dire qu'il fau t le plus saucent,
O jeunesse au désir ardent,
Saison dorée !
Et cous faméliques cingt ans.
Vous passer les trois quarts du temps
Dans la purée !. . .
�—
8
—
3
Car le plaisir a tant d'attrait
Que bientôt elle disparaît,
Vite envolée,
La braise au reflet argentin,
Et Von s'éveille un beau matin,
Dans la purée.
4r
La fin du mois pour l'escholier,
.Vest point celle, à calendrier !
Par toi fixée,
L'escarcelle est vide bientôt,
On est le dix... souvent plus tôt,
Dans la purée.
5
Tels les chiens au fond des g rands bois.
Pourchassent la biche aux abois.
Meute affamée !
Tels les créanciers exigeants,
Traquent les pauvres étudiants
Dans la purée
CONFÉRENCE PORTALIS
41' ANNÉE
Séance solennelle de rentrée, 1 ’ décembre 1890.
6
On s'enferme alors de longs jours,
Dans sa chambre étroite et toujours
7 rès haut perchée,
Avec.. . Pothier, Gains, Ulpien...
Onfréquente des gens très bien,
Daus la purée.
7
O ma pipe au culot noirci.
Apporte l'ivresse et l'oubli
Dans ta fumée !
Toi seule es fidèle ici bas,
Compagne que n’éloigne pas
Notre purée.
8
. . . . . Et dire que le chef blanchi,
Le front ridé par le souci.
L’âme attristée ;
Nous souvenant du bon vieux temps,
A ous regret tenons nos vingt ans,
Et la purée !.........
Au bureau siégeaient M* Bonin président, M' Drassolï vice-prési
dent, M®de Saboulin secrétaire, M* Dumas trésorier, Monsieur le
doyen Iby, Messieurs les professeurs Vermont, Lacoste, Bouvier
Bangillon, Perron, Poliiis axaient bien voulu répondre à l’invita
tion de la conférence et assister à sa première réunion.
Parmi les hautes personnalités qui ce soir-là honoraient de leur
présence la séance solennelle de rentrée, on remarquait AJ. le
premier président Michel-Jaffard, M. le Procureur Général. M
Hoiries, bâtonnier de l’ordre des avocats, M. le président de Cham
bre Grassi, M. le Procureur de la République, MM. les avocats
Généraux Arrighi et de Cas?bianca ainsi que de nombreux membres
du barreau.
M' llippolyte Guillibert, avocat à la Cour d'appel, fondateur de la
conférence Portalis, par sa présence à cette traditionnelle solen
nité avait tenu à alïirmer sa toujours jeune et affectueuse sym
pathie à la conférence.
M® Bonin président après avoir exprimé aux nombreux invités
présents la profonde gratitude de tous les étudiants, remercie res
pectueusement les professeurs delà faculté qui, leur tâche quoti
dienne terminée, dépouillant la loge classique, viennent apporter
à leurs élèves l’appui île leur expérience et de leurs conseils. En
terminant il donne 'a parole à M" Richard que par ses suffrages la
conférence a désigné pour le prononcé du discours d’usage.
Le sujet choisi était :
« De l’association économique corporative et du rôle de l’Etat ».
Avec une éruditon et une science parfaite de la question,soute-
�naos par une élocution brillante et facile, M' Richard présente dès
les débuts le tableau des anciennes institutions corporatives, il
montre ensuite et explique les tranformationssociales et éccnomiquesque suscita la Révolution puis passant à l’époque contempo
raine envisageant la question dans toute son actualité, il se
demande quel a été le rôle de l’Etat, il critique vivement son atti
tude qu'il qualifie d’indifférente, et qui fatalement ne saurait
être active et il conclut sur ces mots cette étude si vivement
applaudie « que l’Etat laisse faire et que l’association économique
agisse et puisse accomplir ses belles destinées ».
Monsieur le doyen Ury prend ensuite la parole, il forme, nous
dit-il, les vœux les plus sincères pour la prospérité de la confé
rence et commente en quelques mots le discours de M' Richard si
parfaitement réussi, selon ses propres expressions. 11 termine en
nous engageant à ne jamais oublier que le droit est la science de
la liberté.
De nombreux applaudissements accueillent lalindeces paroles.
M'lion in après avoir une fois de plus remercié les invités et
tous les professeurs, lève la séance à 10 heures et quart.
— Il —
V a-t-il lieu au point de vue économique et social de développer
la petite propriété ».
M Bonin soutient l’allirmative avec énergie et une chaleureuse
conviction ; il montre l'Irlande agonisante sous le joug de grands
propriétaires anglais et comme un exemple glorieux il exalte
les triomphes du petit peuple, de paysans qui au Sud africain
inscrit de si belles pages au livre de son histoire. Me Marcaggy
Antoine qui plaide en faveur de la grande propriété réplique par
une discussion très serrée des arguments de son contradicteur, et
critique en particulier les résultats obtenus par les syndicats
agricoles; avec une grande facilité de parole il présente un sai
sissant tableau de l’agriculture moderne
M. Brocard , professeur d’économie politique, assistant à la
séance applaudit au succès des deux orateurs et préserito aux
chaleureux et respectueux applaudissements de la couférenco
une élude fort intéressante du régime foncier dans les différentes
parties du monde.
La eonférence Portalis consultée par 22 voix contre 8 et 2 abs
tentions émet le vœu de voir favoriser en France l’extension de la
petite propriété.
Séance du vendredi 8 décembre 1809.
Séance du vendredi 22 décembre.
La séance est ouverte à 8 heures 1|2 sous la présidence de M°
Bonin; siègent à ses cotés M” Drassolï, deSaboulin, Dumas.
M. le professeur Vermond assistait à la séance.
La question traitée était ;
« L’aérolithe tombé sur un fonds et appréhendé par le fermier
appartient-il à ce fermier ou au propriétaire du fonds ».
M. Malavialle soutient les prétentions des propriétaires avec
une verve très originale et une facilité de parole qui soulèvent
les chaleureux applaudissements de la conférence.
M' Bonillacy, avec non moins de talent et de bonheur, termine
au milieu des félicitations unanimes des étudiants présents.
La conférence consultée par M° Bonin se déclare pour les pré
tentions du propriétaire contre celles du fermier par 16 voix
contre 15 et 3 abstentions.
M. le professeur Vermond félicite vivement les deux orateurs
de leurs brillantes plaidoieries, qui sont comme un écho de leurs
succès au barreau de la Cour d’appel.
La séance est ouve'te à 8 heures 1/2, sous la présidence de
M° Bonin.
M* Drassoff, vice-président, et Me de Saboulin sont à ses côtés.
M. le professeur Moreau assistait à la séance.
La discussion portait sur la question suivante ; « Le protectorat
est-il préférable à l’annexion en matière coloniale ».
Me Lorin de Retire soutient l’allirmative dans un style d’uno
pureté remarquable et dans un merveilleux agencement de dé
monstration.
Mc Sajous, son contradicteur, avec assurance et grande facilité,
démontre la nécessité impérieuse de procéder en matière colo
niale par l’annexion pure et simple.
M. le professeur Moreau préférant le protectorat à l’annexiun
explique les avantages que celui-ci présente au point de vue de
la décentralisation. L’exemple de Rome et de l’Angleterre four
nissent des exemples dont il faut tenir compte, nous dit-il en
terminant, après avoir vivement félicité les deux orateurs.
La conférence Portalis consultée par M* Bonin émet le vote
suivant :
8 votes en faveur du protectorat, 8 voix pour l’Annexion et 3
abstentions.
Le Comité de l .\ Conférence.
—
10
—
Séance du vendredi 15 décembre.
M. le vice-président Drassolï occupe le fauteuil présidentiel.
M. de Saboulin et M. Dumas sont au bureau.
Le libellé de la discussion portée à l’ordre du jour était ;
�13 —
L ASSOCI ATION — Comptes rendus des Séances
Séance ordinaire du 15 novembre 1890
La séance esl ouverte à 9 h. du soir, sous la présidence de
Richard, vice-président délégué par le président, momentanément
absent.
Après la lecture du procès-verbal qui est adopté, le vice-prési
dent adresse aux nouveaux étudiants une chaleureuse allocution
et leur souhaite la bienvenue. Il leur représente les avantages
d’une société d’étudiants unis et solidaires et espère qu’ils auront
à cœur de se joindre aux anciens membres pour faire prospérer
l’Association et affirmer sa vitalité.
Guien, trésorier, fait un exposé sommaire de la situation finan
cière de l’Association. La séance est levée à 10 heures.
Séance du 3 décembre 1899
La séance est ouverte à 9 heures du soir, sous la présidence de
Richard, vice-président.
Uichard propose la fondation d’un Bulletin périodique de l'Asso
ciation. 11 fournit à cet effet toutes les indications nécessiires et
soumet à l'assemblée divers projets qu’il a longuement étudiés. Il
expose le but de ce Bulletin et les moyens de subvenir aux
dépenses que cette création entraînera.
Après une discussion très animée, leprincipe est adopté à l’una
nimité moins deux voix. Provansal propose de nommer une com
mission provisoire de cinq membres. Sont élus: Uichard, ifonin,
Dur, Provansal et Martini.
Richard soumet ensuite à l’assemblée la question du renouvel
lement du bail du local. La discussion est ouverte. Enfin après
diverses propositions faites notamment par Provansal, Muterse et
Pauchard, l’assemblée charge le Comité de traiter directement
avec le propriétaire du local et de poser telles conditions qu’il
jugera utiles, il rendra compte de ses démarches dans la pro
chaine assemblée. La séance est levée à II heures.
Séance du 19 décembre 1899
La séance est ouverte à 9 heures sous la présidence de Richurd,
vice-président.
La commission provisoire du Bulletin rend compte de la mission
a elle confiée dans la dernière séance. Dor et Richard prennent
tour à tour la parole j our comploter les nombreuses explications
déjà fournies.
L’assomblée adopte définitivement la création du Bulletin de
l’Association qui paraitra une fois par mois sous le titre de: Pro
vence Universitaire, bulletin de l’Association des Etudiants
d'Aix.
Le vice-président donne lecture des statuts concernant le Bul
letin et les soumet à l’approbation de l’assemblée. Ils sont adop
tés à l’unanimité.
L'assemblée générale vote de chaleureuses félicitations à la
commission provisoire.
La commission définitive du Bulletin est élue ainsi qu’il suit :
Gérant, Achille Richard; trésorier, G. Bonin ; C. Provansal;
üanaire; L. Dor. Fait partie de droit de la commission: Muterse,
bibliothécaire.
L'assemblée procède ensuite à l’élection d’une commission spé
ciale chargée d’organiser le punch annuel offert aux membres
honoraires et aux professeurs. Sont élus commissaires : Bonin, Carpontras, Dor, David, de Sablct, Pinelli. Mourguès.
L’nssembléo fixe les élections du Comité de l’Associal on au
lundi 8 janvier 19U0. Le vice-présioent rend compte à l’assemblée
des démarches faites par le Comité auprès de M. Niel, au sujet du
bail du local.
L’assemblée donne pleins pouvoirs au vice-président pour passer
et signer le nouveau bail et y insérer telles clauses qu’il jugera
convenables.
Le secrétaire donne lecture des deux précédents procès-ver
baux qui sont adoptés.
La séance est levée à H heures
Séance du 9 janvier 1900
La séance est ouverte à 9 heures sous la présidence de Bouquier.
Le secrétaire donne lecture du précédent procès-verbal qui est
adopté. Le Président lemercie [Association de la confiance q u ’elle
lui a accordé pendant 1’an née qui vient de s’écouler et déclare cm'il
ne se porte pas candidat aux élections d’aujourd’hui. Sur la pro
position de Pauchard, de chaleureuses félicitations sont votées au
président sortant. Bouquier est acclame président honoraire de
l’Association. Il remercie Richard, vice-président, de son concours
dévoué. Richard décline aussi toute candidature.
Le Bureau de l’Association es’ constitué ainsi qu’il suit pour
l’année 1900: président, Camilie Provansal. avocat à la Coor d’ap
pel ; vice-président. Albert Mourguès; trésorier, Jules Guien;
secrétaire, Octave Rimbaud; bibliothécaire, Edouard Muterse,
porte-drapeau, Vincent Constant
Le Président remercie I"assemblée au nom du Comité. Le punch
annuel offert aux membres honoraires et aux professeurs c.-l fixé
au samedi 20 janvier. La séance e t levée à 11 heures.
Le secrétaire,
Octave B1MBA1D.
�Lettres
Vient de paraître un fort intéressant ouvrage sur OHé-Laprune,
par M. Blondel, le distingué professeur do philosophie de notre
Faculté des Lettres. Ollé-Laprune, dont le nom est aujourd’hui
célèbre fut le maître de l’auteur. C’est donc un pieux hommage
rendu à la mémoire d’un professeur regretté et une étude origi
nale, d’une réelle valeur objective, que le livre de M. Blondel.
-Signalons une édition des commentaires de César par M. Constàns, professeur de littérature latine à notre Faculté. Quoiqu’en
dise la préfaco trop modeste, c’ésl là une édition savante, dont le
texte est établi avec une sûre critique. Les variantes des louons
sont renvoyées à la lin du volume. Des cartes en couleurs, un
appendice illustré, un index facilitent l’intelligence de l’auteur.
Des remarques très documentées sur la langue et l’armée de
l’époque complètent cette édition pr inceps de César.
De M. Guibal, doyen honoraire, a Quelques mots (d'un intérêt
rare) sur la seconde jeunesse de Tliiers »
Remarqué deux ouvrages de M. l'abbé Le Bourgeois, membre
de l’Académie d’Aix, Les Martyrs de Rome, tome I, Le catéchuménat romain au IVe siècle, livres fort documentés et d’une
lecture attrayante.
*Quelques œuvres récentes: Le* nouveaux essais d’histoire et
de critique par Albert Sorel.la Nouvelle Monadologie de Renouvi*'r. une Correspondance entre Renan et Berthelot, une élude
de M. Cresson sur la Morale de Kant, et la réédition des célè
bres Essais de psychologie contemporaine par Paul Bourget.
L D.
Droit
Faisons écho aux bans dont la récente arrivée de MM. Gaudem°t, chargé du cours de Droit international privé, Le Fas, (histoire
du Droit et Conférence du Droit romain), Jèze (Droit constitution
nel) et Balded (Rconomie Politique), a été saluée dans les divers
amphithéâtres. A nos nouveaux professeurs, nos félicitations et
nos souhaits.
^Signalons les excellentes o revues de périodiques » queM. Félix
Moreau, professeur de Droit administratif à notre Faculté, pour
suit à la Revue Générale de Droit public, les remarquables
études de M Lacoste à la Ri'vue Algérienne, de M. Politisa la
Revue Générale de Droit international Public, de M. Brocard
à la Revue internationale de sociologie.
- Dans le n 4 de la Revue internationale de sociologie (1899),
remarqué un compte-r^ndu dos plus favorables du livre La guerre
7 urco-Grecquc, par M. Nicolas Politis, professeur à la Faculté,
signé B. de la Brasserie.
*Parmi les ouvrages récemment parus : L'évolution de l’édu
cation dans les diverses races humaines par Ch. Letourneau,
Les t ran forma Lion s du pouvoir par G. Tarde, La Vie Am é
ricaine, fermes et usines, par P. de Rouziers, L’Antisémitisme
et le Crime par Cesare Lombroso, les Institutions profession
nelles et industrielles par Herbert Spencer.
*Nos sincères félicitations à noire chpr camarade et ami M. Au
guste Caire, le père Wallon des statuts de l’Ass., nommé juge
suppléant à Barcelonnette.
A. R.
Droit Civil : Professeur M. César Bru. — Généralités. Titre
préliminaire du Code civil.
Cliap. 1. La loi, ses sources. Application de la loi. Promulgation.
Abrogation. Autorité ; étendue. Application. Interpellation de la loi.
Chap. II. Actes juridiques. Condition. Effet. Les preuves (libreslégales) différentes sortes d’actes.
Droit Romain : Professeur M. B . — Les quatre périodes.
Chap. I. Des personnes (esclaves, ingénus, atfranchis, colons).
Chap. II. Droit ou étal de cité (citoyens non citoyens).
Chap. III. Droit ou état de famille. Personnes aliéni juris, puis
sance, dominicale, paternelles. Mœurs. Mancipation. Personnes sui
juris, tutelle, curatelle.
Economie Politique : Professeur M. Brocard. — Définition,
objet de l’économie politique. Diverses écoles économiques.
Chap. I. Organisation du travail. Eléments de production.
Chap. II. Les besoins.
Chap. III. Moyens de satisfaire les besoins.
Droit Constitutionnel : Professeur M. J èze. — Objet. Sources.
Histoire du Droit constitutionnel français.
Chap. I. Théorie des gouvernements directs et rep'ésentalifs.
Chap. II. Origines du gouvernement représentatif.
Chap. III. Gouvernements représentatifs et directs et leurs
conséquences dans los constitutions positives.
ry
2e ANNÉE
Droit Civil : M. Lacoste. — Théorie générale des obligations.
Effets des obligations. Des diverses espèces d’obligations. De l’ex
tinction des obligations ; du paiement.
Droit Romain : M. Vermond. — Théorie des obligations.
Sources des obDgations Contrats; des diverses espèces de contrats.
Leurs effets. Leurs modalités. Extinction des obligations. Modes
d’extinction volontaire : le paiement.
Droit Adm inistratif : M. Moreau. — Sources du droit admi
nistratif. Etude des personnes administratives. Théorie générale.
Etude particulière : l’Etat. Le département : Conseil général.
Droit Pénal : M. de Pitti-F errandi. — Introduction. But.
Historique. Etendue d'application des lois pénales françaises
(étranger en France, Français à l’étranger).
M. de Pitti-F errandi indisposé s’est vu obligé, au grand regret
de tous les étudiants, de suspendre momentanément son cours.
3e ANNÉE
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régime,opposition,nu11ilé, preuves,etVets). La capacité de la femme
L - ' f U (,
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�mariée. Divorce (causes, procédure, etl'et). Séparation
ses. procédure, elVet). Paternité, filiation (preuves de la filiation
de la paternité, de la maternité; Légitimation.
Procédure civile : M. Perron. ~ Les actions (réelles, person
nelles, pélitoires, possessoires). Les défense-, exception fin de non
valoir, demandes reconventionnelles. Organisation judiciaire
(Tribunal d'arrondissement, Cour d'appel, Juge de paix, Conseil
de Prud'hommes, Tribunaux de commerce, Cour de cassation).
Les magistrats, l e ministère public (organisation, attribution).
Avocats. Avoués. Oreillers. Huissiers. Compétence ratione matériæ. Compétence ratione personne. Théorie de la prorogation de
juridiction.
Droit Commercial : .M. Bouvier-B angillon. — Notions géné
rales des commerçants. Actes de commerce (théorie de l’acces
soire). Livres de commerce. De la publication des conventions
matrimoniales des commercants. La faillitte (ouverture, jugement
déclaratif dans !o passé et l'avenir.
Droit International privé : M. Gaudemet. — Notions géné
rales. Les conflits de lois.
FACULTÉ DES LETTRES
COURS PUBLICS
M. Blondel. — Aix, jeudi 4 h. 1|4. Marseille, mercredi 2 h. 3|4 :
L’éducation intellectuelle et le procès de la science avec la morale.
M. Guihal, doyen honoraire. — Aux, samedi b h. 1,2. Marseille,
lundi 2 h. 3|4 : La royauté et les Parlements sous le règne de
Louis XV.
M. Ducros, doyen. — La critique au XIX" siècle, Sainte-Beuve.
Taine et Renan: A x. mercredi 5 h. I|2. Marseille, vendredi
2 h. 3.4
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Le bru il court, c:ctte année , d'un c:arnaPal unique,
pl11sjqye11s. plus leste, plus enragé que jamais. Qu'il
en/l'e donc en tourbillon dans le 1wul'eau siècle! Blan<
de poudre, dans l'a...(/iJle111en l de tous ses g1elols, qu il
glis;,;e .sur les 11arq11els des l'al.s<'tlf·s. éfti11ri! tl'es.se11ces
rares el, /Hll ' ses 11iro11elles el ses culbut1•s . brisant
c:ris lau.\', IÙ111p1•s. 1•1•rills el résislw1ces .1 011 (atte11d.
Jic+jeslc;, dans la salle au.\' prunelle.s ardentes. Erilre,
C:amaP<il .' p armi les c•paules el les lit{[/'i!ls Jla111be11/ les
co111•oilis1•s. flâl e-loi. 111 Salunwle s'ebl'a11/e. Surioul
soi.s bien fou. /Jie11 1•ici1•tt.\'. bien atroce! Il .F 1•a de Ion
h o1111 ew-. /)e <frlwrs, on fr regarde. Les JHllt1•res l'i les
li111ides, e11<'fl/J11 <·f1C11111és contre le Ji·uid, l'1'1'e11t de lot
dan s la 1'111'. Sur leur neige, l<!s Pitres dt'coupenl dl'
lar{p's carn;s de lu111ière 111;-stérieuse t'I ils s11Îl'enl ai•ec
é111oliu11, sur le 111111' <l'C'11ji1c:c, de., ombres 1•agues qui
s'e11lace11t 1w111· aussi lût .s'c•1•<11to11ir. ,')'ois <Ligni• de lt11r
tul111iralion. Quc J>ierrul 1•l'il!e ri safari11e el 11'aille pas
roug-ir t1'1111<•j11111hc• 11111·. Si 111 11s la sottise c/'ë11e sag1•
C'I rC1iso1111abl1'. /11 rep11lalir111 al/l'Cl menti 1 I 111 M:'r<1s deln111é. L 1111il1rn11 dciçtU' te 111alll'aitera. Car t'll/lll 11'c•., . /11
/ HIS a1•1•c .Yo<'I 1·1•/ <111/r1' Ji111r11i.s1;eur du rire. li• 111<1rcha11d llllilré de la grtile. des c111~fétti el de /'uubli:> li
no11sfa11t. 11111· 1111 dc11 \ /ui.s par a11. de lajoit el du rire
Hoi s 110/r1• Ch<11111111g11e C11!'11111•1tl: prends nus Jc'lltlllt''
el rws filles: 111·1 /His a11ssi . .,i /11 l'c ..,.iw•s. ce q111 11011.,
n•.s/e de p 11li/1•s.se t'I <l'esprit. liais 1 •1·r~·1 -11011.s l'oubli
Oublier.' .') vr/ir<fr s11i, 11'r11•c1ir /H'' co11Mi1•11c1•dela ttid1t•
lo11rdl' rit' r/1•111<1 111. 1;11cl <le/in·! Colom/11111• a lrt11•11illé
huit heun'.s d1111s ·'"" 1111111'1'1' atelier d1• 11wdislc'. .st's
doigts sont /r1111c.s 11111· /'11ig11il/e l'i ,,a petite p111'/1·111t' s t .,/
cre11sé1• sur I u111•r11gc <.1• ·'"i1·, (',11·11111•11/ , /11 l'i•111brass1··
ras C'I. 1111 /lr11., dt' la lll<(jt''it' elle se• cr11irt1r<'Î11e1111 /t't'
L a 1•c•rlu c/11 -1111•1111•. /11 /'c11 d111111's 11 ''t'~ Ji1li~llt's, t'I
pfus (/Ill/ C tl'lll' i11g1'1111 1/ll,t/\\V/11/llt' \Il l'l;,!'111'111' TIW/10·
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lone. ,•iet1dra cc•lfi• 1111it (ac·ltch•r 1111e.ffroi. 1111 frisson, an
1 ; Donne a tout n• 111011de allt'rc; lttji·aichetu· d e 1'0111 l " . .
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pt: l . fi(
bli C'l de la taule. rel'.~(' l'o11hli , Cr11·11a1•al Sfll/l't'/11'. Ol C I
pour toi n~/re argent, 11otre.fe1111e.~.~e. notre rai.~on. 1111L. M.
tre dignité. . .
~oses
de. proçe.nee.
JYote.~ .~ur
le Félibrige
S' il suffisait pour être fchbrc d'aimer sa perirc patrie
autant que la grande , d'aimer comme on aime le sol
frani,.ais , la terre de Pro\'en.:e, qui fut le ber1·c\_lu de notre
en fo n.:e, de notre jeu nessc puu r la plu part: tous les provençaux, méme œux qui n'ont jamais .:onnu ou qui se sont
empresses d'oublier la langue Jc l<.:ur ,·illc, Je leur \'illage
appartiendraient au h.:libngc;._ JI n est pas cn etlet de Pro
\'cnçal qu i n aime sa Pru\'en..:e :::,·i1 fallait d'autre part pour
être f.:librc .:onnaitrc ,) fonds la lingue d'11.: rotauree par
le poète philologue qu'cst Fre,lér1.: :-.listral ; s'il l<lllait
a,·oir é.: rit dans le Ji,1lecte Hhod,111icn, :\lp111, ~ l arsc1lla1s
ou Languedoc;ien des ,·,•rs comm~ ceux d' :\uban cl, Je
Roum anille, de i\ lar ius BJu rrdly, dc .1.-B Gaut, ou de
Pierre Bena~. le kl1brige n..! cum 11ter.iit que quelques rares fa\roris de la mu~e pru,·cn~a l e, quel q ues intclligen.:.:s
d'élite formant une pki<1dc de lir1 ératcu rs pru,·ençau\ autour du génie t11i~tral1en.
Pour etre !d1bre il 11c~t f'as néLt.'!ssa1 rc d'être auteur
pro\·e nçal: il n'est pas sufli,ant 1fc:tn: ,,impie enlant de l.t
Pro,en;;e, amoureu' des l<Jlltumc~, des " us,., Ju J'arle1
de son pays. Il faut ma11ifestc1 dans la mesure dt ses
1!} -
moyens intcllcctuds .:et amour pour les cou tu mes et la langue pro,cnça les, malheurcuse.nent de\enue de plus en
plus platonique d1ns la jeunesse étud iante d'aujourd'hui.
Combien Je Jt'U ncs ge ns nés au sein de la Pro\'ence de parents provençaux, qu i se piquent de connaitre la littérature
de leur Province, ne sauraient pas lire dans le tcxtc
« Calend.1u »ou les « hdo d'Or" qu'ils ne wnnaisscnt
qu e de nom? Ceux-],\ cependant s'ils s'intcressent à la
,·ital1t.! de notre vieil le langue . à son a\·enir, si dans
leurs ccrits, \'e rs ou prose fr.inça ise, s1 dans leurs a.:tions.
dans la soc.1dé ou ils vivent. ils prouvent dune maniere
constante leur a lta.:heme nt à l.1 P roYence, ceux-là •IUronr
mente le t1 tre de " mantene11 e de Prou ,-enço •. Et .:e
nom de • défenseur de la ProYen.:e • ils l'auront mérit.F,
al ors méme qu'ils ne connaitraient pas assez la langue
de leurs aieux po ur l't:.:rire o u pour la parler. Le titre
de fé lib re ajoute une idee de plus à J'id.!e de défense, de
propagande, de maintien des institutions pro\'ençales;
c'est 1 idée de .:omposition li trt:rair.: o u artistique, dont le
félibre se ser\ïra comme ll'une arme qui sera la sienne
«Le mantenc1re " l Lst le s imple soldat du félibrige,
u le fd1brc n en est le .:entur1on. \,·e.: de telles ddinir1ons
le lël1br1ge puurr.1it apparaitrl' .:omme une arme: pro\'in c1ale. Or le fél1 brigc n est point une armée bien qu'il soit
né po ur la lutte, l i que la lutte sDit sa raison J'are. l'\on.
certes, m;11s 11.: fc 1br1~c rcp 1sc sur une 1Jce de t~Jér.ilismc.
ou Je dc.:entrafoatiun prnvin.:iale. J\I lie Berluc-Pàuss1s
dans un Ji,.:ours qu'il prnn >11ça1t à la fd1brce de \'olx k
25 septembre 1S~1 8, lirs.1it Lll t'arlant lk 11,lee J1redr1.:e
autour de laquLlle :.c 'unl gr,>upés les félibres: les 1euncs
eclaireurs li u XX.me si~..:lc l'éc1qucttc:H" br.1\·en11.;nt le t<:,h:" ra lismc; mai . . p11ur le q u.11 t <.!'lieur~ .\ l'et,tt'e ou nuus
" la \'oyons, elle ne pcut, ,1 mun humble sens, se nommer
« q ue l'f0\Î1h:1al1:.me . Cette tcdérati on. qui c,t le fdibrige,
se dr\'ise en plusieurs lcgiu1h ll:Jérees que l'on nomme
" Ls,·olo "· 11 1 a mantenu1ço de ProuYenço 11 .:omprcnd
ainsi 1' u E,.:olo ,Je 1 \r "· 1 rcole ,!c l'.\ rl, liont le siê~e e~t
•I \1\, 1 "rsco lo de la m.tr " l'F.:ole Je la mer, livnt le
s11.:~c c't ù \l arseilk, et J 'aut1es en.:vrl', t<>utes, sous la
�-
-20haute presidenœ du u subre capoulié » Fréderic Mistral.
Cette puissa nte organisation de la Provence intellectuelle a permis au folibrige de prouve r par d· éclatantes
manifestati ons extùieures so n dév e l op~1emen t , sa vitalité
Telles la represe ntat1on de la Rc1no-Jano ;) Aix, le 7 ja nvier 1899. Un 1< félibre Larcn n bie n co nnu dans la ville
d.Aix disait e n parlant ile cette première de la Reine
Jeanne: 11 sara no glori per Ais Lfave pres Jou da vans, c,
u llUV.:! la pr.rnmiero ass.1j .1 d e rcprese nta la bello trag edi
n :'\ 11st ralenc0. avans leis artisto l\1risien, q ue devien la
tt juga su:> lou teâtre d' \urenJO lll <ll qu e rugue un pétard
11 clin s L1ig0" Ce iut, d1sa1t un autr.! j 1u rnal de l:t ville
lf ,\1x, un tri omp he au qud manquait le tri omphateur .
1',1uteur, Frt:dùic ~li stral
Aux fètes arlésiennes le • 4- mai d~ 1·,rnn éc dernière une
autre représentation, celle de !\l 1re1lle dan s les arènes
d'Arles lit tressc1ill1 r tou te l.1 Pro1•ence 1.a physionomie
de " la chaton du 11 m:is dei falabrego ",so us les traits de la
célebre cantatrice !\Ille Ma rign•tn, et œ lle du << tisse ur
d'osie r • Vincent, sous les traits de M. Lcprestre, pre mi er
té nor de l'opéra cvmique, <tppa rurent aux ye ux de vingt
mille spectateurs p rnvcn~aux sous le vrai ciel d e la Crau.
La poignante idylle de ce tt e tille de Proven.:c que le poète
a chantée u dans les amours de :.a je un esse, au travers de
la Crau, vers l.1 mer dan:. les bics "• vint se dérouler dans
le cadre qui lui convenait le mieux. Tous ceux qui ont
assbté à ce grandiose sp.:ctaclc en o nt garde un sou venir
ineffaçable. Les immenses dc1. Jrs représentant la vaste
plaine de la Crau et tout au bout les ctan gs de Camargue,
donnaient l'illusion part.1ite de la rè,1l1té sous 1< l'azur transparent des cicm • . l.cs ~laianens deroula1e nt les plis de
le ur farandole sur la plac<! de la Maior, re prése ntée avec
un vérité sa isissante. Au dernier acte , sur les ailes du vent
soufAant au large, l'âme d e ~Jtrc 1llc s'envolait dans le ciel
par d essus les H0ts aturcs ..:.:pendant 1~uc dam l'église des
Saintes les chœ urs murmu1 aient leurs pieux cantiques. Et
le soleil lentt:ment quittait 1 horizon enveloppant dans l'or
fauve de ses d t rni ers rayons les vingt mille spectateurs
massés sur les gradins, l'n pruie uux plus do uces émo-
2l -
t1 ons. T ous C..outa ic nt pieuse ment l adieu su prémc de
Mireille à Vincent et les a..:cords mourants de l'orchestre
!\îais a'·cc la dernierc note s'écha ppe le dernier soupir de
la 11 Chatouno encantarello ,, ft ce fut vers les cieux un e
cl a me ur immen se: Virn !\ l 11eio1 V ivo Mist ra u ! 1) aut
l'escot. lan dou grand H oumcro.
Apres d e telles ma n ifestations d'art aura-t on u1corc
l'audace d'aflirm~r que la Provence n ·e~is t e plus que de
nom? Apres de te ls explo1b n1cra-t-on l'existence du fel1brigc? Viendra t-on soute n ir q ue la l an~ue de Pro,·c nœ
s'e n \'a s em1cttant dans des dialedes trop nombreux,
co mme ses usages d SC's coutumes qui s·estompcnt et s'cf1.iccn t pn:tend-on, dei an t les progrcs de notre; c1' il1sat 1on. enhn osera-t-o n dire que nous tentons une tcuv re
111utilc ?
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Il est t/011. r r/1• ni1•cr rt t/c111 sa11., IF<'/' .\l niir.
L Ull / J1·1:s de f'uuln, l' ll Sf' ; l({r/a 111 rrc'M/Ut' aq1i.1 b11.,.\C.
Le cn/1111: t si .\Î 111 ·t1/c>111! ' F ct111/e: rien 11c /Jr11it
i>l's c!tu111ps llO!Jt's rfr /11111 u11.1 · co/11111 s lt1ii11ui11c.,,
Que les soupirs d'1111 air rie /!titc cl les /011tai11t's
Don/ le rire p l'rlt: ,\'ég1H11/1' dan s la 1111it
!~es
ht>ifrs s1>11s frurs /Hlllf'Ït~rcs 111i-/t•rmt!.1 s
1Jrilft>111 co1111111• tfr., ,11c111 oit tre111blerr1ù 111d1'.\1il11 11r~.
1~·1 la
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/,-s /ilt11· r·h"l'S
22 /'1!1//tl/1(1'1/I JlfSIJU.f/l/ l' Ü:1'1't!S.
li es/ si d ou r de parfrr 11ù1s1 tout /J111· ..... .
Le c:rcur c11le11d les 1110/s r111i Il l' s'e tjJ1'i111e1ll 11as ;
C'est l'e11/relic11 1111tel de de11 r d111e.\' sans fi ·: 1•re .
Tr1:s dv11<·e111 c11t , elfrs se parlent ri 111i-1•oi.1·
Et jetant lt! j'ardeuu r;11i 11• jour frs r11·rr1ble
Sous le rr1,1;01111c111c111 du soleil i111pluruh/r>.
,\ e pé111ltre11f e11fi11 p our la 1n·1•111i1;l't' fois.
C'est l'm•m1t-go1it de l'lic111·c 011 trime 1ilus léghr.
. lc•a11t de s'élr111cc1· <'/ dr prendre so11 1·01.
Laisse à ses pi'erls, comme 1111c /rll/tl<'. j11st111'r11t .\Ol
(;lisser le poids r/11 CùlJJS r111i l't11tache a lt1 terre.
Le sile11ce est si p1u· '/Ill' 1'11'11 lit' 1•it-11t lroubftor,
.Yi le jet d'eau '/Ili rit 11i la /!lite t/lli 1Jlc:111'l' .'
Un W'l'él se prvtluit dans la /i1it1• dt• /'heure;
il semble 'file le temps ait <'Cs,,,: de c1111 lcr.
Nous 11v11s parlo11s /0111 bas !tors rie f'he1u·r '/Ili p({sse
Rt 1101/S < Ù'o 11s /)()/(/' U// 111011/f'll/ l'ltl'l'llité;
Tout est calme , l'i111111e11.,-1• ~0 11//i·e <f,. l'eS/J(tcr•
El le clwr111e pro/'ol/(I des 3rr111<1l's 1111its rl'ét,:
1
lH~I\lLJ~Œ 1rlfJ1I~ Jillœ]IE~~ll Dfü
D'fl~'11
Jl' 'Îl'1i-. "·'' 1:Puil_l1•t1•1· 11• . •'Pl'llf'il 11P 1·0111po-.1t101i-. dl'
.\I. Do blr·r" 111l1t11l1· /(( .l/111 )1011 de Ili;"'" c·, ..,,1 une ... uc ee ...sion ù't?ll'l.-f'ol'l1•-;, co11.11111•11t11,.s Pl "'Pliqu1"r"' pat· 11Ps
'.<'•'" dn 11u·1111'. autrui., <fl~' l1•111 ll'11l ;'i 1''\(lt'ÏlllPI' !'id1"P s ui ' anlf' : LP p wt1: apr1'l·r11L Ja elti111 r"1·p, c1ni lui apparait
dan -; ."on '<JI alt1e1" Pl . l e111pcH'la11l . il lui co11s t1·11il u11c
« .\fa1 so n d l' rh r 11. L ';~uli'.ur 11dili1· alor.., pa1· li' pi11eea u
l'i la plu1111• l'l' ll1' l1ah1t at1011 1'lll'lia 11l1·1'. tlonl il 11ou-;
111u n ~1·<' lt· ""lli l. Il' p1•1·i-.t.1 lP, l'1•-.cali1•1" 1'11'. J\Jai-; ar'l'i\ ,.
au prnac·(p, L~ Cl1i111 ' 'l'I' s'c11\ 011 ', l'i 11• 1•<11" l1• l'l'-. tc• ..,l'ul
d P1 an~ 11·-; 1·~1 1 1H•-; \Y lltli .1li-.;111l l 1·1·1·011l1•1111'11l 1lP so n 1·(·\ l'.
.\lal~p·t• la loi·nw tll ,\">lèt'ie usp C'l ... ~ lllboli-;lc . <1uc r c' l~l
-
23 -
la pClhl'C de '\[ . Doblcr. l'i rrui en rend la p<·nétratiou
assez dilli<·ilc, j'i·prourni.., un crrtain plai.,fr à e:xamincr
Je-; pag-es ck son rcc·u1·il. C est C(' ..,en liment clf' plai..,ir,
que nou.., {•prou von.:; cn fa"e du dillicilc ù e.1111p1·endrc,
si'.ion dl' lïnc·o111prélH' n"iblr', que je You<lrai.., analyser .
.Je veux l's..,::ncr de Je 1·1•duire en ses 1~lrmf'nt.:; constitutifs et <le d1tgag-c1· le.., c;eutinwnb rrui tonnent celle impression gènéralc de plaisir.
Tout 1l'ahonl. d1'.-; qur j'ou\ ''" l'a lbum. je rl'm:u·que
que ma C'urio..,ilé est éYCillél' : ca r j e rnmprcn1l.., qu'il y a
là <[ uclq uc l'hose ({li<' je n 'a pl'r1;ois pa<; cnco1·c . Et tic m~me
qu'en fae1' <lu mur de1'l'it•1·c lequel il se pa-.se quelque
c ho-;1, on 1"p1·ouYC k d1;-.i1· bic11 naturel de Yoit· l'C qu e
cache la muraill1>, clc 1Ut~1uc. 1la11s le ca.; at'lul'l. jt• re ... -;e n c;; J ('(\\ i1• de jll;ll1'•t 1·1·1· lïtlt:I' '(Ili -.e dt;)'(J!ll' ~011-. roh-.1·u1·ite 1lt• la fon111'. .\ig 11illo11111: par la l'Ul'ÏthÎl1:, je me
11wh don c it t'e11illl'lc1· 11• n •n11:il. 1:1. 1li·-. J,,.., p1·e111ii·1 ""
png-1'"· j'apl'l'\'OÏ-; UtH' i111pn·s--ion qui t"on t1·i liue ;\ l'l'tllln•
111011 !''\.amen plu.., i111P1·t·ssanl. l'all 1·ait de l:\ noun'aull-.
C:w. 1la11'> la .lloi-~"" de ll1·i>1• ce n·c!-l pas !-1'ul1't111•11l
lïdrc. mai -; au-;-;j <'l ..,url ou l la l'orm r 11u·rlk rc\ t~l cl ju-.tju'aux p1·oct1J i:·s Ir< hn iques d r compo..,ilion . 11ui f\11\h
offrent l'l' caractl·rt' du 11011 'u. ft l'on 1·111111<1îl le pro' erl>c populai 1·1·: 1< lou t 1·e qui L'"'l nou ,·r:tu .. t':l lwa~ ».
l\Iai ~ et'" 1lcux ..,enlinH' llh ne -.ont, po ur a1nc;1 dire. qu un
pfri c,tyl l' qui conduit à cc u'- plu... complexe-.. que 110u:-.
allons' essa' cr <le cléga!{Cl' par l'<lllal~ -,c.
En pénl-tranl plu~ a\ ~\Il~. j? lrouye un c·h'w_cnt nou' eau el importanl. la -.ati-.f al'\1011 que p1·ocu1«'. l oh~tacl1:
, aincu . Il <1•ng-a"t' en l'fll'l unt• lultc ('litre l 1•..,prtl qu 1
Yl'Ul comp1·enJ1·1·1">1•l l'olijl'l qui impo-.c son impt'ndral1ilité: l'l chaque fois <(U l' j1• foj.,. Ull pas ÜC plu-. tlU!h )a
p ~nèll'a tion '11' lïdet'. il ~ a un ol>st~.cl1• -.urn~~mtl': et
lor-;qu<' je l 'l'\ H'lb -.ur u1w pag('. l'l qua la. lum11•n' de ci:
qm.• j'ai dl;Jil <'0111p1·i..,. j"apc·r~·oi-; plu-. da11·('1111·nt Cl' qui
l'lail 1·1·<.11' 1la11 ... lo111bn• 11' a nou,clle lullt' d 1wu\1'll1•
, it'loin'. 01· fr ..,1·nli11H'lll · 11.- l oh ... t;l.l'll' 'aitH'U l'"l . u.n
plai-.i1·. t'l a nu·-;ur~· q~11· Jt', pl'm:ti·1'_ plu-. a\alll: 1.l' j:l31-.1.1·
s aeeroil 1•l s1• 11111ll1phl'. l. e-.t a11i-.1 que l alj'lllJ-.lt .qui.
ap1·1'.•.., dt• p1•11ihlt•" 1'ffo1·t-;. an:Î'.l' :1 li appt't' tlc "'.lfl pwkt
la C'i111t• 1lu pi1· 11n·ou' t' mw Jllll' 1nl1'll"l:· D1· 111t·111.l' 1lan"
cl'Lll' luit <' dl' l\•-;pl'il a\ el' l 11!1•1'. lt' -.e11t u1;1en~ .1 k 1 •>li;-:tadr ..,111·11101111' 1•-.t un d1• ... t•il'1111'nh cu1i-.lll11lll.., de l 11u(ll'<"'"'io11 g-1;111'rak dl' plai..,11'.
:\lais if , a un auln• s1•11tit1H'nl 1·1m1H''\.l', 1~1· t'C dl' I'·
1tit't'. qui ) l''\(llÏt(IH' l'i h• l'lll01l ) ~ IN~. k plai-.u· 1h' t'l'.~n
pt'\nd n'. Cc 11\•-.l plu-. la salt..,.la.\'lwn da\ 011· 1·11n~ p1 ~" ·
d \'l i·c a 1'l'Ï\ ,. a 'ai111·r1' 11111' 1ltthl'11ltl' mai-. la Jll~ll ... ._,1111.l' qlll' jll'IH'lll'l' ('al'!Î\ Îll' dt• (Ïnt\'l(Jg"l'lll'l'. }).1'. llh'llH'
ljlll'. 1[\\1\-. (a\ 11• j'l'<.tlÏ1Jlll'. ~J(I l;(~~·oU\ l' lflll'(~(.Ul'll,llS r(u,-.
de plai-;i1· :1 a1•q u1·1·11· 1111 ohjl'l l}ll a k pu-.,..l·Jc1. 1lt !Ut lllt .
�21t clan.., le cu.., actuel. qnancl 11011 .., scnlon.., que l'idée qu~·
nous voulons péné t1·e1· "l' d~~o~t' 1·~ gr:ulu~·llemen t a
non..,. nou" éprou,·ons celle snt1..,(act10n d e 1 acquéi'cul'.
Et ce plai..,ir c'>l J.'n ulanl plu -. complcl. <[Ue nous eompl'enons qu'il ne cessel'a que quand .nous le- . VOllll_ron s
bie n . A m esu1·c C' n effet que 110u-; édu1 l'On-. 11neu x lobscurité d e ll'lle pag-t' int~t'l'"'Htnle , nous ~lé<-ou\'J'on_s <le~
hol'i1.ons nouYcaax , t' l en mèmr tt•mp.., J. autl'ec; votlec; a
snulevC'r: le plai-.Ïl' l(U C nou.:; procui:t• noti·c acti' ité ÎI~
tellcrlue lle f;"accroit 1lonc clc ce ~e nlunenl que crttc acl 1.
.
vité peul s'exercer à lïnlini .
Si en fin nou.:; 1·cmnl'l[UOll" que• plu-. unl' pcn-. rc l'(' \ ' d
unc fo1·me my.., tfri cu..,c. 1•t plu-; e lle prtltc ~ de~ f 1llc 1·1H'1\tatil)nc; dh·er;c.;, n on .., t1·ou,·01h un denucr cl1· mcn t. l e
plai.;;ir tle c1·éc1· . li es t peu probable en cll'cl qu e quancl
j'examine une page rll' la .l/ai.w111 de Jl1:p,•. j'apen:oh·e
l'idér de rautCUI' C\<lelCIU<'lll te lle <[UÏ[ l'a COll\' Ut'. El
d anc; la r ech erch e clc cette pe n..,ét•. j e m1• h d onc . c;an ..,
m'e n 1·enclre bien compll'. un peu d e mes lH'oprc.., iJ.l-P"
et d e mes proprt'..; sensation-;: e t 1·e,plka lion que je
trou,·e d e telle page lanl .;u i pe u ob..,eurr, est forcement
cmpl'eintc d' un cache t Jw1·sonncl. C'c..,t tlan" celle m c-;urc que n o us pouYo n s i1·e 1ruïJ y a crl-alion.
\'oiri donc r 1:duit rn ..,<'..,élément... con-;Lilulif.;, cul'ioc; itt~
(> ,·eillé-e. atll'ait d e' la n ouYca ulé, sali..,f'a clion d e J' o h..,lacle vaincu. plai..;i1· d e co mp1·1·11drt' Pl 111c\ m c de <'l'l'e 1-,
celte impression génfralc dr}1la i si1· qur j'ai épl'OuY é en
exa minant le 1·ccu Pil cl!' la JI ais1111 d1• H1;P<'. i\l a i" je n e
\'OU!ll'ai c; pa'i ceprnùa nt f[ll <' l'o n CO lldttt de CC lll' hri-\' C
analyc;c que je suis un pa1·ti'ian co nYain cu clc t ous ceu x
<JUÎ cad1cn t leuqwiht•e -;ou.., un e forme Nl'angc c l o hscui·e:
bien loin ile lil, j e croi-; au co nt1·ai 1·e que l'e-;-.cn cc 1rnl 111e
t!u grn ie fran <"a is c:,,t la clartt• cl la logique. Et, en littél'atul'e s urtout. je prc'fèl'erai lo ujour-; la ver,·c fran ch e e t
clair<' d'un :\l oli i· l'c où 11• m;\lr g-1•nic d'un Co rnei lle, aux
l'luruhralicrn-. fanta ... ti<[U<''> et au'\ ' e rs -;ih,\ llins d ec; 1hL
cad entc; cl df'.., "Ymboli<;l!'-.. Cal' ..,i parfoi .., J' o bc;rul'ilé clc
J_a foriue n 'e;: t ~ru·u~ défaut rn'ccs-;aire tena nt à la p1·0ion<lc•u1· <le l 1tlcP, bien sou,•rnt au..,..,i <'lie n e cacbc que le
vague ou ruèn~c la faibl esse 111' la pensée.
Lfo DOH .
RIMES D' HIVER
LES PETITS LOQUETEUX
f,e.~ piNI.~ n11.~ dam1
leurs
sabot.~,
Clnq11nnl des d<'nf.-;, courbant le do!i.
Trolli11anl s11r le macadame,
,Ye; rougi. larmes aux.reu.,·.
Il.~ l'fl1tl le.-; pelif.<; loq11ete11.\'.
L es pet if.<; ''"/'anis du bon Dieu :
!Jie11.fi·oid lc;tu· corp.-;, tri.«le leur âme.
.~·e; p~'!{é m nn bon Jlonsieur,
Aye; p1t1rJ ma belle dame.
cc L es pil'f/s
1111.~ dans nos .'(abois,
f{ens <" 1•st nous les pi>tiof.,,
L es petrnls po11r qui Di<>11 reclame
La 1·/wrile n ll .\' cœ11'"' pÏPLl.'1: .
C'est nous le.~ petits ma/hew·eu.'I::
Donn er c'es t aimer le bon Dieu . .. . .
Le sol es / blan<', triste est son âme:
-'!re: pitié mon bon 111on~ir111-.
. !re: pi lié ma belle dame .
llon nt>.~
l
J
«
L 1'.~ pit>d.~ nu .<:
dan.<: nos sabot<:,
.fusq11'a11jo11r où de• rw .<:.reu:i.· rio.~
llirn 1•/l'i11ft> .<:ero ln flamme,
8011{/i·on., petit~ i11i~é"''"·'" ·:.
L<•s pt'lits p tllll'l't'I! dans le~ c 1e 11.\'
Ser1111t l1»~ w1{(e:> du ho11 D1e 11 . ..
Le• cfrl est gris. tri.~fr l'.<: l notre âme.
• l re; pilie 111011 han 11wn .~fr111·.
.~re; pilie 111<1 belle dame! >1
. lrC': pi lie. mon bon mo11sie•111·.
.
J),.,, petit<: e·1~(anl.~ d11 ho_n D1e11 .
. f,-i•; pitié ma /Je/le• dame,
.
Frou/ es/ ll.'111· corfis . frtsll' lc:ur w11e . ..
Cc• Mmt fr., petits oqul'fc'll-",
,y('; f'VU!(i . larlllt'S Oil.\' rt'll\',
Oui trolfr11/ '(llf' lc• mac·atlamc'
() /aq11a11t d1·~ drn/.<:, c·1mrb1rni fr
Les pied,'(
1111.~ dan .~ fr11T'S
tlvs.
sabots.
Lot•1-. D.\NAlRE.
�-
J'10NOLOGUE
Comme l'on est heureux Je p1uvo1r prendre une dé~1s1on ! Ne trouvrz-vous pas qu'il n'y a rien de plus ag,1çant que d'être là, à se d<.'mander si l'on va dire oui ou
non, si l'on ,·ase décider pour Pierre ou pour Jean! Dieu
que l'âne fameux qui ~e lai~sa mounr entre deux boisseaux
d'avoine faute de sa,·oir choisir entre eux, dùt étre malheureux !
Eh bien! hier c'eta1t encore lll•>n cas 1
Figurez-vous que tous les soirs en sortant de la perception, la tête lourde d interminables wlonncs d'addition~. je
me rendais par la rue \'11l1::,·crte et le cours lll11«1bcau
(toujours le même chemin) jusqu'à la rue Th 1er,, que j'nrpentais lentement pendant une petite heure. Cela, hi~toire
de me dégourdir les jambes et de me rafraîchir les idées
Du reste elle est tres agréable la rue fh1ers, ck 6 à 7 heures du soir l On y rencontre un tas de jolies petites ou nicres. des étudiants en mas~e; il y a de jolies vitrine-; ;
de beaux lanàaux arrêtes devant les grands m<1gasins ....
Et j)Uis c'est la mode ... De 6 à - hcL1res du ~Jlr on '"Ise
promener rue Thiers ... Et j'<llL.1is m.: f'rumentr rue Thiers.
A force d'y aller ainsi chaque jour et de regarder indiscrètement à tra \'ers les '1 trines cc qui se p<1ssait dans les
magas ins. je finis par les remarquer toutes deux. Elles
était:nt là, comme deux sn:urs, l'une brune, l'autre blonde,
touj iurs à la même place (et je dois dire que la plac~ était
bien Lhoisie pour attirer ks regards des flâneurs) ... Et
moi, sans penser à mal, je les regardais . . comme j'aurais
r~gard~ autre ch~se ... Vous savez, c'ctait dans ce maga~111 qui fait le coin de la rue et de la place Forbin.
Peu a peu, je ne sais pas pourquoi, mes stations JeYin ren.t un peu plus longues .. Puis, je sentis se glisser en
moi de ces désirs -i ue, pauvre fonctionnaire cclibatairc
aux maigres apporntements, je m'ctais toujour~ interdits! .... Et cela me parut si énorme, si impossible que
pour couper court 1e décidais de ne plus passer dans cette
rue tant qu'elles y seraient ...
. 1!. y a. de cela une semaine . . Le kn(kmain Ju jour
ou J a\·a1s pr s cette énergique rc,olution, a li heures un
quart du soir. . . . . imaginez-vous cc qui n1"1rri vc? ..•..
27 -
J'ctais pl,1nté bouche bé:: devant la susdite, itnne ! .. . Et
i.e.'ous jure que j'cta1s parti ,·ers le c0urs Sext1us pour
t,11re m.1 promenade orû1n;11rc ... De ce jour je c·Jmpns
que toute lutte serait vaine contre ce qui était évidemm;:nt mon Destin.
Je n'essayais donc plus de me n!1·olter contre la Fatalité!
A quoi bon? . . 1vlais je reS•Jlus de me décider p:>ur l'une
des deux; et cela, nlln s11e la faute fut moins gra1·e !
Les Deux 1 vous comprenez . . c'cùt t!té trop 1
Mais voilà! ... La iuclle ~ . . Serait-cc la Brune, serait ee la Blonde ?
Quand j'avais bien rcg:mié l.1 brune, j étai~ dcc1dé ! Elle
a1•a1t le teint si chaud, elle a\'alt l'air ardent! Oui décidément, c'ét,1it elle qui me co1wenait ..... Seulement le
malheur voulait qu'en se détournant mon regard rencontr:1t toujours l 1 bl rndc ! Et il lui ~emb!ait qu'elle de,·a1t
etre s1 douce, die par,1is-.~1it si captl\'ante que finalement,
je n'o~a1s plus tran.:her . .
Et pourtant il tallait que cela trniss:: ! Il y a\·a1t quatre
JOLHS que r.a durait . . La patronne oï1menc;ait à se dt:n~ander il quoi j'en rnula1s che1. elle! .\le prenant sans
doute pour un v0l:ur qm étudiait la f.1cun la plus commod..: Je la dépouiller, elle me lançait des regard~ fcroct:s .
sans compter qu'elle m'avait signale! <\ la pilicc et que
j'étais hic! ... ~,1 j't:n suis sûr!... Un f..inct1onna1re filé
par la poli.:e! . . :..vcc (;a que les hab1tul!.; de l'endroit les étudiants - ~e p)ltssaient le coude en ri.int en passant
près d..: moi ... C\:tJit un~ situat10n intolér.1ble; uus;;i r<lmassant toute la for.:c Je rol01itl! que je p.hsde, je resvlu~
d'en tin r.
C'eta1t arant hier suir ... le lendemain, t\!tc, pas de bureau.. il me la tallait pour le k~ndemain !
Et le lendem.1in, quand je p.ntis p.:>ur l,1 campagne, je
J'al'ais an!c moi; dé.:-i.iêment .:-'~tait la blonde qui l'a\'.llt
cm porté !
\'ous r.1conterai-jc celle partie cie pl,usir ~ \ quoi bon?
Vous Jir<11-je les ch,1rmes ct le., dellces de cette journée?
Non! mais par c~cm1'lc. a ~cz en quelqu'un qui cn 11
f.1it l'..:xpéricncc, entre brune et blo:1dc n'he,itez janub !
lL1borJ c'c~t en1H1''CUX 1 hes1t;1tion, et pui~. Yoycz·n'U!i,
l'londc ! .... Oh! j~et.1is en nn~c. c\!tait quntre heures dc
l',q,rès-111i.!i, et i.'llc d111t s1 1r.u.:l1c ! .. cette houtcillc
de vr.11e bkrc ,\e ~lunich.
1
PrnRR&
De :):\.BOU Ll N.
�ÉCHOS ARTI STIQUES
l "n viei l autrui·. {~L'O rgrs dr Seudi'· 1·y. avait eonlumc
J e faire pn•cé<l cr s1'::'i Oll\Tag-<'s d'111H' eonrte prê!'ace où
il indiquait le but poursuivi . EL sc>"I « .\ qni lit », comme
il les appelai t. se le1·minaient. <l peu p1·es invari ablement. pa1· celt e phraqc, r a1·rssnn tr <>l l•mincmment. su g ·
geslive: (( D'ailleurs si cc qne j 'ai rc 1·it Il (' YOU S plait
pas, venez me le di1·c L't; pèc qu(' j'ai au rôt& se chargcru <le vous rcpond rc » ...
pas d' humr ur si
Hass urez-von" ! Je tH' sui.:;
batailleuse et n'ai poi nt tant cl1' morgue On m'a dit , un
de ces j ours passt's: 11 Sois artiste n. J'ai rc>ponclu :
« Je veux bien n • . El voila com ment on fab rique un
criliqur .. un critique 11'a1·t. Etonnri-vous, après cela,
que cett e rnce soit honnie ! (:a sort on ne sait J 'où, et
ça vient ban r un peu sur toute" choses ...
Pour moi, j e jetterai plus de fl r11rs ~ue d'injures: cc
sera l'excuse de ma médi nc riti' Et 1 on pou1Ta sn ns
cra inte trouver ma prost> méc hante: il n'en coùtl' rl\ pas
un coup d'épée, pas mc\me <les coups cl'épin glr .
Le dèfnut de placr m'obli ge <l mr 11Lio11111' 1' S(' tilenw nt.
la remarquable aud ition qui• nono;;ont do1111L'<'. t'111'1"g·li sc•
calhl'dralc de St-San vcur, les l' hanl<'urs dt• St-(;ervuis,
sous la mngisl ra le di n ·ction d1• :\ l Honlr -..
J 'ai aus~i le regrc·l d l' ne pouYoi r dire qn r lqu<'s mots
cl rs m:-ig-11Jfiq11 c5 co 11c1'rl.:; 01·g-a11i ::-.1"s JH\I I'. \ ssocial io11
~l us i talc cl ' \ Î\. cl par l' .\ .:;sociution dt>s Danws .I l' mt•
born l'rai ù parl<'r dr la crt'·a tion a .\ ix cln Trib11 t de
7.a111ora, op<"rarn 'i adrs, de c;o1111od , r tdc La .Yrwarra is1•, c:pi.:;ode h ·riq11!' <' Il 1 nd<'. cl r :\las.;enel .
O n a <l it; .''? tàm m1'!1 l dan s la prt·:·,.. . c loC'a lc•. br au cou p
de mal Ùu J nlmt de Z:11nora . ,\ 111 0 11 avis, un e disli11 l' ti o1~ s'impose. Le pn•mier ad r. dont le dt•lrn t ra ppPll e
n a11nenl cle trop pri·s cert ain air dt> c; uill aume Tell
t:st ~ 'un e l'ail?lr .. ,.;I' P~tn" 111r: lr ntc nr dt'•s<'spr·rn nte d1:
1 ar t1011 , musHJUO pl<'lllC dt· rt'• mi11iscc•11ces fùcl1 cusc,.,,
sans coul eur et sn11 s vir. :\lais voici le second lever de
r ideau . T out r hangr soudain. lf11 joli clw·ur cl ' hommr~
ouvre <'C deuxième ac te qui es t une wunc muAicale d'u n
ra re mé•rilc, avec <l1•s passag<'s fn1t beaux, comme l'air
d:IJ Prmoza, ou gont iml'11l originnux: lc'lle l'entrér des
n cr gcs espagnoles. c1u'acco 111pa~11 " un r musi<JUC cha t man~e. Le :1c et le !te ac t e~. moi 1~s. ru1.11plctH que le sffrond,
contiennent cepen<lant <l<·s motifs d1gnt'-. <le rr marquc:
-
:2!) -
le chant <l'amour de Ben-Za1ù â. Xaïma, le puissnnt air
<le bravoure ù' ll ermoza , Pl, plus encol'e. la ùi'·licieusc
mi•loùie, a u '•" ac lt>: " J'ai l rou,·é, moi, le temps IJit:n
long .. » C'es t d11 (;ounoù, celn, et du meilleur ! La
ph rase musical e est peu l-1\Lt·r un peu courte, mais on y
rct1·011ve a u plus haut degr1" la purelé de style qui caractérise le génio de notre g rand compositeur ..
Lr Tribut de Zamora est h ·(·s convenablement intrrpré té p ar :\Dl. <le U rick, Hohert rt ~l ilial, et par ~Imc
Da rin y, ù qui le rôle clc· X.aima ne corl\'Îent pourtant pas
a me1· ,·eillc>. Celui cl 'll prmoza semble fait au eonlrai1·e
pour l\l me \ 'ieussc lJUi a êt<' su p<'rhe dans l'air <le brn vou1·e du :le ac te. Les sonoril<·s larg1·s <le celle mu-.i11ur
enlrniuan l<' soul mises en n ilcur pnr l'ampleur qui! ~lme
\'i1'u ss1~ ilo1111e a son chant En rc:rnmé, pièce <li• second
onlrr. bon" actt•u1·s
Ln lH'c•mii•rc ùc lrt .\'fwarraise s<' donnait le jeudi :ooi1:.
8 f1:•\'l'i1•r, J t' !iUÎS l'IH'Ol'I' SOUS le cha1·me dr Cl'ttc musique tic ~Iassrnl'l, cnn:loppant <', passionnee, f'I. t1'.~·n1blanl e auss i, i11li11imc•nl l l 11'y a ciu'un 1-.)it- à \Tat J1r1•.
ùuns cc <lrn111r poignan t : cc iui <l .-\ nita I~ \avarra.i:..'';
mais un rùh• clan.:; ll·quel ~1 mr Üô"lnny allernt une nr1t1•
drn matiq 1H', une inLrnsi L1' d'c1110Lio11 saisi-;santc:. C r s t
s upc1·hf'. On u rnppc•ll 1• deux fo is nol ~·c p_re~nii'1:e chanlru,.,e. on l a cOU\'l'l'lP Je fl eurs, et c t?L:ul JU:ol1cc: elle
Yt'11ai l Je l'l't'l' I'. pour noire th l'ùlrc, un lr~s gl'O" suct•i•:B t i::C\ \ EILJ. \ :'IT
C()N lr(~ H E~CE POBTAL IS
�-31avec une argumentation serrée, servit> par une lorn,_e parfailt>.
:ile lliprrt lui rép lique a\ï'C cf'll.? \ 'C'r \ï' quo 111 1 con_na1;sr.nl 1011s
srs camara.le>. ~J lt• proft>s~eur l.ela~. qui se 1a11ge a 1 il\' ls <le la
nrttal1,·e, f!dh:i tc vh·e111t•n1 les den\ ora1t·urs et M111011trc qui' le
ju4,• mt>nl rrniln on la ma11i'•rp pnr le lr1uu11nl de Cha1eau-'l'lt1r•rr)
a rt·~prclé à la fois le droit rt 1'<"11111 1!•. La Conll"rrn(e constiltcle se
ch;clare pour la n6ga1ivo pa r '!7 voix contre (i et l abs1e1 lion.
.\J<111cc d 11 1 :! jan ri1•1· 190U. - La >6a nec es t Ou\'erte ù 8 h. l 1?.
~ous la prés;denc.i dP ~I l' 1Jon1n, prè~11len:, n~obttl de son bureau.
:\le ::iajous remplace Mr de ~al>onlin dans ses fonctions de secn1tnire . hl. le prole~s11ur Brocard a>s1,;•e il la séance.
La qurstion fixée à l'orrlrC' rl11 jour riait ~le salaire r.1milial C'~l- 1
applicable en prntirp1r.o ~Je Sr-jalon i011tit>111 l'atlirma1i"e Il expose
a\'ecart lesa,·a111a~c~cl11oaloir•' [arn1lial.ll parle aire 11nrconvic1ion
qu ·sert à men•Pillt' 11nP. paroll' racilt> "Pd<' Sahoul1n l'l()rrc dan,;
une vérilabll! plui<loirit• pleine cle fou~111', nous 111>n t capti16s par
:;on éloquenre brillant•' mi>C' au ,enict' d'exc• ·llent• arg-urnrn ts Pn
fa\', ur de Id né,:::a1i,e La conr.lr1-11c~ con,ul1éc ,p Mclare pour la
n~qat1ve par 3·~ ,·oix conlrP J \J Ir prof<1,~r11r B•ocar•I fél1ci1r les
dt>ux orateurs. la forme ch<'z eu\ e~r cx.:t•llenlt'. Quand au fond
on prut dire: r. qu'au point de \'li(' pra1iquC' le ~alaire !ami ial
C' 1 héri~sé <le ditllc11llé, "! qu':lll point dP \'ll(l 1hcloriqur, il rq
tr•"s emharnssanl.
1
S• crnrc ''" vc11ilrct/1 IV jan 1·i•'r JYUJ. - Présidence de ~le
llonin, pr~s1d1'nl. ~I le pro[e,~rur Bou\'ier-llangillon a~srslr il la
1
s ill1Cl' L'ordre nu jour f'Orliill: {I Lrs ao' l!'s fa11s par d1•s ~lCi1~lt'-s
co111merc1ales en la rormt• >Olll-ils do•s aclrs co111111rrcia11x ou des
uctl!" c11·1is. ,, .\Je 'lour~uè•s a1ee un" gro111d<' r;rc:il11é dC' parole au
srnice d'111w pad·ilo sirrl''é dl' ra1 ,01111l'u11•11t ~ou1H•11t lecaracli•re
ci1 il d1• C>'s acte;. C'l'sl avo>c 11011 moins do lal rnl 1111<' \ le \J.irt1ni
nous<l?n1onlrP iÎ>Oll tour lrcarac1c'.•1p cu111m1·1c1al do• c1·s 1111'111rs
acte;. ï'ri·,-inll,1 r nc1.,e p.ar le.,dP11\ plaid1i11 'I'" laconfPr<•nct• 1no tri•
,,,11 indrci,1on dan> le 10111 >ni1a111: Puur lt> carnr1i•rr rn111111Prc1al
11 '"J1.x; pumlecarac1i·reciv!I Il 1oh. ali-tPn1iu11~G. ~J le pro(e;i;.('11r Uo111•1";-ll1n!!lil1111 fo'•lrcill' Ir"> <len\ oralrurs el n11\ rr~prc
l 11c11x applaud1,~e111rn1s clc la co11f1'r.•ncr c1.;mon1rc• IP caracli·r!'
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1olr dr,- condoll·ancrs <•I pas>e ù l'ortlrn clu jo.1r. • ~11r la proposi111m rlP ~le ll1chard le h11 rr a11 t'-l charg11 d'PnYoyer une lo'llrr à
\lt• Bon111 lui ra1sa11 1 connaitre le 1'011' cl ·: l'ordro• clu jour r•r1.' ci1cl.
M 11• prolr•ssfnr Uroc,1rd, aux 11pplaurl1.•s"nll'nh de la cl•11niu11
d{lclaro ~'i11;soc1rr ;'1 l'orcfre du jour C'l à la lcllrc• envoy(ic :\li rr(•; i~
d•'r.I de la Conl1·renc1.•.
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. La ~ue-.tion •1l<ait • tle l'11til1tfl du lu''' an pJinl dt' Yue
c•cono11111111" ri ·Ol'ial. • \(p rlr Laco11t11r1• ~0111irn1 l'allirmati"r
an:c. ICl\e ~l clarté . .\Jp ,\ndricu rùpli1Jm• a\•c•c un~ granch•
facll11é de parole. C'!'sl un ri'-el talent de parole. quoiquP d'un
1
gen re tr1'>s rl ifféront pour chacune, que dénotent ces cieux plaidoiri.-s Le bureau tient a r!'111Mcier le.; orateurs de l't>xt>mp·~ qu'ils
ont donnP à leurs c.• rnaradr,3 de premiè·re a11née. ~I. le prolo.i.enr
Orocard félicite le~ dt·nx orate11rs. Ce bOnt cl<?s débats 11111 promf'lIPn t . ~l a i~ la cp1rst1on po>é•' ne peul, dit· i!, t~lre rc»olue ri .. f,,~on
~én6ralr. C'eH à riropo, <il' chaq11<? consommation qu'on .i .. ,ra sr
dl'mand•• r i;1 lu suprrtl u rst ou non une bonne chose. Il If' oNa
toutes lrs fob el c'rs1 Io p lus grand nombre de ca' qu'il srrvira
à un plus parfait développement de notre être. La Conff!rrnce cunsultét> se déclare po11r l'alhrmative par 10 voix contre ï et '1 al»•tcn tions
LE CO\llTÉ OE L \
COSFÉ RE'.'ICF.
L· \ SS 0 f IA T10 l - f omptes rendus des Sl'anre
5,:a,1c1• dH 1.ÎJCO•t'll'I' J!llJIJ - La sèancc cs~ ?u,·e1t<? ~ neuf
hcurescln su1r, ~ons la prPsi<lence dt• Provan"al, pn•s11len1. (, a~~em
IMe !!;••n(•ra\1• Mcide q11e le concert annu••! _a u profil clrs ,pau,~e,..
dr la 1 illc d'Aix uura heu au lhPâlrt' municipal, le lunJ1 1. lôvric>r
i'i 8 h. 11:!. U11L' ummt~>ion spècia'e r,1 élueai~1si qu'rl sui!. Pn1~id!'nl, L•l'l>onn!'; lrl"tiOrier, \ard; ><'C1t·1n11 e, Rimba11d comm1,:<airPti. Abram, ~ l utor-r, ll1cliard, lJra,~oll, Dor, <le Lacoulltrl',
Lorin de Il lllt', lluucharla, de ~alolc1. Poill• ux , ~ejalon et Bon111.
/ ' 11111 '1 o/l~·r/
pa1· l'.1.<:<of1a/lo11 à.«'-' lll<'mii1·c.< lwnorai1·cs
7irof<'"""111-.<, le :!li
l'i
c:-~s
dan' la ~randc
s.1llc <le l' \•,ocia t ron ~u·a t•u l11·u C"tle fc1e annuPlle._ Le c~m.11t:
de l'h:-ocia11on N la corn1111-,1on 'pécial<' 11.t.\a1t·nl nen nc.!11z1•
pour .\onnrr un bnll.rn1 •'cl.11 .\ C<'ll<' ,,..,!, nnné.- La P!UP~rL._1h·s
rne111bres honorair1's et,;,., 1•1• 11!.1111, a,· ~1c11l 1t·ponùu _a l 1n\Jt.1tion et d<·s::.: t 1:!. la ~r; 11,1 •. ,;rlh: t'>l c111;rl11t' l'ar une a.~1:,tanct! <l1'i;
plus no111brcll>•'"·
.
,
.
.
J
\ 9 heure•:-, ~Il' Pro,an~al. a\ucal a la Lour <l appel, pré,1Jenl e
I' \ssociat111n, ou HP la >c~ancc.
.
\ la table tl'honneur 011 n•mar11m• \L. le sena~eur Ley1lt>L
l!ertrantl, 111 ~.lfl! <l'.\1\. ~I. Caloa,,ut, con>eliler... i:éncral. \1. lle1r11 '•
bâtonnier de l'ordn• 1h•s avocats, Il' doct~'U~ t...:tt.1bner. :\!. ile l!Jnnecors(l, a\'OC•ll ..\1. ~tanin , j11~(' au trtl>unal de_ commerce\ \f.
Cairr, Jugo , 11 ppl1'anl ;\ ll.i.rcclo.1111r1t,e. ~- llouqu1t'r et ~l. l\a)b1ud, prt''>ident;; honoru1rc•,; .J,. l .\~udat1011.
·~
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J'ro\"ln~al donne lec111re 11<' •llll•lqut>s l• ttre> d c.\CUSC>. c~ll~ 1lt:
1
\(, clr l~i tli-Ft?rrar d1, proh·i-H'llr a la Facull< Ù•' Jro1t, o~.li!!l' d1:
suspl'ndr r son cvurs i1 ca1""' ile son <'l.1t ile s.i:ité, e,,t accuedlt~
p1r dt• ,i1~nppL111.ti,.c11wn1•.
Ill
'Pnnnn,al ~ou Irai Il' \,1 u1en\·e1n11' au\ meotl1re,, .110:1orncn's . e~
remercie 1t'1\tn1 1r 110 , t•n ~1 !,!r.111.J nornbn'; pub• 1l exp1m' la s1tu.1tion lr(•s pro,pt'• rr cl!! l'.\;;oe1•11ior.1 q111 c?111p1e_plus ùo -n ~~m.h.re'.
Il parlt1 de la cn'<1tion tlu llullt•lln Jt' 1 h>u~·1.1l1on •. LtJ I 1 ';'l nec
Urlll'<'Nilain'. \p1i•, arnir 111011trû l.i \1t.il1tf' toui.our, cro'.~J.llllJ
cle l'A,,,oi:intion, 1'fo1:1n~al, rn\1~.1gt'ant son rote à 1 ëi:drtl 1h ~ ~ru
ùiants, ajoull' :
a11:r.
111111·_1c1·
l!IUIJ. -
.;1.
�-
32 -
BCIEBE l\ISO, GRU
• L'Association , qui offre un lieu de ré un ion Curt agré~ble à des
jeunes, pvur l 1 plup;i rt sans relal wns et sn ns ra m1 ll1' à At \, esl de
l'lus une "rande éducat rice. Lescaraclèr1:1s s'y furmen l et s'y as~o u
plissent.
étudia nts y appren nent à se conn aitre oLi1 s'aime r.
a \'ous n'ignorez pas snns cloute le ~o~ n eL superbe 1 e Sull y-J>ruclho1ume • Un ~ongo u, ni l e~ vors q111 le tcrrn menl:
GRA\DE P.\PETERIE MODERNE
Jo connus mon bon he ur el qu 'a u monde oil nous sommes
Nul ne peu l Fe vante r de se passer des h om mes.
El, depu is ce jour-( ;\, je les ui lOUS a1 mrs.
3 7, Cours Mirabeau
\Jniin1~rratiH• e11 omm rc a'
Les
u I..; n ~ ran d Peri vain con lemporni n, Tob1oï, s'est aussi de mandé le
Po u,rq u~oi de la \ 'ie. Sa j<'u ne~se 111 1oléranle trouvait J'oxislcncr
s lupir1e. ~lais il en est 11•\t•nu do•pui<'el il no u ~ monlro dans srs
rl'c<'nls ouvraël'S, qur pour lui comme pou r Sully- l'rud homnm,
le ~ec r e t do la \ le c>:l tlans l'amour des hommes Le bon heur par
l'alt ruisme!
• L ' As~ocialion, me~sieur~ . rlo1L nou~ (•,·i1or lt•s prroccupa l1ons de
cc.; ~ ra111ls écn \'ains. E le mo1: lr<' vile à crux qui 1·n font parl1e
qurl charme se di•ga?,;c dc-s am11i,\s d't1lrnlianl". Car nous sommrs
Ion. ici plus que de> camarades: tic 1énlnlJIPs a1111'. El JC ne l'ais
pas de rl>union oü rn1L m1ru\ 111isn ''n pratique la l! randc dc\"lsc
cle la l\é,·olution Fran~·ai,:e: Lilier 1é, Egal1t1'. 1'1 a1ern1lé.
"Libre,:, nous le rnn111i<'~ 1011~. cl chacun de uous peul ex pri mer
ici ~es opinions a1cc une fra11ch1sc ('f uni• lil11•rl<' qui 11'on l pou r
l11nites que le respcct dli aux op1n1ons <le nos cnn1aradr>. Tous
rgaux: rela 1·a ~a n s dire. El lous fri•rr,:. Fralernilr c·ntre les jeu ms
cl fra ternité rntre nos memhrr- honura1rrs el nous; c'e~ L notre
programme. Votre présrncc CP soir i1 I' \~suc1:i 1 1on prou vu h1c-11,
me>sieu rs, q ur vous èl<'s 1ous de C<.l'U r a vt•c nous el que vous rl•pondrz à no; sen1i111cnls
a Etc l ie l1a1ern11é cnl rt' no~ ainé" rl nous, ers nmiLiés d'étudiants, si !orles cl si rloucr~. sont le> ré,11'1a1 ile nuire A>sociation !
Cummen1 ne pas applaudi r il 11ne trlit' u•uvrr"!
• Aussi je uuis aVt'C cnthousi.1smc ,1 la pro"pcrilé de l'.\ ssocialion
lraternelle cles Elud1an1s cl' \i\' o
. Ce di.cours \1b·ant ::oc lcrm111e au mi lieu d'une snlvr tl'a pplau-
d1~semen1s.
~I. le Jlairc ~I le h;ilonniN ll ciriè:s, \( le sénalPu r Levrle l ;\f<'
Cabasc:ol Cl I·· docti>ur Chal.r1er onl cnsu111• lo11r il lour pr is ta' paroi~ Cl, dans leurs a_llocu1ion, chalrurr11~e~ 011 plcin1·~ d'espri t rt
dr hne>se, onl e1pnm11 1ml 1rcl1 qu'ils porlPnl à I' \ssocia tion et le
plaisir qu'ils rpro111·en1 à se trouvN un uwmrnl ;111 milieu de la
jc-unc,~c >ludinusr.
L1•s (•lud1:rn1s b.11 1Pnl des ban" i>n l'ho111wur d1• leurs i111ï lés.
Tri·s.nppktuJ1s nos pri',1dcn1s lwnvratrt's, llavbaud el llouqu1rr,
nous rll>l•n t JU>>i q11Plr]1i<'s 11101s
Rnfi~ un conco1t 1mpro1i~r u ru lil'u lnutilo dr dire que ton~
lrs ar11sl<>~. po11r la plurn rt 111cn1bri·s de l'Assuc1;1l1•in, ont élô
rl11rn nl ~a soirée lu11gur111<'nl acc!arnf•s pendan t que 11• champagno
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37, Cours Mirabeau
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NOUVEAU
MM. les Abonnés sont priés pour éviter des frais inutiles de recouvrement
de vouloir bien envoyer le montant de leur abonnement au Comité du Bulletin
(Association des Etudiants, cours Mirabeau) où doivent être adressées également
toutes les réclamations auxquelles dounerait lieu la distribution des n u m é r o s
PROPniBTAlUK
M ME J E A N
Consommations de premier ordre
DRAPERIES ET x m i
------
JEANMARIES
N i a i •o l i a i i (l —T a i l l o u i
Ex-Brevolé S. G. D. G.
VÊTEM ENTS
SU E
M ESU RE
DÉPhVT TOI TF COXCrRRE\CE
�VARIATIONS SUR L lî LANGAGE
Nous ne répondrons plus quepar un froid silence...
V igny.
Avez-vous réfléchi quelquefois sur les inconvé
nients du langage? C’est à faire envier le sort des
muets. Il y a d’abord le risque de parler pour ne rien
dire ; puis si l’on est sérieux et qu’on ne parle pas à
vide, de faire fuir son monde, ce qui ne vaut pas
mieux. Il y a aussi le danger des lapsus, dont le moin
dre sera peut-être d’appeler sa femme du nom de sa
maîtresse ; le danger encore d’échouer aux examens
par insuffisance de style, et de faire condamner son
client, faute d’éloqueuce, à mort. Mais cela n’est
rien. Le défaut le plus grave, c’est que, par nature,
le langage est incapable de représenter la pensée.
Celle-ci, en effet, est inétendue, comme l'a bien mon
tré Descartes ; le langage, au contraire, a besoin
d’espace, comme le prouvent suffisamment la lon
gueur des phrases du même philosophe et le volume
de ses œuvres. Il a donc au moins deux dimensions,
la longueur et la largeur; et c’est sa surface, laquelle
parfois dégénère en platitude. Il peut avoir encore la
profondeur, mais il est alors, comme tout solide, dur
et pesant. Allez donc, avec une aussi lourde matière,
manifester l’invisible et impalpable idée ! Sans doute,
le mot n’est qu’un moyen. Il sert seulement à provo
quer par contagion et par sympathie, dans l'esprit des
autres, votre propre pensée. Mais à cela même il ne
peut prétendre. Carie mot, vous ne l’avez pas créé
spontanément ; vous l’avez reçu tout façonné par
l’usage et par la grammaire. Dès lors êtes vous sur
qu’il est bien le terme exact correspondant à votre
idée? Savez-vous surtout si, transporté dans une
autre cervelle, il n’y éveillera point par des associa-
�— 34 —
tions imprévues des idées toutes différentes. En bonne
règle, vous n’ètes certain d’être compris que de vousmême, encore à de courts intervalles, car vous chan
gez facilement d’humeur et d’intelligence dans une
seule journée, et le même mot qui vous plaisait la
veille peut vous déplaire aujourd’hui Les vocables
se conservent identiques, mais leur effet sur les cons
ciences varie indéfiniment. C’est pourquoi théorique
ment la démonstration verbale est impossible et la
persuasion oratoire une pure chimère. Pour que les
hommes s’entendissent parfaitement, il faudrait qu’ils
fussent les mêmes. Or il n’y a pas dans la nature deux
feuilles qui se ressemblent. Emmurés dans notre
moi, sans portes ni fenêtres, c’est donc vainement
que par la parole nous essayons de nous pénétrer. Il
n’en résulte que des mal-entendus. Un mot pro
noncé dans une intention bienveillante, peut provo
quer la haine et la colère, comme le rayon qui mûrit
une pomme fait aussi éclater un explosif. Le langage
est une source d’indiscrétions et de guerres. Tout
conseil, toute exhortation n’implique-t-il pas le des
sein de s’implanter dans la maison d’autrui, desubstituer brutalement à ses habitudes et à ses inclina
tions nos propres manières d’agir et d’aimer. Même
au service de la Vérité, le langage ne saurait réaliser
son rêve qui est de mettre à l’unisson la diversité des
consciences. La preuve en est que dans toute contes
tation, c'est la force qui décide et dicte ses volontés.
Deux nations sont en pourparlers au sujet d’une
délimitation de frontière ; les diplomates font assaut
de raisonnements et recourent aux mouvements
pathétiques. Peine perdue ! Seuls l’assaut des places
fortes et les mouvements des troupes pourront résou
dre la question. De toutes les voix, celle du canon
est la plus éloquente ; car, ses effets dans les deux
camps étant de même nature elle sera très bien com
prise. Le véritable langage est celui qui fait entendre
ce qu’il veut. Sganarelle prouvait éloquemment à la
femme l’étendue de son amour, en la battant ; sa
femme l’en remerciait. Le bâton de brutal fut plus
habile que la plume de Mme de Sévigné : malgré les
séductions de son langage, la marquise n’obtint
jamais les résultats de la bastonnade : persuader et
se faire aimer.
L. M.
Dans un geste d ’orgueil, penseur audacieux.
Las de sentir toujours ton âme solitaire
h t de voir à tes pieds la nature se taire,
Ta fis ce que jam ais n'osèrent tes aïeux.
Tu tentas, pauvre fo u , de t’élever aux deux
Pour monter arracher ses voiles au mystère :
Tes ailes t’ont laissé retomber sur la terre
E t le soleil trop proche a brûlé tes deux yeu x .
Avec un cri perdu, tu plongeas dans l’abîme.
M ais, va. géant tombé de ton désir sublime
Avant d ’avoir senti tes vœux réalisés,
Fascinés par ta mort éblouissante et brève,
Nous t’envions encore tes ailerons brisés,
O martyr éternel de l'impossible rêve.
Georges Barthélemy.
FANTAISIE
A mon am i Louis Danaire.
Bomhonne était un type. Petit, maigre, la tête enfoncée
entre les deux épaules, il portait une jaquette d une cou
leur vague, très vague, sui generis ; un pantalon qui lui
dépassait les talons et dont les genoux avaient l’air de
ces petites poches de bébé remplies de berlingots. Son
chapeau sous la pression de claques distribuées ça et là
au hasard par les voyous, avait complètement perdu sa
forme primitive et rappelait à l’observateur minutieux
la casquette des chasseurs alpains trouée par les coups
de fusil de Tartarin et de ses compagnons. Tout en lui
dénotait une paresse et une négligence dont il se sentait
lier, à en juger surtout par sa démarchedéguingandée et
les ballottements saccadés de sa taille.
�— Ce Bombonne, tel que je vous le présente, vivait à
Aix, dans un petit quartier très sale où des femmes en
guenilles font, sans relâche, sentinelle devant leurs por
tes. cependant que des gosses barbouillés, dégoûtants,
les cheveux ébouriffés sur la tète comme les poils poin
tus d'un hérisson, se lancent avec de petits rires inno
cents des gitles réciproques ou se cachent, en temps de
paix, dans les jupes de la maman pour pleurer à leur aise.
Bombonne lui aussi avait eu une mère. Parbleu ! qui
n’en a pas eu une mère. C'était une bonne paysanne, qui
se laissa mourir un beau jour le sourire sur les lèvres —
un sourire de vieille, mais un sourire tout de même —
appelant, dans son angoisse, à son secours les anges du
aradis, et repoussant de toutes ses forces les soins d'un
rave médecin que la voisine avait amené auprès de la
mourante. A son lit de mort, elle avait fait venir son
enfant unique (le pitchoun) et là, lui ayant passé une
bague au petit doigt, elle dit : « Si tu perds ça mon fils,
ça te portera malheur. » A ces mots elle soupira douce
ment, se tourna du côté du mur et expira.
Bombonne pleura amèrement sa pauvre vieille. Pen
dant deux jours il resta cloué sur une chaise, la tête dans
les mains, la ligure tout en larmes. Ahuri, quasiment
stupide, il montrait, durant ses longues crises, son poing
au bon Dieu en l'accusant d’injustice et de cruauté.
Que voulez-vous, ami lecteur, Bombonne aimait réelle
ment, passionnément sa mère. Au fond de ces êtres rus
tiques que vous voyez passer tous les jours et dont la
mine basanée suggère en vous des mauvaises idées à
leur égard, au fond de ces âmes candides et simples fer
mente un sentiment, une passion, un amour vif, sincère,
qui dégénèrent fatalement en folie en maintes circons
tances. Les hommes de la trempe de notre héros s’atta
chent, ordinairement, à quelque chose, comme le nau
fragé qui se cramponne obstinément à l'épave que la
marée ou la Providence lui envoient au milieu de l’Océan.
Bombonne avait perdu son épave, et il chercha à en
trouver une autre dans la boisson. L’oubli, l’anéantisse
ment, c’est tout ce qu’il demandait après la mort de sa
mèi'e. J'ajoute, en son honneur, qu'il se jeta du même
coup dans la politique, rêva de renverser le gouverne
ment, soutint les droits des ouvriers, et ma foi, il n’hésita
pas à faire une campagne acharnée contre les écono
mistes qui demandaient le monopole des alcools.
— Ah ! fichtre ! Si jamais le suffrage universel faisait
monter Bombonne à la tribune de la Chambre, eh ben,
Dieu de Dieu — et il tapait de son poing d’ivre-mort sur
la table où son verre d’absinthe carrillonnait comme un
grelot,—il attaquerait de but en blanc d'un seul mot, d'un
seul geste, — comme ça à la Mirabeau, (Bombonne à
plusieurs reprises avait admiré la statue de l’orateur qui
est dans la cour de lTIôtel-de-Ville. et en copiait le geste :
E
— un bras en l’air, le regard perdu dans les nuages), il
attaquerait ses adversaires, ces gens bêtes, cette vermine
dont la société aurait dû se débarasser depuis un mo
ment : « Il y a un malheur, un grand malheur qui nous
menace, citoyens. Evitons la catastrophe : laissez faire,
laissez passer, AroiIà ma devise ! » bégayait-il en avalant
les r avec une gourmandise inouïe.
En attendant, toutefois, Bombonne s’imbibait d’absin
the, buvait tout son soûl, se grisait et ne dessoûlait
jamais. « Le seul moyen, faisait-il remarquer à quelques
railleurs, d’arriver à la députation, c'est ça.» Mais soyons
juste, si Bombonne n’épargnait pas la boisson, il
n’épargnait non plus le discours. Souvent, sur la place
publique sous l’œil des agents de police, il défendait,
énergiquement et éloquemment ses doctrines, s’écriait
que le Maire tapait rudement sur les contribuables, que
les monarchistes, les royalistes, les bonapartistes, les
socialistes, les républicains radicaux ou modérés, fumis
tes ou non, ne lui inspiraient aucune sympathie, qu’il
avait tous ces nigauds en horreur, et que lui — entendezvous bien— en était pour la suppression des impôts sur
les boissons alcooliques: «Si M. le Président de la
République a un gros ventre, ajoutait-il, en souriant,
c’est parce qu’il fait un usage immodéré d’absinthe et de
vermouth. Imitons donc cet honnête homme en avalant
cette délicieuse liqueur, qui a mon sens, est la seule
chose qui puisse nous donner un peu de bonheur. »
Bomnonne était philosophe. Mais le pis est que pour
payer le patron du calé, il lut obligé de liquider la petite
succession de la défunte. Il apportait d'un air hébété
tous les jours ses etfets, ses bijoux au Mont-de-Piété.
Tout y passa en un clin d’œil, sauf la bague. Ah par
exemple, celle-là, non, pour rien au monde elle ne bou
gera de son doigt. Il y tenait le pauvre diable. C’était
son annulette. Remarquez, néammoins. que, contraire
ment aux promesses tacites qu'il se faisait, en franchis
sant le seuil du « Clou », il y remettait les pieds pour y
déposer d’autres objets et non pas pour réclamer ceux
qu’il y avait laissés.
A la longue, dépouillé de toute ressource, il en fut
réduit à mendier dans la rue, à demander des sous aux
passants pour aller boire. Cependant comme tout, ici-bas,
est éphémère, que les êtres et les choses ont une fin, que
tout meurt et que tout change, le sort de Bombonne ne
tarda pas, non plus, à prendre un autre aspect. Bombon
ne, en se levant, un matin, par une belle journée de
Septembre, s’aperçut que son gousset était vide. 11 se
souvint que personne ne voulait plus lui faire l’aumône.
Alors il fit un acte héroïque, et c'est par cette démarche
que son nom passa dans la prospérité. 11 s'immortalisa
en mettant sa bague au Mont-de-Piété. 11 en tira cinq
francs et avec cet argeut-là, il se promit de faire une
�— 39 —
noce à tout casser, de consommer le plus d’absinthe pos
sible. de se vautrer, cette lois-ci, pour tout de bon dans
son vice, et d’en sortir brisé, plus avachi, soit, mais
heureux d’avoir pu atteindre cette apogée de gloire
alcooliquè. Hein, qu'en dites-vous? une idée ingénieuse
qu'il a eu là, ce malin de Bombonne. A la tombée de ce
jour mémorable, il alla au café, tout seul, l’œil mouillé
de joie, regardant avec un rictus ironique la bouteille
d’absinthe à laquelle il donnait des accolades effrénées,
en se parlant à lui-même comme un fou. Et, cependant
que des gens, très bien, arpentaient systématiquement
le cours, que des étudiants se promenaient en petits
groupes, la serviette sous le bras avec leur petit air de se
ficher du monde, que de rares voitures s'entre-croisaient,
troublant pour un moment le calme de la grande artère
aixoise, Bombonne dans son coin, flirtait avec sa chère
carafe, pour laquelle et en laquelle, disait-il, il vivait.
Et pour donner une plus grande pensée de son amour à
cette « courtisane », il la serra de si près, que le contenu
de la bouteille passa dans l'estomac du grand orateur.
Le soir, il rentra chez lui. la fenêtre de sa chambre
grande ouverte laissait voir un bout de ciel bleuâtre
dans lequel, une lune pleine, nonchalante, montrait en
souriant sa figure boullie. Un vent frais courait dans les
arbres. Silence! solitude! Dix heures venaient de sonner
à l’horloge du Palais de Justice.
Bombonne, en poussant sa porte, frotta une allumette.
Mais ça ne prenait pas, « couquin de Diou! »I 1 s’orienta
alors en trébuchant vers la fenêtre où il parvint après
force difficultés. Là, il s’accouda, renifla Pair. 11 faisait
joliment bon, et Bombonne n’était pas homme à dé
daigner la nature. Les ivrognes sont d'excellents poètes.
Les poètes marchent sur les nuages : et les ivrognes ne
marchent pas sur la terre. Mais ne voila-t-il pas qu’au
milieu de sa rêverie ou plutôt de son demi-sommeil, notre
politicien fut pris d’une envie irrésistible de boire, de
tremper derechef ses lèvres dans quelque chose de froid,
rien que pour se rafraîchir la gorge. En route pour le
pays des songes, notre ami, en arriva à la commode où
il empoigna en ricanant, une bouteille qu’il alla voir à
travers un rayon de lune. Ayant contemplé, la couleur
verte de la liqueur, il sourit, puis il posa ses lèvres ar
dentes sur le goulot et il avala, et il avala........ Tout à
coup, du fond de la chambre noire où glissaient des om
bres plus noires, une voix se fit entendre qui disait :
« Bombonne, qu’as-tu fait de ta bague? » Il recule de
frayeur, la bouteille glisse de ses doigts et il s'abat,
roide, sur le plancher de la mansarde. Et la voix disait
toujours : « Qu’as-tu fait de ta bague Bombonne? Qu’en
as-tu fait ? »
A ces questions mystérieuses, le défenseur des alcools
répond par un cri sauvage. 11 raie, bave, se tord les bras.
frappe l’air de ses jambes, se presse le ventre de ses
mains crispées ; pale, les yeux vitrés il tombe dans un
gâchis de linge sale, au milieu des débris de la bouteille
cassée.
Et c’est ainsi qu’il se laissa crever, ce grand homme,
en avalant, inconsciemment une bouteille d’esprit de vin
que sa propriétaire avait posée sur la commode quelques
minutes avant son arrivée.
Bombonne fut la victime de son devoir. Il mourut pour
l’amour de l’alcool.
Aix se vante d’avoir donné le jour à un homme aussi
original que lui. Mais Aix se vanterait peut-être un peu
moins, si l’on se disait bien que tous les malheureux
meurent à force de boire, non pas l’absinthe, comme on
est tenté de le dire, mais le calice de leurs infortunes,
ce qui fait que Bombonne en définitive n’était pas un
type mais un être aussi ordinaire que vous et moi.
... Et cependant, de l'avis unanime des psychologues.
Bombonne était un type.
Smy'-rne, le
3o
Janvier ig o o .
N.-G. A mika.
Voyant passer nos couturières.
Le dimanche, sur le trottoir,
Je me dis : « Oh ! qu elles sont Jières !
Elles étaient mieux hier au soir ».
Il est vrai, c’est un jo u r de fête,
On ne va pas à l ’atelier,
On a de beaux projets en tète ;
Adieu fil, adieu tablier.
Aussi trottent-elles, légères
Vers le lieu de leur rendez-vous.
Attirant les regards sévères
Des vieux, égrillards et jaloux.
Et le soir, à la nuit tombante.
C ’est sui- notre cours Mirabeau
Qu’on peut les voir, troupe élégante
Exhiber robes et chapeaux.
�Ne vous est-il jamais arrivé par une froide soirée d’au
tomne. tandis que le ciel semble pleurer sur la nature qui
se meurt, de traverser une vallée solitaire ?. . . Voyageur,
n’avez-vous point alors abandonné votre âme à de douces
et mélancoliques rêveries ? . . La bruine vous harcelle, le
ciel est bas et terne, les nids sont déserts, la forêt gémit,
veuve de fleurs, de verdure et de chants... Le rossignol et
la fauvette se sont tus ; l’hirondelle et le coucou s’en sont
allés bien loin, demander aux rives azurées un asile contre
les frimas. Là haut, dans un nuage sombre, passent en
triangles rapides les oiseaux voyageurs, noirs essaims du
Nord .. leurs longues Aies se déroulent dans la ouate grise
du crépuscule, et ne jettent aux échos attristés qu’un cri
lugubre et sourd. Gare encore pourtant aux pauvres petites
perdrix qui trottinent, agiles, dans le sillon ! hallali au
cerf léger qui, solitaire à cette heure, se retourne, surpris
d’entendre craquer la feuille morte sous son pas ! . . . Gare
aux hôtes de nos forêts ; ce ne sont pas les éléments seuls
qui se liguent contre eux. . C’est demain la Saint-Hubert,
demain la fête des chasseurs, demain les fanfares éclatantes
et les meutes endiablées ! . . Ecoutez plutôt... Ce sont les
préparatifs de la fête ; là-bas une voix d’airain a entonné
un chant bien triste et bien doux... l’écho renvoie à l’écho
les accords de deux instruments... et la bruine fait cré
piter les feuilles jaunies, l’orfraie, hôte du vieux donjon,
hulule tristement, le dix-cors effrayé s’arrête auprès de la
clairière et secoue sa vieille tête chargée de bois... et là-bas
les cors chantent, et le son s’est adouci ; ces accords sont
bien beaux, mais si mélancoliques ! Ecoute, voyageur...
ne dirait-on pas le dernier souffle d’un chevalier d’antan
qui s’exhale en un ultime appel ! Arrête-toi et souris,
arrête-toi et pleure : le son du cor comme la voix des clo
ches parle à l’âme. Mais que ne doit-il pas dire avec son
chant monotone qu’estompe le lointain lorsqu’on sait que
passant, on ne fait que traverser cette vallée dépouillée de
nids, lorsqu’on sent que l’hiver est là avec son cortège de
frimas, lorsque le bocage apparaît sans mystères et sans
voix. Plus d’un poète aurait pleuré. Voyageur, écoute,
écoute.. du haut du campanile champêtre la cloche vient
d’égréner dans les airs les notes perlées de l'Angelus du
soir : comme une moisson bénie elles sont descendues sur
la glèbe ; écoute encore, le cor sonne là-bas et l’écho se
meurt.. . N’es-tu point triste ?. . . C’est aujourd'hui le jour
des Trépassés, hélas ! On dit que par cette nuit sans lune,
des âmes errent dans les champs du ciel. Sens-tu combien
ton âme est triste ! . . . Va, voyageur, ami inconnu, tout a
ses heures; son de cors, chant de cloches te font pleurer
maintenant ; ils te feraient sourire au printemps de la
nature comme à celui de la vi e. . . Vite, renoue tes guêtres,
rajuste à ton poignet le gourdin de cornouiller, et pars, car
la battue va commencer.
J ehan D e RO Q UEBRUNE.
Fait à Roquebrune le 2 Novembre 1899.
Sstudiantina
Sur i’Air du Bal à rHôtet-àa-Ville
1
Un soir nos braves étudiants
S’ennuyaient à n’rien faire.
Ce n’est pas qu’ils soient très friands
Des plaisirs éphémères,
Mais faut pas pourtant
Quand on a vingt ans
Faire trop d’rigorismc
Viendra tôt le temps
Où l’on s'ra dans l’rang,
Duns le rang du gâtisme.
(I) Chanson créée par G. Abram, étudiant, au Con
cert de Charité de l’Association.
�— 42 —
II
Après avoir fait ci'vaut ('Palais,
Des farc’s à Portai is-se
Ou bien au bon roi René fait
Des cliscoups socialis-se,
Avoir chahuté
D'vant la Faculté
Peiresr. sur sa colonne
Pour changer d’plaisir
En bandes ils /îr ’
De turbulents monom.es.
III
Alors parcourant en chantant
Nos rues calmes antiques
Ils décrochèrent nuitamment
Les enseig’s des boutiques
L' grand bas (les merciers,
L’ chapeau des chap’liers
Ils en firent une rade
Les pendir' après
Auv portails discrets
De la Rifle-Rafle.
IV
Ils firent une association
Qu’ils appeler’ générale
Puis au Café des Deux-Garçons
Ils eurent un' grand' salle
Avec un billard
Un piano Erard
Un salon cl’ lectur' même
Malgré ça pourtant
Nos brav's étudiants
S'embêtaient tout de même.
V
Un jour leur président, d la voix
D’un Provansal de race,
Dit : Pour épater les Aixois
Qu’un grand concert se fasse
C’est pas bien malin
Pour faire ce machin
Ça s’ compos, de musique
D’ comédie, d’clmnsons
Ça f ’ra sans façon
Quequ’chos’ de magnifique.
VI
A ces mois chacun cl’applaudir
Aussi, sans autre affaire,
On 'nomma sans plus discourir
Dix à quinz’ commissaires
Jeun’gens dégourdis
C’est moi qui vous l’dis
Pleins d’aimable artifice
Polis et galants
En c’ia différents
De etux de notr’ police
— 43 —
VII
Oui mais pour faire un beau concert,
C‘ n’est pas un’ p’tit affaire.
Car pour ça faut avoir le ner’
Oui le nerf de la guerre.
Aussi nos jeunes gens
De nos habitants
Aller’ chercher l’obole
Disant, pleins cl’orgucil ;
« Prenez un 'auteuil
Vous verrez c'qu’on rigoU. »
VIII
L'habitant les reçut très bien
Avec fore’ politesse
El dit à chacun: « c'est fort bien
J'aime votre jeunesse.
Tenez v’ià dix sous
Mais amusez-vous
Sans faire de folie,
J’ suis pour la gaieté
Et la Charité
Vive l’Académie ! »
IX
Et l’on a monté subito
Un superbe programme :
Un' comédie de Galipaux
Puis un peu cl' mélodrame
Bédarrid’ grincheux
Daus un rôt’ de vieux
Saura, bien sûr, vous plaire,
Ce sera très bien car
On y verra Nard
El puis le grand IWerre.
X
Et puis Dor magistralement
Dira des vers tragiques,
Puis parait qu'un nomme Abram
Chantera du comique
C’ numéro, vraiment,
S’ra très assommant :
Au diabll’ la chansonnette !
De ce morceau d’ehoix
L'auteur est Aixois
C’que çà doit être d’un bête !
XI
Vous savez 1‘secret maintenant
De c’concert délectable
Avoue: entre nous pourtant
Qu’ vous le trouverez minable.
Mais croyez-moi bien
Ne regrettez rien
(Ici je suis sincèreJ
Car notre seul but
En le donnant fut
D' soulager la misère.
üeoriîes
L 0 B1N
�Le Quatorzième, l’amusant vaudeville de Galipaux,
enlevé de très alerte façon par Mmcs Laporte et Mo
rin, de notre théâtre, que secondent dignement Defferre,
Nard et Boucharla. Bédarrides est désopilant dans le
rôle de Grapillard.
La Chansonnette de Lobin, que nous publions plus
haut, est le premier morceau de la seconde partie du
Concert. Abram y est très applaudi et les vivats obligent
l’auteur à se montrer enfin. Puis M. Malka vient nous
détailler délicieusement Le meilleur moment des Amours.
M. Paul Bloch a composé, sur ces vers de Sully-Pru
d’homme, une musique ravissante qui souligne à mer
veille et accentue les sensations qu’éveille en notre âme
la fraîcheur de cette poésie. C’est un morceau délicat,
fait plutôt pour être goûté dans l’intimité d'un salon
qu'aux feux de la rampe. M. Malka chante ensuite d’une
façon exquise YHymne à Héros, d’Augusta Holmès, et,
rappelé, nous dit la fameuse sérénade du lloi d 'Y s,d e
Lalo.
Voici M. Léon Pourcel. le violoncelliste aixois bien
connu et si apprécié. En virtuose, il exécute un gracieux
Menuet de François Thomé ; puis son violoncelle chante
et pleure dans un second morceau que nos applaudisse
ments lui ont demandé.
Mmc Bellina, qui figurait au programme et que nous
aurions été si heureux d'entendre, était malheureuse
ment indisposée le soir du concert, et nous avons été
obligés de recourir, une fois de plus, au dévouement de
M. Derval. Il a chanté, de sa jolie, voix de baryton, une
romance de Tagliafieo, le compositeur fécond dont les
journaux nous apprenaient la mort, il y a quelques se
maines à peine.
Après un Nocturne en fa , de Chopin et Rolketta, de
Pugno, brillamment rendus par M. Bloch, voici Mme Dariny et M. de Lérick, les artistes chéris du public aixois.
Ils recueillent une ample moisson de bravos dans le duo
de Manon (ior acte) ; et le grand duo de Mireille achève
leur triomphe.
Dor nous dit, avec beaucoup de finesse, une poésie de
Victor Hugo, Le Doigt de la Femme, et une fable de La
Fontaine.
Et notre concert se termine par une fantaisie sur Hérodiade. On applaudit chaleureusement les musiciens
du 55e et leur habile chef, M. Baille.......
A tous ceux qui prêtèrent si gracieusement leur con
cours à cette fête, j ’adresse ici nos remerciments bien
vifs, avec une mention spéciale à M. Poucet, dont le
dévouement est inaltérable. Chaque année, notre chef
d’orchestre tient le piano au concert des étudiants. Qu’il
en soit ici remercié au nom des pauvres.
est
ECHOS
A R T IS T IQ U E S
Avec votre permission, j'ai envoyé se promener la
modestie des étudiants ; et je pourrai de la sorte dire
tout le bien que je pense de notre concert de charité,
donné le 12 février, au théâtre municipal.
Ce fut une soirée charmante.
Les dames, toutes belles, avaient arboré leurs toilet
tes les plus ravissantes, et je n’ai pu découvrir la moindre
ride sur les visage masculins: l’épanouissement de l’être
est si complet, quand, au plaisir de revivre quelques
instants parmi la jeunesse endiablée, vient s’ajouter la
la satifaction de faire le bien !
L ’excellente musique du 53e qui, chaque année, nous
prête si aimablement son concours, joue d’abord une
fantaisie sur Circé ; puis voici Delî'erre qui ouvre le feu
par un « A propos » en vers, fort bien tourné, ma foi.
Le monologue de notre ami Lobin, Abc est un trou,
qu’Abram débite avec une verve ébouriffante, provoque
tour à tour de véhémentes protestations dans chaque coin
de la salle. « L ’étudiant de service » lui-même se fâche.
(Ne vous effrayez pas : ces protestations et leur véhé
mence font partie du monologue). Et ce sont alors des
rires sans fin. Au dernier vers, « Aix est un paradis »,
l’auteur est longuement acclamé.
M. Derval, le directeur de notre théâtre, toujours ai
mable envers les étudiants, vient nous dire très fine
ment La Mouche, un délicat monologue ; et M. Paul
Bloch, le distingué pianiste marseillais, nous fait appré
cier, dans la e Barcarolle de Thurner et une Mazurk
de Godard, son jeu savant, plein de brio et admirable
ment nuancé.
C’est le tour de M. Malka. La voix chaude, au timbre
charmeur, du ténor réputé, rend d’une façon merveil
leuse l’air d Iiérodiade. Et, pour terminer la première
partie du programme, Lorin de Heure, dans Le Men
diant, une scène des Durgraves de Victor Hugo, sait
trouver les accents émus qui ouvriront largement les
bourses, quand 011 fera la quête, tout à l’heure.
3
�— 46 —
Le Concert a produit un joli denier : 390 francs, tous
frais déduits. Jamais pareille somme 11’avait été dis
tribuée aux malheureux.
J ’ai tant parlé de nous que, par force, je dirai peu de
mots des autres.
Les tournées parisiennes nous ont donné plusieurs re
présentions ce mois-ci. Mais je dois déplorer la médio
crité habituelle de ces troupes, médiocrité d'où émerge,
de temps en temps, Quelque artiste, rara avis. Seul M.
Monti nous a présenté, dans La Peur de l'Ètre, et La
D'inoiselle de chez Maxim une compagnie homogène
comprenant des comédiens d'un réel talent.
Au théâtre municipal, soirée superbe le vendredi a3
février : On donnait La Navarraise et Werther. J ’ai dit
à quelle hauteur s’élève Mmc Dariny, dans l’épisode lyri
que de Massenet. Elle est aussi une Charlotte parfaite,
exprimant au plus haut point la poésie et le charme du
premier acte, puis les angoisses d’un cœur honnête
qu’envahit l'amour détendu, et enfin, le désespérance
au dernier tableau : le triomphe de l’Amour, la mort de
Werther, M. de Lerick a su rendre tout ce que contient
de sombre et de farouche la passion de Werther. Et, à ce
propos, il convient de féliciter notre premier ténor des
progrès immenses faits depuis le commencement de la
saison. Sa voix et sa façon de chanter nous ont toujours
plus beaucoup ; mais son jeu au début était loin d’avoir
toutes les qualités que nous devons lui reconnaître main
tenant.
C’était bien la reprise de Mignon, au bénéfice de Mmc
Bellina, admirablement secondée par Mme Dariny (Philine) et M. de Lérick (Whilhelm Meister), a chanté les
airs si connus, mais si jolis, qui composent le rôle de
Mignon. Les nombreux cadeaux offerts àM mc Bellina par
les abonnes, les artistes, les employés du théâtre, ont suf
fisamment montré à notre première chanteuse d’opé
rette combien elle est appréciée de tous. On annonce une
vraie première: celle de Protis, opéra inédit de M. H.
Poncet, le père de notre chef d'orchestre. On ira en
foule, j ’en suis certain, entendre cette œuvre de deux
Aixois, car le pseudonyme de A. Barthey, l’auteur du libretto, cache aussi une sympathique personnalité de
notre ville.
- .
9 Mars 1900.
B ienveillant.
CO N FÉREN C E P O R T A L IS
Séance du vendredi 9 février 1900. — La réunion est pré
sidée par Me Bonin, président. M. le professeur Jéze occupe le fau
teuil d'honneur. La thèse discutée rst. Doit-on autoriser les
courses de loros. Me DelTerre soutient 1"affirmative avec une cha
leur et une conviction qu’il a acquise aux spectacles des belles
courses de sa ville natale. Dans une langue riche et imagée il
nous montre le tableau saisissant d’une foule soulevée par le cou
rage et l'habileté du matador luttant contre le fauve. Puis passant
à l’ordre juridique il cherche à démontrer que la loi Grammont
n’a pas voulu les viser dans son unique article. Me Euzet lui
répond avec verve, éloquence et talent. Lui aussi est profondé
ment convaincu tantôt il attaque de front les arguments de son
adversaire et avec une logique serrée et un style impeccablo qui
produisent une grande impression sur la conférence il les réduit
un à un à néant, en prenant pour base de discussion les différents
arrêts de la Cour de Cassation et les projets de loi déposés récem
ment devant les Chambres. La conférence consultée admet la
négative par 23 voix contre 13 et 2 abstentions.
M. le professeur Jèze après avoir très vivement félicité les
deux orateurs expose en quelques mots très applaudis ses vues
sur la question et termine en se ralliant à la négative.
Séance du vendredi 16 février 1900. — Me Bonin est au
fauteuil de la présidence, M. le professeur Babled honorait la réu
nion de sa présence. M. Poilleu dépose et développe en quelques
mots un ordre du jour invitant le bureau à essayer une reconstitu
tion de procès civils ou criminels. Cet ordre du jour est adopté
par 34 voix etl abstention. Puis la parole est donnée à MM. Boniffacy et Becque pour développer la question suivante : « Le médecin
est-il responsable des accidents causés par son impéritie et sa
négligence ? »
M. Boniffacy soutient l’atliimative avec compétence et facilité
de parole et démontre avec exemples à l’appui qu’il est des cas où
la faute est tellement grave que le médecin ne peut ne pas être
responsable. La jurisprudt nce, conclut-il, est constante en ma
faveur. M. Beck se défend contre les attaques de son adversaire
avec énergie et conviction, et il montre la responsabilité du méde
cin comme une entrave à leur initiative, une crainte qui les
empécôera peut-être de tenter une opération délicate mais déci
sive. La conférence consultée se déclare pour l’affirmative par 19
voix contre 15 et 1 abstention.
M. le professeur Babled loue les deux orateurs de la façon dont
ils ont traité le sujet. Puis passant au fond même de la question
il expose avre compétence et une éloquence fort remarquée et
très appréciée par la conférence les raisons qui pour lui militent
en faveur de l’allirmative et en terminant il déclare adopter cette
opinion.
Séance du vendredi 2 mars. — Présidence de Me Bonin. M. le
professeur Gaudemet avait voulu accepter d’assister à la séance.
L’ordre du jour portait la question suivante :
�—
48
« Ën ce qui concerne les crimes et las délits de droit commun
commis par les militaires, faut-il supprimer le Gode do justice
militaire et le remplacer par le Code pénal. »
Me Poilleux soutenait l’allirmative, le Code de justice militaire
est une loi exceptionnelle allant à l’encontre de toute idée dejustice
absolue, il déroge aux principes posés par la déclaration des droits
de l’homme et du citoyen « tous les citoyens sont égaux devant
la loi u Après avoir développé ces idées et montré dans un court
aperçu sur la procédure devant les conseils de guerre, combien les
droits de l’accusé sont peu sauvegardés, il termine en demandant
avec conviction à la conférence de voter en faveur de sa thèse.
Me Marcaggi, textes en main s'efforce de prouver que le Code de
justice militaire pour les délits de droit commun est peu déroga
toire au Code pénal. Le fonctionnement des conseils de guerre
peut donner lieu à des critiques mais l’application de la loi de
1897 sur l’instruction criminelle et l’espoir de voir la proposition
de M. le sénateur Leydet devenir texte législatif, assureront la
défense des droits de l'accusé.
La conférence Portalis impressionnée par ces arguments s’est
prononcée en faveur de la négative par 12 voix contre 10 à l’allirmative. M. le professeur Gaudemet par la raison qu’il est fort
difficile de distinguer le délit disciplinaire et le délit de droit
commun, déclare se ranger à la négative, aux applaudissements
respectueux de la conférence.
L e Comité de lv Conférence.
L’ASSOCIATION — Comptes rendus des Séances
Séance du 20 février 1900. — La séance est ouverte à 8 h. 1|2
sous la présidence de Provansal, président. Le secrétaire donne
lecture du précédent procès-verbal qui est adopté sans observa
tions. Lisbonne, président de la commission du concert, rend
compte à l’assemblée du mandat qui lui a été.confié. La recette
brute a été de 1010.85. Les frais se sont élevés à 835.50. Il reste
net la somme de 781.35 que l’Association devra terser au bureau
de bienfaisance.
Rimbaud, secrétaire, dépose sur le bureau l’ordre du jour sui
vant : « L’assemblée générale approuve les comptes fournis par
la commission chargée de l'organisation du concert. »
Martini propose d'ajouter à cet ordre du jour: * El lui adresse
des félicitations unanimes. » Cetordre du jour, ainsi modifié, e6t
adopté à l’unanimité. L’assemblée vote des félicitations au tréso
rier Guien.
L’association décide de s’abonner à 1’O/ficiel épetite édition) et
invite le bibliothécaire à faire le nécessaire pour procurer à l’Asso
ciation le plus de journaux et revues possible. Les journaux et
revues seront mis en sous abonnements. La séance est levée à
4U heures.
Le Gérant : A. Richaud.
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ETUDIA~T~
Nous avons reçu et publions à la place d'honneur
le suivant
Appel aux Étudiants de Toutes les Nations
CA:\!ARADES '
« Le premier Congrès International des Étudiants,
réuni à Turin (Itali e) en novembre 1898, a adopté
par acclamation les articles fondamentaux suiYants
de notre« Fédération Internationale . »
« 1. Une Fédération Internationale des Etudiants est
consti tuée dans le but <le favoriser la solidarité entre
les étudiants de tous les pays, sans distinction de
religion ni de race.
« II. LaFédérationlnternationale des Étudiants se
propose d'assurer à la jeunesse des Ecoles Supérieures d es relations, des botes et des amis dans les
grandes villes lointaines, à l'occasion des voyages
individuels et collectifs à 1'étranger, voyages qui seront
ainsi plus facilement entrepris et accomplis.
« III . La Fédération a dans celte vue pour but de
mettre en cor1·espondancc les étudiants entre eux, et
en particulier ceux qui se Mdienl tl une même branche scientifique, alln de faciliter les moyens d 'information e t les recherches dont on peut avoir besoin
soit avant soit après l'obtention des grades.
« IV. La « Fédération » organise aussi des Congrès périodiques, oü les Etudiants de tous pays trouvent l'occasion de se connaitre et de rapprocher leurs
nationalités distinctes dans la mème mesure que
leurs sympathies personnelles.
« V. Chat1uc confL~<léré s'engage a employer les
moyens que sa position sociale e t son actiYité lui
fournissent pour finoriser les rapports internationaux
<le la jeunesse l't pou1· ... econùcr tontes le:. manifestations qu'il croira utiles alin de dbsipcr, dans n 'importe quelle classe de personnes. les préjugés, les
�-
50 -
rancunes. les haines qui rendenl les Etats réciproquement hostiles el sur un pied de guerre permanent.
« YI. La Fédération internationale des Etudiants
se propose aussi <le seconder par Lous les moyens en
son pouvoi1· l'œuvre de la paix et de l'arbitrage enlre
les Nations.
« La haule signification morale de ce tte Association, ses intentions p1·atiques. son évidente u tilité
suffisent à démontrer sou importance. Et comme
nous désirons qu'elle ne demeure pas une afllrmation
idéale el Yaine. commr nous poursui\·ons la réalisation de celle œuvre. à la fois utile el humanitaire,
nous vous engageons vh·emcnl, chers camarades, à
vous inscrire à la Fédératiou lnlemalionale des Etudiants.
« ~ous mettons toute notre confiance en votre appui moral, qui est une condition essentielle à l'existence et à l'a\'enir de notre œuvrc commune ... » (1)
A cette œuvre commune et à ces vil'iles intention:;
nous applaudissons de tout notre cœur. Aussi bien
doivent-elles rallier les sufüages de Loute la jeunesse
studieuse el pensante de nos jours. Etles sont puisées à celte source dont on ne saurait trop dire les
louanges, l'enthousiasme pour un idéal. E t elles sauvegardent les intérèts de chacun, tout en travaillant
pour l'intérèt de tous ...
Un réel besoin de rapports fréquents, cordiaux et
sûrs a, sans nul doute possible. inspiré une œuvre
de cette nature. De plus en plus la science tend à
devenir universelle. à établir sa pal rie partout où les
foyers de culture se sont constitués, par·lout où des
esprits se rejoi~nent par dessus les nécessités contingentes de la Yie matérielle, sm le terrain de la vérité
et du bon vouloir. Au premier chef,c'eslàla jeunesse
q u'il incombe de vulgariser l'œuvre de (1uelques uns
(!) :-\igné : Le premiar conseil Cé<léral Je présidence annrPs
1898-Hi99- l 900.
'
, Pn!sidet1f: Efiioio Giglio-Tus; lïce-/'l'é,/(/cnl~: Belgique, A.
l•oucard ;, fa rance_. ~ .~fa.rcon~lu·~: /fo//1o~de. 11.-E. · Honyl'ie.
1\. Ludwig; Italie, I~. f'1ccoli; Rou11iat11c L. l.lolcas · Sui.•sr
E. Chapuisal. ' ïcc-f'n:sù/e1./• (par rl<-l1"~~1ion): A~9lelrrrc'.
T. Artllur Pl11.mpton; Bulganc, K. 'l'1encla!iloff, R.r•p1.û1lcr111c
Arg~ntmc, llJcarclo tle la \crna_ flalltlana :. /frpul1lir1uc J\J(lyo1·
de (, et1tro .·lmc1·tw, J -P. llu·lrii!'"'z .\lorn1ra.
Ont adhPr~ 9 corµoraliuns \lft>manrh·s, 1J ;.11ciétl>' A11trichi1•nnes,
8 socu!t~s l~eli-;r~: 7 rrpresanl1\·e cu1111cil et colli>~e d'Anglo•tt>rrc,
1~ a~suc1a11~ns l•rança1,1·s. :!l 1!urpurat1ons S•ii•,;I'•, 4 uni1·or:.i1i>s
t\or<l-Améncaines, etc, PIC.: en lout, 113 a<lhé~ions effectives.
-
.i l -
de ses ~~it1·es, et de poser en Ire .les différents pays
~~les d1!ferentes branches du saY01r de tels jalons.que
1 age mur y 1·etrouve plus lard, avec les effets qui
s'en seront produits, la cordialité sans détours et les
élans généreux. de ses vingt a?s hélas 1 trop tot passés.
En second heu, on peut demèlcr dans cette œune
de solidarité s tudieuse la conscience de la force que
nous doi;inent le nombre, le relief des éludes que nous
accomplissons et dont nous appliquerons à la vie les
résultats, enfin la vive sympathie dont on nous a de
tou_t temps enlou.rés, nous, les jeunes, les apprentis,
grame de professionnels el bourgeons d'artisans de
la pensée, nous, vert printemps de la science. Mais
loin de s'arrêter à sa propre constatation, car ainsi
bornée, elle ne serait que vanité et orgueil. notre
jeune et alerte conscience se sent brùler du désir de
faire quelque chose et d'élargir la sphère de son action,
pour que le plu~ gr~nd nombre profite des enseignements auxquels l L n a presque pas - ou si peu - touché, et dont, par contre, le lait salutaire a nourri notre
adolescence. La vie contemporaine, dans laquelle
nous avançons nos premiers pas, la tète haute, le
regard vif et droit (qu'importe si le pied hésite ou
tremble?) s'ouvre à nous, si multiple et si f~eonde,
que nous n'avons vraiment qu'à chercher une route
pour en lroU\·er plusieur·s, et que le choix - obligé
le plus souvent, hélas 1 de l'une - n'empèche point
le départ idéal dans l'autre. Il arrive que parfois ces
deux roules sont parallèles ; la première cotoyant les
cimes d'où l'on contemple l'humanité- cette plaine!
et la seconde, frayée en pleine réalité, rasant le bien
et le mal. par où l'on se mèle à la lutte et où l'on
construit, pierre par pierre, son propre avenir. C'est
lorsqu'on est fatigué de l'œuvre ba!lse que l'on Yeut
remonter, - et que parfois l'on remonte - à la
route idéale, où. à en juger par ce qu'en écrivent ou
en disent ceux qui y ont déjà passé, les souvenirs
de jeunesse sont les compagnons les plus chers. Et
s'il est vrai que dans chaque homme mùr un jeune
homme survit, l'action des belles années premières
où s'épanouit la floraison ne peut que renouveler
l'espoir pendant les années où s'élaborent. plus péniblement, les frui ls ....
Et voilà, comment, à ce double titre. pour le présent des aulrt•s et pour l'avenir de chacun, l'action
des jeunes est bienfaisante et di~ne d'encouragement.
Aussi le temps est-il bien passé des dédains à lleur de
�lhre ,e t des mours compatissantes des jrunes rsthè tes
renfermés en leur silencieuse et han laine lou r d'iPoire.
Cn désir d'action fait comi1· un long frisson dans le
corps <le la jeune::.sc contemporaine. Lasse des rèverics e t des dé-.cspérances en qui se ber<;ail l"àme affaiblie de plusieurs parmi ses <lc,·anciers. elle a soif de
Yie, partant de mouvrment. de lumit•re. E lle n e
s'abime plus <lans l'extase de son nombril; ell e avance
les mains, ell e sonLle des yeux le monde frémissan l
qui de partoull'enYironnc'. Elle Ycut savoir. elle aime
agir. Si Loute la jeunesse des Ecoles n 'en est malheureusement pas là, l'exemple des actifs aura Yi te ch assé
le restant de Lorpem· qui occupe ses m embres : son
àme frémit déjà. Lù est tout l'a,enir. Ses mai tres les
plus aimés lui montrent Je chemin. Qu'ils s'appellent
Anatole France. Jules Lemaitre (et peul-ètre aussi
F. Coppée), O. ilfübeau ou )Jaurice Barrès, ils sont
sortis des jeux charmants et pittoresques où l eur esprit
s"é tait complu jusqu'ici: si on peut leur reprocher
d 'avoir quelquefois dépassé les limites en deça desquelles leur science de la Yic et d e l'art au rail dù les
n~ain~eni~. ?n, ne. peul pourtant que les féliciter
d av01r re\"e1llr la Jt'uncs.;e, rt de lui léguer en action
les trésors de savoir qu' ils reçul'ent cux-mèmes de
leurs maitres, les plus solides penseu1·s de la France.
.. . Un n~uvel horizon s'ouvl'c donc à la j eunesse
conte~po/.·~me. Le. bon ~ntl'ainemenl est déjà comIl!-ence.DeJa le soleil se lne, et les routes sontpleines.
Cn bourdonnement se fait entendre: il's s'acheminent: Ils sont entr·és à l'UniYc1~ilé Poptùairc ; ils ont
caus~ deva~t l~ peupk. les menus houC"geois et les
OU\'r1ers: l11sto1re, poésie. sciences. droit : et les humbles les o~t suivis: l.~ur ont rhé·lé une àme à peine
soup~onnce. asso1flel' de justice, de lion sens et de
clarte.
Hier, enfin. c'était la Fédération Internationale
des Etudi,ants : là se manifeste un autre Idéal, el là
e~t peut-etr·e un autre mouvement. Nous en avons
dit le. but, les nobles i.11 tentions. <.,!u 'on y prenne
garde· que ce terme d lntenwtionale n'effarouche
pe~sonne ; que cet.te Fédération n 'évrille pas d 'autre
idee que celle .d 1;10e nstc association en°fobanl
toutes les Associa lions d' Etu<lian ts <l 11 monde~.. Elles
sont nombreuses et par-tour llorissantes : pourquoi
leur groupemen~ ne serait-il pas aussi , igourcux, capab.l e de beaux efforts ·1 Et cette Fédération est [11tematwnale. Elle tend à réunit- <lans un commun amou1·
e t par un rt•ciprocp1c intfrd Lons ceux qui se dé<l ient
à une mt\m~ bra~1chc <l~ sr icnce. "\"aurait-elle qut> re
hnt. son existence serait suflisammen t utile et léo-itime . Elle rn a ussi plus loin: elle vise un Idéal do~t
la science port e en clle-mèmc ks germes : car sa 1inal i té d épasse ses inl érèls direc ts et comprend jusqu'aux sources clc ~o n e:\istcnre, je yeux dire, la concorde entre les nallons, la paix entre les hommes .
En s'inspirant de cette fin alité qui est l'àme mème
de la science. les jeunes hommes de tous les pays
doivent tendre à dissiper lrs préjugés e t les haines
qui séparent les peuples. Ils feront cela d'autant
n;tieux, qu'ils auront appris à se connai tre, à s'apprécier el que. par ces 1·approchements rendus plus fréquents par une œuvre collectfre et morale d'une telle
importance. en un mot par 1' l'nion. ils répandront
autour d 'eux les vérités au'.'tquelles leur esprit, formé
par d'obscures tra<lirions, s'était jusqu'alors refusé.
et dont ils auront été les plus sincères et les sûrs
témoins. La jeunesse d'un pays n'est-elle pas son avenir ? Au reste, ce de mir n'étant qu'idéal, il appartiendra à chacun <le développer selon qu'il voudra
les vues nouvellement acquises ..... .
C'est justement à cette liberté d 'action que se mesure l'avantage d e la Fédération Internationale. « Il
ne s'agit point en effet d'abdiquer pour quoi que ce
soit, amitié, sympa thies, intérèts, cc trt'sor YiYant que
nous portons en nous et dont chacun de nous est un
d épositaire, le sang et l'idl>e de la Patrie! Bien au
con traire, chacun de nous, en présence des nation aux d'autres pays, tiend1·a à cœur de rester ce qu'il
est - en bien --. nn national ( x ). Il fera comme
nos camarades fran~·ais r t i·trangers qui eurent l'honneur de po1·Ll'r le ckapeau <le kur pays à Turin, en
novembre r898 ; il Je dressera hicn haut, i1 coté des
autres drapeaux, des autres patries. Et le mème frémissement secouera l'emblème consaert' et le portcbannièrc . aux prcmil'rcs notes du chant national(2).
Toul r(~vNe eu nous t•e <1uc nos pères ont é t<'.· cl cc
que nous sommes. :\lais rien ne nous empèchera
d'ètre saisis d'une' joie plus g rande encore. en sentant
ai ruée à l'étranger eel te mèmeq ualité indélébile qu'on
aura lue en nous, notre proprl' nationalité.Et ce soul
loi de telles joies <rue. comnw dit le poète, ne peut en
(11 N11 pa-< confontln• 11.\rc" 11ariunal1~le o. .
('!) Au :::iulon des Concert~ 1·udi, à l'E:1.pos111on.
�parler qui ne les éprouva pas (r). Qui nous empt\chera dès lors de rapprocher les uns des autres nos
drapeaux mulLicolores el bien distincts, ma foi ! ces symboles ! - et de les confondre un instant dans
une fraternelle étreinte'?
... C'est ù flUOi nous aura amenés, en définitive,
l'élude recueillie et calme de la science . Et nous
retournerons à elle, l'àme comme baignée dans un
air nouveau, l'esprit dépouillé de maints préjugés, le
cœur comme dilaté et devenu meilleur. \' oilà comment nos nationalités demeurant intactes, nous aurons conçu avec autant de précision que Kant, cc
qui fut son idéal, « la perpétuelle Paix». Et pcut-èlre
aurons-nous fait avancer d'un pas celte aspiration des
temps modernes , qu'aucune guerre criminelle ne
pourra fl écllfr ...
Au demeurant, la « Fédération Internationale des
Etudiants » est n ée. Elle est viable. On nous invite
à u~ deuxième Congrès International qui aura lieu à
Paris, au mois d'aoùl de cettc année. L' Association
de Paris se charge de faire aux étudiants du monde
entier un accueil semblable à celui dont les Associati?ns de Turin, Gênes et Rome nous honorèrent voilà
bientot deux ans. Nous invitons en son nom tous les
camarades d'Aix et de la région. Camarades, à Paris!
Acnn.u : HICHARD.
, t.I) Ce C~t ainsi_ tout au long de notre voyage en Italie, da Turin
:\aptes, a la "ulle du i" Con~rès Intr,rnational.
.1
:\ous 1>,ubliProns, ~P. 1~omenl venu, Ir programme du Congrès.
Pour l he11.rt' .. le 1rés!dcnt de la Fédération. noire cher ami le
•~OCl~ur E. Gr)!lro-'!'o'. rnvile les camaratlf's à s'a•~ocrer à la p,:cli:1111.10.11 lnten1at1onale tics _Elur/irrnl.~ (Coi·r/a Fratn!f' ) en
err\O)ant au bureau dt> la Pré;..Jrll'JlC6 ( l'ia Cernaia J.1- Turiu}
u_~e tlemanrl" <l'arlmi~sion, jorntA à la cousa~ion 1rni: 11c' d'l (r. ïj
1
·~.c .. pour lacartl' rie membre•),
1 mssons no,; exhortations [1 la prière du cloctt•ur E. Giglio-Tu~.
(
CHOSES DE PROVENCE
LES AMANDIERS EN FLEURS
" Vier~e protege
" Cesjleur.ç de neige.
« /)n111 le prinlemps
Pare nus champ,, .' n
Tels sont les derniers ,-ers d'un \'Jeux refrain plern de
douceur et d'liarmonre, qui remontent a ma mémoire,
comme les ai rs que l'on a entendus à l'age de la prime
enfa nce, chaque fois qu'en cette ~r i sante saison il m'arrive
de m 'égarer d.i ns notre campagne provencale, où lleu ri ssent les amandiers en mar~.
'
Cet arbre méridional, q uc la vil le d'Aix pourrait choisir
pour attribut allégorique. com me Athenes autrefois l'olivier, était, il y a quelques vi ngt ans, l'objet d·un culte
spécial d ans nos fermes et nos mas provençaux. Durant
tout le mois de mars et le mors d'avri l, que lq uefois jusques
en mai , ce n 'était que prières et processions, cantiques à
la vierge et à tous les saints du paradis pour implo rer la
clémence des gelées blanches, pour calmer l'impétuosité
du mtstral, pour conjurer les désa>tre~ des a\'erses et des
giboulées.
Elles sont, en effet, sr délicates 11 ces fleurs de neige 11,
q ui poussent dans un jour ~o us les bais~rs ardents du premier rayon de solerl, translormant arns1 les \'ergers de nos
vallons ·en jardins eblou issants.
.
.
Hier 1 l'amandier dessinait encore dans le gris du ciel sa
silhoue tte noiràtre et tortueuse a'arbre mortL Les grives a
la repasse venaient se poser sur ses cimes en se roulant
en peloton, telles des boules sur des su p~or_ts métalliq_ues
qui siffleraient d'espace en espace sous .1effet d~ la b1 ~e.
Aujourd'hui le bourgeon rougeàt re q~t gonflait la t_ige
rouillée a rompu l'cn,·cloppe, et le bots mort de la ,·e_ille
s'est métamorpho~é en un immense bouquet de petrtei
fleurs blanches, qui se touchent et se pres.se_nt les unes contre les autres comme si dans leur rap1d 1te à eclore, elles
n'ava ient eu 'ni la pensée ni le loisir de se pl~cer com~o
dément. Elles ont l'air de se disputer le pla1s1r de sounre
au soleil et d'embaumer la campagne. .
Une odeur douce enveloppante remplit ~es .champs; et
les abeilles de nos essaims. qt11 ne conna!ssarent enc?re
que les petites fleurs jaunes des ajoncs, quittent la colline
pour desce ndre aux vergers On les entend bourdo~ner
dans les toutfes blanches. Et 1usques au soir elles se gr:sent
à boire dans les m1c11leuscs corolles le suc rarlume que
leur offre le printemps, bu~rnant 1oyeu~~s- d .un arbre à
l'autre sous l'eclatante purete du oel. Purs,;\ ~a rombee de
Ja nuit, quand la terre, évcn tree par .les premiers labo1:1rs,
laisse échapper ses dcres parlullls, l odeur d:s amandier~
fleuris,qur se découpent en tachrs blanches da_ns_la penom
bre du crépuscule, devient plus forte et plus penetra~te. L~
grillon s'éveille avant que tout s':ndor_mc_, et Qnse lu~
aussi commence sa chanson là· bas dans ks guerets. L
ptwsan soucieux inspecte le ciel avant ~e prend.re son
rcros . Sa porte c.lose, il ne donrnra tranquille que S I Il ncn
ne marque le trord n . .
.
_
Vienne une gelée blanche, une 11 plo111·mo n, et toutes
ces fleurs Je ne ige se dcssèt:heront lentement et tomberont
�une à un e en ne laissant à leur ~'lace que cle 5k11les fru il les
\'ertes. \fais ,ile ciel est doux, s1 l<l fraicheur des nui ts ne
sème pas à tort et <l tr<l\ ers ~es pales de rosé..: ~laœcs et
meurtrières qui se cn:.tallbent au mati n dans ces myriades
de frèles calices, le paysan es t 'our1ant <\ son rcYeil. Cest
qu·alors, il verra tout à côte des leuilles vertes quand disparaitront les fleu rs blanches, d e beaux fr111ts veloutés
grandir ave..: les jours. les soleils d'ck YicnJrunt les dore r,
puis en septembre enfin nos pavsannes i<'s gau leront en
ch antant des ritournelles.. .
·
'
\' o tlà pourc1uoi l'on Yo it en mars des bvuquets de fleurs
des champs garni r la niche c"les oratoires qui s'élèvent aux
carrefours des chemins char reti e rs, en l'honneur de Sai ntElo1 protecteur des fe rm iers. Cette modeste offrande à to u s
donne l'espoir que d'en haut le saint de pierre veill e sur la
recolte. Voil à pou rqu oi l'on enten d à l'he ure de l'an~elus
dans la petite église du Yitlage ou du hameau des voix de
femmes chanter en chœur :
l 1nur nos enln1·r111en/s, 1wns .~rrc>if d<' brrcenu.
(;e jour-lri .j'élr1is loin rfr p<'11ser ri ces 111a11x
<)1wj'rnrl111·c• r11(jo11rd'/111i, ri qurje ne /Jflis rfirr'.
l 1our 111oi, /011 so11c>1'11ù· srwra fof(jours st~[fir<'
, t 11w11 rin1r clwgriT1e, el '/Ili Peul réagi!'
Contre cc's 111rl/l.'I:: prn/(mds doT1tje ne puis guérir.
.'\ dieu, rè!'es fr/us, r•i.~ionsfugiliCJes:
Et loi. 11wn patlC'l'I' l'U'lll', laissr .filir ln cnptiPe
Ou<' lu crr!yais garder par le plus cher des liens .
1.'<ichr donr <{rmblier les mille petit:; riefls,
()11i furrT1lj11squïci r•l laforce el ta Pie.
Bt. :.,·il frwt r111ïci bas lrmfr> c•hose s'oublie,
F1u ·e~ (/one emporté s1u· les aile~ du temps
.
Amour. nwflre du 11101ule el fo1yours tout puissant .1
J . LACMA
Ab. , ma rs 1900.
u Vierge protege
cc
Ces fleurs de neige,
cr Dont le printemps
cc Pare nos champs!
n
~~pendant q_ue ~ur l' a utel de la madone sci~tillent quelques
c1_e~ges de ~ire 1aune. Ce so nt là les derni ers vestiges des
v1e1lles prières proven~ales à l'époque des amandiers en
fieu rs.
EMMANUEL
ROUSTAN
HENRI DE REGNIER
J
L es Médaillfs d'..trgife. -
i>o~:'1Es
1
:\I. Henri de Régnier est un jeune. un he~reu'-. et ~
poète. Il srra dans quelque temps. quand il le ~ ou~1 a
bien de l'Académie. Il a pom· lui tout ce ~ue d ~ut!.~s
AMERTUMES
.\'~cou.~ socwienf-il pa.<: du temps de 11 otrr amour
Ou nous a!•ons marche .~nru; pré11oir les co11fuur,c; •
(hw le lwsa!'d cac//(/if sur la roule trop lirèl'r.
Du
temps
011 fou~ les ,/,,11 \' ..
• I
. bl l
.
{)
/
•
• " • , • ,,(( I (' Ml (' ( l'!i "ï'l'l'l'S
,ye a 01mer sans reldcht' a:;siège t'll rrémissa7t1
'
~~us " •1s. MJ~nrru'.~ fi~imé.~ rie nos hf7isers brriÏan/,c;?
;s ont jw lo.m de toc ces IWlll'<'nirs d'automne
1~~ Ion cw111· a mon ('(('tir ne jera plus l'nurnùne
~~lin pr~1 ~le('<'[ a.1110~11· dont il a lrint .<;011{/èrt !
our toi .Je. le .~rus hr1•11' le so1111enir .~e Ji•/'f/
f.:1 ~"· ~~e.~ l'l!!'<'s " 1' 111 ' 1'fllt:1: 1/ 11 l' Ion 1'.~(1ri//'ait naitre.
·,
(
f'Jf~
f {/flS
/on
('f/'/11' 11/L fl(l/r1• }"
rt''"Tll'
l'i< fll(llff'I!'
~a11t·111,.~ r:~'! ftJ11t."./r1is lrm rwwu~· /ilu~ Jlllissrwl.
,/ '!'!?' 'JU !' .'"'l'll'ri/ d1• 11011.~ r/1•11,\', dans !t• fl'm ,1s
{)' "' etrusj ru/., fil;las'." r·r•tfr irf1:e très douer:' f.. '
'lie lu te .'fom•te11drw,'f dt• ccjuur, mi la mouue,
·
souh,aitent pour le tout rt n·ont qu en part~e. lorsq~ E~
lu~ ~ ~ouri. ..
P ossèdent queh1ue rhose. Enfin.,·1la 1Mn"~
Je n 1c,.1te
pa.., _.a
('ela nous Yaut un nou ,·eau rccuc1 · n1'
1-~
• •
déclarer d~linitif, en ce quïl consacre la 9.ualite. ~u, si
l'on aime mieux, les qualitt;; cl la rcn~wme~ _du.P?' ~:
. ". ;\l TI J• l'égn1t'I' nous semblait lo1l icn
JU'><[U
ici, • · · c . \ . .
.
" urir d'un pa"
aitre
sa route. ruai-. lll's1tcr a 1a pat ~ 0
L
Conn
'
l
D
n · es en<1evaillant et 11ui ne sait pa.., le rdour ... ~ \ 1E is(ldes
mains puis Jans .ljlllÏSt'll/l;'flf, dan.; S.1/es.lC
~l,}('\U'
•
·
tD'•is1aYa1i
< 1'. 11 . '.
cnfin dans Les .!1'tl.\' llusltc/lll.'-" <'
~ 1" "l
.
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; 11 · "ren•la1t pode ,\n t'.
coup pronu..; el sou,·cnl iHlllnc ~ ·'. ·.,.
ollectionuem·
élé·~aul et cb·1rmrur . .;01·taut Je 101 llH I <.', ~
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.1 . . ,.1 ·ant<.'"' 1maat'"· pa1en
'éJ'·'savant
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u <1 • • l'l délicat l; pri-. d1•...,· l h' li c.; cl IO....,sensible
c.... Pourl'<' ·qm
. e... 1
. .
l' : ·1 l'1 l l ·l · ou pour 1l' mo1n.... u1
dt• la tormc.
a l'la1.
'. l'o. il( i;,
'
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tôt en uu
ùoutt•. :\l. 1le Hl-gnu.•1· l'la1t H'uu ,. IUl. ue~ \~n lle i·àce
monde trop vieux. n Loi·-. ~ll' se~ ~lehut~. eu r ès rgtiré.;
i8H(l, les dt•ruit•i•s Parmts ...1cns s dll.Ul à P P
1
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.-,K -
de la lice. le jeu d u hasar1l et de la li ttc1·ature y avait
inti·od uit ks symbolistes ct lcs dl·caJen ts. J ulcs. La for~·ue
cl Stéph a ne :\lallariné pou1· Cl'U\·ri . Arthut· H1mbaud e t
P. Yedainc p our ceux-fa ..\ H a î dil'c, k jeu n 'cùt pas pu
êt re ph:.s curi eux e t moi ns i n-. tru C'ti r: les décadents,
éeole d istin cte du srmb olis me. n 'étant que l a caricature
d es poète-> n om·eau\:, e n qui la suprè mc â me <lu Romanti->me aYait rejailli , 1>0111· <le nouvelles el fructueuses
épreuves ! Et l'on n e s' apcr~·ut pas que « ceci tue rait
cela. 1> que l es s~· mboli .; tes tombe raient, s'ils n'étaient
r a ttach és à la l1·aJition pa r ce-. lienc; é ternels, la logique
d es idées e t la clarté d e la fo rme, - dans le plus lamentable ti cs gàcb i-, ou p ùt se pe1·dre àmc de rêveur et de
poè te ! ...
Un nombre d e v ieu"'\'. rimcm·s r esta it , considé rable
malgré tout : et comme le g ouffre rnall a rméen n 'avait
point en core englouti les poètes Ju ;.ymbole qui en étaient
pourtant près, - j'imag ine que le d oute dut faire la nuit
sur cette belle aube qu'était 1\1. d e Hégnier , en 1886. En
avant ou en arrière? L es vieilles b arbe-; ou les jeunes '?
La foôrme ou l'Idée ? J'imaiine que cette question dut
pt·éoccuper plusieurs p a rmi ei:. jeun e:; qui , aujourd'hui,
comme ncent à n 'être r éellement plus tr<'-; jeunes.
Quoi qu'il en soit, 1\1. de Régnier nous donna le plus
souYent, avec de bellei:. idées suflbamment claires, dans
une forme ondoyante et diverse , <l'appréciables poè•mes
' :ers ~ ou équi-Jibristcs . Il sut p1·enJre la route du mihcu, etre moderne avec les modernes et sérieux avec les
anciens. parmi lesquels il eut bicntùt à réYérer son beaupère, le très i.llustre J .-~L de Heredia. Il puisa aux bonnes
so~rces la sci.ence <le son art et le-; sujets de son œuvre;
et Il sut sacrifier aux nouvelles exigences, en assouplis..,ant sa l?ensée. à l~ délicate torsion du Ye1·s amorphe et
~lanc: ça . et la teinté de rose. ~L de Régnier a, petit
a. pctJ t, de croché la fine mais lacérante armature de ses
ailes. Il a graduellement repris Je rythme ancien. mis le
mors ~son fougueux Pégase. Aujourd'hui, il l'a dompté
co.mpletement. De poèmes c< libres, » il n'en parait que
lres peu en son dernier recueil. Et le Yoici à nous, après
peu de t~mps el pas mal clc limurc, avant emprunté
(pour ne Jamais. le restituer, souhaitons-nous) la faculté
<l~ rèYer aux ;euncs qu'il a ainsi dépassés, el aux
':~eux - .le secret de coull't' Jans d'incassables moules
l 1mmatér1elle beauté des visious inLfrieures.
C~ ~·ecueil, dédié par le po~t~ à And1·é Cl~énict· (signiDcatII hommage) e'it une s<•r1e de médailles, c•olif'es,
amow·eu.'>e.-;, héro1q1t<'s el 111arinl's.
~.J'aifeint qne des Dieux m'aient parlé., » dit-il en -.a
prc!~ce. Il les a éc.out(>s,. pui~. i,ndolcmmenl, sous ln suggestion de Jeurs dire-.. 11 a pcln dan<; l'a1·gilc la l'orme Je
(1) Editiun du .\1erc11rc de France.
l eur.; d ési 1·.., cl de le urs 1·cgl'e ts, qui deux p assaient en
lui . E t toutes C'es médailles sont gen tille-. et jolies; un
g oü t àci·c s'en ù égagc. v ite adou ci pa r un parfum de 1·osr ..,
e t d' alg ues nrn1·in c<;. L 'embr un pleut sur le sa ble, cl Je
po c': lc chante. II cha nt e, e t la fontaine pleure. et le sable
des g rcvcs coule au t1·avcl's <le ses doigts. que l e 1·èveur
l ai..,sc OU\'erls . Et puis <les \'isi')IlS antiques défllenl lentement, d 'un pas g i·avc cl dou x à ravir, sta tueg deviel'ges.
d 'enfants et d'crma phro<litcs d escendues de leur socle et
prome nant lem·-, g1·àcrs alan guies. Enfin ce sont <les
plaintes <l'a1u out'. e t d e.:; ch ant<:. d' am our. e t Jes rè,es
<l'amour. P ompeï, le ch as te Pomp eï (l'autre. i ci, r.·a que
v oir) dut charmr1· ses cha u<les a près-midis par d e telles
beautés et d es pla isirs pareils : d e tels pro fil.:; <le femmei:.
s ont d é tach és d es fresques r ouge e t or où elles font .~os
d élices. Tout le paganisme est l à, r eprésenté en ce qu 11 a
de plus d élicat et d e meilleur à goùter et à vivre !
L'ARC
Il est venu
n~rs
toi pPndant que tu dormais,
Jo:L sur tou chrr visage il a penché sa ns bruit
Sa lampe. Vois, l'Amour a \•i~ it 6 ta nn!t.; .
Tu n'aaras pas en va in songtl que tu 1aimais.
\'oici l'aube. lln coq chante, el rien n e t ~ <li rait
\ Lon réveil, ô pdlo enfant. ce que rut ln1 ,
.
::-l'tl n'avait laissé choir, 11uand ~on pas s'i•st enfui, .
Trois cle ses flèches d'or qu 'e mpo urpre du sang- frai...
C'est lui. Sa force aig1ie et dl•uce a visité
Voluptueusemr nt, dan ~ l'ombre. ta ~ ea n té ,
Et tu gardes visible, en ta cba1r lununeuse,
Le reflet transparent do sa lampe, et ton corps
En sa langueur tlexibh' et . ouple se mbl e eocor
Imiter l'arc divin par sa c'lurbe amoureuse
Après ces c< médailles. » où l'argile s~ marie au ;.el
marm des éyocations arandioses tour a tout' et chnrm;nte~ rcligieusrs auqtj, et enlln réfléchies. nous sont
pr,l·Se~t~le~ : c'est te /nicher d'llercule. Hélène de Sparlt:quc ceux qui sont morts pour ellt c1 acclame?-t en s1~
lence » aux enfers, u d'une bouche mue~te ou nul c1·1
n'est' resté· >1 et la Yuil dr.'1 Dieu:-.: et 1 Arbre de l<~
Jlollle! . . . . '...i. /Nll'et"~ l'an et [.-<'i; Passants du I'as.~~
enclorent le recueil , ces <lermers nous mo~trant. iles
{J'f'<'.'1 hi"ltoriquPs, <m~h:\s!i<'" en son~et~ . pemts dune
fa~·on large et sùre. 4u1 rappelle ks :-UJet:- de Hembrandl
et dt• Ynn Eyck ....
.
, ..
.
. .
_ .,.
Et je Youù1·ais citer bien des oiJoux. lc-.. Adieux en '~1
libres, Sur fa gr1ir''" et bien de-. pointes sèches "W' qu1 le
�-
-
li() -
sonnet s·a1Tclle. :\I. llcm·i ile Hl;gn ie1· 1wu-. en a rq~·a léc:;
la1·gement . .r·eus.::(' auc:.;j aimè 11uïl fen11ùt d e l~111~s à
autre se-. mains, pu1· quis 1•cnull' lou.t 111 o;a}l!e des ~··:ye..,
<[u'il a en Yain pui.;t'. Pcul-l'ln· auc:s1 <'US~C -J C p1·elcrc u.n
d e Hégn ier moins habile pdris-.cu1· 1l'argil<' ~·o~gc. !11a1.s
qu'y fail'e? Sïl udo1·e le... 1ll-1•-.scs ct _la bea ntc !uyanle, 11
a peu de Lemps pou1· so ntlc1· le.., p rofondes ca u~es . On ne
.;;aurail lui l'afrc un .:;fricux rcp1·ochc ile se ta ille r , clans
l'éternel Paganis me. une fine nrni.., étroite religfou de; La
Yic. S'il n'es t pas ti-op penseur, il n'en es t pas moul:s
poète : et un poNe qui a s u , admirable cho<;e, être plastique comme Héréùia et musical comme Vc1:laine, et dégager sa personnalilé en nous charmant toujours.
A ... R ...
..\ ma prochaine chronique, l'exquis roman du même auteur,
La Double JJa îl rc~·c
ÉCHOS ARTISTIQUES
SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS
Aix, !'Athènes du :\lidi, comme beaucoup la nomment, voyait le mois dernier l'ouverture de son
« Salon J). La Société des Amis des Arts, fondée en
1894, a tenu cette année à atnrnier une fois de plus
sa vitalité dans sa jolie salle d'exposition, où tout le
monde s'est fait un devoir de défiler. Elle nous a
offert de vrais régals artisli<1ues. Son président d'honneur, .\I. Yillevielle, le maitre si <'.·minent qui for·me1·a,
nous l'espérons, longtemps encore d 'excellents élèves,
exposai! plusieurs paysages tr·i·s finis de dessin , mais
donr le temps avait dèjà peut-ètrc légèrement atlénué
les lumières. Une belle lèle de vieillard coiffé du
classique béret JH'O\'Cnçal complétait ses envois: superbe d'expression. cc porlr·ait, un des plus remarqués, a alliré tous les regards el mérité les plus
grands éloges <le tous les connaisseurs.
Xous ne pouvons à notre grand regret passer en
revue les 169 numéros du calaloguc. Nons sommes
obligés de nous borner ;i i:uumércr suivant nos souvenirs parmi tant de toiles de réeUc valeur, celles
<1ui nous ont le plus frappé : un fort exact portrait de
61 -
:\J. Durand .\ fille, le président actuel de la SociéLé
d es Amis des .\rts: des pa>·sagcs du plus haut in térèt
de 1\1. Clavc r·ic, au talent IJien connu: des portraits
de :\l. de Courtois , par cux-mèmes très ressemblants ,
mais pcut-ètre un peu ternes de coloris, i1nprcssion
causée sans doute pa r le fond mème des Lo iles : de
:\I. Ducros, de nomb1·eux paysages, quatorze, je cro is.
éblouissauts <le lumière e t d'impression : de .\l. Giraud, élève de \ I . Villevielle, de forts jolies études et
paysages: de l\I. Le~<let , un po~t~ait de son. J!èrc,
« étude» que nous n avons pu res1ster au pla1s1r de
signaler: de 11ornb1·eux envois de l\I. Louis Gau tier,
un des maitres autou r· duquel se groupent de nombreux élèYcs : pe tites toi les ravissantes de détails
é tudiées de fort pri•s et que l'on ne saurait asse;. regarder, surtout les ead1·es 6I et Go, avec une jolie
é tude de bouleaux .
L'énumération serait trop longue et j e suis obligé
de reprend re haleine pour la mie~x ~?n tinuer . ~fa
tàche fort agrèable du reste es t lom d etre achevee,
ne m'est pas encore occupé de l\I. Lucas de :\Iontigny. qui sous le no83 <lu eataloçue expose une fo~t
agréable étude de trembles au prmtemps . :\IM. ;\la1sonneuve, l\lilan, l\lartin, Moutte, avec ses chercheurs d'esques, fort beaux de dessin et de co~eur
vigoureuse, l\I. Siberl entiu, clotur~nt l~s envois ~e
peinture. tous fort intéressants quoique a des degres
différents .
.
Les d essins et aquarelles de :\f. Dellepiane. un pr?Jet
d'affiche du mème ; de l\I. Doblcr, des choses ~urreu
ses, mais un peu trop bizarr~s. comme la mut hantée par exemple : de ;\I\L Giraud de Be_c. Raym?nd:
Magallon, i\Iartin , a y ce au n • 148 un sen lier d~s mieux
rendus, de jolies choses. Telle est la part_ie_ aquarelle, crayon. plume. eau forte, pastel,. mm1at~r~.
série où ~Ille Yille,·ielle nous a procure l~ pl~1s1r
d 'applaudir à deux <le ses œuvres, conscu~nc1eux
pastels Lt•ès fondus.
.
.
.
La section sculpture, la 1~101~s ~ourrne peut-èl1e.
n'est pas dr beaucoup la moms mtcressante-, :'1!. Pontier, le très <listin~uô directeur du musee d An::. expose un buste fort ressemb.lant de, i\I. le docteur
Yadon, auquel i~ ne ma1~t1.ua1t pe~t-et~e 1~our Cl~m
pléler une parfaite el satsbsantc imp1 c ... swu ciu un
lorgnon ; un ni•µ-re d'Aïn-Salah .. buste. d,~ curieuse
facture. d 'une 11·i•s mùle express1~n. ~msi que. pl~
siew·s jolis méùaillous : <le -:\1. !::\olari, un medail-
�-
-
t\2 -
Ion de :.\1. Louis Gau tier. qui n'a à mon tr(•s humble
aYis, que le torl d 'ètrc sectionn é un peu près de. la
tète: par contre les médaillons de ~I. le c.han ~ u~c
H.olland cl de :.\f. i\Ioutin sont d e touL point tu11 s
comme rcssl'mblancc : le bus te de l\Illc Parli, en argile des ~Iill cs, très curi eux e t orig-inal d e mouvement, est une fort jolie œmrc .
Citons t'.·galement pour terminer une .'>'él1:11c:, m t'. cl aille plùtre de :\I. Louis Gaul icr cl une cr<'.•dcncc
en terre cuite de :.\[. Gondran, copi e décorative d 'un
grand tlni .
Il es t ;1souhaiter qu'Aix maintenant ses glorieuses
traditions, nous soyons encore l'année prochaine à
mème d'admirer un pareil Salon que beaucoup d e
Yilles en France ne pourraient que nous envier. La
composition de la Commission administrative de la
Société des Amis des Arts es t le plus sùr garant de
l'avenir de cette réunion d'artistes qui concourent
journellement à l'éducation artistique de notre ville
et auxquels nous ne saurons jamais assez témoigner
notre sympathique reconnaissance .
GABRIEL BONI~.
CONFÉRENCE POHTA.LIS
S1•ance clu vendredi 9 mars 1~JOO . - Me Oonin, président
occupe le !auteuil pré~identiel. M le pro!esseur Jèze assis te à la
séance. Deux jt>1rnesdébutan1s, 'Il ~lille pour l'allirmative, M. cle
Comb:iud pour la négative sont ;i la barre et traitent la question
~u ivan1e : o Y a-t-il lie u d'établir un conlrôle juriJ ictionnel des
actes du Parlement en FrancP ·1 •> ~h· \li Ile commence par une
étuc!P hislorique de la qursuon, puis il lait l 'élo~e du système
américain el t»rmine en exposant avec nerteté tous les dangers
qui peuvent résulter pour un pays rte l'omnipotence de son Parlement.
~!. de Combaud s'attache à montrer que cett e in novaLion compromeurait gra\'emenl le syr tème de la sépars110n des pouvoirs
qui duit touj ou r~ existPr dans un pays doté d'une bonne const1lullon. Tous ~es efforti; tendent en!lu11e à démontrer à la conlérence
l'impoasibiliLé et l'application du système américain, dans un
pays où, comme dans le notre, les juges n'étant inamovible~ que
partiellement sont par con~équent dans Io. main du gouvernemeol.
Il tern11ne en exhorta nt la confflrenco à nto pas adopter la tliéorit'
proposflP pijr M. MdlP,car cc serait Hablir ln suprématie du pouvoir juJ1ciaire sur Ir pouvoir législatif. La conférenco Cllnsultée
impre.sionnfle par l'argumP11taiion d" M. de C'lrnbaud adopte l~
nflgative par hl voix contr11 8 Ill 3 abslenlion• . ~!. le profe~>enr
Ji>ze !Miclte sp1kialement les deux orateurs qui ont très uien compri~ Je-; close:' dilliciles. Puis il montre que cettP question n'a pas
en Franco une grande utilité pro.tique cnr la constitution est très
n:~
-
large Pl ne garantit pas cumme en Amérique les liuertés incli\id.uelles et il termine aux applaudissements prolongés de la conference, ~ur ces mots • le vrai rempart de la liberté ce ne sont
pas les lois com,tiluLionnrlles mais c'est l'amourqu'en onL les individus.
. St:a.ncr Ju 1G mars JfJUIJ. - \ 1 Uoni.n occupe le rault>uil prt!sident1el. .\!. Io proresseur-duyen Bry a>sisle à la séance.
La question portée à l'ordre du jour est la suivantP: "Au puinL
de vue de l'industrie cl du sort de l'omriPr, la dil•ision du travail
a-t-elle plus d'avantnges que d'inconvénients.•~. S1van soutenant
l'alli rmativc montrl' que la div1-ion du tra\·ail accroit l'haùilc1r dt>
l'ouHier, qu'elle 1111 pern11ll rie ~P sprc1alber et qu'il peul ainsi
acquérir un lo"r de main qui donne à son travail une fineo;e
d'exécution qu'il n'aurait pas sans cela. Elle permet, nous dit-il
encore, de remplacer les anciennes ilchoppes par des ateliers spacieu\ el l.iil'n. aérés oil la vie e::.l ~eaucoup plus hygiénique et oÎI
la fréquE'ntat1on tles autres ouvriers per met l'échange des idées et
le développPment intellectuPI et moral.
JJ Boucharla coml.iat la théorie de son ad\·er~aire et demande
à la conlérence d'adopter la négative. Il s'efforce de démontrer que
la division du travail anéantit l'intelli,gence de l'ouvrier el eot
contraire à l'esprit d'initiative du peuple !rancais. Il ajoute qu'elle
est con1raire à tout développemenl économique et qu'enfin elle
réduit Ir rùle de l'ouvrier à celui d'une machine. La conlérence
consultée se rallie à l'allirmat1ve par 18 voix con1re 10 et 3 abstentions. ~!.l e pro!ess~ur-doyen Bry félicite alors les deux orateurs
qui ont exposé avrc art et netteté tous leurs arguments. Pui,;
passant au fond de la quesllon il décla1c se rallier à l'afhr matinP
car, dit-il, la div ision du tra\•ail est une chose naturelle et peut
nécessaire et devant laqu~llc il n'y a qu'à s'incliner. l~t l'exemple
des ouvril'rs anglai~ oü la division do travail axisle et qui sont
dans une situalion 1101ablemen1 supérieure à celle qu'ils avaient
lorsque cette division n'exbtait pas, viPn• corroborer sa solution.
li félicite ensuit1· la conférence de ~a \Îlalité. llepuis vingt-sept
ans qu'il est professeur il n'a jamais \'U des séances aussi fréquentée~. L'honneu r en revient dit-il au président, à son bureau et
aw•si à la confèrt>nce entière qui sf'conde les efforts de se" al u~ . La
fin de ces paroles est cou,erle pa1 les applaudissements de la
conférence entil!re.
5,:a,11ce d11 2J ma1·s J90V. - Sous la pré3idence tle ~I. Bonin.
L'ordre d~1 jo~r portai.t comme tl~scussi?~ : « Le P.tincipe d '~ne
haute juridiction spilc1ale aux Mhh pohllque.s 11011- il t?tre admis •
:\1. Sajous a soutenu l'allirmative en s'appuyant sur de nombreux
documents citant les opinion. de J.-J. llou~eau, de l'abbé de StPierre, ~fontesqu1eu, l\out>rt', etc, sur la matière . .\près nous avoir
montré ainsi qu~ les publicistes ~t !e~ penseurs .sont u.nanime,s :1
accepe r le principe ~·u ne haul?Jurid1ct1on. pohuque, il termme
l'ln développant cette idée que c est un besoin permanent pour les
sociétés g,ue de fortifier la stabilité gouvernementale.
'ile tle Sabou.hn pluidnnt.la m'gatiYe.Mcla~e que le. délit politiqne ne doit poml donner lieu à des ro~ressi~ns abusivt-s, .que ce
n'eRt qu'un délit de circonstances .e~ qu un tribunal. org~ntstl spécirilement t>n vue de" crimes poh11ques ne pNll pma1s donner
toute~ les garanties desirables; la justice 01 le ~roit, le seul. ju~r
compètr.nt t>>l l'opinion p11bl1que, les seuls ~nagist~ats qut pu.iss••nt
nvoir le droit ile so prononcer ce sont dt.>,, JUrés uré,, du sem du
iwuplr.. La conftlre11l.:e Portalis aprb de nombreux allendus ~êpo,êr
par ili.llMen1,.. audm;urs :,C p~ononce en lave~r lie la négnll~c pas
16 vo1~ contre 9 à l 1111irmat1re et r> abstentions.
�\1. le pro fPs~p11r \ foro'all q111 11•~1•ai t a11 fa11ti'111l dt> la prr~iilenc1'
d'honne1ir. !elic1tc IPs oratl'ur, "'' (.>11 r, ,1i,c11s-lon> t'l de leur facil1tl' r•'1'lk 11" µ;ir ; 1:P \H'<: lH•a11co11p ri•• tact JI, ,ont r•·'tt's Sll l le
Jr rrain 1l'utH' strict() 1wutrali11' 1•11 tl1sc nt a111 ::r11 lr111r 11 t ht q11Pstio11
tle pr111c1pl'. Il reconnai t la 11···cp,:,1t1' tl11pr 111<:1JH~1l ' u ue haut•' Jllrl diction pulit1q11e pou r )fi ma int11>n d" l'ord re ~oc 1al c l e xa mi 1H'
rncce,:< 1\elll" nt les 1lifférr1.is systi·mrs dt' proct' lure nsi lés it
l'heu11' actu e! lt' dan' corta111~ µa)" · La -l•ancc t's l lev1;1· i1 10 h . a n
1111 1if'u Ms a ppb u.I is'r J11fl11 ls 1ll' 1a con fi'.• rr ncr
Lz t:11,11 n: 111: Lt CnNri': nr.Nr.E
'io 1' ~ornmrs hrurPllX <l'apprrn drc Ir rf>taliJi,,:emr nt Pll sant é
ile li. M Pitt i- Fnrand1 , profE»H'll r de llro1 t Crimi n!ll à notr1'
Facul tl>. ~I. LP''Y ;iyant èté charf!•\ du cun r, pro fc-,,r pa r le ma itre bien aimé. e>t retou rnr parm i nou' apri•s qu•'l qu<':; mois d 'a b·
,11nce . :'ious lui -uu hai tuns rPspectueusEH11t•nt C't avec gran d plai~ir la b1envenur.
Remarqu<', dA ~!. le pro !C's~r u r r. LacostP , un e claire Pt snccmcle not ice su r les travaux par\e men ta ir1•s de l'année Jti99 relatifs à \'.\lf!l; rie, paru:'! la Rcv11r . llgt'ri1•1111e (livrai<on de Janvie r). De~!. Lefas, rl'excellentr.;; ana lysPs d'ouvrages récents ;\ la
.\'01rndle R cv111J Hi st oriqu e de JJl·oit.
~li'ntionnons les thesrs dr llucl ornt Pn Droit soutenurs el
approuvées au cours du prnm if'r ~r meslr<': De M. Puntverl. La
1·~c /J e1·c/ie d e la palernilr:; ~!. Sambuc, L e ~"cia l is lllc d~ Fov.1·ier; ~!. Chavernac_. l ?<sr11 - 111· le.< 0 1· iyrnl'.~ d11 miltayage en
F ran ce; li. de La,1son , L~ p rot~1·t1on pa r les prim es ;~!. Sale1on, Le rachat des c/iemrn• rie fer et .e111· c•x ploita/ion par
l'Etat .
Les J ernie rs cours publics de la Faculté des Lf'llres ont eu lieu
com me d'h abitude, a\'an t les con!(fls 1lr Pàqu es . :\os compliments
reconn ai,,.,;ants s'ajoutent aux a ppla ndii;semen ts qui en ont salué
la fi n : nous les adressons un e r~1s de plus à nos Jistingu és mai~
Ires el pro(essPu rs. r n leur ex pri mant lrs re~re t s de tout lP monde
ri e ce qu'on n~ puisse plus longtemps e_ntendre le ur parole. Hap..'.
pelons 1onte!o1s qu e ~!. Blondel a remis après Pâques la suite de
son cours si apprécié de Philosophie.
L·AS S0C1AT10 N. -
Comptes rendus des Séances
Séf!-nce du 2i 1~iars 1900 - 1 a ~éancf' e~t ouverte à 8 b. 112
du smr, ~ous .la presttlt>nce de Provan!;al , pré~iclent. Tous les membres du Comité sont presrnts. Le ~rcr r tairr donne lecture du précPden.t procès-verbal, qui. P~t adopté ~ans obsenalions. Ui\'ers<'s
qu.est1on s présentant un !ntflr(lt lont 1\ fait iseconclaire sont sou~11s~s à l '~ s~emhltloe, relat1vrmPnt ~ ux revues et journaux auxquels
1 A~:t10?1at1on est abonnee. Le prf?tadent annonco qu'une tombola
orga11111ée par les mr> mhres de l'AsPociatlun a rapporté la somme
d~ 15 fran~s au _profit rles pauvres. llimhand, secrétaire, est chargë
cl r~r1re à. 1 ~dru1111 s 1ra! 1on de ~lu~1eur> journaux pour en assurer
a 1 \ ssoc1at1on le service régulier. La séance est le1·ér à 9 b. 1 1 ~.
LE SECRÉTAIRE:
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A IX - EN - P R O V E N C E
SOMMAIRE
L. M.
Emile B é r a u d .
C . S e r v ie r s .
C h . Masse
Achille
R ic h a rd .
E . D.
Paul
P a r g iè s .
Jour d Elections.
Mélancolie.
Le Maire du illage.
L'Ultime Saturnale.
Chronique Littéraire. Les Romans.
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L I B R A I R I E
Y. DRAGON
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L IV R E S DE DROIT, L E T T R E S E T SC IE N C E S
Conférence Portalis.
Echos Universitaires.
Faculté de Droit. — Les Cours.
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Ni a r c h a n d - T a l l l e u r
Rx-Rrevotô S. G. D. G.
VÊTEMENTS
APPARTEM ENTS
S U E M E SU R E
m e u b le s o u n o n à lo u e r
DÉFIA VF TOUTE COXCIRREYCE
�JOUR D’ÉLECTIONS
Rien n’est plus amusant que le boulevard un jour
d’élections. Ce jour est un dimanche. Tout vous a un
air de fête réjouissant. L ’Etre Suprême, qui se sou
vient des hommages de Robespierre, répand sa lu
mière bienfaisante et républicaine sur les choses et
les hommes. Les maisons sont plus blanches que
d’ordinaire. Les trottoirs et les ruisseaux surprennent
par leur propreté. Quelle municipalité prévoyante !
Les arbres sont verts par les feuilles et les branches ;
on est au printemps. Leurs troncs sont colorés par
les professions de foi éclatantes. Sur le sol même s’éta
lent des programmes rouges, roses, bleus et blancs :
on les foule aux pieds. Le papier s’efface. Qu’im
porte ? la conviction et l’esprit qui l’animent ne
sont-ils pas inaltérables ? Les afliches et la belle
lumière sont pour les yeux. L ’oreille se délecte aussi.
Elle perçoit la voix des camelots. Elle perçoit le son
des cloches de la cathédrale. Celles-ci n’appellent
pas précisément aux urnes. Mais c’est tout comme,
puisqu’elles sonnent à grandes volées. On est bon,
ce matin là. Chacun goûte la joie pure et clémente
du plein pouvoir. Sauf les candidats qui tremblent,
tout le monde sort, se salue et sourit. On s’embrasse.
Comme la rue, on a fait toilette. Les habits sont
neufs ou très propres. Les visages sont rasés de frais
et les mains gantées. Les enfants même portent de
mignons souliers vernis avec de belles ganses roses.
Les femmes, elles aussi, sont élégantes; mais avec
quelque discrétion. Elles attendent, pour l’être avec
éclat, le droit de voter qui leur revient certainement.
D ’ailleurs dès maintenant, on affirme que leur in
fluence électorale n’est pas vaine. Elles ne votent
pas, mais on vole pour elles. Songez donc aux élec
teurs qui ont une moitié jolie et intelligente ! Vous
savez qu’ils sont légion. Eli bien, il est à parier qu’ils
�— 66 —
votent tous au gré de leurs dames. Et leurs amis céli
bataires votent aussi dans le même sens. La galan
terie joue donc un rôle considérable dans l'affaire.
Cela nous dédommage un peu des coups de poing,
des coups de gueule et du mauvais style des journaux
politiques.
L. M.
L U L T I ME SATURNALE
* Le carnaval s'en va, les roses vont éclore...
« Cependant du plaisir la frileuse saison
» Sous ses grelots légers rit et voltige encore! »
A.
de
M usset.
Fugitives visions!... sous leurs masques très lins,
Exquise, j’ai vu luire une lèvre de femme,
Scintiller de grands yeux, ardents comme une flamme,
Et mes doigts sont remplis du velours de leurs mains.
Fugitives visions ! Tourbillons de lutins !
Leurs rondeaux sont finis, et la brise qui brame,
De leurs chants fatigués, de leurs rires éteints,
M’apporte, douce encore, une dernière gamme.
Puis tout s’efface et meurt en murmure indécis.
Arlequine s’endort au bras du Mousquetaire,
Le Clown baisse le nez, Pierrot devient sévère,
Et là-bas, tout au loin, le feutre du Marquis
Dessine sur les murs des ombres fantastiques.
Et les petits grelots sonnent mélancoliques.
C h . MASSE.
<£Mars 1900.
LE MAIRE DE VILLAGE
La tête aussi chauve qu’un œuf, la figure ronde, bour
souflée, rougeaude, encadrée de larges côtelettes grises,
comme serait un melon ouvert entre deux petits lap ns ; les
lèvres minces, imberbes, le ventre bedonnant, indiquant
un brave homme à son aise, les jambes, petites, fluettes,
mais actives pourtant, disparaissant timidement sous le
ventre protecteur, comme serait un ballon sur deux flûtes
à champagne ; enfin, dans toute cette large rotondité, un
air de protection comique: voila en quelques lignes le por
trait de Monsieur le Maire
11 faut le voir, le quatorze juillet, Monsieur le Maire, se
trémousser suant, le ventre tricolore, vêtu d'un large pan
talon qui lui descend jusqu’aux mollets, coiflé d'un beau
chapeau haute forme, brillant de crasse, au milieu de ses
administrés... Hélas, ses administrés, ce ne sont plus tous
de ses admirateurs, aujourd’hui... 11 s’est trouvé des gens,
des envieux (les grands hommes ont tant d’ennemis!), il
s'est trouvé des gens pour vouloir lui arracher la belle
écharpe calicot tricolore, frangée d’or, qu’il détient avec
tant d’honneur et tant de probité.
Malgré ces petits ennuis, inhérents aux hautes fonctions
qu’il remplit, les jours de fête surtout, Monsieur le Maire
est bien heureux. Ses mains noueuses gantées de gants
blancs quelque peu éclatés sous l’effort, ceint de son échar
pe comme un tonneau l’est d’un cerceau, une belle cravate
noire roulée en corde sur son plastron à gros pois bleus,
vêtu d’une redingote, un peu trop courte, il est vrai, mais
qui n’en laisse que mieux voir, entre l’écharpe et la cein
ture du pantalon que, ce jour la, du moins il a mis une
chemise propre, (ce qui, je le dis en passant, est au fond
très habile, car certaines mauvaises langues du village pré
tendent méchamment qu'il en change rarement), Monsieur
le Mare va, vient, se tortille, se fait suivre du garde cham
pêtre, donne des ordres au cantonnier, en un mot, Mon
sieur le Mûre est important.
C'est en cette irréprochable tenue, et fier comme Artaban,que Monsieur le Mare, les jours de fête fait un petit
discours. 11 y emploie tous les mots inconnus de lui, mais
qui l’ont frappé par leur sonorité ou qu’il a pu entendre en
allant à la ville Avec de pareils procédés, son discours ne
manque jamais d’être assez applaudi, car il a l’avantage,
comme personne n’y comprend rien, de pouvoir être inter
prété par chacun dans le sens désiré, ce qui est encore plus
�—
«8
—
habile que de montrer son plastron le jour du quatorze
juillet.
Aussi Monsieur le Mare ne craint rien et, se fiant à la
bonté de Dieu, ù l'ouïe de ses discours, et à la vue de sa
chemise immaculée, il est inébranlable. Aux urnes pour
Monsieur le Mare, citoyens, aux urnes !
Mai, i9oo.
C.
S erviers.
Puis j'ai voulu briser ma chaîne :
Voir s’envoler son souvenir
Et dans l’oubli l’ensevelir
Puisque, seul, il causait ma peine.
Je l’ai tenté, mais c’est en vain :
Ce souvenir n’avait pas d’ailes.
Je n’ai pu le chasser, car d’Elle
Mon pauvre cœur était trop plein.
É mile BÉRAUD.
MÉLANCOLI E
J ai vu les leuilles de l'automne
S'envoler aux souffles du vent,
Les arbres fleuris du printemps
Perdre leur riante couronne.
J’ai vu les oiseaux gracieux
Quitter leur nid fait dans les branches
Quand de neige elles étaient blanches
E-t prendre leur vol vers les cieux.
J'ai vu s’effacer bien des rêves
Et s envoler bien des amours.
Fantômes, chimères d’un jour
Mourant et revivant sans trêve
Le long de ce chemin, j’ai vu
S écrouler bien des espérances,
Et j'ai perdu ma confiance
Dans ce bonheur en qui j’ai cru.
L E S R OMA N S
Le délicieux poète des Médailles d'Argile, qui, après
avoir forgé de purs sonnets, s’était plu à aésosser délica
tement et comme en rêve un charmant vers libre, a écrit
en une belle prose un roman de poète. La Double Maî
tresse par Henri de Régnier (i), est cncove une. série de
médailles. Mais la beauté s’y pimente de volupté et s’ai
guise d’ironie. Un long sourire, mi-moqueur, mi-compatis
sant, court à travers le volume, dont les trois parties, trois
petits romans d’elles-mêmes, tournent d’un très agréable
mouvement autour de cette idée capitale, connue aussi,
et très probablement fâcheuse : à savoir qu’en amour il
n’est point d’absolue fidélité, et que souvent, les doubles
amours font les meilleurs jours.
On pourra contester la portée du livre et, quant à moi,
(1) Edition du Mercure de France.
�— 71 —
je 11e pais m’accônîôder du plan suivant lequel les trois
petits romans reliés entre eux nous sont présentés. Mais
je suis près de ne pas en vouloir à l'auteur. La grâce de
la l'orme et le sel du lond m’en dispensent aisément. Il y
a dans cette œuvre à la fois plus et moins qu'un roman,
il y a de très savoureuses histoires.
Ayant abaissé de plusieurs crans son angle visuel, M. de
Régnier voulut dépeindre et subtilement railler les mœurs.
Il choisit, involontairement, je gage, ses héros parmi les
gens dont le caractère et les allures lui souriaient le
mieux. 11 leur donna un fond d’idées amoureuses et une
âme toujours un peu naïve. Et il les campa en plein dixhuitième siècle, d’abord à la campagne, en province, en
suite à Paris, au milieu des fêtes, enfin à Rome, parmi les
prélats, les gens louches et les ruines. M. Nicolas de Ga
landot est le premier de ses héros. Il représente tour à
tour le vieil enfant, timide, gauche et mal poli, empêtré
dans les jupes de sa mère jusqu’à quarante ans, puis le
pauvre homme qu’une révélation foudroyante de beauté
l’éminime et d’amour, aussitôt reprimée par sa terrible
mère, a cassé à jamais, ainsi qu'un vieux jouet inutile ; en
dernier lieu ce Galandot le Romain, qui devra être placé
dans la galerie des hommes célèbres, parmi les malheu
reux que frappa le plus cruellement Vironie du sort, tout
près, oh ! tout près, de ce bon Paplinucc et de cet excel
lent M. Bergeret que nous aimons tous un peu comme de
vieux oncles ronchonnants et débiles... .
M. de Galandot n’a eu que le tort de tomber dès sa
première enfance sous la férule inllexible d’une mère
aimante jusqu’à l’égoïsme, qui, pour l'avoir trop couvé,
rapetissa son esprit et contraignit ses sens. L’un est resté
chétif pour toujours, docile et crédule jusqu’à la servilité ;
ces derniers, bridés contre les lois de nature, éveillés
un instant par les charmes peu cachés d’uue petite cousine
espiègle , recueillie charitablement par la mère , ayant
été refoulés d’un coup, d’une gifle retentissante, ont de
puis dormi assez longtemps pour que le définitif et pi
toyable réveil ait livré aux jeux et aux lazzis d’une cour
tisane et de son protecteur l’argent et l’âme fruste de M.
de Galandot, corps vieilli, tête vacillante, antiquaire
transformé en valet par un amour misérable, éclos vrai
ment trop tard ..
Son histoire est telle. Elle vaut surtout par sa fin. Les
restes de la fortune du pauvre homme défraient les loisirs
de son neveu, le jeune et galant M. de Portebize, dont la
mère, Julie de Mausseuil, brisa jadis la vie de Galandot
par l’attirance de sa pose. La maîtresse du jeune homme
est la seule qui ne soit pas double, voire même multi
ple. Mais il se trouve que Julie, sa mère, retirée du monde
en un lointain castel, continue de mettre en œuvre au
gré des olliciers de passage,les leçons que son futur mari,
le gros et mûr M. de Portebize, avait cru lui donner, en
sa fraîche adolescence, avant même le mariage...
Et c’est ce que recueille l’amour exclusif d’une mère et
tante à l’esprit rèche et aveugle.
Cette haute et pratique moralité ressort de toutes
ces immoralités, oh, bien pardonnables. La faute ori
ginelle , M. de Galandot, la porte en lui, et elle ne
lui est pas imputable. M. de Galandot est un exemple.
Il est saisissant. Mais comme il étaiiê toute une psycho
logie et comme il est, malgré tou/scs malheurs et pour
cela peut-être, délicieusement risible, je ne crois pas
u’il faille lui donner toute la place dans l’intention
e M. de Regnier. Le choix du siècle, dont l’auteur a
cnétré l’esprit et le parfum, et des personnages seconaires, qu’il a sans lésiner groupé autour de son héros,
prouve une plus vaste conception, qui partirait d’une
vérité morale et s’étendrait à l’évocation d’un milieu et
d’une époque. Le poète, mal assagi, aurait donc repris
le dessus sur le romancier. En dépit d'un certain désor
dre, il y a fort bien réussi.
Le piquant de cette œuvre c’est, comme dans tout ro
man d’artiste, l’alliage on ne peut plus heureux de la
poésie des choses et de l’ironie des hommes. C’est, en des
décors le mieux adaptés, changeants et pittoresques, la
peinture des personnages dont ils encadrent la vie, par
la délicate mais sûre influence du milieu sur le caractère,
rendue avec toutes ses nuances et l’involontaire tristesse
qui s’en dégage, comme un sens de la fatalité..,.
C’est pourquoi l’histoire du bon Galandot est atta
chante. Celle de l'abbé Hubertet, (un cousin germain de
Jérôme Coignard), celle de M. et Mme de Fresnay, dont
les fines confitures élaborées par eux parfument les vieil
les et provinciales amours, et celle de Fanchon, premier
sujet de danse à l’Opéra, ne le sont pas moins. 11 est
comme cela une dizaine de figures, dont l’attendrissement
ou la rocasserie eût ravi Boucher Ce sont des portraits
en pied et des pastels par qui le savant, le galant et le
mélancolique des vieux temps revit tour à tour..... M. de
Régnier est un parfait « médailliste ». Et il continue la
meilleure tradition française...
3
S
Un roman sérieux et grave, un roman à thèse, de forte
pensée et de solide charpente, c’est « Au milieu du che
min » par Edouard Rod. On y agite une question de
conscience : la responsabilité de l’écrivain à l’égard de
ses lecteurs, à raison de l'inlluence qu’il exerce sur eux.
Vraiment ce sujet n’était pas nouveau, et depuis Wer
ther, Childe Harold et / . ( h tis en passant par de Vigny.
�-
72 —
jusqu'aux romans de Paul Bourget, bien des opinions ont
été là-dessus émises et réfutées. Il était de nature à ten
ter M. Rod, chez qui les problèmes de psychologie mo
derne viennent inquiéter un esprit rassis, ordonné et, en
général, sévère. Aussi a-t-il reçu une vie bien organique
et tout le développement requis. La conduite du roman
estparfaite. Je n'en aime pas le point de départ, qui est,
il faut l’avouer, quelque peu voulu. Le livre de Clarencé
a-t-il été bien seul à provoquer la mort de cette pauvre
fille, aimée de ses parents et sûre de son amant ? On
peut concevoir des doutes. Mais, certes, les états d'àmc de
cet illustre homme de lettres qui est aussi un homme de
cœur, son retour à la campagne natale, à la simplicité et
à la bonté des choses, et son amour pour Claudine, que
le malheur dont il s'accable vient affiner jusqu’à le chan
ger en mariage, cette lutte qui s'apaise, cette rentrée
dans l’ordre et dans la convention sont amenées avec
l’évidence qui s’attache aux événements nécessaires, et
qui ont le bien pour b u t...
Je ne sais si l’auteur si apprécié des Roches Blanches
et de Michel Valgrais n'ait pas impunément sacrifié ce
qu'il y avait de terroir chez lui aux délicatesses pari
siennes. 11 me semble pourtant quelles n’ont pas encore
entamé le fond, et que dans ce ferme esprit un bon mé
thodisme suisse, fait de sereine et forte philosophie, at
tend, pour les résoudre, d’autres cas de conscience et
de moralité... 11 est moins facile à un auteur d’abdiquer
son àme que de dépouiller une forme, de changer une
façon de sentir que de remplacer un moyen d’expres
sion. Et c’est ce dont on ne peut que féliciter M.
Edouard Rod.
C’est par cette même raison que nous voyons Paul
Bourget retourner son scalpel psychologique dans trois
petits Drames de famille. M. Bourget a toujours eu un
faible pour l’étude acérée des douleurs intérieures : en
ces trois nouvelles il a condensé trois romans. Dans la
plus longue, Le Luxe des autres, il a reproduit à mer
veille les ravages du luxe sur tant de femmes envieu
ses, sur une large classe sociale qui ne sait que regarder
lus haut qu’elle et brûle d’émuler les fortunes sans souci
e ses propres aptitudes et de son plus parfait bonheur.
Il y avait là un vaste champ d’observations. L’illustre
auteur en a fait une superbe récolte. Il est là aussi des
gerbes d’herbes amères. C’est la vérité, sentie par une
àme d’clite. Elle vaut tous les plaidoyers. Elle puise sa
portée dans une réalité vécue, ou qui parait l’avoir été,
5
— 73 —
Or c’est là que nous ramène toujours l'expérience, lors
que les grandes ailes des généralisations l'ont soulevée
trop haut et fatiguée.
Le cas particulier, la vie, ne doit pourtant pas servir
d’écran à une personnalité trop aigüe, désireuse de per
cer le voile peu résistant des noms empruntés. Il y a un
danger à exposer toute nue son àme avec ses qualités et
ses défauts. On risque d’être mal apprécié ou définitive
ment jugé. C'est ce (jue me semble encourir Gabriel d'Annunzio, par son roman le Feu dont la Revue de Paris
vient de commencer la traduction. D'Annunzio y expose
au jour la maturité et la fin de ses amours avec une ac
trice italienne célèbre, dont le triomphe parisien d’il y a
deux ans couronna l’admirable talent. On ne saurait
pourtant refuser à cette étude intime, aussi peu ca
chée qu’elle est en certains points féroce, une science et
un art infinis. L’exaltation de la Beauté y est d'une ar
deur si soutenue et si nourrie, que jusqu'à la passion
humaine pâlit devant cette flamme de spiritualité et de
P oésie.. .
A chille RICHARD.
PASSÉ
Quand je vous vis sur mon chemin,
Je me pris à rêver de bonheur et d ’ivresse ;
Car en mon cœur, saisi d'un grand trouble divin.
L ’Amour chantait son doux cantique de tendresse,
Quand j e vous vis sur mon chemin.
C’est que vos yeux étaient si doux.
Ils m'effraient pourtant avec leurs reflets d ’onde ;
J'aurais voulu les clore avec des baisers fous,
Vos cils étaient si beaux, votre tête si blonde. ..
Et puis vos j'-eux étaient si doux.
... Depuis que vous nêtes plus là,
Depuis que j ’ai perdu vos yeux, votre sourire,
Mon ca>ur souffre d ’un mal qui point ne finira ;
Ma tristesse est prof onde et mon cœur soupire
Depuis que vous nêtes plus là.
Louis. D.
�CONFÉRENCE PORTALIS
IMF LE HISTOIRE
Tout cela commença d’une façon banale,
Rencontre côte à côte en un coin d'une salle
De spectacle puante où des lutteurs velus
Pour nous autres badauds poignaient leurs torses nus..
— En ce bas monde,hélas ! tout n’est pas rose,
Surtout par notre temps de fièvre et de névrose. —
Le premier mois passa fort agréablement ;
Au troisième j’étais abominablement
Las de corps et d’esprit.
Sa griffe si mignonne
Retint quand je rompis ce flirt trop monotone,
La peau de mon visage, et pour avoir la paix
(Encore trop heureux d’avoir trouvé ce biais),
Je dus Lui repasser tout mon nerf de la guerre.
Gais lecteurs de la « Provence Universitaire »,
Je rime cette histoire afin que de leçon
Elle vous serve. Elle est authentique, dit-on.
P aul PARGIES.
Séance du vendredi 30 mars 1000. — Sous la présidence de
Me Bonin, M. le professeur Lacosie occupe le fauteuil d’honneur.
MM. Euzet et Isnard sont, à la barre pour traiter la question sui
vante : « Un directeur de théâtre a-t-il le droit de faire enlever
de vive force un acteur d’une scène sur laquelle il s’était engagé
à ne pas jouer. »
M. Euzet qui soutient l’affirmative rommer.ee par faire un ex
posé rapide et précis de la question, puis il nous a montré que ce
procédé d’exécution des obligations a été adrnL par le législateur
lui-même pour certaines hypothèses et qu’il n'y a rien d’excessif
à l’étendre à l’espèce spéciale qu’il discute.
M. Isnard lui répond que ce mode de contrainte est possible lors
que la propriété est en jeu, pourfa're réintégrer le domicile pater
nel et même conjugal, elle ne peut être employée pour des obli
gations pécuniaires. Pour ces obligations, nous dit-il, la sanction
est non pas dans une contrainte extérieure et violente niais dans
des dommages-intérêts que devra celui qui a ainsi manqpé de
parole.
La conférence par 10 voix contre 10 et 5 abstentions pe prend
partie pour aucune solution.
M. le professeur Lacoste félicite les deux orateurs ; M. Euzet dit
et discute en juriste sagement et clairement, M. Isnard lui aussi
est clair et précis, mais son ton est peut-être un peu monotone.
Passant au fond il déclare qu’àson avis il serait excessif d'employer
une telle contrainte pour des intérêts purement pécuniaires et
qu’il se range par conséquent à l’opinion de la négative.
Vendredi 6 a v ril 1000, 17me séance. — M. Bonin est au fau
teuil présidentiel, à ses côtés, Me DrossolV, vice-président, de Saboulin, secrétaire, Andrieux, trésorier. M. le professeur Perron a
bien voulu assister à la séance. La première partie de l'ordre du
jour appelle la réélection trimestrielle du bureau qui se représente
tout entier. Le vote a lieu par assis et debout, le bureau est réélu
à l'unanimité des membres présents.
La seconde partie de l’ordre du jour porte la discussion sur la
question suivante • « Est-il interdit aux futurs époux dese référer
d’une manière générale à une législation étrangère dans leur con
trat de mariage. »
M. Kahn qui soutient l’affirmative dit que l’article 1390 du Code
civil est un texte simplement énoncialif et qu’il faut alors l’éten-r
dre à notre hypothèse, et que déplus si le juge français peut
appliquer une* loi étrangère, il ne le peut qn’en vertu d’un texte
formel de la loi française, et ce texte n’existe pas, il conclut donc
que l’affirmative s’impose.
M. Pinelli, au contraire, vient ensuite essayer de montrer que
la solution négative meilleure. Pour lui l’article 1390 du Code
civil est non pas énonciatif mais limitatif et ne peut pas être étendu
par l’interprète, et de plus, dit-il, admettre la solution que propose
M. Kahn, c’est violer l’article 1387 qui dit que les parties sont
libres de faire leurs conventions matrimoniales comme elles le
jugent à propos, pourvu qu’elles ne soient pas contraires aux bon
nes mœurs.
La conférence consultée se déclare pour la négative par 15
vuix contre lOet 4 abstention*. M. le professeur, après avoir félicité
les deux orateurs sur la façon dont ils ont conçu le sujet, et la
clarté avec laquelle ils l’ont* exposé, se rallie A* la négative, car
�— 76 —
pour lui ni les textes, ni les principes ne supposent cetto solution.
La séance est levée à 10 heures.
L e Comité nn
la
Conférence.
ÉCHOS UNIVERSITAIRES
TRAVAUX PRATIOrES RE DROIT INTERNATIONAL PUBLIC- - u™
excellente initiative a naguère été prise par M. N. Politis, profes
seur de Droit international public à notre Faculté. S’adressant aux
étudiants en licence et en doctorat, M. Politis a inauguré une série
de causeries-conférences sur ce sujet, relevant à la fois du droit,
de l’histoire contemporaine et de la politique étrangère, et dont
l’actualité constitue le plus vif intérêt : Le Partage au continent
Africain entre le* puissances.
La matière est vaste et complexe, mais comporte une division
et un ordre quien détailleront et partant simplifieront les difficul
tés. Le plan est le suivant: partant de la Tunisie, contourner
le continent noir de l’Est à l’Ouest pour remonter, en terminant, à
l’Egypte. Pour chaque région, étudier les intérêts en jeu des
Etats colonisateurs, l’historique de leurs efforts, de leurs implan
tations, notamment les très vivantes questions de Droit internatio
nal qui se rattachent à ces laborieuses entreprises, à qui de
plus en plus l’Europe consacre tant d’énergies, tant d’or et mal
heureusement aussi tant de vies humaines. Les traités et les
Livres diplomatiques concourront à éclairer le sujet.
M. N. Politis dirige les conférences, indique les sources d’infor
mation, relie entre elles les différentes communications. Ce sont
des étudiants qui prennent tour à tour la parole. Atlas en main,
ils indiquent successiveraeét les étapes fournies par la civilisation
dans l’immensecontinent. Les clauses des traités marquent les
délimitations de frontière et de zone que tant de concurrences et
d'appétits contrairess'imposent réciproquement... C’est là.un com
plément du cours de Droit international public. Le choix ne pou
vait en être meilleur. Il convient d'en féliciter notre très sympa
thique maître, M. Politis.
Jusqu'ici, ont été reçu les communications suivantes: de M.
Christoff, sur la Tunisie et l'occupation Française ; de M.
Achille Richard, snr La France et la question Marocaine ; de
M Euzet, sur le Sénégal ; de M. Pierre de Saboulin, sur La
question du Niger et les conflits d’influence anglo-français.
Les conférences (absolument gratuites) ont lieu tous les mercre
dis, à onze heures. Tous les étudiants y sont invités.
* Mentionnons les thèses de Doctorat dernièrement soutenues —
toutes avec succès — à notre Faculté de Droit :
MM . Jules Lévy, Des ordonnances par requête des présidents
des tribunaux civils; G. Dclanglade, Des biens paraphernaux ;
Gabriel Arnaud, L’assurance agricole en France; M erveil
leux Davigneau, Des droits de l’Etat sur la mer territoriale;
Sivan, La réforme hypothécaire spécialement au point de vue
de la publicité ; Etienne Baret, Droits des riverains des cours
d’eau non navigables ni flottables au point de vue du Droit civil.
* Apprenons une bonne nouvelle qui sera certainement bien
accueillie par les Universités du Midi. Une Revue des Univer
sités d’Aix, Grenoble, Toulouse, Montpellier et Rordeaux, va pa
raître prochainement, rédigée principalement par les professeurs
des Facultés de Droit. Elle fera pendant à la Revue des Lettres
Françaises et Etrangères, qui est déjà l’organe des mêmes Uni
versités du Midi pour la partie Lettres et philosophie. Grâce à la
nouvelle Revue dont nous annonçons avec grand plaisir la publi
cation, il sera permis de suivre le mouvement de décentralisation
intellectuelle— et particulièrement universitaire— sur lequel
nous fondons les plus grands espoirs. Les professeurs de notre
Faculté y collaboreront en nombre.
* En sa dernière séance, le Conseil de l’Université d’Aix-Mar
seille nommait à la vice-présidence M. Georges Bry, doyen delà
Faculté de Droit, et M. Bouvier-liangillon, professeur de Droit
Commercial, assesseur du Doyen à la même Faculté.
A nos éminents Professeurs nos très respectueux compliments.
X.
FACULTÉ DE DROIT
MATIÈRES PROFESSÉES AUX COURS
3“ ANNÉE
J a n v ie r -F é v rie r
Droit Civil. — M. J ourdan. Notions générales sur l’adoption,
la puissance paternelfe, la minoriié, la tutelle et l’émancipation.
L)u contrat de mériage. Dispositions générales: modalités, rédac
tion, époque et conditions du contrat.
Régime de communauté. I. Composition de la communauté
légale: actif et passif; biens propres et biens communs. II.
Régimes couventionnels influant sur la composition de lacommun a u té : communauté réduite aux acquêts, clause de réalisation,
clause de séparation des dettes, clause d’ameublissement, commu
nauté à titre universel.
Droit commercial — M. B ju v ie r - B a n g il l o n . La faillite (suite).
Administration de la faillite : ses organes et ses phases. Différentes
solutions de la faillite; le concordat ; — l'union : revendications
diverses, vente des bien du failli, répartition des deniers entre les
créanciers chirographaires.
Procédure Civile. — M. Fbrrom. De la procédure proprement
dite. Théorie générale des actes, des délais et de leurs sanctions.
Etude d’une instance ordinaire. Préliminaire de conciliation.
Demande en justice. Comparution du défendeur. Procédure entre
avoués. Instruction du procès. Des jugements: classification,
formes et effets. Théorie de< jugements par defauts et de l’opposi
tion.
Droit International Privé. — M. G audumkt Questions prélimi
naires à l’étude des conflits de lois. I. De la nationalité : 1* acqui
sition de la qualité de français par la naissance ou la naturalisa
tion ; 2* réintégration dans la qualité de français; 3 particula
rités de la femme mineure, le mineur, etc. 11. De la condition des
�mineur. La tutelle. Emancipation et curatelle. Interdiction. Cha
pitre III. Le domicile. Chapitre IV. Fin do la personnalité. La
mort. L’absence. Chapitre Y. Les actes de l’état—
civil. Chapitre VI.
Les actions d’état. Les personnes morales. Troisième partie: Les
biens. Chapitre I. Notions du patrimoine. Droits réelset de créance
Chapitre II. Classification des biens.
Droit Rom ain. — M. Bry Deuxième partie : Des choses.Cha
pitre I. Théorie générale des droits du patrimoine et des actions.
Droits réels et de créance. Organisation judiciaire et système de
procédure à Rome. Chapitre 11. Droits réels civils. La propriété.
Son origine. Son exercice Ses modes d’acquisition.
Economie Politique. — M. Brocard. Mise en œuvre des élé
ments de la production. Chapitre I. Appropriation des moyens de
production et des produits. La propriété. Théorie de la rente fon
cière. Chapitre II. Forme générale de la production. Dill'érents
régimes de l’organisation de la proluction. L’échange.
Droit Constilntionncl. — M. J kzc. Principe de la souverai
neté nationale. Chapitre I. Exposé théorique. Les conséquences.
Chapitre II. Le principe de la souveraineté nationale dans les cons
titutions positives. Ses rapports avec l’exécutif et le législatif. Dif
férents modes de recrutement des Chambres. Examen critique du
suffrage universel.
T roisième Bimestre
Droit Civil. — M. César Bru. Chapitre 111*. Immeubles et
meubles. Chapitre IV. Le domaine public. Chapitre V. Les choses
communes et les choses sans mailre. Chapitre VT. La possession.
Quatrième partie. Droit de propriété. Chapitre I. Origine et
fondement de ce droit. Chapitre II. Caractères et attributs du
droit de propriété. Propriété foncière. Régime des eaux. Chapitre
III. Restrictions au droit rie propriété. Servitudes. Chapitre IV.
.Mitoyenneté. Chapitre V. Propriété incorporelle. Propriétés litté
raires et droits d’auteurs. Chapitre VI. Actions en revendication
et preuves du droit de propriété.
Droit Rom ain. — M. Bry. Les servitudes. La revendication
Droits réels prétoriens. La propriété bonitaire. Emphylhéose. Su
perficie. Hypothèque. Actions réelles prétoriennes. Chapitre III.Des
modesd’acquéris. Hérédité. Le testament et ses formes. Le testacapacité. Restrictions apportées au droit de tester. De l’héritier,
tpur. Sa Des institutions d’héritier. De l’acquisition de l’hérédité,
Différentes sortes d’héritiers. Théorie des lois caducaires. Action
en pétition d’hérédité. Des causes de nullité du testament.
Economie Politique — M. Brocard. La valeur et les différen
tes théories qu’on en fait. La monnaie. Son rôle. Dill'érents sys
tèmes monétaires employés. La concurrence. Les avantages et
les inconvénients. Part Je l’activiié privée et celle de l’Etat dans
la vie économique. Chapitre 111 Formes spéciales de la produc
tion. Doctrines mercantilistes. Ses différentes phases. Critiques
qui lui ont été adressées.
Histoire du Droit. — M. L efas . Division du cours. Livre
premier. Les origines. Période du Bas-Empire. Période franque.
Période féodale. A toutes ces époques, étude des institutions
de droit public. Organisation politique, judiciaire, militaire, fi
nancière. Elude des institutions de Droit privé, Condition des
personnes. Conditions des biens. Elude des monuments du Droit
à ces époques. Des rapports de l’autorité écclésiastique avec le
pouvoir civil. Acheminements progressifs de la France vers son
unité territoriale et politique.
Le Directeur-Gérant : A. R ichard .
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im o (;
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GERMANKT
37, Cours M irabeau
SOMMAIRE
C . S f.KY1F.IIS’
Ch. M a ssk .
Cli. M assf ..
F a x ta stiq v f ..
G. d ’A iz k x a y .
X A.miua.
La Nounou.
I/Eternelle Chaîne.
SonneL.
Raymond (nouvelle).
Sur la Mort de Georges de Russie.
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L I B R A I R I E
\ . D R A G O N
P la c e d e s P r ê c h e u r s , A I X - E N - P R O V E N C E
LIV R ES DE D ROIT, L E T TR E S ET SCIEN CES
Spécialem ent suivis à l'U n iv ersité d ’Aix.
GI V RA G ES DE LU X E, PU B LICA TIO N S DIV ERSES
\. II. •• Dos remisés de faveur seront accordées à Mil. les Étudiants
MM. les Abonnés qui n’auraient pas encore versé le m o n t a n t d e i .e i ’k
sont instamment priés de l’adresser au Comité du Du 1lot in
au siège de l’Association.
ABONNEMENT
CAFÉ DU COMMERCE
AIX. Cni>rs Mirabeau, 3.0. Al.X.
NOUVEAU PIIOPRIETAIHE
T out ce cjui concerne la R édaction et l'A d m in istratio n de la R evue d o it
être ad ressé a u Com ité du B ulletin â l'A ssociation des E tu d ian ts.
JEANMARIUS
M ME J E A N
M a l ’O h a n d - T a i 11 o u r
Fx-ltrevetésS. G. D. G.
A PPA R TEM EN TS
VÊTEMENTS
SUR MESURE!
l’onsommalioDS ilr premier ordre
meublés ou non n louer
DÉFIA\T TOI TF COXCl RRE\CE
�LA
NOUNOU
C’est une bonne femme venue de sa montagne. Plan
tureuse, grasse à lard, les lèvres carminées, les joues
gélatineuses dansant au moindre mouvement de la tête,
les doigts rouges et bouffis, le ventre bombé couvert d'un
tablier blanc, elle marche ou plus exactement roule péni
blement, se balançant à chaque pas, entraînant, dans ses
chutes successives, son poupon pleurard, aussi baveux
que couvert de dentelles.
Deux mamelles enflées, paradis culinaire, vagon res
taurant du bébé, s’étalent devant elle comme des ballons
d’essai près d'un aérostat.
Ses cheveux blond-filasse retenues pa r une épingle
dorée sont recouverts d'une large dentelle bon marché,
parsemée de rubans bleus qui descendent jusqu'à ses
mollets gros et gras comme le reste de sa personne, car
tout est rond chez elle et, quand elle promène son pou
pon, c’est un vrai jeu de boule ambulant transportant
une quille.
Un énorme bracelet entoure son bras, de grosses bou
cles d’oreilles, m i argent, mi corail, ajoutent leur rougeur
à celle de ses bajoues. C'est qu elle veut plaire à son
am oureux, la nounou, au petit caporal du IG-ie de ligne,
lequel, près d'elle, quand il veut l’embrasser, semble un
chasseur alpin tentant Vascension du Mont B la n c .. . et
Jiose. Ils sont alors bien heureux tous deux... car le pou
pon, fort délaissé à cause du caporal, le plus souvent re
légué sur un banc, braille et sanglote à perdre haleine. . .
Ce sont de mauvais jours pour lui, que ceux des per
missions
C. SERVIERS.
Mai 1900.
�L’ÉTERNELLE CHAINE
(s
t a n c e s
)
Je ne vois pas pourquoi, j ’irais briser mon cœur,
Mon pauvre cœur naïf, épris d'une chimère,
Contre ton dur regard et ta parole amère,
Comme un léger cristal se brise sur la pierre !
Je ne vois pas pourquoi j’aimerais la douleur !
Oui, pourquoi m’arrêter, au gré de mon caprice,
Pour cueillir une fleur au parfum délicat,
Et qui, poussée au bord du fatal précipice,
Recélant le poison au fond de son calice,
Au lieu de me griser, peut-être me tuera ?
Et pourquoi donc cherche! un douloureux m artyre
Dans la page d’amour que nous lirions tous deux,
Toi, d'un regard éteint, prise d’un m échant rire,
Et moi, l’esprit troublé d’un éternel délire,
Avec des pleurs brillant dans le coin de mes yeux ?
Assez de déceptions enfin, assez de leurres !
En des projets menteurs, assez d’aveugle foi !
— C’est juste, je m’en vais : ce n’était pas mon heure !
Ainsi, dès aujourd’hui, si quelque fois je pleure,
La cause de mon mal, ce ne sera plus toi !
Et tu n'auras été, pour moi, qu’un peu de rêve,
Et qu'un peu de clarté dans mon ciel incertain,
Bientôt évanouis comme une vision brève.
Et voilà que déjà se dissipe ma lièvre,
Et que je vais pouvoir reprendre mon chem in !
Et pourtant !... je sens bien ma protestation vaine,
Inutiles mes mots, mes gestes de départ.
Demain, docile encor, je reprendrai ma chaîne,
Et tu seras toujours impassible et sereine
Devant le pauvre fou qui cherche ton regard.
Et quoi ! qui donc pourrait faire ce sacrifice
D’oubli&r sans retour son calvaire du cœ ur?
La souffrance devient une consolatrice,
Et l’on aime rouvrir la chère cicatrice,
Et quêter lâchement des miettes de bonheur !
C». MASSE.
(Mars igoo).
Sous leurs pas alanguis craquent les sables roses,
Soudain, prises de peur, les mésanges s’en vont.
Ils restent seuls, perdus en d’amoureuses poses
Et regardent le jour m ourir à l’horizon.
Le silence, trahi par la seule chanson
Du pâtre, unit alors leurs deux âmes moroses :
Un mot vient d’échapper à leurs lèvres mi-closes,
M urmure doux que suit une larme, un frisson.
Et tandis que le soir, aux couleurs d’incendie,
Les enferm ait ainsi dans un rêve sans lin.
L’idylle s’ébauchait dans l’allée endorm ie :
Elle, blonde, ses yeux errant dans le lointain,
Dans le large tableau d'un soleil qui se couche,
Buvait le long baiser qu’il posait sur sa bouche.
CH. MASSE
Avril
19 0 0 .
RAYMOND
NOUVELLE
Sa m ontre m arquait cinq heures. Raymond, laissant
une page à moitié écrite, sortit de la jolie maison qu’il
avait achetée l’année précédente à plusieurs kilomètres
de la ville.
C’était un caractère étrange que le sien, et non moins
étrange était sa vie. Ses plus lointains souvenirs lui
m ontraient une brute aux traits farouches, ne lui parlant
jam ais que par menaces et lui donnant quelquefois un
�84 —
morceau de pain au bout de sa journée. Puis un soir, on
lui avait dit qu'il était trop grand pour rester ainsi sans
rien faire ; un homme avec des cheveux roux qui lui lui
saient peur était venu le chercher, et depuis ce jour il
avait vécu avec, travaillant beaucoup , recevant des
coups pour salaire et pas toujours de quoi apaiser sa
faim.
Un matin, il avait trouvé son m aître étendu sans con
naissance dans l'escalier qui m enait de son établi de
menuisier à la mansarde où il couchait. Le m édecin ap
pelé en toute hâte déclara que « l'Avare » — c'est ainsi
qu'on l’appelait dans le pays — avait dù avoir une atta
que ; et trois jours après cet homme m ourait. Sans pa
rents ni amis, il laissa son avoir à Raym ond. C’était
sans doute dans sa pensée un dédommagement aux m au
vais traitements qu'il avait fait subir au jeune homme
Mais il mourut sans avoir rien dit à ce dernier au sujet
de ses parents.
Raymond, qui avait dix-neuf ans à cette époque, ven
dit l’établi qui lui rappelait de trop tristes souvenirs et
avec cet argent, joint à la petite fortune que lui avait
laissée son patron, il quitta le pays. A rrivé en Provence,
il trouva celte maison qui était alors à vendre. Son éloi
gnement de la ville et sa solitude plurent à ce caractère
devenu sombre et taciturne par des années toutes de
pleurs et de soullrances. Il vivait seul dans sa m aison
Et la vieille femme qui tenait son ménage, ne se souve
nait pas de l’avoir entendu causer.
Personne ne le saluait plus, lorsqu'il passait dans la
campagne ; les uns disaient que c’était un fou, les autres
l'appelaient orgueilleux : les petits enfants cessaient de
jouer en le voyant passer. Nul ne s’intéressait à l ui. . .
Ou plutôt, il y avait bien quelqu'un dont le cœur aurait
battu peut-ctre à l’unisson du sien, mais était-il capable
de le remarquer, dans l’état d’esprit où il se tro u v ait!
Avait-il seulement jam ais regardé cette jolie villa, la
plus proche de la sienne? Pouvait-il se douter que lors
qu'il promenait par là ses rêves douloureux, il y avait
une vitre contre laquelle s’appuyait un front, et deux
veux qui le suivaient anxieux aussi loin qu’ils pouvaient
l’apercevoir? Qui lui aurait fait croire à cet enfant du
malheur, à cet abandonné qu’il y avait une âme sensible
et tendre, une âme de jeune fille, un peu rêveuse comme
la sienne, qui avait compris sa tristesse et sans en con
naître précisément la cause, aurait voulu pouvoir la sou
lager !
Christine, avec un de ces cœurs d’une délicatesse ex
quise qui sont le privilèges de quelques natures fém ini
nes, avait bientôt compris que dans cette existence était
un vide profond, une de ces douleurs im m enses et d’au
tant plus difficiles à guérir qu’elles fuient par avance
toute consolation. Elle avait , dans un de ces élans
— 85 —
d’am our vers la souffrance, dont la femme a le secret,
formé le projet de refaire une existence à ce déshérité de
la vie, et son cœur s’était donné sans retour.
C’est à ce rêve, depuis trois mois caressé, quelle son
geait ce soir-là, assise au pied d’une touffe de chênes,
sur la colline qui dom inait la demeure de Raymond. —
O r le jeune homme, quittant le seuil de sa maison,
s’était mis à gravir la pente du coteau. Il parvint bientôt
au sommet sans se douter combien chacun de ses mou
vements était observé. Christine était d’abord restée, re
tenue par une force invincible, le regardant m onter ; et
m aintenant qu'il était assis tout près d’elle, derrière la
touffe elle n’osait plus se lever.
Lui, la tête appuyée sur ses m ains, avait reprisses rê
ves sombres. Il livrait avec volupté aux fraîches haleines
de la brise du soir son front d’une pâleur de m arbre, que
la fièvre rendait brûlant. Ses cheveux noirs rejetés en
arrière faisaient paraître plus pâle encore son visage—
Il com parait sa vie triste et solitaire avec celle si gaie de
tant d’autres jeunes gens de son âge. Il rapprochait ses
longues soirées taciturnes, seul à seul avec sa douleur,
des joyeuses réunions des villas voisines. Il avait des
pleurs plein l'âme, en songeant à son foyer m orne cl dé
solé qui n ’avait jam ais entendu les propos riants d'un
cercle de famille, on revoyant dans sa rêverie tous ceux
qu’il avait entrevus, le soir, dans ses promenades, à
travers une vitre joyeusem ent éclairée. Il se rappelait
toutes les fois qu’il avait vu une mère em brasser son en
fant, et chacun de ces baisers était une blessure de plus
à son cœur. Pourquoi n’avait-il personne, lui, à qui sa
lèvre brûlante put dem ander un baiser ? Pourquoi
n'avait-il pas sa part du bonheur de tous? Etait-ce juste
cela ?... Et son cœur avait contre le sort de sourdes ré
voltes.
Puis, sous une sensation trop vive de son isolement,
du vide immense qui l'entoure, sa volonté s’est brisée
soudain en sanglots.
Alors la jeune fille qui l'avait observé jusque là avec
une compassion profoude, ne sait plus commander à scs
sentim ents. D'un m ouvement soudain, elle s’élance vers
cet être qui souffre :« Qu’avez-vous, lui dit-elle, pourquoi
pleurez-vous ainsi ? » Puis, troublée de sa hardiesse,
elle demeure un moment indécise devant lui.
Raymond sentit tout d’abord gronder en lui une
sourde colère contre l’indiscrète qui venait ainsi troubler
sa douleur. Il ne lui était donc plus même perm is do
pleurer en paix? Que lui voulait-on ? Il ne connaissait
personne, et personne ne le connaissait. Y a-t-il donc
tan t do plaisir à voir souffrir un m alheureux?... Mais
quand ses yeux noirs, qui lançaient un feu sombre ren
contrèrent ci' visage aux traits si doux et tout remplis de
compassion, il sentit soudain tom ber sa colère, ses pleurs
�—
80
—
un instant contenus recommencèrent à couler plus forts
et plus amers.
Christine comprit qu’on ne repoussait pas ses conso
lations et elle résolut d'aller jusqu’au bout dans l’œuvre
de charité qu elle venait d’entreprendre. Elle s’assit tout
près de lui, prit ses mains dans les siennes comme si
elle l’avait toujours connu et d'une voix douce et affec
tueuse, s’informa de ses peines : « Vous êtes donc bien
malheureux pour pleurer ainsi? Pourquoi rester toujours
seul chez vous? C’est cela qui vous rend si triste. »
— « Ah! vous ne savez pas qui je suis, répondit-il; vous
ne soupçonnez pas toute l’horreur de ma destinée, sinon
vous ne me parleriez pas ainsi. Qui donc pourrais-je
aller voir? Est-ce qu’il y a seulement un être sur la terre
qui s'intéresse à moi ? Quelle main quand je m ourrai
viendra fermer mes yeux ? Quelle bouche sur ma tombe
déserte viendra faire une prière? Quel est le cœur dans
lequel mon départ fera un vide ? Je suis seul ici-bas,
seul, sans rien qui m’v retienne, sans am our pour m’ai
der à porter mon fardeau !» — « Mais pourquoi, au lieu
de vous désespérer ainsi, ne pas chercher un remède à
vos maux ? Qui vous dit — et sa voix se faisait plus ten
dre et plus tremblante — qu’il n’y a pas un être capable
de vous rendre le bonheur, de com patir à vos souffran
ces?» — « Le bonheur! la com passion! s’écria-t-il;
.sais-je ce que c’est, moi ? Est-ce qu’il peut y croire, celui
qui passe sa jeunesse à pleurer sans qu’une m ain amie
vienne sécher ses larmes ; celui qui n’a jam ais su ce
qu'était le baiser d’une mère ; celui qui a toujours été
m altraité par le sort et par tous ceux qu’il a connus ?
Non, non ! Mon cœur ne sait pas l'amour, il ne connaît
pas davantage la foi ! 11 ne croit ni au bonheur ni au
oien : il croit seulement à la malédiction terrible encou
rue sans doute par toute une race réprouvée et qui
l’écrasera sous le poids d’une douleur sans lin, jusqu’au
jour où brisé complètement, il n’aura plus la force de
souffrir ».
Sa voix était devenue farouche, ses yeux avaient une
fixité effrayante et Christine sentit sous sa m ain des
mains brûlantes, agitées d'un trem blem ent convulsif.
Mais, malgré ce cri de révolte de la nature et de la dou
leur, elle ne se rebuta pas. Elle le calma par des paroles
plus douces, elle l’amena à lui conter sa vie, elle pleura
avec lui, et peu à peu, à sa colère elle fit succéder une
douce mélancolie. 11 avait, preuve d’un commencement
de confiance, appuyé sa tête fatiguée de tristesse sur
l’épaule de la jeune fille, lût elle était belle ainsi, sa che
velure d’un blond doré agitée au veut du soir, le teint
animé par une conviction qu’elle s'efforcait de faire pas
ser dans cette âme ulcérée et soutenant sur son épaule
tremblante cette souffrance pour laquelle elle avait des
regards d'une tendresse infinie.
Elle lui parlait de résignation, cette doctrine sublime
dont jam ais nul ne l’avait entretenu ; elle lui parlait
même de bonheur ! Elle lui m ontrait les beautés douces
de ce soir tom bant : ce ciel encore empourpré, là-bas au
bout de l’horizon, des feux du soleil couchant: et audessus de leur tète cette limpidité à travers laquelle leurs
cœurs aux aspirations d’au-delà sem blaient apercevoir
des cités plus belles. Toute cette poésie de la nature qui
s’endort : les oiseaux qui se poursuivent de branche en
branche, chantant au Créateur l’hymne du soir, le trou>eau qu’on voit passer en bas dans le sentier, à travers
es prés en Heur, les parfums qui m ontent plus suaves de
chacune des touffes de la colline. Et à mesure qu elle par
venait à faire pénétrer dans Tâme du jeune homme les
sentim ents qui anim aient la sienne, une plus grande
confiance m ontait en lui. Il avait l'intuition que si ses
m alheurs avaient été profonds, il y avait peut-être dans
la vie un bonheur qui l’attendait. Il se sentait au cœur un
im m ense besoin d’am our ; il entrevoyait comme toute
une vie nouvelle qui pouvait être la sien n e, où il ne
serait plus obligé ae cueillir les épines, laissant aux au
tres toutes les Ileurs.
Et cependant, tout cela eût été trop beau pour lui, il
n ’osait y croire, quoique ne voulant pas briser son rêve.
Il était dans cet état de l’enfant, qui. sur le matin, pour
suivant un beau songe, se sent le pouvoir d’y mettre fin
en s’éveillant, et ne le veut pas, s'efforçant au contraire
d’en jouir le plus possible...... Mais non. il n’était pas le
jouet d'une hallucination ! Il y avait donc quelqu’un qui
s’intéressait à lui, quelqu’un qui aimait l'inconnu, le pau
vre déshérité ! Il ne pouvait plus en douter m aintenant.
Son âme débordait d’une joie douce et ineffable, son
cœur s’épanouissait, comme une Heur longtemps privée
d’eau sous la fraîcheur d’une rosée abondante : une recon
naissance sans bornes m ontait de tout son être et quand
C hristine lui dit, m ontrant le panoram a qui se dévelop
pait sous leurs yeux : « Ne croyez-vous pas que Dieu ait
mis aussi une part de bonheur pour vous dans toute cette
nature ? Q u’il y ait place pour tous sur cette terre ? Que
chacun y puisse être heureux ? » Sa main pressa douce
ment celles qui venaient de panser ses blessures, et sa
voix m it un tel accent dans ce « Oui », le seul mot qui
put se faire jour à travers sa gratitude, que la jeune fille
rougit, com prenant tout ce qu’il contenait.
f
Ils redescendirent, appuyés sur le bras 1 un de l'autre,
lui. fort m aintenant, elle, se faisant faible pour se faire
soutenir, jusqu'à la villa qu’habitait Christine. On fit une
large place dans le cercle de famille à celui quelle aine-
�88
unit ; et depuis ce soir-là Raymond connut lui aussi le
bonheur, parce que sur cet aride chemin de la vie qu’on
ne saurait parcourir seul, sans l'amour et la foi, il avait
rencontré quelqu’un qui lui avait tendu la m ain, quel
qu'un qui l’avait fait croire et quelqu'un qui l’avait fait
aim er.
FANTASTIQUE.
—
—
SUR LA 11II RT DE GEORGES DE RUSSIE
SONNET
Voici que la douleur a pdli mon visage !
Pleurons, Français, pleurons, le malheur nous étreint :
De la chère alliée un flambeau s'est éteint,
Georges, vient de mourir ! à vingt ans, Jleur de l'âge !
O pauvre humanité ! tu n’as donc de courage
Que pour courber ton fro n t sous L’arrêt du destin ?
Tu ne vis qu’un instant, tu ne vis qu’un matin
A peine le temps de prendre un mortel breuvage !
L ’aiglon du nid s'envole aux campagnes de l’a ir,
Dans la poussière d'or, dans les /lots de l’éther
Sans limite au bonheur que son Seigneur lui donne :
E t lui ce fils de T \ar au fro n t pur et loyal
A peine est-il sorti de son berceau royal
Que déjà le trépas a brisé sa couronne.
G. D ’A IZ E N A Y .
CURIOSITÉS
Refrain de la « Giiaxson du R klkguk » trouvée pa r
un avocat d ’office au dos tl’un certificat que lui avait
remis un client :
Le juge, réveillé d’un sommeil agréable,
Dit : « Taisez-vous, le tribunal est fatigué ;
Et comme à mon avis, vous ôtes rélégablc,
Vous pouvez-vous assoir ; vous ôtes relégué.
LE PETIT ETRANGER
Enfant, il aim ait déjà à lire des livres français et cette
sym pathie pour la France ne lit que croître avec les
années. Il s'intéressa à l’histoire, à la géographie de ce
pays et peu à peu la pensée d’aller voir Paris, de visiter
ses palais, ses m onum ents de toutes sortes, de s’im pré
gner de son esprit, de vivre de sa vie généreuse, devint
une véritable obsession pour lui. Son imagination d'Oricntal lui m ontrait ce pays à toute heure et lorsque le
soir il pensait, assis à sa table d’écolier, il s'endorm ait
peu à peu au m ilieu de ses projets et faisait souvent en
rêve ce voyage qu’il aurait tant voulu faire en réalité.
Son père cependant s’était longtemps opposé à ses
désirs, m ais son obstination douce finit par avoir raison
de cette résistance et un beau jour il obtint, enfin ! la
perm ission de partir.
Quels beaux jours ce furent pour le jeune homme, en
core bien jeune pourtant, que ceux qu'il consacra à ses
préparatifs ! avec quelle ardeur fiévreuse, il comptait les
heures qui le séparaient de ce départ qui allait cepen
dant l’éloigner de sa famille, de ses amis, de sa ville
natale ! Mais que lui im portait ? il allait enfin voir cette
France vers laquelle une allinité mystérieuse et irrésis
tible le poussait comme vers une patrie d’élection où il
ne trouverait que des hommes bons, justes, affectueux et
prêts à ouvrir les bras à ce frère venu de si loin !
Ce fut avec une religieuse émotion qu'il mit le pied
sur la terre prom ise et Marseille, dès le prem ier instant,
le rem plit d’enthousiasm e. Tout l’étonnait et tout lui
plaisait. Ce mouvement extraordinaire, cette vie in
tense, cette population cosmopolite et bruyante, ces rues
anim ées, pleines de boutiques attrayantes devant les
quelles il stationnait, ravi, jusqu'aux bousculades de la
foule, aux bourrades des gens pressés qu’il gênait dans
leur m arche all'airée : tout le remplisait d’aise. Il était
ébloui par les enseignes, il regardait avec respect les
garçons de café qui servaient des bocks en habit, il avait
de la considération pour les sergents de ville et des saluts pour les contrôleurs de tram w ays. Mais son adm i
ration allait surtout à ces ouvrières fraîches et accortes,
agiles et jolies qui circulaient rapidem ent, l’air pressé,
souvent suivies à distance par un monsieur, mais si gen
tilles, si gaies, si insouciantes, si élégantes dans leur
sim plicité qu’il les com parait aux grandes dames de son
pays et les trouvait bien plus jolies.
Et il m archait lentem ent, heureux de faire partie de
cette foule, espérant qu'il allait d’un coup s’assimiler cet
esprit et qu’il trouverait autour de lui des âmes ardentes
comme la sienne et passionnées par dessus tout pour cet
idéal de justice et de fraternité hum aine qui était le sien.
�11 a grandi m aintenant ; les années ont passé les unes
après les autres et son beau rêve est en partie évanoui.
Il avoue bien en lui-même que c’est sa faute, m ais il n’en
est pas moins désenchanté et un peu aigri.
Il a trouvé des amis de son âge qui l’ont reçu affec
tueusement, mais qui ne l’ont pas compris. Jeunes gens
instruits, bons camarades, riches pour la plupart, ils ont
voulu l’entraîner dans le mouvement bôte de leur vie
frivole. Philosophes incompréhensibles pour lui, aflectant d’être blasés, d’avoir eu tous les plaisirs et tous les
déboires, raillant ce qui est beau et noble, incapables de
comprendre une âme passionnée et tim ide comme la
sienne, ils l’ont bien fait souffrir. Il sent bien que cette
attitude manque de franchise, il devine qu’il suffirait
d'un coup d'ongle pour faire disparaître ce vernis factice
d'égoisme et d'incrédulité ; il com prend que tous au
fond ont une âme jeune et capable de beaux élans d’en
thousiasme : mais la crainte de leurs prem ières railleries
l’empêche de se m ontrer tel qu’il est et il renferm e au
plus profond de son cœur les élans d’allection qui le
poussent vers ces jeunes gens qu’il aime m ais qui le font
souvent tant souffrir.
Aussi que vient-il faire ici, lui, l’étranger, fils d une
patrie barbare et opprimée ? De quel droit m ontrer «à nu
son âm e? Comment dire à ces Français combien lui,
l’Oriental, aime la France? Et son cœur, fait pour aim er,
se referme : il a peur des railleries de ses cam arades, il
se tait.
Cependant son amour pour la France subsiste ,
amour exclusifet envahissant au point qu’il songea aban
donner à tout jam ais sa lointaine patrie, à se faire natu
raliser et à mettre son enthousiasme et son dévouem ent
absolu au service de sa patrie d’élection. Mais il ne le
peut pas, il a sa famille là-bas en O rient et il hésite à sa
crifier l’une à l’autre les deux grandes affections qui se
partagent son cœur : sa mère et la France.
Et il reste, toujours hésitant et triste avec des élans
d’enthousiasme et des crises de désepoir lorsqu’il voit
son impuissance à servir ce pays qu’il a toujours tant
aimé et qui semble ne pas vouloir de lui. 11 fait, les rêves
les plus extraordinaires : tantôt il se voit rentré chez lui
et propageant les idées françaises, tantôt il rêve de s’en
gager dans la légion étrangère et d'aller au loin donner
son sang ; mais toujours il se heurte a une im possibilité
quelconque et toujours son irrésolution s'augm ente.
Un jour par hasard il rem arqua un ollicier, un colonel
— «1 —
à la figure sym pathique et grave et l'entendit parler avec
une ardeur enflammée, de patriotism e et d’amour du
drapeau ; le jeune homme buvait ses paroles et dès lors
cet officier qui avait si bien exprimé ce qu’il sentait de
vint une quasi divinité pour lui. Il cherchait à le ren
contrer, il allait dans les endroits où il espérait l’aperce
voir et peu à peu enviait le sort des hommes qui ser
vaient sous un tel chef.
Cette adm iration grandissait tous les jours. Il avait
appris à connaître cet officier: il le savait loyal et coura
geux, bon pour ses soldats qui l’adoraient, épris d'un
idéal élevé de justice et d’hum anité et le jeune étranger
avait cru rencontrer dans cet homme qui ne le connais
sait pas, une âme qui com prendrait la sienne. Il cher
chait les m oyens de se rapprocher du colonel lorsque
brusquem ent il apprit son départ de l’armée et peu de
temps après il le vit quitter Marseille pour le sud de l’A
frique ou il allait offrir son épée à ce vaillant petit peu
ple qui lutte pour son indépendance et sa liberté.
Alors brusquem ent notre jeune homme fit ses malles
écrivit à sa mère pour lui adresser ses adieux et suivit
au T ransvaal Yillebois-M areuil (c’était lui) qui fut fait
général.
Là il s’attacha au général comme un chien à son maî
tre. Il le suivait partout, risquait tous les jours sa vie à
côté de lui et tout son am our pour la France se reportait
sur ce noble Français.
Là notre petit étranger connut des jours heureux, jours
de danger et de lutte, jours d’angoisse et d’espérance,
m ais toujours rem plis de nobles sentim ents et de hautes
aspirations.
lin jo ur le général de Yillebois-Mareuil, accompagné
d’une poignée d’bommes, fut surpris et cerné par une
force anglaise considérable. Il fut héroïque et ses hom
mes, électrisés par son exemple, se battirent comme des
lions. Les balles pleuraient autour du général qui, pâle,
le visage im passible, encourageait les combattants du
geste, de la voix et de l’exemple. Tout à coup les derniers
survivants de cette lutte héroïque poussèrent un cri :
Yillebois M areuil venait de tomber. Alors épuisés, bles
sés pour la plupart, les hommes se rendirent. Mais lors
qu’un A nglais s’avança vers le noble blessé, notre héros
qui jusque là pleurait agenouillé près de son chef, se leva
d’un bond et poussa un tel cri de rage que l’ennemi recula
d un pas.
Puis, comme le général, baigné de sang, se redressait
sur son séant, l’Anglais s’avança pour lui arracher son
épée. Alors le jeune homme saisit son révolver, le dé
chargea sur l’Anglais et resta là, horriblement pâle, les
bras croisés, offrant sa poitrine aux baïonnettes.
N. AMIRA
Srnyrne, l*rjuin igoo.
�ÉCHOS UNIVERSITAIRES
Nous avons le plaisir de signaler à nos abonnés le franc succès
que vient d’obtenir un des membres les plus sympathique de notre
Association, Louis Üanaire, licencié en droit Notre excellent ca
marade a été reçu 4”“', sur plus de 100 concurrents, au concours
de secrétaire-rédacteur à l’Hôtel de Ville de Paris. Nous savions
qu’il ne fallait pas moins attendre du très fin et mélancolique
auteur de La Purée et c’est bien sincèrement que nous lui adres
sons de chaudes félicitations. Puissent maintenant l’élégance de
sa silhouette et la vivacité de son esprit no pas s’alourdir en les
rotondités hideuses du rond-de-cuirat !
* Nous signalons l’apparition d’un nouveau et très important ou
vrage de l'éminent doyen de notre Faculté do Droit, M. le pro
fesseur Dry. C'est une Histoire industrielle et économique de
l’Angleterre depuis les origines jusqu’à nos jours.
Nos respectueuses félicitations.
' La Bibliothèque de l’Ass. a reru, ces jours-ci, à titre de don,
quatre années de la Revue du l)roit International (de 1894
à 1897 ). Ces précieux volumes, mis à la disposition de M. le pro
fesseur Politis, devaient être attribués comme prix à l’étudiant
qui se serait le plus distingué dans les travaux pratiques du
Droit International, dont notre jeune maître a pris l’initiative
et qu’il dirige, à la Faculté de Droit, avec tant de science compé
tente et de dévouement. Mais comment choisir entre tant de mé
rites? Il eût certes fallu plus d’ouvrages pour récompenser toutes
les bonnes volontés qui ont été déployées dans ces conférences
absolument facultatives !
Aussi M. le professeur Politis, a-t-il, d’accord avec M. le doyen
Dry, décidé que les ouvrages sus-mentionnés seraient adressés à
la Bibliothèque de l’Association. Tous les étudiants pourront ainsi
profiter de la Revue de Droit International.
De cette généreuse pensée, de cette marque de sympathie et
d’attachement, que nos professeurs soient ici remerciés, très vive
ment, par le bureau et tous les membres de l’Association.
NÉCROLOGIE. — Un de nos plus sympathiques membres hono
raires, M. Charles de Donnecorse, avocat à la Cour d’Appel, vient
d'avoir la douleur de perdre son père ancien Conseiller Ji la Cour
d’Aix.
Le Comité, au nom de tous les membres de l’Assocciation, pré
sente se^ plus respectueuses condoléances à M1 de Donnecorse si
cruellement frappé dans ses aflections.
CONFÉR ENCE PORTA LIS
Séance du H mai 1000. — M. Bonin occupe le fauteuil prési
dentiel et M. le professeur Lévy, le fauteuil d’honneur. M. de
Saboulin pour l’affirmative et M. Dec, pour la négative, sont à la
barre pour traiter la question suivante : « Un individu en a hyp
notisé un autre, il l’a envoyé tirer dans une pièce, un coup de
revolver sur une personne qui s'y trouve d’habitude à cette heure
— 93 —
là et que l’hypnotiseur à l’intention de tuer. Par hasard cette per
sonne est absente et l'hypnothisé dôchargo son arme dans une
pièce vide. L'hypnotiseur est-il coupable de tentative d’assassi
nat? »
M. de Saboulin soutient sa thèse avec verve mais sentant qu’il
n’a pour l’étayer que quelques arguments juridiques sans valeur,
il fait appel à la sensibilité des membres de la conférence. M. Dec,
au contraire, plus calme dans ses raisonnements et plus froid dans
ses déductions, possède cependant la finesse ironique.
La conférence consultée se rallie à l’affirmative par 14 voix con
tre 6 et 4 abstentions.
M. le professeur Lévy félicite les deux orateurs, puis pa.-sant au
fond de la question, iï se rallie à la négative car, nous dit—il, si
on déclare l’hypnotiseur coupable de tentative d’assassinat on ne
sait pas, où l’on pourra s’arrêter, car tout alors est punissable.
Séance du V* juin. — Sous la présidence deM. Bonin. L’ordre
du jour portant élection d’un bureau pour l’année 1900-1901, prenent place au bureau les membres honoraires Dlachère, Granet et
Miel. Sur la proposition du président la conférence laisse le bureau
libre de fixer le punch de fin d’année à la date qu’il jugera la plus
convenable.
Puis sur la proposition de M. Antoine Marcaggi la conférence
vote à l’unanimité un ordre du jour de félicitations au président,
au vice-président et à leur bureau, et élève, également à l’unani
mité, son président sortant M. Bonin à la dignité exceptionnelle de
président honoraire.
L’ordre du jour appelle ensuite l’élection d’un bureau. Le scru
tin donne les résultats suivants : votants 49, majorité absolue “2b.
Sont élus président, M. Dec, par 29 voix contre 15 à M. de Sabou
lin ; secrétaire M. de Lacouture par 29 voix contre 15 à M. Andrieu,
M. Drassoff est réélu vice-président à l’unanimité.
Le* membres du nouveau bureau sont installés par M. Bonin,
président sortant qui remercie les membres de la conférence de la
nouvelle marque île sympathie qu’ils viennent de lui donner en
le nommant président honoraire.
La conférence confie à M. Euzet l’honneur de prononcer le dis
cours de rentrée. La séance est levée à 10 heures après quelques
mots des nouveaux élus.
L e Comité
de l i Conférence.
PUNCH DE FIN D’ANNÉE
DE LA CONFÉRENCE PORTALIS
M. le doyen Dry, messieurs les professeurs Jourdan, Vermond,
Moreau. Ferron, Dabled, Politis, Lévy, Jèze avaient bien voulu
honorer do leur présence la réunion traditionnelle qui sert de
couronnement aux travaux de la conférence. Les deux bureaux au
complet leur font de leur mieux les honneurs de la salle. Aux
flammes des punchs, M. Bonin, président sortant, exprime au
nom de tous, les respectueux remerciements que nous devons à
nos maîtres pour le bienveillant appui qu’ils ont prêté à la confé
rence pendant sa lime année.
M. Dec se lève à son tour et fait appel à l’union de tous les étu
diants sur le terrain neutre du travad et de solidarité scolaire sur
�lequel est basé la conférence et termine on remerciant le prési
dent honoraire d’avoir fait de la Portalis cetto année uno réunion
très vivante et très vivace montrant ainsi lavoioà ses successeurs.
M. le doyen Bry prend ensuite la parole. Ses collègues et lui
sont très heureux de se trouver au milieu desjeunes et de donner
ainsi un public témoignage de sympathie et d’encouragement à la
conférence, carie travail libre et l’esprit d’initiative auquel a été
due la Provence Universitaire sont d’excellentes choses. 1! féli
cite ensuite le président sortant de son litre de président hono
raire et ses dernières paioles, très applaudies, sont des souhaits
chaleureux pour le succès et l’avenir de la Portalis.
Un concert improvisé nous permet d’applaudir la Marche B uluare vigoureusement scandée par les doigts agiles de notre excel
lent vice-président M. Drassofl. Notre cimarade Pineîli. soucieux
de la tradition, accompagne au piano M. de la Couture qui inter
prète La Purée, omvre d’un ancien, M. Louis Danaire, chanson
dédiée aux étudiants d'Ai.x.
Me Roustan, ancien président de la Portalis, Me Provansal, pré
sident de l’Association, M. A. Uichard, directeur du Bulletin, M.
Nard, M. Richard Nicolas, sc font tour à tour applaudir dans des
genres différents.
Knfin à l'heure où coule le champagne une surpris*» a été réser
vée : l'orchestre Panizza, introduit dans la salle, interprète au
milieu de l'attention générale, l’intermède de Cavalliera Rusticana, puis des chansons napolitaines qui, reprises rn chœur,
soulèvent la gaîté de tous.
Vers minuit, heure bien avancée à la veille des examens, M. le
doyen Bry lève la séance au milieu des acclamations.
FA C U LTÉ DE DROIT
MATIÈRES PROFESSÉES AUX COURS
3~ ANNÉE
Droit Civil. — Sucessions. Divers ordres d’héritiers. Héritiers
(légitimes et naturels). Successions irrégulières (conjoint, état'.
Acceptation sous bénéfice d’inventaire ; répudiation d’une suc
cession.
Théorie de l’indivision et du partage (nature et effets juridiques
du partage).
Théorie du rapport (rapport des dons, des legs, des dettes).
Théorie du paiement des dettes (contribution, obligation).
Séparation des patrimoines.
De la quotité disponible, de la réserve, de la réduction. Réser
vataires (parents légitimes et actuels).
Action en réduction : qui peut la demander, procédés pour
arriver à réduire, extinction de cette action, comparaison de la
réduction et du rapport; théorie du cumul de la quotité dispo
nible et de la réserve ; théorie de l’imputation des libéralités, ré
serve du conjoint survivant.
Droit Commercial — Dissolution des sociétés. Prescription
dans les sociétés commerciales. Sociétés à capital variable. So
ciétés en participation.
Lettre de change. Origine, développement, utilité. Capacité en
matière de lettre de change. Enonciations obligatoires et facul
tatives de la lettre de change. Omission et supposition.
Billet à ordre. Billet à domicile. Notions sur le chèque. Endos
sement à titre facultatif, à titre de procuration, en blanc. Garan-
— 95 lies assurant le paiement de la lettre de change; 1- Provision;
2* Acceptation; 3- Aval; 4 Solidarité. Paiement de la lettre
de change : effets, refus de paiement et ses conséquences. Dé
chéances encourues. Action en garantie contre les divers obligés.
Action récursoire des obligés. Rechange en retraite.
Droit International Privé. — Du régime hypothécaire, hypo
thèques conventionnelles, légales et judiciaires*. Des mccessions.
Historique. Condition de l’étranger en France; du Lançais à
l’étranger. Compétence des tribunaux en matière de la successions
Des actes juridiques : 1* De la capacité des parties ; 2 Forme,
des actes.
Théorie du renvoi en droit international privé.
M a i-J u in
2“* ANNÉE
Droit Civil. — M. L acoste. Les Privilèges. (Fin).
Droit Adm inistratif. — M. Moreau. Droits de personne pri
vée dans l’Etat. — Le Département. — La Commune (domaine
privé. — Créances. — Dettes).
Contentieux Administratif. — Son histo re, le Conseil d’Etat, le
Conseil de Préfecture; rôle contentieux du ministre. — Conten
tieux de pleine juridiction, d’annulation, de l’interprétation, de
répression.
Droit Pénal. — M. Leyy. Organisation des juridictions répres
sives. — Leur compétence. — Conflit. — Questions et exceptions
préjudicielles.
Procédurel. Phase policière. La police judiciaire. Ses actes. II.
Instruction préparatoire. — Détention préventive, imputation sur
la peine. — Les mandats du juge d’instruction : interrogatoires,
témoignoges, constatations judiciaires, flagrants délits. — La
Chambre des mises en accusation. III. Procédure de jugement.
La Cour d’assises et le jury. — La chose jugée.
Voies de recours (opposition, appel, cassation, révision).
Droit International Public. — M. Politis. Droits Fondamen
taux des Etats — I. Droits à l’existence : Droit de conservation
(sûreté défense). — Droit de commerce (liberté des mers, consu
lats) — Droit de légation et de négociâtiont). Ambassades. Les
traités. — II. Droit à l’autonomie. — Droit de perfectionnement
Les conflits internationaux et leurs solutions.
P* ANNÉE
Droit Civil. — M. César Bru . Cinquièm’e partie: Mode d’ac
quérir le droit de propriété. Chapitre 1. Transfert du droit de pro
priété par l’effet des obligations. Chapitre II. Servitudes. Chapitre
III. Modes de transmission du patrimoine autres que les hérédités.
Droit Romain. — M. B ry . Des charges imposées à l’héritier.
Des legs des fidéicommis. Chapitre 11. Hérédité ou successions
ab intestat. Hérédités déférées en vertu de la loi des \11 tables.
Hérédités déférées en vertu de sénatus-consultes ou de constitu
tions impériales. Hérédités déférées en vertu du droit prétorien.
Hérédités déférées d’après les Novelles 118 et 127. Chapitre 111.
Modes de transmission du patrimoine autres que les hérédités.
Hconomte politique. — M. Brocard. De la protection et du
libre échange, Critique des arguments. Charges que la protection
douanière fait peser sur le contribuable. Des différentes formes
do la protection dans les industries nationales. Avantages de droit
de douane sur la prime. Troisième partie. Le salaire.
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�UNE L A R M E
Ce n’était plus l’hiver, il ne faisait point chaud
Mars venait d’apporter leur neige aux aubépines.
Elle dissimulait ses lèvres coralines
Sous sa voilette à pois. Et ce léger cachot
De dentelle discret donnait à ses prunelles
Un éclat moins ardent mais des lueurs plus belles.
Alerte elle marchait, riant, batifolant
Agaçant de ses pieds les herbes de la route
— a M'aimes-tu bien, dis-moi ? Même aujourd’hui j’en doute » —
Et je baisais alors sa nuque en m’atïolant.
Le soleil miroitant avec des étincelles
Brillait sur son ombrelle inondant les dentelles.
La a campagne » était loin et le chemin montant.
Une fois arrivés: elle s’assit rieuse.
Sans dire un mot sur sa bouche joyeuse
Ma lèvre se posa — et pendant très longtemps
Elle s’y reposa. Les oiseaux dans les branches
Chantaient, dans les prés fleurissaient les pervenches.
Quand nous redescendions suivant le sentier creux.
Suspendue à mon bras, sa tête à mon épaule,
Elle allait lentement portant un brin de saule
Pleureur qu’elle tordait en des contours atl’reux,
— « Si tu ne m'aimais pas! Oh ce serait ma mort ! »
Me dit-elle en tremblant. Son sourire était triste
Et je vis sous ses yeux son mouchoir de batiste
Essuyer une larme. Elle avait un remords.
E mmanuel
UOUSTAN.
�LE MAITRE D’ECOLE
Je vous présente le Maître d’Ecole, Monsieur Conjugai
son. C'est un homme déjà âgé. non loin de sa retraite.
Quelque peu chauve, il ramène soigneusement sur son
front bosselé, les rares cheveux blond filasse qui lui res
tent encore.
Depuis bientôt trente ans qu il enseigne, il a vu passer
pour étudier, ou plus exactement pour user le fond de leurs
culottes, bien des générations île mauvais garnements,
aussi têtus que débraillés, aussi querelleurs qu’irrespec
tueux. Yonl-il pas osé maintes fois, ces petits polissons,
envoyer s’aplatir sur sa tète respectable, sanctuaire de la
science, de saliveuses boules de papier ou de pain à demi
trituré! Ses vêtements, de même, ont quelques taches
d’encre, cadeaux d’élèves peu endurants, et son beau melon
depuis cinq ans seulement qu'il le possède, est déjà tout
usé. à force de coups de poings et de morceaux de craie !
Malgré ces tribulations et ces méchancetés , Monsieur
Conjugaison est toujours aussi calme, aussi placide, aussi
content de lui. C'est un homme savant aujourd’hui, que
Monsieur Conjugaison : depuis trente ans qu'il donne des
leçons, fait réciter des verbes, il n’a pas manqué de profiter
un peu de ses propres leçons, car il est très intelligent.
Aussi a-t-il conscience de sa valeur ; il n v a qu’à le voir
passer, le dimanche, bien moins crasseux qu'à l’ordinaire,
le bras plié derrière le dos, la main fermée, le corps droit,
la tête haute, daignant répondre de 1 autre main, par un
signe amicalement protecteur, aux saluts respectueux que
les gens du village, presque tous de ses anciens élèves, lui
adressent au passage.
Dehors il parle peu, sa conversation pourtant est agréa
ble car, parlant d’une voix lente et doctorale. 1 index inva
riablement levé, faisant des gestes, on a le temps, entre
chacune de ses phrases, de penser un peu à ses propres
affaires ou de se reposer ; elle est instructive, car la uilliculté extrême que l'on a de comprendre ses syllabes nasil
lardes et empâtées vous apprend pour plus tard à parler
clairement.
Dans le village. Monsieur Conjugaison est l’homme in
dispensable. il est secrétaire de mairie, il est l’avocat du
pays, l'orateur, le donneur de conseils, il est un peu vé
térinaire, au besoin écrivain public, il fait du journalisme,
juge en conciliation, il est enfin Maître d'Ecole.
En un mot il sait tout, excepté cependant, gouverner ses
deux ou trois douzaines de sacripants qui élèvent des vers
à soie, des mouches et des hannetons dans leurs pupitres,
font des vaisseaux, des canards et des pantins de papier ;
crachent sur les bancs, lèvent les jambes en l’air; étudient
la géographie en faisant sur les tables des lleuves et des
ruisseaux d’encre avec leurs doigts crasseux, le dessin en
griffonnant d’affreux bonshommes sur les marges de leurs
cahiers, et l’arithmétique, hélas, en comptant, dès que le
Maître tourne le dos, le nombre de boulettes que prendra
son chapeau accroché au mur.
Aussi, tout en prenant courage, Monsieur Conjugaison a
hâte de se voir retraité, de finir en paix une vie consacrée
toute entière à la science et de reposer enfin, dans son pays
natal, sa tête blanchie par les labeurs et le papier mâché.
C. SERVI ERS.
PETITS MOUCHOIRS
i
V oyez à cette devanture
Ces mouchoirs au chiffre coquet
A ux ajours de line piqûre
R angés avec un art secret :
Là, tous les jours, chaque ouvrière
Reprend ses chiffons, ses morceaux,
Et d ’une main prompte et légère
Guide l ’aiguille ou les ciseaux.
�100 —
Assez souvent, quand La Première
N ’est pas de trop mauvaise humeur
Et qu’on ne craint pas sa colère.
O n cause et l'on rit de bon cœur.
On se tracasse, on se taquine
A vec la pointe des ciseaux,
A coups de langue on se lutine
En se lançant le nom des « beaux ».
Le passant, derrière les stores,
Les écoute de temps en temps
Egréner en perles sonores
Le rire franc de leurs seize ans.
Parfois même on a des disputes
— Des disputes pour s’amuser —
De ces sourdes petites luttes
Qui finissent par un baiser.
Et tout en riant l’on travaille,
Car La Première a l’œil au guet,
Et quand elle voit qu’on bataille
Elle fait cesser le caquet.
Il
C ’est ainsi, contraste des choses,
Q u ’elles préparent en riant
Ces petits mouchoirs bleus et roses
Qu elles devraient faire en pleurant
Vous l’ignorez dans votre joie,
Petites aux minois rieurs,
Chacun de ces lambeaux de soie
Est fait pour essuyer des pleurs :
V ous brodez les uns pour la mère
Qui pleure au vide d ’un berceau,
Pour l’enfant qui se désespère
Seul, à genoux près d ’un tombeau ;
Pour le poète que la belle
D ont la constance n ’eut qu’un jour
A laissé triste mais fidèle
Et qui dit au soir son amour ;
A ussi pour moi qui vous regarde,
Qui reviens en chercher souvent,
Pour moi qui chaque jour m’attarde
A compter tous ceux que l ’on vend !
E t — j ’ose à peine vous le dire,
Troubler votre bonheur si doux —
F olles qui ne cessez de rire,
Vous en brodez aussi pour vous !
V iendra le jour où la jeunesse
Ne sera plus que souvenir,
Où la douleur et la tristesse
M ontreront un sombre avenir,
Et, tout le long des jours moroses,
V ous préparerez en pleurant
Ces petits mouchoirs bleus et roses
Que vous faisiez hier en r ia n t...
Mais pourquoi parler de l ’automne ?
Oh ! vous la connaîtrez trop tôt,
L e destin n ’épargne personne :
Vous aurez aussi votre lot !
Riez aux beaux rêves que dore
L e soleil de votre printemps,
Chanter vous est permis encore. . . .
Mais cousez sans perdre de temps :
�C h r is t in e . — Et moi ? ! .......
E u p iir a s ie . — Je voulais te causer ; quand nous pas
sions d’un appartement dans l’autre j ’essayais de te glis
ser furtivement quelques mots vite-vite. Mais toujours il
me semblait voir les yeux de mère me rappeler avec sé
vérité que nous étions chez.. . . Mlle des Essarts. J’ai
tellement de choses à te dire !...
C h r is t in e . — Tu ne saurais en avoir autant que moi,
ma chère ; j ’avais envie de faire un petit plan sur une
bande de papier comme les jeunes fillettes de chez nous
lorsqu’elles vont à confesse. Mais je me suis souvenue
d’un proverbe que le professeur de latin de mon frère
dit a tout pi'opos, scripta marient verba volant.
E u p h r a s ïe . — Il parait que cela veut dire les écrits
restent, les paroles s’envolent.
C h r ist in e . — Précisément. — Tu l'as dis ma ché
rie. — Moi je traduisais les verbes volent. Monsieur
Alphonse, c’est le nom du professeur de mon frère, me
reprit en me disant qu'il ne s'agissait pas du verbe voler.
Nous l’avions tellement conjugué ce bon verbe voler au
pensionnat.
E u p r h .v s ie . — Les mouches volent, j attrape la mou
che qui vole, tu attrappesla mouche qui vole.
C h r ist in e . — Elle attrappe la mouche qui vole, nous
attrapons, la mouche qui vole, vous attrapez la mou
che qui vole, elles attrapent la mouche qui vole.
E u p r iia s ie . — Et nos m ains ne vo laien t pas tout à fait
sur le p ap ier que nous donnait avec tant de parcim onie
sœ ur Sain te-P itan ce. . ..
C h r is t in e . — Tu te souviens, dis, de la page
dans
E u p i i r a s i e . — Efin nous voilà seules pour quelques
instants! Le sérieux maintien et l’encombrante dignité
qu’il nous a fallu garder depuis notre arrivée au château
des Essarts commençaient à m’agacer sullisamrnent.
HHi_
83
l’histoire de France de Lavisse Fleury.
E u p iir a s ie . — Ah oui, le portrait du général Chanzy ;
il était très bien avec sa moustache en broussaille, son
air male et fier, ses yeux brillants.
C h ristin e . — Dommage qu’on ne voyait que la tète,
et puis la vignette n’était pas coloriée.
E u p iir a s ie . — C’est vrai il n’avait pas le pantalon
rouge et la botte en cuir verni qui serre le mollet cam
bré, et l’étoile d’argent ou d’or qui brille au bas du talon.
C h r istin e . — Mieux vallut que tout fut ainsi, car tu
aurais sans doute déchiré la page pour mettre dans ton
livre de messe ton ollicier, ton bel ollicier.
E u p iir a s ie . — Je te conseille de railler : ah ! oui, cela
te convient. Mais as-tu donc oublie, toi. le Corneille aux
long cheveux aux souliers éculés au pourpoint râpé de
la littérature.
C h r ist in e . — Oui, page soixante. . . . (calculant un
�— 10/» —
moment, soixante— et quinze. C'est çà. Ali quels yeux !
que d’expression dans ce regard. Que d’onctions dans
les replis de ces lèvres qui semblaient dire tout bas
quand je les regardais : Christine as-tu du cœur ? . . .
E u p h r a s ie . — Et Dieu sait si tu en avais !
C h ristin e . — A cet àge-là on en a toujours, ma chère,
et toujours beaucoup ; puis cela passe, çà s'en va. Mais
tout de même il en reste toujours quelque chose, n'est-cc
pas? Est-ce que tu ne crois pas. toi, qu'il en reste queloue
chose de ses premiers sentiments spontanés pour aes
dessins vagues pour des idées mal conçues qui repré
sentent aux yeux des jeunes pensionnaires les choses et
les laits éloignés d’un monde quelles ne connaissent
pas encore ?
E u p h r a s ie . — Oh ! Bien sûr qu'il en reste quelque
chose. Ainsi tiens, je ne puis voir passer un jeune lieute
nant sans ressentir quelque chose.. . comme qui dirait
une sympathie je ne sais, j'aime ça c’est élégant c’est
gentil c’est dégagé ! ........
C h ristin e . — Moi, ma chère, je ne puis aller au théâ
tre sans m’attendrir sur les grandes tirades et les beaux
vers, j'aurais des envies de traverser la scène, de monter
au foyer, d'ouvrir la loge de l’auteur, de le saisir dans
son émotion, de le couvrir de fleurs, de l’embrasser. —
Mais je n ose pas — ça ne serait pas bien.
E u p h r a s ie . — Et tu restes dans ta loge : les yeux bril
lants, tu dis à ton père, oh papa c’est beau ! bien beau !
C h ristin e . — Oui. de même toi, quand tu rencontres
un jeune ollicier à cheval tu te contentes de le regarder
longuement à travers les pois de ta voilette en prenant
de ta petite main crispée ta robe que tu relèves par des
sus le premier volant de ta première jupe.
E u p h r a s ie . — Et c’est tout ?. . .
C h ristin e . — Et c'est tout !. . . (Une longue pose tou
tes les deux ont l’air embarrassé).
E u p h r a s ie . — Tiens ! puisque nous sommes sur le
chapitre de nos préférences de jeunesse, de nos rêves
de pensionnaires, laisse-moi te faire une confidence ,
toute petite. Oh tu sais cela n’a pas d’importance. . .
C h ristin e . — Une aventure ! . . .
E u p h r a s ie . — Pas tout à fait. Mais cela vaut la peine
d'être raconté. .. à une amie in tim e du moins, comme
toi. Il s’agit d’un jeune sous-lieutenant du 9e hussards qui
fut logé chez nou^ aux dernières manœuvres.
C h ristin e . — Ah ! (un petit a ir entendu) je p arie
que tu l’as trou vé charm ant ? . . .
E u p h r a s ie . — Charmant ! Ce serait le rêve des maris.
— 105 —
Et je crois même que . . . à la façon dont il me regardait
à travers son lorgnon cerclé en o r .. . je crois que. . .
C h r i s t i n e . — Que t’a-t-il (regardant si personne ne
peut les entendre) (et s’approchant d’Euphrasie comme
pour lui parler à l’oreille) que t’a-t-il d it... T’a-t-il dé
claré ce que tu as cru lire dans ses yeux.
E u p h r a s ie — Non mais il était si empressé, si aima
ble que je pensais. .. (découragée).
C h r is t in e . — Et à présent tu ne penses plus. . .
E u p h r a s ie . — Non, dans mon incertitude, j ’ai inter
rogé une petite marguerite qui se trouvait au fond d'un
bouquet, qu’il m’avait offert (avec la permission de ma
man) en rentrant de la petite guerre le dernier jour qu'il
resta chez nous. Oh! il était charmant se bouquet, et la
marguerite que j ’ai interrogée lentement m’a-dit : il t'ai
me, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout.
C h r is t in e . — Pas du tout (reprenant d’un air étonné).
E u p h r a s ie . — Et pourtant à la façon dont il m a salué
le jour de son départ. ..
C h r ist in e . — Certainement. Oh les fleurs ! Ma chère,
les fleurs mentent toujours. C'est comme moi j'ai eu l'i
dée d’interroger un jour une pâquerette.
E u p h r a s ie . — Ah ! . . . Et. . .
C h r istin e . — Et elle m'a dit des bêtises. C’était pour
savoir si M. Alphonse, le professeur de mon frère, sous
son air rêveur et méditatif ne cacherait pas dans son
âme de poète quelque sentiment pour moi. Car après
tout, sa timidité à mon égard n'est pas naturelle.
E u p h r a s ie . — Je conçois, tu l’aimes malgré lui ce sen
timental poète. Et que t’a répondu la pâquerette !
C h r ist in e . — (faisant le geste d'effeuiller une pâque
rette). Il t'aime un peu, berucoup, à la folie.
E u p h r a s ie . — A la folie! Et il ne t'a jamais regardé
en murmurant un vers de Racine, un distique de Musset,
les poètes de l’amour. Il ne t’a jamais re g a rd é !!... (Et
riant d’un air moqueur). Ah ! Ah ! Ah ! A11 ! Ah!
C h ristin e . — Jamais. (L’air navré).
E u p h r a s ie . — Qu’elle menterie que ces réponses de
fleurs ! C’est à vous donner envie de les fouler aux pieds,
toutes, toutes, sans exceptions.
C h r ist in e . — Mêmes celles que vous offrent les souslieutenants du 9e hussards. . .
E u p h r a s ie . — (Embarassée), Ah ! celles-là, celles-là
non. Par convenance. .. par politesse on peut les piquer
à son corsage.
�— 107 —
C h ristine (câline). — Comment s’appelait-il, dis, celui
qui te donna le petit bouquet où il y avait une petite
marguerite eu rentrant de la petite guerre.
m àin s, qu ’il ne faut point fouler aux pieds toutes les
fleurs : elles disent parfois la vérité m ais il faut les com
p rendre.
C h r ist in e . — C’est v ra i ! . . .
E u p h r a s ie . (Comme rêveuse). — Raymond Delorme.
C h ristin e . — Raymond Delorme !
E mmanuel ROUSTAN,
E u p h r a s ie . — Oui.
C h r ist in e . — Mais c’est le frère d’une de mes amies
Henriette Delorme: nous prenons des leçons de peinture
chez le même professeur, chez Mlle Wansk. Il est blond,
mince, porte la moustache en croc les lorgnons mon
ture en or. II monte un cheval bai, qu'il fait courrir aux
steeple-chasse et qui s’appelle. . .pas du tout.
Aux Haines juillet 1898.
E u p h r a s ie . — Pas du tout !
C h r is t in e . — Oui, Pas du tout. La marguerite t’a
donné le nom de son cheval.
E u p h r a s ie . — De son cheval ? (rêveuse et sceptique.)
C h ristin e . — Oui de son cheval. Et il dit toujours que
NÉCROLOGIE
son cheval c’est la moitié de lui-même, que c’est lui-même.
J’aime mon cheval, et j ’aime ceux qui aiment mon che
val, disait-il un jour dans un salon.
E u p h r a s ie . — La petite (leur m’a donc soudé le nom de
celui de la bête qu'aime celui que, celui qui, celui que,
celui que j ’aime.
C h ristin e . — Parbleu c’est bien évident c’est très clair
ce que tu dis là. Tandis que moi, (triste) ce n’est pas ça ;
le professeur de mon frère n'a pas une jument qui s'ap
pelle à la fo lie. Oh je l'avais toujours dit que les pâ
querettes étaient des menteuses, des moqueuses, tandis
que. .. les marguerites !! . .
E u p h r a s ie . — Non, je ne connais pas de juments qui
s’appellent à la folie. Et puis les professeurs n’ont pas
de juments. Mais je connais un beau drame en cinq actes
qui vient de paraître chez Lemerre et qui est intitulé
A la Folie. Je l’ai vu par hasard sur la table de travail
de mon frère, d'Auguste. Oh sans curiosité ! J’ai un peu
vu en passant comme ça... Il y a écrit à la première page
en haut en petites lettres rondes : Hommage de l’auteur.
A mon ami Auguste témoignage de ma vieille amitié, et
c’est signé : Alphonse Heller
C h r ist in e . — Alphonse Heller ! Mais c’est le profes
seur de mon frère. — Oh ! mais la pâquerette m’a donc
donné le nom du chef-d’œuvre de celui . . Oh ! tendre
pâquerette.
E u p h r a s ie . — Tu vois ma chérie (lui prenant les deux
Au moment où notre précédent numéro allait paraître,
nous apprenions la mort de M. Jules Lisbonne, juge
d’instruction, décédé à la suite d’une maladie longue
et douloureuse.
Nous présentons au nom de tous les étudiants nos con
doléances émues à notre excellent camarade Emile Lis
bonne, avocat, membre de l’Association, si cruellement
éprouvé par le décès de son père.
Vendredi aj, nous apprenions la mort de M. de PittiFerrandi, professeur à la Faculté d’Aix.
Cette mort sera un véritable deuil pour tous les étu
diants qui avaient pu apprécier les grandes qualités de
cœur et d’esprit de l’éminent défunt. Dimanche 29, ses
obsèques ont eu lieu : à la gare de nombreux discours
ont été prononcés par M. le recteur Belin, M. le doyen
�J’ai voulu, au nom do tous les étudiants, apporter à M. de Pi tti—
Ferrandi, au vénéré professeur qui disparaît, un témoignage de
sympathie profonde. Je n’en sais pas de plus modeste, mais pas
de plus sincère. Car, si la Faoulté perd un maître éminent, les
étudiants perdent davantage encore: un ami véritable. Et cette
mort prématurée, encore qu’on put la prévoir, nous touche infini
ment. Hélas! depuis longtemps déjà, ce cours de droit criminel
qu’il professait avec tant d’autorité, ces causeries charmantes oit
passaient tout entière sa fière âme indépendante, l’élévation de
son caractère et sa bienveillance sans bornes, étaient parfois in
terrompus par de* accès douloureux de la maladie. Le silence
ému et recueilli qui régnait à ces moments-la, disaient mieux que
n’auraient pu faire les plus belles paroles, combien nous compa
tissions à la soulfranco de notre maître vénéré.
Le mal, depuis à fait son œuvre ; et nous pleurons aujourd’hui
celui qui témoigna aux étudiants une sollicitude de tous les ins
tants. A la Faculté comme au dehors, il réservait à ceux qui s’a
dressaient à lui, un accueil plein de bonté et de charme, et nous
gardons précieusement ses conseils, donnés avec une telle délica
tesse qu’on oubliait le professeur pour ne plus voir devant so 1
qu’un ami plus âgé, montrant le droit chemin.
El ret aiVeclueux intérêt qu’il portait à chaque étudiant en par
ticulier, se témoignait, non moins vif, à l’égard de nos associa
tions. Que de fois n’a-t-il pas accepté de présider les réunions de
la Conférence Portalis alors que déjà la terrible maladie l’avait
atteint! Et que dirai-je de sa sollicitude pour notre Association
des Etudiants? Il en était un des membres honoraires les plus an
ciens, et, aussi longtemps que sa santé le lui a permis, il s’est
rendu aux réunions intimes où chaque année, fraternisaient mem
bres honoraires et étudiants. Lorsque la maladie lui eut interdit
de venir, — à chaque réunion, quelques mots, pleins du cœur,
nous disaient sa tristesse de ne pouvoir se trouver au milieu de
nous ; et les respectueuses marques de sympathie, qui accueil
laient la lecture de ces lignes, montraient bien quel lien étroit
unissait le maître et les élèves.
Le lien est brisé.
Mais M. de l*i tt i-Ferrandi s’en va, emportant l'estime de tous,
d’unanimes regrets. Et je sais que tous les étudiants partageront
notre émotion douloureuse en apprenant la lin du professeuraimé.
je sais qu’ils auraient tous pris part à ce triste cortège, si la mort
avait choisi son heure et attendu, pour frapper, que les sympa
thies se fussent à nouveau réunies autour du maître. Les étu
diants sont dispersés ; maisj’at le devoir de grouper toutes leurs
sympathies et d’en apporter ici l’hommage à l’homme de bien
qui disparaît.
Je le fais avec une émotion profonde et à ce noble cœur qui ré
pandait autour de lui des trésors d’indulgence, de bonne humeur
souriante à ce maître qui, jusqu’à ses derniers moments, nous
témoigna une alTection si vive, j ’adresse un suprême adieu.
29 ju ille t 1900.
QUELQUES DEFINITIONS
Im bécile. — Celui qui ne pense pas comme vous.
Une bonne fa rce. — Un tour qu’on joue à un ami.
Une canaillerie. — Un tour qu’un ami vous joue.
Un homme aimable. — Celui qui llatte habilement
vos manies.
L e gouvernem ent légal. — Le dernier fruit d ’une
révolution victorieuse.
L ’insurrection — L e résultat d ’une révolution vain
cue.
Bohême. — Celui qui vous demande de l ’argent.
P in g re. — Celui qui vous en refuse.
Vérité. — Mon opinion.
E rreur. — L a vôtre.
Homme de mau vaise f o i. — Celui que malgré tout
on ne peut convaincre.
Respect. — Egards que l’on vous témoigne.
�Obséquiosité. — Egards que l ’on témoigne à votre
voisin.
Am is de VOrdre. — Ceux qui conspirent contre
l’état de choses actuel.
Moi. — Un Monsieur qui a toutes les qualités et
que l ’on cite toujours en exemple.
S A I N T E -F E Y R E .
L’absence momentanée du dévoué secrétaire de l’Assemblée ne
nous permet pas de rapporter exactement ce qui s’est passé aux
dernières réunions de l’Assemblée.
Mentionnons cependant que dans sa dernière assemblée géné
rale l'Association a décidé d’allouer une somme de 200 francs
prise sur la caisse de l’Association, aux délégués envoyés au Con
grès International des Etudiants. L’Assemblée a désigné comme
délégués officiels : Provcnsal. président : Mourguès, vice-prési
dent; Sauvet, trésorier, et David Louis, tous les membres de
l’Assemblée pourront se joindre à la délégation et proLiteront des
mêmes avantages que les délégués officiels, notamment dps re
présentations gratuites oll’ertes à Paris par l’Opéra, l’Opéra-Comique, la Comédie-Française et le Théâtre Sarah-Bernhardt.
Un compte-rendu du Congrès des fêtes de Paris sera donné dans
le prochain numéro de la Provence U niversitaire qui paraîtra
en novembre.
L’A S SO C IA T IO N . — Compte rend» des Séances
Assemblée générale du 30 J u in 1900. — La séance est ou
verte à 9 heures du soir sous la présidence de Provansal, prési
dent.
Le secrétaire donne lecture du précédent procès-verbal qui est
adopté sans observations.
Sur la proposition de Rimbaud l’Association vole un crédit de
35 francs pour les illuminations du quatorze juillet.
Le Président donne lecture de diverses lettres qu’il a reçues du
Comité organisateur du Congrès international des Etudiants à
Paris en 1900: il donne connaissance à l’Assemblée du program
me définitif des fêtes universitaires qui auront lieu à Paris à cette
occasion.
L’Assemblée décide de nommer quatre délégués officiels pour
représenter l’Association au Congrès.
Sont élus : Provensal, président; Mourguès, vice-président;
Sauvet, trésorier, et Davin.
La séance est levée à 10 heures.
Le secrétaire,
Octave RIMBAUD.
ANNÉE
1899-1900
Membres Fondateurs :
Mgr GOUTHK-SOULARD, archevêque d'Aix.
MM. ABRAM, avocat.
LEYDET, sénateur.
Membres Honoraires'.
MM.
MM.
LEYDET, sénateur.
ABRAM, avocat.
MALAVIALLK, conseiller à la
ABRAM, banquier.
Cour d’appel.
AUDE, docteur en médecino.
BEDARR1DES, licencié en droit.
MARTIN, juge au tribunal de
BELIN, rect. de l’Acad. d’Aix.
commerce.
BERAUD, notaire.
MASSON, avocat.
BERTRAND, maire d’Aix.
MICHEL, avocat.
BONIN, procureur général.
MILHAlIR, banquier.
BOURGUET, Dr en médecine.
MOURGUÈS, architecte.
BRY doy. tic la Fac. de Droit.
PERREAU, député.
CABASSOL, av. Cons. général.
PISON, doyen honoraire de la
CONSTANT, professeur à la Fa
Faculté de droit.
culté des Lettres.
PONT1ER, conseiller à la Cour
CREMIEUX, banquier.
d’appel.
DRAGON, libraire.
RA1LHAC,.percepteur.
DKUJON, avocat.
VALLABRÈGUE, conseillera la
GUILLIBERT, avocat.
Cour d’appel.
HEIRIE1S, bâtonnier de l’ordre
VOGUE (de) Elzéar.
des avocats.
Présidents honoraires de l'Association :
MM. REYBAUD Charles, répétiteur au lycée d’Aix.
EYMARD Henri, avocat à 'l’arascon.
BOUQU1ER Louis Marins, licencié en droit, surnuméraire de
l’Enregistrement.
Comité de l’Asssociation :
Président ; Camille PROVANSAL, avocat à la Cour d’appel.
Vice-Président: MOURGUÈS Albert.
Trésorier ; SAUVET Prosper, avocat ù la Cour d’appel d’Aix.
Secrétaire: RIMBAUD Octave.
Bibliothécaire: MUTERSE Edouard.
Porte-Drapeau : CONSTANT Vincent.
Mcmbn Actifs :
MM.
MM.
ABRAM Georges.
BONNAUD Emile.
ANDRÉA Joseph.
BOUCHARLA Henri.
ANDRI EU Fortuné.
BOUCHET Alexandre.
AUTHOSSERRE llippolyte.
BOYADJIEFF Stephan.
BARRON.
CAPDEVILLE Prosper.
REC Ferdinand.
CARPENTRAS Emmanuel.
BÉRAUD Emile
CHAMPROUX Paul.
BERT Gustave.
C11RISTOFF Alexandre.
RONIN Gabriel.
COHEN Simanto.
BONI ERBALE Pierre.
COMRAUU Joseph. (De)
�MM.
CONSTANT Vincent.
CLUZEL Henri.
DANAI UE Louis.
DAVID Louis.
DEFFEimE Paul.
DESDIEU.
DONNEAÜD Louis.
l)OR Léopold.
DRASSOFF Zlatan
DUMAS Félix.
FARDLAU René.
FRESC111 Joseph
GASSIED.
GAZAN Victor.
GELESCOFF Vladimir.
GEBFROV.
GIANETTINI Paul.
GONTIER Paul.
GUANET Lucien.
GUI EN Jules.
J ACGUET.
JULLIEN Louis.
KISSOVSKI Nicolas.
LACOUTURE Jean (De)
LISBONNE Emile.
LORIN de HEURE.
MARINI Xavier.
MARTINI Alexis.
Membres Actifs
MM.
MM,
METAXAS Stavros.
METJE Charles.
MILLE Jean-Baptiste.
MOURGUËS Albert.
MUTËRSE Edouord.
NARD Ernest.
NAVONI.
NIEL Clément.
PAUCHABI) Jules.
P1NELLI Noël.
POILLEUX René.
PROVANSAL Camille.
RICHARD Achille.
RICHARD Nicolas.
RIMBAUD Octave.
R0UB10N Gaston.
ROUSTAN Emmanuel.
SABLET Jean. (l)oj
SABOULIN Pierre (De)
SA.VOUS Charles.
SAUVET Propsper.
SÊJALON Joseph.
SI VAN Louis.
VANNIER de Morelli Josepli.
VIAS Joseph.
VITANOFF Stéphan.
VODENTCHAROFF Kroume.
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LE ÇO N S A U X D É B U T A N T S A V E C D É M O N STBA TIO N S
Liste arrêtée le 9 juillet 1900.
Le Secrétaire,
RIMBAUD.
Nota . - - En dehors de la prime à laquelle donne droit tout achat, et |H>ur
bien dé mont rer la supériorité des appareil» de l OH* ICE PI 10 1Oti B \ PIIIQl E.
il sera oll'erl à tmil acheteur d’un a pareil, son portrait eu agrandissement
obtenu d'après l’appareil qu’il aura acquis.
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SOMMAIRE
L I B R A I R I E
Ci. FoMANil.l l .
(«. F o n t a m i . i . i :.
SlilIVIKKS.
P i .AXXIIIC-La .MOHK.
H-Cîlk.w .
V kimtas.
G. F.
LAzette, sonnet.
La Pensée.
Madame Papotage.
La Mort, ma Fiancée.
Faits divers.
Chronique Théâtrale.
Kclios d Art.
Nouvelles diverses.
Echos l niversilaires.
Ii Association.
L.v R
éd a ctio n .
A
.
D
K
A
G
O
N
P la c e d es P r ê c h e u r s , A I X - E N - P R O V E N C E
LIVRES DE DROIT, LETTRES ET SCIENCES
S p é c ia le m e n t s u iv is à l ’U n iv e r sité d 'A ix .
Ol'YRAGES DE Ll'XE, P OBLIGATIONS DIVERSES
N. B. •• Iles remises de faveur seront aecordêes à MM. les Étudiants
A nos Lecteurs.
CAFÉ DU COMM ERCE
d î m e s et
m m m
AIX. tours Miraient', 3.0. Al A.
M\f. les Alionnés qui n’auraient pas encore versé le mo .x i ' a .m dm i.ioru
soni instamment priés de Ladres.*er au Comité du Bulletin
au siège de l’Association.
abo.VXEJIE.vt
NOUVEAU PUOPlU&TAllîi:
J E A N M A IU L ’S
ME J E A N
ionsoiiimaiioDs de premier ordre
M a r c l i a n d - T a i 1! o u i '
Ex-Hreveté S. G. D. G.
M
VE TE M E N TS
T o u t ce qui c o n c e r n e la R é d a c ti o n et l 'A d m in i s t r a ti o n de ld R e v u e doit
être a d r e s s é a u Com ité d u B ulle tin à l'As 3 0 c ia t io n d e s E t u d i a n t s .
APPARTEMENTS
SUR M ESU RE
m ouillés ou non à lo u e r
DÉFDM TOUT CONCl «RINCE
�L ’A Z ET TE
SONNET
A MES AMIS
Connaissez-vous, amis, ma rivière l'A zette,
S i jo lie et si pure en son décor charm ant?
Connaissez-vous ses bois, sous la brise trem blant,
E t ses monts relevant bien fièrement leur tête ?
Connaissez-vous a u s s i sa rive, si coquette
E n sa parure verte et qu'agite le vent,
Ses près où les troupeaux paissent tranquillem ent
E t ses bosquets tou ffus et pleins (lepâquerettes ?
Parm i les cascades, dans les rocs bouillonnant.
E lle s en va, toujours claire, en éclaboussant
La m o u s s e qui. près d 'elle, a u x pierres se cramponne.
S i vous ne cou naissez pas mon g en til ruisseau
Qui se ceint de verdure en guise de couronne,
Oh, venez, mes amis, vous m irer dans son eau.
Gaston F ontamlle .
�MADAME PAPOTAGE
Grosse et bouffie, la mâchoire, comme un vieux
râteau, hérissée de chicots noirs ou jaunes, les lunet
tes sur un nez épaté et rougi, gesticulant, parlant et
criant, ou, plus exactement, hurlant de cette voix
rauque et aigiie qui semble tenir à la lois de la voix
humaine et du cri de la bôte : c’est la commère du
village.
llegardez-la passer, cette grosse femme, se dandi
nant sur ses vieilles pantoufles, lournant un peu la
tête à chaque pas pour lancer des regards fureteurs
partout, par les fenêtres, par les portes ouvertes,
dans les poches pleines de tous ceux qu’elle arrête.
S’occupant de tout, sauf de ses affaires, sachant tout,
inventant au besoin, elle est la femme importante au
village, « elle est » l’opinion publique, elle est l’au
torité que l’on n ’aime jamais, que l’on craint tou
jours.
llegardez-la aussi, devant sa porte, sur le trottoir
boueux. Sa seule occupation est de médire en trico
tant sur sa chaise basse, crasseuse et dépaillée, de re
garder passer les gens, de gronder ses enfants, et
d ’é le v e r.. . ses poules et son cochon. Quant à scs en
fants, ah bien oui ! Ce n ’est pas eux qui lui prennent
son temps, ils s’élèvent tout seuls, ou plutôt ne
s’élèvent pas du tout, et, pendant que la mère trône
et cancane devant chez elle, les gosses, eux, cras
seux, dépenaillés, hargneux, courent la rue, lancent
des pierres et, avec leur roquet, jouent de « bons »
tours aux pauvres passants.
Les pauvres passants supportent tout et ragent
sans rien dire, oar ils savent que, de même qu’en se
frottant au roquet, on attrape des puces et de bons
coups de dents, en se frottant à la vieille, ils attrape
raient des querelles et de bons c o u p s ... de langue.
Aussi, est-elle heureuse, la commère ! Pour elle,
travailler, c’est drainer les nouvelles, c’est les grossir
à chaque pas, c’est aller servir tout chaud à tous ce
q u ’elle sait de chacun ; se reposer, c’est s’en faire
conter d ’autres en frottant ses lunettes avec son
tablier ou en tournant ses aiguilles entre ses doigts
bouffis. . . Voyez-la, là-bas, à l’ombre de sa porte,
gesticuler, superbe, entourée d ’un cercle de bonnes
femmes rassemblées là entre leurs deux « fricots ».
Elles l’écoutent toutes, bouches bées, elles la re
çoivent avec délices, la manne quotidienne de venin
villageois; regardez-la faire des discours, la vieille
commère, elle est le bureau de renseignements, elle
est la gazette du village, elle est le crieur public, la
reine de la porte cochère !
C. SERM ERS.
10 Mai 1000.
�Je ne vois point la mort sous cet atpect hideux
Que lu i donnaient toujours nos crédules aïeux.
Croyes moi, ce n'est point un horrible fantôme,
Un spectre décharné, terrible, une ombre d homme
Au ricanement sombre, au crâne vide et nu,
E m plissant de terreur le mortel éperdu.
La mort ne se plait point sur les champs de carnage.
C’est une jeune femme au noble et doux visage
Et dont la majesté triste et calme séduit.
Qu'enfantèrent un soir le Som m eil et l'Ennui.
Et, fille infortunée, elle est belle, elle est pâle,
Faisant avec douleur la besogne fatale
Des vengeances du ciel. Elle sème les deuils,
El marque son chemin de m illiers de cercueils;
Et quand parfois sa m ain blanche et froide se pose
S u r le bras, sur le front d’un enfant frais et rose,
S u r le sein d ’une femme allaitant l’orphelin,
Elle hésite, elle pleure et veut — mais c’est en vain —
Retenir de son bras l ’atteinte douloureuse.
Quand tu parais a u x lieux où la vie est heureuse,
Où voguent deux amants sur de limpides flots,
Quand ton souffle morbide étouffe en des sanglots
Leurs doux chants, quand tu rois tant d ’attraits et de charmes
Se flétrir sous tes doigts, se fâtncr sous leurs larmes,
N ’as-tu point frissonné <levant quelque œil hagard
Dilaté d’épouvante en un sombre regard,
En de pauvres éclairs où Uâme le supplie,
Noyant de désespoir, d ’am o u r et de folie,
Tout un être muet, immobile et glacé,
Qui parlait de bonheur à son beau fiancé ?
Comme lu dois souffrir, ô pauvre jeune femme,
Quand le destin te pousse à cette lutte infâm e
Contre Tardent désir, l'intense volonté
De l'amant éperdu, quand il a disputé
Celle qui fut sa joie à l'atteinte fatale !
Toi qui ne peux aimer, qui sentirais un râle
Naître sous tes baisers, toi qui n ’enfanteras
De ton sein desséché que de nom breux trépas ?
—
— 117 —
O mort, tu p eux aimer, viens effleurer ma lèvre
De ta lèvre si pâle. Oui, dans un jo u r de fièvre.
Rien blanche, bien triste et douce, tu viendras
Me bercer su r ton sein, m ’endormir dans tes bras,
Aspirer de mon cœur la pure et fraîche haleine
D'am our toute imprégnée : au m atin dans la plaine
Toujours plus doux parfum, plus exquise senteur
S'exhaleront au sein d'une ynourantc fleur
Quand une main cruelle un instant s ’est posée
S u r son calice ouvert et sa tige a brisée.
El sur mon cœur aussi s’est posée un instant
Une m ain délicate. Elle laisse en partant,
Jeu de vierge cruelle, une longue blessure.
Elle a brisé le fer dans Tâpre déchirure.
Jam ais plus doux parfum d ’un am oureux transport
Ne se sont exhalés de mon cœur, douce m ort,
Viens pour les rccuciUir te pencher sur ma couche.
Je t’aime, belle mort, viens goûter sur ma bouche
P o u r la première fois cette ivresse d’aim er
S u r mon cœur de tendresse à loisir te pâmer.
O viens, ma belle mort, ma douce fiancée
M 'assoupir lentement à mon corps enlacée
Ton étreinte, pareille à celle du manteau
De givre et de brou illard aux branches de l'ormeau,
N ous glace et nous transit, mais elle est éteri elle ;
Ton baiser est bien froid, m ais il est bien fidèle.
Viens, sous les marbres noirs et sous les rerts galons.
P o u r toujours, p o u r jamais nous nous embrasserons.
Jam ais ton abandon, mon éternelle amante.
Ne laisse dans le cœur cette douleur poignante,
Ce feu qui me consume et que j'endorm irais
S i tu voulais, ô mort, à l’ombre des cyprès.
PLANCil E- LANORE
�lto —
FAITS DIVERS
Nous découpons dans le journal chinois le « BienLon-Phoc » les lignes suivantes que nous reprodui
sons ù litre de curiosité. — Le fait rapporté peut pa
raître incroyable à ceux qui ignorent les progrès
extraordinaires accomplis ces derniers temps par la
science, mais nous ne pouvons en cerlilier l’exactitu
de absolue.
« Cét-Tung-Blag, le 27 e jour de la lune Plenh de
l'an 3900 — (de notre correspondant particulier.) Un
docteur de notre ville vient de commettre une méprise
heureusement très rare dans les annales de la méde
cine, dont sont victimes deux pauvres ouvriers de la
province.
Voici de quoi il s’agit. 11 y a une quinzaine de jours
on devait décapiter sur la place publique deux dan
gereux malfaiteurs. Par suite d ’une confusion dont
les auteurs responsables ont été arrêtés et mis à la
disposition du Parquet, on envoya au supplice, non
pas les deux condamnés, mais deux pauvres hères
poursuivis pour vagabondage. Comment celte substi
tution cut-clle lieu ? On ne le sait pas encore exacte
ment, mais toujours est-il que malgré leurs véhémen
tes protestations, ces deux malheureux furent bel et
bien décapités.
A peine la seconde tète était-elle tombée q u ’on s’a
perçut de l’erreur. Un médecin du voisinage, le doc
teur Fou-Thu-Belh, mandé en toute hâte, procéda à
la rccollation. On sait combien, grâce aux merveil
leux progrès accomplis depuis trois siècles, à la suite
des remarquables travaux du docteur O ’Kellpoir, de
Dublin, sur la greffe humaine, celle opération est
devenue facile et qu’elle réussit presque toujours
pourvu qu’elle soit pratiquée à temps. Aussi n ’est-ce
pas en cela que le fait est digne de remarque.
Mais dès que les deux décapités eurent repris leurs
sens et purent parler. Monsieur Fou-Thu-Beth s’a
perçut que dans sa hâte il avait interchangé les têtes.
Il 11’en dit rien cependant, jugeant le malheur irrépa
rable, et les victimes elles-mêmes, quoique ressen
tant une gêne inexplicable qu elles mirent sur le
compte de l’opération, ne se doutèrent pas de la
substitution. Les funestes conséquences de cette
erreur ne tardèrent pas à se faire sentir.
Inutile de dire qu’après cet acccident on avait re
noncé h poursuivre ces deux hommes, à raison du
minime délit pour lequel ils avaient été incarcérés,
et, dès le lendemain ils sortaient de l’hôpital, pour
chercher chacun de son côté à exercer leur métier
respectif de bûcheron et de garçon coiffeur.
Mais c’est ici que l’antinomie existant entre leur
cerveau et leurs membres, commença à leur causer
de sérieux désagréments.
La tète du coiffeur placée sur le corps du bûcheron
voulait couper les cheveux des clients, mais ses mains
se refusèrent à se servir d’un outil autre que la grande
hache à abattre les arbres et il parait que cet instru
ment, peu propre d ’ailleurs à un usage capillaire,
épouvantait les clients timides qui s’enfuyaient en
poussant des cris alfreux. Quand au bûcheron, greffe
sur coiffeur, il lui fut impossible de couper les arbres
de la forêt où il travaillait, avec les minces ciseaux
que sa main avait instinctivement retrouvés dans sa
poche.
Tous deux, bientôt chassés par les patrons qui les
employaient, se trouvaient de nouveau sans ressour
ces lorqu’ils furent tous deux arrêtés dans des villes
différentes, par la police, pour usage de faux papiers.
Il parait en ctfet qu’on n ’avait pas interchangé les
passe-ports et que les signalements ne correspon
daient plus exactement aux visages.
Ramenés à la prison et se trouvant par hasard dans
�—
120
la même cour, ils se firent des conlidences récipro
ques et comprirent entin la méprise dont ils avaient
été victimes.
L ’allairc en est là : les sommités médicales consul
tées déclarent que le seul moyen d'arranger les cho
ses est de redécapiter et de rereeapiter sans se trom
per cette fois, les deux individus, mais ceux-ci, assure-t-on, hésitent à se soumettre à l’opération.
Inutile de dire que cette ailaire fait l’objet de tou
tes les conversations dans la ville et que le docteur
Fou-Thu-Beth va être obligé de s’établir ailleurs.
Il a perdu toute sa clientèle; pensez donc! cet hom
me est si distrait qu’il serait capable de mettre un cer
veau d ’homme convaincu dans un crâne de politicien !
QUI-SANG-FOU.
Pour copie rigoureusement conform e,
R-GLÉNY.
THEATRALE
Notre théâtre municipal a ouvert ses portes depuis
un mois. La place nous étant mesurée, il nous est
impossible de rendre compte de toutes les pièces
jouées. Nous nous contenterons de parler des nou
veautés ou des reprises intéressantes.
Aujourd’hui je parlerai seulement des artistes de
chant.
A tout seigneur, tout honneur : et je commencerai
par notre première dugazon, première chanteuse d’o
pérette, M ne S éraldy. La voix est jolie, bien timbrée
et d ’une netteté remarquable.Mlle Séraldy phrase avec
beaucoup de goût et de sentiment. Elle joue avec
beaucoup d ’entrain et de brio. C’est certainement et
de beaucoup l’étoile de la troupe, et l’on peut dire
q u elle assure à elle seule, le succès d ’un ouvrage.
Ajoutons à cela pour être complet, que c’est une fort
mignonne personne qui doit aimer beaucoup les
(leurs puisqu’elle en fait une ample moisson tous les
soirs. J ’ai hâte de l’entendre dans des ouvrages plus
sérieux que l’opérette.
M Uo Leriche, première chanteuse,chante aussi avec
goût; la voix est assez juste manque peut être un peu
d ’ampleur etquelquefois d'assurance.Elle se tientbien
en scène, mais on pourrait lui reprocher un peu de
froideur. Comme sa camarade, une fort jolie per
sonne. J/n,e D em onchy, mère dugazon, je dirai seule
ment que dans des théâtres plus importants que ce
lui-ci on se contente de mères Dugazon qui ne la va
lent pas , pour ne citer que Montpellier et Nîmes. La
voix est juste dans le medium et — ce n ’est pas le
plus mince éloge qu’on puisse faire à une mère du
gazon — jouer naturellement.
Les autres rôles de femmes sont assez correctement
tenus.
Du côté des hommes;
M. Borelly est un baryton de belle allure. 11 a des
notes fort jolies mais quelquefois aussi, sa voix
tremble et devient cuivrée. C’est un défaut dont il
pourrait, je crois, se corriger aisément en donnant
moins de volume à sa voix qui est généreuse, trop
quelquefois. Le chanteur est habile ; le comédien
assez adroit.
MM. B u rg a t et Cretot ne nous appartiennent
plus. Au scrutin il n'a manqué à M. Crétot qu’une
�—
122
—
seule voix : son échec a été causé par sa manifeste
infériorité vis-à-vis du regretté comique Favre.
M. Coarbon, trial, me parait être une bonne ac
quisition. Il joue finement et sans charger ses rôles:
c’est là une qualité appréciable.
L ’orchestre est bon. et M. Poncet le dirige tou
jours avec le même talent, le même brio.
En résumé l’ensemble de la troupe est bon, et bien
supérieur aux autres années. Nous sommes heureux
de le constater et d ’adresser à ce sujet nos félicitations
aux directeurs, MM. Brémond et Capeille, et nous
souhaitons que l'affluence du public soutienne et en
courage leurs elforts.
Nous parlerons dans un prochain numéro de la
troupe de drame et comédie et des artistes en repré
sentation.
TOURNÉS PRÉOERIC AUHARI)
Nous avons eu mardi une fort amusante repré
sentation: — Le Contrôleur des W agons-Lits et
Coralie et. C'e. Ces deux pièces furent présen
tées. Elles ont eu un franc succès de fou rire. Ces
comédies 11e peuvent se raconter. Il faut les voir. Je
crois que les plus moroses seraient bien forcés de se
dérider.
Nous avons assisté à un spectacle peu banal : c’est
la lecture d ’un rôle, mais c’était si bien lu ! l’artiste
tenant ce rôle ayant été indisposée au dernier mo
ment.
En somme bonne soirée.
— 123 —
ARTISTES EN REPRÉSENTATIONS
Deux jours après, c’était la Favorite qui tenait l’af
fiche. Disons tout de suite que la représentation fut
très bonne.
yV/me B a n z y , forte chanteuse contralto, a très bien
chanté et joué intelligemment le rôle de Léonore.
La voix est chaude, vibrante et conduite avec habibilité : Un peu dure dans le registre élevé, elle de
vient très douce dans le médium, et atteint une am
pleur sutïisanle dans le registre grave. Servie par
une plastique irréprochable, Mme Danzy s’est mon
trée artiste de grande valeur.
M. Vallès, ténor léger, était visiblement fatigué :
il avait d ’ailleurs fait demander l'indulgence au dé
but de la représentation. Il s’est néanmoins fort bien
acquitté de sa tache et a su faire apprécier une voix
claire, d ’une douceur remarquable, très habilement
conduite. A bientôt une revanche.
M. M arcoux est une basse profonde dans toute la
force du terme ; cet artiste possède des noies d'un
grave superbe. Chante avec méthode et joue con
sciencieusement.
Je ne veux pas oublier notre deuxième dugazon M n*
Leriche qni nous a fait une fort agréable surprise.
Elle a en effet tenu, d ’une façon ravissante, le rôle
d ’Inès ; elle a su mettre en relief ce rôle secondaire
et a contribué pour une bouue part au succès de la
représentation.
M. Borelly a trouvé dans Alphonse un de ses meil
leurs rôles; il l’a tenu avec autorité, bien qu’il soit
difficile et s’y est taillé un succès de bon aloi. D’ail
leurs, son admission à l’unanimité pour ainsi dire,
puisqu’il n ’a eu que 8 non, sutlil à montrer qu’il a
satisfait les plus dilliciles. Disons en terminant que
l’orchestre et les chœurs ont été bons.
�— 125 -
Félicitons entin sans réserve, la direction de celle
excellente soirée. C’est avec de pareilles représenta
tions que l’on ramènera au théâtre un public un peu
désenchanté par les promesses souvent trompeuses
d ’une affiche. Directeurs et spectateurs ne peuvent
qu’y trouver satisfaction.
Signalons encore une peinture de l'école flamande, exposée
chez Couelle, et une belle photorapliie de Mine II. E., de I excel
lent photographe Ely, dont l’éloge artistique n’est plus à faire.
G. F.
VERITAS.
É C H O S
D ’A R T
■ L’As-ociation des Etudiants d’Aix a eu la douleur de perdre
durant les vacances, Monseigneur Gouthe-Soulard, archevêque
d’Aix, qui lui avait toujours montré une grande bienveillance et
s’était fait inscrire dès son arrivée dans m tre ville comme m em
bre fondateur de l’Association.
Nous avons beaucoup remarqué, parmi les œuvres exposées ce
mois-ci, un petit, tout petit tableau, chez Itrun.
bien que ce tableau ne soit pas signé, on devinait la main du
grand peintre aixois, je veux dire, M. Gautier. M. Gautier fait
toujours bien, mais il a été rarement aussi heureux que dans ce
tableau, que certain critique a appelé une « perle fine».
M. Gantier a le talent de choisir un paysage très vaste et de le
fpire ent> er dans un cadre tout petit. Tout ce qu’il fait « parle », est
animé d'une vie intense, et cette vie, dont d’autres cherchent à
donner le sentiment par des tonalités vagues et indécises, il l'ob
tient par une coloration et un dessin scrupuleusement fidèles ,
malheureusement cette dernière qualité est quelquefois pous
sée jusqu’à la minutie — ce qui est un défaut aux yeux de certains,
— de telle sorte que quelques-uns de ses tableaux semblent être
des pholominiatures.
Le paysage que M. Gautier nous présente aujourd’hui est une
gorge, dominée par une haute montagne; nous ressentons toute
la beauté de cet admirable coin, et le pinceau de M. Gautier a été
si habile que l'on croit entendre le grondement joyeux du torrent
tombant de pierre en pierre, de cascade en cascade.
Dans la même vitrine, le scylpleur Solari oxpose une maquette
bien enlevée, mais don! le sujet est bizarre : une femme attaquée
par des chiens.
* Notre excellent camarade bonin a eu la douleur de perdre
son père, M. Ilonin, procureur général près la Cour d’Appel d’Aix,
qui s’était fait aimer de tous par sa bonté et la droiture de son
caractère. M. bonin était membre honoraire de l’Association. La
Provence Universitaire adresse au camarade bonin et à sa
famille éplorée, l’assurance de ses regrets les plus sincères et de
la part très vivo qu’elle prend à son deuil
* La Provence Universitaire a eu le regret de perdre M. de
l’ilti-Ferrandi, professeur à lu Faculté de Droit, et M. le doc
teur Chabrier. Elle adresse toutes ses condoléances aux deux
familles.
> M. Lénard, nommé à Aix en remplacement de M. bonin, a
pris possession de son poste jeudi 15. La Cour a tenu un» au
dience solennelle. M. du Cluzeau et M. Giraud ont. en termes
émus et dans de fort beaux discours, fait l’éloge de M. bonin et
souhaité la bienvenue au nouveau Procureur Général.
La Provence Universitaire est heureuse de souhaiter ta bien
venue à M. Lénard, bien certaine qu’elle trouvera auprès de lui
un accueil aussi bienveillant qu’auprôs de M. bonin.
�— 127 —
ÉCHOS UNIVERSITAIRES
La séance solennelle de rentrée de la Faculté de Droit a eu lieu
mercredi 14 novembre, en présouce d'un public nombreux.
La séance était présidée par M. llry, doyen de la Faculté. M. le
Recteur et MM les Professeurs y assistaient.
Le discours de rentrée a été prononcé par M. Ilry, qui, après
quelques paroles aimables pour les Etudiants nouveaux, a fait
l’éloge du profe;seur sympathique, aimé et regretté de tous, col
lègues et éléves, que fut M. de Pilti-Forrandi, et il a mis heu
reusement en lumière les qualités qui faisaient de M. de Pilti lo
père des Etudiants.
La parolo a été ensuite donnée à M. Rabled, professeur à la
Faculté, qui a rendu compte des concours de l’année dans un dis
cours aussi documenté que spirituel et intéressant.
La séance a été levée à quatre heures.
G. F.
^A S S O C IA T IO N . — Compte ■rendu des Séances
Séance du 12 Novembre 1900. — La Séance est ouverte à
neuf heures, sous la présidence de Provansal, président de l’Associaiion
Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière
séance qui est adopté sans observations.
Avant de passera l’ordre du jour, le président annonce à l'As
semblée les pertes que l’Association a eu le regret de faire durant
les vacances, par suite du décès de M. de Pitti—Forrandi, profes
seur de droit criminel à la Faculté d’Aix, de Monseigneur GoutheSoulard, archevêque d’Aix, membre fondateur de l'Association, do
M. le docteur Ghabrier, et de M. llonin, procureur général, tous
membres honoraires de l’Association.
L’ordre du jour étant très chargé, l’Association décide que le
compte-rendu des Fêtes Universitaires de Paris sera publié dans la
Provence Universitairc.
Sur la proposition du président, l’Assemblée vote une adresse
de remerciements à MM. Cabassol, Baron et Roustan, conseillers
généraux,qui ont témoigné de l’intérêt qu'ils portent à l’Association
en lui faisant obtenir une subvention de 500 francs à l’occasion du
Congrès International des Etudiants à Paris.
Gonstans dépose sur le bureau un projet d’addition à l’article 7
des statuts, signé par plus du tiers des membres actifs, confor
mément aux statuts, et ainsi conçu :
« Les soussignés, membres actifs de l’Association générale des
« Etudiants d’Aix, ont l’honneur de déposer sur le bureau de
« l’Association, la proposition ci-contre sous forme d'acte addition« nel aux statuts.
« Ce faisant, ils sont guidés par l’unique souci de conserver à
« l’Association son prestige et de ne pas laisser attribuer au titre
« de membre honoraire de l’Association un sens qu’il n’a jamais
« eu et ne saurait avoir.
« Article additionnel à l’article 7 des statuts :
« Ne feront partie de l’Association générale des Etudiants
« d’Aix à titre honoraire que: 1° Les anciens membres actifs de
« l’Association ; ‘2’ Les personnes jouissant d’une haute situation
« soit par les fonctions publiques qu’elles détiennent, soit par la
« place honorable qu’elles occupent dans le monde intellectuel,
« industriel ou commercial de la ville ou de la région o.
Après une longue discussion, l’Assemblée générale adopte la
proposition déposée par Constans.
Le camarade Mourguès, appelé sous les drapeaux, remet sa dé
mission de vice-président de l’Association, le président exprime
les regrets du Comité et remercie Mourguès des services qu’il a
rendus à l’Association pendant la durée de ses fonctions
Sauvet donne sa démission de trésorier. Le vote a lieu à scrutin
secret. Sauvet est élu vice-président de l’Association. Fieschi est
élu trésorier.
Ces élections ont lieu à titre provisoire, conformément à l’ar
ticle 78 des statuts, les élections devant avoir lieu en janvier 1901.
Lo camarade Constans ayant donné sa démission de portedrapeau, Janin est élu à sa place.
11 est procédé aussi à l’élection de trois membres du Comité de
la Provence Universitaire, pour remplacer les camarades Bonin,
de Combaud et Danain, qui, obligés de quitter Aix, ont donné
leur démission.
Sont élus pour l’année 1900-1901 :
Secrétaire de la Provence U niversitaire: Fontanille.
Trésorier
#
»
Niel.
Commissaire
»
»
Constans.
�— 128 —
D’autres questions, présentant un intérêt secondaire,— telles
que celie du billard, du service intérieur et de la biliothèque —
sont débattues.
Sur la proposition du président et de plusieurs membres, l’As
semblée décide l’envoi d'une délégation oîïicielle à Marseille pour
s’associer aux fêtes qui auront lieu à l'occasion de l’arrivée du pré
sident Kriiger à Marseille.
Avant de lever la séance, le président souhaite la bienvenue aux
Etudiants nouveaux ; il fait ressortir b>$ avantages de l’Association
et de la solidarité qui existe entre tous ses membres. Il fait en
suite présenter le drapeau.
La séance est levée à onze heures.
Le secrétaire de
/’
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ERRATUM. — C’est par suite d’une erreur involontaire que M.
le docteur Chabrier, M. Crémieu, avocat à la Cour d’appel, er M.
Baron, conseiller général, ont été omis dans la liste des membres
honoraires de l’Association, publiée dans le n 7 de la Provence
Universitaire.
Nous prions ces Messieurs d’agréer nos excuses pour cet oubli
regrettable.
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Le numéro du i5 novembre parait avec quelques
jo u rs de retard. Nous prions nos lecteurs de vouloir
bien nous excuser : ce retard a été motivé par des
circonstances majeures. Le nouveau Comité de ré
daction est bien décidé à fa ir e paraître désormais les
numéros de la Provence Universitaire au jo u r
fixé. I l fe r a tous ses efforts pour satisfaire tous les
lecteurs de la Revue, et il espère que, de leur côté,
ceux-ci continueront à lui accorder leur précieux
concours.
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43, cours Mirabeau, à proximité de Hlrtlel !\ègre-(!oste
Celte Maison se recommande à MM. les Etudiants, par
la propreté irréprochable que l ’on y trouve, grâce au désinfecteur et aux principes d’antisepsie préconisés par les som
mités médicales, et aux soins les plus minutieux de la toi
lette, donnés par un personnel d’ouvriers, toujours choissi
parmi les plus capables.
Ajoutons encore le luxe et le confort qui font de ce Salon
un vrai modèle d’élégance où la meilleure société se donne
rendez-vous.
Parfumerie des principale? niarques d^ Paçi^
i
C’est le vendredi 3 août, à une heure de l'aprèsmidi, que s’embarquaient à Aix les étudiants délégués
au congrès international de Paris. Très simple, ce
départ, car on est en vacances et les étudiants de
meurés à Aix sont peu nombreux. La délégation se
complète à Marseille et à Avignon. Nous voici au
nombre de quatorze, y compris les quatres délégués
olïiciels, et nous constituerons, après celles de Nancy
et de Bordeaux, la plus forte délégation de Province.
A Lyon, l’envoyé de l’Université Lyonnaise, (car
il est seul, le malheureux ! ) Fulconis, se joint à nous.
Le président de l’Association de Lyon, Malot, et
quelques étudiants sont venus l’accompagner en
grande pompe à la gare, et, après un discours effarant,
mais superbe d’envolée abracadabrantesqueprononcé
par Malot, on lui remet solennellement le drapeau
qu’il est chargé de glorifier à Paris.
Bazet, de l’Association de Paris, nous attendait à la
gare. Et deux membres du comité de l’Association de
Paris, Arnaud trésorier et Teslud, secrétaire, qui se
trouvaient là par hasard, se mettent aussi à notre dis
position pour faciliter notre débarquement. Bazet
nous invite, apiès la reconnaissance de nos loge
ments, pour la plupart d’entre nous quelque peu dé
cevante, à aller nous rafraîchir à un tonneau de bière
qui occupait la place d’honneur dans la grande salle
de l'Association.
Le soir, les chefs de délégation assistent à un
banquet, café Voltaire. Beaucoup de discours sont
prononcés, quelques-uns très goûtés, les autres ra
soir, cependant que les Hongrois, qui ne vident ja
mais leur verre seuls, portent des toasts à mi-voix,
sans discontinuer, et poussent à la consommation
d’une façon elfrayante. Heureusement pour les tètes
peu solides, voici que le délégué de l’Arabie heureuse,
�— 130 —
131 -
un Arabe au riche costume, clôt, dans le Français le
plus pur, la série des discours par un hymne à la
jeunesse et à l’amour ; c’est le signal du départ, et,
quelques instants après, les étudiants se retrouvent
tous à Bullier où une « vadrouille » s’imposait pour
permettre aux camarades français et étrangers de
nouer connaissance rapidement. Le monôme qui s'en
suivit fut, comme on le pense, un peu bruyant, et
n’était la protection des agents toujours bienveil
lants et paternels, plus d’un parmi nous se fût trouvé
dans un mauvais pas.
C’est le dimanche 5 août que s’ouvre le 2mC Con
grès de la Fédération Internationale des Etudiants,
dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. La rue des
Ecoles est pavoisée. Le cortège des délégués se forme
à l’Association et s’achemine, bannières déployées,
vers le palais de la Sorbonne. Monsieur Leygues mi
nistre de l’instruction publique et des beaux-arts, ne
peut, en raison de l’assassinat récent du roi d’Italie,
présider la séance d’ouverture et s’en fait excuser.
Giglio-Tos, président de la Fédération Internationale
des Etudiants, la « Corda Fratres », et Réveillaud,
président de l’Association de Paris, échangent quel
ques paroles de bienvenue et on lève la séance par
déférence envers nos camarades italiens.
Suit, pour les délégués d’Atx, une promenade au
jardin des Plantes que rendit mémorable la conduite
peu polie et plutôt incommodante d’une certaine
lionne, envers l’un des membres inlluents de la délé
gation (i).
Ce jour-là nous fut offerte, au théâtre Sarah Bernhardt, une soirée incomparable. Lequel de nous
n’estimerait que l’Aiglon, dans ce décor, avec cette
voix inimitable, la grande voixd’or, ne valût à lui seul
un voyage à Paris ? Et quel spectacle que celui de
toute cette jeunesse vibrante, acclamant la grande
artiste, et, au milieu des bravos prolongés, jetant des
milliers et des milliers de bouquets sur la scène ! . . .
C’était splendide !
L undi 6 A o û t . — A 9 heures du matin, première
séance du 2e Congrès de la Fédération Internationale,
à la Mairie de St-Sulpice. Jean Réveillaud, président
de l’Association de Paris, est nommé par acclamations
président du Congrès. Ce n’est que juste. Quelques
discours de bienvenue oû I on expose le but du Con
grès, de la Fédération, et l’on se sépare.
Le soir, M. Carré nous offre, à l’Opéra-Comique,
une représentation de Louise. Nous sommes très haut
perchés, un peu haut pour apprécier comme il con
viendrait ce roman musical, d’un réalisme voulu,
peut-être trop outré pour plaire longtemps, mais qui,
certes, au point de vue musical, présente beaucoup
de choses intéressantes. L ’auteur, Gustave Charpen
tier, autour duquel on a tant fait de bruit depuis quel
ques mois, est très applaudi et les chefs de déléga
tion lui sont présentés au foyer des artistes.
M a r d i 7 A o û t . — On procède à l’élection des vi
ces-présidents de la Corda Fratres, mais ce n’est pas
sans tapage. Les Hongrois, les Tchèques, les Polonais,
les Finlandais demandent à ce que chaque « nationa
lité», et non chaque gouvernement, soit représentée
à la Corda par un vice-président. O11 accorde, en effet,
sans trancher la question de principe, un président
provisoire à chacune de ces « nationalités ». Sur l’ob
servation que les chefs de délégation n’ont pas reçu
mandat de leurs Associations pour élire un vice-pré
sident français de la Corda Fratres, on surseoit à
cette élection. O11 agite la question de savoir si tous
les étudiants, qu ils fassent ou non partie de la Corda
Fratres, pourront librement prendre la parole. Oui,
dit-on, mais pas sur les questions d’organisation, ni
sur les questions d’ordre intérieur de la Corda. Rien
de plus ralionel, mais comme, dans ces réunions du
2e Congrès, on devait s’occuper surtout de l’organi
sation de la Fédération Internationale des Etudiants,
c’était interdire la parole à tous ceux qui ne voulaient
on ne pouvaient (les Russes par exemple) faire par
tie de la Corda.
En matinée, auTrocadéro, un concert magnifique
donné par plus de cent Norvégiens. Tous les mor
ceaux, tous les chants exécutés sont de compositeurs,
d’auteurs Norvégiens : Edvard Grieg, Johan Selmer,
et les tout jeunes et déjà célébrés Gerhard Scbjelrup
et Sigurd Lie, né en 1871. L ’ensemble des chœurs est
grandiose dans cette immense salle des fêtes du Trocadéro. Mais les soli excitent plutôt la curiosité que
l’admiration. Les voix sont puissantes sans doute,
mais les syllabes dures et froides de l’idiome norvé
gien sortent sans couleur de ces gosiers d’hommes du
(1) Le secrétaire de l’Association est à la disposition de tout lec
teur qui désire de plus amples détails qu’une décente réserve nous
empêche de publier.
�Nord. Et l’on 11e retrouve chez aucun ces sonorités
chaudes et caressantes qui sont le charme des voix
du Midi.
Le soir, au lieu d’une réception par le Conseil
municipal de la ville de Paris, qu’on nous avait pri
mitivement annoncée, on nous offre, à l’Exposition,
une soirée à L ’Andalousie au temps des Maures.
C’est plus gai et les Jantasias échevelées recueillent
plus de bravos que n’auraient pu en escompter les
beaux discours de Messieurs du Corps municipal.
Une Mauresque... de Marseille, mon bon,. . . nous
sert le café maure dans des tasses minuscules et nous
nous payons le luxe de causer... en arabe (lisez en
provençal), avec la belle Mauresque, au grand épatement de nos camarades étrangers.
M ercredi 8 A o û t . — Polonais, Finlandais, Tran
sylvaniens complètent l’aréopage des vice-présidents
en choisissant respectivement le leur.
La résolution de la veille au sujet de ceux qui sont
autorisés à prendre la parole fait naitre une question
plus générale : Est-ce un Congrès international des
Etudiants, ou bien est-ce la Corda Fratres, est-ce une
société quelconque qui se réunit à Paris? L ’invitation
aux fêtes de Paris avait été laite en 1898 par Marcombes, alors vice-président français, à la Fédération
internationale des Etudiants qui venait de se fonder
pendant le Ier Congrès de Turin. C’est aussi au nom
de la Corda Fratres que son président, Giglio-Tos,
et que le bureau de l’Association de Paris avaient
fait appel aux Etudiants du monde entier pour se
réunir à Paris en 1900. De sorte que, très logiquement,
semble-t-il, la majorité décide que le Congrès est ce
lui de la Fédération Internationale des Etudiants.
Tout naturellement alors Bazet propose pour le len
demain jeudi la première réunion d’un Congrès in
ternational. Pas de règlement, pas de bureau, pas de
discussion préliminaire des statuts ! Telle est la pro
position que l’on accueille favorablement. Quelques
Parisiens et la majorité des Russes se font surtout
remarquer pour l’adoption de cette motion.
Désormais la Corda Fratres aura ses séances le
matin de neuf à dix heures et demie seulement et le
Congrès des Etudiants de dix heures et demie à midi.
Et comme nos soirées sont bien remplies, que nous
sommes logés assez loin de la mairie Saint-Sulpice
où se tiennent les réunions d’Etudiants, nous arrive-
133 —
vons désormais à la lin des séances de la Corda pour
11’assister réellement qu'au Congrès proprement dit.
A notre sens, ceux qui ont créé ainsi une scission
(bien peu profonde) cuire les Etudiants, ont voulu
aller trop vite. Us ont tenu à émettre rapidement des
vœux, mal discutés parce que le temps pressait et
que l’on touchait à des sujets très variés. Et ils ne
se sont pas aperçus qu’il était necessaire, pour que
l’idée, si belle et si noble, de réunion des Etudiants
de tous les peuples, fût féconde, il était necessaire
d’établir quelque chose de permanent, des relations
continuelles entre les Etudiants et d’élire un bureau
chargé d’organiser les prochains Congrès. La Corda
Fratres répondait parfaitement à ces divers buts :
mais il fallait permettre l’accès du Congrès à tous les
Etudiants. Et sans doute les Congrès à venir auront
lieu de la façon suivante : La Corda, lien permanent
entre les Etudiants des diverses nations, organisera
les CoDgrès auxquels seront admis, de plein droit, les
membres de la Corda Fratres qui payent une coti
sation, et, moyennant une faible rétribution, néces
saire pour couvrir les frais, tous les Etudiants qui
veulent ou sont obligés de rester en dehors de la
Fédération Internationale.........
On aurait pu croire qu’il y avait désormais deux
partis ennemis, irréconciliables. Et pourtant, ce jourlà, tous les Etudiants, membres ou non de la Corda
Fratres, fraternisèrent plus qu’à réimporte quel autre
moment des Fêtes. Ce fut la journée de Saint-Germain
cn-Laye. Un train spécial et gratuit nous conduit à
Saint-Germain et, dès l’abord, on peut voir, par les
discours qui sont prononcés à la réception des chefs
de délégation par la Municipalité, que la plus grande
cordialité va présider aux réjouissances. C’est la
jeunesse joyeuse qui débarque et on lui fait joyeux
accueil.
MM. Alexandre Bertrand et Salomon Reinach ,
conservateurs du Musée, nous font visiter en détail
le château et le Musée. Un plan en relief d'Alésia et
de scs environs, près Dijon, avec la reconstition très
exacte de toutes les opérations du siège qu’en tit
Jules César, relient un moment notre attention. Puis
nous voici dans une salle toute récente, puisqu’elle
est ouverte seulement depuis le mois de juin 1900
(legs Félix Moreau) : elle contient des mosaïques et
surtout des verreries antiques admirablement conser-
�—
134 —
vées et d’une authenticité absolue. On nous fait re
marquer une petite tète de bœuf en bronze, d’une
tinesse d’exécution inouie. Ce bronze, trouvé en Au
vergne, date de l’époque de Phidias. La visite du
Musée se termine par le côté amusant. Nous voici de
vant une collection complète d’instruments ayant
appartenu «àdes oculistes de l'époque gallo-romaine.
Il y a là des cataplasmes pour myopes et des médail
lons de métal sur lesquels sont gravées des réclames
(oui, déjà !) en faveur de tel ou tel collyre renommé,
et celte histoire de la Gaule, qu’on ne nous avait
point apprise au lycée, nous met en gaîté.
Après une promenade dans la foret (rencontré le
fameux pendu, qui peut-être bien n’était pas mort 1),
après une représentation donnée en plein air sur la
Demi-Lune, par les Etudiants et les meilleurs Artistes
des théâtres de Paris, un monôme gigantesque par
court les rues de Saint-Germain. Les Etudiants bel
ges, venus en très grand nombre, avaient chansonné
leur ancien ministre de l’Instruction publique, Van
den Peereboom, et le monôme international suit au
refrain et blague Peereboom.
Sept heures et demie : On se rend au banquet dans
les allées Louis XIV. Quoique moins monstrueux que
le banquet des Maires, notre banquet que préside M.
Leygues, ministre de l’Instruction publique, n’en
compte pas moins 1200 couverts. Et des toasts
ininterrompus s’échangent entre Etudiants des diver
ses nations. O11 prend d’assaut les places d’où l’on
peut entendre le discours du Ministre et, à peine par
vient-on à se caser, que le banquet prend fin. La
dislocation sc produit. Les Etudiants se dispersent
emportant tous les drapeaux qui avaient servi à dé
corer remplacement du banquet. Le spectacle était
magique. Des Slaves, lanternes vénitiennes en main,
drapeaux tricolores au vent, chantent là-bas des
choses de leur pays. Plus près, des Français, des Bel
ges et d’autres encore chantent « la Marseillaise ».
Voici un Etudiant qui a pris des brassées de fleurs
sur la table du Ministre et qui, fort galamment, les
offre aux jolies femmes. Il fredonne la phrase de
L'Amour Mouillé :
Reconnais-moi, je suis l’Amour,
et. .. tout le monde semble le « reconnaître »
— 135 Non loin dans les allées Henri II, s’organise alors
le bal le plus fou, le plus fantastique qui se puisse
rêver. Un orchestre de (>o musiciens joue des valses
endiablées, et la valse internationale ne s’interrompt
(pie pour faire place à de colossales farandoles. C’est
indescriptible. Mais les meilleures choses prennent
lin et une retraite aux flambeaux, suivie de milliers
de personnes, nous accompagne à la gare. Un der
nier adieu à la municipalité de Saint-Germain qui
nous a si brillamment, si chaleureusement reçus, et
un train spécial nous ramène à Paris.
J eudi 9 A o û t . — A la Corda Fratres, 011 se préoc
cupe d’ouvrir plus grandes aux Etudiants, à l’avenir,
les portes des prochains Congrès et l’on élit une
Commission internationale pour réviser les statuts.
Le nouveau Congrès se réunit à dix heures et demie.
Et comme, après tout, il faut quelqu’un pour diriger
les débats, on élit Bazet, comme président, Clar, de
Nantes, et Dorr, de Roumanie, comme vice-prési
dents provisoires. On pose deux problèmes sociaux
à la solution desquels chacun est prié d’apporter ses
lumières : i° Des carrières qu’ouvre et que pourrait
ouvrir la licence en droit en France et à l’étranger :
20 De la nécessité et de la durée du service militaire.
Pour préciser le but du Congrès, on vote l’ordre du
jour suivant : « Le Congrès international des Etu« diants réuni à Paris, reconnaissant la nécessité
« d’organiser l’assistance mutuelle par le travail entre
« Etudiants et d’aflirmer ainsi les principes de soli« darité qui doivent les unir, invite les groupements
« et associations d’Eludiants à rechercher quelles
« sont les voies les meilleures pour atteindre ce but
« et à apporter au prochain Congrès international les
« décisions qu’ils auront prises à ce sujet, afin qu’une
« solution ferme et définitive soit donnée à la ques« lion. »
Le soir, représentation au Français avec MounetSully, dans Polyeuctc et Pierre Laugier, dans le Ma
lade Imaginaire, un de ses meilleurs rôles.
V endredi 10 A o û t . — Le Congrès vote un certain
nombre d’ordres du jour. Les questions annoncées
sont traitées hâtivement. O11 engage chaque Congres
siste à les étudier en détail et à soumettre ses projets
de réforme à la Commission du Congrès.
A quatre heures : Réception à l’Elysée. Garden-
�— 136 —
— 137 —
party à laquelle sont conviés, en même temps que
nous, les médecins du monde entier qui ont, eux
aussi, leur Congrès International. Dix mille invitations
ont été lancées, de sorte qu’il y a beaucoup de monde,
un peu trop même. Le Schah de Perse et le Président
de la République sont assis au premier rang et, devant
plusieurs milliers de personnes, le ballet de l’Opéra
montre la danse à travers les âges.
Le soir : Grande redoute au Vieux-Paris, orga
nisée en notre honneur. Le quartier latin s’était trans
porté, pourquelqucs heures, à l'Exposition, et l’Elysée
qui s'est offert la danse à travers les âges, n’a pu
concevoir une idée des sarabandes infernales, des
gigues désarticulées qui sc dansèrent ce soir-là sur
cette rive de la Seine. Des Anglais pleins de « respec
tabilité » en restaient curieusement cloués sur
place !...
Cependant, après une visite aux deux théâtres du
Vieux-Paris, dont l'un parodiait déjà YAiglon, il
fallait s’arrêter quelques instants sur les terrasses du
Vieux-Paris qui dominent la Seine. Des barques et
des gondoles brillamment illuminées sillonnaient de
toutes parts le fleuve tranquille et ce spectacle féérique était reposant après le vertigineux tourbillon de
la salle de bal.
S amedi i i a o û t . — La Corda Fratres élit comme
président, Adolphe Ludwig, vice-président hongrois,
en remplacement de Giglio-Tos, et décide que le pro
chain Congrès aura lieu à Buda-Pest en 1902 ou à
Liège en 1903.
Plusieurs vœux sont émis au Congrès : i° Que
l’accès des Universités soit permis aux femmes dans
le monde entier (Provansal) ;
20 Que les étudiantes puissent faire partie des asso
ciations d’étudiants et y jouissent des mêmes droits
que les étudiants.
3° Que les bacheliers ne fassent qu’une année de
service militaire (Schwartz) ;
4° Que les associations d’étudiants s’occupent
d’éducation populaire (Ihrcn).
Mesdames Czalinska, de la noblesse polonaise, en
Ukraine (Russie), et Pognon, présidente de la Ligue
Française pour le Droit des Femmes, font entendre
quelques revendications féministes et remercient les
étudiants des résolutions qu’ils viennent de voter en
faveur des femmes. Le Congrès se dissout à midi.
Dans l’après-midi : Lecture des adresses à la Mairie
de Saint-Sulpice. Chaque chef de délégation lit ou
improvise une adresse de remerciraents à l’Associa
tion Générale des Etudiants de Paris. Provansal cite
l’exemple de l’Association d’Aix qui réunit, comme
membres, plus des deux tiers des étudiants suivant
les cours des Facultés. Cette proportion n’a été at
teinte nulle part.
Le discours plein d'humour du président de la
délégation marseillaise est fort goûté.
A quatre heures : Le cortège se dirige en grande
pompe vers la Sorbonne. Drapeaux et bannières
llottent au vent et la foule est heureuse d'y lire les
inscriptions qui permettent de reconnaître les délé
gations. Les Hongrois, avec leur sabre recourbé, leur
riche manteau de velours et leur toque de fourrure,
l’envoyé de Melbourne, avec sa toge à triple rang
d’hermine, et les Russes, Danois, Suédois, aux re
dingotes. aux tuniques de drap blanc, aux casquettes
rondes, à très petites visières, sont particulièrement
remarqués.
A la Sorbonne, clôture du congrès par un fort
beau discours de M. Leygues, ministre de l’instruc
tion publique. « Nous devons considérer, a-t-il dit en
substance, moins les vœux que vous avez émis, que
le fait mêmede vous trouver tous ici réunis, étudiants
de toutes les parties du monde, dans une même com
munion d’idées, dans un même sentiment de sympa
thie fraternelle. » Et c’est là en effet qu’il faut cher
cher le véritable résultat du Congrès ; il a permis
aux étudiants du monde entier de se connaître,
de fraterniser, et les conséquences des fêtes de Pa
ris, des prochains Congrès d’étudiants pourront
être immenses.
S amedi 12 A oût. — A dix heures, dans une séance
supplémentaire, M. C. Provansal, notre sympathi
que président, est élu à l’unanimité vice-président
français de la Corda Fratres, pour jusqu’à la lin du
prochain congrès.
Le soir, M. Leygues, nous offrait à l’Opéra une
soirée de gala magnifique. Les lils du roi de Cambod
ge, sous (le riches costumes, assistaient à la repré
sentation. O11 nous donna successivement un acta
des Femmes Savantes, de Roméo et Juliette, de Salambo, d'IIamlet, le drame de Paul Meurice et Alexandre
Dumas, et un ballet en un acte de Widor, La Kor-
�rigane. C’est dire que nous avons eu à applaudir,
outre les artistes et le ballet de l’Opéra, les princi
paux sociétaires et pensionnaires de la comédie
française.
Ce fut la lin et les étudiants se sont dispersés, le
lendemain, aux quatre coins du globe.
Mais ce que nous tenons à noter ici. c’est l'impres
sion que nous avons ressentie, à chaque instant, du
rant le congrès et les Fêtes Universitaires, du res
pect, disons mieux, de l’amour que tous les étudiants
étrangers témoignaient pour la France et pour ses
libertés.
(î-TTID H , roi des I)uns.
à L. C. de G.
Dans l'immensité morne, aux profondeurs funèbres,
On entendait au loin de lugubres rumeurs;
Et soudain dans la nuit de terribles clameurs
D’anathème et de mort traversaient les ténèbres. Et l’ombre s’entr’ouvrait devant Attila Roi,
Et ces hordes sans Hn s'élancaient par les plaines,
Franchissant monts et vaux avec un bruit d’enfer. —
Guerriers, bandits rêvant d’ensànglanter le fer,
Ils bondissaient, joyeux, aux horizons lointaines.
Les chevaux écumants mâchaient, rageurs, le mors,
Et toujours Attila galopait à leur tête,
Les cheveux roux au vent flottaient â la tempête
Intrépide et hautain, il défiait la Mort.
Il entraînait ses Huns jamais las, qui, sans trêve,
Chevauchée fantastique aux monstrueux détours,
S'engouffraient dans le noir en parlant aux vautours —
Seul Attila, rêveur, des yeux suivait son rêve ;
Le sang clair des vaincus, le cri des désespoirs,
La ville, brûlant, rouge, au fond du vallon sombre,
Fumant encore à l’aube. . et il passait, dans l'ombre,
Sous les pâles yeux d’or des étoiles des soirs.
Peu à peu s’éteignaient les terribles clameurs.
Les échos tristement pleuraient dans les ténèbres,
Et redisaient, plaintifs, aux profondeurs funèbres
L'équipée des Maudits en de faibles rumeurs. —
Craintive, rose et blonde, apparaissait l’Aurore,
Voyant là-bas, bien loin, dans les brumeux lointains
S’effacer comme un rêve aux brouillards incertains
Les hordes d’Attila qui galopaient encore. ..
J k h a n DE GEVREY.
Décembre
iqoo.
LA DERNIÈRE CAROTTE
( sur l ’ a ir de la dernière g a v o t t e )
I
Quand vient la fin du mois, l'argent se fait bien rare!
Les bocks devienn't plus p'tits —
Mais n' diminuent pas d’ prix !
Le dernier sou s’en va sans même crier gare.. ..
Et le pauvre Etudiant
Murmure tristement :
<( Encore une carotte, une petit' carotte !
Tralalala, lala, lala, lalala, Tratalala!
Une dernier carotte !
Nous potass rons après cette carotte-là ! »
II
Alors, plein d’espérance, il prend sa meilleur plume!
Puis écrit tendrement un lettre à ses parents !
Mais les parents, hélas! connaissent la coutume :
Et le père, en lisant, dit d'un ton méprisant :
(( Encore une carotte, une petit' carotte,
Tralalala, lala, lala, lalala, Tralalala !
Papa paiera la not' ! C’est encore un carotte,
Un tout’ petit' carotte!
I l potass ra — après cette carotte-là ! »
III
E l plus tard dans la vie, lorsqu on a sa carrière
Et qu'on s’ trouve avocat,
Méa cin ou magistrat !....
Tout l'monde repique au truc— chacunàsa manière—
Et derrière le client, on murmure content
« C'est encore un carotte, un tout' petit' carotte,
Tralala, etc....
L' client paiera la note.... C'est encore un' carotte.
Une dernièr carotte
A ous avis rons après cette carotte-là ! »
D ésiré CARRIÈRE.
�Dans le Village, on l’appelle l’Vieux, bien qu’on
sache son nom. C’est un typ e...
Sec et maigre comme un vieux bâton de guimauve,
courbé en deux, ridé, ratatiné comme une vieille
pomme, il ressemble à quelque tronc d’arbre ambu
lant, tronc rabougri, tordu, noueux, doué, non d’une
àme, car il n’en a probablement pas, mais d’une
vague animalité, d’une vie réflexe, purement végé
tative, et surtout d’une finasserie bête et d’une avarice
à nulle autre semblable. Il serait riche, certes, s’il
possédait toutes les saucisses avec lesquelles, jamais,
il n’attacha son chien.. .
Les yeux chassieux, enfoncés, larmoyants, bien
qu’en général éteints, luisent encore à certains mo
ments, vifs, inquiets et roublards. Les vêtements
sont bien appropriés à l’homme qu’ils revêtent, car
l’Vieux, de mémoire d’homme, ne changea jamais
ses habits que lorsqu’ils tombaient littéralement en
loques. Le pantalon et la blouse sont presque des
amis d’enfance, le chapeau est tout un poëme.
Ajoutez à cela, de même qu’un cadre autour d’un
antique portrait, une saleté sordide et une haleine
qui empeste l’alcool.
Le Vieux, pour toute famille, possède un àne et un
chien maigre, et ces trois bêtes vivent ensemble pres
que heureuses, c’est-à-dire sans histoire. Le chien est
intelligent.
Parfois ce dernier joue gentiment avec l’Ane, lui
tirant les oreilles, lui sautant aux naseaux. Il a bien
essayé quelquefois de s’amuser avec son maître, mais
il a toujours abandonné la partie, découragé, sem
blant se rendre compte que l’homme était incapable
de le comprendre, de répondre à ses avances et de
s’intéresser à autre chose qu’à manger, boire, dormir
et empiler des sous. Alors il le regarde, d’un air de
pitié attendrie — et, tète basse, plein de mélancolie,
le suit.
Pauvre vieux ! Ses jambes en cerceau ne vont
guère bien vite à présent, et, quand ils passent tous
les trois, l’Ane tirant la charette, l'homme marmot
tant, le chien suivant avec tristesse, ils semblent
suivre un enterrement... Et c’en est peut-être bien
un, celui du Vieux, car le pauvre homme, usé non
seulement par le labeur de jadis, mais aussi par l’al
cool, dès aujourd'hui a bien un pied en terre, et
l ’autre pas très lo in ...
Quand il mourra, quittant ce monde de douleurs,
d’Anes, de chiens et d’absinthes, ses deux bêtes, ses
seuls vrais amis ne suivront même pas son cercueil,
et les gens du village diront, en haussant les épaules
d’un air très résigné : « B è , qué que vous v’iez !
L ’Vieux n’a cassé sa pipe, il s’a laissé mourir ! » Et
ils ajouteront, après un demi-silence, esquissant un
sourire : « L’était ben vieux, déjà... y’en a pas tant
pour tous ! . . . »
Pauvre vieux, va !
G. SERVIERS
VERS POUR UN AMI
Bourrasque des hivers, âpre vent des orages,
Tourmente follement les sapins restés verts,
Et fais valser la neige et courir les nuages,
Fais s'acharner la mer aux récifs des rivages,
Fais mourir les oiseaux, bourrasque des hivers.
Brises des soirs de juin, fanez les fleurs écloses,
Exténuez les lis qui sont nés le matin;
Emportez le parfum balsamique des roses
Et semez le désert dans nos jardins moroses,
Tuez les papillons, brises des soirs de juin.
Vent d'automne dolent, qui sanglote en sourdine,
Défeuille les rameaux des saules, lentement ;
Fais palpiter l'eau verte et l’ajonc qui s'incline,
Prolonge la chanson que dit ma mandoline
Dans la langueur du soir, vent d’automne dolent.
Et toi, vent de l’oubli, emporte ma jeunesse
La joie et l'illusion de ce rêve accompli ;
Mais ne mutile pas cette Heur de tendresse
Que sema l'Amitié dans mon àme en détresse;
Epargne cette Heur, au moins, vent de l’oubli.
C h. MASSE.
Octobre 1900.
�SONNET
CHANSON DES VIEUX NORMANDS
Avec les albatros ivres de la tempête
Lançons-nous sur les lîots de la mer en courroux :
Qu'importe le fracas du ciel sur notre tête ?
L’aile du vent nous porte en des voyages fous.
La mer est notre amour, elle est notre conquête ;
Que ses baisers ardents fouettent nos cheveux roux ;
Son chant de mort nous plait, et que dans cette fête
La vague comme un chien lèche nos deux genoux
Un inconnu destin nous chasse par le monde ;
Nous voulons nous fier à l’océan qui gronde,
Nous bercer sur son sein et planer vers la mort.
Aspirons l’ouragan qui fait enfler nos voiles
Plus loin que l’horizon, où tombent les étoiles,
Prenons vers l’infini notre éternel essor !
J. G A R N IER.
Aix, ce 20 novembre iqoo.
Le répertoire qui avait été interrompu par une
crise directoriale a repris son cours normal. M. Borelly, notre nouveau directeur, a compris qu’il fallait
varier les spectacles, et les reprises sucèdent aux re
prises. Les Dragons de Villars, la Petite Mariée, La
Traviata, Faust, le Jour et la Nuit, voilà certes
un joli programme, qui fait honneur à notre sym
pathique baryton :
Nous avons eu dans la Traviata et dans Faust deux
nouveaux artistes, M. Bailly, M,ne Vitaux.
M. Bailly ne fera certainement pas oublier M.
Vallès. Sa voix est en général assez sourde, atteint
avec une certaine difficulté le registre élevé et man
que d’ampleur dans les notes basses. Malgré cela il
faut bien reconnaître que ce chanteur est agréable.
Il phrase avec beaucoup dégoût, détaille finement,
Sa voix est bien conduite; elle est juste. Le nouveau
répertoire lui sera, je crois, plus favorable que l’an
cien.
À
\jmc Vitaux, chanteuse légère, a obtenu un fort
joli succès. Sa voix est jolie, chaude et bien timbrée;
— 143 —
si elle est un peu dure dans les notes élevées, elle
devient très douce dans le médium et est très agréa
ble dans le registre grave. Bonne comédienne dans
le rôle de Violetta, je lui reprocherai d’avoir fait une
Marguerite un peu trop mutine, un peu trop coquette.
Mais ce n’est là qu’une légère critique de détail. M.
Borelly a eu, je crois, la main heureuse dans le choix
de ces deux artistes.
M. Mancini a fait un Méphisto très correct, chan
teur habile, comédien adroit; il serait une bonne ac
quisition pour la direction s’il devait rester parmi
nous.
Je n’en dirai pas de même de Valentin, et j ’espère
que ce ne sera qu’une étoile....... filante.
Dans la troupe d’opérette un nouveau ténor,
M. Roger s'est présenté au public. Sa voix est bien
timbrée, et si son émission devient dillicilc au-des
sus du sol, en revanche dans le médium elle a un vo
lume sulîisant. Dans les demi-teintes M. Roger est
fort agréable à entendre. Il s’est montré très correct
dans tous les rôles qu’il a rempli. Son admission ne
faisait pas de doute et nous n’avons qu’à nous
en féliciter.
Mmo Séraldy a fait une Petite Mariée (on peut le
dire) tout à fait charmante, pleine d’entrain et de
belle humeur. Dans le Jour et la Nuit, elle nous a
fait admirer de fort jolies toilettes. Constatons en
core une fois son succès toujours croissant.
Théobald (Mlle Leriche) est un bien joli page, que
je préfère certainement à Siébel.
Mme Demonchy, soit dans dame Marthe, soit dans
Lucrezia n’a pas été heureuse; je ne lui conseille
pas de faire un 3e début dans un de ces deux rôles;
je ne lui garantirais pas une majorité. N’oublions pas
enfin M. Courbon ; très correct dans tous ses rôles, il
a été très bon dans la Petite Mariée.
Chœur d’hommes assez bon.
Chœur de femmes assez médiocre et combien peu
agréable à voir à part quelques exceptions.
Orchestre bon.
Espérons que, maintenant, nous n’aurons plus à
parler que des ouvrages, puisque la troupe est défi
nitivement constituée et que nous avons donné no
tre appréciation sur chacun des artistes.
A quand le répertoire nouveau.
VERITAS.
�MAISON RECOMMANDÉE
ASCIEME MAISON «RÉS
L' ASSOCIATION.
D R O G U E R IE
Compte • rendu des Séances
Assemblée Générale du 10 Décembre 1000. — La séance est
ouverte à 9 heures, sous la présidence de M. Provansal, président.
Le secrélaire donne lecture du précédent procès-verbal qui est
adopté sans observations.
L’Assemblée vole une somme de 50 francs pour remettre au
Comité des Fêtes de Charité de Carnaval XIII.
Elle décide qu’une amicale aura lien lundi 17 décembre.
11 est procédé à l’élection d’une Commission spéciale chargée
d’organiser celte amicale et le punch offert aux membres hono
raires au mois de janvier. Sont nommés commissaires : Pôcout,
Prades, Sajous, Drassoiï, Champroux, De Sablet, Fauque.
Le président donne communication d’une lettre qu’il a reçue de
Richard, gérant de la Provence Universitaire. Richard prie
l’Assemblée de vouloir bien accepter sa démission, son départ
d’Aix ne lui permettant plus de conserver ses fonctions.
A l’unanimité, Prades est élu gérant de la Provence U niver
sitaire.
L’Assemblée générale ordinaire de janvier qui doit, confor
mément aux Statuts, procéder aux élections générales du Comité
est fixée au lundi 8 janvier.
L’Assemblée générale décide de renouveler le bail du local de
l’Association.
La séance est levée A 11 heures.
Le secrétaire de VAssociation :
O c t a v e RIMBAUD.
MM. Bonin (iabriel, Niel Clément, Poilleux René . Muterso
Edouard, Mille J.-JL, Mourguès Albert, David Louis, Richard
Achille, Carpentras Emmanuel , Martini Alexis , membres de
l’Association des Etudiants d’Aix, viennent de se faire inscrire
au barreau de notro ville.
La Provence Universitaire les félicite chaudement.
E R R A T U M
F rédéric
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Dans la liste rectificative des membres honoraires de
l’Association, que nous avons publiée dans le précédent
numéro, nous avons omis le nom de M. Guibal, profes
seur à la Faculté des Lettres, qui s’est toujours montré
un des protecteurs les plus dévoués de l’Association et
auprès auquel les Etudiants ont toujours trouvé l’accueil
le plus sympathique, ainsi que le nom de M. Béraud,
notaire, qui porte tant d'intérêt à notre Asssociation et
à la jeunesse.
Nous prions MM. Guibal et Béraud de vouloir agréer,
avec l’assurance de nos très vifs regrets, nos excuses
pour cette erreur involontaire.
FÉLIX GIRAUD
Administrative et Commerciale
Af a r e l i o n c l - T a l l l e u r
Ex-Breveté S. G D. G.
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D euxièm e A n n ée .
Rp 5 o^ 8-2 I à
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N° io.
A jJ o
Provence
Universitaire
1901
n° 10-18
BULLETIN MENSUEL
�D euxièm e A n n ée .
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MM. les Abonnés qui n’auraient pas encore versé le MONTANT d e l e u r
pour l’année 1900 sont instamment priés de l’adresser au
Comité du bulletin au siège de l’Association.
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T out ce qui concerne la R édaction et l'A d m in istration de la R evu e d oit
être ad ressé au Com ité du B u lletin A l'A ssociation des E tudiants.
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�aos l e c t e u r s ,
La P r o v e n c e U n iv e r s it a ir e , en commen
çant sa deuxième année d'existence , est heu
reuse d'adresser à tous ses lecteurs ses meil
leurs vœux de bonne année. Elle les remercie
du concours qu'ils lui ont donné dans le passé
et espère qu'ils voudront bien lui conserver
le urs sympa th ies.
L a R é d a c t io n .
Nous devons à l'obligeance de M. E. Railhac de pouvoir
publier la poésie qui suit, dont tous nos lecteurs apprécie
ront la délicieuse mignardise :
LES BEAU CAI R O ISES
Elles ont les yeux noirs — les femmes de Beaucaire —
La taille ronde et fine et le corsage au vent !
Tout est gaze ou satin, harmonisés pour plaire :
Elles ont les veux noirs ~ les femmes de Beaucaire —
Font risette à l’amour et boudent au couvent.
Comme ils trônent, leurs seins, dans leurs blanches chapel— Le moins dévot voudrait en être le servant ! — [les !
Les cheveux en bandeaux, nattés sous les dentelles
Et les nœuds de velours, elles sont toujours belles,
Passent dans un sourire et valsent en rêvant I
Mais toutes ne vont pas devant M. le Maire •.
Le Mistral est si fort, il souffle si souvent !...
L’esprit est prompt d’ailleurs, puisqu’on le dit en chaire
Elles font, en bonnet, l’amour ou bien la guerre,
A Pâques, en Carême et pendant tout l’avent...
Elles ont lesyeux noirs, les femmes de Beaucaire !
E dmond
RAILHAC.
�LE GARDE CHAMPÊTRE
Quand il est ivre, il est heureux ; il fait des scènes,
des «estes et des discours. Sa tète osseuse et brous
sailleuse, ses petits yeux gris enfoncés dans l’orbite,
son nez d’oiseau de proie, ses doigts jaunes, maigres
et allongés, lui donnent vaguement l’apparence de
quelque oiseau bizarre, de quelque vieux hibou en
rupture de sommeil diurne. Malgré ces apparences,
c'est au fond un brave homme et bien inoffensif, car
les procès qu’il fait, il les fait au café, tout en ges
ticulant, les lèvres dans la « verte » et les yeux dans
le vague. Quant à de vrais procès, il n’en dresse
jamais : cJest un homme honnête et calme, ne faisant
tort à aucun malfaiteur. Et il a bien raison, s’il veut
rester en place ; car on n’a jamais vu, dans tous les
environs, aucun garde champêtre dresser procèsverbal, et un tel acte serait fort mal vu et sévère
ment jugé par l’opinion publique.
« Mais que fait-il donc?», direz-vous peut-être.
Pauvres naïfs, va !. . . Parbleu, bien des choses .. .
Il est tout d’abord factotum de Monsieur le Maire et
de Madame la Mairesse. Monsieur le Maire veut-il
prendre à la ville des paquets d’échalas, ou bien du
iil de fer, Madame veut-elle pour trois sous de radis?
Le Garde est toujours prêt. Il est ensuite quelque
peu braconnier à ses moments perdus, c’est-à-dire
dans l’exercice de ses fonctions ; enfin, il est ivrogne,
et c’est cette dernière fonction qui l’occupe le plus.
Aussi, quand il sera trop vieux, et se verra obligé
de se mettre à faire quelque chose, aura-t-il l’excel
lente ressource de monter quelque bar, assuré qu’il
est d’avoir dès l’abord une clientèle comme beaucoup
de cafetiers n’en n’ont point de semblable : la sienne.
C. SERVI ERS.
SONNET
J’avais mis dans des fleurs ouvertes,
(Des fleurs qui lui furent offertes)
Mon amour. Ses méchantes mains
L’ont effeuillé dans les chemins.
Ses doigts que j ai senti inertes
Dans les miens qui les pressaient . . certes
Ses doigts aux teintes de jasmins
Ont broyé mon cœur, inhumains.
147 -
Enfin j ’avais hélas, près d’elle
Laissé choir, comme en un bruit d'aile,
Quelques mots d’amour, mais déçu,
(Dans ses grands yeu x fro'ds, je perçus
Quelle serait ma destinée)
J ’ai fui, l'âme toute fanée.
LU IS.
-------------- ------■■ ■■
Q U ’ I L E S T D O U X D ’ E F F E U I L L E R L E S ROSES
Je lui disais: « Thérèse, pourquoi vous effaroucher
ce matin, quand ma lèvre effleurait vos cheveux?
Quel mal vous ai-je fait? Est-ce faire du mal à
une fleur que de respirer son parfum? Vous êtes
une fleur d’amour, une fleur délicate, gracieuse,
d’un charme exquis, d’une idéale beauté. Qu’il me
serait doux de cueillir cette fleur, de la presser sui
ntes lèvres, sur mon cœur, d’aspirer son âme et «a
vie avec son parfum, de faire de son âme mon âme,*
de sa vie ma vie. Thérèse, laissez-moi respirer le
parfum de votre cœur, laissez-moi vous prendre un
baiser. Vous ne perdrez rien de votre fraîcheur et
de votre beauté et je serais si heureux ! »
Mon bras glissait sous ses longues tresses, faisait
ployer sa taille svelte et souple. Une ombre vint
estomper, voiler ses grands yeux noirs, aux caresses
veloutées, ses paupières battirent, en tressaillant
se pencha sa tête soudainement pâlie. « Cette fleur
est à vous, dit-elle, bien à vous, prenez son parfum,
son âme, sa vie, prends, si tu veux, ma gaieté, mon
bonheur. Je serais heureuse de souffrir pour toi. »
Une rose était à son corsage; de ses doigts fluets,
entr’ouvrant son calice : « Devrait ma fraîcheur,
ma beauté s’effeuiller comme cette rose, pour
chaque pétale détachée donne-moi ton baiser. »
Lentement, bien lentement, tombaient les feuilles
de roses, bien lentement ma lèvre pressait son
front, fermait ses yeux, frémissait sur son col de
cygne, entCouvrait sa bouche pâmée.
Elle était dans mes bras, muette, immobile, pau
pières closes, dans un enivrement de volupté. Ma
lèvre incertaine frôlait tour à tour les charmes de
ce beau visage, cherchant une place à sa caresse.
�— 148 —
faisant courir mille petits frissons d’attente et de
désir.
Les feuilles se faisaient plus rares et plus longs
les baisers.
Longtemps la dernière pétale resta pressée dans
ses doigts et longtemps ses paupières fermées sous
mon dernier baiser, tandis qu’elle murmurait dou
cement, comme en un souffle.
« Oh ! qu'il est doux d’effeuiller les roses. »
P LANG11E-L ANGRE.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
RAILHAC.- En Rouergue, les Chants du Sou
tenir (Dragon , éditeur, à Aix-en-Provence).
L’éditeur Dragon a publié ce mois-ci le nouveau livre
d'Edmond Railhac : En Rouergue, les Chants du Sou
tenir. Partisan de la décentralisation littéraire, M. Rai
lhac a joint la pratique à la théorie : nous n'avons pas à
nous en plaindre, car l'édition est très soignée et ferait
honneur même à un grand éditeur parisien.
C’est un bel et bon livre que nous donne l'auteur bien
connu de Myrtes et Primevères et qui couronne di
gnement la série des œuvres du poète. Qui, d’ailleurs,
ne connaît M. Railhac ? Qui n’a entendu parler de la
bonté et de la bonhomie charmantes avec laquelle il
vous accueille toujours ? Dès les premiers mots il vous
charme, il vous conquiert par la sincérité et la conviction
avec lesquelles il vous expose ses théories littéraires.
Car la sincérité est l’une des qualités que je préfère
dans les ouvrages aussi bien que dans la conversation
de M. Railhac. Il est un classique convaincu ; il fait
partie de la phalange dont furent ou sont encore Cor
neille, Chenier, Musset, Lamartine, V. llugo, Lecontc
de Lisle, Sully Prudhomme, Eug. Manuel, et il ne fait
certes pas mauvaise figure au milieu de ces poètes illus
tres.
Les deux préfaces, la première d'Eug. Manuel, la se
conde de l’auteur sont toutes les deux— la seconde sur
tout — de vrais programmes où nous trouvons exposées
en quelques mots précis les théories de l’auteur et la con
densation de l'ouvrage entier : « Il est temps de réagir
contre les iconoclastes du passé et d’aller puiser à d'au
tres sources que celles de la fantaisie ou de l’athéisme,
les grandes et musicales inspirations.
Victor Hugo, Lamartine et Musset n’auront pas jeté
au vent de l’oubli leur semence divine.
E dm ond
— 149 —
Le XXme siècle aura ses bardes et ses inspirés.
. . La poésie sentimentale qui, avec le drame, pas
sionna toute une époque, attendrira nos fils ;
Les poètes de demain troubleront, mais ils n’égare
ront plus l’âme humaine ;
Ils parleront au cœur;
Leurs accents seront éclatants de noblesse et de vérité,
et parmi ceux qui se lèvent pour chanter à l’aurore de
ce siècle, c’est bien celui qui donnera, avec le plus de
justesse, la note intime, spiritualiste et religieuse ou
patriotique, c’est bien celui qui, simple en la forme,
mais ascensionnel dans l’idée, s’enlisera le mieux dans
l’honnêteté et le respect, celui, en un mot, qui vibrera
davantage dans sa communicative émotion, relevant
tous les courages, consolant les humbles et les déses
pérés, et ne chantant plus qu’avec son âme, c’est bien
ce novateur, ce poète de grande envergure, qui recueil
lera les suffrages de l'universelle admiration. »
Malgré sa profonde conviction, Edmond Railhac n’est
cependant pas un irréductible ; il reconnaît — et je l’ap
prouve — qu’il faut faire des concessions aux idées nou
velles, aussi bien en poésie qu’en toute autre matière. Il
y a d’ailleurs fort gagné : lisez plutôt son Ode au
Rouergue. Le rythme est devenu ainsi plus harmonieux
et on se laisse aller aisément au bercement des strophes,
l’oreille agréablement charmée ; les interversions, les re
jets, l’entrelacement, l’imprévu des rimes produisent un
charme singulier, et c'est là peut être ce qui fait qu’on
peut lire sans fatigue et sans ennui — et c’est là le plus
bel éloge que je puisse lui faire — son livre cependant
assez long.
Edmond Railhac s’est efforcé de faire de sa poésie
« une adoration et un hymne, » de la rendre « intime
surtout, personnelle, méditative et grave, écho profond,
réel, sincère, des plus hautes conceptions de l’âme, »
comme le voulait l'auteur des Méditations, et pour ce
il n’a pas hésité à faire parfois usage, de ce« moi », au
jourd’hui si injustement décrié.
« L’amour du pays natal, dit-il lui-même, le culte de
la famille et la religion du souvenir, ont inspiré ce li
vre. » Et c'est avec une émotion profonde que M.
Railhac nous parle de son pays, — le Rouergue. — de ses
monts d’Aubrac, de ses causses, de ses lacs. Ecoutez en
effet ces vers de YOde au Rouergue :
Oh! je t’aime d’amour, terre de mes aïeux
Je t’aime !... A toi mon cœur, et tant qu’il pourra battre,
Itouerguo pour toi seul je dirai ma chanson.
Et nous ferons ensemble une même moisson.
Si le temps peut m’user et le destin m’abattre.
Je mourrai dans ton culte en invoquant tes dieux.
�150 —
Puissè-je vivre encor pendant quelques années,
Voir tes enfants grandir, tes colombes s’aimer
Et les astres brille'" dans un ciel sans nuage ;
Puissè-je voir l’honneur debout sur mon passage,
Et, lorsque, dans ton sein, je viendrai m’abimer,
Y dormir sous les fleurs que tu m’avais données!
' Puissent, dans l’avenir, d’autres bardes chanteurs,
Exalter à l’envi tes titres et ta gloire.
Puissent d’autres enfants t'aimer autant que nous,
Te défendre en héros te servir à genoux...
Puisse notre Itouergue être grand dans l’histoire
Et ceindre le laurier des vieux triomphateurs.
M. Railhac dépeint avec le même bonheur la vie rusti
que ; dans la Vie rustique, la Moisson, le Vieux Fer
mier, les Vendanges, le Chêne, il s’est souvenu de la
vieille maxime d’Horace, qu'il a d'ailleurs inscrite en
tête de son livre : Ut pictura poesis.
Ensuite ce sont les Amertumes, puis les Regrets, par
mi lesquels j’aime beaucoup Sur des Tombes, qui m’ont
fait souvenir des stances de Malherbe à Du Perrier.
J'aime aussi les Stances à Marie Rose :
Elle est morte —en ouvrant les yeux à la lumière,
Comme son petit frère, après Jeanne sa sœur !
On dirait qu’elle dort ou qu’elle est en prière!
Elle est morte ! — Pourquoi? Le ciel me la reprend
Sans lui laisser le temps même de me souriro. .
Elle aurait voulu vivre et Dieu le lui défend :
Que ne la gardait-il puisqu'il me la retire !
Ne l’embrasser qu’un jour, cela peut-il suffire ?
Les anges sont à Dieu, mais... je n’ai plus d’enfant !
Le dernier vers est vraiment beau et — à mon avis du
moins — c’est le trait le plus beau et le plus humain de
tout l’ouvrage que ce cri de souffrance.
Ces poésies sont suivies de : En Famille et des Souve
nirs, et j'ai remarqué plus particulièrement Roses de
Provence et Rose de Rouergue et surtout Le Val aimé.
Parmi les Etat d’âme je préfère Sentimentalités, dont
la fin est jolie :
Et mon dme s’émeut quand on sonno les glas
Qui semblent en sanglots se perdre dans l’espaco !
Je songe à mes défunts, je marche sur leurs pas
Sans pouvoir dans lescieux en retrouver h trace
Enfin voici Rlueftes et Sonnets, poésies très mélan
gées, et le livre se termine par un bel Epilogue où le
poète montre ce que lut le XIXme siècle et ce que devra
être le XXnie.
Et ce triomphateur, c’est toi, siècle de gloires !
Je te salue au nom des peuples, du progrès,
Des libres citoyens, si fiers de tes victoires !
A toi qui va finir mon hymne et nos regrets !
151
Que le vingtième siècle étende tes conquêtes ;
Qu’il soit pour mon itouergue et la France âge d’or,
Apaise les écrits, fasse des découvertes,
Et vers les purs sommets qu’il prenne son essor.
En résumé , le livre mérite d'être lu et conservé,
et il y a lieu d’en féliciter M. Railhac. Nous ne pouvons
que souhaiter que Fauteur publie ses poésies encore iné
dites et nous donne, après les souvenirs de Rouergue, les
Souvenirs de Provence.
G a s t o n FONTANILLE.
É C H O S D ’A R T
Ce fut, dequis ma dernière chronique un véritable
déluge de beaux tableaux. Jamais les vitrines de Burn
n’avaient vu en si grande quantité des œuvres splendi
des ; durant tout le mois de décembre, se sont succédées
les merveilles.
Les honneurs du mois appartiennent sans conteste à
un de nos plus sympathiques camarades de la Faculté
et de l’Association, M. Raoul Crémieu, élève du maître
Louis Gautier. M. R. Crémieu, nous présente aujour
d’hui. un devant-de-feu, l'auteur nous avait déjà présenté
de belles études, d’un coloris parfait : il s’est aujourd’hui
surpassé lui-même. Le sujet est la fable de La Fontaine :
La Cigale et la Fourmi. Ce devant-de-feu est divisé en
trois panneaux : celui de gauche représente la Cigale
personnifiée par une femme aux lignes parfaites, qui, ap
puyée contre un arbre, le corps demi-nu, chante, tandis
qu'à l’horizon pâlissent les derniers rayons du soleil : le
panneau de droite nous montre la Fourmi : la Fourmi
est la travailleuse : nous la voyons au milieu do ses
champs ; appuyée sur le râteau avec lequel elle ramasse
le foin, elle se repose un instant des fatigues de la jour
née, sous le chaud soleil de Provence : elle a un air heu
reux (jui vous charme et sou regard se porte avec confian
ce sur le champ où s’entassent les larges meules de blé
qui assureront la subsistance pendant l'hiver. Enfin le
panneau du milieu est splendide : coiffée du petit bonnet
des filles d'Arles, la Fourmi est sur son seuil : la maison
a belle apparence sous sa forme très simple et l'on y sent
l'aisance ; au dehors une brouette sans doute laissée là
provisoirement, au retour du travail : la neige tombe, et
la Cigale s'approche, misérable, couverte de haillons,
je s traits amaigris par la souffrance et le besoin, dune
main portant péniblement sa guitare tandis que de l’au
tre elle implore la charité de la Fourmi plus prévoyante.
L’ensemble me plaît infiniment, les panneaux de côté
sont très bien venus, les contours des femmes admira
blement dessinés. et le panneau les synthétise avec force.
�— 152 —
par l'opposition bien nette entre le bien-être de la Four
mi et la misère de la Cigale. Le coloris, dans les teintes
claires — comme il convient à une œuvre de ce genre
— est très agréable. Bref, l’ensemble est d'un cllet mer
veilleux, et nous sommes heureux d’adresser ici nos plus
sincères félicitations à M. Raoul Crémieu, en souhaitant
qu’il nous donne bientôt de nouvelles œuvres à admirer
et continue à appliquer scs loisirs à un art dans lequel il
passera certainement maître, si nous nous en rappor
tons à ses débuts.
Nos compliments aussi à M. Brun qui a sculpté le bois
d’encadrement des panneaux.
★ *★
M. Louis Gautier a aussi exposé ce mois-ci de belles
œuvres; d’abord une Allée de Fontaine-d’argent, sousbois d'un très joli coloris; puis un effet de Neige à Avi
gnon, d'un effet saisissant. Mais j'aime surtout ses Pla
tanes, près d'Avignon et son paysage des Bords de
l'Arc : dans ces deux tableaux je retrouve, me semble-til, toutes les qualités de M. Gautier, sans le défaut
dont je parlais dans mes derniers échos d'art : la
minutie. Quant au coloris, est-il besoin de dire qu’il
est délicieux ? De ces deux tableaux se dégage une poé
sie intense, une impression de calme et de sérénité sai
sissante — cette impression dont nous avons si besoin
en notre siècle tourmenté, avili par le brutal réalisme
du machinisme moderne — et M. Gautier a appliqué la
formule d'Horace, mais en la retournant à son plus
grand profit: Ut poèsis pictura; ses autres tableaux
étaient des perles, ceux-ci sont des perles fines entre des
perles.
**
¥
Il faut aussi signaler une très belle étude de M.
Edouard Ducros, Bue à Martigues qui serait parfaite
si une légère faute de dessin ne faisait paraître la pre
mière maison à gauche beaucoup trop grande. J'aime
d’ailleurs beaucoup le coloris très intense de M. Ducros,
surtout la tonalité du ciel et des ombres.
Un artiste marseillais M. Claverie, a aussi exposé plu
sieurs tableaux remarquables. M. Claverie possède
un très beau talent. Son Paysage des Martigues et son
Paysage sur la route du Tholonet sont très bien traités,
mais je le préfère encore dans les natures mortes et
j’ai admiré ses Fleurs ; il a su donner là les plus fines
nuances, les plus vivantes et les plus naturelles, et il est
arrivé ainsi à produire un velouté semblable à celui
des pastels.
*
★ ★
M. de Courtois a aussi exposé deux tableaux : le pre
— 153 —
mier Paysage, est joli comme conception aussi bien que
comme coloris ; mais sa Femme à la Fontaine ne me
plaît pas, et le dessin surtout laisse beaucoup à désirer.
Ces jours derniers M. de Courtois a exposé un Paysage
aux environs d'Ahc, dont l’ensemble est joli. M. de Cour
tois a un joli coloris; malheureusement il pêche un peu
par le dessin, ce qui est d’ailleurs peu sensible dans le
paysage ; je préféré de beaucoup les paysages de M. de
Courtois à ses autres œuvres, et il est à regretter qu’il
ne s’y consacre pas exclusivement.
M. Lucas de Moniigny a également exposé chez Brun
un beau tableau, dont je ne puis malheureusement pas
vous parler longtemps, la place m’étant mesurée. Je par
lerai d’ailleurs de M. de Montigny dans un prochain nu
méro, en étudiant les principaux peintres aixois.
Signalons aussi chez Couelle un Paysage de M. Bavaisou. M. Ravaisou est un impressionniste et ses ta
bleaux ne plaisent pas toujours. Cependant celui qu'il
expose aujourd’hui est vraiment joli, et je suis heureux
de le reconnaître.
M Dobler, dont les œuvres d'art sont bien connues
de tous les artistes, a exposé quatre aquarelles. M. Do
bler a un talent d'un genre très particulier, et il réussit
surtout dans l'illustration des livres et l’art décoratif;
personne n’oubliera d’ailleurs, les belles éditions qu’il a
données et dont notre camarade Léo Dor nous a fait
jadis une critique savante. 11 nous présente aujourd'hui
des Paons se détachant sur un fonds moiré, et un Pay
sage très tourmenté. Nous serions heureux de voir ces
aquarelles employées à illustrer un ouvrage; elles pro
duiraient certainement un très grand effet.
*★ *
Signalons pour terminer, un projet de Statue de la
République, de Solan.
G. F.
CHRONIQUE THEATRALE
Le Nouveau Jeu. — L ’Aiglon. — La Périchole. —
Surcouf. — Carmen.
Nous avons eu ce mois-ci des reprises fort inté
ressantes et de bonnes représentations données par
des tournées parisiennes.
Le Nouveau Jeu : La pièce de M. Lavcdan est
�— 154
fort amusante, le dialogue est vif, plein d’esprit.
Sous une apparente frivolité, se cachent une obser
vation exacte et une étude parfaite des personna
ges cpii défilent sous nos yeux. L’on a dit parfois que
si M. Lavedan n’avait eu que ce bagage littéraire, il
ne serait pas aujourd’hui académicien. Je comprends
très bien que Messieurs de la Coupole, gens graves
par excellence, soient un peu choqués, au moins en
apparence, de la liberté de langage et des situations
plutôt délicates de l’action. La pièce a cependant
une réelle valeur littéraire, et tous ceux qui comme
nous ne songent pas à devenir membre de l’Institut
peuvent sans arrière-pensée s’esbaudir et se réjouir
aux aventures de Bobette Langlois et de son sei
gneur et maître qui sont tous deux absolument
nouveau jeu. L'interprétation en fut bonne et par
suite excellente soirée.
L A iglon : a obtenu sur notre scène beaucoup de
succès. Salle comble aux deux représentations. L’on
ne peut que complimenter tous ces artistes qui ont
bien interprété la belle œuvre de Rostand.
Nouveaux succès de notre troupe d’opérette dans
les reprises du répertoire courant.
La Péricliole : La musique en parait sans doute
un peu vieillote, l’action assez puérile : mais l’on y
trouve cependant de fort jolies choses; la lettre de
la Périchole à son amant par exemple est une véri
table petite perle. Mlle Seraldy en a d’ailleurs fort
bien rendu la tristesse résignée et le charme mélan
colique.
Surcouf: L’histoire de ce corsaire fameux, qui
joue de si bon tours aux Anglais, les bat à plate
couture, ou coule leurs vaisseaux est bien faite pour
amuser et séduire la foule. Et puis pensez donc l’on
boit à la gloire de la France et l’on se moque de nos
bons amis les Anglais. La fibre patriotique est dou
cement et agréablement chatouillée et cela sullit au
bon public. Sur cette donnée d’ailleurs Planquelle a
écrit une musique sans prétention mais pleine de fi
nesse et de gaieté, bien orchestrée et très originale.
Surcouf fut bien joué par tout le monde notam
ment par M. Rozé et M. Courbon, un excellent Flageollet.
Carmen-. Depuis longtemps cette reprise était pro
mise et attendue avec une certaine impatience : C’est
un des opéras que l’on revoit toujours avec un nou
veau plaisir. Il y a peu de pièces où l’action soit aus
— 155 —
si mouvementée, aussi captivante. La musique chau
de et vibrante suit l’action pas à pas, s’y incruste pour
ainsi dire. Pleine de douceur et de délicatesse dans
les duos de Micaëla et de Don José ; elle revêt autre
part une couleur locale d’une exactitude surpre
nante, ce qui fait dire aux Espagnols qu’elle est
plus espagnole que la musique espagnole elle-même ;
la habanera du premier acte ; le boléro : « Sous les
Remparts de Séville, » la chanson du 2meacte ; « Les
tringles des sistres tintaient » sont très caractéristi
ques. Que de passion, de vie dans les deux derniers
actes. Avec quelle largesse de style sont traités
certains passages : « En vain pour éviter des répon
ses amères » par exemple. Ou bien cettte phrase
exquise d’Escamillo : « Si tu m'aimes Carmen » au
dernier acte.
Si nous passons à l'interprétation nous n’avons
que des éloges à adresser, Mme Vitaux a fort bien
chanté ce rôle et ses notes graves font merveilles.
Mlle Seraldy a fait une bien touchante Micaëla et si
ses si bémols du troisième acte sont un peu. .. blancs
nous ne pouvons lui en vouloir puisqu’ils sont en
core justes; cette artiste nous a prouvé qu’elle sait
être bonne même dans les rôles au-dessus de son
emploi. MM. Borelly et Bailly ont été très corrects.
M110 Leriche (qui a, dit-on, l’habitude de se servir
d’une lim e ... . d’or pour scier les barreaux de sa
prison) a contribué pour sa part à ce bon ensemble.
Je crois maintenant que le directeur serait bien
inspiré si, laissant de côté le vieux répertoire, il
prenait en considération le programme de Piccolo
du M émorial qui rallierait je crois de nombreux suf
frages, Manon et Le portrait de Manon, W erther, La
Bohême, Paillasse, Cavalleria Rusticana et comme
opérettes: M am’zelle Nitouche, Les Mousquetaires
au Couvent, et Gileite de Narbonne ; Le Capitole et
Les Petites Brebis, qui eurent tant de succès il y a
deux ans. Tous ces ouvrages devraient, il me semble,
faire de bonnes recettes et c’est ce que je souhaite
de tout cœur en terminant à M. Borelly.
VERITAS.
�LES
COURS
Cours de 3mc année
Premier trimestre (8 novembre au S janvier)
Droit Commercial. — Cours de M. Bouvier-Bangielon.
Introduction. — Le commerce, l’acte commercial, ses sources.
— Partie générale du cours: 1. Le commerçant, la femme com
merçante, le mineur commerçant. — 2. Notion de l’acte decommerce. Les di\ors actes de commerce actes de commerce en vertu
de la théorie de l’accessoire. Partie spéciale du cours. Chapitre I"
Les livres de commerce. Chapitre II. Publicité des régimes matri
moniaux des commerçants. Chapitre 111. La faillite, ouverture de
la faillite. — Jugement déclaratif de faillite, ses efVets dans l’ave
nir et dans le passé. — Administration de la faillite, les syndics.
Droit International privé. — Cours de M. Gaudemet.
Introduction. — Nature des règles qui constituent ce droit,
sources de ce droit. I" Partie. Titre premier. La nationalité. Ac
quisition de la qualité de Français. Perte de cette qualité. — Réintégralion dans la nationalité Française antérieurement perdue. —
Influence des liens de famile sur la nationalité. — Titre deuxième.
— Condition des étrangers en France. Participation des étrangers
en France à la jouissance des droits privés. — Compétence des
tribunaux Français en matière de droit international privé.
Cours de Procédure Civile. — M. I’erron.
Titre premier. — 1. Notion de l’action. — Les diverses divisions
des actions. Actions réelles, personnelles. — Mobilières, immobi
lières. — Pétitoires, possessoires. — II. Conditions d'exercice de
l’action. — III. Les défenses à opposer à l’action. — Les défenses,
les exceptions, les demandes reconventionnelles. —Titre deuxième.
— Organisation judicaire. — Les diverses juridictions, leur orga
nisation, leur composition. — Les magistrats, leurs fonctions,
leurs prérogatives, leurs devoirs. — Le ministère public. — Les
auxiliaires de la justice. — Titre troisième. — I. La compétence.
— Compétence ratione materiœ, rationc personœ. — Compé
tence ralionc materiœ des divers ordres de tribunaux. —La com
pétence rationc personœ de chaque juridiction. — Prorogation
de juridiction. — La procédure proprement dite. — Notions pré
liminaire» : les actes de procédure. — Exploits, actes d’avoués,
les délais. — La sanction des règles de procédure.
Droit Civil. — Cours de M. Lacoste.
Le mariage. — Conditions de fond du mariage. — Conditions de
forme. — Sanction de ces conditions. — Preuve du mariage. —
Effets du mariage. — La dissolution du mariage, le divorce, la
séparation de corps.- - La paternité ou filiation. — La filiation
légitime. Preuve de celte filiation. — La filiation naturelle. —
Effets de la filiation. — La légitimation. Preuve de la légitimation.
— L’adoption.
Cours de 2 me année
(N ovem bre, décembre , janvier)
Droit Administratif. — M. Moreau.
Droit administratif, sa place, son histoire, Sources officielles. Le
règlement. Sources coutumières. Monuments du droit administra
tif. Notions générales de la personne administrative. Les services
publics. Les droits, les obligations, lesagents, les actes, les actions
des personnes administratives. L’Etat, le Parlement, le Président
de la République, les Ministres, le Conseil d’Etat. — Division ter-
— 157 —
ritoriale, le département, le Préfet et le Secrétaire Général, le
Conseil de préfecture, le Conseil général, la Commission départe
mentale. L’arrondissement, le Sous-Préfet. Conseil d'arrondisse
ment. La Commune. Le Conseil municipal. Son organisation, son
fonctionnement, ses attributions.
Droit Pénal. — M. Lévy.
Le Droit pénal. Responsabililécriminelle. Responsabilité morale.
Le droit de punir. Histoire du Droit criminel Français. Sources et
principes de notre ancien Droit. Généralités. L’infraction. Ses élé
ments. Territorialité et non rétroactivité de la loi pénale. L’élé
ment matériel. La tentative. Elément moral de l’infraction.
Causes de non imputabilité. Démence, contrainte, minorité de IG
ans. L’élément légal. Les faits justificatifs. Les peines. Echelle
des peines. Peines criminelles. La peine de mort. Les travaux
foicés. Transportation. Système étudié en Australie et en Russie.
La réclusion. Peines politiques. Déportation. Détention. Banissement. Peines correctionnelles. Régime de l’emprisonnement.
L’amende.
Droit Civil. — M. César-Bru.
Des contrats. Introduction. Diverses sources d'obligations. Diffé
rentes sortes de contrat. Théorie générale des contrats. Eléments
de formation des contrats. Objet. Cause des contrats. Effets géné
raux des contrat-:. Leur force obligatoire. Leur relativité. L'action
Paulienne. La stipulation pour autrui et les diverses explications
que l'on en adonnées. Sa nature juridique. Dissolution des con
trats, annulat on. La résolution. La révocation. La résiliation.
Les contrats de prêt. Pré 5 usage. Prêt de consommation. Prêt à
intérêt. Prêt amortissable. Constitution de rente. Théo-ie des obli
gations conjointes. La solidarité. Solidarité imparfaite. Indivisibi
lité. Le paiement. La dation en paiement. La novation. La com
pensation. La confusion. Le contrat d’entreprise.
Droit International. — M. Politis.
Introduction. Les diverses sources du Droit international. Etudes
des personnes ou sujets du Droit international. Eludes des puis
sances internationales en général. Elude des Etats, population,
territoire et gouvernement des Etats. Leur naissance, leur mode
constitutif et leur disparition. Classification des Etats. Etats sim
ples. Etats associés, Etats mi-souverains. Etats grevés de servitude
internationale. La Papauté. Analyse détaillée de chacune de ces
formes d’Etat. Naissance et disparition des Etats.
/ r« année
Cours de novembre à janvier
Droit Civil. — M. J ourdan.
Le Droit civil: définition, utilité des études juridiques Histoire
sommaire du Droit civil. Principaux ouvrages. La méthode. Pro
mulgation et publication des lois. Leur application et leur inter
prétation. — Mesure de l’autorité des lois. De l’abrogation des lois.
Livre I. Des personnes, de la jouissance et de la privation des
droits civils. — Des actes de l'état-civil, du domicile, des absents,
du matiage.
Droit Romain. — M. Vermond.
Sources du Droit Romain. Définition du Droit. Droit des person
nes. Esclavage, affranchissement, colonat. La famille, le pater
familias, composition de la famille, justœ nupdœ, matrimonium, injustum, stuprum.concubinat. Légitimation, adoption,
dissolution delà puissance paternelle, le mancipium, la gens, la
capitis diminutio, l’infâmie. Tutelle, curatelle. Droit du civis
romanes. Procédure romaine, actions de la loi.
�— 158 —
Droit Constitutionnel. — M. J èze.
Objet du Droit constitutionnel. Sources du Droit constitutionnel
et sa méthode. Aperçu historique. Utilité de la législation compa
rée. Livre 1. Principe de la souveraineté nationale, justification,
conséquences logiques, application dans les constitutions positives,
systèmes d’élections, unité ou dualité des Chambres, recrutement
des Chambres hautes, Chambre des Lords, Sénat Américain, Cham
bres hautes en France depuis 1789. — Recrutement des Chambres
populaires, Chambres des Communes, système belge, système
français.
Economie Politique. — M. Brocard.
Introduction. Méthode. Tendances. Bibliographie. La produc
tion. éléments de la production. Besoins, alcoolisme, moyens de
satisfaire nos besoins. Résultats. Mise en œuvre des éléments de
la production, la propriété.
■ ■' ----------- - Ô--------■
CONFÉRENCE PORTALIS
Séance du 23 nooembre 1900. —C’est la traditionnelle séance
d’organisation de la Conférence. Les étudiants de première année
nouveaux-venus à la Faculté, assistent en nombre. Me Bec, pré
sident, leur souhaite la bienvenue d’une façon bienveillante et
cordiale. Il rappelle brièvement, mais éloquemment lo but do la
conférence qui est de former, dans une union générale, des ora
teurs et aussi des camarades. Ensuite jetant un coup d’œil sur le
passé, Me Bec constate la façon brillante dont le président sortant,
Me Bonin, a rempli ses fonctions. Il donne la liste des nouveaux
membres honoraires, licenciés de juillet.
De ces constatations de prospérité passant aux deuils et tris
tesses de la Conférence, le Président rend hommago aux qualités
et au talent de M de Pitti-Ferrandi, professeur de Droit criminel
à la Faculté et de M. Bonin, procureur général à Aix, tous deux
décédés dans lo courant de l’année dernière et tous deux très sym
pathiques à la Conférence.
11 est procédé à l’élection d’un secrétaire et d’un trésorier :
M. Sivan est élu secrétaire. M. Jourdan, est élu trésorier. La
séance est levée à 9 h. 1|'2. Composition du bureau : Bec, prési
dent ; Drassof, vice-président ; Jourdan, trésorier; Sivan, secré
taire.
Séance du 14 décembre 1900. — Par suite de diverses circons
tances, étrangères à la Conférence, la séance solennelle habituelle
de rentrée n’a pas eu lieu. La Conférence est convoquée pour
apprécier la conduite de son bureau.
Le Président établit nettement la situation. La ligne de conduito
qu’a eu le bureau a été celle-ci : sauvegarder l’indépendance et la
neutralité de la Conférence, sans rien faire qui puisse nuire A son
existence ou compromettre sa vitalité. Sur la proposition de M. de
Saboulin, l’ordre du jour de confiance est voté à l’unanimité.
Après une discussion assez vive, la Conférence par 15 oui contre
4 non et 2 abstentions adopte la motion suivante présentée par
Me Martini : o La Conférence, ratifiant la manière de voir de son
bureau, décide qu’il n’y aura pas de séance solennelle de rentrée
cette année-ci. » Le Président, après avoir remercié la Conférence
des marques de sympathies qu’elle vient de donner au Bureau,
lève la séance.
Séance du 21 décembre 1900. — Me Bec, président ouvre la
séance à 8 h. f[2. M. le doyen Bry assiste à la séance. Sont à la
— 159 —
barre M. Alfred Jourdan et M. Matliis. La question en discussion
est celle-ci : « Un acte a été fait par la femme mariée sans l’auto
risation de son mari Tel, il est annulable et l’action en nullité
peut être invoquée par la femme et le mari. Le mari confirme
l’acte. La femme peut-elle invoquer encore son action en nullité?»
M. A Jourdan soutient l’affirmative. Dès le début, révélant sa qua
lité maîtresse, la logique, l’orateur défend la cause par des déduc
tions ayant pour base des principes juridiques établis. Il a pour
lui la jurisprudence. La proposition principale est la suivante:
La femme a une action lui appartenant en propre autre que celle
du mari ; c’est pour elle le droit acquis. L’orateur commente lon
guement l’art. 183 du Code civil.
M. Mathis, orateur de la négative, abandonne habilement et
prudemment le terrain de la jurisprudence qui ne lui est point
acquis. Il soutient que l’autorisation du mari est nécessitée par
l'inexpérience de la femme et provient tant de l’intérêt du mari
que de celui de la famille. Il n’y a pas, conclue-t-il, deux actions
en nullité distinctes. Après une réplique de M. Jourdan, la Confé
rence consultée adopte l’alfirmative par 18 voix contre 13 à la
négative et 2 abstentions
M. le Doyen, prenant la parole, nous dit qu’il y a un triple fon
dement à l’autorisation maritale. La femme a une action qui est
un droit acquis pour elle et entre dans son patrimoine. Il félicite
les orateurs et termine en assurant la Conférence Portalis de toutes
ses sympathies. La séance est levée à 9 h. 3[4.
Nécrologie.
La Provence Universitaire a appris avec le plus
grand regret la mort de M. le conseiller Saltet de
Sablet d’Eslicres ; nous prions son lils Jean qui a
été un de nos camarades les plus sympatliiques, et
toute sa famille de vouloir bien agréer nos sincères
compliments de condoléances.
L’ASSOCIATION. — Compte• rendu des Séances
Assemblée générale du ? février 1901. — La séance est
ouverte à 9 heures, sous la présidence de M. Provansal, président.
Le secrétaire donne lecture du précédent procès-verbal qui est
adopté sans observations.
Le Président, lisant l’ordre du jour, qui porte en tète les électionsdu bureau pour l’année scolaire 1900-1901, dit que pourdes
raisons personnelles, il so voit obligé, quittant la présidence de
I Association, de n’être pas candidat aux élections qui vont suivre.
II demande ensuite aux candidats ù la présidence de vouloir bien
se faire connaître. Sauvet, avocat à la Cour d’appel, est seul can
didat. On passe au vole au scrutin secret.
Sauvet est proclamé président de l’Association Générale des Etu
diants pour l’année 1900-1901.
Provansal se lève alors et lui cède le fauteuil de la présidence.
En prenant possession de son siège, Sauvet remercie l’Association
du grand honneur qu’olle vient de lui faire; il promet d’apporter
tout son concours à la tâche qu’on lui a confiée et termine en féli
citant son prédécesseur de la bonne marche et de la prospérité
�.
actuelles do l’Association. Sur la proposition de Sauvet, Provansal
est acclamé à l’unanimité président honoraire.
Il est procédé ensuite A l'élection d’un vice-président. Notre
camarade Charles Fauqne est élu vice-président. Le secrétariat
échoit au camarade Constant ; Fièschi, trésorier sortant est main
tenu trésorier de l’Association ; et enfin, ont été élu- : MM. Char
pin, bibliothécaire ; Gontior, bibliothécaire-adjoint et Jeannin,
porte-drapeau.
En ce moment une fâcheuse nouvelle vient joler la tristesse
dans l’Association. Notre camarade de Lacouture annonce que
M. deSablet d’Rstières, conseiller à la Cour d'appel, père de noire
excellent ami et camarade, vient de mourir.
Martini dépose sur le bureau l'ordre du jour suivant :
a L’assemblée générale présente ses condoléances sincères au
camarade de Sablet et à sa famille si cruellement éprouvés ».
Mis aux voix, il est adopté à l’unanimité. On décide sur le champ
que le Comité se rendra aux obsèques pour y représenter l’Asso
ciation.
Martini propose alors l’ordre du jour suivant : « L’assemblée
générale renouvelle ses remercîments à son président honoraire
Provansal, à Muterse et Uimbaud pour les services qu’ils ont rendu
à l’Association et félicite Niel de sa nomination. »
Cet ordre du jour est adopté à l’onanimilé.
Le trésorier du Bulletin de l’Association, le camarade Niel, étant
démissionnaire par suite des fonctions an:quelles il vient d'être
appelé, on procède à son remplacement. Planche est élu.
Provansal demande la parole pour expliquer ses pourparlers avec
M. Niel au sujet du renouvellement du bail. 11 propose la nomina
tion de trois commissaires pour aller conférer avec M. Niel.
La Commission chargée d’aller trouver M. Niel se compose de
Provansal, David, Fièschi, Caillai. Elle reçoit pleins pouvoirs pour
traiter au mieux des intérêts de l’Association.
Bec parle du piano : il demande qu’un no livre les partitions
qu’a ceux qui savent jouer. Le président lui répond qu’il en sera
fait ainsi.
Caillat est nommé délégué do 1’Associatiun au Comité des fêles
du Carnaval d’Aix.
Un passeà la question du punch annuel. Comme toutes les an
nées la question de savoir s’il aura lieu un samedi ou un lundi est
très discutée. Pourtant le samedi 26 janvier est adopté à une forte
majorité.
La séance est levée à 11 h. 1[2.
Le Secrétaire de l'Association,
Vincent CONSTANT.
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O
IV
Plac e des P r ê c h e u r s , A I X - E N - P R O V E N C E
LIV R ES DE DROIT, LETTR ES ET SCIENCES
S p éc ia le m e n t s u iv is à l'U n iv e r s ité d 'A ix .
OUVRAGES DE LUXE, PUBLICATIONS DIVERSES
MM. les Abonnés qui n’auraient pas encore versé le .m o n t a n t DF. IÆCR
ABONNEMENT pour l’année 1900 sont instamment priés de l’adresser au
N. 11. •• Iles rem ises de laveur seront accordées à MM. les Étudiants
Comité du Bulletin an siège de l’Association.
CAFÉ DU COMMERCÉ
AI.X. Cours Mirabeau, 30. ALX.
MM. les A bo n n é s s o n t p r é v e n u s q u e le m o n t a n t d e l’a b o n n e m e n t
p o u r l’a n n é e 1901 ser a r e c o u v r é d a n s la q u i n z a i n e .
NOUVEAU PROPRIETAIRE
M ME J E A N
Consommations rie prem ier ordre
T o u t ce qu i co n cern e la R é d a c tio n et l'A d m in is tr a tio n de la R e v u e d o it
*tre a d re s s é au C om ité du B u lle tin à l'A s s o c ia tio n d es E tu d ia n ts .
M a r c li a n d - T a l l l o u r
Ex-Breveté S. G. D. G.
VETEMENTS
APPARTEMENTS
S U E M ES UR E
meublés ou non à louer
DÉFIiAT T01 TE COVClRREiUE
�LE PUNCH ANNUEL DE 1/ASSOCIATION
Lundi 28 janvier, l’Association offrait le punch annuel
à ses membres honoraires. Le local de l’Association
avait été aménagé ponr recevoir les nombreuses per
sonnes qui avaient été invitées. Des arbustes disposés
de chaque côté de la cheminée indiquaient la place de la
table d’honneur sur laquelle llottaient les trois couleurs du
drapeau.
Arrivés successivement, nous avons eu le plaisir d’in
troduire dans la salle M. Vergé, sous-préfet d’A ix ; NI.
Bertrand, maire d’A ix; M. Cabassol, conseiller général ;
M. Heirieis, bâtonnier de l'Ordre des avocats ; M. Reybaud, ancien président et président honoraire de l’Asso
ciation, ainsi que divers autres invités parmi lesquels
les représentants de plusieurs cercles.
La séance est alors ouverte par la lecture que donne
le Président de l’Association de lettres d’excuses de plu
sieurs membres honoraires qui n'ont pu se rendre à
notre invitation. Il lit une lettre [de M. le sénateur Leydet que les travaux du Sénat retiennent à Paris et qui
envoie à l’Association l’assurance de sa sincère sympa
thie. La lecture d une carte de M. Pison, doyen honoraire
de la Faculté de droit, soulève des applaudissements ré
pétés. M. Baron, conseiller général, s’est excusé égale
ment. MM. Giraud, premier président, Lénard, procu
reur général, ont fait parvenir leurs regrets de ne pou
voir se rendre à notre invitation. De mêiue se sont ex
cusés M. le recteur Belirx. M. Bry,doyen de la Faculté de
Droit, M. Ducros, doyen delà Racuîté des Lettres, ainsi
qu’un grand nombre de professeurs des deux Facultés.
Le Président lit une lettre d’excuse et de sympathie de
M. Henri Eymard, avocat à Tarascon, président hono
raire de l’Association. Plusieurs lettres sont lues encore,
notons celle de M. Crémieu, ancien bâtonnier, qui est
retenu par des engagements antérieurs, mais que ses
lils, nos camarades, représentent parmi nous. Une lettre
de M. Guillibert, ancien bâtonnier, qui signe étudiant
de i 8 5 8 et qui prie de boire en son nom à notre nou
velle bannière-drapeau brodée par les femmes d’Aix.
Toutes ces lectures sont entrecoupées par des applaudis
sements nombreux.
Le Président de l’Association, M. Prosper Sauvet,
avocat, s’acquitte d’une tâche qu'il a à remplir en remer
ciant les autorités et les membres honoraires qui ont ré
pondu à l’invitation de l’Association. 11 exprime au re
présentant du Gouvernement delà République toute la
joie que lui cause sa présence à l’Association et se fait
l’interprète de tous scs camarades en lui adressant les
remerciements de l'Association.
AM . le Maire, M. Sauvet indique que l'Association a
pris l'habitude d’avoir adiré sa reconnaissance et qu elle
�sait sur quelle bienveillance de sa part elle a toujours
fait fond et est certaine de pouvoir toujours compter.
C’est encore dans ce sens que le Président s’adresse à
M. Cabassol qui, au Conseil Général, soutient journelle
ment nos demandes et les fait toujours aboutir de la
façon désirée.
A toutes les autorités l'Association est reconnaissante
de leur appui et ce soir encore elles nous donnent une
nouvelle marque de sympathie en venant parmi nous.
M. le bâtonnier est un fidèle aussi de nos réunions et la
gratitude de l’Association lui est acquise.
Parlant ensuite de l’état actuel de l'Association le Pré
sident est heureux de rendre hommage à la vérité en
faisant remonter à ses prédécesseurs à la présidence,
tout le mérite de la situation morale actuelle de l’Asso
ciation. Bouquier, Provansal, présidents honoraires.auxquels Sauvet adresse ses remerciements et coux de tous
ses camarades, sont l’objet de bans prolongés. Sauvet est
heureux de n'avoir qu’à montrer le nombre d’étudiants
qui se pressent dans la salle pour attester la vitalité et la
prospérité de l’Association. « Il y a, dit-il, ici une asso« dation de jeunes gens qui a le rare privilège de fondre
« en un seul corps les divers groupes, les divers clans
« que réunissent des ailînités particulières de tempéra« ments, des attractions de goûts et d’humeur semblaa blés. Ici tous ces groupes s’harmonisent et c’est de
« cette fusion que naît le charme de nos assemblées et
« l'intérêt de ses discussions. Toujours le respect des
« camarades et la liberté de la parole, l’indépendance
« des idées et la possibilité de défendre toutes les opi« nions ; voilà la règle de nos débats.
« La solidarité entre étudiants nous l'allirmons dans le
« sein de notre Association et nous la pratiquons d’une
« d’une manière encore plus compréhensive par la fédé« ration des étudiants de toutes les universités. » A ce
propos le Président parle des fêtes qui ont réuni à Paris,
en août 1900, en Congrès international des Etudiants,
des délégations venues des universités de toutes nations :
il rappelle que la délégation d’Aix a déployé son drapeau
en tête de toutes les Associations de France C’est éga
lement dans ce Congrès que l’Association d’Aix a eu le
grand honneur de voir choisir à l’unanimité Provansal,
Je président alors en exercice, comme Vice-Président
français de la Corda Fratres. Des applaudissements écla
tent dans la salle en l’honneur de Provansal. Le président
continuant son discours, indique que le contact que les
diverses universités ont pris à Paris par l’intermédiaire
des délégations s’est traduit par une constante commu
nication entre les diverses Associations d’étudiants fran
çais: nous recevons leurs bulletins et nous envoyons la
Provence Universitaire. L ’éloge de cette publication a
été fait par divers membres honoraires qui ont exprimé
au président tout l’intérêt qu'ils portent à ce bulletin, et
au passage le président est heureux de féliciter le Comité
et la Rédaction.
En terminant, M. Sauvet se réjouit de l’excellente si
tuation de l’Association et de sa prospérité, et renouvelle
aux invités, aux autorités administratives et judiciaires,
l’expression des remerciements de l’Association.
M. le sous-préfet se lève alors et dit qu’elle joie il
éprouve à se retrouver dans un milieu d’étudiants, mi
lieu qui fut le sien aussi et qu'il regrette, car il y a passé
de belles années de sa vie. M. Vergé est heureux de pou
voir assurer l’Association de toute sa sympathie et de
l’appui de son autorité. Des applaudissement soulignent
ces paroles.
M. le Maire se levant, le silence se fait et nous avons
le plaisir de nous entendre parler d’une bienveillance que
nous connaissons bien et sur laquelle il nous permet de
toujours compter. 11 a été étudiant à Aix, à une époque
où les étudiants n’étaient pas encore organisé en Assotion, et M. Bertrand nous indique que l’idée d’un bulle
tin, organe des étudiants, avait déjà été lancée. Mais
VAix-Universitaire qu’on avait commencé à publier s’é
tait arrêté aux trois premiers numéros. Il nous félicite
d’avoir été plus heureux et de nous trouverà notre deu
xième année de publication. Il termine en portant un
toast à l’Association, qu’il assure encore une fois de sa
bienveillance et de tout son concours.
Prend la parole ensuite, M. le bàtonnierHeirieis. a Les
jours se suivent et ne se ressemblent pas, dit-on, l’Asso
ciation fait mentir ce proverbe ; ici les fêtes se succèdent
et se ressemblent toutes : toujours le même succès, tou
jours la même cordiale réception. » M. le bâtonnier parle
ensuite du plaisir qu'il a de retrouver, dans cet Associa
tion, presque toute la conférence du stage, qui est un peu
sa famille, et il passe condamnation à s’amuser un lundi
soir avec ses jeunes confrères, tirant leur revanche des
mercredis que le bâtonnier leur prend. Les fêtes de Paris
dont parlait le Président dans son discours, le bâtonnier
les rappelle aussi et déclare qu’il a suivi avec intérêt les
comptes-rendus des séances du Congrès. Il félicite Pro
vansal pour la part brillante qu il y a prise, et notamment
pour son vœu de voir permettre aux femmes l’accès des
universités dans le monde entier. Après de nouveaux
éloges pour la brillante réception, M. Heirieis porte un
toast en déclarant que le bâtonnier passera, mais le mem
bre honoraire restera.
Très applaudi aussi le discours de M. Cabassol, con
seiller général, qui nous dit combien il est fier d’être
membre honoraire parce que, se rémémorant ces deux
vers de Lamartine :
0 puissance de l’âme, o jeunesse éternelle,
Que la douce mémoire en nos cœurs renouvelle !
il revoit les années heureuses de sa jeunesse d’étudiant à
�— 164 Aix qui ont laissé leur charme, si elles ont disparu. Il se
réjouit aussi comme aixois de constater la prospérité de
l'Association à raison de l’animation qu’upportentles étu
diants et voudrait voir plus nombreux encore les mem
bres honoraires assister à notre succès. M. Cabassol dit
qu’il est encore heureux de la vitalité de l’Association à
raison de l'affectueuse sympathie qui rapproche de lui le
Président M. Sauvet. L ’appui qu'au Conseil général il a
toujours donnéjà l’Association il l’a donné parce qu’il le
considère comme son devoir et ce devoir ne varie pas.
Ces paroles sont couvertes d'applaudissements.
Après un discours de M. Reybaud président honoraire,
discours réclamé par l'Association entière, et très aplaudi, cependant que les flammes légères tourbillonnent
leuàtres sur les bols de punch, les discours finissent.
On vide lesverres pendant que le camarade Monin qui
est doué d’un soliae talent attaque sur le piano un
morceau de grand effet. C’est le commencement d’un pe
tit concert qui a beaucoup intéressé les invités. Après ce
début au piano, nous entendons le distingué violoncel
liste, M. Pourcel qui a bien voulu nous prêter son con
cours à ce concert. Quand M. Pourcel s’installe à son
pupitre, ce ne sont qu’applaudissements qui lui donnent
ainsi le la du plaisir que l’on va éprouver à se laisser
charmer par son archet. Trop connu pour que je m’ex
pose à le féliciter en termes trop inégaux à son talent,
M. Pourcel a exécuté avec un sentiment exquis Le
dernier sommeil de la Vierge, de Massenet. Nos in
vités ont, par leurs applaudissements, donné à cet ar
tiste merveilleux la marque dn plaisir qu’il leur a fait
goûter.
Notre camarade Pauchard a ensuite dit une chanson
nette dont la finesse d’expression a été plus qu’égalée
par la spirituelle diction. C’est dans le heurt des coupes
que l’on dispose sur les tables pour le champagne qui va
couler, que l’on entend les premières mesures d’un air
de la Juive chanté par Sajous, mais le volume de la
voix de basse profonde domine et l’on npplaudit ferme.
Provansal est réclamé ensuite et dit le Poêle Mobile de
Mac-Nab, et un monologue, Nocturne, plein de sous-en
tendus d'un effet comique irrésistible. M. Richard Nico
las nous amuse beaucoup avec le Trombone. Nous enten
dons ensuite notre ami M. Fraizier qui nous charme par
Gavotte Stéphanie, morceau pour flûte et piano. Un au
tre monologue est dit par M. Prade qui détaille avec
beaucoup d ingénuité la Tâche. Mais les camarades dont
on connaît le talent ne se sont pas tous fait entendre et
les membres de l’Association réclament notre ami M.
Bédarrides qui malgré son rhume veut bien nous accorder
le plaisir de l’entendre. C’est en conférencier que ce soir
il va répondre à notre demande ; il fuit un cours sur
Madame de Sévigné : avec le naturel qu’il possède, il nous
narre l’histoire de son malheur conjugal que ce miséra-
E
i
— 165
ble Canard lui fait connaître en remplaçant dans ses no
tes sur Madame de Sévigné les lettres qu’il a écrites à la
femme du conférencier et que celle-ci a répondues M.
Bédarrides a fait comme toujours les délices de ceux qui
l’ont entendu cl on l’a applaudi très chaudement.
Cependant M. Pourcel, dont l’amabilité égale le talent,
veutoien nous faire entendre encore un morceau, Chan
son des Bois, qu'il enlève avec beaucoup de brio.
A peine a-t-il terminé que les coupes de champagne se
lèvent et s’entrechoquent, les invités sont très satisfaits
de ce concert et manifestent leur plaisir en félicitant en
a parte les diverses personnes qu elles ont applaudies.
Le Président profite d’un moment de silence pour porter
un toa9t à M. Pourcel et le remercier de son précieux
concours.
Cependant que les coupes se vident, il est presque
minuit el les invités se retirent nous remerciant encore
une fois de notre accueil. Dès que les étudiants restent
seuls, l’ordre qui avait été parfait commence à juste titre
à se relâcher un peu. On entend néanmoins encore quelues chansonnettes, quelques monologues et enfin les
ernières coupes vidées, la réunion se dissipe peu à peu.
Une très belle soirée s’est passée et l’Association a cer
tainement donné à ses membres honoraires la preuve
d’une vitalité et d’une bonne marche dont il y a lieu
d’être fiers.
3
ÉPITÏ\E
y^MOU^EUSE
A M "* J. R buraliste.
Jeanne se rit de moi, quand d’un sou d’allumettes
Je prends l’occasion pour lui causer un peu...
Elle me dit « Monsieur Louis », mais la coquette
De mes propos naïfs a dû se faire un jeu.
Qu’est-ce que cet enfant bruni qui vient chez elle
Gauche, et point ne sachant ni ruser ni mentir?
Pourquoi lui parle-t-il d’existence plus belle ?
Quelle est cette pitié qu’il ose ressentir ?
Arrière, gros nigaud ! Laisse Jeanne à son trône
Dire « Merci, Monsieur » à quelque haut dandy.
Celui-là sait du moins donner à la patronne
De l’argent, une œillade, et se sent applaudi !
Mais toi, peux-tu prétendre à capter de la reine
Un regard sérieux, pauvre gueux épris d’art!
Tu rêves bêtement de beauté souveraine !
Dans un siècle pratique, hélas, tu viens trop tard 1
�— 166 —
— Hélas ! il est donc vrai que cette fois encore
En vain j’ai cru tenir mon rêve de Beauté !
Amour, candeur, bonté plus douce que l’Aurore,
Pourquoi me fuir toujours dans la réalité ?
Jeanne, vos grands yeux noirs me disaient le mystère
Grave et serein et pur des belles nuits d’été.
Est-il vrai qu’ils étaient railleurs? quoi ? sur la terre
Mon idéal encor s’est-il précipité?
Jeanne, votre sourire était la fraîcheur même,
Il m'a fait un instant croire au Bien, croire au Vrai.
Vos dents d’un blanc si clair faisaient un diadème
Qu’une infante d’Espagne à coup sûr envierait.
Pourtant il m a semblé que vous fûtes hautaine
Ce soir, et que ce rire était bien du mépris !
Mépris de quoi ? L’audace était donc surhumaine
De croire que d’un cœur j'étais enfin compris?
N’avais-je pas le droit, moi qui te vis plus jeune,
Jeannette, d’espérer revoir en toi l’entant ?
Mais l’âme de Jeannette, hélas, est morte àu jeûne,
Au long jeûne d’amour. Le malheur triomphant,
Le malheur a ruiné son petit cœur candide
Qui s’ouvrait à la vie ainsi qu’un lys au jour !
Le malheur si souvent nous a rendu livide
Celle que nous voulions rêver belle toujours !
Oh ! l’instant d’émotion, d’espérance et de crainte
Lorsqu’après un long temps je retournai la voir !
Sa sœur n’était plus là, sa sœur, de l’arche sainte
Colombe aventureuse était partie, un soir.
Des séraphins en deuil avaient ravi le père
Attentif, en un coin, aux gestes des deux sœurs.
Jeanne, il vous a laissée ici bien solitaire...
Qui pour vous maintenant sera son successeur?
Je voudrais, comme lui, veiller sur vous, sans cesse,
Vous montrer le péril des regards convoiteurs,
Mieux que lui, je ferais de vous une princesse,
Un ange inaccessible, aux constantes pudeurs!
Mais. . il faut que je parte, et l’oiseau de passage
Ne saurait se poser longtemps sur le rocher..,
Jeanne, promettez-moi que vous serez bien sage,
Vaus penserez à moi, comme on rêve au clocher
Quand vous serez en peine, écrivez-moi ; j’espère
Connaître assez des cœurs tristes le noir chemin
Pour frapper à coup sûr au vôtre, et, salutaire,
Faire à vos jours d’angoisse un joyeux lendemain.
167 —
Et que notre amitié ne soit pas l’allumette
Que vous vendez, au vif mais si court flambloîment !
Je veux une amitié qui ne soit pas coquette,
Dont la forte chaleur dure éternellement.
L. M.
D J E H A
En France nous avons Calino, qui vient dit-on, de
Grèce, en Italie se trouve Stupidini, dans tous les
pays on trouve un type spécial représentant la bonne
gaîté populaire.
Les Arabes ont Djeha qui a, sur ses confrères la
supériorité d’exister réellement. Son âge? il n’en
a pas; son origine? inconnue, il est apparu tout à
coup, il disparaîtra de môme. Velu de la blouse de
hammal (portefaix), un semblant de corde sur l’é
paule, il se chauffe, à la porte du café maure, aux
rayons du soleil. Il interpelle les clients, les pas
sants, tout le monde, laissant échapper un rire bon
enfant qui vous amuse et vous arrête. Et tout cela,
sous l’œil bienveillant du sergot appelé pompeuse
ment par les indigènes « la Police » — Car Djeha
n’est pas méchant ; on le sait et on l’écoute avec pa
tience ; il arrive, croyez-le, à dérider les visages les
plus sombres.
Familier avec tous, il connait, pourtant son mon
de, et sait juqu’où il doit pousser ses plaisanteries :
h la « Police » il parle très peu : ça impose trop ; le
cafetier est l’objet de ses llalteries, aux clients il offre
le récit de ses aventures et ses contes les plus mer
veilleux. Mais Sidi-El-Cheikh est son partenaire fa
vori ; il l’écoute avec tant de patience et lui répond
avec tant de bonté ! Djeha commence par lui faire des
compliments sur sa santé, sur son habillement et tout
à coup il lui demandera des nouvelles de ses justicia
bles. Le Cheikh lui répond tranquillement : et un
dialogue charmant, pour qui comprend toutes les
nuances de la langue arabe s’engage entre ce viellard nourri aux doctrines des ulémas et ce farceur.
Ces rapprochements ne se voient qu’en pays mu
sulman.
La plaisanterie de Djeha se continuera, ainsi, pen
dant longtemps sans fatiguer son entourage. Dans
la rue, il est maître : se faufilant parmi tout le mon-
�168
— 169
de, le premier dans tous les rassemblements il sait
tout, tout en ne sachant rien. Agent de renseigne
ments, il parvient à vous mener à destination, avec
une assurance étonnante. Les touristes le verront
autour d’eux dès leur apparition dans la ville ; les
boutiquiers des souks connaissent Djeha et son arri
vée est de bon augure.
D ’ailleurs, la rue n’est pas le lieu unique de ses
excursions. Il va dans le monde. — Les cuisines des
grands de la ville lui sont toutes ouvertes; il est si
utile pour maintenir la bonne humeur ! Sans lui cer
tainement on n’entendrait pas de chansons aussi
gaies et le kouskous ne pourrait pas être aussi bien
cuit.
Mais, hélas! tout fuit devant la civilisation. Le
Kahouadji éteint ses fourneaux devant les brillants
cafés de l'Avenue de France, les arabes aisés font
faire leur cuisine à l’européenne, les agences Cook
accaparent les touristes et Djeha voyant disparaître
ses grands centres d’opérations perd sa gaité, s’as
sombrit, se civilise enfin ; sa blouse est remplacée
par un uniforme réformé et son bout de corde s’al
longe à mesure que les fardeaux qu’il doit porter de
viennent plus lourds.
Y B L IS .
C’était moins que cela. — « J’étais, oh mon bon ange,
« Hier au réfectoire, à prendre mon goûter ;
« A quelques pas de moi, plusieurs tranches d’orange
« Flattaient bien fort mes sens : goût, odorat, toucher
—
----------------- *ô*------------- ■■■
R E G R E T D’ E N FA N T
Tous les yeux étaient clos. Une faible lumière
Eclairait les murs blancs de notre grand dortoir ;
Et chaque ange gardien se tenait en prière,
Pour l’enfant qui dormait depuis la veille au soir.
« Trois fois je m'avançais et reculais par crainte ;
Mais le vilain démon puissamment me poussait
Enfin je m’approchais, et ma main par contrainte
Dérobait un morceau du fruit qui me tentait.
«
«
«
«
Pour la première fois, mon âme fut peinée
Mon front plus soucieux et mon œil se baissa;
J’avais la tête lourde et mon àme génée
Par le poids du remords quand la nuit arriva.
«
«
«
«
Non, non ; je veux la paix que le bon Jésus donne ;
Je veux la paix du coeur qui se voit dans les yeux ;
Je ne veux plus rougir, seul et devant personne,
Quand on est mécontent, on est trop malheureux.
«
«
«
«
Va-t-en vers le bon Dieu me chercher l’assurance
Du pardon que j’implore avec tant de chagrin.
Et puis, reviens bientôt veiller sur mon enfance
M’écarter du péril en me donnant la main. »
L’enfant eût une larme à sa blanche paupière :
L’ange la recueillit, dans le ciel la porta
Ainsi que son regret, son ardente prière
Et de la part de Dieu, le pardon rapporta.
Et, pendant qu’il rêvait, une faible lumière
Eclairait les murs blanc de notre grand dortoir
Et chaque ange gardien se tenait en prière
Pour l’enfant qui dormait depuis la veille au soir?
L. V.
Tout à coup, au milieu de ce profond silence,
Une enfantine voix, en mots incohérents,
Disait : a Viens, mon bon ange,... en toi... j’ai confiance,
a Mon petit cœur est plein de soupirs repentants... »
Et l'ange du bon Dieu, pliant son aile blanche
Inclina vers l’enfant son front majestueux :
« Ne crains rien, dis-moi tout, que ton àme s’épanche
a Dans le sein d'un ami venu pour toi des cieux »
Qu’avait donc fait de mal cette tête enfantine
Pour que sa faute ainsi la suive en son sommeil ?
Une malice en classe, une action mutine?
Un mensonge léger désapprouvé du Ciel?
Concert du 6 Janvier. — Ce fut un beau concert
que celui donné le 6 janvier au profit de l’Orgue de
Saint Jean-Baptiste d’Aix, un des plus beaux, certaine
ment, qu’ait vu la salle de l’Eden. Il faut en remercier
l’organisateur, M. le curé Villevieille, qui s’est véri
tablement multiplié en cette occasion. Le programme
était admirablement composé, et ne comprenait que
�— 171 —
des morceaux non encore exécutés à Aix. C’était
également la première fois que Mme Giry-Vachot
venait dans notre ville.
MM. Bruguier, Pourcel et Paul Bloch ont exécuté
un trio en sol mineur de Rubinstcin avec une grande
maîtrise.
M. Nestor René a débité un monologue, et nous
avons eu le plaisir de l’applaudir aussi dans la pa
rodie de la Fiancée du limbalier, dont il est l’au
teur.
M. Nestor René a un très réel talent de diction, et
il est aussi un auteur des plus spirituels.
Mme Giry-Vachot et M. Paranque nous ont tenu
longtemps sous le charme de leur voix ; tous les
deux possèdent un timbre admirable, et je ne con
nais rien de plus agréable que leurs duos. Nous
avons entendu :
Suzanne de Paladilhe, et ]\e dites pas, de Tagliafico, par M. Paranque ; la Valse du Pardon de
Ploermel, de Meyerbeer, YA ir d’Esclar monde de
Massenet, Pourquoi rester seulette, de Saint-Saëns,
par Mm* Giry-Vachot : — enfin les duos de Mireille
et du Madrigal de Roméo et Juliette.
M. P. Bloch a exécuté avec son brio habituel le
Scherzo de Chopin.
Enfin nous avons fort admiré la diction de Mme
Marie Laure, qui nous a récité : Trop petit, du barde
breton Botrel, les Animaux malades de la Peste, la
Fiancée du Timbalier. MmeMarie Laure est d’ailleurs
bien connue à Aix et son éloge n’est plus à faire.
Enfin cette soirée délicieuse s’est terminée par une
comédie charmante : La Souris qu’ont exécutée avec
le même talent Mrae Marie Laure et le Carpentrassien
N. René.
Un bon point à M. le curé Villevieille pour le con
cert et pour le programme, bien dessiné par DellePiane.
Concert du i 3 Janvier. — On a d’abord exécuté
le deuxième quintette pour instruments à corde en
ut majeur de, Beethoven. L ’Adieu de Mozart a été
interprété avec un rare talent et une grande virtuosi
té par M Léon Pourcel, dont les mérites de violon
celliste sont déjà très connus.
Enfin, Mlle Paule Rey nous a longtemps tenus sous
le charme de sa voix ; Mlle Paule Rey joint à un phy
sique des plus agréables une voix délicieuse: le pu-
blic très sélect des concerts classiques l’a d’ailleurs
bissée deux fois — et c’est un bel éloge. — Elle a
aussi le talent de donner les plus fines nuances, et
une sorte de moquerie à peine perceptible donne un
agrément de plus à sa voix. Elle a d'abord chanté
l’A tr de Thésee de Lulli.
Ensuite le premier quatuor, op. 4 1 a été exécuté
de façon à nous donner une notion, évidemment très
précieuse pour les études de musique comparée, sur
la façon dont Schümann doit être interprété par les
indigènes des rives du Tchad.
Puis nous avons de nouveau le plaisir d’entendre
Mile Paule Rey, dans Romance de Rlat et Sérénade
de Brahms. Ce fut alors la débandade, le public, lassé
par le quatuor et la quintette précédents, étant peu
désireux d’entendre le dernier quatuor, — ce qui est
regrettable, car l’interprétation en fut bonne, et M.
Bruguier s’efforça, avec succès, de racheter ses erreurs
et ses accrocs des morceaux précédents, en cela très
bien secondé par MM. Rougier, Barban e tL . Pourcel.
G. F .
oroc^o
Trois représentations méritent ce mois-ci de rete
nir notre attention : La Juive, Faust, Rip.
Nous avons eu deux fois Im Juive. Voulant la trai
ter avec tous les égards et tout le respect, dus à la
vieillesse nous n’en parlerons pas et nous passerons
tout de suite à l’interprétation.
Les deux soirées furent intéressantes et bonnes
dans leur ensemble, Le rôle du cardinal et les rôles
féminins, Eudoxie et Rachel furent surtout bien te
nus. A la deuxième représentation cependant, M.
Merly dont je n’avais pas encore parlé car j ’estime
que l’on doit se taire lorsque l’on n’a que des critiques
à adresser, nous a fait une agréable surprise. Bien
en voix ce soir là, il a chanté avec assez de goût et
de finesse le rôle de Léopold Je ne m’attendais pas
à cela de lui surtout après une certaine représenta
tion de Carmen, que je passe volontiers sous silence
et pour lui et pour un assez médiocre Escamillo du
théâtre de Nimes disait l’affiche. Ce serait bien mal
juger du sens artistique des Nimois si l’on pouvait
supposer un seul instant qu’ils se contentent d’un
artiste aussi faible. Il faut en effet reconnaître que
�— 173
■' *‘«r
— 172 —
la justesse, et la mesure ne sont pas ses qualités maitresses.
Faust : Jolie représentation; intéressante distri
bution. M. Fabre, a été aussi bon Méphisto qu’excel
lent cardinal. Si l’on voulait chercher la petite bête,
on pourrait lui reprocher, uu manque de justesse et
un léger chevrotement dans quelques notes élevées.
Mais on doit admirer sans réserves, un organe d’une
ampleur extraordinaire, une voix bien conduite et
fortagréabledans le bas registre : le chanteur est habile
et le comédien d’une taille imposante, très adroit.
Je ne veux pas oublier M. Michel, baryton aixois ;
voix des plus sympathiques, bien timbrée, chaude et
vibrante ; il s’est fort bien tiré du rôle de Valentin
Mme* Vitaux et Kériva, M. Bailly ont droit à tous nos
éloges ainsi que dame Marthe, une très correcte mère
dugazon, dont j ’ai oublié le nom.
Bip : Opérette, a obtenu un joli succès. Cette pièce,
proprement montée, bien jouée est assez amusante.
La musique pleine de finesse en est très agréable et
on peut la suivre sans fatigue étant fort simple. M 110
Séraldy s’y est comme toujours montrée excellente.
Nous avons parait-il, dans cette pièce, admiré pour
la dernière fois les riches (sans jeu de mot) toilettes
de notre 2echanteuse, nous les regretterons certaine
ment. Mlle Leriche nous quitte, dit-on, pour des rai
sons que d’autres apprécieront, ou ont apprécié
mieux que moi. Puisse l’accueil très bienveillant
qu’on lui avait fait ici se continuer autre part, j ’es
père que notre directeur saura vite et bien, la rempla
cer, ce ne doit pas il me semble être bien difficile.
Tous les autres interprètes furent à la hauteur de
leur tache.
V É R IT A S .
P. S. — M. Borelly donnerait parait-il Rigoletio
avec M. Gaidan, baryton. Si la nouvelle est vraie ce
sera un véritable régal artistique ! M. Gaidan est en
effet un des meilleurs barytons de province.
» t#
CONFÉRENCE PORTALIS
Séance du 4 ja n v ie r 1901. — Ce font deux étudiants de troi
sième année: M. de Saboulin Pierre et M. Lorin de Heure qui ont
revêtu la robe ce soir. Les deux orateurs, dont le jeune talent
nous est déjà connu, font('espérer une séance tout particulièrenien t
intéressante.
M. le professeur Perron assiste à cette séance. Los orateurs on1
choisi une question de législation attrayante et pleine d’actualité :
« Le divorce par consentement mutuel doit-il être admis? »
M. Lorin de Heure, défenseur de la question litigieuse, en une
éloquence sobre, mais très académique, insisto sur les avantages
du divorce par consentement mutuel. Car le divorce, demandé
pour cause d'adultère est très pénible pour l’époux outragé. Le
consentement mutuel obvie à bien des inconvénients et, en outre,
a cet avantage de permettre aux époux divorcés, de laisser ignorer
le motif de leur divorce et par conséquent de trouver aisément
une seconde union plus heureuse pour eux.
M. de Saboulin, orateur de la négative, nous découvre une fois
de plus sa grande, parfois même un peu trop grande facilité d’élo
cution. Il discute avec chaleur et conviction. Le contrat de ma
riage, dit-il, est un contrat différent de tous les autres et ne peut
être dissous comme eux. Son idéal vient de son indissolubilité. Y
introduire la faculté de divorcer par cjnsentement mutuel, c'est
le rabaisser, en même temps que faire une large part à des motifs
inavouables. La Conférence, par 13 voix contre 11 adopte la néga
tive.
M. le professeur Perron, invité à donner son avis sur la question
reproche aux orateurs d’avoir fait une confusion entre le divorce
de 1792 et celui de 1804, qui parient de principes bien différents.
Le seul dont le rétablissement soit possible, ce serait celui de 1804,
avec ses garanties. Mais alors il devient inutile. En somme, mal
gré les nombreuses et vives revendications actuelles, le divorce
par consentement mutuel n’est point réalisable pour le moment.
Séance du 11 ja n v ie r 1901. — La présidence est occupée par
Me Drassof, vice-président, assisté des autres membres du bureau.
M. le professeur Brocard assiste à la séance. A la barre : sont Mes
Bec et Sajous. La question à l’ordre du jour est celle-ci :
a Les octrois doivent-ils être supprimés de manière totale et
obligatoire en France » ?
Me Bec, le président de la conférence, plaide l'affirmative. Il
montre, en face des rares avantages des octrois, leurs grands in
convénients : leur improporlionnalité , les frais de perception
con>idérubles qu’ils entraînent, la gène qu'ils apportent à la cir
culation des marchandises et par suite à la vie économique du
pays. Leur suppression, dit-il, doit être totale et radicale les es
sais partiels ont piteusement échoué. Il passe en revue les divers
systèmes de remplacement et se rallie finalement au projet Fleury
Bavarin.
Me Sajous a combattu l'argumentation de son adversaire avec
énergie. Il défend les octrois moins en vantant les avantages qu’en
montrant les difficultés du problème des taxes de remplacement.
L’octroi est un excellent impôt, en comparaison des impôts indi
rects qu’on veut lui substituer. Ce que veut l’orateur c'est une
réorganisation des impôts en vue de remédier aux quelques in
convénients qu’ils présentent.
La conférence consultée so prononce en faveur de l'afûrmalive
par 16 voix, contre 1(1 à la négative et 2 abstentions.
M. le professeur Brocard o-time que la suppression des octrois
se rattache à une question plus générale: celle des impôts indi
rects. Il est incontestable que les octrois nuisent au commerce,
trop souvent ils sont des barrières établies pour les villes dans un
but protectionniste. Vestiges des anciennes douanes intérieures,
ils doivent disparailro. Quant à leur remplacement, on pourrait
avoir recours soit aux impôts directs, soit à l’impôt sur le levenu.
M. le professeur félicite, on terminant, les orateurs d’avoir
�— 174 —
— 175 —
traité une question économique d’un si haut intérêt et de l’avoir
bien traitée.
La séance est levée à 10 heures 15.
Séance du 18 janvier 1901. — L’ordre du jour porte d’abord
les élections trimestrielles du bureau. Le bureau sortant se re
présente, il est réélu en entier et à mains levées par l’adoption
d’un ordre du jour déposé par Me lsnard. Me Bec remercie la con
férence au nom du bureau et donne la parole aux orateurs : MMes
Prade et Mille.
M. le professeur Lévy assiste à laséance. 32 membres sont pré
sents.
La question traitée est celle-ci : Y a—t-iljlieu de supprimer les
courtes peines d’emprisonnement?
Me Mille soutient l’affirmative en un langage clair et précis. 11
montre nettement les inconvénients de ces peines qui ne mora
lisent pas et ne punissent pas. Pourquoi ne pas les remplacer par
d’autres peines telles que la réprimande, le développement de la
peine de l’amende.
Me Prade, avec autant de verve que de science, soutient l’insti
tution des courtes peines d’emprisonnement. 11 montre que les
inconvénients de ces peines peuvent être tempérés par l’applica
tion sage de la loi de sursis. Les peines qui la remplaceraient, l'a
mende entre autres, seraient trop souvent inefficaces. Les courtes
peines d’emprisonnement sont un mal, soit, mais c’est un mal
nécessaire.
La conférence Portalis consultée, se rallie à la négative par
19 voix, contre 6 à l'affirmative et 7 abstentions.
M. Lévy, dans sa critique, reproche aux orateurs de n’avoir pas
posé assez nettement la question, et d’avoir envisagé, à deux
points de vue différents, ce problème complexe qui renferme une
question pénale et une question pénitentiaire. Les plaidoiries,
celle de Me Mille plus calme et plus dogmatique, celle de Me Prade
pleine de verve et d’action, sont excellentes en elles-mêmes, elles
ont l’inconvénient de ne pas s’opposer.
La séance est levée à 10 heures
Séance du 25 ja n v ie r 1901. — Présidence de Me Bec. M. le
professeur Politis assiste à la séance. M. Sivan, secrétaire, étant à
la barre, le président appelle M. Prade pour le suppléer. 28 mem
bres sont présents.
Le sujet à l’ordre du jour est : Y a-t-il lieu d’accorder con
fiance à l’arbitrage international pour la résolution pacifique des
litiges et de6 conflits entre Etats, et tout particulièrement pour la
suppression de la guerre?
Me Doreau soutient l’affirmative. Il montre l’empressement des
nations à accepter cet arbitrage qui présente pour elles tant d'in
térêt, la nécessité de remplacer le droit de la force par la force
du droit et par des solutions pacifiques, les guerres sanglantes et
injustes.
M. Sivan reconnaît les inconvénients et les maux de la guerre,
mais il se montre finement sceptique à l’égard des solutions pa
cifiques et de l'arbitrage. La guerre est un mal nécessaire, elle est
la seule sanction des conflits. Ce qu'il faut, c’est tâcher de la
rendre moins meurtrière.
La Conférence consultée se rallie à l’affirmative par 15 voix
contre 13 à la négative.
M. le professeur Politis, dans sa critique, félicite les deux ora
teurs. Me Doreau a fait un début qui promet beaucoup pour le
le jour où l’habitude de la barre lui aura donné de l’aisance. Me
Sivan a de l’ironie, mais souvent, il est par trop sceptique^ l’égard
de l’arbitrage, il est à son aise à la barre et parle avec habileté.
Quant à la question elle-même, M. Politis croît que l’arbitrage
préparé par la conférence de la Haye pourra, dans un avenir pro
chain, produire d’excellents résultats. Actuellement, si on no
peut songer à écarter définitivement les solutions sanglantes et
arriver à la pacification complète, du moins pour les questions
d'intérêt secondaire, l’arbitrage international e6t employé avec
succès.
La séance est levée à 10 heures.
L ’A S S O C IA T IO N . — Com pte-rendu des Séances
Séance du 21 ja n v ie r 1901. — Laséance est ouverte à neuf
heures sous la présidence de Sauvet. président.
Le secrétaire a la parole pour la lecture du précédent procèsverbal, qui est adopié sans observations.
Le Président lit l’ordre du jour qui porte en son en-tête une
discussion sur le principe des bals masqués à l’Association. 11
donne la parole à Muterse pour exposer les motifs, qui lui ont
fait, avec nombre de ses camarades, ce soir, penser qu’il était
possible d’instituer et d’organiser pendant les fêtes du Carnaval à
l’Association des bals masqués. Il estime que le principe doit être
volé et qu’on abordera ensuite la question financière. Himbaud
après lut soutient chaudement ce projet. Bouquier, présidenthonoraire, se lève pour combattre cette proposition. Il fait l’his
torique des bals qui ont eu lieu à l’Association. Il montre les gra
ves conséquences qu’ils ont eues, en diminuant le prestige de l’As
sociation et en imprimant une forte baisse sur les finances de
l’Association. Il estime qu’on doit abandonner le projet soumis
ce soir à l’Assemblée géné’ale.
La séance est très agitée.
Le Président indique que la discussion se poursuivra librement,
et qu'il entend seul exercer la police de la salle.
Martini, Provansal, président honoraire viennent successivement
indiquer qu’ils ne sont pas partisans du tout de bals masqués et
qu’ils se rangent complètement à l’avis du camarade Bouquier.
Roustan demande la parole; On a dit-il, jusqu’à maintenant
mal posé la question. Elle est pourtant bien simple. Faut-il un bal
oui ou non? Et si oui, où et comment ? Il s'empresse de répon
dre à ces deux questions. Il estime que l'Association, en tant
qu’Association, ne peut p.is donner un bal: d’autre part il constate
que les amusements offerts aux étudiants pendant la période
carnavalesque sont des plus minimes, 11 termine en priant l’as
semblée de passer au vole du principe.
Pauchard vient parler dans le même sens. Pour lui aussi l’As
sociation ne peut donner des bals masqués. Il demande simple
ment qu’à l’occasion des fêtes on veuille observer une tolérance
extraordinaire mais il prie rassemblée de vouloir bien voter le
principe.
Plusieurs autres camarades prennent la parole pour parler soit
dans un sens soit l’autre ; Boucharla, Champroux, Du ChalVaut,
Madon sont des partisans convaincus de la nécessité de faire
des bals: d’autres au contraire, Prade, Provansal, Bouquier,
Pauchard y sont absolument opposés.
La clôture de la discussion est prononcée. Bouquier, Poilleux,
Muterse, Martini, Doreau déposent différents ordres du jour.
Le Président fait connaître alors à l’assemblée les sentiments
du bureau tout entier sur cette question. Par la voix de son pré
sident, il se rallie tout entier à l’ordre du jour Doreau, qui après
divers amendements est ainsi conçu :
�« L’assemblée générale repoussant le principe de bals à l’As
sociation et par l’Association passe à l’ordre du jour. «
Il a bien compris en cetto occurence les intérêts de l’Associa
tion et si l’assemblée le repousse on peut considérer désormais le
bureau comme démissionnaire.
La priorité pour l’ordre du jour Doreau modifié est demandée
et votée à une forte majorité, ün passe au vole sur le fond de l’or
dre du jour lequel est adopté.
La suite de l’ordre du jour appelle la nomination d’une com
mission des fêtes pour organiser le concert de charité annuel.
Sont élus: Muterse, Limbaud, Drassoff, De Lacouture, Boucharla, Mille, Doreau, Champroux, Sivan, Andrieux, Prade, Madon,
Jeannin, Fontanille, Du Chafl'aut, Sajous, Cluzel, Caillat.
Le trésorier Fieschi dépose sur le bureau sa démission de tréso
rier pour des raisons personnelles. Comme l’assemblée est en
séance extraordinaire et ne peut discuter que les questions à l’or
dre du jour, elle décide sur la proposition du comité, de se réunir
demain à 1 h. 1/2 pour cette nomination.
Séance du 27 ja n v ie r 1901. — Le Président ouvre la séance
et indique qu’on va procéder à l’élection d’un trésorier. Les can
didats sont priés de se faire connaître. Madon est seul candidat.
Il est élu.
Séance du 30 janvier 1901. — Elle ouverte à neuf heures
sous la présidence de Sauvet, président.
Le secrétaire lit le précédent procès-verbal qui est adopté sans
observation.
Avant toute discusssion sur l’ordre du jour soumis, le Prési
dent demande à l’assemblée de nommer Fieschi trésorier-hono
raire. L’assemblée le nomme à l’unanimité.
La commission du concert a demandé celte réunion à l’assem
blée générale afin de faire ratifier par elle tous les actes qu’elle
avait accomplis provisoirement jusqu’ici, et de se faire donner
pleins pouvoirs pour tous ceux qu’elle aura à faire. On fixe la date
du concert ; on donne à la commission la dernière semaine de fé
vrier. On fixe ensuite les prix et sur la proposition du rapporteur
de la commission, on garde, après une vive discussion, les prix de
l’année dernière. L’assemtdée donne pleins pouvoirs à la commis
sion pour mener à bonne fin celte oeuvre de charité et s’en remet
complètement à elle. Passant aux fêtes du Carnaval, le Président
indique qu’il a reçu du comité de ces fêtes une lettre le priant de
vouloir bien désigner des étudiants pour faire la quête. Plusieurs
camarades sont nommés.
La séanceest levée à onze heures.
Le Secrétaire de iA sso cia tio n :
V. CONSTANT.
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La Provence Universitaire est heureuse de souhaiter
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BULLETIN MENSUEL
�J.r> Mars 1901.
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F ré nÉ ric GE RM A N ET
37, Cours Mirabeau
AIX - EN - PR O V EN C E
SOMMAIRE
Louis M.
S t a n isl a s T .
.NA VIS.
X . d ’A c iie u p k ï
A n t o n ix IL
C . S i-nvrrins.
X.
L u is.
V e u it a s .
X û c ro lo ifio .
S o lid a rité E g o ïs te .
M é lo d ie s.
C o n c e rt d e ( .hariU *.
S e p te m b r e .
R o se .
B o h é m ie n s.
lïs lu d ia n lin a d e .
T e s V eu x .
C h ro n iq u e I h eA lralo .
La R o rla lis .
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T out ce qui concerne la R éd actio n et l'A d m in istra tio n de la R ev u e doit
être ad ressé au C om ité du B ulletin é l’A ssociation des E tu d ian ts.
m eu b lés ou non à lo u er
Ex-Breveté S. G I». G.
DÉFUNT TOI TI COMil RRKMT
�IN É
C R O L O G IE
j^Unem ort subite a jeté un deuil dans l’Asso
ciation. Notre camarade, Pierre de Ccrval de
Lavcrgne, a été fauché dans sa i20m,t année,
alors que rien ne pouvait faire prévoir une si
prompte mort.
L’Association a mis son drapeau en berne
et le jour des obsèques presque tous les Etu
diants se pressaient au convoi du regretté ca
marade.
Deux camarades portaient une couronne
offerte par les Etudiants au regretté Pierre de
Cerval. Le bureau de l’Association, précédé
du drapeau, a accompagné le convoi jusqu’au
cimetière derrière la famille. Devant le cer
cueil le Président de l'Associalion, Me Sauvet,
a dit un dernier adieu à celui qui fut, pendant
deux ans, membre de l’Association, et a
adressé à la famille et à la mère si cruellement
éprouvés l’hommage des respectueuses condo
léances des camarades de son fils.
La Provence Universitaire exprime aussi ses
sentiments de profonde tristesse à la famille
du regretté de Cerval.
K 2S
SOLIDARITÉ ÉGOÏSTE
Souvent, rien de plus lourd à l’homme que la solidarité ;
rien pourtant de plus inéluctable. Fraternité, de quel
éclat brille ce mot dans la devise évangélique ou répucaine ! Or l’implacable science explique ce sentiment et
ce devoir par... la fatalité, par l’héréditaire sympathie
du fils pour le père, par la communauté d’essence et d’in
térêt entre les éléments consanguins. Avant d’être un de
voir, une loi morale, la solidarité est ainsi une néces
sité physique. C’est pour persévérer à vivre toi-mème
qu’il te faut aimer tes proches, aïeux et descendants.
N’es-tu pas partiedu vaste organisme dont eux aussi sont
des membres ? N’es-tu pas leur simple prolongement ?
Cela, en dépit de ta volonté: l’hérédité se gouverne-t-elle ?
Nous resterons forcément les lils de nos pères, portant
leurs tares et leurs qualités. Solidarité intime et inexo
rable ! Vouloir s’en affranchir, quelle chimère! Déifions
plutôt cette fatalité nouvelle ! N'est-elle pas inéluctable,
�essentielle, étant solidarité organique? Des moÎiresque
écules d’Adam circulent encore dans nos veines. Loin
d'aller vite, les morts s’attardent, et restent en nous. Ré
surrection pour eux. pour nous anticipation de l’ombre.
Napoléon expiré revit à Vienne. Voyez ardente et pas
sionnée, la figure du pâle Aiglon ! Mêmes lueurs dans la
prunelle, — bien que plus rares ; même obstination du
menton, — quoiqu’aminci ; même rêverie dans le crâne
vaste— devenu blond ! Mais à la souple chevelure, à la
mélancolie autrichienne des yeux, à la finesse féminine
des traits, reconnaissez-vous aussi Marie-Louise? Ici,
rencontre mystérieuse, Paris et Vienne sont aux prises !
En une survivance dramatique, deux tendances se com
battent en un même cœur, théâtre des hérédités! Chacun
de nous n'est-il pas aussi composé de parcelles ancestra
les? Nos aïeux ne sont pas morts. De la terre ilsnous pé
nétrent, comme une source imprègne une plaine. A eux
nous devons nos vices irresponsables, à eux nos vertus
sans mérite, à eux notre inconsciente fertilité. La vie se
transmet ainsi sans se perdre Traits caractéristiques ou
insignifiants, tous reparaissent tut ou tard. Quelques uns
se font ils entendre? Si ce n'est à la troisième, à la di
xième génération, les voici à la vingtième.
Sans doute, il est alors trop tard pour évoquer le loin
tain ancêtre. Tant mieux ! Cela permettra de croire à une
création réelle dans 1éternelle répétition. Grâce à l’oubli
du vieil antécédent, un peu d’apparente nouveauté rom
pra la monotonie des âges. On dira : Jésus paraît et com
mence une ère ; Bonaparte est né, sorti de rien ; d’une
nuit complète a jailli la lumière ! Illusion source de bon
heur et de beauté, mais illusion pure! L’individu se pré
tend libre de tout bien ; mais qu’il étende, adéquate au
temps, sa pauvre mémoire, elle lui montrera, jusqu’au
dernier lointain, les fils entrecroisés qui le retiennent.
Plus de liberté, ni de mérite, mais une solidarité pro
fonde entre tous. L’identique doit veiller sur ses élé
ments similaires, l’homme doit donc aider l’homme, sous
peine de périr lui-même. Les pierres d’une voûte se sou
tiennent également ; la chute d’une d’elles serait la ruine
commune. L’histoire de l’Humanité, n’est-ce pas la vie
d’un immortel organisme, dont chaque individu est un
moment L’identique se répétant, voilà bien l’homme !
Condamné au rabâchage, l’historien proteste, et le poli
ticien aussi, qui veut tout réformer. Mais il sullit qu’un
autre s’en réjouisse, le moraliste. Ne voit-il pas Spi
noza, par sa contemplation du nécessaire, se sanctifier ?
Ne voit-il pas le Fakir, par sa certitude de bientôt renaî
tre, prendre conscience de la solidarité universelle et de
venir parfait ? Enfin le chrétien ne parait-il pas subli
me en traitant les autres hommes comme soi-même,
parce qu’il voit en tous la même œuvre de Dieu, autant
d’exemplaires identiques du type humanité ? 11 faut s’ai-
— 17» —
mer dans chacun, car de l'égoïsme éclairé naîtra la cha
rité de l’espèce. Apprenons donc d’abord que nous som
mes foncièrement les mêmes en tous temps et dans tous
pays. 11 faut que l’humanité soit morale et réalise Dieu,
par l’égoïsme des individus. Et ceux-ci seront amoureux
d’eux-mêmes dans autrui, puisque, conscients de la soli
darité et de la fatale hérédité, ils se reconnaîtront dans
tous.
Louis M.
MÉLODIE
J arrêterai pour toi l’étoile vagabonde
Qui danse dans les deux par les beaux soirs d’été,
Et je veux aux lueurs de sa douce clarté,
Voir reposer ta tête blonde.
Je partirai. J ’irai jusqu'aux bornes du monde
Pour recueillir, le long des mers et des étangs,
La molle écume, et j ”en ferai des coussins blancs
Où rêvera ta tête blonde.
Je prendrai le nuage à l'orage qui gronde,
Et j ’en ferai le ciel d’un lit éclatant d’or,
Où veillera ta tête blonde...
Puis, dénouant ta chevelure qui m’inonde,
Je chanterai le chant langoureux qui t'endort,
En caressant ta tête blonde.
S t a n i s l a s T.
« Donnez, riches, l’aumône est sœur de la prière »
C’est avec cette généreuse et noble pensée dans l’es
prit, que les Aixois, de tout rang, se sont rendus nom-
�mm
'm m
—
180
—
breux, samedi soir au Théâtre Municipal. Cette date avait
été choisie par l’Association Générale des Etudiants
pour son Concert annuel de Charité. Nous pouvons
dire, avant tout, sans aucune prétention exagérée, qu’il
a pleinement réussi en tous points.
Un auditoire nombreux et choisi était venu témoigner
aux Etudiants sa sympathie et les encourager dans leur
oeuvre charitable. L’autorité militaire avait en cette cir
constance prêté très aimablement à l’Association le con
cours de la musique militaire. C’est elle qui a ouvert la
soirée par une charmante mosaïque sur Carmen, tandis
que ies commissaires, composant le comité du Concert,
employaient leur zèle et leur distinction que l’on sait très
grands, à recevoir et à faire placer la brillante société
qui arrivait.
Après l’exécution très goûtée du morceau de musique,
la gaieté lit son apparition sous forme de chansonnette
à-propos signée a’un grand X, cet anonyme et joyeux
poète dont tout bas l’on chuchotte le nom, et dont on
admire le talent enjoué. Merci à cette muse voilée, des
sourires qu elle a fait éclore sur toutes les bouches, par
les joveusetés que son oeuvre contient.
C’est le camarade Prades, qui remplaçant le camarade
Sajous indisposé a prêté sa voix pour Estudiantinade.
Malgré l’indulgence qu’il a réclamée, on peut dire qu’il
a très bien rendu cette chansonnette. On n’aurait pas
soupçonné qu'il la voyait pour la première fois.
De la porte du fond entre, sombre et lugubre, \e Mon
sieur Enragé. Il nous met au fait. C’est une morsure
par alliance, voilà son cas ; des incisives cruelles et mal
faisantes (il en parle avec beaucoup de respect) l’ont
amené dans le voisinage du Styx. N’insistons pas ! Nous
aurons tous... une belle-mère.
On ne cesse plus de rire avec le camarade Bédarrides,
qui succède au camarade Richard, et qui avec sa verve
habituelle nous fait apprécier l’intelligence des en
fants. .. et celle des parents.
Entre temps, M. Pourcel, le distingué violoncelliste
aixois, a apporté quelques notes plus graves, mais très
appréciées de tous, connaisseurs et profanes. Que di
rions-nous de son talent, connu du Tout-Aix, sinon
qu’il a pins que jamais enlevé les bravos de la salle.
On a beaucoup goûté la voix douce et fraiche de M“°
Seraldy, qui nous a fait entendre deux morceaux de
chant de genre différent, mais tous deux très harmo
nieux. Enlin la première partie du Concert se termine
très gentiment par une comédie en i acte ï Une ou VAu
tre. Les interprètes en étaient Mme Marie Laure et M11®
AliceDaurianne des Variétés de Marseille. Ces deux noms
indiquent sullisaminent d’eux-mêmes, la finesse et la
correction impeccable avec laquelle l’Une ou VAutre a
été rendu. C’est l’histoire de trois amours. D'une jeune
—
181
—
fille pour un jeune homme, premier amour désillusion
né,— d’une femme coquette pour le même jeune homme,
amour illusoire—et amourdecet heureuxjeunehomme...
pour les palmes académiques, — amour de la cassette. Le
rideau tombe sur les appplaudissements mérités parla
finesse de diction et le naturel de Mm< Marie Laure, et la
grâce de M11®Daurianne.
Pendant que l’on échange les agréables impressions
ressenties, les pauvres ne sont pas oubliés. Mme Vergé,
Mm* Guibal, Mllc Giraud et Mllc Bergeon, accompagnées
par nos camarades Sajous. Prades, Caillat et Andrieux,
s’associent à notre charité, en recueillant les offrandes
généreuses de l’auditoire. On ne pouvait refuser une occa
sion si agréable de faire le bien. Les pauvres doivent
beaucoup à l’intervention de quêteuses si aimables et si
sympathiques.
Une fantaisie sur Sa/nson et Dalila, attaquée par la
musique militaire, ouvre la seconde partie du Concert.
C’est Bédarrides qui le premier revient en scène avec un
monologue plein d”esprit et dit avec entrain. C’est une
parodie imitation de divers passages du célèbre Cyrano
de Bergerac. L’auteur se cache toujours derrière ia nonmoins célèbre formule algébrique X, 1 inconnu.
Paulo majora canarnus. C'est du sérieux, même du
très sérieux, débité avec sérieux que Madon vient nous
faire entendre. L'Epave de Coppée nous est donnée avec
le ton nerveux qui convient à ce récit. Sobre de geste, mais
d’un débit facile et exempt d’hésitations, Madon s’est fait
écouter religieusement, malgré l’atmosphère risible
qu’avait fait naître avant lui Bédarrides.
Enfin, cette agréable variété de monologues est clôturée par Mm®Marie Laure, qui a récité une fable avec per
fection. Les fables sont de petits chefs-d’œuvre; appré
ciés davantage, lorsqu’ils sont interprétés par Mme Marie
Laure.
M. Malka, un ténor très apprécié déjà l’année der
nière à notre concert, fait applaudir le Chevalier Bel
Etoile, d’Holmès, et l’Hymne d'Amour, de Massenet.
Accompagné par Mm* Malka. dont on avait déjà goûté
les qualités (c est elle qui très aimablement et brillam
ment a accompagné Mlk Séraldy). M. Malka s’est montré
très à son aise dans ces deux morceaux, donnant à sa
voix une fermeté et une ampleur remarquables.
Mais tout n’est pas fini avec la chute du rideau. Le
programme porte YAffaire de la rue de Lourcine, la
comédie de Labiche toujours désopilante. Ce qui corse le
plaisir, c’est la locture de la distribution des rôles, où
l’on aperçoit les noms des plus sympathiques parmi les
étudiants et de ceux qui ne font pas bonne société avec
dame mélancolie.
Cela a été tout à fait réussi. On riait... on riait, comme
dit Ragucnau dans Cyrano. On a ri des ligures sourian
tes et gaies qu’avaient revêtues, c’est le cas de le dire, de
�— 183 —
Lacouture dans le rôle de Lenglumé et Boucharlat dans
celui de Mistingue. Les deux compèies ont été hilarants
à une puissance très élevée. Le sternum de quelques ca
marades se plaignaitméme d’ôtre trop secoue. A noter
surtout la réponse concise et spontanée de Mistingue et
toute du terroir. Mais les autres personnages ont bien
mérité également une part dans notre hilarité.
l)orly dans le rôle de Norinc avait su prendre un* physio
nomie et un jeu de circonstance.
De même, « le brave Justin » et « le cousin Potard » alias
Prades et Doreau ont justifié, par leurs ligures ahuries,
parleur ton réussi, les faits et gestes des deux labadens.
En somme félicitations chaleureuses aux acteurs et aux
organisateurs.
A l’issue du Concert, un banquet a réuni quelques
gens calmes (du moins au début) à 1 hôtel Nègre-Coste.
Mm. Marie Laure, Mlle Dauriane, M. Rozé avaient accepté
l’invitation qui leur avait été faite et très gaiement ont
causé quelques heures avec les étudiants. De nouveau,
au dessert, on a apprécié, peut-être davantage, dans l’in
timité, le talent de Mmc Marie Laure, de Mlle Daurianne
et de M. Rozé. Puis après quelques mots de remercie
ments, adressés par Me Sauvet, président de l’Associa
tion on s’est séparé le plus tranquillement possible.
Dans cette fête très réussie, dont le bénéfice pour les
pauvres a dépassé 1.000 fr. beaucoup ont à recevoir leur
part d’éloges. Eloges et mercis d’abord à tous ceux qui
par leurs concours ont assuré un si vif succès à notre
Concert. Nous nous en voudrions de ne pas nommer
parmi ceux qui ont déployé le plus de zèle pour l’orga
niser, le camarade Sauvet, président de l’Association,
Caillat, président du Comité, et Doreau, trésorier qui
tous trois ont eu plus spécialement à remplir des fonc
tions difficiles et parfois lourdes.
Enfin à vous tous camarades, à tous aux « petits, obs
curs et sans grades » qui avez donné un peu de temps,
de votre dévouement, beaucoup de votre initiative,
merci.
Grâce à vous, gràco à cette source féconde et produc
trice de la Charité, des malheureux se disent que parmi
les plus favorisés qu’eux en ce monde, il y a des gens,
des jeunes gens qui pensent à eux, qui font tous leurs
efforts pour les secourir. C est là votre récompense.
N ayis .
IL S- — De méchantes langues prétendent que des étu
diants gais, auraient commis force méfaits, voire même
assassine une charbonnière après le Concert. Quel crime
abominable. ...
SEPTEMBRE
Le bois a ce soir une voix plus molle,
Le parfum des fleurs est plus enivrant,
Dans le lac d’argent se mire le saule,
De la tiède nuit solitaire amant.
Dans le ciel de moire, une étoile folle
Comme un œil mi-clos, scintille gaîment;
Et, d’un saint absent, diaphane auréole
La lune là-bas monte au firmament.
L’air est traversé par des vapeurs frêles :
On y sent passer comme un frisson d’ailes
L’esprit est plus calme et le cœur moins lourd
Dorment les buissons dans une ombre claire ;
1 es soucis du jour ont quitté la terre
Et chaste, s’en vient l'heure de l’Amour...
X. d’ACHEUPEY
ROSE
Cours Victor Hugo d’aventure,
Si vous voyez minois lutin,
Allure vive, air enfantin,
Œil noir et noire chevelure.
Taille fine et peau de satin,
N’allez pas grossir son butin.
Lui jeter un cœur en pâture;
Pour la charmante créature,
Jeunes gens sont menu fretin ;
Beaucoup en faut pour sa friture
Craignez qu’elle ne vous capture
Passez vite votre chemin.—
�Elle est toute minauderie,
Gentillesse, câlinerie,
Et quand je prends, bel escroqueur,
Un baiser, sa lèvre fleurie
Me distillant douce liqueur,
D'amour, d’enivrante langueur,
Je sens sa caresse attendrie
Se nuancer d’un pli moqueur.
Ah ! craignez sa coquetterie
Et redoutez, hardi vainqueur.
Que la coquette ne rie
Mordant à même à votre cœur —
Le lendemain elle raisonne,
Son air sérieux vous désarçonne;
D’amour je voudrais me griser,
Mais elle joue à la madone,
Elle est plus prude qu’une nonne : —
— « Qui vous rend si hardi d’oser?........
Me prend-on pour une luronne? »
— « Rose mon cœur va se briser
Si je ne vous prends un baiser !
Apaise-toi, douce mignonne! » —
— « Monsieur, voulez-vous m’épouser ?
Certes je serais bien infâme
Si je disais que pour la femme
Tromper est un besoin; pourtant
C’est un fait triste mais patent
Et bien malin je vous proclame
Si vous savez un seul instant
De quel tissu, de quelle trame
Est la doublure de son âme.
La femme est un esquif flottant,
Rerdu, sans boussole et sans rame;
Embarquez-vous, mais en partant
Faites bien votre testament.
A n ton in . P.
BOHEMIENS
Une vieille, horrible roulotte dont les deux roues
grincent à chaque pas, branlante, rapetassée de ficel
les et de vieux sacs, sorte de trou noir enfumé. . . .
C’est là qu’ils sont entassés, qu’ils pullulent, qu’ils
grouillent.
Hommes, femmes, enfants, déguenillés, dépoitrail
lés, morveux et crasseux, les tignasses en broussail
les, vivent pieds nus sur les chemins, dardant sur le
passant des regards fauves et sombres, faisant pitié
par leur misère et peur par leur aspect.
La sordide niche roulante et cahotante leur sert
de tout. Le cheval, seul, pauvre haridelle maigre et
efflanquée, une ombre, un souvenir, n’habite pas
avec la garnison.
Que font-ils ces gitanes, de quoi vit ce camp am
bulant? Nul ne lésait au juste, mais on ne s’en
doute que trop bien . . . Remarquez l’inquiétude des
villageois près desquels ces rouleurs jettent leur
camp . . . voleur, qui n’a hélas, avec les roses que la
seule ressemblance de ne durer qu’un jour ? . . .
Sitôt l’emplacement choisi, les hommes rôdent ou
rempaillent des chaises. — Ils sont supposés vivre
tous avec ce que peuvent leur rapporter les quel
ques sièges qu’ils réparent par jour ! Les femmes
au crépuscule font cuire la soupe dans le creux du
fossé, et cette flamme de brindilles entourée de mé
gères noires et échevelées, grimaçantes et désossées
qui gesticulent autour de la marmite, évoque nette
ment, le soir, la vision d’un sabbat de sorcières.
Quant aux enfants, ils se querellent et se rossent,
ou bien tirant un sac plein de croûtons à vendre,
mendient de porte en porte avec leur chien pelé,
enveloppant les meubles de regards scrutateurs, in
juriant les personnes qui ne leur donnent rien.
�186
—
Jamais ils ne comprennent le français, excepté
devant les gendarmes: avec eux, au contraire ils le
parlent souvent. Mais avec tous les autres, ils font la
sourde oreille, sachant par expérience qu’on ne peut
faire partir un campement pareil, et que leur meil
leure force est celle d'inertie.
Pauvres diables ! Tristes épaves de misères et,
et, trop souvent, de paresse. . . Si malheureux qu’ils
soient, gr;\ce à leur liberté, ils aiment leur misère et
leur isolement. C’est l'armcedu plein air qui est par
tout chez elle, enfants de tous pays où sont des gran
des routes !
Pauvres parias .. . Qui donc ne les plaindrait, sur
tout quand ils sont loin?
C. SERVIERS.
£ s tu d ia r ttin a d e
Chansonnette
/
Dans la bonne aille d’Aix-en-Provence
(La pairie illustre des Calissons)
Existait une joviale engence
De compères gais et de bons garçons,
Esprit éveillé, humeur buissonnière,
Bruyants et pas toujours très travailleurs ;
C'était la Jeunesse Universitaire
Dont voici le refrain qu’on dit en chœur :
Ils sont épatants tous les étudiants
Lorsqu’ils s’en vont le soir en vadrouillant
Criant et chantant à pleine voix
Chez les braves Aixois.
Ils font beaucoup de bruit, mais dans le fond
Chacun d’eux est bien le meilleur garçon.
Rien n’est joyeux, rien n’est attrayant
Autant qu’un étudiant.
Ils sont méconnus ces bons jeunes hommes,
Et sont accusés des plus noirs forfaits.
Croiriez-vous qu’on dit que dans leurs monômes
Ils commettent les plus affreux méfaits.
On prétend qu'ils font la guerre aux sonnettes,
Que dans les rues d'Aix. us font du pétard,
Ne rêvant que farce en leurs folles têtes.
Tout cela,Messieurs.c’est archi-faux, car car car..
Ils sont épatants tous les étudiants
Lorsqu'ils s'en vont le soir en vadrouillant
Criant et chantant à pleine voix
Chez les braves aixois.
Il font beaucoup de bruit, mais dans le fond
Chacun d’eux est bien le meilleur garçon.
Et, croyez-moi, rien n’est innocent
Autant qu’un étudiant.
III
Tenez une fois, la date est lointaine,
Si lointaine que je ne sais plus quand.
On aperçut dans la Grande Fontaine
Des monstres marins fout noirs et voguant.
Les gens se disaient : « Ce sont des baleines,
Des dauphins ou bien encor des requins ;
Ils viennent de l'Arc, la chose est certaine ».
...C’étaient de vieilles barriques de vin, de vin.
Chacun de crier : c’est les étudiants
Oui firent ce bon coup en vadrouillant.
Ces requins étaient bien imités,
Nous n’avons pas pité.
Et vous voyez par ce seul fait, messieurs,
Que quoiqu'il arrive, on dit que c’est eux.
Rien n’est in offensif, cependant
Autant qu'un étudiant.
IV
Une autre fois, ceci c’est véridique,
On vit une énorme charrette dans
L’intérieur du kiosque delà musique,
C'était, paraît-il, d un drôle tordant.
Pour traîner une aussi lourde charrette.
Il avait fallu t-être vingt gaillards
Puis avoir vidé plus d’une feuillette
De ce vin aixois dit le Philippart-lipart.
�— 189
— 188 —
Chacun de crier : c’est les étudiants
Qui firent ce bon coup en vadrouillant.
Porter cette charrette si haut,
Bè ! Aquèlo empégo !
Par ce nouveau fait, vous voyez, messieurs,
Que quoiqu'il arrive, on dit que c’est eux.
Reconnaissez que c'est bien navrant
Pour le pauvre étudiant.
V
Enfin quand survient la moindre aventure,
On cite des noms à travers, à tort :
On dit c’est Saiivet, Madon, Lacouture
Ou plutôt ce chahuteur de Ricord
Oubien Bourchalat, Rousselot, Muterse,
Bédarrides, Bec, Prade ou Caritous ;
On dit même d’un aplomb qui renverse,
C'est celui qu’o n y dit Charles Sajous Sajous.
Tous ces noms-là sont des noms d'étudiants
Qui s’en vont parfois le soir vadrouillant, ;
Mais qui respectèrent de tout temps
Le doux sommeil des gens.
Dire qu’ils sont muets, en vérité,
Ce serait manquer de sincérité,
Mais n’empêche, qu'ils sont amusants
Tous les bons étudiants.
VI
Etre joyeux n’est pas un défaut grave,
Quand on a vingt ans faut Vêtre surtout,
Qui de vous, messieurs, avant d'être grave
Ne Va pas été, lui-même, un peu fou.
Pourtant l'étudiant la chose est certaine
Passe pour semer partout la terreur.
Rien n est moins exact, vous pouvez sans haine,
Aixois, avec moi, répéter en chœur, en chœur :
Ils sont épatants tous les étudiants.
Lorsqu’ils s'en vont le soir en vadrouillant,
Criant et chantant à pleine voix
Chez les braves aixois.
Il font beaucoup de bruit, mais dans lefond
Chacun d'eux est bien le meilleur garçon.
Aussi je m’en vais en vous criant
Vivent les Etudiants !
La Provence Universitaire publiera dans son prochain nu
méro l’ETUDIANT, monologue créé au Concert de charité
par M. Bédarrides.
TES YEUX
Tes yeux, noyés dans les parfums
Qui montent de tes lèvres roses,
Telles, deux étoiles écloses
Dans les senteurs des soirs défunts
Tes grands yeux pers, fines parcelles
Du ciel, que l’amour vient poser
Sous tes cils, comme en un baiser,
Un doux frôlement de ses ailes.
Tes yeu x dont l’infinie douceur.
Plus diaphane que la ga\e,
Berce d’une divine extase,
Mon âme de la tienne sœur.
Tes yeu x qui contemplent l’étoile
Aux derniers rayons du soleil,
Au doux prélude du sommeil
De la nature qui se voile.
Tes yeu x ! .. je voudrais de leurs pleurs
Humecter ma lèvre rosée,
Telle la nuit de sa rosée
Humecte les finettes fieurs
Luis.
CHRONIQUE THEATRALE
Notre théâtre vient de fermer ses portes. Le dernier
mois a été de beaucoup le moins intéressant. A signaler
une seule représentation : Boccace. C'est une des plus
jolies opérettes du répertoire courant, et ce fut la pièce
qui reçut, dans cette saison un peu terne, il faut bien
l’avouer, la meilleure interprétation.
Mlle Séraldy qui avait enfin reconquis sa voix si
agréable du début de l’armée a trouvé dans cette pièce
un de ses meilleurs rôles ; pleine d’entrain comme tou
jours ; elle fut ravissante sous ses différents travestis, et
roucoula avec un charme exquis les divers morceaux de
la partition. Je tiens à dire ici, qu’elle fut la cheville
ouvrière du théâtre ; son départ aurait, je crois, rapide
ment entraîné la lin déjà prématurée de la saison —
�— 190 —
Son succès ne peut qu’aller en grandissant puisqu’elle
n’est encore qu’à l’aurore de su carrière artistique qui
doit lui réserver les surprises les plus agréables.
A ses côtés MM. Rozé, Courbon, Roger, se sont taillé
un fort joli succès. Enfin M. BorreUy, M11^* Azéma et
Saxe ont droit à tous nos éloges.
Je voudrais jeter un coup d’œil d’ensemble sur cette
campagne, mais la place me manque. Je suis obligé de
reconnaître que la lin ne fut pas digue de l’exorde. Par
suite d’un concours malheureux, de circonstances indé
pendantes de la volonté d’un directeur, qui fut cepen
dant toujours plein de bonne volonté, le ramage fut loin
de répondre au plumage.
Il est un fait qui produira toujours les mêmes consé
quences et je veux le signaler en terminant.
Jamais un directeur ne devrait avoir des artistes en
double, par exemple, deux ténors, aussi manifestement
inégaux.
Qu’une personne aille par aventure entendre le ténor,
le moins bon, elle ne remettra plus les pieds au théâtre
malgré tout le bien qu’on lui dira de l’autre.
Des représentations d’une honnête médiocrité valent
mieux que des représentations inégales. Le bon et le
mauvais ne font pas une moyenne et tuent un théâtre.
Je ne veux pas clore cette critique sans remercier
Mmes Séraldy et Dorly, de leur bienveillant concours à
notre concert, et M. Borrellv de la courtoisie et de l’ama
bilité dont il fit constamment preuve à l’égard des étu
diants.
VERITAS
Bibliographie. — Nous lisons dans la Revue historique de
Provence, un très suggestif article de M. G. Valran, sur YArt
Provençal. Nous reviendrons sur cet arlicle et sur ce sujet dans
notre prochain numéro.
CONFÉRENCE PORTALIS
Séance cia V Février 1901. — Me liée, président, ouvre la
séance à 8 h. 1|2. M. le professeur Jèze assiste à la séance. Les
deux orateurs, Me de Lacoulure et Me Paul Jourdan ont choi.i
la question suivante : » L’inlrjduction du referendum dans lu
législation municipale française présenterait-elle désavantagés «>.
On remarque, chez Me Jourdan, qui fait ses débuts à la barre,
l’élégance du style et la justesse des idées, qualités qui font bien
augurer pour l'avenir de son talent oratoire. Il préconise lo refe
rendum parce qu’il serait un moyen d’éducation morale et sociale,
maintiendrait l’esprit de suito dans l’organisation municipale et
résoudrait des situations difficiles et embarrassées.
191 —
L’orateur de la négative, Me de Lacouture, a beaucoup de suite
dans ses idées, qu’il enveloppe d’une forme plaisante et humoris
tique parfois 11 cite les faits à l’appui de sa thèse et souvent mê
me y met le feu et la verve d’un acteur. Il repousse le referen
dum, vu l’incapacité et l’inexpérience de la multitude à qui l’on
offrirait un élément de discorde. La conférence adopte l’atfirmativo par 12 voix contre 11 à la négative et 1 abstention. M. Jèze,
après avoir félicité les deux orateurs, leur reproche d’avoir trop
envisagé le point de vue législatif au détriment du point de vue
communal. Ace dernier point de vue, le referendum ne pourrait
être admis d’une façon générale. Mais on pourrait fort bien le
faire fonctionner à titre d’avis et de consultation.
Séance du 8 Février 1901. — La question à l’ordre du jour
est celle-ci: « La transportation constitue-t-elle un bon système
de colonisation ». Elle est soutenue par Me Mal hfa et rejetée par
Me Chaudié. M. le professeur Gaudemet est présent à la séance.
Me Mathis est un habitué de la barre. De nouveau, on a appré
cié la richesse de son imagination et l’heureux choix de ses ex
pressions, souvent très neuves et très pittoresques. — La trans
portation, dit-il, a toujours été utile à la fondation des colonies ;
c’est pour un pays, un moyen de sécurité à l'intérieur et d’ex
pansion à l’extérieur; c’est également le procédé qui convient le
mieux à la transformation morale des condamnés. Me Mathis
montre les fruits de cette sorte de colonisation en Australie.
Me Chaudié, quoique pour la première fois orateur à la Porta
lis, a bien vile fait de se dévoiler excellent dialecticien. Se pos
sédant pleinement, ayant plus do sobriété que son adversaire et
peut-être aussi plus d’élégance châtiée, à l’ampleur des idées, il
joint un style très littéraire et plein de charmes. Il repousse la
colonisation pénale, parce qu’elle lui apparaît comme un obsta
cle à la colonisation libre. Il nie que le but moralisateur dont
parle Me Mathis soit atteint. L’exemple, d’ailleurs, est là pour
prouver l’insuccès de ce mode de colonisation
La conférence applaudit chaleureusement les orateurs, et con
sultée se prononce pour la négative par 11 voix contre 7 à l'affir
mative et 2 abstentions.
M. Gaudemet, prenant la parole, rend hommage à l’ordre,
l’assurance et la netteté d’expressions que l’on trouve dans les
plaidoiries. Il estime qu’il est bien difficile de se prononcer in
abstracto. Cela dépend beaucoup de la manière dont sera appliqué
la transportation et des circonstances environnantes.
L’ASSOCIATION. — Compte• rendu des Séances
Séance du 7 mars 1901. — La séance est ouverte à neuf
heures sous la présidence de Sauvet, président.
Le secrétaire a la parole pour la lecture du précédent procèsverbal lequel est adopté sans observations.
La parole est donnée à Caillât, président de la commission du
concert, pour rendre les comptes. « Avant, dit-il, de céder ma
place au trésorier de la commission, je tiens à vous dire d’ores et
déjà que le concert a, cette année, comme les précédentes, pleine
ment réussi. Je remercie tous mes collaborateurs qui m’ont aidé
dans cette lâche et je passe la parole au trésorier üoreau. »
Le président donne la parole à Doreau qui se lève et indique le
résultat final des comptes.
�Les recettes brute» se montent à . ..
1T74 fr. 60
Les dépenses..................................
756 fr. 40
d’où pour les Pauvres de la Ville, la somme de
1018 fr. 20
11 propose ensuite de partager ladite somme entre les établis
sements de bienfaisance de la ville et il donne l’énumération
ci-dessous.
On remettra:
Au Bureau de Bienfaisance......... 768 fr.
Aux Pelites-Sœurs-des-Pauvres.. 100
A l’œuvre de St-Vincent-de-Paul. 100
A l’œuvre des Prisons.............
50
Il demande à l'assemblée de vouloir bien ratifier cette répar
tition. L’assemblée consultée l'admet.
Bec, Navoni déposent immédiatement sur le bureau de l’assem
blée un ordre du jour ainsi conçu :
« L’Association réunie en assemblée générale, constatant le
succès du concert au point de vue artistique et pécuniaire,
félicite la commission et passe à l'ordre clu jour. »
Mis aux voix, il est adopté à l’unaninnté.
Le président, en même temps qu’il est heureux de joindre ses
remerciements personnels à ceux fie l’assemblée, et do constater
de tels résultats, annonce aussi à l’assemblée que notre camarade
Rimbaud vient de perdre son grand-père. Par la voix do son
président, Rassemblée envoie ses sincères condoléances au cama
rade éprouvé.
La séance est levée à onze heures.
Le Secrétaire de l'Association :
V. CONSTANT.
N E C R O L O G IE S
La Provence Universitaire a éprouvé un chagrin
bien pénible en apprenant la mort, dans sa i6m° an
née, de Mlle Berlhe-Augustine Vidai. M. et M,ne
Edmond Railhac, dont la défunte était la nièce et
tille adoptive, sont bien cruellement frappés et nous
tenons, en cette douloureuse circonstance, à leur
présenter nos sympathiques condoléances.
Nous avons à déplorer les deuils qui frappent nos
camarades Provansal, président honoraire de l’As
sociation, Rimbaud et Muterse.
Provansal a perdu sa tante Mme Dumoulin, Rim
baud son grand'pcre M. Farnet, notaire honoraire,
et Muterse sa grand’mère la générale Daudel.
La Provence Universitaire donne à ces camara
des l’assurance de ses sympathiques regrets.
Encore un nouveau deuil nous est annoncé au
dernier moment: notre camarade Isnard vient de
perdre son père. Nos condoléances aussi à ce cama
rade cruellement éprouvé.
Le Directeur-Gérant : J. P rade .
T y p .e t L iih . P. POUHOi-L», ê o u r t M > rab$àut
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Administrative ci Commerciale
FÉLIX GIRAUD
37 Cours Mirabeau
AIX - EX - PR O V E N C E
SOMMAIRE
C. Sf.RYIERS.
(i BORGES LoniN.
X. d'Achecpey.
I.IMS.
Bkrgkrettf.
MA . Martial.
P ierre Coctuet
( i. Fontami.i.e
Réception de M. le Préfet à Ponl-aux-Oies.
P Etudiant.
Simple rondeau.
Impressions vagues.
Eveil d Ame.
Impressions.
D après lVtrarcn.
Recherches sur l'Art provençal.
Revue Historique de Provence.
La Portalis.
UBfôilups î I^sïKjuo et articles de liiifeam
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abonnement pour l’année 1900 sont, instamment priés de l’adres or au
Comité du Bulletin an siège de l’Association.
N. II. •• liés remises (h* lïneur seront accordées à HH. 1rs fliidiauls
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MM. les Abonnés sont prévenus que le m ontant de l’abonnem ent
pour l’année 1901 sera recouvré p arla poste dans la quinzaine.
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SUB MBSUBB
DÉFUNT TOI TK <0\C1ttML\< l
�à Pont-aux-Oies
(S C È N E
V I L L A G E O I S E )
Pont-aux-Oies est un simple village de cinq cents âmes,
mais c’est pourtant un chef-lieu de canton, ce dont les
habitants, les Oiessipontins sont très « heureux et fiers ».
Aussi, comme Monsieur le Préfet, nouveau venu dans
le département, doit passer demain par hasard dans la
« ville », se sont-ils mis en frais pour le recevoir digne
ment La section de pompiers, comprenant autant d'hom
mes qu'il 22J* a de gradés, s’est mise en grande tenue.
Malheureusement, la commune n’étant pas très riche, et
les pompiers, malgré toutes les remontrances, se servant
par économie de leurs dolmans et pantalons d'uniforme
pour aller travailler aux champs, il s'est trouvé que quel
ques vestes, plusieurs pantalons étaient trop usés, trop
courts, ou même déchirés. Grâce à l'énergie et au dé
vouement de Monsieur le Maire, (un homme instruit qui
a été au collège et y a fait toutes ses classes jusqu’à la
septième exclusivement), tout s'est arrangé. On a rapiécé,
racommodé ou allongé les pantalons et les dolmans avec
des morceaux de drap qui, bien que n'étant pas tous, il
est vrai, exactement de la même couleur, n’en sont pas
moins fort solides et n’en font pas moins fort bon effet.
On a recousu des boutons, mis des plumes d’oies peintes
en rouge aux plumets un peu trop usés parle temps et les
rats ; on a enfin remplacé un fusil manquant par un fusil
de chasse du vieux garde champêtre, en un mot on a
tout remisa neuf et la section, avec l'air si martial qu’ont
les bons campagnards a pu défiler, clairon félé en tète,
devant le maire enthousiasmé.
La brigade de gendarmerie du canton a été invitée à
rehausser, par son prestige incontestable, l’éclat de la
solennité. Monsieur le Maire et son adjoint, dès la veille,
ont arboré l’écharpe tricolore : le conseil municipal s'est
mis sur son trente-ct-un. Le garde champêtre a exhibé le
drapeau municipal du coin où il était relégué et où il se
décousait lentement en pleurant son jeune âge.
Toujours par les soins de Monsieur le Maire (qui est
un malin et qui compte bien à cette occasion, décrocher
le mérite agricole qu'il a certes gagné depuis bientôt vingt
ans qu'il exerce la noble profession d'épicier), un magni
fique arc de triomphe couvert de verdure a été élevé devant
la principale entrée du village. Gomme on le voit, rien ne
manquera pour donner à Monsieur le Préfet une haute
idée de ce que sont les habitants de Pont-aux-Oies.
�— 194 —
Mais l'heure s’approche à laquelle doit arriver ce grand
personnage.
Le maire va. vient, donnant ses derniers ordres, jetant
partout le coup d’œil du maître. Il recommande aux pom
piers de bien se garder de marcher au pas, en cadence,
comme font les ignorants, mais au contraire d’aller tous
à leur volonté, en traînant quelque peu les pieds, afin
que les bruits de pas, plus nourris, donnent de loin à
Monsieur le Préfet une idée favorable du nombre d'hom
mes que comprend la section. Tranquille, désormais, on
ce qui concerne les pompiers, Monsieur le Maire court
aux gendarmes et les prie de toujours sc tenir devant les
pompiers afin que Monsieur le Préfet ne remarque pas
trop les quelques parties légèrement défectueuses de leur
équipement.
La gendarmerie s’avance à quelques mètres derrière,
les six gendarmes marchant quatre par quatre. Puis vien
nent les pompiers,les deux derniers tirant la pompe à qui
mieux mieux sur le tombereau communal. Ils marchent
tous, maigres ou bedonnants, grands et petits, jeunes et
vieux, le lieutenant en tète.
Plus loin s’avance, raide et guindé, bombant le ventre,
petit et rondelet dans son écharpe. Monsieur le Maire,
rêvant au mérite agricole, suivi de près, comme une
boule l’est d'une quille, de son adjoint, grand, maigre,
dégingandé. A côté d'eux les principaux fonctionnaires
de l’endroit.
Derrière, le conseil municipal qui parle haut, très ému
aussi, et rit bien fort pour se donner une contenance.
A la suite, deux jeunes villageoises, portant deux beaux
bouquets qu’elles doivent offrir à Monsieur le Préfet pour
« sa dame ». Elles ne respirent plus, d’émotion et de
gêne, dans leurs corsets serrés, dans leurs robes empe
sées. Aussi, pour cacher leur embarras et se pousser de
l’air, ces belles demoiselles sont elles en train de se que
reller, de se lancer coudes et poings dans les côtes en s’ap
pelant: « Bougresse ! ».....
Enfin, terminant le cortège, le peloton des écoliers
qui doivent chanter les louanges de Monsieur le Préfet
en vers blancs composés à la hâte par le magister du
pays.
Derrière le cortège « ollicicl » s’allonge la foule villa
geoise, criant à tue tête, effrayant les oies au passage, les
gamins se rossant, se roulant sur le sol, les femmes ja
sant ou riant aux éclats.....
On s’arrête à l’entrée du village et l’on attend, plon
geant à l'horizon des yeux écarquillés.....
Enfin, on voit arriver la voiture préfectorale ; tous les
cœurs bal lent, les pompiers présentent les armes, le vieux
clairon essaie de sonner d une voix lamentable ; le con
seil municipal, les fonctionnaires se groupent à la hâte
derrière le maire ; la population fait cercle, maintenue
— 195 —
par les « troupes » et par le cantonnier qui gesticule en
taisant les grands bras.....La voiture s’arrête et Monsieur
le Préfet, objet de tous les regards, en descend. La foule
aussitôt l’acclame, le maire et l’adjoint s’inclinent pro
fondément, guillotinés tous deux par leurs cols empesés.
Puis le maire, rouge jusqu’aux oreilles d’émotion conte
nue, se souvenant qu'il doit parler, sc tortille, tousse, et,
d’une voix bredouillante, épèle le petit discours qu’il a
appris par coeur. Mais bientôt, en s'écoutant parler, il en
oublie la suite, s'effraie et s'embrouille encore plus.
Suant, roulant des yeux hagards, souriant jaune, il sent
qu’il n'ira pas plus loin, il veut en finir, et crie à tue tète:
« Vive Monsieur le Préfet ! ». En lançant ccs mots, qui
sont pour lui le moyen de salut.ildésigne d’un geste large
et inspiré, les baïonnettes rouillécs de la section des
pompiers.....
Le Préfet s’apprête à répondre.....mais immédiatement
le lieutenant des pompiers, prenant le geste pour un si
gne à son intention, met le casque au bout de son sabre ;
tous les pompiers, électrisés, imitent son exemple, acclamentàpleine gorgc.Le gardechampêtre.pour faire comme
toutle monde,surmonte rapidement le drapeau de son vieux
couvre-chef huileux et l’agite dans les airs ; le clairon
sonne la charge d’une voix rauque et pleurarde, l'enthou
siasme gagne la foule, les enfants poussent des cris aigus
auxquels répondent des poupons énervés et des oies du
village; bientôt la cloche de l'église, mise en branle par
le curé qui veut plaire à Monsieur le Maire, sonne à la
volée. Aussitôt tous les chiens du village se rassemblent
près de l’église et se metleut à hurler la mort, ün se
bouscule, on se lance des pétards dans les jambes.
Le magister, que la corvée de faire chanter scs vers
devant un aussi haut personnage que le préfet, émotion
nait et angoissait, jugeant le moment propice, rassemble
vite scs jouvençaux et les lait entonner. La chanson
passe inaperçue, mais les cris des chanteurs, trop serrés
dans la foule et qui se marchent suides pieds, augmentent
encore le brouhaha. Le village semble transformé en une
immense foire. Le préfet attend toujours pour ses deux
mots.
Le maire de son côté, craint de devenir sourd et se
demande avec anxiété si le préfet ne pourrait pas le de
venir aussi.
Un bruit plus fort et plus assourdissant encore que
tous les autres les fait tout à coup sursauter et ébranle
le sol, Dans sa conscience vague, Monsieur le Maire se
souvient alors que, la veille, il avait donné ordre au %
garde, de réserver, pour l’arrivée de Monsieur le Préfet,
les dix plus grosses boites à poudre, de commencer par la
pluspelileel de finir par la plus grande. Le garde, grisé
par le bruit, s’en est souvenu, et, croyant bien faire, il
les fait partir tout près d’eux ! Le maire se repend amè-
�..
— 197 —
Etudiant. Qui çà, moi ? Voyons vous voulez rire
Est-ce un terme moqueur que vous prétendez dire
Je vous croyais, Messieurs, un esprit plus subtil,
A ma face, vraiment, cela se verrait-il?
Non... Votre jugement s’est fait en trop de hâte :
Ai-je de long cheveux ? Une immense cravate ?
Rites vous d'un béret que ma tète portât ?
M'avez vous vu hurler dans la rue Saporta?
Non? Alors pourquoi m’appeliez vous étudiant ?
Pourquoi pas m’appeler tout de suite mendiant?
Mais enfin raisonnons. Que pourrai-je bien être,
Si j’étais étudiant ? Etudiant en lettres ?
Je pourrais être pion, et puis du pionnicat
M’élever en vingt ans jusqu'au professorat ?
Professeur? Inculquer l'alphabet à des mioches
En accompagnant chaque le ttre de taloches ?
Non merci. Seriner du latin, quel souci,
Dire tous les jours des mots en um ? Non merci.
Sans cesse démontrer d'idiots théorèmes ?
Ecouter cent leçons, corriger cent problèmes
Sans en trouver un bon ? Non merci. Pour un peu
Se divertir prouver l'existence de Dieu ?
Non merci. Surveiller de chacun la tenue,
Crier à chaque instant : « Vous grande retenue ».
« Un tel vous n’ôtes pas loin de la porte aussi ».
Eh bien, sincèrement, non merci, non merci.
Fuyant l’enseigne et toute, sa mixture
Je puis alors entrer dans la littérature,
Mais faire quoi? des vers? Que personne n’entend
Sous prétexte qu'il ne sont pas d’Edmond Rostand ?
Ecrire des romans? On les trouve trop rance
S ils ne sont de Bourget ou d’Anatole France.
On se nourrit souvent en lisant ses écrits.
On se chaude l’hiver avec ses manuscrits.
Oui voilà l’horizon de l’étudiant en lettre...
Et c’est ça, braves gens, que vous me dites d’être ?...
De me narguer ainsi je ne donne aucun droit.
Je sais bien qu’on peut être étudiant en droit.
Où cela mène t'il quand on à sa licence?
Au titre d’avocat? Par ma foi belle avance :
Avoir le geste grand, soutenir avec feu
Que le blanc c’est noir et que le rouge c’est bleu,
Faire trembler sa voix aux passages ultimes
Et montrer les gredins toujours comme victimes.
Redire à chaque instant : Oui messieurs, oui messieurs,
Agiter ses deux bras en regardant les cicux.
Et puis un avocat qu’cst-ce à tout prendre en somme
Comme dit Cyrano, est-ce une femme? un homme ?
On ne sait pas puisqu’on les voit le plus souvent
En robe, oui messieurs, en robe... c'est navrant.
Non, non pas avocat. Oui mais dans la basoche
On peut encore entrer. Le parent le plus proche
De l’avocat je crois que c’est bien l’avoué.
Mais à ce métier là, moi me sentir voue....
Non... Voyez je n'en ai pas le moindre courage..
Que voulez vous on a ses fiertés à tout âge.
Moi je n’ai jamais eu des instincts bien roués.
Connaissez-vous la ballade des avoués?
Je puis la dire ici, mais il faut me promettre
De n’en parler jamais, songez si quelque maître
Allait savoir le fait? Vous inc le promettez ?
Vous ne redirez rien ? Alors, chut... écoutez :
Ballade des avoués en deux instances et un envoi
I
En mon élude me calfeutre
Guettant le plaideur bon garçon.
Par des mots souples comme feutre
Lui dit toujours qu’il a raison.
�— 198 —
Ah ! de la vérité le son
Ne sort pas souvent de ma bouche..
Que m'importe cette façon
A la lin du procès.... je touche.
II
Jamais une affaire n'est neutre,
Si persuatif est mon ton,
Que le client naïf et pleutre
Se mène tout comme un mouton.
Toujours plaider, c’est mon dicton
Et sur mon registre je couche
Des frais, des frais, puis bon larron,
A la fin du procès... je touche.
En coi
"En somme le métier est bon.
Que l’atfaire soit claire ou louche,
Que le client ait tort ou non,
A la fin du procès je touche.
Vous voyez bien, Messieurs, après celte ballade
Que des avoués je ne suis pas camarade.
Et je ne puis porter toque ou rabat coquet,
(Tout le monde, mon Dieu, ne peut être toqué)
Et bien ! suis je étudiant ? Je vois à votre mine
Que vous êtes vaincus. Hein ? Quoi ? La médecine ?
Oui je sais qu’avant d’ètre un excellent docteur,
Il faut être étudiant, étudiant de valeur.
Pour arriver à quoi? Voyons en conscience,
Répondez-raoi, Messieurs, vous gardez le silence?
Vous enviez le sort de ces gens dont le cas
Est de vous faire passer de vie à trépas,
Ces gens dont les instincts sont toujours sanguinaires,
Et dont les visites sont courtes, mais sont chères ;
Ces gens desquels on dit, non sans quelque raison,
Ces vers que je leur donne en guise d’oraison.
Ce sont les docteurs sans vergogne
De la santé des gens jaloux,
Aimables comme un chien qui grogne
Ce sont les docteurs sans vergogne.
Sont-ils de Paris, de Gascogne,
Ceux qu'il faut éviter surtout
Ce sont les docteurs sans vergogne
De la santé des gens jaloux.
Le pauvre malade en leur pogne...
Est obligé de filer doux,
A coup de drogues on le cogne
Le pauvre malade en leur pogne.
— 199 —
Vous torturer, c’est leur besogne
Très peu guérir, occir beaucoup.
Voilé les docteurs sans vergogne,
De la santé des gens jaloux.
Eh bien? Comprenez vous pourquoi je ne puis guère
Faire le médecin. Alors que dois-je faire?
Si je suis étudiant? Allons vous voyez bien
Que je ne le suis pas. Eh! quoi donc ? Pharmacien?
Ah c'est encor plus fort. Merci de l’algarade,
Non, je ne suis pas fait pour vendre la pommade,
Et puis c’est ennuyeux on ne peut rentrer tard
Sans entendre crier dans la rue : Eh ! Potard...
Ah n’allez jamais chez eux
Malheureux,
Fuyez-les comme la peste.
Vous y laissez bonnes gens
Vos argents,
Vos santés et puis le reste.
Le moindre petit flacon
Tout mignon,
Qui leur revient une obole
Etiqueté joliment,
Carrément.
Le vendent une pistole.
Aimables, intéressés,
Empressés,
Amateurs de facétie,
Sentant les produits en ol,
Le phénol.
Voilé gens de pharmacie.
Messieurs après cela je n’ai plus rien à dire,
.le vous ai convaincus, cela doit me suffire
Et cela me suffit. Je pars tout souriant
De m’ètre pu laver du titre d’étudiant.
Au fond vous vous demandez ce que je puis être.
Professeur, pharmacien, docteur, avoué, maître.
Ayant été* par moi renvoyés au rancard.
Moi... je suis le Monsieur qui pendant près d un quart
J) heure vous racontât une idiote histoire.
Le monsieur dont on dit é la (in: quelle poire...
Et qu’on est très heureux de voir ficher le camp.
Cela vous apprendra de me dire étudiant.....
Georges Looix.
Mars 1901.
�1
S BLPJLS E ©
1 © IA Ü
Je pense à vous seule sans trêve,
Je songe à vous seule sans fin,
Même dans les brumes du rêve
Je vous vois dans un ciel lointain —
Mais votre silhouette frêle
Découpant votre profil doux
Disparait vite comme un coup
D’aile.
Quand je vais, triste et solitaire,
Par les horizons endeuillés,
Ma tête penche vers la terre,
Lourde du poids de mes pensers —
Je songe que vous êtes belle,
Et le chant du soir aérien
Qui dans les feuilles bruit, me vient
D’Elle.
X. D'ACHEUPEY.
IMPRESSIONS VAGUES
La nuit passe déjà, le murmure dolent
De l’onde du ruisseau — qui s’écoule en frôlant
Sur la rire un brin d’herbe, une feuille ballante —
Monte au ciel vers la lune encore étincelante.
Et je suis du regard — en silence exhalant
Un rêve hélas fané — les cailloux vacillant
Dans cette onde, là bas une étoile filante
Dans la demi clarté, dans l'ombre somnolente
S'infléchit en mourant. Un nuage tout blanc
Apparaît vaguement dans l'éther ruisselant
De lumière neigeuse, et sa marche est si lente
Qu’on croirait voir au ciel une àme s'en allant
A regret de la terre, une àme encor tremblant
D’amour en son linceul et qui glisse dolente.
LIIUIS
E V E I L
D ’A M E
Comme la jeune fille est crédule et naïve !
Au nid peuplé d’oiseaux, son cœur semble pareil,
Un seul mot d'amitié, parole fugitive,
Suffira quelquefois, pour le mettre en éveil.
Les parents sont bien là, toujours sur le « qui-vive » ?
Interrogeant ses yeux, épiant son sommeil,
L’âme de leur enfant se perd a la dérive,
Peuvent-ils maîtriser un rayon de soleil.
Semblable à lui, le rêve interrompant la chaîne,
Ne s'inquiète pas si plus loin est la peine. ..
On est fort peu sensé, quand on n’a pas vécu !. . .
D'ailleurs, est-ce un grand mal d’accepter un hommage.
Un chaste aveu peut-il causer un tel dommage ?
Qui ne s’est exposé n’aura jamais vaincu !
BERGERETTE.
IMPRESSIONS
llien de plus vrai et d’aussi faux que l'impression
du moment : clic Hotte, indécise, dans un cadre nul.
Sa vérité et sa vie ne sont fondées que sur l’évidence.
Le dillicile est justement de la faire paraître, simple
énoncé, vraie et vivante aux yeux des autres.
Beaucoup d’hommes ne se tournent vers Dieu que
lorsque le besoin s’en fait sentir.
Définir un dictionnaire de rimes, c’est donner en
même temps la différence qui existe entre le poète et
un versificateur.
L ’observateur doit être un ironiste.
L ’amitié est comme le tonneau qu’on remplit pour
le vider en temps opportun ; la différence est qu’on
doit plus compter sur le tonneau que sur les amis.
M .-V . MARTIAL.
�Bénis soient et le jour et le mois et l’année,
Où je vis de vos yeux l'ineffable douceur,
Béni soit le pays, la rive fortunée
Où régnait, sans dédain, ce front plein de langueur !
Et béni soit le pleur que mon àuie étonnée
Répandit certain soir de deuil et de douleur,
L’amour, le trait sanglant dont ma blessure est née,
Et qui lit lentement tout le tour de mon cœur !
Bénis soient les soupirs qui me sortaient de l’âme,
Lorsque je murmurais le doux nom de ma Dame,
Les larmes, les tourments que je me désirais !
Et bénis soient les vers que j’écrivis fidèle,
Soumis à sa pensée où ne dominait qu elle ;
C'était elle toujours et nulle autre jamais !
Nice 1900.
P ierre GOUTRET.
RECHERCHES
SUR L/ART PROVENÇAL
Dans notre précédent numéro, nous avions attiré l’at
tention de nos lecteurs sur un article dcM. Valran dans
le nouveau périodique : la Revue historique de Provence,
fort intéressante et que tous nos lecteurs provençaux
devraient avoir entre les mains. L’article en question
est intitulé: Recherches sur l'Art provençal.
En 1866, M. Révoil, dans son ouvrage sur 1’A rchi
t e c t u r e R omane nu Mini de la F rance avait dit dans
son introduction : « A l aide ces nombreux documents,
il sera facile, même à ceux qui n’ont jamais visité les
monuments de l’architecture romane du Midi, de les
apprécier à leur valeur, de les étudier en détail et d’y
puiser d’utiles et fécondes inspirations. » Et M. Valran
ajoute :
« L'architecte Marseillais avait compris comment la connais
sance, la contemplation des œuvres artistiques d'antan peut re-
— 203
nouvelcr le sens esthétique d’une population déjà favorisée de la
nature; il avait compris comment l’interprétation des mouve
ments figurés aidant à la critique des monuments écrits peut
renouveler le fonds et la trame des connaissances dont est tissée
la chaîne des traditions; il avait compris combien il importe de
mettre à la disposition de l’homme d’étudier les matériaux même
de la science et de vulgariser les documents puisés aux sources.
La préoccupation de cet artiste qui se doublait d’un historien,
c’est en dernière analyse, la préoccupation de l'archéologue dans
le langage de la pierre, et par extension dans une pièce de fer,
d'étoile, dans une médaille, dans une épingle, l’archéologue veut
découvrir un coin du passé, surprendre une pensée, un sentiment,
à peine entrevus à travers les mots d’un toxte. Reprendre, éten
dre, moderniser l’œuvre de M. Révoil, ne serait-ce pas un projet
séduisant? »
Mais M. Valran trouve qu’il serait téméraire pour
quelqu’un de le tenter seul? Dans ce cas la nouvelle Re
vue Historique n’est-cllc pas toute désignée pour réali
ser ce projet avec l’aide de ses collaborateurs et de ses
lecteurs, « avec les facilités qu’offre à tous dans ses feuil
les un instrument d’échange pour les idées et un ren
dez-vous pour les bonnes volontés, par la coordination
et la concentration des efforts vers un but nettement
précis et méthodiquement poursuivi, la reconstitution de
la civilisation provençale à ses divers âges, d’après ses
monuments figurés. » — Comme 011 le voit, il s’agit d'ou
vrir entre les collaborateurs et les lecteurs de la Revue
Historique, une enquête archéologique.
fixer par la photographie l’image de tous les monuments
figurés: édifices, colonnes, balcons, cariatides, portes, mo
biliers, faïences, verreries, tableaux, tapisseries, etc.; recueillir
tous ces documents, les centraliser par l’intermédiaire de la Re
vue dans un ou plusieurs dépôts publics, Marseille, Aix, Avignon,
Arles, Draguignan, Nice ; dresser dans une colonne spéciale de la
Revue, à mesure des envois, un inventaire des richesses aitistiques et documentaires de la Provence, du Comtat Venaissin, du
comté de Nice : accompagner cet inventaire, dans la mesure pos
sible des informations, d’indications recueillies par les auteurs
sur les lieux mêmes, ou par les érudits dans les archives
publiques ou privées; préparer par cette double documen
tation de photographies et do monographies une histoire de l’art
provençal avec un album archéologique, compléter par cette
histoire lo tableau do la civilisation provençale, déjà esquissé
dans la description de ses institutions et Dévolution doses tradiditions ; et parcelle élude, marquer un relief réel, exact et puis
sant l’originalité de notre pays au milieu des diverses physiono
mies provinciales ; rectifier par cette reconstitution les erreurs
des historiens provençaux, ignorants do la science critique, et des
historiens français, fa cinés par l'influence prédominante de Plie
de France dans l’histoire nationale, telles seraient l’économie et
la portée de ce travail, œuvre de la méthode et de labeur, et sur
tout œuvre du temps.
Quo sait-on sur l’art provençal dans les ouvrages généraux?
Soupçonne-t-on même un art provençal ? O11 en jugeia par un
exemple entre plusieurs. Voici comment M. Champeaux, dans un
ouvrage qui appartient à une autre collection justement appré-
�— 204 —
ciée et hautement recommandée, s’exprime sur le meuble au
temps de la Renaissance, lorsqu’après avoir étudié les différentes
écoles, il désigne chacune du nom de sa province : « Dans la
vallée du Rhône se développait simultanément un autre ccntro
industriel auquel on a imposé provisoirement la désignation
d'Ecole du Midi, ne sachant pas encore à quelle ville ou à quelle
province spéciale il fallait l’attribuer. » lit, « provisoirement, »
sans doute il lui attribuait, non sans raison d’ailleurs, Avignon.
Pourquoi cette indécision, cette incertitude ? Est-ce à dire qu’il n’y
avait pas d’art provençal ? M. Champeaux serait (enté do le croire,
il donnerait à l’entendre ; il note des influences multiples, ou
plutôt de nombreux emprunts auxquels il reconnaît par ordre
d’importance, l’école lyonnaise; l’école bourguignonne, l’école ita
lienne, et même l’école de Pile de France. Est-ce par une sorte
d’atonie dans l’expression, la composition, l’exécution, qui laisse
rait aux produits de l’art provençal je ne sais quoi de terne et de
banal? Il n’en est rien, M. Mayeux a rendu justico aux artistes
provençaux desXV11®et XV1IP siècles pour leur habileté dans la
composition décorative : il place les faïences de Mousliersà côté de
celles de Rouen, de Xevers, de Strasbourg ; ce sont ces fabriques
qui fournissent, jusqu’au premier empire les modèles les plus
heureux de faïence décorée. »
La vérité, c’est d’abord que la matière est difficile à étudier.
M. Rambaud, dans un chapitre consacré à l'histoire de l’archi
tecture religieuse, civile et domestique au moyen âge affirme
qu'il y a un art spécial à chaque province, et il reconnaît com
bien il est difficile, plus parsiculièroment dans notre région du
Midi, de suivre le passage d’une période à l’autre, de l’art romain
à l’art français.La vérité, c’est oncore, et là est le point important
à noter, la raretédes renseignements, la difficulté de l’informa
tion. ..
Est-ce à dire que les histojiens de.la Provence n’ont eux-mê
mes dirigé aucune de leurs recherches dans ce domaine défaits,
et n'ont apporté aucune contribution à cet ordre d’études?
Ce serait une injustice et une ignorance également coupables.
Ce serait méconnaître le soin que prend Achard, dans son Dic
tionnaire gèograph ique, de signaler et de décrire selon l’occu
rence, les édifices qui recommandent une localité au chercheur;
ce serait négliger la classification historique que M. de Vi leneuvo
a tracée des monuments architecturaux des diverses périodes
dans sa Statistique des Bouches-du-Rliône ; ce serait délais
ser, dans un oubli immérité, une série de monographies,et d’étu
des qui forment les éléments d’une bibliographie de l’art proven
çal : L’Architecture romane dans le midi de la France, des
sinée. mesurée et décrite par M. Révoil, Paris, 1860 à 18*3.
Quiconque a parcouru la Provence, le cointat Venaissin, le
comté do .Nice, ces pays foulés, eédimentés par les Phéniciens,
les Grecs, les Romains, les Sarrazins qui ont été entraînés à leur
tourdans le courant des différentes civilisations, chrétienne, ita
lienne; quiconque a observé chez les antiquaires ou dans les bas
tides des campagnes, les arnuires ou los faïences et reconnu
l'anémone, sculptée à plein bois ou fondue dans l’émail des
poteries, a, découvert par intuition, reconnu par sympathie un
trait de l'âme provençale, dans ce langage, aux symboles si di
vers, l’art du dessin. Ce sont ces observations qu’il faut poursui
vre en profondeur et en étendue ; ce sont ces symboles qu’il faut
déchiffrer; ce sont les efforts do nos devanciers, et parfois de nos
maîtres, qu’il faut seconder, compléter. Dans celle collaboration
avec les défricheurs des temps passés et présents, il n’est pas
— 205 —
d'aptitude si humble qui no mérite d’être sollicitée, de dévouement
si réservé qui no mérite d’être encouragé et, pour réussir, de dé
lai! de méthode, qu’au lesoin il no soit utile de signaler.
Aussi adressons-nous appel aux érudits, aux chercheurs épris
d’art local ; à tous los cirioux comme aussi à tous ceux pour qui la
phologr ipliie n’ost point un passe-temps stérile ; à ceux pour qui
elle est l’art de fixer les figures qui disparaissent, et de lutter vic
torieusement contre l’œuvre destructive du temps qui nivelle le
sol et emporte bien loin les souvenirs avec la poussière ot les
feuilles, ludibris ven/i<. A ceux-là nous demandons de collabo
rer à 1enquête, honorant la petite patrie d’un culte éclairé par
la religion de la science et avivé par une inaltérable piété filiale.
C’est pour eux que 1’ «enquête archéologique» est ouverte
dans ces colonnes : parleurs photographies, leurs notes sur les
manuscrits, voire même sur les légendes populaires qui enve
loppent souvent do nimbes mythologiques la construction ou
la. destruction d’un donjon, d'une porte, révèlent certains
états psychologiques des sociétés, par leurs recherches per
sonnelles et par le concours de toutes les bonnes volontés i’s con
tribueront à édifier une œuvre qui « illustrera » l’histoire du
pays méditerranéen, des Alpes au Rhône.
M. Va Iran fait ausm appel aux instituteurs, qui, dit-il,
«sont des mieux préparés pour nous comprendre et des
mieux placés pour nous seconder. Ea effet, ils ont des
notions d’art, beaucoup font de la photographie, et ils
peuvent souvent sc procurer dans le pays des documents
intéressants.
« 11 est toutefois à ce concours o’ellbrts une condition essen
tielle: la méihode dans la documentation. Sur ce point il serait
de toute prudence pour nous de n’avancer aucune règle, aucune
prescription, voire, même aucun conseil ; il est, de noire devoir
et non sans quelque raison d’incompétence, de nous incliner
devant nos collaborateurs et des maîtres dans la numismatique
ou l’archéologie que leur autorité désigne pour une tâche aussi
délicate...
Cependant trois précautions primordiales s’imposent à toute do
cumentation pour compléter, préciser, féconder une rcchciche,
un relevé photographique.
Il importerait do retracer dans quel emplacement le monument
figuré a été signalé ; terre—plain, veisant de montagne, confluent
de cours d’eau, etc.
C’est la topographie du sujet.
11 importerait ensuite de noter la date du monument, soit
d’après l’inscription qu’il porto, suit d’après une médaille qui
l’accompagne, soit d’après des armoiries qui le distinguent, soit
d'après les ouvrages ou manuscrits qui le mentionnent, c’est la
chronologie du sujet.
Il importerait enfin de rassembler les faits authentiques ou
légendaires dont il est l’objet appellations franc lises ou proven
çales, savantes ou populaires et même les deux, qui le désignent,
c’est en quelque manière sa biographie.
Pratiquement, comment fonctionnerait ce service d’informa
tions ?
1* Trois exemplaires (autant que possible) de chaque vue pho
tographique seraient onvoyés au bureau de la Revuc\ b s for
mats 13 X 18. 9X 12 s'raient los plus roc unmandables ;
2° Une note unique, écrite d’un seul côté de la feuille ne va-
�— 20Ü —
rietur, contenant topographie, chronologie, biographie de
l’objet, accompagnerait chaque envoi. Photographies et notes
seraient signés et datés ;
3° Un exemplaire resterait en dépôt dans les bureaux delà Re
vue ; les exemplaires disponibles seraient dirigés vers les dépôts
publics des documents historiques (d’après une note qui paraîtra
ultérieurement).
4° Dans le numéro, il serait fait mention, sous la rubrique
spéciale: Recherches sur l’Art provençal, des divers envois
avec la signature do leurs auteurs, et un résumé, on un extrait,
ou une publication in extenso des renseignements joints aux
photographies.
5e Kn lin d’année, il serait publié, par les soins de la Revue un
album d'art provençal, d’après un classement adopté; un texte
soigneusement vérifié et redressé par les soins de la Rédaction
accompagnerait les documents recueillis, avec mention des noms
de tous les collaborateurs.
Comme on le voit, la proposition Je M. Yalran est des
plus séduisantes ; elle a un intérêt considérable, et l’au
teur n'a pas négligé le côté pratique de la question.
Nous serait-il permis de lui soumettre quelques idées.
D’abord en ce qui concerne le choix du lieu de dépôt
des photographies et autres documents, la bibliothèque
Méjancs n’csl-ellc pas toute désignée au choix de la
Revue et de tous les provençalisants ? Tous les travail
leurs, tous ceux qui s’occupent d’histoire, d’art, de cho
ses provençales en un mot, viennent consulter scs pré
cieux documents et ses livres rares. Nul doute que .M.
Aude l'aimable conservateur de la Méjancs et la muni
cipalité aixoise ne se mettent à l’entière disposition de
la Revue Historique pour organiser convenablement
cette collection nouvelle de documents. — Kn ce qui con
cerne les pholhographics, un exemplaire serait conserve
à la Méjancs, un autre aux bureaux de la Revue, et le
troisième pourrait-êlrc mis à la disposition des intéres
sés. à titre de prêts, soit pour leurs travaux propres,
soit pour l'organisation de conférences.
Ou constituerait ainsi à la Méjancs quelque chose
d’analogue à ce qu’e-t à Paris le Musée des photogra
phies documentaires que je signale tout particulière
ment à l'attention des organisateurs de cette collection
documentaire.
Je conseillerais aussi de coller les photographies sur
des feuilles d'un format fixe et de mettre en-desssous
de la photographie toutes les indications nécessaires.
On pourrait ainsi faire relier ces photographies, en con
sacrant un volume ou plusieurs à chaque région.
Chaque année on pourrait publier un catalogue ana
lytique aulographié, qui serait envoyé à toutes les biblio
thèques publiques de la région, où on pourraitle consul
ter.
Enfin, il serait également fort utile de rassembler une
collection de vues pour projections, en faisant appel à
tous les photographes à cet ell'et. Ces vues seraient cm-
— 207 —
ployées à des tournées de conférences, et on les prête
rait aux conférenciers sérieux. Je rappellerai à celte
occasion, que le port gratuit, aller et retour, a été
accordé à plusieurs sociétés de conférences, et serait
aussi certainement accordé à la Revue.
Pour conclure, nous n’avons qu’à transcrire la lin de
l’article de M. Yalran.
Fa maintenant à l’œuvre.
Dans ce vaste champ oit la fcience et la crit:que moderne solli
citent nos efforts, sons noire ciel (le Provence lumineux et trans
parent parfois comme D cml de la Grèce, sur notre sol si riche en
al lavions déposées par les diverses civilisations, cultivons prudem
ment, mais vaillamment notre jardin.
G aston
FONTANTLLE.
Nous sommes heureux de publier le sommaire de
la Revue Historique de Provence:
M. Clerc, les Phéniciens dans la région de Marseille
avant l'arrivée des Grecs. — A. Lefas, Origine des Institu
tions Municipales eu Provence (suitej. —M. Bertrand. Les
véritables Armoiries de Cannes.— Recherches sur l’Art
Provençal. — Bibliographie.
I. — llevue des Livres:
Weller Nicolas, Frederi Mistral le poète delà Provence.
— Oddo Henri, Le Chevalier Rose. — Amiot Fernand, l u
port franc ù Marseille. — L. de Berluc-Pérussis, Fouont
Jano d Arc à Fourcouquié.
IL — Revue des Périodiques :
Bulletin des Sciences économiques et sociales du Comité
des travaux historiques et scientifiques. — L’Anjou histo
rique. — Revue épigraphique. —Néoules-Revue. — Revue
de Numismatique. — Courrier de la Revue. — Informa
tions.
PORTALIS
Séance du V .Mars V.HJ1 — Kn l’absence de Me Si van, secré
taire, retenu par une indisposition, Me Bec invite Me Lambot à
remplir les fonctions de secrétaire. Ce sont deux jeunes orateurs,
Me Nicolaï et Me Pécout qui ont revêtu la robe et discutent sur la
question suivante: « La constitution d’un casier civil, établissant
au point de vue civil l’état des personnes, comme le casier judi
ciaire au point de vue pénal, est-elle désirable et est-elle pra
tique ». C'est M. le professeur Vermond qui ce soir assiste à la
séance.
Malgré la difficulté de la question, les deux orateurs s’acquit
tent très bien de leur tâche. Me Nicolaï, on une discussion serrée,
�—
208
-
montre l'insuffisance de i o? registres actuels de 1 étal—ci vil •
L’institution du casier civil, étant les fraudes et les surprises»
établirait la soli 11lé du crédit et la sécurité de la famille.
Me Pécout. qui soutient la négative, le fait avec une facilité
d’élocution et une verve qui étonnent chez un débutant. On sent
qu’il est à l’aise à la barre, qu’il possède son sujet et fait ainsi
espérer d’agréables séances à la conférence. Il pré end que l’ins
titution réclamée serait inutile autant qu'irréalisable; L'état ac
tuel lui parait sullisant ; d’autant plus qu’une trop grande publi
cité accordée aux choses de la vie privée n’est pas toujours
désirable.
La conférence donne 11 voix à l’affirmative et 11 à la négative,
montrant ainsi le talent de persuasion égal chez les deux
orateurs.
M. le professeur Vermond, appelé à donner «ou avis, dit que la
question se dédouble : Y aura-t-il un casier civil ? Et que con
tiendra-t-il ? Ibnne quant au fond, celte institution rencontre
rait de grandes difficultés pratiques.
Stance du î 4 mars 1001. — Sont à la barre M4 Coirard et
M Lambot. M. le professeur Polilis assiste à la séance. La ques
tion choisie est ainsi conçue : «La confiscation de la propriété
privée dans une guerre maritime est-elle légitime? »
M” Coirard soutient l'affirmative. Sa plaidoirie se fait remar
quer par beaucoup d’ordre et de logique dans les idées, qualités
de fond auxquelles vient s’ajouter une grande aisance dans l’ex
pression. A son avis, la confiscation peut agir ellicacement sur le
vaincu pour l’amener à traiter. Elle se justifie par la possibilité
d'utilisation militaire des navires de commerce.
M' Lambot apporteà la barre les mêmes qualités de fond, solidilé de l’argumentation et de la discussion, qu’a déjà montré
son adversaire. I l repousse la confiscation, parce que malgré l'étal
de guerre, on doit toujours respecter la vie et les biens des pirliculiers. Ce procédé n’amène pas une issa> plus rapide de la guerre
et paralyse an contraire les forces employées à la défense du com
merce.
La conférence se rallie à la négative par 12 voix contre Gà l'af
firmative et 1i abst -niions. M Polilis solutionne la quostion comme
il suit: Théoriquement, il faudrait adopter la négative, mais
pratiquement l'affirmative s’impose.
En principe, les particuliers ne doivent avoir aucune répercus
sion dommageable, des conflits entre Etats. Et cependant la confis
cation est un des moyens les plus énergiques pour amener l’ad
versaire à se soumettre.
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D euxième
A nnée
N° 14.
Provence
Universitaire
BULLETIN MENSUEL
A bonaemcnt : \
É t u d ia n t s
:
1
Fr.
F
Le Numéro : o,3o cenl.
�15 Mai liiOl.
SOMMAIRE
Nécrologie.
Bruges el Bodenbach.
Grève.
\ . ’A HKI’ PFY.
l,e Rocher aux Jasmins.
F. C.
Le ('.liant du Troubadour.
Stanislas T.
J KHAN DE ( i EYIîEY. Les Chevaliers.
RlCHAÏU)-NlC<U.As. Le Gros Bot.
Chronique théâtrale.
V ê u it a s .
Bes Cours.
J. D.
\
d
\\CIEV\E MVIS(J\ (j HES
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L’Association a été, cette année-ci, particu
lièrement éprouvée et la série noire des deuils,
persiste avenir jeter le désespoir parmi nous.
C’était notre regretté camarade De Cerval,
que nous accompagnions naguère à sa der
nière demeure. Il y a quelques jours à peine,
c’était notre excellent et regretté ami Henri
Malhis.
L’Association a aussitôt mis son drapeau en
berne et le jour des obsèques tous les étu
diants se pressaient derrière le cercueil. Deux
camarades portaient une couronne oflèrle par
ses amis au regretté Malhis, et derrière la fa
mille, si cruellement éprouvée, le bureau, en
tourant le drapeau cravaté, suivait le cortège.
Dans l’assistance nombreuse nous avons re
marqué tous les professeurs de la Faculté et
toutes les notabilités judiciaires et politiques
de la ville.
Puissent ces marques de sympathie univer
selles apporter à la famille du regretté Mathis, les consolations nécessaires dans la dou
loureuse étape qu’elle vient de franchir ! Puis
sent ces regrets unanimes combler le vide que
celte tin prématurée a fait naître si subite
ment ! C’est le dernier vœu que la l'rovcncc
Universitaire fait, en lui exprimant ici même
scs sentiments sincères de profonde tristesse et
de condoléances.
BRUGES & G. RODENBACH
C’est le départ de Bruxelles, à la gare du Nord, dans
le rapide d Ostende : la traversée ralentie des faubourgs,
puis de la banlieue au milieu des villas et des parcs ;
enlin la fuite vertigieuse à travers les grandes plaines
nues de la Belgique, avec le fracas du passage dans les
gares, désertes à cette heure matiuale, dans un coup de
si filet déchirant.
Maintenant c’est la plaine de Gand dans la buce blan.
�che qui monte sousl éclaboussement des premiers rayons
du soleil, et la ville avec sa couronne de fumées lourdes,
tressée par d'innombrables cheminées d’usines. Encore
une demi-heure de route, après l’arrêt de dix minutes à
Garni !
Une éclaircie dans les peupliers qui bordent la rivière,
et c’est Bruges, là-bas dans la brume argentée des ca
naux. toule rose avec l’étincellement de scs mille clo
chers !
Bruges! C'est la descente du train au milieu des in
terprètes obséquieux de quelque inévitable agence Coolc.
et des commissionnaires empressés à arracher les baga
ges du pauvre voyageur abasourdi, puis la traversée des
faubourgs ou des quartiers neufs par la Neueslrasse ; les
rues deviennent plus étroites et moins régulières, à me
sure que l’on gagne le centre de la ville : elles sont bor
dées de maisons ayant pignon sur rue, la plupart en
bois, et assez semblables à celles qu’on retrouve encore
dans les vieilles cités normandes, comme Lisieux ou Fécamp.
Bruges est la ville la plus pittoresque peut-être de la
Belgique, ou, tout au moins, celle qui a conservé, mieux
que toute autre, la physionomie du Moyen Age ; rien de
plus curieux en ellet que les quartiers du centre avec
des édifices rares du plus pur style flamand, le beffroi
tout à la fois gigantesque et gracieux, les donjons, les
églises, en bordure de rues étroites et sinueuses où, à
chaque instant, l'on s’attend à rencontrer, les armes bro
dées d'or sur la poitrine, un héraut allant crier aux carefours quelque édit de la prévôté.
L’on s arrête à Bruges par snobisme, en allant à Ostende ; et l’on va à Bruges tout exprès par curiosité ar
tistique. Et malgré soi, le souvenir de Bodenbach han
te ; des pages entières de sa « Bruges la Morte » revien
nent à la mémoire quand on longe les avenues déser
tes. le long des canaux à l’eau morte et fiévreuse, où
se reflètent les vieux donjons qui s’effritent.
Celte Bruges solitaire et triste, la Bruges des quais, des
vieilles maisons, du béguinage, des églises. Bodenbach
l’a comprise et l a décrite exquisement parce qu'il la sen
tait mieux en harmonie avec sa mélancolie. On lui a re
proché de n’avoir pas décrit Bruges telle qu elle est, vi
vant d’une existence intense de grande ville commerçan
te, avec l’animation singulière de ses rues marchandes,
à midi et le soir à la sortie des ateliers. Mais il ne faut
pas oublier que Bodenbach est un poète, un triste, avec
un peu de ce mysticisme naïf qu’on rencontre chez les
hommes du Nord ; il n'a pas eu la prétention de nous fai
re un guide de Bruges comme Joannc ou Bcedccker. il n a
pu nous décrire Bruges avec cette chaleur de coloris,
dont est coutumier Daudet. 11 a peint ce qui l’attirait,
et ce qui 1attirait c'est <»1Ame des choses », de ces vieil-
—
211
—
les choses flamandes dont il avait la nostalgie et vers
lesquelles allaient toutes ses pensées. Un de ceux qui
l’ont approché de plus près, Maurice Guillemot, nous
a laissé de Bodenbach un portrait qu’il est intéressant
de reproduire.
« La tète fine, lefront surmonté d'une chevelure cré
ai pée, en flamme (le punch un peu, une chevelure hloiule
« où il avait du miel, de l'ambre, des feuilles mortes,
« desjyeux calme d une clarté pâle, d'un bleu glauque,
« un nez aqililin, une légère moustache ombrant les lè« vres, l'ensemble posé, sérieux, avec une sorte de mé« lancolie maladive de poète, une lenteur froide et pré« cieuse, la parole douce en mi-teinte, le geste rare, tel
<( est Rodenbach » ce Bodenbach. qui à ving ans,
chantait déjà, en vers attendris, les fenêtres des couvents:
Les fenêtres surtout sont comme des autels
Oix /leurissent toujours des géraniums roses,
Qui mettent, combinant leurs conteurs de pastels,
Comme un rêve de /leurs dons les fenêtres closes.
Fenêtres de couvent, attirantes le soir
Avec leurs rideaux blancs, voiles de mrriecs
Qu'on voudrait soulever dans un bruit d'encensoir,
Pour goûter vos baisers, lèvres appareillées ’
et qui vingt ans plus tard chantait encore les cloches, le
silence et les fenêtres.
L’histoire d’amour qu'il nous donne, dans « Bruges la
morte », n'est en réalité qu'un prétexte à une peinture
minutieuse de la vie calme, apaisée des Flandres, telle
quelle dut être ou Moyen Age, dans la monotomie des
jours gris, avec les heures tombant lentes des clochers
séculaires. Le poète nous en avertit lui-même dans la
préface du roman :
a Dans celte élude passionnelle, dit-il, nous avons voulu aussi
ci principalement évoquer une ville, la ville comme un person
nage essentiel, assoc é aux étals d’âme, qui conseille, dissuade,
détermine à agir... Ainsi, dans la réalité, cette Bruges, qu’il nous
a plu d’élire, apparaît presque humaine... Un ascendant s’établit
d’elle sur ceux qui y séjournent. Klle les façonne selon ses silos et
ses cloches... Voilà ce que nous avons souhaité de suggérer: la
Ville orientant une action. »
Bruges est donc pour Rodenbach le principal person
nage du livre. Après une union heureuse avec une femme
charmante, Hugues Yiane. au lendemain de la perte de
celle-ci, morte au seuil de la trentaine, est venu se fixera
Bruges. 11 avait autrefois visité la ville, au cours d'un
voyage, lorsqu'ils menaient tous les deux, leur existence
un peu cosmopolite de ménage uni, et il s’était souvenu
île la vieille cité flamande : Comme aux douleurs physi
ques la tranquillité est nécessaire, « aux douleurs morales
le bruit aussi fait mal ».
�212
« La ville, elle aussi aimée et belle jadis, incarnait de la sorte
sts regrets : Bruges était sa morte et sa morte était Bruges, o
—
-
Depuis cinq ans déjà, Hugues mène sa vie calme toute
au souvenir ému des heureux jours de jadis, a}rant trouvé
sinon l'oubli, au moins l'apaisement, quand un soir, au
cours de sa promenade quotidienne et solitaire, il voit
comme en une apparition, une femme qui est le portrait
bien vivant de « sa morte ». 11 se prend à la suivre, et
alors c'est la vie hors de chez lui avec la Sosie, une pre
mière danseuse du théâtre de Gand. en tournée théâtrale
à Bruges ; c’est l’amour insensé, irraisonné, farouche,
pour celte femme en qui il aime la morte, enfin l’entrée
de la maîtresse dans la maison d’Hugues, la désillusion,
et la folie subite du veuf étranglant la danseuse pour
avoir profané « les reliques de la chère morte. »
Et c'est tout, après une dernière pensée du poète poul
ie calme et pour les cloches ces deux choses que Kodenbacli semble avoir aimé par dessus tout.
« Hugues, l’âme rétrogradée, ne se rappela plus que des choses
très lointaines, 1rs commencements fie son veuvage, où il se
croyait reporté,.. Très tranquille, il avait été s’asseoir dans un fau
teuil Les fenêtres étaient restées ouvertes...
Et dans le silence arriva un bruit de cloches, toutes les cloches
à la fois, qui se remirent à tinter pour la rentrée de la procession
à la chapelle du Saint-Sang. C’était fini le beau cortège, tout ce
qui avait été, avait chanté — semblant de vie, résurrection d'une
matinée. Les rues étaient de nouveau vides; la ville allait recom
mencer à être seule.
Et Hugues continûment répétait: «Morte... Morte... Bruges la
morte...» d'un air machinal, d’une voix détendue essayant de
s’accorder : e Morte... Morte... Bruges la morte.. » avec la cadence
des dernières cloches, lasses, lentes, petites vieilles exténuées qui
avaient l’air — est-ce sur la ville — est-ce sur une tombe? —
d’effeuiller languissamment des fleurs de fer ! »
Une tristesse lasse, lente comme la cadence des der
nières cloches, la mélancolie qu’avait « le poète de la
pluie, de l’ennui doux, du silence, du blanc et du gris »
gagne et reste même après le livre fermé.
lût l’on revoit encore les avenues désertes, le long de
canaux à l’eau morte et fiévreuse, où se reflètent les vieux
donjons qui s'effritent.
J. I).
GRÈVE
Depuis un mois déjà la grève est déclarée :
Un grand silence pèse à l'atelier désert,
On ne voit plus fumer la noire cheminée,
Et le sifflet d’appel ne déchire plus l'air. —
Tout le jour l’homme boit dans la salle enfumée...
Et la mère est là-bas, frissonnante et glacée :
Plus d’argent au logis, et le pain est si cher !
— .4il dehors c’est la neige et la bise d'hiver. —
A sa jupe d’indienne aux ramages bigarres
Deux tout petits enfants suspendus, sont muets
Car les coups sont nombreux, si les baisers sont rares.
Rauque, une toux sans fin raidit leurs corps fuels.
Tandis que sous le jour de la vitre blafarde
A jeun, le nouveau-nc doucement les regarde...
X. D’ACHEUPEY.
LE ROCHER
AUX JASMINS
Nous avons cru bon de donner dans la Provence
Universitaire un extrait des Cnrbounié, épopée rus
tique du distingué poète provençal Félix Gras.capoulicr du Félibrigc.qui vient de mourir,il y a peine un
mois, à Mallcmort (Vaucluse).
Le Rocher aux Jasmins est un des passages les
plus gracieux du chant III. Régincl, jeune charbon
nier du Mont-Ventoux, amoureux de la bergère
Annonciadc, est obligé de quitter et son amie et son
pays, pour aller gagner sa vie, comme moissonneur,
dans la fertile vallée du Rhône.
�21'»
Comme tous nos lecteurs ne sont pas initiés à la
langue provençale, nous donnons ici la traduction
française de l’édition Roumanille-Lemerre, en la
modifiant légèrement par endroits :
Lejeune Réginel marche dans le sentier. Il arrive au
rocher où, soir et matin, chantent les perdreaux rouges.
Un jasmin de haute taille le recouvre de ses brandies
vertes et grêles : on l’appelle pour cela le Hocher aux
Jasmins.
Aussitôt qu’il aperçoit les /leurs blanches, étincelantes
comme des étoiles, un frisson court dans le sang du jou
venceau, et sur sa bouche s’épanouit un chaud baiser
d’amour, car aussitôt il se souvient qu’un autre jasmin
croissait sous sa fenêtre.
De la fille tant aimée, combien de fois, le soir et le
matin, ne lavaient-elles pas vu, ces Heurs parfumées,
tandis qu’Annonciadc était enfermée, entonner la chan
son qui console et guérit les cœurs aimants! Alors il
s’avance d’elles et leur dit :
« Mes fleurs d’amour, mes petites fleurs blanches, (pie
ma voix, comme la brise, vous plaise en vous disant la
douleur de mon cœur: car je ne puis, mes fleurettes, ren
fermer plus longtemps le cri de mon amour. Aujour
d’hui, oubliez la rosée et recevez mes larmes ! »
Et il ajoute: « Dans les orages du Mont-Ventoux, il y
a une gardeuse de chèvres et de brebis qui est l’amour
de mon cœur. Si jamais les cloches sonnent pour elle un
glas plaintif, vous entendrez dire alors qu’à Verdolier
deux jouvenceaux sont morts...
Mon Dieu! mon Dieu! tout mon corps cric. Ma bou
che veut se nourrir des baisers de sa bouche, et mon
œil dans son œil veut boire son àmcet sa vie. Mais sans
l’amour, la Aie c’est la mort, le soleil c’est la nuit! Amour
et Dieu, vous dominez tout ! »
Et les forêts et la vallée, demeurèrent muettes comme
des tombes en entendant le cri de sa désolation.
Et dans les branches lcscolombcs gémirent longtemps,
et les papillons bleus, troublés, confondirent la rose et
le buisson.
El quand elles virent leur supplice, elles ouvrirent vile
leurs corolles, les /leurs de jasmin, et elles souffrirent
beaucoup. Pour changer scs peines en joie, pauvrettes,
l’on voyait qu elles donnaient tant qu’elles pouvaient de
leur odorante haleine....
F. C.
Autrefois, autrefois, aux temps ensevelis
J)es châteaux , des guerriers et des gentilles dames,
Quand fleurissaient su/- l'or des écussons, les I)~s
Et les roses, leurs samrs, et que les oriflammes
Palpitaient dans les soirs pâlis,
On voyait s'arrêter au pied des hautes tours,
La guitare à la main et les j meux pleins d’extase,
I jCs poètes aimés, trouvères, troubadours ;
Leur voix montait jusqu au balcon où, sous la gaze
Et les plus merveilleux atours,
Les dames écoutaient lo ianger leur beauté.
Et parfois du balcon qui leur semblait an trône
Les troubadours voyaient quand ils avaient chanté.
Tomber de purs lauriers arrangés en couronne
Des mains de leur divinité !
Ainsi, dans notre siècle et bien que les châteaux
Aient disparu déjà dans le lointain des âges.
Je voudrais, empruntant les armes, les manteaux.
Les /dûmes, les chapeaux ombrageant les visages,
Apparaître aux peuples nouveaux !
Par le cœur, le poète habite tous les temps !
Et n a-t-il pas toujours connu? un sacré collège
Autour de lui des cœurs sans cesse palpitants :
Femmes et jeunes gens qui lui font un cortège
IYenthousiasmes éclatants !
Ah ! laisses-moi songer à quelque cour d amour
Où j ’entrerais, le front voilé de rêverie.
Pelles dames! Yàyez je p treours le séjour
De vos grâces :je viens a votre âme attendrie,
Chanter les charmes de l'amour!
Le plus jeune des Dieux, il en est le />lus fort !
Et lorsqu'il met au cœur l'étrange fantaisie
D'aimer, dans la souffrance, il nous gouverne encor
Il est l’insjjirateur de toute poésie
ht commande même à la mort !
�—
216
—
Gloire donc à ïAmour, frère de la Beauté !
Il est parfont. son aine emplit l’âme du monde,
L ’oiseau comme la fleur subit sa colon té
Et l’algue, le corail, sous sa vague profonde,
Sont soumis à sa majesté.
Et gloire à la jeunesse, à la femme, ail soleil ;
Gloire à voasAjeunes gens, gloire à cous jeunes dames.
Les anciens troubadours ont quitté leur sommeil,
Vous présidez à leur réveil !
S tanislas
T.
LES CHEVALIERS
M
a t i n d ’a r m e s
A B. O.
Les trompettes à l’aube, enfanfare joyeuse,
Sonnèrent au soleil les hauts rêves guerriers,
Et les fiers étendards pour les sanglants lauriers
Déferlèrent, claquant leur étoffe soyeuse. —
Et les durs chevaucheurs, la mine gucrroyeuse,
Faisant tinter le fer. roides aux étriers,
Dans le frais du matin, sur les grands destriers
Passèrent, voilés de poussière glorieuse. —
Et vers le heurt sonore aux vermeilles sueurs,
S'en fû t la chevauchée en d'étranges lueurs :
Espoir rêvé les soirs, aux étoiles moroses. —
Et dans les seigles verts, en une clarté d’or,
Des scintillements clairs, encore, encore, encor,
Et des gonfanons blancs jusques aux lointains roses.
Février igoi.
JKHAN DE GEVREY.
Monsieur et Madame Durand font sur le cours Mirabeau une
petite promenade hygiénique. Tout en marchant, Monsieur
Durand lit le Memorial d'Aix, et signale à sa douce moitié
les passages importants.
AT. D urand . Tiens ! On tire dans huit jours la
loterie des Vieillards tuberculeux.
Mine D urand ,
— Qu’est-ce que c’est
que çà ?
M. D urand
Gros lot 2.00.000 francs...
Mme D urand
Si on le gagnait !
M. D urand
Si on le gagnait.
Voyons ! qu’est-ce qu’on ferait?
Mm8 D urand ......plus rien !
M. D urand . Rentiers! C’est ça qui serait chic !
Moi, je me lèverais tous les matins à neuf heures. Et
puis on mangerait bien ! Des princes, quoi !
Mme D urand . T u ne sais pas ? 11 faudrait acheter
une maison... un joli baslidon avec des pigeons qui
viendraient manger dans ma main.
M. D urand ..... un billard.......
Mme D urand ... . un jardin : avec des géraniums,
des œillets et des camélias :
que je préfère.
M. D urand . Nous aurions aussi une voilure.
Mme D u r a n d ...... à deux chevaux?
M. D urand . Non ! de douze chevaux : une voiture
sans chevaux, quoi !
Mme D urand . j c crois bien. — Mais j ’y pense:
nous aurions un chauffeur, un valet de pied, un
groom : il nous faudrait une livrée.
M1»8 D urand
Çà.je m'en
charge! Une livrée couleur abricot ! avec des orne
ments puce. Une merveille.....
M. D urand . Moi, jc me charge de la cave : on en
parlera: nous donnerons de grandsdiners aux cama
rades, ils crèveront de jalousie.
Mme D urand . Et nous irons à Paris chaque année
aux vacances.
M. D urand
Il faudrait
peut-être acheter un billet. Mais c’est si cher!...
(indi(férente).
(lisant).
(de suile épanouie).
(en écho).
(Rêveur).
celles
(dont les yeux brillent).
(soudain devenu rêveur).
R. R ichard-Nicolas.
�CHRONIQUE THEATRALE
La Nouvelle Idole de François dcCurcl. — Je ne
crois pas que celle pièce puisse plaire au gros public,
(n’esl-cc pas déjà une qualité?). Car, malgré son nom
de comédie nous sommes loin des situations invrai
semblables, des mois à double sens et du gros sel qui
font jaillir le rire bruyant des spectateurs.
D’un autre côté, les bonnes commères du quartier
ne peuvent pas dire en revenant du spectacle : Je me
suis follement amusée; j’ai pleuré tout le temps,
comme Jean, qui riait d’un œil et pleurait de l’autre.
Elles pleureront peut-être si elles peuvent compren
dre, mais elles ne s’amuseront pas. Il n’y a pas ici du
mélodrame cl l’on éprouve dans celte pièce des sensa
tions profondes et réelles, causées par les situations
vraiment dramatiques de l’action. C’est sans doute
une pièce à thèse, et si elle en a les qualités, elle en
a aussi les défauts, cl les inconvénients. L’action est
parfois lente et monotone, le dialogue assez souvent
lourd et mort. Mais en revanche cette comédie est
fortement pensée, et écrite dans un style excellent ;
elle provoque les réflexions et laisse à l’esprit une
impression durable, ineffaçable : n’cst-cc pas là le
meilleur des compliments.
La raconter est chose imposiblc : il faudrait tout
ldire. Et d’ailleurs, narre-t-on un problème? On peut
c poser; et chacun le résoudra comme il pourra.
Quelques-uns trouveront ou devineront la solution,
dans tous les cas la comprendront ; d’autres le décla
reront impossible, tous auront peut-être raison.
On peut sans doute discuter la thèse contenue dans
la Nouvelle Idole, l’approuvcrou la blâmer, mais on
doit l’admirer car elle est fort belle en elle-même.
La Nouvelle Idole c’est la science, et la science un
peu sous toutes ses forme*. L’auteur inet en scène
deux savants : un psychologue et un docteur qui oc
cupe le premier rôle.
Maurice Cormier, est un psychologue moderne, qui
joint les données certaines de la physique, de la chi
mie, delà physiologie, à celles plus vagues de l’hyp
notisme, delà suggestion, etde la psychologie. Scepti
que de nature, il veut bien croire à l’àme, mais aime
rait l'étudier à la pointe d’un scapel ; il aime la science
— 219 —
pour elle-même. Louise Donnât, femme du docteur
Donnât, dont je parlerai tout à l’heure, fatiguée de
voir son mari s’éloigner d’elle pour se livrer exclusi
vement à son idole, la science, va chez Maurice Cor
mier, brillant causeur croyant trouver en lui l’amant
dévoué et passionné de scs rêves: ce n’est hélas! qu’un
savant pour qui tout est matière à observation, même
le cœur détraqué, ou tout au moins douloureusement
meurtri.de l’amoureuse, ou plutôt de la femme dé
laissée et blessée qui vient ainsi le trouver. Mais quel
avantage espère-t-il donc recueillir de cette science qui
l’absorbe? aucun, puisque, jeune encore, elle ne don
nera do résultats sérieux que dans trois ou quatre
cents ans ; temps énorme sans doute pour une exis
tence humaine, mais combien minime, comparé à
l’éternitc. Quelle ambition est donc la sienne? Le
résultat où il arrivera servira de point de départ à ses
élèves et ainsi de suite dans la succession des siècles.
Il ne croit pas, lui, à la faillite de la science; il la
comparerait plutôt, comme Pascal, à un homme qui
vivrait éternellement et apprendrait sans cesse: nul
ne peut imposer, à la science une barrière qu’clle ne
doive pa> franchir. On peut arriver à la découverte
de la vérité dans chaque science, et ensuite, conden
sant ces vérités trouver la Vérité Suprême qui doit
être, ou devrait être le but de la vie.
Voilà pour le psychologue.
Le Docteur c’est Albert Donnât. C’est aussi un cher
cheur infatigable, mais inquiet, qui s’irrite et s’empor
te contre la nature récalcitrante, qui est avare de ses
secrets. La recherche de ce secret qui se dérobe sans
cesse est le fond même de la pièce. On a trouvé les
remèdes contre la rage, la diphétrie, pourquoi lui n’arrivcrait-il pas à guérir le cancer. Sous l’obsession de
cette idée fixe il arrive à commettre, des crimes selon
les hommes, mais des expériences légitimes et obliga
toires selon lui. Il est même sur le point d’être inquiété
par la justice humaine. Qu’a-t-il donc fait de mal ?
Il a inoculé à des moribonds phtisiques qui n’avaient
plus que quelques jours à vivre, le virus du cancer,
et s’ell’orce jalousement en étudiant la marche de la
maladie de surprendre le secret de ce funeste fléau,
pour sauver ainsi des milliers et des milliers de victi
mes. Il avait toujours réussi jusqu’ici car il n’abrégeait
pas d’une seconde l’existence de scs pauvres malades :
il ne leur occasionnait aucune douleur. Mais un jour,
un malheur arriva. Lui qui croyait à l’infaillibilité de
�—
220
—
cette science qu'il aime à la passion, a clé trompé et
une pauvre tille qu’il avait condamnée, se guérit
d’une façon miraculeuse de cette phtisie qui pardonne
si rarement, mais hélas succombera à l’inoculation
mortelle. Pour la première fois, il doute : mais il a
des révoltes: il veut croire toujours et quand même.
Et qu’importe une victime innocente et inconsciente !
peut-on faire résonner à ses oreilles le mot d’assassin.
Ne fait on pas mourrir des multitudes d’hommes
dans des guerres épouvantables et cela pour une sotte
vanité, pour une question d’amour propre ridicule,
ou par instinct de basse cupidité et lui qui arrache
rait à la mort des générations entières, se verrait traité
comme un vulgaire criminel. Cela est impossible.
C’est peut-être un paradoxe, maison ne peut s’em
pêcher cben admirer la beauté.
Enfin, dans un de ses terribles accès de doute lui
aussi, sain et robuste, dans la force de l’àge, il s’ino
culera le vaccin et se sacrifiera dans une dernière ci
sublime expérience.
Seule la jeune phtisique l’a compris. Avec une naï
veté touchante, quoique peu vraisemblable elle dé
clare que voulant se faire sœur de charité et se con
sacrer au soin des malades, elle est lièrc d’avoir été
choisie par son docteur, qu’elle admire, pour celle
glorieuse et douloureure mission. Compris par celle
enfant, et enfin par sa femme que son sacrifice ra
mène à lui, il mourra, mais en enregistrant journelle
ment la marche de la maladie, et en essayant dans
son agonie de trouver enfin celte vérité à la recher
che de laquelle il s'est dévoué jusqu’à la mort.
Telle est ccttc pièce si profondément dramatique,
d’une émotion si intense, qui touche parfois au su
blime et qui fait passer en nous le frisson de l’an
goisse la plus profonde. C’est une œuvre vraiment
belle et dont le souvenir restera ineffaçable dans la
mémoire de ceux, qui, malheureusement peu nom
breux, ont assisté à son interprétation.
Le spectacle se terminait par : Ceux qui renient,
charmante boutade, où nous voyons un ménage à
trois disloqué par la mort non de l'amant «• on pour
rait ainement s y tromper » mais de l’époux.
VERITAS.
LES COURS
(j a n v i e r - m a l )
3~ ANNÉE
D roit Civil — M. L acoste. Etude du droit de famille (suite) :
La puissance paternelle. La tutelle. L’émancipation. Diverses
incapacités; interdit judiciaire, prodigue, faible d'esprit, interdit
légal.
Contrat rlc mariage. Son contenu, sa forme, à quel moment
on peut le faire, capacité du contractant. Notion de la dot. Etude
des divers régimes matrimoniaux: 1° Communauté légale, sa
composition au point de vue actif, biens propres aux époux,
biens communs. Sa composition au point de vue passif. Dettes de
donations et successions échues à l’un des époux pendant le
mariage. Dettes contractées par les époux pendant le mariage. —
Adm inistration des biens des époux: biens communs et pro
pres. Etude du remploi. Elude des récompenses, récompenses
dues par la communauté aux époux, par les époux à la commu
nauté, par un époux à l’autre. Dissolution de la communauté.
Diverses causes: la séparation de biens principale et accessoire, ses
effets. Du droit d’option de la femme, du béné' ce d’émolument de
la femme. Conséquences de son acceptation ou de sa renonciation
à la communauté.
11 La communauté conventionnelle: Communauté réduite
aux acquêts, clause de réalisation, clause de séparation de dettes,
clause d’ameublissement, communauté universelle.
D roit Com m ercial. — M. Bjuvier-BaNgillox, professeur.
Administration de la Faillite: Ses organes: Les syndics. — Le
juge-commisaire. — Les contrôleurs. — Les créanciers. — Pro
cédure destinée à faciliter la solution de la faillite: Apposition des
scellés, inventaire. — Vérification des créances. — Diverses so
lutions de la faillite : 1. Concordat simple, ses conditions, ses
effets. — Annulation du concordat, résolution du concordat. —
2. Concordat amiable. — 3. Concordat par abandon d’actif. — i.
De l’union, composition de l’actifdela faillite, liquidation de l’ac
tif, vente des meubles et dos immeubles, répartition des deniers
entre les créanciers. — Clôture de la faillite. — Clôture ponr in
suffisance d’actif. — La banqueroute simple ou frauduleuse. —
La liquidation judiciaire, dans ses rapports et différences avec la
faillite.
Les Sociétés : Sociétés civiles et sociétés commerciales, com
paraison, critérium de la société commerciale. Diverses classifi
cation des sociétés de commerce. — Constitution des société- de
commerce, conditions de fond, conditions de forme, conditions
de publicité, sanctions des règles relatives à la constitution des
sociétés. — Fonctionnement des sociétés de commerce, sociétés
en nom collectif, sociétés en commandite par intérêt, comman
dite par actions: gérant, conseil de surveillance, assemblée géné
rale des actionnaires. — Sociétés anonymes, conseil d’administra
tion, commissaires de surveillance, assemblée générale des action
naires. Droits indivi Uiels des actionnaires, transmission des ac
tions, évolution législative sur la matière.
Procédure. — M. Fkrron. Procédure proprement dite: I. Ma
tière ordinaire : Le préliminaire de conciliation, affaires qui y
sont soumises, la procédure de conciliation, ses effets. Constitution
d’avoué, instruction du procès, procédure devant le tribunal,
�_ 224 _
Droit d'Autonomie d’où résultent le droit d’organisation, le
droit do juridiction et de commendemont, le droit d’égalité.
Les Conflits Internationaux : les procédés pacifiques (bons
ollices, médiation, arbitrage). Les procédés violents (réiorsion,
représailles, guerre). Etude de la guerre au point de vue des
devoirs des belligérants ainsi que des droits otdevoirsdes neutres.
ANNEE
D roit Civil — M. J ourdan. De la filiation : preuves de la filia
tion légitime, action en désaveu, la filiation naturelle. De l’adop
tion et de la tutelle officieuse. De la puissance paternelle. Delà
minorité, de la tutel'e et de 1émancipation. De la majorité, de
l’interdiction et du conseil judiciaire. Livre II : Des biens. Droits
pécuniaires. De la distinction des biens, meubles et immeubles.
Droits sur les choses. Droits réels principaux : notion du droit de
propriété, acquisition du droit de propriété.
D roit R o m ain .— M. Vurmond. Procédure formulaire, procé
dure m judicio, procédure du Bas-Empire, procédure extraordi
naire, actions relatives à l’état des personnes, les interdits. Droits
réels. Etude des droits de propriété: caractères, acquisition, usucapion, prescription longi (emporis, adjudicalio. Accession,
extinction du droit de propriété, action en revendication. Servi
tudes : théorie, établissement, extinction. Servitudes personnelles.
Usufruit, usage. Hypothèques, créanciers hypothécaires. Modes
d’acquisition à titre universel: succession testamentaire et ah
intestat.
Droit C onstitutionnel. — M. J è ze . Le principe de la souve
raineté nationale dans la constitution du judiciaire. Livre IL Le
gouvernement, représentatif. Théorie du gouvernement direct
et du gouvernement représentatif ; conséquences logiques. Les
originesdu gouvernement représentatif. Le gouvernement repré
sentatif ut le gouvernement direct et leurs conséquences dans les
constitutions positives : non permanence des assemblées politi
ques, mandat impératif, referendum et veto, initiative populaire.
Livre III. le gouvernement parlent • itaire. Systèmes théori
ques sur les rapports du législatif et de l'exécutif -/confusion, sépa
ration, collaboration. Les constitutions positive-: et la théorie de
la séparation des pouvoirsen France. Livre IV. Supériorité des
lois constitutionnelles sur les lois ordinaires. Exposé théo
rique. Systèmes positifs.
H istoire du D roit. — M. Leias. But et utilité. Bibliographie.
Les origines : période gauloise, période romaine, invasions
pério 'e franque (sources, institutions juridiques, institutions de
droit privé), origines chrétiennes. Iipo/ue f ■o lale : origine, évo
lution, sources. Organisation politique, la royauté. Organisation
administrative, municipale et judiciaire.
Economie P olitique.— M. Brocard. Formes générales de la
production : Différents modes d'organisation de la production ;
l’échange en général (valeur, monnaie, crédit) ; rapports entre la
production et la consommation, la concurrence; détermination
du rôle de l’Etat et d) l’activité privée dans la production. Formes
spéciales de la production, le commerce international.
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( E xtrait de mon journal)
Nous sommes arrivés à Berne, mon ami C. et moi
avec l’intenlion bien arretée de faire une excursion
dans ces Alpes qui en géographie sont connues sous
le nom rie Wengernalp et dont les braves habitants
de Berne sont si tiers. On nous a beaucoup vanté la
beauté de la Jungfrau (4181 WJ, de celte jeune femme
qui vue de Berne a un charme incomparable; on nous
a longtemps parlé d elà belle vallée4de;Grindenwald
et des glaciers merveilleux d’Eiger, un des plus beaux
sommets de la chaîne bernoise. Et lorsque le lende
main de notre arrivée nous nous sommes adressés
au bureau d’informations pour chercher les rensei
gnements nécessaires sur l’itinéraire que nous de
vions suivre, l’employé, un gros allem and à l’air
bonhomme nous disait avec une politesse toute f r a n
çaise, ce qui est rare chez les suisses :
— Allez-y, Messieurs ! C’est si beau et si merveil
leux que cela vaut bien la peine d’étre vu. La Jung
frau est si attrayante et si belle que quiconque y est
allé ne s’en est jamais repenti.
Ce brave « schweiuer » disait la vérité. En effet
j ’admirais beaucoup la chaîne bleuâtre de W enger
nalp, couronnée d’un blanc éclatant, que je voyais
chaque fois que je nie mettais à ma fenêtre. Ces belles
montagnes qui touchaient de leur front le ciel pré
sentaient une vue magnifique surtout au moment où
le soleil couchant leur envoyait son dernier adieu...
Je voulais bien y aller. Et lorsque nous primes le train
qui devait nous conduire à Tliun, notre première
étape, je ne me sentais plus de joie... Je voyais se réa
liser les rêves qui me berçaient lorsque je lisais il y
a longtemps les poésies de Hugo, de Heine ou de no
tre poète national W azoffchantant la beauté enchan
teresse des Alpes et de la Jungfrau — la perle des
montagnes suisses. —
Notre itinéraire était clairement désigné. La pre
mière étape de notre excursion, comme je l’ai dit
plus haut était Tliun, une petite et charmante cité
sur le bord du lac portant le même nom. Ici nous de
P 3 raplu ies. E n c a s. O m b re lle s
( «IFFIRES E\ TIIIS (,RARES
SOUVENIRS DE LA SUISSE
«J. v ' • i s t & f y . ï
�— 226
viens prendre le bateau pour Interlaken, — la ville
des deux lacs — qui vit sous l’ombre bienveillante des
Alpes. De là à travers la vallée de Zweilutchinen et
celle de Grindenwald, dont j'aurai à parler plus tard,
nous devions visiter la célèbre station d’été de Grinden avec cesglaciers merveilleux et non loin de la
quelle jaillit le Dutchinc dont l’eau noire comme de
1’encre produit un effet étrange. Notre chemin pas
sait ensuite sur les pentes abruptes de Monch (Moine)
et d’Eiger, traversait Kleine-Scheidegg. d’où l’on
peut contempler les seins, blancs de la Jungfrau et
descendait dans la vallée pittoresque de Lauterbrumen, non loin de la célèbre chute d’eau de Slaubach
(300™). D’ici à Interlaken il n’y avait que io kilomè
tres : par conséquent notre excursion devait prendre
tin là.
C’était un beau matin d août que nous primes le
petit bateau à Tliun.
Le soleil se levait à peine derrière la longue chaîne
des Alpes en caressant de ses premiers rayons dorés
leurs sommets majestueux qui touchaient le ciel bleu
serein. Un petit vent agréable troublait la surface
tranquille du lac, ranimait l’âme, rafraîchissait le
corps et faisait trembler d'un doux frisson les feuilles
des saules. Le soufile du vent, le tremblement des
feuilles, le chant des oiseaux annonçaient le réveil
de la belle nature alpestre qui seule par sa beauté
divine inspire à l’homme l’espoir et la joie de vivre...
Un léger brouillard rôdait sur les pentes des monta
gnes prédisant un temps splendide pour la journée.
Le brouillard est le meilleur baromètre des touristes.
Ce n’est pas en vain que Victor Hugo dit quelque
part de Pilate :
Quand Pilate aura mis son chapeau
Le temps sera serein et beau.
Ce qui est vrai pour Pilate, l’est aussi pour toutes
les montagnes suisses.
Le bateau suivait lentement sa marche à travers
l’eau bleuâtre, la fendant sans pitié, laissant sur son
passage une écume blanche et troublant de temps en
— 227 —
temps la tranquilité matinale par des cris déchirants.
Sur la plate-forme, nombre de touristes, sac au dos,
armés de long bâtons ferrés, nécessaires pour cha
que excursion alpine jasaient agréablement. A côté
des üls secs et maigres de la froide Albion pourvus
d’une jumelle et du guide « Joannc », gardant le si
lence le plus complet, on voyait le « gras » allemand
venu des bords du Rhin, bavardant sans cesse. Les
gracieuses « ladies » et les délicates « frauen » einmitoufflees dans des châles à couleur foncée respi
raient avec un certain plaisir l’air frais de la vallée.
Un grand et beau suisse, à la poitrine large, fort
comme Hercule, jouait sur la cornemuse une vieille
chanson helvétique célébrant la bravoure et le coura
ge de Guillaume Tell, ce héros si vénéré en Suisse.
Notre bateau marchait le long des rives du lac,
couvertes de verdure, dans laquelle se trouvaient par
semées de jolies villas aux toits rouges et de char
mants villages dont les clochers luisaient au soleil.
Nous nous arrêtions à Oberhofer, un petit village
gracieusement perché sur la rive élevée du lac, puis
à Saint-Beatenberg, ce petit coin de paradis qui attire
le plus grand nombre de touristes et la montagne
« Triangulaire » qui se trouve en face de Merluigen,
disparaissait bien derrière nous quand le bateau en
tra lentement dans le petit chenal qui relie Interla
ken au lac de Tliun.
Interlaken est la petite ville (2.400 h.) où se donne
rendez-vous chaque été tous les touristes du monde
qui veulent visiter les grottes et les glaciers de l’Oberland bernois ( Oberland signifie en allemand haut
plateau). La ville a une situation géographique in
comparable. Non loin de Berne, la capitale de la
Suisse, et au centre de l’Oberland, Interlaken rivalise
avec presque toutes les villes de ce pays. Placée en
tre deux beaux lacs — Brienzersee et Thunersee —
à l’entrée de la vallée de Zweilutchinen, elle donne
l’unique accès à la Jungfrau, qui la protège par sa
taille gigantesque.
C’est à juste raison que les suisses l’appellent « la
porte de l ’Oberland ». La ville, composée exclusive
ment de villas et d’hôtels splendides, est fort belle.
Et c’est exactement celte situation géographique,
cette beauté sans égale qui donne à Interlaken une
des premières places parmi les villes de la Suisse.
Nulle ville dans ce pays ne peut-être comparée à
Interlaken, cette ville, à l ’égard de laquelle la nature
�— 228 —
a été si large et si généreuse. Plongée dans une ver
dure qui réjouit la vue, entourée de toute part de
montagnes. Iuterlaken est la plus charmante cité
que j'ai visitée. Si beaux que soient le bois de Boulo
gne à Paris et le parc de Schœnbrunn à Vienne, je
leur préféré le Rugenpark d’Interlaken... La nature
est toujours plus puissante que l'homme.
Le célèbre écrivain américain Fenimore Cooper,
l’auteur du « Dernier des Mohicans », qui a visité la
Suisse, décrit d’une manière séduisante les environs
pittoresque de Berne et Iuterlaken. « Le chemin de
Berne àînlerlaken. dit-il, est un grand boulevard à
travers un vaste jardin qui donne aux yeux la plus
belle vue qu’on puisse s’imaginer »...
La beauté de ces deux villes en général et d’In
terlaken en particulier a été bien comprise par les
étrangers, car c’est là, comme l’accuse la statistique
que se rendent le plus grand nombre de visiteurs.
Mais ce ne sont pas seulement les prodiges de la
nature qui rendent cetle ville célèbre et universelle
ment connue : ce sont encore les objets de bois mer
veilleusement sculptés avec un art étonnant par la
main suisse. Le commerce qu’en fait Interlaken est
très développé. De grands magasins ne vendant que
de ces « colitichets » reçoivent nombre de commandes
de la part des étrangers. Les anglais et les américains
« ces amateurs de l’extraordinaire dépensent de
grosses sommes pour ces objets qui doivent orner
leurs salons. Et les suisses savent bien profiter de
cette faiblesse anglo-saxonne pour en tirer le plus grand
bénéfice possible. Ils ont l’esprit spéculatif ces braves
suisses, « l’esprit commercial » comme on dit vulgai
rement et lorsqu’un ami spirituel qui connaissait bien
la Suisse disait que dans ce pays tout le monde était
brigand, je crois qu’il ne se trompait pas. Les petits
incidents qui nous arrivèrent postérieurement et
dont je parlerai plus loin montrent à quel point ce
parfait connaisseur de l’àme suisse avait raison.
Les suisses spéculent, ils le disent franchement car
ils sont persuadés que ceux qui sont venus voir les
« montagnes » de leur pays, doivent être sudisamment
riches pour pouvoir payer très cher tout ce qu’il y a
de beau dans la nature alpestre. Quoiqu’il en soit
j'excuse pleinement cette manière de raisonner, cette
pratique çhez les suisses, étant donné la pénurie et
î’improductivilénotoircdusol d’une part,et l’opulence
manifeste des visiteurs étrangers de l’autre. Le suisse
_
229 _
doit gagner pendant l’été pour pouvoir vivre pen
dant l ’hiver durant cette saison morte où les vallées
si belles pendant l’été se transforment en de vérita
bles goulïrcs où les tempêtes sévissent jour et nuit et
les loups rugissent sinistrement.
((À suivre).
N i c o l a s KISSOW SI v Y
LES GENÊTS
Ils traînent par l'inconnu morne du chemin,
Le pauvre corps qui perce aux angles leur guenille
... — Ils sont cinq : une vieille, un marmot, une fille
E t deux hommes, tremblants devant leur lendemain.
Car ils savent habile à torturer sa proie,
Cette souffrance, née avec l'humanité,
Qui veut, toujours enfant, lasser sa cruauté
Sur des jouets vivants, que son caprice broie.
E lle a déjà , dans son sanguinaire souci,
Ployé leur front sous le soufflet lourd des injures
Sur leur face, rnis le sillon de ses morsures,
K
Froissé , ratatiné leurs membres, sans merci !
E lle leur a donné, suivant leur course errante,
Pour guide, le Désir ; pour compagne, la Faim !
— Ils vont, par l'apeurant inconnu du chemin,
Sans voir que tout s’est habillé de jo ie , et chante.
Mais voici qu’au détour, la plaine , brusquement,
Parait, superbe en son estivale richesse !
Le soleil, unissant l’or clair de sa caresse
A l’or v if des genêts, brode son vêtement.
�— 231
— 230 —
Ils approchent... bien plus de gloire les étonne,
Les fleurs blondes s'éclairent, se pressent, formant
De cascadelles a or. un éblouissement !...
Et dans cette splendeur, la misère détone.
Et, grelottants sous le regard blanc de la lune,
Les vagabonds, insouciants jusqu’à demain,
Tandis que les genêts se mourront en leur main,
En un v if rappel d'or..., rêveront de Fortune !
ISNA RD .
Mais leur âme trouve un frisson voluptueux ;
En un penser plus doux leur détresse se noie ;
Tout cet or. n’est-il pas leur bien, leur lot de joie ?
— Aux vagabonds, le luxe infini des champs bleus
Dans l'exaltation et le trouble de l'heure,
En immense désir les envahit soudain,
D'arracher follement ces fleurs à pleine main,
D emporter avec eux pour le garder, ce leurre !
Puis, maniant longtemps cbt or factice et clair,
Se grisant de parfums rire de la Misère !...
— La vieille, mutilant les touffes de lumière,
Près des reflets luisants fa it plus brune sa chair.
Le marmot, retrouvant une verve gamine,
Se creuse en un buisson, une couche de roi,
La fille, que remplit un plus coquet émoi,
Dispose par bouquets les fleurs, sur sa poitrine.
Elle en pique les flots de ses cheveux ardents,
Presque très belle, alors, songeant à sa jeunesse,
Met en ses y e u x un fauve éclair de hardiesse
Et prête à défier rit au jeunes passants.
Les hommes mâchonnant entre leurs lèvres paies.
La pipe façonnée aux instants de repos,
Lancent l'âcre fumée avec d’affreux propos,
E11 fredonnant un suranné refrain de halles.
Mais le soir vient... La plaine lasse, va pâlir,
Sur l’or qui s’adoucit, glisse une pourpre sombre,
Bientôt, le chant des nuits s'élèvera dans l’ombre,
Sur le sein delà Terre ils se vont endormir.
L ’A B S E N C E
Quand tE ternel eut dit : « Je veux que l’homme meure »,
Sa justice embrassa l’horreur du châtiment :
E ffro i de l ’Inconnu, subit écroulement
Des rêves, regrets fous de tout ce qui demeure.
Il vit l’homme petit devant un tel tourment :
Et pour lui préparer déjà sa dernière heure :
« Je veux, ajouta-t-il, qu’un peu de mort l’effleure,
« Tandis qu’il traînera là-bas son cœur aimant.
< Que sevré des amours dont il était avide,
« Il s’en aille parfois incertain, l'âme vide,
« Se courbant sous le poids du douloureux effort ».
Et c ’est ainsi, que Dieu , cruel en sa clémence,
Nous assombrit la vie, en faisant de l’absence
L ’apprentissage de la mort !
M
L
1SN ARD.
9
Quel est cet homme qui, là-bas. dans ce groupe, le
chapeau sur la nuque, le dos appuyé surla porte cochère,
�— 232 —
les deux mains dans les poches, fait des gestes d’épaules,
donne de la voix, aboie?
Approchons-nous un peu..........
C'est l'Orateur «le Village! Il discute, comme toujours,
de ce qu'il connaît à fond, c’est-à-dire de n'importe quoi.
Chacun, y compris lui, l’écoute avec admiration.
En s’entendant si bien parler, il perd parfois le fil de
son discours, mais, sans se démonter, car rien n’y réus
sit jamais, braquant aussitôt sur un pauvre assistant un
regard courroucé, ironique et interrogateur, il tend l’o
reille, allonge le cou, fronce le sourcil. . . . L’autre, qui
n’a rien dit, se garde alors de commencer, et l’Orateur,
avec le gracieux petit mouvement de tête dédaigneux que
vous lui connaissez, reprend son discours à n'importe
quel endroit, c’est-à-dire à la péroraison.
a Comme il parle de tout, qu’il est savant ! » se dit
chaque brave nomme, se détachant du groupe, la pioche
ou la bêche sur l’épaule, pour rejoindre à pas lents le lieu
de son travail. Chacun, en le quittant, n'ose pas trop
s'avouer qu’il n’a pas compris grand chose à tout ce
beau discours, mais n'en admire que plus l'orateur, ainsi
que tel ou tel de ses voisins qui lui a affirmé, d’un ton
profond et dédaigneux, avoir très bien saisi. Il ne se
doute guère que, do son côté, le voisin en question fait
à peu près les mêmes réflexions en pensant à un tiers...,
L’Orateur reste enlin seul, tous ses auditeurs sont suc
cessivement partis pour le travail. Lui aussi va travail
ler . . . . D’un air déjà bien fatigué, il donne sur la porte
cochère à laquelle il est adossé un coup d’épaule qui,
tout d une pièce, le remet sur ses pieds. Puis, traînant la
semelle, la tête basse, il se rend chez lui et travaille. . . .
Il travaille beaucoup, certes : il pioche des morceaux
entier des feuilletons, des livres d’aventures et de voya
ges dont il nourrit sa science. Alors il oublie, il s’ab
s o r b e , il vit d une vie factice. Il devient comte ou mar
quis. ingénieur, explorateur ou bien roi nègre; il fait
naufrage, il robinsonne. Il emprunte à ses héros leur
science etleurs idées qu’il servira le soir même au villa
geois ébahis avec d’autant plus d’à propos que c’est tou
jours lui qui dirige le monologue, c’est-à-dire la conver
sation.
Fatigué par son rude labeur, il songe, avant de se ren
dre au café pour trôner et pontifier, à satisfaire enfin les
vils besoins matériels: et n'en est empêché que par son
chat, lequel, pendant que le maître planait dans les hau
tes sphères intellectuelles, s’est chargé bien volontiers
de la partie plus pratique en renversant dans la cendre
l’unique fricot de l’Orateur et s’en est régalé.
On a bien raison, n’e§t-ce pas. de dire que la science,
l’éloquence et le travail ne sont pas récompensés !
Pauvre Orateur, obligé de prendre ce soir une absin
— 233 • -
the de plus pour se remplir le ventre. Mais plus pauvres
auditeurs encore, forcés, par la même occasion, d’écou
ter une voix plus pâteuse qu’elle ne l’était la veille !
G. SERVIERS.
J?J
R
. IL
ü
14, ]B. . .
Quand sur le sable du virage
Le pécheur étend son filet,
S'il aperçoit un coquillage
Capvicieuse/nenl ouvlé,
Il se penche, arec un sourire
Ramasse ce fruit de la mer ;
Puis muet, il écoute y bruire
La tempête immense d'hier.
Et rari, perdu dans l'extase.
Il remit en fermant les yeux
Les grandes ragues qui s'écrasent
En un fracas mystérieux...
Votre oreille de nacre rose,
Votre petite oreille enclose
Sous l’ébène de ros cheveux,
Je la compare a la coquille
Qui sur le sable jaune brille
A la caresse des flots bleus —
Nous eûmes hier une querelle :
Orage passager du cœur.
Oh ! sois aussi bonne que belle ;
Je ferai comme le pêcheur.
Et de même, 6 ma non pareille,
Dans la nuit pleine de langueur.
Longtemps je veux à ton oreille
Ecouter ce que dit ton cœur !
X. D'ACH EUPEY.
�CA NT I L È NE
M O U R I R D ’A M O U R
vw w
J'aime les grands pins auxfrissons inytiques
Qui chantent, te soir, sons les deux palis.
J'aime les grands pins noirs mélancoliques
Qui pleurent sans fin les rêves détruits.
J'avais une mie aux cheveux d'ébène
Qui gaiment lançait son l'ire perlé.
J ’avais une mie à la voix sereine
— L avenir n’est rien auprès du passé —
Mourir , à ses pieds, à genoux,
Mourir d’amoui, serait bien doux !
Comme l’encens évanouie
Dans un parfum fuirait ma vie.
Je m en irais un soir de té,
Comme l’étoile passagère.
Dans un suave mystère.
(Hissant de mon ciel enchanté.
Elle me parlait d'un accent si tendre
Que j e frissonnais à son chant d'oiseau.
Elle me parlait.... Je ne puis l'entendre
Car elle a trop froid dans son blanc tombeau.
La mort sur ma dernière couche,
A sa voix viendrait se poser
Tendre comme sa tendre bouche
Frôlant mes yeux dans un baiser.
Elle est morte! à ciel, son visage blême
Ne sourira plus aux chastes amours,
hile est morte, hélas! et pourtant je l'aime,
Et j e l aimerai farouche toujours !
() Tombe où serait ta contrainte
En te fermant sur mon bonheur
Douce comme une douce étreinte
De ses bras fermes sur mon cœur.
C est pourquoi le soir, lorsque ta nuit tombe
J erre lentement et sans savoir■ où.
C est pourquoi j e vais pleurer sur sa tombe
Mon bonheur brisé et mon amourfo u ...
Comme un regard de ma déesse
Seulement tu me baignerais
D ’une longue et pure caresse,
Et peut-être tu laisserais
J aime les grands pins aux frissons mystiques
Qui chantent, le soir, sous les deux pâlis.
J aime les grands pins noirs mélancoliques
Qui pleurent sans fin les rêves détruits.
Toujours à mon unie alerte
Le bonheur, l’extase enivrée
Dont sa paupière en se fermant
Savait\me baigner lentement.
IR IS .
A nton in P.
�— 237 —
ITNCII UE LA CONFERENCE PORTALIS
Vendredi ; juin, la Conférence Portalis offrait le
punch annuel à MM. les professeurs et aux membres ho
noraires. La vaste salle du café Clément, spécialement
éclairée et décorée pour la circonstance, suilisait à peine
à contenir les nombreuses personnes qui avaient été
invitées.
M. le doyen Bry, MM. les professeurs Jourdan, Bouvier-Bangillon, Moreau. Ferron, Babled , Jèze, Lefas,
Lévy, M. l’avocat Massière, ancien président de la Con
férence, avaient bien voulu honorer de leur présence la
réunion toute cordiale, qui, d'après une touchante cou
tume. couronne joyeusement les travaux de l’année. Les
deux bureaux au complet font de leur mieux les hon
neurs de la salle.
La séance est ouverte par la lecture que donne le Pré
sident de lettres d'excuse de plusieurs professeurs et
membres honoraires, qui n’ont pu se rendre à notre
invitation. Puis, cependant que llambent les bols de
punch, Me Bec, président sortant, prend la parole.
Il exprime au nom de toute la Conférence les remer
ciements respectueux que nous devons à M. le doyen et
à MM. les professeurs pour le bienveillant concours
qu'ils ont apporté à nos travaux. Nous finissons, dit-il,
la 43e année d’existence de notre Conférence et notre
prospérité ne s’est pas un seul instant démentie. Les
plaidoiries ont été nombreuses , les orateurs savants et
zélés. Après un tel passé, l’avenir peut être envisagé
sans crainte.
M* Lambot se lève à son tour : il espère continuer avec
succès l’œuvre aussi vivante qu’utile de Mc Bec et pour
cela il compte sur l'appui de M. le doyen et de MM. les
professeurs et aussi sur le concours de tous nos cama
rades. Travail et solidarité, telle doit être notre devise :
nous la suivrons sans faiblir.
M. le doyen Bry prend alors la parole. Ses collègues
et lui, nous dit-il, sont très heureux de se retrouver au
milieu de leurs étudiants, où tous les sentiments de cor
dialité et de sympathie peuvent librement à cet instant
s’épancher. Trop rares en effet sont les occasions où il
est permis de donner publiquement à la Conférence une
marque d’estime et d’encouragement. Pépinière de ta
lents futurs, source d’amitiés solides et sincères, o uvre
de groupement et de solidarité, la Conférence Portalis
eut compter sur le dévouement de tous. Il termine en
uvant au succès toujours croissant de la Conférence.
E
La fin de ce discours est saluée par un ban magistral :
d’ailleurs de nombreux applaudissements en ont souligné
les principaux passages.
Très applaudis aussi les quelques mots de M. MullaZadé, vice-président, sur le bienveillant accueil que les
étudiants étrangers rencontrent à la Faculté.
C’est ensuite le tour de M. Garnier, étudiant ès-leltrcs.
Sous une forme aussi châtiée que bien sentie, il remercie
la Conférence de l'honneur qu’elle lui a fait en l’invitant.
Ainsi s’est affirmée clairement l’union étroite qui règne
entre les étudiants des deux Facultés.
Enfin Me Massière, dans un toast humoristique, rap
pelle le bon temps où il était président de la Conférence
et assure quelle n’a pas dégénéré depuis. Me Sauvet,
président de l’Association, apporte les sympathies de
son groupe à la Conférence sœur.
La série des toasts est terminée. Aux détonations
bruyantes du champagne s’organise un petit concert,
qui a beaucoup intéressé nos invités.
Mc Baston commence la série. Sa voix sympathique
ajoute un charme pénétrant aux délicieuses chansons de
Botrel. De frénétiques applaudissements soulignent la
Jalouse e t la Fanchette : M. Prade, avec la finesse d’ex
pression que nous lui connaissons tous, nous fait rire
aux larmes dans Vive la liberté et la Tâche. C’est ensuite
M. Sajous qui se fait entendre dans le Testament de
Pierrot et 1'Estudiantinade. Tour à tour tendre et gaie,
sa voix de basse produit une profonde impression. M.
Richard Nicolas nous amuse beaucoup : le Tic est dit
avec un naturel inimitable. NI. Nicolaî, le dévoué accom
pagnateur, enlève un morceau de piano avec une maes
tria superbe.
Réclamé à grands cris par toute l’assistance, M. Gar
nier consent a nous déclamer quelques-unes de ses œu
vres. Poète aux sentiments délicats, il sait par sa diction
impeccable faire valoir tous les dessous et toutes les
finesses de ses vers, et, à l’entendre, on croit revoir, em
portés dans quelque nuage de rêve, les Normands farou
ches et les harmonieux Troubadours.
M®Massière détaille avec une sincérité heureusement
feinte la Création. M. V. Ricord exécute sur le piano
Venetia-valse et son brio n’a d’égal que son jeu parfait.
Enfin M. de Lacouture entonne la chanson tradition
nelle de la Purée dont on reprend en chœur le refrain.
A minuit, M. le doyen Bry lève la séance au milieu
d’enthousiastes acclamations. Tout le monde se sépare en
emportant de cette intéressante soirée un agréable sou
venir. La Conférence Portalis, une fois de plus, vient de
donner la preuve de sa prospère vitalité.
H. PKCÜUT.
�E P I G R A M M E
Un jou r un avocat sortant de iaudience
(Comment il s'appelait ? Je ne me souviens pas)
Disait (/a il avait pu, par sa seule science
Faire acquitter trois fo is un affreux scélérat.
Quelqu'un lui demanda comment il avait fa it.
« Sans cesse j e me tiens à cheval sur mon Code ,
Répondit l'orateur ; voilà tout mon secret. »
Mais l'interlocuteur : « Détestable méthode!
Me savez-vous donc pas comme il est dangereux
De monter un cheval que ion connaît si peu ! »
R. R ic h ard -Ni c o l a s .
CONFÉRENCE PORTALIS
Séance du 22 mars 1901. — Sont à la barre Me de Saboulin
cl Richard. M. le profsseur Moreau assiste à la séance. Les ora
teurs ont choisi la question suivante: « Y a-t-il lieu de frapper
d'un impôt les célibataires et les époux sans enfants ? »
Me de Saboulin qui soutient l’alllrmaiive a une éloquence
sérieuse et pondérée. Avec beaucoup de force et de logique dans
les idées, il développe son sujet avec ordre et clarté. Le célibat
est une cause d’alVaiblisseraent intellectuel, économique, politi
que. De lo t temps les adversaires du célibat l’ont combattu par
des impôts. Un impôt les grevant serait juste et de plus encoura
gerait les familles nombreuses.
L’éloquence de Me Richard est plus enjouée et plus vive. Ses
arguments sont présentés sous une forme parfois plaisante et
humoristique. Imposer lescélibataires. serait encourager les riches
à ne plus se marier : cet impôt serait donc impuissant : il serait de
plus arbitraire et jetterait le discrédit sur le mariage.
La conférence se rallie à la négative par 18 voix contre 8 à l’atfirmative. M. Moreau appelé adonner son avis dit qu’au point de
vue fiscal, les chefs de famille ne retireraient aucun bénéfice de
l’impôt sur les célibataires. Il faut une réforme fiscale qui rende
l’équité dans l’impôt.
Séance du 2M mars 1901. — M. le professeur Polilis assiste à
la séance. La question est la suivante ; « Y a-t-il en dehors
d'une stipulation conventionnelle, obligation pour un Etat d’ex
trader les personnes accusées de crimes ou de délits, qui se sont
réfugiées sur son territoire? »
Les deux orateurs sont Me Fauque et Me Prade.
Me Fauque présente une plaidoirie nourrie et très juridique.il
y a une obligation morale d’extrader et les traités ne font que la
— 239 —
consacrer. A cela s’ajoute des raisons de courtoisie internationale,
d’utilité et de réciprocité.
Me Prade discute avec esprit les arguments de son adversaire.
Un devoir de courtoisie et de réciprocité n’a jamais été considéré
comme une obligation. On ne peut arrêter qu’en vertu d’un texte
de loi, et en l'espèce les textes, ce sont les traités, qu'on doit inter
préter restrictivement.
La conférence donne 4 voix à l’atlirmaiive, 8 à h négative et 8
abstentions.
M. Politis solutionne ainsi la question : Au point de vue juridi
que la négative s’impose : en dehors des traités il ne peut y avoir
d’obligations. Mais il v a une obligation morale d’extrader, qui
devient actuellement de plus en plus forte.
Séance d u 22 a v r il 1901. — M. le professeur lirocard assiste
à la séance. Ce sont deux jeunes orateurs de première année qui
pour leur début ont choisi la question suivante : « Le mari peutil obliger sa femme à réintégrer le domicile conjugal au moyen
de la force publique ? »
Me Couliard soutient l’allirmative. Sa plaidoirie a de très grandes
qualités de fond et son éloquence est exempte de recherche, mais
pleine de correction. S’appuyant sur l’art. 214 qui fait une obliga
tion à la femme d'habiter avec son mari, il en conclut que c’est
un droit pour le mari de l'y contraindre. D’autant plus que nul
ne devant se faire justice à soi-même, c’fst à l’autorité qu’in
combe le soin de prêter son concours au mari.
Me Aninard, orateur de la négative, joint à l’élégance delà
phrase, une grande facilité d’élocution, il raille avec aisance la
m anus m ilita r is , celle pratique, du moyen âge, qu'il trouve
bien surannée Ce serait une cause de scandales fréquents ; et de
plus un tel procédé, loin de rétablir l’harmonie dans le ménage
ne ferait qu’accentuer la désunion: il serait enfin inellicace, car
rien ne peut empêcher la femme de déserter à nouveau le domi
cile conjugal.
La conférence se prononce pour la négative par II voix contre 5
à l'affirmative M. Brocard se rallie sur le fond à la négative: la
force publique étant absolument inefficace de même d’ailleurs
qne toutes les autres solutions telles que la saisie des revenus.
Séance du 26 a v r il 1901. — L’ordre du jour porte renouvel
lement trismestriel du bureau. Le bureau sortant est réélu à
l’unanimité. Me Bec remercie la conférence de cette nouvelle mar
que de confiance. Me Drassof, v ce-président, remet au bureau,
sa démission qu’il maintient malgré les instances de tous ses amis.
On procède à l’élection d’un nouveau vice-président, et Me Mulla
Zadé, seul candidat, est élu.
Me Mulla Zadé préside la séance, Me Bec se trouvant à la barre.
L’adversaire de Me Bec, est un des plus sympathiques avocats et
membres honoraires de la Conférence, Me Martini. M. le profes
seur Bouvier-Bangillon assiste à la séance.
La question litigieuse est celle-ci : « L’extrême misère consti
tue-t-elle une des causes de non imputabilité prévues par l’art.
64 du Code Pénal ? »
Me Bec qui soutient l’affirmative, le fait avec cette clarté et cette
facilité que tout le monde lui connait. Le droit naturel comme le
droit positif, exige pour qu’il y ait délit, qu’il y ait volonté ou libre
arbitre. Et dans le cas d’extrême misère, il y a une contrainte
morale qui paralyse la volonté, et la détermine .4 agir. C’est un
droit la vie qui prime le droit môme de la propriété.
Me Martini soutient très brillamment la négative. Sa causticité
�habituelle élève sa plaidoirie au-dessus des lieux communs ordi
naires à ce sujet II discute l’art, (il et ne voit une cause de non
imputabilité que dans une force extérieure. L’intérêt personnel,
aussi bien que l’intérêt général et social exige la répression même
d'un pareil délit. Les partisans du délit nécessaire en craignent
eux-mêmes les conséquences.
La Conférence se rallie à la négative par 12 voix contre U) à
l'affirmative et 2 abstentions. M. Uouvier-Uangillon appelé à don
ner son avis admet la raison sociale de la répression et repousse
l’idée de contrainte morale.
S ancc du 3 mai 1901. — M le professeur Lacoste assiste à la
séance. Les deux orateurs Me Paul Jourdan ei Me Pécout ont choisi
la question suivante : « L'interdit judiciaire peut-il. dans un inter
valle lucide contracter valablement mariage ? »
Me Jourdan a fait usage pendant tout le cours de sa plaidoirie
d’une argumentation solidement établie. Il apporte l’autorité des
textes à l’appui de ce qu'il avance. Il n’y a pas de nullité sans texte
en matière de mariage. Et aucun urlicle ne s’oppose au mariage
de l’interdit. Déplus refuser le mariage à l’interdit serait con
traire aux traditions du Droit romain et de notre ancien Droit, en
même temps que ce serait aller à l’encontre de l'esprit du Code.
Me Pécout défend la négative avec beaucoup de fermeté et d’ha
bileté. Ce qui constitue la foice de sa plaidoirie c’est sa grande
assurance jointe à une très heureuse facilité d’élocution. « Tous
les actes passés par l’interdit sont nuis de plein droit » d’après
l'art. 502, les travaux préparatoires renforcent ce principe. 11 faut
de plus prouver l ’existence certaine de la lucidité d’esprit, et si elle
existe, pourquoi ne pas demander la main levée de l’interdiction.
Après de nombreux attendus de Ves Donifacy, Hipert, Jourdan,
isnard, Bec, la Conférence Portalis se rallio à la négative par 12
voix contre 5 à l’affirmative.
M. Lacoste se rallie à la négative car le principe de l’art. 502
est absolu.
.Séance du 10 mai 19U1. — M. le professeur Lefas assiste à la
séance. Laquestion choisie est la suivante « la petite propriété doitelle être encouragée? » Ce sont deux orateurs débutants qui sont
à labaire: Mes fiousselot et MullaZadé.
Me Hojsselût a une éloquence froide et logique, aux déductions
impeccables. Les peuple» de petits agriculteurs ont toujours été
les plus prévoyants et les plus patriotes. De plus la coopération et
les syndicats remédient à la répugnance de la petite propriété pour
le développement du machinisme.
Me Mulla Zadé soutient la négative avec feu. Sa verve est éton
nante chez un débutant, mais ses arguments sont parfois un pou
trop a ad dominera » et le côté juridique de sa thèse en est légè
rement obscurci. La petite propriété est une source d’égoïsme et
de misère : elle entrave la division du travail et l'évolution éco
nomique.
Après deux répliques fort nourries et les attendus de Mes Jour
dan, Isnard, de Lacouture, Andrieux, Xoirel, la Conférence donne
8 voix à l’allirmative, 8 à la négative et 3 abstentions. L’allirmative
est adoptée, la voix du président lui donnant la prépondérance.
M. le professeur Lefas appelé à donner son avis croit que la petite
propriété n’est pas incompatible avec l’évolution de l'outillage et
des machines, de sorte que tant au point de vue économique que
social, l’affirmative s'impose.
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L ’Association a eu cette année une longue série de
deuils : le dernier de nos camarades, frappé par
une mort prématurée, est le trésorier de l’Associa
tion, Pierre Madon. A peine âgé de 23 ans, il a été
peu à peu disputé à l'affection de sa famille et de ses
amis par une longue maladie dont l’issue fatale s’est
produite à Draguignan, le 18 juin.
Le drapeau de l’Association a été mis en berne dès
que la triste nouvelle est parvenue. Une délégation
de l’Association, sous la conduite du Président, s'est
rendue aux funérailles qui ont eu lieu dans le tom
beau de famille, à Saint-Maximin.
I n cortège très nombreux accompagnait le convoi,
de l’entrée du village jusqu’à la basilique et de là au
cimetière.
Sur la tombe le Président a prononcé le discours
suivant :
! MAISON CARDEBOIS
c h a p e lle r ie
B E L L O N
Cour.v fflirfthciui. S:
I LOBTON,
8 , ru.' Thiers, Aix-eo-Provence
on *:.
fOIFFIMS Y\ TOI S I.EWS
j. B u tai» , P i
S p é c i A L IT É t»*- B E R E T 5
Pore
K ti d i a m s
C O l
'ÎÈjWKiiftss
1 ' 1"E
am
Iis (nsr
IJ I t
Avant de laisser se fermer une lombe si prématurément ou
verte, permeltez-moi, au nom de mes camarades de l'Association
des Etudiants d’Aix, d’adre.-ser un dernier adieu à celui qu’ils ont
aimé parce qu’ils l’ont connu. Depuis quelques temps à peine
parmi nous, notre ami Pierre Madon avait su s'attirer l’estime et
i’allection de tous grâce à l’aménité de son caractère tout fait de
franchise et de loyauté. Aussi l’Association ne larda pas à lui
confier les délicates fonctions de trésorier. Nous n’avions pas trop
présumé de ses qualités ; ces fonctions particulièrement difficiles,
il les a toujours remplies avec un tact et un dévouement dont
nous sommes peinés d'avoir à le rome-cier au seuil de la tombe.
Depuis quelques temps nous suivions anxieux la marche d’un
mal qui ne devait pas pardonner : il y a deux mois à peine quand
il nous quittait en nous di.-ant au revoir, nous étions loin de
croire que cet adieu serait le prélu le de celui que j’ai la pénible
mission de lui adresser dans son cercueil. Quand la nouvelle de
son décès nous est parvenue il était déjà trop tard pour que nous
puissions venir plus nombreux. Mais je tiens, Messieurs, à vous
apporter ici le témoignage de la profonde affliction dans laquelle
cette nouvelle a plongé nos camarades. En leur nom et de tout
leur cœur, j ’adresse à la famille si cruellement éprouvée par la
perte de ce fils bien-aimé, l’assurance de leurs sincères sympa
thies Puissent ces sentiments montrer à sa famille la place que
Pierre Madon avait su prendre dans nos cœurs.
Mon cher Madon, regretté camarade, reçois ce suprême adieu
que je t'adresse au nom de tous!
AU G RAND SALON
W s Krjitam, a pmirailé it lïètel Sjgr&Ço&
Ch u * MaisDn su recommande à MM: 4e* tètiAlhinN, par
îa propreté im*pro< hable que l'6|i v trouve, gràee tut tJTvsinfecteur h aux principes 4 ’cntfeepsfë p i. niscsrùirÎH» wm mites médiales, cl aux soins le-, plus minutieux de la t.»ii
Jette, dtmnes par un personnel dOuvriers, toujours cfmi<s
parmi les plus capables.
Ajoutons encore le luxe et Je contint («ni font de ce Smon
un vrai modèle <1 M êlante où la meiîlc :re société se donne
1eiido/.-vous
-0 manques Je' iO ns
Après ce discours, les amis de noire regretté tréso
rier ont présenté au père leurs condoléances et se
sont retirés péniblement impressionnés et afïligés.
La Provence Universitaire adresse ses sentiments de
sympathie à la famille du camarade Madon et s’as
socie aux regrets exprimés par le Président de l’As
sociation.
■
t
�243
LES
THESES
Celte année ont été présentées et soutenues de
nombreuses thèses et plusieurs de nos camarades
ont conquis le diplôme de docteur. Camille Provansal, président honoraire de l'Association, avo
cat à la Cour, a soutenu, il y a quelques jours, sa
thèse que la Faculté a admise avec mention très bien.
Notre ami a traite de la Capacité de la Femme ma
riée sans contrat de mariage. — Etude de législation
comparée. —- Réformes proposées pour la France.
Nous sommes heureux du succès de M • Provansal et
la Provence Universitaire qu’il a dirigée pendant un
an lui adresse ses félicitations les plus chaleureuses.
Nous ne pouvons analyser dans toute son ampleur
cette belle thèse de 3 oo pages. Citons l'auteur luimème qui nous indique le but de sou élude : « Ce
que j ’ai voulu faire, c’est un travail permettant d’ap
précier, par comparaison, la valeur des institutions
de chaque pays en ce qui concerne la capacité de la
femme mariée. Et j'ai tenu à dégager l’enseignement
que contiennent pour la France les législations de
l’étranger. » Après avoir exposé le système du Code
civil sur la capacité de la femme mariée, il examine
en ell’el avec une rare patience les législations étran
gères qu’il soumet toutes à son analyse d’où il dé
gage le courant d'idées dominant sa matière.
Les diverses propositions de réforme il les étudie
et arrive à donner comme fruit de son travail un sys
tème très personnel assignant à la femme capacité en
tière à peine contenue par les restrictions qui résul
teront du régime matrimonial qu’elle aura choisi en
se mariant.
Cette thèse qui a coûté un long travail à son au
teur est une des bonnes thèses de l’année.
M. Charles Jaubert, le sympathique secrétaire du
Parquet général, a soutenu sa thèse de doctorat poli
tique sur le sujet très intéressant : Montesquieu éco
nomiste.
—
Cette thèse, comme celle dedoctoral juridique, pré
sentée par le même auteur a été reçue avec éloges.Et
il a véri laidement fai t un travail bien complet sur ce su
jet.Les idées sociales et politiques de Montesquieu, il
nous les faitsuccessivementconnaitresur la propriété,
le luxe et les lois somptuaires, sur les industries, sur
la monnaie, la population,les impôts et les emprunts,
sur le devoir d’assistance, autant de chapitres où la
patiente étude des textes, quelquefois de documents
inédits, a permis à M Jaubert de donner beaucoup
d’intérêt à un sujet si dillicilc.
Notre camarade Boniffacy a porté ses études sur
une question de pur droit civil : la règle « Contra
non vaientem agere non curritprœscriptio » a été le
sujet d’une thèse remarquable admise aussi avec
éloges par la Faculté.
Me BonilFacy a étudié cette maxime dans l’ancien
droit, il a montré la place occupée par celle règle
dans la théorie de la suspension de la prescription,
et après en avoir dégagé l’origine et le fondement, il
a étudié quelques-unes des applications qu’on en iit.
Il arrive ensuite au droit actuel et expose très cons
ciencieusement les applications qu’en fait de nos
jours la jurisprudence dont la théorie est condensée
dans un arrêt de la Cour de Cassation, du 21 mai
1900. « La prescription ne court pas contre celui qui
est dans l’impossibilité absolue d’agir par suite d’un
empêchement quelconque résultant soit de la loi,
soit de la convention, soit de la force majeure. »
L ’auteur examine les législations étrangères avant
de conclure et cet examen l’a encouragé à souhaiter
qu’à l’exemple de presque tous les Codes étrangers,
notre Code civil, au lieu de laisser le champ libre au
juge pour les cas d’impossibilité objective, énumère
tous les cas d’application de notre règle, auxquels il
attacherait un elfct suspensif, il éviterait de cette ma
nière même la possibilité de laisser continuer le re
proche d’arbitraire que, à tort ou à raison, on fait si
souvent aux systèmes actuels de la jurisprudence et
de la doctrine ». Et plus loin, l’auteur ajoute : « L ’œu
vre du législateur sera singulièrement facilitée par
les dispositions des Codes étrangers qui ont presque
tous aujourd’hui dépassé leur modèle; elle le sera
plus encore par les enseignements de notre juris
prudence qu’il n’aura souvent qu’à suivre en s’ap
propriant des règles qu’elle a déduites de la loi ac
�tuelle et celles qu’elle lui a parfois ajoutées comme
un alluvion de bon sens et de sagesse. »
Une thèse de droit civil a été présentée aussi par
M. Mourguès qui a traité des Effets des Promesses
de mariage. Ce sujet est important surtout dans scs
sources et c’est bien ainsi que l’a compris l’auteur
qui nous a montré l’évolution à travers le droit ro
main, le droit germanique et l’ancien droit français
de ce rapport juridique résultant entre deux per
sonnes d’une promesse de mariage. Et l’élude du
droit français actuel est abordée avec netteté, une
fois l’historique étudié ; dans quatre chapitres il étu
die successivement la valeur juiidique des pro
messes de mariage, les eljets de la rupture des pro
messes de mai iage vis-à-vis des personnes, relative
ment aux biens, et enfin la preuve et des promesses
et de leur rupture. Un examen des législations
étrangères termine ce travail qui fait honneur à son
auteur.
Ce qui caractérise d'une manière générale les thè
ses actuelles, c’est le souci qu’ont leurs auteurs «à se
pénétrer des dispositions des législations étrangères
pour la recherche du fonds commun international
sur un sujet déterminé. Et certes aussi un Tacite de
notre époque ne pourrait non plus parler de Yœlas
nostra incuriosa suorum, car l’élude de notre ancien
droit sollicite également les recherches de nos doc
teurs.
Nous voudrions dire aussi tout le bien que nous
pensons de la thèse de notre excellent camarade
et ami M. Teissère, thèse reçue avec éloges. Cet
Essai d'une théorie de la responsabilité, fait égale
ment honneur et à son auteur et au savant professeur
M. Cézar Bru, qui a donné une utile orientation aux
recherches de notre camarade. Nous ne pouvons pas
malheureusement analyser cette thèse remarquable
que nous n’avons pu lire encore tant la lecture en est
disputée.
A tous nos camarades, la Provence Universitaire
est heureuse de donner l’assurance de ses sympathies,
en même temps qu elle leur adresse ses plus vives
félicitations.
F A X VEN IT
L ’eau rêve ; le ciel blanc parait être endormi.
Je fais un voile d’ombre, à ma pensée amère,
El mon coeur las, s’abreuve à l’urne du mystère,
Dans la calme lourdeur du crépuscule ami.
Je passe, Veau m’envoie un sourire d'opale ;
Le ciel frissonne, à ma peine compatissant.
L ’apaisement des bois dans mon dme descend !
Un murmure d’espoir auprès de moi s’exhale.
Le paysage est bon, voluptueux, aimant ;
De consolations timides il m’effleure
— J'écoute, sans pleurer, fonde lente qui pleure,
Je souris, sous te regard clair du firmament.
Puis le soir vient, drapant tout d’un funèbre tulle.
— Le ciel et l'eau, — troublante et merveilleuse erreur! —
Me semblent se noircir de la nuit de mon cœur,
Qui garde leurs clartés pâles de crépuscule.
Marg. ISNARD.
LE CONGRÈS DE PAU
ET
LA DECENTRALISATION
A la Sainte-Estelllc de Pau, le 27 mai 1901, les
félibres ont tenu un Congrès (1), dont est sorti le
néo-félibrige, incarné en la personne du nouveau
capoulier, le jeune et ardent Pierre Dcvoluy. Les
(I) ():i 1rouvrira lo compte-rendu de c> congrès dans la Revue
du 15 juin 11)01. — Voir aussi : Itéponse du majorai
G. de Daniel mi tl’llle au discours du maire de Pau, Makaire édi
teur, à Aix.
Provinciale
�— 246 —
néo-félibres nous donnent la définition de leur école,
le but qu'ils se proposent. « Le néo-félibrige.... asso
ciera désormais dans ses revendications, aux droits
de la Langue, tous les autres droits de la Race et de
la Province. »
Comme on le voit, l’œuvre entreprise est belle et
vaste : tous les hommes de cœur tiendront à s’y asso
cier, à lui prêter un concours dévoué à lui assurer
le sucrés, à empêcher en un mot que la centrali
sation outrance ne conduise la Province sacrifice
au néant artistique et intellectuel, à l’abrutissement
morne et fataliste des races sacrifiées. Plus que ja
mais, la lutte contre la centralisation est devenue
nécessaire, car Paris est de plus en plus entrepre
nant, et prétend s’emparer de tout ce qui fait la
gloire et la beauté de la Province, statues, tableaux,
œuvres d’art, de littérature, de science. Beaucoup
de gens l’ont qompris, et de tous côtés se fondent
des sociétés, (i) des journaux, des revues: (2) des
congrès se réunissent dans les diverses provinces, (3 )
et proclament les droits de la Province en face des
prétentions de la Capitale ; à chacun sa part. Pour
combattre la centralisation à outrance, on s’etlorce
de décentraliser, et — nous sommes heureux de le
constater — on arrive dès maintenant à des résul-
(1) Notamment la fédération régionaiiste française, H, rue
Linné, Paris.
(2) A consulter: la Revue Provinciale, le Mercure Poitevin, lo
Pays Poitevin, le Pays Ardéchois, la lîevun Félibréenne, Revuo
Dauphinoise, la Terre Nouvelle, la Vie Provençale, la Vie Mar
seillaise, la Itevuo Historique du Vivarais, la Revue Historique de
Provence, etc... etc...
(3) Lin congrès régionaiiste s'est tenu à Toulouse les 25 et 20
mai, on y a décidé la formation d’une ligue régionaiiste mAri~
dion fie. — Entre autres vœux, signalons: « Droit, pour la com
mune et la région de fixer 1rs conditions du travail sur les chan
tiers publics, et plus tard, sur les chantiers privés, sous le contrôle «le la région et de l’Etat, 9 un vœu tendant à l’adoption de
la représentai ion propo tionnollo, et à son application immédiate
dans les Conseils communaux et départementaux. — Sur ce der
nier point, nous ne partageons pas l'opinion de M Marc Lafargue
et des congressistes, au moins en ce qui concerne l'élection des
•’éputé.-i et sénateu's, car si nous voyons 1 s inconvénients
du système, nous n'en voyons pas les avantages. Signalons aussi
le paroles de M. de la Renoinmière : « Nous repoussions la gérance
de l’Etat, nous acceptions son contrôle sur nos finances » et di
vers vieux : a gestion des affaires de la commune par la commune,
de In région par Li région, de l’Etat par l’Etat b les vœux relatifs
é la création de coopératives de p oduction , à l’autonomie dos
Universités régionales, à l’enseignement de l’histoire locale, à
lutilisation des dialectes locaux dans l’enseignement, et diver
ses questions économiques.
tats satisfaisants, qui permettent d’envisager avec
confiance les luttes futures. Un jour sans doute le
gouvernement comprendra qu’il a fait fausse route,
prêtera son appui à l’œuvre de décentralisation, et
accordera satisfaction pour les légitimes revendica
tions de la Province. Car décentralisation 11c veut
pas dire séparatisme — comme certains le croient
ou s’clForccnt de le faire croire — mais bien : amour
raisonné et rélléchi de la petite pairie à côté delà
grande patrie, aujourd’hui trop vaste pour qu’il n’y
ait pas clés heurts, cl des froissements, et pour que
tous puissent s'y comprendre — « ce que nous dési
rons, — disait M. Juppont, adjoint au maire de Tou
louse — c’est d’avoir tout en restant unis à l’ensem
ble de la nation, les libertés auxquelles nous avons
droit, les prérogalives dont nous avons joui dans le
passé, les jeux, la langue, les mœurs qui conviennent
à notre ardeur et au génie de notre race. » C’est, di
sait M. Lavignc une œuvre « de défense et d’amour
de l’autonomie locale », la lutte contre « la con
ception fontionnarislc , qui promène le rAlcau
nivclcur sur toute la terre de France et qui veut dé
truire l’esprit provincial. » (1) « Vous travaillez ajou
tait M. Juppont, h vous affranchir d’un contrôle cen
tralisateur qui paralyse l’activité nationale. Vous
voulez desserrer les entraves d’une administration
intégrale qui s’impose à lois nos actes, atrophie ce
qu’il y a de meilleur dans l’homme, son individua
lité absolue et méconnaît ce qu'il y a de plus pré
cieux chez les peuples, leur tempérament. »
Cette œuvre d’émancipation provinciale est au
jourd’hui nécessaire. A force de vouloir unir et
unifier, on désunit. Aussi la Province a-l-cllc pris
conscience de son importance et du rôle qu’elle
devrait jouer dans la vie artistique, littéraire et poli
tique de la nation. La nation, partie du monde a scs
libertés, pourquoi la Province partie de la nalic-n
n’aurait-ellc pas les siennes ? La Province, actuelle
ment en voie de reconstitution, est un être et comme
tous les êtres, elle a droit à la vie, et à la liber
té qui lui est nécessaire pour vivre : « la Pro
vince a droit
la vie, «à la vie intégrale. » C’est
pourquoi l’on a proposé de substituer à la divi
sion en départements, aujourd’hui caduque et sou
vent si mal faite la division en provinces, chaque pro-
(1) UiscDurs (lo M. Faisans, m are de Pau, aux félibres.
�240
— 248 —
—
vince devant avoir son individualité propre, e t‘cons
tituer un ensemble vraiment homogène, grâce aux
liens de la race, de la pensée des mœurs, de la vie
économique. Noos ne pouvons que souhaiter la
prompte réalisation de ce projet qui assurerait à la
Province l’individualité qui lui est nécessaire, car
l’histoire montre que toute unification entraîne un
appauvrissement des idées et de l’art. Aussi nous
associons-nous de tout cœur aux paroles du maire de
Pau: « 11 est nécessaire que la Proviuce garde sa
personnalité pour que la France reste la plus grande
personne morale du monde... La Province a raison
de vouloir rester elle-même, garder sa langue et ses
coutumes! Le corps n’est robuste qui si le sang cir
cule dans toutes ses parties. » (i).
G. F.
Entendez-vous la voix du vent,
Du vent d'hiver dans la nuit noire,
Et savez-vous la sombre histoire
Que dit la tempête en grondant ?
(1) Le congrès de Pau a eu déjà une heureuse conséquence : la
ville de Pau avait envoyé à l’Exposition de 1900 des tapisseries du
château de Henri IV; depuis lors, ces tapisseries étaient retenues
par l’administrai ion des Musées de l’Etat, sous prétexte qu'elles
appartenaient à l'Etat. M. Faisans, maire de Pau, pria les Félibres de se joindre à lui pour obtenir satisfaction : à la suite do
leurs réclamations, l'administration des Musées, a rendu cos ta
pisseries au Musée de Pau — C’est un premier succès pour le nôofélibrige régionaliste.
CE QUE DIT LE VENT
Sa vez-vou s ce que dit le vent
E t ce que la brise murmure
L ’été sous la clarté si pure
Des étoiles a u x d e u x dormant ?
E lle vous dit cette voix f r ê l e
La claire chanson du marin
Que balance ju sq u 'a u matin
L e bercement de sa nacelle.
Le sifflement du chemineau
Sans toit , sans couche , sans envie.
L ’été, c ’est la saison bénie
D es mendiants et des oiseaux.
—
Elle est triste, car elle apporte,
Les disant à tous les échos,
Les misères et les sanglots
De ceux dont l’espérance est morte.
E lle vous dit cette voix sombre
Le cri des enfants en haillons
Et la plainte des oisillons
Perdus et grelottant dans l'ombre.
Voilà ce que vous dit le vent
Oh ! Vous bien chauds dans vos demeures
Pensez parfois à ceux qui pleurent :
Pauvres, petits, vaincus, mourants!
E. BÉRA UD.
DERRIÈRE LES COULISSES
Peu de personnes savent comment se recrute une
troupe théâtrale et, certes, la petite cuisine directo
riale et théâtrale est presque aussi amusante que la
petite « popote » politique.
Je ne puis m’empôcher de sourire lorsque, au com
mencement de l’automne, apparaissent les tableaux
des troupes. A les entendre, tous les directeurs se
sont elîorcés de s’entourer des meilleurs artistes:
connaissant le goût artistique et raffiné des habi
tants de la ville, ils n’ont pas hésité à faire 1er plus
grands sacrifices; chaque artiste a été minutieuse
ment choisi. Tambour, roulez: voilà l’annonce.
Quant à la réalité, clic est beaucoup plus drôle. Il
y a les agences lyriques, le plus souvent, pour ne pas
dire toujours,agents intermédiaires, obligatoires entre
les directeurs elles artistes.Le directeur doit s’y adres
ser, cardans la plupart des cas, n’ayant pas le pre
mier sou d’un cautionnement parfois onéreux, c’est
l’agence qui lui fournira les fonds cl lui imposera
une troupe. Quant aux artistes, ils sont généralement
�— 250 —
obligés de passer par ces fourches caudines s’ils veu
lent des engagements.
Voici maintenant comment les choses se passent:
Le directeur écrit à l’agence qu’il a besoin d’une
troupe. Il doit jouer tous les genres ; et il a un bud
get de tant, qu’il ne veut pas ou ne peut pas dépasser.
Vous n’ignorez pas sans doute que le café est d’au
tant meilleur que telle ou telle qualité y domine et
cela dépend des goûts.
Nous allons assister à la même mixture. Telle ville
préfère le fort ténor, (le fort galoubet), d’autres pré
fèrent les sonorités caverneuses d’une basse pro
fonde. Aussi, ces artistes seront de meilleure qua
lité au détriment des autres bien entendu le budget
étant tixé d'avance.
La troupe est bientôt composée, la difficulté n’est
pas grande. Au bureau de l’agence, en effet, chaque
artiste est catalogué avec prix et qualité en regard.
Voilà donc notre phalange artistique réunie. Les
répétitions commencent et nous arrivons aux débuts.
Beaucoup de villes ont encore conservé les trois
débuts réglementaires: nous allons voir leur utilité.
Si l’artiste est accepté, tout fini là; il n'y a pas à y
revenir.
Mais admettons que l’artiste soit refusé. Je ne vais
rien négliger, dit le directeur pour donner pleine
satisfaction au goût éclairé des spectateurs: voilà
l’annonce; mais voici la réalité. Monsieur, écrit le
même directeur à l’agence, mon ténor a été tombé ;
envoyez moi un autre artiste dans les mêmes prix.
Le défaut le plus grave qu’on lui ait reproché c’est
d’être irop jeune et de manquer d’expérience. Quel
ques jours après, nouveau début. Le premier avait
sans doute une jolie voix mais il était engourdi à
la scène. Celui-ci est sur le retour, ficelard au der
nier chef, il sait se tenir en scène, et fait ce qu’il peut
du maigre filet de voix qui lui reste encore. S’il
échoue, la même scène se reproduira, jusqu’à ce que
le public lassé se contente de cc qu’on lui donne.
C’est le cas de dire ou jamais que plus l’on change
plus c'est la même chose, et les gens facétieux chan
tonneraient volontiers : « cétciit pas la peine, c'était
pas la peine !!!...
Il faut se dépêcher d’accepter un artiste, car il y a
quelquefois de bonnes occasions pour le prix, comme
dans tous les articles à bon marché. Le mieux est de
ne pas se montrer trop exigeant. Il est d’ailleurs un
—
251
-
fait curieux à remarquer. Il est rare qu’au début de
la saison un artiste plaise de piano, et l’on peut faire
trois distinctions. Un artiste peut être très bon,
c’est l’occasion, le « rara avis ». Son admission ne
fait aucun doute ; il est accepté d’emblée.
Un autre est franchement mauvais il doit être
refusé ; on ne peut en effet trouver plus mauvais.
Un troisième enfin est fort discuté. Il vaudrait sou
vent mieux l’accepter, non pas pour lui, mais en mé
ditant la fable de la Fontaine, en craignant de tom
ber sur un pire. En général celle catégorie dernière
donne plus que ce que l’on pensait au début. Si l’ar
tiste est malléable, s’il n’est pas trop infatué de luimême, il se corrigera aisément, se familiarisera avec
son public, et finira même très souvent par plaire.
11 faut donc ne pas prolonger les débuts, et se rap
peler que bien souvent le mieux est l’ennemi du bien.
Il peut arriver aussi, dans le cas d’insuccès de
plusieurs artistes que le directeur augmentera les
appointements du ténor, mais engagera une chan
teuse légère de moindre qualité. Cela lui importe
peu et 8 et y égale au total 9 et 6 et le tour sera joué.
Et maintenant, chers lecteurs, allez voter avec con
fiance pour les débuts vous savez le résultat final, et
un dicton populaire vous le dit très exactement : ce
sera bonnet blanc, blanc bonnet. Tous ont leurs dé
fauts, il n’y en a pas qui n'aient aussi leurs qualités.
Le tout est de s’y habituer rapidement. Mieux vaut
dans une troupe une moyenne bien homogène que de
bons sujets à côté de mauvais. Lorsque le cas se pré
sente par hasard, l’on n’est jamais content de la sai
son, car les mauvais pâlissent étrangement à côté des
bons et rien n'est aussi dangereux qu’un pareil con
traste.
A lba DIANA.
SANS TITRE
Les arbres ont pleu re pendant plus d ’un automne —
Pendant p lu s d'un printemps la fa u v e tte a chanté ;
Souvent tomba la neige en son vol monotone —
Jaunissent les blés murs sous le soleil d 'été....
�— 252 E t farouche, j ’étais plein defièvre ; et personne
N ’osajamais troubler ma noire volupté :
A mon seuil, l'immortelle a tressé sa couronne.
Mon cœur se souvient trop de son morne passé...
Et je suis dévoré d’un tourment inlassable. —
Que de fois, me berçant d’un long rêve doré,
Ai-je tracé du doigt son béait nom sur le sable
Par la vague moqueuse aussitôt emporté.
Moins l’amour espéra, plus le mal est durable :
On n’ajamais souffert quand on n’a pas aimé.
IRIS.
La Petite Fonctionnaire : Le proverbe qui dit que
nul n’est prophète en son pays n’a pas été justifié
samedi soir. M. Alfred Capus, qui est presque un
Aixois, puisqu’il est allié à une des meilleures fa
milles de la ville, a largement triomphé avec la P e
tite Fonctionnaire. Cettepièce en 3 actes est amu
sante au possible. L ’on peut et l’on doit, je crois,
apprécier séparément chaque acte ; ils ont leur phy
sionomie propre.
Au premier acte nous sommes dans un salon, d’une
petite ville de province, et quelques scènes sont
presque sérieuses ; elles touchent de près, elles cô
toient la comédie de mœurs et de caractères. La scène
entre la femme mondaine et frivole, assez vicieuse
pour épouser un vicomte (songez donc vicomtesse ! )
qu’elle n’aime pas, afin de pouvoir prendre un amant
en toute sécurité, et la petite fonctionnaire, est assez
typique.
Elles ont été élevées dans la meme pension, et
elles se retrouvent après quelques années ; tout de
suite beaucoup de fêtes et bon accueil ; invitation «à
dîner, etc... Mais voilà, la petite amie est receveuse
des postes. A cette annonce, un certain froid com
mence à régner entre les deux jeunes femmes ; mais
la petite Fonctionnaire, fine mouche, s’il en fut, le
comprend très vite et se dérobe adroitement aux in
vitations. Encore un petit préjugé qui se fait jour. Le
travail déclasse, plus que le vice.
Puis nous assistons aux petits potins, à toute la
petite cuisine des salons provinciaux. Ma chère !
— 253 —
elle joue du piano ; elle peint, elle a des toilettes élé
gantes ; pour une fonctionnaire, une petite receveuse
des postes, cela ne dit rien de bon. Et en avant les
bonnes langues. 11 est vrai de dire, que si la rece
veuse se trouve en bulle aux petites méchancetés et
aux médisances des femmes, elle s’attire bien vile
les bonnes grâces des messieurs, par sa gentillesse et
sa grâce.
Le second acte est tout de fine observation. Les
scènes sont réellement vécues ; c’est ravissant de na
turel. L ’esprit pétille à chaque mot. Le dialogue est
d’une vivacité et d'une fraîcheur remarquables. On
souriait au premier acte, on rit franchement au se
cond. C’est quelquefois un peu polisson, mais ce
n’est jamais grossier. C’est le sel gaulois le plus pur.
Le troisième est alors une fantaisie des plus bril
lantes, l’auteur s’amuse lui même avec une verve
étourdissante. L ’action étant très difficile à dénouer
il s’en lire avec un brio remarquable, il brode avec
une maestria incomparable.
Enfin, comme dans toutes les grandes comédies de
Marivaux, que la petite Fonctionnaire iappelle par
certains côtés l’intrigue se termine par un mariage,
non l ’ignoble mariage cle convenance, mais, le ma
riage d’inclination, où l’amour fin, délicat, naïf, hon
nête, joue le premier rôle. L ’esprit facile, brillant,
léger cache l eifort qui cependant doit être très grand.
Il y a en effet une facilité de style, une remarquable
justesse d’expression qui sont voulues et cherchées.
Si l’on veut trouver une thèse dans celle éblouis
sante et spirituelle fantasia, c’est dans la scène amu
sante et capricieuse contre les préjuges: si personne
n’avait de préjugés, dit le vicomte, ils ne larderaient
pas à disparaître. Il ne faut pas chercher autre chose.
L ’interprétation a été parfaite, et c’est d’autant plus
appréciable que c’est plus rare. La troupe est
d’une homogénéité achevée et nul ne pâlit à côté de
l’inimitable Brasseur et de la gracieuse coquette, et
délicieusement mutine et espiègle Valenline Joissant
(Suzanne Borel).
Vive l'armée : serait plutôt un lever de rideau
qu’une fin de spectacle ; celte pièce ne gagne rien à
être jouée après la Petite Fonctionnaire. C’est plutôt
une scène de mime entrecoupée de deux mots :
« Probable » et « Tu m’écoutes-tu » qu’une comédie.
C’est cependant assez amusant et Brasseur est hila
rant au possible dans ses jeux de physionomie. Quel
beau cuirassier !
VERITAS.
�1
CONFÉRENCE PORTA.L S
Dans sa dernière séance la Conférence Portalis a constitué son
bureau pour l'année scolaire 1901-1002 ainsi qu’il suit :
Président, M. Lambot.
Vice-président, M. Mulla-Zadé, vice-président sortant.
Secrétaire, M. Décout.
Le trésorier sera nommé à la rentrée.
La Provence Universitaire adresse ses regrets au bureau
sortant et félicite le nouveau bureau de la confiance dont l’a
honoré la conférence, en la personne de son président, M. Lambot.
M Dec, président sortant, a été acclamé président honoraire,
récompense méritée de son zèle infatigable et do ses etlbris in
telligents. Nos félicitations.
É C HOS
La Provence Universitaire est heureuse d’adresser ses féli
citations pour la distinction dont ils viennent d'être honorés à
M. Lorin de heure, président honoraire à la Cour d’appel, et à
M* Masson, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, nommés che
valiers de la Légion d’honneur.
Nous relevons dans le dernier mouvement judiciaire la nomina
tion au poste d’avocat général à Grenoble de M. Fontanille, subs
titut du procureur général à notre Cour. Nous tenons à exprimer
à M. Fontanille la satisfaction que nous procure son avancement,
tout en l’assurant des regrets que nous cause son départ, qui va
nous priver probablement du concours de son fils, secrétaire de
la rédaction de la Provence Universitaire.
Nous avons relevé avec plaisir dans les résultats des examens
de licence ès-lettres le succès de notre camarade Frédéric Charpin,
le dévoué bibliothécaire de FA sociation. Nos plus vives félicita
tions.
CONCOURS l)F. FIN D ANNÉE. — Parmi les lauréats des con
cours de la Faculté de droit nous sommes heureux de féliciter
nos camarades Pécout Ii-nri, Mille Jérôme, Uontior Paul, mem
bres do l’Association, qui ont eu, chacun dans leur année, le- prix
ou mentions dans les deux concours.
Pour le concours de doctorat, la Faculté a pu cMte année, décer
ner une 2m* médaille d’or à M. Georges Dipert, et une mention
honorable à M. Vincent Marcaggi. Nos amis avaient fait un mé
moire sur la responsabilité du fait des animaux et des choses ani
mées.
M. Charles Jaubort, le sympathique secré'aire du Parquet Géné
ral, a eu h médaille rl’ur au concours de thèses et M. Charles
Boniflacy la médaille do bronze.
A tous nos compliments.
N é c ro lo g ie .— Un deuil \ient de frapper Me Massière, avocat
à la Cour, en la personne de son père décédé à Mondovi (Italie), à
lagedeSôans. La Provence U niversitaire présente sessincères
condoléances au sympathique avocat ainsi qu’à tonte sa famille.
ASSOCIATION GENERALE DES ETUDIANTS D’AIX
ANNÉE
1900-1901
Membres Fondateurs :
MM. ADDAM, avocat.
LEYDET, sénateur.
Membres Honoraires :
MM.
GIRAUD, Premier Président à
la Cour d'Appel.
GITBAL, doyen honoraire do
la Faculté des Lettres.
GU1LLIBERT, avocat.
11E1IUE1S, bâtonnier de l’ordre
des avocats.
JOURDAN, avoué à la Cour.
LENARD, procureur général.
LEYDET, sénateur.
MALAYTALLE, conseiller à la
Cour d’appel.
MARTIN, ancien juge au tribu
nal de commerce.
MASSON, avocat.
MICHEL, avocat.
MILHAUD, banquier.
PERREAU, député.
P1S0N, doyen honoraire de la
Faculté de Droit.
PONTIER, cons. à la C. d’appel.
RA1LIIAC, percepteur.
VALLABRÊGUE, conseillera la
• Cour d’appel.
VOGUE (De) Elzéar.
Présidents honoraires de CAssociation :
MM. REYBAUD Charles, répétiteur au lycéed'Aix.
EYMARD Henri, avocat à Tarascon.
BOUOITEI! Louis-Marius, licencié en droit, surnum éraire de
l’Enregistrement.
PROVANSAL Camille, docteur en droit, avocat à la Cour
d’appel.
Comité de /’Associât ion:
Président : Prosper SAUVET, avocat à la Cour d’appel.
Vice-Président ; Charles FAUQUE, étudiant en dioit.
Trésorier : Y ‘ ‘
Secrétaire: Vincent CONSTANT, étudiant en droit.
Porte-Drapeau: Auguste JEANN1N, étudiant en droit.
Bibliothécaire : Frédéric CHARPIN, étudiant en lettres.
Ribliothécaire-adjoinl : GONTIER Paul, étudiant en droit.
MM.
ADDAM, avocat.
ABllAM, banquier.
AlLLAUD, avoué, adjoint au
maire d’Aix.
AUDE, docteur en médecine.
BÈDARR1DES, licencié en droit.
DELIN, recteur de l’académie
d’Aix,
DEDAUD, notaire.
DEDTBAND. maire d’Aix.
DONNECODSE, (De) avocat.
DOUDGUET, Dr en médecine.
DDY, doyen do la Faculté de
Droit.
CABASSOL, avocat, conseiller
général.
CONSTANT, professeur à la
Faculté des Lettres.
CDEM1EU, avocat.
CDEM1EU, banquier.
DRAGON, libraire.
DRUJON, avocat.
GARCIN, avocat.
GAllClN, docteur, conseiller
municipal.
�Membres Acti/s :
ABEASIS.
ABRAM Georges.
ANDIUEU Fortuné.
D'ARNAI'D.
AUTHOSSEUBE Ilippolyte.
BEC Ferdinand.
BERNARD Pierre.
BON 1ER BALE Pierre.
BOUCIIARLA Henri.
BOUTEILLE Amédée.
BOYADJIEFF Slephan.
CAILLAT Paul.
CAIS Antoine.
CA LON.
CARITOUX Daniel.
CASANOVA Toussaint.
DU CHAFFAUT.
CHAMPROUX Paul.
CHARPIN Frédéric.
COHEN Simanlo.
CONSTANT Vincent.
CLUZEL Henri.
CRftMIEU Louis.
CRËM1EU Raoul.
DAVID Louis.
DEFFERRE Paul.
DOR Léo.
DOREAU Jean.
DRASSOFF Zlatan.
FABRE Joseph.
FARDEAU René.
FAUQUE Charles.
FIESCII1—VIVET Joseph.
FONTANULLE Gaston.
FRAIZIER Frédéric.
GERFROID.
GIRAUD.
GONTIER Paul.
GUIEN Jules.
HALLOT Frédéric.
ISNARD.
JEANNIN Auguste.
L\ COUTURE Joseph (De)
KISSOWSKI Nicolas.
LA MBOT.
LA VILLE Edouard.
LORIN de HEURE.
MARTINI Alexis.
MET AXAS Stavros.
MILLE Jean.
MILLE Jérôme.
MONIN Florimond.
MUTERSE Edouard.
NAVONI.
NICOLAI Antoine.
NIEL Clément.
PALENC.
PAUCHARD Jules.
PÉCOUT Henri.
PETIT.
PLANCHE.
POILLEUX René.
PRADE Jules.
RICHARD Nicolas.
R1CORD.
RIMBAUD Octave.
RI QUEAU Adrien.
ROC A.
ROMAN Ferdinand.
ROUSSELOT.
ROUSTAN Emmanuel.
SA BLET Jean (De)
SAJOUS Charles.
SAUDINO.
SAU VET Prosper.
SI VAN Louis.
VIGNE Alphonse.
Membres Actifs sous les Drapeaux
C A FÉ RU COM M ERCE B M IM M II'IH ITE
l /.Y Cou)-' \-irakrnn,
MX.
CARPENTRAS Emmanuel.
NARD Ernest.
ROUBION Gaston.
JULLIEN Louis.
MOURGUÈS Albert.
VIAS Joseph.
Liste arrêtée le 31 Juillet 1901.
NOUVEAU PROPRIETAIRE
Le Secrétaire,
CONSTANT.
M ME J E A N
-------- 'W W '---------
Le Directeur-Gérant : J.
Cousommations tir premier ordre
P rade
\ l’PA HTGMEA ! S
Typ. ei Lith. P. POUHCCL, cours Mirabeau, 58.
iheuMés ou non i louer j
JE A N M ARIU S
i rchand-Tu î ll<‘ui
Kx:-i’ rcv >’ié S G II. tî.
VETEMENTS
SUE ME SUEE
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���Universitaire
A bonnem ent :
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BULLETIN MENSUEL
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Administrative, ci Commerciale
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AIX - Ris! - PitOVENCE
Jean
de Ki.appeuozr
I ris .
F rédéric C ha rpi n .
P ierre Covtrf.t .
À. P. S.
\ é r it à s .
I. Epouvantée.
L’Eglise,
Notes de Concert.
Orphelia.
Celle que j'aime.
La rentrée solennelle de la Faculté de droit.
Chronique théâtrale.
Nouvelles diverses.
L'Association.
POUR
VOUE LA 1-HOrOOKAPHIK
Foüfûîtarei çlassijsts d ahieles è Harem
SOMMAIRE
A1S 0 .N h g C0 Al MANI) KE
Spécialité de Lunetterie
Pinee-Neit du Paris lin existai.
Sténographk. .Madones à écrire.
1 > 1 {
Dépositaire des principales Maisons
de France et de l'Etranger pour les ob
jectifs et appareils photographiques.
Dépositaire des üramophones et
Phonographes des Maisons Edison et
Nom-Martin à Paris
3
K r O
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Place à. -: PrScî; eurs, A I X - EN - PKO VE NCE
Jil VllCS UE DROIT, LETTRES ET SCIENCES
sut suivis à l ’U niversité d'Alx..
ouvrages de luxe , publica tio n s diverses
r seront accordées à 1DÎ. les Müiaitîs
MU. les Abonnés qui n'auraient pas encom versé le .MONTANT DE i.eitii
pour l’année 1900 sont instamment priés de l’adres.-er au
Comité du Bu Ilot in au siège de l'Association.
ABONNEMENT
;:Aw, .39.
1luIU i LiL
MX.
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T o u t ce qu i c on cern e la R é d a c tio n e t l ’A d m in is tra tio n de la R e v u e d oit
être ad ressé au C om ité du B u lletin A l ’A s s o c ia tio n d es E tu d ia n ts.
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P ïï]Q
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c.
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..V'.r.Ti:
r*
cü.’vmita&îfis
�L'EPOUVANTEE
Elle se trouva toute droite sur son séant, réveillée en
sursaut par la (in terrible d’un lourd cauchemar. Très
épeurée de se sentir seule dans les ténèbres, son cer
veau étant encore sous l’impression pénible, la jeune
femme, d’un geste instinctif étendit la main vers la
table de nuit pour y chercher la lampe. Il lui fallait de
la lumière pour dissiper cette atmosphère horrible qui
l'étouffait, encerclait son crâne, cpaisissait la nuit au
tour d’elle. Ses mouvements tâtonnèrent. D’abord sa main
glissa sur le marbre singulièrement froid à la recherche
des allumettes, elle retira ensuite le verre de la lampe
très délicatement, craqua l’allumette contre le mur, ce
qui égratigna les ténèbres d’une mince blessure de feu.
La clarté aveugla, avivant les luisances des boiseries
vernies, les ors des cadres, les glaces. Longuement elle
respira, car elle élait très oppressée.
Décidément ces cruels cauchemars la persécutaient
depuis trop longtemps, et elle 11e trouvait plus de raisons
à ses douloureuses insomnies, et elle crut quelle devait
être sérieusement malade.
Elle était très pâle, sous la lumière la baignant, avec
de mauvaises cernures aux yeux, si pâle que, couchée,
ses mains et son visage se confondaient avec la candeur
immaculée des draps. Seuls scs yeux d’eau sombre nos
talgiquement ténébreux, creusaient du mystère, met
taient deux taches funèbres. Ses cheveux, très noirs,
coupés courts se divisaient sur le front en deux on
des naturelles, accusant le teint trop blême.
La clarté la rassura, mais pas tout à fait, car elle se
mit à réfléchir qu’elle était isolée dans cette vieille mai
son, tout à l’extrémité du village.
La flamme de la lampe,tourmentée par un courant d’air,
tressautait singulièrement, et. comme, la jeune femme
redoutait surtout de la voir s'éteindre, clic se leva pour
fermer la fenêtre, passa comme un spectre devant la
clarté. Elle n’eut pas le courage de clore les volets tant
la nuit était calme. Au dehors la campagne conservait
l’air désolé qu’elle avait toujours eu. Au près, au loiD,
personne, sinon que la lune avait l’air de quelqu'un. Il
n’existait que du silence, mollement bercé sur des par
fums composites et entêtants, qui montaient dans l'air
�— 258 —
comme d’une formidable cuve où ils bouillonnaient, se
mêlaient, se combinaient : odeurs pures de fleurs très
chastes et simples, odeurs véhémentes d« Heurs malsai
nes outrageusement épanouies, odeurs d’encens, odeur
humide de la terre chaude, en rut, qui ce soir célébrait
épousailles avec les ténèbres. Une luue éclairait, toute
seule, gonflée de soupirs qu’exhalèrent les amants par
les nuits claires, boullie de sang, corps monstrueux de
faucheux sans patte, tête grimaçante de décapité, pain
à cacheter immense scellant l’énigme du ciel germé d’é
toiles.
En couleuvre, gracile et élégant un chemin serpentait
montant la côte, emportant tout là-haut, tout là-bas le
mystère d'une fin qui peut-être n’existait pas.
Entouré de la haie menaçante de ses cyprès, aux al
lures de vieux moines géants, le cimetière. Ses croix,très
inquiétantes, blanches à travers la noire verdure des ar
bres colosses, étendaient leurs bras en un geste de dé
sespoir ou d'appel, dont le suprême cri ne sortirait ja
mais.
Une cloche égrena de lointaines heures. Ces heures
tombèrent féroces et rouges comme des gouttes de sang
sur l'épiderme de la jeune femme qui frissonna. Très pur,
le son sembla pleurer, coula de la tristesse dans les oreil
les, s’affaiblit, ne fut plus rien, devint du silence. Dans
le ciel, un oiseau plane, un triste oiseau nocturne dont
les ailes faites du velours des nuits battaient silencieuse
ment l'air moite. La jeune femme, le menton dans ses
paumes, accoudée, les yeux levés regardait le grand
oiseau, ses paupières et son cœur battant à l’unisson
des ailes. Il passa, tout noir sur l’or de la lune, s’y dé
coupa très exactement, poussa un cri, s’enfuit très haut,
tout droit, comme aspiré par le mystère de ce ciel her
métique.
C’était très beau et très étrange à la fois.
Et elle eut l'orgueil de sc croire souveraine dans ce dé
cor d'impossible étalé à ses yeux. Des cantharides aux
élytres mordorées lourdement voletaient, effleurant déli
cieusement sa chair aux endroits intimes particulière
ment émus. Sa bouche se tendit très sensuelle vers des
lèvres, ses paupières se clappèrent sous la fourrure des
cils. Elle souilrit davantage de se sentir seule. Oh ! les
lèvres par les lèvres écrasées! L’amour où l'on est tel
lement confondu que l'on ne sait plus lequel des deux
est l’autre.
L’amour aux ailes noir-bleu de corbeau planait tra
giquement dans le ciel.
Chimères galopant dans son cerveau et dont le furieux
galop ne s’entend pas, son imagination enfantait le my
the d’amour : oh ! le beau chevalier chevauchant le pale
froi des légendes Quand viendrait-il ? Elle se lasserait
à la lin, l’esseulée, car il lui sembla qu elle l’attendait
depuis l’éternité. Donc jamais ne sonnera pour elle
l’heure des réalisations. Oh ! amour-fantême aboutis
sant à la souffrance-vérité !
Décidément rien ne se passait simplement, cette nuit,
ses deux grands ennemis, la peur et l’amour, se liguant
pour la tracasser.
Aussi, cela était la faute, un peu, de ce paysage triste
ment désolé, de ces méchants cauchemars qui la fai
saient petite fdle devant la grande terreur.
Un moment elle eut une émotion très vive. Elle crut
que sa lampe allait s’éteindre, et pendant qu elle re
montait la mèche avec précaution, elle remarqua que la
chair de scs doigts laissait voir par transparence le sque
lette de sa main. La tête dans ses mains, elle s’enfonçait
les doigts dans le creux des orbites, sous le globe des
yeux, touchait son crâne, ses saillies, fouillait à travers
sa chair mince les cavités, les aspérités des os. Sous le
cartilage, elle sentit son nez camard, derrière les lèvres,
la bouche immense et à force de se malaxer ainsi elle sc
représenta très exactement sa tète telle qu’clle serait plu
sieurs années après sa mort. Elle eut un regard vers le
cimetière, mais n’eut pas le courage de se retourner, car
derrière elle une psyché dressait l’effroi de son néant, et
elle craignit de s’y voir rélléchie en squelette.
Ses yeux, effrayés et rêveurs, machinalement s’arrêtè
rent sur un point lumineux, fixèrent le bouton de cuivre
clair de la porte. Un instant elle eut l’impression atroce
de le voir tourner. Quelqu'un allait donc entrer. Elle
sentait qu’une personne était là (oh ! ce mot personne)
qui l’attendait. Elle en avait l'intuition, quelqu'un qui
voulait la tuer, quelqu’un qui devait être horrible et dont
elle aurait à supporter le regard terrible et laid pendant
que sur sa mince poitrine il assisterait à son agonie.
Mais non il n’y avait personne. D’ailleurs, dans quel
intérêt serait-il venu cet inconnu qu’elle redoutait. Elle
rassembla tout ce qu'elle avait de sang-froid, de raison
éparse pour se convaincre. Mais elle crut voir soudain,
elle vit (oh ! elle vit) la porte virer lentement sur ses
gonds. Alors, elle conçut la grande, la noire peur, s’affola
tout à fait, perdit la tète, et rampant comme une chienne
aboyant à la mort, (die se précipita par la fenêtre, la
seule issue, s’engouffra dans le vide, s’abiina plus bas,
toujours plus bas, éternellement plus bas.
Et dans la nuit toujours rutilait la lune vernissée de
sang, pleine face d’éternelle effrayée de sa solitude, cou
vrant de son regard borgne le petit cadavre blanc de la
grande épouvantée que tuèrent les ténèbres.
J ean de IiLAPPEROZE.
�—
Dans la lumière ambrée aux célestes reflets
Qui tombe des vitraux sombres Ju Moyen A g e ,
E lle prie à genoux — et son œil suit la page
D ’un missel minuscule à la gaine de jais.
Trois fois près de l ’autel la clochette a sonné ;
Le prêtre lentement élève le calice :
Il fa u t courber le front au divin sacrifice,
Mais je n'entends plus rien et je reste distrait.
Elle a baissé la tête, et, sur sa nuque blanche
Glissent ses cheveux noirs en longs replis soyeux,
Malgré moi — contemplant la Sainte, qui se penche
Là-bas, dans l’or terni de son cadre pieux,
Je vois la jeune fille et la vierge d”a^ur :
Je ne puis distinguer le profil, le plus pur.
IR IS
NOTES DE CONCERT
LA SYMPHONIE FANTASTIQUE DE BERLIOZ
J’étais l'autre jour aux Concerts Colonne où m’attirait
un programme particulièrement alléchant et surtout la
splendide Symphonie Fantastique de Berlioz.
Vous connaissez sans doute l’histoire de celte sympho
nie; elle est curieuse. Berlioz avait une organisation
d’artiste, chaude et vibrante, incapable de sentiments
201
—
83
moyens et de passion bourgeoise. En i o il fit la con
naissance d’une très gracieuse actrice anglaise, Hen
riette Smithson, pour laquelle il se prit tout d'un coup
du plus-violent amour. Son ardeur ne lut malheureuse
ment pas partagée par la jeune fille ; elle dédaigna les
soupirs du romantique aux longs cheveux ; cruelle dans
ses refus, elle fit même durement sentir à Berlioz son
peu de notoriété.
Celui-ci souffrit profondément ; sous l’empire de sa
passion soudaine et folle, il connut l'idée d écrire une
œuvre qui devait, dans sa pensée, le rapprocher de la
femme aimée, en lui peignant les toi tures de son cœur ;
il espérait aussi sortir par là de l’obscurité pour briller
à ses yeux et la conquérir par l’éclat d'un succès musi
cal. Le 6 février i o, il écrit àson ami Ferrand : « J’étais
sur le point de commencer une grande symphonie (Epi
sode de la vie d’un artiste), où le développement de mon
infernale passion doit être peint, je l’ai toute dans la
tête, mais je n’en puis rien écrire. » Et, le 16 avril, il lui
annonce que la dernière note vient d’être tracée. C'est
dire la fièvre qui présida à la composition de l’œuvre.
Elle fut conçue d’après un plan très net que l’auteur
nous a exposé lui-même dans une note explicative :
83
a Un jeune musicien, d’une sensibilité maladive et d’une ima
gination ardente, s’empoisonne avec de l’opium dans un accès de
désespoir amoureux. La dose de narcotique trop faible pour lui
donner la mort, le plonge dans un lourd sommeil accompagné
des plus étranges visions, pendant lequel ses sensations ses sen
timents, ses souvenirs se traduisent dans son cerveau malade en
pensées et en images musicales. Sa femme aimée, elle-même, est
devenue pour lui une mélodie et comme une idée fixe qu’il re
trouve et qu’il entend partout. »
Voici maintenant comment Berloz a distribué les di
verses parties de cette œuvre grandiose.
Dans la première partie il décrit son passage de la
rêverie à la passion. Le musicien se rappelle d'abord ce
malaise de l’âme, ce vague des passions, ces mélanco
lies, ces joies sans sujet, qu’il éprouva avant d’avoir vu
celle cj^u’il aime ; c’est ce que traduisent les murmures
plaintifs des violons. Tout à coup éclate la voix des cui
vres ; c’est l’amour furieux qui arrive subitement avec
ses délirantes angoisses, ses jalouses fureurs, ses retours
de tendresse et enfin ses consolations religieuses qui
permettent un retour passager à la douceur et à la paix.
L’artiste croit avoir oublié Yaimée ; il s’en va dans les
fêtes mondaines ; dans la deuxième partie nous le trou
vons au bal. Un gai rhythme de danse semble bercer
mollement d’invisibles danseurs; mais au milieu du tu
multe et du rire se fait entendre, mélancolique, le leit
�motie de l 'aimée : et à la joie succède une lourde tristesse
entrecoupée çà et là par quelques bribes d'airs de danse.
Dans la troisième partie nous sommes aux champs.
Un soir d'été, à la campagne, l’artiste entend deux pâ
tres qui dialoguent un ranz de vaches; ce duo pastoral,
le lieu de la scène, le léger bruissement des arbres dou
cement agités par le vent, quelques motifs d'espoir qu’il
a conçus depuis peu, tout concourt à rendre à son cœur
un calme inaccoutumé, à donner à ses idées une couleur
plus riante. A la voix champêtre des hautbois succède,
rêveuse et tranquille, la voix des violons ; tous les ins
truments s'unissent dans un accord pacifique. Mais elle
apparaît de nouveau ; le cœur du musicien se serre, de
douloureux pressentiments l'agitent: si elle se trom
pait. .. L'un des pâtres reprend sa naïve mélodie, l’au
tre ne répond plus. Le soleil se couche..., bruit éloigne
du tonnere. . . ., solitude . . . silence.. . .
Avec la quatrième partie nous arrivons aux passages
vraiment fantastiques de l’œuvre. C'est la laineuse Mar
che au supplice. L'artiste rêve qu'il a tué celle qu’il ai
mait, qu'il est condamné à mort, conduit au supplice.
Le cortège s’avance aux sons d’une marche dans laquelle
un bruit sourd de pas graves succède sans transition
aux éclats les plus bruyants. A la fin. Yidée fix e reparaît
un instant comme une dernière pensée d’amour inter
rompue par le coup fatal.
La cinquième partie est intitulée le Songe d'une Nuit
de Sabbat. Le malheureux amant se voit au Sabbat, au
milieu d’une troupe admise d'ombres, de sorciers, de
monstres de toute espèce réunis poui ses funérailles.
Bruits étranges, gémissements, éclats de rire, cris loin
tains auxquels d'autres cris semblent répondre. La mé
lodie aimée reparaît encore : mais elle a perdu son carac
tère de noblesse et de timidité ; ce n’est plus qu'un air de
danse ignoble, trivial et grotesque ; c'est elle qui vient
au Sabbat. . . Rugissements de joie à son arrivée. . . Elle
se mêle à l’orgie diabolique... Glas funèbre, parodie
burlesque du Oies iræ, ronde du Sabbat. La ronde du
Sabbat et le Di es iræ ensemble. Tumulte infernal.
Tel est. brièvement esquissé d’après les écrits mêmes
de Berlioz et d’après mes impressions, le sens précis de
chaque fragment de la Symphonie fantastique, c’étaient
des thèmes qui devaient fournir des développements
grandioses à un génie puissant comme celui de Berlioz.
L'œuvre est ce qu’elle devait être : terrifiante. Elle obtint
dès les premières exécutions un succès prodigieux. C’est
au lendemain d’une de ces séances que Paganini, pro
clamait Berlioz l’héritier et le successeur de Beethoven,
lui envoyait un bon de 20,000 francs sur la caisse Rotchschild et le priait d’accepter, en gage d’admiration, cette
somme qui lui permettrait de vivre et de travailler pour
l'honneur de la musique. A vingt-sept ans l’artiste attei
gnait subitement à la gloire. Cela ne suflit pas à lui ga
gner le cœur de miss Smithson et son amour n’obtint que
deux aus plus tard satisfaction. Dans l’intervalle il avait
eu pour Mllc Moke, devenue depuis M"ie Camille Pleyel,
un nouveau caprice amoureux, aventure singulière
que, dans ses mémoires, il qualifie de « distraction vio
lente. »
Son œuvre, d’une beauté étrange, produit sur le pu
blic de nos jours un effet plus grand encore que sur le
public de i o: après la quatrième partie de la sympho
nie j’ai vu l'autre jour le public tout entier se lever pour
acclamer Colonne et ses artistes ; il a fallu que l'orches
tre redonnât la Marche au Supplice sur la demande réité
rée des auditeurs.
Et je me laissais aller à rêver. J'avais vu le public paîisien accourir aux Concerts Lamoureux pour y enten
dre chaque dimanche une symphonie de Beethoven : je
l’avais vu applaudir frénétiquement la Rédemption de
César Franck celte œuvre géniale qu'en i ^ , lors de la
première exécution, Gounod traitait « d'ineptie, » en
quittant bruyamment la salle de concert ; je voyais ce
soir le même public plein d'un bel enthousiasme pour un
génie supérieur. Je pensais que peut être tout espoir ar
tistique n’était pas perdu pour la France ; qu'au sortir
des vulgarités plates et des excentricités nébuleuses on
allait peut-être entrer dans le grand art ; je rêvais que
d’Indy, Charpentier seraient les maîtres de demain ; je
rêvais.......
F réd éric CH A RPIN.
83
83
Paris,
20 novembre 1901.
P H' E ’ L I A
e*. £\f. d’H.
J’ai relu bien souvent — ne voyant qu'à demi
Le fil enchevêtré du drame sombre et rude, —
Le grand Anglais farouche, et, plein d'inquiétude.
D'un obscur tremblement, tout mon cœur a frém i!
�— 204 —
— 265 • —
Rayonne autour de moi cette douce atmosphère
De calme, de bonheur, de suave mystère :
Il semble que l'amour, loin du monde, tous deux —
Nous emporte, là-haut, dans un coin du ciel bleu.
Mais, seule, tu errais, en silence, parmi
Les spectres qui peuplaient ma triste solitude ;
Seule, tu m'attirais en cette multitude,
Pale triomphe, fantôme à l'esprit endormi !
A. P. L.
Ainsi je t'évoquais de romarin fleurie,
O vierge chaste et pure, u plaintive Ophélie !
Hélas! ton noble front, ton regard anxieux
Semblait fu ir à ma voix au travers des allées,
Mes vœux sont exaucés, une femme, à mes y e u x ,
A découvert enfin ce grand lys des vallées !
Nice 1900
Pierre C O U T R E T
•
Comme elle est grande et blanche, elle est svelte, élancée ;
On croit à sa démarche, avec langueur bercée,
Voir un songe enchanteur de ses pas s'exhaler :
La grâce et la souplesse avec elle onduler —
Quand, pour me saluer, son noble front se penche,
Une longue caresse amoureuse s'épanche
De son grand œil rieur, lumineux et profond,
Tout plein de rêverie et de mol abandon. —
Son regard me pénètre et Venivrante flamme
A fa it couler, répandre en moi toute son âme :
C'est elle qui tressaille et palpite en mon sein,
A mon âme s'unit d’un ineffable hymen,
Vendredi i5 novembre, à 2 h. ip , a eu lieu la ren
trée solennelle de la Faculté de Droit. M. le recteur
Belin, M. le doyen Bry et MM. les professeurs Jour
dan, Bouvier-Bangillon, Vermond, Moreau, Lacoste.
Ferron, Babled prennent place sur l’estrade qui leur
est réservée dans la grande salle des Actes.
Les étudiants très nombreux avaient répondu avec
empressement à l’invitation de M. le doyen, pour ve
nir applaudir leurs camarades. D’après l’usage, M. le
doyen, à l’ouverture des travaux scolaires, doit sou
haiter la bienvenue aux nouveaux étudiants et félici
ter les lauréats. C’est avec l’éloquence entraînante
que nous lui connaissons tous que M. Bry s’est ac
quitté de son agréable tâche, passant tour à tour de
la causerie alerte et familière aux considérations les
plus élevées.
« Aujourd’hui plus que jamais, dit-il, les étudiants
ont un devoir : celui de travailler pour arriver à un
but, d’utiliser la force d’énergie qu’ils possèdent,
pour ne pas affaiblir la société qui compte sur eux.
Mais cette énergie, si elle veut atteindre son plus
complet développement, ne doit pas être isolée : il
faut qu’elle ait confiance en elle-inènn et surtout en
�— 266 —
autrui. La solidaiité n’est pas un vain mot, et la gloire
de noire siècle, c’est d’avoir compris que l’individu
n’est qu’une cellule de l’organisme social. Aussi, cha
cun de nous doit-il contribuer à la conservation et à
la force de cet organisme. Les étudiants, justement
parce qu’ils font partie des classes plus élevées, ont
plus à faire que les autres pour le progrès de tous.
La récompense de leurs efforts, ils la trouvent d’abord
dans la satisfaction intime du devoir accompli, et
ensuite dans celle non moins grande d’avoir contri
bué le plus possible à la grandeur de la patrie! »
De nombreux applaudissements accueillent celte
péroraison. M. le professeur Lacoste lit ensuite le
compte-rendu des concours de fin d’année : nos lec
teurs connaissent déjà tous les lauréats pour les avoir
eux-memes félicités ; nous ne pouvons que réitérer
une fois de plus à leur adresse nos plus sincères com
pliments. A chaque nomination, des applaudisse
ments très nourris se font entendre, preuve de la
sympathie qui unit entre eux tous les étudiants.
Après la dernière médaille, et le dernier ban, la
séance est levée et chacun s’en va plus gaiment
accomplir une nouvelle année de travail : puisse-t-elle
se terminer par d’aussi nombreux succès !
CIROHIQUE THEATRALE
Manoune : La troupe des Variétés de Marseille
nous donnait, jeudi dernier, une véritable première
avec Manoune.
C’est aussi la première œuvre théâtrale de Mme
Jeanne Marni, auteur des romans bien connus :
— 267 —
Comment elles nous lâchent, Les Enfants qu'elles
ont, V ieilles...
Les mêmes qualités de sobriété con
cise et d'originale sincérité, qui font le charme de
ces études de psychologie féminine, se retrouvent
dans Manoune.
La trame en est trop line et trop peu solide; les
situations, les caractères n’y sont pas placés sous un
verre assez grossissant, chose absolument indispen
sable au théâtre où le spectateur ne voit que ce qui
est bien mis en évidence, à l’opposé du lecteur qui
prend plaisir à ce qu’on mette à l’épreuve sa perspi
cacité.
Malgré ces travers d’exécution, Manoune est un
petit drame bien attachant, grâce à la vie intense, à
la sensibilité qui y régnent. C’est la touchante his
toire d’une servante séduite brutalement à quinze
ans par son maître M. Chaisles. Une fillette naît,
la petite Geneviève. Mrae Chaisles voulant sauver son
mari de la correctionnelle recueille l’enfant et garde
auprès d’elle Manoune, la mère, qui promet de ne
jamais révéler à Geneviève le secret de sa naissance.
Dès lors commence une vie ditïicultueusc et pénible
entre ces quatre existences ainsi rivées les unes aux
autres. M. Chaisles atteint de rhumatismes meurt au
bout de quinze ans, poursuivi jusqu’à la tombe par
la haine silencieuse de Manoune et par les reproches
incessants de sa femme qui ne peut oublier, dans la
sécheresse de son cœur, l’humiliation si outrageuse
ment intligée à son orgueil d’honnête femme. Gene
viève n’a désormais plus que Manoune pour la câli
ner et pour essayer, vainement hélas ! de la protéger
contre le mépris malveillant de sa marâtre : odieuse
ment soupçonnée par celle-ci à propos des assiduités
d'un jeune écrivain qui veut l’épouser, écœurée, dé
sespérée, elle se révolte et va quitter une mère qui
n’a jamais eu pour elle de sollicitude maternelle.
C’est alors que Manoune, affolée de voir sa tille cou
rir à sa perte, révèle à Geneviève le terrible secret et
�revendique pour la retenir ses droits de mère. Tout
s’explique, les torts de chacun sont pardonnes et le
rideau tombe sur une scène de réconciliation. Telle
est la pièce de MmeMarni, dans laquelle le rôle de
Manoune n’est que faiblement développé, tandis que
plusieurs rôles, plusieurs scènes accessoires pren
nent un relief nuisible à la compréhension générale
du sujet que l’auteur a mis en lumière seulement
dans la scène finale. Manoune nous intéresse par
les esquisses bien vivantes de divers caractères fémi
nins. Et si tout cela nous suggère à tout instant une
infinité des conclusions partielles, nous nous trou
vons dans l’impossibilité de les résumer en une con
clusion totale. Aussi quand le rideau tombe ne som
mes-nous pas satisfaits, car le dénouement ne nous a
apporté la solution d’aucun des problèmes qui sem
blaient être posés.
Manoune a été remarquablement rendue d’un bout
à l’autre dans les rôles les plus minimes comme dans
les tout premiers. Pour répartir équitablement nos
éloges il nous faudrait donc citer à la suite de Mmes
Marie-Laure et Sylviac les noms de tous les inter
prètes.
A cette occasion nous sommes heureux de pou
voir exprimer à la gracieuse artiste, qu’est Mms Ma
rie-Laure, toute notre sympathique admiration,
nous rappelant avec plaisir qu’elle voulut bien nous
accorder son aimable concours à notre Concert de
Charité.
Grasse M atinée, une exquise comédie de M. Athis,
fort gentiment interprétée, vient jeter, après la dra
matique comédie de Mme Marni, une note de libre et
franche gaité.
Quelques lignes sur la soirée de mardi, fort agréa
ble grâce à la tournée Monti.
L 'E cole des Femmes méritait plus d’applaudisse
ments qu’elle n’en a eus. Nos plus chaleureuses féli-
— MM. Jèze, Lévy et Politis, chargés de cours à
notre Faculté de droit, viennent d’être reçus au con
cours d’agrégation. La Provence Univ. rsitaire leur
adresse ses sincères félicitations.
— La Provence Universitaire est heureuse de noter
qu’aux dernières élections de la Conférence des
Avocats, le très sympathique président de l’Associa
tion des Etudiants, Me Sauvet, a été élu vice-prési
dent.
Toutes nos félicitations.
— Notre camarade Paul Gontier qui a été lauréat
au concours de notre Faculté de droit, celte année, a
soutenu dignement la bannière d’Aix au Concours
général entre toutes les Facultés, ou il a obtenu une
mention. Nous sommes Gers de ce succès et l’en féli
citons de tout cœur.
— L'installation de M. le Procureur Général Cénac. — M. le procureur général Lénard. que l’As
sociation comptait parmi ses membres honoraires,
a quitté Aix, appelé par le Garde des Sceaux à diri-
�— 470 —
ger le Parquet Général de Bordeaux. Nous sommes
heureux de féliciler M. Lénard de cette nomination,
tout en lui exprimant nos regrets de le voir partir de
notre ville où il avait su nous faire apprécier sa bien
veillance. M. le procureur général Cénac a rem
placé M. Lénard à la tète de notre Parquet Géné
ral : nous comptons bien être honorés de sa haute
protection et lui souhaitons la bienvenue.
M. Cénac a été installé le i3 novembre en au
dience solennelle. M. l’avocat général Lafon du
Cluzcau a prononcé un discours remarquable, dans
lequel, après avoir donné une bonne part aux salu
tations accompagnant M. Lénard, il exprime à M.
Cénac le plaisir que sa nomination a causé à la
Cour.
M. le Premier Président, parlant de M. Lénard, a
félicité « la Cour de Bordeaux de la nomination
d'un collègue éminent qui est et restera avant tout,
dans la plus belle acceptation du mot, un magis
trat. »
Puis ses souhaits de bienvenue à M. Cénac sont
revêtus de celte forme heureuse que l’on admire
toujours dans les discours de M. le Premier Prési
dent: « Il vous est facile d’entrevoir, Monsieur Je
Pxocureur Général, tout l’attrait de vos nouvelles
fonctions. Il fallait pour les remplir avec autorité un
magistrat de votre caractère, qui, à la tôle des colla
borateurs les plus distingués, fût le digne continua
teur de M. Bonin, dont nous avons toujours à cœur
de rappeler la mémoire, et de M. Lénard, que nos
vœux accompagnent fidèlement dans les dernières
étapes de sa belle carrière. Nous remercions le gou
vernement de la République de vous avoir envoyé
vers nous. »
M. le procureur général Cénac a ensuite prêté ser
ment, puis, ayant pris possession de son poste, a pro
noncé un discours, dans lequel il répond aux sou
haits qui lui ont été adressés et assure de son dé
vouement et de son attachement M. le Premier
Président et la Cour, dans le ressort de laquelle il a
servi pendant plusieurs années déjà.
La Provence Universitaire présente respectueuse
ment ses félicitations à M. Cénac et est persuadée
qu’elle trouvera bonne grâce auprès de M. le procu
reur général Cénac comme elle Pavait eue auprès de
MAL Bonin et Lénard.
L’ASSOCIATION
C O M P T E -R E N D U S DES SÉ A N CE S
Séance ordinaire du i
5
novembre i g o i
La séance est ouverte à 8 h. i yi du soir sous la prési
dence de Sauvet, président.
Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. Le
Président annonce que conformément aux Statuts l’As
semblée ordinaire de novembre procède à l’élection pro
visoire des membres du bureau démissionnaire ou ne
pouvant continuer leurs fonctions.
Il indique que Fauque, vice-président et Constant,
secrétaire, appelés à accomplir leur période militaire ont
fait parvenir leur démission, ainsi que Charpin, biblio
thécaire, qui a quitté définitivement Aix. Enfin, les fonc
tions de trésorier sont aussi vacantes par suite du décès
du regretté camarade Madon.
Ici le camarade Roustan demande l’autorisation d’in
terrompre un instant la séance et dépose sur le bureau
l’ordre du jour suivant :
« L’Association Générale des Etudiants d’Aix, réunie
« en Assemblée Générale pour la nomination de divers
« membres du bureau, au moment de procéder au rem« placement du camarade Madon, décédé, trésorier de
« l’Association, adresse à sa mémoire le pieux souvenir
« d’une camaraderie ineffaçable ».
Cet ordre du jour mis immédiatement aux voix est
adopté à f unanimité.
Gontier,»bibliothécaire-adjoint et Jeannin, porte-dra
peau, déclarent se démettre de leurs fonctions. Il sera
donc aussi procédé à leur remplacement.
On procède ensuite aux diverses élections.
Le vote a lieu au scrutin secret et séparément pour
chaque membre composant le bureau.
Sont élus :
Vice-Président : Sivan ; Secrétaire : Rimbaud Octave :
Trésorier ; Navoni ; Bibliothécaire : De Lacouturc :
Bibliothécaire-adjoint •: Carlo ; Porte-Drapeau :
Roca Joseph.
Le Bureau décide de nommer un Commissaire, con
formément aux dispositions de l’article 108 des Statuts.
Le Président indique que le Bureau désigne le camarade
Andrieu pour remplir les fonctions de commissaire de
surveillance.
Le Président invite les nouveaux membres du Bureau
à prendre place à ses côtés. Il souhaite la bienvenue à
�ses collaborateurs et forme le souhait que l’Association,
avec les efforts réunis de tous, devienne encore plus
prospère et allirme de plus en plus son prestige.
Le n o u v e a u local de l’A s s o c i a t i o n
Le Président informe l’Assemblée que M. Niel ne con
sent pas à renouveler le bail du local actuel expirant le
3i décembre et qu’il est entré en pourparlers avec M.
Granger, propriétaire du Gale Leydet, pour un local
situé au premier étage de cet établissement précédem
ment occupé par le Cercle de MM. les officiers et en der
nier lieu par le Cercle Artistique.
Le Président fait la description de ce local et indique
les conditions faites par M. Granger, Ce local serait
notamment loué au meme prix que celui du local actuel.
Ces conditions sont acceptées par l’Association qui
donne pleins pouvoirs au Président de traiter au mieux
désintérêts de l’Association et de signer le bail.
11 est décidé que la fête ordinairement donnée par
l'Association eu l'honneur de ses nouveaux membres au
début de chaque année scolaire aura lieu dans le nou
veau local, en même temps que la cérémonie d’inaueu
ration.
— Le Président indique qu’après le décès du regretté
trésorier Madon, les affaires financières de l’Association
furent intériniairement confiées au secrétaire Constant
et que ce dernier a remis les comptes au Président avant
son départ.
Le Président donne rapidement quelques détails sur
la situation financière de l’Association.
PROVENCE UNIVERSITAIRE
Par suite du départ du camarade Prade, la Provence
Universitaire n’a pas de Directeur-Gérant.
Jean Doreau est nommé Directeur-Gérant et Nicolay
remplace comme secrétaire de la rédaction le camarade
Fontanille qui a aussi quitté Aix.
Subvention. — Le Président annonce à l’Assemblée
que le Conseil Général, dans sa dernière session et sur
l’intervention énergique des Conseillers Généraux d’Aix,
a maintenu la subvention de 3oo francs habituellement
accordée à l’Association.
Pour témoigner sa reconnaissance aux Conseillers
Généraux, l’Association bat un ban en leur honneur et
décide que Je Président leur transmettra un extrait du
procès-verbal de celte séance.
La séance est levée à onze heures.
Le Secrétaire : Octave R im b a u d .
Le D irecteur-G érant \ J. D o r e a u .
Typ
et L ith . P. POURCEL, c o u rs M ira b e a u , 68.
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— « Vous ne savez pas, ma bonne ? »
— « Quoi, ma bonne ?
— « E h ... Madame Alto, vous savez bien qu’elle
a toujours fait sa tière,... oui, parce que Monsieur
est percepteur et qu’il gagne deux mille cinq cent
quarante francs. »
— « Je vous demande un peu.
— Hier, elle envoie sa bonne chez Bernardin, au
magasin, pour chercher de l’huile.
Alors la bonne qu’elle fait sa tière elle aussi, savez,
la bonne qui dit à Bernardin « de celle du premier
tonneau, s’pas M’sieur Hippolyte ! » en me regar
dant de l’air de dire : « Tu ne prends du second ton
neau, loi, dis, chiffon ! » — Alors, ma belle, le sang
m éfait un tour « Polytc que je dis, donnez-en moi
deux litres du premier tonneau à moi aussi ! »
— Ah 1... alors ?
— Alors, ma bonne, voilà que la bonne à Madame
Alto devient comme une pivoine, qu’elle me regarde
comme
— Je vous demande un peu, j ’ai-t-y pas le
droit de prendre du premier comme Marne Alto ?
— Vous avez bien fait, ma chère. Voyez-vous
comme disait le pauvre Dauphin « Ma femme, qu’y
me disait le pauvre cher, la révolution française —
il avait été à l’école, le pauvre cher, la révolution
française n’a rien fait. Entre les aristocrates et nous,
y aura toujours une distance : ainsi toi, jna femme,
qu’y disait, tu pourras jamais prendre du même
tonneau qu’eux chez Pernardin. »
— Et pourtant, je vous demande, parce qu’on
peut mettre vingt sous de plus à l’huile.... Ah ! ma
bonne, tenez, j’ai toujours pris du second tonneau ;
vous croyez que ça m’empêche de fréquenter Mathurine que je la vois toujours prendre du troisième
chez Polyle !
çà
Et les langues allaient..................................................
............................................Auprès des deux femmes se
trouvait un. petit bonhomme à la ligure rougeaude.
�Il y avait, dans cette ligure, deux petits yeux bril
lants, étincelants, au regard narquois, tout plein de
malice. C’était Bernardin, ou Polytc, épicier, qui
vendait de l’huile au détail.
Quand Bernardin s’était mis dans le commerce, il
avait acheté trois jolis petits tonneaux bien cirés, à
robinets de cuivre, tout reluisants cl il les avait mis
au fond de sa boutique.
Sur les tonneaux étaient des numéros : Un, deux,
trois.
Le tonneau i contenait, comme disait Polytc,
de l'huile « extra pure », le second de « l’huile à
trente sous », le troisième de « l’huile d’olive » sans
épithète.
Dans le pays, on disait : de l’huile du premier, du
second, du troisième tonneau, les trois tonneaux
marquaient les différences sociales__
Bernardin écouta quelque temps les deux femmes,
causer derrière lui, puis il s’en retourna à sa bou
tique. La nuit tombait.
Rentré chez lui, il constata que le premier ton
neau était vide ainsi que le troisième. « Tiens, dit-il,
l ’aristocrate a soif; tiens, liens, le peuple aussi. »
Alors, il entra dans son arrière-boutique ; là, était
une grande jarre en fer blanc toute pleine d’une
huile d’un beau jaune d’or qui témoignait par sa
couleur qu’elle n’avait jamais connu les fruits de
l ’arbre d Athéné ; Bernardin y puisa deux grands
seaux, alla les vider dans le premier tonneau, en
remplit deux autres qu’il vida dans le troisième.
« Allons, dit il, en voilà assez pour demain. »
Et il alla se coucher, en riant.
J ohn B U L L
Autrefois, de là-haut, la blonde châtelaine
Regardait poindre au loin vers l’horizon désert
Les vastes chevaliers aux tuniques de fer
fit la foule des serfs aux casaques de laine.
Mais les temps ont passé de la splendeur antique1
Et sous le marbre blanc de leur tombeau gothique
Grandes darnes et preux se sont évanouis.. .
Dans lesfossés moussus les chemineaux s'abritent
Et le triste hibou trouble seul de ses cris
La froide majesté des pierres qui s’effritent.
M.
1111
m
■# i
A M. d'H.
Il ne reste de vous qu’une tombe, un autel,
Amants infortunés ; qu’importe la matière,
S i notre âme du moins nous reste tout entière,
Symbole déchirant d’un amour éternel !
Juliette viens à moi. réponds à mon appel,
Ecoute le poète et soulevant ta pierre, ,
Approche, entrouvre moi ta modeste paupière,
Montre moi par pitié ton visage immortel !
. . Non! . . . ne m’apparais point, il est vrai,je préfè
A ton spectre troublant uneforme plus chère,
Un symbole de grâce et de douce fierté!
R U I N E
A L. V.
Sur un roc isolé qui domine la plaine
Comme un phare géant au milieu d’une mer
Se dresse en sa hideur grise sur le ciel clair
Un vieux donjon branlant à l'ombre d’un grand chêne.
Revenez toutes deux et l'une à l’autre unie,
Je pourrai contempler en toute vérité,
L ’éclat d’un pur amour, l'éclat d'un pur génie !
Dans la Chapelle des Scaliger
1901
Pierre C O U T R E T
�LE DUEL DE COCARDIN
Cocardin avait eu une masse de duels. C’était lui,
du moins, qui l’affirmait.
l’entendre, il s’était mesuré avec les plus braves,
et avait fait sur tous les terrains la plus belle figure
du monde. Les gens bien informés disaient qu’il
avait tué un colonel irlandais et blessé une multitude
de comtes ou de marquis, sans compter les princes
russes. Hélas ! pourquoi faut-il qu’un homme si cou
rageux n'hésitàt pas à s'enfuir sitôt qu’un taureau, ou
même sitôt qu’une simple vache le regardait de trop
près. Les grands hommes ont de ccs faiblesses.
Un jour, à l’issue d’un souper où comme de cou
tume Cocardin avait narré scs nombreux combats
singuliers, une légère discussion s’éleva entre, son
voisin et lui. Pourquoi ? Je ne pourrais vous le dire ;
peut-être le voisin prétendait - il que les pistolets
étaient toujours chargés à balle. . . de liège. — Mais
je puis vous glisser à l’oreille que le nombre des
bouteilles vidées ce soir-là était vraiment considéra
ble. — Bref, la discussion s’envenima, des injures
lurent échangées et l’on convint d’une rencontre
pour le lendemain.
Mais le lendemain était un dimanche. Cocardin ne
voulait pas se battre un dimanche : il prétexta l’ar
ticle 02 du chapitre X IX de l'ouvrage du comte du
Verger-Saint-Thomas : on chercha vainement cet ar
ticle et l’on convint de remettre la chose au lundi.
A l’heure dite, tout le monde était sur le terrain.
Je me trompe : il manquait Cocardin. Au bout d'un
quart d’heure une voilure arriva, un homme en des
cendit, une lettre circula : elle était de Cocardin qui
s’excusait, retenu par une indisposition légère, disant
d’ailleurs qu’il croyait avoir suffisamment fait ses
preuves Tout le monde se retira.
On ne connut jamais exactement la nature de celte
indisposition ; plusieurs versions circulèrent .. Mais
on remarqua que c’est à partir de cette époque que
les cheveux de Cocardin commencèrent à grisonner.
Cocardin ne parle plus de ses duels.
1
S O N N E T
Après avoir effeuillé le*
« Fleurs rlu Mal ».
A
R. RICH A RD -N ICO LA S.
‘
A BEAUDELAIRE
Tu voulus d'un coup d’aile
T ’envoler au pays d’azur des fleurs d’amour
Des Jleurs de chair, de sang, de lumière et de jour
Aux rebords de dentelle.
Leur ivresse éternelle
Qui fa it pourrir la chair a rendu ton cœur sourd.
Tu t’es lancé vers elle et noyé sans retour
Dans les embrassements de son amour charnelle.
La mort, squelette noir dont la chair se détache,
Comme une amante enfeu à ton âme s’attache
Pour te mieux dévorer.
Et dans le bleu-profond qui baigne l’empyrée,
La vieille, elle rit de sa lèvre pourprée,
Et dans ce rire amer on sent ton cœur pleurer.
II
LES FLEURS DE LA NUIT
La nuit pâle en rêvant a laissé sur ses Jleurs
Tomber un long regard où palpite une étoile
Regard chargé d’amour, de calme, de douceur,
Et les Fleurs de la Nuit ont embaumé son voile.
Puis cueillant lenr parfum , sur le monde endormi,
Languide, elle effeuilla les pétales des sorties,
Qui, tombant sur lefront, brûlant, endolori,
Nous font rêver aux femmes fleurs, divin mensonge.
Jean G A R N IE R .
�— 270 —
Elle a soixante-dix ans, mais son visage, labouré
en lous sens de rides profondes et serrées, en porte
quatre-vingt dix, bien qu’elle n'en avoue que cin
quante.
Elle est petite rabougrie, bossue, tortue. On s’éton
ne, en la voyant, que la nature ait pu. sur un même
corps, synthétiser toutes les difformités ; aussi les
commères du quartier l’ont elles-baptisée : « la col
lection des laideurs. »
Semblable à une de ces vieilles morues que les épi
ciers laissent pendant des mois, clouées à leur de
vanture, exposées à la poussière et aux intempéries,
elle sent la crasse, le desséché, le rance. Tout son
corps n’est que gibbosités ; par derrière, elle est bos
sue ; de prolil. sa hanche gauche plus haute que la
droite, la fait paraître tordue, seule, sa poitrine est
plate. On peut la contempler des jours entiers et à
chaque minute, on découvre une laideur nouvelle.
Un nez bourré de tabac, semblable au bec d’un
vieux perroquet, couvert de plaques bleutées, vio
lettes ou même vert pourriture, surplombe une bou
che édentée et sépare des yeux chassieux. Sa lèvre
inférieure saillante en forme de bénitier, laisse pen
dant qu’elle parle dégoutter une pluie de salive blan
châtre et visqueuse.
Tels des épis dans des sillons, des poils épars pous
sent dans ses rides entrecroisées. De sourcils, point,
mais en revanche, sur les paupières énormes et plissées, une abondante végéta Lion pileuse poussée au
hasard. Deux morceaux de cartilages énormes, velus,
dépareillés, rappelant des plats à barbes, lamenta
blement fendus par des boucles en or disgracieuses
et trop lourdes, lui tiennent lieu d’oreilles.
Le crâne en dépopulation comme une antique
brosse qui pleure son jeune âge, laisse percer çà et
là. sur les pentes d’un front simiesque et pointu, de
pauvres filaments qui dépérissent d’isolement et
d’ennui. Les rares survivants piquent de pointes jau
nâtres les teintes crasseuses de ce vieil ivoire déplu
mé et couvert de croûtes brunâtres, immuables, sur
celte surface rugueuse et délavée, comme les neiges
éternelles sur les sommets alpins.
Tout cela soutenu par une charpente d’os noueux,
mal raccordés, décharnés, faisant vaguement saillir,
en flatuosités étagées, une peau tannée, crevassée,
parcheminée, squameuse.
Lorsqu’elle passe dans la rue, boiteuse, déhan
chée, répugnante, elle fait retourner les passants
et traverse fièrement les groupes, charmée de cette
attention qu’elle attribue à son irrésistible beauté.
Car elle sc croit belle, cette pauvre loque, son in
telligence aussi délabrée que son physique est ainsi
fait qu’elle s’attribue toutes les perfections.
Elle se croit belle, elle se figure qu’on l’aime.
Lorqu’un homme, surtout s’il est tout jeune, se trou
ve près d’elle, elle se remue s’agite et fait des mines
qui seraient risibles si elles n ’étaient écœurantes.
Ses lèvres décolorées s’écattent en une grimace
affreusement tirée, comme s’ouvrirait sous une pres
sion maladroite, une plaie rosâtre, luisante encore
de pus.
Elle est joyeuse alors, car elle prend pour des signes
d’amour les rictus du fou rire contenu que l’on n’ose
laisser éclater à sa face.
Comme elle a tous les talents elle est aussi une
cantatrice de génie, et qui n’a pas eu une audition
de son grand duo des « Brebies et des Oies » n’a
rien entendu.
Il faut la voir alors, tirant péniblement de sa gorge*
éreintée des rauquements saugrenus et discordants,
tandis que dressée sur une seule jambe, grêle et
sèche à faire pleurer d’envie un vieux macaroni, elle
secoue en mesure sa tète de vautour déplumé.
Mais qu’arrive t-il ?
Olympe-Pulchérie-Gourdeflasque appelle une voi
sine de sa voie hàletante de mirliton crevé : — « Ve
nez vite, un accident teïbbe vient d’arriver. Le pro
priétaire de la pharm acerie a laissé tomber le rnabbe
de son comptoir dans le bistibule. Il s'est blessé au
pied et restera peut-êtrep a la r j's é ..................................
Son langage est assorti à son chant, son chant à sa
démarche, et sa démarche à sa fig u re ................ c’est
.tout dire !
Ca .
�m m m
ü
i
i
ü
C ’est un accordéon qui p leu re...
Une guitare lui répond.
— Voix de misère, qui s’en vont
A la dérive, et se perdront
Dans le Jlot stupide de l’heure ! —
On cause. — Le male, demeure
En un pessimisme profond.
Sa phrase gronde, puis s’apeure,
Et se traîne, avant quelle meure,
Dans un accord plaintif et long
Comme un soupir de moribond !. .
La femelle, — d'humeur meilleure, —
Se pique d’esprit, et confond
Dans le chant dont elle se leurre,
Ironie, amertume, aplomb. . .
— Oh ! sa voix de vieille prieure !
Et s’énervant, le cœur qu effleure
Ce concert fa u x et vagabond,
D'un poignant comique, où se fond
Une tonalité mineure,
Rit dessus, et sanglote, au fond !
C'est un accordéon qui pleure ..
Marguerite
1S N A R D .
Les tableaux de M. Dobler exposés, il y a quinze jours
à peine, chez Brun, attiraient les regards des prome
neurs. Chacun les regardait, la plupart tâchaient d'y
comprendre quelque chose : Mallarmé ne fut jamais goûté
par le commun des mortels dans les poétiques impres
sions, il pouvait en être de même pour M. Dobler dans
ses artistiques impressions : “ La Nuit ” est un vrai
chef-d’œuvre : les couleurs vives et métalliques qui for
maient le fond de la toile faisaient admirablement res
sortir les teintes originales de ces gracieux papillons du
soir, ou encore de ce « bouquet » de chouettes, mais sur
tout de ces sombres chauve-souris. Assurément, le sujet
était fort compréhensible et fort bien rendu.
“ Le Jour ” qui faisait le pendant du tableau précé
dent était bien, sans égaler cependant le premier : les
teintes choquaient peut-être un peu, les plantes marines
auraient pû être mieux choisies, car on pouvait se de
mander sur quoi naviguaient les poissons. Mais je ne
critiquerai point l’ensemble qui, je le répète, était bien.
Il n’en a pas été de même de “ la Morme ” : c’était
vraiment trop symbolisme ou trop impressionisme : mal
gré toute mon application et ma bonne volonté je n’ai pu
trop découvrir l’idée qui s'en dégageait : j ’y ai cepen
dant vu une très belle face d’ “ Ecce homo ” que j ’ai ad
mirée toute seule, laissant totalement de côté le reste du
tableau.
A la peinture excentrique a succédé la peinture sé
rieuse : je veux parler de la nature morte signée du maî
tre aixois, M. Gautier, qui fait une sérieuse concurrence
à la nature elle-même. Je suis certain que les fameuses
grappes de raisin dont parle la mythologie grecque et
qui étaient si belles que les oiseaux eux-mêmes s’y sont
laissés prendre, ne valaient pas “ le quart de la moitié
du commencement ” du tableau exposé aujourd’hui et
que chacun admire, avec raison, et serait heureux de
posséder. Je m’arrête, très volontiers, le soir, pour regar
der, chez Couelle, cet homme allumant sa pipe. Je n’y
fais qu’un simple reproche : on n’y a pas économisé la
couleur et la toile est, peut-être, trop encroûtée ; mais les
effets de jour sont pariaits. les teintes très naturelles et
très bien exécutées. Reste, enfin, à parler des cartes pos
tales peintes parX..., et exposées chez Germanet. M. Du-
�— 282 —
cros aurait dû les signer et les cartes auraient eu, quoi
qu’on en reconnaisse l'auteur, le double de valeur, ce
qui n'est pas peu dire.
Musique. — Le premier concert de l’Ederi a eu lieu
dernièrement: il y avait foule et le concert a été très
•* toison d’or ” . Lœvensolm a eu le succès qu'il méritait.
Nous souhaitons encor d’aussi bonnes après-midi et fai
sons tous nos compliments aux organisateurs qui nous
font prévoir de si bonnes heures d’après ce premier pro
gramme qui a été un véritable régal.
Lœvensohn est à la mode et fait fureur : jeudi soir, 12,
donc, tout Aix se pressait vers l’Opéra pour y applaudir
fortement l'orchestre du théâtre des nations de Marseille
avec Lœvensohn : il n'y a point eu de désillusions et je
programme — si bien choisi (depuis la merveilleuse sym
phonie de Beethoven jusqu'aux délicieuses danses hon
groises de Brahms, sans oublier l’originale Peer Gynt
dont les airs sont si tristes et si doux). — a été admira
blement rendu : quelle délicieuse soirée et avec quel re
gret on a quitté cette salle pour rentrer chez soi conti
nuer les rêves commencés au spectacle et causés par le
charme de cette voix enchanteresse, le violoncelle de
Lœvensohn et les accords enchanteurs de tout l'orches
tre. Applaudissons, de grâce, à tout rompre et bissonsles, de cœur, pour les engager à retourner au plus tôt.
T onio NICOLA 1-LOTA.
CONFÉRENCE PORTALIS
Séance Solennelle de Rentrée du 10 Décembre 1001
La séance est ouverte à 8 heures 3/4. Au bureau, siégeai Me
Lambol président, Me .eulle-Zadé vice-président, Me Pécout se
crétaire, Me Berrutlv trésorier, M. le doyen Bry, MM les profes
seurs Jourdan, Vermond, Bouvier-Baogillun, Miroau, Lacoste, Per
ron. Bonnecarrère, Boman et Tchernoff avaient biçn voulu répon
dre à notre invitation et honorer de leur présence la première
réunion de la Conférence.
— 283 —
Assistaient aussi.à la séance solennelle de rentrép.. donnant par
là une preuve manifeste de leur bienveillance, M. l’inspecteur
d’académie Régismanset, M le conseiller Malavialle, Me David
bâtonnier de l’ordre des avocats, Mes Crémipu et Michel, ainsi que
de nombreux membres honoraires. Me II. Guilliberl, avocat à la
cour d’appel, un des fondateurs de la conférence Pottalis, avait te
nu à venir encourager ses jpunes successeurs, futurs confrères,
(]11i se sont multipliés.
Me Lambot, président, remercie les nombreux invités présents
des marques de sympathie qu’ils donnent me fois de plus aux
étudiants. Il exprime la respectueuse gratitude de toute la Confé
rence envers MM. les professeurs qui se font un plaisir d’aider
leurs élèves de leur expérience et île leurs conse ls Fort du con
cours de MM. lés professeurs et de tous les-membres, il espère
pouvoir maintenir la Conférence dans la voie brillante qu’elle
s'est iracée, et arriver victorieusement à la fin de sa quarantième
année.
En terminant, il donne la parole à Me Sivan que la Conférence
a désigné ponr prononcer le discours d’usage.
Le discours choisi était : « La Famille et l’Impôt. »
Avec une élocution facile et une scionce parfaite de la question,
Me Sivan, dès les débuts, pose les termes du problème. La France
se dépeuple ; c’est un fait matériel et brutal qu’on ne saurait nier.
Mais le pays a le plus grand intérêt à se guérir de ce mal terrible
et certes les récents débats des Chambres nous montrent qu’il ne
cherche avec ardeur les remèdes. Pour supprimer l’effet, il faut
supprimer les causes : toutes ces causes, Me Sivan le> passe rapi
dement en revue et 1rs ramène à une seule : la disproportion
énorme existant entre la Famille et l’Impôt qui la frappe. Les
familles les plus nombreusess sont celles qui précisément sont le
plus imposées ; depuis des siècles les impôts ne font que croître,
et sous le faix lé contribuable succombe: si on ne ramène pas à
une proportion équitable le taux des contributions, bientôt il sera
trop tard. L'orateur examine les différents moyens d’atténuer les
lourdes charges qui pèsent sur la famille, et conclut en adoptant
le système du dégrèvement proportionnel : il est le seul accep
table et ce serait le seul accepté car il est à la fois rationnel et
pratique.
De nombreux applaudissements accueillent la fin de ce brillant
discours.
M. le doyen Bry prend ensuite la parole. Il nous dit tout le
plaisir qu'il'éprouve à voir toujours plus florissante la conférence
Portalis : il forme les vœux les plus sincères pour que sa prospé
rité future dépasse encore sa prospérité passée. Depuis un demisiècle elle poursuit vaillamment sa carrière : nombre de ses an
ciens membres se souviennent avec joie des premières plaidoiries
qu’ils prononcèrent au milieu de leurs camarades, et sont heureux
de voir se perpétuer ainsi après eux les traditions d’amitié et de
travail qu’ils léguèrent à leurs successeurs. M. Bry commente en
suite en quelques mots le discours si intéressant de Me Sivan. Il
félicite l’orateur d'a\oir bien mis en lumière toute la portée prati
que de la ré'orme préconisée et fait un émouvant tableau du mal
dont à l’heure actuelle souffre la patrie. Il souhaite que nos lêgislatours, par trop lents, se délivrent de toute préoccupation poli
tique, pour voter enfin un si urgent remède. Et, comme Me Sivan,
il torinine en espérant que le discours qui vient d être prononcé
sera la bonne graine jetée par le vent dans une terre fertile.
�— 284
Un han vigoureux souligne ces éloquentes paroles.
Me Lambot, après avdir une fois de plus remercié les invités,
lève la séance à 10 heures. La conférence Portalis, rajeunie par un
sang nouveau, aborde une année féconde : c’est, non seulement
l'espoir, mais la certitude de tous.
H. P.
L ’ASSOCIATION
Punch offert aux nouveaux m e m b res
In a u gu ration du nouveau local
Procè s-ve rb al du 5 décem bre 1901
Le punch annuellement offert aux membres nou
veaux de l’Association a eu lieu jeudi 5 décembre
dans les nouveaux locaux de l’Association silués
cours Mirabeau, au-dessus du Café Leydet.
A 8 heures et demie du soir le Président ouvre la
séance : tous les membres du bureau sont présents :
la salle est littéralement comble. Cette fête présente
un caractère essentiellement intime : seuls les mem
bres actifs de l’Association et les Etudiants nouveaux
avaient été convoqués.
Le President souhaite longuement la bienvenue
aux nouveaux camarades et les remercie d’être venus
si nombreux ce soir témoigner leur sympathie pour
leurs camarades ainés.
Il annonce qu’à partir de ce soir l’Association est
officiellement établie dans ses nouveaux locaux et
que le Comité a décidé de transférer solennelle
ment le Drapeau de l’Association au siège actuel.
Une délégation est aussitôt envoyée à l’ancien local
pour accomplir cette mission.
— 285 —
" ]
La séance est suspendue jusqu’à l’arrivée de la
bannière annoncée par des salves de boîtes et saluée
par des vivats répétés.
La séance est ensuite reprise.
Le Président annonce que M. Fassin, avocat à la
Cour d’appel d’Aix s’est fait inscrire comme membre
honoraire.
Il donne ensuite la parole à Berrutty qui, au nom
des nouveaux membres, remercie l’Association de
.l’accueil chaleureux et fraternel qu’elle fait ce soir à
ces derniers.
Kissoxvsky porte un toast au nom des Etudiants
bulgares.
De nombreuses allocutions sont encore pronon
cées par plusieurs caqaarades étrangers. Une des plus
applaudie^ a été celle de Reiffers.
Enfin un concert içnprovisé a eu lieu tandis que le
punch flambait joyeusement sur chaque table.
Nous avons eu le plaisir d’applaudir à maintes
reprises nos camarades Julien, Carlo, Roca, Nicolay,
Richard et Marlinoff.
La séance est levée à minuit.
Le Secrétaire : RIMBAUD O c t a v e .
L’ASSOCIATION
COMETE-RENDUS DES SÉANCES
Séance ordinaire du 1 2 décembre i g o i
La séance est ouverte à neuf heures du soir, sous la
résidence de Sauvet, président. Tous les membres du
ureau sont présents.
Le Secrétaire donne lecture des deux précédents pro
cès-verbaux : ils sont adoptés sans observations.
E
�Muterâe dépose sur le bureau l’ordre du jour suivant :
« L ’Association, heureuse d'apprendre la nomination
« de son Président honoraire Bouquicr au poste de Re« ceveur de l’Enregistrement à Trets, lui adresse ses
« plus sincères félicitations et saisit avec empressement
« cette occasion pour l’assurer de sa reconnaissance duV rable pour le dévouement dont il a toujours fait preuve
« envers elle. »
Cet ordre du jour est adopté à l'unanimité.
» \•
*
. 4- . .
. . ,i
Bibliothèque
Sur la demande faite par le bibliothécaire, une somme
de six francs par mois est allouée par l’Association pour
le service de la bibliothèque : ces sommes seront em
ployées à l’achat de deux ouvrages par mois.
Il est également accordé au bibliothécaire un crédit qui
ne devra pas excéder 25 francs, pour l’abonnement à une
revue.
Monseigneur Bonnefoy, archevêque d’Aix,
M E M B R E F O N D A T E U R D E L ’ A S S O C IA T IO N
Le Président annonce à l’Assemblée que Sivan, viceprésident, Rimbaud, secrétaire, De Lacouture, bibiothécaire et Lambot sont allés saluer Monseigneur Bonnefoy,
archevêque d’Aix. au nom de l’Asoociation.
La délégation a été l’objet d’une réception chaleureuse
et sympathique de la part de l’éminent prélat.
Enlln, Monseigneur Bonnefoy a accepté d’être membre
fondateur de l’Association.
Cette nouvelle est accueillie avec joie par les membres
présents et un triple ban a été battu en l’honneur du
nouveau membre fondateur.
Bail du local
A
Le Président soumet à l’approbation de l’Assemblée
les diverses clauses à insérer dans le bail à conclure avec
M. Granger.
,
Des consommations à prix réduits seront servies dans
le local.
Un tarif des consommations signé par le President et
par M, Granger, sera alfiché à l’Association.
Elections
Il est décidé que l’Assemblée Générale Ordinaire de
Janvier ayant pour but de procéder au renouvellement
des membres du Comité de l’Association, conformément
aux Statuts, aura lieu mardi y janvier 1902, à 8 b. 1/2
du soir.
Punch offert aux membres honoraires
et aux professeurs
L ’Assemblée décide que ce punch aura lieu comme
toutes les années. Sont élus commissaires pour l’organi
sation de cette soirée : Richard, Berruty, Muterse, Cailo,
Mille J.-B., Jeannin, Lambot.
Ces oommissaires devront établir un projet, fixer une
date et soumettre le tout à l’Assemblée Générale du
7 janvier.
Concert de Charité
L’Association décide que le concert de charité annuel
donné par elle au Théâtre Municipal, au profit des pau
vres de la Ville d’Aix, aura lieu cette année vers la même
époque que les annéees précédentes.
L’Assemblée décide qu’il aura lieu en.principe au mois
de mars.
Une commission spéciale est nommée à cet effet1 Elle
se compose des camarades Rimbaud, Muterse, Mille J.-B.,
Andrieu, Nicolay, Combal, Carlo, Berruty, Roca, R i
chard, Louis Crémieux, Robert Jourdan.
Celte Commission sera incessamment convoquée par
le Président, pour procéder à la composition de son bu
reau .
Elle élaborera ensuite un projet qui sera soumis à une
Assemblée Générale, convoquée à cet effet.
Délégués au Comité des Fêtes de Carnaval XIV
A la demande de ce Comité, deux délégués ont été dé
signés par l’ Association : Liotard et Nicolay.
Une somme de cinquante francs est accordée par l’As
sociation au Comité des Fêtes de Charité de Carnaval
XIV.
La séance est levée à 11 heures 1/2.
Le Secrétaire de l’Association : Rimbaud Octave.
�UCIBUE
LI VRES ET REVUES.
avisos UES
Administrative et Commerciale
Quelques mois sur l’ouvrage qu’on vient de nous
communiquait : « L a Sténographie » par F . Germanet, le sympathique professeur dans notre bonne
ville d’Aix.
La place manquant pour en donner un analyse dé
détaillé, nous noterons les quelques passages intéres
sants de la lettre de M. Duployé — innovateur de
la Sténographie — à l’auteur : « Laissez-moi vous
féliciter pour l ’énorme somme de travail que révèle
votre livre. Avant vous, bon nombre de personnes
ont écrit sur la Sténographie et son histoire. Vous y
avez largement ajouté et la nouvelle édition de votre
ouvrage est un grand pas en avant. » — Il nous reste
donc à conseiller à nos lecteurs qui s’intéressent à
cet art de lire tous et au plus tôt ces pages très inté
ressantes et toutes remplies de renseignements fort
utiles.
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suivis à l'U n iversité d ’A ix.
O U VRAGES DE LU X E , PU BLICA TIO N S D IV E R SE S
N.
C ’est avec un vif plaisir que nous avons appris que
notre sympathique président honoraire, M. Bouquier, venait d’être nommé receveur de l’enregistre
ment à Trets. La Provence Universitaire lui envoie
toutes ses félicitations.
— Notre camarade Paul Calon vient de perdre sa
petite-nièce, à peine âgée de trois ans. Nous lui
présentons ainsi qu’à sa famille ses respectueuses
condoléances.
— Tous nos souhaits de bienvenue aux nouveaux
professeurs, MM. Bonnecarrère, Roman, Tchernoff,
avec les plus respectueuses sympathies de tous les
étudiants.
B. •• Des remises de fayear seront accordées à SM. les Étudiants
�F. R I F I) E R E R
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Tn ors n. mi
Axnki:
N° i .
Provence
Universitaire
1902
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n° 19-26
BULLETIN MENSUEL
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Le Numéro : o,3 o cent.
�15 Janvier l'JO'J.
SOMMAIRE
J e a n d e K i .a p p e u o z k .
I ius,
J. S k j a l o v .
M ar g c e iu te
?
R a i M IJAt'U.
Is x a r d .
Lettre d’un Inconnu.
Le Régiment.
Siegfried,
Le Chant des Rainettes.
Concert des Crèches.
Compte-rendu de l’Association.
MVjiCo • K i î n o r r ,
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01 ■va u
f
MM. les Abonnés qui n’auraient pas encore versé le m o n t a n t d e i.Etm
ABONNEMENT pour l’année 1901 sont instamment priés rie l’adresfer au
Comité «1u Rnllptin au siép;e de l’Association.
:.vsai s; •.
m.
iA -J X K
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e r r a i ’ S £ T S C I C AT. KS
S V 'M vers îfeè d'Aix.
, PURMC Ai ’ U ) ;:s Di vio r s irs
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N. B,
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T o u t c e q u i c o n c e r n e la R é d a c t i o n e t l ’A d m i n i s t r a t i o n d e l a R e v u e d o it
ê t r e a d r e s s é a u C o m i t é d u B u l l e t i n â l ’A s s o c i a t i o n d e s E t u d i a n t s .
1
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�BONNE ANNÉE
' j ";
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<( La P roven ce U niversitaire » toujours
prèle à satisfaire ses chers lecteurs et abon
nés, est heureuse de p ou voir leur présenter,
avec toutes ses sym pathies, ses m eilleurs
vœ u x pour la n o u velle année 1902 et la
façon la plus sim ple et la plus com plète est
bien, je crois, souhaiter de vo ir la réa li
sation de tous leurs désirs.
IVé c r o lo g i e
Nos fêtes de Noël ont été attristées, cette année,
par la perte sensible et bien douloureuse qu’a subi
notre sympathique professeur de Droit Romain,
Monsieur Yermond.
A la lleur de l’âge. Il vient, le cher petit ange d’être
repris à ses parents éprouvés bien souvent et cela
d’une façon tout-à-fait inattendue.
Aussi, prions-nous Monsieur Yermond et toute sa
famille d’agréer nos plus sympathiques et respec
tueuses condoléances.
i
�3 —
LETTRE D’UN INCONNU
A tous ceux et à toutes celles qui me liront.
J. K.
Bien-Aimée, bien-aimée inconnue — et pourtant si
chère, probablement parce que je m’étais promis de ne
jamais vous écrire je me trouve à vous griffonner ces
lignes... Pauvres petits mots naïvement jaillis de mon
cœur pour se transmettre au bout de ma plume, il sera
facile de vous ridiculiser, le mérite en sera assez mince,
et vous serez assez peu charitable, m’amie inconnue, si
vous vous attribuez cette fonction.
Pourquoi je vous écris ? Parce que je suis triste ce
soir. Je ne suis sincère que quand je suis triste et je
suis presque continuellement gai, car lorsque je me
sens lugubre je me blague moi-même et je parviens à
me dérider. Je me crispe à transformer le sourire sur
mes lèvres, et s'il est parfois amer il voudrait toujours
être gouailleur pour exaspérer d’un peu de sincérité
méchante mon cher amour éperdu. Je ne suis pas le
ténébreux dont rêvent les vierges sages et que ruinent,
santé et argent, les vierges folles. J’ai généralement
peu de succès auprès des femmes. Je ne suis pas assez
littérature Feuillet (octave) pas assez beau non plus...
Et je vous écris par ce morne soir d’hiver parce que
j ’ai songé «à tout cela, le front collé aux vitres, en
effaçant du geste rapide, devant ma bouche la triste
petite buée grise.
Je suis triste parce que la vie se fait mal et fait mal
et que je ne puis lui draper aux épaules le péplum de
ma fantaisie. Je ne puis dire tous mes chagrins, vous
vous moqueriez de moi. Je suis comme un gosse égaré
sur le parvis d’un temple (le temple d’Eros) et des
femmes passent, murmurent des chapelets trop longs,
me demandant pourquoi je pleure, et ce n’est jamais
ma mère, ce n'est jamais ma sœur, ce n’est jamais une
amie...
Je vous écris parce que je vous aime. Et je voudrais
tremper ma plume dans mon cœur, me servir de mon
sang en guise d’encre pour vous tracer tout ce que je
balbutie fort indistinctement.
Je vous aime? mon Dieu, au fond — là bien au fond
— je ne suis pas certain de vous aimer, on a tant
abusé de ce vocable. Je suis sceptique et je ne crois pas
u’il sullise de deux échantillons quelconques de sexes
ifférents que le hasard mit en présence pour continuer
l’amour humain véritable, fondement de toutes choses.
Mais je suis bien certain que j ’aimerais mourir volup
tueusement en la tiédeur rauque de vos bras pour être
bien certain d’y rester, et me noyer en l’humidité pro
fonde de vos yeux si vos paupières lourdes se clappaient sur moi en une lenteur de licieuse et timide.
Je sens que je vous aime surtout parce que vous êtes
jolie, d’une morbidesse line et distinguée, vous avez un
air « départ pour le Midi » qui fait mon bonheur, un air
malade délicieux pas assez pour qu’on le déplore, mais
suffisamment pour qu’on se fasse du plaisir meurtri à y
songer et à la plaindre. Vous êtes jolie et il me plairait
que vous pleuriez beaucoup pour moi, que votre doux
visage marbré de larmes vous fit laide de douleur
haletée.
Nous êtes jolie, très jolie même. Ce serait tant mieux
si ce n’était tant pis, car un jour viendra (est-il loin) où
un monsieur vous aimera — son amour ayant fermenté
à travers sa chair adipeuse pimentée du désir sexuel de
votre très réelle beauté, un monsieur riche (je vous le
souhaite très), un monsieur comme il faut (moi je suis
un petit jeune homme comme il ne faut... pas), un
monsieur quelconque et banal avec lequel vous pren
drez bientôt des habitudes après une cour banale et
sérieuse comme son entière personne, un monsieur qui
possédera une position très enviable et des poils sur
les phalanges, un monsieur qui aura étudié minuteusement tous ses gestes d’amour selon la norme et qui,
avant de se mettre à vos pieds (vos chers petits pieds ! )
aura évité les genoux de ses pantalons, un monsieur en
chapeau girondin (la boucle par derrière si telle est en
core la mode) posé sur le meuble proche pour le libre
usage des mains à joiudre en des gestes de passion
éloquente, un monsieur qui, sur l’oreiller murmurera les
3
�phrases prévues de circonstances qui aboutiront à
vous rendre en quelque temps ridicule et... respec
table. parceque vous aimant selon la formule physique
ment normale, vous si complètement jolie, si gracilement svelte, un monsieur qui ronflera, sa mission
accomplie, un monsieur que vous tromperez peut-être
(cela arrive) avec un autre monsieur bellâtre aux al
lures de garçon de café...
Un de mes chagrins les plus poignants et de savoir
aussi que vous ne me connaîtrez jamais. Je resterai
toujours pour vous comme une mystérieuse apparition,
un peu soudaine dressée sur le bord de votre route,
dans l’ombre.
Ah ! si j ’étais beau je me ferais connaître, mais je
suis laid, et comme j'ai le sens esthétique très déve
loppé je me trouve horrible. Je suis petit et bossu un
peu, et puis je tousse : je suis poitrinaire. C ’est la seule
chose poétique que je possède, et encore la mode, qui
en remonte à 1830 , est un peu tombée en désuétude de
nos jours. C ’était encore assez en vogue du temps des
crinolines, m'a-t-on dit.
Je pense que si je mourrais vous verriez peut être
mon convoi sans savoir qui l’on enterie, tandis que
tranquillement j ’irais pourrir dans le noir. Aussi, je
vous prie, chaque fois (pie vous voyez un enterrement
songez à celui qui vous aima tant, et qui eut la préten
tieuse initiative d’oser vous l’avouer, c’est peut-être son
corps qui passe dans la rue.
On dit que ceux qui meurent jeunes sont aimés des
Dieux. Ce que je m’en moque, moi, de l’amour des
Dieux, je préférerais n’être pas malade et ne pas avoir
leur sympathie, et puis cela c’est une phrase de conso
lation toute faite, pour la famille.
Oui, je suis poitrinaire, mais je ne m’en fais pas un
titre de gloire à exciter votre sensibilité. Je trouve
ridicule de mettre de la grandeur poétique là où il ne
doit y avoir place que pour la souffrance et la dé
chéance humaines. Oui, je suis poitrinaire, mais je n’ai
pas la très spéciale névrose commune à certaines
jeunes tilles qui, pour avoir lu Graziella et la Dame aux
Camélias, décrètent subitement qu’elles sont phtisi
ques et veulent mourir à une époque déterminée qu’elles
fixent généralement entre quinze êt vingt ans. Elles
méritent des claques et me déplaisent celles-là. elles
sont jaunes, voûtées, la poitrine en dedans car elles
— 5 —
sucent des citrons, mâchent du papier, grignottent le
fusain, lèchent le salpêtre des murs et ont une irrépa
rable amie à la familiarité équivoque qui a toujours les
yeux outrageusement cernés d’avoir trop lu les romans
doucement intitulés. Elles font la bouche en passage
d’œuf et se donnent des airs d’héroïnes martyrisées
devant les glaces. Voilà pourquoi les trop jeunes tilles
ne me plaisent pas.
Sincèrement, simplement comme je le pense je vous
le dis : je vous aime. Tachez de me croire :
. . . Adieu ! 11 me reste, à moi, le plaisir un peu
farouche de vous aimer anonymement, sincèrement
partant dans l’ombre mystérieuse dont je me suis en
veloppé, de toute la faiblesse de mon cœur malade et
brûlé. Tout autre à ma place vous dirait que si vous ne
le payez pas de retour il va vous tu e r.. . et ne le ferait
pas. Moi je ne le dis pas, (vous souhaitant trop intel
ligente pour le croire) et je ne le ferais pas non plus,
quoique ce ne soit pas un bien grand meurtre que je
commettrais, je suis si m alade... irrémédiablement
perdu. Mais, sans me flatter, je souffre beaucoup, et je
trouve que ce n’est déjà pas mal comme ça. Et. je
vous aime davantage pour toute la souffrance que je
vous ai consacrée.
Adieu ! je voudrais finir et je ne le puis pas. Je m’at
tache à ce papier comme un dernier reste de vie :
. . . Et je suis énervé et confus en songeant que
quelques millions de jeunes gens ont murmuré ce que
je murmure, ont eu le cœur gonflé des mêmes chimères,
érigèrent leur douleur exagérée sur un piédestal lit
téraire en des phrases lentes et émotionnées, dirent
beaucoup plus qu’ils ne pensèrent, posant au Werther.
Mais, moi, sans clair de lune romantique, sans enguir
lander l’idée d’amour de tous les lyrismes épars, je
soullVe conciencieusoment. .. La pauvre loque que doit
être mon cœur ?
Toute cette poussière humaine soulevée me monte à
la gorge et me fait tousser, ébranle cruellement ma
poitrine délabrée et douloureuse.
Et je pense que je suis une petite chose naïve et
sincère qui me suis accroché à vous, que je ne connais
pas, dans le confus carnaval qu’est la vie où des fan
toches passent, tous les mêmes, indifférents et pressés
�— 6
sous l'identique sourire de béatitude polie, stéréotypé
sur leurs faces quelconques, le cœur hermétique.
. . . Adieu !
. . . Si je venais à mourir demain, ce qui n’aurait
rien de bien étonnant, je ne voudrais pas voir du haut
de ma dernière demeure planter un saule sur ma tombe,
car les feuilles de cet arbre sont trop bonnes conduc
trices de la pluie hàteuse des pourritures et que le geste
éternellement éploré de ses rameaux Symbolyserait
assez mal la navrance dont on me regretterait, mais
j'aimerais laisser à celle que j'aurais aimée dans ce
long supplice de Tentale qu’est la vie un peu de pitié
attristée, un souvenir un peu ilou, mais persistant du
passant d’amour. C'est pourquoi, je le sens maintenant,
je vous ai écrit. Et avec plaisir j ’irai savourer le
bonheur de n’être plus dans un paysage bien fait pour
accueillir un cadavre. Là je subirai tout un torrent
d'indéfinissables choses délicieuses qui sur moi passe
raient durant des heures lentes. Seul novembre m'ef
frayerait, si noir, sans aucun désir de plaire et qui fait
de la pourriture des feuilles qui, sous les pas, eurent,
un cri de soie froissée.
A d ieu.. . Adieu ! ma coupe d'argent si loin de mes
lèvres et où j ’ai pourtant versé mon âme, toute mon
âme.
JEAN DE KLAPPEROZE.
LE R É G I ME N T
Le régiment vient emporté
Dans une fanfare guerrière
E t le soldat, la mine fière
Sous son vieux pantalon crotté,
D'un mouvement calme s'avance,
Les rangs pressés se déroulant
Et le sol inerte tremblant
Sous les pieds tombant en cadence
— 7 —
Ces petits soldats ont passé
Marchant sans hâte mais sans trêve.
Le déjllé bientôt s’achève
Et l ’écho redevient muet.
Seule à présent une ambulance
Lourdement roule devant moi,
Et je me demande pourquoi
Je la vois avec bienveillance.
C ’est que dans mon esprit lassé,
En de bruyantes claironnées
Le flot magique des Idées
Comme les soldats, a passé,
Et que dans mes désespérances
Il ne me reste plus hélas !
Pour mon deuil qui ne guérit pas
Que d’inutiles ambulances !
IR IS
SIEGFRIED
On a failli donner à l’Opéra « Siegfried » qui, a-t-on
dit, est par excellence l’œuvre classique de Wagner
car il y a un accord parfait entre la musique et la pa
role. Il constitue la 2 mo journée de ce grand poème de
Richard W a g n e r : « l'anneau du Nibelung. »
Evidemment il aurait eu grand succès, car W agner
est très à la mode parmi les snobs. Et cependant d'une
manière générale la Tétralogie est une œuvre incom
prise et inconnue aussi bien de ceux qui l’admirent que
de ceux qui la dénigrent. C’est que d’abord le public
qui va voir ces représentations n'a pas la moindre
�— 8
idée de ce que peut bien être le drame Wagnérien ; et
surtout pour la tétralogie : car il est partout d'usage
d'en représenter isolément une partie quelconque : c'est
alors le fragment d'une action qui n'a plus de sens. Et
l'on s'étonne de n’y rien comprendre !
Le drame Wagnérien constitue pour ainsi dire un
« art nouveau. » Wagner reconnaît dans l'homme
trois facultés : la vue, l’ouïe, l'imagination, auxquel
les correspondent trois arts: la danse ou mimique, la
musique et la poésie. Et alors « lorqu'il s’agit d'expri
mer, dit-il, sans détour et sans possibilité de malen
tendus ce que l'homme contient de plus élevé et de plus
vrai, il faut que l'homme se manifeste dans sa totalité.
Cette totalité n’existe que lorsque le corps, le cœur et
l'entendement s’embrassent et se pénètrent mutuelle
ment; mais aucun des trois pris isolément ne saurait
suffire à une expression parfaite de l’homme, a L’œil
est l'organe de l'homme extérieur ; l'ouïe de l’homme
intérieur, l'imagination ce trait d'union entre les doux.
L ’art parfait qui veut révéler l'homme tout entier exi
gera donc ces trois modes d’expression : le geste, la
musique, la poésie.
Il en résulte qu'il faut que le poète et le musicien
s’unissent complètement et d’une façon parfaite. Si
l’unité n’est pas absolue, il n’y aura que juxtaposition.
C ’est le défaut de nos opéras où le musicien compose
sur un poème : l’unité d’inspiration souvent n'existe
pas. Et bien pins souvent encore dans l'opéra « la mu
sique est le but de l'œuvre, alors qu’elle ne doit être
que l ’un de6 moyens d’expression: et que par contre,
le but même de ce qu’il s’agit d’exprimer, c’es-à-dire
le drame, n'a plus été considéré que comme un moyen
d’expression. »
Aussi Wagner est-il poète et musicien à la fois.
Chez lui la musique et la poésie se complètent mutuel
lement.
Dans son drame nous trouvons généralement un
prélude et des leit motives. Le prélude annonce au
spectateur les faits qui vont se passer ; il le met en har
monie avec ce qu’il va voir sur la scène contrairement
aux ouvertures d’opéras, il n’est par conséquent pas
détaché de la pièce.
Nous trouvons ensuite et surtout les leit motives ou
mélodies-mères. Plus d’airs ni de ritournelles banales
— 9 —
mais une mélodie qui traduit l’incessante évolution de
la pensée et du sentiment.
Les leit motives se rapportent à un sentiment, à une
passion, à un principe moral, à une idée directrice du
drame. « W agner les choisit toujours simples, bien
accusés, courts, net frappants et emploie rarement des
motifs typiques personnels. » Ces motifs, on les re
trouve incossessamment dans le drame, amplifié, déve
loppé, ou au contraire à peine esquissé.
Mais après s’être demandé, « comment la poésie et
la musique peuvent s’unir l’une à l’autre pour aboutir à
un mode d'expression plus haut et plus parfait « W a
gner se demande » quel est le sujet qui a besoin d’un
mode d'expression aussi sublime, et qui en conséquence
l’exihe dans l’œuvre d’art prétendant à en être une re
présentation parfaite. » La solution en fut trouvée rapi
dement: « Tout ce qui, dans un sujet du drame a-t-il
« écrit s’adresse à la raison seule, ne peut s’exprimer
« que par la parole: mais, à mesure que le contenu
« émotionnel grandit, le besoin d’un autre mode d’ex« pression se fait sentir de plus en plus nettement, et
« il arrive un moment où le langage de la musique est
« un adéquat à ce qu'il s'agit d’exprimer. Ceci décide
« péremptoirement du genre de sujets accessibles au
« poète-musicien ce sont les sujets d'un ordre pure« ment humain et débarassés de toute convention. »
C ’est ce qui explique cet amour dés mythes et
des légendes qui permettent au poète - musicien
d’être aux prises avec l’humanité seule, ainsi'affranchie des limitations résultant des sujets d'histoire.
Aussi sa psychologie est-elle très profonde.
Ceci justifie encore le choix qu’a fait W agner de
la légende de l’Anneau du Nibelung. « On retrouve
d’ailleurs l’application de tous ces principes dans « Sieg
fried ; » ce qui fait qu’on a écrit je l'ai déjà dit, que
« Siegfried » est par excellence l'œuvre classique de
W agner.
.Je n’entreprendrai point l'analyse de « Siegfried »
car il faudrait faire celle delà Tétralogie entière : vous
la connaissez tous d’ailleurs.
Ce poème est plein de passages, plus beaux les uns
que les autres.
La musique du premier acte a des allures prestes et
franches. Presque tout se passe entre deux personna
ges seulement. « Il y a d’un bout à l'autre, mêlé au
�— 10 —
— 11 —
jeune frémissement des bois printaniers, ce vaillant
éveil de guerrière enfance, cette adorable vnillantise
juvénile, impétueuse avec de soudaines haltes de rêves,
qui bouscule les ours et lisse les oiseaux. Grâce à sa
conception musicale Wagner a pu richement étolïer,
dans ce premier acte, une polyphonie que la situation
dramatique immédiate n’impliquait point aussi variée. »
« Les motifs atl'ectés à « Siegfried, » dit M. Ernst,
se ramènent à deux types mélodiques principaux : les
uns dérivent du thème héroïque, si lier et triomphal,
qui sonnait dans la dernière scène de la « W alkyrie ; »
les autres plus rapides, plus jeunes, ont leur forme
pittoresque dans la fanfare du Cor de Siegfried. »
Mais l’acte 2 et surtout l'acte 3 sont merveilleux.
Dans l'acte 2 la « symphonie des murmures de la Fo
rêt » est admirable. « L'inspiration de W agner, s’y
épanouit en un souille d’idvllisme héroïque. De mysté
rieux murmures frissonnent dans l’orchestre. Mais
voici que de ces profondeurs palpitantes, doucement,
mariant ses modulations au bruissement de la forêt,
le thème si mélancolique des Meilleurs de Walsungen se déroule. »
Au troisième acte notons d'abord la symphonie de
la Traversée du Feu qui surgit aveuglante : « les rapi
des batteries du Feu courent aux instruments à cordes:
on se croit revenu à l'Incantation tinale de la W alky
rie. Nous sommes en pleine traversée du Feu: dans
l’étincellement du glockenspiel et du triangle, au mi
lieu de la vibration des cymbales, des frémissantes
traînées des cordes, des clairs dessins des flûtes, les
cuivres proclament le thème de Siegfried, auquel ré
pond l’allègre sonnerie de son cor d’argent. De grands
traits de harpes mettent leur triomphante ivresse dans
la magie de ce pittoresque tableau_ »
De flottantes suavités succèdent, dans l’orchestre,
aux flamboyantes harmonies de la Traversée du Feu.
Siefried vient de réveiller Brunnhilde qui dormait
sur le roc admirablement belle et protégée par les
flammes que Siegfried vient de traverser. Tous les
deux saluent la Nature, « Ici, dit M. Ernst, la musi« que de W agner semble reculer les limites du Sublime : une solennelle harmonie — des plus simples en
« elle-même — inaugure l’incomparable réveil. Assise
« sur le tertre de mousse, ses longs cheveux dénoués
« flottant sur ses épaules, tandis qu’à ses pieds bril-
« lent ses armes éparses, Brunnhilde contemple au« tour d’elle la radieuse nature. Les yeux grands ou« verts, les bras levés vers le ciel où le soleil flam« boyait, toute à l’immense félicité de son extase, elle
« reprend peu à peu conscience du monde et de la vie.
« De nouveau les accords du Réveil sonnent majes« tueusement à l’orchestre. Brunnhilde salue le Jour,
« tandis que de religieux arpèges vont s’épanouir à
« l’extrême aigu, en un trille aérien d’une sérénité
« infinie. Il n'y a ici nul conflit de sentiments, mais
« lorsque la poésie atteint ce degré de grandeur elle
« agit sur l'âme humaine tout entière. Je sais plus
« d’un spectateur qui a pleuré au réveil de Briïn« nhilde. »
J.
S É J A L ON.
Dès que de i Orient pâle, le soir descend
Eteindre, dans l’azur, toutes les flammes roses,
Voici monter des joncs, l'orchestre caressant
Des rainettes, berceur du repos doux des choses.
Sous le baiser dernier du jour qui va mourir,
Le lac s est revêtu d'une teinte opaline...
Un grand nénuphar blanc, au bord, vient entrouvrir
Sa pâleur, aux reflets mâts d'antique ivoirine.
Et soudain, du calice animé d’un frisson,
S ’échappe une première gamme tremblotante ;
Une cadence étrange et si charmeuse, un son
Si clair, que l'on dirait que c’est la fleur qui chante !
�—
12
— 13 —
—
Afais, répondant à cet appel, une autre voix
Se réveille : — elle égrène une phrase plus nette.
— Une autre encor lui fa it écho, puis deux , puis trois,
Et tout le chœur, enfin de la gent verdelette !
C ’est un jour, où plus fo l, son amour s’enhardit,
Que pour perdre le bruit de sa caresse ardente
Dans le bruit d’une douce clameur, il rendit
De par sa grande vie, un peu de l’eau, vivante
Les rainettes ainsi naquirent. — Je le crois,
Car leur toilette humide est couleur d'onde claire,
Car un clapotement de fo ts reste en leur voix,
Et leurs y e u x sont un peu de soleil, en poussière !
Chantemignonnes ! jete\ au ciel, hardiment,
Le métallique éclat de voUe accord bigarre!
J ’adore, voye\-vous, bercer dolentement
Mes rêves, en l’essor de votre tintamarre...
Car toujours, je l'entends vibrer à l’unisson
De mon penser, soumis aux caprices de l’heure.
Tour à tour, j ’y surprends : l’écho de ma chanson :
Un rire , et le sanglot de mon âme qui pleure !
\
C'est pourquoi, quand de l’ Orient le soir descend
Eteindre, dans l’azur, toutes les flammes roses,
L ’on entend s’élever l’orchestre caressant
Des rainettes, berçant le repos doux des choses.
Marguerite ISNARD.
Et je sais le mystère du lac... Sous les eaux,
S'ébattent, au milieu d'impalpables verdures,
Les dames, se drapant comme en de lourds manteaux
Dans les ondes de leurs immenses chevelures.
Or, le soleil les vit si belles, de là-haut,
Qu'il voulut posséder, seul, leurs grâces troublantes,
Et déposer, passionné, son baiser chaud
Sur leur chair nue :... alors, il en fit ses amantes.
E t chaque soir, — comme un ordinaire amoureux,
Dès qu'il est las de nous jeter sa clarté blonde,
Pour leur plaire, il s'en va jouer le langoureux
Près d’elles dans le secret bleu de l’eau profonde.
Je voudrais parler bien longuement de cette délicieuse
soirée qui a été l’ouverture de réunions — agréables,
nombreuses et recherchées — de l'aaistocratique, Aix.
Quelle jolie salle ! Quel charmant programme ! Tout
était parfait : depuis le premier morceau jusqu'au der
nier, depuis les chaises d’orchestre — véritable parterre
où les plus jolies et les plus rares Heurs se coudoyaient —
jusqu’aux troisièmes, certainement.
Mais commençons par le commencement : Le lever du
�— 14 —
rideau est à 9 heures ; la salle bien avant l’heure, toute
rehaussée et transformée pour la circonstance en serre
chaude, la salle, dis-je, était au complet et c’était un
plaisir que de voir ces galants commissaires — rap
pelant par leur rôie et leur amabilité les gentilshommes
des siècles passés et poudrés se multipliant auprès de
tous nos spectateurs impatients.
Enfin ! la musique militaire nous joue une marche fort
entraînante et avec un brio sans égal : les applaudisse
ments ne lui ont pas manqué. C’est au tour de Lœvensohn et Livon dont la réputation n’est plus à faire et à
qui le tout-Aix mélomane a voué un véritable culte ;
c’est une sonate de Rubinstein qui nous tient sous le
charme : le final en fut merveilleux. Le «Pieta Signore >'
de Stradella n’a été qu'un cri de passion poussé par
Mme Mondon : Ah ! quelles délices et quelle voix enchan
teresse: ces notes fortes et vibrantes, ces sentimentalités
nombreuses, ces exclamations musicales ! ! ... Que ce fut
court. Mais notre maître Léo Bruguier ne veut rien nous
faire regretter et ses deux fantaisies de Beethoven et
Zarzieki nous ont vraiment transportés — j’allais dire au
7e ciel — je me contenterai de dire : au Paradis. Vrai
ment, c'est un vrai bonheur d’ententre notre sympathique
professeur... A oublions pas en passant l'excellent artiste
Ascheri si agréable.
La place me manque, mais je ne puis finir sans adres
ser mes plus chaudes félicitations, mes plus enthousiastes
bravissimi à Lœvensohn. Livon, Bruguier, à Mme Mon
don, — à la voix enchanteresse, — a Mmes Marie Laure,
aux jeux de physionomie surprenants e t ... épatants;
Daurianne, dont le jeu si naturel et la grâce nous cap
tivent.
Enfin, je veux, pour Mlle Régina Selon et M. d’Hautuille, des félicitations toutes spéciales : M. d’Hautuille
est un véritable maître-artiste et son jeu appassionnato,
énergique, masculin, sait remuer un cœur et exkalter un
esprit même très calme. Mlle R. Selon a une grâce toute
particulière, au contraire, pour effleurer les notes et en
faire sortir des sons doux, mélodieux, féminins et char
meurs.
Pour terminer, tous nos remercîments et nos félici-
15 —
tâtions aux sympathiques organisateurs qui excellent si
bien dans l’art d’obtenir une jolie salle et surtout de
tenir sous le charme cette jolie salle pendant tout une
longue soirée.
9
L’ASSOCIATION
COMPTE-RENDUS DES SÉANCES
Assem blée générale ordinaire du 7 janvier 1902
La séance est ouverte à 9 heures du soir sous la prési
dence de M. Sivan, vice-président.
Le Secrétaire donne lecture du précédent procès-verbal
qui est adopté sans observations.
Le Vice-Président annonce que conformément aux
Statuts et à la décision prise par la dernière Assemblée
générale, il va être procédé aux Elections générales des
Membres composant le Comité.
Sauvet déclare décliner toute candidature à la prési
dence Sivan, vice-président , déclare se désister de ses
fonctions.
Le Comité pour l'année 1902 est élu de la manière sui
vante :
Président : Pierre BONIERBALE, avocat à la Cour
d’Appel ;
Vice-Président: Vincent CONSTANT, avocat à la
Cour d’Appel ;
Trésorier : Charles NAVONI ;
Secrétaire : Octave RAIMBAUD ;
Bibliothéaire : Joseph CARLO;
Porte-drapeau: Joseph ROCA ;
Commissaire de Surveillance : Edouard MUTERSE,
avocat à la Cour d’Appel.
Tous les Membres du Comité prennent place au bureau
et le Président remereie vivement ses camarades de l’in
signe honneur qu'ils lui font ce soir et de la marque
d’estime et de confiance qu'ils lui donnent : tous ses
efforts tendront à assurer et à maintenir la prospérité de
l'Association.
�Constant, vice-président, Navoni, trésorier, Rimbaud,
secrétaire, prennent aussi la parole.
Sauvet, président sortant est élu président honoraire
de l'Association.
L ’Assemblée vote la motion suivante comme article
additionnel aux statuts :
« Tous jeux de hasard sont formellement interdits
« dans les locaux de l’Association.
« Tout membre qui enfreindra la présente décision
« sera passible, à la première infraction d'un avertisse« ment suivi d'un blâme motivé ; à la seconde, d une sus« pension qui n’excèdera pas i 5 jours et à la troisième,
« l'exclusion définitive sera prononcée.
« Dans tous les cas, ces sanctions seront administrées
« au moyen d'une délibération prise à la majorité de
« ses membres. La décision prise par le Comité sera ce« pendant susceptible d’appel devant l'Assemblée géné« raie. »
Pour des raisons de famille et personnelles Liotard et
Nicolay demandent à être remplacés au Comité des Fêtes
de Carnaval X IV .— Doreau et Ségalon sont désignés
pour les remplacer.
Le bureau delà Provence Universitaire est définitive
ment composé ainsi qu'il suit :
Directeur-Gérant : Jean DOREAU ;
Trésorier : JOURDAN ;
Secrétaire de la rédaction : NICOLAY :
Commissaires : GARNIER et De SABOULIN.
Muterse , au nom de la Commission du Punch de
mande qu’un crédit de 200 francs soit ouvert à cette
Commission pour l’organisation de cette fête annuelle.
L’Assemblée adopte ce crédit. — La date du Punch
offert aux Membres fondateurs et honoraires et à la Ville
est fixée au lundi 20 janvier.
Rimbaud donne lecture du projet de bail du local :
il est adopté.
Séjalon, Garnier et Bouteille feront partie de la Com
mission spéciale du Concert de charité nommée dans la
précédente séance.
La séance est levée à onze heures.
Le secrétaire de l’Association,
Octave RIMBAUD.
Le D irecteur-G érant : J. D o r e a u .
Typ
et L itfi. P. POUHCEL, c o u rs M ir a b e iu , 5S.
�P a rf u m e r :e .*es f rioclpaï^s ?nar ;uv ; JC P a r if
*** »**
��RpSo^ilMoîi
T r o isik m f . Vxxék
No 2.
Provence
Universitaire
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B U L L E T IN M E N S U E L
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II. P.
Pour les Pauvres.
I.a Nymphe morte.
Conférence Portalis.
Zéro,
P aul G émy,
Sympathiques allinités.
O. R imbaud ,
I r is.
Presque Rien.
Matières professées aux cours en novembre,
décembre, janvier.
L’Association. Punch du 20 janvier 1902.
Liste des Membres de l’Association
Renouveau.
Avis.
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rendez-vous.
P a ç fu m £ d e de$ p rin c ip a le s m a n q u e ? J é
Le Concert annuel de Charité donné par l'Associa
tion au bénéfice des pauvres de la Aille aura lieu le
samedi premier mars à 8 heures 1/2 du soir au Théâ
tre Municipal.
L’Association espère que comme les années précéden
tes elle trouvera auprès des autorités et des habitants
de la \ ille le concours nécessaire pour mener à bonne
lin cette œuvre de Charité.
La Commission spéciale s’applique à composer un
programme des plus variés et des plus attrayants.
Nous espérons que ses efforts, favorisés par tous
ceux qui ont à cœur de soulager la misère, donneront
un résultat plus satisfaisant encore, que celui atteint
jusqu’ici.
Au nom des pauvres nous faisons appel à la généro
sité de tous les Aixois et nous les prions de nous en
courager dans la mesure de leur situation et de leurs
moyens.
Pour la Commission du Concert,
Le Secrétaire :
O ctave RIMBAUD.
�LA
NYMPHE
MORTE
CONFÉRENCE PORTALIS
I
Séance du 13 Décembre 1901.
Plus ne reviendra la nymphe d’autrefois
Contempler son visage en sa source chérie.
Seuls les petits oiseaux des bois
S’abreuveront encore en la coupe fleurie.
La séance est ouverte à 8 h. 1[2 sous la présidence de Me Lambot, président. M. le professeur Perron assiste à la séance.
Sont à la barre deux membres honoraires, Me Alfred Jourdan et
Me Noirel.
Le sujet traité était celui-ci :
La flamme des iris errant sur les joncs verts
Et la clarté d’argent du nénuphar sauvage
(Qu’elle aimait semer au ti avers
De ses cheveux, n’encadreront plus son visage
« La Loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail s’appliquet-elle aux indigents que les œuvres d’assistance par le travail re
çoivent dans leurs ateliers? »
II
Le rossignol pleura ; sur sa tombe mousseuse
L’églantine effeuilla ses pétales de sang;
Pour que la terre lui fût douce
L'onde voulut bercer son sommeil de son chant.
On ne la verra plus dans la lumière blonde
Danser les soirs d’été avec ses jeunes sœurs,
Ni chercher â cueillir sur l’onde
Les rayons de la lune épanouis en fleurs.
III
Seul le passant tardif croit voir sur l’eau qui dort
Par les roseaux pleurant aux souffles de la brise,
Croit voir sur l'eau de l’étang mort
Dans la brume flotter une forme indécise.
J. G a r n ie r .
Me Jourdan soutient l’atllrmative, Me Noirel la négative. Après
la lecture des attendus, la parole est donnée à Me Jourdan. Avec
une éloquence calme et logique, il développe sa thèse. .Le sys
tème de l’art. 1382 est injuste en matière d’accident de travail, et
la loi de 1898 a voulu donner à l’ouvrier un droit et non lui accor
der une faveur. D’ailleurs le système du risque professionnel con
duit au môme résultat qu’il s’agisse d'une industrie cherchant le
lucre ou d’une société de secours, et les chefs d’entreprises aussi
intéressantes que ces sociétés sont soumis à la loi.
Me Noirel discute vigoureusement l’opinion publique. Le légis
lateur de 1898 a eu pour but de mettre le risque professionnel à la
charge de l’élément patronal ; de plus doit être réputé chef d’en
treprise celui qui dirige l’exploitation et qui en recueille les bé
néfices. Or, il est indéniable que la préoccupation de gain à réali
ser est totalement étrangère à l’esprit des œuvres d’assistance par
le travail. Donc la loi de 1898 n’est pas applicable à ces œuvres.
Après une iéplique de Me Jourdan la conférence, qui n’a pas mé
nagé ses applaudissements aux deux brillants avocats, par 16 voix
contre 8 et 2 abstentions, adopte l’affirmative.
M. le professeur Ferron se prononce sur la négative. Adopter
l’affirnative, ce serait tuer la charité. De plus la loi de 1898 a
distingué deux activités : celle du patron et celle de l’ouvrier ;
l’industrie, en eflet, a créé des risques, et, lorsque le patron et
l'ouvrier ont un même but, il est juste que ces risques se répar
tissent entre les deux. Mais en l’espèce, les sociétés d’assistance
ne se servent pas de l’activité de l’ouvrier : elles ne font que lui
fournir les moyens d’excercer son activité. La loi de 1898 n’a rien à
faire ici, puisque une des deux activités nécessaires pour son
application ne s’exerce pas.
Séance du 20 Décembre 1901.
M. le professeur Moreau assiste à la séance. Les orateurs, Me
Audouard et Me Crémieu Louis lisent les attendus sur cette ques
tion :
« L'engagement pris par un père naturel de fournir des ali-
�—
20
—
rnents à un enfant qu’il n'a pas reconnu, constitue-t-il une obli
gation civile ? »
Me Audouard qui fait ses débuts à la barre, a des idées justes
qu’il exprime avec une très heureuse facilité d’élocution, L’en
gagement pris par ce père naturel est valablement formé : c’est
en l’espèce une convention qui remplit toutes les conditions essen
tielles de l’art. 1108 : la jurisprudence d’ailleurs a toujours validé
des engagements de ce genre,
M'Crémieu, l'orateur de la négative, est aussi un débutant : il est
à l’aise à la barre, et son argmentation ferme et précise se joint
à un style assez vif. On ne peut considérer la promesse faite par
le père dans une lettre à sa concubine, de veiller sur l'enfant issu
de leurs œuvres et de le suivre dans l’avenir, comme une obliga
tion civile. Ce n'est qu’une obligation purement naturelle, qui ne
peut donner lieu de la part du fils à une action en justice pour en
obtenir l’exécution.
La conférence par 10 voix contre 6 et 1 abstention se rallie à la
négative.
M. Moreau félicite les deux jeunes orateurs de leurs excellents
débuts. Il se prononce pour l’atîirmative. Aucun texte ne dit
catégoriquement que l’allirmative est fausse, et on doit toujours
soutenir la solution à la fois la plus pratique et la plus utile, sur
tout quand on peut éviter un conflit entre les vœux de l'opinion
et la loi.
Séance du 10 Janvier 1902.
« Un patron a-t-il le droit d’attaquer en dommages-intérêts
un individu qui pousse ses ouvriers à la grève? » Telle est la
question posée. M. le professeur Bonnecarrère assiste à la séance.
Me Abeasis soutient une cause pour la première fois. Son élocution
quelque peu dilïicile est largement compensée par une grande
connaissance du sujet. Il démontre que en l’espèce il y a faute
pour le meneur et dommage pour le patron ; par conséquent,
l’art. 1382 doit s’appliquer, la doctrine comme la jurisprudence
sont constantes sur ce point.
C’est aussi un débutant, Mo Mouton de Guérin, qui plaide la
négative. Il parle facilement : ses idées sont claires et bien en
chaînées. L’exercice régulier d’un droit ne peut supposer une
faute donnant lieu à l'application de l’art. 1382. Les ouvriers peuvent
solliciter tous les concours utiles à leur défense, pourvu qu’il no
s’agisse pas de moyens coupables : ils peuvent donc faire appel à
l’expérience des tiers, sans que le patron doive réclamer des
dommages-intérêts. Après les attendus de Mes Clément Louis,
Alfred et Paul Jourdan, Noirel, Isnard, la conférence par 11 voix
contre 8 et 1 abstention se rallie à la négative.
M, Bonnecarrère dit que la solution du problème posé doit tout
entière être fondée sur l'art. 1382. Or, ici il y a à la fois préjudice
causé et faute délicate. En conséquence, il se rallie en principe à
l ’affirmative et regretto qu’une loi ne prohibe pas l'intervention
des tiers dans une grève, intervention toujours nuisible aux ou
vriers.
Séance du 17 Ja n vier 1902.
La séance est ouverte à 8 h. 1[2 sous la présidence de Me Lam-
—
21
-
bot, président. Me Bonifassi remplace le sécrétaire. Me Pécout qui
est à la barre. M. le professeur TchernofT assiste à la séance.
La question est celle-ci : a Le droit de vote doit-il être accordé
aux femmes ? »
Me Paul Jourdan soutient l’affirmative. Dans une plaidoirie très
documentée, il montre que la femme remplit le môme rôle que
l’homme, dès lors pourquoi n’aurait-elle pas la même capacité ?
En Angleterre, en Amérique, les femmes votent et ce mode d’élec
tion n'a servi qu’à élever le niveau des opérations électorales : déjà
en France, la loi du 23 janvier 1898 a accordé aux femmes l’élec
torat pour les tribunaux consulaires. Bientôt dans tout le monde
les droits politiques do la femme seront reconnus, et la vie politi
que n’en sera pas mieux organisée.
Me Pécout, dans une forme éloquente, poétique même nous
parle de l’utopie que les partisans du féminisme veulent réaliser.
Concéder à la femme toute participation au droit du vote, serait
détruire la famille base de l’Etat. Par la nature même de son es
prit, la femme est inapte à toute fonction politique. L’expérience
séculaire confirme de manière éclatante cette vérité. De plus la
femme no se soucie nullement du droit qu’on veut de force lui
accorder. Après une réplique serrée de Me Jourdan, et les atten
dus de Mes Alfred Jourdan, Euzet, Andrieu, Sivan, Bichard Ni
colas, la conférence par 18 voix contre 7 et 1 abstention se rallie à
la négative.
M. le professeur TéhernofT félicite les deux orateurs. Il se rallie
à l’affirmative ; le droit électoral n’est que l’aspiration de tout
être vers la liberté ; la femme y a autant d’intérêt que l’homme.
Il fait l’historique du mouvement féministe, qui montre bien que
dans peu de temps, la femme sera électeur et éligible, Une force
aussi considérable de l’Etat ne doit pas être négligée.
H. P.
SYMPATHIQUES AFFINITÉS
SONNET
Le Cœur semblable à l’étoile d’argent
Qui palpite, inconnue parmi l’espace, intime
Tremblotante lueur, timide battement,
Sur un visage aimé, modelant son doux rythme
�—
22
— 23
—
Le cœur est semblable à la vague lascive
Se livrant aux baisers de l’embrun attiédi.
Nature passionnée, voix rageuse ou plaintive,
Comme elle, le cœur souffre, aime, pleure ou maudit.
Ton âme frôle, c’est à peine
Un peu d'amour, un peu de rêve.
C’est la fraîcheur un peu lointaine
D’une aube blanche qui se lève...
Le cœur c'est une Heur que le papillon frôle,
Vibrant à toute brise et fané par tout heurt.
Papillon délicat, insecte en course folle.
Paul G émy.
Le désir pose en lui le sourire ou les pleurs.
Ne le maudissons pas, même quand il aflole,
Tremblant, tendre ou fougueux, toujours noble est le cœur.
FACULTÉ
DE
DROIT
Z éro .
MATIÈRES PROFESSÉES AUX COURS
P R E S Q U E R I EN . r .
N o v e m b re -D é c e m b re -Ja n v ie r
3.. .A
N
N
ÉE
Ton sourire, c'est un vol d'anges
Epars en frissons d’ailes blanches,
Ta voix, ce sont les chœurs étranges
D’oiseaux légers parmi les branches.
Ta présence, c’est un prodige
De douceur et de grâce exquises,
Et c'est le parfum qui voltige
Dans l’âme chanteuse des brises...
D roit Commercial. — Introduction.
Première partie: Notions fondamentales du droit commercial.—
Chapitre I. Des commerçants. — Chapitre 2. Des actes de com
merce.
Deuxième parlie : Théories particulières du droit commercial.—
Chapitre !. Des livres de commerce. — Chapitre 2. Publicité des
conventions matrimoniales des commerçants. — Chapitre 3. De
la faillite.
�— 25 —
D roit C ivil. — Première partie : Des successions.
Titre 1: Droits héréditaires. — Chapitre 1. Notions prélimi
naires. — Chapitre 2. Capacité requise pour succéder. — Chapitre
3. Ouverture de la succession. — Chapitre 4. Dévolution de la
succession. — Chapitre 5. Successions vacantes. — Chapitre 6.
Acceptation et répudiation des successions et bénéfices d’inven
taire. — Chapitre 7. Sanction du droit do l'héritier.
Titre 2 : Des partages. — Chapitre 1. De l'action en partage. —
Chapitre 2. Incidents au partage. — Chapitre 3. Garanties accor
dées aux créanciers de la succession. — Chapitre 4. Garanties ac
cordées aux créanciers de l’héritier. — Chapitre 5. Effets du p a r
tage. — Chapitre 6. Nullités et rescision du partage.
Procedure Civile. — Introduction.
Première partie : Actions et défenses. — Chapitre I . Notion de
l’action. — Chapitre 2. Conditions d’exercice d’une action. — Cha
pitre 3. Les défenses.
Deuxième partie : Organisation judiciaire et compétente. —
Chapitre 1. Ces principes généraux.— Chapitre 2. Organisation
judiciaire. — Chapitre 3. Compétence des tribunaux.
International Privé. — Introduction.
Première Partie : Théories générales du droit international
privé. — Chapitre 1. Condition des étrangers. — Chapitre 2. La
nationalité.
2mc ANNEE
D roit A d m in istra tif. — M. Moreau. La place du droit admi
nistratif dans l’ensemble des disciplines juridiques ; son histoire,
sources ollicielles (lois et règlements) ; sources coutumières ; mo
numents de D. Adam.
1° La Personne A d m in istra tive : Notions générales de la
Personne Administrative. — Services publics gérés par la Personne
Administrative.. — Théorie générale des droits, et des obligations
de la Personne Administrative. — Agents, actes de ces agents, ac
tions judiciaires par lesquels la Personne Administrative soutient
ses droits et obligations. L’Etat, le Parlement, le Président de la Ré publique, les Ministres, leConseil d'Etat.— Administration locale et
division territoriale: le département (le Préfet et le Secrétaire géné
ral, le Conseil général avec la Commission départementale.) L’ar
rondissement (le Sous-Préfet et le Conseil d’arrondissement.) La
commune (le Conseil municipal, son organisation, son fonctionne
ment, ses attributions.)
Les Etablissements publics (comment ils prennent naissance,
leur extinction.) — Les Etablissements d’utilité publique.
2° Domaine public (historique) : biens qui composent le do
maine public de l’Etat (maritime, fluvial, terrestre.) — Délimi
tation de ces biens. — Autorités compétentes en cette matière. —
— Conservation et protection des domaines publics, bègles re
latives à la perception des produits dont le domaine public est sus
ceptible ; règles d’inaliénabilité et d’imprescriptiblité.
D roit Penal. — M. Bonnecarrère. Le droit criminel; son in
térêt; son histoire. Division au Droit Pénal proprement dit et pro
cédure criminelle.
A. Etude du Droit Pénal proprement dit : du fondement du droit
de punir. (Droit pénal dans notre ancien droit.) (Droit Pénal à
notre époque : 4 différentes théories : utilitaire,, de l’expiation
ou justice absolue, mixte.) — L’Ecole Evolutionniste.
Etude de la Loi pénale au point de vue juridique (composition
de l’œuvre législative pénale, — De l’autorité de la loi pénale
quant au temps (nulla pœna sine lege. Non rétroactivité de la loi
pénale.) Lois spéciales et antérieures, postérieures au Code Pénal.
Lois relatives à la Prescription (Prescription de l’action publique.
Prescription de la peine.) Autorité de la loi pénale quant à l’espace et
au principe de la territorialité de la loi pénale(Système de la person
nalité de la loi pénale ; système purement territorial ; système de la
répression internationale ; système mixte.— Notre système a pour
principe que la loi pénale est territoriale. — Exceptions à ce prin
cipe.) Théorie générale de l’extradition. — Elude du délit (classi
fication des délits. — Des infractions et l’intention dans l’infraction.
Crimes, délits, contraventions ; délits politiques. Elément matériel
du délit ; résolution criminelle , préparation du crime ; acte d'exé
cution ; la tentative de contravention n’est jamais punie ; celle
de crime, en principe, impunie;) Théories de la responsabilité,
du libre arbitre, déterminisme", influence de l’âge sur la crimina
lité (théorie de l’enfance criminelle.) Immunité de juridiction ;
discernement ou non, loi du 13 juin 1850 ; loi d’avril 1898.) Alié
nation mentale (névropathes ; somnambules, alcooliques ; in
fluence de la contrainte.) La légitime défense.
Les Peines. — Classification des Peines.
D roit C ivil. — M. J ourdan. Théorie des droits personnels ou
de créance : Théorie des obligations, (causes, sources, elféts, con
séquences, restriction des obligations.) Garanties données aux
créanciers ; transmissibilité des obligations. La convention du
contrat (conditions d'oxistence et de validité des contrats. — La
sanction. — Situation des créanciers ; gestion d'affaires; paiement
de l’Indû.) Effet des obligations civiles : inexécution ; DommagesIntérêts (règlement conventionnel des Dommages-intérêts.)
L'Action P auliennc. — Modalités (condition et terme.)
D roit Rom ain. — M. V ermond. Théorie des obligations:
droits de créance, obligations (sources), contrats : Conditions essen
tielles pour la validité des contrats ; les incapacités ; sanctions
établies par le senatus consulte Velleien ; l’Intercessio ; théorie
des vices du consentement : Erreur dans les contrats : théorie de
la nullité relativè ; la stipulation. — Conditions de formalisme ;
Modalités tenant à la nature des obligations (terme, condition.)
Les pacta adjuncta, ex intervallo, de eonstitut.) — Extinction des
obligations (volontaires, involontaires). Novation (règles ; modes
d’instinclion.) La Prescription ; la confusion ; la compensation ; la
corréalitô ; l’obligatio in solidunv ; le bénéfice de cession d’action ;
les lidéjusseurs; les mandataires.
�—
26
—
i n ANNÉE
D roit C onstitutionnel. — M. Barthélémy. Objet. — L’Etat.
— Souveraineté nationale. — Séparation îles pouvoirs. — Consti
tutions : de 1791, de 1793. — De l’an III, de l’an VII et du Pre
mier Empire. — Charte de 1814 et acte additionnel. — Charte de
1880.—Constitution de 1848, de 1858 et du Second Empire. Evéne
ments de 1870 à 1875. — Constitution de 1875 : Son caractère et
son esprit général. — Principes consacrés par la constituion. —
Pouvoir législatif : le referendum, unité ou dualité des Cham
bres. Nature de la mission des membres de l’Assemblée légis
lative : le mandat impérial.
D roit R om ain. — M. Bry. Idée générale du droit chez les
Romains. — Sources du droit. — Des Personnes: droit ou état de
liberté, — droit ou état de cité, — droit ou état de famille : Per
sonnes alieni juris, sui juris. — Perte ou transformation de l’état
juridique des Personnes.
Deuxième Partie: Les droits en général : droits réels, de créan
ces. — Théorie des actions : organisation juridique. — Procédure :
système des actions de la loi, procédure formulaire.
D roit C ivil. — M. L acoste. Sources du droit civil. — Publi
cation et application des lois. — Personnes physiques. — Famille.
— Parenté. — Alliance. — Du domicile. — De l’absence. — Per
sonnes morales: leur création, leur disparition, leur capacité, leur
domiciie. — Notions sur les choses : droit réel, droit personnel.
Distinction des biens : des immeubles, des meubles. Biens dans
les rapports avec ceux qui les possèdent. — Des rentes. — Du
patrimoine. — Notions sur les actes juridiques. — Des actes de
l’état civil.
Economie P olitique. — M. Brocard. Objet. — But. — Diver
ses écoles et leurs tendances. — Rapports de l’Economie Politique
avec les autres sciences. — De la méthode en Economie Politique :
induction et déduction. — La Production : éléments de la pro
duction (besoin) moyen de satisfaire nos besoins. — Action de
l’homme sur la nature : le travail, le capital. — Mise en œuvre
des éléments de la Production : Evolution de la Propriété.
L’ASSOCIATION
P u n ch offert par l ’A sso cia tio n à se s m em b res fo n
d a te u r s e t h o n o ra ires, à MM. le s p r o fe sse u r s e t
à la V ille, le 2 0 ja n v ie r 1 9 0 2 .
Cette fête annuelle a eu lieu dans les nouveaux lo
caux de TAssociation décorés de plantes vertes et bril
lamment illuminés pour cette circonstance.
Comme toutes les années le Comité de l'Association
avait fait tous ses efforts pour donner le plus d’éclat
possible à cette solennité.
A 8 heures 1/2 les nombreuses salles sont envahies
par les membres de l’Association, tandis que le Comité
reçoit les invités.
A 9 heures M* Bonierbale, avocat à la Cour d’Appel,
Président, annonce l'ouverture de la séance.
A la table d’honneur, au-dessus de laquelle Hotte le
drapeau de l’Association, prennent place avec les mem
bres du Comité : M. Guibal; doyen honoraire de la
Faculté des Lettres. — M. Giraud, juge-suppléant au
tribunal de Tours, ancien Président de l’Association
Générale des Etudiants de Rennes. — MM. Reybaud,
Bouquier et Sauvet, Présidents honoraires de l’Asso
ciation. — M. Martin, ancien juge au tribunal de com
merce. — M° Trinquier, avocat, à la Cour d’Appel,
Président des Fêtes du Carnaval XIY. — M. Dragon,
libraire. — Plusieurs représentants des Cercles et de
la Presse.
Le Président donne lecture des cartes et lettres d'ex
cuses qu’il a reçues.
�—
28
«£9
—
Vous citerons en passant celle de M. le Premier
Président Giraud, qui regrettant de ne pouvoir assis
ter en personne à cette réunion, s’est fait remplacer
par son fils.
M. le Baron Guillibert ne pouvant par raison de santé
accepter l'invitation qui lui avait été faite, a adressé
ses plus aimables remerciments à l’aide d’une spiri
tuelle ballade que « La Provence Universitaire » se
fait un plaisir de reproduire :
A mes chers camarades, Messieurs le Président,
dignitaires et membres de l’Assocation Générale des
Etudiants de l’Université d’Aix :
Avec vous festoyer, chanter
Me rappellerait ma jeunesse,
Rien ne saurait tant m’enchanter
Qu’avec vous festoyer chanter.
Mais les docteurs font déchanter,
Je dois vous fausser politesse ;
Avec vous festoyer, chanter
Me rappelant trop ma jeunesse.
Veuillez m’excuser, mes amis :
J’aimerais bien faire le Jeune
Sortir tard ne m’est pas permis,
Veuillez m’exuser, mes amis :
En outre au régime ils m’ont mis !
Ah ! Soupez-en !... Moi j’en déjeune
Veuillez m’excuser, mes amis
J’aimerais tant demeurer jeune !!
GmLLinERT, Etudiant de 45ine année.
bert, dont le dévoùment pour notre Association est bien
connu de tous.
M. Bonieibale, Président, prononce ensuite le dis
cours d’usage? il regrette vivement le nombre trop
considérable, hélas! des lettres d’excuses et s’adres
sant aux membres honoraires présents, il les remercie
de leur appui précieux et incessant.
Après lui, M. le Doyen Guibal, en termes émus, re
mercie le Comité et les membres de l’Association de
l'attention persévérante qu’ils ne cessent d’avoir à son
égard.
Des applaudissements enthousiastes accueillent les
paroles de l’éminent professeur qui a toujours favorisé
la jeunesse des Ecoles de son puissant appui.
Un triple ban, mêlé des cris plusieurs fois répétés de:
« Vive M. le Doyen Guibal! « a été battu en son hon
neur.
Prennent ensuite tour à tour la parole : MM. Giraud,
Trinquier, Reybaud, Bouquier, Sauvet, Rimbaud, se
crétaire de l’Association depuis quatre aimées, Lambot, président de la Conférence Portalis.
Un concert des plus variés est venu clôre cette
charmante soirée, M. Gébelin, le distingué harpiste a
bien voulu y apporter son plus gracieux concours et
a su captiver l’attention de tout l’auditoire par les meil
leurs morceaux de son répertoire.
Enfin on entonne les refrains les plus joyeux, tandis
que le punch flambe sur toutes les tables.
La séance est levée à minuit.
Le Secrétaire de l'Association :
O ct .vve RIMBAUD.
Aix-en-Provonce, le 20 janvier 4902-
Cette poésie lue par le Président a suscité des bra
vos enthousiastes à l’adresse de M. le Baron Guilli-
�— 30*—
— 31 —
Comité pour l ' année 4902
Membres sous les D rapeaux :
élu p a r l’Assemblée Générale du 7 Ja n vier.
Président : Pierre BONIERBALE, avocat à la Cour d’appel.
Vice-Président : Vincent CONSTANT, avocat à la Cour d'appel.
Trésorier : Charles NAVONT.
Secrétaire Octave RIMBAUD.
Bibliothécaire : Joseph CAHLO.
Porte-Drapeau : Joseph BOCA.
Commissaire de surveillance : Edouard MUTEBSE, avocat à la
Cour d’appel.
BOUCHARLA.
De SABLÉ.
FAUQUE Charles.
LORIN De REURE.
SAJOUS.
VIGNE.
Liste arrêtée le 5 Février 1902.
Le Secrétaire,
Octave RIMBAUD.
Membres A ctifs :
ABEASIS.
D'ARNAUD.
ANDRI EU Fortuné.
AURENCHE LOUIS.
BERMOND.
BERNARD Pierre.
BERRUTY.
BONIERBALE Pierre.
BONIFASSI.
BERTRAND.
BOUTEILLE Amédée.
BOYADJIEFF Stephan.
CAILLAT Paul.
CAIRE.
CARAVOKYROS.
CONSTANT Vincent
COTTRELLE.
CRE .MIEU Louis.
CRËM1EU Raoul.
CALON.
CHAMPROUX Paul.
COMBAL.
CARLO.
CASTEL.
DOREAU Jean
De LACOUTURE.
DOR Léo.
De SABOULIN.
daumas .
DU CHAFFAUD.
EUZET
FRAIZIER Frédéric.
FAUQUE Paul.
GONTIER Paul.
GUIEN Jules.
GARNIER.
GAUTTIER.
GAUTIER-DESCOTTES.
IIALLOT Frédéric.
JEANNIN Auguste.
JULLIEN.
JOURDAN Alfred.
JOURDAN Paul.
JOURDAN Robert.
JULIEN.
KISSOWSKI Nicolas.
LAMBOT.
LIOTARD.
LAVILLE Edouard.
MARINI
MARTINOFF.
MONCORGER.
MILLE Jean-Baptiste.
MILLE Jérôme.
MOURET.
MOURGUÈS.
MUTERSE Edouard
NAVONT.
NICOLAY
NOIREL.
POGGI.
PÉCOUT Henri.
PALENC.
POPOFF.
•
PLANCHE.
RICHARD Nicolas.
ROCA.
ROUSSELOT.
REJFFERS.
RIMBAUD Octavo
ROCHE.
ROUBION.
REYNARD.
SAUDINO Auguste.
SAUDINO Louis.
SI VAN Louis.
SÉJALON.
SAUVET Prosper
SEYTRE
VALL1ER.
WODENTCHAROFF.
YUROSKOFF.
RENOUVEAU
Le feuillage tremble au léger zéphyr
Kl le soleil d'or inonde la plaine.
Le printemps nouveau de sa tiède haleine
Caresse les prés quil fait refleurir.
Comme un papillon qui sort de sa gaine —
— Le présent se meurt : Vive l Avenir !
Mon cœur tout joyeux commence à frémir
Comme un prisonnier qui brise sa chaîne.
Et de ma fenêtre au vaste horizon
T aime à réver seul aux heures tardives,
Où je vois passer sur un fond d’or blond
— Telles vieux vitraux sertis en ogives —
. Des couples rieurs qui s'en vont chantant
Dans le reflet bleu d’un ciel de printemps.
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Le Comité de la Provence Universitaire a l’honneur
de porter à la connaissance de MM. les Abonnés qu'il
apportera tous ses soins à faire paraître la Revue aussi
régulièrement que possible.
11 rappelle que les articles doivent parvenir à la ré
daction au plus tard le 5 de chaque mois pour paraître
dans le numéro du 15.
MM. les Abonnés qui n’auraient pas encore versé le
montant de leur abonnement pour l’année 1901-1902,
sont instamment priés de le faire parvenir.
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration
de la Provence Universitaire, doit être adressé au
Comité du Bulletin, à l’Association des Etudiants.
Le secrétaire de l'Association,
Octave RIMBAUD.
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M. Y.
Etudiant .
M. Z.
DÉDICACE ?
Mon cœur est épinglé comme un papillon rouge
De sang à ton corsage. . . Il meurt de sa blessure
Et voudrait s’envoler, mais le pauvret se bouge
En vain, car ton amour est une épingle sûre.
Or, si ton œil un peu s’abaisse et le regarde,
Si ta bouche sourit du désir qui secoue
Son corselet, si tu ne fais pas trop la moue,
11 baise de plaisir l’or lin qui le poignarde !
— Oh ! non, n’épingle pas ton cœur, répondit-elle,
A mon corsage. Non, ce n'est pas que je craigne. . .
(Oh ! je sais ta délicatesse ! )... mais il saigne
Et cela tacherait peut-être la dentelle.
LA SCÈNE SE PASSE A AIX
-WVW
Je ne t'offrirai pas ces pages, ma jolie,
Je il’épinglerai pas ces vers, devenu sage.
A tes dentelles... Non ! leur absurde folie
Risquerait de tacher le blanc de ton corsage ! !
�— 37 —
ACTE UNIQUE
. . . Puis ce fut le crédit, le garni, la purée,
L’angoisse de sentir les mains de l’adorée
Se bleuir sous le froid. . . le mont-de-piété ;
Puis la rue et plus rien. . . Vanité. . . Vanité !
(Il se relève et regarde le ciel K
Les Etoiles ! . . . que d’or et plus rien dans ma bourse :
Cassiopé, Venus, Lucifer, la Grande-Ourse ! ! . . .
. . . Le cours Mirabeau . . . Il est nuit. Un
banc sur lequel au lever du rideau Pierrot est assis. De distances
en distances des clartés de réverbéré ponctuent les té n èb re s...
Quelques fenêtres de maisons sont éclairées. . .
Le silence plane.
SCÈNE I
Pierrot, seul.
PI ERROT
Vraiment la poésie est un sale métier !
Sovez plutôt maçon ou même savetier,
Faites-vous croque-mort... Non? C’est un peu sinistre !
Sovez plutôt voleur, soyez plutôt ministre,
(Çà se ressemble un peu), vous aurez tant et plus
Spooms au vin de Samos et cailles Lucullus,
. . . Moi, j étais un poète, un amant de la lune,
Au hasard je rêvais à la blonde, à la brune,
Ces longs rêves d’amour qui n'ont, guère de sens
Et qui cependant font frémir l’âme et les sens.
— Ah ! quand l’heure se fait mélancolique et douce,
Avec ma Colombine à pas lents sur la mousse
On allait doucement, doucement dans le soir. . .
Toutes les fleurs avaient des odeurs d’encensoir
Qui nous grisaient tous deux — (ivresse exquise !)
Colombine prenait des poses de marquise
Pour me dire des « taisez-vous ». pas bien méchants 1
(Tétait doux ! . . . Au lointain on entendait des chants
De tourterelles qui s’appelaient. . . D’allégresse
Nous courions, nous pressant, hélas ! vers la détresse...
L'angelus s’envolait,invisible et léger. . .
. . . Le lendemain nous n’avions pas de quoi m anger...
Tiens, la lune ! Bonsoir, bonsoir, blonde Phébé,
Duchesse à la pâleur de princesse lointaine !
(Dire que je suis vide, hélas ! et qu’elle est pleine !)
Si ce fromage là sur moi pouvait tomber! . . .
Lune qui mollement sur le clocher se penche.
Mystérieux et. lointain fromage qui reluit
Tenu dans le bec noir du corbeau de la nuit,
Si je pouvais en toi me tailler une tranche.
Et, comme le renard de la fable le fit
Par des discours flatteurs te faire tomber. . . ii
Bien ne tombe, — (mon estomac, ça me démange...)
. . . Lune, puisque je suis ton amant adoré,
Donne-moi la moitié de ton croissant doré.
Donne-m’en la moitié, lune, que je le mange !
(Il écoute}.
Tu ne me réponds pas, ce n’est pas bien ! Adieu !
(La tète entre ses mains}.
A quoi vais-je penser maintenant ? Ah mon Dieu !
SCÈNE 11
PI ERROT, COLOMBINE
(Elle arrive lentement l'air navré. Elle s'arrête, considère un
montent Pierrot, plongé dans son désespoir, cl -prononce len
tement : Pauvre, pauvre Pierrot ... Elle va vers lui, frappe
légèrement sur son épaule, Pierrot se réveille.}
PI ERROT
Ali! toi enfin, Colombine! vrai, je désespérais.
�— 38 —
COLOMBINE
COLOMBINE
Excuse-moi de mon retard, j'ai couru loin, chez
toutes nos connaissances.
Chez tous. D’abord chez le boulanger ! plus de
crédit.
PIERROT
PI ERROT
Le voleur ! et puis ?
Et qu'apportes-tu ?
COLOMBINE
COLOMBINE
Rien !
Chez le boucher, la même chose.
PI ERROT
PIERROT
Rien ! rien, toujours rien. Voilà deux jours que cela
continue.
L’assassin !
COLOMBINE
Aux petits des oiseaux Dieu donne la pâture
Laissant crever de faim deux pauvres créatures !
Je suis allé aussi chez Jeanne la fleuriste, tu sais,
notre ancienne amie... d’avant... Rien à faire...
COLOMBINE
PI ERROT
Ce sera pour demain !
PI ERROT
Ou pour la semaine prochaine... ou pour jamais...
Qu’allons-nous faire, Colombine d'amour? Je crois
u'il ne nous reste plus qu’à nous désespérer et à mauire le ciel.
S
COLOMBINE
Douce consolation !
PI ERROT
Je vendrais bien mon âme au diable, mais je crois
qu’il n’en voudrait pas... Où donc es-tu allée ?
La gueuse ! Son cœur est aussi fané que les fleurs
qu elle vend ! — Rien ! nous n’avons rien ! Ni papier à
lettres, ni crayons à vendre... je n'ai que mon temps à
offrir aux passants, et ils n’en veulent pas! — Ah !
qu’il fait froid, mon Dieu. Je n'ai rien à brûler... met
tons nos mains dans nos poches et battons la semelle...
du papier (tirant de ses poches du papier froissé) de
mes vers... de mes pauvres vers.
Vous brûlerais-je, vous, vous qui brûlez mon cœur,
en laissant mon corps froid... vers d’amour, vers d'es
poir, vers à la rime riche, vers de moi qui suis pauvre ?
Oui, brûlons tout...
COL OMBI NE
C’est le seul combustible ?
�— 40 —
pierrot
(à Colombine)
Si je brûle mes vers, c’est pour chauffer ma muse;
viens près de moi.... (Il lui prend la taille).
Nous allons faire un feu de joie, un feu de gloire,
Il ne nous manquera que du champagne à boire
Et nous nous griserons de beau, de clair, de pur,
Comme un oiseau blessé va boire de l'azur...
(// craque une allum ette qu'il a trouvé au fond de ses poches et
lit les vers à mesure qu'il les brûle)
— 41
Mon àme est un lointain désert, un Sahara.
(Parodiant)
Mon ventre est un lointain désert, un Sahara.
COLOMBINE
Ne parle pas de Sahara, cela me donne froid davan
tage.
PI ERROT
Flocon, à quoi ressembles-tu ?
Je ressemble à ce brin de laine
Que le zéphir de son haleine,
Fait voleter comme un fétu.
A ces gnomes qui dans la plaine
Dansent, le soir, quand tout s'est tu,
Sur le vieux rythme qu'un phalène,
De son aile fauve a battu.
Au pétale, à la feuille morte,
A tout ce que le vent emporte,
Puis à terre revient poser
A ton cœur qui là-haut s'élève,
Emporté sur l’aile d'un rêve...
.. . Puis s’écroule à terre, brisé !
(A parti
Au feu le Sahara.
(Lisant)
Sur le canapé veule et mou de l'inertie.
Je veux rester couché. Songes,et rêves lourds
Vont m’emporter au loin dans la molle apathie
De leur chaise à porteurs à rideaux de velours,
la suite plus tard... Au teu la chaise à porteurs! ...
R eg a rd a n t les papiers noircis qui se recroquevillent dans les
liant mes) Dire que c’est un peu de moi-même qui brûle !
(Lisant)
Mon cœur entre tes mains est un tambour de basque.
Or, je ne sais comment le fait est arrivé, .
Avant hier au soir, sous ton ongle fantasque
En faisant un grand crac, le tambour s'est crevé.
Au feu le tambour de basque !
(A Colombine)
Si seulement un rêve d orgie pouvait m’emporter
dans le paradis de Brillât Savarin... Au feu le ilocon!
Ecoute, Colombe, comme nous crevons de faim et
qu’il fait froid, je vais t’olfrir un mets substanciel et
réchau liant..,
COLOMBINE
COLOMBINE
Ça brùlera-t-il Mieux vaudrait, mon ami, du bois
que ton ilocon, du pain que tes rimes.
PIERROT
Quoi donc ?
PI ERROT
Un madrigal.
sortant toujours du papier de scs poches
\ oici du symbolique.
(Lisan11
COLOMBI NE
Ça se mange ?
�— 43 —
— 42 —
COLO MRI NE
1*1KRllOT
/ 7Vés tendre à Colornbine ilonl il prend la m aint
Ecoute !
Ah ! Si l'on m’appelait Lamartine on Musset,
Si j ’étais le poète aux rimes eharmeresses,
Je vous dirais en vers, doux comme les carçsses
De cette main, si sur mon front elle glissait
Que je nourris pour vous un amour insensé.
COLOMBINE
Tu ferais mieux de nous nourrir, pauvre poète !
PI ERROT
C'est vrai, mais dans ce sens-là, point n’est besoin de
pain.. .
i Les dentiers papiers sont consumes1.
Tout est éteint . Fini le combustible. On dit que qui
dort dîne. Viens, dormons sur ce banc . .
COLOMBINE
Tu n as plus de tes œuvres ? Que n'as-tu composé
une encyclopédie, ç’aurait été plus long' à brûler. . .
1*1 EllllOT
Dormons. . .
COLOM BINE
Nous avons trop faim et trop froid. . . on se réveille
rait morts. Et. si nous donnions du gosier sous les fenê
tres, quelques-unes encore sont éclairées là-haut.
PIERHOT
Il est minuit sonné, on risquerait de nous menu* au
poste comme de simples étudiants.
Bien quoi ! on brillerait, on dormirait chauffé aux
frais de la princesse, comme un véritable sous-préfet...
PI ERROT (à pari J
Toute femme porte en elle une « petite fonctionnaire »
qui sommeille, /<< Colombinc’ Ne chante pas faux, on
i enverrait des pièces fausses.
COLOM BINE
Nous rclilerions les pièces du Pape a Mgr l'Arche
vêque. Ah ! je vais leur goualcr quelque chose.
Ella chante.
S u r l’air (le : Type de Femmes.
11 est bien certain que nous somrn’s tous frères
Venant d' la cotelett' du vieux père Adam.
A Aix, y a des typ’s de plusieurs manières :
Je m’en vais vous les décrir’ à l’instant.
D’abord bondissons rue du Quat'-Scptcmbre
Entrons chez cett’ chèr’ Madame de Rosambrc...
Fn salon très beau.
I n bust’ d 'Mirabeau,
Des portraits d’ancôtres.
D' madam’ c'est Y jour.
On vous dit : « bonjour. . .
— Il pleuvra peut-être !
— Il fera beau temps
— Ma chère ! ah ! vraiment
F’ plus beau temps du monde! »
On pass' des gâteaux
On parle chapeaux
C’est la femm’ du monde !
Quand la vill’ d’Aix s’illumine
Qu’ l’électricité resplendit
Fn’ petit' femm’ d 'bonne mine
Va balladant à pas petits
Elle se liche' du quart et du tiers
Et va remontant la rue Thiers !
�— 44 —
,
— 45 —
D’ jolis cheveux,
Avec de grands yeux,
La cheville fine,
EU’ va riant,
Remont’, redescend.
Trottine, trottine,
Elle a un surnom :
Poule ou Carafon,
Piboule ou Miette,
Zaza, Fénestron,
Clara, Demi-siphon.
Ça, c’est la grisette !
Devant 1' bust’ de Peiresc,
Emportant sous son bras droit
Un' serviet' pleine presqu’
D' livres et documents de droit,
On dirait qu’il a l’air de porter
Un pot' à colle’à son côté.
Un brin rigoleur,
Légèrement aimeur,
Un très gros fumeur,
Disant : « et ta sœur ! »
Aux bourgeois rasants :
C’est l’étudiant !
PI ERROT
Ma pauvre Colombine, ce que tu chantes la est trop
fort et trop vieux. Moi, je vais leur offrir du nouveau
et du simple. J ’ai jadis chanté dans l’Opéra.
(Et il entonne le vieil o ie 1.
#
Dir' que c’ monsieur
Eut vingt ans, mon vieux,
Ça, semb’ pas possible !
Maintenant il dit
Qu’un jeun' homm’ maudit
Lui rest’ insensible
Et n' vient pas au cours
Et joue d’ vilains tours
Aux agents du droit.
Que personne n’ bouge,
11 met sa robe rouge :
L’ Professeur de droit
Mais 1’ typ’ le plus extraordinaire
Sans contredit d’ la vill’ d’Aix,
C’est l'étudiant, c’est notre vieux frère,
Qu’il vienne d’Alger, qu'il vienne d’Allais.
D’ la Normandie, ou bien d’ Pontoise,
11 ne faut pas lui chercher noise,
Une bouche en cœur,
Un petit peu noceur,
Mais homme d’honneur,
Un petit peu farceur,
Un petit peu hâbleur.
Un rien joueur,
La plus belle, je vous jure,
C’est la femme sans cheveux
Qui change de chevelure
Au gré de ses amoureux ! (bis).
Et puis, la plus belle, ce n’est pas calle-là encore ;
c’est celle qui m’enverra cinq centimes, un sou.
COLOMBINE
Tais4oi... un agent... nous allons être bloqués pour
tapage nocturne.
PIERROT
Avec et sans jeu de mot ! Pas une fenêtre ne s’ou
vre. Essayons encore. Chante Colombine. Une voix
de femme, ça fait mieux dans la nuit. . .
COLOMBINE
Va, ils n’enverront rien. Nous pouvons bien chan
ter ! . . . Ils pioncent là-haut.
Cherche bien, n’as-tu plus rien?
PI ERROT (fouillant dons se* iioches1.
Rien ! Pas même une corde . . . Ah ! si j ’avais seule
ment une corde !
�46 —
COLOMBINE (intriguée).
COLOMBINE
Pour quoi faire, une corde ?
Mais toi. Pierrot ?
PI ERROT (naturellem ent '■
PIERROT
Tiens, pardi, pour me pendre.
COLO.M BINE
Pour te pendre, Pierrot. Ah ! ne fais pas cela !
PI ERROT
Moi, la faim et le froid me laisseront tranquille.
C’est la l'essentiel...
’
COLOMBINE
Oh ! non ! je t’en supplie, ne parle pas ainsi. Chasse
de ton esprit ces lugubres pensées... — Tes paroles
funèbres me martellent le cœur...
Je simplifie les choses, car c’est beaucoup moins
long que de crever de faim. . .
COLOMBINE
PI ERROT
Je suis poussé à bout... (long silenceJ
Imenaçant du poing les fenêtres éclairées.!
je deviens fou...
Alors je veux me pendre moi aussi avec toi.
PI ERROT (lui prenant les moins).
Non, non, ma Colombine, ne pen»c pas à ça ! On est
trop laid quand on est mort, ensuite une horrible gri
mace chavire la figure, les yeux desorbités, votre lan
gue est pendante, on est noir, on est laid, et. toi bien
trop jolie pour cette mort affreuse, tandis que moi...
COLOMBINE
Pierrot, pense à moi !.. Que deviendrais-je sans sou
tien. sans appui et sans un cœur qui m’aime ?
PI ERROT
Ecoute, mon cher cœur, écoute ton ami. Quand je
serai pendu et bien mort et bien froid, quand rigide et
muet, j ’aurai rendu mon âme, tu prendras un morceau
de la corde homicide. Cela, douce Colombe, te portera
bonheur, et désormais ta vie coulera dans la joie, le
luxe et la richesse...
Affreux bourgeois, toi qui, dos au feu, ventre à table,
Après un perdreau froid, délicatement sable
Une bouteille de champagne, en chantonnant,
Toi qui me traiterais de voleur, de manant,
Qui nourris mieux que moi, Pierrot,tes chiens de lusque.
J'en ai soupé de ta richesse, et ça m’offusque
D’être toujours en bas et toi toujours en haut ! . . .
(Rageusement, il se promène le long du m ur ; il eoil une affiche,
s'arrête pour la lire.)
Tiens ! une afiiehe. A Aix, un concert. Oh ! oh ! oh ! !
COLOMBINE
Pas possible !
PIERROT
Mais si, regarde, ma petite.. .
COLOMBINE
Un théâtre, mon cher, il va faire faillite ! . . .
�PIERROT (devant l'affiche).
Concert d'étudiants ! Ah ! ceux-là sont heureux !
Oui, pendant que je gèle ici, le ventre creux,
Ils font les jolis cœurs, par là-haut, sur les planches.
Leur jeunesse se passe à s'en payer des tranches...
... Leurs études légères ne les fatiguent pas.
COLOMBINE
Avant-hier, l’un d’eux m'a suivie dans la rue;avait-il
l’air poseur avec son berêt noir !
PI ERROT
Ah ! c’est beau leur jeunesse. Ils se lèvent à midi et
chahutent, la nuit, et quand, — chose rare — ils sont
rentrés chez eux avant six heures du matin, ils disent :
« Je me suis couché de bonne heure ! » Ils mangent la
galette à leur papa.
Seigneur, que nous crevons de faim, et que j’en ai
assez. . . Plus fragile et plus faible, ms pauvre Colombine va mourir sûrement. . . Mon Dieu, vous êtes bon,
ma mère me l’a dit, quand j ’étais tout petit. Je vous ai
bien souvent oublié, Seigneur-Dieu, excusez-moi : je
n’ai pas la mémoire très-bonne, mais, cette nuit, il me
souvient de vous, et à vos pieds, tremblant, j ’adresse
ma prière — la dernière peut-être. Qu’elle monte lahaut où vous êtes, Seigneur, dans l’air bleu, constellé
et cruellement froid... Ayez le cœur touché, mon Dieu,
do ma détresse que vous avez dû voir, puisque vous
voyez tout !
Nous savez quel courage il m’a fallu, Seigneur, pour
ne point sauter à la gorge de tous ceux qui passaient
dans la rue et dont je Haïrais l’argent à travers les po
ches...
Du pain, mon Dieu, du pain (hurlant) oh ! par pitié,
du pain...
(Très doiuc).
Mais rien ne me répond. Le bon Dieu est muet, à
moins qu’il ne soit sourd, il est si vieux... il est peutêtre mort !
COLOM BINE
COLOMBINE
S’ils nous en donnaient un peu. . .
PI ERROT
Voyons, ne dis pas de bêtises ! . . . et dans quelques
années, ces étudiants en droit, couchés toute la jour
née, deviennent d’intègres magistrats qui nous collent
des casiers judiciaires.
COLOMBINE
J’ai faim;je vais mourir, je crois. J'ai froid. Dismoi, Pierrot, n’as-tu plus de tes œuvres ?
PI ERROT
Viens, mourons tous les deux. Je serrerai mon sein
sur ton cœur que j ’adore et la mort nous prendra dou
cement enlacés (elle l’embrasse). Et nous mourrons de
faim, nous mangeant de baisers...
PI ERROT
Je ne veux plus mourir, non, c’est trop bête... Nous
sommes jeunes, il nous faut vivre ! Nous prendrons de
l'argent où il y en a... Tant pis !... (Hagard) Le con
cert... les bourgeois vont sortir de la salle, gare au pre
mier que je rencontre.
COLOM BINE
Pierrot, mais tu es fou. Je t’en supplie, sois raison
nable...
PIERROT
Pas un croûton de pain ! pas un morceau de bois.
Mon Dieu! Vous êtes clément, bon, et vous voyez,
Oui, je suis fou ce soir, si vouloir manger est être
�d
— 50 —
fou. J’ai faim, moi. On ne me donne pas de pain. Tant
pis pour eux.
DEUXIEME ETUDIANT
COLOMB IIS K
Songe que nous avons toujours été honnêtes.
I MERBOT
L’honnêteté est un vain mot. creux lorsque le ventre
est vide. L'honnêteté, c'est bon pour les bourgeois, les
riches, c'est un très-vieux bateau pour les petits enfants
à l'asile.
Attention, gare-toi, j'en vois un. Non, ils sont deux,
je crois. Malheur «à eux !...
(Longue hésitation, il ne sait que faire. Les vestiges de sa cons
cience Int font encore contre la faim qui le travaille).
Mon Dieu, mais pas trop mal... Combien la recette ?
C’est là l’essentiel.
PREMIER ÉTUDIANT
Assez fructueuse, je crois ; la salle était comble !
PIERROT
(A pa rt Colo)nl>ine essaye de le retenir)
Ah ! ils ont de l’argent... les bandits ! tant pis pour
eux :
(Surgissant brusquement il vocifère) : La bourse OU la vie !
PREMI ER ÉTUDIANT (reculant d ’un pas)
Qu’est-ce donc que cela... Aix fait son petit Mar
seille...
PI ERROT
SCÈNE ULTIME
1D ’un ton moins arrogant, presque suppliant)
La bourse ou... la vie !
PREMI ER ÉTUDIANT
Tu as un certain toupet. Tiens, voilà...
LES MÊMES
(Lutte rapide entre Pierrot et les deux étudiants. — Interven
tion de Colombine. — Pierrot a le dessous, il est renversé).
PI ERROT
UEUX É T U D I A N T S ( a r r iv e n t en c a u sa n t)
Pierrot et Coloin bine se sont lapis dans un coin d'ombre de la
scène.
PRE MI ER
Que dis-tu du Concert ?
ÉTUDIANT
Ils m'ont assassiné... Je suis mort.. Au secours ! à
l’assassin ! à moi !
COLOMBINE (se penchant sur Pierrot)
Qu’as-tu, mon cher Pierrot... où donc t'ont-ils fait
mal ? (a«.r Etudiants). Pardonnez-lui, Messieurs, la faim
l’a rendu fou...
�— 52
l’IERROT (,vr relevant aidé />ttr Coloinbinr el les E tudiants)
DIE R ROT
Pardon, mes bons messieurs, pardon pour mon
égarement... Ce n'est pas ce que j'ai bu, c'est que je
n'ai rien mangé depuis près de trois jours...
Je ne suis pas un assassin ; vous l’avez vu, je man
que d’habitude... et de tactique, mais nous crevions de
froid et de faim, et. comme vous parliez d’argent, j’ai
vu rouge.
COLOMBINE
Ayez pitié de nous !
PREMI ER ÉTUDIANT (à part)
Façon un peu brusque de se présenter (<>P ierrot). En
somme, que désirez-vous? Où voulez-vous en venir.
Nous pourrions bien vous conduire au poste...
DEUXIÈME ÉTUDIANT
Car nous en connaissons le chemin.
DEUXIÈME ÉTUDIANT
... Débine.
A ce portrait, je me reconnais.
PREMI ER ÉTUDIANT
Pauvre vieux !
DEUXIÈME
ÉTUDIANT
Oui, c'est pour toi, pour tous les pauvres que ces dames
Ont délaissé, ce soir, le coin de leur foyer...
La fête a réussi, toutes les bonnes âmes
Ont voulu te payer un peu de ton loyer,
Viens diner avec nous pour Finir.
PI ERROT (confus et hésitant)
... Dame, dame.
Je suis bien désireux d'accepter... j'ai si faim...
PREMI ER ÉTUDIANT
Pauvre Pierrot !
PI ERROT
Tu t'es trompé... Ce soir, mon pauvre ami, ta haine
est mal tombée. Sache que, si parfois nous nous cou
chons tard, ce n'est pas toujours dans le but puéril
d’ennuyer les Aixois par nos cris et notre vacarme.
C’est pour toi qu’aujourd hui nous avons travaillé.
Si le théâtre est plein de dames en toilette
Et d'élégants messieurs.,, et si des jeunes gens
Ont essayé ce soir de donner une fête
Présompteux.... (au publie) car ils vous savent indulCe n’est, pas cette fois pour le plaisir frivole
[gents.
D’empêcher le bourgeois de dormir tout son saoul.
Non, le cœur reste bon si la cervelle est folle,
C'est pour le gueux, le maladif, le sans le sou,
C’est pour toi, mon Pierrot, c’est pour vous Colombine.
Pour le pauvre poète et pour le ventre-creux,
Pour tous les malheureux tombés dans la...
Oh ! oui, sans vous c’était la lin!...
COLOMBINE
Si tu remerciais ces Messieurs, dis.
PREMI ER ÉTUDIANT
Madame
Ce n'est pas nous qu’il faut remercier, non, non!
Mais c’est la ville d’Aix. ces dames, tout le monde !
PI ERROT
Je ne les connais pas, dites-leur en mon nom
Un sincère merci pour leur pitié profonde.
�Sur l’air du Pendu de\la Forêt de St-Germain
L’ASS !
I
C’était un soir de renui’ ménage
A notre belle association
En l honneur de grands personnages
On avait éclairé 1' balcon,
Mais avant (pie le punch commence ,
Les étudiants au grand complet.
Tandis que la pendule avance I , .
Attendent les autorités.
II
Pour calmer toute effervescence.
Notre sympathique président ,
Disait a tous : « Prenez patience ,
Ils seront là dans un instant. •
Mais quelqu'un la trouvant mauvaise,
Dit avec peu de dignité :
« Ils viendront le prenant à l’aise I . .
A Pâques ou à la Trinité. »
III
Assurément la maladie ,
N'a pas dû tous les déranger
Seraient-ils donc enfants a Marie...
J en'y avais jam ais songé.
A moins qu'on ne se tir’des pattes
.1 cause du transfert brûlant . .
De ce transfert... de nos pénates \ , .
.1 proxim ité déun beuglant. » ; u>
IV
Mais bientôt tout murmure cesse,
J! vient d'entrer Monsieur Cuibal,
A le fêter chacun s'empresse ;
Sur les tracts de Bonierbal
Quand nous eûmes gagné nos places ,
Avec la bière on commença
,4 dépouiller toute une masse , I , j
D'épitr’ de gens n ’étant pas la. | b
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V
C elaient des missives charmantes
Portant l’entrain et la gaîté.
Quand l’autorité est absente ,
Elle est là par ubiquité
Grâce à notre masse imposante.
D’un ban et d'un arriére ban ,
Nous saluâmes les présentes
D'un tonnerre <Tapplaudiss'inents.
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VI
Puis les toasts se succédèrent
Ce fut le cas d'ingurgiter,
Un bon nombre de petits verres,
Qui ne font pas d 'm a l à la santé.
Puis vint la partie artistique
Où dans des morceaux à citer,
Il en fut un charivarique
Dign d 'la Chambre des députés. | bis
VII
Le dindon gloussait en colère
L mouton bêlait tant qu’il pouvait ,
Le chien d’hurler, l'âne de braire
E t la colombe roucoulait...
Pour compléter la ménagerie
Nous entendîmes tout à coup
Piailler la pintade en furie
« Pia.pia.pia,pia,glou,glou,glou,glou ! »
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VIII
Mais à /'Ass il faut qu' tout finisse,
C était temps d'aller roupiller ;
Comme les roses se flétrissent
La harpe s' met à sommeiller...
Nous partîmes contents en somme
Et nous disant en à parte
Cela nous montre à peu près comme
Sera l' concert de charité.
IX
Oit chacun voudra en personne
Concourir à notre succès
Et pour nos quêteuses mignonnes
Mettre la main à son gousset.
Car pour prouver que chacun aime
Les pauvres dans notre cité
L'autorité viendra quand même | ,
.1 not' concert de charité.
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diants.
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pour A v o c a ts
�Monsieur Conjugaison, le vieil instituteur, vient de
prendre sa retraite. Outre les économies qu'il a pu
faire dans sa longue carrière, cet homme de bien em
porte tous les regrets des villageois.
Son successeur, Monsieur Nouveaugenre, est arrivé
depuis un certain temps. 11 est de petite taille, mais
jeune, trapu et vigoureux, c'est-à dire d'un âge res
pectable entre tous pour les écoliers du village.
C'est un homme d’une rare distinction. Sa démarche
seule sulïit à le prouver. Se tenant très droit, bombant
le ventre au point de porter sur les sourcils son grand
chapeau de feutre gris, ne fermant qu’un œil pour regar
der devant lui, ne se tortillant en marchant que juste
ce qu’il faut pour tourner légèrement sur chacun des
talons, enfin réussissant à merveille, en introduisant
ses pouces dans les entournures de son gilet, les plus
gracieuses ailes de canard qu’on puisse imaginer,
Monsieur Xouveaugenre est le type de la vraie modestie
alliée à la meilleure éducation.
Son costume ne dément point un maintien si flatteur.
Portant des lorgnons dorés qui font l’admiration des
villageois, bien qu'il ne les puisse placer, son nez
étant trop court ou bien étant trop rond ; presque tou
jours vêtu d'une redingote noire, brillante encore comme
un sou neuf, d'une cravate qu’il dut acheter blanche et
d’un pantalon (pii lui descend certainement plus bas
que les genoux, mais qui gagne en largeur ce qu'il perd
�— 00 —
Faut-il,.pour égayer ton front pensif et pâle,
L'étoile qui scintille au ciel — vivante opale —
Dis un mot, un seul mot et j'irai la chercher. . .
Oh ! parle. Quel est donc le désir qui t’oppresse ?
Je vis luire en mes yeu x lesyeu x de ma maîtresse
Qui doucement me dit : a Je veux te voi*~ pleurer. »
« CORDA FRATRES »
FEDERATION INTERNATIONALE DES ETUDIANTS
Organisation de la Section Nationale Française
Presque tous les étudiants connaissent à l’heure
actuelle la « Corda Frai res », cette grande fédération
d’étudiants, qui a su réunir en plusieurs congrès lus
représentants de toutes les Universités du monde
entier.
Fondée à Turin en 1898, elle comprenait, à cette épo
que, des sections dans vingt nations différentes. Au
grand congrès de 1900, tenu à Paris, elle s'est consi
dérablement agrandie en créant des sections au Japon,
en Australie, etc..... La « Corda Fratres » obtenait à
celle époque le concours et l’approbation des gouvernenients italiens et français, et le gouvernement de
l’Autriche vient de l’autoriser à tenir un troisième con
grès à Budapest.
11 lut décidé, au congrès de Paris, que chaque nation
formerait une section spéciale représentée par un VicePrésident. M« Provansal. avocat, alors Président de
l’Association des Etudiants d’Aix. fut élu Vice-Prési
dent Français.
11 va donc être procédé à l’organisation de la section
française. A quelques mois à peine du troisième con
grès, cette organisation s'impose. Le Président de la
Fédération, le docteur Ludwig, a en effet l’intention de
réunir tous les confédérés à Budapest au mois de sep
tembre, et nous ne doutons point que toutes les Univer
sités Françaises ne s’y fassent représenter. L’impor
tance de ces congrès peut être très grande pour les
étudiants. En laissant de côté les questions de reli
gion et de politique nationale, la Fédération se propose
seulement de faciliter les relations entre étudiants et
de leur faire obtenir des avantages de toute nature.
11 est bien entendu que la Confédération n’est inter
nationale qu’en tant que s’étendant sur toutes les
nations ; mais qu’elle a le respect absolu de chaque
nationalité, et que, loin de vouloir briser les frontières,
elle cherche seulement à favoriser la jeunesse univer
sitaire.
A ce sujet, la Vice-Présidence Française fera tous
ses efforts pour obtenir des réductions sur les chemins
de fer à l’occasion du prochain congrès.
Dans peu de temps, des circulaires seront envoyées
dans toutes les villes universitaires pour les mettre au
courant de la Fédération et créer, dans les milieux
d’étudiants, des Consulats de la « Corda Fratres ».
Les Consuls seront les représentants légaux de la
Fédération dans leur ville et seront en rapport direct
avec les bureaux de la Nice-Présidence Française.
�— G2 —
.Nous faisons appel à tous les Présidents des Asso
ciations d'Étudiants pour s'occuper dès maintenant de
la création de ces Consulats, en attendant des circulai
res officielles.
Les bureaux de la Vice-Présidence sont concentrés
dans les mains d'un Secrétaire général : M. Andrieu,
il, rue de l’Opéra, Aix-en-Provence. — Le Vice-Pré
sident étant momentanément absent, c'est au Secré
taire Général que doivent être adressées toutes les com
munications concernant la Fédération.
— G3 -
. . . Lou pichot ei l'Amour... Eïs arriba tant lèu,
Qu’ai pas pouscu proun bèn alisca sa coucheto,
E i'aï oufri bèn gaïre mièu qu’uno estableto,
Quand ié voulièu baia un oustaii, et tant bèu !
Crèse mémo, — (eis aco que mai me fa i de lagnoj —
Qu ero embarrassejado un pou dins li cantoun !
E s’avié pouscu bèn espincha lou pichoun,
Auriéproun atrouva quaiique telo d’aragno !
Le Secrétaire Général de la Corda Praires :
A ndrieu.
Noun agué de présent, car degun lou counei !
Mai, se i’aduson pas bebei ofougasselo,
Sièu touto an’eii, e me baio de si maneto
Mai de bounur que n’en pouriè douna un rei !
-WW-
Atuve davans eit de lume magnifique :
Sount toutis mis ardour. — Em aco d’a geinoun,
Per gramaci, ie mande a dos man de poutoun,
E ié dise moun amo en de galoi cantique.
Lou grand calèn d'amount nous mando si raï d’or,
Per i agrada, lou blad galamèn s afo u r in o. ..
La cigalo n en ris que noun saï, la couquino !
E pamèns, ei Nouvè que vôu canta moun cor !
E n’en pendrai tant siùen, que lèu s abarrira.
Vendra lou bèu drouloun, que ié fait, per joùgueto,
Sempre nouvelli fo u r, e que ièu, risouleto,
De longo seguirai, mis ieue empantaia.
Car veici que mefait festeja la neissenco
D un enfantoun divin, et d’escoundoun ai fa
Dins aquèu cor uno gento nativita
Em un trefouliment de devoto creisenco.
ê
Alors lèu, moun ami [ara sa couneissenço,
Que souleto, bessai, lou saùrieù mou garda.
Lou calinarèn ben, et noun s’alieunchara
Jamdi, dou cantounet, jlouri de sa neissenco.
�—' 6 4 —
Gébelin, qui interprète sur la harpe — tel Orphée
avant la perte d’Eurydice — la Romance sans paroles
de Mcndelssoh et la Rêverie d’Asselmann. M. Cornubert. le ténor du Grand-Théâtre do Marseille, soulève
les plus enthousiastes bravos dans son Grand Air
d'Hérodiade. Puis, Mm" Tvlma, nous dit avec un natu
rel exquis le Travail du Diable. Ici-bas, chaque fois
que Dieu fait quelque chose dp bien, le diable s'em
presse de le contrarier, et c'est pourquoi, lorsque Dieu
créa l'homme, le démon aussitôt fit naitre la femme :
cette boutade fait sourire toute la salle et même les
dames ne nous ont point paru fâchées de ce compli
ment.
Roc a lui succède et chante Une Soirée à l'Ass..
c’est le compte-rendu spirituel et narquois du punch
annuel de l’Ass. Les auteurs Pal et Slrina ne sont pas
inconnus des Etudiants : ce sont les intimes d’un de nos
jeunes licenciés ès-lettres poète déjà célèbre qui.........
Mais chut ! ne soyons pas indiscrets, les journalistes
ne doivent jamais mettre les points sur les /.
Enfin la Mi-Carême de Pierrot : cet à-propos en
presque vers est l’œuvre de nos camarades du Chafl’aut
et Rci rutty. nos lecteurs ont pu savourer à loisir toutes
les délicates fantaisies de cette pièce où le romanes
que de Rostand s’allie à l’esprit de Musset ; elle a été
très bien rendue par M"le Tvlma. délicieuse Colombine.
et par M. Berruttv. merveilleux Pierrot.
Les pauvres ne sont pas oubliés, pendant l’entr acte
Mmes de Vogué, Bry, M11'" de Wulf. Aillaud. Bonnet
accompagnées par MM. Roca, Robert Jourdan, Xicolaï-Lota, Du Challaut. Raoul Créinicu, recueillent les
généreuses offrandes des spectateurs tandis que la
musique Militaire joue avec un brio sans égal une fan
taisie sur Samsou et Dalila. la s pauvres devront
beaucoup à l’amabilité de si charmantes quêteuses.
Mmo Tylma réparait el nous récite YEvangile de Coppée. ce qui lui vaut de nouveaux et nombreux bravos.
xM.
F. se me vei trop sounjarello, quaùqiie jour,
Médira, mounami, dins unopoutounado,
Per mai aùsi moun galoi rire que i'agrado :
< Sigues braveto, anen, que plouraié, l'Amour ! »
M . ISNARI).
de:
Le samedi Ier mars, 1Association donnait son con
cert annuel de Charité. Le succès a dépassé toutes nos
prévisions; les personnalités Aixoises ont voulu parti
ciper à la Charité des Etudiants et montrer par là toute
la sympathie qu'elles leur portent.
Bien avant l'heure la coquette salle du Théâtre était
transformée en un vrai parterre de fleurs: Ce notait
sous la vive clarté des lustres que toilettes ondoyantes ; les lorgnettes n’étaient certes pas inutiles, car, le
coup d’œil était magnifique. Dans chaque galerie il eut
été dillicile de se frayer un passage : Au milieu de tout
ce monde le commissaires arborant fièrement leurs
bérets et leurs nœuds de rubans, s’évertuaient à
« caser » chacun le mieux possible. Enfin, le régisseur
frappe les trois coups traditionnels : admirablement
installée au milieu d’un kiosque de verdure, la musique
Militaire, sous la direction de son intelligent souschef. enlève très brillamment la Marche de l'Emir de
Luigini : on applaudit longuemement. Ensuite c’est
�C’est M. Léon Pourcel, le sympathique et distin
gué violoncelliste de l'Association musicale, qui nous
charme dans sa 1illciiielle de Kndshoorn, si originale
et l'exquise Rêverie de Schumann.
C’est enfin Foucard, si impatiemment attendu, le
populaire humoriste : il est inénarrable dans 1Aïoli.
hilarant dans les Mésaventures rie Mise Figanière,
merveilleux dans les Pianistes.
Après cinq minutes d’attente, la toile se lève sur une
salle d’audience : c'est Un Client Sérieux, de Courteline. que les Étudiants vont jouer d'un bout à l'autre
de la pièce, ce ne sont que gestes drolatiques, mots
spirituels et situations abracadabrantes : Roca est un
président parfait, à l’aspect vénérable et que le Palais
de Justice peut nous envier.
Auber est le substitut rêvé : jeune, élégant, snob.
(Bonnaud). huissier fort actif; Mapipe (Jullien), à la
voix tonitruante ; Lagoupille (Berrutty) ; M. Alfred
(Carlo' dont le jeu si naturel lui a valu nombreux
applaudissements; enfin Barbemolle (Richard Nicolas),
l'avocat moderne faisant à la fois le défenseur et le
ministère public avec un réel talent oratoire.
11 nous faut citer aussi l'imposant commandant de la
gendarmerie (Caillat), les assesseurs (Rimbaud et Gar
nier) ce dernier dans sa phrase unique a su remporter
le succès d'artiste qu’il ne pouvait que mériter.
A tous, nos plus chaleureuses félicitations et l'espoir
de pouvoir les applaudir bientôt encore.
Chacun s est retiré enchanté, car si le concert fut
d'abord une occasion de faire le bien, ce fut aussi une
agréable soirée.
Merci à tous ceux qui ont participé à cette œuvre et
en particulier au dévoué et entreprenant comité d’orga
nisation dont les elforts ont été pleinement couronnés
d'un réel et vif succès.
A tous, une fois encore, merci.
G IL iD R
A M. .111.
Lorsque ferrais pensif par la verte Mantoue
Et que je contemplais les murs, où de sa main
Mantegna dessina son triomphe romain,
Quand j ’admirais le lac où le cygne se joue,
Les villas, les palais, la campagne que loue
Le poète attendri du doux pays latin,
Bien souvent j ’évoquais ton triste lendemain
O Gifda ! noble cœur en ce monde de boue !
Il me semblait te voir, bel ange délaissé,
Pale et triste, pleurant le visage baissé
Sous les arceaux déserts qui s estompaient dans l’ombre,
Ce n’était que mirage, et mon œil incertain
A découvert ce soir, sous un vêtement sombre
Ta pale chevelure et ton regard hautain !
P ierre
Nice, 29 décembre 1899.
COUT RL f
�sion que la jurisprudence a donnée à l’art. 1382, cet article doit
s’appliquer ici comme dans le premier cas.
Séance du 31 Janvier 1002. — La séance est ouverte à
s h. lj'2 sous la présidence de M* Lambot, président. M. le profes
seur Bonnecarrère assiste à la séance. La question est celle-ci :
« L’hypnotisme doit-il être considéré comme cause d'atténuation
de la responsabilité pénale et civile? »
M8 Boca, l’orateur de l'affirmative, fait brillamment ses débuts
à la barre. Pour être resp nsable l’homme doit être à la fois cause
libre et intelligente, pouvant comprendre la portée de l'acte
accompli ou à accomplir. L’hypnotisé n’a pas celle liberté et celte
vo'onté : il agit sous l’efV t d’une fj'ce irrésistible : il est donc
irresponsable en vertu de l’art. 61 du Code pénal et il échappe au
grand principe de l’art. 138') du Code civil.
M de Lacouture répond avec une éloquence plus enjouée ;
L’hypnotisé, d’après l’Ecole de médecine de Paris, conserve une
certaine volortfé : déplus, se faire 'olontai emcnt endormir, c’est
endosser dans une certaine mesure la responsabilité des actes que
l’hypnotiseur suggérera. D'autre part l’art. 1382 doit s’appliquer,
car il y a eu faute ou tout au moins imprudence de la part de
l’hypnotisé.
Après les attendus de M'A. Jourdan, Sivan, lsnard et Andrieu, la
Conférence décide de dédoubler la question discutée. La première
question est donc celle-ci : « L’hypnotisé est-il responsable au
point de vue pénal? » La Conférence, par 9 voix à l’affirmative,
contre 7 à la négative et 5 abstentions, se rallie à l’affirmative.
La deuxième question est la suivante : « L’hypnotisé est-il res
ponsable au point de vue civil? * La Conférence, par 11 voix à
l’affirmative contre ô à la négative ot2 abstentions, se rallie à l’af
firmative. .Mais comme M de Lacouture soutenait la responsabilité
et M Hoca l'irresponsabilité de l’hypnotisé, c’est M* de Lacouture
qui a obtenu les voix données à l'affirmative dans la réponse aux
deux questions posées.
M. le professeur Bunnecarrère distingue les deux points do vue
civil et pénal. Au point de vue pénal, on doit admettre en thèse
générale l'irresponsabilité, mais au point de vue civil, si l’hypno
tisé s’est fait endormir volontairement, il y a faute de sa part et
l’art. J3S2 s'applique, s’il ne s’est pas fait endormir volontaire
ment, il n’y a pas de faute en principe, mais étant donnée l’exten
Séance du 14 F évrier 1002. — M. le professeur Bonnecarrère assiste à la séance.
Sont à la barre : M" Audouard et M Mulla-Zadé.
Le sujet traité était celui-ci :
« Le mari peut- il se prévaloir de l’autorité maritale pour ouvrir
des lettres particulières ou confidentielles adressées à sa femme? ®
M" Audouard, qui soutient l’affirmative, a un débit aisé et sûr.
Aux termes de l’art. 213 la femme doit obéissance à son mari, et
cette obéissance doit être absolue. Le mari a le droit de surveiller
les actions de sa femme, et l'examen de la correspondance n'est
qu’un mode de surveillance aussi légitime que tout autre. D'ail
leurs la jurisprudence est depuis longtemps constante en cette
matière.
Abandonnant prudemment le terrain juridique. M Mulla-Zadé
se lance avec feu dans de hautes spéculations philosophiques. Il
érige en principe absolu l’individualité de la femme. Par les fonc
tions sociales qu’elle peut remplir, la femme joue dans la vie un
rôle complètement distinct de celui du mari, et le droit de lire
seule des lettres qui lui sont exclusivement adressées découle de
cette indépendance intellectuelle et sociale.
La Conférence consultée par 6 voix à la négative contre à à
l’affirmative, adopte la négative.
M. le professeur Bonnecarrère se prononce pour l’affirmative.
Tous les textes donnent au mari le droit d’ouvrir la correspon
dance de sa femme : l’art. 213 du Code civil est formel. Comment
concilier en effet le devoir d’obéissance absolue de la femme,avec
le droit de lire exclusivement ses lettres? C'est impossible, sinon
l’association conjugale n’existerait plus car il lui faut un chef
tout-puissant, et ce chef doit être le mari
Séance du 21 F évrier 1002 — « L’adultère doit-il être, dans
une bonne législation, puni par la loi pénale?® Telle ^st la
question posée. M. le professeur Vermond assiste à la séance.
M' Lambot, président, excusé, est remplacé par M' -Mulla-Zadé,
vice-président.
M Julien prononce sa première plaidoirie : il joint à une élo
cution, tour à tour pleine de vigueur et do grâce, une grande
clarté dans les idées et une logique savante dans le raisonne
ment, qualités exceptionnelles chez un débutant. L’adultère de la
femme, poi tant atteinte à la constitution de la famille, apporte par
là même un trouble considérable dans la société. Ce trouble, la
répression pénale doit le faire disparaître, et même le prévenir.
�— 70 —
La sanction pénale est ici la seule admissible, et toute autre répres
sion serait insuffisante, inutile. La grande majorité des législa
tions anciennes et modernes l’ont reconnu.
M* Kraizier soutient la négative avec une éloquence plus pon
dérée et se laisse moins emporter par la chaleur de la discussion.
Il montre l’inutilité et même l’injustice de la sanction pénale :
et il s’étend habilement sur les grands dangers que les moyens
de réprimer l'adultère ne manqueraient pas défaire naître : ditlicultés de la preuve, scandales innombrables, peines ridicules...
Après une discussion très animée la Conférence adopte l’afïirmative par 13 voix contre 12.
M. le professeur Vermond se rallie à l’aflirmative. L’adultère
est un grave trouble social que le législateur doit s’efforcer de
réprimer, et aucune sanction, sinon la sanction pénale, n’est pos
sible, car ce qu’il faut avant tout, c’est empêcher le mari de se
venger lui-même.
Séance du 7 Mars 1902. — M. le professeur Barthélemy
assiste à la séance. Ce sont deux jeunes orateurs de première
année, M* Reynaud et M* Tuduri, qui sont à la barre. Ils déve
loppent leurs attendus sur celte question :
« Doit-on admettre le vote obligatoire? »
M" Reynaud soutient l’afhrmative avec une verve étonnante
chez un débutant. Le droit de vote est une fonction sociale que
l’on peut rendre obligatoire sans porter atteinte à la liberté.
Le vole obligatowe remédiera à l’abstention, abdication cou
pable qui laisse la formation des assemblées aux mains des
hommes à opinions violentes. D’ailleurs une sanction pénale con
tre l'abstention serait possible et etlicace : ce qui le prouve, c’est
que le vote obligatoire est déjà pratiqué avec succès dans de nom
breux Etats.
M* Tuduri, l’orateur de la négative, repousse la réforme pro
posée. L’électeur peut n’avoir aucun candidat qui lui plaise : si on
l’oblige à voter, il sera exaspéré et votera mal. Le vote obliga
toire, séduisant en théorie, ne pourrait fonctionner. Aucune
sanction n’est satisfaisante; le vole facultatif doit donc être con
servé, d’autan t plus que bien souvent l’abstention est aussi une
manière de faire connaître son opinion.
Après une très intéressante discussion à laquelle prennent part
M * Isnard, Coirard, Mulla-Zadé, Rermond, Gautier-Descottes, la
Conférence se rallie à l’atlirmative par 8 voix contre 7 et
6 abstentions.
M. le professeur Birthélemy, invité à donner son avis, adresse
ses félicitations aux deux jeunes orateurs. Il se prononce pour
l'affirmative. Le vote obligatoire au point de vue des principes
— 71 —
ne peut être rejeté : voter est un devoir auquel on ne devrait
jamais se soustraire. L'opportunité de celte réforme ne fait aucun
doute à l’heure actuelle où le nombre des abstentions est consi
dérable. L’efficacité du vote obligatoire n ’est pas sérieusement
contestable : la privation du droit de voie au bout d’un certain
temps serait une sanction très suffisante.
H. Pkcout.
L’ASSOCIATION
Assemblée générale du iy février igoa
La séance est ouverte à 9 heures du soir, sous la présidence de
Ronierbale, président.
Le secrétaire donne lecture du précédent procès-verbal ; il est
adopté.
Cette séance a pour but de régler les principaux détails du
concert annuel de charité, qui a été fixé au 1" mars 1902.
Muterse, rapporteur de la commission spéciale, indique les
principales décisions prises pur la commission.
La séance est levée à 10 heures 1/2.
Le Secrétaire : R i.mda.ud.
Séance du m ardi 11 mars 1902.
La séance est ouverte à 9 heures du soir, sous la présidence île
Roniorba’e, président.
Le précédent procès-verbal est adopté.
Andrieu, trésorier de la commission spéciale du Concert de
charité, établit les comptes exacts et délinitifs.
Les recettes s’élèvent à .............................. 2.309 fr.
Les dépenses à ............................................
896 fr. 15
Reste................................
1.412 fr. 85
Le Président propose de retenir, momentanément tout au moins,
la somme de 12 fr 85 destinée à solder une dépense imprévue,
s’il y a lieu.
H reste donc 1.400 fr. pour les Pauvres.
�Le Président se lève et prononce une chaleureuse allocution :
il estime que jamais un pareil résultat n'a été atteint par l’As
sociation ; la soirée a été réussie en tous points et il félicite la
Commission de son zèle et de son dévouement.
De Lacouluro dépose sur le bureau l'ordre du jour suivant :
« L’assemblée générale vote de chaleureuses félicitations au
a Président, au Trésorier, aux membres de la commission du
« Concert et aux membres du Comité de l’Association pour le déa vouement et le zèle qu’ils ont montrés dans l'organisation du
« Concert de charité du 1 mars 1902.
« Mlle les félicite en outre de la pleine réussite de l’œuvre dont
o ils s’étaient chargés. »
Cet ordre du jour est adopté à l’unanimité.
En conséquence, l’assemblée générale approuve les comptes
fournis par le Trésorier de la commission du Concert, et cette
commission, ayant achevé lo mandat qui lui avait été confié, est
dissoute.
L’assemblée générale procède ensuite à la répartition de la
somme de 1.400 fr., montant net des recettes du Concert, entre
les diverses œuvres de la ville :
Au Bureau de Bienfaisance..................................
700 fr.
Aux Petites-Sœurs des Pauvres...........................
300 »
A l OKuvrede Samt-Vinceni de Paul...................
100 i>
A POEuvre des Prisons...........................................
50 »
Au Fourneau Saint-Pierre....................................
100 *>
Aux Dames de la Charité......................................
100 »
A l’Œuvre protestante..........................................
50 »
Total................... 1.400 fr.
La séance, est levée à I! heures.
Le Secrétaire,
Octave HIMBAUD.
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A
U
T
I
*
�Nous pensons être agréable aux lecteurs en donnant ici quel
ques extraits des Mémoires inédits du capitaine De la Grave, aide
ne camp du maréchal Junot, qui devait être, plus tard, nommé
par Napoléon duc d’Abrantês.
J. D.
■v
C’est une chose vraiment inconcevable que la facilité
avec laquelle se font quelquefois les plus brillantes
réputations. Celle de Palafox qui commandait à Saragosse, en est pour la millième fois une preuve remar
quable.
La maison de Palafox appartient au royaume d’Ara
gon, et y est, depuis longtemps, comptée au nombre
des familles les plus illustres de cette contrée de l’Espa
gne. Cependant celte illustration date de loin : depuis
un siècle ou deux, l'histoire n’a guère retenti des
exploits de héros de ce nom. Lejeune Palafox. dont il
est question ici, végétait à Madrid, dans le grade assez
obscur d’oflicier des gardes du roi d’Espagne, et il s'v
était fait connaître sous des rapports peu avantageux ;
quoique son nom et sa naissance lui permissent de fré
quenter la Cour et les gens de haut parage, ses fré
quentations habituelles n’étaient rien moins que dis
tinguées : les filles et les cafés le voyaient plus souvent
que les salons des Grands. Ses affaires pécuniaires
étaient ordinairement dans un grand désordre, et son
crédit s’en ressentait beaucoup ; on assure qu'il était
le plus souvent réduit aux expédients les plus vils, et
que personne n’enviait de devenir son créancier. Telle
était la vie de Palafox, lorsque les premiers événe
ments de la révolution d'Espagne éclatèrent. Soit que
par haine pour le prince de la paix dont l'aveugle pré
somption n’avait su se faire aucun ami zélé et dévoué,
soit que par affaire d'entrainement en des circonstan-
�— 1k —
ccs où le hasard quelquefois a plus de part que la pru
dence et la loyauté, il se jetât dans le parti du prince
des Asturies, toujours est-il vrai que la présence d'un
avenir, où du courage et du génie auraient pu lui
ouvrir des chances heureuses pour son ambition, n’in
flua en rien sur le parti qu’il embrassa ; car les occa
sions ne lui ont pas manqué, et il a complètement
prouvé qu’il n’avait rien de ce qu'il fallait pour en pro
fiter.
Au premier signal de l'insurrection, il courut se réfu
gier dans Saragosse, comme étant son pays natal et
la contrée où son nom conservait encore quelque relief.
11 y fut accueilli et préné par un certain dom Basile,
moine, homme remuant et effronté, prêchant ouvertement
la révolte contre les Français, parvenu par ses intri
gues à la tête d’un puissant parti, berçant la multitude
d'espérances flatteuses et chimériques, devenu l’idole
de la plus vile populace par ses jongleries , et l'épou
vantail des gens sensés, par ses menaces et ses exécu
tions perlides et sanguinaires. Il est assez générale
ment en usage en Espagne que chaque famille ait pour
ami ou confident un prêtre ou un moine : c'est le chargé
d'affaires de la famille, auprès des hommes et de Dieu ;
les domestiques lui portent un profond respect, et les
maîtres une confiance entière. Les affaires de cons
cience sont souvent ce dont il s ’occupe le moins, mais
il n’arrive point d’événements où l’on ne le consulte
avec soin et son opinion l’emporte sur tout. Dom Basile
n'exerçait pas seulement ces fonctions dans la maison
de Palafox, à Saragosse, il y avait encore un titre de
plus : il avait élevé et servi de professeur au jeune
homme dont le nom, grâce aux circonstances, vint à
à acquérir quelque célébrité. Ce fut une nouvelle rai
son et une plus grande facilité pour s’emparer de son
esprit et le façonner pour réaliser ses desseins. Dom
Basile alla au-devant de son élève avec tout l'empres
sement qu'on peut imaginer et quoique sa moralité, son
caractère faible et lâche lui fussent bien connus, il
i
n’épargna rien en vue de le faire passer aux yeux du
peuple, pour le vengeur et le héros de la patrie ; il ne
lui fut pas difficile de plier, pour atteindre son but, l'es
prit et le cœur d'un jeune homme qu’il avait formé dès
l’enfance.
Le peuple se porta en foule au-devant du jeune Palafox, s’empara de la première voiture qu'il rencontra sur
la route, la chargea de fleurs et de feuillages, et y lit
monter le jeune homme qui lit ainsi son entrée dans
Saragosse, aux acclamations d'une quantité immense
de paysans qui le saluaient tous du nom de leur géné
ral et de vainqueur des Français. La meute insurrec
tionnelle le nomma aussitôt chef suprême de toutes
les forces de Saragosse, et voici qu’un jeune homme,
qui n’avait d’expérience que ce qu’il en avait recueilli
dans les mauvais lieux, d’expérience de la guerre, que
ce qu’il en avait appris dans les antichambres du roi,
va entreprendre de diriger une armée contre les trou
pes du Grand Napoléon. Aussi, va-t on voir ce que lit
cette armée sous un pareil chef.
Four éteindre un foyer de rébellion dont la renom
mée grossissait encore les ressources, une division fut
chargée de s’arrêter devant Saragosse et d'assiéger
cette ville considérable, très peuplée, où s'était
encore réfugiée une quantité immense de paysans de
toutes les contrées environnantes, et dont les habitants
d'ailleurs passaient de tous temps pour être fanatiques
et ennemis acharnés des Français................................
La plus grande partie de la ville de Saragosse sc
trouve sur la rive droite de l'Ebre. De ce côté, elle est
dominée de toutes parts par une éminence que l’on
nomme le Monte Ferrero. Le canal traverse ces hau
teurs et l’intervalle entre elles et la ville est d'environ un
quart de lieue. Plusieurs beaux et larges chemins autre
fois bordés de grands arbres partent des portes de la
ville et conduisent à ce Monte Ferrero. Tout le terrain
dans l’intervalle était planté d’oliviers et parsemé île
�— 7(3 —
jolies maisons de campagne : c'était le rendez-vous
ordinaire des habitants et leur promenade la plus fré
quentée. La situation d’ailleurs ne saurait être plus
agréable : de la hauteur la vue plonge dans la ville et
embrasse une étendue immense sur les deux rives de
Timbre où l'on découvre plusieurs villages, une plaine en
général assez bien cultivée. <;à et là des touffes de bois
d’oliviers où l’on aime à se reposer ; de hautes mon
tagnes terminent de toutes parts cette perspective qui
devait être des plus belles, avant qu’une partie de son or
nement n’ait été détruite par la guerre. La nature n'avait
pas pu faire une meilleure position pour défendre les
approches de la ville ; un ennemi plus intelligent en eut
fait un camp retranché formidable dans la forme d’une
vaste demi-lune, le front protégé par le canal et la droite
et la gauche appuyant au flanc. Cependant il s'y retran
cha du mieux qu’il put. 11 fit sauter, en pure perte, plu
sieurs ponts sur le canal. d’une architecture hardie et
magnifique, dont la construction avait dû coûter des som
mes énormes ; plusieurs établissements le long du canal,
construits à grands frais furent détruits ; la plupart
des vieilles allées qui menaient à la ville furent cou
pées, ainsi que tous les oliviers. Bien ne fut épargné
pour rendre cette position formidable, où l’ennemi sem
blait vouloir se défendre avec acharnement................
La vigueur et le succès de toutes les attaques com
mencèrent à intimider les habitants et les chefs. Ces
jours-là on commença à avoir des preuves visibles de
leur découragement et de leur détresse. On aperçut
plusieurs barques, chargées d’hommes, parties de la
ville, et s’échapper aux portes, à la faveur de la rapi
dité du fleuve. On sut que la première portait le frère
même de Palafox. et qu'il avait été dépêché et plusieurs
autres officiers après lui, pour presser les secours si
longtemps attendus, et rendre compte de la situation
critique où se trouvait la ville. Depuis cette époque on
voyait toutes les nuits des feux sur les montagnes cor
respondre avec des signaux établis sur les plus hautes
tours de la ville. Ces feux servaient encore à relever
le courage des habitants, en leur faisant croire que
c’étaient des bivouacs des leurs qui allaient d’un jour à
l’autre attaquer les Français dans leur ligne. Cepen
dant la maladie faisait journellement des progrès
et des ravages affreux ; la viande manquait absolu
ment . les maisons . les caves , les ru e s, étaient
encombrées de morts et de mourants ; c’était un spec
tacle horrible. Ce fut dans cette circonstance que pour
la seconde fois, on somma la ville de se rendre ; mais
sa démence et sa folle présomption étaient telles qu’elle
n’y fit encore qu’une réponse insolente, et l'immense
majorité de la population y applaudit.
On fut donc de nouveau convaincu que l’opiniâtreté
de ces enragés ne céderait que par la destruction
entière de leur malheureuse cité, et l’on ne s'occupa
plus que des moyens d'y parvenir. On entreprit de
cheminer dans l’intérieur de la ville par deux côtés, àu
moyen de la sappe et, de la mine, d attaquer une maison
après l'autre, et de se couvrir avec beaucoup d’attention
à mesure qu'on pénétrerait dans les rues......................
Les approvisionnements en munitions de guerre
ayant été assurés, toutes nos batteries tiraient presque
jour et nuit sur la ville ; nos bombes v faisaient un clFet
épouvantable. Des incendies éclataient à chaque instant ;
les caves ne suffisaient pas pour recueillir toutes les per
sonnes qui fuyaient les éclats des bombes ou les débris
des toits et des charpentes qui s’écroulaient de toutes
parts. Il y avait sur une tour bâtie en brique, et qui
domine tous 1ns autres clochers, un homme constam
ment de garde pour avertir les habitants toutes les fois
qu’il arrivait des bombes sur la ville; un coup de cloche
était le signal convenu, pour avertir du danger, et il
était convenu que le nombre de coups annoncerait le
nombre de bombes qui partaient à la fois. Jugez com-
�— 78 —
bien la fatale cloche se faisait souvent entendre. Une
grande partie de la population qui n’avait, pu trouver
place dans les caves, n'osant plus habiter les étages des
maisons, se tenait ordinairement dans le vestibule des
grandes maisons, pour la plupart voûtées. Au signal
de la cloche, tous les yeux se fixaient en l’air, pour voir
quelle partie de la ville la bombe menaçait et pouvoir
s’enfuir plus promptement; si l’on jugeait qu elle devait
tomber sur la maison où l'on se trouvait, chacun courait
a toutes jambes pour l’éviter ; jugeait-on quelle devait
tomber ailleurs, on rentrait sous le vestibule. Le jour
et la nuit, on ne cessait d’être dans de cruelles alarmes.
Cette circonstance ajoutait encore au spectacle hideux
qu'offrait l’épidémie, dont les ravages croissaient de
plus en plus. Toutes les figures portaient l'empreinte
de la terreur et de la mort. Chaque jour il mourait plus
de six cents personnes, les trois quarts de maladie ou
de faim, car les vivres manquaient absolument. Les
bourgeois un peu riches qui étaient soupçonnés d'avoir
des provisions cachées dans leurs maisons, étaient
assaillis par tous ceux que la faim tourmentait; la foule
se portait chez eux, parcourait tous les appartements,
brisait tous les meubles, et, sous le prétexte de chercher
du pain, s’emparait de tout ce qui lui tombait sous la
main. La voix des chefs militaires aussi bien que des
magistrats, n’était plus écoutée : c’était continuellement
un désordre affreux.
Tous les gens sensés se lassaient de cet état de
choses. Les militaires surtout, sur qui retombaient
toutes les fatigues du service, reconnaissant l’impossi
bilité de résister plus longtemps, opinaient pour une
capitulation, afin d'éviter la destruction entière de la
ville. Le gouvernement, alarmé de ces dispositions,
s’empressa de faire punir avec la dernière sévérité
quelques malheureux qui avaient manifesté ces senti
ments. Les moines redoublèrent leurs jongleries, pour
entretenir le peuple dans son fanatisme ; les meneurs
pleins de belle espérance, les paysans pleins d’une
confiance aveugle, persistèrent dans leur résolution de
mourir jusqu’au dernier, plutôt que de se rendre ; les
hommes sages et raisonnables furent forcés de se taire
et de se soumettre.
Df.
LA ( /RAVE.
LES C O U R S
l ,e ANNÉE
Dltorr romain . — M. Bry. — Actions. — Procédure. — Pro
priété, servitudes, hérédités testamentaires jusqu’à la capacité de
l’héritier.
DROIT c i v i l . — M. Lacoste. — Actes de l'état civil. — Ayantcause. — Filiation. — Adoption. — Tutelle. — Emancipation. —
Propriété et possession.
ECONOMIE POLITIQUE. — M. Brocard. — La propriété. — La
valeur.
DROIT CONSTITUTIONNEL. — M. Barthélemy, tin du cours.
HISTOIRE I)U DROIT. — M. Boman — Jusqu’à l’époque
féodale.
2“ ANNÉE
DROIT INTERNATIONAL PUBLIC. — Introduction. — Source,
bibliographie.
Divisions. — 1. Personnes ou sujets du droit international
public. — Etat: 1. Population. — 2. Territoire (inodes d’acquisi
tion et de perte du territoire , occupation, accession, prescription,
cession).— 3. Gouvernement. — Classification des Etats. — I.
Etals simples ou unitaires. — 2. Etats composés. — 3. — Etais
mi-souverains. — 4. Etats neutres. — 5. La Papauté.
II. Droits et obligations des personnes internationales.
III. Conflits internationaux et leurs solutions.
d r o i t ADMINISTRATIF : Expropriation pour cause ti’m i liic publit/uc. — (Choses pouvant être expropriées ; qui peut
exproprier''fonctionnement). — Cession amiable. — Effets du
jugement d’expropriation relatif aux servitudes, privilèges et
hypothèques, indemnité. — Jury d'expropriation. — Voies de
recours.
�Règles relatives a u x travaux publies. — 1. Caractéristique
des travaux publics. — 2. Procédés d’exécution (régie, entreprise,
concessions). — 3. RlTets des travaux publics à l'égard des tiers
(obligations et droits exercés par les tiers).
Associations syndicales. — Caractère, fonctionnement. —
Associations syndicales autorisées, libres, forcées.
Impôts.— Impôts directs et indirects, de répartition ou de quo
tité. — Impôts directs, foncier, personnel et mobilier, des portes
et fenêtres, des patentes. — Taxe des biens de mainmorte, taxe
somptuaire, taxe de recouvrement, taxes diverses. — Impôts per
çus pour le compte du département et de la commune (centimes
additionnels). — Impôts indirects (enregistrement),droit d’accrois
sement, taxes sur les valours mobilières, douane, contributions
indirectes. — Impôts indirects du département et de la commune
(voirie, octroi, etc...).
Police. — Objet, police des cultes, police sanitaire (du tra
vail..........etc.). — Police communale.
Droits de personne privée de l’Etat, du département et de la
commune.
droit pénal : Peines. — Classification, organisation (peines
perpétuelles, privatives de liberté, relégation, peines pécuniaires,
etc........). — I)e l’application des peines (récidive), casier judi
ciaire, circonstances atténuantes (minorité, etc........), circons
tances aggravantes. — (Complicité, etc........).
Concours des infractions et du non cumul des peines.
3 - ANNÉE
droit c i v i l : Seconde partie des Donations. — Titre 2, des
donations entre vifs. — Chapitre I. Donations ordinaires. — Cha
pitre II. Donations faites par contrat de mariage. — Chapitre 111.
Donations entre époux. — Titre 3. Des Testaments. — Chapitre 1.
Forme des testaments. — Chapitre II. Dos dispositions testamen
taires. — Chapitre III. Révocation et caducité des testaments. —
Chapitre IV. Des exécuteurs testamentaires. — Troisième p a r
tie du Contrat de Mariage. — Titre 1. Notions générales: Cha
pitre I. Des régimes matrimoniaux. — Chapitre II. Du contrat de
mariage. — Chapitre III, De la dot. — Titre 2. De la communauté
légale. — Chapitre I. De l’actif de la communauté. — Chapitre
II. Du passif de la communauté.
DROIT commercial : Seconde p a rtie. — 'Théories spèciales
du Droit, commercial. — Chapitre IV. Des sociétés. — Divisions.
— Conditions de formation. — Fonctionnement.
PROCÉDURE CIVILE: Troisième partie. — Procédure pro
prement dite. — Chapitre VI. Des jugements. — Chapitre VII.
Des voies de recours. — Chapitre VIII. Incidents de la procédure
ordinaire.
v o i e s D’EXÉCUTION. — Préliminaires. — Chapitre 1. — Des
principes généraux en matière de saisie. — Chapitre II. Des sai
sies conservatoires. — Chapitre III. Des saisies de meubles.
MADRIGAL
Dans les jardins semés de rose et de violette
Que penses-tu, dis-moi, que fasse à la fleurette
Le papillon mutin aux ailes de velours P
Des caresses d’amour.
Sais-tu, ma mie, sais-tu ce qu'au fond des bocages.
Chante le rossignol aux fauvettes volages.
Quand le printemps revêt ses plus brillants atours ?
Une plainte d'amour.
Sais tu ce que le cerf à la vaste ramure
Dans la sombreforêt timidement murmure,
A la biche, tout bas, lorsque tombe le jour P
Il lui parle d’amour.
�— 82 —
— 83 —
Entends de tous côtés ces doux mots qui résonnent.
Regarde, de passion tous les êtres frissonnent.
Unissons, nous aussi, nos deux cœurs pour toujours,
En un baiser d'amour.
NYNE.
CONF É HEN CE 1>0RT AL IS
Séance du 18 mars i g o 2 . — M. le professeur Bouvier-Bangillon assiste à la séance. Me Mulla-Zadé, viceprésident, remplace M* Lambot, président, qui est à la
barre.
Le sujet traité est celui-ci :
« Une autorisation générale qu’aurait donnée le mari
à sa femme de contracter des engagements de théâtre
est-elle suili santé ? »
M' Richard Nicolas soutient l'affirmative avec beau
coup de verve. Lorsque la femme est commerçante, une
autorisation générale sullit à l’habiliter. Or, l’actrice est
une commerçante ; aux termes de l’art. 63à du Code de
Commerce, toute entreprise de spectacles publics est une
entreprise commerciale, et un acteur peut être considéré
comme le commis du directeur. Au surplus, le mari peut
toujours abdiquer par anticipation son autorité maritale.
L’éloquence de M® Lambot est plus calme, mais non
moins persuasive. L’art. 223 nous dit que toute autori
sation générale n’est valable que quant à l’administra
tion des biens de la femme, et d’autre part, cette femme
qui s’engage au théâtre par un simple contrat de louage
d’industrie, ne saurait être assimilée à une personne
commerçante,
La conférence, après une vive discussion et les atten
dus de Mcs Alfred Jourdan, Sivan, M.-J. Mille, Isnard,
Goirard, Coutret se prononce pour l’aflirmative. Il y a
’j voix pour l’affirmative, y pour la négative et 5 absten
tions ; la voix du président a départagé les suffrages.
M. le professeur Bouvier-Bangillon se prononce pour
la négative. A son avis, la question n’est pas discutable.
La règle est que la femme ne peut pas être autorisée par
une autorisation générale, et on ne peut démontrer qu’il
y a en l’espèce une exception ou une dérogation au prin
cipe.
Séance du 2 1 mars i g o 2 . — « Le piéton victime
d’un accident de bicyclette doit-il pour avoir droit à des
dommages-et-intérêts, prouver la faute du bicycliste ? »
Telle est la question posée. M. le doyen Bry assiste à
la séance.
M® Bonifassi fait ses débuts à la barre ; il est maître
île lui, possède bien son sujet, et fait ainsi espérer d’agréa
bles soirées à la Conférence. — Seul, l’art. 1282 du Code
civil prévoit l’hypothèse à discuter, et cet article met la
preuve à la charge de la victime. Celle-ci doit prouver
qu’il y a eu vraiment faute du bicycliste et, tant qu’elle
ne l’a point fait, elle n’a droit à aucuns dommages-etintérêts.
M® Paul Jourdan, l’orateur de la négative, est un habi
tué de la barre, et c’est toujours avec un nouveau plaisir
qu’on l’entend. Sa plaidoirie se fait remarquer par beau
coup d’ordre dans les idées, qualité de fond à laquelle
vient s'ajouter une expression juste et aisée. Les trans
formations subies par la notion de responsabilité mon
trent que l’idée de faute doit être écartée de la responsa
bilité en matière de quasi-délits ; l’art. i38a, en parlant
de la faute de celui qui a causé l’accident, n’exprime pas
une idée de négligence, mais un simple rapport de causa
lité : les travaux préparatoires le prouvent d'une façon
indiscutable.
Après les attendus de M®s Alfred Jourdan, Sivan,
Isnard et Coutret la Conférence, par 9 voix à l’affirma
tive contre 9 à la négative et 3 abstentions, se rallie à
l'affirmative, la voix du président étant prépondérante.
�M. le doyen Bry félicite les deux orateurs d'avoir traité
cette délicate question d’une façon aussi complète. Il
considère d’abord le fait en lui-même : tout fait est à
priori constitutif d’une faute ; telle est la nouvelle théorie
que l’on doit adopter ; le risque ou plutôt le dommage
doit être mis à la charge de celui qui l’a créé. Si on passe
à la question de la preuve, on résout la difliculté en
posant ces deux principes : tout fait qui n’est pas prouvé
n’existe pas ; tout fait qui [est prouvé et contre lequel il
n’est rien objecté existe. Par suite le piéton n’aura pas à
prouver la faute du cycliste ; puisque le fait existe, la
faute est présumée.
Séance du 1 1 arril i g o z . — La séance est ouverte
à 8 h. ip , sous la présidence de Me Lambot, président.
M. le professeur Brocard assiste à la séance. La question
est celle-ci : « Les machines exercent-elles une influence
heureuse sur la condition des ouvriers ? »
Deux jeunes orateurs de première année sont à la
barre. MeBermond soutient l'affirmative, avec un entrain
et une aisance rares chez un débutant. L'introduction
des machines dans l’industrie a rendu le travail moins
rude à l'ouvrier et plus rémunérateur ; il a trouvé beau
coup plus facilement à s’occuper, car la production a
augmenté et des industries nouvelles se sont créées ; son
salaire s’est élevé en même temps que s’abaissaient les
prix.
Mc Gautier-Descottes lui réplique ; il présente ses argu
ments avec une logique serrée, non dénuée de vivacité.
La machine a enlevé au travail de l’ouvrier son carac
tère intelligent et élevé ; elle cause de nombreux acci
dents, et, en expropriant l’ouvrier de son travail, multi
plie les chômages et les grèves. La surproduction a causé
sans doute un abaissement des prix, mais l’ouvrier ne
peut en profiter ; son salaire n’a pas augmenté dans la
proportion de ses besoins.
Après les attendus de MCs Tudurri, Mer et Heynaud,
la Conférence, par 5 voix à l'affirmative contre 5 à la né
gative et t abstention, se rallie à l'affirmative, la voix du
président remportant.
M. le professeur Brocard adresse ses plus vives félici-
— 85 —
tâtions aux deux orateurs, qui ont fait des débuts pleins
de promesse. Il se rallie à l’affirmative. Aujourd’hui sans
doute les ouvriers souffrent de l’avènement du machi
nisme; les socialistes n’ont pas grand peine à le démon
trer. Mais dans l’avenir les classes ouvrières en béné
ficieront. La « machine » est un résultat de grande
importance au point de vue du progrès de l’humanité ;
c’est ua agent naturel maîtrisé par l’homme. Dès main
tenant nous avons donc la possibilité d’améliorer le sort
des ouvriers ; le bien-être social dépend de notre volonté,
et, dans peu de temps, les ouvriers seront les premiers à
défendre les machines, à qui ils devront leur bien-être.
La séance est levée à io h. ip .
Séance du z 5 avril i g o z . — M. le professeur Politis
assiste à la séance. L’ordre du jour porte le renouvelle
ment des pouvoirs du bureau. Le bureau tout entier est
réélu à l’unanimité. Me Lambot remercie la Conférence
de cette marque de confiance. Le président propose
ensuite de nommer le membre qui doit prononcer le dis
cours à la séance solennelle de rentrée. Me Mulla-Zadé,
vice-président, seul candidat, est aussitôt désigné.
La parole est donnée alors aux orateurs. M* Paul
Jourdan remplace le secrétaire, M® Pécout, qui est à la
barre. La question posée est la suivante :
« Le charbon *loit-il être considéré comme contre
bande de guerre ? »
Me Pécout soutient l’aflirmative. Le charbon est une
de ces « res ancipitis usus » qui, n’étant pas de leur na
ture objet de contrebande, peuvent le devenir suivant les
circonstances. La coutume internationale est établie dans
ce sens.
M® Nicolaï lui réplique avec talent. Sa plaidoirie est
très documentée, et fort bien construite. Il s’efforce de
démontrer que la doctrine et les traités antérieurs recon
naissent que le charbon n’est pas contrebande de guerre
et il s’élève contre tous les désastres que ferait naître la
prohibition du charbon.
La Conférence, après les attendus de M®' Sivan et de
Lacouture, se prononce pour l’aflirinative par 7 voix
contre G à la négative et - abstentions.
�— 87 —
M. le professeur Politis, après avoir félicité les deux
orateurs sur la forme et le fond de leur plaidoirie, se pro
nonce pour l’alUrmative. A l'heure actuelle, les belligé
rants reconnaissent la liberté de commerce des neutres
à condition qu’ils ne favorisent pas l’un ©u l’autre des
belligérants, en lui fournissant des articles nécessaires à
la guerre; or, l'utilité de la houille pour les (lottes comme
pour les armées, est incontestable ; dans un but purement
utilitaire, les Etats doivent donc considérer la houille
comme contrebande de guerre.
H.
P écout.
L’ASSOCIATION
C O M P T E S R E N D U S DES SÉAN C ES
Assemblée générale du 13 avril 1002
La séance est ouvertes neuf heures du soir, sous la présidence
de Constant, vice-président.
Le précédent procès-verbal est adopté.
Avant d’aborder les questions inscrites à l’ordre du jour, llimbaud dépose sur le bureau la motion suivante :
« L’Association Générale des Etudiants d’Aix réunie en assem« blée générale adresse au camarade Housselot, si cruellement
« éprouvé par le décès de M. Housselot, son père, l’expression de
« ses plus sincères regrets. »
L’As9emblée adopte cet ordre du jour à l’unanimité.
FÊTES UNXYEBSXTAIBES DE BESANÇON
Le Président annonce que l’Association Générale des Etudiants
de Besançon organise, avec le concours delà municipalité de celte
ville et de l’Etat, de grandes fêtes universitaires, à l’occasion du
centenaire de Victor Hugo.
Ces fêtes auront lieu dans la seconde quinzaine d’août.
Le comité d’organisation a officiellement invité l’Association
d’Aix à envoyer une délégation pour assister à ces fêtes.
Le Président invite l’Assemblée à se prononcer sur l’envoi d’une
délégation.
Après une assez longue discussion l’Assemblée décide que deux
délégués officiels représenteront notre Association aux fêles uni
versitaires de Besançon.
Conformément aux statuts un membre du comité fera partie
de droit de la délégation : l’Assemblée décide que le comité choi
sira parmi ses membres le chef de la délégation.
Quant au second délégué il est élu au scrutin secret : Julien
est désigné.
— Sauvet, Président honoraire et Muterse déposent sur le
bureau l’ordre du jour suivant :
« L’Association Générale des Etudiants d’Aix, réunie en assem« blée générale, est heureuse d’adresser l’expression de sa plus
« vive sympathie à son Président honoraire Provansal, à l’occa« sion de son’récent mariage, et joint,à ses félicitations, ses meil« leurs vœux de bonheur. »
Cet ordre du jour est adopté à l’unanimité.
— Andrieu, secrétaire général de la Corda Fratres donne
communication d’une lettre qu’il a reçue de Provansal, Vice-Pré
sident de la Corda Fratres :
Par cette lettre, Provansal fait savoir que le troisième Congrès
de la Fédération Internationale des Etudiants aura lieu cet été à
Budapest, et invite l’Association à nommer des délégués.
Andrieu appuie la demande faite par le Vice-Président de la
Corda Fratres.
Mais il est observé que la Corda Fratres est une Association
tout à fait indépendante de l’Association d’Aix: qu’elle a une
organisation spéciale.
Dans cette situation l’Assemblée Générale estime que seuls les
membres faisant partie do la Corda Fratres et dépendant de la
section française ont qualité pour désigner des délégués.
Néanmoins, comme cette question n’était pas portée à l’ordre du
�ETUDIANTS
Liste des Membres Honoraires p o u r l'année 190‘J.
CABASSOL, avocat, conseiller
général.
ABRAM, avocat, ancien maire
d’Aix.
ABRAM, banquier.
AILLAUD, avoué, adjoint au
maire d’Aix.
AUDE, docteur en médecine.
BKDARRIDES, licencié en droit.
BEL1N, recteur de l’académie
d’Aix.
BERTRAND, docteur en méde
cine, maire d’Aix.
BONNECORSE, (De) avocat.
BOURGUET, Dr en médecine.
BRY, doyen de la Eaculté de
Droit.
CONSTANT, professeur à la
Faculté des Lettres.
CREMIEU, avocat, ancien bûtonnier.
CREMIEU, banquier.
DRAGON, libraire.
DRUJON, avocat.
FASSIN, avocat.
G.ARCIN, Dr en médecine.
*
GARC1N, avocat.
GIRAUD, Premier Piésident à
la Cour d'Appel.
Gn lBAL, doyen honoraire de
la Faculté des Lettres.
GUILLIBKRT, avocat.
HEIRIEIS, av.,anc. bâtonnier.
JOURDAN, a\oué à la Cour.
LEYDET, sénateur.
MALAVI ALLE, juge-suppléant
au Tribunal civil d’Aix.
MARTIN, négociant.
MASSON, avocat.
MICHEL, avocat.
MILHAUD, banquier.
PERREAU, ancien député, pro
fesseur k la Faculté de Droit.
PISON, doyen honoraire de la
Faculté de Droit.
PONT1ER, cons. à la C. d’appel.
RA1LHAC, percepteur.
VALLABRÉGUE, conseiller à la
Cour d’appel d’Aii.
VOGUE (De), propriétaire.
ONEILLE, négociant.
O’FARELL, liccenié en droit.
Aix, le 24 Avril 1902.
Le secrétaire : RIMBAUD.
Le Directeur-Gérant : J.
D oreau.
Typ et L lth . P. POUftCEL, co u rs M irab e au , 68.
��N° 24 .
T roisième : A xxke
Provence
Universitaire
BULLETIN MENSUEL
Juin
1 0 0 :2
�SOMMAI RE
D e la G ravi :.
J. G a rnier .
X.
L R eynauu.
Le siège de Saragosse.
La ^ oix du X'ent.
Hiver.
L’Aigle eu Gage.
Renouveau.
Le Gode Givil en vers.
(Conférence Portalis.
L'Association.
Nouvelles diverses.
Les Concours et les Examens.
Abonnement : 4 Fr.
E tudiants: a Fr.
Le Numéro : o,3o cent.
�(Suite)
LA REDDITION'
L’époque était cependant arrivée où le crédit des
meneurs touchait à sa lin. A l’exception de quelques
furibonds, qui insultaient encore à ceux qui parlaient
de se rendre, la plus grande partie des assiégés mani
festait hautement le désir de cesser une folle résis
tance. Tous les hommes sensés, partienlièrement ceux
qui avaient quelque chose à perdre, se réunirent pour
réprouver les mesures extravagantes dont parlaient
encore les meneurs. Tous les esprits furent glacés d'un
nouvel effroi, à la vue des dispositions nouvelles
qui annonçaient la destruction entière de la ville. Le
Conseil ne put pas tenir plus longtemps contre un si
morne désespoir, contre un abattement si général.
Tous les membres qui le composaient donnèrent leur
démission et furent remplacés par d'autres, en même
temps qu’on eut soin de nommer des personnes amies
des Français, par l'organe desquelles on espérait cal
mer les vainqueurs, et en obtenir un traitement plus
généreux : C’était d’ailleurs une manière adroite poul
ies anciens membres du Conseil, d éluder le serment
qu'ils avaient fait solennellement de s’enterrer sous les
ruines de la dernière maison, plutôt que de se rendre ;
et de conserver le respect et la confiance qu’ils avaient
* Voir le Début au numéro de mai.
�—
00
—
inspirés à une certaine classe du peuple...................
Au lieu d'une soumission absolue, telle que la cir
constance le voulait, on envoya un officier pour propo
ser aux Français qu’il tût permis aux assiégés d'envover des députes dans différentes parties du royaume
pour s’assurer de l’état des choses, et qu’à leur retour
la ville se rendrait, si leurs rapports continuaient la
défaite des insurgés dans plusieurs rencontres, et l'en
trée à Madrid du roi Joseph. C’était une véritable déri
sion ou une grande absurdité qu'une pareille propo
sition : elle fut reçue avec le mépris qu elle méritait.
Ensuite on parla de capitulation; le général français
répondit qu’on ne capitulait point avec des rebelles, et
que si, dans une heure la place n’était point remise à
sa discrétion, elle serait emportée d’assaut, assurant
d'ailleurs, qu'il aurait toutes sortes d’égards pour de
malheureux citoyens, victimes trop longtemps de la
fureur et de la passion de quelques hommes. Ce lan
gage fit l’impression qu’il devait ; il fut convenu que
le soir même les portes seraient ouvertes aux trou
pes françaises. — Le lendemain toute la garnison,
après avoir défilé devant les vainqueurs, mit bas les
armes, et sur le champ fut mise en route pour être
conduite en France, prisonnière de guerre. On fit con
naître que ceux des officiers qui voudraient prêter ser
ment de servir le roi Joseph, conserveraient leur grade,
et seraient dirigés sur Madrid pour y être employés
dans les nouveaux régiments qui se formaient ; un très
petit nombre prit ce parti. 11 fut permis aux paysans de
se retirer chacun chez eux, ce dont ils profitèrent avec
un grand empressement ; de sorte qu'en peu de jours
la ville fut délivrée de ce surcroit de population qui
l’encombrait depuis plusieurs mois.
L’ordre et la tranquillité succédèrent au tumulte
effroyable qui régnait depuis longtemps.
Mais quel spectacle offrait cette pauvre ville ! 11 n v
avait pas vingt maisons qui n’eussent été endomma
gées par quelque bombe ; des quartiers entiers avaient
été renversés par les mines ; toutes les rues étaient
coupées par de larges fossés, et embarrassées de fortes
barricades, où l'on n’avait laissé qu’une ouverture
nécessaire pour qu'un homme à pied pût y passer. —
Les rues étaient jonchées de cadavres dont le nombre
s’augmentait encore à chaque instant : c’était particu
lièrement aux portes des églises qu’ils étaient entassés,
quelquefois recouverts d’un drap, mais la plupart nus ;
l'air en était infecté et insupportable, l ue foule de
malades se montraient dans les rues, comme autant de
squelettes ambulants , et offraient un spectacle non
moins hideux ; un plus grand nombre, couchés au
soleil le long des maisons, expiraient sous les veux des
passants dans des convulsions épouvan tables.
L’épidémie était dans toute sa force. La plupart de
ceux qui en étaient atteints, empressés de respirer un
air pur, sortaient sans précaution des retraites où ils
languissaient depuis tant de temps et mouraient subi
tement surpris par la vivacité de l’air ; beaucoup d'au
tres périrent pour s'è.tre jetc avec trop de voracité sur
des aliments dont ils avaient été longtemps privés.
d outes ces raisons firent que les premiers jours de
l’entrée des Français dans la ville, la mortalité s'ac
crut d’une manière effrayante : on eut de grandes
inquiétudes pour l’armée, d'autant plus que tous les
médecins reconnaissaient que la maladie était conta
gieuse ; elles furent bien augmentées lorsqu’on vit plu
sieurs prisonniers la contracter. Les avant-coureurs
certains de la maladie étaient de fortes douleurs de
tète, un grand dégoût, et un assoupissement conti
nuel ; bientôt la fièvre se déclarait avec le délire.
�C'est la voix du vent qui berce et qui chante
Qui berce les bois en longues chansons,
Dont le souffle court en larges frissons.
Sur l’herbe des prés, sut' l'herbe odorante.
Pas de bruit. Tout se tait. La ville semble morte :
D'heure en heure, le vent qui gémit, nous apporte
La triste et lente voix d’une cloche, sonnant
De la tour du beffroi, du clocher d’un couvent.
C'est la voix du vent qui pleure et qui souffre
Qui pleure en sanglots lorsque vient l'hiver.
Dans le grand bois mort, dans le bois désert
Où la neige dort, où le froid s'engouffre.
Le vieux faune de pierre a un manteau d'hermine.
Et semble se moquer de la nymphe voisine,
Dont l'urne s’est tarie et ne veut plus couler
Là-bas dans lejardin près du bassin gelé.
C'est la grande voix qui s'enfle en grondant,
Qui coupe les troncs, qui brise les branches
Dans ses tourbillons, dans ses avalanches ;
C'est la voix du vent, c'est la voix du vent.
A l'horizon, au loin, seules les cheminées
Jettent au vent du soir leurs torrents de fumées.
La ville s'assoupit alors que vient la nuit,
Sous les papillons blancs qui,s'abattent sans bruit.
Il
III
HIVER
L’AIGLE EN CAGE
(j est I hiver, >1fait froid, les montagnes sont blanches,
Lianes sont les toits, le ciel est gris, les pauvres branches
Sans feuilles, sans oiseaux, pleurent au vent du Nord :
fl fa il froid, c est I hiver, et la campagne dort.
L ’aigle noir est perché sur un barreau, farouche,
Enchaîné, lui dont l'aile a fendu ! horizon ;
Il planait, hier encor, sur la neige du mont.
Où libre dans l'azur, il suspendit sa couche.
De temps en temps un char qui passe comme une ombre.
Glisse sur le tapis immaculé. Sans nombre
Tombent les blancsflocons qui poudrent les sentiers.
Fleurissant à frimas le bois des cerisiers.
Qu'importe maintenant si quelque hideuse mouche
Le tourmente. Car c est la mort que la prison,
lia lutté, deux jours sans succès, sans raison.
Et sa pâture est devant lui. sans qu'il y touche.
�— 97 —
Le calme l a repris, il parait impassible.
La nuit qui va tomber chasse les curieux
Et son ombre s’étend sous la voûte des deux.
Et sous les deux qui resplendissent,
Tandis que les lilas fleurissent,
Toutes les unies sont en fleurs.
Jean G arnier .
Le royal prisonnier reste seul, insensible,
Le regard dirigé quelque part, vers là-bas,
Rêvant de grands soleils qui ne s’éteignent pas !
LE CODE CIVIL EN VERS
IV
RENOUVEAU
A Mlle M.
Dans le ciel bleu de l’avril
Où gazouille Vhirondelle,
Les cloches de leur babil
Chantent la saison nouvelle.
Le printemps, retour d'exil,
Met aux arbres sa dentelle
De fleurs, narguant le grésil ;
Partout la vie éternelle
Repoussant son blanc suaire,
De son sommeil éphémère
Ressutc'te avec le Sauveur.
Nos lecteurs ont pu voir, dans les faits-divers d un
des numéros récents du Journal , que la bibliothèque
des avocats de Paris s'était enrichie d’un ouvrage peu
banal, le Code Civil mis en vers français, édité en 18 i 1.
La Province peut en offrir autant à la Capitale, mais
dans une édition plus récente de 1882 et dont 1auteur
est M. Amédée Pons-Euzières, avocat à Aix. A titre de
curiosité (c’en est une que d'avoir une pareille tournure
d’esprit) nous nous permettons d’en citer quelques arti
cles. En cette période d'examen cela pourrait servir de
moyen mnémotechnique à nos camarades auxquels le
temps matériel manque pour mettre à exécution leur
ardeur active et laborieuse. Nous ne le conseillons pas
trop, pourtant, comme manuel sutlisant.
A rticle Ier
Quand le chef de l'Etat a promulgué la loi.
Il faut l'exécuter toujours de bonne foi ;
Sur tout le sol français elle est exécutoire,
La promulgation y devenant notoire.
�— 99
Dès lors, un jour après, elle a ce résultat
Dans le département où réside l'Etat ;
De plus on doit compter un jour chaque vingt lieues
(Sans compter la distance où seront les banlieues)
Entre chaque chef-lieu de tout département
Et la ville d ’où vient un tel commandement.
Lorsque dans l'inventaire on n'a point fait priser
Un meuble, on prendra soin de le faire peser
Par gens d’expérience, à son prix et sans crue.
, Art. 147
A rt .
On ne pourra former les nœuds d’un autre hymen
Tant que n’est pas dissous le précédent lien.
Art. 329
L’action par ses hoirs ne peut être intentée
Quand l'enfant meurt avant de l’avoir minutée,
Que si l'enfant est mort, étant encore mineur,
Ou la cinquième année après qu’il est majeur.
Art. 675
Dans le mur mitoyen, aucun propriétaire
.Va le droit d’ouverture en aucune manière,
De fenêtre ou de jour même à verre dormant
Sans avoir du voisin pris le consentement.
Art. 727
Est indigne à jamais de pouvoir succéder :
Primo. qui se verrait frappé par la justice,
Qu’il n'ait fait que tenter, ou bien qu'il accomplisse
Le meurtre du défunt ; secundo, dilfamant,
Qui, contre le défunt, n'a pas craint méchamment
D’un crime capital répandre l'infamie
Que Justice dirait être une calomnie ;
Tertio, l’héritier, qui. majeur, connaîtrait
Le meurtre du défunt et pourtant le tairait.
A r t . 825
1597
Les juges, magistrats du public ministère,
Avoué, défenseur, huissier, greffier, notaire,
Ne peuvent acheter des droits litigieux
Pendants dans le ressort du tribunal des lieux
Où leur emploi s'exerce, et ce qu'un d’eux stipule
Ouvre une indemnité, doit dépens et s’annule.
Art. 2279
En fait de mobilier, possession vaut titre,
Pourtant qui perd sa chose, ou celui qui d'arbitre
Victime d'un voleur peut la revendiquer
Pendant trois ans du jour qu'il s'en est vu manquer
Contre celui par qui la chose est possédée
Et qui peut recourir contre qui l'a cédée.
Avouons (jue ce n’est point banal et nous ne déses
pérons pas de voir quelque jour les cours de nos distin
gués professeurs revêtus de l'élégant manteau des
Muses par quelque fervent.
A ce propos signalons un bon mot d'un de nos sym
pathiques amis, distingué autant qu’assidu auditeur
des cours de la Faculté. Comme on lui faisait remar
quer la singulière manie qui existait à certaines époques
de rédiger en vers bien des questions arides, et qu'à ce
sujet on citait les fameuses Racines grecques de Lan-
�— 100 —
celot. notre camarade X..., peu au courant sans doute
des premières éditions du Code Civil, s’écria : « Ce
Code Civil en vers doit dater au moins du xvucsiècle. »
X.
CONFÉRENCE PORTALIS
Séance du 2 M ai 1 9 0 2 .
M. le doyen Bry assiste à la séance. Le président,
excusé, est remplacé pai Mc Mulla-Zadé, vice-président.
Le sujet traité est celui-ci : « Le traité par lequel un en
tremetteur se fait promettre une somme d'argent pour
conclure un mariage, est-il nul comme contraire aux
bonnes mœurs ? »
Me Abéasis soutient l’aflirmative. 11 a une certaine fa
cilité et une grande connaissance du sujet, mais son
débit est un peu gêné par sa volubilité. Le mariage est
un objet hors du commerce ; il ne peut faire l’objet d’une
convention, sinon, cette convention est nulle. La prime
que l’entremetteur se fait promettre compromet la mora
lité et la liberté du consentement des parties. La doc
trine et la jurisprudence sont unanimes à soutenir cette
opinion.
Me Audouard développe la négative avec toutes les
qualités que nous lui connaissons déjà. Son style, tou
jours châtié et précis, rend bien ses idées claires et ri
goureusement enchaînées. L’objet de la convention est.
en l’espèce, des demandes à faire, des renseignements à
recueillir. On ne peut y voir, en conséquence, rien de
contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs : il y a
là un louage de services, un mandat salarié qui n’est
prohibé par aucun texte, et la règle de la liberté des
conventions doit le faire considérer comme valable
(art. 1 1 34 du code pénal).
La Conférence, après les attendus de M* Alfred Jour
— 101 —
dan, adopte la négative par 6 voix contre 5 à l’allirmative et 3 abstentions.
M. le doyen Bry, invité à donner son avis, dit qu'il y
a, en l’espèce, un louage de services pour lequel, en
principe, le salaire est légitime : mais souvent, en ma
tière de courtage matrimonial, on se fait promettre une
arlie de la dot : il y a alors un pari dont le mariage est
enjeu ; or le mariage est hors de commerce, donc la
convention est nulle.
F
Séance du 3o Mai ii)o 2 .
La séance est ouverte à huit heures et demie, sous la
présidence de Mc Lambot, président.
L’ordre du jour porte l’élection du bureau pour l’an
née 1902-1903. Mc Lambot prend la parole. Il remercie
les membres de la Conférence Portalis du concours in
telligent et actif qu’ils lui ont .prêté pendant l’exécution
de son mandat. Il espère qu’ils voudront bien agir de
même à l’égard de son successeur et fait des vœux pour
la prospérité de la Conférence. De nombreux applaudis
sements accueillent la fin de son discours. On procède
aux élections et, à cet effet, un bureau provisoire est
institué pour y présider : Me Alfred Jourdan comme pré
sident, avec Mcs Noirel et Julien comme assesseurs, sont
aussitôt désignés. Le seul candidat à la présidence est
Me Pécout ; il est élu par 3i voix sur 32 votants et un
bulletin nul. Me Lambot est alors élu président hono
raire. M° Caravokyros, seul candidat à la vice-prési
dence, est élu par 2,) voix sur 32 votants et 7 bulletins
nuis. Me Mulla-Zadé, vice-président sortant, est élu
vice-président honoraire. On procède ensuite à l’élec
tion du secrétaire. Deux candidats sont en présence :
Me Robert Jourdan et Reynaud. Le premier tour de
scrutin ne donne aucun résultat, chacun des deux candidants ayant réuni sur son nom un nombre de suffrages
égal à l’autre. Au second tour. Me Reynaud est élu par
ib voix contre i3 données à M° Robert Jourdan et un bul
letin nul. Les membres du nouveau bureau remercient
la Conférence Portalis du témoignage de sympathie et de
confiance qu’elle vient de leur donner et l’assurent qu’ils
feront leur possible pour être à même de remplir digne
ment leur charge. La séance est levée à dix heures.
J. REYNAUD.
AA/VW
�- 103 -
L’ASSOCIATION
COMPTES RENDUS DES SEANCES
Séance du 12 Mai 1902.
La séance est ouverte à neuf heures du soir, sous la présidence
de Boniorbale, président.
Le Secrétaire donne lecture du précédent procès-verbal qui est
adopté.
Le Président porte à la connaissance de l’Assemblée certaines
questions concernant la publication de la Provence universi
taire, organe de l’Association. Plusieurs membres demandent la
suppression de ce bulletin.
La parole est donnée à Doreau, directeur-gérant : il estime
que la Provence universitaire doit être maintenue, mais en y
apportant certaines modifications.
L’Assemblée générale, consultée, est d'avis de renvoyer cette
question au mois do novembre, de manière que les nouveaux
membres puissent donner leur appréciation sur ce point.
.Néanmoins, l’Assemblée vole le maintien de la Provence un i
versitaire.
Conformément à la décision prise par la précédente Assemblée
générale, l’ordre du jour porte la discussion de l’envoi d'une délé
gation aux fêtes du IIP Congrès de la Confédération internatio
nale des Etudiants la Corda Fratres, qui aura lieu à Budapest
au mois de septembre prochain,
Andrieu, secrétaire général de la Corda Fratres, dit que
l’Association a adhéré à la Confédération en 1899 : il fait ressortir
les avantages de cette institution et conclut à l’envoi d’une délé
gation ollicielle désignée par l’Assemblée générale.
Sauvet, président honoraire, prend ensuite la parole : L’Asso
ciation, dit-il, n'a jamais adhéré d’une manière régulière à la
Corda Fratres : aucun vote à ce sujet n’est constaté sur les
registres des procès-verbaux. L’Association ne peut être engagée
par une simple lettre de son Président.
Enfin, l’Association est, par suite, un organe tout à fait indé
pendant de la Corda Fratres et ne peut valablement nommer
une délégation ollicielle aux fêtes de Budapest .
L’Assemblée, consultée, se rallie, à la majorité, à l’opinion de
Sauvet.
En conséquence, il est décidé :
P Qu’aucune délégation ollicielle n’assisterait aux fêles de la
Corda Fratres à Budapest;
2° Que l’Association est tout à fait indépendante de la Corda
Fratres et se dégage entièrement de toute adhésion qui a pu
être donnée.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire :
O ctave RIMBAUD.
Les membres de l'Association ont été régulièrement convoqués
pn Assemblée générale ordinaire, conformément aux Statuts,
pour le 5 juin 1902, à huit heures et demie du soir, pour la reddi
tion des comptes du Trésorier.
A cause de l’insutlisance des membres présents,, le Comité a
décidé de renvoyer la séance au lundi 9 juin.
Séance du 9 Juin 1902.
La séance est ouverte à neuf heures du soir.
Le précédent procès-verbal est adopté.
Le Trésorier, Navoni, rend compte de sa gestion financière. Il
en résulte que l’Association se trouve avoir un actif de G19 fr. 55
L’Assemblée approuve les comptes du Trésorier et vote, à l’una
nimité, des félicitations.
Enfin, avant de lever la séance, Rimbaud, secrétaire, demande
à l'Assemblée de voter une somme de 50 francs pour les sinistrés
do la Martinique 11 ostime que l’Association aura à cœur de s'as
socier à la douleur nationale et à venir en aide, dans la mesure
de ses moyens, aux nombreuses familles désolées.
La demande de secours faite à l’Association est accordée et il
est décidé que le Trésorier versera cette somme à la perception
d’Aix ou à la recette particulière des finances.
La séance est levée à neuf heures et demie.
Le Secrétaire,
Octave RIMBAUD.
�1KM 1CSAISIE ARAS
Frédéric
M. Lisbonne, substitut à Mende, vient d'étre
nommé substitut au parquet d’Aix ; nous adressons à
cet ancien camarade, qui a fait longtemps partie de
l’Association, toutes nos félicitations.
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Les concours de licence auront lieu le jeudi 3 juillet
et le samedi 7.
Les examens écrits de licence se feront en 2 séries :
La première le 8 et le 9.
La deuxième le 15 et le 16.
Pour les autres années de licence, les examens
oraux commenceront le mardi 15.
Le registre d’inscriptions est ouvert jusqu’au 1er juil
let au secrétariat de la Faculté.
Le Directeur-Gérant : J.
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D oreau .
Lith. P. POUPCEL, cours Mirabeau, 58.
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UNI PlPMt MOU FÉLIX GIRAUD
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M. Perreau, professeur d’économie politique,
ancien député, vient d'être nommé chargé de cours à
la Faculté de Droit de Paris. Tout en déplorant le
départ d’une des plus sympathiques ligures de la
Faculté, nous adressons à M. Perreau le témoignage
de nos plus respectueux hommages.
Nos camarades apprendront avec plaisir, s’ils
ne le savent déjà, le succès de notre ami Gontier, avo
cat à la Cour, à son premier examen de doctorat juridi
que. Aux félicitations que nous lui adressons, nous joi
gnons le regret de le voir quitter Aix et le barreau
où de brillantes qualités lui faisaient augurer du succès.
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�A .1OIIANNKS CMOS.
Sous une faible clarté de lune, Pékin était un grouil
lement de ruines : dans le lointain, des cris rauques,
comme des aboiements étouffés, parfois trouaient b*
silence, et dans le sommeil de la ville passait l’an
goisse du cauchemar. Les maisons 'crevées étaient des
loques rigides ; les poutres disjointes, les perches bri
sées faisaient des milliers de gestes noirs sur l’azur
profond de la nuit. A travers les décombres des lan
ternes rouges s’avancaient en oscillant comme de bizar
res tètes dodelinantes : il y avait aussi un fanal qui
projetait une clarté blanche triangulaire. Des hommes
passaient : le commandant Bergièrcs protégé par une
escorte. Tout en marchant vite il regardait de côté et
d’autre rapidement, d’un regard aigu qui fouillait
l’ombre : il humait la putréfaction de Pékin étalée
comme un cadavre dépouillé au clair de lune. Soudain
il s’arrêta, lit un signe : l’homme (pii portait le fanal
le haussa, la lumière lit une grande tache blanche sur
�— iOO —
Un mur : à une poutre sortant d’une fenêtre pendait
une sorte de longue guenille : c’était un cadavre de Chi
nois emmailloté dans un drap comme en des langes ;
sans doute on l'avait plaisamment déguisé avant de le
pendre ; il y avait eu de la farce dans l'horreur de
cette mort. Les soldats eurent un rire mal assuré.
Bergières prit la lanterne, s’approcha, et tout d'un
coup eut un haut-le-corps, recula en prononçant un
« oh » si brusque, un cri de gorge étouffé si plein de
terreur, qu’un mouvement se produisit aussi dans l'escorle comme un réflexe. Alors le commandant se mit à
rire bien haut en disant : « Quel vilain singe ! » —
« Pour sur, v'ià un poupon que ma payse n'aimerait
pas faire téter » répartit un soldat gouailleur. Et de
nouveau les lanternes rouges se mirent à dodeliner, et
se perdirent dans les ténèbres.
Lorsque Bergières eut regagné son campement dans
un coin du palais aux jardins de l’Impératrice, une
chambre qui tenait de la chaumière et du temple, il
avait encore devant les yeux l'obsédante face du pendu,
ce masque tiraillé par la douleur où les yeux sortaient
des orbites, ou la bouche s’ouvrait en un rictus affreux,
laissant pendre la langue : c’était la caricature fantas
tique et hideuse du visage de Jean Derval, l’ennemi,
celui que Bergières exécrait de cette haine si vigou
reuse qu’elle semble constamment tenir chaud au cœur;
caricature semblable à celles des fantaisistes japo
nais, et dans lesquelles le comique se mêle à l'horreur
et devient macabre. — Maintenant, la tête dans scs
mains le commandant tremblait d’angoisse : une dou
leur venait de saigner en lui comme une plaie jamais
guérie qui se rouvre ; autour de lui la vision du pré
sent s’effaçait : il ne voyait plus la chambre chinoise
aux fenêtres de papier, ni les rues de Pékin en ruines
107 —
sous le clair de lune lalot, ni le pendu emmailloté
comme un enfant : il ne sentait plus l’odeur fade,
écœurante qui montait des décombres, de tous les
débris équivoques, il était bien loin de ces choses. Il
marchait sur un chemin vert entre des haies de roses,
dans son jardin tout Ileuri de Provins : le soir tombait ;
c’était l’apaisement recueilli du crépuscule ; Bergières
l’entrait d’une promenade : une impression très douce
de bonheur tranquille, une grande confiance en l’ave
nir le faisaient sourire ; c’était comme un épanouisse
ment en lui, à celte heure très bonne du jour qui fuit,
où les rumeurs s’éteignent, tandis que les cloches lan
cent lentement les notes claires de l'Anuelus dans le
ciel mauve. !l souriait d'être jeune, d'être capitaine, de
ce qu'il faisait très beau, du parfum des roses. 11 sou
riait surtout parce que, au bout de l’allée, sa femme
devait l’attendre ; sa femme tonie la poésie de son
cœur de soldat, toute sa vie sentimentale. Il l’avait
aimée d'un de ces amours si profondes qu'elles suffisent
à élever les âmes médiocres. Depuis le jour où il l'avait
connue jusqu'à celui de leur mariage, cinq ans après,
la jeune fille avait été le but de tous ses efforts.
Il l’aimait avec un mélange charmant de protec
tion et d’admiration ; protection du soldat pour
l'être frêle, admiration du fils de paysan resté quand
même un peu rustre, devant cette Ileur de serre
délicate et précieuse. Jeanne Yercier était une de ces
jeunes filles de la bourgeoisie moderne chez lesquel
les on rencontre des âmes tendres et affinées, mais sans
force, dont les pensées et les sentiments sont jolis,
sans être beaux : leur cœur n’est pas rouge, mais rose,
et leur amour sans profondeur a des caresses gracieu
ses. Bergières voulait se rapprocher d'elle, elle était
son modèle de suprême distinction ; et h soir, chez les
Yercier, dans le salon au goût moderne, c’était un spec-
�J 09 —
tacle touchant que de le voir assis sur un meuble con
tourné et incommode écoutant longuement de la musi
que de Mozart sans bâiller, tandis que Jeanne, au
piano, était dans la clarté rose des écrans, comme un
joli Greuze ayant conscience de son charme...................
Et après leur mariage, l’enchantement continuait ; il
était bien heureux. Il souriait aussi parce qu'il allait
avoir Jean Dcrval pendant toute la soirée, et qu’ils
causeraient du passé avec le conlîdent de toutes ses
espérances, de scs rares crises.........
Et maintenant Bergières tremble de tous ses mem
bres dans la petite chambre chinoise, accoudé sur la
table laquée, devant une chandelle qui vacille : ce n'est
pas, tout ceci, du passé dont il sc souvient, c'est du
présent qu'il revit avec la même stupeur, les mêmes
déchirements.
Personne au bout de l'allée, devant la maison pim
pante : il entre, rapidement, à pas de loup, méditant
sa plaisanterie familière ; les mains sur les yeux de
Jeanne, un cri guttural d'Appache, qui la ferait sursau
te]'. En approchant du salon il entendit la voix de sa
femme un peu voilée et mouillée « oh ! oui, j ’en suis sûre,
tu m'aimes moins depuis ! ...» Et la voix de l’ami : « Tu
es folle ! » — Quand il entra, il était livide ; il y eut un
grand silence; puis on parla du pharmacien qui allait
se marier.
Le soir Bergières s'en alla sans rien dire. Et depuis
il avait été en expédition en Afrique; il y était resté
quatre ans. A son retour en France, il apprenait (pie sa
femme vivait toujours à Provins, Derval aussi ; il
repartit. Et ainsi pendant dix ans, il avait vécu dans
bien des pays ; il n’avait jamais essayé de revoir sa
femme : et c’était sa grandeur cela, d’avoir marché
bravement, sans regarder en arrière. Il « s’était lait
une carapace » selon son expression. De temps en temps
« ça fondait », et alors il souffrait en damné, comme ce
soir. Car il l’aimait toujours : il est si diflîcile de ternir
dans sa pensée etdechasser de soncœurun être auquel
on s'est entièrement donné : il semble que ceux-là ne
puissent être infâmes. Qu’importe l’évidence !
C’est alors comme si, par un dédoublement mysté
rieux. un être nouveau surgissait, une femme inconnue
et méchante, une autre, qu’on méprise et qu’on insulte,
tandis que la première reste pure dans notre imagina
tion. et maîtresse dans notre cœur. Mais Jean Derval.
ah ! comme il le haïssait celui-là ! En Afrique, la nuit,
près des tentes, sous le jour lunaire morne, dans le
désert, tandis que les chacals grognaient au loin, il
songeait aux autres, là-bas ; une jalousie atroce le
brûlait; toute sa pensée se butait contre l'idée lixe. Il
souffrait tant, qu’il aurait voulu, lui aussi, pousser de
longs cris de bêtes dans la nuit. Alors il regardait les
fusils qui luisaient, et ne se tuait pas pourtant, s’étant
donné la consigne d’oublier.
« Comme il lui ressemblait le vilain singe, pouah ! »
Il pensait au pendu tirant la langue comme un chien
qui a soif; un désir mauvais naissait en lui de prendre
l'autre par le bras, de l’amener devant la grimace du
cadavre et de lui dire : « l iens, tiens, regarde ! » Et
aussi de crier cela à Jeanne et de lui cracher des in
sultes. Il dit tout haut : « Ah, ah. il est joli ton
amant! » Le bruit de sa voix lui lit un singulier effet.
Il se rappela des conversations d'autrefois avec Jean
sur la mort : « Bah. disait Bergières, b] mort, c'est
bien simple : une balle au cœur ou à la tète, on tombe,
pouf! Un sergent crie : « Serrez! » et les autres con
tinuent .
— « La mort, répondait Derval. la mort, vois-tu. ce
�110 sont les squelettes d’Holbein, les cadavres verdis que
les vers mangent. Moi. quand je vois un chien crevé,
je pense (pie je serai cette chose avec un visage hu
main, et j'ai le frisson ! » Et la voix de l’ami avait
frappé Bergières, tellement il y passait d’épouvante ;
le regard lixe de ses veux disait des terreurs vagues
inexprimées, et s a houche se plissait dans un mouve
ment de dégoût convulsif, la lèvre supérieure remon
tant. froncée, l’autre ahaissée un peu.
L’idée maintenant se précisait dans la pensée du
commandant : il imaginait l'horreur de Derval devant
cette caricature macabre de lui-méme ; il voyait pâlir
sa face subitement creusée. Ah, s'il les avait tenus,
l’étrange et réjouissante vengeance ; les amener là,
Jeanne et lui. et jeter cette épouvante dans leur idylle :
« Tiens, le voilà ; voilà ton amant! » Son amant ! Plus
tard, dans leurs jolies heures de tendresse, quand elle
aurait regardé ses traits, l'affreuse vision, soudain,
eut surgi. Il v aurait eu désormais entre eux l'obses
sion de ce grand bébé emmailloté, pouah ! Et jamais
plus, désormais, jamais plus leurs lèvres n'auraient pu
se toucher. Mais non, ils continueraient à être heureux
à Provins, parmi les roses, car l'un et l'autre y demeu
raient encore, Bergières venait de l’apprendre d’un
officier arrivant de France.
Soudain, le commandant se leva et appela :
« Kergy ! »
Bientôt après, par les rues mornes de Pékin, Bcrgières, accompagné d’un jeune soldat, marchait rapide
ment ; il portait à la main une sorte de boite. — « Par
ici. mon commandant, tenez, le voici. » Ils étaient devant
h* pendu. L’autre, la voix altérée, dit : « Vite, vite ! »
O s hommes avaient l’air de machiner un crime.
L exploraient' hardi, le brave qui avait fait face aux
—
111
—
Arabes, aux Chinois, maintenant dans la nuit blême,
avait les allures louches d’une hyène qui déterre un
mort. Il prit son appareil de photographie et l’établit
sur son pied, puis il le braqua sur le pendu, qui avait
l’air de le regarder faire en tirant sa langue noire, la
tête sortant du drap. I n peu de vent souffla ; le cadavre
oscilla faiblement. « Allume!» La clarté du magné
sium troua la nuit. Lu instant, dans cette lumière in
tense, le pendu parut animé d’une sorte de vie, comme
un spectre « C’est fait. » Comme ils s’en allaient, le
soldat se retourna : « Bonne nuit, vieux! » Bergières
marchait très vite. l Tn chien aboya au loin.
Le lendemain, en regardant l’épreuve obtenue, le
commandant eut un petit frisson dans le dos. 11 la mit
dans une enveloppe et écrivit l’adresse, de sa belle
écriture large : « Madame Bergières, villa Jolie, à
Provins. »
Jean BULL Y.
INANIMÉES
A J. G.
Les parfums lourds des serres closes
Baignent de rêves alanguis
Les fleurs d’albâtre et de rubis
Fn leurs patriciennes poses.
�— 114 —
La toge se plissait en moulant la poitrine ;
La frange de lin blanc, qui frémit sur le bord,
Soulevée en replis par un nœud d'aubépine
Laisse voir ces deux : « A la vie, A la mort ! »
Enfin de la main droite, elle montrait son âme
Par le sein déchiré, car l’artiste avec soin
Avait encor gravé sur le cœur de la femme
Qui palpitait à nu : « De près comme de loin ! »
Tout semble prêt, pour quelque émouvant sacrifice.
Et je songe, tandis qu 'un trouble en moi se glisse,
Que seuls, manquent l’hostie et le prêtre. Soudain,
Je comprends, embrassant l’avenir et ma tâche,
Qu’il me fa u t immoler ce cœur, qui me rend lâche,
Et je dis, sanglotante et résignée : « Amen ! »
M a « gué rit e I S N A R D .
M. G.
I
SONNET
SOIR
MU S I C A L
Sous sa nappe de neige, étrangement mystique,
La plaine m apparait comme un immense autel
Silencieusement revêtu, par le ciel,
De la blancheur d’un lin pieux et symbolique.
Au clavier mélodieux tes doigts courent ; fluets
Et délicats danseurs sur l'ivoire blanchâtre,
On dirait voir, scandé de mignons menuets,
Un bal d angelets blancs sur un parvis d’albâtre.
De.s astres aux blondeurs caressantes de miel
Sont /es fe u x clignotants des cierges. .. Un cantique
Modulé par le vent, erre, mélancolique,
Dans l’air ému. — L'instant est presque solennel.
Les flammes des flambeaux, comme des feux-follet
Subtilement sertis d’obscurité bleuâtre,
Eteignent sur ton front d'opale leurs reflets
Tranparents et fu ya n ts comme un rêve folâtre.
�— 118 —
il remercie les membres de l’ancien bureau, du concours
qu'ils lui ont prêté pendant qu'il dirigeait la Confé
rence, il souhaite la bienvenue au nouveau bureau et
espère que la Conférence Portalis vivra longtemps dans
une ère de prospérité. Il renier* ie ensuite M. le doyen
Bry et MM. les Professeurs, du dévouement dont ilsont
fait preuve, pour encourager les jeunes orateurs, et
termine en levant son verre en l'honneur de la Confé
rence. De nombreux applaudissements accueillent ce
discours.
M. Pécout, le nouveau président, se lève à son tour
et dans un langage plein de chaleur et d’élégance, re
mercie les membres de la Conférence du grand honneur
qu’ils lui ont fait en l'appelant à la présidence. Il espère,
dit-il. être à même de continuer dignement l’œuvre de
ses prédécesseurs, uc rien négliger pour encourager
les orateurs à venir à la barre et pour resserrer les liens
desolidarité qui existent entre les membres de la Confé
rence Portalis. I ne salve d’applaudissements souli
gne ces derniers mots.
M. le doyen Bry prend alors la parole : Il est heu
reux, nous dit-il, de se retrouver au milieu de nous,
car les occasions sont rares, qui lui permettent, à lui
et à ses collègues MM. les professeurs, de fraterniser
aussi cordialement avec les étudiants. Chaque année,
dans la même salle du café Clément, cette réunion re
commence, mais chaque année, elle est empreinte d’un
caractère de jeunesse toujours si nouveau, qu’on en
désire chaque fois plus ardemment le retour. Il félicite
les orateurs de l’annee des excellents débuts qu’ils ont
tous fait à la barre, ses collègues et lui ne négligeront
rien pour encourager les étudiants à s’exercer dans
Part de la parole, et termine en levant son verre à la
prospérité de la Conférence Portalis.
— 119 —
M. le Premier Président Giraud remercie à son tour
les étudiants île l’avoir convié à leur réunion. Il les
encourage en termes affectueux a continuer leurs tra
vaux, qui les conduiront a parler un jour devant la Corn
et devant lui : Il les attend, dit-il, au barreau, pour leur
voir prendre en main la défense des malheureux, que
souvent la misère et la faim conduisent ou pied de la
Justice ; les sentiments de générosité dont les étudiants
font preuve, permettent d’espérer qu’ils réussiront
pleinement dans cette noble carrière ! De chaleureux
applaudissements accueillent ces quelques paroles;
après quoi le vice-président M® Caravokyros se lève et
parle au nom des étudiants étrangers : Ses camarades
et lui sont heureux de pouvoir exprimer une fois de plus
aux Français leur attachement et leur sympathie. L’ac
cueil qu’ils reçoivent en France, les sentiments qu’on
leur y inculque, la leur font toujours aimer davantage
en même temps que cela augmente en eux l’amour de
leur patrie. Après un triple ban d’applaudissements et
tandis que le punch flambe joyeusement sur les tables,
commence la partie artistique de la soirée :
M° Richard, avec une verve incomparable nous donne
« La Fiancée du Trombonne à coulisse » ; M. Garnier
qui lui succède, récite deux de ses charmantes poésies,
qui comme toujours provoquent des applaudissements
répétés dans tout l’auditoire. Me Ricard nous joue la
charmante valse de « Yenetia ». Fuis c’est au tour de
Me Couttret qui déclame avec beaucoup d’art une déli
cieuse poésie dont il est l’auteur. M° Aymard prend
après lui la parole. Dans une brillante improvisation,
il déclare être heureux de venir trinquer encore avec les
membres de la Conférence Portalis : la solidarité qui
les unit est un sentiment auquel chacun doit rendre
honneur. Mc Bonifassi exécute ensuite avec talent deux
�—
120
—
charmants morceaux de piano ; M° Aymard rappelé à
prêter son concours nous chante avec beaucoup d'esprit
une spirituelle chansonnette, intitulée « Le voyage
présidentiel » M° Popoll’, tranchant sur les morceaux
badins, nous chante avec accompagnement de M° Rerruty, l'air bien connu, mais toujours beau, du « Roi de
Thullé ». Enfin, après plusieurs autres déclamations,
les unes gaies, les autres sérieuses, la séance lut levée
à i l heures, et chacun partit, emportant de la soirée la
meilleure impression.
J. R eynaud .
Le D irecteur-G érant :
J e an
Tyr
fi Uth. P
DORE AU
PÛUUCtL, cours Mirabeau, 58.
��Provence
Universitaire
V <-IlW'rb'
X^ ^
BULLETIN MENSUEL
D é c e m b re 1002
�SOMMAIRE
C h . Knun,
S aloïn de L uz eg os ,
Id.
R ené C astel ,
L. C.
M acf.o ,
O ctave R imbaud ,
*
u.
Péle-Méle Association,
Un peu d'art.
Clair de Lune.
Soiraison (sonnet d é c a d e n t '.
A propos du Moulin de Daudet.
Echos.
Ce que disent les Cloches.
Chronique théâtrale.
Choses de l’Association (punch d’honneul*).
[/Association (comptes rendus des séances).
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C H A P E A U X M É C A N IQ U E S
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Parçis
Aix depuis un mois possède quelques habitants de
plus et ce ne sont pas des moindres par leur active
gaieté. La Faculté a ouvert ses lourdes portes aux
boiseries austères, dont nos deux amis, Ravaisou et
Martin sont les vigilants gardiens. Durant les premiers
jours, c'est la Faculté qui est le rendez-vous où l’on
renoue les connaissances et rappelle les souvenirs. Une
laborieuse bonne volonté aidant l’ardeur du début, c’est
nombreux que l'on se retrouve. Mais bêlas ! tout passe
ici-bas, même et surtout les énergies généreuses, et
pour beaucoup l'assiduité aura la mélancolique durée
des roses « l'espace d’un matin ». Soyons large « l'es
pace de quelques matins ».
Pour ceux donc qui se livrent à une étude assez appro
fondie de la loi du moindre effort, ce sera l’Association
le lieu de rendez-vous. Là, comme dans le hall de la
Faculté, la note dominante c’est l’animation ot l’entrain.
On sc raconte mutuellement son genre d’existence
depuis trois mois et en bons méridionaux de la pure
Provence, l’exagération y trouve quelquefois sa large
part. On n’est pas du Midi pour rien. Les uns nous par
lent de Buda-Pcsth ou do Venise, d’autres de Besançon.
Quelques-uns se sont livrés plus simplement à des
voyages en Provence. Chacun a donné libre cours à scs
goûts préférés : les cynégétiques vous vantent les
exploits de leur setter, de leur griffon... et les leurs ;
les sportsmen sc rémémorent leurs sensationnelles par
ties de canotage ou de football ; les mondains s'excla
ment sur l’amaoilité des charmantes danseuses qu’ils
ont fréquentées.
Quand on a revécu le passé, on revient au présent.
On s’interroge sur les nouveautés (sans trop de préten
tion au néologisme) de l'existence aixcise. 11 y a,dit-on,
une bonne troupe au théâtre municipal. Pas pos
sible, un théâtre à Aix ! mais « il court à la faillite »,
nous dirait Pierrot même avant la Mi-Carême. Détrom
pez-vous, mes chers camarades, nous avons un théâtre
et un bon théâtre do province. Pour ceux, en effet, qui
ont assisté aux représentations d'octobre, la saison
théâtrale s’annonce sous un heureux jour. Le plaisir en
sera d’autant plus grand pour les Aixois qu'ils en sont
�—
122
—
privés depuis... depuis, ma foi, fort longtemps. Car
les bonnes directions justifient le vers de Virgile
« Apparent rari nantes in gurgite vasto » de la débâ
cle. M. Barret a su bien composer sa troupe ; s’il sait
se cantonner dans un répertoire du goût du public, ce
ne seront pas les applaudissements qui manqueront à la
gracieuse Mmo Oswald, à la charmante MII1URambaud,
pas plus qu’à M. Aricl, un agréable ténor léger, et à
M. Rambaud, une chaude et sympathique basse. L'or
chestre pourtant, dans lequel se remarquent , certaines
personnalités connues et appréciées des amateurs aixois,
veut ne pas passer inaperçu et. le "Wagner très dernier
genre, mais le Wagner poussé même hors des limites
où l’a laissé l’auteur de S i e g f r i e d lui siérait, tant un
beau désordre et une certaine absence d homogénéité
semble parfois lui convenir, en dépit de la maîtrise de
son chef. Mais je me surprends chassant sur un domaine
privé, et je ne voudrais pas être menacé du commissaire
par notre chroniqueur théâtral.
Revenons à nos escholiers. C'est avec grand plaisir,
dussent les Marseillais en grincer de rage, que nous
avons vu à la première assemblée de l’Association une
nombreuse rentrée parmi les étudiants de première
année. C’est qu'ils sont joyeux et pleins d’entrain les
potaches d’il y a quelques mois. Avec quelle ardeur et
quelle hâte ils ont à cœur de devenir promptement p a r
fa it étudiant. Le bruit et le vacarme sont leur occu
pation favorite. D'aucuns même, le soir, se lancent
dans de savantes tactiques d’attaques.. . nocturnes et
affectent avec le sexe faible une intimité vieille... vieille
de quelques mois.
Ils ont raison d’aller de l’avant; c'est à eux qu’appar
tient le soin, le souci même de ragaillardir la vie d’étu
diant, de conserver les excellentes traditions d’existence
nocturne et de libations nombreuses et prolongées.
A eux, nouveaux venus parmi nous, comme d’ailleurs
aux anciens, « la Provence », à sa réapparition, est
heureuse de souhaiter la bienvenue. A tous, même à
ceux qui craignent la méningite ou l’anémie cérébrale,
elle fait un généreux appel et volontiers leur applique
te vers de Victor Hugo :
Donnez-moi vos vingt uns, si vous n’en faites rien.
UN PEU D'ART
Très prochainement M. Charles Bordes viendra donnai' à Aix,
avec le concours îles chœurs de la Schola Cantorum et de M. Guilmant, une (/ronde audition musicale qui par l'originalité du pro
gramme connue par le talent magistrat des exécutants promet
de présente)' un vif intérêt. Nous avons demandé à. notre colla
borateur Ch. Fred, quelques notes sur les deux grands artistes
qui vont être nos hâtes, et il a bien voulu nous présenter en deux
courts portraits MM. Charles Bordes et (luitniant.
Charles BORDES
Pour bien connaître Charles Bordes il faut l’avoir
vu au milieu de son œuvre, à la Schola Cantorum de
Paris. Là, vraiment, apparaissent en leur plein jour ses
qualités d'artiste passionné, ses qualités aussi de direc
teur à la fois doux et ferme, de maître de chœurs idéal.
La Schola c’est toute la vie de Bordes ; il a fondé ce
petit Conservatoire, ce meilleur conservatoire pour
perfectionner l’étude de la musique religieuse et des
maîtres primitifs. Puis, peu à peu son œuvre s’est
agrandie, et c’est bientôt une complète rénovation artis
tique, un renouvellement total de l’enseignement
musical qui sortira de ce petit groupe de travailleurs
désintéressés : Charles Bordes, Vincent d’Indy, Guilmant, Gastoué, Pierre Aubry, les grandes cantatrices
Jeanne Raunay et Eléonore Blanc et bien d’autres.
Maintenant la Schola a ses concerts parisiens, ses
auditions-conférences ; elle a son orchestre et ses
chœurs, son incomparable quatuor vocal : Mmes Marie
Martin de la Rouvière et Delamare, MM. Jean David
et Gébelin ; elle a sa maison d’édition et ses revues,
des succursales en province et à l’étranger. L’œuvre de
Bordes s’est développée avec une rapidité merveil
leuse et une étonnante fécondité.
Pourquoi cela ? C’est que Bordes est vraiment un
artiste. Il a senti vivement ce qu’il y avait de factice,
de faussement traditionnel dans la pratique du plainchant et d’une manière générale dans l’interprétation
musicale telle qu’elle est enseignée au Conservatoire
C’est d’une part le plain-chant grégorien, la pensée
même des auteurs anonymes du canins plaints et d’au
tre part, l’interprétation des maîtres telle que les mai-
�très eux-mêmes l’auraient voulue, qu’il a entrepris avec
succès de restituer. La formule de sa réforme serait :
vérité historique , sincérité.
Cet idéal une fois conçu par un apôtre tel que Bor
des doit être immédiatement réalisé. Bordes l'a essayé
à l’église Saint-Gcrvais où ses chanteurs ont fait mer
veille et, malgré les dillicultés pratiques survenues
récemment, il continuera cet hiver à attirer dans cette
église les amateurs d’art délicat et profond. L’œuvre
s’est continuée à la Schola même, dans les cours et
dans la salle de concerts, elle s’est continuée dans les
tournées de Bordes et dans ses magnifiques congrès
nui ont été pour Bordes et pour sa méthode autant
d’éclatants triomphes. Bordes est là tout entier ; il
aime ses œuvres et ses dévoués coopérateurs ; les élè
ves de la Schola l’aiment eux aussi comme un père, ou
si vous voulez ne pas le vieillir, comme un frère aîné
admiré et respecté ; tous ceux qui ont eu l’avantage de
l’aborder sont devenus bien vite ses amis.
Pour les Provençaux Charles Bordes n’est pas un
inconnu : quatre concerts à Aix, de nombreuses audi
tions aux Concerts Classiques de Marseille et surtout
le Congrès de 1899 à Avignon qui fut pour beaucoup
comme une révélation, ont permis à nos compatriotes
d’apprécier aussi bien sa méthode et son enseignement
que ses remarquables qualités de maître de chœurs et
de chef d’orchestre. Bordes a composé de fort belles
pièces religieuses et des mélodies d’un charme aussi
discret que pénétrant. Mais si vous voulez lui faire
plaisir parlez-lui de la Schola. 11 ne vit que pour cette
œuvre et ne vous sera jamais aussi reconnaissant que
si vous l’aidez à répandre ses principes, si vous tra
vaillez avec lui à la destruction de la routine, du pro
cédé et à la diffusion du grand art.
A le xa n d re G U 1 L M A N T
Guilmant est pour l’orgue lo maître incontesté de
l’Lcole française. Il a créé au Conservatoire de Paris
l’enseignement vraiment méthodique de cet instrument,
et, par lui-même ou par ses élèves, il a fait de l’orgue
non plus seulement un instrument d’église mais aussi un
instrument de concert. Si vous lui dites tout cela, il
proteste, il allirme que le maître c’est Widor, qu’il n’a
été lui qu’un initiateur : modestie rare chez les artis
tes et effet aussi de son amitié constante et très vive
pour Widor.
C’est chez Widor, dans le petit salon réservé à l’orga
niste au milieu même des orgues monumentales de SaintSulpice. que je causai pour la première fois avec Guil
mant. Nous parlâmes d’amis communs, de ses élèves
favoris, d’Ibos surtout qui donne les plus belles espé
rances ; et à ce propos, le maître me manifesta sa joie
de voir l’orgue de plus en plus cultivé, de plus en plus
aimé. On peut maintenant donner des récitals d’orgue
sans craindre de jouer devant des banquettes ; Vierne,
le jeune organiste de Notre-Dame, et Guilmant luimême en ont donné à la Schola où l’on dut refuser du
monde. Toutes les églises importantes veulent mainte
nant avoir un orgue de bon facteur et un organiste qui
ait la science de son instrument. Je n’ai pas voulu faire
de la peine à Guilmant en lui disant qu’à Aix on sort
quelquefois d’une église pour ne pas entendre une fugue
ou une toccata de Bach, cependant magistralement exé
cutées, et qu’un certain curé, après avoir dépensé des
milliers de francs à un autel ridicule, rococo et criard
11e trouve pas de quoi faire réparer un orgue qui sous
les doigts de Ramon produirait des effets splendides...
Mais parlons de Guilmant, si vous le voulez bien...
L’orgue est pour Guilmant l’instrument parfait, le
seul complet. Sur l’orgue on peut varier à l’infini les
effets mélodiques et harmoniques et aussi les effets de
timbre auxquels tout bon organiste doit attacher
une grande importance. Guilmant aime jalousement
son instrument : rien ne l’éprouve comme de voir
de belles orgues gâtées par un racommodeur maladroit.
C’est ce qui lui a fait quitter l’église de la Trinité qu’il
avait illustrée si longtemps en y restant organiste.
L’orgue avait besoin de réparations ; le curé voulait
faire des économies, fut-ce aux dépens des oreilles des
fidèles. Il semble que l’organiste doit avoir quelque
autorité pour ce qui concerne son instrument : le curé
en question — peut-être — voulait il lui aussi élever un
autel de luxueux mauvais goût, jugea que l’avis de
Guilmant était chose secondaire, Guilmant indiqua le
facteur qui seul pouvait fournir les garanties sullisantes : le Curé confia la réparation à un marchand d’or
gues quelconque : Guilmant se fâcha et envoya sa
démission au curé de la Trinité.
Ayant ainsi rompu sa carrière d organiste à un âge
�—
126
—
—
où l'on ne la recommence pas, Guilmnnt a décidé de
se consacrer tout entier à renseignement. Il a un
cours (subventionné au Conservatoire), et un cours
(à titre gracieux) à la Schola. Il y a quelque temps
M. Dubois, directeur du Conservatoire, s'inquiétant
des progrès constants de l'école rivale, fit appeler
Guilmant et le pria d’opter entre le Conservatoire et la
Schola : « Ce n’est pas à mon âge, répondit Guilmant,
qu'on doit vous proposer un pareil marché, je garde les
deux ». Inutile de vous dire (pic devant cette attitude
ferme le Conservatoire ne s'est pas privé d'un de ses
plus illustres professeurs : Guilmant continue à y faire
son cours tout en restant président de la Schola.
Et puis, quand il a la nostalgie, quand il voudrait
encore un peu être réellement organiste, il va trouver
Widor à Saint-Sulpice, et à l’Olfcrtoire au lieu d’une
symphonie savante et un peu froide de W idor les fidè
les entendent quelque pièce plus simple mais plus
chaude et plus chantante de Guilmant.....
127
—
L ’argent coule, fluide, aux flancs bleus du Canot,
E t je glisse, d'extase en extase plus fo rte ,
Dans le velours de l'air planent, comme une escorte,
Des sons voilés de viole, assoupis. . . en un mot...
En un nom musical, rêveur, que les flots calmes
Se murmurent entre eux dans le frisson des palmes,
Gemme dont le rayon manque à la Nuit, encor...
C’est ton nom de mystère, et doux, mon Idéale !
Dans la coupe d’argent de la nuit sidérale,
Mon âme l’a pleuré comme une larme d’or !. . .
S o i r a is o in ^
( sonnet d écid en t )
(Paris, 23 nov. 1902.)
C ii . FRE ü .
« Ajoutons un mot à ces originales et intéressantes
biographies de notre Collaborateur. L’après-midi du
jeudi 4 décembre fut une fort belle manifestation d'art.
Et tous ceux qui ont eu le plaisir d’ètre à Saint-Sauveur
re jour-là ont pu goûter cette satisfaction artistique que
fait naître l'audition de belles œuvres, si habilement et
si magnifiquement interprétées.
Nul doute que si M. Charles Bordes vient à Aix, il
ne reçoive du public une égale sympathie et d’égales
louanges. »
CLAIR DE LUNE
Son
nom. . . dans
la
n u it divine. . .
Dans la nuit pale et chaste, enlacé par le flo t,
Mon rêve, palpitant au reflet de l’eau morte,
S ’en va vers le bord sombre, où le remous l’emporte,
S ’éteindre en un soupir triste comme un sanglot . ..
Le troufeu s’abima — braise — océan — bas, bas. ..
O nocte et docte et nigres, en tes pattes salopes
Et nigres, nocte et docte, opalissant, tu topes !
Cave du \énitkeur astrueux le Cabbas!
Lélia, lis : les lilas sont livides là bas,
Et dans du sang, le soir, peuplé de noctylopes,
Crève à bords merveilleux dans les nuits interlopes,
Tout fu y e au havideux et pâle branle-à-bas.
Et la lampe lumine en clarté de tropique
Lourdcuse, et fond son or en goutte pleurifque.
Et fu it sonner son jour dans les éthers subtils
Qu’arde d’un ton d’argent la nuit adamantine
D ’une nue haut volant où nul vol ne culmine,
lrréfrangible point, appendit à des f i s . ..
S aloïn de
LUZEGOS
�À PROPOS DU MOULIN DE DAUDET
J'ai appris tout récemment <pic le moulin de Daudet,
ce moulin fameux d’où le maître datait ses lettres si
exquises, j'ai appris, que ce moulin désormais histori
que, était mis en vente, et vile je me suis mis en route
pour en faire le pèlerinage. Je l'ai fait hier ce pieux
pèlerinage par un beau soleil entre deux journées de
pluie triste et je viens en rendre compte aux fidèles de
notre grand, (le notre incomparable romancier.
Quand on sort d’Arles par la route du Trébon et que
se dirigeant vers l'Est on a dépassé les ruines de la
vieille abbaye de Montmajour on débouche bientôt dans
le village de Fontvicille, célèbre à la fois par scs vigno
bles, ses oliviers et scs inépuisables carrières de pierre
de taille, ce village, tout en longueur, se développe au
pied d'une petite colline accidentée d’une « montagnettc »
chargée d'un vert désaltérant dans ce paysage brûlé.
Trois ou quatre moulins les ailes plus ou moins
désemparées par l’àge et le mistral s’y dressent encore
visibles presque des Montmajour. Si l’on traverse le
« grand bourg poudreux et blanc comme un chantier de
pierres » et que l’on prenne à droite, tout au bout le
chemin qui mène à la colline et aux moulins, on aperçoit
vingt-cinq mètres à gauche et dissimulé par des arbres
un grand domaine connu sous le nom de château de
Montauban nom bizarre et qui détonne en région pro
vençale. Il faut sans doute chercher l'étymologie du
nom dans l’aspect que devait présenter cette partie du
terroir de Fontvicille, avant que la colline ne fût garnie
de pins alors qu’il n'y avait là qu’une montagne nue
« nions albus ». Quoiqu’il en soit de l’origine de cette
appellat ion le château de Montauban débaptisé depuis peu
pour faire honneur à Daudet et appelé « mon moulin »
est une construction assez récente et Daudet me semble
à tort nous le donner pour une « vieille demeure » bien
qu’il l’ait très exactement décrit dans les 19 pages de scs
« Trente ans de Paris » où il expose la genèse de ce
court chef-d’œuvre intitulé « Lettres de mon moulin ».
Le château est construit en pierre de taille et réparé
à neuf. Avec son large perron, sa terrasse italienne a
pilastre, le grand balcon qui longe tout le premier étage,
il a ma foi fort bon air.
Qu’on relise la description charmante de Daudet.
elle est en général exacte et précise. Je me contenterai
pour ma part d’y ajouter quelques détails qu’il a négligés
sans doute à dessein ou de signaler certaines modifi
cations survenues depuis.
Bâti sur le mamelon au pied duquel s’accote Font
vicille le château est d'un aspect coquet et jouit d’une
vue splendide. On entrevoit de la terrasse du second
étage au sud-ouest la tour de Montmajour et les cloches
d’Arles, au nord-ouest les monuments de Tarascon et le
pic de Saint-Loup près de Montpellier, au nord-est les
derniers contre-forts des A1pilles qui s’abaissent et
viennent mourir à trois kilomètres puis se relèvent à
l’est avec leurs fines crêtes et leur douce teinte bleutée
du côté des Baux ; au sud c’est le parc formé d’un bosquet
splendide de vieux pins plantés là à grands frais et
arrosés de main d’homme. Rien de plus accidenté que
ces petits bois avec ses reliefs et ses creux, ses valons
et ses éminences ; quelque vent qui souille on est sùr
d’y trouver un coin où se reposer où humer les parfums
subtils du thym et de la lavande où s’accagnarder et
rêvasser. Au delà du bosquet, en haut et par côté des
vignobles, des oliviers, delà bruyère. En face de soi à
la moindre éclaircie des arbres la vue des moulins qui
ont l’air de se mettre en branle et de tourner. Mais
visitons le château lui-même. Au rez-de-chaussée un
grand salon et une salle à manger de trente-six mètres
carrés se développant sur toute la longueur de la façade
puis une salle de réception de quinze mètres sur six,
une salle de billard ou une bibliothèque à volonté Le
plafond de ces diverses pièces est très haut : quatre ou
cinq métrés à vue d'œil le parquet est en fine mosaïque
au marbre reluisant comme s’il était ciré. Malheureu
sement l’ameublement Louis XVI qui, au dire de Daudet
garnissa les pièces presque complètement, a disparu.
Bien que le parc ne renferme ni pelouses ni parterres
il est vaste et très pittoresque : huit hectares de pins de
quarante ans, toutes les essences du midi. Au delà du
sud et à l’est trois hectares de terres à vignes dont le
produit suilit au paiement des diverses charges qui
grèvent la propriété : impôts, assurances, gages du
jardinier, chasse variée et innombrables terriers de
lapins.
C’est là sous le climat méditerranéen à l’époque de sa
jeunesse alors qu’il n’était qu’un pauvre sans renom
mée qu'Alpbonsc Daudet aimait à venir passer ses
vacances. Le domaine appartenait à un de ses cousins
�—
130
—
Monsieur Ambray dont le frère était consul à Rotter
dam. MM. Ambray et Daudet curent toujours l'un
pour l’autre une vive sympathie et une inaltérable ami
tié ; et plus tard quand Daudet aura conquis à la pointe
de sa plume sa brillante renommée d’écrivain, il ne
manquera jamais d’inviter M. Ambray à la représen
tation de ses chefs-d’œuvre et Ambray n’aura garde
de ne pas se rendre à ses invitations. C’est donc au
château de Montauban que Daudet au début passait le
plus souvent ses vacances. 11 venait se reprendre à la
nature, se guérir de Paris et de ses fièvres, se retrem
per dans la verdure, s ’imprégner de ces saines émana
tions de nos petites collines provençales, « s ’y laisser
paresseusement vivre et. s’accagnardir rêveur dans
quelque renfoncement du parc, sur quelque banc naturel
dérochés bien abrité. De là il pouvait voir le moulin de
son enfance agiter dans l’air ses bras laborieux, il pou
vait pour se dégourdir les jambes faire la peu fatiguante
ascension. Quelles lignes émues il a consacré à cette
mine qu’il eut, dit-il, l’envie d’acheter, dont l’acte de
vente lut dressé chez le notaire de Fontvieille. On peut
en lire la rédaction spirituelle et fantaisiste dans l’avantpropos des Lettres à mon moulin. Ce moulin l’hypnotisait. 11 pouvait d’ailleurs le contempler du château,
du premier étage où se trouvent des fenêtres au midi sa
chambre et son cabinet de travail. Aujourd’hui les pins
grandis en masquent la vue. Tous les rêves de Daudet
se sont agités autour des ailes de ce moulin, c’est là qu’il a
écouté les paraboles du berger, les contes de Midifio dit
Pistolet ,les récits fanatiques de Rondeiron, le petit bossu,
etc... C’est de là qu’il est parti pour parcourir la région
tout entière, pour rayonner dans tous les sens de
Fontvieille à Tarascon, d’Arles aux Saintos-Marics et
à Yalcarès. C’est là qu’il a recueilli ce qu’il a rapporté:
l’ample récolte d’impression et de légendes dont il cou
pera à loisir ce livre parfumé d’esprit : Les lettres à
mon moulin.
René CASTFL.
ÉCHOS
C’est avec plaisir que pendant le courant des vacan
ces nous avons appris la nomination de nos deux
camarades Poilleux et Fieschi, comme conseillers de
préfecture, le premier dans la Lozère, et le second dans
le Var. Nous leur adressons à tous deux, avec nos féli
citations, nos sincères souhaits de succès dans cette
carrière.
— Nos félicitations également à notre ami Authosserre pour sa soutenance de thèse de doctorat.
— Plus récemment encore nous avons vu avec plai
sir la mention très bien décernée à la thèse de notre
camarade Vincent Marccagi. A plusieurs reprises, lau
réat de la Faculté, Marccagi couronne ses études de
doctorat juridique par une brillante thèse sur un rujet
d’actualité dans le monde juridique : La formation du
contrat entre absents. C’est une lin d’étude qui pour
Marccagi n’est qu’un commencement. Il est de fort bon
augure et c’est une égale persévérance dans le succès
que nous lui souhaitons.
— C'est dans une autre branche d’étude que s’est
distingué le sympathique collaborateur de la Provence
Universitaire , Henri Pécout, que la Faculté des lettres
vient de recevoir à la licence ès lettres, section de phi
losophie. Tous ses camarades ont appris ce succès avec
plaisir et l’en félicitent très cordialement .
CE QUE D iSEHT LES CLOCHES
A l'heure où le soleil descend à l'horizon,
A l’heure où tous les bruits, sur ta terre, s'apaisent,
Il suivait le sentier perdu dans le ga\on
(fui fu y a it à travers les pins et les mélèzes.
Les abeilles étaient revenues dans leurs ruches ;
Les oiseaux avaient pris le chemin de leurs nids.
Et dans le sentier creux, chargé de lourdes bûches,
Le laboureur pensif regagnait son logis.
Un grand recueillement enveloppait la plaine.
On entendait pourtant, dans l’air silencieux,
Murmurer une voix dans cette nuit sereine,
Et cette voix disait : « Humains, pense\ à Dieu. »
C’étaient les cloches au loin qui murmuraient dans l'ombre.
Muet, il écoutait ces sons harmonieux,
Et il allait rêveur à travers le bois sombre.
Et l’écho répétait : « Humains, pense^ à Dieu. »
�— 133 —
CAR ME N
J’entendais pendant un entr’acte un jeune spectateur
dire à voix basse : « Mon Dieu, pour Aix, ce n’est pas
trop mal. » Notre jeune critique me parut ne pas être
un gros amateur de spectacle et manquer singulière
ment d’expérience. L interprétation de Carmen lut
bonne et nombre d’abonnés des meilleurs théâtres de
province n’eussent pas désavoué la façon dont fut inter
prété, sur notre scène, le chef-d’œuvre de Bizet.
Ce n’est pas (pie je veuille adresser des compliments
à toute la troupe et les chœurs me parurent à certains
moments au moins hésiter d’une façon inquiétante.
Sans parler du chœur des gamins, je citerai au hasard
à l'appui de mon dire le dernier chœur des cigarières
au premier acte.
Cette critique d’ailleurs insignifiante une fois faite,
adressons à tour de rôle et à chacun des artistes les
compliments qu'ils méritent.
Madame Rambaud put, grâce «à l’ampleur de sa voix,
soutenir sans aucun signe de défaillance le rôle si
chargé de Carmen. Parfaite dans les deux premiers
actes elle eut seulement le tort d’exagérer singulière
ment le personnage déjà trop antipathique de la Carmencita. L’ancienne cigarière la bohémienne amou
reuse était volage, dès lors rien d’étonnant à ce
qu elle concentre toute son affection sur Escamillo mais
pourquoi lui prêter des sentiments de haine contre son
premier amant ; le dédain, l'oubli auraient suffi.
Tous les applaudissements allèrent à M. Ariel. Un
Don José comme l'on en rencontre assez rarement La
voix souple, conduite avec beaucoup de science, ne pou
vait qu’augmenter le succès bien dû à un comédien
aussi parfait que lui. Il sut même ajouter un peu d’ori
ginalité à un rôle si souvent et si parfaitement repré
senté qu'il est difficile de ne pas conserver la tradition
de nos meilleurs ténors d’opéras-comiques. Nos sincè
res félicitations.
Quant à Madame Oswald, la facilité et le goût avec
lequel elle chanta son duo du premier acte et la romance
du troisième ramenèrent à elle tous ceux qui au début
du premier acte avaient été choqués par le léger trac
qu’elle parut avoir dès son entrée en scène. C’est une
douce et gentille Micaëla.
En somme, bonne représentation à laquelle nous
sommes heureux d’applaudir et digne de l’habile direc
teur qu’est M. Barret.
LA JUIVE
J’aurais voulu, me confinant dans mon rôle de chro
niqueur, m’occuper seulement de l'interprétation de
l’œuvre d’Halévy sur notre scène. Les attaques prodi
guées par un confrère m'obligent à dire quelques mots
de cette partition. 11 est évident que la musique d’Halévy
a vieilli mais il ne s’en suit pas qu’elle ne vaille plus
rien. Nous sommes aujourd'hui engoués de Wagner et
de la musique allemande en général. (Test très bien et
je ne blâmerais jamais le spectateur enthousiaste épris
de la W alkyrie ou de Lohengrin Mais pourquoi mé
connaître cette vieille musique française si mélodieuso,
si fine et si jolie. La Juive a été saluée comme un chefd’œuvre du genre dès son apparition, elle n’a encore
aujourd’hui que bien peu de déti acteurs. Souhaitons
seulement aux opéras nouveaux de vivre aussi long
temps.
Ceci dit, félicitons si vous le voulez bien le directeur
de notre théâtre d’avoir offert à ses abonnés et habitués
une soirée dont l’épithète de « soirée de gala » n’avait
rien d’exagéré.
M. Boyer seul, fort ténor en représentation, ne put
arriver malgré ses efforts et ses éclats de voix à ren
dre d’une façon correcte le rôle d’Eléazar.
Madame Davaine est une falcon digne d’éloges et
dont le gros succès bien mérité fut largement complété
par la distinction avec laquelle Madame Oswald,
M. Ariel et M. Rambaud tinrent leurs rôles.
Nos félicitations à l’orchestre avec une mention toute
spéciale pour le talent déjà si connu du sympathique
violoncelliste aixois M. Pourccl.
RIGOLETTO
« Nul n'est prophète en son pays » dit un vieux pro
verbe. Si jamais quelqu’un a fait mentir un proverbe
c’est bien M. Bérone dans la représentation de Riga-
�— 135 —
lelto. La salle surchauffée d’enthousiasme a fait une
belle ovation au baryton aixois, oxation d’ailleurs bien
méritée, M. Bérone possède en effet toutes les qua
lités désirables chez un chanteur d’opéra-comique,
voire même d'opéra. La voix toujours juste sait être
puissante au moment voulu. La tenue en scène est
irréprochable et le geste facile fait du « Rigoletto » de
l’autre soir un comédien de première ligne. Souhaitons
de revoir souvent M. Bérone sur nos planches.
AI. Ariel sut donner ce que l’on attendait. Sa romance
du premier acte admirablement chantée eut un écho
dans le morceau du quatrième acte « Comme la plume
au vent ».
Madame Oswald toujours exquise mérite des éloges
tout à fait spéciaux pour la façon dont elle rendit le
rôle de Gilda pourtant si difficile à chanter au deuxième
acte et nous l’en félicitons sincèrement.
L’orchestre à la hauteur de sa tâche a su, admirable
ment dirigé par M. Poucet, ajouter au succès de cette
représentation digne de tous éloges.
MACRO
Tandis que le punch flambe, répandant la gaîté et la
joie, un concert des plus variés a lieu : M. Pellen, le
très distingué professeur de musique de notre ville, a
bien voulu nous prêter son gracieux concours à l'occa
sion de cette soirée ; nous le remercions de nouveau
des excellents moments qu’il nous a procurés.
Nous avons pu constater que parmi nos camarades
se trouvaient de véritables artistes qui ont été très
applaudis.
Aussi croyons-nous pouvoir compter sur de char
mantes soirées à l’Ass. dans le courant de cet hiver,
et nous osons espérer que notre concert annuel de cha
rité, donné annuellement au Théâtre municipal au profit
des pauvres de la ville, sera plus brillant encore que
ceux des années précédentes.
Avant de lever la séance, des bans sont battus en
l’honneur de M. le Maire et de la Municipalité d’Aix.
Le Secrétaire :
O ctave
RIMBAUD.
L’ASSOCIATION
CHOSES DE L’ASSOCIATION
PUNCH
DHONNEUR
Mardi 27 novembre dernier, à 8 heures 1/2 du soir,
l’Association offrait à scs membres nouveaux le punch
d ’honneur traditionnel. Plus de cent étudiants avaient
répondu à l’invitation du Comité : seuls les membres
actifs de l’Association et les étudiants nouveaux avaient
été convoqués.
Au début de la soirée, le drapeau de l’Association
est déployé et son apparition est saluée par une salve
d’applaudissements.
Le Président souhaite ensuite la bienvenue aux ca
marades nouveaux et les remercie d’être venus si nom
breux ce soir témoigner de leur sympathie pour leurs
camarades aînés.
Caravokyros, au nom des étudiants étrangers, rend
hommage à l’hospitalité française et remercie spéciale
ment ses camarades français de l’accueil bienveillant et
fraternel qu'ils ne cessent de faire aux étudiants des
nations étrangères.
Séance ordinaire du 17 Novembre 1902
La séance est ouverte à i) heures du soir sous la présidence de
Bonierbale, président, Constant, vice-président, et Rimbaud,
secrétaire, prennent seuls place au bureau avec le Président : les
camarades Navoni, trésorier, et Carlo, bibliothécaire, appelés sous
les drapeaux, ayant fait parvenir leur démission.
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal île la précédente
assemblée générale; il est adopté sans observations.
Le Président prend ensuite la parole pour souhaiter la bienvenue
aux nouveaux membres de l’Association : il exprime sa joie en
voyant, au début de cette nouvelle année scolaire, une réunion
d’Etudiants aussi nombreuse que ce soir.
Le Président annonce qu’il va être pourvu au remplacement de
Navoni, trésorier, de Carlo, bibliothécaire, et de Roca, porte-dra
peau.
De Lacouture est élu trésorier;! l’unanimité et Vol porte-drapeau.
On décide qu’en attendant les élections générales de janvier, le
service de la bibliothèque sera confié à Rimbaud, secrétaire.
Rimbaud prend ensuite la parole pour exposer la situation-fi
nancière. Il a géré la caisse de l’Association depuis le premier
�— 136
août dernier : il fournit à l'Assemblée, tous les détails de cette
gestion : il a entre les mains la somme de 471 IV. 80 qu’il remet
à De Lacouture : Ses comptes sont approuvés. Le nouveau tréso
rier remercie en quelques mots l’Association de sa marque de
confiance.
Muterse déclare se désister de ses fonctions de commissaire de
surveillance : il est remplacé par Julien Louis.
Rimbaud dépose sur le bureau l'ordre du jour suivant :
L ’Association générale des Etudiants d’A ixréunie en assemblée
générale adresse ses plus sincères remerciements à M. le Maire
d’A ix et à MM. les membres du Conseil Municipal d'Ai.r, pour la
subvention accordée le 'Jti août dernier.
Elle prie aussi M. Cabassol, conseiller général, d’agréer l’ex
pression de sa plus vive gratitude pour son appui précieux et
incessant auprès du Conseil Général des Bouches-du-Rhône.
Et décide, que par les soins du Comité, un extrait du procèsverbal de cette séance sera adressé à M. Cabassol, maire et
conseilier géné>'al.
Cet ordre du jour est mis aux voix et est adopte à l'unanimité.
Un triple ban est battu en l'honneur de M. Cabassol.
Robert Jourdan et Sajous sont désignés pour représenter
l'Association au Comité des Fêtes du Carnaval de 1903.
L’Association, se conformant à l’usage des années précédentes,
vote une somme de 50 IV. pour le Comité des Fêtes du Carnaval.
Les diverses questions concernant la publication de la Provence
Universitaire et portées à l’ordre du jour de cette séance sont
renvoyées à une prochaine séance.
L’administration de la Provence Universitaire pour l’année
1902-1903 est composée ainsi qu'il suit :
Gérant : Louis SIYAN ;
Secréta ire- trésorier : Robert JOURDAN ;
Conseillers: PECOUT, Paul JOURDAN, CAILLAT, CASTEL.
(Il est rappelé que le bibliothécaire fait partie de droit de cette
commission).
L’Association décide de continuer l'abonnement au Petit Mar
seillais (édition des Rouches-du-Rhône), à la Revue Bleue, au
Rire, à la Vie au Grand Air. Diverses propositions sont faites et
plusieurs vœux émis relativement aux abonnements des journaux.
Vers la fin de la séance. Constant, vice-président, remplace le
Président, à cause de la longueur de cette séance.
Le Vice-Président adresse aux étudiants Luxembourgeois pré
sents dans la salle les meilleurs souhaits de bienvenue de l'Asso
ciation tout entière.
M. Liesch remercie le Vice-Président et l’Ass. de l’accueil
fraternel que ses compatriotes et lui reçoivent de la part des
étudiants d’Aix.
Caillât, délégué avec Roca aux Fêtes universitaires de Besançon
rend compte à l’Assemblée de sa mission : il a rapporté de l'accueil
tout à fait fraternel de nos camarades de Besançon le plus sym
pathique souvenir.
La séance est levée à dix heures et demie.
Le Secrétaire : Octave RIMBAUD.
Le Directeur-Gérant : Louis SI VAN.
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Universitaire
1903
n° 29-35
BULLETIN MENSUEL
Mars 1003
�Universitaire
BULLETIN MENSUEL
Mars 1003
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SOMMAIRE
L. AVOSSA
Rue Méjanes/4, AIX
Chapeaux soie, Casquettes
cyclistes, Chapeaux feutres
nouveautés, Caps et souples,
Berrets pour MM. les étu
diants.
_____
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p o u r A vocats
J. S.
Concert de charité.
Ces Carillons du Cœur.
Intimité.
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J. S.
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lette, donnés par un personnel d’ouvriers, toujours choiss
parmi les plus capables.
Ajoutons encore le luxe et le confort qui font de ce Salon
un vrai modèle d’élégance où la meilleure société se donne
rendez-vous.
Parçfumdrçie deç prçîncipaïq^ manques
Encore une bonne soirée, qui comptera parmi les plus
jolies réunions mondaines de cet hiver et parmi les plus
fructueuses pour les pauvres.
L'Association des Etudiants donnait en effet, il y a
une huitaine de jours à peine, son concert annuel. Les
affiches indiquant le programme permettaient d’augurer
que cette soirée serait des plus intéressantes et attire
rait par suite une grande quantité de personnes dési
reuses de se distraire et en même temps que de faire
le bien. Mais la Commission d’organisation n’aurait
jamais osé espérer un succès aussi considérable que
celui qu’elle a obtenu le 7 mars. Pas une seule place
de libre. C’était un véritable régal des yeux que le
coup d’œil de cette salle de spectacle où toutes les
dames et jeunes fdles étaient venues en superbes toi
lettes.
La soirée commence par l’ouverture du Roi d'Ys , un
morceau favori des amateurs de musique et que le 61“
de ligne, sous la direction de M. Hamburg, dont l’éloge
n’est plus a faire, exécute avec un art qui soulève les
applaudissements de la salle. Puis c’est une chanson
nette fort amusante déclamée par un de nos camarades.
�La Chanson napolitaine , de Casella, est ensuite inter
prétée avec brio par M. Léon Pourcel, notre habile vio
loncelliste. Un étudiant nous dit deux monologues très
spirituels : Un monsieur qui dit ses vers et La vie à
ALv. M. Ariel, le ténor dont tout le inonde a pu enten
dre l'admirable voix durant cet hiver, nous charme
avec l’air du premier acte de Sapho. Une comédie de
Pailleron, VEtincelle, fait maintenant les frais du pro
gramme. Elle est interprétée merveilleusement par
Mme Marie Laure — une tante charmante. — M11®Guitte
— une jeune fille pleine de grâces. — M. Eymane, qui
dit avec beaucoup de finesse et de délicatesse.
Mais nos organisateurs ont fait une innovation qui
d'ailleurs a eu un plein succès, ils ont mis dans le pro
gramme de la diversion en nous faisant assister aux
tours de force des frères Lexton Et maintenant
entr'acte on se communique ses impressions, on lorgne
de côté et d’autre, de partout on enténd dire que cette
soirée est vraiment délicieuse. Pendant ce temps,
Mme Cabassol, Mlles de Wülf, Dumas et Deligne re
cueillent de nombreuses offrandes. Déjà une de ces
charmantes quêteuses m’annonce que pour sa part la
quête a été des plus fructueuses. Nous remercions vive
ment les généreux donateurs et en notre nom et au nom
des pauvres qui en bénéficierons.
Mais tout le monde reprend sa place ; on vient de
frapper les trois coups traditionnels. Nous entendons à
nouveau la musique du 61e dans une grande sélection
sur la Bohème ; puis une chansonnette inédite; ensuite
l’air de Sigurd, admirablement chanté par M. Ariel.
M11® Guitte déclame, à son tour, avec une voix pleine
de charme et de poésie, la lettre de la Fauvette, de
Botrel. Mm®Osxvald nous fait entendre deux œuvres
très applaudies : A toi , de Bemberg, et Vieille chanson ,
de Paul Bernard. Enfin, c’est le tour de M. Boudouresque, qu’on ne se lasserait vraiment pas d’entendre
et qui a obtenu un véritable succès.
Nous en arrivons ainsi à la dermière partie du pro
gramme : U Autographe, comédie de Meilhac, que
M11®3 Guitte et Amaury, MM. Vidailhet, Darbel et
Cliazy ont interprété avec un goût exquis.
Enfin la Moirée se termine assez tard, sans que per
sonne se soit douté que l’heure est aussi avancée, tant
les moments ont vite passé.
11 nous reste maintenant à remercier bien sincère
ment tous ceux qui ont bien voulu prêter leur concours
à cette œuvre de bien et de charité qu’est notre concert.
Nous espérons, puisqu’ils en ont emporté un excellent
souvenir, que l’année prochaine, comme cette année,
tout le monde voudra contribuer à l’éclat de cette fête.
J. S.
4+4
Les recettes nettes du concert de charité se sont éle
vées à 900 francs.
Dans sa séance du 11 mars, l'Assemblée générale a
réparti cette somme ainsi qu’il suit :
Bureau de Bienfaisance
450fr.
Œuvre de Saint-Vincent de Paul
50
Œuvre laïque du Sou des Ecoles communales 50
Petites sœurs des Pauvres
50
Œuvre des Prisons
50
Aux sœurs de Saint-Vincent de Paul
(Etablissement de la rue Venel)
100
Œuvre de la Sainte-Famille
100
(Euvre protestante
50
Total égal
900
L'Association adresse ses plus vifs remerciements
aux Autorités de la ville et à toutes les personnes qui
de près ou de loin ont bien voulu s'intéresser à notre
œuvre de charité.
Le Secrétaire: K1MBAUD ÜCTAYK.
�LES CARILLONS DU CŒUR
Pour Em ile ROUX
I
Le cœur est calme. Le cœur dort Rien... Si ce n’est
de petites harmonies latentes. Rien... si ce n’est des
frôlements brefs du timbre... des vibrations impercep
tibles de sons qui ne sont pas... C’est l'enfance pâlotte
des angelots : Mademoiselle joue à la poupée, Monsieur
au pantin. Passions ingénues de bêtes inconscientes :
un sac bourré de chiffons... une main qui folâtre; les
grands arbres et les gros chiens, les clairs jets d’eau
qui pleurent extatiquement, « sveltes parmi les arbres »,
le silence apeurant des bois et la lune « oh ! la lune! »
Mais, un jour de mai le cœur s’éveille : il y a des
roses, des aubépines, des lilas et des feuilles vertes ; il
y a de la rosée et du soleil d’aurore, des midis écla
tants, des crépuscules tristes. Et cela, l’enfant le sent
peu à peu. Son cœur s’amollit, s’alanguit, s’énerve,
palpite et vibre : La nature est la g >ie coupable de
ces métamorphoses : accuse ni s 1,
1, s aubé
pines, le soleil d’aurore, les midis éclatants, les crépus
cules tristes... Un angelot qui s’est mis à c--n ir éperdùment dans la forêt, s’étonne soudain d’être la, seul,
parmi la morne sérénité des arbres géants <t il éclate
en larmes... il pleure, il pleure... sans savoir.
Les carillons se précipitent à l’unisson, en longs san
glots. C’est la passion pour la bonne joufflue qui borde
le lit, l’amour violent du chocolat noir. C’est la haine
du grand artilleur qui distrait la bonne, du chat qui
lape le chocolat. Carillons gais, carillons tristes, écou
tons les carillons.
Puis l'angelot n’est plus l’angelot. Les ciseaux froids
coupent les boucles blondes. — Adolescence. C’est-àdire qu’une rafale passionnée bouleverse les carillons,
gonflant les seins, énervant les hanches, modelant la
gorge de celle-ci, cambrant le torse, duvetant les lèvres
de ceux-là... Carillons qui n’ont plus de règles et qui
sonnent follement comme des horloges en démence,
notes qu’on ne note plus, sons qui déraisonnent : une
houle montante de désirs a brisé, de son alllux, sau
vage, le timbre enfantin des souvenances d’autre vie...
11
Depuis, les carillons, exprimant la vie intime du
cœur, soubresautante et illogique, se déchaînèrent,
mécaniquement, sans arrêts ni ruptures, selon la par
faite continuité des choses psychiques. Mais l’esprit
dominateur s'était aussi développé jusqu’à prétendre,
un jour, régler, tyranniquement, l’essor des carillons;
ce fut dès lors fini du rire et des larmes. Après ces
heures de désillusions, les carillons se sont fait rares.
Une sourdine a été mise à leurs débordements anciens.
On le trouve même ridicule de sonner encore... de son
ner toujours... Le cœur s’est anéanti en une grise som
nolence. L’esprit a cru qu’il était mort, à jamais. Aber
rations !
Car un jour de printemps où il y avait des roses, des
aubépines, du lilas pascal, le cœur s’est réveillé et avec
la même spontanéité que jadis, avec la même complicité
�— 42
I
de la Nature. Carillons, carillons mes amis, vous re
voilà en liesse.
Bien des jours d'indifférence s'étaient pourtant écou
lés depuis ceux où vous glorifiâtes grandiloquemment, les hymnes de joie et de vie. Vous ôtes toujours
plus jeunes ! Les carillons ont retentit, clamant, dans
l’air rose l’absurdité de la raison. L’enfant est devenu
homme, l’homme vieillard, qu’importe ! C’est la mar
che ascensionnelle des êtres vers la lumière où le cœur
rajeunit, parmi l’inévitable recommencement des
choses.
III
Mais les carillons qui se sont tus avant que de
naître ?...
Oh ! vous, les mots d’amour — les plus doux— ceux
que l’on n’a pas dit !...
Délicieuse musique qui devait sonner — qui n’a pas
sonné— qui ne sonnera pas.
C harles ME HE
(Paris).
Dans la chambre dose et discrète
Où se glisse l’ombre violette
D’une fin de jour automnal,
Je laisse se griser mon âme
D’un souvenir lointain de femme
Et d’un rêve sentimental.
Cependant qu’un lourd chrysanthème
Agonise en son vase et sème
Ses pétales d’or et de sang,
Et que s'envole la fumée
D'une cigarette allumée,
En volutes bleus, lentement.
Au dehors, c’est un chat qui pleure,
Une cloche qui sonne l’heure
Et l’aigre brise qui se plaint,
L’adieu de la dernière feuille
A la nature qui s’endeuille,
Au crépuscule qui s’éteint.
�Et je songe en la solitude
Où se berce ma quiétude,
Au vide immense de mon cœur,
Mon pauvre cœur, jardin d’automne,
Où ne vient plus s’aimer personne,
Où ne pousse plus une fleur.
Aix , le 3o novembre 1902
Ch. Masse.
%P A G E S H A T I V E S
DU HAUT DES PLANCHES
A travers l’inélégance et le heurt du titre, vous en
tendez, peut-être, que ce sont des planches scéniques
que je veux parler ? Et c’est cela même.
Le fait est d’expérience journalière, que l’apanage de
ceux qu'on a voulu un peu amèrement appeler « les
cabotins » — lyriques ou autres — consiste dans une
considérable curiosité. La province, dit-on, est ba
daude , mais nulle part, semble-t-il, cette curiosité ne
s’exerce plus particulièrement.
Chez nous, je veux parler de notre région, où les
distractions théâtrales priment, on a vite fait de con
naître les sujets importants de «la troupe». Dans la
rue, on se les montre, on les remarque, non sans in
térêt.
Leur compagnie n'est pas dédaignée : timidement
flatteuse, agréable quelquefois, cela ne va pas sans une
persuasion imitative. Car il ' n’est pas rare devoir
même emprunter telle coupe de costume, tel effet de
cravate au monde du théâtre: fréquemment, c’est à lui
que s’en rapporte la mode, c’est chez lui qu’elle puise
et d’après lui qu’elle décrète.
La raison pourtant d’un tel attrait?
Tous ces acteurs rentrent parmi les mortelles cho
ses ; leur issue est généralement plus que modeste.
Mais, d’autre part, substituez-vous donc un moment, à
eux et voyez-les mieux, en un lieu qui est le leur. Les
voilà un jour monarques, avec tout ce qui peut, au de
hors, aider l’illusion; obéis et craints, impérieux et
adulés. Comment l’aliénation du propre moi, n’iraitelle pas jusqu’à l’identification momentanée, il est vrai,
et absolue ? Je connus un grand premier rôle d’une des
premières scènes parisiennes que le souvenir des mé
faits et des crimes accomplis tourmentait à tel point,
au déclin de la carrière, qu’il songea à aller en de
mander l’absolution au Saint Père. Le cas est typique.
N’oyez encore ces hommes, devant tout un public de
spectateurs, comme suspendu à leurs lèvres, et à qui
ils dispensent, d’une seule fois, un plaisir très rare et
noble. Supposez les — il ne faut ici que supposer —
ovationnés et fêtés... comme ils le sont quelquefois.
Tout ceci explique qu’ils ne restent plus les mêmes
hommes. Tout entiers à leurs rôles multiples, le sou
venir de ce qu’ils font de leur propre moi persiste et
déteint sur ce moi, jusqu’à même l’anéantir et le trans
former — comme une argile qui garderait quelque
chose de toutes les formes qu’elle a diversement afl'ectées.
�Un comédien ne quitte jamais le tréteau ; et ditesvous que c’est toujours un peu sur la scène que vous
le voyez, même quand il se promène paisiblement, de
vant vous, en pleine rue...
Erré:.
B IB L IO G R A P H IE
LE PARADIS DE L’HOMME
Sous ce titre a paru ces jours-ci un livre appelé à
avoir un certain retentissement et signé AIarc Andiol,
c’est sous ce pseudonyme qu’un de nos compatriotes les
plus sympathiques et les plus estimés de tous a tenu à
se cacher. Cet ouvrage est une critique fort spirituelle
et fort logique et intéressante du progrès à jet continu.
L’auteur nous montre qu’il y a tout de même des choses
qui ne peuvent pas se résoudre par des formules algé
briques, physiques ou chimiques, que dans la nature
nos sentiments tiennent une certaine place, qu'il faut
compter avec eux et qu’on ne saurait cependant mettre
par exemple, le bonheur en pilules et aller « s’approvi
sionner le matin à des distributeurs automatiques » ni
« ouvrir un comptoir spécial pour le bonheur domestique
et un autre pour les joies égoïstes du vieux garçon ».
Et cependant, Dieu sait si Astié, le vieux savant, le
fondateur de cet état idéal avait tous les éléments de
réussite. Songez que cet Astié entre autres découvertes
avait fait celle de la ratication des diamants et que
c’est de la vente de ces pierres précieuses que l’Etat
tirait ses revenus et que par suite les habitants n’avaient
aucun impôt à payer !
Tout dans ce pays qui avait été si bien dénommé
« Eden » était combiné, méthodiquement et scientifi
quement pour que tout le monde fut heureux et vécut
dans une quiétude parfaite. La constitution politique du
pays, l’éducation des enfants, la théorie de l’amour et
du mariage, la question des exercices physiques, de
l’obligation au travail, des distractions et des fêtes,
tout cela — que l’auteur nous décrit d'une manière fort
amusante — avait fait l’objet d’études spéciales et
minutieuses. Et jusqu’au travail souvent pénible de la
digestion qui avait été supprimé par l'invention de la
<.< manne Astié ».
Mais c’est, au moment où l’œuvre semblait donner
tous les résultats attendus que soudain elle se disloque
et nous ne tardons pas à assister à un effondrement
complet. — Pourquoi ? Ah ! c'est que les passions
humaines qu’Astié croyait choses illusoires se sont fait
jour ; — c’est que l’amour qu'il croyait être de simples
phénomènes physiologiques c’est réveillé dans l’Ame de
sa nièce elle même contrairement à son gré, — c’est
que les habitants de ce pays ont sentit le besoin d’un
« Inconnaissable ». d'un Idéal : c’est que l’homme n'est
pas fait uniqnement de raisonnement, c’est qu'il ne fait
pas que penser, il sent aussi.
Ouvrage excellent en somme et dans le fond et dans
la forme : personnages nettement dessinés, qui vivent
et s’agitent réellement : notons surtout le vieil Astié et
sa nièce Eva.
�FACULTÉ DE DR OI T
MATIÈRES PROFESSÉES AUX COURS
A nnée 1002-1003
:>-• ANNÉE
Droit Commercial. — Introduction.
Pivm'ère p iie : Actes de commerce et commerçants. — Cha
pitre !. Actes de commerce. — Chapitre 2. Des commerçants et
leurs obligations spéciales.
1! ivéïne partie : Faillites et liquidations judiciaires. — Cha
pitre !. Déclaration de faillite : conditions, jugement, effets. —
Ch ;éire 2. Autorités et personnes figurant dans la faillite. —
Cl i tre 3. Administration et procédure de la solution de la
1; il!: e. — Chapitre 4. Diverses solutions delà faillite. — Chapitre
5. Divers dro'és invoqués contre une faillite. — Chapitre (i. Ban
queroute c me <1 d it dans la faillite : incapacité et réhabilita
tion du f :',; — (
■ ”. Liquidation judiciaire : déclaration de
liqu' !;;tin:i : auto;-‘es et personnes figurant dans la liquidation :
procédure : i >es esp ces de liquidation : divers droits invo
qués sans !'•( ' ons : banqueroute, crimes et délits commis
dans la liquid a ion : réhabilitation. — Tribunaux de commerce,
organisation et compétence.
Droit Ciril. —Introduction.
Titre 1 : Des Successions. — 1° Ouverture des successions: —
2 Saisine des héritiers. — Qualités requises pour succéder. —
Divers ordres de succession. — Keprésentation. — Succession
déférées aux ascendants, descendants, collatéraux. — Détour suc
cessoral. — Succession déférées aux enfants naturels ; droits des
père et mère illégitimes dans la succession de leur enfant. — Suc
cessions irrégulières : droits des frères et sœurs sur les biens des
enfants naturels ; droit du conjoint survivant et de l’Etat. — De
l'acceptation et de la répudiation : décision de l’acceptation ; suc
cession par transmission ; du bénéfice d'inventaire ; successions
vacantes. — Partage et rapports.
Titre 2 : Donation entre vifs. Testaments. — Capacité de dispo
sés et de recevoir : Portion de biens disponibles, réduction des
donations et legs. — Donations entre vifs, solennité, effets. —
Règle : donner et retenir ne vaut ; retour conventionnel. — For
mes des testaments, institutions d’héritiers, legs, exécuteurs tes
tamentaires, révocation et caducité des testaments. — Disposi
tions permises en faveur des petits enfants du donateur ou des
enfants de ses frères et sœurs. — Partage fait par père, mère ou
autres ascendants entre leurs descendants : 1° généralité ; 21-'com
ment se fait le partage ; 3° biens auxquels il s’applique ; 4° person
nes qu’il comprend ; 5° ses effets; 0° cause de rescision du par
tage d’ascendants. — Donations faites par contrat de mariage. —
Donation entre époux, soit par contrat de mariage, soit pendant
le mariage.
Procédure Civile. — Introduction.
Première partie: — Titre 1er. Du pouvoir judiciaire ; — Titre 2.
Des Cours et Tribunaux ; divisions judiciaires ; hiérarchie et per
sonnel des Tribunaux civils ; nomination des magistrats et leur
incompatibilité ; inamovibilité; caractère des membres des tribu
naux de commerce; auxiliaire des Cours et Tribunaux ; — Titre
3. Du ministère public : son origine, son rôle: composition des
parquets; les membres du ministère public sont des magistrats ;
attribution du ministère public.
Deuxième partie : — Compétence. Titre l". Action et défense :
notion de l’action; condition pour l'intenter; ses divisions; ses
défenses ; demandes reconventionnelles. — Titre 2. Compétence:
ratione materiœ cl ratione personne; compétence des Tribunaux
français entre étrangers.
Troisième partie : — Procédure. Titre i". Notions générales :
actes, délais, sanction. — Titre 2. Formalité précédent la de
mande en justice; préliminaire de conciliation ; formalités spè
ciales pour les actions contre l’Etat, le département ou la com
mune. — Titre 3. Demande en justice : ajournement, ses formes,
effets de la demande en justice. -- Titre 4. Instruction : Tribu
naux de première instance, Tribunaux de Commerce.
Droit intet'national privé. — Introduction.
Livre I" : Notions préliminaires. Chapitre l. Conditions des
Etrangers. — Chapitre 2. Théorie du conflit des lois privées. —
Chapitre 3. Nationalité. — Chapitre 4. Du domicile. —.Chapitre 5.
Procédure. — Chapitre ti. Jugements rendus à l’étranger. —Cha-
�Livre 11 : Droits des personnes. — Chapitre 1. Etat et capacité.
— Chapitre 2. Absence. — Chapitres. Mariage. — Chapitre. 4.
Filiation. — Chapitre 5. Légitimation. — Chapitre 6. Adoption.
_Chapitre 7. Protection des incapables. — Chapitre 8. Emanci
pation.
2“* ANNEE
Cours de Droit Civil. — Professeur : M. L acostr. Théorie
générale des obligations : Dispositions préliminaires. — Des con
ditions essentielles pour la validité des conventions. — Du consen
tement. — De la capacité des parties contractantes. — De l’objet
et de la nature des contrats. — De l'effet des conventions à l’égard
des tiers. — De la théorie des nullités et de la confirmation. —
Des effets des obligations : Obligation de donner obligation de
faire ou de ne pas faire à des dommages et intérêts résultant de
l’inexécution de l’obligation.
Des diverses espèces d'obligations. Obligations conditionnelles.
Condition suspensive et condition résolutoire. — Obligations à
terme. — Obligations alternatives, facultatives, solidaires, divisi
bles et indivisibles. — De la clause pénale.
De l'extinction des obligations. — Du paiement. — De la nova
tion. — De la remise de la dette. — De la compensation.
Cours de Droit international. — M. POLITIS.
1° Structure de ta société internationale. — Des personnes :
Eléments constitutifs de l’Etat. Population, territoire, gouverne
ment. — Classification des Etats : Etats simples, Etats composés,
Etats non souverains, Etats frappés de servitudes internationales.
— De la naissance et de la disposition des Etats.
2° Des Droits des Etats : Droits à l’existence, Droits de con
servation, Droits de commerce, Droits de légation, Droits de
négociation, Droits d autonomie, Droits d’organisation, Droits
de commandement et juridiction, Droits d'égalité.
3° Des Conflits internationaux. — Des bons ol'lices, De la mé
diation, Du droit de la guerre.
Cours de Droit administratif. -- M. MûRKAf. Sources et mo
numents du droit administratif. -- Notion de personnalité admi
nistrative. — L'Etat. Administration centrale de l’Etat, adminis
tration locale de l'Etat. — Le département. Arrondissement,
commune. — Le département. Conseil général, Commission dé
partementale. — Le Préfet. La commune, le Conseil municipal,
le maire et ses adjoints. — Etablissements publics. — Etablisse
ments d’utilité publique. —Domaine public de l’Etat, du dépar
tement et de la commune. — De l’expropriation pour cause d'uti
lité publique. — Des Travaux publics.
Cours de Droit Pénal. — M. Bonnecarrkrk. Du fondement
du droit de punir. -- Autorité de la loi pénale dans l’espace et le
temps. -- De l'extradition.
Principales divisions et classifications des délits. -- Des élé
ments constitutifs des délits. -- Elément materiel. -- Théorie de
la tentative. — Elément intellectuel du délit. -- De l’âge, de la
demeure, de la contrainte, du [défaut d’intention, de l’influence
de l’ordre de la loi, de la légitime défense par rapport à la culpa
bilité.—De la peine. — Caractères de la peine. - Classification de
la peine. —De l’organisation et de l’exécution des peines. —Des
peines corporelles. —Des peines privatives de liberté. —Travaux
forcés. —La relégation. —La détention. - La réclusion. — L’em
prisonnement correctionnel. — Organisation pénitentiaire fran
çaise.
Peines restrictives de liberté : 1“ le bannissement ; 2° l’inter
diction de séjour. — Peines privatives de droit : Dégradation
civique; Interdiction des droits civiques, civils et de famille;
Interdiction légale. — Peines pécuniaires : Amendes pénales ;
Amendes fiscales. — Théorie de la récidive.
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de l’économie politique : son domaine, ses méthodes et ses rap
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Première partie ; Phénomènes économiques généraux : besoin,
utilité, valeur, richesse. — La Production : ses agents, son orga
nisation. — La Consommation : ses variétés et ses facteurs.
Deuxième partie: Phénomènes économiques spéciaux à l’orga
nisation.— Circulation des richesses entre individus: (Théorie
de la monnaie du crédit et de ses effets). — Echanges entre na
tion. — Crises et perturbations des échanges.
�Le Directeur-Gérant : Joseph SÉJALON.
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Droit civil. -- Professeur, M. CésAr-Bru. — Le droit et la loi.
— Conditions d’application de la loi. — Etendue de la loi. —
Règles d’application de la loi.
Les personnes. — Personnes physiques : commencement et
désignation de la personnalité. — Etat des personnes. — Du do
micile. — De l’absence. — Pcs actes de l'état-civil.
Personnes morales : création, capacité, domicile. — Extinction
des personnes mondes.
Etude du patrimoine et du bien. — Pe l'obligation. — Du con
trat et quasi contrat. — Pu terme. —Pe la condition.
Pes biens. — Glassilication des biens. — Pes immeubles. -Des meubles. — Domaine public. — Biens communaux. — De
la possession et de la propriété.
Droit constitutionnel. -- Pofesseur, M. Delpec h . — Introduc
tion. — Etude générale, des constitutions françaises. — Rensei
gnements sur la science politique di's philosophes du wm* siè
cle. — Constitution anglaise. — Constitution des Etats-Unis. —
Formes de l'Etat. — Notions de souveraineté. - Les diverses
formes d'Etat: Etat unitaire, Etat composé.— Formes de Gou
vernement : le Gouvernement représentatif et référendumGouvernement représentatif: évolution du suffrage politique en
France. — Capacité électorale. — Correctifs du suffrage. — Scru
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La raison olliciellc du la fête, tout le monde l’a sue :
soulager ces pauvres Bretons qui meurent de faim tout
là bas. Faire la charité avec un sourire, et tout en nous
procurant un rayon de joie, donner un peu de pain à ceux
qui n'en ont pas. Fête de charité, voilà l'étiquette, mais
ces deux mots pourtant semblent jurer ensemble. 1,a cha
rité qui demande la sympathie; ce don du moi fait aux
autres et qui nous permet de soulfrir leurs douleurs,
la charité, était-elle bien de cette fête charmante des
premiers jours de printemps, du renouveau de la nature
et de la vie qui captivait cette foule joyeuse, insou
ciante, heureuse de vivre et. de s’épanouir. La mêler
consciemment à cette allégresse n’aurait-cc pas été une
sorte, de sacrilège, un de ces rallinemcnts habituels à
l’esprit dilettante, qui pour pimenter ses voluptés a
besoin d'y ajouter ce sentiment de la misère d'autrui, et
qui en celte occurence aurait fait de cette misère l’occa
sion même do son plaisir !
Non, là n’était pas le sens véritable do cette journée,
et ceci pourra tranquilliser quelques consciences scru
puleuses. Il n’y avait pas de mal à se mêler à cette fête;
pas plus qu'il n’y en a à se mêler à la vie dont elle
était une manifestation charmante dans sa charmante
spontanéité.
Ce n’était pas à vrai dire, par elle-même, une fête de
charité ; mais tout simplement une bataille de fleurs.
Il est plus raisonnable de prendre les choses par leur
nom, telles qu’elles sont, comme le l'ait la foule, que de
vouloir donner à tout des raisons factices qui n'en sont
trop souvent que plus mauvaises. Comme toutes nos
fêtes, elle devait laisser un arrière-goût mélancolique ;
cette goutte d’amertume, dont parle Lucrèce, qui reste
À
�— 54 —
toujours au fond de la coupe fleurie des plaisirs. Pour
goûter le charme de cette journée faite pour tous, il
suffisait d’cublier pour un moment les intrigues de va
nité mondaine si funeste aux énergies, laisser de cûté
les calculs d’ambition personnelle, sources de divisions
sociales et politiques ; abandonner pour un moment les
remords ou les douleurs que peut apporter la vie.
Moyennant cette purification, cette joyeuse après-midi
prenait son vrai sens, pour peu qu’on voulût avoir
quelque bonne volonté, mais ce dépouillement des
misères quotidiennes n'est pas toujours facile ; il n'est
point donné à tous de se rajeunir ainsi, car pour en
avoir conservé l’énergie il faut être resté jeune de
cœur. Car autrement, l’on traîne après soi, qu’on le
sache ou non, le poids de sa jeunesse morte, et ceci
suffit à empoisonner le temps qui reste à vivre : l’agi
tation folle ne saurait donner l’oubli ; là oû nous pen
serions trouver l’étourdissement, nous ne sentirons que
mieux le vide de l’âme ; mais ce n’était pas le cas pour
la charmante fête dont nous évoquons le souvenir. Il y
avait trop de regards épanouis, trop d’allégresse et de
joie de vivre pour ne pas sentir (pie cette délicieuse
après-midi était bienfaisante pour tous. La foule qui se
coudoyait heureuse, avait oublié toute idée de querelle
sociale ou politique ; il existait là une communion d'âme
produisant chez la plupart un élargissement de vie, par
la participation à celle d’autrui. Et c’est ce que sentait
chacun de nous, sans trop s’en rendre compte, et c’est
pourquoi la journée s’est passée charmante. Et cette
joie de vivre qui a dû dérider plus d'un front morose,
jaillissait des cœurs ; elle a pu par un acte de charité
(pii s’ignorait, apaiser pour quelques secondes les soucis
des âmes troublées ou souffrantes, et permettre à cha
cun, même peut-être à ceux (pii ne le méritaient guère,
d'avoir une part de bonheur, car la vie a de ces indul
gences, dont on bénéficie parfois, alors qu’on les ignore.
Et ce qui contribuait à égayer la foule, c’était le charme
de cette nature en fête, de cette lumière versée à Ilots
qui baignait le Cours de sa joyeuse clarté, éveillant
dans chaque âme un alléluia vers le ciel, semblable à
ce scintillement que répand le soleil sur l’étendue de la
mer bleue et (pii s’élance de nouveau vers sa source.
Dans cette fête, à chacun la vie devait sembler plus
facile et meilleure. « Dans celte gloire du printemps,
qui flottait incertaine », il faisait bon vivre, et les âmes
s’ouvraient comme des fleurs, elles se trouvaient assez
riches pour se donner, la vie était assez généreuse
pour se dépenser en pur luxe, pour le seul plaisir de
s’épanouir, de rayonner, de se disperser sur les autres.
Et ce don des regards, des âmes, de la beauté, était
si joliment symbolisé par celui des fleurs, d’aristo
crates anémones d’un rouge de sang aux longs pétales
de chrysanthèmes, d'odorantes violettes de velours,
d’enphraises parfumées, de mimosas en aigrettes d’or
et de narcisses en étoiles d’argent. Dans une averse de
lumière les yeux lançaient des regarus, disant la joie
de vivre, les mains lançaient des Ileurs, disant 1 insou
ciance de la vie qui se dépense pour se dépenser, pro
diguant sa joie et son sourire, sans arrière-pensée,
parce qu’elle ne demande qu’à s'écouler comme les Ilots
d’un torrent trop plein.
Mais ces ivresses et ces oublis n’ont qu'une heure ;
ensuite il faut reprendre sa charge de misères, et le
cœur, avide de joie, en réclame toujours, en veut cons
tamment davantage ; il lui faut un bonheur sans fin,
sans limite, et la vie ne peut le lui donner. \ oilà pour
quoi les soirs de fête sont mélancoliques et leurs len
demains paraissent sombres ; il faut laisser au temps
faire son œuvre d’appaisement, pour nous permettre de
reprendre goût au réel quand nous voyons s'évanouir le
rêve. L'ivresse elle-même n'est pas absolument ce que
l'âme désirait, elle voulait pins ; elle voulait mieux ;
avide d’un infini, où se donnant tout entière elle pût se
retrouver au centuple.
S'il faut être pur pour goûter aux joies passagères de
la vie, le cœur en sent alors trop bien la vanité pour
�— 56 —
les aimer longtemps. D’ailleurs ce triomphe facile, ce
luxe éblouissant et sans but, tout cela se paie ; et les
pauvres fleurs sont les premières a en souffrir. Combien
tombent pour être foulées aux pieds, qui répandant
dans l’air leur âme de parfum, se vengent de notre
ingratitude en nous donnant ce qu elles ont de plus
précieux, pour augmenter notre ivresse. Celte folie est
belle, qui dépense sans but et sans compter, et c’est
pour empêcher que ce luxe soit complètement inutile
qu’on a pensé détourner une part de ses prodigalités
en faveur des pêcheurs de Bretagne, et c’est ce qui nous
permet d’avoir un peu d’in lulgence pour lui : il a fait
du bien sans trop s’en douter. Mais n’avons-nous pas
un peu à le plaindre et ne pouvons-nous pas aussi lui
faire la charité d’un peu de pitié ? Lui qui eparpille
pour éparpiller ne s'en tient pas toujours à faner des
fleurettes; trop souvent, hélas ! il llétrit les âmes. S’il
plonge le petit nombre de ses élus dans des voluptés
qui leur font oublier la vie et leur empêchent de la vivre,
la foule qui n'a rien et qui, elle aussi est avide, n'est elle
pas là qui gronde, prête à anéantir par le crime et dans
le sang les éclats de ce luxe, cette facilité de se dépen
ser, de se donner au gré de sa liberté et de sa fantaisie,
qui est naturelle à tout couir humain et dont les hasards
de la naissance l'ont privée.
Oui, le luxe répond à une aspiration de l’âme hu
maine ; mais il se trompe, car il n’est accessible qu’à
une minorité. Pour peu qu’on com prenne un peu sa
misère et sa grandeur, on ne lui en veut guère ; c'est
une brillante illusion, un divertissement qui permet
d arracher une heure ou deux à l’ennui; c’est une réac
tion <pii fatigue trop souvent les acteurs. Plie est plus
agréable pour le spectateur qui comtcmplc ; mais il en
sentira toujours la vanité, s’il a 1âme assez haute pour
sentir que le vrai luxe, accessible au pauvre comme au
riche, consiste dans le sacrifice et le dévouement. C'est
en etlet là qu’est le vrai don de soi, exigeant la douleur
et la soulfrance, et parla même exempt de tout égoïsme
— 57 —
caché qui nous gardant pour nous, nous épuise et nous
tue à la longue. Malgré ses apparences, le luxe n’arrive
qu’à tarir les bourses ; il ne peut, satisfaire lame, cette
lilie de l'amour et de la vérité.
J.
Aix, le 3 Avril 1903.
V l EN^S
POUPOULE.,,.
Chaule au Concert des Éludiaiils du 7 mars 1903.
Un vieil Aixois tout guilleret,
Disait à sa moitié
C’est aujourd'hui le grand gala
C’est le grand tralala ;
Dépêchons-nous d'finir le dessert
Je t' paie un chouett concert
Et surtout mets ton beau chapeau
Y a du monde comme il faut. —
L Etudiant
Mon enfant
Est un type bien épatant.
\ iens poupoule (bis), viens
Ce soir rue d l’Opéra
Pour sur on rigolera
]’iens poupoule (bis), viens,
On va se bidonner
Et faire la charité.
f.e couple arrive bras d ssus, bras dssous,
S met aux plac’s à quarante sous,
En attendant I' commencement
M'sieur fait le boniment,
Montre à Madame : Paul Caillai
Qui très bien s’ débrouilla,
�— 58 —
Rimbaud, Pécout, les deux Crémieux
Oui tous ont fait de leur mieux,
Youroucof
Coma nos
Et Caravoquiros.
Tiens poupoule (bis), tiens
De voir les étudiants.
Ça m' rappelé mes vingt ans !
Tiens poupoule (bis), tiens.
Les pativ’s s'en trouveront bien
Et tu n’y perdras rien.
CHANSONNETTE
(A-propos dit au Concert des Etudiants du 7 Mars 1903)
i
Quand les Etudiants s’en vont seuls
Par nos rues solitaires :
Tristes comme plusieurs linceuls
Ils s’ennuient sur la terre
Leurs pas sont portés
Vers les Facultés
Par une flemme extrême ;
On dit en les voyant :
« Es lois estudiants,
« Soun pas crassous quand même. «
II
O. Q. L.
_
Et dans la salle non vrai pig’-moi
Tous ces jolis minois
Faut avouer que nos Etudiants
N ’ont pas perdu leur temps.
La dame alors à son mari
Dit : ils sont trop gentils
Pour qu’en juillet ces chérubins
Pass’ bien leurs examens
Mon p'lit loup
J’ donn dix sous
A saint Antoine d'Padoue.
Bien Poupoule (bis), bien
C est beau d’avoir du cœur.
Ça port' toujours bonheur
Bien Poupoule (bis), bien
// faut autant qu’on peut
Aider les malheureux.
— __ _________________________ _______ È6 .
Voyons 1 programme ; il est rien bath!
Y a jusqu' des acrobates.
Il y a aussi des amateurs,
Des acteurs, des chanteurs
Y a la musique du régiment
Le colon mérit un ban.
Pourcel, Ariel et Boudouresque
Et ma foi même du sesque. —
Ces gamins
Ces malins
Ont su prendre
Le gratin.
Tiens poupoule (bis), tiens !
Y a Madam’ Marie-Laure
Charmeuse a la voix d'or
Tiens poupoule ibis), tiens
Madame Oswald aussi
Ah ! mine’ ! ! C’est réussi !
Quand les Etudiants vont par dix,
Par vingt ou par quarante,
Ils n'ont plus un maravédis
Le mois est près du trente.
Mais remplis d'entrain
Quoique purotins
Et sans jamais de trouille,
IIs vont par la nuit
Faisant force bruit
Piquer une vadrouille.
Quand les Etudiants vont par cent
La charité les guide
Et comme ils sont compatissants
Font un concert splendide,
�—
60
—
Pour les pauvres d'Aix —
Réunis à lexCellent hall du Théâtre.
C’est ainsi qu’on fait
L’accord très parlait
Du bien et du folâtre.
IV
Et l'on voit Paul Gaillat
Prendre en mains les affaires
Et s'adjoindre Rimbaud Octa\ e, puis les Crémieux frères
Farnet et Pécout
Sont aussi du coup ;
Mutcrse s’y attaque,
Montel et Bermond
Vachier en sont
Et même Talaque.
Y
C’est pourquoi vous allez
Ouïr un fin programme
Dans lequel on a rassemblé
Artistes, hommes et femmes.
Monsieur Ariel
Et Léon Pourcel
\ iendront : c’est véridique.
Puis des amateurs
Remplis de valeur
Et puis une musique.
Vl
\ ous entendrez également
Madame ( )swald si gente,
Marie-Laure à l'exquis talent
Boudourcsquc aussi chante...
—
61
—
Bref vous le voyez
Rien n'est dévoyé,
C’est un concert très Bathe
Où sont convoqués
Gens des plus coquets
Même des acrobates.
VII
Mais ce concert, n’a qu’un seul but :
C’est pour venir en aide,
Aux malheureux, pauvre rebut ;
C’est pour eux que je plaide.
Aussi bons Aixois
Oyez notre voix,
Oue votre cœur s'apprête.
C’est au nom chanté
De la charité
Donnez tous â la quête.
A B audelaire .
Dans le vieux salon où le jour grisâtre
Tombe avec ennui des vitraux voilés,
Sur un grand fauteuil aux pieds dédorés,
Le fier angora couehé devant Vôtre
Songe gravement aux temps écoulés,
A ses jeunes ans de gai té folâtre,
Et Vaut vague plein d ’un re flet verdâtre,
Lisse sa moustache aux poils effilés.
�Ce n’est plus hélas ! qu'un vieillard morose.
Mais tout en fronçant sa babine rose
Il n'ose avouer qu'il es1 un grand fou,
Et le corps tremblant d'un amoureux râle
Le voluptueux et tiède matou
Rêve cl'une main odoranXe et pâle. . .
X Àr. Àr.
FLEUR CUEILLIE SUR UNE TOMBE
La froide bise a desséché la terre,
La dernière rose d’été
Penche, triste et solitaire
Son sein timide oii dort la grâce et la beauté
Seule, elle brille, elle fleurit encore
Frais souvenir de la saison,
Seule, elle revoit l’aurore;
Ses compagnes d’hier ont jonché le gazon.
Petite fleur, mignonne et fraîche éclose,
Pour te donner le nom de sœur
Pas un seul bouton de rose
Qui réponde à ta voix et ranime ton cœur.
<)ù reposer ton front baigné de larmes
A qui donner ton doux regard ?
Pour toi plus rien n'a de charmes
h leurs d’été ne sont plus: pour vivre, il est trop tard.
Je ne veux point, pauvre fleur délaissée,
Te voir dessécher et flétrir,
Viens, tu mourras caressée
T'effeuiller sur mou cœur qui seul te sent souffrir.
Je voudrais bien que celle que je pleure,
Ainsi put effeuiller mes jours
Et charmer ma dernière heure
Car je suis seule aussi sans joie et sans amours.
Mère, dis-moi, pourquoi la mort cruelle
Venant fermer ton œil si doux,
N’effleura point de son aile
Ta tille qui priait, te baisait à genoux.
Oh ! je suis bien une fleur solitaire !
Pour moi les beaux jours ont passé
Je dois souffrir et me taire
Ma jeunesse est flétrie et mon cœur est blessé
Mon Dieu ! Quand donc finira mon martyre !
Les pleurs étaient doux sur ton sein,
Ma mère, dans mon délire
Maintenant je te parle et je t’appelle en vain.
Et point d’amis pour écouter ma plainte
Me consoler et me chérir.
Oh ! dans une dernière étreinte
Comme toi pauvre fleur que n ai-je pu mourir !
Mourir avec sa dernière caresse ;
Mourir dans ses bras sur son cœur
Sans regret et sans tristesse.
Eu regardant le ciel, espérant son bonheur
Quel rêve, hélas? si je succombe
Nul ne recevra mes adieux
Que douce serait la tombe
Si sous les noirs cyprès nous dormions tous deux.
A. P.
CONFÉRENCE PORTALIS
Séance <h> l> Février l'.tO.'l. — l<a séance est ouverte a îS h. I '2,
sous la présidence de M' Pécout, président.
M. le professeur Ronnecarrère assiste à la séance.
L’ordre du jour porte le renouvellement trimestriel du bureau :
M* Pécout, président ; M* C.aravokyros , vice-président ; M*
�— 64 —
Robert Jourdan, secrétaire, et M’ Delerba, trésorier, sont réélus
à 1 unanimité.
M* Pécout, au nom du bureau tout entier, remercie la Confé
rence de la nouvelle marque de confiance qu’elle vient de lui
témoigner.
Ce sont deux étudiants de première année, M' de Rottini et M'
Scagliola, qui font leurs débuts*ce soir à la barre île la Confé
rence. I.e sujet est celui-ci: « La rupture d'une promesse de ma
riage peut-elle donner lieu à une action en paiement de dom
mages-intérêts'? »
M* de Rottini soutient l'affirmative avec calme et netteté. Il s'ap
puie surtout sur la jurisprudence qui, comme elle dit, est una
nime à ce sujet, et sur l'article 1382 du Code civil.
M* Scagliola a plus de peine à soutenir que les promesses de
mariage laissent les parties libres et entièrement libres.
Aussi, malgré une plaidoirie pleine d'entrain et d animation,
c’est par 21 voix contre 6 seulement à la négative et 8 absten
tions que la Conférence Portalis se rallie à ITlirmative.
M. le professeur Ronnecarrère considère la question comme
une question de fait indiscutable aujourd'hui.
Il félicite les deux débutants, qu il espère revoir dans le courant
•le l'année plaidant alors sur une question plus juridique.
La séance est levée à R 8/4.
Séance du l> Mors 1003. — La séance est ouverte à 8 b. 1/2.
M. le professeur Rouvier-Rangillon assiste à la séance.
M Louis Crémieti et .M Paul Jourdan lisent leurs attendus sur
la question suivante :
« L’action par laquelle une Compagnie (l'Assurance Mutuelle
contre les Accidents ouvriers réclame de l’un de ses assurés le
paiement des primes arriérées relève-t-elle des tribunaux de com
merce '? »
M Louis Crémicu, bien que déjà presque un habitué de la
barre, a cependant quelquefois une certaine gène, imperfection
largement compensée d'ailleurs par une plaidoirie serrée et d'une
logique parfaite. La théorie de l’accessoire lui sert de base pour
rétablissement de sa thèse, il s'appuie sur les articles 031 et 038
du Code de commerce qui consacre cette théorie. La jurispru
dence récente abonde d ailleurs dans son sens.
M Paul Jourdan soutient sa thèse avec plus de chaleur et d’a
nimation, il présente avec plus d’entrain ses arguments, bien
que parfois cependant il hésite lui aussi au milieu de ses déve-
— 65 —
loppements. Pour lui, toutes les Sociétés d’Assurnnces Mutuelles
sont des Sociétés civiles. Pour lui la théorie de l’accessoire doit
être ici repoussée par suite de la nature du contrat, de l'esprit
du législateur, des textes et de la jurisprudence. Ce sont donc,
nous dit-il, les tribunaux civils qui doivent être considérés
comme compétents en cette matière.
Par 6 voix à la négative, 4 à l’affirmative et 3 abstentions la
Conférence, après avoir longuement applaudi M° Louis Crémicu
et Mc Paul Jourdan, se rallie à la négative.
M. le professeur Rouvier-Rangillon, appelé à donner son avis,
remercie tout d’abord les deux orateurs pour le plaisir qu’il vient
d’éprouver en écoutant ces deux excellentes plaidoiries. Il lui
semble que dans cette hypothèse la théorie de l'accessoire s’ap
plique pleinement. Il se rallie donc à l’affirmative.
La séance est levée à 9 h. 3/4.
Semico du 4 Mars 190'3. — La séance est ouverte à 8 h. I 2,
sous la présidence de M Robert Jourdan, secrétaire, M° Pécout,
président, étant lui-mème à la barre.
M. le professeur Rouvier-Rangillon assistait à la séance.
C’est sur la question suivante que M" Pécout et M° Caton lisent
leurs attendus : j l'n époux peut-il imposer, comme condition de
ses libéralités, au conjoint survivant la condition de ne pas se
remarier » '?
M* Pécout, orateur de l'affirmative, regrette tout d’abord,
comme président de la Conférence, que les étudiants m'se mon
trent pas assidus à suivre les Conférences. Entrant ensuite dans
le sujet, il s’appuie surtout, pour soutenir sa thèse, sur des
arguments de sentiment, de morale, de respect pour la volonté
du défunt.
La plaidoirie, très habile, se fait remarquer par une forme
irréprochable, un style fleuri, imagé et vif.
L’orateur de la négative, Mc Galon, quoique plus calme, nous
fait entendre cependant une plaidoirie non moins brillante, quoi
que fort différente de celle de son prédécesseur.
Plus aidé par les textes de lois, il a de moins grands efforts à
faire pour établir sa thèse. S'appuyant sur l'article 900 de notre
Code, (pii n’est lui-mème qu'une reproduction des lois des ô-12
septembre 1701 et des 5 brumaire et 17 nivôse an II, il nous
montre que ne pas déclarer non écrite la clause de viduité est
non seulement contraire à l'intérêt général, mais encore en op
position avec la législation, formelle sur ce point.
�66
La Conférence, par 5 voix à l’affirmative et 6 à la négative, se
rallie à la négative.
M. le professeur Bouvier-Bangillon indique tout d’abord que
si les étudiants suivent en moins grand nombre les conférences,
il constate avec plaisir que les plaidoiries qu'il vient d'entendre
ce soir et celles qu’il a entendues vendredi dernier sont une
preuve que la qualité des orateurs compense largement le nombre
des assistants. Il se rallie, lui aussi, à la négative, félicitant en
core M®Pécout et M®Galon.
La séance est levée à 10 b.
Séance du 19 Mars 1903. — La séance est ouverte à 8 h. 1/2,
sous la présidence de M' Pécout, président.
Me Bermond et M* Abbo lisent leurs attendus sur la question
suivante :
u Le contrat passé en juin I9<M par la Bolivie avec le u Bolivian-Syndicate pour l'administration du territoire de l'Acre estil, d'après les principes du <1roit international, valable et oppo
sable aux Etats tiers '? »
M* Bermond, l'orateur de l’affirmative, joint à une élocution
facile des qualités de fond qui dénotent une étude approfondie
de son sujet.
Il démontre que la Compagnie de l'Acre a un caractère juridi
que suffisant pour qu’on puisse lui reconnaître la personnalité
juridique. L’orateur de la négative, M" Abbo, fait ses début la
barre, il parle avec aisance cependant et sa discussion est serrée
et logique.
11 s'efforce de démontrer que le « Bolivian Syndicate » se pré
sente comme une Compagnie étrangère. Le contrôle du délégué
Bolivian ne s’exerce pas effectivement. Le « Bolivian-Syndicate »
contracte donc par lui-même et l’orateur démontre que l’acte
passé en juin 1901 est nul pour défaut de capacité de l’une des
parties contractantes.
La Conférence applaudit longuement les deux orateurs, puis se
rallie à l'affirmative par A voix contre A à la négative et 2 absten
tions.
.M. le professeur Politis rend d’abord hommage au talent des
orateurs. Il se rallie à l'affirmative fondant son opinion sur ce
que un Gouvernement peut instituer, pour l'administration d’une
partie de son territoire, une Société à laquelle il confie tous les
droits de souveraineté.
La séance est levée à 9 h. 3 4.
Robert J ourdan.
—
L’ASSOCIATION
Assemblée Générale du 11 mars 1903
La séance est ouverte à 9 heures du soir sous la présidence de
Constans, président.
Le secrétaire donne lecture du précédent procès-verbal qui est
adopté sans observations.
Muterse, secrétaire-trésorier de la Provence Universitaire rend
compte à l'assemblée de la situation financière de la caisse spécia
lement réservée au bulletin de l’Association.
Le Président propose à l’assemblée de décorer une ou plusieurs
voitures, ou un char à l’occasion de la bataille de fleurs organisée
pour le 22 mars pour les fêtes de charité en faveur des Pécheurs
Bretons.
L’Assemblée générale donne pleins pouvoirs au comité pour
faire une ou plusieurs voitures ou un char, selon qu’il avisera et
elle lui ouvre à cet effet un crédit de trois cents francs.
Muterse, trésorier spécial de la commission du concert rend
compte des recettes et des dépenses se rapportant à cette fête de
charité (La Provence universitaire a donné déjà dans le N° précé
dent les résultats pécuniaires du concert de charité et la réparti
tion qui a été faite des recettes nettes entre les diverses icuvres
de la ville).
Les camarades Mourguès et Bonierbale déposent sur le bureau
l’ordre du jour suivant :
« Les Membres de l’Association très heureux du réel succès
« obtenu par h' concert de charité du 7 mars adressent avec plaisir
« leurs félicitations et leurs remerciements au Président du Con« cert, au Président de l’Association, à tous les membres des
« Comités du Concert et île l'Associalion qui ont apporté tant de
« dévouement et de zèle à la réussite île cette fête des pauvres, v
Cet ordre du jour est adopté à l'unanimité.
La commission du Concert ayant achevé le mandat qui lui avait
été confié est dissoute.
�—
(38
—
Avant de lever la séance plusieurs bans sont battus en l’hon
neur des diverses autorités de la ville qui ont bien voulu prêter à
1Association leurs précieux appuis à l'occasion de ce Concert de
Charité.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire : Octave RIMBAUD.
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La Provence Universitaire publiera dans son pro
chain numéro la liste complète des membres fondateurs
et des membres honoraires.
« Marseille-Etudiant ». — L'Association a
reçu ce mois-ci le premier numéro du « Marseille-Etu
diant », bulletin olliciel de l'Association générale des
Etudiants de Marseille, association nouvellement orga
nisée.
Nous souhaitons pour cette nouvelle revue une lon
gue durée et nous adressons a la nouvelle association
nos félicitations et nos meilleurs vœux.
L’Association se fera un plaisir d’assurer le ser
vice exact de la « Provence Universitaire » aux Asso
ciations qui voudront bien lui adresser régulièrement
leurs Bulletins.
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Faust est un des grands chefs-d’œuvre dont s’honore
l’humanité. Il nous révèle à travers le x v i i T siècle
l’âme de Goethe reflétant le monde. C’est plus qu'un
poème ; c’est une philosophie de l’univers. C’est une
épopée vue à travers le prisme de l'histoire. Un de ses
mérites est de s’incarner dans une légende, symbole
populaire, ayant reflété pendant des siècles l’ame des
générations successives, et ayant gardé l’image de leur
perpétuel développement. Cela suffit à donner une vie
intense à l’œuvre même. Le génie ne consiste pas tant
à créer la matière de ses poèmes, qu’à la ressusciter,
alors qu'on la croit morte. Quand Gœthe ressuscita
Faust, il ne servait plus qu’à amuser des enfants au
théâtre des marionnettes.
Embrasser l’univers dans une œuvre, rêver d’une
vaste cosmologie poétique, qui échappe aux lois du
temps et de l’espace ; faire vivre son héros au moyen
âge, en lui donnant les aspirations de l’âme moderne,
et en le faisant rêver de l’époque homérique ; super
poser à tout cela la Révolution française, n’était-ce pas
la seule façon de créer la plus vaste cacophonie, le plus
inextricable chaos qui se puisse imaginer, et par là
même gâcher la matière la plus belle qu’ait jamais
�rêvée l’artiste ? Au lieu d’une œuvre d’art, n'allait-on
pas obtenir le mélange le plus hétéroclytc et ne cour
rait-on pas au devant d'un échec prouvant encore une
fois la justesse du précepte de Boileau, qu'il faut se
borner pour pouvoir et pour savoir écrire ? Enlin une
telle entreprise ne pouvait être l'œuvre d'un jour, ni
même d'une année. Il fallut la vie de Goethe pour la
terminer, et elle fut continuellement interrompue par le
souci de créer d'autres œuvres. Aussi a-t-on pu pré
tendre avec quelque apparence de raison que Faust
manquait d'unité. On a voulu y voir plusieurs poèmes :
la tragédie de Marguerite — celle d’Hélène — l’œuvre
civilisatrice entreprise par Faust, el enfin la tragédie
de l au delà ; autrement dit, après le début magnifique
du prologue au ciel, l’on a compté quatre tragédies dif
férentes : celles de l’amour, de l’art, de l’ambition et
enfin de l’effusion mystique. Ce sont là les quatre grands
stades de l’œuvre ; mais malgré la richesse et la pro
fusion des détails, le poème se développe d’après un
rythme continu et garde son unité qui est celle de la
vie même, de la vie de Goethe, qui prêta son âme à
Faust. Nous ne pouvons pas nier que Gœthc, comme il
le dit lui-même, n’ait réussi à « unir le ciel à la terre
en passant par l’enfer ». Le mérite de l'artiste consiste
à avoir donné à la vie de Faust toute la valeur artis
tique qu’elle comportait, pour être capable de toucher
notre cœur.
Avant d’étudier le détail de l’œuvre, il faut nous péné
trer de l'idée d’ensemble que régit cette épopée. Gofflie
essaie de résoudre l’éternel problème que tourmentera
toujours toute conscience humaine, celui de la vie.
« Que faire de cette vie pour réaliser par elle l’infini
des désirs qu'elle excite en nous ? » La vie, c’est-à-dire
une force mystérieuse, débordante qui est en nous et
qui à certains égards n’est pas nous, que nous voulons
épancher sur l’univers pour nous en faire le maître,
pour nous faire vivre dans tout ce qui vit par une com
munion intime, suivant un rythme harmonique que nous
voulons régler nous-mêmes au gré de nos secrets désirs.
C’est alors que la vie serait belle, artistique, que
l'homme serait le roi de l'univers, infini comme l’infini
de ses aspirations. C’est alors que la beauté triom
phante de notre œuvre sera le symbole de la bonté de
notre existence, qui prendra les autres êtres pour les
faire vivre en nous et nous faire vivre en eux en com
munion d’amour. Mais c’est là le rêve, et essayer de le
réaliser quelque peu ; c’est se condamner à la douleur ;
c'est faire de notre existence un continuel martyre; c’est
ne jamais réaliser ce que nous avons rêvé ; c’est au prix
de mille fatigues et de mille souffrances ; trouver tou
jours trop bas le degré que nous avons atteint, c’est
goûter sans cesse l'éternelle illusion de l’éternelle
vanité de tout. Et il nous est impossible, malgré notre
vouloir, de nous refuser à l’épreuve, de nous réveiller
de ce rêve douloureux de la vie, comme l’avaient désiré
les anciens indiens ; en nous ensevelissant dans une
méditation qui finirait par anéantir la pensée ou la fixer
dans une extase qui lui permettrait d’échapper au temps
et à l’espace. Car en nous-mêmes nous retrouverions
un monde de rêve et de passions, qui nous obligerait
à de nouvelles luttes et à de nouvelles épreuves.
D'ailleurs ce serait nous empêcher d’agir, et par là
nous gagnerions à échapper à un perpétuel change
ment; nous perdrions l’occasion d’affirmer par ce chan
gement même la continuité de notre existence, toujours
la même et toujours plus riche, grâce à nos épreuves.
D'ailleurs, la vraie façon de renoncer au rêve n'est-ce
pas d'agir, c’est-à-dire de renoncer à ce que l’on a et
qui n’est rien pour chercher autre chose que l’on n'a
pas encore et que l’on ne connaît pas, alors même qu’on
le désire. Et voilà pourquoi Faust sera un homme
d’action, qui jamais n’arrivera à se déclarer satisfait et
voudra toujours chercher autre chose, et dépasser ce
qu'il a obtenu. La science, la magie, l’amour, l’art, la
politique seront des étapes, et ce n'est qu’au delà, dans
un monde céleste, qu'il arrivera à réaliser sa destinée,
�- 72 —
alors qu'il aura échappé au sombre empire de Méphistophélès.
Après avoir ainsi saisi l’unité du poème nous pou
vons essayer d'en tenter l'analyse.
J. G.
C'était déjà le moment où la nuit étendait sur l’im
mense univers son long voile noir. Je ne saurais vous
dire — tant elle était forte, — l'impression que firent
alors sur moi le choc précipité des branches les unes
contre les autres, puis le sourd bruissement des feuilles
fiévreusement agitées par le vent déchaîné, les vagues
enfin déferlant avec un bruit rythmé sur les rochers à
pic du rivage. Je fus saisi par la majesté du spectacle
et je retombai dans ma douce torpeur; mais cette fois,
excusez ma chérie, je songeais à l’infinie grandeur de
celui qui régla le monde avec une harmonie si par
faite !...
CRÉPUSCULE
C yrano .
( Toulon , avril 1U03).
Aucun spectacle n’est, à mon avis, d’un charme plus
saisissant qu’un crépuscule, sous un bois, — au bord
de la mer — par un soir de mistral.
Assis sur un rocher, presqu'à la lisière du bois qui
borde de ses feuillages verts la route qui va de SaintMandrier aux Sablettes, je m’étais, l'autre jour, laissé
aller à l'attrait tout puissant de la rêverie...
Je songeais à vous, ma mie, je me plaisais à retra
cer dans mon esprit les contours harmonieux de votre
blond visage. Je me demandais quand enfin le destin
se déciderait à unir d’une éternelle chaîne nos amours
jusqu’à ce jour bien innocentes ! Une rafale soudain
vint me tirer de ma douce torpeur et lit brusquement
évanouir la vision si flatteuse qui avait — dans un
élan passionné — fait surgir mon âme amoureuse. Je
levai la tête aussitôt, surpris de me voir à cette heure
encore à cette place où depuis si longtemps je suivais
la course vagabonde de ma folle imagination...
COMMENT JE L'AIMERAIS !
Je l’aimerais blonde avec de grands yeux noirs. Son
teint serait rose, sa bouche petite et rouge, scs dents
naefees et fines ; son caractère serait enjoué et d’une
gaieté qui se communique. Sa nature serait bonne
mais hautaine ; son cœur serait généreux ; son esprit
cultivé, son âge serait vingt ans !
�-
_
Ils s’étaient connus dans la rue ; elle, un minois char
mant, aux yeux tout neufs, à la chevelure aussi blonde
que des épis...; lui, un beau garçon, aux grands yeux
rêveurs, à l'air morose.
Un coup de vent avait poussé son chapeau jusqu’à
ses pieds. Gentiment, elle s'était baissée pour le pren
dre et. de sa main blanche, le lui avait tendu en sou
riant. Il l’avait regardée d’une façon si étrange qu'elle
en frémit. L'étincelle première — dont on se moque
tant — avait jailli. Brusquement, ils se sentirent attirés
l’un vers l’autre, mus par un même sentiment d’indé
finissable sympathie, doux langage de deux âmes qui
se cherchent et se désirent.
L’amour pourtant l’avait déçu, lui... ; et il s’etait juré
de ne jamais plus voir dans une femme qu’un cire fri
vole et méchant. Il se croyait sur de surmonter la
secousse si naturelle que souvent l’homme éprouve,
quand par hasard son regard plonge dans un autre...
Mais, ce jour-là, tout fléchi de scs pensées qu'il disait
et supposait fortes, et de ses folles prétentions de cœur
blasé, ce jour-là, l’image de cette jeune fille se fixa dans
son esprit, obstinément, au point qu’il s’en voulait de
ne pouvoir l'éloigner__
_____ ______________________
FLEURS TOMBÉES
75 —
Elle, devait sûrement n’avoir jamais tressailli ; car
son approche, approche d’une seconde, l’avait comme
bouleversée... ; et ce devait être les premières émotions
d’un commencement d’amour, parce que sur son visage
se lisait trop bien l’infinie bonté, franche expression
d'une âme tendre et jeune.
La chose brûlait sur ses lèvres ; aussi ne jugea-t-elle
pas imprudent de la raconter naïvement dans l’atelier
à une, deux, plusieurs de ses amies qui, la sachant
bonne, chaste, comprirent aussitôt, malicieuses, plus
malicieuses qu’elle, que dans son petit cœur une flamme
avait lui. Aussi, toute la journée ce furent des pointes,
des saillies qui la rendaient honteuse et confuse, et la
faisaient rougir. C’était attiser le mal qui devait la
ronger le lendemain.
Des jours s’en furent, au cours desquels ils se virent
de nouveau... ; ils se croisèrent, se frôlèrent, et bientôt
ce fut pour eux une souffrance de ne pas se voir et se
regarder en souriant... Puis, vint le soir où il la suivit;
et elle, poussée par une force irrésistible, mais sans
malice aucune, chercha l'endroit où les regards des
passants, curieux, jaloux et pervers, n’auraient pas de
prise, jusqu’au moment où, profitant de ce silence qui
était presque un recueillement, pendant qu’entre l’en
lacement des jeunes branches du marronnier près
duquel ils étaient, passaient, mystérieuses et pâles, les
lueurs d’une lune clémente, il se pencha timidement sur
son épaule, et, d'une voix émue et toute tremblante,
lui proposa de l'aimer... Elle resta muette; mais son
cœur battit à se briser; grisée par cette minute exquise
et divine, elle se laissa prendre les mains ; et son
regard, pendant longtemps, resta perdu dans l'autre...,
tout plein d’amour et do bonté__!
Comme tonies les idylles, la leur fut douce... Douce,
pour elle surtout qui, pour la première fois, écoutait
des mots d'amour. Douce, mais plus charmante pour
lui... qui, un instant avait hésité ; la pensée de ses
amours défuntes s'était dressée devant lui, dans un
�76 —
passé de fièvres, où la grande partie de ses pleurs
avait coulé... Mais, si dans son cœur avait subsisté
l'image de l'autre, oh ! ce souvenir 11e prenait pas jour
sans un certain sentiment de haine. Et fut-ce par ven
geance, ou fùt-ce, malgré ses airs tristes et moroses,
pour le besoin que tout cœur qui a souffert et aimé
éprouve de se livrer à des sincères épanchements sur
une épaule amie, il se laissa prendre par ces nouvelles
sensations d’affection et d'amour...!
Les journées s’écoulèrent, ainsi que les saisons :
pendant longtemps, ils firent les mômes rêves et les
mêmes projets souvent si insensés ! Ils se connaissaient
si bien maintenant qu’ils ne pouvaient plus se passer
l'un de l’autre : ils vivaient heureux..., en quête à
chaque instant de nouvelles émotions et de plaisirs
nouveaux. Et c'était charmant de les voir se perdre
dans la nuit, sous le firmament rouge d'étoiles, serrés
fiévreusement l'un contre l'autre, la main dans la
main... Il était un banc de pierre, près d’un petit ruis
seau au murmure enchanteur, sur lequel ils allaient
souvent s’asseoir... loin des jaloux. Seuls lc.-> écou
taient, un rossignol qui avait son nid sur le hêtre, à
côté, et la brise qui toujours secouait les vieux joncs et
venait amoureusement les caresser... Ils s’aimèrent
follement, tous les jours davantage, sans que jamais le
moindre dissentiment soit venu obscurcir leurs instants
de délicieuse rêverie .. Et pourtant, le destin qui les
avait si bien unis dans un bonheur sans mélange, devait
ternir la joie ineffable qui les grisait, par un de ses
coups imprévus dont on n’arrive jamais à s’expliquer
la véritable raison d’être__
C’était la veille de la Saint-Jean. Ils avaient depuis
deux jours décidé la dînette sur l’herbe ; et elle, sans
rien dire, avait résolu de faire à celui qu’elle appelait
« son Jean» la traditionnelle surprise d'un cadeau, quel
qu’il fût, un rien qu’elle lui aurait joyeusement offert,
en lui sautant au cou, pour lui adresser, dans son baiser
le plus tendre, ses meilleurs vœux. Trois jours avant,
— 77 —
elle avait couru tout un soir les devantures, ne sachant
que prendre ; puis, s’étant rappelée combien « son
Jean » aimait fumer la pipe, elle s’était décidée à lui en
acheter une ; et elle avait voulu voir chez le marchand
les pipes les plus belles... Elle fit son choix enfin : une
superbe Kummer pour laquelle on lui demandait qua
rante francs. Elle ne parut pas étonnée; car, sans même
se soucier si elle pourrait faire un achat si fort impor
tant pour sa bourse de petite ouvrière, obligée de
remettre à ses parents les trente sous qu elle gagnait
par jour, elle avait prié le marchand de mettre la pipe
de côté, lui assurant qu'elle l’achèterait le lendemain...
Elle 11’avait pas songé au nombre de journées de labeur
que représentait une somme telle, et avait semblé
ignorer qu’elle ne gardait pour son usage rien sur tout
ce qu’elle gagnait. Seule la joie l’enivrait d'un cadeau
à faire, d’un riche cadeau, dont son Jean saurait si sin
cèrement et si chaleureusement la remercier. Cette
pensée la rendait folle et gaie, plus que de coutume
confiante et heureuse...
C’était donc là veille de la Saint-Jean...; elle comprit
alors qu'il lui fallait bien se procurer les quarante
francs... : ses parents, sûrement, n’auraient rien voulu
•entendre ; d’ailleurs ç’aurait été dévoiler les secrets de
ses escapades, et qui sait... briser à jamais ce qui fai
sait son bonheur... ! Mais alors... ? 11 ne fallait pas pen
ser non plus à se faire livrer l’objet à crédit ; évidem
ment, le marchand n’aurait pas eu confiance en elle... ;
car, comment aurait-elle fait pour régler un jour une
note si élevée... avec le maigre salaire, dont elle n’avait
pas même la jouissance... ! Pourtant, il fallait bien faire
cadeau à son Jean de quelque chose... Et que lui don
ner sinon quelque chose qui serait de son goût, à
elle... ; sinon cette pipe qui lui avait tant plu....
Dès lors son exquise et fraîche gaîté tomba ; et le
souci s’empara d’elle... Ses compagnes la narguèrent
à l’atelier ; elles crurent qu'elle s’était fâchée avec son
ami, et loin même de la plaindre, semblèrent voir avec
�78 —
plaisir cette teinte de tristesse et ce pli sombre qui
avaient envahi le front et les yeux de la petite ouvrière...
Mais la nuit allait tomber... et, avec elle, l'heure où
il fallait à tout prix avoir entre les mains l’objet tant
convoité... ! Ah ! certes, le Dieu des amours ne la favo
risait pas..., qui ne pouvait lui présenter un moyen
pour la tirer d'affaires...; et son esprit s’évertuait à
chercher ; les mille et mille choses1que devait forger sa
folle imagination n’arrivaient aucune à un bon résul
tat... Son petit cœur devait en souffrir ; car la fièvre
brûlait son visage, et l’aiguille n’était guère solide
entre scs doigts...
Elle se dressa soudain, laissant tomber tout le tra
vail qu’elle devait achever pour gagner ses trente
sous... et brusquement elle sortit... Ses compagnes se
regardèrent étonnées, avides et curieuses.... Mais
qu'avait-elle, ce soir, leur amie, à bouder ainsi...? Et
pourquoi cette sortie précipitée... ? Elles ne le surent
jamais...
La petite ouvrière avait grimpé l'escalier qui mène
chez le patron pour le compte duquel elle travaillait;
et elle entra... courageusement, sûre d’elle-même, le
front haut, l’œil brillant, superbe, presque dédai
gneuse...
Deux heures plus tard, elle tenait dans sa main la
pipe désirée ; mais elle lui sembla maintenant moins
jolie ; et ce 11e fut guère avec la gaîté qu'elle s’était
promise que le lendemain, là-bas, dans le bosquet, sur
leur lit de feuilles mortes, elle la tendit à son Jean... Il
voulut savoir comment elle avait pu faire pour l’ache
ter... ; et elle qui ne s’attendait pas à une telle demande,
dut baisser le regard et trouver un prétexte ; elle dit
que c'était par ses économies, dont elle n’avait jamais
voulu lui parler. Ce fut là son premier mensonge. Jean
comprit et se tut... mais un pli rida son front... Et
devant la tristesse de son ami, sous le poids cuisant du
remords qui labourait sa conscience, des sanglots
s’échappèrent de sa gorge, et timidement elle avoua...
Séance du 12 niai 1003
La séance est ouverte à 9 heures du soir sous la pré
sidence de Constant, président. Tous les membres du
Bureau sont présents.
La lecture du précédent procès-verbal est renvoyée
à la prochaine séance.
Le Trésorier, conformément aux Statuts, rend compte
à l’Assemblée de sa gestion linancièrc au cours de
l’année scolaire qui va expirer.
11 met tous ses comptes de recettes et de dépenses à
la disposition des membres de l’Association.
�—
80
—
L'Assemblée approuve les comptes fournis par le
Trésorier et des félicitations sont adressées au sympa
thique trésorier de Lacouture.
Le Président annonce qu'il a reçu du camarade]Euzet
une demande d’interpellation.
Euzet a de suite la parole. Il reproche tout, d’abord
au Président d’avoir laissé entrevoir scs opinions poli
tiques dans un discours prononcé à l'Association à l’oc
casion d’une fête olliciclle donnée au cours de cet hiver;
il avait cru tout d’abord à un simple hasard. Mais cer
taines manifestations auxquelles se serait livré le Pré
sident personnellement, à l'intérieur, lors de l’expulsion
des religieux, lui donnent maintenant l'assurance que
c’est volontairement que le Président avait donné à son
discours un caractère politique. L'orateur estime que
le Président aurait dù s’abstenir de toutes manifesta
tions, même à l’extérieur.
Le Président interrompt vivement l'interpellateur. Il
lui rappelle l'art. 50 des Statuts : « Toutes discussions
ou manifestations politiques ou religieuses sont formel
lement interdites dans le sein de l’Association. »
L’agitation est vive; le camarade Euzet voulant con
tinuer à parler, le Président lui retire la parole pour la
donner à Muterse.
Ce dernier estime que la qualité de Président de
l'Association n’enlève pas à celui qui en est investi celle
de citoyen ; qu'en dehors des circonstances où il repré
sente officiellement l’Association, le Président conserve
l’entière liberté de ses opinions, qu’il peut manifester
comme il l’entend. La question soulevée par Euzet est
de nature à jeter le trouble parmi nos camarades ; l'ora
teur est d’avis que si l'on ne met pas un terme immé
diat à cette interpellation prenant un caractère essen
tiellement politique, l’Association pourrait se trouver
compromise par les dissensions qui ne manqueraient
pas d’éclater. 11 insiste sur l’importance de l’article 50
des statuts. 11 demande par suite l’application rigou
reuse de ses dispositions et dépose la question préala
ble : « L’Association passera-t-elle ou non à la discus
sion ? »
A cause de la surexcitation qui règne dans la salle le
vote a lieu au scrutin secret. Par 43 voix contre 12 et
4 abstentions, la discussion est rejetée.
A la suite des événements qui viennent de se pro
duire, le Président insiste vivement pour que l’Assem
blée vote un ordre du jour de confiance à son adresse
sur sa gestion en général.
Le vote a lieu au scrutin secret. Le Président obtient
la majorité des voix en sa faveur. Mais il estime que
le nombre de bulletins favorables n’est pas assez consi
dérable pour lui donner satisfaction. 11 a par suite le
regret de donner sa démission de Président. 11 remercie
les amis qui ont bien voulu lui témoigner leur confiance
et espère néanmoins se retirer avec l’estime de tous les
autres. Il quitte immédiatement sa place.
Le Vice-Président le supplée au Bureau et prend la
parole. 11 regrette profondément les événements de ce
soir et espère qu'ils n’auront pas de conséquences trop
fâcheuses pour l’Association. 11 estime que la solidarité
qui existe entre le Président et le Comité tout entier
oblige ce dernier à donner sa démission Le Bureau
démissionnaire assurera néanmoins la marche des
affaires jusqu’aux élections prochaines, qui, vu l’heure
tardive, ne pourront avoir lieu ce soir.
La séance est levée à i l heures.
Le Secrétaire : R im baud .
Le Vice-Président : J o u r d a n .
Séance du 18 niai 1903
La séance est ouverte à 9 heures du soir sous la pré
sidence de Alfred Jourdan, vice-président.
�—
82
—
Lecture est donnée des procès-verbaux des deux der
nières séances, qui sont adoptés.
Le Vice-Président invite l'Association à élire les
membres du Comité démissionnaire.
Muterse Edouard, avocat à la Cour d’Appel, est
élu Président par acclamations.
Sont élus :
Vice-Président. : Alfred Jourdan.
Trésorier : De Lacouture Joseph.
Secrétaire : Rimbaud Octave.
Bibliothécaire : De Bottini Joseph.
Porte-Drapeau : Portai.
Par suite de l’élection du camarade Muterse à la
présidence de l’Ass, le Comité de la Provence Univer
sitaire se trouve ainsi composé :
Directeur-Gérant : Joseph S éjalon ;
Secrétaire de la Rédaction : P. B ermond ;
Conseillers : G a u t ie r - D e s c o t t e s , G il les et C ham proux .
■s**
L’Association dans sa dernière séance du 25 Mai a
décidé que son banquet aurait lieu le samedi G Juin
prochain, à YHôtel Nègre-Coste.
——--------------------
Les membres ainsi élus remercient tous l’Association
de son témoignage de confiance ; tous leurs efforts se
porteront uniquement à faire de l’Association un lieu
de réunion de camarades unis et solidaires, sans distintion d'opinions.
Bermond est nommé secrétaire de la « Provence uni
versitaire », en remplacement de Muterse, élu président
de l’Association.
L Assemblée générale, pour jeter définitivement
1oubli sur les incidents de la dernière séance, et pour
affirmer la solidarité qui existe entre tous ses membres,
décide qu’un banquet aura lieu sous peu.
Comanos, Bourges, Portai, Yol et Bonnet sont
chargés de l’organisation de ce banquet.
L Association émet le vœu que tous nos camarades
sans exception assistent à ce banquet.
La séance est levée à 10 heures.
La Provence Universitaire
Le Directeur-Gérant : J o s e p h SÉJALON.
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87 ooara lliraheaa
B
LE BANQUET DE L'ASS.
Ce n'est malheureusement pas souvent que l'Ass.
offre un banquet a ses membres. ~lais il faut a'·ouer
qu'il y a compensation et que quand elle le fait, cli c le
fait bien. Fol't bien réussi ~e banquet, ma foi ! Et j'en
connais plus d'un qui ne demanderait qu'à recommencer ! Plats succulents, table très Lien disposée et sur
laquelle couraient des guirlnndcs de jolies fl eurs fraiches, m enu imprime su i· d'élégants cartons artistement d1;corés. A la seule Yue de la table et à la seule
leclu1·c du menu, nous <leYons ;woucr 'J.Ue nous nous
sentions un lionnl\le a ppétit . D'ailleurs, y a-t-il un
npéritif 1;quivalcnt à la pensée.' qu'on va déguster une
excellente volaille ou une bonne langouste américain<.'.
Jugez maintenan t <lu menu :
l'ota~c d .\ rloi::;
1:alanlinc ù la gclt~l'
L.mgousll' a111i·ricai11C'
llari1·ots 1crls matlrc clï1ôtcl
\'olaillc du l\lan::; à la l.H·ocl11·
Salade
t:tacc panachée
Dessert
\ ïns. -
L:hampagne.
�- sr; La commission qui aYait org-.rnisi· cc banqu et avait
<lonc ré»llemcn t Lien fait lrs 1.: lios1•s ; nous l'en fl'licit.ons et nous l'en remercions surlont. Les llH;mes éloges
et les 1111\mes remcrcÎl'mc11ls s'a11resscnt aussi ù ~lon
sieur Gerard, le \ nt!'l <k 1 hill1•l \ègrP-Cost e, qui
nous a offert des plats succulcnb.
.\ / ht'ures L 2 011 se nwl donc;\ table et dt'.•s le debut
la plu::. grande gaictl'. M' rnauil'1·stc. On esl venu fort
nombreux, nons :-;ommrs une C'inquanlai1w <'1wiron :
qui donc ne YÎcndrait pas, quand il fnut fain) une Lonnc
partie? Les étudiants seraicnt.-ils naimen' Mudiants
sïl en était autrement? i\l" :.\lutcrse, notre nouYeau
président, prend la place J'lwnncur nyad ù sa droite
nolrc ami 13ouquicr, pri•sidcnt honoraire et reccYe ur
d'Enregistrement, que rien ne saurait r mpL·cher de
venir à nos fêtes et qui nous montre par la son attachement à notre Ass .. \ussi est cc toujours avec plai s ir
et aYec j oie que nous le Yoyons ''enir et que uous l'applaucli::.sons.
Des le milieu <lu repas - oseron::.-nnu" le dire l 'excclle11t vin que nous oll'rn le :-;ympathiquc propric taire de l'hùtcl, a <l«'ja pro1luit r1uelqne effet. Oh! que
personne ne s'effarouche! Il ::.'agit scu le11wnt de la Yoix
<le quelques-uns <l'entre nous c1ui aYait atlcint dP s notes
aigucs; c'est en nün que l<' prl'siclC'nl cl1t·rc:hc à rétablir un calme relatif. Quelqu0s-uns sont pcut-ètrc plus
gais qu'a l'ordinuirc : j e crois 11uc ! PUI' gaictc es t s ut"
tout plus bruyante: ; lrs intcrYicws se s ucc èdent sans
iuterruplion ; les saillies qui fout rire se croisent et
s'entrecroisent d' un bout <le la table a L'autre.
-
87 -
Mais le dcsscl't arri,·r : le président lève son verre
et porte un toast;'\ ln prnspc'rÎté <lr l'.\ ss. Heureux ceux
qui furent près de lui rt qui purent ainsi goùter le
chnrm<' de' ses pnrolrs. (~uant à nous , connaissant son
habitu ell e eloqucncc, c'es t. avec confiance que nous
avons <ipplau<li .
'Cn conc0rl avail ék organisé pour la fin, par l'un
de nos plus sympaLhiquc·s camarades. C'est à peine
si quelques monol1Jgues purent è-tre dits au milieu <lu
brouhaha. On le' e alo1·s la sc>ance et on s'apprête
a piquer 1111e fine ('ru/rouille. La tradition semble
s'en penlrc de plus en plus parmi les jeunes étudiants
ai~ois. Lrs anciens ti c1111 cn La leur monlrer ce qu'était
aulrefois une vadrouille et qu'elle Œtait toute la valeu1·
<le cr mot. C'est Pn chantant jo) eusemrnt qu'on se met
en marche . .. :.\fais ici jclons un voile discret : ces
choses qne seule l'obscurité protège ne doiYent pas être
dévoilées au g rand jour, ni au profane : l't>tndiant seul
1wut en l'Couter lu narration. L'ètes-vous?
Kus1-.A 1.\1\0.
DISCOURS
ne
Jin{/'(' ffl)l1(1J'(lif1• IJOl/J '!fl'S
1'11
l'l~J1111.o;1•
uu f ous{
li/( /Ja/lljllef rl1t
(jjllÏll,
tfr' 110/r<' Pl'i:::;irle11f :
ilfi.:~s 11 u ts ET C11Ens C.UI\H\l>E::.,
Je n'ai l'Prlcs pa..; k dèsir, encore moins la prl'tenLion , ùr vuuloi1· fair<' un discours . .\on! Je tiens Lout
s implement à l'l'pon l1·c a notre: Pres ident par un pelit
�-
88 -
laïus en prose , hélas ! - car c'est le la ngage qui m'est
le plus familier - contrairement au rhe r maitre Rost and.
Cher Président, je me sens incapable de vous répondre d'une manière digne ; mais si j e ne possède a ucun
mérite oratoire, j'aurai du moins l'avant\lge de parler
avec sincérité tt cl 't· Lre :rnprcs de vous le fidèle inter-
-
80 -
Messieurs. je lève mon verre en l'honneur de notre
président, de notre bureau et <le nos membres hono~
r aircs ! Chers camarades, en l'honneur de l' Association
d'Aix et <les ctu diants français !
:\IANo (Emmanuel BounGE::..
prcte de tous nos camarades
h eur~ux .
cher :\luterse, de Yous adresser
toutes nos felicitations pour votre réce nte élection.
J e suis
\ous ne pouvions certes fairr un meilleur choix, car
on trouve en votre personne un président ai mable et
distingué. L 'administration <le !'Association votre direction impartiale -
sous
sera e n tous points par-
ECHOS DE L'ASS.
faite. :\ous n'avons qu'à considërcr pour cela les bonnes
dispositions que Yous avez et surtout le désir - j e dirai
le souci -
d'être un président modèle.
Xous vous aiderons avec un z1·le arde nt et avec un
dévouement d'autant plus grand que notre tùche sera
moins dillicile.
Le vendredi 12 , séance d'hypnotisme offertc par
:\I. le professeur ll oen. Cette séance a été fort intéressante et fort curieuse. C'rst grùrc à des expériences
:\ous devons aussi rendre hommage aux membres de
notre bureau, à qui j'adresse nos plus sympathiques
compliments! J e salue l'aimable Directeur et le Comité
de la c< Provence Universitaire » ; j e remercie enfin -
très nombreuses que 1\1. l! ocn a conYaincu même les
en votre nom à t ous - nos dévoués collegues de la
Commission du Banquet.
Croyez que j'ai été très honoré d'organiser une partie
de concert; l'artiste Ma no vous remercie <le cc témoignage d'estime.
plus incréclules. Nombre <le nos camarades se sont
aussi très volontiers confies aux mains du professeur,
qui a prouvé ainsi qu'il n'y aYait chez lui aucune supercherie. Soirre amusante rn somme e t qui en a distrait
pins d'un <le l'étud e de Gaiu:; ou de Papiuien ou du
Code <le Justinien.
�-
Ul -
L'amant quand il te voit éclo re,
Vient te cueillir polir ses amours,
Entr' ouvre-toi. fleuris encor.?
LA\
FLEUR DE L'AMIAN:DIER
Avec toi viennent les beau.i jours.
Fleur de l'amandier, chaste et blanche,
L'oiseau te frû/e dans son vol.
N 'est-ce point aussi sur ta branche,
Qu'aime à chanter le rossignol.'
Puisque tu fle uris la première,
Au tiède soujJle du
~éphxr ,
Fleur virgina le et printanière
J'aime à voir flotter ton aigrette
Je m'empresse de te cueillir.
Quand joue avec toi le ;_éphxr,
,1Jais bientcît, hélas' ma fleurette
Bient<Ît il faudra se flétrir.
Comme la gentille hirondelle
Blanche fleur, neige du printemps,
Quand tu parais, chacun t'appelle
La messn t:ère du beau temps.
Ah! ton
Vivre
n~gne
1111
e,,f bien éphémère,
jour, et sit1it mourir!
. l die11,fle11rette q11i m'es chere
Je te garde mon souvenir.
J.
Au sein de ta corolle pure,
Puise l'insecte diapre:
L 'abeille autour de toi murm//re
En butinant le miel doré.
Mars 1qo3.
G1LLES.
�BIBLlOGRAPlllE
A MÉHÉMET-ALl MULLA-Z:\DÉ
En sourenir d'une 1•isite faite ensemble
de l'ltcole de 1llédecine
r1
/'amphithéâtre
Marseille
r1
P rovençaux ( T'ar et Alpes-Maritimes)
p;ir Si'"'\fs L .\
de Provence -
IJis toricns. philosophes. économ istes.
artistes. hommes politiques, sol<lats et marins.
Foule aclmirahlr qur le maitre connaH bien. mais
\"oyez-les ét endus, v erdis , mèconnaissnbles
Décomposés, a!Treux, ces pauvres corps de chair;
ils ont vécu pourtant, l'interne autour <les tables
Plaisante avec la mort que charcute son fer.
:'.\fais il a peur. Il sent les lois inexorables
!,ui dire : « Toi qui vis, comme ils l'ont fait hier .
fu leur ressembleras » malgr{' son rire amer,
Son esprit est hanté <l'images c!Troyables
~e ce_je ne sais 'luoi, q11i n'c> ut jamais <le nom ...
\?us etonnez-vous que l'homme trouv1' étrange
D entenùre des Sa\'anls dirr: « Tout C'St la» ! ... :\on!
Le cœur veut l'infini d'un amour dernc)
S~.r le fumier du corps qui pou1TiL <lans la fange,
Lame comme un lys pur, lancC' sa fleur an ciel.
~ j:1111 ier
rno:1,
Col1ll'll('('-SUl'·lr'-l\hi11.
:l fr..·io. lmp clu Pr·til rn1•
L'n livre t ouchant et beau où le maitre conteur provençal a colligé le ré•cit Yivant ùc la vie des hommes
LA MORT
J.
S1'\-.;1
GArt~mn.
trop ignorée de nous tous.
i
'
\ ' olume qui ferait bien tlans nos écoles. par les leçons
fortrs cl g<;nt'.•rcuses qu'y trouverairnt nos j eunes grns;
volume qui charmera lC's autres par le puissant attrait
<l'une langue merwillc11se C't d'un stylt' éclatant comme
le soleil qu'il chante.
Laissez-moi vou::; dire, mon chC'l· maître . j'ai vu un
dcfaut. un seul, dans votre livrr : c'est qu'il néglige
une figure bien doucP et hien chère de la Provence, lacune impnnlonnablr -
; cette figure, c'est .... la
vôtre ... .
Quelle main pieuse et litlde saura la r etracer :'
E. R.
�-
!l5 -
Pre111illre série
:FACULTÉ DE DROIT
Droit Ci Yi! : ~IC'rcrcdi 8 j uill"l. 8 hcur1·s mnlin.
Droit C:ommr.rcinl : Jeudi !l juillet. 8 heures malin.
Dc11.1·ihnt sé11e
Doctvrat. - Les examens clc doctorat peuvent être
subis à partir du 25 juin jusf[u'nu 1:3 juill et, terme de
rigueur.
Licence et capacité. - La se>:-:;sion d'examens oraux
pour la licence et la cnpncit.; commencera le mercredi 1:-l
juillet. - On ckna se fuir<' inscrire au Secrétariat. de
la racult é anmt le L"r .1'uilld. Toutf'f'ois un chano·emPJlt
0
clans la date imliqut;c pou1· l'rxam<'n sera possible.
Pour la :~· annr·c d1: Droit in1liqu cr en s'inscrivant
quel e.st le cours à opli1rn.
Oruit Ci,·il : ~IcrcrL'dÎ 1~1 juillet. 8 heures matin.
Droit C:ommereial : j<'tHli ltl juillet. K heures nwtin.
L'épreuve écri lP csl Pliminatoire. T outefois, le canJiclat ayant étl· refus é a lï·crit devra se p rés1'nler a la
2" partie <le son exa men (épreuve ornk).
Les canùidats inscrits pour la 1ro série passeront
lcnr oral a partir <lu L ~> juillet ; - les callllidah in:-:.c1·it::;
pour la 2• sé1·ie à parli1· du 22 jnilJc.t.
Tous les étuJianb JniYent se pr1"srnlcr ù la se!'sion
ile j uilld sa11 f pnur dr.s rai sous cle f'u t·l·e majP111·e et
cli'11ne11t justifiées.
Con cours. - :\ou.; ra ppl'lo11s au:-si aux étudiants et
particulic\remeu t it ceux de 1103 camaratle-. qui n 'habitent pas la ,·i llc. cc qui conccr111• IL'S cuncour:>
La i r• composition aura lieu IL' samedi '1 juillet à
7 heures t't d e mie ~F acu lt 1; ile Dl'tlil). Le sujet donne
La dcmanJe de renYoi t\P\'l'a (·Lre fai te sur papier
timl.iré• et aclresscl' à ~I. li- Dllyl'n :mrnL le t •·r juillet.
Composition écrite rie .'{' a1111éc. - JI y aura deux
.,;frics :
conccnwr a :
En L"' <1trn1··c : L1· Proi t Humain.
2° annl'e : Le lh·nit Ci,·il.
:i• annl't' : Le Droi t Cinl.
�-
!l6 -
La 2° composition aura lieu le lundi
7 heures et demie.
6 juillet à
E XA MENS
L e sujet donn r cnnccl'nrra :
En L•• année : L e Droit Cons titutionnel.
2° année : Le Droit Criminel.
:1e année : Le Droit I nt ernational.
LY. H. -
Le Droit Criminel ayant été <lésigné par
til'age au sort au commencement de l'année, les laul'éa ts qui auraient le l °' ou le 2• prix , auraient, en
outre des avantages r ésultant <lu concours ordinaire.
ceux de la Fondation de Pitti-Ferrancli.
S'inscrire pour ces concours avant le 1••juillet.
Concours général. - Ce concours qui n'existe que
pour les étudiants de .1·· année, aura lieu le lundi 20
juillet à une heu1·e qui sera indiquée ultérieurement et
dans une salie de l'Hôtel de l'J\ca<lrmie. Le suj et sera
un sujet du programme de Droit civil de 1• année.
S' inscrire aYant le 1" juillet.
; • C'est avec plaisir que nous avons appris qu'un de
nos camara<les, i\I. :\Iille, avait été reçu à son 1" examen de D~"c torat politique. Toutes nos félicitations.
.*.Toutes nos félicitations aussi à notre sympathique
gérant de la « Provence Universitaire » Joseph Sl'jajalon , aYocat, qui a été l'eç·u au mois <le mai <lernicl' à
son examen de Doctorat polit ique.
:.
~I. Gallois-~Ion tbrun , élève de Pondichery, a été
l'eçu à son examen <l'équivalence de licence .
.
•• M. Sabatier a soutenu avec succès sa thcsc politique sur: « le Problème de la Jla in-d'Œ'uC're à Madagascar ».
.*.
:'II. RouYière a soutenu avec succt'S aussi une
thèse juridique ainsi conc:ue : « Des A1•a11ces sur JlarC'lwndises. » ;'\ous leur adressons tous nos compliments
et t outes no:; félicitations.
�-
CO~ F ÉHE\CE
Séa11rc du
t::
PORTALIS
.T11i11
/ ~Ili.'/
09 -
Enfin. quand ~1° DC'i c·rlia. tr!·sori• T, nous eut exposr
notre situation rlnanC"i c1·1., t't a pp ris 11u'il y aYait 30 fr .
en caissr, on 1'11 a rl'Î\ a ù la q w~:-. l ion rlu Punc h qui
s'analysait en cc ltP antre : 'i a-t ·il lieu ùe faire Je
Punch !
La <lcrnil·rc séa nce tl•' la Conlï•rcnrc Port rili-; a été
consac rée, comml' <[ .. euulum r, a l'i•li>clion d'un pn.:si<lcnt, d' un Yicc-présidrnt et tl un c;pc1·i·ta1 rc pour l'annec prnchaine, au choix tl'nn ura tcur pour la st·ance de
1·entrcc, et cnlin ù la quPs tio11 du Punch.
E n ouuant la scanc1', ~Ie Caran>kyros , Yicc -prési <lent , se fa it l'int erprè te des sentiment s <le la Confér enc<'
en exprimant ses 1·cgrets tlc ne pas voir i\1° P é·cout prési der ce tte si'.·a ncr, nlors surtout ![U<' la ca use <le CC'UP
absl'ncc c:-t une long uP et pc11iul1' mala!lie.
Sont r nsuit r é-lus : ~ r ·· lk 1·mon<l , pr1;si<lt>1lt ; Me Ka raYokyros. Yicc-prl'sidr nl ; ~1 ° B 1·~·, S!'C rdairc. :'11°' Pt~
cout et H. J ounlan sont nommi•s 111·ésitlcnt et secrétaire
honuraires. En prP11ant p lnc1' au l>tll'L'<lll , ~I .. lkrrnond
fait en quelques parulcs clwiPUl'l'UsPs 'in·mcnt npp1·ou·
,\ près 1111 court <lé-li at la Conf'crc•ncr· se prononct>
pour la néga t Î\ c. Le motif de celte decision est la maladie de notre ca11rn r ad1· Pr"rnut, pt .. si dt'lll sortant
La seance est Jc,·1·c : il es t !l h1ure·::. trois 11ual'l::..
vt'·es pat· la Couff•rcnrc. l'i·log-1' <le son pr1"di·cesseur
au zelo' inla::.-;alJ!e dtup11·l nou s dcvon-. la pl upart <les
cunf(·rrnces qui ll vU ~ uut l'lé donnêes ce t hi' er, et aussi
la pru::.pt'·rité matcric:ll" dans la r1 uellc nous nous trouvons ac tut> llcnwnt.
La ques tiun de l'oralt' Ur pour la séance <le rt>ntri•e a
ét1" vilt• résolu e. ca1· c' est pa r d' unanimes acclamations
numero de la Pro1•ence l11 i~•crsitairc.
Ce compte r end u <loit t\ ll c modilié ainsi qu il suit ,
cc. qui concerne la llt"·miss iun <ll' Cons lnnt :
que
~I ·
c;irn tier -Oescosscs a t'•tl· d1·sig-nr· pour cet te
tâch" et cet ho11 n(·11r.
,
JosE l'H BHY.
L'ASSOCIATION
XotrP camaradl' PL ancien 111·t:•si1lcnt Cons tant a
insistr au près du St'l' l't •lain· clc l'_\ssucia tion pour OUteni r la rectification ù'nne nrrc11r contenue tians le compte
rendu <le la st>a ucC' <lu 12 mai. inst'.•rc clans le précc<lent
0
l'll
It ECTIFlCAT'ION
" .... Constant. prt>s itlt.nt , t\ la suite des cvencmcnb
qui viennen t <le s e produirt', ins is te Yivcment pour
u que l'assemblt'c vote un orJre llu jour Je eonlianec
t<
« sur sa gestio n en général.
�-
100 -
.
c< La question ùe confi ance C'lt mise aux v oix .
« L e vole a lieu an :;crnlin sc·c t'et . Vo tants : 53 .
13 abs tentions , l'i contre, 2G p our.
« Le Pn:-sidcnt d ant c11 mino rit é q uiLtl' imm édiate« m ent la salle atirès avoil' rc mcr cil· lrs cama raù es qui
« ont vote pour lui . '>
« R (·sulta ts :
H.Dl 13.\ U D .
Les m embres cl c l .\ ssor ia lion ci ui aul' nic nt entre lrs
main s <les lines a ppar l<·1w 11l il l;i hihlio Lhèqu r de J' Associ nlio n so nt prii'· s ÙP les r crn cltrc a u plus t ùt a u
Liuliothécair c. pour pc rm cltl'l' a ce ùernicl' <le m ett r e
t ous les ouYragcs en orur e a van t la lin de l' ann(·r scolaire.
:\IM . les Etud iants c1ui nccomplisscnt leur scrv icr
militai r e à Ai x cl <{Ui fo nt <léja pal'lie <l' une .\ ssocintion
d' Etudiants, é tran ger P, so nt aùmis à fréquenter n otr e
A ssociation comme :; 'ils 1·11 l:taicnl membres.
Le Directeur-Gérant : JosEPII SÉJALON.
TyP
el L/lh. P. POUROEL, couri Mirabeau, 61 .
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r.rr
TOQUSI IT ROBES
��No 33.
QUATRTÈME ANNÉE
Provence
Universitaire
BU LLETIN MENSUEL
ASSOCIATION GÉNÉRALE
DES ÉTUDIANTS D'AIX
.Julll(.'t
1 üO:.l
------
�SOMMAIRE
........
CILUltEBJE IN TUlffiGENU -t\
r..-ae• l u.t•~
1. JUlllEN,
f LS
Aae,Jllj.-... AIX
4
1 lu<lc
s111·
F aust.
So1r rc.
!:>nr la manie d ogmatique
l '\amens et Cu111•nur:-.
l · \ sso1•iat io11.
:\} ULLA-ZAui·,
:\1•\'l'O)u~·Îl'.
Ano.\'~E'.llE'i'I' :
1 Fr .
l~Tl' DI\'.'iTs:
2
FI'.
Le Num{•1•0 . o.3o cent.
tlel:OIPfÀI
t. A 0
�ÉTUDE SUR cc FAUST ))
(st lT!:: )
F'ausl est !1• llranw d ttn<· <l1:s ti nee. L'ùme du docteur
rst l'enjeu d'un pari 1•nt1'l' I<' ':H'igneur et :.\I!'.·phi:,tophi·I.. s. Tant qu il ' it, 1homm<'1•st au pouYoir de puissances surnaturelles <JUÎ eollaliorrnt il l'u•U\'l'e divine L,.,
cliahlt> lui-m<"mc a son 1·1'd1' dans k l>alut des ùmes. \ oil:l
pourquoi il rreonnalt 1'11 D1e11 son maitre et a ses <'ntt·éc-.
au J>ai·adis. Le Scig-11<'111· prr111Pt a :.\Icphistoplu"ll's Jr
tr11te1· Faus t pour C'ssay1•r d1· le perdre. Dieu line son
srrvi tcur ù cett(' {•preun. se fiant à sa seule bonne
volante pour lui pcrmNtrr> <ll' t r·iompher des ruses Jiaho lic1u<>:-.. Dans le plan <livin de lTnin:rs le· <liabl<'.
<l'apr .. s ( ;œthr, est rlw1·g1" cl<' !PurrC'r l'homme en lui
pri•sentant dans <les chimcrf's l'image Je la healitud<'. 11ù
son cœur aspir·r. Par l>uitP son actiYite reste toujours rn
,;Yc>il, et llf' prut sf' li\er -.ur aucun uLjet qui :wrait indig rw Je lui. :\1 1 amour, ni la beauti·. ni la puissanr<'. ni
rien J,. C<' r1ue la tr1Tc offre à l humme 1ù1rriYc> a satisfaire ,.,on cœur toujours insatiable. Toutes les <'XJlL ricncPs sont Y<llll<'s. et :.\frpliistopheh·- <[UÎ les suseil<'
SP sent fatigue Jr> cc Yaiu effort. Le diable a pitie 1!1•
ses victimes Il doit <'spc1·cr pourl;rnt l{UC 1'amertunw Je
leurs d1·conYenurs, linira par ll'u1· inspirer un complet
Ùucouragemcnt cl les lui lin·era COI'Jls et ùmc. i\fais l'P-.:péricncc, :-;i dur\: sotl-clle, peut au contraire d1•gag\'r
l'ùme Ù1' loulc nt11it1; lenestre. ln purili1'r. elt'\'CI' lt•s
regards <lP l'homnH' vers 11' l'Îcl pour implorer Dieu
cl 'accordc1· it sou cu·11r le Lwnhctu· pour h·qucl il a ,·,lt··
crée. L'homnw rcsll' don<' l'arti:.an de son :-;alut. les
<l!•c<·ptions tlc\ icnnPnl Il'.... l'l'hPlons Je sa marche 't•1·s
Ir ciel, et Yoiln pourquoi le Seigneur n'est pa:. ml>co11tcn t <l '<woir le diable parmi se:. ou nie1·s ; a s<>s archa11-
�-
102 -
ges npparlicnt le repos dans l'ex tase ; à l'homme la
rcchl'rchc par l'a ction .
.\prt'S nous aYoi r e11tr'ouvert le ciel poUI' nous faire
presscnti1· la gr:rndeur de l'œuvrP qu'il Ya nous rcprc:'senter. le poPtc nous transporte auprPs J e sou héros.
C'est la nuit, fayora bl e à la ri·(lc''i:ion , et Faust, qui se
sent proche de la tumlw. fait son e\.amen de conscience
pou1· juger la Yalrur dr· sa 'ie. 11 a voulu arracher ù la
Yic son :-.ecrrt. pcnctrrr son m-' slen', en comprendre
10 -,ens caché. JI a drmand(• a la scic11c e de lui donner
la réponse qu'il desin>. Il s'est enivré <le theories, dont
la subtilitc n'arrive pas a explic1uer le dernier mot des
choses qui éclrnppe t oujours. Il s'est rempli la cervelle
d'abs tractions creuses c1ui font prendre la paille des
mots pour le grain J cs choses . A mesure qu'elles
essaient <l'cxplir1uer le moindre fait , elles ne font
qu'étendre le domaine <le notre ig norance en nous
donnant des poi nts de contact plus nombreux avec
l'inconnu qui nous entoure. Sen.li t-il mème arriYé
à se faire une idec de cc qu'est la vie, il ne la connaitrait pas encore. car il ne l'aurait pas vccuc. L a solution théorique, à supposer qu'il puisse l'obtenir, ne le
dispenserait pas <le vine. Au contraire, elle l'enga~crai t a tenter cette expérience pou r cprouvcr sa formule et en retirer les avantages ; tant il est vrai que
1homme ne veut pas savoi1· pour savoir, mais pour pouvoir et pour agir. Toute science n'est qu'abs traction,
systématisation; et toujours a un système l'on pourra
opposer un système contradictoire ; qu'importe les contradictions des dilîércntes hypotlu"ses qui veulent expliciuer uu mème t'ait ; le savant les emploie simultanément ; car l'essentiel pour lui se trouve dans les résultats pratiques c\ non pas clans la concordance logique
d'explications toujours imparfaites. Les i<lécs ne contiennent pas les faits ; les faits mèmes sont découpés
arbitrairement par l'esprit clans le phénomène universel ; il y a plus dans le contact direct de l'homme et ùes
-
103
choses, dans la sC'nsa lion. que dans fonte theoriP
possihlr La scicnc<' ainsi n'e-,t plu-:; <Jll'un lwrpr·tuel devenir. CP qui <'S l 'rni pour die , c't'st l'nr tiun
humaine dont ellr <•st un nwd e. dont cil<· sort d où
clic rC'tournP. pour lui pr•1·111rtlrc de se manit't•-,tr•r
taujours davant agP. l•: t voici pourquoi Faust s'ap.r·ryoit
qu'e n poursui,·a 11t clPs chim('l'P'>. en cha-,sant Je,, Hle<'s,
i l a oubli1'• clr Yi,·n·; l'l 'oil:i pourc1uoi il renonce ù la
science, qui, lui dPco11Y1·a11t la Ya11ilP de sl'S rec herches. l'a re1Hlu t rop serptiquc poul' <noir fui en quelque cho-,r. (,'abus dt• l'l'sprit cl'itiquc l'cmpi·che dt•
croire a l un de ces pl'l·jugt·" salutaires, <JUÏ sauvent
les foule-> Pn lrur donnant llnns la crnyance Ùes raison'>
cl'a(l'ir. Et c 'est, aYant tout . cela qui importe. Faust nP
croit en l'icn ; rnais il nr· pC'ut r irn et il ne sait riC'n ; si non
que la vie est un n1)'>li't'l' et l1ue ""science n'a pas s u le
pC::nétrel' . 11 est trop Yi eux puul' r rcommctH'er 11111' expcriencc qu' il 11t' saurn it conduire ù sa lin . 1l n'a ni il-temps
ni la forc e de vine . 11 saï l trop la Yanite dP tout. Il a
voulu prend1·(• un 1·accou1'c i . qui semblait lui offrir dt•
plus vasl<'s hnr1zons ; plu-, que tout autre il a senti 11'
nl'ant Jes choses. Pl pourtant il n'a pu jouir <le l'i cn .
Il sP1lt que la rnison na pas dt' pri"" -,ur le my,.,t èn• d.<'
la Yie. et voilà p_?urquoi, idolùtrc :-.an.., s'en JoutPr. il
Jcmand<' i\ c•r m ystc1'<' ll1l~m e une rt;\·clation surnaturelle 11ui le fera t\.ga l tlu t'l'éateur. et cherche ùau-, la
mao-ir la -:;olutinn Ju pl'ohh·nw qui le tourm rute li
rrp~usse sl's li' l'LS potHll't'UX ; au\. formuks il pn;ft'l'P
la Yie, il voudrait st'.'ntir l'univers palpilt'r ùnn-; son
CŒUI' : Il plclll CI' Mll' lts hauteurs d1'S Tll(lll(S, t'rrr·r d,111..,
la ùoucc lumii• rt• Lli•::. as tn·s flotl l'r ;l\'('C' 11':-< r:-< prits.
tourbillonnC'r sur lPs pn's dan:-. k l'l'(11uscuk ». 11
1·cnonre ù son rt'>IC' 1\t- d111w . th~ cherchP1u· d'nb:-.trndinn;
il d!•sirl' t·trc l'ùtnl' Yin111t1• d run::.eiPute du grnllll tout
tl1' l'uniYers. Par l'anah·sl' scirntifiqu1', il n'a tr0uY1'
que tlc>s tl{·bris sans Yi1· ..l\\ll'l' ;\ toujours 1"rhapp1" ù :>é..,
rcchcrch1's; aullmt· 1l1' lui il n'a que J cs oss1'menb et
�-
104 -
de la poussière, qu e s»mholiscnt le n(·a nt J e ses rech erches. lC> Ih'ailt de sa Yic. ll a r enonce• a vivre, et avant
de mourir il voudrai t connaitr1• Cl' qui est , p om tout
Jo-a lcr. li se sait scmhl a hl r a Dieu r l son 01·gucil ne
pas conna itrr <le born es. Mai s l'appal'ition ciu'il
a :.;u éYoquer s'ènrnouit rapid<'nH'nt , C'! la r calitl' la plus
h nnalt' Yient le lroun~r sous la p erso nne de so n Cumulus. c1ui <lans sa sufllsancc <'L son c> Lroitcssc n'rst pas
capahlc de sc>11Lir les Lurnl's de son ig11orancr. l l a ses
fe tiches, croi t a la toute puissa nce J c>:, formul es <le
rhdurique et naïYCmcnt suppose qu e les parchemins
sont l'histoire qu 'ils s'effor cent de raeontl'r. ll ne doute
pas qu'un jour il n 'arrive ù to ut savoir ; il lui s ulfü <l'en
saYoir plus que ses devancier s, po ur se sentir s atis fait ;
bref. c'est ce typ e accompli du <lemi-siwant, qui ne <loute
<le rien, et qui ne trouve ri en de préfcrable à sa m édiocrité.
v~ut
Après le départ de ce fantoch e, Faust se r etrouve
seul avec lui-mème. avec sa douleur. Les rèves magiques se sont enfuis sans rien lui appren<lr" ; l'extase
s'est changée en cauchemar, au moment où Faust espérait se diYiniscr; il s'est réveilli· et s'est vu plus bas
que j amais. Il sent <1u'il n'a plus qu'une s upl'èm c ressource, la mort. Elle seule p eut encore lui livrer le
l:>ecret de la Yie, si la vie vraiment nous cache un secl'et.
Et c'est à la science sa vieille idole, c1u 'il vient de r enier,
qu'il demande maintenant, non plus u11e formul e viùe,
mais le poison libcr at cur. 1l va tenter l'e:-. pfrience suprême, l'acte décisif; il va d(•chirer les voi les des apparences, passer de l'autrc.cùté du clc'•cor et chcl'cher dans
la mort le sens <le la vie .
J1 ve1·se alors le liquide fata l clans sa coupe et rPlig ieusem cnt , comme Socrate dans sa prison, la pol'tc ù
ses lcvres. Puisque la vie nr peut pas pé·nétrPr l'ônigme
<le la vie. « puisque la nature r este mystfricusf" alors
même 11u'e1le est baign"<' des feux du sol<'il » la mort
peut-être saura fournir la r évéla tion absolue. Quittant
-
103 -
les appn 1·e nccs, l':ime cl<' Faust ira se ftxrr dans lrs
r é•rrions scr cin rs mi l rs a r changes clu prologue «vivent
da~s l'ctp1·nrll<· suhs tanrr, entou r1;s <les li ens de l'amour
et c1·f.p11t a\'1'c l>icu lrs formes de Lo11tP vie.» ~lais tout
à coup la voix cks c loc liPs pascales travPrsc la nuit, et
vient r évrill r r d'ancil'ns Pchos dan.;; son ccc·ur. Il se rapp elle cc qu'a 1"•t1' jadis çdlP Yic qu'il wut quitter '.naintcnant .. \lors qu il ignornil I<· nom mi'·me de la science>,
encore enfant, il é•lait hcurPU\. <le \Înc et l't>xistencc
lui paraissait <lign<' <l'ètl'l' v1'·cue. Elle lui offrait des
sentiers frais et fleuris, qu 'il avait dcùaigné <le pal'courir r t qui p eut-<'·trc m"naient a u bonheur .. \ cette épo·
qu e, il cr oyait C'ncor r, a ujour<l'hui le d0u lc avait dl; ,· as té
son à mc, sa jeunesse n 'est plus e t la mort l'attend; et
po urtant il sent r<"sonncr en lui 1'1,cho <l' un éLrrncl cantique qu i annonce la fin de t out es les douleurs. T out
r enait dans la nature avec le christ qui sort du tombeau, le printemps Yi cnt r efl e urir la campagne e t la
r êsurrection fa it r evivre les cœ nr•;, l"ne larme monte à
sa paupièr e, sf'ehc depuis <les an nées . Sous c~tte n>sce
divine, l'espoir r e\•erdit en son :lme . Et le canh<]UC mystérieux, qui annon\·ait l'ascension du sauYeur '<'rs le
ciel, <lit mainte nant son <li•sir de Yenir dans les amcs
po u1· leur ap porter la pl"nitu<lc de sa vie. Faust est
sauvé. mais Faust r etombe ,.,ous le pouvoir ùcs illusions, dont Jféphistuphclt'S c"t le maitre. La vie lui
rés c1·,·c encore de nouwlles, de cruelle!'. cxprricnccs.
C:'cst au retour cl'u1w promenade, où il a voulu se
r etrcmp<' r dans la vie populai1·c, et charmer ses ycu x
du s pectacle <l' un coucher de soleil au printemps , que
Faust fait la r encon tre Je Jh' phi st ophclès qui se présent~ ù lni sous ln fo1·nw ù'un ba rbct. Le barbe t a suh·i
Faus t dans sa chambre.
L'àm r pt'tH;lrr'•c ll'nn sentiment religieux, Fau::.t YOutlrait s'abimrr dans la mêùita liou et Illn1r la pro,·oque r.
il ouvre le \"ouYeau Testament, l'l pendant qn'i l est en
train <le méditer sur la natul'e de Dieu, le barbet se
�-
lOti -
transl'orm0 t'n un mon st rt· r tranp:r. l ' u nuag'(' l'mpl it la
chambr<', au bout d'nn rl' rt ai11 tPl11Jl" • ~Irphi s t opht'l i·s
en sort en •"turliant. Pauvrt' clinhlt- , rnmm<' rlL I<' lui dit
Faus t, c't'st un pantht'·i.., t1', un opti mis tr malgrc'• lui . Il
fai t partie. comm<' il 11• dit ;1 Faus t . Lln tou t trniYcrsrl,
tle ce neant , Je ct's tl>n1·hrl'" dont t>St sortie la lumir re,
l-'<'..,t ù dirC' la Yir ; le hir>n, d'apr1•s lui , Yir nt du mal,
mais ces Jeu\. t•l\•mr11ts oppnsl's lutt rnl à qui nura la
Yictoir0. Tout C<' qui' it est ùig1w cl<' cli sparaitrc:
'\foplii-,tnphélcs fait parti1' Jl' la force d<'slrucliYc qui
Yeut tout a111·antir rt 11ui n '~ nhoutit jamai:-. pa rce c1ur
la' ie uniYerscllr pr. r . . i . . te a la d i:-parition clr.., indi,·iclus .
Lui qui est l<' 1wanl ru action, lui qui veu t le rl'tour ù la
nuit primitive, <lcYirnt un ag-cnt clc l'évolution g1· nél'ale
Pl prc":-.idC' à l'expansion dr la lumiP t'L' qu'il veut a11t·a ntir. li c:.:pe1·c en un jour <le n·Ya tH: hr où la Lumiere et la
\Ït• di!;paraitront ù j amais. L ui, le cr1'• atcur des illu::.ions qui lrompenl l'homm(', n'a c1u' une pnissancr Jl cLiYc s ur ce qui vit. cllC' port <' sui· ce qui dans IC's 1\trcs
con..,Lilue leurs bomrs et le urs limitrs. :\lais le diablC'
ti·ouYc qu e sa pr<' mi1"re Yisi t<' rsl assez longue et pour
<l1·truire a son ai . . c l<' mali'• liec <]Ui l'rmp1\e he d<' sol'lir <l r
la chambl'c il <'ndor t Fau">t <'Il fai sa nt ll ott c1· devant ses
y1•ux. tous les rt\Yec;, to11l1•s l<'s illusions ùont il se plait
a l <'urr~r le . . mort els. Et Yoi la co mmrnt la po1·sie lyri f[Ue, qui peut nous charm<'J' a 1·rrtai11s monwnts , n 'en
1·st pa s moins pour C1dhP, aus'>i vai11e qu<' tuut 11· r cst<' .
:Jfai:s :-i ~11·phistopli1•l1 ·s :-.'1•Ya<le pat· <lPs tours de
Jl'.lssc-p;i....sc dont il a l'hahitudr', e'c·st pour renmir
lJ1cnt1H :~~rè~, rar il ti rn t à gagn<'r son pari ('t rnilit
pourquu1 il ''Wnt St' metlr<' it la dis posi tion du docteur
pon1· (!' guider clans s1•s C\p1·1·icn('cs s ur la ,•ic .
11 a d<'ux f'.1çons d 'a rrint· a ses fins: il peut ;iYi lir
Fau-; t 011 le <l1·scspf.re r . Par d<'s •"<'ltccs s ucccssirs , il
iwut tuer e11 lui toutr 1·nel'frÎ<' s alutail'c , le faire rPno11l'~!.I' a to.ul cfî >rt .. l'aYoir plr inPment :-ous sa puissance.
C est Lien cc qu 11 csp1·r P. li \' r.111. Pn lui m•Jlltrant la
1
:t
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107 -
vanitb de tout, lui foire p erdre tout espoir <le salut.
Faus t ne• voit pns cr dangcr r t déclarr au diable qu il
lui appartirndra Il' jour où il aura ravalé son âme, au
point de M rlar<'r qu'u ne cl rs misf·ralil<',; jouissances Ù<'
la vir . lui procurP un lionhcur parfait . Cr j our-là Faust
aura rrnoncc' n lui-mt\mr, se sera anr'•an ti clans le vide
d' un fau x plnisir l't mi'ritrra comme il le <lit« <l' Nrr
eng louti , d'entendr<' sonner pour lui la cloc he <les
morts. » li se sentait l'ùmr aviÙ<' <l'infini , ne trouvant
rien pour la :-;;tlis faire car la vie ne lui a apporté qu 'un
éternel 1·rnonccmcnt a t outPs .:;es e.:;pf>rance-;; il a dcsin'
la mort, roug-issant d'c\tre 1·r.;; lp si longtPmps lùchr Pt <le
s\\trc laiss\• si long-trmps l<'11n·cr par l'étl'rn<'lle chirnt:•rc.
La pri'scnce du diable a sufTi a chasser les sentiments
que lui avait inspiré le ch ant des cloches. La foi en ÜÎC'u
qui voulait se r é•vC'illcr dans son cœur est morte <le nouveau. Et Faus t brusquem<'nt se met à ma udire les i<lées
qui nous tromp<'nt ; l' illusion qui nous mèn<> au désespoir ; tout ce qui fait la vie, la pcnsee, la science,
l' amour, la pnssion et par-clrssu" tout l'espérance Pt la
foi qui nous inspir<'nt la l:ichek n1'c<'ssaire pour continuer a 1\tJ·e cluprs. Dl'vn nt lrs ruiJH•s amnncel<''e!' clu
m0n<l r. il sr <lrapr ùanc; son orgueil pour maudire cnliu
la patience qui nous pousse a ::.ubir lrs humiliation.;;
nccessair<'s, que ùans sa tyr annie incomprche11"iblP le
Seign<'ur nous a l'PSl'l'\·i·<'s C'e!'il là où nous touchons
au vice de l'o•u,Te. au vice 1rn\mc dt' {;œthc. Faust n ' a
plus foi rn 1·ien, sinon en lui ; l't crt orgueil scmbh't-il suffi r·a it pour le perdre ; l.'t pou l'i ant bien qu ïl ne
l'ahandonne jamais, Faus t sern sau \ è à la 11.n des é>prcuves que :-i11·· phistopht>li•s lui fora parcourir . Cc <Jtt'il nous
fan d ra surtout (•tudicr, c'es t la fnr,:on dont {;ll'lhc saura
s auver son hrros malgr(• tout. C'est Dieu c1ui , en nous
rrèant. mit dans 111>s ('œurs l't'ltc soif Je dl•sirs et qui
nous mit ùans un milieu fait pour nous rmp1\dH•1· ù'cn
réalis<>r aucun. Ctl'th1' tli?j a semble. comm<:> \ïgny le
frra plus tard , conscillrr ù l'homme cl'oublic•r cc Dieu,
�-
108 -
qu'il accuse d'avoir oubli<'• l'homme par UIH' eruellc et
coupah l<:> impassihilit('. Faust s1' d1·rssC' gigantesqn c
sur les ruinrs de sa foi ; r t. fp l'h11•u1· <l1·,., l'sprits le
fi\licilc en ricanant tl'<n-oi1· tout clt-t.1"11it awc la majesté
d'un demi-cliru cl J'Pngngr a l'<'f'airr rn lui et. pour
lui !"u' UYrc que Ir c1·1'alru1· a si mal r<'•u-;si(' <lans le
monde. li lui eo11s<:>ill r dune dr HP d1ï>cn<lrr que de
lui, de faire comme si Di(-'U 11 \•xistait pas . t'Ommc si
1 hum me n'a rien a altrn<lrc qttP <ll' lui -;rul. C'rst là la
plus machian!lic1uc tentation <(li <' 1 ('sprit du mal puis:sr
suggl'rer a la pensl'e humainr. Et pou1·tn11l si 1 rsprit s'y
an1\tr un instant, sans C'n compr<'nd1·c tuute la gr;n ih·,
tout espoir de salut n'rst pas Pncore perdu. Ca r s'il est
,.,inc('rc. cc n'est pas en lui qu' il s'l•nfermera . JI aura
p itié <le ses fr1·rrs dïnfortunl' et alors qne son ;ime
<lPfailocra de lristessr et <l'a mertume, il peut trouver
dans sa douleur, cc cru 'il faudra pour consoler lrs
autres. Cro)·ant n'avoir plus de l'oi c11 Di1'11 , il sera charitable , et faire le bi en. c'est c\tn' L1·r·s p1·i·s <le Di eu, c'est
déjà la moitié> du salut. En un a utre :-.cns <jue lc <lit
.\l1"phistophéles. Faust poul'l'a c'• I1·r cc homme parmi des
hommes » et pratiquant le nai sens dr la \ ic ; il sera
plus apte à mieux comp1·cnùrc cc cyu'cllt· doit avoi1· de
religieux. La r 1·i:-.e du <loutr lui aura r·tl'.· sa lutuirc, cl ic
au1·a élargi sa pensée en la dcharrnssanl des pré·jugés
crui l'<'mpr\chaicnt cl'arrin.r a sa pl1·11iLudr. Elle aura
purifié son crr·ur et il polll'ra pcul-1"t1c n·vcnir a sa
vieille croyan ce, n\.:lant plus gc"né par l'elroitcsse de
pensée qui l'empêchait <l'en rcconnn itrc Il' prix . Et
.\frphisto~lwl ès une fois clr plus en voulant faire le mal
aura conlribur~ au bien .
Ainsi Fau-st <1ui a Ni"• 50 U\'1• d 'un cri m" pa1· le souvenir de S<'S croyanc<'s passe·.,,,,.,, lPs abandonne dc nouveau, et il veut l.'ncore essaye1· de croire a la vil.' , alors
'lu'il n'a plus foi en Dieu, <'l cru'il a maudit tout cc <JUi
se trouve <lans la vie. Et celte cuntrn<liction vient de cc
11u'il sent 11uc cc n'1!.st pas rn cr>la <1u'il pourra trouver
-
109 -
cc qu'il désir<.'. La foi est morte <lan!S sa pensée, mais
clic n'est, cruoi cru ' il dise, pas encore morte dans son
co'Ur. Et tant qu'il rn s<:>ra ainsi, I<:> diablc n'a rien
gagne". Pourtant il a un auxiliaire tout puissant dans
l'ùme <le Faust, c'rsL commr nous l'avons fait remarquer l'orgueil qui rst la sonrcc de tout le g!·nie de
(;o·the lui-m1\mc.
.\Icphistophé·lPs va tout m<'llrc· en o•uvrc pour dcss1•che1· fp c(l•ur tir Fau-;t , ou pour lui faire oublier en' inrnt
les misons m1'.nws <lC' Yn'l'r. Le bicn-(··~1·e d'un matfrialismP plus ou moin-. rallin1\ ou Ir pessimisme qu'inspire
le drscspoir_ Yoila 1111d-. s1'r011t les <lcux lcYiers <lont
.\I èphis tophi•li's Ya jouer tour ù tour pour perdre Fau"t.
Le <loclcur se linc au dPmon. avide qu'il est de vine.
d'é'puiser toute..; les Yoluptés. non parce qu'il croit .Y
trCHn'C'r le bonheur, mais bi en parce qu'il esperc obtenu·
l'oubli par l'agitation r1ui l'cmpr"chcrn de trop penser.
Il Ycut connaitre tout le bien <:>t tout le mal que renferme
le monde, tout le <l!•<;cspoir 1't tout<' la Yoluptè. li veut
eno·Joutir
tout ensoi ' '·1usqu'a l'heure où la mort viendra
0
le plonger a son tour ùans Ir tll'<tnt. 11 veut rrunir en
lui tous les contraire..; pour ne rien laisser t•chapper
cc Plonge-moi, dcmanck-t-il ù l'c~prit, dans les abîmes
<le la scnsualitL-, clans le roulis <le,., énnemC'nts, que la
douleur, le plaisir, le succès et la peine s'y succèdent au
l1asard . Il faut a l'hommr une activiti• san:s fin. n Il
veut ôtrc le cen tre du moncl1', hors de quoi rien cxist<'
ou n'est dignl.'d'cxi-;lcr. C'rst alors que .\fophistopheles
se met a la <li'lposition de Faust, le con<luit d'abnr.d au
milieu des l'ludiants. pour qui la vie con~istc a bou·c et
à faire <lu bruit. Faust ne trouve pas son compte <lans
cc milieu. l\ll,phistophéles l'(-' ntrninc alors clwz une sor
cil·r1' où tians d1's c•é•r1·monÎ1's drangcs et incompri•hcnsiblrs, il lui fait p1·C'nÙre un brcuYag-c qui lui rcml sa
jeunesse. Tandis qu'il attrn<l la sorcière, un mi.roi1·
mag-iqne prt"srnte à Fnu<it unr image de femme qui le
met hors de lui. C'est rn rffct par l'i"preun~ ùc la passion cl <le l'amour qu'il va commencer sa vie nouvelle.
(Asuùn)
J.G.
�-
Cc fut une soirPe veriLahlrmcnt charmante, véritablement d1' licicu sP, qu e celle qui fut donn6e par Monsieur le colonel Laport e, If' samedi 1, juillet. Et nous ne
saurions trop le rem crciPr ici d'aYoir bien voulu y
convier ceux de nos camarn<l<'s qui aurairnt voulu y
assister. l\Iais qu ï l vcuillr bien nous excuser , si un
plus grand nombre d'entre nous n 'a pas répondu à son
aimable invitation : les examen:; sont proches ; et, si
dans le courant de l'annce les eludiant s ne craignent
pas de perdre quelqu efois un temps qu'ils consacrent
peut-être plus volontiers au plaisir qu' au traYail , plus
t ard ils ne connaissent aucune distraction et s'adonnent
sans répit à l'é tude du droit.
Le temps était s uperb e cc soi1•-là ; nuit calme et assez
fraiche; un ciel splendide, où !:.Cintillaient d'innombrables étoiles . En arriYant, on est frappé du coup d'œil
nouveau et presque f1•erique que forment les nombreuses
l an ternes vénitiennes accroc h1"cs aux branches des
arbres et qui éclairent d'une lumit"·r <> multicolore et
bigarrée de superbes toilettes .
Nous allons présenter no::; hommages à la maitresse
et au maître de la maison qui nous r eçoivent avec leur
amabilit é et leur bienveillance habituelles.
Puis nous nous mèlons à la foulr des nombreux invit és qui se trouvent Mjà sur la t crra..,se et dans les
allées du magnifique parc de la villa Fantaisie. Et nous
ne sa urions vraiment dire combi en i·t.aicnt agrPables
ces promenades après un tour <le danse, clans une demiobscurilé.
Puis c'est l'embrasem eul gé·nérnl : de nombreux
feux de Bengale de toute couleur sont allumi·s partout:
les arbres, éclaires de fa~·on curieusP, projettent des
ombres immenses affectant <les form es étranges ; pendant ce temps, jouant une retraite des plus entrai-
111 -
nantes, la musique cl r filP, se perd dans les arb res,
reparai t plus loin , seq wntC' a travers le bosquet pour
Ycnir rrpasser une dernière fois devant les invites
bizarrement impressionnc;s. rt disparaitre dans l'obscnritr.
Et maintenant il ne rrste plus qu'à danser ; c'est cc
1rnr tout le monde fait : la plus g rande gaiete regne
jusqu'au moment où l'on prend co ngf> des hôtes si bons
de la villa FanLai::.ic.
S ous reme1·c ions donc encor e une fois Ù<' son aimable
invi ta tion ~1. le Colonel, qui a bien voulu par là nous
prouve r sa ::.ympa lhir comme nous avions déj a su et
comme nous saurons encore lui prouver la nôtre.
:'\ c nous laissons jamais aller à la t entation de tout
dire ; gard(lns-nous des tlworics par trop compla isamment développi•es, tournées et retournPes sous toutes
leurs faces. maintenue.;; avec insistance. Il y a des gens
qui veulen t avoir la r-1n tisfar tion d'epuiser le -.ujet qu'ils
traiten t li en Pst des pensPe~ comme J es sentiments :
il faut , avec uni pud eur disrr1•te, les retenir par ÙeYcrs
soi pour ne les ùccounir qu'en pnrtic. où et quand il
le faut . Toute opinion , pour germer C' l croitre. doit 1\lre
semée avec nonchalance ; et les idl'es qui passionnent
sont souvent celles qni ne se sont pas encore fornmlres. Les deYises ressass1"es, les mots d'ordre impost>s
;1 forer d'être' r r battus , font c11's fanatiques, <l1's ligueurs .
Ù<'s sectaires; - lP.., pr1'• c1'plPs <loucPnwnt insinut'•s pnr
les l1· r.o ns des ci rccmst nu ces ou di' 1' exemple font tlel!>
apùtrcs inspirt'•s, z1·l1·s sans pa'lsion e l ÙPvoués anc
clairYoyance.
li faut donc , si nous ,·oulons que nos iJt'.·es profitent
a autrui, ne pas les lui prt;senler aYec acharnement,
mais les lui lin·rr aYrc tact, mesure c~t clelirntessc .•\
�-
112 -
lui, une fois en posl'!ession du précieux dépôt qu'on lui
a confie nrgligemmrnt, de Ir conLrmpler à son aise; à
lui, ayant saisi au vol le fécond principe qu'on lui a jeté
comme en passant. que l'on a hasard<" comme sans y
prendre garde, - de s'en pénNre · lentement et sùrcment c>t d'en tirer les profondrs et logiques conséquences. Les grands capitaines ne s'attardent pas en
de verbeuses theories et des di'•clnmations oiseuses,
mais donnent des ordres secs qu'on comprend autant
qu'on les exécute. Dans le prosélytisme <les idées, dans
le grand combat où l'on appelle les cœurs dans un
même effort contre l'crrrur et le mal, il y a, certes, plus
tic part à faire à la spontarwité des conversions, ù la
liberté des esprits : mais la haine des loquacités vaniteuses, le mépris de tout cc qui n'est pas action immédi ate doit subsister. Quels sont ceux qui ont compté
les adeptes les plus fervents, qui ont suscité les apostolats les plus efficaces? Cr son t ces humbles qui, fai sant de leur vie un pur hommagr au vrai, ont répandu
la bonne parole sans l'arriere-pensl>e de jouir de leur
œuvre; qui ~e sont contentf>s <le semer sans se soucier
<le rl'coltcr eux mèmes ; 'lui se sont bornes an rôle
d'accoucheurs des inteiligences, d'é>vocatcurs des àmes.
lis ont simplement ~ug-gfr1' quelque~ conceptions
embryonnaires : !'Pelat imprrsonnel <le la vfril4' réchauf.
fée par l'ardeur de la nt'·ophytiP a l'ail le reste.
Detions-nou~ donc de cc scrret désir qui nous pousse
a prendre à propos de rien drs airs ùe pontife, a b<it.ir
sur les faits les plus in..,ignifiants les thc'-orics les
plus vastes, à voir volontiers partout des <( signrs
<les temps » 1 à ne discourir qu e par aphorismes Pt
apophtegmes, ù maximcr lC's moindres incidents de
notre conduite, à raju:'ltcr sans crsse sur notre nez le•:;
lunettes de Joseph Pruclhommr. La vfriU· n'agit que
lorsqu'elle rst prrclll'" eommr la vérité, non commr
notre vérité ; lorsqu'on la rnontr<' modestement <lu
doigt, non lorsqu'on prétrnd l'accaparer a soi et 1'1•n-
-
113 -
serrer en une enveloppe portative. Dépouillons-nous de
la manie dogmatique : il en coûtera a notre nmourpropre, a I'autolatrie naturelle <le notre intelligence ;
mais quiconque veut vraiment vivre et agir doit en
passer pnr cc sac ri lice nt·cC'ssairc.
~lt'·hêmet-.\li :\luLL\-l\DÉ.
EXAMENS ET CONCOURS
;\;ous sommes tout heureux d'enregistrer les noms
des candidats qui viennent d'ètre reçus à leurs examens et nous leur adressons toutes nos felicitations en
mème temps que nos vœux, pour qu'ils coulent des
jours heureux pendant ces vacances qui suivent la
période de labeur de l'année scolaire.
Tni::sEs. M~I. Sardou , Rouquier, Savornin, <le
Piolenc, Laplace. - M~I. Mallavialle et Jullien ont NI·
reçus avec la mention tres bien.
DocTOR\T. :\Il\f. Coiranl \cloges). Constant, Ravanos \mention bien', Gros éloge~ , Gnlifie, Antonini.
Coti te Lo1li~. Coste Tl enri, \'igne, Euzet, Bernard.
E.ramen de 3me a11née - Ont éte définitiYement
aJmis : :\DI. .\bcasis, de Saboulin, Devalois, GilarJouin, (;irauù, Jourdan, C1·emieu, Isnard, ;\Jagniquc .
Pourtal, Crem1C'u Raoul, Palenc, Dulfoy.
Ont eté admis a la 2"'" partie ~eulement : :\DI. FraiziPr <'t <le Lacouture.
F:.xamen de 2"' 0 année. - ~nL ilcrmond, Comanos,
Karavokyros . Tucluri, Lcchonilcs, Scytre, Cottrell t>,
Cnuticl' Dcscottes, Sossoyan, ~Iinciotti, Bresso, dl'
Bretteville, Mo11Lcl, Potic1·, Blanchi, Poniat. ~audino,
Zographos.
Ont (•té admi1" ù la 2"'' partie · :\Dl. Chandoin, Lngncl, \ \. arach.
Examen de 1r0 année. - :\nI. E<ldé, Gozzi, Honoré,
�-
114 -
-
L evv, l\Iazauric . ?\Iouret, l'\iulal, Bion, Coggia, Aune,
<le Bottini , Toesca, Farnct. Holand y, Brun , Dclerba ,
\'achier , Caubert , Boyer , Vesperini , nichard, i\JicheL
Rouvière.
E.ramen de Capacité. - :\ll\l. As toin, Bonnieu,
(;alifié, \Yeil, Bech, Bonan , Cai llod.
Xous r egrettons de m· pouvui 1· donner les noms de
tous ceux de nos camarades qui out subi avec succès
leurs examens, ne pouvant attendre plus longtemps
pour faire paraitre cc numrro ; nuu s les <lon11erons dans
le premier numcro de la prochaine an111·c scolair e.
RÉSULTATS DES CONCOURS
JJroil ro111ai11.
P RE:\llimE Ai\NÉE. -
t•r prix: Bry .Joseph; 2
111
•
prix: E ddé• Emil e.
Droit r·um;titutw1uwl.
2111 • prix : Bry J oseph; L,.0 mention: Grccoff 1\lexandre ; 2 1110 mention, e.r œ quo : Marin André• et Boyer
C ha rles.
DEUXIÈ:\IE .\l\l\ÉE . -
JJroit cicil.
1"' prix : Blanchi Felix; 2'"0 prix : .:\Ier Georges;
mention : Bermond Pierre.
JJroil crimi11el.
l°' prix : .:\fadon Joseph ; 2me prix : Uermond Pierre;
1' mention : Obbo •.\.Ibert.
8
Droit r·1·ir11i1tel. Prix Pilli-Ferrandi.
l "' prix : .:\Iadon Joseph ; 2m• prix : Bermon<l Pierr·P.
Droit cit:il.
1~· prix : P écout Henri ; 2me prix : Crémieu Louis ;
mention : Fraizier Frédéric.
Droit ittlernatiunat 11ru'é.
i e• prix : Pécout Henri; t re mr ntion : Laugicr (~u~
tavc; 2• mention: l snar<l PietTI'; :l• nwntion: J\hP-aSHI
l saac.
TROISlÈ!\fE , \ NN ÉE. -
115 -
CONCOURS DE THÈSES
Médaille d'or : l\Iareaggi Vincent; médaille d 'ar-
gent: :\Ialavialle J osep h ; 111édaille de bron::.e: Jullien
Louis.
L'ASSOCIATION
i\I. Louis Bouquier , reccYeur de l' Enregistrement a
Trets, laurt'.•at de la Faculté de droit (1896 , president
honoraire de l'Association, a soutenu avec succès devant
la Faculté <le 1.Jruit cl'.\ix sa thèse sur « Le Régime
fi scal <les S uccrssions en France ».
L 'Association n'a pas oublié le zele et le dcvouement
de son ancien président Bouquier, alors qu'elle traversait une des pcriodes les plus critiques de son existence.
Aussi le Comité et les :\Iembres <le l'.\ssociation, et
la « Provenc e lJniversitaire » adressent plus particulièrement au nouveau docteur leurs plus chaleureuses
félicitations.
••. C'est aussi ;wec un véritable plaisir que nous
avons appris que l'un de no:! meilleurs camarades,
Octave Himùaud , Yicnt de subir a vec succès son examen d 'aptitude au notariat, examen passé deYant une
commission <lépartrmentalC' composée suivant la loi du
12 aoùt 1002. .:\lai-; ce plaisir n 'est pas sans quelque
tristesse, car l'.\ ss. per<l en lui un de ses soutiens
les plus dt'· Yours.
Il y a cinq an::;, t'n r ll'e t, que nous connaissons Rimbaud, cinq am: 11ue nous le 'oyons à l'œ uHe, ne craignant pas ù'assumer pt' ndant de longues annl~es des
charges qu'i l a toujours rl'Tnplies aYec k plus granù
zèle. C'est donc avel' une j oie 01êlt>e toutefois ù 'un ccr·
tain regret que nous lui adressons nos fëlicitatious.
�HCll 1 l!ISO 'Ill
GRANDE PAPETERIE MODERNE
A.dmm trahv
NÉCROLOGIE
t
Com
r 1al
FuntRIC GERMA ET
87, ooW"• llirabe•u
.IX - BN - .PROVBN
. \u dernicl' moment nous apprenons la mol'l <l'un
ancien mcmhrc de L \ ::-::-ocia ti ou , j\f. H<'n1'• -;\Iaric Fardeau. licencil' en dl'oil, Plllp lo~·p dl':- rnn lnbutiims indirectes . dt•ccJL· accitll'nlcllcmL'ul lP l!l juillf'l l'ourant , a
Li~c do 23 ans , a l'u,.inc ~p1·ingcr , à ;\Jaisons-.\lfol't
tScinl'.
Plusieurs de nos camarades aYaicnl lu tians les j ournaux les terribl e-; tlélails de l \~,pl osion Je l'usine
Sp1'Înger qui fit plu:,icurs Yictimcs, parmi lesquelles
figurai t nutre rrgrellc cama1·n dc.
<Juelques h eures apn"s, un tt'.•légramme <'nvoyé pnr
la famille , au prc>siJcnt <le l'.\ssoC'iation, confirmait la
tri::.tc l'éalit1"
Les anciens ca marndes du r egretté Fardeau, très
nombreu x encore parmi nous, et ses anciens camar ndes du lycée ~l ignet. ont appris a Yec une profonde émo
lion cet 1•vénement ma lheu1·cu x.
Da ns cette triste cir cons tance. !'Association tout
enticrc. e t la Prv1 e11ce universitaire acfressent ù la
famille Fardeau s i cruellement cprouYec l'expression
de leurs plus vifs regrets.
1
La Proven ce Un ic•ersitaire cnYoic aussi ù la famill r
Palenc ses plus sincèr es compliments de condoleanccs.
Emile Pa lenc, en effet , un <le nos bon~ camarades que
tout le monde estime et apprécie, vient de perdre son
pt're , ancien notaire, a peine âgé <le 3:~ ans. L'Association lui r enouvelle à l'occasio n <le cette cruelle circonstance tous ses sentiments <le symp athie .
Le Directeur-Gérant : JOSEPH SÉJALON.
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fi L11h.
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POUROEL,
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11 /tabtiu, 66.
feuli&lnl
Claai•"' el arliol
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OPTIQUE
Spéciahté de Lun l r
Pince-Ne de Part lin cr
816nograpbie Ma h n à
�PIVI 8 1'1.GECX TRIA
FIVI O'ÇLOlcx: CBQCOJ.AT
pêclallté
de flfil& F l1ll CQpidom et Cbocollll
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ISertiœ irréeracllâbfe et a~ héùlt
1
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BOTDI DB PABl9 -ft DU DBP.AB,TBJQJl'!G
��QuATn1b1 F. A ~~ÉY.
Provence
Universitaire
BULLETIN MENSUEL
ASSOC:rAT'fON GrÉNiÉRAlE
DES ÊTUD t~NTS ID illX
1
�SOMMAIRE
:\t;l
rul11~1t·.
~··ancf' Ùt'
rentrrc d .. la Fal'ullt;.
B1c0Yen11t•.
Cbron1qul' Théùlrale.
Examen;,
Plan ùe" cour~ de la FacuJt,; dl' Droit.
E 1 ho,., "' \nuvellcs .
63,
OO
CHAPEAUX DE SOIE. 0~ .lfplIRE ET DE PAULS
CJIAPPAl
MWJANIQUES
OA:SQ'CYETTES DR VOYAGE E nx SPOB.T
TOQlJU. IT~OBES
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Magl.lillt.I:
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Location. - \eco1ds. - ' nk C'l H 'p rations.
Abo1mcmcut "1la1\tusiqlll. - :\I.t 1d 1lit ... d Cui a·
Foumilm e~ pom \J u ÏlJUl'~ \I ililai1 es.
AilUY'\'K\lLNT
4 F ['.
l~TIJUJA:\1')>.
2 F1·.
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Le Numéro : o,3o cent.
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NECRO
J_jOGIE
PO DÙ
DnpriJJlerie TyIJograpbhple et Litbograp
UL POURCEL
Suc ·e11et11·
53. cours Mirabeau. !53 - AIX
1:::1e10 1
llPRESSIOI JE
TIŒsF.S. -
frix speciaex pour D. les Ettdiutt
G.-.nde Fabrique de Timbres en Caoutchouc
C'est av1'c uuc bien g"l'a11tlt> tri-.;lc";se 11ue nou.., aY•)ns
appris <lurant l'l'" vat:ances la l\lllrt <l'uu <le nos mt>illcnrs camanul1'"I Pt amis. C'est \,, :.W auùt ùcrnier
•1u' I [enri Boucharla rendait le <lrrnirr soupir. Il t>lflit
·~mpor!L' pal' 1u1<' maladif' qui Ir minait 1lepuis ùe 1011g>t
mois <l1·ja 0t cuntre l<H(ltf'!lP il aYait prrsq11P rc1wnc1'· a
lutl1·1·. Sa murl a rempli d'uu" grandf' tris tesse l'ell'<
de ses camarade.., q111 l'n11t 1•ntm1r" ju-.;qu'an 1krui1.•r
moment. Jmnai,.. un <'l'i, ni u11e plaintf'. mai,; un µ-rnml
rcgT1'l d\;tr•· fr<tpp•· au,si implac;1\1lt>mrnt a :.W ;111.., a
pcme
l .es funt·•·ailll's. ci·ll'bn'·1•o.; .1 nraguignan' ont
l'l'lllll
autour de sa 11.-pouillr, la plupart de ses amis 1p1i tenaient l1'S cordon" d'u11 pnl'l•· :\ut l'P .\ ssoeiation ..tait
n· p r!•s1'11t1"l' par .\D [. ~iYa11 Pl Bo11111't •jllÎ l)n t pr1111lllll'L'
l' hacun u11 disco11 r" ljll<' nou-, do 11 nons ci-aprl'::;.
L•:11 Cl•Ltc dn11lo111·C'tt!:>C cir1·lmsla1tl'l' l'.\ ssol'iatiun lle~
E1t11liants et la « 1'rovcnce l nivl'l":-;iLairc •> t'nvoicnt a
�-
118 -
la fomil!P ,;Ï rrudlcmcnt 1'• pro11wl' l 'c:x pre::.sion de leurs
s1'ulirnt>nl::. cl1' ::-ympathic; ainsi C)Ll!' tous Jeun, co111plinwnl,.. J,, collll1Jleancr.
Discours de Monsieur L . Si van fils , avocat
:\Ion eht'l' !Icnri.
:\fc-.,.;icurs,
Il 11 \·-.t rien d'aussi tri..,lc' 11111' d'aYoir la ùoulom·P1hc
rnis,.,ion ll't•lre lïntcrpl'ètc de ceux qui 1·1•,.,lent. aup1·è::.
d.. celui qui s'en est alll' ~ - Le• "P"darle d'une tomb"
p1i se' rernll' l'll'l'Ïnt toujour::; <ll)lllOUl'(•thClllClll 11' CU'lll'.
Mais l'angoisse e llc-m1~me a ses degré;;. 11 0st de,.; lin,.;
r1ui tcrminl'nt une carrii•r.: lo11gucmc11t rempli\" La
1loulcur. ,.;i toutefois. elle· peut i>lrc limil1'·c, clcnait t'• t1·1·
alors moins accablan te. :\Jais il est <l<:s d1"par ts plus
pa1·liculi1•1 l·l1ll'n t altri::.lanls, pa1'C1' qu'il::> ::mivcnt de•
trnp prt·s l'cntn·e dan::. l'e:xislcncc, parce qu'il-; 1•vuque1lt
trnp brutalPmcnl l'antithc•sp i-i Cl'U<' llc 11P la mort et clc
la j<'Ull1''hC. - nous en ayons actu,, ll1·nw11t un lamcntal1lt· f"\.C'lll)l ll'.
c.·,,,..[ 1111 p<·u clc jcunc""L' ::.ln<liP11s1• qn'aujourJ' l1ui s i
t1·islt>m1mt 11ou,, an:ompagnons. El il nou.., r1'Yi<'1tt en
Jllt·11111i1·,, cdtc stroph<' du pol'lP. mul'l jeune. :.\f w,, ... f'[
Lt •
uu ;:rand J"f., ,.
Jl•'ll d1· l1unl1Pur qui 11011s 1 i1·11t , 11 cl11·111111
:\ou~ 11 ':1\UllS f'<!S plut1'1l ,.,, l'USP:Oll d.111s J.1 111,1i11.
IJui · 11· 11·11d llllUS l1·nl1· u.
llJ011d1 • t•:-.t
1:1J, .
L 1: l'e\\ 1· d1111 t parlr le pol'!1· p1·ul 1\l 1·,. plus uu Jllnt ll..,
lrmg·. J'n11r 1wln.: ami lkHri , dP l101t111· lt rurr~ il a dispa-
-
11!) -
ru . - L'ami que nou s 11uittons s'es t h:\té d'en ùéchircr
le Yoilc et bicnl1\t il s'rsl rapprochr; 110 la rcalit<~ !
.·\nssi, n'cst-e e pas, comme ll'ordinai 1·r, le 1·,··<' it
ù' une exis tence long uement Yécue, ni l'csc111issc <l'une
carriôl'è longlctnp.::; 1·p111pli0 111u' nou-> venons l'etracl'r
près <le ce tte tombe c'est pins si mple et c'es t plus triste
peut-être . C'est l'afîection et l'amitié J e j eunes gens,
condisciples et amis, qui éclatent en sanglots !
:\fais les regrets crur va semer cett e lin prr ma tur ûr,
j e les vois s'élargissant, dL'passant le" amis prcsents
pour alle1· à tous ceux <[Ui unt connu e t aimé lienri I3ou charla et il qui la rapidité d<' la fatale nouYcllc ... au ta nt
que l 'éloigncmcnt n ·ont pas permis de Yeni1· rcnd1·e un
pieux et <lernicr dcYoi1· ù h'u1· ami. Aussi est-cc au nom
<le l'association gént·ralc des ctuJiants <l .\ix , au nom
de tous ses amis et condi sciples <le la Fuculté <le <ll'oit,
c1uc j'apporte à l'umi disparu le tt'.·moignagc de noh'c
s ym patlti e .
Tous ceux qui ont connu llenri, qui on t vécu <le la
mème vie que lui , onl tlù rcssc11tir aujourtl'hui, commP
nous cette angoissante imp1·essi0n d'un déc hirement. de
Cl'.l' Ul' .
Cc fnl une ùme bonne et douer que cell e qui Yicnt
de quitter ici bas. J e 1·cyois trôs nettement son intellig·ence viYe et logique, so n esprit par foi-; railleu r <' t
mordant, mais jamais blessant. li fut, pour nous c1n i
l'avons approché <le p1·cs q uotidiennement pendant ces
quelques dernières annccs, cel te gaiclt· joycu::;e, cxub<'rante qui sie<l si bien quand on a vingt ans et 1rue l'on
est étudiant. J c me rappelle Yolo11 tiNs cet te cordia I<'
expansion <le son 1\Lrc, depuis la librP insoucinncr d'antan jusl1u'au sou rire m1'•lanculiquc qu e la souffra1tt'1'
avait posé s ur iws Lrnils li fu t, nu mili1'U tic Lou:;. l'un
Ut' ces amis 11ui savl'nL 111arque1· leur plal'c par leu!'
bon Li'.- 1l'ùme cl l\"lt>v<ltion de leur sentime nt ,\u ssi
notre cccur c ndeuil k S(' 1·cs::w1ü-il tlc L'Cltc souJai n1'
disparition.
�-
120 -
.\pprcnti de la vie, il ne lui fut pa~ donné <le mettre
en libre exercice ses heureures quahtès, dans le champ
de l'intelligence qu'il s'était choisi. La maladie l'avait
marqué, k guettait en le suivant !comme un mauvais
•~t'nie ùcstructeur.
0
Loin de nous l'idée de toute plainte contre un si
cruel arrêt. Les idées e t les aspiraliens d'Ilenri 6taient
trop hautement chrétiennes pour que la moindre pens{:e
<le r&Yolte ait pu les etneurer. Se récrier serait embrumer :;a memoire. L e pleurer et le regretter, voila le
partage de tous ses amis, puisque les larmes et les
regrets sout les fl eurs d'amitié qui naissent auprès
<l'un ami disparu.
:'\ous qui restons et qui passons notre vie , gardons
toujours un souYenir ému pour notre ami Ilenri . A toute
sa famille, nous olTrons la respectueuse expression de
notre ,.;ympathie :attrist ée. Et toi, mon cher Henri, de
tous ceux dont je suis le porte parole, accepte l'au
rcrnir tout fait de prières et de regrets. Tu fus bon et
affectueux dans ce monde, tu seras reçu aYflC honté et
affection dans l'autre.
Discours de Monsieur Bonnet, étudiant en droit
121 -
qualités de cœur, ta douceur, ta vive intelligence qm
t'avaient fait remarquer da tous.
~lais c'est sul'tout a .\ix pendant les quelques années
de cette vie commune d'étudiant que les liens d'amitié
se sont resserrés davantage encore. Là, en elTet, tu as
été un de nos meill eurs camarades, car tu as sû par ta
bienveillance gagner la sympathie de tous ceux qui t' ont
connu.
Tu 6tais apprécié, cher Henri , non seulement comme
ami, mais encore comme étudiant dont les succes au
coJlèo-e
s'étaient continués à la Facult0 de droit.
0
Et c'est main tenant 10I"scp1e •u étais à la lin de tes
études, que tu allais récolte1· le fruit de tes efforts. que
la mort vient d'emporter au milieu de tes plus belles
années de jeunasse et t'arracher impitoyablement au
sein de ta famille éplorée.
.'fous, t es camarades, n ous te I"egrettons comme ami,
mais combien ta famille doit te pleurel' comme fils car
tu as été le flls modèle pal' excellence crui lui a donné
toutes les satisfactions ! Celte douceur qui te rendait
si cher à ta famille, tu l'as conser vée pendant ta longue
maladie et c'est avec séi"énité que tu as envisagé la
mort.
:\Iaintenanl nous voilà sqrn1·és. :\e CI"ains pas cependant, bien cher ami , malgré le silence qni s'est l'a it
entre nous c1ue notre ami tic ne soit (· branlée un seul
.
instant et soit persuadP que nous gaI"derons de to1 un
souYenir ineffaçable et toujours Yivant.
.\<lieu, chel' IJ enri, une dernière fo is adieu .
)
~Ion
cher Henri,
.\u nom <les ètudianls d'Aix rt d1' t ous t es amis qm
ont gard1; <le toi le meilleur sou,·cnir , en mon nom per:-.u11nel aussi, je me fais un <loYoir à cette heure dernière
dl' lr rrnJre l'hommage le plus profond e t le plus sinc \.•1'P de nolre inaltérable amitié.
Celle amitié ètai t bi en Yive poul' ceux crui comme
moi t'ont connu sur les bancs <lu collège et qui là ont
appris a te co1111aitre, a appt·éeier Les g randes e t nobles
Yoici qu'au moment de mettre sous presse, une
nouvelle douloureuse nous pa1·vient , nouvelle llout
nous avions voulu douter ju~qu'au <lernier moment.
:\"ot.re anciPn camai·aLle Do1·ea11 , que lleaucoup d 'entre
nous ont connu et estimé. vient de mourir Lles suilcs
�-
122 -
J'une opl'rntion douloureuse. i\'ous tlevons ù la memoirc
de celui qui. fut toujours nn dutliant de relations si
agréables le tribut de no" sympathies les plus vives.
:\lais nous adres:sons aussi a ~Hl famille nos plus sinceres compliments de condol1\wces en une aussi triste
cL douloureuse circonstance.
BIENVENUE ...
RENTRÊE rnLENXElLE D~ LA HLULTË DE DROIT
C'l'.sl jcmli l2 novembre dernier, ù 2 h . lJ2, qu'a eu
lieu la séance annuelle de rentrée cle notrt· Faculté de
nroit. Elle était pré,..i.Ùl'e pnr M. Ir Ùoycn Bry. 1\I. BeFaculté,
lin. recteur. :'II. Pison. doyen ltono1·ai;·r ùc
:'11.\I. Jourdan, Ycrmontl, L~coslf', Cc•sar lfru, :\Iorcn u,
Bouvicr-Bangillon. Hahletl, .\uclin rt l't lfonnecarrère,
}'rofcs!wur;;. se trouvaient r(•unis dans la salle des
\ctr.;;
l ·n a,.;sez grantl nombre d'étudiants ctaient venus
···couler les conSC:ils sag<'s et pleins de hie1wei llance
r1ue notre doyen re;spr><:li'· leur adres~c l'n cette occasion. C'c-;t aYec de nomhn'tt:\ ;1ppla11tlis.semc nts qu 'il s
ont sonlig-rn" le rapjlnrt d,, \ J. llnnnccarri·rc sur les
compositions de~ C11ncou1·s. et qu'ils ont fi"licitc" ceux
tle no:< ca111<1ra<l1·~ tp1i p;n IP111· tr;1Yail rt lem· intelligc11t'P ont mc'·riti·· ù'1"lr1' lat1ri"·atc;. La u t>rovC'nce l 'niYl'l'sitai1·c "a <1011111" l eur~ 110111c; dans un uum(·rn prc"cédr>ul. _nrnis 1•l11~ saisit r·1H'1>1'<' <'<'ltr> 01•t·;1sinn 11our les
l;
L'Olll]>lll.JC'llll'l' il llOUYC:au.
Une nouvelle année scolaire commence : pour quelques-uns c'est la fin d' une vie, peut-être plutot pénible pour eux - la vie de Lycée - et le commencement d' une èr e nouvelle qui semble leur ménager beaucoup de plaisirs ; pom d'autres. c'est la continuation
d'une vie, où ils ont s u conci lier les distractions el le
travail. A tous nous souhaitons la bienvenue. Et nous
le faisons avec l'espérance au cœur : l'espérance que
cette année sera pleine de charme pour eux et qu'elle
peuplera leur esprit des souvenirs les meilleurs . Mais
nous le faisons avec l'esperance aussi que beaucoup
d'entre nos lecteurs nous aideront à supporter le fardeau qui pf.se sur nous ; que beaucoup voudront collaborer ù notre j ournal qui est très spécialement celui
de la j eunesse (~ tudianLc ; que beaucoup nous faciliteront lr parcours de la route souvent long ue et dillicile
qui nous est tracée.
�-
124
.>ou:. li..;ion::. tlcrnièremcnt dans le premier numéro
(le la Pro<'ence C11i1•ersitaire qui parnt Yoici lléjà trois
an::o, qu'uu des buts poursni\is !'fait tic combattre
u 1 opathie el l'inertie fâc heuse donL s'enl nnrc une
" partie de notre gl'lll'ration <l'eludiants . qui est, par
" malheur, très sounnt la plus apte à tenter qnel11uc
<< cho,,e.
Eh bien ! oui : qu'il nous soit permi s de le
1lirc au:;si, celle apat hie et. cette inc1·Lic existent et
nou..., dcYons l.\ comlrnltrc aYec la ùcrni(·re 1'• nc1·gie. On
-;c repose trop facil ement sur d'autrrs tlu trava il il foire.
.:\e nous lnis,:;nns pas enYahir par une t'sp(•ce de
snmnolence 11ui ne pe11l mener qu'a une r 1·islallisalion
de nos facult1·,.; intellectuelll',.; ; ne nous tigeons pas .
L'ayeuir 11c peut dl:-; maiutcnanl appartenir qu'ù
1•lui 1p1i c...,t aetil' el qui a d1· la Yulllnli•.
\nu ; Ill' croyon" tlonc pas no11,.; tromper 011 disant
que l appd rhaleur1•ux fllll' non-. t'aison-; a hrntcs le:.
l1u11111•,; Yulu11!t~s s•'ra e11l1 ntlu ; t'll eomptnnt l>lll' le
r11111.:ou:·,; de tou,,;, les j cttnl-" et les nint''"'· pour accom·
plir nne Liclw <[tlelquclois <ll'lhH' Pl di lli1·ile.
\•Jlh sOllllllL'S s11r..., 'JllC tous au ront il eu•u1· tic ne
pa,.; Yuuloi1· nous in!lig-ct· un d1'• mcnti ; il-; éYi tcl'Ont
ain..;i de Yoir periclitcr par leur l'aute une 11·uHe qui
·~sl la leur. nne o~unc <1ui mainti1•nt C' nti·e eux. cett e
union ••t crttc solidarité qui c':it J'apanage <l e notre
i>clk· j<'nnc...... c étudiante.
:\nu-. o..;nns aus-.i a1lr1:s"'il'I' n •-.pcdueu-;pmcnt le
1111'· 111•: app•·l a 111.s 111;1itn•-. 1lll11t l'appui 11" 11ons a
j:imai . . 1':1il .!1·1'.lllt : ll•Hh 11•-. l't'll\l~l'LÎOllS <l'a,·a1H'e
..t w111-. ..;:\\ •Jll..., !Jlt' d-; Y11ndrn11l lii1·11 Pllt.:orc une
f11Ï:, 11n11s "11<"1)1\l'.1 ;c·r p .11· ci• 1noy\'11, l':tl' il-; ,·oient
L1 1111 1•tl'orl tr•'"' l"~ili1111· lHlHI' •"l"' 1•r 110-. iutcllig-ent.:t•s
I'! 1111s t'11•11r-.. :1 la !)rit'IH'••, :Ill\ 1,1'! ln•s el au:-. Jlea ux. \rt:-.
)>
CHRONIQUE THEATRALE
.J 'arrive un peu tar<l , il est vrai, puisque notre théâtre a ouvert ses portes voici hientùt un mois déjà; mais
peut-c'tre n'est-il jamais trop tard pour faire des compliments, car j e crois que v(•ritablement nous avons à
en faire. ~otre troup0, cette année , sans rtre une troupe
absolument exceptionnelle, est cependant bonne, et nous
ne saurions trop engager nOR camarades il en profiter ;
ils passeront cer tainement au théàtre d'excellentes
heures.
llime Cialdini meritc t outes nos félicitations; nous
ne samions trop l'applaudir . Dans la Tra"iata, où nous
l'avons entPn<luc, clic fut vt•ritablement exquise , portant la toilette a<lmirablemcnt., pleine <le séduction et
ù'une grùcc clélicicus<'.
Mme Hasselmans , deuxième chanteuse, mérite
aussi les nomb1·cux suffrages qui se sont réunis sur sa
tète . La voix manque pcut-ètrc d'ampleur; mais elle rac hi~ te ce cl1"fnut par Leaucoup de goùt et de sentiment.
:\Imc Le jeu ne , clngazon, remplace avantageusement,
très avantageusement :\ lme Loumian, qui nous quitte.
:"lous reconnaissons Yolonticrs que sa voix est plutôt
faible dans les notes moyennes, mais ùnns les notes
hautes elle est excellente. Elit' attei nt le registre élevé
anc UJIL' g rande faciliti•; aYCC cela metLe:t qu'elle a un
jeu exccll1' nL, et vous comprendrez c1ue g rùcc à elle
nous ayons 0u une fort bonne soirnc en écoutant les
P'til1·s Jllicli11.
Du c1Hé hommes :
::'II. Laportc, tll' u:-..il'mc t.enor, a (• t(· admis à l'unanimiLP ; c 'est tout dirr ; il le mi"ritait. et nous avons en
�126 -
-
lui un excellent comédien tant au point de vue du j eu
que de la voix.
Que dire de M . Maucci. J e dois avouer que ma première impression - Escamillo dans Carmen - ne fut
pas trop favorable pour lui; mais j'en suis revenu et j e
crois que c'est avec raison qu'on l'a admis. Il fut bon
dans Belamy des Dragons de Villars et Gaston Rigaud des P' tites ftficlw ..
ce travail nous sera d 'autant plus agréable que nous
n'aurcns d 'une manière générale que des applaudissements et des félicitations a dis tribuer.
EXAMENS
Le jury s'est montré implacable pour M. Dutour,
première basse. :'\ous n'en parlerons pas. Je n'ai pas
encore eu le plaisir d'entendre son remplaçant.
~I.
127 -
:'\ous avons app1·is avec un bien grand plaisir que
ceux de nos camarades dont les noms suivent avaient
passé aYec succès leurs examens ; nous les en félicitons , avec l'espoir qu'au mois de juillet 1904 ils auront
les mèmes joies :
Examen de capacité. - Bech, Lalande, Cautel,
:\Iortemard <le Boisse, J cnnat.
E.r:amen de tre an11ée. - Br esson, Gibboux, Grisolle, n.ichard , Durazzo, Fabre, Leclerc, !\Iachion ,
Nohlier, P clitcolas, Bcichon, Sco.gliola, Vaison de Fon·
taubc, Delmas, i\lorcl, fin e, Giraud, Samama, Zermatti , Audiber t, <le Sablet, Pictrns, Khiat, Mcynadicr,
Yi gon.
E.r,ame11 de 2"' 0 année. - O'Astier , Bourdin, I-Iallauer , :\lari, i\I er , n.obert-Colomby, Audouar, ~Gamate,
Carlo, Castel, Coquillat, Lecca, Scytre, Tasson, Belfrond, C hau<louin, Grout, lmer , :\lagon, \'eniery,
<l',\rnau<l, :\Ille l snarJ , Vachier, Brug uier , Gheerbram.
E.rame11 de 8 111 • a1111ée . - l'e Partie. - Abbat , Aninard, Bernard, Blanc, Bourccrct, Caillat , Chambiau ,
Colonna . Dor, D1·assoff, Esnoussi, Gerfroy, Guidoni,
de Lacoulu1·c, Lcwi , :\Ionicr-\Ïnard, l\Iulla-Zadé, :'i assif, Housset, \\'ahh y-Chaha ta
2"' 0 Part ic. - ,\ ninard, Colonna, Donneaud, Esnoussi , (;uidoni, Le1'l'i, i\[ ourct, Nnvoni, Servant,
\ \'ahby-Chahnta . .\lulh- Zadé, Housse t, Trcscar tcs.
Marest peut compter aussi parmi nos bons ac-
teurs. !\ous lui reprocherons d' avoir une voix un peu
grêle dans les notes moyennes ; mais elle atteint une
très grande ampleu r el nous pouvons dire qu'il mérite
tous nos compliments.
Et maintenant si je termine en disant que M!\I. Milard , Roussel et Mme l\Iargy ont êté reçus pr esque à
l'unanimité, vous aurez une idée de la valeur de notre
troupe théâtrale.
Aussi la TraCJiata, les Dragons de Villars, les
P'tites Michu furent de véritables succès . l\Iais surtout,
allez voir les Saltimbanques, qui , plusieu rs fois déjà,
ont soulevé les applaudissements les plus nourris.
J 'en ai fini ; un dernier mot rependant sur notre
chef d'orches tre et sur les chœurs. Que :\f. Poncet
veuille bien accepter nos bravos les plus sincè res, car
c'est à lui que denait revenir la plus grande part de
nos compliments. Quant aux chœurs, hélas ! que dire
des femmes ! \ ' oix médiocres ; r iles n'ont malheureusement rien dans leur physique qui puisse nous charmer;
il faut fermer les yeux et se bou cher les or eilles . Les
chœurs d' hommes sont bons et nous sommes tout heureux de le r econnaitre.
Dans notre prochain numér o , nous examin erons
11uel11uPs-unes c!Ps pi èces 11ui nous ont 1"t1'•. données et
.1
�PLAN DES COURS DE LA FACULTÉ
Nous aYons cru utile de donner ici le plan des Cours
de la Faculté de Droit. Peut-être esL-ce en eflet l'ignorance des heures de cours qui fait que quelques-uns de
nos camarades oublient de s'y rendre:
PRE::ll!ÈRE ,\NNÉF.
Code civil : Jeudi, Yen<lrcdi, samedi à 9 h. 12/ ,
~I. J ourclan.
Droit Romain : Lundi, mardi, mercredi à 9 11. 1/2,
i\I. Bry.
Eco~omie politique : :\Iardi, jeudi, samedi à 8 h.,
1\1. Babled.
Droit Constitutionnel (t•• semestre) : Lundi, mercredi, vendredi à 8 heures.
Histoire du Droit (2° semestre) : Lundi, mercredi,
vendredi à 8 heures.
Conft>rences : ~I. Bonnecanèrc.
DEux1bIF.: ANNÉb:
Code Civil : Lundi. mardi, mc1·c1·edi ù n h. 1/2.
~I. César· Bru.
Droit Criminel : Jeudi, Yendredi. samedi ù 8 heures,
~I. Bonnecanère.
Droit Administratif : Lundi , mardi. merc1·edi ù
8 heures, ~I. ~Ioreau.
Droit Romain ( /"' semestre
.Jeudi. vendredi,
samedi à 9 h. 1 2, ~I. \'ermond.
Droit International puLlic 2° semestre) : Jeudi,
vendrrdi, samedi à !l h. 1/'l. , ~1. .\uùinPt.
Confrrcnces : .:\1. Bonnecarrf·re.
Tno1s11rnE Ai'rnÜ
Code CiYil: Lundi , mar<li, mrrc1·cdi à 0 h. 1 ;!,
ill. Lacoste.
Droit Commercial
Jrudi, vendredi , samr.di fi
!l h. J. 2, )J. Bouvier-Bangillun.
129 -
Procédure Civile (1°• semestre) : Lundi, mardi,
mercredi, à 8 heures.
Droit International privé (2° semestre) : Jeudi, vendredi, samedi à 8 heures, l\I. Audinct.
Couns A ÜPTroN
Voies d'exécution (:?" semestre): Lundi, mardi , mercredi à 8 heures.
Législation Financière (2° se111eltre) : Lundi, vendredi samedi à 8 heures, M. Lacoste.
Droit Maritime (2• semestre) : Jeudi, Yendredi.
samedi à 8 heures, ~I. V ermond.
Co uns F ACULTATt F. - Conférences
Enregistrement et ::-.lotariat : Lundi, mardi, mercredi à 5 h. 1/2, l\I. Jourdan.
DOCTORAT. - SCIENCES JURIDIQUES
jo
Examen
Pandectes (Ler semestre) : Lundi, mardi, mercredi
à 9 h. 1/2, i\I. \'ermond.
Histoire de Droit priYé
semestre) : lundi, mercredi à 8 heures.
2° Examen
Droit Civil approfondi : Lundi, mardi à 2 h. 1/2,
M. César Bru, une conférence de Droit Romain et une
de Droit Civil par semaine.
Sc1ENCES PoL1T1QuEs et EcoNOMIQUEs
w·
jo
Examen
Hisioire ùu Droit public : Lundi, mardi à 4 h. 1/2.
Droit Administ.ratif approfondi : Lundi, mardi à
2 h. 1/4, J\I. ~Iorean
Dl'oit Constitutionel : lundi, mardi à 3 h. 1/2.
Droit International public : Lundi, mardi, à 11 h.,
l\I. Audinet, une conférence Pi\I' semaine.
Droit Administrntif: M. Moreau
Droit ConsliLuLionnel :
Droit International public : ~I. Audinet.
2o E.ra 111 en
Economie politique : \' endredi, samedi à 11 heures.
�-
-
130 -
His toire ùes doctrines économiques
\' enùredi ,
sameùi à 3 h. 1/2.
Législation Financière (:?0 se mes!re) : Jeu di, vendredi, samcùi à heures, l\I. Lacoste.
Lcgis lation et É conomie incluslricllcs : \'cndredi .
sameJi à 2 h. 114, ~I. Bry.
Conférence d'Èconomie politique : )il. Bable<l.
An.née 1. 903-1. 904
,t ssemblée Générale ordina ire du 18 l\'oc•embre 1!)03
La séance est ouverte à neuf heures et demie ùu s oir,
sous la présidence de :\Iuterse, Président.
Alfred Jourdan , vice-président ; Rimbaud , secrétaire ; <le Bottini , bibliothécaire, et Portal , porte-drapeau, prennent place au Bureau avec le President. Le
camarade ùe Lacouture , trésorier , a fait parvenir sa
démission.
Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la
dernière s éance qui est adopté san s observations .
Le Président prend ens uite la parole et après aYoir
souhaité la bienvenue aux nouveaux étudiants, il parle
avec une voix émue de ces trois bons camar ades : Fardeau, Boucharla et Doreau , que la mort nous a r avi
dans l'espace de quelques mois. Cependant il ne veut
pas attrister les nouveaux venus e t il e:;père qu'ils
Yiendront en g rand nombre fréquenler cette .\ ssoeiation qui cimente les liens d'amitié.
C'est ensuite le camarade Himbaud , qui vient, à
notre regret, nous annoncer sa démission de Secrétaire. 11 re trace en quelques mol::; sa carrière qu'il
eut l'insig ne honneur de voir confirmer par huit générations successives , et c'est avec une visible émotion
qu'il dit au r evoir à cette Association, mais non aùieu ,
car s on cœur ne sera j amais dét ac hô <le cc Cercle <1u'il
aime tant.
131 -
Le Prl'si<le11t m111onc" <1u'il Ya 1'· lrc poun u .1u n' mplaccment <l'un scc1...tair" et d' 11n tri•sorÎPI'. Pc Bott ini est du secr(•tairr ; l.oml1al lr1"so1·iPr, el C.ampion.
bibliolhPcairc en r empla cPnwnt <le dl' Bottini.
~ ur la proposition de Y ol, lr, s1'cr1'• t airc• Himhaud P:-;t
1•!11 sccr!' laire-h onorair<' a l' n11ani mit1 · par acd. 111;1 tions.
Himlrn.ud propose ù l'a,.sr mlil1"1·
11ur l<1ues bocks.
Jourdnn , Yice pri•:;iù r nt , au n om
compte de l a g·cstion linanci<'re. ( )n a <'Il cc mùnw·1t -ci
la somme de :300 fra ncs en eaissr.
On pass1> ensuite :t la <[Ub lion clu punc h nunul'I
oll"rrt aux j eunes l'tudiants <le pl'c·mii·1·e année. La .Jatr>
" n est fix1-·c an lundi 2:l no,·rmb1·e PL la C0mmi -;sion nomm(·P à cc s11j r l C':-.t compO"ll'C de Yol. BL-n111d
r· t Coma nos.
C'e:-t le tour ile la f>ro 1•e11 ce l 11i1•ersitail'l: ; ~ · j.ilnn.
scrn g(~ 1 ·ant , ex pose la si l11ation. li com·icndrait d0 111•
plus voter à la l1"gi•rp comme 0 11 l'a l'ait trop ,.,om·1·11t,
mais Llc 1101111111·1· une C:onuni:-;sion cha1·g(·c d',-·labui er tJ,,...
::.latuts que l 'on cli sc ulr rni t Pnsui tr point:- pa1· p urnts.
,\pr1•s J e nomLr1'use:, expl ications <le Si Ya n, Y"l. Jou rLlan. Yad 1i<'r , :\httl'1·s1•. la p roposition <le S1',jalon 1·..;t
:1dupt1·<' et la Commi:-;s iun !' h a q;1~l' de l'l:lalioralion J, ...,
:-.tatul<:, sr Yoil adj oinclr1• l' ll p lus üu comiU· 1k la Pro·
1'r'llC<'. l1•s cn11H1 r:Hll's P1•cou1l. H1·rautl l~mil l' l'l \";c.)ln1.
l 111<>rruption mo 111r 11 tan1·P 1k la ~,·,a n Cl'. On li<11t a la
,.,;ml<'· ùr Himbautl. 'l (ut cr,.,c <lonnc )Pctnrc ÙL' li•'UX
ldtres, l'une <le :.\f . Ba ron, pr1 .... iJ ent ti n Conseil l; 1wral ÙPs Uoul' hf':-.- d u-IU11'1 nr Pt l'aut re• clC' :\f . Ccd1,\"·"L
r·111h1'illcr g-1"111'·ra l cl' \i x, q11i lou l ),.s Ù1•ux nnnofü· ·11t
la sulJ\c 11li o11 tlu C1rn:-.e il (;l'lll'l'a l :ioo fr ..
L',\ :;sl'mhil'r , 11 l1' un ord rl' tlu j1mr d1• r1'JUCl'l.'i 1•1w•11t~
a u :-.. c·onsl'Î lll' rS g·(• 1u·rau:-.. ll'. \ i".
Le pr•;sidP 1it ;1) ant r 11 .;11il c 1·a ppl' k· 11' hi1·11will:11'.t
•11·c·11l'i l <[lit' l '.\ ..,,.,. lrn11Y1' lo11jut1l"' .111p 1·1·:-. d,• la mu1111.·11
�palil l .i!x111st•. l '. \ ,..-.\•mhl1·1• Yo l e 1·ga l1·111cnt 1111 urtlrc d u
C:o11~Pi ll t>1·s m11 11il'ipaux et
pl11-.11.11tinili1·n·nw111 a ~ f . Cahass1)l, mair1· 1l'.\ ix.
L,, ;1111i-. 1'1 C:Lllllano-, -;ont dPl1·gw·o.; p m ir r1·pr(•scnlcr
\ ...... 111x l1" t1•o.; du Car11aY:d 1~)0'1.
Lt· l'11·-.i t11'n l (Hl ""'' a la rp11•s tion du lnl'<d . Il di t q ue
111111-. ·, -tnn;; da11" (,• Inca! nl'lllt·l. S1•ja lo11 d emande
111111r1p111i •'Il a -;uprim" 1111<' -,alk qui t'lai t nu I'L'1.-ded1a11 ... ..,,.t' ..t d1111t l\t1\l'-' a,·inn-. la jn111o.;-,al\CL'. .\l 11ter!'e
r•·pnn.\ q11'1111 111111-. l'a r1'mplae1'1· par u11P a11lrt> -.itu1•c a
(",·ni" ... il.
La ... llll'" e-.1 l1·Y•"l' ù nnz<' l11•ur1•-..
j••\11' tic' l'l'lll•'l'l'Î1.'nlt'n l s aux
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\ecrétui1·1· :
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L1· Pnf,11/e11t
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T 1. Ils L
C11i1,t111/a11(1· 1frs 11utf11~1·1·s 111•/ls 1·1111J<·1 li1· 1/1· 1/,11111t•1
Ir, 1/!.,c1•11rs 1/,- .lf11/l't'St l'f d1 Hi111ha11t!.
p11hli •''"' ilu11s 111•!11· pn11•!i1t111 11111111:ro.
Ït 1
ECHOS ET
.. c' -.t
11111• 111111s
~ Ol'Y ELL ES
trÎ-;ll'-,Sl' 1(111' llOllS <l\'tll1S appri ... lt• dl'.·lqu1·-.-u11-., dP nn,.; prul'o•so.;l'Ut'-. 11•,., plu,., 1·-;tÎlll"" • t li·-; plu-. ::-..' mpatlii•(ll•'" . .\J M l 'oliti... Bnmnn,
Ft'l I •·' rrl11·r11nfl' 1•t Trin<Jllal \1111-. l t>tll' f'llY1Jy111h ('Il
111•"111" t 'llp::-. 1p11· n•"' r<'grds d1· ne plu-. l"" compter
p.11·1u1 1111-. mailr•"'· l't'x prp,.,..,j,,11 do· nol t 1· l'L''i(>l'elU•'ll"l'
".\'Ill(• '1 ••.
\1. .\udin..t u<Tuper:i. f'll n·mplact>llll'lll Ù!'
\I
lllh, I.1 l·l1:nr1· dl' clrvit i11lt·r11ati1111al \1111-. -.Dmlll"" l••llt l1PUrt.:ux iJ,. lui -.nultmlo·r la hiPll\'Pllll<'
. ·. T1•11l1·-. ll(•" f,·l1citat1011s a \ I .lauliPrl. attacl11" au
l '.1r111wt. 1111i ÙP11t d •"lr" 1111mlll1· j11.~1· titu lair<' illl triln111.d d1 ~atnl-'w'' • •r .\ tu11-; ··~anl-. ~l .l :111lH·rt •tait
tl1..!r11• p l11-; q1w t1111l a11lr1· d<' t:<' 1'1111i'\ T r:n aillt·ur infoti::.il1l1-. i11to-llig1·11c<• d'1·l1 tP. il l'ut tuujo111·s un de.., •"ludi .. 111-. lrs plus :t l'(' l'•'<'tt•s a 1111lrP Fat'ulti- d P l>rn1t 1H1 il
::-.1• t 1 t'f'lll<ll« (l l•' r par dl' 11n111hn·1i-;r>-. 1·1·compPn-;PS <lllX
1•1111 1u1-. d•' lin d'a11111·r-.
('.lll
.!
ilY•·t'
'Ill•
Le Directeur-Gérant · JosEP ll SJtJALON.
Tf9
e LH/1 P POURCEL,
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N .1t.:.av
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�QuATRrÈMF.
AxxiF.
N°35.
Provence
Universitaire
BULLETIN MENSUEL
ASSOCIATION GÉNÉRALE
DES ÉTUDFANTS n~AIX
Dé·ce:rn hre
t 903
�SOMMAIRE
:'I l \111 "1111
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J1•;i11 1\1 \PP! llll/L
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( 1111f1•11•11 . ,. J>11rl.tl1,
\1•cr11l11~1·
l·...!10, l'i \nu\1 •J I,•...,
l ,1,l1· ,i," :\ l 1·111lir1•-. li1111t1riltl'I''»
Ano\ \E:'IIE:'il
'I
FI'.
) ', !Tlll.L\''I :-. :
·i
Fr.
Le :'\ u m t'.· rn
o,'30
cent.
�CE QUI SE PASSE EN ORIENT
.Le pr1'•sidc11t du ~iaul. comiLL- macé<lo11icn, :'Il . ':>.
i\lt chailoosky, a remis. il y n peu clc tcmp:; . a ~l.
Lintch, co rT<'spondaHl amc'~riC'ain a Sofia, la <léclnraLion suiYanlr que cer tains journaux américains ont
repro<luit:
" Les rhcfs maci•<lonic:ns <li'·elarcnt que le ré·gimc
IT amidiPn Pst un 1·<'.·gim<' <le v10lences cl d'arbitraire'.
Il s atlirml'nl que le:-. obliga tions que l'Europe impose
aux rayas (1) chrel1rns son t injustes: ec ne sont pas
les faibles "eulcment qui tloiYcnt remplir leur <lcYoir.
mais les puissants aus:;i, a commencer par le Sultan.
Ur . jadis lPs PnYoyl'S plt·nipoleHtiain::s <lu Sultan ont
:-.igrw Il' Traité rlc /J e1 lin , qui contient h' fameux
article :!.l. )) apn·s cd al'lide. la :\luce<lo111e clena
1'tn· <lol(·e cl i11:-.l1lulio11s ana l o~ uc•:; a celles qui a,·aiC'nt
i'· l!' inlru<luiles Jans l de de Crete. Tout ce qui leui· a
l'l1• concé·dP par L11·{·opagc dP BPrlin constitu e pour
l\'s :\lart'·<lonicns 1111 dl'Oil aec/uis. !Jr· j ure. ils ..,,, considt>rcnt comme lih rr:-;, ils Yeu t' llt 1 <~li'<' aussi de /a<'lt1.
f'L pour l"l' ln·. il" lulll'lll l'arme a la main .
Li'" rlas,.,1·,, dirip;<'anll's dt' C'o11 s lantinnpl1 • croii •ut
011 f'ei~11rnt de crnin' qu<' (p,, re,·cndicat1ons dPs :\Ia<'1 •d1i11il'11s t't1nslitut•11l t1111· m1•1tac P pour la n1C1' <lom111anlt', l' l',,t-a-d1n pour l' Islam.
Lr>s _\Jac1•do111 t' ns 1h·mandeut 1111 gllU\'l'l'lleur gé1wral
clirl'licn. dl·s t'ond1unn ,1in:,, i·t u11L.' gl'nJarmcrrc d1oisir au st•i•1 di' la populaliu11 :\la1,.; ils exù..~·ent surl11ut
la c·on,,lrlulinn d u11t> e1im1111..,sw11 di' eontrùle 1'urup«·.. n s11·g-1•a11t " "alt111 111u•'. C ''"t ... uu,, le" au::ipin·" <le
d l' cd l1• eo111111.,,,,w11 qu'" l'111trnduction J e::; rl·t'o11111:s
Joil ;n·uir li0u ...
Ll's i11s111·g1·.., mae1·Jo11Îl'lb cnmhall1' nl eonlrt> 1111 sy::-lellll' pulitiq111' 'l"i rend l1•u1· p a~·s rnliahitaLle. JI..; Y CU lrut t"·lrP 1111" sur pied d',··galitP avec kurs <lommat.. ur·s. li s ou t ha si· lt urs 1<'\Cndrl'ations "Ur le" Irait• . .
i11l1•r1rnl1onau\ Saelwnl ljlll' li ·s Ture-, Je.., ont\ one a
l'i·\ l1'r111111aliu11 . il,; 11111 l11ll1· pour rnppckr au:\ ~nu0
fil l.1·..; l u11·, 'l'l'"llr111 1;1\,1 1,., 11111111,.; sou1111s1•s ;, ll'UI' pua ...
"·•llc1• 1•1 'Ill 11 11111 pas 11•.., nwt11t'"' dru1ls q11 •·li\.
�•
-
134 -
-
vcrucments que c'est le moment ou jam~is d'imposer au
Sultan leur autorité puissante - Cal' il ne faut aLtencfre q_u(' mah-e>illnnce de la part des Tures - ces maîtres dans l'art <le temporise1· et de jeter <le la poudre
aux yeux <les Européens.
E1i elTct, comme conséquence cl'unl' lutto <le deux ans,
où lr:.' .:\laci:•clonicns se sont monln"s <lignes de leur
libcrle. parait le scc:on<l projet des l'éformcs nustroru::;scs.
S'appliqueront-elle,:; <iu prolit ll1 • l'c::;clavc ou aurontcllr s la destinée J e celll's qui les ont précc<lces?
Tant pis si c\>st le contraire. L'é•lément slave a
nsseJ: tic forces pour r eprendre la lutte et mettre à
,:;a place ce moderne tyran, qu'on appelle le Sultan
Ilnme<l , a,·ec toutes ses bandes.
135 -
Et si parfois la tàche me devient difficile (car c'est
mon premier roman, et je vous en avertis tout de suite)
j'aurais pour l'al11;ge1· lou souvenir. Le souvenir de ta
t.oute johe personne : les violettes jumelles de tes yeux.
tes cheveux qu'on tiLait convenu de désigner cc d'une
nuance indéfinissable » mais qui étaient blonds et bruns
ù la fois suivant leurs reflets, couleur de châtaigne
mùrc, s'assombrissant dans la profondeur de leur masse,
casquant un peu lourdement ta tète un peu pâle ... le
souvcnii· <lr> ta toute menue personne délicieuse à défaire
corn me un sachet <le pralines licelecs de i faveurs roses .
Et je cueillerai dans ton so uvenir, comme on prend
<l?s fl eur::; pour les disposer avec art dans un vase pré cieux .
(à s uivre)
Jean KLAPPEROZE .
.:\J \HTl;\OFL
GENEVIÈVE
CHRONIQUE THEATRALE
Les Saltimbanques
\ HOM .\N)
Tl est nuit. Je ne sais plus au jus te quelle heure.
Sous l\ vil impassible de lln lamp e, sur une brutale
feuille de papier hlanc qui s 'ctal r devant moi, toute
pure,j'entreprenùs C enC'' i1"\'<', 11\ 't'l'Îl'C' t a tri s te his toire,
toute baigncc <le tes chcrr>s larm rs. EL qu and ell e sera
achen·r, je te l'offrirai malg-1·1· la mort c:1r tu rs morte
a jamai,, cl pour lllujours, bien qu e cela Ill' me semble
pas rncore possibl1>. Un di t que t u cs mnrtc. Je crois
plut<H que tu e:- parti1>. tr>nl•"P par quPl1p1r. impossible
avcntul'e, tout lù-has <lu t•ùl1" oho.;cn l' et va gue <l un
c:imetièl'e quP j ignorr, eu quelque lll<hl\'ais lieu où tu
aura,.; laissé ta robe neuve de cc jour-là, et aussi pcutôtrc ton corps.
Je ne crois cependant pas que Lu reviennes, Geneviève., quoique j e t'attcnclc touj ours. Tu m'auras oublié
parmi les marqui ses, lrs 'icilles t't touj ours jeunes
marqui ses fo 1·d{'.cs, pou drr risr"l.!s, <"te rnel lement souriantes, les libertins chevaliers blonds cL hrodès, musqués a souhait <[Ui offrent <les pas tilles ùans le pommeau
ciselé de leur brette de cour .
C'est avec un plaisir tnujours nouveau que j e suis allr
plus ieurs fois entc11<l1·e Les Sa ltim banques. J e sais bien
que la mus ique n'es t pas toujours très saYante. :\!ais ce
qui me plait , c'est que c 'es t une pi ece sans prétention.
On y ri t toujours t1·ès volontiers et j e fais comme les
antres ; comme les aut1·es j e m'amu:::.e beaucoup Tous
les acteur-> .:;o nt parfa its dan s l1>ur rôle .
.:\Ille ll a,:;selmans est -;i mig nonne, si doucP que nous
ne saurion s lui reprocherl'ampleur qui manque quelquefois à sa voix : .:\1 me Lej eune y est très agréable à voir
<> t. à entend1·e. De ~I. Laporle, nous ne dirons rien : il
mérite tous les complim r n1 s qu'on lui a faits ; il est si
amusant dans son rùle de Paillasse !
La mu sique est gaie et entrainante et chacun a dans
la 111\·rn oi r<> la Y aise <le la lin du 2° acte et l'air des
(, igolellis :
C'est 1 11 somme une piùcc fort bien montée et s i elle
1
�136 -
ne pas::,<' pas a la postl'.·rité comme un chef d'œuyrc, clic
nou-: aura toujours prot·urc'• d'excellents moments.
L'Attaque du Moul in
l'Attaque du .llou lin est un cpiso<le de l a guene J e
18ï0, c'est l'his toire <l'une fomill e dont les membres
sont rêeHemcnt Leau:\. tl'ahnt'.•galion et de générosité.
Le père se fait luer pour foirt' le houhcnr cle sa fille t'n
sauvant de la mort son g·cnclrc tpi'ellc aime.
L1> libretto rn est simplr. Pl'Ul-on en dire aulant de
l'œunc de .\I. Bruneau. J e ne le croi ::i pas . Certes j e uc
veux pas dénigrer cette musique car l'auteur a un talent
que nous saYons merveilleux. 11 a <lù vouer une haine
mortelle àl'ancicnncmdo<lie. cc en quoi il n'a peul-être
pas tort. ~Ion Dieu ! mai:; pour11uoi toutes ces dissonances .. \ cc1·taim; moment on est tenté <le sortir un peu
pour se reposer . on est un peu saoul. On dit que c'est
la musique modeme ; je Youdrais bir n que ce soit une
erreur, je serais autrement porté ù croir e que nous
sommes en d.·cadencl'. Il est cei·tai n qu'il ne s'agissait
pa s de nous faire une petite musir111e/le douce et agréa·
ble ; il s'agissait <le ùépciudre <les sentiments jYiolents,
des troubles énormes du cœur humain et lù dessus le
soufll c <le la guerre ; cela demandait cette musique
brusque et énergicrue. :.\lais nous aYons été désagréaLlement impres:;ionnt• par celte « fournaise <le son » se
heurtant et souYent dissonnnli:i.
::\lais nous ÙCYt>lls toute:-. nos l'dicitations à l'orchesh·i· et aux ac teurs. L'orchc::.trc ::, e:;t :;urp ns:;é et les
acteurs au;;si. ::.\I. Jll y ùan::. le 1·1ilC' du meunier Jlerlier
et ~1 1110 Dargès clans ~clui de .lfarcelline ont obtenu un
succi·s merité. :.\1 Cialdini dam; Francoise a été ce
qu elle <levait ètre, une actrice.: au jeu. r t a la voix
cxr1uis . :\I. Marest dani; Do111inique s'est fort bien
tire d'un rùle fort difficile.
Paillasse
Je n<' Yous ùonncrai c·ncore qur <l'un mot le libretto
<le cette piccc. L'11 acl•' Ut' ti·umpé pa1· ::,a f1'mrne joue sur
111
"
-
J:li -
la sct\nc le rnlc qu'i l vient de suhir clan s la vie et <laM
sa j eunesse il la fois. l\I . L1··onr;nallo. nous a donné la
une musique plrine <le choses exr('llentP;;. <le passage:-;
supcrhPs, dr> rris poignants ..~11us regrctton<> que la
sal!P contint t.unt de pla c1'il Yi<lrs. Etait-c·c cqJûn<lant la
fout e <lu <lircclrur ? l\'on, car ln. pièce (· tait fort bien
montée , lrs n»les fort Ilien te nu s.
Mireille
A obtenu aYec· le" fa randoleurs d' \1·amon un \1 ·ritable succt>s ..Jr vou~ avoue qur c'l.'"t une pirre <]Ui quoi 'IUP fort Lellf', Ill<' fai::iait cc>pendant un p<'u ... baillf't·
quelquefois. :\lai" je· crois que C'ettc impres,,ion <levait
venir des acteurs c1ue j'avais le plaisir cl'cnten<lrl'. Etait-CP n-arncnt du pl ai'.'>ir '.' - Véritablement j'ai
pa:ssi· cc· jour la une soiri"e agr1·~nLlc.
i\1 111 '' Cialdini a fait une A!il'rillt ddicieusc nous di·pci·
g nant par la fînrsse de "inn chant l'amour pas::;ionn1·, td
que nous le comprc11ons Jan.:; notre belle Provence. If'
pays du soleil. :.\I. .\farrsl dans 11' rôle de i-incent offrnit
cependa nt c1uelq nc prise ;\ ln critiq1tc. :'\c pourrait-il
te11i1· tout cr C{lll' sa Yoi:x semblait promettre h:s pr-1:miei·s jours ou n11us l'entt'n1lion" ~· .\I. :.\Iaucci dan!; le
rôle ù'Ou,.ias a g-ag1w dans l e"timr d' un grand nombrr de :,es auditcu1·s.
Mlle de la Seiglière.
L'Agence Tricoche et Cacolet
On ne po11 1Ta pas dil'c cp1r la louriwe ( r1slelai11 nnus
a Yolé. \uus en aYons l'U JH>lll' notre aq~cnt. :'\l·11f adP:s.
y snn~·r~-vous " \ uo.;si qui· tlP mondP ! Complrt pnrtnul
li ll<'Yait )' ;woil' longtem11" que )Hll'Cille chose n\:tait
alTÎYl'f'. \'otl"i t•n do111u• 1·ais-j1' un r1"sunw1 ·.1 .'\on. il y a
c11·jn longlf'n1j1 s <(lll' j<' 'nus l'n11ni1• d1' mnn h:wardag-1' :
rl p11is .Î'' :-.uis t't'rla in <!Il<' \'Otts u'aYt':I. l'"" 111a11cpll'
d'a,.,"is1· r a 1·dl1· pi1'.c·p; l' i ' ou.., aY1·z 1•11 r11ison.
On n ri ù ~\) l'g"l' tlt-pl11y1· ; on s'l'sl n•rit.1hlt lllt'llt
« ln rd 11 n. - L1's ad 1•u 1·" 1·n111plai1'nt l'f'rta in1'11\(' nt p:u·-
�•
-
BS -
mi les meilleurs que l'on puisse trouver dan s une tournée.
0
ça se
11Jll de la Seiglùlre est une comédie honnète fail rare et j e crois qu'on en a perdu le mou le - pl eine
d'esprit et de sel. Et puis cc viru x noble d'avant la HéYO·
lution est si drôle !
Tricoche et Cacolet form rnt nne paire dr filou s qui
nous ont bien fait rire sous leurs déguisements si div er s.
C'est une des pièces des plus morales; songez que le
duc et sa maîtresse se sont touj ours conduits l'un et
l'autre comme s'ils étaient frère et sœur .
Samson et Dalila
Commençons cet article par <les remerciements a
l'adresse de ~f. Illy , pour nous avoir <lonn!• cet opé-rn ;
notre sympathique directeur les môrite cert ainement,
d'abord pour ses efforts et ensuite pour le choix de la
pièce.
Sam son el Dalila est un des opc; ras les plu s bea ux .
Tout le monde connait cc qui fait le fond dr ln pièce.
Pour ce qui est de la musique, on peut allirmer que
Saint-Saëns a fait là une œuvre véritablement puissante ,
que nous ne saurions t rop admirer . et que l'auteur lui mème ne referait peut-être plus.
Quelle musique g randiose ! Elle atteint les limites du
sublime. Pas de tapage assourdi5sant ; mais un r musique
large et g rave, une mus ique sembl abl e quelquefois aux
plus belles pages de mu:-;ique relig ieuse, se dt•roulant
avec lenteur comm e un ll euvr aux larges bords qu i
laisse couler avec ca lme ses eaux abond antes.
Espérons que .\I. llly n ou'i J o1111c1·a encore :-;ouvc11l
cet opéra, quc nous irons ecoulcr avec un plaisir touj ours nouveau. Que nos cam araclt•s y ai lknt. ils ép rouve ront la une y(• rita blf' ("motin11 a rlis l i1111I' .
Q uant. à l'in tcqirl'La lio n, (' lie 1'11L l1(111t1 t·, t''\C'1·lk11 li'
même . .\lais que n'avons-nou s un mcillc11 1' l1·11ur , ce
serait parfait . La voix <le i\f . i\lm·es l Ps t l'atig uec; il
nous <t promis di·:-i les premièr es pircPs ou nous l'r ntcn-
-
13!) -
dimes plus c1u'il ne pouvait tenir. ( luant a :.\Ille D ar g-è:-;
et 1\1. 1lly, ils ont joué et chante; en v6ritalilrs artis tes.
~I. ~Iau cci g ag ne de plus en phis i1 ètre connu .
La macltinaliou Pt lcs J éco rs ne lai ssaient ricn a
r eprocher . Encore une fois loutt:s nos f(• lici tation~.J can
S \/!\I F.N.
ASSOCIATION
.\ ius i qu r nou" l'avions a11nonc·1; clans notre nunti•ro
p1·écrdcnl. tHH1s J ounons ici le di scours 11ue no ln' s~· m
pathiquc pr1·sidl'lll .\Iutr rsc a adress(• lors <le la p ri>micre ass1·rn bh·" g1'• néralP <le l'. \ ss. ; nous donnons
aussi Je. discours que llimbaud . nofre ancien sf'c r•·tairc, a ad1·rsst·, pour nous filire ses <Hlicux. en no n :-;
donnant sa d1'• missio 11 . \joutons qu e un nuirncnH'nt tou"
nos canH\l'nd1·" lui o nt d1•1·e1·111· le titre dt> s1·crNairc
honoraire. commr 1·cmP1Tic1111•11t:-; clcs sNvicPs qu'i l
nous a rendu:; pc11J a11t s i\. annL·es con::;1.·culives.
Discours du pré sident Muterse
.\f ~. ..., C 11 r l\S C \ \l
\ 11 \ Il F<.,.
.\u seui l dl' cd tr nou,·r· llc ;11111{·(' :-rolair~, un lrp,l\•
mais impt·riPll\. tlt·voi1·. m'al lt•ntlait. L·1 llltll't. qui st'll\h krait dr,·oil' q 1a1·g11t•r nos l'l'nnl-; .Îl'lllll'S cncort', l'" l
H'!lll !' fr:1pp1•1 parmi 1101~s l tliis coup ~ c1:uel\ t>.t _c'c"t t•n
vuu:-; p::irl;1nt de <'t.' U\. qui 11011-; out am::;1 .!1·hm t1Ycme11t
qui ltt' qur ,Î I' dois ull\Ti 1· 1'P 11011\'d 1•...:ercic1~ .
.\u 1t1tli"' dt· juin dr>rni1'1' llt)lrt• ca111ar.ulc Fal'tl rau .••
ll'Oll\ t·· la mol'l. Yid tlll(' dt• -;on d1'\'11i l' . tlanc; d1's ro 11d1tinn -; par lil' 11 li1•1't'llll' 11 t l ra giqu1•,., l i Yt'11;1it dt• llllll"'
11 11ill1·1· 111 •11 r .il l1· r a1 1\ 1•11 \ ir1111.., .J,. l '.1ri,., 01·1·11111· r J,.
1'11:-; l1 · qtt t• l11i a\ <ti l """'ig-111• 1';1tl11 11 11i:; lra tion dt · la l\l'Fit'.
a LH111Plll' il :-; ..t ai t atla(' h1'. 1111':-;'ln'nu eour::. d um· lll !'i
pcc lt•lll dnus H ill' u:-.i111 il l'ut pri-1 pa rmi le" viclimc"
•
�-
!l10 -
d'une violente explosion et tué sur le coup . Cette
brus que nouYC'llc caus a parmi nou s une émotion profon de et j e me fi s alors auprrs de sa famille l'int erprète
<le nos sentiments unanim es. P om nous, dont i l fut le
camaraùc, cc reg ret n'est pns pi·r\t <le s'l'teindre, r t.
mieux qu'en lounnt ses qualit.és, j 'aurai tout dit quand
j'aurai aŒrmé qui' son souYenir Yivra touj ours dans le
cœur de ceux qui l'ont connu.
Quelques mois plus tarJ , dans la nuit du. vi 1~gt-nc u[
noùt , notre camar ade Boucharl nt nous qu1tla1t aussi
pour toujours. Plusieurs d'entre nous n'ont connu qtH'
l'ombre <lu camarade <lcvoue que nous a \·ions tt ppris à
aimer jaùis. de la j eune et brillante intelligence si
pleine d'espérances et <l 'ayenir qui se sont cnrnouies
en un jour. ~lais du moins vous l'ayez t'onn11 ù un e
heure où il fut plus <ligne encore peut ·è trc <le notre
sympathie et de notre admira tion ; chaque j our q ui
s'écoulait etait une etape c1ui le ra pprochai t <l' une mor t
imminente et certaine ; aussi bie n et peut-être m ême
mieux que nous il s'en a perce vait cl cr pen<lant personne n'a j amais surpris s ur ses lt' \Tes 1111 mot de
plainte, ni sur son Yisagc 1111 sig-n0 de <lesillu s ion ; la
ma laùic seule s'y lisait, le ÙL\couragcmcnt j amais. Sc;;
presque dernières paroles ont rte pour vous : « C 'est
tl'!stc, d~sait-!l , de mou1·!r à vin g t a n s , s ur tout lors 11u'on
laisse d auss i b ons amis ». Uouchal'lat uous a ainsi
légué un bel exemple ùo courag0 et u n touchant témoig nage d'a!Tection ; nous lui devon:. en retour le ju ste
tribut d'une ét ernelle reconnais;.a nce.
Enfin, au moment où notre rrn t réc c;;'r ffectuait et où
on pouvait croire close crtt r noire :;i'·ric. un nouveau
clcml est venu nous frapper : notre camaradr Doreau
nous a {·té s ubitement rn lcn". :'\os arc!ti Y<'" tt'.• moio·nrnt
tr~p d~ l 'int rrê ~ qu'i l nous po1·tait 0t de· la par t q~' il a
pr.1se .a notre n~ comm une, pou r que notre affec tion 1w
lm soit pas acquise en re tour l'L pour qu r nou-> ne cl é- plo·
rions ensemble lr malhPur q ui ""t Yr nu nllr ister notrr
rentrée. J e crois <1lre l'inl <' rp rr1 lt' lidi•lc de vous tous
en affirmant ces srnti111r·11ts <'l <' Il ;1d rr·-.san t ;111 camar ade Dorrnu un adiru <"rnu c• I altri-.11 ·
Le c ulte d0s mort s c1J11 s lilt1 (), a \ 1.·1· I" :-.u11 l;1gl'rn <•11L
<les pauvres aux<JUPb nou;. consnno11 .., u nC' pa rti e dt>
notre temps. les deux plus b cn ux llc uru11:; de 11otrc
. \ SSOCÎation. il rs l <IU ITIOÎll s C'O ll SOla ut <f r (> C' ll S('l' f(U C'
-
lftl -
la solidarit<; qui no11 s unit :m r cclt<' tPrre se perpétue
jusqu'a11 ~ elà <le la tombe . \'oila pourquoi j 'ai cru dev?ir
faire rev1,·re prn<laut qu r lqucs rnstants ces souvemrs
du pass!• qur. person nr ici n'au rait j amais oublif>s, et
pourqu oi ans:-;\ .Î P pui s cli rr <'n tcrminnnt que je Yien->
d'accomplir ttt t derni1· bit>n t1·is tc, m ais ausi;i bien
consola nt !
.\r rivo ns nu p r1'->cnt. fo dois <l abord souhailrr la
bienvenue nux j ennes i- tud ian ts. Autrefois, jeunes camarades, on vou-; pr1;srntait solennellement notrn ùrapcau ; permettez-moi aujourd"hui, plus simpl0ment. Je
YOU" pré!-iCl\ter r ,\ S!-iOCialion . \' ous Mes ici dans la
maiso n des r luJianh ; YOUS Y trouverez d'abord CC que
nous po11 vons vous offri1-. j <' crois, ùc meilleur : noll'l'
amitit> sinct'- rr. <,l uclqucs-un.:; <l'entre Youc;; ont pcntN re sl'nlis a lrurs pr0 mi<'rs pas dan., la vie et loin de
lelll' ramille, une pPnihlc imprrssion de solitude ; ce sentiment disp arai tra Yitr <le vos àmes, 1·échauffees au
contact vivifürnt ile no trr soliùari te. Pr 1·mPtt1>z- moi <le
ne pas vous pa rl <'r des ava ntages maté riels ~ue vous
t rouv• rer. ici, les déha ls cle cett e séance qm :-.'ounc
vo us les frro11 t. su llisammcnt connaitre . .-\u nom <le tou..,
les anciens, qu i• j 'ai cc -;oi1· le g rand h,mneur Je rrprcsentcr . je vous souhaite corùialcment la biem·enuc.
Enfin, cher:-; cama rn< k s, je ne puis m ·asseoir .:--a.n~
vous dire à tous Il' plaisi1· C(UC j'c'prouve à vou;. YOll' 1c1
si nombreu x. :\ous e::.pérons que l'a nnec qui commence
sera pour not 1<' .\ ssociation une nouvelle étape. dan.::
la voie du proo-rès. Si vous voulez la fréquenter. s1 Yous
0
vo us v intt'•resscz,
s1. en nn mot Ynus nous ac cor<lez votrC'
CO l1 COUl'S, je YOU :-. p t'Onl<'ts 1'11 r ('[OU I' le déY!lUCnll'nt dl"
Yotrc Corn il(• et ses rffo rts sans cesse renouYelf>s Yer-.
un seul but, qui est ici notre tlcvisc : la p ro.::perih' de
l \ ssocin tion.
Disc ours de Rimbaud :
C 1·-. I nprc•;, s i '\ ;111111• 1•:-. p n->;'t't's il\ •:l" \"olls, '.Ill mtli1'll
,1,, la j>lu .; l'l'<lll c h1• c:unarn d1•1·a·. que .JC me \'Ol~ tlm1s la
hien t1 i-.tr nhlti.ra ti on de Y011s adrl',.,s<'r mes ad!l'u'\ .
�-
1'12 -
Ces adieux seront d'autant plus prnibles pour moi ,
que je n'ai rencontré par~1i tou;i ceux qui fréqucntè~ent
!'Association que des anus Yér1t.ablrs . Je me souviendrai toujours des vives sympathies ,<lont_j'ai éte !'obj e~
de la part de deux gé•np1·at1ons cl l'l~H!tants :. c es t a
l'.\ ssociation que j'ai co11tractl' cc::i am1t.H's de .ietmcss.I'
qui demeurent ù jamais lixées .da 1~s le' cœur, ces am1tié>s <1ui sont sou\ en.t l<'s plus smr<'r~s, les plus tlurnbles et les plus JH'Pc1cu;;<'S •lan-; la ne .
Comment vous renwreicrai-jc de la longue confiance'
que vous m'twcz acror<l<'l' pendant plus de six ann'.'cs :i
Certes. l'é>loqucncc me m:1m1ue pour vous c.xpnmcr
à leur ju:.te YalcUI' mes sentiment . <le i:cconnai~~anc~.
Jlais je puis procla~cr en loull' "illlCt'1:ité· qne .J ai taché ùc me montrer digne ùe votrr chol\. et de vous temoigncr ma gratitude plus par tlf's act<'s que par des
. ,.
. , .
..
parol~s.
jfamtcnant a1-.1r satl'>lait tout le mondr: Jl' l 1gnore ;
mais croyez que ma hornH' volonte a Me constante.
Je vous remercie 1lonc Lien simplement. c'est-à-dire
avec sincérité de l'estime <'l d1' la sympathie que YOUS
m'tffcz nccordêes . .J 'ai l'\.<'l'C'l' Jps fonctions de secré·
taire aYCC huit comiU·s sucec;..sil's, sons la pn'.·siclcncc
<le clü Puymorin. sous la l'ommi-.sio11 proYisoirc Bonnautl-Danairc, et sou'> !P., prl'sidPnccs Bou11uicr , Provausal, ~au,·rt, Boni<'rli.-ik , Cons tant rl enfin Jlutersc.
. \Y:rnt de quitter L\ssot'iatinn , qu' il me soit permis
d'adresser ici puhliquenwnl a tou~ ces anciens camaradP.s, qui furent ü la t<\l" tlP notrl' .\c; sociation . mPs
plus sympathique-; -;ou,·cnirs: lo1L-. >iC mont1;ercnt ~li
gnes de la conliancr> J e lPnr-; camarades, et 1 \ ssocrntion rPconnaissante a 1·IP\'f' la plupart tl'P1ltr<' l'UX a la
présidPncc hnnorain· .
Crùcc a leur initiatÎYP s1·1·01Hl1·-; par tontes nos bonn<'_~ ,·olonth et aYPt'. l'appui pr1'·cir11x l'l inc2ssant clr
l'Etat. du Con51·il gi·nt•rnl. de· la YÎll1'. dl' nos memhrPs
fon<lalcurs rt lwnornin•s, \ix IH>'isi••k u111· ,\ssol'Îatiun
d'Etudiants dig-tH' d 11111· 'i1·ill1· 'il lP u11in•rsilairr
('()lUllll' PIJi..
.J ai la f<'rm1 • 1·-.p1·1·;1111·1" d11di .ull s ;1111·i1·11-. •·I 1'111dianls llUU\ eaux, rprn vous ;;a1Ln•1 111ainl1·11il' l 11•uvn· :1
laquPlle llOUS nom. SOlllllH's tanl inlt'l'l'SS\'S. \ uus H\'C:Z
actuellement a Yotrl' tHc un ('()tnil1· qui sr recommancll'
-
1113 -
à YOt~·~ confiance :, Je.., nouvenux membres que Yous
al.lez e~1rc t~ut ~ ! ~1r1~rr , acht>veront de le compléter.
L esp1·1t plein d 1111t1al1vc et ilr bonne volonté et encourag(• par les efforts pcrsonnrls de tous les Associi"•s, le
comité snma. m:1i11t enir ln prosprrit(> rt le· prr>stig<l 1lr
nol1'f' .\ssov1at1on
Cnmnraclr>s, je fonnr' lt> Y<l'll qur tous les Étudiants
<les Facul~t'·~ d',\ix,. ;;uns distinction d'opinion politique et religieuse v1e111w11t sr grouprr autour <l<' 11ot1·p
bannir.l'e; j'<'U'i l'hom1C·u1· clr la porter a Paris aux
funt~ra.1l !Ps ,•lu. r~gret l•" jll'r'•sidrnt <If' la Hf.publique
frnnc:ms~, h·ll\. hrn1·e, l'n 18q!); elle n toujours flotté·
:rn premrnr rang clans lPs solennitPs universitair<>s.
notamment aux Congrr>s ile la Confe<l1•ration international e <les EtuJianh a Turin (18\JD , Paris (t900.
\ 'cnise 1!101), et, c•n dPrnie1· lil'u. aux fèlrs donnt::Ps a
Besan\on a l'oecnsion du CPntenaire clr> Victor 1lucro
Soyez clone solidaires et vous scrc·z puissants et c~n
sitlt>rés. HejouissL·z-vou.., de l'uni on qui existera entn·
vous.
L'Ètudiant. cl prinripalPnwnl 1 l'lu<liant qui L'lu<lie) a
souvent hesotn clP rrpospr· c;on esprit. L'.\ssoci.1tio11
olft-i1·a, eornmr pa1· lt> passe, des llistractions Pl <le.;;
fètcs à ln fois nt'.•ci•ssnil'es Pl utiles.
:\ lnis il est llllC' de cPs ft'>tc-. qui se recommnnde spf. ·
cialcment à votre attention, c'est Ir Coneert annuel de
Charitt'.• au pl'olit d Ps pauvres dr la Yillc .
J'ai, chaque annt"e, fait partie de la commission ùu
Concert d je pui-; vous allirmer que> chaque amwP la
part des pamTf's fut large et ahondanll' rt <1ue chaque
annL'e I' \ ssocintion angrncntait son pr1'-.tigc.
.Je You-. f'fl~ag" rl<)IH.' 'in·ment a YOlh int!•rcss1'1' â
cettr u•u\TC' de ehar1l1•
Et maintenant, Clw1·s Camaratles, m<'rci <le 1 attrntion soult'nuc qu r 'ous aY"z prl"tt'•p a me::. paroles
Dl'laclll' sous pPu d' I' \..;sor iatillll pal' le-, 1·irc11nstan ces f'atalt>s t!I' la ,·i1•, mnn <'11·111· li(' s\'n t!l'lachera
pas .
.J p ll f' cpssrrni pas ll1• -.11i\1'1' ;l\.l'l' 11' pin-. vil' inlt>l't"I
sa 111;u·1·h" ils1'1' 11dn11l1•
l.1·-; 11011il ir1 Il\. a111i-. 'I"'' J'' l.ii;;-.1'ri1Î nw lit•11tJr.i11t
d'alwnl au l't>Ul'<llll d1•s t'\ t'lll'ltl\'11ls t]Ui -.c produirunl.
l'uis . quanll tous -.l'ront rlispL'l'St'"i la " Pron·nce l 'ni-
�-
vcnütaire » à laquelle je souhaite une longue existenre. me f~urnira la i·elation exac.te des faits concernant !'Association.
~fa vie cl 'étudiant H pris fin . r 'est. pourquoi j'ai déposé ce soir, sur le Bureau. ma démission de secrc'tairc, en y joignant. mes plus sincères regrets.
Encore~ une fois, mer ci de votre cord1alc et joyeuse
compagnie. A vous tous beaucoup de succ ès dans vos
du<les !
\ ÏYe !'Association fratern elle ries Etudi:rnts des
Facultes d' Aix ! \ïve .\i x 1
CONFÉRENCE POHTALIS
"•
~1ea11cc
,1,,;('<'111 l.J1·e I .~10.·)>
(/11 11 ""
·
· / 1011
(l' organisa
La séance est oun>rte, à 8 h. t /2. sous ln présidence
cle :\1° Oernond , prfa;idcnt, ayant ù ses ccités ~I· \.araYokyros, YÎce-p1·t'•sident, et :\I< Bry , -;ecretairr.
l'nc Yingtaine d"rtudianh clc 1'", :2 et 1'"• ann,;e ...
sont pr1'sents Pl !Pur Pnlrain nr. lP cc·(IP c'n rirn il celui
qui anim<' d'ordinaire C'<'s 1·punions p1·1··p:1ratoires dr
clia'lnr eommencemPrü cl'ann1·P.
En ouvrant la ~cancc~. \ l• BP1'mo11tl indique. en <JUt 'lques mots. aux nouYt'aux membres i<' but. l esprit et
J'11tilit1' Je la Conf'i'rPnt<' l 'ortali s. 11 les r<'mc1Ti<' d !<-:,
f1>lic·itf' d'c\tr<' \'PllUS si 11oml1r1° ll \. <•l il lt>s Pl1co11 ragl' H
s<' r1·11 Jrc· assid1'111wut au'>: t'1 ·11 11io11s h1· l>d1 n11 adairc'-;. 11
aj out~ que ce lle prien• P t l'i' t·1111sPil s'ad1·p:-,,.;p11L (·g·alc111 f' nt au'>: aîn1.,s. a C'<'ll X '1ui font partir- clPpuis un an
111
•
145 -
ou deux ans ùe la Conférence Portalis el qui ont pu
di•jà en apprt·cier tout l'intf>l'èt .
Après ces paroles qui sont unanimement applaudies
et qui , csp1•rons-le, ne resteront pas inutiles, :\I• Abho
<lépose sur le bureau la motion suivante : " La Confércncr Porta lis adl'csse ses remerciements et felicitations au camara de ü elerlrn pour sa honue gestion des
finan ces de la Confét'encc ».
Ces f<·licitation s et ces remerci ements pleinement
justifiés par le zc·le et l'haliil<'tl· que notre camaraùc
Delerba a déployés ùans l'exercice ùe ses fonctions et
qui ont permis à la Conférence d'ouvrir l'exercice 19031904, avec une encaisse sérieuse, i;ont accorùés au
trésori er sorta1\l au mili eu des plus vifs applaudissements ; cl la proposition que fait le bureau de le nommer trésorier honoraire est ratifi ée par des bravos
unammes.
Aux fonctions de tré:iiorier son t candiùats : Jean
J\ninarù et Castello. Les votants sont au nombre d<'
2J, la majo1·itô absolue est ùonc de 12. Castello reunit
12 voix sur son nom et Aninard 11. Castello est clone
proclaml! i·lu, et c'rst au milieu lies acclamations qu'il
vient prc1Hlre place au bureau d'où il adresse quelques
mots a la Conférence, la remerciant Je sa sympathie
et l'assurant de son zèle .
La date de la ~éancc solennelle de rentrée est ens uite fixée au Yendredi 11 ùecembre. et la seanc<' est
lrv('e ù !l hr ures.
Jo~ i,:p11
Rin.
�ECHOS ET NOUVELLES
NÉCROI~OGIE
~ous aYions cru clos<' pour longt<'mps la liste
<le ceux que la mort vient frapper. Erreur : Louis
Danaire, que plu,..iN11's <le nos camarades, parmi
ceux qui restent, ont connu, viC'nt d'être cnlevc par
un mal impitoyable a unC' m(>1·e qui ::i'était sacriliec
pour lui. C'est lui c1ui composa La Purée, cette chanson qui est devenue celle Je notre Association, et que
no::. jeunes camaraclf's actuels fredonnent C'ncore ; c'est
lui aussi qui composa une <lc:-1 plus jolies pieccs <le
Ycrs que « La Provence LJniYersilairc » contienne:
Les Petits Lvqueteu.r:.
<2ue sn mere Yeuillc bien recevoir l'expression <le
nos plus sincèrl's compliments de co11cluléa11ces il l'occa,,ion d'un deuil aussi cruel.
• .\u moment <le 111 cltrc ::.uu" prcs-;c, nou::. apprenons <(li un deuil vient de frapper notre president ,
~lulcrse, qui Yi1 nt lll' penlrt! un dl' "'es oncle'i. Dans
u111.. circonstance au,,,.;i rlouluurctts1·. la Prot •1·11ce Clll·1•ers1taire, se raisa11t (')) nlètllt.' l1'mps l't·d10 de l',\s socialion tout eulil:rc, aclre-.sP a notrP i>rl'-.idcnt et à
toute sa famille l'hommag-c de Sl'S -.!'ntimcnts <le eon<lolen11ccs le:::. plus si 11r1·rc'>
. ·. Saluons l'al'rivé:e a la Facu ltr de M~I . Chatze agr~
gé d'Economi<' politique, Cnill emer, agr1•gr d'IJistoire
du <lroit 1 fils du doyen <le la Faculte de droit de Lyon et
llémanl, agrégé <le droit privé, professeur de Procédure.
A tous nous adressons nos souhaits <le bienvenue.
Espérons que la Faculté <l'Aix les conservera longtemps et que longtemps encore nous pourrons écouter
leurs conseils et leurs leçons.
La ProCJence U11iversilaÎl'e se fait un devoir d'adresser ses respectueuses félicitations à ~I. Delpech, à
l'occasion <le son succès au concours d'agrégation.
.. Indiquons a nos camarades qui desirent faire du
sport et du sport agréable qu'une sociéte de tennis
vient d'être fondée <lepuis quelque temps. Ce groupe
compte parmi les membres qui en font dejà partie un
certain nombre d'étudiants.
. ·. Signalon:; a nos camarades l'apparition d'un ouYl'age édité chez ~oiricl a Stra::.bourg et qui est destiné
à un granJ ::.urccs. Ce line : Le Théâtre Alsacien est
l'œuvre d'un de nos plus sympathiqu~::i profes::ieur-; ùc
la Faculté J e.., Lettres, ~I ll cun Schœn. Dans cet
ouvrage au::.,.,i int{·rc::.sant qu'original, rauteur nous
montre le::. thcàtres ùc Stra,.,l.wurg, Colm'.\r, ~Iulhouse.
Il nous initie a la pocsie <loucc Jes Yicilles ballades, Jes
lieder:; populaires et tics chants <l'amour. Toutes nos
respectueuses félicitations .
. ·. :\ous :wmnH'S lri•s hl'u rcux aussi tl'aunoncer que
Joachim Gasquct, l'nuleur de Llrbre et les J'ents qui
voulut bien nous donner une ou ùeu'l.. <le se~ rcuYres
~I.
�pour notre j ournal. Yicnt <le termmer u ne ad apt ation
d e;; Baccha11tes dï.~ uripid c, d es ti1wc a être j ouee s ur
une tles plus g ra ndes sccnes p a1·isicnn PS. Le!> g rand!>
j ourn au x e n parlPtll aYcc clog·c t' l tHn1-; espérons poun 1ir enregis t rer d ans nolrf' proc hain numér o, 1111 s ucct.·s
hi r n mérité.
LISTE
DES MEMBRES HONORAIRES
~t:\I
UO\NEF<n. archevt~q u e d' \ix.
(j\ l\ Alî). Premier Pré>ident
L.i.. PORTE, colonel.
lll<:LI:\, recteu r .
Hl\\, <lo\'en de la !•acuité de
llro1t •
llll l ll \L, <loYen honorairo de
la Facult é ·des Lett re~.
l'l:---0\, do\'en honorai re <le la
Facultf> Je Droit.
C \Il.\ 'SI lL. b:itonnier cle 1!lrtl re de;;.\' ucatg. ma 1ri> r1' \ 1x.
tlrH'.111( !\. pa~teur prote~tant
\'.\L.\lll\Ùil f·., con,eiller a la
Cuur.
Jli>YEI\ . con,e,llPr.
PIJ\TJEll. con,cil!er.
\llLIJ \l'D, prPsident du tr1h11nal cie commerce
11111 Cii \ llfl, JU!!e ;1u lribuual
rlP cummercP.
\UIJE, docteur en merlecirlf'
l>Hl JO\, avocat.
~l.\SS()'\, a\'OCal.
û.HH:I:\'. avocat
ll EUllEIS, avocat
CllE~llEL', a'ocat.
VA \'IU, a\'ocat.
tll ' ILLIBEHT, avocat
\ 1\1
llfl\\ECllllsE, (lie) avocat
\llCllE I. . avocat. ·
lllti \(Il, avocat.
F\SS ll'i, a\'Ocat.
IL\ lLl l.\t:. percepl•'Ur.
HEllTH.\ \'D, rlocteur.
li \llf:I\, docteur.
t: \T, allJOlnt.
Jill BU \ '\, a\0111 1 :'t laf:o11 r
Ill 1:1\ll~. grc>tl1o r cle la Conr.
llid,I ll Jt:llE
.Ill( llll \ \, nr'!!OCiant
\111.l.!l\, avoÙP
\ 11.1. \ 1 Il, ,\ l ' Ulll'
\ 1 Hl l'E (Il<' . .
CllE\llEl . l.ianq11ier.
\1\J.\\1 \LLI·:. juAe-~upplt'>ant.
Ol\:--l'\.\ 1', professe ur :1 la
l';1c11ltP. c\e, l.ettrt's.
)lll \lril\, libram·.
HrJ( llAI 11. <lirec1eur <les .\rtset-\Jflot1flr'
B.\ILLE. p1•rc1>p1eu r
PIGrll ll lEH, conservateur d1 :<
Il ypul lwq ues
Ilot · J'lo.IL L~; l \ 111 é1 l~f l.
\l \ llTI 'i, M;.:oc1an1
\ 1 llE, b11.ih othfocaire.
LI.\' \Ml~.
1
Le Directeur-Gérant : JosEPU SÉ JALON .
T1P
tl lfth. P
POUROEL, cour
Muabo.iu, ./1)
�llPUSSIDI BE Orende Febr-1que M Thnb,... en Caoutohouo
��
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/307/RP-50482_Provence-univ_1904-N-36-43.pdf
a8c14feaa460267979adc5d24b86a79a
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Text
N~
36.
Provence
Universitaire
1904
n° 36-43
BULLETIN MEN SUEL
ASSOCIATION GÉNÉRALE
DES ÉTUDIANTS D"AIX
.
Jan,1e1·
1901
.
-
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�N~
36.
Provence
Universitaire
BULLETIN MEN SUEL
ASSOCIATION GÉNÉRALE
DES ÉTUDIANTS D"AIX
.
Jan,1e1·
1901
.
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-
�SOMMAIRE
:\larguer1le kuno,
,\u Cn111 du l"eu
.\ l\Dl )1 .., F :>t l111l11•rs dl' 1 .\s~ori;ilwn
~larguel'lle
~onnrl.
G Al
D1><1·1111rs il la C:11111'1 1·P11c1· Porlal1~ .
E B
lsuno,
11 u1-l h :snn ri:.s.
Jean SA11116:-..
Chi on1que Th1;;"tl rale
Joseph Bln .
Lonfrrcw·1· Portal i-.
C:omple rendu dl' 1 \s..;uc1al11111
;'I; t'('l'Olll).{11 '.
lh. BorT1'\1,
Coni'l'r<'IH't> dC'~ ,\vuc:il-.
E1·ho-. et \011v1·lll'>'
ABO'l~E)fE~T ·
1 Fr.
ÉTUDIANTS.
'.l
Fr.
Le Numéro : o,3o cent .
�La ProCJence UniCJersitaire est heureuse d'adresser à
ltms ses lecteurs ses meilleu rs vœux de bonne a nnée.
Comme pa r le passé, ell e fera tous ses efforts pour conserve r les sympat hies dont ses amis ont bien voulu l'entourer .
AU COIN DU FEU
A u de hors l'atmosp hcr e est glaciale, la bise cingle
le visage <lu passan t qui se hàt e le col relevé jusqu'aux
oreilles, et les mains en fouies clans des gants ou dans
les poches de son man teau. Tandis qu'il gèle, comme
il est bon de se sentir chez soi, Jans un large fauteuil.
devant un bon feu a la belle et claire flam me. Que de
bien-f>trr> j'r>prouvc aux caresses (le sa douce chaleur;
que <le pcnsi"es cllr c'voqur ; crue <le sentiments elle
inspÎt'P ; <ptc <le rc'·spn•rs elle fai t éclore f>n moi, cette
lueur fugitiYr et fant asque nux mille fo r mes et aux mystérieux attraits. Car. en la rrgar<lan t , je sens emaner
<l'rlle comme une srn,.ation de <louceur, de o ien-être,
comme du bonheur qui s'etl\'ole <le ses rayons. ~lais
aussi, parfois. j'y Yois qurlcrur chose d'impressionnant
et cle terrible, et je rec:ule tlt'Yant l'inclomptable puissance et l'itn-inci blr forer qui me semble sortir de ses
eflluYes brù lantcs.
CC' n°c'st pourtant pas un rvYe que tout cela. Si.
revenant il la rt·ali•é>. j' inletTüge l ll istnin', elle me
r1'1>011<l hi<'n Ytlr <[ HP j1' 1w -.uis pas k premier qui ait
l'ai t CP l'l;Y1··lù. DC'p11is si lo11gtc111ps <Jlle le monde
existe. tout a vit· dit pens(· d r1'•\ L': l1•s choses belles et
g rancl<'s, les rhmw::. que 111>ns uinw ns d celles Jont
nous ;iYons p<'tll', ont 1'11· ehanlL'c's pa1· l'imagination
populaire. Des la 1wissn11cc des eiYili:;ations les plus
anciennes. l<' flamme Ir Feu. fut cunsi<leré par les
�-2-
esprits primitifs comm.c une ?ivinitc, ou .l'emblème
d'une divinit~ : Egyptiens, Grecs, Romams , tous
fment impressionnés pa1· cette force mys té rieuse, tous
lui vouèrent un culte et drs aut els spéciaux. A Rome,
sur l'autel de la J éessc \'esta drvait lwùl c1· sans cesse
le feu sac ré, que des prètresses ne <l0vaicnt jamais laisser d .cinJre, et Jupiter envoyait Yulca in, avec srs
flamm es. punir les méfait s drs mortels. Ce sont les
fl ammes <lenlstatrices qu' !Iomère a chantées dans son
immortelle Illiaù e, et cr sont des pa g1's idéalement
b elles que cPlles qui disent l'incendie de T1·oie.
De nos jours la raison et la civilisation moderne ont
fait disparaitre ces croyances des Jll'ltples, ces inventions de" poètes antiques ; et notre prosaïque s iècle.
clans sa fureur de réalisme, ne se laisse plus impressionner par l'implacable et de;.,lrudrice <livinite. Et
pourtant , ne donne-t-elle pas parfois aux hommes,
comme pour leur rappeler son indomptaHle pui ssance,
des leçons meurtrières, et , qui sait ! mérité es ? Il n'y a
pas bien longtemps, combieu d0 virs humaines n'at-elle pas prises, lors de l'cffroyaLle in cendie qui
détruisit en quelques heures le Ba zar <le la Charité ; et
chaque année, dans nos camp agncH, ne <lévore-t-elle
pas <les bois. <les champ s, ne 1·espPctant rien, précipitant des familles à la ruine, <lei ruisant l'harmonieuse
nature que uous nous plaisiou;., a contempler. Ah!
fuyons le feu dans sa co li~rf', craignons-le.
~lais que dis-je .1 Je J'l~Ye 1 .'\on, ce n'est pas possible. Celte jolie et <louct> flammr qui tremble <levant mes
yeux, ce n'est pas 1 implacaLle dl;ess<' de mort et de
ruine, dont j'ai eu la lctTible vbion :\'on, cc n'est pas
la mèmc llamme, car celle-ci et humblu et tendre;
ell r me <lit mille chosl~s j oyeuses. IWc demande qu 'on
l'aime ; aimez-lù.
C'est la Hamme du foyer de !'amille qui , chaque soir,
r éunit autour <l'ellc. <laus une tcn<ll'e a tmosphère de
-3 -
paix et de bonheur, un père, une mère et des enfants.
C'est autour d'elle- qu'après la journée bien remplie,
chacun vient savourer le repos que le travail mérite,
c1uc le père oublie ses soucis et ses peines, dans un
haisrr <lonné à l'enfant qui lui mont1·e naïvement le bon
point obtenu dan s la j ournec.
C'est la Oamm r péti llan te qu'avec joie le paysan
r etrouve, le soi r, 101·sqne, exténué d'avoir poussé la
charrue ou retourné la terre, il revient des champs.
Le feu du paysan t>gaye sa chaumière, si modeste
qu'elle soi t et l'embellit <l'une j oie pins parfaite que les
bibelots et les dorures ne peu,·cnt embellir la maison
du riclw. Sur un<' piC'ITC de la route, un malheureux,
vagnbon<l et ~ans toi t, pleure en regardant la cheminée qui fume et la lumière qui filtre à travers les volets
clos. Ce n'est pas sur la misèrn qu'il pleure, mais il
fait froid et il n'a pa-; de foyn. Et encore, je me souvirns <les Yieilles cha nsons qu e nos mamans fredon naient, quand nous r tions petits ; elles chantent la
vieille grand-mère assise au coin de l'âtre, filant sa
quenouill e, lantlis qu'elle racontr des histoires <le fées
aux petits enfan ts éme1·veillés; dans le salon bien clos,
c'est la Ycil lt''e et sa douce poésie.
Plus je regarde la flamme, plus ellE: me dit de choses, et je trou,·e en l'lle un charme qui m'attire et
m'e11Yeloppe. ~la table de trnvail es t près de moi avec
ma plume et me:. lines ; j'aime à travailler au coin <le
mon !'eu ; il me ganle et me pro tège. T anJis que la
plupart lks hommps mauJiss('lll le labeur quot~<lien,
moi, je suis IH'ttrcux d\\Yoir du feu et <les lines. c;rùce
a toi, douce llnmm0 1 qur le l1·aYail va m'ètre Joux!
Douce fl amme, puisque ja<lis nos pt•rcs t'anüent
You(' un culte. je Yeux Ir continuer. ~Tais tandis qu'ils
te craignaiP11l, moi. je t'aime. J(' t'aime parce que tu
es bonnl', l'l qu0 si tu fus une (li' init~, tu fus une 1liYinÎtl· Je douceur l't d'amour, C'c~t toi qui assembles
�-4les êtres qui s'aiment, qui les réunis autour d'un foyer.
Auprès de toi il est bon de s'aimer eL de vive, puisque
tu rèpaurls le bonheur dans tes réchauffants rayons.
E. B.
AMESSIRES LES ESCHOLIERS
De !'Association d'Aix-en-Provence
SONNET
Hn Cesseulement vagne et morne de mon cœur,
Je sentais se tarir la so11rce de tendresse.
Tandis que j'avais soif d'aimer, nulle caresse
N'apportait à ma lossit11de sa fraicheur.
Pauvre oiselel trop lourd, ma pensée, en detres1e,
Fixait de la lumière en l'infinie hauteur,
Et restait sans élan, clans l'ombre, ave« terreur
Mesurant l'idéal /oi11tain, et sa (nib/esse '
Mais il vint, do11.cel fort - 1Wabreuvanl longuement
Des gouttes de son rime, il {{uéril mon to111·11zen1.
Il m'entraine vers les grands hon"::ons qu'il aime.
Et depuis lors,je vis sous un ciel radieu c,
Carj écoute chanter, berca11t des rêves bleus,
Mon cœ11r - un océan, - ma pensée - un poéme !
Point n 'ay castel... et poi11 t n 'ay page
Pour vous mander playsant message
Et 1•œu cf an prospère, en ce jour ;
Pomt n'ay toumoy ou /'ol manège,
:\largueritc
Ny de dames l!alant cortège
Is:-<AnD.
Pour vous captiver à ma cotll' ;
P oint n'ay escarcelle bien pleine
Ni redevance en mon domaine
Pour vous faire royal présent;
D]SCOURS
Prononcé à la séance solennelle de rentrée de la Conrérence
P oint n'ay blason et ne puys mettre
Avec mon scel sur cette Lettre ,
Cow·onne d'or, méme d'argent .1
Car point ne Sl!)'S w·and chatelaine
Las.' mais sous robe de futaine
Ay cueur grandement fraternel,
:\loNSIEUH LE DoYEN.
l\h:ssn:u nl>,
D'escholière, qui vous soulwiste
Sag-iesse, sç,woir, noble (este ,
.-lvec succès toujours 11011Pel.
ENYOY
A Messires les Rsclwliers,
Comtes de La- Vaillance-Alerte
Rt souverains de Cœurs Princiers ..
Damoiselle de Font-Couverte .
r\'largueritc
Fo:-n-CouvERTE, 25-12-0a
I s~Al\D.
Pendant ces dernii\res Yacances. tanùis 'lu'après une
année: entïèrr c}p labrur la C:onft>rence Portalis :wait
fermé ses portes et que ll's étuùiants faisaient volontiers trêve aux discussions juri<liques. le clroit international , nous ussure-t-on, aurait réalisé quelques progrès : Le group<' parlC'mcntail'e français de l'arbitrage
international esL allé <le l'au tre cùte <le la i\lanche fraterniser avec des groupes anglnis similaires el cette
visite leu r a é• t(• ces jours-ri solennellement rendue.
Un Congrès <le la Pai.\. s'est tenu à Rouen, !\BI. Fréderic Passy eL d'Estournclles <l e Constant, y ont prononcés <le tres chaleureux discours et salue l'avène-
�-6 nement prochain de ln Pai'X l ' niYcrsell r>. Plus de
11oixante Conseils génPrnux de Francr. ont l' mis. prndant leur session d'noùt , dr:-; v c'C'nx en faycur de l' nrbitrao-e intemational et dr la pnix . Et enfin , comm0 pour
cou~·onner déploma ti qn r mr nt tous ces effor t::;, le 15
octobre dernier l'An gleterrr et la Frnnce sig naient un
trai te d'arbitrnge permanen t, et le 5 novem bre rommençàient devant la Cour <le la Il a)·r et sous la pr·(•sidence de .M. :\Iourawieff, minis tre des .1\ ffaires Etrangèr es de Rus sie les débats du procès soulcvr' par Je
règlement de affaires Yénézuéliènncs. On nous promet
pour bientôt d'autres trait<·s d' arbitrage permanènt
entre la France et la II ollandc, la France et la Suède
et la i\'orwége.
JI n'en a pas moins fallu, :\Ies .:;ie11rs, pour donner un
r egain d'actualité à cette cp1r~ t io n toujours si controversee de l'arbitra gr internationa l. Et , dans la pressr
et dans l'opinion , t and is que crl'! a in s proclament avec
un enthousiasmP cxubr"ra nt q u'un <' é• rr nnnY<>ll P d0 pai x.
de justice Ya naitre, d'autrr<; jn gPnt avec froi deur tout
ce mouvement dï<lccs et de foit s t'l .:;c refu sent ;\ YOÎ r
dans l'arbitrage internaliona l le l'l' mèd<• ù la s iluati0n
actuelle de l' Eurnpe. à cet c'tat. biza1·1·c• r'r priol'i, ùc
paix armée .
A leur tour, les partis poh tiqu <'s s0 sont dr> nouveau s aisis de la ques tion eL ont a pporlt' <la ns la discussion les mèmes Yiolencrs qu'ils d1'•c lw iTwn l ùans
leurs luttes.
Le ~ un s rc•prenan t pou r· ll'Ul' comp1r> Ir-; 'i r·i llrs
théori rs humanit aires de Ba kounine' <' t de J c'a n <l<'
Jean de :\lacé. s'en \'On t. pr1>cha11t p ·1 rtou t, sous la hou lette pas torale de ~I. F'crdinanù Bui sson, « la Répub lique l ' niversellc », réclamc1· la s upp rcs:;ion <les
arm ées permanf'ntcs d'ahorcl Pt des pa tri<'s Pns uitr.
\'olontiers, ils rappr llcnt a la Frn ner qu 'rll t> a <'Ir la
premiere à secouer les cntraYcs f<'·o ùa l<'s rt qu'cllr> doit
ètl'e la première encor e tt do11n<•1· l'excmpl P dl' j eter
ba s les arm es et de brisPr lrs l>arrii• rps nationales .
Hu go, le g rand ll ugo n·a-t-il poin l proph étise d'ail l?urs : «Au xx• siècle lt1 g ur rrr sr ra morte, lrs frontières seront mor tes . l'h omme' viv ra ! »
D'autres, pét 1·is de cc YÎ cux patriotisme C'x altc" et
farouche trou.vent que c'est d1'•ja Yivrc, qu <' d' avoir a
perpetuer qurnzc sièclrs d'lii'· ro1:m1 c, de puissance, Pl
Î
<le crloit·c nationales; et bl esses dans leur àme patriotiquc7. il s n?. veulrnt point se pet·meLtre d'ou~'I.icr l_es
devoirs qu 1mposr11t a un pays ~rn e ~ cr?on nalt tc nat10·
nale acquise. « O n n'cnt<·1HI <i llJOu rù hui par.Ier que ~e
(( p aix e t ù'r n~rnl r rr.al f' l'lll'llr r_ntr<:' les nat10n_s, ~cri
(( vait le mois dr r111 r r ;\J . füb ot. Ces aspirations
cc pacifirp1rs ne sont priin t lr pro pr<' dP notre temps.
,, Bi<' n ùes fois l'huma nité s'Pst fi gur(· qur la guerre
« était dev<> nuc impossi hlP par Ir progrès <le la civili« sation ~t l'adont issrm<'n t des mœurs. C 'est souvrnt a
<< la veille tics <>Tandc•s C'ommotions qu e ce besoin de la
« paix, crttr ~royn nc•p dans sn durr'•e indefinie ont
« apparu a vec plu s ci<: fo rer! .» ,
..
Pour nous. 1IJ essir urs, qui, degages 1c1 <le tout e
at mosphère poliliq.ue, <lr_,·o_nt 1•tudi e ~· tout J? ro?lcme
;i \·cc le ca lme r l l lmpartia htr• de vcnlablcs Ju risconsultes , que devon s -~1 ot~s ye nse.r de ces événem~n ts., Ùr>
ces <lcux coura nts ù op10t0 ns s1 nett ement host ile~ l un
a l'autre? Fa ut-il y Yoi r le o-ermc <l' une réf'llc révolution J ans le:; r apport" inter~ationaux. ou plus simplement un hommagP thr nrique r endu à l'excellence de
l'arbitrao·c
A l'au~orc encore de ce sieclc, q ui, Ji t-on, nous promet ta nt d'bcurc usr·s rdo m ws et de• si nombreux bienfaits. il serai t p<' uL-1' trP i11l1·1·cssaul <le nous e~ inquiéter.
:'\nus n'l'n <;om11ws pl11s en pffet. ~I ess 1e11r:;. aux
modes d 'arbitran·cs s i a leutoircs que concernent le
moyen-Ù"l' <' I m~nw la plus ~rande partie du ~iècle
prt~ci·<l ent ; 0 11 plult\ I si l'arbitrngc. toujour:; sub?rdonne a l. \ uluntl• de" Etals 1•11 cattsl' ne lwut pomt
donner u1w 1r;ir;111 IÎ1' ai>sol11l' pour la solution pacifique
Ù1's conll itst)internationnnx, du moins une éYolut1on
progrc%Î\'C et rn pilll' a la fois l~t i a assuré de nos jours
une ar ti on Je plus 1·11 plus cons1ÙPrabl~.
Et cl'ahord, d1·s t8:io. on s 'apen;ut n t<' des nombreuse!'> im1wrl'1•1·tions alt ad1c•c•s a la 11al urc même ~e l'arbit1·agc. l'ont e s1•11tl'11l't' <1rb1tralc n•damc <'11 eflet de la
part d1's l•' ta ls <•11 litig1· u1u• v11lcnte prealab_le et sur le
choix dt!S arbt t1·1•:-; PL s11r la pt'Ol'l•du1'1' a ~LllYre, et ~ur
l<·s points du li Li µ:1' q11p d e ,·ai c 1~ l exa miner l_es arbitres .
D'ou une s1'1·ie d1• dillir ult(•s 11u1 JH'U\'ent naitre et paralyser l'al'lio11 nrli ilr<1 h·
- l'our L'\ iter un e pa rt ie de re:-; entraves, on a donc
song-1" a r endre obli galtHl'l' l'arbitrage en faisant con-
�-
-8clure des conYentions pour lesqucllrs les Etats se soumettent d'avance à la tlc•cision d'arbitres pour résou ·
drc les difilcultés qui pourraien t s u1·g-i1· entre eux dans
l'avenir. Et c'est cc que l'on a nppch\ le trnité d'arbitrage pet manent. En 1 ~5ll dt;j:\. dans le traité ùu
30 mars, le pr otocole <le P aris, 11 ° :B émrt k vœu que
les Puissances essayent d'a tl'cplrr les bons offi ces qui
pourraient tranche r à l'arniabl1' les ùi!lieulté•s sm·venucs
entre elles. Mais le Yéritahlc traitt' d'arbitrage l?ermanent, et ce qui est à ce suj et l'initiatiYc la plus import an te, fut. mis en pratique <l'abord par les l~tats-Cnis,
qui conclurent , avec dix-sept l'l'publiques ùe L\mèrique
Centrale et de l'Amérique du :\ord , il \Yas hington . le
18 avril 18~10, le trait~ dit de l'Union A111éricr1i11e. Crrtaines questions seules étaient sousti·ailrs à l'arbitrage
et on laissait le choix des arbitres abolument libre.
C'était là un progrès éYiùent sm· le "Y"lèmc des nrbitrages facultatifs et spéciaux.
::\lais dans cc cas mème où l'arbi lrngc est accepté à
l'avance par un traite d'arbitr.lg-e pcrmanrnt, il faut un
accord particulier pour choisil' les arbitres, lhcr leur
compétence.
On pen sa dès lorg qu<' les chancC's de <l <;saccord sur
ces points préliminaires, mais de toute importance,
seraient diminuées si l'on pournicnt l'aire adopter par
les Etats des règ·les générales a ce sujet, si l'on pouvait
organiser rationnellement et aYCC des Raranlies une
justice internationale. Le prestige de 1 arbitrage en
serait au gmenté et les Etats y a uraient p lus souvent
recours.
Et c'est ainsi que le désir d'assurer aux conflits internationaux une solution juridi1ue certaine dans tous les
cas, et d'écarter complctcmcnt il'" hostilités, a fini par
aboutir à la suite des ùi,·erscs circonstances que vous
connaissez tous. à la création d'un tribun al international suprême et permanent.
C'est en effet, sui· la proposition du délt;gué anglais,
sir Julien Pauncefote, que la conff>rence <l e la Paix
à la Haye en 1 8U~l a <l(·JiniliYemcnt institué CP. tribunal.
Et cette conYenlion sur l'nrbitrage intc•rnational avec
constitution <l'une cour pernumcnlc a l:t1· s ignée par
t oulcR les puissnnces rcpri~sc1lL<'eS a la 1laye. Cependa nt l'Allemagne, l'Autl'l(:hc-llongric, la Grande-Bret agne, l'Italie, le Japon, le Luxembourg, la Serbie, la
S} -
Suisse, les Eta ts Unis d'Amérique ne l'ont s ignée que
sous réserves.
De plus, dans cette m(•mc convention un Code de
l'arbitra9c international a été r édigé, et <lé.sormais
comme il y avait une prncédure civile, il y a une procédure internationa le.
Ainsi nous avons aujourd 'hui pour résoudre les conflis internatio naux une juridiction permanente acceptée
J'avance par les Etats, et qui est investie, nous dit
l'a rt. 2 l de la Convention, <l'une compétence générale,
à moins qu'i l n'y ait entente entr e les parties pour l' établissement d'une juridiction spéciale. - Qu'a donc
besoin l'Europe, s'écrient les pacifistes, de s'épuiser
aujourd'hui dans des armements rumeux en vue d'une
guerre générale toujours imminente ? La Paix est
désormais assuree par le Droit ! C hose curieuse, ~Ies
sieurs, au moment mème où cette Cour d'arbitrage
ve?ait d'ètre in sti tuée a la Haye, et où au régime de 1a
ptux par la force armée deYait succéder le n.1uveau
régime de la paix pnr le droit, loin de nous, dans l'Afrique du S u<l le canon g rondait et des hommes s'entretuaient ! Et devant le spectacle d'une guerre injuste et
infâme, l'Europe semblait a~'oir perdu toute son éloquence p acifique, muette de terreur, elle s'est inclinée
devant la for ce et la force a primé le droit!
La paix, n'est-clic donc qu'un vain mot, et l'histoire
se répétera-t-elle t ouj ours '!
(à suivre)
GAUTIER- DESCOTTES.
CHRONIQUE THEATRALE
La Bohème
n'a pas encore pu obtenir le succès de l'an dernier.
L es éléments étaient bons cependant. ~JmP Lejeune
était cxcclknte dans Muse//~ ; ~J. ?llaucci, bon clans
son ràlc Je Marcel ; quant a ::\1. :\larihau<l, il elTcctua
avec succès dans Sc/wu nard son J• début ; un succès,
�-
tO -
il c--t yrai, qui ne deYnil pa~ .l\l •:l' dr lonp:uc ~lurrc> IH'las ! tl'ois foi,:; h l'la~ ! - Mw11 ). fut llt>unr apri•s
aYoil' joue aYeC la maitrise qu'on lu i conna it. :\lai:,, il
n ' v a ;·ien a faire ; il parai t que notre <lirecteur <le l' an
<ll.;rnier connait sl'nl lr mo)«' ll tlt> foire salle comble avec
cet le pi(\ce.
La Favorite .
li cpr~sentation offrrh' nux cl ames'. <J~ii ~· sont ~l'ail
leurs Yenues en fonlP, rèpondant a111s1 a ln grac1eusr
inYitnlwn qui leur ~·tnil faite - :\os ar t!stP:s y ont étL'
beaucoup applau<lh. Ba///f({::ar, <l1• l aY~ " Je ~ou:-,
oublia un moment le chrf d orchesll'c qu1 ballait la
mesure. mais en Yain . .\ part celn, bonne repn•sentation. :\'os compliments doivent se distriburr a parts
eo-ales a tous nos acteurs, qui sr sont bien comportés.
0
Les 28 Jours de Clairette.
:\'ous aYons, grùcP aux 21:1 Jours de ('/airelle, . ~er
miné l'année H10:3 e t commence l' anu ec 1 ~10 11 ùans 1 explosio11 tle la plus fra nche gail' lt>. Cetlr pit•ce, pleine
Jc> sitnationi:; comiques et a111usnntl's , csl une clc• celles
qui on t é·té li' mil'nx jou0L':'. sur not.1:c sci'IH'. <.: e ful 1~n
succ1•s pour la troupc> L'lllWI'<'. ()11 il nous soit pl'rnus
ccpenJant <le l'aire un lL·g-er rl'pro1·hr : j'ai ernin t :\·un
moment ([ll <' >,i,·i1\t·e-Jlic/w1111e/ tombal dan;; l'excrs,
dans la cbargi>. Il abusait u11 pr-u d<' IH bouffonnerie ;
et nous croynni:; rru'i l aurait obLPllll autant tir surces.
tout en se · <lis1w11sant dïmpnnwr : l Ïl'e la f'lasse
.:>lll'. .. une ccrtHine partit• d1• snn i11d1,·idu . .\1 ,\i m1cri,
tluns 11· rôl e dt• G'ilwa1rl. ~ag111· de plus en l'lu,:, a •Ire·
ronnu. Pl j1• crois <[llt' nn1i-. de\'ons ···~n· d" plu " 1·11 plu:-.
contents d'aYoir su lr~ ganl1·r.
Les Mousquetaires au Couvent <'L Rigole~to
ont fait <lerni1•rc111ent salle rn111b!e On 1•st sort i a
1 heure du mutin ... sans lrnp d1• l'atiguc.
Rigolel/o surtou t a soul1·y(• l c11thousinsmr. <ln a
npp la u<li U\'C(' rn'tl!""ic 11· t'I IPIJl't' qualllOI' chanll'· pa 1·
.\DI. Lcnllloi;; . .\lHt'esL .\ [mPs C1aldi11i rl Dargc·s.
Dison;; en pa.;;sn nt qu<' 11011s so111 11ir·s l1Jul l11:11 r<'UX
ù'aYoir rl'irou,·v .\I . .\!ares!, qui 1wu:-. a liir11 fait foule
dan<> 11111' crrtaine rl' prc•senlalion d1• Sr1111so11 1•/ Dalila,
où son remplaçant- osons 1<· di1°1' - sp montra plulùt.
au-dl'ssous de sa tache· E' id1•mm<·11l .\1. \ Iarpst. 1•s l
l'aligu(•, la voix lui 11w11qu e 11uclq uc·fois; mais il t'sl
.l<-n11 S\ll\l\llC'\.
au moins excelleut acteur.
1' f~CHOLOGI E
~011 s avons appris clnr~mt les vacances, qu'un de nos
anciens camarades . .Joseph de Lacouturc>, Ycnait d'être
cruell ement ép rouw par la mort de sou frere.
De Lacoulure est un de ceux dont nous aYons conservé le meilleur sou,·rnir : il compta Loujours parmis les membres les plus clevoués <le l'Association.
Qu'il nous soit pcrmi;; en cette triste circonstance de lui
envoyer ainsi qu'à toule sa famille l'expression de nos
compliments de condolé;,111cec; les plus sincères.
- l1n autre <le nos camarades, ,\lric, vient aussi
<l'ètre aussi frapp é> dans srs affections les plus chrres.
Son p<'re, .\I. \ lric. cht>valicr <le la L f>~ion d'honneur
vient <le lui i·trP PnlrvP par une mort rapi<le
Les nombreux amis qu'il aYail dl'ja su se cree1· autou1·
de lui et L\ss. toul enliPI'<' se font 1rn <lrvoi1· <le lui
exprimer la part qu'ils prennent à sa douleur.
- lln a ut rr mcmhrr dr l',\ss Calon. avocat, Yient
d'<\tre at lci nl pm· un clr·uil crnel: il a p<'rtln, il y a quelques jonrs ù pei1w son grand-pl'.·rc. La PrMence C11i·
c•ersitaire et tons ses camaradl's lui aclressent ses com·
plimrnts cl<· conclnl<;anc1·s les pl11s sincèrrs.
CONFÉRE:\JCE PORTALIS
Séance sole1111elle de rentrée du 11 décembre 1~10.1.
- La séa nce es t ouYel'lf', à 8 li. l 2. $OU:- la pn·c;idence d'honneur ile .\[. J<. t\oyen
. _\l'invitation tlu
. BrY.
burrau ont 1·vpo1Hln les plus impnrlautt>s pt'rc;onnalit1•s
de la mngi.;;Lralure du bn1Tcnu l'i de l'atlministration.
et c'csl ainsi <JU.au lnur de i\I . lè üo.vcn pri>nnent placl'
i\ l. Cabassol. lift lonni C'r dt• !'Ordre des \ yocnts, maire
<l',\ ix et consei ller gén!•rul tlL'" Uouch rs-ùu-Hhù1H';
i\I. le conseiller 111unicipnl Bailk, et cnlin .\DI. les
�-12 -
p rofesseurs: BouYier-Bnn gillon. ~Ioreau , Lacoste,
Audinet , Vermoncl, Bonnecanère, Delpech. Caillemer, Uémard et. Schatz.
En ouvrant ln sPance, ~1 ° Rcrmoncl, pn~sident , annonce que se sont excusés au près du bureau : M. le
doyen honoraire Pi son, l\I. le recteur Belin , l\I. le procureur général Cl-nac, ~I. le prn fosseur Césa1·· Uru , ~l°
Sylvius Da vid et i\l• Hippolyt e Guillib0rt . Ensuite, M•
Pierre Bermont! souhaite la bienvenue et adres se s es
remerciements les plus sincèr es aux per sonnalités qui
sont venu témoigner leur intr 1·èt et leur sympathie à la
Conférence Portalis. puis il trouve quelques mots pleins
de délicatesse et de t act pour demander aux étudiants
de ne pas laisser péricliter cette vieill e conférence qui
compte déj à 44 ans d'exis tence. ll montre combien
elle est utile pour former à la parole des j eunes gens
qui seront mêlés plus t ard aux lulte:. sociales. où la
libre discussion joue un si grand rùle, et où il s'agit
de convaincre, d'entraîner et souvent mème de convertir. Il t ermine en disant qu'il compt.e sur l'émulation de
tous et sur la bonne Yolonté de chacun .
~I. le P résident donne la parole à ~1 ° Gauticr- Descottes qui , dans un langage elevi?, nous pad c De /'A rbitrage in ter nation a l et d u JllouCJement p acifiste contempor ain.
~I. le Doyen se lcve à son tour . Il r egrette tout d'a -
bor d que , malg rl' les t endances p:1cifi stes <lu moment.
le temp s n' ait l,as désa rmé' de toute la journée et ait
ainsi forcé trop de nos soldats tentés. li remercie les
membres honoraires de s'i11scrirP les premi er s pour pl aider à la barre de la Confércnc<' P orta lis et espère que
cet exemple s uscitera, panni lrs plus j eunes , de nombreux imitateurs. li exprim<' tout.e la confiance qu'il a
dans la règle et la co m1w tenc·e de not re Jll'<°"' iJent , et ,
après avoir promi s le concours lrnbilucl des profcs·
seurs aux séances hebdomn<laircs et s alué <l'un hom-
-
13 -
mage reconnaissant les hautes personnalit és qui assis
tent à la s éance, il nous parle du suj et choisi par l'orateur. Il nous montre les diverses phases de l'idéal d'arbitrage à travers les siècles , les limites actuelles de son
domaine .
11 félicite surtout Me Gautier-Descottcs de l'idée patriotique qui circule dan s toutes les pages de son discours . Il es t heureux qu'il ait répudié les théories néfastes de l'internationalis me , et que, pour vouloir exprimer les idées bien françaises, par celà seul qu'elles
sont généreuses, il n' ait pas oublié la France. Il t ermine en exhortant les étudiants à s 'armer par le travail en vue des luttes que la vie sociale leur r és erve,
afin de contribuer à la g randeur de la Patrie dont nous
sommes tous les enfants. Des acclamations enthousiastes accueillent les dernières pensées de ce discours
et ::\1 . le Président lève la séance, après avoir remercie
i\l. le Doyen <les paroles qu'il vient de prononcer et qui
seront pour tous un précieux encouragement.
Joseph
BRY.
ASSOCIATION
A ssemblée Générale d u 17 Décembr e 1903
La séance es t ouverte à 1 heure de l'après-midi
sous la presidence d' Alfred J ourdan, vice-président ;
de Bottini , secrétaire, Combal, trésorier , Campion ,
bibliothécaire , sont aussi prese nts .
Le \'ice-Prrsidcnt donne lecture d'une lettre adressé>e par i\IutersC', qui a été obligé de partir à cause
de la mort d'un <le ses oncles.
De Bottini dépose sur le bureau du Président un
.
.
ordre du j our ains i conçu :
1< L' Associa tion prend une Yive part au demi qm
vient de frapper son Président en la personne de s on
oncle 1\1 . le Commandant Guide. et le prie, en cette
�-
-14 -
douloureuse circonstance <l'agréer ses sentiments de
YÎYe condoléancc. »
Cet 01·dre du jour est adopte à l'unanimilts .
.\lfretl Jo11r<lnn pnssc alor.., ln parolr à Bermond,
fr(•;<orirr de ln Pro<'CllC<' {'11frersi1airf', pour rrnùrc
compte <le sa grstion fin nncit·rr. Lrs comptN; du Trc;soriPrc: sont atlopt<'S el l'on p:i...sc nu Yotr des nouYrn11x ::.tatuls élnbo1·t's par u1w Commi ssion nomm0r
antcrieuremcnt à cc sujet. ,\ pl'i's dt• nombreuses controYcn•es le.:; nouYcaux statuts sont adoptL's.
Le Bureau <le la Prot•ence C11i1•ersitaire est ensuite
renouYelé: SPjalon 1·csll' gt•ra11 t ; \ achier est nommé
secrétaire-lrt'"oirier; et Emile I30raud, Bt'rutty, Bermond. Gautier-Dt'"Cottes sont élu::.. conseillers. .
Le Président passe ensuite à la question du local. ll
annoncr que le bail par lrqurl nous somnws régi finit
a la fin <lC:•er>ml>rc. Pt que. pa1· con..,1·qut>11t, nous somnw" libres de re::-.lt·r ou Ùt' parti1·. L'.\ssPmhlee Gënérale propose tl" conclure ;wcc ;\[. ( ~ rangrr 1m bail
n'11oun·lahle a uotr<! gré ù l'ùqu1•-; ou 1•11 ::-.Pptembrr.
Elll" thnrg•' .\ . Jomdan d'nllrr 'oir ~1. l;rang-er et de
lui prtiposPr u11 Lai! t'n cc sens.
On 110111111<'' ensuite ln Commission tlu Punch qui sera
olfo1·t aux autnrites rn ja1n-icr 1~JO't : Ellr est romposce <le Farnet. \'nchicr, Brrntty, Comanos, Béraud
Emil1>. Gautier. I1ennond. Gara~okyros, ~Iusso, !\foitessier. Andrieux, Richard. l\Ialespina, Louis Crémieux. Campion.
L'ordre du jour étant épuist\ la séance C'St levée à
trois heures.
Assemblée Générale du lH Décembre 1903
La séance est 011Yertc a 1 heure et dl'mic de l'aprèsmi<li sous la présidence <l'.\lfrrù Jour<lau. \'ice-Président; De Bottini, !:;è<.:l'l'lairc. Comhal , tri·soricr, Campion. uiblioth1;cairr, sont au burC't\11 .
Le procès-YerLal dr> la dernicre sl·ance est adop té
sans ob:>erva ti on.
Alfred Jourdan annoncC' <JUC' ~[. (jrangrr ne veut pas
conclure Ir liai! dans les contlitio11o:; p1·npo,.,(·r>s, ou que
d11 moins, il Yl'tlt pouvoir 1·é·silicr aussi a son gré à
Pùques ou a Saint-;\ ficlH·I .\ussi, le \ 'icr-f>r(•si<lent
pense-t-il 11uïl 'aut mieux. conclurc· un Lai\ f<'rnw <l' un
an avec les quelques rno<lificalious <lcmantlées.
15 -
L'Assemblée approuve cette opinion <lu \'ice-Président et lui délegue tous lC's pouvoirs nécessaires pour
s'entendre avec M. Grangr>r.
Le Secrétaire: DE BoTT1N1.
Bureau. -
Président: M~ Cabassol, bâtonnier·
'
\' icc-prûsi<lent : ~I· ~lu terse ;
TrPo:;orier: M• .\ll're<l Jourdan·
'
Secrétaire : ~I" Lambot.
COMPTES
RENDUS
Séance d 'organisation du 11 novembre lVO:J
JI. le bùtonnirr :-;ouhaite la bienYrnu" a ses nombreux et jeunes confrcres et leur donne quelques bons
conseils.
Aprh ces ]Htrnll'~ hienYeillantes, on procède a la
formation <lu bu1·eau.
Séa11ce du 18 novembre
~r·· Constant et LaYillc t1·aitent la question su1vante:
<< Celui auquel appartient un <ll'oit réel conditionnel
ou à terme sur un immeuble peut-il Yoir l'usucapion
courir immé<lialvment contre lui au profit du possesseur de l'immeuble sur lec1ucl porte son droit ? » La
confér rnce se prononce pour la negative qui a éte soutenue par ~I· Lavillr.
Séance du '.? dérembre
La question traitPe est la :rnivantc: « Le nantisscmPnt <l'un fo nd ùc c1immercc cumpre>nd-il le nantisse·
ment <les ma rchan <li::-.es qui sont ùans le magasin') »
M• .\oircl soutient l'afTirmatiw et Jl° .\lfre<l Jourdan,
la neg·aliYe. La cnnft'l'CtH:e . par 9 voix contre 3 à la
négative et 1 abs tcnlion, se rallie a l'allirmative.
Séru1ce d11 ~) décembre
l\1° Euzr>t t't :'II• St''jalon ... ont à la hnrrP pour traiter
la question suivanlt• : « L 'bypothequc legalc de la
femme mariée grève-t-elle les conquèts <le commu-
�-
16 -
nauté? » L a négative, soutenue par ~I· Sejalon l 'emporte de 2 voix sur l'anirmat ive, opinio n défendue par
Afe Euzet.
F..\•1•atun\. - (Juelques erreurs absolument in11olon ((lircs se sont !(lissées dons la liste des membres honoraires
publiés dans le n• :J;j du mois de décembre de la P rovence
Universitaire. C'est à titre de membre for1d 1 1teur et non de
membre honoraire que N{?,r Honne(oy, arcl1e1•éque d'Aix
fait partie de notre ..l ssocintio11.
JllM. Baron. députe, Coq, /,ombard el G. Fabre ont été
omis dans celle liste. ,Yo11s prions ces JIessieu rs de vou Loir
bien agréer nos e.icuses pour ces oublis regrettables.
ECHOS ET NOUVELLES
.. :\ous apprenons riue ~I. Hiperl, lib de ~ [ · Ripert,
avoue au Tl'ibunal civil, vient d'être reçu avec succès
au concours du conseil d'Eta t. Ce concours est un des
plus difliciles qui soient actuellcmc11l. Aussi ad r essons
nous nos f1'licita1ions les plus sinee1·cs et les p lus chaleureuse::. a tuutc sa famille .
. ·. ~1. Camil1 1> Peneau, ancien <ll'jrntl" d'Aix. professrur agrégé à la Facu lté d1' Dl'oil de Paris, vient de se
mettre à la tête de la direction de la Revue pratique de
L égislation et de Jurispr11de11ce .
. -. l'n de nos anciens camarades, CamillP Provcnsal,
president honoraire <le l'J\ss .. actuellement ;woué à Gap
vient d'avoir une fille qui repond au charmant nom de
Geneviève. Toul1' :> nos f&hcitations à l'heureux père .
. ·. :\ous apprenons qu'un de nos camarades dP la
Faculte de Droit. de Chéncrilles, vient <l'ètre fiance
a ''eC une des plus aimables jeunes filles de la ville.
~Ille Casquy. Tous nos compliments les plus sinceres
aux deux familles .
. ·. \ïncent ~larcagcri. qui uLtint au mois de juillet
dernier une medaille d'or pour sa thesc de doctorat
juridique, YÎent <lr soutenir aYf'C suc-ces sa thbe de
doctorat politique sur la 1Jéclarnlio11 des droits de
l'ho/l/me de lï89. La Faculle lui a decerné la mention
tt·,;s bien. La Provence U11iversi1oire lui n<lressc ainsi
qu'a sa famille ses meilleurs compliments.
Le Directeur-Gérant : JosEPll S1tJALON.
Typ
el Ltlh
P
POURCEL,
coura 11/rabe•u,
40.
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�BULLETIN MENSUiL
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niversitaire
ASS6CIATION GÉNÉRALE
- - - - - - - -- - - -
- =- = --· - _ y
DES ÉTUDfü\N'FS D\~\IX
SOMMAIRE
I> es C1111t rda rn11s dn Sanilice.
L allll'll Ltlik n.i1 l.H l l'
.ltha u 1> '1111-.
1.a 1·u1111• d1• 1,, 11 atio11 g 1'l'1·q11 c et <le
T J11'. n lialtl ï. 11 1.11 11
\F lh11 111\'\ll lraùuc l J h 1·ll1·111-.111.. ;'1 r."""11c1111•1t1 d .\J e,a 11dre-l1·-(; ra11d
L<t Cl1<111,,1111 d11 n·11t
I ~. 13.
Chro11iqu" Tla .. ;d ra le.
J. Kt.AP l' l·. llOZE .
L<'s llo11 1<1 11 -.
E B. l'l J 1,
( :01Ü<'I t'll"t' Po rt.di-.
.luseph Hn\ .
.\ ,.,soctal륥ll .
1>1 n.. 111,1 .
l ' 11" Sciin·" ù 1 \ ,.,,, .
L1rn11 -<;,.,:•.,
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Et i l SL' suil'icl" di· lcl1Jl1•s lc•s fa~·o11s CJua1ul uo ..,011g-1~
a tou-; l1'S mo.\ 1·11s e1111• 111111111111· a i11Yt>11l(•s pour -;e suicidPr. ù tous les rafli111·1111·11ls qu'il inYc·nlP cl1a1flll' jclUI' fi
LLIVIE
m.-
- -<...c...----· 61, Cours lirabean, 61. - Ail
p lai..,ir pou!' s'i·to111"clir l't s'ouhlic!I', pou1· s'anc'·antir et s1•
tlc'·charg1·r du t;Tand poi<ls de YÎl' qui l'accalile. on l'st
allcr1·i>.
L'n dPs 1111>t11's. l'i 111111 le 11wi11dl'<', q11i punsscnl J,,..,
j<·1111cs gf'ns a la di hauclif', c't....,t c1·l11i-l·Î : ln :rnrab1111dam·<' d<' YÎ L\ l'1•\11IJ1" l'a1111· dt• sa11l1· tj11Ïls 011!, linil pur
],.,., la,.;,.;<'r; l1•111·s '>Pils, l1·u1·s 111P111l1n·s, lo11l j1•11111•s. tout
frais. <1spir111I a u11 1· ël< IÎ\ Île 111lc•11se. <,>11elqut• el1<i...t• Il'-.
pouss1· a si· d1·1H·nse1'. L1· l1·u p d" vig-11<·111· qu 'i ls ont J,,,.,
i111111 1l'lt'. .\11s-.i <'1Jlll"L'lll·ils a\ '-c plaisir a la dl'liuu«l1 L·.
011 li•s lllèt1'l'li1•,., d<· nuit 1•al' d1•s l1·111p-; f'r11ids, lt•s lo11•rt 11•s
\ 1·ill1•s, Jps IJOÏ..,s1>11s qui IPur !'uni 111•rdr1· L1 noti u~ du
monde·, Li '1 1\111·1· uu ils VÎP11111·11t s't11ililiPr cummP da11-.
un b ain de· L..tlte d où ils laissP11t toujours un )H'll
d'euX-lll<'l111's. tou t cPla le11 1· pen11<'1 di· se dPba1Tas-.f'l' d11
trop pl<·i11 il< · ' i1· l'i Je• r1·1i11·1 •r 1•11 l'l-1;1t lllllït1nl d<·-. liomlllt's. li est d'1 \pi·rÎl'lll'l'. 1·11 1•11"1 l. q11<' la -;a11Ll' du co rps
<•st. j>Olll' 1111<· ;'11111• 1·prisl' d1·s liaull'Ul's t'l (•11 qui" l r tl'1;quilihl'e', u11 k-.t dunl il faut qu 1·11" "l' d1·po11illL' : et le
moy<·n dl' r•"sisl1·r a C'<'s 111ill1• "din·r liss r111<'11 l-. "• -;a11g·slll''i hic11fai::-a11te ·-; q11i -.\1ffr1•11t d • s1 li111111l· µ-rùt:e )'tl~ll'
cl1·lil'i1·11s1·111P11l 11· lui s11utir1·1· .' 11 ""l d '1·\ 11t·1·ir11c1• <fil"
pour Yi\rl' i11l1·r il'11r1·111 1· 11t il l'a11t qu 'uue l1·~l 1e i11di ..;pu,.,1t1u11 nous ral'l'' ' lk· di· nulrl' t'"'l'" a 1111lr1· ;11111• , l'l i'as'.il l'a hi <·11 ,.,,•11ti da11,., sa 1< l'ri .... ,. j><•Ur d1·n1a11d1·r .1 l)i,·u
11· 111111 usag·e clPs 111aladi1•s " < li11. il 1·-.t u11 1!;tl dl'
d r·mi-111alad11• lr1·s pr11pic1• att\ 1dl1·\w11s i..:-1'<1\'t•;-,, .1 !;1
yj,. 1·aln1P ,.[ n·1'ttt•ill11'. .. 1. d.111-> ,,, .., 111;~nil estali1•n "
hr11_1 ;rntt:s, la jl'lllll',.,sf' dnuluu1·c·u..;t•1111 ·11 l -..oupirr' <l!'l't'"
l'd!f' lra11q11illitl' · 1·orn111f'11l clo11 r Ill' p a s s1· co11ficl' ,\ loul
1·1 qui la pru1uct 1 1·01111111 11! Il (' p;1s ;1i11wr 1·d l'Lll d1• t'ati
g111' 111111!.> u11, la !1 •!1• l1111rd1· 1•1 Ir• t'11l'I'" 1111·1irtri l'11u :-<<'Ill
1·111111111' un ;n·a11t-goi'1l di• l.1 ni.11 l qui "l't>< •l'l1· l 1 t1•r111•ll1•
paÎ\ : <.:l's huun·:-. dïnd1il1·11L't' 1, ll1;11·;.:11J1te lli l la la::.,-itudc
�-18 des membres ne sollicil<' au cun lraYad , I<' rassas iement
des sens n 'offre aucu n<' <'X Î g'<~ ncc Pl tnut da ns le corps
est assoupi ; ces moments cl'ahnndon nonchnlen t à l'esprit. où. a près .<woir. tra qu e pn1· 1111111 ts d par .' ·anx PL
ex tcrmi1H' eu soi la bl'Lc, app elle de tuu L son !'pu1sc mC'11t
ln Yisit c J e l'an''"<' , - qui, i l <':ü v rn i, n<· ' ient !
CuriC'll\': SC'nti~nf'nl qu r <'<'L li• l'•'\' l1 <•1·1'il!• pnss ionni"r de
la r;incœnr et du dq~·oùt. dr l'an1t•1·t11 1111• ph,r si qu r C't rlc
la Yc ul L' l'iL' intell<'Cluelle, d 't111 i"lal d 'alt1111 ie mur tH' l'L
tl' abu11l 1c' r ng;ourdie, <k h<i ill1•tn1•11 l ' ng-111· r t de pan <liculatinn ; pn'radoxc YÎY;1nt q tt l' l'l' l nsc·1·lis11w a rebours
on malatll'llilemen t l'on fo r lilic' C<' qu'on Yollclt·ait tu1•r <'l
l'on 1wrd cc qu'on ,·oul:ut co 111111<·r ir ...
Lïwm mr rst un n111ma l <f UI s · s11 1!'Hl1' ; l' i il St' suicide J e l1>11lcs les fa\ ons.
\jH:es une 1!10 t int'~· hil'11 r c mpl il· [Jil l' 11 • l 1avuil, le Yoiei
cnn c 111l pal' 1 ap1wt1l a laid ,., 11 a 111;i1 1:.~" l1 ·s quPlq11cs
bo11c h1··1·<; necf' ssain' s pou r :-.tHtl cni 1· ses memb r P::, ; et
vient un monH"n t tl' é·q11ilibr1~ ou il s 1•11 t p;i rfaitc111c•1lt qu'il
a pris <lr quoi ne pl us nYoir faim , d1· qnoi a11::;si pouvoir
poUJ'SllÎ\TC avec le m1"mc Pnlrain qtH' 11• ma li n le tranli l
c:ummcnc:C:>. S'a1Tt'.·lc1·;1 -t-il ~· < ,lu t • 11011 pas. Ll• di'•mo n du
Yent 1·c a vi tr fait clr lui t'airP a\';ll1 ·1' . IH•a ul'nup ~' no n,
mais une ou deux hu11c lt1· t·s t'1H·ur1·, ju s t.1· d1• q uoi lui
<lunncr la somnulence el 1 ..toul'di s sl'11 1P11t qui !.> di spenseront de l'C\'enir <lu Le rre a lC'JTP du t raYail , q ui le
dép:rèYCl'Ont du sour i mali rie l, C' l ;111 xq11rl:- un c:1fc>,
loin J e <lé>l'larcr la guP ITf'. 'i1 •11d1·;i ap po rl t· I' rnmm c le
rallinc pinwnt eh a rg 1· d en 1t·lcnr et L'J>Î l'•' l' la Yoluptucuse langueur .
Je ne parl e pas. à plus t'ol'I P l'<ll son . du laha e <I p riser
ou a fum l'r , tle l'opium l'i du l1<1sl' liis\' lt .
CrO)' Ct·Yous qu e nous su~ 1111 s nu 1Jt1ul cl1· CL's narcotiqu rs J e l'actiYite humai11 r , des p rul' 1·tli ·s di,·11·:: . <le suicide lent ou Yiolcnt qu e l'liom111l' me t tous les jours en
wune 1 - La u poliliqur ,, n'esl- <·llc pas pour beau·
cou p. comm e le Yin et le.., liqururs, 1111 as..,0 111111oir ùc la
Yiri li1,·, t<n ltoutl'oi l' de l:i 1·011st'll'IH e et d1 · ""s 1 xiµ;cnc cs,
uu !' lrignoir dPs t'L'monls ! <)uellP diffi•r1• 11<·e f'ail'C' en tre
Ull ;igilalPUI' de foules<'! llll agitatClll' dt• t'uméc ?
E t en ~omm<" t ous les essais de " l'ealisa tiuu <lu p li énonwnc ''• d 1~ fab ricali1H1 dr lo ujours 11011' el l1·s i<lo lcs
<le,,tint'· cs u uou s consol1· 1· d 11 111a111 1u1· d'11 11 DiPu q ui uo us
l'orgl· pa1· l<i possession d l' di l' tJ.\. <{lLC' 11 0 11.-> fol'geon s ,
-
Hl-
t out cela n 'est-ce pas un b esoin cle suicide et d'anéantissement qui est l'<'.•bnnche maladroiLe de la vraie mortifi cnLi on et <l u sacrifice, comme le :\'irvùna es t la caricature ùc l'immolaLion mys Liquc :1
Mi,; 111n rnT- ,\ L 1-M ULLA - ZA of:.
LAMENTABLE BALLADE
SBédiée à. s:J'emobelle ..J'yk,rguerite ..Ssnard.
Esc110L1i! n1;,
0 1.:.s
l\ILs i::s
l1l
() 1n i9nu111lt' C(( 11 trrrrul 11
f) u i si IJ1 <>11 1·11ne: l1•s 1·r1·s
- . l i11 s1 'Jill' /'oty /1• 1•11 11•."' ni,-s
.Ir• co1,,111<•f.') q1·a 11d 11 ln·cr1·uclr•:
./ 'a y ntis 111a l<•s / P o l'11 111•1 1 1's
i 'u11 1· ( fl!fJ''' ir·e/11• l ml/w/1•
J-,'t lmil/a111 d1• p ii•f ,·<'s ,.,.,.,,
. 11/ /!Cil/' d e l'OSI , .,. a lyo l'etrl 1•
/ Jr1 />fu·a. . .e , •...,, " "'' esta,·ru.le,
L<·~ } Jfl!J' '·' .'Hiii ( <IP:-i r/f; ~'f•1· (s
1~·1 1il11., 1·1•du• 1111'1111 alt·acll'
. l 1wllou u ·,,... , 1• nlt"" {c•1·s.
T 1·1·s ,,i11y u/ 1i'J'e 11ar1atl,
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li1ym• d 'h aliilou/., d 'n1(P1's
.fr• it'ott1't! ma lu11y11P (ade
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f.'u11111tt' Sih·111• 1•/ .l/ 1i11ud1•.,
l·.·11{un(1•/el 1e 111t1 !"''''/.' .'
l.'111H11lt' 1'1•it1·es , .."panade
S't•n (1/luut ,.,, 111.t>nhn•.>; pairx
l 'u."i n•rs 1•011/ - " " dt;band<ulf!
L 1•.\ 1>1ir•11., /Jtll'/1•11 / rfct1t:s
./1• 1•1n11f1·uy.,,,,,·un 111'est1·oµade
Si Jl' /'"~ c1wu1·1• de.\ 1·e1·:> .'
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/·.) .1'r11J 1·/ns lu "'" /1ft/lrrtl1•
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1y - jt• /1i1•1' ft'.\ !/1'11.I" flttl' l'/'f,.,. ~
t'(llJHtrarlf'
."il l1i1•11 nr111•: lt•\ ,.,.,....,,
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�-
LA RUINE DE LA NATION GRECQUE
11
Lli
L'HELLÉNISME ET L'AVÈNEMENT D'ALEXANDRE LE GRAND t 1>
Pour comprendre le tl•' Yeloppcment ultérieul' de la
mo1·ale h1' lll:! niquc. nou s de'·.nns .nnns a1Tèlc1· ~li\ momen t sur le M elin t!t.: la 11at11ï 11alit1• l'i la pro<l1g1eu::.c
trn nsformalion tic la <:ivi lisn!ion g-1·ec:qu1', comment
elle s'est consommée en quat re sicck ::;. observe r et
apprendre a connaitre une l'poque sous plus ù\m l'apport to~tc nouYcllc.
.
.
. .
Dcpu1" la guerr? du P.l'loponcsc, l'.1 (,r~cc_ court auclcYant de ::-a rume, dune façon 11·1·t>~ts t1bl e, sans
rl'lour . . \ ce moment lù. les raecs et l1's Etats grec:>
ont ll1l1t fait l)l)Ul' se decl1i1 cr C'l -.C' dl'lrui1·r: le d ~st in .
sou,, la forme de la peste a .\ tla·nes, cuntr1buc JU ~lc
ment et coopet·e a ce tte wuYre lame11t;1blc .. . . 1\uss1 tùt
npres ln guerre, ~ p arte, .so rti e victo 1·ieuse de ~a lutte,
mainte nant sans nYalr, 11 a pins Jll'r:-.111111 r ù crain dre et
n'a qu'a soutt>nir k rùle qui lu i r.sL 1•cli u, tont cl 'impuissa11cr . . \ l 'intcri eur. l'l•go1 s1111' l'l la eupitlitr" ont. supplant e le Yi1:i l c·sprit dr. L_Hu 1·µ:11e, c·t. ~o u s le masq ue
<le la lt:o-alilé•
J oni on se COU\'1'1' lt .y1w1T1 t1• mr11t, se cao
chen t une pl'ofonde meli ance. unl' l'OllllllllllP a mcl'lum1·.
<lu mecontentement. :\11 dehors. on aff<·ctc une insolente 1-!rossièretl;. on u::-c d1' 'iolcnc·e à l\·g<ll'll J e tous
les faibles. sans dislincliun d'nmis ou d'enne•nis. Le
seul Lysandre, qui agissait en tout en honlé. peutètrP, après tout, consi<lér .. comm<' Ir type dt· la S partr
de ce temps-là . .\aturellPm1.mt. les autres p<.>uples ne
pouYaicnt tolèr.,i· eet cla l de cl1os1·s; mai-; leur premier essai, lors Ùe la g u<'1Te corin lhien1H'. <lr. s<'coucr
cc joug insupportable, arn rt a, le· poing Jp Sparte
rrtomba, plus lourJ. ::.ur IP cou J1·s autrc's l lellè·ues.
) [ais comme clic aYait com pll'l c·m,...nt l'ait abandon <le
son ho1111eu1· nationa) , au 1111imcnL du tl'aiL(• cl ':\nlo·
lriJos, elle p<1ya sans ~·lo i 1·c._ qurlr111rs a 1111e1's p!us
tard, ù Lcuc lres et a :\Ia11Li1wr., griice a la formation
t 11 l:o•schil'ltlr• der l<,tl1il,. Pr.-<11· alilPi11111g
rl ir· l.:U11k dei
und Ho111r·r 1011 Tl11•ol1ald Z 1·;.d1•1 tH1111 n IXX:lJ
C:l 1a pi t... \ 11
C:ri1•rl11·11
'.l1 -
ohliqnr acloptt'r s 111· Ir champ dr bataille par les Thehains, sous la conduite gi~nl•ralc· d'8p nminontlas.
P:n rr,·nnchr, .\tl11"nrs sr r elrvr de sa chùte profond e
de l'an ~(Vi, CIH'orr nnr fois. rt pan ·irn t <t un r nouvelle
pui s'lancc, il unr nou,·cl!P prosp<'riL('. :\fois Ir peupl e
tl'alol's ne n~laiL plus Lrncien; il .ma n cp.~ a it_ <le ~'indis
p rnsnl~lc, d rs pnt.s m?1'? UX. D1:S1r. cle .1~u1.r ,_ ni_sancc,
insouc1ancr rt lc >r[LtHcll1•, patnmmnr IH•1·edit,ure <lu
J) l;mos athC·nirn , so nt srs trnits caractéristiques
saillants. Les hommes ll'état athèni1'ns. les <lemagoO'Uf'S !lattent ers dPfauLs, rt n'0n sont pas exempts;
~ertains souffrent d1' maux plus graves, tels 'lue la
vcnalit é r t la 1·apae ilP. l ~ t pnr la, les emplois civiqurs
(•tant donnt'•s a des sa lari[•s, le peuple perd le goùt de
l'orù1·" et de la cli <>ciplinr. r t, avec son cspl'i t bellit[neux, o;a mor;ilité. L rs chefs n'en veulent qu'a l'argrnt , cessent dr se cousidé rr l' comme des strat<•ges et
np sont pins qnc des condottieri <Wcn turicrs, ne Yalan t
souvent pas mi<'ll\'. qur <les chefs de brigand s, assassins e l incendiaires.
Thèbes, seule, prend un pui ssant essort, fruit ré•rl
11'unc fore<• et d'unr régr•nr'ration morales. Seulement,
tout repose, - et c'est la carncté- ris tiqur de ce t?mps
où le tont s'rJfo cr l' t 011 l'individu s'affirme lOUJOUrs
clava ntagr, - tout rrposc· ici sur l~paminondas seul.
Snn o'll\'l'C nr lui sun·it pao; ; il sa mort, tinit la gl'andru r dr Tht•bcs, 1·r qui Pn r<'o; tr seu lement, c'es t que
T hc>bcs. ù coup <;Ù I' sous l'intlurnce <le son esprit.
partagl' a vcc . \ th ènes, la g loi re de _sa uYer lï1onnc.ur
de la (~recc, '-'UI' le cha mp <le· lrnta1llc <le Chèroncc.
1\u trait commun cl1' l'Ppnqur, a l'indiYiùualisme.
s ajoute celu i <l 'une seu le pt•1·.:;onnalitc_ <le grand ~ ".aleur , lorsque à la placl' <lr 1.1 <lèmocral1c ou d~ 1 ~l'l"·
toerati.-, nn voit la monarc hie jouer le ri\le prmc1pal.
D'abord. un princP thessalien, Jason <le Phere, ensuite,
mais avec plus cl,.. talent et dr bonheur. parce qu'avec
plus de YÎO'ucu1-. Ph ili p]H' <lP ~[act•doinc, essayèrent <le
s1• rendre ~rnitrrs dr la Lri·l'e. Les miliN1\'., gràcc auxq11,. . Js IP dernier n'uss il. n\·Laicnt en somme que poo
nioraux ; tant rp1r. son ad Yl'rsni l'C DL' mosthene, bcaucou p plus gra nJ r1u c lui, reste il1•bo11t, se p cr_so nnil~e
rncorc ic i l'opposition ,.n 11n st·u l individu. :\fa1g, Plnlip pc fut Ya in'lu rur.... Son illust1·e li!~, .\lcxanllre,
lui succr<l •\ , <• li•n· d'.\ri sLnte; et, avec lui , un nouveau
�-
22 -
-
principe npparut Jans l'his toire cl11 monde : la culture
g recque qu'il nvait reçue, qu' il s 'e tait ass imilêe ,
g ràcc à .\ris tote. dans sn fo rnH' la plus pure et dan s sa
plus haute perrrction, Al r xaudrr la porta pnl'l out ; il
la forme Yivifiante de l'es prit hell(• nique, il comm r nça
à fa çonner le fonùs inanimé de l' Ori r nt.
Thêobalù Z1Et;u11 .
l~x lrai t
2:3 -
Hf'outc: la d1ansn11 d11 11ent,
() Po11s. hir11 do.~ d(/ns 11os demeures,
Pr•11se:; por/iJis (/ cell.'C q11i pleurent
P a1111re.~, petit.~, 1111i11c11s, mourants.'
E. B .
trad u it pa r Fé lix Re rlrand
LA CHANSON DU VENT
.Sru•e:;-11ous ce <;_ue dit le u ent,
1~·1 ce que la brise m111"1111ire
L'été sous la clarté si pure
Des étoiles aux ne11.r dormant.'
E lle 11ous app orte a 11ec elle
L a claire cha11so11 d11 marin.
Que balance j11sq11'a 11 matin
Le ber cement de sa nacelle.
Le sifflement des Che111iner11uSans toit , sans co11c/1e, sans enPiP,
C'est la douce saison , bénie
Des mendiants et des oisea11.i .
En tende: - 11011s la 11oi.c d11 r-ent
Du 11ent d'hi11er dans la nuit noire
Et sa11e:;- 11ous la ~ombre histoire
Que ~émit le noir 0111agw1 .''
G_e ne sont q11e pleurs q11elle appnrtr· .
Elle dit a tous les échos
L es miseres cl les sawrlols
De ceux dont l'espérr',',tce est 11101te.
Hile dit le dernier oppel
D11 mousse en{(/1111 ri sou~ l'a bi111e
De tous ce11.r que le 1110/ d1;ci111e
F:n tendant leu rs bras 11rrs le cirl.
E lle gémit, 1·elfe 11oi.1: so111/Jre
Le cri des enfants e11 lu1ill1111s
1-,'t la pwzinte des ni.~illons
Perdus er grelottr1nts d((11s 1"11111brr.
CHRON~QUE
THEATRALE
La Taverne des Trabans dt> II . :\Iaréchal.
Yoila un opéra comique qui m{·ritrrait plus de bruit
autour ùc lui et un sort plus glo ri eux. C'est tout à fait
charmant. O rchestre snYamment. il foisonne c..l'inspirations heureuses et de dl·licie usrs romances qui ont
<lù h·iler le lieu-commun. L'orches t1·e au ~rand compl0t. rt Ir chœnr habituel du Lheùtrr augmenté c..les
« Enfants de ProYrncr » ont fa it merYcille. Le premier acte a empoigrn'· <lrs le chœur <les Trabans,
hissC:·. 11 n so ulcvc· d'unanimes applaudissem1mts. Si le
second fut u n peu langu 1ssnn t, la pièce s'est largemr nt rnUrnpéc dans la :mi tP.
l!:xcrllente soir!•e r1ui a fait sall e comble . Les actcm s
ont fait ce 11u'ils ont pu, parta nt cc q u'ils ont dù . Les
a ppl autlissenw nts le 1<'11 1· ont U·mo ignc.
L 'auteu1· pri'sent a ln n'pn'scnlntion a paru deux
fois c;ur la scène 011 l'apprlai t une salle ent housiasmée.
L' Auberg e du Tohu Bohu . - C'rst une farce
classique au d<'.•nou<•mcnt pre' li tirs le ll'Yer ùu rideau.
1•:11,, clonnc p1·<'h'Xlf' a utw tn•s j olir musiquette, pimiantc et pkine d<' eharmrs Lt's nctC'u rs ont éte rappce::; a la lin de chaciur acte.
Charles VI. - .fr con naissais ùe cet auteur La
Juic•c, et cl'la me s111lisait. Charles VI est un grand.
un tri·s g rancl op1"n1 srlon la for mule la plus archaïque,
<l\"C"!l' rilournC'll1•s, rorna neC's, duos, situations drama. tiquc's. complot:-. rt lr1"·molns.
Les acteurs l'ont clta11L1' avec Jwn ucoup de talent et
la l'UITel'lio11 de leur j eu art<· parfaite. Ils ont ('U l'art
cl 1· Il(' ll<1S L\lrr ridicu lPs cla ns df's rùlcs tll'mo<les et cjui,
1•a1· t;rln, \li' souffrent pas la nwdiocrite: c'est a-cire
qu'ils nnt l l1· excelk nb.
l
0
�La Clauserie des Bruyères et Bon heur d u
Ménage. - T roupe tlr pas:-<agr . . . . . . .
. . . . . « \)c pro1'111Hli:-< ! n
L<' J1·anw t!:-<I a f Pnrla11c1's s111'ialis tes. 1.c bon 'nga hnn rt lt> ma11Y:1is riclir. l .l' prPtllit't'. iHt0lligc1l1 cL t1·aYnillrur. L" sl'r11111l, l\1i 111·anl cl \101·11(·. C'f's[. tl'un poncif
t't d\111c hannlill' d i111agl' d'Epinal. .le crni::; bien C(lll'
1':1u leu1· a pris ,,on sujP I sur u11 0 c11uYerlnrc de
eahit't'. ..
Lc YatnlM·ille ..l'ai .lt>ja 111 <'l' sn.i1'I . .le> crois q u'il
appartiP11t ù. :'IL P rt'·rnts . .J e n 11:-.1' 1 aflirmcr. 'l ia is j'ai
1111;a 11111•!q11r part. C'i·sl un Ya11dr' illP ù s•' t!Pcrn<"lier
la maehoir1'.
Germi nie Lace r te u x. pnr la l1·uup1' ù Cliar liPr.
- Cr'lt1• pi11·1· nH rÎIP1·ait 11n :-<1111:-.-tilr1• : (,'ermi11fr,
1•011péc en .llvrccau.r. Jamais 1111 tH' YÎt pins hl)t'l'ilil1'
tran1il <l'apach1•s Pn mal d1• liu11d1eri1>.
C'('s[ l'aJmirnhlc roman dl':- d1· Concourt. lï1i:-.toir1'
toute iut<'l'i<'urt• J0 la pam·1·1· dn1111•sl i1p11• sc"ri .. us1• d
hon111~ l e. mais d1·jù aYa11n·r 1·11 ;Îg•» l'o1"tiq11r- c l u'ay:rnt
jamai.., aiml'. f'llt• a cqH 11dant un grnncl lo11d dt• tendresse a placrr. EIJP s'am1111r;1cl1L· dt> la p lus 1'1·anclll'
prtitr canaille 'luïl soit. .l11pil l11n abu..;1• cl'1·llc. f'l l11i
sachant rpielqnl' arg-Pnt la pr1·ssurP 1:0111nw 1111 Yieux
ci tron .. \ 11rl·..; l'aYnir rl'11d111' 1111·rr· il l'nha11clnn111'. EL
S011 :tlll:lnt l'am(>ne '111.'\ JIÎl'h d<'f_\Ti!dat ion-;, 01 11', Ja
petite ami0 pun' l't si111plc, ellt' ~ \'<l. eonrt commP une
bonne Yacltc men1"c il l'ahalloi1· pa1· 11111; t'lll'dc l'ata!C'.
Pour se consolc1· d0 sa Jll'l't•', 1·lle boit. .\fois elle
:s'e,,t attachée a lui scion la formulf' <l11 lil'rre, rllc
meurt a l'hùpital <l'ahsinthl'isme. le 110111 <le :son amo ureux au hord ile ses lrn'f''> pfil1•s.
Du roman prol'on<l !'! f11rl 1h· l' imp<'ccah!C' t"cri\•ain,
mutill'. ;,rctin1111(· <'11 pl'lils talilea11\ nn a tin· une pi1·eP
terne 0t sans inll·ri:·t. f,'acti1111 matHJU<' cnmpldem .. nt,
et l'on s'"nnuic
Le thé<itr<' ""' '" Ll11"al1· · l'l 11' roman c•sl Ir roman . .J p
romprünJs a la rig-11r11r, 'I lle 1011 mdt1· a la St'l'llt' 1.-s
! Jf'll.t' Orphelines, les /Jr1u· (,os.11•.1-, la />01'/cus1• rfr
Pain ou la Jlarchatlffr r/1• Flc111.1·. 1·0111a11s san"i lit1 1·ral11 rc. Ces ouy1·ag .. !':> n0 so1il q11r l'art ion l't 1 i11lriuï1r.
lrnt primordial du' th1"<'l l n• 1·t c·r s1•1·a t ri·s hi1'11 p ot~· la
p lus gr<rnde juic..: d11 pruplP pt l'r.i1 11 aura tin· qu'un
<l ramr ignohlr i1·un roma n p1toynb!P.
-
25 -
Mais j'ai t oujours vu des pièces emprunt(·cs à des
roma ns de psychologie séri eusr, ,<l'.étucles cl~, r:iœurs,
faire mauvais elTet il la sci·nc. J ai vu, e t J a1 eu la
même apprécia tion sur Sœu r P(u:Lomr11e, .les Frè,ras
Zenca ao1w . du mc\me ~ute ur . .J U1 ressenti la mt' me
impres~io n <lésagr(·ablr pour Péch~w·s .d 'Jsl(JJ1de, de
p. Loti , bien que le mo rcrau sr p1·C'te mieux au <lépeçage.
· J.,ai· eu , a· cet bl' sou·pc,
· '
1P m e· con t en t e~e n t. <le
.\lais
m'ennu yer aussi franche ment à la !·,rp r~senlat!on d~
Germ in ie coupée e 11 JIorcerr u.r . qnr J ~ Ya 1s .é t~ absorbl'
et attaché. int éress1' il la lecture <l e (, ermune L acertenr;, roman, le vérita ble ouvr age des frp res <le Goncourt.
J. K .
LES ROMANS
«
L 'ORGIE LATIN E (1) •
L '<Jraie latine est un rr>man mnl fai t et un mauvais
liYff'. "
Cn roman mal fait .. \ notre avis. l'inutilité <lu premier linc et d e l'l nll'l'lu<lc est noloirf'; ces <leux parties
bien dis tinctes n'njonten t rien an rom.a n, si ce .n'üst
quelqu es salell·s. La 1wi11 t ~1 l't'_ Je .\Ics:-.a lrnr poursmnmt
le crladiatc u1· Sepco.., suflh<11t larg0men t. .\I. Champsau~· aurait p u n<' pa:s no11-; <'~ hi hPr se;, bohcmicns 0rrant s l't Clau<le, \'0m 1wrl'111· gatrux.
L 'action offr0 0n s1)tnt11e \l l'll d'int1·n\ t : le dèsir touj ours rena isiiant cle lï mp<" 1·a t1:Îe<': jamais sa tisfaitP: on
voit cela @ommr uu rn:s patlto1ng1qu1' J ans u n !H\p1tal,
avec autant de 1légoùt. L<' <l1·cor r;,l conn u. lè cirque et
le lu pa na r . La bnnali t1" de la mor t . l't d.e l'amour qu~
peint .\I. Champsaur, 11'0sL P"" 1110111s .l11cleusc, malQ"rt'
le talent de l'nnt!'UI' . CJu<' l'an'ne ..;1' teigne <l u sang dt>s
crlaJi ateurs ou des chrdÎ1' ns ch·clii qtn'tés par les bêtes :
('.>
. d'ms ou J anii
que
L u~uri;1 1" tnlc !>a 11n11l1~ tl ans ses .iar
�-
26 -
une popina <le SuburJ'f'. c\'st toujours la mc'me chose.
L\•cœurement est in{•Yitahle.
:'IL Champsaur dit qui' son line n<' ~anrait èlrc immoral. qu'en tout cas il ne l'est pa" tlaYantage qu'une
ôtude de nu par exemple; qu'ici. l'nrt <lr l'êcri,·ain n'est
ni moral , ni immoral.
La question <>St de sa,·oir ._j l'a nteur de !'Orgie"" fait
œune d'art : mais. de P"Yc lio logir. pas l'ombre. Le
sujet Yonlait cela . dira -t-on . :'lfnisnl ors, pourquoi l'avoir
choisi? Lisez la préface. De celle-ci nous nions la s incérité. Pierre Louys aYait padt\ de la mt'· m e façon dans
son ayant-propos cl'Aphroclite. mais plus j oliment, avec
u!1e desin,-olture, un autre sen" de la phrase harmonieuse.
L'Orgie latine a t out à enYicr a Tacite et à Suétone.
mème et surtout le latin . On a dit av ec raison que la
gauloi-;erie tout e simple c'·tait le boulrt <le l'esprit français. Que dire <le la gauloisP1·ii> ronwine ~
L i> s tyle du poè>me or giaqu e es t loin (l'è tre lapidaire.
Lomhanl, dans sa Byzancr. nous avait donné mieux.
Les yeux « ar<lcnt » "bea ucoup trop dan.:; le palais impc'·1·ial et au lupanar. pour ne point fatiguer les nôtres.
En o:;omme, que 'oyons-nous Jans le li ne nouYeau
de :'II. Champsaur? l "n r oma n mal cons truit, dont l'intérèt es t vite épuisé. Le renom actuel de :,on auteur le
place certes au-dessus J e « la comt rsse G amiani » et du
« Portier <les Chartreux ». Pour trois francs , les graYures <'n couleurs sont soign<'Ps. Tl e:,t jus tr qu'il soit à
F. B .
la mode : :'II. Fas que ll e. rèjouissf>z-vous.
-
27 -
va prendre tles rrp étitions il forait bibliquPmrnt la connaissance dangereuse d' une jeune personne. ~ans qu'un
ami <le son t>-rand pi•rc n' avcrtii:;sr celui · ci. Cest tant
mieux pour lui, car il aurait rntf'o waissemnlabl cment
sa première avcntnre amourcusr, comm<· il a ratio son
haccalanr6at, et sans cession de novembre . Le seeour~
d'une jeune parentr , une jolie veuve, l'aidera à ce premier pas toujours diffici le.
Le livre est char.nant. C'est-a-dire comme les précédents qui font _<le l'autc.ur un i•criv.ain_ <le tout premier
ordre, le premier JH'Ut-drc des 1•cr1Yams du moment.
La phrase y ratta che mieux qu 'unr intrigue. Le style
est le seul ornement, ce qui vaut mieux que les photographies cl' apres nature qu'illuslrPnt les Pditions dP
livres stupidement plats.
La p einture des caractèr es de tous les personnages y
est trac ée , indiquée, sans y être inv estie .
L 'obeen·a tion Y es t constante et minutieuse. Les détails qui .semblent sans importance. mais qui cara ctcrisent un e sensation y sont saisis.
Lire une page clP cet auteur , c'est comme le plonger
dans une eau pure, vivifiante et saine.
Cela nous lave un pPu des histoires factices d'adul tères et de tout ce convenu de la littératme pour bonne
sentimentale. des états d'ùmes et <le tous les marcelpréYotism es, ounages de librairie. C'est de l'art.
.J. K.
Les Vacances d'un Jeune Homme sage
par ll cnri rlr H.:1;:-;u;R (1)
Les t emps sont peut-1\t1·p un p<'u trop r(·iolus pour
parl er dP cc <lnnier r oman parn en rno:L
C'est l'a~ecdote, sans intrig-ue. d'un p<'tit jrune homme
e~core ... Sit;ur~.' . et en~ore li mi de, Lien qu e sa première
cigarette soit <lep. Il vient <le rater so n haccalau1·éat.
Aussi est-i l ce nsé préparer son c·xamen de novembre
ch ez sP.s grands parents. Dan:-; la ville Yois ine où il
(1)
Jfr;·rnr1· dt F1·rt11n·.
CONFÉRENCE PORTALIS
Séance dll JK décembre 190:1
La s1;ancc est ouvPrlr ù R h . L12 sous la pr1~side nce
de :'Il. Bermoncl , pri•sidrnt .
.
:'If. le Doyen Bry, ussiste à 1.1 :-;<'ancc.
Deux mrmhres houorairPs so nt à la barrP : ~I " 1lC'nn
Prco ut et Calon. l\1 " P écont est président honoraire et
c'Pst a C<' titrr qu'ayant <IP rnmm encPr sa plaidoirie, il
�-
exprime a la conference tous les Yœux q u'il for me pour
sa pro,.,pé1·ite.
La quc.:;tion qui ficrure à l'ordrr <l u jour est cC'lle-ci :
« Ln conYCnliün pai? la(1uellc lc•s principau x p roducteurs J'une marc hanJ ise se sont cntl'llllus pour limiter
leur producliün et fixer un mi nimum de pr i~ ,à. leur s
prnùuits l'St-ellc nullr comme ayant une cause 1ll1clle? »
C'est .\I • Pccout tJUi soutient l'aflirmalive et il le fait
avec ,.,a chaleu1' el son doc 1uencc habituelles, q nalit r>'
:n1xl1uellrs il joint d'aillrur.:; une prnfondc :;cii>ncc rt
unû rrrande hahilete juridique.:;. ll nous mon tre que le•
principe tl_l' la libre c?ncn1-rûncr,_ qui est a );~ ba,sc de
notre re ~tm" é1:unom1qut>, c0n:;l1lul' u1w 101 d ordrC'
public el ~}tll' la cu1n-ent10? visce , f;worisan t les trut~: et
les monopoles , ne peut qu 11 trr annull-c comme contraire
a l'ordrü p,uhlic. L' n «cxte forme l, nou" tlit .\I• PPcout.
vient J 'aillPur" prohiber cetle cntrntl' dr pro<lucten r:;:
c\~st l'art. H~l du Colle Penal. et il ,.,' applic1ue a la conYentiun viscc ro111me le monlt'<'lll hi1'n les nombreux
ctrrèb Je la jmispruJence Pn la mati1"rc.
A cette argnmcntution :;erré<> . .\le Calon rrpon<l_ an~c
sa logique rroid·~ f't 1·1gourr us1' par un simple dtslù1go.
11 s'rigit. ùans la (1ll<',.,tion Ù1"haUue, clr.s syndicats de
t.lcfcnse inùnst1·i('lle Pt non Je•,, trnts. Le,, prem iers
:;onl parl'nitemcnt !égitimcs cl utiles. tandis cprn les
second'> ne Il' sont pas et c'est à c·ux r1ue s'ap plique
l'art. '1 l~l.
La conf<'1'c>ncc qui pas:;1' cnsuilr au votP -.;ur la question -;e rallie a l'atlirn1ati,·p par 12 voix contre 10 a la
u~ga tiv c el 2 ab5tt:11lio11s.
.\[. le DoyPn prt~ nd la paroi <'. 11 fl'lici lt• cl'nbor<l les
dr ux orntcurs : _\{• Pcrnul plus spi•cia l"menl pour sa
chali>u1· et son ha!Jil<'li", .\I° Calon pou1· sa correction et
son di"gancP . .\foi., il lt'ur rq)l'och1• : a l'oratl'ur <le
l'alli1·m ;\tiYr. d'a ,·oir 1•onl"o11du - c c"·tait a dessein il 1•s t
vrai - le., Jeux c:1'itt'•s dr !.1 qur.:;tion ; a l'o r a ll'ur <le la
11t"gative de ne pas les avoir assc·z nct.lenwnt ,.,rparés.
Repre nant la <lislinction, i11sullisammc11t (·Lahlic par
:\1° Calon. entre les Lrut~ et IPs sy ndic ats de <lt"f<' nsc, il
montre' tous Je,- anrntagc•s Ùt' ces 'ùcrnÎ<' t's et, st' rnll ia nt
à_ tri ni;gative, il c.:onclut a la validitv <lr. la conven tion
\ ISt't'.
-
28 -
2!I -
Sht11N rlll '!! jrt111•irl'
l~ll)'i
La s<'·:.incc· rst ouHrl<' a 8 h. l t2. \l• Caravokyros
01•ettp<' ]p faut<'ui l di• la pri'·sidrnt•r, \I• BPrnrnnd (·tanl cc
soi1· n la har1·c. - \ 1. Andind a-.;sis t" a la séancr.
La qul'sl io11 don t l;1 disc·11ss io11 met rn pr(~-;cnce
~[ "' }krmond <'t ,\hlio est ln sui,-;1ntr: e< LC' èrihu11al
saisi pal' u1w frmmc m:11·il'1' cl'unr cl r. mandc rn autorisation de l'airr I" comnw1·c1', nr· cloit-il pas rl é•clarrr ccttP
dcman(lr inPCP\'Hhl<' ·.1 11
C'pst ~l'' \hho qui so11tirnt l'alîirmatiYe rt il ]P. fait
avrr unt• 1·loq t1<'llt'<' rc111,·arnc1w Pl unP phrasr <>n11Y~nt
-;pirilnrllt•. 11 si' ha-.;r -.;ur l art. 'i du Codr <le ComnWtTC,
contre li'quel dit-il. 0 11 ni' prut invoqurr ni l'art. 2 LR,
2 Ltl. 221. 22 11 du ( .rnl<' C iYil. ni \r-.; trnn1ux prr·paratoirc.:; ; et il i11.,..oqn t> 1•11..;11!1<' une fon \1• <li· raison::. d'ordre
public s•' ramenant il la tlt'eC'ssite 1k sauYcgarJer l'autoritl' marital1• et tl"as:-;u1·c1· la paix dan" le:; m(•nng""·
jJe 13r•rmunil 1·c111·c".spnl<' 1lan-.; ln 1li,:;cu,:;sion l"c-,prit
no\ ateur oppose• a l oh<'·issanct> scrYilc aux tr::dcs, et
c\:st en 1'ffel au nom de> l'ltumanitc· et de l'ét1uitc qu'il
rc'•elamr l'intcr\'rntion dP la juslicr pcrnr la protectiun de
la fc_mmc con tre' les capric1·s ou lr manvai" Youloir du
mari.
Pas.;;ant nu votP. la cn11f1·r<'nl'•' par 8 yoix à l'atlirmativc contre ~l ;1. la t1f'gatin, se• rallie ù l'allirmati,•c .
.\1. le profes-.;<'tll' .\ udinl'l fi·licilr tout <l'abor1l les
orateurs d'aynir choisi un snjrt \Taiment juridique et
ensuit t' rlr l'a\'ClÎI' t1·ait1• 1l\111-.;si intclligl'ntc> façon. Sur
le fond il e,:;timr qne l'atlirmatiw s' im}iose au poi_nt _tle
YL11' du d roit 1·crit ; mai-, il l'ait 1·en1<11·q11Pr que la JUn;prutlencr l'0~1-.;a1:r1' un ~~·sli·me inll'l'l~ll~tliaire 7_n d1·e1 dant q111' ln Jlht1cl' 1'1'rnplac1'ra le man au ra.:; ù mcapacilt"· ck celui-ci.
,)1:fll/l'C
fflt
'}'./j({llt'/f'f" J!)(i~
L a séanc1' ,,..,, n11Ycrl1'. a li h 112, sous la pr1 .....itlcnce
de .\[" llt'l'llH>11d, p r1··,.,id<'nt. ~I. k pn1f_1·s..,ûnr f:acostc,
a -.;si..;l c a la ,.,,·;rnct'. 1, ,, tltlmhre cl1•s a11cl1tP111'-;, s dt'' ant.
cc soit' a :l L.•\l" lll'l'llW111 l ti1'11t a 1eme1Ti1~1· d a f1·licil0r fi.,, (· tudia11L-.; 1\1• lt>1tr zi•lt' d le,:; t'ng·ag-c il ~û
moulre r touj11u1·-.; a-.;:-;id11 s au\ seaners tl" la Cunlt•
rcnre.
�-
-
30 -
\J•'" nnnit'assi rt :\fonte! snnt ;\ la harrr pour clis-
l'llll'l' cctlt' <jue.::tion: « L' E11fa11l natnrt 1 reconnu pPut .
il 1;t1·c allopti> p;u· s1•..; nuti:urs ·.1 »
.\[ Honil'assÎ -,ciuticnt l'atllrlllatÎLlll ;\\"Cl' lotJ;Î<jllt' r.t
clarlP. il"" ha-;e sur IP<: p1'l'l't.. clP11ts histMiques. sur le
silence 1111 Codr en la mali1•rr , su i· la jurispn1dcnec cl<'
la C:nnr ck Î.<t..,sation C'I C'll(În su1· Ja lH'Cl' S:-.Ü{• qu'i l ~· i'
a anwlinrer la ;..Îtuntinn ck l'i,nfanl natu1·rl
.\l" ;\Iontcl, parlant ;1n'c aisn11cc (' l facili t1". recon nait (JUÏI faut, autant <[Hl' pnssililt'. ..,p montrer f<\\'Orahle à 1·1' ux qui ne s1rnl rp1c l1•s \' Ïl'limcs dl'S fautes
ù'antrni , mais il Jit qui' !'nu nr prul erprnclant pas
fair1' clirc a nnlrt> 11\~islatttin le contrnire Jp et' qu' l'llr
tlit. Ût'. J'adoplÎOU c\es L'llfallh nal11r1'l'i rf'Ct)llllU!:> est
i11ctimpatihlc aYcc Je.., caracll·1·rs cs.::1·11t1el ... <l~ l'nùoption.
La Confl' rc>ncc ynt e c>1isuitt> sur ln quP::.lion, rt se
rallie ù l atlirmatiYc l'ill' 17 Yoix contre l:l a la 1w~a~
lÎn' el :2 alio;tcntion" .
C'est au:-.si 1 npi11io11 tic .\1 Lneuo:;l1' qui , <IJH't' S aYoir
ft'licit<' ll's oralPur:-.. dit 'lu'on nP peut qut' s'en trnir au
silence lie la loi, laqurlte. nc th.ft'nda11l pas expresst'.•m1·11t , ttulorisc par eonsf>qur11t l'aclopt i011 cl1's Pnfants
naLU1'1' ls rrcon1111s.
Jos<•ph H1n.
ENalum. - C'est par suitP d un(· trPs n' gTettnhlc
1·tTPlll' typngraphiqtH' qui s' est gliss1'•1· da11:-. 11• drruic•t
11um1'·ru <le L(( Prùt•e11cc, que 'le 1wm de :'Il. l;irautl.
prem~er pr•·si<lenl Je la Cu11r d'appd 111· tigurt· pas
p;u·m1 le.., nom:-. des [l•' rs111111alit1•s q11i ont l1i<'n Ynulu
hunur1' r tlP leur pn·sL'llC't· la sl·a1H'<' de l'l'lllr1·e <le la
C:nnl'erence P11rtalis . .\011s t<' niuus a rc:l1•\ Pt", pour la
.J. B
ri"parer. cette omissioa
ASSOCIATION
.l sse111blù Générale r/11 /8 .lrf!1<'Îi'1·
/~111 '1
l ,;1 s1•;rnr•f" r.st Oll\'l'l'lt· ;1 ~li . 1/2. :\[ 11!1·1'St', jll'l.,sidP1il
\ll'r1 •d .lourdan. YicP-prl·sid 1· 11I . d,• llol li11i . st>n1"lairl':
( omlial. tn'• s11ri<'r 1·t Camp1011 . lnlil111th1·1·;ur1'. sont a;...;i:-
31 -
au Bureau. Lc proc<\s-vrrhnl <lc la <lrrni0rr séance est
adopté npri>s lecture. On JHh"e rnsuilr a l'Mcction du
nouYeau nurrnu. Tous !l's mrmhrrs clu pr/.cccll'nt sont
J'6tÜus. Be1·aucl l•:milP 1";t nomm{• srC'l'cl:iirr-ndjoint;
;\roi lessier port<'-d ra peau.
Le Pr!~sitlent se lt\Ye, rt, clans unr courir all ocution,
rP mercie :oes camnrncles 11ui o nl b ien Youlu lui témoio·ner une secüntle foie; leur co11f1anc!'.
" Vachier. r<1ppor teu1· de la Commic;sion clu Concert
d0 Cliari tP et Hcraud. l•lu pn•sitll'nt <le crtte Commission, font apprl a la hn11n1' Ynlontf> de· ll'urs camarades
c[ui voudraient. composi·r un à propos ou jouer la comét i<'. La date clu Cunl'erl est ll-.:i'•r> au ~>mars.
Andrieu, commissairr, ch-missionnaire, est rrmplac{•
par Berand Pierre rt Cnmpion .
Le tn:sorier Combal ren<l compte <le sa gestion
financiere.
On passe a la question de la La PrMenre Cniver~i
taire. ~1° S(•jalon. gl·rnnt clr c·c journal , <lonnr sa cl~1ms
sion et est remplaCl' pnr lkl'l'utly 1»lu par acclamal10ns.
On vote ensuit<> c\Ps fc"licilations a .\[• Sejalon, nommé
o-érant-honorai re. rl a \ ' acliicr, le dP\'Oué t1·c'·soricr, qui
~nt tous les deux rempli leurs fonctions avec un tact
auquel tout le monde rrncl hommage.
Soutier est nommt' commissairr de sun-rillancc. Il
est charg-0 <le la policl' cl1•s salles.
Yol , rapporteur clr la Commission du Punch Otficicl,
proposP la <latr du l ''' fc•\Ticr. Cette date est acluptèc.
L'.\ssemhlPe Gt•néralc Yole une ':>Omme de 30 francs
pour les Fètes de Charile du CarnaYal.
La seance e!'>t levé·r a LO h. 1 '2.
Le Secrétaire
ÜF.
Asse111hlù (,(11,trale r/11
.-1
BoTTINI.
F<:,.,·ier l[ln'i
La s{>n nL'C est oU\'l'l'lr :\ ~l hrur vs sous la p1•1•sidcnc•'
ùe :\l uL<' l'!"l'. presillcnl. LI' Bun•au l'Sl nu t•ompld
1.e pri:·c(•<ll'11 I procc..;-Y1•1·lial est adopk .:;ans olisl'rYalions .
l ,1' Prl'sidr11t clnra11' l1'c·t11rr de> ckux ll'tlr\•s f{lll ' lui a
�-
:tl -
;vlre>s--eci' Carasokyros, 1\l'mandanl a intl't'pl'ller IC'
Burcnu au sujet d'un incid(' nl qui s'e>.:;t prolluiL au cours
<lu Punch ulfl'l't a ux autlll'ill•-> et aux nwmlir<'s honorair1'"· Pm11· pcrnwtti·c la li\11·" di:,r11.:;sinn, le But'<'au
<1ui. n la s11ile lie cc-; 1•\·1·11C'mr. nt" aYni t thHu11• Ra demis~1011, la l'('tirr p10Yisui t'1'll1C't\I. . Pr1•11nr. 11t. ln p;1role :
CtU"HYokyro"I. J .-B . \lillc, \ 'nrh icl'. Yul. Bcrmnnd .
l1 nh1•rt .Jo11nl:rn. ~[11rl!'mart d1• Boi ss1' . ,\\lt·ed Jourdan
'
~In lcrs<'. <'lt'. . . . . . .
La clt\lure es t pt·onn ne,;r a 111ai11 s levi"cs. Deux
1wdrcs du jour "ont propos1•s: Carnvokyros propose
l'orJre du jour pur et simpl(', à la "-Uit<' duquPl, le
Comité aynn l donnl• sn d1•mission, il dPYl'a (~Il'<' procètll' à tir nouvelle.:; Pledinn.:;. L<'s 1·a111arndPs .J .-13.
~li.Ile et Yachier, prop0scnt un -;1·t·o1Hl ord re du jour
q111 . t out en re~rcttant 10 fait ac('ompli, nrcepl01lt, à
Litre <l'indication, la Ll1»mi..,sinn du Bul'enu Pt lui reodent en même temps ,.,a conflancr· !'n bloc. L'ordre du
jom· pu_r et simple ayant la prinri ll' dP droi t es t mis
aux Yo1x. l11?pou.;st• pni· I<' C0mil <'. il Pst rejeté- par
!',\:,semblée par 2\) YüÎX contre LO rl 'i abs tentions .
L'nl'<lr1' du j oui' ~lille-Yaehirr. auquel s'est rallit'• le
l311reau e~t eus uit r mi -> au x YOÏ'\. 11 Pst ain si ro nru:
« 1.,' .\ s-:emul t'·r G(" nérale, saisi1' pat• 1 i11lcrpPllation't1u
camarade Caravoknos. de· lï nt·itlPnt dt1 Punch
n·p1·ouYe et tl1>plorc Ir l'ait acrompli, app1·nnw so~
Bureau. qui par sa dl'mis-,itm a hault·nH'nl manifest1;
10 sentim•'J1t unnninv• 0t sa 11\·r~;11·<l!• l'honneur <les
p1·incipe.:;. accepte. à ce titr0. sa ~l 1·mi s...; i o11, lui n'iti're
~a cuntiancc et pass" à l' nrcl1:c du jour » Cet or<lre du
JOUI' ""t a dop tl' par :n YOÎ'\ 1'ontrl' !l Pl:\ nh..,tentions.
Le J>n·si<lL'lll rem1•1Tie au 11om du 1lt1r1•au c:cs carn aradrs clr la nouYf>lle conliarn·<' t!1111I il-. YÏP111w11t <le
1 inwstir.
LP Pri•sidenl <lonnc lrctu1·P d'u1w IPt t rP rlu ramara <le
1.H·ra~<l. qui. l'la.11t so11ffra11 t. m• peut conti nm·r ses
loncl1011s <l1• Pr"s1dc11l de la Com n1i -;sion dt1 Concer t.
)Juter"'C' trnnsmctlra à Hc.,raud IP-; l't'gT!'ls unanimes
J,c~ l',\ sscmbl1;<'. ~~<lcl1· Pst ailj ni11~ a la Commi,.,-; ion <lu
(:oncerl; ccll_c-c1 s<'rn rnn' 1><1111'r· par Ji. Pn·..,icl1•11t de
1 ,\ si:;. pour faire face a r0 n·grl'LL:il>I<' i'•\1•11 0mc·11t.
Lrcl urr· rsl don n1··0 <l'un0 li•t ll'C dr>s 01·0-n ni sn l<'11rs du
CungrC:•,, <le Turin, r0nwrcia11t 1 ,\ ss. cl' ,\j, Jp son
-
~3
-
a<lhesiun. Le' Bureau étu<liPn1 l'vrganisation <le la <lt':lé·
galion.
L'u1·tlre du jour 1·Laul {·pnis1", la s1·ancc· est levee a
011r.c heures cl <l emic•.
Le Secrétaire
DE BoTTll'il.
tJJN'E SOIRÉE A L'ASS.
Cc soir-la, l'.\ssociation dail (m f1~l<' : :-;un balron,
brillamment illuminl' c l <lt'·co1·1~, l'annoni;ait au publir.
f;lle offrai l, en effet, son punch annuel aux autorités ile
la ville et aux mcmbn's honot·aires. Les invitt"·s étaient
venus. comme Lou,1ours. en g-rnn<l nomb1·e : a ln tal>I<'
d'honneur se tl'lJuvai1•11l ~I · Cabassol. h;Honnier et
maire tl'.\i x; ~l. Con-,tant. p l'Ol"Psseur a la Faculté des
L0ttres; ~I . .\1Tig-hi, nvonlt g1'n1~rnl; ~I· ScolarJ ;
)1. Cat; ~l. l\oux · IPs pn•sidPnt s honoraires. Heylrnud,
Bouquicr et Sauvd · les Ùi·legiH·s des cercles J e la ville.
<le la P1·psst'. ek.
S'étail'1ll faits C'\.euser: .\Dl. le Suus -P1·!'f'et; le sénakur Lc•y<le L ; Barnn. dvpulc !'L con-.Pi ll er gén(•ral ;
~I. le Pr1'nti01· l'rl'sid1•11l ; ~I. Ji. colonel Lupo1·lc. commandant 1l'arnws; ~ I ~!. ll's pror''"'"l'Lll'S des Faculté,,
<l'.\ix ; ~l le p rnviseut· dn Lyréc. et un gr.111<l nombre
<le magislo':lts, 1l';worals et d aYou1·::1 ; Jt. le pasteur
proll'Sla nt ; les rcpr1.,sentants Je la Chambre Jes
110laircs, et un c<>t·Laiu nnmlil'c de membl'es honoraires.
:\otre présiJt•nt \1 uter..,r, t·eme1·cir ceux qui ont bien
voulu acc<'pll'I' 11ot1·0 invitation
Discours de Mute-rse
:\l1.»s11 l ns.
C:haqul' anncc, ù parcillt.! 1•poq nc. les 1·tmliant.:; sont luul
heui•cux <ll' yous retruu\'e r 1ri l'l <le sais ir t'elte m·casion
qni leut' est offerte <le \t1US L'Xprtm1• r par la boue.hc <le l'elui qui al honneur ù1· parler en leur nom h•-; senl1menh <le
rcconnai">S<llll'C qui ll's a11i1111•11t ù Ylllt·c L\;an.l.
M1.ss1lll'll~
11.s
l\lt>~lOllF"' ll o\llll At nF.s,
\ ut rc en1H·ou1·s 11011'> t•st. \'1H1s le '-Hl'L'I, plus parlit·uli1'·
relllent prèl'icu'\ C"cst \OU" qui. par le haut appui moral
�-
:-3l1 --
et malériei que vous Youlcz h1cn nom. pr1\t.r r , permettrez à
celle' a,.,,.,11c ialion <le consener le rang qu'elle occupe e l de
l'l'mpfü d1aque année la 111 issio 1~ q11 'ell ~ s'es t .imposL'~·
Cell e misswu vo ns la c111111a1sst•z: 1 .\ ssoc ialwn c est le
IÎl'll moral qui nuus groupt>, c'est la Sl>li<la1·it1; qni nous
unit. \olh aYlHb hau111 J e 1·1· lil'u lunll' cause' de trouble
c l tout suje t <l e di..;1· n~sio11. lei Yi1·i~lll·~il s'l'teintlre les pass111ns el k:; ll1t1es. qu1. chez nous., a111a11l tl t' 1 ar~ l eur irrélkc hi e Je la jeuue;;:-c. 1'l'c·ust• rail'11l lks "l'jHlralions plus
prnfo11d1•s l'i 'plus i11fr;11H:li~sst1liles 1•111·111·e. qn t'?l.rc ceux
qu e mnd1•re Je lt•ge r scepli1 hill L' que d11n11r l 1"qwr1ence de
)a Yil
De n'lle uniun que nou-; a\'lms !'l'tiPe c l maint enu e que lqudo1" au prix d efft1rb r1·els e~ lll l;ril uires,. ne pouvaient
,,,orl1r que Je huus résultais l~l'J'~ l1•s plu-. ~le1•oue:-; ù entre
11ou". p·oupc:; en 11m· 1·um11~1,.,,.,io11 do11l l ;~ r<l cu r .11c peul
fo i ri· prc..,ag~r que tll• b~n,., !'1•-,ul ~ais , ~~·;11 a dl ~n l a o rga111,,.er uolre Cuncerl ÙI' (.l1ar1l1'. ( .l'll1• Id e qu :. <" ha que an11c1·. huus ~wrmct de distril11i1·1· entre ll's l\'ll\Tl'S c haritable,., clc la 1ill1• poiur plu" Ùl' 1 l.100 lra11l'S de -.ccu nrs , tunsti l111· la plu-; belle ma11ifeslal1n11 C\.lt'l'Î1.'u1·e de noli·e .\~so
l'Jal11111 : c esl la plu-. gl11ric1i,.,c trad1l i11n que nou s aien t
Jj,,.,. 110-. pn;ù,>ce::.:-;o·11rs l'i l'elle ù laqu1•llc i11111s. restl'runs
h• plus ticlèlenw11l a llad1""· 1'al' l'll1• r1ïwi11l au ùes ir lt: plus
a1'de11 l de nos co•u rs. n·lu1 ù1• s1J11lng«•1· lt•,.; 111alhe111·c11x !
T :i11d1 s qu ai 11 si il's uu :-; t1·,l1,1ill1•i tl, d a 11t1 ~s s app_r•:·lenl
il ;illl'I' t·1·l•·l11·L'l' l 1111ion d1• d1·11x g1a11d1·s 11al 1011-. \'1Jlsi11es.
);ou-. 1n• 11s ,.;111· le ,.;u l d' l t di1• re\'11 n · q11 elq11 l's jour:; Ju
suu1t:11ii· d1• eell1• pag··· glo1·ie11,.,e de 11olr1• h i-.loil'L'_ qu~ nuu s
1w111ll'e 1111lre arllll'l' t1·io1.n pha11lc pl'uda111anl la vi cloi 1:~ du
dru1l el l.1 J,;gilinw ù1•s ltlirl':< asp1 ralio ih dl's pcupll's l a nJis qu'n lt1111 ie les chLfs cl Etat 1·l'ha11gl'ronl l acco laùe,
"' mlwle de l'u11i1111 cl de la r11nc11nle, notre han n iè re llultèr a une foi,.. <le plus snu-, le cid d 'J la lie. a c1î le de. celle:;
Je toutes 11 s .\ssucial1011s dr~ l 11in•r..,ilcs Fra 11 ~·a1sc-.. a
Tur111 eun1111e a H11rw· 'ibl'l·ra J':\rn1· d1• 1.1 Fra11t'I' l'l. L'll
llll~mc len1ps que IL'" J,•l1·gu1•,., d1·-. l'ha11il>n·s d1· c1mrn.1el'CC
fran~·a1:;e,.,. nuu:::- prend1·011-; 11olr<' p;il"l a 1l'lle g l111·icu"e
manife:;lalion. qui ,,e1·a. i1111a,.; Yunloih 1 espèrrr . p11111· ~olre
pali i1• 1 1\·U1 rc d une 1111uY1·llc cl lun;;:ue JH'rio<le J e paix el
de pru.,p1·rité.
],• Yuus <lerni-., :\lcssi1•ur,., 111-. :\l1•11ili1'1's h1111orail'Cs. Cl'
rapide aper1·u de nolrt• 'ie i11ll·rie11i·c. <'I si, l' a.1 anl l'n~.euùu,
1ous ue rcgrellez pa:; dt• 111111s a1ui r do11iJ1• 1ol1·1· csl un c et
Yutre appui. je ne nw repruclierni pas .J a1•o i1· dit toul cela ,
uu l'is111ie m•'·mc J'avuir ahusl' <ll' 1oli·1• bienYedlaule allentiuu.
Je remercie luus J,.,., l1u1111111·s pol il iq11 c-. qui, s:1ns clis tin c·
l11111 1cuknt bie11s111h"r'L'S'>t:I' ;'1 noir<· Assucialw11. c.:l plus
parliculiercme nt les rep1'l"se11ta11ts de la l'ille d Aix , du
bienve illanl accueil qu'ils nous 0111 loujours acC'orde chaq111' foi..; que 11 u11s avo ns c·u r r <'< >urs <i c·nx: je Y<'llX nomnwr
M:\l. ),p~·d e l , Ila ron <'I Ml\<l ll·s conseilh·rs gt•nérau\. dl's
Bourltes-d11 -Hl1ù11l' , je prie plus p<1rlil'uli1•rcrn1' 11L M. le
l\lairc <l 'Aix J 'ag-1-<·c r pou r lii1 l' i pnur S1J11 ConsPil munici
pal nos sP ntim l'nl s lrs plu s rcl·o 1rnai ssai1tc,. l·: n trop d'u,·c:n s ions d (~jil vous 11ou s a1cz pro111c• volr1• tl1;Yo1lni enl pour que
nolrc r cc·1111t1ai s..;a uc1• 11e 1ous sui t pas ru retour d1"finilivcme11L ;11·quist•. l\lais nous :<ai~isso n s lu11jo11rs tOHll'S les occasions qui nou s s1111t offerlt-s d1· la i11a11il'es l<'r e l \·uila
pourquoi je m'en ,.,erais vo11l11 de ne pas insi,.,ler t•e soir
plus s pfr ialeml'11!.
;\[onsieur le profl'-.s1•ur. je YOus remerl'ie cl av1>ir Lien
voulu rcpondrc a llll[l'c appc·l. d';,u laut plus que vu lt·e pl'ê·
sencl' nous rs l pJu,., parlinili1·r1·nicnl rfro nfnrtantc. L As-.ocialion rl'gr et lt', l'H l' fÎt'I IHl'll Yivement J e ne pas eomp·
lf'I' r1· soir a u nombre Jr> "t'" lu'ites u11 pins ~ranù i111mlirc
<le pl'Ufcsseur-. <lc•s Fal'nlt1•s d'i\1\.. l~llc :-;'t•tnl111e que, mal"TL' Ùes J1•1iiarclw~ ,.,,llls c·,·sse r<'i l•"ri•t:s daus l'l'S Jix der ·
~1èrc>- ar111t'•es ;11 l'i' unl' inlassaJ,Je palit'nte. <les maitres
qul' nou s -;e1·io1is l11•11 i·c•u'\ J,• vuil' pa1·n11 nous pl'1' 1111t•nt
touj ours poul' pt·l'lexlt' des l'ails <1 U:1.11uel ::; nous somm es
resti"s élra ngc•r,., pour i'l •f'll sc1· de s'as-.ol'Ïel' nux fètcs des
l'llllliants. El noire cll'l'1111rage111 1•nl e:<t d a11la11I plus grand
q11v 1Ts \ïeillPs lrnd1ti111h se rn ai nl ie rin eii l , alo r•s qut> chaIJlll' ann1•e qui s1· s11Cl'•·d1· ap p11rl 1• d1• 11n111bre u x ehangcmenls pa1·mi les pl11s je1111<·s 1n·11l'c•s-.e111·s dl' 11us Faculk-..
Je remercie <·g-ah•n1l'11l ;\l1•s:-;icurs le' \l l'mbr1•:-; J e la :\lao-is tralure. La l'l11pai·I d l'lll 1·t· 1111us '1111s au1'1111s dl'ma in
pour jugc·s ou 1 our mh e rsaires reJouluhll',, t>l sunl ~out
heureu:1. d apprl'ndre ;\ \'Oils connaitre ici ::-.ùus un ;oui·
moins Sl'\'l'rc
~ou-. somnws hl' Url' ll X dt' t•o111pler parmi nous <les re·
pr~-.t:'nlauls de J\J.·,.,-.1e11i·-. le-. a1·01it'·,.,.
.
Je "uis hie11 ais1• au-,,.,i d,· -,al111•r id lruis d,• 110 ... prc-.1d1•nh hul1Ul'i\Îl'l'S: Ho'_\ li.1ud. dPll( (,• lllllll e-.t parliculÏt:fCffil'rll l'her, l'ar il est "·lruil1•nw11l li ·" ;'t relui de 1wlrt' _\,_social ion <lolll il rut 1111 dl' uns 1'1111dalt'lll'S Btiuquier, qui fut
prc-,qut> 1111 "l'l'UHÙ f1111da l<'tt r dc_1·l'lle \ «~oc1at1_on. l'al' ..,on
d1;1011me111 1 a ,.,au1t•c ;1 cerla111 momenkrtliquc de «on
c·xislencc.<'l nutr1· ca111t1ra<le Sn1111•I. L'idin. qui es t Clll'lll'C
L1·op des nùln•s p1111r qu tl m1• snil n1'l'L'::.::-.ai11• <le rappelc1·
les sc·rY Îres qu il nous a n•111lus.
Jt> pi·ie \l\l. 11·~ 1lt'•h'g111•s dl's C1:rdes ile lransm~ltr1' à
c·1· u\. qu'ils rL•pn•senle11t l 1•\ pre-;si11n de nos "cnl1meuls
lii 1•1 1 dt•\'uUés.
Je l'l'llll'1'1·i1• enf in :\1 \1 '"" rq1 r1•,.,e11la11ls UL· la pres..,e d1•11t
11' l'UllCUUJ'S pn'CÎell\. llUU,., a l'lt• SI Sùll\Clll acq111:; cl l(UI ont
�- 3li tant <le fois prL•té ù nos r nlrl'pri ses Il' si 1>uissa11t appui de
kur pnhfü·ilL'.
C l·sl ù 'ous tous . .\h•..,,.,i1·11r-.. qu 1•11 le1·m111a11t j•· i1.,ve
m ou \l'lTe en prurlarn:rnt u11c fois de pJu., la ,.;Ïnr(·1·ilt' dl•
nu<>
"l' llll111 C lll::. l'Cl"tHlll(llSS<lll t " .
.\1 ° C;tl>a,...snl se n•,jouit dt· ,.;1' troll\ 1•1·
Nil milÎ L' ll du
J);111s 111\t' brillante
Îlll[> l"ll\'ÎsalÏ1lll il 1"..ii1' Ïl1 [ .\,.; ,.; d1• s;t [ll'clS[ll'l'ÏI•• l11t1jtllll'S
er111-..,;111lt'. 1'1 l'1·111·.m1.1g··· " 1·11111 i11u1·1· dillh 1·l'll1• \ 1>Î1' :
)llllll' -.a pa rt il 1111u,.; p1~mwt ..;ll111li"·,.,1111· c1111cn1u·s. L'11
tripll' lian -.al111· [,.,., par11l1·s d 1· 11e1l1ï· "·' 111p.1tl1iqu1· maire,
11ui rnt tnujnurs Ull a111i d1•\"0lll' d t• I' \..;s
.\1. Constan t pad1· de l utilit.- d1· 1 \...,,.;1)L'iatiu11 au
pui11l d,_. \'lit' dt' la ,.;nlidaritt"· 1·1it1·1· 11•,.; d11dia11t..;. l>;111s
11111• 111·11,...,·.l' plu,- larg< il 1·n11 .... id1·r·· l1•s ['l"tll'h<Iillt'" r... 1, .....
1111ÏYPr-.ilain•,- d1• T11ri11 1·111111111· d1•\ a11: d1•11 dr1· l'l'll<,..olida1 tl1-. •'ltll<' 11·-. ..t11dw11ls d1· (1111-.11•1.\" I.e di,.;1"1111rs
d,· \1. ( :011:-.t ·1111 1•..;t a pl11-.il'111·,.; l'l'['l'Î"•''• nrnp1· par 1k
eh.1ll'lll'• ·11 x il [ > plaudi,.;s1·1111·11 l s .
:\un-. 1·11k11d1111s 1·11...;uilt- .\ [ .\rr1;..:l1i: q111•lqut•s 1•ar1il1•s
pl 1•i111•s d 1•s111"it t.'I d ' li11muur ,.;01111•\"••ld le•,.. r11·1·s d1•] ;1udit11i1·1•. l.1· di -. li11 g-111 · ;1\·1wa t ~1·1H·1·;d s".1,.,si1• d au mi[i,.u
J,_..., <•p pl ;111di,.;sv1111•nts 1111a11i111t'"·
\I Cal le· ' .\ 111patltie111•· d po['1tl;1ir1• adj11i1tl; 11· [ll'l'·
,...jd1•11I liu1111rai1·1· l\1·yl>a11d . 1111 c[,. 1·1•11:, •111i 1·n11l 1·ili11è;·1·11 l
a l'u11d1'r !'.\ ...... . : J>1Pl'I"•' \ i1•1 g·"· au 1111111 c[,. la l'n·,.;sc
Aix11Ï,.,1'. purk11t d,,.., lua-.ts a ~111lre· .\ss11C"iatio11.
L a ]>•ll"lÎP al"l1..;tup1t 1·111n1w·111·1· p ;11· la " l'ur1"1· n.
clw11l1·• · p:1r 1wtrc L'lllllar,1d1· \ln-...;11 .
n. . .\Iol'll'lllilrl nuu-. t'\t"l ltlt Ull lll!ll'<'l'il ll clt' viol1111.
L1· c·a111ar;1cl1· '[",,_, 1• j11u1· 1111 l1nlla11t 11111n·1·a11 d1• piauu
l't d1a11l1· ;!\ 1't' di-.ti11L"lio11 cl1 ·11\ .1•ili1•-. r11111.1111·1•s .
.l11lil'11. tians di·-. l'lia1i,.;1111-. 11111•-, 1·l "'i'iril111·1l""· s1111 l1•\"1• J, ..... a f'l'lauJissl'11H•11 ts.
\_ lllÏllUÎ( l.1 "l'.lllL"l' l ' ' ( [1 •\'t'I'.
nnln• jl'lll\l',.;,.;1• l'i d1· 1111lr,. g·;iir>l1·.
L1111u (;'\,>'\.
Le Directeur-Gérant :
J l'_\;-,·
h'. LAPPEHO.ZE.
���5• ANNEF. , n o 38
BULLETIN MENSUEL
Mars 1904
Provence
Universitaire
ASSOCIATION GENÉRALE
DES ÉTUDIANTS DiAIX
SOMMAIRE
1Ja 111 e l
lh 1111 v 1 " .
Paul M n\ ~ ~ T•f n ,
G.u r1 11n -D f.~Cr1'111 s,
S11ir rl1· l'r111t1•111p".
l.P Brouillard
lh -.c11111·-. ,, la Co11lo·n•111·1· P11rtal1s.
L uc 11•11 Co i.so\ 1
l'r11il1 111p..,
(.111H·ert d1 Char1lo'.
\ 111(1•
l.0 1111 C="'"
;\l\c10 "' l.011 11-C"'" ·
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111111r
Ir-. l' ,111n'1'"'
Fr r;, t, 1111
A 110 ":"1·:~1 "''1·
'I Fr
'.)F r .
Le Numéro o ,3o cen t.
•
��\Ion JJ.tu •Hl pi1i~ du 1dolt~ct11U Lload•,
T\ut J6JÎft .. douJour~at cc.mcne dH 'lolou,
(.lu1 cl1uch~,-,t, 11.01 opoir. d.Jn11 la :'IUlt 071t1rjo,
f,,. f.1rourh" l11htr d"s n urrs de trrr.lr
f'tl ih éf'l.eli~•
11r1t '
tltr~f'S mucuhaf"J '
J., ptnse • 1'(1U• tn ce prrlidr ~t mot pnot~mps
telu1 f• HUlt'1te eulio l~s hl.uuupuleret,
l.1Jur.t1",\ u1l 4: ~unit au fil bleu de. u · ~tct,
1 t rJlhtDf' puu1 .. u1 dr fOlrt JtUM ul'I:-
fil - 61
Cou~
ltrabeau 61
blor.Ji,
("élait au printrmps dan::; Ct! g 1·ancl jal'<lin public, pru
frl'Cfll<'lllt'•. parc<' qn r loin dr la Yill1', si cr n'est par (,..._
mililain·s rn l'r11d1 z-,·nus den ma l d1' nonrricP» .
l>nns Ir ha-.s111 dr Intis laillai1·11l enurt. dorrnaiPnt.
s ons les lntus pl;l!s, a l11•11t· d'l'all, l t>:-o YÎeux cyprins
an1·miqu1•s l't fau1ili1•rs, liaillanl i]p la buuchc et des
out1·s. :-oc dt·pln\·atil lc11lL111tr•nt du mouYement mou <le
leur:' 11ag-Pnin•:-o. Lt· fond apparai-..s;iit l<t]'Î ...;..;t'• 1!0 feuillt>:-o Ydt1ut1·r ... d'1111e joltl' p11urriture d.>licate et moiree
La hl'l..;(' lllttrm1 nta1t la pluie du .'1"'l 'lui 1·idait t:rntùt ici
taultll la la uappP 1111i1, et Yapo1·1sa;l .111 visa~e les gnutc:ll'lt"" mrnu P..; 1•l d1 ltc1 'U"t'lllP t1! fraicl11•s
l'at'1'-..s1·11s1 t111 ·11t <'l dol1·11l1•111Pnl, t'•lllllllt' dune fiJrl1•
i111pulsiutt qni .... ·,·..;t affaililH>, lt•-, pl.1tune-.. Lal,111t;aie11t
lt1ul 1•11 lta11l ll'lll'" l1ra11t l1P..; ;_:Tt'!<'.., • t dr•>Ïtl" .... L1•11r-,
trnnrs puj..,,.,,rnt-. "t 1narl>r1•.., l'f.1it·1il i111nwllllt•s.
~J;i,..,.,, . . 1 11 l11·t·;111t ... d',n 1111>.., lll•'ll ..,fyl1•s, opi11a11t du
li;1nm1• t•1np:11t:IC'lll'. di•-. arln·1'" g·1.,111t s 1'lll1'1"1'""'''t'11t nul11nr dt· p1·l"1i...t•s "' rf1·s " l l1rrlH· dt•u1• l'l l't1Urti• .• \u
1111li1•u d.. t·lta1·11111· 11111• f.!"l'.illd1 t·11rli1•ill1· dt' pr11s1•c..,
1111illi1·11l1ir1·s d1·..;s1u;uf 11111' i1n1111•1t-.t> 1·l11Îlt• bi:_:·ane1•
�-
38 -
Les fleurs s'épanoui::.saicnt avec nc"gligcnce et faci-
lité.
Du cùtc de la Yillc. les hautes cht' min ées des us ines
SC ÙressaÎc' nt, tragicpJCs et sombr1'S, COU l'OllllCeS cJe f umée ::.a le qui tachait le c·iPI , s'c:-.tnmpait, sr. cunfonduit
aYec les nuages cncrc1pant au couchant la mort sanglante <lu jour.
On n 'enten<lai t aucun bruit. Seu Ir~. des clameurs
tl'cnfants cloignc'."'· lr> g·L· nlÎs:-;1'11\ent disert'( et intcrmiltf' nt ùc la brouC'ttc du jai·climc r'. l'l les cri,:; aigus et
courts d1~s hirondelle::. qui girai ent lll'ocli gicusemcnt ,
comme patinant sur l'immense glace tlu ciel pur qu elles ponctuaient tl'accenl!; circonfl exes. Parfois l'une
d'c'lle int1échissait sa cou r se et, rapul.:. coup ai t d 'une
aile tranchant e la surfnC'c du ha ~si n , s'y lus trait une
seconde.
C'etaiPtü <les bruits lc;gers ; comme les pul,:;ation::.
de ec silence qui. tout parfumé , ln111ha 1P11I sur l ag·ome
des ro::.es blauehcs.
t,a::.ton, assis sur un lrnne dl' buis, sou:-; ln chcvPlure
eplorée d'un arbn' odorant , J1:-;ail. sans tr·op !1':; comprN1dre, les Chansons de Bilitis .
li ::.e laissait bercer n la prose rltantantc <'t <loucc,
micYre et c'·nerYantc cornnw cC'lte li11 d 'u11 jour
De sa ph1ce, le jar<lin app<Hai::.sait t1·1·s Y:1stc, bien
qu'il ne fut pas trPo; gra nd , ear l1•s al'IH·cs touffus en
cacl1ai1·nl le;, limitPs.
l~n foee <le lui sp dl'c ss ;1ÎI 11u Pl froid 11• mut· <1<' l'h1ipital. Cc mur f'lait p1·1·c:1'· d1• pl'l1l1•:-; 1'1•111"trc-, g rilhgc'·0s.
l ' nc> mousse noir<' baY:1it tout a11tn111· .
Ln Yl'illa1·cl entra 11u i l1·1iait 1111 1•11fa11t p:u· la main.
L 'ltomrne <l1·ploya son 111011C· l1oi1·, 1111 mouc· hni I' d<' priscu 1· a grand,., carr eau\.. li PH ''JHiussda soigneuseme nt
Jr. ha ne :'i e1'1l1• d1111ul'l sp l 1·011\ ait ( ;asto11. ~ d:t11t assis,
il OU \ ni un joul'llal. J,'p nfo11t s amus;1 a di •s g-n l<'a ll \'. clp
salJ l1• lin rp1ï l mo<ldait da11-. 1111 pr·l1t s1·<1t1 likn ou un
3!1 -
ba teau L;tait peint. Il plantait tles hrinclilles et de li·gcrs
b:itons sur l'l-Jilice, puii; le liou::.culait, et en recomll1CUÇ<lit un autrr, plus pcrfcctionnc'·. Accroupi conscieusement a son frayai ! Lètu, il montrait de ses jupes
rclcvc'·cs son J>f'ti t <lPl'l'Îl'rf' rose.
L'ne feui lle morte to111ba dans le liv1·c de tjaston. 11
ne la chassa pas, mais l'<'rma le volumc et la cous!)rva,
en signet, cuir<' l1·s feuillets pour marquf'l' la page 011 il
aYait arrêté ::a 11'durP.
Le promenPurs. sut· la grand roule, retournaient Je
la campagne les gl'sles emhari·ass1·s J 'énormcs gerbes
<le lilas.
Les tl<'rnicrs papillons YOltigeaient , baisant les
Oeurs amoli1•s, ajoutant a h piaule une llOU\'elJe fl eur
palpitante.
Ls solPil 11'1'-elairait plu::. qu'un augle <lu mur de l'lu>pital. Incendiait une Yitrc. Une fc:111~trc grinça, s'ounit.
L'ne femme pnrut. Flic !· tait jeune, hruui> et pùle. Gaston la Ll'OU\'it julie. Le j<·unc liornmc la regarùa cl lui lit
signP bonjour, dt> la main. Ltonnet', clic y rèponùit par
le mèmc µ1•:-;tr, mais s:111s un :-;nt11·i1·c. an•c une politesse
m:whinnlL'. !•:lit' clisparnt.
Et ai l ec une i11firmiC:·1·c? (;a:-; ton le crut tout ù'ahorcl.
li rl'fl (·cl1it l'nsuitc que seules les rdigieus~'::. soignaient
ici les m.tla<les. JI lui l'ut p1~nible <le penser que cette
f'l'mmc t'.·tai t uue m dadt'. li cul un long regar<l attri-.té
'cr.., la ft•n1~l1·1• 1 sl1 1• 011\·c1·lt'.
D1~sJ c111111s li Iles pa s-.ait'n t. Leurs ri l'l's é· Iai en l bru yanb
Pl . n 11ui11lf' .
Les arhn•s alln11g·l'ai1•nt knr-. 11mlll'1's
Ils "' nl:1Î1'rd lin11 l1's jasmin" l'i l1•s :tl'eacia;.. l '111'
nd1·11r s1• 1111\l.1il, li111id1• I'! p1·r-.ist.111!1'. l'ud1·111· maralirc
d1· la ;.oull'r:i111·1'. 1111 ';1s·n1• p;1rl'urn am1•r cl'iotlnl'11n11c
"lli11f11il dt•s 1tlllrs dt• l l1t'1 pll:tl.
I .•· ,;11(1•il ;" :111 di-.11:11'11. l.a grandi• 11111r.1illc 11n1•
s';1-.s1111tl1ns..;; 1ÎI, 1 •'lllllH' i111111·1•grll'l' di• nuit.
�-
40 -
L'enfant s 'occupait toujours ù ses tas dC' sable. Le
vieillard , ne pounrnt plus lire, aYait empoché son
journal cl sort; sa pipe>.
Les roses blanches étaient JevC>nucs plus blanches .
Gasto11 partit , s'éloigna par b~ allèes enivrantes,
s'enroulant t outes b)t)mes autour <ll'S pelouses devenues
noires comme ùes lacs <l'ombre , s'enroulant t outes blan ches comme des cols <le cygnes amoureux.
-
1,11ma. li rr>vit s urtout la fig-ure pâle de la petite malade
de 1 hôpital.
La nuit coulait
11 sr plongeait dans son <lcuil par-
fum1~ comme rn un C' <'nu noire. lir<le, bercrusr ... la
nu il toujour!'I proclH' drs c·o nl ic!Pnt <'s .. la sombre amie
J e ceux <fUÎ nll cndcn l uni' a mi1'.
li nurnit \'Oulu , i·pPnd uC' sur so n crêpe, de blondes
mazurkas Je C l10p111 , loin ta inrs. oualérs <le clislal\ce
Gaston s'<'slimait un 1\( 1·c supl·rieur . li i·tait fier
d'i•pr~ouvf'r d<' paredlrs sensations, si soignées, si
exqu1 srs.
Ce soir J;i \\' Ht l11•r
:\près un diner rapide avec s a famille, <liner où il
parla peu. Gaston monta a sa chambre. A son piano
il joua pour s'entendre la pic•t·c romantique d e Schunrnnn , quïl connail'lsait le mi eu\:, puis 1' 1< .\dieu » <lr
Sc~rnbrrt. Il 01'.ni t un album dr Chopin, mais la pn g-e
noire et compltquec arm ('r> Je' six rrdontahles bernois
sans cesse accidentés, décou ra gea st•s doigts embarrassés.
,\lors il se <lisposa à 1·clire \ \'c'rlhl't'.
\ '.' rrt.ber était pour le j<'unr homme Je li vrc pr•"fén:.
Jl a1ma1t ce caractè r<' nubli> c> t se11t1111c ntal <'Il di able,
qui sayait ::.ouffri r cun::.c iencirusPmrn t j usqn'a commPtlre ;n cc un a<lmi rabl1: courage la slup1di1r·· <l<' se
tuer a la lin de ses Jc.tlt'<'s rxarr d weo.;.
L'.1 f'cnr~ tre. eta it ounrt". '-)uuvc11t C as ton regardait
1 1~ e1cl clac;s1qucnw11t 1·011 stc>llt:'. JI vprouvai t d1' lrt': s
jolies se n~ation s a St' lrOuYer seul, )'l'llsa11t vagurmPnt
ù des clioscs floues cl bcrC'e1ts1~s. loi11la111es. imprévu<'s
et mau 1 es.
l.l l'C'voyait ks jeune~ fill es. \ eau sr· de lc•u1·g c·orsages
cl.airs cl dP leurs robes c.xar tes, du ja1·din tres doux,
<l1serc>l et coniiJc11ticl 011 ellc·s lui a ppar ur<'n l il les
td -
lui snllit pins. 11 se sentit
pins i11fortu1u rn ~orr· Cjll l' lui. JI Pn l'ut ::.ccri·teme11t
orgul·ÎllP11x 1 ui avait L•l lP ù cr:'it1• <le· lui, la YOYait.
['Pn! Pndait. lui c-ansail , et la 1111it 11oi1·1! <lr c<' :\ot·l.tout
poudre'• de ncigt' où il t•ommit la ga lfo Je se suici<ler.
il rut la satisl';iction d'un haiscr, et ct·la non moin-.
apprt;cialil1• ck comhl1·r dt• lrislc>sse I'ùmc naï\C et trouhlt"r d 'u111' hirn bran~ f'cmm<' .
(;a-;tun <·tai t seul, inconnu de toutP jeune lille qui lui
paraissait intang-ihle
Oh ! qu' il y Pn '"ait J1.• d1'•liciL·tr-.1•mcnt jolies. Et qui
<l<'\'aÎ1'nl causrr do11c1'mcnt, cl'nnl· h:1lcine parfum<;e, Je
Ioules <'i>s suhtil1tc·s mièVl'l'S
Caston n'innit pas c!P Cl'" su·ur-> qui. pnr lcu1·s fri•<fUC'ntatiuns, intrnduisairnl dl' l1't1rs amies chez -.es
camarade-.
li ,,·rs11mail tr"" 111a lh 1•ur1•11x li aurait aimer aimer
li aim,1it 1 \1110111· - a\1·e 1111 g-1-;rnd \ . ~falheur à ccu'>.
q11i airnen l 1 ;\nwur - <1n'1' 1111 ~1.md .\ . 51 fort qu on
les ainw pin.., lard, it-., sPronl luujnurs Ù1·~·us. <l)<lllt tahl(•
s11r l'amour nl1sul11.
11 1"lail -.1•1tl ... lii1'11 s1•1il . toul s<'t1l.
l l ri'•fl,;l' liit lu11gl1•111ps tl,•vanl 1.1 f'L'llr;ln•. Il ne saY.Üt
pl1i-; a 'l'llli. m;1i.., tout dt• m1'·111L' l'L'la Jt>Y<tit i·trc hll'n
llf'
�attachant, puisqu'il ne se co11cha qu'il deu\. heun' s clu
matin .
Il se coucha. r t 10 11 ,.; l<'s YÏ L'll'\ hal1';111\. 1.tnwrl ini ' Jh
d1's lacs bai glll··s dl' l111w, tout1•,.; l1·s pag1•s 1'•l(·g·iaq ucs
chastement cnfll·n ees, tous l'<'s ..,irops trop du u~ r t
indige stes, toutes ces lec turl•s lotll'<les. lui h1urn <·r r ni
sur l'estomac. cl il Yer::.a d 'nlHllH!nlll1•s larme,.;.
~fais , <le pleurer , cela dom1c sonHneil ..... <' I il s'endormit la joue toute salie, avrc un p etit ronllcmenl
discret .
Gas ton a Y ait se1ie a ns .
-
43 -
\;fais, c'est l e jle11v.! qui , dan s sa duplicité,
T isse, p o11r le D estin , au cœ11r de la Cité,
U n 1101'/e d e vapeur s, obscur comme une tombe.
1
PA ll l .
Mor-a:sTtER.
DISCOUR S
Prononcé à la sëance solennelle de rentrée de fa Conférence
1\111(1•).
LE BRO UILLARD
Le fleuve est las - momie au sein d'un sarcophage, L aissant ses clairs r ejlets se perdre dans /'011bf1.
L a Ville, - en la doule11 ,. d 111u11r pâle, a..f(aib/1. C eint I dc/Jarpe d e d ellll du brouillard qui surnage.
La cl arté s'a tténue et fuit I ombre /'nutrar:e.
L hori1011 racorni se cerne et s abulit .
La n uance se meurt ; le vatrue s'ctabl it,
F t les cœun embrumés fris.1·m111c11t, .1a11 .1· courage.
Comme si le Ciel gris, bruh; par 1"1.1·/re d 111.
N 'étflit q11e le foyer éteint d'un 1111111de 11101/
Il semble qu'une cendre impondcrab/e to1nl•e
1l r s l e1'r lnin q11 ' 1111 l riliu na l int Pr national. si biPn
organis<· soi t-il ;\ l'l11•u rc act ue llc. <·:;t J<' sa n<ilure
m1\nw i mpuis,..,ant a ;1 c;su r·c·r 1oujnurs la sol ut 1011 pac1 fiqu r dl's confl its inl!'l'llal1u11a11x.
Et d'ahorù, au poi nt cl1' \ t lt' dl' la compl·lünn>, il est
de" li tiµ;e .., <]Ili s1111l tout a l'ait in-.11,.;erptibl1•.., d 1 ln•
r1·1->o lus par Yo1x 1l'n rhi t ra git. Tant <[lll' le-.. thllicult1;,.,
in li'n1a tio11al1'<; 111· p11rt1•11t <Jlll' ,.;111· <ks 1p1 '-;li111b j11ri·
dicp1l's, 1•ll1•.;; p1• u,·1·11 t trt•s bi1•11 1'•tn' 1'1·soluc:-; par des
jllg""" enn tp•"·tl'll l-. t'I a l,,.,11 lt1lfl t•11t imparl1.1ux : ditlieultl'.,
d1 l'rontit•J'l's, s1·1·Yit11d1•s in ti r11 atio11al1·:-., <ll1tllmagrs t't
i11tl·n:·t.. pour p1·1•judi1·1· ea11 ... 1•, i11 tf'rp 1·{·tati1111 dl· texte.;;
dip lom;llic1111•s, \'11il;1 tout ;111la11l dt· qu1•sti111i,., qui !'f'U' 1•111 t rrs l1t1' 11 l'.iir1• l'nl1.1• t d'un Yi'• riLilill' l' l'IH'1•s juriil i1p1•·. 1)ans ln11s t'1•s l'as, il 1•,., l 1111'· mt: di• l'aYHlll<tgc
ro:;;1 u1111 d1•..; F iais 1•11 1111µ;1., d ,1l'l'l'ltl1·r la 1!1"•1·i -.iu11 tll•
1i1•r .. d1·sig1w.., d\tt 1·111 d a\ 1·1· la parli1· ;llh el'sl', a nti:--l)JI
�souYcnt llu pt'U de gTaYÏlt·· dl'-. lli'>l1nh et de la disprüporlit'll <l'mw glll'IT•' avl'r l,,._ i11!1•r1'.h en .Ε' ll.
~fai" pour les <Jll''"lious p111·t•1111•11t pnliti11'1t's rt surtnnt pour l'ellC's rl'lntin~-. ù l'lin1111t'lll' <'! il l 111dl-pt>11dance d'un pays. il ""' hi1'11 dilli,·ill' ail cm1trairc Je
compter sui· l'nrhit1·ng-1' poul' les n•sot11lrr' Sous lt• couYCrl de Llillicult1"•s plug ou 1111lÎ11s p1iliti1p1es, sr cache
bi1•n souYent l'amhition ou l 1•µ-oïsmr d1• tf'l nu t .. ) Etat !
ll s'agit d'une i111luenc1' extt'.·1·irure ;\ 1''\1•1·crr, J'une
main-mi;;e aY;rnt:q;eusP s111· lr·l on l1•IJ,. industrie> llnri..;gante à opcrer ! rt cc Ill' sont plus alor,; des 1lr1lils sur
les'luels les juges ont a sl' p1·0110111·rr, l't' ;"1111t sur des
int1·rt'·ts. l'n Etnt Yraim1•11t Slllll'i1•11:x dl' son aYenir.
ira-t-il conlirr ,;es inti'·r1'.t" ù l;i 1l1-.l'isio11 de jugrs internationaux, qui apparti1•111wnt a d1•-. Etats dont les intt'.·r1"ts sont P"11t-1"tre eontr<iircs aux si1•11,; :1 n.~s jugrs
pourront-ils, tn-rc un" impartialitt· L'11111plf'll', s1• prononcer :-ur de<; quf"stions ù la solution dt·squl'lll's leu r
patrie est peut-l\tre pins 011 1111Jins indin•ctP111e11t inti>res:-;\•r .'
El c•11 1!t•bors m1\m" rll' tuut1•s ees ')lll'slio11s politiques. lorsqu'ils ag·it de> l'l10n111•ur natinnal. dn l'indl'JH'll
dance national1>, 1·royez-vons qu' un Etal pl'tll d';wnnCt'
sr soumettre à l'arhitrngP de tiers et s'exposer ainsi
paciflquP.ment ù sa 1·uinl' :1
.\ussi eetl1' imp11issai11·1· d1· l'arbit1·ag-1· intl·:·national.
nos Jiplomat•~s n11.1d1•1·11cs s1•111hlr11t l'avoir si IJÎ<"ll rompri:- '[llC J,ui.;; l1·s divpr-. tr·ait(•s d 'arLitra~I' pc1·m 11H.:11t.
il:.· a to11jot11·.; <l1 ·s r·'-.tri !i Jlb impn11i111lt·,., au sujrt d1·s
t!illi<.:ult1 •s qui, d apri•:- l'11H1• d1•s 11ati111i-. l'lt litig-1'. pour·
raiPnt mrllre s1J1t ind1··111·11da11c1! 1'11 p1 ·ril.
C'<·st ainsi cp11· cla11s 11· f r<1it1"· dit cl1• l'l '11io11 nnwriraine dn 18 H\Til l"i!IO on ;i r1"•s1•1'\'1• l1•s q111 ·sli1111->
d'l1 u11111·111-, c•Jt laissn11l :1 t•li;111111· l ~ Ltl 1111111· i11iti;1lin·
cl ';i ppn"l'iatin11 a ,., . .-.11j...t.
<;\.,t ;1Î11si 1·111·01'(' ri'"'· p1111r P'"'lldr1• 1111 C'\1· 111pl1· plus
l'PCl'nL, dans Il' trnitt'· darhitrapr permanent signé> par
la France et 1 \HgletPrre au mois d'octobre' derniPr. il
est stipnlô dans un al'licl1• q111• toutes les questions qui.
<lr l'aYi., dr l'une rlrs drux nations, sont rrlatives à
l'honnc' ur ou a 1 indC:•prn<lance du pays, seraient soustraites il J'arhitragc.
Et nvrc cles !'ormulc>s aussi ,·agucs, comment pourrait-on Jonner a la cour di• La Il aye une comp1;lence
certaine. l lest toujours facil1• il une diplomatie de mauYêlisc foi <le trnn sfornwr c11 quPstion cl"honnl.:ur et dïndéprnùancr toute tlifliculU· internationale. D'ailleurs.
peut il exi.,ter un t'riU•rium "Il de parPillcs mntièrcs. et
a quel rnomf'nt, clans Ir-. fJUPstions tlipbmatiqnns. l'honneur <l'unr nation commence-t-elll' à ètre en jeu! Di:s
lors, si malg1'" le lrailt"· d' arLitr<ige permanent qui le
lie , un Etat veut se soustraire i't l'arlntragc. il le pourra
toujours en s'alwitant Jrrrièr" son honneur .
Enfin, en s1tpposanl m1\me que la cour ùe La llayr.
puisse acquérir unr compt'lcncP genéralc et incontcsll e.
de quels moyens tlic;po-;r-t-cdk pour faire c:xrcuter >.es
sentence" .' QuPlk s;mclioH inllign et commC'nt en
inl1igrr une aux l•:tat.; qui ne Yuudraicnt point se soumettre aux jugemrnts Jes arbitres? li e:;t nai 11ue
jusqu'ici, et !>ans r\'.crptio1h touti•s les nation., se 'ont
assez doci lcml'nt incluu·ps drvant Il'-. sl'ntcnces ai bitt-ales; mais rn sera-t-il t11ujour-. ain-.i. et un gr.1nJ
Etal contlam1w 11<· puurra-t-il pas un juur trouYer dans
::n puissance 1111\llll' lr" mo\ 1'lh dt> r{•:-i .. ter ., 11 y a bien
u1w 'ancliun m11rnll'. 1nah la mor,de n'e,l point le fait
dl' tou,.; les homm •,.;, n1 snrlnul <'l'lui ÙP:- Etat~. et bien
suu \ r nt elk r·"l uliliµ-1·1• d1• courlie1· la ti"k tleYant l'amliition.
li~· a dnm· d» 111imlir1•11-;1's dtllil•ttll1'"' Hll\11uelk-. -.c
lwurt1• l':i rhit1·:1g-1' i11l1·1·11al11111al. l'i t'l')H'llthnt il e-.t
certain qu'il d1~\ r,1it 1"trt', dl' tllb jours, k ·t'nl mod1•
l'tnpln.\·1· pour· r1·"1>11dr1· l1•s ennllit-: inlt•rnationau'\.
�-
4tl -
-
parce que seul il essaye d<" suhstiturr a la guerre, cc
mal mnlheurC'usemrn t nét'1'ssai ri'. llll<' Ol'"anisa
tion
1::1
juridique, permC'ttnnl d1' j11g1'r 11w1' imparlia litt• lei:;
prl't1'ntions ndwrscs d1•s Etats f' ll litigP !
.\ ussi, pnur aplanir c<'s dimrultr•s , )<':-; pacifisl<'s
<'Xnltc"s et imbus d'uu fan\: humanitn1·ismr nnt-ils r<'p1·is
les rè1·<'s de J -J . Housseau et c.I<' l\ant, cl )ll'1'c onisrnt
une ron<;titution d ' l~tn ts-l .nis c.l ' l~ urop1-. Dans l'c'>lnt
présent <lu monde, la suppression imnwc.lint<' J,. l'institution militaire serait nnn s<'ukm1·11t pour h· p<'upln
qui <'Il prendrait lïnitiatn e. un prng1·1•s, mai-; <'ncore
le comm<'nC1'mcnt de Cl' nnuY<'l c'·ta t il1• l'hnsC'-. la préface pour ainsi 1lir" .J,, rrtlc' nou,·l'l11' \.011stit11tion.
Comme si pareil r1\w c!Hait un joui sr rl·a lisrr ! Un
voit, dans une m1\me nation. <(p:-; hnmme:-; <If' race, df'
mo>urs et <le tradition-. semhlahles qui ne peuvent
s'cnlf'111lre rt ,,,, g-roupent en d1·s partis politiqn<'s
diYisi'·.:; et hnstill's • curntnPnl la pa1'\ 1·1 l'1·nll•11tf> fra ternelle srrairnt-PIJe.:; pos..;1Jiks <'lit 1·1• d!'s hommrs d,,
rnce, <le 11111'\ll':-. rt dl' lrnd1tio11 d11l1'TP11l1 s 1 Comme 1:-oi
le clesarmcmcnt pouvait fairp, au,,sitot rl•gnrr entre le:-;
nation:; le respect des droits d'nutl'lli 1
Oui, m<'sSÏC'urs. r'est un pernicieux sophismi: qui: de
vouloir d1>truire If> cultr <le la Pntrir au profit d'un
culte plus vaste, crl11i de l'l111111nnit•'. l't all'aiblir ainsi .
sous prdext!' <Jiii' 1 Oil 1li'·tc..;le ln g-11P1T1· - l'Olllr11t' nous
la df'!estons nous-nwnws. - ),.,., i11-.titut io11-., l t>spril l'i
la YC'rlu militaire:-.. Un 1 a dit "''••t' 1·aiso11 : abattre la
l'at1·ic. ce scrnit ab<dlrr l'arln· .. dont l'liurn:111itl· <'!'il lt>
bienfaisant fi>uillag-P. Loin <l" 1t•>Us 1•l11ig111·1· d .. l'li11maniU., la PntriP e-.;l 1111 contrai1·1· iP li1•11 par l1·c111"I nou-..
nous allncl1ons a cette· h11ma11it•" m1"1111·. " \,. 1 rnililio1i-.
" pas, écrin1itCar11 eu IK7 I . l'hu111a11it1· .. -.t-.i Ya-.l1' q111•
" le sentiment qu 'dlr• nous i11spir1· ri-.11111' d1· s1· 11 "1'llrP
" dans :.a YHl)UC' irn111,.11sit1·._ l l;iliil 11011-.-1111us a l';ii1n1•r
" a lraver-. et'lle l1u111•t1li t1·· 1.al'lil'11l11·r1· d1111I 11ou-. f;1i0
1
'
lâ -
" sons intimrnwnt parti.. à lnqucllc nou'! tenon<; par
•< tout!'s les fibres c!P notrn ru·ur. CJuan<l nous nous
« .:;crons acroutnm•"s il aimPr not1·p I'atric dn11-, la jus« tic1' <'I clans la paix , il nou..; sr.ra plus ais1:~ clr: pa:-;s<'l'
" de c:Pl tf> sphi·ri: rl'strrinl•· a l.i -.;phf.rp agra11dic cfo
« l'humaniLr. CPtle nwtho1lc PSI plu-; sù1·c que cellr·
" qui p1·ocPclnrait claus 1 <m li·e inY<'rsr et sïruil P"r<lre
<< ùans <l'inutil<'"l C'l clang<'1·eusr.s 1·1\YrriP..;
,,
Et le pltilosopli<' av<1ÎI raison de nou-, opposer ainsi
aux rc"\•c,., cle l'humn11ita1·is111" la n"alité de la PatriP.
Car ln J>atri<' cri"" i:nlrr· lh liomm<'s des liPus palpu hle:-. et li:ur imposP iles ÙPrnirs pri•li:-.. :\ous rappelant
s:rns crs..;c 1'1'xi-.lC'11cr. dt: nos p•·l'C'", l'llc nou-; inlertlit
de: gaspil!Pr j" Il<' sai..; qucll<'-.. tPnclressrs tht'-ori11m·-..
po11r k gen re humain , a\·ant d'avoi1· t!puis1" autonr clc•
nous l'amour ..t le d1\1·uu1•111r·11t clnnt nous somnw:, cnpa·
bics. Elle wu! birn la paix, tnus la clr·sirf'nl dt' grand
cœur. mai:-; qur erttc pai-.: ri•gnP d'abord nu mili<'u cl1•
srs Pnfanh C'l cl 1·ll1'-rnc\111c. ri!" ra.Yonnera 1•nsuil1' sur
l' l 'niwrs tou t <'nti1·r
rl
SlfÎCJrf'.)
C \UTIER·DEsCOTTE<;
PRINTEMPS
.1'1r11i Clll'illtr, 1'1' snir, "'"' /lc•t/J's d 111s 1111 j1ll'di11;
.l 1'<'<lf'1·he1·r11 1111 s rl111gts 1111 r li11i,so11s d'a11h.:1,i11es
1'011r t1/lr•i11drl' t1111 1'011fn11s ,:, /ps tf1• cc fllttf/11
( J11 li11111it11·a11rt1 /''''
;ilr•111·1·
,\Cs
;ile11rs
d11•it1es
�- 4!) Je snurni de mes m11111s tre.~ser 1111<' cnu 1·c11ine
A 11ec les fleurs des lys et les /leu rs d<'s /ilr1s
Ft je 1•erra1 s'unir 1111.1 p1îles 11111!mn11es
les ro11ge.~ tulipiers q11i sa1j.[11P11t so11s les /i<ls .'
Je marierai 111es j!e11rs au 1· /frurs de> tes Yi111;1 c111s:
Leurs pétales si>ront les seuls draps de ta l'n11che,
é.t je les baiserai e11 fi baisant Io lwudie
Et Printemps. tu seras <'Olll'elfr rfr / 1rintemp!i 1
COXOEHT
DI~
C'est le <>nmedt 5 mars qu'a ru lii>u Ir ConrPrt d<'
Charit<• annuel donnt'• par 1 .\ ..,sociation. ( 'ommr t ou jour.., le succès a dt; immen,.;r. \otr" ronrt'l'I r.., t c\1•fini ti,·emenl cla.;;sc' p:irmi l1•s prinC'ipal1'-. 'iolrn11i t(·.., mon t.laine..,. Les pt•r-;cnnalitPsaixoi..,p.., n1' 111:i1up1rn l d u rps lc>
jamais l'orcasion <lr noust{·mo1<~11<'1· lr11r "\lll(>athic
Pl
.
nous rncouragr r dans Ioule,; no.., Pllll'<'pri..,r..,
C'rst donc Ut'Yant 1111 public dt•.., pl tts rhoisi.., 'l ll" s't>st
1\r·rou\1~ notre spPctacle. 1oult'.., 1, .., logPs l'l tn 11 -.; ]p..,
fautc·uil.., dr ga leric•s {·la i<'n f 01·c111ll's : dr 11oml11c·us1•s
dames r t jruncs fillt'" l'gayrii1·nt 1 aspr.d d1• ln sal ll' pa1·
l1'urs r lai 1·p,.. toi lrll1•-;.
Lrs trois coups t radi tiont1PI-.; '40111 1'1·n ppl•s l. ;1 m11-.i11n1· du lil'. -.ous la magis tra lP diri>1·tio11 d11 m:1t· ... tro )J at1)
(")
burg , attaque la mal'che <lu Co uro nnement de la M use,
<le Charpenti er et remporte un succès des plus mcrites.
g nsuite notre ca ma rade ;\lus8o dit avec finesse un pro·
Jogue exqui s de circon:.tance.
~·1' 1 " Bittel', accompagnpe au piano par sa sœur cadette,
nous chante avC'c u n talent merveilleux l'air de la petite
table <le 1Vcwo11 cl L n Solitude <l<' .fopho, ce dernier
avec accompagn<'mPnt de ' ioloncelle. :\ous CH' saurions
trop louer M 110 Bitter <l<· la façon brillante dont elle a
interprétC:• Cl'S deux mo rceaux : le succc:o énorme qu'elle
a obtenu ùoit lui ètn• <l'un augure favorable pour :.on
prochain début au concert clas::.i<}ue ùc :\Iarseill" pour
lequel nous formon:o nos p l u~ sinccre:o vc.cux.
~I aclamc Pu lmero-Jonclry, le cli:otingué professeur au
conservatoire <le :\Iars1·ille, a la réputation de laquelle
nos modestes loua nges ne sauraient rien ajouter, succe<le
da ns deux brillants morceaux exêcute:s avec un brio et
un art consomme
:\ous avons pu admi rer le laient remarquable <le notre
camarade Laurcm; qui s'csl l'l'\ clc à nous violoniste
impeccable <lun::; les morceaux <le Sow·enirs de Hongrie,
cil' Carolus Duran c>l le:. Rapsodii;s f./011grolses.
Cn immen..,c suc ces !~Lait rt·sen l' ù ~I l'ourcel, li> distingué violoncellistt', l« prix <lu cou..,ervatoire de Paris.
:\ous ne ferou-, pa'j ùe nouveau l'l·logc <le cet artiste
cméri te (les l'logrs 1 ont dt'ja fait par leurs applaudissetnt'nh) l . :\011s nr ..,,lUrion.., trop le remercier et lui
manife~LPr notn· n·t·unnai..,sanre pour l'amabilité an•c
laqud le il nul toujour~ bien nous prêter son précieux
C'Ol1COlll'S.
C rsl avec impallt>llCl' 11uc l'on attl•n<lait ~I. Fournels.
\ussi c:ot-cc a la satisfaction ge11t·1·ale qu'on lt' ,·oit entrer
t•n sccnr. :\ous tH' ..,,l\ ons Ct' tiu'il fait admirer le plu:.
da ns Ir grun<l artiste, dt• -.011 orgallL· mcrvc1lleux ou <lu
laient el du ;:.,
<»oùt t!Plicat <l\ L'L' lt•11ut•l il le conùuit. En
I • l.\lrait d'un" t'llll\1·rs;it1on
~t.·110;.:r.1ph1(· d1•
Lkrrull\
�-
:10 -
-
entendant chanter ainsi le fameux air de Benc•enuto
Celini, notre camaradt' <le Bottini, la sympathique basse
profo1Hle ùe l'A ss. en pleurait d'a<lmi1·ation.
Entre temp s ~ksd:rnws Cabai;so l cl Dt' lpech,
~! 110 ' l>irauù cl BNgcon, <h.'l'l)lll)lngnét'S Je nos camnraLles 13errutt y, \ 'achier.Cnma nos <'t Cara,·11ky1·os, recueillent les gc"nl•rcust•:s offrande::; du pnl>li c ~f Prci mille fois
aux cbarmantrs <[Ut•IL'llsL's: g-rùce a ell es les pauvres
auront une plu:s large pal'l .
La musique militairc se fait de nouvenu cntcn<lre
dans la :-.uüe <l'orchestre de L'Arlt!sfr1111e. Sile obtient
le mème succès que tantùt.
:'\otrc ami Berauù lEmilc pour Ir.:; dames) nous dit
avec tout le talent t mu l)lli lui es t accoutume, une délicieuse poesic de sa composi tion: L a Neige. :\fo:sso , <léja
applaudi, obtient un immense succès ùans un a-propos
compose par <leux étu<liant:s et <lont nous donnons plus
foin le lexl1'. Le::. aulrlll's, rt·clanws par une :salle bienveill ante, ont voulu garùcr l'anonymat.
Ensuite nous reYO) ons apparaitre a' cc un r(•el plaisir
:.\IP-sdamcs Pnlmero-.Jondr) l'l P eJTl'l -~ auvan , <lu Cousrrvatoirc de l\Iarseille , clont la l"acilil1.; d ex1>culion n'a eu
d 'l'g-ale que la difficulté du morceau.
:.\Ia1lame E!i ... r d '01·Pll i vi•·Ht nous d1armr1· en nous
Ù1 ·taillant avrc un art parfait /,a Siest<' et Brunetle
(adaptation -,ympl10niqur) - 1 0111·11eh, luUJOUl's hnllamment accompagu1·· par la grnci1·11s1• .\lad:nnc Illy,
t'emnw du distrng-u,:; dirrC'l1•111· d" notre t""irrand tlwâln' '
i:;oul1"ve de nouveau le-. unanimes appl:111d1ss(•1111•11h dan:>
le gran<l air <le la Julie fille r/1· 1'1'rlh (sc1·111• <lïvrc"., s1·).
Happelc pal' une• sa lle t'll dcl11·c 11 i11tc1 pr1~l<' Pa!l1'rrs
Fous 1 <le l'agliaÎ11·0.
E11li11 , 1wu,.. arrivuus ù l:i c111111 ·di 1• : l ~ l s.,·asvi11,
d'E ù111011 l \h oul. Toul1•s iws lï·lil'itat im1 >.1 a .\l "' ['p1·n1·<lDrn illif'rs, ;;i linP r· t si 11altJl'l'llc- da11:-; s1111 r1·1l1• dP j11 11111•
YPU\'f' ;1 ~1 lla11s srl111a11s ( \11g1"l11111P' u111 · v(•ritaul1·
'-'<Julm· tl <' Je lteg-i1a1·d
'-~
0
111
51 -
Coté hommes : Bcrr11tty , quoique indispose, a 1·rmpli très naturP.1l cmc11l le rùle de Lrcoincl1eux - ~fu sso,
<léciclcmenl infatigablr> , rr>mplit a la pe .. l'ection son rtile
d'amoureux. Toye (fra11) fait un suprrbc jar<linier .
N'oublions pas l'hilnrant briga<lirr (Dtnid) et ses drux
gendarmes (Lomlirozo, Cais1on 1.
Toutes nos f1·licil:üions vont ù l'habile président
Hcrrutty rt a SL'"' d1·vout·s rommissaircs. :\'oublions
pn s .\ Ion sieur l'ellin . prol'c•sseur au Conscrrntoire. ùont
k s con:-.cils au tor1si·s nous fur .. rlt si prècieux cl '[Ut!
nous tenons a remercier tout spécialement
Encore une fo is, merci à tous ceux 11ui ont Lien Youlu
nous temoigner leur !-iympat hie J ans notre appel a la
c h a ril t~ . ..\forci milk fois cl à l'an prochain.
G!'io~.
Lono
C'EST PO UR LES PAU YRES !
Chansonnette A- propos, créée par Musso au Concert d e Charité
Air ·
u
( 'c.~t J><illl
n, répertoire :\L\ \
le~ ]>f/lll'l'l':>
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li
)•uu1· l1 •ur Co1u·1•1·/ d1• l .li11r1t1•
Li•,, Rtu1lta11(\ d HIIS r,,, 1tl(1'"i.
tlillfll 'l''t.";l•'I' /''"' (01111• ltt 'dit•,
-"'uni ,.,.,."'
,/ "/tr<''''
ln .s, 1nl1•.
11111 ., /,,,,,, / "'
(',.,,,.,, 1011/ ,,.,,, ,, l"t'J''"'""
\''111.,1.;,;/1•: 1111s, Jt 1 Ou' t'U
Jrl1111t1:-.p 1 11 '/1s
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Avril-Mai 1904
Provence
Universitaire
ASSOCIATION GENÉRALE
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SOMMAT RE
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Cong rès de T11ri11
Nui t <l 'Autnm11 c.
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Co 111'en' ncl· Po rtali s
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4 Fr· .
2
Fr.
Le Numéro : o.3o cent.
��CONGRÈS DE TURIN
Pour cl!lt~hrcr l'n vPncment d'une politique nouvcllr
cnt. rc l' Itali e cl la Frn nce ot consac rer entre <· LudiaHts
<les de ux pa)'S le 1·approchcnwnl (JUi alJnit s'accomplir
enlrc leur:-. pat1·ics, un g-rnupe d'l'lu<liants de l' l 'ui·
vcrsiV· de T urin et, à leur Li'·Lc, le camarade Jca-:omi
Tosclli arnit PU l'hcu1·e11se id!·t> de convier les étudiant:-.
fran~·ais a des fï·tN.; uni n~rsilaircs qui ÙcYaien t a ,·oi r
li<'u en leur hon neu1· Jans leu1· Yille . .\'otre .\ssociation
;wait tenu a honneur tic rt'•pondrc a cette inYitation et,
le W anil derni1 t', dans l'apres-midi. notre ùel1'•gatio11,
composée llc ~Iulcrsc. pn·sidcnt, c·l d'.\lfred Jourdau ,
vice-président, <llTÎYait a Turin. llc<;ue par deux dùléq·ués <lu Comité <les f<"le:-;, ils sont imnwdiatcmenl conunits a l'L'niversit<\ où, groupés llaus la Cour et sous
les portiques, uu g-rand uomhrl' <l'!·tu<liaut:-; Je Tmiu,
ainsi q ue deux dt·ll•gu1"s Je toutes les 1·niYersit1"s
d'J ta lie sal uent lr11r a1Tivt'•(' pat· de vivts acclnmaliutis,
aux c1 is dP vin• L1 I· l'atH·c, YiYelll lr.s t• lu<linuls l'ran·
çais. viYe .\ix ! :\ fu lt·1·se p1·1•1Hl la parole : il l'Clllf't'l'i<'
de leur nceueil c-ha lcu1·PllX ks Nutlianls italiens. :'\ous
:wons tenu , ajoule 1-il, a Yous apportc1· le témoi gnnµ-e
de Yin s:·mpathic de ce1n: <plÎ sont derrière les ,\lpcs,
YOS Yoisi11s l1·s plus prncltcs. cl il termine rn rcpondant au cri de YÎYc~ la Franl'C par ceux Je YÎYC l'Italie 1
et dl' vi,·c Turin! U11 st' rend d1• la en cort\•gc ù l'.\ssocia liun 011, aY1·r un 'c1·mouth de hie1wc11uv improYis1',
les prem1t>rs luasls s'i·cha11g-ent. On s(' Sl'pare ensuilt'
pour j11sq11'au l1•1Hh·111<ti11 mali11, lnndts <[HC tics gr1mpPs
jnyPu\ d'1"Lu<linnls f'r:1111:ais <'l italil'lls se formi·nl qui
eirculenl dans la 11uit jnsqu'a 111w hPu1·e tardivt>. acclanws pa1· leurs ca111arad1•s d ai111alik1n1•nt salu1·s par la
pop11lal11m tf11Î s :1!'iso1·1P, l1rnt 1•11ti1·re. au\ lt·111oi~·na
ges de S_\lllJ>ôL lhit• <llll' l 't>n 1111\lS prodigUt'.
Lr· IP11denli1in malin, a !l lt1•u1 (>:-;, s\lll\'re le' Cl1ngri•:-;
.\at1onal des l'!udia11ts ilalie11s. LL's l'tlldianls fra1;\'ai..,
Y avnic11 t l'Lt• c·utl\'i1·s a Lilr" d'audit1•u1·s; nu,..si sünt-il-.
~·c111ts nollllircux a rl'll1· pr('llllL'l'l' s1·;11tl'L'. :'\us d1·l1•g11t·-.
\' snn t n cc°ll1· d1· C'l'll\ dt• l'a1·i". de• Bonkau\, <le Î 1rn
luus1" ain:-;i 1p1P d1·s r1•111·1•s1•11lnnls dt· la Corda F1 alr1·:-;
1
Breveté S. G. D. G.
411
61 r.ours l1rabeao 61. - - AIX
�-
5li -
De la on se rend ensuite à l'exposition humoristique
d':i rt moderne. belle manifestation de l'esprit satirique
de nos YOisius . Dans l'après-midi , la pluie persistante
qui n':n-ait point réussi ;\ rcfrnidi1· lf's enthousiasnws '.
obl!ge cep1'ntlant ù mo,difi e r· l~ . prO<'"rnmme et, par·
p <' ttls gl'oupes, chaeun sen Ya YHHt e r ft,s musées et les
monum ents de la ville.
Le soir, comme la pluie cesse qu elques instants une
manil'cs tation spo1~tanée s'.organis<'; un corh~ge i~1po
,.,anl 11<' quelque mille ctu<liants se fonne ct,Françaisen
tè te, parcou rt la ville, entremêlant les hymnes nationaux des deux pays aux c hants goliarJiqùcs.
.\ 11 heur es, a lie u la r éceptio n des étudiants français par la municipalill': le 1er Srn<lic <le Turin e t l e
Rectem de ITniYer:.ité adresseni. aux étudiants français <les souhaits de bie nv enue ,auxquc>lsrépond e n notre
nom ;\I. le Dt>legne du ministre <l<' l' 1ns truction publiqu~ de F1·ance
Le soir, à 8 he ur·cs, un banque t r é unit d e nouveau
!ou,, les l'ludiants, tandis que rèn·ne un e <Tai té bruyante
diacun liC' Lien vite connaissan~e avec l es voisi'ns <l~
ha s;HÙ. Le camarade T or elli se l1·vr e t porte un toast ù
!a ~rance e t aux etuùi an ls frnni,·ais, d 'aut1·es dis cours
1tahens se s uccèdent, puis c'est le <lél!•o-ué dr notre
0
1~linistre qui r:ponù le pre mi e r-, s uivi .du président <le
1 .-\ ss. de Pans. Jourdan prend e ns uite la ~arole : il
l~ve son verre. à l~e tudiante ~ui, me mbre du Comité d e
l :\ ss., estass1se a la table d honn eur à cô té <l'un Français. Jette très heureuse ins piration nous \'aut une
charman te r t:ponse. L'n b a l trcs animé à termine cette
soi ree .
. c
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. L e m~rdi s~ir e~t lieu la premi\·re r eprésentation de
l Ap~>ghoteos1, qui fut un tn' s beau succès litt1"raire e t
musica l et qni fait le plus grand h o nne ur a nos camarade:::. J e Tur~u. qui avaient YOulu , pour monte r cette
~1:uvre. ne . .faire appel qu'ù leurs propres ressources.
I ou~ le:. s1ecles <le le~r oforie ux passé universitaire se
s~ece~~nt e11 une :::.ene de tableaux, sou s les yeu x du
~·1eux l a lpone. appelés à la voix d ' un e Ombre" qui les
evo<ru e. ~a salle P!·en<l a.ussi sa part au specta cl e et ce
sont de vives ma111festat1ons lorsqu'un e phrase e ntendue ou u.n costume apparu leur rapp el!<' leurs g loires
ou l es tris tesses de leu1· passé politique. Et lors qu e passe
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le J1 a peau .fran \·ais, c'c~t ~ ?rs nou:; q~t c rn ontent tous
les applauchsscmcnts frc nchques tandis qu 1 à deux reprises la musiqu e joue la Marseillaise.
Un mot sui· IC' concours de tir, dont la distributi on
des !)l'ÎX C'ut lie u le le nde main mrrC'redi, p our mc11tionncr c brillant s u rcr8 ll 'un d e nos ramaradcs de T oulouse, quis 'est classé premier.
An~c la rt:~union ù laquelle nous avait convir la
Corda Frntl'L'S, se tc rminPnt les fètes offlcicll Ps. Le
cama1·ad C' And1·ic11, scc1·(·tnire génfru l de la Corda Fratrès, prend le prr mie r la parole ; il excuse le pr(•s idc nt
Provansal ,cmpèc h (,; puis, pla~·ant la Corda Fratrès sur
son Yéritahh: tei min d ' union e t de concorde, il la montre. r é pudia nt to ut éléme nt d e discorde. n la p oursuite
<le so n but: l'ent ente e ntre toutes les uations. Elle pré conise la paix , mais flJèle à la d evise clic Ye ut la paix
par le <ll'Oit e t non par l'llljustice c>t par la s poliation .Cc
but poursuivi es t p eut-être bien loi ntain encore, mais
il est nobl e e t g-cuèrcux, e t la j e unesse d e tous les pays
a ainsi, un e fois <le plus , joué son rôle qui est celui de
précurseur . D es pal'Olcs d 'a<lic u sont ensuite r;ch ang-ées
e t si les lta liens ont bien voulu n ous d ire qu 'i ls n 'oubli e·
raie nt pas n otre visite , nous avons pu affil'lner que, de
notre c<ilé, n ous e mportions, <le l'accu ei l qu e nous
avions reç·u e t d es manifes tations <le sympathie 9ui
nous avaient été prodiguées, un inoublia ble so uYe mr.
NUIT D'AUTOMNE
Po11rqu oiple11rer , 111011 cœur? la nuit est calme et douce;
Les étoiles au ciel luisent comm e desJ,.eux;
Un oubli se mélange ou brouillard onduleux ,
lvfonte, jlotte et s'enfuit au loin des forêts rousses.
�-
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Là-bas un oiseau chante, et la lune paraît ...
Des pas ont retenti sur le sol de Ici route;
Puis le sile11ce, à nouveau, el le doute ... le Doute ,
Quifaitfrémir l'esprit d'un angoissa11t arrêt .'
Tout cela 11'aurait 1·ien de curieux ou d'étrange
Si /'Aimée, que ma vie attend depuis to11jo11rs ,
Etait là à me tendre 1111 long baiser d'amow·,
U11 doux baiser qui soit le.frère aîné des Anges.'
... 1\Iais seul, affreusement, dans cette nuit qui meurt
Je reste en écoutant gémir les heures lentes
Et c'est ce qui me rend l'âme sang uinolente
Par cette 111iit d'automne où s'attriste mo11 cœur .. .
(Scè11 es rie la V ie r11sse1
1':1 1· un .\ut.-ur ru sst·.
L1•:-. dernier:-; llll'ub\l':-; uu fo:-;soynur cl Pnlreprenenr
pnmpr:-; fun clJrcs, _\Jrien l'rnthorolf, aYnirnt éte
j11d11·s à g-rnn<l'pri nr sm· Il' f'nuq..\·011 funh·ai1·e qui , cc
jour-la . faisait nl'li<·1' clr voiturr dP clL·m1·11agr111ent ; pour
la qu:itrièrnc foi s, les d.~ux haridr llc:-; 1'·triq11<'•es se trni11erenL de ln ru r lht:-;nianaïx a la rue :\ikitskaix, où le
f11:-;soyeur s'installait a vec tou s ses biens rt toute sa
maisÔnnee. li ferma sa boutique , cloua ù la devanture
un (·critcau p~ rt<~ nt ~tvi s qu r la m.ai so n c"-lait ù vend 1·e
rt il louer , pms 11 s rn alla a pt(>(l vers sa nouvelle
clem eurc . A mesure qu'il ;;'approchait de la prtite maison aux volet s jaunrs, qui avait s1'•tluit s i lon g temps
U C'S
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57 -
son imao'Înation et dont il s'était enfin rendu acquéreur
pour un~ somme consiM1·ahlr, le viru,x f?ssoye~r sentait avec é t onnr~rnn t <[U~ son Cn'ur n da1t pa~ JOyeu~ .
Lors qu'il franclut le seuil de sa nouvelle halntat1on . il
se crut chez drs étrangers ; et, dans Ir désarroi clu
démén:wement , il soupira aprcs la chaumière trnnquillr
où . pentÎant di x- huit ~1~s, il ava~t eu lrs joies <le l'ord1·e
le plus strict et dt's v1rtllcs habitudes LI bousc.ula s~s
filles et son emp loy1··r pour leur lenteur et les aida lmnll1me.
Bientùt l'ordn' 1·1"gna ; la vit1·i11e avec le,, icù oes, le
buffet a \'CC les services C'n porcelainr , la table en huis
tl 1• sapin, le ca napc, lrs lits furent rang(·:; dans lrs
chambres <le <lcrri(•re . Dans cr.Iles <lu devant , dans la
cuisine et le ::rnlon <le l' ancirn proprii>tairc. prirent
place lrs marchandis1•s fal_>riquPrs de la propre main du
nouveau nrnitrc : J e:; h1rre:-; <le toutes couleurs, <le
tons huis et dl' toutes dinwns ions , ains i que <le:; armoires avec les Yl\l1'llH'n ls cle deuil , mantilles, longs Yoi \ps
noirs, tnrcllf's furn"rairPS. Sur la purlf' se balanc;a une
enseigne ro11g-r t'l' p1·l·sPntanl un amour dotln purt :rnt
une torche renv1•rs1't'. an-dl'a:,ou:, u1• laquellr .\tlncn
avai t éc l'it en g1·osscs kt trrs ces mots:
Ic i
ON
\"E N D E'l' ON
lll<: CO l \"Il l
Lll'. S
BIEllE:::.
l'El:\TE S OU NO:\.
Ü N IJ O?\N l:. 1,;N LOC \T IOX. ON ni:P.\llE.
Les tilles <le Prochoro ff s'l'lai1·1ll retirées dans leur
chambre. Prochoroff fit le tour de sa propriété, s'assit
<leYa11t la fcnèll'c et commanda le sa mo,·ar .
T out lecteur ins truit n'ignore pa::. que Shakespeare
et \ Yalt r r S<"ult ont rc1)1·{•sr1ll t' leurs fossoyeurs comme
iles gens ga is C't plai s:rnts, pour frapper p nr le c?ntrnst" notrr imag ination . Par rC'spect pour la n•ntr,
nous f>O tnnw s fon:l's d'aY<HH'r que k C<ll'Udt' l'C de nvtre
fossoyeur s' l1 ar111n11i-;ait e 11 tnnl an•c :-;o n so mbr.e llll' tirl'. 'Prochorofl' dait ll'hahitudc d 'hum eur pcns1vr et
1·t'·harliaLi vc. 11 tH' sortait de son muti~ne que pou1·
g-rondcr srs lilles, lor:-;qu'il les surprenait à abandvnncr
lrur ti·aYai l pour MlltrÎn' au-..: passant s.
li nuvrnit l'IH'•H'1' la hnurh r, qnand l'C n'•'lait pa:-
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pour boire, pour demander un prix cx?rbitant à ceux
qui avaient le mallteur (et quelquefois le bonheu1· )
<l'avoir besoin de srs scrYices.
,\insi donc J>rochoroff, as:-.is dcv:i 1it sa fcnr'•t rc et
finissant le septiemc vr r1·c de litt-' , ctait ù son habitude
ahimô dan s de Lrist.cs n'.• llexions. 11 pensait n l'averse
qui , ln semaine dcrnii•rr, avait t'clali' au momrnt. des
f1111 él'aillrs d'un g(' H'rnl l'n rf'traitc. Ilien d(' S mnntea ux
déteignirent cl bien des thnpraux pc1·dircnt lem· forme.
11 prévoyait dC's J épeusrs inévitables, car son 1•ieu.~
ancien fonds de Yr\tcmcnls dP druil clait tombè dans
un <'la t piteux. Il c~ p erait se l'attraper clc ses dépenses
:,ur lrs ob::.l'ques d'unr rieh1' marchand e', T1·iouchina;
mais, depuis une année qu'elle <'lait ù son lit de mort ,
elle ne Youlait se dcciùer a mourir une bonne fois. Et
comme elle habitait un quartier Moigné, Prochoroff
craignait aussi que ses lu"riti ers ne traitassent avec un
en trepreneur plus proclw . poul' <'li Jini1· plus tcH U\'C'C la
défunte et mordre plus Yile, à l'héritage. de leurs dents
<le loup que l'alLC'nlc avait nigui::.!•es.
Ces tristes pcnst•cs furent interrompues brnsc1ncmcnt
par trois coups frappés ù ln porte, a la ma111è1·c <l es
franci;-tna{'ons. Presque aus:-;itcil la purlc s'ouniL et un
homme, en lequel on pouvait r eco nnaitre du premier
coup d'œil un ounicr J 'orig-i11c allcma 11d c, s'approcha
gaiment du fossoyeur.
Il .
K .\UDl.Hil'i.
( A s11ù•rel.
CONFÉBE~CE POBTALIS
Sérl!IC<' r/I( 11 111r1rs J(lfJ'i . La SP;111 c'(' 1•sl OllY<'l'lC
a 8 11. J 2 so u:-; Jn pr1''>Îd1•11c1• dt' .\1• ll 1'1·111011d . p1 t•si-
<lcn t.
:\1 . Je pro fesse ur Bonneca n ·1·1•p asi-.istp a la ..,(··a nco et
M" Cng-gia et ( , iJIP:-. ·"'' Ill ;1 ln l1:11Tc· r-t no11:-. IP111
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59 -
devons une des plus brillante.s et ~es pl.us ~nt.éressant~s
séances de l'année. La question d1scutce eta1t ccllP·Ct:
« Une personne qui , dans le huL d'r.n empoisonner une
autre r emet d rs !mbs Lanccs vénéneuses a un tiers qui
ne le~ admini s trr pas, peut-clic êlr<' poUl'suivic pour
tentative d'empoi sonnement '.1 »
~l"' Co('rO'ia et (~ i ll es plairlèrrnt l'un et l'autre a\·ec
une ('gai/'c~mpét<'nrc : .Ir premier se disLin gua!'t par
sa clrnleui- communicat1vo, le second par ln rigueur
de .sa locrir1ue. Après les ornteurs inscrits, prirent surcessiven~rnt la pal'olr : M •· E<lù1;. Abbo. Bry. Puis on
passa au vole sui· la question apr1~s les attendus ~c
~r·· LeYamis, Delerb11. ,\une, :\Iontel, Lombroso, Prtitcolas, etc., etc., et la conft; rcuce se i:allia à l'afftrmati,·e par !!) voix COnll'P l3 et 2 abstentions.
l\I. Bonnccarr1\rc se prononca. lui aussi, p~ur l'a.ffhm a tive, et aprl~s aYoil' félicité les orateurs, il rqmt
la question n? n sa ns rèvei~l er de .tem.~s en temps la
discussion qui fut, on le votl. part1cuhcrement vive a
cette séance.
Sér111rf' r/u /8 null's IY()'i La séan.:e s'om-r<' soni;
la pr\:sidc11 ce d<' .\[• lk nn nnd . .\J. le prol'i>sscur \ <'_I'
monel assiste ù ln séance . .\J•· Emile li:llJé· et Yalenl111
Richal'<l a l'gu n~ cn t r nt sui· cette~ quc.stion : « l: c "Y"tème <lrs a»ll'Cllltrs con<lamnallons a tanl par ,1 ou1· dc~
retn rtl en ca,:; <l'inc:-.1..:cution <l'une obligation est-il
justifiable Uf'vnnt les princi p e~ :• »
. .
Très in for mé et ll'es au courant tle la httrralurr
jlll'i<lique, :\1° l~dtlé. qui souti~nt l'allirmativc avec t~ute
'ta science que nous lui connaissons~ fonde son systcmc
sur un article publié par :\I. Esnwm. dans la « Hcvuc
tl'imcstricllr de Droit Civi l » .e t qui l 1'giti~e Ir système
des as treintr>s au moyen dr 1 al'ltclr 101h du Codr clr
proc('durl' ci Yi le.
·
l\I• Hichal'll, l'l'Conna it r1uP la pratique fait bien d'admettr r le i-.ysti•me iles astrrintes qui est très commo<le
et t rès clfièacr, nuu s, r•"pondant cxac t ~mc.nt a la.q~1cs,
tion poSL'e et l'CarL•rnt l'!'solumcnt 1 <.~rltc~~ 10.l(), 11
d1;clare qu e le s ys tème ne 1wut pas se JUSL1ftcr. dcYant
les principes. C <'lll' log-iq11c, tn"s s ù1:e et ~nanH'L' lt'1·s
hn bil l'nw nt, c•Jlt ra ina la Confl'l'(' ll.cc C{ L~I, a1~res lr's attendu s d1• .\[·- Pélitl'ola", ~InitPs-;1t•r. t 1;1t1 l1<'1'-DPscottc·"·
�..
-
60 -
_\bbo et Rn-. sc rallie n la négative par (1 Yoix contre
't à l'a!TirmatiYe rt ï ahstentions.
:'Il. Yermond ft>licitL' les orateurs du !:lcriPux HYet·
lr1p1cl ib ont traitë le sujet ; repri•nnnl la di!-ilinrtion
1"t;1bli(' par ~1" Hichanl, il rappelle que Ja question ne
portait pas sur ln ndcur pratiqur du système mais
sur son fondement juridiqur. C'L il dr•elarr 11ne cc fondement fait comp li•tement di•faut.
DISCOURS
Prononcé à la sèance solennelle de rentrée de fa Conférence
rSuite et
fit1).
Slance du '!? m·n( lr!O'i. - '1 " Bcrmond préside.
~I. le profc~sc11r Bablt>il a-;siste a la s1•ance.
La <JUCstion a l'ordre du jour· l'sf c1•llt•-ci : « En fait
d'émission lle billl'ts 1lè ba1tqt1L'. k l1•g-i·-datPu1· duit-il
prl'1'Pre1· ù une han<Jll•' 11'1-:tat )p pri\ il\•µ·p ll'une banque priYl>e dan-. le g"Plll't' 1lr rrlui clr la Banc1ur ùr
France :' »
:'II• Camillr• l111ux. 1p1i -,011tiP11t J'allirmatin, babc les
critiq11e•s qu'il 11ppos1• au snd1•nw d1• la Hnuqup ilï~lat
sur diYrrs ;11·gumr11ls d'lll:drc• 1'l'!ltHlllliqu1•. ti·ls qur :
1<1 c11nfusio11 fatal1• dn erl•dit dl' lï•:tHt l'i du c1·cdil de la
~~allljllC, la Yoic OUYel'll' illl pnpir•r-11101111;1i1•, l'k. ; il
lll\"•HJllc en l'aY1'111 du systl•rne fran~·nis la ltJng-ue c l
heUl'l'U."iL' exp1'•1·i1'1ll'l' 11uc llllllS <'ll H\'OJIS l'ait•'.
:'Il• T1Jyc, qui pad1· avc•c f;.tcilit~" c·t PIO<JltPJ1cr, in~i ... lc
surtout sut'. J'. •s a1·gumcnts h1-,tur1qucs ; il nous fait uu
tableau sms1ssant des mnlltc'urs <lont, <l'après luL la
Bauquc tic Frnncc' a i"tv la snurcl' puur 11olrr pays ('Il
min.
·
La ~onfé1·cnct> si> rnlli" a l'aflirmatiYc par 8 voix
contre 1.
:'II. Bablcd f0licil" tr\·s chaudPnwnt lPs oratC'urs. Il
,;I rc• approprii"e a
1 "~'.1t ~oet;~l rt •·cn.nr.111.ll!(llf' d" c~t•.l!jlll' pays. l•:-,1iman t
!Jll. il faut "~l'f' po;.1l1n ... IP 1·11 pnlit11111e f't 1•11 affaires. il
v111t dath 1 r-xp1"1·in11cro sr'·eulairr· qtt<' la FratH'<' a faite
tltt s~ "!''Ill('. de l.t lia111fl~I' pri\ï'P. Pxpc·riPtll'<' somme
tou.ti• li1cnfa1."~llllt· JHilll' 1 Etal Pl pour· li'., citovcns, la
mrtllP111·1· g-ara11tÎl' d1· la\ alPur du -;yst1•m1•.
·
~it 11ur· l~ solution dP l_a rp1,.stio11 doit
,\ la suite de ces pacifist es exaltés, nous ne pom·ons
clone pas. pout· <léharrasser l'arbitrapc international
des nombreuses entraves qui empècnent son entirr
tléYeloppement. 11ous jeter dans l'internationalisn11• rt
songer aux Etat-l'nic; d'Europe. J>'aillcurs, l'arLitrage
international. tel qu'il es t aujourd'hui, et même s'il ne
peut point assurer la solutio11 pacifique de tous les con·
llits int ernationaux est cli'·ja un grand progr•·s. Et, ;1 cc
sujet, la fontlution ù la llayc d'un tribunnl iutrmational assure ù l'arbitrage' un fonctionnrment plus crrtain et plus fré<]ncnt. 1\u ssi. tl cpuis crtte fon<lation, les
Etats semblc1tL nvoir plus de conliance dans les solu tions pacillciurs; et c'est ninsi qu r des alfait-es aussi
impol'tantes qu<' crllrs <lu \'ëni!zut" la , que l'_\llemagnc,
l'I talie "t l'.\ng lr tcrrc aYaicnt d'abord essayé <le régler
à cuups de canons. ont pu, grùcc a l'intrrYénlion i•nf'rgique des Etat.s-L'ni s. se traiter pacifiquement deYant
la Cour <le la IIaye.
En effe t, s'il est prudent de ne point s'ltveugler d'utopies et tir chercl1er Jans les décisions prises à la
Haye, en Hl9!1, le prt>luùc grantliosc tl'une (•re nouYelle de paix absolue, on n<' peut point s'empècher <le
reconnait1·e les grands llll'rÎ les <le cctlP œune et <le
Yoir clans la Conl'1• r1•ncf' tlite de la Paix unr etapc dan::-.
l'hi stoi1·r dl' la ci \'i füat ion.
Ellf' a J'ahoi·tl liumanist" la gurrre, en ameliorant,
dans Jr tri•s g-ranllPs propmtions. l:~ lois <le la g-ue_rre ,
Pt clic a app ltf]ttr' a la gu•'l'l'<' mat'lttmr lrs prmc1pc.::.
dr la convPntio n d1' ( ; <'ll•'Y<'. l·:llc a <'"SHYÎ' d<' suhslt·
tuer aux moyc11s Yiolcnts le::-. mo,·1•ns j1aciliqucs, en
pr1•vc11a11t lu· g-ttel'l'l' par la n•glr111r11lation deb bons
ofliccs l'l dr la m1·diatiu11, l'i en urg-nni!'ant, aus:;i bien
riue pussililc, une jus lÎ ('I' international.·.
�-
62 -
Et, sans failli: ~n instant à ses de,•oirs de patriote,
on peut applaudir n de tels actes, c<1r le poète l'a dit:
.lt• tirn::, 1lr ma Patrir un ru·nr qui l'a di\liorrl!',
Et plu:: je m r i>rn:; l•'nlnt·ais, plu~ jr s ui s liumilÎll .
.\ toutes les époques - c'est la la "Ta ndeur et l'orila France a été
11.nitrntr1ce des pens(•cs les plus gé néreuses. la bienfaitnce de l'humanite, le « chevaliPI' tle l'lcleal ».
Malheu.rcusement, il est encore impos<iible de sup ~ut c !· le JO~r où, ~Tùcc au dt;vrlopprmrnt infini de
arbitrage mternat10nal. la gucl're aura disparue de
cc monde.
Et oui . Jlessicurs, prut-èt1·e <'S l·CP le moment dP se
<l,eman<l;I' si le mounmr nt pacilist1> cont emporain ne
" est po.mt appuyt; s ur des ba;. es trnp )l<'u solides et
n'aboutit et ne doit aboutit' qu 'a cl es manifes tations
purrmcnt platoniques.
On a peut-être eu tort , à mon avis, de vouloir fonder
!a paix uniquement SUI' le Ùl'oit et <l'a bandonner le seul
idéal et le :>eu! vrai de la paix lHll' la mo..al e.
l'ne for.mule juri?iqne n'a111·n pas la force <le plier
des co!1sc1e~1ces qui n. on~ p<1s l 'hal~iruJc de la justice et
<le la libcrt~. ?ans
la JUS Lice et la liberté, que nous im1
porte le dl'mt : Cc l'iOnt les indi,·idus qui constituent IC's
p<'u_pl cs, el cc qu 'on he plait ,·l nommer la conscience
11~t10nal.e n? ~e détermine que pat· la reunion <les conscience_s .1~d1v1~uell cs. Il fout qu'un sentiment de haute
mo~·aht<' ms p1re le rc::..p<'ct des droits de tous dans une
nation , pour qu e chaqur 11atio11 à son tour s'inc line
<l.eYant ,les cl_roit.s d~s autres peuples f'l accept<' lrs dt•ci s10n<i <lune JllSltce 111lernationa l1'.
.\lions plui'i loin , ~fes:-ieurs, <'l laissonh-11ous un in stant entrai1~ er ~·ers l<'s h? ri wns. chim.(·1·icl'1<'s. S11IJ\10sor1h que 1 <1l'b1trng-<', qut cr n 'cst encore aujou n' 1ui
CJ~t un orga ne <'lll hryo1~11 ~i rc d' un r coll cct i\'il;, in or ga·
llll'i<'? », d"passc ~es ltm1l es acl11ell1's, et <jll!'. n1TiYe ù
une m<lqien?an?e absolue sous J'e111pil'c d'u ne idée de
souvrra1?e 1ust.1 cr et u:u1w c11ltu1·p moral e plus avancc·e, le tnbuna.l 1ntrrnat1011al de la fla yP nit unr ac tion
Pfficarf" co mplet,. s ur l<'s p1•111'l1•s <"i,·ilih1°•s d1• l'J•: urnpe.
~!11~11. itc ? e sa magu1flqur histoire -
l
-
63 -
Il restera encore les l\utres peuples de l'l:nivers, avec
lesquels la guerre sera fatnle; et cette guerre sera peutètre plu s tenihle cl cruelle entre des collectivittls, de
civilisations, de r eligions et de mœurs différentes
qu'elle ne l'es t actuellement entre des peuples d'origine
et d'éducation à peu près s1>mhlables.
Sans <lout.e, comme extrêm e limite, à l'infini, l'arbitrage tend ft la paix; mais nvant d'atteindre cet infini.
bien <les siècles peul-ètrc se seront dé•jà écoulés ; et ni
la guerre et ni les frontières ne seront mortes, cl l'homme
continuern de vivre!
Et voilà pourquoi il me sembl~, :\lessieurs. que, tout
en prêchant la causr• de ln pa ix cl en excitant chez les
hommes le culte de l'humanité, on doit desirer, pour sa
patrie, qu'ell e ait un<' fo rce toujour.:; prête a servir le
Jroit et la justice, à sauvega l'<ler ses institutions et son
développement c'•conomique.
On parle. il est vrai, rles rnl·faits dr la paix armée!
~fai s nr croyez-vous pa s que c'est. parce que les nations
européennes ont des armc'1>s so lid es que l'arbitrage
international a , jusqu'ici. donné qu elques bienfaisnnts
résultai s ? Et si aucune nation n'a r ncore osé se soustraire aux jugements qui la condamnent, c'est que lci'i
autres nations , fortes <lr IPur orga ni sation militaire.
peuvent impose r ù'rllcs-mi'mes à cette nation la soumission la plus compl <'tc. On déplore, en writé, que la
Cour de la Haye n'ait qu'unr sanction morale: il n'y a
pas, dit-on, de gendarmerir internationale pour foire
exécuter les sentences de ce tribunal :1 J e la Yois, au
contraire, toute organis1•c dans les institutions militaires des divers payh; rt n'est-ce point là encore un
nouyrau point dl' n·condliation entre les doctrines pacifistes. les senlim<'n ls palrioti11ucs. le,:; vrrtus et l'esprit militairr .
li va, dans tout cc mouYcnwnt <l 'i<ll•cs et tic fait'i
qui J omine la question interna tionale ùepuis ces quelques années. unr pal'l de y(·1·it1· et une part <l'erreur. ll
ne s'agit 11i dr vivr1' dans k 1·t',·e et tic tracer des pro·
jets i1·1·l·p rod1ahlPs au point dl' 'u1• tle la rnison pure.
mais inapplil'al>ll's aux g roup c111cnls politiques que 11ou::.
avons sous lPs yeux, ni de se laisser cc raser par la réalitL;, et d'abandÙ11ner Ù<' hautes et nobles ambitions.Les
deux t'.xr11s sont auss i hlùmab le::. l'un 11ue l'autrl'.
�-
li4 -
Descenùons au contraire dans le domnine de la pratique et, de grand cœur! tr~vaillon~ :1 pn;pal'<.> r la paix
par la libel'té et pour la JUst! cc. _:\f'.11~ s1 clan~ l'Cl't.amcs
circonstances la gucne dcncnt lllf'Ytt.ublc, drployons-y
le même cournO'e et le m!\mc hr l'oîs nw qu'y ont dr'ployés
nos pères; oub°lions-cn un instant les cùt~s rnalfaisnnls
pou1· n' y vouloir retrouver qur ce t esp1·1t chevaleresque et patriotique qui fut rt SC'1·a toujou1·s celui de notre
belle Frnnce !
En scnant Jidè>lcment notre patrie, :\lcssicui·s, nous
sel'\ irons la cause de l'humanit1• ! « .\h ! prenon s ipr<le,
11 dirons-nous avre :\l . Deschnncl ! out, nous aimons
u l'humanité, mais nous ci·oyons que pour la bien scr" Yir, il faut bien servir. bi en <lt>fr ntlre et hie n uimer
« d'abord notre pays - non pas ~cnl emrnt parce qu'il
<< est la terre natalè. le pntrimoine des aieux mais
« parce 11ue la F1·ancc est u~1 _d_Ps pluo.; pui:- ~a nt.s ins:
<< truments de prog rès, de cn-tl1:-.at10a et <le .1us1tce qui
« aient jamais paru dans le mon<lr. P1·!·o.;en ·ons la donc
11 clc Ioule atteinte, r<'g-ar<lons loujou1·s ;rn dela <les
<< fro1.tiC'rcs. Soyons toujours at tentifs, vi~ilanls et
<< fiers! L'humanité a besoin , pour ga rder l a France
<< comme lumière. comme Y<'rbc rl mèmccon11nc parurr.
<< c1u ~ la France ne cesse point <l'c\trc Ja pakic fran-
c<
~· ai se.
n
L ~: o~ (; \ UTtE11 · DEscoTns.
ASSOCIATION
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
.l sscmûlée (;é11émle r/11 :'.'} .llms J:lfJt,
La sl·ance C'<;t UUYCl'l<' il D hcur<'s <l11 :-.cJi r . f ,p bureau
(•s t au ("Omplct.
Le prncès-vel'bal <le la dcrni!"t·r• as:-.e 111blt>e est aJople
apr"s lecture .
Le tr{•soricr <lu concert <l<' r·ha1"it1; l'<'ll~ sr:-; eo mpl<'s.
JI lui l'<'Slf' net .)/':) frarn· s que· l'o1t l'f"partit ain.;i qu'il
-
65 -
suit: 150 fr. a i\Ia<lamc D. (mè1'e <l'un <le nos anciens
camara<les1 ; llurcau cle bienfaisance, 125 fr. ; PetitesSO'urs clC's Pauvres, 50 fr. ; conférence de Saint-\ïncent<le-Paul, 50 fr. ; Dnmes de Charité. 50 fr. ; Œuvres
protes tan tes, 50 fr . ; Sœurs <le Saint-Vincent-de-Paul,
100 francs .
L 'assemblée vote <les félicitations à la Commiss ion rl
aux acteurs qui ont bien voulu nous prêter leur gracieux
concou1·s.
:'lluterse _parle ens~ite <lu Congrès de Turi~ c1u.i au~a
lieu en avnl. Il convient de nommer des <lélc·gues . Ce
sont: i\Iuterse et Alfred Jourdan . La subvention <le la
villr qui nous a H é promise leur sera donnée .
La séance est leYt"e à 10 h . 1[2.
Séance du 2!1 A"ril 19(}/i
Ce n'est pas une asscm?l~e mais plutôt une ~micale.
au cours de laqu elle le prcs1dcnt .\Iuterse <levait raconte!' son voynge a Tu1·in . Il narre, a\~ec bea~co!1.J1 <le
<lt.'.· tails , tous lrs (• véncments du Congres et fa.1t 1cl?gc:
<le la belle vill<' ti c Turin <l'a bord, <'l <les étudiants italiens en!>uitc. Juli en <lepose un ordre du jour et un teli·o'l'amrne <le r emerciement s qu'il propose à l',\ ssemblée
. .
J~ 'envo ver à 'I' urin
Sa pi·oposition est adoptée avrc de. nombr;~x_applau
dissements, de m<\me que celle de Beraud fehc1tant les
camara des :\Iutenw et _\lfrcd Jourdan pour la fa\·on
brillante dont ils se sont _acguittés <le le~r ~1issio.n. .
Yachie1· donne sa <lén11ss1on <le secrt'fa1re:trcsorier
J e la Pro"e11ce uw·versitaire. Le camaiade l':aufm an~1
est elu ;\ sa placr. En cas d'absence de la prés1drnct'. 11
prencl1·a le titre clc directeur.
.
On se si'•pai·c a .l L heu1·e:- apt'l'S •tYOlr entcnùu <les
camarades <lan::. dn·erscs chansons.
L e Secrétaire
ÜK B OTT l :O.I.
�-
1'ÉC HOLOGI E
Le s amedi H mai. 11n e bien p énib l<> nom·elle est
venue nou s s urpr<'ndre à 1'1\ ssociati on . Notr e j eune
camarade Gabriel Houx venait de mourir s ubitement
dans la nuit, brusque ment r nleYé ù l'affecLion <le sa
famille et à no tre amili e ù tous.
Les fun er ailles onl é té c(·ll'bt·{•es ù 1\ix le lendemain
ma tin. :.\DI. les Profo::.scur:; <le la F aculté dP droit
anü ent t enu à po rt er a leur élèYe un e ùcmièr e m arqu e
de ::.ympathir. L '_\ ssociation , malh r ure usement trop
pr u nombreuse èn ce jo ur ùc diman che et s u r tout ù
cause <le l'impréYu <lu m alheur qui es t Yenu la frapper_
avait <>nvoyé un e déh-ga lio n d'un e cinquantaiue d'étudi ant qui marchait dans le cort i•gc JW(•cédi•e <l e son
d rapeau Yoilé de CJ'(~p c.
.\u cirnr lii• rc. M. Bry, Ùoyrn ÙP la Fac ulté <le droi t
e t notr~ président :\Iutcr se ; nt s uccessivem ent pris l;
p ar ole.
ti7 -
r~marquù: d?pui~ qu c!ques jours déjà, que sa place était
vide , mms J etais lom de pens er qu e la mala di e le
retenait loin de no us, et surtout qu'une m ort prématur ée et implacab le l'enli•verait bientùt à l'affecti on de s a
fami lle, de ses m aiLre s et de ses camarades.
J e vi <' ns de pro noncer le mot d' avenir ; n'est-il pas
doulo ur eux d ~ le voit· se briser lorsque celui qui pouvait l'entrov01r en <les 1·èves brillants avait dix- huit
ans à p eine . La j eunesse de celui qu e vous pleurez avec
moi n' a pu fair n r eculer la mort, et l'impression pénible
que nou s r essento ns s'aus-m ente encor e à la p ensfo que
cet enfant, hier encore p lein de vie , laisse un pèr e et
une mèr e, d es pa r <'nts aimés, qui se r éjouissaient de le
r evoir da ns que lques sem aines v enir prendre près
d'eux un r epos m érité a près le travail de l'année.
Et nom; le conduisons aujourd' hui à sa derni èr e
demeure pour le r epos c'ternel. J e me sens impuissant
à consoler pa r des p a r oles, mème les plus affect ueu ses,
la do uleur q ue doit causer un e perte aussi cruelle ù un
p èr e et à u ne m i•re, à to ute une fam ille éplorée . Ln
s up rê me esp(•ra nce de r eYoir un jo ur, p ar delà le tom b eau, l'enfan t e t l'ami c1ue nous p leuro ns, peut seul
adoucir la tris tesse d r. la sépa1·atio n .
Discour s de Mute rse, préside nt de }'Association
Discours de M. le doye n B ry
:\1 t:ss n ; uns,
:\IEss IEU RS,
J'obéis à un p énib!e devoir a in:si qu'à un sent im ent
de pro ~onde sympa tlue en venant, a u nom <le la Faculté
de Droit, au nom de la fa mill e universitaire clirr un
s uprême a dieu i\. J'élève et à l'a mi qu e la mort\. ient <l r
t errasser en quelques j ours.
G?br i~l Houx n 'étai t encore qu'en premi èr e a nnée
et n aYa1t pu mo ntrer, dans les l'JH·e uYt·s des concours
et <les examens, les r es ulta ls <le son travail et <le so n
mé1:ite. :.\la is son ~ss idui t/· etait exe mpla ire ; je; le voyais
lOUJ?ur_s a u, ~re m1 er r a ng e t a la mèmr place, l'esprit
en eve1l , de_s1re_ux ~e sa isir e l <le comp r endre l'ens<'ig;1.iemen.t qm lut el~ut donné. La volo n té qu'il avait <le
s m s tru1re , sa p erseve1·a uce Jan s lt'S moy<'n s c1ui p l"uvent m ~ n er au s uccè·s, po un 1i<'n l nous f'ai t'P co ncevoir
les .me1lleure::; espfra nees !JOur l'<n cnir. J 'av ais Lien
Sur cett e tombe si préma turément ouverte, ce n'est
pas le r écit <l'une long ue vie de labeur ou <l'une carrièr <' g lorieusement r emplie qu e j e puis Yous dire. L a
mort, devançant son heure, n'en a ma lheureusement
pas laiss1" le t r mps à notre regre tté cam arade; aussi,
avec ce ce r cueil. cc sont seulement tics illusions bri sées, des cspérn nc<'s Ùt\'ues, un r ève brillant d 'aveni r
tro p tô t interro mpu, q ue la t err e va r ecounir dans
que lqu es insta nt s. ~fai s ùu moins ces espérances
étaie nt nobles et b elles et ces rêves étaient légitimes :
dans les qu elques mois trop courts qu 'il a passés pa r mi
nous, notr e cam arade G abriel Houx aYait déjà s u conqu éri r, comme o n Yieuf. de You s le dir e, l'estime de
ses m aitres dévo ués ; sa vi ve intellige nce j oin te à son
infatigabl e a rd eur a u tr avail lui promettaient de b1·illants s uccès dans no tre U niver site, et ces m êmes qua-
�-
H8 -
litt•::, de son esprit, joint4's a celles de son caractère, lui
aYaient fait ncqnerir 1\-.,, tinll' d mème l'admiration ùe
sC's camarndcs qni l'entourni<>nl.
C'est au nom Ùt' c<'s derniC'rs , <JU 'aux larmes <l'une
fnmille si cruellement frnppi'e. j 'ai le deYoir de Yenir
mèler l'expression dl' 11olrl ' 'in' douleur . La nouv<'lle
foudroyante de' Ct' lle s1''paralio11 si brus qu e est Ycnn
frnpper un L'011p hi<'n nuai au sein de noln' Assoeiati()n.
:'lfnis, puisque la so lidnril1• qui nous unit ici-hns se per1wtuc j 11 s11u'au dela de la lomhe, je pui:-. aflirmer, en
adressant a nnln• cnma1 adP Houx u11 dernÎl'r adieu.
<}Ul' son souYemr rcs lcrn ticlt•le parmi nous, rt que
nous, qui l'avons appn•eil· PL aim\'. (ne l'oulilicrons
jamais!
L~ Pro~·ence C11frcrsitnire, an nom tic L\ssociation
t out 1\• ntièrP. reilè1·1· Pn c<'lti· doulour<'lbC circonstancP
l'ex pression <le sas~ mpathic attri sli·e ;t la famille qui
YÏl'nt d'ètrc si c1·uelll'me11 t l'rappc"t·
ECHOS ET NOUVELLES
Bourse de Lice11r·1'. - Ll' :21 juin, u11YP1·tnre du
concours a la Bour,,c de LiccllC\' 1•s lettres.
La composition latin1! commt•nL·L·1·a a ~ hem·es du
matin et Jurera six h<'ures.
La compo.:;ition franc;aise aura lieu mcn·1·cdi et durera
riuatre hrures.
S'inscrire au SelTda riat c!P r \ catl1"·mic.
:. :'Il. Huyssen. un tic' 11os plu-, Jisti11g11L'S profe., sPur;.. charg(• du c1111r-, <l1· pl1ilu,.,n phi r>. a so11t<'11u. Ir
7 mai, ses deux tlw:-.Ps dP Dul'lorat a "1 '-,orLonn<'. Il a
M1• r<'1;u <locti·ur ._..., ll'll rl's a' ec la 1111•11tion trei; honoral1le.
La Provence l'11ii•c1sitoire prir I\I . tluysscn d 'agrc"<'r scs liil'll motle::,le'i rnai s tn·::. si ncfrcs fPlicitalions.
l r î rrrmt : IOMBA T .
Le Directeur-@ ·
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el Ltlh
• : IJ onAcE KAUFMANN.
P. POURCEL, couri Ntr•be•u, 10
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Œ:.hemiserie •••
�IHadien de 8° àD. fes tladianls pour loute lifl'aisoa 11
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AN~RR,
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BULLETIN MENSUEL
Juin 1904
ence
Universitaire
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ASS6GIATION GENÉRALE
DES ÉTUDIANTS D'AIX
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SOMMAIRE
f•. M.
(.'11 nd at 111 11
l'hilip part
Dlopocl Ernr
L<'ltn' d 'un l' i11s1111 ,·1 une Fau\'l'lle
Horaee K \ 1
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J. B
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L ' \l ·11uli . . 1111• t' I la H1 ..!1cssl'.
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Dircclc111·
Ano~'.\EJ111<;.\T
4 Fr.
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Fr.
Le Numéro : o ,3o cent.
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�FONDATION PHILEPPART
l,c· prnµ r ;i 1unJC• cl t•s 1'1-. lt•s :11J1J l lt•ll t•s d 0 n n11·c'
i\ss1wi:ilin11 ._·l"" l t•11 r i1 ·l1 i n·l lc• :1 11J1 <' l ' r1 ·11 tH' 1111 it1; rie·
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pl11 . .; ~ i l"o11 <' Il j 11µ.c· p:1 1· lt• p 1·c·111 ic• r ('...;...;: 1i rp1 i r·til
l11•t t d :tli" 11• 1·111 1r:111I ri <' IÏ•\I Î<' I' d c· 1·11 ic· 1·. «<' ll <' 11-. lc•
c1 >11q >11· 1·a [1: 1t111 i ]1•..; plt i-. µ.:iic•...; 1•1 dt•\ w1 1dr; 1 l11t'11 lt'1t
t l lll' dt•...; pl 11s j1u p 1il ;i 1n•-.; j>ill'lJll ll<ll ls.
L:1 fll n da l 11111
1 ·11
l'"I d t 1< ' :'t 1:1 µ.1~rn; 1.lls i t 1: c1·1 111
.\ ix11 1.. ; lne11 rn11 1111 ~I l'l1 ilip p .\1 1µ.1i-,tc. \ ·owi. dtt
l'l'sk l' ll qtt els lt· 1111t•-... il li t pcttl :11·.\ -.... d t·"" dé(' i.. ; 1n11.
la f'l'Ps1·11t<' cp1stole jl'
m1•s fratt'l'll<'s cl pal1·1 t11'" snlutat10ns
.\c:n111tlt>, Ill• re11wn10rant le-. -.,rnlb l't g-amhatl1•s.
\'oÎl'l' oraisons l'l 1·m lJras,,emc11ls J11ut 'vus 1•1'itc~ Lonfr
"'' me co111lilc1· 1·11 r..tu:. st111 m1·m()rab l1· Ju lundi prPmif'r fc\TI<'I' dt• l'an d1• la r1·dt•mpt10n WO) . r111111
1 /t(flll
cun::->iderant 'os J i:-; posit101b so1ffard1':-< d(llll
j'l'PU\'t':-< lllll lt ipl1•:-; lllP fnn•nl dùlllll'Cs <'11 ladi te ll('l'<l-.Îllll , P osll'a pour c<' qut· boire 1•sl j, prn prc dl' l lrnm1t11·
d <[llC \'nus n't; t1•s JHlllli d1· l1t-.l1•s . ::-.aehant t)ll <' •[ UÎ lio1t
ri t l'i •(li<' •111i nt liuit , 1f<.-.ira11 l cot1s1•rn•r J,. ::-.i uobll's
P r/11111111 el r1111l' 0111111rr HY<'t'
,·,1u;:,
e11\·011•
�-
70 -
Jispositions, vou,.. l'air<' hoire pou1· vou:-. fai1·c rire et
vous faire rire pour vous faire boir1>, j e vous cx pccto rc
le dê::-ir que da ignet arcPplPr el IPnir pour bon Pt
agi·eable le <lou de clt•ux fois duuz1' exemplai res J e
l'oun agc fruit ex trait Jp l'alambic d1• mon <'l'rveau.
\)uP JH'lll' n 'ay•'Z d1• YOUs nb1·,.11vc1· ù ce tte sonrrc dr.
sapi1'ncc et d' ns•'l' f,.uillct ap1•ps f1 •nillP1 dl' ce livr1' tl('
vir rt virilil1\ pour C'f' l(ll" d 111q1tc• nnn (•p l't•(lition 1'11
''"l rcf'onJue. rrYur t't cm·1·ig1·1' r t to11jou1·s it la disposition J e ustedes.
Je prie Dieu de vous tenir en sa sai nte gar<le Pt YOus
..;ou hnitc CCL'ur:- ,ioycux Pl jamhc.., ngil1's pour fc'>toyer
et amuser gentes pucelles <le cc lieu, en cc court 1·cgnc
J e Sa :.\Iajeste Cnmava 1.
. \ . 11 JIJLll'l'AHT.
l !~H.
\1\. ;, Jl·1ri1•1
l1llllile de \·ous din· q11t• ('l'llt- olfrt> fui pl'Oda1née
l;1 ln\" bien \ ' C lllH' : e ll1• l'ul sn ltt é(' p:tr de 11ou11Jre11 x
linns d so n anlt•111· 1'11! ~1 1r le <' '1 <1111p l'l par a"clarnal io11 no11111 lé 11wm 1>l'l' '1011orn i rc dl' not 1·p Associat in11 . Il \·in t d'aillPUl's pn~sidcr la p1·(•111i<"n' t'Nc <fll Ï
p11t lil'll <1til'lrp1L's jours ;1pn"" d pul n'1' tll'illir ai nsi
dil'el'l e111e11l le..; l'(• IJlen·i111t•11t..; q111• 11011" lu i d csti111011--. La P 1·r11 1'111·1• { 11i1•1•rsifaire ..;p j()i11t :rn x paroIPs 1n·onnnc·t'-es :dol'" p:11 · 11' prc;...;id1•11t l'i a11x accla1u:i lio1h d1•..; 6t11 rlim1ls qui ('SC'o l'l c".re11l n oll'C' géné1·rnx 111e111hl'c l1onorail'P jti..;quc• "11 C'z lui pnill' lui
acln•...;...;('I' ses IJJ l'ilktlJ':-. l'C'lll<'J '('J lllCll ls Ct j)Olll'
pe rpétu e r le ..;(}ll \'C IJiJ' de· IJOS S('IJtin1 e 11l:-. l'Cl'Oll1
lli lÎ..;san l ..;,
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Lettre d'un Pinson à une Fauvette
,\ la plu' lwllr· ,J,,, L1111<'il•·'·
'j,.,,,
l la1" l•· pl'dtn du
d1.'11t•.111
f .1t SIJ ll p;i);u~ dt• (i•t<pll•ft•flt•-.
.\ g.iuclu• du 11a11t ,~ot1·Ju .
1
r fi /'rio 1111 t"::, - 111 oi,
111(1 de· Ill n;s,.Z/('.
l<' /i>l r11110111· q111• .i rt; po111· <'1>/fs ·
Mais, !té/as 1 <'OltS l'/es si hdlc
J~t l'olre ref{ard est si dou.l',
(ht'C'11 dépit d':111e rrai11tc e.i'frhue
(jui cause mes plus dou r tourments.
J'ose <'Oiis dire: 1e c•ous aime.
Cro.'le::, a mes te11dres serme11ts .
Je tenais do11c a c•vus écril'f•
Cc petit billet la 11go11 reu.l .
. 111 111oi11s 11'a/le::, pas trop en ,.;,.,,_
l!élas ')<' sflis si 11wlheun·1t r .'
J'ai pris u11e piu111e a 111011 ailtl~t j'éffis rt 11rn tvutc belle:
.lion jew1e cn·ur vas c•ous s'élanu.
Et rt!c•e qu'il vous appr11·tie11t;
Ta1ulis t/fle fr Peut 111e halanu
S1tr le rameau qui me soutte11t
t1h .1 si c·vus c•o1tlic:, ma chh·e âme.
Pat 111a c•oir 1•ous lais·scr toue/ter.
I t d u11 111vt rt'lJ011clre ù 111a (la111111e,
l 'o11s 1•c111t::, si f~ sai.\ aimer
(Jue dt.! /)((isu s.; ui111aais prendre
.~tu · 1·ot1e /)(ttt bt:t luisa11t;
lla1se1s '/ll<' 1·011s s1ll11ic::,n11dn:,
Car fr 111i1·11 11 est Jill-' 1//plaisa11t.
(>tu de /Jerllll JVlll'\', il 111e sc/l/hle,
.\ 0:1s /Wff/'/'lOJ/S CO/lh'I' tuus dut.r,
lïu111trt11t, 1•i1•rt11t tOllJOIU'.\' ('//.\'/ m/;fc.
Cr1111mc Les;<>//t:ll 1 a111<111u·u
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111ati11 pw'<'1111rr1111 la plawe.
Becqueta11~ c i . pfrota111
Xous po11rs11ii•a11/
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Oh .1 Le <•rai bo11/ie111·, fr < oila.
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T"ou s 1111· 1•errfr:. r111;1r.~.\' rie 1•c111s.
1
P<i r 1111 \111,.ur ru"M'.
Vi>11s prod1g1u1111 , d 1111111 r1mrfl1fe,
'>l 1n:)
li111s lc-sjo11rs les sllins frs pl11s r/0111 ·
lJe /'l11s, les pÎlno11s par 11rtflfl'('
011 le suit depuis tn~s lo11gtc 111ps.
Xe sont pas coureurs d'rt1•e11tures·
Jfrme 1111<llul r1.1 ie11t le p1111le111;1s.
1
h · serais u11 r1111a111 /idde .
11 E :\<' tt:-;1'/ c· l1 1•1 \"oi:-;i 11. d it -il :1\' l'<' <·1·t ;in-Pllt q111•
1 1·~ Yr:1i s H11 s~t':-; 111· IH' ll \'1•1 1! p :1 .... l'll l1•11clt«' :--<llh rir1•.
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lncn!dule a111 111au1•ais c/1s1·0111s
Ye clon11a11tja111a1s dl' co11ps r/'a1fr
.... 11i .... f'l>J'C lo1111i1'1'. jl' 111'np-
p e ll <' 1;ofl l11·l1 ~1'11011111 . .ï lr:tli itc• la 1J1ai~n11 Pll l.11·1·
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Ali.' par pillé. cld:r~ ({(/c)I 1fe,
Îll\' Îll' ù \'L'llÎ J' ditll 'I
:11111 . c·lll'Z 111oi. <lH'<'
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le::- µrand.t•:-> 11r1·nsio11s.
J;1;lroit lng1•111 r 11t d11 rnt'clrn1n1l' I' 1' lail l'e111p li
cr111Yit1;:-; : i] Y ;1qj( 1111 linttlilllgc•r pc>illll;tis. llll
tailh•nr litliw111i1•11 il\l'<' le11rs l'e1u111es et lelll''-'
enfant.;;. L'.\dmini:-.lralinn nisst' 1'l:11 t représe11ll'1' par nn poli1·rrna11 ;'1 po"li' lÎ\t'. Y1111rkn. qni
:1y;ut sn s"nllin•r. ni:d;. (Tc; son l111111lilt• s it11a lion . la
hiL•nwill:uwe d11 111nitn• clP 1'L':11i--. l><'t1C[;111t YÎllµ lci1111 ans. pn"" 1l'111ll' pl'lik µnc ' rill'. l:t l1;dkl1nl'de
:-.n t l"ép:nilt' . il ;l\;1it \ t•1i11'• ;'1 la sfr11 1·itc' de ses
ron~itoY en"' .
Ce Yonrko cqai l tlll lio1111 1w 1•11lc•t1d11. Il rnniprenni t <Jll<' les arlrnini s lrt;,.. ;m1Î l'lll 1111 droit ..;;wn'· ;'1
lemperer la tyrannt1' clt•s r1"µl1•11H 'llb 11:-ir 1:1c·otTllption . Pnwl111mJl n •r onni1t i111111<'cliall•11H•nl t'll l11i
1111 ho11111w 11til<> dnnt 1•'it 011 l;ml. il ..;;n-a1t :l\«1ir
IH "oin .. \ l;ilill'. il prit pl.IC'c ' ;'1 ,.,·i1 ,; d1• l11 i <'I on lia
\il<· ('()llll:-ti ..;..;ann• . l,;1 h11"r1· c·111i1:1il ;'1 !lois. li1 1·11n\t'rsation S(' r;ii:-.;iil dt' f'lll S l ' ll pl11:' iil'll\;llll<'. l,I',..
ill\ 11t::-: et h~ 111 ·s ;111qil1it r·.111 1,.. ;l\<1Î1 •11t 'l'i<'l'jll<' pc•inc•
fi s'i•11lt'ndn•. Ll · 1'1il1111;1i,.. 11:irl;11I 111;il 1":1ll1·111;111d. Il'
l .il l111.11til'lt p.irhil 1111di;ilc ·1 ·l1·1p11· 11i le ·..; .\lll'11i;111ds.
1111 ,., 1'1il1111.i i;-; 11·:tl lï\.11c ·11I ;'1 l1i1·11 s;ii ,.. ir. To11" sa111'
l 1 1·cwl111r111l. p;c1·J;1i1'lil 111;il lt' 1'11:-.sc• \1i-;s 1 ;i\;11c·1tl -il :-:
"1 >11\f'Jll l'('l 'l l ll l':' ;'1 Ill)(' lllÎIJIÎljll l' C' \ jll"< ':''-' j\I ' : (• j C"iJi! 1"1111 1'"11c'•1 ·;11f cp1 ·1·11 cTÎ ;111I il 1'1 ·r;1Î I 1·11lrc'1' 1il11:-: 1';11 ·11
-
75 -
ne
son Yoisin. Yen~ la
lemcnt les mots rlnns l:t tr' te
fin rltl diner. le rnnlonn ier rfrlanrn le si lenre et
commenrn :i porter les t oast~. 11 en porta fi sa
1fo'. rC' fcmmr , ;'1 sa fill P. ;'t to11 s IPs În\·it6s et <i rl1nn111 d'en:\ Cil pnrtic11li cr. P11i :-;, cr fut Ir tom <les
inYités. Ils b11r<'11l ù ln :-;au lc'· ile toutes les 1·11rporn ti ons dt•s rnélil'rs, ;'1 l;i snnl <~ <les maîtres. de:-.
on\Tiers. clrs appren tis . Cln h11l encore ù ln gloire
de :\foscou el cl'11ne rlrn1:1.ai1w <le petites Yille"
all cmanrks. Prr wli oroff llll\ait :l\P<' i1"le et .._·é~arn
.i nsrJli ·ù proposer lt 1i-nH;Jll<' 1111 tonst pla i-:ant
;\fnis lïl jo11rnfr I H' rll'\ait pa:-. s'fronlt·r ponr lni
saus dé:-;agnimen l:-;. l .r gros lio11!:111ger avait Il•\'<: son
\'CJTe : << .\ la saut<; de 1·e11 x pour cpti non:- trn\'aillon:-;, 1111-"Cf<'I' 1,·1111rl/r•11/1• ! " ( :<• 10;1:-; l 1'11t n•1 ·n.
c·o111111e IPs au lrl':-.. µai 111t•11 t l'i il\l'c tll1ill1Îl11i l t.'.'..\n
milieu des s;llll lal ions m1tl11l' lks. Prnrhoroff rec;ta
mnct. Yonrkn s.<'11 :1pen:nt : 11 ()uni donc! lioi".
hnlio11clika. ù 1:1 s:-tllll; d1• Il'" mort". 11 Tn11..; se tnrrlirent. ~<'111. IL· fo:-.so~ e11r <rs l illla olkn-..é et ,..on
vi:-;a~t' s"assn1nhril. Pers01mr u· ~ prit garde l'i IL•s
inYilés pari irl'nt tan! l'i un j>l'11 érn<'•l'l1Ps. Le l'o:-:-;oyeur l'l' \ int <'1 la n1ni so11 --anùl l' i irritt'.
« :\lais. <'11 qnoi donc. <' Il \frit<'. Pll 1p10i mon lllt;tier l''-' l-il llloins ltn11111•t1• q11 e I<~ lt•11r ·.>
E:-;l-re <flll' le r()"SCI\ (' 111' , ..... , 11• frc"n' rl11 honrreau o)
LlL' 'JllOÎ J'Îi1Îl' l l l Il':- llilS'-'Clllrlllilllll;._ '.1 (1 ~
El moi qlli \'Cllliai :-. il''-' ill\ ill'r tons ù llll k s ti11 !
Tant pi " po11r en:\! .I<' 11·1,11 ferni rien . "
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"Jln1s .i'inYite rni <'<'11\ JHHll' <JllÎ jt• trm11 il11• : cc les
li· 1·e11wr1·iil tli:-;traill'llll'lll 1•1 ltii <lit q11'il
ne tn:trl'lin nd nit p:is le prix, m a i-. s°Pn rnpport:1it 1·11
to ut. ù sa 1·nn~c·1P!H'I'. l,p l'os...,on•1 11·-entrPprPnr11r
jlll'êl. ;'1 :'()11 llitliitllrJt.. l[llÏI •• ('OllJJl lf'J'a ÏI fi\'('(' llll'll . »
-
<< l)lll' rbnntcs-tn. p rt it
mort" orthodoxl's ! n p<"r c. dit l"o1t\TÎ1"rl'. l<'ai-. le s iµ11 r dl' la noix ! Ill\ it c r les morts <i p1' 11cln• l;1 1T1'111nil l1\1·p rl;m:-. ta tn<ll-
~n n
! l lon'l'lll' ! "
- n 11;ir 1lil'll . j\' 1, •..., i1will'rai .
1·nnti1111;1it .\dril' ll . l'i pour la jo11r111'1' d1• dl 111:1i n
c> nc·nn• ......... le ...nlllt'ilt• \ntr1' l>Îl' ll\"1•illm1n'. m es
ltit•11 l<1ik11r,... p n11 r daiµtH'l' \t'll ÎI' ft'...;ti1wr dwz 11101.
d1•111.till . .l1' \'1H1s n"µal1 1 1'êll d1• 1111111·1 1 d llll[ ]!11•11 111'a
1
1•11ril'l1i ». ~Ill',., ..... 111nt . . 11• lo-: ...o\<'lll'illl<t "" 1·1>1 1<'!11·1·.
li l"aisait t'llt'lll"l' ttt1il d1•li111·s. tjlliltld llll 11• n··\1•il1:1.
La mardwnclt• T rin111·lii1rn 1\t;lÏI 111111k clnns 1·<'tt<'
rn1··111l' nuit. et ttll 1·m111111-::.;io1111: 11 t1' du µt;l'êlll l étai t
\'Clltl ;\ d11 \·nl p11111· l'm11rn11l·1·r ;'1 .\d r1 c 1J. l .l' l'o s1
Lï11~riti1•r
.\.prt•s 1111 n•µard si~ nifi<'atif ;1H'<' le gt!r:inl. il
:-'<'Il nllrt lr;1\ ;ii ll1•r ;'1 ln <'0111111anch•.
To111t' l;1 jo111·111;1, il lit la llil\<'ll<' 1·11tn· H<1 . . ~011l;1y1; d ln hitl'l'll"n· '\ik1t-.k:1i;1 1111 il 1k11w1ir;11I : a let
ln111lié1· clP l;1 1111it il a\ ;1it tout arnlll;!é c>I. iljtl't··~
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La 1111it ,;t;iit d:1in• 1•t IÏ 11•t11ï• t;1rdl\P LP 1'11-.. . 11\'t'tll' ar r i,·:1 ...;1i11 l't :-:a11t" :·1 l:i l1ar1·i1"•rf' il1"' '\ikit . . !-:11:1
( :11llll lll' iJ iljl 1'1'11('lt;1ÏI dl' ;--il cl1•t1ll ll1 '1•. il htÏ ...,1•111\il;i
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Yndk:1. :-;Ï1.1liilla <1\1·1· 1•111pn•,..:.;1'lllt'll l. prit tlll i::.\osl<' hik e l p a rtit :11 1 q11arlit·1· d1• la lbsµ.1H ll:l\1;.
J)(> y;111t la dcllH'lllï' d1· l;1 rl1;1'1111I('. la polw1' 111011t;11t la l-!ardc l'l dl':-. c1 111;1t·<'l1;111d-: » 1;t;1i1·11t :w1·01ir11"'.
c·omn1 e dl's C'l1rl1c•at1\ ."1 l'1ul1 ·111· i.I<' lit r·lini1 rno1·tc•.
La tn;pa,,..1,l' <'·tail c·111wl1t'·r· ... 111 · la l:tlil1· ( l l. \11 t11111·
d'l'll(' ~(' lll'(''";tÎ1•11t ,(' . . p;tt"('lil .... 1,, .... 1·i1•q.!l'" l1 1'1°ll:11l'lll: 11•..., l1•111~ tn•s 1'•t;111 ·11t 1Hl\1•1·tl'...; : l1•s p11p(''-'. ;'1
l;1 lo ll;.! lll' li<tl'lll' flntt;111l1•. 11 •... l'!Jl•\1•11\ 1;1'""' -..1 11 · 11• ....
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la rrn1w l111· \l.11 . . \fl\;111t êlt'l'illll'll' 11• pr11prit;t:til'I' tl1• l.1
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VISIONS
Les songes dans la Nui/ se glissent, radieux ,
renus du ciel et beaux comme l'i111111e11 se voute
J 'ai r1fi.e quej'ai•ais l'OS levres et VOS xeux
Et i•otre chair qui contre moi se .rnrrait toute.
Je ne connaissais plus les angoisses du doute
Puisque j'avais voire visage gracieux,
Et le Bonheur en moi coulait, silencieux
Puisque j'avais lrou1·e mon but, trouve ma rou te
Ftjepensais: " P eut -on dire que rien 11 est rien.
()ue la i•ie n 'est qu'une apparence qui nous leurre
Lorsque !'011 tient l'Amour, cet indicible bien.'»
.Ma is les hommes sont les Iris/es jouels de /'Heure
Ta11lclt pensif~, tant1ît rieurs. C'est le D estin
,\fon ré1•e es / mort Car 1•oic1 venir le 111ali11 .
ï!J -
qui vient des t•couler <'t faisant des V<T'UX pour la prospérill' de la Conf<'r<·nce l'an prochain . On passe ensuite
ii l'é! lcction du burrau pou1· l'annl>E' Hl0'1-1!JO:J: ~I. Joseph
Bry est r lu prf•sident par acclamations; le poste de vici>pr<'siclent !'.-tait cli;;p nle par deux candidats: Ed<l1' f't
(;uerdjicoff ; ~l. E<lcl<'· ciit l'lu par 17 Yoix contre D. u1w
abstr ntion cl un bulleti n nul ; ..\[ • C:amillf' Houx est élu
srcretail'c pa r Hl voix conlrf' !) a \llongue, nne aLc;t<'ntion Pl :~ bullr tinc; nulc;.
En prenant placr au bureau, chacun des 11ouveaux
élu:> prononce' qucl11ucs mols pour remercier la Confér ence <'l pour l'assui·c r de tout son devouemcn t.
Sur l'ordre du jour d'un rnPrnbr<' de la ConfcrPncc on
Yutc <les rcml'rc icmcnls et <le-; f1'• licitationc; au bureau
sorta nt dont tout Ir-; nwmhrf'c; sont promus a l'hon11rariat de leul':-. !'onctions.
On décide qu i' IP punr h dP clcHurP aura li1~ n le :1 juin.
<'l '[Ue, pour COU\ rir les frai~. une coti-;ation clP l frn11t·
;;era perçue .
La s!·ance C':-. t l1•v<'1· a 0 h. J 12.
\pre:" 1101•
I'u 11ch de fi11 d'r1111,,:c (:1 jui11 f'.llJ'1) ÎHYolon tai rP int1•rr11ption d'une nmwc, la tradition ..,,,
renouait qni rap prnl' hc a11n11f'll1•mrnt en un punch joyeux
et amical memhrl'-. honorait'"" Pt membrcc; ac tifc; <l" la
F. D.
CONF(~ BE l\J CE PO HTAL 1S
Conférrncr Porta li.;;. proff'Sl'iC' ll l'S et l'ludiants. n....
\l heurt''! pr1'nncnl plact• dan-. un<' dl'-. coque ttes "aile-.
dn Caf1· Clt•mf'nl Pl anlour du hu1·ca11 de la Conft.'rcncl'
..\I. le Dnyt•n Bry , p1·1·sidP nl d' honnPnr : \I. l<' Premict
Prési dent ( :iraud . \[ 'f lh proft'-;seurs BouYicr-Bung-i ll on , Jourdan , \Iorea 11 , ll ali lt•d, Ho11nN-:11-r1·'n', Caill1'
mer; ..\1 ° Mnl 1·r-.1• prl'-.i dcnl de l' \<;soeiatit1n drs Elucliants ; i\J 'l•' '-,anvl'l . l't'L't>lll ( .a Ion . JL•:1n-Bapti.,Lt. et
:\[ari0·Jl'r1im1• j jtl lt', a\ tH'a h , mt'mhrc-. ltonurairl''> dL' la
Confrrt'm r , Ph'. l ' 11 gra nd nnmh1·c 1l'd11dianh st' pre-.<1aiP11t j1iy1•11sl'1Ht•11t autoul' de" tables 011 -.1· :-Ul'l't'Llaicn t
1
,Vr111 f'e rlu :!fi mai / ~Hi~ . -
l·: n 011 \ rnnt la spa 11r1>.
:\1 BPrlHOJHl aù rr·~:-.c f]U t• l<[U<'" mol:-. aux 1111·111hrcs fl"" ·
"' nts. 11•:-. l'l'lllCrci ant tlP 1Pu1· co1H·m1r-. pr•11 <lant l'a11111·c
0
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-
-
80 -
toujours chalcul'<'Uscmc-nt a!'r.ucillis -
cak. pnnr h
r hampag·ne. etc ...
La s(•ri e des toasts c-t di:-;cour" f:'nt hril1:11nnH'llt nn Yrrt<' pat' le presidc-ut sot'tant llc•1·mond qui , aYrc· sa
f:H'ilill· t>t sa chnkur hal>itlll'llt•s , nous rel.rac:ant les
traYanx accompli:-. pendant l'an111·r t"rn11lrc, stlt 11nus
montrrl' Jans le pas:w rt clnn:-i le pt'l'Sc'llt ] p gage J ' u11
brillant avrni 1· pour la Co11f1•re1wc Portalis. C'est ù c·et
:n c'nir dont il oTavira 11• prc•micr t"chrlon ù la ti·te <lc' la
Yirill<' C'onfc;:·<'~l'l' que Ir pn·--idPn t l'nlrant .Jo..;cph lhy
ll'YC t'll"llllC' -,on Yl'JTP
Lor..;IJUC l<'.., han..; qui souli~1wnl l"t'lt" douhl" <'x prc·s
:->ÏOll d11 TI1t'.ffit• Yt1'U Ollt flni clc• l'l'IPlltÎr . :\f lc- ))oyru dr
la l'a1·11llt' de· Dru1l ;.!' 11•YP a ,;on tour pour 1•xprinH'1 a
\;i ConfPrcnce te ut l'i11l1•r!•t <'! mi'·mc tout1 · 1 affrrtion
'in'il lui porte. pour 1•11µ;ug1•r Je,; l'ltnlia11h <I 111' pas laisser )H'1·iclitcr cd le o·U\TI' de· l'ra11r.h o• cunwra.J,.ril' l'l dt•
c11llal>ornlion studiP11sc, 1p1i e,.,t Pli 111(•11H' l1• 111ps uni·
1t•u,·n· d'act iYill' et d'initiatiY· i11llivid1H·lks.
:'il. le· l'remic·r Prl'..;idrnt nous dit r·n,.,u il<' que relit•
.111yru-.(· "L•itTt' lui rappL•llP l'o·po<Jlil' ou il e•tnil. an·t· ~I
le· Doyrn, <'ludianl a la l';ll'ul!l' d1• l hnil dt' Puitil' l'"· 1·!
l(lll c't·-.t loujL1UI':' ;tYPl' u11 plai-.1r 11011\·l'au qu'il s•·
1l'lrou'·" au mili<>u dP 11ot1·p jt•u1H'""<' " ' dl' lllllr·l' g-aidi•
~I· l·:mil<> EJde. au nom cil'" dudianh l'lranger-., li·Y<'
-.on Yrrr<' a la Franer " 1·,.tl1· -,r1·011df' patri,. d" tout
homme' » :\I• Pt·1·011 t. pr1·-,idl'11l i11111orairt', lio1t à la
pro-,l' l'ritl' de la Cnnl'o n·111·1• an ll•llll di·-. 11 n'• -.rn i-.tr""
\l li· prof1·-.sP111 Balilc·d e'\.l'Ït1•, 11at11r1•ll1•llJP11l , t\t>,.;
<1pp laudi-.:-.Pmt•11t-. una11i111e·.., t·11 111·11p11.,a11t. (H1111 ll's P\n
llH'll" 11 la cn-;1tio1 1 d"11111• t·1101wr; il iu• dt• p 111d111'l i1111 dt'
ld.111cllt'-." \le \ l ul1•1-,1• t"lo\lurt• L1 ,.;1•rit• do•-. d1 ,.;t'1Jll l s d
lo \(' ,..1Jt1 't•110· t·11 l lio11111'111 d1· la C11111"1·1·i·11e·o· l 1011 Lili"
an 11om 1!1· 1 \ -.-,e11·ia ti n11 dt•,; l•:t11d1auls d di· l.1 ( 1111!0·1t•l\o'o• d1·-. ;1Yotn l-. -.t;1giair1•'<
l·:11lill tancli-. e1u1· 11· l'l1a111p:ig-1ll' . ljllllÎIJlll' l°l'<'llPO'.
81 -
collllll<'lH;ait a allum<'r da11s tuus les Ctl'\U:. u11e chaleur communicalinJ, nous cùmc:-. lP plaisi1· J'i>11tc11 1l r<> ~DI. GanJolplw, .\llongul' c:t Toye~ dans diverse-.
fantaisies Yora les, iustt·unwntales et iné·di tes, et dcu'.\
aimables a 1·ti..,tes, ' !'li s'étaient gTacieusement mis a
nolt'L' d is pos ition, Jan.., un hrillant murcPau ('·ir1l1111r1dlr·
Pl piano qui couronna cc char111a11l pdit conc-Pt'I 1mpro-
J
fl.
,'l'étcuc11t /cul c.n;user ~I. 11• uoyen honorau·e f>i..,011 .
llippol~ tr (;uilhbl'rl, :\L\1. l<'s profc-::.scu1·s \ t'Jmond. Laco,;t L'. ll cinarJ cl ih'IJwch .
~(
L'ALCOOLIS1IE ET LA RICHESSE
! >11 t•nlt•nd 11ar alo'1H>li-.11lt' llll t'•tal patl111log1q11<· dit
1·11!'11'.-i L'l dl' 1"1•;.ptïl 111'<·a~ion111• par l'usag1• t':'l..t't'!:>'-il <'l
prolonge• dt·-. !Joi-,;.oJb "[Hl'llll!'ll"<'"
T0nl Il' mo111le 1·nnnail ie.., deux ..;orlt'" dL: L'Uil!->t1lll·
maliem qui L'\.i'-lt•nt. C'l'-,l d'abord la l'Oll!'>Ommat1011
ti'co1Hll'. appelt"c· t•111·u1T produl'li,·c. qui ne lait dbpa
rnilrt: un 111·11d111t que pour 1•n ol1lc'nir un autre d1·
\'alcu1· plu:- grande. CP..,l l'Ibllite la con:-om111<1lion
:-l1'ril1• ou improdttcli\'l'. ([tll -.<' l.Jonw ù la "allt'fadic•n
d'1111 !H.•,..,>in. ::,a11-. Iain• n tiln• dt• 1ir11duit noll\1'.tll. Il
1•11 1•..;l llllP t roi-.1t•ll\1'. q ut 111• ;-1· liortH' pas a t'un-.11mmo•r
1•n pun· pt·rt1· la ril'!w-.::,1• pr11d111l1·. mah qm t' ... t lll1::,!li
\ ' 1•111<'11t nui~ilik, 1•n 1•1• :-en~ qu'dll' tarit le-. sut11« ,.,,
llll'llll'-. do• la prnducliun. l'll l'l'Utlant J'hnmllll' 1lt- plu-.
1.·11 pl11.., impropn· au lrn' ail. La plu::. l't1l!lct1:-c, t.int
par l"l'.\lt'Ibion qu'elle a prbc• de 1111.., joLU'::,, qu~ par
lt'" l roulJl1 ·-. 1111\ .,;iqll<'' l'l 11wra11x. qu'l'lle d~tern1i11t>
1·lte1 e't'll\ qui ... ·~ Il\ n·nl , e~l ,,an-. c·outrccliL la 1•11t1 ·
-.umma li tin .tbtl!:>i' l' ek-. liq 11e•u 1~ lnrle-,,. a\"l'l' l'aktHi
lhlllt'. l(lll l'll t''-'[ l,l 1·1>ll"l'qlll'lll l' IH!l'l'"'<Ül'L' \ tl~ ùlb,
�-
$2 -
d'une part. l'ëlencluu du mal. d . dl' l'autre. Je.., remède:-.
qu'on Pt'lll y apporlt•r.
C'est un rail itH·tmleslal.ile. que J'akuoli::.me entraine
lt'::- dé:-.ordrcs le::. plu :> grave~ dan s le s~ s tèmc n e rveux ,
dans les f oncliun:- ti c diges tion et de drc.:ulation. C'est
au::-si llll fait conslalt' qu 'il <lll1PIW lllle d égénél'est:en ce
pt'tlgl'L'::.si\·t• des nrgnnl'~ csscnliel:; ù la v ie : cc rvc<rn,
t' n·tu·. f11i e. l''.'lonuw . poumon~. e l l' .. et de\· ie nt ainsi la
:-.ou1·t·e Ll'utll' In ul e d1• mnlntlie::.. l'11 m ê me te mps qu'ellt•
diminue la foret' dt' n 1si::.tance dt• n ol r t• tll·ganismc.
Comment. dès lors. la t·apadtt:• p rndudiYe ùc l'alcoolique
n e serait-elle pa::. corbutérable m cn l al t<'in le? Sa m ain
tremble. sa ' ue ::oc tro ubl e. :oie:-. jamlH'::> lléchissent; il
éprou,·e. en un mul. lou::- le-,; e lieb d'une vieillesse
anlic:ipee et deviL'nt bien tôt un éln· incapable <le t oute
espece ùe trnvail. Du rcsll', nen de pluse~pli<.:ile que cc
pa::.::.age li un aYis, <lu 8 1 odohre l Hî l , é manant d'un
des docteur::: les plu-:, en 'ue de l'.\l'adémie de médtt'llle. et in sis tan t :c-lll' ks l'll'e ts dt'lèlt'res d e l'alcool
a1J.,nrl10 quo tidiennc m en t. mênw ù dose rel a li\ emen l
111odérée. « Lt• cerveau est. lie tou s les o rgan t's, celui
qui rnssent le plus' i\'emenl l'a<'lion de J'all'ool. Lor::.
que l'action de l'alcool, mê11w sans clépas::.er la légere
e~t:ila li on du tlél.Jut, '-C répe tc chaque jour, au sim ple
L"hranlcmcn t du tissu ncn·cux qu'a produit d'al1ord
c·clle cxdlalion, st1<·ci.·den t peu à peu des lt:-:,ions m atérielle::.. depuis la congc::.lion dill use, plus ou moins
générnli::.ee. plu ... ou moins pt•t'sislantc du cerveau, jus
qu·au ramolli,sement. hl. alors. <:< ' n'e'.'t plus p ar une
eflr ·rye.,cencc joyl'Lbe non plu .... il 1•::.l \J'ai, par des
C.\cès tic fureu1 CfllC '.'<' n"' l'lelll t'L''> d<.·sordt·e., m ais
par tle ... mau\. tic léle pershtanls. tle-, 'ertiges. puis
IJientüt par des hallu1·inalions, puh par un allail11isse ·
ment graduel des facullL;" mlt'll t·1·tut•lks et mo rales, la
paresse d'e:-.prit. la perle' de la 1nt'·n1oirP l'emli:u·rns de
la parole, le lrcmlJle111enl tllce:-.sa11l <les me1111Jres. des
acce::. passagL'l's de délire. Lanlùl 1·aJ111c, tantl>t agité.
alterna nt souvent avel' des an:ès d'épilepsie. su rtou t
quand le 11uYcur a fa i t un ll "'ag0 ha!Jiluel dL' l'al1::-inthe.
e l Ji11alemeut la IoliP. 1'1111IJ<'t·1Jil('. 11
-
83 -
On voit d onc qut· 1c... <' flet ... morau:\ de l'alcooltsmL'
ne sont pa::- moins tlt1pl oral>l<'S. l'ar suite de l'aC'lion du
physique sur le moral , lïnl<•lligcn1·p s'émous::.e et d e
vionl inl'a pahlc d'attention el d'elTor t; les ressorts de
la volonté se dél<>n<len l, l'imagination s'exa lte et l'i n·
divi clu SP t1·ou\•e li vrf> prpsque sa ns déf<-' nse à tout<'s
les séll 11l'l ions <111 vie<>. 1>1• là, un aenoissr-mcnt l'ffra~ ant clan s ks s tatis tiques de la folie, du ninw e l du
suil'ide. u La rnnl'lusion gén éra le qui se clégage tic mi•s
ol.is<' rvalions particuli è res, dit lt• dol'lcur Bmua1"lel, se
résume 1•n 1·et·i : depuis 1s:m, le n omur<' des aliènes
cri minels, d es fous com m e des suicides. est en croissance parall~l e avec la co n so mmation de l'alcool. n
~I. \'aulacr con firm e le dire de :\I. Druuarùel. en érri,·an t dans son li\·re ;:;ur l'akoolisme . n Le greflicr
d'une des plus importantes prison::. de la capitale.
Sai nte- Pa lagic. a eu l'idée cle rcl'hercher comlJicn de
ses 2.950 prisonnier::. étaient signalt"s par les rcn::.eigm•m en ls ù1• poli l'e t·o mmt• s'aclonnau t à l'i Hogne rie •
il en a 1·omplé pr·i•s cks l t·uis quai'!::.. exal'lcmcnt
2.121.))
L'alcoo lhme a ce la dP purlil'ulieremcnt dé"ulant.
que ~es effets n <· "e limitent pa'.'> à ceux qui ,·y adonn ent. m ai" q u'ils ::.t' clillu::.en t par la gcn érution, tJll'il'.'
e mpoison n ent Il'...... out'<'<''.' m èmc'.' d e la' ic, e t s1· per
p étuent dan-, la ran• pa t· l'héréùilé. « EIJrii gignunt
<'lirios u. di-,ai t ùéJà Plutarque. u l'n inlernt• dt• la
Salpétrière, dit Pncorc :'il. \'aulaer. étudie 83 enfant::.
idiots <'t l'l>tleplique' de ~on '.'l'i'\ iC'e, (j() d'entre l'UX
élait•nl li!-. d'akool ique'.'. " L,. m alheur. c'e:::.t qUt'. un
peuple qui "<' donn1· ù J'alrnol. l'l qui, par ::.uile. fait
-.oul'hc tk dégênérL• .... d'1dioh. d'èpileplique'. tl'alién1•s.
l'"l un p<·u pk en \'Oit• de disparaitre.
Et cho::.c plu" gnn L' e111·01·e, au point de' ue qui 1wu ...
ocl'upr, L"e t qut• lt• lléa u ...e, il ~ur t out "u1· la l'las't'
nu \ t'ii•rc et qll'1•11 Fra11t·c, clu m oin'. la µlu::. grandl'
partie dt• l'a l('(Jol prntiuit 1•sl conso mmée par l'uuvner
l't payée par les sa laires. C'est au point que, dan~ cerlaines rôgions i ndu::. tt·telles, la moilié ùe ce que gagn1·
l'ouvrier passo au rnbaret. et qu'à tout at:\'roi ... ._emeut
..
�-
84 -
d•'" --alain·' 1·11tTl'::'Jl•llld u11 ;1<·1·r111 ... ~<·1111•11t p rnp11rt101111t'I da n-. la 1·1111:>u111111ati11n 111' l'a k 1111l
<>11 1·on<;oil qu'un pa 1·1·1l llt"att. lo1·sq11'il sèY il an•<·
··l'lte inll' n ,ilt'. inlltH· d'1111" 111 ani •" r•· d1• ...as tr1•us1· s u r
la 1frhcs:-l' d'un p ay ... 11011 ~1·ul1•1n<•nt par li' g a s pillagl'
d<'' 1·;q1itau\. Jlill [Io ... n11111·:,; 111t>1·:1lt':,; 1•t 111a l1"rkll<'"
qu'il ;1t·1·u111ul1•. lllah <'llo'lll'<' ]1<11' la d1111inuti1111 <'l'IH:"Hllll' d1• '" l'ap:1nlv 11r11d111·l1\ ,.
1·11 111al .111:--.i graY 1' app1•ll<• 1111 pr11111 pt !'l Ptli'rg-ique
rl'111t·d1·. <in •'Il a Jll'll[l•l,..1· plu-.io•ur-.. l l 1•11 1"-I dt• pur1· 11 1l'lll 1'.\.l<'ll1'lll'". 1'1 ' -.11111 l<'" l't'lllt'd1·-. l<•!.!aU\, kl:->
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dt•, \l1'llllJl'r'::. ll11?111rn1r1·-.
Le 0-érant
COMB AL
��BULLETIN MENSUEL
.Juillet
l !)Oq
Provence
Universitaire
ASSOCIATION GENÉRALE
DES ÉTUDIANTS' DiAIX
SOMMAIRE
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devons ùtl'<' etc- fnirc• po111· n oll'e pn t rie t ous les s<H'l'iti<·es possi!Jl<'s, de· la :-;r'l'Yi r 11011 seu l <'lllCn t (( clan.., h:s
limites <l e la loi <'l cl1• la o.; l ri<'lc justi<'e. mais <'nc·orc·
<tVl'I' un parfait amott1' 1' l ttn parfait cl6n>ucmcnt >>. U
rit> fa il, la l'ai rie 1w n·1rn··sr.•ntv l -cl lc pas tout ci· qu'il e..,l
d<' notrP <lCYoir cl<' 1·flé1·i1· 1•11 c'<' m111Hlc>? :\'esl-c•ll<' pa..,
l'imago<' <i<' nos fo~ <'r..,, clr• no;; ault•b, <le n os an('(\[rl';;,
d11 -.eiJ fflli nou<; a Yt111ailn>, cl<' ne,... traclitions. de noir<'
t1io.;loin· c•ntin '? < lr. tout e'L'la doit l·tr" aim<'· avec·
pa..,sion.
On a donne; dans J'llhtoi 1·1• de la philosophi e>, l1·s snlttlion.., li',, pltrs oppo..,c'c•s. ù e·ettc q1H•s f i1111 cl1 1 patriolisnw.
Tantù l
011 a r<'f1h11 d'ad tll<'Llr<' Cfll<' 1Hnts ayons de>-.,
dPYnirs "lH'<·iaux <'Il\ e•rs noir<' Patrie : l''<'::, t ce• qn1' l'on
app1• IJ1· la til<'•ori r• h 1111wni l ail'<' l't 1·osrnop1>lift'. Tanteil
011 êt pous,..<" ù J'c'\<1~1··rnlr1111 <'<'s d1·Yoi r s. au point 11'~·
r1"·d11in' la n1nralc' tout 1•11 l i<"r<': <"t>..,l J'idfr clu parli1·uJaris111e• 1't r11il Pl larouc·lw clc·" (j r 01·s f'l cles l~omains.
l-:Yiclc111m1·n 1 e'<' sont lù cll'll\ c·ncttrs Ires gnwi>s. c·a1·
..,, le patri11lb1n1• est l11 ~ili11w <·t fondé r.•n raison. il Ill'
de>il pas nc111-. fain• 011iilie•1· <"t' <[li<' 11<1uo.; d<'Ynns au::osi ;\
llie•11, ù lï11111ian1l (>, ù la fami l l<'. <\ neHi... mèmP:'. \l ai "
<·1111111Jc'lll clone· l'p-.pril 1Ju1nai11 1·11 C'-,t-il \'C'l1U à soull'11ir ::ue·e·c•-.::-in•11tc•11t de•s 11pi11iC1ll" ..,i 1·ontrain,, '!
t "1w dt•::, plL1" gl'êllHlt•.., lêw11111·.., d<• la morale paienn0
c•st dt• 11'a\·eiir pas e·11111p1'1" J'nrdrt• pro\ iden l it>I qui unit
tous l<'s 111l1'ri•t" l'l r<'1HI ::-C1]ida11·po., tou-; le::. amour:; :
d'a,·oir \ 11 l'antago11h11tc'
a qu·êw<·urd C'l IHU'lll<111ic>.
-~>-
- 61 Cours l1rabeao. 61. - AIX
et l a e·onlr<1didio11 lù où il n'y
.\u>.: ~<'li\ cl1•s pl us grantls génies ck l'antiquité,
l êllll11ur dl' la la1111llc l'i cle lï11111Hlllil(• c:o-t inc.:onipali0
�-
86 -
ble avec Je Yrai patriotisme ; am si croient-ils n e pouYoir -;auwga rder celui-ci qtl\' n sac· i·itia nt celui-là.
c·est là une dès idées fnnclamen talcs d e> la llt;publique
de Platon . On sait avec que ll e l'.·n ergir satt Y<ll!<' . l~ll e
a,·ait ék réalb 1'r à sparlc et clans pln ::ii e ur~ Elats de
r auciennc Gn·r·e . Il en po:; t <I l' rn è rn c ù Rome. Pour Je
citoyen romain. la clwse pul>liqu c était Di eu. Or. un
tli t.' u Ill' non:- doit rien . l'l nou:- lui devons tou t : corps
el ùmc. vie et bi ens. n ous mê me" c l no~ enfants. La
morale entiè re se trnu,·e ains i a bsorbée dans le pa trioti::,me ; lïntérèt tic iï~ ta t dcYicnt l'un ique ol.>je t. r unique ::iource el runiq UL' mesure de tout d roit comme de
tou t ùen1ir. 11 Salu s populi su pi·cma le:\. e::ito ! »
« .\ fortiori 11 l'intérê t de l'l;:ta t n'est-il pas limité au
dehor::-. Et comment Je :>crnit-il '! En <Ichor :- de la Pa trie
L'l ùes concitoyens. il n·y a pas d1101111ncs. mai s seulement tics barbares des tinés ù se r vir ou i:\ disparaître,
des enncmb ,·is-à -vis desquch tout e~ l permis, et a vec
le quel::i 0 11 Yit na turellemen l cn g ue rre. On le voit :
ùe:ipolisme de la nalionalilé. m épri::i alJ~o lu tle l'humanite. l'·est là qu·auoulil fatalemen t le par til'ula ris me
païen : et l'on n ·e:; l bon c lloycn q u 'ci la con di lion de
n'être plu::i homme. Un -.e ra ppelle le::i lJeau \: ver ::i qu e
Corneille met dan::i la boudH· tic Cu ria<"e :
Je rend::, gr<ict•'i a u\ tl il!U\ d1• 11 (•l n· pa~ lto 111a i11 ,
Po u r l'.OllSl'nt·r t·ncor IJUPl11 u1· r l111s1• d li111 11a i11 ..
"
De pareil :, excès ùenlienl n1•1·essai1·cm ent pl'ovoqu er
une réac tion en sen :. con train' : malhcu n•u::ic>m<' nl ell1'
cl1;passe le but et n'a!Joutil qu 'c.\ l'Clllpla1·er un e exagé1·atio11 par une au tre. Au parli 1·ula rb 1111• larnu1·hc> et
drnil ùP l'aneiennc Hollle. on \' i 1 l;ien lM ~ ll < T c"cl e r Je
c·1J::itnopolilb mc ' agu<• cll'::i ::ilowien::i. Pcrn r les pn•111ic rs,
il n·~· anlit pa:- ù'hoinme::i, 11iab :;c•uJ1•11w nl <l<'s citoyens;
pour les ~eco nll s, il n'y eut plu:; C[tH' d<'s hommes, et,
-
87 -
après avoir été tout, la Patrie ne fut 1Ji cnt6t plus rien ...
Epictète, .\ n ieu, Mari· Au 1·(·le 1·angen t l'idée de la
Patrie nu no mbrC' dt>s pl't'jugé::i; d'après eux , le
patrio tisme e::it un sentiment fac licc e l ('Onda mnablc.
qui m et le C< t 'UI' à l'étroit en le r enferman t dans lc::i
li mites d'une rron tiè re ... Ecou tez <'e que disait ,\ r rieu:
« Je suis cl'Athèm•:i. di tes- \·o us, ou de Corin the ; autan t
vaudrait clirc que rnus êl<'s de 1·e peti t C'oin cl<' terre
où Yot re rorps a été dépo:ié pour la prcmii·rc fob ...
:\' on J vous êtes citoyen clu monde u. Senèque aYait
déj a clil : rr Patria mea lotu s muntlu ::; es t. »
,\ la lin du X \' 111" sic<'le, ont ,.it les mê me eneurs
réaparailre: tou tefois le prin<'ipe Ctail al.>solument différent. Le::i ::i toî l'i e n ~ étaient partis clu m~pri s de la
sensibilité. J ean-Jat que:. Rou::. .,;eau et le:, humanitai l'es.
au con traire, éta!Jlin•nt le• dogme de la fraternité universell e sur une sensibilité rau::i:,c e l prétentieuse . On
trnita le c·ouragt> mi li tai rt' etc hru ta litc", et le soin cle:i
intérêts nalion au.\ d'égols me. Les cœ urs scn siJ)les, q ui
prétendaien t eml.>ras::ier le tllonde cn liC'r, avaient tics
amis en <:hine et au C:anada. cl mettaien t lcul'::i enfaut::i
à l'hùpital.
.\ ujourcl'hui encore, -,,ous l'inlluc'ncc de cer taines
préucn1 pations, nous Yu~ ons l'id<;<' rnéme de la patrie
c'n butte au.\ plu ::i ' ive::i a ttaques. < >n ne Yeut y voir
qu'un "en lim cnt égo1ste et a rtificiel ; un préjugé Pl'O·
pre ù entretenir la l.> a rlJaric et la haine entre les nations ; un 1·este de paga n is me~ <le~ tiné à disparaît re
pom faire pla1·c· à un amou1· larg1• cl égn l de l'huma nité <-'11tiè1·e.
()u'cn es t· il et ('o mm ent fail'e fa«e <i d1':> allaques \'enaut tle cùlés :ii di vers'?
( >n accuse le pa tri o li ~m e de romenl er la ha ine et
l'antipa thie Yb·éi- ,·is de l'élrn nge r , de s u::ic iter la gue rre
entre les na tions. ()ue pèn ~1'r de• c·elt<' a<'c usation '! Il
faudl'ail pn' 111i è re ment t'·lal>lir que ces hain es et l'es
�-
88 -
;:;ont la ... u1l1• natu1·01lt• el né1'L'S"m1·c d11 patrioli::-nw mënw raisunnabk. l'l 11011 pa" plul1H d1• son exaµ-t·rntinn, lit' "1'-. di'\ i;1tio11:-;. 1':11 n'alill', l>icn Juin d1•
t'i •nilni10 ù la l1arl1aril· 1·1 ù ln f.:llr'l'l'l'. 1·1•s Ya-,,te-s i11di,·idt1alil1.':- 1·01lt•t·li\ C" 11u'w1 11n11111w <l1•:-; natiuJhonl con1·nurn ;\ tllill" en tirer. Cc "1H1l·<·lh•-. qui t·nnlinu<'lll. en
1'ag1·and1,Banl. k r(1Je qu'ont prnniti\<'llll'nl jou(• la
Iamillt>, la tribu. la l'it1". la 1·a:-;lt' L'I la rnc·c. Elk" µrntè~•'nl !1• dr111t t'onll·c la Yiolcn1·1•. la laililc::."c !'Olltre
la torcc iuju ... te: l'ile-: n .: nlupknt. en IL'" unb"nnt.
le" forn'::. l'P<ll'"l'"; elle" 11111-.acn.'nl l,1 'rni1• liberté et
la Yé1ital.Jlc q;ali tc. Dien pll1 .... t'll l'tlJhervant h:ur phy"i!Jnomie. knr 1·ara!'lèrc l'i lenr 'il' propn•-.. leur rùlt'
hi~tonquc cl leur inllw•n1 t' "lh'1·ialc. le::, nation'." t:on tril1uenl. cha ntnc p11n1· "a pat 1. au pro~n\" uni' cr.,,eJ.
1ln prêtent! que le pat1folhnw tait i'<-lH'l' ù l'anwu1· ck
la famille et <li' J'humanit(•. C'c'."t oulilier que la -.,ourl·e
du palriotbllll' n.~rilalil1• "" tr1111\'1• dan,.. l'amou1· clc l a
Janiilll'; c1u1· le pat1·i11ti . . 11w. ;i ::>l >ll lnur. 1•st la 1·otH!ill1111 1wce,.,ain· de la pllilantlu·opic• rni:-nnnal;le et de la
rraternilé llumai11e. En c·lld. l'é111wur "L' dc\vclop1x·
:-uh ant le::, m ê m L'" 101:-. <fllP la c·nnnai.,:-.all('<' ; sa marl'he nalurelk <"·l<l'alkr 1•11tllllll' c·eil<' !'i du pelilau grand
l'i d'ctL'lHln~ peu ù Pl'll .,, . ._ rayo11". l h' n1em1· donc . que
lïntelli!.!cn1 c pr1wC'tl" par é11w 1y.,1• cl Il<' .,aurait e ml1ra:--..er l'Ltnh·er:- qu'apn:-:-; en an1ir i'·tu<lte Il'::; détail:-,
ain ... i 11<1tr1• 1·11·ur ('llllllllL'll•·e p;11· ::-.'alllwllcr ù "c qui lui
1•"t plu::- J>J'(lL·he: ù soi-1u<·11i< · <l'aiJl>l'd. puis au:\ par~nts
d ù !'!'UX qui llOll' entour<'llt; <'n .... uitc·. prenant des
fo1·1·e-.. il deYi1·nt c·a11a1Jlc· d\.!tendr1' son amour aux
coneiloyens et. entin , ù lï1u111a11ilt" 1·11lic'•rc. Tel est
l'ordre de Lunuur, par1·c· qui: 11'1 c ... l prè<'hL'ment l'ordre d1·s c·ho:-e::i. !>1· fait. :-i j<· suis 1.-l'étll<; ais. t'c::;t d'a·
JJ{Jrù pa!'l'e tf llc j1• :-.ui-., d e ll:lk \' ill1' 1•1 ck tt'lln famille;
la Ja111illr n·c:-l, apr<'·s to11l. qu'1111e patrk c·ommclltél',
t'n mmc celle-1·i n'i•..,l qu'une Ja111illP ;1grn11 di1•. !'l l'huuia11 i l1~. une P.\.t1_•tbio11 de la patrie,
-
1-!llt.' lT1.""
80 -
Entre <'<'s trni-; amo111·s. il n'y a don!' pa:- <l'opposition. mais -;ulmnlinalio11; il n'y a pas rontrariN<". mais
snlidnril<': ils s'allnnwnl ;111 m<·nw foyer. ,.i\<•11L de· la
m<"'llH' ' 'Î<'. g1·n1Hlissc•nt <'I tom lwnl rns<'111bl1'; aus:::i
ctoivc'nl-ils 1·nr\isl1•r <'t s'harmoniser daus Loll l<' Ùtn<'
lli<'n fnil<'. l'r1\l<'11dr<' s1 1ppri11w1· la farnill<> p011r fortifler
Il• patrioti sme. 1·om111<' fP 'nulnil Platon, ou s'èl<'v<'t'Ù
l'amour cte l'lwm:rnil1" "nns (lil"s<•r iiar l'amour d<' la
patrie. c·omm<' If' prélvnd1>nt t·Prlains moclcrnes. !''1•st
lloul<'n•rsf'r 1'01·clr1' !11• la nat11r1·: l''<'sl. 1'11 somnw.
aus~i absurrl<' q1t1' "i. pourgro..,si 1· li' fll'U\'I'. on <'(llHnw1wait par <'n tarir ln souri'<'. u \ 'oLi.... vous trompP1
"lll' ln natnr<' c!1• l'amo11r <'t su r I<'"' lois dl' son cléYelot>·
1wmenl.. disait A ri-.totP ù Platon; l'amour IÙ''>l pas as::-01'1
Ya::;te pour c•mlira"s!'I' d'ali()rd un "'i grand olijct. You"
n·an'1. qu'un JH'tt de• miPI, <'I voit" k j<'tv clans la
'? >>
Ba('on n rn i"<111 d 1' di n· : << L'amour d<' la pat ri1'. l'Olll-
lllCI'
mcn r·r <\la tnmi llc•. <'t lrs ,.,,rtus !ln m csli ([llC:> s11n t 11·
nwil l<'Ul' apprc•n lissng<• ci<'"' Y<'rlu " !'i\ ih'"· ,, El Cin;rnn
a tH'l temrn t m<1 l'<flll" la 11 ic"rar!' hi <' et li' fH'0gri·s nn l11rl'! rie no~ aflc•<·tion ... quand il t'<'•'<1lll lll<llld<' de .,ttin·r>
l'ordt'c' nal url'l.
\·nilé-'t pnurq11oi l'a mottr d1• l'hu1n;.inilt".qui 1w ..:appui1•
Pil" ... nr l<' patrioti.-1111'. 111• -..1•ra Jatn<li:-. qu·11nc illt1"illll.
111w ,·1·1 ftt d1• tl1 Pùtr1\ un tllènl!' ;\ cl1'1·lamalion. 11 lléfil't
\'ou .... dit .1. .J. llo11-."1'<lll. parlant -.,an., doul<' clc lui rn1··ml'. <11>Ji('/ \ 0\1" d1• ('(':- l'O"lllOJlolitl'S C[llÎ \'Ollt clH'l' ·
l'itl'I' ait 10111 di'" d<'\ oil''." quïh dédaignent c·lw1 CU\. 11
1:1·llc prc'tc•ncluc• pllilanlllrnp11' 11·1·-.f. c'n réalité, qu'un
<'got"llH' d<'·~<tti'."1'. d l'on ll!' '-!' 'anll' (['ainwr lnut le
mond1· qtH' pour ..,·1' \<' ll '-•'I' d<' n 'ainH' r pcr.,onne.
( :11 n<·l11ntb : L<' pal rio ti:-;nw n't•..,L pa., un pur 111·r•jttgè;
il a""., lond1•1111'nf" dan'." la nature dl'" ('hn~1'<:, <'<1111 nw
il a "L'' 1·;11ïn1•.., au plt1 " prnlond rl1• 111>-, 1·n·ur:;. En ou
lr•·. l'<llll•lltl' ri<' l<l lamilit'. l11i1i d'cln11IJ'r•r lc• patrinli--nll'.
�-
90 -
est au L'Ontrairt' Ir '>titnulanl I«' plus é1w1·giquc.
J;cxpél'Ît'lll'C Cl l'hi~loi l'C, ('0 <'fît>(, )~ fH'OU \'!'11 l Sl l Oi
:;amnwnl. t:L•ux-la sont plus gén<11·rux el plus héroi
qucs dans l eur dcvournwnt à l a patrie, qui ont aussi
l'Onsciencc de combattre pnur leurs foyers. « Pro aris
l'l rods ! )) Tel a é té Je premic•1· ni el la p1·c111ii•rc formule t.lu patriotisme.
1'11
EVOCATION
Quoi donc ! C1u1 r•in ,.ment 'lu'ic1 oou1 oou11im.fimu
cr.
RL'agissons donc· con Ire 1·e c·ott rn n l d '(•goisme qui :'e
couYrt.> dt>::- lwaux nnm,.; d'hurnanit1' ('[ rie philanthropie; eonscrvon" le culte d<' la patrie ; mais que ce soit
un culte rabunnablc. ëgalemcnt éloigné du fanalisme
excltl'•if des païens et du cosmopoli t bmc 'aguc et fade
<le 1•1•rtains moclt'l'lll'"; surtout ([lH' cc ni l un culte
n·ai l'i <:illci·rc qui '<' traclttise par cl<'"> adc's. On l'a dit
avc1· n~rit0: <"P::-t 11• patriotisme <flli 1•nfant1' les ver
tu.; dont ,·honor\' le plus l'humanil<': la l'C!'onnaissanc.:c.
l'ouhli clc soi-mi·rnL' <'l I" clc'' 011e11w11 l s111Jl i 111c. C'est
l'an~our clc l a patrie <[ui fait relev1• r la li•le au lravail ·
l eur penché .:;ur :-;nn si llon : c'est lui qui fixe l e solclat
1mmobile ci -;on posl1'. Pt lui fail n•gardcr la morl ~a n <:
pâlir. C'est lui qui H clie t(' no::. JlOPl!'S ICUl'S plus beaux
\·ers. ~:wute1.. du moins. 1·e pas~agc cl u c.:élèl)re poète
Th. Gautier :
a
ll ur.o.
C'était par une nuit claire comme une aurore ;
011 les étoiles d'or riaient au ciel d'été;
Lesjfots voluptueux et calmes. s'attardaient
A rêver en mourant sur la g1·ève sonore.
De cet instant divin vous so111•ient-il encore .'
Quoi .1 le lourd passé gris l'aurait-il e.f!acé?
i\lfoi, je garde en mon cœur le souvenir bercé,
De la première fleur d'amour qu'il vil éclore.
Nos deux esprits erraient par la route azurée
Des pays ble11s du rêve; 011 l'espoir 1•a chantant
L'l!rmne sublime et doux de l'âme énamourée;
• l'alri1• au' llam·s l<'ro11ds, s;1111(t' 1111"n· d1•, 1101111111·,.; ;
<:.·
qur furPnl FHlis nos pi•rr•s, nou.s 11· s on11111•s,
Fl 1011 sa n:,r g-?11i•n•u\ , qui lit la11t d1• \ai1111111•urs.
\""a p;is p1·rdu sa puurpn· 1'11 ,.,111la11t dans nos rn·ur.s ,
\l\ -<." ll-1'1'.,IPllC• .
Et nos lèvres se sont jointes tout doucement ,
Dans le tressaillement de nM creurs , s ur la dune.
Sous les pâles baisers diaphanes de la 11111e
\! Jttllll'I l!~I\, ;; li t>titllll
L . T.
1>1 opn 1 1
EYo '"
/\QL'T 1 ()O+
1
�LE FOSSOYE·UR
~-
-
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Sd11cs rie La 1·1e russe
l'nr 1111
\nll't11· r 11 -.s1'.
.\dril'll n\~ul pa-. 1<· lt'lllJl" d<' t'nin· <ks salanwlecs. ln grille ~ tait 1111\ l'l'll'. il 111n11ta l'es('ali<'l', son
li1'1k lui rmhnitait le pas. li -.;1•111l1b ù Prrwl1oroff
'{IH' <le-. lwmmt>-.; foisai<'lll lt•s t'<'llt p<\s dn11-. sn11
logis. l)1wl ..;nblial [><'n -.a-l-il. <'I il st' prfr ipita d<1ns
la 1·l1alllbre ... 1:'1 -.c-.; g<'ll<llt\ l1 1;l' li11·<·n t. l .a l'11a1ubre éla i t plei Ill' dl' Ill n ri -.. . \ t 1·"' <' 1·.., J;i 1'1 •11 <\t re. I; 1
l1111e j<'lait "'1'-. p;l!e-.; 1·:1\011:-: :-11r d1•-. lig1 1r1'" .Î <l 'lll <'s
on bh•11ies. dl's l1nul'liL c'i\\'l'J'lll'll"I':-. dt•s Yl'llX
\Ïlré-. el ù <lL·111i-1'1•rnH;s, d1•s llL'Z pni11lns ..\ 1lrien
;nec liutTL'lll' 1Tc-n1 11111 t l'l l 1•1 1\ 11·" gl'lls L'l1ll'1Tés
par "L':- sni11 ". cl lï 11'ile rp1'i l 11 \': til n• 11<·011ln'· d an:-:
la rtll' 11 '1'. lnit :u1lre 'Jill' li' tt<; 111;1ïll d1• liriµt1rl<'. ;111 x
ulii:;!·1111es d11quel 1111e a\·1·r -.;c· 11Jale1wontn•11:-:e <1Y:1it
µ;k hi; -.es pl11 s hennx ,.,"krnenls il <• d<•11il. T<HJ:-: I r~
111ort'. lio11tt11e-. l't l'Plll l tll's. <•1 1tn111-r"n·11 I IL' l'o:-:-.nyen r 1'l lt1i procliµ111"n·11t rorn· -.;;iJ11l<1linns l'i 1·0111plilllents. Hl'sta "t't il ù l'i;1·arl 1111 Jlilll\ l'l' l1 <" I'<' 1111e
rén•11m1enl le f1 i-.;snn·1 1r d111 <'lll<'IT<T µ 1-;1tuil l' 111 <>11 t.
Il11nlL·11\. d1• :-011 rl1"111'11111·11I. dt• ..;n11 li111·1·11' 111<11
r;tlï-.111!1" <'l l'ail <1\1•c dt• la tnil<' 11..;t'•l'.Îll"•fi l°;'1 l:t cn1·rl l'.
li' 1Jl1•11di;111l 111· --·ap pnw l1:1il p:ts 1•1 n·-.t;iit li111id1·111 t• 11t rla11 -.. 1111 c!li ll .
. To11:-: IL•:-:;1~1lre-.<;l<1 i1•11 l 111i:-:<«1ll\«11<dill'1111•11I.- pu -.
<1 1• Ill \.<'. 111;11s]H•nurmq1d!'1'<11T1•clin11.
l<•s rlN1 111t:-:
l' ll c:q1011':- <'llrtil>a1111<;t's. Il':-: 1'011«l io1111<1in•:-: <'I) 1111ifn1·1111•-. µ.d11n111;-.. 11'" t'fll llll ll'J't'ill! h l' ll li;d1il ll tlÏJ'.
1
"
-
f.1:3-
« \'oi s-tu Prnclwroff. parla 11• gPnc;rnl a11 1w111 de·
lo11tr lï1onnral1h' st wi1;l1". l011s 11011s 11ons sommes
ll•Y6s de nos lollllic>s pot1r f;iirc lto11nc•11r :'t Ion i11' itntion ; s<'tils sont 1·c·sl<"s rcux <J1 1i 11·c11 <l\'aiPnl 'miment plus la rorr1>, C'I n'ï1yn11t q11e des os '•111s JH'a11x
Pl 11 'ét:ml 1pw r11i11t•:-;. mni:-; lll<''llll' dt· 1·c11 x-J;'1. il ~
en n e11 un q11i 11<' p11I :-;<' rrlc'nir clr• \'l'llir lnnl soli
envir r tait µ rnndc dt· I<' mir. ,,
,\ ('l' lllOlll<' lll !Ill Jl<'lil :-:r111rlPllP pen:;1 ù lril\ Pl'S
la fouit' l'i s'n pprol'liil cl ' \drirn. ~on l'r;iue so11ri<1il
allliC'al1'11H:11t. <h-s l:1111li<'illl"\ rl1• dr:i p ronge d lill·u
dt• cit·I 1•t <ks la1nlll'allx de toil1• prn11Ti e <[Ili )><' lldai ent :-:ur l11i 1·ommc· :-:11r 111u· pr1YIH'. Jp... grnssr'"
hotte:-: d ,l!b lcsq11ellc•s <nµi tai l'llt l1·s !ls de• se-.; j;1111hes indirp1aie11I 111t anri1'11 1J1ilitnin.!. « Tn lll' m °;1:-.
pas reco11rn1. i>rorltnrolr, lt' rapp<'il<•s-t11 le s1Tµ1•11I
de ln (1;mlc c·11 rl'lr;1ill'. J>it'ler lll'l ro\·itcli l\:011rilkine. le 1nL\ l1H' a1 1qt 1l• l l 11 ns wntl 11 111 p1 ·c·mi<"n~ h ii'·re.
et lll!' nw r111t' l 11 ;1 s ,·c·ud11 C'l' jn11r- l;'t <ln s<1pi11 pn111·
du clt<"nc ».•\ cc..; mots il stllll'Ît cl'11n air pa ternel rnmrne ù n1w s irnpll' csrnp;Hl1' clonl il lH' lni
µ:mlail p<ts :-:fri<'1tsc·mP11I rn 11cnne. Et 111<' 1Jw il
é tendit :-:c:-: l1 rns o-.;sc' ll '\ pn11r l'ml11ï1..;-.pr Il., ;rn-.so ~ t'lll'. ( :c•l11 i-ci rnssc'tnhb "<'s frnn's. j r ta 1111 <Ti d
rt'p<H1ssn Il' lllorl. lli <'fl>r Jll'lroYikli osci lla <Jlll'l'/IH's i11 st;111h. 1111is lo111ha l'i "''"os ,·<-. lllÎl'lt<;l'l'lll.
(' 11 llllll'llllll'I' d ï 11d1 µ. 11a li nn <'·l'lat:i parmi le-.
pcrsn1111l's: lll ll' si 11 oin• i11µratit11<l1• llL' d t''< til p<t-..
rc:-:ll'r i111p1111i<• ! 1:0111p1·<• 11;1il -011 n' ll<' rnwl 11 ilt' ·?
'l\;1Ïl1•1· d l' l'l'I k l'ill'tl!l [d t•:-: lll!l l'h 1Jl'thr1do\.l'S Cjl \Î
1'laicu t. SClll g: 1µ11t·-p;1i1 1. T tlll:O-: prin•1tl rail t' l <«lll St'
pt>lll' Il' l'illll:1r;1 d<' nll'<•11:-:t'•. l<'s 111 01·1-. 1•11lo111·1"n•11 t lt•
fllSS!l)'l'lll' C'll )>l'llfl; l'il lll i'fl)'t'(' ll lt'll<lt'l'-. l'i lt> (lilll\ l't'
�-
9 11 -
;un pl 1it ryou 1•tnurdi par lt>11 r:- 1Tis t•I ù llloiti1>
L• tonff(i lnmlin sm· lrs ())" <111 ..-rq~t'nl en rrtraite
1' t pE>nli t r nm1a is)"ml<'P.
Le :-:nJeil éclair;iil tl1•p11i"' ln11gt< 111ps Je lit ="Ill'
l<'qnel ~t<1it rourl1P h' l'n=--sny<'nr. Enlin il nnYl'it Je~
Y<' llX et aperc111 de,·;ml lui l'ntl\ ric>r q11i sourtlnit
"'lll. I<'~ c·harbnns de ~;11ndY<ll'. 11 se rappela ;wer
terreur le.. , 1'Y t'1w11w111s dt' ln ' e illt•: Trionrhina. le
:-:t>néral de hrigadt> f't 11' :-.l'r~1 1 11t Kourilki1w se présentai ent ù "llll imaµ.inali nn. li atll'lldit en silenn•
que J 'e n~ nier r omm e1w;lt la n Hl Yer-,n 1ioll et 1ni
ilpprit J e~ sui lt's de..:; ,;, P IW llH' ll ls cle la Yei llL'.
« ()u e tu as 1lormi tard Calirnwlika lui dit l"oun il'r Pli lui pn)"-;m1t ln rnl w de l"linmhn:. le houlnn)!t' r Yoi=--in ~l<1it Yen11 awl" ln 11011 w llP 1111e c'e:-t
aujnurci'hni Ja f1~ te cl11 hrigadit>r des agent..:; clP
poli œ : mais tu daignais reposer on n'a pa~ osé l t->
réYeiller » . - «Est-on ve1111 clr la pnrt de la défunte
Triouc11ine '? - « D<' la cl1•1'1111l r '? E\1 0 est donc
mort e ·! n
- R En ,·oilù 1111 sn t ! i\l· m·a s-tn pas clounc' h ier
un coup tle main pour <'X JH'di er les fun érailles'?
()th' di s-t11 l:i Hatint whka. Sl'l'il Ï ~-111 clf'Yf' llll
fou. on n ·aurni"-1 ll pas r 1l\ c> n-..spz 1on Yi 11 ·?
(_lnr lles fu111; 1 ~1ill Ps il ~- il\ ait l1 it> r '! T11 as l'e=--ti11P
hi er to11tp la j<>llJ"ll PP 1·l11•z l".\ll Pma11d. Ill e~ rentré
..-ant"1I. et :illalé stll" 1011 lit 111 as dormi j11sr{l1.;i r·e tlt'
h<•11r0. rni'n H· 11u·o11 a dit J;1 111<"N' dP midi . »
<c Oi-li ! dit Ir' fos"oye 11r s11l 1il c111C'lll r eµuil-
MARIS
1
l ~ rdi .
:\fais !tien s 1·1r. répond i 1 l'o11ni e1-.
Eh bi en . :->ÏJ t>ll est ainsi. s(' l's Yil1 · Il' 1la; e l pr~
Yie11s mes tilles.
•
PROSAIQUES
[J y n dl's mari s 1111i ;1imPnl Pperdument IP11r
femme; ils le cri ent par-dessus les toit:-1. lf' feraient
pres<JtH' affid1er <la11s Je;:; rues rt s'é lonn ent clc> n·
que les journaux u'cn pa rl Pnt point.
L'autrc> jour. ;vrme X. acht'-te une ravissan tt' Jlt'li te
montre 011 nr. IP hij ou !ni plait: il fai t 1111 tic-t<ir
joyeux comme <'E>lui clr son cœur. et c'est pour r llc
un w ai trrsor.
Son mari p<1i e rnlonli ers l'horloger Pt ,·ent l11 i111èm e, p ar 1111 exc:c"s dr clélirat esse. suspendre la
pet ite montr<-' an lo11nl saut oir ancien d<• ~a diarmante femme. Jf 111 e X. c:->I radieuse. et com me elle
aime 1Jea11co11p son rnari elle Yent l11 i YOir partag-e r
sa féminine joiP. Aussi, souri au te :
cc N'est-ce pas c111c je ::;nis joli e, aYec cette
montre'?>> lui dit-elle coc1ncttement.
- ~ l\fai:-; oui , ntignonne. "
Et c:o mmeclle insiste : « Commentla troLn-es-tn ·? »
Alo1-:-;, lni. tournant nn pen la tête pom q u'elle ne
Yoie pas:::;on ai r bien franc :
cc T n'..l" lai de ma chéri e. »
Yons tTo~·ez peut-t; lrr qne ~I. X. ,·eut ri re'·? l'a:d11 to11t. JI dit hicn re quïl pense. rt tro11Ye la montre très lai de, Pntc11dpz- rn 11s. sa femm e tri·~ jolie. et puis c'est Lo11t.
Et poltrl u11t j <• ,.,Hts a~s mp qne ~I. X. ai111e épe rdument sa i'e111nic•.
() ;-;; t 11 pi di lé des lll<1ris prosaïq ll L'S .
l l erodotc d'l l oL P.\ l;i\'K
�-
Seance de fin d'année du 30 Juin 1904
1.a
ù !l lwurr.., Slllh la jll'l'SÎd1'lll'l'
C'sl 1m"srnL.
Le sc·c1·l'tni1·1' 1l011nc IPctnrr cl11 prer1'drnl p rori·s-v0rl>al qni c... t aJopll' sans nhsrn nt ions.
Lr lr1•sorÎf'r 1·c11J 1•omptr de la g'>'slion [În:1nci1"re. La
caj..;..,l' rst dan,; un !•ta! lr1•..; prnspi·n'.
l.a parnle rst c1hnil1' d1)11111"1' an ca111nradl' \nd1·ieu.
•(Ili )ll'l'lltl la paroli an ..;ujrt dt' l;i " Conla Frat1·r,.,. ,1
En ,.;on tilr•' de sPnl'l.iirc g-1;n1"ral dr Cl"tl<' socii:•t!·. il
11n11, ·rnno1H'r 11111• 11' canwradP .\ [onrg-11!'.':o;, a~<rnt cl1rnnP
sa d ..1ni,sio11 tir l'Onsnl de crlll' sn1•Îl'I•'.. il Ya 11011.;; f'ai1·1•
u11r prnpusitinn. 11 s.iit l1·1\s lii1•11 que llans sa si"•;rncc du
l2 m;ii l!Hll l'as~r111hlPr g·1·1wral1· <1 refn-.,• d'!\tn• atlilil't'
a la Corda Fr((frc.\'. cependant il rl'vicut dPmi\1Hler ci•
qni IH' lui avait pas et!· accord1" il y a u<'l1x nns d :\ cc
sujet d1··pos1• l'ordre Jn jour sui,<rnt :
" 1:.\sc:;ociali1)1\ c;r>11t·rnl1• dr.:; l ~luclia11ts d' \ix. rt'•unie en .\ssemblL•r gcni'·rali., Ir :10 juin 1!Hl'.. d1"cidr <Lu·ccpti•r ]p.., prnpo"itinns sui,·anll's qui l'•nr ont di· faites
par Ir i'lec·n-·tai1·e g1·11!·ral de la Corrlrt l'rall'es. Ft'-d0ration iutC>rnationalc- clrs Eluliants.
l · L \..;soriation g-1"ui'•ral1• d1's Etudiants d' \i\. dr,.i"11t IP Slt'S"~ ùu Cons11lat di· la (',inlrtx lratrcs. a _\ix.
:1· Lt> P1"~"'id1·nt dl' I' \s..; aura 11· litre 1'1 I<·..; l'unrtion.; du Con,,uL Dirrdt'lll' d1· la torr/a Fi aires.
li )llllll'l'a lni '"t1·c <l!ljninl. sur"'" prnpositin11. 1111 con"lll s1•cr1;lairc <'t dc· nx Yicrs consu ls .
.\pn·s aYoir ,·. ,, . lnng-l•'lllps di..;<·11!1" t'I' pl'lljt•f l' ... t ad1111(1• Don c a l'aYr11ir la l'unl'liun clt- <'011-.ul de· la Corr!ff
/"r({/re.1· si:•r,1 dl'Y1dur au 1lr1 •si d1•11l dl' I' \..;s m.1i..; c·1·ILP
f1111dioll 1•..;I al tal'ilt'1' il la f'11<1q~··· .. 1 111111 ;1 la jll·rsn11111 .
11 r..;t ";-!•il,.mrnt bi1•11 1•11l1•1JCl11 '!"" 1 .\...-.. scr.i d111'l·11aSt':tllCC'
l'St.
OUVCl'lC'
11!- .\ lut crsc. Tout le burrau
Ya11t allilil'r> a la Col't/({ Frr1t1·es. "
!17 -
f, 'l)nlrP clu j11u1· i·La11t 1• puis1\ le Prcsidrnt. <lit au 1·c\'OÎr a Sl's c:nma r adc•s Pl leur sonhaitr le succl·s aux 1•xa mr11s •'t dr l1c1111ws vac anc1•s. La Sf'QllC:C e:;t lcy(·1~ a
!) he ll l'PS.
L e Secrétail'e :
Jh; BoTT1\1.
E\ \~IE~S Err CONCOrRR
Sur la 1lPtlla11de d'nn grand 110111hre d'Ptudiants.
on n rrtarclé d'une dizai1H de jo;1rs la puhlirntirm dP
la p,.ouell<'r! f '11iversifuil'e ponr po11Yo ir pul1liP1· l<'s
noms lÎ<'S <·a1nar;HIL s - l'i ils sunt n oml1l'e11x, noits
prcno11s plaisi r ù Il' ('llll"li1ll'r - l'l'1 ·11-; aux exan1p11s
de.' li1 der11ir"re ses::;ioll.
La P l'O ue11ce l '11i1 1e'"'il u ire e11 pl'nfil e Jl(H t rem O) <' r
f'll sllll ll<Hll t'[ <11 1 tHllJI cil' l'.\ssnti<1tion ~étH'rah• "l'~
pJns ('ha11dc,.; f'L:IÎrÎlatÏOli:' Ù Sl'::. l'IJCl'S lllCltl!Jl'l'S l'f
1
1
kl·le111·s.
Elle leu1· s1rnl 1aill' l'l l llll;llie temp::-. d1• lirinrn•s
Yacat1l'e-;. rfro11q1t'Jbe n H;ri t1;l~ apl'1"s mw :mnfr d<•
lal1e11rs et d\•fl'orts ('Ollti1111-;.
- El ;, la rf' 11 t1·1'1'.
1i·oisième
\1 \l. Laure, Fassic''. Polie1'.
Ln111·cncc', flrug·ui1·1'l'- Capodtlliro, ( ~rr11ouilld, Chchrand. ll1·n11rd, llig-nort't, ColH'n, Chaut11111ée. -
I)' .\rnw11dc,
doi11,
Curel. .\lonLcil,
Hl'\'riarci,
Sc\'lre.
Comano:::,
Saudino, Ca mat ti. D<'Vllic1:. Gc.rnticr-hescolles, ?lfontel. Ca1·a rnk y ros. Cu.1·Pt CoLtrcllc. Bonil'al:lsi, Ber1
�-
98 -
monJ . dt• Brelt<'Y ille. n obin , ~faire, Saudino. Quoni:un,
ù'.\ s tier. GrogaHll'll. Ot' l'IH\rd , Youroukoff. .\ ndricu .
:.\l aure>!. Lcon Gallizi a, Bel'aud . :.\f usso , HaYbaud ,
Pallimho.
·
Dw .riè111e n1111ée ( L" par tie ). ~L\I. Delerba t ,
Farnet, Bi llii·1·es , \'anaulù , Yachicr , ùc Bottini , Coggia ,
E ùde, Bry, All ard, Oelmas , Bo yer , de Sieyèi:; PctiLColas . \·c~pe r·ini. Honx, :.\Iazau ri~, Lr vamis: Richard ,
Bonnet. Ca mpion. l\aufmann , (~ra nic l', (;récoff, Blan
chan l. Tt•issicr .
2• partie)\. - :.\L\I. Campiou, Petit-Colas, T eissier ,
Richard. Bry,· :.\laza uric, Lenun is, Combat, Aune,
\'espcrini . Bry. Houx. Kaufmann. (~ranier, Oillit>res,
<le Bottini , \'anau lt. Coggia, llrlerbat. \ 'ac hi er , Ed<lé,
Farnet. Delmas, Blanchard. Pi11chon .
Première nnnée. - l\DI. Sonnier .\ lric, :.\Ialaspina,
Herna1·d. Bert ranù , I3011afo us. Honorat llu 0crues ' Fa\' ,
Fil, G ri soli, Lagrange, :.\Ionnanl, :.\Ia1·i, .M azuyer , de
Mal'tely, :.\I a ttei , Pe1Tin, Hipert, H1;gis, \ ïgnol.
Loueli e, .\\\ ad. Cu llo<l , Casti llo, David, Gucrdjicoff,
b sunl. Laurens, Pinciolclli , \ inccnt, Heaujolin,
Houx . Hé1·aud, .\ tgel', Tl'anc ltcs::.c•t, Cavaillon, Hico lfi .
Homano , Ta ,·erni rr, <_;a utier, Fabig 11011 c>t \ \ 'eil, Roux
Loui ~ . Li,1u<lrat. Fra issinet, Oclhomme , Beauzon.
0 'Avitai lla , Abeille, Blancha1·d , Roman , J ouvc
. \ lphonsc. Blanc. .\rn au<l , . \ vesque , DaÎl'eaux ,
Gandolfo, Flache, Labat, Oli,·icl' .
l apacilé. - :.\DI. Sica l'<l . Funel, Hous tan . Baudoin ,
Leal, Carbonel. Martel, Abbo . G liichard .
Concours de fi n d'année 190~ ( L' 0 annee. - Droit
1·omain (pre mière mention : :.\I. \'eil :\Iaurice, - Eco n~ mi e politique ùr uxième prix) : \Jlong uc René ; prcmH"rc mention, :.\I. Houx Emile.
Deu.rù:me _rw née . Droit civil ,pl'emier prix) :
:.\f. Bry J oseph ; deuxième prix , :\I. Blnn cha rd Fernanù ; pre mit:-re men tion . l\I. Eddé Emil e ; deuxième
-
99 -
mention, M. Richard Va lenti n, troisième mention e.rPicn r el :\lazauric Yictor . Droit c1·iminel, prcmir r prix , :\I. Bry Joseph ; deuxièmr
prix , ;\I . T eissier Louis ; premièl'e mention , Eddé
E~ilc. - Droit criminel (prix Pitti-Ferand i), premier
p1u , ~L Bl'y Joseph ; dcuxicme prix , M. T r issicr Louis.
Troisième m111ée. - Droit civil, premier prix,
i\I. Bermon<l Pier re ; <leuxieme prix , M . Georges ;
e.r-œquo, troisiè me mention, .\Dl. Nicola .\ ntonin et
Heynaud André. - Droit international privé, deuxii·me
prix, M . Bermonù l'i e1Tc, menti on, :.\I. Georges.
Con cours de tioctorrtt . - .\Iention, :.\I. Forzano
Joseph .
Concours de tli èsi:. - .l\Iédaille ,d'or , ::.\I. :\Iarcag g i
Vrn cent ; mt"•clai lle d'a rgent, 'L Ripert Georges.
œq110: ~DI ~ l oilessi cr
EC H OS
- .\.ix JH>ssi•cle de pu i:-; quelq ues jours dans ses
mnrs notre anc ien camarncle .Jeun Garni er , licenc ié
t•s-lettres. élèYe an Sénùna irc cle Dijon. I\'Iembre
co nstant ùe l'..:\ss., membre clévoué <.lu « Comité
de la Provence Cni versitaire », il :wait. en <JUi ltant notre ville l'an dernier . emporté les s ymµ atliirplC.::> regrets de 1101nbre ux nrnis clont il avait su se
l'a ire estimer et aimer.
•
:\nus lui souhaitons de 1uul eœm· la bienve nue.
- Cn de nos hun-; ami s nous a p rn mi ~ pour Je
numéro <le l'Clllrée. un e élt Hle sur la th èse que
J f. H.nysse n, le prol'essem de philosoph ie ~i goùté
des Ai x.ois, vien t de sout en ir hril lanun ent ;\la Sorbonne.
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\1\1. llE\ Il \1 Il l:harlo,-, n1p1"•1 ito>11r au l)c!·c d'.\ix.
1':\\l\111> !11'1111. a111ca1 ,·, Tara~eou.
lli>l"l>l ll·:I: l.0111,-\fa11us, r" rw11r de l'E11rri..:isln'men1.
!'lit>\\\,\!. Ca111tll1'. a,·0111; ù 1;ap
.
"\l \ E I' Pro-rwr. a,·oc~1 ;'1 a C1H11 d'a pprl d'.\ix
\,.,. ···tcur" h111w.-11u-.•. Il . Bl.\111 \[Jll, a~pirant au notar a l,
;'i lirima11d 1 \'ar >.
\1\1
\(Ili\ \1,
i\\'OCal.
a·chc1è1tul'tl'\ix.
1 I· \ l•i· T >-"na11•11r.
t:1l\.\ F1ll.
\1\1.
\ILL \l"ll, arn11.>.
\l"lil·: dui:1rur 1'11 lll•;d,·c111r.
111·.l.I\, reclP11r ilc1 la F.1wl111•
Il: 1\ \ l·D lll:-;E !lP '· a rnca L
H1>l.T1·ILl.I-: 1 1111,··d•'l' .
1mn:11 . con,riller i1 la
ur.
llll\. ,10,en de la 1-'aculle dl'
r.
lin1 1l ·
C:.\ 1\ \ ':'llL. uù1oni111•r de l't lrdre de; .\1·oca1,. niam· d' \1x.
c •T ~ iller ui•nPral •li'~ Bu11rhe>-du-Rhù1~.
C.\T, pharmactPn, l ' adjoint
de 'a 'tl!P cl'Aix
r.1 >\"T \ \ J' . 1 rofe,,eu r ,·, la
l-.1c1il1i> des l.ellr.,s.
Cl1I· \llIX, ;11oca1.
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AU t
IM1di11de1°/0 t D . les it1di111S po1r toute lhraiso111 eomJlut
��BULLETIN MENSUEL
Novembre 1904
Provence
Universitaire
ASSOClATlON GENÉRALE
DES ÉTUDIANTS DiAIX
SOMMAIRE
Une 111n1r-.ion <la11-. le domaine <le
la 111l'laph) siquc.
\urea _l~la-.
Page <l' \ 1bu111
L Ile u11Ll11·c.
J uri-.pl'u<lence a11i111ak· au mu yen
Dlopocl ErnT.
F. l> .,
V B,
J.-B. Cor.G IA ,
René
.\1.1.. 0~<.i.;~. •
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61, Cours Mirabeau, 61. - AIX
UNE INCURSION
Dans le Domaine de la
M~taphysique
On atlmel génél'al eme11 t fJUe l'homme est 11 11
cle deux élé ments, l'ùme et le cor ps. nuis
111t11nement en un e seule substance. 1\Iais cell e
union , ~ 11 le sail. n'.est pas indissoluble. rrn jolll'
\ïent. ou la m orL. tl un coup de sa faux terrib le>,
oµi·re la séparation. <Jn e deviennent alors ces
Lleux composants'? Le corps, qn'un blanc· linceul
enYe~oppe, est yon (ié ù la terre, et aYec le temps
se di ssout. Mais cc mt·me sort est-il résen·é ;\
1"<'1.me. et, selon le <l ire cl'un philosoph e contempora111: « mourons-nou:-; tout entiers?»
La maj orité des incl iYid ns s'accorde ordinairement à reconnaitre l'importance. le sérieux c.l'nne
pareille question. De lout temps on s'est fortemc11 l
o~ct~pé de ce prob lème métaph ysicrue. Pascal no11s
cl1 sa1t : « .Je tron,·e ho11 r1 ue l'un iùpprofondissl'
pas l'opini on de Coprrni c, mais il importe ù toute
la Yie de savoi r si l'ùme est mortelle ou immortell e. » Aussi, n'in sisterons-nous pas sur cc point
de Yne de la quest ion. L'im portant est lle donne1
1111e 1.10tion aussi nette et aussi précise que possihll'
de l'unmortalité. cle saYo ir si ce tte immnrtalitc'
pcnt être démontrée et de voir comment elle peut
être démontrée.
AYant tout. préci:-;011s nl'llement cc qnïl faut
entencl.rc par immortalité. Il ne :,,'agit pas ici de
cc l te immorlali té rnétapboriqne, c1ui consiste ù
surYivre dans ses œu\Tes. Llans la mémnirc des
hommes. comme on dit <jllL~ !"écrivain se sun it
ù ses Oll\Tages, l'e:q>lorateur ù ses clfrm1w1·1e-.,.
C'est là. sans dou te. u1w pcrs p ee t iH~ b ien c11 YiaLle. mais qui , au t'oncl. nous laisse bien froitls.
~u fa it. c111e peut nous l'a ire cetlc prékndtte
1m111ortalilé do nt 110us so rnn1e's 1wus-m1\mes absents? Que nous importe cl'l\lre estimé, d\\tre
ndrn iré de toutes IL':-; générations futu rc:::. si nous
~0t~1posé
�-
102 -
ne sommes plus là pour e11 jouir ? Certes, si c'est
là tout le bonheur réserYé à la vertu, au désintére·sement ; si. comme le prétend le grand Henan,
ln récompense éternelle des ::-upcrbes cuirassiers
du général l\I<u-gueri ltc, à Sedan, se réduit au simple mot du Yi eil empereur : « Oh! les braves
gens ! '" en vérité, il ne vaudrai t réellement pas la
peine de vine. Nos œnnes ont, il est nai, leur
destinée ; qu'elles la sui Yen t ! Mais, nous aussi,
nous avons la nùtre. qui vise à agir, à penser ù
nouveau, à aimer. à L'tre heureux enfin et pour
jamais. Aussi, voilà pourquoi l'immortalité de
rhistoire. le désir ardent que nous avons tous de
laisser derrière nous un ine!Taçable souvenir, de
~e sunivre par une train ée tl'o u\Tages, des chefsd'œuuc. dans les intelligences et dans les cœur:-,
tout cela prouYe bien notre horreur ins tinctive du
néant. mais ne saurait co.nsli tu er ni remplacer
l'immortalité réelle et personnelle à laquelle nous
aspirons.
L'immortalité, telle qu e nous l'entendons ici,
consiste clans la survivance ::mbstanti elle et personnelle du t1 10i , c·est-ù-dire de LI.me consenant
pleines et enti ères ses facultés de connaître et
<l'aimer, sans lesquell es ancnn bonheur humain
ne peut exister , l'e:1 me aYec la conc;c.;ience de son
identité. le souYenir et la responsabilité de son
passé. sans lesquels aucune récompense, ni aucun
châtiment proprement dit ne sauraient ètre possible. Et cette snn·iYan ce nous la concevons non
seulement pl us ou moins durable, mais indéfini e
et absolument illimitée.
::\Jais, cette immortalité. es t-elle susceptible de
preU\·es, de démonstrati on, proprement dite? On
l'a souYent contesté. Ain si, un certain uombre de
philosophes, spiritualistes d'ailleurs, ont soutenu
que la raison humaine ne peut donner, sur ce point.
q~ e des probabi lités et des espérances. Socrat~,
dit-on, au moment de boire la ciguë, ne voyait
dans l'immortalité « qu'un beau ri squ e à co uri r ».
Yoici ce quïl a écrit dans :-5011 Phédon : « Est- il
certain que l'àme so it immortelle? il me parait
-
103 -
qu'on peut l'assurer con,·ennblcment et que ln
chose Yaut la peine qu'on hnsnrde d'y croire. C'est
un hean ris<1ue ù rourir, c.;'cst 111w esiiéranee dont
il faut s'enchanter soi-mèmc >>. EL Descartes :::;emble partage.r so ~1 . avi s, c1uancl il avoue que « nous
pon,·ons bien hure beaucoup tle conj ec tures ù notre. avantage, aYcc de belles espérances, mais non
pomt aucune assurance ».
Nou::; prétendons, au contraire, tiue notre raison abandonnée ù ses ~c uls moyens peut arriYcr
sur cc point à une certitude. La conYiction qu'il
existe une aut l'c Yie, el c1u'il rst iuunortel suffit
à l'homme, pour l'amener ù bien ordonner ses
actes. Et en ce sens, Kant n rai son cle consiùérer
l'immortalité de l'ùme comme n11 postu lat nécessaire ù l'idée 111L\ll1e tlu cle\'Oir.
Yoilà pomqnoi lï mmorlalilé de ràme e::;t une
de ces Yérités de consentement un iYersel sur lesquelles s'étend la compétence de tous les hommes,
précisément parce qu'ell e est indispensable à tous.
Et de fait, SO Lts les térémoni es funèbres, sous k
de l'Eo·lisr
culte des mort s, les lllYlltes
., et du Tar.
lare, no11s retrouYons la crornnce chez tous les
peuples. Retenons bi en ces paroles de LerYingstone:
« (Jn elle que soit la clégradation de certaine::; peuplncles afri cain es, il est deux d 10ses qu'on iù1 pas
besoin de leur enseigner: c'e::.t l'existence de Di eu
et lïmmortalité <le LI.me. »
. ~~ai ::; le con::;en tement uni \'e r::;cl est un e preu\'c
md1red e c.lonl on ne sa urait 5e contenter. Il y a Llcs
preu Yes µositi ves qui fo nt ressortir l'éviLlence de
l'immortalité de l\\111e.
La premiè·re de ces pre u\'e:> est de nature métaphysi4uc. Le corp::;, cnnipo:::ié d'éléments hétérngènes, ::;e dé::;agrège et se dis::;out naturellement ,
dès qu'il est séparé de ::;on print ipc <l'unité: Lime.
Au contraire, !';\me lllL i est métaph ys iquement :-;impie ne saurait se di ssoudre, se décomposer. Elle ne
péri t donc.; pas aYec le corps.
C'est là u1·1 argument qui pronYe bien lïmmorl>1li té de L'tme, quant ù sa :-;nbstance, mais il est loin
Lle prnu Yer l' imnwrtalilé per::;onnelle de l"<hnc.
�-
10'1 -
-
Heureusement. la morale est lù qui lui fournit une
explication complémentaire et concluante. S'il y a
un Dien et une loi morale, la justice exige absolument <rue le crime soi t pnni et ln Ycrtn récompensée. Or, <le fait, le vice et la Yertn n'o nt jamais en
cette Yi e leun.nnction suf11s1mtc. Que de fois. mème
on voit le juste persécuté 0t le méc hant réco111pensé:
11 faut clone qu'il y ait une nnll'e vie. où la justice
soi t pleinement sati sfaite et l'ordre nbso ln rétabli.
Et Yoifa qui démontre su ffi snmmcnt la surYirnnce de l't\me dans ~a personna lité identiqu e cl
respon~able . Reste <l pronYer qnc cette ex istence
fst illimitée dans sa durée. Comment, en effet
'
démontrer que Dien n'anéantira pas nos àmes après
les arnir suffbammen t réco111 pensées ou punies?
C'est l'œnue ù\m troisième argument tiré de la
psychologie et qui repose sur le principe suiYant:
« Tout, dans la nature de l'h omme. prouYe qu'il est
créé pour un bonheur parfa it. Or. il est év ident,
qu'i l ne peut y parvenir en ce monde: il font donc
qu'il y ait une autre viP. où il lui se ra donné <l'en
jouir. Et comme. d'autre part. il n 'y a pas de
bonheur complet sans dun'e il li mit ée. il s'ensuit
que cette Yie future doit tll n elle-même sans
limite.>>
Enfin l'immortalité de l'ùme se prouve encore
par l'absurdité <les conséquences qu'entraine sa
11égation. Si 1110111me n'est pa:-; immortel. il s'ensuit
crue !ui. l'être le plus parfait de la création, en est
an:-;s1 le plus malheureux e l 11' plu .-; abandonn é. En
effet. l'animal a ponr lui lïnst ind qui le pousse ù un
but_ limi_té. innnu_able. ù sa porll~e. et f! lltl11cl il ra
~tt~mt. il est pleinement sa tisfait. sa capaci té de
.ion1r est comLle. ~\u con traire, l'homme raisonnaLle connai t l'infini et. ù<'.•s lors. il 11c pent plus y
renoncer. il fau t qu'il ! tcnclc <le toutes ses fo rces.
l~t Cf lH~nclant il :-;c Yoi t sans ces:-;c Llans l'impossibi lité de l'atteindre: il est lot1j ours uéc;u, toujours
clupé. A peine a-t-il fa it quelques pas dans la Yie, à
la poursu ite <le cet idéal de perfection" qui est la loi
ab::;olue de sa nature, qu'il meurt essentiellement
mécontent. aya nt ù peine accompli la moindre partie
1
103 -
de sa. lùch e ! _Où clone Ya-L-il accomplir le reste'?
9u bien, e~t-d con_dn.mné à .d emeurer à jamais
mcomplet: macheve,. ma~so uv1? Le papillon dan s
sa chrysalide, le petit 01seau dans l'œ uf ont des
ai le:-; qu'ils dt:'p loieront un jour dan::; la ' lumi ère
dnns l'atniosp lH~re ! L'homme est-il condamné à n~
<lép_loyer que la 1noinclrc y~rlie cle Jui-mème? N'y
a-t-11 pas là une ronlrad1 ct1on flngrante, un véritable non sens, une absurdi té? Ecoutez J. Simon
r!a~:-; sot~ lrni~<' :-; n_r lc_lJ?' :oi_r: << P01~rquoi , si je dois
hn1r, 1li en s c:-;t-il l'l'\'l'le a ma raison ? Pourquoi
;1-l-î la it de lïmmualil P, de l'éternel. l"objet constant
de 1ua pr nsl;e '? Pourquoi m'a-t-il donné un cœur
qu'aucun nmom hmnai11 ne pent assouYir ? Cette
p1,lissancc r1ui n;fornw l_e mon ~l e,ye ttc pensée qui Je
clt>pas:-;e. C<' cœur q111 le clcdaigne, m'ont-i ls été
donnés pour mon désespoir ? » Et Musset que
dit-il '?
0 N;lLL.1re'. dis-moi, di s-moi , mè re imprudente,
P oul'quo1 m obsèdes-lu de ce tte so if ardenle
Si tu ne connais pas de source où l'é tanch er"?
[\ fallait. la crée r, ma ràtre, o u la chercher !
L'a rbu>;le a sa rosée et l'aig le sa pà lurc;
Et mo i. qur t' ai-j r fa it. pour m'oublier ainsi'?
P ourq uoi les arbrisseaux n' ont-ils pas soif aussi ?
Pourquoi forger la fl èch e, éterne ll e nalure
S i tu savais loi-même avant de la la ncer '
Que tu la dirigeais vers un but imposs ible? . .. »
<<
.Non. s'i l n'y a pas dïmmorlalité, Je pessim isme a
raison. La Yie n'est qu'une duperie. une course
fantasti que du néa nt au néant, sans raison, s:ms
r_ésultat. Sans ell e l'homme n'est qu'une contradi ction. le monde un chaos, Dien un tyran un ètre
'
'
dépourvu ctc sagesse et de bonté.
Ai.x-en-ProfJence: 22 No11emhre 10011.
Dlopoel EvoT.
�-
AU REA JETAS
Jm aryllis dansait au so11 des /liites claires,
Sur la terrasse, d'oit l'on l'Oit ln m er d'argent.
La maison était dn11r e et le maitre indulgent,
L'esclave lieurea.i: et les l'illici p_eu sévè!·es.
Amaryl/ii; dansait au son des fltites claires.
Lente. et comme bercée au rythme languissant,
Elle mimait des gestes fnile11rs d'111110111 eu se . . .
Le soir mourait et ln miM1le étcut heureuse .... .
Du.Jardin ven 1it 11n 1•ent frais et caressant.
107 -
« Puis, quand la Morl plananle éteindra ma prunelle;
" Lorsque, à La fin , la lourde pierre des tombeaux
« Viendra clore ma chair en la pai.x éternelle,
« Je mourrai radieuse en des soul'enirs beaux. »
Ainsi dit CytluJris. Et les autres, ral'ies,
iJul'aient Les mols navrés qui disaient leur tourment.
El les f11ites pleuraient ha rmonieusement,
Disant les joies , d 'abattements toujours suil'ies.
*
......
,\1'1.r la terrasse, d'oit l'on 11oit lu mer d'argent,
Amaryllis ne dansait plw; <111.r /liites claires ...
C!ft/u}ris s'était tue ... Et chacune, songeant,
Pleurait Les illu sions mortes qui f11renl chères .
. l u.r 111011 i•emen t.~ charmeurs <'t q11r 11011 lait la d1111.~I!.
/,c pied 1111 dépassait fa robe de snfr1111;
l:t {un prfnwit, a l'Oir le joli corps s'o_ffrant,
/) ans le bonhru r que /i1isnit 1111itre la cadence.
P ar des trilles 1wuc•ea11.i:: sans cesse 1·n_jPu11i,
L'air de fl1ite rendait les têtes attentives.
Cnr la musique plait aux esc/aCJes lasciPes
Et toutes étaien t là « delicirr domini n ...
Sous les tentes que le ::eph yr gonffait . le::;èr es,
Amaryllis dansait a u son des fl1ites claires.
f,t Cythéris la 11/(!/'l'eilleuse. qui sai>ait
Chanter sur tous les mnrles grrcs rt italiques.
. \ ccompal:fnait d' A maryllis lrs pas antiques.
/<,'t disait ,e ré11e di1>in qu '<'lle rrwiit:
• Ce/11i qlli m'affll('J'll 10 l'r;n11s .'fais qu'il 11if"1111e .'1
Je remmènerai dans les roses d11 11111ti11;
" Jr lui dirai q11e le bo11h1,11r est incertain,
" Qu'il fa ut aim er, avant qll r la Mor/ 11 e 11011s tien n e.
« Je s"is befle et je c>oudrais vivre éperd1/111ent
.lia jewiesse, en dcsjoun; qur /' 1l 111our illumi11r,
" f,e maitre est bon. Il a des vill11s en ,\11b111e . ..
" C'est la que j'irai l'ivre 0111 bras de 111on amant.
La
1111 it
1'e1w it. les re1'éta11 l d'0111 bres l<igi:res.
F. D.
PAGE D'ALBUM
Aimée, je voulais pareil aux purs orfèvres
Dont les doigtsfinssculptaitnt des coupes pour les Dieux
Ciseler un sonnet subtil et radieux,
Pour voir s'épanouir les roses de vos lèvres . .•
Je vous aurais, ainsi qu'en des vases de Sèvres
Apporté des parfums troublants et précieux,
J'aurais pris les couleurs exquises de vos yeux .
Pour peindre, tel lVatteau, mes vers légers et mièvres.
1'.!ais je vous regardais danser joyeusement
Vous avie:{_ ce soir-là mis un dé!fuisement.
Qui rendait , s'il se peut , vos graces plus jolies .
A vous voir me sourire avec tant de douceur
J 'avais au cœur hélas ces deux rnélancolies :
D'être mauvais poète et maladroit valseur ! ...
V.
B.
�-
c,, JÙ''l pas clc lïle clc ~Iaclaga::-car ou clcs iles Tahiti
qUL' je Yeux entreten ir a ujou rd'hui les noml>rcux lccll'urs de la J>roccflcC U11il'<!rsita i r c : mon arnlJition est
plw• modeste. qu 'on sr raS!'llrl'. D'aill eurs à quoi scni·
rai t un article sur ces pa ys Join lni ns '? .\ quoi cela serYirnit·il de rncon lcr h'" pfri pé tics, lt's transes cruell es
tlnn t rst fait<' la Yic de 1'110111 m e dans ces L'O n tr<'·cs
in habital.Jles '? .\ quPi ~t·n· i rai t il en rin de dém on tre r
qul' l'l'' m1H'L'Caux de l'l'n iYt't'S ::-c 1·e<·ommandc'nl par
la hnn té cil' lt>ur clima t l't Ja t rnnqu ilité de leurs habilanb ... L'étude que j'entn'IH'1'nclrai c\ celle pla<'e sera,
j•' l'espL·rc. bien intêrc%an lt' ca r l'l lr eomprcn cl dans
sa !...•:néralité. un pau\ï'c. mais t'ombil'n cléYnué clé part•'llH'nt de Ja France. qui "<'mhle to ut à fai t in l'onn u
d'l'llc. et qui InL'ne ck pt1h lnngtL'mps une cxislcnt'e
lanwntabk et. .. 11<:èi> . .• c'e:,l. en un mot, du dépa rte·
men t ou plutùt de /'Ile' cl1· r orse que je Yeux pa rle r.
.\s,un·mcnt j t' nr <'roirai l il e~sc'r personne lorsqtH'
j'aurni 1l<'L'laré que not re IJL'UU pa:-·s !'e trou Ye en un
dn l d'infériorité t rè' marcp1ée Yi s-à- \'is des antres
dt•pa1 lt>ments : mais rr ttc si tua tion clëploralJle â qui
la deYons-nou~? .\la ~Iè rc J>nt1·ir '! cela est impnssililc : à l'incurie cle nos reprèsl'nlan ts '?Je n e Ye ux poin t
Je .;;ayoir: clan s tous le" r as. il c'st un fait certain aujour·
c1 ·1n1i et que tou t le mnnde recon nait : la si tua tion éco·
nomique. inrtuslricll<> et. .. poli tique même de la Co rse
n·a fait aucun pas clans la ma rche en avant de ce qu'on
ap1wllr pornpcusern r nt : le P rogrès.
;\ul nïg-nore qu0 ({ c1'tte 11e rl e posée sur Jes bords de
la mer Tynhéniennnc 1> comm e l'a ('<Ti t J. -J. Rous~eau ~i je ne m'alrn"c. a é té an0"\éc' en J7GR à la France
par le duc. dl' Choiseul. ..
JI' reme rcie profunclC:'mcn l l'honorable M. de Choic;eul de
la clélicatc•. a ttrn
tion qu'il a eue ù not re érra
rcl ·
.
•
0
1·n ffil'llle tem ps Je blame sincèrement fe u Pascal Paoli
- n' h_L'ros de lïnd<'.·pendan1·(• r·otsl' - qui \'oulai l à
l11ut pn:x que notre pa:--s fù t anglai.; : mais cc que
J<' ne peux m'cmpëehcr de conslalt' r , c'es t que no tre
lJ!'aU )l<l,\'S a t:i(' Pt ('5t tonjm11·c; <'11 bu tte<\ dl'S luttes, U
d!'s dissP nsionsi nl P;..linesqui l<> <li \' iscn t 0. t qui , parta nt ,
k !L,ti·n_t . .. C c~ (• t11t cle (' ltosPs naime nt tl<;pl oralilc,
111 C.llot<>cul , 11 1 Pasc·a l l'aoli n 'on l pu 10 faire r c~s
~l' I' :. ~'t cP l éta l rlP C'lH N's, ù tou::. 11·:- points de vue
rn qu1elan t. dure LO!tjou rs. uwnace cle clur<'t' é te rncllenie~ l. .. J>asca~ Paoli HJulail [a irP cl<' la Corso une pos::.ess1on a nglaise ai-je di t ; j'aYoue que pour un Corse,
1
1
1
109 -
l'idée n'était pas préc isément géniale : car nous avons
touj ours eu, nous autres Corses, horreur de l'Anglet<'rre et d<) !'Anglais ... Non.. . mais voyez-vous d'ici les
Corses transform és en lords et les Cor soises en ladys :
voyez vous la main ct'un Roy anglais s'abattant - tel
un a igle sur sa proie - s ur un pays qu i l'abhorre corclialcmen l ? C'est ponr ma part une chose qui clépasse
l e~ limites dr m on entendement ...
Que nos go u ve rnan ts - qui nécessairemen t s'occu pent cle poli ti que - qui tten t un instant ce domai ne
peu philosophique pour jeter un regard sur un pays
qui se trouve à qt1 clqucs kilomètres à peine de la 1Ié1·c·
Pa trie, e t qui a tan t besoin cl'aicle et cl'assistance ...
.... L'heure n 'a-t-ell e clone pas sonné pour notr0
Corse bien ai m ée\ cle lui tendre une main libératrice,
cle lui off rir un se!'ou rs qui la préser Ye d' une ruine ou
d' une chu te irrëmëcliable ? L'heure n'a t-clle donc pas
sonne des r ésolu tio ns utiles, Yi tales pour la clé[ense du
ter ritoire, et d 'un peu cle bien-être inclispensahle à tout
hal.Ji ta nt cl'un sol frança is
.... Ch0z nous. on cric, on tempête : les journaux
- surtout l'opposi tion - son t re mplis cl'injurcs à
l'adresse de nos re présentan ts : l'a uteu r de cet arliclo
ne les s uiYra certain emen t pas clans cette voie qu'il
j uge to ut à fait sc.:a!Jrcuse et p·~ u intéressante : mais il
cli ra le mhon ten tcmen t ressen ti pa r ses insulaires, le
fro issemen t d'amour propre qu'ils ëprouven t, à la vue
de certaines colonies conq uises depuis peu et pourtan t si Ne n dolées par la France ... L'.\.lgérie, Ja Tuni·
sie, l'ile de ~Iadagasca r elle-même. sont sillonnées en
tous sen s par cles chemins clc fe r rapicles. sont pou rvues de voies cle comm unications admi rables; 1partout
cles fortifications, partou t cles travaux incessants clc
défense ... En Corse, n 'y a urai t-il que des bandits'?
;\on ! il y a bien aussi cles hon nêtes gens...
D'aucuns clis0n t - et ceux-là alors sont fous (cela n e vou s é tonnera guère lo r~qu e je vo us aurai clit
que ce so n t cles sépara tistes). que la F rance s'est toujours cond uite envers la Corse comme une rna rùtre:
donc, il fa ut (et ce son t eux q ui parlen t). qu'une insu1"
rec tion formidable s'organise en vue de lutter contre
elle e t de l'alJa ltre ('?) à tou t ja mais. .. Iùees chimél'iques, parce que inéali sables cl insen sées '?
D'autres proposent d'adresser u n pressant appel aux
pouvoirs publics en vue cle l'amélioration générale de
notre pays : ceux ci so nt les plus sages ... et dùt co
coup cl'cnccnso ir me c.:assc r Io n ez, j'ose timidemen t
proclame r que je s uis cln nomJ)rc .
.\bordon s, si vous YO ul cz aujourd'hui, le poin t de vue
poli tique san s avoir a ucunem cn t l'lclée de faire des personnalités.
�-
110 -
Ynki un décret qui co1w oque les électeurs de telle
1'1Hnmune à pre ndre part au rcnoun'lle mcnt du mandat du con seiller général ou tl"arromlisseme nt. Tout de
"-Uile les habitant s cle l'e ndroit perde nt la tête : on
-..ïngènie à trouYcr le 1·anclilla t rên\ si on n e Yeut plus
tlo l'autre qui a m al rempli ou abusé de son ma nda t ·
11n se creuse r espril pendant des jours et des jou rs el
snuYent il arriYc qu'à la veille clu scrutin, aucun nom
n'a encore èll' mis en avan t. .. Rn lin , un beau jonr. cc
1·;mdidal se montre e t si par malhe ur l'indiYic\u qui a
l"hnnneur cle sollici ter le::; ::;utrrages cle ses con c itoyens
1'sl connu dC\)Uis un m oH, il est e n bulle à toutes les
demanlles. à t outes les fa ,·ru rs ... naturelle ment le futur
1·onscillc r !.!énéral ou tl"arrondi::;sement promet à
,·olonlP : mais. ne' tient jama i..,. Que voulez-,·ous ? supJ)n:;1•z un candidat ë\ 1111 l'nnscil gèm1rnl qui recueille
~OO à :ioo snlTrage' cle ses él1'1' lt>urs; tous sollicitent
11ne place d1> thHrnnin. de ga rde' champêtre ou clc
gardc-düourmc ? Y1n1s <;1'ric1 bien embarrassé non pas
pnur prnmNtrc - ear on Ill' risq11L' rien - mais pour
tenir.
.\rriYc I•' jonr de l'~lN'lion .... -.'il y a de u x candidat"' en pr.'.'scnr·e. ils sont natut·1·ll1'ment llanqu és de
lt'11rs parfü:ans qni. IL' tusi l à la main. l't re ,·olver au
p1)ing. Yeulen t ou tùèlwnl de fai r1' res pecter la sincérité
dt'S opérations électorales .•\ la première in cartade
l'urne - tell e une boite au x ordu res - est jetée par I~
[1'nêtrc. les fusils partent comme un srul homme ... et
!"élec tion a eu lieu.
Li' plus clrôle de l'histoire, c,.cst que des conseillers
d"Eté~t cux-m è mes sont très em ba rrassés, lorsqu'une
1·lcct1on co 1'"e est sol~mise à leur haute appréciation ,
pour.ùonn~r. ou plutot pour trouYe r 1"1 solution qu'il
convient d apporter à etc.., questions ... le plus souvent
de cloehc r : il faut YOUS dire e n effet que les maires des
r-om mun es de Co rse connaissent cl'une fa<'on me rveil leu<;e (_on dirait mieu x que le législaleur), e t sur Je bout
des doigts même la loi du :-; a\ï'1l 1 8~ i ; ils la connaissent
te l! Pnwn t quïls commetten t clec; fraud es l\agran tes non
pre n1es pa r les texte-,, e t dans ce~ condition s le Con::.cil d'Eta t préü·re annuler.
C•)Illll1C vous 11' voyc1. il y a dans cette situation
matii~re à rire: mai s il y a aussi suje t à larmes ... L~
~o~·se est aYan t lout un pays bon enfant. Qu'on la la isse
a l a ba ndon . cl<'<' tal>lcau s·a snm bl'i ra clavan ta <Ye.
\ [ais la Corse <'l les Corses r.spi' ren t toujours ~t ont
contiance en la mè r<'- palri<' : q ue la Fran ce se rappell e
qui' les Co rses ont toujours t"l<1 lPs prc lll ic rs à C'OUl'ir
s n::. à l'en nemi . lorsqu1' ses intérêts cl son terri toi re s<'
sont trouY é mcnal'éS; qu 'elle ait toujou rs présentée à
la mem ui rc l'image cle :\apoléon qui, à mon avis,
111 -
e mploya le pins clair clc son inlolligencc et de son crénie
r\ ron clrc la France prospére à l'intérieur, grande ~t res:
pectée au dehors ...
Qu'elle se rappelle tout cela et qu'elle se m ontre
une fois reconnaissante: les Corses ne sauront l'oublier.
J.·B. COGGIA.
J i.r-e11- r1·1H·enN', r1• / "' or·toû»e 1004.
Jurisprudence animale au Moyen A~e
Le principe clo l'égalit(1 de vant la loi, connexe cle
ce lui clo l'unilt"· clc législation . qui rormc la base cle
notre Cocle civil , n'est pa~ au<;si nouveau dans son
application que nous le prétendons géné ralement. :\os
ancêtres clu \loycn .\ go, qui nous titonnent cependant
par la diYersi té de leurs coutu mes. l'avaient déjà consarré e t mis e n pratique. d'une façon assez spéc ia le il
'
est \Tai.
\"ers le xv" siècl e, en effet, il é tait d'usage d'appli·
que r les mêmes pé nalités aux h ommes e t aux animaux . e n obset'vant , pour les uns comme pour les
au tres, la coutume clu pays où l'on se trouvait.
l.Jn m êm e dé lit commis par un homme e t un animal. exp1)sai t les délinquants à la même peine, exécutée da n s les mômes conchlions.
Les anim aux é taient divisés au point de vue pénal
en c\eux g ra nclcs catégo ries : les Saisissables au corps et
les Insaisissables. Les S aisissables au co rps : chevaux.
bœufs, chien s, moutons e l a utres anima ux pouvaient
être appré he ndés et incarcérés . éta ient traduits
de vant le Tribunal criminel ordinaire. Les Insaisissables : fourmis. chenilles, rats. saute relles, oiseaux.
qu'un huissier cù t pu clillid leme nl traine r à la barre,
e t qui cl 'ailleurs étaient plus souv ent coupables d'un
délit collectif plutôt qu'inllivicluel.
Lo rsq11'un cheval ou un taureau avait blessé un
homme, ranimai é tait appréhendé et appelé à comparaitre en a udicn('e pul)Jiquc. On e mployait la pl'océclurc habiluell e, les témoin s é taie nt entendus, le Prot: urcur faisait son n 1quisitoire et le jugem ent é la it
prononcé. Il t'lai t en s uite notifié à l'an imal ('?!),et procès-vel'bal é la it dresse etc cette notitication.
L'cxécu lion a vait lieu comme pour les c rimine ls
ordinaires : c lic é tait faite en public, par le J)ourreau
lui-mêm e, avec tout l'appareil u sité à cette époque. Cn
�-
coq. IlllllS dit S \'.\:TI :\ I (Bêtes et Plantes. 1888), fut
un jour accusé d'ayoi1· pondu un n•ur (?!)et de l'aYoir
subrcpli1·ement introtluil nu milieu tic ceux des poules ;
( tlll croyait a lors que les coqs pontlaien t des œu fs renfermant un serpent!. Il fut a pprélH.• ndè. trainé à J'audknec. cl y eut sans tloulc une allitutlo assez agres"iYe, ear il Iut condamne ù 0tro ])rùlé ,.if avec son
tl'UL
L"s frais tle l'e-...:éeu lion. qui é taient à la c ha rge cle la
justice. s'élevaient a u ml'mc prix quo s'il s'agissait
d'un homme; lie mèmc pour les frnis do nouniturc
JlCilllant la détention.
\"oid. d'après .\ gncl (rul'iosités j u(liciai!'es et lli:sfo!'ù/ues. Paris 1~;)~). ks frais <l'exéC"n tion qu'énumère
un n•mpte tle li0:3. relatif ù u1w tru ie qui él \'ait rnan"é
un enfant el aYait dé pentlnc ù ~Ieu lan pour cc fait :"
,, l'our dépense fai te par clic deda ns la geôle : six
"Ob parisis ;
(( Jre111 au maitre d<''5 hautes 11'U\Tes, qui vint cle
l'a ris ù ~Ieulan faire ladite e\.écu tion : cinquante-quatre sob parisis ;
u !tel// pour voilure qui la mena à la jus tice : six
sol<> parisis;
u Ite1t1 pour cordes à la lier e t haler : deux sols huit
deni 'rs parisis ;
•< Item pour yrmts : cil'm. denier" parisis.» (Le bourreau mettail cles gan ls pour n e pac; souil ler ses m a ins
par re·ü·<'Ullûn d'un anima l répu té immonde.)
Les jugements étaien t su5ccptil>les cl'appcL il s p ouYaient mème être cassés pour Yil'C de Conne e t clonnaient lieu quelqucfoi à de::. L'Ontroverses t1'.ès intéressantes et curieuses sur la compétence des tribunaux.
Yoici un procès de ce genre rclalé dans « /'Histoire
rlu dllché de> Ya!Ms
-
112 -
>l :
u Cn fer~ier du villaqc de Mois~- laissa échappe r un
'' taureau mdompté. Cc taureau ayant roncon trë un
« homme. Je perça cle sa <·onw; l'homme ne sunécut
cr que quelques heures à ::;e::. ])lessures. Charles. comte
« de Yalois. ayan t appris cet ar·ricJen t au chàtea u cle
11 Crépy. donna ordre d"appréhendt'r le taureau et de
'' lui fai re son proc·1's. On se saisi t d<' la béte m e ur11 t~·i<'•re. Les ollic!ers du com te de Yalois se tra n s por<' terent su r les lieux pour les informations requises;
« et. sur la déposition des !&moins. ils consta tè ren t la
11 Yérit(; e t la natur<' du clélit. Le ta11r<'a11 rut condamné
rr à ê tre pendu. L'cx6c11lion du jugeme nt se fi t aux
u four1"1le-. patibula ires cl e ~fnisy-lc-Templc. La mort
1. d'une bête expia ai nsi celle d'un homme.
" Ce supplice ne termina pas la sct\n<'. Il~- eut appel
• de la sen lenc:e des ollieiers du Comte, comme juges
<<
u
<<
<<
<<
r<
113 -
incompétents, au Parleme nt de la Chandeleur de
1311. Cet appel fut dressé au nom du Procureur de
l'hôpital de la ville do Moisy . Le Proc ure ur Géné ral
de l'Onlro inte rvi~t .. l:'' Parle me nt reçut plaigna nt
le Procure ur de 1 hop1tul <·n c:as clo sais10 et nouv elle lé, contre les cn trcpr·ises des o!licie rs du comte cle
« Yalois. Le jugemen t du laun•m1mi s à mort fut trouvé
u fort équitabl e; mai s il fut dé C"idé que le comte de
« Valois n 'avait aucun d roit do j us tice sur le terri << Loire de ï-.Ioisy, e t que ses ofllciers n 'aurnient rioint
« dü y ins trume n ter. »
On pourrait multipli c1· indéfinim ent les citations.
Les animaux devaient y r egarde r à deux fois avant de
donner libl'e cours à le ur::; ins tinc ts pcn e rs. Aujourcl'hui c·es t clilîércnt: c'est leur propriétaire qui paie.
ALLO;\G UE R ENÈ.
ASSOCIATION
Assemblée Générale da H
NoCJembre
J:)O~
La séance est ouverte. à 9 h ., sous la présidence de
?ll uterse, assis té de Jourdan Alfred, Yice-prcsidenl ;
de Bottini, secré ta ire; Combal, trésorier , et Campion,
bibliothécaire.
L e Secrétaire donn e lecture du précédent proces verbal. qui est adopté sa ns obser vntions.
i\futerse souhai te la bienvenue aux membres de
!'Association et , en partic~lier. aux nou Ycaux étudiants, qu i, cette année, sont ve nus très nombreux.
Ces quelques mots sont couverts d'applaudissements.
On passe ens uite ù la question du local. .\prl>s avoir
rnvisagé di ve r ses solutions, on décide de tran s porle1·
le s iege de l' A ssocialion au Lur étage au -dessus tlu
Café des D eux-Gar ç.ons, aussit.ùt que les répnrations
entreprises le permettront.
L o Prés ident fait connaitre qu'il a reçu une lettre
de notre camarade de Bottini . dans laquelle il lui r emet
sa démissio n de secr étaire . Le Président , le Bureau et
�-
-
il4 -
l' Assemblée tentent de faire revenir de Bollini sur sa
Mcision, qui cependant est mainl<:'nue
On procède alors à l'élection d'un secrétai1·e :
Campion. hibliolht'caire, est élu à l' unanimité.
L'Assemblée YOtl' a l'unanimité <les rcme1·cicments à
de Botlini, pour le zè le qu'il a :ipportc <lans ses fonctions de seêrétaire.
On clit ensuite un bibliothccaire, en remplacement de
Campion : Caisson est élu pnr acclamations.
~luterse lit une letlre du Président de !'Association
J e Paris, au sujet du Congrès de Paris.
Kaufmann et \'achier 1·endent les comptes de la
P1 o~·ence C11frersitaire. qui e:,t plus prospère que
jamais. On Yote <les félicitations à Kaufmann et à
\ ·achier, et on bat un ban en leur honneur. \'achier
c.'St ensuite élu trcsorier secrétaire de la Prat•ence
Cniversitaire. T essier, Giniez, Gille et .\bram sont
c'lus conseillers.
.\ bordant la ques tion des journaux. on decide le
maintien des journaux actuels, auxquels on ajoute
l'Assielle au B eurr e et l'Auto, que l'on achètera au
numéro.
Communication est faite â l'Assemblée d'une <léci sivn du Président du Conseil Fédéral de la Corda
Fralres, Fédération Jnternationale des Étudiant s,
d'après laquelle ~I uter se, président <le l'Association,
est nommé consnl à Aix ; \'achic r , consul-secrétaire,
et Campion, Yice-consul. Les Étudiants qui désirent
faire partie de la Corda Praires pourront s'adresser
au consul ou au Yice-consul, à Aix , qui leur donnerout
tous les renseignements nécessaires.
La seance est leYéc ù 10 heures.
Le Secrétaire,
A.
CAMPlO:'.'i.
ECH OS
:'\ous sommes heureux de pouvoir annoncer le ma riage de notre secrétaire honoraire 0. Rimb:lu<l avec
~1 11 • Beinet , qui a eu lieu pendant les vacances.
115 -
On sait avec quel dévou.ement no tre ancien camarade Rimbaud avait géré les afînirrs dc.' l'Ass. et avec
quelle affabilité il exerçait ses fonctions. Aussi, est-cc
de tout cœur que non'! formons <l es vœux de · bon lH•ur
pour le jeune couple. ot riuc nous leur offrons nos sincèr es félicitations.
CONFÉRENCE PORTALIS
Séa11ce du 1.ï noCJemure 190'1
La séance est ouYerte à 8 h. l 12 sous la présidence
de l\I. Bry , président .
Deux questions sont à l\>r<lre <lu jour: la flxntion de
la date d e la séance solennell e <le rcntree. et la nomination du trésorier.
Tout d'abo rd le président en termes chaleureux, souhai te la b ienvenue aux memb1·es nouveaux, qu'il est
heureux de voi r 011 si gl'and nombre cc qui est déjà un
résul tat. En une langue clairr et élrgn nt r. il montre
l'œuvre et le but de ·a Conférence. Con!iant dans l'nssiduill: et le concours <le chacun , il a la certitude que la
Conférence sera suiYi e, et partant f1 uctueusc.
Quelles que soient les habitudes. les mœurs <les étu ·
<liants, tous auront à honneur de continuer dignement
l'œuvre de leurs prédécesseurs.
Après avoir annoncé, que par ses soins, la Confé>rence a adhéré ù la fète du Centenaire <lu Code civil.
le présid ent termine en remercia nt à nouveau ses camarades de leur sympathie à son é~a rd et à l'égard du
bureau , sympathie que le bureau s'efforcera de mériter.
De vifs et longs applaudissements soulignent les paro ·
les de M. Bry.
On passe aussitcH ù la d iscussion de l'ordre du jour.
Le président consulte Me ~Iarin chargé cette année du
discours de la séance de rentrée , s ur la date J e cet.te
séaace . Me Marin propose la date du vendredi 2 déccm·
bre, qui est adoptée.
11 est ens uite procédé à l'élection du trésorier.
�ANCIENNE IAISO~ GRÈS
-
116 -
~[' Léal rose sa candidature. M° Fabignon t oujours éloquent et génereux mel en avant le nom de l\lc Caisson,
qui accepte.
L e Yole a lieu au scrutin secret et donne les r ésu ltats
suiYants :
Premier tou1·: I nsc rits, 32; volants, 29. Ln majorité
nbsolu<' est de 15. Bulle lins blancs ou nuls, '1 ; 1\1. Léa!.
13 voix: M. Caisson, 12.
Deuxième tour : 1nscrits, 32 ; votnnl s, 30 ; bulletins
blancs, 2 ; :\I. L éal , 1G Yoix; ~!. Caisson, 12.
~I· L 0al , ayant obt enu la majorité r r lative , es t p~·o
clnmé élu, aux applaudissements J e t ous. Une ovation
lui est faite. alors qu'il vient prendre place au bureau.
Très touche J e celte manit'cstalion C'nthous iasle, il
remC'rcie du fond <lu cœur ses cama rades de la confiance
et <le l'amitié qu'ils lui t émoin·nent. Il lùchera d'ètre à la
hauteur de sa fonc tion, et <l'y ap porter t oute la délicatesse et tout le tac t qu'il conYient.
L a séance est leYée à 9 h. 1\ 1L
Camille Roux.
~·...
•
0
0
•
·, •
•
•
•
>I' :. •"'
.,
'
'
V
~
•
~
~ÉCHOLOGIE
:\ous avons a ppris avec tristesse, ù la fin <le ces
vacnnces. le décès cle notre camarade Emile Bonnaud
<le Gonfaron. JI fut pendant plusieurs années l'un des
membres les plus actifs Je nolrc Association, et tous
ceux qui l'ont connu ont pu ap précier sa gaieté et ses
sentiments inalté>rables de bonne camarade rie.
L a Pro! e11ce Cnii•ersitaire ti ent à présrnter e n cette
douloureuse circonslnnce, l'hommage de ses res pec lucuses condolé·ances a la famill e si cruellement (•prOUY t'f>.
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Qu elque 110111l>re u:sc qne soient les doctrines en
mati;irc de droit pùnal, j e ne crois pas qu'on ait
j amais so ngè à attacp1cr serieusement la nëcessitc t!e
la pena litc> et [() droit pou r la sociëte de l'exercer. Un
publià5te rc"1·cur a pu cro;rc un instant que le progri·s
Loujour::. croi:s::.a nt. la n"fo rnw complète ile la Soôéle
et la cn··ation Ll'un typ<' humai n Hlèal pourrait rendre
un jour inutile <.:elle pénali tè: et, cla ns son imagination, Em ile de lfiranlin a pu voir l'aurore d'un tel
.iou1· :se confondre avec l'aube naissante du xx" sii·cle.
~'il lui ètait po:ssiLlr· üc n•venir aujourd'hui :sur son
n~ve. l'èviilenc<' de:s faits <levrait :singulie rement ilè:sillusionner :sa g-<"·nèreu:sc ph ilanthropie.
L'arn1i: <' dn ni me gro,,,::>i l dta<{ue jour, c-t devant Ct'
spectacle lamentable, i 1 :se 1111Jle que tous, legi::,lateu r:s,
juges et jurè:s, aient pris ù t<lche de rendre la rèprc::.:sion moi ns eJllcace, la puni Lion moi n:s sèvère. 11 :se mule que lütl:s, ::;'1n:c;1manl Je la belle [.>arole que pro11un\'ait nn jour I\1. Emi le Oll ivier t< la plus noble et la
plu::; sù1·<; des :Jctencc:s est vo ile tlè la hont<? ».il :semble
que tous aient du'rc l 1<~ ù renJ.re au criminels le co11:sé11uences de :sa faute moin:s fu nè:stes. à lui en
Lli:ssimulet· en ljnelque sorte tout le lllëll. Il semble
1
�- 2qu'hrpnotisès par leu r gè nèreuse intention ils :lient
oubliè qu'avant la bontê il )' avait la justice, l'ordre
viole, la sociètè outragèe. la si"l.!nritè comprornise.
«L'augmentation de la cnminaliU' en France, <lisai t
il y a quelques années un ~èputè à la tribune de la
Chambre, ne peut et ne <lo1t plus être un secret r:ou1·
personne. Ce n'est pas là seulement l'attristant résul tat
û'une sorte de dècadence morale provoquée dans le
mon<le ci\·i lisè tout entie1· par les a rtlc>u1·s de la lu tte
pour la vie, c'est bien le sy mptô me <l'une sorte de
maladie nationale, puisque cette progression est plus
rapicle en France que tlans lrs a utres ~ays eu ropëens,
appartenant au mème gro upe de civi lisation et où les
intérêts matériels ont pris le m "me développement.
Or toutes les épidémie::. ont leur cause dan:-. 11n 111a nquement à l'hygii•ne publique el re li•\·ent le plus souvent de la J?Ohce sanitai rP,- l\~pid1"mie mo1yle qui ::.èv1t
momenlanement ::.ur la !·rance doit aro1r elle-1n ème
son origi ne dans une sorte de cle::.organisation <le notre
hygiène 1tationale dont il faut rechercher le:s cau:se:s
puisque nous en co nstato11s les eflets. ,,
Ces causes, Messieurs, j e les trou1'c c•n partie dans
~n abaisseme nt inconsiderë <les peines et une 111i tigat10n trop douce apportée à leur exèc:.itio n et .ie \'OÎ:s la
raison de ces trop bienvei llanle's rét'ormP::. clans une
erreur sur les rapports qui existe nt entre les droits de
l' individu et ceux de l'Etat, Jans un" c'rre u1· :sur le:s
règles que doit suivre la sociètè dans l'app licatio n· de
la pénalité, je le::. vois colin dan.; c.:ette t<'nda nc.:e ,
remise à la mode par l'ëco l<' italienne, <le J'aire Je
l'homm~ un être sa ns in di 1·idualitè propre, sa ns volonté,
un t'tre irresponsable.
L'homme, ~lessieurs, a éte c.: rè~ sociab lL' la socit>tè
est une néces::.itf> pour son ex1ste11<·e et 1111 besoin pour
sa nature. En \'ai n deux c'•crivains erli>bres ont vouln
\Oir dans l'isolement l'étal naturel à l'J1omme; en vain
Hobbes et Rousseau ont cru reconnaitre dans la soei~té u.ne ea use de maux et de dc'pra,ation, e n vain,
l'él.Jeumssant leur cloctrme en la rectifiant, un phi losophe moderne, }if. Foui llée a voulu Yoir clans l'avenir
l ~ réalisation Je cet idèa l cle l::t ::.ocictë J'orm<'c par le
l1Lre con::.entPtnent de ses melllbres. \ tort i l a cherché, a\'CC ses prédéeesseurs, dans la con::.tilutio n <le la
familll, un argument en faveur cl· cellP thi>se 1 L'exis-
-3 tence de l:i soci6t0 n'est pas un fait dépendant de la
"olont1'• humaine. La socic:\tè, la famille ne se maintiennent pa~ pnr le seul eonsentcment de l'individu
d!Ps li~ i sont 1H'(;('Ssaircs. et i n~1 ère n tes : Nous pou~
YOnS ll~eeonna 1 tre Jes devo.1r:-. CfU.elles nOUS imposent,
nous n en resterons pas mom::. ums à la sociétl> comme
à notre famille.
RHcotrnaitrP la nc"cessi te de la societè, c'est reeonnaitrc dn rn è•me coup le droit pour celle-ci <le veiller
à sa sc'c1Hité, d'ass11r<'l' le respect <le ses lois fonda mentale::.. Mais l'ac.:conl cc>sse lorsqu'on en arrive a se
demander <{Uelle::. ::.ont ces lois fondamentales auxquelle~ .l'antoritè r.eut ~t. doit accorder la protection et
la sa nction de la pc'nalit<'. Y a- t-il une rèofo génerale
l~e conduite._ une. ::.ciPnc.:e qui nous trace 1a ligne que
l h?11~ n.H' do1 t .su1vrr 1la n::. le développement de son
aclt\'lle>, <'t, ::,1 celle~ n'>µ: le existe, <loit-elle servir de
base à 1a loi pèna li> ~ .J" iw veux pas étudier ici les
cli_lfürents sv~tèmc::. de 111 ora l<'. mais je ne puis m'em1wclwr d1• <lire cpie lor:::-qn·avec la morale uti litaire ou
la inorn le c)roluLio11 ni::.te, avec Bentham et Stuart ~Till
011 Dan,·in el NpPncPt', on conseille à l'homme <le
~·adon tw r il tous s<'s p011ch an ts, que lorsqu'avec le
po:-:.1ti' 1:-n1c ou 11' matc'rinlisme on dèclare que l'hom111C', bon ~u m~uvais. n'.a tfu·a se laisser Yivre sans
d1crc.:ber a <linger d0:s 1nst1ncb et des goùts dont il
n'est pas le maitre, on s'expose alors à v~ir ::.e renouvel~r l'lii~toire lamentable du co losse Hornain qui,
apt'l'S a\·01r soutenu pendant des siècles le choc des
l~arbare::. ::.'e::.t ecroulc 1111 jour mine~ par l'immoralité,
iraJ?pc:• ù mort par l'oubli de la dign ité humaine et des
obhga11011::. qu'elle impo::.e. Et, .l\Ies:sieur::., les consé!(Ue~1cr:s ne seront. pas moin:s fatales, si ad111 •ttant
1 e.x1::.lence d'une ligne d<' conduite <fUt sïmpose ù
l'ho111111e_. :si admettant l'existence d'une morale, on
veut arh1traire1fll•nt scpare r celle-ci de la loi pénale.
et l<' ,. rendre compli>tement c'>trangi·res l'une à l'autre.
C'e::.l c.:C' qu'a fait l'école italienne a,·cc Ferri, lorsqu'elle
n'a clo.nne ~on~m(' f'onde.u1ent a la. loi pénale qne la
,·o\onte arbitraire du lf•g1::.lateur. c est ce qu'a tait la
même èc~ ~e _lorsqu'avec Garofalo, :s'in::.pirant des princ.1pes po::.ttlVlstes elle a cru trouve!' la ba::;e de la pënahte dan la violatio n <l'un sens moral très va 0 ·ue fruit
de l' e.xpérience et de l'hérédité, c'ei:>t ce qu'~ fait
�-~-
Lombl'oso lor:;qu 'il a regard0 eom me les ~lu s conformes à la natu1·,, hu 111ain1' los actes qu ali fi es de crimes
par la loi et la morale.
Ah ! ~[essi e u r::., j e ne 111 '1;t on~ c plus a l ~rs de ces
Yerdi cb étranges, (le c.:es acquittements rnattendus,
c1ue l'on rencontre parfois clan:: . les an nales j uùiciaires,
j e comprends maintenant pourq uoi certains cri mes
particulrPrement nholta nts que l'un <JUal itie de passionnel:, comme si to us le::. aim es ne l'étaient pastrou ,·ent pre~qu e toujours grùcP d e ~· :rnt le j ury . Il
serait bon que les hu111mes appclës à .Juger de tels crime:::: se rappellent qu'au llessus dt> tout sentim ent il y a
une règle un i,·er::.elle c1ui ùoit 1.., lre respectée, la morale
ou tragée qu i réclame une j uste punition.
La te!1lla nce act uell1' ù l 'aclouc1ssement des peines
a encol'e sa so urce llans une autre ca use : c.: ertains
publicistes. to ut en reconnaissa nt à la sociéte le droit
de puni r, ont conç u ci' droi t ll' un c fa~·o n tou te particulière: l b on t ressu:sc1t1" I\' vie nx princi pe du juriscon sulte rornai11: « P œ11a r,111s1it11i111r i11 cmandatio11em homi11ttm>> et. emporti>:s pal' le11r hum anita1·is me , ils on t
vo ulu <..:oncentrn r :--ul' la r1'for111 e murale 1•t l'a mendement du coupable l!:' but de la p1" nalité. Certe:s. Messie u~, il y a eu dan~ le siècle derniPr bien des fautes,
il y a eu ùes lutte-. sa ng lantes, l'hunian1té a été ce
qu' elle a toujour::, i·te. mais il lu i restera l'honneur
d'avoir YU naitre 1111 sentim Pnt nouvea u que tous les
hommes de cœur sont ti er::, dP saluer: c'e::.t un se ntiment de pitië pour L1 rn i:-.i•rc h11111 a1nt> .. ~ Ycc· ~l. R ibot,
j f' sui ::. heure ux Je d1n.' "t/llP ce s1~ ra l'honneur de <.:e
::,1ècle, rn a lgrè tout"",...,.,... 1Hi::.i·rt·s. d'a ,·oi r eu ce se nti ment le pin:; f-.le\·è <' lt> plu -. nubl1• dP lï1um a ni tè . » Mais. n? u::. ne <leYO'.l~ JI~" oub lie r cèpenùa nt que la
honte n exclut pas h1 J u::.t l<..:<'. non::; ll f' devons pa::. ou blier qu'il serait dangen' ux de s'atlanlcr J a ns le rêve
~ènère ux <l' un hum ani tarisme à outra nce, nous ne
devons pas oublier qu'il e~t cles co upabk:s qui lll éritent
une punition, une so<.:i<'t(• dont la sèc uritè l'exige .
Nous verrons que CP::; '<'·ritc'-s ont pc1ll-r"tre èt0 trop
méconnues.
Il y a enfin da ns les doctrines nkewment prô nées
par l'école italienne une des <..:a uses les plus certaine::.
de la tendance â. l•adoucis::.ement de::. peiues. Ce n'est
-5~as _une doctrine absolument nouvelle que celle de
Fern et ~le Lombroso, clic e&t empruntëe aux chefs et
aux part1::;ans de la ph ilo&ophi c po&itivistc et naturaliste: Spencer et :\Iandsley en 1\ ngletPtTc, Schopen hauer en Allemagne , F'ouilli'e <'n Fra nce, et en remonta nt r lu s lc!i 11 ~ll C O rc il est perm Î::; de diff' que CC fut la
doctrine cl .. ~ n stotc et cl IIomrre. Cc n'est pas ici le
lieu de cliscnter la thr'oric du J éterminisme mais il
est évident que si avec ses adepte::; on cli:'clare l~ h omme
irresponsable, victime de la fata lité, il est impossible
en t~u te j~1stice de son ger à le punir de ses crim es.
Aussi Fern, comm e Lom broso, s'att:id1ent à dèmontrer
qu'il ne saurait être questi on de punir le criminel,
mais bien de Io mettre dans l'impo::,sibil itè de nui re.
On ne rega!'de pa s si Io fou est responsable de ses
actions : il est dan gereux, on le met tians 1'1 mpo~sibi
litè de faire clu mal. ,\ ct:rpte r un e pareille théorie
dans toutes ses consëqucnccs serai t pousser la sévérité
de !a peine jusq u'à se:s drrnifrc::; limites au mépris de
la j ustice la plus èlëmentairc. Il ne ~aura it plu::.. en
effet, y avoir place clans la co nscience dujnge pour
ce se ntim ent ; il n y a ura it pl11 s cle c.:o upables ma i::. se ulem ent des malades dont l'ilygii•nc pu bliqu e réclamerait la suppl e:ssio n. La pl11 part des esprits n ont pas
osé a ller anssi loi n, et . :-.'ill·ri·ta 11 t en chemin, admetta nt les idéccs do l't"cok ita lir' n1w sans en \'Ouloi r les
co nséquencc:s, bea uc.:o up ont n1 dans l<' crimine l un
malade ou un <'I r<' <[li! ~ ~l'~ t·orH litio11::; pl1ysir lug·iqncs
ou ~ocia l cs <lc\·aicnt fo1:1lc111ent cundu11·e a11 n im e;
l.,11 r pitië s·esl 1' m1tr'. et, r:a rda nl dan::. lf' llr cœur le
cnl te de la j 11slic1• in l11"n·111,, ~ la nat 11 ri! humai ne, ib
n'on t Yo td u ,·oi r d <ith ct'I. liom1 11c qu'un 1na lhe ureux
r>t non un cn 111 incl. l b l'ont ab:--011~.
L'erreur su r les rapport:-. q11i •'xist,,nt ent re la morale et le droit pL" nal, un li umanita risrn<' dangere ux
qui l'Onfond cc qui est cut1 p:1 hl1! arec cc qni e::,l fa1hlc,
la nrga tio n Olt lO llt au lll oill:-- J'nttc"n ual!Ull ile la re::;pon::;a!JiJi te; voil à, je· nois . .\fo-,,::.1<· 11r.,,, les raison:- 'J ll l
ont moti vé le r1'l:ic lic11w nl q1H· 11ous <.:on~talo n s a ujourd'hu i cl :.t 11~ l'ad111i11i::.lrali on de::, pei111•::; !'t dam; l<- 111·
cxëcntion.
L<' .iu1·y hè"'it'' à pru nonc<•r la pei n1' de 111 ort, et de
partout 11 011 ::; c11t0ndo11s s'1•lcYPt' 11 11 Jung c1 1de rêprobat ion co ntre cet 11 :ilfl'll fal n <111 dru1t le p l u ~ .,,a<.:ré de
�- 6-
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tout êotre humai n : le droit à la vif'. Et s1, par hasard,
un jury, indigne par quelqt1t' crnne aho 111 in:ible et le
l'ynisme de son an leur u:::.o la protll>th;cr. il reste cneo re
la dèmence inèpuisabh' du <.:lu'r de l'Etat. Le plus
atroce grellin a toute d1:1nco d'nlli>r tinir ::.<•-;jo urs fi
la :\ouvelle- Calëdunie. Un t:11111pt;1it en ! ~;)() 111w
mO.\(>nne annue lle tle 111\l t:lHlda11Pwlio11s c:lpita les;
~ou:::. l'in1iuence Je la rel'urrn t• lilu'r:d1• de' J;-!32, (.;('
chiffre :::.'e:::.t ah:iis":"><" ù (~~>; an1t111rdï1111 tl e:::.t de:::.ccnJn
;'i :>o et :::.ur tes ~n I(•:::. deux lit'r:-. ;111 llloins bi'nètieient
Lk l'ex.Preice dn drnit tic µ..-:lc.:c•. C1>rnpan>::; a n nombre
de::. aceus1>s traduits ann11P\lr·111t•nt tl1·vant nos cour:-.
d'assises pour crime:-. entrainant la p1~i 11e de rnurt, ces
ehi1fre::; conduisent a la t.:On::;talatiun :-urprr~11ante 'fU'ù
l'heure actuelle !l"\ acclht>s en,·irun :::.nr 100 1."cl1appent
â la P•'ÏnP <JUC leur enntf> cùt du 1·neuurir.
Il e::.t facile de montrer la ernautr" dr• la peine Lle
mort, le malheur ck cet hurnme q111 'it a la pnson
dan-., }a terr~11~· <lu lenrlemain c1u1 peul <'ln• :-on dernier
.JOUI', il e:::.t tae1le de rnunln'r c;e men11· lio111111c g-ra\'Îs:::.ant le:::. <legre:-- de l'ècltal"autl et de 1kn1rc• le:s lwr
reur::. clc l°c-.;ècution . .\lais cl1'lournc1, 1111 rnslalll \'O~
) eu~ de ee sre.ctaele et rc·g-a!·dcz. ver::; ~a 'id1111e, pen_~ez a eet honni>te homme <Jtll, lui aussi, 11e dc111a nda11
</u'à vin'e, d dites- mus bien <rue si un antre homnw
::;'e::.t arrogë le rll'ult tl'enle1·er a ~on ::,r•mblahlc (;('
qu'il avait c~e. I'.lns p1·l;c;iL' ltX, dites YOlls bien. q ne cet
h,omrne ~ II~Pl'l~l' la mort: L._,. n c•:::.t pas de h ''<•11gea 11c1·
c; e::;t de la JU:st1ee t't la peine d1· mort c:::.t util<· !'! ellr•
es~ n~ct>s:::.alrt! : :"\' <· di le:::. pas qu'elle Ill· ::.ert ù r ie 11, qIle Ir!
c11m1_nd n~ la rcdflu. e pa:--, 11uc la preu,·e 1•11 c::.t da11:s
le fait qu il ne craint pas 1lr! l'enco urir. Car. :::.i 11•
\'~leur tue..celui. qui le ~11rp1ynd, e"c:::.t <jllÏl :,,(1Jt rurt
bien que 1echaf?ud ni· ~onct101rne plu:. !'l q111' le .i11ry
dans sa mansuctndt• llll accorJera le~ ci rco11:::.t~111cc::.
attènuante:::.,
On en abuse, en effet, a11.Jo11rd'l1u1 de:::. cireo11:::.ta11e1·:s
atténuantes, le Jllr') le:::. octroie a lort et a tra\"!'l'::i , la
même oil l"on n·en volt aue1111P. Et :-:.ouvent <'Il<':. Ill'
:.ont pour lui 11u 'un u1o~·en d'aduueir une perne prononc;~e pour u11 crirn.e r/.111 ne 1~11 1~ar:tit pa:; d'1111e f<.1<:011
certaine impulabl1· a <lccu:st>. Lf'ltr• coutume C':-t 111JU::.ti_Jiable. ~i la c;rtlpaliilit0 clc l"ac.:eusf. n'appar~tit p:ls
lum10eu:sr~1neut , il faul. l'ae11uitler, wai::; :::i eetlt> eulpa-
bilitè est indiscutable, et si au crime il n'y a aucune
excu:se, alors il faut frapper : La justice et la sécuritfl
l'exigent. C'est pourtant un<' loi ju:::.tc que celle qui
per met au jur;·(' Lle miti~e r une peine en reconnaissant
qu'il y a en fave ur <le l aceusè Jes c;irconstances attc'nuantes .•Je ne c;ritiq uc pas l'introduction des eircon:::.lances atté nuantes dans le code cle 1~ 1 0, pns pi ns q u~
leur extension avec; les lois <le 1821 et <le lo32. La 101
entre les mains du juge doit pouvoir :::e plier aux exio·ences de di verses situation::;; la loi ne cloi t pas être
la statue cle marbrf' contre lac1uclle le bourr&au \'Ïent
ai00 ·uiser son fer, elle doit pouvoir ètre moclifièe pour
le bicn du co ndamnè et de la.1ustiee. Il n'e:st pa::; cloutc'UX que beaucoup ü'acq uittenients ont heu parc;e q~c
l~ j uge ne trouve pas üe p0ine assc:t douce. pour appliquer à un act.:usè intcre:ssant. a,·cc les e11·con:::.tances
attén uantes <'etlc èventualitè est plus rare, elle :::.e pr(i-:sente cependant encore trop souvent et c'est pourquoi
la proposition <le loi du -1 mai 180) demandant l'a.clmission à côté des circonstances atténuantes de c1rconstan1.;e~ tri•s attèn11a 11tes, parait tr~s dèfend~ble,
mai::; il est à eraindre que, dans certains cas, le JUry
en abu::;e et il fa udrait pouvoir en règlementer la
disposition.
Le lègislaLeur a encore t'ait preuve de j~1:::.tice 101:::-qu'il a èJiete la loi d11 ~fi mar:s lt\!l l , la 101 de sur~1:5.
T'n homme peul sf' laisser entrainer un<' fois, il peut
avoir un in::,tant Üt:> taiblcssP, puis:::. en repentir: il faut
c111 e le j11g-e ait le pou,·oi1· de renvoyer cet h~mme , la
prison souvent lui ::,era1t t'atule. il y apprem\ra1~ le mal,
il y recevrait des conseib pernit.:ieux. et Cfl~I sait::;•.. une
f"o1s :-;a pCÎnC l<'l'lllllll\C, \U}allt SOll élVellll' brise, SOn
hon11eur eomprnttJis, il ne ::,i• jetll'rait pa:- _a corp:;
perdu dans la fanî:-!·c oit il n'avait fait que glisser.. Je
n'o::.cra1 eepenüant 1k111antler a,·et.: .\I:\1.. ~I?rlot _et
Magnautl le parclnn g<"nër~l rk tout<- 111tract1o_n primaire ; 1l raut que l" nrnwlc'l :::.c repente. cl test an
.i ug·e de voit· ::.1 la 111i::ie e11 l1b1•rtè ('sl prëffrable et pont·
l' a<.:ens<" <'l pour la ::-oc;ir'tè.
,~ vce le•::; di 111•r::.Ps 111 csure::. que 11ou:::. ,·,·11011:::. d'l" ludi<·r, jugt'::> et .JUrc•:s pcu\'c11t l"L'nd_r~ la peine inti.me,
pre::.qu1· 11ull~· l't_ eepe11clant ils IIP:::.ltl'11t ,enc.ore. a la
prononc;er. Et 1c1, c est ::.u rtout le .iury qu il Jaut rncnmincr; on objecte contre llu :::.:1 faci lité à se laisser
1
•
�-8émonrnir: son sentim entalisme souvent déplacé, et il
semble qu'il prenne à Làehe dcjnstitier ces critiques.
Combien do foi::. 11<' le YO) on::.-nous pa::. déclarer un
indiYiclu non co upablr au mèpri::. de la justice et de la
morale même. Il n'hè::-ilc pa::- ù co ndam1wr tel malheure ux qni. pons::.è par la faim a fabriqué quelques
pih;es d'argent g 1yssièrc11~c n l contrefaites. Mais que
le mème homme ait comm1 ::- un 111enrt rc ou nn as::.assinat pour une rnison pas.,ion nclle , l'asf:.assin ne lui
parait plus aussi crimine l et parfoi s mèmo peut s'en
laut qu'il no lui dècerne une aurf>nlc de hcros. On 1w
-.,ait quelle aberration senl1111enta l1• t:Onsacrc <.:ctte ra cre
tl'assas::.inat:> passionrwb. Ces ::.èd uctcur,:, à main armée
sont infiniment p~u::. coupables qnc le carnbnole ur qni
assomme un cunetL\. ponr nr pas Nre dénoncé. La
misère e::,t pour lui une 11xc11:--e. C1•s crime::. pa::-sionnel:s
:>Ont odieux: il ::-era1t bon Cfll<' de~ m<Jgi~trats épro u\'és
condamnassent de tPb coupables -.,a11::. leur permettre
d.~ proti.te r du ~e nt1m P nl ;1li::,m ~ c1·1minel dn j ury .
Y a- t- il un <.:nme pin::- hornlile qnc l'a:::sassinnt
quelle qu'en soit la cause'!
Il faut q~c les ,P~in1's soie nt rècllement bie n 1crribles
pour que l on lwsite autant à Ir:-; prononcer. Détrompez- vous. elles aussi, Ott les a aclotwie::-.
Quelle joie pour_ le conrlam~r à ~1ort lorsqu'il apprend la commutation dl' sa peine~ L'est un e nouvelle
Yif' qui s'ouvre rle\'ant lui, c·<'~l !;1 i.'\011,·e\le-Calét~onir,_ c est, .la lt_bertë r0bt1n_" ('·1·::-_t 11' 111anage, c est
l espoll'de l 1'\·a::-10n. -11 Y a h11•n lorn dc•s travaux force::. tels qn'il-;.sont prat1q111;._ :rnjourd lrni aux anciennes
salerl'S et aux bagJW::; plu:-; l'•'C•·nts. ( ,p forçat est
d~.'enu u11 _colon pour 11·11 11"! o~ 1w ~aurait avoir trop
tl ~garcb..: l ne ordonnanct> <k 1, 1t-: cott1plr;1,·.,. par une
101 di• 1d)J snpprnna le::; ~all>res, ell~'=> for1'lll remplacées par la 1wmc dr-::. lPrs <pu, lronvêc trop dure
a son tour. ne tarda p<i::- ù tlisparaitrP 1•11 ll"lll. Cc fu L
le .l e l~lp::, des l_raY;)UX forc1»s d:llh !PS bagne~; ll' 1'1;gi 111e
y etm t très i:1go~1r0nx, au::-sl r·~) lt-:.1~ il r11t.d1'•cid1' q n ~
ks travaux lorces seraient suli"' aux co lon1 es, d la b1
de l t).-> '1 organisa la co lonisat1llll pa1· les forçats. Ur puis
Ul: ~'('::;( a.ttacJ1c• à l"F'Hdrc 1;1 lH)Sllion Jes l"orçal::, Inùil1S
penililc: 1b p1:11\:e111 "ln~ r:111plu_, ,. ~à <lf>s lrava11x c hez
tlf's pHt cul1er~. ils r<>c;o1vL.:11t litt :-;aLll r<', on IL•ur a llo11 e
des conœ::-~1011~ '· t 1b 1le\•i1rn11e11t a1u::.1 de ,.,;r1taLle:s
- 9propriétai res_ sa ns a11tre obligation que celle ùe rési dence. Et voil à le so1·t dl's plus g rands criminels !
Qu'i l y a loin a ussi des prisons d'aujourd'hui aux
cachots d' aut1·erois. Heportez.,·ous un siècle en arricre
et jetez 1111 coup d'œil s ur la fameuse prison du Châtelet; .là, les condamn és sont <lescen<lus au moyen d'une
pou li e dans ùes caves obscul'es, ils y vivent isolés au
mili<'u d'un infect cloaque de boue formé par !·humidité. Au Fort l"Evèc1ue, une autre pri son, les condam nés achève nt leur vie dans de noirs souterrains,
ils sont reli és entre eux par une lonO'ue chaine, attachés chacun au mur pour les empècfier de se rapprocher, Aujourd'hui nous avons des palais où logement
et nourriture sont roorni::. çratis à l heureux condamné. Il est mieux là que aans ::.a mansarde ou sur
le pavé des rues: il n'a plus froid, il n·a plus faim,
est-ce payer trop cher un tel bien-être que d abandonner en è<.:hange sa liberté. Pour beaucoup la prison e::.t une station hivernale où, l'été passé, chacun
vient reprendre la place abandonnée au printemps ;
pour beaucoup la prison est le club où l'on vient se
reposer, revoir les amis et préparer avec eux quelque
nouvea u méfait pour célébrer la délivrance prochaine.
0
Comment s'éto nner alor;:; que le nombre des crimes
augmente chaque j our! Non seulement le juge hésite
à punir, mais , s'i l la prononce, la punition est nulle.
.i.u ssi voleurs et assassins en protitenL. Si le nombre
des affaires crimindles n'a pas augmenté davantage,
il faut en attri bue r la ca use à Ll tenùance à les correctionnaliser ; devant lus tri bnnanx <.:orrectionnels en
10 ans le nombre des affaires a an2111enté de ,~.000,
le nombre des prévenu::. r<'cidivi~tes qui était de
ï 4.000 en H~O est monLè à 110.000 et au-dessus. On
a vu dans les ville::, de~ ramassis tl'inJividus, forçats
libères, prisonniers relâchès. se livrer à tous le::. crimes, avec une audace inco11nue jusqu'à ce jour; nou::,
avons vu surgir <le Lous les bas-fonù::. J.es individus
dont le casier j udiciaire noirci atteste les hauts faits,
nous avons vu <les enfants que l'on \'Oudrait trouver
toujours le visage épanoui et chez qui l'on ne rencontre
plus que les stigmates du \'ice, former ces bandes
sinistres qui, à peine visibles aux moments calmes,
sortent de tous les pavés aux heures d'effervescence;
�-
-l i -
10 -
~ouailleur.
cynic1ue. nous avons connu l' \pache, ,enfant tle la rue oü il règne en maitrt' !
Il ~erait temps de rèagir. il ::.f'ra1l li' mps qu'une
morale plus sevère vint <lpprendre :rnx 1wmmcs qu'il
e:.t des acte:> qne b conscienee rèpro uvc cl que le jug-e
punit : il serait temps qnc, lai::.sant <le cùlr pour un
mom ent plus propice len1· ::.e nlirnentali::-nw exag-èrr,
<.:eux :\ qni in<.:ombent le de\'oir d'assnrer la ::.ècuritè
publique comprennent quï l y alles actes qui mèritcnt
unt• n:•prcssion et que cette n;pression do il <' re efficace.
:::;i la loi pènale est loin de se confondw avec la loi
morale Pl d'ay.1ir le nwnw tlomaine. elle a ceyendanl
des liens nombreux aYec elle: aus::.i ::,emble-t-i qu'unf'
des meilleures mesure-.. ù l rendre pour e:wayer le
mouvement de la criminalitë scr~ul certaincnwnt d'inculquer à l'enfant les principe::. d'u1w sai1w morale:
il fauJra1t lui inspirer le rcspeet de cette morale. lui
dire que tôt ou tard le mal reljcvra sa juste p11111tiun.
Il faudrait en::.uile lorsqu'on se trouve <'11 pr1•::.ence
d'un criminel reconnn coupable de Ill' pas lièsiter à 1,,
frapper , 11 faudrait enfin sans aller au delà df's règles
i1uposees par l'hurnanitt> rendre le rêgime des condamnés plus sèvi're. La responsa bililè pén:de est indisculable et elle s'appuie sur le::. notion::. fondamentales
de la liberle tnorale. Donner pour base à c••tte responsabilité lf' ùéterrnini :;,nw , c·e::.t ::.e placer entre deux
extrl•rne::- é!.!alerfü'nt dangereux : ù'un 1 ·>te la lutte
brutale et sans merci co ntre cles i'.>tre::. malfaisant:::.
dont la êOt:iètè doit se clèharrasser imp1toyablemenl:
de !"autre un senti11wntali:;,111 P p:-;;iµ·i>n:. (jl ti aboutit à
faire du mt>t1er J·· 111all'a1tPnr k plu::. l11cratir et le plus
1•m·iè, qui aboutit a iwrpêlu<.;r l'c~tat <k cltos<'s dan::.
lequ el nou::. YiYOll::>.
«Toute::. le:::. c1rcu1bl:1nc .. -.. :-.<' su nl r1~ n111es de' notl'<'
l E' lllpS ]JOUI' farnri::.l'l' IÏnÙU::.tl'IL' partict1lii•rp CJ ll i COn::.i::.te à spolier lP,::. autre:-.'" Les pri ~u n :::. sont cleYenues
de confortables log ement ::i. Juge::. el iurés on t progressè
dans la Yoie de la clemenc0 . ètendanL le::. cirnonstances 3ttèn uantes aux crinie::. les plus atroces « la
peine Je mort ::.·e::.t tran::-formèe par degrés en une sorte
de mannequin de paille armf> J'un vieux fusil rouillé
qui ne tue plu::. nen depuis longtemps». Les profits se
sont accrus, les rüsques ont diminue, on ne peut s'éton -
ner alors que les criminels deviennent de plus en plus
nombreux '!
.Je ne v1' ux pas dire qu il t'aille impitoyablement
rnvoyer à. l'c'chal'a uù tout individu qui a commi s un
n1eurtre, ou aux travaux f"orcès à perpètuitè tout malheureux qui a de rnbè un morceau <le pain. Il existe
certaine ment souven t des circonstances atténuantes.
Tout n'est pas faux dans les doctrines de l'êcole italie nn.3, et s1 nous nous refusons à voir avec elle dans
le criminel un malade irresponsable, nous n'en penso ns pns moins que souvent des causes physiologiques
ou Lles ci rconstances de milieu intluent snr le criminel. Nous devo ns êtu<l ier ces causes et voir dans
quelle mesure elles contribuent à di mi nuer la responi:,aùi litè de l'accusé. 111ais il ne semble pas, qu'à moi ns
d un cas de folie dùm cnt constaté, ce qui est assez rare,
il faille dc'clarcr que cet accusè n'était pas maitre de
ses actions; il a pu succomber à l'h abitude, ce n'est
pas nne excnse, les habitudes :;,e prennent, on en est
responsable.
Non, Mrs::.ieul's, la justice ne doit pas être cc qu'elle
éta it dans 1 antiquite, une ~emesi s implacable, écrasa nt des in ill ier::. <le victimes sous son char. Non, elle
ne doit plus è~trc le ~h ùtim e nt aveugle, la responsabilité
fatidique, <1 la ju::.tice ri~,·ëe, c'e::;t la justice observatric<', attentive à tout<'s l<•s ri'g les morales auxquelles
oùcit la conscience, c'e::.t la justice qui a des entrailles
et qui sait pour amt'nder et relever le coupable user
autant du pa rtlon que de la rigueur.» Nous ne devons
pas oublier qu il e::.t <les ètres qui par le milieu dans
lequel ils vivent, l éuucation qu'ils ont reçue pendant
lenr vil' entiPre dan::. la misère et la tentation; ècouLons :JI. d llaussOn\'ille : cc Le grand principe de
charitc\ fH'incipal remMe tle la misère, doit interYenir aus::.i dans la rêpre::.sion, non pas pour l'affaiblir
et l't:'nen'er, mai::; pour y i nlrouuire le souci des âmes.»
N .-B. -- Lt·
1S pro1hai11.
1111111 /rù
il11
1110/S
dl' januia paraîtra fr
���
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/2/307/RP-50482_Provence-univ_1905-N-44-49.pdf
653949af30f6211fbd58549a6549df22
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Rp 5o~? rJ_ /A9o5 lr4
1
J anvier
rno:-J
Provence
Universitaire
ASSOCIA/F~ON GrÊNlÊRAL E
DES ÉîUDIA~. 'FS Jl)J~AIX
1905
n° 44-49
SOl\I i\ I A IR E
J.-B.
'\ ...
F. D.
.J .
Ll' Ban<liti::;me en Corse
Coo u JA
1
Crèpu::.<;ule
O::.iri::.
La
HEHNK'(
~l er
I l.
K\U{<.'.\f_.\ .);
La Dame de Pi<1 ue
.J
.\.l'i l '>ARD
_\ vo::. du 11x ) eux
------- -'
Dm:ctc11r: llun \1 : 1·; h.AllFM \Nl\
i\1$0:\Nl!:~ŒN'l: .j
Ê1u1HAN1~
:
Fr.
.:! Fr.
Le \ nmPro : 0,30 cent.
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J anvier
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ASSOCIA/F~ON GrÊNlÊRAL E
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FRANÇAISE &ANGLAISE
PARTOUT
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63
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Ill~ S!llE, Ill·~ }t'El'ï'H.~
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~l ir:1h c: au ,
67
1
0
L. OLLIVIER
__
67, ( :on1·s
Jo ne. ferai pa:s a hospcr Mcri mêc l'in;urc san g lante de lui contester, ne fût-ce cru'un in:stant. ses
brill::i nles q11alit(1::> tle rom:rncirr ou <le :st_yli:str': :'\on :
ca r Colomba, :so l œu ne maîtrc:s:se, et cc jeu •ie 1! ne ore
de hluire et d'imn1ortalitc' 11 deme ure, qui atle:stc :sdon
moi, de fa~·on rnJt'niable et ôclatanle, la ~upèriorit1'•
de so n ta le nt, la p11 i:ssanc0 tle :son imagina tion ... Je Dl'
ferai pas non plt1s a ux nombreuses p1·rsonnes qui ne>
con na i:ssent la Cor::.e que rie noni, l'injure nun moins
sanglante d l' ('l'Ot re qt1'elles ont toujours con~c>rv•'
envers ce LPnn pa)'s c\c sl11pid0s ranc:unes OH de sots
préjugès : "\on ... c:ar le cuntrairn rst pll:tùt n;;ii
anjounl h ui ... C11 qn0 .Jt'ssairai de clèrnoli1· pour k
moment c'est C"ll<' 111a11' a1:::,e n'.·pulalion qnc Jes e:-pnts
obtus atlacl1cnt à <'l' '[llL' l'on apprlle cliP1. nou:s un
/in11.!11. n'•putation qui u a fait que croitr•' et embellir,
depu1:s que cl('S rcporlc>rs, à court d1• c:up1e. ont ac1·011 cl 1e dans lPurs l'C\ 11<•s 0t jonrnau.x, d'èl11c:ulirnl1t1ns
µ is·a n lrsquc:; ...
... .Je reconn:\Î::; san::i :1Ht.:U1H' cldllcult1~ que 111011
pay:s a le tort i111nie11'e de rc nrcrmer d;;in:s :,oil :-. •111
nne race au:ssi prl'\'<'1·--r !'!! :Hh:-.i d~te:slrul<' f'!J qne
<'Cli c dl's band its'! (J111' 'u11le1-\'0lb? .\011::; 11l' pou' u1h
pas non plu:s p<'upkr la Fmn1· · dt! :'\npokon : 1rn1i-1·n a\·ons f°u lll'll l 1111 t[,·'.Î ), l[ f':tllt dul11\1'1' 3ll"- :lllll't'" lt•
l1'1 11p-; <k "" produire• ... ( :1•p1'111b11t :11;\llt d•' .il'l1•r l 1
l'Ît'lï't• ::Hl\. h:u1d1h. 1111 do1l r1·ll•'·t l1ir: d C<'lt1• r···1!1·.xi1•11,
:·1 lll•'S .\t'll\, l'~I 1nd1:-.11'1h·1lik ;\ 1111 1\t>nhk 1'•>111l de•
\Il" . d :1l111r1l p:11·l·•· q111• 11•,., b:.111d1h "''Ill de•, ;.!•'lh
l'S"f'lll1t•ll1.•1111•11I d:tll!..!•'l'e'll\ 1?1 1•t d.111" l ' l ' ' l'llildÏtlt1lh
\ 1111:, 1·1111 1pre•111•1 q111• :--i J'e •e>\l.>1111•11t \ u'l~ l•'lll'/ :'l \1111'
•'lll'ul'e' l.1 l111111i•re• <111 Jt•lll' - pulll' p11qilt1\'\!l' 11111•
1•·q1n·--:st•Jll d1o'·rc• aux :1111·1,·lh
la 1•r11cle~llL't' 'duit •li'•'
;l\;t11l 10111 l:l ri·..: le• tlL' \'eilre• cu11tl11il1•, t'11-..111 le • t ·,·:-.!
'!lit' "i l'(ll\ \t'llt \111t·i•n'llll'llt aile>[' a11 i'uutl dt•:-; èlllhe'"
1[ Sl'•:l l':l(.;Î lr' ile• l'Ulbt:llt'I' q11u Cl'" L>a11d1l:s, de1·1l !1• lllllll
::.<' 11 l foit l'rc'•1111r, son! a11 1·11nlraÎ rl' k:s l10111llll'"' lt•:-.
plus gentils. lt'-; pl th \>1'1°•\ <'nanb, que nuire piani·!<'
:11e 11 l jamais porte'•,;... lellc r~lC.:t'. quant ù 111 H, q11e·
cl'ill' dL' <..:t'" ltoi:s dt' 1:1 montagne, re\'(•tu,,; d'un l'J~ -
A IX
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tum.~
sern bbn l llall'r iles pr0tnif' rs Ü!!<'S. nYer, en
bando11l1èrc. quelq tw chn:-.e co1111ne Ill\ 1'11::.i l , la cartouchii're tu n1o ur::. c:irnÏL' l'l une µ1111rd1'. pa r eux
façon1h;C', q11 i ~onlH' tit le lion \'in, :ipl1' ii \e::; cl1;::;;1lt1\rer ..
el :\ h~s t't'llllr<' liJrl:-> C'l :-ùr::, 11'1•11..;-1111\nw:,,; ... H<'l11• N
d 1!:rnc rat.:e, qni parL'Olll'l L't 1·~mnn1t. t1:111s s1·s cuith <'L
n'coins, le' 111;Hf l\ls, ]e11t· l'l'lrn1l<' :1dol'c'L', <'l Yl'<lllllC11t
a1lorahl1'. .. Fiµn1\• 1'·mine111mcnt 1wlil1', sy111palliiq 11e.
q11 e celk dtt bnntlit cors!'. :rn \'Îs:iµ1• < 1 xpr1·~:-.1r, ù lïnlt> lligL•nce \in! el p1;nc'lra11te. n•::,111r:l!ll k co11raµ1' cl
11' ::; 111·tlcs Yf'rt11::; qni font d·· 1111 llll l·tre :\ parl, diµno
d clre elmliè par de li lh p:-..\ cho\os·ne:-. . . . d p:ir_ lOll$
l'Cll \: qtti ::; inté rt'"scn' ù l'L' \ ai.,:;tl>lllldage pc11 ennable,
111ai::; pourtant n1•c<'s,01n· dl' l:i \ ÎI' d'1111 J]()111111c qni
dan-, un m11ml'nt d'c'>garf'lllPltl. pressa l;i d1"te11te ... et
tna son semblahl1'. .. "\ :ill1•z J1;1::; 1'1'11Îrl' n'J11'1Hlant <JllC
tont individn ::;'adonne chi·z 11111is :'1 1'<!lll' tnslt' lie::;oµ1w
puur IL' pl:l1::.ir !'!) de " pn~11dre 11' 111:iqt11:> >1 et de l_lll'I'
l.!11::.UÎLC tout a ::-nn aÏ::.t• \1• pin::; !..!l';llld 1111111bre po::.::-1h\1•
de ::;es to ni patriot(•:;, .. C:e M'l':lll \:1 t1:rn::-1"111·111:ttiun c],,
t:elle Cur::.C', :llltrcf'ois ::-i i11d1"p1·111Ll11tc'. ::.i Jii•J'L' l't si
pulicèr', en 1111 r1•pair1~ Ï!.!llul>l" d1• dlC'11:1p;111s i11a\'lit1al>le~, de ::,celi"rat::; coll\ ai11.:1is <l <'1' ::-1•r;1il 111>111· l••s
Cor::.c-;. lton 1wlr::. t.:L'll\-lù, 11111• l:ll'l11· )111•11 i11dl';11; alil<'
lf llC' <:elle d':..1pparlL·111r. ~:111s 1:1,·1iir po11rl<111l ~<H1il;1it1~
11 1 Youl u, ù une il<! au:-.::-1 i1d1:1J1it:tlil1'. !'l cli::-un::- I<' 11101,
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/ .i; Cor::;c, t;la11t
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il 1 1H~ t1ar~11t 11111ld1~ d'1•11 d111111<•r 1111r· cl1;1iniliu111 ~J;
,,"
c'e::.t cependan t un l10 1nme cut11me il y en a lanl sur
le conti ne nt, a\'CC cel le clt ffërencc qu'il po$sèd~ .u!l
c aractè re q ui n'c::.l pa::. a u t:o111 1~1 u n de~ èt_re::., q111 fait
qu il cc pre n<l la n.10 u cl.1~ >1 lor::.qu ?n ~c taquine plu::. <JI.Je!
u'h abitu clc et r1111 n'lH :-.11 ern pn:-. a <lec·liarf!f'l'.au b1.>:-.u1!1
cette ar me lcl'l'Ïd<' 111 ais po nrtant rcd10nli_ c~' p:1r lui.
f' t q ~1i a nom le l'P\'Ol\"!:~r .. . L e rl'\o\\·e!· '. \01la lnc•n 1111
jouet q ui e::;l conn u chez 11 ul1:>, c't trcs fl\ ~ntagcu::.t'
'm e nt jt' 'nus l'a:-.:-.ll l'f'; cln 1·<·-.l1· l e~ arn1_nrn'r~ po11rr a ie11t' \'OUs f'll dir<' 1 011~· L\-des::.th, car .ib con.clu~11.t
iles :1ffai re::; d 'lJr. Ah 1 c;a::;tine- Hcnelle ou c:-.- ln ! \'?da
Jiie n le pays qn 1l te fo llail: <'11 '""rilù_L11 as tnanqtit! la
dcstincc .•\foi,., ci) 11·e:-:.t pa:s tu11t.: ::-1 le r;-,·ulYer "~l
man il> l'll 1:ur:>e p;1r ks µ1•t1::; cl11cs, 11' po1;;nan~. 1111,.
P:-:.l clt'·ll'lltl pnr. .. k::; p!d•âms fnP faite-:> pa::; :1,ttenllon :1
<'L' terme J<' \"O th 1•11 prie. t'l surtout ne Ill en µardc·z
pas ranc;1i11>, ::;'il a le rn:1lhe11r d(!\ uqucr da.us. '"t_l"
esprit::; de tl'll]' tri~L«'s ::-llll\'clli_r::-J; r1ua1~l ~111. lu~_tl, Je
n'l'lon ncraÎ j>Cl'.,_01111<' }?l'::><(UC J':llll:.11 dec\arc ljll il est
le fid11s .Aclial1'.1 des l1an1l11::;.
,\ Ynnl d'1• 1llr1_' r plus prot'u111l1"m1·nl dan-, l.lii::;luirc c~n
krnclit1srn e, il fa11t sinuir c•' que t:'e::-t qu un !1~111.ltt.
sinon , on aur;1il l'air de noir1' qu~ c'<'sl nn 1!1dl\ nh~
dont 011 nt' duit 1ni•tn1! ]':1s ballrnt1er le nom, .ul:l .<Jlll
mérite tout .i u::;IL' d'ûtrc 1111s a11 r;1nt:art rl~ l_a e1nh::,ation ... :\on i[ s'agit lollt ::-Ïltl[lÎ<'llH'11l de j'l'l.!l'::.>!'l': 11011-.
llüll$ c'xpliqucro ns <'lhtlitr: .
.
... C u linndll, cl1l'Z 11011:;, 1·::.t 1111 lio11111_11! qui d:11h1~1 ·:-.
1·in·u1bla11L'l's ]':1rl"n1:-, l':ilcnl_i"e', p:~rloi,, lulll· 1-l:~1t
in1lt"pcnda11l1•:-. rl1• ~:\ \ 11\111llt', :t \lit: Oil j,[e,...... 11 1'"
'..! 11i'\"1•111enl un :11,ll't' \111111111t'. d <[Ill ]'ùlll' t•clt:11 ·t• 1 1
:111x po11r~111 l 1•-. de• \:1 .Jtblll't•, c·h1'rt;lie :::01~ :-.:i\1'.t da.11:
la l111l1' - pardon - d:111::, ]1• 111:11ftlls .... \ 111:,1 \ u11lu
, 111h a'oir 1111" id•"•' :is::-1·1. 1•xartc- de 1· 1· qu'un 01 1 1 11~1\era
1111 lia11tl11. :-..11p1H1~· z 1111e 1"kct111 l - et pre_nun-. s111·l11ut l'Ulllllll' l'\l'lll]'l1• 11111' t°•]t'L' [lOll. llll\ll lCl[ 1:l\è. <(111
s1•11 l1• :1ll\ \<'Il\ d1':-. \'Ï ILt'..!t.'llls :\ llll•' llll!'Ul't:lllèt' L'.lp11·iJL'. .lt> d1; c:ip1taln 1·,1r il~ :t.'..!ll de s::,·111r 1L1ns qu 1·lk...
111ai1h tu m)H'l'Ulll soli:-. t1l'll 11•.,. d1'-.lll1<'L'S de• lcl~t·. Jl<'l~t·:
patrie... 1·:11 1 l>il'll, 1111 parti,:rn Lli~ la ~11nn1L·1p:tl1C•'
actuelle. \'U\'tllll q11':l 1111 111111111'nl donnl' c.clt 1• lielk
clio::;c n'a q;w trop \'l"nt. 1'::;l':1111otc l•':,,. ~u1lr:1~1'' dl·~
èlet:trur;> Jiu::;ldc::; :\ 1't'llv 1111•111c 111un1c1p:.ll1LL', polll
a::.s ur<'r à ::.un pari i 1111e 'ictoirn ë~l·a.L~nlc: Cc. qn 1:
\U)a nt, un part1::;:in tk la lt::.le conl1u111:. ~1m1 ll uni:
1
�-4escortc imposante d'èlccte111·s d" mi•me nuan ce,
s'avance in<lii-tnê, menaçant, \'Ct's l'auteur de cet
attentat an snll'ra~(~ uni,·c•n;èl et le so mm e de ne
pa~ aYoir à fra1Hl er le rèsultat tin scrutin ... Penùant
l'C temps, la foule a fait irruption dans la sa lle df'
\ùlc: Ioule lwriolèc, 'rai111rnt c.:11ricuse :.1 voir et à
<'t11di1.:r, roule en armes qui s'agite, s'i mpatiente
JièHeu::,cmcnt et occ.:a~io111w cla ns ccll<' rnai ril' aux
nn11·::. :>ales • t vi eux. un bro11 hali a indrscriptil.Jle ...
Cett <' mas~e de f!'<'lls arrnc"•s jn::.q u'aux <lents Yeut
arnir le derni er mot de l'affaire; l'autre, bien entendu, rPsi te à outrance. 110 \"<'lit rien savoir, rien
1•ntendre ... De-; coups df' fusil - vt"•ri tal>les canonnades - retr> ntissent. .. Hé-.nltat du s("ntli n : trois,
1111atr1', cinq hommes de lU1°'s.
C:\':.l alors que lr's ant1•11r., du r...:ri111c - lt'' hanùits
1'11 l'e-::-pi·l!e - délaient ù toutes j:rn1bl's, rlierc.:hent un
:bilt• ~.lt r et n!..!rèahk dan s Jr 111;Hp1is ... là ib Yi,·ent
tranquillemclll penda nt dt•s ann1'•1•s et dl's annces tout
•·n ~·occupant-jamai:-de gencl:Htn1's. !Jirn enlcnd n Jl1[1is dl' leur::. inté1·1;ts pénrniain•s r•t <l'.1lleC"lion . Il faut
rn11s dire en effet que c<'s l.J:rnd1h n'onl d1• bandit q11e
I·· nom; c.::ir ib rn1•ncnt au 111:1qni s 1rne <'xi::;tente :-il>:,oIL~1rn'nt comparab le ù l:i ll llll'C. ils on t l iu1~ so urer, 1>01.1
µ il e c•t lt' n •::.le. ] ls Yont 01~f'lhe1111•11t d 1111 Ydlagr a
l':111lrc. s'enq uera:1t de lolll<'::; lf•,... :ill'a1res locale:;, pui~.
l<'11r 111i::,::.inn tenninêr. re~:1!..!nr11t 10111 1lrn1r...:en,ent le
1·lie111111 de la muntar:;nr> ... :\lais' rJUs me dirPz: Et lPs
!-!f'l11~;1l"ll)1•:::. f(llC runl-Îls '! f 1f'S l'l'µ;1rde11t-Jb p<.tS::>t'I', Oil
:111 !1,.11 d1• l1:s arr:·t1't'. IPnr :i.lr1•...,r,nt-i ls -.1111ple111e nt
1_111 aff1·1·l1H·~1x ho11jll111· ·! Eli'. l1i1•11 - :111 11~q111' ci<' Yo1i-.
1·l11~1111·r - .l'' '1111-o n"•p1111rl1_-:ii q111• 1 u1i,... 11 :n f'/ p:is pr(•1·1-.1·1111·n l t•irt. :---o.\C/ 1 er~ 11i:,, d'11111· el10-.c•: k p;111dorL'
-1 1• pl11s -.ilU\1•111 pi•re do• r:1111ill1• - 1'1•r.1 ::><'l 1l!Jl:111l d<'
n1· p~1 ... ap1•rr·en1ir l1· li;111dir. to11r111·ra 1111•111l' 11• dos, ou
':11111.,ra :'! d'autr1•-. <11·c11p::i1i111i-.. \J;tllJ1'11r :1u µ1~11darnt<',
s'il o ...,. d•"l'liaq.:<:r :-un L1·IH·l s11r !1• li:indit q11'u11 ,·onsid,.rr' cl11•z nous l'u11111 r• 1111 l'(n~ l1H1t-i1-f':iit rn0Jli•11::;if.
J\lall11·11r il llli, i-.'d l'a it 11 . . ;1!_!1• d1• sci11 :1rn1e, <'l su rto11l
:-.'il 111:rn'!1te son ]10111111<': l·· h:111dit, lui, 1w 11~ 11rnnq11era 1·~1s .... \1h::-.1 ri<~ q111·ls 111ll.\ f'lh v• s1•rt-o n po11 r
111l'llre la tn;i111 a11 ('(Jllc•I dl' cd i11sai::-.isalil0 i11tl1v1<lu '!
\fa.foi, on ne pP11t do1111Pr ici :i11"11n1• rr"·po11::;1' catl'.>!.!orn1,uc', (';II' la plup~1rl du Je111ps l<' IJa11d1L 11c• se lais:,.e
p111a1s capturer: sur lt, p(J111t tl'l•ln• pri s d absorbera
....
)
la fiole contF· nant le poison et s~ .donnera la mort.
.Jam a i ~ la main imp1toyable dn pa1s1ble g"nd_a~·mr ne
~;est abatlnc bUl' le bandit CJlli pour~ant ne Ju1~ pas _à
:-,on approcl1~ , mai~ l' attend de p1;u ferme_.:· Ja?1~~s
la. cou1· d'as::;1-.~es Ile la Cor::;<', na pu a.uu~1 ~Il! cc:.
bancs cet hom nw qni si:- ~oust. rait. ù tout act~ Oll.) uc.l1r.;1a1 l'I'.
r.;ar les bandits son t bien so1g·nrs; Jen r fa11Jdlc ne l<':-i
quitte pas un mome nt rlc•_s ye ux. et lrur donn -'nt <'Il
111 r'me t<>mps <p~ ' unc 1~ ou~-r1lure ::><u ne ~t aliontla.ntc, 1n1
auxilinire prr'c11•11x, 1rnl1sp~n::;~b l 0: c est l~ gu1< lc. Lo
rùlc clu g11itle <'-.t tri•s lli'•_fi111 : 1l est c!1::1l'!.~P <le Ll?nn'.·r
nn !Jand1t to11s k : > n·1h1•1g1w11wnts q 111 peu,·<'nt 1111l1•re::;ser il cl1i:t par PXP111ple 11• mettre .en g::irdc c.:_u11ln·
les nc;Hlarn1e~ qui opi•r1'ront unP ::>?l'llf' <t!P pn_rc Jurn11:
hie t~ entc11cl111'J a telle l1 üll l'C, ld JOUI", tl lut tl1ra :,.J
quelq11'u11. d:lll_::; k 'dla f!<'. ù tenu ü !'On . a~lr~.;,s~ <li.',"
propos dt>sulil1~<·anh, \Oire in1•rn_f' <le:. 1np11e~. _to t
r.. :<• la doit iolrc lidel<'ment r:1pport1• au !Jand1t <1111 en
prcntl l>onne 11ol<', l'lie11re n·111tr.
.
Ces q11elq11cs dèl:iil s donnr:~!t an lr~~f'ill' utlt' 1tl1·1~
n::;::;Cl nette , .1e ptn ::;c, du J_1anrl1_t c?r~r>. L L':-l c11 son111w
11n incli,·1tl n. qni, co1111ll!' .]<' l':"n dit pins liant, a f'l'l.s Ir•
111aqui~ pour :::e i-.ouslr:urr :i11x rrc·licn:l1c::; .d1' la .J~l:-
tic.:t', 1•t q11i mi•m' dan s c1•tlc è:trnpn~111'. 0~1 .it. a r:l11
ilollli c.:ile 1111c t'XÎ::>tf'111°1' 1°<11lc' de clt;11"n11~ f'l 1l u1:-nd1• ...
:-;i r.;'esl ~11w ,'()l,/t"//a qni 1':1 pou::;~ë <'.t com111elln· 11n
ninw 11: 1>:rnd1t nn luNa jama1::; qne 11·::; 111e111br<'::-.
d"1111c 'in<'ntr f:11111lle clr m•·m<' qn'il se> tiendr:~ en gank
c11nlrc <'llX. :-;j <;'<':,.l da11s 1111 1110111 P11t de l11ri>11r. de
folie. qu'il a 1•p:1111r" so11 :i1 1n r <·.t lait 11n c:Hl:in1'. .il :-1:
tiendra bic11 coi dan:-. ,on 1n:1qm" l'l :1Jt1•11dra pa1 ... 1LiJ.·lllPnl la Jll""'-t:lipl1on .. \pri.'" qtw1, il rl'lu11rnera au
nlla!..!C d YIH<' sa \Je onl111a1n' ... Et c.: "c::-.l lo11.l. C'cpt•n<lant ....c:<'1 l:1i111'::. gp11s sï111:i!-!inelll lJUe 11• liallll1l L'l1 _Y 1·1.1t
à tout le• mondP. cl aprt'::> ell<'-::- ce ::;Pratt und<' cc•:- 11HliYicl'.Js >a ns a\C'll, qui 11<' ('l:1i0<lra pn::; tl1• \Ull::> rndtn• la
rnnin à !:1 sorrr' po11r Y1111s t uc:r tl.aLulll..' l'Lb 'oh..~·
en::;u1te. En C'11r prnlund<' "! k li:intlil Ill' ta;t d<' rn:il ·1
pcr;:,OllllL'. Yl1 c•n lio111w intrl I !.:<'lll!C an' r..; q111L 1111q11 1'.
J\)C'lllC <l \'l'l' ]t-, rl' lld arlllt':-. El :-i Ir· ]1a11d1t de\ :11t 1·;~l
li:is:inl foin• la 11·ncrrnt1<' cl'1111 riclll' \n;.:la1::-. 011 :\11 11 ·rienin,, ous po11,•1•z 1·· 111' \'l'l':.11nd<" q1_11· c.i 1wblL~ t'l1.i11"t't' relo11rn1·1 ;1 <.:Ill'/. 1111 L'll i1u-::-'-l'::;::,H1ll dL' :,.llll <1l(.!.L'l1l.
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la rëritè de me::; all1\~atio11::;: il y tlP cela unl' quinzaine
llll une Yin~taÎlll' d ;111111" ':-, Un grOllpe d CLI'~lllger::; parmi lc::.qneb ::;c tron,·ait_ 1.111 ::;011.rernin que .i~ ne no.m merai pa::.-, rendit u1w Yl:-1t1• au la 1111> 11 x lJa ntltt .\.n tornc
He llacu::;cia qui l'nt acqniltc' par ln 1;0 11 r tl a::;::.i::;es clc l a
Cor::.e, <'l qui 'il tonjour:-: .. \ 11toine l~d l acu:.cin reç ut
cl<'s main'.'> de c<' munarquc et rl<' ::;;1 s111tc, des cadea ux
l[ une tn""::> !.!1';1111\1• Yal1•u1', q111' l'a ll te ur de c·<'t <1rliclc a
,·us el tou~hès. C e:-t \'llth dir<' 1·ollll1ien 1•::;t n~rèabk
lt! commerce des bandits, cl p1•u l'!'dotllablc le ur approt.:hc ...
.l';1i pa!l1:. 11".\ntuinc Il1·lluco::-c1;1 ... \-olrc' li u1nl1lc
sc1·,·it1'11r ponrr::ut ,·ou:; en d1r1' Ions :::-ttr son compte :si
la place ne lni •"t.1it 111c::,;t\l'1•1•: je 1nc co11lc11terais tle
i~1ppder auj11urtl hui qu•' 1'1' l'a111cnx bandit, frère du
11011 moin:; J'nmeux .Jo:-c'pli lkllocosc1a, mène touj ours
:'1 Hoco~n::uw ::-ion Yil!:.'IL:"C, 111w c:\1-,tcnc.:1' pai:.ih lc r>t
qn1' tant <l°<rnlres lui e11,·iraÏl'lll. \11\. 1;lra11ger~ </11i
'1r11n<'nt 111i rl'nrlrl' 1111e c·ourl•: '1,,.110. il leur dit e::;
p(·rir1;lil's, le::- lr;111~<·=- 1·1w·ll1·~. qn:it l'iiL ù ~11liir ;)Il
rnnq11h pr·n1l;rn1 lrenlt; ans ... l'I cc11x-c1 se l'l'tircnl le
plu~ :-u11,·c11l c11l'liaut1"~. <'I l'(l\'J~ ... C:1r c·PI l10 111 nw 1':-;L
1•11 l'ffel ch:.'lrnrnnt : ~ri pl1.\ s111110111i1: J'l·~pirl' l'rnlclligcncc, ::-<'s traits ::;unl ;1l1:--11lt11111•11t Ji il" d di,.t1ngul'::>. Pt
lont C'•} qu'il r:icn11l1• <':-1 l'<'lll'111·c1" ]':ll' ck"' ge::;I<':-;, pnr
cl••s ~igne:; qnt lo11s :-i~11it1,.11t qt1<·lqt11' dJO:-l' l'l YOll:-.
l'unt 1111n11x curnprendn· .... J,. r:1p1wll1·r:11 que c1) bundit
- qui 11'1!11 <>::-1 plus 1111 - "'' 1111·1111· l1•1np'> qu'il porf•'
:ill;.!..!'l'<'llH'lll ::>L'S ~Oi\~1111"-di.\. :111:; su11111"::;. rnan1<' Ir>
fu-..d a\'l~t' 11n0 liabikti" ,·r:111111·11t r1•111,1rqu:1bk, l'l ::.-1
\'Oils l•' HCZ n"1·ll<'llll~lll ;'i \'()llS •'Il )'1•111IJ't• l'Ornplt'. lll<'llf'Z
1 1 ~1 <'Il !.!llÏ::-1• dl' cili\1>, llllt! J•l•"l't! d1• ;!() rr. Jr• di ..; llll<'
111i•ce d1'. 1·i.11!..!I. l'r:111c:s d 111111 d1· 1·i1111 .. ,·011-.. la r:1m~::>
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lïmrt' de ft111/ sr.11g, 111a <'lli'.> 11/mse ri (r111111c
1w11plt-n-, hystu 11111c, il lc/n11f 1111 11os la• 111<'.1
1 t' 111011sJ1"1;/ Io colli11s de talcs tl lts 1111110 !
Tn111/.la 11/t' cl I 1t•11/ilc ro11.111t· 1111<' â 1111' !
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0 l'.a11gt1issc de les ea11x ,:;ln111111rs cl d.-J al.~1 110
Qui cnclml cv111111c d'drci11tcs I,· 11101/ q111 //vlll',
Ou fr• i·o1/ dt's /repas, f>ârd /')"t'Oll/ ' sr11wl11/c.
·'>
Arn1té de sombra pa1 les !11 isa11/s m dag11<'s .' . ..
Cc ~tJnt ~l~s Et1r·s frai.1 rl'npà1 'f"t' /11 rc't la111rs,
JlaJS q111111por1r, ... to111 "11 que /11 (t'111"1ts n11111·
i\frr gracile, 111a 11t"1ül11111
Des lc11/s baisas rylh111rs cfrs u1111cs.
.Jules BERrmx.
LA DAME DE PIQUE
On a' ait pon lè fcrnu' tli<';, 11· l111 s:,anl d1' la (:arilc
lm pcria lc rlc i\aro111nufl'; ln 101~.!..!11<' 1111it dï1iYcr p<:is:>a
inopcr~·ur. on ::-011pa :'t l'itHf li ·~11n·::. tin 111;.iti .~.
Cc11x que la diancc ~n :11l f;t\ 1iri::.1":-. mongcaicnt n,·,·c
1111 ;..:ros opp<"lii : lrs pNd:rnl::. r1•::.tai1•11l di:-tra it:; dc\'Onl leur courcrt \ide. J)';1ill e11 rs, 'i::-<1!.:e" p:d1 .... Pl
hl c"mcs chct. tous, l'.>oit 'lllf' leur ccn·ca u SI' rat1gu;'1t a
chercher commen t combkr l•·s lmth cinc lr·s c.l<'ll<'s
nou ,·elle::. 'enai<'nt <lr cn'11scr dans li.11r !J11dt:1't, suit.
au contraire q11'1·l le ::-1• fati;..:u il ;'1 t11111r0r <l•·s rlb'r:1cLi011s que leurs !.:ain::. le11r 111·rn1dtaicnt cle ;-;. oflrrr.
:\foi::- le cli<:impngn<' lit son ap1•:1riti1rn cl tous uuyi.·rcnt leurs cliagri1i.... cl k11r::. ;1::-pirations d:rn::- l"ur:;
bocaux: c'<.!l'.>l ainsi '1 11<' }h hommes Jp,·i1'nnr111 •"g::i.11x
quelr(ll!'J'ois. La conre r~;1tion ckrint .'..:1··11 r:ile .
Q11':1:H 11 L1it, Lo11ri11c '! delll:1111Ll l\w1pliitryon ù
11n de ses rn r:tc'•s.
- .l 'a i [H'rd11 à mon liauit11d1" Il f.111t dir"t..l 'r:llmcnt qtt•' JI' u'ar p:b d1• clia111;I' .•I • pl•nr:-11Î:> Li martint:·a l1' Jthqu·au lio11t,y Ill' 111'i"L·liaull;· p111ai:-, <'t .Î''
Pl'l'lb 1011.JOlll':-..
- Et l11 n'a . . p:i-; c11 l.1 l1•11lal111n d ··~ . . :1y1•r ll'11n
au•re ~y::-t(· 1 1w ·t qttL•lle l'1·rn1l'l1" '.
- ::\faisq11'e::.l -c1' ù cùt1» dl' l kn11;rnn '! til un a11lr1'
soupeur en 111 011trant d11 du ,!.!1 1111 jeune i11~(·nÏL'lll'
rnil1t::iir1'. li n'a j;1111ai::. touL·li·" 11111.: c;Hlt'. j;11nai:C::.Sa) <;de ponll'I'. 1•· qui 111• l'e11q1~L'111• p:bd•· re~lt•r
::t ,·cc nou::. ju::.q u·ù cinq lic1m•,; d11 matin ponr nuu.~
r<'garcl..:r jourr.
· Le jeu me p::i . . swnnc h!'ancnup. r~ponclit lkrmann, un jeu11e h.ommc de 2.~> ans, mais .i~ ne :--uis pas
�-
D-
C<lpablc de ::iacrifiCr lû lll;~<'SS,1Ïl'•' d:rn:.; l"c:::-poi r de ga~11Cl' du ::.upcrtln.
- ll crmann e::ot 1111 .\ ll1•1na11d, ri')ll'Ît T nrn :-ki, il
c:ikule - ,·oil~l lont: mai:- C<' qni 11\r' p:1r~11t ini.:omprèhen::.ible . c 'e~l Cj ll <' 1na ~r.11Hl" 1 111"r1', Ll LotnlL':-~<'
F cdotorna ne .1u1tt' pa:-.
Cc:.; parulc::; pnn uq11i·rl'11L 1111•' c1't t:1i11c c111·it1-.i11', on
::.'allcntlit fl ciuclq11c l 1i~tuirL' ::>c:1!}l\'lt::-C q11i ::.crait Ycnue
njoulc r un peu de pi11wnl.
- .lt: llis, co111lltl'llr':1 Tum::.k1, <[lit' je lronre èto nnant que ma grat1ll'lllcl'l' ll L' .Ï'>ttr· p:1:>.
- :\foi:; qu'y a- t- il dï·t11nm111t à cc qu'une femme
tle quatre- vingt::. an::i ne jo111• pas.
- Vous ne ::.a,·cz June ne11 de son lii::.toire, naimcnt ri en '? al0r-; L'l'ontcz.
- Il font YOU::> dire qllÏl y a ~oixantc ans, ma
g ran tl'm èrc c:·tait alli"c .'1 P:11 is cl y rut fort en vogue .
Le peuple conr:1it :1pri·:s :-:1 \'1Jitur1' pu111· 'uir la
r/1111s Jlvsœ«Îfe .
Hicl1 elieu l ui ra:::.ait l:(t.:lllll' Cl :wrait \ 'o ldll, cL1pri·:.;
:s"s dires, :::c faire :s:lllll'r L1 c<'rrclle ù c:rn::-e tlc s('s
ngueurs.
.\. celle epO<jUe. }c::; f'1•11Jt'W$ .ÎOll'lÏl'nt DU pha raon .
rn jonr, ma ~rantl'mi r1~ ['<'rd.·. :::Ill' paroli~, lllle ::;omrn e fullc. Henlrè•:! Jan:::. :se:, :1r p1rl<'m1•nb, l'lle tlonna
11•"ë·lig•~rnm rnt tunt l'll r1,·.r.11,;111t ::-1•:, cli0n·11x cl en
cnlc\';111t :sc:o: p[lpill0t":-. 011:r<· ù '(•Il 111ari de pa.' cr.
JI faut d;rc CJUC ::-Ull lll<ll'Ï •"L:1it Jlllllr 1)})1• <Jll!'}<jll°Lll1 d~
rn uindrc <Jll<~ :-,un tll:<ilr·· d 11,-,l, l. Il cr:1iëtl<lit :ses
coli·rh l't ,··u1it :::ul~j11~110 l'·'I' ::..h l'i. 1n .. • ·"· <:•'pendant
l'1"nor:111 ilé de l:t ::-011111w l<· .H:1 11 1r.., •l•· l11i, il ;11•ror1a
les cum plc::; et 111i 111oi1'r.1 q111• rl.111~ l'.· ... 1•:1cl' d<' ::-ix
JJJ Ois il:s ::naicnt d."p<'n::-1" 1il1h d'1111 il 111i 111illiu11 Br('!',
il tlt le rDi:::.onnc1111•111 ::-i d1":-;1ër•\ml•· d 1111 ï11:1ri qui
résiste.
-
11 -
La comles:se !11i don na 1111
~ounic l cl lui frrma
la
porto de sa chambre. Le lendemain, elle le lit appeler,
dans l'e::.poir que celte punition l'ara;t fait réfléchir.
.:\lais il fut incbra nlablc . . \ lor.,, pou r la pr<>m ii·re foi:.;
de sa vie, elle cot1tl1•:.;ccndit ù de:-; e:q.Jicalions, e:s:saya tle lui l'air<' co111pre11dre rr ue d<' d1• lle [l delle, il
)'a abim e, qu'i l c::.l mo11 rlai11 clr! 111: pa:s pay('r un pa11HC dial.ile de ca rros::.i<• r, mai.-; ci11 il c~t inad111i::.:,;ilik
dl' lais:.;c•r imp:ij<;c llllC ddlr• 1k jr~tt. Cum11w r·ll··
a\•ait quelque \'C'l"l1Î:,; de lillôrallll'I', ('llt' :,;C' lai::-::-a a
que lque èloqucncc, rnu nlra q1w l'l1 u1111cur ,;l~il l('
pirnt de la soci1"l1" .
~foi.;, q11 oi ! r:-rand'pi'rc etail 1'11 r1"\'o ltc ~ non, non d
non.
La COJJtl C:.;:.;c ll C :,;:wait que l'aire. c'i:·tait pu11r };'1 pn'miL'l'C foi::. <[U'c·llc rnyait l'<' fli1rt co nilii11 1; de ::.a ,·iolcnœ el de ~a licaul1; 1"d 10 t1<'r. Ell e cunnai::;-.~1i1 inl11nemcnt un 11om 111 e r1'111arqllal.il1', le• (0111 tr <li- Sainl(~ c rmain. Il p.i s:sait po11r a,·oir 111''"111•" l'i>lixir i[,, '11',
l.1 pi,.1T1' pltdo:-11rd1;1J,., l >e pl11:', 11 ;irn1t d1':::. 111[111Îi'n·~
;i(lable:::. et un 0\li"rie ur r1•s pc t,d,Je ;l\"•'l' il•·::; airs mys·
l•; ri <'nx. Gr.1nd'mi•re ... ;iva1t •111'1[ ar;1it :'1 :-a 1li:-po:.;iti1111
n:w f'nrl•' ~ornmc d'arµ<'lll. Ell1· I•· 1•1·i:1 d·~ \e111r, ltti
di"cririt 1:1 noircr•ur d1 ~un 111,11 i "l ~1· d•"d.,ra 1.1 pl11:111 al11e 11r('u•,. des f< 111111P:'. ';1111l-! ien11:ii11 d<',·i111
pensif: - .le JH1tllr:i1 '"'"' d1111111·r n'lli' -.011111w.
111 ais il' a11L 11111·11x 'Ill" '111i... l'<'!.!,1.:..:n1r.·1 cet :1r.:..:••11I.
- f>11i ~q11 1' .Î<' \"Olb di... •fil <' .Î" n \1i ri1•11.
- l'a'> !Jel'.>01111 l'ar;..;('11l. •"rn1tl1'1.-111111, l'IÎ l l1 1i t'll::.•·iµ ua 1111 ~ei.:r1'I, l"'lll' l1·11111·l rl1:1tïl!! d·· 111111~ donn1•rait
de l't1r.
r,,,~ jo111' 1tr:-. r1•d()1tlJll•ru11l d'all1·11111111.
I.e s 1.Hr tnt"·nw, l'l'pnl Tom:,;ki, la granll'1nere allll
au ieu de l:i Hernc. clic tit ~nr. l quc l':xcusc à :,un p:irtcn~ure de la \ cdk, ::-'a~:::-1t a llllè t;iblc <lt• jt li ('11 face
1
1
�- 12 <le lui, choisit trois cartes, les jon 1 l'une après l'autre. gagna à chaque coup.
lfa::;arcl ! dit l'u n de::. Cllll\'i\ c::..
C'est une Fal.JIL': d11 Ilcrmann.
Des cartes marqnèc:-;, pcnt i°'lrc', rlit 11 n :rnt re.
.Je ne crnis pa ::., n··ponpit a\'er import;rnce le
conteur.
Comment, cl1'tnantla ~~11·lrnmn!T, 111 :i:-; une ~rand'
111 Î're qni foit 1·:-irnli trois f'oi" ri· :-11il 1 '. "t L11 n'a ::; pas
1·11corc <1ppri::; I•' ::.1'Crl'L cahb ..tl i::-li'[ll<' '!
\li oui, tlnd1alile ! n'pondil 'l\rnbki, die a\'ail qn<llre Jib, dont mon pi•1\!: 1011-; le:: rrnalre elaient des
jouc11rs cffrènè::., et ù <l ll c1 1n d'eux 1 lle ne rèrèla son ::;cnel..\fais roici cerpti n1'ar:ico11I•" lll1>11 0·1d1', rt il m'en
:1 1!011111' sa parole dï1onn•'t1r. Fen Tcliaplibki. c0 lni1:1 m•"me qui c::;l mort pallHC, :1pri·::; :noir dissipé une
l'ùr!nne de 1p1clrj11c" 111illion:-, perdit 1111 .iour au jeu
1•11' 1ron lroi~ c1'11L llldl1· l't)ll !J l r•;:;. l l L·taiL au di':::.e::,puir,
parlait <k ::;1· faire sa 11trr la <'<~rH·llc', !'le. ".\ln pr anc l'
111h'P, <]Ui 1'11t c0pcnd:rnl 11·/ ..., ::;•"' i· rl' po11r les f'olics dP::;
jennes p•ns. l11i donn:1 lroi:-; c.:;1rle::; pour les ju11cr
l'nne aprL'S l'autre <'l :l\cL: la p rornc~sr· de ne plu s
.1oun apri·s. :-.c, trois ca rlc:> a ,·air> ll l ga 0 nt~ Tc.:l1 a p·
li::,ki re~a~na so:1 ar;..:ent et resta enc.;orl' en lJènètice.
11 i'tait six heures du malin; les jr·nn•'s convives se
s<'pari'rent.
11
I a Yieille comte~sl' \ ... <'tait a~si~c clernnt sa table
cl'3 toilette. Trois fille::; dl' clia111br0 l\rnlouraient. L "unc
l<'1wit une lJoiLc ck fnnb, l\1ulr<' une liolte cl'èpin;..:lcs, Ja troi:::.10me pn"::.e111a1t ~ sa tn:iilresse un c.:liapeau a\'Ct: rul.Jan:-; cu11l1• ur dt' /'1•11. L:-i conitr'ssc n'avait
plus le> rnoindn· ::,onci <le sa ]H';1utr'., dr·1H1i::. longtrmps
Lrn1'.•1', c·t ::;a Yir>ill1~~~e ;1\';1it ahul1 1•n !']]c J,, dèsi r,
mais elle cunst'l'\';,iÏl l•: s liaJJJt11d1•s dr~ sa folll' jeu-
-
J :~
-
nessl', sui,·ait rig·o ure1he111cn1 les modes cl'il y a
soix;1nte ans rt :::.'liahillait a ussi lentement Pt arec.;
antant cl<' soin <J11'cn C'e tc1nps.
Pri•s dr• la f'1•11i·lr'"
111w
jr> unc fille , ::;a deinoi:::.cllc de
com pagnie, Jirodait.
Bor.jour, grantl"111a111an ~ dit en entrant dans la
chambre 11n jeune ofli<..:iN. llo11Ju11r, \J Ile Lis<'!. ( lrancl'
maman , je vien::; clie1, ...
- ()11 ') a-t-il do ne. Paul '?
- J c ,-011 ::; demande ln penni::.::;ion <[,~ ,·ous prë:::.ent1'r
un <le mes amis et <le l'an1cn0r â ,.o!re liai de ::.amcdi.
- .\111i·11l'- k cli!'cc·tcmc11t <i mon lin! et lu le pre:::.cntcras ..h -tu r"tô hi er cl1cz ~ ... ~
- Conrn1e11t donc! et me "uis Lien amu::.i": on :1
dan:::.è jus'lu'a ein1r J1 elll'l':' du 1uatin : ..\llle Ele::.tl,a1a
<;lait cl1a rn1 ;tn l<'.
- Eli, 111011 cher! qu e ,·uis-lu del.Jean en clic·! ~11u
a'ai l \'li ~<1 µra11d'111i·rc ! .. \ i n ~i parla la Yici lle l'omlL':->:-.1\ d ;'1 prnpo::,, cJI,, a ":111~ cloul•' bien' ieill1 ~
- <:om111l•nt YÎc1lli '! rt'•pond1t d1::.lr:1itr•111ent Tom-,,ki,
111ai::; il y a sept ans qu'elle C"-..t morte. La j1~u11c lille
l r'ra les.' l'll'\ d1• . on 11 .l\'ad l'l li t un ..,i!..'.ne :11\ jr•1111e
ullicicr. c111i "<' r:1pp1·la •1nïl 111: fallait 1•as p:il'i1'1' d·· la
mort ù la eo111l1•":-;" . ..\f:ti... n!lk-1·1 :n·.1it ri·~·u la 1111uYelle :l\ee intld1,··11•n1·1'. \lu1l1• '! .ie n'l'n ,,.a,·ai.; ri1'11.
\ou" lï1111e-. 11u111111t'·c-.. c•11 111 " 1111~ 1e111p~ dame::. d'Jion11e1n·, cl q1und 0·1 11011' prl'.•s1rnta, l'I111p1'·ralri~c .. f'l
po11r Lt ce11l1i·1ne l'uis, dl·· rai unla l'anectlolc. (Jua111l
<'Ile t'lll fini, t>lk p:i.::;:-.:t <l1~1Til·n~ le J•:1rartllt a\'L'C :,,t':;
t'li<,11lliJl'i1"r1•;,, pülll" li 1111' S:t tuikllc.
To111::;J,i i\•sta :::.1'1tl<' :l\Cé la }'11111~ li Ile.
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Ulticier cl u ;;ème ·1
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nnn d1"' lllud1_•1ïl<'"·
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- .1 1•11t(•nd" di•,; rnma1h, oil 11' lic\1·11,;
- .fr ,·a is 111'l1al1ill<'r.
- 'fn n:; l1j l<'lll[b, J1l'"11rl::; le premier tome et lismoi <p1elrpt1's p :1~ '"'·
Lisa !11t <p1<'!1pt<'s lÎ(!ll"'· . J 111::. k111t '. - ~Tais c111'ast11 don ,· 111:-t 111 L'l'<~ ·: 1> i1111,.-111oi 1111 tal1011rct pour l<'::.
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Hcsl<"I' seu le, Liz:ircLta alla :'t ln f'cnêt1·e: bientôt
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La u<'mois1.·llc' de <'Olll]J:1g11if' s1• 11•\ .1 l'l com111L l1ra :'t
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- Tn e-.. clu1ll' suurdc. 11w. 111i·n• '. dit l'l1 <'oli·rc la
co111tes:::.c, j1.· li' cli:-:. de foin' allde 1·.
- Tout de suite, reponJit duuceuwnl Li ::.n, et die
sortit en courant.
1
-Oui.
- .\lors po11ny11oi 11'1•::. t11 p:1s en<..:ore habillee ... Tu
le fais tun.ionr:-- allr>11iln.·... .JI:ib c'est in::i.upportable !
Lisa courut di111s sa l'l1:1111brr.; deux minute::. après
ln r.;01nll':::.::-e :::.on11:1i1 cl<~ tu11lt·s ::;es l'ur<..:cs.
Trois filles acr.:uururcnl )':Ir une porte, un valet par
une antre.
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Lisa n·11lra liiP111.·,t l'n toill'lte <l1• ;:;ol'tie.
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Ponrq11oi fair··, <J 111 \'t'll\·lU dune eulouir? ... <Jucl
lemp~ L111-il dont·: li ·' n dn l'Cnl?
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- r ,•, 1, r:1i:; d,'•tt•l•'I', nuu;:; l'\.):--lons: <..:'t•tait inutile 1lû
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Breveté S. G. D. G.
67, Cours
~lir:1hca11,
67
- Al
A 5\C. Clr.rvis H11g11cs,
Dé!'uté de Paris.
Un très brave hom me - j'ai nomm(' :ir. Clovis
Ilugucl) - qui , a u bo nheur i neslim able cl' être poète,
joint celui d'Nre dëp utè, a chanté en Yers très harmonieux. trÎ'S élégants et d'une inspi ration plus que diYine, les âcres p::irfums de l'llc <le Cors<', sa h<'auté
sa uvage, et l'excellence de son ciel toujours pur et
serei n: ave.) une prècil>ion vraiment remarquable, et
dont eùt etc jaloux. l'auteur clrs Carac!ércs, il a peint de
sa plume dèlic;:lle autant qll'acbeYéc le vrai type
corse, dit rnn amour enraci ne du sol natal, son attachement inaltérablo, à la mi're p::i trie. Partout M.
Clovi s Hug ues a parlè do la Corse et des Corses avec
lyrisme; partout il nous a vantès, glorifiés a,·ec
am our ..... et dans ces co nditions, mon faible entendement serait impuissant à concevoir, que la patrio
du Grand Empereur pùt marchander un seul instant
à un de ses plus illu stres et infatigables bienfaileurs,
ce respect fait de g ratitude et d'admiration dont elle
est par prudence si avare . C'est clone aujourd'hui un
fait reconnu par tout. les insulaires, que l'èminent député de Paris aime la Cor::.e d'un amour profond, la
défend de faço n i nlassable: com me nous, .;\L Clovis
Hugues connait nos besoins et nos aspirations, com me
nous il com patit à nos souffrances; et sitôt qu'i l quitte
notre so l pour le conti1wnl, il s'empresse clc signaler
nos lègitimes reve ndications dans un cle ces articles
dithyrambiques, qui en même temps qu'ils rappellent
le Panégyrique de Traian, gontlent notre cœur et r e-
•
�-
i8-
posent notre esprit. ~lerci, M. Clovis Hugues, pour
ces heures dèlicieuses et suaves que vous nous faites
Yivre : merci, pour tous les Corses dont je me fais
dans cet humble journal le trè faible interprète .... .
,jfais ne pourriez- vous pas mettre un frei n à cet enthousiasme dèbordant, à cette joie délirante, qui emplit votre être par moment et dèclarer à haute et intelligible voix que la note d'une exagération s'immisce parfois involontaire dans vos eau eries ou vos
contes toujours aimables, courtois, spirituels. En ce
qui vous concerne, ,·ous tenez essentiellement à nous
faire passer pour des hommes indèpendants et fiers;
vous dites, vous proclamez bien haut que jamais, a u
grandjamais un Corse, quel qu'i l soit, ne consentira
à alièner sa liberté, à faire marché de sa dignité: E tesvous bien sûr de ne pas pou...,ser les choses à l'excès ?
Avec effroi, je vous interroge, avec effroi j'attends
votre réponse ..... Sans do ute, il existe, en Corse, des
gens dont l'honorabilitè, la valeur sont indiscutables
et au- dessus de tout soupçon ; sans do ute, il existe encore en Corse un peu de cette admirable indèpendance,
de cette mâle fierté, que nous ont léguées nos pères.
Mais pouvez- vous aussi nous octroyer ces qualités de
l'esprit et du cœur, d'une humeur si faci le, et ne pouvez-vous pas concevoir au contraire - ô vous qui êtes
contraint de connaitre la politique et ses répugnants
dessous - que des mœurs déplorables, des manœuvres déloyales parviennent à sïntiltrer, lentement
peut- être, mais sûrement dans notre malheureux
pays . . ... Détrompez- vo us bien vite, M. Clovis Hug ues ; et soyez certain que si la Corse n'est pas l e rendez-vous des bandits de la création, elle n'est pas
non plus le berceau unique de la droiture, de la
loya utè et de la sincérité ..... Et il en est de la Corse,
comme de tous les autres départements de notre belle
- 19 France ; chez vous aussi, on peut posséder ou se targ uer d'indépendance et de fi erté; chez vous aussi, on
peut être dig ne et probe.... . .Et dans ces conditions,
j e ne vois pas bien la r aison pour laquelle vous attribuez à un pays qui n'en peut mais, <les qualités dont il
n'a pas et dont i l ne peut pas avoir le monopole. Notre
pays a des qualités, c'est entendu , mais il a aussi des
défauts qu'ont tous les hommes « qui ''ivent sur la
terre et qui pensent », aurait dit La Bruyère .. .. . N'imitez donc pas le nègre, cher à Mac- Mahon : au trement dit, ne contir1uez pas à nous casser le nez à coups
d'encensoir ; sa ns çà, voyez- vous, no us mourrons certainement victimes de cette douce affection dont
vous tenez particulièrement a nous entourer .....
.. .. . J e demande pardon a ~I. Clovis Hug ues de
l'avoir ainsi mis en g·arde contre sa tendance à l'exagération : Je le prie d'agréer ici toutes mes plus humbles excuses ; mais il en co ûtait sincèrement à un
Corse, qui veut autant que possible, se mon trer imparti al, d'entendre des choses ou <le lire des contes
qui avaient assurément dé passé la pensée de leur
aute ur.. ...
Si le député-poète a épuisé la gamme laudative en
faveur de notre beau pays, en revanche d'autres individus ont essay6 de le ternir ou de le vilipenclie r : par
respect pour ceux qui me lisent et par respect pour ma
personne, je ne livrerai pas leur nom à la publicité :
car ce serait là un excès d'honneur dont ils pourraient
à la rig·neur se llatter . ,\ ces détracte urs, à l'âme basse
et vile, je le ur recomm andera i de venir faire un tour
en Corse « hi::itoire de s'amusrr », comme on dit vulgairement. Vo us pouvez ètrc certain qu 'ils recevront,
dès leur arrivée, une de ces corrections qui font époque dans l a vie d'un homme et qui ne les e:Rgager a
�-
-20 plus du tout a Yenir contempler la beaute de nos sites,
ou ln douceur de notrn climat ..... Qnc voulcz-Yous '?
on est tri~s susceptible chez nous et cette suscepti bilito
atteint surtout son rnaximum dïnten itc lorsq u'on se
complait a raconter des faits q11 i jamais ne se sont prcscntè:::. et a débiter cics lègcndcs qui tendent à jeter le
discreùit sur nn pays qui pourta nt n'a oc~asion nc, que
je sache, <le dommage sèrieux ù perso nne ... ..
Et le monde est ainsi fait : nous avons d'un côté des
défenseurs ardents et convaincus; de l'a1tre, des ennemis acharnès ou des gens qui s·am usent à raco nter <les balù:emes. EYidemment nous n'avons pas l'embarras du choix: mai s la Corsé!, toujours fi ère et sùrc
d'elle-rn·~ me, ne peut que repousser du pied de telles
::itteintes à ~on honneur qui demeu re par-dessus tout
intangible ..... Elle peut repous. cr ces injures avec
d'autant plus de facilitè que ses enfants ont fait et font
tout ce qui est en leur pouvoir pou r être digne de leur
mère: partout ils senent la France avec amour et
dévouement ; partout ils se montrent à la hauteur de
leur tàche, respectueux envers leurs supérieurs, affables à l'égard de leurs subalternes. Qu'i ls soient garclecharnpêtres,militaires ou magistrats, les Corses accomplissent leur devoir en toute justice et c'est pour eux
une satisfaction et un plaisi r énorme de contribuer
chaque jour à la prospèritè à la grandeur et au relèvement du pays ..... Les Corses ne connaissent
qu'une chose : la fidélité, l'observation scrupuleuse
de la consigne; ils se montrent inr"branlables, intraitables même à ce sujet, mais leur conscience n'a rien
à. se reprocher, car ils obéissent à des ordres venu s
d'en haut qui doivent demeurer inviolables pour tous.
A cela, ils emploiPnt le plus clair de lenr intelligence, le plus fort de leur acti vitc et il me semble
21 -
que to ut hom me intell ige nt, esclave du devoir où
respectueux de la discipline ne peut leur en faire un
grief.. ...
C'est la pl us be ll e réponse, cc me semble, que l'on
puisse adresser à ceux qui, dans un moment de foreur
ou d'indignation, ont maudit, ex.écre cles hommes
qui de par celte qualitê de citoyens franç·ais dont ils
s'honorent n'ont eu c1t1'tin c c li o~c en vue : l'applicatio n de la justice dans tou te son intègralité .
J. -B.
LA
COGG IA.
1\1.I:OSQUÉE
Sul' le ciel empozli'pré pal' les 'l'a!;ons tardifs
D e l'astre 1·oi, !Jlissant ù ?'P!Jl'et sous les ondes,
f ,a 111 osq1de apparcût dans fo lumièf'e blonde
E'lllow·ée d'oiseaux 11oi1·s jetunt des cris plaintifs.
)t,'11 h.aut du 111i11a1·et, au.i: f_Juatl'e coini> du 1110mle.
D'une roix musicale llll m11e:::in chétif;
E'111acif., la /acr .r;lrtln·e. rnalar.lif,
L ance l'invocatiou sut cette /oulc i111;1w11rlf'.
Rit lus rla i1w111rn1P11t la liorde rles fellahs
SP proste1'11r> picris 11us, coucltée dans la pou.~sir~re
Et j'rappe d1u•r,111e11t du /i·o1d la fi·o(rl e pierre.
Àlnéc111tis, fl'c111Uwit . ils iw.:o'}ae11t Allah!
L a priè1·e acl1e1.:ée, ils se lève11t tout sales
.. .. .......... .. ....... . .... .. .... .........
D ans un coin de lu nuit p arnit le Croissant pûlc.
V. B.
�- 22-
-23-
LASSITUDE
Le printemps n ouYeau chantait en chemin,
Son hymne j oyeux que l'amour écoute;
Et contre mon cœur tu te serr ais toute,
Nous allions tous deux la main dan s la main.
Instants fugitifs, qui sans l endemain,
Passez, n e laissant que l 'affre du dout e
Et le désespoir; car l 'âme r edoute
Aprè ' le bonheur le . ouvenir vain.
Oh! qu'il clure peu, le moment vécu,
D 'amour véritable et d'oubli candide;
Comme une vision magique et rapide,
Du pays <lu r êve au sitôt perdu.
Etoile d'espoir de la nuit d'orage;
Pui la vie obscure 6tend son nuage.
L .....
Décorations Tunisiennes (•)
Je suis Yraiment ètonné de la facilité avec laquelle certaines person nes se moquen t des décorations tunisiennes. Tl fa ut n'avoi r aucu ne connai ssance
historique pour mépt·iser le Nichan Htikhar ou le
Il) t.:11 de nos tauiarade, lnniilens. i11d1çin~ du Rans-f1<~0 11 , je dil'ais merne·
Jn mépris n1·ec lequel lh Français l l'~llenl l~s d~corallons étrariglmis et
m ême les décorations tun i8i~nnes, ponrtaul mi-fran~aises, blessant pour
t~u x qui en ~ont titulaires, 11011~ a fait paryenir cette protestatlon. Noua
nou; fa isons un plaisir de J'lnsérn.
Nichan el Ahed. Ces deux ordres tunisiens que je
veux dècrire ici, ne méritent pas les quolibets qu'on
leur adresse, et j e sais bea ucoup de personnes qui ont
changé d'opinion, après qu'un ordre tunisien quelconque leur a èté confé1·é.
Le Nichan el Ahed a été institué par un décret du
19 janvier 1860. Rares sont ceux qui en portent le
ruban à la boutonnière, car cet ordre ne peut être
conféré qu'aux plus h auts fonctionnaires . Il faut qu'un
étranger ait rendu à l'Etat un service extraordinaire,
qu·un général ait accom pli une action d'èclat étonnante pour que le N ichan el Ahed puisse lui être
confëré . A l'exception des étrangers, le nombre des
titulaires de cet ordre ne peut dépasser sept.
Plus commun et plus ... distribué est le Iftikhar. Il
suffit qu'un Tunisien soit proposé par le Premier
Ministre, qu'un étranger le soit Far le Résident Général pour que cet ordre lui soi t confèré. Les classes
du Nichan Iftikbar, au nombre de six, sont conférées
avec conditions d'ancienneté et de traitem ent. Toutefois, il faut en excepter le Grand Cordon, que l'on
confère sans conditions.
Quand une personne est promue dans l'ordre du
Nichan lftikhar, elle reçoit un brevet accompagnè
des insig nes du gTatle qu'il lui confère. Le Nichan
est la propri étè du titulaire; il n'est pas transmissible
aux hériti ers et nul ne peut en ètre dépouillé à moins
q11'i l n·ait éle condamné pour vol, escroquerie, meurtre, attaque à main armée, ou pour tout autre atten tat
contre l'ordre publi c.
J e crois en avoir assez dit sur les deux ordres principaux de l a Tunisie . .Mon seul but a été de vous ren-
�~1
-
-
-
seigner sur ces decoralions tunisiennes que l'on aime
critiquer, et croyez qu'elles sont aussi estimables et
aussi bien portèes que celle ùu -:\Iérite Agricole.
25 -
-+?~~SONNET~#
Nmr.\ LEAL.
Sur l'abandon des Espoirs de Jadis
Aix. cc JO ]am•ier r90.;.
~
-
\
-
;-·-·-·-·-·-·-·-·-·-·-·-·-·- ·-·-·-·-·-·-·
------..-..~---
~
SONNET
A Daniel
~
tlJ
BERRUTTY
souvmir de if.Jm•• A. F. tl dt '). C.
.Sur l a tristesse de L.cvcl ace vieux et devenu l aid
Daniel, le temps n'est plus des Nymphes et des Faunes,
Nous \'oici rélégués en des tours de portor !
.\h ! Princesse, le temps Jes péchés et des r ites
Profane~~ Et celui des ,·alets rubiconds
Qui nous sen·aient, d'un :lir complice, tels fla cons,
T.rndis gue gri maçaient ,·os g uenons favo r ites .
Au cartel bleu sonnai t l' heure <lc.:s dém érites .....
Et qu.rnd leur YOl frol.iit l.i rose des balco ns,
Ou p.ir fois s'accoudaient nos souYcnirs féco nds,
Les r.imiers s'etfeui llaient com me des margue ri tes .
Garde-mabde blêm e, aux doigts c.1li ns, la Mort,
Vient nous baiser le front de ses lèvres aphones.
Le monde, ce vieillard bourrelé: de remords,
Iv re de sa splendeur et de ses téléphones,
Se délecte ~ la vo ix r:lllqut: des grap hophones,
Et nous voili bien loin des flûtes et <les cors .
Eitigués d'encenser l.t fütise infinie,
Las ~ nuinten:int les ,·enrs <l\:té lroh:u rs <le luth
Et de toujours porter !'Emphase et l'Ironic
Ale poussent Jans les coi ns Ott rôdent les pierreuses,
Chau\·c:, les reim rn.és, les p.rnpit'.·rcs pleureuses.
Religieusement comme des sceptres J'or,
\'ieilbrd sadique et laid :t Ll merci du ru t.
Ah ! P rincesse, l'alcô,·c o bsc ure et son mys t<'.· rc,
E t l:i premi l:re n uit du voyage:.\ C) thl:re !
Nous écou tons l'ennui g rommeler :i nos portes,
Er nos yeux désormais fixés vers le ciel mort
1
c refl è-teront plus que des pL111(·tes mortes.
j.
]. DE L ATARD DE PIERREFEU.
DEL.
�- 27 -
- 2G -
CHINOISERIE
SUR UN ABAT-JOUR
AM' P . G.
An pays des yeux en aman de,
Où toitjou1·s -a est de bon to,.1,
Que chaque bouche soit gom·n1ar1.de
De nids d'lifrondelle, dit-on ...
A u pays de la po1·ceZaille,
Des pagodes aux toits to1·dus,
Où sous l'ampleur d'habits de laine,
Go11fient des man darin s dodus J·
A u pays de Bouddha, le Sa!Je,
Du cangue, du riz et dit thé,
Dis-1;wi, fi's-tn quelque voyoge,
Eu sonye ou en !'éalité?
Ca,· sous ta plume cie11t d' éclo1·e
U1i monde de pet ils clii1tois,
Etoruiés, semûle-t-il, e11 corr•
De 11wntrer leurs 9e11tils HlÙ1ois.
Oh! pou1· 111a part je leB cul.111/re
Sm· le penclta11t d'un rdJat-jrnu· !.. .
J e préfererais, ù v1·cii di?·e,
Danser s1u la p eau d'a11 tambour.
Mais ils font bonne contenance,
Il pœrait qii'au pays du th é
On aime enco1·e assez la danse,
Et la '11'1/ttsiqite et la gatté.
Au ssi, sans grande inqitiétude,
Ils esqidssent à lem· f açon
Un pas, qu''une attentive étude
Nomme-rait p,.esque im ?'igodon.
Et l'un d'eux gratte une 1nando1·e,
Et l' auti'e souffle, di?·ait-on,
Da1ts quelque lo 11g bambou sonore
F1·êre oit cousin du 11ifrliton.
Enfin, pou1· clo1·e la série,
Une chinoise à l'a.fr moqueur
R ega1·de la cltùwiser·ie
Qui lui fait envie avec peur.
Tandis qu'en w z fris superbe
L e rêve va s' évarwufr
Et que l'on voit p oùidre dans l'hube
Des flew s à vous e11 f!blouÙ'.
PH. D ...
�-28-
-29 -
ASSOCIATION
Cm1p1t· rmdu dt' la séa11Cc' du r J jam•ier 1905
L'.\sso(;iation G0nèrale des Etudiant::> cl'.\.ix réunie
en a::.::.emblèe g-ènèrale, le 11 janvier 1003, ouvre sa
sèance, à 9 heures du soir, ::.ous la présidence de
:.\1. M uterse.
Le ttimarade Campion, sel:rètaire de l'.\.ssociation
donne lecture du précèdent procès verlw.l qui es~
aùoptè.
:.\I. l\lllterse, prësi<lent sortant, prend la pa role e
remercie l"Association des Etudiants de la confianc~
q~'ellc lui a accordée et des marqu<·s cl'amitic qu'elle
lm a ::an::> cesse tèmoignc"cs. Pour diverses raisons
:.\1. :.\Iuterse déclare ne p,as se porter co mme candida~
~ux ~· lectio~s de 1003 pour le sil·gc de la prè::>itlc nC<'.
a d.eclarat1on est accueillie a\'eC milk rcgl'ets, et l'on
essaie_ de le faire revenir sur ::.a dhi ion ; mai :; e;'e:;t
en Y:.un .. \.lui , tous nos remerciments bien ~i n cères et
c~n~ia u x. pour la peine cl les s0ins que ~[. :.\[utcrse
na Ja111a1s ce::isè de prodiguer, pour remplir U\'CC J:l•lc
l" 111:1.nclat qui lui a' ait èlè confie.
~l'::>C:a 1nar:i.ùes Carnpion, S<'nctairc, Combat, trr"::>or1er, ùonncnt ègale111ent ](•ut· clemi::>::.ion, d<' l<•lle
s.ol'te que le::> Elutliants aul'ont tout ù l'li l'u rc à rcconsl1 lner le JJL1 reau, c1ui clcv ra s'oc;e;upcr de::> in lèrêts di ,
l'A::isociation.
~
Le président, M. 1Iutersc, dcc;larc le scru tin ouvcit.
On procèd~ d'abord à l'éledion du prèsi üent. Une
seule candidature est mise en a vaut. C'est celle de
Moitessier . Les votants sont au nombre de 47 : la majoritè absolue sera donc de 21. On trouve sur les -1G
bulletins dèposès dans l'urne, un blanc, un à Muterse
et les autres \'OiX à nfoilessier, qui est proclamé président de l'Association pour l'année 1005.
Le nouveau président, en termes émus, remercie
les Etudiants, ses camarades, de cette marque de
sympathie et promet de faire tous ses efforts pour
s'acquitter d'une manière irréprochable du mandat à
lui confié. Il pense y réu sir en suivant l'exemple de
on prèdècesseur.
On èlit ensuite le vice- prèsiclent, le secrétaire. le
trésorier, le bibli0Lhécair0 et le porte- drapeau.
M. Alfred Jourdan est replacé au poste de la Yiceprèsidence par :3 voix.
Le camarade Portal se voit nommer trèsori~r par
28 voix.
Les camarades Gilles et Berrutty sont tous les
deux élus: l'un comme bibliothècaire, l'autre comme
porte-drapeau ; le prem ier par 3~ voix:., le second par
37 voix.
Le burean finalement se trou ,.e con tituê ainsi
qu'il suit : ?IIM. Moitessier, prèsident ; Jourdan Alfred, avocat, Yice-prèsident; Toye, secrétaire; PorLal,
trèsorier; nill es, bibliothècairc; Berrutty, pMledrapeau.
L'assemblée gènérale, après avoir donnè à ).1. ~Iu
terse le grade de président honoraire, passe de uite
à la question du Concert <le Charilè des Etudiants.
Le camarade Montel demande que ce Concert soit
remplacé par une matinèe dansante. Celte proposition
soulève une vive discussion qui aboutit an rrjet de
�-30-
- 31 -
la proposition de Montel, après les dires indiscutables
d_e l\I.Alfred Jourdan . Aussi nomme-t-on une commis~1on chargée de l'organisation dudit Concert. El le se
t~·ouve ain i composée : des camarades Vachier, président ; Bermond, trésorier ; Toye, secrétaire, Berrutty, Labat, Mille, Muterse, Moitessier, Giniès Hugues, Marin, l\Iarteau, Farnet, Martin, Portal. l
Sur la premièr e question, le camarade Corn bal
donne un aperçu de l' état de la Caisse de l'Association et demande à l'assemblée de vouloir bien renvoyer l'exposé détaillé de ses comptes au lundi 2:J
janvier. Sa proposition est adoptée.
. V ne commission est aussi nommée pour l'organisatJ_on du punch annuel : l\Iille, Farnet, Roux, Moitessier, la composent.
La séance est levée à 11 h. , après qu'on eut nommé
les camarades Campion et Combal, l'un secrétaire
honoraire, l'autre trésorier honoraire.
Aix- en-Provence, 22 J. anvier 1001:\
v,
Le Secrétaire,
L. ToYE.
Compte rendu de la séance dtt
La séance est ouverte, à
22
janvier
a heures,
sous la prési-
denc~ du ?amarade .M:oitessier. On passe de suite à
a
1• Compte rendu de la gestion financière du camarade Combal, trésorier sortant ·
2• Question du punch ;
;)o
Question des journaux.
'
Sur la question du punch, le camarade Roux nous
donne quelques détails intéressants. Entre les divers
rafraichissements offerts aux invités, quelques camarades se feront entendre dans des monologues et des
chansonnettes.
La troisième question de l'ordre du jour est relative
au réabonnement des journaux. Le camarade Vachier demande la su ppression de l' «Assiette au
Beurre ». La proposition est r~jetée . Tous les autres
journaux sont également maintenus. L'abonMment
annuel de tous les j ournaux ordinaires de !'Association sera donc renouvelé.
190 5
la d1scuss1on des diverses questions qui figurent
l'ordre du jour :
Sur l'avis des camarades Muterse et Gilles, on affichera désormais sur le tableau de 1' Association la
balance des recettes et des dépenses. En outre, le trésorier rendra compte à chaque assemblée générale de
l'état de la Caisse, et cela pour permettre à l'Association de toujours con naître la situation exacte de ses
:finances.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à
10 h . 1/2 et renvoyée au lundi 29 janvier 1005, à 9 h.
du soir.
Le Secrétaire,
ToYE.
�Auto-Garnge tlentral
- 32Compte rmdu dr la sù111ce du 11111di 29 ja1mier 1905
La sèance est ouYerte, à fJ heures, sous la présidence du camarade ~Ioitcssier. Le secrétaire Toye
~·est fait excuser. Gi lles, bibliothécaire, le remplace.
Le camarade Combal rend compte de sa gestion
1inaneiè re. es comptes sont approuves par l 'assemblée.
----·--·-----
POMAYROL &AUBERT
1•1acl' de ln PMeodc - ,,ll
Le prési dent ::'lfoitessicr donne con naissance d'une
lett re qu'il a reç ue du Comité des Fêtes du Ca rnaval
demandant à l'Association de participer à la Bataille
des Fleurs du Dimanche- Gras par l'envoi de quel .
ques Yoitures d'Etudiant . Le plus grand nombre
d'Etudiants étant absents de la vi lle, par suite des vacances, l'As ociation dècide c1u'elle ne s'im posera pas
la dèpense,qu i ré::.ulterait pour elle de la décora tion de
char:. ou de voitures, mais elle alloue une somm e de
'.JO francs au Comitè des Fète~ .
)
Tolltlwt t1 Ctt&f.Wa • CrUllDl\11
C01nig4ll • C~ • Dwoll.
La séance est levée à 10 heures.
Le Secrétaire,
Ton:.
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Le 17 février, l'.\.ssociation Gént>rale des Etudiants
d'Aix offrait, dans ses salons du Cours Mirabeau, son
pu nch d'honneur aux autorités de la Ville. L' As ociation avait pris ce soir là l'aspect de ses jours de fête :
<les plantes vertes urnaient le couloir qui conduit aux
salles ou l'on devait se réunir et de longues draperies tricolores tendues contre les murs, en décoraient
origina lement les parois.
Dès ( heures, tout e la jeunesse uni,·er::,ilaire était
accourue pour prendre part à celle manifestation de
solidaritë et de camaraderi e et, lorsq ue les nombreux
invités de l'.\ ssociation parurent sur le seui l. reçus par
les membres du bureau, des applaudissement · répétès et sy mpathiques les accueillirent. \ïennent tour à
tour prendre place à la table d'honneur, aux côtés de
notre distingué président Moilessier : 1\1 1. Caba·sol,
maire d'Aix ; le colonels Fi ne et La Porte; ~DI.
.Jourdan , professeur à la Faculté de Droit; Arrighi,
avocat gé néral ; Mathieu Laugier, aYouè, président
del' « Athènée- Sextia » ; .'auYet et ~Iu te r e, anciens
présidents de !'Association.
Le punch n'aYait pas encore tlambè dans les verres
que la sèri e des toasts est ouverte par le président
:\Ioitessier qui , en term es élevé . remercie les autoritès pré ente· de ::,'être rendues à l'invitation tle !'Association :
« l\I l'~S, lEWRS,
« Il y a un moi~, lorsque me ' c::unaraLles me tirent
lï10nneur de m'appeler à la prèsitlence, je no pcn:)ai
pas devoir rcgr<'lte r autant riuc je le foi::- aujourLl'h ui
ùe n'être point avocat corume mes prèdècc::,::,e ur~.
�- 31 c·est qu'en effet, je YOUdrais savoir YOUS exprimer, au
nom de toute l' Association, combien nous so mmes
touchès de l'empressement que vous avez mis à rèpondre à notre appel, combien nous so mm es· heureux
de constater que les sentiments qui éta ient nés dans
.nos cœurs ont trou,·è une issue dans los vôtres, combien, enfin, votre condescendante sym pathie nous est
un encouragement pour l'aven ir. ~l ais, 1\Iessieurs, si
je ne suis point accoutum é à prendre la parole, il y a
une chose que je sais faire et bien faire, c'est sentir,
et mieux que des phrases valent les émotions du
cœur.
« Pour vous, Messieurs les Membres honoraires,
votre adhèsion même nous prou ve que le but que nous
poursuivons vous est cher. La raison d'être de notre
Cercle, c'est la création entre les Eludiants de liens
solides, capables de nous cnc11ai ner 1 non pas seulement par une camaraderie factice , mais par une
amitiè forte et vraie. Jous avons proscrit de notre
Association toute discussion politique, tout sujet de
discorde. Des Etudiants d'opinions diYerses, de religions différentes se rencontrent ici cl sont heureux de
s'y en treteni r cordialement. Dans ce lieu chacun est
libre de penser à. sa guise, mais il y a une obligation
pour tous, c'est de s'aimar les uns les autres.
Ce besoin d'affection, si na lurel à notre jeunesse,
nous n'avons pas voulu lui fi xer des limites. Nous lui
avons laissé toute sa portèe, surtout la néccssitè de
compter dans cette vi lle de nombreuses sympathies.
Vous avez, ::\fessicurs les i\Iembres honoraires, répondu a l'appel que nous avons fait à votre cœ ur.
Croyez bien que l' Association tout entière est heu·
reuse de vous dire combien ses remercîments et sa
reconnaissance sont sincères.
«
-35Les hommes politiques de la ville d'Aix nous ont
manifesté une grande bienveillance qui ne s'est pas
contentée de paroles, mais qui s'est traduite par des
actes. Ml\1. Leydet et Baron, .M~I. les Membres du
Cpnseil général des Bouches-du-Hh ône ont droit à
toute notre gratitude ; je leur en adresse l'hommage •
« A vous aussi, M. le Maire, l'Association sait ce
qu'elle doit. Parmi YOS qualités d'élite, et elles sont
nombreuses, nous, Etudiants, en retenons une surtout, c'est votre grand cœur qui nous permet d'aller â.
vous comme vers un frère aine.
« Cette sympathie que vou nous avez prodiguèe
sans réserve, Yous ayez rn la faire partager à votre
Conseil Municipal, à qui nous sommes heureux d'offrir ce soir l'expression de nos sentiments reconnaissants.
<t hlonjeur le Commandant d'armes, mon Colonel,
vous nous avez fait tous deux le grand honneur d'accepter notre invitation, vous ne sauriez croire combien nous sommes touchés de Yous Yoir consacrer une
soirée â. des jeunes gens, dont plusieurs vous a"Jront
pour chefs demain et seront, par suite, à même de
savoir que votre haute intelligence n'a d'égale que
votre grande bonté.
« Monsieur le Professeur, il est inutile de YOUS dire,
je pense, la joie que nous ayons eue en vous voyant
entrer dans notre local. L' Association privée des maitres de la Facultè n'est-elle pas comme une orpheline? Aussi soyez ùrc qu'en échange de la :.yrnpathic
riui descend des profess<' ur vers les élèves s'établi t,
en sens contrait·c, nn courant de rraic reconnaissance
et de respectueuse affecti on.
cc Messie urs les Membres de la magistrature, je
vous exprim e tous mes rcmerciments pour a,·oir bien
voulu , ce soir, nous honorer ùo votre visite ; accou<<
�-
:1G -
tumès que nous sommes :\ YOU3 roi r au Palais, nous
L' prou rnns d'autant plus de plaisir mai ntenant à vous
YOir dèpoui llès de celle robe tlonl les plis noirs n'ont
rien de bien riant.
« .J e ::.uis heu reux d'arpercevoir, clans cette salle,
deux. prè:,.i<lenls honoraires, à <fui !'Association doit
::.a pl'Ospèrité, notre ca 111·1raLlo Sa u,re t, que tous l.es
Etudian ts ont la joie de con::.idcrcr comme un des
leurs, et notre camaratle :\luterse, dont le passage a la
prë::.idence est encore trop rëc.:e nt pour qua nous ayons
ouhli è quels sen·ices il non:. a rrnd u:-:; ! J e n'ai pas be·
soi n de YOLIS rappeler non plu le <lëvouemc nt à toute
èpreure de notre camarade H.imbaud. Le cahier des
procès- verbaux de no-=> ::.èanccs est là corn me prouve
cle son zèle infatigablr.
« .Je prie Me. sieurs les Dèl1'guës <le:; Cercles d'ètre
nos inlerpretes aupri's de leurs c;ollcgucs pour leur
transmeltre l'ex.pression tlu plai::,ir qn'ils nous ont fait
en participant à nolre rèunion.
c1 .Je rnmercie aussi r'galemenl Messieurs les reprè·
sentants de la presse, à qui nous ne saurions manquer
d'ètre reconnaissants de la gracic usetè avec laquelle
ils ont tou.iours mis à notre di:,pojtion le conco urs de
leur publicitè.
(( A vous tous, l\lessieurs, je lhe mon verre ; à
vons tous, encore une fois, merci ! »
- 37 -l' éclat bruyant de la j eunesse et de ne point chercher surtout dans des ::.aile::. de jeux les p<i les distracLion s c1ui con dui se nt aux rn inC's.
A so n tour, le colonel La P orte pri t la parole et dit,
clans une lang ue viril e, que pa rfoi-s « cedant arma
togae »,et que cc soi r il ètait heureux. de venir choquer son ve1-r0 à la sanlc de celte jruncsse intellectu elle qui est l'cspoit' de la na.t.ion et qtü saura donner
dans l'armée l'exemple du llovoir et de la discipline .
.M. le professeur .Jourdan, ayant len n à Yenir passer
la soirée au milieu des ètudiants <fui l'aiment comrne
un pcre, pronon ç·a un discou rs plein de Yene qui fut
marque par des applaudi ::.:;ement:; et <les braYos rèpétès; ici encore, les ètu<liants tiennent a remen:ic r
~I. le professeur J oul'da n d'ayoir bien Youlu rehau::iser, par sa près9nce, l'ét:lat de celle fêle et lernr son
verre à la pro~pcritc de 1',\.ssociat" on.
M. l'aYocal gënèra l r\rrig hi , a bien voulu, l ui
aus::;i, assister à cette manifc:,talion de camaraderie et
de confraternitè un iver:;ilairo; il a exprime tout ::ion
plaisi r de se rclrou,·er an milieu des ètudiants, à la
sa nté de quels il èlait li enreux de porter un toa::it.
:\l. Laugi cr parla ensuite au nom ùo l'Onlre <les
.\. vouès et as:>urn que }(':; eludiants seraient toujours
bien accuei llis a 1' « .\ Lhênée Scxtio, dont il a l'honneur d'être le presiclont.
:\ü!. .Muter::.e cl 'au,·et, an1.;iens prësidcnls Je r \ ssocialion, on t Lcn u à IH'u nn r u:lc fois <le plus les lien:;
d'amiti e 11ui les un isse nt aux: membres de L\:;:;oc.:ialion en viclanL leur Yerre :i la :;antë del' « Ass. >> 11uï l
sont heure ux de' oi r prospèrer sou · la di rection li ahi le
et éclai1·ôe de son sy mpathique président :\loites:::.ier.
Le champagne coula bi entôt en pètillant et los coupes débordantes et fu mantes furent gaiement 1.:hoqtu~11 s
de toutes part avec tles vibra tions cristalines.
1
Tolre sympathique maire, )If • Cabasrn l, remercia,
avec son èloquence accoulu mêe, le President: de ses
bo nnes parolrs c l des senLimcnls de sincère am itic
fJUC les étudiants professrnt a l'e nco ntre du premier
Mag-i:;trat de la vi ll e d'Aix. :\I• Cahassol termine sa
brillante allocuti on en conse illant aux étudiants de
bien profiter de leurs belles années, d'en protlter avec
�-
- 38 Au co urs de celte inoubliable soi rèe, il nous fut
donnè d'apprécier la belle voix <le notre camaraJe
Avram otf qui chan ta aYec une intinie perfection H i/da,
,_,;,•rge 011 pnle so11rirt', aYCC accompagnement du di sti ng ue maestro P ell in , prof'csseur ùe m usiqne .
M. de Bottini fot ègalcmenl très goûtè dans sa j olie
romance, j'ai Rh·é de t'Aimer.
Le camarade Berrutty <lit avec finesse un monologue intitule Le Piege , et M. Ilenri Brun prononça
d'u ne Yoix. chaude et vibrante un éloq11ent discours
en Yer:; adressè aux èludi ants et dans lequel il leur
c.:onseillc d'arnir de la force et du courage conlre la
''ie qui parfois est mechanle : celle bri llante et poétique allocution fut souli g nèe par une triple sal ve d'applaudissements.
En terminant le comple rendu de cette soirée, il
nous rest.e à féliciter les commissaires :.IM. Vachier,
Ro ux, P ortal et Farnet qui par leur surveillance active, par leurs soucis dévo ués, contri buent puissamment à l'èclat de la fête en l'org ani sant dans tous ses
détails, avec una parfaite minutie.
H. B.
30 -
Les pas a nts qui m ontaient, l 'autre so1r, les clésertes allées du Co urs Mirabeau s' étonnaient, à
b on droit: de Yoir, sous la lampe jaunis ante du
'I'héâtr c, se profi ler des ombres p ressées et nombreuses. On n e Yoit µ a · d'ordinaire u!1e foule aux
portes clu 'l' héfttre l\Iunicipal l or sque - par permission de Monsie ur l e 1\laire - une troupe de
passage se risque ur n otre scèn e. C'e t qu'un int ér êt particuli er attira it. ce jour-là, un public di,.;t ing·ué et cb oi i : il 'agissait d'aller faire œuYre de
dilettanti me. de charité et d'encouragement à l a
fois, il s'agissait ù 'applauclir des artistes, <l'encourager de j eunes étudiant pl eins cle bonn e Yolonté
et, soit dit sans or g·ueil de talent, il s'agissait surto ut de faire un e la rge et agréable aumône. Voilà
p ourquoi la lampe j aunis ante, tran form ée en
ét oile susp endue <la n la nuit, appelait de son tranquille éclat ceux qui ainsi s'ach eminaient ve1·s l a
charité. Prometteuse de d istracti ons et de plai ir ',
elle n 'a pa menti et j'ose pre que clire qu'ils n'attendront pa: que "' le bon Dieu le leur r ende -.
pour avoir un e part au moins de leur récompen e,
ceux qui on t r épon du aux pre sants appel de nos
commissaire .
J e sais bien que la mu ique e ~t à ln. mode et
qu 'i l est de bon ton de sortir enchanté du Concert
en vog ue, où de mortelle heures on a enten<lu en
baillant gTincer l e Yiolon ' et miauler l e hautbois. Mais il n'en fut p oint ain i du Concert de'
Etudiants et n ou a imo ns trop peu l es n ob pou r
ne pas r edouter qu'un pareil entiment ne conduisît chez n ou ce clilettanti à faux. Au i tou ~
les efforts ont-ils été fai t p our éviter l 'écueil r edoutable de la m on ot oni e et j e crois, en rappor t eur impartial , p ouvoir affirm er i ci que le content ement des sp ectat eurs était iuche et exempt
�-
<10 -
ll"affectation. Nou · devo u · clone savoir gré aux orcrani·ateur.:; d'avoi r atteint ce r ésultat difficile.
;:-, Chant ·, musique, monol ogues, saynètes, tout
était barmonien ement et h cureu~em ent mêlé pour
('barm er et distr aire. Au si, quoique r épétant simpl ement ici le sentiment public r ecueilli ~' une
oreille curieuse aux propos enteuùu ou surpris au
foyer, clans les couloirs, it la ortie, j e ne veux pas
êti·e taxé d'exao·ération
clan s m es éloges et j'mme
0
•
mieux ab order implement l e proCYramme qm rappellera à ceux qui y furent de clél~cieuses impres:-;ion ~ cl"art et fera cruellement . entn· a ux autres le
r egTet de leur absence, ju ·te punition de leur inesthétique amour de se coucher <le bonne h eur~, ?our:,feoi · indigne <le goûter aux rcgal arb tiques
d 'étudiant .
~o:; collaborateurs fidèle ·, les mu ·iciens du r ég·iment, en vaillants troupier · ouvrent briliamment
le feu par un morceau de la D a11ie de Piqiœ, de
Suppé. P endant que l'harmonie puissante et savamment conduite emplit l a salle, les r egards se
posent a\·ec plaisir ur le coquet décor que font les
uniformes sur l a scène. L e coup d 1œ il est plus
aoTéable encore lorsqu'on se r etourne du côté de
salle 1 et je sais tel de no· camarades dont l'œil
a brillé en co ntemplant aux l og·es et aux premières
de sédui:-;ants visages aux g racieux somires.
::\lais lïntérêt du spectacl e rappelle l'attention
Yers la scène oü le progTamme se déroule sous l a
:Sûre direction d'un r égi :Sseur impeccable.
L a musique et les c h ant~ se partagent à l' enYie,
l e,:; applaudis ements, clont un e ample moisson r evient à 1\1. J ean, le hautbois dont la. vill anell e
t ouchante sait~ g rftce h la ma(:. trin, cie l'artiste, pén étr er et ra,Tir ; ;LM. Hothi er qui détaill e avec finesse le prologue de Paillasse et nous interprète
avec beaucoup déclat l es D eux Urenadiers et Le
Co1·; M. L espagnol nous donne agd·ablement cleux
œmTCS de Pierre Dupon. D eux étudiants, MM. de
Bottini et Maupomé ont le mérite de savoir gla ner
à côté de ces maitres des bravos bien mérités.
1:
- 41 Mais les organisatems, sachant q~e si la mu~i·
que sédu~t toujours-, e~l~ lasse ~uss1 quelquefois,
nous avaient r éservés 1 h1 larant mtermède fra~co
provenç.al de l\I. Fo?carcl-R eve.st. ~a ~alle. entière
bisse avec enthousiasme cclm qm fait: y1vr.e en
en scène le type marseillais aYec ~n e on gmahté et
une intensité que n e connaîtra bientôt plus, h élas,
le pittoresque quartier du vieux port.
D eux pi èces, une dramatique, l'autre comique,
clôturent ch3:que par~ie du pro,gramm~ .. Talents e.~
pleine matunté d artlstes ou de buts he itants: ma1:s
cependent louables de camarades, charmen.t la
salle et nou n'ayons encor e que des applaudisse·
ments à enregistr er.
Lasoirée est finie, mais notre tâche ne l'est pa .
Interprètes de l'A sociati on tonte ent_ière, n?us
avons le devoir cl'adre er à ceux qUt .01:t bien
voulu nous choisir comme leurs intenuéd1aires ~n
tre l eurs âmes charitabl es et les paune,, nos mcères r emercîmen ts. X ous le cleYons à tou ; aux
autorités, dont la hi c:m 'eillm1 ce, jamais dém<.>ntie,
n ous fln,tte et nous outient; à nos profe seurs,cloi:t
h présen ce est un c11com:agcment ~t un appm;
enfin et plus . pécialcment a celles qm ont veu?es
apporter à notre main tendue le charme et la grace
qm. lui faisait cléf'.lut:
. ,
.
A tous ceux qm nnrent. merci: , a. tollS. les aiti tes, bra Yo: n~ us e!'pér~n que. ~·ea pparai ~ant à
la ·aison procham c. 1 étoil e a u feu tranq.mlle et
doux qui Yient de s'étei ndre aYeC l e derniers accord, de l'orche ·tre pourra r edire aux paun-es de
la vill e 11uc de n ounau la Charité oun-e ~ur etL"\.
son aile.
l\I. I.-M. C.
�- '3 -
- 42-
Au Square
SONNET
.Su r 1a Con fiance du Poète
A Danit:l Berrulty.
en matière d'Am 6ur
Très blonde, impérieuse, avec dans ses yeux ,·erts
A L. Teissier.
Le regard provoquant et clair du maître d'arme,
.Elle passqit, sous l'œil anodin du gen_darme
L'or ptili des 111isscfs parmi la cheuc!tlre
S'ipanouit, médieval el ftorwlin;
Et de Thulé frileuse aux palais d' Aiwtin,
Nul ne peut célébrer, hors moi, la ciselure
'IJe ce. casque odora11/ que la 11a/11rc a teiM.
flux des cheveux 11imba11t le lait de l'encolure,
Graa passionnée, étrange ca1111dure
'IJe celte floraison que le rfvc 11'allrint
1
En moi seul i·ous pom!ez trom:er un interprète,
Et dans l'rn.•al miroir que mon génie apprête
~lirer t'-Otre beauté de la nuque aux f!tlons.
Qui p;iradait, rt:vant de bottes à re\•ers.
·Son col frileux, emmirouflé de menus vairs,
Avait le galbe exquis, le style pur, le charme,
Le gr.âce qui subjugue et la force qui chafme,
1lit son allure ava it le rythme d'u n be.1u vers.
Ses talons ta potaient d'impertinentes gJmmes
Su r le sol régulier, aimi qu'un jeu de dames,
,Et tandis qu'elle allait, les mains <l.ins son manchon,
Daniel se rerournait :m frisson <les malines,
..Aussi, je ne crai11s poi11I l' œilladc lîbe1•fùte
Des séducteurs dt Cour et des pages filons,
Quï ne savt11t polir la strophe ada111a11ti11e.
j EAN DE P IERREFEU .
Mordu par le désir comme par un bichon
A qui le visiteur refuse <les pralines.
] &A!-1 PE P1ERREFEU.
�-
POMPONETTE
NOU VELLE
A I I. Kaufmann,
l:.n souvenir du Carnaval d' Aix.
I
Les oriflammes jaunes el rouges tlollaient allègrement par la ville. Sourianle et raje unie dans son manteau des grandes fèles, .\ ix sent, dans ses veines de
viei lle, revenir la chaleur et le mouYement des fo ules
cle jadis. ur le cours 1Iirabeau Lruyant, le tourbillon bariolè des ma ques hude et cric, le paterne roi
René semble agiter sur sa cité la marotte de la Folie. Tous les bruits, tous les ehants éveillent les échos
endormis, et le passé ressusci te; les antiques caria tides, qui grimacent èLernellement à la porte des hôtels, comme lassès dit poicls des ans, voient défiler
encore les gilles et les ad equins du joyeux siècle <le
)lirabea u, Pierrot revient chanter so us leurs Lalcons
les sérénades qu'i l adressait aulrefuis, par le clair <le
lune, à la ma1·quise C..:olomuine de ~on rè\'C ·
'
Qui dans le clair décor, où sa Yision passe,
Joua de l'éven tail, d'un doigt blanc si fluet
E t, d' un pied si mig11on, glissa le menuet ( 1).
Sa majesté démocratique, Ca rnaval XX. .. ., descendant d' ~n e dynastie dèjà long ue, souverai n éphémère,
mais tout puissant, en tre dans sa ville au bruit joyeux
(1) Emile Veyrin :
XIIL
s~ne
<l
L'Emba.rquement pour Cythère >, acte II,
4j -
des mirlitons. Da la panse rebonclie, de l'ènorme poli chinelle, un èdat ùe riro inextinguible semble monter
vers le cie l bleu. La mignonne Souveraine, qui symbo lise la ci té, est assise au près de lui . c ·est la marquise Pom ponette, fière et jolie dans ::.es falbalas et
ses dentelles; sa robe à panier et ses cheveux blonds
poudres à frimas en f'unl une cles plus dèlici eu::.es ber·
gères de \V;:itteau . Tout autour, une cour d'arlequins
et cle pierrot · fèminins chantent avec accompagnement ue guitares ::.ur un vieil air de menuet. Le char
enorme, prëcèclc cle la tht'!urie blanche des voitures,
::.c <lirigc ver-. la plac.· <le la Rotonde, où aura lieu la
hat~i ll e <le tklt l'::.. La fou le se presse, criar<le clans
l' t!xpre::;sion, t'Obu::,t1• de sa joie de vivre, acclamant le
::.uu \·en1in. L'e~Jin bigarré <les confettis Yoltige
dans l'ait', pnis s'ab::it i:.11r les minois rieur:;, ur les
bér "ts ëlèga11ls et prornq11ants des jeunes filles, sur les
clrnvelures noires et blondes. Les petits papiers tom bent ::.ans ce::.se, nuées multicolores, les rires et les
rirl's et• les parolL's ful le:-, les lazzis et les cris tournoient et se heurt1'nt, comme les tourbillons clu tleuYe
P-'ru laire. La marquise l'omponetle ourit, car sa grat:icii:e mnjesle reconnait l' hommage rendu par toute
cr·Lte joie à sa l1ea ut<'- triomphante.
[f
Co mme l'avail dit \ I. le l' ré::.itlent du Comitè, gni a
quelq ue li ttêraLurc en sn qualité de journaliste : « Elle
rend bien de ce temps la n1ig nonnc pein ture ». Pompo nctle n·avail pas Lri>s bien comrris d'ailleurs, mail)
elle ru t fort joycn:;o, rp1anü on lui propo;,a, à elle, la
petite Jnlie, la plus jl'nnc do l'atelier, de jouer le
grand rôle <le la l"ète. On l'avai t choisie à cause de i:.es
�-
.1(3 -
grands yeux bleus, du rire continu de ses lèH es roses et de la gaietè fo lle <le ses boucles blondes. Ses petite~ amies, malicieusement jalouses, l'avaient ::.urnomm èe, dès lors, « la marqui se Pompo nette • ;elle
acceptait sans trop d'impatience leurs sarcasmes, espérant triompher et jouir <le leur llëpil au gra nd jour
du Corso.
Il était venu le jour ta nt désiré, Pomponette est
reine, ell e se croit la prince:::.:::.e heureuse de tous les
ro ma ns <l'Ale:xand1·e Dumas et de Georges Oh net, qui
exa ltent sa jeune imagination. 0 11Llices la maison pauHc et obscure. les rni:::.ére:s journalières et les en nui:: . du
travai l, la jeune OU\'l'ière e:;t Lien« la marqui:::.e Pomponette ». N'a- t-elle pas la gaieté folle et la grâce
railleuse, avec nn rngne a llang'.Jissement dan s 1~ regard de ses yeux bleu::. ; so n àme est fraiche et neuve,
avec la perversité naïve de cell es qui furent ses
aïenles, au temps <le Louis X V et de la Pompadour ? Et c'est pJurqnoi, avec la petite fée, comme
l'avait prédit 1'I. le .Pré:::.i<lent , i I:; ::.ont reve nu~ pour
la vi lle, les jour::. <le jadis.
Il J
Le char s·est arrêté prè:: . <le la tribune du jury. Sa
- 4î que <le regards, que d'intrigues s'entrecroisent et ~e
mêlent, et le rire énorme de Carnaval plane sur tout.
So ns l èclat du solei l provençal, Pomponctte domine
le co mbat, les plus beaux bo uquets l'accablent, elle et
sa cour. Un prince charmant, dans son landau magn;fi.qu ~m e nt tleuri, lui jette, à chaque passag~, d'énoru1es IJouquet:::. tle J:> à4 uerettes; elle f'n épingle, en
riant, un des plus beaux à son corsage. Une :::.ympathi e de so urires s'établit bien vite entre les yeux noirs
du chevalier et les yeux bleus de la marqui-:::.e, et le
combat continue longtemps dan~ l'anima ~ion joyeuse.
Puis les pl'ix sont di:::.lribuès. A\'CC un joli :::.ou rire
et ~n petit tremLlement dan::. la main, la jeune tille
r~ met la ban nière au vainqueur si acharnè à la comballre ...
La i'rtc e:::-t fini e .. . , lrs \'Oitures ::.'en rev_iennent dans
la pou=s=sière et clans le brnit, la foule s·eco ule: les musiques font rage. A l'h orir.on, le soleil rougeau<l va se
coud1er dans les nuages vio lets. Le char <le CarnaYal remonte péniblement le (;.()U rs Mirabeau dans les
flots presses de la foule, c deco upant sur le ron<l du
cie l èmpourprc; les derniers rayons jettent comme
une pluie d'a,·euglants conl'c ttis d'or dans les yeux
èbluuis la ville toute entière semble rire et chanter,
'
c'est l'apothéose <le la reine Pomponette.
~1ajestè prèside au corn ha ·, les voi Ln res dccorèes en-
tourent, comm e une couronr.e de lieurs, la fontaine
monumenta le. Les ho!lquets de vio lettes, le::. branches de mimosa YOlent et se croisent, les chars dèfilent toujours. Ici, de ge ntils yeux noirs sou rie nt clans
la blancheur des muguets et des nar~isses, les dolmans blancs se détachent sur le bleu des violettes et
les œi llets roses viennent porter des baisers parfumes
à des lè vres qui leur re$semblent. Que de pem,ées,
IV
Les orilhmmcs ne flottent plus snr le vieux Cours
muet el <l~sert, plonge d·ins l' repo:s, aprè:; les insomnies et les excès de c<'s qucl<fltes jours. L"s derniers
bouquets fan ent au rnis ·call; quelques confettis allardè-s volette nt ::.ale::. dans la pou::. ière de ) fars, comme
des rna~ques fatigués et sordide titubent en rentrant
�•
-
1~
-
chez eux après la l'ète. Pomponellc a repris sa robe
moJc ·te <l'onHiè r·c et grigne lentement l' atelier . La
reine d'hier passe inaperçue <lans la f'ou!e. Un vague
dèpit, mèlé <le regret, lu i vient au cœut", elle voudrait
e!1corc C•tre sa l11 ce par le:. liomm::i grs drs pa s~a nts. E ll o
rent.:ontre le galant cl10va lier, raintiueur du tou rnoi,
re<leYenu l'etu<liant X ... , il ne relllarquepa::; la fi llette
aux pauvres ato urs minables. Une tri:.tesse profo nde,
une forte envie <le pleurer l'c11\'<.1h il to ute .. ., il e:.t fini
le joli r}ve, la rei ne d'hier r:.t re<levcnue l'es<.:lavc,
:.on n·gard el son :.0111·1rf' n'011l plu · de <.: harrn c. Pour
L1 première foi:;, elle regrett~ :.a pau r roté, cl ::-ou IT're
de la lourde servitu<lc du tra ::iil. ~ans li àte, à regret. elle :.'achemi ne, pui::. gri mpe le::. Jeux étages de
l'e::.t.:alier sa le, qui mène à l'ate lier.
Comme le :.olei l, q11 i rit à tf'a\'ers lPs nuages, le
soureni r éclaire tri:.tement son cœ ur par moment da ns
la g-risai lle de la Yie journali crc. El le souffre d'un
granJ be::;oin de luxe, de liberlè et de uonl1 P. UI', puUl'
qu e puisse ::;'èp:tnonir, !leur prinla nicre, sa j eune
beauté. Ils :.ont erwo lés les <.: bants et les rirL'::. de :.on
unique jour <le joie, Lonqnels cpli èmi'res, ge rbe li ce
avec <les ruban:. fragi le::.'. il ne rc:.lc plus q11c la la:.:.itu<lc <lu lenJem:i in pitoyable cl parfumé <.:omm e une
vio lette fo.nèc.
_\ gacée, elle effeui ll e nrw à 11ne lc's peliles pàq uerl'lles <lu bouquet qui ornent cnc..:urc l-Oll <:Or:::.age, tandis que !"aiguill e re:.lc en :.u:,pcn::. ::- ur l ourr:igc co1n10encc. 1'ra,·:::ii ll e, l'11111po11elle, Li·a,·aillc: il fo ut te1miner avant le soir la robe de !Ja l, qn'nnc j cnnc tille,
plus fortu nèe que toi, au ra h cltanl:e de pos:.è<ler toujours, reine Lou te pui::;sa n:c cl ::i uth en tiq ne, dan s le
triomp he L!e sa riche jcuno..:sse. Tu n'ètai::. qu 'u ne marquise de Carna,·al, pauvre petite! el lc•s rcp10d1c:.
1
1 uclcs de ~1' •• Clara, ta patronne, .cl les c1uolibet:. des
- 49 petites amies sont là pour te rappeler à la réalité.
L'aiguille s'agite de nouveau, sou ' les doigts l as
qu'elle a souvent blessés; les yeux bleus se perdent,
rêveurs dans le coi n <l'azur de la fenètre entr'ouverle,
puis Pomponelte baisse la tête, et son cœur pleure au
souvenir de sa royauté perdue.
L. T.
A
Quelque
Jolie Fille
ÉPITRE
....lla f'oi, je veu.-v, JladeoioisellP,
Vous ai111er tout le Ca1·1wNtl !
J e suis asse:: yai, vous /01·t bellr',
lt acll-ient de tom!J,.,. plus 11ial.
Ln saison est en tout cluu·nuude.
011 peul drrnsf'I', 1wit·e ù 11/(li::.ir,
Et cœtel'a... si ça cnus diaute.
Quelle lio1111e au/Jai11c c) soisii- .'
I'1·ofi'to11s-en, soyo11s
l/(11iile.~.
Valso11s, fl'inq11011s ... , on liieu, tene:.
U1·iso11s 'l)ufre mère et, t1·anquiLles,
Emb1·assons-nons pl'esque à son ne::.
�- 50 -
C'est u 11e fa1'ce fort
-
11e1·mi.~e,
51 -
CHANSONNELLE
Qui nous rn blâ111f'î'a ja111ais?
D'ailleurs, 1'1tobit
fjlli
Gatde de l'indisc!'élion. 1lfais
Tout fuit, sachons-le reconnaill'e 1·
Népuiso1is pas 11ut1·c bunlte111· :
Ou plate, ou sotte, j'r-n ai peul'.
so.r;e.~,
Princesse, vous 111011n·: dn11s l'ombre d11 Manoir ...
Le duc ha11tni11 prt'lld di•s cn11•sscs n11x Croisades .
. . . Ouvrez la ialousic, je /ana ma bal/ad<',
fele:z-moi du balcon 1111 s1•11/ baisn d'espoir.
'
La µ·a setait fl'istr>. peut-t-tl'e,
,_oyons
A M11e C.A.
nons dé9iiise
9tlessire D11c est loi11 de l'ombre d:s lo11rclles,
L'lnfidèie longtc111ps fr l't'ficndra là -bas;
... 'D'a/tmdrc SI}// rt'lo11r 1:11s y.:ux me St'mbimt las.
Si ·voire 111ai11 rn11/ail m'om•rir la passerelle ...
illade1110iselle,
.Ai111ons-11ous tmll le éw·1wral1
Puis, moi !Jlli fr11~j11111·s et 1•ous l1elle,
Uublions-1wus uu den1ier bal.
L. G...
Devant le Roy, frr prw.\ tl frs blancs go11fn11011s,
li g11crroye 11obfr111ent po11r ,\fadnme l'Eglise;
... Dans !t· brocart t'I fr satin ro11ge-w ise
Laissez crier << 1\fontjc1yc ! » a11 sàg11i:11r C11pi1hi11 ...
Ta11dis q11c son épà, P•"1111h' n11 p.1i11g, /tllll'llll)'t"
Frappa11t fr Jfrn/1111/ dt' !t111rds baisas d( Ji·1,
. . . VM lévrts da11111·1w1t dt' /1>11~rs baisers de· chair.
Doul s'i//11111i11cra <~'fr,· 1ri/ Mm q11i larn;oyc ...
Jentmds pa1!t1 h1n 1ir d1110 /,· 1al1111· d11 soir
Au-dessus d11 ba/rc)IJ, ta 111ai11 <t'l'S moi sï11cli11.: ...
... Vous /'wtrom•1f-;_ ... , la clrj i ' m éd•appt m s1J111di11c .. .
Ah ! ... Nous partons nussi f><.111r la g11nn· cl' so11 ! .. .
Y. B.
�- 52-
LE PETIT ANTONIO
.\.ntonio avait a pei ne attei nt sa douzième année,
qu and sa mère le cond uisit pour le !'aire embaucher à
la :>oufriere voisine, où so n frère "enait de laisser un
bras sons un èbou lement.
Que \'o ulcz-Yous, il fallait bien \' ivre ! La perte de
ce bras a\•ai t entrainè malheureuse ment la perte du
pain, dont on ava it rudeme nt besoin à la maison pour
rassasier ci nq petits enfa nts aifamrs. L'aîné d'entre
eux èlait .\.n tonio, pas plas haut qu'une botte et si
pâle E't si inaigre qu 'en le YoyanL le contremaitre n'avait pu s'e mpêcher de hocher la tète d'un air de pitiè
mèprisa nte. Nèan moi ns il le pri t en service.
Anto nio pleura beaucoup, la première foi s <1u'il descendi t dans ces ga leri es 50nterraines, tèncbreuses, à
peine èclairêes, çà et l:i , par la lueur blafarde des
lampes des mine urs. Que so n cœur ètait gros, quand
il gri mpa ces centaines de marches, san chaussures,
demi- nu, hors d'h aleine, courbè so us le poids de sa
corbei lle de so ufre, qu'il soutenai t à gTand peine d'une
mai n, tandi s r1uc de l'a utre il portail un lampio n de
terre dont la lueur èd airait son chemin douloureux.
Cepend ant il avait Uni par s'accoutumer à celle vie
d'enfer. Peu à peu se:-; yeux s'ètaient déshabitués de
pleurer: mais secs, hébètes dan s ce pauvre pelit visage qui s'émaciait de jour en jour, ils n'en montraient pas moins la plus lamentable détresse d' une
douleur lasse et résignce. Oh ! le labeur jnfâme, qui
le détruisait lentement! Encore s'il devait durer tou-
- 53 jours, il y aurait ell de quoi remercier le ciel, car le
produit du travail de cet enfant de douze ans apportait un peu de pain à la maison.
Malheureusement, un beau jour, la mine suspendit
son travail. Le prix du minerai était tombé si bas qu'il
n'a urait plus mèmc suffi pour payer des cailloux si
l'on eût extrait des cai lloux au lieu du soufre . C'était un vrai fléau!
- Mordieu 1 Et comment allons-nous faire? s'écria le manchot, qui avait à sa charge neuf bouches
sans compter la sienne.
Le père et l'enfant sortirent tous deux, cahin- caha,
le menton en l'air, les bras ballants. En chemin, ils
re ncontrèrent d'autres bandes d'ouvriers aussi découragés. Ils revenaient de la ville voi5ine ou ils avaient
vu le Maire, le Préfet. Mais, rien à espèrer 1 rien que
de belles promesses, pilules ordinaires qu'on leur
avait mises dans la bouche pour empêcher la faim de
rendre furieux .
La mère avait vendu jusqu'ici son dernier meuble.
Et maintenl nt, folle, accoudée près de l'âtre étreint,
ell e se lamentait, en pensant à tout ce dont avait besoin sa misérable fami lle. « Oh ! du pain, mon Di eu !
s'écriait-elle par moment, tl0nne1. du pain. » Et sa
douleur augmentait enco1·e. quand elle regardait ses
plus petits enl'ants qui , se roul:i.nt sur le sol, criaient :
- J'ai faim, o maman du pain!
La scène était trop pénil·le a supporter. Brusquement, la pauvre femme so rtit et s'enfuit.. \u lieu oü
elle vint se réfugier, se trouvaient déjà son mari et
son jeune Antonio. Il · se mêlèrent à la foule d'hommes, de vieilards, misérablement vêtus. J:ous avaient
une expression de rage exaspèrèe crans leurs yeux.
- Aux sou frières t aux soufrières 1 nous la forcerons bien à nous faire t1·availler J au.1 soufrières !
�- 54 Et alors ce cri , répèté par dix par cent, par mille et
mille bouches, èclata comme un tonnerre, et rr.onla
vers le ciel, unanime, presqu e fèroce.
- Du pain et <lu travail.
En tète de ceux qui criai ent, le petit Antonio agitait son grand mouchoir rouge, co mme pour montrer
que lu i aussi ètait là el qu'il joignait à la clameur des
autres son petit cri clèsespérè.
oudain, une voix courut dans le tumulte !
- La troupe ! La troupe.
'l'outes les tètes se tournèrent rers l'entrée de la
place, par ou arrivaient des so ldats baïonnelle au t.:anon. Un frémissement plus fort parcourut la foule,
une indécision, une angoisse que rendit plus vives
une longue sonnerie de clairon. Plusieurs reculèrent!
~fai s voi là que soudain, ,\.ntonio s'avance intrépidement vers les soldats.
- Que diable! cri ait-i l ùe sa petite voix, nous ne
voulons de mal à personne. Cc que nous Youlons, c'est
<lu pain et du trav ail. Il e~t impossible qu'ils nous
massacrent.
Et, les autres le suivirent et se portèrent en avant
sans prendre garde à une nourelle sonnerie de clairon, qui, là-bas, au fond de la place, recommençait 3
les menacer.
Enfin, une tro i~ièm c sonnerie retentit, plus aigüe,
plus prolongée, plus sini stre. Il ) eut un silence imprévu, puis une clameur de Lempète, un rugissement
<l'indignation. La fou le se poussa en avant frémissante, terrible; lec bras se leYèrent, des poings se
dressèrent.
Mais, tout a coup, une lueur rougeâtre, suivie d'un
l.inistre fracas, apparut. Une explosion eu lieu dans
un nuage de fumée : et aussitôt après ce fut un hur-
- &J lement èpouvà ntable de _gens qui s'éparpillaient dans
une fuite échevelée.
Alors apparut un spectacle horrible. La place, devenue subitement déserte, était semée de cadavres ensanglantés, de mourants, qui se tordaient dans les
affres de l'agonie.
Et là-bas, seul , à quelques pas de la troupe, était
ètendu et immobile, la tête frappée d'une balle, un
pauvre petit corps d'enfant, auprès d'un mouchoir
rouge qui re~semblait, lui aussi, à une large tache de
sang.
Aix·tn-PYo-venu, :16 man 190.s.
LËoPOLD
E y OT .
�-51-
56-
ASSOCIATION
Dans l'aube enténébrée, la plaine
~e
S éance du, 6 Mars 1905
déroule
En mornes infinis, sous un ciel teint de sang,
=
Où les taureaux trapus viennent rouler l:t houle
De leur croupe velue et de leur rein puisssant.
=
La Sèance est ouverte à 9 heures sous la prèsidence
de Moitessier, prèsident.
Au loin, comme taillés dans des marbres antiques,
Ec pieux au poing, torse cambré, jarrets nerveux,
L'ordre du jour e.:.t ainsi conçu :
Surveillent le troupeau bondissant des grands bœufs.
Envoi d' une dèlègation au XV llm• Congrès Universitaire Italien devant avoir lieu a Pavie du 25 au
29 mars.
Pui s, le soleil saignant comme une plaie béante
Le principe de la reprèse ntation de l'Association à
Pavie est adopte à. l'u nanimitè.
Les • gardians » à cheval , muets et hiératiques,
Laisse couler à Bots un ruissellement blond
Plaqu:mr de tons poorprés l'or fauve des toisons
Tel un Génie Tiran, qui d' une main Sl\''.lnte
Cisellerait soudain un rêve éblouissant.
'
Le P résident fait savoir à. l'Assemblëe qu'elle peut
compter à. cette occasion sur un ecours pécuniaire de
la ville; le chiffre n'en est pas encore tixè .
Le President déclare avoir également écrit à l'Association de Paris pour lui demander une subvention
pour les dèlègués aixois, puisque ces derniers sont
chargés par les étudiants parisiens de les remplacer en
'
Il fait jaillir de l'ombre un monde p::ilpitant.
F. G.
Italie.
Moitessier ajoute que l'état de la caisse nous permet
de voter une certaine somme pour couvrir une partie
des frais de ce ux d'entrn nous qui iront a Pavie.
U Assemblée docide d'attendre les réponses de la
Municipalité et de l'Association de Paris pour se prononcer sur ce point.
�- 58L'exposé fait par le Président de la situation financière de l' Asserublèe amèpe une digression sur le
Concert de Charité. On propose à celte occasion une
réception à ]'Association. Le Président montre que si
l'Association peul se permettre de s11bventionner ses
délégués 'à Pavie et faire ainsi preurn de sa vitalité
elle n'a pas à s'engager dans de dépenses voluptuai~
res exagérées. Il met cependant le projet aux voix et
celui-ci est adoptè à deux voix de majorité.
Sur l'observation d' un vieux procédurier, l\Ie Sauvet, Moilessier annule ce vote relatif à une question
non prérne par l'ordre du jour el lève la séance
à iO h. 1/2 au milieu d'une agitation quelque peu
parlementaire.
-59-
Séance di~ 20 }.fars 1905
La séance e t ou verte à Ç) heures sous la présidence
du camarade ::\Ioitessier.
Le Président commence par déclarer à l'Assemblée
que certains membres ùe l' A~socialion lui ont fait une
vive opposition dans la quinzai ne qui vient de s'écouler
et cela parce qu'il avail annulè un vote lors de la dernière réunion.
Moitessier explique quïl a agi de la sorte pour deux
raisons : les statuts lui en donnaient le droit ; et surtout il était inquiet de voir 1'.\ s ociation s'engager dans
des dépenses inutiles; c·e~t l'intérN de l'.\ s oci:i tion ,
dit-il, qui a clict6 sa co nduite.
Jl ajoute qu'il ne restera à la présidence que s'il y
est entourè de la sympathie générale: les ëtudiants
ont la sienne, il veut avoir la leur. C'est pourquoi il termine en demandant un \'Ole de confiance. Le oui
seront la réponse de ce ux <rui la lui continuent •
les non celle de ce ux qui la lui retirent.
Le dépouillement 1lu scrnlin donne: ;)() ,·ota n t~,
Ii6 oui,,., bulletins blancs.
Moitessier reprentl :sa place à la prèj ùence au
milieu d'applautlis:scmcnls prolongès.
Il revient à la crucslion du Congrès de Pavie; la
Municipali tô n'a pu encore fi xer le chiffre cle la somme
qu'elle allouera aux dllL'gues rl<' 1'.\ s_ociation ; m~i..§
il peut affirmer qu'il rnriera enll'e 50 et 100 francs.
�-
60-
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La proposition d'une subvention accordêe par
!'Association à ses dèléguès est repoussée par 26 ''oix
contre 24.
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Les camarades Paul J0urdan, Bermond, Coggia, se
proposent comme déléguès offi ciels de !'Association
et sont aussitôt agréés à l'unanimité.
L e prèsiden t aborde la deuxième question qui figure
a l'ordre du jou à savoir : Programme du Concert de
Charité.
Il donne la parole a Vachier, prêsident de Ja
Commission du Concert. Celui- ci expose rapidement
le programme que la Commission a élaboré jusqu'à ce
j-0ur. L'Assemblée décide d'a ccorder a Vachier pleins
pou mirs pour mener a bonne fi n la soirée du i ., avril.
La séance est levée à J 1 he ures.
Le Secrétaire,
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B ULLETIN MENSUEL
Mai 1903
Provence
Universitaire
ASS@C1llTIO~ ~,Ê~IÊRALE
IDJES ÊfU~fü\~l îS IDl1\lX
SO!IIMA IRE
)J OITESSIER
Haron Gt'lLLIBERT
L. G1N1Ês
Nc)fA LË.\I
JE AN DE PCEHR EI~Eu
Nccrolog·ie
Réponse au Marscille-Et11diant
.\-n-uno Cba toun o
Valse; Pour l'album de )!' 1• }.L-L. B.
Le :\Iassacre d'une Cara vane
Ballacle de la Flùte à septs trous
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Au lendemain cle la, rentrée, l'Association, tous
ses membres r éun i,;, drap eau en tête, conduisait
à sa derni ère demeure un de ses membres les plus
ai mss. L a mort a n w i le jeune Michel Bertrand à
l'amiti é de se camarade , alors que, par ses succès
réitérés et , on a rdeur au t ravail , il faisait la joie
de ses p arents et éta it le modèle des étudiants stuc.lieux de la Faculté.
Ri en n'avait pu faire prévoir une fin si proche.
C'est en que1quc-s jours, pcndaTit les Yacances, au
sein d'une famille a mie, qu'une maladie cruelle
l'a. atteint, et. que la. mor t l'a fo udroyé.
Tous les étuLlin.nts ont tenu à rendre leurs derni ers cleYoirs R. lem camarade1 et c'est par l'organe
de leur préside-nt ~[oit essi e r qn'i1s ont exprimé sm
la tomb e préma turée leurs regrets et lem· douleur.
Messieurs les Professe urs ont également tenu
tou à. accompag·ncr le cer cueil de leur élève, et
c'est par la voix a utori ée de leur D oyen qu'ils ont
di t leur dou1 em de p erdre un élhe au si estimé
de ses profe . eurs, qn'aimé clc es collègues.
A ces deux di ' Cour,, que pourrions-nous ajouter, sin on le ,·œ u ciuc ce. marques de sympa thie
puissent app orter à. ln famill e du r egretté Bertrand <JUclciue consola ti on dan:s fa doul oureuse
étape qu'elle traverse'?
Et c'est aY CC un sentiment de profonde triste se
qne la Provence U11frersitc1ire exprime ses condoléances à la famille Bertrand.
�- 62-
-6.3-
Discours de M. BR Y
Doyrn de la Farn/Jé de Droil
mois d'été, dans la terre ou reposent les parents qui
l'ont précédé dans le tom beau.
Avant de m'éloirrner <le cc cercueil, je voudrais,
s'i l est possible, a<l'ou ci 1· la tri~tessc d'une famille en
larmes, consoler surtout ce père et celte mère, dont
le cœur est broyè par la plus cruelle des épreuves.
Les consolatious ne leur font pas ~èfaut . Ils les trou-:Yent clèjà dans ce co ncert unanime de regr~ts, qut
s'ajoute à l'e:xprcs::iion de leur douleur, et qu'rnsp1~e
l'e~tim e qu' on a pour eux, la profo nde sympathie
qu'ils méritent .
L'enfant lui-m ême qui vien t de les quitter leur apporte, par ma voix, un mot suprème de courage et
d'espoir. Il leur dit de vivre pour les frères et sœurs
qui viennent après lui da ns la famille, de reporter sur
eux toute la tendresse qu'on avait pour lui, sans .exclure le souvenir qui demeure impérissable, et les 1mmortell es espérances qui sont la plus sûre et la plus
douce des consolations.
:liESS l EURS,
Une profonde douleur m'ét rei nt devant ce cercuei l,
et nul d'entre vous ne peut se soustraire n l' émotion
que fait épro1ner une mort si ~ ubite et si préma.turèe.
Nous l'apprenions hi<' r e11lement. alors que y1en ne
)o uvait la faire press<'ntir. La maladie n'avait point
'ait naître ces inguiét ncles mélangées d'~ pérances, ~t
qui lais ~ent à la mère, a u père en deui l le souvena·
des luttes contre la mort, p )ur lu i disputer l'enfan t
qu'elle Yeut lu i ravi r. C'est en quelques heures que le
déchirement tout à conp s'est fait, et a brisé de cœurs
qui ne pouvaient 'attendre à. un e éparation déti.nit1 ve .
Mi chel Bertrand était inscrit à. notre Fa culté de
Droit depuis deux ans à. pein e. Il co mptai~ parmi les
étudiants les plu s a::;!'iclu s et les plus trava1lle11rs. on
caractère doux et affal.Jle l'avait fait aim er cle ses maitres et de ses camarades. li ëtai t guidé, clans sa conduite et dans tou:; ::;es aGtes, par <.:et e:;prit scricux et
élevé, -qui permet d'envi sager la vie, tell e qu'i l faut
la. comprendre, avec le:; rèalitè::; qu'ülle impo:;e.
Son éducation première l'y avait préparé, et so n
père relrouvait ùans l'ëtudiant d'aujourd'hui les qualites qu'il avait fait éclore et développer chez l'enfant
d'autrefois. I l était l'ainé de ses ci nq enfants, le compagnon de ses promenades, le dépositaire de ::ies pensées d'aYenir, avant d'ètre un jour son a uxiliaire dans
les travaux de sa profession. Son passé ne laissait que
de doux souvenirs: le présent permettait d'entrevoir
de légi times espérances.
Il a suffi d'un instant pour détruire lout rêve d'avenir. Il était à la campagne, chez des ami s, loin de sa
fami lle, profitant de quelques jours de vacances pour
se reposer, et c'est là gu'i l est mort, foudroye dans la
pleine force de ses vmgt a ns, san s que l'adieu suprème puisse ~'échanger entre celui qui partait et ceux
qui restaient pour le pleurer.
Il va dormir son dernier somm eil, au pied des Alpes majestueuses, qu'il aimait à parco urir pendant les
l
Discours de MOITESSIER
Présidcnl de /' Associatio1i
M ES IEURS,
Quel triste retour de vaca nces 1 Au moment ou la
Faculté rouvrait ses portes, une lettre noire venait endeuiller notre A sociation, et c'était avec du crêpe
qu'i l fa llait marquer notre re ntrée. Un ami nous avait
eté enlevè aYec 1.l'auta nt plus de cruauté que la mort
était plus inattendue. onge- t- on à mourir lorsqu'on
a vingt ans. que l'on se ::,ent plein d'énE>rgie pour parco urir une long ue route qui s'ouvre brillante, colorée
<le beaux rève::; à réaliser d'étape en étape .
La jeunesse, ?\Ie ieurs, n'a pu désarmer la ~ort.
Nous <levons nons incliner, mais il nous est permis de
pleurer, et nos larmes vont se joindre à celles d'une
famille terri blemen t frappée, impuissantes à la co~
soler parce qu'i l est des douleurs qu'on ne peut apaiser, mais capables de to1:1cher notre ~arr:arade, parce
que son âme saura comJnen elle est a1mee des notres.
.
�- 64-
Réponse au " Marseille-Étudiant "
Un ami m ~ sio·nalnit derni èrement que dans l e
numéro du « M~·se ill c-Etudiant '» du 15 mars, il
n>ait trou,·é, à. la rubrique , E ch os de l ' A . ., , guelli 0o-n es aioTe-douce
· à, l' ~~:nrd
des étudiants
gues
.
.
b
'
a1xo1s.
J'a,·oue très humblement que j e n 'ni, en effet ,
pas compris le mobile qui con dui ~ ait v os cama1:ades à l'A sociation; et . a n la m oindre forfanteri e,
je crois pom·oir ajouter qu'il m' était impossibl e
de le comi:;reudre, qne t out autre h ma place aurait été a u si inhabile à le devin er. Y oici pourquoi. Quand j e uis arriYé dnn n o t~·e 1 oca ~, un de
no camarad e , en me serrant la main me dit : « J e
te présente X. X. X ... , étudiants llHl.l' \, illais » . En
éclrn.1weant l es prrn1ièrc. et hairnlcs formules de
polite~se, la seule idée qui devait ti1 e n~nir à l 'esprit était la . ui Yante: " Ces étudiants sont des
amis p ersonnels du camarade gui me les a présenté~, ils viennent p as cr aYeC lui ]'après-midi du
Mardi-Gras. < J 'étais trè h eureux que ce dernier ait
eu la b omrne idée de vou faire profiter de notre
balcon p our voir le défilé du Corso, n~ai j ~ croy_ais
en même t emps de ]a plus élémentaire ch crétlon
de n e pa. venir m 'interposer entre vous et lui.
Comment aurai -je pu deviner que votre intention
était de r endre un e vi itc :i vos camarades d'Aix
p endant une ~mai ne où on serait arriv6 tout de
suite ii r ecruter , en bi en fou ill ant la v ill e, l e nombre imposant <le six C: tudia nt., et un j our oli chacun est r emué par un souffle de folie avec la p er mission de songer aux a inn. eruents bi en plus qu'au
protocole .,, ,
En terminant, j e rappell erai aux étudiants d.e
Marseille qui sont venu faire une visit e l e l\fard1-
- G.3 -Gras à lems camarades d'Aix absents que ce jourlà n ous étions trois ou quatre à l 'A sociation pour
r ecevoir les n ombreuses personn es invit6es à y
monter. Quand bi en même j e les aurais cru seul s,
j 'aurais don c en core été cx,cusable de les r egarder
comm e des amis qui doi,·ent se co n. idérer à l 'Association comme ch ez eux et avec qui il est p ermis de n e pas se gêner , lorsqu'on ne peut faire autrement.
En r éalité, le ~ :Marse ille-Etudiant » m e fait un
grief <le m on excè de discréti on ; j e ne lui adresserai pas le m ême reproche.
M o nESSIER,
Président de l' Association.
Le baron G uilibert, membre h onoraire de n otre
As ociation, nous a env oyé à sa place, le soir du
punch , le délici eux m éda illon que voici :
A-N-UNO CHATOUNO
T:1 I3ouco es un nis de poutoun
Ounte espelisson li souri re;
'.\1é si crousset i dos c:111toun ,
T.1 Bouco es un nis de poutoun.
Qui nt i !>i:n· i flour en boutoun ~
\ 'e ! Tei so-me te m:ti lou dire:
T1 bouco es un nis de poutoun
Ü llnte e-;peli\SOn li sourire
Lq, fraîch eur parfumée <le cette fleur de poé -ie
a fait r egretter ùavantngc encor e, i po ibl e,
l 'ab 'ence <lu baron Guilibcrt dont les triolets proYençaux ont ln sa,·cur de " la bouco d'aquelo clrntouno » et prouvent que leur auteur a tlans l'ûme
autant de jeunesse que ceux qui l'aurnient entendu
ce soir-là nvec un ~ i vif plai ir et qui lui e1woient
par la Provence leurs respectueux et meilleur '
remercîment .
ll 'JUS
MOITESSŒR.
�- GG -
- 67 -
Pour l'album de M11e M.-L. B.
VALSE
A mon cousin et bon ami V. RICHARD
Vot1·e corps est souple et fait èl ra1;ir
Et vous possédez un charme qui g1·ise;
l{ous faisons tous deux une valse e:i:quise,
1llon bras vous enlace et vous sent (1·é111fr.
.Nous causons fort peu, de choses très plâtes,
Combien sui· cet album vous ont écrit, fillette
L enrs pai1,vres vers énius !
Vous les ave= broitiltés dans votre folle tête
Et vous n'y songez plus.
Combî'en viendront encore y tracer d'autres lignes
Que vous lir'e: à peine et trouverez indignes,
Ou poètes ou sots!
Ils écriront, charlllés par votre belle image,
Trouvant sans les clte1·clw1· et la rùne et les mots ...
Jllais ... hélas! pour coml.Jien s'enf1tÙ'a le mfrage?
A dieu, tuurne:: la page.
L. GINIÈS
Ne nous connaissant qiie d'u1i demi j our,
Mais nos cœurs ù batt1·e ont de folles hâtes,
Quelques tou!'s enco1·e et voici l'Amoiw.
Cm· il vient ainsi, dans un air de danse,
Et pendavt des 1110is, ÛJJJ'e, nous él rei 1tl ...
De 11tême il s'enf'uit, sans que l'on !J pense
Plus vite oublié que le l'ieux 1·ef1·air1,,
L. G I N I È.S
Le Massacre d'une Caravane
Ce rnatin là, Georges Ca tery était inquiet. De
tous côté il regardait a,·ec méfiance et s~s doigts
se p ortai ent nerYeu ern ent vers on revolver pendu
à. on côté gauche. C'e t que, pendant la nuit, plusieurs Châamba étaient venu - rôder autour du campement, et, dans le 'ilence morne, il aYait entendu
<les cri et de imprécntions.
L es bandits nrn.ient le voyageur très riche, car
ili; avaient vu les innombrnbles bagages que portaient des chameaux. l\fais cett e nuit-là, ils n'aYa.ient ri en pu faire; les conducteurs de la caravane faisaient bonn e g·arde et il manquait uu
entraînement général clc la part tles bandits. Oeuxci, cruels et féroces, ont lâches et peureux; ils
veulent tuer sans exposer leur Yie, et les moyens
les plus traîtres leur paraissent les meilleurs. A
�- G8 -
- 09 -
quatre h eure clu m a.tin, le camp fut. l evé et 11 0 11 ~e
r emit en marche, car il fall ait m-ri,·er axant midi
à E l Belalrn ; les mort el · r a)·on clu soleil n e p erm ettraient pas que l' on p ous i\t plu;.; avant la marche Yer s 1e désert.
docteur , quoique bien armés, contre cette bande
fér oce qui allait se ruer sur eux! Terrible angoisse
qui affolait t ous ]es esprit !
Au l nin , derri èr e le dun es, les Ch âamba e
montraient, épiant Ie ~ m oindres mouvement de la
caraYane. L e occa ~ i o n étaient cep endant n ombreuses. Dans ces r égion -, la me illeure aubaine
que puissent rher le· banùit · e. t l e pas ao·e d'un
Européen. D ès qu'un camp e t dre sé, t ot1'te une
mul titude <l'Arab e- · 'cmprc ·sent autour de lui
m endian t des vines, des vêtements, de l'aro·ent'.
Sale et déguenill é~, clrapé. fièrement dan Î eur
burnous c.1 'un blanc plus que ùoutcux, l'air .in olent, 1ls tourne autou r du campcn1ent, l es yeu x a llumés p ar la c01wo1ti ·c. 11 faut les maintenir en
r esp ect, si l 'on u e veut pas qu'il s obéi sent sans
scrupule à l'impulsion de lem envie.
D es femmes viennent cajoler l es conùucteurs ·
desA enfants _viennent fair~ des singeries ùevant l~
maitre; mais tous ces agi· cm ent ne ont que des
moyens de se renùre compte clc 11 imp ortan ce de la
caravane et de ln. valeur de· ma rchandises.
Il y'n:vait près de deux h eures c1ue les ,·oyageu rs
marchaient, quand cleux Arabes, juchés sur leurs
chameaux, e présenthent. Il s voulaient Yoir le
maître: car ils arnient quelque ch o~e de très important ~ Jui dire. L es gui des, quoique méfiants,
l es c?.ndms1re1~ t .n rs lui. ~t alors celui-ci apprit,
p~r 1 mtennéclia1re de son mter prètc, que ù e ban dits, très nombreux et b ien armés, a ttcnùnient la
caravane à quelques ki lom ètres tl e fa, p our la pil ler. G eorges Ca. tery devin t t rès inquiet. Qne Ja ire'?
R etourner'? Cc n 'était g uère p oss ible. L e soleil
montait rapidem ent à l'h orizon , des t ourbi llons de
sable brûlant s'nvançaient en t onrnoyant · il n'y
~vait qu 1à hâter l e pas et à se préparer ~ l a défense. Mais que pourraient faire l es quelques con-
- " Il y a ccpenùant un moyen tl·éviter votre
massacre,clit sonda.in l'nn des Arabes: mes gen:; ont
à quelques kilomètre d'ici . S i You. le Youlez, nous
allons n ou joindre à vous; nou ' o:nmcs armés et
en a , ez grand nombre pour vous défendre . .,,
Cette proposition plut ~L Georges. )fais quoi, se
lin·er a in i à de inconnu , n e demandant même
pa qu'on le paye! S'était-ce pa ' imprudent?
Geor ges r éflé chit qnC'l<]ues in tants. demanda ~L
son interprHc et :i e, guides ce qu'ils en pen aient.
Ceux-ci o pin èrent pour l'acceptati on de l'im·itation. Il e décida a lors et l es Ar abes partirent à
fond de train pour ramen er leur bantle.
Quelque- in ta,nt · après, toute une multitude
d'indigèn es arriYa, pou aut de- cri~ , ge-ticulant,
lança nt l es fu ils en l 'air p our les r attraper fort
adroitement. Ln. carnntne s'arrêta, pui-, le' Arab es 'étant placé ~ droite et à gauche des cham eaux, elle se remit en route. Cependant, G e )r gee
se ùéfia un peu de cc:-i gens; mais, peu à peu , ceuxci o·agnèrcnt sa confiance; il s p ~1.rni - aient êt re
trè~ h ounêtci" et peu tli:-;posé- h mal foire. L e maître en Yint presque à badiner aYeC le chef· .
r1omme. lt élm•, il se trompait! Lui , qui Youlait
é ,·it er t outes le- emhûehcs, tous le, piège . . ~e pla·
çait lui-même dans ll·s fil et. . Ln ruse de:< h~amhn
a m it ét é plus fort e que la méfiance Ju roum1 .
On marcha enco re petHlant un e hcme. Les hantlit~ ann oncés nt' se mo11tl'a icnt pas enco re. La
n ou n~ 1k étn i t-e Ile tln 11c fo.Hsse? Etai t-Ct' un pi èg·e q l\L'
les Arnhcs ava ient tendu'? Le ll<"lnte, m êlé à ln
p eur, conuncn ça nlors à_ e1wnhir.1'esprit tl~ Georoes · il r eo·:tnla ces soi ·tl1sant défenseurs <.1u1 ce\)en'"'
t"
tlnnt, parai
·aient cal mC's. 'r ont à coup, ·es <.eux
\Toisin ~e j et èr ent simult anément sur lui. Celui J e
�-
70 -
- 71 -
droite lui arracha violemment sa carabine pendant
que celui de gauche tentnit de prendre l e ceinturon
du reYoh·er.
Cette agres ion lui fit per ùre l'équilibre et il
tomba du haut de son chameau. L es yatagans
s'abattiren t a.lors sur lui; il fut perfor é de t out es
p arts. Pendant ce terup , l es Châamba se j ettait sur
l e:> conducteurs, les m a ~sacrant en poussant des
cris de guerre. ll ne re~ ta bientôt plus un seul
homme debo ut. L e 'bandits ''empnrèrent alors des
caisse , des ballots; ils les cléfoncèrent aYec rage,
en ortirent des vêtemenL, des a rm es, de pi èces
d'ar o-ent, tout en e cli. putant et en se portant des
cou1~s. Plus d'un tomba au milieu de la mêlée fnrieu c des lJm·nou , des cris. de ùou cu lades. L e
parta()'e e fit qui dura plus <le quatre heure .
Quand l'opération fut terminée, quand chaque
bandit eut sa part, la troupe entière e r a sembla .
Les Châamba grimpèrent al or s sur leurs chameau x
et s'enfoncèrent dans le S ud ...
L e soir tombait. L e O'l' O' disque du soleil , d'un
rouge éclatant, descendait lentement vers l'hori zon ... L e sil ence se fit, profond et mortel, tro ubl é
parfois par un gém i sement. Au l oin . le cri des
hy ènes et des chacals 'élève, et atti rés par l 'odeur
de la chai r. ceux-ci e portèrent Yer fes caÙa\'l'e
<les malheureux Yoyageur s ...
Nn1 ~
..Aix, ce f mai
19 0 j.
LEAL.
Ballade de la Flûte à septs trous
A Louis GINIÉS.
Dans Je buisson crépu ri paillenc les pi verts
Qu i de fruits aigres- doux font joyeuse lippée,
Le ruisseau d'émeraude à J'ombre des c~:mverts
Combine à demi- voix quelque folle équipée,
Cependant sur le bord, souple comme une épée,
Parmi les joncs chanteurs bercés p~r les remous
Q ui rail lent, ô Midas, ta bonne foi du pée,
C'est le grèle roseau de la flûte à sept trous.
fa \';icre d'or dt:funt s'hoqne da~s mon \·ers,
Quand la clairière en fleurs, p.u la nymphe occupée,
Retentissait de cris, l'jge d'or sans ~i\•crs
Que protécreait la nuit l'œil de Cassiopée;
Alors les ch:ints d'amour de l'antique épopée
Sous l' haleine de feu du Priape plo_ux
Bondissait. comme :rn bo i~, une biche échappée,
Sur le grêle roseau de la fll1 te à sept trous.
1
Et le satyre roux, Je satyre pern·rs,
.
Dont les pieds sont fourc~t~s et la barb:_ f~1pé~,
Dont le rire moqueur à 1aigreur d:s f 1uns \ erts,
Surgit en rican:int sm b mou.ss~ c,nspée;
11 est Yenu saisir la nymphe d1ss1pee
T oute nue, endormie ,1u lieu du renJez-yous,
T .rndis qu'un c11e,·rier gl.1ne cette éthopée
Pour le grèk roseau de l.1 flûte .\ sept trous.
E~\·01
.
l
.
,
Très subtil oi\eleur de \ïerge .\ ,a pipee,
0 Pan, pri nec déchu des \'ieux satyres . roux,
Pou r toi, j'ai fredonné b h(~nn~ mélopee
Sur le 0crrèle roseau de la flute :1 sept trous.
]E.\N DE
PIERREFEU.
-~--
�-
-
72 -
BALLADE DU LAPIDAIRE
A
DHIEI.
OEH ll'C1 Y
C'était un ho mmm e d o ux
<le chétivt: ~an té.
'
(Sc1.1. Y · l' llCO' IJ O:\llJEJ
Bon pet i ~ "i:illar<l, lapidaire,
Bon pettt ne_ux, doux et poli,
D:rns t.:i boutique héréditaire
Sous un \'itrage dépoli
Confortablement établi
J'aime à te voir, l'œil plein <l'extase,
Donner l'êd.1t et le poli
Au rubis ~ourpre :\ l:t topaze.
Ton logis, fleuri J e mystère,
Sous les gemmes ense,·eli
S'illumine comme un cra~ère
Du Yésu\'e ou du Stromboli :
Bery ~ étrange du Ch il i,
Saphir, périd?t, chrysop rase,
Emeraude, s;unte à Delhi
Rubis pourpre et blonde t~paze.
Er tu .n~'a pparai s, lapidaire,
Bon ne1llard par l'âge affaibli
Co~m; un toue- puissant Dieu le père
Qui derncement embellir
Sur quelque di,·in établi
Les soleils que son nh·e embrase
olei ls de tapis-lazuli
'
De ru bis pourpre et de topaze.
EX\'Ol
Poi:te ! Prince a\·ali
Dïllusoires Galipoli,
Enclrnssc Jans l'or de t:i ph rase
Pour sauver ron 11 0111 de l'oubli
Le rubis pourpre er la ropazt:.
JEA~
DE
PIERREFEU.
73 -
L 'ASSOCIATION
L'assembl ée générale s'annonce quelque p eu
tumultueuse. Dès 8 11cures, l es étudiants sont venus en grand n ombre. L'ordre du jour est surchar gé à. tel p oint que plusieurs questions den·ont
être remises.
.Moi tessier préside.
La. première questi on à l 'ordre du j our est l'élection d 'un secrétaire. 2 candidats en présence :
Caisson et Ri col fi. L e n ombre des Yotants est de
G2. La majorité absolue est de 32. Ricolfi, élu par
35 voix contre 27 à Caisson , prononce quelques
chaudes paroles de r emerciment , fayorablement
accueillies par l'a semblée.
Puis vi ent la question du loyer. :JI. F ouque demande une angmentation en raison du peu de consommations qui sont servie· it l 'A ociation. L'assemblée autori e le Bureau ~t accepter le nounaux
chiffres du bnill eur, sous 1:1 condition que celui-ci
effectuera des r épa1·ation s.
Enfin , on aborde la qu e::; tion b rttlante du j our.
L e Président de la P ortalis demande des ex plica tions au ujct cl.; l ' onü · ion des procès-n rbaux
de cette Conférence dans 1n. Provence Unirr>rsitaire. L e camarade .J. Bry. empêché, a cha rgé le
YÎcc-pré ident Edc:~ é de pt~cn~lrc. la ùéfen c ~e - in t ér êt de la P ortah . Celm -c1 scmde la que h on:
1 • Un procè ~ -Yc rbal de l a onfér ence n'a pa·
ét é inséré: pourquoi ? Le~ camnracle Kaufmam~
et Vachier r érondent que l e compt e rendu qm
l eur a été r enns était fort long; ils ont demandé
qu'il fût ahréo-é: une n ouYellc Yer ion ne l eur a.
p as ét<.'.· clonn 6'c. L 'a, s:-. mbl ~c prononce l a clôturr i
2 ' L e camarade Edclé demande à l'a emblée
de consacrer par un Yote l 'obli gation p our l e Comité de la Pl'o1•c11 ~,, d'in~é rer le comp tes rendus
de l a P ortali .
L es camarade Vachi er et Kanfmaru1 exp o.ent
que, comme administrateurs, ;ls r éclament k droit
�-
- 75 -
-~
1-1 -
de contrôle absolu sur tou le ar ticle insérés : ils
r é, en ·ent donc le droit de r efu er ou d'accel_)ter
le compte -r endus, tout en promettant leur b1 euYeilla11ce h la Portali ~. n ~ déposent un ordre du
jour dans ce ens : Le Comité de fa P1·ocence Unii·ersitaire. , e réserve la, focnlté d'accepter ou non
le:- comp tes-rendus de la Po rtalis.
Di,·ers camarade prenn<.>ut ensuite la par ole.
) 1· Paul Jourdan fait remar q uer q ue la Portalis
jouit déjà d'un e large p tiblicité, p u~q ue tou les
étudiants, m embres ou n on , pem·ent a si, ter à ces
conférences.
Finalement l 'assemblée générale a à se pronc.ncer entre deux ordres du jour : l'ordr e d u jour du
Comité de la Provence et celui dépo é p ar' le carnnrade Benuond et conçu en ce::; termes :
L'assemblée générale i1w ite le Co mité de la
P ro1;enCP LTniversitaire à continuer les tr aditions
ininter rompues relafo·es à la Portalis et le prie
de lui r ésen-er la plus large h o pitalité.
)I• ~Iuterse dépose un amendem ent à cet ordre
du j our, 11 sans en faire au Comité une obligation »:
Il expliq ue que ln Provence ne saurait prendre aucun engaf!;eme nt em·en:; la Po rtali , Sociét é compl ètement distincte d'ell e et qui ne lui a j a mais
accor dé de sub-rnntion.
L e Comit é de 1a Proi·ence accepte r or dr e du
j our Ber mond aYec l 'amendemen t :Jiuterse et l'as. emb1é3 l' adopte par 52 voix contre 8.
Un calme relatif succède à cette orageuse p arti e
de la séance. Bermond rend les comptes du Concert de C hari té. 11 1ui reste n et 382 fra nc" Moites ier propose la, répart iti on . uivante :
110
Bureau Je Bienfaisance . . . . . F r .
50
Pclites Sœurs des Pauvres . . . . .
50
Conférence de t- Vincenl-de-Pa ul.
50
Dames <le Charitë. . . . . . .
50
Œ u rres protesta nles. . . . . .
72
œ urs de St-Vince nt-de-Paul
~e
Tota l. .
F r.
382
Alfred J ourdan demande l a parole et fait Yal oir
qu'une k ermesse très fru ctueuse a été organisée
dan s les premier s j ours de m ars par les D ames de
Charité et qu'il i:;erait équitable cle donn er les 50 fr.
T[Ue le. Président propo e d'attribuer ~i leur œu vre,
à d'autres plus néces iteuses .
Unter se et Mille r éclament énergiquement le
maintien des premiers chiffres; les D ames de Ch~
rité, disent-ils, e son t touj ours E:ffor cées <le Y~mr
en aide aux étudiants dans la mesure du p ossible
pour l 'or 0<Tanisation de leur Concert, la somm e
qu'on allo ue à leur œ uv re, ~i minime qu'elle soit,
leur est une preuYe de notre g ratitude. Nous devons continuer cette tradition .
Moitessier demande in tamment à. l'a semblée d.e
se ran o·er à l'avi. des précédents or ateurs, con 1dérant~ que ce crait contrair~ aux intér êts de l'As.
,
sociation que de n e pas le sm vr e.
La propositi on cl' Alfred J ourdan es~ i~ eanmoms
adoptée par 29 voix contre 26. Celu1-c1 pro.pose
al ors à l 'assembl ée de rep or ter les 50 fran cs dispon ibles aux Sœurs de Saint-V in cent-de-Paul.
L e camarade Abram demande de Yerser . uu.e
certain e f;Qmnrn à l a Garderie L aïque. On lm fait
r emarquer que cette œ uvre .est un patronag·e,
q u'ell e n 'est p a.s un secours chrec~ po.m~ le~ pauv res et son pro1et est r epoussé. Mo1tessie1 pt opose
à l'as emblée èie donn er 25 fran cs de plus au x P etite Sœurs des P anne , ain~i qu'aux Sœur de
S aint-V i n cen t-cle-Paul.
Ces derniers chiffre out été adopt és.
En conséquence les r ecettes du Concer t sont
ainsi r éparties :
Bureau de Bienfa isa nce . . . · · · F.
Pe lit~s Sœurs des Pauvres . . · · · ·
Conférence de Saint · \ ï nçenHlc- Paul.
CE nv res proles~a ntes. . . . . ·
Sœurs de t- Vin cent-de-Paul
110
Total. . . Fr.
&.~
î5
50
50
07
�-
ï6 -
L e camarade Bonifassi proi:ose un ordre du j our
fé licitations aux co1mn1ssmres du Concert. Cet
ordre dn jour e:-;t a u~sitôt adopté. Yoici sa teneur:
T....' ~\:5sociation des Etucliauts, réunie en assemblée
g-l-nérale, vote <les fr licitation:-; à, ln. Conirnmission
du Concert.
l · n antre onlre du j our tlu camarade Bermoncl
est également adopté ; il est ainsi couçu : L 'Associati on adresse des remer ciemen ts h ceux de uos
cm~rn ~·ades qui ont prêté leur concours tt la partie
art1st1que.
. On aborde e11fi11 la <lcruit-re parti e de l'ordre du
cl·~
"t "to-Oa1~age Central
------·-··..... _
MAYROL & AUBERT
.._
_,_
.\IX
JOUI".
)loite·:::ier donne lecture d\me lettre d'un Comité p!oYisoire qui s·e t fo rm é dans le but d'ério-er
à ~\.ix un monument à Emil e Zola. M . R och ou d e111ande à l"Association comm e à tous les autre::;
Cercles cl'c11\'over le lendemain de:; cléléo·ués a u
Café d'Europè pour procéder à la con ~tituti on
d'un Comité définitif qui sera charp;é de mener le
proj et à bonne fin. )foitc;:;:-;ier rapp ell e en quelques
m ots à quels titres Emile Zola a droit à la reconl~ 'J i ssa n_c c. de la Yill1: d'Aix; 111ais il ajoute que
1A. .;;ocrnt1on ne peut gul:rc <:11 ,·oyer <le déléo-ués
a uprè:-; de ceux ciui ont pri · l'initià tin du mo~n- e
meut sans contribuer pécuniaircn'ent a ux frais
d'ére~tio11, pui ·que, pour t le,·cr un monument, l it
première d!::s cho:;;e:' e~ t d nYoi r de r ar crent.
_\J?rès_un~ a ·se~ Yi ,·c clisc_u~ ion, d~~1s laquell e
le t re:-;on er rnterY1ent pour faire saY011· à l'assembl~~ _qu'i l ,Y a fort peu _d'argent ~isponibl e ,_ ln, p ropo. 1t1on cl une :mb,·e11t1011 est mise aux Y01x et r epoussée.
, ~e pré: id_e nt in fo1:mc les C: tudian ts qu 'il ou niri
a..1 ARs.oc1ati on un e liste de :-ou cripti on oü cha cun
s 111sr nrn pour la. somm e qu'il lui plaira.
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L . O L LIVIER
Breveté S. G. D. G.
67, Cours 1'1 irahcau, 67 • A 1
•
Le 12 novembre dernier , une lettre de Nice nous
apprenait que la vei ll e on avait porté au cimetière
le cor p de L éopold Toyc. Cette nouvelle a profondément affligé tous les membres de l' As ociation
qui avaient connu l'amiti é douce et cordiale, délicate et spirituelle de cet excelle!lt camarade.
T oye était entré au bureau de l'Association
com~e secrétaire le 14 janYier 1905. C'est en vain
(]Ue nous avons cherché les limite de son dévouement. et nou gardons un sotffenir ému de la conscie11ce, de la lo)•auté, de l'ardeur avec lesquelles il
s'est consacré pendant l'année uniYersitaire aux
intérêts de l'..:\ ssociation . La Prorence ne saurait
ouhlier le précieux collabo1·ateur qui lui a prodigué pendant cl eux ans les ressources de son esprit
philosophique. L e sérieux de cette intelligence
d' élite ne faisait que mieux apprécier cet enjouement qui est le charm e des jeune . L e nombreux
spectateurs qui se pressent chaque année à notre
concert de charité :n ·aient déjà pu deviner en lui
un artiste dont. les brillante qualités allaient par
une marche rapide le conduire à un nai talent.
Il se rappell ent encore l'entrnin et la verve que
Toye apportait dans le j oyeu e- comédie~ qui
termirnuent no fête, de bienfai ancc.
La,' mort avait frappé e frères et sœurs bien
avant leur majorité, et toute l'affection de ses
parents s'était concentrée sur cet enfant qui lui
avait pu atteindre l'âge d'hom me. Nou comprenons quelle \)eut être leur douleur . Qu'il~ nous
permettent d y joindre le pieux hommage de la
nôtre.
MOITESSlER
.
.. :
.
.
-
.
�-79 -
SÉANCE SOLENNELLE DE RENTRÉE
DE L \
FACULTÉ J::>E
DROIT
L a éance de r en trée de la F aculté de Droit
a eu lieu l e l\IarJi 15 NoYembre, avec la solennité
habituelle, sou~ la pré iclence de U. le R ecteur
B elin. A 2 b. ~O l\Dl. le Profe eur foi aient leur
entr~e dan l a alle de acte , OLl e trouvait déj à
r énm un nombreux auclitoire d'étudiants.
M. l e D oyen Bry, aprè ' avoir ouvert l a séance
prononce une allocution trè gout ée dan s l aque11~
il résume bri èvement l es traYaux de l'année
cola_ir~ qui -yient de s'écouler , dont, sauf quelques
r estrictions, il . e montre as ez ati fait. Il adresse
en ~it~ quelques conseil pratiques à son j eune
auditoire sur l a m éthode à. sui vre dans la dir ection
des étud ~s, ~1:1 in, istant plu - parti culièrem ent sur
le travail fait en commun , dont l 'exp érience a
montré le. avantages sur le traYail isolé et que
facilite les conféren ces fa cultatives de la Faculté.
Enfin recommandant a ux étudiant l'unio n et l a
bonne camaracle1ie. i~ le. invite à ne nég·liger
aucune des a sociahons et conférence cr éées
par eux .
L es applaudissements qui ont accueilli cea \Jaroles toutes paternelles ont montré l '~ch o qu elles
ont trouvé auprès de tous ceux qui les ont
entendues.
En t erminant _M. le Doyen adresse un adieu
ému à la m é11101re de n otre camarade Léopold
Toye décédé r écemment à la suite d 'une brève
maladie.
La parole est ensuite donnée à M. l e Professeur
Morin, chargé de faire le rapport sur les concours.
L'orateur fait un exposé des différents sujets
soumis aux concurrents et analyse sommairement
les thèses couronnées par la Faculté. Dans une
lan g ue élégante et qui n e l asse point, il fait la
l ecture p ourtant si aride du palma rès, signalant les
défauts et appréciant les m érites des compositions
l'oumises à l 'exam en du jury . Il t ermine par quelques idées p er ono e1J <.>:;;, que lui suggèr e la thèse
de l\I. Louiewski , ur l a Jl!éthode I nterprétative,
dont il se décl are p artisan , en faisant quelques
r é erve .
"JI. l e D oyen procède alors à la r C>mise des
médailles et diplôme , et c'est au mili eu des
a pplaudi ements de l eur - professeurs et de leur
camarades q ue le lauréats vi ennent les recevoir.
Y. R.
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SONNET
U. Ern est Laco, te, in g·énieur, Yenu à Aix l'an
pas é p our e r cpoRer de innombrables et rnerYeill eux tnwau.'\: qu'i1 a exécuté asec une surprenante activité, charme se~ l oisir en 'adonnant
aux h e1le. -lettrc>s. Et cet homme de science excelle
si bien clan ~ l' art d 'écrire qu'au mois de juin
dernier. r<'c;n m embre de l 'Académie d'Aix , il
venait s'a .;;eoir sm le fauteuil que laissait vacant
la mort dn haron de :::-;aint-.Jiarc . .JI. Laco ~ tc c ~t
éga1ement 1e 1ilm• préc ieux a uxi liaire et le dig ne
émule du colonel de Hoc ha ; il a clonn ~ un vigoureux 6l:rn aux i-;cienccs psychiqu es encor e mal
con1Jncs et qu'il ne ces. e cle faire progr e· er d'une
march e rnpidt• et sùre, g râce à l 'esprit matbéurntique nvec lequel il le::1 a nbordée::1. D epui ~ on arriy(·e à Aix, il n'a eu;sé clc prodig uer à L \ sociation
�- 80 des E tudiants les marques de sa vive sympathie et
il s'est empressé de s'y in crire comme mei;i1bre
honoraire ; il a bien Youlu accéder au désir de
notre P résident en lui envoyant pour la. P1·ovence
Universitaire le déli cieux sonnet qui suit. Nous
adr es ons ~t I . Lacoste l'hommage de notre plus
chaude reconna.issance.
Le Cercle des Étudiants
L'Etudiant, j adis était parfois boh êmc,
Quand Murger le chanta; mais la vie aujour d'hui,
Es t un tlpre combat qui se prhen te à lui,
El chacun ici-bas réco ltc ce qu'il sème.
Aussi nos jeunes gens, pleins d'une ardeur extrê,ne,
Se livrent au labeur sans co nnaître l'ennui :
On ne rattrape pas le temps qui s'est enfui
Lorsque de l'avenir on cher che le problème.
Mais le soir est venu, les travau~ sont finis,
Au Cercle les amis se trouven t réunis,
L a jeunesse reprend ses droi ls imprescrip tibles :
Les jeux et la musique occupont leurs loisirs
Le$ conversations, les rires invincib les,
S ouvent, la charité: ce sont là leur s plaisirs.
ERNEST LACOSTE
Jou1~
de Fè t e
C'est au jourd'hui, mignonne, que doit se ré,·éler
L'expression de cieux cœurs sans rien se recéler,
Je voudrais te parler comme en un tête à t~te
En ce bienheureux jour qu'est le jour de ta fête .
Pendant bien trop longtemps mon langage s'est tu.
Et cepend:-.nt pour toi mon cœur a fort battu
Mais à présent voilà ma d~claration faite
Gdce à l'avènement de ce beau jour de fête.
Souvent auprès de toi j'ai cru m'aperceYoir
- L'illusion m'aidant à voir rose le noir Que tu m'ai mais un peu: Combien je le souhaite!
Si celà n' est, pardonne au moins, ce jour de ft!te;
Mais si trop de bonheur m'a\'.lÎt fait découYrir
Ta secrète pensée - oh ! ne fa is plus souffrir
Un être dont la joie aurait atteint :;on faite:
Fais un heureux dt! plus, splendide jour de tt!te.
M. D.
�- 83 -
FIN D'IDYLLE
Ils s'étaient rencontré , la nuit tombante, au détour
d'une rue. Lui, sérieux et grave dans ses vêlements
noirs, venait de rendre une Yi ite . .Elle, sortait de
l'atelier, les joues empourprces par ln chaleur des
lampes, le corps serré cl ans une simple robe de miséreuse. Agèe de dix-neuf ans, elle était couturière, et
n'ayant jamais connu de pare nts, elle prèfërait, au
pain toujours amer de la charité, un travai l accablant
qui suffi sait à pei ne à la faire vivre. JI ra conta au&si
so n histoire; elle était simple et trisle. C'ètait la vie de
paria menée par tous les ctudi ants pauvres de provi nec,
toute la détresse de cette plèbe intellectu elle, palpitante de nobles aspirations, nJ ais se taisan t dans
l'i mplacable réalitè journalière. Ignorante, elle. plut
par sa candeur d'enfant au j eune homm e, esprit fin et
cultivé. Sans pruderi e, ils résolu rent d'unir leurs destinées, si semblablement monotones, essayèrent de
porter à deux le lourd fardea u de l'existence.
Ce fut d'abord quelque chose de doux et de frai s
comme une premi ère idylle: ignorant tou t de la vie,
ils crurent a,·oi r touché au vrai bon heur. idéa l mystérieux à peine entrevu dan leur im agin ation puérile.
Il se livra tout entier dans la fou gue de :,a jeunesse et
dans le débordement tumnltueux de sa pas:.ion. Il lu i
raconta tout le néant qui l'emplissait avant de l'a voir
connue ; l'affolante horreur du doute qui l'avait pri s et
les élans furieux de ses sens vers la Fem me, ig norée
encore, et pressentie comme la seul e réa lité de ce
monde. Il fit dérouler devant ses ye ux tout l'extéri eur
et le con venu de cette vie de labeur intelleclu'31 cherchant vainement à s'affirmer au milieu de la négation
de l'être. Mystique et rèveur il fit vibrer en elle la sensibilité exq uise de fille <lu peuple.: il lui montra tous
les vices de celle soci<"té qui s'opposait au plein épanoui ssement de leurs f'aculli"s et <le leurs instincts.
Et devant cette humble d'esprit, tout un monde nouveau se r évélait, Loule une vie d'harmonie et cle labeur
surgissait, émargeant lentement des contours tlous et
indécis du rève. Puis comme transporté par ces idées>
il se laissait aller au ü l tle ses réflexions, de sa voix
<louce et tentante. Elle , lui di:.ait toutes les douleurs
de sa vie d'ouvri ère ; la :.écheresse el la dureté de sa
patronne, la jalou sie el les méchants propos des
co mpag nes d'atelier, les propo itions obscènes des
passants croisés dans la m e, l'amertume de se sentir
orpheline, de n'avoi r point d'ami es. Alors, à l'évocation de leur commune souffrance, une crise d'amour
les resserrait, il s tombaient clans les bras l'un de
l'autre, oubliant clans la ferve ur de leurs baisers, leurs
rancœurs et leurs désespérances ...
nlais cette vie nouvelle pour les deux amants devint,
peu à peu, an bout de quelques HlOis, intolérable. La
différence <le cull'1rc de leur esprit, exaspéra l'état
grandissant clc leurs discu 'sions, tandis que la mi ère
venait les ai grir encore plus run contre l'autre. Il
as istait impuissa nt et navré. à b lente de::;agrègation
de ce qui les avai t un in:.tant rapproché. Elle lui
paraissait bêt<' 1n::untenan t aYcc ses idées enl'antine:::.,
ses prej ugés indéracinable:., :,es colères èmaillèes de
mots grossiers emprnnlès à la boue ùu ruisseau.
Dans cette cerve lle ignorante d'ouvrière, il lui ~em
hlait de :.on côlc avoir affaire à un pcJant en nuyeux
et guindé, et :.a j eune:.se reprena nt , malgrë Lout, :.e:.
droils, elle :.o ufl'l'ait <lu pe:,,:;inii:.me désenchanté de
celui qui l'avait faite f'emme. Leurs ù,mes 'effritai e n~
en se frottant l'une contre l'autre ; une affreuse dou-
�- ~4 leur les meurtrissait sans cesse, ils sentaient se creuser chaque jour davantage l'abime qui les séparait, qui
les empêcherait désormais de se comprendre. Ils en
étaient arri vès à cette conception désolante de se trouver se uls, irrèmédiablemenl se uls au milieu du monde
qui les entourait ; ri en ne pouvait plus, semblait-il,
combler le vide de leur w rnr. Ils en vinrent à vivre
comme des é tran g1~ rs, ta citurnes et indifférents, ne
livrant plus ri en de leurs pensées, même dans la
passion physique de chaqu e soir. Elle se laissait aller
à la déri,·e, au gré de sa donleul' renouvelée d'ouvri ère
sulit aire, n'ayant perso nne :sur qui rt>porter la débordante tendresse qu i s'agitait en ell e. Quant à lui, il se
repliait dans sa conscience, envahi d'un morne désespoir: il serait don<.: loujour::. « lui-même » pensait-il,
11 ne pourrait fa ire passer un peu de son âme dans une
âme sœur, il ne rencontrcl'aitjam ais la douce joie de
se sentir vivre dans une autre vie. Ces torturantes pensées l'obsédai ent, l'enserrai ent comme d' un cercle
infranchissable, où venai ent se uriser les élans que
tentait son être pour entrer en communion intime avec
un autre être. ~Ia1s le sentiment de :son impuissance
toujours grandissante fai:sa it pe u à peu so mbre!' toutes
heures ' plon 0O'è
:ses révoltes, et il restait <le lonoues
!:>
tians un pesant accabl e!r:enl. ....
Enfi n, un :soi r, lassé dP celle vie cru ell e. elle ne rentra pas à la maison. 11 n'en p::irnt poin t surpris. Dans le
désarroi de :sa pense<', 1l a n ~ l':1111H'a ntisse111ent <le so
volonté, il sentit passe l' :-, IJI' lui 1<' ~o ufli e brutal de sa
destinée malheureuse: c'ëtait donc la 1uort qui commençait, la ruort tragique de ses illusions et de ses
rêves.
CHRONIQUE
THÉATRALE
Une agréable soirée que celle où il nous fut donné d'entendre pour la première fois à, Aix la désopillante opére1te des Fêtards. Le nombreux public
que l'attrait du nouveau avait attiré, s'en est retourné satisfait, les applaudissements qu'on n'a pas
ménagé aux artistes en font foi. On était venu
pour rire, et ce ne fut qu'un long éclat de rire
d'un bout à l'autre de la pièce.
Celle-ci, trè joyeuse est semée de jolis mot ,
parfois un peu corsés, mais fort bien mis en relief;
c'est ainsi qu' Erm.st III nous apprit que : c l'opposition est la belle-mère ùes gouvernements. > Les situations toutes Yaudevillesques, et mêlées de
quiproquos amusants donnent lieu à un dénouement
ùes plus comiques.
La musique eu est trè · gaie et très entraîrnmte.
On lui reprocherait peut-être d'être un peu trop
c: café-concert z et de contenir quelques reminiscence' que l'on reconnait presque malgré soi.
L'ensemble fut correct; et i l'on con, idère que
la fi~uration fait ordinairement le plus grand sucrè Cle ce. sortes de pièce~, on ne peut que féliciter
les intel'prètcs, . i mal ~ecomlé~ par les dfcors de
notre scène mnnicipnle, de la fa<;on magistrale dont
ils out enleYé cette int{·re !;!\nte opérette.
8igna.lons tout particulièrement Mlle Ursy qui
se montrn. une délicieuse et cnptiYnnte Théa : un
morceau de roi, .. comme le déclarait le pseudo
comte de OanlaYo. - Mndnme Mancini ne lui fut
pas infériemc et tint l1rillamment le rôle ingrat de
la marquise de Châtellerault. - Mme Lapol'te je
�- 86 fit un succès dans le r ôle de Mme Uaréchal, ou lui
fit bisser les couplets de :
AS S 0 CIATION
Lorsque je t'épousais Mr Maréchal, ...
Séance et amicale du Matdi G J uin 1905
p endant que le p arterre r epren ait en ch œ ur:
Grégoire ! Grégoire ! me pardo nneras-tu
Cette p:ige :\ ton histoi re
Cet :iccroc à m:i \'ertu ?
Grégoire ! Grégoire! pourquoi l'ai-je rev u
Dans le fond d'une :irmoire
C'est ce qui m'a perdu !
l\1. N ivièr e, aurait ,.Pu facile~1 en ~ r endrn g rotess il n 1y avait nns on talent p arfait. de comédiens que nous avons déj à apprécié, et
qu 'il sut employer dan de justes limites. L e roi
d'Illyrie t r ouva un dig ne interprète dans M. Bracco
qu.i i:ous intér essa viYeme11t p ar l'à-propos de ses
saillies.
. .Ce fut en somme une b onne représentation qui
fa1~ g rand h onneur à M. L ap orte et à ses pensionnaires. - Esp éro ~ s que T haïs, puis Messaline, qui
sont en pr épar ation , n ous fer ons passer d'aussi
agréables m oments.
'r AMBO URIN
q~e le rôle cl~ duc,
~ · B"-;- Ko u. ~·a ppeloi:is n, n os camar ades que,
g race a l amab1hté du d irecteur de n otre théâtre
l'association est titul aire, d'une. lo.ge de premi èr e'.
Seuls l ~s m em b res de 1, Association p ourront en
b énéficier . Ils devront a cet effet. se conform er
au x instructions donn ées p a l' le président et affichées au siège de YAssoci ation.
~ ous somr:i~s h eureux de profiter de l'occasion
qui n ous est ici offerte p o ur J:eruercier M. Laporte
des nombreuses marqùes d 'attenti on qu' il n 'a cessé
d 'avoir p our l es Etudiants.
L n. séan ce .est .o uvcrt.e à. 9 h eures sous la présiden ce ùe Mo1t essier qui présente à l'Association
le comte El zéar de V ogüe, nommé le 30 mai
président d'honn eur.
L e Président r emercie l\I. lle V oo·üe du don qu'il
a fait à l'A. socin.tion et lui souhaite la bienvenue.
:M. de V ogi.le . e lè,-c à son t our, remercie l ' Associa t ion du t itre qu'elle lui a donné et qui lui e t particulièrem ent chei', il la r em er cie au · i de l 'accueil
q u'ell e lui a r éser vé. et auquel il e. t trè en il>le.
Il t ermin e en promettant <l'ob tenir pour l'A ocint ion que son oncle M. de Vogüe, de l'Acaùémi e
Fran ça ise, lui dédie nn de e line·.
Coggia avec un e 6loquence brillante et enflammée offre au présitlent <l'h onneur l 'h ommage de sa
r econnaissan ce et ck sn. sympathie .
Moites ·ier p ensant que cette assembl ée est la
dernièr e tlc l'année unfrerRitairc, remerci e ses
cam ar atle' üe la confian ce qu'ils n 'ont ce sé de lui
t émoig ner <lcpui:-; qu'il lui ont fait l 'h onneur de
l'appeler ~i la préside.nec. Il n 'a eu , dit-il. qn'un e
a mbition , et son plfü cher clt': -.ir e t r éalisé si la
sym pa thi e q Lw l e-; étUllia nts lui ont t émoig né en
j a1w icr est dcmcnn'·e L·11tièrc. Ll leur souha ite des
' ' ù<:e·
'
vacanct' pan·l'~ l1c l't)scs :-.an s cptn es e t pn:Ct'
cln , ucc(·s nux ex amens cle la Fa culté.
Le h'ésori er P ortal clé\>osc la :-.ituation finn ncière
de l 'As. ociation. Emi c B ér aucl pro1w sc une
moti on <le félicitati on:-. ainsi co n~· u c :
« L 'As ociati nn <les Etudiants réunie en .As. t:mhl ée ~:éné ral c ad1·csse nu trésori er P ortal ses plus
ch au cl es fé l ici tn tions et sl's meilleurs remerci ement~
ponr hi fa\ On parfaitt· clont il s'est acquitté de ~l·i.;
fo n ctions et p our le 1l éYotwme~lt qu.11 )~ a mi
.
Cette motio11 ci.;t nùoptée à 1 unnulillltt::.
I
I
'
�Coggia, délégué de }'Association du Congrès de
Pavie: r end compte de la mis -ion dont il a été
chargé. Il raconte l'enthousiaste accueil fait par
les étudiants italiens aux délégués et apporte aux
étudiants d'Aix un s~llnt fratern el de la part de
leurs collèg·ues italiens.
Mais le punch flambe clans les verres que les
étudiants cho~uent amicalement en buvant à la
prosp érité de l Association et en écoutant s'égTeuer
de fines r omance ou de spirituelles et morclantes
chansons. Très remarqué le clélicieux artiste qu'est
hloupomé, dont le talent de compositeur à autant de
délicatesse que sa voix si nuancée. On applaudit
Monteil dans ses chansons rosses très bien détaillées
ain i que le camarade P ortal qui sait ne pas s'en
tenir qu'aux chiffres.
La fance est levée à 11 h. 1[2.
Le Secrétaire,
Le Président,
H. RICOLFI
P. MOITESSlER
Conférence Portalis
1
'éance d'orgct11isation du 24 D écemo1·e 190[)
La sfance est ouverte à 8 h. 3.J sous la présidence de M• Houx, président.
. L es _qucstio~1 . à l'ordre <lu j our f'O nt: Election
cl un Y1ce-prés1dent, d'un trésori er et fixation de }a,
date de la séance solenn ell e de r entrée.
}~· Roux prend la parole : Après avoir souhaité
la brnnvenue aux membres nouveaux il expose en
quelques mots clairs et bi en pensés' le but de la
conférence qui n 'est pas seulement de former les
futurs avocats à la parol e, mais aussi de r éunir
-
89 -
chaque semaine un certain nombre de camarades.
Il r egrette que les étudiants de 1'" année n'aient
pas répondu en plus grand nombre à l'invitation
qui leur avait été adressée par le bureau de la
conféren ce. Il termine en faisant appel au concours
de tous et particulièrement des anciens qui, dit-il,
doivent avoir à cœur, non seulement de servir
d'exemple à leµ rs jeun es camarades, mais encore
de continuer l'œuvre éminement utilitaire de la
conférence Portalis.
Ces quelques mot sont très longuement applaudis. L e Pré iclent annonce qu'on va procéder
à l'élection d'un vice-pré ident et d'un trésorier ;
le vice-président au en juin dernier ayant quitté
depui la Faculté . .M• Viviani, seul candidat à la
vice-présidence, e t élu par acclamation. D eux
candidats sont en présence pour le poste de trésorier, ce sont: M" Boissy et Ciaudo. Au premier
tour de scrutin l\I• Ciaudo est proclamé élu par
10 voix contre G à M• Bois y et une abstention.
Tour à tour l\I•• Viviani et Ciaudo adressent quelques mots de remerciement aux camarades qui
viennent de lenr témoigner leur confiance, confiance dont ils s'eftorceront d'être toujours digne!I.
De nombreux applaudi sements soulignent ces
quelques paroles.
)f• Allongne , qui doit prononcer le discours
lors de la i-;éance de rentrée, est con-ulté
cl'usao·e
0
par lc président sur la fixation de la date, et aprè
ciuelques obserYations présentées par 1\1" Jourdan
la date du 8 décembre proposée par M• Allong·e e t
adoptée à l'unanimité.
La séance e, t levée à 10 h eures.
J,,e 1 'eaétoire: A. CAISSO~
-r-W
,,_
�EXAMENS ET CONCOURS
- 91 Droit criminel (Prix Pitti-Ferrandi). - r"' Prix
Ren~ Allongue ; 2• Prix, .Maurice "Weil ; Ire Mention~
Camllle Roux ; 2 • :Mention, David.
TROISIÈME ANNE E. - Droit civil. - r Prix
Louis 1:'eissier; 2• Prix, J . Bry ; r" :Mention, Billière~
et Monn, ex-œq110; 2• :Mention, V. Hicbard, E . Eddè,
1
Nous croyons êtl'e ag1·éables à nos lectew·s en
p ubliant les noins cle nos camm·ades d'A ix qui ont
été 1·eçiis aux examens de l'année 1904-1005.
ex-œquo.
LICENCE
Droit commercial. - 2• Prix, J. Bry; 1 " Mention, Billières ; 2• Mention, L. Teissier ; 3• Mentio11,
R. de Bottini, V. Richard.
Première année : Abram, Cassen-Escoffier
Labat , Jourdan , Caissoi, Barbaroux , Artigues'
Reynaud, Coste, Gouin, Reynard, Gèna, Berutty'.
Dumas, Dbumez, Zavaïdes, Mouradjan, Orlandini.
ÉCHOS
Deuxième année : ..\.!longue Roux Camille
ifarteau , Da.vi?, \Veill: ::\l ènage, G~ndol pbe, Béraud;
Baron, Cousrnery, Fab1gnon. Ma laspina , .\bric, CamVical
pocasso, Bona, de Sièyés, Bernard Pun·gi
0
'
'
'
Aimè Baugeolin, .Montel, Ricolli.
~r.oisi èm~ année : Albert, Dl anchard, Bonnet,
Te1ss}er, V. Ric!rnrd, _Boy~r, de Bottini, 13ry, Vanau ld,
Ka ut~an . Ed.de, Mo 1t~s~1er, .\l au1'1·, Yol, Ve perini,
Coggia, Camp10n, Vachier, Levamis, Com hal Tocsca
E. Houx, Gilles, Coggia, Billii>rcs. Delh erba ,'Nicola1;
l\Jl 10 Isnard, Blachas, Brun, nri5ollc.
Notre camarade Con tant, ancien président de
l'Association, vient cl'être nommé juge-suppl éant
au Tribunal ciYil de 'l'oulon.
C'est notre ami Calon qui l'a remplacé au Parguet d'Aix, auquel il était attaché depui · l'année
dernière .
Nou ::wons appris au i a,·ec plai ' ir la nomination de Campion comme chef-adjoint de cabinet
à la Préfecture de Ba · ·e-·Alpes.
C ON COURS
DERN IÈRE Al'\~EE. Prix: Henè Casse11 .
Droit r oma in.
Droit c onstitutionn e l. - lllmtio11: n.ené Cassen.
DEUX IÉ.YIE ANl\EK - Droit civil. - 1" Prix,
Martea u ; 2• Prix, Mauri ce Wei l, 1"· S\Cmtion, Hcné
Allongue.
Droit adminis tra tif.- Mmtio11: n.cnc Allonguc,
P armi les pre tation cle erment. en qualité
d'avocat, qui ont en li eu ces dernier temp· à ht
Co ur d'appel, nou!-i rclc,·on.s le· noms de no ~
camarades : Dclherba, Al bert, Blanchard, Bonnet,
Calier , V. Richard . L. Sa ndi110, l\foites ·ier.
l\f. le comte E lz(oa rd ùe Yog-üe, pré,..idcnt
d'honneur de l'.A ·sociation, vient tl'êtrc élu maire
�-02de Saint-Uarc à la suite des dern ières élection
d'octobre.
Nous lui adressons nos sincères félicitations.
L e 25 octobre dernier a été célébré à Draguignan, le mariage d'un de no plus sympathiques
amis, Emile Bérand, avec l\P• Léontine Droze,
fill e de 1\1. le docteur Droze.
La Provence Unù•ersitafre se fait. un plai ir
d'ndrei-ser aux jeune époux se' meilleurs vœux
de bonheur.
Aulo-Garage Ce
-----
POMAYROL & A_______
:M. le conseiller Boyer, membre honoraire de
l'Association, YÎent cl~'être décoré Chevalier de
la L égion d'honneur.
Nous lui adressons nos plus chaleureuses félici tntions.
ÎOlhllAll "
ClllfUI • '"""""'
Con1u4ll • Cr.' • .......
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l { I·!::'\ 1:: A LLONG l' E
Dans la Purëe
Lon s
Con cerl~
Cu 1
Cla::;sÎ<JllCs
D AN.\IR l·i
DI·:
.\t'LT
T \~IBOlïU::\
Chronique Th é ùlr~ l e ..
Con l'èrencc Portalis
1
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L'. i~~oc.:iati on
B o::-; 1F.\S::>1
1-:c 1w ::>
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'1Jirt'rtc111: \ '. lUCl IAIUJ
.\uo'\::•m\mNT: li Fr.
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Chap1~.111 x t>:>Îe, Ca,.,qul·I li'
<;) eli::;tes. Chnpca11x f1•111 rr·"
L~
nou) ea ut1>::;, Cap,; l'l :;011pl1!:-.
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Tlwrmomt~lrl'" ~\:
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Jtl;\t,l ES_,, Es
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~tudlants
TYPOCRAPH IQUE
LITHOGRAPHIQUE
A IX -
2,
Rue Aude,
J11ipressio1i
2 -
AIX
de
Prix spéciaux ponr llM. les Étudiants
FABR!Q"J E de T IMBRES en CAO UTC HOUC
M U SIQ~E
1• 1,\ ~ 0 s
l~STRU H EN T S
Abonnement à la f\lusiquc
L. OLLIVIER
Breveté S . G . D . G .
67, Cours llli rah cau, 67
AIX
Par
RENÉ
ALLONGUE
•
Mo~s1 EU R L E
~fa
DoYE=',
I ET'RS,
Ce n'est pas sans une cer taine appréhension que je
prend s a ujourd'hui la parole, pour prononcer, selon les
tradi tions de la Co nférence P ortalis, le discou rs
d'usage de la rentrée solennelle. Aussi, malgré ma
légitim e fierté pour la mission dont mes camarades
ont bien vo ulu me charger. je vous demanderai, pour
l'orateu r, une large part d'indulgence, que vous lu i
accorderez, je l'espère , en vous sou venant qu'il en est
encore à. ses début .
.Je vous entretiendrai, Messieu1 s, si Yous le permettez, d'une questio n a u si complexe que délicate,
qui a passionne et passionne encore l'opinion de bon
nombre de nations civilisées. C'est la que tion de
l'immig ration ouvrii·re et de son effet su r le lra ,·ail
nationa l. Les statisques et la vie de chaq ue jour, nous
montrent que, cle plus en plus, un élément exotique tencl
à se mêler, chez nous, a l'èlèment national. Ce fait
économique nons a parn avoir ·une certaine importance, et il nous a sembl6 qu'il ne serait pas ans
intérêt, ap rès avoi r co nstaté ce phénomène en luimème, de l'examiner dans ses causes, ses effet avantageux et ses co nséquences nuisibles.
"
�-
94 -
Xous assiston8, èn effet, à une Yèritable invasion de
la Fran ce, par des masses <'norm es de travailleurs
Ptrangers, qui, tandi qu'i ls se contentaient autrefois
de concurren cer notre industrie pa1· leur.; produits
manufaclu rès, Yi ennent aujourd'hui concurrencer la
main d'œune fran ç- ai::.c sur notre propre marchè
national. Ce pb ènomènc. hùlon s- nons de le di re, n'est
pas particulier â la Fran ce, cl tous les pays offra nt des
dèbouch és au comm erce rt à l'industri P. , et possédant
une faible popul ation , en souffrent au ssi.
Qu'il nous suffise de ci ter l'exemple de l'Australie,
du Natal , de la Colon ie <l u Cap, du Tran vaa l, où la
découverte de mine d or et de diamants avait provoqu è dès J 90 un énorm e rn ou,·eme nt d'immigration.
En Am èrique. et surtout aux Etats-Uni , le problème se posa aYec une acuité extrême. Ce vaste pays,
qui avait d·abord fa,·orisé les lranspor1s d'immigrants
pour exploiter les ressources de ses immen es contrées
se trouva tout à coup envah i; et les América ins durent'
employer les ressources réunies de la diplomatie, de la
lègislation et de la tercur pou r se débarrasser des deux
flots qui les menaç- aient: le 1lot noi r et le flot ja une.
De là, la mesure qui cmpèche tout ctra n...,er
eno·ao-è
0
0 0
par un contrat antérie ur, de débarquer aux EtatsUnis. De là au ssi la loi du 3 mars 1003, qui ordonne
la perception d'un droit d'entrée de 10 francs par
chaque imm igrant, exclu t les infirmes, les condamnés
pour crim es infamants, et les anarch istes.
C'est donc un problème d'u ne grande portèe que
nous allons exa miner, d'autant plus important qu'i l se
complique de la question du chô mage , ce qui donne
une certaine acuitè à ce phénomène social.
En France, le dènombrement <le 1890, donne pour
les ètrangers le nombre respectable de 1.051.000, ce
qui nous indique un mouvement très rapide , et bien
- 05 digne d'atlirer l'attention des poµvoirs publics, si l'on
songe qu'en 1801 ils n'ètaient que 300.000, et qu'ils ont
augmenté depuis, à raison <le 200.000 tous les dix ans.
Ajoutons à cela le nombre crois.s ant des ètrangers
nés en France, et devenus français par le fait de la loi ;
le nom bre des naturalisations - qui a augmenté lui
aussi - et nous nous tro uverons en présence d' une
immigration considèrable, et qui se manifeste tous les
jours de plus en plus.
E n réalité, ce phénomène èconomique et social
a existè de tout temps. Qu'i l nous suffise de rappeler
l'invasion des Chaldéens en Mésopotamie, des Egyptiens en Grèce, des Phèniciens et des Ilellènes sur
tout le littoral méditerranêen, ain i que les invasions
barbares. Aujourd'hui on ne ~oit plus des peuples
entiers, trainant après eux les fem mes et les enfants,
renoncer au sol natal, envahir une terre voisine et s'y
implanter de fo rce ; l'i1Hasion actuelle est lente,
continue, pacifique et exclusivement ouvrière, car elle
vient surto ut clu développement énorme de l'industrie,
qui, dans certaines nations, fait des appels de plus en
plus frèquents a ux bra tl'une population insuffisan te.
Cependant, c'est toujours l~ même phènome, obëissant
a la même loi histo1·ique.
C'est surtout à la tin du ~IX"' 0 siècle que ce mouvement s'e::,t manifesté, car, avant lui , les individus de
classes inférieures ctaient, plus facilement qu'aujourd'hui, retenus sur le sol natal, par leur ignoran ce des
tlèbouchcs offerts dans les pays étrangers à leur activité, p<H' la rarclc de ces débouches, et la difficulté des
communications. D'autant plus que la libertè t;Omplète
dont jouis ent en France les immigrants ne date que
des décrets du G aaùt lî00, cl du 17 mars 1ï01.
Au Moyen-Age, l'étrangc1· venant en France èta~t
considère comme un ennem i, el sa situation dèpendait
'
�- 96 de l'arbitraire du souverain local. En outre, deux causes décourageaient l'im mig ration ouvrière: le système
des corporations, r1 ui , pa r son e prit d'exclusivisme,
e mrêchait presqu-e complètement les artisans du
dehors de deve ni r << maitl'es » dans la cité; et la
lonrcle incapacité d n d roit <l'aubai ne, qui e mpêchait
le- ètrangers de tra n mettre le urs bie ns par succession
ou testament.
La guerre de Cent a ns, e n arpa nvrissa nt le pays,
a mena une ère nou" elle. Louis X f, Charles VIII ,
François l", Youlurent relc,·cr l'industrie française
encore rudi1 nentaire. l is iirent ,·enir d 'I talie des
maîtres qui deYinrent cè lèbres, te ls que le fam e ux
orfhre de François I" 13enYe nulo Cellini et qui amenèrent avec eux des ou \Ti er pour lesquels on abolit
le droit d'aubaine, e t qui reç urent quelques privilèges.
He nl'i
et Colbert co nti nuè rent cette œ uvre ; ce
de rnier surtout, pour créer ce industries encore
. ncon nues chez nous , telles que celles du dra p, de la
fonderie , des g laces, des de nte lles, attira e n Fra nce
des Hollandai s, des Saxons et des Vénitiens. Cela
con li nua sous Louis X V, mais ce n'était là que de
bie n rares exceptions. Les corporations mainte naient
jalousement le urs privi lèges et leurs règlements, contre
lesquels vinre nt se he urter les efforts de Turgot.
Ce fut la R évol ution, qui , inspi rée des économistes
du X VIII• siècle, suppri ma d' une fa çon géné rale les
e ntraves a nciennes. E lle procla ma dans la nuit du
4août 1789, et sanctionna par le décret du 17 mars 1791,
le grand principe de la liber té du travail, et abolit le
droi t d'a ubaine par le décret du 6 août 1790 e t la constitution du 3 septembre 1701.
Aujourd'hui, l'étra nger pe ut venir librement travailler et s'établir e n Fra nce comme ouvrie r, e mployé
ou patron, et peut entrer d a ns les syndicats comme les
n·
-
97 -
nation a ux. N ous indiquerons seulement la timdance
de quelques proposi tions de loi, qui veulent protôger
l'ouvrier na tional contre la concurr9nce étrang ère.
Après av oir constate l'immigration en elle-mê me,
occoupons-nous d'en rechercher les cam es.
Parmi les causes que j e pourrai appele r « morales )> nous pourrons citer l'esprit aven ture ux de c~r
taine~ nations, plus insouciantes que d'a~ tres moins
casanières. L' Anglais, par exemple, quoique forte me nt
attaché à son home, se déplace plus facileme nt que
nous. De mê me les r aces du midi, où . bea u c~~p
d'ou vrier s quittent le ur pays, sans bien savo1~ ce qu i~s
feront ailleurs, sur les co nsei ls de c~mp atr1otes d~Jà
émig rés, qui raconte nt monts et mer veilles de ce qu ils
ont vu à l'étranger .
.
Ajoutons que le climat de notre p ~ys ---: bi~n que ce
soit là un motif secondaire - est bien fa1t, sinon pour
attirer ces immi g rations, tout au moins pour ne pas les
?u
décourager.
. .
,
.
De mê me notre traditionn elle hospitalité, et l accue1l
bienveillant qu'on a cou tume d e réser ver , en France,
a ux étrangers, ne sont pas sans influ ence sur ce mouvement.
.
Il y a a ussi des causes politiq ues de l'im.migra t1on :
la pe rsécution relig-ieuse, le dèf~ ut de 11.berté :. -~u
:SJ X.c siècle, une foule d'Irl anda1s catho~1qu es .em10're nt surtout en Amérique, e t l'on voit venir e n
~'ran~e d e nombre ux Itali ens, à la suite dn mou vement libéral contre l'Autri che, ainsi que, quelque
années plus tard, les partisans de don Carlos, après
l'échec de leurs te ntatives.
.
Mais les causes les plus importantes e t vraime nt
déterminantes à notre a vis, du phénomène dont nous
nous occupons , sont les causes économiques.
· ..11
R~É ALLONGUE
(A smvre
�-
- 9
Ln g rand n ombre ùe nos lecteurs nous ont
prié de r eprodui re Da ns la Purée et Les Petits
L oqueteu x de notre an cieu camarade L oui,
D-':'-~lRE. :?\ou$ le fai ~ons :lYCC' d'autant plus de
1 de La Provence Unive1·sitaire
pla1s1r que le
clau leg~el cc~ _deu..'< p oé, ies fur ent p ubliées p our
1a. p~·cnuerc f~1s est c?inplètcmcnt «p uisé. L e
n um cr o J e ce J Ol~r conti ent Dans l a Purée , nous
donneron~ procbamcrnent L es P et it s Loqueteux.
.1..
"
DANS LA PURÉE
PAROLES E T
~!USIQUE
DE Luc:1s DA.\'_URE
lllelopée Ires triste dédiée à l'Association
des Etudiants d'Aix, et créée au
Cuncen d~s Étudian ts, !\fars 1899.
4
L a fi1i dn 1110is 1Jo111· l'esclwliu,
N'est point celle, 0 cule1id'rier !
Pw· toi (t'xér> !
L ' esca1·celte est vicle bientôt,
On est le dix . .. som.:ent pl u.tût,
D a1is la pnd:e !
Tels les chien:; au fonrl des gran~s !Jais
Pow·chassPnt lu biche mix abots,
jJfeute affamée !
'l'els les C1'éanciP1'S exigeants,
Traquent les pa zwres étudiants
D ans la pw·ée !
G
1
I l _es~ des Jou1·s ll'emiui pr·oj(md,
Ou l ét~qiant Sf' 11101/ond,
Lame navrée ·
lr ~I e~t l O~squ)~n ,tu tant '.~Oil !J,OllSSef,
Tres tî'lSfe, tl s aperç·rut qu il est,
Dans la pu1·ée !
l
A
99
On s'enferme alo1·s cle longs jou_rs,
D ans sa charnb?'e étroite et toi1;ours
T 1·ès hrmt pe·rchée,
Avec . . . P othier, Gaius, Ulpien ...
On f1·équente des gens très bien,
D ans la purée !
2
Di~e qu'il faut le plus souvmt,
0 yezmesse au désir ardent
'
, 'aison dorée !
E_,,t vous faméliques vln,qt ans,
T ous passu les trois qua1·t s du te"ips
D ans la p11 rée .'...
7
O 111a p ipf'. ait culot noii'c~",
.Appol'ff'. l'ivtesse et l'onbl1
Dans ta (11mée !
Toi seule es fidèle ici-ba.>,
Compagne que n'éloigne pa:s
Notre pul'ée !
3
Car le plaisir a tant d'attra it
'
Que bientôt elle clispcua(t
'
Vite envolér>
L a braise au ?'eflet a ,.genti1t
Et l'on s'éveille im ùeau 111 atin
'
D ans la p u1•ée .'
... . . Et dil'e que le chef b~anclâ,
L e front ridé par le sonci,
L 'ûine attri tée;
N ous souvenant dit bon vieux temps,
N ous 7·egretterons nos vingt ans,
Et la pw•ée ! . . . · ·
1
�- 101 -
CONCERTS CLASSIQUES
L 'As ociation Mu. icale d 'A ix a donné le 4 décembre m1 p remier concert cla sique. li fut une
hrillan te ouYerture de la saiso n iuu icale aixoise.
Je m'emp re~-e d'aj outer gu'il eut lieu sous les au pice~ et aYcc le co ncours de l'exquis et merveilleux
compositeur qu'e t U Cbaminade. Le co ncert fut
<l'ailleurs con acré à l'interprétation exclu ive de
es œu,Tes. - ce à quoi, ans parler de l'auteur
ce qui . erait prétentieux de ma p art, ont contribué
aH•c un réel talent la Yoix -:wamment conduite de
~1"•< Cartairade. le concou r , toujom· applaudi, de
~I. L i ,-ou. de .Marseill e, et de .J\li\I. Bruguier et
Pourcel, dont l'éloge a été r enouvelé tant de fois
et de façons si cliver es qu'il ne me r este aucune
expre~ sion pour le faire à mon tour.
00
•
L e ï décembre, les Chanteurs de Saint-Gervais
ont rénill é Jes éch o d'an cienne chapell e, auxquels
la aile de l'As, ociati on Musicale, habituée plus
gue tout autre, et pour eau e, se prétait d'autant
mieux. A.us i est-ce fi. souhait qu'ils avaient inscrit
à leur programme le () i-os Onmes, de Yittoria,
et le ::.i~os qui sumus in lio -:, JJf undo, de R olland de
I~as u~, exécuté- de la fa\on la plus classique,
c e-t-à-dire la plu. parfaite. avec la diction italienne qui donne à ce motet latins un charme
tout particulier .
Dan la partie profane, la plu long ue, à retenir,
0 11
des l\laîtres de la
P léiade. les chœurs d'E stlte1· dont les soli œ:wnaient
h être ser vi par la YOie profond e de U 0~ Ôbert.
Quelle h eureuse id ée d'aYoii· ajouté à ces morceaux de choix quelques vieill es chansons de ProYin ces Françai es, - rondeaux et virelais, vieill es chansons pleines de poésie naïve, et dont le
ton de complainte met parfois dans l'âme une
h côté de délicates chm1
mélancolie douce avec une sorte de nostalgie de
ces lointains passés. La voix de ~fil· Jeanne Ediot
pexlait, limpide et fraîche, choisie à merveille pour
ces simples chansons. Dans: C'est le Moi de 111ai,
elle r ecuei llit des acclamations qui disaient
combien, à Aix surtout, ce genre comme les autres
sait être apprécié.
No us entendîmes en core Le Vent Frivolant dont
les Dames de l' Association Musicale nous régalèrent, l'an dernier, <lans un certain concert, auquel
elles apportèrent avec le charme de lem· grâce,
celui de leurs jolies voix.
Nou sommes d'autant plus heureux de la
brillante ouverture de: Concerts Classiques que
tout le mérite en revi ent, en même temps qu'à
M. de .Mouvai, leur sympathique président, à l'un
des professeurs les plus distingués de notre Faculté
de Droit : M. l\Ioreau.
CLAY DE SAULT.
--~ -
Chronique Théâtrale
Les privilig·iès qui avaient pu as ister aux répé t itions de 7'/w'is nous avaient fait espérer une
excellente représentation. Nou ne fûm e pas déçus.
L 'œune de l\Iassenct fut rendue dans un très bon
style, et nous ne p 0uvon espérer davantage de
notre troup e théâtrale.
Complim entons d'abord l'orche tre qui sous l'habile et experte c.lircction du maëstro Poncet sut
s'attirer une b onn e partie des applaudissements de
la sal le, et tout particulièrem ent n otre premier
violon-solo M. Giraud, qui joua avec beaucoup
d'âme la "Méditation ,,. - M. Nancey fut superbe
dans le rôle d'Atauahel qu'il r endit aYec beaucoup
de natru·el. - Thaïs trouva w1e fine et charmante
�-
102lle D lb a. _
Nos félicitations
interprête dans. M
e 1 autres artistes et aux
s'aclre--ent . aus -1 à .tou~ s~s sur assèrcnt. - Nous
chœurs qui c~.tte fo1:-c1 .t dom;é d'entendre sou, uhaitons qn il nou::; soi
·
so
vent cune ans 1• bonne repré ·entation .
Conférence Portalis
Séance solenrielle de ?'entrée du 8 Décembre 1905
:i semble peu enthou-
bl'
L'A1·lésienne: - . Ld l~~ 1 entation, et ce drame
-ia · te pour ce g em e e ) . ue peu de succès. Ce
te
l)Tique n'obtint auprf~
~~·(e interprétèrent a~ec
fut un tort car l\I. et l\ t j~ feu les deux. premiers
beaucoup de talent ~ dmirablement conçu par
1
rôles du drame Il a. t ;nettre e11 r eli ef cette
Alphon ·e Dau.det. s su~eil1eurts ince sants entre
lutte des sentiment,' ce r :filial la passion, l'honl'amour maternel_, .1 amol'on re~contre si so uven~
neur et le devon, 9ue . a dépeint avec une s1
dan la Yie et qu.e 1aute;; Bracco et "1'Ille Ursy
scrunuleuse exactitude. i..
~ es éloo·es l'un
.r:• t <le vue 1es mcm
b
, ,
rnéntent à ce pom
, t.r dans celui de 1 Indans le rôle du berger, 1 ~u teque les rôles seconnoce1tt . Regrettons cepen. an. sou~·er1t aux bons
·
·
'
<la.ires
aient
eu à r·ecou n r si
offices du souffleur.
TAUBOURDî
L e s m athique directeur de notre 'l'héN."JI
B.. y nous
p i ·é e1.\.e encore quelques
~t
L a-porte
D sura i:e ~ . ·é bl , Il vient de traiter avec 1\I. upeypnse agi a e~ l'O é pour que1ques représenron, fort té!1or e
p r~ d ns le co urant de janta,tioD:> qm seron\~onn~els : h et ùu grand théâtre
vier. D'autrepart me an · 1
t our créer
de Marseille a été engagée spéc1a
PJuive les
M essaline, elle chant~ra en cou~le Dupeyro~. rr.
t La Favorite , ave
·
.
JJ.U[JUeno
s, t eur,s de bonnes représentations.
Avis aux arua
tmeLa
La séance est ouver te à. 8 h. 45, sous la prési
dence de M• Roux, président, M• Viviani, vice-prési
dent, M• A. Caisson, secrétaire, et M• A. Caiudo,
trésorier, sont à ses côtés.
Parmi les per onnalités les plus importantes de
la magistrature et du barreau qui avaient bien
voulu répondre à l'invitation du bureau, citons:
M. Bry~ doyen de la. Faculté, président d'honneur
de la Conférence ; 1\f. Gira ud: P remier Président
de la Cour d'Appel ; M Arnaud, bâtonnier de
l'ordre des avocats; MeAlfred Jourdan, avocat, et
enfin UM. les Professeurs Bouvier-Bangillon,
V ermond, Moreau, Lacoste, Audinet, Bonnecorse.
Delpech, Caillemer, Huvelin, Schatz et Morin.
0
En ou...-rant ln séance, l\Ir Roux, président.
annonce qu'il a r eçu de~ lettres d'excuse de l\I. le
doyen honoraire ri on, de MM. les Professeur
Jourdan, César-Bru, Bable<l. l\! Roux souhaite
ensuite ln bienven ue et adresse ses plus sincères
r emerciements aux personnalités, qui , par leur présence à la séance solenn elle, témoignent de leur sympathie à la Conféren ce Portalis, puis, s'adressa-nt à
ses camarades, il fait appel au concours de tou
8
pour mener à bien cette nouvelle année scolaire et
0
�-
104 -
les invite, eu terminant, à venir chercher dans cette
union d 1 intelligence et de cœur, le profit des étu_
des faites en commun, les sages conseils ainsi que
les nYis éclairés des p1·ofesseurs qui nous font
l'honneur d'assister aux séances.
Le Président donne ensuite la parole à M• Allongue, chargé de prononcer le discours annuel, et
qui nous parle dans un lan gage clair et élevé :
D e la Protection du Travail ~National cont1·e
l'l11imi9ration Ouvrière. Après avoir constaté
l'ImmioTation
en F rance de n ombreux travailleur s
0
étrangers, dont le nombre aug·mente chaque j our,
l'orateur, envisage les causes de l'immigration
ou n ière qui sont à la fo is morales et politiques '
mais surtout économiques ; t elles que celles résultant des salaires élevés de n otre pays et de la
faible densité de la population française. Tour à
tour il envisage les avantages et les inconvénients,
avantages certains, inconvénients incontestables,
car , s'il est parfois nécessaire de recourir à des maîtres étrangers pour cer tains arts, il est évi<!lent que le
nombre des émig-rants qui ch aque j our viennent
grossir les rangs ouvl'iers sont, en partie, la cause
de l'avilissement des salaires qui se produit au préjudice des ouvriers françai . Il en résulte, en outre,
une augmentation des j ournées de chômage et un
espionn age économique au détriment des industries françaises, à l'avantage des industries étrangères et surtout allemande. Après avoir passé en
r evue les moyens propres à solutionner ce grave et
délicat problème l 'or ateur con clut à ce qu'il nous
faut imiter les américains: protéger nos industries
- 105 et. nos travailleurs, augmenter leur progrès et 1eur
b ien etre. Sans doute: dit-il, il faut tenir à conserver à la France son bon renom et son ancienne
1
tradition d hospitalité, mais non au détriment de sa
grandeur et de ses intérêts vitaux.
4
M: le ?oren félicite M• Allonge d'avoir traité
a~ss1. ola1rement un e question économique aussi
~rfficile et d'en avoir fait r essorti1· ces excellentes
idées: Il ab orde ensuite dans son sens et proscrit
les d1 vers syst èmes actuellement employés, salaire
légal et système des taxes qui ne sont pas propres à
assurer la protection des travailleurs nationaux.
ALE X.
CAISSON
�\
ASSOCIATION
Séa nce d u 22 Noi:embre 1905
La séan ce est ouverte à 5 h eul'es sous la présidence de U oite sier , président, a isté cl'A. Jourdan , Yice-pré ident et de P ortal, trésorier .
L e procès-verbal de la de~·nière séance est lu et
ad opté.
P renant la parole, Moitessier souhaite la bienvenue aux nombreux étudiants, il le engage à fréquenter l'Ass, dont il explique le but ; puis d'une
voix émue il rappelle à l'assemblée que la mort
nous a, en quelques mois, enlevé deux exç.ellents
camarades. Bertrand et 'l'oy e, dont la mémoire
restera toujours YiYante parmi n ous.
Moites ier fait en uite part à l'assemblée d'un
nouveau don de M. de Voguë, ce don consiste en
un j ournal l' Union l { o11 i;elle. Cette marque nouvelle de généro ité du Pré ident d'honneur de l' A s
est saluée par de vi ves acclamation .
Alfred J ourdan prend ensuite la parole, il déclare à l'Assembl ée qu'il se démet de ses fonctions
de vi ce-présiden t.
Aussitôt l' ordre du jour sui v:tnt, proposé par les
camaraces Hug ues et Rich ar d est voté à l'unani·
mité <.: L ' Association Générale des E tudiants, r éu-
- 107 nie en assembl ée g énérale, regrette profondément
que le camarade .Jourdan r ésigne ses fonctions de
vice-président, lui présente toutes ses sympathi es
pour le dévouement et le zèle avec lequel il n'a
cessé de gérer les intérêts de l'Ass. et le nomme
vice-président h onoraire . .,,
Portal rend ensuite ses comptes, sa gestion est
approuvée et décharge lui en est donnée.
L e P r ésident déclare alors qu'il y a lieu d'élire
certains membres qui sont démissionnaires : le viceprésident, le secrétaire Ricolfi, le trésorier P ortal
et le bibliothécaire Gilles.
Après lecture des art. 79 et 81 des statuts, sont
élus par acclamations : Gautbier-Descot.tes, viceprésident. Boniflassi, secrétaire. Labat, trésorier.
Hugues, bibliothécaire.
D e Pierrefeu, Richard, Abram, Abbo sont élus
conseillers de la Provence Universitaire.
L'Assemblée discute ensuite des questions relati ves aux j ournaux, à la bibliothèque, puis elle
adopte à l'unanimité une motion de Muterse invitant le Président :Moitessier à aller trouver .i\l.
Cabassol, maire d'Aix, pour lui demander que les
instructions relatives aux cercles oient Rtri ctement
suivies, et que l'on n'admette plus les étudiants
mineurs aux tables de j enx.
L' ordre du jour étn.nt épuisé, la séance est levée
à 6 heures.
L e Secrét:ure,
L e Président,
P. BONIFASSI
P. MOITESSIER
�Aulo-Garage Central
ECHOS
POMAYROL &AUBERT
L '.à semblée général e de l 'Ass du 13 D écembre
clerni er a ninsi composé le nouveau comité de
La I'1·01:enCI' enivei-sitaite:
Direc teur-Gérant: V. Hichard ; 'I'l'ésorier : L·
Abb o : Con ei llers: de Pierrefeu. ~I. Abram , René
1•1acc de 1:1 Rotonde - A 1X
Cassen.
Par suite du reno u,·ellement complet du Comité
de Lrr P1·01·ence Unii·ersitnirr> le numéro de D écembre a subi un léo·er retard . Nous prions n os
l ecteur~ de bien Youloir nous en excuser, n ous
engageant, pour la uite, à faire paraître chaque
numér o r égulihement à la fin de ch aque mois.
Le Comité fait un pre sant appel à t ous les étudiant ' pour l'aider à mener h bonne fin la publicati on de ce Bulletin de l'As qui leur est particulièr ement consacré. Il recena avec pla.isir chacune de
leurs œ uvres, si modestes soi en t-clles.
To1hllAll
"
CHl_.411A
1 Crllllllllll
Cotnl'C,1~11 • C'." • Dwo~.
K ous donnerons dans no tre prochain numér o le
compte-r endu de l'Amical e offerte le 13 décembre
aux nouveaux :.\Iembres de l'As , l'abondance des
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1906
n° 50-56
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1907
n° 57-64
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1908
n° 65-72
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n° 73-80
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n° 89-90
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1926
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1927
n° 1-2
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Publication en série imprimée
Description
An account of the resource
Périodiques imprimés édités au cours des 18e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Provence (La) universitaire : bulletin mensuel de l'Association générale des étudiants d'Aix
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Association générale des étudiants d'Aix. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RP 50482
Publisher
An entity responsible for making the resource available
nc (Aix-en-Provence)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1900-1929
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/22733406X
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RP-50482_Provence-univ_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
115 vol.
3 096 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série imprimée
printed serial
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/307
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Aix-en-Provence. 19..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Bulletin qui, lors de sa création, avait l'ambition de devenir le porte-parole de la jeunesse universitaire des Facultés d'Aix-en-Provence
Abstract
A summary of the resource.
Textes divers des étudiants des facultés d'Aix.
Avertissement : certaines années sont manquantes et quelques unes sont incomplètes.
Étudiants -- Associations -Aix-en-Provence- (France) -- 20e siècle
Université d’Aix-Marseille -- Histoire