Pour fonctionner de manière continue et harmonieuse, une institution doit être sûre des attentes et du comportement de ses membres mais, inversement, elle doit elle-même être prévisible à leurs yeux : les règles d'usage et de comportement repose sur la notion d'engagements réciproques, confiance mutuelle qui prend un caractère particulier dans les structures scolaires tant les attentes des uns envers les autres sont fortes (obtenir un diplôme) et de longue durée (plusieurs années).
Ces très rares documents (pour le seul 19e siècle, l'université d'Aix-Marseille en a nécessairement fait imprimer et afficher plusieurs centaines et il n'en reste, à ce jour, que ces quatre connus) nous renvoient le condensé de ce que l'institution attend des étudiants.
À quelques adaptations près, ces règlements diffèrent peu dans l'esprit de ceux appliqués en ce début de 21e siècle. Quelques règles très datées nous paraissent évidemment plus inattendues comme celle qui interdit aux étudiants
en droit et médecine de lancer ou d'accepter un défi (
cartel), sous peine d'exclusion temporaire (jusqu'à deux ans).
Interdiction faite aux juristes et futurs médecins de participer à des duels (1822)
Les littéraires, les scientifiques et les théologiens ne sont pas visés. Sont-ils moins turbulents ?
Plus surprenant encore, le règlement de la bibliothèque de l'université de la fin du 19e siècle qui autorise le prêt d'ouvrages à domicile aux seuls professeurs d'université et de lycée ainsi qu'au bibliothécaire (on n'est jamais si bien servi que par soi même) mais le refuse aux étudiants : que feraient-ils donc de tous ces livres ?
Les enseignants peuvent emprunter des ouvrages, pas les étudiants (1881)