Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]>
Annonce des cours de la Faculté des sciences de Marseille (1912-1913)

Contrairement à l'idée reçue, particulièrement tenace, selon laquelle l'université française serait enfin devenue démocratique et accessible à tous seulement après les évènements de 1968, tous les cours sont publics, à l'exception des conférences, seuls enseignements où "nul n'y est admis sans inscription préalable". Ce qui n'est absolument plus le cas aujourd'hui, tout au contraire !

La Faculté des sciences n'est pas sectaire : dans les cours dits annexes, les enseignants de la Faculté de droit et de la Faculté des lettres d'Aix-en-Provence y donnent des cours de droit, d'économie, de littérature, d'histoire et de géographie. Les Marseillais peuvent suivre également des cours libres sur des sujets divers (paléontologie, littérature étrangère, histoire des religions, ...).

La Faculté des sciences de Marseille - cours annexes (1913-1914)

Signe de l'évolution des sciences, de l'élévation du niveau de compétence requis et des besoins de l'industrie, de nouvelles formations apparaissent au début du 20e siècle : électricité industrielle (1900),  doctorat de sciences (1902), chimiste (1909), chimie industrielle (1918), et ingénieur-chimiste (1921).

Les diplômes supérieurs (Faculté de sciences 1926-1927)

La Faculté des sciences insiste sur sa position géographique exceptionnelle en rappelant l'existence de son laboratoire d'océanologie et ses recherches sur la faune marine méditerranéenne (seul laboratoire à être mis en avant sur les affiches), support de campagnes d'explorations océanographiques.

Le laboratoire de biologie marine d'Endoume (1926-1927)

Plaque tournante des échanges maritimes entre la métropole et ses territoires d'outre-mer, l'activité portuaire s'invite à la Faculté à travers l'Institut colonial de Marseille (sous l'égide de la Chambre de Commerce) qui entretient un Musée colonial, sur le campus de Saint-Charles, expert en études botaniques et produits coloniaux et conservatoire d'importantes collections naturalistes.

Le Musé colonial ouvert 7/7 j, sauf les jours fériés (1926-1927)

Conséquence douloureuse de l'effroyable 1ère Guerre Mondiale, la Faculté, qui a perdu des enseignants et des étudiants au cours du conflit, ouvre une préparation militaire supérieure dans le milieu des années 1920.

Préparation théorique et pratique militaire (Faculté des sciences (1926-1927)
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Ce que l'on sait moins c'est qu'à la fin du 19e siècle, elle se mit à contester la localisation historique des autres facultés dans l'ancienne capitale politique de la Provence et à réclamer leur transfert pur et simple dans ce qui est devenue la véritable capitale économique de la région.

La patience d'une cité, toute multimillénaire soit-elle, a ses limites, et profitant d'une loi instituant des universités régionales qu'Aix tardait à mettre en application, elle décide de créer en 1896 sa propre Faculté de droit qui sera appelée Faculté libre de droit de Marseille (par opposition à celle sous tutelle du rectorat). Cet enseignement local lui permettait non seulement d'attendre ce transfert mais aussi de démontrer son implication budgétaire et le bien-fondé de sa demande : "Depuis quatre ans, il s’est fondé à Marseille une Faculté libre de droit. On lui donne vulgairement le nom de « Faculté municipale » parce que la ville lui alloue annuellement une subvention de 45.000 francs. Cette Faculté est prospère et attire à elle, en dehors des contingents considérables que lui donne Marseille, de nombreux étudiants de Toulon et d'Aix . Elle n’a aucun caractère confessionnel, et est appelée à disparaître le jour où les Facultés de l’État, qui sont à Aix, seraient transférées" (2). Dans son rapport de 1897, Jourdan, professeur à la Faculté de droit d'Aix justifiait déjà ce transfert : cette année-là, il y avait eu autant d'inscriptions qu'en 1896 et elle méritait bien de devenir régionale puisqu'elle attirait des étudiants jusqu'à la frontière italienne (Nice).

Annonce des cours de la Faculté libre de droit de Marseille, 62 boulevard de la Corderie (1912-1913)

Quinze plus tard, nous avons la preuve que cette faculté, en principe provisoire, fonctionnait toujours : "Pendant l’année scolaire 1910-1911, la Faculté de Droit de l’Université d’Aix-Marseille a compté 592 élèves ayant fait acte de scolarité, parmi lesquels il faut distinguer 297 élèves qui ont pris des inscriptions et subi des examens et 150 étudiants de la Faculté libre de Marseille qui ont passé des examens sans prendre d’inscription" (3) et qu'elle est restée ouverte au moins jusqu'en 1914 comme l'attestent les deux affiches ici présentées.

Élément très important, elle reçoit dès le départ le soutien du Conseil général des Bouches-du-Rhône pour l'attribution de prix et des médailles d'or de la part de la Chambre de Commerce de Marseille. Dans son argumentaire, Jourdan précisait qu'Aix pourrait se consoler de la perte de ses étudiants avec ses projets de Thermes et de Casino et ajoutait malicieusement que cela rassurerait les familles des étudiants de savoir que "leurs enfants seront loin du cortège inévitable de la population interlope qu'on voit toujours accourir en foule dans les lieux de plaisir" ! Heureux d'apprendre que la population d'un grand port méditerranéen et cosmopolite est un modèle de vertu...

Mais la critique la plus forte vient probablement de la contestation d'un modèle élitiste : les facultés doivent devenir des universités populaires et ne pas rester enfermées dans un "dilettantisme d'érudition, constituée comme une caste d'aristocratie intellectuelle". L'implantation du siège de la nouvelle université unifiée au Pharo au début du 21e siècle récompensera plus d'un siècle d'obstination.

1.
2. La Faculté marseillaise libre de droit / discours de M. le doyen A. Aicard : Séance solennelle de rentrée du 8 novembre 1897 par Aicard. Auteur du texte - 1897 - Bibliothèque nationale de France, France - No Copyright - Other Known Legal Restrictions.
https://www.europeana.eu/fr/item/9200520/12148_bpt6k57853029
3. F. Larnaude. - L’université d'Aix-Marseille. La question du transfert - In : Revue internationale de l'enseignement Année 1900, 39, pp. 132-141. Bibliothèque historique de l'Éducation (Persée)
4. L’université d'Aix-Marseille pendant l’année scolaire-1910-1911. In: Revue internationale de l'enseignement, tome 64, Juillet-Décembre 1912. pp. 249-254
4.
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Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> Chimie]]>
La nouvelle Faculté des sciences de Marseille (1922)

Cette dizaine d'affiches des cours de l'École de chimie nous montre que dans les années 1920, c'est la Chambre consulaire de Marseille qui organisait la formation des futurs chimistes et ingénieurs-chimistes de l'Université d'Aix-Marseille (titres officiels fixés par les arrêtés ministériels des 10 juillet 1909 et 23 Févier 1921). L'objectif de l'école était bien "de former et de fournir à l'industrie marseillaise et à la région provençale des chimistes de laboratoire et des chimistes-ingénieurs".

Chambre de commerce - Institut Technique Supérieur - Faculté des sciences (Marseille, 1920)

Cette formation, orientée vers les besoins des industriels et des cultures méditerranéennes, inclut aussi les techniques de l'ingénieur. Elle dure trois années et reste réservée aux bacheliers ayant obtenu la 2ème partie mathématiques au baccalauréat; à défaut, les candidats doivent passer un examen de maths, physique et chimie.

L'École de Chimie, créée en 1907 (cliché plus tardif)

Si les cours étaient effectivement donnés dans les locaux tout neufs de la nouvelle Faculté des Sciences avec ses salles de cours modernes, implantée place Victor Hugo, l'Ecole de Chimie relevait alors de l'Institut Technique Supérieur, créé en 1917 par la Chambre de Commerce, lui-même rattaché à la Faculté (salles de TP équipées de paillasses) : son Laboratoire d'Essais Techniques assurait la passerelle avec l'industrie. Pour simplifier encore plus les choses, le doyen de la Faculté des sciences, signataire de ces affiches (ces années-là, Paul Rivals, Pr. de chimie industrielle), est également directeur de l'Institut technique.

Paul Rivals, doyen des sciences de 1918 à 1934 (1864-1939)

Les non-bacheliers pouvaient suivre une année de formation dans la section d'enseignement professionnel pour obtenir le titre d'aide-chimiste. Signe de l'évolution du niveau de qualification, la durée de formation de 8 mois en 1920 est portée à un an à partir de 1922.

Chimie St Charles - les paillasses des salles de TP (un patrimoine aujourd'hui historique)

Compte tenu de l'activité portuaire de la ville et de sa connexion avec la Chambre de commerce, on ne sera pas surpris de voir qu'à partir de l'année scolaire 1923-1924 (donc juste après la grande Exposition coloniale de 1922 ...) la formation des chimistes et ingénieurs-chimistes intègre "les questions qui intéressent les cultures des colonies françaises".]]>
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Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> Droit commercial]]> Droit international]]> Commerce maritime]]> Un mois après la signature de l'armistice du 11 novembre 1918, l'Institut Technique Supérieur annonce par voie d'affichage un nouveau programme de cours d'économie. Cette année-là, ils auront bien lieu à la Faculté de Sciences de Marseille mais dans ses locaux Allées des Capucines, alors que les futurs cours de chimie seront inaugurés en 1920 dans ses nouvelles salles de cours, place Victor Hugo. Après l'ouverture de ces nouveaux locaux, les cours d'économie continueront à être donnés dans ce qui est désormais appelée ancienne Faculté des Sciences. À la rentrée scolaire de 1924-1925, les cours migrent Allées Léon Gambetta.

Des cours d'économie à la Faculté des sciences...

Comment pouvons-nous savoir que ces cours sont nouveaux ? Parce que cette structure vient tout juste d'être créée (1917) et que son annonce précise "Exceptionnellement cette année, en vue de faire connaître le nouvel enseignement, les conférences seront ouvertes au Public en dehors des étudiants régulièrement inscrits".

La création des cours d'économie de 1918-1919 : une annonce au vert intense effacé par le temps

Qu'un institut technique organise des cours de droit et d'économie peut déjà paraître surprenant mais en plus qu'il vise explicitement un public non-étudiant est encore plus étonnant. Mais quoi de plus normal pour une structure qui dépend de la Chambre de Commerce, organisation privée qui ne cesse d'œuvrer pour accroître les compétences techniques, juridiques et commerciales du milieu industriel marseillais et favoriser son rapprochement avec le monde universitaire ? Et le contexte l'exige : chacun pressent ou espère que la paix va revenir et ouvrir une période de reconstruction qui mobilisera les forces vives du pays.

Des conférences économiques à destination des entreprises : après la fermeture des bureaux

Les cours annoncés en 1918, remplacés par des conférences dès l'année scolaire 1920-1921, au goût de cours du soir, sont d'abord proposés aux futurs chefs de maison et employés supérieurs (1919-1920) puis à tous ceux qui peuvent être appelés à la direction des affaires commerciales et industrielles ou qui aspirent aux emplois supérieurs dans les grandes maisons, sociétés et compagnies de toutes sortes, dans les banques et établissements de crédit. À partir de 1922-1923, le public visé se précise davantage : fils de patrons, ingénieurs, etc. Ce haut enseignement commercial (mention qui apparaît en sous-titre en 1921-1922 puis en caractères si grands à partir de 1922 qu'elle éclipse tout le reste), est sanctionné par un diplôme après deux années d'étude ou un simple certificat après une seule année.

Si la section économique est dirigée par Paul Masson, Pr à la Faculté des Lettres, spécialiste en histoire et géographie économiques (études sur Marseille et les échanges coloniaux), la majorité des cours est donnée par les enseignants de la Faculté de Droit d'Aix, en fonction de leur spécialité : comptabilité, douanes, droit commercial, administratif et fiscal, les produits et échanges commerciaux, et bien sûr, les grands ports et le droit maritime. Forte de ses relations avec les entreprises, l'empreinte de la Chambre de Commerce se retrouve tout naturellement dans les sujets divers qui sont traités le vendredi par des notabilités du monde industriel et commercial.]]>
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