Archéologie]]> Antiquité]]> Paris, le 1er mars 1903"

Fondée par l'empereur romain Trajan en 100, l'ancienne colonie de l'Afrique romaine est une véritable ville qui propose à ses citoyens romains ses temples, ses thermes, son forum et son théâtre. Ses monuments les plus importants sont repérés en 1765 et leur description détaillée, publiée dans la Revue africaine en 1875 (1), décide le Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts français à lancer leurs fouilles. Dans la foulée, le Ministère crée le poste d'architecte en chef des monuments historiques d'Algérie et le confie à l'architecte français Albert Ballu (2), chargé de gérer le Service des monuments historiques de cette colonie française et de s'occuper des chantiers de fouille qui s'ouvrent dans plusieurs régions d'Algérie (3).

Albert Ballu, architecte en chef des monuments historiques d'Algérie (1849-1939)

Chaque année, l'architecte en fait une tournée d'inspection, tournée qui donne lieu à un rapport adressé au Ministère de l'Instruction publique et au gouverneur général à Alger. Albert Ballu prend le parti d'enrichir son rapport de nombreuses illustrations, comme celui de 1903 présenté ici, ce qui n'est pas toujours le cas des rapports autant scientifiques qu'administratifs (le service montre les progrès accomplis sur le plan archéologique mais rend aussi des comptes sur son activité).

Les ruines de Timgad (Thamugadi), un vaste site de plus de 90 hectares (1903)

Les photographies de type panoramique permettent de saisir l'étendue du site : d'une superficie de 12 hectares du 1er siècle (limites de son mur d'enceinte), il s'étendra sur plus de 60 hectares au 3ème siècle. La ville florissante est alors entourée d'exploitations agricoles, en particulier des oliveraies, qui ne manquent pas d'eau.

Le très majestueux Arc de Trajan (Timgad, 1903)

La notoriété du site n'est pas due qu'aux seuls monuments : quantité d'autres vestiges sont mis au jour (statuaire, fresques, poteries...).

Têtes à deux faces (Timgad, 1903)

Son déclin, engendré par les conflits religieux et territoriaux récurrents, aboutira à sa ruine à la fin du 7e siècle et à son abandon complet à partir du 8e siècle. Son ensevelissement progressif (au 18e siècle, n'émergent que le sommet des monuments les plus hauts comme l'imposant arc de Trajan, édifice le mieux conservé du site) la préservera des dégradations du temps et des pillages et son bon état général de conservation explique l'enthousiame des archéologues qui ont à cœur de sortir de l'oubli ces vestiges.

Publicité qui dépasse la seule communauté des archéologues : la toute première phrase de l'aperçu historique par lequel débute l'ouvrage rappelle que :  "Parmi les promeneurs qui, chaque année, font leur tour d 'Algérie, bien peu négligent de visiter les restes antiques que la civilisation romaine a laissés au pied de l'Aurès". Est-ce en pensant à eux qu'il a pris soin d'intitulé son rapport "Guide illustré de Timgad" ?

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence)
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1. Albert Ballu (1849-1939) - Wikipédia
2. Revue africaine - Wikipédia
3. Timgad - Wikipédia]]>
1903]]> fre]]> Tunisie. 19..]]> Thamugadi (ville ancienne). 19..]]> - Feuille Batna ; 27 ; 1894 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_027_894a.
"Dressé, gravé et publié (1891) ; 12094 [pour 12 1894]"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32460]]>
Archéologie]]> Antiquité]]> Paris, le 15 septembre 1910".

Au cours des dernières années, les archéologues n'ont pas chômé et poursuivent le déblaiement du site : il y a maintenant plus de 50 lieux à visiter dans un ordre recommandé, en commençant par l'Hôtel et le marché arabe. Dans son exposé général de 1910, A. Ballu rappelle les problèmes d'approvisionnement en eau et souligne le progrès apporté en 1900 par la pose de conduites en fonte pour l'amener sur le site.

Une fontaine très occidentale installée sur le site de Timgad (1911)

L'arrivée de l'eau a permis l'installation d'une fontaine à l'usage de tous (autochtones et équipes du Service d'archéologie) : un progrès incontestable magnifié par la réplique de très bon goût du Manneken-Piss de Bruxelles. La population locale a sûrement apprécié cet extrême raffinement occidental. L'occasion de se souvenir que les Romains étaient très soucieux de l'hygiène individuelle et collective et que les latrines publiques témoignent de leur très grande maîtrise technique des questions hydrauliques : un ingénieux réseau de caniveaux périphériques assurait l'évacuation permanente des déchets vers un égout principal, ce qui fera dire à A. Ballu que "Comme on le voit, c'est le système du tout à l'égout dont, à notre époque, on a la prétention de s'attribuer l'invention".

Les latrines publiques (Timgad, 1911)

Et comme un bienfait ne vient jamais seul, un hôtel-restaurant a pu être construit pour le plus grand confort des voyageurs qui voudraient séjourner quelques jours près du site.

Le marché arabe à Timgad (1910)

Chemin faisant, l'hôtelier loue aux indigènes des magasins, rendant d'autant plus prospère le marché arabe local.

Diane surprise au bain par Actéon, petit-fils d'Apollon (Timgad, 1911)

Toujours très riche en photographies, comme cette très belle mosaïque de Diane, le rapport de 1910,  reprend en très grande partie, parfois intégralement, le document de 1903 (également sans table des illustrations) : la présentation en planches hors texte et en pleine page des illustrations, souvent limitées jusque-là à des vignettes de taille réduite, donne l'apparence d'un texte plus substantiellement enrichi.

Si Albert Ballu est soucieux de documenter son bilan annuel, il n'oublie pas de promouvoir l'avancée des fouilles sous son nom dans un ouvrage parallèle : "Les ruines de Timgad, sept années de découvertes, ouvrage illustré de 25 planches hors texte dont 3 en couleurs et de 18 plans".

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence) ]]>
1911]]> fre]]> Algérie. 19..]]> Thamugadi (ville ancienne). 19..]]> - Feuille Batna ; 27 ; 1894 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_027_894a.
"Dressé, gravé et publié (1891) ; 12094 [pour 12 1894]"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32460]]>
Archéologie]]> Antiquité]]>
Avant de visiter une trentaine de sites, Héron de Villefosse, jeune archéologue qui vient d'être nommé attaché en 1869 au département des Antiquités du Louvre, prend la précaution de s'attarder sur les collections du musée d'Alger qui rassemble des fragments de nombreuses localités vosines (Cherchell, Orléansville, Ténès, Mouzaïaville et les environs de la métropole algérienne). Il se fait accompagné par un collègue qui photographie les inscriptions pour leur étude et leur publication.

Partageant ce sort avec les statues, certaines inscriptions ont été volontairement mutilées pour diverses raisons (conflit, religion, vengeance, vandalisme) ou dégradées par les intempéries et évènements  naturels (séismes, gel, végétations, par ex.).

Antoine Héron de Villefosse (1845-1919)

Le déchiffrage peut s'avèrer très difficile : les inscriptions ont été très souvent martelées pour les rendre totalement illisibles et demandent un patient et savant travail d'interprétation.

L'inscription n° 119, très fragmentaire

Le travail de l'archéologue ne se résume donc pas à déchiffrer ce qui est encore lisible mais, en utilisant diverses techniques (estampage, lumière rasante, etc.) il doit compléter autant que possible les lettres manquantes pour tenter de rendre le texte littéralement et historiquement intelligible.
 
L'inscription n° 131, entièrement martelée

Quand les stèles ne sont pas usées ou incomplètes, elles sont parfois brisées en plusieurs fragments :  le travail de lecture doit être mené de front avec un travail de reconstitution.

La dernière inscription, n° 231, et sa nouvelle traduction.

L'étude de l'archéologue est récompensée par l'avancée qu'elle offre dans la compréhension d'une inscription restée parcellaire ou obscure et par les informations que cette même inscription peut apporter sur un site. Cette lecture nouvelle alimente le précieux corpus des inscriptions antiques partagé par la communauté des épigraphistes et des archéologues.

Numérisation Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence) ]]>
1875]]> fre]]> Algérie. 19..]]>